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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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*>  &  M/  7988 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


2.2ô4'  A.  V  é- 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  DE  MALLET-BACHELIER, 

rue  du  Jardinet,  n°  la. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 

DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


CONFORMEMENT  A  UNE  DECISION  DE  L'ACADEMIE 

C-w    Date    3u.    i3    cJutliet    <835 , 

PAR    MM.  LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  QUARANTE -SIXIÈME. 

JANVIER -JUIN  I8S8 


-^m 


PARIS, 

MALLET-BACHELIER,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  l'aCADÉMIE  DES  SCIENCES  , 

Quai  des  Augustins,  n°  55. 
1858 


ÉTAT  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES 

Ail  1"  JANVIER  1858. 


SCIENCES  MATHEMATIQUES 

Section  I".   —   Géométrie. 

Messieurs  : 

BiOT  (c.  ^)  (Jean-Baptiste). 

PoiNSOT  (g.  o.^)  (Louis). 

Lamé  ^  (Gabriel). 

QiASLES  ^  (Michel). 

Bebtrand  ^  (Joseph-Louis-François). 

Hermite  (Charles). 

Section  II.    —  Mécanique. 

Le  Baron  Dupin  (g.  o.  ^)  (Charles). 

PoNCELET  (g.O.^)  (Jean-Victor). 

PlOBERT  (c.  ^)  (Guillaume). 

MORIN  (c.^)  (Arthur- Jules). 

Combes  (o.^)  (Charles-Pierre-Matthieu). 

Section  III.    —   Astronomie. 

Mathieu  (o.^)  (Claude-Louis). 

LiouviLLE  ^  (Joseph). 

Laugier  ^  (Paul- Auguste-Ernest). 

Le  Verrier  (c.  ^)  (Urbain-Jean-Joseph). 

Faye  (o.  ^)  ( Hervé- Auguste-Élienne-Albans). 

Delaunay  ®  (Charles-Eugène). 

Section.  IV.   —   Géographie  et  Navigation. 

DuPERREY  (O.  ^)  (Louis-Isidore). 
Bravais  (o.  ^)  (Auguste). 
Dadssy  (g.  ^)  (Pierre), 


VI  ÉTAT    DE   l'académie  DES   SCIENCES. 

Section  V.    —   Physique  générale. 

Messieurs  : 

Becquerel  (o.#)  (Antoine-César). 

PouiLLET  (o.i®)  (Claude-Servais-Mathias). 

Babinet  ^  (Jacques). 

Duhamel  ^  (Jeau-Marie-Constant). 

Despretz  (o.  ®)  (César-Mansuete). 

Le  Baron  Cagniard  de  Latour  ^  (Charles). 

SCIENCES  PHYSIQUES. 

Section  VI.    —   Chimie. 

♦ 

Chevreul  (C.  ^)  (Michel-Eugène). 
Dumas  (g.o.  ^)  (Jean-Baptiste). 
Pelouze  (c.  §)  (Théophile-Jules). 
Regnault  (o.^)  (Henri-Victor), 
Balabd  (o.  #)  (Antoine-Jérôme). 
Fremy  ^  (Edmond). 

Section  VII.    —   Minéralogie. 

Cordier  (c.  ^)  (Pierre-Louis- Antoine). 

Berthier  (c.  ^)  (Pierre). 

Senarmont  ^  (Henri  Bureau  de). 

Delafosse  ^  (Gabriel). 

Le  Vicomte  d'Archiac  ^  (Étienne-Jules-Adolphe  Desmier  de  Saint- 

SlMOiS). 

Sainte-Claire  De  ville  ^  (Charles-Joseph). 

Section  Vlll*  —   Botanique. 

Brongniabt  (o.  ^)  (Adolphe-Théodore). 
Montagne  ^  (Jean -François-Camille). 
TULASNE  ^  (Louis-René). 
Moquin-Tandon  ^  (Horace-Bénédict-Alfred  ). 
Payer  ^  (Jean-Baptiste). 
Gay  *  (Claude). 


ÉTAT    DE   L  ACADKMIE   DES   SCIENCES.  VII 

f 
■ 

Section  IX.    —   Economie  rurale. 

Messieurs  : 

BoussiNGAULT  (c.^)  ( Jean-Baptiste-Joseph-Dieiidoniié). 

Le  Comte  DE  Gaspariw  (g.  O.  ^)  (Adrien-Étienne-Piçrrç), 

Payen  (o.^)  (Anselme).  .    :.-■> 

Rayer  (c.  ^)  (Pierre-François-Olive). 

Decaisne  ^  (Joseph). 

Peligot  (o.  ^)  (Eugène-Melchior).  ^ 

Section  X.    —  Anatomie  et  Zoologie. 

DuMÉRiL  (o.  #)  (André-Marie-Constant). 
Geoffroy-Saint-Hilaire  (o.^)  (Isidore). 
Edwards  (o.  @)  (Henri-Milne). 
Valenciennes  ^  (Achille). 
COSTE  ^  (Jean-Jacques-Marie-Cyprien-Victor). 
Quatrefages  ^  (Jean-Lonis-Armand  de). 

Section  XI.    —   Médecine  et  Chirurgie. 

Serres  (c.  ^)  (Etienne-Renaud- Augustin). 

Andral  (o.  ^)  (Gabriel). 

Velpeau  (o.  ^)  (Alfred-Armand-Ijotiis-Marie). 

Bernard  ^  (Claude). 

Cloquet  (o.^)  (Jules-Germain). 

JoBERT  de  Lamballe  (g.  c«)  (Antoiiie-Joseph). 

SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 

Élie  de  Beaumont  (c.  ^)  (Jean-Baptiste-Armand-Louis-Léonce), 

pour  les  Sciences  Mathématiques. 
Flourens  (c.  ^)  (Marie-Jeari-Pierre),  pour  les  Sciences  Physiques. 

ACADÉMICIENS  LIBRES 

Le  Baron  Séguieu  (o.^)  (Armand-Pierre). 

CiviALE  (o.^)  (Jean). 

BussY  (o.  ^)  (  Antoine- Alexandre-Brutus). 


Vm  ÉTAT   DE  l'académie   DES  SCIENCES. 

Messieurs  : 

DeleSSERT  (o.  ^)  (François-Marie). 

BiENAYMÉ  (o.  ^)  (Irénée-Jules). 

Le  Maréchal  Vaillant  (g.C.^)  (Jean-Bapliste-Philibert). 

Verneuil  ^  (Philippe-Edouard  Poulletier  de). 

Le  Vice-Amiral  Du  Petit-Tbouars  (g.o.  ^)  (Abel  Aubebt). 

Passy  (c.^)  (Antoine-François). 


ASSOCIÉS  ÉTRANGERS 

Le  Baron  Alexandre  de  Humboldt  (g.c.  ^),  à  Berlin. 

Brown  (Robert),  à  Londres. 

Faraday  (c.^)  (Michel),  à  Londres. 

Brewster  (o.  ®)  (David),  à  Saint-Andrews,  en  Ecosse. 

Tiedemann  ^  (Frédéric),  à  Francfort-sur-le-Mein. 

Mitscherlich,  à  Berlin. 

Dirichlet  (Pierre-Gustave  Lejeune),  à  Gôttingue. 

Herschel  (Sir  John  William),  à  Londres. 


CORRESPOI\DA]\TS. 

(Nota.  Le  règlement  du  6  juin   1808  donne  à  chaque  Section  le  nombre  de    Correspondants  suivant.) 


SCDEIVCES  MATHÉMATIQUES. 

Section  F*.    —   Géométrie  (6). 

Plana  ^  (Jean),  à  Turin. 

Gergonne  (O.^),  à  Montpellier,  Hérault. 

Hamilton  (Sir  William-Rowan),  à  DubUn. 

Lebesgue  ^,  à  Bordeaux,  Gironde. 

Steiner,  à  Berlin. 

Ostrogradski,  à  Saint-Pétersbourg. 


ÉTAT    DE   l'aCADÉMIK    UES   SCIENCES.  IX 

Section  II.   —  Mécanique  (6). 

Messieurs  : 

ViCAT  (c.^),  à  Grenoble,  Isère. 
BcRDiN  ^,  à  Clermont-Ferrand,  Puy-de-Dôme. 
..Seguin  ^,  à  Montbard,  Côle-d'Or. 
Eytelwkin,  à  Berlin. 
Moseley,  à  Londres. 
Fairbairn^  (William),  à  Manchester. 

Section  m,  —  y4slronomie  {i6). 

Le  Général  Brlsbane,  en  Ecosse. 

Encke,  à  Berlin. 

Valz  ^,  à  Marseille,  Bouches-du- Rhône . 

Struve  (c.^),  à  Pulkowa,  près  Saint-Pétersbourg. 

AiRY  ^  (G.  Biddell),  à  Greenwich. 

Carlini^,  à  Milan. 

Le  Capitaine  Smyth,  à  Londres. 

Petit  ^,  à  Toulouse,  Haute-Garonne. 

Hansen,  à  Gotha. 

Santini,  à  Padoue. 

Argelander,  à  Bonn,  Prusse  Rhénane. 

HiND,  à  Londres. 

Bond  (William  Granch),  à  Cambridge,  États-Unis. 

Peters,  à  Altona. 

Adams,  à  Cambridge,  Angleterre. 

Le  Père  Secchi,  à  Rome. 

Section  IV.  —  Géographie  et  NavigationJ S). 

L'Amiral  sir  F.  Beaufort,  à  Londres. 

Sir  John  Franklin,  à  Londres. 

Le  Prince  Anatole  de  Demidoff,  à  Saint-Pétersbourg. 

.Sir  James  Clark-Ross  (c,^),  à  Londres. 

D'Abbadie^  (Antoine-Thomson),  àUrrugne,  présSaint-Jean-de-Luz, 

Basses-Pyrénées;  et  à  Paris,  rue  de  Belle-Chasse,  n°  3i . 
Lottin  ^  (Victor-Charles),  capitaine  de  frégate,  rue  I>afayette,  n"  7, 

à  Versailles,  Seine-et-Oise. 
I>'Amiral  de  Wrangell,  à  Saint-Pétersbourg. 


G.    R.    i858,    1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"   1.) 


ÉTAT   DE   l'académie   DES   SCIENCES. 
Section  V.  —  Physique  géitérale  (g). 

Mesfiieiirs  : 

Barlow,  à  Woolwich. 
De  Larive  4g  (Auguste),  à  Genève. 
Hansteen,  à  Christiania. 
Marianini,  à  Modène. 
FORBES  (Ed.),  à  Edimbourg. 
Wheatstone  ^,  à  Londres. 
Plateau, à  Gand. 
Delezenne,  à  Lille,  Nord.   . 
Matteuccf,  à  Pise. 

SCIEÎVCES  PHYSIQUES. 

Section  Y1.  —  Chimie  (9). 

'     Desormes,  à  Verberie,  0(56. 

.BÉRARD  ^,  à  Montpellier,  Héranll. 

L1EBIG  (O.^j,  à  Giessen. 

Henri  Rose,  à  Berlin. 

Vôhler(o.®),  à  Gottingue. 

Graham,  à  Londres. 

Bunsen,  à  Heidelberg. 

Malaguti  ^,  à  Rennes,  lUe-el- Vilaine. 


Section  VII.  —  Minéralogie  (S). 

Gustave  Rose,  à  Berlin. 

D'Omalius   d'Halloy,    près  de  Ciney,    BcUjiciue;  et  à  Paris,   rue 

Saint-Lazare,  n°  104. 
MURCHISON  (Sir  Roderick  Impey),  à  Londres. 
FOURNET  S,  à  Lyon,  .R/iône. 
Hausmann,  à  Gottingue. 
Haidinger,  à  Vienne. 


ÉTAT    DE    I/aCA\)ÉMIE   DES    SCIENCES.  XI 

SectioxYIII.  —  Bolnniquc  (lo). 

Mecsieun  : 

BONPLAND  ^,  au  Paraguay. 

Martius  (de),  à  Munich. 

TREvmANVS,  -d  Donn,  Piw^se  Rliéncnie. 

MOHL  (H.),  à  Tûbiiigue. 

Lestiboudois  ®  (Gaspar-Thémistocles),  à  Lille,  Nord;  et  à  Paris, 

rue  de  la  Victoire,  ii"92. 
Blume,  à  Leyde,  Pnjs-Bas. 
De  Candolle  (Alphonse),  à  Genève. 
ScHiMPEK,  à  Strasbourg,  Bas-Rhin. 
HOOKER  (Sir  William),- à  Kevf,' Angleterre. 
TnuRET,  à  Cherbourg,  Manche. 

Section  IX.  —  Economie  rurale  {lo). 

Bracy -Clark,  à  Londres. 

GiRARDiN  (o.^),  à  Rouen,  Seine-Inférieure. 

Vilmorin  ^,  aux  Barres,  près  Nogent-sur-A'^ernisson,  Loiret. 

Ruhlmann  (o.^),  à  Lille,  Nord. 

J.  LlNDLEY,  à  Londres. 

Pierre  (Isidore)  ^,  à  Gaen,  Calvados. 

Chevandier  ^,  à  Cirey,  Meurthe. 

Reiset  (Jules),  à  Écorchebœuf,  Seine-Inférieure. 


Section  X.  —  Analotnie  et  Zoologie  (lo). 

DiJFOUR^  (Léon),  à  Saint-Sever,  Landes. 
QUOY  (c.^),  à  Brest,  Finistère. 
Ehrenberg,  à  Berlin. 
Richard  OwEN  ^,  à  Londres. 
Agassi z,  à  Boston,  Etats-Uniij. 
J.  MuLLEii,  à  Berlin. 

Eudes-Deslongcuamps  ^,  à  Caen,  Calvados. 
POUCHET  ^,  à  Rouen,  Seine-Inférieure. 
Temminck,  à  Leyde,  Pays-Bas. 


XII  ÉTAT   DE   l'aCADÉMIK    DES    SCIENCES. 

Section  XI.  —  Médecine  et  Chirurgie  (8) 

Mes<$ieiirs  : 

Maunoik  aîné,  à  Genève. 
Painizza,  à  Pavie. 

Bretonneau  ^,  à  Tours,  Indre-et-Loire. 
Bkodie,  à  Londres. 
,  Sédillot  (O.^),  à  Strasbourg,  Bas  Rhin. 
Bonnet  ^,  à  Lyon,  Rhône. 
GUYON  (O.^),  à  Alger. 


Commission   pour  administrer  les  propriétés   et  fonds  parliculiers 

de  [Académie. 

Chevreul. 
poncelet. 
Et  les  Menabres  composant  le  Bureau. 


Conservateur  des  Collections  de  [Académie  des  Sciences. 
Becquekel. 


Changements  survenus  dans  le  cours  de  l'année  iS5'j. 
(Voir  à  la  page  1 4  de  ce  volume.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉmE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  4  JANVIER  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


RENOUVELLEMENT  ANNUEL  DU   BUREAU  ET   DE  LA 
COMMISSION  ADMINISTRATIVE 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Vice- 
Président  qui,  cette  année,  doit  être  pris  parmi  les  Membres  des  Sections 
de  Sciences  naturelles. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  56, 

M.  de  Senarmont  obtient .  Sg  suffrages. 

M.  Pelouze *  .  .  12  , 

M.  Milne  Edwards 2 

MM.  Coste,  Dumas,  Duméril,  chacun.  .  .   .        i 

M.  DE  Senarmont,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé Vice- Président  pour  l'année  i858. 

.M.  Despretz,  Vice-Président  pendant  l'année  1857,  passe  aux  fonction» 
de  Président. 

Conformément  au  Règlement,  le  Président  sortant  de  fonctions  doit, 
avant  de  quitter  le  bureau,  faire  connaître  à  l'Académie  l'état  où  se  trouve 
l'impression  des  Recueils  qu'elle  publie;  M.  Geoffrov-Saint-Hilaire,  Pré- 
sident pendant  l'année  1857,  donne  à  cet  égard  les  renseignements  sui- 
vants  : 


il'.* 

1  feuilles  e 


(  i4) 

Publications  de  t Académie. 

«  Il  n'a  paru  aucun  volume  dans  le  cours  de  l'année. 
»  • 

yolumes  en  cours  de  publication. 

»  Mémoires  de  [Académie.,  tome  XXV  :  il  y  a  quatorze  reUillès  en  épreuves, 
dont  huit  bonnes  à  tirer.  —  Tome  XXVI  :  il  y  a  quarante  et  une  feuilles 
tirées  et  cinq  en  épreuves.  —  Tome  XXVII,  a*  partie  :  il  y  a  deux  feuilles 
tirées,  une  en  épreuve  et  de  la  copie  pour  continuer  l'impression. 

»  Mémoires  des  Savants  étrangers,  tome  XV  :  il  y  a  cinquante-trois  feuilles 
tirées,  dix-sept  bonnes  à  tirer  et  de  la  copie  pour  continuer  l'impression. 

»  Volume  de  Prix,  Supplément  aux  Comptes  rendus,  tome  II  :  il  y  a  vingt- 
quatre  feuilles  tirées,  six  en  épreuves  et  de  la  copie  pour  continuer  l'im- 
pression . 

Les  Comptes  rendus  ont  paru,  chaque  semaine,  avec  leur  exactitude 
habituelle.  Le  tome  XLV  est  complet. 

Changements  arrivés  parmi  les  Membres  depuis  le  i"^  janvier  1857. 

Membres  élus. 

»  Section  de  Minéralogie:  M.  Delafosse,  le  16  mars,  en  remplacement  de 
M.  Élie  DE  BEAustONT,  élu  Secrétaire  perpétuel. 

«  M.  le  Vicomte  d'Arghiac,  le  27  avril,  en  remplacement  de  M.  Constant 
Prévost. 

»  M.  Antoine  Pa.sst,  élu  Académicien  libre,  le  a5  mai,  en  remplacement 

de  M.   DE  BONNARD. 

B  Section  de  Chimie  :  M.  Fremy,  le  i4  décembre,  en  remplacement  de 
M.  le  Baron  Thenard. 

u  Section  de  Minéralogie  :  M.  Ch.  Saixte-Claike  Deville,  le  28  dé- 
cembre, en  remplacement  de  M.  Dlfrénoy. 

Membres  à  remplacer. 
»  Section  de  Mécanique  :  M.    le  Baron  Caccht.   —  Académicien   libre: 

M.  LARGCTEAt;. 

Membres  décédés. 

»  M.  DE  BoMNARD,  le  5  janvier;  M.  Dufré.\ot,  le  20  mars;  M.  le  Baron 
Caugby,  le  a3  mai;  M.  le  Baron  Thésard,  le  21  juin;  M.  Largeteac,  le 
»  I  septembre . 


(•5) 

Changements    arrivés  parmi   les    Correspondaiïts    depuis 
le   i'^  janvier   1857. 

Correspondants  élus. 

»  Section  d Astronomie  :  M.  Peters,  le  ]  3  avril  ;  M.  Adams,  le  ao  avril  ; 
le  Père  Secchi,  le  11  mai.  —  Section  de  Phjsique  générale  :  M.  Matteucci, 
le  18  mai.  —  Section  de  Botanique  :  M.  Thcret,  le  8  juin.  —  Section  d  Éco- 
nomie rurale  :  M.  Chevandier,  le  1 1  mai;  M.  Jules  Reiset,  le  a5  mai. 

Correspondants  décèdes. 

w  Section  d  Economie  rurale  :  M.  le  Baron  d'Mombres-Firhas,  le  5  mars. 

—  Section  de  Géographie  et  Navigation  :  M.  Scoresby,  le  a  1  mars.  —  Section 
d'Anatomie  et  Zoologie:  S.  A.  le  Prince  Charles  Bonaparte,  le  29  juillet. 

—  Section  de  Minéralogie:  M.  Conybeare,  le  la  août.  —Section  de  Méde- 
cine et  Chirurgie:  M.  Marshall-Hall,  le 

Correspondants  à  remplacer. 

>i  Section  de  Géographie  et  Navigation  :  M.  Scoresby. 

1)  Section  de  Chimie  :  M.  Gerhardt,  décédé  le  19  août  i856. 

D  Section  de  Minéralogie:  M.  le  D' Buckland,  décédé  le  i4  août  18 56; 

M.  CONYBEARE. 

u  Section  d'Économie  rurale  :  M.  Javbert  de  Passa,  décédé  le  16  septembre 
i856;  M.  le  Baron  d'Hombres-Firmas. 

><  Section  d'Anatomie  et  Zoologie  :  le  Prince  Charles  Bonaparte. 
"  Section  de  Médecine  et  Chirurgie  :  M.  Marshall-Hall.   » 

*  Commission  administrative. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux 
Membres  appelés  à  faire  partie  de  la  Commission  centrale  administrative. 

MM.  PoNCELET  et  CuEVREDL  réunisseut  la  majorité  absolue  des  suf- 
frages. 


(  i6  ) 
MEMOIRES  ET  COMMLI^ICAÏIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

* 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  de  Humboidt, 
un  nouveau  volume  du  Cosmos.  Quelques  mots  écrits  de  la  main  de  l'au- 
teur sur  la  première  feuille  du  livre  sont  l'expression  de  son  attachement 
bien  connu  pour  l'Académie. 

M.  Flocrens  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  ouvrage  qu'il  vient  de 
publier  sous  ce  titre  :  De  la  vie  et  de  l'intelligence. 

«  Je  donne  ici,  dit  M.  Flourens,  le  résumé  philosophique  de  deux  de 
mes  plus  essentiels  travaux  :  mes  expériences  sur  le  système  nerveux  et  mes 
expériences  sur  la  formalion  des  os. 

«  Dans  mes  expériences  sur  le  système  nerveux,  le  point  capital  est  la 
séparation  de  la  vie  et  de  l'intelligence,  et  de  toutes  les  propriétés  vitales 
d'avec  toutes  les  propriétés  intellectuelles. 

»  Et  pour  la  première  fois,  cette  séparation,  cette  analyse  est  certaine,  car 
cette  analyse  est  tout  expérimentale. 

»  Je  sépare  les  propriétés  par  les  organes. 

V  J'appelle  propriété  distincte  toute  propriété  qui  réside  dans  un  organe 
distinct.  Je  dis  l'intelligence  distincte  de  la  vie,  parce  que  l'intelligence 
réside  dans  un  organe  où  ne  réside  pas  la  vie,  et  réciproquement  la  vie  dans 
un  organe  où  ne  réside  pas  l'intelligence,  parce  que  je  puis  ôter  l'organe  de 
l'intelligence,  et  l'intelligence  par  conséquent,  sans  toucher  à  la  vie,  sans 
ôter  la  vie,  en  laissant  la  vie  tout  entière. 

»  Dans  mes  expériences  sur  Xa  formation  des  os,  je  me  suis  donné  ce 
grand  problème,  pour  la  première  fois  posé  en  physiologie  :  le  rapport  des 
forces  et  de  la  matière  dans  les  corps  vivants. 

i>  Ce  n'est  pas  la  matière  qui  vit  :  une  force  vit  dans  la  matière  fei  la  meut 
et  l'agite  et  la  renouvelle  sans  cesse  : 

Mens  agitât  molem  et  niagno  se  corpore  misoet. 

w  Le  grand  secret  de  la  vie  est  la  permanence  des /o;res  et  la  mutation 
continuelle  de  la  matière.   » 


'        (  >7  ) 

PHYSIQUE  GÉNÉRALE.   —  Sw  la  prétendue  variation  de  la  pesanteur  ; 

par  M.  Babinet. 

«  Le  Compte  rendu  du  i/j  décembre  1857,  page  ioo5,  contient  une  Note 
posthume  de  l'un  de  nos  ingénieurs  les  plus  distingués  où  l'on  admet, 
d'après  la  théorie  et  d'après  l'expérience,  que  la  pesanteur  peut  varier  et 
varie  réellement  d'une  quantité  considérable  pendant  le  court  espace  de 
trois  mois. 

«  Si  l'auteur  eût  calculé  convenablement  son  expérience,  il  aurait  vu 

qu'elle  lui  indiquait  une  augmentation  de  —  dans  la  pesanteur,  et  il  se  fût 

encore  plus  confirmé  dans  sa  théorie  qui  lui  donnait  à  priori  — 

»  L'appareil  manométrique  de  M.  de  Boucheporn  n'est  point  nouveau. 
Dans  l'expédition  du  capitaine  Freycinet,  il  avait  été  destiné  à  mesurer  les 
variations  de  la  pesanteur  aiitrement  que  par  le  pendule.  Il  fut  brisé  à 
Toulon  dès  le  départ. 

»  Admettant  comme  exact  le  résultat  de  l'expérience  de  M.  de  Boucheporn, 
on  ne  peut,  en  tout  cas,  en  rapporter  la  cause  à  une  variation  dans  l'intensité 
de  la  pesatiteur.  Car  —  de  variation  pour  la  pesanteur  entraînerait  une  va- 
riation de  —Tj  dans  le  nombre  des  oscillations  du  pendule  des  horloges  qui 
en  fait  86400  par  jour.  Le  -77  de  86400  est  de  600  secondes  (le  calcul  précis 
donne  6o3*  -V  II  y  aurait  donc  avance  ou  retard  de  10  minutes  en  quelques 

mois,  tandis  que  l'observation  des  étoiles  prouve  qu'il  n'y  a  pas  —  de  se- 
conde de  variation  pendant  le  cours  de  l'année. 

»  Pour  rendre  raison  par  une  variation  de  température  du  résultat  indi- 
qué, il  faudrait  admettre  une  erreur  de  près  de  4  degrés. 

»  Au  reste,  deux  des  amis  de  feu  M.  de  Boucheporn  se  chargent  de 
compléter  son  travail,  et  s'il  se  confirme  que  le  manomètre,  à  part  la  tem- 
pérature, varie  de  saison  en  saison,  ce  sera  une  des  plus  importantes  dé- 
couvertes du  siècle.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  travaux   sélénoqraphiques  de  M.    Bulard   et  sur  la 
formation  des  cirques  lunaires;  par  M.  Faye. 

«  Malgré  les  beaux  et  grands  travaux  de  IVyVI.  Béer  et  Mâdier  sur  la  lune, 
il  reste  encore  quelque  chose  à  faire  pour  compléter  la  sélénographie.  Les 

C.  R.,  i858,   1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  I.)  3 


(  «8) 
deux  astronomes  distingués  dont  je  viens  de  rappeler  les  noms  avaient 
en  vue  la  partie  géométrique  de  la  sélénographie;  mais  leur  carte  ou  leurs 
mesures  d'altitude,  qui  serviront  désormais  de  base  à  tout  ce  qu'on  entre- 
prendra sur  l'étude  physique  de  notre  satellite,  ne  produisent  pas  d'effet 
pittoresque  et  ne  parlent  pas  aux  yeux.  C'est  ainsi  qu'une  mappemonde  ter- 
restre, où  l'on  placerait  des  cotes  de  hauteurs,  ne  donnerait  qu'une  impres- 
sion imparfaite  du  relief  des  continents  et  de  la  configuration  des  terrains. 

»  M.  Bulard,  qui  possède  un  véritable  talent  d'artiste,  s'occupe  depuis 
longtemps  à  combler  cette  lacune.  Déjà  M.  Arago  avait  pris  intérêt  à  ses  tra- 
vaux; il  les  avait  signalés  à  l'Académie  en  1848  et  1849;  depuis  cette  époque 
M.  Bulard  est  allé  plus  loin,  et  ses  nouveaux  résultats  m'ont  paru  tout  aussi 
dignes  que  les  premiers  de  votre  attention  bienveillante. 

»  Les  beaux  dessins  de  M.  Bulard,  que  j'ai  l'honneur  de  placer  sous  les 
yeux  de  l'Académie,  sont  accompagnés  de  modèles  en  plâtre  et  d'épreuves 
photographiques  de  ces  modèles.  En  comparant  ces  épreuves  aux  dessins 
directement  faits  sur  notre  satellite,  pendant  la  nuit  et  l'œil  à  la  lunette,  on 
pourra  s'assurer  de  la  fidélité  avec  laquelle  M.  Bulard  a  saisi  l'ensemble  et 
les  détails  des  paysages  lunaires;  car  si  l'auteur  n'avait  point  au  plus  haut, 
degré  le  sentiment  de  ces  formes  multiples,  les  photographies  des  plâtres 
ne  ressembleraient  en  rien  aux  belles  estampes  qu'il  à  faites  directement. 
Qu'on  essaye,  en  effet,  d'après  un  portrait  et  quelques  mesures,  de  faire 
un  buste,  puis  de  reproduire  ce  buste  photographiquemeut  :  les  moindres 
erreurs  ne  seront-elles  pas  impitoyablement  dévoilées  par  le  manque  géné- 
ral de  ressemblance  ?  Or  on  peut  dire  que  les  photographies  de  M.  Bulard 
reproduisent  admirablement  l'effet  de  la  lune,  non  tel  que  le  donnent  les 
lunettes  astronomiques  ordinaires  de  2  ou  3  mètres^  grossissant  de  200  à  3oo 
fois,  mais  les  grandes  lunettes  armées  d'un  pouvoir  amplifiant  de  1 200  et  de 
i5oo  fois.  Le  seul  défaut  qu'on  puisse  reprocher  à  ces  belles  épreuves,  c'est 
une  certaine  dureté  de  détails  dans  cette  innombrable  série  de  collines  ou 
de  rides  qui  couvrent  une  si  grande  partie  de  la  surface  de  la  lune.  Mais 
M.  Bulard  n'était  point  averti  sans  doute  de  l'importance  de  ces  formations 
à  peine  sensibles  dans  les  faibles  instruments,  tandis  que  les  géologues  se 
montreront  sans  doute  plus  exigeants  dès  qu'ils  auront  constaté  leur  multi- 
plicité, leur  orientation  systématique  par  rapport  aux  méridiens,  à  tel  point 
que,  sin-  cinquante  rides  qu'on  aura  comptées  dans  un  espace  donné,  il  y  en 
aura  à  peine  trois  ou  quatre  pour  faire  exception  (iV 


(i)  Ces  rides,  peu  allongées,  paraissent  bien  subordonnées,  jusqu'à  un  eerlain  point,  aux 


(  '9) 

)>  C'est  surtout  aux  géologues  que  s'adressent  les  dessins  de  M.  Bulard. 
La  surface  de  la  lune  est  toute  neuve,  pour  ainsi  dire  ;  celle  de  la  terre, 
beaucoup  plus  récente  pourtant,  a  été  frottée,  usée  dans  tous  les  sens  par 
l'action  continuelle  de  l'eau  et  de  l'atmosphère.  C'est  donc  sur  la  lune  qu'ils 
pourront  étudier  les  actions  plutoniennes  dans  toute  leur  pureté.  Or  les 
formations  qui  se  sont  produites  sous  cette  influence  offrent  une  variété  qui 
appelle  les  ressources  de  la  classification  systématique,  et  dont  les  hommes 
compétents  ne  semblent  pas  s'être  assez  occupés  jusqu'ici.  Les  mers,  les 
golfes,  les  marais,  les  vallées  circulaires,  les  cirques,  les  cratères,  les  fosses 
rondes,  les  étoilements  gigantesques,  les  montagnes  en  chaîne  (i),  les 
montagnes  isolées  posées  sur  des  terrains  plats  sans  relèvement  apparent 
des  couches  voisines,  les  fissures  rectilignes  qui  semblent  des  canaux 
creusés  par  une  main  intelligente,  l'innombrable  variété  des  collines  oblon- 
gues,  alignées  dans  un  petit  nombre  de  directions  peu  inclinées  aux  mé- 
ridiens, les  nuances  de  terrain  depuis  l'éclat  stellaire  de  certaines  cimes, 
jusqu'au  gris  sombre  et  au  bleu  d'acier,  toutes  ces  variétés,  dis-je,  solli- 
citent vivement  l'histoire  naturelle  et  la  géologie.  M.  Bulard  en  a  déjà  repro- 
duit presque  tout  ce  qui  paraît  dans  les  illuminations  obfiques  des  terrains 
lunaires,  en  choisissant  des  types  remarquables  tels  que  le  cirque  si  pitto- 
resque du  Père  Petau  et  les  vallons  enchevêtrés  de  Ptolémée,  d'Alphonse, 
d'Arzachel,  de  Purbach,  etc. 

»  Ce  qui  a  écarté  jusqu'ici  les  •  géologues  de  l'étude  bien  approfondie 
de  la  sélénologie,  ce  n'est  pas  la  difficulté  d'observer  la  lune,  la  rareté  des 
grandes  lunettes  qu'on  ne  trouve  guère  qu'à  l'étranger,  et  le  petit  nombre 
des  nuits  favorables  :  c'est  bien  plutôt  une  idée  préconçue.  Je  veux  parler 
de  l'analogie  trop  frappante  qui  existe  entre  ses  principales  formations  et  les 
volcans  terrestres.  La  lune  est,  dit-on,  un  sol  éminemment  volcanique,  où 
les  forces  éruptives  ont  eu  beau  jeu,  à  cause  de  l'absence  de  toute  pression 
atmosphérique  et  de  la  faiblesse  de  la  pesanteur.  Telle  est  l'idée  générale. 
Puis,  partant  de  là,  on  a  attribué  les  aérolithes  qui  tombent  sur  la  terre  aux 
volcans  de  la  lime  ;  on  a  même  calculé  avec  quelle  force  ces  volcans  ont  dû 


cirques,  quand  il  y  en  a  à  proximité,  mais  nullement  à  la  manière  des  étoilements  qui  diver- 
gent en  tous  sens  des  bords  de  certains  cirques.  Les  rides  gardent  presque  toujours  près  des 
cirques  leurs  orientations  caractéristiques;  ils  suivent  leurs  contours  dans  le  sens  des  méri- 
diens; ils  en  divergent,  au  contraire,  quand  ces  contours  affectent  la  direction  des  parallèles. 
(i)  11  n'y  a  pas  à  proprement  parler  de  cliaînes  d&  montagnes;  celles  qu'on  nomme  ainM 
semblent  être  des  résidus  d'enceintes  détruites. 

3.. 


(  *o  ) 

les  lancer  pour  les  faire  sortir  de  la  sphère  où  la  pesanteur  lunaire  est  pré- 
pondérante; enfin  on  a  vu,  telle  est  l'influence  des  idées  préconçues,  on  a 
vu,  dis-je,  des  volcans  en  pleine  éruption  sur  la  lune. 

"  Je  tiens  à  dire  ici  que  cette  idée  si  simple  et  qui  s'empare  irrésistible- 
ment de  l'esprit  au  premier  aspect,  peut  n'être  pas  fondée;  je  voudrais  per- 
suader aux  géologues  qu'un  examen  plus  attentif  leur  promet  une  ample 
moisson  de  remarques  intéressantes,  et  que  s'ils  veulent  étudier  les  cartes 
de  M,  Bùlard,  puis  la  lune  elle-même,  en  s'aidant  de  ces  magnifiques  dessins 
unis  aux  indispensables  mesures  de  MM.  Béer  et  Mâdler,  ils  reviendront 
bientôt  sur  cette  analogie  de  prime  saut.  On  m'excusera  donc,  en  faveur  de 
l'intention,  d'exposer  ici  une  ébauche  bien  imparfaite  de  la  formation  prin- 
cipale, celle  des  cirques  et  des  mers,  telle  qu'une  étude  directe  et  bien 
fréquente  de  notre  satellite  m'a  conduit  à  k  concevoir. 

»  Dans  un  dessin,  il  convient  d'étudier  à  la  fois  le  plan  et  l'élévation. 
Ici  c'est  le  plan  qui  suggère  l'analogie  dont  je  viens  de  parler,  et  c'est  le 
plan  qu'on  voit  directement  dans  le  ciel  ;  mais  le  plan  induit  en  erreur,  à 
cause  d'une  particularité  propre  à  la  lune  où  l'absence  d'atmosphère  sup- 
prime les  arriére-plans,  et  met  à  la  même  distance  de  l'œil  les  objets  les 
plus  inégalement  éloignés,  les  plateaux  élevés  comme  les  dépressions  pro- 
fondes. Cette  illusion  ne  cède  qu'aux  mesures  directes.  Et  en  effet  l'élé- 
vation ne  confirme  guère  cette  analogie.  Qu'on  se  reporte  un  instant  à  nos 
types  volcaniques  :  j'ai  sous  leS  yeux  une  coupe  du  Vésuve  rapportée  par 
M.  de  Humboldt.  J'y  .vois  d'abord  un  cratère  de  soulèvement  qui  relève  les 
couches,  de  manière  à  former  une  enceinte  circulaire  au  sein  de  laquelle 
s'établissent  les  cratères  érupt ifs;  tout  ce  massif  s'élève  fortement  au-dessus 
du  niveau  général  ;  la  hauteur  des  remparts  circulaires,  très-petite  quand  on 
la  meswe  à  partir  du  sol  du  cirque,  est  très-grande  au  contraire  quand  on 
la  compte  à  partir  du  sol  extérieur,  en  sorte  qu'it  faut  monter  beaucoup  à 
partir  du  sol  solide(i)  pour  atteindre  le  rempart  circulaire,  et  que  de  là  il  faut 
descendre  très-peu  pour  atteindre  le  fond  du  cratère  de  soulèvement.  Les 
choses  sont  à  l'inverse  sur  la  lune.  C'est,  en  effet,  une  règle  générale  à 
laquelle  je  ne  connais  pas  d'exception,  que  le  fond  de  tous  les  cirques  est 
profondément  déprimé  au-dessous  du  sol  ambiant.  Si  vous  considérez  une 
enceinte  de  5oo  mètres  d'élévatimi  au-dessus  du  soi  extérieur,  soyez  sûr 
d'avance  qu'elle  aura  looo  ou  i5oo  mètres,  quelquefois  3ooo  mètres  d'élé- 

(i)  Même  disposition  pour  les  volcans  sous-marins. 


(   9.r    ) 

vation  au-dessus  du  niveau  du  fond  du  cratère.  Et  cependant  ce  fond  ne  s  t' 
présente  nullement  comme  une  excavation  d'où  la  matière  aurait  été  enle- 
vée; car,  dans  les  cirques  étendus,  ce  fond  affecte  la  courbure  générale  de 
la  lune  et  paraît  simplement  faire  partie  d'une  sphère  d'un  rayon  plus  petit. 

<)  A  ce  fait  général  il  faut  joindre  l'absence  de  toute  chaîne  de  montagnes. 
Ce  qu'on  nomme  ainsi  sur  la  lune,  les  Alpes,  le  Caucase,  les  Apennins,  les 
Karpathes  lunaires,  ainsi  que  les  deux  chaînes  élevées  du  Sinus  Iridum,  ne 
sont  probablement  que  les  restes  d'anciens  cirques  détruits,  sur  l'hémisphère 
nord,  par  le  grand  épanchement  qui  a  produit  le  Mare  Imbfium,-  il  en  est  de 
même  du  Taurus  et  de  YHémus  qui  bordent  au  sud-ouest  et_  à  l'est  le  Mare 
Serenitatis.  On  peut  donc  admettre  que  la  formation  des  montagnes  lunaire^ 
est  due  à  des  causes  toutes  différentes  de  celles  qui  ont  façonné  l'écorce 
terrestre . 

»  Or  la  géologie  semble  n'admettre  aujourd'hui  que  l'action  de  causes 
fort  simples,  fort  générales,  telles  que  les  mouvements  de  rotation, 
l'action  de  la  pesanteur  combinée  avec  la  chaleur  prin)itive,  le  refroidisse- 
ment et  le  ressort  des  gaz  ou  vapeurs  souterraines,  l'action  érosive  des  eaux, 
etc.  Si  l'on  cherche  dans  cet  ordre  de  causes  des  influences  particulières  à 
la  lune,  on  ne  trouve  que  la  rotation  caractéristique  de  notre  satellite  et 
l'action  différentielle  qu'exerce  sur  ses  deux  faces  opposées  l'attraction  du 
globe  terrestre.  La  rotation  de  notre  globe  a  simplement  causé  son  apla- 
tissement et  peut-être  retardé  la  solidification  de  la  croûte  équatoriale; 
quant  aux  actions  extérieures,  je  veiix  dire  les  marées,  elles  sont  restées- 
sans  influence,  tandis  que,  sur  la  lune,  ces  causes,  unies  au  refroidissement 
progressif,  pourraient  avoir  exercé  une  action  considérable. 

»  D'abord  les  marées  étant  à  peu  près  en  raison  inverse  du  diamètre  du 
globe  sur  lequel  elles  se  produisent  et  en  raison  directe  de  la  masse  de 
l'astre  qui  les  fait  naître,  elles  ont  dû  être  beaucoup  plus  grandes  sur  la 
lune  que  sur  la  terre.  En  fait  on  évalue  à  une  quarantaine  de  mètres  la 
saillie  des  protubérances  opposées  dues  à  l'action  de  la  terre  sur  la  lune, 
tandis  que  la  saillie  correspondante  sur  la  terre  ne  dépasserait  pas  \^,?^.  Sj 
donc  en  certaities  circonstances  cette  oscillation  de  i  mètre  de  hauteur,  lors- 
qu'elle se  propage  dans  nos  golfes  ou  nos  détroits,  atteint  i5  ou  tnèrae 
Sy  mètres  de  hauteur,  on  conçoit  que  l'effet  analogue  sur  la  lune  pourrait 
dépasseï'  5oo  mètres,  looo  mètres,  ou  même  plus  encore,  pour  peu  que 
l'onde,  en  se  propageant,  vînt  à  rencontrer  des  obstacles  encore  plus  favo- 
rablement disposés. 

"  Or,  si  aujour<l'hui  un  océan  recouvrait  la  surface  de  la  lune,  l'onde  <if 


i^\ 


(    22    ) 

la  marée,  au  lieu  de  faire  périodiquement  le  tour  de  notre  satellite,  oscillerait 
simplement,  dans  une  amplitude  de  1 5  degrés,  autour  de  sa  position  moyenne, 
à  cause  de  l'égalité  actuelle  entre  la  durée  de  la  rotation  et  celle  de  la  révo- 
lution et  des  inégalités  de  dernier  mouvement  :  les  effets  jiroduits  seraient 
donc  peu  considérables.  Mais  si  on  se  reporte  à  la  formation  de  l'écorce 
lunaire,  qui  a  dû  précéder  de  beaucoup  celle  de  l'écorce  terrestre  à  cause 
d'un  volume  quatorze  fois  moindre  et  de  l'absence  de  toute  atmosphère 
protectrice,  on  admettra  sans  peine  que  cette  égalité  n'avait  point  lieu.  Je 
dis  plus,  cette  égalité  était  impossible,  car  des  deux  influences  qui  agissent 
|>erpétuellement  sur  la  rotation  de  la  lune,  la  plus  puissante  alors,  c'était 
le  retrait  par  refroidissement.  Ainsi,  bien  que  l'absence  actuelle  de  libra- 
tion  physique  semble  de  prime  abord  m'interdire  cette  hypothèse,  j'admet- 
trai que  la  durée  de  la  rotation  était  notablement  plus  courte  que  celle 
de  la  révolution  et  que,  par  suite,  l'énorme  marée  lunaire  faisait  périodi- 
quement le  tour  entier  de  notre  satellite  avec  une  vitesse  fort  sensible. 
Considérons  maintenant  un  point  faible  de  l'écorce  alors  en  voie  de  for- 
mation, déjà  rigide  pourtant  et  solidaire  dans  toutes  ses  parties.  Lorsque 
la  marée  marchait  vers  lui,  mettant  en  jeu  la  masse  alors  liquéfiée  de  la 
lune,  l'écorce  qui  ne  cédait  pas  aussitôt,  à  cause  de  sa  rigidité,  laissait 
passer  par  ce  point  faible  une  partie  du  liquide  en  mouvement,  et  ce  li- 
quide, en  s'épanchant,  devait  former  un  bourrelet  bientôt  refroidi  autour 
de  l'orifice.   De  temps  en   temps,   la   marée  revenait  ainsi  reproduire  le 
même  fait  sur  le  même  point  faible,  et  faire  osciller  périodiquement  une 
masse  semi-fluide,  comme  dans  une  sorte  de  puits  dont  la  hauteur  allait  sans 
cesse  en  augmentant  jusqu'à  une  certaine  limite  et  dont  on  pourrait  comp- 
ter aujourd'hui  les  accumulations  successives,  à  peu  près  comme  on  compte 
les  couches  annuelles  d'un  tronc.  Enfin  le  retrait  général  se  serait  opéré  en 
déterminant,  non  plus  comme  sur  la  terre  de  grandes  ruptures  de  l'écorce 
déjà  rigide  suivant  des  directions  déterminées,  mais  de  fortes  dépressions 
du  fond  d'abord  mobile  de  tous  ces  orifices  circulaires,  dont  le  vide  actuel 
représente,  avec  les  déjections  latérales,  la  diminution  produite  dans  le 
volume  du  globe  lunaire  par  le  refroidissement,  à  partir  de  la  formation  de 
la  première  écorce.  Toutefois  ce   refroidissement,  très-rapide  sur  la  lune, 
aura  même  devancé  laiin  de  la  période  d'oscillation  continuelle  dont  je  viens 
de  parler,  et  alors,  sous  l'influence  de  la  même  cause,  les  portions  centrales 
du  fond  déjà  solidifié  de  ces  cirques  auront  pu  céder  encore  sous  la  répétition 
des  mêmes  efforts,  et  laisser  surgir  un  cône  central  d'une  médiocre  élévation. 
Plus  tard  cette  inégalité  de  vitesse  entre  le  refroidissement  et  l'extinction 


de  la  libration  physique  aura  déterminé,  à  diverses  reprises  ,soit  l'étoilemeiit 
de  l'écorce  dont  les  fissures  auront  livré  passage  à  des  épanchements  laté- 
raux qui  en  auront  bientôt  ressoudé  les  lèvres  béantes,  soit  aux  épanche- 
ments plus  considérables  qui  semblent  avoir  englouti  la  majeure  partie  dfs 
cirques  de  l'hémisphère  nord. 

I)  Enfin  la  différence  de  durée  des  deux  périodes  fondamentales  se  serait 
éteinte  en  vertu  du  travail  même  que  l'onde  de  lamarée  a  dû  accomplir  dans 
la  formation  de  cette  croûte  criblée  de  trous  énormes  ;  l'onde  de  la  marée 
s'est  fixée  et  comme  solidifiée  dans  une  même  région,  et  les  cimes  les  plus 
élevées  des  cirques  se  sont  peu  à  peu  écroulées  en  partie,  jonchant  de  leurs 
débris  le  fond  des  cratères;  puis  tout  a  été  fini  sur  la  surface  désormais  im- 
muable de  notre  satellite. 

»  C'est  ainsi  que,  sans  éruptions  violentes,  sans  dislocations  analogues 
aux  gi'andes  chaînes  de  montagnes  terrestres,  sans  explosions  produites  par 
le  ressort  de  gaz  ou  de  vapeurs  comprimées  dont  la  lune  semble  être  dépour- 
vue, la  réaction  de  l'intérieur  sur  l'écorce,  comme  s'exprime  le  célèbre 
auteur  du  Cosmos^  aura  pu  s'accomplir  lentement,  régulièrement,  non-seule- 
ment sur  la  lune,  mais  sur  tous  les  satellites,  sous  l'influence  combinée  de  la 
planète  centrale  et  du  refroidissement,  tant  qu'aura  duré  l'inégalité  primi- 
tive entre  la  rotation  et  la  révolution. 

»  Ce  n'est  pas  là  la  première  hypothèse  qu'ait  suggérée  l'énorme  dépression 
du  fond  des  cirques  lunaires,  fait  caractéristique  dont  ont  été  frappés  tous 
les  astronomes  qui  se  sont  occupés,  non  de  regarder  la  lune,  mais  d'en  me- 
surer le  relief.  On  avait  déjà  parlé  du  choc  d'énormes  aérolithes,  de  mou- 
vements gyratoires  dans  la  matière  liquéfiée,  de  l'action  de  gaz  souterrains, 
de  forces  volcaniques  analogues  à  celles  de  la  terre.  En  proposant  une 
autre  hypothèse  dont  je  suis  loin  de  me  dissimuler  les  défauts,  j'ai  pour 
unique  but  de  caractériser  plus  vivement  peut-être  que  mes  prédécesseurs 
ces  larges  excavations  régulières  de  2000  mètres,  de  3ooo  mètres,  de 
4000  mètres  de  profondeur,  qui,  je  crois,  sont  spéciales  à  l'écorce  lunaire,  et 
dont  la  terre  ne  présente  quelques  analogues  qu'à  titre  d'exception.  Je 
serais  heureux  d'éveiller  ainsi  l'attention!  des  géologues  et  d'appeler  leur 
intérêt  sur  les  beaux  dessins  de  M.  Bulard.  Si  j'en  crois  mes  souvenirs 
encore  vifs  sur  des  formes  que  j'ai  souvent  étudiées,  les  géologues  trouve- 
ront dans  ces  dessins  une  fidélité  générale  qu'altèrent  à  peine  quelques 
exagérations  imputables  au  désir  de  mettre  en  pleine  évidence  les  reliefs  si 
pittoresques  des  paysages  lunaires.  Quant  à  l'effet  artistique,  il  est  admirable. 
Je  fais  donc  des  vœux  pour  que  la  spécialité  astronomique  de  M.  Bulard,  qvii 


(  ^4) 

trouverait  peut-être  difficilement  sa  place  dans  un  observatoire  officiel,  soit 
utilisée  d'une  manière  quelconque  sous  l'inspiration  des  géologues  dont 
nous  devons  bien  reconnaître  ici  la  compétence  exclusive.  Un  de  nos  Secré- 
taires perpétuels  a  lui-même  consacré  quelques  études  importantes  à  cette 
branche  accessoire  de  la  géologie.  Peut-être  cet  illustre  exemple  trouvera- 
t-il  des  imitateurs  parmi  les  géologues,  au  moment  où  des  ressources  nou- 
velles, celles  de  la  photographie  unie  à  un  véritable  talent  d'artiste,  se  trou 
vent  ainsi  mises  à  leur  disposition.  » 

CHIRURGIE.    —    Réponse   de    M.  Sédillot  «   une  réclamation   fie  priorité  de 

M.  le  D'  Boinet. 

«  La  méthode  pour  le  traitement  du  pyothorax  dont  nous  avons  signalé 
les  avantages  dans  notre  communication  du  9  novembre,  est  fondée  sur  de 
nombreuses  et  importantes  indications,  longuement  étudiées  dans  notre 
travail  ayant  pour  titre  :  De  l'opération  de  l'emp^ème  {7.' édition  ;  Paris,  1841). 
Notre  attention  s'était  arrêtée  particulièrement  sur  les  règles  concernant 
la  quantité  de  liquide  à  évacuer,  soit  au  moment  de  l'ouverture  du  foyer 
pleural,  soit  à  des  intervalles  de  temps  plus  ou  moins  éloignés.  Voici  com- 
ment nous  nous  exprimions  : 

«  Dans  les  cas  de  pyothorax  chroniques  où  le  poumon  comprimé  et  re- 
u  tenu  par  des  adhérences  ne  peut  se  distendre  immédiatement  et  reprendre 
»  son  volume,  l'indication  consiste  à  n'enlever  la  matière  de  l'épanchement 
»  qu'en  proportion  de  la  possibilité  que  présentent  les  organes  de  s'y  sub- 
»  stituer,  et  si  l'on  considère  la  grande  élasticité  des  parois  thoraciques,  les 
«  changements  de  position  du  diaphragme  et  le  retour  des  médiastins  vers 
»  la  ligne  médiane,  on  comprendra  qu'une  grande  quantité  de  liquide  peut 
»  s'écouler  sans  introduction  de  l'air. 

«  L'indication  est  de  ramener  au  contact  les  surfaces  costo-pulmonaires, 
»  et  d'eu  favoriser  l'adhérence.  Comment  le  chirurgien  pourrait-il  parvenir 
»  à  ce  résultat,  s'il  laissait  le  pus  s'accumuler  de  nouveau  dans  la  plèvre  et 
»  y  reproduire  les  accidents  auxquels  il  a  remédié.  Il  est  donc  nécessaire 
»,  d'en  diminuer  de  plus  en  plus  la  quantité.  Il  faudrait,  d'une  part,  laisser 
»  à  chaque  instant  écouler  la  nouvelle  matière  sécrétée,  et  d'autre  part 
»  enlever  une  petite  portion  de  celle  qui  est  restée  dans  la  cavité  du  foyer, 
»  afin  de  permettre  à  ce  dernier  de  se  rétrécir  et  de  céder  au  mouvement 
»  concentrique  des  organes  voisins,  disposition  qui  augmente  l'épaisseur 
»  dti  sac  pseudopleural  et  en   accélère  l'organisation.  Telle  est  l'indica- 


(  ^5  ) 
»»  tion;  mais,  comme  on  ne  peut  toujours  la  remplir  complètement,  on 
»  doit  chercher  à  s'en  rapprocher  »  (pages  !43et  i44)- 

«  En  agissant  ainsi,  la  surface  interne  du  foyer  de  l'épanchement  conti- 
»  nue  à  être  légèrement  comprimée  ;  on  évite  le  raptus  violent  du  sang  vers 
»  la  plèvre,  et  on  diminue  les  surfaces  de  la  sécrétion  (voir  p.  i4/i).  En  vidant 
»  trop  complètement  la  plèvre,  on  provoque  une  congestion  sanguine  vio- 
»  lente  dans  tous  les  vaisseaux  qui  cessent  subitement  d'être  comprimés, 
»  et  il  en  résulte  une  véritable  pluie  de  pus  ou  de  sérosité  sur  la  surface 
)'   pleurale  »  [voir  page  i43). 

»  Les  injections  étaient  le  sujet  d'un  chapitre  distinct,  et  je  les  avais  par- 
tagées en  trois  classes.  Les  unes  simplement  évacuatrices ,  les  secondes  mo- 
dificatrices des  surfaces  en  contact,  et  comme  telles  émollientes,  résolutives, 
excitantes,  caustiques,  antiseptiques;  enfin  les  troisièmes  préventives  de  la 
décomposition  du  pus  et  des  accidents  de  la  résorption.  Après  avoir 
cité  les  idées  de  Billery  et  de  Récamier,  j'ajoutais  :  «  C'est  un  argument  de 
»  plus  à  l'appui  du  précepte  de  tenir  toujours  la  cavité  du  foyer  remplie, 
»  dans  les  premiers  temps,  par  une  petite  quantité  de  liquide,  et  un  liquide 
»  antiseptique  vaudrait  mienx  que  la  matière  éminemment  viciable  du 
M  pus  »  [voir  page  i48). 

»  Je  préférais  cependant  la  présence  du  pus  à  celle  de  l'air  :  «  Il  vaut 
»  toujours  mieux  que  le  sac  pseudopleural  reste  baigné  par  le  pus,  dont 
»  l'action  immédiate  est  infiniment  plus  favorable  que  celle  de  l'air.  Ces 
»  principes  montreront,  je  crois,  la  valeur  des  canules  propres  à  donner 
»  issue  aux  liquides,  sans  permettre  à  l'air  de  les  remplacer,  et  ils  en  feront 
»   apprécier  la  véritable  importance  »  (voir  page  146). 

»  Telles  étaient  les  indications  que  nous  formulions  en  1 84i  •  On  avait  le 
choix  pour  les  remplir  entre  les  canules  simples  fermées  à  volonté  avec  un 
bouchon  (B.  Bell.-Boyer;  Dict.  de  Méd.,  t.  XI,  p.  434.  Paris,  i835),  et  les 
canules  de  Récamier,  de  MM.  Stanski,  Bouvier,  Reybard  :  «  S.-E.-G.  Pel- 
»  letan,  comme  Heroldt,  avait  imaginé  un  appareil  qui,  à  l'aide  de  canules 
»  et  de  soupapes,  permettait  d'établir  un  double  courant  de  liquide,  en 
»  s'opposant  à  l'introduction  de  l'air  dans  le  thorax,  appared  trop  compli- 
»  que  et  trop  peu  nécessaire  pour  que  les  praticiens  consentissent  à  s'en 
»  servir.  »  (Velpeau  ;  Méd.  opératoire,  t.  III,  p.  728.  Paris,  iSSg.) 

»  Quelques  chirurgiens  enfin,  comme  l'a  rapporté  Boyer,  t.  ^'II,  p.  366, 
»  avaient  conseillé  pour  empêcher  l'entrée  de  l'air  un  défaut  de  parallé- 
>>  lisme  entre  la  plaie  des  téguments  et  celle  des  muscles  intercostaux,  en 
»  tendant  fortement  la  peau  au  moment  où  on  l'incise.  » 

C.   R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  1.)  ■     4 


(  26  > 
B  Tous  ces  procédés,  d'une  époque  antérieure  aux  premières  publica- 
tions de  M.  Boinet  sur  le  même  sujet,  suffisaient-ils  à  remplir  les  indications 
que  nous  avons  rappelées,  et  la  soupape  à  baudruche  de  M.  Reybard  mé- 
ritait-elle les  éloges  que  nous  lui  donnions?  C'était  à  l'expérience  à  répon- 
dre, et  un  intervalle  de  seize  années  de  pratique  nous  a  révélé  des  inconvé- 
nients et  des  difficultés  d'application  qui  ont  modifié  nos  idées  et  nous  ont 
fait  rechercher  de  nouveaux  moyens  de  guérison. 

»  Nous  avons  rejeté  l'emploi  des  canules  simples  à  la  suite  de  ponctions 
intercostales,  parce  que  ces  canules  devant  rester  longtemps  en  place,  ne 
tardent  pas  à  ulcérer  les  parties  molles  qu'elles  traversent.  La  plaie  devient 
irritable,  douloureuse,  s'agrandit  et  donne  passage  au  pus  et  à  l'air.  Des 
phénomènes  de  putridité  et  de  résorption  surviennent,  et  les  injections  ne 
pouvant  être  maintenues  dans  la  poitrine,  elles  s'échappent  par  une  plaie 
béante,  sont  mêlées  à  l'air,  ou  remplacées  par  ce  fluide,  et  perdent  leur  effi- 
cacité. 

»  Les  mêmes  reproches  sont  applicables  aux  incisions  intercostales,  qui 
ne  réussissent  pas,  à  moins  de  conditions  exceptionnellement  favorables. 

»  Les  canules  à  soupape  ont  les  mêmes  inconvénients,  mais  elles  pré- 
sentent en  outre  un  danger  ;  donc  nous  nous  en  occuperons  particulièrement, 
parce  qu'on  a  voulu  le  transformer  en  avantage. 

»  On  évite  parfaitement  les  premiers  jours  l'introduction  de  l'air  avec  le 
sac  à  baudruche  ou  l'intestin  de  chat  proposés  par  M.  Reybard,  mais  il  se 
fait  à  chaque  inspiration  un  commencement  de  vide  dans  le  foyer  de  l'épan- 
chement,  et  sous  l'influence  d'une  diminution  considérable  de  la  pression, 
les  liquides,  sang,  sérosité  matière  purulente,  altèrent  et  désorganisent  les 
surfaces  pyogéniques.  L'espérance  de  ramener  le  poumon  au  contact  des 
parois  thoraciques  et  de  l'y  maintenir,  en  faisant  le  vide  dans  la  cavité  de 
l'épanchement,  n'a  aucun  fondement  rationnel  dans  le  pyothorax  ancien,  et 
les  tentatives  de  ce  genre  n'ont  d'autres  résidtats  que  d'accélérer  le  retour 
de  l'épanchement  quand  on  est  assez  heureux  pour  éviter  de  plus  grandes 
complications. 

»  C'est  en  cet  état  de  choses  et  après  de  longues  réflexions  que  nous  nous 
sommes  décidé  à  suivre  un  autre  procédé  opératoire  et  à  l'élever  au  rang  de 
méthode  par  la  précision  des  indications  et  la  facilité  à  les  remplir. 

»  Nous  avons  eu  recours  à  la  perforation  d'une  côte  comme  Hippocrate 
etbeaucoup  d'autres  l'avaient  fait  avant  nous;  mais  le  but  très-différent  que 
nous  poursuivions  suffisait  à  donner  à  ce  procédé  un  cachet  de  nouveauté 
incontestable.  Nous  réalisons  ainsi  les  indications  qu'auciui  autre  procédé 


(  ^^7  ) 
ne  m'avait  permis  de  remplir,  el  le  succès  confirma  ces  prévisions.  Tel  a 
été  le  sujet  du  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie. 

n  Voyons  maintenant  les  motifs  apportés  par  M.  Boinetà  l'appui  de  sa 
réclamation  dans  laquelle  on  lit  en  toutes  toutes  lettres  (  Comptes  rendus  de 
I  Académie  des  Sciences,  page  929;  iSSy)  :  «  La  manière  de  traiter  le  pyo- 
»  thorax  de  M.  Sédillot  n'est  plus  nouvelle  depuis  la  publication  de  nos 
»  travaux  sur  ce  sujet  important,  M.  le  professeur  Trousseau  a  bien  voulu 
»  mettre  ma  méthode  en  pratique.  Dans  un  Mémoire  publié  en  i853,  j'ai 
»  démontré  les  avantages  d'évacuer  le  pus  à  plusieurs  reprises,  à  l'aide 
»  d'une  sonde  laissée  à  demeure  et  l'utilité  des  lavages  et  des  injections 
»  iodées  répétées.  » 

»  Si  M.  Boinet  veut  se  donner  la  peine  d'étudier  un  peu  l'histoire  du 
pyothorax  et  de  l'opération  de  l'empyème,  il  verra  que  les  chirurgiens  n'ont 
pas  attendu  l'année  i853  pour  placer  une  sonde  à  demeure  dans  la 
poitrine  au  travers  d'un  espace  intercostal  et  évacuer  le  pus  à  plu- 
sieurs reprises.  Ce  procédé  avait  été  proposé,  oublié,  repris,  perfec- 
tionné un  grand  nombre  de  fois;  j'ai  montré  quels  en  étaient  les  incon- 
vénients et  les  dangers  et  pourquoi  on  devait  l'abandonner.  Ainsi  voilà  un 
procédé  que  M.  Boinet  préconise  et  dont  il  revendique  la  priorité  contre  moi 
qui  n'en  fais  pas  usage  et  qui  en  déclare  l'emploi  détestable.  Nous  avons 
établi  deux  périodes  dans  le  traitement  du  pyothorax.  L'une  d'organisation 
du  sac  pseudopleural  dont  nous  cherchons  à  obtenir  le  resserrement  graduel 
et  la  transformation  fibreuse,  en  prévenant  la  pénétration  de  l'air,  la  stag- 
nation et  l'altération  du  pus;  l'autre  de  cicatrisation  définitive  pendant 
laquelle  le  sac  pseudopleural,  épaissi  et  changé  en  tissu  inodulaire,  réagit 
peu  sur  l'économie,  résiste  à  la  présence  de  l'air  et  s'oblitère  spontanément 
sous  la  seule  influence  d'une  ouverture  thoracique  permanente.  Nous 
croyons  que  la  perforation  d'une  côte  conduit  seule  à  ces  heureux  résultats, 
et  cependant  M.  Boinet,  qui  en  est  resté  aux  ponctions  intercostales,  se  dit 
l'ievenleur,  par  ses  travaux  de  i853,  d'une  méthode  dont  je  posais  les  indi- 
cations en  1841  et  dont  il  paraît  ne  pas  avoir  jamais  compris  le  but  ni  les 
moyens  d'application. 

«  Un  second  point,  dont  nous  n'avons  pas  encore  parlé  et  auquel 
M.  Boinet  attache  probablement  une  plus  grande  importance,  est  la  ques- 
tion des  injections  iodées.  J'ai  recommandé  dans  mon  dernier  Mémoire, 
parmi  les  nombreuses  injections  dont  on  peut  se  servir,  celles  de  teinture 
d'iode  avec  addition  d'iodure  potassique;  or  M.  Boinet  avait  écrit  en  1846 
dans  \e.  Journal  des  Connaissances  médico-chirurgicales  cette  phrase,    sous 

4.. 


(  '-8  ) 
forme  interrogative  :  Ne  pourrait-on  pas  employer  l'iode  dans  l'empjème?  Le 
mérite  de  cette  supposition  n'était  pas  grand,  après  les  travaux  de  M.  Vel- 
peau  et  de  tant  d'autres  chirurgiens  sur  l'utilité  des  injections  iodées;  mais 
quelque  léger  qu'il  soit,  nous  ne  pouvons  pas  même  le  concéder  à  M.  Boi- 
net.  En  effet,  M.  le  docteur  Bondant,'de  Gannat  (Allier),  avait  déjà  pratiqué 
des  injections  iodées  pour  un  cas  d'empyème  (mai  1846)  lorsque  M.  Boinet' 
se  demandait  encore  s'il  ne  conviendrait  pas  de  l'essayer,  et  l'exécution  avait 
ici  précédé  le  conseil. 

a  La  conclusion  inévitable  de  ce  qui  vient  d'être  dit,  c'est  que  M.  Boinet 
n'ayant  rien  produit  de  neuf  sur  la  question  des  épanchements  intrathora- 
ciques,  n'a  aucun  droit  de  priorité  à  revendiquer  contre  personne.   » 

M.  Elie  de  Beacmojjt,  en  faisant  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de 
l'auteur  M.  A.  de  la  Rive,  d'un  nouveau  volume  du  Traité  d électricité  théo- 
rique et  appliquée,  lit  l'extrait  suivant  de  la  Lettre  d'envoi  qui  indique 
brièvement  le  contenu  de  ce  volume. 

«  Le  troisième  efdernier  volume  de  mon  Traité  de  C Electricité  dont 

je  vous  prie  de  faire  hommage  de  ma  part  à  l'Académie,  renferme  deux 
parties  distinctes.  La  première,  qui  a  pour  objet  les  rapports  qui  existent 
entre  l'électricité  et  les  phénomènes  naturels,  est  consacrée  à  l'étude  de 
l'électricité  physiologique,  de  l'électricité  atmosphérique  et  du  magné- 
tisme terrestre.  Ces  trois  sujets  sont  traités  avec  de  grands  développements, 
les  recherches  nombreuses  et  importantes  qui  ont  été  faites  sur  l'électricité 
physiologique  et  sur  le  magnétisme  terrestre,  dans  ces  dernières  années, 
sont  exposées  eu  détail  ;  et  quelques  idées  théoriques  nouvelles  sont  émises 
sur  la  cause,  soit  de  ces  phénomènes,  soit  de  ceux  qui  sont  relatifs  à  l'élec- 
tricité atmosphérique,  en  particulier  à  son  origine. 

»  Fia  seconde  partie  comprend  les  applications  de  l'électricité,  sujet  qui 
maintenant  est  déjà  très-vaste  :  ce  sont  d'abord  les  applications  physiques 
et  mécaniques,  en  particulier  la  télégraphie  électrique,  dont  les  différentes 
formes  et  les  progrès  récents  sont  indiqués  avec  soin;  ce  sont  les  applica- 
tions chimiques  devenues  si  importantes  dans  l'industrie;  ce  sont  enfin  les 
applications  thérapeutiques  qui,  en  étant  rattachées  aux  phénomènes  de 
l'électricité  physiologique,  perdent  leur  caractère  empirique  pour  revêtir  une 
forme  raisonnée  et  théorique  qui  tend  à  en  augmenter  l'intérêt  et  la  valeur. 
J'ai  cherché  en  général,  autant  que  possible,  à  rattacher  toutes  les  applica- 
tions, aussi  bien  les  physiques  et  les  chimiques  que  les  physiologiques,  aux 


(  29) 
principes  mêmes  de    la  science  dont  elles  découlent  comme  des  consé- 
quences naturelles,  ce  qui  en  rend  l'élude  à  la  fois  plus  facile  et  plus 
intéressante. 

»  Un  appendice  d'une  centaine  de  pages  qui  termine  ce  dernier  volume 
a  pour  pbjet  de  compléter  l'exposition  des  sujets  traités  dans  les  deux  pre- 
miers, par  un  résumé  des  travaux  qui  ont  été  faits  sur  les  matières  qui  y 
sont  traitées,  depuis  l'époque  de  leur  publication.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.   —  Réponse  de  M.   Phillips   à  quelques  remarques 
contenues  clans  une  Note  lue  par  M.  Reech  dans  la  dernière  séance. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

«.  Les  remarques  de  M.  Reech  sont  relatives  à  une  lecture  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  faire  dans  la  séance  du  a3  novembre  dernier,  touchant  la 
théorie  de  la  coulisse  de  Stephenson  renversée  que  j'ai  établie  récemment, 
après  avoir  déjà  donné,  il  y  a  cinq  ans,  celle  jusqu'alors  inconnue  de  la. 
coulisse  ordinaire. 

»  M.  Reech  annonce  qu'il  enseigne  depuis  plus  de  dix  ans,  à  l'Ecole  d'Ap- 
plication du  Génie  maritime,  la  manière  de  trotiver  exactement  la  forme 
que  doit  avoir  la  coulisse  de  Stephenson,  pour  que  le  point  milieu  de  la 
course  d'un  point  quelconque  de  la  coulisse,  le  long  d'une  droite  supposée 
dirigée  par  le  centre  de  l'arbre,  reste  à  une  distance  constante  de  ce  centre 
dans  la  manœuvre  correspondant  au  renversement  du  sens  de  la  marche. 
Puis  il  ajoute,  du  reste,  qu'il  n'a  discuté  les  propriétés  de  la  coulisse  qu'au 
point  de  vue  8u  changement  de  sens  dans  le  mouvement  de  la  machine, 
c'est-à-dire  sans  faire  cas  de  la  détente  variable  que  le  système  peut  faire 
obtenir,  et  qu'il  ne  s'agissait  pour  lui  que  de  faire  passer  un  tiroir  de  l'état 
de  marche  en  avant  à  l'état  de  marche  en  arrière,  avec  le  moins  d'inconvé- 
nients possible  dans  l'allure  de  la  machine  pendant  le  fonctionnement,  etc. 
»   Les  termes  mêmes  dans  lesquels  s'exprime  M.  Reech  me  dispensent 
d'entrer  dans  de  longs  développements.  Il  résulte  en  effet  de  ce  qui  précède 
que  dans  ses  recherches,  qui  n'ont  pas,  que  je  sache,  été  jamais  publiées,  il 
avait  laissé  de  côté  tout  ce  qui  concerne  le  rôle  de  la  coulisse  comme  appa- 
reil de  distribution  et  de  détente  variable,  et  qu'il  s'était  borné  à  étudier  la 
forme  qu'elle  doit  avoir,  comme  organe  de  changement  dans  le  sens  de  la 


(  3o  ) 

marche,  pour  que,  en  passant  de  la  marche  en  avant  à  la  marche  en  arrière, 
le  tiroir  oscille  toujours  symétriquement  par  rapport  aux  orifices  du  cylin- 
dre. Or  ce  n'est  là  qu'un  côté  très-accessoire  de  la  question  qui  se  résout  pres- 
que à  première  vue,  et  sur  lequel  d'ailleurs  les  constructeurs  étaient  déjà 
suffisamment  renseignés;  car  on  sait  depuis  longtemps  que  la  coulisse  ordi- 
naire doit  être  tracée  avec  un  rayon  sensiblement  égal  à  sa  distance  à  l'axe, 
et  si  j'ai  examiné  ce  détail  au  commencement  de  mes  deux  Mémoires  sur 
ce  sujet,  c'était  principalement  au  point  de  vue  de  l'avance  linéaire  du 
tiroir,  qui  m'a  conduit  à  donner  pour  valeur  exacte  de  ce  rayon  la  longueur 
même  des  barres  d'excentriques.  Quanta  la  forme  de  la  coulisse  renversée, 
comme  elle  est  une  conséquence  immédiate  et  forcée  du  principe  d'après 
lequel  elle  a  été  conçue,  je  n'ai  pas  à  en  parler. 

»  Mais  le  véritable  problème  dont  la  solution  importait  aux  besoins  de  la 
pratique,  et  qui  offrait,  il  me  sera  permis  de  le  dire,  des  difficultés  très-sé- 
rieuses, consistait  précisément  à  obtenir  la  théorie  de  la  coulisse  comme 
appareil  de  distribution  et  de  détente  variable.  Cela  était  d'autant  plus  né- 
cessaire que,  malgré  quelques  légères  imperfections  dans  les  très-grandes 
détentes,  bien  plus  qtie  balancées  par  les  avantages  qu'elle  procure,  la  cou- 
lisse de  Stephenson,  comme  appareil  de  distribution  et  de  détente  variable, 
s'est  toujours  répandue  de  plus  en  plus,  et  que,  particulièrement  pour  les 
machines  locomotives,  on  n'en  fabrique  plus  pour  ainsi  dire  dans  lesquelles 
la  distribution  de  la  vapeiir  s'opère  différemment.  C'est  ce  qui  m'a  fait  éta- 
blir cette  théorie  qui  ne  m'a  jamais  été  contestée  et  ne  pouvait  pas  l'être,  et 
qui,  après  avoir  reçu  de  l'Académie  l'honneur  de  l'insertion  dans  le  Recueil 
des  Savants  étrangers,  est  maintenant  acceptée  et  suivie  dans  les  ateliers  de 
construction.  » 

» 
MÉCANIQUE  APPLIQUÉE  —Solution  de  divers  problèmes  concernant  la  résistance 

des  poutres  droites,  telles  que  les  ponts  de  chemins  de  fer,  les  rails,  etc.,  sous 
l'action  d'une  charge  en  mouvement;  par  M.  Phillips.  (Extrait  par  l'au- 
teur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

I"'  Problème.  —  De  la  résistance,  sous  l'action  d'une  charge  en  mouvement,  des  poutres 
encastrées  par  une  extrémité,  et  appuyées  librement  par  l'autre. 

«  Dans  un  travail  antérieur,  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie, j'avais  résolu  cette  question  d'une  manière  tout  à  fait  générale,  quel 
que  fût  l'état  des  points  extrêmes  de  la  poutre.  Seulement  je  n'avais  appli- 


(  3i  ) 
que  ma  méthode  qu'aux  deux  cas  les  plus  ordinaires  de  la  pratique,  celui 
d'une  poutre  appuyée  librement  à  ses  deux  bouts  et  celui  d'une  poutre  dont 
les  deux  extrémités  sont  encastrées.  Le  problème  dont  je  m'occupe  ici  est 
également  très-fréquent,  et  il  est  essentiel  que  l'on  puisse  connaître  tout  de 
suite,  dans  l'application,  quels  sont  les  résultats  que  fournit  à  son  égard  la 
méthode  générale  que  je  viens  de  rappeler. 

»  J'ai  examiné  à  part  et  successivement  les  deux  cas  qui  se  présentent, 
selon  que  la  charge  mobile  arrive  sur  la  poutre  par  celle  de  ses  extrémités 
qui  est  appuyée  librement  ou  par  celle  qui  est  encastrée,  et  je  dirai  tout  de 
suite  que  cette  circonstance  n'exerce  qu'une  influence  insensible  et  tout  à 
fait  négligeable,  et  que,  dans  les  limites  les  plus  extrêmes  de  la  pratique,  ce 
sont  toujours  les  mêmes  points  de  la  poutre  qui  éprouvent  les  efforts  inté- 
rieurs maxima,  et  que  les  allongements  ou  raccourcissements  correspon- 
dants sont  aussi  les  mêmes  dans  les  deux  cas. 

»  En  tenant  compte  de  l'inertie  de  la  poutre,  j'ai  fait  voir  qu'elle  était 
négligeable  toutes  les  fois  qu'une  certaine  fraction  est  suffisamment  petite 
par  rapport  à  l'unité,  ce  qui  a  effectivement  toujours  lieu  dans  les  applica- 
tions, et  ce  dont  on  pourra  dans  chaque  occasion  s'assurer. 

»  Voici,  en  effet,  quelques  exemples,  pris  sur  des  ponts  existants,  qui 
montrent  les  limites  correspondantes  de  cette  fraction,  pour  des  vitesses  de 
trains  express  ou  de  convois  de  marchandises. 


Pont  de  Langon,  sur  le  chemin  de  fer  du  Midi 

Poutre  de  rive 

Poutres  intermédiaires.  . . 


Pont  d'Asnières  (chemin 
de  fer  de  l'Ouest).  .  .  . 


Pont  tubulaire  Britannia  sur  le  détroit  de  Menay.  . .  . 

Grand  pont  de  Sarstedt  (chemm  de  fer  de  Hanovre 
à  Gôttingen) 


Rail  de  l'Ouest,  de  Lyon  ou  du  Grand-Central . 


Vitesse  de  train 

Vitesse  de  irain 

express. 

de  marchandises. 

I 

45 

I 
io8 

1 
36 

I 
8^ 

I 

45 

I 
jo8 

i 

I 

I 
68 

.64 

m 

1 

203 

»  J'ai  donné  de  plus,  sous  forme  de  séries  très-convergentes,  le  rapport, 
de  l'accroissement,  en  raison  du  mouvement  de  la  charge,  de  la  flèche 
maxima  et  de  l'allongement  maximum,  à. ce  que  sont  ces  éléments  à  l'état 


(32    ) 

statique.  Dans  presque  tous  les  cas  de  la  pratique,  ces  séries  se  réduisent 
sensiblement  à  leur  premier  terme,  et  alors  il  résulte  de  la  forme  de  celui-ci 
que  l'accroissement  relatif  dont  il  s'agit  satisfait  à  la  loi  suivante,  qui  est  fort 
simple  : 

»    1°.  Il  est  proportionnel  à  la  charge  mobile. 

»  1°.  Il  est  proportionnel  au  carré  delà  vitesse  de  celle-ci. 

»   3°.   Il  est  proportionnel  à  la  longueur  de  la  poutre. 

»  4°.  Il  est  en  raison  inverse  du  moment  d'élasticité  de  cette  dernière. 

»  Cet  accroissement  est  toujours  extrêmement  faible  dans  les  ponts.  Dans 
les  rails,  il  est  très-notable,  et  l'on  doit,  dans  tous  les  cas,  faire  en  sorte  de 
le  rendre  le  plus  faible  possible,  en  donnant  une  valeur  suffisante  au  mo- 
ment d'élasticité.  Ainsi  se  trouve  justifiée  cette  tendance  générale,  qui  pré- 
vaut dans  la  pratique,  de  donner  du  roide  à  toutes  les  constructions  de  ce 
genre  pour  parer  aux  effets  dynamiques  produits  par  le  mouvement  des 
trains. 

IP  PsGBLiME.    —   Des  oscillations  longitudinales  d'un  prisme  vertical  sous  l'action   d'un 

poids  suspendu  à  son  extrémité. 

»  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  rappeler,  j'avais  dit  que 
la  méthode  générale  que  je  donnais  pouvait  s'employer  pour  d'autres  ques- 
tions du  même  genre.  Je  l'ai,  en  effet,  appliquée  à  la  recherche  du  mouve- 
ment oscillatoire  d'un  prisme  vertical  sous  l'action  d'un  poids  appliqué 
brusquemetit  à  son  extrémité.  Ce  problème  a  déjà  été  résolu  par  M.  Ponce- 
let,  et  par  là  il  a  complété,  en  tenant  compte  des  effets  de  la  mise  en  charge, 
la  solution  que  Navier  avait  donnée  des  vibrations  longitudinales  des  tiges 
des  ponts  suspendus  ainsi  que  des  oscillations  verticales  des  chaînes.  Les 
résultats  définitifs  auxquels  je  suis  arrivé  par  mes  procédés  coïncident, 
comme  cela  devait  être,  avec  ceux  antérieurement  obtenus  par  M.  Poncelet; 
mais  il  était  intéressant  de  montrer  la  concordance  des  solutions  fournies 
par  les  deux  méthodes. 

IIP  Problème.  —  Calcul  de  la  résistance  des  contre-fiches  et  des  tirants  des  ponts  de  chemins 
de  for,  dits  ponts  en  treillis ,  sous  l'action  d'une  charge  en  mouvement. 

»  La  question  qui  précède  me  conduit  également  à  parler  d'un  problème 
nouveau,  dont  j'ai  obtenu  la  solution  et  qui  offre  quelque  analogie  avec 
le  précédent,  tout  en  en  différant  sous  certains  rapports  essentiels.  Il  se 
rapportie  à  la  résistance  d'une  classe  nombreuse  de  ponts  de  chemins  de  fer, 
connus  sous  le  nom  de  ponts  en  treillis  ou  ponts  lattices,  d'après  la  forme 


(.33) 
des  poutres  de  support.  Ils  sont  d'un  usage  très-fréquent  en  Allemagne,  et 
l'on  peut  citer  à  cet  égard  comme  une  œuvre  d'art  très-remarquable  celui 
d'Offenbourg  (Bade),  sur  la  Rinsig,  où  l'intervalle  entre  les  culées  est  fran- 
chi par  une  seule  travée  de  63  mètres. 

.  »  Dans  ces  ponts,  les  poutres  comprennent,  comme  toujours,  deux  plates- 
bandes  réunies  par  une  nervure.  Seulement,  cette  dernière,  au  lieu  d'être 
.  pleine,  est  formée  par  deux  séries  de  contre-fiches  et  de  tirants,  les  uns 
inclinés  dans  un  sens,  les  autres  dans  un  sens  inverse,  et  dont  l'assemblage 
constitue  une  espèce  de  treillis. 

»  On  a  toujours  fait  le  calcul  de  la  résistance  de  ces  poutres  en  les  assi- 
milant à  des  poutres  pleines,  dont  la  nervure  aurait  un  poids  égal  à  celui 
du  treillis.  C'est  ce  qui  semble  fort  rationnel,  vu  15  solidarité  du  système. 
D'ailleurs,  on  peut  voir  dans  un  article  très-intéressant  de  M.  Couche,  publié 
dans  le  troisième  volume  des  Annales  des  Mines,  i§S^,  une  théorie  très-ra- 
tionnelle de  l'équilibre  statique  de  ces  poutres.  Cette  théorie  présente,  en 
outre,  l'avantage  de  faire  connaître,  à  l'état  statique,  les  compressions  qu'é- 
fîrouvent  les  contre-fiches  et  les  tensions  supportées  par  les  tirants.  Or  cela 
est  d'autant  plus  essentiel,  que  c'est  là  presque  toujours  le  côté  faible  de 
ces  travaux  d'art  qui  ont  beaucoup  plus  de  tendance  à  se  rompre  par  les 
contre-fiches  et  tirants  voisins  des  extrémités  que  par  les  plates-bandes,  les- 
quelles travaillent  comme  dans  les  poutres  pleines;  et  cette  tendance  résulte 
tout  à  la  fois  de  la  théorie  et  d'expériences  faites  dans  les  ateliers  du  chemin 
de  fer  de  Hanovre. 

»  Ces  contre-fiches  et  tirants  sont  soumis,  à  l'état  de  repos,  à  des  efforts 
constants,  qui  dépendent  de  leur  position  et  du  poids  du  pont,  et  ceux-ci 
vont  en  croissant  depuis  le  milieu  jusqu'aux  extrémités  de  la  poutre. 

»  Le  passage,  sur  le  pont,  d'iuie  charge  mobile  y  développe  des  efforts 
qui  se  combinent  aux  premiers.  Ces  nouvelles  forces  varient  à  chaque  instant 
avec  le  mouvement  du  mobile,  et  le  problème  dont  il  s'agit  consiste  à  cher- 
cher les  effets  produits  sur  la  résistance  d'une  contre-fiche  ou  d'un  tirant  par 
le  fait  du  mouvement  de  cette  charge,  et  cela  en  tenant  compte  de  toutes 
les  circonstances  du  problème,  notamment  de  l'inertie  delà  contre-fiche.  Le 
■phénomène  offre,  comme  on  voit,  de  l'analogie  avec  les  effets  qui  se  pro- 
duisent dans  les  tiges  des  ponts  suspendus,  tout  en  en  différant  sous  certains 
rapports  essentiels.  J'ai  obtenu  la  solution  complète  de  cette  question,  sous 
forme  de  séries  très-convergentes,  qui,  dans  l'application,  se  réduisent  sen- 
siblement à  leur  premier  terme.  Les  coefficients  définitifs  ont  été  détermi- 
nés d'après  les  principes  de  Fourier,  en  raison  de  l'état  initial. 

C.  R,,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVl,  N»  I.)  5 


1 


(34) 
»  Le  même  procédé  d'investigation  s'applique  à  la  recherche  des  effets 
résultants,  de  l'arrivée  successive  de  plusieurs  mobiles  sur  la  poutre,  des 
soubresauts  provenant  soit  de  légers  obstacles  sur  la  voie,  soit  de  petites 
dénivellations  entre  les  rails  successifs,  et,  en  un  mot,  de  toutes  les  circon- 
stances analogues  dont  quelques-unes  ont  une  influence  très-essentielle  et 
dont  il  faut  tenir  compte  dans  le  calcul  des  équarrissages  des  pièces.  '  » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —    Etablissement   élémentaire    des  formules    de    la 
torsion  des  prismes  élastiques;  par  M.   de   Saint-Venant. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

«  Pour  que  ces  formules,  obtenues  en  posant  et  intégrant  les  équations 
aux  différences  partielles  de  l'équilibre  d'élasticité,  soient  généralement 
adoptées  dans  la  pratiqi^  il  faut  d'abord  qu'elles  passent  dans  l'enseigne- 
ment des  écoles  (i),  ce^ii  exige  qu'on  en  réduise  l'établissement  à  une 
forme  élémentaire.  Il  convient  d'ailleurs,  généralement,  de  se  rendre 
compte  de  la  raison  principale  des  vérités  que  l'analyse  révèle,  car,  comme 
a  dit  un  des  illustres  doyens  de  l'Académie  dans  sa  Théorie  nouvelle  de  la 

rotation  :  «  Rien  ne  nous  dispense  d'étudier  les  choses  en  elles-mêmes , 

»  et  les  résultats  de  nos  calculs  ont  presque  toujours  besoin  d'être  vérifiés, 
»  d'un  autre  côté,  par  quelque  raisonnement  simple.  » 

»  Considérons  donc  qu'en  général,  lorsqu'on  exerce  sur  la  surface  exté- 
rieure d'un  corps  élastique  une  action  tangentielle  (telle  qu'un  frottement), 
elle  glisse  nécessairement  un  peu  sur  le  reste  du  corps,  en  sorte  que  les 
lignes  matérielles  menées  normalement  à  l'intérieur  lui  deviennent  légère- 
ment obliques.  Mais  rien  de  semblable  n'a  lieu  sur  la  surface  latérale  d'un 
prisme  tordu  ou  fléchi  par  des  forces  agissant  seulement  sur  ses  bases 
extrêmes,  car  cette  surface  n'est  sollicitée  que  par  la  pression  de  l'atmo- 
sphère qui  agit  normalement.  IjCs  petites  lignes  matérielles  qui  étaient  nor- 
males à  la  surface  latérale  de  ce  prisme,  dont  la  matière  est  supposée  d'égale 
élasticité  en  tous  sens,  lui  seront  donc  encore  normales  après  que  cette  sur- 
face aura  été  légèrement  déformée  par  la  torsion,  en  sorte  que  les  arêtes 
devenues  courbes  ne  pourront  se  projeter  ensuite,  sur  les  sections,  que 
tangentiellement  au  contour  de  celles-ci. 


(i)  Déjà  M.  Poncelet,  dans  son  Cours  de  i84oà  la  Faculté,  et  M.  Morin,dans  ses  Leçons  sur 
la  résistance  des  matériaux  (2'  édition),  eut  bien  voulu  enseigner  ce  que  nous  avons  donné 
d'analogue  sur  \e  glissement  transversal  et  ses  effets. 


•      (  35  ) 

»  Il  est  facile  d'en  déduire  immédiatement  que  les  sections  planes  trans- 
versales d'un  prisme,  lorsqu'elles  ont  une  autre  forme  que  le  cercle,  ne  sau- 
raient rester  planes  quand  on  lui  fait  éprouver  une  torsion,  qui  change  ses 
arêtes  en  hélices,  toutes  de  même  axe  et  de  même  pas.  Ce  point  fondamental 
de  la  théorie  nouvelle  de  la  torsion  peut,  au  reste,  être  mis  en  lumière  par 
quelques  expériences,  soit  en  tordant  un  prisme  rectangulaire  en  caout- 
chouc sur  les  faces  duquel  on  a  tracé  transversalement  des  lignes  droites  qui 
s'infléchissent  en  S,  soit  en  se  servant  d'un  petit  appareil  qui  permet  de  tordre 
simultanément  deux  prismes  distants  l'un  de  l'autre  et  parallèles  rendus 
solidaires  par  des  liaisons  rigides  de  manière  qu'ils  se  comportent  comme 
un  seul  corps,  et  dont  on  verra  bien  que  les  bases  ne  restent  pas  dans  un 
même  plan. 

»  Or,  il'  importe  de  connaître  la  forme  de  la  surface  courbe  affectée 
ainsi  par  les  sections  des  prismes  tordus,  car  de  cette  forme  dépendent  les 
inclinaisons  que  les  files  longitudinales  de  molécules  changées  en  hélices 
prennent  sur  leurs   éléments   superficiels,  et  par  conséquent   les  forces, 
intérieures  que  la  torsion  développe  et  qui  résistent  à  sa  continuation. 

j>  Pour  la  déterminer,  divisons  le  prisme  en  fibres  ou  éléments  prismati- 
ques longitudinaux  et  posons  la  condition  de  leur  équilibre  de  translation 
dans  le  sens  de  la  longueur. 

»  Si  la  torsion  rend  obliques  aux  diverses  faces  latérales  de  ces  éléments 
prismatiques  les  petites  lignes  qui  leiy  étaient  perpendiculaires,  il  y  aura 
par  cela  seul,  sur  ces  faces,  des  actions  tangenlielles,  proportionnelles  aux 
petits  degrés  d'obliquité  acquis,  et  dirigées  dans  le  sens  où  ces  petites  per- 
pendiculaires se  sont  inclinées  sur  ces  mêmes  faces.  Ces  actions,  décompo- 
sées longitudinalement,  seront  proportionnelles  aux  petites  obliquités  esti- 
mées longitudinalement  aussi,  c'est-à-dire  aux  inclinaisons  prises  par  les 
petites  perpendiculaires  sur  les  arêtes,  ou  aux  projections,  sur  les  tangentes 
aux  files  longitudinales  de  molécules,  de  l'unité  de  longueur  portée  dans 
la  direction  de  ces  lignés  anciennement  perpendiculaires  aux  files  et  aux 
faces. 

»  Ces  inclinaisons  sont  dues  à  deux  causes,  la  courbure  prise  par  les  fibres 

et  la  courbure  prise  parles  plans  des  sections.jLes  déplacements  moléculaires 

sont,  vu  leur  petitesse,  simplement  résultants  géométriques  de  ceux  qui 

viendraient  séparément  de  chacune  des  deux  causes  supposée  exister  seule  ; 

et  les  forces  longitudinales  développées  sont  sommes  de  celles  qui  auraient 

lieu  si  les  files  longitudinales  de  molécules  se  courbaient  et  s'inclinaient 

seules  sans  les  sections,  et  si  les  sections  se  courbaient  et  s'inclinaient  seules 

sans  les  fibres. 

5.. 


(36) 

»  Or,  si  les  lignes  matérielles  longitudinales  se  courbent  en  hélices  de 
même  pas  autour  de  l'axe  de  torsion,  les  sections  restant  planes  et  nor- 
males à  cet  axe,  les  forces  longitudinales  développées  sur  les  faces  de  chaque 
fibre  se  font  équilibre  et  il  n'y  a  aucune  action  résultante.  On  le  reconnaît 
tout  de  suite  en  supposant  les  bases  des  fibres  terminées  par  deux  arcs  de 
cercle  ah,  cd  ayant  leiu'  centre  sur  l'axe  et  par  deux  rayons  ac,  bd. 


«  Reste  donc  à  considérer  la  seconde  cause,  qui  agit  seule  si  les  sections 
transversales  (que  nous  placerons  horizontalement  pour  fixer  les  idées)  sont 
supposées  se  courber  seules,  tandis  que  les  lignes  matérielles  verticales  res- 
tent droites  et  verticales.  Nous  trouverons  facilement  la  condition  d'équi- 
libre longitudinal  d'un  élément  de  fibre  en  lui  donnant  pour  base  un  petit 
carré  ayant  ses  côtés  parallèles  à  deux  axes  horizontaux  des  abscisses  et  des 
ordonnées.  Appelons  en  effet  A  et  A',  comme  leurs  points  centraux,  les  faces 
latérales  de  cet  élément  perpendiculaires  aux  abscisses,  B  et  B'  celles  qui  sont 


perpendiculaires  aux  ordonnées  ;  ef ,  en  considérant  la  section  du  prisme  qui 
passe  au  milieu  de  la  hauteur  de  cet  élément  parallélipipède,  coupons-la, 
lorsqu'elle  s'est  changée  en  une  surface  légèrement  courbe,  par  un  plan 
vertical  mené  parallèlement  aux  al)scisses  à  égale  distance  des  deux 
faces  B,  B'.  Aux  points  A,  A'  où  la  ligne  courbe  A  m  A'  qui  en  résulte  perce 
les  deux  faces  désignées  par  A,  A',  elle  a  sur  l'horizon  de  petites  inclinai- 
sons légèrement  différentes.  Ces  inclinaisons  ou  fjentes  mesurent  les  petites 
obliquités  prises  sur  les  arêtes  verticales  ou  sur  leurs  parallèles  menées  en  A,  A' 
par  les  lignes  matérielles  primitivement  perpendiculaires  aux  faces.  La  dif- 
férence des  actions  longitudinales  qui  s'exercent  sur  ces  deux  faces  verti- 
cales et  égales  A,  A'  de  la  fibre  élémentaire  carrée,  sera  proportionnelle  à  la 
différence  des  deux  pentes  dont  on  vient  de  parler. 


(  3?  ) 

»  Pareille  chose  peut  être  dite  des  deux  autres  faces  latérales  B,  JB'  égales 
entre  elles  et  aux  premières  A,  A',  et  qui  sont  percées  aussi  en  leurs  points 
milieux  B,  B'  par  la  courbe  suivant  laquelle  la  surface  de  la  section  est 
coupée  par  un  plan  vertical  parallèle  aux  ordonnées.  Il  faut,  pour  l'équi- 
libre, que  les  deux  différences  de  pentes  se  compensent,  ou  que  l'une  des 
différences  ait  négativement  la  même  grandeur  que  l'autre  positivement. 

»  La  condition  générale  que  doit  remplir  la  surface  légèrement  courbe 
dans  laquelle  se  changent  les  plans  des  sections  horizontales  est  donc  qti'à 
partir  de  chacun  de  ses  points  sa  pente  croisse  autant  dans  une  direc- 
tion quelconque  qu'elle  décroît  dans  une  direction  perpendiculaire,  ou  que 
si  on  la  coupe  par  deux  systèmes  de  plans  orthogonaux  menés  parallèlement 
à  l'axe  de  torsion,  les  lignes  courbes  qui  en  résultent  aient,  sur  un  plan 
perpendiculaire  au  même  axe,  des  inclinaisons  dont  l'une  augmente  juste- 
ment de  ce  dont  l'autre  diminue  lorsqu'on  passe  d'un  point  où  deux  d'entre 
elles  se  croisent  à  des  points  voisins  également  distants  sur  l'une  et  l'autre 
coupe. 

»  Cela  peut  s'exprimer  géométriquement  aussi  en  disant  que  partout  cette 
surface  peu  courbe  a  ses  deux  courbures  égales  et  opposées,  et  anajytique- 
ment  par  l'équation 

.l'a        tPu 

j  et  2  étant  les  coordonnées  transversales  et  u  le  déplacement  longitudinal 
d'un  point  quelconque. 

»  Il  y  a  de  plus,  aux  points  du  contour  de  la  section,  la  condition,  comme 
on  a  dit,  de  rester  normale  a  la  surface  extérieure  modifiée,  en  sorte  que 
les  hélices  des  arêtes  se  projettent  sur  la  section  tangentiellement  à  son 
contour,  ce  qui  s'exprime  analytiquement,  Q  étant  l'arc  de  torsion  pour 
l'unité  de  distance  et  de  rayon,  par    . 


(^  +  5j)^J-(g-^z)^^  =  o, 


du     du 


car  —Oz,  ôj  représentent  ce  qu'il  faut  ajouter  aux  pentes  — >  —  pour 

avoir  les  inclinaisons  totales  prises  par  les  fibres  sur  les  éléments  des  sections 
pai'  les  fibres  projetées  sur  les  plans  des  («/)  >  des  {uz). 

»  L'intégration  pour  une  forme  donnée  du  contour  peut  être  difficile  ; 
mais  on  n'a  pas  besoin  d'intégrer  ni  même  de  se  servir  des  signes  de  diffé- 
rentiation  en   résolvant  (ce  qui  suffit  pour  les  applications)  le  problème 


■     (  38  ) 

inverse  qui  consiste  à  se  donner  la  forme  de  la  surface  par  des  expressions 
algébriques  entières  de  ses  deux  pentes  dont  les  variations  doivent  se  com- 
penser, et  à  chercher  les  formes  correspondantes  du  contour. 

»  On  arrive  ainsi,  par  des  particularisations  d'une  formule  générale  simple 
et  facile  à  établir,  aux  résultats  trouvés  analytiquement  pour  les  prismes 
ayant  pour  base  une  ellipse,  un  triangle  équilatéral,  et  un  nombre  indéfini 
de  contours  courbes  dont  l'un,  qui  a  une  équation  du  4*  degré,  se  rappro- 
che extrêmement  du  carré,  de  manière  qu'en  attribuant  à  celui-ci  la  surface 
courbe  qui  y  répond  on  obtient  pour  le  moment  de  torsion  les  0,84  de  ce 
qu'on  aurait  si  la  section  restait  plane,  ce  qui  approche  excessivement 
de  0J8435  obtenu  par  l'intégration  exacte  en  série  transcendante. 

»  On  voit  qu'on  peut  démontrer  les  nouvelles  formules  d'une  manière 
simple  et  presque  évidente.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

L'Académie  renvoie  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  deChiiTirgie, 
constituée  en  Commission  spéciale  pour  le  concours  du  prix  Bréant,  un 
Mémoire  sur  le  choléra-morbus  portant  le  nom  de  l'auteur  sous  pli  cacheté, 
et  une  Lettre  de  M,  Poznanski^  accompagnant  uu  opuscule  ayant  pour  titre: 
«  De  la  nature,  du  traitement  et  des  préservatifs  du  choléra  ».  • 

M.  l'abbé  J.  Castrogiovanni  adresse  de  Palerme  une  Note  relative  à  la 
résoliition  des  équations  numériques  du  a*  et  3*  degré.  M.  Bertrand  est 
invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire  savoir  à  l'Académie 
si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

CORRESPONDANCE 

M.  LE  Ministre  DES  Affaires  Etrangères  transmet  un  des  bulletins  écrits 
à  bord  du  yacht  impérial  la  Reine-Horlense  et  se  rattachant  à  la  série  des 
expériences  sur  les  courants  des  mers  du  Nord  faites  pendant  le  voyagé  du 
Prince  Napoléon. 

Une  Note  de  l'inspecteur  du  Groenland  méridional,  qui  se  trouve  jointe  à 
ce  bulletin,  apprend  qu'il  était  renfermé  dans  une  bouteille  attachée  au  mât 
d'un  navire  abandonné  en  mer,  lequel  est  venu  s'échouer,  en  septembre  1 856, 
près  de  la  côte  du  Groenland,  entre  Frederikshaab  et  Fiskernaess. 

Le  bulletin  lui-même  est  conçu  dans  les  termes  suivants  : 

«  Ce  bâtiment  a  été  visité  par  la  corvette  à  vapeur  la  Reine-Horlense 


•  (  39  ) 
»  montée  par  S.  A.  I.  Je  prince  Napoléon  allant  à  Gotbaab,  le  20  juillet  i856. 
»  Tous  les  agrès  du  bâtiment  avaient  déjà  été  emportés  : 

Latitude 60°  08     nord, 

Longitude 4^°  0°     ouest.   « 

M.  W^ALFERDiN  prie  l'Académie,  qui  l'a  déjà  plus  d'une  fois  admis  au 
nombre  des  candidats  pour  des  places  d'Académicien  libre,  de  vouloir 
bien  lui  continuer  la  même  bienveillance  en  le  portant  sur  la  liste  des  can- 
didats pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Largeteau. 

(Réservé  pour  la  future  Commission  de  présentation.) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance quatre  livraisons  du  BuHetin  de  ta  Société  impériale  des  Natura- 
listes de  Moscou,  appartenant  aux  années  i856  et  1857. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  également  un  ouvrage  de  M.  le  D'' 
C.  Jllard,  ayant  pour  titre  :  «  Mission  médicale  dans  la  Tatarie-Do- 
broutcha   » . 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  la  mesure  de  la  force  utile,  prise  sur 
une  machine  à  vapeur,  sans  avoir  recours  à  l'emploi  du  frein  ;  par 
M.  Madistre.  < 

«  1 .  Tous  ceux  qui  ont  fait  des  expériences  au  frein  sur  la  machine  à 
vapeur  savent  que  cette  opération  présente  des  difficultés  de  plus  d'un 
genre,  et  qu'elle  conduit  quelquefois  à  des  résultats  menteurs.  Parmi  ses 
inconvénients,  le  plus  grand  résulte  de  ce  qu'il  faut  arrêter  le  travail  dans 
la  manufacture  pendant  plus  ou  moins  longtemps.  Remplacer  l'opération 
du  frein  par  une  simple  observation  de  la  pression  d'admission,  tel  est  le 
but  que  je  me  suis  proposé. 

»  2.  Pour  plus  de  simplicité,  je  considère  une  machine  à  vapeur  à  un 
seul  cylindre.  Le  travail  transmis  au  piston  en  une  minute  a  pour  valeur, 
en  nommant  N  le  nombre  des  courses  dans  cet  intervalle  de  temps  [voir 
pour  la  notation  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  du  i5  juin  1867), 

—  a/N  i~  -+■  zsy 


(  4o  )  ■ 

»  Supposons  maintenant  qu'on  supprime  une  partie  de  la  charge  que 
mène  la  machine,  la  pression  d'admission  P  deviendra  P  —  <^P,  N  devien- 
dra N  +  (?N,  T,„  se  réduira  à  T,„  — c?T„,  et  l'on  aura,  pour  déterminer 


(  -tJ' 


»  Telle  est  la  valeur  du  travail  utile  pris  sur  le  piston  .par  la  résistance 
qu'on  a  supprimée. 

»  Je  suppose,  par  exemple,  qu'on  veuille  mesurer  la  quantité  de  force 
absorbée  par  un  atelier  tout  entier  :  op  suspendra  le  travail  dans  cet  atelier 
pendant  dix  à  quinze  minutes;  on  observera  la  diminution  de  la  pression 
d'admission  dans  le  cylindre _,  en  installant  sur  celui-ci  un  manomètre  assez 
sensible,  par  exemple  un  manomètre  Desbordes,  et  l'on  aura  âP;  on 
comptera  aussi  le  nombre  des  courses  du  piston  en  une  minute;  ce  nombre, 
comparé  avec  celui  obtenu  avant  de  débrayer  l'atelier,  fera  connaître  (?N; 
on  aura  de  la  sorte  tous  les  éléments  de  la  formule  (a). 

»  Pour  une  machine  de  Wolf  on  obtiendra  pareillement 

a,(/, -l-ci)-+-p  l_T    î£- 


ar  +  {al'-hac  +  ^ 

(3) 

^T,„ 

=  (N- 

■^(JN)(JP^ 

-h  a{l'-\-  c)  log 
+  (/3  +  «)log' 

a,c,-)-a(/4-c)  -h  ft  [  ""  N 

oc  -+-  a,  (/, -hc,  )-4-  ft 
a,c,^-a(/-(-  c)  -(-  (i 

»  3.  Si  la  machine  n'est  pas  pourvue  d'une  enveloppe  de  Watt,  en 
sorte  qu'il  soit  nécessaire  de  tenir  compte  des  condensations  qui  se  font 
pendant  la  détente,  il  suffira,  pour  y  avoir  égard  d'une  manière  approxi- 
mative, d'introduire  entre  les  crochets,  dans  les  formules  (2)  et  (3),  le 
terme 

-  t{al''-h  ac -h  ^ -h  6), 

dans  lequel  s  désigne  le  volume  d'eaU  qui  résulte  de  la  condensation  de  la 
vapeur  pendant  la  détente  en  un  temps  donné  et  S  la  vaporisation  méca- 
nique de  la  machine  pendant  le  même  temps,  en  supposant  les  condensa- 
tions nulles,  la  pression  d'admission  étant  P. 

P  En  même  temps,  si  l'on  désigne  par  n'  la  pression  à  la  fin  de  l'expan- 


(  4i  ) 

sion,  on  aura  à  très-peu  près,  pour  une  machine  à  un  seul  cylindre,    '  i  '• 

•...■|. 

..  s  n  +  (j  Tz'  al  -+-  fie  -i-  p  -^-  6 

^/*'  S  ~  '  ~~  «  -f-  7?    al'-f-ac-h  p  H-  6* 

A  l'égard  d'une  machine  de  Wolf,  on  aura  pareillement 

,  f..  s  •        n  +  çir  flc+  a,  (/,  4-  fi)+  6+  6. 

^    /  S  ""  '  ~  n  +  qP  al' ^  ac -h  ? -h  9 

Dans  cette  dernière  équation  n  est  la  pression  à  la  fin  de  l'expansion  dans 
le  grand  cylindre. 

»  Donc,  pour  avoir  ->  il  suffira  d'observer  tt'  ou  tt.  -  , 

»  Ces  relations  se  déduisent  sans  peine  des  formules  de  notre  dernier 
Mémoire  sur  la  machine  à  vapeur,  présenté  à  TAcadémie  le  i4  dé- 
cembre iSSy. 

»  4.  Je  ferai  remarquer,  en  terminant,  que  le  terme  de  T„,  qui  dépend 
de  la  pression  ot  derrière  le  piston,  paraît  être  le  plus  sujet  à  erreur,  car 
cette  pression  est  très-certainement  supérieure  à  la  pression  mesurée  dans 
le  condenseur  ou  à  la  pression  atmosphérique,  suivant  que  la  machine  con- 
dense ou  ne  condense  pas.  Or  on  peut  remarquer  que  cette  erreur  est  pour 

ainsi  dire  éliminée  de  la  formule  du  travail  utile,  à  cause  du  facteur  — -» 

qui  est  toujours  très-petit,  le  régulateur  de  la  machine  maintenant  les  varia- 
tions de  la  vitesse  entre  des  limites  ordinairement  très-étroites. 

»  Dans  deux  expériences  que  j'ai  faites  récemment  à  Roubaix,  chez 
MM.  M...  et  C'*,  la  formule  (3)  a  fourni  des  résultats  supérieurs  à  ceux 
donnés  par  le  frein,  l'un  de  o,o3,  l'autre  de  o,o4.  » 

CHIMIE.   —   Nouveau  mode  de  traitement  du  speiss  et  du  kupfermckel ; 

par  M.  S.  Cloez. 

«  La  matière  première  employée  pour  la  préparation  de  l'oxyde  de 
nickel  pur  est  généralement  nn  arséniosulfure  de  nickel  mélangé  de  pro- 
portions variables  le  plus  souvent  très-faibles  de  cobalt,  de  fer,  de  cuivre, 
d'antimoine,  de  bismuth.  L'élimination  complète  de  l'arsenic  contenu  dans 
le  produit  naturel  appelé  nickeline  ou  kupfernickel  et  dans  le  produit  des 
usines  connu  sous  le  nom  de  speiss,  se  fait  aisément  en  faisant  passer  ce  corps 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  I .)  ,  '  "  ^ 


(42) 

à  l'étal  de  sulfure  d'arsenic  soluble  dans  les  sulfures  alcalins,  ou  à  l'état 
d'acide  arsénique  dont  les  combinaisons  avec  les  alcalis  se  dissolvent  aisé- 
ment dans  l'eau. 

X  Les  procédés  employés  pour  séparer  l'arsenic  peuvent  enlever  aussi 
l'antimoine  quand  il  existe ,  mais  les  autres  métaux  restent  mélangés  avec 
le  nickel  à  l'état  de  sulfures  ou  d'oxydes  ;  et  pour  les  séparer  on  est  obligé 
de  dissoudre  d'abord  le  mélange  dans  un  acide  ,  'de  traiter  ensuite  la  solu- 
tion par  l'acide  sulfhydrique  pour  précipiter  le  cuivre,  le  plomb,  etc.,  et  de 
soumettre  enfin  la  liqueur  à  diverses  opérations  pour  enlever  le  cobalt  et 
le  fer. 

»  J'ai  cherché  à  simplifier  la  méthode  employée  en  me  basant  sur  raction 
bien  connue  de  l'acide  sulfureux  sur  l'acide  arsénique  qu'il  ramène  à  l'état 
d'acide  arsénieux,  et  sur  la  précipitation  complète  et  rapide  de  ce  dernier 
corps  par  l'acide  sulfhydrique. 

»  Le  minerai  destiné  au  traitement  doit  être  réduit  en  poudre  fine  <l 
grillé  avec  soin  afin  de  chasser  le  soufre  et  la  majeure  partie  de  l'arsenic. 
Dans  les  arts,  l'opération  se  fait  économiquement  sur  la  sole  d'un  fourneau 
à  réverbère  :  dans  les  laboratoires,  il  faut  opérer  dans  im  grand  lét  à  rôtir, 
chauffé  dans  une  espèce  de  fourneau  à  vent  dont  on  règle  à  volonté  le  tirage 
de  manière  à  entraîner  dans  l'atmosphère  en  dehors  du  laboratoire  fout 
l'acide  arsénieux  produit.  Le  résultat  de  cette  opération  est  dissous  à  chaud 
dans  l'acide  chlorhydrique  concentré;  dans  le  cas  d'un  grillage  incomplet, 
une  portion  de  la  matière  reste  au  fond  du  ballon  sans  se  dissoudre,  on  la 
sépare  par  décantation  de  la  liqueur  acide,  puis  on  ajoute  à  celle-ci  une 
quantité  de  bisulfite  de  soude  telle,  que  l'acide  sulfureux  se  trouve  en  grand 
excès;  on  chauffe  doucement  jusqu'à  l'ébullition  pour  compléter  la  réduc- 
tion de  l'acide  arsénieux  et  chasser  l'excès  d'acide  sulfureux  employé. 

»  On  fait  passer  ensuite  dans  la  liqueur  acide  encore  tiède  un  courant 
de  gaz  acide  sulfhydrique  pour  précipiter  le  reste  de  l'arsenic  en  même 
temps  que  le  cuivre,  l'antimoine,  le  plomb,  le  bismuth;  on  laisse  reposer" 
pendant  douze  heures  le  liquide  saturé  d'acide  sulfhydrique  ;  on  sépare  par 
le  filtre  le  précipité  des  sulfures  produits,  puis  on  évapore  à  sec  la  liqueur 
claire  contenant,  outre  le  nickel,  un  peu  de  cobalt  et  du  fer. 

»  Le  résidu  de  l'évaporation  traité  par  l'eau  donne  une  solution  claire  à 
peu  près  neutre  ;  on  la  traite  par  le  chlore  ou  par  le  chlorate  de  potasse  après 
l'addition  d'une  petite  quantité  d'acide  chlorhydrique;  le  fer  et  le  cobalt 
passent  ainsi  à  l'état  de  perchlorures;  on  ajoute  alors  du  carbonate  de  ba- 
ryte ou  du  carbonate  de  chaux  pour  précipiter  à  l'état  de  sesquioxydes  le.s 


(  43  ) 
métaux  perchlorurés  :  1-ar  séparation  est  complète  à  la  température  de  l'ébul- 
iitioi). 

»  La  liqueur  renferme  ordinairement  assez  d'acide  sulfurique  provenant 
de  l'oxydation  de  l'acide  sulfureux  par  l'acide  arsénique,  pour  faire  passer 
à  l'état  de  sulfate  insoluble  la  baryte  ou  la  chaux  qui  a  servi  à  la  réaction  ; 
dans  le  cas  d'insuffisance  de  cet  acide,  on  en  ajoute  après  la  réaction  une 
certaine  quantité,  de  manière  à  n'avoir  à  faire  qu'une  filtration  pour  séparer 
à  la  fois  les  oxydes  métalliques  précipités,  le  sulfate  insoluble  produit  et 
l'excès  du  carbonate  alcalinoterreux  que  l'on  a  dû  employer. 

»  La  liqueur  filtrée  ne  renferme  plus  que  du  nickel  ;  on  la  traite  par  un 
carbonate  alcalin  en  dissolution  ;  le  précipité  recueilli,  lavé  et  calciné  con- 
stitue l'oxyde  de  nickel  chimiquement  pur  dont  ou  peut  extraire  facilement 
le  métal. 

w  Le  procédé  décrit  est  également  applicable  au  produit  résultant  de 
l'action  de  l'eau  régale  ou  de  l'acide  azotique  sur  le  speiss  et  le  nickel  d'Al- 
lemagne; il  faut  avoir  soin  seulement  dans  ce  cas  de  chasser  tout  l'acide 
azotique  contenu  dans  le  mélange,  parce  que  la  présence  des  azotates  dans 
la  liqueur  acide,  après  le  traitement  par  l'acide  suHureux,  constitue  une 
espèce  d'eau  régale  très-faible,  il  est  vrai,  mais  assez  forte  cependant  pour 
empêcher  la  précipitation  de  l'arsenic,  de  l'antimoine,  du  cuivre,  etc.,  par 
l'hydrogène  sulfuré.  « 

»  Avant  d'appliquer  la  méthode  qui  précède,  au  traitement  de  la  mine  de 
nickel,  je  m'étais  assuré  expérimentalement  de  l'exactitude  de  la  réaction 
principale  qui  lui  sert  de  base;  à  cet  effet,  j'avais  mélangé  une  solution  de 
chlorure  de  nickel  contenant  i  gramme  d'oxyde  pur  avec  une  dissolution 
aqueuse  arsenicale,  obtenue  en  oxydant  i  gramme  d'acide  arsénieux  par 
l'acide  azotique,  évaporant  à  siccité  et  reprenant  par  l'eau  le  résidu  d'acide 
arsénique.  La  liqueur  additionnée  de  bisulfite  de  soude  fut  portée  à  l'ébuUi- 
tion,  puis  traitée  par  l'acide  sulthydrique ;  le  stdfure  d'arsenic  précipité, 
recueilli  sur  un  filtre,  lavé  et  séché  à  i  lo  degrés,  pesait  i*%i64,  équivalant 
sensiblement  à  la  quantité  d'acide  arsénieux  employée.  Quant  au  nickel,  il 
a  été  de  son  côté  précipité  et  dosé  à  l'état  d'oxyde;  la  quantité  obtenue  fut 
inférieure  de  5  milligrammes  à  celle  qui  avait  été  primitivement  employée  : 
cette  diminution  accidentelle  est  en  faveur  de  l'exactitude  du  procédé,  car 
elle  prouve  évidemment  que  l'arsenic  a  été  enlevé  eu  totalité,  comme  l'in- 
dique déjà  d'ailleurs  le  poids  du  sulfure  d'arsenic  obteiui.  » 


(  44  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  De  [influence  que  Ceau  pure  ou  chargée  de  divers  sels 
exerce  à  froid  sur  le  sucre  de  canne  ;  par  M.  A.  Béchamp. 

«  De  nouvelles  recherches  qui  font  suite  à  celles  dont  j'avais  présenté 
les  résultats  à  l'Académie  dans  la  séance  du  19  février  i85i,  m'ont  con- 
duit à  modifier  de  la  manière  suivante  ma  conclusion  touchant  l'in- 
fluence que  l'eau  froide  exerce  sur  le  sucre  de  canne  :  1°  l'eau  froide  ne 
fait  pas  passer  le  sucre  de  canne  à  l'état  de  sucre  lévogyre;  1°  la  modir 
fication,  lorsqu'elle  a  lieu,  est  le  résultat  d'une  véritable  fermentation. 
En  second  lieu,  voici  ce  que  j'ai  trouvé  de  plus  général  touchant  l'in- 
fluence des  dissolutions  salines  :  1°  l'influence  des  dissolutions  salines  est 
variable  ;  les  sels  neutres  et  saturés,  ou  neutres  et  acides,  qui  préviennent 
à  froid  la  transformation  du  sucre  de  canne,  sont  généralement  des  sels 
réputés  antiseptiques;  2"  l'acidité  d'un  sel,  même  d'un  bisel,  n'exerce  pas 
toujours  une  influence  transformatrice;  3°  dans  certains  cas,  une  certaine 
température  minimum  paraît  nécessaire  pour  que  la  transformation  s'ac- 
complisse. 

»  Ces  conclusions  me  paraissent  ressortir  des  deux  séries  d'expériences 
que  je  vais  rapporter  et  qui  sont  consignées  dans  deux  tableaux. 

»  La  première  série  a  été  commencée  à  Strasbourg,  le  aS  juin  i856,  et 
continuée  à  Montpellier,  depuis  le  mois  de  janvier  1857  jusqu'au  mois  de 
.  décembre  de  la  même  année. 

»  Un  poids  déterminé  de  sucre  de  canne  pur  a  été  dissous  dans  l'eau  et 
lians  certaines  dissolutions  de  différents  genres  et  de  plusieurs  espèces  de 
sels  solubles.  Le  volume  de  chaque  dissolution  était  de  100  centimètres 
cubes.  Un  flacon  de  dissolution  de  sucre  dans  l'eau  pure  devait  servir  de 
témoin  ;  je  préparai  trois  autres  dissolutions  de  sucre  dans  l'eau  pure  : 
mais  dans  l'un  des  flacons  j'ajoutai  une  goutte  de  créosote,  dans  le 
second  un  peu  d'acide  arsénieux,  dans  le  troisième  une  petite  quantité  de 
bichlorure  de  mercure.  Ces  trois  dissolutions  devaient  également  servir  de 
.i  témoins,  en  même  temps  que  les  substances  ajoutées  devaient  empêcher  le 
*  développement  des  moisissures  qui,  dans  les  expériences  de  M.  Maumené, 
comme  dans  les  miennes,  étaient  constamment  apparues.  Voici  le  tableau 
de  cette  première  série  (i). 


(1)  La  longueur  du  tube  était  /=  200  millimètres. 


(45) 


iSS',!   DE    SCCRE  DE  CASSE 

dans 
loo"^"^  des  dissolutions  suivantes. 


Eau  pure 

Acide  arsénieux  (très- peu) 

Bichlorure  de  mercure  (  peu) 

Eau  pure,  une  goutte  de  créosote. . 

Bichlorure  de  mercure  (cône) 

Protoehlorure  d'étain 

Sulfate  de  zinc 

Sulfate  de  manganèse 

Sulfate  d'alumine 

Nitrate  de  potasse 

Nitrate  de  baryte .  .  '. 

Nitrate  de  magnésie 

Nitrate  de  zinc 

Nitrate  de  plomb 

Phosphate  de  soude  PO'HO  2Na  O. . 
Kiphosphate  de  potasse  PO'  KO  a  HO 

Bi-arséniate  AsC  KO  2  HO 

Carbonate  de  potasse , . . 

Bicarbonate  de  potasse 

Oxalate  de  potasse 

Bioxalate  de  potasse 


DEVIATION 


le 
Si  juin 

11156. 


22, 05 
22,  0^ 
22, 03 
22,  oS 
22, 03 

» 
22,01^ 
22,02 
22,02 
22,0.') 
22,02 
22  ,02 
22,01 
22,00 
20,23 
20,  S8 
21  ,02 
20,00 

20,88 

21  ,00 
22,00 


lo 

13  Juillet 

1SS6. 


le 

26  novembre 
1856. 


21,89 
21 ,65 
22,00 
22,00 
22,00 


i8,oo 

• 

21,6 
22,00 
22,00 
22,00 
21,93 
19,16 
20, 18 
21  ,o3 
20,00 
20,9 
21 ,00 
20, 3 /j 


16,6  (') 
12,24  (') 
21,90 
22, 10 

20,3 

22,06 

3,12  \ 

8.7V 
3,0  V) 
21,96 

22,3 
22,  1 
17,8^ 

9,7\n 

16,3 
18,6 

22,0 
21  ,0 
21  ,0 

10,5  (') 


19  mars 
1857. 


i5,8.4  (•) 

10,80  (») 

22,  03 

22,2 

20,4 


le 

13  juillel 

1867. 


10,3 

7;2 
22,04 
22,02 
20,4 

6,o\('»J 

6,o\ 
18,0 

7j2\ 

» 

0,0 

22  ,0 


5  décembre 
1837 


.,5(-) 

o,7('*) 
22, 1 
22,2 
16,8 

0,72  \ 
0,76 
".72  \ 

o,48\- 

o,8\ 
22,2 
0,2  \ 

» 

o,34\ 


18,0 

15,6 

20,3 

}) 

21,0 
12,0  (■') 

» 

21 .0 
o,34\ 

0,2\ 

(')  On  voit  apparaître  un  léger  dépôt  floconneux.  (')  On  voit  apparaître  des  moisissures.  (")  La  li- 
queur reste  limpide  jusqu'à  la  fin.  (*)  Une  large  moisissure  verte  couvre  la  surface  de  la  dissolution. 
(')  Une  moisissure  énorme  occupe  tout  le  fond  du  flacon.  {")  Volumineuse  moisissure  dans  la  liqueur 
(')  De  légères  moisissures  rouges  se  trouvent  au  fond  du  vase.  (')  Les  moisissures  prennent  l'aspect  de 
flocons  transparents.  (")  Des  moisissures  pareilles  h  celles  qui  se  forment  dans  le  sucre  seul ,  mais  plus 
abondantes,  nagent  dans  la  liqueur.  ('")  H  s'est  formé  un  précipité  blanc  dans  la  liqueur.  On  filtre. 
(")  Moisissures.  (")  Léger  dépôt  au  fond  du  flacon.  ("  et  ")  Dans  la  liqueur  nage  une  substance  gé- 
latiniforme  volumineuse.  (">)  La  liqueur  a  bruni  en  répandant  l'adeur  de  caramel.  Moisissures  blan- 
ches au  fond  du  flacon. 


1 

«  On  voit  que,  dans  l'intervalle  de  dix-sept  mois,  la  déviation  imprimée 
au  plan  de  polarisation  par  la  dissolution  de  sucre  dans  l'eau  pure  a  varié 
de  22  degrés/  à  i°,5 /,  et  celle  où  il  y  avait  de  l'acide  arsénieux  de 
12  degrés/  à  0^,7 /.  La  dissolution  où  l'on  avait  mis  de  la  créosote  et 
celle  où  se  trouvait  un  peu  de  bichlorure  de  mercure  n'ont  pas  varié  :  dans. 


(  46  ) 
les  deux  premiers  cas,  des  moisissures  s'étaient  développées;  il  n'en  existait 
pas  dans  les  deux  autres. 

M  La  créosote  empêche  donc  à  la  fois  le  développement  des  moisissures 
et  la  variation  du  pouvoir  rotatoire;  il  pouvait  donc  se  faire  que  si  l'on  em- 
pêchait d'une  autre  façon  le  développement  des  moisissures,  le  sucre  ne  se 
modifierait  pas  dans  l'eau  pure.  Il  en  est  réellement  ainsi  comme  le  prouvent 
lesexpériencesdela  seconde  série  qui  ont  été  commencées  le  27  mars  dernier. 

•>  Pour  faire  mes  nouvelles  dissolutions,  j'ai  employé  de  l'eau  distillée 
bouillie,  que  l'on  avait  eu  soin  de  laisser  refroidir  à  l'abri  du  contact  immé- 
diat de  l'air  atmosphérique  naturel  :  l'air  était  forcé  de  passer  à  travers  de 
l'acide  sulfurique  concentré  avant  de  rentrer  dans  le  ballon  où  l'eau  avait 
été  bouillie.  Cinq  flacons  de  dissolution  de  sucre  dans  l'eau  pure  ont  été  rem- 
plis complètement.  Dans  cinq  autres  flacons  on  a  ajouté  une  goutte  de  créo- 
sote par  flacon  et  on  y  a  laissé  une  certartne  quantité  d'air.  Dans  quatre  autres 
flacons  se  trouvaient  des  dissolutions  de  sucre  avec  de  l'acide  arsénieux,  ou  du 
chlorure  mercurique,  ou  du  sulfite,  ou  du  bisulfite  de  soude  :  dans  chaque 
dissolution  on  avait  ajouté  une  goutte  de  créosote.  Enfin,  un  .des  flacons  de 
sucre  dans  l'eau  pure  et  un  flacon  de  la  même  liqueur  additionnée  de 
créosote  n'ont  pas  eu  le  coritact  de  l'air  pendant  toute  la  durée  de  l'expé- 
rience qui  a  été  de  huit  mois.  Voici  le  tableau  de  la  seconde  série  : 


l6!'',365  DE   SCCRE    I>E    CANSE 

dans 
100"  de  dissolution. 

DÉVIATION. 

le 

n  mari 

l8il7. 

le 
soaTTll 

1857. 

le 
30  mai 

18117. 

le 
30  Juin 

1857 

le 
30jDlllet 

1857. 

le      ■ 
s  décembre 

1857. 

Eau  distillée  n"  i 

o 

24,00 
24,00 
24,00 
24,00 
24,00 
24,00 
24,00 
24,00 
24,00 
24,00 
2.'|,00 
24,00 
23,28 
23,52 

0 

34,00 

24,00 

» 

34,00 

II 
n 
» 

» 

24,00 
23,76 
23,28 

23,52 

0 

24,00 

» 

u 

» 

24,00 
24,00 

» 

24,00 

23,28 
23,28 

23,52 

23%  (') 
^1,6  (') 
24,0 

)) 
24,0 
24,0 
24,0 

» 

2q,0' 

» 

0 

II 

> 
1» 

24,00 

» 
24,00 
24,00 
24,00 
24,00 

» 
24,00 
20,9 

23, 04 

23,52 

0 

19,68 

i5,6o 

H 

24,00 
24,00 

24,00 
24,00 
24 ,  00 

a4,oo 

24,00 

24,4 

11,3 

23,28 

23,76 

),             n°  2 

no  3 

n»4 

»             n»  5 

»                       n"  2 

>                       n»  3 

»                       n»  4 

,                      n»  5 . . 

Eau  distillée  Az  0'  et  créosote 

Solution  concentrée  de  Cl  Hg  et  créosote. .  . . 

Bisulfite  de  soude  et  créosote 

(')  et(')  Des  flocons  blanchâtres  tapissent  le  fond  des  flacons.    (')  Les  flocons  sont  plus  abondants;  le 
3o  juin ,  on  'ajoute  sans  filtrer  une  goutte  de  créosote  dans  le  flacon.  Cette  addition  n'a  pas  empêché  le 
sucre  de  canne  de  se  modifier  davantage. 

(  47  )  • 
»  Il  résulte  de  ces  expériences  :  i°  que  les  moisissures  ne  se  développent 
pas  à  l'abri  de  l'air,  et  que  dans  ce  cas  la  dissolution  conserve  intact  son 
pouvoir  rotatoire;  2**  que  la  liqueur  des  flacons  qui  ont  été  ouverts,  qui 
ont  eu  le  contact  de  l'air,  a  varié  avec  le  développement  des  moisissures; 
3"  que  la  créosote,  sans  le  contact  de  l'air  ou  sous  l'influence  de  ce  contact, 
empêche  à  la  fois  la  formation  des  moisissures  et  la  variation.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  cochenille;  par  M.  Schutzenberger. 

«  Les  fabricants  d'indienne  savent  depuis  longtemps  que  la  cochenille 
abandonnée  quelques  jours  en  contact  avec  une  solution  aqueuse  d'ammo- 
niaque éprouve  une  modification  intéressante  qui  n'a  pas  encore  fixé  l'atten- 
tion des  chimistes.  La  matière  colorante  rouge  (acide  carminique)  passe  à 
l'état  d'une  matière  d'un  beau  violet  que  les  acides  ne  modifient  pas  et  ne 
font  plus  virer  au  rouge.  On  ne  peut  par  conséquent  considérer  ce  corps 
comme  du  carminate  d'ammoniaque.  Pour  me  rendre  compte  de  la  trans- 
formation qui  a  lieu,  j'ai  analysé  de  l'acide  carminique  à  la  purification 
duquel  j'avais  apporté  tous  mes  soins,  et  j'ai  modifié  cet  acide  an  moyen  de 
l'ammoniaque.  Ce  produit  modifié  a  été  soumis  également  à  l'analyse.  Par 
la  comparaison  des  deux  résultats  obtenus,  j'ai  trouvé  que  la  matière  colo- 
rante de  la  cochenille  ammoniacale  était  l'amide  de  l'acide  carminique.  En 
analysant  des  acides  carminiqiies  préparés  par  des  procédés  différents,  je 
trouvais  à  chacun  une  autre  composition,  mais  toutes  mes  analyses  pou- 
vaient en  définitive  se  représenter  par  la  même  formule  avec  plus  ou  moins 
d'oxygène,  j'en  ai  conclu  qu'il  existait  au  moins  deux  degrés  d'oxydation 
de  l'acide  carminique.  J'ai  en  effet  réussi,  en  employant  l'éther  mélangé  de 
plus  ou  moins  d'alcool  comme  dissolvant,  à  séparer  et  à  obtenir  à  l'état 
cristallisé  deux  produits  dont  l'un  se  représente  par  la  formule 

C'«H»0'% 
l'autre  par 

C'H'O'*, 

ainsi  que  deux  degrés  d'oxydation  intermédiaire,  l'un 

C"'H»0'S 
l'autre 

que  l'on  peut  considérer  ou  comme  des  corps  spéciaux  ou  comme  des  com- 


(  48  ) 
binaisons  de  l'acide  le  plus  oxydé  avec  l'acide  le  moins  oxydé.  En  chauffant 
à  125  degrés  dans  un  tube  fermé  un  mélange  de  carminate  de  soude  et 
d'iodure  d'éthyle,  j'ai   obtenu  les  éthers  de  ces  acides  carminiques  sous 
forme  de  corps  rouges  insolubles  dans  l'eau,  solubles  dans  l'alcool. 

»  J'ai  également  remarqué  que  l'hydrogène  naissant  décolorait  complète- 
ment une  solution  d'acide  carminique  ;  la  couleur  revient  à  l'air  :  cette 
réaction  peut  se  comparer  à  celle  qui  a  lieu  lorsqu'on  réduit  l'indigo.  » 

HYDRAULIQUE.  —  Expériences  sur  une  nappe  liquide  divergente  considérée  dans 
ses  rapports  avec  la  succion  des  vagues;  par  M.  de  Caligitt. 

«  On  sait  que  la  force  centrifuge  est  un  élément  essentiel  des  calculs  sur 
la  percussion  des  liquides,  ainsi  que  cela  est  expliqué  dans  «  l'Introduction 
à  la  Mécanique  industrielle  -.par  M.  le  général  Poncelet,  et  notammenfcdans 
son  «  Essai  sur  une  théorie  du  choc  et  de  la  résistance  des  fluides  indéfinis, 
principalement  fondés  sur  la  considération  des  forces  vives  »,  paragraphes  1 2 
et  suivants.  Il  était  donc  intéressant  d'examiner  la  marche  générale  des  filets 
liquides  dans  un  canal  découvert,  dans  des  circonstances  qui,  sans  être  les 
mêmes  que  celles  de  l'appareil  que  j'ai  présenté  le  ai  décembre  dernier, 
avaient  cependant  assez  de  rapports  avec  le  phénomène  au  moyen  duquel 
je  propose  de  faire  des  épuisements  par  la  succion  des  vagues,  en  utilisant 
surtout  la  force  centrifuge  que  leurs  puissants  jets  d'eau  alternatifs  sur  cer- 
tains rochers  permettent  d'appliquer  immédiatement,  en  vertu  de  quelques 
modifications  dans  la  forme  des  surfaces  choquées.  On  sait  d'ailleurs,  d'après 
ce  qui  se  présente  au  pied  d'un  phare  protégé  par  des  travaux  à  profil  con- 
cave, que  les  flots  auxquels  ce  profil  a  pour  but  de  résister,  s'élèvent  en 
vertu  de  cette  forme  même  à  de  Irès-grandes  hauteurs;  de  sorte  que  des 
constructions  de  ce  genre  permettent  d'espérer  quon  pourra  disposer  de 
quantités  énormes  de  force  vive  pour  faire  des  épuisements  dans  les  marais 
de  la  Camargue,  au  moyen  du  système  que  je  propose. 

I)  Un  canal  rectangulaire  versait  de  l'eau  sur  un  moulin.  Pour  arrêter  ce 
moulin,  il  suffisait  de  disposer  transversalement  une  planche  rectangulaire 
faisant  partie  dans  le  premier  cas  de  la  paroi  latérale.  On  remarquait  des 
tourbillons  dans  l'angle  du  coude  résultant  de  cette  dispo-sition,  et  le  long 
de  la  planche  posée  verticalement,  d'autres  tourbillons  à  axe  horizontal 
ressemblant  à  une  sorte  de  crinière.  Ces  derniers  disparaissent  presque 
entièrement  par  intervalles  dépendant  eux-mêmes  des  oscillations  de  la 
nappe  liquide  à  son  passage  par  l'orifice  latéral  sur  l'extrémité  d'aval  duquel 


(  49  ) 
il  se  présentait  un  mouvement  oscillatoire  vertical  très-prononcé.  Mais  ces 
divers  effets  n'empêchaient  pas  le  courant  de  s'infléchir  avec  régularité  à  peu 
près  comme  si  la  partie  où  se  faisaient  les  tourbillons  en  avait  été  séparée 
par  une  surface  courbe  perpendiculaire  au  fond  du  canal  et  pénétrant 
jusqu'à  ce  fond. 

B  Or,  quand  on  reculait  à  une  assez  grande  distance  en  aval  la  planche 
transversale  dont  je  viens  de  parler,  si  l'aspect  général  du  courant  n'était 
pas  beaucoup  modifié,  les  filets  d'aval  s'infléchissaient  davantage,  ainsi  qu'il 
était  d'ailleurs  facile  de  le  prévoir,  et  il  en  résultait  que  leur  concavité  était 
tournée  de  manière  que  leur  force  centrifuge  s'opposait  à  la  pression  du 
reste  du  courant  sur  la  paroi  du  canal,  en  aval  de  l'orifice. 

»  Cette  observation,  à  laquelle  je  n'attachai  pas  d'importance  à  l'époque 
où  je  la  fis,  parce  qu'elle  ne  me  paraissait  pas  modifier  d'une  manière  essen- 
tielle la  forme  générale  du  courant,  et,  par  suite,  la  résistance  de  l'eau  dans 
les  coudes  qui  me  préoccupait  alors,  offre  un  des  moyens  d'expliquer  la 
succion  qui  se  présente  dans  l'appareil  dont  l'étude,  en  supposant  toutes  les 
pièces  fixes,  me  conduit  à  utiliser  la  force  des  ivagues  d'une  manière  que  je 
crois  applicable  aux  travaux  publics. 

»  Dans  cet  appareil,  l'eau  arrivant  par-dessous  dans  un  tuyau  fixe  rencontre 
un  tuyau  vertical  soulevé  par  un  contre-poids  ou  par  un  flotteur,  en  un  mot, 
par  une  forte  résistance  qu'il  s'agit  de  vaincre  en  faisant  marcher  cette  pièce  à 
contre-courant.  Or  l'eau,  qui  vient  frapper  la  colonne  liquide  contenue  dans 
le  tuyau  soulevé,  sort  tout  autour  ensuivant  des  chemins  analogues  à  ce  qui  se 
présente  à  l'aval  de  l'orifice  du  cariai  dont  j'ai  parlé  ci-dessus.  Aussi  il  n'est 
aksolument  pas  nécessaire  que  la  partie  extérieure  de  l'anneau  attaché  à  la 
partie  inférieure  du  tuyau  soulevé,  soit  relevée  selon  certaines  lois,  poiu- 
qu'il  se  fasse  une  succion  suffisant  au  jeu  de  l'appareil.  Mais  il  est  facile  de 
comprendre  d'après  les  chemins  suivis  par  les  filets  liquides,  même  s'il 
s'agissait  des  cas  bien  plus  ordinaires  de  la  percussion  des  fluides,  que  l'uti- 
lité des  bords  extérieurs  relevés  comme  un  parapluie  renversé  étant  constatée 
par  les  expériences  sur  cet  appareil,  on  peut  s'en  rendre  compte  au  moyen 
des  effets  de  la  force  centrifuge  et  très-probablement  soumettre  au  calcul  la 
force  de  succion  qui  en  résulte,  même  dans  les  cas  où  la  surface  choquée 
est  entièrement  au-dessus  du  niveau  du  bief  inférienr,  de  manière  qu'il  ne 
s'agisse  plus  d'un  phénomène  d'ajutage. 

»  Quant  aux  applications  à  la  percussion  des  vagues  de  la  mer,  le  prin- 
cipe de  cet  emploi  de  la  force  centrifuge  peut  être  évidemment  utilisé  de 
diverses  manières,  sans  qu'il  soit  indispensable  que  le  choc  ait  lieu  de  bas 

C.  R.,  i858,  1"  Semesirr,  (T.  XLVl,No  1.)  7 


(  5o  ) 
en  haut,  dans  un  appareil  d'ailleurs  à  pièces  fixes  analogue  à  celui  dont  je 
viens  de  parler  et  dont  la  disposition  dépendra  de  celle  des  rochers  exis- 
tants. Mais  il  est  intéressant  de  remarquer,  d'après  la  marche  des  filets 
courbes,  qu'il  sera  utile  de  creuser  dans  les  rochers  des  excavations  suffis 
santés,  pour  que  l'eau  qui  viendra  les  frapper  en  sorte  d'une  manière  ana- 
logue à  ce  qui  se  présente  dans  celui  de  mes  appareils  dont  il  s'agit,  pour 
mieux  employer  la  force  centrifuge.  C'est,  en  effet,  sur  cette  dernière  force 
agissant  le  plus  directement  possible  que  je  compte  surtout  pour  faire  des 
épuisements  dans  les  marais  de  la  Camargue. 

»  Pour  me  former  une  idée  approchée  de  la  manière  dont  on  devra  tailler 
les  rochers  quand  on  en  aura  à  sa  disposition,  j'ai  étudié  la  forme  de  la  nappe 
liquide,  résultant  de  ce  qu'une  veine  d'eau  sortant  horizontalement  d'un  vase 
rencontre  un  tuyau  horizontal  fixe,  recourbé  verticalement  en  aval,  de  ma- 
nière à  s'élever  par  son  autre  extrémité  au-dessus  du  niveau  de  ce  vase.  L'eau 
sortant  de  ce  vase  par  un  tuyau  de  même  diamètre  que  l'extrémité  opposée 
de  celui  qui  reçoit  le  choc,  ce  dernier  est  d'abord  rempli  d'eau  par  la  veine 
qui  s'y  précipite.  Au  bout  d'un  temps  très-court,  le  niveau  dans  ce  tube, 
quoique  soumis  à  de  petites  vibrations  dans  la  partie  recourbée  verticale- 
ment, résiste  d'une  manière  assez  constante  pour  que  la  forme  de  la  nappé 
liquide  divergente  paraisse  sensiblement  permanente,  si  le  niveau  ne  varie 
pas  dans  le  vase.  Il  est  même  à  remarquer  quand  celui-ci  se  vide,  que  l'angle 
de  la  nappe  liquide  reste  assez  sensiblement  constant,  jusqu'à  ce  qu'il  n'y 
ait  plus  que  très-peu  d'eau  dans  le  vase.  Cet  angle  n'a  d'ailleurs  été  bien 
observé  qu'à  droite  et  à  gauche,  car  on  conçoit  qu'au-dessus  et  au-dessous, 
la  pesanteur  exerce  une  influence  sensible  sur  l'angle  des  filets.  Aussi  mes 
premiers  essais  ayant  été  faits  sous  l'orifice  d'ime  borne-fontaine,  je  reconnus 
la  nécessité  de  les  refaire  au  moyen  d'une  veine  dont.l'axe  était  horizontal, 
ce  qui  modifia  notablement  les  effets. 

»  On  conçoit  que  les  phénomènes  de  la  résistance  à  la  sortie  de  l'eau  du 
vase  dépendent  essentiellement  de  la  distance  à  laquelle  la  veine  liquide 
rencontre  l'obstacle  qni  la  fait  dévier;  mais  je  n'ai  pas  remarqué  de  diffé- 
rences sensibles  dans  l'angle  de  la  nappe  pour  des  distances  très-différentes 
de  cet  obstacle,  pourvu  que  la  veine  restât  suffisamment  horizontale  entre 
les  deux  tuyaux.  Afin  de  mieux  m'assurer  de  cet  angle,  j'ai  fait  construire 
une  sorte  d'entonnoir  renversé,  dont  on  a  déterminé  par  le  tâtonnement 
l'angle  ne  différant  pas  sensiblement  de  celui  de  la  nappe.  J'ai  trouvé  de 
cette  manière  que  la  nappe,  après  qu'elle  s'est  bien  dégagée  de  l'obstacle 
présenté  par  le  bout  du  tuyau  frappé,  fait  avec  l'axe  des  deux  tuyaux  liori- 


(  5.  ) 
zontaux  un  angle  dont  le  cosinus  est  à  très-peu  près  le  tiers  du  rayon,  dans 
les  circonstances  où  j'ai  opéré.  La  veine  liquide  sortant  d'un  tuyau  d'une 
longueur  convenable  avait  25  millimètres  de  diamètre,  et  l'eau  du  vase, 
qui  se  vidait,  s'élevait  à  l\o  centimètres  au-dessus  de  l'orifice  quand  il  était 
plein.  < 

»  Il  sera  sans  doute  utile  de  courber  extéiieurement  la  surface  destinée 
à  recevoir  le  choc  des  vagues;  mais  ces  phénomènes  étant  très-compliqués 
et  très-peu  connus,  je  me  borne  pour  le  moment  à  proposer  l'emploi  du. 
choc  direct,  même  sans  considérer  encore  le  principe  -de  la  communication 
latérale  du  mouvement  des  liquides  auquel  il  faudrait  avoir  égard,  à  cause 
de  son  utilité,  dans  les  circonstances  dont  il  s'agit.  Il  résulte  d'ailleurs  de 
mes  expériences  que  lorsqu'il  sera  possible  de  joindre  à  ces  effets  ceux  qui 
résultent  de  l'application  du  principe  des  ajutages  divergents,  comme  je  l'ai 
fait  dans  diverses  circonstances,  on  augmentera  notablement  la  force  de 
succion.  J'ajouterai  seulement  ici  que  si  l'on  s'en  tient  provisoirement  à 
appliquer  le  plus  directement  possible  la  force  centrifuge  provenant  du 
choc  direct,  on  pourra  le  faire  très  en  grand  sans  être  obligé  de  tailler  ainsi 
les  rochers  sur  une  grande  largeur  de  chaque  côté  de  l'excavation  autour  de 
laquelle  la  succion  se  fera  ;  car  lorsque  la  nappe  avait  quitté  l'obstacle  qui 
la  faisait  diverger,  elle  conservait  assez  loin  le  même  angle.  Or  quand  les 
filefs  ne  se  courbent  plus,  les  mêmes  causes  de  pression  négative  n'existent 
plus,  d'après  les  principes  discutés  dans  le  travail  de  M.  Poncelet  sur  la 
percussion  des  liquides,  «  Introduction  à  la  Mécanique  industrielle  «, 
page  692. 

»  Il  est  d'ailleurs  à  remarquer  que  si  le  parapluie  renversé  est  extérieu- 
rement recourbé  selon  certaines  lois,  on  conçoit  que  les  tourbillons  qui  se 
présenteront  sur  la  partie  recourbée,  si  elle  est  plongée,  auront  une  certaine 
analogie  avec  ceux  qui  se  présentent  à  la  partie  postérieure  des  corps 
plongés  dans  une  rivière.  Mais  sans  entrer  dans  les  détails  des  effets  plus  ou 
moins  analogues  aux  phénomènes  connus,  je  désire  surtout  appeler  l'atten- 
tion sur  les  effets  nouveaux  de  l'emploi  de  la  force  centrifuge,  occasionnant 
»des  succions  puissantes  sur  des  surfaces  convenablement  disposées,  même 
quand  ces  surfaces  se  trouvent  à  une  hauteur  considérable  au-dessus  du  bief 
d'aval.  Abstraction  faite  de  l'utilité  de  ces  effets,  ils  offrent  un  élément  nou- 
veau pour  l'explication  de  divers  phénomènes,  par  le  choc  des  jets  d'eau 
alternatifs  que  les  vagues  forment  dans  les  rochers,  même  à  des  hauteurs 
notables  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  » 


GÉOLOGIE.  —  Présence  du  mercure  dans  le  sous-sol  de  Montpellier.  (Extrait 
d'une  Lettre  de  M.  P.  de  Rouville  à  M.  Ëlie  de  Beaumont.) 

a  Je  viens  de  constater  dans  le  sous-sol  de  Montpellier  (Hérault),  dans  le 
centre  même  de  la  ville,  sur  la  place  de  la  Halle  aux  Poissons,  la  présence, 
dans  des  conditions  tout  à  fait  nouvelles,  du  mercure  natif  signalé  par  l'abbé 
Sauvages,  dès  1760,  et  après  lui  et  successivement  par  Amoreux,  Gouan, 
Gensanne  et  Poitevin,  et  sur  lequel  M.  Marcel  de  Serres  en  i83o  et  M.  Ley- 
merie  [Comptes  rendus,  tome  XVI,  page  3i3)  ont  rappelé  l'attention. 

»  Poitevin  disait  en  i8o3  :  «  Nous  devons  remarquer  comme  une  circon- 
»  stance  singulière  que  la  ville  de  Montpellier  est  bâtie  sur  une  mine  de 

»  mercure  vierge 

n  Les  fondations  d'une  nouvelle  halle  auprès  de  l'ancienne  ont  mis  le 
sol  de  cette  partie  de  la  ville  à  découvert;  elles  m'ont  permis  de  reconnaître 
une  couche  métallifère  qui  avait  échappé  jusqu'ici  aux  observateurs  :  c'est 
un  poudingue  à  gros  fragments  calcaires  avec  parties  siliceuses,  assez  soli- 
dement cimenté,  dont  la  teitJte  rubigineuse  rappelle  le  terrain  erratique  des 
environs  de  notre  ville,  et  dont  les  bancs  sont  en  contact  avec  des  assises 
des  marnes  blanchâtres  d'origine  lacustre.  Ces  marnes,  qui  ont  fourni  à 
M.  Gervais,  dans  une  autre  partie  de  la  ville,  sous  le  Palais  de  Justice,  «ne 
dent  du  Semnopithecus  monspesulanus,  et  que  je  considère  comme  n'étant 
qu'un  accident  lacustre  dans  les  sables  marins  rapportés  communément  à  la 
période  pliocène,  présentent  dans  leur  partie  supérieure  des  lits  assez  épais 
de  galets  incohérents,  et  aussi  des  blocs  de  conglomérats  noyés  dans  leur 
masse  dont  les  éléments  sont  identiques  à  ceux  du  poudingue  métallifère. 
»  Le  mercure  natif,  qui  n'avait  été  signalé  jusqu'ici  que  dans  les  marnes 
et  dans  les  sables,  se  trouve  dans  le  poudingue  en  quantité  considérable  a 
l'état  de  globules  plus  ou  moins  volumineux  adhérents  aux  galets  et  péné- 
trant la  masse,  ou  concentré  à  l'état  de  globules  microscopiques  dans  de 
petites  cavités  qui  rappellent  assez  bien  les  géodes  calcédonieuses  du  cal- 
caire de  Sainl-Ouen.  Comment  expliquer  ce  gisement  de  mercure  natif  dans 
une  couche  aussi  récente,  loin  de  tout  centre  igiié  et  sans  le  moindi-e  vestige 
de  cinabre?  Quelques  auteurs,  et  en  particulier  M.  Marcel  de  Serres,  ont 
cité  dans  les  marnes  blanchâtres  la  présence  du  mercure  chloruré.  Le  mer- 
cure natif  proviendrait-il  d'une  réduction  de  ce  dernier,  d'ailleurs  peu  abon- 
dant, ou  bien  a-t-il  été  formé  par  sublimation?  Je  livre  cette  question  à  la 
méditation  des  chimistes.  Je  me  borne  pour  aujourd'hui  à  constater  les 


(  53  ) 
faits,  me  réservant  de  les  étudier  de  plus  près,  et  en  même  temps  de  cher- 
cher à  fixer  d'une  manière  plus  précise  le  niveau  géologique  du  poudingue 
imprégné  de  mercure. 

»  Je  rappellerai  en  finissant  que  M.  Daniel  Sharpe  a  signalé  (i)  un  gise- 
ment de  mercure  dans  les  sables  tertiaires  des  environs  de  Lisbonne,  lequel 
;i  été  quelque  temps  exploité,  et  aussi  qu'il  est  fait  mention  dans  VEcliu  dit 
monde  savant,  du  12  septembre  1847,  d'une  grande  quantité  de  mercure  cou- 
lant trouvée  dans  l'intérieur  même  de  la  ville  de  Lyon  par  des  ouvriers  em- 
ployés à  ouvrir  des  tranchées  pour  des  tuyaux  de  gaz.  M.  Drian,  dans  sa  Mi- 
néralogie et  Pétrologie  des  environs  de  Lyon,  p.  278,  n'attache  à  ce  gisement 
aucune  importance;  il  l'attribue  à  la  facilité  avec  laquelle  le  mercure,  em- 
ployé dans  un  si  grand  nombre  d'industries,  échappe  aux  personnes  qui  le 
manient.  L'exploitation  du  mercure  en  Portugal,  dans  un  terrain  qui  n'est 
pas  sans  analogie  avec  les  alluvions  de  la  Bresse  sur  lesquelles  repose  une 
grande  partie  de  la  ville  de  Lyon,  et  dont  le  terrain  marno-caillouteux  la- 
custre que  j'ai  signalé  à  Montpellier  pourrait  bien  être  l'équivalent,  ne  laisse 
pas  de  jeter  quelque  doute  sur  cette  explication  ;  quoi  qu'il  en  soit,  les 
conditions  du  gisement  du  mercure  à  Montpellier  suffisent  à  elles  seules 
pour  établir  que  le  mercure  n'appartient  pas  exclusivement  aux  terrains 
paléozoïques  et  secondaires,  mais  qu'il  se  rencontre  aussi  dans  les  terrains 
et  dans  les  dépôts  les  plus  récents  des  derniers  âges  géologiques.  » 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  la  présence  du  mercure  natif  dans  le  sol  sur  lequel  ta 
ville  de  Montpellier  est  bâtie.  (Extrait  d'une  Note  de  M.  Marcel  de 
Serres.) 

«  Il  y  a  déjà  près  d'un  siècle,  c'est-à-dire  en  1760,  que  l'existence  du 
mercure  natif  a  été  reconnue  à  Montpellier.  L'abbé  Sauvages,  Amoreux, 
Gouan  et  Gensanne  furent  les  premiers  à  l'y  signaler.  Plus  tard,  M.  Poitevin 
fit  observer  que  ce  métal  précieux  se  trouvait  dans  les  rues  Carbonerie,  de 
l'Université,  la  Grand'Rueet  la  Halle  aux  Poissons.  C'est  dans  cette  localité 
que  M.  de  Rouville  l'a  observé  il  y  a  quelques  jours. 

»  Nous  en  avions  recueilli  en  mars  1837  une  certaine  quantité  dans  des 
fondations  faites  à  la  Grand'Rue;  nous  avons  fait  connaître  les  particula- 
rités de  ce  gisement  dans  le  n**  33  du  Courrier  du  Midi.  J'en  avais  également 

(1)  Mercuue  et  or  natif  dans  le  terrain  tertiaire  de  Lisbonne  (^//g-fww;.  Zeitiing  A' \«- 
gusta;  12  mai  i843). 


(  54  ) 
rencontré  dans  les  marnes  calcaires  d'un  champ  situé  auprès  des  Agarelies 
qui  était  remarquable  par  son  infertilité.  Plusieurs  naturalistes,  qui  avaient 
lu  V Essai  sur  le  climat  de  Montpellier  de  M.  Poitevin  (i)  et  notre  Note,  avaient 
présumé  que  l'on  retrouverait  ce  métal  dans  les  fouilles  que  la  mairie  allait 
faire  auprès  du  nouveau  marché.  L'iui  d'eux  l'avait  supposé,  parce  qu'il  ne 
considérait  pas  ce  métal  comme  accidentel  sur  notre  sol,  vu  qu'il  y  était 
accompagné  par  le  protochlorure  de  mercure  ou  calomel,  parfois  cristallisé. 
En  effet,  j'avais  trouvé  à  la  Grand'Rue  cette  combinaison  minérale  sous  la 
forme  de  veines  cylindriques  extrêmement  déliées,  dont  les  ramifications 
s'étendaient  en  différents  sens  et  dans  diverses  directions.  La  même  circon- 
stance se  trouve  signalée  par  M.  Poitevin,  qui  avait  pu  en  détacher  des 
rameaux  entiers  sans  que  le  mercure  s'échappât.  Nous  n'avons  pas  encore 
aperçu  dans  les  fouilles  nouvelles  le  calomel,  mais  seulement  le  mercure 
natif  en  gouttelettes  extrêmement  fines,  et  en  si  grand  nombre,  que  l'on 
peut  dire  sans  exagération  qu'elles  y  sont  par  myriades.  On  les  voit  s'écouler 
de  toutes  parts,  pour  si  peu  que  l'on  frappe  les  roches  où  elles  sont  disse-, 
minées. 

»  Nous  donnerons  la  coupe  des  terrains  où  existe  le  mercure  coulant, 
mais  avec  la  plus  grande  réserve;  car  il  est  bien  difficile  d'en  saisir  l'eir- 
semble,  en  raison  des  constructions  qui  les  divisent  de  toutes  parts. 

»  La  première  couche  est  formée  par  un  limon  rougeàtre  analogue  à  celui 
qui  remplit  en  grande  partie  les  cavernes  ossifères  ;  seulement,  celui  de  la 
Halle  aux  Poissons  n'offre  pas  la  moindre  trace  de  cailloux  roulés.  Au-dessous 
de  cette  couche,  d'une  faible  épaisseur,  on  découvre  des  marnes  grisâtres 
chargées  d'une  grande  quantité  de  graviers  et  de  galets  calcaires,  mais  bien 
peu  de  quartzeux.  Les  plus  gros  ne  dépassent  pas  la  dimension  du  poing  (a). 
Le  terrain  caillouleux  n'atteint  pas  une  puissance  de  3  mètres;  au-dessous 
on  aperçoit  des  marnes  blanchâtres  peu  puissantes,  qui  nous  ont  paru  liées 
à  d'anciennes  constructions. 

»  Au-dessous  de  ces  couches,  on  dislingue  des  grès  calcaires  quartzeux 
d'une  faible  consistance,  associés  en  quelque  sorte  à  des  poudingues  cal- 
caires dont  les  galets  ont  une  plus  petite  dimension  que  ceux  des  marnes 
supérieures.  C'est  dans  les  fissures  de  ces  roches  que  sont  logés  les  globules 

(i)  Essai  sur  le  climat  de  Montpellier,  par  Poitevin,  pages  6  et  ■;.  Montpellier,  i8o3. 

(2)  Ces  cailloux  sont  généralement  altérés,  et  au  point  qu'il  est  fort  difficile  de  recon- 
naître à  quelle  formation  ils  peuvent  se  rapporter.  Certains  nous  ont  paru  appartenir  ai^x 
terrains  d'eau  douce. 


.  (55) 
du  mercure.  Ce  gisement  est  d'autant  plus  intéressant,  qu'il  est  le  seul  où  ce 
métal  ait  été  trouvé  dans  des  formations  aussi  récentes  et  dont  toutes  les 
couches  forment  un  système  en  quelque  sorte  inséparable.  Ce  système  a 
les  plus  gi'ands  rapports  avec  les  terrains  mis  à  découvert  lors  des  fonda- 
tions du  Palais  de  Justice,  où  M.  PaulGervais  a  découvert  une  espèce  nou- 
velle de  singe.  C'est  donc  à  l'époque  quaternaire  que  nous  rapportons  le 
système  des  couches  où  se  trouve  le  mercure,  mais  non  sans  quelques  doutes 
qui  tiennent  à  la  confusion  des  terrains  vierges  mêlés  à  d'autres  antérieure- 
ment fouillés. 

■  »  Du  reste,  il  semble  que  si  le  mercure  est  arrivé  si  haut,  ce  ne  peut  être 
que  par  une  véritable  sublimation  et  non  par  le  résultat  de  la  décomposi- 
tion du  protochlorure  de  mercure.  Il  serait,  en  effet,  tout  aussi  difficile  de 
comprendre  la  présence  de  ce  sel  dans  des  formations  aussi  jeunes  que  celle 
du  mercure  natif.  Il  faut  remarquer  que  l'on  rencontre  souvent  le  mercure 
dans  divers  quartiers  de  Montpellier,  principalement  aux  approches  du 
Marché  ;  mais  nulle  part  il  n'a  paru  accompagné  du  cinabre  ou  sulfure  de 
mercure,  comme  il  l'est  parfois  par  le  calomel.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  ta  matière  saccharine  du  Sorglium.  (Extrait  d'une 
Lettre  de  M.  jle  D"^  Charles  T.  Jackson  à  M.  Elie  de  Beaumont.) 

«  Boston ,  le  5  décembre  1857. 

«  Je  travaille  en  ce  momeiif,  en  vertu  des  instructions  de  l'Office  des 
Brevets  des  États-Unis,  dans  le  département  de  la  chimie  agricole,  et  j'ai  fait 
quelques  recherches  importantes  relatives  au  Sorglium  saccharatum,  à  ses 
différentes  période^de  développement,  considéré  comme  plante  sa ccharifère. 
Avant  l'état  de  maturation,  la  matière  saccharine  est  entièrement  formée  de 
glucose  ou  sucre  de  raisin,  tandis  qu'elle  donne  près  de  f  de  sucre  de  canne 
cristallisable  quand  les  graines  sont  entièrement  mûres.  Sa  quantité  de 
sucre  de  canne  cristallisable  est,  en  pratique,  d'environ  9  pour  100  dans  le 
jus  exprimé  de  la  plante  et  la  quantité  totale  extraite  est  d'environ  12  à  18 
pour  100,  parce  qu'il  y  a  un  peu  de  glucose,  d'amidon  et  de  dextrinedans 
les  mélasses.  Je  fais  aussi  des  analyses  des  autres  variétés  du  genre  Sorghum 
de  la  Caffrerie  qui  peuvent  mûrir  dans  nos  États  du  Sud  pendant  la  saison 
chaude.  Je  ne  crois  pas  qu'elles  se  trouvent  plus  riches  que  les  variétés  de 
Chine  ou  du  Nord,  et  il  n'est  pas  aussi  certain  qu'elles  mûrissent;  mais 
nous  pouvons  dans  le  :^ud  avoif  deux,  récoltes  par  an  en  plantant  les  deux 


(56)      . 

variétés,  et  de  cette  manière  ces  dernières  espèces  pourront  aussi  être 
utilisées, 

»  J'analyse  les  cendres  de  la  plante  entière  de  la  manière  la  plus  com- 
plète, et  je  ferai  une  analyse  organique  des  sucres  aussi  bien  qu'une  mesure 
microscopique  des  cristaux,  comme  je  l'ai  fait  déjà  pour  prouver  qu'ils  se 
trouvent  dans  la  plante  même  de  la  véritable  canne. 

M  Aussitôt  que  j'aurai  complété  mon  travail  sur  les  plantes  à  sucre,  je 
commencerai  l'analyse  du  coton  des  îles,  et  celle  des  sols  qui  lui  sont  les 
plus  favorables.   » 

ASTRONOMIE.  —  Noms  donnés  aux  planètes  découvertes  le  i5  septembre 'et 
le  4  octobre  iSS-j.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Luther  à  M.  Elie  de 
Beaumont.) 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  faire  savoir  et  je  vous  prie  d'annoncer  à  l'Aca- 
démie que  la  planète  découverte  par  moi  le  i5  septembre  a  reçu  de 
MM.  les  Membres  de  la  Faculté  philosophique  de  l'Université  Royale  de 
Bonn,  le  nom  d'/églaja;  quant  à  la  planète  observée  à  Bonn  le  19  octobre, 
M.  James  Ferguson,  qui  l'avait  découverte  le  4  du  même  mois  et  à  qui  appar- 
tenait, par  conséquent,  le  droit  de  lui  imposer  un  nom,  lui  a  donné  celui 
de  Virginia.  » 

A  la  suite  de  cette  communication ,  M.  ëliedeBeacmont,  qui  avait  été  invité 
par  M.  Goldschmidt  à  nommer  la  première  des  deux  planètes  découvertes 
dans  la  nuit  du  19  au  20  septembre,  déclare  qu'il  propose  d'admettre  pour 
cette  48*  planète  le  nom  de  Doris  signalé  par  M.  Babinet  parmi  ceux  qu'on 
pourrait  donner  aux  planètes  à  découvrir.  M.  Élie  de  Beaumont  déclare  d'ail- 
leurs ne  pas  renoncer  au  désir  déjà  exprimé  par  lui  que  les  deux  planètes 
Doris  et  Paies,  découvertes  l'une  et  l'autre  dans  la  même  nuit  par  M.  Gold- 
schmidt, soient  désignées  collectivement  sous  le  nom  des  deux  Jumelles, 
nom  qui  rappellerait  une  circonstance  honorable  pour  l'infatigable  astro- 
nome et  unique  jusqu'à  présent  dans  l'histoire  de  la  science. 

M.  Eue  de  Beaumont  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  qu'il  a 
reçue  de  M.  de  Castelnau,  consul  de  France  au  Cap  de  Bonne-Espérance. 

t  Cape  Town,  ce  20  septembre  1857. 

»  Depuis  que  je  suis  à  mon  poste,  j'ai  exploré  la  partie  la  plus  méridior 
nale  de  la  colonie,  sur  une  étendue  d'environ  deux  cents  lieues.  J'ai  trojivé 


(57) 
dans  cette  partie  la  généralité  de  la  formation  se  composer  de  grès  plus  ou 
moins  rouges  placés  sur  des  schistes  argileux  qui  deviennent  talqueux  vers 
Georges.  Près  du  Cap,  il  y  a  des  granits  remplis  de  grenats.  Les  schistes  argi- 
leux ont  leur  stratification  très-tourmentée  et  dans  plusieurs  montagnes  près 
de  la  mission  de  Grenadendal  on  les  trouve  au  sommet  et  les  grès  à  la  base  ; 
il  est  vrai  que  dans  le  voisinage  les  stratifications  sont  presque  perpendicu- 
laires au  sol.  J'ai  cherché  avec  beaucoup  de  soin  des  fossiles  dans  les  grès, 
mais  ils  sont  fort  rares  et  je  n'ai  pu  jusqu'ici  en  observer  que  deux  échan- 
tillons, l'un  provenant  des  montagnes  de  Sw^ellendam  et  qui  est  une 
empreinte  d'un  végétal  ressemblant  à  une  fougère,  et  un  autre  trouvé  dans 
une  montagne  à  deux  lieues  de  Grenadendal  et  qui  est  rempli  de  petits  Spiri- 
fer.  Je  désire  que  ces  documents,  tout  imparfaits  qu'ils  sont,  puissent  servir 
à  établir  l'âge  géologique  de  cette  région  ;  au  delà  de  Uitenhage  la  forma- 
tion change  entièrement;  je  n'ai  pas  encore  pu  l'observer  par  moi-même  : 
mais  par  les  fossiles  que  l'on  m'a  envoyés,  elle  peut  se  rapporter  au  groupe 
crétacé?  On  y  trouve  beaucoup  de  Pinna,  etc.  Au  nord-est  de  la  colonie  et 
dans  l'État  formé  par  les  Boërs  ou  fermiers  hollandais,  on  trouve  en  grand 
nombre  des  ossements  de  fossiles  mammifères,  et  les  missionnaires  m'en  ont 
envoyé  de  beaux  échantillons  (trouvés  à  la  surface  du  sol).  Je  me  propose 
de  visiter  prochainement  une  localité  fort  intéressante;  c'est  une  formation 
qui  s'étend  entre  Cérès  et  Tulbach  et  dans  laquelle  on  trouve  beaucoup  de 
grands  Trilobites  ;  doit-elle  se  rapporter  au  terrain  silurien  ? 

»  Si  vous  vouliez  bien  me  donner  quelques  instructions,  je  vous  en  serais 
fort  reconnaissant,  car  je  désire  bien  que  mon  séjour  dans  l'Afrique  australe 
puisse  être  utile  à  la  science.   » 

> 
M.  B.  FiLLON,  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  adresse  de  Fonte* 
nay-Vendée,  patrie  du  célèbre  géomètre  Fiète,  une  Lettre  dans  laquelle  il 
exprime  le  regret  de  ce  qu'il  n'ait  pas  été  donné  suite  au  projet,  annoncé  il  y  a 
quelques  années,  de  réimprimer  les  œuvres  de  ce  savant.  Il  donne  des  détails 
que  l'Académie  entend  avec  intérêt  sur  les  recherches  qu'il  a  faites  pour 
réunir  les  éléments  d'une  histoire  de  la  vie  et  des  travaux  de  l'illustre  géo- 
mètre auquel  il  voudrait  voir  élever  une  statue  dans  sa  ville  natale.  Dans  le 
cours  de  ses  recherches  M.  Fillon  a  eu  lebonheur  de  retrouver  certains  opus- 
cules de  "Viète  qui  étaient  tombés  dans  l'oubli;  il  met  à  la  disposition  de 
l'Académie,  dans  le  cas  où  elle  jugerait  à  propos  de  reprendre  le  projet  de  réim- 

C.  R.,  i858,   I"  Semeslre.  (T.  XLVI,  N»  1.)  8 


(58) 

pression,  les  documents  nombreux  qu'il  a  réiuiis  et  il  indique  certains  dépôts 
on,  suivant  toute  apparence,  on  en  obtiendrait  encore. 

La  Lettre  de  M.  Fillon  est  renvoyée  par  M.  le  Président  à  l'examen  de  la 
Section  de  Géométrie. 

M.  Tardiec  (Léon)  adresse  de  Limoges  des  remarques  relatives  à  un 
Mémoire  lu  dans  la  séance  du  i4  septembre  dernier  par  MM.  Pellis  et  Henrj., 
et  qui  a  rapport  à  un  nouveau  moteur  électtique. 

M.  Tardieu  réclame  la  priorité  d'invention  des  électro -aimants  coniques, 
et  dit  être  en  mesure  de  prouver  par  témoignages  qu'il  avait  conçu  dès 
l'année  i855  l'idée  d'un  appareil  offrant  de  très-grands  rapports  avec  celui 
de  MM.  Pellis  et  Henry,  notamment  dans  la  disposition  des  pièces  qu'ils 
désignent  sous  le  nom  de  portant  et  de  cornet  conique. 

La  Commission  nommée  pour  le  Mémoire  de  MM.  Pellis  et  Henry  est 
invitée  à  prendre  connaissance  de  cette  Lettre  et  à  examiner  s'il  y  a  lieu  de 
demander  à  M.  Tardieu  des  preuves  écrites  à  l'appui  de  sa  réclamation,  qui 
jusqu'ici  reste  à  l'état  de  simple  assertion. 

M.  DE  Paravey  présente  quelques  remarques  sur  les  singes  menlionnés 
dans  les  ouvrages  chinois,  et  particulièrement  dans  le  Pent-sao  et  les  ency- 
clopédies chinoises  et  japonaises.  Il  trouve  dans  ces  livres  des  renseigne- 
ments qui  expliquent,  suivant  lui,  l'origine  de  plusieurs  des  fables  qui  ont 
eu  cours  relativement  à  ces  animaux  dans  l'antiquité  :  une  partie  de  ce» 
fables  tiendrait  à  une  similitude  de  noms  encore  manifeste  dans  la  langue 
chinoise,  qui  aurait  fait  introduire  dans  l'histoire  de  nos  quadrumanes  quel- 
ques traits  appartenant  à  l'histoire  d'un  poisson;  il  explique  ainsi  un  pas- 
sage du  livre  d'Horapolion  dans  lequel  un  singe  figure  comme  emblème  de 
la  nage,  emblème  qui  eiit  été  singulièrement  choisi,  puisque  les  singes  sont 
du  nombre  des  animaux  qui  redoutent  le  plus  l'eau.  M.  de  Paravey  veut 
aussi  que  ce  poisson  ait  fourni  des  traits  à  l'histoire  du  Marsouin  ,  telle 
qu'on  la  trouve  dans  Pline,  et  que  ce  soit  à  lui  qu'appartienne  proprement 
la  qualification  de  simus  (camard),  mot  qu'il  rapproche  du  nom  latin  du 
sifige,  siinin. 

0 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  écrit  en  allemand  et  en  français  et  ayant 
pour  titre  :  Recherches  sur  la  germination  des  champignons.  Ce  travail,  qjii  est 
considérable  et  accompagné  de  planches  nombreuses,  a  été  adressé  dans  la 


(  59  ) 

supposition  erronée  que  la  question  qui  y  est  traitée  était  une  de  celles  qui 
restent  aujourd'hui  au  concours.  L'auteur,  en  conséquence,  a  écrit  son  non» 
dans  un  billet  cacheté,  dont  l'enveloppe  reproduit  la  devise  inscrite  siu-  la 
première  feuille  du  Mémoire  :  In  parvis  copia. 

Dans  une  Note  placée  sur  la  même  feuille,  l'auteur  demande  que  son 
Mémoire,  s'il  n'obtient  pas  le  prix,  lui  soit  renvoyé  au  nom  et  à  l'adresse 
indiquée  dans  le  pli  cacheté.  Cette  condition  ne  permet  pas  de  renvoyer  le 
travail  à  l'examen  d'une  Commission,  puisque  tout  travail  qui  a  été  l'objet 
d'un  Rapport  spécial  ou  d'un  Rapport  collectif  (comme  les  Mémoires  pré- 
sentés à  un  concours)  demeure  dans  les  archives  de  l'Académie.  ^ 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.  D.   B. 


BULI.ETI.N'    UIBLIO<iHAPi1l<jt;i':. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  /(  janvier  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres:  y.m:j.<.'. 

De  la  vie  et  de  l'intelligence-^  par  M.  P.  Flourens.  Paris,  i858;  i  vol. 
in-ra. 

Catalogue  de  la  bihliotliègiie  scientifique  de  MM.  de  Jussieu.  Paris,  1857; 
I  vol.  in-8°.  M. 

Troisième  Mémoire  pour  servir  à  l' histoire  génétique  des  Trématodes;  parle 
D'  Ph.  DE  FiLiPPi;  br.  in-4°. 

Recherches  sur  les  formes  cristallines  et  la  composition  chmique  de  divers  sels; 
parM.  C.  Marignac;  br.  in-8". 

Mission  médicale  dans  la  Tartarie- Dobroutcha  ,  par  le  D'  Camille  Allard. 
.Paris,  1857;  br.  in-8°. 

Rapport  à  S.  E.  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies  sur  l'écorce  de 
Caïl-Cédra  du  Sénégal  et  sur  la  possibilité  de  son  emploi  comme  fébrifuge  dans 
l 'art  de  guérir;  par  M.  Eu  gène  CWENTOV.  Paris,  1867;  br.  in-S". 

De  la  nature,  du  traitement  et  des  préservatifs  du  choléra;  par  M.  Fr.  X.  Poz 


(  6o  J 

NANSKi.  Saint- Péterbourg,   i856;  br.  in-8°.  (Destiné  au  concours  pour  le 
prix  du  legs  Bréant.  ) 

Application  de  ta  chaux  et  de  tapotasse  à  l'annutation  des  gaz  dététères  qui  se 
produisent  dans  les  mines  de  houilles;  par  M.  Hippolyte  LandoiS;  |  feuille 
in-8°. 

Dictionnaire  français  illustré  et  Encyclopédie  universelle:  49*  livraison, 
in-A". 

Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille.  Bulletin  des  travaux;  année 
1857;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  publié  sous  la 
rédaction  du  D'  Renard;  année  i856,  n**'  2-4;  année  1857,  n°  1  ;  4  livrai- 
sons, in-8°. 

Medico-chirurgical. . .  Transactions  médico-chirurgicales  publiées  par  la  So- 
ciété royale  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  Londres;  vol.  XL.  Londres,  1867; 
in-8°. 

Memoirs. . .  Mémoires  de  ta  Société  philosophique  et  littéraire  de  Manchester; 
2' série,  t.  XIV.  Londres,  1857;  in-8°. 

Meteorological...  Observatioru  météorologiques  et  essais  par  John  Dalton; 
2* édition.  Manchester,  i834;in-8°. 

A  new  System...  Nouveau  système  de  philosophie  chimique;  par  John 
Dalton;  partiel  (2*  édition).  Londres,  1848;  in-8°.  Partie  II  du  même 
volume  (i"  édition).  Manchester,  1810;  in-8°.  IP  volume,  partie  I".  Man- 
chester, 1827  ;  in-8°. 

Kosmos...  Cosmos;  par  M.  le  baron  Alex,  de  Humboldt;  t.  IV.  Stuttgart 
etTubingue,  i858;in-8°. 


(  6i  ) 


PUBLICATIONS      PERIODIQUES     REÇUES      PAR     l'aCAD^MIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    DÉCEMBRE    18S7. 

Abstracts. . .  Analyse  des  procès-verbaux  de  la  Société'  Géologique  de  Londres; 
n°'  1-3;  in-8°. 

Annales  de  l'Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d'Agriculture; 
t.  X,  n*"  lo  et  ii;  in-8°. 

annales  de  la  Société  d' Hydrologie  médicale  de  Paris;  Comptes  rendus  des 
séances,  t.  IV;  i"et  2*  livraisons;  in-8" 

Annales  des  Sciences  naturelles ,  comprenant  la  Zoologie,  la  Botanique,  l'Ana- 

tomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  l'histoire  des  corps  organisés 

fossiles;  4*  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MiLNE  Edwards;  pour 

ta  Botanique,  par  MM.  Ao.  Brongniart   eti.  Decaisne;  tome  VII,  n"  '"5; 

in-8°. 

Boletin...  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Valence;  novembre  1857; 
in-8°. 

Bibliothèque  universelle  de  Genève;  novembre  1867  ;  in-8°. 

Bulletin  de  [ Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXIII,  n°4j  in-8°.      ^ 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de. 
Belgique;  26*  année,  2®  série,  t.  III,  n°  9-1 1;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  4*  série;  t.  XIV;  novembre  1857; 
iii-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  [^Industrie  nationale;  octobre 
et  novembre  1867;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  française   de  Photographie;  décembre  1867;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Philomathique  de  Bordeaux;  3*  trimestre,  1857; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  protectrice  des  Animaux;  novembre  1867;  in-8''. 

Bulletin  des  séances  du  Comité  botanique  d  Acclimatation  de  Moscou  ;  n°*  i 
et  3  ;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'académie  des  Sciences  ;  7,'  se- 
mestre 1857;  n°^  22-26;  et  table  du  1"  semestre;  in-4°. 

Cosmos.    Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 


\ 


■    (  60 
letin  apijlicalions  aux   Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XI,  23*-26*  livraisons;  iii-b". 

Journal  d' Agriculture  pratique  j  t.  VII,  n"'  23  et  24  ;  in-S". 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie  ;  décembre  1  867; 
in-8". 

Journal  de  l'âme;  novembre  et  décembre  1857  ;  in-8". 

Journal  du  la  Société  impériale  et  centrale  d Horticulture  ;  novembre  1857; 
in -8". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  ;  àécemhre  1867;  in-S*". 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n"'  7-9;  in-8". 

La  Correspondance  littéraire;  décembre  1857;  in-8°. 

L  Agriculteur  praticien;  n"'  5  et  6;  in-8°. 

La  Rçvue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XI, 
n°  2^-24;  in-S". 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs  ;  Zj"  année;  n"'  3  et  4  ;  in-8". 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  a3*  et  24*  livrai- 
sons; in-4''. 

Le  Technologisle ;  décembre   i857;in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  décembre  1857;  in-8''. 

Nachrichten.. .  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l  Académie  des  Sciences  dt 
Gotiingue;  n°'  30-a3  ;  in-S". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques^  journal  des  Candidats  aux  Ecoles  Po- 
lytechnique et  Normale;  novembre  1867;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  vol.  XVII,  n"  5; 
in-8". 

Proceedings. . .  Procès-verbaux  de  la  Société  Géographique  de  Londres; 
n°  1 1  ;  in-S". 

Becueil  des  Actes  de  l'Académie  impériale  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  Arts 
<^e  Bordeaux;  4*  trimestre;  1 850;  in-8''. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  décembre  1867;  in-y. 

Revista...   Revue  des  travaux  publics  ;  5*  année;  n"*  a3  et  a4;  in-4"- 

Revue  de  Thérapeutique  médico- chirurgicale;  5*  année;  n"'  a3  et  a4; 
in-H». 

Royal  astronomical. ..  Société  royale  Astronomique  de  Londres  ;  vol.  XVIII, 
n"  i;  ui-g". 


(  63  ) 

The  Quarterly. .  .  Journal  trimestriel  de  la  Société  géologique  de  Londres; 
vol.  XIII,  part.  4  ;  in-8°. 

Zeitschrift...  Journal d acclimatation  ;  organe  de  la  Société  royale  pruasienne 
d'acclimatation,  publié  par  M.  Ernest  Kaufm AN N-,  I"  vol.,  i'^  livr.,  janvier 
i858;in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires;  n"'  t4i-ï'^S;  et  table  des  matières 
de  18.57. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  el  de  Chirurgie;  n"'  49*5 a. 
Gazette  médicale  de  Paris;  n°*  49-52. 
Gazette  médicale  d'Orient;  décembre  1857. 
U Abeille  médicale;  n°*  34-36. 
La  Coloration  industrielle;  n"'  22  el  23. 
La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n°"  49-52, 
L'Ami  des  Sciences  ;  n°*  lig-5i. 

La  Science  pour  tous;  2*  année,  n"  Sa  ;  3*  année,  n°  i-4- 
.      Le  Gaz,  n°»3o-33. 

Le  Musée  des  Sciences;  n°* '51-55. 

Réforme  agricole,  scientifiqtie  et  industrielle;  octobre  1857.' 

•À;  "  ■     . 


►*-0-*-«ii 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

m  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  H  JANVIER  1858. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  ampliation  du 
décret  impérial  qui  confirme  la  nomination  de  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville 
à  la  place  vacante,  dans  la  Section  de  Minéralogie  et  de  Géologie,  par  suite 
du  décès  de  M.  Dufrénoj. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  vient 
prendre  place  parmi  ses  confrères. 

GÉOMÉTRIE.  —  Note  sur  la  théorie  des  polyèdres;  par  M.  Poinsot. 

«  1.  On  peut  réduire  toute  cette  théorie  à  celle  des  polyèdres  dont 
toutes  les  faces  sont  de  simples  triangles.  Eu  effet,  s'il  y  a  des  faces  polygo- 
nales de  plus  de  trois  côtés,  menez,  dans  chaque  polygone,  et  à  partir  de 
l'un  de  ses  sommets,  les  diagonales  qui  partagent  ce  polygone  en  triangles, 
et  vous  n'aurez  plus  qu'un  polyèdre  à  faces  triangulaires. 

1)  2.  Un  polyèdre  ne  sera  donc  pour  nous  qu'un  enchaînement  de  trian- 
gles dont  chacun  se  lie  à  un  autre  par  un  côté  commun,  et  dont  l'ensemble 
forme  une  surface  fermée  de  toutes  parts  :  surface  que  je  ne  suppose  point 
d'ailleurs  ce  que  l'on  appelle  convexe,  mais  telle  que  l'on  voudra,  et  qui 
par  conséquent  pourrait  être  traversée  par  une  même  droite  en  un  nombre 
quelconque  de  points. 

C.  R.,  i858,   !«'  Semestre.  (T.  XI.VI,  N"  2.)  9 


(66) 

»  5.  Dans  ce  réseau  de  triangles,  dont  chacun  fait  uue  face  du  polyèdre, 
comme  chaque  triangle  est  lié  à  un  autre  contigu  par  le  côté  qui  leur  est 
commun,  on  voit  que  des  triangles  pris  au  hasard  ne  sont  pas  propres  à 
former  un  polyèdre  par  leur  assemblage.  Car  si  vous  prenez  un  premier 
triangle  à  volonté,  il  en  faut  déjà  trois  autres  dont  chacun  puisse  s'iuiir  avec 
lui  par  un  côté  commun  :  etc.  *      '^.  > 

»  4.  Le  côté  commun  à  deux  faces  consécutives  forme  ce  qu'on  appelle 
inie  arête  du  polyèdre. 

»   Chaque  arête  appartient  donc  à  deux  faces  et  n'appartient  qu'à  deux. 

»  5.  Les  divers  points  où  se  réunissent  les  extrémités  de  plusieurs  arêtes 
sont  les  sommets  du  polyèdre. 

»  C'est  autour  de  ces  sommets  que  les  angles  des  faces  s'assemblent  pour 
former  les  angles  solides;  et  comme  il  faut  toujours  au  moins  trois  angles 
plans  pour  faire  un  angle  solide,  il  n'y  a  pas  de  sommet  d'où  ne  partent  au 
moins  trois  arêtes. 

»  6.  Si  l'on  fait  le  compte  de  toutes  les  faces  du  polyèdre,  on  en  conclut 
aisément  le  nombre  de  toutes  les  arêtes  ;  car  chaque  face  contient  trois 
arêtes,  mais  comme  chaque  arête  appartient  à  deux  faces,  si  l'on  comptait 
trois  arêtes  pour  chaque  face,  la  même  arête  se  trouverait  comptée  deux 
fois  ;  donc  si  l'on  nomme  H  le  nombre  des  faces,  et  A  celui  des  arêtes,  on 
aura  l'égalité 

3H=aA.  (i) 

•  7.  De  plus,  si  l'on  nomme  S  le  nombre  des  sommets,  et  qu'on  le  com- 
pare à  celui  des  faces,  on  découvre  entre  ces  deux  nombres  la  relation  sui- 
vante : 

aS-H  =  4-  (2) 

»  Et  en  effet,  du  polyèdre  proposé  ôtez  un  sommet  avec  les  //  faces 
triangulaires  qui  s'y  rassemblent  ;  et  dans  le  multilatère  (plan  ou  gauche), 
que  forment  les  bases  de  ces  h  triangles,  menez  à  partir  de  l'un  quelconque 
de  ses  sommets,  les  A  —  3  diagonales  qui  le  partagent  en  h  —  7.  triangles,  il 
vous  restera  un  polyèdre  à  faces  triangulaires  qui  aura  un  sommet  de  moins, 
et  deux  faces  de  moins  que  le  proposé  :  car  d'un  côté  vous  aurez  supprimé 
h  faces,  et  de  l'autre  vous  en  aurez  ajouté  h  —  1.  Donc,  puisqu'en  ôtant  un 
sommet  vous  ôtez  deux  faces,  il  y  a  toujours  dans  un  polyèdre  quelcon- 
que, entre  les  deux  nombres  2  S  et  II,  la  même  différence  qu'entre  les  nom- 
bres correspondants  dans  le  polyèdre  dérivé  qui  a  un  sommet  de  moins;  et 
par  conséquent  en  descendant  de  proche  en  proche,  il  y  a  la  même  différence 


(  67  ) 
que  dans  le  simple  tétraèdre.  Or  ici  on  a 

8  =  4,     H  =  4     et     2S-H  =  4, 

ce  qui  démontre  l'équation  (  2  ). 

»  8.  De  ces  deux  équations  (i)  et  {1),  on  peut  tirer  ces  deux-ci  : 

A  =  3S-6,  {a) 

S  +  H  =  A  +  2,  {!?) 

équations  que  l'on  pourrait  aussi  démontrer  d'une  manière  directe,  comme 
on  l'a  fait  pour  les  précédentes. 

B  9.  Les  équations  (i),  (a),  et  la  suivante  [a),  ne  conviennent  qu'aux 
polyèdres  à  faces  triangulaires  ;  mais  la  quatrième  (b) 

S  +  H=A-<-2, 

convient  aux  polyèdres  à  faces  quelconques  :  car,  en  supposant  que  deux 
ou  plusieurs  faces  triangulaires  consécutives  viennent  à  se  réunir  en  une 
seule  quadrangulaire  ou  polygonale,  on  comptera  d'un  côté  une  ou  plusieurs 
faces  de  moins,  et  de  l'autre  côté  autant  d'arêtes  de  moins,  et  l'équation 
précédente  ne  sera  point  troublée. 

»  On  remarquera  ici  que  cette  équation  (6),  qu'Euler  a  démontrée  le 
premier,  n'a  pas  seulement  lieu  pour  les  polyèdres  convexes,  comme  on 
paraît  le  croire,  mais  pour  des  polyèdres  d'une  espèce  quelconque. 

Des  polyèdres  dont  tous  les  angles  solides  sont  d'un  même  degré  q  de 

multiplicité. 

»  10.  Dans  un  polyèdre  de  cette  nature,  on  suppose  donc  qu'il  y  a  le 
même  nombre  q  d'arêtes  aboutissant  à  chaque  sommet  ;  mais  si  l'on  comp- 
tait autant  de  fois  q  arêtes  qu'il  y  a  de  sommets,  comme  chaque  arête  appar- 
tient à  deux  sommets,  chaque  arête  se  trouverait  comptée  deux  fois  :  donc 
le  nombre  qS  est  double  de  celui  des  arêtes,  et  l'on  a  nécessaireme.Dt 

yS=aA=6S  — la, 
d'où  l'on  tire 

S-    ■'   •  ' 

q  ne  peut  être  au-dessous  de  3;  faisant  donc  ç  =  3,  on  trouve  S  =  4;  faisant 
ensuite  9  =  4i  on  trouve  S  =  6;  faisant  ensuite  q  =  5,  on  trouve  S  =  12. 
»  11.  Il  n'y  a  donc  qu'un  seul  polyèdre  à  faces  triangulaires  qui  puisse 
avoir  tous  ses  angles  solides  triples;  c'est  le  tétraèdre. 

9- 


(  68) 

»  Il  n'y  en  a  qu'un  seul  qui  puisse  avoir  tous  ses  angles  quadruples  ;  c'est 
ïoctaèdre. 

»  Et  enfin  un  seul  qui  puisse  avoir  tous  ses  angles  quintuples;  c'est 
Vicosaèdre. 

»  12.  Si  l'on  fait  q  =  6,  on  trouve  S  infini;  et  y  >  6  donne  S  négatif, 
ce  qui  ne  peut  plus  répondre  à  aucun  polyèdre. 

»  Il  ne  peut  donc  y  avoir  aucun  polyèdre  qui  ait  tous  ses  angles  sextuples  ; 
et  encore  moins  tous  ses  angles  septuples,  etc. 

»  13.  On  peut  démontrer  encore  que  dans  tout  polyèdre  à  faces  triangu- 
laires, il  se  trouvera  toujours  au  moins  un  angle  solide  qui  sera  ou  triple, 
ou  quadruple,  ou  quintuple.  Il  serait  impossible  qu'il  n'y  eût  pas  dans  le 
polyèdre  quelque  angle  solide  de  l'un  ou  l'autre  de  ces  degrés  de  multi- 
plicité. Car  soit,  s'il  est  possible,  un  polyèdre  qui  n'ait  que  des  angles  solides 
d'un  degré  supérieur  à  5.  Soit  i  le  nombre  des  angles  sextuples,  /  celui  des 
septuples,  «  celui  des  octuples,  etc.  On  aurait 

6/-i-7/-l-8M-H...  =  aA=6S  —  la; 

d'où,  à  cause  de 

t-f-/-f-  tt -4-  ...  =  S, 
on  tirerait 

j  -h  2U  -t-  ...  =  —  12, 

ce  qui  est  impossible,  puisque  n,  y,  etc.,  sont  des  nombres  essentiellement 
positifs. 

»  14.  Tout  ce  qu'on  vient  de  dire  sert  à  bien  préciser  la  définition  d'un 
polyèdre  à  faces  triangulaires.  Ce  qu'on  entend  par  un  tel  polyèdre  n'est  donc 
qu'une  chaîne  continue  et  fermée  d'un  certain  nombre  de  triangles  dont 
chacun  se  lie  à  un  autre  par  un  côté  commun  :  chaque  côté  ou  arête  n'appar- 
tient qu'à  deux  de  ces  triangles  auxquels  on  donne  le  nom  de  faces:  de  ma- 
nière que  si,  dans  cette  figure,  formée  par  toutes  les  ;irêtes,  on  trouvait  plus 
de  deux  triangles  appuyés  sur  une  même  arête,  il  n'y  aurait  que  deux  de 
ces  triangles  comptés  au  nombre  des  faces  du  solide;  les  autres  n'en  feraieut 
point  partie. 

»  De  cette  manière,  S  désignant  le  nombre  des  sommets,  il  y  a  précisément 
3  S  —  6  arêtes  et  a  S  —  li.  faces,  ni  plus  ni  moins. 

»  15.  A  chaque  sommet  appartient  un  angle  solide  formé  par  les  angles 
plans  des  faces  triangulaires  qui  s'y  rassemblent. 

»  L'angle  que  deux  faces  consécutives  fout  ensemble  autour  de  la  com- 


(6g) 
miine  arête  se  nomme  angle  dièdre,  et  l'on  ne  compte  pas  plus  d'angles 
dièdres  dans  la  figure  qu'il  n'y  a  à'aiètes. 

»  Comme  deux  faces  consécutives  font  entre  elles  deux  angles  dont  l'un 
est  le  supplément  de  l'autre  à  quatre  angles  droits,  si  l'on  veut  se  faire  une 
idée  nette  de  ceux  qui  forment  ensemble  les  angles  dièdres  du  solide,  voici 
ce  que  l'on  peut  imaginer. 

»  Considérez  un  plan  indéfini  qui  soit  actuellement  appliqué  sur  une  des 
faces  du  solide;  dans  ce  plan,  distinguez  deux  sens  ou  deux  côtés,  le  gauche 
et  le  droit,  et,  pour  mieux  faire  image,  supposez-les  différemment  colorés, 
par  exemple,  le  côté  gauche  en  noir  et  le  droit  en  blanc.  Si  vous  pliez 
d'abord  ce  pla«  sur  une  des  arêtes  de  la  face  quM  contient,  jusqu'à  ce  que 
le  reste  du  plan  s'applique  sur  la  face  adjacente,  si  vous  pliez  ensuite  le 
même  plan  sur  une  des  deux  arêtes  nouvelles  de  cette  face  jusqu'à  ce  qu'il 
s'applique  sur  la  face  suivante,  et  ainsi  de  suite,  vous  aurez  reformé  le 
polyèdre  proposé.  Mais  alors  vous  pouvez  distinguer  dans  la  figure  3S  —  6 
angles  dièdres  compris  entre  couleurs  blanches,  et  3 S— 6  angles  dièdres 
compris  entre  couleurs  noires.  Or  les  angles  dièdres  du  polyèdre  seront, 
ou  les  premiers,  ou  les  seconds,  comme  on  voudra. 

»  16.  Cela  posé,  on  doit  nommer  polyèdre  convexe,  celui  qui  a  ses  angles 
dièdres  tous  inférieurs  à  deux  angles  droits;  ou  bien  encore,  tous  supérieurs, 
car  alors  les  suppléments  respectifs  de  ces  angles  à  quatre  droits  sont  tous 
inférieurs  à  deux  droits,  et  en  prenant  ces  suppléments  pour  les  angles 
dièdres  du  solide,  ce  qui  est  permis,  on  retombe  dans  le  premier  cas. 

»  Il  n'y  a  donc  de  polyèdres  non  convexes  que  ceux  qui  ont  leurs 
angles  dièdres  en  partie  inférieurs,  en  partie  supérieurs  à  deux  angles 
droits. 

»  Telle  est  la  définition  générale  et  précise  de  la  convexité  dans  les 
polyèdres.  Elle  ne  suppose  point  que  la  surface  du  polyèdre  ne  puisse  être 
coupée  par  une  droite  en  plus  de  deux  points,  condition  qui  est  d'abord  un 
peu  vague,  en  ce  qu'elle  demanderait  pour  ainsi  dire  une  infinité  d'essais 
pour  reconnaître  si  la  figure  est  convexe  ou  non,  et  qui  ensuite  a  le  défaut 
essentiel  d'être  beaucoup  trop  restreinte  :  car  un  polyèdre  peut  avoir  sa 
surface  coupée  par  une  même  droite  en  plus  de  deux  points,  il  peut  avoir 
des  faces  qui  se  traversent  actuellement,  et  présenter  ainsi  aux  yeux  des 
cavités  et  des  saillies,  sans  cesser  d'être  convexe  dans  la  rigoureuse  accep- 
tion de  la  convexité  (*). 


(*)  Voyez  d'ailleurs  sur  ce  point  notre  ancien  Mémoire  sur  les  polyèdres  inséré  au  tome  II- 


(7o) 

»  17.  Voilà  des  principes  qu'il  ne  faut  pas  perdre  de  vue,  car,  dans  les 
Eléments  de  la  Géométrie  où  l'on  s'arrête  à  cette  définition  restreinte  que  je 
viens  de  rappeler  ci-dessus,  certains  théorèmes  qu'on  démontre  sur  les  po- 
lyèdres nommés  convexes,  ont  également  lieu  pour  des  polyèdres  qui  ne 
rentrent  point  du  tout  dans  la  définition  sur  laquelle  on  s'appuie;  de 
sorte  que  les  démonstrations  étant  fondées  sur  cette  définition,  sont  à  peu 
près  vaines,  puisqu'elles  supposent  une  condition  particulière  d'où  le  théo- 
rème ne  dépend  point.  Ces  démonstrations  sont  donc  à  refaire,  et  ne  peu- 
vent être  cherchées  que  dans  des  principes  plus  généraux. 

»  Ainsi,  par  exemple,  on  peut  démontrer  que  tout  polyèdre  construit  sur  S 
points  comme  sommets  est  invariable  défigure,  par  la  seule  condition  de  iinva- 
riabilité  qu'on  supposerait  à  cliacune  des  lignes  droites  qui  forment  ses  3  S  —  6 
arêtes. 

»  Quand  le  polyèdre  a  quatre  sommets,  les  arêtes  sont  au  nombre  de  six 
et  forment  précisément  toutes  les  distances  mutuelles  qiù  existent  entre  les 
quatre  points;  et,  dans  ce  cas,  le  théorème  est  évident. 

»  Quand  le  nombre  S  des  sommets  est  supérieur  à  quatre,  le  nombre 

s^s i)       * 

de  leurs  distances  mutuelles  est  supérieur  au  nombre  3  S  —  6  des 

arêtes  du  solide  :  et  c'est,  pour  le  dire  en  passant,  ce  qui  donne  lieu  à  la 
possibilité  de  construire,  sur  ces  mêmes  points  comme  sommets,  plusieurs 
polyèdres  de  formes  différentes.  Mais  alors  toutes  les  distances  mutuelles 
des  S  points  sont,  comme  on  le  sait  (*),  déterminables  par  les  3S  —  6 
d'entre  elles  qui  forment  actuellement  les  arêtes  du  polyèdre  construit;  et, 
par  conséquent,  ce  polyèdre,  quel  qu'il  soit,  est  aussi  roide  ou  invariable, 
que  si  toutes  les  distances  mutuelles  (dont  une  partie  seulement  figure  dans 
les  arêtes)  étaient  toutes  invariables  de  longueur. 

»  18.  Ce  quirendcettethéoriedes polyèdres  très'difficile,c'estqu'elie  tient 
essentiellement  à  une'science,  presque  encore  neuve,  que  l'on  peut  nommer 
géométrie  de  situation,  parce  qu'elle  a  principalement  pour  objet,  non  pas 
la  grandeur  ou  la  proportion  des  figures,  mais  l'ordre  et  la  situation  des 
éléments  qui  les  composent. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  n'oubUons  pas  ici  de  rappeler  encore  que  tout  ce 

des  Mémoires  des  Savants  étrangers,  et  au  tome  IV  du  Journal  de  l'École  Polytechnique 
(lo*  cahier).  , 

(*)  On  peut  consulter  à  ce  sujet  un  Mémoire  de  Carnot  :  Sur  la  relation  qui  existe  entre 
les  distances  respectives  de  cinq  points  quelconques  pris  dans  l'espace.  Paris,  111-4°;  i8o6. 


(  V  ) 
qu'on  vient  de  dire  s'applique  à  des  polyèdres  quelconques,   convexes  ou 
non  convexes,  et  qu'il  en  est  de  même  de  ce  que  nous  allons  ajouter. 

Comment  on  peut  classer  les  polyèdres. 

»  19.  D'après  les  équations  (i)  et  (2)  établies  plus  haut  entre  les  trois  nom- 
bres S,  H  et  A,  qui  répondent  aux  nombres  respectifs  des  sommets,  des 
faces  et  des  aréles  d'un  polyèdre,  on  voit  que  si  un  de  ces  nombres  est  donné, 
les  deux  autres  sont  connus,  et  que  par  conséquent  on  peut  employer,  pour 
marquer  l'ordre  d'un  polyèdre,  ou  le  nombre  des  sommets,  ou  celui  des 
faces,  ou  celui  des  arêtes,  comme  on  le  voudra. 

»  Et,  par  exemple,  en  prenant  pour  l'ordre  du  polyèdre  le  nombre  H 
des  faces,  ce  qui  s'accorde  d'ailleurs  avec  la  dénomination  ordinaire  de  ces 
figures  qu'on  nomme  polyèdres,  c'est-à-dire  à  plusieurs  faces,  on  pourra 
naturellement  classer  les  polyèdres  en  les  considérant  comme  étant  des  dif* 
férents  ordres  marqués  par  les  nombres  pairs 

H 4i     6,     8,      10,      12,      i4,      16,     etc., 

ce  qui  renferme  tous  les  polyèdres  possibles,  car  il  n'y  en  a  point  d'aucun 
nombre  impair  de  faces,  ni  du  nombre  pair  inférieur  à  4-  Of  aura  donc 
pour  tous  les  polyèdres  de  divers  ordres  : 

Le  tétraèdre,  Vhexaèdre,  Voctaèdre,  le  décaèdre,  le  dodécaèdre,  etc. 

»  20.  Le  tétraèdre.— 'Le  plus  simple  de  tous  est  le  tétraèdre,  qui  a  4  faces, 
4  sommets  et  6  arêtes;  et  ce  polyèdre  est  unique,  je  veux  dire  que,  sur  les 
mêmes  quatre  sommets,  on  ne  peut  pas  construire  deux  tétraèdres  diffé- 
rents. 

»  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  ordres  supérieurs  ;  car  sur  les 
cinq  sommets  d'un  hexaèdre  on  peut  construire  dix  hexaèdres  différents  : 
et  de  même,  pour  l'octaèdre,  etc. 

»  Voilà  donc,  dans  chacun  de  ces  ordres,  plusieurs  espèces  de  polyèdres 
ayant  les  mêmes  sommets,  mais  avec  des  faces  et  des  arêtes  différentes 
quoique  les  nombres  H  et  A  soient  les  mêmes  pour  tous.  Il  est  bien  aisé  de  voir, 
en  effet,  que  des  points  en  nombre  S  supérieur  à  4  peuvent  être  unis  par  un 
réseau  de  faces  triangulaires  de  plusieurs  manières  différentes,  et  il  serait 
facile  de  trouver  de  combien  de  manières  la  construction  peut  se  faire. 
Mais,  sans  entrer  ici  dans  cette  énumération  des  espèces  de  polyèdres  d'un 
même  nombre  de  sommets,  il  faut  voir  d'abord  si  dans  chaque  ordre  de 


(  7^  ) 
polyèdres,  il  y  a  toujours  au  moins  une  espèce  où  le  polyèdre  soit  ce  que  je 
nommerai  simple  ou  primitif,  je  veux  dire  tel  qu'il  ne  puisse  pas  être  vu 
comme  s'il  était  formé  par  la  réunion  de  plusieurs  polyèdres  d'ordres  infé- 
rieurs qu'on  aurait  juxtaposés  par  quelques  faces  communes. 

»  On  a  vu  que  le  tétraèdre  est  simple,  puisqu'il  n'existe  pas  de  polyèdre 
d'un  ordre  inférieur  à  quatre;  et  il  est  clair  aussi  que  ce  tétraèdre  est  unique, 
puisqu'il  n'y  a  évidemment  qu'une  manière  d'enchaîner  quatre  points  par 
quatre  triangles,  ou  par  six  arêtes,  lesquelles  forment  toutes  les  distances 
mutuelles  possibles  de  ces  quatre  points. 

»  21.  L'hexaèdre.  —  Mais  Y  hexaèdre,  qui  a  5  sommets  et  9  arêtes,  n'est 
pas  un  polyèdre  simple;  car  il  est  évident  que,  de  quelque  manière  qu'on 
s'y  prenne  pour  lier  cinq  points  par  six  triangles,  on  ne  trouvera  jamais 
qu'une  figure  formée  par  la  réunion  de  deux  tétraèdres  appuyés  l'un  sur 
l'autre  par  une  face  commune.  Il  n'y  a  donc  point  de  figure  polyédrale  à 
cinq  sommets  qu'on  puisse  regarder  comme  simple  ou  primitive;  il  n'y  a 
point  de  véritable  hexaèdre  primitif  à  faces  triangulaires. 

»  22.  L'octaèdre.  —  Passons  à  l'ocfaèdre  ou  polyèdre  à  6  sommets.  Un  véri- 
table octaèdre  simple  ne  doit  avoir  aucun  de  ses  angles  solides  triple,  sans 
quoi  ce  ne  serait  point  un  polyèdre  simple,  mais  la  réunion  d'un  tétraèdre 
et  d'un  hexaèdre  joints  ensemble  par  une  base  commune.  Chacun  des  an- 
gles solides  doit  donc  être  au  moins  quadruple;  mais  alors  tous  sont  qua- 
druples, car  en  les  supposant  tels,  on  trouve  déjà  12  pour  le  nombre  de 
toutes  les  arêtes,  ce  qui  fait  le  nombre  exact  des  arêtes  de  tout  octaèdre 
possible. 

»  Il  y  a  donc  un  octaèdre  simple  ou  primitif,  et  cet  octaèdre  simple,  qui  a 
tous  ses  angles  quadruples,  est  unique. 

B  23.  Le  décaèdre.  —  Considérons  maintenant  le  polyèdre  à  7  sommets, 
10  faces  et  1 5  arêtes  ;  c'est  le  décaèdre;  et  voyons  s'il  y  en  a  de  primitifs. 

1»  Ecartant  toujours  le  cas  des  angles  triples,  ce  qui  ferait  rentrer  le 
polyèdre  dans  un  corps  composé,  le  solide  simple  dont  il  s'agit  ne  peut 
avoir  que  des  angles  quadruples,  quintuples  et  sextuples.  Or  il  est  impos- 
sible qu'il  y  ait  aucun  angle  solide  sextuple.  Car  soit  M  cet  angle  solide  où  se 
réuniraient  six  faces  triangulaires,  et  considérez  l'hexagone  ABCDEG  formé 
par  les  six  bases  de  ces  triangles;  il  faudrait  que  sur  le  côté  AB,  par  exemple, 
où  s'appuie  la  fiice  MAB,  il  se  trouvât  encore  un  autre  triangle  appuyé  M'AB, 
pour  former  avec  le  premier  les  deux  faces  triangulaires  dont  la  commune 
arête  est  AB.  Or  le  sommet  M'  de  ce  second  triangle  ne  peut  plus  tomber  que 
sur  un  des  sommets  restants  C,  D,  E,  G  de  l'hexagone;  soit  par  exemple  E 


(  73  )       ^ 
ce  sommet,  de  sorte  que  EAB  forme  avec  MAB  les  deux  faces  appuyées  sur  la 
même  arête  AB;  on  verrait  le  tétraèdre  MABE,  et  par  conséquent  le  décaèdre 
serait  composé,  ce  qui  est  contre  l'hypothèse.  Il  est  donc  impossible  que 
dans  le  décaèdre  simple  ou  primitif  il  y  ait  aucun  angle  solide  sextuple. 

B  Restent  donc  seulement  les  quadruples  avec  les  quintuples,  puisque  les 
angles  triples  sont  écartés. 

»  Or  soit  i  le  nombre  des  quadruples  et  j  celui  des  quintuples.  En  faisant 
le  compte  des  arêtes  autour  de  chaque  sommet,  on  trouvera  4^-1-  5/  qui 
fera  le  double  de  ces  arêtes,  et  par  conséquent  ici  le  nombre  3o;  ainsi  l'on 
aura 

4  i  +  5/  =  3o 

et 

1  +  1  =  -], 

d'où  l'on  tire 

/  =  5     et    /  =  1. 

»  Le  décaèdre  primitif,  s'il  est  possible,  a  donc  nécessairement  a  angles 
quintuples  et  5  quadruples  ;  or  ce  solide  existe  réellement,  et  peut  sur-le- 
champ  se  construire.  Car  d'un  sommet  quelconque  menez  des  arêtes  à  cinq 
quelconques  des  six  autres  sommets,  ce  qui  donne  d'abord  une  pyramide 
terminée  par  un  contour  pentagonal  ;  et  ensuite  du  sommet  qui  n'a  pas 
encore  été  employé,  menez  les  cinq  arêtes  aux  angles  de  ce  pentagone,  et 
vous  aurez  évidemment  un  décaèdre  à  a  angles  quintuples  et  5  quadruples. 

»  Vous  voyez  d'ailleurs  que  sur  les  mêmes  7  sommets  vous  pouvez  con- 
struire autant  de  décaèdres  de  la  même  nature  qu'il  y  a  de  manières  de 
prendre  7  points  deux  à  deux.  Mais  à  ne  considérer  que  le  degré  des  angles 
solides,  cela  ne  fait  au  fond  qu'une  seule  espèce  de  décaèdre  primitif,  car 
ils  ont  tous  a  angles  solides  quintuples  et  5  angles  quadruples. 

»  24.  Le  dodécaèdre.  —  Venons  maintenant  au  dodécaèdre  ou  polyèdre 
à  la  faces,  8  sommets  et  18  arêtes,  et  voyons  quels  sont  les  dodécaèdres 
primitifs. 

»  On  démontre  d'abord,  comme  plus  haut,  que  le  dodécaèdre  primitif  ne 
peut  avoir  d'angle  solide  septuple.  Reste  donc  le  cas  des  angles  quadruples, 
quintuples  et  sextuples.  Soient  /,  j  et  u  les  nombres  respectifs  de  ces  angles  des 
degrés  4,  5  et  6.  On  aura  d'abord 

i  +  /  +  «  =  8 
et. 

4  /  +  5y  +  6  «<  =  2  A  =  36  ; 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVljNoï.)  H) 


(  74  ) 
d'où,  en  chassant  /,  par  exemple,  il  viendra  l'équation 

a  M  4-  y  =  4  • 

Soit,  s'il  est  possible,  u  ^=  i,  il  vient  /  =  2  et  i  =  5,  c'est-à-dire  que  le  do- 
•décaèdre  aurait  pour  les  angles  solides, 

r  sextuple,     a  quintuples     et     5  quadruples. 

D  Soit  donc  M  l'angle  solide  sextuple  avec  les  6  faces  triangulaires  qui  s  y 
rassemblent,  et  considérez  un  côté  AB  de  l'hexagone  (plan  ou  gauche)  formé 
par  les  six  bases  de  ces  triangles.  Vous  avez  d'abord  sur  AB  la  face  ABM; 
or  il  en  faut  tuie  seconde  ABM'  sur  la  même  arête  AB  ;  mais  le  sommet  M'  ne 
peut  être  placé  sur  aucun  des  quatre  sommets  restants  C,D,  E,F  de  l'hexa- 
gone sans  introduire  dans  la  figure  un  tétraèdre,  ce  qui  rendrait  le  polyèdre 
composé.  Il  faut  donc  que  la  face  ABM'  ait  son  sommet  M'  placé  sur  le  der- 
nier sommet  H  du  dodécaèdre.  Or  il  en  serait  de  même  des  secondes  faces 
qui  doivent  s'appuyer  sur  les  autres  côtés  BC,  CD,  DE,  EF,  FA  de  l'hexa- 
gone :  donc  l'angle  solide  en  H  doit  être  aussi  sextuple,  aussi  bien  que 
l'angle  solide  en  M.  On'  ne  peut  donc  supposer  dans  le  dodécaèdre  primitif 
un  seul  angle  solide  sextuple,  et  il  y  en  a  toujours  au  moins  deux.  Faisons 
donc  M  =  a,  ce  qui  donne/  égal  à  zéro  et  /  =  6,  et  l'on  aura  un  dodécaèdre 
primitif  k  i  angles  solides  sextuples  et  6  angles  quadruples,  dodécaèdre  qui  existe 
réellement  et  dont  la  constiuctioa  est  évidente. 

»  II  n'y  en  a  pas  d'autres  primitifs  avec  des  amples  sextuples,  car  en  fai- 
sant M  plus  grand  que  a,  il  vient  f  négatif,  ce  qui  est  absurde. 

»  Mais  il  peut  y  avoir  un  dodécaèdre  primitif  a.\cc  des  angles  quadruples 
et  quintuples  seulement,  c'est-à-dire  sans  angles  sextuples;  car  en  faisant 

M  =  o, 
il  vient 

/  =  4       et      /  —  4. 

Ainsi  le  dodécaèdre  primitif,  s'il  existe,  a  4  angles  solides  quintuples  et  4 
quadruples.  Or  ce  solide  existe  réellement,  et  la  construction  en  est  très- 
facile. 

»  Car  partagez  les  huit  sommets  en  deux  groupes  de  quatre,  et  soient 
A,  B,  C,  D  les  sommets  qui  font  le  premier  groupe,  et  A',  B',  C,  D'  ceux 
qui  forment  le  second;  prenez  les  deux  quadrilatères  ABCD  et  A'B'C'D', 
et  joignez  chacun  à  chacun  les  sommets  correspondants  A  et  A',  B  et  B', 
G  et  C,  D  et  D';  vous  aurez  d'abord  une  figure  terminée  par  six  quadri- 
latères (plans  ou  gauches),  et  dont  les  six  faces  d'un  cube  vous  offrent  une 


(  75  ) 
image  très-particulière.  Actuellement  partagez  chacun  cl§  vos  quadrilatères 
en  deux  triangles  en  y  menant  une  des  deux  diagonales,  avec  cette  attention 
de  prendre  dans  les  quadrilatères  opposés  des  diagonales  opposées,  c'est-à- 
dire  celles  qui  ne  se  correspondent  point,  et  vous  aurez  un  polyèdre  à  la 
faces  triangulaires  et  8  angles  solides,  dont  4  seront  quintuples  et  les  4  autres 
quadruples.  Et  ce  nouveau  dodécaèdre  sera,  aussi  bien  que  le  précédent,  pri- 
mitif o-u  simple,  en  ce  que  l'on  n'y  verra  aucune  partie  de  ses  arêtes  qui 
puisse  former  à  part  un  polyèdre  d'ordre  inférieur. 

»  Ainsi,  il  y  a  deux  dodécaèdres  primitifs,  et  il  n'y  en  a  que  deux;  car 
les  angles  de  degrés  inférieurs  à  4  et  les  angles  de  degrés  supérieurs  à  6 
étant  écartés,  il  n'y  a  qu'un  seul  dodécaèdre  primitif  qui  admette  des  angles 
sextuples,  et  un  seul  qui  admette  des  angles  quintuples. 

»  Le  premier  a  i  angles  sextuples  et  6  quadruples  ; 

»   Le  second  a  4  angles  quintuples  et  4  quadruples. 

»  25.  Le  décatétraèdre.  —  Passons  au  polyèdre  de  9  sommets,  i4  faces  et 
la  arêtes,  et  que  nous  nommerons  le  décatétraèdre. 

a  D'abord  il  est  clair  que  ce  polyèdre  de  9  sommets,  s'il  est  primitif,  ne 
peut  avoir  d'angle  solide  octuple.  Reste  donc  à  considérer  le  cas  des  angles 
solides  de  degrés  4>  5,  6  et  7,  que  je  suppose  être  en  nombres  respectifs 
i,  j,  u  et  t,  de  manière  qu'on  ait 

/  -f-/  -4-  M  4-  «  =  9, 

4 1  -»-  5y  ■+•  6«  -+-  7  «  =  4a  ; 

d'où,  en  éliminant/  par  exemple,  on  tire  l'équation 

it  -h  u  —  /=  —  3. 

»  Si  vous  supposez  d'abord  qu'il  y  ait  un  angle  sextuple,  par  un  raison- 
nement semblable  à  celui  qui  a  été  fait  à  l'occasion  du  dodécaèdre,  il  est 
facile  d'établir  qu'il  y  en  a  au  moins  deux  de  ce  même  degré  de  multiplicité, 
sans  quoi  le  solide  présenterait  dans  sa  figure  quelque  tétraèdre,  et,  par 
conséquent,  ne  serait  pas  simple,  ce  qui  est  contre  notre  hypothèse.  Faisons 
donc  sur-le-champ 

ce  qui  donne 

/  -  M  z=  7, 

et  par  conséquent 

«  =  o; 

10.. 


(76) 
car  t  étant  égal  à  i,  i  ne  peut  plus  surpasser  7.  On  a  donc  nécessairement 

i  :=  7        et       y=  o  ; 

d'où  l'on  voit  que  le  décatétraèdre  dont  il  s'agit  a 

■1  angles  sextuples        et       7  quadruples; 

et  la  construction  de  ce  solide  est  bien  facile. 

»   <  >  3  est  impossible,  parce  qu'on  tirerait  de  cette  hypothèse 

/  —  M  >  9, 

et  partant  u  négatif,  etc.,  ce  qui  est  absurde. 

>.  Il  n'y  a  donc  qu'un  seul  décatétraèdre  primitif  qui  puisse  admettre  des 
angles  septuples. 

»  Voyons  maintenant  s'il  y  en  a  d'autres  primitifs  qui  adme"ltent  des 
angles  sextuples,  avec  ceux  de  degrés  inférieurs  jusqu'à  4  inclusivement. 

w  Nos  équations  donnent  alors,  en  faisant  i  =  o,  l'équation 

/  —  M  =  3  ; 
or,  en  supposant  d'abord 

on  en  tire 

•       1=4, 

et  ensuite 

/=4, 
ce  qui  donne  un  nouveau  décatétraèdre  primitif  qui  a 

I  angle  solide  sextuple,      4  quintuples     et      4  quadruples. 

Ce  solide  existe  réellement,  et  il  serait  facile  d'en  montrer  la  construction. 
»  Supposant  ensuite 

on  en  tire 

i  =  ,T       et       /  =  2, 

ce  qui  donne  un  troisième  décatétraèdre  primitif  qui  a 

1  angles  sextuples,      a  quintuples      et      5  quadruples  ; 

polyèdre  qui   existe  réellement,   et  dont  la  construction  n'ofire  pas  de 
difficultés. 

u  Enfin  l'hypothèse  de  m  =  3  dotnierait 

j  =  6      et      y  =  o, 


(  77  ) 
ce  qui  répond  à  un  nouveau  décatétraèdre  ayant  3  angles  sextuples  et  6  qtin^ 
druples.  Mais  ce  polyèdre  n'est  pas  primitif,  car  il  est  aisé  de  voir  que  ce 
n'est  que  la  réunion  de  deux  octaèdres  appuyés  l'un  sur  l'autre  par  une 
commune  base. 

»  On  ne  peut  pas  aller  plus  loin  avec  des  angles  solides  sextuples,  car  eu 
prenant  u  égal  ou  supérieur  à  4,  on  aurait  i  égal  ou  supérieur  à  7,  ce  qui 
ne  peut  plus  être  admis. 

»  Reste  donc  le  seul  cas  des  angles  solides  quintuples  avec  des  angles 
.quadruples.        « 

»  Alors  nos  équations,  qui  deviennent 

et        '  ■  .  , 

4/4-5/=  f\i, 
donnent  sur-le-champ 

j  =  6       et       /  =  3  ; 

d'où  résulte  un  décatétraèdre  qui  a 

6  angles  quintuples     et     3  quadruples; 

polyèdre  qu'il  est  aisé  de  construire,  et  qui  est  évidemment  simple  ou  pri- 
mitif. 

»  Ainsi,  entre  tous  les  décatétraèdres  possibles,  il  y  en  a  4  primitifs,  et  il 
n'y  en  a  pas  d'autres  que  ceux  qu'on  vient  d'énumérer. 

»  2G.  lie  décahexaèdre.  —  On  peut  continuer  cette  énumération  dans  les 
polyèdres  d'ordres  supérieurs,  et  par  exemple,  pour  le  polyèdre  de  16  faces, 
10  sommets  et  24  arêtes,  que  nous  nommerons  le  décahexaèdre .  On  trou- 
vera, par  l'analyse,  les  différentes  espèces  de  décahexaédres  marqués  dans 
le  tableau  suivant  : 

i".     1  angles  solides  octuples  avec  8  quadruples. 

a°.      1  septuples,  2  quintuples,  6  quadruples. 

3".      1  septuples,  1   sextuple,  7  quadruples. 

4°.      I   septuple,      a  sextuples,     i  quintuple,      6  quadruples. 

5".      I   septuple,       I   sextuple,      3  quintuples,    5  quadruples. 

6".     4  sextuples,  6  quadruples. 

7'.     3  sextuples,  2  quintuples,  5  quadruples. 

8".      a  sextuples,  4  quintuples,  4  quadruples. 

9''.      I   sextuple,  6  quintuples,  3  quadruples. 

10°.  8  quintuples,  2  quadruples. 


(78) 
>•  Voilà  les  dix  solutions  des  deux  équations  indéterminées 

i-+-j-+-u-ht-\-v=  I  o, 
4n-  5/  +  6m  -+-  7<  -4-  8v  =  48, 

et  où  l'on  ne  peut  admettre  pour  /,  y,  «,  etc.,  que  des  nombres  entiers 
tous  positifs. 

»  Ces  dix  solutions  répondent-elles  à  autant  de  décahexaèdres  simples 
ou  primitifs? C'est  ce  qu'on  ne  peut  guère  voir  qu'en  essayant  de  construire 
ces  solides. 

j>  Le  premier  décahexaèdre  ayant  2  angles  solides  octuples  avec  8  qua- 
druples est  presque  évident,  car  il  est  est  clair  qu'on  peut  le  former  tout  de 
suite  avec  une  pyramide  à  base  octogonale  (plane  ou  gaucbe),  et  une  autie 
pyramide  appuyée  sur  la  même  base,  système  d'où  résulte  un  décahexaèdre 
à  a  angles  solides  octuples  et  8  quadruples,  et  qui  est  évidemment  simple  ou 
primitif. 

n  Le  a*  est  également  primitif  Mais  le  3*,  qui   offre  a  angles  septuples, 

1  sextuple  et  7  quadruples ,  ne  paraît  pas  possible.  On  peut  bien,  entre  les 
10  souuuets  donnés,  placer  a4  droites  ou   arêtes  de  manière  qu'il  y  ait 

2  sommets  où  l'on  voie  aboutir  7  de  ces  arêtes,  i  sommet  où  l'on  en  voie 
aboutir  6,  et  enfin  7  sommets  où  l'on  en  voie  aboutir  4  ;  'nais  ce  système 
d'arêtes  ne  donne  pas  lieu  à  un  système  de  triangles  qui  puissent  former 
les  /aces  d'un  véritable  polyèdre.  Il  y  a  tel  sommet  d'où  partent  4  arêtes, 
et  autour  duquel  il  n'y  a  pourtant  point  4  faces  rassemblées  pour  y  former 
l'angle  solide;  ou,  en  d'autres  termes,  les  extrémités  de  ces  quatre  arêtes  ne 
vont  point  tomber  sur  quatre  autres  sommets  de  la  figure  qui  soient  déjà 
unis  ensemble  par  quatre  droites  formant  le  contour  d'un  quadrilatère 
fermé,  ce  qui  serait  nécessaire  pour  que  l'on  put  compter  autour  du 
sommet  dont  il  s'agit,  quatre  triangles  formant  les  faces  d'un  angle  solide 
quadruple. 

r>  I^e  4*  décahexaèdre  qui  présente 

1  angle  septuple,       1  sextuples,       i  quintuple,      6  quadruples, 

n'est  pas  non  plus  un  polyèdre  primitif:  car  vous  y  voyez  la  réunion  d'un 
octaèdre  avec  un  décaèdre  appuyés  l'un  -sur  l'autre  par  la  commune  base 
triangulaire. 

•  Le  5°  est  un  polyèdre  primitif,  et  il  en  est  de  même  pour  les  suivants, 
ce  qui  réduit  à  8  le  nombre  des  décahexaèdres  primitifs. 

■.Mais  il  y  a  une  remarque  à  faire  sur  cette  théorie  des  polyèdres  pri- 
mitifs. 


(  79  ) 
»  Nous  avons  dit  que  le  a*  décahexaèdre  qui  nous  présente  pour  ses  angles 
solides, 

2  septuples,      a  quintuples      et      6  quadruples, 

était  primitif,  ce  qu'il  est  facile  de  constater;  mais  d'un  autre  coté  vous 
pouvez  construire  un  décahexaèdre  qni  a  aussi  i  angles  septuples,  a  quin- 
tuples et  6  quadruples,  et  qui  pourtant  n'est  pas  un  solide  simple  on  pri- 
mitif ;  car  il  est  aisé  de  voir  que  c'est  un  polyèdre  composé  d'un  octaèdre 
et  d'un  décaèdre  appuyés  l'un  sur  l'autre  par  une  face  commune.  Etc.  Etc. 
»  27.  Je  me  borne  ici  à  ces  premiers  cas  simples,  pour  indiquer  seule- 
ment les  questions  auxquelles  pourrait  donner  lieu  l'étude  de  ces  polyè- 
dres que  j'appelle  primitifs.  » 

GÉOMÉTillE.   —  Note  sur  la  théorie  des  polyèdres  réguliers  ■ 
par  M.  J.   Bertrand. 

«  Puisque  l'attention  de  l'Académie  est  appelée  sur  la  théorie  très-intéres- 
sante des  polyèdres,  je  saisirai  cette  occasion  pour  annoncer  que  M.  Gour- 
jon,  dont  les  physiciens  connaissent  l'habileté  et  l'esprit  ingénieux,  a  bien 
voulu  construire  à  ma  prière  les  polyèdres  réguliers  étoiles  décrits  dans  le 
tome  II  des  Mémoires  des  Savants  étrangers.  Ces  solides  existaient,  il  est  vrai, 
déjà  chez  M.  Poinsot  qui  les  a  découverts;  mais,  malgré  la  bienveillance 
avec  laquelle  l'illustre  géomètre  accueillait  ceux  qui  désiraient  les  étudier, 
ces  modèles  n'étaient  pas  à  la  disposition  du  public  :  les  solides  construits 
par  M.  Gourjon  y  seront  entièrement,  car  ils  appartiennent  maintenant  au 
Collège  de  France.  On  sait  que  les  quatre  solides  de  M.  Poinsot  sont,  avec 
les  cinq  polyèdres  réguliers  anciennement  connus,  les  seuls  corps  réguliers 
dont  l'existence  soit  possible.  M.  Cauchy  l'a  prouvé  dans  un  Mémoire  pré- 
senté à  l'Académie  en  1812.  Mais  sa  démonstration,  quoique  rigoureuse, 
exige  une  grande  attention  et  ne  peut  être  suivie  qu'en  s'astreignant  à  véri- 
fier toutes  ses  assertions  sur  les  modèles  en  relief  du  dodécaèdre  et  de  l'ico- 
saèdre  réguliers  de  première  espèce.  Je  proposerai  une  démonstration  qui 
me  semble  plus  facile. 

»  Lemme  I.  —  Des  points  quelconques  étant  donnés  dans  l'espace,  on 
peut  toujours  trouver  un  polyèdre  convexe  dont  les  sommets  soient  pris 
parmi  les  points  donnés,  et  qui  contienne  tous  les  autres  points  dans  son 
intérieur.  Nous  ne  développerons  pas  la  démonstration  de  ce  lemme,  qui  est 
presque  évident. 


(8o) 

»  Lemme  IL  —  Il  ne  peut  pas  exister  de  polyèdre  convexe  dont  chaque 
sommet  soit  la  réunion  de  plus  de  cinq  faces. 

»  Cette  proposition,  corollaire  facile  du  célèbre  théorème  d'Euler,  est 
connue  depuis  longtemps. 

»  Théorème  I.  —  Un  polyèdre  régulier,  de  quelque  espèce  qu'il  soit,  a 
nécessairement  les  mêmes  sommets  qu'un  polyèdre  régulier  convexe. 

»  Les  sommets  d'un  polyèdre  régnlier  sont,  on  le  sait,  situés  sur  une 
même  sphère,  et  tout  polyèdre  convexe  dont  les  sommets  seront  pris  parmi 
ces  points  ne  pourra  par  conséquent  pas  renfermer  les  autres  dans  son  inté- 
rieur; on  en  conclut,  en  vertu  du  lemme  I,  qu'il  existe  un  polyèdre  convexe 
qui  a  pour  sommets  tous  les  sommets  du  polyèdre  régulier  considéré. 

»  Il  reste  à  prouver  que  ce  polyèdre  est  régulier.  Pour  y  parvenir,  consi- 
dérons deux  figures  P  et  Q  égales  entre  elles  et  formées  chacune  par  le 
polyèdre  régujier  considéré  et  par  le  polyèdre  convexe  qui  a  les  mêmes 
sommets  ;  non-seulement  P  sera,  comme  on  le  suppose,  superposable  à  Q, 
mais  la  coïncidence  pourra  être  établie  en  plaçant  un  sommet  arbitraire  de 
Q  sur  un  sommet  désigné  de  P.  De  plus,  deux  sommets  étant  l'un  sur  l'autre, 
la  coïncidence  des  deux  polyèdres  réguliers  qui  font  partie  de  P  et  de  Q,  et 
par  suite  celle  des  figures  totales,  pourra  se  faire  de  trois  manières  au  moins, 
car  aux  sommets  considérés  aboutissent  au  moins  trois  faces  des  polyèdres 
réguliers,  et  la  coïncidence  peut  être  établie  en  posant  sur  l'une  des  faces 
du  premier  l'une  quelconque  des  faces  de  l'autre.  Les  deux  angles  solides  de 
nos  polyèdres  convexes  sont  donc  non-seulement  égaux,  mais  encore  sus- 
ceptibles de  coïncider  de  trois  manières  différentes.  Or,  en  vertu  du  lemme  II, 
ces  corps  solides  sont  trièdres,  tétraèdres  ou  pentaèdres,  et  dans  chacun  de 
ces  trois  cas,  la  triple  coïncidence  serait  impossible  s'ils  n'avaient  les  faces 
égales  et  également  inclinées;  tontes  les  faces  qui  aboutissent  *im  même 
sommet  du  polyèdre  convexe  sont  donc  superposables,  et  comme  la  coïnci- 
dence des  deux  polyèdres  convexes  peut  se  faire  en  plaçant  un  sommet  arbi- 
traire de  l'un  sur  un  sommet  désigné  de  l'autre,  une  même  face  peut  coïn- 
cider avec  celle  qui  lui  est  identique,  et  de  manière  que  deux  sommets 
arbitraires  soient  l'un  sur  l'autre.  On  en  conclut  que  les  faces  sont  des  poly- 
gones réguliers,  et  par  conséquent  le  polyèdre  convexe  remplit  les  trois 
conditions  qui  forment  la  définition  du  polyèdre  régulier,  et  le  théorème 
est  démontré. 

»  Théorème' II.  —  Il  ri'existe  que  quatre  polyèdres  d'espèce  supérieure.  En 
vertu  du  théorème  précédent,  pour  obtenir  les  polyèdres  réguliers  d'espèce 
supérieure,  il  faut  évidemment  prendre  les  polyèdres  réguliers  convexes  et 


(  8,  ) 
procéder  de  la  manière  suivante.  Choisir  un  sommet  sur  l'un  de  ces  polyè- 
dres et  chercher  s'il  existe  d'autres  sommets  qui,  réunis  à  celui-là,  puissent 
former  un  polygone  régulier;  ce  polygone  est  la  seule  face  possible  du 
polyèdre  d'espèce  supérieure  ayant  mêmes  sommets  que  le  proposé.  Le 
nombre  des  polygones  égaux  auxquels  peut  appartenir  un  même  sommet 
sera  le  nombre  des  faces  qui  composent  un  angle  solide  du  nouveau 
polyèdre. 

»■  Il  est  clair  que  cette  construction  appliquée  au  tétraèdre  ne  donne 
rien . 

»  Chaque  sommet  de  l'octaèdre  appartient  à  deux  carrés,  lesquels  ne 
peuvent  évidemment  pas  former  les  faces  d'un  polyèdre. 

»  Chaque  sommet  du  cube  peut  former,  avec  deux  autres  sommets  con- 
venablement choisis,  un  triangle  équilatéral,  et  cela  de  trois  manières  diffé- 
rentes, mais  ces  trois  triangles  appartiennent  à  un  tétraèdre  régulier. 

»  Chaque  sommet  du  dodécaèdre  régulier  peut,  de  trois  manières  diffé- 
rentes, former  des  triangles  équilatéranx  avec  des  sommets  appartenant  à 
deux  des  faces  qui  s'y  réunissent,  mais  les  triangles  ne  feront  pas  un  angle 
polyèdre,  deux  d'entre  eux  n'ayant  jamais  d'arête  commune. 

«  Chaque  sommet  du  dodécaèdre  régulier  peut  également  être  considéré 
comme  le  sommet  de  six  triangles  équilatéranx  dont  les  autres  sommets 
appartiennent  à  des  faces  contiguès  à  celles  qui  contiennent  le  sommet 
donné.  Mais  ces  six  triangles  équilatéranx  sont  les  faces  de  deux  tétraèdres 
réguliers. 

»  Chaque  sommet  du  dodécaèdre  est  enfin  le  sommet  commun  de  trois 
pentagones  réguliers  dont  les  quatre  autres  sommets  appartiennent  au 
même  polyèdre.  Ces  trois  pentagones  ne  forment  pas  les  faces  d'un  angle 
trièdre,  parce  que  d'eux  d'entre  eux  n'ont  pas  d'arête  commune,  mais  les 
pentagones  étoiles  qui  ont  les  mêmes  sommets  forment  un  angle  trièdre,  et 
leur  ensemble,  pour  tout  le  polyèdre,  forme  le  dodécaèdre  régulier  de  qua- 
trième espèce. 

»  Chaque  sommet  de  l'icosaèdre  est  le  sommet  commun  de  cinq  triangles 
équilatéranx  ay;\nt  pour  côtés  les  droites  les  plus  courtes  que  l'on  puisse 
mener  entre  les  sommets  après  celles  qui  forment  les  côtés  des  faces.  Ces 
triangles  forment  l'icosaèdre  de  septième»  espèce. 

»  Chaque  sommet  de  l'icosaèdre  peut  être  considéré  comme  le  sommet 
commun  de  cinq  pentagones  réguliers  de  première  espèce  dont  les  quatre 
autres  sonunets  apjiartiennent  également  à  l'icosaèdre;  ces  pentagones  sont 
les  faces  du  dodécaèdre  de  troisième  espèce.  Enfin  les  mêmes  sommets 

C.  R.,  i858,  j"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  2.)  1  1 


(  8i  ) 
peuvent  être  considérés  comme  appartenant  à  des  pentagones  étoiles  qui 
forment  le  dodécaèdre  étoile  de  seconde  espèce. 

»  Il  n'y  a  donc  en  tout  que  quatre  polyèdres  étoiles  qui  sont  précisément 
ceux  que  M.  Poinsot  a  découverts. 

»  M.  Poinsot,  dans  son  Mémoire  de  1809,  indiquait  comme  bien  vrai- 
semblable la  non-existence  de  solides  réguliers  autres  que  ceux  qu'il  avait 
décrits.  «  S'il  existait,  par  exemple,  disait  M.  Poinsot,  un  nouveau  polyèdre 
»  régulier  dont  les  faces  seraient  au  nombre  de  a8,  et  si  l'on  marquait  les 
»  centres  de  ces  faces,  on  aurait  un  égal  nombre  de  points  distribués  régu- 
»  lièrement  sur  la  sphère.  Or  par  tous  ces  points  comme  sommets  on  pour- 
»  rait  faire  passer  un  polyèdre  entièrement  convexe  suivant  la  définition 

»  ordinaire Mais  on  ne  voit  pas  pourquoi  ce  polyèdre  dont  les  som- 

i>  mets  sont  uniformément  répandus  sur  la  sphère,  ne  serait  pas  un  po- 
»  lyèdre  parfaitement  régulier;  on  aurait  donc  un  polyèdre  régulier  de  la 
»  première  espèce,  dont  le  nombre  des  sommets  ne  serait  pas  un  des  nom- 
»  bres  4,  6,  8,  12,  ao,  ce  qui  a  été  démontré  tout  à  fait  impossible.  » 
[Journal  de  [École  Polytechnique,  10*  cahier,  page  43-) 

»  M.  Poinsot  voyait  donc  clairement,  sans  l'affirmer  d'une  manière  for- 
melle, que  chaque  polyèdre  régulier  d'espèce  supérieure  était  successive- 
ment lié  à  un  polyèdre  régulier  de  première  espèce.  M.  Cauchy  a  prouvé 
l'exactitude  de  cette  assertion  en  prenant  pour  polyèdre  conjugué  d'un 
polyèdre  donné  le  noyau  convexe  formé  par  les  plans  de  ses  faces.  Je  viens 
de  montrer  que  le  polyèdre  convexe  qui  a  les  mêmes  sommets  qu'un  po- 
lyèdre régulier  étoile  est  nécessairement  régulier  :  une  démonstration  toute 
semblable  permettrait  d'établir  rigoureusement  la  proposition  même  énon- 
cée par  M.  Poinsot,  et  de  démontrer  que  les  centres  des  faces  d'un  polyèdre 
régulier  forment  un  polyèdre  régulier,  et  il  ne  serait  pas  difficile  d'en  dé- 
duire une  troisième  preuve  du  théorème  qui  fait  l'objet  de  cette  Note.  » 

AIËMOIRES  LUS. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Réponse  de  M.  Reech  à  la  Note  lue  par  M.  Phillips 

dans  la  dernière  séance. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

«  Dans  la  dernière  Note  de  M.  Phillips,  je  trouve  l'assertion  que  voici  : 
»  On  sait  depuis  longtemps  que  la  coulisse  ordinaire  doit  être  tracée 
»  avec  un  rayon  sensiblement  égal  à  sa  distance  à  l'axe.  » 


(  83  ) 
»  Je  ne  veux  aucunement  discuter  sur  la  part  qui  m'est  faite  par  M.  Phil- 
lips dans  l'établissement  de  la  théorie  de  la  coulisse  de  Stephenson  ;  ayant 
écrit,  à  ce  sujet,  ce  que  je  croyais  devoir  faire  connaître  et  ce  que  je  sais  dé- 
montrer, même  en  ce  qui  concerne  la  détente  variable  peu  satisfaisante,  selon 
moi,  que  le  système  peut  donner,  sans  que  la  coulisse  doive  être  d'une  autre 
forme,  soit  qu'on  veuiHe  faire  cas  d'une  telle  espèce  de  détente,  soit  qu'on 
,n'en  veuille  pas  faire  cas;  je  me  bornerai  à  faire  remarquer  que  la  règle 
énoncée  pour  le  tracé  de  la  coulisse  ne  sera  applicable  qu'autant  qu'on  y 
joindra  une  explication  sur  la  manière  de  mesurer  la  distance  à  l'axe,  dis- 
tance qui,  supposée  prise  à  l'une  des  charnières  de  la  coulisse,  variera  pen- 
dant une  révolution  entière  de  l'arbre,  en  plus  et  en  moins  de  la  commune 
longueur  R  des  bielles,  d'une  quantité  égale  au  commun  rayon  e  des  excen- 
triques, c'est-à-dire  entre  les  limites 

R  -1-  e,     R  —  e, 

et  qui  varierait  en  d'autres  limites,  soit  moins,  soit  plus  écartées  que  celles- 
là,  si  on  devait  la  mesurer  par  une  perpendictilaire  menée  du  centre  de 
l'arbre  sur  une  droite  fixement  attachée  à  la  coulisse. 

»  Je  ne  vois  pas  d'ailleurs  qu'il  soit  possible  de  compléter  la  règle  énon- 
cée, vu  que  dans  ma  théorie,  en  désignant  par 
•    a  A  la  distance  des  excentriques  ; 

R     la  commune  longueur  des  bielles  ou  barres  d'excentrique  ; 

2B  la  distance  constante  des  extrémités  des  droites  R; 

/     la  flèche  de  l'arc  de  la  coulisse  au  point  milieu  de  la  droite  2B 
comme  corde  ; 
je  construis  exactement  et  très-simplement  la  valeur  de  f,  pour  une  cou- 
lisse ordinaire,  au  moyen  d'une  figure  d'après  laquelle  on  doit  avoir 

/=r.-^v/R''-(b-a)^-^VR'-(b  +  a)=. 

»  Cette  expression  de  J  convient  à  la  fois  au  système  non  croisé  et  au 
système  croisé;  elle  ne  dépend  pas  explicitement  du  rayon  e  des  excentri- 
ques; mais  elle  en  dépend  implicitement  en  ce  que,  si  l'on  désigne  par  i[l 
l'angle  compris  entre  les  excentriques,  on  doit  avoir 

A  =  e  sinju,. 

»  Il  est  nécessaire  d'ailleurs  qu'on  ait 

B>  A 

II.. 


(  8/,  ) 

R>B  +  A 

pour  que  le  système  soit  possible  dans  toutes  les  positions  de  l'arbre. 

»  En  désignant  ensuite  par  rie  rayon  d'un  arc  de  cercle  sur  a  B  comme 
corde  avec  J^  comme  flèche,  il  faut  que  j'aie 

B^  =  /(ar-/), 
d'où 


»  Je  me  sers  enfin,  dans  l'exécution,  d'un  arc  de  cercle  tracé  avec  le 
rayon  r,  alors  que  je  ne  veux  pas  prolonger  la  coulisse  jusqu'aux  extrémités 
de  la  corde  2  B. 

»  Quand  je  veux  donner  à  la  coulisse  une  longueur  plus  grande,  je  con- 
çois d'abord  un  arc  de  cercle  tracé  concentriquement  au  précédent  avec  un 
rayon  un  peu  plus  grand  que  r",  la  différence  r'  —  r  devant  être  aussi  petite 
que  le  permettront  les  diamètres  des  charnières  et  du  bouton  de  la  coulisse  ; 
je  trace  ensuite  la  coulisse  avec  un  rayon  r"  à  peu  près  égal  à  /',  la  très- 
petite  différence  de  r'  à  r"  devant  être  déterminée  au  moyen  d'un  procédé 
de  correction  qu'il  serait  trop  minutieux  de  décrire  ici.  » 

PHYSIQUE.  —  IVote  sur  un  Mémoire  intitulé: Théorie  des  propriétés  calorifiques 
et  expansives  des  fluides  élastiques;  par  M.  F.  Reech. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

«  Au  chapitre  I,  je  commence  par  expliquer  les  propriétés  des  deux 
figures  au  moyeu  desquelles  M.  Clapeyron,  dans  son  Mémoire  de  i834 
[Journal  de  l'Ecole  Pol/technique),  est  parvenu,  selon  moi,  à  établir  les  con- 
ditions de  fonctionnement  et  à  représenter  le  maximum  de  force  motrice 
d'une  machine  théoriquement  parfaite,  soit  à  gaz,  soit  à  vapeur,  quelque 
idée  qu'on  veuille  se  faire  d'ailleurs  de  la  chose  désignée  par  le  mot 
chaleur. 

»  J'admets  ensuite,  pour  échapper  aux  conséquences  de  MM.  Carnot  et 
Clapeyron,  que  dans  une  machine  motrice  il  y  a  une  certaine  destruction 
de  chaleur. 

»  En  désignant  par  q'  la  quantité  de  chaleur  fournie  à  une  machine 
motrice  à  une  température  élevée  t'  et  par  q  la  quantité  de  chaleur  rendue 
parla  machine  à  une  température  basse  ï,  je  suis  conduit  logiquement  à 


(  85  ) 
dire  qu'il  serait  possible  de  produire  gratuitemejit  autant  de  travail  qu'on 
voudrait  ou  autant  de  chaleur  qu'on  voudrait,  si  l'aire  S  des  figures  de 
M.  Clapeyron  n'était  pas  susceptible  d'être  exprimée  par  une  relation  de 
l'espèce 

S=:q'r{t')-qT{t)=£'dt£[qT{t)],       .  . 

la  fonction  T  {t)  devant  être  la  même  pour  tous  les  fluides  élastiques  de  la 
nature. 

»  Je  cite  des  faits  d'expérience  qui  tendent  à  faire  admettre  que  la  fonc- 
tion r(«)  doit  être  une  constante  et  que,  par  suite,  on  devra  avoir 


8  = 


q'  —  q 


Je  représente  par 

<p{v,  p)=z  constt,      (p  [v,  p)  z=z  constt', 
(l;(y,  p)  =  constM,      i|;(^i  f)  =  const«,, 

les  équations  des  quatre  courbes  qui  comprennent  entre  elles  l'aire  S  des 
figures  de  M.  Clapeyron.  Je  représente  en  même  temps  par 

,  t/U  Ju 

les  quantités  de  chaleur  q,  q' . 

»  Je  cite  et  je  démontre,  à  ma  manière,  le  théorème  de  M.  Clausius 
d'après  lequel  mes  expressions  de  ç,  q'  sont  trop  générales  et  doivent  être 
remplacées  p§ir  les  relations  plus  simples 

*'«•    ;     (/=  7  («)(«,-«),     q'='^[t'){u,-u), 

la  fonction  ^{f)  étant  supposée  la  même  pour  toutes  les  espèces  de  fluides 
élastiques,  soit  gaz,  soit  vapeurs. 

»  Au  chapitre  IT,  j'observe  que  l'aire  S  des  figures  deM.  Clapeyron  pourra 
être  déterminée  par  voie  d'intégration  au  moyen  des  équations  de  quatre 
courbes  entre  lesquelles  elle  se  trouve  comprise  ;  en  sorte  qu'une  certaine 
condition  devra  être  remplie  pour  que  l'expression  de  l'aire  S  obtenue  de 
cette  autre  manière  ne  soit  pas  contradictoire  avec  la  précédente  expression 
de  l'aire  S. 

»  Je  désigne  par  i  la  quantité  de  chaleur  qui  devra  être  fournie  à  un 
fluide  élastique  pour  que  la  dilatation  du  fluide  se  fasse  le  long  d'une  courbe 
arbitrairement  donnée  sur  l'une  des  ligures  de  M.  Clapeyron. 


(86) 

w  Je  fais  voir  d'abord  qu'on  devra  avoir 

di^=  y[t)du. 

Je  fais  voir  ensuite  que  la  condition  nécessaire  pour  que  les  deux  expres- 
sions de  l'aire  S  ne  soient  pas  contradictoires,  se  réduira  à  ce  que  l'ex- 
pression 

dQ^=y{t)clu  —  kpdv 

soit  une  différentielle  exacte. 

»  Je  "conclus  d'une  simple  inspection  de  cette  équation  que  la  chose  dési- 
gnée par  Q  devra  être  considérée  comme  étant  la  quantité  de  chaleur  propre 
d'un  fluide  élastique. 

»  En  considérant  c,  t,  comme  variables  indépendantes,  je  parviens  à 
former  l'expression  la  plus  générale  de  u  pour  que  dQ  soit  une  différentielle 
exacte  en  v,  t.  J'ai,  par  conséquent,  l'expression  la  plus  générale  de  di, 
et  de  celle-là  je  déduis  successivement  la  chaleur  latente  q  d'un  fluide 
t'iastique,  puis  les  deux  chaleurs  spécifiques  du  fluide;  l'une  a,  à  pression 
constante;  l'autre  b,  à  volume  constant.  Je  détermine  enfin  l'expression  la 
plus  générale  de  Q,  le  tout  au  moyen  d'une  fonction  arbitraire  de  t  et  de 
certaines  intégrales  relatives  à  la  seule  fonction 

f{v,p)=t. 

Or  cette  fonction  est  de  l'espèce 

i^/j  =  C(/3-f  t) 

pour  une  masse  d'air,  et  de  l'espèce 

p  =  Q.{t) 

pour  tout  mélange  de  liquide  et  de  vapeur  saturée  de  ce  liquide. 

»  D'après  les  expériences  de  M.  Regnaidt  l'expression  de  la  chaleur  spé- 
cifique a  d'une  masse  d'air  doit  se  réduire  à  une  constante,  ce  qui  m'oblige 
de  faire 

y[t)  =  <  +  constante  =  Ôq  -h  t. 

a  La  fonction  7  {t)  devant,  d'après  le  théorème  de  M.  Clausius,  être  la 
même  pour  toutes  les  espèces  de  fluides  élastiques,  il  arrive  que  les  expres- 
sions générales  de 

u,     di,     q,     a,     b,     Q, 

se  réduisent  pour  une  masse  d'air  à  un  certain  groupe  d'équations  (Gj)  et 
pour  toutes  les  vapeurs  à  un  autre  groupe  d'équations  (  Vj). 


(  87  ) 
»  Au  chapitre  III,  je  développe  explicitement  toutes  les  équations  du 
groupe  (G2),  puis  au  chapitre  IV,  en  invoquant  cette  expérience  de  M.  Re- 
gnault  qui  consiste  à  faire  communiquer  tout  à  coup  une  capacité  pleine 
d'air  avec  une  capacité  vide  et  à  constater  que  la  température  ne  change 
pas,  je  me  trouve  obligé  de  faire 

ce  qui  me  fait  trouver 

b  =  a  —  kC  =  a{i  ~  n)  =  const. 

Je  dois  faire  en  même  temps,  d'après  M.  Regnault, 

a  =  0,^375. 

J'annonce  que  plus  loin,  au  chapitre  VI,  dans  la  théorie  spéciale  de  la 
vapeur  d'eau,  les  seules  expériences  de  M.  Regnault  me  feront  trouver 

-^  =  434588. 

<>  En  admettant  actuellement  au  chapitre  IV  cette  valeur  de  7»  je  trouve 

6=:fl(i  —  n)  =  0,1702,       «=  0,28338       et       7=1,3954. 

»  On  sait  que,  d'après  les  expériences  de  M.  Dulong,  de  MM.  Clément 
et  Desormes,  et  d'après  la  théorie  du  son  de  Laplace,  le  rapport  àe  a  k  b  sl 
été  trouvé  respectivement  de 

1,421.- -,      1,354- • -5      1,4255. 

»  On  sait  aussi  que  la  valeur  de  7 ,  que  jë  trouve  égale  à  434,88,  a  été 

évaluée  par  M.  Joule  à  424-  Ces  comparaisons  m'ayant  paru  militer  puis- 
samment en  faveur  de  l'exactitude  de  ma  théorie,  je  me  suis  donné  la  peine 
de  la  développer  en  ontier  pour  de  l'air  et  pour  de  la  vapeur  d'eau. 

»  Pour  une  masse  d'air,  on  a  le  long  d'une  courbe  de  l'espèce  <^,  c'est-à» 
dire  dans  une  enveloppe  non  perméable  à  la  chaleur 

et  à  une  constante  près,  qu'il  est  généralement  permis  d'omettre, 


(88) 
ce  qui  fera  trouver  60  calories  seulement  pour  i  mètre  cube  d'air  à  la  pres- 
sion d'une  atmosphère,  quelle  que  soit  la  température. 

»  Au  chapitre  V,  je  développe  les  équations  du  groupe  (Vj)  de  la  théorie 
des  vapeurs.  Je  désigne  par  w  le  volume  d'une  masse  liquide  et  par  W  le 
volume  d'une  égale  masse  de  vapeur  à  l'état  de  saturation.  Je  trouve  que  la 
chaleur  latente  L  doit  dépendre  de  l'équation 

L  =  A(9„  +  0f  (W-vv); 

o  Je  trouve  encore  que,  en  désignant  par  r  la  quantité  de  la  chaleur  qui 
devra  être  fournie  à  une  masse  liquide  de  o  à  ï  et  par  R  la  quantité  de  cha- 
leur qui  devra  être  fournie  à  une  masse  égale  de  vapeur  saturée  de  o  à  f,  il 
est  nécessaire  qu'on  ait 

R=  r  -h  L  —    I 

J   60-ht 

J'établis  ensuite  les  expressions  de  toutes  les  quantités  qu'on  aura  besoin  de 
connaître  dans  la  théorie  des  machines  à  vapeur. 

j>  J'observe  en  terminant  que  si  les  précédentes  expressions  de  R  et  de  L 
n'étaient  pas  d'accord  avec  les  expériences  des  physiciens,  on  devrait,  avant 
de  rejeter  la  théorie,  chercher  à  compléter  par  un  nouveau  terme  le  second 
membre  de  l'équation  fondamentale 

dQ=zy{t)du  —  kpdv  =  ($„  +  t)du  —  kpdv. 

Il  Au  chapitre  VI,  je  me  sers  des  expériences  connues  de  M.  Regnault  sur 
la  vapeur  d'eau  pour  mettre  l'expression  de  L  sous  la  forme 

y  =  (9o  -(-  100)  X  F, 16590, 

puis  en  remplaçant,  comme  précédemment  dans  la  théorie  de  l'air,  la  con- 
stante ôo  par  273,  je  trouve  la  valeur  de  -^  dont  il  a  été  question  plus  haut; 

je  calcule  les  valeurs  de  W  —  w  pour  différentes  valeurs  de  «  ;  je  développe 
encore  l'expression  de  R,  qui  se  réduit  à 

^295^"       R^,_,83a,.logord  ^^ 

Les  valeurs  de  R  étant  négatives  A&  t—o  jusqu'à  t  =  522,73,  il  s'ensuit 
qu'entre  ces  limites,  de  la  vapeur  saturée  ne  pourra  être  diminuée  ou  aug- 
jnenté  de  volume  sans  que,  dans  le  premier  cas,  il  y  ait  surchauffe  et  que, 


(  89  ) 
dans  le  second  cas,  il  y  ait  précipitation.  Je  fais  voir  de  quelle  manière  il 
serait  facile  de  calculer  la  fraction  de  la  masse  entière  qui  se  précipitera 
pour  une  diminution  donnée  de  la  température.  Je  fais  voir  aussi  qu'il 
serait  facile  de  calculer,  numériquement  toutes  les  quantités  qu'on  aura 
besoin  de  connaître  dans  la  théorie  des  machines  à  vapeur  d'eau.  J'annonce, 
en  terminant,  que  je  reviendrai  ultérieurement  sur  cet  ordre  d'applications 
après  que  je  serai  parvenu  à  fonder  aussi  la  théorie  des  machines  à  air  de 
différents  systèmes.  » 
■»  . 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Preuve  de  la  présence  dans  l'atmosphère  d'un  nouveau 
principe  gazeux^  l'oxjgène  naissant;  par  M.  A.  Houzeav.  (Extrait  pai- 
l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Becquerel,  Boussingault, 

Balard.) 

*    «  La  preuve  de  l'existence  de  l'oxygène  naissant  dans  l'atmosphère  me 
semble  reposer  sur  les  faits  suivants  : 

»  I.  L'iodure  de  potassium  neutre,  en  dissolution  dans  l'eau  pure, 
devient  alcalin  quand  ou  l'expose  assez  longtemps,  à  l'abri  du  soleil  et  de 
la  pluie,  au  contact  de  l'air  de  la  campagne. 

»  II.  L'eau  distillée  pure  reste  neutre  quand,  pendant  le  même  temps, 
on  l'expose  comparativement  aux  mêmes  influences. 

»  Donc  l'alcalinité  observée  en  I  n'est  pas  amenée  par  les  émanations 
ammoniacales  ou  les  poussières  alcalines  que  l'air  aurait  déposées  dans 
l'iodure  neutre. 

»  III.  L'iodure  de  potassium  neutre  en  dissolution  dans  l'eau  ne  devient 
pas  alcalin  quand,  pendant  le  même  temps,  on  l'expose,  à  l'abri  du  soleil, 
au  contact  de  l'air  confiné  d'un  appartement  clos  et  inhabité. 

»  Ce  qui  montre  que  l'alcalinité  observée  en  I  n'est  pas  due  à  l'eau 
distillée  employée  pendant  l'expérience,  ainsi  qu'à  une  action  de  l'io- 
dure lui-même  sur  la  matière  du  vase  qui  le  renferme,  ou  sur  les  prin- 
cipes constituants  de  l'air  :  l'azote,  l'oxygène  ordinaire,  l'acide  carbo- 
nique, etc. 

»  IV.  Le  même  iodure  de  potassium  neutre  en  dissolution  dans  l'eau  ne' 
devient  pas  alcalin  quand,  après  l'avoir  mêlé  aux  poussières  que  l'air 
dépose  sur  les  soucoupes  employées  pour  l'expérience,  on  l'expose  de  nou- 

C.  R.,i856,  1"  Sem««re.  (T.  XLVI,  N"  a.)  12 


(  90  ) 
veau,  et  pendant  le  même  temps,  à  l'abri  du  soleil,  au  contact  de  l'air  con- 
finé d'un  appartement  clos  et  inhabité. 

»  D'où  l'on  conclut  que  l'alcalinité  observée  en  I  n'est  pas  le  résultat 
d'une  action  exercée  sur  l'iodure  par  les  poussières  organiques  apportées 
par  l'air. 

»  V.  Des  papiers  réactifs  très-sensibles  de  tournesol  bleu  et  de  tournesol 
rougi  étant  suspendus,  à  l'abri  du  soleil,  sur  les  soucoupes  en  expérience, 
n'ont  jamais  décelé  dans  l'atmosphère  la  présence  d'un  acide  ou  d'un  alcali  ; 
ils  se  sont  au  contraire  complètement  décolorés  à  l'air  libre,  sans  perdre 
leur  couleur  dans  l'air  confiné. 

Il  Ce  qui  confirme  le  résultat  de  l'observation  II  sur  l'absence  dans  l'air 
de  principes  alcalins  par  eux-mêmes  et  de  principes  acides  (i).  En  outre, 
cette  expérience  prouve  qu'il  existe  en  réalité  une  relation  fort  curieuse 
entre  la  destruction  des  teintures  végétales  et  l'apparition  de  l'alcalinité  de 
l'iodure,  ou,  pour  mieux  dire,  une  similitude  de  caractère  entre  l'agent  qui 
décolore  et  l'agent  qui  développe  l'alcalinité  de  l'iodure  sans  être  alcalin 
lui-même.  , 

»  VI.  L'acide  carbonique  en  présence  de  l'air  ne  rend  pas  alcalin  l'io- 
dure neutre,  comme  peut  le  faire  dans  certaines  conditions  l'acide  acétique 
par  exemple  :  car  une  dissolution  d'iodure  de  potassium,  semblable  à 
celle  qui  a  été  employée  dans  les  expériences  précédentes,  est  restée  neutre, 
après  avoir  été  pendant  un  mois  et  demi  en  contact  avec  une  atmosphère 
d'air  contenant  4  pour  loo  d'acide  carbonique  obtenu  par  la  calcination  du 
bicarbonate  de  soude. 

I)  Par  conséquent,  l'alcalinité  de  l'iodure  qui  a  subi  l'infhience  de  l'air 
de  la  campagne  n'est  certainement  pas  le  résultat  de  l'action  de  l'acide 
carbonique  atmosphérique. 

»  VII.  L'iodure  de  potassium  qu'on  a  exposé  à  l'air  de  la  campagne  ren- 
ferme moins  d'iode  qu'auparavant  et  à  celte  perte  d'iode  correspond  à  peu 
près  l'àlcaUnité  signalée  en  I,  c'est-à-dire  une  production  de  potasse  qui  lui 
est  grossièrement  équivalente.  L'iodure  ainsi  modifié  ne  perd  pas  du  reste 
sQii  alcalinité  par  la  chaleur,  comme  le  fait  une  eau  ammoniacale  qu'on 
soumet  à  l'ébullition. 


(i)  Cependant  il  peut  arriver  que  l'air  soit  tantôt  alcalin  et  tantôt  acide  :  j'ai  observé  ces 
propriétés  différentes  dans  la  couche  d'air  qui  lèche  le  sol. 


(  9'  )  .        . 

Conclusion. 

»  Comme  de  tous  les  corps  qui  peuvent  exister  à  la  température  de 
-(-  3o  degrés  il  n'y  a,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  que  l'oxygène  nais- 
sant qui  soit  capable  de  décomposer  l'iodure  de  potassium  avec  production 
de  potasse,  puisque,  dans  les  mêmes  conditions  de  chaleur,  l'oxygène  or- 
dinaire ou  les  corps  oxydants  naturels  ne  jouissent  point  de  cette  faculté  en 
l'absence  des  acides  ou  de  la  lumière  solaire,  il  est  donc  rationnel  d'ad- 
mettre que  c'est  à  l'oxygène  naissant  qu'il  recèle  que  l'air  atmosphérique 
de  la  campagne  doit  sa  propriété  de  rendre  alcaline  une  dissolution  neutre 
d'iodure  de  potassium,  conformément  aux  principes  établis  dans  mon  der- 
nier Mémoire.  D'ailleurs  la  rapide  décoloration  à  l'air  libre  des  papiers  de 
tournesol  confirme  pleinement  cette  manière  de  voir,  puisqu'à  l'exemple  du 
chlore,  l'oxygène  naissant  est  un  décolorant  énergique. 

i>    Ainsi  se  trouve  démontrée  une  vérité  annoncée  par  M.  Schœn- 

bein.  Les  expériences  qui  viennent  d'être  relatées  ont  été  faites  en  i856,  du 
^  9  juillet  au  g  août,  à  cet  endroit  de  Montmorency  appelé  VEimitage.  On 
opérait  avec  l'air  tel  qu'il  circule  à  4  mètres  au-dessus  du  sol.  Elles  ont 
ensuite  été  répétées  au  mois  d'octobre  de  la  même  année  dans  le  parc  de 
M.  Rouart,  à  Laqueue,  village  situé  sur  le  fertile  plateau  de  la  Brie. 

»  Dans  un  autre  Mémoire,  j'indiquerai  le  rôle  important  que  joue  l'oxy- 
gène naissant  atmosphérique  dans  le  phénomène  de  la  nitrification.  Sans 
nul  doute,  c'est  à  lui  qu'il  faut  attribuer,  en  partie  du  moins,  les  anomalies 
^observées  dans  ces  derniers  temps  par  M.  Cloez,  M.  de  Luca  et  M.  Boussin- 
gault  sur  l'apport  des  nitrates  par  l'air;  car  si,  par  une  remarquable  expé- 
rience, M.  Schœnbein  a  fait  voir  que,  sous  l'influence  de  l'ozone  et  d'une 
base  alcaline,  l'azote  de  l'atmosphère  passait  à  l'état  de  nitrate,  j'ai  montré 
de  mon  côté  que  l'ammoniaque  libre  ou  carbonatée  pouvait  subir  de  la 
part  du  même  principe,  et  en  l'absence  de  l'azote  gazeux,  une  nitrification 
non  moiiissingulière.  L'ammoniaque  et  Toxygène  naissant  sont  donc  désor- 
mais dî^lc  principes  naturels  sur  lesquels  doit  se  concentrer  l'attention  des 
chimistes  dont  les  travaux  ont  pour  but  de  trouver  la  source  des  nitrates 
dans  la  nature.  Mais  à  la  connaissance  de  cette  source  est  intimement  liée 
aussi  celle  de  la  cause  productrice  de  l'oxygène  naissant  atmosphérique  lui- 
même,  et  c'est  par  cette  dernière  recherche  que  je  terminerai  l'étude  de  la 
question  dont  je  m'occupe  depuis  plusieurs  années.  » 


12. 


(  9»  ) 


AIÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  un  Supplément  à  un 
Mémoire  sur  le  choléra-uiorbus,  précédemment  adressé  de  l'île  Maurice 
pour  le  concours  du  legs  Bréant,  par  M.  Onésime  Leroy  (  Compte  rendu  de 
la  séance  du  ar  janvier  i856). 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  constituée  eii  Commission 
spéciale  pour  le  concours  du  legs  Bréant.) 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  lui  Supplément  adressé  par 
l'auteur  d'un  Mémoire  reçu  dans  la  séance  du  28  décembre  1857,  et  carac- 
térisé par  la  même  épigraphe  :  Omnis  enim  qui  petit. . . 

MÉCANIQUE.  —  Mémoire  sur  une  nouvelle  théorie  de  la  géométrie  des  masses  et 
sur  celle   des  axes  principaux  d'inertie;  par  M.  J.-N.    Haton   de   la 

GOCPILLIÈRE. 

(Commissaires,  MM.  Duhamel,  Bertrand). 

«  Dans  un  travail  précédent,  j'ai  étudié  la  variation  des  intégrales  1  mxy- 
quand  on  les  rapporte  à  toutes  sortes  de  plans  coordonnés  rectangulaires. 
Je  leur  substitue  d'abord  une  longueur  ).  telle,  que  '  -;^     ,, 

M  P  =  2  2  mxyr. 

«  Théorème  A  :  Par  un  axe  déterminé  il  passe  toujours  un  système  unique 
de  plans  {plans  nuls)  pour  lesquels  s'annule  X.  Il  atteint  à  45  degrés  son 
maximum  (paramètre)  et  varie  dans  l'intervalle  en  raison  inverse  du  ravon 
vecteur  d'une  hyperbole  équilatère. 

»  Considérant  un  faisceau  d'axes  parallèles,  je  distingue  celui  du  centi-e 
de  gravité  et  dans  l'un  de  ses  plans  nuls  deux  axes  focaux  dontja  distance 
au  précédent  est  égale  à  son  paramètre.  —  Théorème  B  :  Le  parai^tre  d'un 
axe  quelconque  est  la  moyenne  géométrique  de  ses  distances  aux  axes  focaux. 
—  Théorème  C  :  Ses  plans  nuls  sont  bissecteurs  de  ceux  qui  le  réunissent  à 
ces  axes. 

»  Passant  aux  axes  concourants,  je  les  coupe  par  une  sphère  qui  ait  pour 
rayon  le  paramètre  de  l'axe  principal  moyen,  et  je  distingue  les  deux  axes 
singuliers  perpendiculaires  aux  plans  cycliques  de  l'ellipsoïde  d'inertie.  — 
Théorème  B':  Le  paramètre  d'un  axe  quelconque  est  la  moyenne  géométrique 


(93) 
des  distances  de  son  pôle  aux  axes  singuliers.  —  Théorème  C  :  Ses  plans  nuls 
sont  bissecteurs  de  ceux  qui  le  réunissent  à  ces  axes. 

y>  Si  nous  groupons  ensemble  les  axes  qui  ont  même  paramètre  :  —  Théo- 
rème D  :  Les  cylindres  de  même  paramètre  ont  pour  directrices  des  lemnis- 
cates  planes  homofocales.  —  Théorème  D'  :  Les  cônes  de  même  paramètre 
ont  pour  directrices  des  lemniscates  sphériques  homofocales.  Pour  la  distri- 
bution des  plans  nuls,  on  a  les  deux  théorèmes  suivants  :  Théorème  E  :  Les 
axes  parallèles  se  répartissent  en  cylindres  circulaires,  tels  que  les  plans  nuls 
de  chaque  génératrice  rayonnent  autour  des  deux  qui  sont  comprises  dans 
Je  plan  focal.  —  Théorème  E'  :  Les  axes  convergents  se  répartissent  en  cônes 
du  second  ordre,  tels  que  les  plans  nuls  de  chaque  génératrice  rayonnent 
autour  des  deux  qui  sont  comprises  dans  le  plan  singulier.  Mais  je  préfère 
comme  plus  simple  le  mode  suivant. 

»  J'imagine  dans  le  plan  mené  perpendiculairement  par  le  centre  de 
gravité,  ou  sur  la  sphère  qui  y  a  son  centre,  des  courbes  mâles,  partout 
tangentes  ou  normales  aux  axes  ou  arcs  nuls  de  leurs  points.  —  Théorème  E  : 
Le  réseau  des  courbes  nulles  planes  est  formé  d'un  système  orthogonal 
d'ellipses  et  d'hyperboles  homofocales.  —  Théorème  F'  :  I^e  réseau  des  cour-, 
bes  nulles  sphériques  est  formé  d'un  système  orthogonal  d'ellipses  et  d'hy- 
perboles sphériques  homofocales.  Par  suite  :  Théorème  G  :  Les  axes  parallèles 
forment  un  réseau  de  cylindres  nuls  du  second  ordre  homofocaux  et  ortho- 
gonaux. —  Théorème  G'  :  Les  axes  convergents  forment  un  réseau  de  cônes 
nuls  du  second  ordre  homofocaux  et  orthogonaux.  Pour  compléter  ces 
•  notions,  j'étudie  la  variation  du  paramètre  le  long  d'une  courbe  nulle.  — 
Théorèmes  H,  H'  :  Le  paramètre  varie  en  raison  inverse  du  sinus  de  l'angle 
que  les  rayons  ou  arcs  vecteurs  focaux  font  avec  la  courbe  nulle.  Pour  les 
courbes  planes  l'image  se  simplifie  encore  :  —  Théorème  I  :  Le  paramètre  est 
égal  au  demi-diamètre  conjugué  de  celui  qui  va  au  point  considéré. 

»  Les  axes  nuls  de  chaque  point  ont,  entre  tous  ceux  qui  y  passent  dans 
le  plan  F  ou  sur  la  sphère  F',  les  moments  d'inertie  maximum  et  minimum. 
Donc,  Théorème  J  :  Les  axes  de  moment  d'inertie  maximum  et  minimum 
dans  un  plan  méfié  par  le  centre  de  gravité  enveloppent  un  double  système 
de  coniques  homofocales.  Pour  les  deux  plans  cycliques  il  se  réduit  à  des 
cercles  concentriques  et  leurs  rayons.  Pour  les  trois  plans  principaux  les 
axes  nuls  sont  principaux,  donc,  Théorème  J,  :  Les  axes  principaux,  dans 
un  des  plans  principaux  du  centre  de  gravité  enveloppent  un  double 
système  de  coniques  homofocales.  De  même.  Théorème  J'  :  Les  axes  de 
nvoment  d'inertie  maximum  et  minimum  tangentiell«ment  à  luie  sphère 


(94) 
décrite  autour  du  centre  de  gravité  enveloppent  un  système  de  coniques 
sphériques  homofocales.  Gomme  d'un  point  au  suivant  la  distance  de  la 
tangente  est  du  second  ordre,  et  comme  la  variation  du  moment  d'inertie 
avec  la  direction  ejst  aussi  du  second  ordre  aux  environs  du  maximum  :  — 
TlïéorèmesK,  K':  Le  moment  d'inertie  relatif  à  la  tangente  est  constant  sur 
chaque  conique  plane  ou  sphérique.  Le  théorème  J  a  été  établi  par  une 
voie  différente  dans  un  Mémoire  remarquable  publié  par  M.  Townsend  sur 
une  théorie  qui  avait  déjà  fait  l'objet  des  travaux  de  Binet  et  de  MM. Thomp- 
son et  Mac-Cullagh.  J'en  établis  le  théorème  fondamental  Sj  d'une  manière 
différente  et  beaucoup  plus  simple,  et  j'y  ajoute  des  propriétés  nouvelles 
qui  me  semblent  offrir  de  l'intérêt. 

»  J'appelle  moment  central,  moment  ou  somme  d'inertie  l'intégrale 
2mr^  rapportée  à  un  point,  un  axe  ou  un  plan.  J'envisage  le  raj-on  central, 
le  rajon  et  le  module  de  gyration  correspondants.  —  Théorèmes  L,  L)>  Lj  : 
Pour  passer  du  centre  de  gravité,  d'un  axe  ou  d'un  plan  arbitraires  qui  y 
passent,  à  un  autre  point,  un  axe  ou  un  plan  parallèle,  il  suffit  d'ajouter  au 
carré  du  rayon  central  du  rayon  ou  du  module  de  gyration  le  carré  de  la 
distance  qui  sépare  les  points  axes  ou  plans  considérés.  —  Théorèmes  M,  M, , 
M,  :  Les  points  de  même  moment  central  forment  des  sphères  concentriques, 
les  axes  parallèles  de  même  moment  des  cylindres  concentriques  et  les  plans 
parallèles  de  même  somme  d'inertie  des  couples  symétriques.  —  Théorèmes 
N,  ]N,,  Na  :  La  loi  qui  relie  la  constante  de  chacune  de  ces  surfaces  à  sa 
distance  au  centre  est  marquée  par  l'ordonnée  d'une  hyperbole  équilalère. 
—  Théorème  O  :  Le  moment  d'inertie  d'un  axe  et  la  somme  d'inertie  du  plan 
mené  perpendiculairement  par  un  plan  fixe  sont  complémentaires,  en  ce 
sens  qu'en  les  ajoutant  ensemble  pour  une  direction  quelconque  on  obtient 
le  moment  central  du  point  fixe.  —  Théorèmes  P,,  Pj  :  Les  axes  et  les  plans 
convergents  qui  ont  même  moment  ou  même  somme  forment  des  cônes  du 
second  ordre  géométriquement  complémentaires  pour  les  valeurs  numéri- 
quement complémentaires.  —  Théorèmes  Qi,  Q2  :  Si  on  porte  sur  les  axes  con- 
vergents des  longuevirs  inversement  proportionnelles  à  leurs  rayons  ou  aux 
modules  des  plans  perpendiculaires,  les  lieux  des  extrémités  forment  deux 
ellipsoïdes  qui  ont  pour  demi-axes  les  inverses  des  rayons  ou  des  modules 
principaux.  —  Théorèmes  R, ,  Rj  :  Si  on  porte  les  rayons  des  modules  eux- 
mêmes  et  qu'on  élève  à  l'extrémité  des  plans  perpendiculaires,  ils  envelop- 
pent deux  autres  ellipsoïdes  qui  ont  pour  demi-axes  les  rayons  et  les  mo- 
dules principaux. 

»  Théorème  Sj  :  Les  plans  principaux  de  tous  les  points  de  l'espace  enve- 


(  95  ) 
loppent  une  série  de  surfaces  du  second  ordre  Loiuoiocales,  qui  out  leurs 
foyers  aux  sommets  de  la  surface  focale  dont  j'ai  parlé  dans  mon  premier 
Mémoire.  —  Théorème  Tj  :  La  somme  d'inertie  relative  au  plan  tangent  est 
constante  sur  chaque  surface.  —  Théorème  S,  :  Les  axes  principaux  envelop- 
pent dans  l'espace  les  lignes  de  courbure  du  système  homofocal.  —  >  Théo-' 
rème  T,  :  Le  moment  d'inertie  relatif  à  la  tangente  est  constant  sur  chaque 
ligne.  —  Théorème  Q,  :  Sur  chaque  ligne  de  courbure  les  plans  nuls  de  la 
tangente  sont  tangents  aux  deux  surfaces  qui  s'y  coupent,  et  le  paramètre 
reste  constant.  —  Théorèmes  U,,  Uj  :  Les  axes  et  plans  principaux  d'un  point 
quelconque  sont  ceux  du  cône  qui  y  a  son  sommet  et  pour  base  constante 
l'ellipse  focale  du  système  homofocal.  —  Théorèmes  ^,,Y»  :  Les  trois  mo- 
ments et  les  trois  sommes  principales  dun  point  quelconque  sont  comprises 
entre  celles  du  centre  de  gravité.  —Théorème  X:  En  tout  point  de  l'ellipse 
focale  et  de  l'hyperbole  ombilicale,  l'ellipsoïde  représentatif  est  de  révolu- 
tion et  a  pour  axe  la  tangente  de  ces  courbes. 

»  J'obtiens  enfin  une  répartition  analogue  pour  les  axes  singuliers.  — 
Théorème  Y  :  Un  axe  singulier  l'est  en  tous  les  points,  et  leurs  seconds 
axes  décrivent  un  hyperboloïde  gauche.  Tous  ces  hyperboloïdes  sont 
homofocaux,  et  forment  l'une  des  trois  séries  des  surfaces  S^.  —  Théo- 
rème Z  :  Pour  toutes  les  tangentes  en  un  point  d'un  de  ces  hyperboloïdes, 
le  carré  du  paramètre  varie  comme  la  courbure  de  la  section  normale.  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.    —   Sur  la  théorie  de  l'action  capillaire; 
par  M.  C.-Alph.  Valson.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Bertrand.) 

«  Dans  deux  Mémoires  présentés  à  l'Académie  le  6  et  le  20  juillet  1867, 
j'ai  étudié  divers  points  de  la  théorie  de  l'action  capillaire  au  double  point 
de  vue  de  l'observation  et  du  calcul.  Dans  le  premier,  j'ai  traité  en  parti- 
culier la  question  des  petits  mouvements  des  liquides  dans  les  tubes  capil- 
laires, ce  qui  m'a  conduit  à  de  nombreuses  conséquences  que  j'ai  vérifiées 
par  l'expérience.  Dans  le  second,  je  me  suis  plus  spécialement  occupé  des 
variations  que  présentent  les  actions  capillaires  des  liquides  quand  leur 
composition  varie  d'une  manière  continue.  Ce  nouveau  travail  a  pour  objet 
de  continuer  ce  dernier  genre  de  recherches;  seulement,  au  lieu  de  partir 
du  phénomène  de  l'ascension  des  liquides  dans  les  tubes  capillaires,  je  prends 
pour  point  de  départ  celui  de  l'adhérence  des  disques  solides  et  des  li* 
quides. 


(96) 

»  Après  avoir  décrit  l'appareil  dont  je  me  suis  servi,  qui  était  fondé  sur  le 
même  principe  que  celui  de  Gay-Lussac,  j'examine  d'abord  les  diverses 
causes  qui  peuvent  influer  sur  le  phénomène.  Je  considère  particulièrement 
l'influence  du  degré  d'aération  du  liquide  et  celle  de  la  température.  Si  on 
opère  avec  de  l'eau  distillée  et  aérée,  on  trouve  un  poids  de  9^*^,97  pour 
séparer  un  disque  en  verre  de  5o  millimètres  de  diamètre;  si  on  opère  avec 
de  l'eau  distillée  et  privée  d'air  par  une  ébullition  prolongée,  on  trouve  seu- 
lement un  poids  de  9*%/i3-  Le  liquide  aéré  donne  donc  un  poids  plus  con- 
sidérable que  lorsqu'il  n'est  pas  aéré. 

»  La  température  diminue  ou  augmente  l'adhérence  suivant  qu'elle  croît 
ou  qu'elle  décroît;  c'est  ce  qui  résulte  d'un  grand  nombre  d'expériences 
faites  entre  17  et  53  degrés.  La  disposition  de  l'appareil  et  la  production  des 
vapeurs  empêchaient  de  dépasser  53  degrés.  Entre  ces  limites,  le  phénomène 
est  représenté  très-sensiblement  par  la  formule  linéaire  : 

y  =  8^'',6o  -)-  0,02377  (49  degrés  —  t), 

f  désignant  le  nombre  de  degrés  comptés  au-dessous  de  49  degrés  et  j-  le 
poids  nécessaire  pour  vaincre  l'adhérence  sn  opérant  sur  l'eau  privée  d'air, 
et  sur  un  disque  en  verre  de  5o  millimètres  de  diamètre. 

»  Je  trouve  aussi  que  le  phénomène  de  l'adhérence  est  modifié  sensible- 
ment par  la  nature  du  liquide  avec  lequel  le  disque  a  eu  précédemment  un 
contact  prolongé,  lors  même  qu'on  a  eu  soin  de  nettoyer  complètement  sa 
surface.  Toutefois  cette  cause  de  variation,  ainsi  que  les  autres,  peuvent  être 
négligées  dans  les  expériences  qui  suivent^  en  ayant  soin  d'opérer  toujours 
avec  le  même  disque  sur  le  même  liquide  et  à  la  même  température. 

»  J'étudie  ensuite  de  quelle  manière  varie  le  phénomène  de  l'adhérence 
quand  on  opère  sur  des  liquides  mélangés  en  diverses  proportions.  On  trouve 
des  différences  essentielles  avec  celui  de  l'ascension  des  liquides  dans  les 
tubes  capillaires.  Ainsi  tandis  que  les  hauteurs  dans  les  tubes  capillaires 
varient  toujours  dans  le  même  sens,  ce  qui  résulte  des  expériences  rappor- 
tées dans  mon  second  Mémoire;  au  contraire,  les  poids  qui  mesurent  l'adhé- 
rence des  solides  et  des  liquides  présentent  des  alternatives  de  croissance 
et  de  décroissance  quand  on  opère  sur  des  mélanges  qui  renferment  une  pro- 
portion déterminée  de  l'un  des  liquides,  et  des  proportions  de  l'autre  de 
plus  en  plus  considérables.  C'est  ce  qui  résulte  d'un  grand  nombre  d'expé- 
riences que  j'ai  faites  à  ce  sujet.  Je  rapporte  en  particulier  celles  qui  sont 
relatives  à  la  potasse,  à  l'alcool  et  à  l'ammoniaque  mélangés  en  diverses 
proportions  avec  l'eau  ;  je  donne  en  même  temps  les  courbes  qui  représen- 
tent graphiquement  les  phénomènes. 


(  97  ) 

»  Je  crois  avoir  montré  que,  même  en  partant  d'hypothèses  très-restreintes, 
on  trouve  uneexpHcation  suffisamment  complète  des  phénomènes.  A  fortiori 
en  serait-il  de  même  si  les  équations  du  problème  étaient  susceptibles  d'être 
analysées  dans  toute  leur  généralité  ;  car,  en  définitive,  les  hypothèses  qui 
ont  été  faites  ne  doivent  être  regardées  que  comme  des  cas  particuliers  du 
problème  général. 

»  Je  dois  à  l'extrême  bienveillance  de  M.  P. -A.  Favre,  professeur  à  la 
Faculté  des  Sciences  de  Marseille,  les  ressources  et  les  appareils  spéciaux 
qui  m'ont  été  nécessaires  pour  mon  travail. 

MÉDECINE.  —  Des  inhalations  médicamenteuses  à  l'aide  d'un  appareil  nouveau 
dans  le  traitement  des  maladies  des  voies  respiratoires;  par  M.  Mayir. 
(Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  J.  Cloquet.)  ^ 

«  La  médication  qui  fait  l'objet  de  cette  Note,  dit  M.  Mayer,  n'est  pas 
nouvelle,  mais  les  applications  qu'on  en  a  faites  jusqu'à  ce  jour  ont  été  si 
restreintes,  qu'elle  n'a  pu  rendre  à  la  pratique  qu'une  faible  partie  des  ser- 
vices qu'il  est  permis  d'en  attendre...  Il  y  a  deux  manières  de  considérer 
hs  inhalations  médicamenteuses  :  comme  traitement  général  et  comme  trai- 
tement local  ;  c'est  de  cette  dernière  seulement  que  je  m'occuperai  dans  la 
présente  Note.  Pour  l'une  et  pour  l'autre,  d'ailleurs,  une  même  cause  me 
paraît  en  avoir  restreint  l'emploi  :  c'est  la  complication  des  appareils  imagi- 
nés pour  l'application  de  la  méthode.  Celui  que  je  propose,  et  dont  je  mets 
un  spécimen  sous  les  yeux  de  l'Académie,  est  d'une  simplicité  extrême  et 
cependant  suffit  parfaitement  pour  remplir  les  diverses  indications  particu- 
lières aux  affections  des  bronches  dont  je  m'occupe  dans  ce  premier  Mé- 
moire. Il  est  évident,  par  exemple,  que  pour  la  toux  symptomatique  de  la 
phlogose,  les  inhalations  devront  être  chaudes  et  émollientes  ;  que  la  toux 
spasmodique  exige  les  inhalations  sédatives  et  narcotiques;  la  toux  avec 
sécrétion  fluide,  les  vapeurs  balsamiques  et  résineuses  à  température  élevée  ; 
la  toux  avec  expectoration  visqueuse  et  dyspnée,  les  vapeurs  stimulantes, 
vinaigrées,  ammoniacales,  généralement  au  degré  de  la  température  am- 
biante. Tout  cela  s'obtient  aisément  avec  mon  appareil  qui  consiste  en  un 
ballon  de  verre  de  la  contenance  de  loo  grammes  environ  de  liquide,  por- 
tant à  la  partie  supérieure  une  tubulure  légèrement  évasée  par  laquelle  le 
médicament  est  introduit,  et  par  laquelle  s'introduit  l'air  extérieur.  Un  peu 
plus  bas  se  détache  un  tuyau  cylindrique  également  en  verre,  long  de  3o  à 

C.  R.,  i85S,  1"  Semei<;e.  (T.  XLVI,  N0  2.)  '^ 


(  g8  ) 

4o  centimètres  et  aplati  horizontalement  à  son  extrémité  libre  pour  s'adap- 
ter à  la  conformation  des  lèvres.  Avec  cet  appareil,  que  l'on  tient  à  la  main, 
et  une  simple  veilleuse,  dans  le  cas  où  les  inhalations  doivent  être  à  une 
température  supérieure  à  celle  de  l'air  ambiant,  on  obtient  aisément  tout  ce 
que  donneraient  des  appareils  plus  compliqués,  et  la  sensation  de  la  main 
permettra  d'apprécier  le  degré  de  chaleur,  degré  que  l'on  règle  d'ailleurs 
en  approchant  ou  éloignant  le  ballon  de  la  source  calorifique.    » 

M.  Velpeau  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Giiill.  Delenda,  une  Note 
intitulée  :  «  Fragment  d'une  locologie  hellénique  ». 

Cette  Note  doit  faire  partie  d'un  grand  ouvrage  que  l'auteur  se  propose 
de  publier  sous  le  titre  de  Médecine  ethnographique,  ouvrage  dans  lequel  il 
montrera  les  différences  que  présentent  les  mêmes  maladies,  suivant  qu'on 
les  observe  en  Grèce,  en  Turquie,  en  Italie,  en  France  ou  en  Allemagne.  La 
persistance  de  ces  caractères  ethnographiques  pendant  une  longue  suite  de 
siècles  ne  peut  être  rendue  plus  évidente  que  par  l'observatiori  faite  dans 
le  pays  où  écrivait  Hippocrate,  des  maladies  décrites  dans  ses  immortels 
ouvrages.  Ainsi,  aujourd'hui  comme  autrefois,  le  type  intermittent  appa- 
raît en  Grèce  dans  une  foule  d'affections  diverses.  Pouvant  en  choisir  de 
nombreux  exemples  que  lui  eussent  fournis  ses  observations,  M.  Delenda  k 
voulu  cette  fois  ne  s'occuper  que  de  l'état  puerpéral,  état  qui,  dans  ce  cli- 
mat, prédispose  singulièrement  à  toutes  les  variétés  des  fièvres  paludéennes, 
et  où  le  quinquina  est  employé  avec  avantage,  même  dans  les  cas  où  la 
périodicité  est  déjà  obscure. 

Le  Mémoire  de  M.  Delenda  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission 
composée  de  MM.  Andral,  Velpeau,  Rayer. 

M.  Giraud-Teulon,  en  présentant  au  concoiu-s,  poUr  le  prix  de  Médecine 
et  de  Chirurgie,  l'ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sur  la  mécanique  animale, 
y  joint,  pour  se  conformer  à  l'une  des  conditions  imposées  aux  concurrents, 
un  résinné  sommaire  des  points  de  fait  ou  de  doctrine  qu'il  considère  comme 
neufs  dans  cette  publication. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  BiLLiARD,  de  Corbigny,  adresse  un  supplément  à  un  Mémoire  sur 
Yozone  présenté  à  l'avant-dernière  séance.  L'auteur  fait  remarquer  que, 
bien  qu'il  eût,    dans  de  précédentes  communicatious,   considéré  l'ozone 


,      '  ■  _(  99  ) 

atmosphérique  par  rapport  aux  développements  des  maladies  épidémiques 

et  particulièrement  du  choléra- iiiorbus,  dans  son  Mémoire  du  28  dé- 
cembre 1857  ''  Reconsidérait  à  un  autre  point  de  vue,  de  sorte  que  ce 
n'était  point  à  la  Commission  du  prix  Bréant  qu'il  avait  l'intention  de  sou- 
mettre ce  travail. 

La  nouvelle  Note  de  M.  Billiard  et  le  Mémoire  auquel  elle  se  rattache 
sont  envoyés  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Becquerel  et 
Pelouze. 

CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  M.  Le  Verrier  communique,  au  nom  de  l' Observatoire 
impérial,  la  suite  des  recherches  de  M.  Yvon  Villarceau  sur  la  V*  comète 
de  1857. 

«  (3n  sait  qu'en  dehors  du  nombre  assez  restreint  de  comètes  à  courte 
période  dont  la  révolution  est  connue,  on  ne  possède  pas  de  résultats  bien 
certains  sur  le  caractère  périodique  ou  non  périodique  de  la  plupart  des 
comètes  dont  on  traite  ordinairement  les  orbites  comme  paraboliques;  et 
poUi'tant,  il  est  extrêmement  intéressant  de  pouvoir  constater  à  l'égard  de 
chaque  comète,  si  elle  appartient  ou  non  à  notre  système  solaire.  I^a  ques- 
tion revient  à  celle-ci  :  L'excentricité  d'une  comète  est-elle  ou  non  supé- 
rieure à  l'unité?  Dans  le  cas  de  la  négative,  l'astre  circule  périodiquement 
autour  du  soleil;  dans  l'autre,  il  nous  arrive  des  systèmes  stellaires  éloignés, 
et  nous  quitte  pour  ne  plus  jamais  revenir  dans  nos  régions.  La  difficulté  de 
la  solution  tient  à  ce  que  les  comètes  ne  nous  sont  visibles  que  dans  une 
partie  relativement  peu  étendue  de  leur  orbite;  mais  on  peut  espérer 
atténuer  cet  inconvénient  en  augmentant  la  précision  des  observations. 
Plusieurs  essais  de  détermination  de  l'excentricité  des  comètes  presque 
paraboliques  ont  été  tentés,  et  l'on  est  parvenu  à  des  résultats  présentant, 
entre  l'excentricité  et  l'unité,  des  différences  un  tant  soit  peu  sensibles;  mais 
a-t-on  pris  le  soin  de  faire  voir  entre  quelles  limites  l'excentricité  peut 
varier  sans  cesser  de  satisfaire  convenablement  aux  observations?  Or,  dans 
la  question  proposée,  ce  point  est  de  la  plus  grande  importance,  puisque, 
si  l'excentricité  peut  subir  une  variation  supérieure  a  sa  différence  avec 
l'unité,  telle  orbite  trouvée  elliptique  se  changera  à  volonté  en  une  orbite 
hyperbolique,  et  perdra  ainsi  le  caractère  de  périodicité  propre  à  l'el- 
lipse. 

I»  M.  Yvon  Villarceau  vient  de  constater  la  périodicité  de  la  V^  comète 

i3.. 


(     lOO    ) 

de  iSS^,  et  est  parvenu  à  fixer  assez  approximativement  la  limite  supérieure 
de  la  durée  de  sa  révolution. 

»  Les  observations  de  cette  comète  faites  à  Paris  par  MM.  Yvon  Villar- 
ceau,  Lépissier  et  Thirion  ont  déjà  été  publiées  dans  les  Comptes  rendus. 
M.  Yvon  Villarceau  a  présenté  en  outre  une  première  et  une  seconde  ap- 
proximation des  éléments  paraboliques  de  l'orbite  de  la  comète,  et  il  a  fait 
ressortir  le  degré  de  ressemblance  des  éléments  de  cette  comète  avec  ceux  de 
la  IIP  comète  de  la  même  année.  La  discussion  des  causes  de  la  simili- 
tude des  deux  comètes  ne  pouvait  être  entreprise  sans  que  préalablement 
on  ne  déterminât  les  éléments  de  chacune  d'elles  avec  toute  la  précision  que 
comporte  l'ensemble  des  observations.  C'est  le  travail  que  M.  Yvon  Villar- 
ceau a  entrepris,  et  la  présente  communication  se  rapporte  uniquement  à 
la  V*  comète  de  iSS^. 

»  Les  éléments  paraboliques  de  cette  comète,  insérés  aux  Comptes  rendus, 
tome  XLV,  page  878,  ont  été  comparés  avec  l'ensemble  des  observations 
que  l'on  a  pu  se  procurer  ;  et,  à  cet  effet,  il  a  fallu  construire  une  éphémé- 
ride  dont  nous  présentons  ici  un  spécimen,  à  cause  de  la  forme  particulière 
qu'on  a  été  obligé  de  lui  donner. 

Éphéméride  de>  position»  g^éoocntriques  apparentes  de  la  V    comète  de  18S7,  calculée  au  moyen  des 
éléments  insérés  aux  Comptes  tendus,  tome  XIiV,  page  378. 


T.  MOYEN 

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de  Paris. 

1857. 

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Août  21,5 

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-1-3,57451 

-1-  6o5,o 

-    4 

-1-79.35,44,8 

-+-3,74240 

-1285 

-  237 

9,82162 

—     ..91 

,2,5 

7.29.34,70 

-t-3 ,683i8 

-1-  375,8 

-166 

-1-80.42.18,8 

-i-3, 34635 

-1987 

—  209 

9,81571 

-  4«.7 

23,5 

8.52.53,29 

-+-3.69524 

-  256,3 

-2l3 

-1-80.44.   1,2 

— 3,3i568 

-2154 

-1-  io3 

9,81104 

—  3:i2 

24,5 

10.  8. 32, 40 

-1-3,60291 

-  602,3 

12 

-1-79.36.10,4 

— 3, 76952 

—  logG 

-+-  237 

9-80772 

—  i<|j 

25,5 

II.  5.27,08 

-1-3,45501 

—  525,3 

H-  63 

-1-77.35.18,6 

-3,92474 

-  958 

-+-  '79 

9,8o58o 

—  o/|6 

26,5 

11.45.12,59 

-t-3, 29589 

—  356,1 

■+-  5i 

-t-75.   i.5o,4 

-3, 994 '7 

—  53i 

■+    107 

9,80534 

-1-     98 

27,5 

12.12.59.11 

-1-3,14552 

-23,, 3 

-+-  33 

-(-72.10.  6,4 

—4,02764 

-  277 

-1-    6Î 

9,8o632 

-H    u',-2 

28,5 

12.32.55,39 

-1-3,00887 

-  i52,3 

-♦-  20 

-1-69.  8.49,8 

—4,04320 

-  119 

+■   44 

9,80874 

■+■  jSi 

29,5 

12.47-42,07 

-1-2,88589 

—    I03,2 

-t-  12 

-1-66.  3.23,6 

—4,04820 

—     16 

-+-   29 

g, 81255 

-+-  ;,i3 

3o,5 

12.58.58,74 

-1-2,77395 

-    7>.5 

-t-    7 

-1-62.57.16,6 

—4,04657 

-+-    54 

-1-    20 

9,81768 

-+-  63.', 

3i,5 

i3.  7.48,3. 

-1-2 ,67336 

—    52,7 

-1-    5 

-1-59.52.57,7 

— 4,04016 

-t-   107 

-t-    >4 

9,82402 

-t-  7/1J 

»  La  nécessité  de  la  forme  adoptée  tient  aux  changements  rapides  du 
mouvement,  tant  en  ascension  droite  qu'en  déclinaison,  dans  la  première 
moitié  de  l'éphéméride.  Si  l'on  se  fût  borné  à  donner  les  différences  des 
divers  ordres,  il  eût  fallu  les  poursuivre,  dans  les  premiers  jours,  jusqu'au 


(   loi   ) 
sixième  ou  septième  ordre,  et  le  mode  ordinaire  d'interpolation  eût  été  à  peu 
prés  impraticable.  (On  s'est  abstenu  de  donner  les  logarithmes  des  coeffi- 
cients des  termes  du  deuxième  et  du  troisième  ordre,  parce  qu'on  s'est  servi 
de  la  règle  à  calcul  pour  calculer  ces  termes.) 

»  Avec  cette  disposition  donnée  à  l'éphéméride,  il  a  été  assez  facile  de 
comparer  plus  de  cent  observations  de  la  V*  comète.  Nous  ne  reprodui- 
rons pas  ici  les  détails  de  la  comparaison  ;  disons  seulement  que  les  diffé- 
rences obtenue' sont  été  groupées  de  manière  à  former  ii  moyennes,  qui 
ont  fourni  les  parties  connues  d'autant  d'équations  de  condition,  tant 
pour  les  ascensions  droites  que  pour  les  déclinaisons,  soit  2a  équations 
en  tout.  Voici  ces  équations  de  condition,  dans  lesquelles  on  désigne  par  âr 
la  correction  inconnue  du  passage  au  périhélie  ;  âq  celle  de  la  distance  péri- 
hélie; ^zf  celle  de  la  longitude  du  périhélie;  â9  la  correction  de  la  longi- 
tude du  nœud  ascendant;  &<p  celle  de  l'inclinaison;  et  (Je  celle  de  l'excen- 
tricité. 1'  I 


ascensions  droites. 


dates:  18o7 
'I.  m.  lit  Paris. 

Août  ■i3,5 

3(),5 
29,5 

Sept.  2,5 
8,5 
il  ,5 
.  1 5,5 
18,5 
■11,5 
îC,5 

Oct.     2,5 


NOMBRE 

des 
obserT. 


Août 

î3,5 

26,5 

^9,5 

lept 

■2,5 

8,5 

11,5 

i5,5 

18,5 

22,5 

:!(),5 

Oct. 

i,5 

10 

7 

8 

12 

10 

10 

4 


7 
8 
10 
12 
6 
8 

9 
10 
10 

4 


6,8 

=-  o,o34  3783 

ir 
sin  r 

-I--  2,597    08 

-h  3,339  84 

il 
sin  1" 

■+-  1,4»!  39  ia  —  2,399  33 

je  +  0,201  23  Sf 

-  o,i33 
-1-  0,194 

"""sin." 

9.» 

—  0,014  3654 

-t-  1,164  78 

-  3,244  85 

■+■  0,527  61 

807 

6,6 

—  o,oo3  0451 

-+-  1 ,770  68 

-+-  0,794  o5 

—  1,648  II 

-4-  0,573  62 

-t-    0,252 

7,',8 

'9.' 

-h  0,004   0640 

-h  1,280  48 

-^  0,469  14 

—  i,o53  86 

-+-  o,55o  3i 

-t-    0,227 

020 

i3,o 

-(-  0,009  0037 

-t-  0,817  53 

+  0,161  84 

—  0,43s  60 

-+-  0,470  3^ 

-+■  o,i53 

294 

.5,2 

+  0,010  4296 

■+-  0,662  57 

-+-  o,o56  91 

—  o,3i3  34 

-t-  0,426  43 

-1-  0,119 

980 

10,5 

-H  0,011   8395 

-+■  o,5i5  72 

—  0,049  06 

H-  0,019  64 

-t-  0,369  95 

-t-  o,o83 

23o 

8,6 

-+-   0,012    6759 

-1-  0,443  43 

—  0,109  48 

-1-  o,i56  60 

-H  o,33o  10 

-t-  0,060 

988 

9.7 

-t-  o,oi3  5891 

-h  0,389  81 

-  0,171  57 

■+-  o,3oi  29 

-+-  0,280  4' 

-H  o,o36 

918 

3,1 

-+-  0,014  2744 

+  0,377  35 

—  0,218  07 

■+■  0,412  99 

H-  0,234  00 

-H  0,017 

448 

i3,8 

-H  0,014  79^3 

-+-  o,4i4  37 

—  0,267  83 

-H  0,536  26 

-h  0,169  '8 

—  o,oo5 

953 

Déclinaisons. 

.',3 

=-l-  O,0l5  3l0I  -: — -„ 
sin  I 

-H  0,878  9.  Jj^„ 

-h  0,373  o3  Svs 

—  0,940  79 

Jfl  -+-  0,393  26  if 

+  o,5oo 

-,2i , 

Mil      I 

0,2 

-1-  o,o35  63 1 5 

—  0,984   24 

-  0,654  34 

-+-  0,998  95 

-H  0,02s  74 

-t-  o,44i 

112 

9,8 

■+■  0,037  0339 

—  1,292  85 

—  0,821  80 

-t-  1,462  97 

—  0,254  43 

+  0,348 

071 

38,4 

-»-  o,o32  9670 

—  1,061  76 

—  0,711  o5 

-)-  i,38o  97 

—  0,465  10 

-f-  0,260 

3-4 

66,5 

-+-  0,024  8498 

—  0,547  97 

—  0,466  21 

-h  0,946  94 

—  0,562  o5 

-+-  o,i59 

367 

70,5 

-¥-  0,021  3823 

-  0,347  39 

—  0,374  67 

-H  0,745  68 

—  0,553  i3 

■+-  0,120 

4oo 

81,5 

-t-  0,017  7435 

—  o,i5o  00 

—  0,290  16 

-t-  o,53i  01 

—  o,5i2  69 

-h  0,079 

Ci[ 

92,7 

-+■  o,oi5  6929 

—  0,042  98 

—  0,249  33 

-t-  0,408  67 

—  0,471  4r 

-t-  o,o56 

'•95 

90,2 

-+-  o,oi3  6764 

-1-  o,o63  38 

—  0,316  34 

-h  0,287  49 

—  0,410  37 

-+-  o,o32 

o35 

85,0 

-t-  0,012  3553 

-+-  o,i44  65 

—  0,199  7^ 

-1-  0,202  95 

—  0,346  91 

-h  0,0l4 

207 

74)2 

■+■  0,010  7919 

^ 

+  0,2^3  01 

—  0,193  79 

-h  0,124  46 

—    0,252    87 

—   0,004 

38i 

(     I02    ) 

Il  Avant  de  présenter  les  valeurs  des  racines  de  ces  équations,  nous  met- 
trons sous  les  yeux  du  lecteur  les  positions  normales  déduites  des  grou|)es  et 
de  l'éphéniénde,  et  le  résultat  de  l'élimination  des  cinq  premières  incon- 
nues; en  y  ajoutant,  sous  le  titre  de  restes,  des  quantités  dont  nous  don- 
nerons bientôt  la  signiBcation. 


T.  M.  DE  PARIS 

ASCENSIONS  DROITES. 

DÉCLINAISONS. 

1 

1837. 

POSIT.  NORMALES 

(èoeenl.  appar 

Nombre 
des 

obserr. 

ÉQUATIONS  RÉSULTANTES 

RESTES. 

POSlT.  NORMALES 

^éocent.  appar. 

Nombre 

dea 
obserr. 

ÉQBATIO.NS  RÉSULTANTES 

RESTES. 

Août  23,5 

h     m     « 
8.52.56,11 

8 

_    3:24  = 

=—0,00195  -: r. 

'       ^    sin  i" 

-1,88 

+8o°43'59''94 

5 

— '7,29= 

.-^0,0.978^;^,,, 

—0,63 

26,5 

11.45.14,96 

8 

—    4.27 

4-0,00024 

H-o ,  I  ;. 

-1-75.    1.50,59 

7 

-9,6i 

-t-0,00942 

—  ,69 

39,5 

12. 47.43,15 

9 

—    3,18 

—0,00008 

—3,25 

-1-66.   3.33,37 

8 

—  6,77 

-1-0,00391 

-4,33 

Sept.    2,5 

13.20.37,92 

12 

-+-i4,36 

— o,oo858 

-l-7,>4 

-1-53.56.45,19 

10 

-+-  4,52 

— o,ooi83 

-t-3,98 

8,5 

13.39.41,75 

10 

-1-13,19 

—0,01662 

—0,81 

-+-38.32  47,99 

12 

+    7,23 

— 0,00539 

-t-2,68 

11,5 

13.44.  0,4. 

7 

+■6,47 

—0,01806 

-1-1,26 

-h32. 18.45,40 

6 

-+-  1,81 

— 0,00612 

-3,34 

1              >5,5 

13.46.55,45 

8 

-+-11,71 

—0,01715 

-2,73 

-1-25.17.54,18 

8 

-h  3,58 

— 0 , 00607 

-1,53 

.8,5 

i3. 47.36,30 

12 

-h  8,64 

—0,01409 

-3,23 

-t-20. 49. 26,23 

9 

-+-  9,9' 

— o,oo5i4 

-t-5,57 

32,5 

13.47.  o,3o 

10 

-t-  6,64 

—0,00608 

-1-1,52 

-M 5  39.  2,58 

10 

M-  2,84 

— 0, 00218 

-^-0,99 

26,5 

13.45.  2,91 

10 

-  4.74 

-(-0,00753 

-(-1 ,60 

-t-ii.  9.38,58 

10 

—  5,43 

-1-0,00349 

-2,48 

Oct.     2,5 

i3.4o  21 ,41 

4 

— 3i,32 

-l-o,o4oo3 

-1-2,38 

-t-  5. 19.  9,52 

4 

-.8,89 

-1-0,01893    ' 

—2.94 

Se 
■  »    Les  valeurs  de  ^ — ^  que  fournissent    les  équations   résultantes   sont 
sin  I      ^  ^ 

—  800",  pour  les  ascensions  droites,  et  —  969",  pour  les  déclinaisons  :  elles 
s'accordent  à  un  dixième  près  de  leur  valeur  moyenne.  L'ensemble  des 
ascensions  droites  et  déclinaisons  conduit  à  —  842".  Ce  dernier  chiffre 
ne  doit  point  être  considéré  comme  exprimant  la  valeur  exacte  de  l'in- 
connue; aussi,  avons-nous  po.sé 


dr 


-  842" 


S'e 


<?'e  désignant  une  quantité  indéterminée,  dont  les  limites  peuvent  seulement 
être  fixées  par  la  considération  que  les  différences  correspondantes  entre 
l'observation  et  le  calcul  n'excèdent  pas  les  erreurs  à  craindre  dans  les 
moyennes  des  groupes  Les  parties  connues  de  ces  différences  ont  été  con- 
signées dans  le  tableau  précédent  sons  le  titre  de  restes  :  pour  les  compléter, 
il  faut  y  joindre  les  termes  correspondants  en  ç3"p,  en  y  changeant  les  signes 


(   >o3  ) 
et  substituant  â'e  à  âe.  Ainsi,  par  exemple,   le  reste  en  ascension  droite 
pour  le  2,5  septembre,  et  qui  répond  à  )a  moyenne  de  douze  observations, 

S' e 
serait  porté  de7",)4  à  8",o  en  faisant  varier  -. — t,->  de  o"  à  -+-  loo";  or,  il 

ne  paraît  pas  admissible  que  l'erreur  de  cette  moyenne  dépasse  8".  Une 
variation  de  —  loo"  porterait  le  reste  en  ascension  droite  du  ;i,5  octobre 
à  6", 4,  erreur  qui  n'aurait  rien  d'inailmissible;  les  limites  ±:  lOo"  répon- 
dent à  des  limites  de  la  variation  de  l'excentricité,  égales  à  ±  o,ooo5. 

«  La  durée  de  la  révolution  que  l'on  obtient  en  faisant  c?'e  =  o  est  de 
i6i8  ans;  et  celles  qui  répondent  aux  limites  précédentes  sont  respective- 
ment de  1969  et  i36o  ans  :  la  limite  supérieure  ne  paraît  pas  susceptible 
d'être  élevée,  tandis  que  rien  ne  s'opposerait  à  un  abaissement  sensible  de 
l'autre  limite.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  les  éléments  que  nous  avons  obtenus 
en  appliquant  à  ceux  qui  nous  ont  servi  de  point  de  départ,  les  corrections 
tirées  de  nos  équations 


Éléments  elliptiques  de  la  y  comète  de  iSSy. 


,(ir 


Excentricité 0,9959179  +S'  e 

Passage  au  périhélie. .  1857,  Septembre  30,90767      — io,^SiS'e        t.  m.  de  Paris. 

Distance  périhélie o,5626i83  +  o,27934.î'e    ^"♦^"  ''■'"  "^^  ' 

Longitude  (lu  nœud  ascendant i4°.56'.43",25  H-   24735"  à' e\      Equin.   moyen 

Longitude  du  périhélie iSg.  49  •  37  ,3o  — 143388     lîV  )  du  i"janv.  1857. 

Inclinaison..    123.57.    7  »68  —    21611     S' e 

d'où 


■  ;  <f\\'j'  t.  l\  yxt:      ■!  t^n  t 


Durée  de  la  révolation  sidérale 16 18  ans  4-  595761  S' c 

»  Il  est  aisé  de  voir  que,  si  l'on  fait  varier  (?'e  entre  les  limites  ci-dessus, 
tous  les  éléments,  à  l'exception  de  la  durée  de  la  révolution,  ne  subirent  que 
des  variations  fort  légères.  " 

»  Lorsqu'on  cherche  comment  ces  éléments  représentent  les  observations, 
on  trouve  que,  sauf  certaines  discordances  très-prononcées  et  que  l'on  doit 
attribuer  à  des  erreurs  dans  la  réduction  des  observations  ou  dans  la  position 
des  étoiles  tirées  des  catalogues,  le  résultat  de  la  comparaison  est  générale- 
ment très-satisfaisant.  Nous  nous  abstiendrons,  pour  le  moment,  de  discuter 
la  valeur  relative  des  observations;  nous  attendrons,  pour  cela,  que  les  étoiles 
de  comparaison  aient  été  déterminées  aux  instruments  méridiens,  ce  qui 
nous  permettra  en  outre  d'employer  les  observations  dont  les  étoiles  de 
comparaison  manquaient  dans  les  catalogues  :  nous  espérons  d'ailleurs  que 


(  io4  ) 

les  astronomes  qui  ont  publié  des  observations  évidemment  fautives,  vou- 
dront bien  en  revoir  la  réduction  et  les  rectifier  s'il  y  a  lieu,  après  que  nous 
les  leur  aurons  signalées. 

»  Lorsque  les  positions  des  étoiles  de  comparaison  auront  été  corrigées 
définitivement,  il  nous  sera  facile  de  reprendre  la  résolution  de  nos  équa- 
tions de  condition,  puisque  les  opérations  numériques  ne  porteront  que  sur 
les  parties  connues.  Peut-être  alors  réussirons-nous  à  restreindre  les  limites 
de  l'indétermination  qui  subsiste  encore  et  particulièrement  dans  la  durée 
de  la  révolution  de  la  comète.  » 

«  P.  S.  Nous  profitons  de  la  circonstance,  pour  rectifier  une  observa- 
tion de  la  V*  comète  de  1857,  publiée  dans  les  Comptes  rendus,  t.  XLV, 
p.  44 '1  celle  du  16  septembre.  Cette  observation  a  été  obtenue  en  em- 
pruntant la  position  de  l'étoile  de  comparaison  au  Catalogue  de  Lalande  : 
la  discordance  de  cette  observation  nous  a  montré  la  nécessité  de  substi- 
tuer à  la  position  de  l'étoile,  celle  que  fournit  le  Catalogtie  de  Rumker, 
sous  le  n°  45oo  et  qui  est 

1867,0:  ^,=  i3l> 46" 98,10;  (D,  =-+-24<>3'25",4. 

On  doit  donc  substituer  à  l'observation  du  ^6  septembre  la  suivante  : 

T.  m.  de  p.       Asc.  droite.       Parallaxe.  DécIiD.  Parallaie.        Comp.     Observ, 

1857,  Sept.  1 6,     7''5i'"i3«,7;   i3'>47«'i3»,oo  -l-(9,6i6):  A;  -t-24oo'4',9  -(-(0,760):  A;     6et5;     Y.V. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sur  l'action  du  cyanhydrale  d'ammoniaque  sur 
talloxane;  par  MM.  A.  Rosing  et  L.  Cbichkoff.  (Extrait.) 

«  On  sait  que  l'acide  urique  sous  l'influence  des  corps  oxygénants  se 
transforme  en  urée  et  en  alloxane  : 

C"  H' Az*H*  +  O' +  H^O»  =  C  0»  Az»H^ -+- C^H* /Vz'O*. 

En  comparant  la  composition  de  l'alloxane  avec  celle  de  l'acide  urique,  on 
voit  que  ces  deux  corps  diffèrent  par  O^  qui  se  sont  misa  la  place  de  CyAzH' 
pour  former  l'acide  urique, 

C*  O*  Az*  H^O*  =  alloxane, 
C'O"  Az'H'.CyAzH*  =  acide  urique. 

»  Le  travail  présent  avait  pour  but  d'effectuer  l'inverse  de  cette  réaction 


(  io5  )  :    , 

ou,  autrement  dit,  de  transformer  l'alloxane  en  acide  urique  en  remplaçant 
O'  par  Cy  AzH*  :  pour  arriver  à  ce  résultat,  nous  avons  essayé  l'action  du 
cyanhydrate  d'ammoniaque  sur  l'alloxane  :  nous  espérions  de  cette  manière 
effectuer  une  élimination  d'eau  aux  dépens  de  l'oxygène  de  l'alloxane,  en 
même  temps  que  le  résidu  de  cyanhydrate  d'ammoniaque  remplacerait  les  O^ 
sous  forme  d'eau, 

G"  O»  Az*  H^  O^  +  Cy  AzH*  =  H=  0="  +  G»  0«  Az''  H*.  Gy  Az  H». 

Nous  étions  guidés  dans  le  choix  de  ce  réactif  par  les  propriétés  de  l'alloxane 
qui  sont  de  céder  facilement  i  atomes  d'oxygène  (alloxantine,  acide  dialu- 
rique)  et  de  transformer  sous  l'influence  de  l'ammoniaque  libre  en  acide 
mécomélique  en  abandonnant  2  équivalents  d'eau, 

G*  O»  Az' H*  +  2AzH»  =  2H«  0»  +  G»  O*  Az»  H*. 

Mais  l'expérience  n'a  pas  répondu  à  notre  attente  basée  sur  ces  consi- 
dérations, au  moins  dans  les  circonstances  dans  lesquelles  nous  nous 
sommes  placés;  au  lieu  d'acide  urique,  nous  avons  obtei.u  un  corps  d'une 
nature,  à  ce  qu'il  semble,  très-complexe  et  dont  la  composition  ne  peut 
être  établie  avec  certitude,  d'après  les  réactions  que  nous  avons  eu  l'oc- 
casion d'étudier  jusqu'à  présent;  nous  en  donnons  plus  bas  la  formule 
qui  correspond  le  mieux  avec  les  résultats  de  nos  analyses  ;  nous  ferons 
observer  toutefois  que  la  vraie  composition  de  corps  aussi  compliqués 
ne  peut  pas  être  établie  avec  certitude,  avant  qu'une  étude  détaillée  d'un 
assez  grand  nombre  de  réactions  n'ait  convaincu  que  sa  formule  ne  peut 
être  simplifiée. 

»  Une  dissolution  d'alloxane  versée  par  petites  portions  dans  une  solution 
de  cyanhydrate  d'amhioniaque  donne  presque  immédiatement  lieu  à  la  for- 
mation d'un  précipité  blanc  et  abondant,  lequel,  vu  au  microscope,  se  pré- 
sente sous  la  forme  de  très-petits  cristaux  enchevêtrés  les  uns  dans  les  autres; 
le  précipité  est  insoluble  dans  l'eau  froide,  se  décompose  presque  complète- 
ment dans  l'eau  bouillante,  et  ne  cristallise  de  nouveau  qu'en  quantités  très- 
minimes  sous  forme  d'une  poudre  douée  d'un  éclat  satineux.  La  potasse  et 
l'ammoniaque  dissolvent  facilement  ce  corps.,  mais  de  celte  dissolution  on 
ne  peut  plus  régénérer  le  précipité. 

»  Trituré  avec  de  la  chaux  éteinte,  il  dégage  une  assez  grande  quantité 

C     R.,  l858    1"  Sem«/re.  (T.  XLVI,  N»  2.  ^4 


(,o6) 

d'ammoniaque.  L'analyse  élémentaire  nous  a  fourni  les  résultats  suivants, 
correspondant  à  la  fonnule  C"  H'"  Az'*  O'"  : 


I. 

11. 

III. 

IV. 

Calcul. 

G  :=  27,68 

27,48 

27,26 

27,00 

28,05 

H=    4,37 

4, .3 

4,01 

3,96 

.4,05 

\Z=:  30,29 

3o,o8 

-    n 

u 

3o,52 

0=      . 

» 

» 

» 

37,38 

100,00 

»  Bouilli  avec  une  dissolution  de  potasse  caustique  jusqu'à  expiilsiou 
complète  d'ammoniaque,  le  précipité  donne  naissance  à  de  l'oxalate.  Deux 
déterminations  quantitatives  nous  ont  montré  que  100  parties  du  précipité 
contiennent  17,5  pour  1 00  de  carbone  qui  se  transforme,  dans  les  conditions 
mentionnées,  en  oxalate,  ce  qui  est  les  f  du  carbone  total  du  précipité. 
Comme  l'alloxane,  dans  les  mêmes  circonstances,  ne  donne  pas  *d'acide 
oxalique,  il  est  plus  que  probable  que  le  précipité  contient  le  groupe  oxa- 
lique :  aussi  le  nommons-nous  oxalane. 

«  Si  on  représente  l'alloxane  comme  un  amide  dérivant  des  acides  car- 
bonique et  mésoxalique,  on  peut  exprimer  l'oxalane  comme  un  amide 
analogue  contenant  outre  les  groupes  carbonique  et  mésoxalique,  encore 
le  groupe  oxalique  : 


Alloxane  =  Az'  1  C'O^  Oxalane  =  Az" 


H" 


»  Nous  ne  nous  hasardons  pas,  d'après  ces  données,  d'expliquer  la 
réaction  qui  a  lieu  entre  l'alloxane  et  le  cyanhydrafe  d'ammoniaque;  seule- 
ment il  nous  semble  que  ce  dernier  corps  n'a  agi  que  par  son  ammoniaque, 
car  le  rapport  du  carbone  et  de  l'oxygène  est  resté  le  même  que  daiis  l'al- 
loxane :  pour  savoir  combien  l'oxalane  contient  d'ammoniaque  à  l'état  salin, 
nous  l'avons  traité  par  l'acide  sulfurique  concentré,  lequel  se  dissout  com- 
plètement; et  en  ajoutant  une  grande  quantit^d'eau,  il  se  forme  un  préci- 
pité d'un  éclat  soyeux,  qui  rappelle  l'acide  urique  dans  les  mêmes  circon- 
stances. 

a  Ce  précipité  se  dissout  à  chaud  dans  une  très-grande  quantité  d'eau,  el 


{  107  ) 

se  précipite  de  nouveau  par  le  refroidissement  ;  l'analyse  de  ce  corps  a  donné 
les  résultats  suivants,  qui  correspondent  à  la  formule  C**H'*  Az"  O"  : 


I. 

II. 

III. 

Calcul. 

C  =  25,25 

35,69 

24,81 

25,09 

H=    3,60 

3,77 

3,66 

3,42 

Az=3i,8 

3., 3 

» 

3i  ,93 

0=     . 

" 

a 

39,55 
100,00 

»  Cette  formule  nous  démontre  que  dans  l'oxalane  il  n'y  a  tout  au  plus 
que  2  équivalents  d'azote  sous  forme  d'ammoniaque,  tandis  que  le  reste  y 
est  probablement  sous  forme  d'amide. 

«  Les  eaux  mères  de  l'acide  sulfurique  étendu,  desquelles  s'est  précipité 
le  corps,  déposaient  après  quelque  temps  de  grands  cristaux  prismatiques 
incolores,  la  quantité  en  est  toujours  relativement  très-petite.  L'analyse  a 
donné  pour  leur  composition  des  nombres  correspondant  à  la  forfnule 
CH'oAz'O"  : 


ii^'^i 


Calcul. 

C  =  3o,9 

31,37 

H=    3,27 

3,26 

Az=  17,15 

17,11 

0=      » 

48,26,;ym. 

100,00 

On  voit  que  cette  substance  présente  la  composition  de  l'acide  diahi- 
rique  plus  3  équivalents  d'eau,  mais  les  propriétés  en  diffèrent  complè- 
tement. 

»  En  faisant  bouillir  le  précipité  C"  H"  Az'*  O"  avec  de  la  potasse 
caustique,  on  trouve  que  sur  22  équivalents  de  carbone,  16  donnent 
lieu  à  la  formation  d'acide  oxalique.  Remarquons  encore  qu'il  y  a  une 
certaine  relation  entre  le  carbone  et  l'azote  de  ce  dernier  corps,  et  ceux 
de  l'oxalane;   en  effet, 

2  X  3o  =  2  X  22  +  16, 
2  X  i4  =  2X  13  -H  4. 

»  En  faisant  bouillir  longtemps  l'oxalane  avec  une  grande  quantité  d'eau, 
on  parvient  enfin  à  le  dissoudre  ;  la  liqueur  évaporée  donne  une  masse 

r4.. 


(  >o8  ) 

cristalline  présentant  une  réaction  acide;  on  la  redissout  dans  de  l'eau 
chaude  et  l'on  recueille  ce  qui  cristallise  en  premier  lieu.  Une  étude  com- 
plète de  ces  derniers  cristaux  nous  a  montré  qu'ils  ne  sont  que  de  l'oxa- 
lurate  d'ammoniaque,  tandis  que  les  eaux  mères  contiennent  de  l'oxalate 
d'ammoniaque  neutre  et  acide  (*).  » 

M,  Dumas  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  de  M.  Loutsoudie. 

«  Le  sulfure  de  carbone  est  employé  comme  dissolvant  pour  l'extraction 
et  la  purification  de  différents  carbures;  et,  grâce  à  sa  grande  volatilité, 
il  n'y  laisse  aucune  trace  d'odeur  ni  de  saveur.  J'ai  pensé  que  l'on  pourrait 
mettre  à  profit  ses  propriétés  pour  l'extraction  directe  des  huiles  d'olive 
ou  pour  leur  purification.  J'ai  la  satisfaction  de  vous  annoncer  qu'après 
des  expériences  plusieurs  fois  répétées,  je  suis  arrivé  à  un  bon  résultat.  En 
me  servant  du  sulfure  de  carbone,  purifié  préalablement  par  l'acétate  de 
plomb,  j'ai  purifié  de  l'huile  d'olive.  L'huile  ainsi  purifiée  possède  une 
couleur  franche  et  sa  saveur  ordinaire.  « 

M.  Collet  adresse  une  Note  sur  quelques  expériences  qu'il  a  faites  et 
d'après  lesquelles  il  suppose  que,  dans  certains  cas,  on  distingue  mieux  la 
forme  des  objets  éloignés  en  les  voyant  par  réflexion  dans  un  miroir  plan 
qu'en  les  regardant  directement. 

M.  Babinet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  être  renvoyée  à  l'examen  d'une 
Commission. 

M.  Latovche  adresse  une  Notice  sur  un  procédé  qu'il  a  imaginé  pour  la 
mise  à  l'eau  des  grands  navires. 

M.  Duperrey  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 


(*)    C"H"Az"0"-M3B'0'=:C'0»Az'H'AzH'-f-5C'0'^'Az'H»+C*0'H'Azff 
Ozalane.  Oxalurated'amm.  Oialurate  neutre.        Oxalate  acide. 

Cette  méthode  de  préparer  l'acide  oxalurique  nous  semble  préférable  à  l'ancienne. 


(  I09  ) 

M.  E.  Trouilcet,  qui  avait  précédemment  présenté  une  Note  sur  un  nou- 
veau procédé  pour  la  culture  de  la  vigne,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
hâter  le  travail  de  la  Commission  à  l'examen  de  laquelle  cette  Note  a  été 
renvoyée.  ^ 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Boussingault, 
Decaisne,  Peligot.) 

M.  Poulet  adresse  une  Lettre  relative  à  sa  Note  du  28  décembre  dernier 
concernant  un  procédé  pour  assurer  une  abondante  récolte  de  fruits. 

(Renvoi  aux  Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Brongniart,  Decaisne.) 

A  5  heures  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  F. 


■H-m 


(    >>o) 


BULLETIN     BIBLIOr.BAPIIIQl'E. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  ii  janvier  i858,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  jjar  M.  3.  Decaisne;  12*  livraison;  in-4"^. 

Traité  d'électricité  théorique  et  appliquée;  par  M.  A.  DELA  Rive  ;  t.  III. 
Paris,  i858;  in-8°. 

Principes  de  mécani<jue  animale,  ou  Etude  de  la  locomotion  chez  l'homme  et 
les  animaux  vertébrés  ;  par  M.  Félix  Giraud-Teulon.  Paris,  i858;  1  vol. 
in-8°.  (Adressé  au  concours  Montyon,  Médecine  el  Chirurgie.) 

Monographie  du  tabac ,  compienant  l'historique ,  les  propriétés  thérapeutiques, 
physiologiques  et  toxicologiques  du  tabac  ;  par  M.  Ch.  Fermond.  Paris,  iHS^  ; 
I  vol.  in-a". 

Rapport  sur  tes  travaux  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier  pendant 
l'année  scolaire  i856-i857;par  M.  Paul  Gervais.  Montpellier,  1867;  i  feuille 
in-8°. 

Traitement  médical  des  affections  calculeuses.  Note  dédiée  à  la  Faculté  de  Mé- 
decine de  Paris  ;  par  M .  Hippolyte  Landois.  Paris,   1857;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  impériale  d'Emulation  d'Abbeville,  1852-1857.  Ab- 
beville,  1857;  1  vol.  iii-S". 

Calcoli. . .  Calculs  el  observations  servant  de  base  à  la  découverte  d'un  moyen 
pour  l'impulsion  et  la  direction  des  aérostats;  par  M.  G.  CoNTANA;  brochure 
in-8". 

Magnetische...  Observations  météorologiques  et  magnétiques  faites  à  l'obser- 
vatoire de  Prague,  du  1"  janvier  au  3r  décembre  i856;  17*  année.  Prague, 
i857;in-4°. 

"Vier  und...  Trente-quatrième  Rapport  armuel  de  la  Société  patriotique  de 
Silésie  pour  l'année  i856.  Breslau  ;  in-4°. 

Grundzùge.. .  Esquisse  d'une  climatologie  de  la  Silésie,  publiée  sous  les  aus- 
pices de  la  Société  de  Silésie;  par  M.  le  D'  J.-G.  Galle.  Breslau,  1837;  in-4"- 


(  III  ) 


ERRATA. 

(Séance  du  4  janvier.) 

Page  58,  troisième  ligne  en  remontant,  au  lieu  du  paragraphe  qui  commence  à  cette  ligne 
et  de  celui  qui  s'y  rattache,  page  Sg,  lisez  ce  qui  suit  : 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  écrit  en  allemand  et  en  français,  et  ayant  pour  titre 
«  Recherches  sur  la  germination  des  champignons  » .  Ce  travail,  qui  est  considérable  et  ai  com- 
pagne de  planches  nombreuses,  est  destiné  au  concours  ponr  le  grand  prix  de  Sciences  phy- 
siques de  1857,  et  porte  pour  épigraphe  :  In  parvis  copia.  Comme  le  manuscrit  était  arrivé 
avant  le  3i  décembre  iSS^,  jour  de  la  clôture  du  concours,  il  eût  été  réservé  pour  l'examen 
de  la  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  ;  mais  par  une  Note  placée  en  tête  de  la  première 
feuille  l'auteur  demande  que  son  Mémoire,  s'il  n'obtient  pas  le  prix,  lui  soit  renvoyé  au  nom 
et  à  l'adresse  indiqués  dans  le  pli  cacheté  annexé  à  son  Mémoire  ;  or,  d'après  un  des  arti- 
cles du  Règlement  de  l'Académie,  toutes  lies  pièces  qui  ont  été  jugées  par  une  Commission 
doivent  i-ester  dans  les  archives  et  les  auteurs  sont  seulement  autorisés  ,  s'ils  le  deffiandent, 
à  en  faire  prendre  copie.  L'auteur  du  Mémoire  en  question  sera  donc  averti  par  le  présent 
acticle  qu'il  doit  se  conformée  à  cette  condition  ou  renoncer  à  concourir. 


-O-Irsm- 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  18  JANVIER  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUÎVICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Payen  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  son  «  Rapport 
sur  les  substances  végétales  et  animales,  fait  à  la  Commission  française  du 
Jury  international  de  l'Exposition  imiverselle  de  Londres  » . 

ASTRONOMIE.  —  M.  Le  Verrier  présente  à  l'Académie  le  IIP  volume 
des  Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris  (i). 

«   Le  IIP  volume  de  nos  Annales  comprend  deux  Parties  : 

»  La  première,  due  à  M.  Yvon  Villarceau,  traite  de  la  Détermination  des 
orbites  des  planètes  et  des  comètes. 

»  Dans  la  seconde  Partie,  M.  Le  Verrier  présente  trois  nouveaux  chapi- 
tres, XI,  XII,  XIII,  des  Recherches  astronomiques. 

»  M.  Yvon  Villarceau,  dans  son  Mémoire,  s'est  surtout  attaché  à  exposer 
des  méthodes  pratiques  et  à  faire  connaître  leur  application  aux  différents  cas 
qui  se  présentent  habituellement  en  astronomie.  Son  travail  contient  un  ex- 
posé complet  des  méthodes  fondées  sur  l'emploi  des  dérivées.  Les  coordon- 

(i)  Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  publiées  par  U.-J.  Le  Verrier,  directeur  de 
l'Observatoire.  — M.  Mallet-Bachelier,  imprimeur-libraire,  quai  des  Augustins,  55.  —  iSSt. 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  5.)  l5 


(  U.4  ) 

nées  observées  qu'il  développe  en  séries  sont  les  longitudes  et  latitudes 
quand  la  distance  à  l'écliptique  n'est  pas  trop  forte  ;  mais  lorsque  l'astre  passe 
trop  dans  le  voisinage  du  pôle  de  l'écliplique,  le  mouvement  en  longitude  est 
variable,  et  alors  M.  Yvon  Villarceau  substitue  au  plan  de  l'écliptique  un 
plan  qui  lui  est  perpendiculaire,  et  fait  usage  des  coordonnées  rapportées  à 
ce  plan.  (La  V*  comète  de  iSS^  a  nécessité  l'emploi  de  ces  coordonnées.) 

»  Quand  on  a  obtenu  une  première  approximation  des  éléments  de  l'or- 
bite et  qu'on  se  propose  d'en  obtenir  une  seconde,  soit  en  employant  de 
nouvelles  observations,  soit  afin  de  tenir  compte  des  aberrations  et  paral- 
laxes négligées  dans  la  première,  on  est  conduit  à  corriger  les  valeurs  des 
dérivées  correspondantes  à  la  première  approximation  et  à  recommencer 
les  calculs  avec  les  dérivées  corrigées  :  ce  procédé  a  cela  d'avantageux  qu'il 
ne  nécessite  pas  l'emploi  de  nouvelles  formules  :  et  si  de  nouvelles  obser- 
vations indiquent,  au  bout  de  quelques  semaines  ou  de  quelques  mois,  la 
nécessité  de  procéder  à  une  troisième  approximation,  il  est  toujours  avan- 
tageux de  continuer  l'emploi  des  mêmes  méthodes,  à  moins  que  la  seconde 
approximation  obtenue  ne  soit  assez  grande  pour  permettre  l'emploi  des 
équations  de  condition. 

»  Pour  guider  dans  l'application  de  ses  formules,  M.  Yvon  Villarceau 
présente  trois  exemples.  Le  premier  qu'il  a  choisi  est  celui  de  la  IF  comète 
de  185^  découverte  par  M.  Bruhns,  de  Berlin.  Neuf  observations  embras- 
sant tjn  intervalle  de  i5  jours  ont  suffi  pour  déterminer  la  durée  de  la 
révolution  de  cette  comète,  qui  est  périodique  et  identique  avec  celle  de 
Bruhns,  à  moins  d'une  demi-année  près.  Les  mêmes  observations  ont  fourni, 
dans  une  seconde  approximation,  la  durée  de  la  période  à  quelques  jours 
près. 

»  Le  second  exemple  est  relatif  à  la  planète  (w)  découverte  par  M.  Gold- 
schmidt.  On  a  choisi  à  dessein  une  orbite  très-peu  approchée  et  l'on  s'est 
proposé  d'en  corriger  les  éléments  en  employant  l'ensemble  des  observations 
au  nombre  de  88  qui  ont  été  groupées  en  1 5  positions  normales.  On  :; 
obtenu  de  cette  manière  des  éléments  dont  les  erreurs  ont  été  au-dessous 
de  a'  pour  les  ascensions  droites  et  i5"  pour  les  déclinaisons  :  une  seconde 
approximation,  rapidement  obtenue,  a  réduit  les  erreurs  à  moins  de  o%4*J 
et  4",5. 

»  Pour  montrer  que  les  niênxes  méthodes  s'appliquent  encore  avec  suc- 
cès au  cas  où  l'on  emploie  le  nombre  d'observations  théoriquement  néces- 
saire, et  donner  en  même  temps  un  exemple  de  calcul  d'une  orbite  parabo- 
lique, M.  Yvon  Villarceau  a  choisi  la  III*  comète  de  1857  :  il  a  fait  usage 


de  trois  observations  comprenant  un  intervalle  de  2  jours  seulement;  les 
éléments  obtenus  jouissent  de  toute  l'exactitude  que  comportent  les  données. 
A  l'occasion  de  cette  comète,  dont  le  mouvement  est  rétrograde,  M.  Y  von 
Villarceau  insiste  sur  la  convenance  qu'il  y  aurait  à  ce  que  tous  les  astronomes 
fissent  usage  des  conventions  usitées  dans  le  mouvement  direct,  ce  qui  per- 
mettrait d'employer  les  mêmes  formules  dans  les  deux  cas  et  ferait  dispa- 
raître les  dissemblances  apparentes  que  l'on  rencontre  dans  la  position  du 
périhélie  et  l'inclinaison  lorsque  l'on  compare  des  éléments  établis  avec  ou 
sans  distinction  de  sens  lélroyrade. 

»  M.  Yvon  Villarceau  termine  son  Mémoire  par  l'exposé  d'un  procédé 
graphique  pour  la  résolution  de  l'équation  des  comètes,  procédé  qui  a  l'a- 
vantage de  mettre  en  évidence,  au  moyen  de  la  superposition  de  deux 
courbes  tracées  une  fois  pour  toutes,  le  nombre  et  les  valeurs  approchées 
des  racines  que  l'on  doit  considérer.  (Jj'une  de  ces  courbes  a  été  employée 
par  l'auteur  dans  la  résolution  graphique  d'une  suite  de  questions  relatives 
à  l'équilibre  des  voiites,  Revue  de  L  Arctiitecture  et  des  Travaux  publics.) 

»  Nous  ne  présenterons  qu'un  court  aperçu  des  matières  comprises  dans 
les  trois  nouveaux  chapitres  des  Recherches  astronomiques. 

»  Le  chapitre  XI  est  consacré  par  M.  Le  Verrier  à  la  théorie  de  la 
comète  périodique  de  1770,  sur  laquelle  les  recherches  de  Burckhardt  et 
de  Clausen  avaient  laissé  beaucoup  à  faire. 

»  On  sait  que  depuis  son  apparition,  en  1770,  cette  comète  est  passée  dans 
le  voisinage  de  Jupiter,  et  si  depuis  lors  on  ne  l'a  pas  vue,  ou  doit,  sans  doute, 
l'attribuer  aux  perturbations  considérables  qu'elle  a  éprouvées  en  1778. 

')  L'examen  qu'on  avait  fait  de  la  nature  et  de  l'étendue  de  ces  perturba- 
tions n'était  pas  suffisant,  en  ce  qu'on  avait  opéré  comme  si  la  route  de  la 
comète,  dans  le  voisinage  de  Jupiter,  eût  été  parfaitement  connue,  tandis 
qu'en  réalité  on  ne  sait  pas  si  la  comète  est  passée  en  deçà  ou  au  delà  du 
système  des  satellites  de  Jupiter,  ou  par  tout  autre  chemin  intermédiaire. . 

.)  Dans  la  solution  donnée  par  M.  Le  Verrier  il  est  tenu  compte  de 
toutes  les  causes  d'incertitude.  Les  éléments  de  toutes  les  orbites  dans 
lesquelles  la  comète  a  pu  se  mouvoir  ;iprès  avoir  échappé  à  l'action  de 
Jupiter,  sont  présentés  dans  une  table  qui  servira  aux  astronomes  à  re- 
connaître la  comète  de  1  770  si  elle  venait  à  reparaître,  et  cela  nonobstant 
la  dissemblance  complète  des  nouveaux  éléments  avec  les  éléments  primi- 

te:l»      tifs- 

*^''        »  Il  se  pourrait  en  toute  rigueur  que  la  comète  fût  devenue  hyperbo- 

i5.. 


(1.6) 
lique  par  l'action  de  Jupiter.  Il  est  plus  probable  que  la  durée  de  la  révo- 
lution aura  été  simplement  augmentée,  et,  dans  ce  cas,  plus  il  se  sera  écoulé 
d'années  depuis  1770,  plus  nous  aurons  de  chances  d'observer  le  retour  de 
la  comète. 

»  Un  telle  observation  aurait  assurément  un  haut  intérêt,  et  il  est  permis 
d'espérer  qu'on  en  pourrait  tirer  des  conclusions  importantes  relativement  à 
divers  points  de  la  constitution  du  système  planétaire.  Ce  sera  pour  les 
astronomes  un  nouveau  motif,  s'il  en  avait  été  besoin,  de  persévérer  dans 
cette  recherche  attentive  des  comètes  à  laquelle  ils  se  sont  livrés  depuis  un 
certain  nombre  d'années. 

»  Dans  le  chapitre  XII,  M.  Le  Verrier  traite  de  la  construction  des  tables 
astronomiques,  et  il  expose  plus  particulièrement  la  forme  qu'il  a  donnée 
aux  tables  et  qui  permet  d'arriver  à  la  valeur  des  coordonnées  des  astres 
en  faisant  usage  du  temps  pour  seul  argument;  il  fait  remarquer  que  par 
cette  voie ,  l'ascension  droite  du  soleil ,  abstraction  faite  des  perturba- 
tions, s'obtient  aussi  rapidement  qu'un  logarithme  dans  une  table  à  10  déci- 
males. 

»  Les  perturbations  elles-mêmes  n'échappent  point  à  la  méthode  et 
peuvent  se  réduire  en  tables,  valables  pour  une  très-longue  durée  de  temps, 
dans  lesquelles  la  perturbation  totale  s'obtient  immédiatement. 

»  Le  chapitre  XIII  est  consacré,  dans  sa  première  partie,  à  la  discussion 
des  passages  des  étoiles  fondamentales  à  la  lunette  méridienne  deGreenwich 
depuis  1765  jusqu'en  i83o,  en  tant  que  ces  passages  sont  nécessaires  pour 
fixer  l'état  de  la  pendule  aux  époques  des  observations  du  soleil,  de  la  lune 
et  des  planètes,  observations  dont  il  sera  fait  usage  dans  les  chapitres  ulté- 
rieurs. Les  passages  d'étoiles  ainsi  discutés  sont  au  nombre  de  i5ooo  en- 
viron. 

»  Dans  la  seconde  partie  du  chapitre,  et  dans  le  même  but,  sont  discutés 
2000  des  passages  des  étoiles  fondamentales  observées  à  Kœnigsberg  depuis 
181 4  jusqu'en  i83o. 

»  Ainsi  qu'on  peut  le  voir,  les  chapitres  XII  et  XIII  ont  pour  but  de 
préparer  les  matériaux  qui  serviront  dans  les  théories  particulières  du  soleil 
et  des  planètes.  Sous  ce  rapport,  on  pourrait  s'étonner  de  ne  voir  figurer 
ici  aucune  des  observations  méridiennes  faites  à  l'Observatoire  de  Paris,  à 
partir  de  l'année  1800,  si  nous  ne  disions  que  ces  observations  sont  l'objet 
d'une  discussion  spéciale,  dont  les  résultats  commenceront  très-prochaine- 
ment à  paraître,  l'impression  du  premier  volume  touchant  à  sa  fin.  » 


(«'7) 

t 

M.  Bertrand  répond  à  une  objection  qui  lui  a  été  adressée  à  l'occasion 
de  sa  dernière  communication.  On  lui  a  reproché  d'avoir  attribué  à  M.  Poin- 
sot  la  découverte  des  quatre  polyèdres  réguliers  d'espèce  supérieure.  Deux 
de  ces  polyèdres  sont  dessinés  et  décrits  dans  des  ouvrages  antérieurs;  cela 
est  parfaitement  exact.  On  peut  voir  dans  les  Harmonices  mundi,  de  Kepler, 
page  i8a  (i),  un  dessin  très-bien  fait  du  dodécaèdre  de  seconde  espèce; 
mais  Kepler  et  les  auteurs  qui  ont  parlé  de  ces  polyèdres,  antérieurement  au 
Mémoire  de  M.  Poinsot,  n'ont  jamais  soupçonné  qu'ils  fussent  réguliers  :  ils 
les  considéraient  comme  formés  par  soixante  faces  triangulaires  et  non  par 
douze  pentagones  réguliers  ;  ils  n'ont  pas  plus  de  droits  à  être  cités  dans 
l'histoire  de  la  découverte  des  polyèdres  régvdiers,queTobie  Mayer  et  Brad- 
ley  n'en  ont  à  la  découverte  d'Uranus,  qu'ils  avaient  aperçu  longtemps  avant 
Herschel,  mais  en  le  prenant  pour  une  étoile. 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre 
qui  lui  est  adressée  par  M.  de  Verneuil: 

«  Naples,  6  janvier  i858. 

»  Le  Vésuve,  en  ce  moment,  vomit  des  torrents  de  vapeur  par  deux 
B  bouches,  l'une  au  centre  du  plateau  et  l'autre  au  pied  d'un  petit  cône 
»  placé  à  l'est.  La  première  fumerolle  est  la  plus  considérable  :  c'est  une 
»  espèce  de  gouffre  de  5o  mètres  environ  de  diamètre,  entouré  de  trois  émi- 
»  nences  coniques.  Les  vapeurs  s'échappent  d'un  orifice  qui  ne  paraît  pas 
»  avoir  plus  de  8  mètres  de  diamètre  :  elles  sortent  d'une  manière  continue 
»  et  aussi  par  jets  plus  violents  qui  entraînent  des  fragments  de  roches. 
»  Je  me  suis  avancé  jusqu'au  bord  du  précipice,  et,  quand  une  plus  forte 
»  explosion  se  faisait  et  dégageait  la  cheminée,  je  voyais  des  vapeurs  rouges 
»  que  j'aurais  certainement  prises  pour  des  flammes  ondoyantes,  s'il  ne 
»   paraissait  bien  établi  que  ce  n'est  là  qu'une  illusion. 

»  Il  y  a  trois  semaines  environ  que  le  Vésuve  a  encore  donné  trois 
»  coulées  de  laves  dans  l'Atrio  del  Cavallo.  C'est  par  une  de  ces  coulées 
»  (la  plus  étroite)  que  l'on  monte  actuellement.  Si  le  versant  du  cône  qui 
')  regarde  la  Somma  se  couvrait  de  scories  comme  celui  qui  fait  face  à  l'ob- 
»  servatoire  Palmieri,  la  descente  ne  pourrait  plus  se  faire  par  les  cendres 
»  et  deviendrait  difficile. 

»  La  Punta  del  Palo  ne  peut  plus  se  distinguer  du  reste  du  plateau.  Les 


(i)  Édition  de  1619. 


f  ii8  ) 
»  petits  cônes  qui  entourent  la  bouche  centrale  ne  me  paraissent  guère 
»  avoir  plus  de   i5  mètres  au-dessus  du    plateau.   J'ai   pu  en  faire  tout 
»  le  tour.   » 

»  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  fait  ensuite  remarquer  combien  le  plateau 
supérieur  du  Vésuve,  tel  qu'il  est  décrit  par  notre  savant  confrère,  diffère 
de  ce  qu'il  était  en  i855  et  i856;  de  ce  qu'il«était,  en  particulier,  lorsqu'en 
août  1 856  il  eut  l'occasion  d'en  lever  le  plan  topographique,  avec  le  con- 
cours de  M.  G.  Bornemann.  A  cette  époque,  le  plateau  était  encore  dominé 
par  la  Punta  del  Palo  et  surtout  par  la  Pointe  de  i85o  :  et  le  centre  en  était 
occupé  par  une  vaste  excavation  circulaire,  de  1 56  mètres  de  profondeur, 
au  fond  de  laquelle  avaient  lieu,  à  de  courts  intervalles,  de  très-petites 
éruptions.  Aujourd'hui,  non-seulement  le  sol  du  plateau  est  sensiblement 
au  niveau  de  la  Punta  del  Palo,  mais  il  supporte  trois  petits  cônes  qui 
dominent  sans  doute  cette  pointe,  et  les  laves  sorties  des  nouvelles  bouches, 
après  avoir  ainsi  presque  entièrement  comblé  le  vide  central,  ont  débordé 
en  plusieurs  fois  le  cratère  supérieur  et  se  sont  épanchées  sur  les  flancs 
du  cône. 

»  Il  me  sera  peut-être  permis,  ajoute  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  de 
transcrire  ici  ce  que  j'écrivais  à  l'Académie,  le  i3  juin  i856.  Après  avoir 
décrit  l'état  du  cratère  à  cette  époque  :  «  On  peut  penser  avec  quelque 
1)  vraisemblance,  disais-je,  que  le  Vésuve  vient  d'entrer  dans  une  ère  d'ac- 
»  tivité  modérée,  comme  celle  qui  s'est  manifestée  de  1822  à  i8a8,  comme 
»  celle  de  184»  à  i848,  que  M.  Scacchi  a  très-bien  fait  connaître.  Peu- 
«  dant  cette  période,  les  tendances  éruptives  concentrées  au  sommet  ou 
»  autour  du  sommet  se  trahiront,  pour  un  temps  plus  ou  moins  long,  par 
»  une  suite  presque  continue  de  petites  commotions,  de  projections  de 
»  matières  fragmentaires  ou  d'émissions  de  faibles  courants  de  laves  :  de 
»  sorte  que  le  gouffre  immense  qui  vient  de  se  former  au  centre  du  cratère 
»  est  très-probablement  destiné  à  être  comblé  par  l'accumulation  de  ces 
»  produits  et  peut-être  même  à  devenir  la  base  d'iui  petit  cône  terminal 
»  semblable  à  celui  qui  s'est  écroulé  avant  la  grande  éruption  de  1 834  («)•  » 

»  Les  faits,  comme  on  voit,  ont  pleinement  justifié  cette  prévision.  » 

«  Après  la  communication  de  M.  Deville,  M.  Elie  de  Bbaumost  rappelle 
que  la  Punta  del  Palo,  qui  vient  presque  de  disparaître,  était  le  point  le  plus 
élevé  de  la  circonférence  du  cratère  du  Vésuve  lorsqu'il  visita  ce  volcan 
en  i834  avec  M.  Léopold  deBuch  et  M.  Dufrénoy.  Il  ajoute  que  la  Punta 

(i)  Comptes  rendus,  tomeXLIII,  page  3i3. 


tlel  Palo  n'avait  pas  joui  de  cette  proéminence  de  temps  immémorial,  cai- 
Saussure  avait  constaté  qu'en  1772  le  point  le  plus  élevé  de  la  circonfé- 
rence du  grand  cratère  était  situé  sur  son  bord  méridional,  dans  une  partie 
diamétralement  opposée  au  Palo.  Ce  déplacement  intermittent  du  point  le 
plus  élevé  s'observe  également  à  l'Etna.  Il  est  dû  sans  doute  aux  efforts 
souterrains  qui  s'exercent  dans  l'intérieur  du  volcan.  » 

MÉDECINE.  —  Fièvre  jaune  de  Lisbonne;  Note  de  M.  Guyon. 

«  Ayant  observé,  pendant  longtemps,  la  fièvre  jaune  en  Amérique,  je 
n'avais  pas  eu  encore  l'occasion  de  Tétudier  en  Europe  :  cette  occasion  m'a 
été  présentée  par  l'épidémie  de  Lisbonne,  et  je  me  suis  hâté  de  la  saisir.  Je 
me  suis  donc  rendu  à  Lisbonne  pour  observer  la  maladie  qui  l'affligeait. 
J'y  débarquais  le  16  novembre,  au  matin,  alors  que;  l'épidémie  se  trouvait 
dans  une  phase  de  recrudescence,  attribuée,  à  tort  ou  à  raison,  à  deux  nuits 
de  tempêtes  et  de  pluie  qui  venaient  d'avoir  lieu.  A  mon  départ  de  Lisbonne, 
le  19  décembre,  l'épidémie  était  à  peu  près  terminée,  et,  depuis,  toute  la 
population  s'est  réunie,  dans  une  cérémonie  religieuse,  pour  célébrer  la  fin 
du  fléau. 

M  Mes  intentions  sont  de  soumettre  à  l'Académie  le  fruit  de  mes  obser- 
vations, pendant  mon  séjour  à  Lisbonne;  en  attendant  que  je  sois  en  mesure 
de  le  faire,  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  trois  pein- 
tures numérotées  I,  2  et  3,  représentant,  savoir  : 

»  Le  n°  I ,  la  tête  d'un  jeune  homme  do  18  à  20  ans,  peinture  faite  quel- 
ques heures  avant  la  mort; 

»  Le  n°  2,  le  corps  d'une  jeune  fille  de  17  à  18  ans,  peinture  faite  peu 
après  la  mort  ; 

»  Le  n°  3,  les  viscères  abdominaux  d'une  jeune  femme  également  figurée 
dans  la  même  peinture,  la  tête  pendant  la  vie  et  le  corps  entier  après  la 
mort. 

j)  Les  n°'  I  et  2  donnent  unç  idée  de  la  coloration  particulière  à  la  peau 
dans  la  fièvre  jaune,  et  de  la  matière  noire  qui  constitue  iui  des  phénomènes 
les  plus  remarquables  de  cette  maladie. 

»  Le  n°  3  a  surtout  pour  objet  de  faire  ressortir  la  coloration  propre  au 
foie  dans  la  fièvre  jaune,  coloration  qu'accompagne  une  dégénération  grais- 
seuse de  cet  organe.  Cette  dégénération,  si  peu  explicable,  vu  la  rapidité 
du  mal,  n'avait  pas  encore  été  signalée.  C'est  donc  un  fait  nouveau  acquis 
à  la  science  par  l'épidémie  de  Lisbonne.  » 


(    I20    ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  un  nouveau  phénomène  d'induction  électromagnétique  ; 

par  M.  Ch.  Mattedcci. 

«  Je  dois  me  borner  dans  cette  Note  à  décrire  les  expériences  principales, 
en  me  réservant  de  donner  dans  un  Mémoire,  qui  paraîtra  bientôt  dans  le 
Nuovo  Cimento,  les  différentes  recherches  que  j'ai  tentées  sur  toutes  les 
conditions  de  ce  phénomène.  Voici  la  disposition  générale  de  ces  expé- 
riences. On  a  un  cylindre  de  fer  de  3  à  9  millimètres  de  diamètre,  long  de 
0^,60  à  o'",70,  et  qui  est  ou  très-doux  et  recuit,  ou  de  qualité  plus  ou 
moins  dure,  fixé  perpendiculairement  au  méridien  magnétique,  dont  une 
extrémité  est  serrée  entre  deux  mâchoires  en  laiton  réunies  avec  des  vis,  et 
l'autre,  également  fixée  dans  un  étau  en  laiton  encastré  dans  le  centre  d'une 
roue  en  bois.  A  la  circonférence  de  cette  roue  qui  porte  une  division  en 
degrés  et  demi-degrés,  sont  fixés  les  cordes  et  les  poids  nécessaires  pour  la 
torsion  du  cylindre  de  fer.  Aux  deux  extrémités  du  cylindre  de  fer,  j'ai 
soudé  un  fil  de  cuivre,  et  les  deux  fils  de  cuivre  communiquent  avec  un 
bon  galvanomètre  à  un  petit  nombre  de  tours.  Je  suppose,  pour  qu'il  n'y 
ait  aucune  difficulté  à  concevoir  immédiatement  l'expérience,  que,  lorsqu'on 
ferme  le  circuit  de  la  pile,  il  se  forme  un  pôle  sud  (ou  attiré  par  le  pôle 
nord  de  la  terre)  à  l'extrémité  du  cylindre  tournée  à  l'est,  et  à  l'extrémité 
opposée,  ou  celle  qui  est  fixée  au  centre  de  la  roue,  un  pôle  nord.  En  fer- 
mant ou  en  ouvrant  le  circuit  de  la  pile,  si  le  cylindre  n'a  jamais  été  soumis 
à  aucune  torsion,  il  n'y  aura  aucun  signe  de  courant  dans  le  circuit  du 
cylindre  :  quelquefois  on  a  {  ou  \  degré  de  déviation,  tantôt  dans  un  sens, 
tantôt  dans  l'autre,  et  qui  dépend  des  petites  torsions  précédemment  don- 
nées au  barreau.  Il  est  inutile  de  dire  que  si  une  seconde  spirale  envelop- 
pait celle  du  courant  voltaïque,  on  aurait  des  courants  induits  très-forts 
dans  cette  spirale,  en  ouvrant  ou  en  fermant  le  circuit  de  la  pile.  Le  cir- 
cuit voltaïque  étant  fermé,  qu'on  applique  au  cylindre  de  fer  une  certaine 
torsion  élastique,  et  on  aura  au  même  moment  un  courant  dirigé  du  sud 
au  nord  dans  le  circuit  de  ce  cylindre,  et  qui  est  de  20,  3o  ou  ^o  degrés, 
suivant  la  grandeur  de  la  torsion,  la  qualité  du  fer,  ses  dimensions  et  le 
degré  du  magnétisme.  Après  avoir  laissé  revenir  l'aiguille  à  o  degré,  on 
obtient  par  la  détorsion  un  courant  à  peu  près  de  la  même  intensité,  mais 
en  sens  contraire.  Maintenant  qu'on  applique  la  même  torsion  dans  le  sens 
opposé,  et  on  aura  un  courant  de  la  même  intensité,  mais  en  sens  contraire 
de  celui  obtenu  avec  la  première  torsion  ;  dans  Ce  cas  encore,  la  détorsion 


(  1^1  ) 

donne  lieu  à  un  courant  de  sens  opposé  à  celui  du  courant  de  la  torsion 
correspondante.  Pour  varier  l'expérience  d'une  manière  instructive,  je  com- 
mence par  appliquer  au  cylindre  la  même  torsion  élastique.  Lorsqu'on  ferme 
le  circuit  voltaïque,  on  a,  dans  le  circuit  du  cylindre,  le  même  courant  qu'on 
a  obtenu  en  tordant  celui-ci  après  la  fermeture  du  circuit.  En  interrompant 
le  courant  voltaïque  pendant  qu'on  maintient  le  cylindre  tordu,  un  nouveau 
courant  se  développe  de  sens  contraire  au  précédent  et  qui  est  par  consé- 
quent dans  le  même  sens  de  celui  obtenu  dans  l'expérience  précédente  en 
détordant  le  cylindre  sous  l'influence  du  courant  voltaïque.  Tous  ces  cou- 
rants conservent  la  même  intensité  en  se  produisant  en  sens  contraire,  lors- 
qu'on renverse  la  position  des  pôles  de  l'électro-aimant.  Il  est  ainsi  démon- 
tré que  la  détorsion  à  circuit  fermé  produit  le  même  effet  d'induction  qu'on 
a  à  l'ouverture  du  circuit  en  laissant  persister  la  torsion;  également,  la  fer- 
meture du  circuit  après  la  torsion  produit  le  même  courant  que  la  torsion 
à  circuit  fermé. 

»  Je  décrirai  encore  une  autre  forme,  apparemment  plus  simple,  de 
la  même  expérience.  Imaginons  d'avoir  le  cylindre  de  fer  doux  placé 
dans  l'appareil  de  torsion  que  j'ai  décrit  et  réuni  au  galvanomètre  par  deux 
fils  de  cuivre  soudés  à  ses  extrémités.  Au  lieu  d'une  spirale  qui  l'enveloppe, 
je  dispose  deux  électro-aimants  avec  leurs  extrémités,  qui  sont  des  pôles  de 
nom  contraire,  vis-à-vis  des  extrémités  du  cylindre.  De  cette  manière,  le 
cylindre  se  magnétise  en  prenant  des  pôles  contraires  à  ceux  des  électro- 
aimants, suivant  la  loi  de  l'induction  magnétique.  Les  fîls  de  cuivre  soudés 
aux  extrémités  du  cylindre  traversent  les  axes  des  électro-aimants,  si  ceux-ci 
ont  un  trou  dans  l'axe,  comme  on  les  fait  pour  répéter  l'expérience  de 
Faraday  :  à  défaut  de  cette  disposition,  les  deux  fils  de  cuivre  se  replient, 
étant  liés  sur  le  cylindre  jusqu'à  son  milieu,. pour  arriver  ensuite,  ainsi 
réunis,  au  galvanomètre.  La  torsion  et  la  détorsion  du  cylindre  magnétique 
développent  les  mêmes  courants  induits  qu'on  obtient  avec  le  cylindre 
entouré  de  la  spirale  magnétisante. 

»  L'hypothèse  qui  rend  compte  d'une  manière  très-simple  de  tous  les 
résultats  que  j'ai  rapportés  et  d'autres  que  je  dois  supprimer  dans  cet 
extrait,  consiste  à  admettre  que  le  cylindre  de  fer  est  en  quelque  sorte 
formé  d'un  faisceau  de  fibres  parallèles  à  l'axe  du  cylindre,  et  que  ces 
fibres,  comparables  à  des  fils  conducteurs  isolés,  au  moment  de  la  torsion, 
se  disposent  en  spirale  autour  de  l'axe  magnétique  qui  est  maintenu  inva- 
riable par. l'action  du  courant  voltaïque  et  par  la  nature  magnétique  du 
fer  doux,  et  se  redressent  au  moment  de  la  détorsion  comme  une  spirale 

G.    R.,  i858,  i"  Semetire.  (T.  XLVI,  N»  5.)  '6 


(     I  2:2    ) 

qui  se  défait.  Pour  se  représenter  avec  cette  hypothèse  le  développement 
des  courants  induits  qui  a  lieu  dans  le  circuit  dont  fait  partie  le  cylindre 
de  fer  qui  est  ainsi  en  même  temps  corps  inducteur  et  corps  induit,  il  n'y 
a  qu'à  étendre  un  fil  de  cuivre  compris  dans  le  circuit  d'un  galvanomètre 
sur  la  spirale  contenant  le  cylindre  de  fer  doux  et  à  fixer  ce  fil  parallèle- 
ment à  l'axe  de  la  spirale  dans  un  point  quelconque  de  son  contour  :  en 
tenant  ferme  l'extrémité  de  ce  fil  qui  est  placé  du  même  côté  où  le  cylindre 
de  fer  doux  est  fixé  dans  notre  expérience,  on  doit  tourner  autour  de  la 
spirale  l'autre  extrémité  du  fil  :  tous  les  courants  induits  qu'on  obtient 
avec  cette  disposition  en  formant  ou  en  défaisant  la  spirale,  suivant  qu'elle 
est  dextrorsum  ou  sinislrorsum,  suivant  qu'on  ouvre  ou  qu'on  ferme  le 
circuit  de  la  spirale  magnétisante,  la  spirale  induite  restant  fermée,  ont 
exactement  dans  tous  les  cas  le  même  sens  que  les  courants  qu'on  obtient 
par  les  torsions  et  les  détorsions  du  cylindre  magnétique,  conformément  à 
l'hypothèse  exposée.  En  partant  de  cette  hypothèse,  j'ai  cherché  quelle 
était  la  quantité  de  fil  de  cuivre  que  je  devais  courber  en  forme  de  spirale 
autour  de  l'électro-aimant  pour  obtenir  le  même  courant  induit  qui  était 
obtenu  par  une  torsion  donnée  du  cylindre  magnétique.  Comme  on  pouvait 
s'y  attendre,  l'effet  de  la  torsion  de  ce  cylindre  est  beaucoup  plus  grand  que 
celui  qu'on  obtient  du  fil  replié  autour  de  l'électro-aimant  :  cinq  à  six  degrés 
de  torsion  du  cylindre  magnétique  donnent  à  peu  près  le  même  courant 
induit  qu'une  spire  entière  du  fil  de  cuivre  formée  autour  de  l'électro- 
aimant  avec  la  main,  c'est-à-dire  dans  un  temps  beaucoup  plus  long  que 
celui  employé  dans  la  torsion.  En  effet,  tandis  que  les  éléments  magnéti- 
ques agissent  à  une  distance  infiniment  petite  sur  les  spires  qui  se  forment 
autour  d'eux,  cette  distance  est  incomparablement  plus  grande  pour  le  fil 
de  cuivre  qui  entoure  l'électro-aimant. 

»  Je  dois  me  borner  dans  cet  extrait  à  indiquer  brièvement  les  résultats 
les  plus  remarquables  auxquels  je  suis  parvenu  dans  ce  travail  et  qui  sont 
expliqués  par  la  même  hypothèse.  En  opérant  avec  la  torsion  sur  des  bar- 
reaux d'acier  au  lieu  de  fer  doux  les  courants  induits  qu'on  obtient  sont 
dans  le  même  sens;  mais  en  comparant  les  effets  obtenus  avec  le  même 
degré  de  tension,  on  trouve  qu'ils  sont  d'autant  plus  faibles  que  l'acier  est 
plus  dur  et  plus  fortement  trempé  ;  ainsi,  avec  l'acier  fondu  et  trempé  au 
rouge  blanc,  les  courants  induits  obtenus  sont  à  peu  près  nuls.  En  effet, 
c'est  une  condition  nécessaire  pour  la  production  de  ces  phénomènes  que 
l'axe  magnétique  reste  invariable,  ce  qui  exige  que  le  pouvoir  coercitif  soit 
nul  ou  à  peu  près  nul,  comme  dans  le  fer  doux  et  recuit.  On  peut  toutefois 


(  .a3  ) 
augmenter  les  phénomènes  d'induction  obtenus  par  la  torsion  d'un  barreau 
d'acier  aimanté  en  recueillant  avec  le  galvanomètre  les  seuls  courants  du 
même  sens  et  en  renouvelant  rapidement  les  mêmes  torsions.  J'avais  trouvé 
en  effet  sur  le  barreau  de  fer  doux  que,  si,  au  lieu  de  laisser  le  circuit  tou- 
jours fermé  pendant  toute  là  torsion,  on  le  ferme  à  l'aide  d'un  fil  de  cuivre 
soudé  au  barreau  et  dont  l'extrémité  plonge  dans  le  mercure  seulement  à  la 
fin  d'une  certaine  torsion,  de  5  à  6  degrés  par  exemple,  les  courants  induits 
ont  la  même  intensité  dans  les  deux  cas.  On  conçoit  facilement  d'après  cette 
disposition,  comment  on  peut  obtenir  dans  le  galvanomètre  tous  les  cou- 
rants dus  aux  torsions  successives  dans  le  même  sens,  sans  y  faire  entrer 
les  courants  opposés  des  détorsions.  Je  rapporterai  encore  les  phénomènes 
d'induction  qu'on  obtient  après  l'ouverture  du  circuit  de  la  pile  et  qui 
s'expliquent  facilement  avec  la  même  hypothèse.  On  sait  que  l'effet  des 
premières  torsions  sur  un  barreau  de  fer  qui  a  été  aimanté  temporairement 
est  de  diminuer  le  magnétisme  qui  reste  après  l'ouverture  du  circuit;  par 
conséquent,  si  la  spirale  formée  pendant  la  torsion  dans  le  sein  même  du 
cylindre  de  fer  est  sujette  à  une  variation  magnétique  négative,  il  faut  que 
le  courant  induit  du  barreau  soir  en  sens  contraire  de  celui  qu'on  obtient 
pendant  que  le  cylindre  est.  tordu  sous  l'action  du  courant  voltaïque.  C'est 
bien  le  résultat  donné  par  l'expérience  :  la  première  torsion  après  l'ouver- 
ture du  circuit  donne  un  courant  du  même  sens  que  ceux  qu'on  a  lorsque 
le  circuit  voltaïque  est  en  activité,  mais  les  torsions  successives  donnent 
des  courants  de  signe  contraire. 

»  Il  me  reste  à  signaler  le  caractère  principal  de  ces  nouveaux  phéno-  , 
mènes  d'induction,  qui  est  de  ne  se  manifester  que  sous  la  torsion  élasti- 
que. C'est  surtout  sur  des  cylindres  de  fer  peu  épais  (3  ou  4  millimètres  de 
diamètre),  et  en  opérant  avec  des  petites  torsions  augmentées  graduellement 
sans  altérer  l'élasticité,  qu'on  obtient  des  courants  induits  qui  augmentent 
proportionnellement  avec  la  torsion;  mais  du  moment  quele  cylindre  éprouve 
une  torsion  permanente,  cette  relation  n'a  plus  lieu  et  on  arrive  alors  à  ce 
résultat  remarquable,  que  la  même  torsion  élastique  donnée,  soit  au  com- 
mencement, lorsque  le  cylindre  n'a  subi  aucune  torsion,  soit  après  une 
torswn  permanente  plus  ou  moins  grande,  donne  exactement  le  même 
courant  induit.  On  doit  ainsi,  d'accord  avec  les  mêmes  suppositions  qu'on 
fait  pour  l'élasticité,  se  représenter  l'effet  de  la  torsion  permanente,  comme 
si  les  6bres  de  la  spirale  formée  dans  le  sein  du  barreau  s'étaient  brisées 
par  la  torsion  permanente.  Après  avoir  prouvé  l'existence  et  le  sens  des  cou- 
rants induits  qui  se  développent  dans  un  barreau  de  fer  par  sa  torsion  et 

i6.. 


•  (  '^4  ) 

détorsion,  on  est  facilement  conduit  à  expliquer  au  moyen  de  ces  courants  la 
cause  des  phénomènes  d'induction  qui  se  produisent  dans  une  seconde  spi- 
rale et  qui  correspondent,  comme  on  le  sait,  à  une  variation  négative  ou 
positive  du  magnétisme  pendant  la  torsion  ou  la  détorsion .  En  effet,  le  courant 
induit  qui  traverse  la  spirale,  que  la  torsion  produit  dans  le  sein  même  du 
barreau  magnétique,  est  en  sens  contraire  de  celui  des  courants  qui  expli- 
quent, dans  l'hypothèse  d'Ampère,  l'état  magnétique  du  barreau;  il  faut 
donc  que  ce  courant  produise  une  diminution  temporaire  dans  le  magné- 
tisme du  barreau  et  le  contraire  doit  avoir  lieu  pour  la  détorsion. 

»  En  dernier  lieu,  il  me  reste  à  citer  un  fait  constant  et  bien  déterminé 
quant  aux  circonstances  dans  lesquelles  il  se  produit,  mais  qui  ne  se  rattache 
pas  d'une  manière  évidente  à  l'hypothèse  qui  nous  représente  si  bien  tous 
les  autres  phénomènes  d'induction.  Nous  avons  déjà  dit  que  si  le  barreau 
defej"  n'a  encore  subi  aucune  torsion,  on  n'obtient  aucun  courant  induit 
dans  le  circuit  de  ce  barreau,  en  fermant  ou  en  ouvrant  le  circuit  de  la  spi- 
rale magnétisante.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi  lorsque  le  circuit  a  été  ouvert 
sous  la  torsion  du  barreau.  En  ouvrant  le  circuit  lorsque  le  barreau  est 
encore  tordu,  on  a  un  courant  induit  qui  est  dans  le  même  sens  que  celui  de 
la  détorsion,  c'est-à-dire  contraire  à  celui  de  la  torsion,  mais  moins  intense 
que  le  courant  donné  par  la  délorsion  à  circuit  fermé.  Si  alors,  le  barreau 
étant  détordu,  on  ferme  de  nouveau  le  circuit  de  la  pile,  on  obtient  un  cou- 
rant qui  est  dans  le  même  sens  que  celui  de  la  détorsion,  mais  plus  fort  que 
celui  obtenu  en  ouvrant  le  circuit  sous  la  torsion.  Evidemment  l'ouverture 
du  circuit  ne  produit  pas  la  perte  instantanée  du  magnétisme,  ce  qui  fait 
que  la  variation  négative  du  magnétisme  du  barreau  ne  peut  avoir  sur  la 
spirale  propre  la  même  action  inductrice  qu'on  a  en  tordant  le  barreau  qui 
est  saturé  de  magnétisme  et  toujours  soumis  au  courant  voltaïque.  Mais 
comment  la  fermeture  successive  du  circuit  produit-elle  sur  le  barreau 
détordu  un  courant  induit  dans  le  même  sens  que  celui  de  la  détorsion  ?  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  H^'une 
Commission  de  cinq  Membres  chargée  de  proposer  la  question  qui  sera 
mise  au  concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences  naturelles  à  décerner 
en  1859. 

MM.  Flourens,  Milne  Edwards,  Brongniart,  Geoffroy-Saint- Hilaire, 
Cl.  Bernard  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 


(  '25) 

L'Académie  procède,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination 
de  la  Commission  chargée  de  proposer  la  question  pour  le  prix  Bordin 
de  1859  (Sciences  naturelles). 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Geoffroy-Sain t-Hilaire,  Duméril, 
Cl.  Bernard,  Brongniart.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS  ^ 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Réponse  de  M.  Phillips  aux  remarques  présentées 
par  M.  Reech,  dans  la  dernière  séance. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

n  Après  avoir  rappelé  que  j'avais  dit,  dans  la  séance  du  4  du  présent 
mois,  que  les  constructeurs  savaient  depuis  longtemps  que  la  coulisse  de 
Stephenson  ordinaire  devait  être  tracée  avec  un  rayon  sensiblement  égal  à 
sa  distance  à  l'axe,  M.  Reech  se  borne  à  observer  que  cette  règle  ne  sera 
applicable  qu'autant  qu'on  y  joindra  une  explication  sur  la  manière  de  me- 
surer cette  distance  qui,  supposée  prise  à  l'une  des  charnières,  varierait, 
pendant  une  révolution  de  l'arbre,  d'une  longueur  égale  à  l'excentricité,  en 
plus  ou  en  moins  de  la  longueur  des  barres  d'excentriques. 

»  Ma  réponse  est  très-simple.  Il  me  suffit  de  faire  remarquer  que,  pour 
les  constructeurs,  la  raison  déterminante  de  la  forme  de  la  coulisse  est 
qu'elle  satisfasse  à  la  condition  que,  pour  tous  les  crans  de  détente,  soit  de 
la  marche  en  avant,  soit  de  la  marche  en  arrière,  la  position  du  tiroir  par 
rapport  aux  orifices  du  cylindre,  soit  autant  que  possible  la  même,  lorsque 
le  piston  est  aux  extrémités  de  sa  course.  C'est  là,  en  effet,  la  condition 
essentielle  à  remplir  à  priori  beaucoup  plus  que  de  chercher,  comme  l'a 
fait  M.  Reech,  à  rendre  invariable  le  milieu  de  la  course  du  tiroir.  Mainte- 
nant, quand  le  piston  est  à  l'une  ou  l'autre  des  limites  de  ses  excursions, 
comme  les  deux  rayons  d'excentricité  sont  alors  également  inclinés  de  part 
et  d'autre  de  la  ligne  qui  va  du  centre  de  l'axe  au  coulisseau  qui  conduit 
le  tiroir,  et  que  cette  dernière  droite  est  sensiblement  perpendiculaire  à  la 
coulisse,  on  voit  que  la  distance  de  celle-ci  à  l'axe  peut  varier  en  plus  ou  en 
moins  d'une  quantité  égale  à  la  projection  du  rayon  d'excentricité  sur  la 
ligne  qui  va  du  coulisseau  à  l'axe.  Dans  ces  limites,  un  peu  plus  ou  un  peu 
moins  de  longueur  dans  le  rayon  de  la  coulisse  n'exerce  qu'une  influence 
insignifiante  sur  la  flèche.  Mais,  comme  je  l'ai  dit  dans  la  séance  à  laquelle 


(    126    ) 

M.  Reech  a  fait  allusion,  le  véritable  intérêt  pratique  qui  m'a  fait  donner 
pour  valeur  exacte  de  ce  rayon  la  longueur  même  des  bases  d'excentriques 
est  l'avance  linéaire  du  tiroir. 

»  Au  sujet  du  mérite  de  la  coulisse  de  Stephenson,  comme  appareil  de 
distribution  et  de  détente  variable,  j'ai  dit  que  les  avantages  qu'elle  pré- 
sente l'emportent  de  beaucoup  sur  les  quelques  légères  imperfections  qu'on 
lui  a  quelquefois  attribuées  dans  les  trois  grandes  délentes  ;  qu'en  effet  son 
usage  s'est  toujours  de  plus  en  plus  répandu,  et  qu'en  particulier  pour  les 
lo(?omotives,  elle  est  devenue  pour  ainsi  dire  le  seul  appareil  de  distribution 
et  de  détente  variable  maintenant  employé.  J'ajouterai  qu'il  résulte  d'expé- 
riences récentes  faites  avec  le  plus  grand  soin  au  chemin  de  fer  d'Orléans 
par  M.  Polonceau,  ingénieur  en  chef  de  la  traction,  que  les  légères  imper- 
fections dont  je  parle  n'existent  pour  ainsi  dire  pas,  et  que  particulièrement 
avec  des  recouvrements  intérieurs  du  tiroir  presque  nuls,  la  distributiork 
se  fait,  même  avec  de  très-grandes  adhérences,  dans  d'excellentes  condi- 
tions. 

M  En  résumé,  le  véritable  problème  à  résoudre,  et  dont  M.  Reech  ne  s'est 
pas  occupé,  consistait,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  à  obtenir  la  théorie  de  la 
coulisse  comme  appareil  de  distribution  et  de  détente  variable,  c'est-à-dire 
pour  un  cran  quelconque  de  détente,  soit  de  la  marche  en  avant,  soit  de  la 
marche  en  arrière,  les  marches  comparées  du  tiroir  et  du  piston  et  toutes 
les  conséquences  et  les  règles  qui  en  ressortent  pour  la  pratique.  Le  seul 
détail  très-accessoire  qu'aurait  étudié  M.  Reech  est  la  forme  de  la  coulisse 
sous  le  rapport  du  renversement  dans  le  sens  de  la  marche,  forme  qui,  je  le 
répète,  est  depuis  longtemps  suffisamment  connue  des  constructeurs. 
Celle-ci,  pour  être  précisée  davantage  et  discutée,  devait  l'être  en  prenant  le 
point  de  départ  de  la  pratique,  qui  est  l'avance  linéaire  du  tiroir,  c'est-à- 
dire  en  considérant  le  piston  aux  extrémités  de  la  course  et  non  pas  la  con- 
dition dont  est  parti  M.  Reech. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  sur  le  froment,  sa  farine  et  sa  panification 
(suite);  par  M.  Mège-Mouriès. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 

Payen,  Peligot.) 

o  J'ai  cru  ne  pouvoir  remercier  plus  dignement  l'Académie  de  l'intérêt 
avec  lequel  elle  a  accueilli  les  premières  parties  de  ce  travail  qu'en  dirigeant 
moi-même  l'application  du  nouveau  système  de  panification  dans  im  éta- 


,X 


(    127    ) 

blissement  du  commerce;  là  j'ai  pu  facilement  apprécier  et  écarter  les  nom- 
breuses difficultés  qui  attendent  toujours  la  science  à  son  entrée  dans  la 
pratique. 

»  Ces  difficultés  étaient  de  divers  genres  :  les  unes  provenaient  de  la 
nécessité  d'une  fabrication  simple,  sûre,  régulière  et  s'adaptant  au  travail 
ordinaire;  les  autres,  plus  graves,  naissaient  deshabitudes  du  public:  le  pain 
en  effet  varie  dans'chaque  pays  par  la  forme,  la  saveur  et  la  contexture  de 
la  mie,  et  cette  cause  ne  permet  pas  d'établir  une  fabrication  générale  sur 
un  procédé  unique,  car  le  pain  fait  à  Paris  serait  refusé  à  Lille,  à  Londres 
ou  à  Bruxelles,  et  réciproquement. 

1)  La  différence  de  ces  pains  est  produite  par  la  différence  des  levains,  et 
une  modification  générale  de  cette  industrie  n'est  possible  qu'en  laissant  à 
chaque  pays  la  fabrication  de  ces  levains  qui  offrent  deux  types  dont  le 
mélange  produit  tous  les  levains  connus.  Les  uns  sont  faits  avec  la  levure 
seule  ou  mêlée  de  différentes  farines  :  ils  sont  en  usage  dans  le  Nord  où  ce 
ferment  est  abondant,  ils  donnent  un  pain  dont  la  mie  est  jaune,  odo- 
rante, à  cellules  régulières,  étroites  et  friables;  les  autres  sont  faits  avec 
les  farines  mêmes  de  froment  :  ce  sont  les  levains  de  pâte  employés  à  Paris 
et  dans  tous  les  pays  où  la  levure  est  rare;  ils  produisent  un  pain  dont  les 
cellules  sont  irrégulières  et  dont  la  mie  est  sensiblement  acide.  Pour  faire 
ces  levains,  on  fait  fermenter  6  kilogrammes  de  pâte  pendant  six  heures. 
C'est  le  levain  chef,  c'est-à-dire  une  masse  mousseuse  acide,  dans  laquelle 
le  gluten  et  les  matières  albuminoïdes  ont  disparu  pour  devenir  ferment 
alcoolique  et  ferments  acides  (je  comprends  sous  cette  dernière  dénomina- 
tion la  fermentation  lactique,  acétique,  butyrique,  auxquelles  il  faut  ajouter 
la  production  de  l'acide  formique). 

Ces  deux  fermentations  opposées  se  propagent  parallèlement  dans  les 
levains  de  deuxième,  de  troisième  et  de  tout  point  qui  ne  sont  que  le  levain 
chef  grossi,  par  l'addition  d'eau  et  de  farine.  D'ailleurs  chacune  d'elles  joue 
un  rôle  différent  :  la  fermentation  alcoolique  dégage  le  gaz  carbonique  et  fait 
lever  la  pâte,  tandis  que  la  fermentation  acide  pénètre,  gonfle  et  dissout  en 
partie  le  gluten,  lui  permet  de  devenir  ferment  alcoolique  et  le  ramollit  pour 
faire  les  pains  dits  yent^us.  Mais  si,  comme  dans  la  première  fournée,  cette, 
fermentation  domine,  le  but  est  dépassé,  le  gluten  devient  pulpeux,  ana- 
logue à  celui  du  seigle,  le  pain  est  gris,  mauvais  et  non  fendu;  le  même  effet 
se  produit  si,  par  l'élévation  de  la  température,  on  fait  prédominer  l'action 
du  ferment  lactique,  et  le  même  effet  se  produit  encore,  mais  en  atteignant 


(     128    ) 

les  proportions  du  pain  bis,  si  les  farines  contiennent  des  parcelles  de  son, 
c'est-à-dire  la  céréaline,  qui  devient  toujours,  après  quelques  heures  d'incu- 
bation, le  ferment  lactique  le  plus  puissant  à  35  degrés  et  le  plus  énergique 
ferment  butyrique  à  5o  degrés. 

»  On  voit  d'après  ce  court  aperçu  comment  dans  les  procédés  ordinaires 
on  est  obligé  de  sacrifier  une  partie  de  la  substance  farineuse  du  blé  pour 
avoir  de  la  farine  pure  de  toutes  parcelles  du  péricarpe,  et  comment  on 
obtient  avec  la  même  farine  des  pains  si  différents  suivant  l'ordre  de  la  four- 
née, la  température  de  l'eau,  l'état  atmosphérique  et  la  pureté  de  la  farine, 
toutes  causes  qui  n'agissent  qu'en  élevant  ou  en  abaissant  la  force  du  fer- 
ment lactique  ou  des  ferments  acides. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  clair  que  pour  ne  jeter  aucune  perturbation 
dans  la  fabrication  et  surtout  pour  se  plier  aux  habitudes  du  public,  il  fallait 
conserver  à  chaque  pain  la  nature  de  ses  levains  et  par  conséquent  les  qua- 
lités distinctes  de  son  pain  :  il  fallait  en  même  temps  mettre  à  profit  les 
connaissances  acquises  des  ouvriers,  au  lieu  de  provoquer  leur  répugnance. 
C'est  à  la  solution  de  ce  difficile  problème  que  j'ai  dû  m'attacher. 

»  Pour  arriver  à  ce  double  résultat,  j'ai  appliqué  la  théorie  en  sens 
inverse.  Le  procédé  décrit  dans  le  Rapport  de  M.  Chevreul  prescrit  de 
détruire  la  céréaline  par  la  levure,  c'est-à-dire  par  la  fermentation  alcoo- 
lique ;  dans  le  procédé  nouveau  j'empêche  la  céréaline  de  devenir  ferment 
lactique  et  glucosique  en  la  précipitant  par  le  sel  marin,  et  en  ne  lui  laissant 
pas  le  temps  nécessaire  pour  se  constituer  à  l'état  de  ferment. 

»  On  se  souvient,  en  effet,  que  la  céréaline  a  deux  propriétés  bien  dis- 
tinctes :  la  première  consiste  à  convertir  l'amidon  hydraté  en  glucose  et  en 
dextrine  ;  la  deuxième,  plus  importante  par  ses  résultats,  a  pour  effet  la  trans- 
formation du  glucose  en  acide  lactique,  butyrique,  etc. ,  et  les  décomposi- 
tions complexes  qui  produisent  tous  les  caractères  du  pain  bis;  mais,  comme 
pour  produire  ces  résultats  il  faut  que  la  céréaline  devienne  ferment  et  comme 
toutes  les  matières  azotées  exigent  pour  devenir  ferment  un  temps  d'incu- 
bation plus  ou  moins  long,  il  s'ensuit  que  si  d'un  côté  par  la  réaction  du 
sel  marin  on  précipite  la  céréaline,  on  neutralise  l'action  glucosique,  et  si 
d'ui)  autre  côté  en  faisant  les  levains  avec  les  farines  pures  de  céréaline  ou  la 
fleur,on  ajoute  les  gruaux  peu  de  temps  avant  la  cuisson,  il  est  clair  que  le 
ferment  n'aura  pas  le  temps  de  s'organiser  et  que  le  pain  restera  blanc;  on 
comprendra  mieux  l'application  de  ces  déductions  scientifiques  dans  la  des- 
cription du  procédé  suivant  : 


(  «29  ; 
»    loo  parties  de  blé  nettoyé  sont  broyées  et  divisées  ainsi  qu'il  suit  : 

Fleur  de  farine  pour  levain '.  * .  ^o  j 

Gruaux  blancs  mêlés  de  farine  et  de  quelques  parcelles  de  son ...  38  >  86 

Gruaux  mêlés  d'une  plus  grande  quantité  de  son  ou  rougeurs.  ...  8  j 

Sons  divers  non  employés t5       5oo 

Perte 5oo 

<  loq       000 

»  Ces  chiffres  varient  sensiblement,  bien  entendu,  suivant  le  blé,  la  sai- 
son, le  moulin  et  la  dislance  des  meules. 

»  Pour  panifier  ces  produits,  on  fait  les  levains  avec  les  l^o  parties 
de  fleur  de  farine  et  20  parties  d'eau  ;  ils  sont  faits  d'ailleurs  suivant  le 
mode  adopté  dans  chaque  pays,  et  ce  point  important  reste  à  l'appréciation 
de  chaque  fabrication,  avec  cette  seule  différence  que  la  fleur  de  farine 
par  les  raisons  indiquées  plus  haut  est  bien  plus  favorable  que  la  farine 
ordinaire  à  cette  opération.  Ce  levain,  quel  qu'il  soit  d'ailleurs,  étant 
prêt,  on  délaye  les  8  parties  de  rougeur  tmns  45  parties  d'eau  chargée 
de  600  grammes  de  sel  marin,  et  l'on  passe  au  tamis  qui  retient  les  pellicules 
de  son  et  laisse  passer  l'eau  et  la  farine  ;  cette  eau  est  blanche,  floconneuse 
et  chargée  de  céréaline;  elle  n'a  plus  la  propriété  de  liquéfier  la  gelée  d'a- 
midon et  pèse  38  kilogrammes  (le  reste  de  l'eau  gonfle  le  son  et  reste  sur  le 
tamis);  avec  cette  eau  chargée  de  farine  de  première  qualité  on  délaye  le 
levain  et  on  fait  la  pâte  avec  les  gruaux  blancs  38  :  la  pâte  est  divisée  et 
après  une  heure  elle  est  mise  au  four;  ce  temps,  nous  l'avons  dit,  ne  suffit 
pas  à  la  température  de  25  degrés  pour  développer  le  ferment  céréaline  et  on 
obtient  du  pain  blanc  ;  mais  si  la  température  était  plus  élevée  ou  si  l'on 
prolongeait  le  contact,  on  aurait  du  pain  coloré,  et  ce  pain  serait  d'au- 
tant plus  bis  que  le  retard  aurait  été  plus  long.  Par  ce  moyen  1 00  kilo- 
gramrnes  de  blé  donnent  i36  kilogrammes  de  pâte,  et  ii5  kilogrammes 
de  pain. 

»  Je  me  hâte  d'ajouter  qu'on  suppose  ici  la  mouture  à  meules  rapprochées; 
parla  mouture  ordinaire  la  moyenne  descend  à  1 1 2  kilogrammes.  Nous  avons 
dit  que  dans  les  pays  où  l'on  ne  porte  pas  jusqu'à  l'exagération  le  goût  pour 
la  blancheur  du  pain,  on  peut  laisser  dans  le  pain  les  parcelles  de  son  con- 
tenu dans  les  rougeurs;  dans  ce  cas  l'opération  et  les  phénomènes  ne  diffè- 
rent pas  sensiblement  ;  les  gruaux  sont  jetés  dans  le  levain  délayé  dans  l'eau 
salée,  la  céréaline  est  coagulée  dans  les  cellules  mêmes  dupérisperme  brisé, 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  5.)  '7  ' 


(  i3o  ) 
et  la  même  limite  de  temps  ne  lui  permet  pas  d'achever  sa  transformation 
en  ferment.  Par  ce  moyen,  on  obtient  un  rendement  plus  fort  et  du  pain 
aussi  bon  ne  différant  du  pain  ordinaire  que  par  une  teinte  plus  accusée 
produite  par  la  couleur  seule  des  pellicules  interposées;  ce  résultat  peut 
faire  comprendre  l'intérêt  qu'on  a  dans  ce  cas  à  se  servir  de  blés  dont 
la  couleur  du  péricarpe  soit  aussi  effacée  que  possible,  les  blés  blancs  par 
exemple. 

»  Ce  dernier  procédé  me  semble  d'autant  plus  avantageux  que  l'hygiène 
autant  que  l'économie  aurait  intérêt  à  laisser  dans  le  pain  les  parcelles  d'em- 
bryon et  de  périsperme  qui  accompagnent  les  gruaux,  si  de  plus  amples 
expériences  confirment  l'observation  suivante. 

»  On  sait  que  le  règne  végétal,  placé  entre  le  règne  animal  et  le  lègne 
minéral,  a  pour  mission  d'organiser  les  éléments  minéraux  et  de  les  trans- 
former en  matières  grasses,  sulfurées,  azotées,  etc.,  destinées  à  l'alimen- 
tation des  animaux,  qui  les  rendent  à  la  terre  d'où  la  plante  les  tire. 
La  découverte,  dans  l'embryon  du  grain,  d'un  ou  plusiein-s  corps  gras 
phosphores  dont  on  connaît  l'action  sur  les  fonctions  vitales  des  animaux, 
semble  prouver  que  le  phosphore  obéit  à  la  même  loi  et  que  les  animaux  ne 
font  que  s'assimiler  les  matériaux  de  leur  pulpe  nerveuse.  S'il  en  est  ainsi, 
et  j'espère  communiquer  à  l'Académie  des  faits  plus  précis,  la  physiologie 
trouverait  l'explication  des  faits  les  plus  controversés. 

)>  Mais  je  reviens  au  pain  et  j'aborde  le  point  qui  préoccupe  le  plus  dans 
une  question  de  ce  genre,  c'est-à-dire  le  rendement  et  l'économie. 

»  En  opérant  tous  les  jours  sur  5oo  kilogrammes  de  blé  et  en  jire- 
nant  une  moyenne  de  six  mois,  je  trouve  que  loo  kilogrammes  de  blé  don- 
nent 1 12  kilogrammes  de  pain,  que  la  farine  est  blutée  à  83  pour  lOO  et  que 
l'économie  est  de  5  centimes  par  kilogramme  de  pain. 

»  Mais  on  ne  saurait  trop  le  répéter,  il  ne  peut  y  avoir  ici  des  ciiifFres 
absolus  :  dire  qu'un  procédé  est  caractérisé  par  un  blutage  à  ini  chiffre 
donné,  c'est  être  inexact,  car  ces  chiffres  se  modifient  suivant  le  blé,  la  sai- 
son, les  meules,  Je  meunier,  etc.  ;  mais  ce  qui  est  vrai,  ce  qui  échappe  à 
toute  controverse,  c'est  que,  quel  que  soit  le  blé  et  les  conditions  dans  les- 
quelles on  le  traite,  le  procédé  nouveau,  au  lieu  de  faire  par  un  travail  com- 
pliqué du  pain  blanc,  du  pain  bis  et  des  remoulages  ( ou  issues  contenant 
4es  Yô)  de  farine  ;  ce  procédé  ne  fait  que  du  pain  blanc  avec  une  augmenta- 
tion de  rendement  proportionnel. 

»  Voici  d'ailleurs  en  résumé  ses  avantages  principaux  : 

»   1°.  Suppression  des  farines  inférieures  et  du  pain  bis. 


(  .3i  ) 

»  a".  DimimUion  de  la  perte  au  moulin. 

»  3°.  Augmentation  du  rendement  en  farine  et  en  pain. 

«  4°'  Elévation  de  la  force  nutritive  du  pain  par  la  présence  d'une  plus 
grande  quantité  de  matières  azotées  et  phosphorées. 

»  Je  me  propose  d'étendre  mes  observations  sur  quelques  graines  ali- 
mentaires, et  je  puis  ajouter  tout  de  suite  quelques  mots  sur  le  seigle. 
Cette  graine  ressemble  au  froment  sous  beaucoup  de  rapports,  mais  elle 
s'en  distingue  surtout  par  la  nature  de  son  gluten  qui,  étant  sans  cohésion 
et  se  divisant  comme  un  corps  émulsif,  est  exposé  à  une  décomposition  plus 
rapide  que  celui  du  froment;  du  reste,  ni  le  glucose,  ni  l'acide,  ni  les  pro- 
priétés laxatives  qu'on  remarque  dans  le  pain  de  seigle  à  ']5  pour  loo  d'ex- 
traction, ne  préexistent  dans  le  grain,  elles  sont  toutes  les  produits  de  la 
fermentation  lactique,  et  en  empêchant  cette  fermentation,  on  obtient  du 
pain  dont  la  saveur  et  la  couleur  sont  identiques  à  celles  du  pain  de  fro- 
ment. » 

« 

ASTRONOMIE.  —  Sur  un  procédé  pour  substituer  des  opérations  de  pointé  aux 
estimations  de  passages  dans  tes  observations  astronomiques  azimutales;  par 
M.  E.  Liais.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Laugier,  Faye,  Delaunay.) 

«  Les  observations  azimutales,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  d'étoiles  très-voi- 
sines du  pôle  et  que  l'on  peut  pointer,  consistent  en  des  observations  de 
passages,  analogues  à  celles  que  l'on  fait  avec  la  lunette  méridienne.  On  sait, 
en  effet,  qu'elles  se  pratiquent  de  lamanière  suivante  :  L'instrument  étant 
calé  dans  un  azimut  donné  quelconque  et  libre  dans  le  sens  des  hauteurs, 
on  attend  qu'un  astre  passe  derrière  le  fîl  vertical  de  la  lunette,  et  on  note 
la  .seconde  et  la  fraction  de  seconde  à  laquelle  on  estime  que  ce  passage  a 
eu  lieu.  Or,  dans  l'estime  du  temps,  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  l'on  atteigne 
le  même  degré  de  précision  que  dans  la  mesure  des  arcs.  De  plus,  l'appré- 
ciation de  l'instant  d'un  passage  varie  considérablement  suivant  les  obser- 
vateurs. C'est  ainsi  qu'on  a  remarqué  qu'entre  les  appréciations  des  astro- 
nomes les  plus  habiles,  il  peut  exister  des  différences  supérieures  à  une 
seconde.  Ces  différences  pour  les  mêmes  astronomes  paraissent  conserver 
un  certain  degré  de  constance  et  on  les  nomme  équations  personnelles. 

»  Dans  un  travail  sur  les  équations  personnelles  publié  dans  les  Comptes 
rendus  des  séances  de  C Académie  des  Sciences  (février  i853),' Arago  dit  que 

»7-- 


(  i32  ) 
»  les  astronomes  ne  se  sont  pas  suffisamment  occupés  de  cet  objet,  quoi- 
»  qu'il  soit  de  nature  à  répandre  sur  leurs  observations  la  plus  pénible 
»  incertitude,  »  et  il  propose  pour  faire  disparaître  les  équations  person- 
nelles l'emploi  des  chronomètres  à  pointage.  Cette  proposition  résulte  de 
séries  d'observations  que  cet  illustre  astronome  a  fait  faire  à  l'Observatoire 
de  Paris  et  qui  semblent  indiquer  que  l'équation  personnelle  n'existe  pas 
lorsque  l'observateur  signale  par  un  lope  ou  par  un  coup  sec  le  moment 
où,  suivant  lui,  l'étoile  passe  derrière  le  fil  du  réticule  de  la  lunette.  Une 
différence  de  o%6  entre  MM.  Mauvais  et  Goujon  disparaissait  de  cette  ma- 
nière.  Vers  l'époque  où  Arago  faisaitcette  importante  découverte,  MM.  Bond, 
en  Amérique,  parvenaient  au  même  résultat  à  l'aide  d'un  chronographe 
électrique.  Les  limites  des  erreui-s  individuelles  sont  beaucoup  plus  resser- 
rées par  cette  méthode.  Toutefois  le  chronographe  électrique,  qui  n'est 
d'ailleurs  qu'une  sorte  de  chronomètre  à  pointage,  est  appliqué  à  Green- 
wich  depuis  plusieurs  années  et  n'a  pas  complètement  justifié  l'espoir  que 
l'on  avait  fondé  sur  lui.  Pour  faire  entièrement  disparaître  les  équations 
personnelles,  il  faut  donc  recourir  à  de  nouveaux  procédés.  De  plus,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  indépendamment  des  erreurs  provenant  des  équa- 
tions personnelles,  lés  estimations  de  passage  ne  peuvent  donner  lieu  à 
une  précision  égale  à  celle  d'un  pointé.  Il  importe  donc  de  trouver  une 
méthode  qui  permette  de  pointer  quel  que  soit  le  mouvement  apparent 
de  l'astre. 

»  Afin  d'y  parvenir,  il  paraît  évident  que  les  observations,  au  lieu  d'être 
instantanées,  pour  ainsi  dire,  doivent  être  prolongées,  c'est-à-dire  que 
l'observateur  doit  avoir  le  temps  de  juger  de  la  valeur  de  son  observation. 
Il  faut  donc  que  l'instrument  se  meuve  à  l'aide  d'un  mécanisme  convenable 
et  d'un  mouvement  continu  d'horlogerie,  de  telle  sorte  que  la  lunette  étant 
dirigée  sur  une  étoile,  y  reste  pointée  un  temps  suffisant  pour  que  l'obser- 
vateur puisse  apprécier  l'exactitude  du  pointé.  Ceci  est  d'autant  plus  im- 
portant que  les  étoiles  sont  souvent  ondulantes  et  que,  par  suite,  on  doit 
avoir  le  temps  de  juger  si  l'astre,  dans  ses  variations,  s'écarte  également  à 
droite  et  à  gauche  du  fil.  L'observateur,  étant  content  de  son  pointé,  devra 
presser  sur  une  touche  soit  par  un  courant  électrique,  soit  par  tout  autre 
moyen  :  cette  pression  ou  mieux  ce  choc  fera  enregistrer  d'une  part  sur  un 
chronographe  ou  un  chronomètre  à  pointage,  l'instant  de  la  pression,  et 
d'autre  part,  la  situation  de  l'instrument  à  cet  instant  précis.  Après  avoir  frappé 
ce  coup  sur  la  touche,  l'observateur  continuera  de  regarder  l'astre,  et  s'il 


(  i33  ) 
le  voit  encore  exactement  sous  le  fil  de  la  lunette,  il  en  conclura  qu'il  était 
exactement  pointé  à  l'instant  de  l'enregistrement  simultané  de  l'heure  et  de 
la  situation  de  l'instrument. 

»  Il  reste  maintenant  à  réaliser  mécaniquement  la  condition  dont  nous 
venons  de  parler.  Pour  y  parvenir,  il  convient  d'abord  de  donner  ini  mou- 
vement parallactique  à  l'instrument  azimutal  ou  ait-azimut,  car  leséquato- 
riaux  ou  machines  paralUictiques  ne  comportent  pas  assez  de  précision  et  ne 
peuvent  être  employés  qu'à  des  observations  de  différences  soit  de  déclinai- 
son, soit  d'ascension  droite,  mais  non  à  des  déterminations  absolues.  Je 
décris  dans  mon  Mémoire  une  disposition  additionnelle  très-simple  que  l'on 
peut  employer  pour  donner  à  la  lunette  de  l'alt-azimut  un  mouvement  paral- 
lactique sans  modifier  en  aucune  façon  la  construction  ni  les  procédés  de 
réglage  et  de  vérification  de  l'instrument.  Le  mouvement  doit  être  parfaite- 
ment continu,  le  plus  régulier  possible  et  sensiblement  réglé  sur  le  mouve- 
ment diurne;  je  dis  sensiblement  parce  qu'une  différence  même  assez  notable 
dans  l'intervalle  de  vingt-quatre  heures  ne  serait  pas  sensible  pendant  la 
durée  d'une  observation,  La  possibilité  d'obtenir  des  mouvements  parfaite- 
ment réguliers  et  continus  a  été  pour  nous  l'objet  d'une  étude  spéciale,  et 
cette  possibilité  n'est  pas  douteuse  par  les  moyens  que  nous  indiquons,  ainsi 
que  nous  l'avons  recoiuiu  par  des  essais  préliminaires. 

a  Enfin,  à  l'aide  de  procédés  faciles,  le  déplacement  de  l'instrument, 
depuis  l'instant  enregistré  sur  le  chronographe  jusqu'à  celui  de  l'arrêt  et  de 
la  lecture  des  limbes,  est  mesuré  avec  une  grande  précision,  de  sorte  qu'en 
retranchant  ce  déplacement  de  la  lecture  du  limbe,  on  a  la  lecture  répon- 
dant à  l'instant  enregistré.   »  i 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  un  hélioscope  nouveau;  par  M.  Porro.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Laugier.) 

«  Tout  le  monde  sait  que  de  nos  jours  on  se  contente  d'observer  le 
soleil  à  travers  des  verres  enfumés  qu'on  place  entre  l'œil  et  l'oculaire  de  la 
lunette;  mais  ces  verres  communiquent  à  l'image  apparente  du  soleil  leur 
couleur  propre  et  en  altèrent  la  pureté  par  la  réfraction  irrégulière  à  tra- 
vers leurs  inévitables  défauts  d'homogénéité  :  et  quand  un  astronome  a  le 
rare  bonheur  d'entrer  en  possession  d'un  verre  foncé  n'ayant  pas  une  cou- 
leur propre  trop  prononcée  et  dont  l'homogénéité  soit  satisfaisante,  il  est 
exposé  à  le  voir  promptement  altéré  et  brisé  par  la  chaleur  intense  à  laquelle 
il  est  forcé  de  le  soumettre  pour   observer.  Avec  les  petites  lunettes,  le 


(  i3/i  ) 
verre  foncé  résiste,  il  est  vrai,  quelque  temps,  mais  s'il  éteint  suffisamment 
la  lumière,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  chaleur  qui  est  la  principale  cause 
de  la  fatigue  qu'on  éprouve  en  observant  le  soleil,  même  avec  d'assez  petites 
lunettes.  Avec  de  grandes  lunettes,  une  étude  sérieuse  et  attentive  du  soleil 
est  à  peu  près  impossible.  Avec  une  lunette  de  a5  centimètres  d'ouverture, 
les  verres  foncés  éclatent  en  six  et  sept  secondes  de  temps,  et  avec  ma  lunette 
de  5a  centimètres  en  deux  ou  trois  secondes  au  plus,  c'est-à-dire  presque 
instantanément.   ' 

a  Un  instrument  spécial,  très-puissant  et  proportionnellement  peu  dis- 
pendieux pour  l'observation  du  soleil,  est  donc  une  acquisition  précieuse 
pour  l'astronomie.  C'est  par  un  phénomène  de  polarisation  combinée  avec 
la  réflexion  sur  la  surface  concave  d'un  verre  transparent  que  j'arrive  au 
but  de  la  manière  la  plus  satisfaisante.  Je  polarise  la  lumière  et  la  chaleur 
solaire  avec  le  plus  simple  des  appareils  polarisants;  mais  avant  de  la  pola- 
riser, j'en  réduis  l'intensité  au  vingt-cinquième  environ,  en  ne  renvoyant 
à  l'oculaire  que  la  portion  de  lumière  incidente  que  réfléchit  le  verre  trans- 
parent sous  l'incidence  normale. 

»  On  ne  peut  pas  .songer  à  réduire  par  des  diaphragmes  l'ouverture  des 
lunettes  pour  obtenir  le  même  effet  à  cause  de  la  diffraction  qui  altérerait  la 
netteté  de  l'image.  L'emploi  du  miroir  de  verre  non  étamé,  agissant  par  sa 
première  surface  seulement,  permet  de  conserver  une  bonne  proportion 
entre  l'ouverture  et  la  longueur  focale,  tout  en  réduisant  l'intensité  lumi- 
neuse dans  la  proportion  indiquée  ci-dessus  :  la  surface  postérieure  du 
miroir  est  disposée  pour  laisser  passer  la  lumière  et  la  chaleur  qui  sort 
librement  par  l'extrémité  et  pour  disposer  la  petite  quantité  que  cette  sur- 
face réfléchit. 

»  Mon  hélioscope  consiste  donc  en  un  télescope  de  réflexion  dont  le 
grand  miroir  est  en  verre  ordinaire  :  la  disposition  est  celle  du  télescope  de 
Newton,  mais  le  petit  miroir  métallique  est  ici  remplacé  par  une  plaque  en 
crown-glas  inclinée  à  angle  de  polarisation  ;  une  pareille  plaque  qu'on  peut 
orienter  à  volonté,  par  rapport  à  la  première,  est  interposée  entre  celle-ci 
et  l'oculaire. 

»  Rien  ne  s'oppose  à  la  construction  de  cet  instrument  sur  de  grandes 
dimensions;  une  proportion  convenable  de  l'ouverture  à  la  longueur  focale 
et  la  perfection  du  travail  des  surfaces  sont  les  seules  conditions  à  remplir 
pour  en  obtenir  des  grossissements  très-considérables. 

»  On  peut  régler  l'inclinaison  des  plaques  de  verre  de  manière  que  la 
chaleur  soit  presque  complètement  éteinte,  et  à  ce  point  la  lumière  res- 


(  t35  ) 
lante  sera  si  tranquille,  qu'une  heure  d'observation  continue  du  soleil  aVeC 
l'hélioscope  fatiguera  moins  l'observateur  qu'une  minute  d'observation  de 
la  lune  avec  une  lunette  ordinaire.  On  peut  augmentera  volonté  l'intensité 
de  l'image  par  l'orientation  relative  des  deux  glaces  de  l'appareil  polarisant, 
et  si  on  arrive  au  point  où  les  deux  réflexions  ont  lieu  dans  le  même  plan, 
l'hélioscope  dirigé  sur  la  lune  transmet  encore,  malgré  trois  réflexions  sur 
les  surfaces  des  verres  transparents,  assez  de  lumière  pour  en  bien  distin- 
guer les  principaux  détails;  on  peut  aussi  voir  assez  bien  l'anneau  de  Sa- 
turne elles  satellites  de  Jupiter,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  l'instrument 
soit  convenable  pour  de  telles  observations,  mais  cela  donne  une  idée  assez 
nette  de  l'étendue  des  variations  d'intensité  que  la  lumière  peut  subir  dans 
cet  instrument  à  la  volonté  de  l'observateur. 

»  Le  premier  télescope  de  ce  genre  que  j'ai  fait  construire  à  titre  d'essai 
a  2  décimètres  d'ouverture  et  3  mètres  de  longueur;  il  supporte  parfaite- 
ment le  grossissement  de  deux  cents  fois.  » 

M.  Reynaud,  directeur  du  service  des  phares  et  balises,  et  M.  Degrand, 
ingénieur  des  ponts  et  chaussées  attaché  au  même  service,  soumettent  au 
jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  dans  lequel  ils  font  connaître  une 
série  d'expériences  entreprises  dans  le  but  de  constater  les  portées  compa- 
ratives des  lumières  diversement  colorées,  et  particulièrement  de  la  lumière 
rouge. 

o  Ces  expériences,  disent  les  auteurs  dans  la  Lettre  d'envoi, -établissent 
que  la  lumière  rouge  se  voit  beaucoup  plus  loin  que  la  lumière  blanche,  à 
intensité  lumineuse  égale,  et  que  l'inverse  a  lieu  pour  d'autres  couleurs 
telles  que  le  bleu  et  le  vert.  Ce  fait,  qui  n'avait  point  encore  été  constaté, 
du  moins  à  notre  connaissance,  est  fort  important  pour  le  service  que  nous 
avons  l'honneur  de  diriger,  en  ce  qu'il  engagera  à  multiplier  un  mode  de 
diversité  des  feux,  auquel  on  n'avait  recours  qu'avec  une  sorte  de  repu* 
gnancë,  parce  qu'on  lui  croyait  le  grave  inconvénient  de  réduire  la  portée 
dans  une  forte  proportion.  Il  devra  être  pris  également  en  grande  considé- 
ration dans  les  dispositions  à  adopter  pour  les  signaux  lumineux  qui  se  font 
à  bord  des  navires.  Nous  osons  espérer  que  MM.  les  physiciens  et  les  phy- 
siologistes de  l'Académie  jugeront  que  ces  expériences  ne  sont  pas  dépour- 
vues d'intérêt.  » 

Le  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  dé 
MM.  Babinet  et  J.  Cloquet. 


(  i36  ) 

ZOOLOGIE.  —  Du  régime  alimentaire  des  oiseaux  ;  par  M.  Florext  Prévost. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Milne  Edwards.) 

«  On  peut  formuler  de  la  manière  suivante  les  questions  auxquelles  se 
rapportent  mes  observations  : 

»  \°.  Quelles  sont  les  causes  des  changements  dans  le  régime  alimen- 
taire que  l'on  observe  chez  beaucoup  d'espèces  d'oiseaux,  suivant  les  sai- 
sons ? 

»  ,2°.  D'où  proviennent  ces  réunions,  souvent  considérables,  d'oiseaux 
d'une  même  famille  ou  d'une  même  espèce  sur  un  seul  point  ? 

•)  3°.  Pourquoi  certains  oiseaux  quittent-ils  par  moments  nos  contrées 
pour  revenir  bientôt,  et  cela  plusieurs  fois  dans  le  cours  de  l'année  ? 

»  4°-  Quelle  est  la  cause  de  ces  émigrations  périodiques  que  certaines 
espèces  exécutent  avec  une  régularité  que  rien  ne  semble  pouvoir  altérer  ? 

»  5°.  Quelles  sont  les  espèces  utiles  ou  nuisibles  aux  récoltes  agri- 
coles ? 

»  6°.  Quelles  sont  enfin  les  espèces  d'oiseaux  exotiques  qu'il  serait 
possible  et  utile  d'introduire  et  d'acclimater  dans  notre  pays? 

»  Le  régime  alimentaire  et  les  nécessités  qu'il  crée  pour  chaque  espèce 
me  semblent  avoir  une  influence  décisive  sur  les  faits  de  mœurs  que  con- 
cernent les  questions  précédentes,  et  il  m'a  paru  qu'il  serait  d'un  grand 
intérêt  de  recueillir,  aux  diverses  époques  de  l'année,  l'estomac  de  tous  les 
oiseaux  qu'il  me  serait  possible  de  me  procurer,  d'en  examiner  le  contenu, 
de  consigner  le  résultat  exact  de  cet  examen  avec  la  date  de  l'observation 
et  de  conserver  ces  pièces  pour  en  former,  avec  le  temps,  une  collection  où 
l'on  put  vérifier  chacun  des  faits  enregistrés.  Cette  collection,  commencée 
par  moi  il  y  a  plus  de  trente  ans,  comprend  aujourd'hui  un  nombre  consi- 
dérable de  pièces  que  j'ai  disposées,  pour  les  conserver,  de  trois  manières 
différentes,  ainsi  que  l'on  peut  le  voir  par  les  objets  placés  sous  les  yeux  de 
Messieurs  les  Membres  de  l'Académie. 

»  Il  suffira  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  ces  pièces  pour  se  convaincre  que 
presque  toujours  les  matières  ainsi  conservées  dans  l'estomac  sont  facile- 
ment reconnaissables  ;  mais  une  étude  attentive  faite  par  moi,  ou  due  à  la 
complaisance  de  M.  Boulard,  préparateur  d'entomologie  au  Muséum  d'His- 
toire naturelle,  nous  a  montré  que,  dans  beaucoup  de  cas,  il  est  impos- 
sible d'apporter  une  grande  précision  dans  la  constatation  des  espèces  qui 


(  i37  ) 
servent  à  l'alimentation  de  chaque  oiseau.  Les  insectes  offient  sous  ce  rap- 
port de  grandes  ressources  ;  outre  que  souvent  on  les  retrouve  entiers  dans 
l'estomac,  il  suffit,  en  tous  cas,  d'en  délayer  le  contenu  dans  un  liquide 
pour  y  reconnaître  un  bon  nombre  d'antennes,  de  mâchoires  et  de  labres 
avec  leurs  palpes,  de  tarses  et  souvent  de  têtes  entières.  Quant  aux  esto- 
macs d'oiseaux  dont  les  insectes  ne  font  pas  la  nourriture  habituelle,  leur 
contenu  offre  certaines  difficultés  qui  peuvent  être  résolues  par  divers 
moyens. 

»  Je  terminerai  cette  Note  par  l'indication  de  quelques  résultats  généraux 
concernant  les  questions  que  j'ai  mentionnées  en  commençant. 

»  Les  études  que  j'ai  pu  faire  d'après  la  méthode  indiquée  mettront  hors 
de  doute  qu'une  même  espèce  d'oiseau  change  de  régime  alimentaire  sui- 
vant l'âge  et  suivant  la  saison  de  l'année.  On  pourra  voir  par  les  estomacs 
conservés  par  mes  soins,  que  la  plupart  des  espèces  granivores  sont  insecti- 
vores dans  leur  jeune  âge  et  le  deviennent  de  nouveau  pendant  l'âge  adulte, 
à  chaque  période  de  reproduction.  Un  fait  analogue  s'observe  même  dans 
les  espèces  qui  au  printemps  et  au  commencement  de  l'été  dévorent  les 
bourgeons  et  les  jeunes  feuilles.  Il  n'est  pas  jusqu'aux  oiseaux  de  proie  vrai- 
ment carnivores  qvii,  suivant  les  circonstances,  ne  mêlent  des  insectes  à  leur 
nourriture. 

»  Pour  éviter  d'entretenir  l'Académie  d'idées  hypothétiques,  je  ne  parlerai 
pas  ici  des  opinions  que  j'ai  pu  me  former  sur  les  causes  de  ces  faits,  bien 
que  je  me  sois  constamment  préoccupé  de  les  saisir  ;  mais  une  de  leurs  con- 
séquences mérite  d'être  indiquée  :  je  suis  en  mesure  de  prouver  que  les 
oiseaux  sont  en  général  beaucoup  plus  utiles  que  nuisibles  à  nos  récoltes, 
et  que  même  pour  la  plupart  des  espèces  granivores  le  mal  qui  nous  est  fait 
à  certains  moments  est  compensé  par  la  consommation  d'insectes  qu'elles 
font  en  d'autres  temps;  il  importe  donc,  non  pas  de  détruire  ces  espèces, 
mais  seulement  de  lès  écarter  des  récoltes  lorsqu'elles  pourraient  y  nuire. 
Leur  destruction  laisserait  sans  contre-poids  le  développement  de  plusieurs 
espèces  d'insectes  plus  fatales  encore  pour  l'agriculture. 

»  Il  faut,  pour  tout  dire  en  un  mot,  que  l'agriculteur  ne  puisse  détruire 
un  oiseau,sans  savoir  qu'il  n'en  peut  tirer  que  du  préjudice.  Ce  résultat  ne 
pourrait  être  atteint  que  si  les  naturalistes  eux-mêmes  connaissaient  perti- 
nemment les  faits  relatifs  à  l'alimentation.  Les  travaux  que  j'ai  poursuivis 
m'ont  paru  pouvoir  servir  à  atteindre  ce  but,  mais  il  les  faudrait  multiplier 
sur  un  grand  nombre  d'espèces  et  dans  diverses  contrées. 

»  Tout  ce  qu'il  me  sera  possible  de  faire  dans  cette  direction,  je  le  ferai 

C.  R.,  i858,  i^r  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  5.)  ,  l8 


(  .38  ) 
à  l'aide  des  matériaux  que  j'ai  réunis  et  avec  les  faibles  moyens  dont  je  dis- 
pose. Je  souhaite  vivement  aussi  que  d'autres  naturalistes  s'adonnant  à  des 
études  de  ce  genre  viennent  apporter  dans  cette  question  le  concours  indis- 
pensable d'un  certain  nombre  d'observations  placées  dans  des  circonstances 
suffisamment  variées:    » 

M.  Phipson  adresse  des  «  Observations  sur  quelques  Cryptogames  indi- 
gènes du  genre  Rliizomorpha  ».  Ses  observations  portent  sur  quatre  espèces  : 
Rhizomorpha  subcorticatii  (var.  virgata)  Vers.—R.  ierresiris,'Pers.—  R.capil- 
taris,  Spr.  —  R.  sambuci „Cher.  , 

Cette  Note,  qu'accompagnent  des  échantillons  appartenant  aux  deux  pre- 
mières espèces,  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Montagne  et  Moquin-Tandon. 

M.  d*Lafollye,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  Mémoire  sur  un  nouvel  appareil  électrique  pour  la  télégraphie, 
envoie  un  Appendice  concernant  une  modification  qu'il  a  introduite  récem- 
ment dans  ce  système,  et  une  Note  sur  une  application  qu'il  propose  d'en 
Jaire  pour  prévenir  les  accidents  résultant  de  la  rencontre  des  trains  sur  les 
chemins  de  fer. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Feuillet,  Morin.) 

M.  BiLLiAR»  envoie,  de  C^orbigny,  une  nouvelle  Note  ayant  pour  titre  : 
«  L'oxygène  sécrété  par  les  plantes  n'est  point  de  l'ozone  :  relations  qui 
existent  entre  les  phénomènes  physiologiques  appartenant  aux  plantes  et  les 
fièvres  intermittentes  endémiques  ». 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de   MM.    Recquerel  et 

Andral.) 

CORiVESPOIXD  ANGE . 

M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

prie  l'Académie  de  lui  faire  connaître  le  jugement  quelle  aura  porté  sur  un 
procédé  imaginé  par  M.  Cheval  pour  le  transport  et  la  conservation  ies 
boissons,. 

M.  le  Ministre  recevra  une  copie  de  ce  Rapport  qui  a  été  lu  à  l'x^cadémie 
dans  sa  séance  du  i6  mars  1857,  mais  qui  n'a  point  été  imprimé  dans  le 
Compte  rendu  de  cette  séance. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel,  en  présentant,  au  nom  de  M.  Bourgois,  un 
Mémoire  récemment  publié  sur  la  résistance  de  l'eau  au  mouvement  des  corps 


(  «39  ) 
et  particulièrement  des  bâtiments  de  mer,  donne  d'après  la  Lettre  d'envoi  une 
idée  des  principaux  résultats  auxquels  l'auteur  a  été  conduit. 

«  Je  crois  avoir  démontré,  dit  M.  Bourgois,  que  la  dénivellation  à  l'avant 
et  la  dépression  à  l'arrière  des  corps  flottants  sont  les  causes  qui  modifient, 
mais  seulement  en  apparence,  les  lois  anciennement  admises  de  la  propor- 
tionnalité de  la  résistance  à  l'étendue  des  surfaces  résistantes 'et  au  carré  de 
la  vitesse  :  lois  dont  les  expériences  de  Beaufoy  montrent  l'exactitude  pour 
les  corps  plongés.  Ces  causes  siiffisent  pour  expliquer  certaines  anomalies 
observées  dans  ces  derniers  temps,  telles,  par  exemple,  que  l'accroissement 
de  la  résistance  des  corps  flottants,  dans  une  proportion  plus  rapide  que  le 
carré  de  la  vitesse  et  d'autant  plus  élevée  que  le  corps  est  plus  petit  par  rap- 
port à  la  vitesse;  telles  aussi  que  l'infériorité  de  valeur  du  coefficient  de 
résistance  des  bâtiments  de  grandes  dimensions,  par  rapport  à  celui  des 
petits  navires  semblables,  à  vitesses  égales. 

»  Le  rôle  particulier  du  tirant  d'eau  des  bâtiments,  et  son  influence  sur 
la  variation  de  la  résistance,  en  fonction  de  la  vitesse,  sont  mis  aussi  en 
évidence  dans  ce  Mémoire,  qui  renferme  enfin  les  résultats  d'une  expérience 
directe  sur  la  résistance  du  vaisseau  le  Duperré  :  résistance  dont  le  coeffi- 
cient a  été  trouvé  de  3  kilogrammes  seulement,  pour  l'^.So  de  vitesse,  c'est- 
à-dire  beaucoup  plus  faible  qu'on  ne  l'avait  admis  pendant  longtemps  pour 
les  vaisseaux  de  ligne.   « 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  là 
Correspondance  trois  Notes  sur  des  questions  d'acoustique  par  M.  le  pro- 
fesseur Zantedeschi.  [Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

M.  Cagniard  de  Latour  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ces  Notes  et  à 
en  faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  appelle  encore  l'attention  sur  des  Cartes 
offertes  par  le  capitaine  M.  Page,  commandant  le  navire  des  États-Unis  le 
Water-TVitch,  Cartes  retraçant  les  observations  faites  par  ce  navigateur  dans 
le  cours  du  voyage  d'exploration  qu'il  a  accompli  dans  l'Amérique  du  Sud 
en  i855. 

Ces  Cartes  transmises  par  M.  Fatlemare,  et  faisant  suite  à  celles  qu'il  avait 
adressées  en  novembre  dernier,  sont  ainsi  que  les  précédentes  renvoyées  à 
l'examen  de  M.  Diiperrey  pour  un  Rapport  verbal. 

M.  Despretz  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  du  Moncel,  im  volume 

intitulé  :  «  Etude  du  magnétisme  et  de  l'électro-magnétisme  .lu  point  de  vue 

de  la  construction  des  électro-aimants  ». 

,  i8.. 


(  '4o) 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Lisbonne  adresse  de  nouveaux 
volumes  de  ses  publications  {voir  au  Bulletin  bibliographique)  et  remercie 
l'Académie  pour  l'envoi  d'une  nouvelle  série  des  Comptes  rendus. 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  d'une  nouvelle  comète  [la  F'  de  l'année  i858)> 
faite  à  Berlin,  par  M.  Ch.  Bruhns.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Bruhns  à 
M.  te  Verrier.) 

«  Cette  comète  a  été  trouvée  par  M.  Bruhns  dans  la  constellation  d'An- 
dromède, le  1 1  janvier  à  9  heures  du  soir.  M.  Bruhns  en  a  fait  une  obser- 
vation, savoir  : 

T.  m.  de  Berlin io''47"'49'>6 

»*• l'io'ii",! 

D*« -h33»i5'35',9 

»  D'après  les  observations  faites  à  9''46'"  et  io''48",  le  mouvement 
diurne  est  .. 

En  ascension  droite -f-  i",  2 

En  déclinaison —  o",  4 

»  La  comète  présente  l'aspect  d'une  nébulosité  très-faible.  » 
«  Nota.  Jusqu'au   18  janvier,  l'état  du  ciel,  constamment  couvert,  n'a 
pas  permis  d'observer  le  nouvel  astre  à  Paris.  Le  19,  le  ciel  étant  resté  dé- 
couvert pendant  quelque  temps,  M.  Yvon  Villarceau  a  obtenu  la  position 
suivante  : 

18S8  janvier.     T.  m.  de  Paris.  Ascens.  droite.  Déclin.  Nomb.  de  comp. 

rg         lo'- 33°>  3'8,8  o'' 48'°  1 3',65  :    +  24"56'5i",8  "  4 

Position  moyenne  de  l'étoile  de  comparaison  en  i858,o. 
^  =  i43i  Lai.  Cat.  8«  ;       o''  44">  46',43      -f-  aS"  o'  10", -} 

o  La  comète  était  très-faible  et  présentait  l'aspect  d'une  large  nébulosité, 
sans  aucune  trace  de  condensation  au  centre  :  son  peu  de  hauteur  au-dessus 
de  l'horizon  et  l'état  vaporeux  de  l'atmosphère  ont  rendu  l'observation  très- 
difficile.  La  position  étant  peu  siîre  n'est  donnée  ici  que  pour  fournir  aux 
observateurs  un  moyen  de  retrouver  la  comète,  au  cas  où  l'état  du  ciel 
n'aurait  pas  permis  de  l'observer  ailleurs,  depuis  quelques  jours.  » 

GÉOLOGIE.  —   Sur  quelques  points  de  la  géologie  des  régions  pyrénéennes. 
Note  adressée  par  M.  Leymerie  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Le  fait  signalé  par  M.  Noulet  à  Sabarat  (Ariége),  sur  la  foi  d'un  cor- 
respondant, est  si  incomplètement  caractérisé  dans  la  communication  de  ce 
consciencieux  malacalogiste,  qu'il  est  difficile,  après  la  lecture  de  ce  petit 


(  '4i  ) 

écrit,  de  se  faire  une  idée  quelconque  du  véritable  état  des  choses.  Aussi 
ai-je  hésité  pendant  quelque  temps  à  écrire  les  observations  que  j'ai  l'hon- 
neur de  vous  soumettre  aujourd'hui. 

»  Une  circonstance  est  venue  mettre  un  terme  à  mes  hésitations.  Je  me 
suis  rappelé  qu'en  i845  j'avais  traversé  la  contrée  signalée  par  M.  l'abbé 
Pouech  ;  j'ai  consulté  mes  notes,  et  j'y  ai  vu  que  je  considérais  alors  le  ter- 
rain dont  il  s'agit  comme  une  dépendance  du  système  supérieur  des  Pyré- 
nées qui  comprend  les  couches  à  nummulites  et  que  j'ai  cru  devoir  appeler 
épicrétacé.  En  effet,  les  couches  de  Sabarat,  dont  la  direction  est  conforme 
à  celle  de  la  chaîne,  passent  au-dessous  d'un  poudingue  à  gros  éléments 
calcaires,  dont  les  bancs  se  redressent  d'iuie  manière  très-remarquable  tout 
près  de  ce  village,  à  Pailhes,  sous  un  angle  de  5o  à  60  degrés.  Ce  poudingue 
est  dirigé,  comme  les  calcaires  de  Sabarat,  ouest  20  degrés  nord,  et  le 
sens  de  son  inclinaison  est  vers  le  nord  ;  il  passe  d'ailleurs,  à  stratification 
discordante,  sous  les  couches  de  la  plaine,  et  il  n'est  pas  difficile  de  recon- 
naître en  lui  le  poudingue  de  Palassou  que  j'appelle,  dans  ma  Notice  sur  les 
montagnes  d'Ausseing,  le  chapeau  de  l'épicrétacé.  Les  couches  calcaires  à 
hélices,  signalées  par  M.  l'abbé  Pouech,  où  je  n'avais  su  voir,  en  i845,  que 
des  coquilles  indéterminables,  ne  seraient  donc  qu'une  dépendance  du  ter- 
rain épicrétacé  supérieur,  et  le  fait  dont  nous  devons  la  connaissance  au 
professeur  que  je  viens  de  nommer  ne  saurait  par  conséquent  exercer 
aucune  influence  sur  la  détermination  de  l'âge  des  Pyrénées. 

»  Vous  nous  avez  appris,  il  y  à  longtemps,  que  cette  chaîne  avait  surgi 
immédiatement  après  le  dépôt  du  terrain  à  nummulites  et  avant  celui  de 
l'étage  moyen  du  terrain  tertiaire.  Personne  n'est  venu  depuis  contester  ni 
même  modifier  cette  détermination .  Seulement  des  observations  postérieures 
à  celles  de  M.  Dufrénoy  ont  engagé  la  plupart  des  géologues  à  rapporter  le 
terrain  nummulitique,  non  plus  a  la  craie,  mais  au  terrain  tertiaire  infé- 
rieur, et  dès  lors  les  Pyrénées  se  sont  trouvées,  pour  ainsi  dire,  rajeunies 
de  toute  la  période  qu'on  appelle  éocène.  Je  suis  obligé  de  rappeler,  à  cet 
égard,  que  ce  sont  mes  observations  qui  ont  servi  de  base  à  ce  rajeunisse- 
ment de  notre  chaîne  dont  M.  Noulet  prétend  aujourd'hui  préciser  l'Age 
pour  la  première  fois.  D'autres  ont  repris  ce  thème  avec  des  variations; 
mais  le  point  de  départ  se  trouve  dans  mes  premiers  travaux  sur  les  Cor- 
bières  et  la  montagne  Noire.  Il  y  a  longtemps  que  j'ai  dit  et  écrit  que  les 
Pyrénées  avaient  été  soulevées  définitivement  entre  l'époque  éocène  et  l'é- 
poque miocène,  et  chacun  peut  voirie  grand  événement  dont  il  s'agit  inscrit 
entre  le  gypse  parisien  et  l'étage  moyen  du  terrain  tertiaire  (grès  de  Fon- 


(   i4a  ) 
tainebleau,  molasse,  fahluns)  dans  le  tableau  des  terrains  qui  fait  partie  de 
mes  premiers  Éléments  de  Minéralogie  et  de  Géologie  { i854),  ouvrage  dont 
je  prépare,  en  ce  moment,  la  seconde  édition. 

»  Ainsi,  je  le  répète,  le  fait  observé  par  M.  l'abbé  Pouech  ne  doit 
apporter  aucune  modification  à  la  fixation  de  l'âge  relatif  des  Pyrénées.  Je 
ne  lui  refuse  pas  d'ailleurs  un  certain  intérêt,  une  certaine  signification, 
comme  vous  allez  le  voir. 

»  M.  Noulet  signale,  dans  sa  communication,  à  la  base  des  Pyrénées 
orientales  et  de  la  montagne  Noire,  des  calcaires  et  des  molasses  où  l'on  ne 
rencontre  plus  les  Mammifères  si  abondants  dans  le  dépôt  miocène  de  la 
Gascogne,  mais  bien  de  vrais  Palseotheriums  et  des  Lophiodons,  genres  qui 
manquent  absolument  dans  la  région  que  nous  venons  de  citer.  Ces  calcaires 
et  molasses  contiennent,  en  outre,  des  Mollusques  spéciaux  terrestres  et 
lacustres.  La  découverte  d'espèces  identiques  à  ces  Mollusques  dans  les 
calcaires  de  Sabarat,  tendrait  à  faire  assimiler  l'étage  à  Palseotheriums  qui 
borde  les  Pyrénées  (partie  orientale)  et  la  montagne  Noire  aux  assises  supé- 
rieures de  l'épicrétacé.  Ainsi  ce  seraient  véritablement  les  Pyrénées  qui 
descendraient  dans  la  plaine,  tandis  que  M.  Noulet  voudrait  faire  remonter 
la  plaine,  dans  les  Pyrénées.  Il  serait  bien  à  désirer  toutefois  que  la  preuine 
tirée  de  quelques  Mollusques  identiques  put  être  complétée  par  le  fiait , 
qui  serait  beaucoup  plus  entraînant,  de  la  présence,  dans  les  Pyrénées,  de 
quelque  débris  authentique  de  Palœotherium  ou  de  Lophiodon. 

»  Je  ferai  remarquer  que,  dans  la,  partie  orientale  de  notre  chaîne,  et 
surtout  dans  les  Corbières  et  la  montagne  Noire,  on  a  plusieurs  fois  signalé 
(M.  Vène  principalement)  des  intercalations  de  couches  d'eau  douce  dans 
la  masse  marine  de  l'épicrétacé.  Ce  caractère,  au  reste,  n'appartient  qu'à 
cette  région  ;  car  dans  la  demi-chaîne  occidentale,  depuis  la  Garonne  jus- 
qu'à Pau  et  même  jusqu'à  Bayonne,  il  n'y  a  pas  trace  de  dépôt  lacustre 
dans  les  terrains  pyrénéens  supérieurs.  Il  est  bien  remarquable  aussi  que, 
de  ce  côté,  la  faune  paléothérienne  manque  complètement  et  que,  par 
contre,  c'est  au  nord  de.  cette  partie  principale  de  nos  montagnes  que  se 
développe  la  faune  miocène  et  notamment  le  Mastodonte  et  le  Dinotheriiitn, 
genres  étrangers  à  la  région  sous-pyrénéenne  orientale. 
.  »  Depuis  quelque  tempsje  suis  préparé,  en  partie  par  les  observations 
paléontologiques  de  M.  Noulet,  à  admettre  que  la  ceinture  qu'il  signale  à 
la  base  des  Pyrénées  orientales  et  de  la  montagne  Noire  appartient  à  une 
époque  plus  ancienne  que  le  bassin  de  Gascogne  et  que^  notamment,  le 
Castrais  et  toute  la  partie  de  la  vallée  du  canal  du  Midi  qui  s'étend  à  l'est 


(143) 
de  Naurouse,  pourrait  dépendre  de  l'étage  éocène,  bien  que  ce  terrain  se  lie 
au  miocène  et  que  jusqu'à  présent  il  m'ait  été  impossible  de  tracer  entre  les 
deux  étages  une  ligne  de  démarcation.  Il  me  paraît  même  assez  probable 
que  cette  région  de  l'Aude  va  se  fondre,  en  se  prolongeant  dans  l'Hérault, 
avec  les  calcaires  lacustres  à  lignites  de  la  Caunette  et  de  Saint-Chinian. 

»  Ces  conjectures,  au  reste,  ont  encore  besoin  d'être  assujetties  au  con- 
trôle d'une  large  stratigraphie;  car  je  suis  loin  de  l'opinion  trop  répandue 
parmi  nos  jeunes  géologues  que  la  comparaison  de  quelques  fossiles  puisse 
suffire  pour  l'établissement  d'un  horizon  ou  d'un  type. 

»  J'ai  consacré  la  plus  grande  partie  des  vacances  dernières  à  l'étude  des 
hautes  montagnes  de  la  Haute-Garonne  et  j'ai  fait  quelques  observations 
assez  importantes  sur  les  granités  de  la  Crète  et  de  la  Maladetta.  Je  me  suis 
livré  également  à  une  étude  approfondie  du  terrain  de  transition  de  la  vallée 
de  la  Pique  et  des  petites  vallées  qui  en  dépendent.  .Je  suis  parvenu  à  tracer 
les  limites  d'un  étage  dévonien  assez  développé  et  à  diviser  en  deux  étages 
la  masse  des  schistes  et  des  calcaires  inférieurs.  J'aurai  l'honneur  de  vous 
soumettre  les  principaux  résultats  de  ce  travail  lorsque  la  minéralogie,  qui 
m'absorbe  presque  en  ce  moment,  me  laissera  un  peu  plus  de  liberté.  » 

«  Après  avoir  communiqué  la  Note  de  M.  Leymerie,  M,  EliedeBkau.uoivt 

déclare  qu'il  ne  croit  pas  devoir  modifier  l'opinion  exprimée  par  lui  depuis 
longtemps  sur  l'âge  relatif  de  Pyrénées.  Il  continue  à  penser  que  l'élévation 
des  Pyrénées  est  postérieure  au  dépôt  de  tout  le  terrain  nummulitique  et 
du  poudingue  de  Palassou,  mais  antérieure  au  dépôt  de  l'argile  plastique  et 
de  toutes  les  autres  couches  tertiaires  des  environs  de  Paris.  Dans  son  opi- 
nion, l'argile  plastique  aurait  comblé  quelques-unes  des  anfractuosités  pro- 
duites dans  les  reliefs  d'une  grande  partie  de  l'Europe  par  le  soulèvement 
du  système  des  Pyrénées.  » 

HYDRAULIQUE.  —  Expériences  sur  le  mouvement  de  l'eau  dans  les  coudes,  con- 
sidéré dans  les  rapports  avec  la  succion  des  vagues  et  la  constitution  géologique 
des  vallées;  par  M.  de  Galigny. 

«  Ayant  disposé  sur  un  tube  vertical  de  deux  centimètres  de  diamètre 
intérieur,  où  l'eau  coulait  de  bas  en  haut,  un  tube  coudé  à  angle  droit  vif, 
dont  le  sommet  était  terminé  par  une  paroi  à  peu  près  plane  se  raccordant 
avec  la  partie  horizontale  de  ce  coude,  j'y  ai  pratiqué  trois  petits  orifices, 
l'un  très-près  de  l'angle  de  ce  coude,  l'autre  sur  l'arête  intérieure  du  tube 
vertical,  le  troisième  sur  la  branche  horizontale,  éloigné    du  précédent 


(  î44  ) 

d'une  distance  égale  au  diamètre  du  tube,  qui  était  d'ailleurs  le  même  que 
le  diamètre  de  deux  parties  du  tube  coudé.  Ces  trois  petits  orifices  étaient 
sur  une  même  horizontale,  arête  supérieure  de  la  seconde  partie  du  coude. 
Je  pouvais  les  boucher  alternativement  avec  de  la  cire.  Un  jet  d'eau  sortait 
verticalement  par  l'orifice  situé  à  l'angle  du  coude.  Le  jet  était  incliné  quand 
il  sortait  par  le  second  orifice  ;  son  inclinaison,  à  laquelle  je  n'attachais  alors 
que  bien  peu  d'importance,  différait  peu  de  la  moitié  d'un  angle  droit  avec 
l'horizontale.  Enfin,  par  le  troisième  orifice,  il  ne  sortait  pas  du  tout  d'eau: 
c'est  le  point  essentiel  de  cette  observation,  car  on  peut  déjà  en  conclure 
que  si  le  coude  avait  été  plongé  dans  de  l'eau,  celle  qui  roulait  à  l'intérieur 
aurait  causé  une  aspiration,  quand  même  cela  n'aurait  été  qu'en  vertu  du 
phénomène  de  la  commimication  latérale  du  mouvement  des  liquid.es. 

»  Mais  il  doit  y  avoir  quelque  chose  de  plus  dans  une  partie  du  coude 
dont  il  s'agit,  car  en  étudiant  la  question  de  la  succion  des  vagues,  je  me 
suis  souvenu  d'une  observation  que  j'avais  eu  occasion  de  faire  il  y  a  long- 
temps sans  y  attacher  d'importance,  sur  un  canal  en  planches  coudé  à 
angle  droit  vif,  au-dessus  d'un  moulin.  L'eau,  après  avoir  frappé  la  paroi 
opposée  de  ce  coude,  ainsi  que  je  l'ai  expliqué  le  4  janvier,  se  réfléchissait 
en  donnant  aux  filets  liquides  une  courbure  tournée  de  manière  que  la 
force  centrifuge  devait  s'opposer  à  la  pression  qui  aurait  eu  lieu  dans  l'état 
de  repos  contre  les  parois  d'une  portion  de  la  branche  d'aval  du  coude. 

»  En  réunissant  les  faits  de  ce  genre  à  ceux  dont  j'ai  parlé,  j'en  conclus, 
que  même  pour  les  angles  droits  vifs  et  à  plus  forte  raison  pour  certains 
angles  obtus,  le  mouvement  de  l'eau  dans  certains  tuyaux  coudés  est  une 
cause  de  succion  qui  dans  beaucoup  de  cas  doit  être  très-puissante  sur  des 
cours  d'eau  souterrains,  s'il  y  a  une  cavité  d'une  forme  convenable  au  fond 
des  coudes. 

»  Or  il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce  qu'il  se  présente  dans  les  rochers  sous- 
marins  et  autres  des  tuyaux  naturels  coudés  d'une  manière  plus  ou  moins 
irrégulière,  et  qui  même  à  la  rigueur,  sans  avoir  recours  aux  dispositions  plus 
analogues  à  celles  dont  l'étude  m'a  conduit  à  montrer  plus  spécialement 
comment  on  peut  utiliser  la  succion  des  vagues,  présentent  des  causes  de 
succion  assez  puissantes  pour  expliquer  de  quelle  manière,  dans  l'île  de 
Céphalonie,  un  cours  d'eau,  capable  de  faire  marcher  plusieurs  moulins, 
peut  se  précipiter  dans  la  terre  à  un  niveau  inférieur  à  celui  de  la  mer. 

»  M.  le  colonel  Emy  a  rassemblé,  dans  son  ouvrage  sur  les  ondes,  des  do- 
cuments sur  les  jets  d'eau  alternatifs  occasionnés  par  les  mouvements  de  la 
mer  et  dont  le  plus  élevé  monterait,  selon  lui,  jusqu'à  environ  cent  cinquante 


(  '45  ) 
mètres.  Sans  compter  à  beaucoup  près  sur  de  pareils  effets,  et  même  en  se 
réduisant  aux  observations  sur  les  hauteurs  ordinaires  qu'il  signale, 
page  60,  etc.,  à  l'ascension  de  l'eau  contre  les  côtes  et  les  rochers,  cela 
suffit  pour  montrer  l'importance  des  applications  dont  mes  nouvelles  idées 
sur  la  succion  des  flots  sont  susceptibles. 

»  Quant  aux  applications  des  mêmes  principes  aux  cours  d'eau  perma- 
nents, au  moyen  de  la  forme  des  surfaces  qui  peuvent  être  exposées  à  la 
percussion  de  l'eau,  il  suffit  pour  en  signaler  l'utilité  dans  des  circonstances 
sans  doute  plus  rares,  de  rappeler  les  faits  recueillis  sur  l'action  de  l'eau 
dans  les  coudes  brusques  par  les  anciens  hydrauliciens  qui  n'avaient  aucune 
idée  des  effets  de  succion  dont  il  s'agit  [voir  Bernard,  Principes  d' hydrau- 
lique, n°  285,  etc.,  etc.). 

»  C'est  peut-être  ici  le  lieu  de  remarquer  l'influence  intéressante  que  le 
mouvement  de  l'eau  dans  les  coudes  doit  avoir  exercée  sur  la  formation  des 
gisements  de  graviers  par  des  courants  anciens  dont  les  géologues  admettent 
l'existence. 

w  J'ai  eu  occasion  de  faire  à  ce  sujet  une  observation  qui  me  paraît 
mériter  d'être  signalée,  parce  que  la  construction  des  chemins  de  fer  don- 
nant lieu  à  l'exploitation  de  beaucoup  de  carrières  de  gravier,  il  sera  sans 
doute  facile  de  la  généraliser  et  d'en  étudier  les  conséquences  d'une  manière 
plus  complète. 

»  On  sait  qu'en  général  dans  les  coudes  l'eaii  coule  principalement  dans 
la  partie  concave;  c'est  ce  que  connaissent  parfaitement  les  marins  accou- 
tumés à  remonter  le  cours  des  fleuves.  Il  en  résulte  que  les  dépôts  se  font 
surtout  en  aval  des  parties  convexes  dans  les  circonstances  analogues  à  la 
suivante  qui  servira  d'ailleurs  à  mieux  spécifier  ma  pensée. 

»  Une  vallée  après  avoir  eu,  sur  une  assez  grande  longueur,  une  direction 
rectiligne,  forme  un  coude  dans  la  partie  concave  duquel  on  ne  trouve  pas 
de  gravier.  Il  n'y  a  pas  non  plus  de  gravier  dans  toute  la  partie  rectiligne 
de  ce  qu'on  peut  appeler  ses  rives.  Mais  il  y  en  a  précisément  en  aval  de  la 
partie  convexe  du  coude,  dans  la  portion  de  l'ancien  lit  du  courant  supposé, 
où  doivent  avoir  lieu  les  plus  grandes  diminutions  de  vitesse  et  où  les  prin- 
cipaux tourbillons  ont  dû  arrêter  les  graviers  qu'on  y  trouve. 

»  Il  est  à  remarquer  que  non-seulement  l'emplacement  de  ce  gravier, 
mais  la  diminution  graduelle  de  l'épaisseur  de  la  couche  qu'il  forme,  offrent 
bien  tous  les  caractères  d'un  dépôt,  d'après  les  renseignements  qu'il  m'a 
été  possible  de  recueillir  sur  les  sondages  qui  viennent  d'y  être  faits  par  une 
compagnie  de  chemin  de  fer.  Il  est  de  plus  assez  probable  que  c'est  bien 

C    R   ,  i858,  !«■•  Semesire.iT.  XLVI,  N»  3.;  I9 


(  i46) 
par  un  courant,  qui  n'est  peut-être  pas  extrêmement  ancien,  que  la  forma- 
tion de  ce  gisement  de  gravier  a  été  faite;  car  une  petite  rivière  qui  traverse 
la  vallée  charrie  encore  du  gravier,  et  d'ailleurs  on  conserve  le  souvenir 
de  plusieurs  inondations  considérables,  dont  une  a  même  eu  lieu  il  y  a  peu 
d'années,  malgré  la  destruction  d'une  ancienne  forêt  qui  existait  autrefois 
près  de  l'origine  des  versants.  Il  m'a  donc  semblé  que  cette  observation  pou- 
vait être  utile,  soit  pour  donner  une  idée  de  la  manière  dont  la  seule  inspec- 
tion des  terrains  permettrait  de  prévoir  l'étendue  et  l'importance  de 
chaque  gisement  de  gravier;  soit  pour  établir  d'une  manière  plus  certaine, 
après  l'exploitation  des  carrières  de  gravier,  étant  donnés  la  profondeur,  le 
mode  de  variation  des  couches  et  surtout  l'emplacement  par  rapport  aux 
coudes  des  vallées,  que  ces  gisements  ont  été  déposés  par  les  eaux. 

»  (Jn  conçoit  d'ailleurs,  d'après  ce  que  j'ai  dit  ci-dessus,  relativement  au 
mode  de  succion  nouveau  qui  peut  se  présenter,  même  dans  certains  cas, 
vers  la  concavité  des  sinuosités  des  cours  d'eau,  que  cette  étude  doit  devenir 
très-variée  et  pourra  même  servir  à  éclairer  l'hydraulique  au  moyen  de  la 
géologie,    » 


» 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  mode  de  consolidation  du  granité  et  de  plusieurs  autres 
roches.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  H.-C.  Sorby  à  M.  E lie  de  Beaumonl.) 

«  BrooinfieM  (  SliefGeld  ),  le  14  janvier  i858. 

»  ...  Je  vous  envoie  ci-joint  l'extrait  d'un  Mémoire  lu  par  moi  dernière- 
ment à  la  Société  Géologique  de  Londres,  dans  lequel  j'ai  donné  un  aperçu 
de  quelques  recherches  qui,  sans  doute,  vous  offriront  de  l'intérêt,  en  ce 

qu'elles  tendent  fortement  à  confirmer  quelques-unes  de  vos  conclusions 

Cependant,  quoique  j'aie  déjà  accumulé  un  grand  nombre  de  faits,  le  sujet 
est  encore  complètement  dans  l'enfance  et  plusieurs  points  très-importants 
restent  à  déterminer. 

')  Dans  un  si  court  extrait,  il  n'a  été  possible  de  donner  que  quelques- 
luies  des  conclusions  générales,  sans  présenter  les  preuves  sur  lesquelles 
elles  sont  fondées,  et  sans  pouvoir  entrer  dans  la  discussion  des  doutes  et 
en  peser  les  probabilités.  Peut-être  poiurais-je  dire  tout  aussi  bien  que  je 
crois  à  peine  que  le  granité  a  été  dissous  dans  l'eau,  mais  plutôt  que 
l'eau  à  l'état  gazeux  a  été  dissoute  dans  le  granité  fondu,  comme  dans  un 
liquide.,  m'accordant,  jusqu  à  un  certain  point  à  cet  égard,  avec  les  prin- 
cipes soutenus  par  M.  Angelot,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Géologique 
de  France,  première  série,  volume  XIII,  page  178;  dire  aussi  que  dans  le 
refroidissement  l'eau  a  été  mise  en  liberté  à  l'état  liquide,  de  sorte  que  la 
roche  fondue  est  devenue  solide  et  cristalline  sous  l'intluence  de  Veau  liquide. 


(  '47  ) 
Au  contraire,  les  laves  purement  éruptives  sont  devenues  solides  sans  le 
concours  de  l'eau  liquide  agissant  sur  elles  au  moment  de  la  solidification 
et  ont  été  modifiées  uniquement  par  le  dégagement  de  l'eau  à  l'état  de 

vapeur Si  quelque  jour  j'avais  l'avantage  de  vous  rencontrer,  j'aurais 

le  plus  grand  plaisir  à  vous  montrer  mes  objets  microscopiques.  » 

Extrait  des  Proceedings  de  la  Société  Géologique  de  Londres  :  Sur  quel- 
ques particularités  de  la  structure  microscopique  des  cristaux,  applicables 
à  la  détermination  de  l'origine  aqueuse  ou  ignée  des  minéraux  et  des  roches; 
par  M.  H.-C.  Sorby. 

«  Dans  ce  Mémoire,  l'auteur  a  montré  que  lorsque  des  cristaux  artifi- 
ciels sont  examinés  au  microscope,  on  voit  qu'ils  ont  souvent  saisi  et  enve- 
loppé dans  leur  substance  solide  des  portions  de  la  matière  qui  les  envi- 
ronnait lorsqu'ils  étaient  en  cours  de  formation.  Ainsi,  s'ils  ont  été  produits 
par  sublimation,  de  petites  portions  d'air  ou  de  vapeur  sont  saisies  de  ma- 
nière à  donner  lieu  à  des  cavités  (\\n  paraissent  i»iV/e5;  ou  bien,  s'ils  sont  séparés 
par  dépôt  d'une  dissolution  dans  l'eau,  de  petites  quantités  d'eau  sont  enve- 
loppées de  manière  à  former  des  cavités  remplies  de  fluide.  De  même,  si  des  cris- 
taux proviennent  d'un  état  de  fusion  ignée,  ayant  cristallisé  dans  un  dissolvant 
de  roche  fondue,  des  portions  de  cette  roche  fondue  y  sont  enchâssées,  les- 
quelles en  se  refroidissant  demeurent  à  l'état  vitreux  ou  deviennent  lithoides 
de  manière  à  produire  ce  qu'on  pourrait  appeler  des  cavités  vitreuses  ou  li- 
thoides. Ces  différentes  espèces  de  cavités  peuvent  aisément  être  vues  avec 
des  pouvoirs  amplifiants  convenables,  et  être  distinguées  les  unes  des  autres 
par  diverses  particularités  bien  définies. 

u  De  ces  faits  et  de  quelques  autres  ont  été  déduites  les  conclusions  sui- 
vantes : 

»  1.  Les  cristaux  contenant  seulement  des  cavités  avec  de  l'eau  pro- 
viennent d'une  dissolution. 

»  2.  Les  cristaux  contenant  seulement  des  cavités  lithoïdes  ou  vitreuses 
proviennent  d'un  état  de  fusion  ignée. 

»  3.  Les  cristaux  contenant  à  la  fois  des  cavités  avec  eau  et  des  cavités 
lithoïdes  ou  vitreuses  ont  été  formés  sous  une  grande  pression  par  l'in- 
fluence combinée  de  l'eau. fortement  chauffée  et  de  la  roche  fondue. 

»  4.  La  quantité  d'eau  existante  dans  les  cavités  peut  servir,  dans  quel- 
ques cas,  à  déduire  la  température  à  laquelle  les  cristaux  ont  été  formés, 

»  5.  Les  cristaux  contenant  seulement  des  cavités  vides  ont  été  formés 
par  sublimation,  à  moins  que  ce  ne  soient  des  cavjtés  remplies  de  fluide 
qui  ont  perdu  leur  fluide,  ou  des  bulles  dues  à  la  fusion. 

19.. 


{  .48  ) 

»  D.  Les  cristaux  qui  contiennent  un  petit  nombre  de  cavités  ont  été 
formés  lentement,  comparativement  à  ceux  de  la  même  substance  qui  en 
contiennent  un  grand  nombre. 

»  7.  Les  cristaux  qui  ne  contiennent  pas  de  cavités  ont  été  formés  très- 
lentement  ou  par  le  refroidissement,  après  la  fusion,  d'une  substance  pure 
homogène. 

»  L'application  de  ces  principes  à  l'étude  des  minéraux  cristallisés  natu- 
rels et  des  roches  a  fait  voir  que  les  cavités  avec  fluide,  dans  le  sel  gemme, 
dans  le  spath  calcaire  des  dépôts  tuffacês  modernes,  des  filons  et  des  cal- 
caires ordinaires,  et  dans  le  gypse  des  marnes  gypseuses,  indiquent  que  ces 
minéraux  ont  été  séparés  par  dépôt  d'une  dissolution  dans  l'eau  à  une  tem- 
pérature qui  ne  s'éloignait  pas  considérablement  de  la  température  ordinaire. 
Les  mêmes  conclusions  s'appliquent  à  un  grand  nombre  d'autres  minéraux 
dans  des  filons,  dans  différentes  roches  et  aux  zéolithes.  Les  minéraux  con- 
stituants du  micaschiste  et  des  roches  qui  lui  sont  associées  contiennent 
un  grand  nombre  de  cavités  remplies  de  fluides,  indiquant  qu'elles  ont  été 
métamorphosées  par  l'action  de  l'eau  chauffée  et  non  pas  simplement  par  la 
chaleur  sèche  et  par  une  fusion  partielle. 

»  La  structure  des  minéraux  contenus  dans  la  lave  éruptive  prouve  qu'ils 
ont  été  déposés  d'une  masse  à  l'état  de  fusion  ignée,  comme  les  cristaux 
renfermés  dans  les  scories  des  fourneaux  ;  mais  dans  quelques-uns  des 
minéraux  trouvés  dans  des  blocs  rejetés  par  des  volcans  (par  exemple  dans 
la  néphéliiie  et  la  meïonite),  il  existe,  outre  les  cavités  lithoïdes  et  vitreuses, 
un  grand  nombre  de  cavités  contenant  de  l'eau  dont  la  quantité  relative 
indique  qu'ils  ont  été  formés  sous  tine  grande  pression,  à  la  température  du 
rouge  sombre,  en  présence  à  la  fois  de  l'eau  chauffée  et  de  la  roche  fondue. 
Les  cavités  avec  fluides  de  ces  minéraux  aquéo-ignés  contiennent  générale- 
ment de  très-petits  cristaux,  comme  s'ils  avaient  été  séparés  par  refroidisse- 
ment d'une  dissolution  dans  l'eau  fortement  chauffée.  Les  minéraux  con- 
tenus dans  les  roches  trappéennes  ont  aussi  une  structure  qui  prouve  qu'ils 
sont  véritablement  d'origine  ignée^  mais  qu'ils  ont  été  fortement  altérés  par 
l'action  subséquente  de  l'eau,  et  l'on  y  trouve  un  grand  nombre  de  miné- 
raux formés  dans  de  petites  cavités  par  le  dépôt  d'une  dissolution  aquetise. 

«  Le  quartz  des  filons  quartzeux  a  une  structure  qui  prouve  qu'il  a  été 
déposé  rapidement  d'une  dissolution  dans  l'eau,  et  dans  quelques  cas  la 
quantité  relative  de  l'eau  dans  les  cavités  à  fluides  indique  que  la  tempéra- 
ture était  considérable.  Dans  un  cas  favorable,  la  température  ainsi  déduite 
était  de  i65  degrés  centigrades  (Sag  degrés  Farenheit),  et  il  paraît  que, 


(  ^49  ) 
quand  la  chaleur  était  encore  plus  considérable,  il  s'est  déposé  du  mica  et 
de  l'étain  oxydé,  et  probablement  même  dans  certains  cas  du  feldspath. 

»  Il  existe  donc,  comme  l'a  soutenu  M.  Élie  de  Beaumont,  un  passage 
graduel  des  filons  quartzeux  aux  filons  de  granité  et  au  granité  lui-même, 
et  il  n'existe  pas  entre  ces  masses  diverses  une  ligne  de  démarcation  aussi  dis- 
tincte qu'on  pourrait  l'attendre  si  les  unes  avaient  été  déposées  par  l'eau  et  si 
les  autres  l'avaient  été  dansun  état  de  fusion  ignée,  comme  les  scories  de  nos 
fourneaux  et  les  laves  éruptives.  Lorqu'on  examine  les  minéraux  constituants 
du  granité  solide  loin  du  contact  avec  les  roches  stratifiées,  on  voit  qu'ils 
contiennent  aussi  des  cavités  à  fluides.  C'est  là  le  cas,  particulièrement  pour 
le  quartz  du  granité  à  gros  grains  très-quartzeux,  dans  lequel  elles  sont  en  si 
grand  nombre,  que  la  proportion  de  mille  millions  de  ces  cavités  dans  un 
pouce  cube  n'est  pas  du  tout  inusitée  :  l'eau  qui  y  reste  renfermée  constitue 
de  I  à  2  pour  loo  du  volume  du  quartz.  Cependant,  outre  ces  cavités  à 
fluides,  le  feldspath  et  le  quartz  contiennent  des  cavités  lithoïdes  parfaite- 
ment caractérisées,  précisément  analogues  à  celles  des  cristaux  des  scories 
et  des  laves  éruptives;  et  ainsi  l'on  voit  que  la  structure  caractéristique  du 
granité  est  la  même  que  celle  de  ces  minéraux,  qui  sont  formés  dans  une 
condition  aquéo-ignée  dans  les  blocs  qui  ont  été  rejetés  par  les  volcans 
modernes,  et  la  présence  très-fréquente  de  très-petits  cristaux  dans  l'inté- 
rieur des  cavités  à  fluides  corrobore  encore  cette  analogie. 

»  La-  conclusion  à  laquelle  ces  faits  paraissent  conduire  est  que  le  granité 
n'est  pas  une  simple  roche  ignée,  comme  une  scorie  de  fourneau  ou  une  lave 
éruptive,  mais  plutôt  une  roche,  aquéo-ignée,  produite  par  l'influence  com- 
binée de  l'eau  liquide  et  de  la  fusion  ignée  dans  des  conditions  physiques 
semblables  à  celles  qui  existent  à  une  grande  profondeur  au-dessous  de  la 
surface  de  la  terre  à  la  base  des  volcans  modernes. 

»  Ces  déductions  de  l'auteur  viennent  donc  fortement  à  l'appui  des  idées 
de  MM.  Scrope,  Scheerer  et  Élie  de  Beaumont,  et  il  s'accorde  avec  eux 
pour  considérer  comme  probable  que  la  présence  de  l'eau  pendant  la  cris- 
tallisation du  granité  a  été  une  cause  instrumentale,  sinon  la  cause  essen- 
tielle de  la  différence  qui  existe  entre  le  granité  et  les  roches  trachitiques 
éruptives.  » 

«  M.  Elie  de  Beaumont  rappelle,  en  terminant  cette  communication,  que 
dans  celui  de  ses  écrits  auquel  l'auteur  veut  bien  faire  allusion,  il  a  cité 
des  masses  granitiques  qui  paraissent  avoir  cristallisé,  soit  à  une  très-pe- 
tite profondeur,  soit  même  à  la  surface,  et,  par  conséquent,  sous  une  près- 


(  i5o  ) 
sion  très-faible,  et  qui,  dans  certains  cas,  se  réduisait  à  la  seule  pression 
atmosphérique  (i). 

M,  Elie  de  Beaumont  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  de 
M.  Boue,  relatif  à  des  secousses,  de  tremblemenl  de  terre  en  Illjrie  et  en  Carintlne, 
vers  la  fin  de  décembre  iSSy. 

«  Nous  avons  eu,  en  décembre,  ici  et  surtout  dans  l'Illyrie  et  la  Carin- 
thie  (Agram,  Klagenfort,  Rosegg,  Lienzen,  Admont,  24  décembre),  le 
contre-coup  ou  la  suite  des  chocs  de  Naples.  Leur  direction  normale  sud- 
nord  a  suivi,  comme  à  l'ordinaire  en  Dalmatie  (Zara,  a8  décembre),  la 
direction  des  chaînes  et  couches  du  sud-est  au  nord-ouest  ;  mais  arrivées 
aux  Alpes,  les  oscillations  latérales  ouest-est  ont  seules  été  senties. 

»   Il  y  a  eu  aussi  de  grandes  perturbations  magnétiques.  » 

M.  Delabaye  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyée  une  communication  qu'il  a 
faite  en  1 854.  sur  l'application  de  la  chromolithographie  à  la  représentation 
des  objets  dont  s'occupe  l'histoire  naturelle. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Che- 
vreul,  Milne  Edwards,  Regnault,  Seguier.) 

M.  DE  Paravey  présente  des  remarques  relatives  à  quelques-uns  des 
noms  par  lesquels  on  désigne  le  baume  de  Judée  et  le  séné  d'Arabie.  Inter- 
prétant le  nom  chinois  d'un  végétal  qu'Abel  Rémusat  donne  comme  étant 
le  baumier  de  Judée,  M.  de  Paravey  y  trouve  un  argument  à  l'appui  de  sa 
thèse  sur  l'origine  assyrienne  des  connaissances  des  Chinois. 

M.  Bouvier  adresse,  de  Chaussan  (département  du  Rhône),  une  Note 
concernant  la  valeur  du  stade  d'Ératosthène. 

M.  Babinet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire  sa- 
voir à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  É.  D.  B. 


(i)  Voir  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,  a"  série,  tome  IV  (séance  du 
5  juillet  1847  )  '^  Mémoire  intitulé  :  Note  sur  les  émanations  volcaniques  et  métallifères,  par 
M.  Élie  de  Beaumont,  et  particulièrement  ce  qui  y  est  dit  pages  1297,  1298  et  1299  relative- 
ment aux  granités  de  la  Saxe,  du  Cornouailles  et  de  l'Oisans. 


(  «51  ) 

BULLETIN    BIBLIO<iKAPftl<^UE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  1 8  janvier  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences;  i"  se- 
mestre 1857;  t.  XLIV;  in-4°. 

Rapport  sur  tes  substances  végétales  et  animales,  Jait  à  la  Commission  fran- 
çaise du  Jury  international  de  [Exposition  universelle  de  Londres;  par  "M..  Payeis. 
Paris,  i855;  i  vol.  in-8°. 

Mémoire  sur  la  résistance  de  l'eau  au  mouvement  des  corps  et  particulière- 
ment des  bâtiments  de  mer  ;  par  M.  BOURGOIS.  Paris;  \n-[\°. 

Étude  du  magnétisme  et  de  l' électro  magnétisme  au  point  de  vuede  la  construc- 
tion des  électro-aimants;  par  M.  le  vicomte  Th.  DU  Mo^CEL.  Paris,  i858; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  Despretz.) 

Des  lois  suivant  lesquelles  les  dimensions  du  corps,  dans  certaines  classes  d'a- 
nimaux, déterminent  la  capacité  et  les  mouvements  fonctionnels  des  poumons  et 
du  cœur;  par  M.  J.-F.  Rameaux;  br.  in-4''.  (Extrait  du  t.  XXIX  des  Mé- 
moires couronnés  et  des  Mémoires  des  Savants  étrangers  de  l  Académie  royale 
de  Belgique.  ) 

Des  turbines  eulériennes  sans  vannage;  par  M.  Ordinaire  DE  LaColonge. 
Bordeaux,  1857;  br.  in-S". 

Supplément  de  la  turbine- Fourneyron  d'après  M.  Weisbach,  professeur  à 
l'École  des  Mines  de  Freiberg  (Saxe),  suivi  d'expériences  exécutées  sur  un 
moteur  de  ce  genre  établi  à  la  poudrerie  de  Saint-Médard;  parle  même.  Paris- 
Bordeaux,  1857;  br.  in-8°. 

Télégraphe  à  aiguille  perfectionné;  par  M.  Gloesner;  br.  in-S".  (Présenté, 
au  nom  de  l'auteur,  par  M.  Desprelz.) 

Monographie  de  la  famille  des  Ostracionides  ;  par  M.  HOLLARD;  br.  in-8°. 

Ascension  du  Pichincha.  Notes  d  un  voyageur  lues  à  la  Société  d'Agriculture, 
Commerce,  Sciences  et  Arts  du  département  de  la  Marne,  dans  la  séance  du 
i"'  décembre  1867;  par  M.  Jules  Remy,  membre  correspondant.  Châlons, 
i858;  br.  in-8°. 

Note  sur  un  perfectionnement  de  mon  électro-moteur, sur  un  nouveau  genre  de 
barrage  et  sur  une  nouvelle  vannej'par  M.  Louis  Roussilhe.  Paris,  1857; 
br.  in-8*'. 

Note  sur  une  application  des  électro-aimakts  articulés  a  OSCILLATIOKS 
SIMPLES,  à  un  appareil  pour  la  sécurité  des  trains  qu'on  peut  appeler  gardk- 
ÏRAIN  ÉLECTRIQUE;  par  M.  DE  Lafollye;  autographié ;   une  feuille  in-Zj". 

Appendice  d'un  Mémoire  sur  un  nouvel  appareil  électrique;  par  le  mémo  ; 
autographié  d'une  feuille  in-4''. 

Almanach   de   l'Illustration,    présentant    tous    les   phénomènes    célestes   d 


(  i52  ) 
l'année,  rédigé,  calculé  et  desiiné  par  M.  BULARD.  Paris,  i858;  petit  in-4''- 

Délie...  Théorie  du  tiers- son,  ou  de  la  Coïncidence  des  vibrations  sonores 
avec  un  Essai  sur  les  analogies  que  présentent  les  vibrations  lumineuses  du  spectre 
solaire;  par  M.  le  professeur  Zawtedeschi  ;   br.  in-8°,  1857. 

Délie...  De  la  correspondance  que  montrent  entre  eux  les  corps  sonores  dans 
la  résonnance  de  plusieurs  sons  en  un;  par  le  même;  br.  in -8°. 

Délia. . .  De  l'unité  de  mesure  des  sons  musicaux^  de  leurs  limites,  de  la  durée 
des  vibrations  sur  le  nerf  acoustique  de  [homme  et  du  renforcement  du  ton  fon- 
damental produit  dans  les  diapasons  d'acier  en  vertu  d'un  mouvement  molécu- 
laire ;  par  le  même;  br  iii-8°. 

Ces  trois  opuscules  sont  renvoyés  à  M.  Cagniard  de  Latour  pour  un 
Rapport  verbal. 

Intorno...  Note  sur  le  théorème  de  Budan;  par  M.  A.  Genogchi.  Rome, 
i856;  br.  in-8°. 

Leonardo...  Note  sur  Leonnrdo  Pisano,  mathématicien  du  XIII*  siècle  ;  ^ar. 
le  même.  Rome,  1867  ;  br.  in-8°. 

Memorias. . .  Mémoires  de  l' /Icadémie  des  Sciences  de  Lisbonne;  2*  série, 
t.  III,  part.  II.  Lisbonne,  i8f>6;  in-folio. 

Annaes..  Annales  des  Sciences  et  Lettres,  publiées  sous  les  auspices  de  l'Aca- 
démie rojale  des  Sciences  de  Lisbonne.  Sciences  mathématiques,  sciences  natu- 
relles et  médicales,  t.  I,  i"  année.  Mars-juillet  1857;  5  livraisons  in-8°. 

ÇoUecçao...  Collection  de  matériaux  pour  servir  à  l'histoire  des  nations  qui 
habitent  les  possessions  portugaises  d'outre-mer,  ou  qui  en  sont  voisin  es,  publiée  par 
iJcadémie  royale  des  Sciences  de  Lisbonne  ;  tome  YI.  Lisbonne,  i856;  in-8°. 

CoUecçao...  Collection  d'Opuscules  relatifs  à  l'histoire  des  navigations , 
voyages  et  conquêtes  des  Portugais,  réimprimés  par  ordre  de  V Académie  royale 
des  Sciences  de  Lisbonne  ;  t.  I.  Lisbonne,  i855;  in-8°. 

Astronomical...  Observations  astronomiques  faites  à  l'observatoire  de  la 
Compagnie  des  Indes  orientales  à  Madras,  pendant  /es  «nnees  1 843- 1847 1  P"" 
bliées  par  M.  T. -G.  Taylor,  astronome  de  la  Compagnie.  Madras,  1 848  ;  in-4°. 

Astronomical...  Observations  astronomiques  faites  à  l'observatoire  de  la 
Compagnie  des  Indes  orientales  à  Madras,  pendant  les  années  r848-i852,  pu- 
bliées par  M.  W.-S.  Jacob,  astronome  de  la  Compagnie.  Madras,  1 854  ;  in-4". 
Report...  Rapport  du  Surintendant  du  relevé  hjdrographique  des  côtes  des 
Etats-Unis  d'Amérique,  sur  les  travaux  exécutés  pendant  l' année  i855.  Was- 
hington, i856;  in-4°.  (Renvoyé  à  M.  Babinet  pour  un  Rapport  verbal.) 

The...  Vingt-quntrième  Rapport  annuel  de  la  Société  royale  Polytechnique 
de  Cornouailles ;  année  i856;  in-8°. 

--aa  l-O-l  «sr-— 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  JANVIER  1858. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRt:S  ET  COMMLIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE  AUX  ARTS.  —  Considérations  sur  les  progrès  des  arts 
mécaniques,  au  sujet  du  Rapport  composé  par  M.  le  général  Poncelet  pour 
faille  partie  des  travaux  de  ta  Commission  française  pour  [Exposition  univer- 
selle de  i85i  ;  par  M.  le  baron  Chaules  Dupin,  Président  de  la  Commis- 
sion. 

«  Il  y  a  peu  de  jours,  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics,  de  l'Agricul- 
ture et  du  Commerce,  vous  a  présenté,  suivant  l'ordre  de  publication,  les 
VIP  et  VHP  volumes  de  l'ouvrage  entrepris  à  la  suite  de  la  première  Expo- 
sition universelle.  Le  but  de  cet  ouvrage  est,  vous  le  savez,  d'exposer  les 
progrès  des  sciences  appliquées  à  l'industrie,  depuis  le  commencement  du 
siècle  jusqu'à  ce  jour. 

»  L'Institut  entier  doit  porter  intérêt  à  cette  entreprise.  Parmi  les  Rap- 
ports les  plus  considérables  qu'elle  ait  déjà  publiés,  un  premier  fait  con- 
naître le  mérite  des  travaux  artistiques  accomplis  depuis  cinquante  ans 
avec  les  métaux  précieux,  et  le  progrès  des  moyens  d'exécution  (i).  Un  autre 
Rapport  embrasse  l'ensemble  des  applications  des  beaux-arts  aux  producv 

(i)  Rapport  de  M.  le  duc  de  Luynes. 

C.  R.,  i85S,  1"-  Semestre.  (T.  XLVI,  îi°  4.)  20 


('54) 

tions  de  l'industrie  (i).  Ces  deux  ouvrages  ont  été  justement  appréciés  par 
l'Académie  des  Beaux-Arts  ;  ils  ont  été,  pour  l'érudition  dont  ils  font  preuve, 
appréciés  aussi  par  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  dont  les 
deux  auteurs  sont  Membres. 

»  La  part  de  l'Académie  des  Sciences  est  plus  large.  Lorsqu'il  s'est  agi 
de  représenter  la  France  dans  le  Jury  de  la  première  Exposition  universelle, 
quinze  Membres  de  l'Académie  des  Sciences  furent  choisis.  Ils  combinèrent 
leurs  connaissances  théoriques  avec  les  connaissances  pratiques  de  dix-sept 
autres  Membres  empruntés  à  l'élite  des  arts  et  des  manufactures.  De  cette 
alliance  honorable  autant  qu'utile,  et  pour  les  uns  et  pour  les  autres,  sont 
sortis  les  résultats  à  la  fois  les  plus  éclairés  et  les  plus  équitables. 

»  Trois  de  nos  collègues,  M.  Combes,  M.  le  général  Morin  et  M.  le  géné- 
ral Poncelet  ont  publié  leurs  travaux  dans  les  deux  volumes  au  sujet  des- 
quels je  vais  présenter  quelques  observations  à  l'Académie.  Ces  deux  volu- 
mes comprennent  les  applications  de  la  mécanique  aux  arts  manufacturiers 
ainsi  qu'aux  arts  du  génie  civil.  Je  bornerai,  maintenant,  mes  réflexions  au 
cercle  spécial  qu'a  parcouru  le  dernier  des  trois  collègues  dont  je  viens  de 
citer  les  noms. 

»  Le  moindre  mérite  du  Rapport  composé  par  M.  le  général  Poncelet, 
c'est  de  remplir  ii83  pages  in-8°  d'impression  très-compacte  et,  ce  qui 
vaut  beaucoup  mieux,  d'un  style  serré,  rapide,  qui  ne  donne  rien  à  la 
phrase  que  la  clarté,  pour  empêcher  que  la  profondeur  soit  trop  difficile 
à  comprendre. 

»  Une  première  partie  embrasse  l'historique  des  machines  et  des  outils 
employés  principalement  à  la  mise  en  œuvre  des  matières  non  textiles;  la 
seconde  partie  s'applique  aux  matières  textiles. 

»  Il  ne  suffirait  pas  de  dire  que  l'auteur  avait  toute  l'autorité  nécessaire 
pour  justifier  la  mission  très-étendue  dont  il  fut  chargé;  que  la  géométrie 
lui  doit  plusieurs  de  ses  plus  beaux  progrès  dans  l'école  de  Monge;  que  la 
mécanique  appliquée  lui  doit  des  inventions  brillantes,  parmi  lesquelles  la 
roue  hydraulique  connue  sous  son  nom  ;  que  la  dynamique  lui  doit  le  calcul 
des  forces  motrices  et  du  mouvement  dans  les  machines,  théorie  qui  l'a 
rendu  le  législateur  dans  cette  partie  des  arts  producteurs. 

n  Ce  qu'il  importe  de  remarquer,  c'est  l'immense  travail  accompli  depuis 
quatre  ans  par  notre  collègue,  comme  s'il  avait  eu  sa  réputation  à  faire,  ou 
qu'il  eût  voulu  mériter  une  seconde  fois  d'être  admis  dans  l'Institift. 


(i)  Rapport  de  M.  le  comte  Léon  de  Laborde. 


(  .55  ) 

»  Il  a  pris  trois  collections  officielles  qui  contiennent  les  Brevets  d'in* 
vention  ou  de  perfectionnement  de  la  France,  de  l'Angleterre  et  des  États- 
Unis  :  le  tout  comprend  une  centaine  de  volumes  in-4°.  C'est  dans  ce  triple 
trésor  qu'il  a  cherché,  comparé,  jugé  les  origines  et  la  valeur  des  inventions 
depuis  le  commencement  du  siècle  et  sovivent  plus  haut,  quoiqu'il  n'ait  fixé 
son  point  de  départ  qu'au  temps  où  la  paix  générale  mit  fin  aux  guerres  du 
premier  Empire. 

»  Il  a  fallu  dégager  les  discussions  originales  de  toute  divagation  ;  il  a 
fallu  dissiper  les  ténèbres  souvent  intentionnelles  répandues  par  la  peur 
qu'avaient  les  auteurs  d'être  trop  complètement  devinés  et  trop  aisément 
imités;  on  leur  a  rendu  de  la  sorte  la  part  de  mérite  dont  ils  s'étaient  à  des- 
sein dépouillés. 

»  Qu'il  me  soit  permis  de  citer  un  seul  paragraphe  par  lequel  notre 
savant  confrère  exprime  avec  une  grande  élévation  les  motifs  qui  l'ont  animé 
et  soutenu  dans  ce  labeur  effrayant  : 

«  Quand  on  réfléchit,  notamment,  à  la  part  si  minime  jusqu'ici  accordée 
»  dans  les  Rapports  des  Jurys  d'Exposition  aux  inventeurs  des  artsmécani- 
»  ques,  presque  tous  condamnés  à  vivre  dans  l'obscurité  et  la  misère, 
»  pendant  leur  courte  apparition  au  milieu  d'un  monde  qui  ne  les  comprend 
»  pas  et  les  repousse,  tantôt  par  la  crainte  plus  ou  moins  fondée  d'une 
»  fâcheuse  mais  inévitable  concurrence  et,  par  suite,  d'un  abaissement 
»  quelconque  dans  le  profit  et  le  travail  des  mains-d'œuvre;  tantôt  par  un 
»  irrésistible  penchant  de  l'orgueil  humain,  qui  redoute  toute  supériorité 
»  intellectuelle  et  novatrice,  si  elle  ne  se  fait  humble  et  modeste  jusqu'à  la 
»  servilité;  tantôt  aussi  par  une  appréhension  du  charlatanisme  qui  de 
»  nos  jours,  malheureusement,  vient  trop  souvent  se  substituer  au  naïf  et 
»  imprévoyant  désintéressement  des  vrais  inventeurs  ;  lorsque  l'on  songe 
»  surtout  combien  d'obscurités,  de  lacunes,  de  préjugés  et  d'injustices  sys- 
»  tématiques  ou  involontaires  sont  répandus  sur  l'histoire  de  ces  hommes 
»  dont  les  œuvres  ignorées  du  public  ont  été  mises  à  profit  par  d'autres 
»  plus  favorisés  de  la  fortune  ou  des  circonstances,  et  auxquels  trop  sou- 
V  vent  encore  un  habile  savoir-faire  a  pu  tenir  lieu  de  talent  et  de  génie  ; 
»  en  se  rappelant  enfin  jusqu'à  quel  point  nos  hommes  d'État  et  nos  écri- 
»  vains  de  tout  genre  ont  quelquefois  poussé  l'ingratitude,  le  dédain  et 
»  l'oubli  envers  ces  véritables  et  pacifiques  bienfaiteurs  des  modernes 
«  civilisations,  on  ne  peut  se  défendre  d'un  sentiment  profond  d'amertume, 
»  qui  vous  fait  ardemment  désirer  de  voir  enfin  déchirer  le  voile  dont  est 
»  encore  entouré  le  berceau  des  plus  récentes,  des  plus  utiles  découvertes, 

ao.. 


(.56) 
j>  et  de  revendiquer  pour  la  patrie  la  belle  et  noble  part  qui  lui  revient  dans 
»  l'histoire  des  progrès  spécialement  accomplis  par  la  mécanique  indus- 
»  trielle,  dont  l'influence  sur  les  diverses  branches  de  fabrication  et  des 
»  arts  ne  paraît  point  encore  suffisamment  appréciée  ou  comprise  de  nos 
»  jours.    « 

B  La  grande  révolution  qui  s'est  opérée  dans  l'application  des  sciences 
mathématiques  aux  arts,  est  une  révolution  que  j'appellerai  géométrique.  II 
faut  la  faire  remonter  à  Watt.  Celui-ci  débuta  par  pratiquer  les  arts  qui 
demandaient  le  plus  de  cette  précision  indispensable  des  dimensions,  des 
formes  et  des  mouvements  géométriques.  Il  fut  d'abord  horloger,  puis  con- 
structeur en  instruments  d'optique  et  d'astronomie. 

»  Watt  découvrit  que  pour  donner  à  la  machine  à  vapeur  une  puissance 
nouvelle,  il  ne  suffisait  pas  de  savoir  produire  et  supprimer  la  vapeur  avec 
économie  et  par  des  moyens  nouveaux.  Il  reconnut  qu'il  fallait  donner  à 
toutes  les  parties  de  ses  mécanismes  une  précision  rigoureuse.  Dans  sa  ma- 
nufacture de  Soho,  près  de  Birmingham,  il  enseignait  l'application  de  la 
géométrie  à  ses  contre-maîtres,  à  ses  ouvriers;  il  parvintà  créer  le  plus  savant, 
le  plus  parfait  des  grands  ateliers  britanniques  d'où  sont  sorties  des  machines 
que  cinquante  ans  de  travaux  postérieurs  n'ont  pu  surpasser  quant  à  la 
perfection,  à  la  précision  des  formes,  ainsi  qu'à  la  proportion  raisonnée  de 
toutes  les  parties. 

»  En  1800,  la  patente  de  Watt  expire;  des  travailleurs,  qui  deviendront 
des  maîtres,  sortent  de  ses  ateliers;  des  rivaux  surgissent  de  toutes  parts,  les 
inventions  se  multiplient;  c'est  à  qui  travaillera,  s'il  le  peut,  aussi  parfaite- 
ment que  Watt,  en  ajoutant  quelque  chose  à  ses  inventions. 

»  Un  second  pas  dans  cette  voie  consiste  à  créer  de  puissants  mécanismes 
qui  fassent  d'eux-mêmes  en  grand,  avec  une  précision  mathématique,  ce 
que  les  ouvriers  les  plus  habiles  parviennent  à  faire  à  la  main  avec  leurs 
outils  les  meilleurs  :  telles  ont  été  ces  machines-outils,  dont  l'invention, 
le  perfectionnement  et  l'imitation  remplissent  l'histoire  industrielle  du 
XIX''  siècle. 

»  La  fabrication  des  machines-outils  est  devenue  l'objet  de  la  création  des 
plus  grands,  des  plus  beaux  ateliers,  d'abord  en  Angleterre,  puis  en  France 
et  dans  les  contrées  de  l'Europe  les  plus  avancées  :  ce  progrès  est  décrit  avec 
un  grand  intérêt. 

»  Viennent  ensuite  les  machines  et  les  outils  employés  dans  les  construc- 
tions diverses,  les  unes  agissant  par  percussion,  d'autres  par  pression;  puis 
les  machines  automatiques  ayant  pour  objet  d'opérer  par  une  succession 


(  i57) 
nécessaire  d'actions  qui,  saisissant  à  l'entrée  les  matières  brutes,  donnent, 
à  la  sortie,  des  produits  complètement  travaillés. 

u  Une  des  sections  les  plus  étendues  se  rapporte  aux  machines  d'im- 
pression, soit  pour  les  tissus,  soit  pour  la  typographie;  c'est  une  des  parties 
où  l'auteur  a  dû  faire  le  plus  de  recherches,  afin  de  rapporter  chaque  inven- 
tion à  ses  véritables  auteurs. 

»  Une  autre  partie  vraiment  neuve  et  développée  avec  le  soin  qu'elle 
mérite,  est  celle  des  machines  ou  moulins  ayant  pour  objet  la  mouture  des 
céréales.  Depuis  la  trituration  la  plus  simple  jusqu'à  ces  grands  mécanismes 
où  le  blé  plus  ou  moins  impur,  présenté  tel  que  le  commerce  le  livre,  est 
nettoyé,  broyé,  séparé  non-seulement  en  obtenant  d'un  côté  le  son,  de 
l'autre  la  farine,  mais  où  la  farine  elle-même  est  séparée  en  divers  degrés 
jusqu'à  la  fleur  plus  fine. 

a  Dans  la  section  qui  considère  plus  particulièrement  les  machines  à  di- 
viser sont  décrits  les  perfectionnements  remarquables  apportés  dans  la  Ma- 
-  nufacture  gouvernementale  des  Tabacs,  par  d'anciens  élèves  de  l'École  Po- 
lytechnique :  il  en  résulte  un  ensemble  qui  n'est  égalé  par  les  fabrications 
d'aucune  autre  contrée. 

w  Une  dernière  et  grande  série  de  machines  comprend  toutes  celles  qui 
servent  à  travailler,  à  diviser,  à  façonner,  sous  des  formes  diverses  et  pré-t 
cises,  la  pierre,  le  bois  et  les  matières  analogues;  telles  sont  les  scieries  à 
lames  droites  ou  circulaires. 

»  La  confection  des  poulies  a  présenté  des  mécanismes  très-ingénieux; 
les  plus  parfaits  et  les  plus  célèbres  sont  ceux  de  notre  compatriote  feu  Marc 
Isambarl  Brunel,  qui  fut  Associé  de  l'Académie  des  Sciences.  i'ui;i 

»  Tel  est  le  vaste  cadre  rempli  par  notre  savant  confrère  dans  sa  pre- 
mière partie. 

»  Dans  la  seconde  partie,  l'auteur  présente  d'abord,  sous  forme  suc- 
cincte, la  revue  des  progrès  modernes  des  machines  employées  pour  carder 
et  filer  le  coton  et  la  laine  à  la  mécanique;  ici  les  Anglais  ont  pris  l'avance 
dès  le  milieu  du  dernier  siècle,  et  conservé  la  supériorité  commerciale  par 
l'immensité  des  fils  à  bas  prix  et  des  tissus  communs  qu'ils  fabriquent,  non- 
seulement  pour  eux,  mais  pour  la  plupart  des  autres  nations. 

»  L'auteur  a  réservé  ses  plus  grands  et  plus  beaux  développements  pour 
présenter  l'historique  de  la  filature  et  du  tissage  de  la  soie  et  du  lin. 

»  Pour  la  soie,  il  remonte  aux  procédés  du  xvill"  siècle;  il  étudie,  il 
recompose  les  savants  mécanismes  de  Vaucanson,  mal  appréciés  dès  le  prin- 
cipe et  dont  les  modèles  ont  subi  d'affligeantes  détériorations;  il  montre 


(  i58) 
avec  quel  génie  le  grand  mécanicien  français  devançait  son  siècle  et  visait 
aux  moyens  d'atteindre  une  rigueur  d'exécution,  luie  précision  de  mouve- 
ments qu'on  réalisera  seulement  dans  l'époque  subséquente.  Tous  les  pro- 
grès de  la  filature  moderne  de  la  soie  en  France  sont  décrits,  et  le  mérite 
de  chaque  inventeur  est  apprécié.  Notre  patrie  prédomine  ici  par  l'inven- 
tion ;  la  supériorité  des  résultats  commerciaux  en  est  la  conséquence. 

»  La  filature  du  lin  nous  offre  un  autre  spectacle.  En  1810,  Napoléon  I^', 
qui  cherchait  à  combattre  l'Angleterre,  non-seulement  par  les  armes,  mais 
surtout  par  l'industrie,  voulait  encourager  les  fabrications  textiles  dont  la 
matière  première  appartient  à  nos  climats.  De  là  le  prix  d'un  million  qu'il 
proposa  pour  la  filature  du  chanvre  et  du  lin  à  la  mécanique.  Philippe  de 
Girardproduisit  alors  ses  belles  inventions  pour  préparer  et  filer  le  chanvre 
et  le  lin.  Chose  étrange,  son  brevet  de  18 12,  où  cet  éminent  ingénieur  sortait 
avec  le  plus  de  succès  des  routes  battues,  est  repoussé  par  leComitéconsultatif 
des  arts  et  manufactures  à  raison  d'une  similitude  apparente  avec  des  essais 
précédents  dus  à  d'autres  auteurs.  Pour  surcroît  d'infortune,  les  différents 
brevets  pris  par  Ph.  de  Girard  n'ont  été  reproduits  et  publiés  après  l'expira- 
tion, que  mutilés  et  défigurés,  et  par  lambeaux  presque  méconnaissables. 
C'est  à  travers  toutes  ces  lacunes  que  notre  savant  collègue  a  mis  toute  sa 
puissance  d'investigation  pour  restituer  le  système  véritable  et  complet  de 
l'inventeur  français,  système  que  chacun  s'est  efforcé  de  piller  en  France  et 
chez  l'étranger. 

»  Les  révolutions  de  i8i4  et  181 5  ruinèrent  deux  établissements  de 
filature  fondés'  par  P.  de  Girard,  l'un  à  Paris,  l'autre  à  Charenton.  Ces 
mêmes  révolutions  empêchèrent  le  prix  proposé  par  Napoléon  d'être  main- 
tenu. Dans  les  cent  jours  de  181 5,  la  question  fut  reprise  un  moment;  puis 
abandonnée  sous  le  régime  subséquent. 

»  Philippe  de  Girard  fut  mis  en  prison  pour  une  misérable  dette  de 
cinq  mille  francs,  et  dès  novembre  i8i4  d'indignes  associés  vendaient  en 
Angleterre  pour  5oo,ooo  francs  les  dessins  et  les  procédés  de  l'illustre  ingé- 
nieur, dérobés  chez  un  de  ses  amis!  L'Angleterre  aujourd'hui  vend  pour 
cent  millions  par  an  de  fils  et  de  tissus  fabriqués  par  des  procédés  dont  la 
base  primitive  et  principale  date  de  cette  transaction  corruptrice. 

»  L'Académie  connaît  le  beau  succès  des  recherches  patriotiques  dues 
au  général  Poncelet  pour  restituer  à  Philippe  de  Girard  la  plénitude  de  ses 
titres  :  communiquées  au  Gouvernement,  elles  ont  servi  de  base  et  de  per- 
fection à  la  loi  généreuse  portée  pour  payer,  à  titre  de  récompense  nationale, 
une  pension  publique  à  la  famille  de  l'ingénieur  qui,  de  181 5  à  1840,  avait 
vécu  loin  de  son  pays,  qu'il  avait  dû  fuir. 


(  i59  ) 

»  Une  partie  considérable  de  l'œuvre  que  nous  analysons  est  consacrée  à 
la  combinaison  des  fils  pour  la  corderie,  pour  les  filets  et  pour  les  tissus 
continus. 

»  Nous  citerons  encore  la  justice  rendue  par  l'auteur  au  génie  mécani- 
que d'un  autre  ingénieur  français  célèbre  et  malheureux  à  la  fin  de  sa  vie  : 
c'était  Pecqueur.  On  doit  à  Pecqueur  une  machine  très-savante  pour  fabri- 
quer en  grand  les  filets  de  pêche.  On  la  connaît  à  peine  en  France,  et  dès 
i85o  les  Anglais  l'achetaient  sous  la  condition  qu'aucun  modèle  n'en  serait 
présenté  dans  les  expositions  publiques. 

»  Heureusement,  pour  beaucoup  d'autres  mécanismes  relatifs  à  la  fila- 
ture, au  tissage,  la  France  a  montré  plus  d'empressement  à  s'approprier  le 
génie  de  ses  enfants.  Nous  pourrions  en  citer  de  nombreux  et  remarqua- 
bles exemples.  Les  Anglais  achètent  aujourd'hui  nos  machines  de  récente 
invention;  mais  les  Français  en  achètent  davantage  et  l'industrie  nationale 
en  retire  le  bénéfice  principal. 

n  J'ai  voulu  donner  quelque  idée  d'un  grand  ensemble  de  recherches  dont 
le  mérite  et  l'esprit  font  honneur  à  l'Académie  des  Sciences,  par  la  profon- 
deur des  études,  l'équité  des  jugements,  le  sentiment  généreux  et  l'inten- 
tion patriotique,  qui  sont  les  caractères  principaux  d'une  œuvre  émi- 
nente.   » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  variations  de  couleur  dans  le  sang  veineux  des  organes 
glandulaires  suivant  leur  état  de  fonction  ou  de  repos;  par  M.  Claude 
Bernard. 

a  Depuis  la  découverte  de  la  circulation,  on  reconnaît  deux  espèces  de 
sang  :  l'un  rouge  ou  artériel,  l'autre  noir  ou  veineux. 

»  Cette  coloration  différente  des  deux  sangs  artériel  et  veineux  a  été  con- 
sidérée comme  tellement  caractéristique,  qu'elle  a  servi  de  base,  depuis 
Bichat,  à  la  division  anatomique  des  organes  circulatoires. 

«  Je  divise,  dit  cet  anatomiste,  la  circulation  en  deux  :  l'une  porte  le  sang 
»  des  poumons  à  toutes  les  parties,  l'autre  le  ramène  de  toutes  les  parties 
»  au  poumon.  La  première  est  la  circulation  du  sang  rouge,  la  seconde 
»  celle  du  sang  noir  (i)  >'. 

»  Les  faits  que  je  vais  avoir  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  ç 

montreront  qu'on  ne  saurait  plus  désormais  regarder  comme  synonymes  les 

(i)  Bichat,  Anatomie  générale,  t.  II,  p.  245. 


u 


(  i6o  ) 
deux  expressions  sang  veineux  et  sang  noir.  Il  y  a,  en  effet,  à  l'état  normal, 
du  sang  veineux  qui  est  parfaitement  rouge  comme  du  sang  artériel;  il  y  a 
de  plus  du  sang  veineux  qui  est  tantôt  ronge  et  tantôt  noir.  Mais  ce  qui 
intéressera  surtout  le  physiologiste,  c'est  d'apprendre,  comme  je  le  dirai 
bientôt,  que  ces  variations  de  couleur  du  sang  veineux  correspondent  à 
divers  états  fonctionnels  déterminés  des  organes. 

»  Il  y  a  quelques  années  (en  i845),  en  faisant  chez  des  chiens  des  expé- 
riences sur  l'élimination  de  quelques  substances  par  le  rein,  je  fus  frappé 
de  voir  le  sang  qui  sortait  de  cet  organe  par  la  veine  être  aussi  rouge  que 
celui  qui  entrait  par  l'artère.  Cette  coloration  rutilante  de  la  veine  rénale 
était  d'autant  plus  facile  à  constater,  qu'elle  tranchait  nettement  sur  la  cou- 
leur noire  de  la  veine  cave  inférieure  dans  laquelle  elle  s'abouche. 

»  Dernièrement,  dans  mon  cours  au  Collège  de  France,  j'ai  repris  cette 
première  observation,  afin  de  la  poursuivre  plus  loin.  J'ai  retrouvé  le  même 
phénomène  chez  le  lapin,  qui  m'a  offert,  comme  le  chien,  des  veines  rénales 
contenant  un  sang  rouge  venant  se  mélanger  visiblement  avec  le  sang 
noir  de  la  veine  cave  inférieure.  Les  veines  lombaires  qui  se  déversent  prés 
des  veines  rénales  contiennent,  par  opposition,  du  sang  noir,  de  même 
qu'une  petite  veine  musculaire  qui  se  jette  dans  la  veine  rénale  gauche. 

»  Toutefois,  en  multipliant  les  expériences  sur  le  chien  et  sur  le  lapin  et 
en  faisant  varier  les  conditions  de  l'observation,  je  m'aperçus  bientôt  que 
cette  coloration  rutilante  habituelle  de  la  veine  rénale  pouvait  changer  de 
teinte  et  devenir  même  complètement  noire  sous  l'influence  de  circonstances 
diverses.  De  sorte  que  la  contradiction  trouverait  encore  ici  sa  place,  si  l'on 
voulait  se  borner  à  l'énoncé  d'un  seul  résultat  de  l'observation.  Cela  peut 
malheureusement  presque  toujours  être  ainsi  en  physiologie  quand  on  ne 
distingue  pas  suffisamment  dans  ces  phénomènes  si  cotpplexes  les  condi- 
tions éminemment  variables  que  présente  tout  organisme  vivant. 

»  Après  avoir  constaté  les  deux  apparences  possibles  du  sang  de  la  veine  ré- 
nale, il  s'agissait  de  chercher  quel  rapport  elles  avaient  avec  l'état  fonctionnel 
du  rein.  Pour  cela,  on  plaça  dans  l'uretère  un  petit  tube  d'argent  par  lequel 
on  voyait  l'urine  s'écouler  goutte  à  goutte  et  d'une  manière  à  peu  près  con- 
tinuelle, ainsi  que  cela  est  connu.  On  constata  alors  que  le  sang  de  la  veine 
rénale  ainsi  que  le  tissu  du  rein  étaient  parfaitement  rutilants  pendant  que 
l'urine  s'écoulait  abondamment  par  le  tube  ;  mais  que  cet  écoulement  ces- 
sait d'avoir  lieu  sous  l'influence  des  circonstances  qui  en  faisant  noircir  le 
sang  dans  la  veine  rénale,  donnaient  en  même  temps  une  teinte  bleuâtre  à 
l'organe.  D'où  il  semblait  résulter  qu'il  fallait  rattacher  la  couleur  rutilante 


(  '61  ) 
de  la  veine  rénale  à  l'état  de  fonction  du  rein,  et  sa  couleur  noire  à  son 
état  de  repos  ou  de  cessation  de  fonctions.  On  vit  en  outre  que  la  réaction 
de  l'nrine  ne  changeait  rien  au  phénomène  :  la  veine  rénale  est  également 
rutilante  chez  le  chien,  qui  a  l'urine  acide,  et  chez  le  lapin,  qui  a  l'urine  al- 
caline lorsqu'il  est  en  digestion  et  acide  après  vingt-quatre  ou  trente-six 
heures  d'abstinence. 

»  Il  serait  inutile,  pour  le  moment,  d'énumérer  toutes  les  influences  qui 
sont  capables  de  troubler  la  formation  de  l'urine  et  d'amener  un  change- 
ment dans  la  couleur  de  la  veine  rénale.  Je  me  bornerai  à  indiquer  les 
causes  perturbatrices  qui  se  rapportent  au  procédé  opératoire  de  l'expé- 
rience, et  je  dirai  que  si  l'on  veut  observer  la  coloration  rutilante  dans  la 
veine  rénale,  il  ne  faut  pas  simplement  ouvrir  largement  l'abdomen  et  dé- 
jeter les  intestins  pour  mettre  les  reins  et  leur  veine  à  découvert.  Une  opé- 
ration aussi  grave  amène  presque  toujours  chez  le  chien  et  chez  le  lapin, 
sinon  immédiatement,  du  moins  après  très-peu  d'instants,  la  suppression  de 
l'urine  (i),  et  on  voit  alors  le  sang  des  veines  rénales  prendre  une  couleur 
foncée  et  devenir  souvent  aussi  noir  que  celui  de  la  veine  cave  inférieure. 
Le  procédé  opératoire  qu'il  convient  de  suivre  consiste  à  faire  dans  la  ré- 
gion lombaire  une  plaie  peu  étendue  comme  pour  la  néphrotomie.  Il  est 
préférable  d'opérer  sur  le  côté  gauche,  parce  que  la  veine  rénale  de  ce  côté 
étant  plus  longue  que  celle  du  côté  droit,  il  est  plus  facile  de  la  découvrir. 
Par  la  même  plaie,  on  peut  ensuite  isoler  l'uretère  pour  y  placer  un  tube 
d'argent,  afin  de  s'assurer  si  pendant  l'observation  l'appareil  urinaire  fonc- 
tionne ou  non. 

»  De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte  donc  clairement  que  le  sang  de  la 
veine  rénale,  offrant  une  couleur  habituellement  rutilante  liée  à  la  formation 
de  l'urine  qui  est  à  peu  près  continuelle,  ne  rentre  plus  dans  la  définition 
du  sang  veineux  citée  plus  hajit. 

»  La  première  question  qui  se  présentait  à  l'esprit,  après  les  observations 
qui  précèdent,  c'était  de  savoir  si  cette  coloration  rutilante  du  sang  veineux 
était  im  fait  isolé,  spécial  au  rein,  ou  bien  s'il  y  avait  lieu  de  l'étendre  aux 
organes  sécréteurs  qui  ont  également  pour  fonction  de  séparer  dans  leur 


(i)  Chez  l'homme,  la  douleur  et  les  émotions  morales  peuvent  aussi  faire  cesser  la  forma- 
tion de  l'urine.  M.  Jobert,  de  Lamballe,  a  rapporté  dans  sa  Chirurgie  plastique  des  cas 
d'opération  de  fistules  vésico-vaginales  dans  lesquelles,  par  suite  de  l'émotion,  l'écoulement 
de  l'urine  avait  été  suspendu  pendant  toute  la  durée  de  l'opération  et  quelquefois  même  bien 
au  delà. 

C.  R.,  i8d8,  lef  Semej«;e.  (T.  XLVl,  N04.)  21 


fissii  un  liquide  organique  spécial.  Pour  vérifier  cette  idée,  j'eus  recours  à 
la  glande  sons-maxillaire  du  chien,  qui  se  prête  merveilleusement  à  cet 
examen.  Elle  constitue,  en  effet,  un  organe  isolé  et  assez  superficiel  poiu- 
être  facilement  atteint.  Je  recherchai  donc  la  veine  de  cette  glande  et  je 
constatai  d'abord  qu'elle  offre  de  nombreuses  variétés  anatomiqnes  (j)  qui 
ne  sauraient  d'ailleurs  modifier  en  rien  l'observation  des  phénomènes 
physiologiques. 

»  Dans  ma  première  expérience,  qui  fut  faite  le  28  décembre  dernier,  à 
mon  cours  au  Collège  de  France,  je  constatai  que  le  sang  veineux  qui  sortait 
de  la  glande  sous-maxillaire  était  parfaitement  noir  comme  le  sang  veineux 
le  plus  foncé.  Toutefois  cela  n'était  aucunement  en  contradiction  avec  la 
coloration  rutilante  observée  dan.'>  la  veine  rénale,  car  la  sécrétion  salivaire 
est  intermittente  et  la  glande  ne  sécrétait  pas  au  moment  où  l'on  constatait 
la  présence  du  sang  noir  dans  sa  veine.  Il  fallait  donc  savoir  si,  en 
faisant  sécréter  la  glande  sous-maxillaire,  on  verrait  changer  la  couleur  de 
son  sang  veineux.  On  instilla,  à  cet  effet,  quelques  gouttes  de  vinaigre 
dans  la  gueule  de  l'animal,  ce  qui  sollicita  par  action  réflexe  la  sécrétion 
salivaire.  On  vit  alors  se  vérifier  pleinement  les  prévi.sions  que  l'on  avait 
eues;  car,  après  quelques  instants,  la  couleur  du  sang  changea  de  teinte 
dans  la  veine  de  la  glande,  et,  de  noire  qu'elleétait,  devint  bientôt  rutilante, 
pour  reprendre  après  et  peu  à  peu  sa  coideur  noire  lorsque  la  sécrétion 
cessa  d'avoir  lieu  (2). 

»  Afin  de  ne  conserver  aucun  doute  sur  l'interprétation  du  phénomène 
qu'on  venait  d'observer,  on  mit  à  découvert  le  conduit  excréteur  de  la 
glande  sous-maxillaire  et  on  y  introduisit  un  petit  tube  d'argent;  après  quoi, 
on  isola  le  rameau  nerveux  qui  du  nerf  lingual  se  rend  à  la  glande.  On  avait 
alors  sous  les  yeux  la  veine  de  la  glande  sous-maxillaire,  son  conduit  excré- 
teur dans  lequel  était  placé  un  tube  et  le  nerf  excitateur  de  la  sécrétion. 
On  put  alors  constater  que  lorsque  l'organe  était  en  repos,  rien  ne  s'é- 
coulait par  le  tube  et  que  le  sang  circulait  noir  dans  la  veine  de  la  glande; 
tandis  que  chaque  fois  qu'on  excitait  par  le  galvanisme  le  nerf  de  la  glande 

(i)  Tantôt  la  veine  glandulaire  est  unique  et  elle  émerge  de  la  partie  postérieure  de  la  glande 
pour  venir  se  jeter  dans  la  veine  sous-maxillaire;  tantôt  elle  a  deux  origines  ou  deux  branches 
de  volume  égal  ou  inégal  se  jetant  dans  deux  troncs  veineux  distincts,  après  un  trajet  plus 
ou  moins  long,  etc. 

(2]  En  même  temps,  on  voyait  de  petites  veines  venant  de  la  membrane  muqueuse  de  la 
bouche,  qui  contient  aussi  beaucoup  de  glandules,  prendre  une  couleur  rougeàtre  bien 
évidente. 


(  >63  ) 
et  que  la  sécrétion  s'effectuait,  la  couleur  du  sang  veineux  se  montrait  rouge, 
puis  redevenait  noire  lorsque  l'excitation  cessant  la  sécrétion  s'arrêtait.  On 
répéta  à  diverses  reprises  la  même  épreuve  avec  des  résultats  semblables. 
On  observa,  en  outre,  qu'il  s'écoulait  toujours  un  intervalle  de  quelques 
secondes  entre  l'excitation,  l'apparition  du  liquide  sécrété  et  la  coloration 
rouge  du  sang.  Celle-ci  arrivait  plus  tardivement,  comme  s'il  eût  fallu  un 
certain  temps  à  la  glande  pour  se  vider  du  sang  noir  qu'elle  contenait  avant 
que  le  sang  rutilant  apparût.  Par  une  raison  analogue  sans  doute,  il  arrivait 
aussi  que  la  couleur  rouge  de  la  veine  persistait  toujours  quelques  instants 
après  la  cessation  de  la  sécrétion  ;  autrement  dit,  c'était  toujours  graduelle- 
ment que  la  couleur  rouge  du  sang  se  changeait  en  noir  ou  réciproquement. 
Enfin,  on  remarqua  aussi  que  le  sang  coulait  toujours  plus  abondamment 
lorsqu'il  était  rouge,  c'est-à-dire  pendant  la  fonction  de  l'organe,  que 
lorsqu'il  était  noir,  l'organe  étant  en  repos. 

»  Aujourd'hui  cette  expérience  sur  la  glande  sous  -  maxillaire  a  été 
répétée  un  grand  nombre  de  fois  chez  des  chiens,  toujours  avec  des  résul- 
tats semblables,  sauf  quelques  différences  dans  l'intensité  des  phénomènes, 
qui  pouvaient  tenir  à  l'état  de  vigueur  ou  d'affaissement  plus  ou  moins 
grand  des  animaux  (i). 

»  Les  observations  sur  la  glande  sous-maxillaire  montrent  donc  que  son 
sang  veineux  est  alternativement  noir  ou  rouge,  et  que  ces  alternatives  de 
coloration  du  sang  veineux  correspondent  exactement  à  l'intermittence  des 
fonctions  de  la  glande. 

»  Lesdeux  séries  de  résultats  précédemment  rapportés  et  obtenus  l'une  sur 
le  rein  et  l'autre  sur  la  glande  sous-maxillaire,  ne  constituent  certainement 
pas  des  faits  isolés,  et  la  même  observation  devra  sans  doute  s'étendre  à 
d'autres  glandes.  Des  expériences  que  j'ai  commencées  sur  la  parotide  et  sur 
les  glandes  de  la  partie  abdominale  du  tube  digestif  m'ont  fourni  jusqu'ici 
des  résultats  généraux  semblables  ;  toutefois,  l'étude  ne  sera  complète  que 
lorsqu'on  aura  poursuivi  ces  recherches  expérimentalement  dans  chaque 
glande  en  particulier. 

»  En  résumé,  il  résulte  des  faits  contenus  dans  ce  travail  que  si  à  l'état 


(i)  Les  résultats  sont,  en  général,  d'autant  plus  nets  et  plus  rapides  que  l'animal  est  plus 
vigoureux  et  que  les  organes  ont  été  moins  fatigués  par  des  excitations  antérieures  ou  par  leur 
exposition  à  l'air.  Il  arrive  cjuelquefojs  aussi  que  la  veine  se  dessèche  et  se  racornit,  ce  qui 
gène  la  circulation;  alors  il  convient  de  la  couper  au  sortir  de  la  glande,  afin  de  pouvoir  juger 
directement  de  la  couleur  du  sang  qui  en  sort. 

21.. 


iA-  \  ri'   -i 


(  M  ) 

physiologique  on  doit  conserver  la  qualification  de  sang  rouge  au  sang 
artériel  (qui  n'est  à  proprement  parler  que  le  sang  veineux  d'un  organe,  le 
poumon),  celle  de  sang  noir  ne  saurait  être  maintenue  d'une  façon  géné- 
rale au  sang  veineux.  Nous  avons  prouvé,  en  effet,  que  le  sang  veineux 
peut  être  rouge  ou  noir  dans  des  organes  sécréteurs,  suivant  qu'on  les  con- 
sidère à  l'état  de  fonctionnement  ou  en  repos.  Cette  considération  de  l'ac- 
tivité et  du  repos  de  l'organe  qui  correspondent  en  quelque  sorte  à  ses 
états  statique  et  dynamique  me  paraît  constituer  un  point  important  à 
introduire  dans  les  études  physiologiques  et  chimiques  des  sangs.  En  effet, 
ce  n'est  pas  seulement  par  la  couleur  que  le  sang  veineux  de  l'organe  en 
repos  diffère  du  sang  veineux  de  l'organe  en  fonction  ;  mais  il  présente 
encore  d'autres  caractères  différentiels  importants,  qui  doivent  tenir  à  une 
différence  profonde  dans  la  constitution  chimique.  C'est  ainsi  que  le  sang 
veineux  du  rein  en  fonction  qui  est  rutilant,  reste  plus  diffluent  et  quel- 
quefois même  ne  présente  pas  de  caillot,  tandis  que  le  sang  de  la  même 
veine,  lorsque  le  rein  cesse  de  fonctionner,  est  noir  et  offre  un  caillot 
consistant,  etc. 

»  Sans  doute,  les  physiologistes  et  les  chimistes  avaient  déjà  compris 
que  le  sang  veineux  ne  pouvait  pas,  comme  le  sang  artériel,  être  regardé 
comme  partout  identique ,  et  qu'il  fallait  analyser  le  sang  veineux  de 
chaque  organe  en  particulier;  mais  ce  que  l'on  n'avait  pas  dit,  je  crois,  etce 
qui  me  semble  cependant  indispensable  à  considérer  désormais  si  l'on 
veut  que  les  analyses  chimiques  conduisent  à  des  notions  aussi  utilisables 
que  possibles  pour  la  physiologie,  c'est  d'examiner  séparément  et  com- 
parativement la  composition  et  les  propriétés  du  sang  veineux  d'un  même 
organe  à  l'état  de  fonction  et  à  l'état  de  repos.  Nous  pouvons  déjà,  d'après 
ce  que  nous  avons  dit  plus  haut,  prévoir  qu'on  trouvera  souvent  des  diffé- 
rences plus  grandes  entre  les  deux  sangs  d'un  même  organe  à  l'état  de 
fonction  et  à  l'état  de  repos  qu'entre  les  sangs  correspondants  de  deux 
organes  différents. 

»  Ce  point  de  vue  ne  s'applique  pas  seulement  aux  glandes,  mais  il  devra 
embrasser  tous  les  organes  du  corps  dont  il  faudra  étudier  maintenant  le 
sang  veineux  à  l'état  de  repos  et  à  l'état  de  fonction.  On  pourra  en  quelque 
sorte  caractériser  chaque  tissu  par  les  modifications  très-diverses  qu'im- 
prime au  sang  qui  le  traverse  son  activité  fonctionnelle  propre.  C'est  ainsi 
que  si  le  sang  sort  rouge  des  glandes  en  activité,  il  sort  au  contraire  très- 
noir  et  avec  des  qualités  physiques  différentes  d'un  muscle  qui  se  con- 
tracte. Le  mécanisme  de  ces  diverses  colorations  du  sang  trouvera  nécessai- 


(  165  ) 
rement  son  explication  dans  des  analyses  chimiques  ultérieures  dont  nous 
n'avons  voulu  pour  le  moment  qu'indiquer  les  conditions  physiologiques. 

»  Nous  terminerons  enfin  par  une  dernière  remarque  :  c'est  que  toutes 
ces  modifications  qui  surviennent  dans  le  sang  par  suite  de  l'activité  fonc- 
tionnelle des  organes  sont  toujours  déterminées  par  le  système  nerveux. 
C'est  par  conséquent  dans  ce  point  de  contact  entre  les  tissus  organiques  et 
le  sang,  qu'il  faut  rechercher  l'idée  qu'il  convient  de  se  faire  du  rôle  spécial 
du  système  nerveux  dans  les  phénomènes  physico-chimiques  de  la  vie.  Les 
développements  des  faits  qui  se  rapportent  à  ce  point  de  physiologie  géné- 
rale feront  l'objet  d'une  prochaine  communication.  « 

ASTRONOMIE.  —   Sur  la  parallaxe  du  soleil  et  sur  les  éclipses  centrales  de  l'année 
courante  (suite  et  fin);  par  M.  Fave. 

«  Quoiqu'un  assez  grand  nombre  d'années  nous  sépare  encore  des  deux 
prochains  passages  de  Vénus  (en  1874  et  1882),  l'Angleterre,  jalouse  à  bon 
droit  de  la  gloire  de  son  astronomie,  se  préoccupe  déjà  des  grandes  expédi- 
tions qu'il  faudra  instituer  à  cette  époque,  afin  de  profiter  de  ces  occasions 
si  rares  de  déterminer  la  distance  du  soleil  à  la  terre.  On  sait  en  effet  que 
c'est  un  astronome  anglais,  E.  Halley,  qui  a  le  premier  signalé  cette  solu- 
tion d'un  des  plus  nobles  problèmes  que  la  science  puisse  se  poser.  Mais 
on  sait  aussi  que  les  passages  si  fameux  de  1 76 1  et  de  1 769  ont  laissé  la  ques- 
tion encore  indécise.  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  royal  de  Greenwich 
rappelle  même  à  ce  sujet,  dans  une  Note  importante  qu'il  a  lue  l'an  dernier 
devant  la  Société  Astronomique  de  Londres,  que  la  parallaxe  actuellement 
admise  repose,  en  grande  partie,  sur  des  observations  que  plusieurs  astro- 
nomes regardent  comme  controuvées  ou  frauduleusement  altérées. 

»  On  ne  saurait  donc  trop  applaudir  aux  efforts  que  nos  voisins  vont 
faire  à  grands  frais  pour  relever  hydrographiquement  les  tei-res  nouvelle- 
ment découvertes  auprès  du  pôle  austral,  et  y  ménager  des  stations  astro- 
nomiques suffisamment  multipliées;  mais  n'oublions  pas  que,  de  l'aveu 
même  de  M.  Airy,  les  chances  d'insuccès  sont  nombreuses  derrière  les 
dangereux  bancs  de  glace  des  mers  polaires.  Quant  aux  autres  procédés 
que  la  belle  suggestion  de  Halley  avait  fait  abandonner,  et  qu'on  paraît  dis- 
posé à  remettre  en  honneur  en  Angleterre,  ils  ne  sauraient  être  considérés 
comme  étant  à  l'abri  de  toute  objection.  Puisque  ce  grand  procès  est  encore 
pendant,  je  me  suis  hasardé  à  cher«her  ime  autre  voie,  et  j'offre,  non  sans 
appréhension,  à  l'Académie,  le  résultat  de  mes  réflexions. 


(  i66  ) 

»  Bien  que  l'observation  des  éclipses  de  soleil,  totales  ou  annulaires, 
n'ait  servi,  jusqu'à  présent,  qu'à  déterminer  les  erreurs  des  tables  de  la  lune, 
dans  une  région  de  son  orbite  relative  où  les  observations  méridiennes  ne 
peuvent  l'atteindre,  et  à  fixer  avec  précision  les  longitudes  géographiques 
des  lieux  d'observation,  on  sait  qu'on  peut  encore  en  déduire,  sous  cer- 
taines conditions,  Une  détermination  excellente  de  la  parallaxe  de  la  lune. 
Ces  conditions  consistent  à  choisir,  sur  la  ligne  de  l'éclipsé  centrale,  deux 
stations  aussi  éloignées  que  possible.  En  fait,  c'est  la  différence  des  parallaxes 
du  soleil  et  de  la  lune  qu'on  obtient  ainsi;  mais  celle  de  la  lune  étant  de 
beaucoup  la  plus  considérable,  on  n'a  jamais  songé  à  la  prendre  pour 
donnée  et  à  traiter  l'autre  comme  une  inconnue.  C'est  pourtant  ce  que  je 
propose  de  faire  désormais,  toutes  les  fois  que  les  deux  extrémités  de  la 
ligne  centrale  d'une  éclipse  totale  ou  annulaire  se  trouveront  sur  des  terres 
ou  des  côtes  abordables. 

»  fjorsqu'il  s'agit  de  déterminer  des  quantités  aussi  petites  que  la  parallaxe 
du  soleil,  il  y  a  deux  voies  à  suivre.  Celle  qu'on  a  toujours  adoptée  jus- 
qu'ici consiste  à  chercher  dans  quels  phénomènes  cette  quantité  s'amplifie, 
s'agrandit  assez  pour  que  les  erreurs  inévitables  des  observations  n'en 
forment  qu'une  fraction  minime.  La  seconde  voie,  ce  serait  de  rendre  les 
observations  si  précises  et  si  sûres,  que  la  mesure  directe  ne  présentât  plus 
d'inconvénient.  C'est  à  ce  dernier  moyen  que  je  m'arrête,  et  la  photo- 
graphie va  nous  le  fournir.  Que  l'éclipsé  soit  observée  à  l'aide  d'une 
lunette  montée  parallactiquement  et  suivant  le  soleil  avec  un  bon  mou- 
vement d'horlogerie  (i);  qu'une  bande  de  papier  sensible  se  déroule  à 
raison  d'un  décimètre  de  longueur  par  seconde  devant  l'oculaire  mis  au 
point  convenable,  et  que  l'observateur  borne  son  intervention  à  pointer, 
avec  le  doigt  et  un  crayon,  les  secondes  de  son  horloge  sur  le  papier 
mobile  :  le  reste  se  fera  de  soi-même  pour  ainsi  dire.  Tant  qu'une  portion 
du  disque  solaire  restera  visible,  le  papier  noircira  sous  l'influence  de  ses 
rayons  ;  il  restera  blanc,  au  contraire,  à  partir  du  moment  précis  de  l'éclipsé, 
et  pour  connaître  ce  moment,  il  suffira  de  mesurer  le  papier  à  partir  de  la 
dernière  seconde  marquée  au  crayon,  à  raison  de  i  millimètre  par  centième 
de  seconde.  De  même  à  la  réapparition  du  soleil,  à  l'autre  bord  de  la  lune. 

»  L'heure  elle-même  peut  être  déterminée  par  un  procédé  analogue  que 
j'ai  depuis  longtemps  indiqué,  en  dehors  de  la  participation  et  des  erreurs 
individuelles  de  l'observateur,  car  il  suffit  de  recevoir  sur  un  papier  sensible 

• 
_ — _ .— — — — - — — ^ 

(i)  Cette  condition  n'est  nullement  indispensable. 


(  i67  ) 
l'image  du  soleil  et  des  fils  d'une  lunette  méridienne,  à  l'aide  d'un  écran 
mobile  dont  le  déplacement  instantané  peut  être  enregistré  avec  la  plus 
grande  précision. 

»  Il  semble  que,  dans  ce  système,  les  erreurs  d'observation  disparaissent 
complètement  :  il  sera  donc  approprié  aux  recherches  les  plus  délicates. 
Par  conséquent  les  quatre  équations  qui  résultent  de  l'emploi  de  deux 
stations  extrêmes  détermineront  avec  une  grande  exactitude  les  erreurs  des 
tables  en  ascension  droite,  en  déclinaison  et  en  parallaxe,  ainsi  que  la  dif- 
férence des  diamètres  angulaires  des  deux  astres.  Mais  il  faut  aussi,  pour 
que  cette  conclusion  soit  valable,  que  tous  les  éléments  qui  exercent  ici  une 
influence  quelconque  soient  parfaitement  connus. 

»  i".  Les  coordonnées  géographiques  des  stations.  Lorsqu'il  n'est  pas 
permis  de  recourir  au  télégraphe  électrique,  le  seul  moyen  pratique  dans 
certains  cas  et  assurément  le  plus  commode,  c'est  le  transport  des  chrono- 
mètres. Des  essais,  dont  je  m'occupe  en  ce  moment  avec  le  concours  d'uu 
habile  horloger,  lèveront,  s'ils  réussissent  comme  nous  l'espérons,  les  der- 
nières difficultés  que  les  travaux  de  MM.  Hartnup  et  Lieussou  laissent 
subsister  encore  (ij. 

»  a".  La  variation  sensible  des  erreurs  des  tables  de  la  lune  pendant  la 
durée  des  observations  extrêmes.  Il  semble  qu'il  serait  facile  de  l'éliminer  à 
l'aide  d'une  station  intermédiaire,  si  tant  est  que  les  tables  nouvelles  de 
M.  Hansen,  que  j'ai  le  regret  de  ne  pas  connaître  encore,  ne  les  effacent 
pas  complètement. 

»  3".  L'aplatissement  du  globe  terrestre.  Cet  élément  n'est  pas  connu 
aujourd'hui  à  plus  de  ^  près,  et  comme  il  produit  un  effet  de  1 2  secondes 
sur  la  parallaxe  de  la  lune,  l'incertitude  de  ce  chiffre  va  à  o",2,  quantité 
intolérable  ici.  Il  importe  donc  de  revenir  sur  cet  élément.  Or  des  occulta- 
tions d'étoiles  par  la  lune,  observées  aux  deux  extrémités  des  trajectoires 
centrales,  peuvent  nous  donner  ces  1 2  secondes  à  -^  de  seconde  près,  au 
moins,  pourvu  que  ces  trajectoires  commencent  et  finissent  en  des  régions 
très-diverses  en  latitude.  I/aplatissement  en  résulterait  donc  avec  la  préci- 
sion de  j-Itt»  à  laquelle  les  mesures  directes  de  la  géodésie  ne  sauraient 
atteindre  aujourd'hui. 

»  4"-  La  parallaxe  d'altitude  [parallaxis  elationis)  s'obtient  par  lui  simple 
nivellement  barométrique. 


(i)  Les  occultations  d'étoiles  résolvent  dans  tons  les  cas  le  problème  et  il  est  facile  de  s'as- 
surer qu'il  n'y  a  pas  là  de  cercle  vicieux. 


■<0\- 


(  i68  ) 

»  5".  L'influence  de  la  réfraction  atmosphérique,  sensible  dans  les  obser- 
vations que  je  propose,  a  été  déterminée  par  M.  Hansen. 

»  6°.  Celle  des  irrégularités  de  la  surface  de  la  lune  se  trouverait  indi- 
quée sur  le  papier  sensible  ;  car,  à  chaque  saillie  du  bord  de  la  lune  qui  divi- 
serait le  filet  lumineux  du  croissant  solaire,  répondrait  une  raie  noire  sur 
ce  papier. 

»  7°.  Restel'élément  capital,  la  parallaxe  de  la  lune  elle-même.  Malgré 
la  remarquable  concordance  de  la  parallaxe  directement  observée  entre 
Greenwichet  le  Cap  de  Bonne-Espérance,  par  M.  Henderson,  et  la  parallaxe 
théorique  calculée,  par  M.  Adams,  au  moyen  de  la  constante  de  la  nuta- 
tion  de  M.  Peters  et  des  observations  du  pendule  de  Foster,  il  peut  être 
utile  de  la  déduire  de  nouvelles  mesures  plus  directes  ou  moins  sujettes  à 
controverse.  A  cet  effet,  les  éclipses  d'étoiles  par  la  lune,  observées  aux 
deux  extrémités  de  la  courbe  terre.stre  de  l'occultation  centrale,  et  choisies 
de  manière  à  offrir  le  moins  de  prise  possible  aux  incertitudes  de  l'aplatisse- 
ment et  des  longitudes  géographiques,  donneront  d'amples  moyens  de 
déterminer  cette  parallaxe  avec  une  extrême  exactitude. 

»  Supposons  dès  lors  qu'une  expédition  soit  dirigée,  le  1 5  mars  prochain, 
sur  Cumana,  dont  M.  de  Humboldt  a  si  bien  fixé  la  position  géographique 
à  l'aide  d'un  passage  de  Mercure  sur  le  soleil,  et  que  des  observations  cor- 
respondantes soient  instituées  en  Laponie,  près  de  Tornéo,  ou  plutôt  sur 
les  bords  de  la  mer  Glaciale;  n'est-il  pas  clair  que  les  quatre  équations  aux- 
quelles conduiraient  les  quatre  contacts  intérieurs  enregistrés  photographi- 
quement,  avec  une  précision  que  je  suppose  presque  absolue,  donneraient 
la  parallaxe  du  soleil  multipliée  par  un  facteur  assez  peu  différent  de  a,  et 
entachée  seulement  des  erreurs  de  quelques  éléments  qu'on  parviendrait 
bientôt  à  fixer  avec  la  dernière  exactitude  par  des  procédés  ci-dessus  indi- 
qués? 

»  Si  je  ne  me  suis  pas  fait  illusion,  écueil  à  craindre  en  matière  si  délicate, 
les  astronomes  accorderont,  je  l'espère,  un  intérêt  tout  nouveau  à  cette 
éclipse  du  1 5  mars  dont  j'ai  déjà  eu  l'honneur  d'entretenir  l'Académie.  Celle 
du  7  septembre  prochain  ne  pourrait  servir,  car  elle  se  perd  sur  l'Océan  dans 
la  seconde  moitié  de  son  cours.  Quant  aux  occultations,  elles  sont  si  nom- 
breuses chaque  année,  que  les  occasions  favorables  ne  sauraient  jamais  man- 
quer pour  toutes  les  combinaisons  relatives  au  diamètre  et  à  la  parallaxe  de 
la  lune,  à  l'aplatissement  et  aux  longitudes  géographiques.  Les  éclipses 
centrales  de  soleil  sont  beaucoup  plus  rares,  il  est  vrai,  mais  elles  sont 
encore  incomparablement  plus  fréquentes  que  les  passages  de  Vénus,  plus 
fréquentes  même  que  les  oppositions  favorables  de  Mars. 


(  '69  ) 

»  Je  viens  de  parler,  en  passant,  de  l'éclipsé  du  7  septembre,  qui  m'aseni' 
blé  devoir  présenter  un  vif  intérêt  au  point  de  vue  physique  dans  les  stations 
de  la  côte  du  Pérou  et  des  Cordillères.  Que  l'Académie  me  permette  de  dire 
ici  qu'il  est  impossible  de  rapprocher,  comme  je  viens  de  le  faire  presque 
dans  la  même  phrase,  et  surtout  dans  la  même  pensée,  le  Pérou  et  la  Laponie, 
sans  se  rappeler  les  deux  célèbres  expéditions  que  nos  prédécesseurs  ordon- 
nèrent jadis  en  ces  deux  pays,  pour  déterminer  l'aplatissement  du  globe 
terrestre  encore  si  discuté  ici  même  de  nos  jours.  La  mesure  de  Laponie  a 
été  revue,  vérifiée,  corrigée,  complétée,  étendue,  par  l'ordre  des  Gouverne^ 
ments  russe  et  Scandinave.  En  sera-t-il  de  même  de  la  mesure  française  du 
degré  péruvien  ?  A  Cumana  on  serait  bien  près  de  Quito,  et,  de  Quito,  il 
serait  bien  aisé  d'aller,  le  7  septembre  prochain,  sur  une  des  cimes  des  Cor- 
dillères, pour  observer  le  spectacle,  unique  au  monde,  que  je  vais  main- 
tenant tâcher  de  décrire,  conformément  aux  calculs  qui  m'en  ont  indiqué 
les  traits  principaux. 

»  Supposons  l'observateur  placé,  la  face  à  l'ouest,  sur  une  montagne 
des  Cordillères,  à  1000  mètres  au-dessus  du  plateau  oriental,  à  5ooo  mè- 
tres au-dessus  du  niveaii  de  la  mer.  Là,  le  dos  tourné  au  soleil  levant 
déjà  éclipsé  en  partie,  il  aura  devant  lui  les  versants  rapides  des  Andes,  les 
.:-,  rivages  du  Pérou  et  l'océan  Pacifique  se  déroulant  dans  un  panorama,  non 
plus  de  quelques  kilomètres,  comme  à  l'ordinaire,  mais  de  60  lieues  de 
rayon  et  sur  une  étendue  angulaire  de  1 80  degrés.  Déjà  il  voit  se  lever  à  l'ho- 
rizon occidental  l'ombre  lunaire  en  forme  de  colonne  obscure,  tranchant 
plus  ou  moins  vivement  sur  le  ciel.  Cette  ombre  s'élève  rapidement  vers  le 
zénith  et  se  dilate  en  éventail,  pendant  que  son  pied  apparaît  sur  la  mer 
sous  forme  d'une  tache  sombre  très-aplatie,  bordée  peut-être  de  larges  franges 
colorées;  elle  a  i4oooo  mètres  de  diamètre,  mais  elle  sous-tend  un  angle 
visuel  d'une  trentaine  de  degrés.  Bientôt  cette  tache  approche  de  l'obser- 
vateur encore  éclairé  par  le  soleil ,  et  l'extrémité  supérieure  du  cône 
obscur  envahit  et  dépasse  le  zénith.  Il  est  temps  alors  de  se  retourner  à 
l'est,  et  d'observer  l'éclipsé  totale  à  travers  l'atmosphère  la  plus  pure,  la 
plus  légère  qu'on  puisse  trouver,  dans  ces  hautes  régions  que  les  savants 
voyages  de  M.  de  Humboldt  et  d'un  autre  Membre  de  cette  Académie  sem- 
blent nous  avoir  rendues  familières.  Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  jamais  vu  et 
qu'on  revoie  jamais  un  spectacle  plus  grandiose.  Mais  le  pittoresque  ne 
suffirait  pas  à  l'Académie:  aussi  je  m'empresse  de  signaler  dans  ce  tableau 
l'occasion  d'une  mesure  toute  nouvelle,  dont  la  science  tirera  peut-être  bon 
parti.  Il  s'agit  de  la  hauteur  de  l'atmosphère.  La  Caille,  en  allant  au  Cap  de 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  4.)  2a 


(  '7°  r 

Bonne-Espérance,  l'avait  déduite  de  l'observation  bien  indécise  de  certains 
phénomènes  du  crépuscule.  Ici  on  pourra  déterminer  cette  hauteur  si  peu 
connue,  en  mesurant,  à  un  instant  détarminé,  la  distance  zénithale  du  som- 
met de  l'éventail  obscur  dont  je  viens  de  parler,  car  cette  apparence  n'est 
autre  chose  que  la  partie  du  cône  d'ombre  plongée  dans  notre  atmosphère 
et  se  projetant  sur  le  fond  du  ciel  à  la  manière  des  rayons  obscurs  qui 
séparent  les  rayons  de  la  gloire  du  soleil  couchant,  lorsqu'il  y  a  près  de 
lui  de  légers  nuages  flottant  à  l'horizon.  C'est  ainsi  que,  i  minutes  avant 
l'heure  de  l'éclipsé  centrale,  à  la  station  indiquée,  le  sommet  de  l'ombre 
aura  35  degrés  de  distance  au  zénith,  si  l'atmosphère  a  6/jooo  mètres  d'é- 
paisseur, comme  on  le  croit  généralement,  tandis  que  cette  même  distance 
zénithale  irait,  au  même  moment,  à  plus  de  60  degrés,  si  l'atmosphère  avait 
seulement  48000  mètres  de  hauteur,  comme  le  croit  un  de  nos  physiciens 
les  plus  éminents. 

»  Je  termine  en  donnant  le  tableau  des  coordonnées  géographiques  des 
points  de  la  courbe  de  l'éclipsé  centrale  sur  les  côtes  du  Pérou,  depuis 
la  mer  jusqu'au  delà  de  la  chaîne  des  Andes.  On  y  trouvera  les  éléments 
nécessaires  pour  le  choix  des  deux  stations  que  j'ai  conseillées,  l'une  sur  le 
rivage,  l'autre  sur  une  cime  de  montagne  découvrant  l'horizon  vers  le  cou- 
chant. 


HEURE   DE 

Ptclipse  centrale 
(T.  M.  de  Paris) 

AO    NIVEAIj 

DE    LA   HKR. 

A    40<KX   UÉTKES 

d'altitude. 

DIFFÉRENCE 

Longitude. 

Lalitude. 

Longitude. 

Latitude. 

apparents. 

m      s 

0.56.5. 

83°.  38. 46 

-  5°5o.36' 

0        r          » 

0       /      » 

32,9 

0.57.21 

83.  8.5j 

5.54.35 

33,2 

0.57.51 

82.39.49 

5  58.41 





33,5 

0. 58. 7.1 

82 . n . 39 

6.     2.52 

82.     6.20 

-  6.   1.55 

33,8 

0.58.5I 

81.44.23 

6.  7. 10 

81.39.14 

6.  6.10 

34,. 

0. 59 . 2 I 

81.18.00 

6.11.34 

81. i3.    I 

6.10.32 

34,4 

0.59.51 

80 . 52 . 3o 

6.16.  5 

80.47  4o 

6. i5.  0 

34,7 

»  La  hauteur  du  soleil  varie,  du  premier  au  dernier  point,  entre  20  et 
23  degrés  ;  l'ombre  portée  sur  le  sol  est  une  ellipse  peu  aplatie  dont  le  plus 
grand  diamètre  est  d'environ  1 40000  mètres  (i). 

• 

(i)  Les  éléments  dont  je  me  suis  servi  sont  ceux  du  Nautical  Almanach  pour  i858  (tables 
de  Burckardt),  sauf  les  constantes  relatives  aux  demi-diamètres  des  deux  astres  (958", 82  pour 
le  soleil  et  le  facteur  0,2725  pour  la  lune);  l'aplatissement  adopté  estyj^.  Je  saisis  cette  occa- 
sion de  dire  que  les  coordonnées  que  j'ai  assignées  dans  une  Note  précédente  à  la  station  en 


(  i7>  ) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  quelques  formules  relatives  à  la 
transformation  des  fonctions  elliptiques;  par  M.  Hermite. 

«  L'expression  générale  des  quatre  fonctions  6  sur  lesquelles  repose  la 
théorie  des  fonctions  elliptiques  est,  comme  on  sait,  la  suivante  : 


(A) 


__  _,        ITT  I  (îm -t- /i)x-<- 7  (2m-+- «.)'  I 


Il  et  V  étant  zéro  ou  l'unité  et  oJ  une  constante  imaginaire  telle,  qu'en  fai- 
sant 

Gj  =  w„  4-  ioi, 

on  ait  w,  essentiellement  différent  de  zéro  et  positif.  Ces  quatre  fonctions 
sont  définies,  à  un  facteur  constant  près,  par  les  équations 

e^,„(x  +  co)  =  (-i)'' e^,,.  (or),  e- '•''("+"), 

€t  elles  jouissent  des  propriétés  exprimées  par  les  relations  suivantes  : 


,ô^.+^-,,-i-^-{x)  =  Of,',,'  Lic+  i^+^y 


mer,  près  de  l'île  d'Ouessant,  avaient  été  déduites  d'une  construction  graphique.  En  voici 
les  valeurs  plus  exactes,  fournies  par  le  calcul  direct  : 

Azimut,  Si^iS';  distance,  1 8' 5 1 "  =  34908  mètres. 

Le  son  parcourt  cette  distance  en  i"45%3— o',i8.f,  tétant  le  nombre  de  degrés  centigrades 
de  la  température  de  l'air  ambiant.  Dans  le  cas  bien  probable  où  mes  indications  ne  seraient 
pas  utilisées  pour  le  i5  mars  prochain,  les  procédés  signalés  à  cette  occasion  ne  perdraient 
pas  toute  valeur  :  ils  pourront  être  utilisés  pour  d'autres  opérations  astronomiques  ou  même 
hydrographiques. 

aa.. 


(    172    ) 

»  La  première  de  ces  relations  montre  que  des  quatre  fonctions  d  une 
seule  est  impaire,  celle  qui  correspond  aux.  valeurs  |x  ^^  i,  v  =  i  ;  les  deux 
suivantes  montrent  comment  la  formule  (A),  quels  que  soient  les  entiers  |x 
et  V,  ne  donne  effectivement  que  quatre  fonctions  distinctes;  enfin  la  der- 
nière permet  d'exprimer  ces  fonctions  par  une  seule  d'entre  elles.  A  ces 
relations  nous  joindrons  enfin,  bien  que  nous  n'ayons  pas  à  l'employer  ici, 
la  suivante,  qui  fournit  les  équations  algébriques  ou  différentielles  aux- 
quelles satisfont  nos  fonctions,  et  où  je  suppose 

fi.—-  ^'  =  oc,       V  —  v'  =  ]3, 
savoir  : 

26^,^(0:  +  jr)  0^.,.,  [X  -  j)  Ô«,o  (O)  Oo,  ^  (O) 
=  Ô,.,„(a7)9^',.-(jp)ô„,o(j)9o,^(j) 

+  (-if5^  +  .,„(a:)Ô^'  +  ,,,/(a:)Ô„  +  ,,o(j)5,,^(jr)   « 
+  (-i)"Ô/.+,,„+,(x)Ô^'+,,,/+,(a:)Ô„+,,,(j)ô,,^+,  (_y) 
+  0^,  „+,  (a:)  ô^-, ,/ +.  (^)  ^«. .  (jr)  Ôo, /3-t-.  (7). 

»  Cela  posé,  soient  rt,  b,  c,  d  des  entiers  tels,  que  ad  —  bc  =  k, 
k  étant  essentiellement  différent  de  zéro  et  positif,  faisons 

_  c  -\-  (lia 

»  il  =  j—1 

a  -f-  ba> 

m  =  flfX  +  iv  +  flé, 

XI.  =  C  [L  +  dv  +  cd, 

n{x)  =  Q^^.^[{a  +  b^)x]e' ^'^'^ ''"'''% 

on  aura  les  relations  fondamentales  (, 

qui  servent  à  exprimer  ll{x),  quels  que  soient  /u.  et  v,  au  moyen  des  quatre 


(  «73  )  .  . 

fonctions  analogues  à  6,  mais  relatives  au  module  û,  et  que  nous  représen- 
terons par 

»  A  cet  effet,  je  désigne  par  T,-  une  fonction  homogène  du  degré  i  des 
carrés  de  deux  des  fonctions  0  ;  cela  étant,  on  aura  pour  k  impair  cette 
expression  très-simple 

»  Laissant  ici  de  côté  la  détermination  de  ces  fonctions  désignées  par 
T^_  ,,  je  vais  seulement,  dans  le  cas  de  k=i^  où  T  est  une  simple  con- 

stante,  en  donner  la  valeur,  qui  exige  une  analyse  assez  délicate. 

»  Supposons  le  nombre  b  positif,  comme  on  le  peut  toujours,  car  s'il  en 
était  autrement  on  chercherait  la  formule  de  transformation  relative  au 
système  des  nombres  —a,  —  b,  —  c,  —  d^  ainsi  qu'on  y  est  autorisé  par 
la  nature  de  la  condition,  ad  —  bc  z=  i,  qui  n'est  pas  altérée  par  ce  chan- 
gement, et  cette  formule  trouvée,  on  en  déduirait  immédiatement  celle  qu'il 
s'agissait  primitivement  d'obtenir,  la  constante  T  restant  la  même  ou  chan- 
geant seulement  de  signe,  comme  il  est  aisé  de  le  reconnaître  par  le  chan- 
gement dont  nous  parlons.  Cela  étant,  on  aura 


e 

—  lîT  — 

e 


i'-i^y  • 


V/—  ib  (a  -H  6w) 

â  étant  tine  racine  huitième  de  l'unité  dont  voici  la  déterniination  : 


&  =  e    ^' 


~y  iiziacfj}  -H  2 6c /*»-!-  irfv'n-  labc ^i.-^  lahdv  -j-afi'c") 


et  le  signe  du  radical  carré  \j  —  ib{a  -+-  ba)  étant  pris  de  manière  que  la 
partie  réelle  de  ce  radical  soit  positive  (*). 


(*)  Pour  b  =  o,  la  formule  de  transformation  se  réduit  à  l'équation  suivante  : 


ITT 


a  étant  un  nombre  entier  arbitraire,  m  étant  égal  à  p  et  Jt  à  a  (p  -(-  i)  +  v. 


{  '74  ) 
»  Des  cas  particuliers  de  cette  relation  ont  été  déjà  donnés  par  Jacobi 
dans    un   Mémoire   sin-   l'équation    différentielle  à   laquelle   satisfont   les 
séries 

i  ±  2q  -{-  7.q*  +  2ç'  -f- . . . ,        :i\lq  +  isjq"  +  i\jq^^  +  .. . 

{Journal  de  M.  Crelle,  tome  XXXIV,  et  Journal  de  M.  Liouville,  traduction 
de  M.  Fiiiseux).  Mais  l'illustre  auteur,  laissant  de  côté  la  détermination 
de  <?,  se  borne  à  annoncer  que  le  signe  de  la  constante  dépend  de  la  quan- 
tité désignée  par  le  symbole  (  -r  \  dans  la  théorie  des  résidus  quadratiques. 
Ce  fait  si  remarquable  résulte,  en  effet,  des  propriétés  de  la  série 


=  2  "" 


4  —  1 

■  iTc  ■ 


0-  =   >  e 


p  ' 


qui  se  trouve  comme  facteur  dans  la  valeur  de  T.  Soit  d'abord 
|3  étant  impair,  on  aura 


a/3  +  i 


a='  +  ^^-') 


(^)  '•  ^^' 


si  a  est  pair,  et 


•p. 


(-.)        {^)i  fk. 


lorsque  a  est  impair. 

»  En  second  lieu,  supposons  b  impair;  alors  on  pourra  déterminer  deux 
nombres  entiers  m  et  «  par  l'équation 


a  =  mb  —  8/1, 


et  l'on  aura 


5-  =  e 


■~    (n\    .V"^/      ,T 


(  '7^  )  ■  , 

»  Ces  résultats  (*)  se  déduisent  des  formules  données  par  Gauss  dans  le 
célèbre  Mémoire  intitulé  :  Siimmatio  serierum  qttarumdam  sinijularium  ;  seu- 
lement j'ai  fait  usage,  pour  éviter  autant  que  possible  une  énumération  de 
cas,  de  la  forme  sous  laquelle  elles  ont  été  présentées  par  M.  Lebesgue  clans 

un  Mémoire  intitulé  :  Sur  le  symbole  {-r\  et  sur  quelques-unes  de  ses  appli- 
cations. Je  remarque  enfin  que  l'introduction  des  nombres  |u.  et  v  d'une 
part,  m  et  n  de   l'autre,   permet  de  résumer   dans    une  seule   équation  , 


savoir 


ce  que  Jacobi  nomme  la  théorie  des  formes  en  nombre  infini  des  fonctions  Q, 
théorie  sur  laquelle  il  avait  annoncé  lui  travail  important  que  la  mort  l'a 
empêché  de  publier.  » 

ASTRONOMIE.  —  Réduction  des  observations  faites  à  l'instrument  des  passages 
de  l'Observatoire  de  Paris,  depuis  1800  jusqu'en  iSag;  j)ar  M.  U.-J.. 
Le  Verrier. 

«  Lorsque  j'ai  présenté  à  l'Académie,  dit  M.  Le  Verrier,  dans  la  dernière 
séance,  la  réduction 'de  diverses  séries  d'observatfons  appartenant  à  des  éta- 
blissements étrangers,  j'ai  annoncé  que  les  observations  françaises  seraient 
l'objet  d'une  publication  spéciale.  Dès  aujourd'hui  j'ai  l'honneur  d!offrir 
la  suite  des  observations  faites  à  l'Observatoire  de  Paris  à  l'instrument  des 
passages,  depuis  1800  jusqu'en  1829.  En  commençant  par  les  plus  anciennes 
observations  méridiennes,  j'ai  voulu  établir  que  le  Directeur  d'un  Observa- 
toire a  toujours  pour  devoir  de  mettre  les  observations  antérieui-es  en  état" 
d'être  utiles  à  la  science.  En  discutant  moi-même  la  première  série,  j'aurai 


(*)  Peut-être  n'est-il  pas  inutile  d'observer  que  l'imaginaire  1,  qui  figure  clans  la  série  <r 
ou  dans  l'expression  de  celle  série  par  les  symboles  de  la  théorie  des  résidus  quadratiques , 
est  absolument  la  même  quantité  qui  entre  dans  la  définition  des  fonctions  6  par  l'équa- 
tion (A).  Je  ferai  enfin  remarquer  que  <s  se  présente  toujours,  comme  le  produit  de  slb^ 
par  une  racine  huitième  de  l'unité;  de  sorte  qu'en  résumé  la  constante  T  a  cette  valeur  : 

T  =  ■  ou       t'  =  t. 

^a  -+-  bta 


(  ,76) 
montré  que  c'est  une  obligation  pour  tout  fonctionnaire  d'un  établissement 
régulier  de  prendre  sa  part  des  travaux  communs. 

u  Les  observations  méridiennes  faites  durant  la  période  que  nous  consi- 
dérons ici  n'embrassent  guère  que  les  passages  du  Soleil,  de  la  Lune  et  des 
Planètes,  et  ceux  des  principales  étoiles  fondamentales.  Il  n'en  est  autrement 
que  pour  une  série  d'observations  faites  au  cercle  de  Fortin  depuis  1822 
jusqu'en  1829  et  dans  laquelle  on  a  déterminé  les  distances  au  pôle  d'un 
certain  nombre  d'autres  étoiles  et  surtout  d'étoiles  doubles,  mais  sans  que 
leurs  ascensions  droites  aient  été  en  même  temps  mesurées  à  la  lunette  mé- 
ridienne, f 

»  Les  positions  absolues  des  étoiles  fondamentales  observées  ne  peuvent 
elles-mêmes  être  déduites  avec  avantage  du  travail  accompli  pendant  ces 
trente  années.  Les  observations  faites  à  la  lunette  méridienne  n'ont  point 
comporté  une  précision  telle,  qu'il  y  eût  lieu  d'espérer  qu'on  en  pût  tirer 
aucune  ressource  pour  améliorer  les  positions  des  étoiles  fondamentales. 
D'un  autre  côté,  les  distances  zénithales  mesurées  au  quart  de  cercle  de  Bird, 
depuis  1800  jusqu'en  1822,  n'ont  point  été  accompagnées  d'un  travail  ana- 
logue à  celui  que  fit  l'illustre  Bradley,  dans  le  but  d'obtenir  les  distances 
absolues  au  pôle.  Les  éléments  nécessaires  pour  conclure  ces  distances 
absolues  n'existeraient  que  dans  la  série  faite  de  1822  à  1829  au  cercle  en- 
tier de  Fortin,  série  dans  Jaquelle  les  passages  supérieur  et  inférieur  de  la 
Polaire  ont  été  très-fréquemment  observés. 

>»  Par  ces  motifs,  nous  ne  devons  considérer  les  observations  que  nous 
avons  à  réduire  que  comme  des  déterminations  relatives,  servant  à  faire 
connaître  les  positions  des  astres  mobiles  par  leur  comparaison  avec  celles 
des  étoiles  fixes  fondamentales. 

»  Dans  cette  voie,  nous  ne  nous  sommes  pas  cru  obligé  à  faire  usage  de 
toutes  les  étoiles  observées,  mais  bien  seulement  de  celles  qui  sont  néces- 
saires pour  déterminer  l'état  des  instruments.  Nous  avons  laissé  en  outre  de 
côté  les  observations  des  astres  mobiles  faites  dans  de  mauvaises  conditions 
et  telles,  que  l'état  de  la  pendule  n'aurait  pu  être  suffisamment  connu. 

»  Jusqu'en  1812  on  s'est  servi  de  pendules  de  Ferdinand  et  de  Louis 
Berthoud.  A  ||artir  de  cette  époque,  on  a  employé  une  pendule  de  Le- 
paute. 

o  Les  observateurs  n'ont  presque  jamais  donné  de  détails  précis  relative- 
ment aux  observations  par  lesquelles  ils  se  sont  assurés  de  la  position  de 
l'instrument;   en  général,  ils  se  sont  bornés  à  dire  que  le  retournement 


(  «77  ) 
n'avait  point  indiqué  d'erreur  sensible  dans  la  collimation,  ou  encore  que 
l'observation  des  étoiles  montrait  que  la  direction  de  la  lunette  était  exacte  : 
précision  absolue  qui  peut  bien  se  rencontrer  par  hasard,  mais  dont  il  y  a 
tout  lieu  de  croire  qu'elle  n'appartenait  pas  à  la  lunette  de  Berge  comme 
condition  normale. 

»  Nous  lisons,  pir  exemple,  au  registre  manuscrit  des  observations,  à  la 
date  du  24  septembre  1800,  la  note  suivante  : 

«  On  a  rectifié  la  direction  de  la  lunette  méridienne,  après  avoir  vérifié 
»  la  perpendicularité  de  son  axe  optique  à  celui  de  rotation,  par  le  retour- 
V  nementde  ce  dernier  bout  pour  bout,  et  l'horizontalité  de  ce  même  axe 
»  au  moyen  du  grand  niveau,  en  le  changeant  aussi  bout  pour  bout.  Par 
»  ces  vérifications  on  a  reconnu  que  dep.iis  un  mois  environ  l'instrument 
»  n'avait  point  éprouvé  de  variations  sensibles,  si  ce  n'est  quelques  légères 
0  de  temps  en  temps  dans  la  direction  méridienne,  que  l'on  rectifiait  fré- 
»  quemment  et  chaque  fois  qu'on  remarquait  de  l'altération,  a  Sur  quoi  il 
est  nécessaire  de  dire  qu'on  ne  rencontre  dans  les  registres  aucune  discus- 
sion relative  à  l'exactitude  de  la  situation  des  mires  sur  lesquelles  on  recti- 
fiait la  direction  méridienne. 

»  En  conséquence,  nous  n'avons  point  entrepris  l'étude  de  l'état  de  la 
lunette  méridienne,  sinon  dans  quelques  cas  exceptionnels.  Mais  nous  avons 
atténué  les  erreurs  qui  pourraient  en  résulter  dans  les  positions  du  Soleil  et 
des  Planètes,  en  comparant  ces  astres  aux  étoiles  dont  la  déclinaison  se  rap- 
prochait le  plus  de  la  leur.  De  deux  étoiles  inégalement  distantes  d'une 
planète  en  temps  et  en  déclinaison,  on  a  préféré  souvent  employer  celle  qui 
s'éloignait  le  moins  en  déclinaison,  lors  même  qu'elle  était  plus  distante  en 
ascension  droite.  Nous  disons  souvent  et  non  pas  toujours;  car  il  est  clair 
qu'aux  époques  où  l'on  pouvait  reconnaître  que  l'astronome  avait  réglé  son 
instrument  avec  le  plus  grand  soin,  on  devait  surtout,  si  la  marche  de  la 
pendule  paraissait  peu  régulière,  préférer  l'étoile  dont  l'ascension  droite 
différait  le  moins  de  celle  de  la  planète. 

»  Les  observations  ainsi  discutées  sont  au  nombre  d'environ  dix-sept 
mille. 

»  Nous  présenterons  très-prochainement  la  réduction  des  observations 
des  distances  au  pôle  ou  au  zénith,  faites  durant  la  même  période  de 
temps.    B 


C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  4.) 


(  '7«  ) 
M.  Seguin  aîné  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Mémoire  qu'il  vient  de 
publier,  et  qui  a  pour  titre  :  «  Mémoire  sur  l'origine  et  la  propagation  de  la 
force  ». 

•    MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE.  —  Réponse  de  M.  Reech  à  M.  Phillips. 

«  Dans  toutes  mes  recherches  et  dissertations  sur  la  coulisse  de  Stephen- 
son,  je  sous-entendais  que  la  distribution  de  la  vapeur  devait  être  rendue 
égale,  autant  que  possible,  dans  le  haut  et  dans  le  bas  du  cylindre,  ce  qui 
m'obligeait  de  faire  osciller  le  tiroir  à  très-peu  près  symétriquement  devant 
les  orifices  (je  dis  à  très-peu  près,  à  cause  d'une  perturbation  connue  produite 
par  les  obliquités  des  bielles);  cette  condition  était  et  est  encore,  à  mon  avis, 
la  plus  importante  à  remplir.  M.  Phillips  ayant  déclaré  que  ce  n'est  pas  là  la 
condition  à  laquelle  il  cherche  à  satisfaire,  je  me  vois  obligé  de  répondre 
qu'il  ne  peut  y  avoir  accord  entre  la  manière  de  voir  de  M.  Phillips  et  la 
mienne.  Suum  cuiqiie.  Je  regrette  que  le  malentendu  n'ait  pu  être  éclairci  • 
plus  tôt.   » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Du  profit  des  digues  de  réservoirs  d'eau  en 
maçonnerie  ;  par  M.  Phillips.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

«  Ces  constructions  sont  généralement  établies  de  manière  à  satisfaire  à 
deux  conditions  principales  :  i"  une  résistance  suffisante  aux  pressions 
verticales  supportées  par  la  maçonnerie  et  par  le  sol  de  fondation  ;  2"  des 
dimensions  telles,  que  le  mur  ne  puisse  glisser  horizontalement  sur  sa  base 
ou  sur  l'une  de  ses  assises. 

»  On  peut  voir  sur  ce  sujet  un  Mémoire  fort  intéressant  de  M.  de  Sazilly, 
ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  inséré  dans  les  Annales  des  Ponts  et  Chaus- 
sées (tome  VI,  i853),  et  dans  lequel  l'auteur  a  étudié  la  forme  du  profil 
d'égale  résistance  sous  le  rapport  des  pressions.  Quoiqu'il  n'ait  pu  intégrer 
l'équation  différentielle  de  la  courbe  qui  satisfait  à  cette  condition,  il  a  résolu 
approximativement  la  question  d'une  manière  très-suffisante  pour  les  besoins 
de  la  pratique,  en  formant  ce  profil  d'une  série  de  gradins  à  parements 
horizontaux  et  verticauic,  dont  il  calcule  successivement  les  dimensions. 


(  179  ) 
»  Il  y  a  un  troisième  point  de  vue,  sous  lequel  on  peut  envisager  la 
stabilité  de  murs  de  cette  espèce  et  qu'il  m'a  paru  intéressant  de  signaler, 
parce  qu'il  se  lie  intimement  aux  deux  autres  et  qu'il  les  complète  pour  ainsi 
dire  :  c'est  celui  de  la  tendance  au  renversement  extérieur.  En  traitant  le 
problème  à  ce  point  de  vue,  qui  d'ailleurs  ne  dispense  pas  de  vérifier  les 
autres  conditions,  j'arrive  à  une  équation  différentielle  du  profil  qui  s'in- 
tègre complètement  et  dont  les  résultats  s'accordent  du  reste  d'une  manière 
très-satisfaisante  avec  des  murs  de  réservoirs  connus,  dont  l'expérience  a 
démontré  le  bon  établissement,  notamment  avec  ceux  de  Bosméléac  et  de 
Glomel,  au  canal  de  Nantes  à  Brest.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  fermentation  alcoolique;  Lettre  de  M.  Pasteur 

à  M.  Dumas. 

(Renvoi   à  l'examen   des  Commissaires  précédemment   nommés  : 
MM.  Chevreul,  Dumas,  de  Senarmont,  Montagne.) 

«  Permettez-moi  de  vous  faire  connaître  quelques  résultats  nouveaux  sur 
la  fermentation  alcoolique.  Ils  se  joignent  à  ceux  que  j'ai  déjà  eu  l'honneur 
d'annoncer  à  l'Académie  pour  porter  à  voir  dans  le  phénomène  de  la 
fermentation  une  complication  bien  différente  de  celle  que  nous  avions 
l'habitude  d'y  admettre.  Les  uns  et  les  autres  témoignent  du  peu  de  rigueur 
de  l'équation  pondérale  dont  on  avait  supposé  l'existence  entre  la  quantité 
de  sucre  et  la  somme  des  poids  de  l'acide  carbonique  et  de  l'alcool. 

>)  En  poursuivant  mes  études  antérieures,  j'ai  trouvé  que  l'acide  succi- 
nique  était  vui  des  acides  normaux  de  la  fermentation  alcoolique,  c'est-à- 
dire  que  jamais  il  n'y  avait  fermentation  alcoolique  sans  qu'il  y  eût  produc- 
tion aux  dépens  du  sucre  d'une  quantité  d'acide  succinique  très-notable, 
car  eile  s'élève  au  moins  à  ^  pour  loo  du  poids  du  sucre  fermenté. 

»  Rien  de  plus  facile,  lorsqu'on  est  prévenu,  que  de  la  mettre  en  évidence, 
n'eût-on  opéré  que  sur  quelques  grammes  de  matière  fermentescible.  Par 
exemple,  que  l'on  évapore  le  liquide  fermenté,  qu'on  le  ramène  à  la  neu- 
tralité et  qu'on  le  précipite  par  un  sel  d'argent,  le  succinate  lavé  et  décom- 
posé par  l'hydrogène  sulfuré  donne  par  évaporation  des  cristaux  d'acide 
succinique.  Plus  simplement,  que  l'on  traite  à  diverses  reprises  par  l'éther 
l'extrait  du  liquide  fermenté,  et  pendant  l'évaporation  de  l'éther  on  verra 
sur  les  parois  du  vase  des  cristaux  d'acide  succinique  se  déposer  peu  à  peu. 

23.. 


(   «8o) 
Lorsque  la  cristallisation  n'a  pas  lieu,  c'est-à-dire  lorsque  l'acide  succiniqiie 
reste  dissous  dans  le  sirop  d'acide  lactique  que  laisse  l'éther  après  son  éva- 
pora tion,  il  suffit  de  saturer  les  deux  acides  par  la  chaux.  Le  succinate  de 
chaux  insoluble  dans  l'alcool  faible  est  facile  à  séparer  du  lactate. 

»  Si  la  thérapeutique  venait  jamais  à  trouver  un  emploi  à  cet  acide  dont 
la  saveur  a  quelque  chose  d'individuellement  étrange  et  dont  la  vapeur  me 
paraît  avoir  sur  l'économie  une  action  des  plus  vives,  je  crois  qu'il  ne 
serait  pas  difficile  d'aller  le  recueillir  à  peu  de  frais  dans  les  résidus  rejetés 
des  distilleries. 

»  J'ajouterai  une  dernière  observation. 

»  Si  l'acide  succinique  est  bien,  comme  je  l'affirme,  un  produit  normal, 
nécessaire,  de  la  fermentation  alcoolique,  je  devais  le  retrouver  partout  où 
cette  fjermentalion  s'est  produite,  par  exemple  dans  le  vin.  Et  en  effet,  ayant 
pris  le  vin  naturel  dont  je  me  sers  habituellement  et  qui  est  un  vin  du  Jura, 
en  ayant  évaporé  un  litre,  repris  par  l'éther,  il  se  déposa,  après  vingt- 
quatre  heures,  dans  le  sirop  d'acide  lactique  que  l'évaporation  de  l'éther 
laissa  pour  résidu,  une  quantité  très-appréciable  de  cristaux  d'acide  succi- 
nique.  » 

PHYSIQUE.    —   Aclion  de   l'étincelle  électrique  sur  la  vapeur  d'eau  et   sur  la 
vapeur  d'alcool;  par  M.   Ad.  Perrot.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Regnault.) 

«  Ayant  entrepris  l'étude  de  l'action  de  l'étincelle  électrique  sur  les 
corps  volatils  et  particulièrement  sur  les  principaux  composés  organiques , 
j'ai  é^é  conduit  à  penser  que  la  vapeur  d'eau  elle-même  serait  décomposée; 
j'ai  dû  faire  une  expérience  spéciale  pour  éclaircir  cette  question. 

»  Un  demi-litre  d'eau  distillée  réduite  en  vapeur  m'a  donné,  dans  une 
expérience  qui  a  duré  trois  heures,  17  centimètres  cubes  d'un  mélange 
gazeux  qui,  brûlé  dans  l'eudioraètre,  a  produit  de  l'eau  sans  résidu.  J'ai 
répété  plusieurs  fois  cette  expérience  sans  que  les  résultats  aient  varié  ;  il  ne 
paraît  pas  y  avoir  formation  d'ozone.  On  ne  peut  attribuer  la  décompo- 
sition à  l'incandescence  d'ailleurs  presque  imperceptible  de  l'électrode  en 
commimication  avec  le  pôle  extérieur.  En  effet,  j'ai  répété  dans  les  mêmes 
conditions  l'expérience  de  M.  Grove,  en  remplaçant  l'étincelle  par  un  fil 
de  platine  chauffé  aussi  près  que  possible  de  son  point  de  fusion  ;  la  sur- 


(   '8«  ) 
face  chauffée  était  alors  beaucoup  plus  grande,  et  cependant  je  n'ai  observé 
que  des  traces  de  décomposition. 

»  En  faisant  agir  l'étincelle  sur  la  vapeur  d'alcool,  on  obtient  une  quan- 
tité considérable  de  gaz,  jusqu'à  1 5oo  centimètres  cubes  en  une  heure. 
L'analye  du  mélange  n'a  pas  encore  été  faite  d'une  manière  assez  rigou- 
reuse pour  être  présentée  à  l'Académie.  Cependant  je  puis  déjà  dire  qu'il 
ne  s'y  trouve  pas  d'hydrogène  bicarboné.  L'alcool  est  entièrement  décom- 
posé sans  formation  d'eau,  le  résidu  solide  se  compose  de  quelques  traces 
d'un  produit  résineux  et  d'une  certaine  quantité  de  charbon  qui  couvre  les 
parois  de  l'appareil. 

»  Dans  ces  deux  expériences,  surtout  dans  la  dernière,  il  y  a  altération 
physique  des  électrodes  ;  mais  quoique  l'opération  ait  duré  pour  la  vapeur 
d'alcool  plus  de  cent  vingt  heures,  il  a  été  impossible  de  retrouver  dans 
tout  l'appareil  les  moindres  traces  de  platine  pulvérulent.  Dans  la  décom- 
position de  la  vapeur  d'eau,  il  ne  paraît  pas  non  plus  s'en  former  dans  ces 
conditions.  » 

jihtiini,  ■ 
PHYSIQUE  APPLIQUÉE.    —   Des  électio-aimants  à  deux  fils  et  de  leur  emploi  dans 
la  télégraphie  ;  par  M..  lEii.^v.GîiARn. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet.) 

«  L'aimantation  de  ces  électro-àîmattts,  dit  l'anteur  dans  la  Lettre  d'en- 
voi, est  double  ou  neutralisée  suivant  que  lesdeux  courants  qu'on  fait  passer 
par  les  deux  fils  marchent  dans  le  même  sens  ou  en  sens  contraire.  On  peut 
ainsi  agir  sur  une  armature  en  fer  doux  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  sui- 
vant le  sens  de  l'un  des  deux  courants.  Cette  propriété  permet  d'obtenir 
avec  les  armatures  en  fer  doux  tous  les  avantages  des  armatures  aimantées 
sans  en  conserver  les  inconvénients.  On  peut  notamment  supprimer  les 
ressorts  antagonistes  et  faire  produire  par  le  courant  négatif,  des  effets  indé- 
pendants et  séparés  qui  peuvent  être  couibinés  pour  la  formation  des 
signaux  télégraphiques.  Ces  nouvelles  dispositions  me  semblent  constituer 
un  perfectionnement  important  des  divers  systèmes  de  télégraphie  électri- 
que à  courants  combinés  et  à  courants  alternés  que  j'ai  décrits  dans  plusieurs 
Mémoires.    » 

I  sfiq  ui;  -ifjb 

'.ml 


(     '82) 


MÉDECINE.    —    Observations  médicales  sur  les  eaux  minérales  de  Bondonneau 

[Drôme);  par  M.  Grasset. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  J.  Cloquet.) 

Ces  eaux,  d'après  l'analyse  qui  en  a  été   faite  par  M.    Ossian    Henri, 
offrent  la  composition  suivante  : 

Acide  sulfhydrique  libre  indiqué,  mais  très-sensible  à  la  source. 
Acide  carbonique  libre •'  •     |  du  volume  d'eau . 


0,390 


Bicarbonate  de  chaux 
Bicarbonate  de  magnésie 

Bicarbonate  de  soude ^  ^°°^ 

Sel  de  potasse sensible. 

POUR       I  /  de  soude       j 

UN  LITRE  (   Sulfates  supposés  anhydres?  de  chaux       |. .  .  .  o,o43 
d'eau.                                                       (de  magnésie  / 

Chlorure  de  sodium o  ,o3o 

lodure  et  bromure  alcalins o,^©» 

Principe  arsenical  arséniaté indiqué 

Sesquioxyde  de  ler  avec  manganèse. 0,002 

Silice  et  alumine ....    o ,  1 28 

Phosphate  terreux indique 

'  Matière  organique  azotée indétermmee. 

Cette  eau  s'administre  soit  en  boisson,  soit  en  bains,  douches,  etc. 
L'auteur,  dans  le  Mémoire  qu'il  adresse  aujourd'hui,  ne  traite  que  de  son 
emploi  à  l'intérieur,  donnant  un  certain  nombre  d'observations  recueillies 
tant  à  l'hôpital  de  Montélimart  que  dans  sa  pratique  en  ville.  Ces  observa- 
tions ont  rapport  à  des  affections  que  l'auteur  caractérise  ainsi  :  phthisie 
laryngée,  pleuro-pneumonie  chronique,  bronchite  chronique,  tumeur 
blanche,  adénite  scrofuleuse,  fièvre  intermittente  rebelle. 

M  Grasset  ajoute  qu'à  Lyon  l'eau  minérale  de  Bourdonneau  est  lar- 
gement employée  à  l'Hôtel-Dieu  et  à  l'Antiquaille,  et  qu'elle  l'est  également 
dans  la  pratique  civile  par  les  médecins  les  plus  connus  de  cette  ville,  qm 
l'emploient  avec  succès  dans  les  cas  nombreux  où  l'iode,  le  brome,  le  soufre 
et  le  fer  sont  indiqués. 


(  i83  ) 

CHIRURGIE.  —  Nouvelles  remarques  sur  les  communications  de  M.  Sédillot, 
relatives  à  un  traitement  du  pyothorax,  qu'il  indique  comme  nouveau;  Note 
de  M.  BoiiVET. 

«  Cette  nouvelle  Note,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  a  pour  but  de 
démontrer  que  la  méthode  de  M.  Sédillot  n'est  pas  nouvelle,  que  celle 
que  je  suis  en  diffère  essentiellement,  et  enfin,  que  personne  avant  moi 
n'avait  proposé  de  traiter  le  pyothorax  par  les  injections  iodées.  » 

A  la  suite  de  la  lecture  de  cette  Lettre,  et  après  avoir  pris  connaissance 
de  la  Note  qu'elle  accompagne,  M.  Velpeau  fait  les  remarques  suivantes  : 

«  La  Lettre  de  M.  Boinet  me  paraît  résulter  d'un  malentendu. 

»  M.  Sédillot,  un  des  chirurgiens  les  plus  consciencieux,  les  plus  habiles, 
les  plus  estimés  de  notre  temps,  une  des  gloires  de  la  chirurgie  militaire, 
adresse  une  Note  sur  une  nouvelle  manière  de  pratiquer  l'opération  de  l'em- 
pyème.  M.  Boinet,  praticien  distingué  de  Paris,  croit  devoir  réclamer  et 
soutient  que  la  méthode  de  M.  Sédillot  n'est  pas  nouvelle,  que  c'est  lui, 
M.  Boinet,  qui  a  imaginé  de  traiter  l'empyème  par  les  injections  iodées. 
M.  Sédillot  réplique  que  M.  Boinet  n'a  rien  inventé,  et  celui-ci  réclame  une 
seconde  fois  pour  maintenir  ses  droits  à  la  priorité,  en  repoussant  de  nou- 
veau les  prétentions  de  M.  Sédillot  :  tel  est  le  fait. 

»  Or  M.  Sédillot  n'a  dit  nulle  part  qu'il  ait  inventé  ni  la  trépanation 
des  côtes,  ni  les  injections  iodées,  ni  de  vider  la  plèvre  par  degrés  dans  les 
cas  d'empyème.  Fondé  sur  d'autres  principes,  soit  physiologiques,  soit  de 
pathologie,  soit  de  thérapeutique,  il  croit  simplement  être  parvenu  à  consti- 
tuer, au  moyen  d'éléments  anciens,  ime  méthode  mieux  appropriée  aux 
besoins  de  la  maladie  et  plus  efficace  que  celles  de  sesf  devanciers. 

»  D'un  autre  côté,  il  n'est  guère  possible  que  M.  Boinet  se  croie  l'inventeur 
des  injections.iodées  dans  la  poitrine.  Depuis  i835  que  ces  injections  sont 
entrées  dans  la  pratique,  on  les  a  conseillées  dans  les  maladies  de  toutes  les 
cavités  closes.  Un  long  travail  était  lu  ici  sur  ce  sujet  dès  1842.  Les  injec- 
tions d'eau  iodée  dans  les  plèvres  sont  déjà  nettement  mentionnées  page  53, 
tome  VIII,  1 843,  et  pages  280,  337,  ^^9?  tome  XV  des  Annales  de  la  Chirurgie 
française,  à  l'occasion  d'une  longue  discussion  qui  eut  lieu  vers  cette  époque 
à  l'Académie  de  Médecine  sur  l'efficacité  des  injections  iodées  en  général. 

»  Nous  avons  été  témoins,  M.  Rayer  et  moi,  dans  le  même  temps,  d'expé- 
riences faites  par  MM.  Thierry  et  Leblanc  sur  des  chevaux,  ayant  pour  but 
de  prouver  que  les  injections  iodées  dans  les  cavités  closes,  y  compris  les 
plèvres,  ne  sont  pas  plus  dangereuses  chez  les  animaux  que  chez  l'homme. 


(-1^4) 

»  Il  u'y  a  donc  pas  d'iiiveiitiou  à  revendiquer  sous  ce  rapport,  et  M.  Sé- 
flillot,  qui  est  Correspondant  de  l'iustitiit,  qui  professe  et  pratique  depuis 
vingt  ans  dans  un  grand  hôpital,  a  pu  s'étonner  de  voir  un  médecin  étran- 
ger à  la  pratique  journalière  des  établissements  nosocomiaux,  quoique 
tfés-disfingué  et  très-honorable  du  reste,  lui  disputer  le  fruit  de  son  propre 
travail.  Mais  si  M.  Boinet  n'a  point  créé  la  méthode,  il  l'a  du  moins  appli- 
quée, après  Lugol,  après  M.  Bonnet  de  Lyon  surtout,  après  M.  Jobert 
même,  aux  trajets,  aux  cavités,  ajBx  foyers  purulents,  avec  un  soin,  une  per- 
sistance, qui  lui  permettent  de  se  l'approprier  jusqu'à  un  certain  point,  et 
tie  cfire  que  c'est  lui  qui  l'a  fait  adopter  comme  un  des  bons  moyens  de 
traitement  après  l'opération  de  l'empyème. 

»  Cette  discussion,  cette  polémique  manque  donc  de  base  :  il  convient 
de  la  faire  cesser.  Pendant  que  M.  Sédillot  poursuivra  ses  études,  que 
M.  Boinet  continue  les  siennes;  l'utilité  des  unes  n'est  point  de  nature  à 
empêcher  celle  des  autres,  elles  deux  auteurs  peuvent  être  siirs  que  l'Aca- 
démie sera  toujours  disposée  à  les  écouter,  comme  à  leur  rendre  justice  à 
tous  deux.  » 

La  Note  de  M.  Boinet  est,  d'après  sa  demande,  renvoyée  à  la  Commission 

des  prijt.  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

-lion  ^1' 

M.  Fabre,  en  adressant  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirur- 
gie, son  ouvrage  sur  le  goitre  et  le  crétinisme^  y  joint,  pour  se  conformer  à 
une  des  conditions  imposées  aux  concurrets,  une  indication  en  double 
copie  de  ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans  son  travail. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  BiÉRiGNY  adresse  pour  le  concours  de  Statistique  un  «  Tableau  général 
des  naissances  par  jours  de  la  lune  avec  distribution  des  sexes  pendant 
4o  années  (i8oi-i84o),  à  Versailles.^» 

(Commission  du  prix  de  Statistique.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaike  perpétuel,  en  présentant,  au  nom  de  MM.  Gide  et 
Barrai,  un  nouveau  volume  des  Œuvres  de  F.  Arago,  le  tome  IV  des  Notices 
scientifiques^  donne,  d'après  la  Lettre  d'envoi,  une  idée  de  son  contenu. 

«  Ce  volume,  qui  porte  à  douze  le  nombre  de  ceux  publiés,  est,  dit 
M.  Barrai,  entièrement  consacré  à  l'astronomie  et  à  l'optique;  on  y  trou- 


(  ,85  ) 
vera  réunies  les  Notices  sur  la  scintillation,  la  constitution  physique  du  soleil 
et  des  étoiles,  les  éclipses,  la  polarisation  de  la  lumière,  le  daguerréotype, 
la  phosphorescence,  la  vitesse  de  la  lumière,  l'action  calorifique  et  l'action 
chimique  des  rayons  lumineux,  les  théories  de  l'émission  et  des  ondes.  Ce 
n'est  encore  qu'une  faible  partie  des  travaux  de  M.  Aragosur  ces  branches 
dois  connaissances  humaines  :  les  Mémoires  scientifiques  dont  l'impression 
est  très-avancée,  feront  bientôt  connaître  entièrement  ses  longues  recherches 
originales  sur  des  sujets  qui  l'ont  occupé  f^jdant  toute  sa  vie.  » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  un  Mémoire  de  M.  Didion  sur  le  calcul  des  probabilités 
appliqué  au  tir  des  projectiles. 

En  présentant,  au  nom  de  M.  Monestier-Savignat,  un  ouvrage  sur  les  phé- 
nomènes, l'aménagement  et  la  législation  des  eaux,  au  point  de  vue  des 
inondations,  M.  le  Président  fait  remarquer  que  dans  ce  travail,  l'auteur, 
quoique  s'étant  occîupé  plus  particulièrement  du  bassin  de  l'Allier,  a  traité 
de  la  plupart  des  points  qu'aura  à  considérer  la  Commission  chargée 
d'étudier  pour  l'ensemble  de  la  France  la  question  des  inondations.  En  con- 
séquence, l'ouvrage  de  M.  Monestier-Savignat  est  renvoyé  à  cette  Commission 
à  titre  de  pièce  à  consulter. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  AcRon  de  l'azote  et  de  ses  composés  oxydés  sur  le  bore  i 
'       par  MM.  F.  Wohler,  Correspondantde  l'Académie,  et  H.  Sainte-Claire 
Deville. 

«  Nous  avons  fait  voir  que  l'azote  libre  se  combine  directement  au  bore 
à  une  haute  température,  pour  produire  de  l'azotiire  de  bore;  une  expé- 
rience très-simple  montre  combien  cette  absorption  est  facile  et  comment 
elle  pourrait  induire  en  erreur  dans  des  expériences  où  l'on  voudrait  déter- 
miner l'équivalent  du  bore  par  une  simple  oxydation  de  ce  métalloïde  par 
l'action  de  l'air. 

»  En  chauffant  à  une  douce  chaleur,  du  bore  amorphe  dans  un  moufle, 
le  bore  prend  feu  et  brûle  complètement  quand  on  prolonge  le  grillage  à 
basse  température  :-mais  on  obtient  ainsi,  non  pas  de  l'acide  borique,  mais 
un  mélange  d'acide  et  d'azoture  de  bore.  Pour  le  démontrer,  il  suffit  de 
chauffer  le  produit  du  grillage  avec  de  la  chaux  sodée,  dans  un  tube  de  verre 
muni  d'un  tube  de  dégagement  qui  se  rend  dans  l'eau  distillée  ;  l'odeur  de 
l'ammoniaque  se  manifeste  ainsi  très-nettement:  on  peut  en.  outre,  après 

G.   R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  4.)  ^4 


(  «86) 
avoir  saturé  l'eau  alcaline  avec  de  l'acide  chlorhydrique,  précipiter  du  chlo- 
rure ammonico-platinique. 

»  L'absorption  de  l'azote  est  encore  plus  nette,  si  l'on  opère  la  combus- 
tion du  bore  dans  du  protoxyde  d'azote,  et  l'on  démontre  par  le  même  pro- 
cédé la  fixation  de  l'azote  en  quantités  notables  dans  cette  expérience.  Mais 
il  est  plus  facile  encore  de  la  réaliser  dans  les  conditions  suivantes  : 

»  Le  bore  amorphe  chauffé  au  rouge  sombre  dans  un  courant  de  bi- 
oxyde  d'azote  desséché  prend  fei^t  brûle  en  produisant  une  lumière  éblouis- 
sante et  se  transformant  en  un  mSfnge  d'acide  borique  et  d'azoture  de  bore. 
La  masse,  ordinairement  grisâtre  à  cause  d'un  peu  de  bore  qui  n'a  pas  été 
brûlé,  est  traitée  par  l'eau  et  l'acide  nitrique  :  elle  laisse  de  l'azoture  de  bore 
doué  de  toutes  les  propriétés  qu'on  lui  connaît  quand  on  l'obtient  par 
d'autres  procédés.  Traité  par  l'hydrate  de  potasse  fondu,  il  produit  de  l'am- 
moniaque en  abondance.  Les  deux  éléments  du  bioxyde  d'azote  sont  entrés 
en  combinaison  avec  le  bore  :  5  équivalents  de  ce  dernier  corps  produisent 
avec  3  équivalents  de  bioxyde  d'azote  i  équivalents  d'acide  borique  et  3  équi- 
valents d'azoture  de  bore  (BAz). 

»  Les  deux  modifications  cristallisées  du  bore  ne  décomposent  pas  le 
bioxyde  d'azote  au  moins  à  une  chaleur  rouge  qui  ramollit  le  verre. 

»  Le  bore  est  le  seul  corps  connu  qui,  en  brûlant,  se  combine  en  même 
temps  aux  deux  éléments  de  l'air,  l'azote  et  l'oxygène.    » 

*  ■  • 

M.   Jean  fait  connaître,  dans  les  termes  suivants,   les  résultats  obtenus 

avec  les  bobines  d'induction  construites  par  lui. 

«  En  isolant  le  fil  induit  des  bobines  d'induction,  système  Ruhmkorf,  avec 
de  la  résine  fondue  ou  simplement  avec  de  l'essence  de  térébenthine,  on 
peut  en  obtenir  des  étincelles  dont  l'intensité  croît  avec  celle  du  courant 
inducteur  dans  une  limite  assez  étendue.  Ainsi  avec  20  éléments  de  Bunsen 
une  bobine  ,m'a  donné  des  étincelles  de  20  centimètres  et  deux  bobines 
accouplées  des  étincelles  de  3o  centimètres. 

»  En  prenant  quelques  précautions  pour  éviter  la  dispersion  de  l'électri- 
cité, j'ai  pu  percer  des  plaques  de  verre  ayant  une  épaisseur  de  a  centimètres 
et  charger  en  quelques  instants  à  saturation  une  batterie  de  soixante  jarres 
présentant  une  surface  condensante  de  plus  de  6  mètres  carrés.  « 

M.  Valat  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
qu'il  avait  précédemment  présenté  et  siu-  lequel  il  n'a  pas  été  fait  de  Rap- 


(   >87  ). 
port.  Ce  manuscrit  a  pour  titre  :   «  Mémoire  sur  les  treize  solides  demi- 
réguliers  d'Archimède  ». 

M.  PoPLET  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâtA  le  travail  de  la  Commis- 
sion chargée  de  porter  un  jugement  sur  son  procédé  pour  assurer  la  ferti- 
lité des  arbres  fruitiers. 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  :  MM.  Brongniart,  Decaisne.) 

M.  Picou  présente  dés  considérations  irar  les  «  principaux  mouvements 
des  astres  ».  ''    *^' 

M.  Bertratid  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Verdit  adresse  une  Note  sur  un  projet  de  langue  universelle  princi- 
palement destinée  à  faciliter  les  communications  télégraphiques. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  la  question  qui  fait  l'objet  de  sa  Note  ne 
rentre  point  dans  le  cercle  de  celles  dont  s'occupe  l'Académie. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  .  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la.  séance  du  aS  janvier  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

OEuvres  de  François  Aracjo,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences , 
publiées  d'après  son  ordre  sous  la  direction  de  M.  J.-A.  Barral  ;  t.  VIL  Notices' 
scientifiques,  t.  ly.  Paris-Leipzig,  i858;  in-8°.        '"     /^'    *       y'ff ^    ■ 

Mémoire  sur  l'origine  et  la  propagation  de  la  force;  par  M.  Seguin  aine. 
Paris,  1857;  br.  in-4'*. 

Traité  du  goitre  et  du  crétinisme  et  des  rapports  qui  existent  entre  ces  deux 
affections  ;  par  M.  leD'  J.-P.-A.  Fabre,  deMeironnes  (Basses- Alpes).  Paris, 
18.57;  I  vol.  in-S".  (Adressé  au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chi- 
rurgie.) 

Étude  sur  les  phénomènes ,  l'aménagement  et  la  législation  des  eaux  au  point 
de  vue  des  inondations,  avec  application  au  bassin  de  l'Allier,  rivière  à  régime 


y 


.(  i88  ) 
torrentiel  affinent  de  la  Loire;  par  M.  A.  Monestier-Savignat.  Paris,  i858; 
I  vol.  in-8°. 

Exposé  des  vrais  principes  des  mathématiques ,  examen  critique  des  principales 
théories,  ou  doctrines  qui  ont  été  admises  ou  émises  en  cette  science,  et  réflexions 
au  sujet  de  l'enseignement  des  mathématiques;  par  M.  F.  COYTEUX.  Paris, 
i858;   I  vol.  in-8''. 

Calcul  des  probabilités  appliqué  au  tir  des  projectiles  ;  par  M.  Is.  DiDiON. 
Pans,  i858;  br.  in-8°.  ^^ 

Essai  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Jean-Baptiste  Van  Helmont;  par  M.  Henri 
Mas.'îON.  Bruxelles,  1857;  br.  in- 12. 

Etudes  stratigraphiques  sur  les  terrains  des  environs  de  Tuchan;  par  M.  A. -F. 
NOGUÈs.  Carcassonne,  1857;  br.  in^S". 

Rapport  général  des  travaux,  de  la  Société  des  Sciences  médicales  de  l'arron- 
dissement de  Gannal,  pendant  l'année  1 856-1 867,  présenté  dans  la  séance  du 
3  juin  1857;  par  le  D"^  Boudant,  secrétaire  de  la  Société;  XP  année.  Gan- 
nat,  1 857  ''  ^^-  in-8°. 

Dictionnaire  français  illustré  et  Encyclopédie  universelle;  5o'  livraison  ; 
in-40. 

Riduzione. . .  Note  sur  la  réduction  d'une  intégrale  multiple;  par  M.  Angelo 
Genocchi.  Rome,  1857;  br.  in-8°. 

Acto  solemne...  Compte  l'endu  de  la  distribution  des  prix  et  ouverture  du 
nouveau  cours  académique  de  l' Université  royale  littéraire  de  la  Havane,  le 
10  septembre  1857.  La  Havane,  1857;  br.  in-8°. 

Notices...  Notices  des  séances  tenues  par  l'Institution  royale  de  la  Grande- 
Bretagne;  part.  VII,  novembre  i856à  juillet  1857;  in-8". 


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COMPTE  KENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  1"  FÉVRIER  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOmES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Despretz  demande  la  parole  pour  faire  remarquer  l'inexactitude  de 
l'assertion  suivante  : 

a  Le  bore  est  le  seul  corps  qui,  en  brillant,  se  combine  en  même  temps 
»  avec  les  deux  éléments  de  l'air,  l'azote  et  l'oxygène  »  (Compte  rendu,  aS  jan- 
vier i858,  page  i86). 

»  M.  Despretz  a  combiné  l'azote  avec  le  fer,  en  iSzg  {Annales  de  Chimie 
et  de  Physique,  tome  XLII,  page  122). 

»  Le  fer,  dans  certaines  expériences,  augmentait  de  1 1  pour  100  en  poids. 

»  La  densité  du  fer  était  abaissée  de  7,79  à  6,18;  celle  du  cuivre  de  8,9  à 
5,5.  Ce  dernier  métal  ne  prenait  qu'un  faible  accroissement  de  poids.  Il  est 
probable  que  le  cobalt,  le  nickel  et  le  zinc  se  comporteraient  comme  le  fer. 

»  M.  Despretz  a  rappelé  de  plus,  dans  plusieurs  circonstances,  que  le 
même  métal  se  combine  avec  l'azote  quand  on  le  soumet  à  l'action  d'un 
courant  de  bioxyde  d'azote  dépouillé  de  son  oxygène  par  du  cuivre  métal- 
lique. Ces  résultats  sont  rapportés  dans  plusieurs  ouvrages  de  chimie,  et 
notamment  dans  l'ouvrage  de  MM.  Pelouze  et  Fremy.  » 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  de  la  5 1^  petite  planète  faite  le  5  octobre  à  Nîmes ^ 
par  M.  Laurent  ;  Lettre  de  M.  Valz  à  M.  Élie  de  Beaumonl. 

n  Marseille,  le  27  janvier  i858. 

»  Je  viens  vous  prier  de  communiquer  à  l'Académie  le  premier  succès 
obtenu  d'après  les  nouvelles  caries  équinoxiales  que  je  lui  ai  présentées 

C.  R.,i85S,  i«>-  Semestre.  (T.  XLVI,  >'•  ",.)  a5 


(  '90  "> 
dans  sa  séance  du  5  octobre  dernier;  car  entreprises  seulement  depuis 
quelques  mois,  elles  viennent  de  procurer  à  M.  Laurent,  dans  mon  obser- 
vatoire particulier  de  Nîmes,  la  découverte  de  la  Si"  planète  télescopique, 
seulement  de  la  i  i*  grandeur,  mais  devant  arriver  bientôt  au  moins  à  la  lo* 
grandeur,  vu  qu'elle  est  encore  directe,  avant  d'être  parvenue  à  sa  première 
station,  ce  qui  permettra  de  l'observer  bien  plus  longtemps  que  d'ordi- 
naire les  nouvelles  planètes  qui  ne  se  découvrent  que  lorsqu'elles  sont 
rétrogrades,  près  de  leur  opposition  ;  on  pourra  donc  en  obtenir  plus  exac- 
tement les  éléments  et  la  retrouver  plus  facilement  lors  de  la  nouvelle 
apparition.  D'après  l'autorisation  de  M.  Laurent,  je.  lui  ai  donné  le  nom 
de  Nemaiisa  en  mémoire  et  honneur  de  la  ville  et  de  la  fontaine  du  dieu 
Nemausus.  Le  22  janvier,  à  i/J  heures,  elle  avait  la  même  ascension  droite 
que  la  22646"  étoile  du  catalogue  de  Lalande  et  était  estimée  de  1  5'  plus 
au  sud;  ce  qui  reviendrait  à  1 1*"  55'"43',5  d'ascension  droite  et  —  4°  i3'3o" 
de  déclinaison.  Le  23  le  mauvais  temps  ne  permit  pas  de  l'observer,  et 
le  24  à  6''2",  temps  moyen,  elle  suivait  la  même  étoile  de  3^  secondes 
et  était  estimée  de  18'  plus  an  sud,  à  18  heures  elle  suivait  encore  de 
38',  3o.  » 

TRAVAUX  HYDRAULIQUES.  —  Note  sur  tes  effets  comparés  de  la  mer  libre  et  des 
dissolutions  étendues  de  sulfate  de  magnésie  en  tant  qu  agents  destructeurs  des 
composés  h^dt'auliques ;  par  M.  Vicat. 

«  Nous  avons  affirmé  que  les  dissolutions  étendues  de  sulfate  de  magné- 
sie agissent  sur  les  mortiers  hydrauliques,  sur  les  ciments  et  sur  les  combi- 
naisons de  chaux  et  de  pouzzolanes  quelconques,  naturelles  ou  artificielles, 
comme  l'eau  de  mer  elle-même,  en  donnant  lieu  aux  mêmes  phénomènes 
de  destruction  ou  de  conservation,  et  nous  sommes  parti  de  là  pour  classer 
ces  divers  composés,  en  tant  que  destinés  aux  travaux  à  la  mer. 

»  Nous  sommes  aujourd'hui  en  mesure  de  prouver  que  les  prévisions  du 
laboratoire  sont  parfaitement  d'accord  avec  ce  qui  se  passe  en  mer  libre, 
lorsqu'elle  est  dépourvue  des  moyens  de  conservation  qui  paraly.sent  l'ac- 
tion saline. 

»  De  tous  les  points  de  notre  littoral,  qui  s'étend  de  Saint-Jean-de-Luz, 
frontière  d'Espagne,  à  Dunkerque,  frontière  du  Nord,  il  n'en  est  pas,  à 
notre  connaissance,  où  la  mer  possède  à  un  plus  haut  degré  qu'autour  du 
fort  Boyard  (Charente-Inférieure)  la  faculté  d'attaquer  et  de  détruire  les 
composés  dont  il  s'agit,  c'est-à-dire  la  plupart  des  combinaisons  de  silice, 


(  19'  ) 
de  chaux  et  d'alumine  en  proportions  diverses.  Cela  tient  très-probable- 
ment à  l'impossibilité  où  est  la  mer,  dans  ces  parages,  d'implanter  d'une 
manière  durable,  sur  la  surface  de  ces  composés,  les  végétations  sous-ma- 
riâes  et  les  incrustations  coquillières  et  madréporiques  dont  elle  est  si  pro- 
digue en  d'autres  points,  sur  lesquels,  par  conséquent,  il  devient  impossible 
d'assigner  la  vraie  cause  de  la  durée  des  matériaux  qu'on  y  emploie. 

»  Il  y  a  prés  de  quatorze  ans  que  l'habile  ingénieur  (r)  qui  dirige  les 
travaux  du  fort  Boyard  a  commencé  à  l'entourer  de  blocs  artificiels,  dans 
un  double  but  de  défense  et  d'expériences  sur  la  valeur  des  mortiers  hy- 
drauliques, des  pouzzolanes  et  des  ciments  pour  ces  sortes  de  travaux;  la 
manière  dont  ces  blocs  ont  résisté  ou  succombé  sous  l'action  saline  a  justi- 
fié toutes  les  prévisions  du  laboratoire,  à  cela  près  qu'il  a  fallu  plusieurs 
années  pour  produire  sur  ces  blocs  les  symptômes  de  décomposition  que 
les  essais  du  laboratoire  dénoncent  constamment  en  moins  de  vingt  mois. 

»  C'est  ainsi  : 

)'  i".  Que  les  fendillements,  précurseurs  de  la  décomposition  des  mor- 
tiers à  chaux  hydrauliques  naturelles  ou  artificielles,  tenant  silice  et  alumine, 
lesquels  apparaissent  du  vingtième  au  cent  quatre- vingtième  jour  dans  nos 
dissolutions  étendues  de  sulfate  de  magnésie,  ne  se  montrent  que  du  qua- 
torzième au  vingt-sixième  mois  dans  la  mer  libre  du  Boyard; 

»  2°.  Que,  dans  la  même  mer  et  dans  celle  qui  baigne  les  côtes  du  dépar- 
tement de  la  Gironde,  à  la  Pointe  de  Grave,  des  blocs  composés  de  chaux 
plus  ou  moins  hydrauliques  et  par  parties  égales  de  sable  et  de  pouzzolanes 
artificielles,  fabriquées  avec  des  argiles  souillées  de  peroxyde  de  fer  et  de 
carbonate  de  chaux,  et  peu  cuites,  ont  pu,  nonobstant  quelques  dégrada- 
tions visibles  après  un  an  ou  deux,  ne  disparaître  entièrement  qu'après 
douze  ou  treize  ans,  tandis  que  dans  le  laboratoire  tous  le  composés  ana- 
logues étaient  en  ruine  avant  le  vingtième  mois  d'immersion  ; 

»  3°.  Que  la  pouzzolane  de  Rome,  substituée,  dans  les  mêmes  circon- 
stances, aux  pouzzolanes  artificielles  précédentes,  n'a  pas  empêché  des 
signes  d'altération  de  se  montrer  après  cinq  ans  d'immersion  sur  les  blocs 
dont  elle  fait  partie,  blocs  qui  toutefois  ne  sont  encore  que  fort  peu  endom- 
magés après  douze  ans,  et  qui  ne  le  seraient  pas  du  tout,  si  l'on  eût  employé 
de  la  chaux  grasse  et  mieux  raisonné  les  proportions  ;  car  dans  le  labora- 
toire les  combinaisons  de  loo  parties  de  pouzzolane  de  Rome  de  bonne 
qualité  avec  ib  à  1 8. pour  loo  de  chaux  sont  parfaitement  intactes  depuis 

(i)  M.  l'ingénieur  en  chef  Garnier. 

aS.. 


(  '92  ) 
dix  ans  :  mais  de  telles  gangues  ne  doivent  pas  être  chargées  de  plus  d'un 
volume  et  demi  de  sable  ; 

»  4°-  Que  les  blocs  où  le  traass  a  remplacé  la  pouzzolane  de  Rome,  toutes 
circonstances  égales  d'ailleurs,  ont  été  attaqués  aussi  après  cinq  ans  d'im- 
mersion autour  du  fort  Boyard,  et  qu'après  douze  ans  ils  étaient  fortement 
altérés  et  menacés  d'une  destruction  prochaine,  ce  qui  justifie  les  observa- 
tions du  laboratoire  sur  la  supériorité  de  la  pouzzolane  de  Rome  ; 

»  5°.  Que  les  blocs  en  ciment  deGuétary,  de  la  Mortagne  et  de  la  Norte 
de  France  (Isère),  dont  les  indices  de  stabilité  sont  au-dessous  de  0,80  (i), 
ont  été,  les  deux  premiers,  détruits  eii  quelques  mois  au  Boyard,  et  le  der- 
nier attaqué  à  Marseille  après  quatre  ans,  tandis  que  les  blocs  et  autres 
ouvrages  en  ciment  de  Médina  et  de  Ziunaya,  dont  les  indices  sont  respec- 
tivement de  0,90  et  de  0,976,  subsistent  depuis  plus  de  quinze  ans,  tant 
sur,  les  côtes  de  la  Manche  qu'en  Espagne,  dans  la  rade  de  Saint-Sébas- 
tien. 

»  Un  seul  ciment  a  fait  exception  au  Boyard,  c'est  celui  de  Nine-Elms, 
dont  quelques  blocs  ont  été  attaqués  et  détruits,  tandis  que  d'autres  sub- 
sistent encore  après  dix  ans  d'immersion .  L'indice  de  ce  ciment  est  de  o,So  ; 
c'est  justement  la  limite  inférieure  de  la  catégorie  des  ciments  résistants; 
cette  différence  dans  la  stabilité  de  ces  blocs,  en  supposant  le  ciment  de 
Nine-Elms  constant  dans  sa  composition,  pourrait  tenir,  d'après  M.  Garnier, 
à  ce  que  tous  n'ont  pas  été  confectionnés  de  la  même  manière  ni  dans  les 
mêmes  circonstances.  Pour  les  uns,  en  effet,  on  a  rencontré  un  temps 
humide  et  tempéré,  pour  les  autres  un  temps  sec  et  chaud.  Ces  blocs,  géné- 
ralement, n'ont  été  immergés  que  longtemps  après  leur  confection,  tandis 
que  le  même  ciment  dont  les  échantillons  ont  été  conservés  dans  les  baquets, 
et  celui  qui  lie  les  maçonneries  exécutées  sur  place,  ayant  subi  l'immersion 
presque  immédiatement  après  la  prise,  sont  encore  intacts  après  quatorze  ans. 
»  Il  est  certain  qu'un  ciment  ou  tout  autre  composé  hydraulique  immergé 
sec,  et  dans  le  tissu  duquel  l'eau  de  mer  a  pu  s'introduire  par  imbibition, 
doit  offrir  plus  de  prise  à  l'action  saline  que  lorsqu'il  s'est  refusé  à  cette 
imbibition  par  une  immersion  effecttiée  immédiatement  après  la  prise;  mais 
le  fait  de  destruction  totale  d'un  côté,  et  de  conservation  intégrale  de  l'autre, 
par  cette  seule  circonstance,  est  trop  important  à  constater  pour  que  l'on  ne 


,  (i)  Nous  désignons  sous  le  nom  d'indice  de  stabilité  le  rapport  de'  la  chaux  prise  pour  unité 
à  la  somme  silice  plus  alumine  dans  un  ciment  quelconque,  le  fer,  le  sable  et  autres  principes 
aussi  inertes  écartés. 


(  '9"^  ) 
cherche  pas  à  le  vérifier  par  des  expériences  directes.  Il  est  fâcheux  aussi 
que  la  soustraction  de  chaux  opérée  sur  les  blocs  en  décomposition  n'ait 
pas  permis  de  constater  l'état  chimique  du  ciment  employé  ;  cette  vérifica- 
tion eût  pu  indiquer,  d'une  manière  précise,  si  l'imbibition  sente  a  eu  part 
à  leur  ruine;  ignorant,  d'ailleurs,  comment  ces  blocs  ont  été  confectionnés, 
nous  ne  pouvons  évidemment  considérer  le  fait  de  leur  destruction  comme 
constituant  une  exception  à  la  règle  des  indices,  et  jusqu'à  nouveaux  docu- 
ments nous  devons  nous  abstenir.  Remarquons  toutefois  que  l'indice  de 
0,80,  caractéristique  de  l'unique  échantillon  de  ciment  de  Nine-Elms,  mis  a 
notre  disposition,  peut  très-bien  n'avoir  pas  été  celui  du  ciment  des  blocs 
détruits,  quoique  de  même  nom  et  de  même  provenance. 

»  En  écartant  donc  ces  dernières  difficultés,  desquelles,  faute  de  données 
suffisantes,  on  ne  saurait  tirer  aucune  conclusion,  il  reste  démontré,  par  les 
rapprochements  que  nous  venons  de  faire  : 

»  1°.  Qu'aucun  composé  hydraulique  ne  peut  résister  en  mer  libre  sans 
le  secours  des  végétations  sous-marines  ou  des  incrustations  eoquillieres, 
lorsqu'il  a  donné  des  signes  non  équivoques  d'altération  en  moins  de  vingt 
mois  dans  les  dissolutions  étendues  de  sulfate  de  magnésie  du  laboratoire; 

>'  a°.  Que  ces  indications,  données  après  quelques  mois,  et  quelquefois 
quelques  jours  dans  le  laboratoire,  peuvent  en  mer  libre,  comme  celle  qui 
baigne  les  alentours  du  fort  Boyard,  se  faire  attendre  plusieurs  années  et 
inspirer  par  là  une  fausse  sécurité  (i)  ; 

»  3°.  Que  des  ciments  que  nous  ne  connaissions  pas  étant  venus  après 
coup  justifier,  par  leur  longue  résistance  en  mer  libre  et  par  leur  teneur  en 
chaux  et  argile,  la  règle  des  indices  que  nous  avons  posée  pour  distinguer 
ceux  qui  doivent  résister  de  ceux  qui  en  sont  incapables,  nous  sommes,  jus- 
'  qu'à  preuve  contraire,  autorisé  à  considérer  cette  règle  comme  certaine  et  à 
4\ffirmer  par  conséquent  qu'il  suffit  d'une  seule  analyse  pour  reconnaître  si 
un  ciment  proposé  pour  l'eau  de  mer  doit  être  refusé  ou  accepté  (2). 

»  Or,  comme  il  est  tout  aussi  facile  de  fabriquer  artificiellement  des 
ciments  et  d'en  régler  la  composition,  qu'il  l'est  de  fabriquer  de  la  même 
manière  des  chaux  hydrauliques,  partout  où  l'on  trouve  de  l'argile,  de  la 
craie  ou  des  marnes  calcaires,  le  problème  de  durée  en  eau  de  mer  des 
composés  de  ce  genre  doit  être  considéré  comme  résolu. 


(i  )  Voir  pour  la  justification  de  ces  conclusions  les  tableaux  n°'  4>  5>  6,  7  et  8  du  Mémoire 
couronné  par  la  Société  d'Encouragement. 

(a)  Voir  le  tableau  de  la  page  56  du  même  Mémoire. 


>> 


(  194  ) 

»  Nous  terminerons  cette  Note  par  quelques  observations  communes  aux 
ciments  employés  avec  ou  sans  sable,  et  aux  mortiers  hydrauliques  à  chaux 
siliceuses,  observations  qui  nous  paraissent  d'une  haute  importance. 

»  On  remarque,  en  effet,  qii'après  avoir  du  dizième  au  trentième  jour 
abandonné  de  la  chaux  aux  dissolutions  étendues  de  sulfate  de  magnésie  où 
ces  composés  sont  plongés,  ces  mêmes  dissolutions,  successivement  renou- 
velées dans  cet  intervalle  de  temps,  finissent  par  ne  plus  agir;  l'oxalate 
d'ammoniaque  n'y  produit  plus  ni  précipité,  ni  louche,  et  cela  pendant  toute 
la  durée  de  l'intégrité  des  échantillons  dans  ces  mêmes  dissolutions  ,  durée 
qui,  pour  les  mortiers  hydrauliques,  particulièrement,  peut  aller  de  deux 
ans  et  quelques  mois  jusqu'à  cinq  ans,  au  delà  desquels  des  signes  non  équi- 
voques d'altération  commencent  à  se  montrer.  Or,  si  l'on  observe  que  la 
totalité  de  la  chaux  soustraite  aux  échantillons  pendant  ces  quelques  jours 
qui  ont  suivi  l'immersion  ne  dépasse  dans  aucun  cas  5  milligrammes  par 
centimètre  carré  de  surface  baignée,  on  ne  peut  douter  que  l'action  du  sul- 
fate de  magnésie  n'ait  été  pendant  sa  courte  durée  que  très-superficielle,  et 
alors  comment  expliquer  l'effet  tardif  de  cette  première  attaque  en  apparence 
si  insignifiante  ?  Y  aurait-il  une  cause  autre  que  la  soustraction  de  chaux 
observée?  Toujours  est-il  que  ces  faits  donnent  lieu  à  la  question  de  savoir 
si  sous  les  incrustations  coquillières  ou  madréporiques  qui  tapissent  les  blocs 
des  moles  d'Alger  et  de  Marseille,  le  mortier  n'aurait  pas  subi  ou  ne  subirait  pas 
plus  tard  cette  altération  tardive  due  à  la  première  impression  de  l'eau  salée 
sur  leurs  surfaces,  et  si  à  une  époque  plus  ou  moins  prochaine,  ces  surfaces 
venant  à  se  ramollir  sous  les  incrustations  elles-mêmes,  celles-ci  ne  finiraient 
pas  par  s'en  séparer,  en  livrant  les  blocs  aune  destruction  progressive,  ana- 
logue à  celle  que  l'on  observe  sur  les  briquettes  attaquées  après  cinq  ans 
dans  le  laboratoire.  Ce  serait  chose  à  examiner  à  l'aide  de  machines  à  plon- 
ger, afin,  le  cas  échéant,  de  recourir  pour  l'avenir  à  des  matériaux  d'un 
autre  ordre.  » 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  les  lignites  collants  de  Manosque  [Basses- Jlpes); 

par  M.  J.  FouRNET. 
ï 

«  Les  géologues  connaissent  déjà  certains  lignites  susceptibles  de  pro- 
duire un  coke  aggloméré,  et  en  1837  M.  Regnault  publia  spécialement  l'a- 
nalyse de  ceux  d'Ellenbogen  et  de  Cuba.  Cependant  la  rareté  des  produits 
de  cette  nature  a  été  la  cause  d'une  certaine  incertitude  que  laisse  le  nom 
du  combustible.  Au  point  de  vue  stratigraphique,  on  l'applique  habituelle- 


(  »95  ) 
meut  aux  charbons  d'origine  tertiaire,  et  dans  le  sens  chimique  on  avance 
trop  sonvent  que  ceux-ci  sont  incapables  de  fournir  du  coke. 

»  A  l'égard  du  vulgaire,  les  conséquences  de  ces  énoncés  ont  été  parti- 
culièrement mises  en  évidence  en  Toscane,  lorsqu'en  1840  il  fut  question 
des  lighites  du  Monte  Bamboli.  Les  habitants  pour  lesquels  l'existence  de  la 
véritable  houille  dans  leur  pays  eût  été  un  incalculable  avantage,  voyant 
leur  produit  émettre  une  belle  flamme,  dégager  une  forte  chaleur,  et  fournir 
du  coke,  ne  pouvaient  s'imaginer  avoir  un  combustible  différent  et  mal- 
menaient les  géologues  qui  essayaient  de  rectifier  leurs  idées  à  ce  sujet. 

»  Cependant,  pour  un  œil  exercé,  c'était  bien  d'un  lignite  qu'il  s'agissait. 
Du  moins  la  substance  différait  sensiblement  de  la  houille  proprement  dite. 
Voulant  donc  compléter  mon  instruction  à  cet  égard,  immédiatement  après 
mon  retour  en  France,  je  m'attachai  à  faire  quelques  essais  comparatifs,  en 
prenant  pour  type  une  houille  de  Rive-de-Gier.  Les  résultats  de  mes  expé- 
riences sont  consignés  dans  le  tableau  suivant. 


HOUILLE    DE    RIYE-DE-GIER. 


Combustion   sous   la  /  P'amme  ^i^e  et  claire 

,„Qg(jg  I  Braise    solide,    boursouflée,    à   pores 


assez  larges. 


Distillation. 


Fusion  facile 

Eau  qui  n'est  ni  acide  ni  alcaline 

Goudron  jaune-brun 

Gaz  à  odeur  bitumineuse  et  hydrosul- 
fureuse  


Incinération. 


Potasse  liquide. . 

Caloricité  d'après  le  { 
plomb  produit. 

I 


Coke  métalloïde,  solide,  léger,  fine- 
ment poreux 

Quantité  de  coke,  C6,5  pour  loo 

Cendres  blanches,  3,15  pour  loo 


Inattaquable. 

29.6 


LIGNITE  DU    PUITS  N°  /|  ,  MONTE    BAMBOLI. 


Flamme  pareille. 

Braise  plus  solide  à  cause  delà  finesse 
de  ses  pores.  Boursouflement  é[;al. 

Idem. 
Idem. 
Idem.  ' 

L'odeur  hydrosulfureuse   du    gaz    i^sl 
plus  prononcée. 

Coke  en  tout  sembltible. 
Quantité  Co  pour  100. 

Cendres    légèrement    roussâtres    avec 
parties  blanches,  3, Go  pour  100. 

Idem. 

26,3. 


»  Or  certaines  houilles,  telles  que  celles  d'Épinac,  ne  donnent  que  25,4 
à  26,8  de  plomb  ;  le  jayet  et  le  lignite  de  Bellestat  n'en  réduisent  que  ^3,3 
ou  24, 4î  et  si  la  quantité  de  coke  est  un  peu  moindre  que  poxu'  la  houille 


%' 


(  '96  ) 
de  Rive-de-Gier,  c'est  que  l'échantillon  de  celui-ci  a  été  choisi  parmi  les 
premières  qualités. 

■)  De  pareils  résultats  m'autorisèrent  à  admettre,  dès  l'année  1840,  l'exis- 
tence de  houilles  très-modernes,  et  je  puis  actuellement  ajouter  qu'en  i855 
il  m'a  été  permis  de  généraliser  mes  premiers  aperçus  en  les  étendant  à 
certains  combustibles  du  territoire  français. 

»  En  effet,  les  environs  de  Manosque  contiennent  dans  leurs  dépôts  ter- 
tiaires, supérieurs  aux  couches  gypseuses  d'Aix,  des  couches  de  lignite  au 
nombre  de  5o  environ.  Elles  présentent  des  épaisseurs  variables,  de  façon 
que  si  une  partie  n'est  d'aucune  utilité,  quelques-unes  du  moins  possèdent 
une  puissance  suffisante  pour  permettre  l'exploitation.  D'ailleurs  celle-ci 
remonte  à  l'année  1 760. 

>»  Ces  couches  sont  comprises  entre  les  marnes  et  les  calcaires  d'eau  douce 
inférieurs  aux  molasses  marines  ;  elles  traversent  les  vallées  du  Peyroulet, 
de  la  Valveramiie  et  de  Buergues,  ainsi  que  les  contre-forts  d'Espel  et  de  Pig- 
malionqui  les  séparent.  D'ailleurs  elles  paraissent  se  perdre  en  dehors  des 
deux  vallées  extrêmes  de  Buergues  et  du  Peyroulet.  Enfin  leur  ensemble  est 
fortement  redressé  vers  le  nord,  de  façon  que  cette  disposition,  combinée 
avec  les  dénudations  torrentielles,  permet  d'étudier  facilement  les  diverses 
parties  du  terrain. 

M  Ces  lignites  sont  généralement  secs,  de  même  que  ceux  de  Fuveau  et 
d'Auriol.  Cependant  à  la  base  de  l'ensemble  on  observe  cinq  assises  analo- 
gues à  celle  du  Monte  Bamboli,  c'est-à-dire  qu'elles  donnent  du  coke.  Un  de 
ces  lignites  collants,  de  la  vallée  de  Buergues,  a  présenté  les  caractères  sui- 
vants : 

»  Combustible  schisteux,  à  cassure  résineuse  et  dont  l'éclat  est  très-vif. 
On  pourrait  presque  le  considérer  comme  étant  une  sorte  d'asphalte. 

»  Au  feu,  il  se  comporte  de  même  qu'un  charbon  très-gras;  il  est  remar- 
quablement fondant,  et  de  plus,  sous  l'influence  d'un  coup  de  feu  rapide,  il 
peut  se  boursoufler  au  point  de  s'extravaser  hors  du  creuset. 

»  Il  commence  à  se  distiller  et  à  fumer  abondamment  avant  d'être  chauffé 
au  rouge,  et  la  flamme  s'en  dégage  par  une  suite  d'explosions,  quand  ré- 
chauffement a  été  brusque.  Cette  flamme  est  d'ailleurs  claire  et  très-abon- 
dante. 

»  Le  coke  est  parfaitement  aggloméré,  poreux,  fin  et  léger.  La  quantité 
s'élèveà46,5  pour  100. 

u  Les  cendres  sont  rousses  et  leur  quantité  est  de  5,0  pour  100. 

»  Enfin  la  caloricité,  indiquée  par  la  litharge,  égale  23,35. 


Or(i 

Ivn  des 

couches. 

N» 

I 

IN" 

2 

N" 

3 

N" 

4 

N° 

5 

(  197  ) 

»  Dans  la  vallée  deGaude,  on  trouve  cinq  couches  du  même  genre,  dont 
les  caractères  offrent  quelques  variations  trop  insignifiantes  pour  devoir . 
être  mentionnées  ici.  La  puissance  change,  de  l'une  à  l'autre,  entre  o™,25  et 
3", 00;   d'ailleurs  certaines  assises  contiennent  quelques  nerfs  argileux.  A 
l'essai,  elles  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

Coke.  .  Cendres. 

Non  essayé,  la  couche  étant  trop  mince. 

59,25  '0,781 

66,25  2g,i5l  pour  100. 

52, 5o  8,72! 

52, 5o  10, 5o, 

»  Tous  ces  cokes  sont  parfaitement  agglomérés,  huileux,  métalloïdes,  et 
d'autant  plus  denses  que  la  carbonisation  a  été  conduite  avec  plus  de  ména- 
gement. Cependant  le  coke  du  lignite  n°  3  est  plus  terne  que  les  antres, 
à  cause  de  la  quantité  de  cendres  qu'il  contient.  Celles-ci  sont  roses  ou 
rousses,  selon  les  couches. 

»  Une  distillation  en  grand  a  été  effectuée  à  l'usine  de  Courbevoie  près  de 
Paris,  où  l'on  opère  avec  des  cornues  chauffées  au  rouge-cerise  et  mainte- 
nues à  cette  température  à  l'aide  d'un  bain  de  plomb.  Les  produits,  examinés 
ensuite  par  M.  Masson,  professeur  à  l'École  Centrale,  sont  consignés  dans 
le  résumé  suivant  : 

Coke  métalloïde 65 ,08 

Goudron i3,45 

Eau  ammoniacale. .. .- 7>5o 

Gaz  d'éclairage 1 3 ,90 

»  Le  gaz  paraît  être  de  bonne  qualité  pour  l'éclairage.  L'eau  ammonia- 
cale contient  par  mètre  cube  3o  litres  de  sulfate  d'ammoniaque,  et  le  gou- 
dron se  décomposé  à  la  distillation  subséquente  en  une  huile  jaunâtre,  lim- 
pide, et  en  bitume  gras,  produits  que  M.  Masson  considère  comme  étant  de 
qualité  égale  à  ceux  que  l'on  obtient  des  schistes  de  Boguette. 

»  Sans  doute  ces  diverses  indications  n'ont  pas  l'extrême  précision  des 
conclusions  que  MM.  Regnault  et  Gruner  ont  pu  déduire  de  leurs  recher- 
ches. Elles  suffisent  cependant  au  point  de  vue  technique,  et  je  suppose 
même  que  les  prétentions  à  une  minutieuse  exactitude  eussent  été  parfai- 
tement exagérées  à  l'égard  de  matières  prises  pour  ainsi  dire  aux  affleure- 
ment des  gîtes,  et  par  conséquent  quelque  peu  altérées. 

G.  R.,   i858,   i"  Semetire.  (T.  XLVI,  N»  S.)  26 


(   '98  ) 

»  Je  dois  actuellement  faire  remarquer  quo  les  calcaires  solides  encais- 
sants, ou  voisins  de  ces  lignites  à  coke,  sont  éminemment  bitumineux; 
quelquefois  même  on  y  rencontre  des  veinules  et  des  rognons  d'asphalte, 
Leurs  bancs  sont  d'ailleurs  fort  rapprochés  les  uns  des  autres,  puisque  les 
intervalles  rocheux  les  plus  considérables  n'ont  pas  plus  de  i5  mètres 
d'épaisseur,  et  se  réduisent  même  à  5  mètres.  Il  en  résulte  que  leur  ensemble 
constitue  une  sorte  de  gronpe  d'autant  mieux  déterminé,  que  pour  arriver 
ensuite  à  la  première  couche  de  lignite  non  collant  il  faut  traverser  une 
série  de  marnes  entremêlées  d'assises  calcaréo-marneuses  d'environ  47  mè- 
tres de  puissance.  Cette  eu-constance  permet  de  supposer  que  les  conditions 
géologiques  épi'ouvèrent  d'assez  fortes  niodificalions  après  le  dépôt  de 
l'étage  des  lignites  collants. 

»  Cependant  les  calcaires  ambiants,  non  plus  que  les  manies  intercalées 
ou  superpesées,  ne  montrent  aucun  symptôme  de  métamorphisme,  du 
moins  selon  l'acception  ordinaire  du  mot.  Je  dirai,  de  plus,  qu'iridéj)eii- 
damment  de  la  nullité  des  indices  d'une  action  que  l'on  pourrait  se  per- 
mettre d'attribuer  à  une  diffusion  normale  du  calorique,  il  n'existe  à  proxi- 
mité aucuiie  roche  plutonique  ;  et,  par  conséquent,  le  métamorphisme  dit 
local  ne  pourrait  pas  davantage  être  invoqué  dans  le  cas  présent,  pour  l,i 
formation  de  ces  lignites  gras  ou  secs. 

M  Si,  au  contraire,  j'envisage  l'ensemble  des  conditions  du  terrain,  et  si 
je  tiens  surtout  compte  de  la  position  inférieure  des  couches  à  coke,  je  me 
sens  disposé  à  croire  que  la  pression  a  exercé  une  influence  prépondérante 
dans  la  formation  de  ces  lignites  gras.  Conformément  aux  indications  consi- 
gnées dans  mon  Traité  au  sujet  de  l'extension  des  terrains  houillers  en  France, 
page  16a  (18.54),  elle  a  pu  s'opposer  au  dégagement  des  parties  gazeuses 
provenant  de  la  lente  désorganisation  par  laquelle  les  matières  herbacées 
ont  dû  passer  pour  arriver  à  leur  état  actuel.  Après  tout,  rien  n'empêche 
encore  d'admettre,  avec  M.  Gruncr,  que  la  nature  spéciale  des  végétaux  a 
également  joué  un  rôle  dans  le  phénomène  du  développement  des  combus- 
tibles, tantôt  gras,  tantôt  secs,  réunis  sur  un  seul  et  même  canton. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  conjectures,  je  résumerai  la  question  des 
Combustibles  minéraux,  en  faisant  remarquer  qu'en  définitive  ceux  qui  sont 
susceptibles  de  produire  du  coke  ne  sont  pas  spécialement  inhérents  aux 
terrains  houillers  :  CfUx-ci  même  offrent  ck  et  là  des  houilles  .sèches,  et  par 
conséquent  analogues  à  la  grande  majorité  des  lignites  ou  stipites.  D'un 
autre  côté,  les  anthracites  ont  pu  se  produire  même  an  milieu  d'ensend)les 
très-peu  ou  nullement  métamorphiques,  témoins  ceux  qui  sont  contenus 


•    '^  (   '99  ) 

dans  les  terrains  de  Saint-Étienne  et  de  ïernay.  Enfin,  s'il  fallait  dès  à 
présent  émettre  un  aperçu  comparatif  enti-e  les  houilles  tertiaires  et  les 
houilles  anciennes,  je  dirais  que  les  premières  se  rapprochent,  davantage 
des  asp'haltes  que  les  dernières.  Au  surplus,  des  analyses  complètes  pour- 
raient lever  les  doutes  qiu;  laisse  ct-t  énoncé  basé  sur  de  simples  essais.  » 

ASTRONOMIE.  —   Images  photographiques  de  la  Lune. 

Profitant  du  retour  à  Paris  de  M.  de  Yerneuil,  le  P.  8ecchi  envoie  à 
l'Académie  les  extraits  de  quelques  publications  faites  dans  l'année  r  SSy. 

«  Pendant  les  belles  soirées  du  mois  passé  (décembre  1857  ''  ^^6c  l'assis- 
tance de  deux  amateurs  de  pliotographie,  j'ai  pris  plusieurs  phases  lunaires 
dans  le  double  but  de  recueillir  les  matériaux  pour  une  sélénographie,  et 
d'examiner  plusieurs  questions  relatives  à  l'action  chimique  propre  des 
différents  corps  célestes.  Par  rapport  à  la  sélénographie,  ces  photographies 
partielles  ne  peuvent  donner  avec  netteté  qu'une  lisière  assez  étroite  près 
de  la  limite  d'illumination,  car  le  reste  étant  sans  ombre  marquée  ne  présente 
que  le  contour  des  taches  principales,  comme  on  le  voit  à  la  pleine  lune.  Ces 
images  isolées  ne  peuvent  servira  tous  indistinctement,  mais  sont  précieuses 
pour  l'astronome,  car,  en  superposant  successivement  les  diverses  phases,  on 
obtiendra  la  lune  entière.  Cette  superposition  cependant  est  difficile  à  bien 
réussir,  à  cause  de  la  libration ,  qui  déplace  sensiblement  les  taches  relativement 
aux  bords.  Mais,  même  avec  ce  secours,  les  nombreux  détails  de  notre  satel- 
lite ne  pourront,  dans  l'état  actuel  de  l'art  photographique,  être  représentés 
avec  les  détails  que  l'œil  découvre;  cependant  on  obtiendra  ainsi  un  canevas 
précieux  et  exact.  Les  nombreuses  épreuves  que  j'ai  recueillies  seraient 
déjà  suffisantes  pour  la  sélénographie  entière,  et  il  ne  reste  qu'un  ouvrage 
de  patience  et  de  temps,  plus  approprié  à  un  artiste  qu'à  un  astronome. 

»  Mais  l'étude  principale  à  laquelle  ces  expériences  étaient  destinées,  était 
la  connaissance  du  pouvoir  chimique  de  la  lumière  lunaire  dansses  différentes 
piiases,  et  comparativement  aux  autres  corps  célestes.  Pour  cela,  nous 
avons  renoncé  à  prendre  des  positives  directes  sur  collodion,  ce  qui  pouvait 
se  faire  avec  une  exposition  d'un  très-petit  nombre  de  secondes,  mais  avec 
une  incertitude  trop  grande  poui*la  mesure  de  la  force,  et  nous  avons  pré- 
féré les  négatives  sur  collodion  ordinaire.  La  question  du  temps  était,  du 
reste,  tout  à  fait  secondaire  avec  un  instrument  comme  notre  équatorial, 
qu'on  peut  tenir  absolument  fixe  sur  un  même  point  plusieurs  minutes  sans 

26.. 


(    200    ) 

difficulté,  et  avec  un  peu  d'adresse  on  peut  très-bien  régler  son  mouvement, 
même  poursuivre  la  lune  en  déclinaison  aussi  longtemps  qu'on  veut. 

»  I^es  résultats  obtenus  sont  les  suivants  :  Quand  la  lune  est  pleine,  six 
secondes  suffisaient  pour  avoir  une  trace  de  l'impression  des  parties  plus 
claires  en  négative.  Avec  deux  minutes  d'exposition,  on  obtenait  une  épreuve 
vigoureuse  qui  paraissait  au  premier  contact  du  liquide  révélateur,  et  avait 
tous  les  détails  nécessaires  à  faire  un  fond  général  de  carte  lunaire.  Dans 
la  phase  du  premier  quartier,  cinq  ou  six  minutes  sont  nécessaires  pour 
obtenir  la  même  force  d'impression,  même  pour  la  partie  la  plus  éclairée  de 
la  phase;  les  parties  qui  sont  faiblement  illuminées  près  des  bords  intérieurs 
de  la  phase,  sont  à  peine  arrivées  à  une  teinte  suffisante.  11  est  bien  entendu 
qu'on  employait  toujours  des  préparations  identiques  et  qu'on  répétait  au 
moins  trois  fois  l'expérience  chaque  soir,  la  lune  étant  à  peu  près  à  une 
hauteur,  sinon  égale,  du  moins  pas  trop  différente.  Pendant  la  phase  du 
sixième  jour,  le  temps  est  monté  à  six  minutes  et  demie  et  pour  celle  du 
cinquième,  même  avec  sept  minutes  et  demie,  on  eut  une  impression  assez 
faible.  Le  quatrième,  la  lune  était  trop  basse  pour  servir  de  règle.  .On  voit 
donc  qu'il  y  a  une  grande  différence  de  force  dans  ces  époques,  et  il  est 
remarquable  que  les  nombres  qui  exprimeraient  la  force  de  radiation  pour 
les  phases  différentes  sont  encore  ici  plus  petits  que  ceux  déduits,  par 
Lambert,  des  considérations  théoriques  de  photométrie.  Selon  cet  au- 
teur, le  rapport  de  la  lumière  entre  la  lune  pleine  et  le  premier  quartier 
serait  ::  66:42,  ou  approximativement  *.  ;  3  *.  2,  et  nous  trouvons  l'action 
chimique  :  '.  3  :  1  environ.  Dans  une  autre  communication,  j'ai  déjà  remar- 
qué que  la  théorie  de  Lambert  est  en  défaut,  même  en  cela  qu'il  trouve  le 
centre  plus  lumineux  que  le  bord,  ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  la  lune  pleine. 

»  Mais  la  chose  la  plus  singulière  et  la  plus  intéressaute  est  la  comparai- 
son de  la  lumière  de  la  lune  avec  celle  de  Jupiter.  La  lune  étant  à  son  pre- 
mier quartier,  et  pas  très-éloignée  de  Jupiter,  nous  photographiâmes  tous  les 
deux  successivement,  et  nous  trouvâmes  que  Jupiter  donnait  en  un  moindre 
temps  (quatre  minutes)  une  impression  au  moins  aussi  vigoureuse  que  la  par- 
tie la  plus  claire  de  la  lune  :  ses  bandes  étaient  très-marquées  et  il  y  eut  trace 
encore  de  quelqti'un  des  satellites.  Cependant  de  cette  seule  observation  on 
ne  pourrait  conclure  absolument  rien  en  faveur  de  la  puissance  de  la  lumière 
de  Jupiter,  car  la  position  des  deux  astres  était  alors  assez  différente  relati- 
vement au  soleil;  il  fallait  nécessairement  attendre  une  position  à  peu  près 
semblable  en  élongation.  Ayant  donc  répété  les  expériences  le  jour  avant  la 
pleine  lune,  on  trouva  le  temps  pour  Jupiter  environ  deux  fois  plus  long  qiw 


(    20I     ) 

pour  la  lune.  Ainsi  quoique  la  lumière  absolue  de  Jupiter  soit  moindre  que 
celle  de  la  lune,  cependant  réfléchissant  sur  sa  distance  au  soleil  (cinq  fois 
environ  plus  grar>de  que  celle  de  la  lune)  et  la  diminution  de  la  lumière  en 
raison  du  carré  des  distances,  on  ne  peut  échapper  à  la  conséquence  que 
proportionnellement,  la  force  de  la  lumière  de  Jupiter  est  plus  grande  que 
celle  de  la  lune.  On  est  donc  conduit  à  admettre,  pour  le  premier  astre,  une 
atmosphère  plus  réfléchissante  que  le  sol  sombre  et  volcanique  de  notre 
satellite,  ce  qui,  du  reste,  s'accorde  bien  avec  la  facilité  relative  avec  laquelle 
on  peut  appliquer  de  forts  grossissements  à  Jupiter  en  le  regardant  avec  la 
lunette,  pendant  qu'en  proportion  la  lumière  de  la  lune  devient  alors  très- 
faible.  Dans  une  matière  aussi  vague  que  l'évaluation  des  forces  chimiques, 
il  serait  difficile  d'avoir  des  nombres  plus  exacts,  mais  même  ces  aperçus  ne 
seront  pas  sans  intérêt;  et  on  voit  d'après  ceux-ci  qu'il  n'es^pas  absurde  de 
croire  qu'un  jour  peut-être  des  réactifs  chimiques  convenablement  choisis 
pourront  nous  révéler  la  qualité  des  matériaux  dont  sont  formés  les  corps 
célestes. 

»  Je  finiiai  par  une  question  :  On  sait  combien  le  peuple  et  surtout  les  agri- 
culteurs attribuent  d'influence  à  la  lune  :  parmi  les  cultivateurs  des  environs 
de  Rome,  il  est  admis  en  principe  que  certains  légumes  ne  doivent  pas  se 
semerà  lune  obscure  (^nouvelle  ou  près  de  la  conjonction),  car  alors  ils  se 
développent  trop  vite,  et  au  contraire  ils  se  développent  moins  s'ils  sont 
semés  à  lune  pleine.  Je  ne  connais  pas  d'expériences  soignées  à  ce  sujet; 
mais  en  supposant  cela  exact,  on  pourrait  en  trouver  la  raison  dans  la  force 
stimulante  des  rayons  lunaires  ,  car  les  plantes  tendres  semées  à  lune 
obscure  se  trouveraient  sortir  de  la  terre  à  peu  près  à  la  pleine  lune,  et 
il  est  très-probable  que  la  force  des  rayons  lunaires  est  alors  suffisante  dans 
les  pays  où  l'atmosphère  est  très-pure  pour  accélérer  la  végétation,  bien  plus 
qu'il  n'arriverait  si  les  plantes  étaient  déjà  dans  un  âge  plus  avancé.  Au  con- 
traire étant  semées  à  lune  pleine,  elles  se  trouveront  sortir  de  la  terre  à  lune 
obscure,  et  elles  passeront  la  période  de  Içur  plus  grande  sensibilité  à  l'abri 
de  cette  lumière  nocturne.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'influence  de  la  lune  ne  doit 
pas  être  nulle  sur  la  végétation  si  elle  est  sensible  sur  les  réactifs  ordi- 
naires. » 


(    203     ) 

ASTRONOMIE.  —  Nole  SUT  im€  laclie  solaire  observée  avec  la  lunette  de  Merz  à 
l'observatoire  du  Collège  Romain  ;  par  le  P.  Sgcchi. 

«  I^a  tache  dont  j'ai  l'hoiiDeur  de  présenter  la  figure  à  rAcadéniie  a  été 
dessinée  par  un  de  mes  élèves  avec  un  soin  particulier,  et  dans  un  jour  d'at- 
mosphère claire  et  tranquille.  Elle  avait  été  observée  le  jour  précédent  (i  i  jan- 
vier), et  son  aspect  ayant  paru  très-intéressant,  je  la  fis  dessiner  le  jour  sui- 
vant, dans  lequel  l'aspect  avait  déjà  changé.  Le  dessin  la  représente  comme 
elle  se  voyait  à  a""  3o™  après  midi  le  12  janvier  i858.  Le  noyau  présente  des 
indentures  profondes,  et  est  divisé  par  deux  courants  de  matière  lumineuse 
en  trois  parties.  Outre  ces  courants,  dont  l'éclat  lumineux  ne  le  cède  guère 
à  celui  de  la  photosphérie  générale,  on  aperçoit  des  légers  filets  de  nuages 
transparents  couune  des  cirrhus  lumineux  qui  traversent  le  noyau  et  bordent 
les  contours  de  la  matière  incandescente.  La  matière  lumineuse  qui  forme 
la  pénombre  n'est  pas  continue,  mais  elle  forme  une  infinité  de  courants  ou 
ruisseaux  qui  vont  se  verser  dans  l'intérieur  du  noyau.  Cette  partie  du  dessin 
étant  caractéristique,  a  été  faite  avec,  un  soin  extrénje  ;  mais  le  nombre  de 
filets  était  immense,  et  chacun  était  irès-délié.  Des  circonstances  très-favo- 
rables d'atmosphère  nous  ont  permis  de  les  bien  distinguer,  et  je  suis  sijr 
de  l'exactitude  de  la  figure,  quoiqu'il  ait  été  impossible  de  les  tracer  tous. 
Les  lignes  noires  qui  séparaient  un  filet  de  l'autre  se  prolongeaient  assez  au 
dedans  de  la  pénombre,  et,  après  un  chemin  plus  ou  moins  long,  se  per- 
daient tout  à  fait,  et  seulement  il  restait  une  trace  de  sillonnement  plus 
léger.  Dans  la  partie  inférieure  de  la  tache,  il  y  avait  une  masse  non  divisée 
en  filets  comme  le  reste,  mais  d'un  aspect  irrégulier  et  comme  bouillonnant  ; 
sa  forme  était  presque  triangulaire,  d'un  éclat  assez  fort  :  là  paraissait  s  ac- 
cumuler la  matière  du  grand  courant  qui  traversait  le  noyau.  Il  est  singu- 
lier que  le  jour  avant  on  n  avait  dans  le  noyau  que  ce  courant;  mais  à  la 
place  du  deuxième  qui  se  voit  aujourd'hui,  il  y  avait  un  léger  cirrhus  lumi- 
neux qu'on  voit  encore  dans  les  autres  parties  du  noyau  de  la  tache.  Le 
contour  de  la  pénombre  se  détachait  assez  bien  du  fond  de  la  photosphère, 
mais  les  angles  de  la  pénombre  ne  correspondent  pas  nettement  à  ceux  du 
novaii,  et  il  est  remarquable  qu'en  faisant  tourner  un  peu  un  des  deux 
contours,  on  peut  les  faire  coïncider.  La  tache  étant  arrivée  près  du  bord 
du  soleil,  a  paru  environnée  d'un  nombre  de  facules  très-grandes  et  très- 
vives,  de  sorte  qu'il  y  a  indice  d'une  agitation  très-grande. 

»  Ce  n'est  pas  ici  le  heu  de  faire  des  hypothèses  ou  des  théories  d'après 
ces  faits,  je  ne  puis  m'empêcher  d'exprimer  l'idée  qui  s'emparait  de  tous 


{    203    ) 

ceux  qui  regardaient  la  tache,  qui  était  celle  de  voir  une  matièi-e  incafl-' 
descente  en  fusion,  qui  se  précipitait  par  torrents  pour  n^mplir  un  vide; 
Le  diamètre  des  courants  était  tout  au  plus  de  trois  à  quatre  dixièmes  de 
seconde  en  arc,  et  le  pkis  grand  diamètre  du  noyau  était  d'environ 
47  secondes,  c'est-à-dire  à  peu  près  trois  l'ois  le  diamètre  de  la  terre.  » 

M.  Isidore  Pierre  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  ses 
Recherches  cmdljtiqiies  sur  le  sarrasin  considéré  comme  substance  alimentaire, 
et  en  adresse  l'analyse  suivante,  dans  laquelle  il  résume  en  peu  de  mots 
l'ensemble  des  résultats  de  son  travail  : 

»  i".  Les  préparations  alimentaires  faites  avec  la  farine  de  sarrasin  con- 
stituent, pour  la  plupart,  un  aliment  sain  et  suffisamment  réparateur;  a"  il 
existe  entre  les  deux  principales  sortes  de  farine  de  sarrasin,  que  l'on  trouve 
habituellement  dans  le  commerce,  une  différence  de  richesse  en  principes 
azotés  que  l'on  peut  évaluer  approximativement  à  45  pour  s 00. 

»  C'est  In  plus  grosse  des  deux,  la  moins  blanche,  qui  est  la  plus  riche  en  prin- 
cipes azotés,  en  phosphates  et  en  matières  grasses;  c'est,  par  conséquent,  la  plus 
luitritive,  et  l'on  comprend  dès  lors  qu'elle  puisse  constituer  l'unique  ali- 
ment des  populations  rurales  de  certains  pays;  3°  les  préparations  connues 
sous  le  nom  de  galettes  ou  de  crêpes  de  sarrasin,  constituent  un  aliment 
comparable  au  pain  ordinaire  de  Paris,  par  la  proportion  de  phosphates  et 
de  principes  azotés  qu'elles  renferment  et  qui  lui  est  supérieur  par  la  pro-' 
portion  des  matières  grasses  ;  4°  'e  rendement  habituel  de  ces  sortes  de  pré- 
parations, parvenues  à  un  degré  normal  et  convenable  de  cuisson,  s'élève  à 
environ  trois  fois  le  poids  de  la  farine  employée;  elles  contiennent  alors 
de  4o  à  4'  pour  100  de  lenr  poids  d'eau  :  ce  rendement  paraît  à  peu  près 
indépendant  du  mode  de  préparation,  pourvu  que  les  galettes  soient  con- 
venablement cuites  ;  5°  il  peut  exister,  entre  les  divers  produits  de  la  mou- 
ture du  même  sarrasin,  sous  le  rapport  de  leur  richesse  en  azote,  en  pho- 
pbates  et  en  matières  grasses,  des  différences  telles,  que  l'un  contienne 
près  de  sept  fois  autant  r/AZOTE,  vingt-cinq  fois  autant  de  phosphates  et  cent 
quinze  fois  autant  de  MATIÈRES  GRASSES  que  l'autre;  6°  la  farine  la  plus 
grosse  peut  contenir  deux  fois  autant  ^'azote,  quatre  fois  et  demie  autant  de 
PHOSPHATES  et  deux  fois  et  demie  autant  de  matières  GraSSES  qu'un  poids  égal 
du  sarrasin  qui  l'a  fournie;  7°  le  son  qui  provient  de  la  mouture  ordi- 
naire du  sarrasin  est  plus  riche  en  azote,  plus  riche  en  phosphates  et 
phis  riche  en  matières  grasses  que  le  grain  entier  dont  il  provient,  et 
il  serait  possible  d'en  séparer  par  un  .blutage  méthodique  perfectionné  un 
produit  farineux,  beaucoup  plus  riche  en  azote,  en  phosphates  et  surtout 


(  2o4  ) 

en  matières  grasses  que  la  farine  commerciale  ordinaire  ;  8°  de  même  qu'on 
l'avait  déjà  observé  pour  le  blé,  le  sarrasin  le  plus  beau,  le  plus  nourrissant 
n'est  pas  celui  qui  contient  en  plus  fortes  proportions  les  principes  auxquels 
on  attribue  le  plus  d'importance  pour  l'alimentation;  9°  les  différences  de 
composition  que  l'on  observe  entre  les  divers  produits  que  l'on  peut  obtenir 
de  la  monture  du  sarrasin  sont  beaucoup  plus  tranchées  que  les  différences 
analogues  constatées  jusqu'à  ce  jour  dans  les  produits  de  la  mouture  du  fro- 
ment. Le  tableau  ci-joint  résume  en  partie  les  résultats  qui  viennent  d'être 
formulés,  rapportés  à  i  kilogramme  de  matière  employée,  complètement 
desséchée . 

Azote.      Acide  phoaphorique.      Matières  grasses, 
gr  pr  gr 

Sarrasin  entier. , 21,3  5,6  32,2 

Folle  farine  très-blanche 7,6  o  596  o  ,62 

Farine yîne  ordinaire  du  commerce i3,o  ><  » 

Farine  jaune  moyenne  dépouillée  de  farine 

fine  blanche 38,8  20 ,6  » 

Très-grosse  farine  jaune 55,7  24,3  71,8 

Son   ordinaire 24,4  11,9  47»7 

Envelojjpes  corticales  du  .grain  mélangées 

d'un  peu  de  farine  grossière »  »  8,  i 

Enveloppes  corticales  pures 4)9  "  " 

Farine  grossière  séparée  du  son  précédent.          »  »  9^ ,  2 

»  Parmi  les  produits  que  l'on  peut  obtenir  de  la  mouture  du  sarrasin, 
il  en  est  un  qui  mérite  de  fixer  l'attention  d'une  manière  toute  particulière  : 
c'est  la  folle  farine  fine  et  blanche  intermédiaire,  par  la  composition,  entre 
les  fécules,  tapiokas,  etc.,  et  les  farines  de  froment,  et  qui,  par  cela  même, 
constitue  un  aliment  plus  substantiel,  plus  complet  que  les  premières  et 
beaucoup  plus  léger  que  les  farines  de  froment.  C'est  donc  un  produit  dont 
les  préparations  sous  diverses  formes  ne  sauraient  être  trop  recommandées 
aux  estomacs  malades,  et  pour  l'alimentation  des  jeunes  enfants  qui  ne 
peuvent  supporter  une  nourriture  substantielle;  elle  leur  fournit,  sous  une 
forme  et  dans  les  proportions  que  comporte  leur  frêle  organisme,  les  divers 
principes  que  doit  contenir  toute  substance  alimentaire  pour  subvenir  à 
l'entretien  des  principales  fonctions,  et  depuis  que  ces  recherches  sont  ter- 
minées, j'ai  eu  la  satisfaction  d'apprendre  que  la  pratique  a  déjà  justifié  ces 
recommandations  et  ces  prévisions  théoriques.  Enfin  l'application  des 
données  qui  précèdent  à  la  discussion  des  conditions  de  succès  de  la  culture 
du  sarrasin  m'a  conduit  à  celte  conséquence,  que  s'il  semble  rationnel  de 


(  ao5  ) 
recommander  la  consommation  du  sarrasin,  parce  que  c'est  un  aliment 
sain  et  substantiel,  parce  que  c'est  .peut-être  la  substance  alimentaire  la 
plus  économique,  il  ne  paraît  pas,  à  beaucoup  près,  aussi  rationnel  de 
pousser  à  la  production  pour  le  marché,  parce  qu'il  n'est  que  faiblement 
rémunérateur  pour  celui  qui  le  cultive.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE   VÉGÉTAI-E.    —    Recherches  expérimentales  sur  les  rapports  des 
plantes  avec  la  rosée;  par  M.  P.  Duchartre.   (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Moquin-Tandon,  Payer.) 

«  Les  observations  dont  les  résultats  sont  consignés  dans  cette  Note  se 
rattachent  à  celles  que  j'ai  exposées  dans  mes  deux  Mémoires  sur  le  rapport 
des  plantes  avec  l'humidité  de  l'atmosphère,  que  j'ai  eu  l'honneur  de  pré- 
senter à  l'Académie  des  Sciences,  le  3  mars  et  le  18  avril  i856.  Elles  ont  été 
faites  cette  année,  à  Meudon,  dans  un  grand  jardin,  pendant  les  mois 
d'août  et  septembre.  D'autres,  en  grand  nombre,  identiques  avec  celles-ci 
quant  à  leurs  résultats,  avaient  été  faites  au  même  lieu  pendant  l'été  et 
l'automne  de  i856;  mais  je  les  ai  passées  sous  silence  pour  ne  pas  donner 
trop  d'étendue. à  ce  travail,  et  parce  que  d'ailleurs  celles  de  cette  année 
m'ont  semblé  plus  que  suffisantes  pour  établir  le  principe  qui  découle  des 
unes  et  des  autres.  Ce  principe  est  que,  contrairement  aux  idées  reçues,  les 
plantes  n'absorbent  pas  l'eau  de  la  rosée  qui  les  mouille,  quelque  abondante 
qu'elle  puisse  être,  du  moins  dans  nos  climats  et  dans  les  conditions  ordi- 
naires de  la  végétation. 

•  »  Mes  expériences  de  cette  année  ont  eu  pour  sujets  quatre  pieds  de 
Veronica  Lindlejana,  Paxt.,  deux  de  Reine-Marguerite  pyramidale,  deux 
d'Hortensia,  un  de  Rochea  falcata,T)C  Ces  différentes  plantes  étaient  cul- 
tivées en  pots,  dans  la  terre  qu'on  leur  donne  habituellement  dans  les 
jardins.  Elles  ont  été  disposées  de  telle  sorte,  qu'un  appareil  en  verre, 
dont  l'arrangement  m'est  propre,  formait  une  enceinte  assez  large  et  parfai- 
tement close  autour  de  leur  pot,  tout  en  laissant  sortir  librement  à  l'air  leur 
portion  aérienne.  Ainsi  se  trouvaient  rigoureusement  éliminés  tous  les 
changements  de  poids  qui  seraient  résultés  sans  cela  de  l'humectation  ou 
dif  dessèchement  à  l'air  de  la  terre  et  du  vase  qui  la  contenait.  Les  plantes 
étaient  pesées,  1°  à  l'entrée  de  la  nuit,  a°  le  lendemain  matin  de  très-bonne 
heure.  Lorsqu'elles  portaient  de  la  rosée,  la  première  pesée  du  matin  était 

C.  R.,  i858,  i"  Semesire.  (T.  XLVI,  N»  S.)  27 


(    206    ) 

suivie  d'une  seconde  qui  avait  lieu  après  que  toute  l'eau  déposée  pendant 
la  nuit  avait  été  enlevée.  Pour  faire  disparaître  cette  humidité  superficielle, 
j'ai  fait  usage  de  deux  méthodes  qui,  bien  que  totalement  différentes,  m'ont 
fourni  des  résultats  concordants.  La  différence  entre  les  nombres  fournis 
par  ces  deux  dernières  pesées  me  donnait  évidemment  le  poids  de  la  rosée, 
et;  cehii-ci  déduit,  je  connaissais  le  poids  réel  des  plantes  à  la  fin  de  1h 
nuit. 

»  Je  crois  montrer  dans   mon   Mémoire  que  nulle   cause  différente  ne 
pouvait  venir  infirmer  l'exactitude  des  conclusions  tirées  de  ces  expériences^* 
et  notamment  que  les  phénomènes  respiratoires  ne  pouvaient  intervenir  en 
rien  sous  ce  rapport. 

»  Dans  toutes  mes  observations,  les  choses  se  sont  passées  absolument 
(le  la  même  manière,  malgré  les  différences  considérables  qui  existaient 
entre  les  plantes,  quant  à  la  texture  de  leurs  feuilles,  quant  à  la  nature  et  à 
l'épaisseur  de  lejir  épiderme. 

»  Lorsqu'il  ne  s'est'pas  formé  de  rosée  sur  les  sujets  mis  en  observation, 
soit  à  découvert,  soit  sous  une  grande  vitre  horizontale,  la  transpiration  a 
déterminé  en  eux,  pendant  la  nuil,  une  diminution  de  poids  appréciable, 
qui  a  varié  selon  les  espèces  et  aussi  selon  les  actions  extérieures  qu'on  sait 
avoir  une  influence  marquée  sur  la  production  et  l'intensité  de  ce  phéno- 
mène. 

»  I.,orsque  la  rosée  lie  s'est  déposée  qu'en  petite  quantité,  les  plantes, 
pesées  avec  la  faible  couche  d'humidité  qui  les  recouvrait,  ont  accusé  un 
poids  un  peu  inférieur  ou  tout  au  plus  égal  à  celui  qu'elles  avaient  la  veille, 
à  l'entrée  de  la  nuit,  et  cela  malgré  l'augmentation  que  produisait  nécessai- 
rement dans  cotte  pesée  la  présence  à  leur  surface  de  cette  eau  dont  le 
poids  s'ajoutait  au  leur.  Dans  ce  cas,  la  rosée  me  semble  n'avoir  pas  eu 
d'autre  effet  que  de  diminuer  le  chiffre  définitif  de  la  déperdition  nocturne  : 
en  d'autres  termes,  d'empêcher  que  les  plantes  ne  perdissent  autant  qu'elles 
l'tfuraient  fait  sans  cela. 

»  Enfin,  lorsque  la  rosée  s'est  formée  en  quantité  très-considérable,  les 
plantes  pesées  de  bon  matin,  encore  couvertes  de  toute  l'eau  qui  s'était 
condensée  à  leur  surface,  ont  accusé  une  augmentation  notable  sur  le  poids 
(|u'elles  avaient  la  veille  à  l'entrée  de  la  nuit.  Mais,  pour  montrer  que  leur 
augmentation  était  uniquement  apparente  et  non  réelle,  et  qu'elle  ne  tenait 
qu'à  la  présence  sur  If  urs  feuilles  d'une  couche  d'eau  qui  ajoutait  sou  po*(Js 
au  leur  propre,  il  a  suffi  de  faire  disparaître,  de  manière  ou  d'autre,  ce 
liquide  superficiel.  Alors,  dans  toutes  les  expériences  sans  une  seule  excep- 


(  ^^1  )  ' 

tion,  les  plantes  ont  montré  soit  qu'elles  n'avaient  rien  ajouté  à  leur  poids 
de  la  veille,  soit  même  qu'elles  avaient  subi  une  petite  déperdition.  Si  la 
rosée  s'était  déposée 'pendant  toute  la  nuit,  la  transpiration  nocturne  avait 
été  totalement  supprimée,  et  chaque  plante  a  montré  de  nouveau  son  poids 
initial  aussitôt  qu'elle  a  été  débarrassée  de  son  revêtement  liquide;  si  la 
précipitation  n'avait  commencé  de  se  faire  qu'à  une  heure  plus  ou  moins 
avancée,  il  y  a  eu  d'abord  quelque  peu  de  transpiration,  et,  de  grand  matin, 
la  rosée  enlevée,  le  j^oids  des  plantes  s'est  trouvé  plus  ou  moins  inférieiu'  à 
ce  qu'il  était  la  veille,  à  l'entrée  de  la  nuit. 

M  Je  crois  donc  être  autorisé  à  conclure  de  mes  observations,  que,  dans 
nos  climats  et  dans  les  conditions  ordinaires  de  la  végétation,  la  rosée  n'a- 
joutant rien  au  poids  des  plantes  qu'elle  mouille,  n'est  pas  absorbée  par 
elles  ;  que  dès  lors  elle  ne  contribue  pas  à  leur  nutrition,  et  que  le  seul  effet 
direct  qu'elle  produise  est  d'arrêter  temporairement  par  sa  présence  la 
transpiration  qui  aurait  eu  lieu  sans  elle.  J'ajouterai  seulement  que,  par 
l'intermédiaire  de  la  terre,  elle  peut  produire  sur  les  plantes  un  effet  indirect 
auquel  je  crois  qu'on  doit  attribuer  une  importance  variable  selon  les 
circonstances,  mais  parfois  très-grande. 

>-  Je  crois  avoir  établi  antérieurement,  par  mes  expériences,  que  l'humi- 
dité en  vapeur  qui  se  trouve  dans  l'air  n'est  pas  absorbée  par  les  organes 
aériens  des  plantes.  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui 
me  semble  prouver  que,  lorsque  cette  humidité  se  condense  en  rosée,  elle 
n'est  pas  non  plus  absorbée  par  les  organes  qu'elle  iriouille.  Enfin  j'ai 
reconnu  aussi  expérimentalement,  comme  je  me  propose  de  le  rapporter 
plus  tard  en  détail,  que  l'humidité  vésiculaire  et  visible  des  brouillards 
mouille  les  plantes  sans  rien  ajouter  à  leur  poids  et,  par  suite,  sans  être 
absorbée  par  elles. 

»  Il  me  semble  donc  résulter,  en  dernière  analyse,  de  l'ensemble  de  mes 
observations  sur  les  rapports  des  plantes  avec  l'humidité  de  l'atmosphère, 
que,  sous  la  plupart  dés  rapports,  les  idées  qui  ont  eu  cours  de  tout  temps 
au  sjujet  du  pouvoir  absorbant  des  organes  aériens  ne  sont  pas  en  harmonie 
avec  les  faits,  et  que  le  rôle  essentiel,  pour  l'introduction  dans  l'organisme 
végétal  de  l'eau,  son  principal  aliment,  est  dévolu  aux  racines,  ou  plus 
exactement  à  cette  faible  portion  de  leur  surface  très- voisine  de  leur  extré- 
mité, par  laquelle  on  sait  que  s'opère  avec  énergie  l'absorption  de  ce 
liquide.  » 


27. 


(  2o8  ) 

MÉCANIQUE. — Mémoire  sur  te  travail  des  forces  élastiques  dans  un  corps  solide 
élastique  déformé  par  l'action  de  forces  extérieures  ;  par  M.  Clapeybon. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

«  Lorsque  j'eus  à  m'occuper  de  la  construction  du  matériel  roulant  des 
chemins  de  fer  de  Saint-Germain  et  de  Versailles,  la  fabrication  des  ressorts 
était  abandonnée  entièrement  à  la  routine  des  ouvriers;  je  dus  chercher 
un  guide  dans  les  règles  connues  sur  la  résistance  et  la  flexion  des  corps 
élastiques.  Les  solides  d'égale  résistance  dans  lesquels  on  s'efforce  de 
répartir  également  sur  tous  les  points  les  forces  tendant  à  produire  la  rup- 
ture, s'offraient  naturellement  à  l'esprit  comme  particulièrement  aptes  à 
servir  de  ressorts.  Les  solides  à  sectjon  parabolique  employés  par  M.  Morin 
dans  ses  études  dynamométriques  ;  une  série  de  feuilles  égales  superposées 
affectant  la  forme  de  losanges,  reposant  sur  un  appui  correspondant  à  la 
petite  diagonale  et  chargées  de  poids  à  leurs  deux  extrémités,  enfin  le  res- 
sort ordinaire  composé  de  feuilles  d'égale  épaisseur  superposées,  croissant 
comme  les  termes  d'une  progression  arithmétique,  sont  autant  d'exemples 
de  corps  d'égale  résistance  pouvant  fonctionner  comme  ressorts.  Appli- 
quant à  chacun  de  ces  systèmes  les  règles  connues  sur  la  charge  que 
peuvent  porter  les  corps  élastiques  et  la  flexion  correspondante,  je  remar- 
quai que,  bien  qiie  les  formules  correspondantes  à  ces  trois  cas  fussent  diffé- 
rentes, en   multipliant   pour  chacun  d'eux  la  charge  par  la  flexion,  on 

obtenait  un  produit  égal  au  ir  du  volume  du  ressort  multiplié  par  le  coef- 
ficient d'élasticité  E  et  le  carré  de  la  tension  maxima  que  comporte  la 
matière  employée.  Ce  produit  représentait  d'ailleurs  le  double  *de  la  force 
vive  que  le  ressort  pouvait  absorber  par  l'effet  de  sa  flexion  et  qui  était  la 
mesure  naturelle  de  sa  puissance. 

«  Une  simple  tige  verticale  suspendue  et  chargée  d'un  poids  ;  luie  ^ame 
rectangidaire  reposant  par  son  milieu  sur  un  appui  et  chargée  d'un  poids  à 
chacune  de  ses  extrémités,  conduisent  encore  à  un  résultat  analogue  :  seule- 
ment ici  le  coefficient  ^  est  remplacé  pour  la  tige  verticale  par  i,  pour  la 

lame  rectangulaire  horizontale  par  —  Il  me  parut  que  ces  résultats  simples 

et  inattendus,  identiques  pour  des  systèmes  de  forme  très-différente,  ou  ne 
variant  que  par  l'introduction  d'tui  coefficient  en  passant  d'une  classe  de 


(  aog  ) 
ressorts  à  l'autre,  devaient  dériver  du  principe  général  en  vertu  duquel  le 
travail  développé  par  le  moteur  est  égal  à  celui  qu'absorbe  la  résistance  ;  ici 
le  travail  absorbé  résulterait  de  la  résistance  que  les  particules  intérieures 
du  corps  élastique  opposeraient  à  sa  déformation,  on  concevrait  ainsi  com- 
ment le  volume  du  corps  entrait  toujours  comme  facteur  dans  la  mesure 
du  travail. 

»  Mais  comment  obtenir  l'expression  de  ce  travail  en  évitant  les  omis- 
sions et  les  hypothèses  qu'impose  aux  formides  pratiques  l'imperfection 
des  ressources  de  l'analyse? 

»  Je  crus  éviter  cet  écueil  en  adoptant  les  vues  admises  par  M.  Navier 
pour  arriver  aux  équations  de  l'équilibre  intérieur  des  corps  solides,  et  des- 
quelles nous  partîmes  plus  tard,  M.  Lamé  et  moi,  pour  établir  la  loi  des 
pressions  autour  d'un  point  de  l'intérieur  d'un  corps  élastique  déformé  par 
des  forces  extérieures.  Comme  M.  Navier,  j'écris  l'équation  du  principe  des 
vitesses  virtuelles;  une  première  intégration  triple  permet  de  réunir  en 
un  seul  terme  tous  ceux  qui  dépendent  de  l'action  d'un  élément  sur  ceux 
qui  l'entourent;  remplaçant  ensuite,  comme  on  le  fait  dans  la  démonstration 
du  principe  des  forces  vives,  les  déplacements  virtuels  par  ceux  qui  ont 
lieu  réellement,  on  n'a  plus  sous  les  signes  de  l'intégrale  triple  que  les  diffé- 
rentielles partielles  des  déplacements  réels,  et  on  parvient  à  remplacer 
ceux-ci  par  le  coefficient  d'élasticité  E  et  les  pressions  principales  A,  B  et  C, 
pour  la  définition  desquelles  je  renvoie  au  Mémoire  déjà  cité  qui  m'est  com- 
mun avec  M.  Lamé.  3'arrive  ainsi  à  la  formule 

E  r  r  n  A^  -I-  B»  -<-  C»  -  ^  (AB  +  AC  4-  BC)1  dxdjdz, 

pour  l'expression  du  double  du  travail  fait  par  les  particules  du  corps  élas- 
tique déformé.  Depuis  l'époque  déjà  fort  éloignée  à  laquelle  j'avais  obtenu 
ces  résultats,  M.  Lamé,  reprenant  la  question,  avait  fait  voir  que  nos  premiers 
travaux,  comme  ceux  de  M.  Navier,  répondaient  à  une  hypothèse  trop  res- 
treinte pour  représenter  les  phénomènes  naturels;  il  parvint  à  des  résultatîs 
analogues,  mais  dans  lesquels  la  nature  particulière  du  corps  est  caracté- 
risée par  deux  coefficients  au  lieu  d'un.  La  nouvelle  théorie  s'accorderait 
avec  l'ancienne  pour  les  corps  dans  lesquels  ces  deux  coefficients  que 
M.  Lamé  représente  par  X  et  jj.  seraient  égaux.  En  admettant  ces  vues  nou- 
velles, M.  Laine  démontre  que  ma  formule  prend  la  forme 

^j  j  j      ^^  -*-  ^"  -^  G'  -  -^(AB  +  AC  4-  BC)  L:.\/jdz. 


(    2IO    ) 


I 


Ici  le  coefficient  d'élasticité  E  a  pour  valeur  ^- ^.  Les  formules  nou- 

'  3X  -)-  2fi 

velles  coïncident  donc  avec  les  anciennes  quand  on  a  X  =  [x.  Quoi  qu'il  en 

soit,  si  dans  les  anciennes  ainsi  que  dans  les  nouvelles  formules  on  admet, 

comme  dans  les  ouvrages  classiques  sur  la  résistance  des  matériaux,  que 

des  trois  pressions  principales  une  seule  subsiste,  en  la  représentant  par  T, 

on  trouve  E  /  T*  <:/i'  pour  l'expression  du  travail  intérieur  du  solide  déformé. 

Effectuant  l'intégration   pour  les  différentes  formes  de  ressorts  que  nous 

avons  mentionnées  et  supposant  que  T  représente  les  tensions  limites,  nous 

retombons  sur  les  formules  déjà  trouvées  ^ET^V  pour  les  trois  premières, 

ET*Vet-ET^V  pour   les   deux  dernières.    Les   formules  que  j'applique 

depuis  longtemps  au  calcul  des  ressorts  ordinaires  dans  le  matériel  des 
chemins  de  fer  s'en  déduisent  immédiatement;  les  voici  : 

Longueur  du  ressort =  2  /. 

Nombre  des  feuilles =■  n. 

Poids  limite  appliqué  à  chaque  extrémité.   .    .  =  p- 

Intervalle  entre  les  brides =  2e. 

Largeur  des  feuilles =  b. 

Epaisseur •  .    .  =  a. 

/',  flexion  de  chaque  extrémité  du  ressort;  on  a  les  deux  équations 

p'^ll  =  LT'ab,     /=ET.^^=^- 

»  Voici  d'autres  conséquences  déduites  depuis  longtemps  de  ces  for- 
mules. 

»  Un  système  de  charpente  destiné  à  supporter  un  poids  P  est  construit 
de  façon  que  les  pièces  prismatiques  qui  le  composent  soient  tirées  ou 
comprimées  dans  le  sens  de  leurs  axes  et  que  leur  section  soit  en  propor- 
tion de  l'effort  qu'elles  supportent.  Le  produit  de  la  charge  P  par  la  flexion 
est  égal  à  EVT*. 

»  Si  l'on  combine  le  volume  V  de  la  charpente  de  façon  que  le  poids 
supporté  P  soit  un  maximum,  cette  combinaison  correspondra  au  minimum 
de  la  flexion. 

»  Larésistance  au  choc  est  indépendante  de  la  combinaison  adoptée. 
■     »  Un  prisme  posé  de  champ  sur  deux  appuis  porte  plus  que  posé  à  plat 


(  ^'I  ) 

dans  le  rapport  de  ia  hauteur  à  la  largeur  de  la  section  ;  sa  résistance  à  un 
choc  est  la  même. 

»  A  égalité  de  puissance,  un  ressort  en  bois  travaillant  à  raison  de 
200  kilogrammes  par  centimètre  carré,  comparé  à  un  ressort  en  acier  trempé 
travaillant  à  raison  de  6600  kilogrammes,  aura  un  volume  4^  tois  plus 
grand,  pèsera  de  5  à  6  fois  plus  et  un  prix  sensiblement  égal. 

»  Le  ressort  le  plus  parfait  destiné  à  amortir  les  collisions  sur  un  che- 
min de  fer  aurait  im  poids  qui  en  rendrait  l'application  impraticable. 

"  Je  termine  par  une  étude  des  ressorts  de  "torsion,  en  me  bornant  à  con- 
sidérer le  cas  d'un  cylindre  à  base  circulaire.  Ici  les  formules  de  l'ancienne 
et  de  la  nouvelle  théorie  sont  identiques,  sauf  l'idée  à  attacher  au  coeffi- 
cient unique  qui  aÇecte.  les  formules.  Dans.les  anciennes,  il  n'est  autre  que 
le  coefficient  d'élasticité;  dans  les  nouvelles,  c'est  un  coefficient  à  déduire 
du  résultat  des  expériences.  Nous  avons  appliqué  ces  formules  à  une  expé- 
rience de  Coulomb  et  à  onze  expériences  de  l'ingénieur  Duleau  sur  la  tor- 
sion du  fer.  La  valeur  du  coefficient  E  dans  l'ancienne  théorie,  et  de  -^  -, 

5  ft 

dans  la  nouvelle,  a  varié  entre  — 077 et'  — q-? Ces  chiffres  rentrent 

'  2  044  000  I  oo5  000 

dans  les  valeurs  qu'assignent  les  auteurs  au  coefficient  d'élasticité  du  fer. 

Au  point  de  vue  ancien,  ce  serait  une  confirmation  de  la  théorie  admise; 

au  point  de  vue  nouveau,  ce  résultat  démontre  simplament  que  pour  lé 

fer,  ^  -  est  égal  au  coefficient  d'élasticité  qui  a  pour  valeur  ^- — ^  ou  que 

»  Nous  avons  démontré  que  les  forces  tangentielles  développées  par  la 
torsion  sur  les  sections  parallèles  à  la  base  donnent  naissance  à  deux  pres- 
sions principales  égales,  mais  de  signe' oppose,  inclinées  à  45  degrés  stn- 
les  arêtes  du  cylindre  et  dirigées  dans  un  plan  tangent  à  celui-ci.  Nommant 
T  cette  tension  ou  compression  qui  atteint  son  maximum  sur  le  cylindre 
extérieur  dont  le  diamètre  est  R,  on  trouve  pour  expression  du  travail  pro- 

(luit  par  la  torsion  j  ET*V';  on  serait  porté  à  en  conclure  que  la  puissance 

d'un  ressort  de  torsion  est  supérieure  à  celle  des  ressorts  ordinaires  dans  le 
iap})ort  de  1 5  à  4,  si  l'on  ne  remarquait  que  la  limite  extrême  de  la  tension  T 
dans  un  ressort  de  torsion  où  chaque  particule  est  comprimée  et  tiro-e 
dans  deux  directions  perpendiculaires  entre  elles  ne  peut  être  assimilée  à 
la  valeur  extrême  de  la  tension  supportée  dans  ime  direction  unique,  dans 
un  prisme  tiré  dans  le  sens  de  sa  longueur. 


(    212     ). 

»  Nous  venons  de  voir  que  dans  le  fer  les  deux  coefficients  X  et  fx,  intro- 
duits par  la  nouvelle  théorie  paraissent  différer  peu  l'un  de  l'autre. 

»  Pour  le  caoutchouc,  la  compressibilité  cubique  mesurée  dans  les  ate- 
liers du  chemin  de  fer  du  Nord  a  été  trouvée  égale  à  0,00009296  du  volume 
primitif  par  kilogramme  de  pression  sur  un  centimètre  carré  ;  c'est  le  double 
environ  de  la  compressibilité  cubique  de  l'eau.  Le  coefficient  d'élasticité 
mesuré  pour  de  très-faibles  allongements  de  la  même  substance  a  été  trouvé 

égal  à     ■  ^■.  >  près  de  1 00000  fois  celui  du  fer.  On  a  donc,  dans  la  nouvelle 

théorie, 


et 


on  en  déduit 


X 


3\  -h  2fi        14,659' 


-  =  2201. 


»  Voilà  donc  deux  substances,  fort  différentes,  il  est  vrai,  par  leurs  pro- 
priétés, leur  origine  et  leur  composition  :  dans  l'une,  le  fer,  les  deux  coeffi- 
cients X  et  jut,  apprtîchent  de  l'égalité  ;  dans  l'autre,  le  caoutchouc,  ce  rapport 
serait  plus  de  deux  mille  fois  plus  grand.  Ce  fait  me  paraît  établir  d'une 
manière  frappante  la  nécessité  qu'admet  la  nouvelle  théorie  de  deux  coeffi- 
cients distincts  pour  représenter  les  phénomènes  relatifs  à  la  déformation 
des  corps.  » 

AGRICULTURE.  —  Note  sur  la  manière  dont  les  phosphates  passent  dans  les 
plantes;  par  M.  P.  Tiienard. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Boussingault.) 

«  Dans  les  études  que  je  poursuis  sur  le  sol,  au  point  de  vue  de  soti 
influence  sur  la  végétation,  mon  attention  devait  évidemment  se  porter  sur 
les  phosphates,  et  avant  toutes  choses  je  devais  me  préoccuper  d'un  moyen 
commode  et  sûr  de  les  analyser. 

u  Mais,  comme  bien  d'autres,  j'ai  échoué  dans  cette  voie  ingrate,  et 
aujourd'hui  encore  je  n'ai  que  des  espérances!  Cependant,  au  milieu  de  ces 
tentatives  multiples,  il  s'est  révélé  quelques  faits  dignes  d'être  signalés. 


(ai3) 

»  Ainsi,  dans  tous  les  sels  que  j'ai  examinés,  je  n'ai  rencontré  les  phos- 
phates qu'à  l'état  de  phosphates  à  bases  de  sesquioxydes,  alumine  ou  fer,  et 
jamais  à  celui  de  protoxyde,  chaux  ou  magnésie. 

»  De  plus,  quand  à  ces  mêmes  sels  je  mélangeais  du  phosphate  de  chaux, 
il  suffisait  de  l'action  des  pluies  et  de  quelques  semaines  de  c  ontact  pour 
que  l'analyse  ne  m'y  révélât  plus  la  moindre  trace  du  phosphate  ajouté. 

»  Mais  peut-être  me  demandera-t-on  de  quels  moyens  je  me  servais  pour 
constater  de  tels  résultats;  peut-être  soupçonnera-t-on  que  c'est  pendant  le 
travail  du  laboratoire  que  ces  transformations  avaient  lieu  et  que  j'ai  bien 
pu  prendre  le  change.  Or,  voici  une  expérience  qui  me  semble  répondre  à 
toutes  ces  légitimes  objections. 

»  Chacun  sait  que  le  phosphate  de  chaux  est  soluble  dans  l'eau  gazeuse; 
chacun  sait  aussi  que  les  phosphates  de  fer  et  d'alumine  y  sont  insolubles. 
Eh  bien,  que  l'on  mette  dans  une  bouteille  à  eau  de  Seltz  5o  grammes  d'une 
des  terres  que  j'ai  examinées,  ce  sont  des  terres  provenant  de  la  décompo- 
sition de  roches  jurassiques;  qu'ensuite  on  remplisse  cette  bouteille  d'eau 
gazeuse  saturée  de  phosphate  de  chaux,  qu'on  bouche,  qu'on  agite  ;  au  bout 
de  trois  à  quatre  jours,  si  on  filtre  l'eau  en  question,  on  y  retrouve  bien 
de  la  chaux  sous  forme  de  carbonate,  mais  pas  la  moindre  trace  de 
phosphate. 

»  Si,  au  lieu  de  terre,  on  prend  de  l'alumine  ou  de  l'oxyde  de  fer  préparés 
dans  nos  laboratoires,  le  résultat  sera  identique. 

»  Je  m'abstiendrai  de  donner  le  mécanisme  decette  réaction,  elle  s'explique 
d'elle-même;  mais  je  ferai  remarquer  qu'en  parcourant  la  liste  des  éléments 
naturels  sur  lesquels  les  chimistes  agronomes  ont  fixé  leur  attention,  on 
est  frappé  de  voir  qu'il  n'en  est  pas  un  seul  qui  dissolve  les  phosphates  à 
base  de  sesquioxydes.  De  sorte  qu'en  s'arrêtant  aux  faits  que  je  viens  de 
citer,  on  arriverait  logiquement  à  conclure  que  les  sesquioxydes,  n'étant 
contenus  dans  les  plantes  qu'en  quantités  infinitésimales,  ces  mêmes  plantes 
devaient  par  suite  être  presque  complètement  dépourvues  d'acide  phospho- 
rique.  Mais  comme,  d'une  autre  part,  l'analyse  en  révèle  dans  les  cendres 
toujours  plusieurs  centièmes  et  quelquefois  jusqu'au  cinquième  de  leur 
poids,  il  faut  admettre  qu'il  existe  un  mécanisme  spécial  qui  jusqu'ici  a 
échappé  à  notre  attention  et  à  l'aide  duquel  la  nature  utilise  l'acide  phos- 
phorique  des  phosphates  de  fer  et  d'alumine  au  profit  de  la  végétation. 

»  Telle  est  la  question  qui  pendant  longtemps  a  entravé  mes  études; 
heureusement  une  de  ces  chances  favorables,  qui  sont  luie  partie  de  la  for- 
tune des  chercheurs,  est  venue  à  mon  secours. 

c.  K.,  i»58,  j«f  ,Se/ne*//.r.  (T.  XLVI,  ^•' i>.;  28 


(a,4) 

»  J'avais  oublié  les  phosphates  et  je  m'occupais  des  silicates  quand,  par 
différentes  considérations  inutiles  à  rappeler  ici,  je  fus  amené  à  supposer 
que  certains  silicates  de  chaux  devaient  être  beaucoup  plus  solubles  qu'on 
ne  le  suppose  généralement;  bientôt  je  vis  qu'en  traitant  du  chlorure  de 
calcium  en  grand  excès,  lui-même  dissous  dans  un  grand  excès  d'eau, 
par  du  silicate  de  soude  aussi  neutre  que  possible,  le  silicate  de  chaux  ainsi 
obtenu  avait  la  propriété  de  se  dissoudre  franchement  dans  l'eau  à  raison 
de  6  décigrammes  par  litre,  quan^té  importante  au  point  de  vue  agrono- 
mique. 

»  Réfléchissant  alors  à  l'insolubilité  dans  l'eau  des  silicates  d'alumine  et 
de  fer  d'une  part  et  du  phosphate  de  chaux  de  l'autre,  et  à  la  solubilité  de 
celui-ci  dans  l'eau  gazeuse,  je  fus  conduit  à  soupçonner  que  ce  pouvait  bien 
être  par  l'intermédiaire  du  silicate  de  chaux,  et  peut-être  des  autres  silicates 
solubles,  que  l'acide  phosphorique  était  dégagé  de  ses  combinaisons  de 
fer  et  d'alumine  :  c'est  ce  que  viennent  confirmer  les  expériences  sui- 
vantes : 

»  Dans  un  de  ces  petits  appareils  à  préparer  l'eau  gazeuse  dans  les  mé- 
nages, on  introduit  en  guise  d'eau  une  dissolution  de  silicate  de  chaux,  elle- 
même  additionnée  de  phosphate  d'alumine  bien  pur  ou  mieux  contenant 
un  léger  excès  d'alumine.  On  sature  alors,  à  la  manière  ordinaire,  le  liquide 
d'acide  carbonique,  et  on  laisse  le  tout  en  digestion  pendant  vingt-quatre 
heures,  en  agitant  de  temps  à  autre.  Si  alors  on  soulève  le  liquide,  si  on  le 
filtre,  les  réactions  ordinaires  y  font  reconnaître  de  fortes  proportions  de 
phosphate  de  chaux. 

»  Maintenant,  si,  au  lieu  de  phosphate  d'alumine,  on  opère  sur  de  la 
terre,  en  prenant  seulement  la  précaution  de  la  faire  bouillir  préalablement 
pendant  quarante  à  cinquante  heures  avec  du  silicate  de  chaux  toujours 
en  excès,  on  arrive  encore  au  même  résultat. 

»  Cependant  il  ne  faudrait  pas  croire  que  dans  cette  expérience  on  trou- 
verait un  procédé  de  doser  les  phosphates  dans  la  terre;  non  :  car  d'abord 
les  phosphates  naturels  offrent  une  énorme  cohésion,  ensuite  l'oxyde  de  fer 
libre,  réagissant  à  chaque  instant  sur  le  phosphate  calcaire,  il  y  a  toujours 
destruction  de  celui-ci,  mais  la  destruction  étant  moins  rapide  que  la  for- 
mation ,  il  est  facile  d'en  constater  la  présence. 

»  L'expérience  n'est  donc  que  qualitative  et  nullement  quantitative;  c'est 
un  nioment  de  passage,  et  voilà  tout.  Mais  aussi  c'est  de  ce  moment  que  les 
plantes  semblent  profiter  dans  la  nature  pour  s'approprier  les  phosphates 
dont  elles  ont  besoin. 


r  ai5  ) 

»  Heureusement  ce  moment  se  prolonge  tant  qu'il  y  a  des  silicates  en 
dissolution,  et  comme  dans  toutes  les  terres  où  croissent  les  plantes  il  y  en 
a  toujours,  il  en  résulte  que  constamment  les  plantes  ont  en  plus  ou  moins 
grande  quantité  des  phosphates  à  base  de  proloxyde  à  leur  disposition. 

»  C'est  une  espèce  de  courant  dont  les  silicates  font  tous  les  frais,  pen- 
dant que  le  fer  et  l'alumine  mettent  à  chaque  instant  en  réserve  les  fractions 
d'acide  phosphorique  inutilisées,  afin  de  conserver  pour  les  générations 
futures  de  végétation  cet  élément  précieux  dont  la  nature  se  montre  géné- 
ralement si  avare. 

»  Maintenant,  si  du  domaine  de  la  théorie  on  me  permet  de  descen- 
dre dans  les  faits  purement  pratiques,  faut-il  être  étonné  des  diversités 
d'opinions  qui  partagent  les  cultivateurs  ?  Faut-il  être  surpris  que  la  Bre- 
tagne, si  riche  en  silicates,  si  pauvre  en  phosphates,  recherche  le  noir  ani- 
mal, pendant  que  le  Nord,  qui  possède  abondamment  l'un  et  l'autre  agent, 
les  dédaigne,  que  les  pays  les  plus  chargés  de  phosphates  naturels  en  ro- 
gnons les  négligent;  que  la  Bresse,  si  pauvre  en  éléments  calcaires  et  phos- 
phatés, riche  au  contraire  en  acide  fumique  naturel,  accorde  aux  cendres 
lessivées,  qui  contiennent  à  la  fois  les  silicates  et  les  phosphates,  une  si  grande 
préférence  sur  la  chaux,  la  marne,  le  noir  animal  et  même  sur  le  fumier! 

»  Il  y  a  là  des  causes  puissantes,  que  des  études  plus  approfondies  met- 
tront mieux  en  lumière  ;  mais  déjà  tout  me  porte  à  croire  que  la  présence 
ou  l'insuffisance  d'un  des  éléments,  silicate  ou  phosphate,  est  l'une  de  ces 
causes. 

»  En  terminant,  on  me  permettra  de  faire  observer  que  c'est  surtout 
au  silicate  de  chaux  que  j'attribue  la  propriété  de  décomposer  les  phos- 
phates à  bases  de  sesquioxydes. 

»  Tout  me  porte  à  croire  que  le  silicate  de  magnésie  aurait  la  même 
action;  quant  aux  silicates  de  soude  et  de  potasse,  je  n'ose  me  prononcer, 
en  raison  de  l'action  qu'ils  exercent  sur  les  laques  de  fumier  dont  j'ai 
parlé  dans  des  communications  précédentes,  le  phénomène  se  voile  et  se 
complique,  si  bien  que  les  conclusions  sont  pour  le  moins  douteuses. 

»  Cependant,  comme  l'étude  de  ces  réactions  complexes  doit  jeter  un 
nouveau  jour  sur  la  question  générale  dont  je  m'occupe,  je  vais  les  examiner 
avec  soin  et  j'aurai  l'honneur  de  soumettre  les  résultats  que  j'obtiendrai  à 
l'appréciation  de  l'Académie.  » 


28.. 


(a,6) 

MÉDECINE.  —  Recherches  et  observations  cliniques  sur  les  propriétés  physiolo- 
giques   et   thérapeutiques  du    courant   voltaïque    continu,    permanent;   par 

M.   HiFFFXSHEIM. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Rayer.) 

«  I^es  applications  de  l'électricité  dynamique  à  l'étude  de  la  physiologie 
ainsi  qu'à  la  thérapeutique  ont  reçu  une  vaste  impulsion  dans  ces  dernières 
années.  Je  me  suis  livré  à  des  recherches  extrêmement  variées  sur  l'applica- 
tion des  courants  interrompus,  obtenus  soit  avec  les  appareils  d'induction, 
soit  avec  des  batteries  voltaïques.  J'ai  cru  cependant  devoir  présenter  à 
l'Académie,  dans  le  travail  que  je  vais  avoir  l'honneur  de  lui  exposer,  des 
faits  d'un  ordre  plus  nouveau  et  dont  il  n'existe  jusqu'ici  que  quelques  élé- 
ments dans  la  science  :  ce  sont  les  propriétés  du  courant  voltaïque  continu. 
A  l'époque  où  M.  Remak  communiquait  ses  faits  sur  ce  sujet  à  l'Académie, 
j'en  avais  recueilli  un  certain  nombre  devant  plusieurs  savants  collègues. 
Toutefois  il  existe  ime  différence  radicale  entre  son  procédé  et  le  mien. 
M.  Remak  employait  des  éléments  de  Daniell  (Bunsen,  etc.),  qui  possèdent 
une  grande  quantité  et  qui  étaient  appliqués  pendant  quelques  minutes.  La 
résistance  du  corps  humain  offrant  un  grand  obstacle  aux  courants  d'une 
intensité  limitée,  il  fallait  prendre  un  certain  nombre  d'éléments  voltaïque- 
ment  combinés,  pour  créer  l'intensité  capable  de  surmonter  cette  résistance. 
Or  la  force  électromotrice  ainsi  produite  donne  pour  résultat  des  effets 
caloriques  très-douloureux  qui  compliquent  la  médication.  Il  fallait,  pour 
éviter  ces  effets,  prendre  des  éléments  de  peu  de  quantité,  mais  d'une 
intensité  suffisante  pour  vaincre  la  résistance  du  corps,  et  gagner  par  la 
durée  de  l'application  ce  que  l'on  perdait  par  la  quantité  restreinte  qui 
pénètre  à  la  fois. 

»  Et  comment  réaliser  cette  véritable  méthode,  sinon  à  l'aide  d'appareils 
portatifs,  je  veux  dire  flexibles  et  se  moulant  sur  le  corps  j  à  l'aide  d'une 
pile  enfin,  qui,  par  sa  disposition  en  éléments  à  petite  surface  absolue,  offri- 
rait relativement  une  vaste  surface  à  un  liquide  excitateur  faible  et  sans 
inconvénient  pour  la  peau.  Il  n'existe  qu'une  seule  pile,  à  formes  extrême- 
ment variées,  qui  se  prête  à  tant  de  conditions  si  diverses.  C'est  la  pile 
Pulvermacher.  Les  petits  éléments  qui  la  constituent  peuvent  être  multipliés 
à  volonté,  et  en  vue  de  tous  les  genres  d'intensité,  sans  rendre  l'appareil 
plus  gênant.  C'est  avec  cette  pile  fournissant  un  courant  continu,  perma- 
nent et  à  haute  tension,  que  j'ai  fait  cet  ordre  d'applications  thérapeutiques 


(    217    ) 

de  l'électricité,  dans  le  service  de  M  Rayer,  qui  a  bien  voulu  suivre  ce 
genre  de  traitement,  après  avoir,  il  y  a  trente  ans  déjà,  installé  la  première 
fois  une  pile  à  auges  dans  son  service.  M.  Rayer  me  suggéra  la  pensée  d'un 
autre  ordre  d'applications,  qui  consiste  à  traiter  chez  des  paraplégiques  un 
membre  par  le  courant  continu,  l'autre  par  le  courant  interrompu.  Non 
pas  que  nous  pensions  absolument  localiser  les  deux  espèces  de  courants, 
mais  nous  avons  cherché  un  terme  de  comparaison  approximatif  entre  ces 
deux  médications. 

»  La  pile  de  Pulvermacher  s'excite  par  le  vinaigre,  et  depuis  l'eau  pure 
jusqu'au  vinaigre  pur,  elle  développe  des  intensités  variant  autant  peut- 
être  que  les  degrés  d'impressionnabilité  nerveuse  des  malades  que  l'on  peut 
traiter.  Cette  pile  est  tellement  aisée  à  exciter,  que  toute  neuve  encore,  dans 
un  air  ordinaire,  sa  surface  est  assez  attaquée  pour  faire  dévier  fortement 
les  feuilles  d'or  d'un  électroscope.  Un  petit  élément  pressé. entre  des  doigts 
humides,  et  avec  un  bon  contact,  fait  vivement  dévier  au  maximum  l'ai- 
guille du  galvanomètre.  Huit  des  plus  petits  éléments  décomposent  l'eau 
simple,  et  moins  du  double  la  décomposent  encore,  en  intercalant  mon 
corps  dans  le  circuit  voltaïque. 

»  Ainsi  qu'on  peut  en  juger,  cette  pile  est  éminemment  hydro-électrique, 
d'où  résulte  qu'après  la  disparition  de  l'excitateur  artificiel^  s'il  est  permis 
de  s'expnmer  ainsi ,  son  activité  est  entretenue  par  son  excitateur  naturel  : 
la  perspiration  sensible  et  insensible.  Plus  celle-ci  sera  prononcée,  plus  le 
contact  avec  la  peau  sera  général  et  complet,  plus  aussi  la  pile  deviendra 
génératrice  et  conductrice  ;  par  là  encore  on  comprend  toute  la  variabilité 
de  ses  effets  physiologiques. 

»  Lorsqu'on  évite  toute  cautérisation,  jiar  l'interposition  plus  ou  moins 
étendue  d'un  morceau  de  toile  mouillée  (aux  premiers  moments),  les 
propriétés  curatives  ne  sont  pas  sensiblement  diminuées,  et  assurément 
jamais  je  ne  les  ai  vues  augmentées  lors  des  cautérisations,  qui  constituent 
un  léger  inconvénient.  A  l'hôpital,  la  plupart  des  malades,  lorsqu'ils  ont  res- 
senti quelque  soulagement,  prennent  peu  de  précautions.  Guidé  par  la  nature 
présumée  du  mal  selon  les  diveis  symptômes,  on  place  une  ou  plusieius 
piles  sur  les  membres  ou  sur  le  tronc;  cette  dernière  application,  dite  en 
ceinture,  et  sur  laquelle  on  s'est  mépris,  est,  en  réalité,  en  demi-ceinture 
complétée  par  un  ruban,  sans  quoi  le  circuit  fermé  dans  l'appareil  même 
ne  peut  rien  donner  au  mauvais  conducteur  (relatif)  sous-jacent.  En  général 
lUie  pile  de  24  éléments  constitue  le  minimum  à  employer,  et  chez  des  sujets 
très-nerveux  il  ne  faut  pas  même  l'exciter  avec  du  vinaigre  pur.  Tantôt 


(..8) 

seule,  tantôt  avec  une  ou  plusieurs  autres  piles,  la  première  sur  l'épine 
dorsale,  les  autres  partout  ailleurs,  cette  pile  produit  souvent  de  la  somno- 
lescence  et  quelquefois  un  sommeil  profond.  Chez  des  sujets  débilités,  la 
sécrétion  intestinale  a  été  fortement  activée.  Chez  les  femmes,  la  circulation 
utérine  menstruelle  reçoit  souvent  une  impulsion  avantageuse. 

»  Il  est  digne  de  remarque  aussi  que  le  courant  continu,  permanent, 
ait  une  action  manifeste  sur  l'activité  musculaire.  Sans  vouloir  examiner  par 
quelle  voie  cet  effet  physiologique  est  obtenu,  il  est  au  moins  certain  que 
ce  n'est  pas  par  les  contractions;  ce  qui  peut-être  pourrait  faire  penser 
que  ce  n'est  pas  non  plus  immédiatement  parla  contraction  qu'agit  le  courant 
interrompu,  et  que  l'électricité  dynamique  dans  les  deux  cas  agit  directe- 
ment sur  les  divers  actes  élémentaires  de  la  propriété  si  complexe  dite  nutri- 
tion. 

»  Dans  les  applications  du  courant  continu,  j'ai  traité  les  névralgies 
souvent  sans  pouvoir  remonter  à  leur  origine.  Le  diagnostic  reposait  sur  le 
symptôme  dominant,  le  phénomène  douleur.  Les  observations  que  j'ai  faites 
dans  le  service  de  M.  Rayer  sont  au  nombre  de  trente-six,  parmi  lesquelles 
des  sciatiques,  des  tics  douloureux  de  la  face,  des  névralgies  de  la  cinquième 
paire  sans  tic,  des  coliques  de  plomb.  Indépendamment  de  ces  maladies, 
j'ai  encore  appliqué  cette  méthode  de  traitement  avec  succès  à  deux  rhuma- 
tismes non  fébriles.  Quatre  rhumatismes  articulaires  aigus  n'ont  pas  été 
modifiés  et  ont  suivi  leur  évolution  ordinaire.  Deux  chorées  ont  été  modi- 
fiées promptement:  l'une  des  malades  n'a  pas  eu  de  rechute  depuis  qu'elle 
est  sortie.  Trois  paraplégies  saturnines  plus  ou  moins  complètes  des  mem- 
bres supérieurs  ont  été  modifiées  avantageusement,  puis  les  progrès  en  mieux 
ont  été  lents.  Le  traitement  a  été  continué  en  plaçant  le  courant  continu 
sur  un  bras,  et  tous  les  jours  l'interrompu  sur  l'autre  bras. 

»  Une  paralysie,  successivement  générale  et  complète,  limitée  et  fixée 
finalement  dans  les  membres  chez  un  garçon  de  seize  ans,  a  guéri  sous  l'in- 
fluence de  ce  traitement.  Dès  les  premiers  jours  la  maladie,  qui  allait  en 
envahissant,  fut  enrayée. 

»  Une  paraplégie  qui,  à  l'opposé  de  la  première,  était  accompagnée  d'une 
mobilité  de  jongleur  (il  ne  l'était  pas),  soulagée  dans  l'action  delà  volonté 
sur  les  muscles,  retomba  sous  le  coup  de  violentes  hémorragies  intesti- 
nales qui  le  tourmentaient  beaucoup  et  auxquelles  il  succomba.  Une  fai- 
blesse extraordinaire,  due  à  un  rhumatisme  rétrocédé  dans  la  moelle  épi- 
nière,  sortit  fort  améliorée  en  peu  de  jours.  Un  cas  du  même  genre,  non 
rhumatismal  peut-être,  fut  aussi  amélioré  très-notablement  en  un  mois. 


(2.9) 
Tous  ces  cas  ont  été  soumis  exclusivement  au  courant  continu.  Une  hémi- 
i)légie  et  deux  paralysies  générales  furent  heureusement  modifiées. 

j)  Telle  est  l'indication  succincte  des  cas  auxquels  j'ai  appliqué  l'électri- 
cité en  1857  dans  le  service  de  M.  Rayer,  avec  le  concours  empressé  des 
internes  du  service,  MM.  Dupuis  et  Gauthiez. 

»  En  résumé,  mes  observations  tendent  à  démontrer  . 

»  i"*.  Que  certaines  névralgies  peuvent  être  guéries  ou  soulagées  pai- 
l'action  d'un  courant  voltaïque  continu,  permanent; 

»  2°.  Que  le  même  courant  peut  exercer  une  influence  très-favorable 
dans  des  cas  de  paralysie  générale; 

»  3°.  Que  si  l'action  des  courants  interrompus  est  d'une  utilité  incon- 
testable dans  un  grand  nombre  de  paralysies  musculaires,  les  courants  vol- 
taïques  continus,  permanents,  offrent  aussi  des  avantages  très-réels.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  glaces  du  liman  du  Dnieper;  par  M.  Paris. 
(Commissaires,  MM.  Duperrey,  de  Verneuil,  M.  l'Amiral  du  Petit-Thouars.) 

MEMOIRES  PKESEI^ÏÉS. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  deux  Notes  destinée» 
au  concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant;  elles  ont  rapport  l'une  et  l'autre  à 
une  méthode  de  traitement  pour  le  choléra-morbus  proposée  par  M.  Patrice 
Mac  Keone,  curé  de  Montacher  (Yonne).  L'une  de  ces  Notes  est  écrite  en 
anglais  ;  l'auteur,  ayant  passé  toute  la  première  partie  de  sa  vie  dans  1» 
Grande-Bretagne  où  il  a  fait  ses  études  médicales  et  reçu  le  titre  de  doc- 
teur, a  voulu  présenter  ses  idées  dans  la  langue  où  il  est  sûr  de  le  faire  avec 
le  plus  de  précision. 

Ces  Notes  sont  renvoyées  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie constituée  en  Commission  spéciale  pour  le  concours  du  legs  Bréant. 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  un  Mémoire  de  M.  Gaudin 
DE  LA  Coffinière,  médccin  à  Ain-ay  (Morbihan),  sur  sa  méthode  de  traite- 
ment du  choléra,  et  une  Lettre  de  M.  l'abbé  Piolanti,  de  Rome,  concernant 
de  précédentes  Notes  adressées  par  lui  au  concours  pour  le  prix  Bréant. 

M.  le  Maréchal  Vaillant  présente  un  Mémoire  adressé  de  Nemours 
(Algérie),  par  M.  Ducommun,  et  destiné  à  faire  connaître  les  habitudes  du 


(    220    ) 

kermès  de  la  vigne  depuis  son  éclosion  jixsqu'au  terme  de  son  existence. 

Ce  Mémoire  est  renvoyé,  comme  l'avaient  été  de  précédentes  commu- 
nications du  même  auteur,  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  l'exa- 
men des  Notes  et  Mémoires  concernant  les  maladies  des  plantes  usuelles. 

CHIMIE  ORG.4NIQUE.  — Recherches  mr  les  corps  isumères .  Nouveaux  dérivés  de 
F  huile  de  girofle;  par  M.  Auguste  Cahckurs. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Balard.) 

K  La  chimie  nous  révèle  chaque  jour  l'existence  de  composés  nouveaux 
qui,  formés  des  mêmes  éléments  unis  dans  les  mêmes  proportions,  pré- 
sentent les  propriétés  les  plus  dissemblables.  Tantôt  ces  corps,  doués  de 
composition  identique,  possèdent  un  équivalent  différent  :  tels  sont  les 
di\ers  carbures  d'hydrogène  qui  se  rattachent  au  gaz  oléQant;  telle  est  la 
benzoïne  à  l'égard  de  l'hydrure  de  benzoïle.  Tantôt  ils  possèdent  le  même 
équivalent  chimique  et  le  même  équivalent  de  vapeur  :  tel  est  l'hydrure  de 
salicyle  relativement  à  l'acide  benzoïque.  Les  premiers  sont  appelés  corps 
polymères,  on  désigne  les  seconds  sous  le  nom  de  corps  isomères.  Pour  expli- 
quer cette  curieuse  propriété  de  l'isomérie,  les  chimistes  admettent  que  dans 
les  composés  qui  la  possèdent,  les  molécules  élémentaires  occupent,  à  l'égard 
les  unes  des  autres,  des  positions  différentes;  néanmoins  cette  pure  spécula- 
tion de  l'esprit  aurait  besoin  d'une  démonstration  expérimentale. 

))  Dans  un  travail  récent  sur  l'hydrure  de  salicyle,  j'ai  fait  voir  que  par 
l'action  réciproque  de  ce  corps  et  des  chlorures  des  radicaux  organiques 
il 'se  produisait  des  substances  qui,  présentant  l'isomérie  la  plus  parfaite 
avec  les  composés  correspondants  fournis  par  l'acide  benzoïque,  en  diffè- 
rent complètement  parleur  neutralité.  Non-seulement,  en  effet,  ces  corps 
ne  s'unissent  pas  aux  alcalis  et  n'éprouvent  de  leur  part  aucun  dédouble- 
ment, mais  encore  ils  résistent  à  l'action  de  la  potasse  solide  et  de  la  baryte 
anhydre. 

»  Me  proposant  d'étudier  successivement  et  d'une  manière  comparative 
des  corps  dont  l'isomérie  fiit  nettement  établie,  j'ai  soumis  à  un  examen 
attentif  l'acide  eugénique  (  partie  acide  des  huiles  de  girofle  et  de  piment) 
qui,  d'après  les  dernières  analyses  de  M.  Dumas  et  celles  plus  récentes  de 
M.  Stenhouse,  présente  une  composition  identique  à  celle  de  l'acide  cumi- 
nique. 

»   Les  chlorures  des  radicaux  organiques  attaquent  l'acide  eugénique  à 


(  aar   ) 

1  aide  d'iinedoucechaleur  ;  on  observe  comme  avec  son  isoaièie  un  abondant 
dégagement  d'acide  chlorhydrique,  mais  on  n'obtient  pas  d'acide  double  ;  il 
se  forme  des  corps  cristallisés,  insolubles  dans  une  dissolution  de  potasse, 
même  concentrée  et  chaude,  mais  entièrement  décoraposables  par  l'hydrate 
de  potasse  solide  avec  mise  en  liberté  de  l'acide  eugénique  et  de  l'acide  qui 
correspond  au  chlorure  employé.  L'acide  eugénique,  de  même  que  l'hydrure 
de  salicyle,  forme  donc  par  sa  réaction  sur  les  chlorures  organiques  des  com- 
posés isomères  de  ceux  que  fournit  l'acide  cuminique,  mais  non  identiques, 
et  qui  se  caractérisent  par  une  neutralité  complète.  Seulement  tandis  que, 
dans  le  cas  de  l'hydrure  de  salicyle,  les  éléments  de  la  combinaison  se  sont 
fondus  d'une  manière  tellement  intime,  qu'on  ne  saurait  les  faire  reparaître 
à  l'aide  des  réactifs,  ceux  qui  se  forment  par'  l'action  réciproque  de  l'acide 
eugénique  et  de  ces  mêmes  chlorures  organiques  obéissent  aux  lois  qui 
régissent  les  éthers,  les  corps  gras,  les  amides,  les  glucosides  et  tant 
d'autres  composés  analogues. 

»  L'hydrure  de  salicyle  étant  susceptible  de  former  avec  les  bases  des  com- 
binaisons définies  ainsi  que  les  dérivés  par  substitution  qui  se  forment  par 
l'action  du  chlore  et  du  brome,  on  ne  saurait  comprendre  que  les  produits 
résultant  de  l'action  réciproque  de  ce  corps  et  des  chlorures  des  radicaux 
organiques  présentent  une  neutralité  complète,  à  moins  d'admettre  que  dans 
les  deux  cas  ce  n'est  pas  le  même  hydrogène  qui  se  trouve  remplacée 

»  Un  seul  équivalent  d'hydrogène  de  l'hydrure  de  salicyle  étant  suscep- 
tible d'être  remplacé  par  des  métaux,  tandis  que  les  autres  peuvent  l'être 
par  le  chlore  ou  ses  analogues,  on  peut  exprimer  la  composition  de  ce  pro- 
duit de  la  manière  suivante  :  •  '  ' 

C'*H»OSH. 

»  Si  nous  admettons  que  le  chlore  et  le  brome  en  réagissant  sur  cette  sub- 
stance forment  les  composés  : 

C*  H*  CIO*,  H, 

C^*H*BrO\H;  .; 

on  comprendra  sans  peine  que  ces  dérivés  jouent  le  même  rôle  que  la  sub- 
stance primitive,  ce  qui  ne  saurait  être,  si  leur  composition  était  exprimée 
par  les  formules 

C'*H«0*,CI, 
C'*H»0*,Br, 

»  Si  donc  le  même  hydrogène  était  remplacé  par  les  groupements  acétyle, 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  S.)  29 


(    222    ) 

benzoïle,  ciimyle,  etc.,  il  n'y  aurait  pas  de  raison  pour  que  les  fonctions 
des  nouveaux  composés  Ue  fussent  parfaitement  analogues. 

«  L'acide  eugénique  se  comporte  à  l'égard  de  ces  radicaux  exactement 
de  la  même  manière  que  l'hydrure  de  salicyle,  et  fournit  une  série  de  pro- 
duits très-nettement  définis  qui  sont  représentés  par  les  formules 

Benzeugényle..  .  C»*H'«0«, 

Tolueugényle..  .  C'»H'*Ô% 

Cumeugényle.  .  .  C*°H"0«. 
Etc.,  etc.,  etc. 

»  Ces  composés,  qui  cristallisent  avec  la  plus  grande  facilité,  sont  entière- 
ment neutres  et  n'éprouvent  aucune  altération  par  une  ébuUition  prolongée 
soit  avec  une  dissolution  étendue  de  potasse  caustique,  soit  avec  une  disso- 
lution aqueuse  d'acide  chlorhydrique.  Chauffés,  au  contraire,  avec  de  l'hy- 
drate de  potasse,  ils  se  dédoublent  de  la  manière  la  plus  nette  en  fixant  les 
éléments  de  l'eau  et  régénérant  l'acide  eugénique  ainsi  que  les  acides  ben- 
zoique,  toluique,  cuminique,  etc.  Il  en  est  de  même  de  l'action  de  l'acide 
sulfurique  concentré.  Le  mode  de  génération  de  ces  composés  et  les  dédou- 
blements qu'ils  éprouvent  dans  les  circonstances  que  nous  venons  de  rap- 
peler, les  rapprochent  des  éthers  proprement  dits. 

»  Si  dans  un  acide  on  remplace  l'hydrogène,  qui  peut  être  éliminé  par 
des  métaux,  soit  par  du  méthyle,  de  l'éthyle  ou  par  tout  autre  groupement, 
on  obtient  des  produits  neutres;  c'est  ainsi  qu'avec  l'acide  acétique  on  a 

Acide  normal C*H'0*,H, 

Acétate  métallique. ,  .  C*  H'  0^  M, 

Acétate  (le  méthyle..  .  C*H'0\Me, 

Acétate  d'éthyle C*H'0\Et.. 

»  Si,  au  contraire,  on  remplace  l'hydrogène  du  radical  lui-même,  la  com- 
binaison reste  acide.  Exemple  :  acide  acétique  normal,  acides  monochloré, 
bichloré,  trichloré. 

»  Ces  substitutions  de  corps  simples  ou  de  certains  groupes  à  l'hydro- 
gène dans  les  composés  organiques,  suivant  la  forme  particulière  sous 
laquelle  cet  hydrogène  existe  dans  le  composé,  donnent  naissance  à  des  cas 
d'isomérie  des  plus  curieux,  les  fonctions  chimiques  des  dérivés  différant 
dans  certaines  circonstances  de  la  manière  la  plus  complète.  Tels  sont  le  for- 
miateméthylique  et  l'acide  acétique,  corps  isomères,  qu'on  peut  considérer 
tous  deux  comme  dérivant  de  l'acide  formique  par  la  substitution  d'un  équi- 


(  2a3  ) 

valent  de  méthyle  à  un  équivalent  d'hydrogène,  avec  cette  différence  que 
dans  le  premier  cas  "c'est  l'équivalent  d'hydrogène  basique  qui  se  trouve 
remplacé  par  du  méthyle,  tandis  que  dans  le  second  c'est  l'équivalent  d'hy- 
drogène qui  entre  dans  le  radical.  On  pourra  dès  lors  exprimer  de  la  manière 
suivante  la  constitution  de  ces  divers  produits  : 

Acide  formique  normal.  .  C*HO*,H,'"  '? 
Formiate  tnéthylique.  ..  C*  HO*,  (C^H'), 
Acide  acétique CVC*H')0\H. 

»  Le  second  pouvant  s'obtenir  par  l'action  de  l'éther  iodhydrique  sur 
les  formiates,  on  obtiendrait  probablement  le  troisième  par  l'action  de  l'acide 
chloroformique  sur  le  zinc-méthyle. 
»  En  effet; 
'  î-ît  f!    fc*  HO%M  +  0="  H'  I  =  MI     +  C='HO*  (C^  H'),      -  ,,(> 
C'ClO*,H +C'H''Zn=ZnCl+ C^(C2H')0*,H. 

»  L'action  de  ce  même  acide  chloroformique,  dont  on  est  en  droit  de 
supposer  l'existence  dans  les  éthers  chloroxycarboniques,  sur  le  zinc-éthyle, 
le  zinc-amyle,  etc.,  permettrait  alors  d'obtenir  tous  les  autres  termes  de  la 
série  formique. 

»  Les  composés  organiques  fort  nombreux  et  de  nature  si  diverse  qui 
sont  susceptibles  d'échanger,  à  la  manière  de  l'alcool,  de  l'hydrogène  contre 
des  groupements  binaires  ou  ternaires  pour  former  des  corps  analogues  aux 
éthers,  ne  sauraient  cependant  être  assimilés  à  l'alcool,  ainsi  qu'on  -a  tenté 
de  le  faire  dans  ces  derniers  temps. 

»  L'alcool  et  ses  congénères  ont  des  caractères  parfaitement  distincts, 
nettement  définis,  et  si  l'on  voulait  rattacher  à  ce  composé  toutes  les  sub- 
stances qui  satisfont  aux  conditions  précédentes,  on  se  trouverait  conduit  à 
ranger  dans  cette  catégorie  les  acides,  les  sucres  et  tous  leurs  analogues,  les 
amides,  etc.,  ce  qu'on  ne  saurait  évidemment  soutenir  d'une  manière  rai- 
sonnable. 

»  Qu'y  a-t-il  d'étonnant  à  voir  des  remplacements  de  cette  nature  se  pro- 
duire dans  les  corps  les  plus  dissemblables  au  point  de  vue  des  fonctions 
chimiques,  alors  qu'un  élément  qui  leur  est  commun,  l'hydrogène,  se 
trouve  en  présence  de  substances  dont  tin  des  éléments  peut  s'emparer  de 
cet  hydrogène  pour  former  de  l'acide  chlorhydrique  ou  de  l'eau,  le  résidu 
prenant  la  place  de  l'hydrogène  éliminé!  Quoi  de  plus  naturel  que  de  voir 
les  substances  primitives  se  reformer  par  la  fixation  des  éléments  de  l'acide 
chlorhydrique  ou  de  l'eau! 

29- 


(  2^4  ) 

'-'^'y  Grouper  les  uns  à  côté  des  autres  les  corps  qui  présentent  les  ressem- 
bTâhces  chimiques  les  plus  marquées,  étudier  d'une  manière  comparative 
«eux  qui ,  formés  des  mêmes  éléments  unis  dans  les  mêmes  proportions, 
possèdent  souvent  les  caractères  les  plus  dissemblables,  c'est  amasser  des 
matériaux  qui  serviront  peut-être  un  jour  à  nous  éclairer  sur  leur  consti- 
tution moléculaire,  question  qu'à  l'heure  présente  nous  sommes  dans  l'im- 
possibilité de  résoudre.   » 

CHIMIE.  —  Nitrosulfures  doubles,  nouvelle  classe  de  sels;  Note  de  M.  Roussm 
présentée  par  M.  Bussy.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Bussy,  Fremy.) 

«  On  peut  se  demander  si  dans  les  prussiates  l'état  latent  du  fer  est  le 
résultat  de  la  présence  du  cyanogène  ou  du  mode  particulier  de  groupement 
de  la  molécule.  M.  Roussiti  pense  que  cette  dernière  hypothèse  est  la  seule 
probable  ;  car  il  vient  de  découvrir  une  nouvelle  série  de  corps  dans  les- 
quels cet  état  latent  du  fer  se  retrouve  au  plus  haut,  degré,  bien  qu'ils  ne 
renferment  pas  trace  de  cyanogène. 

»  Si  l'on  verse  goutte  à  goutte  et  en  agitant  un  sel  de  fer  soluble  (proto  ou 
sesquisel)  dans  un  mélange  d'azotite  alcalin  et  de  sulfhydrate  d'ammo- 
niaque et  qu'on  filtre  la  liqueur  après  une  ébuUition  .de  quelques  minutes, 
on  voit  se  déposer,  par  le  refroidissement,  de  belles  aiguilles  prismatiques 
noires  et  brillantes  auxquelles  l'auteur  attribue  la  formule 

FeS,  AzO»  +  Fe*  S',  AzO» -H  SH. 

»  L'auteur  nomme  ce  corps  binilrosulfuredefer.  Il  est  soluble  dans  l'eau, 
dans  l'alcool,  et  déliquescent  dans  la  vapeur  d'éther.  La  forme  de  ses  cris- 
taux est  le  prisme  oblique  à  base  rhonibe.  Ils  se  décomposent  vers  -h  1 3o  de- 
grés, en  dégageant  du  bioxyde  d'azote  et  de  l'acide  sulfureux,  et  laissent  un 
résidu  de  sulfure  de  fer,  '  ,'•  • 

,  »  Mis  à  bouillir  avec  une  solution  de  soude  caustique,  ce  corps  dégage 
des  torrents  d'ammoniaque,  laisse  déposer  du  sesqui-oxyde  de  fer  cristallin, 
et  se  transforme  en  un  corps  nouveau  dont  la  formule  est 

","  Fe'S',  AzO*,  3NaS. 

■n'À'T  '-h  '!■ 

Ce  nouveau  composé  cristallise  en  gros  cristaux  disposés  en  trémies.  Il  est 
fort  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  mais  insoluble  dans  l'éther  et  donne 


{  1^6  ) 
lieu  aux  phénomènes  de  double  décomposition  avec  les  solutions  mé- 
talliques. "■' 
»  Traité  par  un  acide  étendu,  il  laisse  déposer  un  corps  rougeâtre  in- 
soluble dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  dont  la  formule  est 
représentée  par 

Fe*S»,  AzO%4HS. 

C'est  le  nilrosulfure  sulfuré  de  fer.  Ce  corps  se  décompose  peu  à  peu  en  dé- 
gageant son  hydrogène  sulfuré.  Si  l'on  porte  à  l'ébullition  le  liquide  qui  le 
tient  en  suspension,  tout  l'acide  sulfbydrique  l'abandonne  tumultueuse- 
ineiit,  etil  se  transforme  finalement  en  une  pondre  noire,  pesante,  insoluble 
dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther,  qui  a  pour  formule 

Fe='S%AzO». 

»  Ce  nilrosulfure  de  fer  se  dissout  intégralement  dans  le  sulfure  de  so- 
dium et  donne  un  nouveau  sel,  .  ..  ,7; 

Fe*S',  AzO^NaS,  HO, 

appelé  nitrosulfure  de  fer  et  de  sodium.  Ce  corps  cristallise  en  aiguilles  rouges 
prismatiques,  d'une  intensité  de  couleur  extraordinaire.  Il  est  fort  soluble 
dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther,  insoluble  dans  le  chloroforme  et  le  sulfure  de 
carbone.  Il  donne,  avec  les  solutions  métalliques,  des  phénomènes  de  double 
décomposition  bien  tranchés.  Plusieurs  de  ces  nouveaux  sels  se  décompo- 
sent immédiatement.  Beaucoup  sont  stables,  et,  quoique  insolubles  dans 
l'eau,  restent  solubles  dans  l'alcool  et  dans  l'éther.  Le  métal  nouveau  .se 
substitue  simplement  an  sodium.  ,  .  i    . 

»  Dans  tous  ces  composés,  la  molécule  du  fer  demeure  insensible  aux 
réactions  caractéristiques.  Ainsi,  le  sulfhydrate  d'ammoniaque,  les  prus- 
siates  jaune  et  rouge,  le  tanin,  la  potasse,  sont  sans  action  sur  eux. 

0  A  quelle  série  se  rattachent  ces  nouveaux  sels?  C'est  à  quoi  répondent 
les  expériences  suivantes  : 

»  1°.  Si  l'on  fait  digérer  quelques  minutes  un  composé  nitrosulfure  avec 
tui  cyanure  simple  (cyanure  de  potassium,  cyanure  de  mercure),  tout  le 
soufre  du  composé  passe  à  l'état  de  sulfure  en  combinaison  avec  le  métal 
nouveau,  tandis  que  le  cyanogène  transforme  le  nitrosulfure  en  nitroprns- 
siate. 

»  2".  Si  l'on  fait  passer  un  courant  d'hydrogène  sulfuré  dans  une  disso- 
lution de  nitroprussiate  de  soude  jusqu'à  destruction  complète  du  composé^ 


(    226  ) 

et  qu'après  filtration  on  vienne  à  évaporer  le  liquide,  il  se  trouve  transformé 
en  nitrosulfure  de  fer  et  de  sodium. 

»  3°.  On  prend  un  mélange  d'azotite  de  potasse  et  de  perchlorure  de  fer, 
que  l'on  divise  en  deux  parties.  Dans  le  n°  i  on  verse  un  cyanure  alcalin  et 
l'on  filtre;  dans  le  n°  i  un  sulfure  alcalin  et  l'on  filtre  de  même.  Le  n°  i 
contient  des  quantités  considérables  de  nitroprussiate.  Le  n°  2  semble  tout 
transformé  en  nitrosulfure. 

»   Les  nitrosulfures  doubles  se  rattachent  donc  aux  nitfoprussiates  par 

un  mode  de  génération  parallèle  et  une  composition  analogue.  Le  soufre  y 

remplace  le  cyanogène  et  y  joue  véritablement  le  même  rôle.  Ajoutons, 

en  terminant,  que  l'état  lateht  du  fer  suffit  pour  rattacher  aux  prussiates 

ces  curieux  composés.    » 

t 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Recherches  sur  les  produits  de  décomposition  des  roches 
sous  l influence  des  eaux  thermales  sulfureuses  (deuxième  partie);  par 
M.  Jules  Bouis. 

(Commission  précédemment  nommée.) 

«  J'ai  déjà  étudié,  dans  une  précédente  communication,  l'action  que 
les  eaux  thermales  sulfureuses  exercent  sur  les  roches;  j'ai  indiqué  les 
modifications  qu'elles  subissent.  J'ai  fait  remarquer  que  la  variété  de  silice 
déposée  sous  forme  de  stalactites  contient  quelquefois  de  petits  cristaux  de 
quartz,  et  j'ai  dit  que  ce  fait  pouvait  être  invoqué  par  les  géologues  qui  ad- 
mettent que  le  quartz  a  été  formé  par  voie  de  cristallisation  aqueuse  (i).  ^ 
Cette  observation  a  été,  dans  ces  derniers  temps,  confirmée  par  M.  Kulh- 
mann  sur  les  productions  siliceuses  du  geyser. 

»  Dans  la  seconde  partie  de  mon  travail,  que  j'ai  aujourd'hui  l'honneur 
de  présenter  à  l'Académie,  j'examine  les  dépôts  formés  dans  les  fentes  des 
rochers  d'où  sourdent  les  eaux,  ainsi  que  l'action  de  la  Vapeur  des  mêmes 
eaux  sur  les  roches. 

»  L  Les  fissures  de  la  roche  dans  laquelle  circulent  les  eaux  thermales 
sont  souvent  garnies  de  concrétions  produites  par  les  eaux  elles-mêmes,  ou 
par  le  mélange  des  ea,ux  chaudes  avec  des  eaux  d'infiltration.  Ces  dépôts 
deviennent  souvent  assez  abondants  pour  obstruer  le  passage  des  eaux  et 
faire  changer  le  point  d'émergence.  A  Olette,  l'eau  sulfureuse  sort  à  78  de- 

(1)  Comptes  rendus,  tome  XXXYII,  page  287. 


,  (    227    ) 

grés  d'une  roche  granitique,  compacte,  sans  déchirures  extérieures;  l'eau 
thermale  est  à  l'abri  de  tout  mélange  avec  des  eaux  étrangères.  Nous  y  avons 
recueilli  d'abondantes  concrétions  de  silice  gélatineuse. 

»  Les  travaux  de  recherches  à  Amélie-les-Bains  ont  montré  les  fissures 
de  la  roche  garnies  d'une  croûte  cristalline  de  plusieurs  centimètres  d'épais- 
sçur.  Ces  dépôts  sont  blancs,  très-friables,  se  détachant  par  feuillets  mica- 
cés sur  lesquels  on  aperçoit  de  petits  cristaux  de  fer  sulfuré.  Ils  contiennent 
3o  pour  I  oo  de  carbonate  de  chaux  ;  le  reste  est  formé  d'hydrosilicate  d'alu- 
mine et  de  chaux  et  de  cristaux  aplatis,  gris,  opaques,  durs,  cristallisés  en 
prismes  obliques  aigus  comme  l'axinite  avec  laquelle  ils  ont  une  grande 
ressemblance.  Leur  densité  est  égale  à  2,62.  Us  paraissent  s'être  séparés  par 
cristallisation  lente;  car  leur  composition  est  à  peu  près  la  même  que  celle 
de  la  masse  dans  laquelle  ils  se  trouvent  empâtés,  abstraction  faite  du  car- 
bonate calcaire. 

Dépôt  débarrassé 
du  carbonate  de  chaux.  Cristaux  isolds. 

Silice 85^  86 

Alumine 6  8 

Chaux 2  I  )9 

Magnésie traces  traces 

Eau 7  4 

»  A  Amélie-les-Bains,  la  température  des  eaux  est  moins  élevée  qu'à 
Olette,  le  terrain  n'est  pas  aussi  ferme,  la  roche  est  recouverte  de  terres  cul- 
tivées et  arrosées.  Le  mélange  de  l'eau  theriTiafe  avec  les  eaux  d'infiltration 
:£^|g*  a  donc  déterminé  le  dépôt  de  carbonate  de  chaux  et  la  précipitation  de  la 
silice.  Cette  production  pouvait  s'observer,  il  y  a  encore  quelque  temps,  à 
Olette,  dans  une  grotte  naturelle  qui  laissait  suinter  de  l'eau  sulfureuse  à 
^5  degrés,  et  en  même  temps  de  l'eau  arrivant  des  terrains  supérieurs  et' 
contenant  des  sels  de  chaux.  L'eau  chaude,  refroidie  par  son  contact  avec 
l'autre,  déposait  de  la  silice  et  entraînait  avec  elle  la  précipitation  du  car- 
bonate de  chaux,  de  sorte  que  l'intérieur  dé  la  grotte  était  garni  de  stalac- 
tites silicéocalcaires. 

»  A  mesure  que  la  température  des  eaux  thermales  diminue,  la  propor- 
tion de  silice  devient  plus  faible  et  les.  dépôts  n'en  contiennent  presque 
plus.  Ainsi  Molitg,  dont  la  température  des  eaux  est  de  35  degrés  environ, 
a  fourni  des  concrétions  et  des  cristaux  magnifiques  de  carbonate  de  chaux 
très- phosphorescent,  avec  traces  de  silicate  et  de  snifate  de  chaux. 

»  La  nature  des  concrétions  ne  peut  donc  conduire,  sans  autres  rensei- 
gnements, à  l'origine  ou  à  la  composition  des  eaux  dans  lesquelles  elles  ont 


(  aa8  )      > 
pris  naissance.  J'avais  été  consulté  sur  cette  question  au  sujet  de  concré- 
tions déposées  par  les  eaux  des  Thermopyles  ;  ces  dépôts  m'ont  donné  la 
composition  suivante  : 

Carbonate  de  chaux. 94>^° 

Carbonate  de  magnésie i ,  ijS 

Sulfate  de  chaux i  ,45 

Matière  organique o  ,94 

Sable  et  eau i ,  36 

,  I 00 , 00 

»  II.  La  composition  des  -roches  soumises  à  l'influence  des  vapeurs  sul- 
fureuses doit  nécessairement  donner  lieu  à  des  produits  différents,  parmi 
lesquels  on  trouve  toujours  les  sulfates.  C'est  ainsi  qu'à  Aix  en  Savoie, -par 
exemple,  les  efflorescences  de  l'intérieur  de  la  grotte  des  eaux  de  soufre 
ont  pour  composition 

(|MgO,  iFeO)SO'+  Al^O»,  3SO'  +  2/|HO, 

et  la  roche  qui  forme  le  massif  de  la  grotte  contient 

Carbonate  de  chaux 4^ 

Carbonate  de  magnésie 3 

Silicate  d'alumine 8 

Sulfure  de  fer 4^ 

•  100 

»  Les  productions  que  j'ai  recueillies  à  Olette  consistent  en  alim  à  base 
de  soude,  en  sulfate  de  soude  acide,  et  la  roche  sur  laquelle  se  forment  ces 
efflorescences  est  un  granit  dont  la  composition  eàt 

Silice 82 ,6 

Alumine 7,5 

Protoxyde  de  fer 1,2 

Chaux...'. 1 ,5            ' 

Magnésie o ,  3 

Soude 4,3 

Potasse **>7    ' 

Eau 1,6 

99»7 

»  Ces  sels  contiennent  beaucoup  d'ammoniaque  et  forment  même  de 
l'alun  ammoniacal  ou  du  sulfate  de  soude  ammoniacal.  J'ai  cherché  à  dé- 


•      (    2^9    ) 

montrer  {Comptes  rendus,  t.  XLII)  que  toutes  les  fois  que  les  eaux  sulfu- 
reuses thermales  sortaient  directement  des  terrains  granitiques  bien  carac- 
térisés, on  ne  pouvait  constater  la  présence  de  l'ammoniaque  dans  ces  eaux. 
S'il  en  est  ainsi,  m'a-t-on  objecté,  comment  expliquer  l'origine  des  sels 
ammoniacaux  déposés  sur  les  roches  exposées  aux  vapeurs  sulfureuses?  La 
réponse  me  paraissait  si  simple,  si  naturelle,  que  je  ne  m'en  étais  même  pas 
préoccupé.  Je  la  déduis  de  l'examen  des  phénomènes  qui  se  passent  jour- 
nellement sous  nos  yeux. 

»  La  roche  que  j'ai  examinée  forme  une  espèce  de  voûte  naturelle  au- 
dessous  de  laquelle  circule  de  l'eau  sulfureuse  à  78  degrés;  la  vapeur  chaude 
attaque  la  roche,  la  désagrège  au  point  de  ne  laisser  souvent  que  de  la  silice 
très-poreuse;  dans  ces  circonstances  favorables,  comme  l'a  démontré 
M.  Dumas  d'une  manière  si  évidente,  l'acide  sulfurique  prend  naissance  et 
forme  l'alun  ou  le  sulfate  de  soude.  Les  sels,  dans  ce  cas-là  très-acides,  absor- 
bent l'ammoniaque  de  l'air;  et  telle  est,  suivant  moi,  l'origine  de  ces  sels 
ammoniacaux,  si  l'on  considère,  surtout  que  ces  produits  mettent  un  temps 
très-long  à  se  faire.  Nous  savons,  en  effet,  que  la  proportion  d'ammoniaque 
dans  l'air  est  considérable  et  que  sa  présence  se  révèle  dans  presque  toutes 
les  substances  poreuses  ou  acides.  Le  sulfate  d'alumine  naturel,  l'alunite, 
les  aluns  du  commerce,  les  oxalates  acides,  etc.,  en  contiennent  toujours. 
L'acide  pyrogallique,  que  la  plupart  des  chimistes  conservent  dans  des  fla- 
cons colorés,  n'est  nullement  influencé  par  la  lumière  et  ne  doit  sa  colora- 
tion, comme  je  m'en  suis  assuré,  qu'à  l'absorption  de  l'ammoniaque  de 
l'air. 

»  On  sait  aussi,  par  les  expériences  faites  par  mon  père,  que  les  argiles 
humectées  de  potasse  renferment  assez  d'ammoniaque  pour  bleuir  le  papier 
de  tournesol.  M.  Boussingault  a  trouvé,  de  son  côté,  que  la  rosée  recueillie 
au  Liebfrauenbcrg,  loin  de  toute  habitation,  contenait  par  litre  environ 
6  milligrammes  d'ammoniaque,  et  la  rosée  produite  artificielleii^nt  dans 
une  salle  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  io"''"'8'',8.  Je  dirai,  enfin,  que 
pour  constater  la  présence  de  l'ammoniaque  dans  l'atmosphère,  on  expose 
dans  des  vases  ouverts  du  sulfate  d'alumine,  sel  déliquescent,  qui  absorbant 
lentement  l'ammoniaque  de  l'air,  se  transforme  en  cristaux  bien  définis 
d'alun. 

»  Ces  considérations  nous  conduisent  tout  naturellement  à  admettre  la 
même  origine  atmosphérique  pour  les  sels  ammoniacaux  trouvés  près  des 
volcans.  Entre  autres  faitsj  à  l'appui  de  cette  opinion,  je  signalerai  ici  celui 
rapporté  par  M.  Bunsen.  Ce  savant,  ayant  visité  l'Hékla  en  1846,  peu  après 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  S.)  3o 


(  23o  ) 

son  éruption,  trouva  la  partie  inférieure  du  courant  de  lave  toute  parsemée 
de  fumerolles  vaporeuses,  sur  lesquelles  se  sublimaient  des  cristaux  de  sel 
ammoniac  tellement  abondants,  qu'on  aurait  pu  en  recueillir  des  quintaux. 
M.  Bunsen  attribue  cette  énorme  quantité  de  sel  ammoniac  à  l'action  de  la 
lave  incandescente  sur  l'herbe  d'une  prairie;  car  là  où  la  végétation  n'offre 
même  pas  l'aspect  d'un  pauvre  lichen,  la  lave  ne  contenait  pas  trace  de  sel 
ammoniac.  » 

CHIMIE.  —  Dosage  du  cuivre  par  le  permanganate  dépotasse; 
par  M.  A.  Terreil. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Fremy.)     . 

a  M.  Schwarz  et  M.  Frédéric  Mohr  ont  déjà  fait  connaître  deux  mé- 
thodes pour  doser  le  cuivre  par  le  permanganate  de  potasse. 

»  Dans  leurs  méthodes,  ces  deux  chimistes  commencent  d'abord  par 
transformer  en  tartrate  cupricopotassique  le  cuivre  dissous  dans  un  acide, 
qu'ils  précipitent  ensuite  par  le  glycose  à  l'état  de  protoxyde  de  cuivre  que 
l'on  sépare  par  filtration  et  qui  est  lavé  avec  soin. 

'  »  Une  fois  ce  protoxyde  de  cuivre  obtenu,  M.  Schwarz  le  traite  par 
une  dissolution  de  perchlorure  de  fer  additionnée  d'acide  chlorhydrique; 
le  protoxyde  de  cuivre  se  transforme  alors  en  perchlorure  de  cuivre,  en 
faisant  passer  une  partie  du  perchlorure  de  fer  à  l'état  de  protochlorure 
qu'on  dose  par  le  permanganate  de  potasse,  et  dont  la  proportion  fait 
connaître  la  quantité  de  cuivre  qui  a  réagi. 

De  son  côté,  M.  Frédéric  Mohr  dissout  le  protoxyde  de  cuivre  dans  de 
l'acide  chlorhydrique  en  ajoutant  du  chlorure  de  sodium  à  la  liqueur;  il  se 
forme  alors  un  chlorure  double  de  chlorure  de  sodium  et  de  protochlorure 
de  cuivre,  soluble  dans  l'eau,  et  s'appuyant  sur  la  propriété  que  possèdent 
les  sels  d^protoxyde  de  cuivre  de  se  transformer  en  sels  de  bioxyde  sous 
l'influence  du  permanganate  de  potasse,  M.  Frédéric  Mohr  dose  la  quantité 
<le  cuivre  contenue  dans  la  liqueur  avec  une  dissolution  de  permanganate 
de  potasse  titrée  préalablement  par  un  poids  connu  de  cuivre. 

»  Je  ferai  remarquer  que,  dans  ces  deux  procédés,  il  faut  d'abord  sépa- 
rer le  cuivre  de  ses  dissolutions  à  l'état  de  protoxyde  qu'il  suffirait  de  peser 
pour  en  déduire  le  poids  du  cuivre  sans  recourir  à  une  deuxième  opé- 
ration. 

»  M.  Charles  Mohr  a  présenté  aussi  un  procédé  de  dosage  du  cuivre  par 
le  permanganate,  procédé  qui  consiste  à  précipiter  le  cuivre  de  ses  dissolu- 

9.M  . 


9 


(    23.     ) 

tions  par  du  fer  métallique  qui  prend  la  place  du  cuivre  dans  la  dissolution 
saline,  mais  à  l'état  de  protoxyde  ;  on  dose  ensuite  la  quantité  de  fer  entrée 
en  combinaison  par  le  permanganate  de  potasse,  puis  on  déduit  de  cette 
quantité  la  proportion  de  cuivre  précipitée  en  s'appuyant  sur  les  équivalents 
du  fer  et, du  cuivre. 

u  Dans  cette  méthode,  il  faut  opérer  sur  des  liqueurs  légèrement  acides 
pour  éviter  la  formation  de  sous-sels  de  fer  qui  n'ont  plus  d'action  sur  le 
permanganate;  dans  ces  conditions,  une  certaine  quantité  de  fer  peut  entrer 
en  dissolution  à  la  faveur  de  cet  excès  d'acide  employé  et  causer  des 
erreurs 

»  Je  viens  proposer  un  nouveau  mode  d'opérer  pour  doser  le  cuivre  par 
le  permanganate  de  potasse,  qui,  pour  la  rapidité  de  l'exécution  et  surtout 
pour  l'exactitude  des  analyses,  ne  laisse  rien  à  désirer. 

»  Ce  nouveau  mode  d'opérer  consiste  : 

»  1°.  A  dissoudre  le  cuivre-,  l'alliage  ou  la  matière  cuivreuse  dans  un 
acide  :  si  l'acide  employé  est  l'acide  azotique,  on  fera  en  sorte  de  chasser 
complètement  cet  acide,  en  chauffant  avec  de  l'acide  sulfurique  concentré, 
qui  transforme  les  azotates  en  sulfates; 

«  2°.  A  rendre  la  liqueur  ammoniacale  :  si  dans  cette  opération  il  se 
formait  des  précipités  d'oxydes  métalliques  insolubles  dans  l'ammoniaque, 
on  filtrerait  ; 

»  3°.  A  faire  bouillir  la  liqueur  ammoniacocuivrique  avec  du  sulfite  de 
soude  ou  tout  autre  sulfite  alcalin,  jusqu'à  ce  qu'elle  se  décolore; 

»  4°-  A  verser  dans  le  liquide  décoloré  un  petit  excès  d'acide  chlorhy- 
drique  et  à  faire  bouillir  de  nouveau  pour  chasser  complètement  l'acide 
su  Ifureux  ; 

»  5°.  A  traiter  enfin  la  liqueur  étendue  d'eau  par  du  permanganate  de 
potasse  qu'on  a  préalablement  titré  avec  un  poids  connu  de  cuivre  pur, 
traité  comme  il  vient  d'être  dit. 

»  Quinze  ou  vingt  minutes  suffisent  pour  faire  une  analyse. 

»  J'ai  titré  mes  liqueurs  de  permanganate  en  opérant  sur  des  poids  dif- 
férents de  cuivre  pur  obtenu  par  la  galvanoplastie,  et  j'ai  toujours  obtenu, 
avec  le  même  permanganate  de  potasse,  des  nombres  exactement  propor- 
tionnels aux  quantités  de  cuivre  employées. 

«  Je  donne  dans  le  tableau  qui  suit  le  résultat  d'analyses  de  composés 
de  cuivre  bien  connus,  que  j'ai  faites  avec  le  permanganate  titré. 


3o. 


(.3.) 


Og>^,ia2  de  cuivre  pur  edgent  84  divi>ioiu  de  la  liqueur  titrée. 

COMPOSÉS   AKALYiÉS. 

POIDS 

de  la  matière. 

NOMBRE 

de  divisions 

de 

liqueur  titrée. 

NOMBRES    TROUVÉS 

en  centièmes. 

NOMBRES 

calculés  d'après 
les  formules. 

Protoxyde  de  cuivre 

Bioxyde  de  cuivre 

Oxychlorure  de  enivre 

0,102 
0,275 

0,232 
0,443 

0,496 

100 

i5i 
95 

77 
27 

89,64 

79.74 
59,43 
25,23 

7.  9 

88,80 

79.86 
60,22 
25,42 

8,  9? 

Cyanoniercurate  de  chlorure 
de  cuivre  ammoniacal . .  . 

»  J'ai  obtenu  des  résultats  aussi  nets,  en  opérant  sur  des  alliages  dans 
lesquels  le  cuivre  entrait  en  proportions  connues. 

»  On  peut  voir  par  les  opérations  que  j'ai  décrites  plus  haut  que  les  sels 
de  cuivre  au  maximum  sont  réduits  complètement  à  L'état  de  protoxyde 
par  les  sulfites  alcalins,  mais  en  présence  de  l'ammoniaque  seulement,  et 
que,  dans  les  liqueurs  ainsi  traitées,  le  cuivre  se  trouve  à  l'état  de  sel 
double  au  minimum,  que  le  permanganate  de  potasse  ramène  au  maximum 
en  se  décolorant,  et  qu'une  goutte  de  ce  réactif  mis  en  excès  indique  par 
la  coloration  rose-violacée  qu'elle  communique  à  la  liqueur  l'instant  où 
l'opération  est  terminée. 

»  Le  sel  de  cuivre  au  minimum,  en  se  transformant  en  sel  au  maximum 
sous  l'influence  du  permanganate,  colore  la  liqueur  en  bleu  d'une  teinte 
d'autant  plus  faible,  que  cette  liqueur  est  étendue  d'une  grande  quantité 
d'eau. 

«  Nous  rappelons,  en  terminant,  qu'il  est  très-important,  pour  que  le 
dosage  du  cuivre  soit  exact,  d'expulser  d'une  iiianière  complète  l'acide  azo- 
tique qui  pourrait  se  trouver  dans  la  liqijeiir  ;  car  cet  acide  formant  de  l'eau 
régale  avec  l'acide  chlorhydrique  lorsqu'on  fait  bouillir  pour  chasser  l'a- 
cide sulfureux,  refait  passer  le  cuivre  au  maximum  d'oxydation.  » 


■(233)' 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Expériences  agronomiques  relatives  à  l'emploi  du  phos- 
phate de  chaux  fossile.  Conditions  dans  lesquelles  son  action  parait  être  In  plus 
efficace,  suivant    les  diverses  natures  du   sol.   (Extrait  d'un  Mémoire  dp 

]!lf,  DE  MOLON.) 

(Commission  précédemment  nommée.) 

«  Lorsque,  le  i8  décembre  i856  (i),  j'eus  l'honneur  d'adresser  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  un  Mémoire  constatant  la  découverte  de  gisements  con- 
sidérables de  nodules  de  phosphate  de  chaux  fossile,  je  crus  devoir  me 
borner  à  préciser  seulement  la  délimitation  de  ceux  qui  me  paraissent  être 
d'une  exploitation  facile  et  peu  coûteuse.  La  recherche  de  ces  gisements, 
je  tiens  à  le  répéter  ici,  m'avait  été  facilitée  par  les  indications  précieuses  de 
MM.  les  ingénieurs  des  mines  Berthier  et  Elie  de  Beaumont,  et,  dans  les 
Ardenues,  par  celles  de  M.  Sauvage,  notamment  sur  un  point  delà  commune 
de  Monthois.  Depuis  cette  époque,  l'Académie  des  Sciences  a  reçu,  relati- 
vement à  l'emploi  du  phosphate  de  chaux  fossile,  diverses  communications 
ayant  généralement  pour  objet  la  question  de  sa  solubilité.    .  . 

«  Tandis  que  les  chimistes  faisaient  à  cet  égard  d'intéressantes  recherches 
de  laboratoire,  j'ai  continué  mes  essais  pratiques  sur  une  grande  échelle  et 
dans  des  conditions  variées  de  sols  et  de  cultures.  Je  viens  aujourd'hui  • 
rendre  compte  à  l'Académie  des  résultats  auxquels  je  suis  arrivé. 

»  Pour  les  dernières  récoltes  de  froment  d'hiver,  froment  de  mars,  orge, 
avoines,  betteraves,  navets,  choux  branchus  et  sarrasins,  j'ai  livré  aux 
cultivateurs  2  aSoooo  kilogrammes  de  phosphate  de  chaux  fossile  dans  les 
conditions  de  préparation  suivantes: 

»  i*".  Poudre  fine  de  nodules  ayant  été,  préalablement  à  la  pulvérisation, 
désagrégés  en  partie  au  moyen  de  l'action  combinée  de  l'eau  et  du  fèu; 

»  a".  Poudre  fine  de  nodules  simplement  pulvérisés; 

»  3".  Poudre  fine  traitée  avec  20  pour  100  d'acide  chlorhydrique  et 
neutralisée  par  un  lait  de  chaux; 

»  ^°.  Poudre  fine  de  nodules  traitée  avec  20  pour  100  d'acide  sulfurique 
également  neutralisée; 

»  5°.  Poudre  fine  de  nodules  traitée  avec  20  pour  100  d'acide  chlorhy- 
drique sans  neutralisation  ; 

I)  6°.  Phosphate  dissous  et  régénéré; 

»   7°.   Poudre  fine  mélangée  de  charbon  minéral  faiblement  animalisée; 

»  8°.  Poudre  fine  mélangée  de  matières  animales  fermentescibles. 

.(i)  Comptes  rendus  des  séances  de  l 'Académie ,  numéro  du  5  janvier  1857. 


(  a34  )   • 
)'  La  moyenne  de  teneur  de  ces  diverses  préparations  en  phosphate,  de 
chaux  était  de  5o  pour  loo  du  poids  à  l'état  sec,  excepté  pour  la  prépara- 
tion n°  6  qui  ne  contenait  que  du  phosphate  à  peu  près  pur. 

»  Ces  2  aSo  ooo  kilogramuies  ont  été  répartis  entre  dix-hyit  départements. 
En  admettant  qu'on  en  ait  employé  5oo  kilogrammes  par  hectare,  ce  qui  est 
déjà  excessif,  l'expérience  a  été  faite  sur  45oo  hectares  au  moins. 

»  De  l'ensemble  des  documents  que  j'ai  reçus,  des  résultats  que  j'ai  vé- 
rifiés par  moi-même,  ainsi  que  de  ceux  que  j'ai  obtenus  dans  mes  propres 
cultures,  il  ressort  ce  fait  général,  que  partout  l'effet  produit  a  été  satisfai- 
sant, sauf  dans  deux  cas  où  le  phosphate,  traité  par  l'acide  sulfurique,  n'a 
produit  qu'une  récolte  avortée. 

»  Dans  l'ouest  et  particulièrement  dans  les  départements  du  Finistère, 
des  Côtes-du-Nord,  du  Morbihan,  d'iUe-et-Vilaine  et  de  la  Loire-Inférieure, 
le  phosphate  en  poudre  naturelle  a  parfaitement  réussi,  ainsi  que  celui  qui 
avait  été  mélangé  de  charbon  et  légèremeht  animalisé.  Employée  dans  les 
défrichements  pour  les  semailles  de  sarrasin,  la  poudre  naturelle  de  nodules 
ne  contenant  que  5o  pour  lOO  de  phosphate  de  chaux  a  produit  de  plus 
beaux  résultats  que  le  noir  animal  riche  de  60  pour  100.  C'est  ce  qui  résulte 
des  essais  de  M.  Collet,  agriculteur  en  Bretagne  (i). 

»  En  résumé,  il  ressort  de  mes  observations  personnelles,  ainsi  que  de 
tous  les  faits  agronomiques  constants  que  j'ai  pu  recueillir,  que,  pour 
obtenir  du  phosphate  de  chaux  fossile  tous  les  avantages  qu'on  en   doit 


"  (1)  Lettre  de  M.  Collet.  —  Pleyben,  20  septembre  1857. 

n  En  réponse  à  la  demande  que  vous  m'adressez  sur  les  résultats  que  j'ai  obtenus  de  l'em- 
ploi du  phosphate  de  chaux  fossile,  voici  dans  quelles  conditions  je  l'ai  employé  :  Le  27  juin, 
c'est-à-dire  au  moins  quinze  à  vingt  jours  trop  tard  (mais  je  n'avais  pu  en  obtenir  avant 
cette  époque),  j'ai  ensemencé  un  champ  de  la  contenance  de  i  hectare  environ  ;  j'avais  divisé 
mon  terrain  en  trois  parties  égales  :  l'une  a  été  ensemencée  avec  du  noir  animal  de  raffinerie, 
dont  je  me  suis  servi  avec  succès  tous  les  ans,  l'autre  avec  vos  phosphates  de  chaux  fossiles 
naturels  (poudre  grise),  enfin  la  troisième  avec  du  phosphate  de  chaux  noirci,  indiqué  par 
vous  comme  ne  contenant  que  3o  pour  100  de  phosphate.  J'ai  employé  ces  trois  engrais  par 
quantités  égales  et  dans  la  proportion  de  4  hectolitres  par  hectare. 

»  Le  sarrasin  a  plus  promptement  levé  sur  la  portion  du  milieu  du  champ  ensemencée 
avec  le  phosphate  naturel  (poudre  grise),  puis  sur  celui  noirci  et  enfin  sur  le  noir  animal. 
Après  quinze  jours  il  y  avait  une  grande  différence  dans  la  végétation  ;  elle  était  beaucoup 
plus  vigoureuse  sur  le  phosphate  naturel,  et  la  plante  avait  acquis  presque  le  double  en  hau- 
teur de  celle  ensemencée  avec  le  noir  animal  et  seulement  une  supériorité  sensible  sur  celle 
obtenue  avec  le  phosphate  noirci;  la  floraison  s'est  faite  dans  la  même  proportion;  la  grai- 
naison  s'est  bien  faite  sur  les  trois  parties,  mais  il  y  a  plus  de  paille  et  un  rendement  plus 
fort  en  grains  sur  le  phosphate  que  sur  le  noir  animal.  » 


(  235  ) 

attendre,  il  devrait  être  employé  dans  les  conditions  suivantes,  savoir  : 

»  1°.  Dans  les  terres  argileuses,  schisteuses,  granitiques  et  siliceuses 
riches  en  détritus  organiques  :  à  l'état  de  poudre  naturelle  ; 

»  a°.  Dans  ces  mêmes  terres,  lorsqu'elles  sont  pauvres  en  détritus  orga- 
niques, surtout  si  elles  sont  cultivées  depuis  un  long  temps  ou  si  elles  ont 
reçu  des  amendements  calcaires  :  à  l'étal  de  poudre  mélangée  de  matières  ani- 
males Jermentescibles  ;      ^  '  . 

»  3°.  Dans  les  terrains  calcaires  et  particulièrement  crétacés  :  à  l'état  de 
poudre  traitée  par  20  à  a5  pour  100  d'acide  chlorhydrique  et  additionnée  de 
matièi-es  organicfues. 

»  Avant  de  terminer  cette  communication,  je  crois  qu'il  petit  être  inté- 
ressant de  faire  connaître  la  situation  de  l'exploitation  des  nodules  de 
phosphate  de  chaux,  afin  que  l'on  puisse  mieux  juger  de  l'étendue  des  res- 
sources que  l'agriculture  peut  puiser  dans  cette  importante  découverte. 

Etal  de  situation  au  ^5  Janvier  i858  de  r exploitation  du  phosphate  de  chaux. 

Nodules  de  phosphate  de  chaux  dans  les  magasins 

de  la  Villette 3  4oo  000  kilogrammes. 

Poudre  de  nodules  de  phosphate  de  chaux,  ayant 

subi  divers  traitements 3oo  000  » 

Nodules  prêts  à  expédier  dans  les  ports  de  Rethel, 
Attigny,  Vouziers,  Dun-sur-MeifSe,  Brieulles- 
sur-Meuse,  Bar-le-Duc,  Revigny,  environ...  .        4  i44°''o  » 

Sur  les  lieux  d'extraction,  savoir  :  k  Cornay,  Lan- 
çon, Marcq,  Chevières,  ChampigneuUes,  Som- 
merance,  Fléville,  Saint- Juvin,  Bayonville,  Re- 
monville,  Saint-Georges,  Landres  et  Landreville, 
environ i  o  36o  000  » 

A  Grand-Pré,  Termes,  Echaudes,  environ i  480000  » 

A  Apremont,  Exermont,  Montblainville,  Charpen- 

ti'y,  Bàulny  (Meuse),  environ ij4o  000  • 

A  Varennes,  Bouzeuilles,  Neuvilly,  Avocourt,  en- 
viron    888  000 

A  Clermont,  les  Islettes,  Rarécourt  ( Meuse),  envi- 
ron   .■ 2  664  000  » 

A  Froidos,  Lagrange-le-Comte,  Autrecourt,  Bri- 

zeaux,  Foucancourt,  environ 2220000  » 

A  Lémont,  Revigny,  Triancourt,  environ 2264000  » 

A  Bantheville,  Cunel,  Brieulles,  Romagne,  Tailly, 

environ '7/6  000  » 

A  Novion-Porcien,  Saulces-Monclin,  Sorcy,  Vaux, 

environ , 2  664  000  n 

Total ......     25  456  000  » 


(236) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Nouvelle  méthode  pour  l'analyse  du  lait  au  moyen  de 
liqueurs  titrées  ;  par  M.  E.  Monier. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Dumas,  Balard.) 

«  Si  Ion  verse  du  caméléon  goutte  à  goutte  dans  du  lait  étendu  d'eau  et 
acidulé,  on  voit  immédiatement  la  belle  couleur  du  caméléon  disparaître 
comme  le  ferait  dans  les  mêmes  conditions  un  sel  de  fer  au  minimum.  Si 
l'on  étudie  de  plus  près  cette  réaction,  on  observe  :  i°que  la  décoloration  est 
due  à  la  caséine  et  à  l'albumine  du  lait  ;  i°  que  le  beurre  et  la  lactine  n'ont 
aucune  action  désoxydante.  Il  nous  est  maintenant  très-facile  de  passer  à 
la  détermination  de  ces  matières. 

,  »  Dosage  de  la  caséine.  —  Je  me  sers  dans  ces  analyses  volumétriques  de 
deux  liqueurs  titrées,  l'une  de  caséine,  l'autre  d'albumine,  renfermant 
chacune  2  pour  100  de  ces  matières.  On  détermine  les  volumes  V  et  p  de 
caméléon  qu'il  faut  verser  pour  obtenir  dans  les  liqueurs  une  teinte  persis- 
tante et  de  même  intensité.  Ces  volumes  V  et  t"  étant  alors  proportionnels  à 
la  caséine,  cette  matière  se  détermine  par  une  simple  proportion  ;  si  le  lait 
renferme  de  l'albumine,  le  voliune  V  précédent  correspond  à  la  caséine  et 
à  l'albumine  :  il  faut  donc  déterminer  le  Volume  V  décoloré  par  l'albumine; 
V — V  représente  donc  dans  notre  hypothèse  le  voliune  exact  décoloré  par 
la  caséine.  Voici  comment  j'opère  pour  déterminer  l'albumine  : 

»  Dosage  de  [albumine.  —  On  prend  10  centimètres  cubes  de  lait  que  l'on 
porte  à  une  température  de  45  à  5o  degrés.  Une  goutte  d'acide  acétique 
étendu  coagule  entièrement  la  caséine  et  le  beurre  ;  quant  à  l'albumine, 
elle  reste  dissoute;  on  filtre  et  on  reçoit  les  eaux  de  lavage  dans  un  grand 
vase  ;  la  filtration  terminée,  on  acidulé  la  liqueur  qui  contient  l'albumine, 
puis  enfin  on  cherche  le  volume  V  de  caméléon  qu'elle  décolore  ;  on  fait  en 
même  temps  cette  opération  sur  10  centimètres  cubes  de  la  liqueur  titrée 
d'albunùne  ;  cette  détermination  faite,  on  a  l'albumine  par  une  proportion. 

X  Détermination  du  beurre.  —  Nous  venons  de  laisser  sur  le  filtre  un 
mélange  de  beurre  et  de  caséine,  qui  provient  de  10  centimètres  cubes  de 
lait;  la  détermination  du  beurre  se  fait  alors  facilement  :  on  dessèche  à  cet 
•  effet  le  filtre  et  je  ferai  observer  que  cette  dessiccation,  vu  les  faibles  quan- 
tités de  matière.  Se  fait  en  peu  de  temps.  On  prend  le  poids  P  du  mélange 
desséché;  si  maintenant  de  ce  poids  on  retranche  le  poids  p  de  la  caséine 
déterminée  plus  haut,  on  a  le  beurre  par  différence.   » 


(  a37  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Quatrième  Mémoire  sur  t'ozonométne; 
par  M.  DE  Bérigny.  (Extrait.) 

(Commission  précédemment  nommée.) 

•  Gamme  ozonométrique. 

«  Dans  mes  précédents  Mémoires,  je  me  suis  appliqué  à  faire  ressortir 
les  imperfections  du  papier  ozonométrique  en  général  et  du  papier  de 
M.  Schœnbein  en  particulier;  j'ai  démontré  que  jusqu'à  ce  que  la  chimie 
ait  donné  aux  météorologistes  un  moyen  pratique  de  recueillir  l'ozone  seul 
et  de  le  doser,  il  y  avait  lieu  de  préférer  le  papier  Jame  (de  Sedan)  à  celui 
du  savant  chimiste  de  Bâle. 

»  Aujourd'hui  je  viens  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  gamme 

ozonométrique  nouvelle  basée  sur  un  grand  nombre  d'expériences  faites 

avec  le  papier  Jame,  à  l'air  ainsi  que  dans  l'ozone  obtenu  par  le  phosphore; 

par  ces  divers  moyens,  ce  papier  a  pu  être  soumis,  pendant  le  jour  et  pen- 

.  dantla  nuit,  à  des  atmosphères  diversement  chargées  d'ozone. 

1/  Toutes  les  personnes  qui  se  livrent  à  l'étude  de  l'ozonométrie  ont  pu 
se  convaincre  que  les  teintes  de  coloration  que  fournissent  les  papiers  ozo- 
nométriques,  lorsqu'ils  sont  impressionnés  d'ozone,  ne  sont  jamais  en  rap- 
port avec  celles  que  M.  Schœnbein  a  adoptées  dans  la  construction  de  son 
échelle,  excepté  peut-être  pour  '\es  dernières  nuances  de  cette  échelle, 
parce  que  celles-ci  se  rapprochent  de  la  couleur  noire.  Le  défaut  de  simili- 
tude de  coloration  qui  ne  permet  pas  de  comparer  les  papiers  ozones  à 
l'échelle  Schœnbein,  s'explique  par  le  mode  de  construction  que  ce  chi- 
miste a  employé.  En  effet,  il  s'est  tout  simplement  contenté  de  dégrader  la 
teinte  cleue  qu'il  a  choisie  approximativement,  ainsi  que  l'on  peut  s'en 
assurer  en  examinant  son  échelle  (que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie) 
depuis  le  n"  lo  qui  représente  la  teinte  la  plus  foncée  jusqu'au  n"  o  qui 
donne  la  nuance  du  papier  blanc,  c'est-à-dire  du  papier  qui  n'accuse  pas 
d'ozone.  Or  la  pratique  des  observations  prouve  que  non-seulement  la  base 
de  coloration  du  papier  ozone  est  le  violet,  même  pour  les  nuances  du  pa 
pier  très-impressionné,  lequel  se  rapproche  du  noir,  mais  encore  que 
chaque  degré  présente  une  teinte  violette  toute  particulière.  C'est  au  moyen 
des  nombreuses  expériences  dont  il  est  question  plus  haut,  expériences 
faites  avec  MM.  Richard  et  J.  Salleron,  que  j'ai  construit  une  nouvelle 
échelle,  ou  plutôt  une  gamme  ozonométrique,  dont  chaque  degré  repro- 

.    C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  B.)  3l 


duit,  autant  que  possible,  les  diverses  nuances  prises  par  le  papier  Jame 
selon  qu'il  se  trouve  plus  ou  moins  chargé  d'ozone  (je  mets  aussi  cette  nou- 
velle gamme  ozonométrique  sous  les  yeux  de  l'Académie  ). 

»  J'ai  cru  devoir  modifier  l'échelle  décimale  de  M.  Schœnbein  non-seu- 
lement sous  le  rapport  de  sa  couleur,  mais  encore  au  point  de  vue  de  sa 
base  de  construction. 

»  Ainsi  qu'il  a  été  constaté,  on  peut,  en  exposant  le  papier  Schœnbein 
lui-même  dans  une  atmosphère  fortement  chargée  d'ozone,  obtenir  des 
teintes  plus  foncées  que  le  n°  lo  de  l'échelle.  On  conçoit,  en  eflet,  qu'il 
soit  possible  de  dépasser  les  limites  de  l'échelle,  puisqu'une  fouille  de  pa- 
pier ozonométrique  placée  pendant  quelques  heures  dans  une  sphère  sa- 
turée d'ozone  prend  une  coloration  presque  entièrement  noire.  Une  échelle 
ozonométrique  complète  devrait  donc,  à  mon  avis,  monter  jusqu'à  la  teinte 
noire. 

»  Si  l'on  considère  ensuite  combien  il  est  difficile  de  reproduire  exacte- 
ment et  à  plusieurs  reprises  la  même  teinte,  on  peut  se  figurer  combien  les 
échelles  ozonométriques  imprimées  et  coloriées  par  des  artistes  différents* 
seront  discordantes.  Il  est  donc  très-nécessaire  de  rapporter  leur  teinte  et 
leur  dégradation  à  des  types  bien  connus.  Nous  avons  cherché  quelle  est 
la  couleur  du  spectre  solaire  qui  se^approche  le  mieux  de  la  teinte  moyenne 
du  papier  ozone.  Nous  avons  trouvé  que  dans  le  violet  la  partie  des  raies 
de  Frauenhofer  G  et  H  observées  dans  un  spectre  produit  par  un  prisme  de 
sulfore  de  carbone,  donnerait  précisément  la  teinte  cherchée  si  cette  couleur 
du  spectre  était  additionnée  d'une  petite  quantité  de  noir.  I^a  couleur  de 
l'écartement  moyen  des  raies  G  et  H  du  spectre  correspond  au  troisième 
bleu-violet  du  cercle  chromatique  de  M.  Chevreul. 

»  En  examinant  la  série  des  neuf  cercles  chromatiques  rabattus  de  noir, 
nous  trouvons  que  le  troisième  bleu-violet  du  cercle  rabattu  à  trois 
dixièmes  de  noir  se  rapporte  positivement  à  la  couleur  prise  par  le  papier 
Jame  sous  l'action  de  l'ozone.  Il  résulte  de  là  qu'il  suffit  d'affaiblir  cette 
teinte,  en  la  dégradant  jusqu'au  blanc,  et  de  la  foncer  en  la  remontant  jus- 
qu'au noir  pour  avoir  toute  la  série  des  teintes  ozonométriques.  Notre  nou- 
velle échelle  ressemble  alors  beaucoup  aux  gammes  chromatiques  de 
M.  Chevreul  ;  comme  elles,  elle  porte  vingt  et  un  tons  différents,  tous  équi^ 
distants  les  uns  des  autres. 

»  Le  n"  o  est  blanc  ;  le  n°  i  est  également  blanc,  mais  additionné  d'un 
dixième  de  violet  type;  le  n°  2  en  contient  deux  dixièmes,  et  ainsi  de  suite 
jusqu'au  n"  (  1  formé  par  la  couleur  pure.  Le  n"  1  a  se  compose  encore  de  la 


(  239  ) 
couleur  pure,  mais  additionnée  d'un  dixième  de  noir;  le  n°  i3  en  contient 
deux  dixièmes,  et  jusqu'au  n"  21  qui  est  formé  de  dix  dixièmes  de  noir  qui, 
par  conséquent,  constituent  le  noir  pur.   » 

GÉOLOGIE.  —   Recherches  sur  les  systèmes  de  soulèvement  de   l'Américjue  du 
Sud;  par  M.  A.  Pissis.  (Deuxième  partie.) 

(Renvoi,  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

La  première  partie  de  ce  Mémoire,  que  l'Académie  avait  reçue  dans  la 
séance  du  a 5  février  i856  (1),  avait  principalement  pour  objet  :  1°  le  système 
chilien  ;  2°  le  système  de  la  chaîne  principale  des  Andes;  3°  le  système  des  chaînes 
transversales  du  Chili;  4°  le  système  de  la  chaîne  occidentale  du  Chili. 

La  seconde  partie  reçue  aujourd'hui  et  datée  du  aS  juillet  iSSy  (2)  se 
rapporte  principalement  : 

i".  Au  système  de  la  chaîne  orientale  des  Andes,  dont  le  soulèvement, 
contemporain  de  l'éruption  des  porphyres  quartzifères,  a  eu  lieu  pendant  la 
période  jurassique  ; 

1°.  Au  système  de  l'Itacolumi,  dont  te  soulèvement  est  postérieur  au  cal- 
caire carbonifère  et  antérieur  au  dépôt  des  grès  rouges  de  l'Amérique  ; 

3°.  Aux  soulèvements  des  terrains  schisteux  de  l'Amérique  du  Sud,  dont 
M.  Pissis  distingue  trois  différents,  tous  très-anciens. 

Vers  la  fin  de  son  Mémoire,  l'auteur  résume  dans  les  termes  suivants 
l'histoire  géologique  du  continent  sud-américain  : 

«  L'étude  des  lignes  stratigraphiques  de  l'Amérique  du  Sud  conduit  ainsi 
à  reconnaître  l'existence  de  neuf  systèmes  de  soulèvement  qui  ont  eu  lieu 
successivement  depuis  les  terrains  les  plus  anciens  jusqu'aux  dernières 
formations  émergées,  circonstance  qui  permet  de  diviser  en  autant  de  for- 
mations la  série  de  terrains  stratifiés  de  ce  continent.  Les  deux  plus  anciennes 
de  ces  formations  correspondent  parfaitement  à  celles  de  l'Europe  ;  la  pre- 
mière, dont  les  couches  ont  été  relevées  lors  du  soulèvement  du  système 
brésilien,  correspond  au  terrain  cambrien,  et  la  seconde  au  terrain  silurien.  ^^ 
Le  soulèvement  a  disloqué  les  couches  siluriennes  de  l'Europe  et  celles  de 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XLII,  p.  892.  Foir  aussi  les  autres  communications  de  M.  Pissis 
sur  le  même  sujet,  t.  XL,  p.  764;  t.  XLIII,  p.  686;  t  XLV,  p.  971. 

(2)  L'envoi  de  cette  seconde  partie  était  annoncé  dans  la  Lettre  de  M.  Pissis  en  date  du 
16  septembre  1^57,  dont  un  extrait  a  été  communiqué  à  l'Académie  dans  la  séance  du 
7  décembre. 

Si... 


(  Mo  ) 
l'AmArique  ;  c'est  celui  du  Westmoreland  et  du  Hundsruck  auquel  il  faut 
rapporter  l'émersion  des  terrains  schisteux  du  Chili,  de  ceux  des  provinces 
centrales  de  la  République  Argentine,  ainsi  que  des  provinces  occidentales 
du  Brésil.  Les  diorites  que  l'on  rencontre  dans  les  environs  de  Rio  de 
Janeiro,  dans  la  serra  des  Orgaos,  dans  celle  de  la  Mantiquera  et  sur  le 
platenu  de  Minas-Geraés,  paraissent  appartenir  à  cette  époque;  tandis  que 
les  granités  à  grain  fin  des  mêmes  contrées  appartiennent  au  soulèvement 
du  système  brésilien.  I^e  peu  de  données  que  l'on  possède  actuellement  sur 
les  limites  des  formations  cambriennes  et  siluriennes  dans  l'intérieur  du 
continent  ne  permet  pas  de  tracer,  même  approximativement,  la  configura- 
tion de  ces  premières  terres  émergées;  tout  ce  que  l'on  peut  entrevoir,  c'est 
qu'elles  devaient  former  plusieurs  grandes  îles  situées  sur  l'emplacement 
actuel  de  la  partie  australe  du  Brésil,  sur  celui  des  provinces  de  San-Luiz  et 
de  Mendoza,  sur  tout  l'espace  compris  entre  la  côte  du  Chili  et  la  Cordillère 
occidentale,  et  enfin  dans  la  partie  de  ce  continent  qui  correspond  au  Vene- 
zuela et  à  la  Nouvelle-Grenade. 

«  Les  dépôts  qui  se  sont  formés  entre  le  soulèvement  du  Hundsruck  et 
celui  de  l'Itacolumi,  constituent  pour  l'Amérique  du  Sud  une  troisième 
formation  qui  paraît  embrasser  à  la  fois  le  terrain  dévonien  et  les  terrains 
carbonifères  de  l'Europe. 

»  Le  dernier  de  ces  soulèvements  ayant  redressé  les  couches  suivant  une 
direction  est-ouest,  a  dû  réunir  plusieurs  des  îles  formées  par  les  terrains 
cambriens  et  siluriens,  et  former  ainsi  la  première  ébauche  du  continent 
sud-américain. 

»  fia  quatrième  formation  est  celle  du  grès  rouge  dont  le  dépôt  a  succédé 
immédiatement  à  celui  des  calcaires  carbonifères  et  qui  a  été  émergé  lors 
du  soulèvement  de  la  Cordillère  occidentale  du  Chili  ;  tandis  que  de  grandes 
masses  de  roches  syénitiques  se  faisaient  jour  à  travers  les  failles  produites 
par  ce  soulèvement.  Le  grand  développement  de  cette  formation  peut  don- 
ner une  idée  du  peu  d'étendue  que  présentaient  alors  les  terres  sud-améri- 
caines, relativement  à  l'espace  qu'elles  occupent  aujourd'hui  ;  et  ce  n'est 
probablement  qu'après  ce  quatrième  soulèvement  que  ces  terres  ont  com- 
mencé à  présenter  une  configuration  se  rapprochant  un  peu  de  celle  qu'elles 
ont  actuellement. 

»  La  situation  de  ces  grès,  qui,  sauf  quelques  interruptions,  s'étendent 
depuis  la  Nouvelle-Grenade  et  le  Venezuela  jusque  dans  le  sud  du  Chili, 
leur  redressement  suivant  une  direction  qui  s'écarte  peu  de  celle  du  méri- 
dien, forment  comme  la  première  ébauche  de  cette  grande  arête  qui  tra- 


verse  le  conlinent  dans  toute  sa  longueur,  et  sépare  les  eaux  des  deux  océans. 
Les  strates  redressées  de  ces  roches  ne  formaient  cependant  pas  encore  une 
chaîne  continue;  elles  présentaient  plusieurs  lacunes  qui  laissaient  un  libre 
passage  aux  eaux  de  la  mer,  qui  pénétraient  encore  assez  avant  dans  l'inté- 
rieur du  continent,  et  c'est  dans  le  fond  de  ces  mers  intérieures  qu'avaient 
lieu  les  dépôts  qui  constituent  la  cinquième  formation  comprenant  les  argi- 
les gypseuses,  les  marnes  à  ammonites  et  les  calcaires  qui  la  recouvrent.  La 
série  de  ces  dépôts  qui  occupent  en  Amérique  une  situation  analogue  à  celle 
qu'ont  en  Europe  le  trias,  le  lias  et  le  terrain  jurassique,  fut  interrompue 
par  le  soulèvement  qui  produisit  la  chaîne  orientale  des  Andes  et  cette  large 
zone  de  rides  dirigées  du  sud-est  au  nord-ouest  qui  sépara  définitivement  les 
«aux  des  deux  océans. 

»  Une  sixième  formation  dont  quelques  lambeaux  se  montrent  à  l'ouest 
des  Andes,  mais  qui  atteint  surtout  un  grand  développement  à  l'est  de  cette 
chaîne,  ainsi  que  vers  les  deux  extrémités  du  continent,  paraît  occuper  ici 
la  place  des  terrains  crétacés  de  l'Europe,  et  se  compose  de  grès  verdâtres, 
de  marnes  et  des  calcaires  dans  lesquels  on  rencontre  plusieurs  fossiles 
caractéristiques  de  ces  terrains.  C'est  vers  la  fin  de  cette  période  qu'eut  lieu 
le  soulèvement  des  chaînes  transversales  du  Chili,  ainsi  que  l'épanchement 
des  roches  à  base  de  labradorite  et  d'hypersthènequi  jouent  un  si  grand  rôle 
dans  la  minéralogie  de  l'Amérique  et  ïiuxquelles  se  rattache  la  formation 
des  principaux  filons  cuprifères.  La  formation  de  ces  nouvelles  rides  dans 
la  direction  de  l'est  à  l'ouest  vient  compléter  l'ensemble  de  grandes 
lignes  qui  dessinent  la  forme  du  continent  sud  -  américain  :  seulement 
il  présentait  encore  à  cette  époque  plusieurs  golfes  d'une  grande  éten- 
due correspondant  aux  bassins  actuels  du  Paraguay,  de  l'Amazone  et 
peut-être  de  l'Orénoque,  où  se  formaient  les  dépôts  tertiaires  qui  occu- 
pent aujourd'hui  les  pampas  de  la  République  Argentine,  et  généralement 
toutes  les  plaines  situées  à  peu  de  distance  des  côtes.  C'est  probable- 
ment vers  la  partie  inférieure  de  ces  dépôts  qu'il  faut  rapporter  le  soulève- 
ment qui  a  émergé  les  roches  tertiaires  de  Mont-Sarat  et  de  Reconcave 
dans  la  province  de  Bahia,  et  dont  la  direction  est  sensiblement  parallèle  à 
celle  du  système  des  Alpes  occidentales,  tandis  que  le  soulèvement  de  la 
chaîne  principale  des  Andes  aurait  eu  heu  vers  la  fin  de  cette  même  série  de 
dépôts.  '•  *^*-''' 

I)  La  direction  de  ce  dernier  système  de  lignes  stratigraphiques  coïn- 
cide presque  avec  celle  de  la  Cordillère  occidentale  du  Chili;  il  en  résulte 
que  ce  soulèvement  n'a  dû  modifier  que  très-peu  la  configuration  du  conti- 


(    242    ) 

nent;  mais  tout  indique  que  c'est  à  lui  qu'il  faut  attribuer  la  grande  éléva- 
tion de  la  chaîne  des  Andes  ;  les  vastes  failles  qui  s'ouvrirent  alors  et  par  où 
s'échappèrent  les  roches  trachytiques,  donnent  en  quelque  sorte  la  mesure 
des  grands  déplacements  qu'ont  dû  éprouver  les  couches  qui  avaient  été 
déjà  soulevées  par  les  roches  syénitiques,  et  expliquent  la  formation  de 
ces  deux  grandes  lignes  de  montagnes  neigées  qui  s'étendent  depuis  le 
détroit  de  Magellan  jusqu'au  Tacora,  et  depuis  Cuenca  jusque  dans  la  Nou- 
velle-Grenade. Enfin  les  terres  de  l'Amérique  du  Sud  auraient  éprouvé  un 
dernier  soulèvement  qui  aurait  mis  à  découvert  les  sables  marins  du  désert 
d'Atacama,  et  dont  l'effet  se  serait  surtout  fait  sentir  dans  la  direction  des 
failles  préexistantes  qui  se  seraient  entr'ouvertes  à  cette  époque  pour  don- 
ner issue  aux  matières  volcaniques;  c'est  en  efFet  vers  les  points  où  plusieurs 
de  ces  failles  viennent  se  rencontrer  et  où  les  communications  avec  l'inté- 
rieur se  trouvaient  ainsi  plus  largement  établies,  que  l'on  rencontre  les  prin- 
cipaux groupes  volcaniques  de  l'Amérique  du  Sud. 

»  Les  neuf  soulèvements  dont  nous  venons  de  retracer  les  caractères  ne 
sont  probablement  pas  les  seuls  qui  aient  altéré  la  position  des  terrains  du 
continentsud-américain.  On  adéjà  vu  que  la  direction  des  couches  de  gneiss 
de  Montevideo  et  du  cap  Corrientes  ne  pouvait  se  rapporter  ni  au  système 
brésilien,  ni  à  celui  du  Hundsruck.  Le  système  méridien  du  professeur  Hitch- 
cock, dont  M.  Élie  de  Beaumont  a  déjà  fait  connaître  les  rapports  avec  les 
lignes  stratigraphiques  de  la  Nouvelle-Grenade,  paraît  se  confondre,  quant 
à  sa  direction,  avec  celui  de  la  chaîne  principale  des  Andes  ;  mais  il  se  rap- 
porte à  une  époque  beaucoup  plus  ancienne  qui  se  rapprocherait  de  celle 
du  système  brésilien.  Ce  serait  donc  encore  deux  soulèvements  de  plus 
qu'il  faudrait  ajouter  aux  précédents.  Enfin,  si  l'on  réfléchit  au  peu  de 
données  que  l'on  possède  encore  sur  la  géologie  et  même  sur  l'orographie 
du  vaste  bassin  de  l'Amazone  et  des  provinces  occidentales  du  Brésil,  l'ac- 
croissement à  venir  du  nombre  de  ces  systèmes  deviendra  encore  plus  pro- 
bable. Ainsi,  loin  de  considérer  les  faits  reproduits  dans  ce  Mémoire  comme 
un  exposé  complet  des  phénomènes  géologiques  de  l'Amérique  du  Sud,  il 
ne  faut  y  voir  qu'une  esquisse  fort  imparfaite  des  faits  les  plus  saillants  et 
les  mieux  caractérisés  dont  le  but  principal  a  été  de  faciliter  les  recherches 
ultérieures  sur  la  géologie  de  cette  vaste  contrée.  C'est  dans  le  même  but 
que  nous  avons  essayé  d'établir  dans  le  tableau  suivant  un  parallèle  entre 
la  formation  de  l'Amérique  et  celle  de  l'Europe. 


I 


(  243  ) 

TABZJBAU  COMPARATIF  DES  TERRAINS  DE  I.'EUROPE  ET  DE  L'AMÉRIQUE  DU  SUD. 


SYSTÈMES  DE  SOULÈVEMENT. 


De  la  Vendée. 

Du  Finistère. 

Du  Longmynd. 

Du  Morbihan. 

Du  Hundsruck. 

Des  Ballons. 

Du  Forej. 

Du  nord  de  l'Angleterre. 

Des  Pays-Bas. 

Du  Rhin. 

Du  Thuringerwald. 

Du  Mont  Pilas. 

Du  Mont  Viso. 

Des  Pyrénées. 

Des  iles  de  Corse  et  de  Sardaigne. 

Du  Tatra. 

Du  Sancerrois. 

Du  Vercors. 

Des  Alpes  occidentales. 


SIID-AUËRICÀIHS. 


Brésilien. 


Du  Hundsruck. 


De  l'itacolumi. 

Cordillère  occidentale  du  Chili. 


De  la  cbaine  principale  des  Alpes. 
Du  Ténare. 


Chaîne  orientale  des  Andes, 


Chaînes  transTersales  du  Chili. 


i'*l%  I  P.' 

?Des  Alpes  occidentales. 

De  la  chaine  principale  des  Andes. 


TERRAINS  DE  L'AMÉRIQUE  DU  SUD. 


Des  Andes. 


Gneiss  et  micaschiste. 
Granité  à  grain  fin. 

Quartzites  et  schiste  talqueui. 
Schiste  ardoisier. 
Psammite  schistoîde . 
Diorites. 

Quartzites  bréchiformes  du  Brésil . 
Jaspes  et  grès  de  la  Bolivie  et  du  Chili . 
Grès  et  schistes  bitumineux. 
Calcaire  avec  silex. 

Grès  rouge  et  porphyres  stratifiés ,  syénite , 


Argiles  gypseuses. 

Marnes  à  ammonites. 

Calcaire  à  polypiers  et  lithographique. 

Porphyres  quartzifèrcs . 

Poudingue  et  grès  verdàtres . 
Marnes  et  calcaires. 
Labradorite. 


Terrain  guaranien. 

Terrains  tertiaires  de  Bahia  et  de  Saint-Paul . 


Terrain  patagonièn,  du  Chili  et  deBolKie. 
Trachyte  quarzifère,  conglomérat  ponceux. 

Sables  du  désert  d'Atacama,  terrain  de  transport  du 
Chili,  de  Bolivie  et  des  Pampas. 
Volcans. 


(  244  ^ 

Dans  une  Note  placée  à  la  fin  de  son  Mémoire,  M,  Pissis  détermine  de  la 
manière  suivante  la  position  des  grands  cercles  de  comparaison  des  neuf 
systèmes  dont  il  s'est  principalement  occupé. 

Cercles  tte  comparaison. 

«  La  position  sur  le  globe  de  chaque  cercle  de  comparaison  se  trouve 
fixée  à  l'aide  des  deux  éléments  suivants.  La  longitude  n  de  l'une  de  ses 
intersections  avec  l'équateur  et  l'azimut  A  de  la  tangente  en  ce  point  compté 
du  nord  à  l'ouest.  La  construction  par  points  de  chaque  cercle  devient  alors 
très-simple  à  l'aide  de  la  formule  tang  H  =  cot  A  sin  {n  —  P),  qui  fait  con- 
naître son  intersection  avec  chaque  méridien,  P  étant  la  longitude  donnée 
et  H  la  latitude  et  l'intersection. 

Cercles  de  comparaison.  Valeur  de  tc.        Valeur  de  A. 

Système  des  Andes  (dodécaédrique  rhomboïdal).    .  Si.Sg.SS.  O.  37.45.5o 

Chaîne  principale  des  Andes 'ji.55.   o.  O.  BSg  iH.  4 

Chaînes  transversales  du  Chili 4- '6- '7-  E.  3o2  42-24 

Chaîne  orientale  des  Andes 8i.3g.58.  O.  37.45.50 

Cordillère  occidentale  du  Chili 69.51.43.  O.  353.i8.i4 

Système  de  ritacolutni 4-'6''7'  E.  Zoi.^1.2.^ 

Système  du  Hundsruck(cercle  primitif  du  pentagone)  43.   7'47-  0.  327.14.   2 

Système  brésilien , 16.49. 16.  ^-  3i4.i3.i3 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'amylgljcol;  par  M.  Ad.  Wortz. 
(Présenté  par  M.  Balard.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,. Balard.) 


«  Dans  plusieurs  communications  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à  l'Aca- 
démie dans  ces  derniers  temps,  j'ai  appelé  l'attention  des  chimistes  sur  une 
nouvelle  classe  de  composés  organiques  que  j'ai  nommés  gl/cols. 

»  Ces  composés  se  rapprochent  par  l'ensemble  de  leurs  propriétés  des 
alcools  ordinaires,  sans  cependant  se  confondre  avec  eux.  Ils  s'en  distin- 
guent par  ce  trait  caractéristique,  que  pour  former  des  éthers  neutres  ils  se 
combinent  aux  éléments  de  a  équivalents  d'un  acide  monobasique.  C'est  dire 
qu'ils  sont  diatomiques.  Je  suis  en  mesure  de  pouvoir  affirmer  aujourd'hui 
qu'à  chaque  alcool  mono-atomique  correspond  unglycol. 

))  Les  glycols  que  j'ai  obtenus  jusqu'aujourd'hui  sont  au  nombre   de 


(  ^45  ) 
quatre,  savoir  : 

V; (;<.(•'»(  *IJ':>  Ktl  I  1»  t>.',l  .in  .  ■.  ■  ,    f;i. 

Le  glycol  ordinaire ...    C*  H'  O'  correspondant  à  l'alcool C  H'  0% 

Le  propylglycol C  H'  O*  correspondant  à  l'alcool  propylique. ...   C  H*  0% 

Le  butylglycol C  H'°0*  correspondant  à  l'alcool  butylique C*  W0\ 

L'amylglycol C'»H"0'  correspondant  à  TmIcooI  amylique    ....   C'EL^O^ 

»  On  voit  que  les  glycols  ne  diffèrent  dans  leur  composition  des  alcools 
ordinaires  auxquels  ils  correspondent  que  par  les  éléments  de  i  équivalents 
d'oxygène  qu'ils  renferment  en  plus. 

»  Je  les  ai  tous  obtenus  par  synthèse  :  le  glycol  avec  le  gaz  oléfiant  C*  H\ 
le  propylglycol  avec  le  gaz  propylène  C*H*,  le  butylglycol  avec  4e  buty- 
lène C*H',  l'amylglycol  avec  l'amylène  C'°'il'°.    . 

»  Je  viens  d'isoler  et  d'analyser  l'amylglycol  qui  fait  l'objet  de  cette 
Note. 

»  Pour  l'obtenir,  je  commence  |)ar  convertir  l'amylène  en  bromure 
C'^H'^Br*,  et  je  fais  réagir  ensuite  ce  bromure  sur  l'acétate  d'argent.  Il  se 
forme  l'amylglycol  diacétique  selon  la  réaction  exprimée  par  les  formules 
suivantes  : 

''.ZI!!!!!  j^^j  O^  =  j^"^j  O*  -^  a  Ag  Br . 

Bromure  d'amylène.       Acétate  Amylglycol 

d'argent.  diacétique.  -      . 

»  L'amylglycol  diacétique  est  un  liquide  incolore,  neutre,  insoluble  dans 
l'eau,  et  qui  se  jdédouble  avec  la  plus  grande  facilité,  sous  l'influence  des 
alcalis,  en  acide  acétique  et  en  amylglycol.  Il  renferme  (i)  : 

Expériences.  ((<jjt^'  ]■     Tbéoiie. 

Carbone 57, o3         57,18         C'«..  57,44 

Hydrogène...    .       9)02  9)<>6         II'*..    8,5i 

Oxygène O'  .  .  34, o5 

100,00 
);   L'amylglycol   acétique,  ayant  été  traité  par  une  quantité  convenable 

(i)  J'ai  donné  déjà  antérieurement  {Comptes rendus,  tome  XLIII  ;  août  i856)  une  analyse 
de  ce  composé.  Les  échantillons  qui  ont  servi  aux  analyses  ci-dessus  ont  passé  à  la  distillation  à 
une  température  supérieure  à  ?.oo  degrés.  Ils  renfermaient  une  certaine  quantité  d'amylgly- 
col  mono -acétique,  circonstance  qui  a  contribué  à  élever  un  peu  le  chiffre  de  l'hydrogène. 

G.   R.,  i8i8,  i"  Semesln-.  (T.  XLVI,  K"  S.)  ^2 


■  (  246  ) 
d'hydrate  de  potasse  sec  et  pulvérisé,  s'est  dédoublé  exactement  en  acétate 
de  potasse  et  en  amyiglycol .  Ce  dernier  composé  est  volatil  et  a  pu  être  séparé 
par  distillation  au  bain  d'huile. 

»  A  l'état  de  pureté,  l'amylglycol  est  un  liquide  parfaitement  incolore, 
très-sirupeux,  doué  d'une  saveur  amère.  Il  ne  se  solidifie  pas  à  —  iS",  mais 
devient  tellement  visqueux,  qu'on  peut  retourner  le  tube  qui  le  renferme 
sans  le  faire  couler.  Il  n'est  pas  doué  du  pouvoir  rotatoire.  Sa  densité  à 
o  degré  est  de  0,987.  Il  bout  à  177  degrés  et  distille  sans  altération.  H  est  à 
remarquer  que  son  point  d'ébullition  est  situé  au-dessous  de  celui  du  pro- 
pylglycol,  qui  passe  à  192  degrés,  et  qui  bout  lui-même  à  une  température 
inférieure  au  point  d'ébullition  du  glycol  lui-même.  Ces  faits  constituent 
nne  singulière  exception  à  la  loi  des  points  d'ébullition.  La  composition  de 
l'amylglycol  est,  exprimée  par  la  formule 

irioriio  ) 
h"  ^^*- 

»  Cette  formule  se  déduit  de  l'analyse  suivante  : 

Expérience.  Théorie. 

Carbone 57,77         C'°..  57,6g 

Hydrogène....      11,67         H"..  11, 53 
Oxygène O'    ..  80,78 


w  L'amylglycol  est  soluble  en  toutes  proportions  dans  l'eau,  dans  l'alcool 
et  dans  l'éther. 

')  Lorsqu'on  l'expose  au  contact  de  l'air,  après  l'avoir  mêlé  à  du  noir  de 
platine,  il  s'acidifie  rapidement.  L'acide  qui  se  forme  dans  cette  circon- 
stance forme  avec  la  chaux  un  sel  très-soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool. 
Il  renferme  probablement  C'^H'^O'.  D'après  cette  composition,  cet  acide 
serait  un  nouvel  homologue  de  l'acide  lactique. 

>>  L'acide  nitrique  attaque  l'amylglycol  avec  une  extrême  énergie.  Les 
produits  de  la  réaction  sont  de  l'acide  oxalique  et  un  acide  sirupeux  formant 
avec  la  chaux  un  sel  très-soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  insoluble  dans 
l'éther.  Cet  acide  sirupeux  est  différent  de  l'acide  lactique. 

»  Je  ne  fais  qu'indiquer  ces  réactions,  que  je  n'ai  pu  approfondir  jusqu'ici 
faute  de  matière,  u 

M.  BoENNER  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  dispositif  destiné  à 


(  ^47  ) 
avertir  à  600  mètres  de  distance,  un  convoi  en  marche  sur  un  chemin  de 
fer,  qu'un  obstacle  intercepte  la  voie. 

La  description  de  cet  appareil,  dont  un  modèle  en  petit  était  exposé  dans 
la  salle  d'entrée,  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Poncelet,  Combes  et  Seguier. 

M.  Paclet  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Dernier  supplément  à  ma  pre- 
mière démonstration  du  théorème  de  Fermât  » . 

Cette  Note  est  renvoyée,  avec  les  précédentes  qu'elle  est  destinée  à  com- 
pléter, à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Liouville  et  Ber- 
trand. 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  un  Mémoire  de  M.  Petit  de 
LA  Thuilerie  sur  la  théorie  des  parallèles. 

M.  RiGAVD  envoie  une  démonstration  supposée  nouvelle  du  postulatum 
d'Euclide. 

Renvoi  à  M.  Bertrand,  déjà  chargé  de  prendre  connaissance  de  récentes 
communications  du  même  auteur. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  un  Rapport  adressé 
à  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères  par  M.  de  Castelnau,  consul  de 
France  au  Cap,  sur  des  secousses  de  tremblement  de  terre  ressenties  dans 
cette  ville. 

Nous  extrayons  du  récit  de  M.  de  Castelnau  les  passages  suivants  ; 

«  Dans  la  nuit  du  i4  août  1867,  à  1 1  heures  3o  minutes,  la  ville  du  Cap 
a  éprouvé  une  assez  forte  commotion  de  tremblement  de  terre.  Deux  secous- 
ses successives  se  sont  fait  sentir;  la  durée  de  chacune  a  été  d'environ 
10  secondes  et  celle  du  phénomène  entier  de  4o;  elles  ont  été  précé- 
dées d'un  bruit  considérable  et  ressemblant  à  celui  produit  par  les  lourds 
chariots  à  bœufs  dont  on  se  sert  dans  ce  pays.  Dans  le  voisinage  de  la  mon- 
tagne de  la  Table,  le  mouvement  a  duré  plus  longtemps  que  dans  les  autres 
parties;  la  deuxième  secousse  a  été  plus  forte  que  la  première;  les  toitures 

32.. 


(  ^48  ) 

des  maisons  ont  été  fortement  agitées  et  quelques  murs  lézardés.  A  l'Ob- 
servatoire, le  phénomène  n'avait  nullement  agi  sur  les  instruments;  la  direc- 
tion paraît  avoir  suivi  le  méridien.  Les  animaux  ont  éprouvé  autant  de 
terreur  que  les  habitants,  les  chiens  aboyaient  et  les  chevaux  frémissaient 
dans  les  écuries.  On  a  ici  la  certitude  que  lé  tremblement  de  terre  a  élé 
ressenti  à  200  milles  au  nord  et  à  4oo  milles  vers  l'est. 

«  Dans  la  baie  de  la  Table,  on  a  remarqué  que  les  vagues  ont  déferlé 
pendant  le  phénomène  avec  une  force  plus  qu'ordinaire,  et  tous  les  navires 
ont  éprouvé  une  assez  violente  secousse.  Le  mouvement  s'est  également  fait 
sentir  en  pleine  mer,  car  le  capitaine  Boisse,  de  la  barque  Solertia,  qui  se 
trouvait  à  1 00  milles  au  sud  de  Cape-Point  et  à  peu  près  dans  le  même  méri- 
dien (latitude  36"3o';  longitude  i8*'5o'est),  rapporte  que,  par  un  calme 
parfait,  la  mer  est  devenue  tout  à  coup  très-agitée  [in  great  conjusion)  et 
qu'il  s'est  trouvé  lancé  à  Sg  milles  dans  l'est. 

')  Les  tremblements  de  terre  sont  rares  au  cap  de  Bonne-Espérance. 
Depuis  le  commencement  du  siècle,  on  n'a  observé  que  les  suivants  :  en  1 809, 
une  succession  de  secousses  a  été  sentie  et  a  duré,  dit-on,  depuis  le  4  dé- 
cembre jusqu'au  a4  du  même  mois. 

»  En  181 1,  le  a  juin,  on  éprouva  aussi  une  secousse  qui  a  été  décrite 
j)ar  Burschell.  Le  célèbre  voyageur  dit  qu'une  légère  secousse  s'était  fait 
sentir  l'année  précédente. 

»  En  1843,  on  ressentit,  dit-on,  une  légère  secousse,  mais  je  n'ai  rien  de 
précis  à  donner  à  cet  égard. 

»  Le  tremblement  de  terre  du  4  décembre  1809,  le  |)lus  fort  de  ceux  que 
l'on  a  éprouvés  au  cap  do  Bonne-Espérance,  a  produit  un  elfet  assez  singu- 
lier. On  trouve  très-abondamment  dans  la  baie  de  la  Table  un  poisson  du 
genre  Gadus  et  qui  est  peut-être  le  même  que  le  Merluciiis  de  Linné,  ou  dans 
tous  les  cas  une  espèce  infiniment  voisine  ;  mais  il  est  avéré  que  sa  pre- 
mière apparition  a  suivi  immédiatement  le  phénomène  en  question.  Le 
D''  Andrew  Smith,  dans  ses  Illustrations  de  la  Zoologie  de  l  Afrique  australe, 
cite  le  même  fait  à  propos  du  Kingsfisli  (Xi/jhiurus  capensis)  qui,  dit-on,  n'a 
paru  dans  les  parages  du  Cap  qu'à  la  suite  d'un  tremblement  de  terre;  mais 
ce  phénomène  doit  appartenir  à  une  époque  déjà  assez  reculée,  puisque  le 
voyageur  Barrows  parle  de  cette  espèce  en  1797.  » 

A  l'occasioi)  de  cette  communication,  M.  Boussixuault  fait  observer 
qu'en  effet  il  semble  établi  par  de  nombreuses  relations  que  les  animaux 
sont  très-effrayés  pendant  les  tremblements  de  terre.  Il  ajoute  que  sans 


(  ^^9  ) 
conlesJer  le  moins  du  monde  les  faits  rapportés  par  M.  de  Castelnaii,  il  peut 
affirmer  que  durant  un  des  tremblements  de  terre  les  plus  violents  qu'il  ait 
ressenti  dans  l'Amérique  méridionale,  il  a  vu  des  animaux  rester  complè- 
tement indifférents  au  phénomène.  M.  Boussingault  demande  à  l'Acadé- 
mie de  vouloir  bien  lui  permettre  d'insérer  dans  le  prochain  numéro  des 
Comptes  rendus  les  observations  qu'il  a  faites  à  ce  sujet  dans  une  circon- 
stance d'autant  plus  favorable,  qu'il  habitait  un  maison  construite  en  bam- 
bous, couverte  en  feuilles  de  palmier,  dont  le  séjour,  par  conséquent,  ne 
présentait  aucun  danger. 

«  Extrait  du  Journal  de  Voyage,  tome  III,  page  lyS  (manuscrit),  i6  no- 
vembre 1827.  Vega  de  Supia,  hacienda  del  rodeo  : 

"  A  6  heures  du  soir,  j'étais  assis  dans  ma  chambre,  lorsque  je  ressentis 
»  une  forte  secousse.  Je  crus  que  l'on  voulait  forcer  la  porte  de  la  mai- 
»  son  ;  mais  comme  le  mouvement  continuait,  je  sortis  et  je  vis  mes  domes- 
>!  tiques  en  prières,  dans  la  plus  grande  consternation.  La  terre  ne  cessait 
»  pas  d'être  violemment  agitée  horizontalement,  dans  une  direction  que 
«•  j'estimai  sud-est  nord-ouest.  Je  commençais  à  compter  le  temps.  Le  sol 
»  fut  encore  en  mouvement  pendant  trois  minutes.  Aussi  je  ne  crains  pas 
»  d'exagérer  en  disant  que  le  tremblement  de  terre  a  continué  pendant 
»  cinq  à  six  minutes.  (Le  docteur  Roulin,  qui  se  trouvait  à  l'est  et  au  pied 
»   de  la  Cordillère  occidentale,  en  a  estimé  la  durée  à  cinq  minutes.) 

»  Pendant  que  la  terre  tremblait,  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  plusieurs 
»  animaux  qui  se  trouvaient  sur  une  pelouse,  près  de  nion  habitation  : 
j>  deux  chèvres  restèrent  couchées  sur  l'herbe;  deux  mules  continuèrent  à 
»  paître,  comme  si  le  sol  eût  été  en  repos.  Un  chat  profita  du  désordre 
))  survenu  dans  la  cuisine  pour  s'emparer  d'un  morceau  de  viande. 

»  Après  que  la  terre  eut  cessé  de  trembler,  on  entendit  au  sud-est  seize 
»  détonations  comparables  au  bruit  lointain  du  canon  ;  mais  ce  bruit  était 
»  instantané,  sans  roulement,  bien  que  la  contrée  soit  très-montagneuse. 
y>   Il  s'écoulait  environ  trente  secondes  entre  chaque  coup.  » 

M.  LE  Secrétaire  PERPÉTCBL  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance deux  volumes  adressés  par  M.  Demidoff,  contenant,  l'un  les 
observations  météorologiques  faites  à  Nijne-Taguilsli  pendant  l'année  i855 
avec  le  résumé  des  dix  années  précédentes,  l'autre  des  observations  faites 
pendant  l'année  i856. 

M.  Chevreitl,  au  nom  de  M.  Niepce  de  Saint-Victor^  dépose  sur  le  bureau 
deux   photographies    exécutées    conformément  aux   faits   découverts  par 


(  25o  ) 
M.  Niepce  de  Saint-Victor  et  communiquée  à  l'Académie  par  M.  Chevreul. 

M.  Chevreul  fera 'connaître,  dans  une  des  prochaines  séances,  de  nouveaux 
faits  découverts  par  M.  Niepce  de  Saint-Victor. 

HYDRAULIQUE.  —  Note  sur  quelques  faits  observés  dans  les  dernières  crues  de  la 

Durance;  par  M.  Rozet. 

«  Depuis  que  j'ai  eu  l'honneur  de  lire  devant  l'Académie  un  Mémoire 
sur  les  ravages  des  torrents  et  les  inondations  des  rivières,  j'ai  été  appelé 
sur  les  bords  de  la  Durance  pour  mettre  en  pratique  quelques-uns  des 
moyens  préservatifs  indiqués  dans  ce  Mémoire. 

»  C'est  en  aval  du  pont  de  Manosque,  appartenant  à  M.  Ant.  Jouannon 
de  Lyon,  ainsi  que  le  terrain  qu'il  s'agissait  de  préserver,  qu'a  été  commen- 
cée l'exécution  de  deux  lignes  de  piliers  construits  avec  les  cailloux  de  la 
plage  cimentés  par  de  la  chaux  hydraulique.  Ces  lignes  étaient  destinées 
à  produire  des  remous  en  laissant  passer  l'eau  qui  devait  ensuite  aller  rem- 
plir des  sas  échelonnés  d'amont  en  aval  les  uns  au-dessus  des  autres  sui- 
vant la  pente  du  terrain.  Ces  sas  devaient  être  formés  par  des  digues  trans- 
versales venant  aboutir  aux  lignes  de  piliers. 

»  Malheureusement  nos  travaux  ont  été  commencés  trop  tard,  le  lo  oc- 
tobre, et  ils  n'étaient  pas  à  moitié  faits  quand  deux  crues  successives  sont 
venues  les  interrompre. 

>'  Dans  la  première  de  ces  crues,  tous  les  piliers,  de  i  mètre  cizbe  chacun, 
dont  la  chaux  n'avait  pas  eu  le  temps  de  prendre  assez  solidement,  ont  été 
complètement  démolis  ou  plus  ou  moins  endommagés;  mais  ceux  construits 
depuis  douze  à  quinze  jours  ont  parfaitement  résisté,  bien  que  les  digues 
transversales  n'aient  pas  élé  achevées,  ce  qui  a  laissé  les  piliers  exposés  à 
toute  la  force  du  courant. 

»  A  la  seconde  crue,  venue  huit  jours  après  la  première,  les  piliers  in- 
tacts n'ont  aucunement  souffert,  et  ceux  endommagés  ont  été  seulement  un 
peu  plus  inclinés. 

»  Nos  piliers  ayant  pour  base  un  lit  de  chaux  hydraulique,  ont  été  élevés 
sur  le  sol  caillouteux  sans  aucune  fondation,  et  cela  parce  qiie  nous  avions 
reconnu  qu'à  la  surface  les  cailloux,  cimentés  par  un  mélange  de  sable  et 
de  calcaire,  forment  une  base  plus  solide  qu'au-dessous,  où  le  ciment  cal- 
caréo-sableux  est  toujours  humide  et  incohérent. 

))  Dans  le  courant  de  novembre,  trois  nouvelles  crues  ont  couvert  nos 
piliers  sans  leur  causer  aucune  avarie. 


(  25i  ) 

»  Ainsi  donc,  un  pilier  de  i  mètre  cube  seulement,  cimenté  sur  le  sol 
caillouteux  de  la  Durance,  dans  une  des  localités  où  son  courant  est  le  plus 
rapide,  résiste  à  l'effort  de  ce  courant.  Ce  fait  capital  prouve  qu'il  n'est  pas 
nécessaire  d'immenses  constructions,  comme  on  en  fait,  inutilement, 
depuis  tant  d'années,  pour  arrêter  les  ravages  de  cette  terrible  rivière. 

B  Plusieurs  autres  faits,  observés  pendant  mon  séjour  dans  la  vallée  de 
la  Durance,  viennent  confirmer  cette  conclusion. 

»  Dans  les  portions  du  lit  qui  restent  à  sec  après  les  crues,  il  existe,  dis- 
séminés çà  et  là,  de  petits  buissons  d'épines,  des  saules  et  des  peupliers 
branchus  dont  la  grosseur  du  plus  fort  n'excède  pas  celle  du  bras.  Chaque 
buisson  et  chaque  arbre  a  déterminé,  au-dessous  de  lui,  un  petit  dépôt 
de  sable  et  de  cailloux.  Quand  trois  ou  quatre  se  sont  trouvés,  à  la  suite 
les  uns  des  autres,  à  une  distance  de  3  à  4  mètres  l'un  de  l'autre,  dans  la 
direction  du  courant,  il  s'est  formé  une  digue  qui  s'étend  en  aval  à  une 
longueur  égale  à  celle  qui  sépare  le  premier  arbre  du  dernier.  La  forme  de 
cette  digue  mérite  toute  l'attention  de  l'observateur  :  elle  est  bombée  vers 
l'axe  occupé  par  les  arbres  et  présente,  de  chaque  côté,  des  talus  en  pente 
douce  qui  se  raccordent  parfaitement  avec  le  sol.  Ce  sont  des  talus  d'équi- 
libre, c'est-à-dire  dont  la  surface  n'est  plus  rongée  par  l'eau.  En  effet,  pen- 
dant la  crue,  le  maximum  de  dépôt  se  fait  suivant'  la  ligne  des  arbres  où  la 
vitesse  du  courant  se  trouve  notablement  diminuée  ;  et  lors  de  la  retraite 
des  eaux,  le  dépôt  qui  va  toujours  en  diminuant  à  mesure  qu'il  s'éloigne  de 
l'axe,  ne  se  compose  que  de  matériaux  que  le  courant  ne  peut  entraîner; 
les  mêmes  effets  se  continuant,  on  conçoit  qu'il  arrive  un  moment  où  le 
dépôt  devient  horizontal.  Quand  l'eau  remonte  dans  les  crues,  elle  ne  détruit 
pas  le  dépôt,  parce  que  la  résultante  des  forces  qui  agissent  contre  lui  est 
sensiblement  parallèle  à  sa  surface. 

»  Dans  la  brochure  que  j'ai  distribuée  aux  Membres  de  l'Académie  vers 
la  fin  de  i856,  pages  33  et  suivantes,  j'ai  cité  plusieurs  faits  semblables  pro- 
duits par  des  arbres,  des  bois  taillis  et  des  haies  dans  le  lit  de  la  Loire  pen- 
dant l'inondation  de  i856.  Il  résulte  de  l'ensemble  de  ces  faits  que  l'on 
peut  tirer  un  grand  parti  des  plantations  le  long  des  rivières  pour  arrêter 
les  ravages  des  inondations  :  il  vaudrait  mieux  contenir  le  cours  de  la  Loire 
entre  deux  bandes  de  bois  de  saules  et  de  peupliers  qu'entre  des  digues  éle- 
vées à  tant  de  frais,  qui  coûtent  tant  d'entretien  et  dont  la  rupture  cause  de 
si  grands  malheurs  dans  les  fortes  crues. 

»  L'observation  des  talus  d'équilibre,  qui  sont  nombreux  dans  le  lit  de 
la  Durance,  m'a  donné  l'idée  d'une  digue  n'ayant  point  à  redouter  les 


(    252    ) 

affouillements  qui  détruisent  toutes  celles  que  l'on  construit  pour  arrêter 
les  ravages  des  crues.  I^a  face  de  ma  digue  opposée  au  courant,  est  une  por- 
tion de  surface  cylindrique  circulaire  d'un  rayon  tel,  qu'elle  soit  elle-même 
un  talus  d'équilibre,  ou  à  très-peu  prés,  c'est-à-dire  que  l'eau  en  passant 
dessus  ne  puisse  rien  lui  enlever,  ce  qui  exige  que  la  résultante  des  forces 
qui  agissent  contre  elle  lui  soit  sensiblement  parallèle  et  que,  dans  les 
crues,  l'eau  passe  un  peu  par-dessus  cette  digue. 

»  Je  la  construis  avec  de  la  chaux  hydraulique,  cimentant  les  cailloux 
ramassés  dans  le  lit  du  cours  d'eau;  il  suffira  même  d'iuie  certaine  épais- 
seur de  cailloux  cimentés  avec  la  chaux  hydraulique,  tout  l'intérieur  de  la 
digue  pouvant  rester  en  cailloux  secs,  ce  qui  diminuera  beaucoup  la  dé- 
pense. 

»  Cette  nouvelle  digue  pourra  servir  à  couper  les  nombreuses  branches 
de  la  Durauce,  du  Verdon,  etc.,  sans  eau  ou  ayant  très-peu  d'eau  après  les 
crues  et  par  où  elle  passe  pour  dévaster  le  pays  quand  elle  monte.  Cette 
digue  étant  établie  à  l'origine  d'une  branche,  si  l'on  coupe  ensuite  le  reste 
du  lit,  en  aval,  par  des  barres  transversales  faites  avec  des  pieux,  des  fas- 
cines et  des  cailloux,  on  formera  une  suite  de  sas,  versant  les  uns  dans  les 
autres,  qui  finiront  par  se  combler  et  détriiire  complètement  la  branche. 

I'  En  établissant,  dans  le  haut  des  grands  cours  d'eau,  les  fortes  digues 
criblantes  que  j'ai  décrites  dans  ma  brochure,  on  voit,  d'après  les  faits  pré- 
cédents, qu'il  pourrait  devenir  facile  d'arrêter  les  ravages  de  leurs  crues 
et  de  rendre  à  l'agriculture  une  grande  partie  du  sol  qu'ils  dévastent.  » 

GÉOLOGIE.   —  Seconde  Note  sur  la  présence  du  mercure  natif  dans  le  sol  sur 
lequel  Montpellier  est  hâti;  par  M.  Marcfx  de  Serres. 

«  En  examinant  avec  une  grande  attention  les  grès  et  les  poudingues 
dans  lesquels  on  a  retrouvé  récemment  du  mercure  natif  à  Montpellier,  je 
me  suis  aperçu  que  ce  minerai  paraissait  accompagné  par  le  protochlorure 
et  le  sulfure  noir  du  même  métal.  Le  calomel  n'y  est  pas  sous  la  forme  de 
globules  comme  le  mercure,  mais  en  veines  déliées  presque  ramifiées,  mais 
tellement  interrompues,  qu'elles  ont  peu  de  continuité.  Quant  au  sulfure 
noir,  sa  présence  dans  ce  même  gisement  nous  a  paru  tout  à  fait  acciden- 
telle, et  tenir  à  celle  de  l'hydrogène  sulfuré  qui  devait  être  abondant  dans 
des  terrains  très-rapprochés  des  habitations  et  qui  recevait  des  eaux  sales 
de  toute  nature. 

»  En  effet,  le  protochlorure  de  mercure  peut  facilement  se  transformer 


(  a53  ) 
en  sulfure  au  contact  de  l'acide  hydrosulfhydrique  par  double  décompo- 
sition ;  il  se  produit  de  l'acide  chlorhydrique.  On  peut  exprimer  cette  réac- 
tion parla  formule  suivante  : 

Hg»  Cl  +  HS  =  Hg*S  +  HCl. 

»  Le  sulfure  noir  de  mercure  (si  c'est  bien  à  cette  combinaison  mercu- 
rielle  que  se  rapporte  l'échantillon  que  nous  avons  en  vue)  se  trouve  en 
petites  masses  noires  presque  pulvérulentes  au  milieu  desquelles  on  aper- 
çoit de  petits  globules  de  mercure  natif,  que  l'on  distingue  facilement  en 
raison  de  leur  éclat. 

»  L'apparence  et  l'aspect  de  ce  sulfure  fait  présumer  qu'il  pourrait  bien 
en  exister  de  deux  sortes,  comme  il  en  est  du  chlorure,  c'est-à-dire  un  pro- 
tosulfure et  un  deutosulfure. 

»  Lorsque  les  fouilles  que  l'on  fait  en  ce  moment  auprès  du  Marché  au 
Poisson  nous  auront  procuré  des  échantillons  de  ces  divers  minerais,  nous 
nous  assurerons  par  l'expérience  directe  si  nos  prévisions  sont  ou  non 
fondées.  Du  reste,  les  deux  variétés  de  sulfure  de  mercure,  le  noir  et  le 
rouge,  se  trouvent  l'une  et  l'autre  dans  la  nature,  mais  dans  des  gisements 
et  dans  des  positions  géologiques  bien  plus  anciennes  que  celles  où  nous 
avons  rencontré  le  sulfure  noir. 

»  Quoique  nous  regardions  ce  sulfure  comme  tout  à  fait  accidentel  dans 
le  gisement  du  mercure  natif  de  Montpellier,  nous  sommes  loin  d'avoir 
la  même  opinion  relativement  à  ce  dernier  minerai.  Il  suffit,  à  ce  qu'il  nous 
semble,  de  voir  l'espace  qu'il  occupe  et  le  calomel  cristallisé,  ou  en  veines 
dont  il  est  parfois  accompagné,  pour  regarder  ce  métal  comme  dans  son 
propre  gisement,  quelque  différence  qu'il  présente  avec  ceux  où  il  a  été 
aperçu  jusqu'à  présent. 

»  Les  faits  que  nous  venons  de  soumettre  à  l'attention  de  l'Académie  ont 
sans  doute  un  certain  intérêt  scientifique,  mais  ils  n'ont  pas  la  même  im- 
portance pour  l'industrie.  En  effet,  le  mercure  est  loin  d'être  assez  abon- 
dant à  Montpellier,  du  moins  jusqu'à  ce  moment,  pour  être  exploité  avec 
quelque  avantage  ;  c'est  une  véritable  curiosité  minéralogique,  mais  pas 
autre  chose.  » 

M.  Gagnage  présente  une  Note  sur  la  préparation  d'un  engrais  qui  doit 
conserver  une  quantité  des  principes  actifs  que  l'on  perd  dans  le  procédé 
au  moyen  duquel  on  obtient  communément  la  poudrette. 

M.  Payen  est  prié  de  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  de  faire  savoir 
s'il  y  a  lieu  de  la  renvoyer  à  l'examen  d'une  Commission. 

C.  R.,  i858,  !«'•  Scmeitre.  (T.  XLVI,  NOS.)  »  33 


(  254  ) 

GEOLOGIE.  —  EXPLOITATION  DES  MINES.   (Extrait  d'une  Lettre  de  M.   le  D' 
Charles  T.  Jackson  à  M.  Elle  de  Beaiimont.) 

Dans  une  I^ettre  en  date  du  6  octobre  i856,  insérée  dans  le  Compte  ^ 
rendu  de  la  séance  du  3  novembre  suivant  (tome  XLIII,  page  883),  M.  le 
D']Charles  T.  Jackson  avait  informé  M.  Elie  de  Beaumont  de  la  découverte 
faite  par  M.  Wainwright,  à  Braintree,  près  Boston,  du  Paradoxides  harlani, 
et  lui  avait  annoncé  qu'il  lui  en  enverrait  quelques  moules  lorsqu'il  au- 
rait une  occasion. 

M.  Élie  de  Beaumont  vient  en  effet  de  recevoir  et  il  s'empresse  de  mettre 
sous  les  yeux  de  l'Académie  un  moule  du  Paradoxides  harlani  envoyé  par 
M.  Jackson;  il  communique  eu  même  temps  l'extrait  suivant  d'une  Lettre 
de  ce  savant  géologue. 

«  Boston,  le  i6  juillet  1837. 

«  Je  vous  envoie  par  les  mains  de  M.  Joseph  Locke,  de  Cincinnati,  un 
moule  de  l'un  de  mes  Paradoxides  harlani  de  Braintree.  Vous  pourrez  mul- 
tiplier les  épreuves  de  ce  moule,  parce  qu'il  est  saturé  d'huile  de  lin. 

»  Je  m'occuperai  de  la  recherche  de  nouveaux  fossiles  dans  cette  carrière 
quand  elle  sera  remise  en  exploitation,  ce  qui  aura  lieu  aussitôt  que  la  saison 
des  foins  sera  passée.  Si  l'on  y  trouve  quelque  chose  de  nouveau,  je  vous 
le  ferai  connaître. 

»  Je  me  suis  livré  dernièrement  à  l'étude  de  la  fameuse  région  de 
plomb  argentifère  du  comté  de  Davidson,  dans  la  Caroline  du  Nord,  où  la 
galène  est  très-riche  à  la  fois  en  argent  et  en  or.  J'ai  examiné  l'ancienne  mine 
de  Washington  ou  de  Silver-Hill  dans  laquelle  existe  un  filon  de  blende  brune 
granulaire,  argentifère  et  aurifère,  ayant  jusqu'à  a/J  pieds  de  puissance.  . 
Après  beaucoup  d'essais  infructueux,  il  est  maintenant  exploité  avec  profit, 
grâce  aux  ingénieuses  tables  à  secousse  de  M.  Bradfort,  de  New-York,  qui 
séparent  les  minerais  pesants  avec  une  netteté  parfaite  et  rejettent  perpétuel- 
lement le  minerai  pesant  à  une  extrémité  et  le  minerai  léger  à  l'autre.  Trente 
de  ces  tables  sont  en  action.  Je  ne  crois  pas  qu'elles  soient  connues  en 
France.  J'ai  vu  les  grandes  tables  à  secousse  employées  à  Chessy;  mais 
celles-ci  .sont  complètement  différentes,  et  elles  sont  plus  efficaces.  Elles 
fonctionnent  suivant  le  principe  du  vannage  à  la  pelle  des  mineurs  du  Cor- 
nouailles.  Ces  tables  sont  en  bronze;  elles  ont  environ  2  pieds  de  longueur 
sur  1 8  pouces  de  largeur,  et  leurs  extrémités  sont  munies  de  galets.  Elles  sont 
mues  rapidement  par  des  manivelles  d'un  court  rayon.  La  galène  argentifère- 
aurifère,  nettoyée  après  avoir  été  séparée  et  séchée,  est  mise  dans  des  sacs 


•*  (  255  )  • 

pesant  200  livres  chacun  et  envoyée  à  Phœnixville,  en  Pensylvanie,  où  elle 
est  fondue  et  coupellée  :  on  relire  quelquefois  de  chaque  tonne  de  minerai 
une  quantité  d'or  ayant  une  valeur  de  5oo  dollars.  L'argent  est  dans  la  pro- 
portion de  60  à  70  onces  par  tonne. 

«  La  mine  a  maintenant  une  profondeur  de  3oo  pieds;  on  y  a  mis  à 
découvert  une  quantité  de  minerai  suffisante  pour  alimenter  l'exploitation 
pendant  cinq  ans  sans  autres  travaux  que  des  ouvrages  en  gradins. 

»  J'ai  exploré  un  nouveau  filon,  à  5  ou  6  milles  à  l'est  de  Silver-Hill, 
où  il  y  a  peu  de  cette  blende  incommode  et  où  la  galène  tout  à  fait  pure  se 
trouve  dans  un  filon  de  quartz  et  dans  le  schiste.  Cette  galène  contient 
64  onces  d'argent  par  tonne  de  plomb  et  une  proportion  d'or  qui  n'est  pas 
encore  déterminée  rigoureusement,  mais  qu'on  sait  être  considérable.  Cette 
mine  va  maintenant  être  exploitée  par  la  compagnie  de  Baltimore. 

»  J'ai  également  examiné  la  mine  de  cuivre  de  Gillis,  située  dans  le  comté 
de  Person,  près  de  la  frontière  de  la  Virginie.  Le  minerai  est  le  cuivre  vitreux 
(cuivre  sulfuré)  et  il  est  renfermé  dans  du  quartz.  Le  filon  est  presque  verti- 
cal, et  près  de  la  moitié  de  sou  épaisseur,  qui  est  de  i  pied,  est  formée  de 
minerai.  Cette  mine  a  envoyé  une  cargaison  de  minerai  de  cuivre  à  Boston. 

»  Les  nombreuses  mines  d'or  de  la  Caroline  du  Nord  continuent  à  être 
exploitées.  Celle  de  Gold-Hill  donne  maintenant  de  grands  produits. 

»  La  Société  d'Histoire  naturelle  de  Boston  s'est  accrue  d'une  Section  de 
Micrographie  qui  promet  des  résultats  intéressants.  « 

CHIMIE   ORGANIQUE.    —    Recherches   sur  les   hases  polyammoniques ; 
par  M.   A.-W.  Hofhanbi.  (Lettre  à  M.  Pelouze.) 

«  En  poursuivant  mes  recherches  sur  la  constitution  des  bases  orga- 
niques, j'ai  fait  quelques  observations  que  je  prends  la  liberté  de  vous 
communiquer. 

»  Mes  expériences  antérieures  m'avaient  conduit  au  résultat  que  l'hydro- 
gène de  l'ammonium  peut  être  remplacé,  équivalent  par  équivalent,  par 
des  radicaux  éiectropositifs  monatomiques,  tels  que  le  méthyle  et  l'éthyle, 
donnant  lieu  à  une  série  d'aminoniums  composés  dont  on  peut  formuler  les 
sels  de  la  manière  suivante  : 


/Hj  /R-  /RM  jR'. 

N   U      CI,     N      «       Cl,      N      ^'      Cl,      N      ^;  ' 
H  H  H  Ri 

\  H  I  (  H    '  l  H    )  (  H'  ' 

R'  représentant  un  radical  électropositif  monatomique. 


33. 


(  256  ) 

>'  Ces  substitutions  successives  avaient  été  accomplies  par  l'action  des 
bromures  et  iodiires  alcooliques  sur  l'ammoniaque. 

»  Les  éludes  sur  les  alcools  polyatomiques  qu'on  a  faites  dans  ces  der- 
niers temps  en  France,  les  belles  expériences  de  M.  Berthelot,  et  surtout  les 
recherches  classiques  de  M.  Wurtz  sur  les  glycols,  recherches  qui  ont  fixé 
le  point  de  vue  général  de  cette  question,  m'ont  conduit  à  étendre  mes 
travaux  aux  combinaisons  diatomiqueset  triatomiques. 

»  En  prenant  comme  point  de  départ  les  combinaisons  qui  se  forment 
par  l'action  réciproque  entre  l'ammoniaque  et  les  acides  bibasiques  et  tri- 
basiques,  savoir  les  diamides  et  les  triamides,  dérivant  de  deux  ou  de  trois 
molécules  d'ammoniaque,  la  formation  des  bases  polyammoniques  par 
l'action  de  l'ammoniaque  sur  les  alcools  polyacides  devenait  très-probable. 
En  se  basant  sur  ces  analogies  on  devait  attendre,  dans  l'action  des  chlorures 
ou  bromures  des  alcools  biacides  sur  l'ammoniaque,  la  formation  d'une  série 
de  sels  dont  voici  les  formules,  R"  représentant  une  molécule  biatomique  : 

IK"\  I  R"  \  /  R"  /  R" 

nJ  s;  !  ci„    N,  !  J"  I  eu,    N,    ^.,    eu,    N,    ^I }  eu. 


j   H» 

l  H' 


H'    ;  \    W  R" 


»  La  science  possède  déjà  quelques  observations  fort  intéressantes  sur 
les  dérivés  ammoniaques  des  alcools  biacides.  En  substituant  dans  l'action 
sur  l'ammoniaque  la  liqueur  des  Hollandais  au  bromure  d'éthyle,  M.  Cloèz 
a  obtenu  il  y  a  déjàcinqans  [Institut,  i853,  p.  ai  3)  une  série  de  bases,  dont 
il  décrit  deux  sous  les  noms  de  formyiiaque  et  d'acélyliaque,  et  auxquelles 
il  attribue  les  formules  suivantes  : 

Formyiiaque.   .    .     C,  H,  N, 
Acétyliaque  .  .    .     C,  Hj  N, 

»  M.  Cahours  [Leçons  de  Chimie  générale,  tome  II)  y  décrit  ces  corps  sous 
l'es  noms  de  méthéniaque  et  élhéniaque,  signalant  en  outre  une  troisième 
base  de  M.  Cloëz,  la 

Propéniaque.    .   .     e.  H,  N. 

)j  A  une,  époque  ultérieure,  M.  Natanson  a  étudié  l'action  de  l'ammo- 
niaque sur  la  liqueur  des  Hollandais  chlorée.  Cette  réaction  engendre  des 
produits  analogues,  mais  le  nombre  des  bases  paraît  être  moindre,  le  pro- 
duit principal  étant  lui  chlorure  qui  semble  contenir  l'éthéniaque  de 
M.  Cloëz  ou  une  base  isomère. 


(  257  ) 
»  En  examinant  attentivement  les  résultats  de  M.  Cloëz,  il  m'a  paru  très- 
probable  que  les  bases  qu'il  a  décrites  sont  les  véritables  composés  diam- 
moniques  que  je  cherchais.  En  effet,  on  ne  comprend  qu'avec  difficulté  la 
formation  d'un  corps  formique,  acétique  et  propylique,  corps  appartenant 
à  trois  différentes  séries,  dans  l'action  d'un  seul  composé,  le  bibromure 
d'éthylène,  sur  l'ammoniaque.  Cela  paraîtra  très-probable  si  l'on  considère 
les  points  d'ébullition  très-élevés  de  ces  corps,  ainsi  que  les  différences  entre 
les  points  d'ébullition  des  trois  bases  :  :     ,, 

Méihéniaque C,H3N=i23  1    ..„,  , 

'  \   différence  47» 

Éthéniaque CjHjN — fijo   ) 

Propéniaque CjH,  N  =  2io       différence  4o- 

»  Ces  différences  sont  à  peu  près  le  double  de  ce  qu'on  devait  attendre 
pour  des  corps  représentés  par  les  formules  citées. 

»  Toutes  ces  difficultés  disparaissent  en  soumettant  les  formules  de 
M.  Cloèz  à  une  légère  altération,  en  admettant  que  la  méthéniaque,  l'éthé- 
niaqiie  et  la  propéniaque  sont  les  bases  diammoniques  de  la  série  de  l'éthy- 
lène,  dérivant  de  deux  molécules  d'ammoniaque  par  la  substitution  succes- 
sive des  molécules  biatomiques  à  l'hydrogène. 

»  En  adoptant  une  telle  constitution  pour  ces  corps,  la  méthéniaque, 
l'éthéniaque  et  la  propéniaque  deviennent  de  l'ammoniaque  éthylénée,  dié- 
thylénée  et  triélhylénée.  ' 

»  J'ai  essayé  de  trancher  cette  question  par  l'expérience. 

»  Iv'analyse  de  la  méthéniaque  qui  forme  des  combinaisons  très-définies 
promettait  un  résultat  décisif. 

»  En  répétant  les  belles  expériences  de  M.  Cloëz,  j'ai  eu  l'occasion  de 
constater  les  indications  données  par  cet  habile  chimiste  sur  la  formation 
des  bases  dérivant  du  bibromure  d'éthylène.  ,  j->     ', 

»  M.  Cloëz  représente  la  composition  de  la  méthéniaque  par  l'expression 

C.HjN, 
et  celle  du  chlorhydrate  par 

CaH3N,HCl. 

Envisagé    comme  combinaison   diammonique,   le    chlorhydrate    de    cette 
base  devrait  être  représenté  par  la  formule 

C.HgNa,  aHCl  =  2(C2H,N,  HCl), 


(  258  ) 

les  deux  formules  ne  différant,  comme  on  voit,  que  par  un  seul  équivalent 
d'hydrogène. 

»  L'analyse  d'un  chlorhydrate  magnifique  m'a  fourni  les  résultats  sui- 
vants : 

Formule  de  M,  Cloëz.  Fornuile  bialomique.  Moy'eir  c  des  analyses. 

CîH.NCl  C,  H„N,CU 

Carbone i8,3a  i8,o4  '7?87 

Hydrogène.  ...  6,ro  7>5i  7»55 

Chlore 54,19  53,38  53, 17 

I)  En  préparant  la  base  libre  par  l'action  d'un  excès  d'alcali  sur  le  chlor- 
hydrate, j'ai  trouvé  avec  étonnement  que  la  méthéniaque  retient  de  l'eau 
qui  ne  se  sépare  pas  même  par  le  contact  prolongé  avec  la  baryte  anhydre 
et  par  des  distillations  successives  sur  le  même  agent. 

»  L'analyse  d'un  échantillon  parfaitement  pur  a  fourni  des  résultats  dont 
voici  la  moyenne  : 

Formule  de   M.CIoëï.  Formule  bialomique.  Moyenne  des  analyies. 

C,H,NO  C,H„N,0, 

Carbone 3i,58  80,76  30,67 

Hydrogène 10, Sa  12,8?.  '2,97 

Nitrogène 36,84  35, 90  36,32 

Oxygène 21,06  20,52  20,04 

100,00  100,00  100,00 

»  Ces  résultats  me  paraissent  concluants  pour  la  constitution  de  la  mé- 
théniaque, et  il  devient  aussi  très-probable  que  l'éthéniaque  et  la  propé- 
niaque  sont  les  corps  diammoniques  diéthylénés  et  triéthylénés. 

i>  Restait  à  trouver  le  corps  tétréthylénique  de  cette  série  :  or  je  me  suis 
convaincu  par  l'expérience  que  les  diamines  éthylénée,  diéthylénée  et  trié- 
thylénée  sont  promptement attaquées  par  le  bibromured'éthylène,  avec  for- 
mation d'un  corps  nouveau  non  volatil,  possédant  des  propriétés  très-sem- 
blables à  celles  de  l'oxyde  de  tétréthylammonium,  qui  est  probablement  le 
quatrième  terme  de  la  série.  Si  des  expériences  ultérieures  viennent  confir- 
mer cette  vue,  l'action  du  bibromure  d'éthylène  sur  l'ammoniaque  pro- 
duirait une  série  de  corps  parfaitement  analogues  aux  bases  que  j'ai  obtenues 
par  l'action  du  bromure  d'éthyle  : 


(  259 


Bromule  d'éthyl- 
ammonium 


2<Hi   J 

H    ! 

H    I 


Bromure  de 

1  C.H. 

diéthylammoniiiin 

1  H 
.       H 

Bromure  de  triéthyl- 

1  C.Hs 

ammonium 

1  C,H, 
i       H 

Bromure  de  tétréthyl- 

1  C,Hs 

ammonium 

1  C.H, 
i  C.  Hs 

>  N  Br, 


N  Br, 


N  Br, 


N  Br, 


Bibromure  d'élhyl- 
eiidiammonium 


Bibrom.  de  diéthyl- 
endiammonium 


Bibrom.  de  triéthyl- 
endiammonium 


(C,  H.)" 
H, 

!  ::\ 

1  (C.  HO"  ( 
H, 
H, 

(C4  H.)"  f 
(C.  H,)" 
H, 


Na  Br^, 


N,  Br. 


Na  Brj, 


/(C.H.)" 
Bibrom.  de  tétréthyl-|  (C,  H,)" 
endiammonium     i(C4H,)"i     * 
'(C.H,)"1 


N,  Br, 


»  L'existence  des  combinaisons  diammoinaques  m'a  suggéré  l'idée  d'é- 
fendre  mes  observations  aussi  sur  les  alcools  triatomiques  et  de  somnettre 
à  l'action  de  l'ammoniaque  les  corps 

C,H,Br3, 
C,H3Br3, 
CeH.Br,. 

»  L'analogie  laissait  entrevoir  dans  cette  réaction  la  formation  d'une 
série  de  composés  triammoniques  de  la  composition 


N, 


R" 
H, 

H= 
H3 


IS;, 


R" 

R'" 

Ha 

H, 


Br,, 


N 


R" 

R'" 
R"' 
H» 


Br,,.       N, 


R- 
R" 


I  R'"  ^ 


Br,. 


Je  n'ai  pas  encore  réussi  à  réaliser  ces  corps  en  traitant  l'ammoniaque  par 

des  chlorures  et  bromures  triatomiques.  Les  procédés  que  j'ai  tentés  engen- 
drent d'autres  réactions.  Mais  le  résultat  change  quand  on  substitue  à  l'am- 
moniaque des  bases  amidées.  Cette  réaction  et  surtout  celle  du  chloroforme 
sur  l'aniline  m'a  fourni  des  alcaloïdes  magnifiquement  cristallisés  d<jnt 
l'étude  m'occupe  en  ce  moment. 

»  D'ailleure  on  connaît  déjà  un  corps  qui  me  parait  appartenir  aux  ba.ses 
triammoniques. 

»  La  cyanéthine  de   MM.   Kolbe  et  Frankland    représentée  par  la  for- 


(    26o    ) 

mule 

C(8  H, 5  N,, 
est  probablement 

c'est-à-dire  une  triammoniaque  dont  les  neuf  équivalents  d'hydrogène  sont 
remplacés  par  trois  équivalents  du  radical  triatomique  que  nous  admettons 
dans  la  glycérine.  » 

M.  Bastant  (Gallardo)  adresse  de  Barcelone  une  Note  sur  une  modifi- 
cation qu'il  a  imaginée  pour  la  pile  et  qu'il  croit  pouvoir  contribuer  à  faci- 
liter l'application  des  électromoteurs. 

M.  Becquerçl  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  voir  si 
elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  E.  D.  B. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i"  février  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Statue  de  Etienne  Geoffroj-Saint-Hilaire  à  Etampes.   Paris,   1857;  br. 

Recherches  analytiques  sur  lesarrazin  considéré  comme  substance  alimentaire  ; 
par  M.  Isidore  Pierre.  Paris,  i858;  br.  in-8°. 

Chimie  appliquée  à  la  viticulture  et  à  l'œnologie,  leçons  professées  en  i856 
par  M.  G.  Ladrey,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Dijon.  Paris, 
1857;  I  vol.  in-12. 

Exposition  et  histoire  des  principales  découvertes  scientifiques  modernes;  par 
M.  Louis  Figuier;  t.  IV.  Paris,  1857;  in-ia. 

Du  pronostic  de  l'épilepsie  et  du  traitement  de  cette  maladie  parle  valérianate 
d'atropine;  fragment  d'un  Mémoire  lu  devant  l'académie  impériale  de  Méde- 
cine; parle  D''  MiCHÉA.  Paris,  i858;  br.  in-S". 

Observations  météorologiques  faites  à  Nijné-Taguilsh  {monts  Ourals,  gouver- 
nement de  Perm).  Résumé  des  dix  années  1 845-1 854  et  années  i855  et  i856, 
Paris,  1857  et  i858;  a  br.  in-S". 


(  a6i  )• 

Paralysie  du  nerf  facial  produite  à  volonté  dans  un  cas  de  lésion  de  l  oreille 
moyenne;  par  M.  le  D' Deleau  jeune.  Paris,  1 858  ;  ^  feuille  in- 1 8. 

Description  du  navire  aérien  dirigeable.  Système  J.-B.  Métivier,  de  la  Cou- 
ronne, près  d'Angoulême;  avec  une  planche;  ^  feuille  in-8°. 

Expédition  dans  les  parties  centrales  de  C Amérique  du  Sud,  de  Rio  de  Janeiro 
à  Lima,  et  de  Lima  au  Para;  exécutée  par  ordre  du  Gouvernement  français  pen- 
dant les  années  1 843  à  1 847,  sous  la  direction  du  comte  Francis  de  Casteljnau; 
VP  partie,  £o<anjqiwe;  8*  livraison  in-4°. 

Nos  souvenirs  de  Kil-Bouroun  pendant  l'hiver  passé  dans  le  liman  du  Dnieper 
(i855-i856).  Les  officiers,  officiers  mariniers  et  marins  de  la  division  navale 
de  Kil-Bouroun;  album  lithographie  par  MM.  Bayot,  Eug.  CiGÉRi  et  Morel- 
FatiO;  grand  in-folio. 

Mémoires  de  T  Institut  national  Genevois,- 1.  I  à  IV,  années  i853-i856.  Ge- 
nève, 1854-1857  ;  in-4°. 

Société  F hilomatiiiue  de  Paris.  Extraits  des  procès-verhaux  des  séances  pen- 
dant l'année  1857;  br.  in-8°. 

Dello  stato...  Considérations  duD'R.  Bellini  sur  l'état  dans  lequel  se  trouve 
actuellement  l'humorisme  pathologique.  Visa,  1858;  in-8°. 

Esame. . .  Examen  philosophique  de  l'abbé  Joseph  Piolanti  sur  la  médecine 
actuelle  et  antique.  Macerata,  1857  ;  in-8°. 

Ueber  die...  Recherches  expérimentales  sur  les  causes  des  formes  des  os;  par 
M.  leD'^L.  FiCR.  Goltingue,  1857;  in-4°. 


G.    R.    i858,    i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  Jî.)  34 


(  a6a  ) 

PCBUGATIONS     PERIODIQUES     REÇUES      PAR     l'aCAD^MIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    JANVIER    i8S8. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  PelouzEj 
BoussiNGAULT,  Regnault,  DE  Senarmont  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de 
Chimie  et  de  Physique  publiés  à  [étranger^  par  MM.  Wurtz  et  VeRDet; 
3'  série,  t.  LII;  janvier  iSSy;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d' Agriculture ,  Arts  et  Commerce  du  département  de  la 
Charente;  t.  XXXIX;  année  1857;  n"'  i  à  4;  in-8°. 

Annales  de  l' Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d' Agriculture  ; 
t.  X,  n"  12;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d  Hydrologie  médicale  de  Paris;  Comptes  rendus  des 
séances,  t.  IV;  5*  livraison  ;  in-8" 

Annales  forestières  et  métallurgiques;  décembre  1857  ;  in-8°. 

Boletin...  Rultetin  de  l'Institut  médical  de  Valence;  décembre  1867; 
in-8°. 

Ribliothèque  universelle  de  Genève;  décembre  1867;  in-8**. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXIII,  n"'  5-8;  in-8*'. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  26*  année;  a*  série,  t.  III,  n°  i  2  ;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  4«  série;  t.  XIV;  décembre  1867; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  janvier  i858;  in-8*. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  a*  série,  t.  XIV,  feuillet  a4- 
3a;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Vaudoise  des  Sciences  naturelles;  t.  V,  Bulletin  n"4i; 
in-8". 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Neuchatel;  t.  IV,  a'  cahier; 
in-8". 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  [Académie  des  Sciences  ;  i"  se- 
mestre r858;  n"»  i-4;  in-4". 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XII,  i™-5*  livraisons;  in-8". 

Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées; 
novembre  et  décembre  1857;  in-8". 

Journal  d'Agriculture  de  la  Côte-d'Or,  publié  par  la  Société  d'Agriculhire 
et  d'Industrie  agricole  du  département  ;  3'  série,  t.  Il,  n"*  8-12;  in-8". 


.>*-■' 


(  263  )  ■  ' 

Journal  d' A  (jjicuUure  pratique  ;  t.  I,  nouvelle  période,  n"»  i  et  2  ;  in-S". 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  décembre  1857; 
iii-8». 

Journal  de  Mathématiques  pures   et    appliquées;   publié  par   M.    Joseph 
LiouvjLLE;  a*  série;  novembre  1857;  in-4°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  ;  jainvier  i858;  in-8". 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n"'  10-12;  in-S". 

H  iv   'A9yiva.7ç  îaLTpiit.n  fjtreKi<T(7et; ...  L'abeille  médicale  d' Athènes;  novembre 
1857;  in-B". 

La  Correspondance  littéraire;  ydnvier  i858;  in-S". 

L'Ayriculieur  praticien;  n"'  7  et  8  ;  in-8°.  ''' 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  .de  Montpellier;  t.  XII, 
n°'  I  et  2;  in-8°. 

L'Art  médical;  Journal  de  Médecine  générale  et  de  Médecine  pratique  ;  jan- 
vier 1 858;  in-8°. 

La  Tribune  scientifique  et  littéraire.  Revue  des  cours  publies  de  la  France  et 
de  l'étranger;  n"  1  ;  in-S".  '  . 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  4'  année;  n"'  5  et  6;  in-8°. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  2 5*  et  26*  livrai- 
sons; in-4*'. 

Le  Progrès;  Journal  des  Scientes  et  de  la  profession  médicale,  n°'  i-5  ;  in-S". 

Le  Technologiste;  janvier  i858;  in-B". 

Magasin  pittoresque  ;  ianVier  i858;in-8". 

Monatsbericht...   Comptes   rendus   des    séances  de  l'Académie  rojale  des 
Sciences  de  Berlin;  septembre  et  octobre  1867;  in-B". 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Gollingue;  n°  24  >  ii-8°.      .        " 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  journal  des  Candidats  aux  Ecoles  Po" 
lylechnique  et  Normale;  décembre  1857  et  janvier  i858;  in-B". 

Proceedings.  .  .    Procès-verbaux    de    la  Société    Zoologique    de    Londres; 
no  339-341;  in-B". 

Répertoire  de  Pharmacie;  Isiiw'ier  i^S^;  hi-W. 

Revista...   Revue  des  travaux  publics  ;  6*  année;  n"'  i  et  2  ;  in-4''. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-  chirurgicale  ;  n"'  i  et  a;  in-8**. 

Royal  astronomical..,  Sociélé  royale  Astronomique  de  Londres;  vol.  XVIll, 
n"  2  ;  in-8°.  / 

Société  impériijle  et  centrale  d'Agriculture;    Bulletin  des  séances.  Comptes 


(  ^64  ) 

rendus  mensuels,  rédigé  par  M.  Payen,  secrétaire  perpétuel  ;  3*  série,  t.  Xll , 
n°8;  in-8».    . 

The  Atlantis...   L'Atlantis;  Registre  de  littérature  et  science,  publié  par  les 
membres  de  l'Université  catholique  d'Irlande;  n°  i  ;  janvier  i858-,  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n"'  i- 1  a. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n"'  i-5. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°'  i-5. 

Gazette  médicale  d'Orient;  ian\ier  iS58. 

La  Coloration  industrielle  ;  n°'  24-26. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie;  n"'  i-5. 

L'Ami  des  Sciences;  n°*  i-5. 

La  Science  pour  tous  ;  n°  5. 
'     Z-e  Gaz;  n»' 34-36. 

Le  Musée  des  Sciences;  n"  39. 

L'Ingénieur;  ia.n\ier  i858. 

Réforme  agricole,  scientifique  et  industrielle;  décembre  1857. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'AGiDÉMIE  DES  SCIËN€ËS. 


■  I  iM'ni 


SÉANCE  PUBLIQUE  DU  LUNDI  8  FÉVRIER  1858. 
PRÉSroENCE  DE  M.  GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. 


La  séance  s'ouvre  par  la  proclamation  des  Prix  décernés  et  des  sujets 
de  Prix  proposés. 

PRIX  DÉCERNÉS 

pocK  l'aitoée  1887. 


SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LE  PRIX  D'ASTRONOMIE 

POUR  L'ANNÉE  1857. 

FONDATION  LALANDE. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Delaunay,  Laugier,  Le  Verrier, 
Mathieu  rapporteur.) 

Dans  le  cours  de  l'année  1857,  l'astronomie  s'est  enrichie  de  huit  nou- 
velles planètes  télescopiques  (1);  ce  qui  porte  à  cinquante  le  nombre  des 
petites  planètes  que  l'on  observe  entre  Mars  et  Jupiter. 

(i)  Ariane  @,  découverte  par  M.  Pogson,  le  i5  avril  1857  »  ^y^  @,  M.  Goldschmidt, 
le  27  mai;  Eugenia  (45),  M.  Goldschmidt,  le  27  juin;  Hestia  @,  M.  Pogson,  le  16  août; 
Aglaïa(47),  M.  Luther,  le  i5  septembre;  Doris  @  et  Paies  @,  M-  Goldschmidt,  le 
19  septembre;  Virginia  @),  M.  Ferguson,  le  4  octobre. 

C.   R.    i858,   i«f  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  6.)  35 


(  a66  ) 

Ces  hiiits  planètes  sont  toutes  dues  à  des  astronomes  auxquels  l'Acadé- 
mie a  déjà  décerné  la  médaille  de  Lalande.  Mais  les  quatre  planètes  Nysa, 
Eugenia,  Doris  et  Paies  ont  été  découvertes  par  M.  Hermann  Goldschmidt 
qui  s'est  consacré  à  ce  genre  de  recherche  avec  autant  de  succès  que  de 
désintéressement.  Cet  infatigable  observateur  a  eu  de  plus  le  bonheur  de 
découvrir  cette  année  les  deux  planètes  Doris  et  Paies  dans  une  même  nuit, 
le  19  septembre  1857.  C'est  pour  consacrer  ce  fait  unique  dans  les  annales 
de  la  science,  que  notre  Secrétaire  perpétuel  M.  Élie  de  Beaumont  a  pro- 
posé de  désigner  collectivement  ces  deux  planètes  sous  le  nom  de  Jumelles. 

L'année  iSSy  a  aussi  été  très-féconde  en  comètes.  Parmi  les  six  qui  ont 
été  observées  (i),  votre  Commission  a  particulièrement  remarqué  celle  de 
M.  Brunhs,  astronome  de  Berlin,  parce  que  cette  découverte  a  décidé  une 
question  d'une  grande  importance  pour  la  science. 

M.  Brorsen  avait  trouvé  à  Riel,  le  26  février  1 846,  une  comète  dont  la 
révolution,  déduite  des  observations,  était  d'environ  cinq  ans.  Elle  devait 
donc  revenir  en  i85i .  Cependant  à  cette  époque,  elle  échappa  aux  recher- 
ches actives  des  astronomes.  Mais  le  18  mars  1857,  M.  Bruhns  a  découvert 
une  comète  télescopique  dont  les  éléments  coïncidaient  presque  avec  ceux 
de  la  comète  de  M.  Brorsen.  L'identité  des  deux  astres  fut  bientôt  constatée  ' 
par  plusieurs  astronomes.  M.  Bruhns  a  donc  retrouvé  la  comète  de 
M.  Brorsen  après  deux  révolutions,  et  il  a  ainsi  puissamment  contribué  à 
enrichir  le  catalogue  encore  peu  nombreux  des  comètes  dont  la  périodicité 
est  bien  connue  aujourd'hui. 

Nous  proposons  à  l'Académie  de  partager  le  prix  d'Astronomie  fondé  par 
Lalande  entre  MM.  Hermann  Ctoldschmidt  et  Bruhns. 

L'Académie  adopte  la  proposition  de  la  Commission. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LE  PRIX  DE  MÉCANIQUE 

POUR  L'ANNÉE  1857. 

FONDATION  MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Combes,  Morin,  le  baron  Charles  Dupin, 

Poncelet  rapporteur.) 

La  Commission,  après  avoir  pris  connaissance  des  pièces  ou  Mémoires 

(1)  r°  comète  (le  1857,  M.  Darrest,  le  22  février;  IP,  M. Bruhns,  le  18  mars;  IIP,  M.Klin- 
kerfues,  le  22  juin;  IV',  M.Peters  à  Albany  (Etals-Unis),  le  25  juillet;  V,  M.  Kiinkerfues, 
le  20  août;  VP,  M.  Donati,  le  10  novembre. 


(^67  ) 
adressés  à  l'Académie  des  Sciences,  déclare  que,  pour  cette  fois,  il  n'y  a 
pas  lieu  de  décerner  le  prix  de  Mécanique  de  la  fondation  Montyon. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LE  PRIX  DE  STATISTIQUE 

POUR  L'ANNÉE  1857. 

FONDATION  MONTYON. 

(Commissaires,    MM.    le    baron  Charles  Dupin,   Mathieu,  Boussingault, 
le  Maréchal  Vaillant,  Bienaymé  rapporteur.  ) 

Votre  Commission  de  Statistique  a  jugé  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  de  décer- 
ner en  1857  le  prix  fondé,  il  y  a  quarante  ans,  par  M.  de  Montyon. 

L'usage  constant  de  vos  Commissions  est  de  s'abstenir,  en  pareil  cas,  de 
justifier  leurs  décisions.  Elles  ne  le  pourraient,  en  effet,  que  par  la  publi- 
cation de  remarques  devenues  inutiles  en  quelque  sorte,  et,  cette  année, 
votre  Commission  de  Statistique  est  d'autant  moins  portée  à  une  publication 
de  ce  genre,  qu'il  a  été  présenté  au  concours  plus  d'un  ouvrage  très-utile 
et  très-recommandable.  Mais,  comme  l'observation  des  concours  des  années 
antérieures  l'a  trop  fréquemment  montré,  il  est  arrivé  que,  pour  chaque 
question  traitée,  c'est  précisément  aux  faces  du  sujet  qui  n'appartiennent 
pas  à  la  statistique,  que  la  plus  grande  partie  des  développements  a  été 
consacrée.  Votre  Commission  se  plaçant  à  ce  point  de  vue,  au  lieu  de 
borner  son  Rapport  à  l'énoncé  de  sa  décision,  croit  à  propos  d'y  ajouter 
quelques  réflexions  très-courtes  que  pourront  consulter  les  concurrents  à 
venir. 

Le  mot  de  statistique  a  reçu  jusqu'ici  une  signification  très -large,  et 
l'Académie  n'a  jamais  paru  vouloir  la  restreindre.  Il  est  effectivement  peu  de 
sciences  qui  n'aient  leur  statistique  propre,  bien  qu'elles  n'emploient  pas  ce 
mot,  relativement  très-moderne.  Le  champ  ouvert  aux  recherches  statis- 
tiques est  donc  très-vaste.  Mais  précisément  parce  que  tant  de  sciences 
nées  et  à  naître  doivent  s'étayer  de  collections  nombreuses  de  faits,  qu'elles 
offrent  ainsi  tout  un  côté  statistique,  et  qu'elles  ne  pourraient  même  se 
passer  de  statistiques  très-bien  faites,  précisément  par  ces  motifs  le 
domaine  de  la  statistique  proprement  dite  se  limite  par  la  force  des  choses. 
Ce  serait  un  étrange  abus  que  de  vouloir  y  comprendre  toutes  les  sciences. 
La  statistique  appartient  à  chacune  d'elles,  et  elles  ne  lui  appartiennent  pas. 
Qui  parlerait  de  nos  jours  d'une  statistique  astronomique?  Il  faudrait  pour 
cela  se  reporter  au  berceau  de  la  science.  Il  y  a  maintenant  bien  des  siècles 

35.. 


{  a68  ) 
que  les  admirables  registres  d'observations  dus  aux  efforts  incessants  des 
astronomes,  bien  qu'offrant  le  recueil  statistique  le  plus  parfait,  ne  peuvent 
plus  en  admettre  le  nom.  Naguère  encore  les  tableaux  météorologiques 
formaient  une  partie  importante  des  collections  statistiques  ;  mais  la  météo- 
rologie, qui  cherche  aujourd'hui  ses  lois  dans  les  phénomènes  complexes 
qu'ont  essayé  de  retracer  ces  tableaux,  devient  de  plus  en  plus  une  science 
spéciale;  et,  par  cela  seul,  les  collections  de  faits  qui  lui  servent,  et  surtout 
les  considérations  qu'elles  font  naître,  sont  sorties  insensiblement  des  limites 
de"  la  statistique.  Nombre  de  sciences  offriraient  des  exemples  de  semblables 
transpositions  :  on  y  montrerait  ce  qui  a  été  de  la  statistique  et  ce  qui  n'en 
est  plus. 

D'autres  sciences  au  contraire,  et  telles  sont  les  sciences  économiques, 
auxquelles  la  statistique  fournit  et  fournira  toujours  leurs  données  les  plus 
précieuses,  n'enlèvent  pas  à  ces  données  le  nom  d'éléments  statistiques. 
Elles  les  qualifient  ainsi  sans  scrupule  au  moment  où  elles  en  font  le  plus 
fréquent  usage,  où  elles  fondent  sur  ces  chiffres  des  théories  d'une  sérieuse 
importance.  Mais  s'il  est  difficile  de  traiter  une  question  d'économie  publi- 
que ou  d'arithmétique  sociale  sans  que  le  nom  et  les  nombres  de  la  statis- 
tique reviennent  à  tout  instant,  ce  n'est  pas  une  raison  de  confondre  l'une 
ou  l'autre  de  ces  sciences  avec  la  statistique. 

«  Elle  diffère  beaucoup  de  la  science  de  l'économie  politique  »,  disait 
l'illustre  Fourier.  «  Les  considérations  économiques  qui  exigent  des  lumières 
»  si  rares,  ne  peuvent  être  fondées  que  sur  l'examen  attentif  de  tous  les  faits  ; 
»  mais  elles  ne  sont  point  le  premier  objet  de  la  statistique,  qui  exclut 
»  presque  toujours  les  discussions  et  les  conjectures.  » 

En  réalité,  la  statistique  est  une  science  de  faits  ;  elle  n'admet  que  des 
résultats  positifs.  Elle  veut  de  grands  nombres  d'observations,  souvent 
même  de  très-grands  nombres  :  et  elle  multiplie  les  détails  utiles,  les  éva- 
luations et  les  mesures.  Elle  exige  donc  une  instruction  variée;  car  il  faut 
s'aider  déplus  d'une  autre  science  pour  juger  sainement  de  la  direction  et  de 
l'étendue  des  recherches  à  faire,  quand  il  s'agit  d'éclairer  d'une  véritable 
lumière  tel  ou  tel  point  encore  mal  connu. 

L'exécution  d'un  travail  statistique  est  chose  pénible  et  très-longue  ;  et  c'est 
là  ce  que  voulait  encourager  avant  tout  le  fondateur  du  prix.  C'est  donc 
aux  collections  originales  de  faits  dignes  d'intérêt,  que  le  concours  s'adresse 
principalement.  Il  serait  par  trop  facile  d'y  substituer  des  dissertations  à 
propos  d'un  petit  nombre  de  faits  déjà  recueillis  et  plus  ou  moins  bien 
constatés.  Les  meilleurs  travaux  dirigés  dans  ce  sens  ne  dépendent  plus  de 


(  a69) 
la  statistique;  et  un  encouragement  accordé,  par  une  propension  bien 
naturelle,  aux  vues  les  plus  sages,  pourrait  faire  pulluler  des  productions 
qui  ne  rentreraient  à  aucun  titre  dans  le  projet  du  fondateur,  et  qui  dès 
lors  doivent  demander  à  d'autres  concours  la  récompense  qu'elles  peuvent 
mériter. 

Il  convient  d'indiquer  encore,  en  terminant  ces  réflexions,  qu'il  ne  peut 
y  avoir  de  méthode  statistique  caractérisée  d'une  manière  distincte.  Les 
faits  que  réclame  l'économie  politique,  les  faits  qui  importent  à  l'adminis- 
tration, les  faits  qui  tendent  de  plus  en  plus  à  faire  connaître  la  vraie 
durée  et  les  phases  de  la  vie  humaine,  etc.,  etc.,  demandent  tous  des 
procédés  variés,  des  méthodes  différentes  de  collection  ou  de  calcul.  Il  n'y 
a  rien  d'exclu  de  la  statistique  par  suite  de  l'emploi  de  telle  ou  telle 
méthode.  Lorsqu'il  s'agit  de  rechercher  les  lois  des  valeurs  moyennes,  il 
faut  assurément  prendre  pour  guide  le  calcul  des  probabilités.  Mais  c'est 
à  tort  que  quelques  auteurs  ont  avancé  qu'il  ne  s'agit  en  statistique  que 
de  la  découverte  des  vraies  valeurs  moyennes.  Il  existe  une  foule  de  données 
numériques  importantes  qui,  considérées  dans  leurs  valeurs  moyennes, 
perdraient  toute  signification  :  tels  sont  les  dénombrements  de  population, 
les  recensements  agricoles,  et  bien  d'autres  faits;  telle  est,  en  particulier,  la 
recherche  du  rapport  qui  subsiste  entre  le  nombre  des  individus  d'une 
génération  et  le  nombre  de  la  génération  suivante  qui  doit  la  naissance  à  la 
précédente.  L'analyse  démontre  aisément  que  ce  rapport  a  toujours  dû 
varier  depuis  la  création  du  monde,  et  le  simple  bon  sens  suffit  à  le  faire 
voir.  Aussi  n'est-ce  pas  sa  valeur  moyenne  qu'il  s'agit  de  trouver,  quand  on 
s'occupe  de  la  fécondité  des  mariages  et  de  la  durée  des  familles  ;  ce  sont, 
au  contraire,  ses  valeurs  aux  différentes  époques  de  la  vie  des  peuples.  S'il 
eût  été  constant,  l'espèce  humaine  aurait  disparu  bien  vite,  ou  bien  elle 
aurait  depuis  des  siècles  couvert  toutes  les  parties  du  monde  habitable. 
Dans  d'autres  questions,  la  collection  des  faits  statistiques  pourra  être 
uniquement  descriptive  :  ainsi  là  encore  il  faudra  d'autres  méthodes. 

Mais  ce  n'est  pas  à  multiplier  les  exemples  que  votre  Commission  voulait 
s  attacher  :  elle  n'en  a  cité  que  pour  montrer  combien  ils  sont  nombreux, 
et  combien  il  est  facile  de  se  rendre  compte  de  la  nature  des  sujets  qu'on 
destine  à  un  concours  de  statistique.  Préciser  davantage,  ce  serait  risquer 
de  supprimer  une  partie  du  champ  dont  il  suffisait  d'indiquer  les  limites. 


(  a70  ) 

RAPPORT  SUR  LE  PRIX  TRÉMONT. 

(Commissaires,  MM.  Decaisne,   Poncelet,  Morin,  Despretz, 
Pouillet  rapporteur.) 

En  décernant  pour  la  première  fois  le  prix  fondé  par  M.  Girod  de  Vienney, 
baron  de  Trémont,  il  est  juste,  pour  rendre  hommage  à  la  mémoire  du  fon- 
dateur, de  rappeler  ici  qu'il  a  disposé  de  sa  fortune  pour  récompenser  de 
bonnes  actions,  et  pour  donner  des  encouragements  aux  intelligences  d'élite 
qui  travaillent  aux  progrès  des  sciences  et  des  arts  libéraux.  Parmi  ces  nom- 
breuses dispositions,  celle  qui  se  rapporte  à  l'Académie  des  Sciences  est 
conçue  en  ces  termes  : 

EXTRAIT  DU  TESTAMENT  DE  M.  LE  RARON  DE  TRÉMONT. 

«  6".  Fondation  pour  aider  un  savant  sans  fortune  dans  les  frais  de  travaux 
»  et  d expériences  qui  feront  espérer  une  découverte  ou  un  perfectionnement 
»  très-utiles  dans  les  sciences  et  dans  les  arts  libéraux  industriels 

»  Comme  dans  les  autres  carrières,  le  manque  de  ressources  suffisantes 
»  peut  empêcher  un  savant  ou  un  habile  mécanicien  d'amener  son  inven- 
»  tion  à  son  point  de  perfection  et  d'utilité.  C'est  ainsi  que  des  essais  incom- 
»  plets,  dont  la  continuation  aurait  eu  d'importants  résultats,  ont  été  aban- 
»  donnés;  qu'alors  les  étrangers  s'en  sont  emparés  et  ont  ensuite  importé 
»  chez  nous  nos  propres  découvertes.  L'Académie  des  Sciences  est  par-dessus 
«  tout  apte  à  apprécier  le  mérite  de  ces  travaux  et  à  les  encourager.  En 
).  conséquence,  une  fondation  de  mille  francs  de  rente  sera  mise  à  sa  dispo- 
>■  sition  pour  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingénieur,  artiste  ou  méca- 
»  nicien,  auquel  une  assistance  sera  nécessaire  pour  atteindre  un  but  utile 
»  et  glorieux  pour  la  France.  Toute  latitude  est  laissée  à  l'Académie  pour  la 
»  durée  de  cette  aide.  Et  comme  de  telles  découvertes  ont  lieu  rarement, 
»  lorsque  la  rente  n'aura  pas  son  emploi,  elle  sera  capitalisée  avec  le  fonds 
»  et  deviendra  ainsi  plus  digne  de  son  but.  S'il  s'écoulait  un  nombre  d'an- 
»  nées  que  l'Académie  fixerait,  elle  pourrait  appliquer  à  son  choix  la  somme 
»  disponible  soit  à  favoriser  les  explorations  d'un  savant  voyageur,  soit  à 
«  des  recherches  dans  des  archives  de  documents  propres  à  éclairer  quel- 
»  ques  points  essentiels  de  la  science,  soit  enfin  à  doter  un  établissement 
»  scientifique  d'un  instrument  qui  lui  manquerait.  » 


(   2?!    ) 

Nous  avons  pensé  qu'il  était  nécessaire  de  reproduire  textuellement  les 
intentions  de  M.  le  baron  de  Trémont,  afin  de  les  faire  connaître  du  public 
et  surtout  de  ceux  qui  auraient  besoin  d'être  soutenus  dans  leurs  efforts  pour 
réaliser  des  conceptions  fécondes  et  de  haute  portée. 

Dans  ce  premier  concours,  ouvert  seulement  depuis  un  an,  la  Commis- 
sion n'a  reçu  qu'un  très-petit  nombre  de  demandes;  elle  a  dii  y  suppléer 
en  cherchant  elle-même,  sans  sortir  du  cadre  qui  lui  était  tracé,  toutes  les 
inventions,  toutes  les  idées  neuves,  tous  les  perfectionnements  dont  elle 
pourrait  saisir  quelque  manifestation,  soit  dans  les  pièces  présentées  à  l'Aca- 
démie dans  le  cours  de  ces  dernières  années,  soit  dans  les  divers  renseigne- 
ments qu'elle  a  pu  recueillir  par  d'autres  voies.  Cette  recherche  a  mis  en 
présence  et  comme  en  parallèle  quelques  noms  de  savants,  d'ingénieurs, 
de  mécaniciens  et  d'artistes  constructeurs  d'instruments  de  précision,  entre 
lesquels  il  restait  à  faire  un  choix  ;  la  Commission  n'a  éprouvé  à  cel  égard 
aucune  incertitude  :  elle  a  reconnu  d'une  voix  unanime  que  les  titres  les 
pluséminents  appartenaient  à  M.  Ruhmkorlf,  dont  les  travaux  et  le  désin- 
téressement sont  connus  partout  à  l'étranger  presque  aussi  bien  qu'en 
France. 

M.  Ruhmkorff,  qui  était  alors  très-jeune,  s'est  fait  remarquer  il  y  a  quinze 
ou  seize  ans  par  la  construction  de  l'appareil  de  Melloni,  destiné  aux  études 
de  la  chaleur  rayonnante;  ce  début  annonçait  déjà  beaucoup  de  goût  dans 
la  composition  de  l'ensemble,  et  de  grandes  ressources  d'esprit  pour  arriver 
par  les  moyens  les  plus  simples  à  cette  précision  infaillible  qui  doit  être  le 
caractère  dominant  de  ces  sortes  d'ouvrages. 

Depuis  cette  époque  il  est  sorti  de  ses  ateliers  une  foule  d'instruments  de 
physique  de  toute  espèce,  soit  pour  l'enseignement,  soit  pour  l'avancement 
de  la  science,  tous  d'une  exécution  parfaite,  et  presque  tous  ayant  reçu  de 
lui  quelques  perfectionnements. 

C'est  surtout  dans  l'électricité  et  l'électromagnétisme  que  M.  Ruhmkorff 
est  devenu,  on  peut  le  dire,  l'ingénieur  de  prédilection  des  savants  de  tous 
les  pays  qui  ont  eu  à  faire  construire  des  appareils  nouveaux  pour  leurs 
recherches  spéciales,  parce  qu'on  est  sûr,  en  effet,  de  trouver  en  lui  une 
connaissance  complète  de  la  matière,  une  sagacité  rare  qui  se  rend  compte 
de  tout,  une  complaisance  sans  bornes  et  un  désintéressement  dont  il  y  a 
peu  d'exemples;  il  songe  à  la  science  plus  qu'aux  sacrifices  qu'il  s'impose 
pour  la  bien  servir. 

A  ces  titres,  qui  lui  concilient  l'estime  des  savants  et  la  bienveillance  par- 
ticulière de  l'Académie,  M.  Ruhmkorff  en  réunit  d'autres  qui  se  rattachent 


(  2?^  ) 

d'une  manière  plus  directe  encore  aux  intentions  de  M.  le  baron  de  Tré- 
mont.  Parvenu  dans  les  premiers  rangs  parmi  les  plus  habiles  de  nos  con- 
structeurs, il  n'a  pas  seulement  contribué  de  la  manière  la  plus  efficace  aux 
progrès  de  l'électromagnétisme,  en  faisant  exécuter  dans  ses  ateliers  et  sous 
sa  surveillance  immédiate  d'excellents  instruments,  soumis  de  tous  points 
aux  conditions  qui  lui  étaient  demandées;  il  a  fait  plus  :  il  a  lui-même  ima- 
giné des  appareils  qui  sont  devenus  de  puissants  moyens  de  découvertes, 
savoir  :  son  appareil  diamagnétique  et  son  appareil  d'induction. 

Le  premier  n'est  pas  sorti  jusqu'à  présent  du  domaine  de  la  science 
abstraite  ;  mais,  employé  par  plusieurs  physiciens,  il  a  servi  à  pénétrer  plus 
avant  dans  l'étude  de  ces  phénomènes  si  remarquables  et  encore  si  mysté- 
rieux, dont  la  première  découverte  est  due  à  notre  illustre  confrère  M.  Fara- 
day, de  la  Société  Royale  de  Londres. 

Le  second  ne  touchait  d'abord  qu'à  la  théorie,  comme  le  premier;  mais 
il  n'a  pas  tardé  à  recevoir  de  M.  Ruhmkorff  lui-même  une  application  devant 
laquelle  s'ouvre  un  grand  avenir. 

Nous  nous  bornons  à  citer  ces  appareils,  parce  qu'ils  sont  entre  les  mains 
de  tous  les  physiciens  et  décrits  dans  les  Traités  de  Physique  récemment 
publiés;  cependant,  pour  le  second,  nous  devons  ajouter  quelques  déve- 
loppements. 

L'appareil  d'induction  de  Ruhmkorff  tel  qu'il  était  à  l'origine,  en  i85i, 
produisait  déjà  des  effets  de  tension  très-surprenants  ;  mis  en  activité  avec 
2  éléments  l'ordinaires  de  Bunsen,  il  donnait  dans  l'air  des  étincelles  à 
environ  2  centimètres  de  distance,  et  dans  le  vide  des  flots  de  lumière  com- 
parables à  ceux  d'une  forte  machine  électrique,  bien  qu'ils  s'en  pussent 
distinguer  par  certains  caractères. 

Un  premier  perfectionnement  a  augmenté  sa  puissance;  sous  cette 
deuxième  forme,  il  a  été  employé  par  M.  Ruhmkorff  à  enflammer  la  poudre 
des  mines.  Il  restait  cependant  une  difficulté  à  vaincre  :  le  succès  n'était  cer- 
tain que  dans  les  cas  les  plus  simples;  pour  résoudre  le  problème  dans  toute 
sa  généralité  et  avec  toutes  ses  complications,  il  fallait  y  joindre  une  amorce 
ou  une  fusée  qui  ne  manquât  jamais  son  effet,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de 
mines  nombreuses,  plus  ou  moins  éloignées  l'une  de  l'autre,  dont  l'explo- 
sion doit  être  instantanée  et  presque  simultanée.  En  profitant  habilement 
de  l'ingénieuse  invention  de  la  fusée  de  Stateham,  M.  Ruhmkorff  est  bien- 
tôt parvenu  à  l'approprier  aux  conditions  exigées  par  son  appareil.  Ce  sys- 
tème ainsi  complété  est  aujourd'hui  mis  en  pratique  sur  une  grande  échelle 
et  avec  un  plein  succès. 


[213]  ■  • 

Dans  quelques  |)ays  on  commence  même  à  l'essayer  pour  les  usages  de  la 
guerre. 

Enfin,  par  un  perfectionnement  tout  récent,  M.  Ruhmkorff  a  encore 
ajouté  beaucoup  à  la  puissance  de  son  appareil  :  sous  cette  troisième  forme 
(qui  sans  doute  ne  sera  pas  la  dernière)  et  animé  par  aS  éléments  Bunsen  de 
grandeur  ordinaire,  il  lance  des  étincelles,  presque  foudroyantes,  à  3o  cen- 
timètres de  distance  ;  pour  certains  effets  il  devient  supérieur  aux  plus  fortes 
machines  électriques  à  frottement. 

C'est  là  pour  la  science  un  progrès  considérable,  qui  ne  peut  manquer 
d'être  prochainement  fécond  en  grands  résultats  théoriques  et  pratiques; 
c'est  une  œuvre  largement  commencée,  mais  non  achevée  :  l'inventeur, 
avec  un  zèle  infatigable,  et  en  profitant  de  toutes  les  ressources  d'un  art 
qu'il  connaît  si  bien,  poursuit  le  cours  de  ses  recherches  et  de  ses  expé- 
riences, quelque  coûteuses  qu'elles  soient  ;  c'est  là,  au  plus  haut  degré,  l'un 
des  nobles  efforts  que  M.  le  baron  de  Trémont  a  voidu  récompenser. 

En  conséquence,  la  Commission  propose  à  l'Académie  de  décerner  le  prix 
à  M.  RiTHMKORFF,  et  de  le  lui  décerner  pour  cinq  ans,  savoir  :  les  deux  annui- 
tés échues  en  1 856  et  1857,  et  les  trois  annuités  à  échoir  en  i858,  1859 
et  1860. 

Le  Prix  ne  deviendra  disponible  poiu-  être  décerné  de  nouveau 
qu'en    1861. 

PRIX  FONDÉ  PAR  MADAME  LA  MARQUISE  DE  LAPLACE. 

Une  ordonnance  royale  ayant  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter 
la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  la  marquise  de  Laplace,  d'une 
rente  pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  pris  consistant  dans  la  collection 
complète  des  ouvrages  de  Laplace,  prix  qui  devra  être  décerné  chaque  année 
au  premier  élève  sortant  de  l'École  Polytechnique, 

Le  Président  remettra  les  cinq  volumes  de  la  Mécanique  céleste,  YExjiusi- 
tion  du  Système  du  monde,  et  le  Traité  des  Probabilités,  à  M.  Béral  (Bernard- 
Éloi),  né  le  1"  aoîit  i838  à  Cahors  (Lot),  sorti  le  premier  de  l'École  Poly- 
technique le  i"  septembre  1867  ^*  entré  le  premier  à  l'École  des  Mines. 


C.  R.,  i858,    I"  Semestre.  (T.  XLVI,  M»  6.) 


36 


(  274  ) 
SCIENCES  PHYSIQUES. 

CONCOUKS  POUR  l'aknée  18S7. 

RAPPORT   SUR  LE  CONCOURS  POUR   LE   GRAND    PRIX    DES 
SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ    EN    1334    POUR    ISiîG,    ET    REMIS    AU    CONCOURS    POUR    1887. 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Milne  Edwards,  Flourens,  Valenciennes, 

de  Qiiatrefages  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  pour  sujet  du  prix  de  cette  année  la  question 
suivante  : 

«  Etudier  d 'une  manière  rigoureuse  et  métliodicjue  les  métamorplioses  et  la 
»  reproduction  des  Infusoires  proprement  dits  (Poly gastriques  de  M.  Ehren- 
»  berg).    » 

La  Commission  avait  reçu  en  temps  utile  trois  Mémoires  ou  plutôt  trois 
ouvrages  considérables  sur  cette  question  aussi  importante  que  difficile  à 
traiter.  Tout  d'abord,  elle  avait  pu  reconnaître  un  mérite  supérieur  dans 
les  travaux  inscrits  sous  les  n"'  a  et  3.  Toutefois  des  éclaircissements  lui 
parurent  nécessaires  pour  asseoir  un  jugement  plus  sérieusement  motivé. 
L'Académie  se  rappelle  sans  doute  comment  ses  Commissaires  furent  excep- 
tionnellement autorisés  à  prendre  connaissance  des  noms  des  auteurs  et  à 
leur  écrire  pour  obtenir  ces  éclaircissements.  Nous  sommes  heureux  de 
dire  sur-le-champ  que  cette  mesure,  prise  en  dehors  des  règles  ordinaires, 
a  eu  le  résultat  que  nous  en  attendions,  et  que  des  renseignements  plus 
précis,  des  additions  importantes  aux  Mémoires  primitifs  ont  été  envoyés 
par  les  auteurs.  Nous  pouvons  donc  dans  ce  Rapport  désigner  ces  derniers 
par  leur  nom  en  parlant  de  leurs  ouvrages. 

Le  Mémoire  inscrit  sous  le  n°  2  a  pour  épigraphe  le  célèbre  aphorisme 
de  Harvey  :  Omne  vivum  ex  ovo.  Il  est  dû  à  MM.  Edouard  Claparède,  de 
Genève,  et  Jobannes  Lachmann,  de  Rrunswick.  Le  Mémoire  11"  3  est  de 
M.  Lieberkûhn,  prosecteur  à  l'amphithéâtre  d'anatomie  de  Berlin.  Il  porte 
pour  épigraphe  un  passage  de  Bacon  :  Non  fuujendum  aut  excogitandum , 
sed  inveniendum  quid  natitra  facial  atque  ferat. 

Le  travail  de  MM.  Claparède  et  Lachmann  se  compose  d'un  volume  de 
texte  de  3o2  pages  in-folio  et  de  (i  planches  ronfennaiit   19a  figures.   Ces 


(  275  ) 
dernières,  quoique  laissant  parfois  à  désirer  sous  le  rapport  de  l'exécution, 
représentent  avec  une  grande  exactitude  l'aspect  particulier  des  objets  qu'il 
s'agissait  de  reproduire. 

Dans  le  Mémoire  dont  nous  parlons,  les  auteurs  ont  examiné  successive- 
ment plusieurs  groupes  d'Infusoires  et  rattaché  à  chacun  d'eux  les  faits 
nouveaux  découverts  par  eux.  Us  ont  en  outre  examiné  à  part  et  d'une  ma- 
nière générale  chacun  des  modes  de  reproduction  rencontrés  soit  par  eux, 
soit  par  leurs  prédécesseurs  dans  la  classe  des  Iiifusoires.  Dans  la  discussion 
qui  accompagne  cet  examen,  ils  ont  fait  preuve  d'une  érudition  solide  et 
d'une  appréciation  généralement  juste  des  faits  et  des  doctrines.  Toutefois, 
nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  remarquer  qu'ils  se  montrent  souvent 
j)ar  trop  sévères  envers  ceux  qui  leur  frayèrent  la  route  où  ils  marchent 
eux-mêmes  aujourd'hui.  Si  les  Ehrenberg,  les  Frey,  les  Dujardin  ont  commis 
des  erreurs  dans  des  études  si  difficiles,  s'ils  ont  laissé  des  observations  in- 
complètes, nous  ne  pensons  pas  que  leurs  jeunes  énudes  se  soient  constam- 
ment tenus  à  l'abri  des  mêmes  reproches,  et  de  leur  part  moins  de  sévérité 
envers  de  pareils  prédécesseurs  n'eût  été  que  stricte  justice.  En  effet,  ils 
n'ont  ajouté  à  ce  que  l'on  connaissait  déjà  aucun  de  ces  faits  fondamentaux 
qui  ouvrent  des  voies  nouvelles.  Avant  eux,  on  savait  que  les  Infusoires  se 
propagent  par  fissiparité,  par  gemmiparité,  par  la  production  d'embryons 
internes  ;  avant  eux  encore,  on  avait  constaté  l'étrange  phénomène  de  la 
conjugaison  et  on  en  était  revenu  à  soupçonner  que  la  génération  sexuelle, 
admise  dès  l'abord  par  M.  Ehrenberg,  pourrait  bien  ne  pas  être  aussi 
chimérique  qu'on  l'avait  prétendu  depuis. 

Mais  si  MM.  Claparèt^  et  Lachmann  n'ont  signalé  aucun  de  ces  phéno- 
mènes généraux  qui  servent  de  point  de  départ  à  tout  un  ordre  de  recher- 
ches, il  n'en  ont  pas  moins  rendu  à  la  science  dès  services  très-réels.  Us  ont 
étendu  à  des  groupes  entiers  des  observations  jusque-là  presque  isolées;  ils 
ont  mieux  précisé  les  circonstances  et  distingué  les  temps  différents  de  phé- 
nomènes encore  obscurs;  ils  ont  enfin  signalé  des  causes  d'erreurs  qui 
avaient  échappé  à  leurs  devanciers;  et,  dans  des  études  du  genre  de  celles 
dont  nous  parlons,  ce  dernier  résultat  équivaut  certainement  à  une  décou- 
verte proprement  dite.  Nous  citerons  en  particulier  comme  vraiment  inté- 
ressants à  ce  point  de  vue,  les  détails  donnés  par  nos  auteurs  sur  la  ma- 
nière dont  certains  Trachéliens  s'enkystent  après  avoir  englouti  les  Espis- 
tylis  encore  adhérentes  à  leur  tige,  les  détachent  ensuite  à  l'aide  de  mou- 
vements de  torsion  fort  singuliers,  girent  pendant  quelque  temps  dans  le 
kyste  qu'ils  avaient  eux-mêmes  sécrété,  et  s'échappent  enfin  pour  aller  cher- 

36.. 


(  -76  ) 
cher  une  nouvelle  proie.  Ces  faits,  fort  bien  étudiés  par  MM.  Claparéde  et 
Lachmann,  sont  de  nature  à  montrer  combien  on  doit  se  méfier  des  kystes 
dont  l'origine  est  inconnue,  et  ce  résultat  a  une  valeur  bien  réelle  pour 
quiconque  se  rappelle  le  rôle  important  que  l'enkystement  paraît  jouer 
dans  les  phénomènes  génériques  des  Infusoires. 

MM.  Claparéde  et  Lachmann,  marchant  sur  les  traces  de  M.  J.  Muller, 
-  combattent  avec  leur  vivacité  habituelle  les  idées  émises  par  MM.  Pineau, 
Stein  et  Gros  sur  la  transformation  des  Acinétiens  en  Vorticelliens.  Ils  s'ef- 
forcent aussi  de  montrer  qu'il  n'y  a  pas  chez  les  Infusoires  de  génération 
alternante  proprement  dite.  Si  l'on  donne  à  ce  mot  le  sens  premier  qu'y 
attachait  M.  Steenstrup,  nos  auteurs  ont  raison,  du  moins  jusqu'à  présent. 
Mais  on  sait  que,  par  suite  des  travaux  nombreux  et  considérables  auxquels 
a  donné  lieu  la  première  publication  du  savant  Danois,  ce  phénomène 
étrange,  découvert  par  Chamisso,  s'est  montré  sous  des  formes  de  plus  en 
plus  variées.  Il  a  fallu  l'envisager  sous  un  point  de  vue  très-différent  et 
plus  général  que  ne  l'avait  fait  Steenstrup.  MM.  Claparéde  et  Lachmann 
admettent  chez  les  Infusoires  l'existence  de  cycles  générateurs,  pendant  les- 
quels l'individualité  va  se  multipliant  et  par  suite  se  perdant,  avant  que  la 
forme  qui  a  servi  de  point  de  départ  reparaisse  de  nouveau.  Us  admettent 
donc  qu'il  y  a  ici  des  phénomènes  de  généagénèse,  en  donnant  à  ce  mot  le 
sens  que  lui  a  attribué  l'un  de  nous  (i).  Enfin,  et  les  auteurs  le  reconnaissent 
eux-mêmes,  si  la  génération  sexuelle  venait  à  être  définitivement  constatée 
dans  certains  groupes  d'Infusoires,  de  ce  fait  seul  il  résulterait  que  ces  mêmes 
groupes  présentent  la  génération  alternante  telle  que  l'entendait  Steenstrup. 
L'Académie  comprendra  facilement  que  nous  ne  pouvons  suivre  les  au- 
teurs dans  le  détail  de  leurs  observations.  Pour  le  faire,  il  faudrait  reprendre 
un  à  un  chacun  des  groupes  examinés,  et  reproduire  en  quelque  sorte  le 
Mémoire  entier.  Nous  allons  donc  passer  au  travail  de  M.  Lieberkijhn. 

Ce  naturaliste  a  envoyé  au  concours  un  ouvrage  des  plus  considérables 
écrit  en  latin,  d'un  style  concis,  dégagé  de  toute  discussion  inutile,  et  qui 
ne  compte  pas  moins  de  44o  pages.  Les  planches  qui  accompagnent  le 
texte  sont  au  nombre  de  4o3  et  contiennent  plus  de  1200  figures;  celles-ci, 
toutes  également  soignées,  sont  réellement  admirables  autant  par  leur  fini 
que  par  l'exactitude  avec  laquelle  elles  reproduisent  l'aspect  des  tissus  et  le 
jeu  de  la  lumière  à  travers  le  corps  des  Infusoires.  Votre  Commission  a  été 

(l)  La  Métamorphose  et  la  Généagénèse,  par  A.  de  Quatrefages  [Revue  des  Deux-Mondes,. 
i855). 


'(  -^77  ) 
unanime  pour  reconnaître  qu'il  était  impossible  de  mieux  rendre  ces  objets, 
ilont  la  représentation  exacte  fait  souvent  le  désespoir  des  artistes  les  plus 
liabiles. 

Comme  ses  émules,  M.  Lieberkûhn  a  discuté  les  faits  avancés,  les  opi- 
nions émises  par  ses  prédécesseurs.  Dans  cette  discussion,  il  fait  preuve 
d'un  excellent  esprit,  et  l'on  y  trouve  la  précision,  la  sobriété  de  langage  qui 
caractérisent  le  travail  entier. 

L'auteur  dont  nous  parlons  a  examiné  successivement  un  grand  nombre 
de  groupes  d'Infusoires  et  exposé  successivement  les  phénomènes  nouveaux 
qu'il  a  constatés  chez  chacun  d'eux.  Votre  Commission  ne  peut  rappeler  ici 
tous  ces  détails,  mais  elle  doit  signaler  deux  faits  qui  lui  semblent  avoir  une 
haute  importance. 

M.  Lieberkûhn  figure  une  sorte  de  capsule  résultant  de  la  transformation 
du  nucleus  chez  une  Paramécie  (P.  aurelia),  et  cette  capsule,  au  lieu  de 
contenir  un  embryon,  est  remplie  de  corpuscules  qui  ont  l'aspect  de  cer- 
tains spermatozoïdes.  Il  est  vivement  à  regretter  que  l'auteur  ne  soit  pas 
entré  dans  quelques  détails  sur  cette  observation,  qui  semble,  d'après  le 
texte,  avoir  été  faite  d'abord  par  l'illustre  Muller.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  fait 
vient  s'ajouter  à  quelques  autres  déjà  connus  dans  la  science,  et  doit  ra- 
mener d'une  manière  toute  spéciale  l'attention  des  observateurs  sur  la 
génération  sexuelle  chez  les  Infusoires. 

Si  l'observation  précédente  est  incomplète  et  ne  permet  encore  aucune 
conclusion  positive,  il  n'en  est  pas  de  même  de  celles  que  M.  làeberkùhn 
a  faites  sur  les  Spongilles.  Ici  l'auteur  a  mis  hors  de  doute  l'existence  de 
véritables  syernr-itozbïdes  et  découvert  de  véritables  œufs  qui  avaient  échappé 
aux  recherches  si  persévérantes  de  M.  Laurent.  Ces  œufs  sont  parfaitement 
caractérisés  par  la  présence  d'une  tache  de  Wagner,  d'une  vésicule  germi- 
native  et  de  granules  réfractant  fortement  la  lumière  qui  composent  le  vi- 
tellus.  Ces  œufs  sont-ils  fécondés  par  les  spermatozoïdes?  L'auteur  l'admet, 
tout  en  prévenant  qu'il  n'a  pas  constaté  le  fait.  Comment  s'opère  cette 
fécondation?  M.  Lieberkûhn,  se  renfermant  strictement  dans  le  champ  de 
ses  observations,  ne  cherche  pas  à  résoudre  cette  question. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  œufs,  par  suite  de  leur  développement,  se  changent 
d'abord  en  embryons  non  ciliés  [germes  internes  de  Laurent);  puis  appa- 
raissent des  cellules  contractiles,  et,  dès  ce  moment,  les  aiguilles  siliceuses 
qui  forment  comme  le  sqitelette  du  spongiaire  commençant  à  se  montrer. 
Plus  tard  seulement  se  montrent  les  cils  vibratiles  qui  permettent  à  Ja 
jeune  Spongille  de  mener  pendant  quelque  temps  une  vie  errante.  Gn  voit 


(278) 
que  les  observations  de  M.  Lieberkûhn,   très-probablement  applicables  à 
d'autres  et  peut-être  à  toutes  les  autres  Éponges,  feraient  rentrer  ce  groupe 
dans  les  règles  constatées  presque  partout  ailleurs,  et  justifieraient  ime  fois 
de  pins  le  magnifique  aphorisme  de  Harvey- 

Dans  les  divers  chapitres  de  son  travail,  et  loujouis  à  propos  de  ses 
observations  personnelles,  M.  Lieberkûhn  examine  les  divers  modes  de 
propagation  signalés  chez  les  Infusoires.  Il  ajoute  un  grand  nombre  de  laits 
à  ceux  que  l'on  connaissait  sur  la  division  spontanée,  la  gemmiparité,  la 
reproduction  par  embryons;  le  phénomène  de  la  conjugaison  ne  pouvait 
être  oublié  par  lui  et  il  l'a  surtout  étudié  avec  soin  chez  les  Arcelles  et  dans 
les  Spongilles  :  mais  nous  ne  saurions  entrer  dans  les  détails  qu'exigerait 
l'exposé  même  très-succinct  de  tous  ces  faits. 

Dans  les  résumés  placés  à  la  fin  de  chaque  chapitre,  et  de  l'ouvrage  lui- 
tnême,  l'auteur  arrive  à  des  conclusions  presque  identiques  avec  celles  de 
MM.  Claparède  et  Lachmann.  Il  est  donc  inutile  de  répéter  ici  les  observa- 
tions que  nous  avons  présentées  plus  haut,  à  propos  du  Mémoire  de  ces 
deux  auteurs. 

L'Académie  peut  voir  d'après  ce  qui  précède  que  la  question  mise  par  elle 
auconcoiu's  n'est  pas  encore  complètement  résolue.  Les  difficultés  immenses 
et  l'étendue  du  sujet  rendaient  ce  résultat  facile  à  prévoir.  Des  groupes 
nombreux  d'Infusoires  ont  été  étudiés  avec  soin,  mais  ils  ne  pouvaient  l'être 
tous,  et  à  ce  sujet  votre  Commission  doit  exprimer  un  regret.  Aucun  des 
trois  concurrents  n'a  abordé  d'une  manière  suivie  l'étude  des  Réroniens,  des 
Plesconiens,...,  qui  renferment  les  formes  les  plus  élevées  parmi  les  Infu- 
soires. Pourtant,  ainsi  que  l'a  si  bien  démontré  un  jeune  naturaliste  français 
malheureusement  enlevé  à  la  science,  M.  Jules  Ilaime,  ces  groupes'semblent 
être  composés  d'espèces  réellement  adultes,  dont  les  larves  sont  encore 
regardées  comme  autant  d'espèces  distinctes.  Nous  savons  bien  qu'ici  les 
difficultés  s'accroissent  et  se  multiplient;  mais  ce  ne  devait  pas  être  une 
raison  pour  reculer  devant  une  étude  qui  promettait  des  résultats  d'une 
importance  supérieure. 

Néanmoins,  l'Académie  a  pu  le  voir,  les  savants  qui  ont  répondu  à  son 
appel  ont  envoyé  des  ouvrages  très-considérables,  et  qui  supposent  une 
masse  énorme  de  recherches  faites  avec  une  extrême  patience  au  milieu  de 
difficultés  très-nombreuses.  L'un  d'eux  a  fait  connaître  au  moins  un  fait  d'une 
haute  portée  :  tous  ont  ajouté  à  la  science  des  observations  nombreuses  qiu 
permettent  de  faire  une  sorte  de  départ  et  de  distinguer  ce  qu'il  y  a  de  certain , 
de  probable  ou  d'inexact  parmi  les  opinions  contradictoires  publiées  sur  une 


% 


{  279  ) 
question  des  plus  délicates.   C'est  là  un  résultat  important  et  que  votre 
Commission  a  cru  devoir  récompenser. 

Vos  Commissaires  auraient  voulu  pouvoir  vérifier  par  eux-mêmes  tous  les 
laitsnouveaux  annoncés  par  les  concurrents,  mais  c'était  là  chose  impossible. 
La  faune  parisienne  n'est  pas  la  même  que  celle  de  Berlin  et  la  saison  ne 
se  prêtait  pas  à  certaines  expériences.  Toutefois  dans  ce  qu'ils  ont  pu  juger 
par  eux-mêmes,  ils  ont  trouvé  que  les  auteurs  avaient  fait  preuve  d'une 
grande  exactitude.  En  outre,  presque  tous  les  faits  importants  ont  eu  pour 
garants  MM.  J.  Muller,  R.  Wagener,Th.  de  Siebold,  M.  Schuitze,  F.  Cohn,..., 
qui  ont  pu  vérifier  à  diverses  reprises  les  résultats  annoncés.  Aussi,  tout  en 
faisant  les  réserves  que  commandent  les  circonstances  où  elle  s'est  trouvée 
placée,  votre  Commission  a  jugé  à  l'unanimité  qu'il  y  avait  lieu  de  décerner 
le  prix,  et  que  ce  prix  devait  être  partagé.  Tout  en  regardant  le  travail  de 
M.  Lieberkùhn  comme  supérieur  à  certains  égards  à  celui  de  ses  concur- 
rents, elle  n'a  pas  jugé  que  cette  supériorité  allât  jusqu'à  devoir  motiver 
entre  des  hommes  qui  ont  fait  preuve  d'un  zèle  égal  pour  la  science,  une 
distinction  par  trop  marquée. 

En  conséquence,  votre  Commission  a  l'honneur  de  vous  proposer  de 
partager  le  grand  prix  des  Sciences  physiques,  pour  1857,  entre  M.  Lif.brr^ 
KiTHx  et  MM.  Claparède  et  Laoumann. 

RAPPORT  SUR   LE  CONCOURS   POUR  LE  PRIX  DE  PHYSIOLOGIE 
EXPÉRIMENTALE  POUR  L'ANNÉE  1857. 

FONDATION  MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Cl.  Bernard,  Flourens,  Milne  Edwards,  Serres, 

Coste  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  de  Physiologie  expérimentale  à  M.  Au-- 
guste  MuLLEii,  de  Berlin,  pour  sa  découverte  de  la  métamorphose  de  la 
I^amproie  de  rivière  [Petromyzon  planeri,  Bl.). 

Ce  physiologiste  a  démontré,  en  effet,  que  l'Ammocète,  prise  jusque  là 
pour  une  espèce  distincte,  n'est  autre  chose  qu'une  larve  de  Cyclostome, 
comme  le  têtard  est  une  larve  de  Batracien.  Par  cette  découverte  inattendue, 
non-seulement  il  a  introduit  dans  le  domaine  de  la  science  un  fait  impor- 
tant, mais  il  a  ouvert  un  nouveau  champ  d'investigation;  car  en  signalant 
dans  une  classe  où  on  était   loin  de  la  soupçotuier,  la  métamorphose  de 


.  (  28o  ) 
certaines  espèces,  il  conduit  naturellement  les  observateurs  à  rechercher  si 
d'autres  espèces  de  la  même  classe  ne  sont  pas  soumises  à  la  même  loi. 

L'auteur  ne  s'est  pas  borné  à  recueilhr,  au  moment  de  la  ponte  naturelle, 
les  œufs  de  l'espèce  dont  il  voulait  suivre  le  développement,  il  en  a  aussi 
fécondé  artificiellement,  et  ces  œufs,  pris  dans  des  conditions  différentes, 
ont  été  séquestrés  par  lui  dans  un  récipient. 

En  se  mettant  ainsi  à  l'abri  de  toute  cause  d'erreur,  il  a  pu  assister  aux 
diverses  phases  de  leur  évolution.  Il  a  vu  le  vitellus  se  segmenter  tout  entier, 
comme  chez  les  Batraciens,  et  ce  vitellus,  transformé  par  cette  segmentation, 
se  convertir  en  un  embryon  qui,  au  bout  de  dix-huit  jours  d'incubation, 
est  sorti  de  l'œuf,  non  point  avec  les  caractères  d'une  Lamproie,  mais  avec 
ceux  d'une  Ammocète. 

Les  Ammocètes,  issues  de  ces  œufs  de  Lamproie,  ont  été  conservées  pen- 
dant plus  de  deux  ans  dans  un  réservoir  spécial,  où  malheureusement  elles 
sont  mortes  avant  d'avoir  pu  se  transfigurer.  Mais  l'auteur,  pour  complétor 
le  cercle  des  observations  interrompues  par  cet  accident,  a  substitué  aux 
Ammocètes  mortes  de  son  réservoir  d'autres  Ammocètes  vivantes,  du  même 
âge,  prises  dans  les  ruisseaux  voisins.  Ces  dernières,  après  quelques  mois  de 
séquestration,  c'est-à-dire  vers  leur  troisième  année,  ont  subi,  sous  ses  yeux, 
leur  métamorphose  et  revêtu  tous  les  caractères  de  leurs  parents.  Puis,  après 
cette  métamorphose,  il  les  a  vues  se  reproduire  et  mourir,  car  la  reproduc- 
tion paraît  être  le  dernier  terme  de  la  vie  de  la  I^amproie. 

Telles  sont  les  études  auxquelles  la  Commission  décerne  le  prix  de  Phy- 
siologie expérimentale. 

La  Commfssion  a  remarqué,  parmi  les  travaux  soumis  à  son  examen,  celui 
de  M.  le  D*^  Poillipeaux  sur  l'ablation  des  capsules  surrénales.  Elle  propose 
à  l'Académie  d'accorder  à  son  auteur  une  mention  honorable. 

M.  Phillipeaux  a  voulu  démontrer  qu'on  peut  enlever  sur  un  animal,  soit 
l'une  après  l'autre,  soit  simultanément  les  deux  capsules  surrénales,  sans 
porter  aucune  atteinte  au  jeu  régulier  de  ses  fonctions  essentielles.  Il  a  mis 
sous  nos  yeux  des  Mammifères  (i  )  sur  lesquels  les  deux  capsules  surrénales 
avaient  été  complètement  enlevées,  comme  nous  avons  pu  nous  en  convain- 
cre par  l'autopsie.  Cependant,  malgré  cette  ablation,  ces  animaux  avaient 
vécu  en  parfaite  santé  et  s'étaient  reproduits  soit  en  s'accouplant  entre  eux. 


(i)  M.  Pliillipeaux  a  opéré  sur  des  espèces  Ue  la  famille  des  RoDt;eurs,  et  particul)«reineni 
sur  les  Ratj  albinos. 


(  .8r  ) 
soit  en  s'accouplant  avec  d'autres  qui  n'avaient  subi  aucune  mutilation.  Les 
expériences  de  l'auteur  démontrent  donc  ce  qu'il  a  voidu  prouver. 

Les  capsules  surrénales  ne  sont  pas  des  organes  essentiels  à  la  vie  de  l'a- 
dulte. 

La  Commission  a  remarqué  aussi  les  Mémoires  de  M.  Lespès  sur  les  sper- 
matophores  de  certains  Orthoptères  et  sur  l'organisation  des  Termites.  Ces 
travaux,  il  est  vrai,  ne  rentrent  peut-être  pas  absolument  dans  la  catégorie 
de  ceux  en  faveur  desquels  le  prix  de  Physiologie  expérimentale  a  été  fondé, 
car  ce  sont  surtout  des  observations  sur  les  moeurs  et  la  structure  des  insec- 
tes. Cependant  ils  y  touchent  au  fond  de  si  près,  qu'il  serait  impossible  d'en 
marquer  la  séparation.  La  physiologie  expérimentale,  en  effet,  ne  se  borne 
pas  à  surprendre  par  la  vivisection  le  secret  de  la  fonction  spéciale  de  tel  ou 
tel  organe.  Elle  reste  encore  dans  les  limites  de  son  domaine  quand,  s'éle- 
vant,  avec  Huber  et  Réaumur,  de  l'étude  de  chacune  de  ces  fonctions  dis- 
tinctes aux  actes  des  organismes  entiers  dans  l'exercice  de  la  vie,  elle  con- 
traint les  individus  à  manifester  les  merveilles  de  leurs  instincts.  Les  travaux 
de  M.  Lespès  étant  conçus  dans  cet  esprit,  nous  ont  paru  dignes  d'une  men- 
tion honorable. 

La  Commission  croit  devoir,  en  outre,  proposer  à  l'Académie  de  décerner 
un  prix  à  M.  Brown-Séquard  pour  ses  recherches  persévérantes  sur  les  pro- 
priétés du  sang  artériel  et  sur  celles  du  sang  veineux. 

Ce  physiologiste  a  fait  un  grand  nombre  d'expériences  desquelles  il  paraît 
résulter  que  la  transfusion,  qu'on  n'avait  crue  praticablejusqu'ici  que  sur  des 
animaux  d'une  même  classe,  le  devient,  avec  certaines  précautions,  sur  des 
animaux  de  classes  distinctes  et  particulièrement  d'un  Oiseau  à  un  Mam- 
mifère. 

L'auteur  a  étudié  ensuite  la  faculté  qu'a  le  sang  artériel  de  faire  réapparaî- 
tre, par  une  injection  réitérée,  l'irritabilité  et  la  contractilité  dans  les  parties 
qui  les  ont  perdues,  pour  avoir  été  séparées  du  corps  depuis  un  certain 
temps.  Il  a  vu  ces  deux  propriétés  revenir  sur  des  membres  de  chien  où  elles 
semblaient  éteintes,  car  ces  membres  étaient  déjà  le  siège  d'une  rigidité 
cadavérique  très-prononcée. 

Ces  recherches  n'ont  point  encore,  sans  doute,  donné  des  résultats  défi- 
nihfs;  mais  elles  sont  entreprises  dans  une  direction  qui  peut  jeter  une  vive 
lumière  sur  des  questions  importantes  pour  la  science,  et  c'est  afin  d'encou- 
rager l'auteur  à  persévérer  dans  cette  voie  que  la  Commission  propose  à 
l'Académie  de  lui  accorder  un  prix. 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  6.)  ^7 


(     282    ) 

RAPPORT  SUR   LE   CONCOURS    POUR   LES   PRIX    RELATIFS    AUX 
ARTS  INSALUBRES  POUR  L'ANNÉE  1857. 

FONDATION   MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Boussingaiilt,  Combes, 
Chevreul  rapporteur.) 

Parmi  les  dix  pièces  que  la  Commission  des  Arts  insalubres  a  examinées, 
elle  n'en  a  trouvé  que  deux  qui  lui  aient  paru  remplir  les  conditions  du  prix 
Montyon  destiné  à  ceux  qui  auront  rendu  un  art  moins  insalubre. 

Ces  deux  pièces  sont  :  1°  Un  appareil  de  l'invention  de  M.  Eugène  Rol- 
land, nommé  torréfacteur  mécanique,  et  propre  à  dessécher  e*  torréfier  les 
feuilles  de  tabac  hachées; 

2°.  Une  machine  propre  à  débourrer  les  cardes,  de  l'invention  de  M.  Dan- 
nery,  contre-maître  dans  une  filature  de  coton  à  Saist-Sever  près  de  Rouen. 

M.  Rolland  est  parvenu  à  substituer  aux  anciens  procédés  de  séchage 
usités  dans  les  manufactures  de  tabac,  un  appareil  nouveau,  qui  sup- 
prime des  causes  très-graves  d'insalubrité  et  présente  des  avantages  consi- 
dérables et  constatés  par  une  longue  expérience,  sous  le  rapport  de  l'éco- 
nomie et  de  la  bonne  conduite  des  opérations.  Le  même  appareil  peut  être 
appliqué,  avec  des  modifications  appropriées,  à  la  dessiccation  ou  torré- 
faction de  matières  autres  que  les  feuilles  de  tabac. 

La  Commission  propose,  en  conséquence,  de  décerner  à  M.  Eugène  Rol- 
land un  prix  de  deux  mille  cinq  cents  francs  ;  et,  en  outre,  d'accord  avec  les 
Commissaires  à  l'examen  desquels  le  Mémoire  présenté  par  lui  à  l'Académie 
avait  été  renvoyé,  elle  propose  l'insertion  de  ce  Mémoire  dans  le  Recueil  des 
Savants  étrangers. 

M.  Dannery,  contre-maître  dans  une  filature  de  coton  à  Saint-Sever,  près 
de  Rouen,  est  l'inventeur  d'une  machine  à  débourrer  les  chapeaux  de  cardes. 
Le  débourrage  des  cardes  est  une  opération  fort  malsaine  pour  les  ouvriers 
qui  respirent  l'air  chargé  des  poussières  de  toute  nature,  dont  les  déchets 
de  coton  adhérents  aux  cardes  sont  chargés.  L'appareil  de  M.  Dannery  sup- 
prime en  grande  partie  cet  inconvénient  ;  mais  il  n'est  encore  employé  que 
dans  quelques  filatures  des  environs  de  Rouen. 

La  Commission,  espérant  que  son  auteur  pourra  apporter  des  perfec- 
tionnements tels,  qu'il  puisse  être  généralement  adopté  dans  les  établisse- 


(  283  ) 
ments  de  ce  genre,  propose  d'accorder  à  M.  Dannery  comme  récompense  de 
ces  efforts,  et  à  titre  d'encouragement,  une  somme  de  mille  francs. 

Ces  propositions  sont  adoptées. 

Rapport  fait  par  M.   Combes  sur  le  torréfq^cteur  mécanique  de 

M.  Eugène  Rolland. 

L'appareil  nommé  torréfacteur  mécanique,  que  M.  E.  Rolland  a  fait  con^: 
struire  et  pour  lequel  la  Commission  propose  de  lui  accorder  un  prix,  est 
appliqué  avec  succès  depuis  plusieurs  années,  sous  sa  direction,  à  la  dessic- 
cation et  à  la  torréfaction  des  feuilles  de  tabac  hachées,  dans  les  manufac- 
tures impériales  de  Strasbourg,  de  Lyon  et  de  Paris. 

Les  feuilles  de  tabac  séchées  à  l'air  donneraient  lieu,  dans  les  diverses 
manipulations,  à  une  très-grande  quantité  de  débris  en  poussière  qui  se- 
raient inévitablement  perdus,  si  on  ne  les  humectait  d'eau,  dont  elles  re- 
tiennent une  quantité  toujours  assez  considérable  qu'il  faut  leur  enlever, 
après  l'opération  du  hachage,  pour  les  livrer  à  la  consommation.  La  dessic- 
cation du  tabac  haché  est  une  opération  délicate,  en  raison  de  la  forme 
filamenteuse  de  la  matière  qui  tend  à  se  pelotonner  par  l'enchevêtrement 
de  ses  parties,  et  de  la  nécessité  de  la  chauffer  à  un  degré  suffisant  pour 
prévenir  une  fermentation  ultérieure,  sans  atteindre  celui  où  elle  serait  dé- 
tériorée par  un  commencement  de  carbonisation.  Les  limites  de  tempé- 
rature entre  lesquelles  il  faut  se  maintenir,  pour  satisfaire  à  cette  double 
condition,  sont  assez  peu  écartées  et  paraissent  être  70  et  1 10  degrés  centi- 
grades. 

La  dessiccation  était  autrefois  et  est  encore  pratiquée  dans  plusievirs 
manufactures,  en  étendant  le  tabac  haché  sur  des  plaques  métalliques 
juxtaposées,  formant  une  table  qui  est  chauffée  par  l'action  directe  d'un 
foyer  et  de  la  fumée  circulant  dans  ses  carneaux.  On  a  substitué  plus  tard, 
aux  plaques  chauffées  à  feu  nu,  sur  les  conseils  de  notre  illustre  confrère 
Gay-Lussac,  des  tuyaux  placés  à  côté  les  uns  des  autres,  dans  l'intérieur 
desquels  circule  de  la  vapeur  d'eau.  Les  creux  entre  les  tuyaux  contigus 
sont  remplis  par  des  lames  de  plomb,  de  manière  à  obtenir  une  table 
ondulée.  Une  salle  de  dessiccation,  d'après  ce  dernier  système,  existe  encore 
à  l'étage  supérieur  de  l'un  des  bâtiments  de  la  Manufacture  impériale  de 
Paris. 

Que  les  tables  soient  chauffées  à  feu  nu  ou  par  circulation  de  vapeur  ou 

37.. 


(284) 
d'eau  chaude,  le  tabac  doit  être  étalé  par  des  ouvriers  qui  le  retournent 
continuellement,  en  le  divisant  et  le  projetant  à  une  certaine  hauteur,  afin 
de  renouveler  les  points  de  contact  avec  le  métal  chauffé,  et  de  faciliter 
le  dégagement  de  la  vapeur  par  l'agitation  dans  l'air.  L'eau  vaporisée  se 
répand  dans  l'atelier,  entraînant  avec  elle  des  matières  fortement  odo- 
rantes, que  les  ouvriers  penchés  sur  les  tables  aspirent  au  point  même  où 
elles  se  dégagent  et  sont  le  plus  abondantes.  Ils  sont,  en  outre,  placés  sur  le 
trajet  des  courants  d'air  frais  que  l'on  est  obligé  d'admettre  par  les  fenêtres 
ouvertes  à  la  hauteur  des  tables,  afin  de  diluer  et  entraîner  les  vapeurs  qui 
sortent  par  la  partie  supérieure  de  l'atelier. 

La  dessiccation  du  tabac  est  aujourd'hui  opérée  dans  le  torréfacteur  méca- 
nique de  M.  Rolland,  sans  aucune  émission  dans  l'atelier  de  vapeurs  d'eau 
et  d'huiles  odorantes;  le  nombre  d'ouvriers  employés  est  réduit  dans  le 
rapport  de  i  à  Z|  ;  la  matière  est  exposée  à  une  température  maintenue  par 
un  thermo-régulateur,  entre  des  limites  dont  l'écart  ne  dépasse  pas  5  ou 
6  degrés;  la  dessiccation  est  parfaitement  uniforme,  et  le  déchet  en  débris 
brûlés  ou  poussières,  très-considérable  dans  l'ancien  mode  d'opérer,  est 
presque  nul  dans  le  nouveau. 

Le  torréfacteur  est  un  cylindre  en  tôle  placé  horizontalement  au-dessus 
d'un  fourneau  en  maçonnerie  et  reposant,  par  les  parties  voisines  de  ses 
extrémités,  sur  deux  couples  de  galets,  établis  aux  deux  bouts  du  fourneau. 
Pendant  l'opération,  le  cyhndre  reçoit  un  mouvement  de  rotation  par  l'in- 
termédiaire d'un  mécanisme  qui  permet  de  faire  varier  la  vitesse  avec  faci- 
lité par  tous  les  degrés  compris  entre  des  limites. assez  écartées.  La  paroi 
intérieure  est  parfaitement  lisse  et  unie  ;  elle  est  garnie  de  plusieurs  cloisons 
héliçoïdes  d'un  pas  très-allongé,  qui  montent  à  peu  près  à  la  hauteur  de  la 
moitié  du  rayon,  et  sont  armées  sur  leurs  bords  saillants  de  crochets  en  fer 
équidistants,  légèrement  courbés  dans  le  sens  du  mouvement  de  rotation. 

Le  tabac  humide  tombe  dans  le  cylindre,  d'une  manière  continue,  par 
une  extrémité;  il  est  soulevé  par  les  cloisons  saillantes  héliçoïdes,  les  aban- 
donne, lorsqu'il  est  arrivé  vers  la  partie  supérieure,  pour  retomber  sur 
le  fond.  Les  parties  pelotonnées  sont  retenues  alors  par  les  crochets 
recourbés,  s'étirent  et  se  démêlent  sous  l'action  de  leur  propre  poids. 
A  chaque  révolution,  la  matière,  par  suite  de  l'inclinaison  des  cloisons, 
avance  un  peu  vers  la  seconde  extrémité,  où  elle  arrive  et  tombe  dans  une 
trémie  destinée  à  la  recevoir,  après  avoir  séjourné  dans  l'appareil  pendant 
un  temps  qui  dépend  de  la  vitesse  du  mouvement  de  rotation,  de  l'incli- 
naison des  cloisons  sur  les  génératrices,  de  l'intensité  du  frottement  de  la 


(  285  ) 
matière,  etc.  Le  cylindre  mobile  est  chauffé  directement  par  deux  foyers, 
placés  du  côté  de  la  trémie  d'entrée  et  disposés  de  façon  que  la  plus  grande 
partie  de  la  surface  inférieure  de  ce  cylindre  soit  exposée  au  rayonne- 
ment du  combustible  incandescent  qui  est  du  coke.  Les  produits  de  la 
combustion  en  lèchent  le  dôme,  en  passant  dans  un  espace  annulaire 
formé  par  un  manteau  demi-cylindrique  en  tôle  mince,  posé  sur  des  arcs 
en  fonte,  dont  les  extrémités  reposent  sur  la  maçonnerie  ;  ils  redescendent 
ensuite  par  des  carneaux  verticaux,  pour  se  rendre  à  la  cheminée.  Un 
courant  d'air  chaud  doit  circuler  dans  le  cylindre,  pour  entraîner  les  va- 
peurs àTnesure  qu'elles  se  forment.  M.  Rolland  a  pourvu  à  cette  nécessité, 
en  établissant  une  seconde  enveloppe  hémi-cylindrique,  concentrique  et 
supérieure  à  celle  qui  recouvre  le  torréfacteur  et  sous  laquelle  circulent 
les  produits  gazeux  de  la  combustion.  La  maçonnerie  du  fourneau  est  elle- 
même  évidée;  l'air  froid  de  l'atelier  entre,  par  des  ouvreaux  ménagés  vers 
l'extrémité  postérieure  du  fourneau,  dans  l'intérieur  de  ces  évidements, 
passe  de  là  entre  les  deux  enveloppes  hémi-cylindriques  fixes  qui  recou- 
vrent le  torréfacteur,  circule  de  l'arrière  à  l'avant  de  celui-ci  dans  l'espace 
annulaire,  où  il  n'est  séparé  des  produits  gazeux  de  la  combustion  que  par 
une  paroi  métallique  mince,  se  bifurque  en  deux  courants  qui  descendent 
dans  des  cheminées  appliquées  contre  les  deux  parois  latérales  de  la  trémie, 
par  laquelle  arrivent  les  matières  à  dessécher  ;  les  deux  branches  du  courant 
d'air  chaud  se  réunissent  ensuite  et  entrent  dans  le  cylindre  mobile,  par 
sa  partie  antérieure  :  le  courant  d'air  chaud  mêlé  aux  vapeurs  dégagées 
des  feuilles  de  tabac  qu'il  lèche  dans  son  passage,  sort  à  l'extrémité  opposée 
par  un  large  tuyau  en  tôle  établi  au-dessus  de  la  trémie  où  tombent  les 
matières  sortant  du  cylindre  et  qui  va  déboucher  dans  la  cheminée  du' 
foyer.  Il  résulte  de  ces  dispositions  que  la  chaleiu'  est  très-bien  utilisée; 
car  le  foyer  rayonne  soit  vers  le  torréfacteur  lui-même,  soit  vers  des  espaces 
où  circule  l'air  à  échauffer,  et  les  gaz  chauds  résultant  de  la  combustion 
circulent,  en  se  rendant  à  la  cheminée,  entre  le  torréfacteur  et  le  canal  con- 
tenant l'air  qui  Va  se  rendre  au  cylindre  et  dont  ils  ne  sont  séparés  que  par 
une  mince  feuille  de  tôle. 

Nous  ne  pourrions  décrire,  à  moins  d'entrer  dans  des  détails  qui  allonge- 
raient trop  ce  Rapport  et  qu'il  nous  serait  d'ailleurs  difficile  de  faire  com- 
prendre sans  le  secours  de  dessins,  les  ingénieuses  dispositions  mises  en  œuvre 
par  M.  Rolland  pour  obtenir  la  distribution  régulière  de  la  matière  à  des- 
sécher, qui  arrive  d'une  manière  continue  dans  le  cylindre  mobile,  sans  que 
l'air  froid  puisse  y  pénétrer  en  même  temps;  pour  procurer,  aux  moments 


(  286  ) 
convenables,  l'ouverture  d'une  soupape  par  laquelle  se  vide  la  trémie  où 
tombe  continuellement  la  matière  desséchée,  et  la  fermeture  immédiate  de 
cette  soupape,  de  manière  à  éviter  l'entrée  de  lair  froid;  pour  prévenir 
l'entrée  de  l'air  extérieur  ou  la  sortie  des  gaz  chauds  résultant  de  la  com- 
bustion, par  les  intervalles  qtii  existent  nécessairement  entre  la  paroi  externe 
du  cylindre  mobile  et  les  bords  du  fourneau  et  des  enveloppes  fixes  que 
ce  cylindre  dépasse  par  ses  extrémités.  Mais  nous  décrirons  sommairement 
le  thermo-régulateur,  au  moyen  duquel  la  température  dans  l'intérieur  du 
cylindre  est  maintenue  entre  des  limites  dont  l'écart  ne  dépasse  pas  5  à 
6  degrés  centigrades. 

L'activité  de  la  combustion  est  modifiée  dans  le  sens  convenable  pour 
ramener  la  température  du  fourneau  au  degré  normal,  dès  qu'elle  com- 
mence à  s'en  écarter  légèrement  en  plus  ou  en  moins,  par  la  variation  du 
volume  d'air  qui  l'alimente.  A  cet  effet,  les  cendriers  sont  hermétiquement 
fermés;  les  portes  des  foyers  joignent  exactement  par  leurs  bords  les 
cadres  sur  lesquels  elles  s'appliquent  et  ne  sont  ouvertes  qu'à  des  interval- 
les assez  éloignés,  pour  le  chargement  du  combustible.  L'air  nécessaire  à 
la  combustion  arrive  aux  cendriers  par  un  canal  ménagé  dans  la  maçon- 
nerie et  présentant  à  l'extérieur  un  orifice  circulaire,  auquel  s'adapte 
une  soupape  suspendue  à  l'une  des  extrémités  d'un  fléau  de  balance. 
Sur  l'autre  bras  de  ce  fléau  agit  la  tige  d'iui  flotteur  immergé  dans  du  mer- 
cure que  contient  un  cylindre  en  fer  terminant  l'une  des  branches  verti- 
cales d'un  siphon  renversé;  la  seconde  branche  de  ce  siphon  se  relie  par  un 
tube  de  petit  diamètre,  logé  dans  la  paroi  du  fourneau,  à  un  tuyau  métalli- 
que horizontal  placé  dans  la  partie  supérieure  de  l'espace  armulaire  formé 
par  les  deux  enveloppes  fixes  du  cylindre  mobile  et  par  où  arrive  le  courant 
d'air  chauffé.  Ce  tuyau  occupe  ainsi  la  partie  du  fourneau  où  les  variations 
de  température  se  font  sentir  avec  le  plus  de  promptitude  et  d'intensité.  L'»ir 
qui  y  est  confiné  pressant  sur  le  mercure  de  l'une  des  branches  du  siphon, 
dont  la  seconde  est  ouverte  à  l'air  libre  et  contient  le  flotteur,  détermine 
l'ascension  ou  l'abaissement  de  celui-ci,  suivant  que  la  température  s'élève 
ou  s'abaisse,  et  par  suite  l'abaissement  ou  l'ouverture  graduelle  de  la  sour 
pape  qui  recouvre  l'orifice  d'admission  de  l'air  comburant. 

Le  thermo-régulateur  consiste  donc  en  un  grand  thermomètre  à  air  et 
n'offre  rien  de  bien  neuf,  dans  son  principe  ;  ce  qui  en  lait  un  appareil 
tout  nouveau  et  d'une  fort  grande  précision,  c'est  la  détermination  des 
dimensions  et  des  masses  de  toutes  les  parties  du  système,  de  manière  à 
)ui  procurer  une  extrême  sensibilité;  c'est  que  M.  Rolland  est  parvenu  à, 


(  287  ) 
compenserl'influencedes  varia tionsde  la  pression  atmosphérique  extérieure, 
qui  pourraient  causer  des  variations  de  température  sortant  des  limites  exi- 
gées pour  la  bonne  conduite  de  l'opération;  enfin,  on  peut  régler,  à  chaque 
instant,  le  volume  d'air  confiné  de  manière  que  sa  pression  ne  diffère  pas 
sensiblement  de  celle  de  l'atmosphère  extérieure,  lorsqu'il  est  à  la  tem- 
pérature normale. 

Une  longue  expérience  a  confirmé  sur  tous  les  points  les  résultats  déduits 
par  M.  Rolland  d'une  étude  approfondie  des  phénomènes  de  la  combustion. 
Le  torréfacteur  mécanique,  en  même  temps  qu'il  soustrait  les  ouvriers  aux 
émanations  insalubres  du  tabac  soumis  à  l'opération,  fournit  des  produits 
beaucoup  meilleurs  et  plus  réguliers  que  les  anciens  procédés  auxquels  il  a 
été  substitué,  n'exige  qu'un  local  infiniment  moins  étendu,  évite  des 
déchets  considérables  et  procure  enfin  une  économie  énorme  de  main-d'œu- 
vre et  de  combustible.  ;.^    ,  ,, 

Nous  citerons  les  résultats  du  travail  courant  pratiqué  à  la  Manufacture 
impériale  de  Paris  et  ceux  de  quelques  expériences  spéciales. 

Dans  un  travail  qui  dure  en  moyenne  dix  heures  par  jour,  on  passe  au 
torréfacteur  7000  kilogrammes  de  tabac  humide,  qui,  pesé  à  sa  sortie  de 
l'appareil,  à  la  température  de  70  degrés,  a  perdu  environ  i3  pour  100  de 
son  poids  et  perd  encore  environ  i  et  demi  pour  100  durant  le  refroidis- 
sement jusqu'à  la  température  ordinaire.  On  briile  au  plus  3oo  kilogrammes 
de  coke  acheté  aux  usines  à  gaz  de  Paris.  Ainsi,  en  tenant  compte  de  l'éva- 
poration  qui  se  continue,  après  que  la  matière  chauffée  est  sortie  du  torré- 
facteur, 1000  kilogrammes  d'eau  ou  autres  matières  sont  évaporés  par  la 
combustion  de  3oo  kilogrammes  de  coke,  soit  3  kilogrammes  un  tiers  par 
kilogramme  de  coke.  Mais  cela  ne  représente  pas  à  beaucoup  près  tout  l'effet 
utile  de  l'appareil  ;  car  on  y  sèche,  en  outre  du  tabac  haché,  des  feuilles 
destinées  aux  cigares  et  qui  perdent  jusqu'à  4o  pour  100  d'eau.  Des  expé- 
riences spéciales  portant  sur  un  travail  continué  au  moins  pendant  neuf 
jours  consécutifs  et  interrompu  pendant  la  nuit,  ont  donné  : 

Au  mois  de  juin.  .    .  .     4''''>35  d'eau  évaporée,  par  kilogramme  de  coke  brûlé. 
Au  mois  de  juillet....     4''"»2o  »  » 

Au  mois  de  janvier...      3''", 78  »  » 

en  comptant  la  totalité  du  coke  brûlé,  y  compris  celui  qui  est  consommé 
pour  l'allumage  et  le  réchauffement  du  fourneau,  au  commencement  de  la 
journée. 

Dans  les  anciens  séchoirs  à  vapeur,  on  consomme  plus  de  3  kilogrammes 
de  vapeur  pour  enlever  à  la  matière  i  kilogramme  d'eau. 


(  288  ) 

La  main-d'œuvre,  dans  les  anciens  séchoirs,  est  payée  à  raison  de  i',  "20  par 
100  kilogrammes  de  matière  à  sécher;  elle  ne  coûte,  en  faisant  usage  du 
torréfacteur,  que  o^,  25. 

Le  déchet  dû  aux  débris  réduits  en  poudre  est  de  5  pour  100  dans  l'an- 
cien procédé  de  séchage  ;  il  est  tout  à  fait  insignifiant  dans  la  dessiccation 
au  torréfacteur  mécanique. 


RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LES  PRIX  DE   MÉDECINE 
ET  DE  CHIRURGIE  POUR  L'ANNÉE  1857. 

FONDATION  MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Rayer,  Velpeau,  Cl.  Bernard,  Jobert  de 
Lamballe,  Duméril,  Flourens,  Chevreul,  Jules  Cloquet,  Andral  rap- 
porteur.) 

La  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  au  nom  de  laquelle 
je  viens  présenter  ce  Rapport  à  l'Académie,  a  eu  à  examiner  quatre-vingts 
ouvrages  relatifs  aux  différentes  branches  des  sciences  médicales,  ou  à  celles 
qui  y  sont  afférentes  ;  elle  a  l'honneur  de  vous  proposer  de  décerner  cette 
année  les  trois  prix,  de  deux  mille  cinq  cents  francs  chacun,  que  le  nouveau 
règlement  lui  permet  d'accorder,  et  deux  mentions  honorables. 

Les  auteurs  pour  chacun  desquels  la  Commission  vous  propose  un  prix 
de  deux  mille  cinq  cents  francs  sont,  par  ordre  alphabétique  : 

M.  Broca,  pour  son  ouvrage  intitulé  :  Des  anévrismes  et  de  leur  traite- 
ment. 

MM.  Delafond  et  Bourguignon,  pour  leur  Traité  de  la  gale  chez  les  ani- 
maux domestiques. 

M.  MoREL,  pour  son  Traité  des  dégénérescences  physiques,  intellectuetlts  et 
morales  de  [espèce  humaine,  et  des  causes  qui  produisent  ces  variétés  mala- 
dives. 

I^s  auteurs  auxquels  la  Commission  vous  propose  de  décerner  une  men- 
tion honorable  sont,  par  ordre  alphabétique  : 

M.  Bertillon,  pour  son  livre  intitulé:  Conclusions  statistiques  contre  les 
détracteurs  de  la  vaccine,  précédées  d'un  Essai  sur  la  méthode  statistique 
appliquée  à  l'étude  de  l'homme. 

M.  Fo\ssAGRivES,  pour  son  Traité  d'hjgiène  navale. 

Les  ouvrages  consacrés  à  l'étude  exclusive  d'une   seule    maladie,   en 


(  ^89  ) 
d'autres  termes  les  monographies,  ont  été  toujours,  de  la  part  de  la  Com- 
mission, l'objet  d'un  examen  sérieux.  Ces  sortes  d'ouvrages,  en  effet,  lors- 
qu'ils ont  été  composés  suivant  un  véritable  esprit  scientifique,  sont  de  ceux 
qui  ont  le  plus  contribué,  depuis  le  commencement  de  ce  siècle,  à  exercer 
une  influence  salutaire  sur  le  développement  de  la  science  et  sur  le  perfec- 
tionnement de  l'art.  L'ouvrage  de  M.  Broca  sur  les  anévrismes  et  sur  leur 
traitement  est  une  excellente  monographie  de  ce  genre  d'affections.  L'auteur 
y  a  fait  preuve  d'une  remarquable  sagacité  dans  l'analyse  et  dans  l'appré- 
ciation de  onze  cents  faits  relatifs  aux  anévrismes  qu'il  a  trouvés  déposés 
dans  les  annales  de  la  science,  mais  dont  la  plupart  restaient  ignorés  ou 
stériles  par  leur  dissémination  ;  il  a  montré  qu'il  avait  un  esprit  à  la  fois 
critique  et  investigateur,  et  qu'il  possédait  cette  érudition  vraie  qui,  loin 
d'exclure  les  recherches  originales,  les  appelle  et  les  fortifie.  Avec  les  onze 
cents  faits  comptés  et  pesés  par  lui,  M  Broca  a  composé  une  histoire  des 
anévrismes  et  de  leur  traitement,  dans  laquelle  il  a  servi  la  science,  soit 
en  détruisant  des  erreurs  accréditées,  soit  en  produisant  des  vues  et  des 
recherches  nouvelles.  Parmi  celles-ci,  nous  signalerons  surtout  à  l'Acadé- 
mie celles  qu'il  a  consignées  dans  le  chapitre  de  son  livre  qu'il  a  intitulé  ; 
Physiologie  pathologique  des  anévrismes.  Sous  ce  titre,  M.  Broca  a  étudié 
tout  autrement,  et  infiniment  mieux  qu'on  ne  l'avait  fait  avant  lui,  les  phé- 
nomènes de  la  circulation  anévrismale  ;  il  a  cherché  comment  et  pourquoi 
se  forment  les  caillots  qui,  en  oblitérant  le  sac,  peuvent  seuls  amener  la 
guérison  des  anévrismes  ;  il  a  cherché  surtout  à  déterminer  la  nature  et  les 
propriétés  de  ces  caillots.  Il  les  distingue  en  caillots  actifs  et  caillots  passifs  : 
les  premiers  étant  formés  seulement  par  de  la  fibrine,  les  autres  par  le  sang 
en  nature.  C'est  ce  qui  avait  déjà  été  indiqué  par  T.-L.  Petit;  mais  ce  chi- 
rurgien avait  vu  le  fait  sans  en  déduire  les  conséquences  importantes  que 
M.  Broca  a  su  en  tirer.  Il  a  vu,  en  effet,  que,  bien  que  les  uns  et  les  autres 
pussent  produire  une  oblitération  spontanée  ou  provoquée  des  artères,  les 
premiers  seuls  pouvaient  amener  ime  guérison  certaine  et  définitive  des 
anévrismes,  et  que  leur  formation  n'entraînait  jamais  aucun  accident, 
tandis  que  les  seconds  n'amenaient  qu'une  guérison  temporaire,  et  que  de 
plus  ils  provoquaient  parfois  autour  d'eux  des  accidents  graves  :  suppura- 
tion, ulcérations,  gangrène,  hémorragies  à  travers  le  sac.  M.  Broca  a  parfaite- 
ment étudié  les  conditions  qui  produisent  l'un  ou  l'autre  de  ces  modes  de 
coagulation  dans  les  poches  sanguines.  Il  a  prouvé  que  l'inflammation  spon- 
tanée des  anévrismes  et  toutes  les  méthodes  qui  agissent  en  provoquant 
cette  inflammation,  ainsi  que  la  suppression  complète  ou  presque  complète 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  {T.  XLVI,  N«  6)  38 


(  290  ) 

du  cours  du  sang  dans  un  anévrisme,  n'y  font  déposer  que  des  caillots  pas- 
sifs, et  qu'au  contraire  les  caillots  actifs  se  forment  lorsque  la  stagnation  du 
sang  est  moins  complète,  que  le  cours  du  sang  est  simplement  diminué,  et 
qu'un  filet  de  sang,  continuant  à  traverser  régulièrement  l' anévrisme,  s'y 
dépouille  graduellement  d'une  partie  de  sa  fibrine. 

Ces  données  de  physiologie  pathologique  ne  sont  pas  restées  stériles 
entre  les  mains  de  l'auteur  :  il  s'en  est  servi  en  effet  pour  discuter  le  mode 
d'action  des  différentes  méthodes  de  traitement  des  anévrismes,  et  spéciale- 
ment de  la  ligature  et  de  la  compression  indirecte.  La  ligature,  suivant 
l'auteur,  est  peu  sûre,  parce  qu'elle  ne  produit  dans  la  plupart  des  cas  que 
des  caillots  passifs,  avec  toutes  leurs  conséquences.  Il  résulte  des  relevés 
statistiques  de  l'auteur  que  la  ligature  est  suivie  de  nombreux  accidents,  qu'il 
étudie  avec  un  soin  particulier,  et  comme  on  ne  l'avait  encore  fait  nulle 
part  ailleurs,  sous  le  rapport  de  leurs  causes,  de  leur  nature,  de  leur  trai- 
tement. Par  ces  mêmes  relevés  statistiques  il  est  conduit  à  donner  la  pré- 
férence à  la  méthode  de  la  compression  indirecte  sur  celle  de  la  ligature,  et 
il  s'en  rend  compte  par  le  mode  d'action  de  cette  méthode  qui,  diminuant 
le  cours  du  sang  sans  le  supprimer,  ne  fait  déposer  que  des  couches  fibri- 
neuses,  c'est-à-dire  des  caillots  actifs.  M.  Broca  a  le  mérite  d'avoir  rappelé 
l'attention  en  France  sur  cette  méthode  et  d'en  avoir  fait  mieux  connaître 
le  mécanisme. 

Si  nous  ne  craignions  de  trop  allonger  ce  Rapport,  nous  citerions  un  grand 
nombre  de  faits  et  de  détails  inconnus  avant  la  publication  de  M.  Broca  et 
que  ses  travaux  statistiques  lui  ont  révélés  :  ainsi,  par  exemple,  ce  fait 
singulier  et  imprévu  qu'à  mesure  que  l'homme  avance  en  âge,  la  disposition 
aux  anévrismes  augmente  sur  les  artères  sus-diaphragmatiques,  et  diminue 
sur  les  artères  sous-diaphragmatiques. 

Nous  citerions  encore  ses  recherches  expérimentales  sur  la  gaivano- 
puncture  qui  l'ont  conduit  à  penser,  contre  l'opinion  reçue,  que  la  coagula- 
tion du  sang,  chez  l'individu  vivant,  se  fait  aussi  bien  au  pôle  négatif  qu'au 
pôle  positif. 

Nous  mentionnerions  aussi  un  fait  des  plus  intéressants,  découvert  par 
M.  Broca,  savoir  :  les  phénomènes  d'hypertrophie  qui  se  produisent  dans 
les  parties  molles  et  jusque  dans  le  squelette  des  membres  affectés  d'ané- 
vrismes  artério- veineux. 

La  Commission  veut  enfin  appeler  l'intérêt  de  l'Académie  sur  les  recher- 
ches historiques,  qui  ne  sont  pas  une  des  parties  les  moins  importantes  du 
livre  de  M.  Broca,  et  qui  lui  ont  paru  être  un  modèle  en  ce  genre,  tant  par 


(  291  ) 
l'étendue  et  la  conscience  des  recherches,  que  par  le  talent  avec  lequel  les 
nombreux  documents  qu'il  a  laborieusement  rassemblés  s'y  trouvent  discutés 
et  appréciés. 

MM.  Delafond  et  Bourguignon  ont  soumis  à  l'examen  de  la  Commission 
un  ouvrage  considérable,  encore  manuscrit,  accompagné  de  trè.s-beaux 
dessins,  dans  lequel  ils  ont  exposé  les  résultats  de  leurs  recherches  sur  la 
gale  des  animaux  domestiques;  ils  l'ont  étudiée  au  double  point  de  vue  de 
l'entomologie  et  de  la  pathologie,  et  ils  y  ont  consigné  un  grand  nombre 
de  faits  observés  avec  le  plus  grand  soin,  relatifs  à  la  contagion  de  cette 
maladie,  soit  des  animaux  à  l'homme,  soit  de  l'homnie  aux  animaux. 

Les  auteurs  de  cet  important  travail  en  avaient  déjà  présenté  une  portion 
à  l'Académie,  sous  le  titre  de  Traité  de  la  (jale  du  mouton.  En  leur  accor- 
dant, d'après  un  Rapport  fait  au  nom  de  la  Commission  des  prix  de  Méde- 
cine, un  encouragement,  l'Académie  les  avait  engagés  à  poursuivre  leurs 
recherches  sur  cette  maladie  chez  d'autres  animaux.  Ils  ont  répondu  à 
cet  appel  avec  un  zèle  digne  d'éloges,  et  ils  ont  étudié  l'affection  psorique 
avec  les  plus  grands  détails  chez  le  cheval,  le  bœuf,  la  chèvre,  le  mouton, 
le  chien,  le  chat  et  le  lion.  Cette  étude  les  a  occupés  pendant  six  années; 
pendant  ce  temps,  ils  ont  recherché  avec  autant  de  persévérance  que  de 
succès,  les  différences  de  conformation  et  de  structure  que  les  acares  de  la  gale 
présentent  chez  les  différentes  espèces  d'animaux  où  on  les  trouve;  ils  se 
sont  livrés  à  de  laborieuses  recherches  sur  les  organes  de  la  circulation,  de 
la  respiration,  de  l'innervation  et  de  la  reproduction  chez  ces  animaux; 
de  là  est  résultée  la  découverte  d'un  grand  nombre  de  faits  nouveaux  relatifs 
à  leur  histoire  naturelle,  à  leur  anatomie  et  à  leur  physiologie;  ?ans  doute, 
il  y  a  dans  tout  cela  plus  d'un  point  qui  réclame  encore  des  recherches  ou 
demande  une  vérification.  Mais  dans  les  sciences  d'observation  quel  est 
le  sujet  qui  peut  jamais  être  regardé  comme  achevé  ? 

Un  des  points  sur  lesquels  MM.  Delafond  et  Bourguignon  ont  fait  le  plus 
d'expériences  est  celui  qui  est  relatif  aux  divers  modes  de  développement 
des  acares  de  la  gale  chez  les  Mammifères,  à  leurs  moyens  de  propagation, 
ainsi  qu'aux  différences  qu'entraîne  dans  les  individus  celle  du  sexe. 

Ils  ont  donné  et  représenté  par  des  figures  très-exactes  les  caractères  dis- 
tinctifs  qui  séparent  les  acares  de  la  gale  des  herbivores  de  ceux  des  car- 
nivores ;  ils  ont  montré,  en  outre,  que,  dans  chaque  espèce,  soit  herbivore, 
soit  Carnivore,  ces  parasites  avaient  des  caractères  spéciaux. 

I>a  question  de  la  contagion  a  été  de  la  part  des  auteurs  l'objet  d'expé- 
riences nombreuses  et  variées.  Ils  ont  prouvé  que  la  gale  des  herbivores  ne 

38.. 


(    292    ) 

se  transmet  point  à  l'homme,  non  plus  qu'aux  animaux  carnassiers  :  il  n'y  a 
à  cet  égard  qu'une  exception  singulière,  qui  est  donnée  par  le  cheval.  Il  ré- 
sulte, en  effet,  de  leurs  observations  qu'il  faut  reconnaître  dans  la  gale  du  che- 
val deux  espèces  d'acares,  dont  un  seul  peut  produire  la  gale  chez  l'homme. 
Au  contraire,  la  gale  des  carnassiers  est  éminemment  contagieuse  pour 
l'homme,  comme  celle  de  l'homme  l'est  pour  les  carnassiers,  et  comme  celle 
de  ces  animaux  Test  aussi  les  uns  pour  les  autres  :  ainsi  ils  ont  pu  transmettre 
la  gale  du  chat  au  chien  et  celle  du  chien  au  lion,  à  l'ours,  à  l'hyène;  la 
contagion  est  d'ailleurs  toujours  plus  facile  et  plus  sûre  entre  les  individus 
d'une  même  espèce. 

Nous  n'oublierons  pas  de  faire  ressortir,  dans  l'ouvrage  de  MM.  Delà- 
fond  et  Bourguignon,  la  partie  pathologique  et  thérapeutique.  Là  ces  Mes- 
sieurs ont  déduit  de  leurs  propres  observations  une  description  générale 
de  la  gale  des  animaux  avec  ses  différences  et  ses  ressemblances  dans  les 
diverses  espèces;  ils  se  sont  attachés  à  bien  faire  reconnaître  les  symptômes 
qui  marquent  son  invasion,  afin  de  pouvoir  la  combattre  dès  son  origine; 
ils  ont  décrit  les  altérations  variées  qu'elle  produit  ou  qui  l'accompagnent  ; 
ils  se  sont  livrés  à  de  nombreuses  recherches  expérimentales  pour  déter- 
miner quels  sont  les  meilleurs  procédés  à  l'aide  desquels  on  peut  prévenir 
la  maladie,  quels  sont  ceux  qu'il  faut  employer  pour  la  détruire. 

C'est  la  gale  du  mouton  qui  a  le  plus  occupé  MM.  Delafond  et  Bourgui- 
gnon, c'est  celle  sur  laquelle  ils  ont  fait  le  plus  d'expériences  et  donné  le 
plus  de  détails,  et  on  doit  leur  en  savoir  gré,  car  c'est  dans  l'espèce  ovine 
que  cette  maladie  exerce  le  plus  de  ravages;  c'est  dans  cette  espèce  que,  soit 
par  la  détérioration  qu'elle  produit  dans  l'animal  lui-même,  soit  par  les 
dommages  qu'elle  cause  au  commerce  des  laines  qui  en  sont  altérées,  elle 
mérite  de  fixer  d'une  manière  toute  particulière  l'attention,  au  triple  point 
de  vue  de  l'hygiène  publique,  de  l'agriculture  et  de  l'industrie. 

Dans  son  Traité  des  dégénérescences  physiques,  intellectuelles  et  morales  de 
l'espèce  humaine,  M.  Morel  s'est  attaché  à  faire  ressortir  cette  vue  principale, 
que,  parmi  les  circonstances  qui  agissent  sur  l'homme  et  le  modifient,  les 
unes  ne  s'opposent  ni  au  maintien  de  la  santé,  ni  à  la  perpétuité  de  l'espèce,, 
tandis  qu'il  en  est  d'autres  qui  entraînent,  par  leur  action  plus  ou  moins 
prolongée,  une  dégradation  telle,  que  la  vie  normale  n'est  plus  possible,  et 
qu'après  quelques  générations  écoulées  la  reproduction  n'a  plus  lieu.  M.  Mo- 
rel s'est  proposé  pour  but,  dans  son  ouvrage,  de  faire  connaître  dans  leur 
ensemble  les  causes  diverses  de  ces  dégénérescences,  qui  sont  pour  lui  des 
déviations  morbides  du  type  normal  de  l'humanité  -y  il  indique  les  caractères 
de  chacune  d'elles,  il  en  trace  une  classification,  et  il  montre  comment,  à 


(  ^93) 
mesure  que  les  générations  se  succèdent,  le  mal  va  croissant  dans  chacune 
d'elles,  jusqu'à  ce  qu'enfin,  plus  tôt  ou  plus  tard,  en  arrive  une  dernière 
qui  ne  peut  plus  se  reproduire;  et  ce  qu'il  y  a  de  bien  remarquable,  c'est  que 
dans  cette  série  d'individus  qui  vont  se  dégradant  de  plus  en  plus,  la  cause 
de  la  dégénérescence  n'a  souvent  agi  d'une  manière  directe  que  sur  les  indi- 
vidus de  la  première  ou  tout  au  plus  de  la  seconde  génération.  Ainsi 
l'homme  qui  est  tombé  dans  un  état  maladif  par  l'abus  des  boissons  alcoo- 
liques donnera  souvent  naissance  à  des  individus  qui  ne  s'enivreront  pas, 
et  qui  cependant  commenceront  à  subir  dans  leur  constitution  physique, 
dans  leur  intelligence,  dans  leur  moral,  une  dégradation,  qui  sera  encore 
plus  prononcée  chez  leurs  enfants,  et  ainsi  de  suite.  Les  statistiques  prouvent, 
par  exemple,  que  parmi  les  aliénés  il  en  est  un  certain  nombre  qui  ont  eu 
pour  ancêtres  des  ivrognes,  etc.  C'est  ce  que  M.  Morel  a  pu  constater  par 
lui-même  dans  l'asile  d'aliénés  dont  il  est  le  médecin.  11  a  pu  suivre  iuissi, 
dans  plusieurs  familles  de  crétins,  la  dégénération  progressive  de  la  race, 
depuis  les  chefs  où  la  maladie  était  peu  avancée  jusqu'aux  descendants  à 
divers  degrés,  dont  les  derniers  présentaient  le  type  le  plus  complet  de  la 
dégénérescence  physique,  intellectuelle  et  morde  avec  impossibilité  de  se 
propager.  Il  a  représenté,  dans  des  planches,  plusieurs  membres  successifs 
d'une  même  famille  chez  lesquels  la  dégénérescence,  croissant  ainsi  de 
génération  en  génération,  se  traduit  d'une  manière  frappante  par  l'aspect 
extérieur  des  individus. 

M.  Morel  nous  paraît  être  parvenu  à  prouver,  par  les  faits  très- nombreux 
qu'il  a  rassemblés  et  coordonnés,  que  les  dégénérescences  de  l'espèce  hu- 
maine doivent  leur  origine  aux  modifications  qu'ont  exercées  d'abord  sur 
des  individus  isolés,  puis  sur  l'espèce,  diverses  influences  dont  les  unes 
proviennent  du  monde  ex  térieur,  et  dont  les  autres  ont  été  créées  par  l'homme 
lui-même.  Parmi  ces  dernières,  l'auteur  fait  ressortir  les  effets  produits  sur 
l'homme  par  ses  nombreuses  industries,  par  ses  différents  degrés  d'aisance 
ou  de  misère,  par  les  conditions  diverses  dans  lesquelles  s'exerce  son  intel- 
ligence ou  se  développe  son  moral,  etc. 

Parmi  les  influences  de  la  première  sorte,  M.  Morel  en  indique  de  nature 
très-diverse,  dont  la  part,  dans  la  production  des  dégénérescences,  est 
prouvée  pour  les  uns,  probable  pour  les  autres.  Car,  nous  devons  le  dire, 
dans  le  livre  de  M.  Morel,  à  côté  de  questions  parfaitement  résolues,  on  en 
trouve  d'autres  qui  ne  sont  que  posées,  et  bien  des  voies  de  recherches  qui 
ne  sont  qu'indiquées;  mais  il  faut  bien  qu'il  s'arrête  là  où  les  faits  lui  man- 
quent, et  on  doit  lui  savoir  gré  d'avoir  compris  et  signalé  avec  intelligence 
ces  nombreux  desiderata  de  la  science. 


(  294  ) 

Les  influences  extérieures  auxquelles  M.  Morel  attribue  le  pouvoir  de 
produire  les  diverses  dégénérescences  de  l'espèce  humaine  sont  surtout  les 
suivantes  : 

L'air  habituellement  vicié  par  des  émanations  nuisibles  :  au  sein  des  cam- 
pagnes, par  les  marais  et  leurs  analogues  ;  au  sein  des  villes,  par  les  grandes 
agglomérations  d'habitants  et  toutes  leurs  conséquences. 

L'alimentation  soit  exclusive,  soit  insuffisante,  soit  chargée  de  principes 
nuisibles,  tels  que  ceux  que  produisent  les  diverses  altérations  des  cé- 
réales, etc. 

L'abus  des  boissons  alcooliques  et  celui  de  l'opium,  d'où  résultent  deux 
sortes  d'intoxications  des  plus  fâcheuses,  dont  les  effets  vont  s'aggravant  de 
génération  en  génération. 

M.  Morel  a  soin  de  faire  remarquer  que  plusieurs  de  ces  influences  agissent 
dans  bien  des  cas  simultanément,  d'où  il  suit  que  les  effets  qu'on  observe 
sont  le  plus  ordinairement  complexes. 

M.  Morel  a  cru  devoir  traiter  aussi  des  influences  exercées  sur  l'homme 
par  différents  métaux,  comme  le  plomb,  le  mercure,  l'arsenic,  le  phosphore, 
bien  que  les  faits  n'aient  pas  encore  démontré  que  les  enfants  nés  des  indi- 
vidus devenus  malades  par  ces  sortes  d'agents  éprouvent  une  détérioration 
qui  fonderait  chez  eux  une  dégénérescence  de  l'espèce. 

On  voit  par  tout  ce  qui  précède  combien  d'intérêt  s'attache  au  sujet  que 
M.  Morel  a  entrepris  de  traiter;  il  n'est  pas  resté  au-dessous  de  sa  tâche. 
Nous  ne  doutons  pas  que  d'autres  travaux,  poursuivis  dans  la  direction  où 
il  s'est  engagé,  ne  viennent  peu  à  peu  combler  les  lacunes  que  présente  son 
œuvre,  et  n'en  montrent  de  plus  en  plus  l'utihté,  au  double  point  de  vue  du 
progrès  de  la  science  et  de  l'avenir  de  l'humanité. 

Disons  en  terminant  que  ce  livre  est  une  preuve,  entre  beaucoup  d'au- 
tres, qu'on  ne  sert  pas  seulement  la  science  en  y  introduisant  des  faits  qu'on 
ne  connaissait  pas  encore,  mais  que  celui-là  la  sert  aussi,  qui  sait  réunir 
d'une  main  intelligente  les  faits  que  d'autres  ont  déjà  trouvés,  pour  en  tirer 
des  résultais  nouveaux.  Combien  de  fois  ne  voit-on  pas  alors  les  faits  ainsi 
rassemblés  sous  l'empire  d'une  idée  préconçue  et  comme  appelés  par  elle, 
acquérir  tout  à  coup  une  signification  qu'on  ne  leur  avait  pas  soupçonnée, 
tant  qu'ils  n'avaient  pas  été  comme  illuminés  par  cette  idée,  qui,  en  même 
temps  qu'elle  s'en  sert  pour  se  démontrer  elle-même,  inspire  de  nouvelles 
recherches;  puis  celles-ci  à  leur  tour,  obéissant  à  son  impulsion,  lui  décou- 
vriront, dans  la  voie  indiquée  par  elle,  les  faits  qui  lui  manquent  encore  et 
qu'elle  a  bien  souvent  prévus. 


(  agS  ) 

Les  bienfaits  de  la  vaccine,  incontestables  aux  yeux  de  Ions  les  hommes 
éclairés,  ont  été  dans  ces  dernières  années  révoqués  en  doute;  les  attaques 
dirigées  contre  cette  merveilleuse  découverte  ont  été  même  entourées  d'une 
sorte  d'appareil  scientifique,  et  l'on  a  produit  des  chiffres  pour  montrer 
que  si,  depuis  l'introduction  de  la  vaccine  en  France,  la  mortalité  avait 
diminué  chez  les  enfants,  elle  avait  au  contraire  augmenté  dans  les  âges 
suivants,  qu'elle  avait  même  doublé  entre  20  et  3o  ans,  et  que  cette  augmen- 
tation de  mortalité  devait  être  attribuée  à  la  vaccine.  M.  le  docteur  Berfillon 
a  entrepris,  pour  examiner  ces  assertions,  un  travail  sérieux,  qui  a  paru  à  la 
Commission  digne  de  l'attention  de  l'Académie.  M.  Bertillon  a  prouvé  dans 
ce  travail,  qui  a  la  statistique  pour  base,  que  l'on  avait  mal  apprécié  les 
causes  de  l'augmentation  de  la  mortalité,  et  qu'on  ne  pouvait  en  tout  cas 
l'attribuer  à  la  vaccine. 

Au  commencement  de  son  ouvrage,  M.  liertillon  trace  un  exposé  remar- 
quable des  principes  généraux  de  la  statistique  ;  il  en  connaît  très-bien  et 
les  difficultés  et  la  puissance;  il  est  évident  qu'il  l'a  profondément  étudiée, 
qu'il  en  a  une  parfaite  connaissance  et  qu'on  peut  se  fier  aux  résultats 
qu'il  annonce. 

Après  avoir  examiné  et  discuté  les  documents  fournis  par  les  statisticiens 
de  la  seconde  moitié  du  xviii"  siècle  et  de  la  première  moitié  du  xix",  après 
avoir  exposé  les  méthodes  qui  permettent  de  saisir  nettement  la  véritable 
signification  de  semblables  documents,  il  montre  que  de  la  naissance  à 
i4  ans,  le  nombre  des  morts  était,  avant  l'introduction  de  la  vaccine,  de 
55  sur  loo,  et  depuis  l'introduction  de  la  vaccine  de  32  sur  1 00  ;  que,  pour 
les  adultes,  avant  l'introduction  de  la  vaccine,  le  nombre  des  morts  était  de 
26  sur  100,  et  qu'il  est  depuis  l'introduction  de  la  vaccine  de  20  sur  100. 

D'où  il  suit  qu'il  est  établi  par  les  documents  empruntés  aux  statisticiens 
français  du  xvill*  et  du  XIX®  siècle  que  depuis  l'introduction  de  la  vaccine 
en  France,  la  mortalité  générale  a  diminué  tant  pour  l'enfance  que  pour 
l'âge  adulte. 

Arrivant  ensuite  à  une  étude  particulière  des  mouvements  de  la  mortalité 
de  chaque  âge,  l'auteur  trouve,  par  les  documents  relatifs  aux  mouvements 
de  la  population  en  France,  que,  tandis  que  chez  les  enfants  la  mortalité 
est  plus  faible  pendant  la  période  de  1 84o  à  1 849  que  pendant  celle  de  1817 
à  i83i ,  chez  l'adulte,  au  contraire,  la  mortalité  entre  20  et  3o  ans  est  nota- 
blement plus  forte  pendant  la  période  de  1840-1849  que  pendant  celle  de 
1817-1831. 

D'où  il  semblerait  que  la  mortalité  des  adultes  va  s'accroissant  à  mesure 


(^96) 
que  le  nombre  des  individus  soumis  à  la  pratique  de  la  vaccine  augmente 
lui-même.  Mais  M.  Bertillon  fait  observer  que  cet  accroissement  de  la  mor- 
talité des  adultes  porte  exclusivement  sur  les  hommes.  D'où  il  conclut  avec 
raison  que  cet  accroissement  de  mortalité  ne  doit  pas  être  attribué  à  la  vac- 
cine, puisque  les  femmes  sont  vaccinées  en  aussi  grand  nombre  que  les 
hommes. 

Ij'auteur  pense  que  cet  accroissement  de  la  mortalité  des  hommes  adultes 
de  1817  à  18/19  ^^'^  ^^^^  rapporté  à  diverses  causes  qu'il  indique  :  par 
exemple,  l'augmentation  de  la  population  des  villes  par  l'immigration  des 
campagnards,  le  développement  qu'ont  pris  depuis  ime  trentaine  d'années 
les  grandes  industries  manufacturières,  l'augmentation  du  nombre  des  indi- 
vidus appelés  à  la  vie  militaire. 

Cette  augmentation  de  la  mortalité  des  hommes  adultes  en  France  dans  la 
période  indiquée  doit  donc  être  attribuée  à  de  tout  autres  causes  que  la 
vaccine.  Aussi,  là  où  ces  causes  n'ont  pas  pris  d'une  manière  notable  une 
plus  grande  intensité  d'action,  on  constate,  depuis  l'introduction  de  la  vac- 
'  cine,  une  diminution  sensible  dans  la  mortalité  des  adultes;  c'est  ce  que 
montrent  d'intéressants  documents  recueillis  en  Suède  que  cite  M.  Bertillon. 
On  y  voit  que,  dans  les  trois  périodes  de  1765  à  1763,  de  i8i5  à  1825,  de 
1841  à  i85o,  la  mortalité,  tant  des  enfants  que  des  adultes,  a  été  constam- 
ment de  moins  en  moins  considérable,  de  telle  sorte  que,  pour  l'enfant 
comme  pour  l'adulte,  la  diminution  de  la  mortalité  a  marché  avec  la  généra- 
lisation de  plus  en  plus  grande  de  la  pratique  de  la  vaccine. 

Dans  son  Traité  d hygiène  navale,  fruit  d'un  long  et  consciencieux  travail, 
M.  le  docteur  Fonssagrives,  professeur  à  l'École  de  Médecine  navale  de 
Brest,  a  su  réunir  une  foule  de  matériaux  dont  l'isolement  diminuait  l'im- 
portance; en  les  coordonnant  avec  talent,  il  a  composé  une  œuvre  remar- 
quable qui  sera,  au  point  de  vue  de  la  conservation  de  la  santé  des  marins, 
d'une  très-grande  utilité.  Ce  n'est  pas  que  plusieurs  traités  d'hygiène  navale 
n'aient  été  déjà  publiés,  et  il  y  a  vingt-cinq  ans  l'Académie  a  marqué  l'im- 
portance qu'elle  attachait  à  ce  genre  d'ouvrages,  en  accordant  à  l'un  d'eux, 
celui  du  professeur  Forget,  une  haute  récompense.  Mais  depuis  la  publica- 
tion de  ces  divers  travaux,  l'hygiène  navale  a  subi  de  grandes  modifica- 
tions: le  système  de  la  navigation  à  vapeur  en  a  changé  la  face  sous  beau- 
coup de  rapports,  et  une  foule  de  questions  nouvelles  à  examiner  et  à 
résoudre  s'y  sont  trouvées  introduites.  Depuis  quelques  années  d'impor- 
tants changements  ont  été  apportés  dans  l'alimentation  du  marin  et  dans  ses 
boissons.  Depuis  vingt-cinq  ans  encore  on  a  recueilli,  sur  l'influence  exercée 


(  297  )  ^     , 

par  les  climats  si  divers  auxquels  le  marin  peut  être  soumis,  des  faits  d'un 
haut  intérêt.  Les  maladies  qui  en  résultent  pour  lui,  soit  qu'il  navigue,  soit 
qu'il  descende  à  terre,  ont  été  étudiées  à  de  nouveaux  points  de  vue  rela- 
tivement à  leurs  causes  et  à  leur  nature.  Or  toutes  ces  études,  toutes  ces 
tentatives  de  perfectionnement,  toutes  ces  notions  acquises  sur  tant  d'objets 
divers,  nul  ne  les  avait  encore  réunies  et  présentées  dans  leur  ensemble. 
C'est  ce  qu'a  entrepris  M.  Fonssagrives  ;  il  en  est  résulté  un  ouvrage  où  la 
théorie  et  la  pratique  trouvent  également  leur  part,  et  où  l'abondance  in- 
finie des  détails  marche  de  pair  avec  l'étendue  des  conceptions;  il  est  évident 
à  chaque  page  de  ce  livre  que  l'auteur  possède  parfaitement  son  sujet,  et 
qu'il  en  a  fait  une  sérieuse  et  profoTide  étude. 

Parmi  les  points  qui  nous  ont  particulièrement  frappés,  nous  signalerons 
ce  que  l'auteur  appelle  la  topographie  du  navire,  l'indication  détaillée  des 
conditions  diverses  qui  en  augmentent  ou  en  diminuent  la  salubrité;  une 
monographie  des  plus  intéressantes  de  la  ventilation  nautique;  une  hygiène 
comparative  des  différentes  sortes  de  navires;  une  étude,  qu'on  chercherait 
vainement  aussi  complète  ailleurs,  des  influences  qui  agissent  sur  l'homme 
de  mer,  soit  celles  qui  sont  le  fait  des  diverses  professions  qu'il  exerce  à 
bord,  et  dont  chacune  est  pourl'auteur  l'objet  d'une  investigation  spéciale, 
soit  celles  qui  proviennent  du  navire  lui-même;  et  ici  nous  avons  remarqué 
un  chapitre  spécial  dans  lequel  sont  suivis  dans  toutes  leurs  causes  de  pro- 
duction et  dans  leurs  effets  les  miasmes,  d'origine  très-diverse,  qui  peu- 
vent se  développer  au  sein  d'un  navire  ;  soit  enfin  les  influences  qui  pro- 
viennent du  milieu  atmosphérique  au  sein  duquel  vit  l'homme  de  mer. 

Transporté  rapidement  ou  lentement  de  la  zone  torride  aux  régions  gla- 
cées, le  marin,  plus  que  tout  autre,  doit  subir  et  affronter  l'effet  des  diffé- 
rents climats.  Nous  pensons  qu'on  ne  trouvera  nulle  part  mieux  appréciée, 
que  dans  l'ouvrage  de  M.  Fonssagrives,  l'influence  exercée  par  ces  clinjats 
si  divers  snr  l'organisation  humaine.  Il  les  étudie  soit  par  rapport  aux  modi- 
fications physiologiques  qu'ils  introduisent  dans  l'accomplissement  des 
différentes  fonctions,  sans  créer  encore  l'état  morbide,  mais  y  disposant; 
soit  par  rapport  aux  maladies,  d'un  caractère  souvent  si  particulier,  qui 
viennent  saisir  l'homme  de  mer  sous  les  différents  points  du  globe  où  il  est 
appelé  à  vivre  d'une  manière  passagère  ou  durable.  Les  causes  de  ces  mala- 
dies sont  recherchées  et  discutées  avec  un  soin  extrême,  et  les  modifica- 
tions que  l'hygiène  du  marin  doit  éprouver  sous  les  différents  climats  sont 
retracées  avec  les  détails  les  plus  circonstanciés  et  les  plus  instructifs.  L'au- 
teur n'a  pas  mis  moins  de  soin  à  traiter  de  la  bromatologie  nautique,  c'est- 

C.  R.,  i858,  i<^'  Semestre .  (T.  XLVI,  N»  6)  .  39 


(  ^98  ) 
à-dire  des  boissons  et  des  aliments  de  l'homme  de  mer.  Il  examine  à  fond 
les  unes  et  les  autres  sous  le  triple  rapport  de  la  quantité,  de  la  qualité  et 
de  la  variété.  Nous  n'oublierons  pas  de  signaler  une  autre  partie  de  l'ou- 
vrage, remplie  de  très-utiles  considérations  relatives  aux  influences  morales 
auxquelles  le  marin  peut  être  soumis;  M.  Fonssagrives  montre  quel  puis- 
sant empire  elles  peuvent  avoir  sur  la  santé  du  marin,  sur  la  production  de 
ses  maladies  et  sur  leur  gravité  plus  ou  moins  grande. 

En  résumé,  M.  Fonssagrives  a  composé  un  excellent  livre  sur  une  des 
parties  les  plus  importantes  de  l'hygiène  ;  il  l'a  éclairée  par  les  faits  nom- 
breux qu'il  a  rassemblés,  par  les  déductions  qu'il  a  tirées  de  ces  faits,  et  il  a 
le  mérite  d'avoir  beaucoup  vu  et  beaucoup  expérimenté  par  lui-même. 

PRIX  JECRER. 

La  Section  de  Chimie  a  proposé  à  l'Académie  de  décerner,  cette  année, 
deux  prix  Jecker  :  l'un  à  M.  Charles  Gerhardt,  de  six  mille  cent  quarante 
francs;  l'autre  à  M.  Auguste  Laurent,  de  six  mille  cent  quarante  francs  aussi, 
pour  les  travaux  dont  ils  ont  enrichi  la  chimie  organique. 

L'Académie  a  approuvé  ces  propositions. 


(  299  ) 

PRIX  PROPOSÉS 

POUR    LES   AHN3ÊES  18iS8,  1889,    1860  ET  1861. 


SCIENCES  MATHEMATIQUES. 
GKAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ     POUK      1858. 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,   Lamé,  Chasles,   Duhamel, 
Liouville  rapporteur.) 

Legendre,  dans  sa  Théorie  des  nombres  (  tome  II,  page  76  de  l'édition 
de  i83o),  énonce  et  croit  même  démontrer  la  proposition  suivante,  qui,  si 
elle  était  bien  établie,  serait  à  la  fois  très-remarquable  et  très-importante  : 

a  Soit  donnée  une  progression  arithmétique  quelconque  A  —  C,  2A  —  C, 
»  3  A  —  C,  etc.,  dans  laquelle  A  et  C  sont  premiers  entre  eux  ;  soit  donnée  aussi 
»  une  suite  Q,  X,  fi,...,  J*,  w,  composée  de  k  nombres  premiers  impairs,  pris  à  vo- 
»  lonté  et  disposés  dans  un  ordre  quelconque;  si  l'on  appelle  en  général  n'*'  le  z'""' 
n  terme  de  la  suite  naturelle  des  nombres  premiers  3,5,  7,  11,  etc. ,  je  dis  que  sur 
»  ?:'*"''  termes  consécutifs  de  la  progression  proposée,  ilj  en  aura  au  moins  un 
"   qui  ne  sera  divisible  par  aucun  des  nombres  premiers  9,  X,  //.,...,  (|;,  u.  w 

Mais  la  démonstration  de  Legendre  est  évidemment  insuffisante,  et  jus- 
qu'ici l'on  ignore  si  ce  beau  théorème  a  lieu  réellement.  Pour  appeler  sur  ce 
point  l'attention  des  géomètres,  l'Académie  propose  comme  sujet  du  grand 
prix  de  Mathématiques  à  décerner  en  !858  la  question  suivante  : 

«  Etablir  rigoureusement  la  proposition  de  Legendre  ci-dessus  énoncée,  dans 
))  le  cas  oit  elle  serait  fixacte,  ou,  dans  le  cas  contraire,  montrer  comment  on  doit 
»  la  remplacer.  » 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  destinés  à  ce  concours  devront  être  remis,  francs  de  port, 
au  Secrétariat  de  l'Institut,  le  1"  novembre  i858  :  ce  terme  est  de  rigueur. 
Les  noms  des  auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ou- 
vrira que  si  la  pièce  est  couronnée. 

39.. 


(  3oo  ) 
GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES, 

PROPOSli    PODR   1886,    ET    REMIS    A     l8o9. 

(Commissaires,  MM.  Delaunay,  Le  Verrier,  Mathieu,  Diiperrey, 
LiouviUe  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  comme  sujet  de  prix  pour  i856  le  perfection- 
nement de  la  théorie  mathématique  des  marées. 

Deux  pièces  ont  été  reçues  au  Secrétariat;  mais  aucune  d'elles  n'a  paru 
mériter  le  prix. 

L'Académie,  vu  Timportance  de  la  question,  la  met  de  nouveau  au 
concours  pour  iSSg,  et  dans  les  mêmes  termes,  qui  laissent  aux  auteurs 
foute  la  latitude  possible  : 

«  Perfectionner  dans  quelque  point  essentiel  la  théorie  mathématique  des 
»  marées. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés, /mncs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'In- 
stitut, avant  le  i"  avril  iSSg  :  ce  terme  est  de  rigueur.  I^es  noms  des  auteurs 
seront  renfermés  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira  que  si  la  pièce 
est  couronnée. 

GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ  POUR  1834,  REMIS  A  18''6,  ET  PROROGÉ  A  1860. 

(Commissaires,  MM.  Despretz,  LiouviUe,  Regnault,  Duhamel,  Bertrand. 

Pouillet  rapporteur.) 

«  Reprendre  [examen  comparatif  des  théories  relatives  aux  phénomènes  capil- 
»  laires;  discuter  les  principes  mathématiques  et  pliysiques  sur  lesquels  on  les  a 
>'  fondées;  signaler  les  modifications  quils  peuvent  exiger  pour  s  adapter  aux  cir- 
»  constances  réelles  dans  lesquelles  ces  phénomènes  s'accomplissent,  et  comparer 
»  les  résultats  du  calcul  à  des  expériences  précises  faites  entre  toutes  les  limites  d  ei- 
»  pace  mesurables,  dans  des  conditions  telles,  que  les  effets  obtenus  par  chacune 
»  d'elles  soient  constants.  » 

La  Commission  a  examiné  avec  beaucoup  d'intérêt  les  pièces  des  con- 
cours précédents  et  celles  qui  sont  parvenues  à  l'Académie  dans  les  délais 
prescrits  pour  le  dernier  concours;  elle  reconnaît  que  tous  les  ailleurs  ont 


s 


(  3o.  )  . 
fini  des  efforts  estimables  pour  arriver  aux  résultats  demandés  par  le  pro- 
gramme. Cependant  l'avis  unanime  de  la  Commission  est  de  ne  donner  le 
prix  à  aucune  des  pièces  qui  se  sont  produites  jusqu'à  présent  et  d'accorder 
encore  une  nouvelle  prorogation  ;  elle  espère  par  là  obtenir  un  travail  phii' 
achevé,  et  surtout  des  discussions  plus  correctes  et  plus  concises,  soit  des 
concurrents  qui  sont  déjà  entrés  en  lice,  soit  de  ceux  qui  pourraient  se 
présenter. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  pièces  seront  déposées,  franches  de  port,  au  Secrétariat  de  l'Institut, 
avant  le  i"  avril  1860  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Tjes  noms  des  auteurs  seront 
renfermés  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira  que  si  la  pièce  est 
couronnée. 

GRAND  PRIX  0E  MATHÉMATIQUES, 

DÉJÀ   REMIS    AU    CONCOURS     POUR     I8S3,     PUIS    POUR    18S7,    ET    PROROOIÊ  JUSQu'eN    1861. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Duhamel,  Bertrand  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  pour  sujet  du  prix  de  Mathématiques  à  dé- 
cerner en  1 867,  la  question  suivante  : 

«  Trouver  les  intégrales  des  équations  de  i équilibre  intérieur  d'un  corps  solide 
»  élastique  et  homogène  dont  toutes  les  dimensions  sont  finies,  par  exemple  d'un 
»  parallélipipède  ou  d'un  cylindre  droit,  en  supposant  connues  les  pressions 
»  ou  tractions  inégales  exetxées  aux  différents  points  de  sa  surface.  « 

Ce  problème  avait  déjà  été  proposé  deux  fois,  sans  que  le  prix  put  être 
accordé. 

Deux  Mémoires  ont  été  envoyés  au  concours  actuel,  niais  aucun  d'eux 
ne  contient  la  solution  de  la  question  proposée,  et  la  Commission  a  décidé, 
à  l'unanimité,  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  décerner  le  prix. 

La  Commission  propose  en  outre  à  l'Académie  de  retirer  la  question  du 
concours,  et  de  la  remplacer  par  la  suivante,  qui  serait  le  sujet  d'un  prix  à 
décerner  en  18G1  :  «  Perfectionner  en  quelque  point  important  la  théorie  géo- 
métrique des  polyèdres.  » 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  destinés  au  concours  devront  être  remis,_/rancs  de  port, 
au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"  juillet  1861  :  ce  terme  est  de  rigueur. 
Les  noms  des  auteurs  devront  être  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qui 
ne  seront  ouverts  que  si  la  pièce  est  couronnée. 


(    302    ) 

GRAND  PRLX  DE  MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ  POUR  1847,   PUIS  POUR  1834,   remis  a   18S7,   et  prorogé  jusqd'en  1860. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Duhamel,  Cauchy, 
Bertrand  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé,  en  i845,  pour  sujet  du  prix  de  Mathémati- 
ques, la  question  suivante  : 

«  Établir  les  équations  des  mouvements  généraux  de  l'atmosphère  terrestre 
»>  en  ayant  égard  à  la  rotation  de  la  terre,  à  l'action  calorifique  du  soleil  et 
»   aux  forces  attractives  du  soleil  et  de  la  lune.  » 

La  question  remise  au  concours  pour  t854,  puis  pour  1857,  n'a  été  trai- 
tée dans  cette  période  de  quatorze  années  que  par  un  seul  concurrent,  au- 
quel une  Commission  précédente  n'a  pas  cru  pouvoir  accorder  de  récom- 
pense. Quant  à  la  Commission  actuelle,  aucun  travail  n'ayant  été  soumis  à 
son  jugement,  elle  a  dû  se  borner  à  examiner  s'il  convient  de  remettre  une 
quatrième  fois  la  question  au  concours. 

Malgré  l'intérêt  incontestable  du  problème,  son  excessive  difficulté  laisse 
peu  d'espoir  d'en  voir  donner  une  solution  satisfaisante,  et  nous  demande- 
rons eu  conséquence  à  l'Académie  d'y  substituer  une  question  de  tout  autre, 
nature. 

Plusieurs  géomètres  ont  étudié  le  nombre  de  valeurs  que  peut  prendre 
Une  fonction  déterminée  de  plusieurs  variables  lorsqu'on  y  permute  ces 
variables  de  toutes  les  manières  possibles.  Il  existe  sur  ce  sujet  des  théorè- 
mes remarquables  qui  suffisent  aux  applications  de  cette  théorie  à  la 
démonstration  de  l'impossibilité  de  la  résolution  par  radicaux  d'une  équation 
de  degré  supérieur  à  quatre  ;  mais  la  question  générale  qu'il  faudrait 
résoudre  serait  la  suivante  : 

<<  Quels  peuvent  être  les  nombres  de  valeurs  des  fonctions  bien  définies  qui 
»  contiennent  un  nombre  donné  de  lettres,  et  comment  peut-on  former  les 
»  fonctions  pour  lesquelles  il  existe  un  nombre  donné  de  valeurs?  » 

Tel  est  le  problème  dont  nous  vous  demandons  de  proposer  la  solution 
comme  sujet  du  grand  prix  de  Mathématiques  à  décerner  en  1860. 

Sans  exiger  des  concurrents  une  solution  complète,  qui  serait  sans  doute 
bien  difficile,  l'Académie  pourrait  accorder  le  prix  à  l'auteur  d'un  Mémoire 
qui  ferait  faire  im  progrès  notable  à  cette  théorie. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 


(  3o3  ) 
Les  Mémoires  destinés  au  concours  devront  être  remis,  francs  déport,  au 
Secrétariat  de  l'Institut  avant  le   i"  juillet  1860  :  ce  terme  est  de  rigueur. 
Les  noms  des  auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés  qui  ne 
seront  ouverts  que  si  la  pièce  est  couronnée. 

GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ    POUR     18Btt,    REMIS   AU     CONCOURS     POUR     1837,     ET    PROROGÉ    JUSQb'eN    1861. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Chasles,  Poinsot,  Bertrand  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  pour  sujet  du  grand  prix  de  Mathématiques 
de  1857,  la  question  suivante  qui  déjà  avait  été  proposée  deux  fois  sans  que 
le  prix  put  être  décerné  : 

a  Trouver  [intégrale  de  l'équation  connue  du  mouvement  de  la  chaleur  pour 
»  le  cas  d'un  ellipsoïde  homogène  dont  la  surface  a  un  pouvoir  rayonnant  con- 
»  stant,  et  qui,  après  avoir  été  primitivement  échauffé  d'une  manière  quelconque, 
»  5e  refroidit  dans  un  milieu  d'une  température  donnée.  » 

Aucun  Mémoire  n'ayant  été  présenté  au  concours,  il  n'y  a  pas,  cette  fois 
non  plus,  de  prix  à  décerner.  La  Commission  pense  même  que  la  question 
doit  être  retirée  du  concours  et  remplacée  par  la  question  suivante  : 

«  Trouver  quel  doit  être  [état  calorifique  d'un  corps  solide  homogène  indéfini, 
»  pour  qu'un  système  de  courbes  isothermes,  à  un  instant  donné,  restent  iso- 
»  thermes  après  un  temps  quelconque,  de  telle  sorte  que  la  température  d'un 
»  point  puisse  s'exprimer  en  fonction  du  temps  et  de  deux  autres  variables  indé- 
»  pendantes.  » 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  remis,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  i*'  juillet  1861  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des 
auteurs  seront  contenus  dans  des  bilfets  cachetés,  qui  ne  seront  ouverts  que 
si  la  pièce  est  couronnée. 

PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS 

SUR  l'application  de  la  vapeur  a  la  marine  militaire, 

PROPOSÉ    POUR    1887,    REMIS    *    18S9. 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Poncelet,  Duperrey,  Morin, 
le  baron  Charles  Dupin  président  et  rapporteur.) 

L'Académie  n'a  trouvé  dans  les  Mémoires  qu'elle  a  reçus  pour  l'an- 


(  3o4  )  , 

nép  1807,  aucun  travail  qui  parût  mériter  d'obtenir  le  prix.  Afin  de  laisser 
un  temps  suffisant  pour  commencer  et  conduire  à  terme  de  grandes  expé- 
riences, tant  à  terre  qu'à  la  mer,  l'Académie  ajourne  le  prix  à  deux  ans.  En 
conséquence,  il  suffira  que  les  pièces  adressées  au  concours  soient  remises  au 
Secrétariat  de  l'Académie  avant  le  i"  décembre  iSSg. 

On  prie  les  concurrents  de  remarquer  qu'il  ne  s'agit  pas  vaguement  d'ap- 
plications de  la  vapeur  à  la  navigation;  mais  de  l'emploi  spécial  à  la  marine 
militaire,  en  combinant  tous  les  progrès  de  la  nouvelle  architecture  navale 
avec  le  service  à  la  mer.  Cet  avertissement  évitera  l'envoi  de  pièces  qui  ne 
sauraient  prendre  part  au  concours. 

PRIX  D'ASTRONOMIE, 

FONDÉ    PAR    M.    DE    LALANDE. 

La  médaille  fondée  par  M.  de  Lalande,  pour  être  accordée  annuellement 
à  la  personne  qui,  en  France  ou  ailleurs  (les  Membres  de  l'Institut  excep- 
tés), aura  fait  l'observation  la  plus  intéressante,  le  Mémoire  ou  le  travail  le 
plus  utile  aux  progrès  de  l'astronomie,  sera  décernée  dans  la  prochaine 
séance  publique  de  i858. 

PRIX  DE  HIÉCAIVIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

M.  de  Montyon  a  offert  une  rente  sur  l'État,  pour  la  fondatifMJ  d'un  prix 
annuel  en  faveur  de  celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences, 
s'en  sera  rendu  le  plus  digne  en  inventant  ou  en  perfectionnant  des  instru- 
ments utiles  aux  progrès  de  l'agricidture,  des  arts  mécaniques  ou  des 
sciences. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quatre  cent  cin- 
quante francs. 

Le  terme  de  ce  concours  est  fixé  au  i"  avril  de  chaque  année. 

PRIX  DE  STATISTIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Parmi  les  ouvrages  qui  auront  pour  objet  une  ou  plusieurs  questions 
relati^  es  n  la  St-yfistique  de  In  France,  celui  qui,  au  jugement  de  l'A-cadémie, 


(  3o5  ) 
contiendra  les  recherches  les  plus  utiles  sera  couronné  dans  la  prochaine 
séance  publique  de  i858.  On  considère  comme  admis  à  ce  concours  les 
Mémoires  envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  ayant  été  imprimés  et  publiés, 
arrivent  à  la  connaissance  de  l'Académie;  sont  seuls  exceptés  les  ouvrages 
des  Membres  résidants. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quatre  cent 
soixante-dix-sept  francs . 

Le  terme  duco/icours  est  fixé  au  i"  janvier  de  chaque  année. 
■yrMy 

PRIX  BORDIN, 

PROPOSÉ     POUR     18S8. 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Lamé,  Chasles,  Duhamel, 
Liouville  rapporteur.) 

L'Académie  propose  comme  sujet  du  prix  Bordin,  qu'elle  décernera,  s'il 
y  a  lieu,  en  i858,  la  question  suivante  : 

«  A  divers  points  de  l'échelle  thermométrique  et  pour  des  différences  de  tem- 
»  pérature  ramenées  à  i  degré,  déterminer  la  direction  et  comparer  les  intensités 
»  relatives  des  courants  électriques  produits  par  les  différentes  substances  thermo- 
»  électriques.  » 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  le  i"  mai  i858,  terme  de  rigueur.  Les  noms  des  auteurs  seront 
renfermés  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira  que  si  la  pièce  est  cou- 
ronnée. 

PRIX  BORDIN. 

PROPOSÉ    POUR    18^6,     ET    REMIS    A    18S7. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet,  Desprefz,  de  Senarmont, 
Regnault  rapporteur.  ) 

»  Un  thermomètre  à  mercure  étant  isolé  dans  une  masse  d'air  atmosphérique, 
>•  limitée  ou  illimitée,  agitée  ou  tranquille,  dans  des  circonstances  telles,  qu'il 
»  accuse  actuellement  une  température  fixe ,  on  demande  de  déterminer  les  cor- 
»  rections  qu'il  faut  appliquera  ses  indications  apparentes ,  dans  les  conditions 
»  d'exposition  oii  il  se  trouve,  pour  en  conclure  la  température  propre  des  par- 
»  ticules  gazeuses  dont  il  est  environné.  » 

C.  a.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  6.;  4° 


(  3o6  ) 

Deux  Mémoires  ont  été  présentés  au  concours;  aucun  d'eux  ne  fournit 
à  la  science  des  connaissances  nouvelles  assez  importantes  pour  que  la  Com- 
mission puisse  vous  proposer  de  lui  décerner  le  prix. 

Elle  vous  propose  de  retirer  la  question  du  concours  et  de  la  remplacer 
par  la  question  suivante  : 

«  Détermine^  par  l'expérience  les  causes  capables  d'influer  sur  les  différences 
»  de  position  du  fojer  optique  et  du  foyer  photogénique.  » 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'In- 
stitut, le  I*  mai  iSSg,  terme  de  rigueur.  Les  noms  des  auteurs  seront  ren- 
fermés dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira  que  si  la  pièce  est  cou- 
ronnée. 

PRIX  ÏRÉMONT. 

Feu  M.  le  baron -de  Trémont,  par  son  testament  eu  date  du  5  mai  1847, 
a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  annuelle  de  onze  cents  francs 
pour  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien, 
auquel  une  assistance  sera  nécessaire  «  pour  atteindre  un  but  utile  et  glorieux 
pour  la  France.  » 

Un  décret  en  date  du  8  septembre  i856  a  autorisé  l'Académie  à  accepter 
cette  fondation. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que,  dans  sa  séance  publique  de 
1861,  elle  accordera  la  somme  provenant  du  legs  Trémont  à  titre  d'encou- 
ragement à  tout  «  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien  «  qui,  se  trou- 
vant dans  les  conditions  indiquées,  aura  présenté,  dans  le  courant  de  l'an- 
née, une  découverte  ou  un  perfectionnement  paraissant  répondre  le  mieux 
aux  intentions  du  fondateur. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M°"  LA  MARQUISE  DE  LAPLACE. 

Une  ordonnance  royale  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  a  accepter  la 
donation  qui  lui  a  été  faite,  par  Madame  la  marquise  de  Laplace,  d'une 
rente  pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection 
complète  des  ouvrages  de  Laplace. 

Ce  prix  sera  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'École 
Polytechnique. 


(3o7) 


SCIEIÏGES  PHYSIQUES. 
GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ    EN    1887    POUR    18K9. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Diiméril,  Brongniart,  Geoffroy-Saint-Hilaire, 
Cl.  Bernard,  Milne  Edwards  rapporteur.) 

«  Déterminer  les  rapports  qui  s'établissent  entre  les  spennatozoïdes  et  l'œuf 
a  dans  l'acte  de  la  fécondation.  » 

Depuis  quelques  années  plusieurs  naturalistes,  en  étudiant  le  mode  de 
reproduction  de  certains  Vers  et  de  quelques  autres  animaux  inférieurs, 
ont  reconnu  que,  lors  de  la  fécondation,  les  spermatozoïdes  entrent  dans 
l'œuf.  L'Académie  demande  aui  concurrents  de  déterminer  avec  précision 
jusqu'où  cette  pénétration  s'effectue,  et  quelles  sont  les  parties  consti- 
tuantes de  l'œuf  que  les  spermatozoïdes  traversent  de  la  sorte.  Elle  désire 
que  ces  recherches  soient  faites  sur  des  espèces  choisies  dans  différentes 
classes  du  Règne  animal,  et  assez  variées  pour  fournir  des  résultats  géné- 
raux. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés, /rancs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  le  3i  décembre  i85g,  terme  de  rigueur. 

Les  noms  des  auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qui  ne 
seront  ouverts  que  si  la  pièce  est  couronnée. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ    EN    1886    POUR    1887,    PROROGÉ    A    1860. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Milne  Edwards, 
Duméril,  Ad.  Brongniart  rapporteur.) 

Un  seul  Mémoire  a  été  adressé  ;  la  Commission  à  laquelle  l'Académie  en 
avait  renvoyé  l'examen  n'a  pas  jugé  qu'il  piit  obtenir  le  prix,  et  elle  a 
proposé  de  remettre  la  même  question  au  concours,  en  maintenant  le  pro- 
gramme, ici  reproduit  : 

4o.. 


(  3o8  ) 

«  Etudier  le  mode  déformation  et  de  structure  des  spores  et  des  autres  organes 
»  qui  concourent  à  ta  reproduction  des  Champignons,  leur  rôle  physiologique , 
»  la  germination  des  spores  et,  particulièrement  pour  les  Champignons  parasites, 
a  leur  mode  de  pénétration  et  de  développement  dans  les  autres  corps  organisés 
»  vivants.  » 

La  question  que  TrYcadémie  met  au  concours  est  vaste  et  complexe  ; 
mais  son  intérêt  physiologique  est  tel,  qu'elle  n'hésite  pas  à  l'offrir  comme 
sujet  d'étude  aux  naturalistes,  même  quand  ils  ne  devraient  pas  la  résoudre 
dans  toutes  ses  parties. 

La  grande  classe  des  Champignons  comprend  des  végétaux  liés  intime- 
ment entre  eux  par  leur  mode  de  végétation,  par  la  présence  du  mycélium, 
et  par  les  phénomènes  physiologiques  de  leur  nutrition,  mais  différant 
beaucoup  par  leurs  organes  reproducteurs. 

L'Académie  désire  qu'on  étudie  avec  soin  le  mode  de  formation,  le  déve- 
loppement et  la  structure  intime  des  spores  dans  quelques  espèces  des  prin- 
cipaux groupes  de  Champignons,  soit  exosporés,  soit  endosporés.  On  ne 
possède  d'observations  précises  sur  ce  sujet  que  pour  un  petit  nombre  d'es- 
pèces; des  recherches  spéciales  dirigées  vers  ce  but,  avec  les  moyens  d'in- 
vestigation que  fournissent  actuellement  le  microscope  et  l'emploi  des 
réactifs  chimiques,  pourraient  jeter  beaucoup  de  jour  sur  la  formation  et 
la  structure  de  ces  corps  reproducteurs  dans  les  diverses  familles  de  cette 
classe. 

Plusieurs  groupes  de  Champignons  présentent  sur  le  même  individu  des 
spores  dont  le  mode  d'origine  n'est  pas  le  même,  et  qui  souvent  diffèrent 
sensiblement  les  unes  des  autres,  quoique  paraissant  avoir  la  même  desti- 
nation définitive.  Il  serait  essentiel  de  déterminer  avec  précision  les  diffé- 
rences que  peuvent  présenter  ces  deux  sortes  de  spores,  soit  dans  leiu* 
structure,  soit  dans  leur  mode  de  germination  et  de  développement  pos- 
térieur. 

La  découverte  dans  les  lichens  et  dans  plusieurs  familles  de  Champignons 
de  corpuscules  (spermaties)  se  développant  en  grande  abondance,  souvent 
dans  des  organes  spéciaux  (spermogonies),  et  ne  paraissant  pas  servir  direc- 
tement à  la  propagation  de  la  plante,  porte  beaucoup  de  naturalistes  à 
admettre  dans  ces  cryptogames  l'existence  d'organes  fécondateurs. 

Ces  organes  se  retrouvent-ils  dans  tous  les  groupes  naturels  de  Champi- 
gnons d'une  manière  constante?  La  constatation  de  leur  existence  générale, 
leur  mode  de  développement,  leur  structure  et  surtout  leur  rôle  physiolo- 
gique pourraient  être  l'objet  de  recherches  dignes  du  plus  haut  intérêt. 


(  3o9) 

Enfin,  la  germination  des  spores,  maintenant  observée  dans  un  assez 
grand  nombre  de  cas,  a  rarement  été  suivie  jusqu'à  la  formation  d'un  my- 
célium parfait  et  prêt  à  fructifier;  il  y  a  là  une  série  de  phénomènes  qui  se 
lient  intimement  au  problème  plus  spécial  que  l'Académie  considère  comme 
un  des  points  les  plus  importants  de  la  question  qu'elle  met  au  concours 
et  qui  consiste  à  déterminer  comment  s'opère  la  propagation  des  Champi- 
gnons parasites,  de  familles  diverses,  si  fréquents  sur  les  végétaux  vivants, 
et  qui  se  montrent  aussi  quelquefois  sur  les  animaux. 

Comment  s'opère  la  pénétration  des  germes  reproducteurs  de  ces  Cham- 
pignons, ou  des  organes  qui  en  proviennent,  dans  l'intérieur  du  tissu  des 
plantes  annuelles,  vivaces  ou  même  ligneuses,  chez  lesquelles  plus  tard  on 
les  voit  apparaître  sous  l'épiderme  des  feuilles  ou  dans  divers  organes  de  la 
fleuron  du  fruit?  Comment  se  conservent  et  se  disséminent  plus  tard  les 
corps  reproducteurs  des  Champignons  parasites  sur  la  surface  externe  des 
feuilles? 

Ces  recherches,  si  intéressantes  au  point  de  vue  physiologique  et  par 
leurs  rapports  intimes  avec  l'agriculture,  si  souvent  frappée  par  les  mala- 
dies causées  par  ces  parasites,  ont  été  trop  négligées  dans  ces  derniers 
temps;  et  depuis  Bénédict  Prévost,  qui,  en  1807,  avait  fait  sur  la  carie  du 
blé  des  expériences  pleines  d'intérêt,  personne  n'a  cherché  à  résoudre  ce 
problème,  difficile  sans  doute,  mais  bien  plus  susceptible  d'être  abordé  avec 
succès  à  l'époque  actuelle,  avec  les  connaissances  bien  plus  étendues  qu'on 
possède  sur  le  mode  de  végétation  et  de  reproduction  des  Champignons,  et 
avec  les  moyens  d'observation  plus  parfaits  que  les  naturalistes  ont  à  leur 
disposition. 

On  voit  que  la  question  mise  au  concours,  quoique  toutes  ses  parties 
soient  liées  intimement  entre  elles,  peut  se  scinder  en  trois  questions  secon- 
daires : 

i".  Formation,  développement  et  structure  comparés  des  spores  et  des 
spermaties  dans  les  divers  groupes  de  Champignons  ; 

2°.  Nature  des  spermaties  et  rôle  physiologique  de  ces  corps  dans  la 
reproduction  des  Champignons,  déterminé  par  des  expériences  positives; 

3°.  Germination  des  spores  et  propagation  des  Champignons  parasites, 
soit  à  l'intérieur,  soit  à  l'extérieur  des  végétaux  et  animaux  vivants. 

L'Académie  pourrait  accorder  le  prix  à  l'auteur  d'un  Mémoire  qui 
répondrait  d'une  manière  satisfaisante  à  une  de  ces  trois  questions. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'In- 


(3io) 
stitut.  avant  le  i*'  avril  i8tio,  terme  de  rigueur.  Ix-s  noms  des  auteurs  seront 
contenus  dans  des  billets  cachetés,  qui  ne  seront  ouverts  que  si  la  pièce 
est  couronnée. 

PRIX  DE  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMEIVTALE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 


Feu  M.  de  Montyon  ayant  offert  une  somme  à  l'Académie  des  Sciences, 
avec  l'intention  que  le  revenu  en  fût  affecté  à  un  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale à  décerner  chaque  année,  et  le  Gouvernement  ayant  autorisé  cette 
fondation  par  une  ordonnance  en  date  du  22  juillet  i8i8, 

L'Académie  annonce  qu'elle  adjugera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de 
huit  cent  cinq  francs  à  l'ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui  paraîtra 
avoir  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  physiologie  expérimentale. 

Le  prix  sera  décerné  dans  la  prochaine  séance  publique. 

Les  ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés, 
francs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'Institut,  le  i"  avril  de  chaque  année,  terme 
de  rigueur. 

DIVERS  PRIX  DU  LEGS  MONTYON. 

Conformément  au  testament  de  feu  M.  Auget  de  Montyon,  et  aux  ordon- 
nances du  29  juillet  1 821,  du  2  juin  1824  et  du  23  août  1829,  il  sera  décerné 
lui  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  ouvrages  ou  des  découvertes  qui  seront 
jugés  les  plus  utiles  à  l'art  de  guérir,  et  à  ceux  qui  auront  trouvé  les  moyens 
de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  a  jugé  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  médecine  ou  la  chirurgie,  ou  qui  diminueraient  les  dangers 
des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  au  concours  n'auront  droit  aux  prix  qu'autant  qu  elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée  :  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la 
découverte  dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

Les  sommes  qui  seront  mises  à  la  disposition  des  auteurs  des  découvertes 


(3m) 
ou  des  ouvrages  couronnés  ne  peuvent  éti-e  indiquées  d'avance  avec  préci- 
'  sion,  parce  que  le  nombre  des  prix  n'est  pas  déterminé;  mais  la  libéralité 
du  fondateur  a  donné  à  l'Académie  les  moyens  d'élever  ces  prix  à  une  va- 
leur considérable,  en  sorte  que  les  auteurs  soient  dédommagés  des  expé- 
riences ou  recherches  dispendieuses  qu'ils  auraient  entreprises,  et  reçoivent 
des  récompenses  proportionnées  aux  services  qu'ils  auraient  rendus,  soit  en 
prévenant  ou  diminuant  beaucoup  l'insalubrité  de  certaines  professions, 
soit  en  perfectionnant  les  sciences  médicales. 

Conformément  à  l'ordonnance  du  a3  août,  il  sera  aussi  décerné  des  prix 
aux  meilleurs  résultats  des  recherches  entreprises  sur  les  questions  propo- 
sées par  l'Académie,  conséquemment  aux  vues  du  fondateur. 

Les  ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés, 
francs  de  porl,  au  Secrétariat  de  l'Institut,  le  i""  avril  de  chaque  année,  terme 
de  rigueur. 

PRIX  CUVIER. 

La  Commission  des  souscripteurs  pour  la  statue  de  Georges  Cuvier  ayant 
offert  à  l'Académie  une  somme  résultant  des  fonds  de  la  souscription  restés 
libres,  avec  l'intention  que  le  produit  en  fût  affecté  à  un  prix  qui  porterait 
le  nom  de  Prix  Cuvier,  et  qui  serait  décerné  tous  les  trois  ans  à  l'ouvrage  le 
plus  remarquable,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie,  et  le  Gou- 
vernement ayant  autorisé  cette  fondation  par  une  ordonnance  en  date  du 
9  août  1839, 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  la  séance  pubhque  de  1860, 
un  prix  (sous  le  nom  de  Prix  Cuvier)  à  l'ouvrage  qui  sera  jugé  le  plus  remar- 
quable entre  tous  ceux  qui  auront  paru  depuis  le  i*'  janvier  1867  jusqu'au 
3i  décembre  iSSg,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quinze  cents  francs. 

PRIX  ALHUMBERT, 
POUR  LES  SCIENCES  NATUREI.LES, 

PROPOSÉ  EN  1884  POUR  1886  ET  RBMIS  A  1889. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,    Milne  Edwards,   Serres,  de  Quatrefages, 

Coste  rapporteur.) 

«   Etudier  le  mode  de  fécondation  des  œufs  et  la  structure  des  organes  de  la 


(3rO 
»  génération  dans  les  principaux  groupes  naturels  de  la  classe  des  Polypes  ou 
»  de  celle  des  Acalèphes.  » 

Les  zoologistes  n'ont  constaté  jusqu'ici  qu'un  petit  nombre  de  faits  isolés 
relatifs  à  la  reproduction  sexuelle  chez  les  animaux  inférieurs,  et  l'Académie 
désirerait  appeler  l'attention  des  observateurs  sur  cette  partie  importante 
de  l'histoire  anatomique  et  physiologique  des  Zoophytes.  Elle  laisse  aux 
concurrents  le  choix  des  espèces  à  étudier,  mais  elle  voudrait  que  ce  choix 
fût  fait  de  manière  à  donner  des  résultats  applicables  à  l'ensemble  de  l'une 
ou  de  l'autre  des  grandes  classes  indiquées  ci-dessus,  ou  à  l'une  des  fa- 
milles les  plus  importantes  dont  elles  se  composent,  savoir  :  celles  des  Aca- 
lèphes hydrostatiques,  des  Médusaires,  des  Zoanthaires  ou  des  Polypes 
hydraires. 

La  partie  anatomique  des  travaux  adressés  à  l'Académie  pour  ce  con- 
cours devra  être  accompagnée  de  figures  dessinées  avec  précision. 

Aucun  Mémoire  n'a  été  adressé  à  l'Académie;  mais  la  Commission,  con- 
vaincue du  grand  intérêt  qu'il  y  a  à  résoudre  ces  problèmes,  remet  la  ques- 
tion au  concours  pour  l'année  iSSg. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  deux  mille  cinq 
cents  francs.  ^      ,,^       .  i,,»,^,,,,,  .,[  .„,„  ,. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,   le   i"  avril   1859,  terme  de  rigueur. 

PRIX  BORDIN. 

PROPOSÉ   EN    18{S7    POUE    1860. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,Geoffroy-Saint-Hilaire,  Duméril,Cl.  Bernard, 
Ad.  Brongniart,  Milne  Edwards  rapporteur.  ) 

«  Déterminer  expérimentalement  quelle  influence  les  Irtsectes  peuvent  exercer 
sur  la  production  des  maladies  des  plantes.  » 

On  sait  que  l'action  exercée  par  les  Insectes  sur  le  tissu  des  végétaux  y 
fait  naître  souvent  des  altérations  pathologiques,  soit  locales,  soit  géné- 
rales, et,  dans  ces  dernières  années,  plusieurs  agronomes  ont  attribué 
à  des  causes  de  ce  genre  diverses  maladies  dont  les  plantes  ont  été  frappées. 

L'Académie  demande  aux  concurrents  d'étudier  expérimentalement  les 
effets  produits  de  la  sorte  sur  les  fonctions  des  différents  organes  des  plantes 
et  sur  l'état  général  de  celles-ci.  On  devra  faire  connaître  les  modifications 
qui  surviennent  dans  la  structure  intime  ou  dans  la  composition  chimique 


(3i3) 
des  tissus  altérés,  et  déterminer  les  conditions  qui  peuvent  être  favorables 
ou  défavorables  au  développement  de  ces  états  morbides.  Enfin,  on  devra 
examiner  aussi  l'influence  que  les  substances  étrangères  appliquées  direc- 
tement sur  les  parties  malades,  ou  introduites  dans  l'organisme  par  l'absorp- 
tion, peuvent  exercer  sur  la  marche  de  ces  phénomènes  pathologiques. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  imprimés  ou  manuscrits  devront  être  déposés  au  Secréta- 
riat de  l'Institut  avant  le  3i  décembre  iSSg. 

PRIX  BORDIN, 

PROPOSÉ    EM     18S6  POUR   1887,    REMIS    A    18S9. 

(Commissaires,  MM.  de  Senarmont,  Delafosse,  d'Archiac,  Cordier, 
Élie  de  Beaumont  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  pour  le  sujet  du  prix  Bordin,  à  décerner  en 
1857,  la  question  du  métamorphisme  desroches. 

Deux  Mémoires  seulement  ont  été  envoyés  au  concours  : 

L'un,  n°  I,  porte  pour  épigraphe:  Le  granité  et  le  basalte  ont-ils  une 
origine  ignée? 

L'autre,  n°  2,  porte  pour  épigraphe  :  yémid  ail  the  révolutions  ofthe  globe, 
the  economjr  of  nature  bas  been  uniform  (Playfair  ),  et  ensuite  Corpora  non 
agunt  nisi  soluta. 

Chacun  de  ces  deux  Mémoires  est  le  résultat  d'un  travail  consciencieux. 
Dans  chacun  d'eux,  l'auteur  a  embrassé  une  partie  assez  étendue,  mais  non 
la  totalité  de  la  question  physique  et  chimique  du  métamorphisme  des 
roches. 

L'auteur  du  Mémoire  n"  1  s'est  principalement  attaché  aux  phénomènes 
métamorphiques  dus  à  l'introduction  des  roches  éruptives  dans  les  roches 
sédimentaires,  et  il  a  analysé  avec  beaucoup  de  soin,  et  en  citant  de  nom- 
breux exemples  et  souvent  des  exemples  observés  par  lui-même,  les  change- 
ments produits  par  le  contact,  soit  dans  les  roches  sédimentaires  traversées, 
soit  dans  les  roches  éruptives  elles-mêmes.  Il  a  rapporté  de  nombreuses  ana- 
lyses chimiques  exécutées  généralement  par  lui,  et  il  a  étéamené  à  conclure 
que  les  phénomènes  métamorphiques  ne  conduisent  pas  toujours  à  attribuer 
aux  roches  éruptives  une  température  aussi  élevée  qu'on  l'avait  supposé  gé- 
néralement. 

C.  R.,  i858,  i"  Semejtre.  (T.  XLVI,N0  6.}  4^ 


(  3i4  ) 
■"  I/auteuf  du  Mémoire  ii"  i  a  considéré  les  phénomènes  métamorphiques 
sous  un  point  de  vue  phis  large  et  peut-être  plus  conforme  à  l'esprit  général 
du  programme  que  l'auteur  du  Mémoire  n"  i .  Il  a  été  conduit  de  son  côté 
à  admettre  que  les  phénomènes  métamorphiques  ont  pu  être  produits  par 
des  têJrilpératures  beaucoup  moins  élevées  que  celles  qu'on  avait  jugées  né- 
cessaiveS.  ïl  a  appuyé  ses  conclusions  sur  les  théories  chimiques  les  mieux 
étaHrcsétsUr  les  expériences  les  plus  récentes;  mais  il  n'a  ajouté  qu'un 
petit  nombre  d'analyses  et  d'expériences  nouvelles  à  celles  qui  étaient  déjà 
publiées. 

Les  Mémoires  n"'  i  et  a,  quoicpie  appuyés  par  les  mêmes  doctrines  et  con- 
duisant à  des  conclusions  analogues,  ne  se  répètent  pas  l'un  l'autre,  parce 
que  l'un  considère  surtout  les  phénomènes  de  contact  et  l'autre  les  phéno- 
mènes produits  sur  une  plus  vaste  échelle  et  loin  du  contact  d'aucune 
roche  éruptive.  Ces  deux  Mémoires,  ajoutés  l'un  à  l'autre,  tendraient  à  se 
compléter  mutuellement  sans  qu'il  y  eût  pour  ainsi  dire  aucun  double  em- 
ploi. 

Il  résulte  de  ce  seul  fait  que  ni  l'on  ni  l'autre  n'a  traité  la  question  du 
méUimorpIdsme  des  roches  dans  son  entier. 

En  outre,  l'un  et  l'autre  laissent  beaucoup  à  désirer  en  ce  qui  concerne 
l'historique  des  essais  tentés,  depuis  la  fin  du  siècle  dernier,  pour  expliquer 
par  un  dépôt  sédimentaife  suivi  d'une  altération  plus  ou  moins  grande  l'état 
dans  lequel  se  présentent  à  l'observation  un  grand  nombre  de  roches. 

Enfin  ni  l'un  ni  l'autre  des  deux  auteurs  n'a  fait  A' expériences  synthétiques, 
et  l'Académie  avait  eu  en  vue  des  travaux  de  ce  genre,  au  moins  autant 
que  des  analyses  de  minéraux  ou  de  roches,  lorsqu'elle  avait  dit  en  termi- 
nant le  programme  qu'elle  saurait  gré  surtout  aux  concurrents  des  expé- 
riences qu'ils  auraient  exécutées  pour  vérifier  et  pour  étendre  la  théorie  des 
phénomènes  métamorphiques. 

Conclusions.  —  D'après  ces  motifs,  la  Commission  est  d'avis  qu'il  n'y  a  pas 
lieu  de  décerner  le  prix;  mais,  rendant  justice  au  mérite  des  deux  Mémoires 
qui  lui  ont  été  soumis,  elle  se  croit  fondée  à  espérer  qu'en  maintenant  la 
question  au  concours  pendant  un  temps  suffisant,  l'Académie  pourrait  re- 
cevoir une  solution  complètement  satisfaisante. 

La  Commission  à  l'honneur,  en  conséquence,  de  proposer  à  l'Académie 
de  remettre  au  concours  la  question  du  métamorphisme  des  roches  pour 
l'année  i  SSg,  en  conservant  le  même  programme  qu'il  a  paru  utile  de  repro- 
duire ici  : 


(  3'5  ) 

L'Académie  propose  pour  le  sujet  du  prix  Bordiii,  à  décerner  en  iSSy,  la 
question  du  mélamorphisme  des  roches. 

Les  auteurs  devront  faire  l'historique  des  essais  tentés  depuis  la  fin  du 
siècle  dernier,  pour  expliquer  par  un  dépôt  sédimentaire  suivi  d'une  altéra- 
tion plus  ou  moins  grande,  l'état  dans  lequel  se  présentent  à  l'observation 
un  grand  nombre  de  roches. 

Ils  devront  résumer  les  théories  physiques  et  chimiques  proposées  pour 
l'explication  des  faits  de  ce  genre,  et  faire  connaître  celles  qu'ils  adoptent. 

L'Académie  leur  saura  gré  surtout  des  expériences  qu'ils  auront  exécu- 
tées pour  vérifier  et  pour  étendre  la  théorie  des  phénomènes  métamor- 
phiques. 

Ce  prix  consistera  eu  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  jjort,  au  Secrétariat  de  l'In- 
stitut, le  I*''  octobre  iSSg  :  ce  terme  est  de  rigueur. 

PRIX  QUINQUENNAL  FONDÉ  PAR  FEU  M.  DE  MOROGUES, 

A    DÉGEIinF.R    EN    1863. 

Feu  M.  de  Morogues  a  légué,  par  son  testament  en  date  du  aS  octo- 
bre j834,  une  somme  de  dix  mille  francs,  placée  en  rentes  sur  l'État,  pour 
faire  l'objet  d'un  prix  à  décerner,  tous  les  cinq  ans,  alternativement  :  par 
l'Académie  des  Sciences  physiques  et  mathématiques,  à  ïouvrage  qui  aura 
fait  faire  te  plus  grand  progrès  à  l'agriculture  en  France,  et  par  l'Académie  des 
Sciences  morales  et  politiques,  an  meilleur  ouvrage  sur  l'état  du  paupérisme 
en  France  et  le  mojen  d'y  remédier. 

Une  ordonnance  en  date  du  a6  mars  1 84a  a  autorisé  l'Académie  des 
Sciences  à  accepter  ce  legs. 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera  ce  prix,  en  i863,  à  l'ouvrage 
remplissant  les  conditions  prescrites  par  le  donateur. 

Les  ouvrages,  imprimés  et  écrits  en  français,  devront  être  déposés,  francs  de 
port,  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i*''^  avril  i863,  terme  de  rigueur. 

•  ■     •  LEGS  BRÉANT. 

Par  son  testament  en  date  du  28  août  1849,  feu  M.  Rréant  a  légué  a 
l'Académie  des  Sciences  une  somme  de  cent  millefrancs  pour  la  fondation 

4>  • 


(3,6)      - 
d'un  prix  à  décerner  «  à  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  du 
choléra   asiatique  ou   qui   aura   découvert   les  causes   (*)   de  ce  terrible- 
fléau.  » 

Prévoyant  que  ce  prix  de  cent  mille  francs  ne  sera  pas  décerné  tout  de 
suite,  le  fondateur  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  que  l'intérêt 
du  capital  fût  donné  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  science  sur  la 
question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  ou  enfin  que  ce 
prix  piit  être  gagné  par  celui  qui  indiquera  le  moyen  de  guérir  radicalement 
les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne. 

Les  concurrents  devront  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

i".   Pour  remporter  le  prix  de  cent  mille  francs,  il  faudra  : 

o  Trouver  une  médication  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans  [immense 
»  majorité  des  cas;  » 

Ou 

«  Indiquer  dune  manière  incontestable  les  causes  du  clioléra  asiatique,  de 
»  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  [épidémie;  » 

Ou  enfin, 

«  Découvrir  une  prophj'laxie  certaine,  et  aussi  évidente  que  test,  par  exemple, 
M  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole.  » 


(*)  Il  paraît  convenable  de  reproduire  ici  les  propres  termes  du  fondateur  :  «  Dans  l'état 
»  actuel  de  la  science,  je  pense  qu'il  y  a  encore  beaucoup  de  choses  à  trouver  dans  la  com- 
»  position  de  l'air  et  dans  les  fluides  cju'il  contient  :  en  effet,  rien  n'a  encore  été  découvert 
»  au  sujet  de  l'action  qu'exercent  sur  l'économie  animale  les  fluides  électriques,  magnétiques 
»  ou  autres  :  rien  n'a  été  découvert  également  sur  les  animalcules  qui  sont  répandus  en 
»  nombre  infini  dans  l'atmosphère,  et  qui  sont  peut-être  la  cause  ou  une  des  causes  de  cette 
»  cruelle  maladie. 

»  Je  n'ai  pas  connaissance  d'appareils  aptes,  ainsi  que  cela  a  lieu  pour  les  liquides,  ii  re- 
»  connaître  l'existence  dans  l'air  d'animalcules  aussi  petits  que  ceux  que  l'on  aperçoit  dans 
»  l'eau  en  se  servant  des  instruments  microscopiques  que  la  «cience  met  à  la  disposition  de 
»  ceux  qui  se  livrent  à  cette  étude. 

»  Comme  il  est  probable  que  le  prix  de  cent  mille /ranci,  institué  comme  je  l'ai  expliqué 
»  plus  haut,  ne  sera  pas  décerné  de  suite,  je  veux,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  ([ue  l'in- 
»  térét  dudit  capital  soit  donné  par  l'Institut  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  science  sur 
»  la  question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  soit  en  donnant  de  meilleures 
»  analyses  de  l'air,  en  y  démontrant  un  élément  morbide,  soit  en  trouvant  un  procédé  propre 
»  à  connaître  et  à  étudier  les  animalcules  qui  jusqu'à  ce  moment  ont  échappé  à  l'œil  du  savant, 
»  et  qui  pourraient  bien  être  la  cause  ou  une  des  causes  de  ces  maladies.  • 


(  3.7) 

2°.  Pour  obtenir  le  prix  annuel  de  quatre  mille  francs,  il  faudra,  par  des 
procédés  rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphère  l'existence  de  ma- 
tières pouvant  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la  propagation  des 
maladies  épidémiques. 

Dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
prix  annuel  de  quatre  mille  francs  pourra,  aux  termes  du  testament,  être 
accordé  à  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres, 
ou  qui 'aura  éclairé  leur  étiologie. 

Le  Rapport  sur  les  pièces  adressées  sera  fait  dans  le  premier  trimestre 
de  i858. 

LEGS  TRÉMONT. 

Feu  M.  le  baron  de  Trémout,  par  son  testament  en  date  du  5  mai  1847, 
a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  annuelle  de  onze  cents  francs 
potn-  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien, 
auquel  une  assistance  sera  nécessaire  «  pour  atteindre  un  but  utile  et  glo- 
rieux pour  la  France.  » 

Un  décret  en  date  du  8  septembre  i856  a  autorisé  l'Académie  à  accepter 
cette  fondation. 

En  conséquence,  l'Académie  annonce  que,  dans  sa  séance  publique  de 
1861,  elle  accordera  la  somme  provenant  du  legsTrémont  à  titre  d'encou- 
ragement à  tout  CI  savant  ,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien  »  qui  se  trou- 
vant dans  les  conditions  indiquées,  aura  présenté,  dans  le  courant  de  l'an- 
née, une  découverte  ou  un  perfectionnement  paraissant  répondre  le  mieux 
aux  intentions  du  fondateur. 

PRIX  JECRER 

A    DÉCERNER    EN    18S8. 

Par  un  testament  en  date  du  i3  mars  i85i,  feu  M.  le  D"^  Jecker  a  fait  à 
l'Académie  im  legs  destiné  à  accélérer  les  progrès  de  la  chimie  organique. 

En  conséquence  l'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  sa  séance 
publique  de  (858,  un  ou  plusieurs  prix  aux  travaux  qu'elle  jugera  les  plus 
propres  à  hâter  le  progrès  de  cette  branche  de  la  chimie. 


(3,8) 


CONDITIONS  COMMUNES  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  concurrents  pour  tous  les  Prix  sont  prévenus  que  l'Académie  ne 
rendra  aucun  des  ouvrages  envoyés  aux  Concours;  les  auteurs  auront  la 
liberté  d'en  faire  prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 

LECTURES. 

M.  Flourens,  Secrétaire  perpétuel  pour  les  Sciences  physiques,  a  lu 
l'éloge  de  M.  Magendie, 

F,  et  É.  D.  B. 


Hl-O-H 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACIADÉUIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  15  FÉVRIER  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

■  .      •  î. .  •      <  <    ;■  i  1    .•(■;■ 

Note  de  M.  Biot. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  série  d'articles  relatifs  à 
la  théorie  des  mouvements  de  la  lune,  que  j'ai  insérés,  depuis  plusieurs 
mois,  dans  le  Journal  des  Savants.  J'y  ai  suivi  la  formation  progressive  de 
cette  théorie,  depuis  la  première  découverte  empirique  des  principales 
inégalités  de  ces  mouvements,  jusqu'au  dernier  développement  analytique 
que  lui  a  donné  récemment  M .  Hansen  dans  ses  nouvelles  tables  de  la  lune, 
qui  viennent  d'être  publiées  aux  frais  du  Gouvernement  britannique.  Pour 
cette  dernière  partie,  la  plus  difficile  de  l'exposé  que  j'avais  entrepris, 
je  me  suis  aidé  des  secours  que  pouvaient  me  donner  mes  amis  scienti- 
fiques, tant  Français  qu'étrangers,  qui  se  sont  spécialement  occupés  de  la 
théorie  de  la  lune  à  des  points  de  vue  divers.  J'ai  réclamé  particulièrement 
l'assistance  de  notre  confrère  M.  Delaunay,  qui  en  a  fait  depuis  plusieurs 
années  l'objet  d'un  grand  travail  auquel  il  s'est  entièrement  dévoué.  J'ai  eu 
aussi  recours  à  M.  Airy  de  Greenwich,  à  M.  Plana  de  Turin,  et  à  M.  Hansen 
lui-même,  qui  m'a  obligeamment  accordé  d'utiles  éclaircissements  que 
j'avais  pris  la  liberté  de  lui  demander.  Je  ne  suis  surtout  attaché  à  faire 
ressortir  l'heureuse  association  des  procédés  analytiques  et  du  calcul  numé- 
rique, qui  me  paraît  devoir  donner  à  ces  nouvelles  tables  des  avantages  mar- 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  £T.  XLVI,  N«  1.)  4^ 


(    320    ) 

qués  d'exactitude  et  de  durée,  sur  celles  qui  les  ont  précédées.  Si,  comme 
je  peux  le  craindre,  mes  efforts  n'ont  pas  suffi  pour  signaler  avec  assez  de 
netteté  les  importants  perfectionnements  qui  les  distinguent,  j'ai  du  moins 
l'espérance  qu'ils  pourront  fournira  de  plus  habiles,  les  premiers  éléments 
d'une  plus  complète  appréciation.  » 

ASTRONOMIE.  —  Réduction  des  observations  faites  au  quart  de  cercle  de  Bird, 
à  [Observatoire  impérial  de  Paris,  depuis  1800  jusqu'en  1822;  par 
U.-J.  Le  Verrier. 

«  J'ai  présenté,  dit  M.  Le  Verrier,  dans  la  séance  du  a5  janvier,  la  réduc- 
tion des  observations  faites  à  l'instrument  des  passages  depuis  1800  jus- 
qu'en 1829. 

»  Je  dépose  aujourd'hui,  toujours  à  l'état  d'impression,  la  réduction 
des  observations  faites  au  quart  de  cercle  de  Bird,  depuis  1800  jus- 
qu'en 1822. 

»  L'Observatoire  de  Paris  possédait  deux  quarts  de  cercles  muraux,  des- 
tinés aux  observations  des  distances  zénithales  méridiennes,  et  établis  sur 
les  deux  faces,  orientale  et  occidentale,  d'un  même  massif.  L'un  d'eux, 
placé  sur  la  face  occidentale  du  massif,  était  destiné  aux  observations  du 
côté  du  nord;  l'autre  quart  de  cercle,  celui  qui  servait  à  faire  les  observa- 
tions du  côté  du  midi,  c'est-à-dire  celles  dont  nous  présentons  la  discussion, 
avait  été  placé  en  1800,  après  avoir  servi  longtemps  à  I^emonnier.  Cet 
instrument,  construit  par  Bird,  a  a^jSo  de  rayon.  La  lunette,  qui  est  aussi 
de  2"',5o  de  longueur,  a  60  millimètres  d'ouverture.  Son  grossissement  est 
de  70  à  80  fois. 

»  Le  limbe  du  quart  de  cercle  porte  deux  divisions  :  l'une  en  90  degrés, 
qu'on  appelle  intérieure,  parce  qu'elle  est  la  plus  rapprochée  du  centre; 
l'autre  en  96  parties,  qu'on  nomme  extérieure.  Chaque  degré  de  la  première 
est  divisé  de  5  en  5  minutes,  et  chaque  partie  de  la  seconde  est  subdi- 
visée en  16.  Nous  avons  fait  exclusivement  usage  de  la  division  extérieure. 
Dans  un  très-petit  nombre  d'observations  seulement,  où  la  lecture  de  cette 
division  manquait  et  que  nous  tenions  à  conserver,  nous  avons  employé  la 
lecture  de  la  division  intérieure,  mais  eu  la  réduisant  à  la  division  exté- 
rieure. Cette  réduction  a  été  effectuée  en  déduisant  l'excès  de  la  lecture  de 
la  division  intérieure  sur  la  lecture  de  la  division  extérieure,  tel  qu'on  le 
détermine  par  la  comparaison  des  lectures  des  deux  divisions  faites  dans 
une  même  observation. 


(  3a.  ) 

»  La  lunette  est  munie  d'un  micromètre  qui  sert  à  apprécier  le  nombre 
de  minutes  et  de  secondes  qu'il  faut  ajouter  à  l'arc  lu  directement  sur  le 
limbe  pour  avoir  la  distance  observée.  La  vis  adaptée  au  micromètre  par 
Bird  avait  un  cadran  qui  donnait  directement  les  secondes  et  dont  la  révo- 
lution entière  valait  5i",3  sexagésimales.  Il  en  a  été  fait  usage  jusqu'au 
j2  avril  i8j  I. 

»  A  cette  dernière  époque,  la  vis  micrométrique  de  Bird,  qu'un  long 
emploi  commençait  à  rendre  défectueuse,  fut  remplacée  par  une  autre 
vis,  construite  par  Fortin.  Une  révolution  entière  de  cette  nouvelle  vis 
vaut  45' 19.  Mais  le  cadran  est  divisé  en  100  parties;  en  sorte  que  chacune 
de  ces  parties  ne  vaut  que  o",li5g. 

»  Il  y  a  quelquefois,  et  dans  les  premières  années  surtout,  lui  peu  d'in- 
certitude sur  l'instant  précis  des  observations  de  la  lune.  Néanmoins  la 
distance  de  la  lune  au  zénith  est  ordinairement  prise  lorsque  le  centre  de 
cet  astre  passe  à  peu  près  par  le  méridien,  et  alors  on  doit  indiquer  le  temps 
écoulé  entre  le  passage  de  l'un  des  bords  au  méridien  et  l'observation  de  la 
distance.  ,^    , . 

»  La  hauteur  du  baromètre,  exprimée  en  fraction  du  mètre,  est  ramenée 
à  la  température  extérieure.  Cette  réduction  est  nécessitée  par  la  forme  des 
tables  de  réfraction  dont  nous  avons  fait  usage. 

»  La  température  (extérieure)  est  rapportée  au  thermomètre  centigrade. 

M  La  réfraction  a  été  calculée  sur  les  tables  de  M.  Caillet,  conformément 
aux  formules  de  Laplace  et  en  partant  des  valeurs  les  plus  exactes  des  coef- 
ficients. Nous  reproduisons  ces  tables  quant  au  fond,  mais  sous  une  forme 
différente  et  propre  à  en  rendre  l'emploi  plus  rapide. 

»  Au  reste,  ces  tables  des  réfractions  seront  pour  nous  l'objet  d'une  étude 
ultérieure.  Bien  qu'elles  soient  suffisantes  pour  le  but  que  nous  nous  propo- 
sons ici,  il  sera  nécessaire  d'examiner  si  les  constantes  dont  elles  dépendent 
conviennent  parfaitement  à  la  position  particulière  de  l'Observatoire  de 
Paris.  C'est  ce  qui  sera  fait,  pour  la  région  nord,  en  comparant  les  passages 
supérieurs  et  inférieurs  des  circompolaires;  pour  la  région  sud,  en  compa- 
rant les  positions  des  étoiles  australes,  obtenues  par  nos  observations,  aux 
positions  de  ces  mêmes  étoiles  déduites  des  observations  faites  dans  l'hémi- 
sphère austral. 

»  La  collimation  a  été  obtenue,  par  chacune  des  étoiles  fondamentales, 
en  retranchant  de  la  distance  polaire  calculée  de  cette  étoile  la  lecture 
augmentée  de  la  réfraction.  Une  interpolation  convenable  a  ensuite  donné 
la  valeur  de  la  collimation  pour  les  observations  des  astres  mobiles. 

42.. 


{    322    ) 

»  Les  distances  polaires  des  étoiles  fondamentales  ont  été  obtenues  à 
l'aide  des  positions  moyennes  données  dans  l'addition  IV,  au  chap.  X,  des 
Recherches  astronomiques,  et  en  faisant  usage  des  constantes  de  la  nutation 
et  de  l'aberration  adoptées  dans  ce  chapitre. 

»  La  correction  qu'une  lecture  faite  à  l'instrument  doit  subir  pour  fournir 
la  distance  zénithale  d'un  astre,  varie  un  peu  avec  cette  distance  zénithale. 
Nous  avons  tenu  compte  avec  soin  de  cette  erreur  de  la  division. 

»  Les  observations  ainsi  réduites  sont  au  nombre  d'environ  85oo. 
'   »  La  discussion  de   l'ensemble  des  observations  méridiennes,  faites  à 
l'Observatoire  impérial  de  Paris,  est  donc  dès  à  présent  complète  pour  les 
vingt-trois  premières  années  du  siècle.  » 

RAPPORTS 

ZOOLOGIE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Florent  Prévost,  relatif  aux 

aliments  des  Oiseaux. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Geoffroy-Saint-Hilaire, 
Duméril  rapporteur.  ) 

«  J'ai  été  chargé,  avec  nos  confrères  MM.  Milne  Edwards  et  Geoffroy, 
de  vous  rendre  compte  de  ce  Mémoire  dont  l'analyse,  rédigée  par  l'auteur 
pour  nos  Comptes  rendus,  n'a  pas  fait,  selon  nous,  assez  valoir  tout  l'intérêt 
qui  s'attache  à  ce  genre  de  recherches;  c'est  pourquoi  nous  avons  cru 
devoir  appeler  de  nouveau  l'attention  de  l'Académie  sur  les  procédés  qui 
ont  dirigé  ce  travail. 

»  M.  Florent  Prévost  est  attaché  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  depuis 
un  grand  nombre  d'années;  ses  fonctions,  comme  aide-naturaliste, 
l'appellent  à  faire  donner  des  soins  aux  animaux  de  la  Ménagerie  de 
l'établissement  dont  la  surveillance  lui  a  été  confiée  par  l'un  de  nous. 
Occupé  sans  cesse  de  l'éducation  et  de  la  conservation  d'espèces  diverses, 
il  a  été  à  même  de  bien  observer  la  nature  des  aliments  que  chacune  d'elles 
recherche  pour  sa  propre  nourriture  et  pour  celle  de  la  race,  souvent 
nombreuse,  qui  en  provient,  et  il  s'est  assuré  que,  par  suite  de  certaines 
circonstances  obligées,  cette  alimentation  devait  être  et  était,  en  effet, 
modifiée  et  présentait  de  notables  variations. 

»  Pour  en  être  convaincu,  l'auteur  du  Mémoire  dont  nous  allons  faire 
connaître  les  résultats  s'est  livré,  d'une  manière  continue  et  pendant  plu- 
sieurs années,  à  des  recherches  pratiques  qu'il  poursuit  encore. 


(  3^3  ) 

»  Afin  d'obtenir  des  faits  à  l'appui  de  ses  propres  observations,  il  a 
voulu  appeler  la  nature  en  témoignage,  et,  pour  y  parvenir,  il  s'est  livré  à 
l'examen  minutieux  de  toutes  les  matières  ingérées  par  les  Oiseaux  aux 
diverses  époques  de  l'année,  et,  en  particulier,  à  l'investigation  des  sub- 
stances qui  étaient  encore  restées  dans  leur  jabot  ou  dans  leur  gésier.  Dans 
ce  but,  et  depuis  longtemps,  il  a  pris  soin  d'extraire  les  régions  supé- 
rieures du  tube  digestif  à  tous  les  individus  qui  entraient  dans  nos  labora- 
toires pour  y  être  dépouillés,  et  il  en  a  fait  de  même  pour  toutes  les  espèces 
lui  peu  rares  que  contenaient  les  liqueurs  conservatrices,  principalement 
■pour  celles  que  pouvaient  lui  procurer  ses  chasses  de  nuit  et  de  jour  et 
surtout  les  envois  qu'il  recevait  de  ses  amis  ou  de  ses  connaissances  parmi 
les  gardes  champêtres  et  forestiers  qui  les  lui  transmettaient  souvent  à  de 
grandes  distances  et  à  ses  frais. 

»  Ces  restes  incomplètement  digérés  des  aliments  ont  été  recueillis, 
desséchés  et  conservés  en  très-grand  nombre;  ils  ont  pu  être  ainsi  soumis 
à  notre  examen.  Ils  forment  une  collection  des  plus  curieuses  par  les 
annotations  qui  les  accompagnent  et  qui  se  rapportent  à  des  observations 
rédigées  en  tableaux  dont  nous  parlerons  plus  loin,  et  qui  offrent  de  l'in- 
térêt pour  la  science. 

»  Ces  amas  informes  de  détritus,  qui,  par  la  compression  énergique  des 
organes,  se  trouvent  réduits  à  leur  moindre  volume  ou  en  une  masse 
solide,  ont  pu  être  délayés  dans  l'eau  ou  dans  l'alcool,  et  c'est  par  ce  simple 
procédé  qu'il  a  été  permis  aux  naturalistes  instruits  d'y  reconnaître  toutes 
sortes  de  parties  végétales  encore  distinctes  et  bien  caractérisées,  telles  que 
des  bourgeons,  des  feuilles,  des  fruits  et  des  semences.  Us  ont  pu  déterminer 
avec  précision  des  débris  d'os  et  de  dents  provenant  de  petits  Mammifères, 
des  plumes,  des  coquilles  et  surtout  des  Insectes;  pour  ceux-ci  les  parties 
solides  sont  restées  dans  leur  intégrité  de  formes  et  de  couleurs.  Ce  sont 
des  élytres  et  des  pattes  de  Coléoptères  de  genres  très-variés;  des  portions 
de  Lépidoptères  nocturnes  ou  crépusculaires  plus  ou  moins  altérées  ;  on  y 
reconnaît  principalement  des  ailes  de  Névroptères,  de  Diptères  et  d'Hymé- 
noptères, suivant  leurs  genres  et  même  les  espèces,  car  il  est  facile  de  les 
comparer  aux  remarquables  figures  des  ouvrages  de  Toussaint  Charpentier, 
de  Jurine  et  de  Macquart.  Ainsi  tels  Insectes,  très-rarement  observés  dans 
nos  climats  et  que  nous  pourrions  citer,  ont  été  reconnus  dans  les  détri- 
ments que  contenaient  les  jabots  des  Engoulevents  et  des  Pics  verts. 

»  IjC  résumé  de  ces  recherches  est  présenté  avec  tous  les  détails  que  l'on 
peut  désirer  dans   une  série  de  grands  tableaux   que  l'auteur  a  rédigés 


(  3»4) 
d'avance  et  fait  imprimer  pour  obtenir  sur  un  même  plan  et  par  colonnes 
distinctes,  le  régime  ou  la  nature  des  aliments  qui  ont  été  reconnus  chez 
chacune  des  espèces  d'Oiseaux. 

»  En  parcourant  l'une  de  ces  tables,  par  exemple,  on  y  voit  d'abord  le 
nom,  le  genre,  la  famille,  l'ordre  auquel  appartient  l'espèce  observée;  puis 
l'époque,  le  mois  et  la  date  du  jour  où  les  recherches  ont  été  faites,  et  enfin, 
sous  autant  de  titres  différents,  quels  ont  été  les  débris  trouvés  soit  des 
animaux  vertébrés  ou  articulés,  soit  des  Annelides,  des  Mollusques,  et, 
enfin,  de  parties  diverses  des  végétaux  que  nous  avons  énumérées.  C'est  un 
travail  méthodique  qui  nous  paraît  mériter  l'attention  de  l'Académie. 

»  Il  résulte  de  ces  documents  certains  que  les  différentes  races  d'Oiseaux 
modifient  leur  nourriture  ou  leur  régime  alimentaire  suivant  les  saisons 
et  surtout  d'après  les  productions  animales  et  végétales  qui  varient  pério- 
diquement; que  ces  productions  temporaires  sont  pour  la  plupart  en  rap- 
port avec  les  époques  de  l'éclosion  et  de  l'alimentation  de  la  progéniture. 
Ce  qu'expliquent  au  reste  les  émigrations  et  les  hauteurs  diverses  aux- 
quelles s'élève  le  vol  de  ces  mêmes  Oiseaux. 

»  D'après  les  faits  recueillis  dans  son  Mémoire,  M.  Florent  Prévost  est 
porté  à  conclure  que  les  Oiseaux  sont,  en  général,  beaucoup  plus  utiles 
que  nuisibles  à  nos  récoltes  par  le  grand  nombre  d'Insectes  qu'ils  détruisent 
sous  leurs  formes  successives  d'œufs,  de  larves,  de  nymphes  et  dans  leur 
état  parfait. 

»  Nous  proposons  à  l'Académie  d'accueillir  ce  travail,  dont  il  est  facile 
de  prévoir  toute  la  portée;  d'engager  l'auteur  à  compléter  ses  tableaux 
de  recherches  sur  la  nourriture  des  Oiseaux,  et  à  l'y  encourager  en  l'aidant 
à  les  poursuivre  si  elle  en  trouve  l'occasion.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MEMOIRES  PRÉSENTÉS 

MAGNÉTISME  TERRESTRE.  —  Recherches  sur  le  magnétisme  terrestre; 

par  M.   Pariset. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Duperrey,  Babinet.) 

«  Dans  ce  travail,  l'auteur  s'est  proposé  de  rechercher  un  procédé  au 
moyen  duquel  on  piit  déterminer  la  courbe  que  le  pôle  de  l'équateur  magné- 
tique décrit  sur  la  surface  terrestre,  dans  le  mouvement  de  l'est  à  l'ouest  de 
cet  équateur,  en   employant    pour  cette  détermination    les   observations 


(  325  ) 
simultanées  de  déclinaison,  qui  ont  été  faites  dans  les  différents  lieux  de 
la  terre. 

»  Cette  question  pourrait  être  résolue,  au  moyen  d'une  analyse  très- 
simple  et  en  n'employant  à  peu  près  que  les  formules  de  la  trigonométrie 
sphérique,  si  l'on  possédait  un  nombre  suffisant  d'observations,  faites  à 
des  époques  très-éloignées  entre  elles;  mais  les  seules  observations 
anciennes  qu'il  m'ait  été  possible  de  me  procurer,  sont  celles  qui  ont  été 
faites  à  Paris  et  à  Londres,  vers  la  fin  du  fin  du  xvi*  siècle  et  dans  le  cours 
du  XVII*,  et  leur  nombre  est  malheureusement  beaucoup  trop  restreint, 
pour  que  l'on  puisse  les  employer  avec  succès  à  la  détermination  complète 
du  lieu  cherché. 

»  Cependant,  au  moyen  des  quelques  points  qu'il  m'a  été  possible  de 
déterminer,  j'ai  examiné  si  ce  lieu  ne  serait  pas  à  peu  près  circulaire  :  j'ai 
trouvé  que  les  déclinaisons  calculées,  pour  des  époques  quelconques,  d'après 
le  moyen  mouvement  du  pôle,  sur  la  circonférence  de  cercle  passant  par 
ces  points,  diffèrent  en  effet  fort  peu  des  déclinaisons  observées,  mais  seu- 
lement pour  la  plus  grande  partie  de  l'Europe,  et  une  partie  de  l'Afrique  et 
de  l'Asie.  Dans  les  autres  parties  de  la  surface  terrestre,  celte  circonférence 
ne  représente  plus,  en  général,  le  lieu  dont  il  s'agit. 

»  Cette  discordance  m'avait  presque  fait  abandonner  ce  travail;  mais  j'ai 
réfléchi  que  les  causes  auxquelles  sont  dues  les  inflexions  si  nombreuses  de 
l'équateur  magnétique  et  des  lignes  sans  déclinaison,  pourraient  bien 
étendre  leur  influence  sur  les  positions  successives  du  pôle  de  cet  équateur, 
et  que,  là  où  ces  signes  présentent  des  irrégularités,  le  mouvement  de  ce 
pôle,  qui  reflète  en  quelque  sorte,  dans  la  région  polaire,  le  mouvement 
de  l'équateur  magnétique,  devrait  aussi  présenter  des  anomalies  sem- 
blables. 

»  Je  fais  donc  l'envoi  de  ce  travail,  par  la  pensée  que,  tout  imparfait  qu'il 
soit,  il  pourra  être  de  quelque  utilité,  en  faisant  voir  les  avantages  que  l'on 
pourrait  retirer  de  l'emploi  des  observations  simultanées.  » 

ASTRONOMIE.  —  Nouveau  micromètre  à  lignes  lumineuses  refléchies  pour  les 
instruments  d'astronomie;  par  M.  I.  Porro. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

a  La  difficulté  de  voir  dans  le  champ  éclairé  à  la  manière  ordinaire  à  la 
fois  les  fils  micrométriques  et  les  petites  étoiles  a  donné  l'idée  d'éclairer 


(  326  ) 
les  fils  seuls  et  de  laisser  le  champ  aussi  sombre  que  possible,  et  plus  tard 
celle  de  produire   dans   le  plan  local  des  images  aériennes  de  points  et 
de  lignes  gravés  sur  une  plaque  de  verre  noircie. 

M  Les  dispositions  proposées  ou  réalisées  par  Fraunhoffer,  Stampfer, 
Starke,  Airy,  Steinheil,  etc.,  laissent  encore  quelque  chose  à  désirer. 

»  L'application  que  j'ai  faite  aux  instruments  d'astronomie  de  la 
réflexion  des  fils  micrométriques  sur  les  surfaces  des  solides  et  des  liquides 
transparentes  (i)  m'a  permis  d'une  part  d'éliminer  complètement  les  flexions, 
les  inégalités  des  pivots,  l'inégale  distribution  de  la  température  et  en 
général  toutes  les  causes  d'erreurs  physiques  et  mécaniques,  d'autre  part 
de  rendre  applicable  aux  instruments  un  nouveau  système  de  micromètre 
à  ligne  lumineuse  qui  a  tous  les  avantages  et  n'a  pas  les  inconvénients  des 
inventions  similaires  connues. 

»  Ce  micromètre  se  compose  :  i"  d'un  porte-oculaire  avec  croisée  de  fils 
«lissant  dans  le  plan  focal  ;  2°  d'une  fente  de  porte-lumière  et  d'un  prisme  à 
base  mixtiligne,  faisant  à  la  fois  fonction  de  réflecteur  et  de  lentille  cylin- 
drique achromatique  à  très-court  foyer. 

»  Ce  prisme  produit  dans  le  plan  focal  luie  ligne  lumineuse,  très-pure  et 
très-déliée,  rayonnant  vers  l'objectif. 

»  Les  surfaces  de  l'objectif  même,  dans  certains  cas,  la  surface  de  l'eau 
dans  la  lunette  zénithale,  les  réflecteurs  prismatiques  fixes  dans  les  instru- 
ments méridiens,  construits  d'après  le  nouveau  principe,  etc.,  renvoient 
dans  le  champ  focal  une  image  très-nette  de  la  ligne  lumineuse,  et  cette  image 
est  mobile  dans  le  même  sens  que  le  porte-fils,  de  manière  qu'elle  s'y  main- 
tient en  coUimation. 

»  Dans  ces  conditions  la  distance  à  l'axe  optique  d'une  étoile  collimée 
sur  le  fil  en  même  temps  que  la  ligne  lumineuse  est  exactement  la  moitié  de 
l'intervalle  qui  sépare  le  fil  du  plan  optique  du  prisme  dont  le  lieu  exact 
se  détermine  par  retournement. 

»  Ainsi  construit,  ce  micromètre  jouit  de  la  propriété  de  la  simultanéité 
entre  l'observation  de  l'astre  et  celle  du  lieu  de  l'axe  optique,  propriété  qui 
le  rend  supérieur  à  tous  les  micromètres  connus  pour  les  instruments  de 
position,  tels  que  lunette  méridienne,  lunette  zénithale,  etc. 

»  Mais  pour  rendre  ce  micromètre  applicable  aux  instruments  dits  extra- 
méridiens pour  la  mesure  des  distances  d'étoiles  doubles,  et   en  général 


1)  Voir  Comptes  rendus  de  V Académie  des  Sciences,  torae  XXXVIII,  pages  734  et  768  ; 

1»  VVXIX.   nacp  fiSo. 


tome  XXXIX,  page  680 


(  3^7  ) 
d'astres  simultanément  visibles  dans  le  champ  de  la  lunette,  et  pour  la 
mesure  des  diamètres  apparents  des  planètes,  il  est  nécessaire  d'ajouter  un 
prisme  biréfringent  rotatoirement  monté  avec  cercle  divisé  :  on  comprend 
tout  de  suite  que  ce  prisme  donne  deux  images  au  lieu  d'une  dans  le  champ 
focal  et  que  l'écartement  de  ces  images  est  proportionnel  au  sinus  de 
l'azimut  du  plan  principal  du  prisme. 

»  Ce  phénomène  optique,  d'une  perfection  qui  n'a  pour  limite  que  celle 
due  à  la  puissance  de  la  lunette,  permet  d'éliminer  par  cela  seul  toutes  les 
erreurs  qui  proviendraient  des  imperfections  du  mécanisme  si  délicat  du 
micromètre  ordinaire. 

»  L'addition  d'un  prisme  de  Nicol  monté  égalementpour  pouvoir  tourner 
sur  son  axe  permet  de  réglera  volonté  l'intensité  relative  des  deux  images  de 
la  ligne  lumineuse  et  de  les  rendre  comparables,  par  exemple,  l'une  à  l'étoile 
principale,  l'autre  à  l'étoile  satellite  dans  la  mesure  des  étoiles  doubles  :  le 
degré  d'exactitude  de  ces  sortes  d'observations  augmentera  dans  une  pro- 
portion qu'il  est  facile  de  prévoir  en  même  temps  qu'on  en  pourra  déduire 
un  élément  photométrique  pour  estimer  la  grandeur  relative  des  étoiles 
comparées.  » 

HYDRAULIQUE.  —  Preuves  palpables  d'un  principe  important  et  nouveau 
d'hydraulique,  signalé  à  l'Académie  des  Sciences  le  i3  aviil  1857; 
par  M.  Dausse.   (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Poncelet,  Élie  de  BeaumonI, 
de  Gasparin,  M.  le  Maréchal  Vaillant.) 

(i  Le  principe  d'hydraulique  que  j'ai  eu  l'honneur  de  proposer  à  l'Aca- 
démie le  printemps  passé  me  semble  n'avoir  pas  été  apprécié  à  son  degré 
d'importance,  et  cela  même  prouve,  malheureusement  selon  moi,  qu'il  est 
bien  en  effet  nouveau  parmi  nous. 

»  Ce  nouveau  principe  consiste  en  ceci  :  qu'il  y  a  équilibre  entre  la  résis- 
tance au  mouvement  de  la  part  des  matériaUuX  qui  constituent  le  lit  d'une  rivière 
et  la  force  de  son  courant;  en  sorte  que  si  l'on  accroît  la  vitesse  de  ce  courant, 
comme  il  arrive  lorsqu'on  le  resseire  au  moyen  de  digues,  il  réduit  nécessaire- 
ment sa  pente.  » 

I/auteur  établit  d'abord  que  ce  principe  s'applique  à  la  surface  du  sol 
exposé  à  l'action  des  agents  atmosphériques  aussi  bien  qu'au  fond  des 
rivières,  et,  après  des  remarques  générales  sur  la  manière  d'en  constater 
l'exactitude  dans  les  cours  d'eau,  il  en  donne  trois  preuves  différentes  : 

«J.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI.N»  7.}  43 


(  328  ) 

La  première  est  tirée  de  la  correction  du  cours  de  la  Linth,  exécutée 
par  l'illustre  ingénieur  Escher,  surnommé  Escher  delà  Linth,  qui  a  trouvé  et 
réalisé  là,  dit  M.  Dausse,  la  solution  du  problème  des  inondations  laquelle 
consiste  généralement  à  retenir  comme  on  peut  et  le  plus  qu'on  peut  les 
matériaux  que  les  torrents  entraînent  et  déposent  dans  les  vallées  où  ils 
débouchent,  et  ensuite  à  abaisser  le  plus  possible  le  lit  des  rivières,  rendues 
ainsi  maniables,  par  leur  propre  action. 

La  seconde  preuve  est  tirée  de  l'endiguement  de  l'Arve,  près  de  Bon- 
neville  ; 

Et  la  troisième  de  l'endiguement  de  l'Arve  au-dessus  de  Sallanches, 
dans  la  plaine  de  Passy  :  deux  exemples  où  cette  rivière,  resserrée  par  des 
digues,  a  notablement  abaissé  son  lit  au-dessous  du  sol  environnant  et  en 
a  sensiblement  réduit  la  pente. 

L'auteur  indique  encore  une  quatrième  preuve  tirée  du  Rhin.  «  Je  pour- 
rais, dit-il,  joindre  beaucoup  d'autres  exemples  aux  trois  précédents,  et 
en  particulier  celui  d'un  endiguement  récent  du  Rhin^  au-dessous  du  pont 
voisin  de  Ragatz,  sur  une  longueur  d'environ  i  5oo  mètres,  endiguement 
qui  a  abaissé  le  fleuve  de  i'",5o  sous  ce  pont.  Mais  l'exemple  de  la  plaine 
de  Passy  est  sans  doute  suffisant  et  tout  à  fait  décisif  à  lui  seul.  » 

Le  Mémoire  se  termine  par  les  conclusions  suivantes  : 

«  Conclusions.  —  Il  est  donc  constant  que  toutes  les  fois  qu'un  courant 
est  resserré  par  des  digues  continues,  il  réduit  très- notablement  la  pente 
de  son  lit.  Cela  arrive  pour  une  rivière  coulant  librement  dans  une  plaine 
et  que  l'on  endigue  tout  à  coup,  de  même  que  pour  une  rivière  déjà  endi- 
guée et  dont  on  rapproche  les  digues  :  c'est  ce  dernier  effet  qu'ont  produit 
les  petits  éperons  rapprochés  du  Linth-Canal,  en  aidant  efficacement  à  leur 
manière  à  l'érosion  du  fond. 

»  Toutes  les  fois  qu'une  rivière  en  reçoit  une  autre  il  arrive,  analogue- 
ment  à  ce  qui  se  passe  dans  la  réunion  de  deux  gouttes  d'eau  en  une  seule, 
que  la  largeur  de  la  rivière  ainsi  grossie  est  moindre  que  la  somme  de 
largeur  des  deux  cours  d'eau  avant  leur  jonction  :  conséquemment,  si  la 
nature  du  fond  ne  change  pas,  la  pente  diminue  à  partir  du  confluent. 

»  Si  elle  reste  la  même,  on  peut  être  assuré  que  l'affluent  apporte  des 
matériaux  plus  forts  que  ceux  sur  lesquels  coulait  jusque-là  la  rivière. 

»  Et  si  cette  pente  devient  plus  grande  qu'elle  n'était  avant  le  confluent, 
c'est  qu'à  coup  sûr  ces  nouveaux  apports  sont  plus  volumineux  encore. 

»  Ce  qui  revient  à  dire  que  le  nouveau  principe  est  la  véritable  clef  de  la 
science  des  rivières  et  que  leurs  plus  importants  phénomènes  sont  inexpli- 
cables sans  lui. 


(  ^29) 

»  Au  reste,  ou  ne  peut  taire  un  pas  le  long  d'un  cours  d'eau  quelconque 
sans  en  rencontrer  des  effets  manifjpstes. 

))  Pour  le  prouver  le  plus  brièvement  possible,  je  reviens  à  l'Arve  et  à 
ses  tronçons  endigués  de  Bonneville  et  de  la  plaine  de  Passy,  et  je  suppose 
encore  la  rivière  un  peu  au-dessus  de  ses  basses  eaux  d'hiver.  Comme  je  l'ai 
dit,  elle  ne  cesse  alors  de  bricoler  d'une  rive  à  l'autre,  et  même  d'autant 
plus  souvent  que  son  lit  est  moins  large.  J'ai  compté  en  effet  quinze  passages 
d'une  rive  à  l'autre  entre  Marignier  et  le  pont  de  Bonneville,  c'est-à-dire 
sur  environ  6  kilomètres  de  longueur,  et  dix-sept  entre  les  ponts  de  la 
Carbotteet  de  Saint-Martin,  distants  d'environ  36oo  mètres. 

»  Or,  chaque  fois  qu'elle  se  jette  et  se  resserre  contre  l'une  des  digues, 
sa  vitesse  croissant  par  cette  double  action,  il  lui  faut  nécessairement 
réduire  à  proportion  la  pente  du  fond,  pour  que  l'équilibre  s'établisse 
entre  ce  courant  rapide  et  concentré  et  les  matériaux  constituant  ce  fond; 
elle  creuse  donc  le  long  du  pied  de  la  digue  un  sillon,  lequel  se  relève  en 
contre-pente  à  mesure  que  le  courant  qui  l'empHt,  en  s'écartant  peu  à  peu 
de  la  digue  qu'il  vient  de  choquer,  se  dilate  et  se  ralentit;  et  le  produit  du 
creusement,  poussé  en  avant,  pièce  à  pièce,va  se  déposer  sur  les  rives  de  la 
contre-pente  et  y  former,  en  Télevant  couche  par  couche,  une  portion  de 
cône  du  haut  de  laquelle  la  rivière  se  jette  plus  ou  moins  carrément  contre 
l'autre  digue,  peut  reproduire  les  mêmes  phénomènes,  et  cela  sans  cesse  et 
avec  une  variété  infinie,  suivant  les  accidents  locaux,  suivant  la  hauteur  ou 
le  volume  des  eaux  et  leur  degré  de  persistance  à  ces  divers  états,  etc.,  etc. 

»  Description  d'où  il  résulte  qu'un  cours  d'eau  quelconque  n'est  réelle- 
ment autre  chose  qu'une  suite  de  parties  resserrées  à  pente  moindre  et  de 
parties  épanouies  sur  des  cônes  de  déjections  à  pente  plus  forte  ;  ce  qui 
achève  de  manifester  l'importance  du  nouveau  principe. 

»  Mais  il  sied  ici  au  moyen  de  quelques  exemples  de  fixer  les  idées  sur 
la  différence  des  pentes  des  denx  parties  en  lesquelles  se  décompose  ainsi 
tout  cours  d'eau. 

»  Dans  le  tronçon  de  Bonneville,  à  la  septième  partie  concentrée,  contre 
la  digue  de  rive  droite,  j'ai  trouvé  la  surface  de  l'eau  moins  inclinée  que  le 
dessus  de  la  digue,  en  général  parallèle  à  la  surface  des  grandes  crues,  de 
2'",3o— i™,8o=o™,5o  pour  une  longueur  de  3oo  mètres,  ou  de  o", 001666 
par  mètre  ;  à  la  neuvième  partie  concentrée,  contre  la  rive  droite  encore  et 
en  aval  de  la  septième,  parce  que  je  compte  ici  en  descendant,  une  diffé- 
rence de  i"',87—  i",55  =  o",32  pour  23a  mètres  de  longueur,  ou  de 
o™,ooi38  par  mètre;  à  la  dixième  partie  concentrée,  contre  la  rive  gauche, 

43.. 


(  33o  ) 
une  différence  de  2™, 08  —  '""jQS  =  o",  i5  pour  i5o  mètres  de  longueur, 
ou  de  o'",ooi  par  mètre  ;  à  la  onzième  partie  concentrée,  de  nouveau  contre 
la  rive  droite,  une  différence  de  i™,68  —  i™,48  =  o'",ao  pour  2a3  mètres 
de  longueur,  ou  de  o^jooog  par  mètre. 

»  En  résumé,  la  digue  était  plus  élevée  sur  le  courant  à  l'amont  qu'à 
l'aval  : 

A  la  'j'  partie  concentrée,  de  o^jSo  pour  une  distance  de  3oo  mètres, 
8»  »  o-.Sa  »  282 

10"  •  o™,  i5  •  i5o 

II"  a  0",26  »  328 

l3'  »•  0™,20  »  223 

»   Différences  qui  sautaient  aux  yeux  pour  peu  qu'on  y  regardât. 

»  J'ajoute  que  la  moyenne  des  cinq  différences  par  mètre  qui  résulte 
des  nombres  ci-dessus  est  de  o^jOOf  149. 

>)  Or  la  pente  du  dessus  des  digues  telles  qu'elles  sont  aujourd'hui  ou 
des  crues  étant  de  o^^-ooiSSo  par  mètre,  la  pente  des  parties  concentrées 
considérées  plus  haut  est  donc  seulement  de  o™, 000701  par  mètre,  c'est- 
à-dire  moins  de  moitié  de  la  première,  et  la  pente  des  parties  épanouies 
sur  les  cônes  de  déjections,  par  conséquent  de  o", 002999  P^*"  mètre,  c'est- 
à  dire  plus  forte  que  la  première  pente  (des  digues  ou  des  crues)  à  peu  près 
dans  le  rapport  de  5  à  3. 

»  Dans  le  tronçon  de  la  plaine  de  Passy,  à  la  treizième  partie  concentrée, 
j'ai  trouvé  l'Arve  moins  inclinée  que  le  dessus  de  la  digue  de  rive  droite  de 
2™,6o  —  i",90  =  o'°,70  pour  une  longueur  de  170  mètres,  ou  de  o™,o4i 
par  mètre,  et,  à  la  dix-septième  partie  concentrée,  plus  près  que  la  treizième 
du  pont  de  Saint -Martin,  une  différence  de  i™,6o  —  i™,37  =  o"',23  pour 
une  longueur  de  100  mètres,  ou  de  o"',oo23  par  mètre. 

»  I^  pente  du  dessus  des  digues  ou  des  crues  pouvant  être  ici  de  o™,oo585 
par  mètre,  la  pente  moyenne  des  parties  concentrées  serait  dans  ce  cas  de 
o™oo265  par  mètre,  c'est-à-dire  un  peu  moins  de  moitié  de  celle  des  digues, 
et  la  pente  des  parties  épanouies  sur  les  cônes  de  déjections,  par  conséquent, 
de  o", 00905  par  mètre,  c'est-à-dire  plus  forte  que  la  pente  des  digues  ou 
des  crues  à  peu  près  dans  le  rapport  de  3  à  2. 

»  Tout  ce  qui  précède,  je  le  rappelle,  se  rapporte  surtout  aux  basses  et 
moyennes  eaux  ;  mais  viennent  les  grandes  eaux,  elles  vont  faire  disparaître 
ces  accidents,  écrêtant  les  saillies,  comblant  les  creux  et  dressant,  quand 
elles  se  prolongent  ou  répèlent  suffisamment,  le  fond  tout  entier  suivant  la 


(  33.  ) 
pente  d'équilibre  qui  leur  convient  et  que  les  eaux  moindres  dentèlent  en- 
suite plus  ou  moins,  mais  sans  pouvoir  la  changer;  et  tous  ces  effets  inces- 
sants ont  toujours  lieu  en  vertu  de  la  loi  que  je  signale  et  qui  est  par  consé- 
quent la  grande  loi  des  rivières. 

»  Les  détails  mèneraient  trop  loin  pour  le  moment.  Mais  c'en  est  assez, 
je  pense,  pour  pouvoir  conclure  en  résumé  et  en  deux  mots  que  la  forme 
variable  du  lit  des  rivières  résulte  toujours  de  l'équilibre  entre  la  force  des 
courants  et  la  résistance  des  matériaux  qui  constituent  le  fond  sur  lequel 
ils  coulentj  tout  comme  la  forme  plus  stable  de  la  surface  de  la  terre 
émergée,  ainsi  que  je  l'ai  observé  en  commençant,  résulte  de  l'équilibre 
entre  les  forces  qui  tendent  à  faire  descendre  les  éléments  formant  les  corps 
terminés  par  cette  surface  et  les  forces  qui  retiennent  ces  éléments  ;  en  sorte 
qu'il  s'agit  là  réellement  non  pas  seulement  d'un  principe  capital  d'hydrau- 
lique, mais  d'un  principe  universel  du  monde  inorganique. 

»  Le  but  de  cette  Note  est  atteint.  Le  principe  qu'il  s'agissait  de  faire 
admettre  me  paraît  maintenant  expliqué  et  établi. 

»  Quant  à  son  importance  dans  la  solution  de  la  question  des  inonda- 
tions, je  l'ai  indiquée  aux  pages  8  et  9  de  ma  Note  du  i3  avril  1807,  par 
deux  applications  marquantes^  l'une  sur  le  Rhône  à  Lyon,  l'autre  sur  l'Isère 
et  le  Drac  au-dessous  et  près  de  Grenoble. 

»  Je  reviendrai  néanmoins  tout  spécialement  à  ces  applications  et  j'en 
proposerai  plusieurs  autres  quand  j'aurai  traité,  toujours  au  moyen  de  faits 
patents  et  variés,  de  l'autre  partie  de  la  solution  de  la  grande  question  que 
j'ai  en  vue.  C'est  l'objet  d'une  quatrième  Note  que  je  désire  soumettre  très- 
prochainement  à  l'Académie  sous  ce  titre  :  Excursions  en  Suisse  et  en  Savoie 
vers  la  fin  de  1857. 

»  Dans  une  cinquième  Note,  qui  suivra  immédiatement  et  qui  est  intitulée: 
Solution  générale  de  la  question  des  inondations ,  je  donnerai  les  conclusions 
à  tirer  des  quatre  Notes  cjui  l'auront  précédée,  et  je  résumerai  tout  ce  que 
j'ai  à  dire  de  général  sur  cet  important  sujet.   » 

HYDRAULIQUE.  —  Notice  sur  un  essai  de  préservatif  contre  les  inondations; 

par  M.  Ch.  Delanney. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Élie  de  Beaumont,  de   Gasparin,   M.    le 

Maréchal  Vaillant.) 

Après  avoir  présenté  des  remarques  générales  sur  les  inondations  et  les 


(  332  ) 
moyens  qu'on  a  essayé  d'employer  pour  en  prévenir  les  funestes  effets, 
l'auteur  résume  ainsi  les  moyens  qu'il  a  déjà  proposés  et  publiés  à  plusieurs 
reprises  : 

«  Pour  obvier  aux  inondations,  il  faudrait,  selon  moi  :  i°.  S'emparer  de 
l'eau  pluviale  et  des  fontes  de  neige  sur  les  plateaux  des  montagnes,  la  dis- 
traire de  ses  cours  habituels,  la  soustraire  aux  ravins  qu'elle  s'est  ancien- 
nement formés,  et,  pour  éviter  toute  nouvelle  excavation,  la  diriger  par  des 
rigoles  à  pentes  faibles  sur  des  terrains  jugés  propres  à  l'absorption,  entou- 
rés par  avance  de  masses  de  terre  destinées,  par  leur  niveau  surélevé,  à 
contenir  les  quantités  d'eau  que  tout  orage,  même  diluvien,  pourrait  fournir. 

»  2".  A  défaut  de  terrains  absorbants,  ou  lorsque  le  cours  d'eau  pluviale 
serait  arrivé  à  des  pentes  ou  des  différences  de  niveau  dont  il  serait  impos- 
sible de  le  relever,  le  jeter  dans  un  puits  absorbant  ou  puisard  creusé  ad  hoc 
et  convenablement  excavé  dans  sa  profondeur  pour  assurer  sa  puissance 
d'absorption  ;  ces  puisards  pourraient  être  creusés  sur  le  bord  même  des 
ravins,  et  leur  orifice  serait  entouré  de  réservoirs  destinés  à  retenir  tous  les 
détritus  charriés  par  l'eau  pluviale,  tels  que  cailloux,  gravois,  humus,  pour 
éviter  tout  encombrement  dans  la  profondeur  des  puisards. 

»  Ces  moyens  sont  peu  dispendieux;  dans  le  pays  que  j'habite  [les 
environs  de  Pont-Audemer  (Eure)],  un  puisard  qui  pourrait  absorber  un 
mètre  d'eau  à  la  seconde,  foré  jusqu'à  la  marne  et  suffisamment  excavé  à 
vingt  ou  vingt-cinq  mètres  de  profondeur,  ne  coûterait  que  cent  ou  cent 
vingt-cinq  francs,  ne  diit-on  même  tirer  aucun  parti  de  la  marne  provenant 
de  l'excavation. 

>>  Ils  peuvent  non-seulement  être  employés  pour  empêcher  l'eau  pluviale 
de  se  précipiter  dans  les  vallées,  mais  encore  ils  peuvent  servir  à  l'arrêter 
dans  les  pentes  mêmes  les  plus  abruptes,  qui  peuvent  être  rigolées  transver- 
salement, et,  partout  où  se  dénoterait  un  volume  d'eau  un  peu  menaçant, 
il  pourrait  être  livré  à  un  puisard.  » 

HYDRA.UL1QUE.  —  Lettre  rfe  M.   de  Pabavet  sur  les  digues  de  la  Hollande. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Élie  de  Beaumont,  de  Gasparin, 
M.   le  Maréchal  Vaillant.) 

«  Le  Compte  rendu  du  i"  février  dernier  contient,  page  aoo,  une  Note 
de  M.  Rozet,  sur  les  digues  à  opposer  à  la  Durance  et  à  la  Loire,  et  jusqu'à 
ce  jour  construites  avec  un  talus  beaucoup  trop  rapide. 

»  Cette  Note  importante  rentre  dans  celle  adressée  par  moi,   sur  les 


(  333  ) 
digues  à  la  mer,  à  talus  trés-incliné,  et  revêtues  de  f'ascinages,  qui  savent 
dompter  la  mer  furieuse  de  Flessingue,  et  qui  l'ont  fait  reculer  de  deux  lieues 
au    polder    Sainte-Marguerite,    vers  Bresteen,  visité  par    moi,  avec   léii 
M.  Brisson  mon  ingénieur  en  chef,  en  i8i3. 

»  J'appelle  de  nouveau  l'attention  de  l'Académie  sur  ces  digues  à  talus 
presque  nuls.   » 

MÉGANIQUE.   —  Du  travail  des  forces  élastiques  dans  l'intérieur  d'un  corps 
solide^  et  particulièrement  des  ressorts;  par  M.  Phillips. 

(Renvoyé  à  la  Section  de  Mécanique.) 

«  En  commençant  la  lecture  de  cette  Note,  dont  le  titre  est  analogue  à 
celui  de  l'exposé  lu  par  M.  Clapeyron  dans  la  dernière  séance  ordinaire, 
j'éprouve  tout  d'abord  le  besoin  de  déclarer  que  celle-ci  n'est  nullement 
conçue  dans  un  esprit  de  controverse.  Mais,  ayant  eu  moi-même,  dans 
un  travail  antérieur,  à  m'occuper  de  ces  questions  qui  présentent  un  intérêt 
très-réel,  les  résultais  que  j'ai  obtenus  sur  ce  sujet  m'ont  paru  mériter 
peut-être  d'être  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Le  théorème  de  M.  Clapeyron  consiste,  comme  on  sait,  en  ce  que  le 
double  du  travail  des  forces  élastiques  intérieures  a  pour  expression 

E  r  r  TTa'  +  B*  +  C^  -  ^{AB  +  AC  +  BC)1  dx  djdz. 


ou  avec  les  deux  coefficients  X  et  f/., 


31  +  2ft 


A^-f-B'  +  C» ^  (AB  +  AC  -f-  BC)  |  dxdjdz. 


•] 


ces  deux  expressions  coïncidant  quand  X  =  f/.,  ce  qui  paraît  être  le  cas 
du  fer. 

»  Ce  résultat  est  sans  aucun  doute  très-intéressant  pour  la  science  et 
d'une  grande  généralité.    ]   ..iniîdy  '  1   /    ■■!, 

»  Malheureusement,  au  point  de  vue  des  applications,  il  est  difficile 
d'en  tirer  parti.  Les  forces  élastiques  principales  suivant  une  loi 
inconnue  dans  l'intérieur  du  corps  solide,  on  ne  sait  pas  ordinairement 
effectuer  la  triple  intégration  indiquée.  Il  faudrait  donc  commencer  par 
résoudre  le  problème  de  l'équilibre  intérieur,  c'est-à-dire  intégrer  les  trois 


(  334  ) 
équations  aux  différences  partielles  du  second  ordre  qui  expriment  l'équi- 
libre du  parallélipipède  élémentaire  et  satisfaire  en  même  temps  aux  condi- 
tions relatives  aux  forces  appliquées  à  la  surface,  ce  qui,  dans  l'état  actuel 
de  la  théorie  mathématique  de  l'élasticité,  est  un  problème  qui  n'est  pas 
encore  résolu  dans  les  cas  les  plus  essentiels  de  la  pratique,  notamment 
dans  celui  du  prisme  rectangle  soumis  à  une  flexion. 

»  En  ne  partant  pas  de  ce  théorème,  M.  Clapeyron  avait,  dit-il,  reconnu 
à  poiteriori  la  loi  de  proportionnalité  du  volume  au  travail  pour  les  ressorts 
anciennement  employés  à  feuilles  d'égales  épaisseur,  et  dont  les  lames 
ne  se  touchent  que  par  leurs  extrémités.  C'est  du  moins  ainsi  que  les  sup- 
posaient les  formules  que  j'avais  attribuées,  dans  mon  Mémoire  sur  les  res- 
sorts, à  MM.  Blacher  etSchinz,  seules  formules  qui  existassent  avant  mon 
travail  sur  cette  question,  puis  qui  auraient  été  revendiquées  par  M.  Cla- 
jîeyron,  ce  savant  ingénieur  ayant  bien  voulu  du  reste  me  confirmer  n'avoir 
lui-même  rien  publié  sur  les  ressorts. 

»  Voici  maintenant  les  résultats  que  j'avais  obtenus  dans  mon  Mémoire 
sur  ces  appareils,  quant  à  la  loi  de  proportionnalité  du  travail  au  volume  de 
la  matière  déformée. 

»  Je  me  base  sur  la  théorie  qui  admet  qu'il  existe  un  axe  neutre  et  que 
les  fibres  se  courbent  sans  glisser  les  unes  sur  les  autres.  Je  cherche  d'abord 
pour  une  poutre  prismatique  l'expression  de  la  force  attractive  ou  répulsive 
d'un  élément  prismatique  ayant  toute  sa  largeur  et  les  deux  autres  dimen- 
sions infiniment  petites,  puis  le  travail  développé  sur  ce  petit  prisme  par  la 
déformation,  ce  qui  se  fait  par  une  intégration  très-simple.  Je  passe,  à  l'aide 
d'une  seconde  intégration  qui  introduit  le  moment  d'élasticité,  au  travail 
d'une  tranche  infiniment  mince  de  la  poutre  ou  de  la  lame.  Enfin,  par  une 
troisième  intégration,  j'obtiens  le  travail  total  et  j'en  conclus  aussitôt  que, 
si  la  poutre  a  subi  des  tensions  uniformes  dans  toute  sa  longueur,  le  travail 
intérieur  de  toutes  ses  particules  est  proportionnel  à  son  volume  et  a  pour 
expression  très-simple 

EVa' 

où  E  est  le  coefficient  d'élasticité,  V  le  volume  de  la  poutre  ou  de  la  lame 
et  a  l'allongement  ou  le  raccourcissement  proportionnel. 

"  Partant  de  là,  j'arrive  facilement  à  démontrer  que  celte  propriété 
importante  s'étend  à  toute  espèce  de  ressorts,  soit  à  ceux  dont  les  feuilles 
sont  d'égale  épaisseur  et  jointives,  soit  à  ceux  dont  les  feuilles  sont  d'inégale 
épaisseur,  pourvu  que  les  uns  comme  les  autres  soient  construits  suivant  les 


(  335  ) 
règles  que  j'ai  établies,  et  que,  dans  ces  derniers,  le  travail  soit  pris  jusqu'à 
la  période  d'aplatissement  qui  correspond  à  la  charge  normale. 

»  J'ai  déduit  de  mes  formules  diverses  propriétés  essentielles  et  faciles  à 
énoncer,  notamment  celles-ci  : 

»  1°.  Tous  les  ressorts  à  feuilles  d'égale  épaisseur  et  jointives,  qui  ont  la 
même  flexibilité  et  lu  même  résistance,  ont  sensiblement  le  même  poids; 

»  a".  Ce  poids  est  proportionnel  à  la  flexibilité  du  ressort  et  au  carré  de 
sa  charge  limite; 

M  3°.  Les  mêmes  propriétés  existent  pour  les  ressorts  à  feuilles  d'épais- 
seurs variées,  construits  d'après  les  règles  que  j'ai  données,  en  remplaçant 
la  charge  limite  par  la  charge  normale,  qui  répond  à  l'aplatissement. 

»  Pour  ces  derniers  ressorts,  ces  considérations  m'ont  conduit  à  une 
méthode  assez  curieuse  pour  les  calculer  et  d'après  laquelle,  en  cherchant 
uniquement  à  satisfaire  à  une  certaine  condition  qui  se  rapporte  au  volume, 
le  ressort  se  trouve  ensuite  avoir  forcément  de  lui-même  la  flexibilité  et  la 
résistance  demandées. 

»  Les  lois  dont  je  viens  de  donner  le  résumé  ne  s'appliquent  évidemment 
qu'au  travail  de  la  déformation  intérieure.  Pour  avoir  en  toute  rigueur  le 
travail  des  forces  extérieures,  il  faudrait  y  joindre  le  travail  résistant  dû  au 
frottement  des  feuilles  les  unes  contre  les  autres.  J'ai  fourni  dans  mon 
Mémoire  sur  les  ressorts  le  moyen  de  l'obtenir.  En  effet,  d'une  part,  j'ai 
donné  pour  des  ressorts  quelconques,  par  des  formules  exactes  et  depuis 
longtemps  sanctionnées  par  l'expérience,  les  valeurs  du  rayon  de  courbure  et 
de  la  flexion  en  quelque  point  que  ce  soit,  ainsi  que  l'équation  de  la  courbe 
affectée  par  toutes  les  lames,  sous  un  poids  appliqué  aux  extrémités  de 
l'appareil.  D'un  autre  côté,  j'ai  obtenu,  sous  forme  de  dérivées  du  second 
ordre  d'une  fonction  des  rayons  de  courbure  sous  charge,  les  pressions 
rapportées  à  l'unité  de  longueur  en  un  point  quelconque  de  la  surface  de 
contact  de  deux  feuilles.  On  peut  donc  ainsi  calculer  le  travail  du  frot- 
tement. 

»  Ces  derniers  éléments  servent  de  plus,  comme  je  l'ai  développé  dans 
mon  Mémoire  sur  les  ressorts,  à  reconnaître  les  cas  dans  lesquels  les  lames 
tendent  ou  ne  tendent  pas  à  bâiller,  circonstance  que  l'on  cherche  toujours 
à  éviter  dans  la  pratique. 

»  A  cette  occasion,  qu'il  me  soit  permis  de  mentionner  un  fait  intéressant 
qui  est  résulté  des  nombreuses  expériences  que  j'ai  faites  dans  les  ateliers 
du  chemin  de  fer  du  Nord  sur  l'élasticité  des  lames  d'acier,  comme  com- 
plément de  mon  travail  sur  les  ressorts  et  que  je  crois  avoir  le  premier  mis 

C.   R.,  i858,  i"  Semeslre.  (T.  XLVI,  N"  7.)  44 


(  536  ) 
en  évidence  par  des  expériences  spéciales.  C'est  le  degré  considérable  de 
tension  que  l'acier  éprouve  à  l'état  normal  sans  qu'il  en  résulte  de  déforma- 
tion permanente.  Cette  tension  atteint  pour  les  ressorts  en  état  de  service 
ordinaire  le  chiffre  de  /^o  à  5o  kilogrammes  par  millimètre  carré.  Ce  fait, 
qui  résulte  d'expériences  directes  faites  en  grand  nombre  sur  des  feuilles 
isolées,  était  certainement  très-inattendu  par  rapport  à  ce  qu'on  avait  pu 
observer  sur  des  fils  minces,  et  concorde,  je  crois,  avec  des  expériences  qui 
auraient  lieu  en  ce  moment  à  un  autre  point  de  vue,  sous  la  direction  de 
M.  le  général  Morin. 

.1  Pour  toutes  les  recherches  qui  précèdent,  mon  poirtt  de  départ  a  été, 
ainsi  que  j'ai  eu  l'honneur  de  le  dire,  la  théorie  d'après  laquelle  on  admet 
l'existence  d'un  axe  neutre  et  le  changement  de  courbure  des  fibres,  sans 
glissement  relatif  des  unes  par  rapport  aux  autres.  Cette  théorie,  dont  l'ori- 
gine se  trouve  dans  les  travaux  de  Galilée,  de  Mariotte  et  de  Leibnitz,  et 
dont  les  expériences  importantes  de  Duhamel,  Duleau,  de  M.  Charles  Dupin 
et  d'autres  savants,  ont  servi  à  vérifier  et  à  asseoir  les  bases  d'une  manière 
solide,  quant  aux  applications,  n'a  pas,  il  est  vrai,  la  même  rigueur  que  la 
théorie,  à  proprement  parler,  mathématique  de  l'élasticité.  Mais  les  faits 
que  j'ai  cités  plus  haut  et  aussi  la  théorie  des  ressorts  que  j'ai  été  assez  heu- 
reux pour  établir  et  dont  toutes  les  conséquences  ont  été  vérifiées  dans  les 
cas  les  plus  divers  par  l'expérience  avec  un  degré  de  précision  extrême, 
sont  un  des  exemples  des  ressources  qu'elle  présente  quand  on  veut  atta- 
quer les  questions  de  la  pratique.  Loin  de  moi  la  pensée  de  tenter  une  cri- 
tique qui  n'est  pas  plus  dans  mon  esprit  qu'il  m'appartiendrait  de  la  faire, 
de  la  théorie  mathématique  de  l'élasticité.  J'ai  désiré  seulement  entretenir 
pendant  quelques  instants  l'Académie  de  faits  qui  ne  me  paraissent  pas 
indignes  de  son  attention  et  qui  n'auraient  pu  être  déduits  de  cette  dernière 
théorie  dans  l'état  actuel  de  la  science.  » 

M.  Reech  présente  la  suite  de  son  ouvrage  manuscrit  «  sur  les  propriétés 
mécaniques  de  la  chaleur. 

(Renvoyé  à  la  Section  de  Mécanique.) 

GÉOLOGIE.  —  Mémoire  sur  les  tremblements  de  terre ^  par  M.  Martha  Becker. 
(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  d'Archiac.) 
L'auteur  adresse  une  Notice  sur  les  tremblements  de  terre  dans  Inquelle 


(  337  ) 
il  analyse  les  pliéiiomènos  qui,  dans  l'intérieur  du  globe,  peuvent  donner 
naissance  aux  cowmotions  $eiisibles  à  la  surface. 

/f;   1/     '1- '  ■    l-l    .     r.     -li..      •Jl     !i      .,<    r 

MÉCAwrQUE  CHIMIQUE.  —  Recherches  sur  Céquivalent  mécanique  de  la  chaleur 
(suite  de  la  troisième  partie  des  Recherches  sur  les  courants  hydro-élec- 
triques) [i];  par  M,  P. -A.  Favre.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Pouillet,  Duhamel.) 

"  Dans  la  troisième  partie  de  mes  recherches  sur  les  courants,  je  m'étais 
moins  proposé  de  déterminer  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  à  l'aide 
d'une  méthode  nouvelle,  et  que  je  crois  très-directe,  que  d'apporter  de 
nouvelles  preuves  à  l'appui  de  l'existence  d'une  seule  force  dont  les  mani- 
festations sont  diverses,  mais  qui  ne  subit  jamais  de  modifications  qui 
ptiissent  faire  douter  de  l'unité  de  son  essence  ;  de  telle  sorte  que  l'équiva- 
lence entre  les  divers  modes  de  manifestations  peut  s'exprimer  par  un 
nombre  qui  se  rattache  à  im  mode  quelconque  de  ces  manifestations. 

»  Ainsi,  dans  mes  recherches  sur  les  courants,  où  mon  but  principal  a  été 
de  chercher  la  corrélation  de  l'affinité  chimique  avec  les  autres  manifesta- 
tions dynamiques  de  la  matière,  j'ai  montré  que  la  quantité  d'affinité  peut 
être  exprimée  en  kilogram mètres.  Dans  une  autre  série  de  travaux,  faits  en 
partie  avec  la  collaboration  de  M.  J.-T.  Silbermann,  j'avais  déjà  démontré 
qu'elle  pouvait  être  exprimée  en  calories.  •    -ii.. 

»  La  détermination  de  l'équivalent  mécanique  delà  chaleur  était  une  des 
conséquences  auxquelles  devait  conduire  un  travail  fait  dans  la  direction 
que  je  viens  de  signaler,  puisque  j'ai  pu  exprimer  en  kilogrammètres  le 
travail  moteur  produit  par  l'attraction  moléculaire  (l'affinité  chimique)  de 
la  même  manière  qu'on  avait  déjà  exprimé  expérimentalement  le  travail 
moteur  que  produit  l'attraction  univer.selle  (la  pesanteur). 

j)  Ainsi  que  je  l'annonçai  dans  mon  dernier  travail,  j'ai  contrôlé  par  des 
expériences  inverses  les  résultats  que  j'avais  obtenus  et  auxquels  j'accordais 
quelque  confiance. 

»  En  effet,  j'avais  élevé  4^6  kilogrammes  à  i  mètre  de  hauteur  à  l'aide 
de  mille  calories  fournies  par  l'affinité  et  mise  en  jeu  par  la  substitution  du 
zinc  à  l'hydrogène  dans  l'acide  sulfurique  hydraté.  Aujourd'hui  je  fais  con- 
naître la  quantité  de  chaleur  qui  correspond  à  la  destruction  du  travail 

(i)  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  ;  t.  XLV.  (Séance  du  iS  juillet 
.857.) 

44.. 


(  338  ) 
moteur,  alors  qu'on  prend  pour  force  motrice  le  poids  soulevé  précédem- 
ment, et  je  substitue  l'action  de  la  pesanteur  à  celle  de  l'affinité  chimique. 
«  Les  expériences  que  je  vais  signaler  présentent  beaucoup  d'analogie 
avec  quelques-unes  de  celles  qui  ont  été  publiées  par  M.  Joule,  et  qui  lui 
ont  donné  des  résultats  numériques  qui  ne  s'écartent  pas  beaucoup  de 
ceux  qui  ont  été  obtenus  plus  tard  expérimentalement  par  d'autres  phy- 
siciens. 

»  Dans  ces  nouvelles  recherches ,  le  travail  moteur  que  produit  la  chute 
d'un  poids  est  détruit  par  un  frein  renfermé  dans  un  calorimètre  à  mercure 
[thermomètre  à  calories)  construit  pour  le  recevoir.  Dans  chaque  expérience 
je  ne  produisais  jamais  moins  de  trois  cents  calories,  ce  qui  correspondait 
à  environ  'j5  millimètres  de  course  du  mercure  dans  le  tube  calorimé- 
trique. 

»  L'appareil  est  disposé  de  la  manière  suivante  : 

»  La  capacité  du  calorimètre  est  de  5  litres  environ  ;  le  frein  est  placé 
dans  un  des  moufles  de  la  centimètres  de  côté  sur  i8  centimètres  de  pro- 
fondeur, où  il  est  solidement  fixé  au  moyen  de  trois  vis  à  tête  molletée  qui 
permettent  de  le  placer  et  de  l'enlever  à  volonté.  Ce  frein,  très-habilement 
construit  par  M.  Santi ,  ingénieur-constructeur  à  Marseille,  a  ii  centi- 
mètres de  côté  sur  i6  centimètres  de  hauteur.  Il  consiste  essentiellement  en 
deux  montants  verticaux,  sur  lesquels  repose  un  axe  en  acier  maintenu 
par  des  coussinets  à  fraisure;  cet  axe  porte  sur  toute  sa  longueur  un  tam- 
bour cylindrique,  séparé  vers  son  milieu  par  un  disque,  ce  qui  forme  deux 
bobines,  sur  lesquelles  deux  cordes  à  boyau  viennent  s'enrouler  séparément 
et  en  sens  inverse. 

»  Un  poids  additionnel  de  lo^aôS,  suspendu  à  l'extrémité  de  l'une  des 
cordes,  et  au-dessous  d'un  poids  fixe  de  a  kilogrammes,  fait  dérouler  la  corde, 
sur  laquelle  il  exerce  une  traction,  et  fait  enrouler  en  même  temps  l'autre 
corde,  qui  n'offre  de  résistance  que  celle  qui  provient  de  la  tension  produite 
par  un  autre  poids  fixe  de  2  kilogrammes  attaché  à  son  extrémité  ;  cette 
tension  est  suffisante  pour  que  la  corde  s'embobine  régulièrement.  Ainsi, 
quand  l'une  se  déroule,  l'autre  s'enroule  d'une  longueur  égale,  et  il  suffit  de 
déplacer  le  poids  additionnel  et  de  le  suspendre  à  l'extrémité  de  la  corde 
qui  vient  de  s'enrouler,  pour  produire  le  même  résultat,  mais  en  sens  inverse. 
Ce  mouvement  de  deux  poids  en  sens  contraire  est  facilement  obtenu  au 
moyen  de  deux  poulies  indépendantes  fixées  aune  hauteur  de  3'",5o,  et  sur 
la  gorge  desquelles  chaque  corde,  partant  du  tambour,  se  trouve  respecti- 
vement placée.  La  disposition  de  l'appareil  permettait  de  donner  au  poids 


(  339  ) 
"  une  hauteur  de  chute  de  4'"i5o  ;  les  frottements  ont  été  atténués  autant  que 
possible,  et  leur  valeur  a  été  calculée  à  l'aide  des  lois  de  Coulomb. 

»  A  l'une  des  extrémités  de  l'axe  est  fixé  un  disque  en  cuivre  de  8  centi- 
mètres de  diamètre  et  de  8  millimètres  d'épaisseur  sur  sa  tranche.  Quand 
l'une  des  cordes  se  déroule,  entraînée  par  le  poids  qu'elle  supporte,  la 
bobine  tourne  avec  son  axe,  qui  entraîne  le  disque  dans  son  mouvement  de 
rotation. 

»  Un  anneau  brisé,  tendant  à  s'ouvrir  et  terminé  à  ses  deux  extrémités 
par  deux  oreillons,  enveloppe  la  circonférence  du  disque.  Ht  une  tige 
filetée  à  son  extrémité,  pouvant  se  visser  dans  l'oreillon  inférieur,  permet 
de  le  fermer  ou  de  l'ouvrir  à  volonté  et  de  lui  faire  exercer  un  frottement 
sur  le  disque.  On  a  donné  à  ce  frottement  une  régularité  suffisante  en  pla- 
çant en  dedans  de  l'anneau,  servant  de  frein,  cinq  ressorts  d'acier  disposés 
en  arc,  également  espacés  entre  eux,  et  dont  la  partie  convexe  est  tournée 
du  côté  du  disque,  de  telle  sorte  que,  l'anneau  brisé  étant  ouvert,  ils  effleu- 
rent à  peine  la  circonférence  du  disque  ;  tandis  que  l'anneau  étant 
fermé,  la  courbe  des  ressorts  se  redresse  et  le  frottement  s'exerce  sur  une 
plus  grande  surface  ;  quand  le  frein  est  tout  à  fait  serré,  les  cinq  ressorts 
s'appliquent  presque  dans  toute  leur  étendue,  ce  qui  détermine  l'arrêt. 

»  Pour  éviter  les  saccades  et  obtenir  une  marche  très-régulière,  on  a  fixé 
à  l'une  des  extrémités  de  l'axe,  du  côté  opposé  au  disque,  une  roue  dentée 
engrenant  une  vis  sans  fin  à  axe  vertical;  cet  axe  porte  une  roue  dentée 
tournant  horizontalement  et  venant  engrener  un  pignon  dont  l'extrémité 
supérieure  de  la  tige  est  terminée  par  un  régulateur  à  boules. 

»  Afin  d'éviter  une  perte  de  chaleur  par  conductibilité,  la  clef  qui  permet 
à  l'opérateur  de  serrer  ou  dé  desserrer  le  frein  est  en  ivoire. 

»  La  chute  du  poids  additionnel  était  dé  12  mètres  au  moins;  elle 
s'opérait  d'une  façon  très-régulière  et  sans  la  moindre  secousse  ;  sa  vitesse 
était  de  20  millimètres  par  secondé  en  moyenne.  Il  importe  de  corriger  la 
chute  de  la  quantité  dont  s'allonge  là  corde  sous  l'influence  du  poids 
additionnel.  Cette  correction  se  fait  très -facilement  et  avec  une  grande 
exactitude.  —    - 

»  Le  moufle  qui  reçoit  le  frein  est  parfaitement  fermé  à  l'aide  d'un 
obturateur  en  liège  dont  l'épaisseur  est  de  i5  millimètres.  Cet  obturateur 
ne  laisse  passer  au  dehors  que  la  tige  en  ivoire  de  la  clef  et  les  deux  cordes 
qui,  en  se  déroulant,  font  tourner  chacune  à  leur  tour  l'axe  du  frein. 

»  La  longueur  de  colonne  mercurielle  éqwivalente  à  une  calorie  sur  le 


(  34o  ) 

tube  calorimétrique  a  été  établie  lorsque  le  frein,  mis  en  place,  faisait 
partie  constituante  de  la  masse  du  calorimètre. 

»  J'ai  apporté  les  plus  grands  soins  à  me  placer,  autant  que  possible, 
à  l'abri  de  tout  ce  qui  peut  donner  un  nombre  trop  faible  pour  exprimer  la 
chaleur  produite  par  la  destruction  du  travail  moteur.  En  effet,  toutes  les 
conditions  d'expériences  de  ce  genre  tendent  à  diminuer  ce  nombre  et  à 
augmenter  par  conséquent  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur. 

»  C'est  en  m'entourant  de  toutes  les  précautions  possibles  que  des  expé- 
riences très-concordantes  m'ont  donné  pour  l'équivalent  mécanique  de  la 
chaleur  le  nombre  moyen  4i3,2,  qui  diffère  bien  peu  du  nombre  4^6 
qti'il  s'agissait  de  contrôler.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Quelques  considérations  sur  C espèce  et  ta  variété; 
modification  proposée  à  la  définition  de  l'espèce,  en  botanique  ;  par  M.  Ch. 
IVabdi\. 

(Commissaires,  MM.  Moquin-Tandou,  Payer.) 

«  Ce  n'est  pas  sans  raison  que  quelques  esprits  clairvoyants  signalent, 
comme  un  danger  pour  l'avenir  de  la  botanique,  la  tendance  d'un  grand 
nombre  de  monographes  à  diviser  sans  mesure  les  anciens  genres  et  à 
encombrer  les  ouvrages  descriptifs  d'espèces  douteuses  et  vaguement  carac- 
térisées. Cette  fâcheuse  propension,  qui  peut  aboutir  à  noyer  la  science 
dans  une  nomenclature  stérile,  a  dès  à  présent  le  grave  inconvénient 
d'obscurcir  la  notion  d'espèce,  qui  est  cependant  la  seule  base  solide  de 
toute  classification.  La  cause  principale,  sinon  la  seule,  en  est,  à  mon  sens, 
dans  le  défaut  d'une  définition  spéciale  au  sujet  et  faite,  non  plus  à  priori, 
mais  d'après  les  données  de  l'observation.  C'est  ce  à  quoi  je  vais  essayer  de 
remédier  en  proposant  pour  l'espèce  botanique  une  nouvelle  définition  que 
je  crois  plus  conforme  à  ce  qui  est  réellement  que  celles  qui  ont  été  adoptées 
jusqu'à  ce  jour. 

»  On  admet,  et  certainement  avec  raison,  que  l'autonomie  spécifique  se 
traduit  extérieurement  dans  la  forme,  dans  ce  que  l'on  a  appelé  le  faciès  de 
la  plante;  aussi  toutes  les  définitions  de  l'espèce  ont-elles  pris,  explicite- 
ment ou  implicitement,  cette  donnée  pour  point  de  départ,  en  la  rectifiant 
par  le  principe  de  lai  fécondité  continue.  Il  est  visible  aujourd'hui  que  ces 
définitions,  presque  toutes  proposées  par  des  zoologistes  et  pour  la  zoologie, 
ne  peuvent  plus  être  acceptées  par  les  botanistes  comme  une  règle  infail- 


(  34i  ) 

lible,  puisqu'elles  ont  enfanté  l'anarchie  daiïs  une  partie  fort  importante  du 
travail  scientifique,  et  que  les  espèces  les  plus  contestables  peuvent  y  trouver 
leur  justification.  Il  est  donc  essentiel  que  l'espèce  soit  plus  exactement 
définie  et  qu'elle  soit  vérifiée  au  besoin  par  un  critérium  rigoureux.  Essayons 
de  découvrir  ce  critérium,  en  examinant  d'abord  ce  que  l'espèce  est  en 
elle-même. 

»  Malgré  l'autorité  des  idées  régnantes,  et  d'accord  en  cela  avec  beaucoup 
de  botanistes,  je  ne  considère  point  les  espèces  comme  des  unités  équiva- 
lentes ;  je  leur  trouve  au  contraire  les  plus  grandes  inégalités  de  valeur.  Toute 
idée  nouvelle,  pour  être  exprimée  clairement,  exige  l'emploi  d'un  mot  nou- 
veau; qu'on  me  permette  donc  celui  de  spéciéilë  pour  désigner  l'état  d espèce^ 
ou,  si  l'on  veut,  les  titres  qu'une  forme  donnée  peut  avoir  à  être  considérée 
comme  espèce.  Nous  allons  voir  q««  cette  s-péciéité est  toujours  relative,  et 
que  la  mesure  n'en  peut  être  évaluée  que  par  la  comparaison  des  formes 
plus  ou  moins  voisines,  plus  ou  moins  éloignées,  qu'il  s'agit  de  qualifier. 
Prenons  un  exemple  : 

M  Les  Dalura  sttamonium  et  D.  tatuta,  que  la  plupart  des  botanistes  n'hé- 
sitent pas  à  distinguer  malgré  leurs  affinités  évidentes,  diffèrent  l'un  de 
l'autre  par  des  caractères  saisissables  et  que  l'expérience  a  prouvés  être  con- 
stants. Ces  deux  plantes  sont,  vis-à-vis  l'une  de  l'autre,  dans  un  certain  rap- 
port de  spéciéité  dont  le  degré  n'est  pas  encore  déterminé  par  ce  seul  rap- 
prochement. Mais  si  nous  mettons  en  regard  de  ces  deux  formes  le  Datura 
metel,  nous  reconnaissons  pour  ainsi  dire  instantanément  qu'il  diffère  plus 
des  D.  stramonium  et  tatula  que  ceux-ci  ne  diffèrent  entre  eux.  De  là  nait 
dans  l'esprit  le  sentiment  d'un  second  degré  de  spéciéité  plus  grand  que  le 
premier.  Un  troisième  degré  plus  grand  encore  se  manifestera,  si  nous  fai- 
sons intervenir,  comme  nouveau  terme  de  comparaison,  le  Daturn  cerato- 
cauLa.  En  nous  bornant  à  ces  quatre  plantes,  nous  trouvons  déjà  que  la 
valeur  spécifique  du  D.  stramonium  est  fortement  caractérisée  relativement 
au  D.  ceratocaula,  qu'elle  l'est  moins  relativement  au  D.  metel,  et  moins 
encore  vis-à-vis  du  D.  tatula.  Cet  exemple,  que  nous  pourrions  compléter 
en  intercalant  entre  ces  quatre  termes  les  autres  espèces  du  genre,  suffit 
pour  établir  l'inégalité  de  valeur  des  formes  réputées  spécifiques,  et  montrer 
en  même  temps  que  cette  valeur  est  toute  relative. 

»  Mais  l'expérience  a  démontré  surabondamment  que  les  espèces  végétales 
sont  souvent  très-variables  dans  leur  faciès,  qu'un  grand  nombre  de  variétés 
dont  l'origine  est  connue  se  conservent  indéfiniment,  et  toujours  sembla- 
bles à  elles-mêmes,  par  voie  de  génération  ;  que  d'un  autre  côté  des  formes 


(  34a  ) 
indubitablement  spécifiques  par  leur  organisation  et  d'une  parfaite  stabilité 
se  croisent  aisément  les  unes  les  autres,  et  donnent  naissance  à  une  postérité 
indéfiniment  féconde.  La  règle  de  la  fécondité  continue,  quoique  consacrée 
par  les  définitions  les  plus  célèbres,  aussi  bien  que  celle  du  sentiment  plus 
ou  moins  vague  des  ressemblances^  devient  donc  tout  à  fait  insuffisante  ici. 
De  là  la  nécessité  d'ajouter  quelque  chose  à  ces  définitions  et  surtout  de 
tenir  compte,  en  les  modifiant,  de  l'inégale  valeur  des  espèces.  Notre  crité- 
rium ne  sera  donc  plus  seulement  la  fécondité  continue,  mais  aussi  la  con- 
sidération des  phénomènes  variés  qui  résultent  du  croisement  des  formes 
voisines. 

«  Partant  de  ce  principe,  je  définirai  l'espèce  :  La  collection  des  individus, 
quelque  dissemblables  qu'ils  soient  par  le  faciès,  qui  peuvent  se  féconder  récipro- 
quement et  par  là  donner  naissance  à  une  postérité  indéfiniment  féconde ,  qui 
conserve  dans  toute  la  série  des  générations  les  traits  propres  à  chacun  des  deiux 
premiers  ascendants  dont  elle  est  issue,  à  moins  que  de  nouveaux  croisements 
nen  viennent  troubler  la  transmission. 

»  Les  espèces  n'étant  pas  équivalentes,  nous  nous  servirons  encore  du 
croisement  pour  fixer  leurs  degrés  de  spéciéité  relative.  Nous  pourrons  les 
réduire  aux  cinq  suivants  : 

»  i".  L'espèce  ou,  plus  exactement,  la  spéciéité  au  premier  degré,  lors- 
que les  deux  plantes  comparées  ne  peuvent  jamais  se  féconder  réciproque- 
ment. Exemple  :  Poirier  et  pommier,  melon  et  concombre,  etc.  (i). 

»  2".  La  spéciéité  du  deuxième  degré,  lorsque  les  deux  plantes  pouvant 
être  à  la  rigueur  fécondées  l'une  par  l'autre,  l'hybride  qui  en  résulte,  non- 
seulement  est  stérile  par  lui-même,  mais  résiste  encore  à  l'action  du  pollen 
du  père  ou  de  la  mère.  Exemple  :  Nicotiana  nistica  et  N.  californica. 

»  3°.  La  spéciéité  du  troisième  degré,  caractérisée  par  la  possibilité  de 
féconder  l'hybride  par  le  pollen  des  deux  parents,  ou  au  moins  de  l'un 
d'eux,  bien  qu'il  soit  stérile  par  l'avortemenl  de  son  propre  pollen.  Exem- 
ple :  Nicotiana  angustifolia  et  N.  glauca,  dont  l'hybi-ide  [N.  glauco-angustifo- 
lia),  stérile  par  lui-même,  est  aisément  fécondé  par  le  pollen  du  N.  angusti- 
folia. 

"  4"-  La  spéciéité  du  quatrième  degré,  qui  est  celle  de  deux  espèces  dont 
les  hybrides  sont  plus  ou  moins  féconds  pendant  un  nombre  limité  de  géné- 
rations, après  quoi  cette  postérité  bâtarde  s'éteint  par  l'imperfection  crois- 


(1)  Tous  les  exemples  que  je  cite  ici  sont  le  résultat  d'expi-riences  qui  ont  été  faites  au 
Muséum.  >->:iix  »»    - 


(  343  ) 
santé  du  pollen,  ou  retourne,  sans  s'éteindre,  au  type  de  l'un  des  deux 
parents  par  l'élimination   graduelle  des  caractères  de  l'autre.  Exemple  : 
Primuta  veris  et  P.  suaveolens. 

»  5°.  La  spéciéité  du  cinquième  degré,  quand  les  deux  espèces  comparées 
se  croisent  réciproquement  avec  facilité  et  que  leur  descendance,  aussi 
féconde  qu'elles-mêmes,  se  perpétue  indéfiniment  sans  rentrer  d'une  ma- 
nière complète  dans  les  types  paternel  et  maternel,  mais  aussi  sans  offrir 
d'uniformité  dans  les  individus  dont  elle  se  compose.  Exemple  :  Pétunia 
njctayiniflora  et  P.  violacea. 

»  On  remarquera  que  ce  cinquième  degré  de  spéciéité  échappe  presque  à 
la  définition  que  j'ai  donnée  de  l'espèce  ;  c'est  qu'effectivement  nous  sommes 
ici  sur  la  limite  incertaine  qui  sépare  l'espèce  proprement  dite  de  la  variété, 
et  qu'il  est  quelquefois  indifférent  de  qualifier  espèce,  race  ou  variété,  les 
formes  assez  voisines  l'une  de  l'autre  pour  donner  lieu  au  phénomène  que 
je  viens  d'indiquer. 

»  Par  une  observation  suivie,  et  en  s'affranchissant  autant  que  possible 
de  l'influence  des  idées  courantes,  on  en  vient  à  reconnaître  que  tous  les 
degrés  existent  entre  la  spéciéité  la  plus  forte  et  celle  qui  l'est  le  moins;  qu'il 
y  a  une  gradation  insensible  entre  l'état  d'espèce  absolue  et  celui  de  variété 
même  passagère,  et  que  si  l'on  s'en  tient  aux  anciennes  définitions,  on 
pourra  légitimement  qualifier  espèce  ce  que  l'expérience  démontre  n'être 
que  variété,  et  réciproquement  appeler  variété,  ce  qui  est  une  véritable 
espèce  naturelle. 

»  Le  fait  incontestable  aujourd'hui  de  la  division  des  espèces  en  variétés 
persistantes,  subdivisées  elles-mêmes  en  variétés  secondaires  qui  sont  aux 
premières  ce  que  l'espèce  est  au  genre,  ouvre  de  nouveaux  aperçus  à  l'esprit. 
On  se  demande  naturellement  d'où  viennent  les  analogies  qui  ont  fait  réunir 
des  espèces  distinctes  en  genres  et  en  familles.  Il  n'est  pas  possible,  à  moins 
de  déraisonner,  d'attribuer  ce  grand  phénomène  au  hasard  ;  indubitable- 
ment il  a  une  cause,  et,  comme  tous  les  phénomènes  matériels,  une  cause 
immédiate  matérielle.  Quelque  théorie  qu'on  se  fasse  à  ce  sujet,  je  ne  puis, 
pour  ma  part,  y  voir  qix'un  fait  du  même  ordre  que  celui  de  la  division  des 
espèces  en  races  et  en  variétés,  et  j'en  conclus  que  toutes  les  analogies,  que 
tout  ce  qu'il  y  a  de  commun  entre  les  espèces  d'un  même  groupe  naturel  a 
été  puisé  à  une  source  commune.  Ceci  revient  à  dire  que  les  espèces  d'un 
même  genre  ou  d'une  même  famille  sont  autant  de  formes  dérivées  dont  le 
type  primordial  s'est  successivement  divisé  dans  le  cours  des  âges.  Les 
espèces  seraient  donc,  si  l'on  veut  me  passer  cette  comparaison,  la  monnaie 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T    XLVl,  N"  7.)  4^ 


(  344  ) 
d'une  forme  première  où  elles  étaient  en  puissance,  et  leurs  divers  degrés 
de  spéciéité  seraient  l'indice  de  leur  ancienneté  relative.  Cette  conception 
des  rapports  des  espèces  exclut  toute  idée  de  série,  mais  elle  serait  exacte- 
ment représentée  par  un  arbre,  véritablement  généalogique,  dont  la  division 
en  branches  et  en  rameaux  serait  l'image  des  évolutions  successives  du 
règne  végétal,  évolutions  dont  les  derniers  résultats  sont  les  espèces  actuelles 
et  leurs  variétés. 

«  J'examinerai  prochainement,  avec  plus  de  détail,  ces  différentes  ques- 
tions dans  un  Mémoire  que  je  prépare  sur  les  hybrides  végétaux  et  sur  les 
conséquences  à  tirer  de  l'hybridité.  » 

CHIMIE.—  Observations  sur  ta  composition  de  la  forménamine,  de  l'acéténamine 
et  de  plusieurs  autres  bases  analogues;  par  M.  S.  Cloëz. 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  Balard.) 

«  L'étude  des  alcaloïdes  formés  par  l'action  de  l'ammoniaque  et  des 
autres  bases  volatiles  sur  les  hydrocarbures  chlorés  ou  bromes  m'occupe 
depuis  plusieurs  années;  mes  premiers  essais  ont  eu  pour  but  la  production 
de  l'acétyliaque  ou  acélénamine.  On  sait  que  la  liqueur  des  Hollandais 
chlorée  ou  bromée  traitée  par  une  solution  alcoolique  de  potasse  se  décom- 
pose en  produisant  du  chlorure  de  potassium,  de  l'eau  et  un  hydrocarbure 
chloré  ou  brome  qui  diffère  du  produit  employé  par  les  éléments  de  l'acide 
chlorhydrique  ou  de  l'acide  bromhydrique  ;  c'est  cette  décomposition  qui 
a  servi  à  M.  Regnault  pour  établir  la  constitution  chimique  d'tuie  classe  de 
corps  aujourd'hui  très-nombreuse. 

»  L'ammoniaque  employée  en  petite  quantité  se  comporte  à  l'égard  de 
ces  corps  absolument  comme  la  potasse;  mais  il  en  est  totit  autrement,  si 
l'alcali  volatil  est  employé  en  grand  excès  :  les  produits  de  la  réaction, 
dans  ce  cas,  sont  bien  différents,  car,  outre  le  sel  ammoniacal  contenant 
l'acide  éliminé,  on  trouve  dans  la  liqueur,  à  l'état  salin,  les  éléments  de 
l'hydrocarbure  unis  aux  éléments  de  l'ammoniaque. 

»  Théoriquement  et  à  priori  la  réaction  doit  avoir  lieu  comme  l'indique 
l'équation 

C*  H»  Cl  H  Cl  +  2AzH'  =  C*H»(AzH»)HCl  4- AzH'H  Cl. 

»  Mais  en  fait  la  décomposition  n'est  pas  aussi  simple.  J'ai  voulu  en  étu- 
dier les  circonstances  et  les  produits,  et  je  me  suis  trouvé  ainsi  engagé 


(  345) 
dans  un  travail  de  longue  haleine  dont  je  pourrai  prochainement  publier 
tous  les  résultats. 

»  M.  Hoffmann,  auquel  la  science  est  redevable  de  travaux  remar- 
quables sur  la  formation  des  alcalis  organiques  et  de  vues  théoriques  ingé- 
nieuses sur  la  constitution  des  mêmes  corps,  a  proposé  récemment  de  mo- 
difier les  formules  et  de  changer  les  noms  de  quelques-unes  des  bases  que 
j'ai  découvertes. 

»  L'opinion  de  M.  Hoffmann  est  fondée  sur  quelques  analyses  dont  les 
résultats  sont  complètement  conformes  à  ceux  qui  m'ont  servi  pour  établir 
l'équivalent  de  la  base  que  j'ai  décrite  sous  le  nom  de  formyliaque  ou  for- 
ménamine.  Néanmoins,  malgré  la  grande  autorité  du  chimiste  anglais,  je 
persiste  à  conserver  les  formules  et  les  noms  que  j'ai  assignés  aux  alcaloïdes 
appartenant  à  la  série  dont  la  forménamine  constitue  le  premier  terme. 

»  Dans  l'hypothèse  de  M.  Hoffmann,  l'action  de  l'ammoniaque  sur  les 
hydrocarbures  chlorés  ou  bromes  ne  doit  pas  produire  de  chlorhydrate  ou 
de  bromhydrate  d'ammoniaque;  la  réaction  doit  avoir  lieu  purement  et 
simplement  entre  les  deux  corps  sans  que  rien  se  sépare  ;  il  y  a  symmor- 
phose  ou  addition  : 

C»«H^'"CP  +  aAzH'  =  C"  H=""  (  AzH^)S  2  (H  Cl). 

"  Mais  l'expérience  prouve  que  la  réaction  se  fait  avec  élimination  d'a- 
cide chlorhydrique  et  fixation  des  éléments  de  l'amide;  il  y  a  donc  à  la  fois 
apomorphose  et  symmorphose,  comme  l'indique  l'équation 

C«"  H*"-*  Cl  H  Cl  +  a  Az  H»  =  C^"  H='"-'  (Az  H^"),  H  Cl  -f-  AzH»,  H  Cl. 

»  La  réaction  se  complique  encore  par  l'action  secondaire  de  la  base 
formée  sur  une  portion  de  l'hydrocarbure  chloré  non  attaquée  ;  on  constate 
toujours  la  production  de  plusieurs  corps  peu  volatiles,  dont  la  séparation 
présente  quelques  difficultés.  Il  arrive  en  outre  souvent  que  les  composés 
formés  se  dédoublent  sous  l'influence  d'une  faible  élévation  de  tempéra- 
ture, en  donnant  de  nouveaux  corps  qui  restent  mélangés  avec  le  produit 
principal  ;  c'est  un  dédoublement  de  ce  genre  qui  donne  naissance  à  la 
forménamine,  qu'on  trouve  avec  l'acéténamine  et  plusieurs  autres  bases 
dans  le  produit  de  l'action  de  l'ammoniaque  sur  la  liqueur  des  Hollandais. 

-  Les  observations  de  M.  Hoffmann  portent  principalement  sur  la  base, 
dont  les  combinaisons  salines  généralement  cristallisables  sont  les  plus 
faciles  à  purifier.  Ce  chimiste  considère  la  forménamine  comme  de  Vétliyl- 
endiammine  j  le  chlorhydrate  de  cette  base  devient  le  bichlorure  à'éihylen- 

45.. 


(  346  ) 
diammoiiium  et  il  a  pour  formule 


2 


H 

«  Le  chlorhydrate  d'acéténamine  n'est  autre  chose. que  le  bichlorure 
de  diélhylendiammonium.  Enfin  le  chlorhydrate  de  propénainine  se  change 
en  bichlorure  de  triéthylendiammonium . 

»  J'ai  représenté,  il  y  a  cinq  ans,  la  composition  du  chlorhydrate  de  for- 
luénamine  par  la  formule 

CMi'Az,  H  Cl. 

»  Voici  les  résultats  de  mes  anciennes  analyses  en  regard  de  ceux  que 
M.  Hoffmann  rapporte  dans  sa  Note  : 

Moyenne  Comp.  calculée.  Ciimp.  calculée. 

Analyse.  des  analyses  Formule  Formule. 

de  M.  Hoffmann.  C'H'Ai  HCl.  C*  H'»  Aï' Cl'. 

Carbone i7)56  '7)^7  i8,32  i8,o4 

Hydrogène...  7,39                      7,55  6,ii  7,52 

Azote 20,47                         "  21,37  21,06 

Chlore 53,62  53,17  54,20  53,38 


QQ,04  100,00 


100,00 


»  Mon  analyse  donne  moins  d'hydrogène  que  la  formule  du  sel  envisagé 
comme  combinaison  diammonique  n'en  exige  (7,39  au  lieu  de  7,52).  Ordi- 
nairement dans  les  analyses  même  les  mieux  faites,  c'est  le  contraire  qui  a 
lieu.  Pour  les  autres  éléments,  la  différence  entre  les  nombres  calculés  et 
ceux  fournis  par  l'expérience  ne  prouve  rien  en  faveur  de  l'une  ou  de 
l'autre  formule. 

»  La  forménamine  privée  d'eau  par  un  séjour  prolongé  sur  de  la  potasse 
fondue  bout  à  iq3  degrés;  sa  composition  dans  cet  état  est  représentée  par 
les  formules  équivalentes 

[C^Hj  *" 

C'H'Az,  HO  =  C^H»Az,  0  =  Az         JJ    O. 

]  l 

«  Cette  composition,  déduite  de  mes  anciennes  analyses,  se  trouve  con- 
firmée par  les  analyses  de.M.  Hoffmann  ;  je  place  ici  en  regard  les  résultats 


(  347  ) 


des  unes  et  des  autres  : 

Formule 

Analyse. 

Analyse 

Formule 

de  M.  Hoffmann 

de  M.  Hoffmann. 

C'H' Az,HO. 

C*H'»A7,'0'. 

Carbone 

3l , 120 

30,67 

3l,58 

30,76 

Hydrogène .... 

12,777 

'2,97 

10,52 

12,82 

Azote 

35, 8o 

36,32 

36,84 

35,90 

Oxygène 

20,3o3 

20,04 

100,00 

21  ,06 

20,52 

100,000 

100,00 

100,00 

»  Ici  comme  pour  le  sel,  la  quantité  d'hydrogène  trouvée  est  inférieure  a 
celle  que  le  calcul  indique  dans  la  base  dianimonique;  d'un  autre  côté, 
j'ai  obtenu  une  quantité  de  carbone  plus  en  rapport  avec  ma  formule  qu'a- 
vec celle  de  M.  Hoffmann. 

»  Mais  il  y  a  un  fait  capital  qui  résout  complètement  la  question  :  c'est 
la  densité  de  vapeur  de  la  base'libre. 

»  Voici  les  données  numériques  d'une  détermination  faite  avec  un  pro- 
duit que  je  considère  comme  pur. 

Poids  du  ballon  plein  d'air 30"^,  5o  1 

Température  de  l'air  ambiant 1 3",  5 

Poids  du  ballon  plein  de  vapeur 3o*'',466 

Température  du  bain  d'huile  au  moment  de  la  fermeture i85" 

Hauteur  du  baromètre 763™™ 

Capacité  du  ballon 273"^*^ 

Air  restant o 


d'où 


Poids  du  litre  de  vapeur 1  ''',  845 

Densité 1 ,427 


»  J.a  densité  calculée  pour  ma  formule,  rapportée  à  4  volumes,  est  égale 
à  i,3i5;  la  formule  modifiée  par  M.  Hoffmann,  rapportée  également  à 
4  volumes,  porlerait  la  densité  théorique  à  2,6990. 

»  Ces  résultats  me  paraissent  décisifs,  et  je  n'hésite  pas  à  maintenir  les 
formules  de  la  nouvelle  série  de  bases  dont  j'ai  indiqué  le  premier  la  pro- 
duction. 

»  Les  bases  volatiles  autres  que  l'ammoniaque  réagissent  sur  la  hqueur 
des  Hollandais  bromée  en  donnant  des  bases  analogues  à  la  forménamine 
et  à  l'acéténamine  ;  j'ai  obtenu  de  cette  manière  un  grand  nombre  de  corps 
nouveaux  dont  l'étude  est  presque  complète. 

»  J'ai  constaté  en  outre  que  tous  les  hydrocarbures  chlorés  ou  bromes 


(  348  ) 
représentés  par  la  formule  générale  n.   ■  ^*v 

sont  susceptibles  de  donner  aussi  des  coni posés  basiques  bien  définis,  quand 
on  les  traite  à  chaud  par  une  dissolution  alcoolique  saturée  fie  gaz  ammo- 
niac; je  me  suis  assuré  du  fait  pour  les  bibromures  de  propylène,  de  buty- 
lène, d'amylène  et  de  caprylène.  L'étude  des  corps  produits  dans  ces  con- 
ditions est  intimement  liée  à  mon  sujet;  je  me  réserve  de  l'approfondir  et 
de  la  compléter. 

»  Dans  cette  partie  de  mon  travail,  j'ai  observé  un  fait  qui  m'a  frappé; 
il  est  relatif  au  propylène  :  j'ai  remarqué  que  l'action  de  l'ammoniaque  sur 
ces  hydrocarbures  bromes  donne  des  résultats  différents  suivant  que  l'on 
opère  avec  le  produit  dans  lequel  entre  le  gaz  obtenu  de  l'alcool  amylique 
ou  avec  le  composé  brome  contenant  le  gaz  préparé  par  le  procédé  de 
M.  Berthelot.  Ce  fait  semblerait  indiquer  que  le  produit  gazeux  connu  sous 
le  nom  de  propylène  constitue  plusieurs  espèces  distinctes,  probablement 
isomères,  mais  non  identiques. 

»  Comme  expériences  accessoires  se  rapportant  à  mon  sujet,  j'ai  essayé 
l'action  de  l'ammoniaque  sur  le  broraoforme  et  le  chloroforme;  j'ai  reconnu 
que  dans  ces  circonstances  il  ne  se  fait  que  du  bromhydrate  ou  du  chlorhy- 
drate et  du  cyanhydrate  d'ammoniaque  ;  la  réaction  est  facile  à  comprendre, 
elle  a  lieu  d'après  l'équation  

C^HBr'-H  5(AzH')  =  AzH',  C*AzH  +  3(AzH»HBr). 

»  Les  bases  plus  complexes  doivent  évidemment  donner  des  résultats 
différents;  c'est  un  point  que  je  ne  veux  pas  aborder,  parce  que  M.  Ifioff- 
mann  s'en  occupe;  j'espère  que  ce  chimiste  agira  de  même  à  mon  égard, 
en  me  permettant  de  terminer  un  travail  long,  difficile  et  qui  a  déjà  été  trop 
défloré.  » 

CHIMIE.  —  Recherches  sur  faction  du   courant  électrique  sur  le  chlore,  le 
brome,  liode  en  présence  de  (eau;  par  M.  A.   Riche. 

vCommissaires,  MM.  Becquerel,  Dumas.) 

«  l.  Si  l'on  fait  passer  un  courant  électrique  dans  de  l'eau  de  chlore 
parfaitement  pure,  préparée  dans  l'obscurité,  avec  de  l'eau  distillée  récem- 
ment bouillie,  on  aperçoit  les  phénomènes  suivants. 

»  L'eau  est  d'abord  décomposée  ;  l'oxygène  se  dégage  et  l'hydrogène 
rencontrant  du  chlore  s'y  unit  en  grande  partie.  Un  pareil  résultat  pouvait 


(  349  ) 
être  prévu,  car  l'eau  de  chlore  se  conduit  de  la  niême  façon  lorsqu'on  la 
soumet  à  l'action  de  la  lumière  ou  de  la  chaleur  ;  mais  au  bout  de  quel- 
ques instants,  des  phénomènes  inverses  apparaissent,  c'est-à-dire  que  l'oxv- 
gène  est  absorbé  et  que  l'hydrogène  se  produit  en  abondance,  malgré  sa 
puissante  affinité  pour  le  chlore  qui  est  en  grand  excès  dans  la  liqueur. 

»  Voici,  en  effet,  le  résultat  d'une  expérience  :  La  pile  se  composait  de 
lo  éléments  Bunsen;  les  gaz  étaient  recueillis  simultanément  dans  deux 
tubes  de  volume  égal  et  de  longueur  sensiblement  pareille. 

»  On  a  commencé  à  lo^'ag™. 

»  1°.  A  io''4o™  le  volume  de  l'oxygène  était  sensiblement  double  de 
celui  de  l'hydrogène  ; 

2°.  Le  tube  à  oxygène  a  été  rempli  à 1 1""  38™ 

Le  tube  à  hydrogêne  a  été  rempli  à ii''4'"' 

»  C'est-à-dire  qu'une  heure  après  le  commencement  de  l'expérience,  le 
volume  de  l'oxygène  était  devenu  à  peu  près  égal  à  celui  de  l'hydrogène. 

»  3".  Le  courant  a  continué  de  passer  et  j'ai  recommencé  à  I2''i9" 
une  nouvelle  mesure  des  gaz. 

Le  tube  à  hydrogène  fut  rempli  à i'"  12™  en  53"" 

Le  tube  à  oxygène  fut  rempli  à i*"  48"°  en  89"" 

»  La  proportion  d'oxygène  absorbée  augmente  donc  considérablement. 
»  4°-  On  a  repris  à  S""  55™. 

Le  tube  à  hydrogène  a  été  rempli  à 4*"  29""  en     34"" 

Le  tube  à  oxygène  a  été  rempli  à 6^  57""  en   182"" 

»  Il  se  produit  donc  à  ce  moment  cinq  ou  six  fois  moins  d'oxygène  que 
d'hydrogène. 

»  A  ce  moment  l'absorption  de  l'oxygène  est  à  son  maximum  ;  elle 
décroît  sans  cesse  à  partir  de  cet  instant,  jusqu'à  ce  que  le  volume  d'oxy- 
gène dégagé  devienne  exactement  moitié  de  celui  de  l'hydrogène. 

»  Si  l'on  examine  la  nature  du  liquide  obtenu,  on  lui  trouve  une  réac- 
tion franchement  acide  qui  n'est  pas  due  à  l'acide  chlorhydrique,  car  les 
sels  d'argent  n'y  for)t  apparaître  aucun  précipité,  mais  elle  appartient  à  de 
l'acide  perchlorique  dont  on  peut  constater  la  présence  par  le  trouble  qu'y 
produisent  les  sels  de  potasse  en  dissolution. 

o  La  même  expérience,  répétée  avec  de  l'eau  de  chlore,  très-pure,  entre- 
tenue à  l'état  de  saturation  par  un  courant  continu  de  gaz  chlore,  fournit 
des  résultats  analogues. 


(  35o  ) 

»  L'explication  de  ces  phénomènes  est  très-aisée  :  dans  les  premiers 
instants,  l'eau  qui  est  le  seul  corps  composé  existant  dans  la  liqueur  est 
décomposée,  mais  son  hydrogène  rencontrant  du  chlore  s'y  unit  pour 
constituer  l'acide  chlorhydrique;  dès  que  celui-ci  a  pris  naissance,  il  est 
décomposé  concurremment  avec  l'eau,  et,  de  cette  façon,  il  se  produit  au 
pôle  positif  de  l'oxygène  et  du  chlore  naissants  qui,  dans  cet  état,  réa- 
gissent pour  former  les  acides  oxygénés  du  chlore. 

»  La  décomposition  par  la  pile  de  l'eau  de  chlore  ancienne,  de  l'acide 
chlorhydrique  vient  appuyer  l'explication  précédente. 

»  En  effet,  avec  l'eau  de  chlore  ancienne  (contenant  par  conséquent  de 
l'acide  chlorhydrique)  le  dégagement  d'hydrogène,  par  sa  trop  grande 
abondance  dès  le  commencement,  nous  prouve  qu'il  y  a  de  l'oxygène 
absorbé. 

»  IL  Eau  de  chlore  faite  la  veille.  —  Le  courant  passe  dans  un  lieu 
éclairé  par  une  lumière  diffuse  assez  faible. 

»  Dès  le  principe,  les  résultats  sont  les  suivants  : 

»  Commencé  à  9*"  25". 

Le  tube  à  hydrogène  est  plein  à i  o*"  20™  en     55" 

Le  tube  à  oxygène  est  plein  à •  .  •  •  •        1  ''  io'°  en  220"" 

»  Il  se  dégage  donc  quatre  fois  plus  d'hydrogène  que  d'oxygène. 

»  III.  Eau  de  chlore  très-ancienne.  —  Le  tube  à  hydrogène  se  remplit  en 
quatorze  minutes,  et  il  faut  quatre-vingt-dix  minutes  au  tube  d'oxygène 
pour  se  remplir  en  entier. 

»  IV.  Eau  distillée,  acidulée  par  de  l'acide  chlorhydrique.  —  Commencé 
à  6''45'"  du  matin. 

Le  tube  à  hydrogène  est  plein  à ô*"  5""  en     50" 

Le  tube  à  oxygène  est  plein  à j*"  2^™  en  27™ 

>>  A  5  heures  du  soir,  le  volume  de  l'oxygène  est  moitié  de  celui  de 
l'hydrogène,  et  l'acide  chlorhydrique  a  disparu  pour  faire  place  à  de  l'acide 
perchlorique. 

»  Ce  moyen  est,  sans  contredit,  le  plus  rapide,  le  plus  siir  et  le  plus 
économique  poixr  produire  cet  acide,  et  on  est  certain  de  n'avoir  pas  ce 
corps  souillé  d'acide  sulfurique. 

»  V.  L'eau  de  brome,  l'eau  d'iode,  l'acide  bromhydrique,  l'acide  iodhy- 
drique  présentent  des  résultats  à  peu  près  identiques.  Je  vais  citer  seulement 
deux  expériences  comparatives  avec  le  brome, 


(35r   ) 

»  A.  Eau  bromée  préparée  à  l'instant  avec  du  brome  pur  et  de  l'eau 
distillée  bouillie. 

»  Commencé  à  i2''45'°.  (Le  dégagement  est  extrêmement  lent,  le  liquide 
si  peu  conducteur,  qu'on  a  dû  employer  i6  éléments  de  Bunsen.) 

»   1°.   A  i''ao",  il  y  avait  3  d'hydrogène  et  6  d'oxygène. 

»  2°.  A  i*"  3o™,  il  y  avait  déjà  une  grande  différence,  car  pour  1 15  d'hy- 
drogène il  n'y  avait  plus  que  i3o  d'oxygène. 

»  3°.  A  i''5"3"',  la  conductibilité  était  devenue  tellement  forte,  que  le 
liquide,  qui  était  à  une  température  de  1 5  degrés  dans  le  principe,  se  trou- 
vait à  44  degrés.  A  ce  moment,  il  y  avait  pour  i  i5  d'hydrogène  66  seule- 
ment d'oxygène. 

»  4°-  A  partir  de  ce  moment  la  conductibilité  décroît,  la  température 
s'abaisse  et  le  liquide,  d'abord  rouge,  est  devenu  jaune  clair. 

»  A  3''  35"",  pour  I  i5  d'hydrogène  il  ne  se  dégage  plus  que  45  d'oxygène. 

»  A  partir  de  ce  moment,  la  quantité  d'oxygène  croît  jusqu'à  devenir 
égale  à  la  moitié  du  volume  d'hydrogène  produit. 

»  B.  Eau  de  brome  ancienne,  lo  éléments. 

»  Commencé  à  l'^ag";  le  tube  à  hydrogène  a  été  rempli  à  2''i™,  et  le 
tube  à  oxygène  à  3''4™- 

»  Ce  qui  revient  à  dire  que  l'oxygène  met  trois  fois  plus  de  temps  à  rem- 
plir le  même  volume  que  l'hydrogène  :  ce  qui  prouve  que  dans  l'eau  de 
brome  ancienne  comme  dans  l'eau  de  chlore  il  y  a  de  l'acide  bromhydrique 
formé,  et  c'est  cet  acide  qui  rend  la  liqueur  conductrice. 

»  Quel  sera  le  résultat  final? 

»  J'espérais  obtenir  par  ce  moyen  l'acide  perbromique  ;  mais  il  ne  se 
produit  que  de  l'acide  bromique.  Si,  en  effet,  on  prend  cet  acide  pur, 
il  se  décompose  sous  l'influence  du  courant;  le  brome  se  rendant  au 
pôle  positif  se  recombine  en  partie  à  de  l'oxygène  pour  produire  de  nou- 
veau de  l'acide  bromique,  de  sorte  qu'on  a  une  série  de  phénomènes  suc- 
cessifs et  inverses  sur  lesquels  je  me  propose  d'insister  plus  tard. 

I)  Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  encore  le  plus  sûr  moyen  d'obtenir  cet  acide 
en  dirigeant  un  courant  électrique  dans  une  solution  d'acide  bromhydrique 
ou  de  brome  purs. 

»  Avec  du  bromure  de  potassium,  on  fait  également  du  bromate  de 
potasse  qui,  étant  peu  soluhle,  se  dépose  à  l'état  cristallin  en  grande 
quantité. 

»  L'iode  et  l'acide  iodhydrique  présentent  des  réactions  analogues,  et, 
comme  dans  le  cas  précédent,  l'oxydation  s'arrête  à  l'acide  iodique  et  aux 

G.  R.,  i856,  I"  Semestre.  (T.  XLVl,  N»  7.)  46 


(  352  ) 
iodates;  un  courant  plus  longtemps  prolongé  clans  ces  corps  les  décompose, 
tandis  que  dans  ces  conditions  l'acide  chlorique  fournit  de  l'acide  perchlo- 
rique,  et  les  chlorates  des  perchlorates  dans  les  mêmes  conditions. 

M  Les  expériences  précédentes  semblaient  prouver  que  le  brome  et  l'iode 
pouvaient  se  combiner  directement  à  l'hydrogène  ;  c'est,  en  effet,  ce  que 
l'expérience  directe  montre. 

»  Du  brome  et  de  l'hydrogène  secs,  soumis  dans  un  ballon  aux  nom- 
breuses étincelles  produites  par  l'appareil  d'induction,  produisent  ces  gaz 
avec  facilité. 

»  Enfin  j'ai  constaté,  au  moyen  de  ce  même  appareil,  qu'il  est  nécessaire, 
pour  que  l'oxygène  et  le  chlore  se  combinent,  qu'il  se  trouve  de  l'eau  en 
présence.  En  effet,  du  chlore  sec  et  de  l'oxygène  sec,  exposés  dans  un  ballon 
pendaut  une  heure  à  l'étincelle  électrique,  ne  se  combinent  pas;  mais  si  on 
les  mêle  à  l'état  humide,  il  en  résulte  aussitôt  une  production  abondante 
d'acide  perchlorique. 

»  J'espère,  en  réglant  et  arrêtant  convenablement  l'action  de  l'oxygène, 
produire  quelques-uns  des  nombreux  composés  de  brome  et  d'oxygène  dont 
l'examen  de  ceux  du  chlore  avec  ce  même  corps  fait  prévoir  l'existence. 

»  En  résumé  : 

a  1°.  L'action  du  courant  électrique  sur  l'eau  de  chlore,  l'acide  chlorhy- 
drique  produit  conune  résultat  final  de  l'acide  perchlorique. 

»  i".  L'eau  de  brome,  l'acide  bromhydrique,  l'eau  d'iode,  l'acide  iodhy- 
drique,  soumis  à  la  même  influence,  forment  l'acide  bromique,  l'acide 
iodique. 

»  C'est  le  meilleur  procédé  pour  obtenir  ces  trois  corps. 

»  3°.  L'oxydation  de  ces  corps  est  due  à  la  rencontre  à  l'état  naissant 
de  l'oxygène  avec  le  chlore:,  le  brome  et  l'iode. 

.    »  4"-  I-^  brome,  l'iode  se  combinent  directement  à  l'hydrogène  comme 
le  chlore, 

»  5°.  Le  chlore,  le  brome,  l'iode  se  combinent  à  l'oxygène  en  présence 
de  l'eau,  sous  l'influence  des  étincelles  électriques.  « 

PHYSIOLOGIE.  —  Des  différents  phénomènes  physiologiques  nommés  voix  des 
.   ,  poissons;  par  M.  le  D"'  Diifossé.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Valenciennes,  Coste,  Cl.  Bernard.) 

'<  Quoique  les  sons  produits  par  les  poissons  fussent  déjà  connus  d'Aris- 
tote,  quoiqu'ils  aient  été  signalés  par  d'illustres  naturalistes  nos  contempo- 


(353) 
rains,  par  Cuvier  entre  autres,  comme  le  sujet  des  plus  intéressantes  recher- 
ches physiologiques,  ces  sons  n'ont  été  jusqu'à  présent  l'objet  d'aucune 
étude  assez  étendue  ni  assez  approfondie  pour  fournir  des  preuves  convain- 
cantes, d'une  part  de  l'authenticité  de  leur  formation  dans  certains  cas, 
d'autre  part  du  mécanisme  de  leur  production.  Ces  phénomènes  physiolo- 
giques, que  plusieurs  autorités  scientifiques  ont  jugés  dignes  de  l'attention 
du  monde  savant,  sont  d'une  importance  incontestable,  ils  sont  de  plus  fort 
attrayants,  et  le  deviendront  davantage,  si  je  ne  nie  trompe,  quand  j'aurai 
démontré  que  l'anatomie  révèle  chez  certains  poissons  des  différences,  sui- 
vant les  sexes,  dans  des  organes  qui  peuvent  produire  des  sous.  En  effet,  je 
puis  établir  d'après  un  grand  nombre  (aSa)  d'autopsies  que  j'ai  faites  : 

n  1°.  Que  les  mâles  seuls  des  individus  composant  les  espèces  Ophidium 
harbatum  (Cuvier),  et  Opliidium  vassali  (Risso),  ont  un  appareil  vésico-aérien 
propre  à  donner  naissance  à  des  sons,  appareil  dans  la  composition  duquel 
il  y  a,  selon  l'espèce,  un  ou  deux  os  mobiles; 

..  2°.  Que  les  femelles  de  ces  deux  espèces  ont  une  vessie  aérienne 
simple,  dépourvue  d'osselet  mobile,  de  muscles  constricteurs  ou  de  tout 
organe  qui  la  mettrait  en  état  de  rendre  des  sons. 

»  Ces  différences  anatomiques  impliquent  la  découverte  de  relations 
acoustiques  existant  entre  les  mâles  et  les  femelles  de  deux  espèces  d'Acan- 
thoptérygiens,  font  pressentir  que  des  rapports  de  même  nature  permettent 
à  certains  poissons  de  communiquer  de  loin  à  leurs  congénères,  si  ce  n'est 
à  d'autres  individus  de  leur  classe,  leurs  intentions  instinctives,  et  présa- 
gent la  possibilité  d'appliquer  à  la  pèche  et  à  la  pisciculture  des  manœuvres 
analogues  à  celles  dont  se  servent  les  chasseurs  d'oiseaux  pour  augmenter 
leur  butin. 

»  Du  reste,  les  faits  relatifs  aux  Opliidium  ne  sont  qu'un  des  traits  sail- 
lants de  la  question  physiologique  dont  il  s'agit,  question  trop  étendue 
pour  être  même  résumée  dans  la  communication  que  j'ai  l'honneur  de 
faire  à  l'Académie.  Je  me  bornerai  donc  à  poser  en  principe  quelques  dis- 
tinctions préliminaires  entre  les  différents  sons  que  peuvent  former  les  pois- 
sons, et  à  faire  connaître  le  sommaire  d'une  première  partie  de  mes 
recherches. 

«  Pour  échapper  à  la  confusion  qui  a  régné  jusqu'à  ce  jour  dans  la  science, 
à  l'égard  des  phénomènes  dont  nous  nous  occupons,  il  est  indispensable  de 
les  partager  en  deux  catégories;  je  range  dans  la  première  les  bruits  multi- 
pliés presque  à  l'infini  qu'une  foule  de  poissons  font  entendre  lorsqu'après 
lés  avoir  retirés  de  l'eau,  on  les  laisse  mourir  hors  de  ce  liquide.  Ne  pouvant, 

46.. 


(  354  ) 
dans  cet  extrait,  décrire  plusieurs  de  ces  bruits,  j'essayerai  d'en  donner  une 
idée  générale  en  énonçant  en  peu  de  mots  ce  que  le  plus  grand  nombre 
d'entre  eux  ont  de  commun  :  essentiellement  dépourvus  de  caractère  inten- 
tionnel, ils  sont  accidentels,  fugaces,  irréguliers,  engendrés  tantôt  par  une 
partie  de  l'organisme,  tantôt  par  une  autre,  et  peuvent  être  presque  tou- 
jours rapportés  à  des  mouvements  convulsifs. 

»  Je  les  nommerai  sons  anormaux. 

»  Je  place  dans  la  seconde  catégorie  les  manifestations  acoustiques  qui, 
bien  mieux  que  celles  de  la  première,  méritent  l'attention  des  naturalistes. 
On  peut  les  définir  par  les  qualités  suivantes  :  elles  sont  volontaires,  con- 
stantes, régulières,  toujours  formées  par  les  mêmes  organes,  se  reproduisent 
dans  des  circonstances  analogues  et  peuvent  servir  à  caractériser  l'espèce. 

»  Je  désignerai  ces  manifestations  par  le  nom  de  sons  normaux  ou  carac- 
téristiques. 

»  Les  sons  normaux  n'ont  pas  tous  le  même  principe.  Us  présentent 
aussi  d'autres  dissemblances  qui  seront  examinées  plus  tard  et  serviront  à 
les  classer.  Je  ne  les  considère  en  ce  moment  que  sous  le  rapport  du  méca- 
nisme organique  qui  préside  à  leur  production,  et,  par  conséquent,  il  suffit 
de  les  diviser  préliminairement  en  deux  sections  :  la  première  section  com- 
prend les  sons  normaux  dont  le  mécanisme  producteur  est  le  plus  simple  ; 
ils  sont  formés  par  le  frottement  plus  ou  moins  intense  des  os  pharyngiens 
supérieurs  sur  les  inférieurs  et  sur  les  aspérités  voisines  de  ces  derniers  os. 
Je  rassemble  dans  la  seconde  section  tous  les  sons  normaux  qui  sont  évi- 
demment produits  par  un  mécanisme  différent  de  celui  que  je  viens  de 
dépeindre  et  par  d'autres  organes  que  ceux  mentionnés  ci-dessus. 

»  Des  sons  de  la  première  section.  —  J'ai  choisi  pour  type  des  sons  dont  il 
s'agit  ici,  ceux  que  forme  un  des  poissons  les  plus  communs  dans  les  eaux 
de  tout  le  littoral  de  la  France,  et  pourtant  dont  aucun  auteur  n'a  signalé 
la  faculté  remarquable  qui  a  déterminé  le  choix  que  j'en  ai  fait;  c'est  le 
Saurel  (Trachurus)  Valen.,  ou  \e  Maquereau  bâtard  des  halles  de  Paris,  ou 
bien  encore  le  Sévéreau  des  Provençaux . 

»  Les  principales  expériences  que  j'ai  faites  sur  les  Scombéroïdes de  cette 
espèce,  et  les  résultats  de  ces  expériences  peuvent  être  résumés  ainsi  qu'il 
suit  : 

»  Sans  tirer  un  Saurel  de  l'eau  de  mer,  il  n'est  pas  difficile  de  le  faire 
passer  du  filet  de  pèche  dans  un  vase  rempli  du  même  liquide  et  de  le  con- 
server ainsi  vivant  et  vigoureux  pendant  plus  de  six  heures,  pourvu  qu'au 
moyen  d'un  courant  constant  on  renouvelle  l'eau  dans  laquelle  il  est  im- 


(  355  ) 
mergé.  Il  est  aisé  de  s'assurer  qu'il  peut  rester  durant  tout  ce  temps  sans 
émettre  le  moindre  son. 

»  Si  l'on  saisit  à  l'aide  d'une  pince,  par  un  de  ses  appendices  natatoires, 
un  Sévéreau  pendant  qu'il  nage  tranquillement,  il  ne  paraît  nullement 
effrayé,  il  fait  en  avant  des  élans  de  plus  en  plus  violents,  jusqu'à  ce 
qu'on  ait  lâché  prise  ou  qu'il  ait  brisé  et  laissé  entre  les  mors  de  l'instrument 
les  parties  qui  y  sont  serrées,  puis  il  se  remet  à  nager  tranquillement  sans 
avoir  fait  entendre  le  son  le  plus  léger.  Il  n'en  est  plus  de  même  quand,  au 
lieu  de  le  saisir  par  une  de  ses  nageoires,  on  le  prend  par  le  corps,  ne  serait-ce 
que  tout  à  fait  en  arrière,  près  de  la  queue  :  alors  il  semble  être  très-effarou- 
ché,  il  cesse  subitement  toute  tentative  de  fuite  et  commence  à  produire  un 
son  qu'il  continue  et  renouvelle  par  intervalle  durant  quelques  instants.  Il 
importe  de  remarquer  que  l'on  peut  plusieurs  fois  de  suite  répéter  ces  deux 
expériences  sur  le  même  sujet,  et  que  tant  qu'il  conserve  sa  vigueur  normale, 
on  aura  beau  entraver  son  mouvement  de  progression  en  pinçant  une  de  ses 
nageoires,  il  restera  silencieux;  mais  dès  qu'on  arrêtera  son  mouvement  en 
le  tenant  par  le  corps,  il  recommencera  à  bruire. 

»  En  examinant  attentivement  un  Sévéreau  depuis  longtemps  plongé  dans 
l'eau,  on  constate  que  pendant  qu'il  émet  des  sons  il  ne  rejette  pas  la  plus 
petite  bulle  de  gaz,  soit  par  la  bouche,  soit  par  une  autre  ouverture  naturelle, 
et  qu'il  ne  vient  pas  non  plus  à  la  surface  de  l'eau  avaler  la  moindre  quantité 
d'air  atmosphérique, 

»  L'oreille  tant  soit  peu  exercée  reconnaît  tout  de  suite  que  les  sons  inter- 
mittents ou  prolongés  formés  par  les  Maquereaux  bâtards,  dans  diverses  cir- 
constances, sont  tous  composés  d'une  ou  de  plusieurs  émissions  sonores, 
courtes,  stridentes,  rudes,  sans  souplesse,  sans  moelleux;  elles  commencent 
et  finissent  brusquement  sans  traîner.  Du  reste,  chez  les  Sévéreaux  adultes  ces 
sons  ont  assez  d'intensité  pour  être  entendus  à  plus  d'un  mètre  de  distance. 

»  Dans  certains  cas  on  peut,  pendant  qu'un  Saurel  est  en  train  de  bruire 
avec  persistance,  percer  de  plusieurs  ouvertures  sa  vessie  aérienne,  les  prin- 
cipales parties  de  son  lube  digestif,  sans  anéantir  ou  même  modifier  les  sons 
qu'il  a  le  pouvoir  de  former.  '    " 

»  Après  avoir  tiré  de  l'eau  un  Saurel  plein  dévie  et  de  force,  qu'on  lui 
entrouvre  la  bouche  de  façon  à  niettre  en  vue,  sans  les  séparer  complète- 
ment les  uns  des  autres,  les  os  pharyngiens  d'une  part  et  de  l'autre  une  par- 
tie de  l'entrée  de  l'œsophage,  s'il  a  conservé  toute  sa  vigueur,  le  poisson  ne 
tardera  pas  à  bruire  ;  on  observera  alors  que  chaque  fois  qu'il  attirera  brus- 
quement en  arrière  et  en  bas  ses  os  pharyngiens  supérieurs,  ils  frotteront 


(  356  )    . 
sur  les  inférieurs  et  sur  les  aspérités  voisines,  et  qu'au  même  instant  l'oreille 
percevra  une  émission  sonore.   On  constatera  de  plus  que  l'œsophage  ne 
prend  aucune  part  à  la  production  du  son. 

»  Sans  anticiper  autrement  sur  les  résultats  généraux  de  toutes  mes  recher- 
ches, je  conclus  de  l'ensemble  de  ce  Mémoire  : 

I)  1°.  Que  l'on  a  jusqu'à  présent  confondu  sous  le  nom  de  voix  des  pois- 
sons, des  phénomènes  qui  diffèrent  entre  eux  et  par  leur  nature  et  par  leur 
cause  ; 

»  2°.  Qu'en  considérant  ces  phénomènes  sous  le  double  rapport  de  leurs 
propriétés  physiques  et  physiologiques,  on  est  conduit  à  les  partager  en  deux 
catégories,  soit  par  exemple,  comme  je  le  propose  ici,  en  sons  nommés 
anormaux  et  en  sons  appelés  normaux  ; 

»  3".  Que  les  sons  normaux  présentent  des  dissemblances  de  premier 
ordre  quant  à  leur  principe  et  quant  aux  organes  qui  les  forment,  et  que,  par 
conséquent,  au  point  de  vue  physiologique  surtout,  il  convient  de  les  diviser 
en  plusieurs  groupes,  en  ayant  égard  au  mode  de  leur  production  ; 

»  4°.  Que  certains  Acanlhoptérygiens,  au  nombre  desquels  sont  les  Sau- 
rels,  ont  la  faculté  de  produire  des  sons  qui  procèdent  d'un  acte  de  leur 
volonté  ; 

»  5°.  Que  les  expériences  ci-dessus  exposées  prouvent  péremptoirement 
que  le  mécanisme  de  la  formation  de  ces  sons  se  réduit  à  un  frottement  des 
os  pharyngiens  supérieurs  sur  les  inférieurs  et  sur  les  aspérités  voisines  de 
ces  derniers  os; 

»  6°.  Que  l'air  atmosphérique  et  les  autres  gaz  contenus  dans  la  vessie 
aérienne  et  le  tube  digestif  des  poissons  restent  complètement  étrangers 
à  la  production  des  sons  normaux  que  j'ai  compris  dans  la  première  sec- 
tion.   » 

GÉOMÉTRIE.  —  Mémoire  sur  tes  surfaces  dont  les  lignes  de  courbure  sont  planes 
ou  sphériques;  par  M.  Picart.   (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Chasles,  Bertrand.) 

«  Monge  a  fait  connaître,  dans  son  Application  de  l'Analyse  à  la  Géométrie 
plusieurs  classes  de  surfaces  dont  les  lignes  de  courbure  sont  planes  ou 
sphériques  :  i"  celles  dont  les  lignes  de  courbure  d'un  système  sont  dans 
des  plans  parallèles;  2°  celles  dont  les  normales  sont  tangentes  à  un  cône; 
3°  celles  dont  les  normales  sont  tangentes  à  une  sphère.  M.  Joachimsthal  y  a 


(357  ) 
ajouté  les  surfaces  dont  les  lignes  de  courbure  d'un  système  sont  dans  des 
plans  passant  par  une  même  droite.  Mais  il  restait  à  résoudre  ce  problème 
général  :  Quelles  sont  les  surfaces  dont  les  lignes  de  courbure  sont  planes 
dans  les  deux  systèmes,  planes  dans  un  système  et  sphériques  dans  l'autre, 
enfin  sphériques  dans  les  deux  systèmes?  M.  Bonnet  (lo  janvier  i853)  pu- 
blia  une  étude  complète  des  surfaces  dont  toutes  les  lignes  de  courbure 
sont  planes.  Sa  méthode  consistait  à  déduire  des  propriétés  d'un  double 
système  de  cercles  orthogonaux  tracés  sur  \me  sphère  l'équation  aux  diffé- 
rentielles partielles  du  second  ordre,  puis  l'équation  sous  forme  finie  de 
ces  surfaces. 

»  M.  Serret,  après  avoir  pris  connaissance  de  l'extrait  du  Mémoire  de 
M.  Bonnet,  donna  de  la  même  question  une  autre  solution  très-élégante, 
fondée  sur  une  propriété  bien  connue  du  plan  d'une  ligne  de  courbure 
plane.  Celte  solution  nouvelle  fut  présentée  à  l'Académie  des  Sciences  le 
24  janvier  i853.  Ensuite  MM.  Bonnet  et  Serret  appliquèrent,  chacun  de 
leur  côté,  la  même  méthode  aux  siu'faces  à  lignes  de  courbure  planes  dans 
un  système  et  sphériques  dans  l'autre,  ou  sphériques  dans  les  deux  systèmes, 
et  ils  publièrent  presque  simultanément  les  résultats  de  leurs  recherches. 

»  Après  ces  travaux  remarquables,  la  solution  de  la  question  pouvait 
être  regardée  comme  complète  au  point  de  vue  analytique.  Mais  était-il 
possible  de  démontrer,  par  une  méthode  purement  géométrique,  les  prin- 
cipales propriétés  des  surfaces  à  lignes  de  courbure  planes  et  sphériques? 
C'est  là  le  problème  que  je  me  suis  proposé. 

»  J'étudie  d'abord  les  surfaces  dont  les  lignes  de  courbure  sont  planes 
dans  les  deux  systèmes  :  je  rattache,  comme  M.  Bonnet,  la  théorie  de  ces 
surfaces  à  la  considération  d'un  double  système  de  cercles  orthogonaux 
tracés  sur  une  sphère. 

»  Je  m'occupe  ensuite  des  surfaces  dont  les  lignes  de  courbure  sont 
planes  dans  un  système  et  sphériques  dans  l'autre.  Outre  les  résultats  déjà 
énoncés  par  MM.  Bonnet  et  Serret,  je  donne  les  suivants  : 

M  1".  Si  toutes  les  lignes  de  courbure  d'un  système  sont  situées  sur  des 
sphères  concentriques,  les  lignes  de  courbure  de  l'autre  système  sont  dans 
des  plans  passant  par  le  centre  commun  des  sphères  et  coupant  la  surface 
orthogonalement  ; 

u  1°.  Si  toutes  les  lignes  de  courbure  d'un  système  appartiennent  à  des 
sphères  ayant  leurs  centres  sur  une  même  droite,  et  telles  que  le  produit 
de  leur  rayon  par  le  cosinus  de  l'angle  qu'elles  forment  avec  la  surface 
soit  constant  ou  proportionnel  à  la  distance  de  leur  centre  à  un  point  fixe 


(  358  ) 
situé  sur  la  droite,  les  lignes  de  courbure  de  l'autre  système  sont  dans  des 
plans  parallèles  à  la  droite  ou  passant  par  un  même  point  de  cette  droite; 

»  3°.  Si  les  lignes  de  courbure  d'un  système  sont  dans  des  plans  parallèles 
à  une  même  droite,  et  coupant  la  surface  sous  un  angle  dont  le  cosinus 
est  proportionnel  à  leur  distance  à  une  droite  fixe,  les  lignes  de  courbure 
de  l'autre  système  appartiennent  à  des  sphères  dont  les  centres  sont  situés 
sur  cette  droite. 

»  Quant  aux  surfaces  dont  toutes  les  lignes  de  courbure  sont  sphériques, 
j'en  donne  une  théorie  toute  nouvelle,  fondée  sur  cette  propriété  des  deux 
systèmes  de  sphères  qui  contiennent  les  lignes  de  courbure  sphériques  :  que 
chaque  sphère  d'un  sjstème  coupe  toutes  les  sphères  de  l'autre  système  sous  des 
angles  dont  les  cosinus  sont  proportionnels  aux  cosinus  des  angles  que  ces  mêmes 
sphères  forment  avec  la  surface. 

n  Je  démontre  ainsi  que  les  centres  des  sphères  des  deux  systèmes  sont 
ou  sur  une  même  droite  ou  dans  un  même  plan,  que  les  sphères  d'un 
même  système  passent  par  un  même  cercle  ou  par  deux  mêmes  points  qu'on 
peut  toujours  rendre  réels  par  une  dilatation  convenable  de  la  surface,  de 
telle  sorte  que  toutes  les  surfaces  à  lignes  de  courbure  sphériques  sont  des 
transformées  par  rayons  vecteurs  réciproques  des  surfaces  à  lignes  de  cour- 
bure planes  ou  à  lignes  de  courbure  planes  et  sphériques,  ou  sont  des  sur- 
faces parallèles  à  ces  transformées. 

»  J'applique  la  même  méthode  aux  surfaces  à  lignes  de  courbure  planes 
et  aux  surfaces  à  lignes  de  courbure  planes  et  sphériques.  Je  retrouve  ainsi 
très-simplement  tous  les  résultats  déjà  fournis  par  des  considérations  diffé- 
rentes. 

»  J'aurais  pu  me  borner  à  cette  nouvelle  solution  qui  est  commune  aux 
trois  catégories  de  surfaces,  et  qui  me  paraît  une  des  plus  simples  et  des  plus 
élémentaires  qu'on  puisse  proposer. 

»  Je  donne  ensuite  la  génération  des  surfaces  enveloppées  de  sphères  dont 
toutes  les  lignes  de  courbure  sont  planes  ou  sphériques;  je  démontre  entre 
autres  ce  théorème  remarquable  que,  si  le  centre  d'une  sphère  se  meut  sur 
ijne  surface  de  révolution  du  second  ordre  et  si  son  rayon  est  proportionnel 
(le  coefficient  de  proportionnalité  ayant  une  valeur  convenable)  à  la  dis- 
tance de  son  centre  au  plan  de  l'équateur  de  la  surface,  l'enveloppe  de  cette 
sphère  mobile  a  toutes  ses  lignes  de  courbure  sphériques.    » 


(  359  ) 

CHIMIE  Mir*ÉKALE.  —  Absorption  de  Caboté  par  les  corps  simples.  Note  en 
réponse  aux  observations  présentées  par  M.  Despretz;  par  M.  H.  SajSte- 
Claire  Ï)eviixe. 

«  M.  Despretz,  dans  la  séance  du  i"  février  i858,  a  demandé  la  parole  à 
propos  d'une  communication  faite  au  nom  de  M.  Wôhler  et  au  mien  dans 
la  séance  précédente  (Comptes  rendus  du  a5  janvier  i858,  page  i86),  et  il  a 
considéré  comme  inexacte  la  proposition  suivante  que  nous  avons  émise  ; 
\je  bore  est  le  seul  corps  qui,  en  brûlant,  se  combine  en  même  temps  avec 
les  deirs  éléments  de  l'air,  l'azote  et  l'oxygène.  D'après  M.  Despretz  le  fer 
jouirait  des  mêmes  propriétés  et  serait  capable  d'absorber  en  brûlant  l'azote 
et  l'oxygène.  Pour  prouver  qu'il  n'en  est  pas  ainsi,  il  faut  faire  brûler  le  fer 
dans  l'air  et  analyser  les  produits  de  cette  combustion,  ou  bien  simplement 
rechercher  l'azote  dans  les  battitures  où  déjà  M.  Berthier  et  M.  Mosander 
n'ont  trouvé  que  du  fer  et  de  l'oxygène.  lo  grammes  de  battitures  traités 
successivement  par  l'acide  sulfurique  et  un  excès  de  soude  caustique  n'ont 
pas  donné  trace  d'ammoniaque  dans  les  appareils  les  mieux  combinés  pour 
en  constater  la  présence.  Cette  expérience  nouvelle,  qui  est  d'ailleurs  une 
simple  confirmation  des  faits  connus,  nous  autorise  à  maintenir  notre  asser- 
tion. Nous  ferons  remarquer  en  outre  que,  pour  espérer  de  trouver  l'azote 
dans  la  combustion  complète  d'un  corps  simple  dans  l'air,  il  faut  deux 
conditions  :  l'oxydabilité  du  corps  simple  et  l'inaltéiabililé  de  son  azoture 
dans  l'oxygène.  Or  l'azoture  de  bore,  d'après  les  expériences  de  M.  Wohler, 
est  inaltérable  dans  l'oxygène  et  même  dans  le  chlore.  Aucun  autre  azoture, 
pas  même  l'azoture  de  titane,  ne  satisfait  à  cette  condition;  notre  propo- 
sition est  donc  encore  inattaquable  à  ce  point  de  vue  général. 

»  Je  demanderai  à  l'Académie  la  permission  d'ajouter  quelques  mots  à 
cette  réponse  pour  affirmer  que  nous  connaissions  parfaitement  les  expé- 
riences devenues  classiques  de  M.  Despretz  sur  l'absorption  de  l'ammonia- 
que parles  métaux;  qu'elles  sont  citées  par  nous  plusieurs  fois  et,  en  ))ar- 
ticulier,  dans  notre  Mémoire  sur  le  bore  (  Annales  de  Chimie  et  de  Pliysique, 
tome  LU,  page  83  ).  Si  elles  ne  sont  pas  rappelées  dans  notre  dernière  com- 
munication, c'est  que,  dans  notre  opinion,  elles  n'ont  aucun  rapport  avec 
le  sujet  que  nous  traitons,  puisque  l'ammoniaque  qui  se  combine  au  fer 
pour  former  un  ammoniure  ou  un  azoture  très-instable,  n'existe  pas  dans 
l'air  comme  élément  essentiel.  Mais  nous  ignorions  complètement  les  expé- 

C.  R.,  i858,   I"  Scm/î.urc.  (T.XLVI,  A-?,)  47 


(  36o  ) 
riences  rapportées  à  la  fin  de  la  Note  de  M.  Despretz,  d'où  il  résulte  que  le 
fer  absorbe  l'azote  produit  par  la  décomposition  du  bioxyde  d'azote  par  le 
cuivre.  Ces  expériences  n'ont  été  publiées  que  dans  des  livres  élémentaires, 
et  il  est  bien  rare  que  l'on  ait  à  recourir  à  ces  sources  pour  vérifier  la  nou- 
veauté d'un  fait  ou  d'une  assertion.  Voici  le  passage  du  traité  de  MM.  Pe- 
louze  et  Fremy,  où  s'est  faite  la  publication  de  M.  Despretz  (2*  édition, 
tome  II,  page  45 1). 

o  Azolure  de  fer.  —  lie  fer,  chauffé  au  rouge  sombre  dans  un  tube  de 
»  porcelaine  et  soumis  pendant  plusieurs  heures  à  l'action  d'un  courant 
»  de  gaz  ammoniac,  devient  blanc,  cassant,  peu  altérable  à  l'air.  Il  éprouve 
»  alors  une  augmentation  de  poids  qui  peut  s'élever  jusqu'à  12  pour  100 
«  de  son  propre  poids  (M.  Despretz).  On  admet  généralement  qu'il  se  forme 
"  dans  cette  réaction  un  azoture  de  fer  ;  mais  la  composition  de  ce  corps 
»  n'a  pas  encore  été  déterminée;  quelques  chimistes  supposent  même  que 
•>   ce  composé  renferme  de  l'hydrogène. 

»  L'azoture  de  fer  se  dissout  dans  les  acides  faibles  en  produisant  des. 
»  sels  ammoniacaux  et  en  dégageant  de  l'hydrogène  et  de  l'azote.  Une  tem- 
»   pérature  blanche  le  décompose  et  en  sépare  de  l'azote. 

»  L'azoture  de  fer  prend  encore  naissance  lorsqu'on  soumet  l'oxyde  de 
»  fer  à  l'action  du  gaz  ammoniac.  Ce  corp>s  se  forme  également,  mais  en 
»  faible  proportion,  quand  on  fait  passer  sur  le  fer  chauffé  au  rouge  un 
»  courant  d'azote.  » 

»  M.  Despretz,  dans  sa  Note  du  i"  février  t858,  complète  cette  publi- 
cation en  donnant  le  procédé  d'expérimentation  qu'il  a  adopté  et  qui  con- 
siste à  faire  passer  sur  le  fer  un  courant  de  bioxyde  d'azote  dépouillé 
d'oxygène  par  le  cuivre  métallique. 

»  Nous  ferons  remarquer  à  cet  égard  que  la  pratique  des  analyses  orga- 
niques a  appris  récemment  que  le  cuivre  ne  possède  pas  d'une  manière 
absolue  la  faculté  qu'on  lui  attribuait  de  dépouiller  d'oxygène  le  bioxyde 
d'azote.  Quelle  que  soit  la  longueur  de  la  colonne  de  cuivre  employée  pour 
réduire  les  composés  oxygénés  (te  l'azote,  on  a  souvent,  soit  du  bioxyde 
d'azote,  soit  du  protoxyde  d'azote  dans  le  gaz  recueilli  dans  le  cours  de 
l'opération,  et  on  est  obligé  de  prendre  des  précautions,  pour  tenir  compte 
de  cette  cause  d'erreur  qui  peut  devenir  préjudiciable  à  l'exactitude  de 
l'analyse,  si  l'azote  est  mélangé  de  son  bioxyde.  C'est  probablement  cette 
cause  d'erreur  qui  a  influé  sur  les  observations  de  M.  Despretz,  car  en  pre- 
nant de  l'azote  pur,  l'absorption  de  l'azote  par  le  fer  devient  absolument 


(36i) 
nulle.  En  effet,  on  a  fait  passer  sur  du  fer  bien  décapé,  bien  pur  et  en  fils  fins 
pesant  lo*',  498  et  porté  à  la  température  à  laquelle  M.  Despretz  détermine 
l'absorption  de  l'ammoniaque  par  le  fer,  un  courant  prolongé  d'azote  pur 
et  sec  provenant  de  l'air  qui  a  traversé  une  longue  colonne  de  cuivre  in- 
candescent, et  on  a  trouvé  le  même  poids  à  moins  d'un  demi-milligramme. 
En  outre,  le  fer  u'avait  nullement  changé  d'aspect. 

»  Cette  expérience  rend  probable  la  présence  d'un  ammoniure  ou  d'un 
amidure  dans  ce  que  M.  Despretz  appelle  dans  son  Mémoire  le  fer  ammoné, 
et  démontre  que  l'azote  pur  et  nou  combiné  ne  s'unit  encore  directement 
qu'au  bore  et  au  titane,  comme  nous  l'avons  fait  voir,  M.  Wohier  et  moi.  » 


CORRESPONDANCE. 

S.  Exe.  M.  LE  Ministre  de  l'Instrdction  publique  et  des  Cultes  annonce 
à  l'Académie  qu'il  l'autorise  a  prélever  sur  les  reliquats  des  fonds  Montyon 
une  somme  de  1 2o5  francs  pour  former  un  second  prix  de  Physiologie 
expérimentale  accordé  à  M.  Brown-Séquard,  et  pour  porter  de  600  francs 
à  1000  francs  le  prix  d'Astronomie  partagé  entre  MM.  Goldschmidt 
et  Bruhns. 

kSTRONOmE.  —  Premier  retour  de  la  comète  découverte  en  i85i  parM.  d'Arrest, 
observée  au  Cap  de  Bonne-Espérance  ;  Lettre  de  M.  Maclear  à  M.  Yvon 
Villarceau,  communiquée  par  M..  Le  Verrier. 

•  Obserratoire  royal  du  Cap  de  Bonne-Espéraoce;  iSS;,  décembre  aS. 

«  Une  première  tentative  pour  retrouver  la  comète  de  d'Arrest  de  6,4  ans 
de  période  étant  restée  sans  succès,  je  désespérai  de  la  découvrir,  au  point 
d'en  abandonner  la  recherche  pendant  le  clair  de  lune  qui  précéda  le  pas- 
sage au  périhélie. 

»  Ayant  recommencé  mes  recherches  le  4  courant,  je  découvris  immé- 
diatement la  comète  sans  trop  de  difficulté  ;  et  elle  a  été  observée  depuis 
cette  époque  jusqu'à  présent,  lorsque  le  temps  le  permettait,  ou  plutôt  lors- 
qu'un nuage  local  ne  s'y  opposait  pas;  car  la  ligne  de  visée  passe  au  bas 
et  le  long  du  côté  nord  du  voile  nuageux  qui  couvre  le  sommet  de  la  mon- 
tagne de  la  Table  pendant  plusieurs  jours  consécutifs  à  cette  époque  de 
l'année. 

»  J'espère  que  la  comète  sera  encore  visible  pendant  une  quinzaine  :  son 

47- 


(  3Gi  ) 

image  est  celle  d'une  nébulosité  circulaiie  évanesceiite,  et  décidément  plus 
Ijiillaiite  au  centre  que  ver!»  les  bords.  Elle  est  si  taible,  que  toute  lumière 
itftificielle  doit  être  écartée,  ej^cepté  lorsque  momentanément  on  procède  à 
la  lecture  des  divisions  de  linstrument. 

M  Votre  éphéméride  dérivée  de  l'hypothèse  (?N==  o"  est  l'approximation 
la  plus  voisine  de  la  trajectoire  apparente. 

»  La  plupart  des  étoiles  auxquelles  la  comète  a  été  comparée  spnt  fai- 
bles, et  il  s'écoulera  quatre  mois  avant  qu'on  puipse  les  observer  aux  instru- 
ments méridiens.  D'ici  là,  les  seules  réductions  qui  pourront  s'effiectuer  sont 
les  corrections  relatives  à  l'état  de  la  pendule  et  à  la  réfraction. 

»  L'instrument  dont  je  me  suis  servi  a  un  objectif  de  8  pieds  ^  de  distance 
focale  et  de  sept  pouces  d'ouverture;  il  est  muni  d'un  micromètre  à 
plaques.  » 

«  L'Académie  sait,  ajoute  M.  Le  Verrier,  que  la  comète  de  d'Arrest  a  été 
l'objet  de  recherches  suivies  de  la  part  de  M.  Yvon  Villarceau.  Qu'on  me 
permette  de  les?  rappeler  brièvement. 

»  Dans  luie  première  communication  (séance  du  i8  août  i85i),  M.  Yvon 
Villarceau  a  annoncé  la  périodicité  de  la  comète  de  d'Arrest  et  fixé  approxi- 
mativement la  durée  de  la  révolution,  en  employant  des  observations  qui 
comprenaient  un  intervalle  de  35  jours. 

K  La  Seconde  communication  (séance  du  27  octobre)  présente  un  sys- 
tème d'éléments  affectés  d'une  indéterminée,  quoique  les  observations  com- 
prennent un  espace  de  trois  mois;  les  limites  de  l'indéterminée  laissent  une 
incertitude  d'un  mois  seulement  sur  le  retour  au  périhélie  en  1857. 

»  Le  6  décembre  iS5i,  M.  Yvon  Villarceau  présente  à  l'Académie  un 
Mémoire  très-étepdij,  d^ns  lequel  il  montre  l'impossibilité  de  fixer,  à 
moins  de  10  jours  prés,  la  durée  de  la  révolution  ;  et  cependant  rien  n'avait 
été  négligé  pour  donner  la  plus  grande  précision  aux  résultats:  toutes  les 
observations  de  la  comète  comprenant  un  intervalle  de  99  jours  avaient  été 
employées,  les  positions  des  étoiles  de  comparaison  avaient  été  déterminées 
par  lui  auif  instrunjents  méridiens  et  les  perturbations  calculées. 

»  C'est  en  partait  des  éléirjents  ainsi  obtenus  que  M.  Y%'ou  Villarceau, 
dans  le  but  de  faciliter  la  recherche  de  la  comète,  a  construit  les  éphémé- 
rides  qu'il  a  présentées  à  l'Académie  le  i"  juin  1857.  Ces  éphémérides  sont 
relatives  à  trois  hypothèses  sur  la  correction  (?N  du  moyen  mouvement 
obtenu  dans  le  calcul  des  éléments,  qui  sont  respectivement  +5",  o"et-^5". 
A  ces  nombres  répondent  les  époques  suivantes  des  passages  au  périhélie  : 


(  363  ) 

i857,  iiov.  7,7..,  28,7...  et  déc.  19, S...  Les  éphémérkles  sont  étendues 
du  9  juillet  18.57  au  26  janvier  i858. 

»  Il  était  nécessaire  aussi,  afin  de  ne  pas  décourager  les  observateurs  qui 
auraient  fait  des  tentatives  infructueuses,  de  donner  le  tableau  de  la  varia- 
tion de  l'éclat  de  la  comète.  Ainsi,  les  observateurs  ne  pouvaient  manquer 
de  poursuivre  les  recherches  jusqu'à  ce  que  la  comète,  qui  devait  être  très- 
faible,  eut  acquis  l'éclat  maximum  qu'elle  pouvait  atteindre.  Ce  n'est 
effectivement  qu'à  l'époque  où  ce  maximum  a  eu  lieu,  que  M.  Maclear  put 
l'apercevoir  :  alors,  la  comète  ne  devait  posséder  qu'un  éclat  dépassant  à 
peine  la  moitié  de  celui  dont  elle  jouissait  à  l'époque  où  on  a  cessé  de  la 
voir  en  Europe  en  i85i.  M.  Yvon  Villarceau  prévit  bien  qu'on  ne  pour- 
rait apercevoir  la  comète  dans  les  observatoires  septentrionaux,  et  il  a 
expédié  ses  éphémérides  aux  observatoires  de  l'hémisphère  austral.  Ses  pré- 
visions se  sont  donc  réalisées  de  tout  point. 

«  Quoiqu'on  n'ait  pas  encore  les  observations  de  M.  Maclear,  on  peut 
dès  à  présent  induire  de  son  assertion,  que  la  durée  de  la  révolution  de  la 
comète  diffère  de  moins  de  ro  jours  de  celle  qui  paraissait  à  M.  Yvon  Villar- 
ceau être  la  plus  probable.  D'ici  à  quelques  mois  nous  connaîtrons  la  durée 
exacte  de  la  périorJe;  et,  en  tenant  compte  des  perturbations,  il  sera  sans 
doute  possible  de  fixer  le  retour  au  périhélie  qui  aura  lieu  vers  le  commen- 
cement d'avril  1864,  à  une  fraction  de  jour  près. 

»  L'astronomie  s'est  donc  enrichie  d'une  comète  périodique  de  plus  :  qu'il 
nous  soit  permis,  en  terminant,  de  remercier  hautement  M.  Maclear  de  la 
sollicitude  avec  laquelle  il  s'est  livré  aux  recherches  qui  devaient  assurer  à 
l'astronomie  une  nouvelle  conquête.  « 


;a 


kS    .'H. 


ASTRONOMIE.  —  Découverte  de  la  S-i' petite  planète  ;  Lettre  de  M   GoLUscnsiiDr 

iiViii,|  j.i  i»  Il  à  M.  Élie  de  Beaumont.i  ')  /imsth 

«  Permettez-moi  de  vous  exprimer  ma  gratitude  et  la  grande  satisfaction 
que  j'ai  éprouvée  à  l'occasion  du  prijt  d'Astronomie  que  l'Académie  a  bien 
voulu  m'accorder.  Veuillez,  je  vous  prie,  dirç  à  l'Académie  combien  j'ai  été 
sensible  à  cette  distinction. 

»  Je  ne  saurais  mieux  y  répondre  que  par  une  nouvelle  découverte  que 
vous  avez  bien  voulu  annoncer  à  la  séance  annuelle  de  lundi  dernier.  Cette 
découverte  de  la  5^/  planète,  et  de  ma  10",  a  été  faite  le  4  de  ce  mois 
à  10  heures  Bo  minutes  du  soir.  Le  5  an  soir  le  ciel  était  couvert;  mais  le  6, 


(  364  ) 
après  avoir  observé  chez  moi,  je  suis  allé  l'annoncer  à  M.  le  Directeur  de 
l'Observatoire.  En  voici  les  positions  obtenues  par  moi  : 

h.     m.     s.  h.     m.     s. 

@  Planète  (*),  4  février  io.5o.oo  m  10.47.   5, 00  Déclin.  -1-12°    2' 

6  .        8.55.00  Si  10.45.44,48            ^  -+-  12°  i5'  58" 

7  »       1 1.38.30  M  10.45.   3,25            S  +  12»  21'  38" 

8  .-       n.   4.3o  «   10.44.27,88            S  +  12°  28'  II" 

9  »       10.55.00  B.   co. 43.50, 46            S  +   12°  35'  49" 

La  planète  ressemble  à  une  étoile  de  10*  de  grandeur.  » 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planète  (S),  10*  grandeur,  faites  à  l'Obser- 
vatoire impérial  de  Paris. 

Nombre  de  comp.      Etoile 


T.  m.  de  Paris. 

X 

(Q 

en  «^. 

en(D- 

de  comp. 

Obserr. 

I8S8  Février  6 

h    m    9 
11.35.  8,7 

b     m     9 
10.45.40,59 

0    '     • 
-h  12. i5.  2,2 

5 

4 

(«) 

Lépissier. 

7 

11.37.49,2 

45.  3,83 

-(-12.21. 47, 5 

3 

I 

(«) 

Id. 

8 

11.54.16,3 

44.26,13 

-1-12.28.32,7 

6 

3 

(«) 

Id. 

8 

13.25.28,4 

44-23,37 

-(-12.29.  8>4 

3 

2 

(i) 

Besse-Bergier. 

9 

13.32.34,4 

43.44,57 

-+-12.35.49,5 

4 

2 

(i) 

Lépissier. 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  en  iB58,o. 

h     m     9  o     '      » 

f«)  20951  Lai.  Lion.    8*  gr.  Jlo  =  10. 45.59, o5  (D  =-(- 12.18.42,9 

(*)  20876  Lai.  Lion.     7'  gr.  10.43.40, 49  -t- 12. 19.67,7 

ASTRONOMIE.  —  Note  (/eM.  Gbacornac  sur  les  taches  solaires.  (Présentée  par 

M.  Le  Verrier.) 

«  Au  sujet  de  la  Note  du  P.  Secchi,  imprimée  au  Compte  rendu  de  la 
séance  du  i"  février,  et  relative  à  la  tache  solaire  des  11  et  i  a  janvier  der- 
nier, je  prie  l'Académie  de  me  permettre  de  mentionner  les  observations 
que  j'ai  faites  de  cette  tache  en  lui  rappelant  les  communications  dont  j'ai 
eu  l'honneur  de  l'entretenir  en  i853. 

»  Dès  le  3  janvier  i858,  j'observais  la  tache  dont  parle  le  P.  Secchi;  elle 
venait  alors  d'entrer  sur  l'hémisphère  visible  de  l'astre.  L'état  du  ciel,  qui 
est  resté  à  Paris  à  peu  près  constamment  couvert  du  8  au  27,  ne  m'a  pas 


(*)  La  position  du  4  février  n'a  été  obtenue  que  graphiquement  à  la  suite  d'un  accident- 
arrivé  au  micromètre. 


(  365  ) 
permis  de  la  voir  aux  mêmes  époques  que  l'astronome  du  Collège  romain, 
mais  j'ai  pu  suivre  du  3  au  7  les  divers  phénomènes  qu'elle  a  présentés  : 
ceux-ci  ne  m'ont  paru  différer  en  rien  de  ce  que  j'observe  journellement 
dans  de  plus  petites  taches.  Les  dimensions  de  celte  immense  ouverture  de 
la  photosphère  solaire  étaient  considérables,  et  le  groupe  de  points  noirs 
qui  la  suivait  employait,  le  7  janvier,  34  secondes  de  temps  à  passer  au  fil 
méridien.  J'en  ai  fait  durant  cette  apparition  et  pendant  la  seconde  qu'elle 
vient  d'achever,  plusieurs  dessins.  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
celui  qui  représente  l'aspect  de  la  tache  vue  le  6  janvier  de  10  à  11  heures 
du  matin  avec  l'excellente  lunette  de  M.  Secrétan  (i). 

»  Je  n'entreprendrai  pas  de  décrire  sa  structure  compliquée,  telle  que  la 
montre  le  dessin  ;  je  rappellerai  seulement  qu'elle  est  tout  à  fait  analogue  à 
celle  de  plusieurs  taches  dont  les  figures  ont  été  à  différentes  époques  pré- 
sentées à  l'Académie  par  M.  Le  Verrier. 

»  L'aspect  strié  des  pénombres,  la  convergence  de  ces  stries  vers  le  centre 
de  figure  du  noyau  n'est  pas  une  observation  nouvelle,  .l'ai  lu  il  y  a  long- 
temps une  Note,  imprimée  dans  un  annuaire  italien,  dans  laquelle  l'astro- 
nome italien  lui-même  décrivait  très-nettement  ces  apparences.  Dès  le 
commencement  de  mes  observations  sur  les  taches  solaires  en  1849,  je 
recherchai  quels  phénomènes  donnent  lieu  à  cette  structure  rayonnée  des 
pénombres,  et,  comme  s'exprime  le  P.  Secchi,  je  crus  voir,  dans  une  tache 
du  1 1  mars  de  la  même  année,  l'indice  d'une  matière  incandescente  en 
fusion  se  précipitant  par  torrents  dt^ns  le  vide  formé  par  le  noyau.  Je  me 
servais  alors  d'une  lunette  de  4  pouces  d'ouverture,  et  mes  observations 
étaient  faites  a  des  époques  trop  distantes  les  unes  des  autres  pour  me  per- 
mettre de  saisir  la  nature  des  causes  qui  produisent  ces  apparences.  Je  ne 
vis  aucun  changement  s'effectuer  durant  ces  observations. 

»  Je  poursuivis  toutefois  à  l'Observatoire  de  Marseille  ces  reclierches 
avec  l'espoir  de  saisir  dans  les  détails  de  la  structure  des  taches  quelqvie 
changement  rapide  ;  je  choisis  surtout  dans  ce  but  les  ruisseaux  brillants 
qui  semblent  couler  des  facules  des  bords  des  taches  dans  la  pénombre  de 
celles-ci,  et  je  suivis  sans  interruption  les  divers  phénomènes  qu'ils  pré- 
sentent. 

»  Je  mentionnerai  que,  dans  deux  Mémoires  présentés  à  l'Académie,  l'un 
avec  le  mois  d*  juin,  l'autre  dans  le  mois  d'octobre  de  l'année  i853,  j'ai 


(i)  Cette  lunette  a  25  centimètres  d'ouverture  et  3™, 94  Je  distance  focale.  Elle  montre 
Irès-distinctement  les  deux  composantes  de  l'étoile  de  1 4' grandeur  visible  entre  p,  et  8j 
du  Capricorne. 


(  366  ) 
décrit  avec  détails  les  divers  phénomènes  que  ces  recherches  m'ont  fait 
découvrir,  et  je  résumerai  dans  Cette  Note  le  caractère  des  principaux  qne 
je  signalai.  -j^hmi 

>•  En  observant  horairement  certaines  parties  des  torrents  lumineux  qni 
se  jettent  dans  la  pénombre,  en  remarquant  par  exemple  une  forme  caracté- 
ristique d'un  de  leurs  nuages,  on  voit  couler  réellement  la  matière  lumi- 
neuse des  fiacules  dans  la  dépression  qne  forme  la  pénombre,  de  même  qne 
l'on  observe  semblablement  les  ruisseaux  des  pénombres  se  déverser  dans 
la  partie  inférieure  des  noyaux  ;  en  sorte  qu'on  voit  la  matière  lumineuse, 
descendant  ainsi  d'une  enveloppe  dans  l'autre,  s'accumuler  dans  la  partie 
inférieure  où  se  verse  le  courant. 

»  Une  observation  plus  importante  et  |)eu  en  rapport  avec  les  théories 
qui  voudraient  que  l'enveloppe  extérieure  du  soleil  fût  composée  d'une 
matière  homogène  et  également  lumineuse,  c'est  la  suivante  ;  j'ai  vu  les 
courants  de  facules,  se  déversant  dans  la  pénombre,  perdre  peu  à  peu  leur 
éclat  à  mesure  que  leur  surface  se  ridait,  se  pointiller  d'une  multitude  de 
pores  et  devenir  enfin  assez  sombres  pour  apparaître  de  la  même  intensité 
lumineuse  que  les  pénombres. 

M  Ces  phénomènes  ne  paraissaient  pas  altérer  sensiblement  la  forme 
des  courants  ;  on  pouvait  les  reconnaître  plusieurs  jours  de  suite  à  leur 
caractère  distinctif.  De  même,  j'ai  vu  les  ruisseaux  lumineux  de  la  pénombre 
descendre  dans  la  partie  inférieure  du  noyau  en  s'obscurcissani  de  plus  eu 
plus  ;  je  les  ai  aperçus  plusieurs  jours  comme  des  cirrus  déliés  paraissant 
fondre  ou  se  diviser  en  fragments. 

»  En  résumant  l'impression  que  me  laissaient  tous  ces  phénomènes,  je  di- 
sais, dans  mon  second  Mémoire,  voir  les  pénombres  se  former  de  la  matière 
lumineuse  des  facules  qui  entoure  le  noyau  primitif  d'une  tache,  par  la 
diminution  graduelle  de  l'éclat  de  ces  facules,  et  la  dispersion  partielle  de 
cette  matière  lumineuse  qui  les  compose  ;  tandis  que  j'observais  les  noyaux 
se  former,  s'agrandir  par  l'obscurcissement,  et  une  résorption  semblable 
des  nuages  des  pénombres  qui  descendent  dans  la  partie  inférieure.        •      i' 

»  Les  taches  présentent  des  phases  bien  tranchées  pendant  lesquell^eS  Tels 
nuages  des  pénombres  s'obscurcissent  rapidement,  puis,  immédiatement 
après  la  cessation  de  ces  phénomènes,  les  facules  s'amoncellent  sur  les  borrls 
do  la  tache,  s'avancent  au-dessus  de  la  cavité  formée  par  la  pénombre  et  y 
coulent  par  torrents,  en  la  comblant  de  matière  hunineuse.  J'ai  donné  pour 
une  tache  observée  le  27  février  i85'i  la  vitesse  avec  laquelle  les  facules 
s'avancent  ainsi  au-dessus  des  pénombres;  elle  était  de  4'0  mètres  par 
seconde,  c'est-à-dire,  que  durant  cinq  heures  d'observation  une  large  facule 


(  367  ) 
aux  formes  arrondies  semblable  à  celles  de  nos    nuages  cumulus   s'était 
avancée  en   surplomb  et    au-dessus  de  la  pénombre  de  cette    tache,  de 
lo  secondes  d'arc. 

»  Lorsque  les  facules  des  bords  d'une  tache  entrent  ainsi  en  agitation,  il 
surgit  dans  toutes  les  enveloppes,  des  cirrus  de  matière  lumineuse  qu'on 
voit  se  former  par  la  condensation  de  cette  matière,  semblableraent  à  la  for- 
mation de  nos  nuages  atmosphériques;  l'enchevêtrement,  la  configuration 
de  ces  cirrus  semble  indiquer  que  les  enveloppes  ont  dans  cette  phase  de  la 
tache  une  tendance  à  se  reconstituer. 

»  Deux  taches  voisines  se  réunissent  par  la  transformation  successive  des 
nuages  lumineux  qui  les  séparent  en  nuages  sombres,  et  l'on  observe  ceux- 
ci  descendre  graduellement  dans  le  noyau  de  la  plus  grande.  Quand  les 
taches  s' effacent,  elles  se  subdivisent  par  des  ponts  de  matière  lumineuse 
dont  le  volume  augmente  de  plus  en  plus,  etc. 

»  J'ai  continué  d'observer  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris  et  avec 
des  instruments  plus  puissants  tous  ces  phénomènes.  Ces  observations  me 
permettraient  d'ajouter  aux  faits  précédents  des  remarques  nouvelles  ;  je 
pourrais,  par  exemple,  rapprocher  les  formes  de  certains  cirrus  lumineux 
de  celles  tout  à  fait  identiques  des  flammes  rouges  dessinées  dans  le  Mémoire 
de  M.  Julius  Schmidt,  sur  l'éclipsé  totale  de  soleil  du  uS  juillet  i85i.  Cet 
astronome  distingué  ayant  observé  ces  flammes  avec  de  forts  grossissements, 
paraît  avoir  étudié  leur  structure  avec  soin.  Je  pourrais  dire  aussi  que  dans 
la  partie  inférieure  des  taches  solaires,  j'ai  toujours  remarqué,  contraire- 
ment à  ce  que  décrit  lastronome  romain,  les  traces  d'enveloppes  sombres 
et  nuageuses  dont  les  cirrus,  et  en  général  tous  les  nuages,  présentent  des 
formes,  des  changements  parfaitement  analogues  à  ceux  des  nuages  des  en- 
veloppes extérieures,  leur  éclat  apparaissant  seulement  beaucoup  plus  faible 
et  leur  structure  plus  poreuse  ;  mais  je  me  propose  de  rassembler  tous  les 
dessins  que  ce  travail  m'a  fournis,  et  dont  le  nombre  s'élève  à  plus  de  mille, 
dans  une  Iconographie  qui  se  publiera  dans  les  Annales  de  l'Observatoire 
impérial  de  Paris.  On  trouvera  dans  ce  recueil  une  description  détaillée  des 
changements  que  j'ai  observés  a  la  surface  du  soleil.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sur  l'action  du  perchlorure  de  phosphore  sur  le 
chlorure  de  benzoïle  ,■  par  MM.  L.  Chichkoff  et  A.  Rosing. 

«  En  faisant  dériver  les  acides  monobasiques  du  type  eau,  on  a  admis  la 

C.    R.    i858,    i"-  Semestre.  (1.  XLVl,  ^°  7.)  48 


(  368  ) 
préexistence  d'un  groupe  oxygéné  qu'on  regarde  comme  leur  radical.  Ainsi 


HT"    H  )""    H    r" 


Ac.  acétique.  Ac.  benzoïque. 

n  En  effet,  les  groupes  C4  H,  Oj,  C,^  H5  O,,  etc.,  se  conservent  et  s'échan- 
gent dans  une  série  de  doubles  décompositions  qui  ont  lieu  avec  les  acides 
eux-mêmes  ou  leurs  dérivés.  L'hypothèse  des  radicaux  oxygénés  rend  donc 
bien  compte  de  ces  réactions,  qui  s'envisagent  nettement  en  supposant  les 
groupes  précédents  restant  intacts  quand  dans  les  acides,  HO2  est  remplacé 
par  Cl,  Br,  I,  Cy,  et  quand  les  chlorures,  bromures,.. . .  ainsi  formés,  entrent 
en  double  décomposition  avec  d'autres  groupes. 

»  Il  s'agissait  maintenant  de  savoir  si  par  des  réactions  plus  énergiques 
et  plus  profondes  qui  attaquent  le  groupe  oxygéné,  le  radical  lui-même,  on 
obtiendrait  des  composés  qui  permettaient  encore  de  régénérer  les  corps 
primitifs,  ou,  autrement  dit,  si  en  détruisant  le  groupe  oxygéné,  on  reste 
encore  dans  la  même  série  des  corps. 

»  On  sait  que  lesnitriles  (éthers  cy  an  hydriques)  qui  prennent  naissance 
par  l'action  de  la  chaleur  sur  les  sels  ammoniacaux  des  acides  monobasi- 
ques et  dans  lesquels  l'oxygène  du  radical,  admis  dans  l'acide,  est  éliminé 
par  l'action  de  la  potasse,  régénèrent  des  acides  qui  généralement  sont 
regardés  comme  étant  identiques  avec  les  acides  d'où  ils  dérivent. 

^*\^Ao,-  aU.O,^  C,B,,  C,Az. 

Acétate  d'ammoniaque.  Cyanure  de  mélhyle. 

C,H3,  CAz  +  KJQ^^jj^Q^^C.HjO.JQ^^^^jj^ 
H I  R       j 

Cyanure  de  méibyle.  Acétate  de  potasse. 

).  La  découverte,  faite  par  M.  Wurtz,  du  pouvoir  rotatoire  dont  l'acide, 
caproïque,  obtenu  de  son  nitrile  (cyanure  d'amyle),  est  doué  et  qui  manque 
dans  l'acide  caproïque  ordinaire,  a  fait  douter  de  l'identité  de  ces  acides. 

»  C'était  pour  étudier  ces  questions  que  nous  nous  sommes  proposé  d'es- 
sayer l'action  du  perchlorure  de  phosphore  sur  les  chlorures  des  acides 
afin  de  constater  si  ce  réactif  dans  d'autres  circonstances,  savoir  sous  l'in- 
fluence prolongée  d'une  température  plus  élevée,  agirait  pour  éliminer  le 
restant  d'oxygène  que  ces  corps  contiennent. 


(369) 
»  Par  exemple  : 

C,H,0a,Cl-4-  PCl5=C4H3Cl3  +  PO,Cl3; 

Chlorure  d'acétyle. 

C^^HsO,,  Cl  +  PCl5  =  C.^HsCl,  +  POXI3. 

Chlorure  de  benzoïle. 

»  On  voit  que  les  corps  C4H3CI3,  C,4H5Cl8  seraient  avec  leurs  acides 
respectifs,  dans  la  même  relation  que  le  chloroforme  avec  l'acide  formique: 

Cj  HjOj  Cj  H  CI3 

C,  H,0,  C,  H3CI, 

C,4H604  C^HsCla 

c'est-à-dire  les  chloroformes  acétique,  benzoïque,  etc. 

»  Si  chacun  des  3  équivalents  de  chlore  jouait  dans  ces  chloroformes 
le  même  rôle,  les  groupes  C4H3,  Ci^Hj  seraient  triatomiques  et  on  pour- 
rait espérer  par  des  moyens  convenables  d'obtenir  les  glycérines  respectives. 

»  Après  nous  être  assurés,  par  des  essais  préalables,  qu'une  réaction 
avec  formation  d'oxychlorure  de  phosphore  a  lieu  quand  on  chauffe  les 
chlorures  d'acétyle,  de  butyryle,  de  benzoïle,  etc.,  dans  des  tubes  scellés 
à  la  lampe,  avec  i  équivalent  de  perchlorure  de  phosphore  soit  au  bain- 
marie,  soit  au  bain  d'huile,  nous  avons  choisi  le  chlorure  de  benzoïle  comme 
premier  objet  de  nos  études.  Quoique,  à  cause  de  difficultés  inatten- 
dues que  nous  avons  rencontrées,  ce  travail  ne  soit  pas  encore  très-avancé, 
nous  croyons  pourtant  utile  de  faire  cette  communication  préalable  pour 
prendre  date. 

»  Nous  avons  chauffé  le  mélange  de  chlorure  de  benzoïle  et  perchlorure 
de  phosphore,  à  équivalents  égaux,  dans  des  tubes  scellés,  au  bain  d'huile 
vers  200  degrés,  jusqu'à  ce  que  par  refroidissement  il  ne  se  forme  plus  des 
cristaux  de  perchlorure  de  phosphore,  ce  qui  exige  plusieurs  jours.  Quand 
on  ouvre  les  tubes,  il  ne  se  dégage  pas  de  gaz  ;  on  verse  le  contenu  dans  une 
cornue  et  distille  jusqu'à  ce  que  la  température  dépasse  iio  degrés 
pour  séparer  l'oxychlorure.  Alors  on  agite  le  résidu  à  plusieurs  reprises  avec 
une  solution  très-concentrée  de  potasse  pour  éloigner  l'excès  de  chlorure  de 
benzoïle  ou  de  perchlorure  de  phosphore.  Cela  fait,  on  lave  à  l'eau  et  enfin 
on  dissout  le  produit  dans  l'alcool,  on  filtre  et  on  reprécipite  par  l'eau. 

»  On  obtient  ainsi  un  liquide  légèrement  jaunâtre,  beaucoup  plus  lourd 
que  l'eau,  d'une  odeur  faible  mais  agréable,  parfaitement  neutre  vis-à-vis  le 

48.. 


(  370) 
papier  de  tournesol.  Il  peut  rester  en  contact  avec  l'eau  et  avec  la  potasse, 
même  en  morceaux,  tant  qu'on  veut,  sans  se  décomposer;  il  est  soluble  dans 
l'alcool  et  l'éther;  l'eau  le  précipite  de  sa  solution  alcoolique.  Il  ne  peut  pas 
être  distillé  sans  décomposition;  il  se  noircit  facilement  quand  la  tempéra- 
ture dépasse  i3o  à  i4o  degrés,  et  ceci  arrive  aussi  quand  on  redistille  le 
produit  déjà  distillé. 

»  Cela  nous  a  empêchés  jusqu'ici  d'obtenir  ce  corps  dans  l'état  de  pureté 
parfaite;  mais  les  analyses  suivantes,  qui  ont  été  faites  avec  le  produit 
purifié  comme  il  est  indiqué  plus  haut,  ne  nous  paraissent  laisser  aucun 
doute  sur  la  réaction  et  l'existence  du  chloroforme  de  l'acide  benzoïque. 

I.  II. 

C  =  4'i8i  4^,01 
H  =    a,5o  2,65 

Cl  =  55,o5  55,o3 


»  La  formule 

exige 


CmHjCIj 


C  =  42,96,     H  =  2,55,     Cl  =  54,47- 

»  Différentes  analyses  nous  ont  montré  que  la  quantité  de  carbone  dimi- 
nue notablement  par  chaque  distillation. 

»  Nous  ajoutons  que  le  corps  chauffé  à  i5o  degrés  avec  de  l'eau  dans  un 
tube  scellé  se  décompose  complètement  et,  par  refroidissement,  tout  se 
prend  en  une  masse  blanche  cristallisée  qui  par  son  aspect  rappelle  l'acide 
benzoïque.  L'acide  nitrique  fumant  réagit  fortement  avec  dégagement  de 
vapeurs  nitreuses,  et  l'acétated'argentdonne  lieu  déjà  dans  des  circonstances 
ordinaires  à  la  formation  de  chlorure  d'argent. 

»  Ce  travail  est  entrepris  dans  le  laboratoire  de  recherches  de  la  Faculté 
de  Paris,  et  nous  saisissons  avec  empressement  cette  nouvelle  occasion 
pour  remercier  notre  illustre  et  bienveillant  maître  M.  Dumas.  » 

GÉOLOGIE.  —  Réponse  de  M.  le  D'  Noulet  à  la  Note  de  M.  Leymerie, 
communiquée  à  [Académie  des  Sciences,  dans  la  séance  du  j8  janvier  i858. 
(Présentée  par  M.  le  vicomte  d'Arcliiac.) 

«  J  aurais  été  fort  surpris  que  M.  Leymerie  n'eût  point  réclamé  contre 
mon  travail  du  terrain  éocène  supérieur  considéré  comme  l'un  des  étages  consti- 
tutifs des  Pyrénées,  travail  que  M.  le  vicomte  d'Archiac  voulut  bien  commu- 
niquer, par  extrait,  à  l'Académie  des  Sciences,  dans  la  séance  du  i4  dé- 


(37i  ) 
cembre  iSS^.  Mais,  tandis  que  je  m'attendais,  de  la  part  de  M.  Leymerie,  à 
une  dénégation  complète  des  faits  que  j'ai  exposés,  voilà  qu'il  arrive  aux 
plus  grandes  concessions;  peu  s'en  est  fallu  qu'il  ne  revendiquât  pour  lui 
la  priorité  des  découvertes  qui  ont  servi  de  base  à  mon  Mémoire. 

»  M.  Leymerie  admet,  en  effet,  l'existence  de  calcaires  à  coquilles  terres- 
tres et  d'eau  douce,  qu'il  aurait  même  entrevues,  ce  dont  il  me  permettra  de 
douter,  intercalés  entre  diverses  assises  du  poudingue  de  Palassou  ;  il  ne  con- 
teste point  d'ailleurs  la  détermination  que  j'ai  faite  de  ces  coquilles.  Il  v  a 
là  déjà  plus  qu'un  demi- aveu  en  faveur  de  ma  thèse,  mais  ce  demi-aveu 
devient  un  aveu  complet,  lorsque,  à  la  fin  de  sa  Note  sur  quelques  points  de  la 
géologie  des  régions  pyrénéennes,  communiquée  à  l'Académie  des  Sciences 
dans  la  séance  du  i8  janvier  i858,  M.  Leymerie  se  déclare  <•  depuis 
»  quelque  temps  préparé,  en  partie  par  les  observations  paléontologi- 
»  ques  de  M.  Noulet,  à  admettre  que  la  ceinture  qu'il  signale  à  la  base 
»  des  Pyrénées  orientales  et  de  la  montagne  Noire,  appartient  à  une 
»  époque  plus  ancienne  que  le  bassin  de  Gascogne,  et  que,  notamment 
»  le  Castrais,  et  toute  la  partie  de  la  vallée  du  canal  du  Midi  qui  s'étend  à 
»  l'est  de  Naurouse,  paraît  dépendre  de  l'étage  éocène,  bien  que  ce  terrain 
»  se  lie  au  miocène,  et  que  jusqu'à  présent  il  m'ait  été  impossible  de  tracer 
»  entre  les  deux  étages  une  ligne  de  démarcation.    « 

)>  Mais  pour  arriver  à  la  séparation  de  l'éocène  supérieur  et  du  miocène 
sous-pyrénéen,  conclusion  qui  avait  eu  jusqu'au  i8  janvier  dernier  M.  Ley- 
merie pour  adversaire,  j'ai  invoqué  les  fossiles,  les  coquilles  surtout,  ce 
qui  m'a  permis  de  suivre  la  bande  de  l'éocène  supérieur  depuis  l'Aude, 
à  travers  le  Castrais,  l'Albigeois  et  le  Quercy.  Pourquoi  M.  Leymerie  se  refu- 
serait-il donc  à  admettre  les  mêmes  preuves  quand  il  s'agit  des  couches  rele- 
vées du  même  éocène  au  contact  des  Pyrénées,  dans  l'Ariége?  Les  sept 
espèces  de  coquUles  de  Sabarat  ne  sont-elles  pas  identiques  à  sept  des 
espèces  de  l'Aude,  du  Castrais,  de  l'Albigeois  et  du  Quercy  ?  Pourquoi  d'ail- 
leurs se  refuser  à  l'évidence  des  faits  stratigraphiques,  qui  conduisent  l'ob- 
servateur, comme  par  la  main,  du  Castrais,  par  exemple,  dans  la  Haute- 
Garonne  et  dans  l'Aude,  et  de  l'Aude  au  premier  chauion  des  Pyrénées. 

»  Pour  être  conséquent  avec  lui-même,  M.  Leymerie  aurait  donc  dû  con- 
clure que  le  chapeau  de  Cépicrétacé,  nous  lui  empruntons  cette  dénomina- 
tion qu'il  affectionne,  au  lieu  d'appartenir,  comme  d  persiste  à  le  supposer, 
au  terrain  nummuhtique  ou  éocène  inférieur,  dont  ce  c/iapeou  représente- 
rait les  couches  les  plus  superficielles,  constitue  évidemment  une  formation 
d'eau  douce,  indépendante  de  la  formation  marine  qu'il  recouvre  ou  sur 


(37a  ) 
laquelle  il  s'appuie  en  stratification  concordante.  L'identité  des  fossiles  for- 
cerait à  ne  point  séparer  cette  formation  de  l'éocène  supérieur  de  l'Aude  et 
du  Tarn,  alors  même  que  la  continuité  de  ces  terrains  ne  serait  pas  évidente, 
comme  elle  l'est. 

»  Le  terrain  nummulitique  (épicrétacé)  de  M.  Leymerie  a  été,  lui  aussi, 
longtemps  considéré,  et  quelques  géologues  le  considèrent  encore  comme 
le  chapeau  du  terrain  crétacé  dans  les  Pyrénées.  L'un  des  premiers,  et  non 
pas  le  premier,  comme  le  dit  M.  Leymerie,  il  a  proposé  de  séparer  cette 
tranche  des  Pyrénées  en  deux  étages.  Mais  le  terrain  crétacé  et  le  terrain 
nummulitique  étant  superposés  en  stratification  concordante,  il  a  fallu  dès 
lors  que  M.  Leymerie  s'appuyât  sur  les  fossiles  pour  arriver  au  résultat 
qu'il  cherchait.  Nous  n'avons  pas  fait  autrement  que  M.  Leymerie,  en  dis- 
tinguant deux  étages  dans  le  terrain  éocène  pyrénéen. 

»  Frappé  néanmoins  de  l'importance  des  calcaires  lacustres  découverts 
à  Sabarat  par  M.  l'abbé  Pouech,  M.  Leymerie  serait  porté  à  se  rendre  à 
nos  conclusions,  si  ces  calcaires,  ou  les  poudingues  qui  les  accompagnent, 
nous  avaient  fourni  des  restes  de  Lophodion  ou  de  Paléothérium;  certaine- 
ment nos  preuves  seraient  alors  plus  complètes,  mais  sans  être  plus  déci- 
sives, car  les  sept  coquilles  de  Sabarat  accompagnent  à  Villeneuve  (Aude) 
et  à  Castres  (Tarn)  des  restes  d'espèces  de  ces  deux  genres,  et  cela  suffit. 
Dans  la  détermination  d'un  terrain  a-t-on  jamais  exigé  la  présence  simul- 
tanée de  tous  les  fossiles  caractéristiques,  à  plus  forte  raison  dans  une  loca- 
lité restreinte?  D'ailleurs  M.  Gervais  n'a-t-il  pas  signalé  le  Lophodion  tapiro- 
therium  dans  les  lignites  de  Lambrol,  entre  Chalabre  et  Limoux  (Aude), 
c'est-à-dire  sur  un  des  points  où  nous  avons  dit  que  l'éocène  supérieur  se 
relevait  pour  constituer  le  chaînon  le  plus  extérieur  des  Pyrénées. 

«  Il  serait  inutile  de  nous  arrêter  plus  longtemps  à  défendre  des  prin- 
cipes qui  sont  ceux  que  suit  et  professe  notre  consciencieux  contradicteur. 

»  Dans  le  but  d'amoindrir  mes  preuves,  M.  Leymerie  a  dit  au  début  de 
sa  Note  :  «  Le  fait  signalé  par  M.  Noulet  à  Sabarat  (Ariége),  sur  la  foi  d'un 
»  correspondant,  est  si  incomplètement  caractérisé  par  ce  consciencieux 
»  malacologiste,  qu'il  est  difficile,  après  la  lecture  de  ce  petit  écrit,  de  se 
»  faire  une  idée  quelconque  du  véritable  état  de  choses.  Aussi  ai-je  hésité 
»  pendant  quelque  temps  à  écrire  les  observations  que  j'ai  l'honneur  de 
»  vous  soumettre  aujourd'hui.  »  Et  d'abord,  ce  n'est  pas  à  l'Académie  que 
j'ai  besoin  de  dire  que  la  place  qui  m'était  accordée  dans  le  Compte  rendu 
de  ses  séances  ne  me  permettait  pas  de  donner  plus  d'extension  à  l'extrait 
d'un  Mémoire,  où   des  détails  suffisants  précèdent  et  motivent  les  con- 


(373) 
clusions.  Si  M.  Leyinerie  se  fût  abstenu  de  juger  mon  travail  qu'il  avoue 
n'avoir  pas  entièrement  compris,  et  s'il  eût  attendu  de  le  lire  in  extenso, 
devant  Ijien  penser  que  le  texte  complet  serait  publié,  M.  Leymerie 
n'aurait  pas  écrit  au  début  de  sa  Note  que  «  le  fait  que  j'avais  signalé  à 
»  Sabarat  l'avait  été  sur  la  foi  d'un  correspondant.  »  J'aurais  certes  pu 
me  fier  à  mon  savant  ami,  M.  l'abbé  Pouech,  dont  personne  plus  que  moi 
n'apprécie  la  justesse  d'observation,  et  qui  me  rendit  l'exploration  de 
Sabarat  si  facile  lorsque,  au  mois  de  septembre  dernier,  je  visitai  avec  lui 
la  localité  ;  ce  point  des  Pyrénées  m'était  connu,  mais  il  m'aurait  été 
probablement  impossible,  sans  le  secours  de  M.  l'abbé  Pouech,  de  ren- 
contrer les  gisements  précis  de  coquilles  fossiles,  d'où  il  avait  eu  celles  que 
je  tenais  de  sa  générosité  depuis  l'année  précédente,  et  qui  nous  en  four- 
nirent de  nouvelles  que  nous  recueillîmes  ensemble.  Ainsi  tombe  une  suj)- 
position  que  rien  dans  l'extrait  de  mon  Mémoire  communiqué  à  l'Académie 
n'autorisait  M.  Leymerie  à  admettre. 

»  Ce  sera  là  notre  dernier  mot,  en  réponse  aux  attaques  de  M.  Leymerie. 
Quant  au  fait  que  j'ai  signalé,  j'espère  apporter  bientôt  des  preuves  nou- 
velles, et  ne  laisser  aucun  doute  sur  son  exactitude  et  sur  les  conclusions 
que  j'en  ai  déduites,  même  dans  les  esprits  les  plus  prévenus.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  couleur  du  sang;  par  M.  Brachet. 

a  Je  viens  devoir,  dans  le  Compte  rendu  de  la  dernière  séance  de  l'Aca- 
démie des  Sciences,  que  M.  Claude  Bernard  a  lu  un  travail  remarquable 
sur  l'influence  des  fonctions  des  organes  sur  les  qualités  du  sang.  3e 
m'associe  de  grand  cœur  aux:  éloges  que  l'honorable  Académicien  a  reçus, 
et  je  me  plais  à  croire  qu'il  a  ouvert  là  une  révolution  physiologique. 
Vous  pourrez  juger  de  la  satisfaction  que  j'en  éprouve,  lorsque  vous 
saurez  que  depuis  dix-huit  ans  j'ai  émis  la  même  opinion.  Pour  le  prouver, 
je  me  contente  de  transcrire  un  alinéa  de  ma  Physiologie  élémentaire  de 
l'homme.  Il  est  imprimé  à  la  176^  page  du  premier  volume. 

»  Il  est  une  remarque  bien  importante  à  faire.  Toujours  et  partout  le 
»  sang  perd  sa  couleur  rutilante  en  traversant  les  organes  :  il  perd  donc 
»  une  certaine  quantité  d'hématosine;  mais  il  en  perd  davantage  lorsque 
»  l'organe  exécute  sa  fonction.  Alors  il  revient  plus  noir,  lors  même  que  la 
»  fonction  n'enlève  rien  au  sang,  comme  la  contraction  musculaire.  Ainsi 
»  que  je  l'ai  démontré  en  1840,  le  sang  qui  sort  d'un  muscle  en  contraction 
»  est  toujours  plus  noir,  par  conséquent  plus  défibriné  que  celui  qui  sort 
»  d'un  muscle  en  repos,  etc.  » 


(  374  ) 
i>  C'est  donc  en  1840  que  j'ai  fait  connaître  mon  opinion  et  mes  expé- 
riences. Le  tout  est  consigné  dans  les  deux  volumes  des  Mémoires  du  Con- 
grès scientifique  tenu  alors  à  Lyon.  » 

MÉCANIQUE.  —  Observations   de   M.  J.    Gitibal,   sur    un    Mémoire    lu    par 
M.  de  Polignac,  le  5  octobre  18S'],  à  l'Académie  des  Sciences. 

(Renvoyé  à  la  Commission  chargée  d'examiner  le  Mémoire  de  M.  de  Polignac.) 

M.  Guibal  adresse  une  réclamation  de  priorité  relative  à  un  Mémoire 
de  M.  de  Polignac  sur  la  transmission  du  mouvement  à  grande  distance  au 
moyen  de  l'eau. 

M.  jde  Polignac,  qui,  dans  son  Mémoire,  cite  le  travail  antérieur  de 
M.  Guibal,  n'a  pas,  suivant  cet  ingénieur,  suffisamment  reconnu  ses  droits, 
et  les  modifications  apportées  à  l'idée  primitive  de  M.  Guibal  en  altèrent, 
suivant  lui,  le  principe. 

«  M.  de  Polignac,  dit  l'auteur,  parlant  des  frottements  dans  les  tuyaux 
de  conduite,  s'exprime  de  la  manière  suivante  :  «  Sans  doute  la  perte  due 
»  à  ce  frottement  sera  grande,  dans  le  cas  général,  mais  elle  sera  encore 
»  de  beaucoup  inférieure  à  celle  qu'entraînerait  tout  autre  mode  de  trans- 
»  mission,  surtout  si  le  mouvement  de  l'eau  dans  les  tuyaux  est  lent,  et  si 
>•   le  diamètre  de  ces  tuyaux  n'est  pas  trop  faible.  » 

»  La  première  de  ces  deux  conditions  est  nécessaire  et  suffisante,  mais 
la  se<;onde  est  superflue  et  même  en  sens  inverse  de  la  loi  du  frottement 
des  liquides.  En  effet,  la  résistance  étant  indépendante  de  la  pression,  on 
pourra  toujours  retrouver  sur  cette  pression  ce  que  l'on  perdrait  en  dimi- 
nuant le  diamètre  des  tuyaux.  On  peut  donc,  pour  un  même  travail  méca- 
nique, diminuer  le  diamètre  des  tuyaux  en  augmentant  en  conséquence  la 
pression,  mais  en  conservant  la  même  vitesse  qui,  elle  seule,  doit  toujours 
et  d'une  manière  absolue  être  aussi  faible  que  possible. 

»  C'est  précisément  sur  ce  point  que  j'ai  insisté  en  exposant  la  différence 
remarquable  qui  existe  entre  les  lois  du  frottement  des  liquides  et  des  so- 
lides, et  j'en  concluais  qu'on  pouvait  employer  des  tuyaux  de  petit  diamètre 
sous  de  très-grandes  pressions,  en  évitant  toutefois  de  donner  à  l'eay  une 
trop  grande  vitesse. 

»  M.  de  Polignac  adopte  d'une  manière  exclusive  le  mouvement  de  va- 
et-vient  pour  commander  et  recevoir  le  mouvement,  et  il  exclut  les  ma- 
chines rotatives  comme  n'ayant  pas  reçu  la  sanction  de  l'expérience. 

»  Je  suis  au  contraire  convaincu  qu'on  ne  pourra  jamais  faire  usage  du 


(  375  ) 
système  proposé  qu'en  employant  des  machines  rotatives.  Si  ces  appareils 
mécaniques  n'ont  pas  réussi  avec  la  vapeur,  c'est  parce  qu'ils  devaient 
tourner  excessivement  vite  pour  atténuer  l'effet  des  fuites  de  vapeur.  Avec 
l'eau,  les  effets  seront  tout  opposés  :  avec  une  faible  vitesse  et  sous  une  forte 
pression,  l'eau  ne  fuit  pas  à  travers  un  joint  avec  la  même  facilité  que  la  vapeur. 

»  Il  est  très-important  de  donner  à  l'eau  dans  les  tuyaux  de  transmission 
un  mouvement  continu,  surtout  à  mesure  que  la  distance  à  parcourir  sera 
plus  grande.  Avec  un  mouvement  alternatif,  il  faudrait  à  chaque  oscilla- 
tion vaincre  l'inertie  de  la  masse  d'eau  contenue  dans  les  deux  tuyaux.  La 
perte  de  force  qui  en  résulterait  serait  considérable.  Un  tuyau  de  loo  mètres 
de  longueur  et  dont  la  section  aurait  i  décimètre  carré ,  contiendrait 
looo  litres  d'eau  pesant  looo  kilogrammes;  si  la  vitesse  était  de  i  mètre 
par  seconde,  et  en  supposant  qu'il  doive  s'écouler  i  seconde  pour  acquérir 
cette  vitesse  après  chaque  point  mort ,  l'effort  nécessaire  pour  vaincre 
l'inertie  serait  à  peu  près  de  loo  kilogrammes,  ce  qui  représente,  pour  une 
surface  de  i  décimètre  carré,  i  atmosphère  environ,  et  comme  le  tuyau  est 
double,  cela  fait  2  atmosphères  par  chaque  100  mètres  parcourus. 

»  Il  faut  encore  ajouter  à  cet  inconvénient  la  difficulté  presque  insur- 
montable de  la  coïncidence  parfaite  des  mouvements  que  rend  indispen- 
.sable  l'imcompressibilité  de  l'eau. 

»  L'expérimentation  des  rotatives  appliquées  à  ce  principe  se  poursuit 
en  ce  moment  sur  mes  indications,  dans  un  atelier  de  construction  appar- 
tenant à  mon  frère,  M.  T.  Guibal,  ingénieur  et  professeur  à  l'École  des  Mines 
de  Mons,  en  Belgique.  » 

VOYAGES  SCIENTIFIQUES.  —  M.  E.  CossoN  adresse  la  Lettre  suivante: 

«  Chargé,  depuis  i852,  de  la  partie  botanique  de  l'exploration  scientifi- 
que de  l'Algérie,  je  me  propose  d'entreprendre,  dans  les  premiers  jours  du 
mois  prochain,  un  cinquième  voyage  dans  nos  possessions  algériennes.  Le 
but  de  ce  voyage  est  de  visiter  les  points  extrêmes  du  Sahara  dans  les  pro- 
vinces de  Constanline  et  d'Alger,  afin  de  compléter  mes  recherches  anté- 
rieures, tant  au  point  de  vue  de  la  statistique  et  de  la  géographie  botaniques, 
qu'à  celui  de  la  culture  et  de  l'acclimatation. 

••  Je  dois  ajouter  que  je  porterai  aussi  mon  attention  sur  la  météorologie 
et  la  zoologie  de  cette  région  qui  n'a  encore  été  explorée  scientifiquement 
que  dans  des  circonstances  peu  favorables. 

»  Je  me  suis  assuré  pour  ce  voyage  du  concours  de  quelques  amis  dont 
l'aptitude  et  le  dévouement  m'ont  déjà  été  des  plus  utiles. 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  7.)  4.9 


(  376) 

»  Je  m'estimerais  heureux  si  l'Académie  voulait  bien  me  donner  des 
instructions  et  des  conseils,  et  je  me  mets  entièrement  à  sa  disposition  pour 
les  renseignements  qu'elle  me  chargerait  de  recueillir.    » 

(Commissaires,  MM.  le  Maréchal  Vaillant,  Duméril,  Brongniart,  Decaisne, 
Geoffroy-Saint-Hilaire,  Moquin-Tandon.) 

MINÉRALOGIE.   —   Note  sur  la  production  artificielle  de  la  houille; 

par  M.  Barovlier. 

«  L'auteur  a  imaginé  un  appareil  au  moyen  duquel  il  peut  exposer  des 
matières  végétales  enveloppées  d'argile  humide  et  fortement  comprimée  à 
des  températures  longtemps  soutenues,  comprises  entre  200  et  3oo  degrés. 

»  Cet  appareil,  sans  être  absolument  clos,  met  obstacle  à  l'échappement 
des  gaz  ou  des  vapeurs,  de  sorte  que  la  décomposition  des  matières  orga- 
niques s'opère  dans  un  milieu  saturé  d'humidité,  sous  une  pression  qui 
s'oppose  à  la  dissociation  des  éléments  dont  elles  se  composent. 

»  En  plaçant  dans  ces  conditions  de  la  sciure  de  bois  de  diverses  natures, 
l'auteur  a  obtenu  des  produits  dont  l'aspect  et  toutes  les  propriétés  rap- 
pellent tantôt  les  houilles  brillantes,  tantôt  les  houilles  ternes.  Ces  diffé- 
rences tiennent  d'ailleurs  soit  aux  conditions  de  l'expérience,  soit  à  la  nature 
même  du  bois  employé,  de  sorte  qu'elles  paraissent  expliquer  la  formation 
des  houilles  striées  ou  composées  d'une  succession  de  veinules  alternative- 
ment éclatantes  et  mates. 

»  Des  tiges  et  des  feuilles  de  plantes  couchées  entre  les  lits  d'argile  laissent 
dans  les  mêmes  circonstances  un  enduit  charbonneux  et  des  empreintes 
tout  à  fait  comparables  à  celles  des  schistes  houillers.  « 

MÉDECINE.  —  Effets  de  l' électrisation  sur  l'exaltation  de  Coûte  dans  la  paralysie 
faciale;  par  M.  le  D''  H.  Landouzy.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  L'exaltation  de  l'ouïe,  du  côté  paralysé,  est  un  symptôme  presque  cons- 
tant de  l'hémiplégie  faciale  récente  et  indépendante  de  toute  affection  céré- 
brale. 

»  Cette  exaltation  paraît  en  même  temps  que  l'hémiplégie  et  disparaît 
avant  elle. 

»  Elle  doit  être  attribuée  à  la  paralysie  du  muscle  interne  du  marteau. 

»  Lorsqu'elle  manque  dans  l'hémiplégie  faciale,  elle  indique  que  la  para- 
lysie ne  s'est  pas  étendue  au  nerf  intermédiaire. 

w  Elle  peut  exister  en  l'absence  d'hémiplégie  faciale,  et  dans  ce  cas  elle 
indiquerait  une  paralysie  du  nerf  intermédiaire. 

»  Qu'elle  coïncide  avec  l'hémiplégie  ou  qu'elle  en  soit  indépendante,  elle 


(  377  ) 
disparaît  spontanément,  complètement  et  dans  l'espace  de  quinze  jours  à 
trois  mois.    » 

M.  Marais  adresse  le  dessin  et  la  description  d'un  appareil  de  son  inven- 
tion pour  éviter  la  rencontre  de  deux  trains  marchant  dans  le  même  sens  sur 
un  chemin  de  ier.  Cet  appareil  a  été  soumis  à  l'expérience  sur  la  ligne  d'Or- 
léans, près  la  gare  de  Paris,  depuis  le  i"  septembre  1857,  et  fonctionne  au 
moins  quatre-vingts  fois  par  jour  avec  toute  la  régularité  désirable. 

PHOTOGRAPHIE.  —  M.  BuLLARD,  qui  a  omis  de  désigner  MM.  Bisson  frères, 
comme  auteurs  de  photographies  faites  d'après  les  modèles  en  relief  de  la 
lune,  écrit  pour  réparer  cette  omission. 

Un  Auteur,  dont  le  nom  est  renfermé  dans  une  enveloppe  cachetée, 
adresse  un  Rapport  manuscrit  sur  la  maladie  de  la  vigne,  sur  la  maladie  des 
pommes  de  terre  et  le  choléra. 

D'après  le  vœu   de   l'auteur,    l'enveloppe   ne  sera    ouverte  que  si    la 
Commission  chargée  d'examiner  son  travail  lui  donne  son  approbation. 
(Renvoi  à  la  Commission  de  la  maladie  de  la  vigne.) 

M.  Baudoin  soumet  à  l'Académie  un  système  qui  pourrait  empêcher,  sui- 
vant lui,  les  accidents  qu'ont  éprouvés  les  communications  télégraphiques 
sous-marines. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  examiner  le  Mémoire  de 

M.  Balestrini.) 

M.  Brun  présente  quelques  objections  au  système  proposé  par  M.  Margq- 
foy,  pour  prévenir  les  accidents  sur  les  chemins  de  fer,  et  annonce  qu'il 
est  inventeur  d'un  système  préférable,  mais  dont  il  ne  donne  pas  la 
description . 

ACOUSTIQUE.   —   Sur  les   bases  mathématiques  de  la  musique; 

par  M.  Paul  Loyer. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Duhamel.) 

GÉOMÉTRIE.  —  M.  Rerolle  rappelle  qu'il  a  soumis  à  l'examen  de  l'Aca- 
démie un  Mémoire  relatif  à  la  question  des  polyèdres,  proposée  actuellement 
comme  sujet  du  grand  prix  de  Mathématiques. 

(Renvoi  à  la  Commissioti  nommée.) 

MÉCANIQUE.  —  Description  d'un  nouveau  sjstème  de  balances  ;  par  M.  Fcrnerie, 
(Commissaires,  MM.  Combes,  Bertrand.) 


(  378  ) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  M.  MoBET  adresse  la  démonstration  de  for- 
mules relatives  aux  fonctions  symétriques. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé.) 

M.  Chhistofle  présente  un  groupe  d'aluminium  fondu  et  ciselé,  pre- 
mière application  du  nouveau  métal  à  l'orfèvrerie  d'art.  L'épreuve  remar- 
quable, qui  a  été  mise  sous  les  yeux  de  l'Académie,  appartient  à 
l'Empereur. 

M.  Paclet  adresse  un  supplément  à  sa  Note  sur  le  théorème  de  Fermât. 
(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

La  Société  royale  d'Edinboitrg,  qui  a  reçu  récemment  plusieurs  volumes 
des  Comptes  rendus  et  des  Mémoires  de  C Académie,  adresse  ses  remercîments 
à  l'Académie. 

M.  RuHMKORF,  à  qui  l'Académie,  dans  sa  dernière  séance  publique,  a 
décerné  le  prix  Trémout,  adresse  ses  remercîments. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.   B. 

BITtLETIK    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  1 5  février  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Discours  prononcés  dans  la  séance  publique  tenue  par  l' Académie  Française 
pour  la  réception  de  M.  Emile  AuGiER,  le  aS  janvier  i858.  Paris,  i858;  in-4°. 

Tables  de  In  Lune,  construites  d'après  le  principe  newionien  de  l'attraction  uni- 
verselle; par  P.-A  Hansen,  directeur  de  l'Observatoire  ducal  de  Gotha; 
I  vol.  in-4°  de  5i  I  pages,  publié  aux  frais  du  Gouvernement  britannique. 
Londres,  1857.  Articles  de  M.  J.-B.  Bior,  exirmls  dn  Journal  des  Savants 
(octobre  et  décembre  1857  et  janvier  i858);  br.  iB-4''. 

Etudes  géolofjiques  sur  les  départements  de  l'Aude  et  des  Pyrénées-Orientales 
{résumé);  par  M.  A.  d'Archiac.  Paris,  1857;  br.  in-8'*. 

ERRATA. 

(Séance  du  18  janvier  i858.) 

Page  120,  ligne  27  en  descendant,  au  lieu  de  Le  circuit  voltaique  étant  fermé,  qu'on  ap- 
plique au  cylindre  de  fer  une  certaine  torsion  élastique,  lisez  Le  circuit  voltaique  étant  fermé, 
qu'on  applique  au  cylindre  de  fer  une  certaine  torsion  élastique  en  faisant  tourner  la  roue  k 
la  gauche  de  l'observateur  qui  regarde  le  pôle  nord  du  cylindre,  et  on  aura,  etc. 


,  COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


m  II)  0 


SEANCE  DU  LUNDI  22  FÉVRIER  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMIMICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ÉCONOMIE  PUBLIQUE  ET  STATISTIQUE.  —  Force  productive  des  nations,  de 
i8oo  à  i85i;  par  M.  le  Baron  Charles  Dcpin,  Président  de  la  Com- 
mission française  instituée  pour  l'Exposition  universelle  de  i85i. 

«  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 
adresse,  pour  chacun  des  Membres  de  l'Institut,  un  exemplaire  de  cet  ou- 
vrage qui  forme  l'Introduction  du  Tableau  des  Arts  au  xviii*  siècle,  com- 
posé par  MM.  les  Membres  de  la  Commission. 

»  De  i8i6  à  1824,  l'auteur  de  cette  introduction  s'était  occupé  des  forces 
de  l'empire  Britannique;  il  les  avait  fait  connaître  en  publiant  successive- 
ment \sl  force  militaire,  la  force  navale  et  Ia  force  commerciale  de  la  Grande- 
Bretagne,  6  vol.  in-4°.  De  1824  à  1827,  il  a  dirigé  ses  études  vers  les  forces 
productives  de  la  France.  De  i85i  à  i858,  élargissant  son  cadre,  il  a  géné- 
ralisé ses  recherches  qui,  pour  dernier  terme,  trouvent  les  jugements  d'un 
concours  universel  entre  les  industries  de  toutes  les  nations. 

»  Peu  d'époques  ont  présenté  de  plus  grands  progrès  que  le  demi-siècle 
embrassé  par  l'auteur,  soit  par  les  découvertes  des  sciences  et  leurs  appli- 
cations à  l'industrie,  soit  par  le  développement  des  nations  les  plus  avan- 
cées, qui  sont  les  lumières  du  monde  et  qui  le  commandent  en  l'éclairant. 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  8.)  5o 


(  38o  ) 

M  II  y  a  trois  semaines  seulement,  nous  avons  donné  l'analyse  d'un  des 
travaux  les  plus  considérables  et  les  plus  profonds:  c'est  celui  du  général 
Poncelet,  sur  l'invention  et  les  perfectionnements  des  machines  et  des  outils 
qui  servent:  premièrement,  aux  diverses  industries;  secondement,  à  la  classe 
des  arts  textiles. 

»  Neuf  volumes  de  Rapports,  conçus  d'après  le  même  plan,  ont  été  rédi- 
gés par  trente-quatre  Commissaires,  dont  dix-sept  sont  Membres  de  l'In- 
stitut. Huit  volumes  sont  déjà  publiés  et  le  neuvième  paraîtra  prochainement.  " 
Ces  Rapports  décrivent  et  jugent  l'ensemble  du  progrès  des  arts,  suivant  des 
catégories  spéciales  et  méthodiques. 

«  Un  pareil  ordre,  indispensable  à  l'étude  particulière  des  diverses  indus- 
tries, disperse  forcément  les  titres  de  chaque  nation,  et  n'en  montre  pas  la 
valeur  collective. 

»  Afin  de  compléter  l'œuvre  commencée,  il  a  paru  nécessaire  de  considérer 
d'un  autre  point  de  vue  le  concours  universel.  On  s'est  proposé  d'offrir  par 
nation  le  progrès  des  races  concurrentes  ;  progrès  étudié  dans  la  réunion 
des  arts  dont  l'ensemble  constitue  ce  que  l'auteur  entend  par  force  produc- 
tive. On  a  pris  pour  point  de  départ  l'année  qui  commence  le  xix"  siècle, 
et  qui  remonte  au  Consulat. 

»  Tel  est  l'objet  de  V Introduction,  confiée  par  la  Commission  à  son  Prési- 
dent. Elle  offre  deux  parties  :  l'Occident,  qui  pour  nous  commence  à  l'An- 
gleterre; et  l'Orient,  qui  finit  à  la  France.  La  dernière  partie  est  sous  presse, 
et  la  première  paraît  maintenant.  Celle-ci  comprend  : 

»   Trois  royaumes, 

j)  Deux  empires, 

»  Quatre-vingt-trois  républiques, 

»  Et  trente-cinq  colonies. 

»  Depuis  l'origine  du  siècle,  ces  États,  pris  dans  leur  ensemble,  ont 
triplé  le  nombre  de  leurs  habitants.  A  l'exception  d'un  seul,  tous  ont  accru 
leur  population,  mais  à  des  degrés  très-différents;  nous  essayons  d'assigner 
simultanément  la  mesure  et  les  raisons  de  ces  différences,  qui  changent  les 
rapports  entre  la  force  des  nations. 

»  Nous  considérons  ensuite  les  progrès  extérieurs  et  plus  ou  moins 
matériels. 

»  Les  dons  que  le  globe  nous  présente  à  sa  surface  et  ceux  qu'il  recèle 
en  ses  profondeurs  sont  répartis  entre  les  diverses  régions  avec  une  extrême 
inégalité.  Mais  les  trésors,  les  fruits  que  l'homme  exhume  et  ceux  qu'il  fait 
naître  par  le  travail,  se  mesurent  bien  moins  sur  cette  largesse  inégale  et 


(38,) 
primitive  que  sur  une  autre  largesse,  présent  supérieur  de  la  Providence  : 
c'est  la  puissance  intellectuelle  départie  au  genre  humain  ;  cette  puissance 
avec  laquelle  chaque  peuple  fait  sa  part,  quelles  que  soient,  dans  la  région 
qu'il  habite,  les  générosités  ou  les  parcimonies  de  la  nature. 

»  Deux  exemples  empruntés  à  l'Occident,  montreront  l'énergie  suprême 
de  cette  action  de  l'esprit  telle  que  nous  la  considérons. 
il  »  L'Attique  du  Nord,  avec  ses  monts  dénudés,  ses  steppes  glacées  et  son 
ciel  de  fer,  l'Ecosse  envoie  plus  de  produits  de  son  sol  et  de  ses  arts,  que  le 
vaste  pays  du  Mexique  avec  ses  mines  d'argent  creusées  par  centaines,  son 
printemps  éternel,  son  soleil  d'Egypte,  et  sa  végétation  devant  laquelle 
s'efface  même  la  terre  promise  de  l'antique  et  merveilleux  Orient.  L'Ecosse, 
avec  ses  nombreux  troupeaux,  aideà  nourrir  Londres,  la  ville  aux  2,5oo,ooo 
âmes.  Par  l'œuvre  de  deux  de  ses  fils,  Adam  Smith  et  James  Watt,  elle  a 
devancé  l'Angleterre  dans  l'étude  de  la  richesse;  alliant  la  pratique  à  la 
théorie,  elle  a  tiré  de  la  vapeur  d'eau  la  plus  puissante  et  la  plus  obéissante 
des  forces  motrices,  pour  l'appliquer  à  l'infinie  variété  des  arts.  Aujourd'hui 
la  Grande  Bretagne  construit  un  plus  grand  nombre  de  navires  en  fer,  mus 
par  cette  vapeur  et  par  l'hélice,  que  n'en  construisent  ensemble  tous  les 
autres  peuples  de  l'Europe;  et,  dans  la  part  merveilleuse  de  la  Grande- 
Bretagne,  la  petite  Ecosse,  à  force  d'industrie,  prend  plus  de  la  moitié. 

»  A  l'occident  de  l'Atlantique,  le  Massachusetts,  exigu  par  son  territoire 
incomparablement  moins  fertile  que  les  bassins  du  Mississipi,  de  la  Plata, 
de  l'Amazone,  le  Massachusetts  grandit  par  l'agriculture  et  surtout  par 
l'industrie.  Il  se  place  à  la  tête  des  sciences  et  des  arts,  au  milieu  des  cent 
vingt  Etats  du  nouveau  monde.  A  sa  terre  trop  limitée  il  ajoute  deux  Océans  ; 
vers  les  cercles  polaires,  pour  attaquer  les  grands  cétacés,  il  envoie  plus  de 
marins  que  tous  les  peuples  ensemble.  Il  va  chercher  jusqu'en  Asie  les  tré- 
sors de  l'équateur;  et  les  aromates,  les  parfums  sans  prix  de  la  zone  torride, 
il  les  paye  avec  la  glace  de  ses  lacs!  Pour  tirer  de  ses  eaux  courantes  un  parti 
plus  étonnant,  il  transforme  ses  cataractes,  ses  rapides,  en  moteurs  réguliers, 
rivaux  de  la  vapeur.  Il  ne  suffit  pas  à  cet  État  de  créer  son  Aima  Cambridge, 
afin  de  reculer  les  bornes  de  la  science  et  d'ajouter  même  des  astres  à  ses 
conquêtes;  il  fonde  à  la  fois  ses  Manchester,  ses  Glasgow,  ses  Leeds  et  ses 
Halifax.  Pour  le  demi-siècle  qui  fait  suite  à  celui  que  nous  décrivons,  il  pré- 
pare contre  le  colosse  de  l'industrie  britannique  une  lutte  de  géants  :  il  la 
commence.  La  Nouvelle-Angleterre  livre  sa  seconde  guerre  de  l'indépen- 
dance; et  la  conquête  sera  l'indépendance  des  arts! 

»  La  création,  la  mise  en  jeu  des  forces  productives  par  le  savoir  et  le 

5o.. 


(  382  ) 
génie  chez  les  nations  comparées,  tel  est  le  sujet  de  notre  étude.  C'est  suivant 
l'échelle  de  l'intelligence  que  les  peuples  sontclassés,  et  que  sont  réparties 
la  gloire  et  l'efficacité  des  arts.  La  domination  des  races  n'est  plus  assurée, 
comme  au  temps  des  barbares,  par  la  brutalité  du  nombre,  ni  par  les  caprices 
du  hasard  et  les  faveurs  d'une  fortune  que  les  anciens  faisaient  aveugle. 
Maintenant  la  victoire,  et  dans  la  guerre,  et  dans  la  paix,  suit  la  voie  lumi- 
neuse où  vole  une  fortune  à  la  vue  d'aigle,  qui  découvre  de  haut  et  de  loin 
chaque  but  précis  que  la  conquête  doit  atteindre. 

»  Nos  travaux  ont  pour  objet  de  suivre  les  traces  de  cette  fortune  aux 
longs  regards,  qui  prévoit  et  qui  calcule,  et  d'en  mesurer  les  découvertes  ; 
nous  présentons  aujourd'hui  son  action  sur  les  peuples  situés  à  l'occident 
de  la  France. 

»  Les  nations  de  l'Orient,  vers  lesquelles  depuis  quatre  ans  se  fixe  l'atten- 
tion de  l'ancien  monde,  confirmeront  les  vérités  que  démontre  le  spectacle 
de  l'Occident.   » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  du  Bureau  des  Longitudes j 
un  exemplaire  de  la  Connaissance  des  Temps  pour  l'année  1860. 

M.  Flourexs  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  son  Éloge 
de  M.   Magendie,  prononcé  dans  la  séance  annuelle  du  8  février. 

M.  o'Archiac,  en  faisant  hommage  à  l'Académie  du  tome  VII  de 
Y  Histoire  des  progrès  de  la  Géologie,  communique  la  Note  suivante  : 

«  Si  la  nature  actuelle  et  les  rapports  de  la  terre  avec  les  autres  corps  de 
notre  système  intéressent  à  si  juste  titre  le  naturaliste,  le  physicien  et  l'as- 
tronome, l'histoire  ou  le  passé  de  cette  planète  que  nous  habitons  n'est  pas 
un  sujet  moins  digne  d'attention.  Le  tableau  qui  nous  représente  l'état  et 
les  caractères  de  sa  surface,  pendant  une  période  donnée  de  sa  longue  exis- 
tence, est  en  effet  d'un  intérêt  bien  puissant,  et  si  l'on  suppose  la  série  com- 
plète de  ces  tableaux  ou  de  ces  périodes  rangées  chronologiquement,  de- 
puis son  origine  jusqu'à  nos  jours,  on  pourra  se  faire  une  idée  de  l'étendue 
du  domaine  qu'embrasse  la  géologie.  Or  c'est  précisément  la  suite  de  ces 
tableaux,  tels  qu'ils  résultent  des  recherches  les  plus  récentes,  et  auxquels 
on  donne  ordinairement  le  nom  de  formations,  que  nous  avons  essayé  de 
reproduire  dans  cet  ouvrage,  commencé  dès  1842  et  dont  le  premier  vo- 
lume a  paru  en  1847. 


(  383  ) 

»  La  connaissance  approfondie  de  ces  diverses  formations  et  des  condi- 
tions physiques  sous  l'empire  desquelles  naissaient,  se  développaient,  puis 
disparaissaient  graduellement  ces  innombrables  produits  de  la  vie,  que  nous 
retrouvons  à  l'état  fossile,  ces  faunes  et  ces  flores  éteintes  qui,  dans  le  cycle 
de  leur  renouvellement  incessant,  marquent  pour  nous  les  âges  de  la  terre, 
comme  des  chronomètres  d'une  marche  excessivement  lente,  cette  connais-  ' 
sance,  disons-nous,  a  fait  depuis  trente  ans  et  avec  les  matériaux  recueillis 
sous  toutes  les  latitudes,  des  progrès  extrêmement  rapides  et  pour  ainsi 
dire  inespérés  de  nos  devanciers. 

»  Dans  les  cinq  premiers  volumes  de  noire  travail,  nous  avons  examiné, 
en  remontant  la  série  des  temps,  les  divers  phénomènes  qui  se  sont  mani- 
festés depuis  l'époque  moderne  jusqu'aux  dépôts  crétacés  les  plus  inférieurs. 
Les  volumes  VI  et  VII  sont  consacrés  à  la  description  de  \a  formation  juras- 
sique qui  vient  ensuite,  et  ce  sont  quelques-uns  des  résultats  les  plus  géné- 
raux déduits  de  cette  dernière  étude  que  nous  allons  exposer  ici. 

»  Les  essais  de  classification  et  de  terminologie,  tentés  récemment  en  France 
et  à  l'étranger,  nous  obligent  à  motiver  d'abord  celles  que  nous  avons  adop- 
tées. Nous  avons  choisi  la  classification  établie  en  Angleterre,  il  y  a  environ 
quarante-cinq  ans,  pour  les  divisions  de  ce  grand  ensemble  de  couches, parce 
qu'elles  sont  à  la  fois  les  plus  anciennes,  les  plus  complètes,  les  plus  faciles 
à  constater,  le  mieux  caractérisées  dans  toute  la  hauteur  de  la  série,  le  plus 
généralement  employées,  et  parce  qu'en  outre  aucun  phénomène  n'est  venu 
troubler  sensiblement  les  dépôts  pendant  qu'ils  se  formaient,  ni  altérer  en- 
suite leurs  relations  premières.  On  a  donc,  dans  cette  zone  de  terrain,  qui 
traverse  obliquement  le  pays,  du  nord-est  au  sud-ouest,  le  meilleur  terme 
de  comparaison  que  l'on  puisse  prendre  pour  bien  juger  des  phénomènes 
normaux  de  cette  période  secondaire.  Nous  avons  fait  voir  en  effet  que, 
convenablement  interprétée  et  appliquée,  cette  classification,  avec  sa  ter- 
minologie anglaise,  répondait  à  tous  les  besoins  de  la  science,  quel  que  fût 
le  point  de  l'Europe  que  l'on  considérât,  et  que  les  faits  signalés  jusqu'à 
présent  venaient  sans  efforts  se  ranger  dans  ce  cadre. 

>)  Mais,  d'un  autre  côté,  cette  zone  sédimentaire  n'a  aucun  caractère  géo- 
graphique ni  orographique  propre;  elle  se  confond  avec  les  formes  exté- 
rieures du  trias  qui  la  supporte  comme  avec  celles  de  la  craie  qui  la  re- 
couvre ;  sans  importance  dans  le  relief  général  de  l'Europe,  sa  position 
excentrique,  dans  une  île  à  l'ouest  du  continent,  diminue  encore  sa  valeur  à 
cet  égard.  Enfin,  dans  la  terminologie  usitée,  aucune  expression  ne  com- 
prend à  la  fois  tous  les  dépôts  de  cette  période,  le  mot  oolithique  laissant  tou- 


(  384  ) 
jours  le  liasen  dehors.  En  adoptant  l'expression  de  formation  jurassique  pour 
l'ensemble  des  dépôts  compris  entre  le  groupe  néocoinien  et  les  marnes  iri- 
sées, toute  ambiguïté  cesse,  sans  même  qu'on  ait  eu  besoin  d'introduire  une 
désignation  nouvelle;  car  nous  ne  faisons  que  définir  et  limiter  plus  exacte- 
ment qu'il  ne  l'était  le  sens  d'un  mot  depuis  longtemps  introduit  dans  la 
science. 

»  La  chaîne  du  Jura,  comprise  entre  le  Rhône  et  le  Rhin,  entre  la  grande 
vallée  suisse  et  celle  de  la  Saône,  possède  une  importance  géographique  et 
orographique  qu'elle  doit  exclusivement  aux  dépôts  de  la  période  dont  nous 
parlons;  car  on  pourrait  supprimer,  par  la  pensée,  les  sédiments  crétacés  et 
tertiaires  et  quelques  affleurements  plus  anciens  qui  entrent  dans  sa  com- 
position, sans  que  ses  caractères  physiques  généraux  en  fussent  sensible- 
ment altérés.  C'est  une  particularité  que  cette  chaîne  a  de  commun  avec  la 
Côte-d'Or,  sorte  de  petite  sœur  jumelle,  plus  homogène  encore  dans  ses 
éléments  constituants.  Une  autre  circonstance,  commune  aussi  à  cette  der- 
nière et  qui  donne  à  toutes  deux  un  intérêt  de  plus,  est  l'apparente  uni- 
formité de  leur  soulèvement  principal.  De  sorte  que,  sous  le  rapport  phy- 
sique et  chronologique,  comme  sous  ceux  de  la  composition  et  de  la  place 
qu'elle  occupe  relativement  aux  dépôts  contemporains  des  autres  pays,  la 
chaîne  du  Jura  justifie  complètement  la  dénomination  générale  que  nous 
avons  adoptée. 

»  Les  quatre  groupes  dans  lesquels  se  décompose  la  formation,  c'est-à- 
dire  les  groupes  ootithiques  supérieui;  moyen,  inférieur  et  celui  du  lias,  y 
sont  bien  caractérisés  ainsi  que  leurs  subdivisions  ou  étages,  et  ils  y  ont  un 
maximum  de  développement  remarquable.  Mais,  dès  qu'on  s'éloigne  de 
cette  région  pour  se  diriger  vers  l'est,  plusieurs  des  divisions  de  premier 
ou  de  second  ordre  ne  tardent  pas  à  s'atrophier  en  quelque  sorte  ou  à  perdre 
une  partie  de  leurs  caractères  essentiels. 

»  Ainsi,  pour  ne  parler  d'abord  que  des  pays  de  plateaux,  de  plaines  ou 
de  collines  à  couches  presque  horizontales,  déjà  dans  la  Souabe  et  la  Fran- 
conie,  prolongement  immédiat  du  Jura,  le  groupe  supérieur  est  complète- 
ment modifié.  Son  épaisseur  est  très-faible  ;  ses  caractères  pétrographiques 
et  zoologiques  sont  entièrement  différents  de  ceux  de  la  Suisse,  de  la  Franche- 
Comté  et  du  bassin  de  la  Seine.  Le  groupe  oolithique  inférieur  n'y  est  plus 
reconnaissable  ;  on  n'y  retrouve  pas  les  divisions  de  l'ouest,  et  il  y  en  a  d'au- 
tres, purement  locales,  qui  semblent  rentrer  toutes  dans  un  seul  étage^ 
le  plus  ancien.  Dans  le  nord-ouest  de  l'Allemagne,  dans  le  Brunswick  et 
le  Hanovre,  les  trois  groupes  oolithiques  sont  imparfaitement  développés 


,        (  385  ) 
et  peu  suivis.  Le  lias  seul,  qui  conserve  toute  son  importance  relative,  est 
comparable  à  ce  que  l'on  observe  dans  le  Wurtemberg,  le  Jura,  le  nord  de 
la  France  et  l'Angleterre. 

»  Si  nous  continuons  à  nous  avancer  vers  l'est,  toujours  abstraction  faite 
des  régions  montagneuses,  nous  voyons  la  formation  jurassique  se  simpli- 
fier de  plus  en  plus.  La  Moravie,  la  Haute-Silésie,  comme  les  plaines  de  la 
Pologne,  ne  nous  présentent  que  des  témoins  du  second  groupe,  et,  lorsque 
nous  considérons  les  immenses  régions  sur  lesquelles  s'étend  la  domination 
russe,  l'étage  d'Oxford  paraît  être  le  seul  terme  de  la  série  dont  l'existence 
soit  bien  certaine,  des  bords  de  la  mer  Glaciale  aux  rives  de  l'Aral,  de  la  Cas- 
pienne et  de  la  mer  Noire. 

>»  Plus  loin  encore  dans  cette  même  direction  les  roches  jurassiques  sont 
relativement  de  moins  en  moins  développées.  Leurs  fossiles  se  modifient 
sensiblement,  tout  en  conservant  certains  types  généraux  qui  empêchent  de 
les  confondre  avec  ceux  des  dépôts  plus  anciens  ou  plus  récents.  Ainsi  les 
formes  jurassiques  de  l'Himalaya  et  des  bords  de  l'Indus  se  rattachent  tantôt 
à  celles  de  l'Oxford-clay,  tantôt  à  celles  du  lias  ou  même  du  groupe  ooli- 
thique  qui  les  sépare,  sans  laisser  entrevoir  qu'elles  y  soient  associées  de  ma- 
nière à  y  marquer  des  horizons  différents.  Il  y  a  plus  d'incertitude  encore 
sur  le  véritable  niveau  des  grands  dépôts  d'eau  douce  de  l'Inde  centrale, 
dont  les  plus  récents  renferment  le  diamant  et  les  plus  anciens  le  char- 
bon. Leurs  caractères  paléophytologiques  et  ichthyologiques  semblent 
néanmoins  devoir  les  faire  rapporter  au  groupe  oolithique  inférieur  et  au 
lias. 

»  Si  nous  jetons  actuellement  un  coup  d'œil  à  l'ouest  de  la  région  juras- 
sique type  ou  centrale,  nous  ne  rencontrerons  encore,  dans  l'Amérique  du 
Nord,  au  pied  oriental  des  Apalaches,  que  quelques  dépôts  très-limités,  pro- 
bablement lacustres  ou  d'eau  douce.  Assez  analogues  à  ceux  de  l'Inde  cen- 
trale et  du  même  âge,  ils  renferment  aussi  du  charbon  dans  leur  partie  la 
plus  basse.  Ils  sont  situés  en  outre  presque  sur  le  prolongement  du  même 
méridien  sur  le  côté  opposé  de  l'hémisphère  nord,  mais  sous  une  latitude 
de  i8  à  ao  degrés  plus  septentrionale. 

«  Au  delà  du  Mississipi,  une  assise  peu  puissante  qui  s'étendrait  jusqu'à 
une  assez  grande  distance  de  part  et  d'autre  des  Montagnes-Rocheuses,  a 
été  rapportée,  d'après  des  données  encore  bien  peu  nombreuses,  à  l'horizon 
de  l'Oxford-clay.  Quant  aux  fossiles  recueillis  plus  au  nord  et  jusque  sous 
le  77°  16'  de  latitude,  il  serait  prématuré  de  vouloir  leur  assigner  un 
niveau  déterminé  dans  la  formation,  et  il  en  est  à  peu  près  de  même  de 


(  386  ) 
ceux  qui  ont  été  jusqu'à  présent  observés  sur  quelques  points  extrêmement 
éloignés  de  l'hémisphère  sud. 

»  Ainsi,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  et  sans  rien  préjuger  de 
ce  que  l'avenir  nous  apprendra,  les  couches  jurassiques  normales  ou  consi- 
dérées dans  des  chaînes  de  montagnes  simples  ou  mixtes,  poursuivies  à  tra- 
vers l'ancien  et  le  nouveau  continent,  ne  nous  ont  offert  nulle  part  un  déve- 
loppement comparable  à  ce  que  nous  avons  constaté  dans  la  région  prise 
pour  type.  Nulle  part  la  série  ne  serait  aussi  complète,  et  le  plus  ordinai- 
rement on  ne  retrouve  qu'un  seul  de  ses  termes  principaux.  Si  l'on  prend 
ces  derniers  dans  l'ordre  de  leur  plus  grande  extension  relative,  on  voit  que 
le  plus  constant,  eu  égard  aux  débris  d'animaux  marins,  est  l'étage  de 
rOxford-clay  qui  appartient  au  second  groupe,  puis  viennent  le  lias  qui  est 
le  quatrième,  le  groupe  oolithique  inférieur  le  troisième,  et  enfin  le  supé- 
rieur ou  le  premier,  le  plus  restreint  de  tous  et  qui  ne  paraît  pas  s'étendre 
beaucoup  au  delà  de  l'Europe  occidentale  et  centrale. 

»  Parmi  les  résultats  les  plus  importants  déduits  de  l'examen  des  fossiles, 
nous  avons  fait  voir  que  la  faune  jurassique  d'Angleterre,  placée  dans  les 
meilleures  conditions  pour  ce  genre  de  recherches,  n'avait  offert  aucune 
espèce  du  lias  qui  se  fût  perpétuée  jusqu'au  Portland-stone,  Les  modifica- 
tions survenues  dans  l'organisme,  pendant  le  laps  de  temps  écoulé  entre  le 
commencement  et  la  fin  de  la  période,  ont  été  lentes,  graduelles  dans  l'en- 
semble et  néanmoins  continues,  de  telle  sorte  qu'en  aucun  point  de  la  série 
le  renouvellement  n'a  été  complet  à  im  moment  donné.  La  manifestation 
des  forces  vitales  n'a  été  suspendue  à  aucun  instant,  et  jamais  la  chaîne  des 
êtres  n'a  été  tout  à  fait  rompue,  de  nouveaux  anneaux  se  formant  avant 
que  tous  les  autres  fussent  brisés. 

.  >>  Nous  ne  doutons  pas  que  l'étude  attentive  des  fossiles  dans  les  autres  par- 
ties de  notre  région  type  ne  conduise  à  des  résultats  analogues.  Ce  que  nous 
savons  aujourd'hui  tend  à  le  prouver.  Mais  aussi,  dès  que  nous  nous  en  éloi- 
gnons dans  une  direction  ou  dans  une  autre,  et  à  mesure  que  le  nombre 
des  étages  et  des  groupes  diminue,  les  principaux  horizons  qui  persistent, 
tout  en  conservant  quelques-uns  de  leurs  caractères  essentiels,  manifestent 
des  modifications  sensibles.  On  n'y  retrouve  plus  cette  succession  de 
faunes  distinctes,  constantes,  si  bien  échelonnées,  de  bas  en  haut,  depuis 
le  Jura  jusque  dans  l'ouest  de  l'Angleterre.  Il  y  règne  une  certaine  indéci- 
sion, et  même  un  mélange  de  formes  qui  ne  se  montraient  point  ensemble 
là  où  la  série  est  le  mieux  développée.  Or  ces  changements  sont  d'autant  plus 
prononcés,  que  les  dépôts  sont  plus  éloignés  de  la  région  prise  pour  terme 


(  387  ) 
de  coiiiparaison  et  que  les  représentants  de   la  série  générale  sont  eux- 
mêmes  plus  réduits. 

»  La  flore  de  la  période  jurassique  ne  nous  a  pas  été  moins  utile  que  sa 
faune,  malgré  le  petit  nombre  relatif  des  végétaux  connus  jusqu'à  présent. 
Ils  ont  été  quelquefois  nos  .seuls  guides  poiu'  rattacher  à  cette  foimation 
d'immenses  dépôts  presque  dépourvus  de  débris  organiques  animaux,  sur- 
tout marins.  Ainsi,  c'est  sur  les  plantes  fossiles  de  llnde  centrale  et  de  la  Vir- 
ginie, comparées  avec  celles  observées  dans  l'Europe  occidentale,  que 
repose  particulièrement  le  rapprochement  que  nous  avons  indiqué,  et, 
si  quelques  présomptions  relatives  à  certains  dépôts  de  l'Australie  venaient 
à  se  vérifier,  ce  serait  encore  sur  la  connaissance  des  végétaux  que  le  syn- 
chronisme aurait  d'abord  été  fondé. 

M  Si  du  point  où  nous  sommes  placé  nous  descendons  dans  les  couches 
du  globe  jusqu'à  ce  que  nous  atteignions  les  premières  manifestations  de  la 
vie,  ou  si  de  ce  même  point  nous  remontons  au  contraire  jusqu'à  l'existence 
de  l'homme,  partout  où  la  série  géologique  sera  complète,  nous  trouverons 
le  témoignage  le  plus  irrécusable  de  l'harmonie  qtn  a  présidé  à  l'apparition  et 
à  la  succession  des  êtres  organisés  comme  de  la  généralité  et  de  la  continuité 
des  phénomènes  biologiques,  car  les  hiatus  ou  les  lacunes  que  nous  rencon- 
trons sont  bien  plus  souvent  dans  nos   connaissances  que  dans  la  nature. 

»  Devant  ce  résultat,  déjà  grand  quant  à  l'espace,  mais  bien  plus  grand 
encore  quand  on  le  considère  par  rapport  au  temps,  s'effacent  et  disparais- 
sent Jes  exceptions  mal  comprises  ou  mal  interprétées  sur  lesquelles 
nous  reviendrons  tout  à  l'heure  et  que  l'on  oppose  parfois  à  cette  marche 
régulière  du  développement  de  l'organisme,  qui  semble  avancer  d'im  pas 
toujours  égal  vers  ce  terme  final  dont  l'appréciation  est  au  delà  de  toute 
faculté  humaine. 

»  Si  maintenant,  au  lieu  d'envisager  les  dépôts  jurassiques,  ainsi  que 
nous  venons  de  le  faire,  dans  leur  état  le  plus  normal,  dans  les  pays  de 
plaines  et  de  plateaux  où  les  couches  sont  à  peu  près  dans  leur  position  pre- 
mière, ou  dans  des  chaînes  simples  comme  la  Côte-d'Or  et  le  Jura,  ou 
encore  dans  des  chaînes  mixtes  comme  les  Vosges  et  la  Forêt- Noire,  nous 
les  considérons  au  contraire  dans  les  surfaces  qu'occupent  les  chaînes  de 
montagnes  complexes,  telles  que  les  Carpathes,  les  Alpes,  les  Apennins  et 
les  Pyrénées,  qui  ont  éprouvé,  depuis  la  formation  de  ces  mêmes  dépôts, 
des  dislocations  et  des  mouvements  très-énergiques,  sur  une  grande  échelle 
et  à  plusieurs  reprises,  certains  faits  particuliers  se  révéleront  alors  et  doi- 
vent fixer  notre  attention. 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  8.)  5  I 


(  388  ) 

»  Lorsqu'on  vient  à  comparer  les  couches  d'une  formation  comprise 
clans  une  chaîne  de  montagnes  complexe  avec  celles  qui  doivent  leur  cor- 
respondre en  dehors  de  cette  région  accidentée  et  qui  ne  constituent  dans  ce 
cas  que  des  collines  régulières  et  plus  ou  moins  horizontales,  telles  sont 
les  couches  jurassiques  des  Alpes  de  l'Autriche,  de  la  Bavière  et  du  Tyrol 
comparées  avec  celles  de  l'Albe  de  la  Souabe,  celles  des  Carpathes  avec 
celles  des  plaines  de  la  Pologne,  celles  du  Cancase  et  de  la  chaîne  Tau- 
rique  avec  celles  des  plaines  de  la  Russie,  on  reconnaît  que,  quelque  large 
({ue  soit  la  part  faite  aux  phénomènes  dynamiques  qui  ont  accidenté  les 
premières,  quelle  qu'ait  été  l'influence  des  actions  physiques  et  chimiques 
auxquelles  elles  ont  pu  être  soumises,  les  différences  qu'elles  offrent  aujour- 
d'hui avec  les  secondes  sont  si  prononcées,  ([u'il  faut  souvent,  pour  s'en 
rendre  compte,  avoir  recours  à  des  phénomènes  d'un  autre  ordre  ou  bien 
d'un  autre  temps. 

»  Or  nous  avons  pensé  qu'il  serait  possible  de  trouver  la  cause  des  diffé- 
rences que  n'expliquent  pas  suffisamment  les  actions  que  nous  venons  de 
rappeler,  en  supposant  qu'elles  ne  sont  pas  exclusivement  dues,  comme  on 
l'a  pensé,  à  des  effets  postérieurs  à  là  formation  des  dépôts,  mais  à  des  circon- 
stances particulières  contemporaines  de  ces  dépôts,  et  limitées  dans  le  même 
espace  que  les  phénomènes  qui  plus  tard  ont  occasionné  les  bouleversements 
et  les  diverses  modifications  de  tout  le  système  à  la  fois. 

»  Ainsi,  il  résulte  des  recherches  les  plus  récentes  qu'à  partir  de  la  rive 
droite  du  Rhin  jusqu'aux  environs  de  Vienne,  région  on  l'on  ne  peut  guère 
invoquer  les  actions  métamorphiques  ni  l'influence  des  roches  ignées,  les 
caractères  pétrographiques,  la  stratification,  les  divisions  locales,  les  faunes, 
tout  devient  sans  comparaison  détaillée  possible,  non-seulement  avec  le  type 
de  la  formation  dans  le  Jura,  mais  encore  avec  l'Albe  du  Wurtemberg  qui 
borde  la  rive  opposée  du  Danube.  Kn  outre  les  coupes  nord-sud  que  l'on 
peut  faire  le  long  de  cette  région,  même  à  de  petites  distances,  ne  sont  pas 
comparables  entre  elles;  presque  toujours  il  manque  sur  un  point  quelque 
terme  de  la  série  qui  se  trouve  sur  un  autre. 

»  Ce  polymorphisme  des  dépôts  jurassiques  du  versant  nord  des  Alpes  se 
représente  plus  ou  moins  prononcé  dans  toutes  les  chaînes  de  montagnes 
complexes  ou  qui  doivent  leur  relief  à  la  répétition  des  phénomènes  de  bri- 
sement et  de  soulèvement.  Les  versants  ouest  et  sud  de  cette  même  chaîne, 
les  Apeimins,  les  petites  chaînes  de  la  Toscane  comme  les  Carpathes  au  nord 
offrent  des  circonstances  analogues,  c'est-à-dire  le  manque  de  continuité  des 
dépôts  à  un  moment  donné,  puis,  dans  les  faunes,  certains  mélanges  d'es- 


(  389) 
pèces  qui  se  trouvent  ailleurs  à  des  niveaux  distincts  et  dénotant  ici  l'insta- 
bilité des  conditions  extérieures.  Ces  associations  accidentelles  de  fossiles, 
qui  appartiennent  néanmoins  toujours  à  la  même  faune  générale,  ont  été 
invoquées  à  tort  contre  les  principes  déduits  de  la  paléontologie. 

»  Les  irrégularités  que  nous  venons  de  signaler  peuvent  être  attribuées  à 
diverses  causes  :  à  de  fréquents  changements  dans  le  niveau  des  eaux  ou  du 
sol  sousmarin,  à  l'apparition  également  plus  fréquente  des  roches  ignées  ou 
cristallines,  à  des  modifications  correspondantes  dans  la  direction  des  cou- 
rants, la  nature  des  dépôts,  la  forme  des  côtes,  etc.,  qui,  en  en  occasionnant 
par  suite  dans  les  faunes,  auront  empêché  les  animaux  marins  de  tracer,  par 
leur  station,  ces  horizons  paléontologiques  si  persistant.»-,  et  si  bien  marqués 
ailleurs  siu'  de  grandes  étendues.  Tout  nous  porte  à  croire,  en  outre,  que 
ces  oscillations  répétées  du  sol  immergé  se  sont  généralement  produites 
dans  des  directions  plus  ou  moins  parallèles  et  constantes. 

i>  Ainsi,  à  côté  et  indépendamment,  du  moins  en  partie,  des  preuves  de 
soulèvements  paroxismatiques  qui  ont  été  si  parfaitement  étudiées  et  coor- 
données par  M.  Elie  de  Beaumont,  nous  serions  porté  à  admettre  aussi, 
dans  l'étendue  des  chaînes  de  montagnes  complexes,  des  effets  que 
nous  montre  l'examen  comparatif  détaillé  de  leurs  dépôts,  et  qui  se  seraient 
produits  pendant  leur  formation.  Les  espaces  que  nous  voyons  occupés 
aujourd'hui  par  ces  mêmes  chaînes  auraient  été  pour  ainsi  dire  de  tout 
temps  le  siège  particulier  d'actions  perturbatrices,  comme  le  sont  encore, 
mais  à  un  degré  infiniment  moindre,  les  régions  volcaniques  de  l'époque 
actuelle.  C'étaient  sans  doute  des  points  de  moindre  résistance  de 
l'ècorce  terrestre,  destinés  en  quelque  sorte,  dès  les  premiers  âges  de  la 
terre,  à  devenir  dans  les  derniers  les  parties  les  plus  accidentées  de  son 
relief. 

»  La  grande  épaisseur  relative  qne  présentent  souvent  les  dépôts  dans 
ces  mêmes  espaces  serait  encore  favorable  à  cette  hypothèse  comme  leui- 
irrégularité  même.  Cette  épaisseur  de  sédiments  détritiques  n'étant  pas  né- 
cessairement fonction  du  temps,  mais  une  conséquence  des  divers  change- 
ments éprouvés  par  les  roches  préexistantes,  des  influences  variées  aux- 
quelles elles  auront  pu  être  soumises  et  qui  auront  concouru  à  tuie  altéra- 
tion et  à  une  destruction  plus  rapide  que  dans  les  mers  ouvertes,  sur 
les  côtes  tranquilles  où  les  causes  perturbatrices  incessantes  n'existaient 
pas. 

»  Enfin  c'est  luie  explication  de  certains  phénomènes  que  nous  livrons  à 
la  discussion  et  sur  laquelle  nous  appelons  l'attention  des  personnes  qui 

5i.. 


(  Sgo  ) 
s'occupent   particulièiemeiit  de  l'éttide  comparative  des  roches  sédiiuen- 
taires  dans  les  chaînes  de  montagnes  complexes.  » 

GliOLOGlE.  —  Sur  les  gisements  de  fossiles  végétaux  du  terrain  antltrncifère  des 
Alpes  occidentales.  Remarques  de  M.  Elie  de  Beaumont  nu  sujet  d'au 
passage  du  tome  VII  de  /'Histoire  des  progrès  de  la  Géologie,  présenté 
à  i Académie  par  M.  le  vicomte  d'Archiac. 

Après  la  lecture  de  M.  le  vicomte  d'Archiac,  M.  Élie  de  Beaumont 
demande  la  parole,  et  dit,  en  substance,  ce  qui  suit  : 

«  J'ai  écouté  avec  le  plus  grand  intérêt  la  communication  de  notre  savant 
confrère,  et  je  ne  puis  que  donner  mon  adhésion  à  toivt  ce  que  j'ai  entendu; 
mais  je  lui  demande  cependant  la  permission  de  lui  soumettre  une  récla- 
mation au  sujet  d'un  passage  de  l'intéressant  ouvrage  qu'il  vient  de  dépo- 
ser sur  le  bureau. 

"  Je  lis  en  effet  les  lignes  suivantes  à  la  page  4o3  de  ce  volume  : 

«  ...  Peut-on  concevoir,  en  effet,  que  pendant  qu'à  l'extrémité  orientale 
»  du  rivage  jurassique  végétait  la  flore  normale  de  la  période  du  lias, 
»  conservant  même  encore  quelques-unes  des  formes  qui  avaient  régné 
»  pendant  celle  des  marnes  irisées,  il  pîit  se  développer  en  même  temps 
»  vers  l'extrémité  occidentale  de  ces  mêmes  plages,  non-seulement  une 
»  flore  entièrement  différente  de  celle  du  lias,  de  celle  des  marnes  irisées 
)'  et  de  celle  du  grès  bigarré,  mais  encore,  et  cela  est  bien  plus  extraor- 
»  dinaire,  complètement  identique  avec  la  flore  de  la  période  houillère, 
»  telle  qu'on  la  connaît  sous  tous  les  points  du  globe?  Nulle  part  jus- 
»  qu'à  présent,  ni  clans  l'histoire  des  êtres  organisés  des  temps  géologi- 
»  ques,  ni  dans  la  nature  actuelle,  nous  n'apercevons  un  second  exemple 
»  d'une  pareille  anomalie,  aussi  contraire  à  l'harmonie  qu'on  observe 
»  partout  dans  le  développement  parallèle  des  deux  règnes  que  dans 
»  la  loi  de  succession  des  formes  propres  à  chacun  d'eux.  Vouloir 
"  expliquer  quelques  faits  qui,  dans  un  pays  très-boule  versé,  quoi  qu'on 
»  en  puisse  dire,  semblent  au  premier  abord  en  contradiction  avec  la 
»  généralité  des  lois  reconnues,  c'est  oublier,  suivant  nous,  la  réserve  dont 
»  ne  doit  jamais  se  départir  le  véritable  observateur  ;  c'est  même  faire  sus- 
»  pecter  les  vrais  motifs  d'une  opposition  qui  peut  paraître  plus  systéma- 
»   tique  que  fondée.  » 

M  Ce  passage  s'adressant  à  moi  et  aux  autres  géologues  qui  ont  concouru 
à  faire  connaître  avec  précision  le  gisement  des  plantes  fossiles  du  terrain 


(  391  ) 
anthracifère  des  Alpes  occideiidales(MM.  de  Collegno,  Sismonda,  Rozet  et 
plusieurs  autres),  je  crois  devoir  le  relever  immédiatement.  Dans  les  publi- 
cations assez  nombreuses  que  nous  avons  faites  depuis  trente  ans  (i), 
sur  ce  sujet,  qui  sans  doute  a  son  importance  puisqu'il  est  controversé 
par  des  savants  aussi  éminents  que  notre  savant  confrère,  aucun  de  nous, 
je  crois,  n'a  oublié  la  réserve  dont  ne  doit  jamais  se  déparlir  le  véritable  observa- 
teur. En  publiant  des  observations  dont  notre  honorable  confrère  ne  con- 
teste pas  l'exactitude,  aucun  de  nous  n'a  conçu  la  crainte  défaire  suspecter 
les  vrais  motifs  d'une  opposition  qui  peut  paraître,  dit  M.  d'Archiac,  plus  systéma- 
tique que  fondée,  car  nous  n'avons  eu  pour  objet  cpie  de  faire  disparaître 
une  lacune  de  la  science  sans  faire  opposition  à  aucune  théorie.  Aucune 
théorie  ne  prouve,  en  effet,  et  n'a  même  pour  but  de  prouver,  que  les 
plantes  de  la  flore  houillère,  après  avoir  existé  depuis  l'époque  silurienne 
jusqu'à  la  fin  de  l'époque  houillère _,  n'aient  pu  continuer  en  partie  à  existeret 
à  faire  naître  encore  de  petits  gîtes  de  combustibles  pendant  la  période  juras- 
sique; que  quelques-unes  même  deces  plantes  n'aient  pu  continuer  à  végéter 
jusqu'à  l'époque  du  terrain  nummulitique.  Le  terrain  nummnlitiqne  a  reçu 
le  nom  A'éocène  parce  qu'il  renferme  déjà,  dit-on,  quelques  espèces  de 
Mollusques  qui  vivent  encore  aujourd'hui  après  avoir  traversé  toutes  les 
périodes  géologiques  subséquentes. 

»  Les  Alpes  occidentales  ayant  été  l'un  des  principaux  champs  de  mes 
recherches  sur  les  systèmes  de  montagnes,  je  suis  peu  enclin,  pour  mon 
compte  personnel,  à  soutenir  que  les  couches  n'y  sont  pas  bouleversées  (2); 
mais  je  soutiens,  quoi  qu'on  en  puisse  dire,  que  la  grandeur  même  des  boule- 
versements qu'elles  ont  éprouvés  et  des  montagnes  qu'elles  constituent, 
donnent  à  l'œil  des  facilités  particulières  pour  suivre  leurs  allures  sur  de 
grandes  étendues  et  pour  constater  leurs  alternances.  Je  crois  même  que 
tous  leurs  rapports  de  gisement  sont  plus  faciles  à  observer  que  ceux  des 
couches  d'un  grand  nombre  de  terrains  houillers,  qui  sont  à  la  fois  plus 
disloqués  et  plus  couverts,  et  dont  la  structure  stratigraphique  est  cependant 
regardée  comme  suffisamment  connue.  Les  quelques  faits  qui,  dans  ces  pays 
très-bouleversés  en  général  (bien  que  j'aie  pu  y  signaler  des  localités  pres- 


(j)  Toutes  les  publications  auxquelles  les  terrains  anthracifères  des  Alpes  occidentales  ont 
donné  lieu  depuis  la  fin  du  siècle  dernier,  sont  classées  et  résumées  dans'  un  travail  auquel 
j'ai  pris  part  avec  M.  Albert  Gaudry  et  M.  Laugel,  et  qui  a  été  inséré  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  Géologique  de  France,   2-  série,  tome  XII,  pages  534  "  ^7^  (i855). 

(2)  Annales  des  Sciences  naturelles,  t.  XIV,  p.  1 13  (1828),  et  t.  XV,  p.  353  (1828J. 


(  392  ) 
que  intactes  (  i  ),  semblent  au  premier  abord  en  contradiction  avec  la  qénéralilé 
des  lois  connues,  m'ont  paru  mériter,  par  cela  même,  une  attention  parti- 
culière, qui  m'a  porté  à  en  reprendre  l'étude,  depuis  trente-six  ans,  à  plu- 
sieurs reprises,  et  notamment  l'année  dernière^  dans  un  voyage  que  j'ai  eu 
l'avantage  de  faire  avec  mon  savant  ami  M.  Sismonda  (2). 

»  Ces  faits,  auxquels  personne  ne  refuse,  je  crois,  l'épithète  de  curieux, 
méritent  encore  l'attention  par  l'étendue  sur  laquelle  on  peut  les  observer. 
J'ai  en  effet  montré  ailleurs  (3)  que  le  terrain  anthracifère  des  Alpes  occi- 
dentales se  continue  sans  interruption  sur  une  longueur  de  près  de  200  kilo- 
mètres (5o  lieues)  et  sur  une  largeur  de  60  kilomètres  (16  lieues),  et  qu'il  a 
été  déposé  sur  une  surface  d'environ  9,000  kilomètres  carrés,  c'est-à-dire 
égale  à  trois  fois  au  moins  la  somme  des  surfaces  de  tous  les  terrains  houil- 
1ers  de  la  France  et  presque  égale  à  la  moitié  des  surfaces  réunies  de  tous  les 
terrains  liouillers  de  la  France,  de  la  Belgique  et  de  la  Grande-Bretaqne.  Ce 
terrain  que  les  personnes  qui  ne  le  connaissent  pas  voudraient  reléguer  parmi 
les  anomalies  négligeables,  est  donc  comparable  par  sa  grandeur  à  la  base 
principale  de  la  botanique  fossile,  c'est-à-dire  au  terrain  houiller  lui-même. 

»  Je  lliH- signalé  comme  une  preuve  de  l'insuffisance  (4)  des  formules 
actuelles  de  la  botanique  fossile;  mais  insuffisance  n'est  \)a^  fausseté,  et  je  suis 
très-sincèrement  persuadé  qu'il  n'y  a  dans  cette  branche  si  capitale  de  la 
paléontologie  que  des  lacunes  peu  considérables  à  remplir  pour  que  les  faits 
constatés  depuis  trente  ans  viennent  s'y  encadrer  et  confirmer  la  théorie  au 
lieu  de  l'affaiblir. 

»  Le  soin  de  combler  ces  lacunes  ne  m'est  pas  dévolu,  mais  si  la  réserve 
qui  m'est  judicieusement  conseillée  me  permettait  de  hasarder  une  conjec- 
ture sur  une  matière  qui  sort  de  mes  études  spéciales,  j«  dirais  que  dans  le 
monde  ancien  les  stations  des  végétaux  devaient  être  aussi  distinctes  que  dans 
le  monde  actuel,  et  qu'en  partant  de  la  différence  qu'on  observe  aujourd'hui 
eu  France  entre  la  végétation  d'une  montagne  aride  couverte  de  conifères,  et 
celle  qui  présente  à  son  pied  une  prairie  tourbeuse  peuplée  d'aunes,  de  saules, 
etc.,  on  pourrait  peut-être  parvenir  à  concevoir  comment  les  couches  juras- 

(i)  Foyez,  pour  l'indication  de  l'une  des  plus  remarquables  de  ces  localités  presque 
intactes  au  sein  des  régions  alpines,  une  Notice  sur  un  gisement  de  végétaux  fossiles  et  de 
graphite  situé  au  col  du  Chardnnnet  [département  des  Hautes-Àlpes).  Annales  des  Sciences 
naturelles,  tome  X-V  (1828),  pages  355  à  36?.. 

{Q.)\oy Ci.  Comptes  rendus,  t.  XLV,  p.  g^2  et  947  (séance  du  7  décembre  iSS^). 

(3)  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,  2°  série,  tome XII,  page 673  (i855). 

(4.)  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,  2"  série,  tome  XII,  page  676  (i855)- 


(  393  ) 
siq lies  des  Alpes  autrichiennes  et  celles  des  Alpes  occidentales  renferment, 
quoique  contemporaines,  des  plantes  toutes  différentes.  Qu'on  n'oublie  pas 
d'ailleurs  que  de  part  et  d'autre  on  trouve  seidement  luie  centaine  de 
plantes  fossiles,  et  que  la  flore  d'iuie  vaste  cotitrée  n'ayant  sans  doute 
jamais  été  réduite  à  cent  espèces,  à  des  époques  où  les  faunes  marines 
étaient  plus  nombreuses  et  plus  variées  qu'aujourd'hui,  on  raisonne  ici 
sur  le  tout  d'après  des  fractions  très-minimes. 

»  Un  terrain  marin  et  un  terrain  cVeaii  cloître  peuvent  être  contemjjo- 
rains  sans  que  les  espèces  d'animaux  qu'ils  contiennent  présentent  une 
seule  espèce  identique.  » 

Réponse  de  M.  d'Archiac. 

«  Je  remercierai  d'abord  notre  savant  Secrétaire,  M.  Élie  de  Beaumout, 
de  l'approbation  infiniment  précieuse  pour  moi  qu'il  a  bien  voulu  donner 
aux  déductions  générales  que  je  viens  d'exposer  devant  l'Académie,  et  dont 
quelques-unes  avaient  déjà  été  indiquées  par  lui.  Quant  à  ses  remarques  sur 
certains  passages  du  tome  VIT  de  l'Histoire  des  progrès  de  la  Géolorjie,  je  ré- 
pondrai que,  si  tous  les  observateurs,  qui  depuis  trente  ans  ont  visité  les  di- 
verses localités  de  la  Tarentaise,  ont  reconnu  l'exactitude  parfaite  des  des- 
criptions qu'il  en  a  données,  j'ai  pu  au  milieu  du  dissentiment  profond  qui 
existait  sur  la  question  théorique  qu'elles  avaient   soulevé,   dire,  comme 
simple  historien,  qu'une  extrême  réserve  était  commandée  lorsqu'il  s'agissait 
d'une  conclusion  opposée  à  tous  les  faits  connus  ailleurs.  C'était,  comme  la 
phrase  qui  suit  celle  à  laquelle  je  viens  de  faire  allusion,  une  réflexion  gé- 
nérale suffisamment  motivée  par  le  sujet  même,  et  qui  ne  pouvait  avoir 
dans  ma  pensée  aucune  application  personnelle. 

»  Ce  n'est  point  une  théorie,  mais  bien  l'observation  et  la  comparaison  des 
faits  connus  jusqu'à  présent,  qui  constatent  que  la  flore  palézoïque  s'est 
éteinte  avec  le  système  permien,  après  avoir  éprouvé  déjà  des  modifications 
et  un  appauvrissement  graduel  dans  celte  dernière  période.  Aucun  fait 
régulier  et  par  conséquent  d'une  importance  réelle  dans  la  question  n'ap- 
puie encore  l'hypothèse  qu'une  partie  de  la  flore  houillère  ait  pu  continuer 
à  exister  de  manière  à  produire  de  petits  gisements  de  combustible,  pen- 
dant la  période  jurassique  et  même  plus  tard. 

»  L'étendue  superficielle  des  dépôts  avec  des  plantes  houillères  seule- 
ment n'est  point  ici  en  question,  et,  fût-elle  plus  considérable  encore,  ne 
prouverait  rien  quant  au  point  en  discussion.  Ces  dépôts  authracifères  des 
Alpes  peuvent,  comme  beaucoup  de  géologues  et  tous  les  botanistes  le  pen- 
sent, représenter  la  période  carbonifère,  sans  être  le  moins  du  monde  une 


7  394  ) 
anomalie  dans  la  série  des  roches  des  Alpes.  Le  mélai)go  des  plantes  houil- 
lères avec  des  coquilles  du  lias,  en  admettant  sa  réalité,  est  un  fait  encore 
si  restreint,  qui  a  été  constaté  sur  une  si  faible  épaisseur  et  dans  si  peu  de 
localités,  en  supposant  même  qu'il  y  en  ait  plusieurs,  ce  dont  je  doute,  qu'il 
ne  peut  élre  regardé  que  comme  un  accident  fortuit  dont  le  modus  operandi 
est  inconnu.  Cette  association,  eu  opposition  avec  tout  ce  que  présente 
l'histoire  de  la  vie  à  la  surface  delà  terre,  n'est  qu'une  apparence  trompeuse, 
à  ce  que  je  puis  juger,  d'après  tout  ce  qui  a  étéécrit  contradictoirement  de 
puis  trente  ans,  et  sans  qu'aucune  addition  importante  ait  été  laite  à  la 
première  observation  de  M.  Élie  de  Beaumont.  Remarquons  bien,  en  effet, 
que  tout  ce  qui  a  été  dit  depuis  lors  a  concouru  seulement  à  faire  connaître 
des  fossiles  du  lias  sur  divers  points  et  des  plantes  houillères  sur  d'autres, 
mais  non  d'une  manière  absolue  l'association  ou  la  confemporanéité  des 
premiers  avec  les  secondes. 

»  J'ai  fait  observer  aussi  [Histoire  des  progrès  de  la  Géoloyie,  t.  V,  p.  5), 
que  la  grandeur  des  accidents  des  chaînes  de  montagne  fort  élevées  était 
plus  favorable  à  l'observation  que  les  pays  d'un  faible  relief  qui  ont  aussi 
été  très-tourmentés.  Cependant  il  y  a  dans  le  premier  cas,  et  c'est  la  con- 
séquence même  de  l'énergie  du  phénomène,  une  cause  d'erreur  qui  se 
trouve  rarement  dans  le  second.  Ce  sont  ces  renversements  complets  dont 
les  Alpes  suisses  nous  présentent,  siu'  d'immenses  échelles,  des  exemples 
qui  sont  restés  si  long  incompris  des  géologues.  Or,  que  ce  soit  cette  cause 
ou  tout  autre  qui  ait  produit  le  rapprochement,  ou  même  le  mélange  super- 
ficiel, sur  quelques  points  d'un  Irès-petit  pays,  de  plantes  houillères,  avec 
des  coquilles  du  lias,  il  suffit  que  cette  circonstance  ne  se  soit  rencontrée 
que  dans  une  chaîne  complexe  et  n'ait  jamais  été  observée  dans  des  dépôts 
encore  dans  leur  position  première,  pour  que  nous  soyons  autorisé  à  ne 
pas  admettre  la  conteinporanéité  des  uns  et  des  autres. 

»  C'est  l'étude  de  ces  derniers  dépôts  qui  seule  peut  nous  dévoiler  l'ordre 
de  succession  des  êtres  organisés  dans  le  temps  et  dans  l'espace;  seule 
aussi  elle  nous  a  appris  ce  que  nous  savons  à  cet  égard  de  plus  positif. 

»  Quant  à  l'idée  fort  ingénieuse  par  laquelle  M.  Elie  de  Beaumont  ter- 
mine ses  réflexions,  il  semble  que  le  moindre  relief,  la  moindre  étendue  des 
terres  émergées,  la  plus  grande  extension  des  eaux,  une  température  plus 
égale,  dont  les  plantes  comme  les  animaux  nous  donnent  des  preuves  par 
leur  distribution  pendant  la  période  jurassique,  aussi  bien  que  pendant 
celles  qui  l'ont  précédée,  étaient  des  circonstances  peu  favorables  à  son  ap- 
plication en  grand.  Les  recherches  des  paléophytologistes  les  plus  distingués, 
dont  nous  avons   reproduit  les  observations  (pages    146  et  suivantes  du 


(  395  ) 
tome  VII),  n'autorisent  pas  non  plus  à  admettre  encore  une  distri- 
bution des  plantes  d'alors  en  rapport  avec  des  différences  d'altitude. 
»  Enfin  les  fractions  de  flores  sur  lesquelles  on  raisonHe  de  part  et  d'autre 
sont,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  comparables  d'après  toutes  les  lois 
de  l'analogie,  et,  des  différences  spécifiques  existant  entre  les  fossiles  d'eau 
douce  et  marins  qui  ont  vécu  dans  le  même  temps,  on  ne  peut  déduire  la 
contemporanéité  de  plantes  terrestres  d'une  période  bien  déterminée  avec 
des  Mollusques  marins  d'une  autre  période  également  bien  caractérisée, 
partout  distincte  et  séparée  de  la  première  par  un  laps  de  temps  que  repré- 
sentent des  faunes  et  des  flores  non  moins  différentes.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Note  Sur  l'inclinaison  et  la  déclinaison  magnétiques  à 
l'Observatoire  de  Toulouse;  par  M.  F.  Petit. 

«  Ces  éléments  ont  été  déterminés  à  l'aide  de  boussoles  de  Lenoir,  sauf 
l'inclinaison  du  i^'aoùt  1842,  qui  fut  mesurée  par  M.  Eugène  Bouvard  et 
par  moi  avec  une  boussole  de  Gambey. 


i"aoùti852.    ... 

i3  décembre  1846. 
5  décembre  1 847  • 
2  décembre  i85o. 

17  décembre  iSSî  . 
'  17  décembre  i852. 


29  août  1 854 

20  août  1 855 

i4  novembre  i856. 
i"  janvier  1857. .. 

2  janvier  1857. . . 

2  mars  1857 

29  août  1857 

3i  août  1857 

i5  décembre  1857 . 


16  décembre  1857 . 
23  décembre  1 857  . 


Inclinaison.  % 

8''  du  matin 

lo''  du  matin 

10''  du  matin 

1 1''  du  matin 

i*"  du  soir 

S*"  du  soir  Plus  loin  des  fers  de 
l'Observatoire  et  plus 
piès  <le  ceu."t  de  l'obé- 
lisquedu  loavril  i8i4- 


Inclinaison  magnétique. 


1  = 


10''  du  matin.  .  .  . 

O)^  du  matin .... 

y^  du  soir 

9''3o"  du  matin. 
lO*"  du  matin. . . . 

3''3o"'  du  soir. . 

8''3o°'  du  matin. 

S*"  So"  du  malin . 


10''  So"  du  matin. 


24  décembre  i857  .    10''  3o  du  malin 

C.  R.,  i858,  1"  Semettre.  (T.  XLVI,  >"  8.) 


63.39,0 

63. 22,0 
63. 12,0 
63. 1 1 ,0 
62.50,0 
62.48,5 


62.39,9 

:  62.27,8 
62.28,5 
:  62.27,3 
:  62. 27, 3 
:  62. 27, 3 
:  62.30,0 
:  60.29,0 
:  62    28,5 


62.35,3 
62.33,8 


:  62. 33,0 


En  plein  champ, 
à  i65  mètres  vers 
Test  (lu  pavillon 
magnétique. 

En  plein  champ, 
à  la  même  sta- 
tion que  le  iS  dé- 
cembre. 


(396) 
^  »  En  arrêtant  la  série  à  i855,  on  aurait,  pour  la  diminution  moyenne 

annuelle,  dans  cette  période  de  i3  ans,  ^  =  5',  46,   abstraction   faite  de 

l'influence  des  variations  diurnes,  qu'il  n'a  pas  encore  été  possible  d'étu- 
dier ici,  faute  d'instruments  convenables,  et  qui  d'ailleurs,  sur  une  série 
aussi  étendue,  ne  doit  pas  être  très-considérable.  Les  observations,  pendant 
cette  période,  ont  été  faites  en  plein  air  dans  le  jardin  de  l'Observatoire. 
Les  expériences  de  iSSa,  à  différentes  distances  de  l'établissement,  mon- 
trent en  outre  que  l'influence  des  fers  du  bâtiment  ne  parait  pas  avoir  pro- 
duit de  perturbations  notables  sur -les  déterminations  précédentes. 

»  En  i856,  un  petit  pavillon  fut  établi  sur  l'emplacement  même  où  j'ob- 
servais précédemment.  Les  précautions  les  plus  minutieuses  ont  été  prises 
pour  éviter  l'introduction  du  fer  dans  la  construction.  Les  observations  de 
décembre  1857,  faites  dans  ce  pavillon  et  en  plein  champ,  semblent  indi- 
quer, du  reste,  que  son  influence  ne  serait  pas  comparable  à  la  diminution 
qui  aurait  dû  avoir  lieu  en  deux  ans.  Et  pourtant,  depuis  cette  époque,  la 
diminution  progressive  de  l'inclinaison  magnétique  présente  un  arrêt  sin- 
gulier. Le  voisinage  du  chemin  de  fer,  celui  surtout  de  la  gare,'  qui  n'est 
qu'à  5oo  ou  600  mètres  de  l'Observatoire  et  qui  ne  datent  eux-m^pies  que 
de  i856,  auraient-ils  produit  cette  anomalie?  J'avoue  qu'il  n«  m'a  pas  été 
loisible  jusqu'à  présent  d'étudier  la  question  et  que  j'ai  dû  réserver  cette 
recherche  pour  une  époque  où  je  me  trouverai  moins  surchargé.  Dans  tous 
les  cas,  il  resterait  à  expliquer  comment  une  influence  sensiblement  con^ 
stante  pourrait  avoir  changé  la  diminution  en  accroissement,  s'il  était  per- 
mis de  compter  sur  l'exactitude  rigoureuse  des  observations  faites  du 
20  août  1845  au  24  décembre  1857,  ou  sur  l'absence  de  toute  autre  cause 
perturbatrice  variable. 

»  La  modification  annuelle  de  l'inclinaison  magnétique  aurait^eUe  réel- 
lement changé  de  signe  depuis  i855?  Gela  ne  me  paraît  guère  probable, 
puisqu'un  pareit  changement  n'a  pas  encore  été  signalé,  que  je  sache,  par 
d'autres  observateurs.  Néanmoins,  comme  j'ai  toujours  opéré  avec  le  plus 
grand  soin,  comme  d'ailleurs  les  observations  du  mois  d'août  i855  et  celles 
du  mois  de  décembre  1867  ont  été  faites  à  pt;w  pj'ès  à  la  même  heure,  dans 
la  matinée,  ce  qui  élimine  l'influence  de  la  variation  diurne,  et  qii'enfin  si, 
■Jj?  ce  qui  paraît  assez  probable,  le  maximum  de  l'inclinaison  magnétique  a 

"^  lieu  à  Toulouse,  ainsi  qu'à  Paris,  dans  les  mois  d'été,  cette  dernière  cause 
tendrait  évidemment  à  masquer  l'effet  observé  au  lieu  de  le  rendre  phis 
sensible;  j'ai  pensé  qu'il  pouvait  y  avoir  quelque  intérêt  à  signaler  (bien 


(  397  ) 
entendu  sous  toutes  réserves)  l'accroissement  remarqué  ici  depuis  deux  ans 
et  qui  ne  serait  lui-même  qu'une  reproduction  de  l'oscillation  présentée, 
n)ais  sans  termes  intermédiaires  comme  aujourd'hui,  par  les  observations 
de  1847  ^*  ^^  i85o. 

Déclinaison  vers  l 'ouest. 

o  ' 

6  décembre  1847 Déclinaison  magnétique  D  =  ig.55,o 

4  décembre  i85o   =  19. 38,o  1 1*"  du  matin. 

l  10  novembre  i852 =19  28,0  2''  du  soir.        | 

(  10  novembre  1 852     Plus  loin  des  fors  de  l'Ob-     ...      =19.23,2  4''3odusoir.  ) 

«crvatoire  et  plus  près  de 

ceus  de  Tobolisque 

3o  août  1854 =19     7  ,6       g""  du  matin. 

3o  août  1 855 ; ^/. . .  =  19 .    1,8       ç)^  Se™  du  matin. 

19  novembre  i856 • .■»..>.*i''   =  ig.  10,2     i2''3o'"  du  matin. 

14  décembre  1857 =  18. 43, 8     loi^So'"  du  matin. 

1 4  décembre  1857      En  plein  champ,  à  i65  mè-      ...      =:i8.47,>        2'"  du  soir. 

très  vers  Pest  du  pavillon 

magnétique. 
16  décembre  1857      En  plein  champ,  à  Ja  même      ...       =:i8.43,0         3''  du  soir.  j 

station  qu«  te  i/|  déce  mbre.  \ 

16  décembre  1857 :=  i8.48,3       4""  3o"  du  soir.  ) 


»  L'année  1 856  présente  encore  ici  une  anomalie  analogue  à  celle  qui  eut 
lieu  à  la  même  époque  pour  l'inclinaison.  Seulement,  cette  seconde  ano- 
malie n'est  pas  restée  permanente  comme  la  première,  et  la  diminution 
progressive  s'est  manifestée  de  nouveau  en  1857.  Les  dernières  observations, 
faites  d'ailleurs  dans  le  cabinet  magnétique  et  en  plein  champ,  à  i65  mètres 
de  ce  cabinet,  paraissent  indiquer  aussi  que  l'influence  du  pavillon  doit  être 
assez  faible  en  supposant  qu'elle  existe,  ce  que  je  n'oserai  pourtant  ni  rejeter 
ni  admettre,  jusqu'à  ce  qu'une  étude  plus  approfondie  ait  pu  être  faite  avec 
des  appareils  qui  me  manquent  encore.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  série  précé- 
dente donnerait  pour  Toulouse  une  diminution  annuelle  de  la  déclinaison 
magnétique  égale  à  7  minutes  environ.  » 


ASTRONOMIE.  —    Observations  de  la  i"  comète  de  iS5S,  faites  à   Toulouse; 

par  M.  F.  Petit. 

«  Occupé,  depuis  plusieurs  années,  de  longues  recherches  sur  les  paral- 
laxes des  étoiles,  il  me  serait  difficile,  dans  les  circonstances  où  je  me  trouve 
placé,  de  trouver  du  temps  pour  suffire  aux  détails  des  divers  travaux  qu'un 

5i.. 


'\ 


(398  ) 
personnel  nombreux  permet  de  suivre  journellement,  dans  les  grands  éta- 
blissements astronomiques.  J'ai  pu  cependant  observer  deux  fois  la  i"  co- 
mète dei858;  et  comme  il  serait  possible,  à  cause  de  son  extrême  faiblesse 
ou  de  l'état  de  l'atmosphère,  qu'elle  n'eût  pas  été  aperçue  ailleurs  aux  mêmes 
époques,  je  crois  devoir  donner  ces  deux  observations  : 

O  soir  7  février  i858  à  g""  Si""  28%o6  temps  moyen  de  Toulouse. 

Position  appa-  \ 

rente  de  la  comète  f  51  »^ =  2^.i'"./[5',0']  =  mA -\-  (i'"3i%27) 

non  corrigée  delà  I  Dist.  pol.  nord  de  la  *^i  =  85°.  i'.o",34=  Dist.  pol.  nord  de  A— (2'.  i",o6) 
parallaxe 

»   Étoile  À  de  comparaison  =  1070  du  Catalogue  de  Weisse  (3914  de 
celui  de  Lalande),  pour  laquelle  on  a  : 

Position  moyenne  au  i"^  janvier  1800 (  ^.  ,  ,  ,  „„  ' 

••  (  Disl.  pol.  nord  de  A  =  85°.3'.4",78 

„    ..  .    ,       f.     .       Qco  \^-^ =  2'".o"'.i3s8o 

Position  apparente  le  7  février  io58 !.  ,  ,  ,  „»    „      ,  , 

"^  '  j  Dist.  pol.  nord  de  A  =  85''.3'.i",4 

5  soir  17  février  i858  à  g*"  ]9'"5o%4»    temps  moyen  de  Toulouse  (la»^  est  basse  et 
déjà  enveloppée  des  vapeurs  de  l'horizon  ;  l'observation  est  très-difficile). 

Position     ap- ]  •.  o^.     ,.     /-  ,►-,,, 

.   ,    •^     &*m =2''.35"'.5S26=  3iB—  5°".5q%82 

parente  de  la  co-  /     .  ,  ,,    ,    ,  ,0,  ,~^„  ... 

'  ,  Dist.  pol.  N.  de  la  *m  =  gi"- 1 3'.58",79  =  ^'s'-  P»'-  N.  de  B  +  (i'.  17  ",34 

•  »  Étoile  B  de  comparaison  =  5^  1 3  de  Lalande  dont  la  position  moyenne 
le  1"  janvier  et  la  position  apparente  le  17  février  i858  sont  les  sui- 
vantes ,: 

""„...  j     m        ,r-         •  oro       \^^ =2''.4l«'.4%87 

Position  moyenne  de  B  le  i  "  janvier  1 858. .       .  ,  ,  ,  ,  , 

(  Dist.  pol.  nord  de  B  =  94".  12'. 42", 4° 

n     ...  .    j    «1         f.     •        Q/ro      (»B =  2'>.4i"'.5%o8 

Position  apparente  de  B  le  17  février  1 858. .  <  ^ 

■        '  (Dist.  pol.  nord  de  6  =  94".  12'. 4i",45 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  annonce,  d'après  une  nouvelle  parvenue  à 
M.  Duperrey,  la  perte  que  vient  de  faire  l'Académie  dans  la  personne  de 
M.  Lottin,  un  de  ses  Correspondants  pour  la  Section  de  Géographie  et  Na- 
vigation, décédé  à  Versailles  le  18  février  i858. 


(399) 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  Leroy,  d'ÉtioUes,  lit  un  Mémoire  «  sur  la  combinaison  de  l'écrasement 
par  pression  et  par  percussion  dans  la  lithotritie  et  sur  la  généralisation  de  cette 
méthode.  » 

«  L'Académie,  dit  l'auteur,  a  entendu  récemment  la  lecture  d'un  Mémoire 
tendant  à  établir  que  la  lithotripsie,  ou  lithotritie,  doit  toujours  être  prati- 
quée avec  un  marteau,  un  point  d'appui  fixe  et  un  lit  disposé  ad  hoc.  Je 
soutiens  au  contraire  et  je  prouve  par  les  faits  :  i"  que  l'écrasement  par 
pression  est  applicable  au  plus  grand  nombre  des  calculs  vésicaux;  2°  que 
dans  les  cas  où  la  percussion  est  reconnue  nécessaire,  elle  s'exécute  fort  bien 
sans  point  d'appui  pris  sur  un  lit,  par  le  moyen  de  mon  marteau  ou  percuteur 
à  détente,  qui,  s'adaptant  au  brise-pierre,  prend  sur  lui  son  point  d'appui, 
fait  corps  avec  lui  et  ne  produit  pas  plus  de  secousse  que  le  chien  d'un 
fusil....  J'ai  présenté  ce  percuteur  à  détente  à  l'Académie  des  Sciences  en 
i838,  et  il  a  été,  dans  la  séance  du  8  avril  iSSg,  l'objet  d'un  Rapport  favo- 
rable. Depuis  que  l'Académie  sur  la  proposition  de  la  Commission  a  accordé 
son  approbation  à  cet  appareil,  j'en  ai  fait  l'application  sur  i5o  à  260  ma- 
lades, et  toujours,  à  l'exception  d'une  seule  fois,  avec  avantage.  Je  ne  veux 
pas  dire  par  là  que  je'n'aie  perdu  aucun  de  ces  malades,  mais  seulement  que 
l'appareil  a  toujours  rempli  mécaniquement  l'effet  que  j'en  attendais.  Il  m'a 
suffi  dans  tcuxtes  les  applications  immédiates  à  tasser  le  détritus  dans  les 
cuillers  et  à  rapprocher  complètement  les  branches.  Il  permet  de  percuter 
sur  un  lit  ordinaire,  sans  aide  ni  assistance  de  personne.  » 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Jobert  de  Lamballe,  Civiale.) 

M.  Chatin  fit  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  De  la  difjusion  générale  de 
[iode,  ou  de  C existence  de  ce  corps  dans  Hoir,  dans  les  eaux,  dans  les  minéraux 
et  les  corps  organisés.  » 

L'auteur  en  terminant  ce  Mémoire  le  résume  lui-même  dans  les  termes 
suivants  : 

«  1°.  La  présence  de  l'iode  dans  les  plantes  et  les  animaux  est  reconnue 
par  tous. 

»  2°.  La  présence  de  l'iode  dans  les  minéraux  et  la  généralité  des  corps 
simples  du  commerce  n'est  pas  contestée. 

»  3°.  La  présence  de  l'iode  dians  les  eaux  communes,  théoriquement 


(  4oo  ) 
incontestable  et  établie  par  l'analyse  chimique,   est  encore  un  objet  de 
doute  pour  quelques-uns. 

0  4°-  La  présence  de  l'iode  dans  l'eau  distillée  n'est  pas  admise  par 
M.  de  Luca. 

»  5°.  La  présence  de  l'iode  dans  l'atmosphère  est  niée  par  M.  Cloëz  et 
par  M.  de  Luca. 

»  6".  Je  persiste  à  soutenir  l'existence  de  l'iode  dans  les  eaux  communes, 
dans  les  eaux  distillées  et  dans  l'air. 

»  7°.  Je  n'affirme  pas  seulement  la  présence,  mais,  presque  sans  réserve 
aucune,  l'état  de  l'iode  dans  l'atmosphère  :  de  la  proportion  plus  grande 
de  l'iode  dans  la  rosée  que  dans  la  pluie,  ou  près  de  la  surface  du  sol  que 
dans  les  hautes  régions  de  l'air;  de  la  densité  de  sa  vapeur  ;  de  la  non-pro- 
portionnalité entre  l'iode  et  les  chlorures  ou  autres  matières  de  l'air  et  des 
pluies  ;  enfin  ,  de  l'existence  de  l'ozone  et  de  son  action  sur  les  iodures,  je 
conclus  que  l'iode  existe  dans  l'air  à  l'état  libre. 

»  L'iode  des  eaux  distillées  a  conduit  et  fait  conclure  à  l'iode  de  l'air;  la 
présence  de  l'iode  dans  les  eaux  et  les  minéraux,  rapprochée  de  l'existence 
et  de  l'action  de  l'ozone  sur  Ips  iodures,  porte,  par  une  autre  voie,  à  une 
conclusion  identique.  » 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission  précédemment 
nommée  po^-  des  travaux  de  l'auteur  sur  les  mêmes  questions,  MM.  Dumas, 
Élie  de  Beaumont,  Boussingault,  Bussy,  Moquin-Tandon  et  Fremy,  ces 
deux  derniers  Mernbres  remplaçant  MM.  Gaudichaud  et  Thenard. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  détermination  des  déclinaisons  et  des  ascensions  droites 
des  étoiles  par  des  observations  azimutales ;  par  M.  Emm.  Liais.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment   nommés  :  MM.  Laugier,  Faye,  Delaunay.) 

«  Lorsque  l'on  compare  entre  elles  les  déclinaisonset  les  différences  d'as- 
cension droite  des  étoiles  fondamentales,  prises  dans  divers  catalogues,  on 
y  remarque  des  divergences  très- grandes,  et  qui  paraissent  provenir  du 
mode  d'observation  employé. 

>•  Les  observations  méridiennes  ont  l'avantage  de  présenter  une  grande 
simplicité,  mais  eli^^s  spiit  lytérées  par  diverses  cause^  d'ej'jceUjr  qui  pro- 


viennent:  pour  les  déclinaisons,  de  la  réfraction,  de  la  flexion  des  lunettes  et 
des  cercles,  et  de  la  dispersion  atmosphérique  ;  pour  les  ascensions  droites, 
des  équations  personnelles  et  des  erreurs  périodiques  des  pendules.  C'est  à 
ces  diverses  causes  d'erreur  qu'il  faut  attribuer  les  différences  remarquées 
entre  les  catalogues  d'étoiles  fondamentales,  et  il  semble  que,  quant  à  pré- 
sent, on  a  tiré  de  l'astronomie  méridienne  tout  ce  qu'elle  peut  donner 
comme  précision.  Pour  aller  plus  loin,  il  faut  donc  recourir  à  de  nouveaux 
.  procédés  d'observation. 

»  Dans  un  précédent  Mémoire,  nous  avons  indiqué  un  moyen  de  substi- 
tuer des  opérations  de  pointé  aux  estimations  de  passage  dans  les  observa- 
tions astronomiques  azimutales.  Par  cette  substitution,  on  augmente  lapré- 
cision  de  ces  observations  en  remplaçant  les  mesures  de  temps  par  des 
mesures  d'arc,  et  en  faisant  disparaître  les  équations  personnelles,  la  diffé- 
rence d'estime  des  passages  le  jour  et  la  nuit,  et  l'influence  des  ondulations 
sur  cette  estime. 

0  Les  observations  azimutales  ont  d'ailleurs  l'immense  avantage  d'être 
indépendantes  de  fa  réfraction,  de  la  flexion  des  cercles  et  des  lunettes,  et 
de  l'influence  de  la  dispersion  atmosphérique  sur  le  pointé,  erreurs  qui 
toutes  affectent  les  observations  de  hauteur. 

w  II  est  donc  du  plus  haut  intérêt  pour  l'astronomie  de  précision  d'em- 
ployer les  observations  azimutales  de  préférence  aux  observations  méri- 
diennes, aussi  souvent  que  possible.  Dans  le  présent  'Mémoire,  nous  avons 
pour  but  de  faire  voir  que  les  ascensions  droites  et  les  déclinaisons  des 
étoiles  peuvent  être  obtenues  à  l'aide  d'observations  azimutales  seulement, 
et  nous  proposons  d'employer  ce  procédé  pour  refaire  le  catalogue  des 
étoiles  fondamentales. 

rt  Le  moyen  que  nous  avons  indiqué  pour  substituer  des  opérations  de 
pointé  aux  estimations  de  passage,  est  ce  qui  permet  de  retrouver  dans  les 
observations  azimutales  abandonnées  jadis  pour  les  observations  méri- 
diennes, de  nouveaux  avantages.  Deux  éléments  entrent  dans  les  observa- 
tions astronomiques,  les  angles  et  le  temps.  Pour  les  mesures  angulaires,  les 
erreurs  dues  au  sens  de  la  vue  ont  été  reculées  par  le  grossissement  des  lu- 
nettes; mais  pour  l'appréciation  du  temps,  nous  en  sommes  encore  à  l'es- 
time grossière  et  primitive.  Or  le  procédé  pour  substituer  une  opération  de 
pointé  à  une  estimation  de  passage  a  pour  effet  d'amplifier  le  temps,  pour 
ainsi  dire,  comme  la  lunette  amplifie  l'espace.  En  effet,  par  les  lunettes  la 
limite  du  sens  de  la  vue  dans  la  mesure  des  angles,  limite  qui  est  la  minute, 
se  trouve  reculée,  puisque  alors  des  secondes  et  des  fractions  de  seconde 


(    402    ) 

nous  apparaissent  comme  des  minutes;  de  même  pour  la  mesure  du  temps, 
un  passage  qui  avait  lieu  en  une  fraction  de  seconde,  est  transformé  par  le 
nouveau  procédé  en  un  pointé  que  l'on  peut  faire  en  plusieurs  secondes,  et 
dont  on  a  le  temps  d'apprécier  la  qualité.  L'application  du  mouvement  con- 
tinu aux  instruments,  avec  enregistrement  mécanique  instantané  de  l'heure 
et  de  la  situation  de  l'instrument,  complétera  donc  le  progrés  commencé 
par  l'application  des  lunettes  aux  cercles. 

a  Pour  la  recherche  des  positions  des  étoiles  fondamentales  à  l'aide  d'ob- 
servations azimutales,  nous  ferons  remarquer  qu'en  observant  à  quelques 
minutes  d'intervalle  les  azimuts  de  deux  étoiles,  on  peut  éliminer  toute  in- 
fluence des  irrégularités  du  mouvement  de  la  |)endule.  Quelque  mauvais  en 
effet  que  soit  cet  instrument,  un  intervalle  aussi  petit  sera  connu  avec  pré- 
cision, de  sorte  que  l'angle  horaire  de  la  seconde  étoile  pourra  être  connu 
en  fonction  de  celui  de  la  première  étoile,  et  de  la  différence  d'ascension 
droite  des  deux  astres.  Par  conséquent,  en  appelant  c?(p,  la  correction  de 
l'angle  horaire  de  la  seconde  étoile,  âcp  celle  de  l'angle  horaire  de  la  pre- 
mière étoile,  et  âA  la  correction  de  la  différence  d'ascension  droite  des  deux 

astres,  on  aura 

(Jç,  =  &cp  —  c?A. 

t>  En  substituant  dans  l'équation  fournie  par  la  seconde  étoile  cette  va- 
leur (?(p,,  on  pourra  éliminer  «3"©  entre  cette  équation  et  celle  qui  est  fournie 
par  la  première  étoile,  et  on  aura  ime  éqiiation  résultante  qui  renfermera 
pour  inconnues  la  correction  de  la  différence  d'ascension  droite  des  deux 
astres,  celle  de  la  déclinaison  de  chacune  des  deux  étoiles,  celle  de  la  lati- 
tude du  lieu,  et  enfin  celle  de  la  lecture  de  l'instrument  répondant  au  méri- 
dien. Cinq  observations  des  deux  mêmes  étoiles  donneront  cinq  équations 
qv.i  détermineront  ces  cinq  inconnues,  sans  aticune  intervention  des  erreurs 
de  la  pendule.  ^ 

»  J'examine  dans  mon  Mémoire  la  manière  de  combiner  les  observations 
entre  elles  pour  obtenir  des  équations  de  condition  très-distinctes,  et  je  fais 
voir  que  dans  les  latitudes  moyennes  on  peut  déterminer  les  étoiles  fonda- 
mentales de  son  hémisphère,  sans  employer  d'observations  plus  éloignées 
duzénithqueôo  degrés,  et  conséquemmenton  n'a  rien  à  craindre  des  réfrac- 
•  tions  azimutales  accidentel  tes,  ni  de  l'influence  de  l'ellipticité  de  la  terre 
sur  ces  réfractions.  J'appelle  l'attention  sur  les  avantages  que  l'on  tirerait 
de  la  combinaison  d'observations  dans  les  latitudes  de  3o  et  de  60  degrés, 
et  je  passe  en  revue  avec  détails  la  manière  de  corriger  les  observations  de 
l'influence  des  erreurs  instrumentales.   Ces  corrections  peuvent  à  volonté 


(  4o3  ) 
porter  ou  sur  la  lecture  azimutale  répondant  à  l'heure  enregistrée  de  l'ob- 
servation, ou  sur  l'angle  horaire  répondant  à  la  lecture  azimutale  réellement 
faite.  J'examine  dans  quels  cas  on  doit  employer  l'un  de  ces  procédés  de 
correction  de  préférence  à  l'autre. 

»  Je  fais  voir  encore  que  l'on  peut  employer  les  observations  azimulales 
pour  déterminer  les  longitudes  au  moyen  de  l'électricité,  sans  avoir  à  crain- 
dre, comme  avec  les  observations  méridiennes,  l'influence  des  équations 
personnelles  et  des  irrégularités  de  la  pendule. 

»  Enfin  mon  Mémoire  se  termine  par  la  description  d'un  instrument  azi- 
mutal  très-simple,  qui  offre  tous  les  moyens  nécessaires  de  détermination 
des  erreurs  instrumentales.    » 

ZOOLOGIE.  —  Mémoire  sur  une  nouvelle  espèce  d'Hématozoaire  du  genre  Pilaire, 
observée  dans  le  cœur  d'un  phoque  (Phoca  vilulina,  L.)  ;  par  M.  Jolt. 
(Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Milne  Edwards.) 

«  En  disséquant  le  cœur  d'un  phoque  [Phoca  vilulina),  tout  récemment 
soumis  à  mon  scalpel,  j  yai  trouvé  plusieurs  vers  nématoides  femelles,  longs 
de  I  5  à  20  centimètres,  sur  un  diamètre  de  o",8o  à  un  i  millimètre.  Quatre 
de  ces  vers  s'étaient  fixés  dans  l'oreillette  droite,  deux  dans  l'oreillette 
gauche.  Examinés  plusieurs  jours  après  leur  mort,  ils  m'ont  offert  tous  les 
caractères  du  genre  Filaria.  Je  n'hésite  donc  pas  à  les  rapporter  à  ce  genre, 
et,  comparaison  faite  avec  toutes  les  espèces  déjà  décrites,  je  crois  avoir 
rencontré  une  espèce  nouvelle,  à  laquelle  je  donne  le  nom  de  Filaria  cordis 
phocœ.  Je  décrirai  mon  animal  ainsi  qu'il  suit: 

a  Femelle  adulte.  Corps  blanchâtre,  filiforme,  long  de  1 5  à  20  centimètres, 
atténué  et  recourbé  en  crochet  à  sa  partie  postérieure.  Tête  obtuse  sans  pa- 
pilles ;  bouche  nulle  ;  anus  nul.  Tégument  finement  strié  en  travers,  présentant 
au  microscope  des  fibres  entre-croisées  à  la  manière  de  celles  de  la  peau  des 
Mermis,  et  recouvrant  un  tube  intérieur  formé  de  fibres  ou  lamelles  lon- 
gitudinales. 

»  Mâle  inconnu. 

»  La  femelle  qui  m'a  servi  à  établir  cette  diagnose  était  farcie  dans  toute 
sa  longueur  d'oeufs  et  d'embryons  logés  dans  un  ovaire  tubuleux,  à  parois 
très-minces,  diaphanes,  et  sans  aucune  trace  apparente  d'organisation.  Les 

C.  R.,  i858,  i«'  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  8.)  53 


(  4o4) 

œufs  les  plus  rapprochés  de  la  queue  se  présentaient  sOus  la  forme  de  pe- 
tites masses  irrégulièrement  elliptiques  ou  sphériques.  I^s  œufs  pris  dans 
cette  partie  de  l'ovaire,  qui  occupait  le  milieu  du  corps,  contenaient  chacun 
un  embryon  enroulé  sur  lui-même,  à  la  manière  de  celui  des  Gordias,  dé- 
crits par  Grube.  Enfin,  dans  tout  le  tiers  antérieur  du  corps,  on  ne  trou- 
vait plus  que  des  embryons  libres,  longs  de  o^jôo  à  o'",7o,  s*ir  un  dia- 
mètre de  o™,ooi ,  et  en  nombre  vraiment  incalculable,  tant  ils  étaient  pressés 
et  enlacés  les  uns  avec  les  autres,  à  l'instar  d'une  couvée,  ou  plutôt  d'iui 
écheveau  très-embrouillé  de  serpents  microscopiques. 

»  L'ovaire  avait  pris  un  tel  développement,  que  tous  les  autres  organes 
intérieurs,  c'est-à-dire  l'appareil  digestif  tout  entier,  avaient  fini  par  dispa- 
raître, et  l'animal  se  trouvait  réduit  à  n'être  plus  qu'une  espèce  de  tube  tout  à 
la  fois  ovifère  et  embijonifère,  justifiant  jusqu'à  un  certain  point  la  singulière 
idée  de  Jacobson,  lorsqu'il  se  demandait  s'il  ne  serait  pas  possible  que  le 
dragonneau  «   ne  fût  qu'un  tube  ou  un  fourreau  rempli  de  vermicules  ?  » 

>>  Maintenant  il  est  naturel  de  se  demander  comment  nos  Pilaires  ont  pu 
arriver  dans  les  oreillettes  du  cœur  du  carnassier  que  nous  avons  disséqué. 
D'où  provenaient-elles,  et  quelle  voie  ont-elles  suivie  pour  pénétrer  jusque 
dans  l'organe  où  nous  les  avons  rencontrées?  Si  l'on  considère  que  lés  pho- 
ques sont  des  animaux  essentiellement  piscivores,  si  l'on  se  rappelle  que  bon 
nombre  de  Pilaires  vivent  dans  le  mésentère,  le  foie,  l'estomac,  les  tégu- 
ments, et  jusque  dans  l'œil  d'une  foule  de  poissons  de  mer  ou  d'eau  douce; 
si  l'on  songe  que  toutes  les  vraies  Filaria  piscium,  observées  jusqu'à  présent, 
étaient  complètement  dépourvues  d'uppareils  sexuels, on  admettra  peut-être 
avec  nous  que  plusieurs  de  ces  dernières  ont  pn  s'introduire  dans  l'estomac 
du  phoque  avec  les  hôtes  qui  les  renfermaient.  Là,  tandis  que  ces  dernières 
étaient  digérées,  elles  ont  résisté  à  l'action  des  organes  digestifs,  et  ont  passé 
dans  les  vaisseaux  sanguins  en  en  perforant  les  parois.  Enfin  elles  se  sont 
fixées  dans  le  cœur  où  elles  sont  devenues  aptes  à  se  reproduire,  et  où  très- 
probablement  elles  se  sont  reproduites  en  effet,  puisqu'elles  étaient,  nous 
l'avons  déjà  dit,  toutes  remplies  d'œufs  ou  d'embryons  prés  d'éclore.  L'exa- 
men du  sang  à  l'état  frais  aurait  seul  pu  nous  convaincre  de  la  vérité  de  cette 
conjecture.  Malheureusement  cet  examen  a  été  fait  beaucoup  trop  tard,  car 
à  l'époque  où  nous  l'avons  entrepris,  plus  d'un  mois  s'était  écoulé  depuis  la 
mort  et  l'injection  de  notre  phoque.  L'inspection  microscopique  du  sang 
des  viscères  plongés  dans  la  liqueur  conservatrice  n'a  donc  rien  pti  nous 
apprendre  de  décisif  à  cet  égard. 

»  En  résumé  : 


(  4o5  ) 

»  I  ".  On  trouve  dans  \e  cœur  du  phoque  commun  [Plioca  vilulina.  Lin.), 
une  espèce  de  Filaire  remarquable  par  sa  grande  taille,  et  jusqu'à  présent, 
je  crois,  non  décrite. 

a  2°.  Très-probablement  cet  Helminthe  est  transmis  au  phoque  par  les 
poissons  dont  celui-ci  fait  sa  nourriture  principale,  et  peut-être  exclusive. 

»  3°.  La  Filaria  pischim,  au  dire  de  M.  Dujardin  lui-même,  "  étant 
toujours  dépourvue  d'organes  sexuels,  »  cette  particularité  ajoute  une 
probabilité  de  plus  à  l'opinion  que  j'ai  émise,  savoir  que  ce  Nématoïde  ne 
serait  que  l'embryon  ou  larve  de  la  Filaria  cordis  phocœ. 

»  4°-  Toutsembleindiquer  que  celle-ci  acquiert  son  développement  com- 
plet dans  le  sang  du  phoque,  et  qu'elle  y  fait  même  ses  petits. 

»  5°.  Les  dimensions  relativement  considérables  de  ceux-ci  ne  permet- 
tent guère  d'admettre  qu'ils  circulent  avec  le  fluide  nourricier,  c'est-à-dire 
qu'ils  puissent  passer  par  les  vaisseaux  capillaires  les  plus  déliés,  comme 
le  font  les  Pilaires  du  sang  des  chiens,  d'après  MM.  Gruby  et  Delafond. 

»  6°.  La  présence  de  Filaires  adultes  et  vivipares  dans  le  cœur  du  pho- 
que, nous  porte  à  penser  que  l'on  pourrait  en  trouver  aussi  dans  les  gros 
vaisseaux,  et  peut-être  même  dans  le  cœur  de  nos  chiens  domestiques  à 
sang  vermineux,  si  leur  système  sanguin  était  examiné  avec  soin  dans  toute 
son  étendue.  Dans  le  cas  où  nos  conjectures  se  réaliseraient,  une  seule  fe- 
melle de  ces  Nématoïdes  suffirait,  vu  sa  prodigieuse  fécondité,  pour  rendre 
compte  des  100,000  vermicules  observés  dans  le  sang  d'un  seul  chien,  et  dès 
lors  ou  ne  pourrait  plus  dire  que  «  la  Filaire  du  sang  du  chien  nait  et  se  dé- 
veloppe dans  le  sang  de  cet  animal...,  mais  qu'elle  n'éprouve  point  de  mi- 
grations analogues  à  celles  que  l'on  admet  pour  les  Filaires  qui  vivent  dans 
le  sang  des  grenouilles  (i).    » 

MÉDECINE  et  CHIRURGIE.  —  De  Cliématocèle  rétro-ule'rine ;  par  M  .Alb.  Puèch. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  résume  dans  les  propositions  sui- 
vantes les  conséquences  auxquelles  il  a  été  conduit  : 

«    1°.  L'hématocèle  rétro-utérine  n'est  point  une  espèce  morbide,  mais 


(i)  Gruby  et  Delafond,  Comptes  renrfw,  toipe  XVIII,  i844>  page  688. 

53.. 


(  4o6  ) 
un  genre  fondé  sur  un  caractère  anatotnique,  la  présence   du  sang  plus 
ou  moins  modifié  à  l'intérieur  d'une  poche  enkystante; 

»  2°.  Elle  est  la  terminaison  ou,  si  l'on  veut,  la  suite  de  plusieurs  mala- 
dies :  sa  genèse  est  donc  multiple,  et  partant  toute  théorie  qui  ne  voudra 
tenir  compte  que  d'une  seule  origine  sera  fautive  par  la  base  ; 

»   3".  Les  laits  connus  permettent  de  lui  assigner  trois  origines  : 

n   a.  Une  lésion  de  l'ovaire  que  je  caractériserai  plus  tard  ; 

»  b.  Les  varices  du  plexus  utéro-ovarien  :  c'est  le  cas  pour  deux  des 
observations  rapportées  dans  le  cours  de  ce  Mémoire; 

»  c.  Une  lésion  delà  trompe  (rare); 

»  4"-  I-'^  plus  souvent  extra-péritonéale,  elle  n'est  intra-péritonéale  que 
consécutivement; 

»  5°.  Une  crépitation  fixe  perçue  par  le  palper  hypogaslrique  est  un 
signe  de  l'existence  de  caillots  mous  ; 

I)  6°.  Sa  terminaison  est  variable:  lorsque  le  kyste  se  rompt,  il  y  a  mort, 
soit  par  hémorragie,  soit  par  péritonite  consécutive;  lorsqu'il  ne  se  rompt 
pas  ou  qu'il  se  rompt  consécutivement,  il  y  a  retrait,  substitution  fibri- 
neuse  et  résorption  partielle  de  la  tumeur  ou  bien  inflammation,  et  le  pus  se 
fait  jour,  soit  par  le  rectum,  soit  par  le  vagin,  soit  vers  la  séi'euse  qu'il 
enflamme; 

»  7°.  Le  traitement  devra  être  exclusivement  médical.  » 

MÉDECINE,  —  Considérations  sur  quelques  cas  de  fièvre  typhoïde; 
par  M.  DE  BosREDO\. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Andral.) 

L'auteur,  qui  a  eu  occasion  de  suivre  pendant  les  trois  dernières  années, 
dans  le  canton  de  Saint-Macaire  (Gironde),  des  épidémies  de  fièvre  typhoïde, 
rapporte  quelques-unes  des  observations  qu'il  a  recueillies  et  les  fait  précéder 
de  considérations  générales.  En  terminant  son  Mémoire,  il  résume  dans  les 
propositions  suivantes  les  résultats  auxquels  l'a  conduit  l'étude  de  cette 
maladie. 

«  1°.  La  fièvre  typhoïde  ne  doit  pas  son  développement  à  la  pratique  de 
la  médecine. 

»  a°.  La  fièvre  typhoïde  peut  récidiver. 

»  3°.  La  fièvre  typhoïde  est  contagieuse.   » 


(  4o7  ) 

M.  Hedrteloup  adresse  un  travail  manuscrit  accompagné  de  figures  et 
i)ortant   pour  titre  :  «  Mémoire  pour  servir  d'introduction  aux  principes  de 
l'art  de  broyer  les  pierres  dans  la  vessie  humaine  et  démontrant  les  dangers- 
d'emplojer  les  instruments  du  commerce  pour  pratiquer  la   lithotripsie,  et  la 
nécessité  de  poser  les  règles  relatives  à  cette  opération .  » 

L'auteur  annonce  que  ce  travail,  dans  lequel  il  s'occupe  principalement 
du  cas  des  petites  pierres,  sera  suivi  d'une  seconde  partie  dans  laquelle 
il  donnera  les  indications  particulières  aux  calculs  plus  volumineux.  Il  de- 
mande que  ces  deux  communications  soient  soumises  à  l'examen  de  la: 
Commission  qui  a  déjà  été  chargée  de  prendre  connaissance  de  celle  qu'd  a 
faite  dans  la  séance  du  28  décembre  dernier. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet, 

Jobert  de  Lamballe.) 

M.  Marchand  présente,  à  l'appui  des  résultats  auxquels  l'ont  conduit  ses' 
recherches  sur  la  constitution  des  eaux  potables,  des  remarques  destinées 
à  répondre  aux  objections  qu'on  a  tirées  ou  que  l'on  pourrait  tirer  de 
travaux  postérieurs  aux  siens. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  le  Mémoire  de 
M.  Chatin  ;  MM.  Dumas,  Élie  de  Beaumont,  Boussingault,  Moquin-Tan- 
don,  Fremy,  Bussy.) 

m.  Beacfils  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  le  mode 
d'action  des  corps  anesthésiques. 

(Renvoi  à  une  Commission  composée  de  MM.  Pelouze,  Andral,  J.  Cloquet.) 

M.  AuLAGNiER  adresse,  pour  le  concours  aux  prix  de  la  fondation  Mon- 
tyon  (Médecine  et  Chirurgie),  un  volume  manuscrit  intitulée  :  «  Histoire 
topographique  et  médicale  de  Baréges.  » 

(Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  PoRRO  adresse  un  Supplément  aux  Mémoires  présentés  par  lui  dans 
les  séances  du  3  novembre  i856  et  du  18  mai  iSSy  sur  un  grand  objectif 
de  5i  centimètres  de  diamètre. 

(Commissaires précédemment  nommés: MM.  Babinet,  Faye,  de  Senarmont,) 


(  4o8  ) 

M.  Wagener  adresse  une  Note  sur  une  nouvelle  consU'uctiou  des  tam- 
pons pour  les  voitures  des  chemins  de  fer. 

(Commissaires,  MM  Poncelet,  Combes.) 

Jj' Académie  renvoie  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine,  constituée 
en  Commission  spéciale  pour  le  concours  du  legs  Breant,  une  nouvelle  Note 
de  M.  Mac  Keone,  curé  de  Montancher,  sur  le  choléra-morbus,  et  une  Note 
de  M.  Daniel,  sur  le  même  sujet.  Cette  dernière  Note,  écrite  en  anglais,  est 
transmise  par  la  légation  des  États-Unis  d'Amérique 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  la  Gcerre  annonce  qu'en  exécution  de  l'article  38 
du  décret  du  i"  novembre  i85a  et  du  décret  du  26  décembre  suivant, 
MM.  Poncelet  et  Le  Verrier  sont  maintenus  Membres  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  l'École  Polytechnique  au  titre  de  l'Académie  des  Sciences. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  dc  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse  pour  MM.  les  Membres  de  l'Académie  des  Sciences  des  exemplaires 
du  tome  I",  i"  partie,  des  Rapports  de  la  Commission  française  du  Jury 
international  de  l'Exposition  universelle  de  Londres. 

M.  le  Ministre  adresse  de  plus  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  un 
exemplaire  du  XXVIF  volume  des  Brevets  d'Invention  pris  sous  l'empire  de 
la  loi  de  i844- 


.  t   <ty\  \\J  >  CJtl  i  . 


M.  Foucault  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Méca- 
nique par  suite  du  décès  de  M.  Cauchy,  et  cite  parmi  les  travaux  qui  peu- 
vent être  présentés  comme  un  titre  à  l'appui  de  cette  candidature  a  la 
découverte  des  phénomènes  de  mouvement  relatif  qui  se  produisent  en 
présence  de  la  rotation  de  la  terre.  » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  Morel,  qui  a  obtenu  au  concours  de  médecine  et  de  chirurgie  de  i  SSy 
un  prix  pour  son  «  Traité  des  Dégénérescences  physiques,  intellectuelles 
et  morales  de  l'espèce  humaine,  »  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 


(  4o9) 

M.FoNSSAGHivES,  clont  le  «  Traité  d'Hygiène  navale  »  a  obtenu  au  nièiue 
concours  une  mention  honorable,  adresse  également  ses  remercîments  à 
l'Académie. 

La  Société  Linnéenne  de  Londres  remercie  l'Académie  pour  l'envoi  des 
volumes  XLII  — XL^  des  Comptes  rendus  et  du  XXVIP  volume  des  Mémoires 
de  t Académie i  elle  exprime,  en  même  temps,  le  désir  d'obtenir  les  quaire 
premiers  volumes  de  cette  dernière  collection  qui  ne  lui  a  été  envoyée  qu'à 
partir  du  tome  V. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

MM.  LES  Rédacteurs  d'un  «  Journal  critique  de  Chimie,  de  Physique  et 
de  Mathématiques  »  qui  s'imprime  à  Heidelberg,  en  envoyant  le  premier 
volume  de  cette  publication,  prient  l'Académie  de  vouloir  bien  leur  accor- 
der en  échange  les  Comptes  rendus  hebdomadaires  de  ses  séances. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

PALÉOWTOLOGIE.  —  Sur  les  migrations  anciennes  des  Mammifères  de  l'époque 

actuelle;  par  M.  Ed.  Lartet. 

«  On  a  généralement  compris  dans  un  même  ensemble,  sous  le  nom  de 
faune  quaternaire  ou  diluvienne,  tous  les  Mammifères  dont  les  restes  fossiles 
ont  été  observés  en  Europe,  dans  les  brèches  osseuses,  dans  les  cavernes  et 
dans  les  alluvions  dont  l'ancienneté  remonte  au  delà  des  temps  historiques. 
JJElephas  primigenius  et  le  Rhinocéros  tichorhinus,  toujours  invoqués  comme 
caractéristiques  de  cette  faune,  n'ont  laissé  de  leurs  débris  que  dans  des 
dépôts  postérieurs  à  la  grande  formation  erratique  du  Nord.  Mais,  suivant 
les  auteurs  de  la  Géologie  de  la  Russie,  cet  éléphant  et  ce  rhinocéros  auraient 
vécu  dans  la  Sibérie  longtemps  avant  cette  première  phase  glaciaire.  Leur 
apparition  plus  tardive  en  Europe  n'aurait  pu  s'effectuer  qu'après  l'énier- 
sion  de  la  Russie  occidentale,  que  l'on  suppose  avoir  coïncidé  avec  la  fin  du 
phénomène  erratique.  Les  ossements  de  ces  grands  pachydermes  et  ceux  des 
nombreux  carnassiers,  rongeurs  et  ruminants  qui  leur  sont  presque  partout 
associés,  se  montrent  disséminés  dans  tout  l'espace  compris  entre  la  uxt 
Caspienne,  la  mer  Noire  et  la  Baltique.  On  les  retrouve  aussi  abondamment 
répandus  en  Allemagne,  en  France  et  jusque  dans  les  Iles  Britanniques  qui 
restèrent  longtemps  unies  au  continent.  Bien  que  l'on  ait  recueilli  en  Italie, 


(4io  ) 

en  Espagne  et  même  dans  la  région  septentrionale  de  l'Afrique,  des  restes 
fossiles  de  plusieurs  de  ces  Mammifères  que  nous  supposons  être  venus  du 
nord  de  l'Asie  avec  VElephas  primkjenius  et  le  Rhinocéros  lichorhinus,  il  n'est 
pas  encore  démontré  que  ces  deux  derniers  aient,  en  réalité,  franchi  les 
Alpes,  ni  les  Pyrénées.  Le  D"^!!.  Falconer,  qui  a  visité,  en  i856,  la  plupart 
des  grandes  collections  paléontologiques  de  l'Italie,  y  a  constaté  que  tous 
les  morceaux  rapportables  k  YElephas  primkjenius  provenaient  de  localités 
étrangères  à  cette  péninsule  et  situées  au  nord  des  Alpes  (]).  On  avait  égale- 
ment signalé  ï Elephas primigenius  comme  ayant  été  trouvé  en  Sicile;  le  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle  ne  possède  qu'une  molaire  fossile  d'éléphant  rap- 
portée des  environs  de  Palerme  par  M.  Constant  Prévost;  cette  dent  ne 
revient  certainement  pas  à  l'espèce  citée.  En  ce  qui  concerne  l'Espagne,  dont 
la  paléontologie  quaternaire  est  si  peu  connue,  les  quelques  fragments  d'élé- 
phants et  de  rhinocéros  de  cet  âge  qui  m'ont  été  obligeamment  communi- 
qués par  M.  Casiano  de  Prado,  appartiennent  indubitablement  à  l'éléphant 
actuel  d'Afrique  et  au  rhinocéros  bicorne  vivant  aujourd'hui  dans  la  partie 
australe  de  ce  même  continent;  il  en  est  de  même  des  restes, d'éléphant  et 
de  rhinocéros  fossiles  rapportés  par  M.  Renou,  des  cavernes  de  l'Algérie, 
dont  l'exploration  a,  en  même  temps,  procuré  des  ossements  de  Phaco- 
cliœre,  A' Hyène  tachetée  du  Cap,  de  Bos primigcnius,  etc.,  etc.  (2).     i 

»  Du  reste,  on  ne  peut  guère  plus  douter  aujourd'hui  que  l'éléphant 
actuel  d'Afrique  et  le  rhinocéros  bicorne  du  Cap  n'aient  également  vécu 
dans  le  centre  de  l'Europe,  à  une  époque  de  beaucoup  antérieure  à  celle  où 
nous  vivons.  Goldfuss  publia  en  1821  [ISov.  act.  Ac.  nat.,  t.  XetXI)  et  fit 
figurer,  d'abord  avec  la  désignation  d'Elephas  africanus  et  ensuite  sous  celle 
à'Elephns  priscus,  deux  dents  molaires  conservées  comme  fossiles  dans  des 
musées  d'Allemagne.  Cuvier  reconnut  la  parliaite  ressemblance  de  ces  dents 
avec  celles  de  notre  espèce  africaine,  ce  qui  contribua  peut-être  à  lui  faire 
révoquer  en  doute  leur  authenticité  paléontologique,  aussi  bien  que  celle  de 

. . .„__ .     . . :■>  y.':-'- 

(i)  Cependant  sir  Ch.  Lyell,  à  son  retour  d'Italie,  en  décembre  iSS^,  a  reçu  de  M.  Gas- 
taldi  l'assurance  que  les  débris  d'un  squelette  à! Elephas  primigenius  ayinent  été  récemment 
découverts  sur  la  pente  des  Alpes  qui  regarde  le  Piémont. 

(9.)  Les  historiens  s'accordent  à  dire  qu'il  existait  encore  des  éléphants  dans  les  forêts  de 
l'Atlas  à  l'époque  des  guerres  puniques,  mais  ils  ne  mentionnent  pas  le  Rhinocéros  ni  le 
Phacochœre  dans  cette  région  de  l'Afrique.  Si,  comme  l'indiqueraient  certaines  médailles  de 
Domitien,  les  Romains  ont  connu  un  rhinocéros  à  deux  cornes,  ce  dut  être  par  l'Egypte  et 
l'Abyssinie,  d'où  ils  obtinrent  aussi  les  seules  notions  qu'ils  ont  eues  de  Y  Hippopotame  et 
<iu  Phacochœre.  "  ,  . 


quelques  autres  deuts  qui  lui  furent  signalées  avec  les  mêmes  caractères, 
par  divers  savants.  Mais  depuis  lors  on  a  découvert  en  Italie,  en  Allemagne, 
en  France  et  même  en  Angleterre  beaucoup  d'autres  dents  semblables  que 
l'on  a  continué  d'inscrire  sous  la  dénomination  d'ElepItas  priscus,  proposée  en 
dernier  lieu  par  Goldfuss. 

»  Quant  au  Rhinocéros  hicorne  d'Afrique,  Merck  avait  déjà,  en  i  78/1,  con- 
staté avec  une  sagacité  d'observation  dont  on  n'a  pas  assez  tenu  compte, 
l'exacte  conformité  spécifique  de  deux  dents  molaires  trouvées  l'une  dans 
le  lit  du  Rhin,  et  l'autre  dans  les  scories  volcaniques  des  environs  de  Franc- 
fort. Plus  récemment,  M.  P.  Gervais,  en  rectifiant  la  détermination  erronée, 
faite  avant  lui,  d'une  série  de  molaires  qu'il  a  inscrites  sous  le  nom  de  Rhi- 
nocéros Lunellensis,  n'a  pas  manqué  de  signaler  les  traits  de  ressemblance 
que  ces  dents  offrent  avec  leurs  homologues  dans  le  Rhinocéros  bicorne  du 
Cap  (i).  J'ai  moi-même  eu  occasion,  en  i85r,  de  faire  un  rapprochement 
analogue,  à  propos  de  quelques  dents  fossiles  de  rhinocéros  recueillies  dans 
les  grottes  des  environs  de  Bagnères-de-Bigorre  (Hautes-Pyrénées).  Les  col- 
lections du  Muséum  d'Histoire  naturelle  renferment  aussi  plusieurs  dents 
fossiles  que  l'on  pourrait  attribuer  au  Rhinocéros  bicorne  du  Cap,  entre  autres 
des  fragments  donnés  par  M.  Gibson,  comme  ayant  été  trouvés  dans  la  célè- 
bre caverne  de  Rirkdale,  en  Angleterre.  Parmi  les  dents  provenant  de  cette 
même  caverne  qui  ont  été  figurées  par  M.  Buckland  [ReUq.  diliiv.,  PI.  Vil), 
il  y  en  a  quelques-unes  qui  ne  sont  certainement  pas  du  Rhinocéros  ticho- 
rhinus ;  elles  me  paraissent  plutôt  rapportables  au  Rhinocéros  bicorne  actuel 
d'Afrique. 

»  Avec  ces  lestes  d'éléphants  et  de  rhinocéros  si  semblables  à  deux  de 
nos  espèces  vivantes,  on  voit  quelquefois  s'associer  des  ossements  d'un  ou 
de  deux  hippopotames,  type  complètement  étranger  à  la  faune  que  nous 
croyons  d'origine  sibérique.  Le  plus  grand  de  ces  hippopotames  a  souvent 
été  confondu  avec  V Hippopotamus  major  des  dépôts  pliocènes  du  vald'Arno; 
peut-être  se  rapprocherait-il  davantage  de  l'une  des  espèces  vivantes  du 
continent  africain  ?  Une  seconde  espèce,  beaucoup  plus  petite,  est  indiquée 
par  quelques  fragments  recueillis  dans  la  grotte  d'Arcy  (Aube),  et  surtout 
par  une  dent  provenant  des  alluvions  de  la  Somme,  près  d'Abbeville.  Cette 
dent,  qui  a  été  doiuiée  au  Muséum  par  M.  Boucher  de  Perthes,  se  trouve 
mentionnée  et  figurée  dans  VOstéogrnphie  de  M.  de  Blain ville  (fasc.  du  g. 


(i)  M.  Gervais  a  plusieurs  fois  insisté  sur  les  rapports  intimes  de  certains  Mammifères  los- 
siles  des  cavernes  du  midi  de  la  France,  avec  leurs  congénères  vivants  du  continent  africain. 

G.    R.    i858,    1"  Semestre.  (T.  XLVl,   N"  8.)  54 


(  4iO 

Sus,  PL  IX},  comme  canine  supérieure  d'un  grand  Sus;  mais,  en  réalité, 
c'est  une  canine  inférieure  d'un  hippopotame  adulte  dont  la  taille  se  rédui- 
rait aux  proportions  de  \ Hippopotamus  liberiensis  de  Morton,  petite  espèce 
vivante,  découverte,  il  y  a  quelques  années,  dans  la  région  occidentale  de 
l'Afrique,  où  a  été  fondée  la  colonie  de  Libéria. 

»  En  Italie  et  en  Angleterre,  des  dents  attribuées  à  VElephas  priscus  [nfri- 
canus)  ont  été  trouvées,  avec  les  débris  d'un  hippopotame,  dans  des  dépôts 
d'une  date  antérieure  au  grand  phénomène  erratique  du  Nord,  et  se  ratta- 
chant, par  conséquent,  au  terrain  tertiaire  supérieur. 

n  Ailleurs  ces  mêmes  espèces  se  sont  montrées  confondues,  dans  des 
alluvions  plus  récentes  et  dans  les  cavernes,  avec  les  restes  de  Mammifères 
venus  du  nord  de  l'Asie.  Dans  les  cavernes  du  midi  de  la  France,  ce  sont 
les  Mammifères  aujourd'hui  représentés  en  Afrique  qui  dominent.  On 
remarque  aussi  que  l'éléphant,  le  rhinocéros,  l'hippopotame  et  les  autres 
animaux  de  cette  faune  africaine  ne  paraissent  pas  s'être  avancés  au  delà 
de  certaines  limites  vers  le  nord  de  l'Allemagne,  arrêtés  sans  doute  par  cette 
même  barrière  géographique  qui  s'opposa  longtemps  à  l'immigration  de  la 
faune  sibérique. 

"  Il  est  à  présumer  qu'une  révision  attentive  des  matériaux  [jaléonto- 
logiques,  dispersés  dans  les  diverses  collections  de  l'Europe,  nous  révélerait 
bien  d'autres  faits  confirmatifs  de  ceux  qui  viennent  d'être  succinctement 
résumés.  Toutefois  ces  premières  notions  suffisent  pour  faire  entrevoir  la 
possibilité  de  dédoubler  la  faune  quaternaire,  dans  laquelle  on  reconnaît 
déjà  deux  ensembles  zoologiques  très-distincts,  tant  au  point  de  vue  de  leur 
ancienneté  relative  qu'à  celui  de  leur  origine  géographique. 

»  Dans  l'une  de  ces  divisions  viennent  se  ranger  :  l'éléphant  d'Afrique, 
le  rhinocéros  bicorne  du  Cap,  deux  hippopotames,  ainsi  que  d'autres  Mam- 
mifères [lion,  panlhère,  serval,  hyène  rayée,  hyène  du  Cap,  genetle,  porc-épic, 
sanglier,  antilope,  etc.,  etc.),  presque  tous  devenus  africains,  et  qui  auraient 
vécu  dans  l'Europe  centrale  avant,  pendant  et  après  la  phase  glaciaire  à 
laquelle  on  rapporte  le  grand  phénomène  erratique  du  nord.  Cette  faune 
aurait  donc  ététertiaire  et  quaternaire  en  Europe  avant  de  représenter  l'époque 
ac<«e//e  dans  l'Afrique  (i).  Sa  plus  grande  migration  se  serait  effectuée  dans  le 


(i)  On  pourrait  considérer  comme  espèces  de  cette  division  restées  européennes  :  le  magot, 
la  genette,  la  mangouste  d'Espagne,  le  porc-épic,  le  loir,  le  mouton,  la  chèvre,  le  daim{?),  le 
sanglier,  etc.,  etc.  Le  cheval,  déjà  cosmopolite,  paraît  avoir  appartenu  aux  deux  faunes. 
Quant  à  Vdne,  qui,  au  rapport  de  Strabon,  était  anciennement  inconnu  aux  nations  de  l'Eii- 


(4i3  ) 
sens  du  méridien,  ef  la  distance  entre  les  points  extrêmes  de  l'habitat  ancien 
de  certaines  espèces  et  de  leur  habitat  présent,  ne  serait  pas  moindre  de 
80  degrés  en  latitude. 

»  Quant  aux  Mammifères  d'origine  sibérique^  en  tête  desquels  figurent 
toujours  Y Elepluis  primUjenius  et  le  Rhinocéros  tichorhinus,  leur  diffusion  vers 
le  sud-ouest  de  l'Europe  s'est  opérée  dans  une  direction  plus  rapprochée 
des  parallèles,  avec  un  déplacement  géographique  de  plus  de  70  degrés  en 
longitude.  Cette  faune,  à  laquelle  appartient  la  majeure  partie  de  nos  Mam- 
mifères européens  de  l'époque  actuelle^  n'est  devenue  quaternaire  en  Europe 
.qu'après  avoir  été  tertiaire  dans  le  nord  de  l'Asie,  où  elle  est  restée  repré- 
sentée par  lui  grand  nombre  de  ses  espèces  primitives,  particulièrement 
dans  la  Sibérie  occidentale  (i).  Certaines  de  ces  espèces  [bœuf  musqué, 
lemming,  glouton,  renne,  etc.,  etc.),  qui,  postérieurement  à  la  première 
phase  glaciaire  erratique,  s'étaient  avancées  jusqu'au  centre  de  l'Europe, 
ont  depuis  lors  regagné  les  latitudes  sub-arctiques,  plus  appropriées  sans 
doute  aux  besoins  de  leur  organisation  (2).  D'autres  espèces,  en  nombre 
bien  moindre  qu'on  ne  le  suppose  généralement  [Elepli^s primigenius.  Rhino- 
céros tichorhinus yCeivus  giganteus,  Bospyimigenius,  Ursus  spelœus,  etc.),  se  sont 
éteintes;  mais  rien  ne  prouve  que  leur  disparition  soit  le  résultat  d'une  des- 
truction simultanée.  Il  paraît,  au  contraire,  que  leur  extinction  s'est  réalisée 
graduellement,  en  conformité  sans  doute  des  lois  qui,  en  réglant  la  longé- 
vité des  individus,  limitent  en  même  temps  la  durée  des  espèces. 


rope  occidentale ,  ses  restes  fossiles  ont  été  observés  dans  les  dépôts  quaternaires  en  France 
et  en  Angleterre.  Ils  sont  aussi  très-abondants  dans  les  cavernes  de  l'Algérie. 

(i)  L'Amérique  du  Nord,  qui  possède  aujourd'hui  un  certain  nombre  de  Mammifères  en 
commun  avec  la  Sibérie,  ne  présente,  dans  sa  faune  quaternaire,  qu'une  espèce  empruntée 
à  l'ancienne  faune  sibérique.  C'est  un  éléphant,  que  la  plupart  des  auteurs  ont  assimilé  à 
VElepliasprimigenius.  Ce  rapprochement  spécifique  a  besoin  d'être  rigoureusement  vérifié. 

(2)  Les  rapprochements  paléontologiques  des  dernières  périodes  géologiques  nous  donnent 
en  quelque  sorle  la  mesure  de  l'adaptation  possible  des  Mammifères  aux  conditions  climato- 
logiques  les  plus  diverses.  Ainsi,  le  dépôt  fluviatile  de  Grajj,  en  Angleterre,  a  fourni  des 
débris  d'un  hippopotame  et  d'un  singe  [Macacus pHocœnus,  Owen)  qui  ont  dû  vivre  sur  les 
bords  de  la  Tamise  à  une  époque  où  un  refroidissement  intense  de  Thémisphère  septentrional 
avait  déjà  forcé  les  coquilles  marines  arctiques  à  s'avancer  jusque  dans  les  mers  de  l'Europe 
centrale.  Plus  tard,  aprè.s  la  première  phase  glaciaire,  on  constate  que  le  bœuf  musqué ,  le 
lemming,  le  renne,  etc.,  espèces  redevenues  exclusivement  sub-arctiques,  ont  pu  se  rencon- 
trer, dans  le  centre  de  l'Europe,  avec  un  éléphant  et  un  rhinocéros,  qui  vivent  présentement 
dans  la  zone  torride  de  l'Afrique. 

54.. 


(  4>4  ) 

»  Cette  période  quaternaire,  que  bien  des  esprits  persistent  à  envisager 
comme  une  transition  critique  et  violente  des  temps  géologiques  à  l'épo- 
que actuelle,  a  probablement  vu  se  développer  des  milliers  de  générations 
successives  de  ces  Mammifères  qui  peuplent  encore  notre  Europe.  Elle  a 
également  été  traversée  tout  entière  par  une  faune  de  Mollusques  terrestres 
et  d'eau  douce,  dont  les  espèces  les  plus  fragiles  se  sont  perpétuées  jusqu'à 
nos  jours  dans  les  mêmes  conditions  de  distribution  géographique.  Sur 
cinquante-sept  de  ces  espèces  observées  dans  des  dépôts  préglaciaires,  cin- 
quante-quatre sont  encore  vivantes, 

»  A  mesure  que  Ton  cherche  à  se  rendre  compte  de  la  portée  réelle  des 
grands  accidents  qui  se  sont  produits,  à  diverses  époques,  dans  l'écorce  ter- 
restre, ou  s'aperçoit  que  notre  imagination  s'est  presque  toujours  exagéré 
leurs  résultats.  Ces  accidents  se  sont  le  plus  souvent  renfermés  dans  des 
limites  trop  restreintes  pour  avoir  pu  affecter  d'une  manière  générale,  et 
encore  moins  interrompre  le  développement  régulier  et  progressif  des  phé- 
nomènes de  l'organisation.  Aussi  le  jour  n'est  peut-être  pas  éloigné  où  l'on 
proposera  de  rayer  le  mot  cataclysme  du  vocabulaire  de  la  géologie  positive. 
De  toutes  les  causes  qui,  dans  la  série  des  temps  passés,  ont  pu  quelque- 
fois modifier  la  distribution  des  êtres  organisés,  et  rarement  entraîner  l'ex- 
rinction  anticipée  de  certains  d'entre  eux,  il  ne  s'en  est  sans  doute  pas 
manifesté  de  comparables  à  la  réaction  qu'exerce  aujourd'hui  l'influence 
de  l'homme  sur  l'économie  générale  de  la  création.  A  voir  en  effet  la  ten- 
dance résolue  de  l'esprit  humain  à  s'assimiler  en  quelque  sorte  les  forces 
productives  de  celte  création,  on  comprend  que  la  Providence  a  mis  dans 
le  cœur  de  l'homme  la  conscience  du  rôle  dominateur  qu'elle  lui  destinait, 
sans  toutefois  qu'il  puisse  pressentir  s'il  lui  sera  réservé  d'assister  aux  scènes 
finales  de  la  nature  animée  sur  le  globe.  » 

ZOOLOGIE.  —  Quelques  remarques  sur  la  manière  de  vivre  d'un  Rjménoptère 
fouisseur,  le  Cerceris  arenarius;  par  M.  H.  Lucas. 

«  On  a  déjà  fait  connaître  la  manière  de  vivre  de  plusieurs  espèces  du 
genre  des  Cerceris ,  mais  je  ne  sache  pas  que  les  observations  que  j'ai  été  à 
même  de  faire  l'été  dernier,  sur  le  Cerceris  arenarius  de  Fabricius,  aient 
déjà  été  signalées  par  les  auteurs.  Le  i6  juillet  de  l'année  dernière,  pendant 
un  temps  très-chaud  et  orageux,  je  me  trouvai  à  Fontenay-aux-Roses,  sur 
un  terrain  pierreux  et  tout  à  fait  exposé  au  midi.  Sur  ce  terrain,  recouvert 
d'une  couche  épaisse  de  sable  fin,  je  remarquai  dans  un  espace  tres-cir- 


(  4.5  ) 

conscrit  douze  à  quinze  trous  cylindriques,  dont  les  bords  étaient  couverts 
<le  débris  encore  frais,  nouvellement  remués  et  composés  de  terre,  de  sable 
et  de  plâtre  ;  au-dessus  et  dans  les  environs  de  ces  terriers,  dont  la  profon- 
deur égalait  à  peu  près  trois  centimètres,  voltigeaient  des  Hyménoptères  que 
Je  reconnus  pour  appartenir  au  genre  Cerceris,  et  être  le  Cerceris  arenarius 
(le  Fabricius.  Curieux  de  connaître  les  allées  et  venues  de  ces  industrieux 
insectes,  je  me  mis  à  les  observer,  et  voici  les  remarques  auxquelles  cette 
étude  m'a  conduit. 

»  Dans  les  environs  de  ces  nids,  que  rien  ne  protège,  j'observai  des  Cer- 
ceris voltigeant  au-dessus  de  ces  habitations,  mais  je  n'en  remarquai  aucun 
qui  osât  y  pénétrer.  Ces  individus,  que  je  reconnus  pour  être  des  mâles,  se 
plaçaient  tout  près  de  l'ouverture  de  ces  demeures  et  attendaient  patiem- 
ment que  leurs  habitants  en  sortissent.  Je  remarquai  aussi  que  quelques-uns 
de  ces  conduits  souterrains  étaient  occupés  par  leurs  habitants,  car  de  temps 
en  temps  je  voyais  un  Cerceris  arenarius  venir  à  l'entrée  de  l'ouverture,  re- 
|)oiisser  avec  sa  large  tête  les  débris  qui  pouvaient  le  gêner,  sortir  une 
partie  de  son  thorax,  prendre  connaissance  des  environs  et  agiter  ses  an- 
tennes dans  tous  les  sens. 

»  Celte  manoeuvre  durait  un  temps  assez  prolongé,  et  pendant  l'agitation 
que  se  donnait  l'habitant  de  ces  réduits,  le  mâle  se  tenait  en  observation  et 
semblait  épier  la  sortie  de  ces  insectes.  En  effet,  aussitôt  qu'ils  quittaient 
leurs  demeures,  ils  étaient  poursuivis  par  les  mâles,  et  l'un  et  l'autre  se  per- 
daient dans  l'espace.  Ne  m'expliquant  pas  les  manœuvres  du  mâle,  je  pris 
des  individus  dans  leurs  nids  et  reconnus  que  les  vrais  propriétaires  de  ces 
terriers  étaient  des  femelles. 

»  Souvent  je  voyais  des  femelles  voltiger  au-dessus  de  ces  trous,  et,  pendant 
qu'elles  étaient  à  la  recherche  de  leurs  véritables  habitations,  les  mâles  se 
précipitaient  sur  elles;  mais  celles-ci,  ne  cédant  pas  à  leurs  instances,  s'en 
débarrassaient  en  les  repoussant  avec  leurs  pattes  postérieures,  les  jetaient 
sur  le  sable,  où  ils  tombaient  plus  ou  moins  étourdis. 

»  Je  remarquai  aussi  que  les  femelles,  en  revenant  à  leur  habitation,  te- 
naient sous  leur  sternum,  au  moyen  de  leurs  pattes,  des  corps  assez  gros 
qu'elles  enfouissaient  avec  une  grande  précipitation  dans  leurs  terriers.  Dé- 
sirant connaître  la  proie  avec  laquelle  ces  femelles  attentives  approvision- 
naient leurs  larves,  je  me  mis  à  les  chasser  ;  j'en  pris  un  assez  grand  nombre, 
et  je  pus  m'assurer  qu'elles  nourrissaient  leur  progéniture  de  Coléoptères 
appartenant  à  la  famille  des  Curculionides  et  au  genre  Otyorhjnchus.  Je 
constatai  aussi  que  ces  Cerceris  variaient  dans  le  choix  des  espèces,  car  j'en 


(4i6  ) 

ai  compté  quatre  de  celte  coupe  générique  :  ce  sont  les  Otjorhynchus  sca- 
brosus,  sulcaius,  raucus  et  nubilus;  elles  m'ont  fourni  aussi  un  Phylonomus 
punctatus  et  plusieurs  individus  du  Bromius  vitis.  Est-ce  parce  que  les  espèces 
de  ce  dernier  genre  rappellent  par  leur  forme  lui  Otjorhynchus,  que  ce  Cer- 
cerjscurciilionicide  en  approvisionne  ses  larves? 

»  Il  n'y  a  que  les  femelles  qui  soient  chargées  du  soin  d'approvisionner 
leurs  larves,  et  il  n'y  a  qu'elles  aussi  qui  se  livrent  à  la  construction  des  ter- 
riers destinés  à  mettre  à  l'abri  leur  progéniture.  Quant  aux  mâles,  je  crois 
qu'ils  sont  errants,  et  que  leurs  principales  fonctions  consistent  à  reproduire 
leur  espèce. 

»  Pendant  tout  le  jour  et  tant  que  le  soleil  est  sur  l'horizon,  ces  femelles 
sont  occupées  à  apporter  la  nourriture  à  leurs  larves,  et  rien  n'est  plus  cu- 
rieux que  de  voir  combien  est  grande  leur  activité,  avec  quel  empressement 
elles  remplissent  ces  fonctions.  Leurs  terriers,  toujours  en  forme  de  cylin- 
dre, ne  sont  pas  droits;  ils  affectent  ordinairement  une  courbe  plus  ou 
moins  prononcée  :  c'est  au  reste  ce  qu'il  est  facile  de  constater,  car  si  on 
introduit  un  épillet  dans  ces  terriers,  dont  l'ouverture  égale  en  largeur  cinq 
millimètres  environ,  il  est  bien  difficile  de  pénétrer  jusqu'au  fond,  et  alors 
on  sent  que  cet  épillet  change  sa  direction  d'abord  droite  en  une  courbe 
bien  accusée. 

»  S'il  est  curieux  d'observer  l'empressement  tout  maternel  avec  lequel 
ces  femelles  approvisionnent  leurs  larves,  il  n'est  pas  moins  intéressant  de 
voir  l'activité  qu'elles  mettent  à  construire  leur  habitation,  et  surtout  à  la 
réparer. 

»  C'est  avec  leurs  mandibules,  qui  sont  robustes  et  terminées  en  pointe, 
qu'elles  creusent  leurs  terriers  cylindriques,  et  c'est  avec  leur  large  tète  que 
les  déblais  sont  poussés  et  ensuite  jetés  au  dehors.  Comme  les  habitations 
que  j'observais  étaient  placées  au  bas  d'un  perron,  les  ouvertures  en  étaient 
souvent  obstruées;  aussi  ces  actives  femelles  étaient  sans  cesse  occupées  à 
leur  réparation. 

»  C'est  dans  ces  trous  que  la  prévoyante  femelle  apporte  successivement 
quinze  à  vingt  Oljorh/nchus,  et  lorsqu'on  observe  ces  Coléoptères,  on  re- 
marque qu'ils  sont  dans  un  état  de  léthargie  très-prononcé.  La  piqûre  pro- 
duite sur  ces  Olyorhynchus  par  le  Cerceris  femelle  engourdit  sans  aucun 
doute  le  principe  vital,  et  quoiqu'au  premier  abord  ils  semblent  n'avoir  que 
quelques  instants  à  vivre,  ils  restent  probablement  en  vie  plusieurs  mois, 
c'est-à-dire  ju.squ'à  ce  que  les  larves  qu'ils  doivent  nourrir  aient  dévoré  leurs 
principaux  organes.  Ce  qui   vient  à  l'appui  de  l'opinion  que  j  émets  ici, 


(  4.7  ) 
c'est  que  je  possédais  encore  en  vie  le  32  septembre  quelques  individus  de 
Y Otyorhynchus  scabrosus,  qui  est  l'espèce  la  plus  recherchée  par  cet  Hymé- 
noptère  fouisseur.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  les  inhalations  d'acide  carbonique,  considérées  (omnie 
anesthésique  efficace  et  sans  danger,-  par  M.  le  D""  Ozanam.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

n  Dans  mon  dernier  travail  sur  l'anesthésie  (présenté  le  7  septembre  1 857), 
j'ai  montré  que  l'éther  devait  être  considéré  comme  une  source  de  carbone 
facilement  assimilable,  et  que  sa  transformation  en  acide  carbonique,  dans 
le  torrent  circulatoire,  était  la  véritable  cause  de  l'arrêt  de  la  sensibilité. 
J'étais  donc  amené  par  une  déduction  rationnelle  à  employer  l'acide  car- 
bonique en  inhalations  comme  anesthésique  général.  L'éther  n'était  plus, 
en  effet,  qu'un  intermédiaire  inutile  et  parfois  dangereux,  dont  on  ne 
pouvait  ni  calculer  régulièrement  la  dose,  ni  prévenir  sûrement  les  effets.  Je 
crois  pouvoir  aujourd'hui  présenter  à  l'Académie  l'étude  sérieuse  d'un  corps 
assez  puissant  pour  arrêter  la  sensibilité,  assez  maniable  pour  qu'on  puisse 
en  prolonger  longtemps  l'usage,  assez  innocent  pour  qu'on  n'ait  plus  à 
craindre  la  mort  subite.  Mes  expériences,  au  nombre  de  vingt-sept,  ont  été 
faites  sur  les  lapins,  avec  le  concours  de  M.  Fabre  et  de  M.  Paul  Blondeau. 

n  Les  inhalations  de  gaz  acide  carbonique  produisent  des  effets  très-ana- 
logues à  ceux  de  l'éther,  mais  plus  fugitifs  ;  on  peut  les  diviser  en  quatre 
périodes  :  1°  prodromes;  2"  excitation;  3°  anesthésie;  4°  réveil. 

»  1°.  Période prodromique. — Tantôt  l'animal  est  calme,  tantôt  il  se  raidit; 
on  dirait  qu'il  pressent  un  danger;  souvent  il  retient  son  souffle;  d'autres 
fois  sa  respiration  s'accélère;  si  on  interrompt  les  inhalations,  il  tend  le  cou 
en  avant  et  recherche  l'air  avec  avidité;  cet  état  dure  d'une  à  quatre  mi- 
nutes, suivant  la  force  du  sujet,  et  suivant  que  le  gaz  est  respiré  pur  ou 
mêlé  d'air  atmosphérique. 

»  1°.  Période  d excitation.  —  Celle-ci  est  presque  nulle;  elle  consiste  sur-^ 
tout  en  agitation  et  en  mouvements  volontaires;  rarement  j'ai  observé  des 
contractions  nerveuses,  le  gaz  ayant  été  absorbé  trop  pur.  La  respiration 
pendant  cette  période  est  plus  fréquente,  le  cœur  bat  avec  plus  de  rapidité, 
puis  au  bout  d'une  minute,  terme  moyen,  survient  la  résolution  musculaire. 

»  3".  Période  d'anesthésie.  —  L'animal  est  étendu  sur  le  côté,  les  quatre 
membres  souples  et  relâchés  ;  la  respiration  profonde,  ralentie,  la  pupille 
modérément  dilatée  ;  le  cœur  bat  plus  lentement  et  avec  moins  de  force  ;  la 


(4>8) 

peau,  les  oreilles,  les  membres,  la  racine  des  ongles  sont  insensibles;  l'anes- 
thésie  est  complète  ;  nous  avons  transpercé  les  chairs  et  cantérisé  cinq  fois 
avec  le  fer  rouge,  sans  que  l'animal  donnât  signe  de  douleur. 

)•  C'est  à  cette  période  que  l'action  du  gaz  commence  à  différer  de  celle 
de  l'éther  ;  car,  tandis  que  pour  ce  dernier  il  faut  interrompre  les  inhalations 
après  de  courts  intervalles,  pour  l'acide  carbonique  il  faut  un  procédé 
inverse  : 

»  a.  Aussi  longtemps  que  l'on  veut  prolonger  le  sommeil,  il  faut  conti- 
nuer les  inhalations. 

»  6.  Celles-ci  peuvent  être  prolongées  dix,  vingt,  trente  minutes  et  plus 
sans  danger  pour  la  vie. 

»  c.  Quand  on  cesse  les  inhalations,  le  réveil  est  presque  toujours  im- 
médiat. 

)'  4°-  Période  du  réveil.  —  On  enlève  l'appareil;  l'animal  aspire  l'air  vivi- 
fiant, qui  rétablit  l'équilibre  de  l'hématose.  Il  reste  pendant  vingt  ou 
soixante  secondes  encore  immobile,  mais  la  sensibilité  commence  à  repa- 
raître ;  un  instant  encore,  et  il  se  relève,  chancelant  sur  ses  pattes;  il  semble 
être  dans  un  état  d'ivresse;  sa  respiration  est  plus  fréquente;  son  cœur  bat 
avec  force,  mais  ce  phénomène  dure  peu;  bientôt  l'animal  est  revenu  à  son 
état  normal,  et  l'on  pourrait  recommencer  l'expérience  sans  danger  pour 
sa  vie. 

»  J'ai  employé,  pour  administrer  l'acide  carbonique,  tantôt  le  gazomètre 
à  déplacement  de  M.  Sainte-Claire  Deville,  tantôt  un  sac  en  caoutchouc.  La 
quantité  de  gaz  a  varié  d'un  à  trente-cinq  litres,  suivant  la  durée  du  som- 
meil qu'on  voulait  obtenir,  et  qu'on  a  progressivement  élevée  d'une  à 
trente  minutes.  La  tète  de  l'animal  est  plongée  dans  une  vessie,  au  fond 
de  laquelle  s'engage  le  tuyau  parti  du  gazomètre  ;  les  bords  du  sac,  faible- 
ment pressés  autour  du  cou,  laissent  toujours  pénétrer  une  petite  quantité 
d'air  atmosphérique,  dont  on  peut  graduer  la  dose  à  volonté  en  soulevant 
un  pli.  Une  température  élevée  paraît  augmenter  l'action  du  gaz;  il  faut 
idors  faire  une  plus  large  part  à  l'air  respirable. 

»  Dans  toutes  nos  expériences,  les  fonctions  du  cœur  et  du  poumon  ont 
été  ralenties,  mais  non  abolies;  jamais  nous  n'avons  vu  survenu-  de  mort 
subite,  comme  nous  en  avons  constaté  par  l'usage  du  chloroforme  et  de 
l'oxyde  de  carbone.  Est-ce  à  dire  pour  cela  que  l'emploi  trop  prolongé  de 
l'acide  carbonique  ne  peut  amener  la  mort?  Une  pareille  assertion  est 
loin  de  notre  pensée  ;  mais  cette  mort  progressive  et  prévue  serait  bien 
différente  de  la  mort  insjantanée  que   l'usage   des  éthers  laisse  toujours 


(4i9  ) 
à  craindre.  Aussi,  voulant  épuiser  la  question,  et  nie  rendre  un  compte 
définitif  de  la   valeur  de  ce  nouvel  agent,  je  résolus  de  tenter  une  expé- 
rience qui  pût  être  regardée  comme  décisive. 

»  Je  fis  préparer,  par  M.  Fontaine,  un  sac  à  gaz  contenant  loo  litres 
environ  d'acide  carbonique,  résolu  de  prolonger  l'anesthésie  aussi  long- 
temps qu'il  me  serait  possible.  L'animal  fut  endormi  au  bout  de  trois 
minutes  sans  convulsions,  et  resta  étendu  sur  le  côté  dans  un  sommeil 
tranquille,  sans  qu'on  fût  obligé  de  le  tenir.  Les  inhalations  furent  conti- 
nuées pendant  quatre-vingt-sept  minutes,  puis  ra|)pareil  fut  retiré;  le  som- 
meil complet  dura  encore  cinq  minutes;  vers  la  dixième,  les  pattes  commen- 
cèrent à  s'agiter,  à  la  quinzième  l'animal  se  redressa;  cent  deux  minutes 
s'étaient  écoulées  depuis  le  début  de  l'expérience  :  ce  temps  est  de  beau- 
coup supérieur  à  celui  qu'exigeraient  les  plus  longues  opérations. 

»  Un  résultat  remarquable  et  bien  inatten^lu,  c'est  que  les  animaux  fré- 
quemment soumis  aux  inhalations  carboniques  finissent  par  s'y  habitue; 
jusqu'à  un  certain  point,  en  sorte  qu'il  devient  difficile  de  les  endormir 
profondément,  tandis  qu'aux  premières  séances  le  sommeil  s'obtenait  avec 
rapidité. 

»  On  peut  facilement  comprendre,  d'après  ce  court  aperçu,  l'avantage 
immense  qui  résultera  de  l'emploi  de  l'acide  carbonique  en  inhalations. 
Déjà  M.  le  professeur  Tourdes  s'était  préoccupé  de  cette  question.  Simpson 
en  Angleterre,  le  D'  Follin  à  Paris,  avaient  obtenu  des  effets  d'anesthésie 
locale  par  les  douches  d'acide  carbonique,  mais  l'insensibilité  n'était  pas 
assez  profonde  pour  permettre  au  chirurgien  d'opérer. 

»  11  est  temps  d'employer  d'une  manière  plus  générale  un  agent  aussi 
précieux.  Au  reste,  depuis  plusieurs  siècles  on  aurait  pu  y  être  conduit 
par  le  fait  de  la  grotte  du  chien  à  Pouzzoles,  près  de  Naples.  Le  sol  de 
cette  grotte  exhale  du  gaz  acide  carbonique  qui  forme  à  la  surface  une 
couche  de  3o  à  60  centimètres.  Le  gardien  y  plonge  un  chien  qui  s'agite 
un  instant  et  qui  tombe  dans  l'insensibilité;  on  l'emporte  hors  de  la 
grotte,  et  l'animal  revient  à  lui  au  contact  vivifiant  de  l'air  extérieur. 
Ainsi  mourant  sans  cesse  et  sans  cesse  renaissant,  il  subit  plusieurs  fois  par 
jour  au  gré  du  voyageur  les  alternafives  du  sommeil  anesthésique  et  du 
réveil  normal.  Ce  fait  vulgaire  contenait  toute  la  découverte  de  l'anesthésie 
longtemps  avant  qu'on  songeât  à  l'éther.  On  y  trouvait  l'indication  d'un 
agent  à  la  fois  efficace  et  peu  dangereux.  Les  vingt-sept  expériences  que 
nous  avons  instituées  sont  venues  confirmer  cette  innocuité.  Dans  des  essais 
tentés  à  la  même  grotte  on  a  déterminé,  il  est  vrai,  une  mort  prompte  qui 

L.  &.,  i858,i«5«me«r«.  (T.  XLVI,  No8.)  55 


(420) 

semble  démentir  nos  conclusions.  Un  chien  succomba  en  trois  minutes,  un 
lapin  en  deux  minutes,  un  condamné  à  mort  en  dix  minutes,  dit-on  ;  mais 
les  conditions  sont  bien  différentes. 

o    1°.  Le  sujet  est  complètement  plongé  dans  le  gaz; 

»  0°.   Le  gaz  est  respiré  à  l'état  naissant; 

»  3".  Il  est  respiré  absolument  pur,  tandis  que  nous  laissons  toujours 
arriver  assez  d'air  pour  que  la  sensibilité  disparaisse,  sans  que  la  respira- 
tion normale  soit  abolie. 

»  La  théorie  chimique  vient  ajouter  une  nouvelle  base  de  certitude;  car, 
tandis  que  les  éthers,  le  chloroforme,  l'oxyde  de  carbone  déterminent 
l'anesthésie  en  s'emparant  de  l'oxygène  du  sang  artériel,  pour  produire  de 
l'acide  carbonique  et  rendre  le  sang  veineux,  notre  nouvel  agent  ne  décom- 
pose pas  le  sang,  il  ne  lui  enlève  aucun  élément  vital,  mais  le  charge  pro- 
gressivement et  d'une  manière  qu'on  peut  graduer  à  volonté,  de  la  quantité 
de  carbone  nécessaire  pour  déterminer  l'insensibilité;  l'acide  carbonique 
est  donc  l'anesthésique  le  plus  innocent. 

»  Bichat  déterminait  l'anesthésie  en  injectant  du  sang  veineux  dans  les 
artères;  l'excès  de  carbone  de  ce  sang  rend  compte  du  résultat,  et  prouve 
que  l'acide  carbonique  doit  être  l'anesthésique  naturel  de  l'organisme. 

»  Nous  avons  à  plusieurs  reprises,  M.  Fabre  et  moi,  aspiré  ce  gaz,  sinon 
jusqu'au  sommeil,  du  moins  jusqu'à  en  ressentir  les  premiers  effets;  sa 
saveur  légèrement  piquante,  aussi  agréable  que  celle  de  l'éther,  excite  la 
salivation. 

«  On  peut  en  prolonger  impunément  l'emploi  pendant  un  temps  qui 
dépasse  celui  des  plus  longues  opérations  ;  dès  qu'on  cesse  d'aspirer  le  gaz, 
le  réveil  est  prompt  et  le  rétablissement  rapide  :  c'est  à  ces  titres  que  je  pré- 
sente l'acide  carbonique  en  inhalations  comme  l'anesthésique  le  moins 
dangereux  et  pourtant  suffisamment  efficace.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Noie  sur  Cextirpntion  successive  ou  simultanée  des  deux  capsules 
surrénales  chez  les  rats  albinos  et  les  surmulots;  par  M.  Phiupeavx. 

o  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter,  le  lo  novembre  i856,  une  Note  sur 
l'extirpation  successive  des  deux  capsules  surrénales  chez  les  rats  albinos; 
le  11  décembre  de  la  même  année,  une  seconde  Note  dans  laquelle  j'indi- 
quais les  causes  auxquelles  on  pouvait  attribuer  la  mort  de  quelques-uns 
d'entre  eux;  enfin,  le  a'j  février  1857,  je  confirmais  par  de  nouveau^  faits 
ce  que  j'avais  dit  dans  une  des  conclusions  de  ma  première  Note,  à  savoir 


(4^1  ) 

que  les  capsules  surrénales  ne  sont  pas  plus  essentielles  à  la  vie  que  la  rate 
et  les  corps  thyroïdes,  et  que  ces  derniers  organes  ne  peuvent  pas  suppléer 
les  capsules  surrénales  après  qu'elles  ont  été  extirpées.  J'ai  vu  en  effet  des 
rats  albinos,  privés  des  capsules  surrénales,  de  la  rate  et  des  corps  thyroï- 
des, vivre  pendant  plus  d'une  année  :  un  de  ces  rats  a  été  tué,  le  i  i  décembre 
1857,  devant  la  Commission  des  prix  de  Physiologie.  Pendant  tout  le  temps 
que  ces  animaux  ont  vécu,  il  a  été  impossible  d'apercevoir  aucun  change- 
ment, ni  dans  leur  habitude  extérieure,  ni  dans  leurs  fonctions.  Je  possède 
encore  actuellement  un  rat  albinos  privé  des  deux  capsules  surrénales, 
depuis  le  3  novembre  i856,  c'est-à-dire  depuis  plus  de  quinze  mois.  J'ai 
examiné  avec  soin  le  sang  des  rats  albinos  qui  ont  succombé  ou  qui  ont  été 
tués,  et  je  n'ai  pas  trouvé  plus  de  cristaux  que  dans  le  sang  des  rats  non 
opérés. 

»  M.  Brown-Séquard,  dans  cinq  Notes  publiées  successivement  dans  les 
Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences  (1),  dit  que  les  capsules  surrénales 
semblent  plus  essentielles  à  la  vie  que  les  reins,  en  ce  que  les  animaux  pri- 
vés des  deux  capsules  surrénales  meurent  en  général  plus  promptement  que 
les  animaux  auxquels  on  enlève  les  deux  reins.  Ce  même  physiologiste  assure 
que  si  les  rats  albinos  survivent  à  l'extirpation  simultanée  des  deux  capsules, 
survie  qui  pour  lui  n'est  que  de  20  à  3o  jours,  cela  tient  à  l'absence  de  la 
fonction  pigmentaire  chez  ces  animaux.  Pour  répondre  à  ces  assertions,  j'ai 
fait  de  nouvelles  expériences  sur  des  animaux  non  albinos. 

»  Je  me  suis  procuré  des  rats  métis,  nés  de  surmulots  [Mus  decumanus) 
et  de  rats  albinos  :  ces  animaux  ont  les  yeux  noirs  et  de  grandes  taches  grises 
sur  le  corps.  Le  16  décembre  iSSy,  j'ai  enlevé  la  capsule  droite  sur  deux  de 
ces  métis,  et  le  a3  décembre  suivant,  la  capsule  gauche.  J^'un  de  ces  rats 
est  mort  au  bout  de  huit  jours;  l'autre  vit  encore,  c'est-à-dire  depuis  deux 
mois.  Les  parties  blanches  de  son  poil  et  sa  peau  n'ont  subi  aucune  modifi- 
cation. J'ai  examiné  le  sang  du  métis  qui  est  mort  :  il  ne  s'y  est  pas  formé 
de  cristaux  plus  promptement  que  dans  le  sang  de  surmulots  non  opérés. 
Je  n'y  ai  pas  non  plus  trouvé  de  dépôts  pigmentaires;  il  n'y  en  avait  dans 
aucune  partie  du  corps. 

»  M.  Brown-Séquard  dit  encore  que  les  rats  non  albinos  ne  vivent  pas 
plus  de  trente-deux  heures  après  l'extirpation  simultanée  des  deux  capsules 
surrénales  :  du  moins,  c'est  la  plus  longue  survie  qu'il  ait  observée. 

»  Ije  23  décembre  1857,  j'ai  extirpé  simultanément  les  deux  capsules 

(i)  Le  25  août  i856,  \",  8,  29  septembre  i856,  et  21  décembre  1867. 

55.. 


■      (    422    ) 

surrénales  à  un  surmulot,  et  le  7  février  i858,  j'ai  pratiqué  la  même  opéra- 
tion sur  un  autre  surmulot.  Aujourd'hui,  12  février,  ces  deux  animaux 
vivent,  l'un  depuis  deux  mois,  l'autre  depuis  quinze  jours.  Ils  sont  très-bien 
portants  :  leur  couleur  n'offre  aucun  changement. 

»  De  ces  faits  ressort  une  confirmation  complète  et  définitive  des  conclu- 
.sions  que  j'avais  formulées  et  que  je  résume  dans  la  conclusion  générale 
suivante  : 

'  »  Les  capsules  surrénales  ne  sont  des  organes  essentiels  à  la  vie,  ni  chez 
les  animaux  albinos,  ni  chez  les  animaux  non  albinos. 

»  J'ajoute  en  dernier  lieu  que  les  capsules  surrénales  chez  les  surmulots 
ne  paraissent  pas  en  rapport  avec  la  fonction  pigmentaire.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  communication  de 
MM.  Chichkoff  et  Rosing,  relative  à  l'action  du  perchlorure  de  phosphore 
sur  le  chlorure  de  benzdile;  par  M.  Berthelot. 

«  Dans  la  séance  de  l'Académie  des  Sciences,  en  date  du  j  5  février  1 858, 
MM.  Chichkoff  et  Rosing  ont  annoncé  la  découverte  d'un  composé  particu- 
lier obtenu  dans  la  réaction  du  perchlorure  de  phosphore  sur  le  chlorure  de 
benzoïle.  Ce  composé  présente  la  composition  de  l'acide  benzoïque  anhydre 
C'*H'0',  dans  lequel  tout  l'oxygène  serait  remplacé  par  du  chlore, 
C*  H*  CI'  ;  d'après  sa  formule  et  d'après  son  origine,  c'est  un  véritable  tri- 
chlorure  benzoïque;  entre  la  composition  de  l'acide  anhydre  et  celles  du 
trichlorure  existent  les  mêmes  relations  que  celles  qui  lient  l'acide  phos- 
phoreux, PO',  au  trichlorure  de  phosphore,  PCl". 

•'  Je  crois  utile  de  rappeler  que  j'ai  signalé,  il  y  a  un  an  {Comptes  rendus 
de  la  Société  Philomathique,  séance  du  16  mai  1857  ;  dans  l'Institut,  numéro 
du  3  juin  1867},  la  formation  d'un  composé  tout  à  fait  analogue  au  précé- 
dent par  sa  génération  et  par  la  nature  de  l'acide  dont  il  dérive  :  je  veux 
parler  du  tribromure  butyrique,  C'H'Br',  obtenu  dans  la  réaction  d'un 
grand  excès  de  perbromure  de  phosphore  sur  L'acide  butyrique.  Ce  corps 
correspond  par  sa  composition  a  l'acide  butyrique  anhydre,  C'H'O'  :  le 
brome  y  joue  le  rôle  de  l'oxygène.  Traité  par  la  potasse  et  même  par  l'eau, 
il  se  décompose  immédiatement  en  régénérant  de  l'acide  bromhydrique  et 
de  l'acide  butyrique  sans  autre  produit  fin^d 

C*H'Br'+  4HO  =  C'H'O»,  HO  +  3HBr. 

Si  je  rappelle  ces  indications  que  d'autres  recherches  m'ont  empêché  de 


a3  ) 


développer  davantage,  ce  n'est  nullement  pour  revendiquer  la  priorité  des 
expériences  entreprises  par  les  habiles  chimistes  qui  viennent  de  découvrir 
le  trichlorure  benzoïque,  mais  simplement  pour  conserver  l'originalité  des 
miennes  et  le  droit  de  les  poursuivre. 

»  Ce  qui  fait,  à  mes  yeux,  l'intérêt  de  ces  composés,  ce  n'est  pas  seule- 
ment la  possibilité  de  remplacer  successivement  par  leur  intermédiaire 
l'oxygène  par  le  brome,  puis  par  l'hydrogène,  comme  je  l'ai  fait  pour  la 
glycérine;  mais  ce  sont  également  les  relations  d'isomérie  que  ces  corps 
présentent  vis-à-vis  d'un  grand  nombre  d'autres  substances.  En  effet,  pour 
citer  un  exemple, 

»  A  côté  du  tribromure  propionique C*H'Br', 

dérivé  de  l'acide  propionique,  C*H*0*,  et  susceptible  de  le  régénérer, 
composé  dont  les  expériences  précédentes  permettent  de  prévoir  l'existence 
et  la  formation,  existent  plusieurs  autres  combinaisons  isomères  :  l'une  déri- 
vée du  propylène,  C'H", 

M   Le  bromure  de  propylène  brome C*H°Br^; 

"  Une  autre  (non  encore  obtenue),  dérivée  de  l'éther  propylbromhydri- 
que,  C°  H' Br,  l'éther  propylbromhydriqiie  bibromé C^H^Br^; 

»  Et  enfin,  la  tribromhydrine C^H'Br^; 

»  Et  l'isotribromhydrine C°  H'  Er' , 

toutes  deux  dérivées  de  la  glycérine,  C'H'O*,  et  aptes  à  la  régénérer. 

»  Tous  ces  corps,  représentés  par  une  composition  et  par  une  formule 
identiques,  se  distinguent  non-seulement  par  leurs  propriétés  physiques  : 
densité,  point  d'ébullition,  etc.;  mais  aussi  par  les  relations  qu'ils  présen- 
tent vis-à-vis  des  corps  qui  les  ont  formés  et  qu'ils  sont  aptes  à  régénérer. 
Ce  n'est  donc  pas  dans  leur  formule  qu'il  faut  chercher  l'expression  de 
leur  constitution,  mais  dans  les  équations  qui  représentent  leur  production 
et  leurs  transformations.    » 

ZOOLOGIE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  les  moyens  pratiques  et  rationnels  de  restaurer 
la  graine  de  vers  à  soie  ;  par  M.  F.-E.  Gcériiv-Méneville. 

«  La  Société  impériale  d'Acclimatation  ayant  accepté  mes  idées  touchant 
la  graine  de  vers  à  soie,  une  société  financière  a  fourni  les  fonds  néces- 
saires, et  j'ai  pu  ainsi  faire  les  voyages  d'exploration  et  de  recherches  dont 
j'expose  les  résultats  dans  cette  Note. 

»  Il  ne  suffit  pas,  pour  avoir  de  la  bonne  graine,  de  choisir  une  chambrée 
exempte  de  maladie;  il  faut  encore  choisir  les  reproducteurs  et  surveiller 


(  4^4  ) 

avec  l'attention  la  pins  scrupuleuse  toutes  les  phases  de  l'accomplissement 
régulier  de  leur  fonction  de  reproduction.  Mon  premier  soin  a  donc  été 
de  surveiller  les  lieux  où  j'avais  l'espérance  de  trouver  des  éducations  par- 
faitement saines.  Je  suis  allé,  pour  cela,  en  Suisse,  à  Genève,  à  Lausanne, 
j'ai  parcouru  la  vallée  du  Rhône,  traversé  les  Alpes  par  le  Simplon  ;  j'ai 
visité  Domodossola,  Pallanza,  Locarno,  Bellinzona.  J'ai  remonté  la  vallée 
du  Tessin  jusqu'au  Saint-Gothard,  où  j'ai  signalé,  à  Faido,  la  limite  de  la 
culture  du  mûrier;  j'ai  touché  à  la  Lombardie,  exploré  Lugano,  Arona, 
les  environs  de  Turin,  et  j'ai  observé  en  passant  les  ravages  faits  par  la  ma- 
ladie sur  les  plantations  et  les  éducations.  Revenu  par  la  vallée  deSuze,  j'ai 
traversé  le  mont  Genève,  visité  en  détail  les  hautes  et  basses  Alpes,  confir- 
mant partout  l'exactitude  de  ce  fait  capital  que  j'ai  le  premier  signalé  et 
qui  est  aujourd'hui  reconnu  de  tout  le  monde,  savoir  :  «  que  dans  les 
»  localités  élevées  où  les  vignes  et  les  mûriers  ne  sont  pas  malades,  la 
»  gattine  ne  se  présente  jamais  épidémiquement  dans  les  éducations  faites 
).-  avec  des  graines  de  provenance  indigène  absolue ,  »  c'est-à-dire  acclima- 
tées depuis  plusieurs  années  dans  des  lieux  semblables  et  placées  sous  les 
mêmes  conditions  climatériques,  provenant  de  races  dites  de  pays  et  n'ayant 
pas  été  mêlées  avec  des  graines  d'origine  inconnue  ou  suspecte. 

»  Enfin  j'ai  terminé  mon  exploration  par  une  course  à  travers  le  midi  de 
la  France,  en  passant  par  Arles,  Montpellier,  Perpignan  et  poussant  jus- 
qu'en Espagne,  à  Figuières.  Là,  partout  la  maladie  des  vers  à  soie  et  de  la 
feuille,  et,  par  conséquent,  nul  espoir,  dans  ces  régions,  de  faire  graine 
avec  quelque  chance  de  succès. 

»  J'ai  eu  le  bonheur  de  trouver  à  Lausanne,  dans  mon  savant  confrère 
M.  Chavannes,  délégué  de  la  Société  d'Acclimatation,  im  collaborateur  dé- 
voué, disposé  à  marcher  d'accord  avec  moi  dans  l'exécution  du  programme 
delà  Société  d'Acclimatation.  M.  Chavannes  élève  chaque  année,  dans  sa  pro- 
priété de  Pontfarbel,  près  de  Nyons,  une  race  italienne  qu'il  a  acclimatée 
depuis  cinq  à  six  ans  et  qu'il  améliore  par  elle-même  sans  se  préoccuper 
de  la  consanguinité.  Avec  les  cocons  de  cette  éducation,  admirablement 
réussie  cette  année  encore,  M.  Chavannes  m'a  fait  de  l'excellente  graine 
dont  je  mets  un  échantillon  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Je  me  suis  moi-même  chargé  de  diriger  la  reproduction  de  toutes  les 
éducations  que  j'avais  choisies  dans  les  hautes  et  basses  Alpes.  J'ai  acheté 
ces  éducations  entières,  après  m'être  assuré  qu'elles  provenaient  de  races 
de  pays,  j'en  ai  fait  transporter  les  produits  à  Sainte-Tulle,  où  je  les  ai  mis 
en  oeuvre. 


(  4^5) 

»  Voici,  d'après  une  expérience  de  quinze  ans,  quels  sont  les  signes  qui 
m'ont  toujours  démontré  que  la  reproduction  était  normale. 

«  1°.  Éclosion  des  papillons  instantanée  (le  matin  de  trois  à  sept  heures). 
Les  résultats  des  éclosions  qui  se  prolongeraient  durant  le  cours  d'une 
journée  doivent  être  mis  au  rebut. 

»  a".  Les  papillons  développent  aussitôt  leurs  ailes  avec  facilité;  ils  sont 
agiles  et  ardents  à  s'unir. 

»  3°.  Ils  restent  attachés  de  douze  à  quinze  heures  au  moins.  Ils  ne 
doivent  pas  se  séparer  spontanément  au  bout  de  deux  à  trois  heures,  ce 
qui  indique  un  état  maladif. 

»  4°-  Les  femelles  se  vident  promptement  et  entièrement  de  leurs  œufs  dans 
la  nuit  et  la  matinée  qui  suivent.  Après  la  ponte,  elles  conservent  de  l'agilité 
et  meurent  complètement  vides  et  desséchées.  Elles  ne  doivent  pas  périr  à 
moitié  pleines  et  se  décomposer  en  une  sanie  noire,  visqueuse  et  fétide. 

»  5°.  Les  œufs,  d'abord  jaunes,  puis  rougeâtres,  prennent  leur  ton  gris 
normal  dès  le  troisième  jour. 

»  C'est  dans  ces  conditions  que  M.  Chavannes  et  moi  nous  avons  fait  la 
graine.  Nous  avons  apporté  dans  l'observation  de  ces  conditions  la  rigueur 
en  quelque  sorte  d'une  expérience  de  laboratoire,  et  nous  pouvons  affirmer 
en  toute  conscience  que  des  produits  ainsi  obtenus  réunissent  toutes  les 
garanties  que  la  prudence  humaine  peut  exiger  sur  ce  point  en  l'état  actuel 
de  la  science  et  de  la  grande  pratique.    » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Analyse  du  lait  au  moyen  d'une  seule  liqueur  titrée. 
Essai  des  farines  par  le  caméléon  minéral;  par  M.  E.  Monier.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

«  Dans  la  séance  de  l'Académie  des  Sciences  du  i"  février  dernier,  j'ai 
indiqué  une  nouvelle  métliode  pour  l'analyse  du  lait  par  les  procédés  vo- 
lumétriques.  Je  me  servais  de  deux  liqueurs  titrées,  l'une  de  caséine,  l'autre 
d'albumine,  renfermant  des  poids  connus  de  ces  matières  desséchées  à 
1  lo  degrés.  Mais  ayant  reconnu  depuis  cette  époque  que  ces  matières 
azotées  décomposent  pour  le  même  poids  les  mêmes  volumes  de  caméléon, 
il  est  évident  que-  la  Hqueur  titrée  d'albumine  devient  inutile;  la  liqueur 
titrée  de  caséine  seule  servira  donc,  soit  pour  le  dosage  des  matières  azo- 
tées du  lait,  soit  pour  le  dosage  de  l'albumine  (i)  que  l'on  trouve  dans  le 
sérum  du  lait  coagulé  par  l'acide  acétique. 

(i)  La  présence  de  l'albumine  dans  le  lait  fut  reconnue  en  i85i  par  M.  Doyère. 


(  4^6  ; 

»  Essai  des  farines.  —  L'essai  des  farines  par  le  caméléon  repose  :  i"  sur 
la  solubilité  de  ces  matières  dans  l'acide  chlorhydriqae  étendu;  2"  sur  la 
décomposition  du  caméléon  par  les  matières  azotées  :  glutine,  fibrine,  ca- 
séine et  albumine;  3°  enfin  sur  ce  que  les  matières  non  azotées,  telles  que 
la  dextrine,  la  glucose,  etc.,  n'ont  point  d'action. 

»  Je  me  sers  dans  ces  analyses  d'une  farine  type  pour  laquelle  j'ai  déter- 
miné une  fois  pour  toutes  l'azote  qu'elle  renferme,  et  que  l'on  doit  conser- 
ver, à  l'abri  de  l'humidité,  dans  des  flacons  bouchés  à  l'émeri.  Cela  posé, 
on  prend  0''%  3  de  cette  farine  que  l'on  verse  dans  lui  matras,  on  y  ajoute 
de  l'acide  chlorhydrique  étendu  d'eau  et  l'on  fait  bouillir  quelques  mi- 
nutes. On  fait  en  même  temps  cette  opération  sur  o^',  3  de  la  farine  soumise 
à  l'essai;  puis  on  détermine  les  volumes  V  et  V  de  caméléon  qu'il  faut 
verser  dans  ces  liqueurs  pour  obtenir  la  même  teinte  rosée  :  les  volumes 
versés  étant  proportionnels  aux  matières  azotées,  on  aura  l'azote  par  ime 
simple  proportion.  Si  l'on  représente  par  A  l'azote  de  la  farine  type,  on 
aura  pour  l'azote  cherché 

V 
X  =  Af. 

»  Afin  d'éviter  toute  cause  d'erreur  dans  les  résultats,  il  serait  conve- 
nable d'employer  dans  ces  analyses  les  mêmes  volumes  d'acide  chlorhy- 
drique pour  dissoudre  les  farines  et  de  faire  bouillir  les  liqueurs  pendant 
le  même  temps. 

»  Détermination  de  l'amidon.  —  L'azote  que  l'on  vient  de  déterminer  don- 
nera sensiblement  les  matières  azotées  de  la  farine;  quant  aux  matières  non 
azotées,  telles  que  l'amidon,  la  dextrine,  la  glucose,  les  matières  grasses,  etc., 
on  les  obtiendra  par  différence  en  retranchant  de  100  parties  de  farine  des- 
séchée le  poids  des  matières  azotées  que  nous  venons  de  déterminer.  Par 
ces  méthodes,  le  dosage  de  l'azote  des  farines  peut  se  faire  en  peu  de  temps 
et  sans  aucun  appareil;  la  détermination  de  l'amidon  est  ici  l'opération 
la  plus  longue,  car  elle  exige  la  dessiccation  d'im  poids  connu  de  farine. 

"  Un  grand  nombre  de  matières  azotées  solubles  soit  dans  l'eau,  soit 
dans  les  acides,  exercent  sur  le  caméléon  une  action  désoxydante  plus  ou 
moins  considérable;  on  pourra  donc,  par  des  procédés  analogues  à  ceux 
que  je  viens  de  décrire,  doser  ces  matières.  C'est  ainsi  que-Ion  pourra  doser 
l'azote  des  céréales  et  des  légumineuses  dont  les  matières  azotées  sont  de 
même  composition  et  solubles  dans  l'acide  chlorhydrique. 

.'   La  légumine  réagit  de  la  même  manière  que  le  gluten. 

»  Parmi  les  matières  azotées  qui  n'agissent  pas  sur  le  caméléon,  je  pour- 
rai citer  la  plupart  des  alcalis  végétaux  et  l'urée.    » 


(  4^7  ) 

M.  HoFMANN,  professeur  de  Botanique  à  l'Université  de  Giessen,  se  fait 
connaître  pour  auteiu*  d'un  Mémoire  sur  la  germination  des  champignons 
reçu  par  l'Académie  dans  les  derniers  jours  de  décembre  1 867,  et  mentionné 
dans  les  Comjjtes  rendus  des  4  et  1  i  janvier  i858. 

Commerauteur,  en  adressant  son  travail,  avait  demandé  qu'il  lui  fût  rendu 
en  cas  qu'il  n'obtînt  pas  le  prix,  cette  restriction  n'a  pas  permis  qu'on  l'ad- 
mît au  concours.  Il  n'y  a  nul  empêchement  à  ce  que  le  Mémoire  soit  remis 
à  M.  Hofmann  ou  à  une  personne  dûment  autorisée  par  lui. 

M.  KoEHLER  (Joseph)  adresse  de  Reichenberg  (Bohême)  une  Note  con- 
cernant une  méthode  qui  lui  est  propre  pour  la  fixation  des  images  photo- 
graphiques sur  papier.  Il  signale  divers  inconvénients  qu'il  a  reconnus  à  la 
méthode  communément  employée  et  dont  la  sienne  serait  exempte.  Il  ne 
fait  pas  connaître  les  substances  qu'il  emploie,  mais  il  est  disposé  à  envoyer 
une  description  complète  de  son  procédé  dans  le  cas  où  l'Académie  voudrait 
le  faire  examiner  par  une  Commission.  Cette  Lettre  est  la  seconde  qu'il 
adresse  dans  le  même  but  à  l'Académie,  mais  la  première  n'est  pas  parvenue. 

M.  FiLLON  adresse  une  nouvelle  Lettre  relative  au  projet  d'élever  un 
monument  à  la  mémoire  du  géomètre  français  F.  Viète. 

Cette  IjCttre  est  renvoyée,  comme  l'avait  été  la  précédente,  à  l'examen  de 
la  Section  de  Géométrie. 

M.  Gallardo  Bastant  envoie  de  Barcelone  une  addition  à  sa  précédente 
Note  sur  une  pile  galvanique  modifiée  en  vue  des  applications  aux  électro- 
moteurs. 

M.  Chapoteau  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la 
Commission  qui  a  été  chargée  d'examiner  certaines  parties  de  plantes  qu'il 
avait  adressées. 

M.  Zalewski  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  ■>  La  gravitation,  c'est  l'électricité.  » 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet). 

M.  Hervy  envoie  de  Limoges  deux  Notes  sur  l'emploi  de  l'air  comme 
force  motrice. 

M.  Delaunay  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ces  Notes  et  à  faire 

G.  R.,   i858,   I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  8.)  56 


(  4^8  ) 
savoir  à  l'Académie  si  elles  sont  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapporr. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BtTLLETlN    BIBMOORAPlilQl'E. 

I/Acadén)ie  a  reçu  dans  la  séance  du  i  5  février  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Traité  d' analyse  chimique  par  la  méthode  des  volumes,  comprenant  l'analyse 
des  gaz  et  des  métaux,  la  cidorométrie,  la  sulfliydrométrie,  l'acidimétrie,  Val(a- 
liniétrie,  lasaccharimétrie,  etc.  ;  par  M.  A.-B.  POGGlALE.  Paris,  i858;  i  vol. 
iii-S". 

Le  climat  de  Madère  et  son  influence  thérapeutique  sur  la  phlhisie  puhnonaire  ; 
/j'/rM.  F. -A.  Barral.  Tr.tduil  du  portugais,  refondu  et  augmenté  de  notes; 
par  M.leD'P.  Garnier.  Paris,  i858;  i  vol.  in-8". 

Histoire  médicale  du  choléra-morbus  épidémique  qui  a  régné,  en  i854,  dans 
la  ville  de  Gy  {Haute-Saône);  par  M.  P.-Al.  Niobey.  Paris,  i858;  iii-8". 
(Présenté  au  nom  de  l'auteur  piu-  M.  Flourens.) 

Relation  médico-chirurgicale  succincte  de  ta  campagne  de  Kabjlie,  en  iSSy, 
et  spécialement  des  faits  qui  se  rapportent  au  2*  bataillon  du  ■yo'  régiment  de 
ligne;  par  M.  L.  SCOUTETTEN.  Metz,  i858;  hr.  iii-8". 

De  quelques  parasites  végétaux  développés  sur  des  animaux  vivants;  par 
MM.  ï.  Gluge  et  T.  d'Udekem;  br.  in-8". 

De  l'influence  des  académies  sur  le  progrès  des  sciences.  Discours  prononcé  à 
la  séance  publiijue  annuelle  de  la  Classe  des  Sciences  de  i Académie  roy(de  de 
Belgique,  le  i^  décembre  1 8 ^-j  ;  par  M.  le  D'' Gluge.  Bruxelles,  1867;  br.  in-8" 

Etudes  sur  les  dissolutions  des  carbonates  terreux  et  des  principaux  oxydes  mé- 
talliques; par  M.  A.  Bineau;  br.  in-8''. 

Résumé  des  données  ozonométriques  recueillies  à  Lyon  depuis  tes  premiers 
jours  de  juin  1 855,  jusqu'au  mois  de  mars  1857,  et  remarques  à  ce  sujet;  par  le 
même;  br.  in-8''. 

Les  Vem-Vem,  tribu  anthropophage  de  l'Afrique  centrale;  par  M.  le  baron 
Henri  Aucapitaine.  Paris,  1857;  br.  ini8''. 

Déparlement  de  1  Eure.  Procès-verbal  des  délibérations  du  Conseil  génénd. 
Session  de  i856.  Évreux,  i853;  in-8''. 

Aimuaire  de  l'Institut  des  provinces  et  des  Congrès  scientifiques.  i858;  t.  X, 
in-i^. 


(  4^9) 

Bidlelin  de  la  Société  Liniiéeum;  de  Normandie.  IF  volnfue.  Année  1856-^7. 
Caen,  iSS;;  in-8°. 

Rapport  sur  les  tranaiix  du  Conseil  central  d' hygiène  publique  et  de  salubrité 
du  département  de  In  Loire -Inférieure,  pendant  l'année  i85ô;  adressé  à 
M.  Henri  Chevrkau,  préfet  de  la  Loire-Inférieure.  Nantes,  iSSy;  br.  in-8". 

Dictionnaire  français  illustré  et  Ericj-clopédie  universelle;  S*"  livraison  in-4". 

Memorie...  Mémoires  du  nouvel  Observatoire  du  Colléye  Romain.,  depuis 
avril  iS^ri,  jusqu'à  septembre  1857;  publié  par  le  Directeur,  le  P.  A.  Secchi. 
Rome,  1857;  br.  in-Zj". 

Sulle.  ..Sur  les  variations  périodiques  du  magnétisme  terrestre.  Second  Mémoire 
relatif  aux  perturbations  extraordinaires;  par  le  P.  A.  Secchi.  Rome,  1857, 
9.  feuilles  in-8°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  royale  d Edimbourg;  XXP  vol., 
IV®  partie;  session  1  856-57  ;  in-4''. 

Transactions.  .  Transactions  de  la  Société  royale  des  Sciences  et  Arts  de 
Maurice;  nouvelle  série;  1"  vol.,  P*  partie.  Maurice,  1857;  in-S". 

Abhandlungen...  Mémoires  de  C Académie  royale  des  Sciences  de  Berlin, 
année  i856.  Berlin,  i857;in-4''. 

Slùndliche...  Observations  barométriques  lunaires  faites  à  Cracovie,  pendant 
les  années  (848-1 856,  publiées  aux  frais  de  l'Etat;  par  MM.  le  D'  Max.  Weisse 
et  le  D''  Adalbert  KuNÊS.  Vienne,  i858;  br.  in-8°. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  11  février  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Sciences.  Eloge  historique  de 
François  Magendie;  par  M.  Flourens,  Secrétaire  perpétuel,  lu  dans  la 
séance  publique  annuelle  du  %  février  i858.  Paris,  i858;  in-4°. 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Sciences.  Séance  publique  du  lundi 
S  février  iS5S,  présidée  par  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Président.  Pro- 
gramme des  prix  proposés  et  des  prix  décernés  ;  in-4''. 

Histoire  des  progrès  de  la  Géologie  de  i834  à  i856;  pcïr  M.  A.  d'Archiac, 
Membre  de  l'Institut  ;  publiée  par  la  Société  Géologique  de  France,  sous  les 
auspices  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique;  tome  VII;  Formation 
jurassique  (a*  partie).  Paris,  1857;  in-8°. 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d' invention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  )844?  publiée  par  tes  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Traimux  publics; 
tome  XXVII.  Paris,  1857;  iu-4". 


-.„4U 


(  43o  ) 

Journal  de  la  Physiologie  de  l'homme  el  des  animaux,  publié  sous  la  diieclion 
duYy  E.  Brown-Sequard.  Tome  I";  janvier  i858;  in-S".  (Présenté  au 
nom  de  l'auteur  par  M.  Flourens.) 

Histoire  naturelle  des  Insectes.  Species  géne'ral  des  Lépidoptères;  par 
MM.  BoiSDUVAL  et  GuÉNÉE;  tomes  IX  et  X,  accompagnés  des  9*  et  10*  li- 
vraisons des  planches.  Umnides  et  Phalénites:  par  M.  A.  GuÉNÉE;  tomes  1 
et  II.  Paris,  1857  ;  2  vol.  in-8°. 

Nouveau  Dutionnaire  d'histoire  naturelle  et  des  phénomènes  de  la  nature; 
par  M.  le  D'  Antonin  Bossu;  tome  II.  Paris,  i858;  in-8. 

Théorie  de  la  résistance  et  de  la  flexion  plane  des  solides  dont  les  dimensions 
transversales  sont  petites  relativement  à  leur  longueur;  par  M.  J.-B.  BELANGER. 
Paris,  i858  ;  br.  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Poncelet.) 

Eléments  de  chimie  inorganique  et  organique;  par  M.  F.  WoHLER,  traduits 
de  l'allemand  par  M.  Louis  Grandeau,  avec  le  concours  du  D''  F.  Sacc  et  des 
additions  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.  Paris-Nancy,  i858;  i  vol.  in-8''. 
(Présenté  au  nom  du  traducteur  par  M.  Pelouze.) 

Traité  élémentaire  de  physique  théorique  et  expérimentale  avec  les  applica- 
tions à  la  météorologie  et  aux  arts  industriels;  par  M.  P.  A.  Daguin;  tome  II, 
1'  partie.  Toulouse-Paris,  i858;  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par 
M.  Despretz.) 

Fragments  ethnologiques.  Eludes  sur  les  vestiges  des  peuples  gaélique  et  cjm- 
rique  dans  quelques,  contrées  de  i Europe  occidentale;  sur  la  couleur  de  la  che- 
velure des  Celtes  ou  Gaulois;  sur  les  liens  de  famille  entre  lesGaéls  et  les  Cjmris; 
par  M.  J.-A.-N.  Pekier.  Paris,  1857;  br.  in-8°. 

Rapport  au  sujet  des  médailles  à  décerner  en  1857  sur  la  dotation  du  prince 
Lerrun;  par  M.  A.  BfBEAU  ;  lu  à  la  séance  publique  de  l'Académie  de  Lyon 
du  ijuin  1857;  br.  in-S". 

Lettre  sur  la  disposition  des  planètes  {par  M.  Jean  Raynaud).  Extrait  du 
Magasin  pittoresque.  Février  i858;  in-12;  \  feuille. 

Réforme  de  la  géométrie;  par  M.  Charles  Bailly;  5*  et  dernière  livraison. 
Théories  analytiques;  iu-S". 

Lettre  adressée  à  M.  C.-A.  Steinheil,  professeur  de  physique  et  ingénieur 
oi)ticien  à  Munich,  sur  sa  grande  provocation  de  la  restauration  du  télescope 
catadioptrique  newlonien  et  examen  critique  de  l'emploi  de  cet  instrument  dans 
les  observations  de  précision;  par 'M.  Achille  Brachet.  Paris,  i858;  br.  in-8°. 

Astronomical...  Observations  astronomiques  faites  à  l'observatoire  de  Cam- 
bridge, pendant  les  années  i849-i85i;  par  le  révérend  James  Challis; 
yol.  XVtll.  Cambridge,  1867;  in-A^ 


* 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES        "•  '  ^ 

DE  L'AGADÉMIE  DES  SCIENCES. 


'  iji  a  («  «I  I 


SÉANCE  DU  LUNDI  1"'  MARS  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Flourens  annonce,  d'après  une  nouvelle  reçue  par  M.  Falenciewies, 
la  perte  que  vient  de  faire  l'Académie  dans  la  personne  de  M.  Temminck, 
un  de  ses  Correspondants  pour  la  Section  d'Anatomie  et  de  Zoologie, 
décédé  à  Leyde  le  6  février  dernier. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Expériences  sur  l'élève  des  poissons;  par  M.  Coste. 

«  L'Empereur  a  bien  voulu  m'autoriser  à  rendre  compte  à  l'Académie 
d'une  expérience  d'acclimatation  de  la  truite  faite  sous  ses  yeux  et  par  son 
ordre,  dans  son  domaine  de  Villeneuve-l'Etang,  près  Saint-Cloud,  au  moyen 
des  procédés  artificiels.  Voici  le  résultat  de  cette  expérience,  accomplie 
dans  des  eaux  où  jamais  aucune  espèce  de  la  famille  des  Salmonidées  n'avait 
existé. 

»  1°.  Les  truites  âgées  d'un  an  ont  io  centimètres  de  long,  et  un  poids 
de  65  à  90  grammes,  ce  qui  leur  donne,  sur  le  marché  de  Paris,  une  valeur 
de  r  franc  à  1  franc  ^5  centimes. 

»  1°.  Les  truites  âgées  de  trente-trois  mois  ont  de  45  à  5o  centimètres 
de  long,  et  pèsent  de  ô^S  à  1  170  grammes,  ce  qui  leur  donne  une  valeur 
de  3  à  6  francs. 

»  Ces  truites,  nées  au  Collège  de  France,  sont  tellement  abondantes  dans 
le  petit  lac  où  on  les  a  semées,  que  l'on  a  été  obligé  de  renoncer  à  ramener 

C.  R.,  i858,  i"  Smie*(re.  (T.  XLyi,  N"  9.)  ^n 


(  432  ) 
le  filet  traînant  sur  les  bords,  de  peur  de  les  broyer  dans  ses  mailles.  On 
s'est  borné  à  jeter  l'épervier  dans  l'enceinte  formée  par  ce  filet,  afin  d'en  re- 
tirer un  certain  nombre  de  sujets,  parmi  lesquels  j'ai  pris  les  spécimens  vi- 
vants que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie.  Le  résultat  est  d'autant  plus 
satisfaisant,  que  ces  truites,  abandonnées  à  elles-mêmes,  n'ont  eu  d'autre 
nourriture  que  les  vers,  les  insectes  et  les  têtards  de  Batraciens,  qui  se  mul- 
tiplient naturellement  dans  ces  eaux;  car  on  avait  pris  soin,  dès  le  début, 
de  n'y  laisser  aucune  autre  espèce  de  poisson. 

»  Cette  expérience,  continuée  dans  les  bonnes  conditions  où  elle  a  été 
commencée,  permettra  de  déterminer  si,  par  l'élève  de  la  truite  et  à  super- 
ficie égale,  des  eaux  favorables  ne  donnent  pas  un  produit  supérieur  à  celui 
de  la  terre.  » 

PHYSIOLOGIE.    —  Faits  pour  servir  à    l'histoire   de   la  fécondation   chez   les 

Crustacés;  par  M.  Coste. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  une  curieuse  découverte 
d'histoire  naturelle  faite  dans  mon  laboratoire  par  M.  Gerbe,  préparateur 
au  Collège  de  France,  découverte  relative  à  l'émission  de  la  matière  fécon- 
dante chez  un  certain  nombre  de  Crustacés  de^  l'ordre  des  Décapodes. 

»  Chez  la  plupart  des  espèces  de  cet  ordre,  les  deux  premières  paires  de 
fausses  pattes  abdominales  servent  d'annexé  aux  organes  génitaux  internes 
et  forment  im  appareil  spécial,  dont  le  rôle  n'est  pas  encore  parfaitement 
connu .  Les  écrevisses  que  je  conserve  dans  les  bassins  du  Collège  de  France, 
pour  mes  études  particuUères,  ont  permis  à  M.  Gerbe  d'en  apprécier  rigou- 
reusement la  fonction.  Ces  deux  paires  d'appendices,  pendant  l'accouple- 
ment, se  redressent  eu  se  portant  en  arrière  et  un  peu  en  dehors.  La  paire 
postérieure  engage  son  extrémité  foliacée  dans  la  gouttière  contournée  que 
présente  la  paire  antérieure,  et  l'extrémité  du  canal  déférent  s'évaginant, 
sous  forme  de  verge,  entre  ces  appendices  ainsi  conjugués,  mais  mobiles 
l'un  sur  l'autre,  verse  à  leur  base  la  matière  séminale.  A  mesure  qu'elle  est 
excrétée,  cette  matière  s'écoule  lentement  le  long  de  la  rainure  profonde 
des  premiers  appendices,  et  est  déposée  par  eux  sur  le  sternum  de  la  femelle^ 
où  elle  se  concrète  en  affectant  des  formes  vermiculaires. 

»  Comme  la  matière  séminale  de  la  plupart  des  Crustacés,  et  notamment 
de  l'écrevisse  commune,  est  dense  et  se  solidifie  promptement  à  mesure 
qu'elle  arrive  au  contact  de  l'eau,  il  en  résulterait  que  la  gouttière  cornée 
qu'elle  parcourt  serait  facilement  obstruée,  si  l'extrémité  repliée  en  cuille- 
ron  de  la  pièce  postérieure  n'avait  pour  fonction  de  la  nettoyer  par  des  mou- 
vements réitérés  d'arrière  en  avant,  à  chaque  émission  de  semence. 


(  433  ) 
»  M.  Gerbe  étant  attaché  à  la  mission  dont  je  suis  chargé,  pourra  com- 
pléter ces  intéressantes  études  sur  l'ensemble  des  Crustacés  marins  pendant 
mes  explorations  du  littoral  de  la  France,  et  en  fera  l'objet  d'un  travail 
général  qu'il  aura  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie.  » 

Communication  de  M.  C  Gay,  en  présentant  les   dernières  parties  de   son 

Histoire  du  Chili. 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  de  la  suite  de  l'ouvrage 
que  j'ai  publié  sous  le  titre  de  Historia  fisica  j  poUtica  de  Chile  et  qui  doit 
servir  de  complément  aux  autres  volumes  que,  dans  le  temps,  Adrien  de 
Jussieu  eut  l'honneur  de  lui  présenter. 

»  Cet  ouvrage,  dont  toutes  les  parties  publiées  sont  achevées,  compte 
vingt-quatre  volumes,  savoir  huit  d'histoire,  huit  de  zoologie  et  huit  de 
botanique,  et  de  plus  deux  grands  atlas  in-4°  de  planches  coloriées.  Main- 
tenant je  m'occupe  activement  de  la  géographie  physique  et  ethnographi- 
que, de  sorte  que,  dans  un  an  à  peu  près,  j'espère  avoir  entièrement  ter- 
miné cette  grande  publication.  Elle  m'aura  pris  dix  ans  de  courses  et  de 
recherches  et  dix-huit  ans  de  rédaction. 

»  Sans  doute,  en  entreprenant  une  si  grande  tâche,  je  n'ai  jamais  eu  la 
prétention  de  faire  un  travail  achevé,  mais  bien  de  faire  connaître  aux  sa- 
vants une  région  encore  très-peu  connue,  présenter  aux  botanistes  et  aux 
zoologistes  l'ensemble  de  sa  végétation  et  de  sa  faune  et  mettre  à  même  les 
personnes  du  Chili  de  pouvoir  classer  et  dénommer  avec  facilité  les  pro- 
ductions naturelles  de  leur  pays;  dans  ce  but  j'ai  eu  soin  d'ajouter  à  mes 
descriptions  un  bon  nombre  de  planches,  et,  pour  les  classes  difficiles  de  la 
zoologie,  j'y  ai  fait  figurer  une  espèce  de  presque  tous  les  genres  avec  tous 
les  détails  qui  les  caractérisent.  J'ai  tout  lieu  de  croire  que  par  ce  moyen 
j'ai  rendu  mon  ouvrage  assez  élémentaire  pour  initier  les  habitants  du  Chili 
dans  l'étude  des  sciences  naturelles,  tout  en  lui  conservant  son  véritable  ca- 
ractère scientifique. 

»  D'après  la  grande  importance  de  cette  publication,  entièrement  exé- 
cutée aux  frais  du  gouvernement  et  des  souscripteurs  chiliens,  l'Académie, 
je  pense,  verra  avec  satisfaction  que,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  dans 
la  plupart  des  autres  républiques  américaines  d'origine  espagnole,  le  Chili 
marche  avec  les  idées  de  la  plus  haute  civilisation,  en  menant  de  front  tout 
ce  qui  a  rapport  au  bien-être  social  et  intellectuel  du  pays;  aussi  une  tran- 
quillité de  vingt-cinq  ans  seulement  a  suffi  pour  y  créer  une  ère  entièrement 

57.. 


(  434  ) 

nouvelle.  Les  fabriques  en  tous  genres  s'y  multiplient  avec  activité  et  profit, 
des  chemins  de  fer  sillonnent  déjà  plusieurs  provinces;  l'agriculture,  cette 
branche  si  importante  du  pays,  y  progresse  journellement  en  s'enrichissant 
de  toutes  les  machines  que  la  science  invente,  et  l'industrie  minérale,  cette 
autre  branche  de  la  prospérité  chilienne,  y  gagne  un  avenir  d'autant  plus 
assuré,  que  de  riches  mines  de  charbon  de  terre,  découvertes  depuis  quel- 
ques années  seulement,  peuvent  aujourd'hui  réparer  le  manque  de  bois  qui 
mettait  jadis  empêchement  à  la  fonte  des  minerais  sur  les  lieux  mêmes  de 
leur  exploitation. 

»  Mais  ce  qui  doit  étonner  surtout,  c'est  le  développement  intellectuel 
qui  se  manifeste  de  plus  en  plus  dans  la  jeunesse,  grâce  à  l'entraînement  et 
à  la  haute  intelligence  de  l'illustre  président  du  pays,  don  Manuel  Montt.  Ex- 
trêmement pénétré  de  l'utilité  de  l'instruction  publique,  ce  savant  juriscon- 
sulte a  multiplié  avec  une  égale  ardeur  les  collèges  et  les  écoles  secondaires. 
Après  avoir  fondé,  sous  la  direction  du  savant  M.  Bello,  Correspondant  de 
l 'Académie  de  Madrid ,  une  Université  presque  à  l'instar  de  l'Institut  de  France, 
il  a  donné  tous  ses  soins  aux  collèges  provinciaux  et  surtout  à  celui  de  San- 
tiago, où  se  trouvent  des  professeurs  nationaux  et  étrangers  d'un  grand  mé- 
rite et  dont  quelques-uns  ne  seraient  certainement  pas  désavoués  dans  nos 
premiers  collèges  d'Europe.  Parmi  ces  savants  ou  professeurs,  il  y  en  a 
quelques-uns  bien  connus  de  l'Académie  par  des  Mémoires  qu'ils  ont  l'hon- 
neur quelquefois  de  lui  adresser.  De  ce  nombre,  on  peut  citer  M.  Pissis  chargé 
de  lever  une  carte  géologique  et  topographique  du  pays,  M.  Domeiko  tou- 
jours occupé  de  l'analyse  des  minéraux  ;  on  y  rencontre  également  M.  Moesta, 
directeur  de  l'observatoire  astronomique  et  auteur  de  plusieurs  Mémoires 
qui  font  espérer  de  meilleurs  résultats  encore  de  son  beau  séjour  sous  un 
ciel  si  pur  et  presque  toujours  libre  de  tout  nuage  ;  M.  Courcelle-Seneuil, 
notre  savant  économiste,  et  M.  Chevalier,  frère  de  notre  collègue  à  l'Institut 
et  chargé,  comme  M.  Seneuil,  de  hautes  questions  économiques  et  indus- 
trielles. 

»  Indépendammetit  de  tous  ces  savants  et  de  quelques  autres  occupés  à 
augmenter  nos  connaissances  sur  le  pays,  l'Académie  connaît  déjà  les  beaux 
travaux  maritimes  exécutés  par  MM.  K.ing,  Fitz-Roy  et  Darwin  sur  toute 
la  côte  de  la  République  et  ceux  non  moins  importants  exécutés  par  M.  Pœp- 
pig  et  surtout  par  le  savant  M.  Gillis,  astronome  attaché  à  l'observatoire  de 
Washington  et  qui,  par  ordre  de  son  gouvernement,  fut  passer  trois  ans  à 
Santiago,  muni  de  tous  les  instruments  nécessaires  au  but  de  son  voyage. 
Ses  beaux  travaux,  dans  ce  moment  en  voie  de  publication,  et  ceux  non 


f  435  ) 
moins  importants  qui  se  publient  soit  au  Chili,  soit  clans  les  différentes 
contrées  de  l'Europe,  nous  portent  à  croire  que,  sous  le  point  de  vue  scien- 
tifique et  géographique,  cette  république  sera  bientôt  connue  à  l'égal  des 
contrées  les  mieux  favorisées  de  la  vieille  Europe.  Il  faut  espérer  alors 
qu'une  meilleure  connaissance  de  ce  pays  et  de  ses  grandes  richesses,  et  l'as- 
surance d'un  bien-être  raffermi  par  la  bonté  d'un  climat  extrêmement 
doux  et  libre  de  toute  maladie  endémique,  éveillera  l'attention  des  classes 
souffreteuses  de  l'Europe  et  y  attirera  de  plus  en  plus  l'émigration,  cette 
nouvelle  et  importante  richesse  pour  l'Amérique  et  la  seule  qui,  dans  ce 
moment,  manque  au  Chili.   » 

M.  MiLNE  Edwards  présente  à  l'Académie  la  première  partie  du  TIP  vo- 
lume de  ses  Leçons  sur  la  Physiologie  et  VAnatomie  comparée  de  l'homme  et 
des  animaux.  Cette  livraison  est  consacrée  à  l'étude  de  la  circulation  du 
sang. 

ASTRONOMIE.  —  Orbite  provisoire  de  ta  planète  (51);  Lettre  de  M.  Valz. 

«i  Je  viens  d'apprendre  que  la  5i*  planète,  dont  j'ai  annoncé  la  décou- 
verte à  l'Académie,  n'a  pu  être  trouvée  dans  les  divers  observatoires  qui 
en  ont  fait  la  recherche.  Je  viens  d'en  calculer  une  orbite  provisoire  qui 
permettra  de  la  trouver  facilement,  se  trouvant  déjà  parvenue  à  la  10*  gran- 
deur, et  je  vous  prie  d'en  donner  communication  à  l'Académie,  afin  de 
faciliter  la  recherche  de  la  nouvelle  planète  aux  observateurs;  ainsi  qu'il 
suit  : 

Longitude  moyenne,  le  3 ,455  février. .  .     277° 3^' 
Longitude  du  périhélie 286°  45' 

Q. 172-6' 

Inclinaison 10°  28' 

Excentricité  0,40666  répondant  à 24°  o' 

Demi  grand  axe i  ,8o36 

Mouvement  moyen  diurne 1 464", 87 

»  Si  ces  éléments  déduits  des  dernières  observations  ne  subissent  pas, 
comme  je  le  pense,  de  trop  fortes  variations  par  les  observations  posté- 
rieures, ils  seraient  remarquables  sous  plusieurs  rapports,  car  la  révolution 
serait  la  plus  courte  de  tout  le  groupe  télescopique  et  avec  Nysa  ce  seraient 
les  plus  grandes  excentricités.  L'orbite  croiserait  celle  de  Mars,  la  planète 
s'approcherait  à  0,1  de  la  Terre  plus  que  Mars  et  Vénus,  ce  qui  serait  favo- 
rable à  la  détermination  de  la  parallaxe  du  Soleil.  Enfin  si,  dans  la  suite  des 


(  436  ) 
temps,  le  nœud  qui  est  à  65  degrés  du  périhélie,  s'en  rapprochait  suffisam- 
ment, la  distance  à  la  Terre  serait  réduite  à  0,07,  ce  qui  serait  encore  plus 
avantageux  pour  obtenir  cette  parallaxe.  » 

CHIRUBGIE.  —  De  l'évidement  des  os,  comme  moyen  d'en  conseiver  les  formes 
et  les  fonctions   et   d'éviter  les  amputations;  par  M.  Sédillot. 

«  L'illustre  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences  a  signalé 
dans  son  livre  :  De  la  vie  et  de  l'intelligence  (Paris,  i858),  les  remarquables 
applications  de  ses  expériences  à  la  chirurgie  : 

«  Beaucoup  d'amputations  et  de  mutilations,  a  dit  M.  Flourens,  pour- 
»  ront  être  prévenues.  Enlevez  les  os  et  conservez  le  périoste,  ce  dernier 
»  les  reproduira.  Une  chirurgie  nouvelle  est  née  de  cette  simple  observa- 
»  tion  et  a  été  inaugurée  par  M.  Blandin,  qui  pratiqua  l'ablation  d'une 
»  clavicule  cariée  sans  intéresser  le  périoste;  quinze  mois  plus  tard  la 
»  malade  était  guérie  et  la  clavicule  s'était  reproduite.  » 

»  Les  pathologistes  ont  connu  de  tous  temps  les  phénomènes  de  la  régé- 
nération des  os  et  en  ont  consigné  de  remarquables  exemples.  Le  profes- 
seur Heine  a  déposé  en  i836,  au  Muséum  de  Wurzbourg,  une  série  de 
préparations  représentant,  sur  des  squelettes  complets  de  chiens,  les  os 
régénérés  aux  lieu  et  place  de  ceux  qu'il  avait  directement  enlevés,  en  con- 
servant le  périoste,  et  on  les  avait  exposés  à  côté  des  premiers,  comme 
terme  de  comparaison.  Le  fémur,  le  tibia,  l'humérus  et  particulièrement  le 
scapulum  s'étaient  parfaitement  reproduits,  et  les  fonctions  des  membres 
n'en  avaient  pas  été  altérées  [Journal  de  Grœfe  et  Walther,  tome  IV,  livre  4)- 
En  France,  plusieurs  chirurgiens,  parmi  lesquels  je  citerai  MM.  Baudens  et 
Maisonneuve,  ont  publié  des  observations  plus  ou  moins  analogues  à  celle 
de  M.  Blandin,  et  personne  ne  met  plus  en  doute  l'immense  avantage  de 
conserver  le  périoste  dans  le  but  de  favoriser  la  reproduction  d'un  nou- 
vel os.  Les  applications  de  cette  nouvelle  chirurgie,  pour  nous  servir  de 
l'heureuse  expression  de  M.  Flourens, sont  cependant  restées  très-restreintes 
et  n'ont  pas  encore  pris  rang  dans  la  pratique  usuelle.  Cette  sorte  d'abandon 
d'une  des  plus  précieuses  ressources  de  l'art  tient  aux  difficultés  et  aux 
dangers  très-réels  des  procédés  d'exécution.  La  dissection  du  périoste  et 
l'ablation  de  l'os  subjacent  sont  des  opérations  hérissées  d'obstacles,  lors- 
qu'on les  transporte  à  l'homme  vivant.  On  ne  peut  détacher  le  périoste 
sans  le  soumettre  à  des  violences  graves,  par  tractions,  pressions,  déchi- 
rures, arrachements,  ligatures,  et  il  en  résulte  des  inflammations  suppu-» 


(  437  ) 
ralives,  des  ulcérations,  des  gangrènes,  des  phlegmons  diffus,  des  pyoéniies, 
des  infections  putrides  fort  redoutables. 

»  Le  périoste  détaché  avec  plus  ou  moins  de  succès  de  la  circonférence 
tl'un  os  long  et  unique,  comme  l'humérus  et  le  fémur,  n'a  plus  de  sou- 
tien, s'affaisse,  se  déforme  et  ne  saurait  résister  à  la  contraction  des  mus- 
cles. U«  raccourcissement  presque  inévitable  du  membre  en  est  la  suite, 
€t  l'os  nouveau  peut  rester  faible  et  irrégulier  malgré  l'emploi  nécessaire 
d'appareils  inamovibles  et  extensifs.  On  n'est  pas  à  l'abri  des  exfoliations, 
(le  la  nécrose,  de  l'ostéite  des  portions  osseuses  sciées  ou  divisées  avec  la 
gouge  et  le  ciseau,  et  le  malade  n'est  même  pas  certain  de  sa  guérison, 
puisqu'on  n'en  possède  pas  d'exemple,  chez  l'homme,  pour  la  cuisse,  le 
bras,  ni  même  les  autres  segments  des  membres,  à  l'exception  des  cas  de 
nécrose  où  la  séparation  du  périoste  se  fait,  comme  on  le  sait,  sponta- 
nément. 

»  Dans  le  but  d'éviter  ces  inconvénients  et  ces  dangers,  nous  avons  depuis 
longtemps  adopté  un  autre  procédé,  qui  réalise  d'une  manière  simple  et 
facile  l'indication  si  nettement  posée  par  M.  Flourens,  de  reproduire  l'os 
par  le  périoste  conservé.  Il  suffit  d'évider  les  os  et  d'en  laisser  intacte  la 
couche  extérieure  ou  corticale.  Cette  couche  est  absorbée  plus  tard  et  rem- 
placée par  un  nouvel  os  qui  acquiert  chaque  jour  plus  de  volume  et  de  force, 
et  représente  les  formes  régulières  de  l'ancien  os,  puisque  le  périoste  n'a  pas 
«té  atteint,  ni  modifié;  les  accidents  sont  nuls  ou  très-légers,  et  les  fonc- 
tions du  membre  ne  sont  même  pas  compromises. 

»  Voici  le  procédé  que  nous  suivons  :  Une  première  incision  est  prati- 
quée sur  toute  la  longueur  de  l'os  malade  à  la  partie  la  plus  superficielle  du 
membre  et  la  plus  éloignée  des  gros  troncs  vasculaires  et  nerveux.  Deux 
autres  incisions  comprenant  le  cinquième  environ  de  la  circonférence  du 
membre  tombent  à  angle  droit  sur  les  extrémités  de  la  première,  et  servent 
à  former  deux  lambeaux  latéraux.  Ceux-ci,  renversés  de  chaque  côté, 
doivent  contenir  la  portion  du  périoste  subjacente.  L'os  ainsi  mis  à  nu  est 
immédiatement  attaqué  avec  la  gouge,  le  ciseau  et  le  maillet.  On  emploie  la 
gouge  pour  l'évidement  et  le  ciseau  pour  la  section  des  ponts  osseux  et 
pour  la  régularisation  des  bords  de  la  plaie.  On  pénètre  dans  le  canal  mé- 
dullaire, on  le  creuse,  on  l'évide,  on  le  régularise  et  on  réduit  l'os  à  une 
sorte  de  coque  mince  que  l'on  remplit  de  charpie  ;  la  plaie  des  parties 
molles  est  pansée  à  plat. 

»  Les  avantages  de  ce  procédé  sont  aisés  à  concevoir.  Le  périoste  reste 
iutactet  n'est  nullement  déformé.  L'opération  est  d'une  exécution  facile; 


(  438  ) 
rhémorragie  n'est  pas  à  redouter,  les  vaisseaux  ouverts  étant  accessibles 
et  liés  sur  le  champ;  la  surface  osseuse  conservée  peut  être  cautérisée  ou 
tamponnée  selon  les  indications.  Les  attaches  musculaires  ne  souffrent  pas; 
la  plaie  restant  béante  ne  retient  ni  le  plasma,  ni  la  sérosité,  ni  le  pus,  et 
ces  liquides  trouvent  toujours  une  issue  libre  et  ne  se  vicient  pas.  L'inflam- 
mation ne  saurait  s'étendre  au  membre  et  ne  dépasse  pas  les  surfaces  trau- 
matiques.  Les  lymphites,  les  phlegmons  diffus,  les  pyoémies,  les  infections 
putrides  ne  sont  pas  à  craindre;  la  plaie  reste  simple  et  marche  sans  acci- 
dents vers  la  guérison. 

»  L'évidement  des  os  est  applicable  aux  hypérostoses  suppurées  et  sou- 
vent compliquées  de  nombreuses  fistules  communiquant  avec  le  canal  mé- 
dullaire; aux  ostéites  condensantes  et  raréfiantes,  comme  les  nommait 
Gerdy;  aux  caries  entretenues  par  des  séquestres  ou  d'autres  corps 
étrangers  ;  à  certaines  tumeurs  blanches  dépendant  d'une  altération  des  os, 
et  nous  sommes  même  persuadé  que  l'évidement  des  extrémités  du  fémur 
et  du  tibia  dans  les  arthriles  graves  du  genou,  l'emporterait  beaucoup  sur 
la  résection  de  cette  jointure  et  sur  l'amputation  de  la  cuisse. 

»  Jusqu'à  ce  jour  nous  ne  comptons  ni  accidents,  ni  insuccès  dans 
l'emploi  de  l'évidement  des  os  et,  sans  énumérer  tous  les  faits  tirés  de  notre 
pratique  en  faveur  de  ce  procédé,  nous  nous  bornerons  à  citer  nos  derniers 
opérés,  dont  les  trois  quarts  sont  encore  sous  nos  yeux  et  qui  témoignent 
hautement  des  avantages  de  l'évidement  auquel  ils  doivent  la  conservation 
de  leurs  membres  et  peut-être  la  vie. 

»  Première  obsen>ation.  Hypérostose  suppurée  de  toute  la  hauteur  du 
tibia,  depuis  l'extrémité  fémorale  jusqu'à  l'extrémité  tarsienne;  nombreuses 
fistules  communiquant  avec  le  canal  médullaire.  Trois  ans  d'invasion. 
Jeune  homme  de  quatorze  ans,  nommé  Hovillers  de  Bischeim.  L'amputa- 
tion de  la  cuisse  a  été  plusieurs  fois  proposée  et  était  considérée  comme 
l'unique  ressource  du  malade.  Évidement  de  toute  la  longueur  de  l'os,  le 
26  décembre  i855.  Guérison  complète. 

»  Deuxième  observation.  Hypérostose  du  tiers  inférieur  du  tibia,  datant 
de  cinq  ans.  Fistules  nombreuses  communiquant  avec  le  canal  médullaire. 
Suppuration  abondante.  Jeune  homme  de  dix-sept  ans,  nommé  Berras. 
Opération  par  évidement,  le  8  décembre  iSSy.  La  guérison  est  presque 
complète  à  la  fin  de  février  i858,  et  tous  les  usages  du  membre  sont 
rétablis. 

))  Troisième  observation.  Ostéite  et  carie  de  l'extrémité  inférieure  du  tibia 
gauche.   Sept   trajets  fistuleux  communiquant  avec  le  canal   médullaire. 


I 


(439) 
Articulation  tibio-tarsienne  gonflée  et  douloureuse.  Cinq  mois  d'invasion. 
Le  malade,  âgé  de  dix-huit  ans,  a  été  envoyé  à  la  clinique  pour  y  subir 
l'amputation  de  la  jambe.  Opération  par  évidement  le   la  janvier  i858. 
Guérison  très-avancée  à  la  fin  du  mois  suivant,  sans  aucun  accident. 

»  Quatrième  observation.  Ostéite  avec  fistules  et  hypérostose  entretenue 
depuis  dix-neuf  ans  par  un  séquestre  de  la  moitié  inférieure  de  la  cuisse. 
Suppuration  de  l'articulation  du  genou,  qui  est  largement  ouverte,  avec 
érosion  de  la  rotule  et  du  fémur.  Le  malade,  âgé  de  trente-neuf  ans,  a  été 
envoyé  à  la  clinique  pour  y  subir  l'amputation  de  la  cuisse.  Opération  par 
évidement,  le  6  février  i858.  La  plaie  de  l'os  a  22  centimètres  de  longueur. 
Aucun  accident.  Le  malade  peut  se  lever  et  marcher  avec  des  béquilles 
quinze  jours  plus  tard,  et  le  temps  achèvera  sa  guérison.  La  fistule  du  genou 
est  déjà  fermée.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

Sur  la  demande  de  la  Commission  chargée  de  l'examen  d'un  Mémoire 
de  M.  Pariset  sur  le  magnétisme  terrestre,  M.  Bertrand  est  adjoint  aux 
Membres  déjà  nommés,  MM.  Pouillet,  Duperrey,  Babinet. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Mémoire  sur  les  orages  et  la  cjréle;  par  M.  Peytier. 
(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Babinet.) 

«  Ce  Mémoire,  dit  l'auteur,  présente  un  résumé  des  observations  faites 
dans  les  Pyrénées,  pendant  les  années  iSaS,  1826  et  1827,  sur  la  hauteur 
des  nuages,  sur  les  phénomènes  qui  accompagnent  les  orages,  sur  la  grêle, 
etc.,  desquelles  il  paraît  résulter  que,  pendant  l'été,  les  orages  sont  plus 
fréquents  dans  les  montagnes  que  dans  la  plaine,  mais  qu'ils  y  sont  moins 
violents  ;  qu'ils  sont  plus  souvent  accompagnés  de  grêle,  mais  qu'elle  est 
moins  grosse  que  celle  qui  tombe  dans  la  plaine,  etc.,  etc. 

»  Ce  Mémoire  est  terminé  par  la  description  d'une  grêle  extraordinaire 
tombée  à  Spa,  le  5  août  1837,  dont  les  gréions  avaient  une  forme  sphéroï- 
dale  très-aplatie  [(comme  des  oursins)  et  étaient  formés  de  plusieurs  zones 
concentriques  et  striées  à  l'exception  de  la  dernière  enveloppe.  Ces  grêlons 
avaient  o™,o55  sur  o'",o4;  leur  forme  annonçait  qu'ils  avaient  eu  un  mouve- 
ment rapide  de  rotation  autour  de  leur  petit  axe.   » 


C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  9.) 


58 


(  /!4o  ) 

MÉCANIQUE.  —  Suppléineiil  à  un  précédent  Mémoire  sur  le  travail  des  forces 
élastiques  dans  t intérieur  d'un  corps  solide,  et  particulièrement  des  ressorts; 
par  M.  Phillips. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique.) 

«  Dans  la  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  lire  à  l'Académie  dans  la  séance 
du  i5  février  dernier,  j'ai  dit  que  les  expériences  que  j'avais  faites  dans  les 
ateliers  du  chemin  de  fer  du  Nord  sur  l'élasticité  des  lames  d'acier  avaient 
établi  qu'on  pouvait,  sans  crainte  d'altération  du  métal,  calculer  les  ressorts 
d'après  une  tension  normale  de  4o  à  5o  kilogrammes  par  millimètre  carré, 
et  que  ce  résultat  était  inattendu  par  rapport  à  ce  qu'on  avait  pu  observer 
sur  des  fils  minces. 

»  Il  ne  faudrait  pas  conclure  de  là  que  je  conteste  le  moins  du  monde 
les  résultats  des  expériences  bien  connues  et  très-exactes  de  M.  Werfheim 
sur  les  fils  minces  d'acier,  expériences  dans  lesquelles  il  a  observé  des  ten- 
sions allant  quelquefois  jusqu'à  47  et  même  55  kilogrammes  par  millimètre 
carré  avant  qu'il  se  manifestât  des  déformations  permanentes  sensibles. 
Or,  dans  mes  expériences,  ces  déformations  n'ont  souvent  paru,  surtout 
avec  des  lames  d'acier  fondu,  que  pour  des  tensions  de  plus  de  80  ou  même 
90  kilogrammes  par  millimètre  carré.  De  plus,  dans  un  ressort,  soit  de 
machine,  soit  de  wagon  ou  de  voiture,  les  efforts  normaux  et  statiques  sont 
sujets  à  des  variations  considérables  par  l'effet  des  oscillations,  des  inéga- 
lités de  la  voie,  d'une  répartition  souvent  très-anormale  de  la  charge,  et, 
pour  les  locomotives,  par  le  fonctionnement  du  mécanisme  et  le  fait  dé 
leur  suspension  sur  six  ressorts.  Pour  les  ressorts  de  choc  et  de  traction,  il 
existe  des  circonstances  analogues.  Toutes  ces  causes  font  qu'on  calcule 
les  éléments  des  ressorts  de  manière  que  l'effort  normal  et  statique  auquel 
ils  sont  soumis  soit  très-inférieur  à  celui  qui  pourrait  produire  une  défor- 
mation permanente ,  et  on  les  éprouve  chez  le  fabricant  sous  une  charge 
double  ou  triple  de  celle  maxima  qu'ils  auront  à  supporter  en  état  de  ser- 
vice. Si  donc  on  n'avait  eu  que  les  expériences,  d'ailleurs  très-précises,  sur 
les  fils  minces,  on  n'aurait  pas  pu  se  croire  autorisé,  comme  cela  est  résulté 
de  mes  expériences,  à  calculer  les  ressorts  d'après  une  tension  normale  de 
40  à  5o  kilogrammes  par  millimètre  carré.  » 


(  44V)' 

PHYSIOLOGIE  COMPAHÉE.  —  Nole  relative  à  Vbiflutnve  de   la   iumiare  sur  les 
animaux;  par  M.  J.  Béci.akd. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Moqiiin -Tandon,  Cl.  Bernard.) 

«  L'action  de  la  lumière  sur  les  phénomènes  de  la  vie  végétale  a  depuis 
longtemps  appelé  l'attention  des  observateurs.  Les  travaux  de  Ingenhousz, 
de  Sennebier,  de  de  CandoUe,  de  Carradori,  de  Knight,  de  Payer,  de  Ma- 
caire  (de  Genève),  etc.,  ont  démontré  que  la  radiation  solaire  lumineuse 
exerce  sur  la  respiration,  l'absorption  et  l'exhalation  des  plantes,  et  par  suite 
sur  leur  nutrition  générale  ou  locale,  sur  la  direction  des  tiges  et  sur  celle 
des  diverses  parties  du  végétal,  une  influence  incontestable. 

»  La  science  est  beaucoup  moins  avancée  en  ce  qui  concerne  l'action 
de  la  lumière  sur  l'organisation  animale.  Les  expériences  de  W.  Edwards 
Sur  le  développement  des  œufs  de  grenouilles  et  sur  la  métamorphose  des 
têtards  (  développement  et  métamorphoses  qui,  d'après  ses  recherches,  ne 
s'accomplissent  point  dans  l'obscurité,  mais  seulement  à  la  lumière  du 
jour);  les  travaux  de  M.  Morren  sur  les  animalcules  qui  se  développent  dans 
les  eaux  stagnantes;  enfin  celles  de  M.  Moleschott  (qui  démontrent  que  la 
respiration  des  grenouilles  mesurée  par  la  quantité  d'acide  carbonique 
exhalé  est  plus  active  à  la  lumière  que  dans  l'obscurité)  :  telles  sont  les 
seules  notions  positives  que  la  science  possède  sur  ce  point. 

»  Depuis  bientôt  quatre  années,  nous  avons  entrepris,  dans  le  laboratoire 
de  la  Faculté  de  Médecine,  une  série  d'expériences  relatives  à  l'influence 
de  la  lumière  ordinaire  (lumière  blanche)  et  aussi  à  l'influence  non  encore 
étudiée  des  divers  rayons  colorés  du  spectre  sur  les  principales  fonctions 
de  nutrition.  L'objet  de  la  présente  Note  est  de  présenter,  par  anticipation 
et  sous  une  forme  concise,  quelques-uns  des  résultats  les  plus  importants  de 
ces  expériences. 

»  L  La  nutrition  et  le  développement  des  animaux  qui  n'ont  ni  poumons 
ni  branchies  et  qui  respirent  par  la  peau,  paraissent  éprouver,  sous  l'in- 
fluence des  divers  rayons  colorés  du  spectre,  des  modifications  très-remar- 
quables. Des  œufs  de  mouche  (Musca  carnaria,  Linn.),  pris  dans  un  même 
groupe  et  placés  en  même  temps  sous  des  cloches  diversement  colorées, 
donnent  tous  naissance  à  des  vers.  Mais  si  au  bout  de  quatre  ou  cinq  jours 
on  compare  les  vers  éclos  sous  les  èloches,  on  remarque  que  leur  dévelop- 
pement est  très-différent.  Les  vers  les  plus  développés  correspondent  au 
rayon  violet  et  au  rayon  bleu.  Les  vers  éclos  dans  le  rayon  vert  sont  les 

58.. 


(  442  ) 

moins  développés.  Voici  comment  on  peut  grouper  les  divers  rayons  colorés 
eu  égard  au  développement  décroissant  des  vers  : 

Violet, 

Bleu, 

Rouge, 

Jaune, 

Blanc, 

Vert. 

»  Entre  les  vers  développés  dans  le  rayon  violet  et  ceux  développés  dans 
le  rayon  vert,  il  y  a  une  différence  de  plus  du  triple  quant  à  la  grosseur  et 
à  la  longueur. 

»   II.  Ce  premier  résultat  nous  a  conduit  à  examiner  la  fonction  qui  tra- 
duit le  mieux,  si  je  puis  ainsi  dire,  la  quantité  des  métamorphoses  orga- 
niques :  nous  voulons  parler  de  la  respiration,  dont  les  produits  peuvent- 
être  recueillis  et  dosés. 

>'  Une  longue  série  d'expériences  sur  les  oiseaux  nous  a  montré  que  la 
quantité  d'acide  carbonique  formée  par  la  respiration,  en  un  temps  donné, 
n'est  pas  sensiblement  modifiée  par  les  diverses  cloches  colorées  sous  les- 
quelles on  les  place.  Il  en  est  de  même  pour  les  petits  mammifères  tels  que 
les  souris.  Remarquons  que  chez  les  oiseaux  et  les  mammifères  la  peau  est 
couverte  de  plumes  ou  de  poils,  et  que  la  lumière  ne  frappe  pas  à  sa  sur- 
face. Or  on  sait  par  les  recherches  de  MM.  Regnault  et  Reizet  que  les 
échanges  gazeux  qui  ont  lieu  à  la  surface  du  corps  de  ces  animaux  sont  à 
peu  près  nuls. 

»  III.  Lorsqu'on  examine  l'influence  des  divers  rayons  colorés  du  spectre 
sur  les  grenouilles,  qui  ont  la  peau  nue  et  dont  la  respiration  cutanée  est 
énergique  (la  respiration  cutanée  égale  et  souvent  surpasse  la  respiration 
pulmonaire),  on  peut  constater  des  faits  remarquables.  Nos  expériences 
n'ont  encore  porté  en  ce  sens  que  sur  le  rayon  vert  et  sur  le  rayon  rouge. 
Nous  les  poursuivons  en  ce  moment  sur  les  autres  rayons  colorés.  Dans 
le  rayon  vert,  un  même  poids  de  grenouilles  produit  dans  un  même  temps 
une  quantité  d'acide  carbonique  plus  considérable  que  dans  le  rayon  rouge. 
La  différence  peut  être  de  plus  de  moitié  :  elle  est  généralement  d'un  tiers 
ou  d'un  quart  en  sus. 

»  IV.  La  peau  de  l'animal  (très- probablement  la  couleur  de  la  peau) 
paraît  avoir  une  influence  déterminante  sur  les  résultats  précédents. 
Exemple   :   Placez  sous   une  cloche    verte  tui  certain   nombre   de   gre- 


_y 


(  443) 
nouilles  ;  placez  en  même  temps  sous  une  cloche  rouge  un  certain  nombre 
de  grenouilles  pesant  le  même  poids  que  les  précédentes  :  dosez  au  bout  de 
vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures  la  quantité  d'acide  carbonique  pro- 
duite. L'excès  sera  en  faveur  des  grenouilles  placées  sous  le  rayon  vert,  ainsi 
que  nous  venons  de  le  voir.  Ensuite,  enlevez  aux  grenouilles  leur  peau,  et 
replacez-les  dans  les  mêmes  conditions.  Ije  résultat  changera  :  la  quantité 
d'acide  carbonique  produite  par  les  grenouilles  dépouillées  sera  plus  con- 
sidérable dans  le  rayon  rouge  que  dans  le  rayon  vert. 

»  V.  L'influence  des  rayons  colorés  du  spectre  sur  les  proportions  d'a- 
cide carbonique  exhalé  en  un  temps  donné  par  un  animal  vivant  se  con- 
tinue pendant  quelque  temps  sur  l'animal  mort  (respiration  musculaire) 
et  cesse  aussitôt  que  la  putréfaction  commence,  c'est-à-dire  après  la  dispa- 
rition de  la  rigidité  cadavérique.  De  la  viande  de  boucherie  prise  chez  le 
boucher  le  lendemain  ou  le  surlendemain  de  la  mort  de  l'animal  (alors  la 
rigidité  cadavérique  a  cessé)  fournit  toujours  à  égalité  de  poids  la  même 
proportion  d'acide  carbonique  quand  on  en  place  simultanément  des  frag- 
ments sous  les  divers  rayons  colorés. 

»  VL  Un  petit  nombre  d'expériences  tentées  sur  l'exhalation  cutanée  de 
la  vapeur  d'eau  montrent  que  dans  l'obscurité  (à  température  et  à  poids 
égal)  les  grenouilles  perdent  par  évaporation  une  quantité  d'eau  moitié 
moindre  ou  d'un  tiers  moindre  qu'à  la  lumière  blanche  (lumière  diffuse  or- 
dinaire). Dans  le  rayon  violet  la  quantité  d'eau  perdue  par  l'animal  en  un 
temps  donné  est  sensiblement  la  même  qu'à  la  lumière  blanche.   » 

ZOOLOGIE.    —   Mémoire  sur  l'hypermétamorpliose  elles  mœurs  des  Méldides  ; 

par  M.  Fabke. 

(Commissaires,  MM.  Dtunéril ,  Milne  Edwards.) 

«  Les  faits  les  plus  saillants  de  ce  travail,  dit  l'auteur  en  termiuant  son 
Mémoire,  peuvent  se  résumer  dans  les  propositions  suivantes  : 

»  Les  Sitaris,  les  Mélo'és,  et  apparemment  d'autres  Méloïdes,  si  ce  n'est 
tous,  sont,  dans  leur  premier  âge,  parasites  des  Hyménoptères  récoltants. 

»  La  larve  des  Méloïdes,  avant  d'arriver  à  l'état  de  nymphe,  passe  par 
quatre  formes  que  je  désigne  sous  les  noms  de  larve  primitive,  seconde 
larve,  pseudo-chrysalide,  troisième  larve.  Le  passage  de  l'une  de  ces  formes 
à  l'autre  s'effectue  par  une  simple  mue  sans  qu'il  y  ait  de  changements 
dans  les  viscères. 


.  (  4^4  ) 

»  La  larve  primitive  est  coriace  et  s'établit  sur  le  corps  des  Hyménop- 
tères. Son  but  est  de  se  faire  transporter  dans  une  cellule  pleine  de  miel. 
Arrivée  dans  la  cellule,  elle  dévore  l'œuf  de  l'Hyménoptère,  et  son  rôle  est 
fini. 

»  La  seconde  larve  est  molle  et  diffère  totalement  de  la  larve  primitive 
sous  le  rapport  de  ses  caractères  extérieurs.  Elle  se  nourrit  du  miel  que 
renferme  la  cellule  usurpée. 

»  La  pseudo-chrysnlide  est  un  corps  privé  de  tout  mouvement  et  revêtu 
de  téguments  cornés  comparables  à  ceux  des  pupes  ou  des  chrysalides.  Sur 
ces  téguments,  se  dessinent  un  masque  céphalique  sans  parties  mobiles  et 
distinctes,  six  tubercules  indices  des  pattes,  et  neuf  paires  d'orifices  stigma- 
tiques.  Chez  lesSitaris,  la  pseudo-chrysalide  est  renfermée  dans  une  sorte 
d'outre  close,  formée  par  la  peau  de  la  seconde  larve.  Chez  les  Méloës. 
elle  est  simplement  à  demi  invaginée  dans  la  peau  fendue  de  la  seconde 
larve. 

»  La  troisième  larve  reproduit  à  peu  de  chose  près  les  caractères  de  la 
seconde.  Elle  est  renfermée,  chez  les  Sitaris,  dans  une  double  enveloppe 
utriculaire,  formée  par  la  peau  de  la  seconde  larve  et  par  la  dépouille  de 
la  pseudo-chrysalide.  Chez  les  Méloës,  elle  est  à  demi  incluse  dans  les  tégu- 
ments pseudo-chrysalidaires  fendus  comme  ceux-ci  le  sont,  à  leur  tour,  dans 
la  peau  de  la  seconde  larve.  '   '  '  ' 

»  A  partir  de  cette  troisième  larve,  les  métamorphoses  suivent  leur 
cours  habituel,  c'est-à-dire  que  cette  larve  devient  une  nymphe,  et  cette 
nymphe  un  insecte  parfait.  » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Distillation  du  soryho  sucré;  par  M.  Lepi.ay. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Balard.) 

n  En  septembre  et  octobre  dernier,  j'ai  organisé  dans  le  raidi  de  la 
France  deux  usines  importantes  pour  la  distillation  du  sorgh  j  sucré,  dans 
lesquelles  j'ai  opéré,  en  moins  de  deux  mois,  sur  i  3oo  ooo  kilogrammes 
de  matière. 

»  Le  sorgho  qui  a  servi  à  mes  expériences  a  été  récolté  particulièrement 
aux  environs  de  Toulouse,  de  Montauban,  de  Carcassonne  et  de  Narbonne, 
et  cultivé  dans  les  terrains  d'alluvion  qui  avoisinent  le  canal  latéral  de  la 
Garonne  et  le  canal  du  Midi.  L'ensemencement  avait  été  fait  sous  diverses 


(445) 
influences  en  avril,  mai,  juin  et  juillet.  Le  sorgho  dont  l'ensemenceinent 
avait  eu  lieu  en  avril  et  mai  a  fourni  de  la  graine  qui  avait  tous  les  carac- 
tères de  la  maturité  parfaite  ;  une  partie  seulement  de  celui  qui  avait  éf«'^ 
semé  en  juin  a  fourni  une  graine  légèrement  colorée  ;  enfin  presque  tout  le 
semis  de  juillet  a  donné  des  résultats  peu  satisfaisants,  arrêté  dans  sa  végé- 
tation parles  froids  de  novembre,  la  graine  n'a  pas  eu  le  temps  de  se  déve- 
lopper. Ainsi  pendant  les  mois  de  septembre,  octobre  et  novembre,  les 
champs  de  sorgho  présentaient  entre  eux  des  différences  bjeri  tranchées  dans 
l'état  de  développement  de  la  plante  et  dans  le  degré  de  maturité  de  lii 
graine. 

»  J'ai  cherché  à  utiliser  cet  état  de  choses  pour  étudier  sur  la  tige  à  diffé- 
rents degrés  de  végétation  les  questions  principales  qui  intéressaient  les 
deux  industries  de  la  fabrication  du  sucre  et  de  l'alcool  de  sorgho.  J'ai 
cherché  surtout  à  reconnaître  la  quantité  relative  des  différents  éléments  de 
la  tige  au  point  de  vue  du  jus  et  des  matières  insolubles,  sa  richesse  saccha- 
rine et  la  nature  du  sucre  qu'elle  renferme. 

)•  Il  est  d'abord  résulté  des  nombreuses  expériences  que  j'ai  faites,  que 
la  quantité  de  matières  solides  que  donnent  les  tiges  de  sorgho  par  la  dessic- 
cation, augmente  successivement  d'une  manière  assez  régulière  depuis  la 
formation  de  la  panicule  jusqu'à  la  maturité  de  la  graine,  quel  que  soit 
d'ailleurs  le  terrain  où  le  sorgho  a  végété.  J'opérais  la  dessiccation  des  tiges 
de  sorgho  divisées  dans  une  étuve  à  eau  bouillante;  les  différents  sorgho 
m'ont  fourni  des  poids  de  résidu  très-variables  entre  eux.  Les  tiges  de 
sorgho  arrivées  à  maturité  ont  donné  comme  nombres  extrêmes  : 

Eau 70   à   ^3  pour  100 

Résidu  sec 3o   à   27  pour  100 


100      100 


»   Les  tiges  de  sorgho  non  mûres  ont  donné  : 

Eau 80       à       82  pour   1 00 

Résidu  sec 20       à       iB  pour  loo 

100  JOO 

»  J'ai  voulu  savoir  pour  quelle  quantité  la  matière  ligneuse  entrait  dans 
ce  résidu  solide.  Les  tiges  de  sorgho  prises  à  différents  états  de  maturité  ont 
été  soumises  à  l'action  de  la  râpe,  la  matière  ainsi  divisée  a  été  pressée  forte- 
ment pour  en  extraire  une  partie  du  jus;  le  résidu  pressé  a  été  lavé  à  l'eau 


(  446) 

froide,  puis  tiède,  et  enfin  à  l'eau  bouillante,  afin  de  débarrasser  la  matière 
ligneuse  de  tout  principe  soluble.  La  matière  ligneuse  insoluble, ainsi  lavée, 
a  été  desséchée  à  une  température  de  loo  degrés  centigrades,  et  a  donné 
pour  résidu  sec  : 

Pour  le  sorgho  avec  épi  sans  graine 8,75 

»  »  9  )  ^^ 

Pour  le  sorglio  dont  la  graine  est  arrivée  à  parfaite  maturité.  ..  .  9     >> 

»  »  . . ,  .  Q  80 

»  Ces  nombres  établissent  que  la  matière  ligneuse  débarrassée  de  tout 
principe  soluble  dans  l'eau  existe  dans  le  sorgho  dans  des  proportions  peu 
variables  entre  elles,  quel  que  soit  d'ailleurs  le  degré  de  maturité  de  la 
graine.  On  peut  donc  représenter  le  sorgho  comme  contenant  en  poids  une 
partie  ligneuse  ou  insoluble  : 

Dans  l'eau,  environ çj       à       10 

Une  partie  liquide  ou  jus 91       à       90 

lOO  100 

»  Il  résulte  aussi  de  ces  nombres  mis  en  présence  de  ceux  que  fournit 
la  dessiccation  du  sorgho,  que  si  la  matière  solide  augmente  dans  les 
tiges  de  sorgho  au  fur  et  à  mesure  de  la  formation  et  de  la  maturité  de  la 
graine,  cette  matière  s'accumule  dans  le  jus,  et  non  dans  la  partie  insoluble 
du  végétal. 

»  Les  matières  en  dissolution  dans  le  jus  contiennent  une  grande  quan- 
tité de  sucre  ;  sans  examiner,  sans  me  préoccuper  pour  le  moment  de  la 
nature  de  ce  sucre,  j'ai  cherché,  au  moyen  du  rendement  alcoolique,  à 
déterminer  quelle  pouvait  être  sa  quantité  totale. 

»  Il  résulte  de  plus  de  cinquante  expériences  comparatives  faites  sur  le 
rendement  alcoolique  que,  lorsque  la  tige  du  sorgho  est  verte  et  la  panicule 
encore  absente  ou  à  peine  formée,  il  ne  s'y  rencontre  que  des  quantités 
minimes  de  sucre.  Puis  le  sucre  s'accumule  dans  la  tige  à  mesure  que  la 
végétation  avance  et  que  la  graine  se  rapproche  davantage  de  sa  maturité. 
Du  reste,  la  composition  de  la  tige  et  la  proportion  de  matière  sucrée 
dépendent  entièrement  de  l'état  de  végétation  de  la  plante  et  non  de  l'époque 
de  sa  récolte. 

»  Une  tige  qui  n'est  pas  arrivée  à  graine  a  la  même  composition,  qu'elle 
soit  récoltée  en  septembre,  octobre  ou  novembre,  et  une  tige  mijre  a  tou- 
jours donné  des  rendements  au  maximum,  quel  que  soit  d'ailleurs  le  moi^ 


(  447  ) 
où  elle  a  été  coupée.  Toutefois  nous  devons  faire  observer  qu'il  est  impor- 
tant que  la  maturité  ne  soit  pas  dépassée  ;  autrement  la  tige,  restée  sur  pied, 
jaunit,  perd  de  son  poids  et  de  son  sucre.  La  graine  noirâtre  non  durcie 
et  la  tige  parfaitement  conservée  avec  sa  couleur  verte  correspondent  tou- 
jours à  la  plus  grande  richesse  en  sucre. 

,  a  Dans  l'intention  de  déterminer  quelle  était  la  nature  de  ce  sucre,  j'ai 
voulu  employer  le  saccharimètre.  Mais  comme  cet  instrument,  quand  on 
en  fait  usage  pour  un  mélange  de  sucres,  pourrait  induire  en  erreur  à  rai- 
son des  différents  pouvoirs  rotatoires  de  ces  sucres,  j'ai  dii,  pour  vérifier 
sa  valeur  dans  la  détermination  du  sucre  contenu  dans  le  sorgho  aux  diffé- 
rentes époques  de  la  maturité  de  la  graine,  faire  une  série  d'expériences 
saccharimétriques  sur  le  jus  extrait  de  ces  tiges  comparativement  avec  le 
sucre  accusé  par  la  fermentation  du  même  jus. 

»  La  comparaison  des  nombres  fournis  par  ces  expériences  a  fait  voir 
que  si  le  saccharimètre  ne  peut  servir  de  moyen  rigoureux  de  déterminer  la 
nature  et  la  quantité  de  sucre  contenu  dans  le  jus  de  sorgho,  ses  indications 
n'en  sont  pas  moins  très-précieuses,  puisqu'elles  mettent  en  évidence  un 
fait  d'une  très-grande  importance  pour  l'avenir  de  la  fabrication  du  sucre 
avec  le  sorgho.  On  voit,  en  effet,  que  le  jus  de  sorgho  non  arrivé  en  matu- 
rité, dans  lequel  le  saccharimètre  indique  peu  ou  point  de  sucre,  la  fermen- 
tation yen  accuse  des  quantités  variant  de  32  grammes  à  loo  grammes  et 
plus  par  litre.  A  mesure  que  la  graine  se  forme  et  que  sa  maturité  avance, 
la  déviation  à  droite  augmente,  et  enfin,  lorsque  la  maturité  de  la  graine 
est  complète,  la  richesse  saccharine  accusée  par  la  déviation  à  droite  est  de 
très-peu  inférieure  à  la  f^chesse  saccharine  indiquée  dans  le  même  jus  par 
la  fermentation. 

»  On  peut  conclure  de  là  que  le  sorgho  contient,  dans  les  premiers 
temps  lie  sa  végétation,  un  sucre  qui  ne  dévie  ni  à  droite  ni  à  gauche,  ou 
bien  encore  un  mélange  de  sucres  déviant  l'un  à  droite  et  l'autre  à  gauche 
dans  des  proportions  à  marquer  o°  au  saccharimètre  ;  mais  que  le  sucre  qui 
s'accumule  dans  les  tiges,  pendant  la  formation  et  la  maturité  de  la  graine, 
est  un  sucre  qui  dévie  à  droite,  et  qui  présente  ainsi  les  caractères  du  sucre 
cristallisable  (sucre  de  canne).  Pour  vérifier  si  le  sucre  accusé  par  la  dévia- 
tion à  droite  est  bien  un  sucre  cristallisable,  analogue  au  sucre  de  canne, 
j'ai  employé  le  moyen  suivant,  recommandé  par  M.  Dubrunfaut  (i).  Si  on 
traite  par  de  la  soude  caustique  du  jus  de  sorgho  dont  on  connaît  le  rende- 
ment alcoolique,  qu'on  porte  le  mélange  à  la  température  de  l'ébullition 


(i)  Comptes  rendus ,  i85i,  tome  XXXII. 

G.   R.    i858,   i"  Semestre.  (T.  XLVl,  N»  9.)  Sq 


(  448  ) 
pendant  quelques  minutes  seulement,  que  l'on  sature  la  soude  en  excès,  et 
qu'on  mette  en  fermentation  le  liquide  saturé,  la  différence  entre  le  rende- 
ment alcoolique  obtenu  après  cette  fermentation  et  le  rendement  alcoolique 
constaté  avant  le  traitement  à  la  soude,  indique  la  quantité  d'alcool  corres- 
pondant au  sucre  cristallisable. 

»  Ces  essais,  souvent  répétés,  nous  ont  constamment  donné  des  nombres 
représentant  la  quantité  de  sucre  cristallisable,  supérieurs  à  ceux  indiqués 
par  le  saccharimètre.  On  peut  donc  considérer  le  sorgho  dont  la  graine  est 
arrivée  à  maturité  complète  comme  contenant  son  sucre  presque  exclusive- 
ment à  l'état  cristallisable,  et  dans  une  proportion  qui  dépasse  souvent 
i5  pour  loo  de  son  poids. 

»  Il  est  une  autre  question  aussi  très-importante  pour  l'avenir  de  la  cul- 
ture et  de  l'industrie  du  sorgho,  nous  l'avons  depuis  longtemps  mise  à 
l'étude,  et  nous  la  considérons  comme  résolue  :  elle  permettra  non-seule- 
ment de  travailler  le  sorgho  toute  l'année,  mais  encore  d'aller  le  chercher 
dans  les  contrées  les  plus  éloignées  de  nos  usines.  Nous  voulons  parler  xle 
la  dessiccation  du  sorgho. 

»  Appliquée  au  sorgho  dans  les  conditions  où  nous  l'avons  réalisée,  la 
dessiccation  est  devenue  une  opération  peu  coûteuse  d'installation,  facile  à 
pratiquer  dans  chaque  centre  de  grande  culture  au  moyen  d'appareils 
mobiles  pouvant  être  facilement  transportés  d'un  point  à  un  autre.  Le 
sorgho  ainsi  desséché  peut  se  conserver  indéfiniment,  être  mis  en  réserve  et 
servir  à  alimenter  la  fabrication  pendant  toute  l'année. 

»  Par  la  dessiccation,  le  sorgho  perd  70  pour  100  de  son  poids,  et 
diminue  ainsi  de  70  pour  100  les  frais  de  transport.  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Deuxième  Mémoire  sur  une   nouvelle  action  de   la 
lumière;  par  M.  Niepce  de  Saint- Victor.  (Extrait.) 

«  Il  y  a  deux  manières  de  mettre  en  évidence  l'action  exercée  par  la 
lumière  sur  les  corps  qui  ont  été  frappés  par  elle,  dans  les  circonstances  que 
j'ai  signalées  récemment  aux  observateurs.  La  première,  celle  que  j'ai 
décrite  dans  un  premier  Mémoire,  consistait  à  exposer  au  soleil,  ou  même 
à  la  lumière  diffuse  du  jour,  un  dessin  quelconque,  une  gravure  par 
exemple,  qu'on  appliquait  ensuite  sur  une  feuille  de  papier  sensible,  pré- 
parée au  chlorure  d'argent.  La  seconde  manière  que  je  vais  décrire  est  plus 
concluante  encore. 

»  On  prend  une  feuille  de  papier  restée  plusieurs  jours  dans  l'obscurité; 
on  la  couvre  d'un  cliché  photographique  sur  verre  ou  sur  papier  ;  on  l'ex- 


(  449  ) 
pose  aux  rayons  solaires  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long,  suivant 
l'intensité  de  la  lumière,  on  la  rapporte  dans  l'obscurité  ;  on  enlève  le  cliché 
qui  la  couvre,  et  on  la  traite  par  une  solution  d'azotate  d'argent  :  on  voit 
alors  apparaître,  dans  l'espace  de  très-peu  de  temps,  une  image  qu'il  suffit 
de  bien  laver  dans  de  l'eau  pure  pour  la  fixer.  Si  l'on  veut  obtenir  une 
image  plus  rapide  dans  son  développement  et  plus  vigoureuse,  on  impré- 
gnera préalablem.ent  la  feuille  de  papier  d'iuie  substance  qui  subisse  dans 
un  plus  haut  degré  que  lui  l'action  lumineuse  dont  il  est  question  dans  ce 
Mémoire,  action  d'emniagasinement,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  avec 
persistance  de  l'activité  lumineuse.  Une  substance  de  ce  genre  très-efficace 
est  une  solution  aqueuse  d'azotate  d'urane,  que  l'on  obtient,  soit  en  trai- 
tant l'oxyde  d'urane  par  l'acide  azotique  dilué,  soit  en  faisant  dissoudre 
dans  l'eau  des  cristaux  d'azotate  d'urane. 

»  La  feuille  de  papier  doit  être  imprégnée  de  sel  d'urane  en  assez  grande 
quantité  pour  que  sa  teinte  soit  d'un  jaune  paille  sensible;  on  la  fait  sécher 
et  on  la  garde  dans  l'obscurité.  Quand  on  veut  expérimenter,  on  la  recou- 
vre d'un  cliché;  on  l'expose  au  soleil  environ  un  quart  d'heure,  on  la  rap- 
porte dans  l'obscurité;  on  la  traite  par  une  solution  d'azotate  d'argent,  et 
l'on  voit  instantanément  apparaître  une  image  positive  très-vigoureuse,  avec 
la  teinte  marron  des  épreuves  ordinaires.  Pour  la  fixer,  il  suffit  de  l'immer- 
ger dans  de  l'eau  pure,  afin  de  dissoudre  toute  la  portion  du  sel  d'urane, 
qui,  abritée  par  les  noirs  du  cliché,  n'a  pas  reçu  l'action  de  la  lumière. 

«  Si,  après  avoir  bien  rincé  l'épreuve  à  l'eau  pure,  on  veut  la  faire  virer 
au  noir,  on  n'aura  qu'à  la  traiter  par  une  solution  de  chlorure  d'or  acide. 
Ou  bien,  pour  obtenir  le  même  résultat,  on  n'aura  qu'à  passer  l'épreuve 
sortant  de  l'exposition  à  la  lumière  dans  une  solution  de  bichlorure  de 
mercure  et  l'y  laisser  quelques  minutes  seulement,  selon  le  temps  d'exposi- 
tion à  la  lumière  qui  doit  être  trois  lois  plus  long  que  dans  le  premier  cas; 
la  rincer  à  l'eau  pure,  et  la  traiter  ensuite  par  une  solution  d'azotate  d'ar- 
gent dans  laquelle  on  la  laisse  jusqu'à  ce  que  l'image  soit  entièrement  déve- 
loppée avec  un  beau  ton  noir  d'ébène  ;  on  la  rince  après  à  l'eau  pure  pour 
la  fixer. 

»  Si,  après  l'insolation  de  la  feuille  de  papier  imprégnée  de  sel  d'urane, 
on  substitue  à  la  solution  révélatrice  d'azotate  d'argent  une  solution  de 
chlorure  d'or  acide,  on  verra  l'image  apparaître  instantanément  en  bleu 
tres-intense;  on  la  fixera  également  par  un  lavage  à  l'eau  pure. 

»  On  peut  aussi  obtenir  des  épreuves  négatives  pour  servir  de  clichés, 
en  plaçant  dans  la  chambre    obscure  une  feuille    de  papier  imprégnée 

59.. 


(  45o  ) 
d'azotate  d'urane.  Ce  procédé  étant  très-lent,  dans  l'état  actuel  des  choses, 
ne  pourra  servir  qu'à  prendre  des  vues  de  monuments,  mais  il  est  des  plus 
simples  et  des  plus  faciles. 

»  Ces  images  photographiques  obtenues,  comme  on  vient  de  le  dire, 
avec  un  sel  d'urane  et  le  concours  d'un  sel  d'or,  ou  d'argent,  ou  de  mer- 
cure, résistent  à  l'action  énergique  d'une  solution  bouillante  de  cyanure  de 
potassium,  l'eau  régale  seule  les  altère  ;  tout  fait  donc  espérer  qu'elles  seront 
beaucoup  plus  stables  que  les  photographies  faites  par  les  procédés  actuels, 
et  que  ce  nouveau  mode  d'impression  des  positifs,  très-simple  et  très- 
rapide,  est  la  solution  cherchée  du  problème  si  important  de  la  fixation 
absolue  des  images  photographiques. 

»  La  solution  d'azotate  d'urane  peut  être  remplacée  par  une  simple  solu- 
tion d'acide  tartrique.  L'image  se  développera  encore  lorsqu'on  traitera  le 
papier  insolépar  l'azotate  d'argent,  mais  plus  lentement,  à  moins  qu'on  ne 
fasse  intervenir  l'action  d'une  chaleur  de  3o  à4o  degrés.  L'élévation  de  tem- 
pérature, utile  seulement  quand  l'agent  révélateur  est  un  sel  d'argent, 
devient  nécessaire  quand  on  veut  développer  au  sel  d'or.  La  chaleur,  dans 
ce  cas,  fait  fonction  d'agent  excitateur,  et  elle  partage  cette  propriété  avec 
d'autres  agents  naturels,  l'humidité  par  exemple,  comme  nous  le  dirons 
bientôt. 

a  Un  dessin  tracé  sur  une  feuille  de  carton  avec  une  solution  d'azotate 
d'urane,  ou  d'acide  tartrique,  exposé  à  la  lumière  ou  isolé,  et  appliqué  sur 
une  feuille  de  papier  sensible  préparée  au  chlorure  d'argent,  imprime  son 
image,  et  une  image  beaucoup  plus  intense  que  lorsque  le  dessin  était  tracé, 
comme  dans  une  première  expérience,  avec  le  sulfate  de  quinine.  Je  crois 
même  pouvoir  affirmer,  après  de  nouvelles  et  nombreuses  expériences,  que 
si  avec  le  sulfate  de  quinine  j'ai  obtenu  des  images  un  peu  intenses,  c'est  que 
j'opérais  avec  du  sulfate  dissous  dans  l'acide  tartrique;  car  si  l'on  opère  avec 
une  solution  de  sulfate  de  quinine  dissons  dans  l'acide  azotique  ou  sulfu- 
rique,  les  images  obtenues  sont  faibles  et  superficielles. 

»  Si  le  dessin  fait  sur  le  carton  avec  la  solution  d'urane  ou  d'acide  tar- 
trique est  tracé  à  gros  traits,  il  se  reproduira,  à  2  ou  3  centimètres  de 
distance  du  papier  sensible,  surtout  si  la  température  est  un  peu  élevée. 

»  Les  expériences  suivantes  montrent  combien  est  grande  l'influence  de 
la  chaleur.  En  recouvrant  d'une  plaque  métallique  chauffée  à  5o  degrés 
l'ensemble  du  carton  qui  porte  le  dessin  insolé  et  la  feuille  de  papier  sensible 
préparée  au  chlorure  d'argent,  j'ai  vu  l'image  apparaître  en  quelques 
minutes,  tandis  qu'il  aurait  fallu  attendre  deux  ou  trois  heures,  si  la  tempe- 


^ 


f 


(45i  ) 
rature  avait  été  à  zéro,  pour  voir  naître  une  impression  légère,  et  vingt- 
quatre  heures  au  moins  pour  obtenir  le  maximum  d'action. 

»  J'ai  pris  deux  morceaux  de  papier  sensible  préparé  au  chlorure  d'ar- 
gent ;  j'ai  placé  un  morceau  sur  une  plaque  métallique  chauffée  à  60  degrés 
environ,  l'autre  sur  un  marbre  à  la  température  de  zéro,  et  j'ai  vu  dans  les 
mêmes  conditions  de  lumière  le  morceau  placé  sur  la  plaque  chauffée  noircir 
beaucoup  plus  vite  que  le  morceau  placé  sur  le  marbre. 

»  J'ai  répété  avec  des  cartons  imprégnés  d'iirane  ou  d'acide  tartrique 
mes  premières  expériences  sur  l'emmagasinement  de  la  lumière  dans  des 
tubes,  et  j'ai  obtenu  des  résultats  beaucoup  pkis  frappants,  surtout  avec 
l'acide  tartrique,  qui  réduit  moins  facilement  les  sels  d'or  et  d'argent  que 
l'urane,  mais  qui  donne  un  rayonnement  plus  fort. 

»  J'expose  à  la  lumière  solaire  une  feuille  de  carton  très-fortement 
imprégnée  de  deux  ou  trois  couches  d'une  solution  d'acide  tartrique  ou  de 
sel  d'urane;  après  l'insolation  je  tapisse  avec  le  carton  l'intérieur  d'un  tube 
de  fer-blanc  assez  long  et  d'un  diamètre  étroit  ;  je  ferme  le  tube  herméti- 
quement, et  je  constate,  après  un  très-long  laps  de  temps,  comme  le  pre- 
mier jour,  que  le  carton  impressionne  le  papier  sensible  préparé  au  chlorure 
d'argent.  A  la  température  de  l'air  ambiant,  il  faut  vingt-quatre  heures  pour 
obtenir  le  maximum  d'effet  ;  mais  si ,  après  avoir  projeté  dans  le  tube 
quelques  gouttes  d'eau  pour  humecter  légèrement  la  feuille  de  carton,  on  le 
referme,  on  l'expose  à  une  température  de  [\o  à  5o  degrés,  on  l'ouvre  et 
on  applique  son  embouchure  sur  la  feuille  de  papier  sensible,  il  suffira  de 
quelques  minutes  pour  obtenir  une  image  circulaire  de  l'embouchure  aussi 
vigoureuse  que  si  le  papier  sensible  avait  été  exposé  au  soleil.  L'expérience 
ne  réussit  qu'une  fois,  c'est-à-dire  que  la  lumière  semble  s'être  échappée 
tout  entière  du  carton ,  et  que,  pour  obtenir  une  seconde  image,  il  faudra 
recourir  à  une  seconde  insolation. 

»  Les  sels  d'urane  sont  très-fluorescenls,  comme  on  le  sait,  et  l'azotate 
d'urane  cristallisé  est  de  plus  très-phosphorescent  par  percussion;  mais  j'ai 
constaté  à  la  lampe  électrique  que  l'acide  tartrique  pur  n'est  nullement 
fluorescent,  ou  qu'il  ne  devient  nullement  lumineux  sous  l'action  des 
rayons  les  plus  réfrangibles  du  spectre  obtenu  avec  la  lumière  électrique, 
ou  sous  l'action  de  la  lumière  solaire  ;  il  m'a  été  également  impossible  de 
découvrir  quelque  phosphorescence  dans  des  cristaux  d'acide  tartrique  (j). 


(i)  Ce  n'est  donc  pas  à  la  phosphorescence  ou  à  la  fluorescence  seule  qu'on  peut  attribuer 
la  propriété  remarquable  que  possèdent  les  solutions  d'urane  et  d'acide  tartrique  de  se  saturer 
en  quelque  sorte  de  lumière. 


{  452  ) 
J'ai  enduit  des  morceaux  de  carton  de  beaucoup  de  substances  différentes 
et  j'ai  obtenu  des  résultats  très-variables.  Avec  les  unes  la  différence  d'im- 
pression entre  la  portion  isolée  et  celle  qui  ne  l'a  pas  été,  lorsque  toutes 
deux  sont  traitées  par  une  solution  d'azotate  d'argent,  est  très-grande;  pour 
d'autres,  la  différence  est  à  peine  sensible  ;  pour  quelques-unes  enfin  la 
différence  n'est  plus  appréciable,  et  cependant  elles  s'impressionnent  très- 
rapidement  sous  l'influence  de  la  lumière. 

»  Je  citerai,  dans  la  première  catégorie,  l'acide  citrique,  l'acide  oxalique, 
le  sulfate  d'alumine,  le  citrate  de  fer,  les  iodures  et  les  bromures,  l'acide 
arsénieux,  le  tartrate  de  potasse  neutre,  l'acide  lactique  et  la  peau  animale  ; 

»  Dans  la  seconde,  le  sulfate  de  quinine,  les  teintures  de  feuilles  d'ortie 
(chlorophylle),  de  graines  de  datura  stramonium,  de  curcuma,  h  décoction 
dans  l'eau  froide  d'écorce  de  marronnier  d'Inde  (esculine),  le  sucre,  le  col- 
lodion,  la  gélatine  et  l'empois.  Toutes  ces  substances  ne  présentent  presque 
aucune  différence. 

»  En  définitive,  j'ai  parfaitement  constaté  que  les  corps  qui  conservent 
le  mieux  l'activité  que  leur  donne  l'insolation  sont,  excepté  les  sels  d'urane, 
les  moins  bien  disposés  à  la  fluorescence. 

»  Dans  la  troisième,  après  les  chlorures,  l'acétate  de  morphine  et  le 
phosphate  d'ammoniaque,  qui,  sous  l'action  révélatrice  de  l'azotate  d'ar- 
gent, donnent  de  très-beaux  tons  noirs,  l'acide  prussique,  le  quinate  de 
chaux  et  la  morphine,  qui  donnent  des  bruns  marrons. 

»  Les  expériences  que  j'ai  décrites  dans  ce  Mémoire  démontrent,  je 
crois,  de  la  manière  la  plus  évidente  que  la  lumière  communique  à  cer- 
taines substances  qu'elle  a  frappées  une  véritable  activité  ;  en  d'autres 
termes,  que  certains  corps  ont  la  propriété  d'emmagasiner  de  Id  lumière 
dans  un  état  d'activité  persistante.  » 

Ce  Mémoire  et  celui  auquel  il  fait  suite  seront,  d'après  la  demande  de 
M.  Chevreul  qui  les  a  présentés,  réservés  pour  l'examen  de  la  future  Com- 
mission chargée  de  décerner  le  prix  Trémont. 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —Procédé  de  gravure  et  de  damasquinure  liélioqraphiques  ; 

par  M.  Ch.  Nègre.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Milne  Edwards,  Séguier.) 

«  J'étends  sur  une  plaque  de  métal  une  couche  de  vernis  impression- 
nable, composé  soit  de  gélatine  additionnée  de  bichromate  de  potasse, 


(453  ) 
soit  de  bitume  dissous  dai)s  l'essence  ou  dans  la  benzine.  Cette  couche  de 
vernis  est  ensuite  impressionnée  à  la  lumière,  à  travers  un  cliché  négatif 
retourné,  ou  à  travers  une  épreuve  positive  ordinaire,  selon  que  je  me  pro- 
pose d'obtenir  une  planche  gravée  pour  l'impression  en  taille-douce,  ou 
pour  l'impression  typographique.  J'enlève  ensuite,  au  moyen  d'un  dissol- 
vant composé  d'huile  de  naphte  ou  de  pétrole,  de  benzine  et  d'essence,  les 
parties  de  la  couche  de  bitume  qui  ont  été  préservées  de  l'action  de  la 
lumière.  (Pour  la  gélatine  ou  les  gommes,  on  se  sert  de  l'eau  comme  dissol- 
vant.) Considérant  alors  l'image  héliographique  formée  d'une  de  ces  matières 
organiques  comme  simple  réserve  ou  vernis  isolant,  je  fais  déposer  direc- 
tement par  la  galvanoplastie,  sur  toutes  les  parties  du  métal  mis  à  nu  par 
le  dissolvant,  une  couche  d'un  métal  moins  oxydable  que  la  plaque  de 
métal  sur  laquelle  on  opère.  Sur  le  zinc,  le  fer  et  l'acier,  je  fais  des  dépôts 
de  cuivre,  d'argent,  d'or,  etc.  Sur  le  cuivre  el  ses  alliages,  sur  l'argent, 
l'étain,  etc.,  je  fais  des  dépôts  d'or. 

»  L'image  héliographique  formée  par  la  matière  organique  impressionnée 
étant  ensuite  enlevée  au  moyen  d'une  essence,  de  la  benzine,  ou  par  le 
frottement,  il  reste  sur  la  plaque  une  image  formée,  d'une  part  par  le  métal 
servant  de  support  remis  à  nu,  et  de  l'autre  par  la  couche  d'un  métal  dif- 
férent déposé  par  la  pile.  L'action  du  vernis  impressionnable  se  borne 
donc,  dans  cette  opération,  à  la  reproduction  de  l'image  héliographique, 
puisqu'il  disparait  de  la  plaque,  et  que  c'est  la  couche  d'or  déposée  qui  la 
remplace  et  préserve  de  l'acide  les  parties  de  la  plaque  qui  doivent  rester 
en  relief. 

»  Je  me  sers,  pour  creuser  les  parties  du  dessin  non  garanties  par  le 
dépôt  galvanique,  d'un  acide  étendu  d'eau,  qui  n'ait  aucune  action  sur  le 
métal  déposé,  ou  d'un  courant  galvanique.  Pour  le  zinc,  le  fer  et  l'acier,  je 
me  sers  de  l'acide  sulfurique,  si  le  dépôt  protecteur  est  formé  de  cuivre  ou 
d'argent,  et  j'emploie  l'acide  nitrique,  pour  l'acier,  le  cuivre,  l'argent,  etc., 
si  le  dépôt  protecteur  est  formé  d'or.  Le  métal  à  creuser  est  plongé,  comme 
anode,  dans  une  dissolution  neutre  d'un  sel  soluble  de  ce  métal  ou  d'un 
autre  métal  de  même  nature. 

»  Une  épreuve  tirée  à  l'encre  grasse,  d'une  planche  héliographique  déjà 
gravée,  ou  d'une  impression  photographique  sur  pierre  lithographique  ou 
sur  zinc,  et  transportée  sur  métal,  donne  également,  étant  traitée  comme  la 
réserve  héliographique,  des  planches  gravées  en  creux  ou  en  relief.    » 


(454  ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  un  nouveau  procédé  pour  la  peinture  à 
l'oxjchlorure  de  zinc  ;  par  M.  Sorel. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze.) 

n  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  en  i855  divers  produits 
obtenus  au  moyen  de  l'oxychlorure  de  zinc,  notamment  des  ciments  et 
mastics  aussi  durs  que  le  marbre  et  tout  à  fait  insolubles  dans  l'eau,  et  une 
peinture  également  insoluble  destinée  à  remplacer  très-économiquement  les 
peintures  à  l'huile  et  autres.  Cette  peinture  avait  l'inconvénient  d'être  d'un 
emploi  difficile,  et  d'exiger,  comme  les  peintures  siliceuses,  l'application 
d'un  liquide  sur  la  dernière  couche  pour  la  fixer  et  la  rendre  insoluble; 
quand  je  voulais  éviter  l'emploi  de  ce  liquide  en  rendant  ma  peinture  plus 
siccative,  je  me  trouvais  en  face  d'un  inconvénient  non  moins  grave  :  ma 
peinture  s'épaississait  très-promptement  dans  le  vase,  et  l'on  n'avait  pas  le 
temps  de  l'employer.  Aujourd'hui  je  suis  parvenu,  en  ajoutant  certaines 
substances  à  mon  liquide,  à  surmonter  ces  difficultés  et  à  rendre  facile 
l'application  de  la  tiouvelle  peinture. 

»  Le  liquide  qui  dans  cette  peinture  remplace  l'huile,  l'essence  de  téré- 
benthine et  les  autres  liquides  ou  excipients  employés  dans  les  peintures  or- 
dinaires, est  une  solution  aqueuse  de  chlorure  de  zinc  dans  laquelle  je  fais 
dissoudre  un  tartrate  alcalin.  Ces  sels  possèdent  au  plus  haut  degré  la  pro- 
priété de  retarder  l'épaississément  de  la  nouvelle  peinture  avant  son  emploi. 
J'ajoute  au  liquide,  pour  donner  du  liant  et  de  la  ténacité  à  la  peinture,  de 
la  gélatine  ou  de  la  fécule  que  je  fais  passer  à  l'état  d'empois  en  chauffant 
le  liquide.  Il  ne  faut  pas  chauffer  assez  pour  transformer  la  fécule  en  dex- 
trine  ou  en  glucose. 

»  Pour  former  la  nouvelle  peinture,  quelle  qu'en  soit  la  couleur,  j'em- 
ploie le  liquide  ci-dessus  et  une  poudre  qui  doit  être  de  l'oxyde  de  zinc  au 
moins  en  grande  partie.  Pour  les  peintures  de  couleur,  j'emploie  la  même 
poudre,  plus  des  matières  colorantes.  On  peut  employer  les  substances 
colorées  dont  on  fait  usage  pour  les  peintures  ordinaires. 

»  La  nouvelle  peinture  possède  les  propriétés  suivantes  :  i°.  Il  n'est  pas 
nécessaire  de  la  broyer  :  il  suffit  de  délayer  la  poudre  avec  le  liquide,  et 
cette  peinture  s'emploie  comme  les  peintures  ordinaires.  2°.  Elle  est  plus 
belle  et  aussi  solide  que  les  peintures  à  l'huile;  elle  couvre  davantage  et  ne 
noircit  pas  par  les  émanations  sulfureuses,  comme  les  peintures  à  la  céruse 
ou  autres  à  base  de  plomb.  3".  Elle  n'a  absolument  aucune  odeur  et  elle  sèche 
très-promptement., On  peut  donner  une  couche  toutes  les  deux  heures  en  hi- 


(  455  ) 
ver  et  une  couche  par  heure  en  été  ;  ce  qui  permet  de  peindre  un  apparte- 
ment dans  un  seul  jour  et  de  l'habiter  le  jour  même,  sans  que  l'on  soit 
affecté  de  l'odeur  de  la  peinture.  4"-  Elle  résiste  à  l'humidité  et  à  l'eau, 
même  bouillante,  et  peut  être  savonnée  comme  les  peintures  à  l'huile. 
5".  A  cause  du  chlorure  de  zinc  qu'elle  contient,  celte  peinture  est  éiiu- 
nemment  antiseptique  et  parfaitement  propre  à  préserver  les  bois  de  la  pour- 
riture. 6°.  Elle  possède  au  plus  haut  degré  la  propriété  de  diminuer  la 
combustibilité  du  bois,  des  tissus  et  du  papier,  et  de  rendre  ces  matières 
ininflammables.  7".  Elle  ne  présente  aucun  danger  pour  ceux  qui  la  pré- 
parent ni  pour  ceux  qui  l'emploient. 

»  J'ai  aussi  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  nouvelle 
matière  plastique  translucide  qui  est  formée  avec  les  principaux  éléments 
de  la  peinture  dont  je  viens  de  parler,  mais  dans  des  proportions  très-diffé- 
rentes. C'est  une  combinaison  de  fécule  de  pomme  de  terre  et  de  chlorure 
de  zinc  hydraté,  d'une  densité  suffisante  pour  gonfler  la  fécule  sans  la  dis- 
soudre. Pour  modifier  la  dureté  de  la  matière  et  la  rendre  j^lus  ou  moins 
blanche  ou  plus  ou  moins  opaque,  on  ajoute  certains  sels  ou  des  matières 
en  poudre,  tels  que  de  l'oxyde  de  zinc,  du  sulfate  de  baryte,  etc.  Cette 
matière  plastique  se  prépare  à  froid  en  délayant  la  fécule  et  les  autres 
substances  avec  le  chlorure  de  zinc.  Ce  nouveau  composé  se  moule 
parfaitement  bien  et  se  solidifie  dans  le  moule  comme  le  plâtre.  I^es 
objets  ainsi  obtenus  sont  diaphanes  comme  de  la  corne,  de  l'os  ou  de 
l'ivoire;  mais  pour  obtenir  la  diaphanéité,  il  ne  faut  pas  mettre  ou  mettre 
très-peu  des  substances  pulvérulentes  inertes  que  l'on  peut  ajouter  à  la 
fécule,  excepté  du  sulfate  de  baryte.  Ce  sel^,bien  qu'étant  insoluble, 
donne  très-peu  d'opacité  à  la  matière.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'oxyde 
de  zinc  et  du  carbonate  de  chaux. 

M  Pour  mettre  les  objets  obtenus  avec  cette  matière  à  l'abri  de  l'humi- 
dité, on  les  recouvre  d'une  ou  de  deux  couches  de  bon  vernis. 

»  On  peut  donner  toutes  les  couleurs  à  cette  nouvelle  matière  et  l'ob- 
tenir plus  ou  moins  dure  ;  on  peut  même  l'obtenir  souple  comme  le  caout- 
chouc, mais  pas  élastique. 

»  Cette  nouvelle  composition  plastique  pourra  être  employée  au  moulage 
d'un  grand  nombre  d'objets  d'art  et  d'ornement,  et  à  la  confection  de  beau- 
coup d'objets  qui  exigent  soit  de  la  dureté,  soit  de  la  souplesse,  soit  de  la 
transparence.  Enfin  cette  matière  pourra  remplacer,  dans  plusieurs  cas, 
le  plâtre,  le  marbre,  l'ivoire,  la  corne,  les  os,  le  bois,  la  gutta-percha,  la 
gélatine,  etc.    » 

C.  K.,  i858.  1"  Semestre:  iX.  XLVl,  N"  9.)  6o 


(  456  ) 

GÉOLOGIE.  —  Description  du  Kêloet,  volcan  de  l'île  de  Java,  traduite  du 
hollandais  de  M.  Junghuhn  ;  par  M.  Alexis  Perrey. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Élie  de  Beaumont, 

Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

M.  Perrey  envoie,  en  même  temps  que  ce  Mémoire,  deux  opuscules 
imprimés  contenant  les  résultats  de  ses  recherches  sur  les  tremblements 
de  terre  de  i855.  Ces  deux  opuscules  sont  extraits  des  tomes  XXXII 
et  XXXIV  des  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique. 

MM.  Pascal  et  Bocvet  soumettent  au  jugement  de  l'Académie  un  appa- 
reil fumivore  de  leur  invention . 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Séguier.) 

M.  AvENiER  Delagrée  adressc  une  Note  sur  une  méthode  nouvelle  qu'il  a 
imaginée  pour  augmenter  l'intensité  lumineuse  de  l'image  des  objets  éloignés 
dans  le  réflecteur  convergent,  au  moyen  de  miroirs  plans.  «  Du  moment 
où  sera  trouvé,  dit  l'auteur,  le  moyen  de  rendre  plus  intense  l'image  lumi- 
neuse des  réflecteurs  concaves,  l'astronomie  aura  fait  un  progrès,  car  il  sera 
permis  alors  d'accroître  le  pouvoir  grossissant  des  télescopes.  » 

L'auteur  annonce  un  Mémoire  plus  détaillésur  cet  objet.  La  présente  Note, 
qui  serait  inintelligible  sans  figure,  est  renvoyée  à  l'examen  de  MM.  Pouillet 
et  Babinet. 

M.  Gallay  présente  le  modèle  d'une  horloge  destinée  principalement  à 
l'usage  des  chemins  de  fer  et  dont  le  cadran,  formé  de  plusieurs  cercles 
concentriques  divisés  comme  le  limbe  des  cadrans  ordinaires,  donne,  au 
moyen  d'une  seule  aiguille,  outre  l'heure  du  lieu  indiquée  sur  le  cercle 
externe,  l'heure  des  principales  stations  situées  sur  des  méridiens  différents. 

(Commissaires,  MM.  Delaunay,  Séguier.) 

M.  Le  Pas  envoie  une  Note  intitulée  :  «  Exposé  d'une  nouvelle  théorie 
sur  les  intervalles  musicaux...  » 

(Commissaires,  MM.  Laugier,  Delaunay.) 
M.  Le  Pennec  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 


/  457  ) 
titre  :  «  Solution  du  problème  de  la  navigation  aérienne  par  un  moteur  qui 
prend  sa  force  dans  l'air  même,  c'est-à-dire  dans  l'effort  de  la  pression 
atmosphérique   précipitant  l'eau   dans  le  vide  de   l'ajutage  divergent  de 
Venturi.  » 

(Commission  des  Aérostats.) 

L'Académie  renvoie  à  l'examen  de  la  même  Commission  un  Mémoire 
de  M.  Le  Hir  sur  la  direction  des  aérostats. 

CORRESPOIVDAIX  CE . 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  deux  volumes  de  M.  Jgassiz  sur  l'histoire  naturelle  des 
États-Unis  d'Amérique  (Recherches  sur  les  Chéloniens),  volumes  dont 
l'auteur  avait  déjà  annoncé  l'envoi  par  une  Lettre  insérée  au  Compte  rendu 
de  la  séance  du  21  décembre  1857. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  également  le  VIIP  volume  des 
«  Études  sur  la  géographie  botanique  de  l'Europe  et  en  particulier  sur  la 
végétation  du  plateau  centi^al  de  la  France  »,  par  M.  H.  Lecoq. 

M.  Balard  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  MM.  Foigtlander  eifih, 
de  Vienne  et  Brunswick,  un  objectif  dit  orthoscopique  et  offrant  par  une 
combinaison  de  deux  lentilles,  l'une  convexe  et  l'autre  concave,  qu'on 
ajoute  sur  le  trajet  des  rayons  qui  traversent  la  première,  une  nouvelle  com- 
binaison pour  reproductions  de  gravures  et  paysages.  Cette  combinaison 
permet  à  ceux  qui  possèdent  un  objectif  pour  portraits,  d'obtenir  par  l'ad- 
dition d'une  lentille  concave  d'iui  petit  diamètre  et,  par  conséquent,  d'un  , 
faible  prix,  un  objectif  à  long  foyer  qui,  appliqué  à  la  reproduction  des 
paysages,  donne  en  un  temps  beaucoup  plus  court  des  images  d'une  grande 
dimension,  parfaitement  nettes  dans  toute  leur  étendue,  dont  les  ombres  les 
plus  fortes  présentent  des  détails  suffisants,  et  dans  lesquelles  les  lignes  qui 
limitent  l'image  demeurent  sensiblement  droites. 

M.  Th.  Swann,  président  du  Comité  préparatoire  de  l'Association 
américaine  pour  l'avancement  des  sciences,  annonce  que  la  prochaine 
réunion  aura  lieu  à  Baltimore,  le  28  avril  prochain,  et  durera  sept  jours. 
L'Association  se  plaît  à  espérer  que  quelques  Membres  de  l'Académie 
pourront  assister  à  cette  réunion. 

60.. 


(  458  } 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  la  détermination  des  erreurs  de  division  du  Cercle  de 
Fortin; par  M.  Yvon  Villarceau.  (Communiquée  par  M.  Le  Verrier.) 

«  La  réduction  des  observations  faites  aux  cercles  muraux  de  l'Observa- 
toire exige  la  détermination  des  erreurs  de  leurs  divisions.  Le  Cercle  de 
Fortin  se  trouvant  pourvu  d'un  appareil  propre  à  ce  genre  de  recherches, 
et  la  réduction  des  observations  ayant  d'ailleurs  été  effectuée  jusqu'ici  par 
ordre  de  dates,  on  a  commencé  par  cet   instrument. 

»  Les  erreurs  de  division  du  Cercle  de  Fortin  ont  déjà  été  l'objet  d'une 
étude  préparatoire  de  la  part  d'un  ancien  astronome  de  l'Observatoire 
M.  Mauvais,  et  les  résultats  qu'il  a  obtenus,  relativement  aux  erreurs  de 
•ji  traits,  ont  été  publiés  dans  \es,Comptes  rendus.  Le  travail  de  M.  Mauvais 
paraît  avoir  été  fait  avec  un  grand  soin  ;  néanmoins  il  nous  a  été  impossible 
d'en  tenir  compte  :  la  divergence  de  plusieurs  des  nombres  donnés  par  cet 
astronome  avec  ceux  qui  ont  été  obtenus  depuis,  est  telle,  qu'il  n'est  pas 
permis  de  les  combiner  avec  les  récentes  déterminations,  sans  avoir  reconnu 
si  cette  divergence  a  sa  source  dans  les  erreurs  des  observations,  ou  si  elle 
ne  tient  pas  plutôt  à  quelque  erreur  de  calcul  ou  de  transcription.  Or,  l'Ob- 
servatoire ne  possédant  aucune  trace  du  travail  de  M.  Mauvais,  la  diffi- 
culté n'a  pu  être  éclaircie  et  nous  nous  sommes  trouvé,  bien  à  regret,  dans 
la  nécessité  de  nous  priver  de  l'avantage  de  faire  concourir  ses  détermina- 
tions avec  les  nôtres. 

»  Le  projet  que  j'ai  préparé  pour  l'étude  des  divisions  et  dont  j'ai  sur- 
veillé l'exécution,  s'appuie  sur  une  théorie  qui  sera  exposée  dans  les 
Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris.  Cette  théorie  ne  donne  pas  la 
solution  d'une  simple  question  de  géométrie  :  on  y  tient  compte  des  condi- 
tions physiques  et  mécaniques  du  problème.  Ainsi,  la  considération  du 
frottement  des  axes  a  suffi  pour  montrer  combien  une  tentative  de  la  déter- 
mination des  erreurs  individuelles  des  traits  d'un  limbe  gradué  peut  être 
illusoire.  L'erreur  moyenne  des  traits  opposés  ayant  seule  de  l'intérêt  pour 
les  astronomes,  puisque  l'on  a  toujours  le  soin  de  combiner,  dans  les 
observations,  les  lectures  faites  à  des  microscopes  opposés,  on  s'est  tenu  à 
la  détermination  de  l'erreur  moyenne. 

»  M.  Lépissier,  astronome-adjoint  de  l'Observatoire,  a  pris  la  part  la 
plus  considérable  dans  les  observations  et  les  calculs  qui  en  ont  été  la  suite  : 
on  lui  doit  la  détermination  des  erreurs  des  arcs  de  60°,  de  20"  et  10°. 

»  Ces  mesures  ont  été  faites  à  l'aide  des  six  microscopes  fixes,  et  de  micros- 


(  /|59  ) 
copes  auxiliaires  qui  ont  été  posés  sur  la  circonférence  d'un  cercle  concen- 
trique au  Cercle  de  Fortin  et  scellé  sur  le  raur.  Les  microscopes  auxiliaires 
ont  été  employés  successivement  dans  des  situations  diverses  et  symétriques 
deux  à  deux  par  rapport  à  un  plan  vertical  passant  par  l'axe  du  cercle.  T/er- 
reur  d'un  arc  donné  a  été  ainsi  obtenue,  par  le  passage  de  cet  arc  sous  des 
microscopes  dont  la  ligne  de  jonction  avait  des  positions  variées  par  rapport 
à  l'horizon.  Si  la  pesanteur  eût  pu  imprimer  au  limbe  une  déformation  sen- 
sible, on  l'aurait  constaté,  en  comparant  les  erreurs  des  arcs  mesurés  dans 
ces  positions  variées  des  microscopes.  Or,  cette  comparaison  n'a  présenté, 
dans  la  moyenne  d'un  grand  nombre  de  déterminations,  que  des  discor- 
dances insignifiantes;  et  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  les  discordances  indi- 
viduelles qui  excèdent  les  erreurs  des  observations,  doivent  être  attribuées 
à  la  difficulté  de  réaliser  un  équilibre  convenable  de  température  dans  la 
masse  d'un  grand  cercle  dont  le  plan  est  vertical. 

»  Les  arcs  de  i  o"  ont  été  subdivisés  en  arcs  de  i  °  à  l'aide  de  microscopes 
à  double  objectif  construits,  pour  cet  objet  spécial,  par  M.Brunner  (î).  Pour 
l'exécution  de  cette  partie  du  travail  et  la  subdivision  des  arcs  de  i"  en  arcs 
de  5',  un  assistant,  M.  Thirion,  a  été  adjoint  à  M.  Lépissier.  Chacun  d'eux 
a  fait,  de  son  côté,  l'étude  des  erreurs  de  degré  en  degré,  et  les  résultats 
obtenus  ont  présenté  un  accord  satisfaisant. 

n  fja  moyenne  de  ces  résultats  a  servi  de  base  à  l'étude  des  dernières 
subdivisions  du  Cercle  de  Fortin.  Ici,  la  présence  prolongée  de  l'observa- 
teur pouvait  produire  des  changements  de  température  capables  de  vicier 
les  observations.  Pour  échapper  à  cette  influence,  le  pointé  des  douze 
traits  compris  dans  l'étendue  d'un  degré,  se  faisait  en  pas.sant  dans  un  ordre 
déterminé  du  i"au  13"  trait,  et  en  revenant  immédiatement  dans  l'ordre 
inverse  du  i3*  au  i"  trait;  alors,  les  moyennes  seules  des  comparaisons 
relatives  aux  mêmes  couples  de  traits  étaient  employées  dans  les  calculs. 

»  MM.  Lépissier  et  Thirion  ont  étudié  de  la  sorte,  et  chacun  de  leur  côté, 
les  i8  premiers  degrés:  l'accord  obtenu  s'étant  trouvé  très-suffisant,  on  a 
cru  pouvoir  abréger  le  travail  en  partageant  entre  eux  l'étude  des  autres 
degrés. 

»  On  ne  donnerait  qu'une  idée  fort  peu  exacte  du  travail  d'observations 

(i)  Les  objectifs  sont  disposés  de  manière  que  leur  plan  forai  s'écarte  peu  du  plan  décrit 
par  les  fils  micrométriques  ;  en  outre,  leur  situation  relative  est  réglée  de  manière  que  les 
images  de  deux  traits  du  limbe  distants  de  i",  et  produites  respectivement  par  chacun  des 
objectifs,  occupent,  dans  le  plan  focal,  des  positions  séparées  par  un  faible  intervalle. 


(46o) 
accompli  par  MM.  Lépissier  et  Thirion,  en  disant  qu'ils  ont  dû  effectuer 
plus  de  5oooo  pointés  :  il  faudrait  encore  montrer  quelles  difficultés  présente 
l'étude  d'un  cercle  de  grand  diamètre  dont  le  plan  est  vertical. 

»  L'étendue  des  calculs  est  aussi  très-considérable,  et  nous  n'avons  rien 
négligé  pour  obtenir  des  vérifications  fréquentes  et  rapides. 

»  Le  travail  a  été  commencé  en  i855,  et  terminé  vers  le  milieu  de  l'année 
dernière.  On  s'est  trouvé,  dès  lors,  en  mesure  de  commencer  la  réduction  des 
observations  faites  au  moyen  de  l'instrument,  à  partir  de  iSaS.  La  première 
période  est  aujourd'hui  complète,  et  sera  très-prochainement  présentée  à 
l'Académie.   » 

ASTRONOMIE.  —  M.  YvoN  ViLLARCEAC  communique  la  réduction  d'obser- 
vations de  la  planète  (g)  faites  à  l'Observatoire  impérial  : 

18S8.  T.  m.  de  Paris.       Asc.  droite.  Déclinaison.         Étoile  de     Nomb.de    Observateur. 

comp.  comp. 

hms  hms  o,„ 

Février  i8        9.20.58,1        10.37.34,23         4-13.37.  7,5      (c)        9  et  5       Lépissier. 
19        g.  3.35,3       10.36.49,82         -+-13.43.54,0      (f)        3        3  id. 

19      i3.i6.  3,6       10.36.42,01         -(-13.45.  6,4      (c)        3        2  id. 


21 


14.21.49,8        10.35.10,97  -1-13.59.    7,3       (d)         4         3  id. 


Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison,  le  {"Janvier  i858: 


h 


(c)  =  20748    Lai.,  6-7=:  io.38.48,i5         -(-13.29.48,4 

(d)  =  7,o65i     Lai.,  8""      :  10.34.32,89         -|-i4-'2.5o,9 

ASTRONOMIE.  —  Lettre  de  M .  Hoek,  attaché  à  l'Observatoire  de  Leyde,  touchant 
les  comètes  de  i556,  1  264  et  g^S.  (Communiquée  par  M.  Le  Verrier.') 

K  Observatoire  de  Leydc. 

»  Je  vous  adresse  un  exemplaire  de  ma  dissertation  sur  les  comètes  de 
i556,  1264  et  975,  avec  prière  de  le  présenter  à  l'Académie  des  Sciences. 
La  question  que  j'y  ai  discutée  a  été  traitée,  il  y  a  quelques  mois,  par 
M    Benjamin  Valz,  dans  une  des  séances  de  l'Académie. 

»  M.  Valz  a  mentionné  alors  mes  travaux  ;  plus  tard  j'y  ai  répondu,  avec 
remarques,  dans  les  Astronomische Nachricten,  où  il  avait  donné  ses  résultats, 
si  totalement  différents  des  miens. 

M  Dans  ma  dissertation,  j'ai  traité  en  détail  le  total  des  observations  con- 
nues sur  les  comètes  de  i556  et  de  1264;  je  les  ai  discutées  avec  le  plus 
grand  soin,  j'ai  déterminé  les  orbites  de  ces  comètes,  et  je  les  ai  trouvées 
totalement  différentes. 


(46.  ) 

»  L'orbite  de  la  comète  de  i556  est  déterminée  avec  exactitude,  et  les 
éléments  sont  connus  avec  une  grande  certitude,  comme  vous  pourrez  le 
voir  au  §  4o  de  ma  dissertation. 

»  L'orbite  de  la  comète  de  1264  ne  pouvait  pas  être  calculée  avec  une 
aussi  grande  certitude,  puisque  les  observations  étaient  moins  nombreuses 
et  beaucoup  moins  certaines.  Pour  la  plupart,  c'étaient  des  observations  chi- 
noises. Cependant  j'ai  réussi  à  démontrer,  dans  le  chapitre  IV,  que  la  grande 
différence  entre  les  deux  orbites  ne  peut  s'expliquer  ni  par  l'incertitude  de 
l'orbite  de  la  comète  de  1 264,  ni  par  les  perturbations  que  les  grandes  pla- 
nètes pourraient  avoir  causées  entre  les  apparitions  de  1 264  et  de  1 556. 

»  Il  ne  nous  reste  donc  qu'à  admettre  que  les  deux  comètes  nommées  ne 
sont  pas  identiques. 

»  En  outre  on  a  signalé  la  comète  de  975,  comme  une  apparition  précé- 
dente de  celle  de  1 264-1 556.  J'ai  aussi  examiné  cette  opinion,  et  j'ai  vu  que 
les  observations  de  la  comète  de  975  ne  peuvent  être  représentées  ni  par 
l'orbite  de  i556,  ni  par  celle  de  1264. 

»  Ici  l'identité  est  donc  aussi  improbable.  M.  Valz  était  arrivé  à  ce  résul- 
tat, que  l'identité,  quoiqu'elle  ne  fût  pas  certaine,  était  du  moins  bien 
possible. 

»  Dans  le  chapitre  VI  de  ma  dissertation,  j'ai  discuté  la  cause  pour  laquelle 
ses  résultats  devaient  être  si  peu  d'accord  avec  les  miens.  ]'ai  trouvé  que 
c'était  principalement  parce  que  M.  Valz  a  employé  une  observation  chi- 
noise du  3o  juillet  1264,  qui,  selon  un  grand  nombre  d'observations  et  de 
rapports  de  chroniqueurs  européens,  doit  être  rejetée  comme  peu  juste.   » 

MÉCANIQUE.    —   Note  sur  l'équivalent   mécanique  de  la  chaleur; 
par  M.  Th.  d'Estocquois. 

«  M.  Favre  a  déduit,  de  ses  belles  expériences  sur  les  effets  mécaniques  de 
la  pile,  une  valeur  de  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  peu  éloignée  de 
celle  qu'avait  donnée  M.  Joule.  Déjà  M.  Person  avait  trouvé  un  résultat 
d'accord  avec  celle-ci.  Toutefois  M.  Ch.  Laboulaye  avait  donné,  en  1846, 
luie  valeur  beaucoup  moindre,  car  elle  se  réduisait  à  1 1 3  kilogrammètres 
par  calorie,  en  appelant  ca/on'e  la  quantité  de  chaleur  nécessaire  pour  faire 
passer  1  kilogramme  d'eau  de  o  à  i  degré,  et  en  désignant  par  i  kilogram- 
mètre  i  kilogramme  élevé  à  i  mètre.  Dans  une  Note  que  j'ai  eu  l'honneur 
d'adresser  à  l'Académie  des  Sciences  et  qui  a  été  imprimée  depuis,  j'étais 
arrivé,  par  une  autre  voie,  à  un  résultat  un  peu  plus  grand  que  celui  de 


(  46a  ) 
M.   Laboulaye,    mais  moindre  que   la   moitié  du    nombre   de  M.  Joule. 

»  Une  quantité  considérable  de  travail  mécanique,  comptée  par  M.  Joule 
dans  l'équivalent  d'une  calorie,  ne  l'est  pas  par  M.  Laboulaye.  Peut-être  se 
fait-on  des  deux  parts  une  idée  différente  de  l'équivalent  mécanique  de  la 
chaleur.  Je  voudrais  contribuer  à  éclairer  cette  idée  importante  en  rappelant 
ici  comment  j'ai  raisonné. 

«  La  chaleur  est  considérée  comme  un  mouvement,  de  sorte  qu'une 
augmentation  de  chaleur  est  l'accession  d'une  certaine  quantité  de  travail 
mécanique  transmise  aux  molécules.  Cela  est  admis,  je  crois,  de  tous  ceux 
qui  cherchent  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur. 

»  Concevons  une  atmosphère  gazeuse  indéfinie,  de  sorte  qu  elle  ne  puisse 
se  dilater.  Supposons  que  sa  température  soit  portée  partout  de  o  à  i  degré. 
Il  faudra  pour  cela  lui  transmettre  une  certaine  quantité  de  travail  méca- 
nique. Le  calcul  de  cette  quantité  de  travail  est  fondé  sur  les  principes  de 
la  mécanique  admis  par  tout  le  monde;  il  est  d'ailleurs  fort  simple.  Quant 
aux  données  ruimériques  empruntées  à  l'expérience,  les  incertitudes  qu'elles 
comportent  ne  peuvent  assurément  faire  varier  le  résultat  du  simple  au 
double.  Le  rapport  des  chaleurs  spécifiques  des  gaz  sous  pression  constante 
et  sous  volume  constant,  est  le  nombre  dont  la  valeur  est  la  moins  assurée. 
Selon  que  l'on  prend  pour  ce  nombre  i,/|2i  donné  par  Dulong  ou  i,348 
donné  par  Clément  etDésormes,  on  trouve  1^5  ou  iG6  kilogrammétres  pour 
l'équivalent  mécanique  d'une  calorie. 

"  I^e  travail  mécanique  transmis  à  i  mètre  cube  de  gaz,  quand  il  s'échauffe 
d'un  degré,  est-il  entièrement  transformé  en  chaleur?  On  peut  en  douter; 
mais  si  l'on  admet  qu'il  ne  l'est  pas,  qu'une  partie  fait  naître  des  vibrations 
moléculaires  tout  à  fait  insensibles  au  thermomètre,  il  faut  en  conclure  que 
le  nombre  de  lyS  kilogram mètres  est  trop  fort,  et  que  le  véritable  équiva- 
lent mécanique  de  la  chaleur  lui  est  inférieur.    » 

PHYSIQUE.  —  Lumière  qui  éclaire  pendant  les   éclipses  la  portion  de  la  lune 
placée  dans  C ombre  de  la  terre;  par  iM.  Liais. 

«  Dans  le  IIP  volume  de  V  Astronomie  populaire,  l'illustre  Arago  dit  qu'il 
a  eu  occasion  de  remarquer  une  fois,  mais  une  seule  fois,  des  traces  de 
polarisation  dans  la  lumière  secondaire  qui  éclaire  pendant  les  éclipses  de 
lune  la  por!ion  de  ce  satellite  située  dans  l'ombre  de  la  terre.  Cette  ques- 
tion étant  d'un  grand  intérêt  pour  l'explication  de  la  lumière  secondaire, 
je  crois  que  les  astronomes  ne  doivent  négliger  aucune  occasion  de  s'en 


(  463  ) 
occuper,  afin  de  parvenir  à  connaître  dans  quelles  circonstances  a  lieu  cette 
polarisation,  qui,  d'après  Arago  lui-même,  n'est  pas  constante. 

»  Dans  l'éclipsé  de  samedi  dernier  27,  j'ai  donc  tenté  cette  recherche  à 
l'aide  des  moyens  que  j'avais  à  ma  disposition  et  en  me  servant  d'une 
lunette  de  M.  Secrétan.  Malgré  sa  petite  dimension  (8  centimètres  d'ouver- 
ture), cette  lunette  est  de  qualité  supérieure. 

Il  Après  avoir  fait  sortir  du  champ  la  portion  éclairée  de  la  lune,  j'ai 
doublé  à  plusieurs  reprises  l'image  de  la  partie  située  dans  l'ombre  à  l'aide 
d'un  prisme  biréfringent,  sans  remarquer  aucune  différence  d'intensité  entre 
les  deux  images.  En  interposant  entre  l'oculaire  et  le  prisme  la  plaque  de 
quartz  de  mon  polariscope,  je  n'ai  pu  également  distinguer  aucune  diffé- 
rence sensible  de  coloration  entre  les  deux  images,  ni  sur  les  bords,  ni  dans 
aucune  partie  de  la  surface  ombrée. 

»  Le  bord  de  la  partie  éclipsée  n'a  pas  cessé  d'être  visible  et  d'offrir  une 
teinte  légèrement  rosée,  qui  a  varié  d'intensité  pendant  la  durée  du  phéno- 
mène. La  plus  grande  coloration  a  eu  lieu  après  le  maximum  de  l'éclipsé, 
à  partir  de  io''4o"  jusqu'à  io''5o™.  Dans  cet  instant,  c'était  surtout  dans  la 
partie  la  plus  élevée  de  cette  région  ombrée  (vue  dans  la  lunette)  que  la 
couleur  rose  était  le  plus  sensible.  Dans  la  partie  inférieure,  l'ombre  près 
de  la  pénombre  paraissait  bleuâtre,  peut-être  par  effet  de  contraste.  » 

MÉCANIQUE.    —   Réponse  de  M.   de  Polignac   aux   remorques  faites  sur  sa 
communication  du  5  octobre  1857  par  M.  Guibal. 

«  M.  Guibal  trouve  que  je  n'ai  pas  suffisamment  reconnu  ses  droits  à  la 
priorité  du  nouveau  système  de  transmission  que  je  propose.  Je  dois  avouer 
que  je  ne  puis  être  de  son  avis.  Dans  la  Note  succincte  que  j'ai  lue  à  l'Aca- 
démie, je  ne  pouvais  que  citer  le  nom  de  M.  Guibal  sans  entrer  dans  des 
détails.  C'est  ce  que  j'ai  fait.  J'ai  aussi  rappelé  que  ce  principe  avait  déjà 
reçu  une  application  (très-restreinte  à  la  vérité)  en  Allemagne,  et  si  quel- 
qu'un devait  se  plaindre,  ce  ne  serait  pas  M.  Guibal,  mais  bien  l'ingénieur 
allemand  dont  je  n'ai  pu  citer  le  nom. 

»  D'ailleurs  ce  n'est  point,  à  mon  sens,  dans  le  principe  abstrait  d'une 
nouvelle  application  des  forces  de  la  nature  à  l'industrie  que  gît  la  véritable 
invention,  mais  bien  dans  l'appareil  qui  réalise  ce  principe  :  or  M.  Guibal 
ne  réclamera  pas  la  priorité  à  propos  de  l'appareil  que  je  propose,  puisque, 
d'après  lui,  tout  système  qui  n'emploierait  pas  les  machines  rotatives  serait 
impraticable. 

C.  R.,  i858,  i«  Semeî<re.  (T.  XLVI,N<>  9.)  6l 


(  464  ) 

»  Je  n'ai  pas  été  aussi  loin  lorsque  j'ai  rejeté  ces  machines  comme 
n'ayant  pas  été  suffisamment  éprouvées.  Comme  je  pense,  contrairement  à 
M.  Guibal,  que  leur  emploi  est  loin  d'être  indispensable,  il  paraît  conforme 
à  la  prudence  de  ne  pas  compliquer  par  un  appareil  nouveau  un  système 
déjà  nouveau  par  lui-même.  M.  Guibal  reconnaît  que  les  machines  rotatives 
n'ont  pas  réussi  avec  la  vapeur;  n'est-ce  point  une  déduction  forcée  que 
d'en  conclure  qu'elles  réussiront  avec  l'eau? 

.,;,»  M  Guibal  me  prête  fort  gratuitement  la  pensée  de  donner  à  l'eau  un 
mouvement  de  va-et-vient  dans  les  tuyaux  de  conduite  ;  il  n'y  a  rien  dans  le 
Compte  rendu  du  5  octobre  1867  qui  autorise  celte  interprétation.  Dans  le 
Mémoire  plus  détaillé  qui  est  entre  les  mains  de  M.  Combes,  un  de  mes 
Commissaires,  j'ai  citécette  solution,  mais  seulement  comme  une  conception 
théorique  destinée  à  expliquer  le  principe;  mais  dans  tous  les  appareils  pro- 
posés dans  ce  Mémoire  le  mouvement  de  l'eau  est  continu  et  de  même  sens 
dans  les  tuyaux.  Bien  plus,  dans  l'appareil  que  j'avais  d'abord  commandé 
à  Toulouse,  il  y  a  plusieurs  mois,  chez  M.  Olin  Chatelet,  appareil  qui  est 
maintenant  en  voie  d'exécution  par  les  soins  de  M.  Oppermann  (ingénieur  à 
Paris,  rue  des  Beaux-Arts,  n"  1 1),  je  n'emploie  qu'un  seul  tuyau  de  conduite, 
ce  qui  dans  la  plupart  des  cas  offre  de  très-grands  avantages. 

»  M.  Guibal  relève  encore  une  phrase  dans  laquelle  je  remarque  que 
pour  être  dans  de  bonnes  conditions  il  faut  chercher  à  avoir  une  vitesse 
d'eau  assez  faible  et  des  tuyaux  pas  trop  étroit;  M.  Guibal  pense  que 
la  vitesse  est  le  seul  élément  de  la  question  et  que,  pourvu  qu'elle  soit 
faible,  on  peut  prendre  des  tuyaux  d'aussi  petit  diamètre  qu'on  veut. 
Or,  pour  une  même  vitesse,  la  résistance  à  l'écoulement  croît  à  peu 
près  en  raison  inverse  du  diamètre  du  tuyau  ;  il  fondra  donc,  pour  que  le 
rapport  entre  la  puissance  et  la  perte  de  force  due  à  la  transmission  ne  varie 
pas,  que  la  pression  augmente  à  mesure  que  le  diamètre  du  tuyau  diminue  : 
or  il  y  a  évidement  certains  inconvénients  à  augmenter  par  trop  la  pression; 
M.  Guibal  ne  semble  pas  les  avoir  entrevus  :  je  me  contenterai  de  citer  un 
de  ces  inconvénients;  une  trop  forte  pression  rend  difficile  l'ajustage  par- 
fait des  pièces  qui  composent  la  conduite  d'eau. 

»  Il  y  a  donc  !à  un  moyen  terme  à  observer;  la  vitesse  doit  être  faible, 
mais  la  pression  ne  doit  pas  être  trop  grande;  ce  qui  donne  une  limite  infé- 
rieure pour  le  diamètre  des  tuyaux.  » 


(  465  ) 

MÉCANIQUE.  —  Remarques  de  M.  Foitrneyrost,  à  Voœasion  de  la  Note  lue 
par  M.  de  Polignac  le  5  octobre  rSS^.  (Extrait.) 

«  Je  dois  relever  dans  la  communication  de  M.  de  Polignac  le  passage 
suivant:  «  Nous  avons  rejeté,  comme  n'ayant  pas  encore  reçu  la  sanction 
»  de  l'expérience,  toutes  les  machines  rotatives.    « 

»  M.  A.  de  Polignac  ignorait  donc,  en  iSSy,  qu'il  existe  à  Saiut-Blaise, 
dans  la  Forét-Noire,  où  je  les  ai  établies,  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  deux 
petites  turbines  de  la  force  de  soixante  chevaux  chacune,  pesant  i7'',5o 
seulement,  et  fontionnant  au  bout  d'une  conduite  de  4oo  à  5oo  mètres  de 
longueur,  sous  une  pression  de  onze  atmosphères,  avec  une  vitesse  de 
a3oo  tours  par  minute?  Il  me  semble  que  ce  sont  là  des  machines  rotatives  à 
eau;  et  que  vingt  années  de  travaux  réguliers  et  satisfaisants  peuvent  bien 
passer  pour  une  sanction  de  l'expérience. 

»  En  ce  qui  transforme  l'idée  de  la  transmission  de  la  force  et  du  mou- 
vement à  de  grandes  distances  au  moyen  de  l'eau,  l'Académie  n'aura  pas  ou- 
blié tout  à  fait,  j'ose  l'espérer,  les  communications  d'Arago  sur  les  pro- 
priétés de  ma  turbine,  et  sur  les  applications  que  l'on  en  pouvait  faire, 
notamment  dans  un  projet  d'élévation  d'eau  de  Seine  pour  les  besoins  delà 
ville  de  Paris.  Or  une  desapplicationsannoncéesavaitprécisément  pour  objet 
de  transmettre  le  mouvement  des  turbines  projetées  au  Pont-Neuf,  non  pas 
seulement  à  loo,  à  200  ou  à  3oo  mètres,  mais  à  plusieurs  kilomètres  de  dis- 
tance. On  lit  en  effet  à  la  page  98,  tome  III,  des  Notices  scientifiques  d'Arago  : 

«   M.  Fourneyron s'est  assuré  à  ma  prière  que  les  quatre  cents  paires  de 

»  meules  exigeraient  1 400  chevaux.  Il  a  trouvé  de  plus  des  moyens  très- 
«  ingénieux  et  très-praticables  d'emprunter  celte  force  aux  turbines  du 
»  Pont- Neuf,  alors  même  que  pour  s'éloigner  des  terrains  bâtis  et  très-chers 
»  du  centre  de  Paris,  on  sentirait  le  besoin  de  porter  le  moulin  aux  quatre 
M  cents  toiu-nants  jusqu'à  la  plaine  de  Grenelle.  Notre  projet  enfin  estétu- 
»   dié  à  ce  point,  que » 

»  C'est  en  janvier  i84i  qu'Arago  écrivait  ces  lignes.  En  i843,  ayant  eu 
à  résoudre  industriellement  le  problème  posé  par  M.  A.  de  Polignac  dans 
sa  lecture  du  5  octobre  1857  à  l'Acailémie,  c'est-à-dire  ayant  eu  à  porter 
la  force  d'une  chute  d'eau  à  une  manufacture  située  à  240  mètres  de  dis- 
tance, j'ai  obtenu  la  solution  désirée  au  moyen  d'une  seule  conduite  et  d'une 
simple  turbine,  sans  pompe  et  sans  les  deux  machines  à  colonnes  d'eau  qui 
font  essentiellement  partie  du  système  de  ce  savant  ingénieur.  La  force 

61.. 


(466) 
transmise  à  la  manufacture  peut  aller   au  delà  de  loo  chevaux,  et  la  ma- 
chine fonctionne  depuis  près  de  quatorze  ans  dans  le  royaume  de  Naples.   » 

La  Lettre  de  M.  Fourneyron  est  renvoyée,  à  titre  de  pièce  à  consulter,  à 
la  Commission  chargée  de  l'examen  de  la  Note  lue  le  5  octobre  par  M.  de 
Polignac.  La  réclamation  de  M.  Guibal  est  également  renvoyée  à  cette 
Commission. 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Noie  sur  les  effets  de  C électrisation  sur  l'exal- 
tation de  l'ouiedans  la  paralysie  faciale;  par  M.  LAîiDOuzY(i). 

«  J'ai  fait  part  à  l'Académie,  il  y  a  quelques  années,  d'un  fait  qui  est 
entré  aujourd'hui  dans  le  domaine  de  l'observation  générale  :  à  savoir  que, 
dans  la  paralysie  faciale  indépendante  de  lésion  cérébrale,  l'ouïe  est  nota- 
blement exaltée,  au  lieu  d'être  diminuée  comme  l'enseignaient  tous  les  trai- 
tés de  pathologie.  Entre  autres  déductions  pratiques  qui  découlaient  de  ces 
nouvelles  données,  se  trouvait  le  diagnostic  différentiel  des  lésions  du  cer- 
veau, du  nerf  auditif,  du  nerf  facial,  du  nerf  moteur  tympanique.  En  effet, 
si  l'ouïe  est  diminuée  dans  l'hémiplégie  faciale,  il  y  a  lésion  cérébrale  ou 
lésion  du  nerf  auditif  ;  si  elle  est  augmentée,  il  y  a  simple  paralysie  du  nerf 
facial  ou  du  nerf  moteur  tympanique  ;  si  elle  reste  la  même,  il  y  a  paralysie 
du  nerf  facial  seul,  sans  paralysie  du  neri  intermédiaire. 

»  Bien  que  j'aie  envisagé  cette  question  plutôt  sous  le  point  de  vue  cli- 
nique que  sous  le  point  de  vue  physiologique,  je  devais  cependant  chercher 
à  vérifier  par  des  expériences  directes  l'explication  que  j'avais  donnée  de 
ces  phénomènes.  En  d'autres  termes,  il  s'agissait  de  prouver  par  la  voie 
expérimentale  que  l'exaltation  de  l'ouïe  dépend,  dans  l'hémiplégie  faciale, 
de  la  paralysie  du  muscle  interne  du  marteau.  Or  j'ai  pu  résoudre,  il  y  a 
plusieurs  années,  ce  problème  de  la  manière  la  plus  catégorique. 

»  Un  jeune  homme  de  vingt  ans  était  venu  me  consulter  pour  une  para- 
lysie faciale  qu'il  avait  gagnée  le  matin  même,  en  se  promenant,  au  sortir 
d'un  bal,  et  par  un  vent  frais,  au  bord  de  la  rivière.  L'exaltation  de  l'ouïe 
était  portée  au  plus  haut  point,  et  la  détonation  d'un  pistolet  produisait  une 


(i)  La  Note  de  M.  Landouzy,  présentée  à  la  séance  du  i5  février,  a  été  mentionnée  dans 
le  Compte  rendu  de  cette  séance  ;  mais,  par  suite  d'un  malentendu,  elle  l'a  été  d'une  manière 
très-incomplète.  Nous  reprenons  ici,  du  texte  supprimé,  la  partie  nécessaire  pour  donner  une 
idée  de  l'objet  principal  de  la  communication,  c'est-à-dire  des  effets  du  galvanisme  sur  l'exal- 
tation de  l'ouïe. 


(  467  ) 
■sensation  très-douloureuse  dans  l'oreille  du  côté  paralysé,  sans  en  produire 
du  côté  sain.  L'électrisation  étant  pratiquée  à  l'aide  de  la  machine  électro- 
magnétique de  Breton,  tous  les  muscles  paralysés  entraient  en  contraction. 
Tant  que  la  pile  était  en  activité,  les  coups  de  pistolet  ne  produisaient  au- 
cune impression  douloureuse,  «t  la  sensation  sonore  n'était  pas  perçue  plus 
vivement  d'un  côté  que  de  l'autre;  mais  si,  le  circuit  électrique  étant  inter- 
rompu, une  détonation  se  faisait  entendre,  aussitôt  le  patient  portait  vive- 
ment la  main  à  l'oreille  paralysée,  et  se  plaignait  d'un  retentissement  dou- 
loureux dans  cette  région. 

u  J'ai  répété  à  diverses  reprises  cette  expérience  en  présence  des  élèves  et 
de  plusieurs  confrères,  et  constamment  les  résultats  ont  été  des  plus  caté- 
goriques. En  effet,  l'électricité  remplace  ici  l'influx  nerveux.  Tant  que 
le  tympan  se  trouve  dominé  par  le  muscle  électrisé,  les  sons  restent  modé- 
ras par  le  fait  même  de  ia  tension  de  la  membrane  ;  dès  que  l'électrisation 
cesse,  la  membrane  se  trouvant  dans  l'état  de  relâchement,  les  vibrations 
deviennent  plus  fortes  et  l'ouïe  s'exalte. 

»  L'expérimentation  directe  prouve  donc  ce  que  les  inductions  patholo- 
giques devaient  faire  supposer,  que  l'exaltation  de  l'ouïe  est  due  à  la  para- 
lysie du  muscle  interne  du  marteau.  Ce  résultat  nouveau,  joint  aux  observa- 
tions que  j'ai  faites  ou  reçues  depuis  ma  communication  à  l'Académie, 
confirme  d'ailleurs  les  conclusions  (i)  de  mon  premier  travail.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Note  concernant  l'action  du  brome  sur  Ciodure 
d' aldéhydène ;  par  M.  Simpson. 

«  On  sait,  par  les  travaux  de  M.  Regnault,  que  l'iodure  d'éthylène  de 
Faraday  C*  H*  P,  soumis  à  l'action  de  la  potasse  alcoolique,  donne,  entre 
autres  produits,  un  liquide  éthéré,  l'iodure  d'aldéhydène  ou  d'acétylène 
C*H'I.  On  regarde  ce  produit  comme  l'homologue  de  l'iodure  d'allyle 

»  Comme  ce  dernier  corps  se  transforme  sous  l'influence  d'un  excès  de 
brome  en  un  tribromure  avec  lequel  M.  Wurtz  a  récemment  régénéré  de  la 
glycérine,  j'ai  voulu  m'assurer  si  le  composé  C*  H'  1,  soumis  au  même  trai- 
tement, donnerait  le  tribromure  C*H''Br'.  Avec  ce  tribromure,  j'espérais 
pouvoir  obtenir  la  glycérine  C*  H*  0°. 

(i)  Ces  conclusions  ont  été  données  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  i5  février, 
IJiige  3|j6,  où  on  peut  les  relire. 


(468.) 

»  L'iodure  d'aldéhydène  est  vivement  décomposé  par  le  brome.  On  place 
le  liquide  iodé  dans  un  long  tube  entouré  d'un  mélange  réfrigérant,  et  on  y 
ajoute  par  petites  portions  un  poids  égal  au  sien  de  brome.  L'iode,  mis  en 
liberté,  se  sépare  par  le  repos  en  cristaux  vcihimineux.  lie  tube  est  ensuite 
fermé  et  exposé  pendant  douze  heures  à  la  chaleur  d'un  bain-marie.  Au 
bout  de  ce  temps,  on  l'ouvre  et  on  lave  le  contenu  avec  une  solution  éten- 
due de  potasse,  pour  enlever  l'iode  libre.  Enfin  pour  compléter  la  réaction 
on  fait  bouillir  le  liquide  pendant  quelques  minutes  avec  un  peu  de  brome, 
on  le  lave  de  nouveau  à  la  potasse,  et  on  le  distille.  Le  thermomètre  s'élève 
rapidement  à  i85  degrés,  et  presque  tout  le  liquide  passe  entre  i85  et 
200  degrés.  C'est  le  composé  C*  H'  Br'. 

»  Le  liquide  ainsi  obtenu  a  généralement  une  teinte  rose,  due  à  la  pré- 
sence d'une  trace  d'iorle.  On  peut  cependant  l'obtenir  incolore.  Il  possède 
une  saveur  douce  et  une  odeur  agréable  qui  rappelle  celle  du  chloroforme. 
11  est  insoluble  dans  l'eau  et  se  dissout  facilement  dans  l'alcool,  l'éther  et 
l'acide  acétique.  Il  bout  à  186  degrés.  Sa  densité  à  zéro  est  de  2,663.  Il 
renferme 

Théorie. 

Carbone 24       8,99 

Hydrogène 3        1 , 1 1 

Brome 240     89,90 

267    100,00 

»  56  grammes  de  ce  composé  ont  été  mélangés  avec  io5  grammes 
d'acétate  d'argent,  et  une  quantité  suffisante  d'acide  acétique  cristalli- 
sable.  Ce  mélange  a  été  chauffé  pendant  six  jours  à  120  degrés.  Au  bout  de 
ce  temps,  l'argent  était  transformé  en  bromure.  Mais  il  m'a  été  impossible 
d'extraire  du  produit  de  la  réaction  une  goutte  d'un  liquide  volatil  au- 
dessus  de  200  degrés. 

u  Cet  essai  de  former  artificiellement  une  acétine  de  la  glycérine  acéty- 

C*  H'  ) 
lique       T13  j  O"  a  donc  manque. 

..  J'en  conclus  que  le  composé  brome  C*H'Br'  sur  lequel  j'ai  opéré,  n'est 
pas  le  véritable  homologue  du  tribromure  d'allyle.  Je  le  regarde  comme 
identique  au  bromure  d'éthylène  brome,  récemment  obtenu  et  décrit  par 
M.  Wurtz.  Les  deux  composés  ont  en  effet  la  même  densité,  le  même 
point d'ébullition  et  la  même  odeur.  Ainsi,  lorsque  l'on  traite  parle  brome 
l'iodure  d'aldéhydène  ou  d'acétylène  C*  H»  I,  et  l'iodure  d'allyle  C  H=  1,  on 


C«H'I. 

C«H'I. 

22, 07 

2  1  ,  20 

21,43 

4,58 

4,12 

2,97 

(  469  ) 

obtient  des  tribromures  qui  ne  sont  pas  homologues  entre  eux.  Ne  peut- on 
pas  en  conclure  que  les  iodures  d'acétliylène  et  d'allyle  eux-niètnes  ne  sont 
pas  des  composés  homologues? 

»  J'ai  cherché  à  préparer  le  vrai  homologue  de  l'iodure  d'acétylène,  qui 
présenterait  avec  l'iodure  d'allyle  une  curieuse  relation  d'isomérie,  en  trai- 
tant par  la  potasse  alcoolique  l'iodiu-e  de  propylène  CH^P.  En  distillant 
ce  mélange  au  bain -marie,  un  liquide  dense  iodé  passe  avec  les  vapeurs 
d'alcool,  et  il  se  forme  un  corps  résineux  qui  reste  dans  la  cornue.  Le  liquide 
iodé  a  été  séparé  par  l'eau,  séché  sur  du  chlorure  de  calcium  et  distillé,  il 
a  passé  entre  90  et  io3  degrés.  Soumis  à  l'analyse,  il  a  donné  des  résultats 
qui  se  rapprochent  beaucoup  de  la  formule 

CH'I, 

qui  représente  l'éther  propyliodhydrique. 
)•   Voici  les  nombres  obtenus  : 

Carbone 

Hydrogène 4  j^^ 

»  Ces  recherches  ont  été  exécutées  a»i  laboratoire  de  M.  Wurtz.   » 

P.ATHOLOGIE.    —    Ramollissement  de   la   substance    blanche   dans    une   jjarlie 
de   la    moelle  épinière  des    aliènes  peltaqreux.    (Extrait    d'iuie   Note  de 

M.   E.    BiLLOD.) 

«  Ayant  eu  occasion  de  pratiquer  l'autopsie  de  quelques  aliénés  pella- 
greux  à  l'asile  de  Sainte-Gemmes  (asile  départemental  des  aliénés  de 
Maine-et-Loire),  j'ai  été  frappé  de  ce  fait,  que  la  substance  blanche  de 
la  moelle  épinière,  mais  de  la  moelle  épinière  seulement,  présentait  un 
ramollissement  ordinairement  général,  mais  paraissant  cependant  beau- 
coup plus  marqué  au  niveau  des  onzième  et  des  douzième  vertèbres 
dorsales  où  nous  l'avons  vu  quelquefois  porté  jusqu'à  la  liquéfaction.  La 
substance  grise  n'offrait  dans  ces  cas  aucune  trace  d'une  altération  sem- 
blable ni  d'aucune  autre.  Ce  fait  confirme,  je  dois  le  dire,  le  résultat  des 
cinq  autopsies  faites  par  M.  Brierre  de  Boismont,  en  1829,  *^^"*  '^  grand 
hôpital  de  Milan. 

»  Les  aliénés  de  Sainte-Gemmes,  qui  ont  offert  ce  ramollissement  de  la 
substance  blanche  de  la  moelle,  ont  succombé  aux  suites  de  la  cachexie 
pellagreuse.  Ils  présentaient,  il  est  vrai,  un  affaiblissement  général  de  tout 


(  47"  ) 
le  système  musculaire  en  rapport  avec  le  degré  de  cette  cachexie;  mais,  à 
aucune  période  de  la  maladie,  il  n'a  été  possible  de  constater  le  moindre 
symptôme  de  paralysie  soit  des  extrémités  pelviennes,  soit  du  rectum,  soit 
encore  de  la  vessie.  Le  seul  fait  qui  nous  parût  avoir  quelque  connexité 
avec  la  lésion  précitée  est  celui  de  douleurs  lombaires  accusées  par  quelques 
malades;  mais  ces  douleurs  manquent  chez  plusieurs,  et  lorsqu'elles  exis- 
tent, il  est  impossible  de  les  distinguer  des  douleurs  de  rhumatisme  muscu- 
laire, de  la  fugacité  desquelles  elles  participent  d'ordinaire. 

I)  Dans  les  jours  qui  précèdent  la  mort,  les  malades  laissent  bien  échap- 
per leurs  urines  et  leurs  excréments,  mais  ce  fait  n'a  rien  qui  leur  soit  parti- 
culier et  que  l'on  ne  puisse  observer,  d'ailleurs,  dans  des  cas  de  marasme  et 
d'émaciation  en  dehors  de  toute  cachexie  pellagreuse.  Je  m'empresse  d'ajou- 
ter que  dans  ces  derniers  cas  l'autopsie  ne  révèle  aucune  trace  de  l'altéra- 
tion de  la  moelle  que  nous  avons  observée  dans  la  cachexie  pellagreuse,  bien 
que  l'état  général  antérieur  semble  identique  dans  les  deux  cas.  Nous  avons 
eu  encore  l'occasion  de  nous  en  assurer  récemment  en  faisant,  le  même  jour 
(17  février),  l'autopsie  de  deux  aliénés  morts  tous  deux  dans  le  dernier 
degré  d'un  marasme  et  d'une  émaciation  dont  la  marche  était  précipitée  par 
une  diarrhée  colliquative.  Celui  dont  le  marasme  se  liait  à  la  cachexie  pella- 
greuse offrit  le  ramollissement  général  précité  de  toute  la  substance  blanche 
delà  moelle  et  l'autre  n'en  présenta  aucune  trace. 

»  J'ajoute  que  la  moelle  allongée  et  toute  la  substance  blanche  cérébrale 
ont  toujours  eu  leur  consistance  normale  dans  les  cas  où  celle  de  la  moelle 
épinière  a  été  trouvée  altérée.  Ainsi,  voilà  une  altération  des  plus  caracté- 
ristiques de  la  moelle  épinière  qui  n'entraîne  aucune  paralysie  soit  du  mou- 
vement, soit  du  sentiment  chez  les  malades  qui  la  présentent.  Sans  risquer 
pour  ma  part  aucune  interprétation  de  ce  fait,  il  m'a  paru  utile  de  le  livrer 
à  l'attention  des  physiologistes,  et  d'en  faire  partant  l'objet  d'une  communi- 
cation à  l'Académie  des  Sciences.  Le  détail  des  autopsies  de  nos  pellagreux 
devant  être  publié,  à  la  suite  des  observations  qui  les  concernent,  dans  le 
cahier  d'avril  des  archives  générales  de  médecine,  je  ne  pourrai  qu'y  ren- 
voyer. Pour  ma  communication  présente,  renonciation  du  fait  général  m'a 
paru  devoir  suffire.    » 

ZOOLOGIE.    —   Des  altérations  que  les  corjuilles  éprouvent  pendant  la   vie  des 
Mollusques  qui  les  habitent;  par  M.  Marcel  de  Serres. 

0  Les  coquilles  des  Mollusques  lamellibranches  ou  des  Gastéropodes  flu- 
viatiles  et  terrestres  sont  presque  les  seules  qui  éprouvent  de  grandes  altéra- 


(47'  ) 
tions  pendant  la  vie  des  animaux  qui  les  habitent.  Du  moins  les  genres  des 
eaux  douces  chez  lesquels  on  les  observe  sont  en  plus  grand  nombre  que 
les  espèces  des  eaux  salées.  A  la  vue  de  cette  différence,  on  se  demande  si 
elle  ne  tiendrait  pas  à  quelque  particularité  de  l'organisation,  comme  la 
pré.sence  du  drap  marin,  qui  n'existe  pas  chez  les  coquilles  fluviatiles.  Il  y 
est  remplacé  par  un  épiderme  peu  consistant  que  l'on  retrouve  chez  quel- 
ques espèces  marines,  comme  les  Nérites  et  plusieurs  genres  qui  vivent  au- 
près de  l'embouchure  des  fleuves. 

»  On  ne  peut  donc  pas  attribuer  à  cette  circonstance  la  cause  des  exco- 
riations qui  détruisent  en  partie  la  substance  des  coquilles  des  eaux  douces. 
D'après  la  nature,  la  profondeur  et  l'irrégularité  de  ces  érosions,  elles  pa- 
raissent dues  à  une  affection  morbide  particulière,  plus  commune  chez  les 
espèces  lacustres  et  fluviales  que  chez  les  marines. 

n  La  manière  dont  le  test  se  désagrège  en  est  en  quelque  sorte  la  preuve. 
L'altération  commence  par  l'épiderme,  et,  lorsqu'il  n'existe  plus,  la  partie 
calcaire  s'exfolie  et  se  creuse.  Elle  forme  pour  lors  des  cavités  profondes, 
remarquables  par  la  netteté  des  coupes  et  des  angles  qui  les  terminent.  Les 
portions  ainsi  excoriées  se  détachent  et  tombent  au  fond  des  eaux.  Aussi 
n'en  trouve-t-on  pas  la  moindre  trace  ni  snr  la  coquille  ni  dans  le  sein  des 
fleuves. 

»  Mais  à  quelle  maladie  peut-on  comparer  les  modifications  que  le  test 
éprouve.  Le  ne  peut  être  qu'aux  affections  du  tissu  osseux,  quelque  diffé- 
rence qu'il  y  ait  entre  le  squelette  des  Vertébrés  et  les  dépouilles  des  Mol- 
lusques, qui,  contrairement  aux  premiers,  vivent  au  dedans  de  leurs  parties 
solides. 

M  Pour  si  peu  que  l'on  étudie  les  caractères  des  maladies  des  os,  on  re- 
connaît bientôt  qu'il  n'y  a  rien  de  commun  entre  les  deux  genres  d'affec- 
tion et  qu'elles  ne  sont  pas  comparables.  La  carie  attaque  la  matière  cal- 
caire des  os  et  lui  fait  prendre  une  structure  particulière;  les  parties  désor- 
ganisées restent  néanmoins  dans  l'os  malade.  Il  s'opère  une  sorte  de  per- 
version dans  l'organisation  de  la  substance  osseuse,  tandis  que  chez  les 
Mollusques  il  y  a  plus,  il  y  a  déperdition  complète  de  la  partie  de  la  co_ 
quille  affectée  de  maladie.  Le  tissu,  cartilagineux  et  flexible,  se  conserve 
chez  les  os  cariés,  et,  ce  qui  n'est  pas  moins  remarquable,  presque  sans  au- 
cune modification.  Il  n'en  est  pas  ainsi  des  altérations  des  coquilles;  elles 
ne  laissent  rien  après  elles. 

B  Si  l'on  pouvait  surprendre  ces  excoriations  au  moment  où  elles  s'opè- 
rent, peut-être  trouverait-on  qu'avant  de  disparaître  la  substance  calcaire  est 

C.  R.,  i858,   i"  Semestre.  (T.  XI.VI,  N"  9.)  62 


(  472  ) 

éliminée  sous  une  forme  pulvérulente  et  par  une  modification  moléculaire. 
Mais  dans  l'état  où  se  présentent  les  coquilles  corrodées,  on  ne  peut  guère 
constater  qu'une  érosion  produite  sur  la  matière  calcaire  qui  en  composait 
le  test;  cette  substance  est  enlevée  de  la  coqiiille  comme  par  un  emporte- 
pièce,  c'est-à-dire  d'une  manière  nette,  à  bords  aigus  et  droits.  Ces  bords, 
coupés  à  pic,  ont  des  limitesî  en  profondeur  et  en  largeur  qui  paraissent  en 
quelque  sorte  indéfinies. 

»  Les  modifications  des  coquilles  des  Gastéropodes  terrestres  sont  bor- 
nées aux  premiers  tours  de  la  spire  ;  elles  paraissent  dépendre  de  l'accrois- 
sement des  Mollusques,  qui  ne  peuvent  plus  y  être  contenus.  Une  humeur 
particulière,  sécrétée  par  ces  animaux,  peut  aussi  y  contribuer.  Les  pre- 
miers tours,  privés  de  la  vie  générale,  puisqu'ils  sont  abandonnés,  s'exfo- 
lient circulairement  et  tombent  bientôt. 

»  Ces  faits  prouvent  que  ce  genre  d'érosion  ne  dépend  pas  des  mêmes 
causes  que  celles  particulières  aux  Gastéropodes  et  aux  Acéphales  fluviatiles 
et  marins.  Tout  ce  que  ces  phénomènes  ont  de  commun,  c'est  la  destruction 
partielle  des  demeures  des  Mollusques,  et  cela  pendant  qu'ils  les  habitent, 
mais  par  des  causes  bien  différentes. 

»  C'est  aussi,  sous  ce  seul  point  de  vue,  que  les  premières  érosions  ont 
quelques  rapports  avec  la  nécrose.  Cette  maladie  entraîne  avec  elle  la 
destruction  ou  la  déperdition  de  la  substance  osseuse  à  tissu  compacte, 
qu'elle  attaque,  et  où  tout  phénomène  vital  n'existe  plus  dès  que  ces  parties 
sont  frappées  de  mort.  Il  en  est  de  même  des  coquilles  malades  des  Mol- 
lusques terrestres  et  de  quelques  espèces  marines  chez  lesquelles  la  substance 
modifiée  se  détache  et  tombe  d'elle-même.  Les  parties  nécrosées  ne  se  sépa- 
rent pas  constamment  des  portions  saines,  parce  qu'elles  sont  retenues  par 
les  chairs,  tandis  qu'il  en  est  le  contraire  chez  les  coquilles,  puisqu'elles 
sont  extérieures.  Ces  circonstances  tiennent  à  ce  que  les  Vertébrés  vivent  en 
dehors  de  leur  squelette,  tandis  que  les  Invertébrés  vivent  au  dedans  de  ce 
même  squelette  ou  de  ce  qui  en  tient  lieu. 

»  Quant  à  la  nécrose,  elle  se  manifeste  le  plus  ordinairement  chez  les  os 
des  Vertébrés,  sur  des  surfaces  assez  étendues.  Le  travail  morbide  qui  pro- 
duit ce  genre  d'altération  n'est  pas,  comme  celui  de  la  carie,  un  travail  mo- 
léculaire; c'est  plutôt  une  modification  due  à  une  viciation  dans  la  nutrition 
elle-même.  L'os  nécrosé  n'est  plus  passible  d'une  affection  morbide;  il  est 
absorbé  ou  éliminé;  mais  il  est  en  général  suivi  d'un  travail  de  réparation, 
qui  ne  se  manifeste  pas  chez  les  coquilles.  Ces  circonstances  et  celles  qui 
précèdent  prouvent  que  les  deux  ordres  de  phénomènes  ne  sont  guère  com- 


i 


(  473) 
parables.  Si  nous  avons  tâché  de  faire  saisir  quelques-unes  de  leurs  analo- 
gies, c'est  afin  de  donner  une  i.dée  précise  de  faits  qui,  malgré  les  particula- 
rités  qu'ils  présentent,   ont  bien  peu  attiré,  du  moins  jusqu'à  présent, 
l'attention  des  zoologistes. 

»  En  résumé,  les  parties  solides  des  Mollusques  n'éprouvent  guère  des  al- 
térations que  lorsque  ces  animaux  sont  adultes  et  qu'ils  vivent  dans  des  eaux 
douces  ou  légèrement  saumâtres.  L'eau  salée  semble  empêcher  en  quelque 
sorte  le  développement  de  l'affection  morbide  cause  de  ces  altérations.   » 

M.  Denis  adresse  de  Bains  (Vosges)  la  Note  suivante  : 

o  Je  viens  d'observer  un  fait  que  je  crois  utile  de  faire  connaître  à 
l'Académie. 

»  Dans  un  moellon  de  grès  bigarré,  tendre,  apartenant  à  un  bloc  brisé 
de  la  partie  supérieure  d'une  carrière,  j'ai  trouvé  du  lignite  ayant  appar- 
tenu à  un  arbre  dicotylédon;  cette  branche  offre  des  marques  certaines 
d'écorce,  de  branches,  de  nœuds,  etc.  ;  le  bois  était  à  demi  pourri  avant 
de  se  pétrifier;  jusque-là  rien  que  de  très-commun  :  mais  ce  moellon  était 
traversé  de  part  en  part  par  un  filon  de  sulfate  de  baryte  d'une  épaisseur 
moyenne  de  4  millimètres,  lequel  coupait  transversalement  la  branche  en 
question  ,  et  cela  sans  solution  de  continuité  ;  de  plus  dans  l'épaisseur  d'une 
autre  branche  voisine,  il  s'est  formé  des  rognons  de  la  même  substance 
(sulfate  de  baryte  cristallisé).  Or  voici  les  inductions  que  j'en  ai  tirées  : 
1°  lorsque  les  grès  bigarrés  se  sont  formés,  les  arbres  dicotylédons  exis- 
taient; 2°  ces  grès  sont  formés  d'un  sable  fin  qui  s'est  solidifié  après  avoir 
été  déposé;  3"  il  y  avait  dans  ces  sables  du  sulfate  de  baryte  ;  4"  ce  sulfiate 
s'est  aggloméré  par  une  action  galvanique  ;  car  de  deux  choses  l'une  :  ou  le 
filon  existait  lors  de  l'emprisonnement  de  la  branche,  alors  il  devait  être 
pâteux,  sans  cela  il  eiit  été  impénétrable  à  cette  branche  :  mais  dans  ce  cas  il 
devait  y  avoir  solution  de  continuité  dans  le  corps  de  la  branche;  ou  bien 
il  n'existait  point  encore,  alors  il  faut  admettre  que  les  roches  sédimenteuses 
n'ont  cessé  de  se  transformer  depuis  que  les  éléments  dont  elles  sont  com- 
posées ont  été  fixés.  C'est  aujourd'hui  une  théorie  admise  que  cette  trans- 
formation continuelle  des  roches,  et  le  fait  observé  par  moi  aujourd'hui  me 
semble  en  être  une  preuve  irrécusable. 

u  Un  autre  fait  peut-être  rare  :  j'ai  trouvé  un  caillou  de  quartz,  faisant 
partie  d'yq  poudingue,  aussi  transparent  que  du  cristal  de  roche.  Jusque-là 
je  a'jen  ayais  observé  que  d'opaques  de  plusieurs  couleurs,  y  compris  le 
blanc,  ou  de  semi-transparents;  ce  caillou  est  entre  les  mains  de  M.  Bou- 

62  . 


(  474  )         ^ 

langier  de  Fontenoy-Ie-Château,  ancien  curé  d'Épinal,  auquel  je  l'ai  donné, 
après  l'avoir  fait  tailler  à  la  cristallerie  de  Baccarat.  » 

M.  Dedé,  qui  avait  précédemment  annoncé  être  parvenu  à  isoler  \e  prin- 
cipe aromatique  des  eaux-de-vie  de  la  Charente,  adresse  aujourd'hui  quatre 
spécimens  d'un  produit  cristallin  qu'il  considère  comme  le  principe  en 
question. 

Ces  échantillons  seront  soumis  à  l'examen  de  MM.  Payen  et  Peligot. 

M.  Wenceudes  adresse  de  Hermanstadt  (Transylvanie)  une  Note  écrite 
en  allemand  sur  les  bancs  de  sable  de  l'océan  Pacifique,  bancs  qui,  surtout 
dans  l'Archipel  indien,  pourraient  être  explorés  assez  aisément  et  peut-être, 
suivant  l'auteur,  le  seraient  utilement  au  point  de  vue  industriel,  puisqu'il 
n'y  aurait  point  d'invraisemblance  à  supposer  que  certains  gîtes  métalli- 
fères que  l'on  trouve  dans  des  terrains  de  transport  des  parties  voisines 
du  continent  se  prolongeassent  jusque  dans  ces  parages. 

MM.  Despaquis  et  Didlon  annoncent  avoir  découvert  en  la  commune 
de  Lerrain,  arrondissement  de  Mirecourt  (Vosges),  dans  un  terrain  dont  ils 
sont  propriétaires,  un  banc  de  pierres  propres  à  la  lithographie.  Cette  pierre, 
disent-ils,  a  la  finesse  des  meilleures  pierres  de  Munich,  et  si  elle  n'en  a 
pas  toute  la  dureté  aussitôt  après  son  extraction  de  la  carrière,  on  ne  peut 
douter  qu'elle  ne  l'acquière  après  quelques  mois  d'exposition  à  l'air. 

Une  pierre  extraite  de  la  carrière  de  Lerrain  est  jointe  à  cette  Lettre  et 
porte  un  certificat  de  provenance. 

La  pierre  et  la  Lettre  sont  renvoyées  à  l'examen  de  MM.  Delafosse  et 
Séguier. 

M.  JoBART  annonce  que  M.  de  Chaiigy,  en  étudiant  l'arc  lumineux  que 
produit  le  courant  électrique  entre  deux  charbons  rapprochés,  est  parvenu 
à  modifier  cette  lumière  de  manière  à  pouvoir  la  diviser  en  plusieurs  becs 
lumineux  indépendants  les  uns  des  autres  et  éloignables  à  volonté,  propres 
enfin  à  constituer  un  éclairage  pour  les  galeries  de  houille  où  l'on  peut 
craindre  le  feu  grisou. 

M.  Becquerel  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  afin  de 
demander,  s'il  le  juge  opportun,  de  plus  amples  renseignements  sur  la 
découverte  de  M.  de  Changy. 


(475  ) 

M.  Vattemare  transmet  un  tableau  autographié  publié  par  M.  Mamy, 
de  l'Observatoire  de  Washington,  tableau  donnant  les  courbes  des  observa- 
tions barométriques  faites  chaque  jour  à  bord  du  vaisseau  le  Golden  Rater ^ 
pendant  une  traversée  de  New-York  à  San-Francisco,  avec  l'indication 
simultanée  de  la  force  et  de  la  direction  des  vents. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Duperrey.) 

M.  Vergnaud  Romagnesi  avait  envoyé  en  décembre  i  856,  pour  le  con- 
cours de  Statistique  de  1857  (concours  pour  lequel  il  n'y  a  poit)t  eu  de 
prix  décerné),  un  ouvrage  manuscrit  portant  pour  titre  :  «  Histoire  et  sta- 
tistique du  Loiret  ».  Aujourd'hui  il  demande  l'autorisation  de  faire  prendre 
copie  de  certaines  parties  de  ce  travail  dont  il  a  besoin  pour  une  publica- 
tion qu'il  prépare.  Cette  autorisation  lui  est  accordée. 

M.  CocHACX  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  d'un  Mémoire  qu'il  a  présenté  en  i8.')'7,  sous 
le  titre  de  :  «  Défauts  des  soupapes  de  sûreté  et  des  manomètres  ordinaires 
à  air  libre  ;  moyen  d'y  remédier  ». 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  :  MM.  Regnault,  Morin,  Séguier.) 

M.  SiGART  annonce  l'envoi  d'un  Mémoire  qu'il  a  adressé  d'Ixelles-lez- 
Bruxelles  pour  le  concours  du  prix  Bréant. 

Ce  Mémoire  n'est  pas  encore  parvenu  à  l'Académie. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  É.  D.  B. 


bulletin  bibliographique. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  22  février  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

The  transactions...  Transactions  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres; 
vol.  XXII,  part.  2.  Londres,  1857;  in-4°. 

Journal...  Procès-verbaux  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres.  Botanique; 
vol.  I,  n"'  4-6  ;  in-8°.  Zoologie;  vol.  I  ;  n"'  4-6;  in-8". 

Address...    Discours  du  Président  de   la   Société    Linnéenne  de  Londres, 


(  47G  ) 
M.Thomas  Bell,  à  la  séance  annuelle  du  25  mai  1857,  avec  Notice  nécro- 
logique des  Membres  décédés.  Londres,  iSS^;  br.  in-H". 

List...  Liste  des  Membres  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres  pour  i an- 
née 1857  »  i"-8°- 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i"  mars  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Leçons  sur  la  physiologie  et  l  anatomie  comparée  de  l'homme  et  des  animaux 
faites  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris;  par  M.  H.  Milne  Edwards;  t.  TU, 
i'*  partie  :  De  la  circulation  du  sang.  Paris,  i858;  in-8°. 

Historia...  Histoire  ph)rsique  et  politique  du  Chili,  publiée  sous  les  auspices 
du  Gouvernement;  par  M.  Claude  Gay.  Complément  de  l'ouvrage;  texte  et 
planches. 

Notice  sur  André  DuMONT;  par  M.  J.-J.  d'Omalius  d'Halloy;  j  feuille 
iu-8". 

Note  sur  les  tremblements  de  terre  en  1 855  ;  avec  suppléments  pour  les  années 
antérieures  ;  par  M.  A.  Perrey;  1  br.  in-S".  (Extraits  des  Bulletins  de  l'Aca- 
démie rojale  de  Belgique  ;  tomes  XXIII  et  XXIV.) 

Contributions...  Histoire  naturelle  des  Etats-Unis  d' Amérique;  par  M.  L. 
AgaSSIZ.  Première  Monographie,  divisée  en  trois  parties  :  L  Essai  sur  la  classi- 
fication; IL  Testudinées  de  V  Amérique  du  Nord;  IIL  Embjyologie  de  la  tortue 
avec  34  planches;  vol.  I  et  II.  Boston,  1857  ;  in-4°. 

Etudes  sur  la  géographie  botanique  de  l'Europe.,  et  en  particulier  sur  la  végé- 
tation du  plateau  central  dp  la  France;  par  M.  Henri  Lecoq;  tome  VIII. 
Paris,  i85H;  in-8». 


PUPUCATIONS     PÉRIODIQUES     REÇUES      PAS     l'aCADÉMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    FÉVRIER    ISSii. 

Annales  de  l' Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d  Agriculture  ; 
t.  XI,  n"»  2  et  3;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  Foi;  janvier  i858;  in -8°. 

Annales  de  la  Société  d'Hydrologie  médicale  de  Paris;  Comptes  rendus  de.s 
séances,  t.  IV  ;  6^  et  7*  livraisons;  in-S" 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  janvier  1 858  ;  in-8'*. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France ,  tome  V  ;  2*  partie.  Bulletin 
des  séances  ;  feuilles  6- 11  ;  in-8''. 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  4*  année;  n*"  7  et  8  ;  in-8°. 


(477  ) 

Bulletin  de  [Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXIII,  ii"  9;  iii-8'*. 

Bulletin  de  l' Académie  royale  des  Sciences,  dés  Lettrés  et  des  Beaux-Àrls  de 
Belgique;  27*  année;  2*  série,  t.  IV,  n°  i  ;  ih-8**. 

Bulletin  de  la  Société  de  l' Industrie  minérale;  t.  III;    i"  livraison,  in-S", 
avec  atlas  in-fol. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  février  i858;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  Prarice ;  février  i858;  ih-8°. 

Bulletin  dé  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  ii"  142  ;  in-8^. 

Bulletin  de  la  Société  médicale  des  Hôpitaux  de  Paris;  n*  8;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  Philomatique  de  Bordeaux;  4*  trimestre,  1 85^  ;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  ;  1  "  se- 
mestre i858;  n"'  5-8;  in-4°. 

Cosmos.    Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  Xll,  ô^-g*  livraisons;  in-S". 

Journal  d'Agriculture  de  la  Côte-d'Or,  publié  par  la  Société  d'Agriculture 
et  d'Industrie  agricole  du  départerfiéni ;  3*  série,  t.  lïl,  janvier  i858;  in-8". 

Journal  d' Agriculture  pratique  ;  nouvelle  période,  t.  I,  n"'3  et  4;  in-8". 

Journal  de  /'^me;  janvier  i858:  iii~8°. 

Journal  de  la  Physiologie  de  l'homme  et  des  animaux;  1™  livraison;  in-H". 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  janvier  i858; 
in-S"  ;  accompagné  de  la  liste  des  membres  de  là  Société. 

Journal  de  Mathématiques  pures   et    appliquées;   publié  par   M.    Joseph 
LiOuviLLE;  2*  série;  décembre  1857;  ïn-4°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  (éwier  i858;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n°'  1 3- 1 5  ;  in-S". 

Journal  des  Vétérinaires  du  M/dj;  janvier  i858;  in-8". 

H  iv  'hBwaLÏi;  ixTptx,ti  ULihi<77a.:,  ...  L'abeille  médicale  d'Athènes;  décembre 
1857  et  janvier  i858;  in-B". 

Rritische...  .Tournai  critique  de  Chimie,  de  Physique  et  de  Mathématiques; 
année  i858;  1"  livraison;  in-8°. 

La  Correspondance  littéraire;  février  i858;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  n"  9;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XII, 
n°'  3  et  4  ;  in-S". 

L  Art  dentaire  ;  vol.  II;  n"  x  ;  in-8*. 

L'Art  médical;  Journal  de  Médecine  générale  et  de  Médecine  pratique;  fé- 
vrier t858;  in-8°. 

La  Tribune  scientifique  et  littéraire.  Revue  des  cours  publics  de  la  France  et 
de  l'étranger;  n°'  2-5;  in-8°. 


(  478  ) 
Nouvelles  Annales  de  Mathématiques^  journal  des  Candidats  aux  Écoles  Po- 
lytechnique et  Normale;  février  i  858  ;  in-8°. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;   28*  livraison; 

Le  Progrès;  Journal  des  Sciences  et  de  la  profession  médicale,  n"'  6-9;  in-8°. 

Le  Technologiste ;  février  i858;  10-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  février  i858;  m-^°. 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  rojnle  des 
Sciences  de  £er/m;  janvier-août  et  novembre  1867;  in-8''. 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Gbttingue;  n°  i  ;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres,-  vol.  XVII,  n°  8; 
in-8". 

Proceedings.  .  .  Procès-verbaux  de  la  Société  Zoologique  de  Londres  ; 
n"  342-344;  in-8''. 

Proceedings.  .  .  Procès-verbaux  de  la  Société  rojale  d Edimbourg  ;  décembre 
i856-avril  1867. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  février  i858;  in-8''. 

Revista...   Revue  des  travaux  publics  ;  6"  année;  n°'  3  et  4  ;  in-4°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-  chirurgicale  ;  n"'  3  et  4;  iu-8°. 

Royal  astronomical...  Société  royale  Astronomique  de  Londres  ;  vol.  XVIII, 
00  3;  in-8°. 

The  Quarterly...  Journal  trimestriel  de  la  Société  chimique  de  Londres;  vol. 
X;  n"  4;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n*"  i3-24- 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n°'  6-9. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n"'  6-9. 

Gazette  médicale  d'Orient;  février  i858. 

La  Coloration  industrielle  ;  n"'  i-3. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n°'  6-9. 

L  Ami  des  Sciences  ;  n°' 6-(). 

La  Science  pour  tous;  n*"  6-12. 

Le  Gaz;  n°'  i-3. 

Le  Musée  des  Sciences;  n°*  4o-43.  1 

Z'ingf^nzeur;  février  1 858. 

Réforme  agricole,  scientifique  et  industrielle;  janvier  i858. 


COMPTE  1\KNDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉmE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  8  MARS  1858. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUMCATIONS  '  " 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Indications  soumises  aux  photographes ,  relativement 
à  [éclipse  du  i5  mars;  par  M.   Faye. 

M  Lorqii'une  éclipse  n'est  ni  totale  ni  annulaire  en  un  lieu  donné,  les 
seuls  contacts  extérieurs  peuvent  être  observés;  ces  observations  ne  four- 
nissent donc  que  deux  équations  de  condition  basées  sur  ce  que  la  distance 
angulaire  des  centres  des  deux  astres  est  égale,  aux  instants  notés,  à  la 
somme  de  rayons  de  leurs  disques  apparents.  En  outre  ces  instants  ne  sont 
pas  susceptibles  d'une  détermination  précise,  car  on  n'aperçoit  le  disque  de 
la  lune  qu'au  moment  où  il  a  entamé  déjà  celui  du  soleil  d'une  quantité 
appréciable;  aussi  les  éclipses  partielles  n'ont-elles  pas  présenté  jusqu'à 
présent  un  bien  vif  intérêt.  A  la  vérité,  si  l'on  mesure  avec  un  micromètre 
la  corde  du  petit  arc  alors  visible  de  la  lune,  on  peut  en  déduire  la  distance 
actuelle  des  centres;  mais  si  l'on  voulait  utiliser  d'une  manière  analogue 
l'instant  de  la  plus  grande  phase,  il  faudrait,  pour  donner  au  calcul  quelque 
valeur,  y  introduire  l'effet  encore  inconnu  de  l'irradiation  (je  comprends  ici 
sous  ce  mot  l'amplification  qu'une  partie  quelconque  du  disque  «olaire 
subit,  pour  quelque  cause  que  ce  soit).  Or,  comme  il  est  établi  que  cet  effet 
varie  avec  la  lunette  et  avec  l'observateur,  on  conçoit  combien  la  distance 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  iO.)  63 


(  48o  ) 
des  centres  déduite  d'une  mesure  de  l'épaisseur  du  mince  croissant  solaire 
est  peu  digne  de  confiance  et  peu  propre  à  servir  de  base  à  une  équation  de 
condition  analogue  à  celles  des  contacts  intérieurs  dans  les  éclipses  totales 
ou  annulaires. 

»  La  photographie  nous  permet,  je  crois,  de  lever  celte  difficulté  et  de 
donner  à  l'observation  des  échpses  partielles  une  importance  que  ces  phé- 
nomènes si  fréquents  n'ont  point  encore  eue. 

»  Supposons  que  des  empreintes  photographiques  aient  été  prises  dans 
l'ordre  suivant  : 

»    1°.  Au  premier  contact  extérieur  ; 
»   2".  Vers  l'instant  de  la  plus  grande  phase; 
»  3°.  Au  deuxième  contact  extérieur. 

u  4°-  Supposons,  en  outre,  qu'à  midi  vrai  deux  empreintes  d'un  même 
bord  du  soleil  sur  une  plaque  immobile  aient  été  prises  à  deux  minutes 
d'intervalle. 

»  Sur  les  épreuves  on  mesurera,  avec  un  microscope  armé  de  fils  et 
glissant  sur  un  chariot  le  long  d'une  règle  divisée  en  millimètres,  le  rayon 
du  disque  du  soleil,  celui  du  disque  de  la  lune,  les  distances  des  cornes, 
l'épaisseur  de  la  plus  grande  phase,  etc.;  on  déduira  ensuite  de  ces 
mesures,  par  le  calcul,  les  distances  des  centres  aux  instants  observés;  enfin 
on  réduira  ces  mesures  en  secondes  d'arc  à  l'aide  de  la  quatrième  épreuve, 
qui  fournit  l'échelle  de  réduction.  Il  est  facile  de  voir  que  les  résultats  ainsi 
obtenus  seront  entièrement  indépendants  des  effets  multiples  de  l'irradia- 
tion, bien  que  les  éléments  du  calcul  en  soient  tous  affectés.  Examinons  en 
effet  la  distance  des  centres,  à  l'instant  de  la  plus  grande  phase.  Désignant 
par  R  et  r  les  rayons  du  soleil  et  de  la  lune  mesurés  précédemment,  par  e 
l'épaisseur  du  croissant  solaire  photographié,  par  D  la  distance  des  centres, 
nous  aurons 

R-^D  =  r+e. 

»  Si  maintenant  a  représente  l'effet  inconnu  de  l'irradiation,  les  valeurs 
réelles  seront  R  —  a,  r  +  a,  e —  2  a,  qui,  substituées  dans  l'équation  précé- 
dente, donneraient  à  D  la  même  valeur  que  R,  r  et  e,  car  l'inconnue  a  s'y  éli- 
mine d'elle-même. 

»  Quanta  la  précision  du  résultat,  elle  dépend  de  l'exactitude  avec  laquelle 
on  aura  obtenu  les  diamètres  apparents  et  factices  des  deux  astres,  ainsi  que 
l'épaisseur  e,  mais  il  est  bon  de  noter  ici  que  les  erreurs  constantes,  telles 
que  celle  de  l'échelle  de  réduction  des  mesures  linéaires  en  secondes,  seront 


(  48i  ) 
sans  influence  appréciable  dans  le  cas  où  e  serait  très-petit  (à  Ouessant,  à 
Brest,  par  exemple).  L'observation  de  la  plus  grande  phase  devient  donc 
susceptible  de  fournir  une  équation  de  condition  et  de  remplacer  les  contacts 
intérieurs  qui  manqueront  totalement  en  France.  Quant  aux  contacts  exté- 
rieurs, on  y  supplée  par  la  mesure  de  la  distance  des  cornes  qui  est  indépen- 
dante de  l'irradiation  (i);  mais  ici  encore  l'avantage  reste  à  la  photographie, 
car  la  ligne  des  cornes  change  continuellement  de  grandeur  et  de  direction, 
ce  qui  en  rend  la  mesure  directe  fort  difficile,  tandis  qu'on  opère  à  loisir 
sur  une  épreuve  instantanée. 

»  Ce  qui  précède  est  fondé  sur  ce  que  la  mesure  des  disques  des  deux 
astres,  sur  l'épreuve  de  la  plus  grande  phase,  donne  au  rayon  de  la  lune  une 
valeur  trop  petite  de  la  quantité  même  dont  l'irradiation  a  grandi  celui  du 
soleil.  Il  ne  peut  y  avoir  de  doute  à  ce  sujet  qu'en  ce  qui  regarde  les  extré- 
mités mêmes  des  cornes,  lorsqu'elles  sont  très-aiguës(2)  ;  mais  il  faut  remarquer 
que  dans  le  cas  des  empreintes  relatives  à  la  plus  grande  phase,  ces  cornes 
n'interviennent  pas  nécessairement  dans  la  mesure  du  rayon  de  la  lune  : 
rien  n'empêche  de  choisir  une  corde  autre  que  celle  des  cornes,  lesquelles 
pourraient  d'ailleurs  être  tronquées  par  les  aspérités  du  bord  de  la  lune. 

»  A  ces  indications,  j'ajouterai  les  remarques  suivantes  : 

»  Afin  d'annuler  autant  que  possible  l'effet  des  ondulations  atmosphé- 
riques, il  convient  de  prendre  successivement  plusieurs  empreintes  pour 
chacune  des  phases  énumérées  plus  haut. 

»  Pour  accroître  le  nombre  des  données  et  la  certitude  des  résultats,  il 
convient  de  régler  au  niveau  un  des  bords  de  la  plaque  sensible,  de  manière 
à  lui  donner  une  direction  bien  horizontale. 


(i)   La  formule  approchée  D  =  (R  -f-  r)  |  i  —  ^— -  j  ,  où  C  représente  la  petite  distance 

des  cornes,  prouve  que  le  C  mesuré  directement  n'est  pas  sensiblement  affecté  de  l'irradia- 
tion ;  quant  ft  R  +  '',  l'irradiation  s'y  élimine  d'elle-même  ;  on  peut  donc  emprunter  cet  élé- 
ment aux  Tables  et  en  faire  figurer  l'erreur  comme  une  indéterminée  dans  toutes  les  équations 
de  condition,  parce  qu'elle  est  la  même  pour  tous  les  observateurs;  mais  il  n'en  saurait  être 
ainsi  de  R  —  r  dans  l'équation  relative  à  la  plus  grande  phase ,  car,  là ,  la  mesure  de  l'épais- 
seur e  est  affectée  du  double  de  l'irradiation  tout  comme  R  —  r,  c'est-à-dire  d'une  erreur 
variable  de  o  à  5  secondes,  6  secondes  ou  même  7  secondes,  selon  l'instrument  et  l'observa- 
teur, et  il  est  impossible  de  séparer  ces  deux  effets  qui  s'annulent. 

(2)  Cependant ,  comme  l'irradiation  dépend  de  l'intensité  de  la  lumière  ,  et  que  l'intensité 
varie  du  bord  au  centre  sur  le  disque  du  soleil ,  l'égale  irradiation  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur 
du  croissant  pourrait  n'être  admissible  ,  en  toute  rigueur,  que  dans  les  éclipses  où  ce  croissant 
est  très-mince. 

63.. 


(    482    ) 

»  Pour  noter  le  temps,  il  convient  de  découvrir  la  plaque  à  un  battement 
déterminé  de  la  pendule  ou  du  chronomètre,  en  comptant  d'avance  les 
secondes  de  manière  à  en  bien  sentir  le  rhylhme,  et  en  figurant,  à  chacune 
d'elles,  le  mouvement  qui  doit  introduire  instantanément  la  lumière  du 
soleil  dans  la  chambre  obscure.  De  cette  manière  l'erreur  sur  l'heure  sera 
sensiblement  nulle,  en  tant  qu'elle  dépend  du  photographe  (i). 

»  Enfin  si  l'observateur  est  muni  d'une  lunette  méridienne  bien  réglée, 
il  pourra  déterminer  photographiquement  l'état  de  son  chronomètre  parle 
passage  du  soleil  au  méridien,  en  prenant,  à  des  secondes  déterminées 
d'avance,  plusieurs  empreintes  du  soleil  et  des  fils  du  réticule  pendant  que 
l'astre  traverse  le  champ  de  la  lunette. 

»  J'ai  pensé  que  ces  indications  seraient  accueillies  favorablement  par 
les  photographes  que  j'invite  depuis  bien  des  années  à  prendre  pied  sur 
le  domaine  de  l'astronomie,  où  une  belle  part  leur  est  réservée.  L'éclipsé 
prochaine  donnera  la  mesure  de  ce  qu'ils  peuvent  pour  cette  science.  Si 
même  il  se  rencontrait  cette  fois,  dans  l'exécution ,  quelque  difficulté  im- 
prévue, on  serait  averti  du  moins  et  l'on  se  préparerait  mieux  pour  d'autres 
occasions  plus  importantes  encore,  telles  que  la  belle  éclipse  totale  que  nous 
irons  observer  dans  deux  ans  en  Espagne,  à  Alger,  sur  les  bords  de  la  mer 
Rouge  et  sur  ceux  de  l'océan  Pacifique.  » 

ASTRONOMIE  POPULAIRE.  —  Notice  sur  l'éclipsé  de  soleil  du  lundi 

i5  mars  i858. 

«  M.  Babinet  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  Notice  illustrée  sur 
l'observation  de  l'éclipsé  prochaine  qui  sera  la  plus  forte  de  ce  siècle  pour 
Paris.  C'est  le  Magasin  pittoresque  qui  a  mis  cette  Notice,  par  extraordinaire, 
au  rang  de  ses  publications.  M.  Babinet  annonce  l'intention  de  se  servir 
de  cette  modeste  feuille  mensuelle,  qui  tire  à  près  de  cent  mille  exemplaires, 
pour  faire  arriver  sous  les  yeux  du  public  des  dessins  d'astronomie  phy- 
sique et  de  météorologie  qui  sont  demeurés  jusqu'ici  enfouis  dans  les 
archives  des  corps  savants  et  dans  des  recueils  peu  accessibles  aux  gens  du 


(i)  C'est  là  un  des  avantages  les  plus  marqués  de  la  méthode  photographique.  Tandis 
que  le  photographe  pourra  répondre  à  (juelques  centièmes  de  seconde  près  de  l'heure  à 
laquelle  répond  chaque  épreuve  (sur  son  chronomètre  ou  sa  pendule),  l'astronome  reste 
incertain  de  plusieurs  secondes  sur  l'heure  des  contacts  extérieurs  qu'il  a  observés  et  d'une 
durée  également  très-appréciable  sur  l'heure  des  cornes  qu'il  a  mesurées  microraétriquement. 


(  483  ) 

monde.  L'idée  n'est  pas  de  lui,  mais  il  pense  que  plusieurs  de  ses  saVafits 
confrères  pourraient  se  servir  du  même  procédé  pour  faire  connaître  les 
fruits  de  leurs  études  sur  les  sciences  d'observation.  Le  Spectacle  de  la 
Nature,  de  l'abbé  Pluche,  qui  dans  le  siècle  dernier  eut  un  si  grand  nombre 
d'éditions  et  qui  n'avait  pas  pour  lui  l'avantage  de  l'actualité,  l'art  moderne 
des  illustrations  et  le  goût  récent  du  public  pour  les  matières  scientifiques 
rendues  intelligibles  à  tous,  est  une  preuve  de  ce  qu'on  peut  attendre  de 
pareilles  publications.  L'auteur  s'y  montre,  à  la  vérité,  lui  peu  désintéressé 
pour  l'argent  et  pour  la  gloire,  mais  ces  popularisations  ont,  au  moins,  le 
mérite  incontestable  de  l'utilité  générale.  Par  son  attention  scrupuleuse  à  ne 
blesser  aucune  des  susceptibilités  morales,  religieuses  ou  politiques,  le 
Macjasin  pittoresque  est  déjà  mis  au  r.ing  des  ouvrages  d'éducation.  Tel  est 
le  but  principal  delà  communication  de  M.  Babinet.  " 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉCANIQUE  ANIMALE.   —  Recherches  sur  la  circulation  du   sang   {Etudes 
hjdrauliqnes)  ;  par  M..  Marev.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Rayer,  Delaunay.) 

«  J'ai  pensé  que  dans  une  question  aussi  complexe  que  celle  de  la  circu-' 
lation  sanguine  il  fallait,  procédant  du  simple  au  composé,  étudier  d'abord 
les  lois  hydrauliques  isolément,  et  à  ce  sujet  je  me  suis  cru  autorisé  à 
opérer  directement  sur  des  tubes  élastiques,  comme  Volkmann  vient  de  le 
faire  en  Allemagne,  suivant  une  voie  analogue  à  la  mienne. 

»  i".  Influence  des  tubes  élastiques  sur  la  quantité  de  C écoulement.  —  La  pre- 
mière conclusion  que  je  tire  de  mes  expériences,  est  que  l'élasticité  des  tubes 
augmente  la  quantité  de  [écoulement,  seulement  dans  les  cas  d'afjlux  intermittent 
du  liquide.  Le  dernier  mot  de  la  physiologie  était  au  contraire  que  la  force 
restituée  par  le  retrait  élastique  des  vaisseaux  n'étant  qu'ime/orce  d'empnmt, 
la  quantité  du  sang  qui  passe  des  artères  dans  les  veines  n'est  pas  modifiée 
par  l'élasticité  artérielle.  La  raison  qui  avait  fait  méconnaître  l'influence  fa- 
vorable de  l'élasticité  des  tubes  sur  la  quantité  de  l'écoulement,  est  qu'on 
avait  employé  des  pressions  constantes  dans  les  expériences  faites  à  ce  sujet, 
tandis  qu'une  importante  condition  de  la  circulation  du  sang  est  l'intermit- 
tence de  l'afflux. 

»  L'expérience  montre  encore  que  dans  les  tubes  élastiques  chacun  de» 


(  484  ) 
afflux  se  fait  plus  facilement  que  dans  un  tube  inerte  de  même  forme.  D'où 
il  suit,  en  transportant  ces  conclusions  au  système  vasculaire  sanguin,  que 
si  les  artères  perdent  leur  élasticité  comme  dans  l'ossification  sénile,  le  cœur 
trouvera  un  véritable  obstacle  à  sa  systole  ventriculaire,  et,  en  vertu  d'une 
loi  pathogénique  bien  connue,  devra  s'hypertrophier.  —  Le  relevé  des 
observations  contenues  dans  les  Bulletins  de  la  Société  Anatomique  montre 
que  dans  l'ossification  bien  prononcée  des  artères  il  y  a  toujours  hyper- 
trophie du  cœur. 

»  1°.  Influence  de  l'élasticité  des  tubes  sur  la  forme  de  iécoulement.  —  Le 
rôle  de  l'élasticité  agissant  comme  régulateur  de  l'écoulement  a  été  bien 
compris  dans  son  résultat  final  par  les  physiologistes  qui  l'ont  comparé  à 
celui  du  réservoir  d'air  d'une  pompe  à  incendie  ;  mais  si  l'on  veut  saisir  la 
nature  des  phénomènes  qui  dépendent  en  chaque  point  du  tube  de  la  ten- 
sion intérieure,  la  question  devient  plus  complexe.  —  Dans  un  premier 
ordre  d'expériences,  je  cherche  les  conditions  les  plus  favorables  à  la  régu- 
larité de  l'écoulement;  cette  régularité  est  plus  ou  moins  grande  suivant  le 
degré  d'élasticité  du  tube,  sa  surface  pariétale,  et  l'obstacle  à  l'écoulement. 
—  J'examine  ensuite  les  modifications  que  la  forme  lubuleuse  amène  dans 
la  tension  en  chaque  point  de  conduit.  (Les  lois  de  la  décroissance  des 
tensions  dans  les  tubes  à  écoulement  continu  ont  été  données  par 
BernouUi.) 

»  Pour  étudier  les  modifications  que  subit  la  tension  en  chaque  point 
d'un  tube  élastique  sous  l'influence  d'afflux  intermittents,  j'ai  employé  des 
appareils  spéciaux  :  i"  un  manomètre  nouveau  que  j'appelle  compensateur 
et  que  j'ai  construit  de  manière  à  ce  qu'il  donnât  de  lui-même  les  tensions 
moyennes;  1°  un  sphj-gmographe  à  levier  analogue  à  celui  de  M.  Vierordt. 
(J'adapte  à  la  fois  trois  de  mes  manomètres  et  trois  sphygmographes  sur  un 
tube  élastique  pour  obtenir  en  différents  points  les  tensions  moyennes  et  la 
forme  graphique  des  pulsations.) 

»  Indications  manométriques.  —  Dans  le  cas  d'écoulement  régulier,  les 
niveaux  varient  suivant  les  lois  de  Bernoulli;  celles-ci  sont  donc  applicables 
aux  tubes  élastiques.  —  Pour  les  cas  d'afflux  intermittents,  les  moyennes 
décroissent  aussi  vers  l'orifice  d'écoulement  et  suivant  les  mêmes  lois.  (Ces 
résultats  concordent  avec  ceux  qu'a  obtenus  Volkmann  dans  des  expériences 
faites  sur  des  animaux.) 

»  Indications  splijgmograpliiqnes  —  Nous  trouvons  ici  deux  éléments 
importants  :  1°  la  hauteur  de  la  pulsation  qui  est  proportionnelle  à  la 
tension  et  qui  pour  les  différents  points  du  tube  décroît  comme  les  niveaux 


(  485  ) 
manométriques;  2"  la  forme  graphique  de  la  pulsation  qui  varie  aussi 
pour  les  différents  points  du  tube.  Près  de  l'orifice  d'entrée,  le  tracé  du 
sphygmographe  indique  une  augmentation  brusque  dans  la  tension,  tandis 
que  loin  de  cet  orifice  il  indique  un  accroissement  de  tension  lent  au  début, 
mais  accéléré. 

»  Des  expériences  sphygmographiques  et  de  quelques  autres  encore,  on 
est  amené  à  déduire  une  théorie  de  la  transmission  de  l'impulsion  dans  les 
tubes  élastiques,  de  laquelle  il  ressort  entre  autres  déductions  que  le  retard 
du  pouls  n'est  qu'apparent  et  dû  seulement  à  l'imperfection  de  notre  toucher 
qui  ne  peut  percevoir  dès  son  début  un  mouvement  très-faible  d'abord,  mais 
accéléré. 

»  Tout  ce  qui  augmente  la  dilatabilité  du  tube  en  amont  du  point  observé, 
augmente  le  retard  apparent  et  diminue  l'intensité  de  la  pulsation  ;  ainsi 
agissent  la  grande  longueur  des  tubes,  ou  la  présence  sur  son  trajet  d'une 
ampoule  élastique.  —  Pour  le  pouls  artériel  la  même  chose  se  passe  :  la  grande 
distance  du  cœur  au  point  observé,  la  présence  sur  le  vaisseau  d'un 
anévrisme  dilatable,  diminuent  ou  suppriment  la  pulsation  et  la  retardent 
sensiblement.    » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Faits  relatifs   aux  divers  états  du  soufre  séparé  de  ses 
combinaisons  ;  par  M.  S.  Cloëz.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Balard,  Fremy.) 

o  On  admet  assez  généralement  que  certains  corps  peuvent  exister  dans 
leurs  diverses  combinaisons  sous  deux  états  opposés,  jouant  dans  les  unes  le 
rôle  d'élément  ou  de  corps  comburant,  électro-négatif,  ou  acide  s'il  s'agit 
de  corps  composés,  et  dans  les  autres,  au  contraire,  le  rôle  d'élément  com- 
bustible, électro-positif,  ou  alcalin.  On  peut  se  demander  si  les  états  élec- 
triques essentiellement  relatifs  des  corps  combinés  se  manifestent  par  des 
différences  sensibles  dans  les  propriétés  des  corps  isolés.  Pour  ce  qui  con- 
cerne le  soufre  en  particulier,  existe-t-il  une  relation  constante  entre  le  rôle 
que  l'on  fait  jouer  à  ce  corps  dans  ses  combinaisons  et  les  différents  états 
qu'il  présente  après  sa  séparation  ? 

»  La  question,  posée  nettement  dans  ces  derniers  temps  par  M.  Berthelot, 
a  été  résolue  par  lui  affirmativement. 

a  J'ai  eu  l'occasion  de  faire  récemment  quelques  observations  qui  ne  me 
permettent  pas  de  partager  son  opinion.  Mon  travail  comprend  plusieurs 


(  486  ) 
faits  nouveaux,  mais  il  s'appuie  en  outre  sur  des  faits  connus  dont  l'erac- 
titude  peut  être  facilement  constatée.  Voici  le  résumé  de  mes  expériences. 

»  §  I.  Soujre  extrait  des  chlorures  ou  du  bromure  de  soufre.  —  MM.Fordos 
et  Gelis  ont  observé  les  premiers  la  formation  du  soufre  amorphe,  inso- 
luble, par  la  décomposition  du  chlorure  de  soufre  en  présence  de  l'eau. 
Quand  on  emploie  ce  liquide  en  excès,  en  ayant  soin  de  le  renouveler  plu- 
sieurs fois  dans  l'espace  de  cinq  ou  six  jours,  le  soufre  séparé  est  presque 
entièrement  insoluble  dans  le  sulfure  de  carbone  ;  il  contient  seulement  de 
o,ia  à  0,20  de  soufre  soluble  cristallisable.  Mais  on  obtient  des  résidtats 
tout  différents,  quand  la  décomposition  du  chlorure  se  fait  très-lentement; 
dans  ce  cas,  le  soufre  isolé  peut  contenir  jusqu'à  0,96  de  soufre  définitive- 
ment soluble  et  cristallisable.  L'expérience  se  fait  en  exposant  à  l'air  le 
chlorure  contenu  dans  un  tube  bouché,  à  pointe  effilée  et  brisée,  ou  dans 
un  flacon  mal  bouché.  La  réaction  n'est  complète  qu'au  bout  d'un  temps 
très-long,  mais  nécessairement  variable,  suivant  l'état  hygrométrique  de 
l'air,  dont  l'humidité  seule  produit  la  décomposition  du  chlorure  exposé  à 
son  action.  Le  soufre  cristallise  à  mesure  qu'il  se  sépare;  on  l'obtient  fina- 
lement sous  forme  de  gros  cristaux  octaédriques  transparents,  quelquefois 
recouverts  d'une  légère  couche  de  soufre  amorphe,  opaque,  insoluble. 

»  Le  bromure  de  soufre  se  comporte  comme  le  chlorure.  Sa  décomposi- 
tion est  plus  lente,  mais  les  résultats  sont  les  mêmes. 

»  Ainsi  il  est  établi  que  les  chlorures  et  le  bromure  de  soufre  produisent 
du  soufre  insoluble  par  une  décomposition  rapide,  et  du  soufre  soluble  par 
une  décomposition  lente. 

»  §  IL  Soufre  des  hyposulfiles.  —  La  constitution  chimique  de  l'acide 
hyposulfureux  peut  être  envisagée  de  deux  manières  différentes  :  ou  bien 
le  soufre  s'y  trouve,  comme  dans  les  acides  sulfureux  et  sidfurique,  tout  en- 
tier à  l'état  de  corps  combustible;  ou  bien,  si  l'on  considère  cet  acide  comme 
un  composé  d'acide  sulfureux  et  de  soufre,  analogue  à  l'acide  sulfurique 
formé  d'acide  sulfureux  et  d'oxygène,  le  soufre  y  joue  un  double  rôle  :  il  y 
existe  en  partie  à  l'état  de  corps  électro-positif  et  en  partie  à  l'état  de  corps 
électro-négatif.  Quelle  que  soit  l'hypothèse  admise,  on  doit  arriver  à  la 
vérifier,  s'il  est  vrai  qu'il  existe  une  relation  constante  entre  le  rôle  électro- 
chimique du  soufre  combiné  et  les  différents  états  de  solubilité  du  soufre 
libre.  Les  expériences  nombreuses  faites  dans  le  but  de  résoudre  la  question 
n'ont  amené  jusqu'ici  aucun  résultat  décisif.  La  seule  conclusion  qu'on  en 
pent  tirer,  se  rapporte  à  la  proposition  énoncée  ci-dessus,  à  savoir  que  le 
soufre  insoluble  s'obtient  généralement  par  une  séparation  brusque,  tandis 


(  487  ) 
que  le   soufre  soluble  se  forme  principalement   dans  les  décompositions 
lentes. 

»  Le  produit  jaune,  résultant  de  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  en 
excès  sur  l'hyposulfite  de  soude  cristallisé,  est  soluble  dans  l'acide  chlor- 
hvdrique  étendu.  La  solution  filtrée  est  claire;  elle  présente  à  peine  une 
légère  teinte  opaline.  Presque  tous  les  sels  alcalins  troublent  cette  dissolu- 
tion et  en  précipitent  le  soufre  ;  les  sulfates  de  potasse  et  d'ammoniaque 
possèdent  surtout  cette  propriété  au  plus  haut  degré. 

«  La  même  matière  retient  de  l'eau  et  de  l'acide  sulfureux.  Après  huir 
jours  d'exposition  dans  le  vide,  au-dessus  de  l'acide  sulfurique,  elle  est 
encore  élastique  et  elle  donne,  par  l'action  de  la  chaleur,  de  l'eau  en  quan- 
tifié notable;  on  ne  peut  donc  pas  la  considérer  comme  du  soufre  pur. 

»  L'hyposulfite  de  soude  dissous  dans  l'eau  esldécomposable  par  l'action 
de  la  pile  ;  il  se  forme  du  soufre  adhérent  au  pôle  positif,  comme  dans 
l'électrolyse  de  l'acide  sulfhydrique.  La  décomposition  a  lieu  de  la  même 
manière,  après  l'addition  d'une  quantité  de  soude  suffisante  pour  rendre  la 
solution  fortement  alcaUne.  Cette  circonstance,  jointe  au  fait  de  l'adhérence 
du  soufre  sur  l'électrode  en  platine,  montre  que  le  courant  a  pour  effet  de 
décomposer  d'abord  le  sel  en  base  el  en  acide,  et  d'agir  secondairement 
sur  ce  dernier,  en  produisant  de  l'acide  sulfureux,  qui  se  rend  au  pôle 
négatif  à  l'état  de  sulfite,  tandis  que  le  soufre  s'attache  au  pôle  positif. 

"  §  m.  Soufre  de  l'acide  sulfhydrique  et  des  sulfures.  —  La  plupart  des 
corps  oxydants,  employés  convenablement,  décomposent  l'acide  sulfhy- 
drique et  les  sulfures,  en  séparant  du  soufre  à  l'état  soluble  ou  à  l'état  in- 
soluble, suivant  la  manière  dont  on  opère.  Les  mêmes  composés  sulfurés 
sont  aussi  décomposables  par  la  pile  :  le  soufre  séparé  est  complètement 
soluble  d'après  M.  Berthelot.  Les  polysulfures  décomposés  par  les  acide.s 
donnent  également  du  soufre  cristallisable  soluble. 

»  C'est  ici  le  lieu  de  faire  une  observation,  relativement  à  l'influence  que 
certains  agents  chimiques  exercent  sur  l'état  du  soufre;  on  a  remarqué 
que  l'acide  sulfhydrique,  les  sulfures  alcalins,  les  alcalis  fixes  caustiques 
ou  carbonates,  l'ammoniaque,  ont  la  propriété  de  modifier  le  soufre  amorphe 
insoluble,  et  de  l'amener  à  l  état  de  soufre  soluble  cristalfisable  :  c'est  une 
cause  perturbatrice  très-fréquente,  à  laquelle  il  faut  prendre  garde.  C'est 
évidemment  cette  cause  qui  rend  soluble,  le  soufre  extrait  de  l'hydrogène 
sulfiu'é  par  l'action  de  la  pile;  on  ne  peut,  dans  ce  cas,  établir  aucun  rap- 
port entre  l'état  du  soufre  après  sa  séparation,  et  le  rôle  qu'on  lui  assigne 

C.   K.,    i858,    !•"■  Srmcsir-.  (T.  XLVI,  IN»  10.)  64 


(  488  ) 
dans  la  combinaison.  La  même  observation  est  applicable  au  soufre  extrait 
des  polysulfures  par  l'action  des  acides. 

»  En  dehors  de  ces  conditions,  l'acide  sulfhydrique,  les  sulfures  et  les 
composés  dans  lesquels  on  fait  jouer  au  soufre  le  rôle  d'élément  électro- 
négatif ou  comburant,  peus'ent  donner  du  soufre  insoluble  électro-positit 
ou  combustible.  L'insolubilité  de  ce  soufre  ne  doit  pas  être  attribuée  aux 
corps  oxydants  qui  ont  servi  à  l'isoler.  Il  me  paraît  plus  rationnel  d'admettre 
que  l'état  mou,  insoluble,  est  l'état  normal  du  soufre,  au  moment  où  on  le 
dégage  d'une  combinaison;  il  représente,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  l'état  nais- 
sant :  seulement,  cet  état  est  peu  stable,  il  se  trouve  modifié  dans  un  grand 
nombre  de  circonstances  physiques  et  chimiques,  notamment  lorsque  la 
décomposition  se  fait  lentement,  ou  que  le  produit  séparé  se  trouve  au 
moment  de  sa  formation  en  contact  avec  des  réactifs  susceptibles  de  changer 
son  état. 

»  §  IV.  Soufre  extrait  de  i acide  sulfoxjarsénique.  —  L'acide  sulfoxyarsé- 
nique  obtenu  par  M.  Bouquet  et  moi  en  combinaison  avec  la  potasse,  doit 
être  considéré  comme  de  l'acide  arsénique,  dans  lequel  2  équivalents  d'oxy- 
gène sont  remplacés  par  une  quantité  proportionnelle  de  soufre.  C'est  un 
composé  analogue  par  sa  constitution  au  chlorosulfure  de  phosphore  de 
Sérullas,  ou  à  l'oxychlorure  découvert  par  M.  Wurtz. 

»  La  composition  du  sulfoxyarséniate  de  potasse  est  représentée  par  la 
formule 

ArO'S%  KO  2  HO. 

w  En  traitant  le  sel  pulvérisé  par  un  excès  d'acide  chlorhydrique  con- 
centré, il  se  décompose  immédiatement  en  donnant  du  soufre  mou,  non 
émulsionable,  facile  à  débarrasser  par  le  lavage  des  matières  solubles  étran- 
gères qui  l'accompagnent.  Le  soufre  isolé  est  presque  complètement  inso- 
luble dans  le  sulfure  de  carbone;  il  renferme  moins  de  0,06  de  soufre 
soluble  cristallisable,  la  réaction  se  fait  cependant  sans  élévation  de  tem- 
pérature et  elle  a  lieu  en  dehors  des  conditions  oxydantes  qui  donnent  du 
soufre  insoluble  avec  l'acide  sulfhydrique  et  les  sulfures. 

»  La  solution  aqueuse  du  sel  se  décompose  facilement  par  l'action  de  la 
pile;  le  soufre  déposé  au  pôle  positif  diffère  essentiellement  du  produit 
obtenu  au  même  pôle  par  l'électrolyse  de  l'acide  sulfhydrique;  il  est, 
en  effet,  mou,  élastique  et  tout  à  fait  insoluble  dans  le  sulfure  de  car- 
bone. 

«  L'insolubilité  du  soufre  séparé  du  sulfoxyarséniate  de  potasse  confirme 


(  489  ) 
heureusement  mon  opinion  sur  l'état  de  ce  corps  simple  au  moment  de 
sa  séparation  ;  elle  démontre  que   cet  état  est  indépendant  du  rôle  élec- 
trochimique que  l'on  fait  jouer  au  soufre  dans  ses  combinaisons.  » 

MÉMOIRES  PRÉSEIXTÉS. 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Suite  du  deuxième  Mémoire  sur  une  nouvelle  action 
de  la  lumière  ;  par  M.  IViepce  de  Saint- Victor. 

'(Réservé,  sur  la  demande  de  M.  Chevreul,  pour  le  futur  concours 

du  prix  Trémont.) 

et  L'intensité  d'activité  persistante  est  plus  ou  moins  forte  selon  la  na- 
ture de  la  substance,  la  durée  plus  ou  moins  longue  de  l'exposition,  les 
circonstances  atmosphériques  dans  lesquelles  l'exposition  a  lieu,  etc.  Elle  a 
.ses  limites,  c'est-à-dire  qu'il  est  pour  chaque  substance  à  un  maximum 
d'activité,  et  quand  elle  l'a  atteint,  l'insolation  prolongée  n'y  ajoute  plus 
rien. 

»  Un  corps  devenu  actif  par  insolation  conserve  pendant  plusieurs  jours, 
dans  l'obscurité  et  à  l'air  libre,  la  faculté  d'agir  sur  les  sels  d'or  et  d'argent  ; 
il  finira  par  perdre  cette  propriété,  mais  on  peut  la  lui  rendre  par  une 
insolation  nouvelle,  pourvu  toutefois  que  la  substance  n'ait  pas  été  altérée 
ou  modifiée  dans  sa  composition  chimique,  comme  le  sont,  par  exemple, 
les  iodures  et  les  bromures. 

1»  Le  papier  imprégné  d'azotate  d'urane  présente  une  propriété  remar- 
quable :  il  se  colore  sous  l'influence  de  la  lumière  et  devient  insoluble  ;  se 
décolore  ensuite  dans  l'obscurité  et  redevient  soluble  au  bout  de  quelques 
jours  pour  se  colorer  de  nouveau  à  la  lumière  ;  il  réduit  les  sels  d'or  et 
d'argent  tant  qu'il  est  coloré  et  insoluble. 

»  L'activité  persistante  communiquée  à  un  corps  par  la  lumière  ne 
s'exerce  pas  seulement  sur  les  sels  d'or  et  d'argent,  mais  sur  plusieurs  des 
substances  organiques  ou  inorganiques  que  la  lumière  affecte  ou  modifie 
par  son  action  directe. 

»  Ainsi  un  corps  rendu  actif  par  l'insolation  transmettra  cette  activité 
par  contact  et  dans  l'obscurité  à  un  autre  corps,  l'acide  tartrique  par 
exemple. 

»  Le  bichromate  de  potasse  devient,  sous  cette  même  influence,  insoluble 
dans  l'eau  comme  il  le  deviendrait  par  son  exposition  au  soleil;  mais  le 
vernis  héliographique  à  base  de  bitume  de  Judée  et  la  résine  de  gaiac  ré- 

64.. 


(  490  ) 
sijtent  à  l'activité  persistante  du  papier  imprégné  de  sel  d'urane  ou  d'acide 
tartrique  et  iosolé. 

»  Je  me  propose  de  recherclier  dans  des  expériences  ultérieures  si  l'ac- 
tivité persistante  déterminera  la  combinaison  du  chlore  et  de  1-hydrogéne; 
si  elle  s'acquerra  dans  le  vide  lumineux,  etc.  Une  gravure  mouillée  et 
insolée  se  reproduit  très-bien  sur  le  papier  sensible  ;  mais  si  elle  est  couverte 
de  quelques  millimètres  d'eau,  elle  ne  se  reproduit  plus,  même  dans  une 
solution  d'un  sel  d'urane  ou  d'acide  tartrique. 

"  La  gélatine  mêlée  à  un  sel  d'urane,  et  exposée  à  la  lumière,  devient 
insoluble  comme  si  elle  avait  été  mêlée  à  du  bichromate  de  potasse. 

»  J'ai  constaté  ce  fait  remarquable,  que  les  blancs  d'une  gravure  im- 
prégnée d'un  sel  d'urane  ou  d'acide  tartrique  et  insolée  s'impriment  très- 
bien  sur  le  papier  sensible  préparé  au  chlorure  d'argent,  sans  que  les  noirs 
laissent  la  moindre  trace  d'action. 

»  11  en  est  de  même  d'un  dessin  à  l'encre  aqueuse  et  d'une  feuille  de 
papier  noircie  au  noir  de  fumée. 

»  Il  sera  curieux  d'étudier  l'action  du  spectre  solaire  sur  un  carton  im- 
|>régné  d'acide  tartrique  qui  n'est  pas  fluorescent  ou  ne  devient  pas  lumi- 
neux sous  l'influence  des  rayons  ultra-violets  ou  invisibles  que  M.  Stokes 
le  premier  a  rendus  visibles  par  la  fluorescence;  quels  seront  les  rayons 
qui,  après  l'insolation,  imprimeront  plus  fortement  leur  image,  les  plus  re- 
marquables ou  les  moins  réfrangibles ?  l'expérience  répondra. 

»  Les  épreuves  photographiques  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'A- 
cadémie ont  été  faites  par  M.  Victor  Plumier,  photographe  très-habile;  il  a 
réussi  du  premier  coup  dans  l'application  de  mon  nouveau  procédé  d'im- 
pression des  positifs,  ce  qui  me  fait  espérer  que  ce  procédé  entrera  sans 
peine  dans  la  pratique  et  constituera  un  progrès  grandement  désiré. 

"  On  me  saura  peut-être  gré  d'indiquer  en  ternrinant  un  mode  de  repro- 
duction des  gravures  à  l'aide  des  vapeurs  de  phosphore,  lesquelles,  comme 
je  l'ai  dit  dans  un  Mémoire  publié  en  1847,  ont  la  propriété  de  se  porter  et 
de  se  condenser  sur  les  woirs  à  l'exclusiotr  des  blancs. 

»  On  expose  la  gravure  à  copier  aux  vapeurs  du  phosphore  brûlant  len- 
tement dans  l'air,  les  noirs  seuls  s'imprègnent  de  vapeurs  phospborées;  on 
l'applique  sur  une  feuille  de  papier  sensible  préparée  au  chlorure  d'argent; 
après  un  quart  d'heure  de  contact,  la  gravure  est  représentée  sur  le  papier 
par  un  dessin  formé  de  phosphure  d'argeirt,  lequel,  quand  il  est  suffisam- 
ment vigoureux,  résiste  à  l'action  des  agents  chimiques  étendus  d'eau   ou 

dilués.  ■>>.::.  l      ..:■    j  ,■.  ■        •         ■  .    .,    . 


(  491  ) 

»  La  meilleure  manière  d'oj^érer  consiste  à  placer  la  gravure  dans  une 
boîte  en  face  d'un  carton  dont  la  surface  a  été  suffisamment  frottée  avec 
un  bâton  de  phosphore  et  qui  tapisse  une  des  parois  de  la  boîte  ;  il  faudra 
frotter  de  nouveau  à  chaque  opération,  parce  que  si  le  phosphore  est  rouge, 
il  ne  produit  aucun  effet. 

»  Une  couche  d'eau  de  i  centimètre  et  plus  d'épaisseur  n'arrête  pas  le 
dépôt  ou  l'action  des  vapeurs  de  phosphore;  sur  le  papier  sensible,  l'action 
s'exerce  même  à  travers  le  papier  de  Chine,  c'est-à-dire  que  si  on  applique 
contre  une  feuille  de  papier  sensible  une  gravure  sur  papier  de  Chine  <  t 
qu'on  place  cet  ensemble  dans  la  boîte  en  face  de  la  paroi  phosphores- 
cente, on  obtiendra  une  image  négative  de  la  gravure,  comme  si  les  noirs 
avaient  fait  fonction  d'écran  et  que  les  blancs  eussent  livré  passage  aux 
vapeurs  de  phosphore  qui  impressionnent  le  papier  sensible.  Toutefois,  si 
l'exposition  était  trop  prolongée,  les  noirs  imprimeraient  à  leur  tour  leur 
image,  et  celle-ci  même  dominerait  sur  le  fond  entièrement  teinté. 

«  La  vapeur  de  soufre  produit  des  effets  analogues  et  donne  une  image 
ou  reproduction  de  la  gravure  dessinée  par  du  sulfure  d'argent,  mais  cette 
image  n'est  pas  très-stable.    » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Note  concernant  l'action  du  soufre  amorphe  sur  l'Oïdium 
Tuckeri  [Erjsiplie  de  la  vigne);  par  M.  Hkivri  Mares. 

^Commissaires,  MM.  l*"lourens.  Boussingault,  Payer,  Moquin-Tandon.) 

«  L'examen  physique  et  chimique  des  fleurs  de  soufre  a  fait  constater 
chez  elles  la  présence  de  quantités  variables  de  soufre  amorphe  insoluble 
dans  le  sulfure  de  carbone.  Ces  quantités  peuvent  atteindre,  selon  la  qualité 
des  fleurs  de  soufre,  de  i4  à  35  pour  loo  de  leur  poids;  les  plus  belles  en 
contiennent  le  plus.  L'état  moléculaire  particulier  du  soufre  amorphe  avait 
fait  élever  des  doutes  sur  l'efficacité  de  son  action  destructive  sur  l'oïdium. 
J'ai  cru  dès  lors  qu'il  était  nécessaire  de  s'assurer  de  cette  action  par  l'expé- 
rience directe  et  comparative.  M.  Chaiicel,  professeui-  de  chimie  à  la  Faculté 
des  Sciences,  voulut  bien  faire  préparer,  à  ma  demande,  |  kilogramme  de 
soufre  amorphe  insoluble  dans  le  sxdftire  de  carbone.  Ce  soufre  fut  ex- 
trait de  fleurs  de  belle  qualité,  en  épuisant  ces  dernières  au  moyen  de 
lavages  réitérés  par  le  sulfure  de  carbone  qui  enleva  tout  le  soufre  cristal- 
lisable. 

»  I^e  soufre  amorphe  ainsi  obtenu  se  présente  sous  la  forme  de  globules 


(  492  ) 
sphériques  d'un  jaune  pâle.  Leur  grosseur  est  à  peu  près  celle  des  globules 
des  fleurs  les  plus  légères  ,  et  elle  est  variable  comme  elle;  mais  tandis  que  la 
surface  de  ces  dernières  est  toute  hérissée  de  petites  aspérités,  celle  des  glo- 
bules de  soufre  insoluble  est  entièrement  lisse.  Ceux-ci  paraissent  être  les 
noyaux  des  globules  qui  constituent  les  fleurs;  ils  en  forment  le  centre, 
tandis  qu'à  leur  périphérie  le  soufre  soluble  se  trouve  déposé  en  petits  cris- 
taux qui  forment  les  aspérités  qu'on  observe  au  microscope  sur  toute  leur 
surface. 

»  Le  soufre  amorphe  est  en  poussière  impalpable,  très-légère,  sèche  au 
toucher,  mais  d'une  grande  mobilité,  et  qui  tient  à  la  forme  particulière  de 
ses  molécules. 

»  Le  lo  juillet  dernier,  je  l'essayai  sur  des  ceps  de  vigne  de  diverses  va- 
riétés {aramons,  carignans  et  brun-fourca),  comparativement  à  de  la  pous- 
sière de  soufre  provenant  de  candi,  soufre  d'une  grande  pureté  et  entière- 
ment soluble  dans  le  sulfure  de  carbone  (i).  Le  soufrage  fut  fait  à  midi,  par 
un  beau  soleil,  sur  des  raisins  récemment  oïdiés.  Le  lendemain  matin,  à  sept 
heures,  j'en  examinai  le  résultat  ;  l'action  de  l'un  et  de  l'autre  soufre  était 
complète  et  sensiblement  la  même  ;  les  spores  et  le  mycélium  de  l'oïdium 
étaient  déjà  flétris  au  contact  des  globules  de  l'un  et  de  l'autre  soufre. 

»  Il  ne  peut  donc  plus  rester  de  doutes  sur  l'action  destructive  qu'exerce 
le  soufre,  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  forme  sous  laquelle  il  se  présente, 
lorsqu'il  est  mis  en  contact  avec  l'oïdium  ou  érysiphe  de  la  vigne. 

»  Cette  propriété  paraît  être  inhérente  au  soufre  lui-même,  indépendam- 
ment de  son  état  moléculaire  ;  j'avais  déjà  fait  voir  [Comptes  rendus  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  du  8  septembre  1 855 )  que  les  corps  étrangers  qu'on  trouve 
accidentellement  dans  le  soufre  en  poudre,  par  exemple  l'acide  sulfurique 
des  fleurs  de  soufre,  ne  sont  point  la  cause  de  cette  action  destructive  et 
qu'il  faut  la  rapporter  au  soufre  lui-même.  Les  résultats  que  donne  l'emploi 
du  soufre  amorphe  contre  l'érysiphe  de  la  vigne  confirment  mes  premières 
observations. 

»  J'ai  renouvelé  plusieurs  fois  mes  expériences  avec  le  même  succès.  J'ai 


(i)  Le  soufre  désigné  par  les  raffineurs  sous  le  nom  de  candi  est  celui  qu'on  recueille 
dans  les  chambres  de  raffinage,  à  l'orifice  du  conduit  qui  amène  les  vapeurs  de  soufre  de  la 
chaudière.  C'est  du  soufre  qui  sort  de  cette  dernière  lorsque  le  feu  est  trop  vif;  on  le  trouve 
figé  en  gros  morceaux  qui  affectent  la  forme  de  la  glace  qu'on  observe  en  hiver  sous  le  jet 
des  fontaines.  Ce  soufre  s'est  figé  sous  l'influence  d'un  abaissement  de  température  très-mé- 
nagé  :  aussi  ne  *renferme-t-il  point  de  soufre  amorphe. 


(  493  ) 
ttième  soufré  avec  de  la  poudre  de  'soufre  amorphe  trente  souches  d'aïa- 
mon  formant  le  coin  d'une  vigne,  et  j'observai  que,  malgré  sa  légèreté,  j'en 
usais  un  poids  tout  aussi  considérable  que  si  je  me  fusse  servi  de  bonne 
fleur.  Je  m'aperçus  que  cela  tenait  à  la  quantité  de  matière  que  chaque 
insufflation  du  soufflet  lançait  au  dehors;  cette  quantité  était  toujours  plus 
considérable  que  si  l'instrument  eût  été  chargé  de  fleurs,  à  cause  de  la 
grande  mobiHté  et  du  peu  de  force  adhésive  de  la  poussière. 

»  Cette  particularité  prouve  que  la  forme  des  poussières  de  laquelle  dépend 
une  partie  de  la  force  adhésive,  n'est  point  indifférente  dans  les  poudres  des- 
tinées au  soufrage  des  vignes,  et  qu'il  est  avantageux  de  se  servir  de  celles 
qui  présentent  les  propriétés  d'adhérence  les  plus  marquées,  non-seulement 
à  cause  de  leur  persistance  à  rester  sur  les  fruits  et  les  feuillages  malgré  le 
vent  et  la  pluie,  mais  encore  à  cause  de  la  diminution  de  dépense  qui  en  est 
la  conséquence.  » 

PATHOLOGIK.  —  De  l'hémorragie  vésiculaire  physiologique,  de  l'hémorrugie 
vësicidaire  morbide  et  de  leurs  rapports  avec  les  hémalocèles  rétro-utérines  ; 
par  M.  A.  PuECH. 

(Commissaires  précédemment  nommés;  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet. ) 

L'auteur  en  terminant  son  Mémoire  le  résume  lui-même  dans  les  propo- 
sitions suivantes  : 

a  i".  Les  vésicides  de  Graaf  sont  le  siège  de  deux  hémorragies,  l'une 
physiologique,  l'autre  morbide. 

»  a".  L'hémorragie  vésiculaire  physiologique  accompagne  constamment 
l'expulsion  de  l'ovule. 

»  3°.  Le  sang  qui  en  résulte  reste  dans  la  vésicule  ouverte  ou  est  expulsé 
au  dehors  :  dans  ce  dernier  cas  il  peut  être  recueilli  par  la  trompe  ou  bien 
tomber  dans  le  petit  bassin. 

»  4°-  La  quantité  de  sang  est  toujours  très-minime  et  le  caillot  varie  du 
volume  d'une  cerise  à  celui  d'une  amande. 

M  5°.  L'hémorragie  vésiculaire  morbide  s'effectue,  soit  dans  des  vési- 
cules en  voie  de  maturité  et  siégeant  à  la  surface,  soit  dans  des  vésicules  plus 
petites  et  siégeant  près  du  centre. 

»  6".  Elle  détruit  l'ovule  et  détermine  une  stérilité  momentanée. 

»  7°.  Ces  hémorragies  affectent  quatre,  six,  quelquefois  dix  vésicules; 
elles  ne  sont  pas  précédées  de  déchirures,  ni  suivies  de  cicatrices  ni  de  corps 
jaunes. 


(  494  ) 

»  8°.  I^es  caillots  qui  en  résultent  peuvent  varier  d'âge,  c'est-à-dire  être 
survenus  à  des  intervalles  divers,  ils  se  résorbent  vite  et  sont  presque  toujours 
plus  petits  que  le  caillot  physiologique. 

"  9°.  Ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  hémorragies  ne  sont  l'origine  des  héma- 
tocèles  rétro-utérines.    » 

MÉDECINE.  —  Modifications  apportées  par  M.  Mayer  à  son  appareil  pour 
le  traitement  des  maladies  des  voies  respiratoires  au  moyen  d'inhalations 
médicamenteuses . 

L'auteur  a  fait  subir  à  l'appareil  qu'il  avait  présenté  clans  la  séance  du 
1 1  janvier  dernier  certaines  modifications  qui  ont  pour  objet,  les  unes  d'en 
régler  l'action,  les  autres  de  permettre  le  prompt  remplacement  des  parties 
les  phis  exposées  à  se  briser,  d'autres  enfin  d'en  rendre  l'emploi  moins  fati- 
gant pour  les  malades. 

L'appareil  et  la  Note  destinée  à  appeler  l'attention  sur  les  points  pai- 
lesquels  le  nouvel  inhalateur  se  distingue  du  précédent  sont  renvoyés 
a  •  lexamen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Andral, 
J.  C loquet. 

M.  F.  FoY  adresse  pour  le  concours  des  prix  Monthion  (Médecine  et 
Chirurgie)  un  volume  manuscrit  ayant  pour  titre  :  «  Des  liquides  et  des 
solides  dans  les  fièvres  continues  «. 

{  Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Cadet  adresse  de  Maintenou,  pour  le  concours  du  legs  Breant,  une 
Note  sur  le  traitement  du  choléra-morbus  au  moyen  de  hautes  doses  de  lau- 
danum de  Sydenham  administrées  coup  sur  coup. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  constituée  en 
Commission  spéciale  poiu'  le  jugement  de  ce  concours. 

M.  HEvaxELoup  présente  des  remarques  relatives  à  certauies  assertions 
contenues  dans  un  Mémoire  lu  par  M.  Leroy  d'EtioUes  dans  la  séance  du 
29.  février  dernier. 

Ces  remarques  ont  pour  objet  de  prouver  qu'un  instrument  imaginé  par 
un  coutelier  deliOndres,  nommé  ff^eiss,  quoique  ayant  des  rapports  de  forme 


(495) 

avec  celui  dont  M.  Heurteloup  a  fait  usage  pour  triturer  par  pression  ou 
par  percussion  les  pierres  vésicales,  n'a  pas  été  conçu  dans  l'intention 
d'opérer  l'écrasement  des  pierres,  mais  bien  de  les  diviser  par  la  scie,  puis 
de  tenter  la  séparation  des  parties  à  demi  divisées  par  l'introduction  d'un 
coin.  Comme  pièces  à  l'appui  de  cette  assertion,  M.  Heurteloup  envoie  un 
exemplaire  de  V Histoire  de  la  Lithotritie,  publiée  par  M.  I>eroy  d'ÉtioUes,  et 
une  description  que  le  fabricant  anglais  a  donnée  de  son  litlioprione,  dans 
un  catalogue  d'instruments  de  chirurgie  inventés  ou  perfectionnés  par  lui. 

La  partie  du  Mémoire  de  M.  Leroy  d'EtioUes  qui  est  l'objet  de  ces  re- 
marques n'ayant  point  été  mentionnée  dans  le  Compte  rendu,  nous  n'insis- 
terons pas  davantage  sur  la  réponse  de  M.  Heurteloup,  réponse  qui  est 
renvoyée,  ainsi  que  les  deux  documents  imprimés  qui  l'accompagnent,  à 
l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Velpeau,  Jobert 
de  Lamballe,  Civiale. 

M.  Delachadx  envoie  de  Chaux-de-Fonds  (Suisse)  une  Note  sur  un 
nouveau  moyen  de  régler  les  montres  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  réglage 
composé. 

(Commissaires,  MM.  Delaunay,  Séguier.) 

M.  Passot  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Note  sur  la  loi  de  la 
variation  de  la  force  centrale  dans  les  mouvements  planétaires  déduite  exac- 
tement du  principe  des  aires  ». 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Bertrand, 

Delaunay.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse  un  certain  nombre  de  billets  pour  la  séance  de  distribution  des 
prix  aux  lauréats  du  concours  de  bestiaux  gras  à  Poissy,  séance  qui  aura 
lieu  le  3i  mars,  jour  de  l'exposition  publique  des  animaux. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut 
le  tome  XX  de  la  seconde  série  du  Recueil  des  Mémoires  de  Médecine,  de 
Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires. 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  10.)  65 


(496) 

La  Société  Littékaire  et  Philosophique  de  Manchester  remercie  l'Aca- 
démie pour  l'envoi  du  tome  XLIV  des  Comptes  rendus. 

GÉOLOGIE.  —  «  M..  Ch.  Sainte  -  Claire  Deville  communique  l'extrAit 
suivant  d'une  Lettre  qui  lui  a  été  adressée  deNaples  par  M.  le  professeur 
Scacchi. 

«  Je  ne  sais  si  vous  avez  appris  par  une  autre  voie  que  la  lave  du  Vésuve 
»  qui, en  i855,s'est  enfouie  dans  le  i^osioc/e/Za  Fefrana,  restant  encore  incan- 
»  descente  en  quelques  points  pendant  l'automne  dernier,  a  donné  par  su- 
»  blimation  une  notable  quantité  [non  piccola  quantità)  de  cotunnite  (chlo- 
»  rure  de  plomb)  ;  je  vous  envoie  deux  échantillons  de  cette  substance,  qui 
»  s'est  montrée  si  rarement  depuis  l'éruption  de  iSaa.  » 

«  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  appelle  ensuite  l'attention  de  l'Académie 
sur  les  deux  faits  signalés  dans  les  lignes  qui  précèdent,  et  qui  tous  deux 
lui  semblent  présenter  de  l'intérêt. 

»  Le  premier,  c'est  que  la  lave  qui  s'est  accumulée  sur  une  grande  épais- 
seur dans  la  Vetrana,  y  conservait  encore,  deux  ans  et  demi  après  sa  sortie, 
luie  température  assez  élevée  pour  offrir  des  points  d'incandescence. 

1)  La  présence  de  la  cotunnite  sur  cette  lave  n'est  pas  moins  curieuse. 
En  effet,  cette  substance  n'y  ayant  été  remarquée,  en  i855,  ni  par 
M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  ni  par  les  nombreux  observateurs  qui  l'ont 
étudiée  alors,  ni,  en  particulier,  par  M.  Scacchi  lui-même,  tout  indique 
que  son  apparition  résulte  de  phénomènes  postérieurs. 

»  Or,  ajoute  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  la  cotunnite  n'a  été  signalée 
qu'au  Vésuve,  et,  à  ma  connaissance,  seulement  en  trois  occasions.  D'abord 
en  182a,  peu  de  temps  après  la  grande  éruption  et  durant  la  période  de 
faible  activité  qui  s'est  prolongée  de  182a  à  i8a8  :  MM.  Monticelli  etCovelli 
l'ont  alors  découverte  dans  le  cratère  supérieur  du  volcan  et  décrite  pour 
la  première  fois  comme  espèce  minérale.  Puis  en  1840,  peu  après  la  grande 
éruption  de  1889  et  au  début  de  la  période  d'activité  faible  et  continue  qui 
a  duré  jusqu'en  1848  ,  M.  Scacchi  retrouva  la  cotunnite  aussi  sur  le  cratère 
supérieur,  près  la  Punta  delMauro.  Enfin,  en  1867,  le  même  savant  signale 
cette  rare  substance  sur  la  lave  sortie  quelques  mois  auparavant,  et  pendant 
la  période  d'activité  modérée  qui  s'observe  actuellement  et  qui  a  suivi  la 
grandeéruptionde  i855. 

»  Ces  trois  époques  d'apparition  semblent  donc  avoir  quelque  chose  de 
commini.  Néanmoins  la  présence  de  la  cotunnite  sur  le  corps  de  la  lave 


(  497  ) 
impliquerait  celte  fois  quelque  chose  de  particulier,  et  amènerait  forcément 
à  conclure  que  la  matière  même  du  courant  a,  dès  l'origine,  entraîné  avec 
elle  et  recelé  une  certaine  proportion  d'un  composé  plombifère.  » 

ASTRONOMIE.  —  Obsewntions  de  la  planèle  (S);  par  M.  Goldschmidt. 

«  J'ai  l'honneur    de    vous    transmettre    quelques  observations    de    la 
5i"  planète  : 


b        m       8  h 


0 

i3. 

M- 

s" 

i3 

.3o. 

45 

i3, 

•44- 

25 

«  @    i6  février  11.37.00  M   10. 38. 67, 53             Déclin. 

a            17  12.    0.00  M   10.38.13,96 

a            17  I2.a8 

b            ig  1 1 .    6  00  Jl    10.36.46,75 

b            ig  ii.5i.3o  *    10  36.45,35 

i            19  10.45.00 

a  Étoile  de  comparaison,  Lalande.  n°  20748 

i  kl.  Catal.  des  cartes  de  Berlin  (1800)  io''33"°42' 

Déclinaison -+■   14" 2', 6 

»  La  Si"  planète,  découverte  par  M.  Laurent,  est  de  9*  grandeur  ac- 
tuellement. J'ai  pu  la  voir  le  5  mars.  L'état  du  ciel  du  6  et  du  7  ne  per- 
mettait que  des  positions  graphiques,  que  je  me  permets  de  vous  donner 
pour  faciliter  de  retrouver  la  planète. 

h        m  b        m       s  9        ,      „  ■ 

5 1*  planète.  5  mars     i2.5o         IR  1 1.44-37       D.  -t-  o.io.o 

6  io.3o         A   11.43.49  -t-  0.20.0 

7  9-35        .B  n.42.54  -)-  o.3i.5  * 

MM.  Claparj^be  et  Lachmann,  dont  les  recherches  sur  la  reproduction  des 
Infusoires  ont  obtenu  un  grand  prix  des  Sciences  physiques  pour  l'aimée 
1857,  en  remerciant  l'Académie,  signalent  une  inexactitude  qni  s'est  glis- 
sée dans  le  Compte  rendu  (tome  XLVI,  page  274)  relativement  à  l'épigraphe 
que  portait  leur  Mémoire  sur  lequel  on  a  cru  lire  le  célèbre  aphorisme  de 
Harvey,  omne  vivum  ex  ovo. 

«  Il  est  à  peine  besoin  de  remarquer,  disent  les  auteurs,  qu'une  telle  épi- 
graphe eût  été  en  désaccord  complet  non-seulement  avec  toutes  les  décou- 
vertes qui  se  sont  succédé  depuis  Adalbert  de  Chamisso  jusqu'à  nos  jour.s, 
mais  encore  avec  chaque  page  de  notre  Mémoire.  Aussi,  bien  que  nous  nous 

65.. 


(  49B  ) 

rangions  avec  empressement  sous  la  bannière  de  l'illustre  anatomiste  anglais 
pour  combattre  les  défenseurs  de  la  génération  spontanée,  nous  avons  dû 
modifier  sa  devise  selon  les  exigences  de  la  science,  et  nous  avons  écrit  sur 
notre  Mémoire  :  omne  vivum  ex  vivo.  » 

M.  MoREL,  dans  une  Lettre  adressée  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  ex- 
primant de  nouveau  sa  reconnaissance  envers  l'Académie  pour  le  prix  dont 
elle  a  honoré  ses  recherches  sur  les  dégénérescences  dans  l'espèce  humaine, 
annonce  l'intention  de  poursuivre  son  travail  d'après  lui  plan  qu'il  indique, 
et  fait  connaître  quelques  résultats  qu'il  a  déjà  obtenus.  Nous  nous  conten- 
terons de  citer  celui  que  l'auteur  expose  dans  les  termes  suivants  : 

«  Lorsque  par  suite  de  transmission  héréditaire  un  type  de  dégénéres- 
cence a  été  créé,  ce  type  se  retrouve  chez  tous  les  sujets  où  la  dégénérescence 
est  due  aux  mêmes  causes  et  se  distingue  nettement  de  ceux  qui  se  sont  pro- 
duits sous  l'influence  de  causes  différentes,  de  sorte  que  la  variété  qui  est 
l'expression  des  causes  dégénératrices  agissant  dans  les  grands  centres  in- 
dustriels, n'a  aucune  analogie  sous  le  rapport  physique  ou  le  rapport  moral 
avec  les  types  qui  se  créent  dans  les  contrées  marécageuses  et  dans  les  pays 
où  la  constitution  géologique  du  sol  agit  d'une  manière  défavorable  sur  le 
développement  physique  de  la  race.  » 

M.  GiGou  adresse  d'Angoulèrae  un  exemplaire  de  deux  Mémoires  qu'il  a 
publiés  sur  Y  albuminurie  normale,  et  exprime  le  regret  de  n'avoir  pu  obte- 
nir le  jugement  de  l'Académie  sur  la  première  partie  de  ce  travail  qu'il  lui 
avait  adressée  en  manuscrit  au  mois  de  septembre  dernier. 

Les  usages  de  l'Académie  relativement  aux  ouvrages  imprimés  ne  per- 
mettant pas  que  le  travail  de  M.  Gigou  devienne,  sous  sa  nouvelle  forme, 
l'objet  d'un  Rapport  spécial ,  il  sera  renvoyé,  à  titre  de  pièce  à  consulter, 
à  la  Ckjmmission  chargée  de  l'examen  d'un  Mémoire  sur  le  même  sujet 
ultérieurement  présenté. 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


(  499  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i*'  mars  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  i858;  in- 12. 

Traité  élémentaire  de  physique  théorique  et  expérimentale,  avec  les  applications 
à  la  météorologie  et  aux  arts  industriels,  à  l'usage  des  Facultés,  des  établissements 
d'enseignement  secondaire  et  des  écoles  spéciales  du  gouvernement  ;  par  M.  P.-A. 
DaguiN;  tome  I,  2*  partie.  Toulouse-Paris,  i855;  in-8°. 

Traité  pratique  d'anatomie  médico-chirurgicale;  par  M.  A.  Righet  ;  i"  et 
2*  parties.  Paris,  i855et  1857  ;  2  vol.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  Mon- 
tyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Mémoire  sur  une  épidémie  de  fièvres  typhoïdes  observées  à  Moulins-ln-Marche, 
pendant  les  années  1 855  et  i856; /3ar  M.  le  D' Ragaine.  Paris,  i858;  in-8°. 
(Adressé  pour  le  même  concours.) 

Notice  sur  Chabetout  et  ses  sources  minérales;  par  MM.  Ossian  Henry  père 
et  Ernest  Barruel;  suivie  de  considérations  médicales  sur  ces  eaux  minérales; 
par  M.  le  D'  Ossian  Henry  fils.  Paris,  i858;  br.  in-S". 

Etudes  sur  l'eau  minérale  des  roches  près  Clermont-Ferrand  {Puy-de-Dôme); 
par  MM.  Ossian  Henry  fils  et  Eugène-Benoît  Gonot.  Paris,  1857;  br.  in-8°. 

Nouvelle  méthode  analytique  pour  reconnaître  l'iode  et  le  brome.  Becherche 
de  ces  métalloïdes  dans  les  eaux  minérales.  Leur  présence  dans  l'eau  de  Vichy; 
par  MM.  Ossian  Henry  fils  et  Em.  Humbert.  Paris,  1857  ;  br.  in-8°. 

Almanaque...  Jlmanach  nautique  pour  1869,  ^olculé  par  ordre  de  Sa 
Majesté  à  l'Observatoire  de  marine  de  lavilte  de  Saint-Ferdinand.  Cadix,  1 857; 
in-S". 

A  Catalogue...  Catalogue  de  3735  étoiles  circumpolaires  observées  à  Bedhill 
en  i854»  i855  et  i856j  réduites  aux  positions  moyennes  pour  i855,  par 
M.  R.-C.  Carrington.  Londres,  1857;  petit  in-folio,  accompagné  de 
I  o  cartes  célestes. 

De  Rometen...  Les  comètes  des  années  i556,  1264  et  975,  parM.  Martin 
Hoer.  La  Haye,  1857  ;  in-4''. 


(  5oo  ) 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  8  mai-s  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Le  jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  DecaisnE;   i3*  livraison;  in-4*'- 

Notice  sur  l'éclipsé  de  soleil  du  i^mnrs  i858  ;f»«r  M.  BâBiNET.  Paris,  |858; 
br.  in-8°. 

Recueil  de  Mémoires  de  médecine,  de  chirurgie  et  de  pharmacie  militaires, 
rédigé  sous  la  surveillance  du  Conseil  de  Santé;  par  MM.  Boudin  et  RiBOULET, 
publié  par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre;  a'  série;  XX*  volume.  Paris, 
1857;  in-8". 

I)u  suicide.  Statistique,  médecine,  histoire  et  législation;  par  M.  E.  LiSLE. 
Paris,  i858  ;  1  vol.  in-S".  (Adressé  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et 
Chirurgie.) 

De  l' exfoliation  physiologique  et  pathologique  de  la  membrane  interne  de 
l'utérus,  avec  de  nouvelles  considérations  sur  les  avortemenls  au  début  de  Ui 
grossesse  ;  par  M.  A.  Raciborski.  Paris,  1867;  in-S". 

Philosophie  mathématique  et  médicale  de  la  vaccine;  par  M.  E.-A.  AncELON. 
Paris,  i858;  in-S*». 

Faculté  de  Médecine  de  Paris.  Thèse  pour  le  doctorat  en  médecine,  présentée 
et  soutenue  le  29  décembre  1857,  par  M.  Emile  Magitot.  Etude  sur  le  déve- 
loppement et  la  structure  des  dents  humaines.  Paris,  1 867  ;  in-Zi°. 

Mémoire  sur  ihémiédrie;  par  M.  Al.  Leymerie;  i  feuille  in-8°. 

Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier.  Rapport  lu  dans  la  séance 
de  l'Académie  du  25  janvier  i858  au  nom  de  la  Section  des  Lettres,  par 
M.  Victor  DE  BONALD,  sur  un  projet  d'association  de  l'Institut  et  des  académies 
de  province,  présenté  à  l'Académie  de  Lyon,  par  M.  BouiLLiEtt.  Montpellier, 
1 858  ;  br.  in-4°. 

Essai  sur  la  matière  organisée  des  sources  sulfureuses  des  Pyrénées;  par 
M.  J.-Léon  SouBEiRAN.  Paris,  i858;  br.  in-8".  (Présenté,  au  nom  de  l'au- 
teur, par  M.  Flourens.) 

Sur  la  nécessité,  dans  un  but  de  sécurité  publique,  d'interdire  la  fabrication 
des  allumettes  chimiques  avec  le  phosphore  ordinaire  ;  par  MM.  Chevallier 
père  et  Abel  Poirier;  br  in-S**.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  J. 
Cloquet.) 


(  5oi   ) 

Essais  scientifiques;  par  M.  Victor  Meunier;  tome  II.  Paris,   i8.58  ;  in-ii. 

Sélections...  Extraits  des  Archives  du  Gouvernement  du  Betujale,  n"  27. 
Documents  relatifs  à  la  colonisation,  au  commerce,  à  la  (jéoyraplne  phy- 
sique, etc.,  des  monts  Himalaya  et  du  Népaut ;  par  M.  Briam  Houghton 
HoDGSON.  Calcutta,  1857:  in-8°. 

On  the...  Sur  les  principes  immédiats  des  excréments  humains  dans  l'état  dr 
santé;  par  M.  W.  Marcet;  br.  in-^". 


»»»«^ 


COMPTE  RENDU 


DES  SÉANCES 


DE  L'ACADÉMIE  DES  SC1EI\€E$. 


SÉANCE  DU  LUNDI  15  MARS  1858.  ^  .^  j  ^, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ.  ' 


MÉMOmES  ET  COMMUNICATIONS       '    '    f*       , 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Président  de  l'Institct  invite  l'Académie  à  lui  faire  coimairip 
ceux  de  ses  Membres  qui  seraient  disposés  à  faire  une  lecture  dans  la  séance 
trimestrielle  du  mercredi  7  avril. 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  la  circulation  nerveuse  ;  par  M.  Flourens. 

«  §  I.  De  la  sensibilité  récurrente.  —  J'ai  rappelé,  dans  une  occasion 
récente  (i),  la  belle  expérience  de.  M.  Magendie  sur  la  sensibilité  récur- 
rente (2). 

»  Si  l'on  coupe  la  racine  antérieure  d'un  nerf,  cette  racine,  qui  donnait 
auparavant  des  signes  de  sensibilité  dans  toute  son  étendue,  n'en  donne 
plus  que  par  son  bout  périphérique  :  le  bout  médullaire  est  devenu  insen- 
sible. 

»  La  sensibilité  de  la  racine  antérieure  lui  vient  donc  de  la  racine  posté- 
rieure et  non  de  la  moelle. 


(i)  Séance  publique  du  8  février. 

(  2  )  Voyez,  pour  plus  de  détails,  le  volume  que  je  viens  de  publier  sous  ce  titre  :  Éloge 
historique  de  F.  Magendie ,  suivi  d'une  discussion  sur  les  titres  respectifs  de  MM.  Brll  et 
Magendie  à  la  découverte  des  fonctions  distinctes  des  racines  des  nerfs.  Paris,  i858. 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.XLVl,  N»  11.)  66 


(  5o4  ) 

»  Ce  n'est  pas  tout.  Si,  laissant  la  racine  antérieure  intacte,  on  coupe  la 
postérieure,  la  sensibilité  de  la  racine  antérieure  est  aussitôt  perdue. 

»  C'est  donc,  encore  une  fois,  de  la  rncme  postérieure  que  vient  la  sensi- 
bilité de  la  racine  antérieure. 

»  Mais  comment  en  vient-elle?  Évidemment  par  retour,  par  circuit.,ou  du 
moins  par  demi-circuit.  Et  ce  retour,  ce  demi-circuit,  ne  se  fait  pas  immédia- 
tement. 

»  M.  Magendie  a  coupé  le  nerf  total,  le  nerf  mixte,  le  nerf  résultant  de 
la  jonction  des  deux  racines,  après  le  point  de  jonction  ;  il  l'a  coupé  4  lignes, 
6  lignes  après  ce  point,  et  la  sensibilité  de  la  racine  antérieure  a  été  également 
perdue. 

H  Le  retour  ne  se  fait  donc  pas  immédiatement;  il  ne  se  fait  que  loin, 
très-loin,  et  parles  extrémités  mêmes  des  nerfs,  comme  le  retour  du  sang 
des  artères  aux  veines  ne  se  fait  qu'aux  extrémités  mêmes  des  veines  et  des 
artères. 

»  Cette  sensibilité  de  retour,  cette  sensibilité  récurrente  est  le  premier 
trait  de  ce  que  j'appelle  la  circulation  nerveuse. 

»  §  II.  De  faction  réflexe.  —  En  1822,  dès  mon  premier  Mémoire  lu  à 
l'Académie,  j'ai  fait  connaître  les  effets  singuliers  de  l'ablation  du  cerveau 
proprement  dit  [lobes  ou  hémisphères  cérébraux). 

»  L'animal  qui  a  perdu  ses  lobes  a  perdu  aussitôt  toute  perception, 
toute  faculté  intellectuelle,  toute  volition. 

«  Il  a  perdu  toute  volition,  toute  volonté,  et  il  n'en  conserve  pas  moins 
la  régularité  la  plus  parfaite  de  ses  mouvements  ;  il  marche,  il  vole,  quand 
on  l'y  pousse;  il  s'agite,  quand  on  l'irrite,  etc.  En  un  mot,  il  a  tous  ses 
mouvements  et  n'a  plus  sa  volonté  (i). 

»  Ce  sont  ces  mouvements,  opérés  par  l'animal,  qui  a  perdu  son  cerveau, 
ses  lobes,  et  par  suite  sa  volonté,  que  quelque»  physiologistes  ont  appelés 
mouvements  réflexes. 

»  A  ce  compte,  j'aurais  décuuvect  \&>.rpowjei^e»ts  réfiexgs  a\«ntces  phy- 
siologistes (2). 

»  Oti  est  allé  plus  loin.  Après  avoir  appelé  les  mouvemeuts  dont  il  s'agit 

(i)  Voyez  mon  livre  intitulé  :  Recherches  expérimentales  sur  les  propriétés  et  les  fonction» 
du  système  nerveua:.  Paris,  1824,  p.  2g  et  suiv. 

(2)  Les  mouvements,  ainsi  exécutés  par  l'animal  après  Tablation  des  lobes  cérébraux,  sont 
tout  simplement  des  mouvements  exécutés  sans  la  participation  de  la  volonté.  Mais  c'est  là  le 
cas  ordinaire  de  tout  mouvement.  La  volonté  n'en  est  jamais  que  cause  occasionnelle  et 
extérieure.  (Voyez  m«D  livre  intitulé  :  De  la  vie  et  île  l'intelligence,  p.  74.) 


(  5o5  ) 
mouvements  réflexes,  on  a  dit  que   le  siège  de  ces    mouvements  était   là 
moelle  épiniére  ;  et  ceci  encore  je  l'avais  sûrement  dit  avant  qui  que  ce  soit. 

»  Voici  comment  je  m'exprimais,  en  i8a2,  dès  mon  premier  Mémoire  : 

«  En  interceptant,  par  des  sections  transversales,  deux  ou  plusieurs  por- 
«  lions  de  moelle  épiniére,  on  établit  incontinent  deux  ou  plusieurs  centres 
»  d'irritation.  Pareillement,  en  détachant  un  nerf  de  la  moelle  épiniére,  on 
»  localise  incontinent  les  irritations  aux  seuls  nerfs  unis  avec  lui. 

»  C'est  donc  par  la  moelle  épiniére  que  s'effectue  la  dispersion,  ou,  .si 
«  l'on  veut,  la  généralisation  des  irritations  :  généralisation  qui  constitue 
»  précisément  ce  que  les  physiologistes  ont  appelé  sympathies  nerveuses. 

n  Communément  on  attribue  ces  sympathies  au  cerveau.  Leur  siège 
»  réel  est  la  moelle  épiniére  :  c'est  elle  qui  les  effectue,  le  cerveau  ne  fait 
11  que  les  ressentir. 

w  La  moelle  épiniére  est  donc  l'organe  ou  l'instrument  des  sympathies 
»  générales;  les  nerfs  ne  sont  que  des  instruments  de  sympathies  partielles. 
»  Le  sentiment  ou  la  conscience  de  ces  sympathies  appartient  exclusive- 
»   ment  aux  seules  parties  centrales,  sièges  de  perception  (i).  >• 

»  §  IIL  De  la  perméabilité  de  la  moelle  épiniére  à  tous  les  sens  de  l' irrita - 
»  tion.  —  Avant  moi,  on  croyait  que  les  irritations  de  la  moelle  épiniére 
i>  allaient  toujours  de  haut  en  bas  et  ne  remontaient  jamais.  C'était  l'opinion 
1)   d'Haller  (2),  de  Bichat  (3),  de  tous  les  physiologistes. 

»  Voici  l'expérience  que  je  fis  pour  prouver  le  contraire. 

»  Je  mis  à  nu,  sur  un  pigeon,  toute  l'étendue  de  moelle  épiniére  com- 
»  prise  entre  les  deux  renflements  [antérieur  et  postérieur). 

»  Lorsque  j'irritais  à  une  égale  distance  des  deux  renflements,  les  con- 
»  vulsions  se  manifestaient  également  aux  jambes  et  aux  ailes. 

»  Lorsque,  au  contraire,  j'irritais  en  deçà  ou  au  delà  de  ce  point  mitoyen, 
»  les  convulsions  prédominaient,  ou  même,  si  l'irritation  était  légère,  se 
»  bornaient  aussitôt  aux  jambes  ou  aux  ailes,  selon  que  le  point  irrité  était 
»   plus  voisin  des  unes  ou  des  autres  (4).   » 

»   Je  prie  qu'on  veuille  bien  un  peu  analyser  cette  expérience. 

{ I  )  Voyez  mon  livre  cité,  p.  i4  et  i5.  • 

(?.)  Mednlla  spinali  irritata  ,  oinnes  artus  convelliintur  qui  in/ra  eam  sedem  nervos  acci- 

\nunt;  neq lie  contra  artus,  qui  supra  sedem  irritationis  ponuntar  (Elementa  Phjsioiogia-, 

t.  IV,  p,  325  ;  Lauzannse,  1766). 

(3)  "  L'influence  nerveuse  ne  se  propage  que  de  la  partie  supérieure  à  l'inférieure,  et 
»  jamais  en  sens  inverse  »   [^natomie  générale,  t.  III,   p.  277,  i""^  édition). 

(4)  Voyez  mon  livre  cité,  p.  1 12  et  1 13. 

66.. 


(  5o6  ) 

»  i".  Lorsque  j'irrite  le  point  mitoyen  entre  les  deux  renflements,  l'irrita- 
tion va  également  à  l'un  et  à  l'autre,  à  V antérieur  comme  au  postérieur.  Elle 
remonte  et  descend  donc  avec  une  facilité  toute  pareille. 

M  i".  Lorsque  j'irrite  plus  près  du  renflement  antérieur.,  l'irritation  se  fait 
plus  sentir  à  ce  renflement;  lorsque  j'irrite  plus  près  du  renflement  posfe- 
rieur,  elle  se  fait  plus  sentir  au  renflement  postérieur. 

»  La  perméabilité  de  la  moelle  épinière  est  donc  complète  :  elle  est  per- 
méable en  tous  sens,  au  cours  ascendant  comme  au  cours  descendant,  au  cours 
rétrograde  comme  au  cours  progressif  àa  l'irritation.  Entre  ces  deux  cours 
nulle  différence.  UMi'.rf.  ^bi^H's! 

»  Mais  poursuivons.  Notre  expérience  prouve  bien  plus  encore.  Elle 
prouve  qu'il  n'y  a  jamais re^exite  dans  la  moelle  épinière,  prise  en  elle-même. 

n  Car,  soit  que  l'irritation,  l'impression,  monte,  soit  qu'elle  descende,  le 
cours  est  toujours  direct. 

»  A  mesure  que  l'irritation  monte,  je  la  vois  se  communiquer  a  tous  les 
points  de  moelle  épinière,  à  toutes  les  origines  de  nerfs  qu'elle  atteint.  Elle 
marche  toujours  tout  droit. 

w  Et  quand  elle  descend,  il  en  est  de  même.  Elle  avance  directement, 
elle  émeut  successivement  tout  ce  qu'elle  atteint. 

»  Et,  ce  qui  dit  bien  plus  encore  que  tout  cela,  c'est  que  sa  marc/ie  est 
bornée  comme  son  intensité. 

»  Très-faible,  elle  s'arrête  au  retiflemenl  postérieur;  plus  forte,  elle  s'étend 
jusqu'à  Vanlérieur;  plus  forte  encore,  elle  ébranlerait  tout  l'être. 

"  L'action  réflexe  n'est  donc,  pour  la  moelle  épinière  prise  en  elle-même, 
qu'une  interprétation  inexacte  des  phénomènes. 

»  §  IV.  De  la  vraie  action  réflexe.  —  I^  tête  (ou,  ce  qui  revient  au  même, 
le  cerveau  proprement  dit)  étant  retranchée  à  un  animal,  je  pince  la  patte  ou 
la  queue  de  cet  animal,  et  l'animal  retire  aussitôt  sa  patte  ou  sa  queue. 
Ceci  est  le  cas  si  bien  étudié  par  M.  Marshall-Hall. 

»  Que  s'est-il  passé  dans  ce  cas?  Le  nerï sensible  du  point  irrité,  soit  de  la 
patte,  soit  de  la  queue,  a  porté  l'impression  au  point  correspondant  de  la 
moelle  épinière;  de  ce  point,  l'irritation  s'est  communiquée  au  nerf  moto<r, 
et  la  patte  ou  la  queue  se  sont  mues. 

»  JJaction  réflexe,  ainsi  entendue,  est  le  complément  de  Yaction  récur- 
rente :  celle-ci  fait  le  retour  par  les  extrémités  des  nerfs,  comme  l'autre  le  fait 
par  la  moelle  épinière. 

»  Les  deux  demi-circuits,  récurrents  eX.  réflexes,  font  le  cii'cuit  complet, 
la  circulation  entière.  »      '  •   ,  . 


(  5o7  ) 

ASTRONOMIE.  —  Observations  photographiques  de  l' éclipse,  faites  avec  la  g  rancit 
lunette  de  M.  Porro.  (Communication  de  M.  Faye.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  des  épreuves  photogra- 
phiques de  l'éclipsé  qui  viennent  d'être  obtenues,  il  y  a  quelques  instants, 
dans  les  ateliers  de  M.  Porro.  La  lunette  employée  est  de  beaucoup  la  plus 
grande  qui  existe  dans  le  monde  entier  :  c'est  le  réfracteur  de  1 5  mètres  de 
longueur  et  de  5a  centimètres  d'ouverture  à  l'objectif,  que  M.  Porro  a  sou- 
mis, il  y  a  quelques  mois,  au  jugement  de  l'Académie.  M.  Quinet,  qui  a 
bien  voulu  se  charger  de  l'opération  photographique,  a  fait  usage  de  sou  beau 
procédé  sur  coUodion  sec  avec  un  succès  dont  MM.  les  Membres  de  l'Aca- 
démie vont  juger  par  cette  épreuve  prise  au  hasard  parmi  celles  qui  repro- 
duisent la  plus  grande  phase  de  l'éclipsé  (  les  autres  n'ont  point  encore  passé 
au  bain  révélateur).  L'heiu*e  à  laquelle  répond  chaque  empreinte  a  été  notée 
avec  soin  par  M.  Robert,  horloger  de  la  marine,  sur  un  de  ses  chronomètres; 
elle  était  enregistrée  d'un  autre  côté  par  un  appareil  télégraphique  inventé  et 
construit  par  M.  Digney,  appareil  qui  notait  à  la  fois  les  battements  d'une  pen- 
dule sidérale,  les  opérations  photographiques  de  la  grande  lunette  et  les  obser- 
vations astronomiques  que  M.  Butillon  a  faites  avec  l'équatorial  de  M.  Porro, 

»  I/épreuve  actuellement  mise  sous  les  yeux  de  l'Académie  donne  à 
l'image  du  soleil  un  diamètre  de  i5  centimètres.  La  netteté  des  contours  et 
la  finesse  des  cornes  sont  admirables;  on  y  distingue  parfaitement  les  pe- 
tites irrégularités  du  contour  de  la  lune,  et  la  dégradation  de  teinte  qui 
accuse  la  faiblesse  relative  de  l'intensité  lumineuse,  et  surtout  de  l'activité 
photogénique  des  bords  du  soleil.  Tout  fait  espérer  qu'il  sera  possible  de 
mesurer  micrométriquement  sur  ces  beaux  collodions  les  détails  les  plus 
minutieux  de  l'éclipsé,  avec  une  précision  supérieure  à  ce  que  l'on  obtient 
des  méthodes  et  des  instruments  ordinaires  de  l'astronomie. 

»  Forcé,  par  la  courte  durée  de  la  séance  actuelle,  d'ajourner  les  détails 
à  une  autre  séance,  je  me  bornerai  à  dire  que,  dans  l'opinion  des  astronomes 
les  plus  compétents  (i),  l'opération  dont  je  parle  était  loin  de  se  présenter 
comme  une  chose  simple  et  facile;  il  fallut  sans  doute,  pour  y  réussir  di» 
premier  coup,  la  réunion  des  moyens  puissants  dont  M.  Porro  dispose  dans 
ses  ateliers,  et  toute  l'habileté  d'un  éminent  photographe.    » 


(i)   It  seems  doubtful  whether  any  valid photographie  record  can  bù  made,  on  ticeount  *>/ 
the  extrême  rapidity  nf  ihe  change  of  appearances.    (Instructions  de  M.  Airy,  .istronome 


(  ^o8  ) 

ANALYSK  MATHKMATIQUE.  —Sur  la  résolution  de  t équation  du  cinquième  degré; 

par  M.  Hermite. 

«  On  sait  que  l'équation  générale  du  cinquième  degré  peut  être  ramenée, 
par  une  substitution  dont  les  coefficients  se  déterminent  sans  employer 
d'auties  irrationnalités  que  des  radicaux  carrés  et  cubiques,  à  la  forme 

x^  —  X  —  a  =  o. 
Ce  résultat  remarquable,  dû  au  géomètre  anglais  M.  Jerrardj  est  le  pas  le 
plus  important  qui  ait  été  fait  dans  la  théorie  algébrique  des  équations  du 
cinquième  degré,  depuis  qu'Abel  a  démontré  qu'il  était  impossible  de  les 
résoudre  par  radicaux.  Cette  impossibilité  manifeste  en  effet  la  nécessité 
d'introduire  quelque  élément  analytique  nouveau  dans  la  recherche  de  la 
solution,  et  à  ce  titre  il  semble  naturel  de  prendre  comme  auxiliaire  les  ra- 
cines de  l'équation  si  simple  dont  nous  venons  de  parler.  Toutefois,  pour 
légitimer  véritablement  son  emploi  comme  élément  essentiel  de  la  résolu- 
tion de  l'équation  générale,  il  restait  à  voir  si  cette  simplicité  de  forme  per- 
mettait effectivement  d'arriver  à  quelque  notion  sur  la  nature  de  ses  racines, 
de  manière  à  saisir  ce  qu'il  y  a  de  propre  et  d'essentiel  dans  le  mode  d'exis- 
tence de  ces  quantités,  dont  on  ne  sait  jusqu'ici  rien  autre  chose,  si  ce  n'est 
qu'elles  ne  s'expriment  point  par  radicaux.  Or  il  est  bien  remarquable  que 
l'équation  de  M.  Jerrard  se  prête  avec  la  plus  grande  facilité  à  cette  re- 
cherche, et  soit  même,  dans  le  sens  que  nous  allons  expliquer,  susceptible 
d'une  véritable  résolution  analytique.  On  peut  en  effet  concevoir  la  question 
de  la  résolution  des  équations  algébriques  sous  un  point  de  vue  différent  de 
celui  qui  depuis  longtemps  a  été  indiqué  par  la  résolution  des  équations 
des  quatre  premiers  degrés,  et  auquel  on  s'est  surtout  attaché.  Au  lieu  de 
chercher  à  représenter  par  une  formule  radicale  à  déterminations  mul- 
tiples le  système  des  racines  si  étroitement  liées  entre  elles  lorsqu'on  les 
considère  comme  fonctions  des  coefficients,  on  peut,  ainsi  que  l'exemple  en 
a  été  donné  dans  le  troisième  degré,  chercher,  en  introduisant  des  va- 
riables auxiliaires,  à  obtenir  les  racines  séparément  exprimées  par  autant  de 
fonctions  distinctes  et  uniformes  relatives  à  ces  nouvelles  variables.  Dans 
le  cas  dont  nous  venons  de  parier,  où  il  s'agit  de  l'équation 

X' —  ?>X  -H   2  a  :=  O, 

royal  d'Angleterre,  en  date  du  8  mars  i858,  dans  le  dernier  numéro  des  Notices  de  la  Société 
^astronomique  de  Londres.  )  Toutefois  les  apparences  ne  variaient  pas  aussi  rapidement  à 
Paris  qu'à  Londres  ou  à  Oiiessant. 


(  5o9) 
il  suffit,  comme  on  sait,  de  représenter  le  coefficient  a  par  le  sinus  d'un  arc  a 
pour  que  les  racines  se  séparent  en  ces  trois  fonctions  bien  déterminées 

a  .a-f-27r  .      a.  -\-  ^-n 

a  sin  :^,     asm — r — -,      a  sin — ^• 

Or  c'est  un  t'ait  tout  semblable  que  nous  avons  à  exposer  relativeiiieut  à 
l'équation 

x^  —  X  —  a  :=  o. 

Seulement,  au  lieu  des  sinus  ou  cosinus,  ce  sont  les  transcendantes  ellip- 
tiques qu'il  sera  nécessaire  d'introduire,  et  nous  allons  en  premier  lieu  en 
rappeler  les  définitions. 

»  Soient  K  et  K'  les  périodes  de  l'intégrale  elliptique 


f        '^f       . 

J  \/i—i'sin'^ 

c'est-à-dire 

^-i: 

^T. 

rfç                              p           d, 

-k'sin'ff'                   J^    V'»— ■*"sJn'? 

et 

f 

K' 

9  =  e          ; 

la   racine    quatrième  du   module    et    de  son  complément    s'exprime  au 
moyen  de  q  par  ces  fonctions  dont  Jacobi  a  fait  la  découverte,  savoir  : 


'  '  '  -m(m-f-i)    -(.Jnr-t-w) 


fk=f'r,r::-j:Tjz-::,  =f^w 


4  m'-t-  1  m 


1+  q  +  q'+q'-ir... 

^,  m     3m'-t  m 

-»,-       t  —  q~q>+q'+...  r»/''^ 


"iq^-^-lq" — 2^"-!-...  '       '  •■  wi  "1    2"!" 


^^      am'-t-m 

=  Va  V^9     .^y-t-g-^g-t-...      ^  ^-8^-      •'' 


r  81-      i+q  +  q'+g'+...  i-fir  ■^^ 


2' 


(  5io  ) 


et 


\!k: 


l-q-q'+q'+q-' 

-g"-... 

^  +  q-q'-q'-q' 

-q"+... 

'—  '/  — 7'+'?'+ ?"  +  ■•• 

'+  q  +7' H- 7' -H  q 

* 

'  +  ... 

l—'i.q-iriq'' — 2q^-{-2q"—... 

I  —  2  7'+  2  q' —  27"+  27"— ... 

I — iq'+2q' — 27' 

+  2q"—  ... 

I  —  2q-\-2q'+2q' 

+  2q"-h... 

2(- 

m    -  (3  m 

>)  q' 

+  ») 

2<- 

1         , 

-  m  (m  -h 

)    i(3m 
7^ 

-t-m) 

2(- 

m     2  m*  -1-  m 

>)  7 

^^     2  m'  -(-  m 

21- 

77/    m' 

0    7 

2'- 

m     3  m*' 

»)  7 

2(- 

m     2  m' 
')     7- 

En  posant 


ntu 

q~e     , 


nous  désignerons  s/k  par  (j)  («)  et  yjk'  par  i);  (w).  Relativement  à  cette  va- 
riable a),  on  aura  ainsi  des  fonctions  affranchies  de  l'ambiguïté  qui  tient  au 
facteur  \/q,  et  dont  je  vais  en  peu  de  mots  indiquer  les  propriétés  fonda- 
mentales. Elles  découlent  des  relations  suivantes,  dont  la  démonstration 
est  immédiate,  savoir  : 

(y«(«)  -t-  tj^*(G>)  =  I, 
,         .-?(-^)  =  +  ("). 

|(&)  +1)  = 


^(«) 


On  en  déduit    que  f  I 7-1  et  ij*  1 r-  \  s  expriment  simplement  eu 

«  (w)  et  t|)  (c?),  a,  b,  c,  d  étant  des  nombres  entiers  quelconques  assujettis 
à  la  seule  condition 

ac?  —  éc  =  I . 

J^es  relations  auxquelles  on  parvient  de  la  sorte  ayant  une  grande  impor- 


(5") 
tance,  non-seulement  pour  l'objet  que  nous  avons  présentement  en  vue, 
mais  pour  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  et  ses  applications  à  l'arith- 
métique, je  vais  les  indiquer  en  me  bornant,  pour  abréger,  aux  valeurs  de 

y  (  - — T^  )•  J'observe  à  cet  effet  que  la  congruence 

nd  —  bc^^i     mod.  2, 
est  susceptible  de  six  solutions  distinctes  renfermées  dans  ce  tableau  : 


a 

b 

c 

d 

I. 

I 

0 

0 

. 

u. 

0 

I 

I 

0 

I 

m. 

I 

I 

0 

IV. 

I 

I 

I 

0 

V. 

I 

0 

I 

I 

VI. 

0 

I 

I 

I 

■ij:-»  j, 


c-\-  db 


et  d'où  résultent  autant  de  formes  différentes  pour  les  expressions  — 7^' 
Cela  posé,  notis  aurons  suivant  chacim  de  ces  six  cas  ces  équations  : 


(I) 

(II) 

(III) 

(IV) 

(V) 

(VI) 


(f{co)e 


i|[d(c-i-d)-i] 


ll[c[c-d)-i:\ 


c-f-rf«\  I         'i[.d{d-•c)-^] 

. I     2777  S 


c  +  da 


a  -+■  b 


'\  _y(") 


e       , 


(»^ 


bb>  J         ?  ( t^) 


C.  FI.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  11. ) 


67 


.    (51.) 

»  Nous  rappellerons  encore  cette  propriété  fondameiitale  qu'en  désignant 
par  n  un  nombre  premier  et  posant 

v  =  (f[na>),     u:=(p{Gj), 

i>  el  u  sont  liés  par  une  équation  de  degré  n  +  i,  qui  présente  ainsi  un  type 
nouveau  d'équations  algébriques  dont  les  racines  se  séparent  analytique- 
ment  par  l'introduction  d'une  nouvelle  variable.  En  désignant,  en  effet,  par 
e  un  nombre  qui  soit  i  ou  —  i,  suivant  que  2  est  résidu  ou  non  résidu  qua- 
dratique par  rapport  à  n,  les  ra  +  i  racines  u  seront 


ecpina)     et     ç  (^ J.. 


m  étant  un  nombre  entier  pris  suivant  le  module  ra  (*).  Mais  sans  insister 
ici  sur  les  autres  propriétés  remarquables  des  équations  modulaires,  je 
m'attacherai  seulement  au  fait  si  important  annoncé  par  Galois,  et  qui 
consiste  en  ce  qu'elles  sont  susceptibles  d'un  abaissement  au  degré  inférieur 
d'une  unité  dans  les  cas  de 

n  =  5,     n  =  7     et     n=ii. 

Bien  que  nous  ne  possédions  que  quelques  fragments  de  ses  travaux  sur 
cette  question,  il  n'est  pas  difficile,  en  suivant  la  voie  qu'il  a  ouverte,  de 
retrouver  la  démonstration  de  cette  belle  proposition;  mais  on  n'arrive  ainsi 
qu'à  s'assurer  de  la  possibilité  de  la  réduction,  et  une  lacune  importante 
restait  à  remplir  pour  pousser  la  question  jusqu'à  son  dernier  terme  (**)• 
Après  des  tentatives  qui  remontent  à  une  époque  déjà  éloignée,  j'ai  trouvé 
que  dans  le  cas  de  l'équation  modulaire  du  sixième  degré 

on  y  parvenait  aisément  en  considérant  la  fonction  suivante 


(*)  La  détermination  de  e  a  été  donnée  par  M.  Sohnke  dans  un  excellent  travail  publié 
dans  le  tome  XVI  du  Journal  de  M.  Crelle  sous  le  titre  :  Mquationes  modulares  pro  trans- 
formatione  fonctionuin  ellipticarum, 

{**)  Postérieurement  à  mes  premières  recherches  restées  inédites,  mais  dont  les  résultais 
avaient  été  annoncés  (ftB«crt'j  de  Jacohi,  t.  Il,  p.  249),  un  géomètre  italien  distingué, 
M.  Betti,  a  publié  un  travail  sur  le  même  sujet  dans  les  /annales  de  M.  Tortolini. 


(  5-i3  ) 
Effectivement  les  quantités 

<ï)(fi>),     $(û)-+-i6),    $(«  +  2.16),     0(&)  +  3.i6),     $(gjh-4.i6) 

sont  les  racines  d'une  équation  du  cinquième  degré  dont  les  coefficients 
contiennent  rationnellement  y  (o),  savoir  : 

<ï>^-  2\5'<&?V6?)«f '•(«)-  -i^  \/¥  f  {a)  <i^'*  {a)  [1  -+-  9»(a)]  =  o. 

Or  on  voit  qu'on  ramène  cette  équation  à  celle  de  M.  Jerrard  en  faisant 
simplement 

car  il  vient  par  là 


x^  —  X  —  -r-  •,  7.;,  \  =  o. 


Donc  il  ne  restera  plus,  pour  arriver  à  l'expression  des  racines  de  l'équation 


par  la  fonction  $  (c?),  qu'à  déterminer  a  ou  plutôt  f{a>)  par  la  condition 
suivante  : 

»  Soit,  pour  simplifier, 

A  =  ^'—•a, 

a        ' 

et  prenons  pour  inconnue  9*(û>)  ou  le  module  k  lui-même  de  l'intégrale 
elliptique;  on  parviendra  à  une  équation  du  quatrième  degré 

A:*  -h  A''  A'  +  2  /t*  -  A^  -f  +  I  =  o, 

qui  est  susceptible  d'une  solution  analytique  sous  le  point  de  vue  précisé- 
ment où  nous  sommes  placés  en  ce  moment,  car  en  faisant 

^,  =  sina, 

on  trouvera  ces  expressions  des  racines 

*  =  tangj,     tang— ^,     tang-^,     tang  — ^ — 

Faisant  choix  de  l'une  d'elles  pour  module,  afin  d'en  déduire  la  vaUnn 
correspondante  de   <»,    on   aura,    pour    les    racines    de    l'équation    de 

67.. 


(  5r4  ) 
il/. /errart^,  ces  valeurs 


1  *  (w 

X  = 


I        *  (w  Ht  16) 

~   ï^2^   ï(«)f  ("1 

I  *  (»  +  2  .  I  6  ) 

"~    ^^.      ?(")f  (») 

1       *(w  +  3.i6) 

I      <i>(m  +  4-'6) 

C'est  donc  là  résolution  de  l'équation,  en  tant  que  les  racines  se  trouvent 
représentées  séparément  par  des  fonctions  uniformes.  Quant  au  calcul  nu- 
mérique, la  convergence  extraordinaire  des  séries  qui  figurent  au  numéra- 
teur et  au  dénominateur  de  ç>  [ai),  le  rendra  très-court,  même  dans  le  cas  où 
q  sera  imaginaire,  car  on  sait  que  son  module  peut  toujours  être  abaissé 

au-d«ssous  de  la  limite  e      *  ^  =  o,o658w   On.  peut  aussi  faire  le  dévelop- 
pement suivant  les  puissances  ascendantes  de  q,  ce  qui  donne,  en  posant 
I 

pour  simplifier  ç^  =  <), 

0  (a,}  =  v'ï^  tr  (1  +  ()-()=  +  (^'  -  8()»  -  g.)"  +  »^'  -  9«j"  +  •  ■  •), 
et  l'on  trouverait,  pour  le  carré  et  le  cube  de  0  (»), 

La  première  des  séries  entre  parenthèses  marque  des  puissances  de  ()  dont 
l'exposant  est  ^4»  mod.  5,  la  seconde  et  la  troisième  des  puissances  dont 
les  exposants  sont  respectivement  ^3  et  ^  a,  mod.  5.  D'ailleurs  le  chan- 
gement de  ù)  en  co-\-\Gm  reviendra  à  multiplier  la  quantité  <\  par  les 
diverses  racines  cinquièmes  de  l'unité. 

»  J'observerai  enfin  que  le  système  des  cinq  fonctions  <t\ct)  4-  16/n)  possède 

par  rapport  aux  substitutions  -       ,  ^  qui  appartiennent  à  k  première  classe, 

des  propriétés  toutes  semblables  à  celles  de  ç  («).  Effectivement,  en  faisant, 
pour  abrégerj 

■y.»    ,         $(«-+- 16 ffi)  =  <!>,„  (or), 


lit  a 


(  5.5-  ) 
on  trouvera,  par  exemple, 

l'indice  du  troisième  degré  en  m  étant  pris  suivant  le  module  5. 

»  Dans  l'une  des  prochaines  séances,  j'aurai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  les  résultats  analogues  aux  précédents  et  auxquels  je  suis  par- 
venu pour  la  réduction  de  l'équation  modulaire  du  huitième  degré  au  sep- 
tième et  de  l'équation  modulaire  du  douzième  degré  au  onzième.    » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Tremblements  déterre  en  Atgérie 
[février  et  mars   i858). 

«  M.  LE  Maréchal  Vaillant  donne  connaissance  d'une  Lettre  de  Bathna, 
Algérie,  en  date  du  16  février  dernier,  annonçant  que  la  veille,  i5,  à  1 1''25°' 
du  matin,  on  a  ressenti  dans  cette  place  une  violente  secousse  de  tremble- 
ment de  terre.  Les  oscillations  ont  duré  environ  dix  secondes;  leur  direc- 
tion était  du  nord-ouest  au  sud-est.  Elles  ont  été  beaucoup  pJus  sensibles 
que  celles  du  tremblement  de  terre  du  mois  d'août  i856. 

»  Lambesa  a  ressenti  le  tremblement  de  terre. 

»  A  la  Smala,  il  y  a  eu  quatre  secousses  :  la  première,  à  l'heure  que  nous 
avons  indiquée  ci-dessus  ;  la  deuxième,  le  i5  février  à  2''3o™  de  l'après- 
midi;  la  troisième,  vers  minuit;  la  quatrième,  le  i6  février  à  .3'' 45™  du 
matin  :  cette  dernière  secousse  a  été  la  plus  forte.  » 

M.  Gbton  dépose  la  Note  suivante  : 

«  On  m'écrit  d'Oran,  sous  la  date  du  3  mars  : 

«  Nous  avons  un  temps  magnifique.  La  température  est  déjà  chaude;  on 
0  se  croirait  au  printemps.  Nous  avons  eu  hier  soir,  vers  les  10  heures, 
»  une  légère  secousse  de  tremblement  de  terre.   » 

»  On  lit  dans  la  Gazette  de  France  de  ce  jour,  \f\  mars,  la  Lettre  suivante 
écrite  du  massif  d' A Ujer  à  la  Gazette  de  Lyon,  sous  la  date  du  10,  même  mois  : 

«  Ce  matin,  à  5*"  3o™,  nous  avons  ressenti  une  forte  secousse  de  Irem- 
»  blement  de  terre.  Le  mouvement  oscillatoire  allait  du  couchant  (1)  au 
»  levant,  et  un  quart  d'heure  après,  une  secousse,  beaucoup  plus  forte,  est 
»  venue  prouver  aux  sceptiques  qu'ils  n'avaient  point  été  le  jouet  d'un 
»  rêve.    » 


(i)  Celte  direction  permet  de  rattacher  le  tremblement  de  terre  d'Alger  à  celui  d'Oran.  Des 
détails  sur  le  premier  ne  peuvent  tarder  à  arriver. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Détermination  de  la  longueur  du  pendule  à  secondes 
et  de  l'intensité  de  la  pesanteur  au  nouvel  observatoire  de  Toulouse; 
par  M.  F.  Petit. 

«  Darquier  avait  trouvé  en  1778,  abstraction  faite  de  diverses  causes 
d'erreur  qui  se  compensèrent  à  peu  de  chose  près,  44o''^"^'î4o  pour  la  lon- 
gueur du  pendule  à  secondes  sexagésimales  dans  son  observatoire  situé 
à  i65  mètres  au-dessus  de  la  mer  et  à  23oo  mètres  environ,  vers  le  sud-sud- 
ouest,  de  celui  où  mes  expériences  ont  été  faites.  J'avais  entrepris  moi-même, 
en  1839  et  i84o,  des  recherches  sur  cet  objet,  à  l'ancien  observatoire, 
éloigné  d'une  centaine  de  mètres  seulement,  vers  le  sud,  de  celui  de  Dar- 
quier. Mais  l'établissement  où  ces  recherches  avaient  été  faites  se  trouvant 
aujourd'hui  tout  à  fait  abandonné,  ainsi  que  l'observatoire  de  Darquier,  et 
de  graves  défauts  de  construction,  communs  aux  deux  établissements,  me 
paraissant  d'ailleurs  de  nature  à  laisser  planer  un  peu  d'incertitude  sur  les 
résultats,  mdépendamment  du  doute  qui  provient  de  l'absence  de  certaines 
corrections  négligées  par  Darquier;  je  crus  devoir,  après  mon  installation 
au  nouvel  observatoire,  commencer  d'autres  expériences  à  l'aide  du  même 
pendule  invariable  que  j'avais  déjà  employé  en  1839  et  i84o,  et  qui  a  donné, 
toutes  réductions  faites,  les  résultats  suivants,  obtenus  par  l'intercalation 
des  séries  de  Paris  entre  deux  groupes  d'observations  faites  à  Toulouse. 

/  ToDLOnSE. 

1  Moyenne  de  26  séries  d'expériences 
Nombres  d'oscillations  infiniment  |  faites  dans  la  tourelle  nord  du  nouvel 

petites  du  pendule,  en  24  heures  de  |  observatoire 87893»«",2i32 

temps  moyen ,  au  niveau  de  la  mer,  / 

à  la  température  de  1 5  degrés  centi-  1  Paris. 

grades  et  dans  le  vide.  1       Moyenne  de  1 2  séries  d'expériences 

I  faites  dans  la  salle  de  la  méridienne  à 
\  l'Observatoire 8791 3°'"',  7400 

»  En  partant  de  ces  nombres  qui  reposent  sur  mille  observations  envi- 
ron de  couicidences ,  et  en  adoptant,  pour  la  longueur  du  pendule  sexa- 
gésimal à  Paris,  une  moyenne  entre  la  valeur  trouvée  par  Borda  et  celle 
obtenue  par  MM.  Bouvard,  Mathieu  et  Biot,  on  tire  immédiatement  des 
formules 

les  valeurs  suivantes  : 

Paris.    !  ''  =9937,85649.,  ^^„,^„^.    1  r  =  993-",39-, 


^'  =  9"',8o897,  •    I  g"  =  9™,8o4389, 


(5i7) 
u  Le  résultat  trouvé  par  Darquier  donne,  réduit  en  millimètres, 

/"=993'»-,4674- 

La  différence  avec  celui  que  j'ai  obtenu  moi-même  n'est  que  o"'"',o75u; 
mais  cette  différence  deviendrait  un  peu  plus  forte  si  l'on  tenait  compte  des 
causes  d'erreur  que  Darquier  a  négligées.  Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'on  porte  les 
valeurs  précédentes  de  /',  /"  dans  l'équation 

/  =  A  +  B  sin''  L, 

qui  donne  la  longueur  du  pendule  sous  une  latitude  quelconque  L  ;  et  si 
l'on  résout  les  deux  équations  ainsi  obtenues,  pour  en  déduire  les  valeurs 
des  deux  quantités  A  et  B  qui  représentent  l'une  la  longueur  du  pendule  à 
l'équateur,  l'autre  l'excès  du  pendule  polaire  sur  le  pendule  équatorial,  on 
trouve  pour  l'aplatissement  a  du  globe  calculé  par  la  formule 

_5  j B 

1  abg       Â 


•«  *'"'*^*'°"  585;6855- 

»  Cet  aplatissement  est  plus  considérable  que  celui  qui  est  généralement 
admis.  Il  correspond  à  des  valeurs  de  /"  et  de  g"  un  peu  trop  grandes.  En 
déterminant  par  la  formule 

^sin  (L'  +  L")sin(L'-  L")  (i- ?  sin"  L")  ,• 

la  différence  qui  devrait  exister  entre  les  nombres  N',  N"  d'oscillations  d'un 
même  pendule  dans  les  deux  stations  dont  les  latitudes  sont  L',  L",  on  trouve 
qu'il  aurait  dû  y  avoir,  de  Paris  à  Toulouse,  une  diminution  de 
2joscii^^g^Q  au  lieu  de  ao^'^^'^SaGS  que  donne  l'observation  directe.  Le  pen- 
dule a  donc  fait  à  Toulouse,  en  24  heures,  o^'^'^gôya  de  plus  qu'il  n'aurait 
dû  faire;  ce  qui  a  augmenté  les  valeurs  de  la  longueur  du  pendule  à  secondes 
et  de  l'intensité  de  la  pesanteur  dans  les  rapports  de  993,3700  à  993,3921! 
et  de  9,804169  à  9,804389. 

»  U  semblerait,  d'après  cela,  que  l'ensemble  général  de  la  courbure  de  la 
terre  serait  un  peu  modifié  à  Toulouse  et  que  le  méridien  formerait  ici  une 
sorte  d'éminence  dont  l'origine  paraîtrait  d'ailleurs  pouvoir  être  si  naturel- 
lement attribuée  au  voisinage  et  au  soulèvement  des  Pyrénées.  Toutefois, 
je  ferai  remarquer  qu'indépendamment  de  la  part  toujours  à  accorder  au \ 
erreurs  d'observation,  les  attractions  locales  ont  dû  entrer  pour  beaucoup 
dans  la  cause  de  la  légère  divergence  observée  (0°'''", 9672)  entre  la  théorie 
et  l'expérience.  Car  en  déterminant  la  différence  de  ces  attractions  à  Ton- 


(■5i8) 
louse  et  à  Paris,  j'ai  trouvé  qu'il  devait  en  résulter  un  effet  compris  entre 
les  limites  extrêmes  o°*"'',67  et  •'""'jSg  suivant  les  valeurs  attribuées  à  la 
densité  des  terrains  de  Toulouse  et  de  Paris,  et  les  distances  auxquelles  on 
étend  les  intégrales  destinées  à  opprimer  l'attraction.  '—^  "'^ 

»  Les  expériences  faites  au  nouvel  observatoire  de  Toulouse  ne  sontdbftc 

nullement  en  désaccord  avec  la  valeur  ^-^ — p de  l'aplatissement  delà  terre, 

donné  par  Laplace.  Discutées  ^convenablement,  elles  peuvent  être  con- 
sidérées au  contraire  comme  une  confirmation  de  cet  aplatissement, 
puisque  l'anomalie  observée  s'explique  de  la  manière  la  plus  complète  par 
les  influences  locales.  Suivant  l'occurrence,  il  sera  donc  permis  d'employer, 
pour  la  longueiu-  du  pendule  et  pour  l'intensité  de  la  pesanteur  à  l'obser- 
vatoire de  Toulouse,  soit  les  nombres  993'"",3922  et  g",  804389  qui  résultent 
directement  de  l'expérience,  soit  les  nombres  993'"™,3700  et  9", 804 1 69  que 
l'on  peut  considérer  également  comme  résultant  de  l'expérience,  mais  dont 
les  valeurs  seraient  tout  simplement  corrigées  de  l'effet  occasionné  par  les 
attractions  locales.   » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  raiirteur^  M.  J.  Plana, 
deux  Mémoires  intitulés,  i'un  :  «  Mémoire  sur  le  mouvement  conique  à 
double  courbure  d'un  pendule  simple  dans  le  vide,  abstraction  faite  de  la 
rotation  diurne  de  la  terre  »  ;  l'autre  :  <<  Mémoire  sur  un  rapprochement 
nouveau  entre  la  théorie  moderne  de  la  propagation  linéaire  du  son  dans 
un  tuyaii  cylindrique  iHjrizontal  d'une  longueur  indéfinie  et  la  théorie  das 
pukions  exposée  par  Newton  dans  les  deux  propositions  47  et  49  du  second 
livre  des  Principes  ». 

«  Ce  Mémoire,  quoique  l'auteur  ne  l'indique  pas,  est  plutôt  la  continua- 
tion des  travaux  de  Lagrang«  que  de  ceux  de  Newton,  ainsi  qu'on  peut  en 
jiiiger  par  les  premières  lignes  de  la  préface  qui  commence  ainsi  : 

«  Ces  deux  propositions,  que  dans  le  dernier  siècle  plusieurs  auteurs 
n  ont  regardées  comme  inintelligibles  et  même  fausses,  sont  celles  qui  ont 
M  réveillé  le  génie  du  jeune  Louis  Lagrange  à  l'âge  de  aS  ans;  il  est  à  la  fois 
»  curieux  et  instructif  de  comparer  la  manière  dont  il  jugeait  en  1759  et 
D  1760  le  raisonnement  de  Newton  avec  la  manière  dont  il  l'a  jugé  vingt- 
»  sept  années  après  dans  lui  de  ses  Mémoires  publié  dans  le  volume  de 
»   l'Académie  de  Berlin  pour  l'année  1786.    » 

»  Comme  allié  de  la  famille  de  Lagrange,  M.  Plana  semblait  appelé  plus 
naturellement  qu'aucun  autre  géomètre  à  développer  les  travaux  inachevés 
de  l'illustre  auteur  de  la  Mécanique  analytique,  et  on  ne  peut  que  le  féliciter 
d'avoir  pu  recueillir  un  si  noble  héritage.    » 


,,i.^H<\'^'  y  (I  a  i;|»  j/.!.';.t'.  iio  ij»i!:i 

M.  LE  Sechétaire  perpétuel  présente  égalemout  an  nom  de  l'auteur, 
M.  J.  Plateau,  un  exemplaire  de  la  quatrième  série  des  «  Recherches  expéri- 
mentales et  théoriques  sur  les  figures  d'équilibre  d'une  masse  liquide  sans 
pesanteur  ». 

MÉIttOmES  PRÉSENTÉS. 

SÉRICICULTURE.  —  Note  sur  l'éducation  des  vers  à  soie  à  Philippopolis  ; 
par  M.  Champoiseac.  (Extrait  communiqué  par  M.  de  Quatre/âges.) 

«  Ici  jamais  de  feu  dans  les  magnaneries,  qui  sont  construites  en  planches 
mal  jointes,  sans  autres  fenêtres  que  des  volets  en  bois  qu'on  ferme  du  côté  du 
ventet  de  la  pluie.  Ici  jamais  plus  d'une  ou,  à  la  grande  rigueur,  deux  rangées 
devers  superposées  dans  des  chambres  ayant  au  moins  a^jSo  de  haut.  Ici, 
enfin,  éclosion  naturelle,  puisqu'on  se  contente  de  placer  les  graines  dans 
une  fourrure,  en  ayant  soin  de  les  en  tirer  pour  les  remuer  de  temps  en 
temps.  On  compte  généralement  six  jours  d'incubation. 

w  Ajoutons  à  ces  quelques  traits  les  faits  suivants  qui  feront  mieux  con- 
naître le  système  d'éducation  adopté  dans  le  district  de  Philippopolis.  On 
donne  à  manger  aux  vers  les  feuilles  attenantes  encore  aux  branches  du 
mûrier  coupées  à  la  hache  par  le  système  du  truissage  annuel  (de  ces  bran- 
ches, quelques-unes  ont  presque  3  centimètres  de  diamètre).  Cette  manière 
d'agir,  qui  ne  semble  pas  nuire  aux  arbres,  me  paraît  avantageuse,  d'abord 
en  ce  qu'elle  rend  bien  plus  facile  le  délitement,  et  ensuite  en  ce  qu'elle 
permet  à  l'air  de  circuler,  aux  vers  de  se  mouvoir  en  liberté,  aux  impu- 
retés de  tomber  en  bas;  car  j'ai  vu  souvent  de  ces  amas  de  branches  dé- 
pouillées de  leurs  feuilles  atteindre  une  hauteur  de  4o  centimètres  et  former 
une  espèce  de  bloc  dans  lequel  l'air  circule  de  toutes  parts  et  que  je 
crois  moins  nuisible  à  beaucoup  près  que  le  lit  de  2  ou  3  centimètres  sur 
lequel  reposent  souvent  en  France  les  vers  à  soie.  On  donne  à  manger 
trois  fois  par  jour;  mais  à  la  fin  de  l'éducation,  et  surtout  pendant  les  cinq 
derniers  jours,  on  s'arrange  de  manière  à  ce  que  la  feuille  incessamment 
renouvelée  offre  aux  vers  une  nourriture  toujours  prête  et  toujours  fraîche. 
C'est  là,  je  crois,  une  condition  essentielle  du  succès. 

n  L'éducation,  qui  commence  vers  le  i*'  de  mai,  dure  cinquante  jours  à 
peu  près,  et  va  jusqu'au  20  ou  3o  juin.  Il  y  a  loin  de  là  aux  vingt-huit  jours 
des  théoriciens  français;  mais  là  encore  je  donne  raison  aux  éleveurs  des 
pays  turcs,  et  je  soutiens  que  les  éducations  lentes  sont  les  meilleures.  Je 
vois  d'ici  les  objections,  la  différence  du  climat.  Heureusement  qu'elles  tom- 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  li.)  68 


(    620    ) 

beront  d'elles-mêmes  quand  ou  saura  qu'il  n'y  a  peut-être  pas  au  monde  un 
climat  qui  ressemble  plus,  sous  tous  les  rapports,  aux  Cévennes  ou  à  Vau- 
cluse  que  le  territoire  de  Philippopoiis.  Même  chaleur  l'été,  même  froid 
intense  l'hiver,  même  sol,  même  manière  de  traiter  les  mûriers,  même  flore, 
même  faune,  en  un  mot,  identité  à  peu  près  complète. 

»  Année  moyenne,  i  oke  (mesure  turque  valant  i283  grammes)  de  graine 
mise  à  l'éclosion  à  Philippopoiis  donne  60  okes  de  graine,  c'est-à-dire  en 
admettant,  comme  cela  arrive  ici,  qu'il  faille  i4  de  cocons  pour  confec- 
tionner I  de  graine,  840  okes  de  cocons,  c'est-à-dire  enfin,  en  langue 
vulgaire,  que  l'once  de  graine  mise  à  éclore  produit  à  Philippopoiis  33  à 
34  kilogrammes  de  cocons,  on  ne  demande  guère  mieux  en  France.  La 
qualité,  sans  être  parfaite,  est  loin  d'être  inférieure,  et  je  crois  qu'avec 
une  nourriture  un  peu  plus  abondante  on  arriverait  à  la  rendre  admi- 
rable. 

»  Tout  ce  que  j'ai  dit  des  éducations  dans  ces  contrées  se  rapporte  éga- 
lement à  la  Géorgie.  Si  je  n'ai  pu  entrer  jusqu'aux  provinces  qui  nous  en- 
voient les  masses  de  soies  connues  sous  les  noms  de  Perses  et  d'Ardas- 
sines,  j'ai  assisté  à  des  éducations  suivies  en  Mingrélie  (Caucase  occidental), 
et  là  encore  j'ai  compris  que  c'était  notre  aveuglement  qui  était  la  cause 
de  notre  malheur.  Nous  opérions  dans  un  local  fermé  pour  la  forme  par 
les  grandes  pluies,  et  Dieu  sait  s'il  en  manquait,  l'eau  entrait  par  les 
toits. 

»  Eh  bien,  nous  avons  mis  à  l'éclosion  deux  quantités  égales  de  graines 
du  Piémont  et  de  Géorgie  indigène  :  par  le  seul  fait  d'un  soin  assez  grand 
apportéà  l'aération  età  l'alimentation,  ces  graines  deGéorgie,  qui  produisent 
d'ordinaire  des  cocons  dont  il  faut  de  i5  à  16  kilogrammes  pour  j  kilo- 
gramme de  soie,  nous  ont  donné  des  cocons  dont  il  nous  a  fallu  9'',5oo  pour 
I  kilogramme  de  soie.  La  graine  de  Piémont  traitée  par  les  mêmes  pro- 
céd/és  a  donné  les  mêmes  résultats.  Mais  aussi  chaque  ver  avait  de  l'air,  de 
la  lumière  et  de  l'espace.  » 

SÉRICICULTURE.  —    Observations  sur  la  maladie  des  vers  à  soie  ; 
par  M.  L.  Nadal. 

«  Doit-on,  maintenant,  attribuer  à  l'agglomération  des  vers  la  cause 
première  de  l'épidémie  et  sa  persistance?  On  peut  produire  d'excellentes 
raisons  à  l'appui  de  cette  opinion  :  en  effet,  les  contrées  de  grande  produc- 
tion, la  France  d'abord,  la  haute  Italie  ensuite,  ont  été  le  plus  cruellement 

,;>'  {.it  ;'yi   ,./.IX  .  I 


(5.,  ) 

frappées.  Là  exislenl  au  plus  haut  degré  l'agglomération  des  vers  dans  la 
même  magnanerie,  et  l'agglomération  des  magnaneries  dans  le  même  lieu. 
Les  pays  au  contraire  qui  jusqu'à  ce  jour  ont  été  à  l'abri  du  fléau,  sont  ceux 
où  l'agglomération  n'existe  ni  pour  les  vers,  ni  pour  les  magnaneries  :  le 
nord  de  la  Turquie  d'Europe  et  d'Asie,  et  l'Italie  centrale,  en  particulier  le 
versant  de  l'Adriatique  depuis  Ferrare  jusqu'à  Ancône.  J'ai  passé  à  Bologne 
un  mois  et  demi  occupé  de  la  confection  des  graines;  la  réussite  excep- 
tionnelle de  la  récolte  dans  cette  localité  a  naturellement  appelé   mon 
attention  sur  le  mode  d'éducation  usité.  L'absence  du  mal  qui  désole  nos 
magnaneries  m'a  paru  tenir  à  un  ensemble  de  faits  que  je  vais  signaler. 
D'abord  les  éducations  ne  dépassent  pas  25  grammes  de  graines;  générale- 
ment même  elles  sont  moindres  ;  elles  sont  disséminées  sur  une  vaste  éten- 
due de  terrain;  les  vers  sont  élevés  dans  un  local  mal  fermé,  sans  feu;  ils 
sont  délités  presque  tous  les  jours,  et  nourris  avec  la  feuille  provenant  de 
mûriers  qui  ne  reçoivent  aucune  culture.  Quand  arrive  le  moment  de  la 
montée,  les  vers  mûrs   sont  choisis  un  à  un,  et  déposés  sur  des  fagots 
disposés  dans  un  autre  appartement  ;  ils  se  trouvent  de  cette  manière  à 
l'abri  des  émanations  insalubres  de  la  litière.   Il  s'ensuit  que  dans  cette 
contrée  il  n'existe  ni  agglomération  des  vers  dans  la  même  magnanerie, 
ni  agglomération  de  magnaneries  sur  le  même  point,  par  conséquent  point 
de  foyer  épidémique  ;  de  plus  le  mode  d'éducation  est  éminemment  propre 
à  maintenir  les  vers  dans  do  bonnes  conditions  de  santé.  Il  est  évident 
qu'on  ne  peut  adopter  ces  pratiques  en  France,  le  développement  de  l'in- 
dustrie séricicole  s'y  oppose;  mais  il  serait  possible  à  chaque  éducateiu- 
d'élever  de  cette  manière  un  petit  nombre  de  vers  destinés  à  la  repro- 
duction. 

»  Une  remarque  a  été  faite  dans  les  contrées  qui  se  trouvent  sous  l'in- 
fluence épidémique;  c'est  celle-ci  :  Toutes  les  fois  qu'une  éducation  est  con- 
trariée dans  sa  marche,  par  une  cause  ou  par  une  autre,  qu'un  alitement  se 
fait  mal,  c'est  aussitôt  une  porte  ouverte  à  l'épidémie,  qui  envahit  la  cham- 
brée, quoique  d'ailleurs  les  vers  proviennent  de  graines  positivement  saines. 
Il  en  résulte  qu'on  ne  peut  espérer  une  bonne  récolte,  même  avec  de  bonnes 
graines,  qu'en  écartant  toute  cause  de  trouble  dans  l'éducation.  Pour  arri- 
ver à  cette  fin,  le  magnagnier  ne  peut  pas  tout,  mais  il  peut  quelque  chose. 
liC  trouble  dans  la  marche  des  vers  peut  provenir  d'une  des  trois  causes 
suivantes  :  i"  les  variations  atmosphériques  qui  arrivent  brusquement; 
1°  une  mauvaise  direction  de  l'éducation  ;  3°  le  mélange  des  races  dans  les 
graines.  » 

68.. 


(  h^  ) 

...  ....,.■.  •> — ..,'.,,,.;,...;,.   ,v^.,:'  .:■  .     ■■■:'■.■  :.  :•   •.■    -  ,  •li-^ 

SÉRICICULTURE.   —  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Hardy.   (Communiqués^ 

par  M.  de  Quatrefages.) 
MM   ■•        !  m  .-s-rHV  «  J»mm«,  ag  juillet  1857.  <» 

»  J'ai  le  regret  de  vous  annonce**  que  notre  situation  n'est  pas  aussi  bonne 
que  l'année  dernière.  L'étisie  bien  caractérisée  s'est  montrée  dans  un  certain 
nombre  de  localités  et  y  a  réduit  presque  à  néant  la  plupart  des  éduca- 
tions. Quelques  localités  n'ont  pas  été  atteintes  et  ont  donné  des  résultats 
passables,  mais  l'ensemble  de  la  récolte  est  médiocre. 

»  La  maladie  qui  décime  les  vers  à  soie  se  présente,  je  ne  crois  pas  nie 
tromper,  avec  toutes  les  allures  d'une  affection  épidémique.  Elle  envahit 
les  localités  les  unes  après  les  autres  et  suit  pour  nous  la  même  marche 
qu'ont  suivie  la  maladie  des  pommes  de  terre  et  celle  de  la  vigne. 

»  Les  graines  d'Andrinople  que  nous  avons  reçues  cette  année  ont  donné 
de  bons  résultats  quant  aux  cocons;  mais  la  ponte  n'a  pas  été  satisfaisante. 
Celle  de  ia  race  de  Circassie  a  été  bien  supérieure. 

»  J'ai  essayé  deux  onces  de  la  graine  André  Jean.  Sa  race  blanche  a  eii 
un  peu  la  maladie  et  m'a  donné  une  demi-récolte  ;  sa  race  jaune  a  eu  l'étisie 
en  plein  et  n'a  pas  donné  un  seul  cocon.  La  graine  était-elle  infectée  déjà  ou 
a-t-elle  été  envahie  ici  ?  Cependant  celle  d'Andrinople,  placée  dans  les  mêmes 
conditions,  a  bien  réussi.  » 

Observations  de  M.  de  Qcatrefaces  sur  les  communications  de 
MM.  Champoiseau,  Nadal,  Hardy. 

«  Il  me  semble  facile  de  répondre  à  la  question  posée  par  M.  Hardy 
relativement  à  la  graine  André  Jean.  Dans  d'autres  locaUtés,  notamment 
dans  les  Cévennes,  cette  graine  a  donné  de  magnifiques  résultats.  Elle 
n'était  donc  pas  malade,  et  si  elle  a  si  mal  réussi  à  Alger,  il  ne  faut  voir  dans 
ce  résultat  regrettable  que  la  suite  d'une  infection  locale  semblable  à  celles 
qu'on  a  tant  de  fois  constatées,  ou  bien  un  fait  de  contagion  analogue  à 
ceux  qu'a  signalés  M.  le  comte  de  Retz. 

a  Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  combien  ce  qui  se  passe  en  Algérie  vient 
confirmer  l'opinion  que  dès  les  premiers  jours  j'ai  émise  sur  l'étisie.  Tout 
démontre  de  plus  en  plus  la  nature  épidémique  et,  qui  plus  est,  la  nature 
contagieuse  de  cette  affection. 

)•  Or  ici  la  doctrine  théorique  doit  avoir  une  influence  décisive  dans  la 
pratique.  Si  l'étisie  n'est  pas  une  épidémie  viciant  le  germe  jusque  dans  la 


(  523  ) 
graine,  si  elle  tient  à  des  circonstances  purement  locales,  des  précautions 
prises  sur  place  suffisent  pour  la  combattre.  Si,  au  contraire,  il  s'agit  d'une 
affection  passée  à  l'état  épidémique,  ces  précautions  deviennent  insuffisantes 
et  il  faut  avant  tout  se  procurer  une  graine  qui,  développée  hors  de  tes 
influences  délétères,  puisse  donner  des  produits  sains  au  moinsà  la  première 
génération.  .ii.:ili  ri  i;^  i  or  >  riO'ijfMTir  :;vijï;j  ;■!.  orit-'nif  t,     - 

»  La  Commission  nommée  par  l'Académie  avait,  on  le  sait,  réservé  com- 
plètement cette  question.  Elle  ne  s'était  occupée  que  des  causes  qui  avaient 
pu  engendrer  l'étisie.  Or  dans  les  communications  de  MM.  Champoiseau  et 
Nadal,  nous  trouvons  une  éclatante  confirmation  des  idées  soutenues  par 
vos  Commissaires.  En  Italie  surtout,  non  loin  de  pays  aussi  rudement  atteints 
que  la  Lombardie,  une  contrée  entière  a  échappé  jusqu'ici  à  l'épidémie. 
Or  c'est  précisément  un  point  sur  lequel  ont  été  mis  en  pratique  de  tout 
temps  tous  les  moyens  recommandés  par  votre  Commission.  La  race 
formée  sous  cette  influence  séculaire  ne  peut  qu'avoir  acquis  un  pouvoir  de 
résistance  exceptionnel,  et  il  me  parait  probable  que  les  graines  boulonaises 
doivent,  d'après  ce  fait,  être  comptées  au  nombre  des  meilleures.   » 

GÉOLOGIE.  —  De  la  formation  et  de  la  répartition  des  reliefs  terrestres  [sjstèmts 
de  montagnes  de  l'Europe  occidentale)  ;  par  M.  F.  de  Fraxcq.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Élie  de  Beaumont,  de  Senar- 
mont,  et  Sainte-Claire  Deville  en  remplacement  de  feu  M.  Dufrénoy.) 

«  M.  Élie  de  Beaumont  nous  a  démontré  dans  sa  Notice  sur  les  systèmes 
de  montagnes  que  l'on  est  conduit,  en  admettant  un  état  primitif  de  fusion 
du  globe,  à  admettre  aussi  les  trois  données  suivantes  :  i*  la  diminution 
progressive  de  volume  que  subit  la  masse  en  fusion  du  globe  en  se  solidi- 
fiant ;  2°  les  phénomènes  mécaniques  qui  doivent  résulter  d'une  diminution 
de  volume  progressant  plus  lentement  à  partir  d'un  moment  donné  à  la 
surface  qu'à  l'intérieur  du  globe,  et  3°  la  formation  des  rides  ou  alignements 
de  l'écorce  terrestre  sur  les  grands  cercles. 

»  Les  deux  premières  de  ces  données  sont  les  conséquences  directes  du 
refroidissement  du  globe,  et  la  troisième  n'est,  à  son  tour,  elle-même  que 
le  résultat  de  la  seconde.  Le  refroidissement  serait  donc,  en  admettant 
l'état  de  fusion  du  globe,  la  cause  première  de  la  formation  des  rides  ou 
exhaussements  de  l'écorce  terrestre,  et  cette  théorie  conduirait  implicite- 
ment à  admettre  que,  si  ce  refroidissement  s'est  opéré  d'une  manière  plus 


{  5a4  ) 
ou  moins  uniforme,  les  phénomènes  mécaniques  qui  ont  donné  lieu  à  la 
formation  des  rides  ou  exhaussements  de  l'écorce  terrestre  ont  dû  provenir 
d'une  somme  analogue  de  refroidissement  sur  tous  tes  grands  cercles,  et  pro- 
voquer par  cela  même  un  excès  d'ampleur  semblable  sur  chacun  de  ces 
grands  cercles  dans  la  partie  supérieure  de  l'écorce  terrestre. 

»  La  théorie  des  reliefs  terrestres  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à 
l'Académie  dans  mes  précédents  Mémoires  repose  donc,  on  le  voit,  sur  les 
données  fondamentales  de  la  théorie  des  soulèvements  de  M.  Élie  de  Beau- 
mont,  et  ne  forme  même  qu'un  corollaire  de  cette  théorie;  mais  nos  deux 
modes  d'envisager  les  reliefs  terrestres  partant  cependant  de  deux  points  de 
vue  différents,  je  crois  qu'il  peut  être  de  quelque  intérêt  pour  la  science 
d'examiner  à  quelles  conclusions  conduisent  ces  deux  théories,  lorsque  l'on 
combine  leurs  résultats  entre  eux. 

Systèmes  de  montagnes  de  l'Europe  occidentale. 

»  Les  constantes  que  j'ai  mentionnées  dans  mes  précédents  Mémoires  ten- 
draient à  prouver  «  que  l'écorce  terrestre  a  dépensé  sur  chacun  de  ses 
»  grands  cercles  une  somme  analogue  d'excès  d'ampleur  en  plis  ou  exhaus- 
»  sements,  et  que,  lorsque  cet  excès  d'ampleur  a  été  réparti  sur  plus  de 
»  I02  degrés,  sur  des  grands  cercles,  il  a  provoqué  la  formation  d'aligne- 
»  ments  terrestres  parallèles  à  ces  derniers.  » 

»  Il  en  résulterait  que  «  tout  grand  cercle  qui  forme  l'axe  d'un  système 
»  de  montagnes  a  dû  avoir  un  trop  grand  développement  d'arcs  d'exhaus- 
»  sèment,  ou,  autrement  dit,  d'arcs  émergés  au  moment  de  la  formation  de 
»  ce  système.  » 

»  Les  grands  cercles  des  systèmes  de  montagnes  de  M.  Elie  de  Beaumont 
viennent-ils  confirmer  ou  non  ce  fait  ? 

»  Je  commencerai  par  prendre,  pour  approfondir  cette  question,  les 
grands  cercles  des  vingt  et  un  systèmes  que  l'auteur  de  la  Notice  sur  les  sys- 
tèmes de  montagnes  admet  provisoirement  dans  l'Europe  occidentale,  et  je 
rangerai  ces  grands  cercles  par  ordre  d'inclinaison  dans  le  tableau  ci-joint, 
en  mentionnant  :  i°  l'étendue  de  leurs  arcs  émergés;  a"  la  direction  que 
ces  grands  cercles  ont  chacun  à  Milford,  au  Bingerloch  et  à  Gorinthe; 
3"  en  indiquant  enfin  l'âge  relatif  des  systèmes  dont  ils  nous  caractérisent 
la  direction  (i). 

(i)  y  oyez  page  832  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes,  et  PI.  I,  TI  et  ///  de  cette 
Notice. 


525-,  ) 


s 


iS 


SYSTÈMES 

riK     MONTAGNES 

de 
l'Kurope  occidentale. 


Corse  et  Sardaigiie . . . 
Nord  de  l'Angleterre. 

Vercors 

Rhin 

Alpes  occidentales. . . 

Longmynd 

(Moy.  du  3'  et  12^  syst. 

Côte-d'Or 

Hundsruck 

Sancerrois 

Alpes  principales.  . . . 

Axe  volcanique 

Finistère 

Tatra 

Pays-Bas 

Ballons 

Pyrénées 

Thuringerwald 

Morbihan 

Mont  Viso 

Ténare 

Vendée 

Forez 


ÉMERGBMENTS 

des 
grands 
cercles. 


ÉTENDUE 

DES   ARCS   ÉMERGÉS 
des  grands  cercles. 


56  J 

63 

57 


xz. 
xt. 
xz. 


ÉHEBUEHENTS 

moyens 

des 

faisceaux. 


'49 

i3oi 
i35i 
i65J 

27  I 
20 1 

07  i- 
47  i 
98-1- 
95 
io5  J 

96i  • 
"7t  • 
116     . 


V  35,80 


1108,96  arï. 


DIRECTION   DES   GRANDS    CERCLES. 


A    MILFORD. 


UIRECTIOMS 

des 
grands 
cercles. 


N.  II. 21  O. 
N.  7.37  O. 
N.  0.140. 
N.  II.  8E. 
N.  i8.3oE. 
N.  21.24  E. 
N.  3i.55E. 
N.  42.27  E. 
E.  41.12  N, 
E.  3i.52  N. 

E.  23.10  N. 
E.  22.10  N. 
E.  14.13  N. 
E.  11.54  N. 
0.  6.17  N. 
O.  i4-i4N. 
0.  26.22  N. 
0.  36.35  N. 
N.  3i.55  0. 
N.  26.15  0. 
N.  24.140. 
N.  2i.5i  O.) 


DIRECTIONS 

moyennes 


DIAECTIONS 


grands 
cercles. 


E.  25.24  N. 
E.  20.28  N, 


N.  i.nO. 
N.    2.3o  E. 

N.  9.48  E. 
N.  21.  4»E. 
N.  28.19  E. 
N.  3i.i5E. 
N.  41.40  E. 
E.  37.55  N. 
E.  3i.3oN. 
E.  22.18  N, 


,EBLOCU. 

A    CÛRINTHE. 

DIRECTIONS 

OIRBCTIOSS 

dikei;ti<;n3 

moyennes 

des 

raoyeiHics 

des 

grands 

des 

faisceaux. 

cercles. 

faisceau  Xi 

0    / 

N.    8.23  E. 

N.  10.44  E. 

N.  19.  9E. 

N.  3o.5o  E. 

N.  38.25  E. 

N.  41.19  E. 

N.  26.54  0. 


E.  i5 
E.  12 
E.  4 
E.  2 
O.  16 
0.23. 
0.36. 
N.  43, 
N.  21. 
N.  i5 
N.14 
N.  n 


.  6N. 
,21  N. 
.32  N. 
.  N. 
35  N. 
3N. 
47  N. 
58  O. 
5i  O. 
46  0. 
32  0. 
5o0. 


i5.52,N 
10.42  N, 


N.  16.     O. 


1 


E.  37.52  N. 
E.  27.  3  N. 

E.  20.24  ^. 
E.  lo.SoN. 

E.  5,29  N. 
E.  0.35  ÎN. 
0.  6.59  N 
O.  9.48  N. 
0.  28.36  N. 
0.32.  2N. 
N.  41.59O. 
N.  35.21  0. 
N.  i2.5oO. 
N.  5.430. 
N.  6.5oO. 
N.    3.150. 


E.  4.38  N. 
\0.  o.':,!^  N. 


N.  8.  :i0. 


»  Ces  grands  cercles  n'ont  pas  tous  de  fortes  sommes  d'émergement  ; 
mais  ceux  d'entre  eux  qui  ont  plus  de  loa  degrés  d'arcs  émergés  (i),  et  qui 
rentrent  par  cela  même  dans  la  catégorie  de  mes  grands  cercles  dépressifs., 
forment  deux  faisceaux  dont  la  direction  mérite  de  fixer  notre  attention.  Le 
premier  de  ces  faisceaux  est  borné  au  nord  par  le  grand  cercle  du  système 
de  la  Côte-d'Or,  et  au  sud  par  celui  du  système  des  Ballons;  mais  le  grand 


(i)  Le  grand  cercle  du  système  du  Ténare  n'a  que  96  degrés  xz  d'arcs  émergés;  mais  xz 
nous  représentent  vraisemblablement  des  arcs  d'exliaussement  d'une  assez  forte  étendue,  car 
notre  grand  cercle,  qui  remonte  jusqu'au  81*  degré  de  latitude,  entre  par  la  terre  d'En- 
derby  et  sort  par  la  terre  Victoria  des  régions  australes  inconnues,  en  formant  sur  ce  par- 
cours un  arc  de  près  de  3o  degrés;  j'ai  donc  cru  devoir  le  classer  parmi  mes  grands  cercles 
dépressifs. 


(  .^^6  ) 
cercle  du  système  de  I^ongmynd,  qui  a  déjà  102  degrés  x  (i)  d'arcs  émer- 
ges, formant  un  angle  de  21"  3'  avec  le  grand  cercle  du  système  de  la  Côte- 
d'Or,  qui  a  149  degrés  d'émergement,  je  crois  que  la  direction  moyenne  de 
ces  deux  derniers  grands  cercles  représenterait  plus  exactement  la  limite  nord 
de  notre  faisceau,  que  ne  pourrait  le  faire  le  grand  cercle  du  système  de  la 
Côte-d'Or.  La  direction  moyenne  de  ce  faisceau  correspondrait  alors  pres- 
que entièrement  à  celle  du  système  de  l'axe  volcanique,  ainsi  qu'on  peut  en 
juger  par  le  résumé  suivant  : 


DIRBCTION   HOYJE.VME  DU   FAISCEAU   DËPRESSir. 


A  Milford. .  .  . 
Au  Bingerloch, 
A  Corinlhe. . . 


E.  25°  24'  N. 
E.  i5«  52'  N. 
E.    4°  38'  N. 


DIKICTION   DU   STSTÈHE 

de 
l'axe  volcanique. 


E.  23»   10' N. 

E.  15°    6'  N. 
E.    5»  29'  N. 


2»  44' 
o»46' 
i°5i' 


»   Le  second  faisceau  de  grands  cercles  dépressifs  se  dirige,  à  son  tour, 
presque  identiquement  dans  la  direction  du  système  du  Ténare. 


DIKECTION    MOYENNE    DU    DEUXIKME    FAISCEAi:    REPRESSir. 


A  Milford 

Au  Bingerloch 
A  Corinthe. .  . 


iN.  26»  52'  O. 
N.  16°  »  O. 
N.    8°    3'  O. 


DIRECTION    DU    SYSTÈME 

du  Ténare. 


N.  26»  i5'  0. 
N.  i5°46'  0. 
N.    5°43'0. 


o»39' 
o»  i4' 
2"  20' 


Et  si  nous  comparons  entre  elles  les  moyennes  des  arcs  émergés  de  nos  deux 
faisceaux  dépressifs,  nous  trouverons  que  les  sommes  dont  ces  moyennes 
dépassent  le  chiffre  de  102  degrés  sont  entre  elles  comme  33°  80'  est  à 
6°  96'  jcz.  Cette  proportion  correspondrait  approximativement  à  la  puis- 


(  I  )  Le  grand  cercle  du  système  de  Longmynd,  qui  s'élève  jusqu'au  70  ^  degré  de  latitude, 
passe  au  nord  du  Nouveau-Shetland,  et  ne  touche  pas  dans  ces  régions  antarctiques  à  des 
teires  connues;  je  crois  donc  qu'il  n'a  pas  en  réalité  plus  de  102  degrés  d'arcs  émergés,  et 
qu'il  ne  fait  pas  ainsi  partie  de  mes  grands  cercles  dépressifs. 


(  5a.7  ) 
sance  des  systèmes  de  l'axe  volcanique  et  du  Ténare,  si  nous  réunissons  au 
système  de  l'axe  volcanique  celui  des  Alpes  principales  dont  la  direction  est 
presque  la  même,  et  qui  semble  former  le  commencement  d'un  grand  sys- 
tème dont  les  volcans  du  système  de  l'axe  volcanique  ne  nous  représente- 
raient que  les  dernières  phases  d'activité.  !  '  ' 

»  Les  deux  faisceaux  de  grands  cercles  dépressifs  qui  existent  dans  l'Eu- 
rope occidentale  suivent  donc,  non-seulement  chacun  la  direction  d'un  de 
ses  deux  derniers  systèmes,  mais  viennent  en  motiver  encore  la  puissance 
relative.  Ces  faits  nous  prouveraient  que  les  surfaces  qui  s'élèvent  de  nos 
jotirs  au-dessus  des  mers  ont  donné  lieu,  par  leur  développement  et  leur 
répartition  sur  les  grands  cercles,  à  la  formation  des  systèmes  qui  sont  con- 
temporains de  notre  époque  actuelle  (i),  et  il  en  résulterait  que  «  si  la  for- 
»  mation  d'un  système  de  montagnes  dépend  de  l'étendue  et  de  la  réparti- 
»  tion  des  surfaces  émergées  qui  sont  contemporaines  de  ce  système,  nous 
«  devons  admettre  aussi  que  les  changements  de  directions  que  l'on  constate 
»  dans  les  systèmes  qui  se  suivent  proviennent  de  la  modification  qui  s'est 
»  opérée  de  période  en  période  sur  les  grands  cercles  du  globe  dans  l'éten- 
)>  due  et  la  répartition  de  ces  surfaces  émergées.  «  Nous  ne  devons  donc 
pas  vouloir  retrouver  de  nos  jours,  sur  les  grands  cercles,  des  chiffres  démer- 
gement  qui  soient  applicables  à  la  formation  des  systèmes  antérieurs  à  notre 
époque  actuelle. 

»  Les  faisceaux  dépressifs  de  la  rose  de  directions  que  j'ai  citée  ci-dessus 
nous  en  donnent  au  reste  la  preuve  par  l'âge  relatif  des  systèmes  qui  sont 
groupés  dans  ces  faisceaux. 

»  Le  premier  d'entre  eux  est,  en  effet,  formé  :  i"  par  le  grand  cercle  du 
système  de  la  Côte-d'Or,  qui  est  le  douzième  en  âge;  2°  par  celui  du  système 
de  Hundsruck,  qui  est  le  cinquième  en  âge;  3"  par  celui  du Sancerrois,  qui 
est  le  dix-huitième  en  âge  ;  4°  par  celui  du  système  de  l'axe  volcanique,  qui 
est  le  vingtième  en  âge;  5°  par  celui  du  système  du  Finistère,  qui  est  le 
deuxième  en  âge;  6°  par  celui  du  système  du  Tatra,  qui  est  le  dix-septième 
en  âge  ;  7°  par  celui  du  système  des  Pays-Bas,  qui  est  le  neuvième  en  âge; 
8"  par  celui  du  système  des  Ballons,  enfin,  qui  est  le  sixième  en  âge. 

»  Ces  systèmes,  qui  datent  d'époques  si  différentes,  ont  dû  se  former  évi- 
demment chacun  dans  d'autres  conditions  que  celles  que  nous  constatons 
aujourd'hui;  car  le  système  des  Pyrénées,  celui  de  Corse  et  Sardaigne  et 
celui  enfin  des  Alpes  occidentales  n'ont  plus  sur  leurs  grands  cercles  de 


(0  ^'o/cz  page  1290  de  la  Notice  sur  les  systèmes  de  montagnes. 

C.    R.    i858,    i«"-  Semestre.  (T.  XLVI,  «o  ij.)  69 


(  5a8  ) 
fortes  sommes  d'kr'c's  éttïèi^gés.  Nous  devons  donc  adrtiettre,  à  plus  forte 
raison,  que  le  syistèine  du  Finistère,  par  exemple,  qui  est  le  deuxième  en 
âge,  et  qui  suit  une  direction  presque  parallèle  au  système  de  l'aîxe  volca- 
nitjue,  tî'à  i65  degrés  d'arcs  émergés  sur  son  grand  cercle  que  parce  qu'il 
fait  partie  de  nouveau  d'un  faisceau  dépressif,  et  la  faible  somme  d'émar- 
gement du  grand  cercle  du  dix-neuvième  système  (du  systèfne  des  Alpes 
occidentales)  nous  prouve,  à  son  tour,  que  le  remaniement  dés  reliefs  de 
l'écôrce  terrestre,  iqfui  a  donné  lieu  à  la  formation  de  nôtre  faisceau  dépressif 
à'èttiel,  eàt  postérieur  à  ce  système. 

»  Nous  voyons  donc  que  si  d'un  côté  l'étendue  et  la  répartition  des 
surfaces  émergées  viennent  nous  motiver  dans  notre  époque  actuelle  la  for- 
mation des  systèmes  des  Alpes  principales,  de  l'axe  volcanique  et  du  Ténare, 
d*uh  autre  côté  le  systèrtie  dés  Alpes  occidentales,  celui  de  CoVse  et  Sar- 
daigne,  ainsi  que  celui  dès  Pyrétiéiefs,  nous  indiquent,  par  la  faible  somme 
dés  àf-cs  émergés  de  leiu's  grands  cercles,  «  qu'à  l'époque  de  la  for'mation 
»  de  ces  systèmes,  les  grâtids  cercles  des  systèmes  de  nos  faisceaux  dépres- 
»  sifs  âctitels  ne  devaient  pas  avoir  vraisemblablement  de  fortes  sommes 
»  d'àfcs  émergés,  puisque  l'action  dépressive  de  l'écôrce  terrestre  se  portait 
»  iilors  sur  d'autres  directions  qu'elle  ne  le  fait  aujoiird'hui.  » 

PHYSIQUE.  —  Machine  pneumatique  à  mercure,  fonctionnant  sans  pistons  ni 
soupapes,  faisant  aisément  le  vide  à  jnoitis  dicn  ifiittième  de  fnHlimètre,  et  don- 

"*'iiant,  dctns  certains  cas,  le  vide  barométrique  ;  par  M.  A.  Gaïracd.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

.„^^  (Commissaires,  MM.  Pouillet,  Séguier.) 

a  Les  savants  admettent  qu'avec  les  machines  pneuma!tiques  ordinaires 
ort  rte  peut  obtenir  le  vide  qu'à  moins  de  i  miflintiètre,  et  que,  mètne  théo- 
riquement, on  ne  peut  dépasser  une  certaine  limite,  attendu  qu'il  arrive 
toujours  un  moment  où  la  quantité  d'air  qui  reste  sous  le  récipient  ne  peut 
plus  soulever  les  soupapes.  La  machine  pneumatique  à  mercure  dont  il  est 
ici  question  n'offi-e  pas  ces  inconvéiiients. 

»  Cêhe  machine  se  compose  d'un  tube  barométrique  d'environ  80  centi- 
mètr'es  de  long  et  de  7  à  8  millimètres  de  diamètre,  tordu  en  siphon  à  sa 
partie  inférieure  à  laquelle  se  trouve  adapté  un  robinet  en  fer.  En  cet  en- 
droit, le  tube  a  un  peu  la  forme  d'un  i/î  renversé.  A  la  partie  supérieure  du 

tube  barométrique  est  û%.é  un  bocal  ou  lui  œuf  de  verre  de  j  de  litre  à  i 


f  5i9  ) 
ou  2  litres  de  capacité,  muni  en  bas  d'un  robinet,  et  en  haut  duu  autre 
robinet  surmonté  d'un  entonnoir.  .-i  > 

»  Toutes  Jes  montures  sont  en  fer.  L'appareil  est  fixé  sur  une  table. 

»  Quand  on  veut  le  faire  fonctionner,  on  le  remplit  de  mercure  p^r  l'en- 
tonnoir, on  ferme  le  robinet  supérieur  et  on  ouvre  les  deux  autres.  Lq 
mercure  s'écoule  dans  une  cuve  placée  par-dessous,  et^'arréte  dans  le  tiibe 
à  76  centimètres  de  haut.  Le  vide  barométrique  est  donc  dans  le  bocal  qui 
est  ici  la  chambre  barométrique. 

«  Si  on  remplissait  aussi  l'entonnoir  de  mercure  et  que  l'on  fixât  une 
peau  de  baudruche  par-dessus,  en  ouvrant  tous  les  robinets  on  aurait  l'ex- 
périence du  crève-vessie.  Pour  l'expérience  des  hémisphères  de  Magdebourg 
on  n'a  qu'à  percer  l'hémisphère  supérieur,  afin  de  pouvoir  remplir  les  deux 
héinisphères  de  mercure.  On  ferme  par-dessus,  on  ouvre  le  robinet  infé- 
rieur, le  mercure  s'écoule  et  le  vide  absolu  se  trouve  intérieurement. 

»  On  peut  cependant  avoir  besoin  de  faire  le  vide  spus  une  cloche,  comme 
avec  les  machines  pneumatiques  ordinaires.  Ici  encore  la  machine  à  mercure 
est  supérieure  à  la  machine  ordinaire,  en  ce  qu'elle  peut  donner  le  vide  à 
l'infini.  Le  récipient  communique  avec  la  chambre  barométrique  au  moyen 
d'un  tuyau  incliné,  en  fer,  au  milieu  duquel  se  trouve  un  robinet.  On  met 
le  récipient  sur  la  platine,  et  lorsqu'on  a  fait  le  vide  dans  la  chambre  baro- 
métrique, on  ouvre  le  robinet  qui  met  cette  dernière  en  communication 
avec  le  récipient.  Si  les  deux  vases  sont  d'égale  capacité,  on  enlève  la  moitié 
de  l'air  du  récipient.  En  continuant  les  opérations,  on  trouve  qu'après  la 

10*  il  reste 7  de  l'air  primitif,  et  après  la  ao",  — .„-  ^-  Ce    résultat  n'est 

1024  f  j        r  '  1040570 

pas  douteux,  puisque  l'air  doit  toujours  se  dédoubler  en  vertu  de  sa  force 

expansive. 

»  L'opération  du  suiffage  est  remplacée  avantageusement  par  une  plaqiuw? 

de  caoutchouc  vulcanisé  de  4  à  5  millimètries  d'épaisseur  que  l'op  pose  ^ur 

la  platine. 

■  »  Cette  machine  revient  à  bien  meilleur  marché  que  les  m^cbines  pn^eur 

matiques  ordinaires. 

»  Les  expériences  sont  aussi  concluantes  avec  y  de  litre  de  mercure  qu'a- 
vec ï  litres. 

»  On  peut  construire  ces  machine^  avec  de  la  gutia-percha,  et  alors  elles 
coûteraient  bien  moins  encore.  ,      ,  "...        ' 

»  Cette  machine  ppeura^tique  explique  très-simplement  la  pression  de 

69.. 


(  53o  ) 
l'atmosphère  ;  elle  serait  très-utile  dans  les  lycées  et  les  collèges  pour  les  dé- 
monstrations.  Elle  permet  de  faire  toutes  les  expériences  sur  la  pneuma- 
tique. 

»  Applications.  —  Si  l'on  fait  le  vide  dans  un  cylindre  dans  lequel  s'em- 
boîte un  piston,  on  obtiendra  une  très-grande  pression  sur  ce  piston, 
lequel  en  descendant  pourra  entraîner  une  plaque  de  tôle  ou  de  bois,  et 
former  une  presse  atmosphérique  très-puissante.  On  peut  remplacer  dans  ce 
cas  le  mercure  par  l'eau,  en  donnant  au  tuyau  d'épuisement  une  largeiu- 
convenable.  Enfin,  on  pourrait  peut-être  appliquer  le  même  principe  à  l'é- 
bullition  dans  le  vide,  en  faisant  écouler  une  partie  du  liquide  contenu  dans 
la  chaudière  au  moyen  d'un  tuyau  de  lo  mètres.  » 

CHIMIE.  —  Procédés  de  préparation  et  d'analyse  de  l'oxyde  d'urane; 

par  M.  L.  Kessler. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Peligot.) 

«  Les  différents  procédés  qui  ont  été  donnés  pour  séparer  l'urane  des 
métaux  qui  l'accompagnent  dans  les  minerais,  laissent  tous  quelque  chose  îi 
désirer.  Celui  d'Arfvedson,  qui  est  le  plus  généralement  employé  et  le  plus 
exact,  a  encore  le  défaut  de  laisser  dans  l'oxyde  d'urane  des  oxydes  de 
nickel  et  de  zinc  qui,  précipités  en  même  temps  que  l'oxyde  de  fer  qui  les 
retient,  sont  ensuite  redissous,  ainsi  qu'une  portion  notable  de  ce  dernier, 
dans  le  carbonate  d'ammoniaque,  et  se  retrouvent  dans  l'acide  que  l'éva- 
poration  en  sépare.  Le  traitement  ultérieur  du  protoxyde  n'effectue  pas 
facilement,  et  surtout  pas  nettement,  leur  élimination.  D'un  autre  côté,  si 
la  cristallisation  des  sulfates  doubles  uranico-potassique  ou  urano-sodique 
permet  d'obtenir  de  l'oxyde  d'urane  parfaitement  pur,  ce  moyen  n'est 
pas  analytique.  Nous  avons  donc  pensé  qu'il  serait  d'un  certain  intérêt  de 
décrire  un  procédé  qui  nous  a  constamment  réussi  et  que  nous  avons  basé, 
d'une  part  sur  la  grande  affinité  des  bicarbonates  alcalins  pour  l'oxyde 
uranique,  de  l'autre  sur  le  peu  d'affinité  de  l'urane  pour  le  soufre. 

»  On  dissout  le  pechblende  dans  l'acide  nitrique,  on  ajoute  de  l'eau  et 
on  précipite  à  la  température  de  3o  degrés  centigrades  environ  par  l'hydro- 
gène sulfuré,  afin  de  réduire  l'acide  arsénique  et  d'en  effectuer  la  séparation 
par  le  filtre,  sous  forme  de  sulfure,  en  même  temps  que  celle  du  cuivre  et 
du  plomb.  On  oxyde  de  nouveau  le  fer  dans  la  liqueur,  soit  par  le  chlore, 
soit  par  l'acide  nitrique  à  chaud.  On  ajoute  de  l'acide  tartrique,  on  sature 
par  l'ammoniaque  et  tout  reste  en  dissolution.  On  additionne  de  bicarbo- 


(  53i  ) 
nate  sodique  bien  saturé  d'acide  carbonique,  puis,  soumettant  de  nouveau 
et  rapidement  à  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré  tant  que  la  liqueur  précipite, 
on  sépare  des  sulfures  de  zinc,  de  fer,  de  nickel  et  quelquefois  de  cobalt, 
tandis  que  l'oxyde  d'urane  reste  en  dissolution.  On  lave  ces  précipités  avec 
une  dissolution  étendue  de  bicarbonate  de  soude  saturée  d'acide  carbonique 
et  additionnée  d'hydrogène  sulfuré.  L'évaporation  et  le  grillage  permettent 
de  retrouver  l'oxyde  d'urane. 

•  Il  est  probable  que,  pour  l'analyse,  le  bicarbonate  d'ammoniaque  pro- 
duirait le  même  effet  que  celui  de  soude  et  permettrait  d'obtenir  par  calci- 
nation,  grillage  et,  au  besoin,  pour  terminer,  par  déflagration  avec  un  peu  de 
nitrate  d'ammoniaque,  un  oxyde  d'urane  exempt  d'alcali. 

»  Dans  ce  procédé,  on  doit  avoir  soin  pendant  le  passage  de  l'hydrogène 
sulfuré  dans  la  liqueur  tartrique,  d'y  maintenir  un  excès  d'acide  carbonique 
queSH'  tend  à  déplacer,  et  qui  empêche  par  sa  présence  l'oxyde  d'urane 
de  se  sulfurer,  ainsi  que  les  sulfures  métalliques  de  former  des  sulfosels 
verts  passant  à  travers  le  filtre.  On  y  parvient  aisément  en  se  servant,  pour 
produire  l'hydrogène  sulfuré,  d'un  appareil  dans  lequel  on  attaque  par 
l'acide  muriatique  un  sulfure  de  fer  mêlé  à  quelques  morceaux  de  marbre. 

»  On  peut  aussi  par  économie,  et  lorsqu'on  ne  tient  pas  à  éviter  la  pré- 
sence d'un  peu  d'alcali  dans  l'oxyde  d'urane,  remplacer  l'acide  tartrique 
par  de  la  crème  de  tartre.    » 

M.  Ath.  Boblin  présente  des  remarques  sur  l'usage  qui  est  fait  pour  le 
Bulletin  météorologique  publié  par  l'Observatoire  impérial  de  Paris  des 
dépêches  transmises  à  cet  établissement  par  l'administration  générale  des 
lignes  télégraphiques. 

Cette  î^ote  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Regnault,  Le  Verrier,  de  Senarmont. 

M.  Dejëan,  auteur  d'un  Mémoire  soumis  au  jugement  de  l'Académie, 
en  février  i855,  et  ayant  pour  titre  :  -<  Nouvelle  théorie  de  l'écoulement 
de  liquides  »,  adresse,  comme  complément,  un  compte  rendu  d'expériences 
qu'il  a  faites  à  l'appui  de  cette  théorie  depuis  la  présentation  de  son  travail. 

(Renvoi    à   l'examen   des    Commissaires   précédemment    nommés  : 
M.   Poncelet,  Morin,  Combes.) 

M.  Martha  Becker  adresse  une  nouvelle  rédaction  de  sa  Note  sur  les 


(  532  ) 
tremblements  de  terre,  en  demandant  qu'elle  soit  substituée  à  celle  qui 
avait  été  présentée  dans  la  séance  du  i5  février  dernier. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Çlie  de  Beaumont, 

d'Archiac.) 

M.  Gemn  présente  une  Note  concernant  les  signes  d'après  lesquels  on 
peut,  suivant  lui,  distinguer,  parmi  des  œufs  de  poule,  ceux  qui  doivent 
donner  des  mâles. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Coste.) 

M.  Magitot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  concours  pour 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  un  Mémoire  qu'il  a  publié  comme 
thèse  inaugurale  sur  le  développement  et  la  structure  des  dents  humaines. 

Pour  se  conformer  à  «ne  des  conditions  imposées  aux  concurrents, 
l'auteur  joint  à  cette  demande  une  indication  de  ce  qu'il  considère  comme 
n  euf  dans  son  travail . 

(Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

Un  auteur  dont  le  nom  est  renfermé  sous  pli  cacheté,  adresse  pour  le 
concours  du  legs  Bréant  un  travail  manuscrit  très-considérable,  portant  pour 
titre  :  «  Observations  médico-historiques  sur  le  choléra  asiatique  «  ,  avec 
cette  épigraphe  : 

«    ,  .  .    Quoque  te  causas  et  signa  dncebo.   » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  constituée 

en  Commission  spéciale.) 

CORRESPOIVDANCE 

M.  Lartigue  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Lotiin. 

M.  Lartigue  adresse  en  même  temps  un  exemplaire  d'un  Essai  sur  les 
ouragans  et  les  tempêtes,  qu'il  vient  de  publier  et  qui  forme  le  complément 
de  son  «  Exposition  du  système  des  vents  ». 

«  Les  explications  que  je  donne  sur  les  ouragans,  dans  ma  nouvelle 
publication,  sont,  dit  l'auteur,  conçues  dans  un  autre  ordre  d'idées  que 
celles  des  auteurs  qui  m'ont  précédé  :  loin  de  moi,  cependant,  la  prétention 


(  533  ) 
d'avoir  trouvé  la  solution  défiînitive  de  la  question-,  car  plus  on  l'étudié, 
plus  on  s'aperçoit  que  les  documents  «ur  lesquels  on  peut  opérer  sont 
encore  insuffisants.  lies  observations  faites  simultanément  sur  un  grand 
nombre  de  pointe  de  la  surface  de  la  terre,  peiwlant  la  durée  des  ouragans, 
pourront  sans  doute,  lorsqu'elles  seront  plus  multipliées,  éclairer  un  côté 
important  de  la  question  ;  mais  tant  que  le  'mouvement  de  l'air  dans  les 
hautes  regions  ne  sera  pas  mieux  connu,  on  ne  parviendra  pas  à  donner 
d'explication  satisfaisante  :  dans  le  plus  grand  nombre  de  cars,  en  effet,  les 
ouragans  commencent  à  se  former  dans  les  couches  supérieures  de  l'atmo- 
sphère, souvent  en  dehors  de  la  vue  de  l'observateur;  puis  ils  se  rappro- 
chent du  sol,  et  lorsque  leur  influence  se  fait  ressentir  à  la  surface,  il  est 
presque  toujours  impossible  de  reconnaître  la  forme  qu'ils  affectent  et  toutes 
les  lois  qui  les  régissent.  Dans  la  seconde  édition  de  V Exposition  du  système 
des  vents,  j'ai  abordé  la  question  des  vents  dans  les  i-égions  élevées  de  l'atmo- 
sphère ;  mais  les  observations  sur  le  mouvement  de  l'air,  dans  ces  hautes 
régions,  ne  sont  pas  encore  assez  nombreuses  pour  que  j'aie  pu  donner 
comme  bien  certaines  les  conclusions  que  j'en  ai  déduites.  C'est  principale- 
ment sur  les  observations  de  cette  nature  que  l'attention  des  météorologistes 
et  des  navigateurs  doit  être  appelée,  non-seulement  pour  éclairer  la  ques- 
tion des  ouragans,  mais  encore  pour  rassembler  les  éléments  d'une  théorie 
des  vents  inoins  incomplète.  » 

Les  Lettres  de  M.  Lartigue  sont  renvoyées  à  la  Section  de  Géographie 
et  de  Navigation. 

PHYSIQUE.    —    Sur  quelques  obseivations  étectrométriques  et  électroscopiques ; 
Lettre  de  M.  P.  Voi>i>icELLi  à  M.  C.  Despretz. 

«  Mes  recherches  ultérieures  sur  l'influence  électrique,  que  je  n'ai  pas 
encore  publiées,  m'ont  conduit  à  améliorer  la  sensibilité  et  la  précision 
des  électromètres  à  paillettes;  et  à  faire  des  observations  électroscopi(|ues, 
que  j'ai  l'honneur  de  vous  exposer  brièvement. 

»  i".  En  n>e  servant  des  tiges  de  quelques  plantes  graminées,  j'obtiens 
des  paillettes  très-minces  et  très-égales  entre  elles  que  je  rends  ensuite 
parfaitement  rectilignes,  en  les  laissant,  autant  qu'il  le  faut,  traversées  en 
longueur  par  lui  fil  de  cuivre  bien  tendu.  Et  afin  que  dans  les  charges 
faibles  la  divergence  des  paillettes  devienne  encore  plus  sensible,  je  réduis 
à  I  millimèlre  la  longueur  du  mince  fil  de  cuivre  pour  les  suspendre. 


(  534  ) 

»  2°.  Par  un  mécanisme  convenable,  j'obtiens  que  le  plan  de  la  diver- 
gence soit  toujours  parallèle  à  l'échelle  de  l'instrument,  et  je  dore  toutes  les 
parties  métalliques,  spécialement  les  petits  anneaux  de  cuivre  qui  sou- 
tiennent les  paillettes,  afin  que  les  oxydations  n'empêchent  pas  leur  diver- 
gence. 

»  3°.  Je  supprime  entièrement  la  cloche  de  verre  dans  laquelle  on  a  l'ha- 
bitude d'enfermer  les  paillettes  :  cela  diminue  la  dispersion  de  l'électricité, 
prévient  les  effets  de  l'induction  nuisibles  aux  observations  électromé- 
triques, et  empêche  la  déformation  apparente  des  paillettes. 

»  [f.  Je  soutiens  l' électromètre  au  moyen  d'un  anneau  de  verre  vernis, 
pouvant  monter  ou  descendre,  et  du  centre  duquel  pendent  les  paillettes. 

>j  5".  Pour  accroître  la  divergence  des  paillettes,  quand  elles  sont 
annexées  au  condensateur,  j'ai  réduit  les  deux  disques  à  l'épaisseur  d'un 
seul  millimètre,  et  j'ai  fait  en  sorte  que  deux  petits  cylindres  horizontaux 
non  isolés  puissent,  par  leurs  extrémités,  se  rapprocher,  autant  qu'on  veut, 
de  ceux  des  paillettes,  quand  les  observations  sont  électroscopiques.  Le 
disque  supérieur,  ou  collecteur,  est  surmonté  d'un  semi-cercle  de  verre  ver- 
nis, afin  que  la  source  de  l'électiicité  puisse  se  placer  dans  le  centre  du 
même  disque,  tandis  que  l'inférieur,  ou  base,  communique  toujours  égale- 
ment avec  le  sol. 

»  6°.  L'élévation  ou  l'abaissement  du  disque  supérieur  s'opère  par  le 
moyen  d'un  engrenage,  qui  empêche  toute  pression  et  tout  frottement  sur 
le  vernis  des  disques. 

»  7°.  Le  fond  ainsi  que  les  autres  parties  de  l'instrument  sont  assez  éloi- 
gnées des  paillettes,  afin  que  quand  celles-ci  doivent  servir  d'électromètre, 
leur  divergence  dépende  uniquement  de  la  répulsion  électrique. 

»  8".  L'angle  de  cette  divergence  se  mesure  par  le  moyen  de  deux 
niveaux,  qui  peuvent  à  volonté  s'éloigner  et  se  rapprocher  parallèlement 
entre  eux.  Une  échelle  divisée  en  millimètres,  et  tracée  sur  une  ligne  droite 
qui  mesure  la  distance  entre  les  mêmes  niveaux ,  et  deux  verniers,  conve- 
nablement placés,  servent  à  donner  avec  la  plus  grande  exactitude  soit  le 
sinus  de  la  moitié,  soit  la  corde  de  l'angle  des  paillettes. 

«  9°.  Enfin  un  fil  d'acier,  ayant  les  mêmes  dimensions  que  les  paillettes, 
se  trouve  interposé  verticalement  entre  celles-ci,  et  l'on  peut,  avec  la  plus 
grande  facilité,  l'enlever  ou  le  placer  entre  elles.  Par  ce  fil  métallique,  l'an- 
gle des  paillettes  devient  le  double  de  ce  qu'il  serait  sans  lui,  si  la  source 
d'électricité  est  indéfectible;  mais  si  elle  est  défectible,  et  aussi  très-faible, 
alors  le  même  angle,  s'il  ne  devient  pas  double,  sera  toujours  plus  grand 


(  535  ) 
qrie  l'aulre.  En  appliquant  à  l'électroscope  de  Bennetl  le  même  fil  métallique 
entre  les  deux  feuilles  d'or,  il  deviendra,  lui  aussi,  bien  plus  sensible. 

a  L'instrument  ainsi  modifié  pourra  justement  être  nommé  micro-éleclro- 
mètre  à  index  vertical. 

»  Première  observation.  —  Plusieurs  physiciens  se  sont  occupés  d'expé- 
riences électro-hygrométriques;  parmi  ceux-ci  Coulomb  (i),  Haller  (2)  et 
plus  encore  Volta  (3);  cependant  leurs  méthodes  laissent  beaucoup  à  dési- 
rer. J'ai  eu  lieu  d'observer,  en  employant  toujours  l'électromètre  condensa- 
teur sus-indiqué,  que  si  la  charge  de  celui-ci  est  suffisante^  la  divergence  des 
paillettes  présente  deux  phases  distinctes,  c'est-à-dire  qu'elle  diminue  dans  la 
première  avec  une  grande  rapidité,  et  dans  la  seconde  avec  une  grande  len- 
teur et  régularité;  de  manière  que  dans  celle-ci,  pendant  une  ou  deux  secon- 
des, elle  est  sensiblement  stationnaire  et  l'on  peut  avec  précision  la  mesurer. 
De  là  on  voit  que  l'électromètre  à  paillettes  verticales,  soit  simple,  soit  con- 
densateur, peut  seulement  être  employé  quand  les  charges  sont  assez  faibles, 
pour  exclure  dans  leur  divergence  la  première  des  deux  phases  indiquées, 
afin  que  cette  divergence  puisse  se  mesurer  avant  qu'une  partie  sensible  de 
la  charge  soit  dispersée.  J'ai  de  plus  observé  qu'en  donnant  à  l'électro- 
mètre condensateur  une  charge  quelconque,  pourvu  qu'elle  soit  suffisante, 
l'angle  des  padlettes,  au  bout  d'une  minute,  à  partir  de  leur  initiale  diver- 
gence, est  toujours  la  même,  pourvu  que  l'état  hygrométrique  de  l'air  ne 
change  pas. 

»  D'après  cela,  en  comparant  les  angles  ainsi  obtenus  avec  les  indica- 
tions correspondantes  des  hygromètres  communs,  on  pourra  construire  pour 
un  électromètre,  toujours  le  même,  une  échelle,  afin  d'avoir  avec  exacti- 
tude, moyennant  la  tension  électrique,  l'humidité  relative  de  l'ambiant.  On 
doit  encore  observer  que  les  variations  de  l'humidité  sont  indiquées  plus 
promptement  par  la  tension  électrique  que  par  les  autres  moyens  hygromé- 
triques. Puis  comme  il  paraît  démontré  par  quelques  expériences  que  les 
deux  électricités  contraires  ne  se  dispersent  pas  dans  le  même  temps,  on 
devra,  quand  cela  sera  mieux  vérifié,  décider  laquelle  des  deux  électricités 
il  convient  d'employer  dans  les  expériences  électro-hygrométriques. 

»  Deuxième  observation.  —  Si  la  pression  était  la  cause  totale  ou  partielle 
de  l'électricité  développée  par  le  spath  d'Islande,  pressé  entre  les  corps  non 

(i)  Mémoires  de  l'ancienne  Académie  des  Sciences  de  Paris.  Troisième  Mémoire,  1^85. 

(2)  Gehler's  Physik  Wôrter.  Bec.  art.  Elektricitat.  p.  807. 

(3)  CoUezione  délie  opère  di  Folta,  1. 1,  parte  I,  pag.  44'-  Firenze,  i8i6. 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre,  (T.  XLVI,  No  H.)  7» 


(  536  ) 
durs,  cerlainement  elle  devrait  s'obtenir  en  pressant  la  même  substance 
entre  des  corps  durs  et  sans  frottement;  et  elle  devrait  croître  avec  l'aug- 
mentation de  la  pression  ;  mais  rien  de  tout  cela  ne  se  vérifie  ;  et  l'électricité 
croît  au  contraire  dans  le  spath  avec  la  flexibilité,  l'élasticité  et  la  rudesse 
des  corps  qui  le  pressent,  ainsi  que  je  l'ai  vérifié  par  l'éiectromètre  indiqué 
ci-dessus,  et  confirmé  par  l'électroscope  de  Bohnenberger.  Cette  observation 
s'accorde  avec  celle  faite  par  le  célèbre  Haiiy  (i),  c'est-à-dire  que  «  les  corps 
»  solides,  tels  que  le  bois,  ne  produisent  aucune  électricité;  »  et  avec  celle  de 
l'illustre  M.  Becquerel  (2),  c'est-à-dire  que  «  deux  morceaux  de  spath  d'Is- 
»  lande  à  température  égale  ne  sont  pas  non  plus  électriques  par  pression .  » 
Toutes  ces  observations  se  combinent  encore  avec  le  fait  généralement  re- 
connu par  M.  Peclet  (3),  c'est-à-dire  que  «la  pression  est  sans  influence 
»  sur  le  développement  de  l'électricité,  i-  et  avec  la  remarque  de  M.  Har- 
ris  (4)  qui  dit  :  «  On  peut  faire  quelques  objections  fondées  sur  ce  qu'il  est 
»  impossible  de  produire  la  pression  sans  le  frottement,  et  sur  ce  qu'il  doit 
»  y  avoir  du  frottement  dans  la  simple  séparation.  »  Il  paraît  donc  que  ce 
n'est  pas  la  pression,  mais  bien  le  frottement,  qui  en  est  toujours  insépa- 
rable, qui  produit  à  elle  seule  l'électricité  dans  le  spath  d'Islande,  quand  il 
est  pressé  entre  les  doigts,  ou  en  général  entre  des  corps  flexibles. 

»  Troisième  observation.  —  Qu'on  laisse  un  bâton  de  cire  d'Espagne, 
autant  qu'il  le  faut,  sur  un  soutien  convenable,  non  isolé,  afin  qu'il  montre 
à  l'électroscope  une  tension  parfaitement  nulle;  en  faisant  glisser  ensuite 
très-légèrement  le  bout  d'un  doigt  sur  une  des  extrémités  de  ce  bâton,  et 
dans  le  même  sens,  on  verra  se  développer  une  faible  tension  positive  à  cette 
extrémité  même.  Cette  électricité,  en  continuant  le  frottement,  atteindra  un 
maximum,  puis  diminuera,  et  finalement,  même  avec  l'accroissement  du 
frottement,  elle  deviendra  négative.  Plus  la  cire  d'Espagne  demeurera  en 
repos  à  la  tension  neutre,  d'autant  mieux  le  phénomène  réussira.  Pour 
obtenir  avec  sûreté  ce  changement  dans  la  nature  de  la  tension  électrique, 
j'ai  d'abord  plongé  plusieurs  bâtons  de  cire  d'Espagne  dans  l'eau,  et  puis 
je  les  ai  laissés  sur  un  convenable  soutien  non  isolé,  jusqu'à  ce  qu'ils  fussent 
bien   secs  ;  ensuite  j'ai  vérifié  dans  tous  les  bâtons  le   phénomène  que  je 


(  I  )  Annales  de  Chimie  et  de  Physique ,  tome  V,  année  1817,  page  97  • 

(2)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  tome  XXII ,  année  1828,  page  i^. 

(3)  Traité  élémentaire  de  Physique,   tome  II.  Bruxelles,  iiS38,  pages  83,  85.   —   De  la 
Rive,  Traité  d'Électricité,  Paris,  i856.,  tome  II,  page  552. 

(4)  Leçons  élémentaires  d Électricité •,^AT'yi,%noYr^dirT\i.VAr\s,  i855,  page  33. 


(  53^  ) 
rapporte,  et  qui,  avec  la  même  cire,  mais  sans  couleur,  ou  mieux  avec 
la  laque  pure,  réussit  d'une  manière  plus  frappante.  Le  soufre  et  le  verre 
n'offrent  pas  le  phénomène  dont  je  parle,  et  qui  ne  $era  peut-être  propre 
qu'aux  résines  seules. 

»  Si  le  bâton  de  cire  d'Espagne  montrait  dans  une  extrémité,  avant  le 
frottement,  une  faible  tension  positive,  celle-ci  crftîtra,  et  puis  diminuera 
pour  devenir  enfin  négative,  moyennant  le  frottement  toujours  croissant 
du  doigt  sur  la  même  extrémité. 

»  Il  est  bien  rare,  mais  non  pas  sans  exemple,  que  la  cire  d'Espagne,  en 
se  montrant  d'abord  sans  le  frottement,  faiblement  négative,  se  change 
ensuite  parle  frottement  très-léger  du  doigt,  en  positive,  et  que  le  frotte- 
ment augmentant,  elle  devienne  négative  permanente.  Cependant,  en  géné- 
ral, si  la  cire  d'Espagne  se  montre  négative  avant  le  frottement,  elle  le 
deviendra  toujours  plus  par  le  moyen  de  celui-ci. 

M  Ces  résultats  ont  été  confirmés  aussi  avec  l'électroscope  à  piles  sèches  ; 
par  conséquent  le  passage  indiqué  de  l'électricité  positive  à  l'électricité 
négative  dans  la  même  extrémité,  démontre  en  celle-ci  une  polarité  élec- 
trostatique successive.  En  outre,  si,  après  avoir  obtenu,  de  la  manière  indi- 
quée, la  tension  positive  dans  une  extrémité  de  la  cire  d'Espagne,  on 
produit  dans  l'autre  la  tension  négative,  moyennant  im  frottement  plus 
énergique,  nous  aurons  dans  la  même  substance  la  polarité  électrostatique 
permanente.  Ces  deux  espèces  de  polarités  sont  produites  par  un  ébranlement 
moléculaire,  plus  ou  moins  léger  dans  les  deux  extrémités,  et  par  le  même 
moyen  mécanique;  ce  qui  s'accorde  avec  les  autres  faits  relatifs  à  la  même 
polarité,  que  j'ai  déjà  publiés  (i).  » 

HYDRAULIQUE.  —  Expériences  sur  tes  nappes  liquides  divergentes  ; 
par  M.  DE  Galigny. 

«  La  dénomination  d' antibéliers,  qui  exprime  bien  une  des  proprié- 
tés les  plus  essentielles  des  machines  de  mon  invention,  généralement 
exemptes  de  toute  percussion  possible,  m'a  été  proposée  il  y  a  peu  de  jours 
par  un  des  Membres  de  cette  Académie,  M.  le  général  Poncelet,  qui  veut 
bien  me  permettre  de  m'appuyer  sur  son  suffrage  pour  cette  expression  que 
j'adopterai  désormais. 

»  Dans  l'appareil  à  tube  oscillant  sans  autre  pièce  mobile  indispensable  , 

(i)  Comptes  rendus,  tome  XXXVIII,  i854,  pages  35 1  01877. 

70.. 


(  338  ) 
que  j'ai  présenté  à  l'Académie  le  i  février  iSSa,  qui  est  décrit  dans  les 
Com/jtes  rendus,  tome  XXXIV,  page  174,  tome  XLI,  page  276,  et  séance  du 
9  novembre  1857,  l'eau  s'échappe  alternativement  entre  un  siège  fixe  et 
un  tube  mobile  soulevé. 

»  La  nappe  liquide  divergente  qui  en  résulte,  et  dont  j'ai  étudié  la 
forme  dans  des  expériences  publiées  dans  les  Comptes  rendus,  séance  du 
4  janvier  dernier,  éprouve  une  l'ésistance  d'une  espèce  particulière,  à  cause 
de  sa  déviation  par  suite  de  sa  rencontre  avec  ce  tube.  Mais  cette  résistance 
n'est  pas  tout  à  fait  du  même  genre  que  celle  qui  se  présente  dans  le  coude 
à  angle  droit  vif  étudié  par  Venturi,  ni  même  dans  le  coude  à  angle  droit 
vif,  mais  avec  prolongement  fermé  en  aval  pour  contenir  de  l'eau  tour- 
noyante, étudié  par  s'Gravesande.  Si  l'on  conçoit  la  veine  liquide  comme 
composée  de  couclies  concentriques,  les  couches  extérieures,  celles  qui 
contiennent  le  plus  de  masse,  ne  se  composent  pas  évidemment  comme 
(  elles  qui  sont  le  plus  près  du  centre.  Enfin  la  nappe  liquide  extérieure 
flécrite  dans  la  Note  du  4  janvier  est  loin  de  faire  un  angle  droit  avec  la 
direction  primitive  comme  dans  les  coudes  de  Venturi  et  de  s'Gravesande, 
ainsi  que  je  l'ai  expliqué  en  dormant  son  inclinaison  par  rapport  à  l'axe  des 
tubes. 

»  Je  me  suis  servi,  pour  apprécier  la  résistance, de  la  disposition  décrite 
le  4  janvier;  la  veine  liquide  coulant  horizontalement  et  rencontrant  un 
tube  horizontal,  dont  une  extrémité  était  relevée  verticalement  au-dessus 
du  tonneau  à  une  distance  d'un  décimètre.  L'autre  extrémité  était  appro- 
chée successivement  à  diverses  distances  du  bout  du  tuyau  par  lequel  sor- 
tait la  veine  liquide  pour  venir  la  frapper.  Je  mesurais  le  temps  que  le 
niveau  mettait  à  baisser  dans  le  tonneau  entre  deux  points  de  repère  dont 
l'un  était  à  iG  centimètres  au-dessus  de  l'autre,  et  j'avais  ainsi  un  moyen 
d'apprécier  la  résistance  pour  chaque  distance  des  deux  tubes  horizontaux 
disposés  sur  le  même  axe,  toutes  choses  égales  d'ailleurs. 

»  J'ai  pu  constater  ainsi  combien  il  était  injportant,  quant  à  leffet  utile 
de  l'appareil  que  ces  expériences  avaient  pour  but  d'étudier,  de  se  mettre 
dans  les  conditions  qui  permettent  de  faire  alternativement  lever  le  tube 
mobile  à  une  hauteur  convenable  par  rapport  à  son  diamètre  inférieur,  et 
de  le  tenir  levé  à  son  maximum  de  hauteur  pendant  la  plus  grande  partie 
de  la  durée  de  son  soulèvement.  C'est  un  appareil  rustique,  susceptible 
d'être  construit  en  bois  par  tout  charpentier  de  village,  de  manière  à  mar- 
cher bien  régulièrement;  mais  il  faut,  pour  obtenir  un  effet  utile  convenable, 
connaître  les  conditions  nécessaires.  Ainsi  quand  son  tuyau  (ixo  est  trop 


(  «39  ) 
court,  s'il  ne  marche  pas  moins  bien,  on  ne  })eat  plus  comparer  son  effet  a 
ceux  des  bonnes  machines  en  usage.  Abstraction  faite  des  autres  raisons.  le 
tube  mobile  ne  restant  plus  assez  longtemps  soulevé,  donne  alors  lieu  à  des 
étranglements  variables,  dont  la  résistance  particulière  se  confond  avec  celle 
(|ui  provient  des  déviations  de  la  lame  liquide  divergente. 

H  Sans  entrer  ici  dans  tous  les  détails  de  l'expérience  objet  de  cette  Note, 
il  suffit  de  dire  que  la  durée  de  l'écoulement  dans  l'air  entièrement  libre 
étant  de  Sa  secondes  par  le  tube  rectiligne  horizontal  en  ziihc,  de  o"',i6  de 
long,  et  de  ^5  millimètres  de  diamètre  intérieur,  est  ensuite  de  55  secondes 
quand  on  pose  à  j5  millimètres  de  distance  l'autre  tube  qui  fait  diverger  la 
veine.  Ainsi  pour  cette  ouverture  la  résistance  a  peu  d'importance  quant  a 
l'effet  utile;  mais  aussi  la  force  de  succion  qui  doit  ramener  alternativement 
sur  son  siège  le  tube  de  la  machine  qu'il  s'agit  d'étudier,  est  bien  moindre 
que  pour  une  levée  égale  à  la  moitié  du  diamètre.  Or,  pour  une  distance 
sensiblement  égale  à  la  moitié  du  diamètre  du  tube  dont  il  s'agit  eu  ce 
moment,  la  durée  de  l'écoulement  n'est  encore  que  de  6o  secondes.  C'est  a 
rme  seconde  près  que  ces  mesures  sont  prises,  ainsi  que  les  suivantes. 

»  Pour  des  distances  moindres,  la  durée  de  l'écoulement  finit  par  cioitre 
d'une  manière  assez  rapide.  Pour  une  distance  de  o^jOÔS,  elle  est  de  70  se- 
condes; pour  une  distance  de  o",o5o,  elle  est  de  80  secondes. 

»  On  conçoit,  ce  qui  arrive  en  effet,  que,  pour  des  distances  encore 
moindres,  la  résistance  augmente  de  plus  en  plus  rapidement,  ce  qui  montre 
comment  les  choses  se  passent  pendant  les  derniers  instants  de  la  bais.se  des 
tubes  mobiles.  Mais  je  n'entrerai  pas  en  ce  moment  dans  ces  détails,  d'autant 
plus  que  les  très-petites  distances  étaient  plus  difficiles  à  mesurer  rigoureu- 
sement dans  les  circonstances  où  je  me  trouvais. 

)'  Je  remarquerai  d'ailleurs  que  Hacliette  a  décrit  dans  son  Trailé  (/c.v 
Machines,  édition  de  1828,  page  98,  des  expériences  sur  la  résistance  que  la 
lace  plane  d'un  obstacle  fait  éprouver  à  une  veine  liquide  verticale  sortant 
d'un  grand  vase  par  un  orifice  circulaire  de  20  millimètres  de  diamètre; 
et  qu'à  une  distance  qui  était  aussi  le  cinquième  du  diamètre  de  l'orifice, 
la  durée  de  l'écoulement  a  été  augmentée  de  plus  de  moitié.  Quoique  les 
circonstances  ne  soient  pas  les  mêmes,  ce  rapprocfiement  m'a  paru  intéres- 
sant. Il  montre  l'importance  d'une  levée  convenable  de  m«s  tubes  mobiles, 
à  des  hauteurs  plus  grandes  que  celles  qui  ont  pu  être  essayées  jusqu'à  te 
jour,  dans  les  circonstances  toutes  spéciales,  nécessitées  par  le  service  des 
eaux,  à  l'époque  de  mes  expériences,  dont  les  effets  sont  probublemcnt 
d'après  cela  bien  inférieurs  à  ceux  qu'on  obtiendra  dans  la  pratique  ocii- 
naire. 


(  54o  ) 
»  Il  est  utile  de  remarquer  la  forme  de  la  veine  liquide  à  la  sortie  du  pre- 
mier tube  et  à  sa  rencontre  avec  celui  qui  l'a  fait  diverger.  Elle  ressemble  à 
celle  d'un  pavillon  de  trompette.  Je  crois  pouvoir  en  conclure  que  si  Ton 
donnait  une  forme  analogue  à  l'extrémité  du  tuyau  fixe  de  l'appareil,  pour 
l'étude  duquel  j'ai  fait  ces  observations,  la  veine  liquide  pouvant  alors 
prendre  une  forme  peu  différente  de  celle  qu'elle  aurait  étant  libre,  on 
réduirait  considérablement  sa  résistance,  sans  être  pour  cela  obligé  de  faire 
lever  aussi  haut  le  tube  mobile.  Cela  permettrait  de  bien  profiter  en  même 
temps  de  la  partie  de  la  force  de  succion,  qui  provient  d'un  phénomène 
d'ajutage  dans  l'espace  annulaire  compris  entre  le  tube  mobile,  quand  il  est 
soulevé,  et  la  partie  fixe  de  l'appareil.   » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —    Note  sur  la   théorie   de  ta  décomposition   des 
fractions  rationnelles;  par  M.  E.  Rocché. 

«  1.  Soit 

fjf) 

une  fraction  rationnelle  irréductible  dont  le  numérateur  est  de  degré 
moindre  que  le  dénominateur  ;  on  sait  que,  lorsque  les  m  racines  a,  h, 
c,...,  /de  l'équation  F  (x)  =:  o  sont  inégales,  la  fraction  se  décompose  en 
fractions  simples  données  par  la  formule 


(0 


F(x)         ¥'{a)  x  —  a        V  [b)  jc  ~  b    "  '  "  "  ^  F' (/) 


»  Cette  formule  renferme  implicitement  tous  les  cas  ;  et  l'on  doit  pouvoir  en 
déduire  le  développement  d'une  fraction  dont  le  dénominateur  possède  des 
facteurs  multiples,  à  l'aide  de  l'artifice  général,  d'un  si  fréquent  usage  en 
analyse,  qui  consiste  à  substituer  au  polynôme  dénominateur  un  nouveau 
polynôme  dont  tous  les  facteurs  sont  inégaux  et  dont  les  coefficients  diffè- 
rent infiniment  peu  de  ceux  du  premier. 

»  Toutefois,  la  complication  apparente  des  expressions  obtenues  par  ce 
procédé,  dans  le  cas  même  le  plus  simple  où  il  n'y  a  que  deux  racines 
égales,  a  fait  jusqu'ici  regarder  cette  méthode  comme  impropre  à  fournir  la 
loi  générale  du  développement  d'une  fraction  dont  le  dénominateur  a  des 
facteurs  multiples. 

»  Je  me  propose  de  combler  cette  lacune  de  la  théorie,  et  de  montrer 
comment,  à  l'aide  de  notations  heureusement  choisies,  on  peut  parvenir 
par  cette  voie  et  sans  de  grands  efforts  à  la  loi  générale  demandée. 


(  5-4i  ) 
»  2.  Supposons  que  l'équation  F(j:)  =  o  ait  a  racines  égales  à  a;  et 
posons 

F(x)=(:r-arF,(^),         ^  =  <p(a:). 

F  {x)  étant  de  degré  m,  F,  (x)  est  de  degré  m  —  a,  et,  par  suite,  <p  (a:)  est 
de  degré  inférieur  à  a  et  ne  devient  ni  nul  ni  infini  pour  x  =  a. 
»  Au  polynôme  F  {x)  substituons  le  suivant  : 

F,{x)  [x-a-  p,h)  {x  -a-p,h)...{x~a-p^h)  =  F,{x)^{x), 

où  p,,  p^,p3,...,p^  sont  des  nombres  quelconques,  mais  déterminés.  Le 
développement  de  la  fraction 

/(■^)      _  vi^) 

F,(.r)4,(;r)         ,!,(x)' 

pris  à  la  limite  pour  h±=  o,  donnera  celui  de  ^4^- 

M  5.   Pour  plus  de  clarté,  j'établis  d'abord  deux  lemmes. 
"   Lemme  l.  —  En  désignant  parQ[p)z=o  l'équation  qui  a  pour  racines 
les  quantités  p,i  p^-,  p^-,  ■  ■  -,  p^,  on  a  la  relation 

<i^'{a+p,h)  =  k'-'e'{p,). 
En  effet,  l'égalité 

'^{x)=  {x  —  a  —  p,h)(x  —  a  —  p^h)..  .{x—  a  —  p^h) 
donne 

'i^'  {x)  =  [x  -  a-  p^h){x  -a  -  p^h)  ...[x  -  a  -  pi_,h){x-  a  -  pi^^h)... 
...{x-a-pji)-h{x- a- pih)K, 

et,  par  suite, 

y  {a  -h  Pih)  =  h'^-'  ipi-p,)  (p,  -p,)...  [pi  -  Pi-,)  {pi  -pi^,) . .  Api-p^) 
=  r-lun[^^     pour     p=.p,]  =  r-'e'(^,). 

C.    Q.    F.    D. 

»  Lemme  IL  —   En  désignant  par  n  l'un  quelconque  des  nombres  i,   a, 
3,. . .,  a,  on  a 

lun  y        «  ,,,    ^2^    ,'    '  ( pour  h  =  o   =  — ^ ^^^-- . 

*^P  =  P,  -Yia+ph)         ^i  I         1.2.,.   a  — 7î) 


(  544-  ) 
Eii  effel,  le  lemme  précédent  permet  de  remplacer  le  facteur 

de  sorte  qu'en  substituant  à  ç  [a  +  ph)  son  développement 

l'expression  ^^  devient 

?(")y/''-'    ,      y'(°)    VI   Z'"      I         ?"(«)       Y^°^'    I 


A« 


?"--"(«) 


•^  fl'  Cn'l 


1    2.  ..(a  — n)-^^  9'  (/?) 

^-j—x  est  nulle  tant  que  k  n'atteint  pas  a  —  i 

et  est  égale  à  l'unité  pour  k-=^  a.  —  i  (*);  la  somme  précédente  se  réduit 
donc  à 


1 .2. .  .(a  —  n) 

qui,  à  la  limite  pour  A  =  o,  devient  enfin 


I  .2..  .(a  —  n) 


C.    Q.    F.    D. 


»  4.  Ceci  établi,  la  solution  du  problème  proposé  devient  très-facile. 
»  On  a,  en  effet,  par  la  formule  (i), 

^[a:)         ^/>,     ■if'[a+ph)  X  —  a — ph 


{*)  Ces  propriétés,  très-connues,  peuvent  se  démontrer  de  bien  des  manières  ;  il  suffit,  par 
exemple,  de  poser  dans  l'équation  (i)/(x)  =  ar,«,  (ft<;/7i),  et  d'égaler  les  coefficients  de 
r"-'  dans  les  deux  membres,  après  avoir  multiplié  par  F  (x).  De  cette  façon,  tout  dérive 
de  la  formule  (i). 


(  543  ) 
oti,  en  développant  le  dernier  facteur 

I  I  pli  p'Ii' 


.T 


—  a  —  ph        x  —  a        [jo—aY        (x— a)>        ••'  {x  —  af 


R, 


<p  (*) I       'V  h' p' f  {a -\- ph)  1         •^  /i'p'^{a-hph) 

^{x)~  x—a2d     ],'{a-hph)     ~^(x  —  aY2à     j,' la -h  ph) 

et  à  la  limite  pour  A  =  o,  en  vertu  du  lemrae  II, 

Inn  W-  =  jTT— T 
■^{x)         F(x) 

=  Œ(fl) f-U— : \^  ■  ^  ' 


il 


(x  —  a)"  I        (x  —  a)"-'  '-^     (.r- 

S{X). 


,«-'(«) 


I  .2,  .  .  (a  —  l)    (x  —  fl  j 

C'est  la  formule  connue(voirSERRET,  Algèbre  supérieure,  a*"  édition,  page  86).  » 

/ 
MÉCANIQUE.  —  Transmission  du  mouvement  par  l'eau  :  Remarques  à  l'occasion 
d'une  réclamation  récente  de  M.  Fourneyron  ;  par  M.  A.  de  Polignac. 

«  Dans  l'avant-dernière  séance  de  l'Académie,  M.  Fourneyron  s'est  plaint 
de  ce  que,  dans  mon  Mémoire  sur  la  transmission  du  mouvement  par  l'eau, 
j'aie  exclu  les  machines  rotatives.  Je  me  hâte  de  répondre  que  je  n'ai  nulle- 
ment voulu  parler  des  turbines;  ce  n'est  certes  pas  à  propos  de  ces  magnifi- 
ques machines  que  j'aurais  pu  dire  qu'elles  n'avaient  pas  reçu  la  sanction  de 
l'expérience;  ma  remarque  ne  portait  que  sur  certaines  machines  d'inven- 
tion anglaise,  je  crois,  et  dont  je  rappellerai  le  principe  pour  éviter  tout 
nouveau  malentendu;  ce  principe  consiste  dans  une  sorte  d'oscillation  d'un 
disque  autour  d'un  double  cône  renfermé  dans  une  enveloppe. 

»  Si  j'avais  eu  connaissance  des  travaux  que  mentionne  M.  Fourneyron 
dans  son  envoi  a  l'Académie,  je  me  serais  empressé  de  les  citer,  comme  je 
l'ai  fait  pour  M.  Guibal. 

»  L'appareil  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  le  5  octobre 
dernier,  diffère  essentiellement  de  celui  de  M.  de  Fourneyron  par  l'emploi 
delà  machine  à  colonne  d'eau  au  lieu  de  la  turbine,  emploi  qui  me  paraît 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVl,  N"  11.)  7I 


(  544  ) 
devoir  présenter  (dans  la  plupart  des  cas  de  transmission  par  l'eau)  de  nota- 
bles avantages.  Je  répéterai  ici  ce  que  j'ai  dit  à  propos  de  M.  Guibal. 
Beaucoup  de  personnes  ont  pu  avoir  l'idée  fort  naturelle  d'appliquer  l'eau 
à  la  transmission  du  mouvement,  mais  c'est  surtout  dans  l'appareil  proposé 
que  consiste  l'invention  pratique;  car,  suivant  que  cet  appareil  sera  appro- 
prié à  son  objet,  le  système  s'étendra,  deviendra  général  ou  bien  sera  res- 
treint à  quelques  essais  ingénieux. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  je  m'applaudirais  de  cette  petite  polémique  si  elle 
appelait  l'attention  sur  une  question  qui  me  paraît  très-importante  et  qui 
serait  de  nature  à  rendre  les  plus  grands  services  à  toutes  les  localités  où 
l'eau  abonde,  comme  dans  les  Vosges,  dans  certaines  parties  de  l'Auvergne 
et  aux  penchants  des  Pyrénées.   » 

M.  LE  Secrétaire  de  la  Société  d^Horticvltvre  de  Londres  remercie 
l'Académie,  au  nom  de  cette  Société,  pour  l'envoi  des  tomes  XLI"V  et  XLV 
des  Comptes  rendus. 

M.  Leguelle  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission qui  a  été  chargée  de  l'examen  d'une  Note  précédemment  adressée 
par  lui  (i),  sur  une  nouvelle  application  des  logarithmes  au  calcul  des  arbi- 
trages de  banque. 

(Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Mathieu,  Dupin,  Bienayraé.) 

M.  Brvssavt  adresse,  en  double  copie,  un  Mémoire  lithographie  sur 
lequel  il  désire  obtenir  un  jugement  de  l'Académie.  Ce  Mémoire  a  pour 
titre  :  «  Nouveau  système  de  mobilité  mécanique  dit  circonvecteur...  ». 

Une  décision  de  l'Académie,  relativement  aux  ouvrages  imprimés,  même 
quand  ils  le  sont  par  les  procédés  lithographiques,  ne  permet  pas  que  \e 
Mémoire  de  M.  Brussaut  soit  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission. 

A  3  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


(i)  Dans  la  mention  qui  avait  été  faite  de  ce  travail  au  Compte  rendu  de  la  séance  du 
i5  mai  1857,  '*  •"""'  ^^  l'auteur  a  été  écrit  à  tort  Legiiet. 


(  545  ) 

COMITÉ  SECKET. 

La  Section  de  Mécanique  présente  la  liste  suivante  de  cnndidats  [Kuir  la 
place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Cauchj. 

Au  premier  rang,  ex  œquo,  (  M.  Barré  de  Saint- Venast. 
et  par  ordre  alphabétique..  \  M.  Clapeyron. 

Au  deuxième  rang,  ex  aequo,  (  M.  Phillips. 
et  par  ordre  alphabétique...   {  M.  Beech. 

Les  titres  des  candidats  sont  exposés  par  le  doyen  de  la  Sectiou  et  sont 
discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  trois  quarts.  E.   D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i5  mars  les  ouvrages  dont  \oici 
les  titres  : 

Mémoire  sur  un  rapprochement  nouveau  entre  la  théorie  moderne  de  lu  pio- 
pagation  linéaire  du  son,  dans  un  tujau  cylindrique  horizontal  d'une  longueur 
indéfinie,  et  la  théorie  des  pulsions,  exposée  par  Newton  dans  les  deux  pro- 
positions XLVII et  XLIX  du  second  livre  des  Principes;  par  M.  Jean  Pi.AiXA. 
Turin,  1857;  br.  in-4°. 

Mémoire  sur  le  mouvement  conique  à  double  courbure  d'un  pendule  simple 
dans  le  vide,  abstraction  faite  de  la  rotation  diurne  de  la  Terre  ;  par  le  même. 
Turin,  i858;  in-4°. 

Recherches  expérimentales  et  théoriques  sur  les  figures  d'équilibre  d'une  masse 
liquide  sans  pesanteur;  par  M.  J.  Plateau;  4*^  série;  br.  in-S".  (Extrait  du 
tome  XXXI  des  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Belgique.) 

Recherches  analytiques  sur  le  thé  de  foin  et  sur  quelques-unes  des  altérations 
que  peut  éprouver,  dans  sa  composition,  le  foin  de  prairie  naturelle,  lorsqu'il 
est  traité  soit  par  l'eau  chaude,  soit  par  l' eau  froide;  par  M.  J.  Isidore  PiERHK. 
Caen,  i858;  f  de  feuille  in-S". 

Essai  sur  les  ouragans  et  les  tempêtes,  et  prescriptions  nautiques  pour  eu 
souffrir  le  moins  de  dommage  possible;  par  M.  Laktigue.  Paris,  i858;  in-8". 


(  546  ) 

Histoiie  de  l'inoculation  préservalive  de  la  fièvre  jaune,  pratiquée  par  ordre 
du  Gouvernement  espagnol  à  l'hôpital  militaire  de  la  Havane;  rédigée  par 
M.  Nicolas-B.-L    Manzini.  Paris,  i858;  in-8°. 

Bulletin  de  bibliographie,  d'histoire  et  de  biographie  mathématiques  ;  par 
M.  Terquem;  tome  111.  Paris,  1857;  in-8°. 

Répartition  géographique  de  l'universalité  des  météores  en  zones  terrestres, 
atmosphériques,  solaires  ou  lunaires,  et  de  leurs  rapports  entre  elles;  par 
M  André  PoEY.  Paris,  i858;  br.  in-8°. 

Rapport  sur  le  travail  intitulé  :  l'Institut  et  les  académies  de  province,  par 
M.  F.  BouiLLiER;  par  M.  le  conseiller  Feraud-Giraud.  Aix,  i858;  br.  in-8. 
(Extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  du  a3  février  i858  de  l'académie  des 
Sciences,  ^agriculture.  Arts  et  Belles- Lettres  d'Aix.) 

Traité  des  caustiques  ou  agents  qui  excluent  l'instrument  tranchant,  la  fièvre 
et  les  hémorrhagies,  dans  la  curation  des  cancers,  squirres,  etc.;  par  M.  Aimé 
Grimaud  (d'Angers);  a*  édition.  Paris,  i855;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le 
concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Promenade  botanique  le  long  des  côtes  de  l'Asie  Mineure,  de  la  Syrie  et  de 
l'Egypte,  à  bord  de  l'ilydaspe;  par  M.  Charles  Martins.  Montpellier,  i858; 
hr.  in-4°. 

Observations  météorologiques  faites  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier, 
pendant  l'année  1857;  br.  in -4°;  accompagné  du  résumé  de  ces  observations  ; 
i  feuille  in-8°. 

Sur  quelques  perfectionnements  à  apporter  dans  l'établissement  des  fistules 
gastriques  artificielles  ;  par  M.  BLOlSDLar  (de  Nancy);  -j  feuille  in-8°. 

.Sur  la  manière  d'agir  du  suc  gastrique;  par  le  même;  \  feuille  in-8°. 

Annuaire  de  la  photographie;  par  M.  J.-B.  DELESTEE.  Paris,  i858; 
I   vol.  m-8°. 

Société  fraternelle  des  Protes  des  imprimeries  typographiques  de  Paris  ; 
4*  cahier;  aiuiée  1857.  Paris,  1857;  in-8''. 

Deuxième  Note  sur  le  garde-train  électrique  et  observations  sur  un  autre  appa- 
reil de  même  nature;  par  M.  de  Lafollye  ;  ^  feuille  autographiée ;  in-4''. 

Dictionnaire  français  illustré  et  encyclopédie  universelle;  5a*  livraison;  in-4°. 

Atti...  Actes  de  l'Institut  impérial  vénitien  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  de 
novembre  1867  à  octobre  i858;  3*  série;  tome  III;  a*  livraison;  in-8°. 

Sulla  possibililà...  Sur  la  possibilité  de  l  existence  de  deux  courants  élec- 
triques contraires  dans  un  même  fil  conducteur,  i"  et  2*  Mémoire;  par 
M.  J.   Belli;  a  br.  in-8''. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  LICADËMIË  DES  SCIENCES. 


>«««« 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  MARS  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 
HISTOIRE  NATURELLE.  —  Note  Sur  la  larve  des  Langoustes  ;  par  M.  Coste. 

«  Les  naturalistes  ont  créé ,  sous  le  nom  de  Phyllosomes,  un  genre  de 
Crustacés  dans  l'ordre  des  Stomapodes,  composé  d'un  très-grand  nombre 
d'espèces  observées  principalement  dans  les  mers  des  Indes,  espèces  transpa- 
rentes et  délicates,  qui,  au  dire  des  voyageurs,  sont  pélagiennes,  et  nagent 
à  la  surlace  des  eaux  en  agitant  les  appendices  flabelliformes  de  leurs  pattes. 

»  Tout  porte  à  croire  que  ces  espèces  devront  être  rayées  des  catalogues, 
car,  si  l'on  en  juge  par  le  fait  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie,  elles 
ne  seraient  autre  chose  que  les  larves  d'autres  Crustacés. 

»  Voici,  en  effet,  de  jeunes  Crustacés  vivants  qui  ont  tous  les  caractères 
des  Phyllosomes,  c'est-à-dire  un  corps  aplati,  membraneux,  diaphane, 
divisé  en  deux  boucliers,  dont  l'antérieur,  très-grand,  ovalaire,  forme  la 
tête,  et  le  second,  beaucoup  plus  petit,  de  configuration  analogue,  porte 
les  pieds-mâchoires,  les  cinq  paires  de  pieds,  et  se  termine  en  arrière  par 
un  abdomen  court  et  grêle.  Leurs  yeux,  comme  chez  les  Phyllosomes,  sont 
portés  par  un  long  pédicule,  et  leurs  pieds,  composés  du  même  nombre 
d'articles,  terminés  par  de  forts  crochets,  présentent  à  la  deuxième  articu- 

C.  R.,  i858,  i«'  Semestre.  (T.  XLVI,  No  12.)  7» 


(  548  ) 
lation  un  appendice  transitoire  formé  de  trois  pièces  principales,  dont  la 
dernière  est  garnie,  sur  les  deux  bords,  de  barbes,  pourvues  elles-mêmes  de 
barbules  qui  servent  à  la  natation . 

»  Ces  jeunes  Crustacés  sont  des  larves  de  langoustes  nées  dans  le  laboratoire 
de  M.  Guillou,  maître  pilote  àConcarneau,  qui,  depuis  plusieurs  années, 
s'occupe  avec  succès  de  l'éclosion  des  homards  et  des  langoustes.  Quoique 
la  pêche  de  ces  Crustacés  grenés  soit  interdite  par  les  règlements,  l'adminis- 
tration de  la  marine,  par  une  exception  qui  m'est  personnelle  à  cause  de  ma 
mission  sur  le  littoral,  a  bien  voulu  autoriser  ce  pilote  à  me  faire  des  expé- 
ditions. En  sorte  que,  à  l'aide  d'un  service  de  transport  organisé  pour 
cela,  je  reçois  toutes  les  semaines,  depuis  longtemps,  des  produits  vivants 
de  la  mer  qui  me  permettent  de  poursuivre  mes  études  dans  mes  aquariums 
salés,  en  attendant  que  j'aille  les  reprendre  sur  nos  côtes. 

»  M.  Gerbe  exécute  les  dessins  relatifs  à  tous  ces  travaux,  et  c'est  à  lui 
qu'appartient  en  grande  partie  la  découverte  du  fait  important  dont  j'entre- 
tiens l'Académie.  Je  prends  plaisir  à  lui  en  laisser  le  principal  honneur. 

»  Ce  qui  tend  surtout  à  démontrer  que  les  Phyllosomes  sont  bien  réelle- 
ment des  larves  de  Crustacés,  c'est  que,  comme  les  larves  de  la  langouste, 
ils  ne  sont  pas  pouvus  d'organes  de  la  reproduction,  organes  qui  se  déve- 
loppent à  mesure  que  ces  larves  subissent  leur  métamorphose.  » 

CHIRURGIK.  —   Fracture  et  luxation  de  lastragale;  extraction  de  cet  os  en  lola- 
lité  et  résection  de  l'extrémité  articulaire  inférieure  du  péroné  et  du  tibia  dont 
la  malléole  avait  été  réduite  en  fragments.  Guérlson  avec  comewation  des 
fonctions  du  membre;  par  M.  C.  Sédillot. 

'  «  Le  nommé  Fallot,  maréchal  des  logis  chef  au  i  i*  régiment  d'artille- 
rie, d'une  constitution  robuste,  âgé  de  vingt-sept  ans,  était  le  5  j«illet  1857 
de  service  à  l'hippodrome,  lorsque,  après  les  courses  et  au  moment  du 
défilé  des  voitures,  son  cheval  se  cabra  et  se  renversa  sur  lui.  Le  pied  gauche, 
engagé  dans  l'étrier,  était  dirigé  en  dehors,  et  dans  l'extension  ;  le  genou 
tourné  en  dedans,  et  la  jambe  se  trouva  prise  entre  le  sol  et  le  poids  du 
cheval,  qui  fit  un  violent  effort  pour  se  relever  et  retomba  une  deuxième 
fois. 

"  J'étais  vis-à-vis  du  cavalier  et  aucun  de  ces  détails  ne  m'échappa.  Je 
fis  dégager  le  malade  pour  m'assurer  de  la  nature  de  son  accident.  Il  ne 
pouvait  plus  s'appuyer  sur  la  jambe  gauche  et  on  essaya  en  vain  de  lui 
retirer  sa  botte.  J'en  fendis  du  haut  en  bas  la  tige,  et  je  constatai  une  luxa- 


(  549) 
tion  de  l'articuiation  libiolarsienne,  reconnaissable  à  la  présence  d'une  sail- 
lie osseuse  enclavée  en  avant  et  en  dedans  de  la  malléole  externe,  avec  im- 
possibilité des  mouvements  de  flexion  et  d'extension  du  pied  sur  la  jambe. 
Plusieurs  tentatives  de  réduction  pratiquées  sur-le-champ  restèrent  sans 
résultat,  et  nous  fimes  transporter  le  malade  à  l'hôpital  militaire.  L'examen 
attentif  de  la  lésion  permit  de  s'assurer  alors  que  le  pied,  placé  en  légère 
extension,  était  dans  une  immobilité  forcée.  La  malléole  externe  paraissait 
intacte.  Au  devant  d'elle  se  trouvait  une  saillie  osseuse  de  la  grosseur  d'un 
œuf  de  pigeon,  qu'aucun  effort  ne  faisait  mouvoir.  La  malléole  interne 
était  brisée  en  fragments  qui  déterminaient  à  la  pression  une  crépitation 
multiple.  Je  diagnostiquai  une  fracture  de  l'astragale  avec  luxation  en 
avant  et  en  haut  de  la  moitié  postérieure  de  cet  os,  et  écrasement  de  la 
malléole  interne.  Le  malade  fut  chloroformé  et  la  réduction  de  nouveau 
tentée.  La  contre-extension  opérée  sur  le  genou  était  confiée  à  plusieurs 
aides;  l'extension  était  pratiquée  sur  le  pied,  et  la  portion  luxée  de  l'astra- 
gale fut  directement  repoussée  en  dedans  et  en  arrière.  Malgré  la  résolution 
musculaire  complète  où  se  trouvait  le  malade,  et  nonobstant  des  efforts 
considérables  et  réitérés,  nous  n'obtinmes  aucun  changement  dans  les  rap- 
ports osseux;  et  nous  décidâmes  qu'une  consultation  aurait  lieu  le  lende- 
main à  l'issue  du  service  ;  on  couvrit  le  pied  de  compresses  trempées  d'eau 
froide. 

»  MM.  les  médecins  principaux  Haspel  et  Leuret,  MM.  les  majors  Cour- 
bassier,  Teinturier,  Bolu,  Nettier,  MM.  les  aides-majors  Thomas,  Leroux, 
Lex,  Baradon,  Glaezel,  Lecomte,  etc.,  se  joignirent  à  nous  le  6  juillet  à  dix 
heures.  Le  cou-de-pied  était  déjà  le  siège  de  phlyctènes,  et  la  tuméfaction  et 
une  rougeur  luisante  montraient  l'imminence  de  la  gangrène.  On  déclara 
unanimement  l'expectation  impossible,  et  le  salut  du  malade  parut  impé- 
rieusement exiger,  soit  l'amputation  de  la  jambe,  soit  l'extraction  de  la 
partie  luxée  de  l'astragale  et  des  autres  fragments  osseux.  L'amputation 
promettait  une  guérison  plus  rapide  et  plus  assurée,  mais  il  était  cruel  de 
soumettre  le  blessé  à  une  si  pénible  mutilation,  et  les  succès  bien  connus  de 
l'extraction  de  l'astragale  nous  firent  adopter  cette  dernière  opération. 

»  Le  malade  conduit  à  l'amphithéâtre  et  anésthésié,  une  incision  trans- 
versalement pratiquée  d'une  malléole  à  l'autre  ouvrit  largement  l'articula- 
tion. On  vit  alors  la  presque  totalité  de  la  poulie  articulaire  de  l'astragale 
luxée  en  avant  de  la  malléole  externe  et  retenue  en  arrière  et  en  dehors  par 
cette  dernière,  en  avant  et  en  dedans  par  la  moitié  antérieure  ou  scaphoï- 
dienne  de  l'astragale  comprenant  le  quart  antérieur  interne  environ  de  la 

7a.. 


(  55o  ) 

surface  articulaire  et  en  haut  par  le  bord  antérieur  du  tibia.  On  enleva  le 
fragment  astragalien  luxé  en  le  faisant  basculer  de  dedans  en  dehors  avec 
le  manche  d'un  scalpel,  et,  après  avoir  retiré  quelques  fragments  osseux 
appartenant  à  la  moitié  postérieure  de  la  malléole  tibiale  et  un  fragment 
volumineux  représentant  la  moitié  antérieure  de  cette  malléole  et  une  por- 
tion continue  de  la  surface  articulaire  antérieure  du  tibia,  je  dus  me 
demander  s'il  était  prudent  de  me  borner  à  ces  extractions.  On  apercevait 
en  avant  et  en  dedans  de  la  plaie  et  dans  l'intérieur  de  la  jointure  une  por- 
tion de  l'astragale  (moitié  scaphoïdienne)  qui  avait  a  centimètres  de  surface 
libre  transversalement  et  2  centimètres  d'arrière  en  avant.  Cette  portion 
de  l'os  était  angulaire  et  séparée  de  la  partie  luxée  par  une  fracture  oblique 
d'arrière  en  avant,  de  dedans  en  dehors  et  de  haut  en  bas.  Il  était  évident 
qu'en  laissant  sur  le  calcanéum  cette  portion  de  l'os,  on  donnerait  au  tibia 
une  base  trop  étroite  pour  assurer  la  consolidation  et  rétablir  l'usage  du 
membre  ;  aussi  nous  décidâmes-nous  à  l'enlever  avec  la  scie  à  chaîne.  Les 
conditions  du  succès  étaient-elles  ainsi  suffisamment  assurées?  Nous  ne  le 
pensâmes  pas.  La  rupture  de  la  malléole  tibiale  et  l'intégrité  de  la  malléole 
péronière,  dont  la  hauteur  est  près  de  4  centimètres,  devaient  empêcher  la 
rectitude  ultérieure  du  pied  en  le  renversant  en  dedans,  et  la  sustentation, 
la  marche  et  la  forme  régulière  du  membre  auraient  été  nécessairement 
compromises. 

»  Ces  raisons  nous  firent  pratiquer  la  résection  des  surfaces  articulaires 
j)éronéo-tibiales  par  un  trait  de  scie  horizontal,  après  avoir  légèrement  incisé 
du  haut  en  bas  les  angles  de  la  plaie  pour  obtenir  un  petit  lambeau  antéro- 
supérieur.  L'emboîtement  du  tibia  sur  le  calcanéum,  devenu  plus  facile, 
était  encore  un  peu  gêné  par  la  présence  de  la  portion  scaphoïdienne  de 
l'astragale.  Aussi,  malgré  l'importance  des  faits  signalés  par  Bognetta  et  dans 
lesquels  la  conservation  de  la  tête  astragalienne  n'avait  pas  empêché  la  gué- 
rison,  nous  reportâmes  le  bistouri  dans  la  plaie,  et  nous  enlevâmes  le  reste 
dé  l'astragale  sans  beaucoup  de  difficultés,  en  coupant  le  ligament  inter- 
osseux astragalo-calcanien,  et  le  ligament  capsulaire  astragalo-scaphoïdien. 

.)  Cette  fois  notre  but  était  atteint.  Les  extrémités  du  tibia  et  du  péroné 
se  logeaient  librement  et  perpendiculairement  dans  la  large  excavation 
formée  par  le  calcanéum  et  le  scaphoïde,  et  nous  n'avions  plus  à  redouter 
de  déviations  forcées  du  pied  sur  la  jambe.  La  plaie  fut  fermée  en  avant  par 
trois  points  de  suture  et  maintenue  béante  de  chaque  côté  pour  l'écoule- 
ment du  sang,  de  la  sérosité  et  du  pus.  Le  membre  fut  placé  pendant  les 
premiers  jours  dans  une  boîte  Baudens  et  légèrement  tourné  on  dehors. 


à 


(  55i  ) 
L'imminence  de  la  gangrène  et  des  suppurations  diffuses  inspira  de  grandes 
inquiétudes  pendant  près  de  deux  semaines.  La  jambe  présenta  plusieurs 
fois  une  coloration  érysipélateuse  d'un  rouge  foncé  et  une  sorte  de  tumé- 
faction pâteuse;  mais  la  cautérisation  ponctuée  répétée  jusqu'à  deux  fois  en 
vingt-quatre  heures,  fut  d'un  effet  héroïque,  et  nous  n'hésitons  pas  à  repor- 
ter à  ce  moyen,  dont  nous  avons  montré  la  remarquable  efficacité  dans 
notre  Mémoire  sur  la  cautérisation,  le  salut  du  malade. 

»  Une  terrible  complication  vint,  sur  ces  entrefaites,  accroître  le  danger. 
Le  blessé,  malgré  nos  recommandations  d'éviter  tout  refroidissement,  fut 
pris  d'un  commencement  de  tétanos,  caractérisé  par  la  roideur  du  tronc  et 
du  cou,  le  resserrement  des  mâchoires  et  de  véritables  accès  de  trismus. 
Cet  état  dura  quatre  jours  et  fut  combattu  par  l'opium  et  l'ammoniaque 
à  l'intérieur,  et  une  température  élevée  et  permanente  extérieurement.  Les 
accidents  dissipés,  la  plaie  marcha  franchement  vers  la  cicatrisation,  qui 
était  complète  le  8  septembre.  Un  bandage  inamovible  fut  appliqué  le  23  du 
même  mois  par  M  le  docteur  Leuret,  et  le  blessé  commença  à  marcher 
avec  des  béquilles. 

»  Nous  profitâmes  d'une  remarque  curieuse  et  d'une  explication  facile 
pour  faire  fabriquer  une  chaussure  d'un  usage  commode  et  approprié.  Le 
malade  souffrait  s'il  appuyait  le  talon  ou  les  orteils  contre  le  sol,  mais  il 
n'éprouvait  aucune  douleur,  et  jouissait  d'une  grande  force  d'impulsion  et 
de  sustentation  s'il  arcboutait  la  concavité  plantaire  contre  un  corps  sail- 
lant et  plus  ou  moins  arrondi.  Nous  attribuâmes  ces  différences  à  la  nou- 
velle disposition  du  pied,  dont  la  voûte  osseuse  n'existait  plus  et  avait  été 
remplacée  dans  sa  partie  centrale  par  l'ankylose  du  tibia  et  du  péroné  avec 
le  calcanéum.  Toute  pression  plantaire  horizontale  tendait  à  comprimer  et 
à  abaisser  le  milieu  du  pied,  et  affectait  douloureusement  par  une  disten- 
sion exagérée  les  nouveaux  rapports  osseux  et  les  articulations  voisines, 
tandis  que  le  poids  du  corps,  transmis  dans  l'axe  de  la  jambe  et  tombant 
sur  la  voûte  plantaire,  soutenue  elle-même  par  une  surface  saillante,  n'alté- 
rait plus  les  formes  du  pied,  et  en  conservait  les  courbures.  Nous  fîmes,  en 
conséquence,  fabriquer  un  soulier,  dont  la  face  supérieure,  étroite,  convexe 
et  ovalaire,  répondait  à  la  concavité  plantaire,  et  était  convenablement 
matelassée.  Le  malade  s'en  servait  avec  aisance,  et  il  ne  cessa  de  marcher 
depuis  ce  moment  en  s'aidant  d'une  simple  canne.  A  la  fin  de  décembre  le 
membre  mesuré  était  raccourci  de  4  à  5  centimètres,  mais  la  sustentation  et 
la  marche  étaient  parfaitement  rétablies  au  moyen  de  la  chaussure  dont  la 
hauteur  répondait  à  celle  du  raccourcissement. 


(  552  ) 

»  Mécanisme  de  la  luxation.  —  L'étude  des  causes  et  du  mécanisme  des 
lésions  présentées  par  notre  malade  éclaire  et  confirme  les  notions  acquises 
sur  ce  sujet.  Le  pied  fixé  sur  le  sol  et  porté  dans  l'extension  et  l'abduction 
subit  la  totalité  de  l'effort  de  la  jambe  qui  était  poussée  de  haut  en  bas, 
d'arrière  en  avant  et  de  dedans  en  dehors.  L'extrémité  inférieure  du  tibia 
étant  violemment  pressée  contre  la  partie  postérieure  de  l'astragale,  il  devait 
en  résulter  une  fracture  tibiale  ou  une  luxation  astragalieune.  La  résistance 
du  tibia  l'emportant  chez  un  sujet  adulte  et  vigoureux  sur  celle  de  l'astra- 
gale, ce  dernier  os  se  brisa  par  une  sorte  d'écrasement  dans  les  points  les 
plus  faibles  et  les  plus  exposés ,  c'est-à-dire  en  arrière  du  ligament  inter- 
osseux calcanéo-astragalien  et  le  long  du  col  scaphoïdien ,  laissant  en 
dedans  une  portion  de  la  poulie  astragaliènne  que  le  tibia  épargna,  et  sur 
laquelle  il  rompit  en  éclats  sa  malléole,  parce  que  l'effort  était  particulière- 
ment dirigé  en  avant  et  en  dehors. 

»  Procédés  opératoires.  —  Notre  conduite  devrait-elle  servir  de  règle  dans 
des  conditions  semblables,  ou  ferait-on  mieux  de  se  borner  à  l'ablation  de 
la  moitié  postérieure  de  l'astragale?  L'examen  et  la  comparaison  des  extré- 
mités osseuses  semble  démontrer  l'avantage  de  l'extraction  de  la  presque 
totalité  de  l'astragale,  pour  permettre  aux  os  de  la  jambe  de  prendre  un 
point  d'appui  suffisant  sur  le  calcanéum.  Dans  quelques  cas,  sans  doute, 
le  tibia,  refoulé  en  arrière  par  le  col  astragalien  laissé  en  place,  a  pu  s'enky- 
loser,  sans  que  les  fonctions  du  membre  fussent  notablement  compromises; 
mais  si  le  col  de  l'astragale  supporte  encore  une  portion  de  la  poulie  arti- 
culaire, l'espace  devient  trop  étroit  pour  permettre  au  pied  de  reprendre  sa 
solidité.  La  question,  au  reste,  sera  probablement  élucidée  par  des  faits 
ultérieurs,  et  nous  conseillons  de  laisser  en  place  la  tête  scaphoïdienne  de 
l'astragale  afin  d'éviter  les  difficultés  réelles  de  l'extraction  de  cette  partie 
de  l'os  et  d'augmenter  la  résistance  et  la  solidité  des  articulations  tarsiennes. 
Le  ligament  interosseux  calcanéo-astragalien  se  trouve  ainsi  conservé. 
Quant  à  la  résection  des  extrémités  articulaires  des  os  de  la  jambe,  nous  la 
regardions  comme  une  ressource  exceptionnelle  dans  le  cas  où  l'intégrité 
de  la  malléole  externe  et  la  rupture  complète  de  la  malléole  interne  et  de 
l'extrémité  tibiale  amèneraient  une  telle  irrégularité  dans  le  niveau  des 
surfaces  de  rapport,  que  la  possibilité  de  la  juxtaposition  des  os  n'existerait 
plus.  S'il  y  avait  seulement  rupture  de  la  malléole  interne,  on  devrait  pré- 
férer la  simple  résection  de  l'extrémité  malléolaire  du  péroné.  Le  membre 
y  gagnerait  1 2  à  i5  millimètres  de  longueur,  et  cet  avantage  est  assez  grand 
pour  que  l'on   tente  à  en  faire   profiter  le  malade  nonobstant  l'obstacle 


(  553  ) 

qu'apporterait  la  présence  des  cartilages  articulaires  à  la  formation  de 
l'ankylose.  Dans  le  cas  que  nous  avions  sous  les  yeux,  la  surface  articulaire 
du  tibia  était  elle-même  brisée  partiellement,  et  nous  jugeâmes  plus  utile 
d'étendre  la  résection  et  de  la  rendre  complète. 

»  Conclusions.  —  Cette  observation  offre  un  bel  exemple  des  ressources 
et  de  la  puissance  de  la  chirurgie  conservatrice.  Le  tibia  et  lastragale 
avaient  été  brisés;  ce  dernier  os  était  en  outre  luxé  et  irréductible;  la  gan- 
grène paraissait  imminente,  et  l'amputation  pouvait  être  considérée  comme 
le  seul  moyen  de  salut.  Cependant  la  résection  des  extrémités  tibiale  et 
péronière  et  l'extraction  de  la  totalité  de  l'astragale  amenèrent  la  cessation 
des  accidents  et  plus  tard  une  complète  guérison.  L'utilité  de  pratiquer  les 
opérations  avant  les  premiers  frissons  de  la  gangrène,  qui  semblent  dans 
la  plupart  des  cas  accuser  un  commencement  d'empoisonnement  excessive- 
ment dangereux  ,  fut  pleinement  confirmée.  La  cautérisation  ponctuée 
contre  l'imminence  gangreneuse  et  la  propagation  des  inflammations  dif- 
fuses, l'efficacité  d'une  température  élevée  et  permanente  dans  le  traitement 
du  tétanos,  furent  également  remarquables.  Nous  noterons  aussi  l'évidence 
du  mécanisme  des  lésions  rencontrées  sur  notre  malade  et  la  nécessité  de 
tenir  compte  des  indications  fotirnies  par  le  nouvel  état  du  pied  après  Ja 
formation  de  l'ankylose  curative. 

)i  L'avantage  de  mouler  la  chaussure  sur  la  concavité  plantaire  dans  la 
direction  de  l'axe  du  tibia  s'explique  clairement  par  la  disposition  des 
rapports  osseux,  et  cette  indication  devra  probablement  être  modifiée  plus 
tard  au  fur  et  à  mesure  que  le  pied  s'abaissera  et  tendra  à  reposer  sur  le 
sol  sur  une  plus  large  surface.  Enfin  nous  regardons  comme  définitivement 
acquis  le  précepte  de  conserver  la  tête  de  l'astragale  lorsqu'elle  est  intacte 
et  d'abattre  la  malléole  externe  dans  tous  les  cas  où  la  malléole  interne, 
complètement  brisée,  a  dià  être  enlevée;  et  nous  appliquons  seulement  la 
résection  des  surfaces  articulaires  tibio-péronières  aux  fractures  compliquées 
et  inégales  de  l'extrémité  inférieure  et  du  tibia.  » 

RAPPORTS. 

ZOOLOGIE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Fabre,  ayant  pour  litre  : 
Sur  l'hypermétamorphose  et  les  mœurs  des  Méloïdes. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Diunéril  rapporteur.) 
'  «  Nous  avons  à  révéler  à  l'Académie  un  fait  nouveau  et  extraordinaire 


(  554  ) 
dans  l'histoire  des  métamorphoses  que  subissent  picsque  tous  les  insecles, 
en  lui  présentant  l'analyse  d'une  portion  du  travail  que  M.  Fabre,  d'Avi- 
gnon, a  soumis  à  son  examen  dans  la  séance  du  i"  de  ce  mois.  Ce  Mémoire 
a  pour  titre  :  Sur  V hfper métamorphose  et  les  mœurs  des  Méloïdes.  M.  Milne 
Edwards  et  moi  avons  été  chargés  d'en  prendre  connaissance,  et  nous 
venons  aujourd'hui  vous  en  rendre  compte. 

»  On  sait  qu'en  sortant  de  l'œuf  la  plupart  des  insectes  se  présentent  sous 
une  forme  provisoire  et  comme  d'emprunt,  qui  les  fait  désigner  généralement 
sous  le  nom  de  larves.  Cette  enveloppe  transitoire  semble  en  effet  les  mas- 
quer ou  les  travestir  entièrement.  Cependant  cette  conformation  du  pre- 
mier âge  est  constamment  semblable  chez  tous  les  individus  de  la  même 
race.  Ces  petits  animaux  ont  chacun,  sous  cette  première  forme,  une  manière 
particulière  de  se  nourrir,  de  se  développer  et  de  croître  dans  un  espace 
de  temps  limité  et  plus  ou  moins  prolongé.  Une  organisation  spéciale  et 
très-variée,  suivant  les  circonstances,  leur  procure  l'étonnant  pouvoir  de 
changer  tout  à  coup  de  forme,  d'organisation  et  très-souvent  de  mœurs  ou 
de  manière  de  se  procurer  des  aliments,  tout  en  conservant  leur  individua- 
lité. Il  s'opère  alors  dans  l'ensemble  de  leur  économie  une  sorte  de  ramol- 
lissement, de  dissolution  des  parties  solides  qui  éprouvent,  au  dedans  comme 
au  dehors,  les  changements  les  plus  incompréhensibles. 

»  Cet  état  intermédiaire  nécessite  très-souvent,  pour  cette  transfiguration 
corporelle,  une  époque  de  repos  ou  d'immobilité  pendant  laquelle  s'opère 
la  refonte  de  l'organisation  tout  entière.  La  larve  se  dépouille  complètement 
de  ses  premières  enveloppes,  à  mesure  qu'elle  grossit.  Il  en  sort  une  petite 
masse  très-molle,  d'une  autre  forme,  qui  prend  peu  à  peu  plus  de  con- 
sistance pour  devenir  ce  qu'on  nomme  une  nymphe,  luie  pupe  ou  une 
chrysalide. 

»  Enfin,  une  troisième  époque  de  la  vie  des  insectes  est  celle  de  leur  per- 
fection, celle  où,  jouissant  de  toutes  leurs  facultés,  souvent  développées  au 
plus  haut  degré,  ces  individus  peuvent  se  mouvoir  de  mille  façons  diverses, 
et  sont  pourvus  des  organes  destinés  à  perpétuer  leur  race  et  à  préparer  les 
moyens  d'assurer  la  propagation  de  chaque  espèce  et  la  conservation  de 
leur  progéniture. 

»  Ainsi  presque  tous  les  insectes  passent  successivement  par  ces  quatre 
périodes  de  la  vie,  sous  les  états  d'œuf,  de  larve,  de  nymphe  et  d'image 
réelle,  qui  est  leur  véritable  et  dernière  représentation,  qu'on  regarde  comme 
celle  de  la  perfection. 

»  Si  nous  avons  rappelé  ces  faits  bien  connus  sur  la  transformation  à 


(  555  ) 
laquelle  le  plus  grand  nombre  des  insectes  semblent  soumis  comme  à  une 
loi  générale  qui  les  oblige  à  passer  successivement  par  les  quatre  états 
indiqués,  c'est  afin  de  faire  mieux  concevoir  une  exception  vraiment  inso- 
lite. Elle  consiste  en  une  augmentation  à  peine  connue  jusqu'à  ce  jour 
du  nombre  des  périodes  intermédiaires.  Aussi  est-elle  devenue  pour  nous 
le  sujet  principal  et  le  seul  que  nous  ayons  voulu  choisir  dans  le  Mémoire 
dont  nous  allons  vous  présenter  l'analyse. 

»>  Le  fait  tout  à  fait  singulier  dont  nous  allons  vous  présenter  la  relation 
serait  incroyable  s'il  n'était  établi  sur  des  observations  positives  et  absolu- 
ment mises  hors  de  doute  par  le  détail  des  recherches  auxquelles  l'auteur 
s'est  livré  pour  se  convaincre  de  leur  exactitude. 

»  Il  s'agit  d'un  animal  qui,  sans  cesser  d'être  en  réalité  le  même,  change 
successivement  de  forme  et  de  consistance,  et  qui  offre  ainsi  des  modifica- 
tions diverses  dans  sa  nourriture,  dans  ses  mœurs  et  ses  habitudes,  par 
huit  fois  différentes,  pendant  la  durée  de  son  existence,  laquelle  se  prolonge 
dans  l'espace  de  près  de  quatre  années.  C'est  pour  nous  un  cas  de  pofy- 
morphose, 

»  On  savait  déjà,  et  votre  Rapporteur  l'avait  même  indiqué  il  y  a  près  de 
quarante  ans  (i),  que  certains  Coléoptères,  les  cantharides  à  bande  jaune  de 
Geoffroy  {Sitaris  humeralis  de  Latreille),  provenaient  très-probablement  de 
larves  qui  semblaient  devoir  se  développer  dans  les  loges  ou  les  cellules 
que  les  abeilles  maçones  et  quelques  autres  apiaires  construisent  dans 
l'épaisseur  des  terrains  argileux  coupés  à  pic  sur  certaines  localités.  C'était 
là  que  j'avais  eu  occasion  de  recueillir  piesque  constamment,  aux  mois 
de  juillet  et  d'août,  un  grand  nombre  d'individus  desséchés.  La  plupart  de 
ces  insectes  étaient  des  mâles,  faciles  à  distinguer,  mais  j'ignorais  complè- 
tement les  particularités  de  leurs  moeurs  et  de  leur  développement.  C'est 
ce  mode  extraordinaire  de  métamorphose  que  M.  Fabre  a  étudié,  pendant 
près  de  quatre  années  de  suite,  avec  une  sagacité  et  une  patience  admi- 
rables, comme  le  prouvent  les  détails  que  nous  allons  extraire  de  son 
Mémoire 

»  Premier  état.  —  Ayant  trouvé  dans  l'une  des  galeries  sinueuses  qui 
livrent  passage  aux  abeilles  pour  arriver  à  leurs  cellules  une  petite  masse 
informe  d'une  matière  blanchâtre  et  semi-transparente,  il  reconnut,  à  l'aide 
delà  loupe,  qu'elle  était  entièrement  composée  par  un  amas  d'œufs  agglo- 


(i)  Dictionnaire  des  Sciences  naturelles,  tome  XLIX ,  page  343- 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N<>  12.)  73 


(  556  ) 
mérés,  dont  le  nombre,  évalué  au  microscope,  pouvait  être  de  deux  milliers. 
Leur  forme  était  ovale  et  leur  longueur  de  deux  tiers  d'un  millimètre  au  plus. 
Il  recueillit  cette  masse  agglutinée  et  la  déposa  dans  un  tube  de  verre 
avec  beaucoup  de  soins.  Il  put  ainsi  observer  chaque  jour  ce  que  ces  œufs 
deviendraient,  car  heureusement  ils  étaient  fécondés,  et  s'assurer  que  leur 
éclosion  n'avait  lieu  qu'un  mois  ou  plus  après  la  ponte. 

»  Deuxième  état.  —  Les  petits  êtres  vivants  et  agiles  qui  en  sortirent 
avaient  à  peine  i  millimètre  de  longueur.  Examinés  à  l'aide  d'un  fort  gros- 
sissement, leurs  pattes  étaient  bien  formées  ;  mais  ils  ne  quittèrent  pas  le  tas 
dans  lequel  ils  restaient  confondus  pêle-mêle  avec  les  dépouilles  blanchâtres 
des  œufs  dont  ils  provenaient.  La  masse  se  composait  alors  d'une  sorte  de 
poussière  animée  qui  resta  telle  pendant  tout  l'hiver,  et  dans  laquelle  ces 
animalcules  ont  paru  pouvoir  se  nourrir  et  s'abriter  jusqu'à  la  fin  du  mois 
d'avril. 

»  Une  de  ces  jeunes  larves,  dont  l'auteur  nous  donne  la  représentation, 
est  absolument  semblable  aux  animaux  qui  ont  été  indiqués,  décrits  et  figu- 
rés d'abord  sous  le  nom  de  poux  des  abeilles  par  Réaumur  (i),  Frish  (2), 
Degéer(3),  Newport  (4)  et  particulièrement  par  M.  Léon  Dufour  (5).  Ce 
dernier,  dont  les  travaux  sont  si  connus  et  si  bien  appréciés  par  l'Académie, 
avait  trouvé  ce  petit  être  vivant  accroché  aux  poils  du  corselet  de  quelques 
abeilles  et  de  plusieurs  autres  insectes  velus  ;  il  le  regarda  comme  un  pa- 
rasite, différent  de  tous  les  cirons  ou  poux,  et  il  avait  même  proposé  de  le 
considérer  comme  devant  former  un  genre,  à  cause  de  sa  stnacture  singulière, 
et  de  le  nommer  triongulin  des  andrènes. 

»  M.  Fabre  a  représenté  aussi  cette  forme  de  l'insecte  vu  au  microscope. 
Cette  bestiole,  comme  il  la  nomme,  n'a  pas  i  millimètre  de  longueur,  elle  est 
filiforme,  très-vive  et  très-active  quand  on  l'isole  ou  lorsqu'on  l'oblige  de 

.  (i)  Mémoires,  t.  IV,  p.  711,  PI.  XXXVUl. 
{2)   Description  des  insectes  d'Allemagne,  p.  8,  PI.  XVI. 

(3)  Deoéer,  Mémoires,  t.  Vil. 

(4)  Transactions  ofthe  Linnean  Society,  vol.  XX, p.  297,  tab.  14. —  Nous  devons  dire  que 
ce  dernier  et  habile  observateur  a  fait  connaître  l'histoire  d'un  Proscarabée  IMeloe  eicatri- 
cosus)  de  la  même  famille  des  Vésicants  ;  mais  la  série  des  métamorphoses  de  cet  insecte,  qui 
offrent  la  plus  grande  analogie  avec  celles  de  la  Sitaride  dont  il  est  ici  question,  y  est  bien  moins 
détaillée.  M.  Fabre  avoue  n'avoir  malheureusement  connu  ce  beau  travail  qu'au  moment  où 
il  rédigeait  les  notes  qu'il  avait  recueillies  en  faisant  ses  observations. 

(5)  Annales  des  Sciences  naturelles,  t.  XIII,  p.  62,  PI.  g-B. 


(  557  ) 
changer  de  place.  Sa  tête  est  bien  distincte,  garnie  de  mâchoires,  d'yeux  el 
de  longues  antennes  en  fils  très -grêles;  son  tronc  est  composé  de  douze  seg- 
ments, dont  les  trois  premiers  sont  plus  larges  et  les  deux  derniers  munis  en 
outre  l'un  de  deux  crochets  et  l'autre  de  longs  poils  qui  ne  sont  visibles 
qu'au  microscope,  mais  dont  il  est  nécessaire  de  reconnaître  la  présence. 
Ce  petit  insecte  a  six  pattes  longues ,  dont  les  tarses  sont  terminés  chacun  par 
trois  ongles  crochus;  l'un  de  ces  ongles  est  plus  long  et  peut  se  recourber 
pour  saisir  les  poils  des  abeilles  et  y  adhérer;  l'animal  peut  ainsi  rester  s\is- 
pendu  dans  la  plus  complète  immobilité. 

»  L'auteur  du  Mémoire  s'est  assuré  que  l'un  ou  plusieurs  de  ces  petits  êtres 
ont  l'instinct  de  saisir  le  moment  où  les  mâles  des  abeilles,  qui  se  dévelop- 
pent avant  les  femelles,  viennent  à  passer  dans  la  galerie  pour  s'y  accrocher 
et  parvenir  ainsi  à  se  fourrer  dans  les  poils  dont  leur  corselet  est  revêtu,  sur- 
tout près  de  l'articulation  des  ailes.  Dès  lors  ils  se  trouvent  entraînés  avec 
l'abeille  dans  son  vol  et  partout  où  la  dirigent  ses  mouvements;  ce  sont  de 
véritables  parasites  cherchant  à  vivre  aux  dépens  d'autrui. 

»  Voilà  donc  le  second  état  de  l'insecte  sorti  de  l'œuf.  Nous  allons  con- 
tinuer d'en  raconter  l'histoire,  nous  en  rapportant  entièrement  aux  obser- 
vations très-détaillées  qui  ont  permis  à  M.  Fabre  de  les  exposer  avec  des  soins 
tellement  scrupuleux,  qu'elles  ne  peuvent  laisser  aucun  doute. 

»  Nous  avons  dit  que  c'étaient  les  mâles  des  abeilles  qui  transportaient 
sans  le  savoir  plusieurs  de  ces  parasites;  ce  sont  eux  probablement  qui, 
en  allant  butiner  dans  les  fleurs,  les  y  laissent  en  dépôt  et  les  communi- 
quent ainsi  ou  les  transmettent  aux  femelles  sur  lesquelles  on  peut  aisément 
les  retrouver.  Cela  explique  comment  une  de  ces  femelles  les  introduit  en 
entrant  dans  la  cellule  qu'elle  a  construite  et  approvisionnée  d'un  liquide 
mielleux  destiné  à  la  nourriture  de  la  larve  unique  qui  sortira  de  l'œuf 
qu'elle  va  y  pondre.  Cet  œuf,  relativement  assez  volumineux,  surnage  à  la 
surface  de  la  matière  sucrée  parce  qu'il  est  spécifiquement  plus  léger;  mais 
à  l'instant  même  le  parasite  agile  est  assez  leste  pour  se  cramponner  sm-  cet 
œuf  dont  il  augmente  à  peine  le  poids. 

»  La  ponte  est  faite  :  la  cellule  est  close  par  la  mère  sans  défiance,  et 
dès  ce  moment  vont  commencer  les  évolutions  qu'il  nous  reste  à  faire 
connaître. 

»  Le  parasite  n'est  qu'un  petit  point  noir  qu'on  voit  courir  sur  la  surface 
blanche  de  l'œuf  de  l'abeille;  il  s'y  accroche,  s'y  tient  en  équilibre  à  l'aide 
de  ses  longues  antennes  et  des  filets  dont  sa  queue  est  garnie,  lesquels  sont 
terminés  par  des  poils  imperceptibles  qui  flottent  sur  le  miel  et  lui  servent 

73..- 


(  558  ) 
ainsi  de  points  d'appui.  Il  se  fixe  solidement  par  ses  pattes,  et  saisissant, 
avec  les  crocs  aigus  de  ses  mâchoires,  l'enveloppe  délicate  de  l'œuf  qui  le 
supporte,  il  l'incise  en  dessus  pour  en  faire  sortir  les  sucs  que  cette  coque 
renferme  et  dont  il  s'abreuve  avec  avidité.  Dès  ce  moment  la  vie  de  l'œuf  de 
1  HjménopJère  futur  est  détruite  à  son  profit;  car  la  provision  de  miel  qui 
était  destinée  à  l'abeille  est  devenue  celle  du  parasite.  Les  humeurs  que  l'œuf 
contenait  suffisent,  pendant  une  huitaine  de  jours,  à  la  nourriture  de  ce  petit 
animal.  Alors  la  coque  épuisée  ne  forme  plus  qu'une  pellicule  aride,  très- 
légère,  insubmersible,  qui  s'étale,  sert  comme  d'esquif  ou  de  nacelle  à  notre 
animalcule  doiit  les  dimensions  sont  cependant  à  peu  près  doublées. 

»  Troisième  état.  —  Maintenant  commence  à  s'opérer  luie  sorte  de  mue, 
car  la  peau  de  la  tète  et  des  trois  premiers  segments  du  tronc  se  fend  en 
dessus,  et  par  cette  scissure  il  sort  de  ce  corps  actif  un  globule  blanc  qui 
tombe  sur  le  miel  pour  y  rester  surnageant  et  immobile,  de  manière  cepen- 
dant à  pouvoir  respirer  au  moyen  des  stigmates  distribués  par  paires  sur  sa 
région  supérieure. Voilà  donc  une  troisième  forme  de  cette  singulière  orga- 
nisation. 

»  Ce  corpuscule  d'un  blanc  laiteux,  inerte  en  apparence,  suspendu  à  la 
surface  du  liquide  mielleux,  a  i  millimètres  de  longueur.  A  l'aide  d'une 
loupe  on  y  distingue  une  apparence  de  tète  située  à  l'une  des  extrémités, 
en  dedans  et  sur  sa  longueur  un  tube  digestif  sans  courbures  et  en  de&sus  la 
double  rangée  des  orifices  respiratoires.  Cette  sorte  de  secoude  larve,  sem- 
blable à  celles  de  quelques  Diptères,  acquiert  bientôt  beaucoup  de  déve- 
loppement, car  elle  absorbe  en  trente  ou  quarante  jours  la  totalité  du  miel 
dans  lequel  elle  était  plongée. 

»  Qunlrième  état.  —  C'est  dans  la  première  quinzaine  du  mois  de  juillet 
que  cette  larve  replète,  ayant  alors  i  a  à  1 5  millimètres  de  longueur 
sur  6  de  largeur,  se  vide  entièrement  d'une  matière  rougeâtre  et  rede- 
vient tout  à  fait  blanche;  examinée  à  cette  époque,  on  y  reconnaît  une 
petite  tète,  des  antennes  excessivement  courtes,  formées  de  deux  articles 
cylindriques  ;  mais  on  n'y  découvre  pas  d'yeux  :  les  mandibules  sont  exca- 
vées  en  forme  de  cuillers  et  on  aperçoit  une  lèvre  inférieure  avec  deux 
palpes  qui  deviendront  les  mâchoires.  Tout  cet  appareil  est  privé  de  mouve- 
ments :  ce  sont  des  organes  naissants,  encore  embryonnaires;  il  en  est  de 
même  des  pattes,  qui  ne  sont  que  les  vestiges  de  celles  qui  leur  succé- 
deront. 

»  Qui  pourrait  reconnaître  dans  cette  masse  animalisée,  molle,  lourde, 
aveugle,  à  ventre  dodu,  n'ayant  que  des  moiguons,  l'état  primitif  de  l'ani- 


(559) 
malculePNe  l'a-t-on  pas  vu  svelte,  pourvu  d'organes  admirablement  dispo- 
sés pour  exécuter  sans  péril,  et  par  l'intermède  des  espèces  ailées,  les  étoii* 
nantes  migrations  dans  lesquelles  il  a  été  entraîné  et  qui  se  sont  accomplies 
par  les  procédés  instinctifs  que  nous  venons  de  décrire  ? 

»  Les  provisions  étant,  comme  nous  l'avons  dit,  complètement  épuisées, 
cette  larve  reste  stationnaire  pendant  un  petit  nombre  de  jours.  Alors  elle 
se  contracte,  se  ramasse  sur  elle-même,  et  il  se  détache  de  sa  superficie 
une  pellicule  très-mince,  chiffonnée,  une  sorte  de  spectre  transparent,  qui 
conserve  cependant  comme  sur  un  moule  extérieur  les  empreintes  en  relief 
des  parties  préexistantes.  C'est  enfin  une  véritable  mue  semblable  à  celle 
que  nous  voyons  s'opérer  chez  les  chenilles.  C'est  dans  cette  enveloppe  épi- 
dermique  que  vont  se  produire  les  remarquables  phénomènes  de  la  nym- 
phalisation. 

M  Cinquième  état.  —  Sous  cette  pellicule  transparente,  dont  la  ténuité 
est  extrême,  tout  ce  qui  est  contenu  à  l'intérieur  se  fond,  semble  se  liqué- 
fier et  se  transformer  ensuite  en  ime  masse  blanche,  molle,  qui  en  quel- 
ques heures  acquiert  plus  de  solidité  et  dont  la  surface  s'obscurcit  pour  se 
colorer  d'une  teinte  de  fauve  ardent.  Ce  sac  est  mince,  comme  la  plus 
fine  pelure  d'un  oignon;  si  on  le  déchire  au  bout  de  quelques  jours,  on  y 
trouve  un  nouveau  corps  intrte  qui  offre  plusieurs  segments  prenant  peu  à 
peu  la  consistance  de  la  corne,  et  devenant  semblable  enfin  aux  pupes  ou 
aux  chrysalides. 

»  Sixième  état.  —  La  face  dorsale  forme  un  double  plan  incliné  dont 
l'arête  est  très-émoussée  ;  la  région  inférieure  est  concave,  laissant  sur  son 
contour  une  sorte  de  bourrelet  saillant;  on  y  distingue  encore  les  vestiges 
ou  des  restes  qui  rappellent  un  peu  le  masque  ou  la  forme  première  qu'avait 
la  tète  de  la  larve  en  sortant  de  l'œuf  et  les  trois  segments  correspondant 
aux  pièces  du  thorax,  car  chacun  d'eux  supporte  une  paire  de  petits  tuber- 
cules qui  sont  comme  les  indices  ou  les  points  de  repère  sur  lesquels  se 
développeront  de  véritables  pattes. 

»  Tels  sont  les  caractères  extérieurs  de  l'animal  dans  cet  état  d'immobi- 
lité qui  correspond  et  ressemble  à  la  pupe  de  la  plupart  des  insectes  à  deux 
ailes,  puisque  l'on  n'aperçoit  au  dehors  aucun  relief  indicateur  de  la  pré- 
sence des  ailes  ou  des  pattes.  C'est  cet  état  que  l'auteur  a  voidu  désigner 
sous  le  nom  de  Pseudonymphe. 

»  Septième  état.  —  Enfin  pendant  cet  état  de  mollesse,  la  transformation 
en  insecte  parfait  et  à  élytres  se  prépare.  Chacune  dos  parties  s'allonge,  se 
modèle,  se  solidifie.  On  y  distingue  la  tête  inclinée  en  avant,  1 1  bouche  en 


(  56o  ) 
bas,  les  antennes  couchées  en  dehors  de  l'articulation  des  pattes,  les  mem- 
bres dirigés  en  arrière  ayant  les  tarses  hétéroraérés  complètement  dévelop- 
pés. L'auteur  en  a  dessiné  lui-même  une  figure  qui  ne  laisse  rien  à  dé- 
sirer. 

»  Huitième  et  dernier  état.  —  Il  est  à  regretter  que  M.  Fabre  n'ait  pas  fait 
de  même  pour  l'insecte  parfait  qu'il  ne  décrit  pas  et  qu'il  n'a  point  repré- 
senté, probablement  parce  que  cette  Sitaride  est  bien  connue.  Cependant 
les  mâles  diffèrent  des  femelles  particulièrement  par  les  antennes,  par  la 
£;rosseur  et  la  longueur  du  ventre,  ainsi  que  par  la  disposition  des  élyti-es. 
Nous  en  plaçons  sous  vos  yeux  deux  échantillons  en  nature  ;  ils  ont  été 
très-mous,  mais  étant  desséchés,  leur  volume  a  bien  diminué.  Nous  pouvons 
ajouter  ici  que  votre  Rapporteur  en  a  publié  une  figure  exacte  et  bien  colo- 
riée qu'il  a  due  à  l'habile  pinceau  du  regrettable  dessinateur  du  Muséum, 
M.  Prêtre  (i). 

»  Dans  cette  analyse,  que  vous  trouverez  peut-être  un  peu  trop  détaillée, 
nous  nous  sommes  bornés  cependant  à  vous  faire  connaître  uniquement  le 
fait  le  plus  nouveau  et  le  plus  important  parmi  les  observations  contenues 
dans  ce  Mémoire,  qui  nous  a  inspiré,  comme  on  le  conçoit,  le  plus  grand 
intérêt. 

»  Ce  travail  a  exigé  de  longues  recherches.  Il  renferme  un  grand  nombre 
d'observations  sur  les  mœurs  des  diverses  sortes  d'abeilles  qui  se  construi- 
sent des  demeures  souterraines,  et  sur  quelques  autres  insectes  parasites, 
tels  que  les  Anthrax  et  les  Proscarabées.  Malheureusement  ces  détails  sont 
trop  souvent  entremêlés  et  confondus  avec  l'histoire  des  Sitarides  dont 
nous  venons  de  vous  entretenir. 

»  Déjà  l'Académie  a  reconnu  le  mérite  de  M.  Fabre  en  récompensant  der- 
nièrement son  Mémoire  sur  les  mœurs  des  Sphéges  ou  Cercérides.  Nous 
devons  de  nouveau  applaudir  à  ses  nouvelles  recherches  en  accueillant  ce 
second  travail,  que  nous  pouvons  justement  comparer  à  quelques-uns  des 
Mémoires  de  Réaumur,  et  en  vous  priant  de  décider  qu'il  mérite  d'être  inséré 
parmi  ceux  des  Savants  étrangers ,  que  publie  l'Académie.    » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


(i)  Considérations  générales  sur  la  classe  des  insectes,  iSaS,  page  182,  PI.  XI,  n°  i. 


(56i  ) 

MINÉRALOGIE  ET  GÉOLOGIE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Lewy,  intihdé: 
Recherches  sur  la  formation  et  la  composition  de  l'émeraude. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Boussingault,  Delafosse,  de  Senarmont  rap- 
porteur.) 

«  M.  Lewy  a  rapporté  de  la  Nouvelle-Grenade  des  collections  de  toute 
nature  dont  il  a  enrichi  le  Muséum  d'Histoire  naturelle;  elles  ont  été  l'objet 
d'rm  Rapport  dont  l'Académie  n'a  pas  perdu  le  souvenir  (i). 

»  Dans  ces  collections  figuraient  de  magnifiques  émeraudes  recueillies  à 
la  mine  de  Muso,  renommée  par  la  beauté  des  pierres  qu'elle  fournit  à  la 
joaillerie.  Cette  mine  n'est  pas  moins  remarquable  par  sa  situation  géolo- 
gique ;  et  une  longue  exploitation  a  fait  connaître  sur  ce  gisement  et  sur  les 
minéraux  qu'on  y  rencontre,  un  grand  nombre  de  particularités  singulières. 

»  M.  Lewy  a  complété  et  éclairci,  par  des  analyses  délicates,  les  faits  qu'il 
avait  ainsi  appris  ou  observés,  et  il  a  soumis  à  l'Académie  le  résultat  de  son 
travail  dans  un  Mémoire  dont  nous  venons  aujourd'hui  lui  rendre  compte. 

»  Les  émeraudes  se  rencontrent  à  Muso  et  dans  quelques  localités  avoi- 
sinantes  au  milieu  du  terrain  néocomien,  disséminées  dans  toute  la  masse 
d'un  calcaire  bitumineux  très-fossilifère  et  dans  des  schistes  noirs  sur  les- 
quels il  repose.  Elles  se  trouvent  néanmoins  plus  habituellement  rassem- 
blées en  petits  filons  horizontaux  subordonnés  à  la  stratification. 

n  Là  l'émeraude  est  toujours  accompagnée  de  spath  calcaire,  de  quartz 
et  de  pyrite  ;  mais  comme  le  quartz  l'enveloppe  et  qu'elle  enveloppe  au  con- 
traire la  pyrite,  cette  double  relation  définit  un  ordre  déterminé  de  cristalli- 
sation successive. 

»  L'émeraude  empâte  aussi  plus  ou  moins  du  calcaire  qui  lui  sert  de 
gangue;  on  voit  souvent  des  feuillets  très-minces  de  ce  calcaire  diviser  en 
deux  ou  trois  parties  les  cristaux  les  plus  purs,  mais  il  s'accumule  surtout 
vers  leur  base.  Les  cristaux  deviennent  alors  nébuleux,  et  quelquefois  si  in- 
«;ohérents,  qu'au  sortir  de  la  mine  ils  sont  presque  friables  entre  les  doigts. 

»  Cette  extrême  fragilité  de  l'émeraude  encore  imprégnée  de  son  eau  de 
(arrière  est  un  fait  très-digne  de  remarque,  et  qui  paraît  assez  avéré  pour 
qu'on  ait  soin  d'enfermer  les  cristaux  à  mesure  qu'on  les  extrait,  et  encore 
tout  humides,  dans  des  vases  de  terre  où  ils  se  dessèchent  très-lentement. 
Cette  précaution  même  ne  suffit  pas  toujours  pour  les  empêcher  de  se  cra- 
queler et  quelquefois  de  se  rompre  spontanément. 

(i)  Comptes  rendus,  tome  XXXIII,  page  33t. 


(  56a  ) 
»  L'émeraude  se  rapproche  donc,  par  ces  propriétés  singulières,  des  cris- 
tallisations artificielles  par  dissolution,  qui  ne  prennent  ordinairement  de 
consistance  que  longtemps  après  l'écoulement  et  la  complète  évaporation 
de  leurs  eaux  mères.  Ces  ressemblances  d'effet  tiennent-elles  à  des  ressem- 
blances de  cause?  Telle  est  la  question  que  M.  Lewy  s'est  posée. 

»  Il  établit  d'abord,  par  des  analyses  délicates  et  très-précises,  répétées 
sur  divers  cristaux  purs  et  transparents,  que  le  minéral  en  poudre  et  dessé- 
ché à  I20  degrés  renferme  encore  0,0 1 5  d'eau,  et  que  cette  eau  ne  se  dé- 
gage qu'au  rouge.  Il  trouve  dans  les  mêmes  cristaux  o,oo5  d'une  matière 
organique  volatile  qui  paraît  être  un  carbure  d'hydrogène.  Il  détermine 
ensuite,  avec  le  plus  grand  soin,  tous  les  principes  minéraux,  ne  rencontre 
que  des  traces  indosables  de  chrome,  mais  signale  pour  la  première  fois 
près  de  0,01  de  magnésie  et  plus  de  o,oo5  de  soude;  cette  circonstance  va 
le  conduire  à  des  rapprochements  intéressants. 

»  M.  Lewy  ne  s'est  pas  borné,  en  effet,  à  l'analyse  des  émerau des  elles- 
mêmes  ;  il  a  fait  des  expériences  comparatives  sur  leur  gangue  calcaire.  Cette 
gangue  est  souvent  assez  argileuse  pour  fondre  à  la  température  rouge,  et 
renferme,  outre  une  infinité  de  cristaux  microscopiques  d'émeraude,  les 
mêmes  composants  chimiques  que  ces  cristaux;  ils  s'y  trouvent  seulement  en 
proportion  différente,  et  dans  un  autre  état  de  combinaison,  puisque  les 
acides  faibles  peuvent  dissoudre  0,17  de  magnésie,  o,oa5  de  soude  et  o,oo5 
de  glucine. 

»  De  ce  rapprochement,  et  de  cet  ensemble  de  faits,  M.  Lewy  arrive  à 
conclure  que  le  gisement  de  Muso  s'est  probablement  formé  par  voie  humide, 
et  que  certains  principes  de  l'émeraude  ont  pu  être  apportés  après  coup  dans 
la  masse  calcaire,  par  une  dissolution  dont  l'eau  fixée  dans  les  cristaux  et  la 
soude  font  assez  soupçonner  la  nature. 

«  Quant  à  la  coloration  verte,  M.  Lewy  serait  disposé  à  l'attribuer  à  la 
matière  organique,  dont  la  quantité  lui  parait  croître  ou  décroître  avec  l'in- 
tensité de  la  nuance.  Cette  nuance  serait  au  contraire  absolument  inexpli- 
cable, selon  lui,  parla  quantité  infiniment  petite  d'oxyde  de  chrome;  et  tout 
à  fait  disproportionnée  à  l'énergie  colorante  que  cet  oxyde  porte  dans  d'au- 
tres composé»  minéraux,  par  exemple  dans  le  grenat  ouwarowite. 

»  On  peut  juger  par  cet  exposé  que  le  travail  dont  nous  rendons  compte 
fait  connaître  un  grand  nombre  de  faits  nouveaux  et  intéressants;  il  a  cer- 
tainement beaucoup  avancé  la  solution  des  questions  que  l'auteur  s'était 
proposées.  Qu'il  nous  soit  permis  toutefois  de  faire  quelques  observations 
sur  les  conséquences  qu'il  a  cru  pouvoir  tirer  de  ses  analyses. 


(  563  ) 

»  Ces  réflexions  n'amoindriront  en  rien  l'estime  que  méritent  des  expé- 
riences faites  avec  autant  de  soin  que  de  précision,  et  si  nous  soumettons 
à  M.  Lewy  nos  doutes  sur  quelques  interprétations,  c'est  que  personne  n'est 
plus  que  lui  en  état  de  les  résoudre.  ,,      ,. 

a  La  présence  de  0,0 1 5  d'eau  dans  les  cristaux  d'émeraude  n'est  pas  un 
fait  isolé.  Il  paraît  en  effet  bien  établi  qu'un  peu  d'eau  peut  entrer  comme 
principe  constituant  dans  plusieurs  silicates  purs  et  tout  à  fait  inaltérés  (i). 
Mais  quelle  place  tient-elle  dans  la  combinaison  chimique?  Comment  et 
dans  quelles  conditions  s'y  trouve-t-elle  fixée  de  manière  à  résister  à  de 
très-hautes  températiu'es  ?  Ce  sont  là  autant  de  questions  absolument  irréso- 
lues ,  et  il  paraît  difficile  de  tirer  même  une  présomption  de  faits  aussi 
complètement  inexpliqués. 

»  Quant  à  l'intervention  de  la  matière  organique  comme  principe  colo- 
rant, à  l'exclusion  de  l'oxyde  de  chrome,  elle  aurait  peut-être  encore 
besoin  d'autres  preuves  expérimentales. 

»  On  ignore  à  quelles  fonctions  mystérieuses  une  même  substance  doit 
les  colorations  souvent  si  dissemblables  qu'elle  développe  dans  ses  com- 
posés divers.  Les  combinaisons  salines  du  chrome  nous  en  offrent  elles- 
mêmes  plus  d'un  exemple;  et  s'il  faut  au  grenat  o,25  d'oxyde  pour  arriver 
au  ton  de  l'éméraude,  o,oo3  suffisent  à  la  cymophane. 

»  Dans  les  questions  de  ce  genre,  tout  raisonnement,  toute  comparaison 
pèche  généralement  par  la  base,  et  pour  l'éméraude  en  particulier,  des 
arguments  ne  sauraient  prévaloir  peut-être  contre  la  simple  épreuve  au 
chalumeau,  qui  montre  la  perle  de  borax  colorée  en  vert  par  la  plupart  des 
émeraudes  vertes. 

»  La  décoloration  des  cristaux  d'émeraude  par  la  chaleur  peut  bien 
d'ailleurs  n'être  pas  plus  significative.  La  perte  de  quelques  atomes  d'eau 
fait  passer  au  blanc  le  sulfate  bleu  de  cuivre  et  le  sulfate  vert  de  nickel,  sans 
que  personne  songe  assurément  à  placer  la  faculté  colorante  hors  du  prin- 
cipe métallique. 

»  On  opposerait,  il  est  vrai,  à  ces  exemples  des  exemples  contraires. 
Beaucoup  de  cristaux  reçoivent  artificiellement  une  véritable  teinture  orga- 
nique; et  divers  minéraux,  le  quartz  entre  autres,  montrent  des  colorations 
mobiles  au  gré  du  lapidaire,  el  qui  paraissent  bien  dues  à  des  principes  de 


(i)  Pogg.  Annal.,  tome  XX,  page  477,  et  tome  XCVI,  page  347- 

C.  R.,   i858,   i"-  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  12.)  74 


(  564  ) 
ce  genre.  La  matière  organique  est-elle  répandue  dans  l'émeraude  de  la 
même  manière?  N'occupe-t-elle  pas  plutôt,  comme  dans  certains  béryls,  ces 
petites  cavités  à  demi  pleines  de  gaz  et  de  liquide,  qui  forment,  à  l'inté- 
rieur des  cristaux,  des  nébulosités  résolubles  seidement  sous  le  microscope? 
Toutes  ces  questions  étaient  à  examiner;  elles  méritent  de  l'être  par  les 
analystes,  aujourd'hui  surtout  qu'on  demande,  avec  raison,  à  ces  infini- 
ment petits,  à  ces  dernières  traces  des  agents  chimiques  qui  ont  concouru 
à  la  formation  des  minéraux,  quelques  révélations  sur  leur  origine  pre- 
mière. 

»  Ces  problèmes  sont  difficiles,  ils  exigeraient  sans  doute  des  expériences 
persévérantes  et  délicates;  nous  savons  que  M.  Lewy  en  a  déjà  fait  un  grand 
nombre,  et  nous  voudrions  qu'il  trouvât  dans  leur  difficulté  même  et  dans 
nos  observations  un  stimulant  de  plus  à  les  poursuivre. 

»  Il  résulte  de  ces  réflexions  que  le  Mémoire  de  M.  Lewy  n'a  pas  sans 
doute  épuisé  un  sujet  peut-être  inépuisable,  mais  il  nous  paraît  renfermer 
un  grand  nombre  de  documents  nouveaux,  siirs  et  précieux  pour  l'histoire 
de  l'émeraude.  Il  serait  à  désirer  que  chaque  espèce  minérale  devînt  l'ob- 
jet d'une  semblable  monographie,  et  nous  proposerons  à  l'Académie  d'en 
ordonner  l'insertion  dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers.  »  . 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Membre  qui  remplira  dans  la  Section  de  Mécanique  la  place  devenue 
vacante  par  le  décès  de  M.  Cauchj. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  60, 

M.  Clapeyron  obtient 43  suffrages, 

M.   Barré  de  Saint-Venant.    .   .  12 

M.  Foucault  (Léon) 3 

M.  Phillips 2 

M.  Clapeyron,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 


(  565) 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE.  —   De  l'existence  du  gfycose  dans  l'organisme  animal; 
par  MM.  Poiseuille  et  J.  Lefokt.  (Extrait  par  les  auteurs.) 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  L'un  de  nous,  poursuivant  ses  recherches  physiologiques  sur  les  phé- 
nomènes de  la  respiration,  ayant  rencontré  des  résultats  qu'il  était  impos- 
sible d'interpréter  dans  l'état  actuel  de  la  science,  a  pensé,  à  tort  ou  à  raison, 
qu'une  mutation  du  glycose  par  le  poumon  pouvait  en  rendre  compte;  mais 
c'était  admettre  la  glycogénie.  Or  les  objections  radicales  qu'avait  soulevées 
cette  doctrine  dès  son  apparition  pouvaient  difficilement  ne  pas  ébranler  la 
foi  la  plus  robuste;  aussi  avons-nous  dû  reprendre  la  question  ab  ovo,  en 
l'examinant  alors  sous  les  faces  diverses  que  nous  suggérerait  le  sujet. 
Nous  avons  recherché  le  glycose  non-seulement  dans  le  foie,  mais  encore 
dans  tous  les  autres  organes  des  animaux  vertébrés. 

,  »  Glycose  dans  les  Poissons.  —  Sur  une  quarantaine  de  poissons  de  mer 
et  d'eau  douce,  les  uns  ont  offert  du  sucre  dans  le  foie,  oS',  484  à  i8%5o 
pour  100;  mais  les  intestins,  les  rates,  la  laitance,  les  ovaires  et  la  chair 
musculaire  n'en  avaient  point  ;  chez  les  autres,  il  n'y  avait  de  sucre  nulle 
part. 

»  Glycose  chez  les  Grenouilles.  —  Les  foies  de  ces  reptiles  nous  ont  donné 
o^%3i5  à  0^%  632  de  sucre;  les  viscères  et  la  chair  musculaire,  o. 

»  Glycose  chez  les  Oiseaux.  —  Mêmes  résultats  que  pour  les  poissons  : 
jamais  de  sucre  dans  les  viscères;  les  foies  en  ont  donné  de  o  à  2^^,164 
pour  100. 

»  Glycose  chez  les  Mammifères.  —  Un  foie  de  lièvre,  o;  de  chevreuil, 
i'%092;  de  trois  lapins,  i  gramme  à  i^',  i63;  de  trois  chats,  o8',8o7  à 
2^', 3o5;  de  deux  loirs  à  l'état  d'hibernation,  08% 624  :  absence  de  sucre 
dans  les  autres  viscères  et  la  chair  musculaire. 

»  La  plupart  de  ces  animaux,  ainsi  que  ceux  des  classes  précédentes, 
étaient  dans  des  conditions  physiologiques  non  déterminées. 

»  Le  sucre  se  détruisant,  ainsi  que  nous  l'avons  constaté,  et  dans  les 
décoctions  organiques  et  au  sein  des  tissus,  comme  les  foies  des  animaux 
morts  récemment  nous  ont  constamment  donné  du  glycose,  nous  avons  été 
autorisés  à  penser  que  lorsqu'un  foie  n'offrait  pas  de  sucre,  ce  principe  s'y 
était  transformé  par  le  temps 

74-. 


(,  566  ) 
»  Le  glycose  qu'on  rencontre  dans  l'organisme  y  est-il  introduit  tout 
formé  par  la  chair  musculaire;  ou,  dans  le  cas  des  herbivores,  résulte-t-il  de 
la  tranformation  en  sucre  d'une  partie  des  substances  alimentaires  amyla- 
cées dans  le  tube  intestinal?  Peut-on  étendre  à  d'autres  organes  que  le  foie, 
et  en  particulier  aux  parois  intestinales,  la  faculté  de  produire  du  sucre? 
Avant  de  rapporter  les  diverses  expériences  que  nous  avons  faites  relative- 
ment à  ces  différents  points,  rappelons  que  nous  avons  trouvé  souvent  du 
sucre  dans  la  chair  musculaire  du  cheval  dont  se  nourrissaient  nos  chiens, 
et  aussi  dans  la  chair  de  mouton,  de  veau,  de  bœuf,  de  porc  qui  sert  à  l'ali- 
mentation de  l'homme,  mais  en  quantité  bien  minime  :  quelques  milli- 
grammes pour  loo  grammes  de  chair. 

»  A.  Chien  à  jeun  depuis  soixante  heures;  poids  33  kilogrammes;  nourri 
depuis  un  mois  et  demi  de  viande  de  cheval,  il  consommait  chaque  jour  de 
3  à  4  kilogrammes  de  chair  crue.  Foie,  i^',  487  de  glycose  ;  lymphe  extraite 
du  canal  thoracique,  o^'',i4i  ;  sang  des  veines  hépatiques,  o*%82i  ;  sang  de 
la  veine  porte  recueilli  des  arcades  anastomotiques,  des  veines  mésaraïques, 
o;  sang  de  la  carotide,  o;  sang  de  la  veine  cave  inférieure  près  du  bassin,  o  ; 
intestins  grêles  (471  grammes),  o;  ganglions  mésaraïques,  o;  cœur  droit, 
traces  ;  cœur  gauche,  o  ;  poumons,  o  ;  rate,  o  ;  reins,  o  ;  cerveau,  o  ;  urine,  o  ; 
chair  musculaire,  o. 

»  Aucun  de  ces  liquides  ne  contenait  de  dextrine;  il  en  a  été  de  même 
des  organes,  à  l'exception  du  foie,  dont  la  décoction  a  donné  une  légère 
teinte  rouge  avec  l'eau  iodée,  et  des  muscles,  leur  décoction  en  a  produit 
une  très-foncée. 

»  Nous  voyons  que  le  foie  seul  contient  du  sucre,  et  que  le  sang  de  la 
veine  porte  n'en  offre  pas,  contrairement  aux  observations  des  adversaires 
de  la  glycogénie  animale.  Sans  nul  doute,  ce  sang,  par  suite  de  l'alimenta- 
tion précédente,  renferme  les  éléments  propres  à  former  du  glycose;  mais 
c'est  le  foie  qui  est  chargé  de  cette  transformation. 

»  Nous  remarquons,  en  outre,  que  la  lymphe  du  canal  thoracique  con- 
tient du  sucre;  d'où  peut-il  venir?  Est-ce  des  intestins?  est-ce  du  foie?  Mais 
si  le  glycose  était  absorbé  par  les  radicules  des  vaisseaux  chylifères,  des  vil- 
losités  intestinales,  on  en  trouverait  nécessairement  dans  les  parois  de  l'in- 
lestin,  et  il  n'y  en  a  pas;  le  sucre  vient  donc  des  nombreux  lymphatiques 
qui  vont  du  foie  au  canal  thoracique. 

»  Deux  autres  expériences  faites  sur  des  chiens  d'aussi  forte  taille,  mais 
à  jeun  depuis  trente-six  et  quarante-huit  heures,  nous  ont  donné  les  mêmes 
résultats. 

»  D.  Cheval  en  pleine  digestion.  —Il  avait  pris  10  litres  d'avoine,  et  la  veille 
et  l'avant-veille  de  l'expérience  et  le  jour  même  encore  10  litres  à  des  heures 


(  567  ) 
différentes.  Foie,  a«%29a;  sang  des  veines  hépatiques,  1 6%  128;  chyle,  o8'-,iaa; 
lymphe  venant  de  la  tète  et  du  cou,  o8%44a-,  sang  de  la  carotide,  06^069  ;  sang 
de  la  jugulaire  au-dessus  de  la  ligature,  o6',o5o  ;  sang  de  la  veine  porte  au- 
dessus  de  la  ligature,  o,o65;  sang  de  la  veine  cave  inférieure  au-dessous  de 
la  ligature,  o6'-,o57  ;  mucus  de  l'intestin  grêle,  traces;  intestins  grêles,  traces; 
chair  musculaire  du  cœur,  traces;  chair  musculaire  du  système  locomoteiu', 
traces;  pancréas,  douteux  ;  ganglions  mésentériques,o;  rate,  o;  reins,  o;  cer- 
veau, o;  poumons,  o;  urine,  o;  synovie  de  l'articulation  fémoro-rotulienne, 

o^%i42. 

s  Une  autre  expérience  faite  sur  un  chien  de  Sg  kilogrammes,  en  dujes- 
tion,  nous  a  donné  des  résultats  tout  à  fait  analogues  (i). 

»  Ici  nous  constatons  du  glycose  non-seulement  dans  le  foie,  les  veines 
hépatiques,  le  chyle  comme  précédemment,  mais  encore  dans  le  sang  arté- 
riel, la  lymphe,  le  sang  de  la  veine  porte,  celui  des  veines  caves  inférieur*- 
et  supérieure,  et  aussi  dans  les  parois  de  l'intestin  grêle,  et  dans  la  chair 
musculaire. 

»  Le  sucre  fourni  par  le  foie  dans  les  conditions  physiologiques  où  se 
trouve  l'animal,  étant  en  très-grande  quantité,  n'est  plus  détruit  entière- 
ment, comme  précédemment,  en  allant  de  cet  organe  au  poumon  ;  de  là  la 
présence  du  glycose  dans  le  sang  artériel  :  aussi  en  rencontre-t-on,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  dans  la  lymphe,  le  sang  de  la  veine  porte,  les  parois 
intestinales,  qui  peuvent  aussi  en  porter  dans  les  matières  alimentaires  par- 
courant le  tube  digestif. 

»  Sur  quels  faits  la  glycogénie  intestinale  s'appuie-t-elle  pour  réclamer 
sa  part  dans  la  glycogénie  animale?  Non  sur  des  recherches  qui  auraient  eu 
pour  objet  de  constater  la  formation  du  sucre  dans  les  parois  intestinales, 
comme  il  eût  paru  naturel  de  le  faire  ,  mais  sur  la  présence  du  glycose  et 
dans  le  chyle  et  dans  la  lymphe  ;  nous  en  avons,  en  effet,  trouvé  dans  ces 
deux  liquides,  comme  l'indiquent  les  deux  expériences  précédentes  ;  le  chien 
en  a  donné  o^',  166  pour  la  lymphe,  et  le  cheval  o^',  442.  Mais  si  nous  cher- 
chons la  quantité  de  sucre  fourni  par  un  vaisseau  lymphatique  du  mésentère 
venant  alors  directement  de  l'intestin,  ainsi  que  le  choisit  l'auteur  même  de 
la  glycogénie  intestinale,  que  trouvons-nous  chez  une  vache  en  digestion, 
comme  le  cheval  et  le  chien?  o^',  186.  Ce  résultat,  comparé  aux  précédents, 
06'',  166,  o^'',442,  peut-il  même  faire  soupçonner  que  l'intestin  grélf 
soit  le  siège  d'une  production  de  sucre,  lorsque  les  lymphatiques  d'autres 

(i)  Nous  devons  à  l'obligeance  éclairée  de  M.  Goubaus,  professeur  d'anatomie  à  l'École 
impériale  vétérinaire  d'Alfort,  d'avoir  pu  recueillir  du  chyle  et  de  la  lymphe  sur  nos  chiens 
et  sur  les  herbivores  :  nous  lui  en  témoignons,  à  un  double  titre,  tonte  notre  gratitude. 


(  568  ) 

parties  du  corps,  loin  d'en  donner,  comme  l'exigerait  cette  hypothèse,  une 
bien  plus  petite  quantité,  en  produisent  au  contraire  des  quantités  égales  et 
même  plus  considérables? 

»  Ces  observations  viennent,  surabondamment  prouver  que  la  glycogénie 
intestinale  n'a  aucune  raison  d'être. 

»  De  tous  les  faits  consignés  dans  ce  travail,  il  résulte  que  chez  les  Pois- 
sons, les  Reptiles,  les  Oiseaux  et  les  Mammifères,  considérés  immédiatement 
après  la  mort,  on  rencontre  toujours  une  grande  quantité  de  glycose  dans 
le  foie;  que  la  présence  de  ce  principe  dans  d'autres  points  de  l'organisme 
est  accidentelle,  temporaire,  et  n'est  due  qu'à  ces  conditions  physiologiques 
particulières,  qui  provoquent  dans  cet  organe  une  plus  grande  production 
de  sucre.  Si  ces  faits  sont  bien  constatés,  ils  démontrent  que  dans  les  verté- 
brés, de  tous  les  organes,  le  foie  seul  forme  du  sucre.    •> 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

HISTOIRE  NATURELLE.  —  Mémoire  sur  la  Iransformalion  des  Pranizes  en  Ancées^ 
sur  les  mœurs  et  les  habitudes  de  ces  Crustacés;  par  M.  Hesse,  commissaire 
de  la  marine  à  Brest.  (Présenté  par  M.  Coste.) 

a  Le  a6  novembre  i856,  M.  flesse,  commissaire  de  la  marine  à  Brest, 
au  nom  duquel  je  présente  ce  Mémoire  à  l'Académie,  annonça  qu'il  avait 
constaté,  par  des  observations  suivies,  que  les  Pranizes  et  les  Ancées,  placées 
par  les  naturalistes  dans  deux  tribus  différentes,  n'étaient  que  deux  âges 
d'une  seule  et  même  espèce;  laquelle  après  avoir  vécu  pendant  un  certain 
temps  sous  la  forme  de  Pranize  prenait  ensuite  celle  de  l'Ancée  et  se  repro- 
duisait sous  cette  dernière  forme  en  donnant  naissance  à  des  Pranizes. 

»  A  l'appui  de  cette  assertion,  M.  Hesse  a  rassemblé,  dans  un  Mémoire 
rédigé  avec  soin,  accompagné  de  planches  dessinées  par  lui,  tous  les  faits 
dont  il  a  été  témoin  et  qui  offrent  un  véritable  intérêt.  Il  serait  à  désirer  que 
son  travail  fût  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission.  » 

Ce  Mémoire,  qui  est  accompagné  de  nombreuses  figures,  est  renvoyé  à 
l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Duméril,  Milne  Edwards, 
Coste. 

ACOUSTIQUE.  —  Mémoire  sur  les  cordes  du  violon;  par  M.  Plassiard. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Duhamel,  Lamé,  Cagniard  de  Latour.) 

«  Les  cordes  harmoniques  de  boyau  sont  très-souvent  fausses;  il  en  est 
de  même  des  bourdons  filés  sur  ces  cordes. 


(  569) 

»  Les  moyens  que  l'on  a  employés  jusqu'à  présent  pour  éprouver  la  jus- 
tesse des  cordes  et  pour  les  assortir  sur  le  violon  sont  très-imparfaits. 

»  Il  est  du  plus  grand  intérêt  pour  les  artistes,  non-seulement  de  se  pro- 
curer des  cordes  justes,  mais  encore  d'en  assortir  les  tensions  de  la  ma- 
nière la  plus  favorable  aux  qualités  de  leur  instrument,  à  la  nature  de  leur 
talent,  et  aux  effets  qu'ils  veulent  produire.  Tel  violon  demande  la  chante- 
relle plus  forte;  tel  autre  la  troisième  corde  ou  le  bourdon.  Mais  ce  besoin, 
exprimé  en  pareils  termes,  laisse  les  idées  dans  le  vague,  puisque  l'on  ne 
peut  dire  de  combien  ces  cordes  doivent  être  plus  fortes,  ou,  pour  parler 
avec  précision,  de  combien  elles  doivent  être  plus  tendues  que  les  autres 
cordes  de  la  même  monture. 

»  Un  artiste  qui  est  satisfait  de  la  monture  de  son  violon  n'a  aucune 
certitude,  aucune  probabilité  même,  de  la  recomposer  dans  de  pareilles 
conditions  lorsqu'il  en  renouvellera  les  cordes,  surtout  le  bourdon.  Chaque 
fois  qu'il  renouvelle  les  cordes  de  son  instrument,  il  est  obligé  à  une  étude 
préparatoire  des  cordes  neuves  avant  de  jouer  en  public.  Il  lui  serait  donc 
bien  avantageux  de  pouvoir  conserver  un  assortiment  de  prédilection  en 
remplaçant  chaque  corde  usée  par  une  corde  de  même  tension  ,  et  de 
n'avoir  rien  à  changer  à  ses  habitudes  d'exécution.  J'ai  donné  pour  cela, 
dans  mon  Mémoire,  des  moyens  sûrs  et  d'une  exécution  si  facile,  qu'un 
artiste  en  a  fait  usage  dès  qu'il  a  eu  les  appareils  nécessaires. 

»  Mais  là  ne  se  bornent  pas  les  avantages  de  mon  travail  :  il  permet  de 
tenter  des  perfectionnements  qui  jusqu'à  présent  ont  été  regardés  comme  im- 
praticables. Ainsi  la  possibilité  de  faire  à  coup  siir  des  bourdons  justes  et 
d'une  tension  déterminée  d'avance  encouragera  à  les  faire  plus  fins  en  y 
employant,  sans  crainte  d'une  dépense  exagérée,  l'argent  et  même  l'or;  on 
pourra  aussi  tenter  de  remplacer  la  troisième  corde  par  une  corde  filée 
beaucoup  plus  mince,  et  donnant  au  violoniste  plus  de  facilité  d'exécution. 
Enfin,  on  pourra,  si  on  le  désire,  diminuer  la  différence  de  tension  des 
quatre  cordes  d'une  même  monture,  et  même  atteindre  l'égalité  de  ces 
tensions  sur  quelques  violons  barrés  plus  fortement,  et  dont  le  chevalet 
pourrait  être  symétrique. 

»  Ces  essais  donneraient  peut-être  des  résultats  inattendus  et  supérieurs 
aux  prévisions.  >  ;:- 

»  Les  luthiers  pourraient  dès  à  présent  rendre  un  service  signalé  aux 
violonistes,  en  leur  vendant  des  cordes  de  tension  déterminée  et  garanties 
justes.  H  suffirait  pour  cela  d'en  faire  l'essai  par  les  procédés  que  j'ai  indi- 
qués, et  de  les  classer  d'après  leur  tension.  Les  artistes  seraient  ainsi  déli- 


(  570  ) 
vrés  de  beaucoup  de  tribulatious  ;  et  les  élèves,  débarrassés  des  cordes 
fausses,  pourraient  acquérir  la  puissance  du  doigté  nécessaire  à  la  justesse 
des  sons  en  bien  moins  de  temps,  et  sans  le  travail  incertain  et  pénible  qui 
en  a  sans  doute  rebuté  un  grand  nombre,  et  qui  en  éloigne  beaucoup  d'au- 
tres d'un  instrument  dont  la  supériorité  n'est  pas  contestée.   » 

CHIMIE.  —  Sur  une  réaction  du  soufre  amorphe;  par  M.  L .  Péande  Saint-Gilles. 

«  Dans  la  séance  du  8  mars,  M.  Cloëz  a  combattu  l'opinion  émise  par 
M.  Berthelot  au  sujet  des  relations  qui  sembleraient  exister  entre  l'état 
crjstallisable  ou  amorphe  du  soufre  libre,  et  le  rôle  que  joue  ce  métalloïde 
dans  les  combinaisons.  Il  ne  m'appartient  pas  d'apprécier  les  arguments 
invoqués  dans  cette  nouvelle  discussion,  et  je  dois  me  borner  à  signaler  un 
fait  nouveau,  relatif  à  une  face  de  la  question  que  M.  Cloëz  n'a  pas  envi- 
sagée. En  effet,  deux  points  de  vue  sont  à  considérer  :  d'une  part,  l'état  du 
soufre  au  moment  où  il  se  dégage  de  ses  combinaisons,  et  d'autre  part,  les 
affinités  différentes  que  manifeste  le  soufre  libre,  suivant  qu'il  est  amorphe 
ou  cristallisable. 

M  M.  Berthelot  a  constaté  que  le  soufre  amorphe  se  dissout  dans  le  sulfite  de 
soude  et  dans  le  bisulfite  de  potasse  bien  plus  facilement  que  le  soufre  cris- 
tallisable. Celui-ci,  au  contraire,  présente  une  tendance  beaucoup  plus  pro- 
noncée à  s'unir  au  mercure.  Qu'on  triture,  en  effet,  dans  deux  mortiers 
séparés  chacune  des  deux  variétés  de  soufre  avec  un  globule  de  mercure  ; 
immédiatement  le  soufre  octaédrique  noircira,  tandis  qu'après  plusieurs 
minutes  de  contact  le  soufre  amorphe  sera  tout  au  plus  grisâtre. 

»  A  cette  expérience  que  j'ai  vérifiée,  j'en  ajouterai  une  qui  ne  lui  cède 
pas  en  évidence.  Le  soufre  cristallisable  dégage  à  peine  quelques  vapeurs 
nitreuses  dans  l'acide  nitrique  bouillant.  Le  soufre  amorphe  ou  insoluble 
s'attaque  au  contraire  avec  violence  dès  la  température  de  80  degrés,  et 
disparaît  rapidement  (i).  Ainsi,  la  fleur  de  soufre,  qui  renferme  20  à  3o 
pour  100  de  soufre  amorphe,  peut  être  dépouillée  en  quelques  minutes  de 
cette  dernière  variété  de  soufre;  le  résidu,  tantôt  pulvérulent,  tantôt  fondu, 
dans  tous  les  cas  cristallisé,  réagit  à  peine  sur  l'acide  nitrique,  et  se  dissout 
entièrement,  ou  à  peu  près,  dans  le  sulfure  de  carbone;  d'ailleurs  l'expé- 
rience a  prouvé  que  la  température  de  la  réaction  n'est  pas  suffisante  pour 

(i)  Il  est  à  remarquer  que  le  produit  de  cette  réaction  est  l'acide  hyponitrique ,  et  non 
pas  le  deutoxyde  d'azote. 


(  571  ) 
transformer  complètement  le  soufre  insoluble  extrait  de  la  fleur  de  soufre, 
en  soufre  cristallisable. 

»  En  résumé,  le  soufre  irjsoluble  que  l'on  peut  dégager  des  composés 
oxygénés  du  soufre,  s'oxyde  plus  aisément  que  le  soufre  octaédrique,  lequel 
semble  répondre  aux  combinaisons  du  soufre  avec  les  métaux.  Xes  échan- 
tillons que  l'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  se  compo- 
sent :  n°  I,  d'une  fleur  de  soufre  renfermant  environ  24  pour  100  de  soufre 
insoluble;  n°  a,  de  souf  e  cristallin  et  pulvérulent,  soluble  dans  le  sulfure 
de  carbone  et  extrait  par  l'acide  nitrique  du  soufre  n°  i  ;  n°  3,  de  soufre 
amorphe,  extrait  de  la  même  fleur  de  soufre,  et  attaquable,  à  une  trace  près, 
par  l'acide  nitrique.  ,   Mr>t?    [ 

»  10  grammes  du  soufre  n°  i,  chauffés  pendant  deux  minutes  seulement 
avec  l'acide  nitrique  du  commerce,  ont  perdu  r4  pour  100  de  leur  poids. 
Le  résidu  correspondait  à  l'échantillon  du  soufre  n°  2,  et  renfermait  seule- 
ment 0,7  pour  100  de  soufre  amorphe.  Les  deux  cinquièmes  environ  du 
soufre  amorphe  primitif  avaient  donc  été  transformés  en  soufre  cristallisa- 
ble, à  la  faveur  de  la  température  produite.  4  grammes  du  résidu  en 
question  ont  été  de  nouveau  chauffés  avec  l'acide  nitrique  entre  100  degrés 
et  118  degrés,  pendant  cinq  minutes;  après  ce  second  traitement,  la  perte 
n'a  été  que  de  0,6  pour  100,  et  le  soufre  était  devenu  entièrement  soluble 
dans  le  sulfure  de  carbone. 

»  M.  Pelouze  a  bien  voulu  faire  préparer  deux  échantillons  de  poudre  de 
guerre  avec  chacune  des  deux  variétés  de  soufre.  Les  expériences  compara- 
tives au  fusil-pendule  n'ont  indiqué  aucune  différence  appréciable  entre  les 
effets  balistiques  de  ces  deux  poudres.  « 

(Renvoyé  à  l'examen  des  Commissaires  récemment  nommés  pour  un  Mémoire 
de  M.  Cloëz,  sur  divers  états  de  soufre  séparé  de  ses  combinaisons  ; 
MM.  Pelouze,  Balard,  Fremy. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  relations  qui  existent  entre  les  états  du  soufre  et  la 
nature  de  ses  combinaisons;  par  M.  Berthelot. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Balard,  Fremy.) 

«  Le  soufre  dégagé  de  combinaisons  différentes  dans  des  conditions  aussi 
semblables  que  possible,  se  manifeste  sous  des  états  tout  à  fait  distincts; 
sous  ces  états,  il  affecte  des  affinités  dissemblables  vis-à-vis  des  corps  aux- 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  12.)  .  76 


quds  il  peut  S6  covsibitler  ;  enfin,  dans  certains  cas,  le  sioufire  libre,  avant 
d'entrer  dans  une  combinaison,  change  de  nature  et  prend  d'avance  l'état 
sons  lequel  on  pourra  le  manifester  de  nouveau  quand  il  sortira  de  cette 
combinaison  :  ce  sont  là  des  faits  d'expérience. 

»  J'ai  cherché  à  les  grouper  sous  une  même  interprétation  générale,  en 
regardant  les  états  du  soufre  comme  dépendant  des  fonctions  chimiques 
diverses  que  ce  corps  simple  remplit  dans  ses  combinaisons.  Chaque  com- 
binaison fournit  du  soufre  dans  un  état  particulier  ;  le  soufre  insoluble 
extrait  du  chlorure  et  le  soufre  octaédrique  extrait  des  polysulfures  repré- 
sentent les  états  limites.  Je  n'ai  d'ailleurs  présenté  cette  opinion  que  comme 
servant  de  lien  à  tous  les  faits  observés,  mais  «  subordonnée  à  la  décou- 
»  verte  ultérieure  des  phénomènes  encore  inconnus,  lesquels  pourront 
M  conduire  à  la  modifier.  »  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3*  série, 
tome  XLIX,  page  447-) 

»  Sans  m'écarter  des  réserves  que  j'ai  faites  dès  l'origine,  je  vais  essayer 
de  montrer  que  les  observations  récentes  de  M.  Cloëz,  non-seulement  s'ac- 
cordent avec  les  faits  que  j'ai  décrits  et  dont  elles  ne  sont  sur  plusieurs 
points  que  la  répétition,  mais  qu'elles  se  prêtent  à  la  même  interprétation. 

»  I.  Pour  isoler  le  soufre  de  ses  combinaisons,  j'ai  signalé  la  nécessité 
d'opérer  rapidement  et  sans  notable  dégagement  de  chaleur.  L'influence  du 
temps  et  de  la  chaleur  «  résulte  principalement  de  la  stabilité  inégale  des 
»  divers  états  du  soufre.  En  effet,  parmi  tous  ces  états,  le  soufre  octaédrique 
»  constitue  le  plus  stable,  celui  auquel  le  soufre  tend  à  revenir  spontané- 
»  ment  et  tant  qu'il  n'a  pas  acquis  une  cohésion  suffisante.  »  [Annales  de 
Chimie  et  de  Physique^  3*  série,  tome  XLIX,  page  445.) 

»  Ainsi  du  soufre  insoluble,  préparé  il  y  a  un  an  au  moyen  du  soufre 
trempé,  renferme  maintenant  38  pour  loo  de  soufre  octaédrique;  du  soufre 
insoluble,  extrait  il  y  a  un  an  du  bromure  (variété  la  plus  stable),  renferme 
de  4  à  12  pour  loo  de  soufre  octaédrique,  etc. 

»  Ces  transformations  sont  beaucoup  plus  marquées  si  l'on  opère  avec  le 
soufre  au  moment  même  où  on  vient  de  l'extraire  d'une  combinaison  oxy- 
génée ou  analogue.  A  ce  moment,  en  effet,  le  soufre  est  encore  mou  et  il 
peut  se  dissoudre  en  partie  dans  le  sulfure  de  carbone  :  mais  il  devient  inso- 
luble par  le  seul  fait  d'une  évaporation  immédiate.  Si,  au  contraire,  on  con- 
serve cette  dissolution,  le  soufre  mou  qu'elle  renferme  se  change  graduelle- 
ment en  soufre  octaédrique. 

»  Les  expériences  qui  précèdent  expliquent  l'influence  d'une  décompo- 
sition lente  sur  la  formation  du  soufre  octaédrique,  influence  que  j'avais 


(573) 
établie  par  des  observations  directes.  [Jnnales  de  Chimie  et  de  Physique ^ 
3»  série,  tome  XLVIU,  pages  459  et  460.) 

»  II.  En  décomposant  l'hyposulfite  de  soude  parla  pile,  M.  Cloèz  obtient 
au  pôle  positif  du  soufre  dont  il  n'indique  pas  la  nature.  J'ai  répété  cette 
expérience  et  obtenu  sur  le  pôle  positif  un  mélange  de  soufreùnsoluble  et 
de  soufir  octaédrique.  La  nature  du  soufre  obtenu  dans  cette  décomposition 
et  le  pôle  sur  lequel  on  l'obtient  pouvaient  être  prévus,  indépendamment  de 
toute  considération  relative  au  rôle  que  le  soufre  peut  jouer  dans  l'hypo- 
sulfite de  soude.  En  effet,  dans  la  décomposition  d'un  sel  par  la  pile,  la  base 
s'isole,  en  général,  sur  le  pôle  négatif  et  l'acide  sur  le  pôle  positif;  c'est  ce 
qui  arrive  pour  l'hyposulfite  de  soude  :  l'acide  hyposulfureux  s'isole  donc 
sur  le  pôle  positif.  Mais  on  sait  que  cet  acide  ne  peut  subsister  à  l'état  isolé, 
on  doit  donc  obtenir  au  pôle  positif,  non  l'acide  hyposulfureux  lui-même, 
mais  les  produits  de  sa  décomposition,  c'est-à-dire  du  soufre  et  de  l'acide 
sulfureux.  De  plus,  si  le  pôle  positif  n'exerce  aucune  action  modificatrice, 
le  soufre  qui  s'y  dépose  doit  être  le  même  que  celui  obtenu  en  mettant  à  nu 
l'acide  de  l'hyposulfite  de  soude  par  voie  chimique.  Toutes  ces  prévisions 
sont  vérifiées  par  l'expérience,  et  la  décomposition  de  l'hyposulfite  de  soude 
par  la  pile  fournit  le  soufre  au  lieu  et  dans  l'état  où  on  doit  l'obtenir  d'après 
mon  explication.  .  ..,;.!;!.. 1  .  ..U:  .:>.■ 

»  III.  D'après  les  expériences  de  M.  Cloëz,  le  sulfoxyarséniate  de  potasse, 
décomposé  par  l'acide  chlorhydrique,  fournit  du  soufre  mou  et  insoluble  ; 
la  pile  le  décompose  d'une  manière  analogue  et  fournit  du  soufre  insoluble 
au  pôle  positif.  '  »    .u  , 

»  Le  dernier  phénomène  est  nécessaire,  car  il  résulte  de  la  décomposi- 
tion spontanée  de  l'acide  sulfoxyarsénique  isolé  au  pôle  positif  par  élec- 
trolyse.  Il  doit  donc  s'accorder  et  s'accorde  en  effet  avec  la  décomposition 
du  sulfoxyarséniate  par  l'acide  chlorhydrique  ;  mais  il  n'éprouve  rien  rela- 
tivement au  rôle  que  le  soufre  peut  jouer  dans  ce  sel.  i«j  <  •  *      -t- 

»  D'après  les  expériences  de  M.  Cloëz,  le  soufre  du  sulfoxyarséniate  est 
donc  sous  le  mêmeétat  que  celui  des  combinaisons  oxygénées,  chlorurées,  etc., 
du  soufre,  ce  qui  tend  à  assimiler  aux  composés  thioniquesle  sel  qui  le  fournit. 
Remplit-il  la  même  fonction  ?  M.  Cloëz  lui  attribue  une  fonction  opposée  et  lui 
fait  jouer  le  même  rôle  que  dans  les  sulfures.  Mais  je  ne  puis  accepter  cette 
opinion  :  en  effet,  elle  ne  repose  que  sur  une  seule  analogie  :  la  similitude  de 
formule  entre  l'acide  arsénique,  As  O',  et  l'acide  sulfoxyarsénique,  As  O'S*. 
Or  une  analogie  de  formule  n'implique  nullement  l'identité  du  rôle  élec- 
trique entre  deux;  corps  simples  :  autrement  on  serait  conduit  à  assimiler 

75.. 


(574  ) 
par  exemple  le  soufre  du  pentasulfure  de  potassium,  KS',  au  soufre  du 
sulfate  de  potasse,  KO*  S,  etc.;  rien  n'est  plus  facile  que  de  plier  une  même 
formule  à  des  types  tout  à  fait  opposés.  A.u  lieu  d'assimiler  l'acide  sulfoxyar- 
sénique,  monobasique,  à  l'acide  arsénique,  tribasique,  il  serait  aisé  de 
rapporter  la  formule  du  premier  acide  à  des  types  tels  (i),  que  le  soufre  y 
jouât  le  rôle  d'élément  combustible.  Mais  je  crois  inutile  d'insister  sur  de 
tels  rapprochements. 

»  IV.  Sans  discuter  en  détail  les  conditions  dans  lesquelles  les  polysulfures 
fournissent  du  soufre  octaédrique,  je  me  bornerai  à  faire  observer  que  ces 
conditions  ne  suffisent  pas  pour  transformer  le  soufre  insoluble  en  soufre 
octaédrique,  car  le  soufre  fourni  par  la  décomposition  d'un  polysulfiire 
mêlé  d'hyposulfite,  est  lui-même  un  mélange  de  soufre  octaédrique  et  de 
soufre  insoluble,  tandis  que  le  soufre  formé  par  la  décomposition  d'un  poly 
sulfure  parfaitement  pur  est  entièrement  formé  par  du  soufre  octaédrique. 
Si  donc  les  polysulfures  ne  fournissent  pas  de  soufre  insoluble,  ceci  tient  à 
leur  constitution  même  et  non  à  quelque  action  de  contact  exercée  au  mo- 
ment de  leur  décomposition  et  propre  à  transformer  le  soufre  insoluble  en 
soufre  octaédrique. 

»  Quelle  que  soit  la  cause  réelle  de  cette  différence,  elle  suffit  pour  justi- 
fier ma  conclusion  générale,  à  savoir  que  les  états  du  soufre  sont  liés  avec  la 
fonction  chimique  que  ce  corps  simple  remplit  dans  ses  combinaisons.  Que 
ces  états  répondent  à  l'état  antérieur  du  soufre  dans  ses  composés,  ou  bien 
qu'ils  se  produisent  sous  les  influences  nécessaires,  chimiques,  électri- 
ques, etc.,  qui  s'exercent  au  moment  de  la  décomposition,  c'est  là  une  ques- 
tion toute  différente,  très-importante  d'ailleurs,  sur  laquelle  je  n'ai  exprimé 
que  des  vues  et  non  des  conclusions,  et  dont  je  poursuis  encore  l'étude  en 
ce  moment. 

»  Mais  les  inductions  que  j'ai  développées  ne  reposent  pas  seulement  sur 
les  états  divers  que  le  soufre  présente  au  moment  où  il  sort  d'une  combi- 
naison ;  elles  trouvent  un  nouveau  fondement  dans  les  phénomènes  que  le 
soufre  manifeste  au  moment  où  il  rentre  dans  une  combinaison.  Ainsi,  j'ai 
montré  que  les  diver.ses  variétés  de  soufre  insoluble,  avant  de  se  dissoudre 


(i)  Pour  citer  un  seul  exemple,  il  suffirait  de  rapporter  l'acide  sulfoxyarsénique,  S'O'As, 
au  type  de  l'acide  snlfurique.  S' 0%  en  le  regardant  comme  un  acide  sulfamide  monobasique, 
dérivé  de  l'hydrogène  arsénié  : 


S'O'As,  HO  =  2  (S0%  HO)  +  As  H'  -  4  HO. 


(  575) 
dans  les  alcalis  et  dans  les  sulfures  alcalins,  se  changent  en  soufre  octaédrique, 
c'est-à-dire  qu'elles  prennent  l'état  sous  lequel  on  pourra  dégager  plus  tard 
le  soufre  de  la  combinaison  qu'il  est  sur  le  point  de  former.  De  même,  les 
diverses  variétés  de  soufre  insoluble,  avant  de  s'unir  au  chlorure  de  soufre, 
à  l'iode,  à  l'acide  nitrique,  sont  ramenées  à  l'état  de  la  variété  insoluble  la 
plus  stable,  c'est-à-dire  à  l'état  sous  lequel  on  pourra  dégager  le  soufre  des 
composés  correspondants. 

»  Le  soufre  octaédrique  lui-même,  avant  de  s'oxyder  dans  l'acide  ni- 
trique, change  en  partie  d'état.  Ce  changement,  dont  j'avais  admis  la  réalité 
à  l'égard  du  soufre  naissant,  peut  être  constaté  sur  le  soufre  libre  :  il  suffit 
de  faire  bouillir  l'acide  nitrique  du  commerce  avec  du  soufre  octaédrique 
jusqu'à  ce  que  celui-ci  entre  en  fusion.  Le  soufre  renferme  alors  une  certaine 
proportion  de  soufre  insoluble.  Résultat  d'autant  plus  remarquable,  qu'il  est 
contrarié  par  la  température  nécessaire  pour  le  produire^  par  la  stabilité 
prépondérante  du  soufre  octaédrique  et  par  l'oxydabilité  plus  grande  du 
soufre  insoluble. 

»  Dans  le  cas  où  les  agents  qui  vont  se  combiner  au  soufre  ne  le  modi- 
fient pas  au  préalable,  les  phénomènes  ne  sont  pas  moins  caractéristiques. 
En  effet,  le  soufre  insoluble  se  combine  beaucoup  plus  aisément  à  froid  que 
le  soufre  octaédrique  au  sulfite  de  soude  et  au  bisulfite  de  potasse  ;  et  réci- 
proquement le  soufre  octaédrique  se  combine  avec  les  métaux  plus  aisément 
que  le  soufre  insoluble.  Voici  un  nouveau  fait  de  cet  ordre,  relatif  au  fer  et 
susceptible  de  mesure. 

»  Si  l'on  abandonne  à  froid  un  mélange  intime  de  soufre,  de  fer  et  d'eau, 
pris  sous  des  poids  déterminés,  la  proportion  de  sulfure  de  fer  formée  est 
beaucoup  plus  considérable  avec  le  soufre  octaédrique  qu'avec  les  diverses 
variétés  de  soufre  insoluble.  On  peut  la  mesurer  en  déterminant  la  propor- 
tion d'hydrogène  sulfuré  que  le  mélange  traité  par  un  acide  est  susceptible 
de  former. 

»  Dans  des  conditions  identiques,  le  poids  du  soufre  octaédrique  entré 
en  combinaison  s'est  élevé  à  o^',  loo. 

M  Et  celui  du  soufre  insoluble  (extrait  du  chlorure)  seulement  à  o8'^,o24. 

»  Dans  une  autre  expérience,  le  poids  du  soufre  octaédrique  entré  eu 
combinaison  s'est  élevé  à  0^%  i3o. 

»  Celui  du  soufre  insoluble  (extrait  de  la  fleur  de  soufre),  à  oS'',oi6. 

»  Et  celui  du  soufre  insoluble  (extrait  du  soufre  trempé),  à  oS'',oo8. 

»  Ainsi,  tantôt  le  soufre,  avant  d'entrer  dans  une  combinaison,  se  modifie 
au  contact  des  corps  avec  lesquels  il  va  s'unir,  et  prend  d'avance  l'état  sous 


(576) 
lequel  on  pourra  le  dégager;  tantôt,  et  sans  être  modifié  préalablement,  il 
entre  dans  une  combinaison  d'autant  plus  aisément,  qu'il  présente  d'avance 
l'état  sous  lequel  on  pourra  plus  tard  l'en  dégager.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Nole  sur  la  cristallisation  du  soufre  dans  le  sulfure 
de  carbone;  par  M.  H.  Debrat. 

(Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de  M.  Cloëz  :  MM.  Pelouze, 

Balard,  Fremy.) 

«  On  sait  que  le  soufre  dissous  dans  le  sulfure  de  carbone  s'y  dépose,  en 
affectant  en  général  la  forme  d'octaèdres  rhoraboïdaux  droits.  Cependant 
M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et  M.  Pasteur  ont  obtenu  certains  échantillons 
de  soufre  dans  lesquels ,  à  côté  d'octaèdres,  se  trouvaient  des  prismes 
obliques,  identiques  à  ceux  que  l'on  obtient  par  voie  de  fusion,  mais  dont 
la  transparence  avait  été  altérée  par  le  contact  du  sulfure  de  carbone.  Ce 
fait  important  n'avait  pas  été  réalisé  à  volonté.  On  peut  cependant  y  par- 
venir en  opérant  de  la  manière  suivante. 

»  On  introduit  dans  un  tube  de  verre  épais  du  soufre  avec  la  moitié  de 
son  poids  de  sulfure  de  carbone  ;  on  ferme  ensuite  le  tube  après  en  avoir 
chassé  tout  l'air  par  l'ébuUition  du  sulfure.  On  le  chauffe  à  une  température 
supérieure  à  80  degrés,  et  on  le  refroidit  sous  un  filet  d'eau  ;  le  liquide  ar- 
rive ainsi  à  la  température  ordinaire  sans  rien  déposer  d'abord  ;  mais  au 
bout  de  quelque  temps^  et  surtout  lorsqu'on  le  secoue  légèrement,  il  laisse 
déposer  de  longues  aiguilles  transparentes.  En  retournant  le  tube,  on  sépare 
ces  aiguilles  du  reste  de  la  masse  qui  continue  à  en  fournir  de  nouvelles 
pendant  un  certain  temps  ;  puis  des  stries  se  forment  au  sein  de  la  liqueur, 
et  à  partir  de  ce  moment  la  production  des  cristaux  octaédriques  s'opère 
avec  rapidité  en  dégageant  de  la  chalenr.  Dans  plusieurs  expériences,  il  s'est 
déposé  en  outre,  sur  les  parois  du  tube,  du  soufre  amorphe,  dont  la  décou- 
verte, comme  on  le  sait,  est  due  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

»  Lorsque  les  aiguilles  prismatiques  ont  été  bien  séparées  du  sulfure  de 
carbone,  elles  ne  tardent  pas  à  perdre  leur  transparence,  comme  il  arrive 
pour  celles  qui  sont  obtenues  par  fusion.  La  transformation  est  plus  rapide 
seulement.  Si  au  contraire  on  ne  parvient  pas  à  faire  écouler  la  presque 
totalité  du  dissolvant  qui  les  baigne,  elles  subissent  un  phénomène  de 
transformation  que  l'on  peut  suivre  à  l'œil  nu,  et  qui  a  pour  effet  de 
changer  les  aiguilles  en  un  chapelet  d'octaèdres. 


(  577  ) 

»  Pour  que  les  phénomènes  se  produisent  avec  netteté,  il  importe  de 
chauffer  la  dissolution  au  moins  à  80  degrés,  c'est-à-dire  de  porter  le  soufre 
à  une  température  à  laquelle  il  ait  une  tendance  à  affecter  la  forme  pris- 
matique ;  il  faut,  de  plus,  amener  rapidement  la  dissolution,  qui  sera  alors 
sursaturée,  à  la  basse  température  à  laquelle  le  passage  à  l'état  solide  s'ef- 
fectue. 

»  Je  dois  ajouter  que  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  qui  a  fait  de  ce  phéno- 
mène une  étude  détaillée,  et  qui  l'a  souvent  reproduit  avec  la  benzine,  avait 
fait  remarquer  la  coïncidence  avec  la  présence^  dans  la  liqueur  d'une  certaine 
quantité  de  soufre  mou  ou  trempé,  c'est-à-dire  possédant  une  quantité  anor- 
male de  chaleur.  Aussi  explique-t-il  les  modifications  du  soufre  dans  ces  cir- 
constances par  les  quantités  variables  de  chaleur  qu'il  peut  contenir.  On 
comprendra  facilement  que  mes  expériences  confirment  cette  manière  de 
voir.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Mémoire  sur  la  détermination  du  tanin  des  végétaux  par 
tes  méthodes  volumétriques ;  par  M.  È.  Monier.  (Extrait  par  l'auteur.) 

('  Parmi  les  substances  qui  réagissent  avec  une  grande  facilité  sur  l'hy- 
permanganate  de  potasse,  je  citerai,  d'après  mes  nouvelles  expériences,  les 
acides  tanique,  gallique  et  pyrogallique,  qui  se  transforment  sous  l'in- 
fluence de  cette  matière  en  acide  carbonique  et  en  eau,  comme  pour  l'acide 
oxalique.  Lorsque  les  liqueurs  sont  concentrées,  la  réaction  est  tellement 
vive,  qu'il  se  produit  avec  ces  matières  une  effervescence  d'acide  carboni- 
que ;  il  se  forme  en  même  temps  un  sel  de  protoxyde  de  manganèse.  Si  on 
exprime  ces  réactions  par  les  formules  les  plus  simples,  on  aura  pour  l'acide 
gallique 

C'H'0%HO  +  0'»  =  4HO+ 7CO% 

et  pour  l'acide  pyrogalHque 

;    •         C«H»0*-f-0'»=3HO-f-6CO». 

Le  tanin  en  réagissant  sur  le  caméléon  fait  également  effervescence,  mais 
il  parait  se  former,  outre  l'acide  carbonique,  un  produit  encore  indé- 
terminé. 

»  Limite  de  sensibilité.  —  Le  pouvoir  désoxydant  de  ces  matières  est  tel- 
lement considérable,  que  l'on  peut,  à  l'aide  du  caméléon,  les  déceler,  même 
lorsqu'elles  sont  dans  une  liqueur  en  proportions  infiniment  petites.  Ainsi, 
d'après  mes  expériences,  i  milligramme  de  tanin  dissous  dans  i  litre  d'eau, 


(  578  ) 
décolore  assez  facilement  cette  matière  ;  la  limite  de  sensibilité  du  tanin 

peut  s'exprimer  par >  c'est-à-dire  qu'une  liqueur  ne  renfermant  que 

'  r  r       loooooo  -i  -i  ^ 

I   millionième  de   tanin    agit   encore  sur  le   caméléon  dans   les  liqueurs 

acides. 

w  Détermination  du  tanin.  —  La  détermination  du  tanin  par  ces  nouvelles 
méthodes  se  fera  en  se  servant  d'une  liqueur  titrée  renfermant  ipourioo 
de  cette  matière  desséchée  à  i  lo  degrés.  Pour  faire  voir  avec  quelle  facilité 
on  peut  déterminer  le  tanin  des  végétaux,  je  prendrai  pour  exemple  le 
dosage  de  cette  matière  dans  l'écorcede  chêne.  On  épuise  lo  grammes  d'é- 
corce  par  l'eau  bouillante  légèrement  acidulée  par  l'acide  chlorhydrique, 
on  recueille  ensuite  toutes  les  eaux  de  lavage,  et  on  les  verse  dans  un  vase 
d'un  demi-litre,  puis  on  achève  de  remplir  ce  vase  avec  de  l'eau  distillée. 
Dans  cette  opération  les  matières  azotées  ont  été  coagulées,  soit  par  la  cha- 
leur (albumine),  soit  par  l'acide  chlorhydrique  (caséine).  On  laisse  reposer 
la  liqueur,  puis  on  en  prend  5o  centimètres  cubes  que  l'on  verse  dans  un 
grand  raatras,on  prend  ensuite  lo  centimètres  cubes  seulement  de  la  liqueur 
titrée  de  tanin  que  l'on  verse  dans  un  vase  pareil  au  premier,  on  ajoute 
dans  chacun  de  ces  vases  un  demi-litre  d'eau  ordinaire  que  l'on  acidulé  par 
l'acide  sulfurique,  enfin  on  détermine  à  l'aide  de  burettes  graduées  les  vo- 
lumes V  et  V  de  caméléon  qu'il  faut  verser  pour  obtenir  dans  les  deux 
liqueurs  une  teinte  rosée  et  de  même  intensité.  Ces  volumes  étant  propor- 
tionnels au  tanin,  on  aura  cette  matière  par  une  simple  proportion. 

»  Je  donnerai  maintenant  les  résultats  que  j'ai  obtenus  en  appliquant  ces 
méthodes  à  l'analyse  de  quelques  substances  : 

Tanin. 

Écorce  de  chêne 5,91 

1  thé  vert 16,20 

Première  partie  l    ,  .      .  _ 

(  the  noir 9'5i 

thé  vert 1 5 ,  3o 


Deuxième  partie  \    ,  ,      .  zo 

^  (  the  noir 9»4'* 

ithé  vert i5,i7 
the  noir 9)09 

n  Mulder,  en  absorbant  cette  matière  par  des  membranes,  trouva  pour 
le  thé  vert  17,80  de  tanin,  et  12,88,  pour  le  thé  noir.  L'action  si  différente 
qu'exercent  ces  matières  sur  l'économie  animale,  provient  peut-être  des 
quantités  considérables  de  tanin  que  renferme  le  thé  vert,  proportions  qui 
sont  beaucoup  moins  grandes  pour  le  thé  noir.  D'après  ce  qui  précède,  un 


(  579  ) 
moyen  très-simple  de  faire  l'essai  du  thé  consiste  à  doser  le  tanin  par  la 
méthode  déjà  indiquée,  et  à  déterminer  ensuite  les  matières  solubles  dans 
l'eau.  D'après  M.  Payen,  les  thés  verts  en  i-enferuient  de  4o  à  48  pour  100, 
et  les  thés  noirs  de  3i  à  /Ji  ;  le  thé  noir  renferme  aussi,  d'après  les  recher- 
ches de  M.  Pehgot»  a, 34  à  3  pour  100  de  théine,  alcali  végétal  qui  n'a  au- 
cune action  sur  le  caméléon. 

»  Acides  gallique  et  pyrogallique.  —  La  détermination  de  ces  acides  se  fera 
comme  précédemment  au  moyen  de  liqueurs  titrées,  renfermant  1  pour  100 
de  ces  matières  cristallisées. 

»  Etant  donné  un  mélange  de  tanin  et  d'acide  gallique,  si  l'on  veut  dé- 
terminer exactement  chacune  de  ces  matières,  voici  la  marche  à  suivre. 

»  On  prend  un  volume  connu  de  la  dissolution  qui  renferme  ces  matières 
et  l'on  détermine,  par  la  première  méthode,  le  volume  V  de  caméléon 
qu'elles  décolorent.  Ce  volume  corre^ond  au  tanin  et  à  l'acide  gallique. 
Cela  posé,  on  prend  une  nouvelle  portion  de  la  liqueur;  on  y  ajoute  de 
l'albumine  en  excès,  qui  précipite  seulement  le  tanin;  on  filtre,  puis  on 
coagule  l'excès  d'albumine  par  la  chaleur.  On  obtient  ainsi,  en  filtrant  de 
nouveau,  une  liqueur  ne  renfermant  plus  que  de  l'acide  gallique,  que  l'on 
détermine  directement  avec  la  liqueur  titrée  d'acide  gallique.  Si  l'on  appelleV 
le  volume  que  décolore  l'acide  gallique,  V  — V  correspondra  au  tanin, 
qu'on  détermine  ainsi  par  un  calcul  très-simple. 

»  Je  terminerai  maintenant  en  donnant  la  liste  des  corps  qui  ne  réagissent 
pas  sur  le  caméléon,  lorsqu'ils  sont  en  dissolution  étendue,  renfermant  de 
I  à  0,5  pour  100  de  ces  matières.  Ces  substances  sont  les  acides  citrique, 
tartrique,  malique,  acétique,  etc.,  sucres,  gommes,  dextrine,  matières 
grasses,  théine,  caféine,  quinine,  urée.  Ces  substances,  en  dissolution  con- 
centrée, ne  réagissent  que  lentement  sur  le  caméléon.  La  méthode  la  plus 
simple  d'éliminer  l'action  de  ces  matières  sur  le  caméléon  sera  donc  de  les 
étendre  d'eau,  de  manière  que  leur  dissolution  ne  renferme  pas  plus 
de  \  pour  loo  des  substances  que  l'on  veut  doser.  Généralement  on  opère 
sur  des  liqueurs  encore  plus  étendues,  ne  renfermant,  par  exemple,  que 
I  à  2  millièmes  de  matière.  » 

La  nouvelle  Note  de  M.  Monier  est  renvoyée,  avec  celle  qu'il  avait  pré- 
sentée le  22  février,  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  dans  la  séance 
du  i"  février  :  MM.  Chevreul,  Dumas,  Balard. 

C.  R.,   i858,  !«'  Semestre.  {T.  XLVI,  N«  W.)  76 


nn*> 


(  58o  ) 
'chirurgie.  —  Note  sur  un  anesthésique  local;  par  M.  Piedagnfx. 


'''  (Commissaires,  MM.  Serres,  Andral.) 

«  La  cautérisation  par  les  caustiques  est  une  opération  fréquemment 
employée  en  chirurgie  ;  mais,  comme  elle  est  très-douloureuse,  les  malades 
répugnent  à  s'y  soumettre.  J'ai  fait  quelques  recherches  pour  tâcher  d'ob- 
tenir des  cautérisations  sans  déterminer  beaucoup  de  douleur-,  et  je  me  suis 
arrêté  au  moyen  suivant  : 

»  Lorsque  l'on  mélange  de  la  poudre  de  Vienne  et  de  l'hydrochlorate 
de  morphine,  au  moyen  d'un  liquide,  on  obtient  une  pâte  qui ,  appliquée 
sur  la  peau,  produit  une  escarre,  sans  déterminer  de  douleur. 

»  Le  mélange  de  3  parties  de  poudre  de  Vienne  (chaux  vive  et  potasse 
caustique)  et  de  i  partie  d'hydrochlorate  de  morphine  doit  être  fait  inti- 
mement à  sec  ;  puis  on  ajoute  du  chloroforme ,  de  l'alcool  ou  de  l'eau  pour 
obtenir  une  pâte  épaisse,  que  l'on  applique  sur  la  peau,  au  moyen  de  spa- 
radrap de  diachylon  ;  après  cinq  minutes  de  cette  application,  la  peau  que 
recouvre  le  cautère  devient  d'un  blanc  mat;  cinq  minutes  plus  tard,  il  se 
forme  à  son  pourtour  un  petit  bourrelet  blanchâtre,  œdémateux,  et  au  bout 
de  quinze  minutes,  la  peau  est  brune,  brûlée,  charbonnée;  puis  l'épaisseur 
de  l'escarre  augmente  avec  la  durée  de  l'application  et  devient  à  peu  près 
semblable  à  celle  de  la  pâte  employée  ;  quant  au  diamètre,  il  est  toujours 
phis  grand  que  celui  du  caustique,  mais  cela  dépend  du  mode  d'application. 

'  En  ajoutant  un  peu  de  gomme  à  la  pâte,  on  peut  confectionner  de 
petits  disques  de  i  centimètre  de  diamètre,  sur  4  à  5  millimètres  d'épais- 
seur; par  la  chaleur  ils  deviennent  très-durs,  mais  ils  agissent  moins  promp- 
tement,  et  il  faut  les  humecter  avec  de  l'eau  avant  de  les  appliquer. 

»  L'hydrochlorate  de  morphine  peut  être  employé,  mélangé  dans  lès 
mêmes  proportions  {\)  avec  de  la  poudre  de  cantharides  ;  alors  on  obtient 
des  vésicatoires,  sans  déterminer  de  douleur.  Un  gramme  d'hydrochlorate 
de  morphine  ainsi  mélangé,  et  après  une  application  de  dix  heures,  n'a 
déterminé  qu'une  légère  et  passagère  somnolence;  mais  il  est  inutile  d'em- 
ployer de  si  fortes  doses,  3o  à  4o  centigrammes  suffisent  pour  un  cautère 
ou  un  vésicatoire. 

»  L'hydrochlorate  de  morphine  borne  son  action  à  la  partie  sur  laquelle 
le  caustique  est  appliqué,  il  n'y  a  pas  d'absorption ,  d'intoxication  :  c'est  donc 
un  anesthésique  local,  indépendant  du  chloroforme,  puisqu'on  peut,  tout 
en  obtenant  les  mêmes  résultats,  se  servir  d'eau  ou  d'alcool. 


(  58i  ) 
»  Comme  médecin,  je  n'ai  pu  employer  ce  moyen  que  poui'  établir  ries 
exutoires,  et  j'en  ai  appliqué  sur  toutes  les  parties  du  corps;  en  chirurgie, 
on  peut  l'utiliser  dans  bien  des  circonstances,  pour  éviter  les  douleurs  et 
détruire  des  parties  malades.  M.  le  professeur  Jobert  de  Lamballe  a  eu  l'obli- 
geance de  me  permettre  d'en  faire  usage  dans  son  service,  et  nous  l'avons 
appliqué  sur  des  engorgements  scrofuleuxdu  cou,  sur  un  cancer  encépWa- 
loïde  du  pied  :  je  l'avais  déjà  employé  pour  détruire  des  végétations  syphili- 
tiques ;  mais  aujourd'hui  je  me  borne  à  signaler  ce  que  j'ai  obtenu  pour  les 
cautères  et  les  vésicatQÏres.  » 

PHYSIOLOGIE.  —Note  sur  C  emploi  du  gaz  carbonique  comme  agent  anesthésique  ; 
,_^^par  M.  J.-Gh.  nb,RPiN,  de  Metz.  (Extrait.) 

(Commissaires  nommés  pour  deux  communications  de  M.  Ozanam  sur 
l'anesthésie  :  MM.  Dumas,  Pelouze,  Balard.) 

«  L'emploi  du  gaz  carbonique  comme  agent  anesthésique  doit  satisfaire 
à  certaines  conditions  auxquelles  il  faut  nécessairement  avoir  égard. 

»  1°.  Le  gaz  carbonique  pur  ou  même  mélangé  avec  un  égal  volume 
d'air  atmosphérique,  lorsqu'il  est  appliqué  sur  les  yeux,  y  produit  une  sen- 
sation de  brûlure  si  vive,  qu'on  ne  peut  ordinairement  supporter  l'action 
du  gaz  sur  cet  organe  pendant  plus  de  cinq  à  six  secondes. 

»  2°.  En  contact  avec  la  muqueuse  nasale,  il  l'irrite  et  la  pique  vivement, 
comme  ferait  l'ammoniaque. 

»  3".  Ce  gaz  pur,  ou  mélangé  avec  5o  pour  loo  d'air,  est  irrespirable; 
il  détermine  l'occlusion  convulsive  de  la  glotte,  et  par  suite  un  commence- 
ment de  suffocation. 

»  Il  suit  de  là  :  i"  que  l'on  ne  peut  pas  inhaler  le  gaz  carbonique  pur,  et 
qu'il  faut  le  mélanger  avec  une  forte  proportion  d'air  atmosphérique; 
1°  que  l'on  doit  éviter  de  mettre  ce  gaz  en  contact  avec  les  yeux  et  les 
narines. 

»  Dans  les  expériences  que  j'ai  faites  à  la  Grotte  du  Chien,  bien  que  le 
gaz  carbonique  y  soit  mélangé  avec  beaucoup  d'air  et  d'azote,  j'ai  observé 
que  les  chiens  qui  ont  déjà  servi  ponr  ces  sortes  d'essais  résistent  de  toutes 
leurs  forces  lorsqu'on  veut  les  faire  entrer  dans  la  grotte,  qu'il  faut  les  ) 
traîner  et  les  maintenir  en  place,  parce  qu'ils  se  débattent  vivement,  et 
lorsque  ces  animaux,  exposés  à  l'air  après  l'expérience,  sont  revenus  au 
sentiment,  ils  s'enfuient  aussitôt  bien  loin  de  la  grotte.  L'impression  qu'é- 
prouvent les  animaux  ainsi  exposés  à  l'action  du  gaz  de  cette  grotte  est 

76.. 


(  58a  ) 
évidemment  douloureuse.  (Jn  semblable  mélange  ne  pourrait  donc  pas  être 
employé  avantageusement  pour  déterminer  l'anesthésie  chez  l'homm*. 

»  Lorsque  le  gaz  carbonique  est  pur  ou  en  proportion  considérable  dans 
un  mélange  d'air  ou  d'autres  gaz  irrespirables,  la  suffocation  a  lien  très- 
promptement;  elle  est  acconvpagnée  de  râle,  de  convulsions  violentes;  la 
bouche  est  écumeuse,  la  langue  est  souvent  coupée  par  suite  des  mouve- 
ments convulsifs  des  mâchoires;  il  survient^des  évacuations  involontaires; 
les  veines  jugulaires  sont  gorgées  de  sang;  le  visage  est  très-gonflé;  il  y  a 
quelquefois  rupture  des  vaisseaux  sanguins.  En  général,  les  tî-aits  de  la 
figure  et  toute  l'habitude  du  corps  présentent  l'expression  d'une  vive  souf- 
fi'ance.  Dans  ce  cas  les  secours  administrés,  même  quelques  minutes  après 
l'accident,  sont  le  plus  ordinairement  impuissants.  A  l'autopsie,  on  trouve 
les  poumons  fortement  distendus;  ils  ont  une  couleur  violacée;  les  cavités 
du  cœur,  surtout  la  droite,  sont  gorgées  de  sang  ;  mais  les  vaisseaux  encé- 
phaliques sont  à  peine  injectés. 

«  Mais  lorsque  le  gaz  carbonique  est  mélangé  avec  une  proportion  con- 
sidérable d'air  atmosphérique  (80  à  90  pour  1 00),  les  choses  se  passent  d'une 
manière  bien  différente  ;  les  effets  anesthésiques  ont  lieu  peu  à  peu, sans  suffo- 
cation,sans  douleur,  sans  perturbations  graves  apparentes.  Ici  l'action  du  gaz 
se  porte  plus  spécialement  et  primitivement  sur  le  cerveau  et  le  système  ner- 
veux. Il  y  a  une  .sorte  d'apoplexie  nerveuse,  de  paralysie.  Le  malade  éprouve 
d'abord  des  étourdissements,  du  vertige,  qui  sont  bientôt  suivis  d'un  état 
soporeux  et  comme  cataleptique.  Le  pouls,  qui  d'abord  était  accéléré,  di- 
minue de  force  et  de  fréquence  ;  les  battements  du  cœur  deviennent  de  plus 
en  plus  faibles  ;  la  respiration  rare  et  presque  imperceptible.  L'insensibilité 
et  l'anestliésie  se  manifestent  graduellement  d'ime  manière  plus  ou  moins 
complète;  mais  ici , les  traits  du  visage  ne  présentent  aucune  altération;  ils 
conservent  l'empreinte  du  calme  et  d'un  sommeil  profond  et  agréable. 
A  l'autopsie,  on  trouve  les  poumons  déprimés,  flétris  et  légèrement  rougis; 
les  cavités  du  cœur  contiennent  peu  de  sang,  mais  les  vaisseaux  sanguins 
encéphaliques  sont  remplis  et  fortement  injectés.  Dans  le  second  cas,  le 
sujet  peut  être  rappelé  facilement  à  la  vie,  même  après  un  temps  assez  long 
de  mort  apparente.  » 

»  L'auteur  reproduit  ici  deux  observations,  rapportées  l'une  p;tr 
M.  Hermbstaedt,  traducteur  allemand  de  la  Tojrico/o^ie  d'Orfila,  qui,  étant 
entré  dans  une  cave  où  il  y  avait  des  tonneaux  de  bière  en  fermentation, 
y  éprouva  dès  les  premiers  pas  un  étourdissement  et  tomba  par  terre  sans 
connaissance,  dans  un  état  d'asphyxie  profonde,  qui  dura  pendant  long- 


(  583  ) 

lertips,  et  ftrt  suivie  d'une  céphalalgie  intense.  La  même  expérience,  ré- 
p^ée  plusieurs  fois,  produisit  les  mêmes  résultats.  Hermbstaedt  ajoute  : 
«  Si  l'on  m'eût  laissé  dans  ce  milieu  méphitique,  assurément  je  serais  mort 
»  d'utîe  manière  très-douce.  »  Ici  c'était  l'exercice  des  organes  pulmo- 
naires qui  avait  été  tout  d'abord  suspendu. 

L'autre  exemple,  dans  lequel  l'action  porta  plus  particulièrement  sur  le 
système  nerveux,  est  rapporté  par  Graëse,  et  observé  par  lui-même  à  Pvr- 
mont,  dans  une  grotte  qui  laisse  dégager  du  gaz  carbonique,  comme  la 
Grotte  du  Chien.  ÏjC  sujet  était  un  paysan  employé  par  M.  Graèse,  dans  des 
observations  qu'il  faisait  en  commun  avec  M.  Steinmetz. 

Après  avoir  rapporté  l'observation  dans  tous  ses  détails,  M.  Herpin  fait 
remarquer  que  les  premiers  effets  du  gaz  se  sont  portés  exclusivement  sur 
le  cerveau  et  les  nerfs  du  sentiment,  puis  ensuite  sur  ceux  du  mouvement  : 
«  La  puissance  de  la  volonté  sur  les  mouvements  musculaires  a  été  d'abord 
enchaînée,  puis  suspendue  ;  les  membres,  devenus  incapables  de  mouve- 
ment et  comme  cataleptiques,  sont  restés  dans  la  position  où  ils  se  trou- 
vaient primitivement.  Il  y  a  eu  perte  absolue  de  connaissance;  mais  cepen- 
dant les  fonctions  de  la  vie  organique,  et  plus  particulièrement  celles  de  la 
respiration,  n'ont  pas  cessé  de  s'exécuter,  quoique  très-faiblement. 

»  L'intensité  et  la  rapidité  des  effets  produits  par  l'inhalation  de  l'air 
chargé  de  gaz  carbonique  varient  suivant  les  individus  ;  on  a  vu  des  hommes 
tomber  rapidement  dans  un  milieu  méphitique,  tandis  que  d'autres  y  ont 
résisté  pendant  quelque  temps.  Le  gaz  carbonique  agit  plus  promptementet 
plus  énergiquement  sur  les  personnes  très-sensibles,  ou  dont  la  poitrine  a 
beaucoup  de  capacité,  sur  les  enfants,  sur  les  femmes;  il  peut  aussi  déter- 
miner l'avortentent  chez  les  femmes  enceintes. 

»  Dans  l'échelle  zoologique,  les  Oiseaux  sont  le  plus  rapidement  as- 
phyxiés ;  nous  avons  remarqué  à  Neyrac  (Ardèche)  un  grand  nombre  de 
petits  oiseaux  asphyxiés  en  passant  au-dessus  d'un  puits  duquel  se  dégage 
beaucoup  d'acide  carbonique. 

"   Les  Mammifères  résistent  trois  fois  plus  longtemps  que  les  Oiseaux. 

"  Les  Sauriens,  les  Batraciens  et  les  Mollusques  surtout  y  vivent  pendant 
plusieurs  heures. 

»  Les  Insectes  y  vivent  pendant  un  temps  considérable.  Nous  avons  vu 
souvent  des  larves  de  la  teigne  du  blé  vivre  pendant  plusieurs  jours  sous  une 
couche  de  plusieurs  décimètres  d'épaisseur  d'un  mélange  d'acide  carbo- 
nique et  d'air  atmosphérique  dans  lequel  les  bougies  s'éteignaient  instan- 
tanément. 


(  584  ) 

»  Au  point  de  vue  de  l'application  du  gaz  carbonique  à  la  thérapeutique 
chirurgicale,  comme  agent  anesthésique  général,  nous  pensons  qu'il  serait 
convenable  de  produire  ou  de  déterminer  l'anesthésie  par  le  chloroforme, 
puis  de  continuer  l'effet  anesthésique  au  moyen  du  gaz  carbonique  mélangé 
avec  une  forte  proportion  d'air  atmosphérique  (80  à  90  pour  100  d'air). 

»  De  cette  manière  on  éviterait  les  dangers  et  les  inconvénients  que  pré- 
sente l'emploi  du  chloroforme  seul;  car  on  pourrait  graduer  à  volonté  la 
force  du  mélange,  et  par  conséquent  graduer  aussi  l'intensité  de  l'action 
anesthésique,  et  surtout  en  prolonger  presque  indéfiniment  la  durée,  sans 
mettre  en  danger  la  vie  du  malade.   » 

MÉDECINE.  —  Mémoire  sur  les  eaux  minérales  alcalines  gazeuses  de  Condillac 
considérées  comme  eaux  hygiéniques  et  comme  agent  thérapeutique;  par 
M.  SocQUET.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Peligot,  J.  Cloquet.) 

«  La  commune  de  Condillac  (Drôme)  possède  deux  sources  d'eau  miné- 
rale fortement  acidulées  par  le  gaz  acide  carbonique,  et  dont  la  découverte 
ne  remonte  qu'à  l'année  i845.  En  janvier  (852,  sur  l'invitation  du  Ministre 
des  Travaux  publics  et  du  Commerce,  l'Académie  de  Médecine  nomma  une 
Commission  chargée  de  lui  faire  un  Rapport  à  ce  sujet,  et  la  mission  de 
faire  l'analyse  de  ces  eaux  fut  confiée  à  M.  O.  Henry.  Dans  son  travail  sur 
ces  eaux,  présenté  à  l'Académie  et  adopté  par  ce  corps  savant  dans  la  séance 
du  6  avril  iBSa,  le  rapporteur  s'exprimait  ainsi  : 

«  La  source  Anastasie,  qui  fournit  2  4oo  litres  environ  par  vingt-quatre 
»  heures,  est  agréable  à  boire...  et  elle  peut  remplacer  l'eau  de  Seltz  natu- 
»  relie.  L'eau  de  la  source  Lise,  bien  moins  abondante  (cette  source  ne 
»  donne  que  800  litres  environ  dans  le  même  temps),  est  aigrelette  aussi, 
»  non  désagréable,  mais  d'une  saveur  plus  atramentaire,  ce  qu'explique 
«  aisément  sa  composition  ;  on  a  déjà  fait  usage  avec  succès  de  ces  eaux 
»  dans  la  pratique  médicale,  et  leur  composition  chimique,  analogue  à 
»  celle  d'autres  eaux  bien  connues,  justifie  aisément  leurs  propriétés  avan- 
»  tageuses.   » 

)>  Afin  de  justifier  les  vertus  hygiéniques  et  thérapeutiques  signalées  dans 
ce  Rapport,  nous  placerons  successivement  sous  les  yeux  du  lecteur  l'ana- 
lyse de  chaque  source,  et  nous  étudierons  pour  chacune  d'elles  les  circon- 
stances particulières  qui  en  réclament  l'emploi. 


.>* 


{  585  ) 

Source  Anastasie.  (Composition  d'après  le  Bulletin  de  l'Académie,  t.  XVIII,  avril  i852.) 

»  Pour  looo  grammes  de  liquide  : 

lit 
Acide  carbonique  libre  en  volume o,548 

Oxygène indéterminé 

gr 

ide  chaux  anhydre. . ; . . .  i , SSg  \ 

de  soude  anhydre.  .'.'V..  o,i66  (  i  ,56o  alcalins 

de  magnésie  anhydre. . . .  o,o35  1 

Silicate  de  chaux  et  d'alumine o ,  245 

Sulfate  de  soude  anhydre o,475 

Chlorure  de  sodium  et  de  calcium o ,  1 5o 

lodure ,  azotate  ?  sel  de  potasse sensible 

Oxyde  de  fer  crénaté  et  carbonate o ,  o  i  o 

Matières  organiques .  traces 

Total  des  principes  fixes ... .         2,i4o 

»  Quant  à  l'acide  carbonique,  la  quantité  de  o"*,54  accusée  par  l'ana- 
lyse, bien  que  forte,  est  certainement  au-dessous  de  la  réalité;  c'est  du  reste 
ce  que  M.  O.  Henry  laissait  pressentir  dans  son  Rapport. 

Source  Lise.  (Composition  d'après  l'Annuaire  des  eaux  minérales  de  France  pour  i854.  ) 

»  Pour  looo  grammes  de  liquide  : 

lit 
Acide  carbonique  libre  en  volume. . . .         o  ,53o 

Acide  sulfhydrique sensible  à  la  source 

Ide  chaux  anhydre 0,954  )     ^' 

de  soude  anhydre o,i55  j  '''"9 
de  magnésie  anhydre .  .  peu 

Sulfate  de  soude  anhydre 0,090 

Silicate  de  chaux  et  d'alumine 0,715 

Chlorure  de  sodium  et  de  calcium, .. .  0,170 

lodure.  . .    sensible 

Azote  ?  sel  de  potasse sensible 

Oxyde  de  fer  crénaté  et  carbonate.  ...  o,o3i 

Manganèse  ) 

} traces 

Arsenic        ) 

Matières  organiques .".  i v  Iv'. . .     indéterminé 

Total  des  principes  fixes 2 , 1 15 

Nous  ne  pouvons  suivre  l'auteur  dans  les  détails  où  il  entre  pour  mon- 


(  586  ) 
trer,  d'après  la  composition  de  ces  eaux  et  la  comparaison  avec  d'autres  eaux 
anciennement  connues,  ainsi  que  d'après  les  cures  obtenues  par  plusieurs 
médecins  distingués,  les  cas  divers  auxquels  les  eaux  de  Condillac  peuvent 
être  appliquées  avec  succèsj  nous  en  donnerons  une  idée  en  reproduisant 
le  dernier  paragraphe  du  Mémoire  conçu  dans  les  termes  suivants  : 

«  Condillac  réunit  par  ses  deux  sources  ce  qui  se  trouve  ordinairement 
séparé,  à  savoir  :  d'une  part  une  eau  éminemment  hygiénique  (eau  de  table), 
propre  à  faciliter  les  digestions,  à  tempérer  les  ardeurs  de  la  soif,  et  à  rem- 
placer l'eau  potable  [source  Anastasie);  et  d'autre  part  un  agent  précieux 
comme  moyen  thérapeutique  dans  les  maladies  cVironiques  des  voies  diges- 
tives  (gastralgie,  dyspepsie,  diarrhées  avec  flatuosités),  ondes  voies  uri- 
naires  (gravelle,  catarrhe  vésical  ),  ou  des  organes  génitaux  (leucorrhées, 
engorgements  de  l'utérus),  ou  générales  comme  la  chlorose  (pâles  couleurs), 
la  scrofule,  et  un  grand  nombre  de  troubles  nerveux  qui  dépendent  d'un 
état  particulier  du  sang  [source  Lise)  ;  par  l'acide  sulihydrique  uni  aux 
autres  éléments,  elle  devient  aussi  très-efficace  dans  les  bronchites  chroni- 
ques (toux  invétérées)  et  les  diverses  affections  de  la  peau  (dartres).  C'est  à 
la  réunion  heureuse,  mais  rare,  de  toutes  ces  conditions  que  les  eaux  miné- 
rales de  Condillac  doivent  la  réputation  dont  elles  jouissent  déjà  et  qu'elles 
sont  destinées  à  voir  s'agrandir,  à  juste  titre,  dans  un  prochain  avenir.  » 

PATHOLOGIE.  —  Mémoire  sur  une  affection  nerveuse  singulière; 
par  M.  L.  Sandras. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Andral,  Jobert  de  Lamballe.) 

«  Le  sujet  de  cette  observation  est  un  frère  de  l'auteur  qui,  à  l'âge  de 
onze  ans  et  trois  mois,  éprouva  subitement,  et  sans  cause  bien  connue,  une 
altération  de  la  vue  qui  lui  rendait  la  lecture  impossible,  quoiqu'elle  ne 
l'empêchât  pas  de  distinguer  les  objets  qui  l'entouraient.  Cet  accident,  qui 
s'est  répété  fréquemment  pendant  près  de  trois  années  (du  1 9  septembre  1 854 
au  20  août  1857)  et  dont  la  durée  variait  de  quelques  heures  à  des  mois  en- 
tiers, était  accompagné  habituellement  de  céphalalgie  intense,  d'ailleurs 
sans  nul  trouble  de  l'intelligence.  Elle  s'était  montrée,  avons-nous  dit,  sans 
cause  connue;  du  reste,  on  l'attribua  successivement  à  un  refroidissement, 
à  une  chute  ayant  déterminé  une  commotion  cérébrale,  à  une  conjestion  de 
la  choroïde,  à  un  état  anémique,  à  la  dentition,  à  des  vers  intestinaux,  à  des 
tubercules  dans  le  cerveau,  enfin  à  une  simulation.  Les  divers  traitements 
essayés  en  vue  des  causes  supposées  paraissent  avoir  été  tous  impuissants; 


(  587  ) 
la  guérison  a  eu  lieu  pendant  l'usage  des  bains  de  mer.  Le  dernier  accident 
avait  offert  cette  particularité  qu'après  une  lecture  qui  n'avait  pas  été  très- 
prolongée,  il  y  eut  une  sorte  de  fatigue  de  la  vue  qui  se  manifestait  par 
l'obligation  de  rapprocher  de  plus  en  plus  le  livre  des  yeux.  » 

PATHOLOGIE.  —  Sur  la  rétention  de  la  menstruation;  par  M.  Puech. 

Cette  communication,  qui  se  rattache  à  celles  du  22  février  et  du  8  mars,  et 
fait  partie  des  recherches  de  l'auteur  sur  l'hématocèle  rétro-utérine,  est  ren- 
voyée à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  désignés  :  MM.  Velpeau, 
J.  Cloquet. 

CHIRURGIE.  —  Mémoire  sur  un  nouveau  procédé  d'autoplastie,  dit  par  adossement 
des  lambeaux,  dans  te  traitement  des  anus  contre  nature;  par  M.  Retbard. 

L'auteur  de  ce  Mémoire  fait  connaître,  outre  le  procédé  autoplastique 
mentionné  dans  le  litre,  un  nouveau  mode  de  suture  enchevillée.  On  y 
trouve,  de  plus,  deux  observations  d'anus  contre  nature  guéris  par  le  pro- 
cédé décrit. 

Ce  travail  étant  destiné  au  concours  Montyon,  l'auteur  y  a  joint,  pour  se 
conformer  à  une  des  conditions  imposées  aux  concurrents,  une  indication 
de  ce  qu'il  considère  comme  particulièrement  neuf  dans  son  travail. 

(Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  AcLAGNiER  adresse,  dans  le  même  but,  une  analyse  en  double  copie 
de  son  «  Histoire  topographique  et  médicale  de  Baréges  » . 

(Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine.) 

M.  SoYER  adresse,  pour  le  concours  du  legs  Bréant,  un  «  Mémoire  sur  la 
nature  et  le  traitement  du  choléra-morbus  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  constituée  en  Commission 

spéciale  pour  ce  concours.) 

M.  Sanson,  chef  des  travaux  chimiques  et  agronomiques  de  l'École  vété- 
rinaire de  Toulouse,  adresse  une  «  Note  sur  les  eaux« de-vie  de  Cognac  ». 

Cette  Note,  consacrée  à  l'examen  d'une  question  d'économie  rurale  qui 

C.  R.,  i858,  i"Semei/;<'.  (T.  XLVI,  NO  12.)  77 


I 


(  588  ) 
est  d'un  grand  intérêt  pour  plusieurs  départements,  notamment  pour  ceux 
de  la  Charente  et  de  la  Charente-Inférieure,  est  renvoyée  à  l'examen  d'une 
Commission  composée  de  MM.  Boussingault  et  Peligot. 

M.  Peîîard  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  «  Moyen  de  rendre  l'art  de  la  natation  moins  difficile  et  moins  dan- 
gereux ». 

Le  moyen  imaginé  par  M.  Penard  consiste  principalement  à  garnir  les 
mains  du  nageur  d'un  gant  garni  dans  l'intervalle  des  doigts  de  membranes 
qui  transforment  en  quelque  sorte  cette  main  en  une  patte  de  palmipède- 

( Commissaires,  MM.  J.  Cloquet,  Delaunay.) 

M.  Charles  Noël  adresse  une  Note  sur  les  moyens  de  vérification  des 
télégraphes  à  cadran.  L'auteur  reconnaît  que  ces  moyens  ne  sont  pas  nou- 
veaux, mais  il  croit  utile  de  les  rappeler,  attendu  que  dans  certains  grands 
établissements  on  continue  à  faire  usage  de  moyens  de  vérification  fort 
imparfaits. 

(Commissaires,  MM.  Le  Verrier,  Seguier.) 

M.  Gagnace,  auteur  de  plusieurs  Mémoires  d'économie  rurale  précé- 
demment présentés  et  destinés  au  concours  pour  le  prix  du  legs  Morogues, 
adresse  aujourd'hui  lui  nouveau  Mémoire  intitulé  :  «  Assolement  généra! 
des  terres  incultes  de  France  » . 

(Commission  du  prix  Morogues.) 

M.  Bekigky  présente  des  observations  de  température  qu'il  a  faites  à  Ver- 
sailles pendant  l'éclipsé  du  i5  mars  dernier  en  collaboration  avec  M.  Jobert. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Babinet  et  Paye. 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  une  Lettre  de  M.  Bovnioi., 

qui  a  observé  la  même  éclipse  à  Narbonne; 

Et  une  Note  de  M.  Zalewski,  concernant  l'aspect  offert  par  la  lune  dans 
son  premier  qu  artier 


(%) 

M.  RoNXEAP  adresse  une  Note  sur  l'emploi  qu'on  pourrait  faire  dès  para- 
tonnerres pour  préserver  un  pays  de  la  grêle  aussi  bien  que  de  la  foudre. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet.) 

M.  Lagoct  présente  au  concours,  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres,  une 
Note  ayant  pour  titre  :  «  Salubrité  des  habitations  obtenues  au  moyen  de 
matelas  d'algue  marine  ». 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  Flocrens  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  André  Retzius,  un  opuscule 
intitulé  :  «  Coup  d'œil  sur  l'état  actuel  de  l'ethnologie  en  ce  qui  concerne  la 
forme  de  l'enveloppe  osseuse  du  cerveau  ». 

«  Ce  Mémoire,  remarque  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  fait  partie  d'un  travail 
fort  important  pour  l'anthropologie  des  races  du  Nord.  Comme  les  résultats 
auxquels  l'auteur  est  arrivé  dans  des  recherches  consciencieuses  et  poursui- 
vies avec  une  grande  persévérance  ne  me  paraissent  pas  aussi  connus  qu'ils 
méritent  de  l'être,  j'avais  d'abord  songé  à  demander  que  l'ensemble  de 
ces  publications,  qui  sont  en  langue  étrangère,  fût  renvoyé  à  l'examen 
d'un  Membre  de  l'Académie  qui  en  eût  fait  l'objet  d'un  Rapport  verbal; 
mais  je  crois  qu'il  vaut  mieux  encore  qu'elles  soient  jugées  par  une  Com- 
mission, et  je  propose  en  conséquence  de  les  comprendre  dans  le  nombre 
des  pièces  qui  concourront  pour  les  prix  de  la  fondation  Montyon.  » 

(Réservé  pour  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Tremblement  de  terre  du  9  mars  dans  plusieurs  points 

du  déparlement  d'Alger. 

M.  LE  Maréchal  Vaillant  communique  la  Lettre  suivante  de  M.  le  Préfet 
de  ce  département  : 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  connaître  à  Votre  Excellence  que  le  9  mars 
courant,  de  4  ^  8  heures  du  matin,  trois  secousses  de  tremblement  de  terre 
ont  été  ressenties  simultanément  à  Blidah,  Milianah,  Boufarick  etCherchel. 
Les  dégâts  ont  été  nuls  dans  les  trois  premières  localités,  mais  dans  la  der- 
nière il  n'en  a  pas  été  ainsi  :  plusieurs  maisons  ont  été  lézardées,  des  plafonds 
se  sont  écroulés  et  le  bâtiment  occupé  par  lé  Commissariat  civil  a  surtodt 
beaucoup  souffert,  à  tel  point  que  M.  le  Commissaire  civil  propose  d'aban- 

71- 


(  Sgo  ) 
donner  l'immeuble.  Toutefois,  Monsieur  le  Ministre,  personne  n'a  été 
victime  de  ce  sinistre.  Je  fais  examiner  de  suite  la  question  du  local   du 
Commissariat  civil. 

»  Une  secousse  assez  forte  a  également  eu  lieu  à  Alger,  le  9,  de  4*"  3o™  à 
5  heures  du  matin,  mais  n'a  amené  aucun  accident.   » 

ASTRONOMIE.  —  Comète  de  Winnecke.  Lettre  de  M.  Argelaivder 
à  M.  Le  Verrier. 

«  Bonn,  i5  mars  i858. 

»  La  comète  de  M.  Winnecke  devient  très-intéressante.  Voici  les  obser- 
vations que  cet  astronome  en  a  faites  :  les  deux  premières  au  micromètre 
circulaire,  les  autres  à  l'héliomètre  ;  le  tout  rigoureusement  réduit. 

Temps  moyen.  A>.  (D. 

1088  Mars    8     i6.i6!°52''    aSs! 56'. 24°, 8  —  i!54'.   ■{,Z 

16.54.57     258. 58. 47,8  -1.54.14,6 

11  16.  2.35    264.i4-'7)'  — 1.58.39,8 
16.28.21     264.16.15,2  — 1.58.36,6 

12  15.45.  8    266.  3.16,3  —1.59.58,4 

»  Sur  ces  observations,  quelque  défavorablement  situées  qu'elles  soient, 
M.  Krùgera  calculé  les  éléments  suivants  : 

Temps  du  périhélie. .  .    i858.  Avril  22,7448-   T.  m.  de  Berlin. 

0       ,      , 
Longitude  du  périhélie 261 .    1 7 .  23 

Q, 124-  23.39 

Inclinaison   ii  .   48-48 

Log.  dist.  périhélie 9-947  •  26    Mouvement  direct. 

»  Vous  remarquerez  la  grande  ressemblance  de  ces  éléments  avec  ceux 
de  la  troisième  comète  de  1819,  pour  laquelle  M.  Encke  avait  trouvé  une 
ellipse  de  5,6  années.  Elle  excite  le  soupçon  de  l'identité  des  deux  astres. 
C'est  pourquoi  M.  Winnecke  a  examiné  le  degré  de  l'exactitude  avec  lequel 
les  éléments  de  M.  Encke  représentent  les  observations  de  notre  comète; 
il  l'a  trouvé  presque  parfait.  En  mettant  le  périhélie  en  i858  mai  1,985  temps 
moyen  de  Berlin  et  n'augmentant  l'inclinaison  que  de  sept  minutes,  les, 
deux  observations  du  8  et  du  1 1  sont  représentées  parfaitement  ;  celle  du 
12  à  une  minute  près,  différence  qui,  par  lui  calcul  plus  rigoureux,  serait 
encore  plus  réduite.  C'est  un  résultat  qui  non-seulement  montre  avec  évi- 


(    %!    ) 

dence  l'identité  des  deux  comètes,  mais  prouve  aussi  que  dans  l'intervalle 
de  trente-neuf  années  la  comète  n'a  pas  subi  de  grandes  perturbations,  ni 
par  Jupiter  ni  par  la  Terre,  planètes  dont  elle  peut  se  rapprocher  considéra- 
blement.  » 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Lettre  de  M.  Ritter  à  M.  Le  Verrier,  concernant 
l'installation  de  ta  station  de  Constantinopte. 

«  Kourou-Tcbesmé ,  3  mars  i858. 

»  Des  dépêches  reçues  depuis  le  i"mars  vous  ont  appris  que  j'avais  obtenu 
du  gouvernement  ottoman  l'autorisation  de  vous  transmettre  gratuitement 
le  bulletin  journalier  des  observations  que  je  fais  à  Constantinople,  et  que 
je  rédige  conformément  aux  instructions  adressées,  il  y  a  deux  ans,  aux 
employés  de  l'administration  des  télégraphes. 

»  Les  observations  trihoraires  que  je  fais  depuis  le  i"  septembre  i856  ont 
lieu  à  Rourou-Tchesmé,  rive  européenne  du  Bosphore,  à  6  kilomètres  de 
Constantinople.  J'y  habite  une  maison  touchant  immédiatement  au  Bos- 
phore, et  où  mes  instruments  sont  disposés  de  la  façon  suivante  ; 

»  Le  baromètre  est  dans  une  pièce  au  rez-de-chaussée.  Son  zéro  est 
à  2™,ao  environ  au-dessus  du  niveau  moyen  du  Bosphore.  C'est  un  baro- 
mètre Fortin,  construit  par  Fastré,  n°  88,  et  exigeant,  d'après  M.  Renou, 
une  correction  de  +  o""°,25. 

»  La  hauteur  que  je  vous  transmets  est  corrigée,  et  de  plus  ramenée 
à  zéro ,  à  l'aide  de  la  table  de  Haeghens. 

»  Le  thermomètre,  placé  à  l'air  dans  un  petit  jardin  contigu  à  la  mer, 
est  à  l'abri  du  soleil.  C'est  un  minima  de  Rutherfort,  construit  par  Fastré, 
exigeant  une  correction  de  —  o°,2 ,  que  je  fais  subir  aux  températures  avant 
de  vous  les  adresser.  Ce  thermomètre  est  à  la  même  hauteur  que  le  baro- 
mètre au-dessus  de  la  mer. 

»  J'ai  pour  girouettes  les  pavillons  et  les  flammes  des  navires  mouillés 
ou  qui  passent  devant  mes  fenêtres.  C'est  donc  le  vent  inférieur  que  je  vous 
envoie,  avec  les  qualifications  de  o,  i,  2,  3,  4?  indiquées  dans  la  circulaire 
officielle  sus-mentionnée. 

»  Enfin  je  fais  cette  observation  spéciale  à  8  heures,  et  je  l'envoie  à 
Stamboul  par  un  des  bateaux  à  vapeur  du  Bosphore.  Quelquefois  elle 
pourra  vous  manquer  le  vendredi  ou  le  dimanche,  qui  sont  les  deux  jours 
fériés  ;  mais  alors  vous  recevrez  les  deux  le  lendemain. 

»  Mes  autres  observations,  que  je  tiens  à  votre  disposition,  pour  des 


(  59.  ) 
études  particulières  d'ondes  atmosphériques,  ont  lieu  à  6,  9,  midi,   3,  6 
et  9  heures  du  soir.  » 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planète  @  et  de  la  IP  comète  de  i858, 
faites  par  M.  Lvthek  à  son   observatoire  de  Bilk.  (Communiquées  par 
M.  Le  Verrier.) 

T.  m.  rie  Bilk.  Asc  dr.  (sî).  Déclinaison  (m).  Nombre  de  comp. 

bms  bms  o       t        tt 

I8»8  Mars  5        8.56;4o,3         11. 44-37, 49  -4-0.10.19,3  6 

A»c.  dr.  II«  *♦.  Déclinaison  1I«  »♦. 

Marsu      14.59.28,6         17.36.38,97  —1.58.82,7  5 

Réduction  des  observations  de  la  planète  @  faites  à  l'Observatoire  impérial 
de  Paris;  par  M.  V.  Villarceaii. 


T.  m.  de  Paris. 

A>c.  droite. 

Déclinaison. 

Nombre 
de  comp. 

Obserrateur. 

18iJ8  Mars  9 

bms 
11.52.43,2 

h      m       s 
11.41.27,44 

0             f            H 

3 

Besse-Bergier, 

9 

12. i3.    8,9 

4-0.56.33,3 

I 

Id. 

9 

15.27 •22,3 

Il .41 .20,28 

3 

Id. 

9 

i5.38.3i,3 

-+-o.58.i5,i 

3 

U. 

II 

i3.5i.    1,0 

Xj,  —  0.37,36 

4 

Id. 

1 1 

«3.59.10,7 

(D,- 3,46,9 

3 

Id. 

Position   apparente  de  l'étoile  de  comparaison  du  g  mars- 
X=  11'' 40"  5",  55        (D -HO"  53' 19",  9.         Observation  méridienne. 

Position  approchée  de  l'étoile  du  il. 
Jl,=  ii»'4o"23»  (ï)  =  -t- i°24'. 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  le  groupe  de  taches  solaires  du  1 5  mars  1 858  ; 
par  M.  CuAcoENAc.  ( Présentée  par  M.  Le  Verrier.) 

«  La  grande  tache  solaire  qui  se  trouvait,  le  1 5  mars,  à  peu  prés  au  centre 
du  soleil,  a  présenté  durant  son  apparition  plusieurs,  phénomènes  inté- 
ressants. 

»  Une  immense  ouverture  de  la  photosphère,  dont  le  plus  grand  diamètre 
était  de  2'  44",  laissait  voir  sur  de  grandes  proportions  la  structure  fibreuse 
des  enveloppes  qui  forment  la  pénombre  des  taches,  et,  par  un  grand  nombre 
de  trous,  de  crevasses  sombres,  la  constitution  analogue  des  enveloppes  inlé- 


(  593  ) 
rieures.  Les  astronomes  qui  ont  dirigé  sur  le  soleil  de  puissantes  lunettes 
au  moment  de  l'éclipsé,  ont  pu  voir  les  apparences  que  je  vais  décrire. 

B  Le  12, -alors  que  le  groupe  de  taches  était  encore  voisin  du  second  bord 
de  l'astre,  le  noyau  principal,  que  je  désigne  parle  n°  a  parce  qu'il  passait 
le  second  au  fil  méridien,  avait  une  forme  à  peu  près  circulaire  et  un 
fond  très-sombre.  On  n'apercevait  qu'avec  difficulté  les  enveloppes  inté- 
rieures. Sur  son  côté  oriental  on  remarquait  très-distinctement  des  nuages, 
qui,  quoique  faiblement  lumineux,  apparaissaient  comme  les  extrémités  de 
plusieurs  enveloppes  superposées  les  unes  au-dessus  des  autres.  Dans  le 
dessin  n°  i,  qui  représente  cette  partie  du  noyau,  on  voit  que  les  nuages  de 
toutes  ces  enveloppes  ont  des  formes  identiques  à  celles  des  nuages  de  la 
photosphère.  Ces  enveloppes  inférieures  sont  réunies  entre  elles  par  des 
ruisseaux  incandescents,  et  la  plus  brillante  est  celle  qui  apparaît  au-dessus 
de  toutes  les  autres.  Cette  enveloppe  est  cependant  d'un  éclat  bien  moins 
vif  que  la  lumière  de  l'enveloppe  des  pénombres^  et  elle  apparaît  complè- 
tement séparée  de  cette  dernière. 

«  Le  i4 ,  la  lumière  des  enveloppes  inférieures  vues  à  travers  l'ouverture 
de  ce  noyau  brille  plus  vivement  que  le  12,  et  l'on  n'aperçoit  que  par  une 
faible  ouverture  les  enveloppes  plus  sombres  qui,  à  cette  date,  formaient  le 
fond  presque  obscur  du  noyau.  Un  ruisseau  lumineux  descend  de  la  pé- 
nombre de  cette  tache  dans  la  partie  inférieure  et  paraît  réuni  à  la  portion  la 
plus  brillante  des  enveloppes.  Le  dessin  n°  2  représente  l'aspect  de  ce  noyau. 

»  Le  i5,  la  relation  que  les  enveloppes  sombres  ont  avec  celles  des  pé- 
nombres est  évidente  dans  le  même  noyau.  Ainsi  des  langues  de  feu  dont 
les  formes  dentelées  sont  compliquées  se  relient  aux  enveloppes  inférieures 
sur  une  grande  partie  du  périmètre  du  noyau.  L'approche  du  bord  obscur 
de  la  lune  fait  ressortir  davantage  l'éclat  et  la  différence  d'intensité  lumi- 
neuse que  présentent  toutes  ces  enveloppes.  On  remarque  principalement  que 
les  ouvertures  à  travers  lesquelles  on  les  aperçoit  étagées  les  unes  au-dessus 
des  autres  ont  des  diamètres  de  plus  en  plus  grands  à  mesure  qu'on  les  con- 
sidère dans  des  enveloppes  plus  lumineuses,  et  la  forme  de  ces  ouvertiu'es 
est  semblable  à  celles  des  noyaux  des  taches  solaires. 

»  Le  dessin  n"  3  représente  le  noyau  lorsque  le  bord  de  la  lune  en  était 
voisin. 

»  Le  17  mars,  j'ai  observé  dans  ce  même  noyau  des  enveloppes  plus 
brillantes  que  celles  vues  le  iS  :  en  effet,  sur  le  côté  oriental  il  apparaît 
une  série  d'enveloppes  dont  l'éclat  de  la  plus  lumineuse  diffère  tellement 
peu  de  celui  de  la  pénombre,  qu'elles  se  confondent  sur  ce  point  dans  la 


(  594  ) 
même  teinte.  Cette  dernière  enveloppe  est  reliée  directement  à  celles  qui 
forment  la  pénombre  des  taches  et  semble  être  la  première  qui  vient  immé- 
diatement au-dessous  de  celles-ci.  ' 

»  Il  résulte  des  faits  que  je  viens  d'énumérer  que  du  i  a  au  17  la  partie 
inférieure  de  ce  noyau  s'est  successivement  recouverte  d'enveloppes  nuageu- 
ses apparaissant,  par  des  ouvertures,  superposées  les  unes  au-dessus  des 
autres  et  dont  l'éclat  a  graduellement  augmenté  jusqu'à  atteindre  celui  des 
pénombres. 

»  La  remarque  et  l'observation  que  je  viens  de  signaler  sur  un  même 
noyau  pouvait  immédiatement  se  faire,  le  17  surtout,  sur  les  divers  noyaux 
que  présentait  le  groupe  de  taches  :  il  y  en  avait  en  effet  trois  à  cett€  époque 
dont  le  fond  paraissait  de  toutes  les  teintes  intermédiaires  entre  l'obscurité 
et  l'intensité  des  pénombres. 

»  Le  19,  le  noyau  n°  2,  en  se  rapprochant  du  premier  bord  de  l'astre, 
laissait  voir  sur  son  côté  occidental  un  phénomène  analogue  à  celui  que 
j'observai  le  12  sur  le  bord  oriental,  c'est-à-dire  une  coupe  vue  par  la 
tranche  des  nombreuses  strates  moins  lumineuses  et  inférieures  à  celles  qui 
forment  la  pénombre  des  taches. 

»  Il  était  plus  facile,  à  cette  dernière  date,  que  le  12,  de  reconnaître  les 
relations  qu'ont  entre  elles  toutes  ces  enveloppes  sombres,  de  même  qu'il 
était  plus  apparent  que  leur  structure  fibreuse  est  réellement  conforme  à 
celle  des  enveloppes  extérieures.   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Lettre  du  Pbéfet  apostolique  des  Missions  du  Pôle  Arctique 

à  M.  Babinet. 

«  A  bord  du  Noricap,  passage  du  cercle  polaire.  2  mars  i858. 

»  Un  vapeur  que  nous  venons  de  rencontrer,  nous  a  remis  des  journaux 
norwégiens,  où  je  lis  pour  la  première  fois  votre  article  de  la  Revue  des  Deux- 
Mondes  sur  le  climat  en  1857.  L'intérêt  de  la  science  aussi  bien  que  le 
devoir  de  reconnaissance  pour  la  bonté  que  vous  avez  témoignée  à  mes 
prêtres  à  leur  passage  à  Paris,  me  fait  regretter  beaucoup  de  ne  pas  vous 
avoir  envoyé  plus  tôt  quelques  lignes  sur  les  phénomènes  extraordinaires 
de  cet  hiver  au  pôle  arctique,  phénomènes  si  conformes  à  vos  prévisions. 

»  Ordinairement  on  a  chez  moi  (70  degrés  latitude  nord  )  la  neige  neuf 
mois,  et  parfois  davantage,  et  rarement  depuis  octobre  jusqu'à  mars  le 
mercnre  reste  en  deçà  de  10  degrés  Réaumur  au-dessous  de  zéro.  Or  cette 
année  même  les  jours  quand  à  Paris  ou  dans  le  Midi  il  y  avait  4  ou  5  àe- 


(  595  ) 
grés  de  froid,  ici  nous  avons  eu  parfois  -h  i  i  degrés  de  chaleur.  Au  cotu-^ 
mencement  de  février,  à  Tromsoë  (69  degrés  latitude  nord),  j'ai  vu  des  âeurs 
pousser  dans  les  champs,  tandis  qu'ordinairement  elles  ne  poussent  qu'une 
fois  à  la  fin  de  juillet.  Avec  cette  chaleur,  nous  avons  eu  souvent  des  jour- 
nées claires,  et  la  pleine  lune  de  décembre  aussi  admirablement  claire  à 
midi  que  dans  les  hivers  froids.  Il  est  à  propos  de  remarquer  que  la  lune  de 
midi  a  une  clarté  presque  inconnue  ailleurs,  et  on  y  distingue  les  configura- 
tionsou  les  ombres  que  l'on  ne  voit  ailleurs  qu'avec  un  grand  télescope.  Les 
vents  jusqu'à  présent  sont  contre  tous  les  usages  presque  tout  l'hiver  sud- 
ouest  et  ouest.  Les  journées  froides  depuis  octobre  sont  de  très-rares  excep- 
tions. Enfin  les  tempêtes  sont  plus  fortes  sur  nos  côtes  qu'à  l'ordinaire. 

»  Voilà  le  résumé  des  souvenirs  des  observations  que  l'on  a  faites  régu- 
lièrement chez  moi,  et  que  je  vous  enverrai  si  vous  le  désirez.  J'espère  que 
le  sort  de  cette  Lettre  et  de  mes  observations  sera  plus  heureux  que  le  sort 
de  mon  envoi  de  l'année  passée  pour  M.  Isidore  Geoflroy-Saint-Hilaire.  La 
douane  de  Hambourg  a  cassé  les  œufs  des  Alca,  etc.,  etc.,  que  j'avais  adres- 
sés à  l'excellent  M.  Geoffroy.  Je  porte  avec  moi  une  Alca  assez  curieuse 
pour  lui,  et  j'espère  surtout  que  pour  l'avenir  les  observations  et  les  envois 
d'ici  pour  Paris  pourront  être  plus  complets  et  plus  réguliers. 

»  J'ose  attendre  deux  hgnes  de  votre  part  à  Roskilde  (Danemark),  poste 
restante,  où  je  pense  rester  un  mois,  dans  l'intérêt  de  mes  missions  de  Gren- 
land,  des  Féroë  et  d'Islande. 

»  Signé  D.  Etienne, 

»  Pref.  Ap.Poli  Arctici.   » 

CHIMtE  ORGANIQUE    —  Recherches  sur  iiodure  de  méthylène  ; 
par  M.  A.  Boctlerow. 

«  On  admet  que  l'éthylate  de  soude  G,  H5  NaOj,  composé  que  l'on 
obtient  en  traitant  l'alcool  par  le  sodium,  possède  la  constitution  de  l'hydrate 
de  soude  H  Na  Oj,  J'ai  pensé  qu'il  serait  intéressant  de  comparer  l'action 
que  l'iode  exerce  sur  ces  deux  composés,  et  j'ai  étudié  en  conséquence 
l'action  de  ce  corps  simple  sur  l'éthylate  de  soude. 

»  Lorsqu'on  ajoute  de  l'iode  en  poudre  à  de  l'éthylate  de  soude  cristal- 
lisé, une  vive  réaction  se  manifeste  aussitôt.  La  masse  s'échauffe  et  se  li- 
quéfie; la  réaction  paraît  terminée  lorsqu'on  a  ajouté  un  peu  plus  de  1 
équivalent  d'iode  pour  i  équivalent  d'éthylate.  Le  produit  obtenu  étant 
soumis  à  la  distillation,  il  passe  de  l'alcool  tenant  en  dissolution  une  raa- 

C.  R.,  i858,  i"  Sem«(re.  (T.  XLVI,  Noia.)  •  78 


(596) 
tière  huileuse  dense  que  l'eau  en  précipite.  Le  résidu  de  la  distillation  étant 
traité  par  l'eau  laisse  de  l'iodoforme  ;  de  l'iodure  et  du  formiate  se  dissolvent 
dans  l'eau.  Il  ne  se  forme  pas  d'iodate.  On  voit  que  les  produits  principaux 
de  cette  réaction  sont  l'alcool  qui  se  régénère,  l'iodure,  le  formiate  et  l'iodo- 
forme, ces  deux  derniers  produits  résultant  évidemment  du  dédoublement 
du  groupe  éthylique.  Quant  à  la  matière  huileuse  et  dense  que  l'alcool 
entraîne  à  la  distillation,  c'est  un  produit  secondaire  de  l'action  de  l'iodo- 
forme sur  l'éthylate. 

»  En  effet,  on  peut  l'obtenir  en  plus  grande  quantité  en  ajoutant  peu  à  peu 
de  l'éthylate  de  soude,  en  solution  moyennement  concentrée,  à  de  l'iodo- 
forme en  poudre  dans  la  proportion  de  3  équivalents  d'éthylate  pour  i  équi- 
valent d'iodoforme.  Le  produit  de  la  réaction  se  trouble  par  l'eau  et  laisse 
déposer  l'huile  dont  il  s'agit.  On  la  rectifie  avec  de  l'eau  et  on  la  déshydrate 
par  le  chlorure  de  calcium. 

»  C'est  un  liquide  jaunâtre,  très-réfringent,  d'une  densité  de  3,34^  ;« 
-+-  5  degrés.  A  -f-  2  degrés,  il  se  prend  en  une  masse  cristalline  formée  de 
larges  lames  brillantes.  Il  renferme  : 


Expériences. 

Théorie. 

I. 

II. 

Carbone 

4,88 

4,56 

c. 

4,47 

Hydrogène.  . . 

0,82 

o,85 

H, 

0.74 

Iode 

.     95 , 3o 

95,68 

I, 

94,77 

»  Ces  analyses  conduisent  à  la  formule  CjHjlj  qui  représente  l'iodure 
de  méthylène,  l'homologue  de  l'iodure  d'éthylène  C«  H,  Ij  de  Faraday. 

»  Divers  chimistes  ont  eu  cette  substance  entre  les  mains  sans  en  avoir 
connu  la  véritable  nature.  Serrulas  paraît  l'avoir  obtenue  en  1824(1)  par 
l'action  du  perchlorure  de  phosphore  sur  l'iodoforme.  Il  y  a  quelques  mois, 
M.  Briining  l'a  obtenue  par  l'action  d'une  solution  alcoolique  de  potasse  sur 
l'iodoforme  (a).  Il  en  a  représenté  la  composition  par  la  formule  peu  pro- 
bable Ca  H  I.J  O. 

»  Quoi  (ju'il  en  soit,  j'ai  voulu  vérifier  la  formule  Cj  Hj  Ij  que  j'a.ssigne 
à  ce  composé  en  le  faisant  réagir  sur  l'acétate  d'argent. 

')  De  l'iodure  de  méthylène  a  été  mélangé  avec  de  l'acétate  d'argent  dans 


(  I  )  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  2"  série  ,  t.  XXV,  1824,  P-  3i  i. 
(2)  Annalen  der  Chemie  und  Pharmacie,  novembre  1857,  p.  187. 


(  597  ) 
le  rapport  de  i  à  2  équivalents.  On  a  ajouté  une  certaine  quantité  d'acide 
acétique  cristallisable.  La  réaction  s'est  déclarée  k  100  degrés  avec  dégage- 
ment de  chaleur.  On  a  épuisé  avec  de  l'éther,  on  a  filtré  et  on  a  distillé. 
Vers  170  degrés,  il  a  passé  un  liquide  incolore,  huileux,  plus  dense  que 
l'eau,  doué  d'une  saveur  d'abord  aromatique,  puis  piquante  et  d'une  odenr 
extrêmement  forte. 

»  Ce  liquide  est  le  méthylglycol  diacétique 


C,H,          , 
(C.H,0,)= 

0,. 

»  Il  renferme  : 

Carbone. .  . 
Hydrogène . 
Oxygène .  . . 

Expérience. 

•        44,75 

.       6,23 

. .     49,02 

H. 
0. 

Théorie. 

45,45 

6,06 

48,48 

u  Tous  les  egsais  que  j'ai  faits  pour  en  isoler  le  méthylglycol  ont  manqué 
jusqu'à  présent.  Lorsqu'on  le  saponifie  par  l'eau  de  baryte,  on  obtient  en 
offet  non-seulement  de  l'acétate,  mais  encore  du  formiate.  En  présence  d'\m 
alcali,  le  méthylglycol  Cj  H^O,  paraît  donc  se  décomposer  en  donnant  de 
l'acide  formique 

»  J'ajoute  qu'ayant  examiné  les  produits  qui  se  forment  en  même  temps 
que  l'iodure  de  méthylène  dans  la  réaction  de  l'éthylate  de  soude  sur  l'iodo- 
forme,  j'ai  trouvé  dans  la  solution  aqueuse,  en  combinaison  avec  la  soude, 
de  l'acide  formique  et  un  acide  gras  volatil  à  équivalent  élevé,  que  je  pré- 
sume être  l'acide  valérianique.  Cette  formation  synthétique  d'un  acide 
renfermant  12  molécules  de  carbone  à  l'aide  des  substances  qui  n'en  ren- 
ferment que  2  et  4  me  paraît  un  fait  digne  d'intérêt. 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Wurtz.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Réponse  aux  remarques  de  M.  Berthelot  sur  une  Note 
de  MM.  Chichkoff  et  Rosing,  concernant  l'action  du  perchlorure  de  phos- 
phore sur  le  chlorure  de  benzoïte;  IjCttre  de  M.  Ant.  Rosing. 

«  Si  les  remarques  de  M.  Berthelot  n'ont  pas  pour  but  de  revendiquer 
la  priorité  de  nos  expériences,  je  n'ai  rien  à  répondre.  Si  pourtant  elles 
pouvaient  être  comprises  autrement,  l'absence  de  mon  collaborateur 
M.  Chichkoff  me  fait  un  devoir  de  déclarer  qu'après  avoir  lu  le  passage 
sur  lequel  M.  Berthelot  se  fonde,  je  ne  comprends  pas  la  réclamation. 

,-78,. 


(  598  ) 
»  M.  Berthelot  avait  obtenu  un  corps  qui  paraissait  être  le  tribromure 
butyrique,  dans  une  réaction  qui  pourrait  lui  donner  naissance,  il  est  vrai, 
mais  aussi  à  bien  d'autres  produits.  Or  il  n'avait  donné  ni  analyse  de  ce 
corps  ni  démonstration  de  sa  nature.  La  théorie  des  substitutions  directeé 
ou  inverses  conduit  à  deviner  la  formation  de  milliers  de  substances  sem- 
blables; et  quelques  chimistes,  on  le  sait,  n'ont  que  trop  souvent  pris 
à  son  aide  date  de  la  formation  de  corps  qu'ils  n'avaient  pas  obtenus. 
M.  Berthelot,  qui  n'est  pas  dans  ce  cas,  sait  aussi  bien  que  nous  que  ces 
prédictions  et  les  prétentions  qu'elles  semblaient  justifier  n'ont  guère  servi 
la  science,  à  qui  il  faut  surtout  des  faits  certains,  poursuivis  jusqu'à  dé- 
monstration complète  de  leur  réalité  et  de  leur  vérité.  Si  nous  nous  sommes 
permis  d'annoncer  à  l'Académie  ceux  qui  font  l'objet  de  notre  Note,  c'est 
que  nous  sommes  sûrs  que  les  chimistes  leur  trouveront  ce  caractère.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sur  quelques  produits  d' oxydation  de  la  morphine, 
'  sous  F  influence  de  F  acide  azoteux  ;  par  M.  P.  Schvtzenberger  (Extrait). 

«  J'ai  employé,  dit  l'auteur,  comme  oxydant  l'acide  azoteux  ;  selon  que 
l'action  de  cet  agent  est  plus  ou  moius  prolongée,  on  obtient  trois  produits 
basiques. 

»  Le  premier  ne  diffère  de  la  morphine  que  par  i  équivalents  d'eau  en 
plus, 

(C'*H^'AzO»-h2Aq); 

»  Le  second  par  2  équivalents  d'oxygène  en  plus, 

C''H'»AzO»; 
»  Et  le  troisième  par  4  équivalents  d'oxygène  en  plus  et  2  d'hydrogène, 

C*'H="AzO'*. 

»  Je  pense  appliquer  cette  réaction  à  la  cinchonine,  qui  m'a  semblé  se 
comporter  comme  la  morphine  ;  j'obtiendrais  dans  ce  cas  ou  de  la  quinine, 
OH,  ce  qui  est  phis  probable,  un  isomère.   » 

M.  Callaud,  qui  avait  adressé  en  juin  1857  une  Note  sur  des  piles  sans 
diaphragme  de  son  invention,  écrit  que  depuis  ce  temps  ces  piles  ont  été 
éprouvées,  par  lui,  pour  ses  pendules  électriques  et,  pour  les  télégraphes,  par 
les  employés  du  poste  de  Nantes.  «  Un  Rapport  fait  à  l'administration  générale 
constate,  dit  M.  Callaud,  que  leur  construction  est  favorable  à  cet  emploi,  et 
que  la  puissance  du  courant  émis  est  de  3o  pour  100  au  moins  supérieure 


(  s^) 

à  celle  des  piles  Daniell  de  même  dimension,  chargées  des  mêmes  liquides. 
Ces  piles  ont  fonctionné  pendant  trois  mois  sans  aucun  nettoyage,  et  leur 
propreté  extérieure  s'est  maintenue  tout  ce  temps.  ■ 

M.  Callaud,  qui  doit  se  rendre  prochainement  à  Paris,  exprime  le  désir 
d'être  autorisé  à  placer  dans  la  salle  des  séances  de  l'Académie  une  de  ses 
pendules  mue  par  une  pile  sans  diaphragme.  Cette  pendule  y  resterait  aussi 
longtemps  que  la  pile  entretiendrait  sa  marche,  «  ce  qiti  permettrait  de 
constater  la  constance  de  fonction  de  ces  sortes  de  piles.   « 

(Renvoi  à  la  Commission  déjà  nommée,  qui  se  compose  de  MM.  Becquerel, 

Pouillet,  Despretz.) 

M.  U.  UcFRESNE  présente  des  remarques  sur  une  Note  récente  de 
M.  Nègre,  concernant  la  damasquinure  et  la  gravure  héliographique.  «  Mes 
procédés,  dit  M.  Dufresne,  sont  décrits  dans  un  brevet  du  i4  mai  i856.  Le 
brevet  de  M.  Nègre  étant  du  i3  août  de  la  même  année,  le  simple  rappro-. 
chement  des  dates  suffira  pour  montrer  à  qui  appartient  la  priorité  rela- 
tivement à  ce  que  les  procédés  peuvent  avoir  de  commun.  » 

jyjme  ye  Gerbardt  adrcsse  des  remercîments  à  l'Académie  qui,  dans  sa 
séance  publique  du  8  janvier,  a  décerné  un  prix  du  legs  Jeckèr  à  fen 
M.  Ch.  Gerhardt  son  mari,  pour  tes  travaux  dont  il  a  enrichi  la  chimie 
organique. 

M.  LiEBERKUHNE,  qui  a  obtenu  dans  la  même  séance  le  grand  prix  de 
Sciences  physiques  pour  ses  travaux  sur  les  métamorphoses  et  la  reproduction 
des  Infusoires,  en  remerciant  l'Académie  lui  demande  l'autorisation  de 
reprendre  les  figures  jointes  à  son  manuscrit,  figures  dont  il  n'a  pas  de 
doubles  et  qui  lui  sont  nécessaires  pour  la  publicité  de  son  travail. 

Cette  autorisation  lui  est  accordée. 

M.  LE  BiBLioTuécAiBB  du  British  Muséum  adresse,  au  nom  de  cette  insti- 
tution, des  remercîments  à  l'Académie  pour  l'envoi  d'un  nouveau  volume 
des  Comptes  rendus. 

A  5  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  fceures.  F. 


(  6oo  ) 

B13LLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i5  mars  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

The  radical  llieoij  in  chemislrjr  ;  by  John-Joseph  Griffik.  London,  i858; 
j  vol.  in-ia. 

Seventieth...  Soixante-dixième  Rapport  annuel  des  Régents  dei  Université 
de  l'Etal  de  New-York,  présenté  à  la  Législature  le  21  janvier  1857.  Albany, 
1857;  in-8". 

Tenth...  Dixième  Rapport  annuel  des  Régents  de  la  même  Université  sur 
l'état  du  cabinet  d'histoire  naturelle  et  d'antiquités  historiques,  présenté  au 
Sénat  le  11  mars  1857.  Albany,  1857;  in-8". 

Thirteenth...  Treizième  et  quatorzième  Rapports  des  Administrateurs  de 
[asile  des  aliénés  à  Ulica.  Albany,  i856  et  1867;  2  br.  in-8°. 

Annual...  Rapport  annuel  des  Administrateurs  de  la  Ribliothèque  de  l'Etat 
de  New- York.  Albany,  1857;  br.  in-8°. 

(Ces  cinq  Rapports  sont  transmis  par  M.  Vattemare.) 

Report...  Rapport  sur  les  observatoires  de  S.  A.  le  Rajah  de  Travancore; 
par  M.  J.-Allan  Broun,  directeur  des  observatoires.  Trevandrum,  1857; 
br.  in-8°. 

Mittheilungen. . .  Communications  sur  les  taches  du  soleil;  par  le  D' R .  Wolf, 
suite;  1  feuilles  in-8°. 


LAcadémie  a  reçu  dans  la  séance  du  aa  mars  i858  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Dictionnaire  des  altérations  et  falsifications  des  substances  alimentaires,  médi- 
camenteuses et  commerciales,  avec  l'indication  des  moyens  de  les  reconnaître; 
par  M.  A.  Chevallier;  3*  édition.  Paris,  1857  et  i858;  2  vol.  in-8''. 

Recherches  chronologiques  sur  les  moyens  appliqués  à  la  conservation  des 
substances  alimentaires  de  nature  animale  et  de  nature  végétale  ;  par  MM.  A .  Che- 
vallier père  et  fils.  Paris,  i858;  br.  in-8''. 

Ouvrages  destinés  au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie. 

Traité  expérimental  et  clinique  d'auscultation  appliquée  à  F  étude  des  mala- 
dies du  poumon  et  du  cœur.  Paris,  1 856;  i  vol.  in-8°.(  Adressé  par  M.  J.-H.-S. 
Beau.) 


(  6oi  ) 

Becherches  sur  les  variations  de  la  capacité  thoracique  dans  les  maladies  aiquës. 
=  De  la  congestion  pulmonaire,  considérée  comme  élément  habituel  des  ma- 
ladies aiquës  ;  br.  iii-S".  =  iVote  sur. un  nouveau  procédé  de  mensuration  de  la 
poitrine;  br.  in-8°.  =  Recherches  cliniques  sur  [emploi  d'un  nouveau  procédé 
de  mensuration  dans  la  pleurésie;  br.  in-8°.  (Adressés  par  M.  E.-J.  Woillez.) 

Mémoire  sur  [ extirpation  du  pancréas;  br.  in-8°.  =MemoJre  sur  les  effets  de 
l'extirpation  du  pancréas;  br.  in-8°.  =^  Mémoire  sur  la  formation  physiolocfique 
du  sucre  dans  l'économie  animale;  br.  in-S".  =  De  la  digestion  et  de  l'absorption 
des  matières  grasses  sans  le  concours  du  Jluide  pancréatique  ;  br.  in-8°.  =  Note 
additionnelle  au  Mémoire  luparM.  le  professeur  Bérard,  à  l'Académie  impériale 
de  Médecine,  le  1 9  mai  1857;  br.  in-8°.  ■=  Quand  on  a  intercepté  les  voies  pan- 
créatiques connues,  reste-t-il  quelques  parties  accessoires  capables  de  suppléer  les 
premières?  br.  in-8".  (Adressés  par  MM.  Bérard  et  Colin,) 

Mémoire  sur  la  photophobie  ;  br.  in-8°.  =  Mémoire  sur  le  cercle  sénile; 
I  feuille  in-4°.  =  iVofe  sur  un  nouvel  instrument  destiné  à  faciliter  plusieurs  des 
opérations  qui  se  pratiquent  sur  les  yeux  et  notamment  ^opération  de  la  cataracte , 
i  feuille  in-4''.=  Mémoire  sur  les  causes  de  la  cataracte  lenticulaire;  br.  in-S". 
(Adressés  par  M.  le  D''  Castor ani.) 


Essai  sur  les  asthénies,  développement  médical  delà  lui  ou  principe  écono- 
mique de  population  pour  servir  à  l' étiologie  des  épidémies  et  des  endémies  ;  par 
M.  J.  Sigart.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

RappoH  à  la  Société  impériale  d" Acclimatation  sur  les  travaux  entrepris  sous 
son  inspiration,  avec  l'aide  de  la  caisse  franco-suisse  de  C agriculture,  pour  appli- 
quer sur  une  grande  échelle  des  moyens  pratiques  et  rationnels  de  restaurer  la 
graine  de  vers  à  soie;  parM.  F.-E.  Guérin-Méneville.  Paris,  i858;  br.  in-8". 

Observations  relatives  aux  Lettres  sur  la  constitution  géologique  de  quelques 
parties  de  la  Savoie,  adressées  par  M.  le  professeur  ANGE  SiSMONDA  à  M.  Élie 
DE  Be-AUMONT,  avec  notes  de  ce  savant  géologue;  par  M.  Alph.  Favre; 
\  feuille  in-8«. 

Notice  sur  la  géologie  des  bases  de  la  montagne  du  Mole  en  Savoie  ;  par  M .  A I  ph . 
Favre  ;  i  feuille  in-8°. 

Observations  sur  la  prise  en  charge  de  la  régie  des  contributions  indirectes  dans 
les  fabriques  de  sucre  indigène;  par  M.  B.  CORENWINDER  ;  br.  in-8''. 

Note  sur  une  nouvelle  espèce  de  lichen  (Usiiea  saxicola  Roimi.);  par  M.  C. 
Roumeguère;  ^  feuille  in-8". 


(  6oa  ) 

.^endémie  d'Àtx.  Rapport  sur  le  travail  intitulé  :  L'Institut  et  les  Académies  de 
province,  de  M.  F.  Boillier,  par  M.  le  conseiller  Fekaud-Giraud;  br.  in-8". 

Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture.  Rapport  fait  au  nom  de  la  Com- 
mission de  comptabilité  sur  les  comptes  de  texercice  1857. Paris,  i858;br.  ui-4°- 

Dictionnaire  français  illustré  et  encyclopédie  universelle;  53*  livraison;  \n-l\". 

Journal  of  the. . .  Journal  de  la  Société  géologique  de  Dublin;  tomes  III,  IV, 
VetVI;  in-8°. 

Blick...  Coup  d'œil  sur  tétât  actuel  de  Félhnologie,  relativement  à  la  con- 
formation de  la  boîte  crânienne;  par  M.  André  Retzius,  professeur  à  l'Insti- 
tut Carolin  de  Stockholm  :  Berlin,  1867;  in-8*'.  (Extrait  des  Archives  d Ana- 
tomieetde  Physiologie  de  Muller  pour  l'année  i858.) 


ERRATA. 

(Séance  du  i5  mars  i858.) 
Page  538,  ligne  14,  ou  lieu  de  composent,  lisez  comportent. 
Page  539,  ligne  19,  au  lieu  de  o^joGS,  lisez  o'»,oo65. 
Page  539,  ligne  20,  au  lieu  de  ©"".oSo,  lisez  o",oo5. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


»a89« 


SÉANCE  DU  LUNDI  29  MARS  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.— iVofe  sur  la  reproduction  des  Homards;  par  M.  A.  Valencien.Nes. 

«  La  communication  que  notre  confrère  M.  Coste  a  faite  lundi  dernier  à 
l'Académie  m'a  rappelé  mes  anciennes  observations  sur  les  Homards,  pen- 
dant la  mission  que  j'ai  reçue  du  Ministre  de  la  Marine,  dans  le  but  de  lui 
faire  connaître  l'état  des  pêches  sur  les  côtes  de  France,  depuis  l'embou- 
chure de  la  Seine  jusqu'au  bassin  d'Arcachon,  et  les  améliorations  que  la 
pèche  côtière  pouvait  recevoir  des  nouveaux  règlements  que  Son  Excellence 
avait  le  projet  d'édicter.  Le  Rapport  ti  ès-détaillé  que  j'ai  remis  au  Mini.stre 
de  la  Marine  a  servi  de  base  au  Rapport  que  le  Sénat,  par  l'organe  de 
M.  Lefebvre-Duruflé,  a  fait  sur  les  nombreuses  pétitions  des  pêchehrsde  nos 
côtes. 

»  Mes  observations  sur  les  Homards,  faites  à  Granville,  à  l'Aberwrach, 
au  ras  de  l'île  de  Sen,  à  Penmarck,  et  à  Concarneau,  m'ont  conduit  à  donner 
des  instructions  précises  à  l'un  des  pilotes  lamaneurs  de  ce  dernier  endroit, 
Etienne  Leguilloux,  au  moyen  desquelles  il  a  fait  construire  des  réservoirs 
où  il  a  vu  se  reproduire  les  Homards  et  les  l>angoustes.  Cet  homme,  aussi 
intelligent  que  ccjurageux,  a  si  bien  réussi  en  suivant  mes  instructions,  que 

C.  R.,  i858,  i"Semej(re.  (T.  XLVI,  NO  ir>.)  79 


(  6o4  ) 
la  Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  a  bien  voulu,  sur  mon  Rap- 
port, décerner  à  ce  marin  une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres. 
Je  crois  utile  de  faire  connaître,, par  la  répétition  de  ce  Rapport  dans  les 
Comptes  rendus,  des  faits  déjà  publiés  en  i855,  et  dont  les  éléments  m'ont 
été  envoyés  dès  i853. 

»  Voici  l'extrait  de  ce  Rapport  : 

«  Les  pécheurs  de  Normandie  et  de  Bretagne  donnent  le  nom  de  coquil- 
»  lages  aux  nombreuses  espèces  de  Crustacés  qui  pullulent  sur  nos  côtes, 
»  et  principalement  aux  Homards  et  aux  Langoustes.  Le  premier  de  ces 
»  grands  Macroures  est  septentrional  et  donne  lieu  à  des  pêches  considé- 
»  râbles,  depuis  Ouessant  jusqu'aux  roches  deNorvége.  Comme  les  Homards 
»  se  tiennent  sur  les  roches  granitiques  ou  schisteuses  anciennes,  et  qu'ils 
»  évitent  les  falaises  crayeuses,  les  côtes  de  Normandie  ou  de  Bretagne  en 
»  nourrissent  des  milliers,  tandis  qu'il  n'y  a  point  de  Homards  sur  les 
«  rivages  d'Angleterre.  Aussi  nos  pécheurs  bretons  en  livrent,  tous  les  mois, 
>>  un  nombre  considérable  aux  Anglais  dans  des  sloops  à  réservoirs  d'eau 
1)  de  mer  convenablement  appropriés  à  ce  genre  de  transport. 

»  La  Langouste  est  plus  méridionale;  elle  se  montre  sur  quelques  côtes 
»  du  Finistère  et  elle  devient  abondante  sur  celles  du  Morbihan  et  au  delà 
»  vers  le  sud-ouest,  où  l'on  trouve  encore  le  Homard.  Il  y  a  entre  ces  deux 
»  grands  Crustacés  cette  autre  différence  de  séjour,  que  le  Homard  reste  à 
»  une  profondeur  de  quinze  brasses  environ,  tandis  que  la  Langouste  s'en- 
»  fonce  jusqu'à  soixante-dix  brasses. 

»  Comme  les  autres  Crustacés,  les  deux  Macroures  dont  nous  parlons 
»  portent  leurs  œufs,  attachés  aux  feuillets  de  leur  queue.  Ceux  du  Homard, 
»  au  moment  de  la  ponte,  sont  gros  comme  des  grains  de  chènevis,  et  d  un 
n  vert  noirâtre  assez  foncé.  Ils  sont  moins  nombreux  que  ceux  de  la  Lan- 
»  gouste,  dont  la  couleur  est  rougeâtre.  A  mesure  qu'ils  approchent  de 
»  l'époque  de  leur  maturité,  ils  deviennent  transparents  et  jaunes. 

»  J'en  ai  compté  quinze  mille  sous  la  queue  d'un  Homard  de  3i  centi- 
»  mètres,  pris  au  ras  de  l'île  Sen  en  avant  de  Penmarck,  et  cent  mille  sur 
»  une  Langouste  du  même  endroit,  à  la  même  époque  et  de  même  lon- 
»  gueur.  » 

»  Les  recherches  de  notre  confrère  M.  Milne  Edwards  sur  les  Dromies, 
celles  de  M.  Thompson  de  Belfast,  et  les  miennes  prouvent  que  les  Crustacés 
ne  sortent  pas  de  l'œuf  avec  la  forme  qu'ils  garderont  pendant  toute  leur 
vie.  Notre  confrère  M.  Coste  vient  d'ajouter  à  un  autre  genre,  de  nouvelles 
preuves  de  cette  loi  générale  et  intéressante.  En  comparant  ce  qu'il  a  dit 


(  6o5  ) 
avec  ce  que  j'avais  déjà  publié  il  y  a  six  ans,  on  est  frappé  du  parallèle  qui 
existe,  entre  des  observations  propres  à  chacun  de  nous,  faites  à  plusieurs 
années  de  distance. 

»  Il  démontre  que  les  Langoustes  ont  pour  larves  des  Phyllosomes;  j'ai 
fait  connaître  que  le  Homard  commence  par  se  montrer  sous  la  forme  de  ce 
petit  Crustacé  décrit  par  M.  13osc  sous  le  nom  de  Zoé.  M.  Milne  Edwards 
avait  si  bien  décrit  cette  larve,  encore  peu  connue,  dans  son  Histoire  natu- 
relle des  Crustacés,  qu'il  ne  m'a  pas  paru  nécessaire,  et  surtout  devant  une 
Société  où  l'on  ne  s'occupe  pas  de  zoologie  de  détails,  de  reproduire  une; 
nouvelle  description  des  Zoës;  il  suffisait  d'établir,  ainsi  que  je  l'ai  fait,  que 
le  genre  Zoë  devait  être  effacé  de  nos  classifications  zoologiques,  comme  le 
sera  à  l'avenir  le  genre  Phyllosome. 

»  J'ai  été  conduit  à  faire  ces  observations,  parce  que  j'étais  désireux  de 
donner  aux  pécheurs  auprès  desquels  le  Ministre  m'avait  envoyé,  un  moyen 
de  rendre  la  pêche  du  Homard  et  des  Langoustes  plus  productive. 

»  Après  avoir  pris  connaissance  des  essais  faits  depuis  Granville  jusqu'à 
Concarneau  pour  obtenir  un  plus  grand  nombre  de  Crustacés,  je  ne  tardai 
pas  à  reconnaître  ce  que  la  méthode  suivie  par  les  pêcheurs  avait  de  défec- 
tueux. 

»  Un  pêcheur  de  Granville  m'assura  qu'il  avait  creusé  dans  le  granit  de 
Chaussey  un  réservoir  long  de  5  mètres  et  profond  de  i  mètre  ;  il  le  tenait 
fermé  par  un  couvercle  à  claire-voie.  La  mer,  à  chaque  plein,  le  recouvrait 
de  I  à  2  mètres.  On  nourrissait  les  Homards  avec  des  Bernicles  (Patelles) 
écrasées  avec  d'autres  Mollusques.  Les  animaux  y  vivaient  bien,  mais  les 
œufs  paraissaient  se  flétrir  sans  rien  produire.  A  Loctudy,  près  l'embou- 
chure de  rodet,  les  coffres  des  pêcheurs  étaient  quelquefois  pleins  de  petits 
Crustacés  qui  s'échappaient  des  réservoirs  dès  que  les  pêcheurs  les  ouvraient. 

»  Arrivé  en  i85aà  Concarneau,  j'y  trouvai  Etienne  Leguilloux  m'adres- 
sant  les  mêmes  plaintes  et  me  demandant  le  moyen  d'y  porter  remède. 

»  La  réflexion  et  la  comparaison  des  moyens  de  fermeture  me  firent  con- 
seiller au  pilote  intelligent  de  Concarneau  de  construire  un  appareil  où  l'eau 
de  la  mer  pourrait  entrer  et  se  renouveler  à  chaque  marée,  sans  entraîner 
dans  l'Océan  les  petits  à  peine  éclos.  Etienne  a  suivi  mon  conseil  et  il  a  pu, 
dès  i853,  envoyer  au  Jardin  des  Plantes  des  petits  Homards  à  peine  éclos 
qui  nous  ont  permis  de  reconnaître  que  ces  petits  sont  des  larves,  considé- 
rées jusqu'alors  comme  un  animal  sui  generis,  de  la  classe  des  Crustacés, 
nommés  Zoës  par  M.  Bosc,  ainsi  que  nous  l'avons  rappelé. 

»  Etienne  Leguilloux  a  obtenu  de  nombreuses  éclosions.  Il  a  vu,  au  bout 

79- 


(  (m6  ) 
de  huit  jours,  les  petits  changer  une  première  fois  de  peau  •,  à  l'âge  de  deux 
mois  les  changements  des  formes  extérieures  sont  plus  sensibles;  à  trois 
mois  on  commence  à  voir  les  grosses  pinces  caractéristiques  du  Homard  ; 
à  six  mois  les  petits  ont  pris  la  figure  d'un  Homard  adulte;  ils  ont  de  6  à 
8  centimètres  de  longueur;  ils  entrent  déjà  dans  le  commerce  sous  le  nom  de 
tfuatre  quarts.  Les  gourmets  les  recherchent  et  les  payent  à  proportion  plus 
chers  que  les  Homards  adultes. 

»  En  rappelant  ces  faits,  on  voit  qu'à  mon  arrivée  à  Concarneau  il  n'y 
avait,  en  i852,  aucun  appareil  d'éclosion  ;  que  depuis,  l'intelligence  d'un 
pêcheur  éclairé  par  mes  conseils  a  fait  établir  des  appareils  qui  fonctionnent 
depuis  cette  époque,  qui  seront  perfectionnés  successivement  et  qui  ren- 
dront plus  commodes  aux  naturalistes  les  observations  qu'ils  auront  l'inten- 
tion de  faire  sur  nos  côtes,  lorsqu'ils  visiteront  les  mêmes  endroits  que 
moi.  » 

PHYSIQUE.  —  Présentation  d'un  ouvrage  sur  V électricité  et  te  magnétisme  el 
sur  leurs  applications;  par  M.   Becquerel. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'A-cadémie,  en  mon  nom  et  en  celui  de 
mon  fils  Edmond,  un  ouvrage,  en  un  volume,  ayant  pour  titre  :  Résumé  de 
i histoire  de  l'Electricité  et  du  Magnétisme  et  des  Applications  de  ces  sciences  à 
la  Chimie,  aux  Sciences  naturelles  el  aux  Arts.  Cet  ouvrage  avec  le  Traité 
d'Electricité  et  de  Magnétisme,  en  trois  volumes,  que  nous  avons  publié 
il  y  a  deux  ans,  forme  l'histoire  complète  de  ces  deux  sciences. 

»  Nous  avons  donné,  dans  un  discours  préliminaire,  une  analyse  succincte 
des  différentes  histoires  de  l'électricité  dont  nous  avons  eu  connaissance, 
en  indiquant  les  noms  des  physiciens  qui  ont  le  plus  contribué  à  élever  la 
science  électrique  à  la  hauteur  où  elle  est  parvenue,  et  montrant  en  même 
temps  que  depuis  1600,  époque  où  parut  le  De  magnete  de  Gilbert,  jusqu'à 
ce  jour,  sa  marche  a  été  progressive,  surtout  depuis  un  siècle.  Si  rien  ne 
la  ralentit,  nid  ne  peut  prévoir  les  conséquences  qui  en  résulteront  pour 
l'étude  des  sciences  physico-chimiques  et  celle  de  la  constitution  niolécu- 
laire  des  corps. 

»  Dans  la  composition  de  l'ouvrage,  nous  avons  suivi  un  ordre  chrono- 
logique et  didactique,  en  indiquant  les  ouvrages,  recueils  scientifiques  el 
Mémoires  dans  lesquels  les  découvertes  ont  été  exposées  ou  mentionnées, 
afin  que  le  lecteur  puisse  y  recourir  au  besoin.  * 

»  Voulant  éviter  la  confusion  qui  aurait  eu  lieu,  si  l'on  eût  placéà  côté  les 


uns  des  autres  des  faits  de  nature  dittereiite  et  déconvens  en  même  (etnpK, 
tels  que  ceux  relatifs  à  l'électricité  statique,  à  l'électricité  dynamique,  à 
l'électro-chimie  et  au  magnétisme,  l'ouvrage  a  été  divisé  en  douze  chapitres, 
chaque  chapitre  traitant  d'un  sujet  spécial,  pendant  une  certaine  période  dt- 
temps. 

n  Dans  cette  division,  nous  avons  considéré  cinq  périodes.  La  première 
comprend  les  connaissances  des  anciens  siu-  l'électricité  «t  tout  ce  qui  a  été 
découvert  jusqu'en  1790,  époque  de  l'expérience  fondamentale  de  Galvani. 
La  seconde  va  de  1790  à  1800,  époque  où  parut  la  pile;  la  troisième,  de 
1800  à  1820,  époque  de  la  découverte  de  l'électro-magnétisme  :  c'est  pen- 
dant cette  période  que  l'électro-chimie  prit  naissance.  La  quatrième,  qui 
va  de  1820  à  1 83o,  comprend  les  découvertes  de  l'électro-dynamique,  celles 
de  la  cause  du  dégagement  de  l'électricité  dans  la  pile,  des  piles  à  coiu'ant 
constant  et  des  lois  de  la  conductibilité.  La  cinquième  période  s'étend  de 
i83o  à  l'époque  actuelle,  et  comprend  l'induction,  la  grande  extension 
donnée  à  l'électrochimie  et  les  applications  aux  arts. 

»  Le  magnétisme  proprement  dit  forme  des  sous-divisions  dans  plusieurs 
de  ces  périodes.  J'ajouterai,  en  terminant,  que  nous  avons  rendu  l'exposé 
plus  rapide  en  supprimant  les  cajculs  et  les  figures,  sans  nuire  cependant 
à  la  clarté  du  sujet.   » 

.HSTRONOMiE.  —Nouveaux  éléments  de  la  planète  Nemansa.  —  Observations  de  ta 
première  comète  de  i858;  Lettre  de  M.  B.  Valz  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  L'utilité  des  éléments  provisoires ,  comme  des  éléments  circulaires  des 
petites  planètes,  n'est  pas  de  faire  connaître  plus  ou  moins  bien  leur  orbite, 
qui  peut  être  fort  différente  selon  les  circoiistances  de  leur  cours,  mais  de 
permettre  de  les  retrouver  plus  facilement  après  les  interruptions  causées 
par  les  clairs  de  lune  ou  les  mauvais  temps.  Ainsi  l'orbite  provisoire  de 
Nemausa,  que  j'avais  déduite  d'un  trop  faible  intervalle  de  temps  à  l'époque 
défavorable  de  sa  station,  où  les  mouvements,  très-faibles,  sont  trop  in- 
tluencés  par  les  erreurs  des  observations,  et  par  conséquent  fort  peu  sûre, 
m'a  permis  cependant  de  retrouver  aisément  la  planète  le  ?>  février,  après 
huit  jours  d'interruption  ;  le  1 5  février,  après  dix  jours,  et  le  5  mars,  après 
tlix-huit  jours  d'interruption,  tandis  qu'elle  n'a  pu  être  retrouvée  qu'à  cette 
dernière  époque  par  d'autres  astronomes.  Sous  œ  rapport,  je  pjiis  croire 
que  mes  derniers  éléments  suivants,  que  je  vous  prie  de  communiquer  à 
l'Académie,  potirront  être  utiles  pour  retrouver  plus  aisément  cette  planète 


(  6o8  ) 
après  la  disparition  de  la  lune,  qui  en  interrompra  les  observations  pendant 
quelques  jours  encore  : 

Ann.  moy.  le  6,407  mars,  T.  M.         36.52.   36 
Longitude  du  périhélie 1 2 1 .  24 .   4^ 

Si-    •• '76.    I.  36 

Inclinaison 9 .  6 .   36 

Excentr.,  o,  16279,  répondant  à..  9.22.     8 

Demi  grand  axe   2 .  4744^ 

Mouv.  moy.  diurne- 91 1",  58 

»  Je  joins  ici  les  observations  de  la  première  comète  de  cette  année  que 
j'ai  pu  faire  pendant  ce  mois,  et  continuées  aussi  loin  que  ma  position  mé- 
ridionale l'a  permis,  pour  en  vérifier  l'orbite  : 


h 


5  mars  7.22  T.  M.      ai5o.35.   o  ^A  —  16.   9.38 

6  7-25  5i. 15.39  —16.48.45 
9  7-34  53.22. i5  — 18.40.   7 

12  7.5o  55.25.52  — 20.26.52 

i4  7.43  56.47-30  — 21. 33.14 

i5  7.27  57.28.48  —22.  6.43 

16  7.33  58.  9.33  —22.39.28 

17  7.38  58. 50.44  —23.11.11 

18  7.58  59.31.  o  — 23.43.15 

ASTRONOMIE.  —  Observations  faites  à   Toulouse  de  la  II*   comète  de    i858; 
Lettre  de  M.  Petit  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Comme  il  serait  possible  que  le  mauvais  temps  etit  entravé,  à  Paris  et 
ailleurs,  les  observations  de  la  seconde  comète  de  i858,  je  crois  devoir  vous 
transmettre  celle  que  j'ai  pu  faire,  hier  matin,  malgré  des  circonstances 
atmosphériques  assez  défavorables.  Elle  sera  peut-être  utile  pour  la  déter- 
mination des  éléments  que  des  travaux  multipliés  ne  me  permettent  pas  de 
calculer  ici. 

'^   17  mars  i858  à   16'' 33'"45%75  temps  moyen   de  Toulouse  compté  de  midi 
(7/;  matin  18  mars  à  4'' 33"  45S75). 

*  apparente  de  la  >t^ =  18''  23""  oo',35  =  B.i^  -h  4i%82 

Distance  polaire  nord  apparente  dela*^=:92°4'22",98     =:Di£t.pol.  nord  n-  —  2o",38 

»  Étoile  de  comparaison  =  6290  du  Catalogue  de  l'Association  britanni- 


(  6o9  ) 
que  (60  C.  Serpent),  pour  laquelle  on  a  : 

Position  moyenne  au  i"  janvier  i858 j  j^.^^   ^^^  ^^^^  ^  ^^,  ^,  ^^„^^^ 

l  JR  .      =  iB*"  22"°  18' 53 

Position  apparente  le  ,8  mars  i858 (  ^r^'  pol."nord  =  92''4'43",36 

»  Puisqu'il  est  question  de  mauvais  temps,  j'ajouterai  qu'il  a  été  à  peu 
près  impossible  d'observer  ici  l'éclipsé  du  1 5  mars.  Je  crois  cependant  avoir 
passablement  déterminé,  à  travers  les  nuages  et  les  rafales  de  pluie,  le 
commencement  qui  aurait  eu  lieu,  d'après  mon  observation,  à  i  i''4o"  5i',94 
du  matin  (temps  moyen  de  Toulouse).  A  partir  de  ce  moment,  pendant 
tout  le  reste  de  la  journée,  le  ciel  demeura  complètement  couvert  et 
pluvieux. 

B  P.  S.  Au  moment  de  faire  partir  cette  Note,  je  retrouve  sous  ma  main 
une  Lettre  que  j'ai  reçue  de  M.  Lacoarrel,  curé  de  Saint-Martin  de  Sallies 
(Basses-Pyrénées),  sur  un  incendie  qu'on  suppose  avoir  été  causé  par  ime 
étoile  filante  (i). 

»  A  cette  occasion,  je  vous  transmettrai  un  fait  analogue,  que  M.  Arago 
a  sans  doute  oublié  de  rapporter  parmi  ceux,  de  même  nature,  qu'il  cite 
dans  le  IV*  volume  de  son  Astronomie,  et  dont  il  serait  peut-être  bon  d'aug- 
menter la  liste,  d'ailleurs  si  restreinte. 

»  Vers  le  milieu  du  mois  de  juillet  1842,  quelques  jours  après  l'éclipsé 
totale  que  nous  étions  allés  observer,  nous  traversions,  M.  Arago,  M.  Laugier, 
M.  Mauvais  et  moi,  une  commune  des  Pyrénées-Orientales  (Ille,  je  crois), 
lorsque  nous  fûmes  abordés  par  un  maire  et  par  un  juge  de  paix  qui 
venaient,  suivis  d'une  centaine  de  paysans,  demander  à  M.  Arago  s'il  était 
vrai  que  les  étoiles  pussent,  en  tombant,  occasionner  des  incendies.  Ces  deux 
magistrats  s'étaient  vus,  la  veille  même,  presque  violentés  par  la  popula- 
tion de  letir  commune,  qui  les  avait  obligés  de  faire  arrêter  deux  mendiants, 
étrangers  à  la  localité  et  soupçonnés,  pour  ce  seul  motif,  par  les  habitants, 
malgré  les  preuves  qu'ils  fournissaient  de  leur  alibi,  d'avoir  mis  le  feu  à  des 
meules  de  paille  sur  lesquelles  cependant  des  enfants  déclaraient  avoir  vu 


(i)  Le  20  septembre  dernier,  vers  i*"  30""  après  minuit,  le  feu  prit  au  presbytère  de 
Saint-Mai'tin,  commençant  par  un  appentis  contenant  du  fourrage.  Deux  heures  auparavant, 
quatre  personnes  qui  se  trouvaient  dans  le  voisinage  déclarèrent  avoir  vu  une  étoile  filante 
effleurer  la  toiture  de  la  maison  et  aller  se  perdre  vers  cet  appentis.  Depuis  trois  jours  on 
n'était  pas  entré  dans  l'endroit  où  le  feu  a  pris. 


(  6io  ) 

tomber  deux  étoiles.  Je  n'ai  pas,  sans  cloute,  besoin  d'ajouter  que  la  réponse 
de  M.  Arago  calma  l'irritation  et  provoqua  l'élargissement  immédiat  des 
étrangers  airètés.  «  . 

RAPPORTS 

ZOOLOGIE.  —  Rapport  .sur  un  Mémoire  de  M.  le  D"^  Dufossé,  relatif  à  la  voix 

des  poissons. 

(Commissaires,   MM.   Valenciennes,  Coste,   CI.   Bernard, 
Duméril  rapporteur.) 

«  L'Académie,  dans  sa  séance  du  »5  février  dernier,  a  reçu  de  M.  le 
D*^  Dufossé  un  Mémoire  ayant  pour  titre  ;  Des  divers  Phénomènes  physiolo- 
giques nommés  Voix  des  Poissons.  Quoique  l'auteur  ait  fait  insérer  dans  les 
Comptes  rendus  l'extrait  qu'il  en  avait  rédigé ,  nous  avons  été  désignés, 
MM.  Valenciennes,  Coste,  CI.  Bernard  et  moi,  pour  examiner  ce  travail  : 
c'est  ce  dont  je  viens  m'acquitter  au  nom  de  celte  Commission. 

»  J^es  observations  consignées  dans  ce  Mémoire  sont  de  deux  sortes  : 
nous  les  examinerons  séparément.  L'une  est  relative  à  la  vessie  natatoire  de 
quelques  Donzelles  [Ophidium);  les  autres  offrent  la  confirmation  positive 
et  expérimentale,  appuyée  par  quelques  exemples  nouveaux,  des  ébranle- 
ments ou  des  vibrations  que  certains  poissons  peuvent  imprimer  à  1  eau 
dans  laquelle  ils  sont  plongés  et  même  lorsqu'ils  sont  soumis  à  l'action  de 
latmo.sphere  gazeuse,  au  moment  où  ils  viennent  d'être  péchés. 

»  La  première  observation  avait  déjà  été  faite  par  Broussonet  (i),  mais 
on  doit  à  feu  F.  Delaroche  les  détails  les  plus  précis  et  les  plus  intéres- 
sants sur  ce  sujet;  il  les  a  consignés  dans  ses  nombreuses  recherches  ana- 
tomiques  siu'  la  vessie  natatoire  des  poissons  (a).  Ce  savant  naturaliste  a 
reconnu  que,  chez  les  Ophidies,  il  existe  deux  races  d'individus  qui  ont  tous 
une  poche  hydrostatique,  mais  très-différente  pour  la  structure  et  la  confor- 
mation apparente.  A  l'époque  de  l'année  où  Delaroche  observait,  il  n'avait 
pu  s'assurei-  du  sexe  des^individus,  parce  que  leurs  organes  n'étaient  pas  alors 
assez  développés.  Il  anrsnce,  en  cette  occasion,  que  les  faits  qu'il  men- 
tionne ont  pu  être  constatés  par  notre  honorable  confrère  M.  Biot  qui  a 
bien  voulu  s'associer  à  ses  recherches  pendant  son  séjour  à  Iviça  en  l'ai- 

(i)   Transactions pAiloiophiques,  volume  LXXl,  pai^e /iS"]. 
(2)  Jnnales  (lu  Muséum  ^  'B09,  tome  XIV,  pages  184  à  i/^5. 


(  6.1  )      • 
dant  de  ses  conseils  et  en  se  livrant  fort  souvent  aux  observations  atatm* 
miques  avec  lui. 

»  Quand  Delaroche  constatait  cette  notable  différence  dans  la  forme  et 
dans  l'appareil  de  la  vessie  natatoire  sur  des  espèces  qui  lui  paraissaient  être 
les  mêmes,  il  se  demandait  quelle  pouvait  être  la  cause  de  cette  singularité. 
Broussonet,  qui  ne  connaissait  que  des  Donzelles  à  vessie  compliquée  avec 
un  refouloir  ou  avec  un  piston,  pensait  que  cet  appareil  était  spécialement 
destiné  à  fournir  au  poisson  un  moyen  de  comprimer  à  volonté  le  gaz  que 
renferme  cette  poche  hydrostatique  pour  faciliter  ainsi  ses  moyens  de  nata- 
tion. Cependant  Delaroche  était  déjà  porté  à  supposer  que  cette  structure 
pouvait  avoir  un  autre  but  ;  peut-être,  disait-il,  celui  de  produire  des  bruits 
particuliers  qui  permettraient  aux  deux  sexes  de  se  faire  connaître  mutuel- 
lement et  de  manifester  ainsi  leurs  besoins. 

»  Nous  apprenons  de  M.  Dufossé,  qui  a  pu  observer  plus  de  deux  cents 
individus  rapportés  à  deux  espèces  distinctes  du  genre  Ophidie,  que  les 
mâles  seulement  offrent ,  dans  leur  vessie  natatoire,  la  construction  parti- 
culière qui  a  été  décrite  si  complètement  par  Delaroche. 

M  Voilà  donc  un  fait  positif  bien  constaté  par  l'auteur  du  Mémoire,  car 
toutes  les  femelles  qu'il  a  examinées  avaient  leur  vessie  pneumatique  simple 
et  non  compliquée  comme  celle  des  mâles. 

»  La  seconde  série  de  faits  est  relative  aux  bruits  particuliers  produits 
par  quelques  espèces  de  poissons.  Tous  les  auteurs,  depuis  Aristote,  ont 
attribué  cet  effet  au  frottement  ou  à  l'attrition  de  certains  organes  les  uns 
sur  les  autres;  en  particulier  aux  dentelures  des  lames  branchiales  ou  aux 
crénelures  cornées  qu'on  observe  entre  les  glottes  ou  dans  les  intervalles 
que  laissent  entre  elles  les  branches  Jiyoîdiennes  et  surtout  les  dents  ou  les 
crochets  dont  sont  hérissés  les  mâchoires  et  les  os  pharyngiens, 

»  Tous  ces  faits  sont  consignés  dans  les  auteurs,  et  les  bruits  variés  qui 
résultent  de  ces  attritions  ont  fait  désigner  depuis  bien  longtemps  par  des 
noms  triviaux,  la  plupart  des  poissons  auxquels  les  naturalistes  ont  donné 
les  épithètés  latines  de  c/jromis,  aqui[a,aper,  cucutus ,  faber,  Ijrra,  et  par  les 
noms  vulgaires  de  grondin,  grognant,  grognaud  et  autres  qui  ont  été  four- 
nis par  la  sensation  qu'ils  nous  font  éprouver  d'un  trémoussement,  d'nn 
frémissement  ou  d'un  grognement. 

•»  Schneider  dans  la  synonymie  d'Artédi  dit  que  beaucoup  d'auteurs 
qu'il  cite  ont  expliqué  ainsi  la  production  de  ces  bruits.  Aristote  lui-même, 
en  parlant  de  ce  fait,  qu'il  attribue  aux  frottements  dos  os  du  gosier,  s'ex- 
primait positivement  à  ce  sujet.  «  Tout  ceci  n'est  pas  une  voix,  mais  un  griu-. 

C.  B.,  i858,  i«  Semetlre.  (T.  XLVI,  N»  13.)  8o 


(6l2) 

cément»  {aWa  reivrct  <povûv /uiv, '<^o(p(7v  <^i),  et  Pline,  en  parlant  de  certains 
poissons  privés  de  la  voix,  dit  qu'ils  semblent  y  suppléer  en  quelque  sorte 
avec  leurs  dents  [stridorem  cum  dentibus  fieri  cavillantur).  Cependant  parmi 
les  auteurs  nombreux  qui  ont  fait  connaître  les  espèces  douées  de  cette 
faculté,  nous  n'avons  pas  trouvé  l'indication  de  celle  sur  laquelle  M.  Du- 
fossé  a  fait  ses  recherches  pour  en  expliquer  le  mécanisme. 

»  C'est  un  Saurel  ou  Maquereau  bâtard  (Caranx  tracliurus).  Ses  investi- 
gations ont  été  concluantes.  Il  a  pu  étudier,  pendant  six  heures  de  suite,  des 
individus  qu'il  a  retenus  vivants  et  captifs  dans  de  l'eau  de  mer.  Il  s'est  con- 
vaincu que  c'est  bien  véritablement  du  frottement  des  os  pharyngiens  entre 
eux  que  résulte  le  bruit  que  l'on  peut  faire  reproduire  à  volonté.  Parmi  ces 
tentatives  diverses  et  ingénieuses,  nous  avons  surtout  remarqué  celle  dans 
laquelle,  après  avoir  introduit  une  lanière  mince  de  peau  de  gant  entre  les 
aspérités  des  pièces  osseuses  pharyngiennes,  l'expérimentateur  est  parvenu 
à  anéantir  complètement  l'effet  dont  il  étudiait  la  cause, 

»  Il  résulte  de  notre  examen ,  i°  que  M.  Dufossé  a  reconnu  la  circon- 
stance réelle  de  la  dissemblance  qu'offrent  les  vessies  natatoires  dans  les 
Donzelles  ou  Ophidies  et  qu'elle  est  liée  à  la  différence  de  leur  sexe  ;  2°  que 
la  production  du  bruit  déterminé  dans  l'eau  et  hors  de  ce  liquide  par  le 
Trachure  est  un  fait  qui  nous  paraît  avoir  été  observé  pour  la  première  fois. 

»  Nous  pensons,  en  conséquence,  que  l'Académie  doit  encourager  ce 
naturaliste  à  continuer  ses  études  sur  la  physiologie  des  poissons,  en  profi- 
tant de  la  circonstance  heureuse  de  son  séjour  sur  les  bords  de  la  Médi- 
terranée et  de  ses  connaissances  en  anatomie  comparée.  Il  pourra  peut-être 
ainsi  jeter  un  nouveau  jour  sur  quelques  questions  encore  obscures  qui 
restent  à  résoudre  dans  l'étude  des  poissons.   » 

IjCS  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  LUS. 

ORGANOGÉNIE.   —  Recherches   sur  te  développement  des   dents; 
par  M.  Natalis  Gcillot. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Coste,  J.  Cloquet.) 

"  On  affirme  que  les  germes  des  dents  naissent  de  quelques  replis  de  la 
membrane  muqueuse  placés  à  la  surface  des  mâchoires.  Ces  replis  contien- 
draient les  premières  traces  des  dents,  se  refermeraient  sur  les  germes  et  for- 
meraient ainsi  ce  que  l'on  nomme  sac  dit  follicule  dentaire. 


(6.3) 
»  Telle  est"  l'opinion  admise ,  elle  est  ancienne ,  Eustachi  la  soutenait 
en  i5i6.  En  apparence  fondée  sur  une  série  de  détails  indiqués  par  Cuvier, 
de  Blainville,  Goodsir,  Kolliker  et  par  d'autres  anatomistes  modernes,  on 
n'en  conteste  pas  la  certitude.  Les  observations  que  j'ai  entreprises  sur  les 
embryons  très-jeunes  de  l'homme  et  de  la  brebis,  âgés  de  moins  de  deux 
mois,  celles  que  j'ai  pu  faire  sur  quelques  poissons,  m'ont  conduit  à  une 
autre  manière  d'interpréter  la  genèse  des  dents. 

M  L'étude  des  mâchoires  des  embryons  m'a  fait  reconnaître  l'existence 
d'une  portion  organique  dont  la  durée  est  limitée,  dont  l'usage  est  tempo- 
raire. C'est  au  milieu  d'elle  que  naissent  les  premières  traces  des  dents,  elle 
en  protège  l'accroissement.  Organe  créateur  et  protecteur,  cette  partie  s'ef- 
face et  disparaît  dès  que  ce  double  but  est  accompli. 

»  On  peut  suivre  les  phases  que  parcourt  cette  portion  organique  depuis 
les  premiers  moments  de  la  formation  des  dents  jusqu'à  l'époque  où  les 
mâchoires  sont  complètes.  C'est  autour  d'elle  que  les  os  se  développent  en 
même  temps  que  les  dents  naissent  dans  son  épaisseur.  Par  la  transformation 
des  molécules  dont  elle  est  composée,  elle  produit  successivement  l'ivoire, 
l'émail  et  le  cément.  La  situation  qu'elle  occupe  dans  chaque  mâchoire  n'est 
jamais  variable,  elle  s'élève  depuis  le  fond  des  gouttières  alvéolaires  jus- 
qu'au-dessous de  la  membrane  muqueuse  qui  la  recouvre. 

»  L'apparence  qu'elle  présente  est  changeante  suivant  l'âge  :  elle  est  d'a- 
bord composée  de  molécules  ou  cellules  irrégulières  et  nucléolées,  c'est  le 
moment  où  l'ivoire  et  l'émail  commencent  à  être  formés  quoique  non  so- 
lides; elle  devient  ensuite  Gbreuse  par  l'allongement  des  molécules  à  l'é- 
poque où  elle  donne  naissance  au  sac  dentaire  et  au  cément. 

■a  Cette  partie  sur  laquelle  l'attention  n'a  pas  été  fixée,  n'est  traversée 
par  aucun  pertuis  plis,  ou  canal  ouvert  à  la  surface  de  la  bouche,  rien 
n'y  fait  reconnaître  le  moindre  des  détails  que  plusieurs  anatomistes  ont 
reproduit  par  le,  dessin  après  les  avoir  décrits  à  l'occasion  des  follicules 
dentaires. 

»  Les  premières  traces  des  dents  sont  apparentes  au  milieu  d'elles,  avant 
la  fin  du  premier  mois  de  la  vie  embryonnaire  de  la  brebis,  avant  que  les 
muscles,  les  nerfs,  les  vaisseaux  sanguins  puissent  être  distingués  dans  les 
diverses  régions  de  la  face,  lors  même  que  les  premiers  linéaments  des  os 
sont  encore  très-rares. 

»  Ces  indices  primordiaux  des  dents  ressemblent  à  de  petites  sphères, 
formées  par  une  multitude  de  molécules  ou  cellules.  Ceux  que  l'on  découvre 
le  plus  aisément  appartiennent  à  la  première  dentition  :  vers  le  troisième  ou 

80.. 


(6i4) 
qïï8*rième  mais,  on  aperçoit  sans  difficulté  chez  l'hfcmittie  les  germes  de  la 
seconde  dentition.  Aucune  enveloppe  ou   sac    ne   limite   ces  sphéroïdes 
dans  cet  état  primitif. 

»  Trois  divisions  ou  fractionnements  se  produisent  dans  l'intérieur  de 
ces  sptiéroïdes  avant  qu'ils  soient  solidifiés.  L'wne  est  centrale,  elle  devien- 
dra la  partie  productrice  de  l'ivoire  ;  la  seconde  donnera  naissance  à  l'émail  ; 
la  division  la  plus  extérieure  est  celle  où  en  dernier  lieu  le  sac  dentaire  sera 
formé,  c'est  elle  qui  produit  le  cément. 

»  Il  faut  remarquer  que  cette  création  du  sac  dentaire  n'est  en  réalité 
due  qu'à  la  transformation  de  la  partie  génératrice  des  dents  en  une  sub- 
stance fibreuse,  transformation  dont  ou  suit  tous  les  progrès  jusqu'au  mo- 
ment où  cette  partie  devient  tout  à  fait  semblable  au  périoste . 

»  Ces  détails  sont  communs  aux.  dents  de  chaque  dentition. 

»  Chacun  des  sphéroïdes  initiaux  des  dents  semble  être,  dés  les  premiers 
moments  de  sa  formation,  un  centre  autour  duquel  la  substance  osseuse  est 
incessamment  accumulée  jusqu  à  ce  qu'elle  forme  une  capsule  solide  plus 
offl  moins  complète,  à  l'intérieur  de  laquelle  le  sac  de  cliaque  dent  est  placé 
'(Dette  capsule  osseuse,  largement  ouverte  au-dessus  de  la  couronne  des 
dents  temporaires  et  des  dernières  dents  (3*,  [f^  5'  molaires),  est  au  con- 
traire presque  entièrement  fermée  au-dessus  de  la  couronne  des  dents  de 
remplacement;  alors  un  pertuis  tres-étroit,  au  heu  d'une  large  ouverture, 
témoigne  de^l'excessive  accumulation  de  la  substance  osseuse. 

»  Les  dents  de  remplacement  ne  pourraient  jamais  sortir  des  capsules 
qui  les  renferment  si  étroitement,  si  une  partie  de  la  muraille  formant  ces 
capsules  ne  disparaissait  pour  permettre  l'émergence  de  la  couronne. 

o  Cette  disparition  due  à  un  mouvement  de  résorption  que  subissent  les 
molécules  osseuses  est  également  appréciable  dans  les  capsules  osseuses  qui 
fixent  les  dents  de  la  première  dentition.  Elle  prépare  la  chute  de  ces 
organes. 

»  Pendant  que  dans  plusieurs  régions  les  mâchoires  décroissent  et  per- 
dent la-substance  dont  elles  sont  composées,  eu  d'autres  parties  ces  mêmes 
mâchoires  s'accroissent,  s'étendent  et  créent  la  place  nécessaire  aux  dents 
qui  grandissent.  Il  y  a  donc  dansles  os  des  mâchoires  une  double  série  de 
mouvements  moléculaires  :  par  les  uns  les  os  sont  atrophiés  partiellement  et 
disparaissent  en  certains  endroits;  les  os  s'accroissent  au  contraire  eu 
d'autres  endroits  par  l'efiBet  des  autres  Ce  double  mouvement  est  iucessam- 
ment  opéré  dans  toutes  le^  régions  des  mâchoires  pendant  l'évolution  dat> 
>dents,  on  en  découvre  les  effets  jusqu'à  l'âge  adulte. 


(  6j  5  ) 
-   »  £b  raison  de  l'oi-dre  parfaitav«;  lequel  il  est  opéré,"  les  di\ers  diaiuètres 
des  o8  maxillaires  chaogent  constamment  et  d'une  iBaqière  régulière,  jus- 
■  qu'au  mome»t  où  les  dimensions  de  la  face  sont  arrêtées.  » 

CHIMIE  OBGANiQUE.  —  Mémoire  Sur  la  fernientntign  de  l'acide  lartrique  ; 

/?ar  M., L.  Pasteur. 

a  Première, partie.  —  De  même  qu'il  existe  un  feraient  alcoolique,  la  levure 
de  bière,  que  l'on  trouve  partout  où  il  y  a  du  sucre  qui  se  dédoubje  en  alcool 
et  en  acide,  carbonique,  et  qui  est  organisé  d'après  les  observations  de 
M.  Cagniard  de  T>atour,demème  il  y  a  une  levure  lactique  toujours  présente 
quand  du  sucre  devient  acide  laciique,  et  $i  toute  matière  plastique  azotée 
peut  transformer  le  sucre  en  cet  acide,  c'est  qu'elle  est  pour  le  développe- 
ment de  ce  ferment  un  aliment  approprié  à  sa  nature.  Tel  est  le  résultat 
d'un  travail  que  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  dans  la 
séance  du  3o  novembre  dernier.  Je  vais  montrer  que  , la  fermentation  de 
l'acide  tartrique  donne  lieu  à  des  conclusions  tout  à  fait  analogues. 

»  (;)n  savait  depuis  longtemps,  par  des  accidents  de  fabricatiau,  que  le 
tartrate  de  chaux  brut,  encore  mêlé  à  des  matières  organiques  et  abandQl^né 
sous  l'eau,  pouvait  fermenter.  Un  chimiste  matuifacturier,  M.  Ncellner, -étu- 
dia les  produits  de  cette  fermentation,  et  y  reconnut  rexistence4',«n  acide 
qu'il  crut  nouveau,  dont  M.  Nicklès  donna  la  composition  exacte, ^etque 
MM.  Dumas,  Malaguti  et  Leblanc,  dans  leur  beau  travail  sur  (les  étbers 
eyanhydriques,  trouvèrent  identique  avec  l'acide  métacétooique  que 
M.  Gottlieb  avait  obtenu  en  faisant  agir  la  potasse  sur  le  sucre. 

»  Je  ne  m'occuperai  pas  aujourd'hui  des  substances  qui  résultent  de  la 
fermentation  de  l'acide  tartrique.  J'y  reviendrai  bientôt  dans  un  tra>fail 
spécial.  Je  dirai  seulement  que  mes  expériences  ont  porté  sur  ,1e  taiitrate 
d'ammoniaque,  et  non  sur  le  tartrate  dé  chaux,  «itquecc  changarneot  dans 
la  nature  de  la  base  en  a  amené  dans  la  composition  des  produits,  avec  d'au- 
tres particularités  fort  curieuses,  mais  dont  le  détail  comjxliquerait  l'étude 
de  la  cauàe  du  phénomène,  à  laquelle  je  veux  m'attacher  principalement  dans 
la  première  partie  de  cette  communication. 

»  Voici  comment  j'opère  : 

»  Le  tartrate  d'ammoniaque  pur  est  dissous  dans  de  l'eau  distillée  à  la- 
quelle j'ajoute  une  matière  albuminoïde  azotée  soluble  dans  l'eaju,  l'extitait 
d'un  jus  de  plante,  d'une  humeur  quelconque  de  l'économie  animale,  ,qii  Ja 
partie  soluble  de  la  levure  de  bière  ordinaire.  Il  suffit  que  ta  solution  tar- 
trique en  renferme  a  ù  3  millièmes  de  son  poid*>  total.  La  liqueur, ^parfaite- 


(6i6) 
ment  limpide,  est  placée  très-chaude  dans  un  flacon  qu'elle  remplit  jus- 
qu'au col,  et,  lorsque  sa  température  est  descendue  à  3o  degrés  environ,  on 
ajoute  quelques  centimètres  cubes  du  liquide  trouble  d'une  bonne  fefmen-  • 
tation  de  tartrate  en  train  depuis  quelques  jours,  et  provoquée,  si  l'on  veut, 
à  la  manière  ordinaire.  La  quantité  de  matière  solide  que  l'on  sème  par  cet 
artifice  est  tou,t  à  fait  impondérable.  Elle  a  pourtant  une  très-grande  in- 
fluence. Si  les  conditions  de  température  et  de  neutralité  ou  d'alcalinité  lé- 
gère du  milieu  sont  bien  observées,  en  quelques  heures  tout  le  liquide  sera 
troublé,  et  la  fermentation  s'annoncera  dès  le  lendemain  par  un  dégagement 
gazeux . 

»  Voici  quelques  caractères  de  la  fermentation  disposée  comme  je  viens 
de  le  dire. 

»  Le  trouble  de  la  liqueur  et  le  dégagement  de  gaz  augmentent  peu  à  peu, 
et  l'on  voit  un  dépôt  se  former  progressivement  au  fond  du  vase.  Ce  dépôt 
est  excessivement  minime  par  rapport  au  poids  de  tartrate.  Comme  dans 
toutes  les  fermentations^  le  dégagement  gazeux  diminue  après  avoir  atteint 
un  maximum.  Il  est  d'ailleurs  très-facile  de  suivre,  par  l'examen  optique  de 
la  liqueur,  la  transformation  graduelle  de  l'acide  tartrique  en  produits  inac- 
tifs sur  la  lumière  polarisée.  La  matière  qui  se  dépose  pendant  la  fermenta- 
tion se  montre  au  microscope  formée  de  petites  tiges  ou  de  granulations  d'un 
très-petit  diamètre,  réunies  en  amas,  en  lambeaux  irréguliers,  et  comme  sou- 
dées par  une  substance  glutineuse.  Mais  un  examen  plus  attentif  montre  que 
cette  réunion  des  granules  est  due  probablement  à  un  enchevêtrement  de  pe- 
tits filaments  constitués  par  les  granulations  disposées  comme  des  grains  de 
chapelet.  Le  diamètre  des  petites  granulations  ou  globides  est  sensiblement 
le  même  que  dans  la  levure  lactique,  et  l'aspect  général  au  microscope  de 
ces  deux  productions  offre  de  grandes  analogies.  Le  dépôt  dont  il  est  ici 
question,  lavé  à  grande  eau  et  placé  dans  une  solution  de  tartrate  d'ammo- 
niaque dans  l'eau  pure  en  détermine  la  fermentation.  Après  quelques  heures 
de  contact,  on  peut  prouver  qu'il  y  a  du  tartrate  transformé,  c'est-à-dire  que 
la  fermentation  est  à  peu  près  immédiate. 

»  Deuxième  partie.  —  L'Académie  se  rappelle  la  constitution  singulière 
de  l'acide  racémique.  Elle  sait  qu'il  est  formé  par  la  combinaison  d'une 
molécule  d'acide  tartrique  droit,  qui  est  l'acide  tartrique  ordinaire,  et  d'une 
molécule  d'acide  tartrique  gauche,  qui  ne  diffère  du  droit  que  par  l'impos- 
'  sibilité  de  superposer  leurs  formes,  d'ailleurs  identiques,  et  par  le  pouvoir 
rotatoire  qui  s'exerce  à  droite  dans  le  premier,  à  gauche  dans  le  second, 
exactement  delà  même  quantité  en  valeur  absolue.  L'Académie  sait,  de 


(6i7) 
plus,  qu'il  y  a  entre  les  propriétés  chimiques  de  ces  deux  acides  une  iden- 
tité telle,  qu'il  est  matériellement  impossible  de  les  distinguer,  à  moins  tou- 
tefois qu'on  ne  les  mette  en  présence  de  substances  actives  sur  la  lumière 
polarisée.  Car  alors  toutes  leurs  manières  d'être  diffèrent  essentiellement. 

»  Il  y  avait  donc  un  intérêt  très-grand  à  rechercher  si  l'acide  racémique 
éprouverait  la  même  fermentation  que  l'acide  tartrique  droit,  en  d'autres 
termes,  si  la  levure  dont  j'ai  donné  plus  haut  le  mode  de  production  trans- 
formerait l'acide  tartrique  gauche  aussi  facilement  et  de  la  même  façon  que 
l'acide  tartrique  droit.  Le  racémate  d'ammoniaque  fut  mis  en  fermentation 
en  suivant  les  indications  que  j'ai  indiquées  tout  à  l'heure  pour  le  tartrale 
droit.  La  fermentation  se  déclara  avec  la  même  facilité,  les  mêmes  caractères 
et  dépôt  de  la  même  levure.  Mais  en  étudiant  la  marche  du  phénomène  à 
l'aide  de  l'appareil  de  polarisation,  on  voit  que  les  choses  se  passent  tout 
autrement.  Après  quelques  jours  de  fermentation,  le  liquide  primitivement 
inactif  possède  un  pouvoir  rotaloire  à  gauche  sensible,  et  ce  pouvoir  aug- 
mente progressivement  à  mesure  que  la  fermentation  se  continue,  de  ma- 
nière à  atteindre  un  maximum.  La  fermentation  est  alors  su?pendue.  11 
n'y  a  plus  trace  d'acide  droit  dans  la  liqueur,  qui,  évaporée  et  mêlée  à  son 
volume  d'alcool,  donne  immédiatement  une  abondante  cristallisation  de 
tartrate  gauche  d'ammoniaque. 

»  Voilà  sans  doute  un  excellent  moyen  de  préparer  l'acide  tartrique 
gauche.  Mais  tout  l'intérêt  du  fait  qui  précède  me  paraît  se  rattacher  au  rôle 
physiologique  de  la  fermentation  qui  se  présente  dans  mes  expériences 
comme  un  phénomène  de  l'ordre  vital.  En  effet,  nous  voyons  ici  le  carac- 
tère de  dissymétrie  moléculaire  propre  aux  matières  organiques  intervenir 
dans  un  phénomène  physiologique  comme  modificateur  de  l'affinité.  Il 
n'est  pas  douteux  que  c'est  le  genre  de  dissymétrie  propre  à  l'arrangement 
moléculaire  de  l'acide  tartrique  gauche  qui  est  la  cause  unique,  exclusive, 
de  la  non-fermentation  de  cet  acide  dans  les  conditions  où  l'acide  inverse 
est  détruit. 

»  Assurément  certaines  idées  philosophiques  sur  le  concours  nécessaire 
de  toute  chose  à  l'harmonie  de  l'univers  permettent  d'affirmer  que  le  carac- 
tère si  général  de  dissymétrie  des  produits  organiques  naturels  joue  un 
rôle  dans  l'économie  végétale  et  animale.  Mais  la  science  veut  autre  chose 
que  des  vues  à  priori.  Or  je  remarque  que,  pour  la  première  fois,  dans  le 
phénomène  que  je  viens  de  faire  connaître,  le  caractère  de  dissymétrie  droite 
ou  gauche  des  produits  organiques  intervient  manifestement  comme  modi- 
ficateur de  réactions  chimiques  d'un  ordre  physiologique. 


(  6f8  ) 
•t  Quant  à  la  cause  intime  de  Ja  différence  que  j'ai  signalée  entre  la  fer- 
mentation des  deux  acides  tartriques,  il  me  paraît  vraisemblable  de  lattri- 
buer  au  pouvoir  rotatoire  des  matières  qui  entrent  dans  la  constitution  de 
la  levure.  On  comprend  que,  si  la  levure  est  naturellement  constituée  par 
des  matières  dissymétriques,  elle  ne  s'accommodera  pas  à  un  degré  égal 
d'un  aliment  qui  lui-même  sera  dissymétrique  dans  le  même  sens  ou  en  sens 
inverse  :  à  peu  près  comme  on  a  vu  dans  mes  recherches  antérieures  le  tar- 
trate  droit  de  quinine  différer  essentiellement  du  ^artrate  gauche  de  cette 
base  qui  est  active,  tandis  que  les  tartrales  droit  et  gauche  de  potasse 
ou  de  toute  autre  base  inactive  sont  chimiquement  identiques.  » 

Sur  la  demande  de  l'auteur,  ce  Mémoire  sera  soumis  à  l'examen  de  la 
Commission  chargée  de  décerner  le  prix  de  Physiologie  expérimentale. 

GtoLOGlE.  —  Recherches  sur  les  rapports  de  la  géologie  et  de  l'hydrographie  ; 

par  M.  DE  Villeneuve. 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  Élie  de  Beaumont,^'Archiac.) 

«  Les  lois  angulaires  des  systèmes  de  montagnes  formulées  par  M.  Elie  de 
Beaumont  doivent  sur  une  sphère  aboutir  à  des  relations  de  longueur. 

»  C'est  là  en  effet  ce  que  nous  ont  permis  de  constater  nos  recherches 
sur  le  développement  des  bassins  géologiques  et  celles  des  lignes  de  thalweg. 

»  Les  îles  de  Corse  et  de  Sardaigne,  placées  au  milieu  de  la  Méditerranée, 
semblent  l'étalon  naturellement  indiqué  pour  comparer  les  distances  ou  les 
longueurs  des  axes  géologiques. 

.  u  L  axe  des  terrains  primitifsdela  Corse  et  de  la  Sardaigne  a  3°  ^6'.  On  le 
mesure  du  ca|)  Spartivento,  extrémité  méridionale  de  la  Sardaigne,  à  la 
baie  d  Ostriconi,  extrémité  septentrionale  de  la  Corse;  l'axe,  total  de  la 
Corse  et  de  la  Sardaigne  offre  près  de  ^  degré  en  sus,  ou  4°  lo',  du  cap 
Teulade,  Sardaigne,  au  cap  Corse;  les  subdivisions  de  ces  axes  sont:  la 
longueur  de  la  Sardaigne,  a"  33';  la  longueur  de  la  Corse,  i°  37'. 

»  La  longueur  des  terrains  primitifs  des  Pyrénées,  du  granité  du  cap  Creux 
à  celui  de  Salin  ;  le  développement  des  granités  de  la  Bretagne,  de  Saint- 
Maixentaux  rivages  granitiques  de  Rersant,  d'Aurigny  et  de  Barfleiir,  répètent 
la  longueur  de  l'axe  primitif,  Corse  et  Sardaigne;  tandis  que  des  granités 
des  environs  de  Saint-Tropez,  en  Provence,  à  ceux  de  la  baie  de  Caucale, 
on  trouve  que  l'ensemble  de  la  ligne  granitique  de  la  France  offre  deux 
fois  cette  longueur. 

»  L'axe  de  la  Sardaigne,  principal  élément  de  l'unité  géologique,  se  ré» 


(6i9) 
pète  en  deux  sens,  du  nord  au  sud  et  de  l'est  à  l'ouest,  sur  le  plateau  central 
delà  France.  ■'   Min,, 

»  Les  éléments  des  distances  de  Corse  et  Sardaigne  paraissent  dérivés 
des  groupes  volcaniques,  soit  dans  la  série  des  volcans  actifs,  soit  dans  les 
groupes  de  volcans  éteints.  La  distance  Corse  et  Sardaigne  se  retrouve  dans 
la  longueur  qui  sépare  le  volcan  sons-marin  de  Julia,  du  Vésuve.  L'axe 
Corse  répété  deux  fois  est  la  distance  de  la  bouche  du  Vésuve  à  celle  de 
l'Etna,  et  l'axe  Sardaigne  est  répété  par  les  distances  respectives  du  Vésuve 
et  de  Julia  aux  volcans  des  îles  Éoliennes. 

»  Les  mêmes  lois  de  longueur  se  reflètent  dans  les  lignes  qui  joignent  les 
grands  points  thalweg.  Ainsi  la  longueur  de  la  chaîne  des  lacs  de  Genève  à 
Guarda,  est,  comme  la  distance  du  Vésuve  à  l'Etna,  double  de  l'axe  Corse. 
IjC  milieu  de  cette  série  lacustre  est  occupé  par  le  lac  Majeur.  Du  lac 
Guarda  à  celui  de  Constance,  et  de  ce  dernier  à  Genève,  on  retrouve  tou- 
jours la  même  longueur  :  c'est  l'axe  de  la  Sardaigne. 

»  Les  bassins  de  combustibles  satisfont  aux  mêmes  lois.  L'axe  de  la 
Cor§e  correspond  aux  distances  qui  séparent  le  bassin  de  Sarrebruck  de 
celui  des  Pays-Bas,  le  bassin  houiller  de  Saint-Etienne  de  celui  d'Alais  ou 
de  celui  du  Creusot.  La  plus  grande  distance  des  gîtes  ho uîll ers,  du  nord- 
nord-est  au  sud-sud-ouest,  ou  du  nord  au  sud,  est,  en  partant  de  Liège  pour 
aller  vers  les  petits  bassins  de  Toulon  et  de  Durban,  de  deux  axes  Corse 
et  Sardaigne.  Le  milieu  de  cet  intervalle  est  occupé  par  les  bassins  de 
Saône-et-Loire. 

»  Les  sédiments  géologiques  du  trias,  de  la  Provence  aux  Vosges,  sont 
séparés  aussi  par  un  axe  primitif  Corse  et  Sardaigne.  Mêmes  lois  pour  la  dis- 
tance du  lias  de  l'Ardenne  à  celui  de  Bourbon-l'Archambault  aux  deux 
extrémités  du  plus  grand  dépôt  jurassique  de  la  France. 

»  Les  bassins  tertiaires  de  l'Aude  et  de  la  Garonne,  du  Rhin,  de  Neuf- 
châtel  à  Wetzar,  du  Rhône,  de  Gray  à  Martigues,  offrent  dans  leur  longueur 
maximum  l'axe  total  de  Corse  et  Sardaigne.  Le  bassin  parisien  de  Fécamp 
à  Joigny  offre  l'axe  de  la  Sardaigne,  tandis  que  la  distance  du  grès  vert  de 
l'île  de  Wight  à  celui  de  Fécamp,  est  sur  le  prolongement  de  la  même  direc- 
tion égal  à  l'axe  Corse. 

»  Ainsi  les  sédiments  offrent  la  répétition  des  lois  de  longueur  que  nous 
avaient  montrées  les  terrains  cristallisés  et  les  centres  volcaniques  ;  on  re- 
trouve les  mêmes  lois  dans  les  thalwegs  des  fleuves  et  la  longueur  des 
rivages  de  la  Méditerranée.  » 

C.  R.,   i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVl,  N»  13.)  8l  . 


(  ^*®  ) 

PHYSIOI-OGIE  COMPARÉE.  —  Sur  l'absorption  et  le  dégagement  des  gaz  par  tes 
dissolutions  salines  et  par  le  sang  ;  par  M.  Em.  Fernet. 

(Commissaires,  IVTM.  Dumas,  Milne  Edwards,  Balard,  Cl.  Bernard.) 

"  Lesphénomènesd'absorptioii  ou  de  dégagement  de  gaz  qui  ont  lieu  dans 
tes  organes  respiratoires  des  animaux,  soit  normalement,  soit  d'une  manière 
accidentelle,  peuvent  être  expliqués  par  la  simple  loi  de  là  dissolution  : 
c'est  ce  qui  résulte  d'un  nombre  considérable  de  faits,  et  ce  que  Vierordt 
a  mis  en  lumière  à  la  suite  de  ses  expériences  sur  la  respiration.  Toutefois, 
la  constitution  si  complexe  du  sang  et  les  anomalies  qu'on  observe  en  cher- 
chant à  appliquer  dans  ses  détails  cette  théorie  si  simple,  portent  a  penser 
qu'il  serait  nécessaire,  pour  rendre  rigoureusement  compte  des  faits,  d'y 
joindre  l'intervention  d'une  autre  cause.  On  connaît,  en  effet,  des  combinai- 
sons chimiques  qui  se  forment  ou  se  détruisent  avec  une  telle  facilité,  que 
les  résultats  de  ce  genre  d'action  sont  tout  à  fait  comparables  à  ceux  de  la 
dissolution  proptement  dite. 

»  De  là  la  nécessité,  pour  arriver  à  une  notion  complètement  nette  de  la 
nature  intime  de  ces  j>hénomèties,  d'établir  tout  d'abord  une  distinction 
précise  entre  la  dissolution  des  gaz,  phénomène  purement  physique,  et  la 
combinaison,  pliénomène  chimique.  Or  la  loi  de  Dalton  doit  être  prise 
comme  caractérisant  le  premier,  puisqu'elle  indique,  par  son  énoncé  même, 
qu'il  n'y  a  pas  de  groupement  nouveau  entre  les  molécules  gazeuses  et  celles 
du  liquide,  ittais  simplement  pénétration,  en  proportions  déterminées,  des 
molécuiesdu  gaz  à  travers  les  intervalles  laissés  par  les  molécules  du  liquide; 
le  gaz  conserve  ainsi  son  caractère  physique  essentiel,  c'est-à-dire  sa  force 
expansive  qui  doit  se  mettre  toujours  en  équilibre  avec  la  force  expansive 
du  gaz  extérieur  et  avec  les  actions  moléculaires  qu'il  éprouve  de  la  part  du 
liquide  lui-même  ;  l'action  du  vide  ou  le  passage  continu  d'un  gaz  étranger 
doit  dès  lors  dégager  complètement  le  gaz  dissous.  Au  contraire,  la  loi  des 
proportions  définies  caractérise  la  combinaison,  puisqu'elle  accuse  un  grou- 
pement moléculaire  nouveau,  indépendant  des  variations  de  pression,  et 
dépendant  seulement  de  la  nature  des  substances  qui  entrent  en  dissolution 
dans  le  hquide. 

»  Or  tous  les  faits  connus  tendent  à  faire  penser  que,  pour  le  sang  en  par- 
ticuher,  l'absorption  des  différents  gaz  s'écarte  notablement  de  la  loi  de 
Dalton,  et  n'est  cependant  pas  non  plus  complètement  indépendante  de  la 
pression.  J'ai  dû  par  conséquent,  pour  savoir  à  quel  état  ils  y  sont  contenus, 


(6a.  ) 
séparer  les  éléments  du  problème,  et  étudier  l'action  de  ces  gaz  sur  des  so- 
lutions artificielles  des  principaux  sels  dissous  dans  le  sérum,  puis  sur  le 
sérum  tout  entier,  et  enfin  sur  le  sang  lui-même. 

«  Pour  déterminer  les  lois  de  l'absorption  des  gaz  et  obtenir  des  pressions 
variables,  j'ai  employé  la  méthode  dont  j'ai  déjà  eu  l'honneur  d'exposer  les 
principes  à  l'Académie  (i),  et  ique  je  crois  susceptible  d'une  très-grande 
précision  dans  l'évaluation  des  données  expérimentales;  l'appareil  n'a  subj 
que  de  légers  changements,  destinés  à  en  assurer  1  exactitude.  Pour  étudier 
le  dégagement  des  gaz  dans  le  vide,  j'ai  adopté  la  méthode  qui  a  été  décrite 
dans  le  travail  de  M.  Baumert  sur  la  respiration  de  quelques  poissons,  et 
employée  par  M.  Bunsen  pour  déterminer  les  coefficients  de  solubilité 
de  l'oxygène  dans  l'eau;  je  n'y  ai  apporté  que  quelques  modifications  de 
détail. 

u  Toutes  les  recherches  que  je  vais  indiquer  conduisent  à  ce  résultat  géné- 
ral, que^  dans  un  très-grand  nombre  de  cas,  l'absorption  est  un  phénomène 
complexe,  dépendant  à  la  fois  de  la  dissolution  simple  et  de  la  combinaison  ; 
en  d'autres  termes,  le  volume  de  gaz  absorbé  se  compose  de  deux  parties, 
dont  l'une  varie  proportionnellement  à  la  pression,  l'autre  en  est  indépen- 
dante et  dépend  du  titre  de  la  solution  saline.  11  est  digne  de  remarque  que 
le  coefficient  de  solubilité  propre  qui  régit  le  premier  de  ces  deux  termes  est 
toujours  moindre  que  celui  de  l'eau  pure,  et,  à  mesure  que  la  quantité  de 
sel  augmente,  la  quantité  de  gaz  proprement  dissoute  dans  l'unité  de  volume 
du  liquide  diminue.  De  là  résulte  que,  dans  les  cas  particuliers  où  il  n'y 
aura  pas  de  gaz  chimiquement  combiné,  l'absorption  sera  toujours  moindre 
que  dans  feau.  Au  contraire,  les  quantités  chimiquement  combinées  et  indé- 
pendantes de  la  pression  augmentent  proportionnellement  à  la  concentra- 
tion de  la  solution  saline,  et,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  elles  peuvent 
acquérir  une  valeur  absolue  assez  grande  pour  ({ue  la  quantité  totale  de  gaz 
absorbé  surpasse  notablement  celle  qui  entrerait  à  l'état  de  simple  dissolu- 
tion dans  l'eau  pure.  On  s'explique  ainsi  facilement  ce  fait,  connu  depuis 
longtemps,  mais  en  général  mal  défini,  que  i' absorption  des  gaz  par  les 
liquides  est  diminuée  par  la  présence  de  certains  sels,  et  accrue  par  d'autres. 

D  Voici  maintenant  ce  qui  regarde  chaque  genre  de  solutions  salines  en 
particulier. 

«  Des  solutions  de  chlorure  de  sodium,  conteuant  de  7  centièmes  a  1  mil- 

{1)  Comptes  rendus,  3i  décembre  i855,  tome  XLI,  page  17.37. 


(    G22    ) 

lièmes  de  sel,  et  parfaitement  purgées  de  gaz,  ont  été  agitées  au  contact 
d'atmosphères  parfaitement  pures  d'oxygène,  d'acide  carbonique  ou  d'azote. 
En  faisant  varier  les  pressions  au  moyen  du  manomètre  adapté  à  l'appareil, 
on  a  constamment  trouvé  que  les  quantités  de  gaz  absorbées  étaient  pro- 
portionnelles à  la  pression  de  ce  même  gaz  à  l'extérieur.  Pour  ces  trois  gaz, 
l'absorption  est  donc  ici  un  phénomène  de  dissolution  simple  ;  le  coefficient 
de  solubilité  est  toujours  inférieur,  de  quelques  centièmes  au  moins  de  sa 
valeur  absolue,  à  celui  de  l'eau  pour  la  même  température;  cette  différence 
est  surtout  très-marquée  pour  l'oxygène.  Enfin  l'action  du  vide  ou  le  pas- 
sage d'un  gaz  étranger  dégagent  complètement  les  gaz  absorbés  dans  ces 
circonstances. 

>•  Les  solutions  de  phosphate  de  soude  et  de  carbonate  de  soude  présen- 
tent entre  elles  une  analogie  frappante  :  de  semblables  solutions,  contenant 
de  I  centième  à  i  dix-millième  de  sel,  exercent  sur  les  mêmes  gaz  une  action 
dissolvante  à  laquelle  les  remarques  précédentes  sont  applicables;  mais  il 
s'y  joint  une  autre  action  qui  fixe,  indépendamment  de  la  pression,  un 
volume  de  gaz  tel,  que  la  présence  du  sel  doit  être  considérée  en  définitive 
comme  augmentant  le  pouvoir  absorbant  total  du  liquide.  Pour  l'acide  car- 
bonique en  particulier,  cette  dernière  quantité  correspond  toujours  à 
2  équivalents  pour  i  équivalent  de  phosphate  ordinaire,  et  à  i  équiva- 
lent pour  I  équivalent  de  carbonate  ;  les  formules  de  ces  combinaisons 
acquièrent  ainsi.  Tune  et  l'autre,  une  remarquable  symétrie  ;  on  est  con- 
duit à  écrire  la  première  (2  CO%  PhO'),  (2  NaO,  HO),  la  seconde  a  CO^ 
(NaO,  HO).  Pour  l'oxygène,  le  second  terme  de  l'absorption  a  encore  une 
valeur  relative  assez  grande  par  rapport  à  la  quantité  proprement  dissoute, 
mais  il  est,  en  valeur  absolue,  bien  inférieur  à  celui  qui  est  relatif  à  l'ab- 
sorption de  l'acide  carbonique.  Je  n'ai  pu  obtenir  à  cet  égard  aucun  rapport 
précis  d'équivalents;  je  ferai  remarquer  du  reste  que  la  petitesse  des  valeurs 
absolues  donne  ici  aux  erreurs  inévitables  d'expérience  une  influence  rela- 
tive beaucoup  plus  grande,  qui  m'a  peut-être  empêché  jusqu'ici  de  décou- 
vrir la  loi  précise  du  phénomène.  Enfin  pour  l'azote,  l'absorption  parait 
être  un  phénomène  de  dissolution  simple,  et  obéit  à  la  loi  de  Dalton. 

»  En  soumettant  ces  deux  genres  de  solutions  salines  saturées  de  gaz  au 
passage  continu  d'un  gaz  étranger  ou  à  l'action  du  vide,  j'ai  obtenu  toujours 
un  dégagement  complet  du  gaz  absorbé,  pourvu  que  le  vide  fût  parfait,  et 
la  température  de  /jo  à  45  degrés  :  cette  élévation  de  température  est  quel- 
quefois nécessaire,  et  pour  l'acide  carbonique,  à  la  température  de  1 5  de- 
grés, le  dégagement  est  moins  complet,  ce  qui  s'accorde  avec  les  résultats 


(  6i3  ) 
déjà  obtenus  par  M.  Marchand  (i)  dans  des  recherches  analogues.  Peut-être 
faut-il  chercher  dans  des  causes  de  cet  ordre  l'explication  d'une  partie  au 
moins  des  différences  observées  dans  les  quantités  d'acide  carbonique 
exhalées  par  les  animaux  à  sang  froid,  quand  ils  sont  soumis  à  différentes 
températures. 

»  La  nécessité  d'un  vide  parfait,  ou  tout  au  moins  d'une  pression  très- 
faible  pour  déterminer  la  destruction  des  combinaisons  qui  se  forment  dans 
ces  circonstances,  explique  les  résultats  négatifs  obtenus  par  Mitscherlich, 
Tiedmann  et  Gmelin  quand  ils  voulurent  constater,  par  une  méthode  assez 
grossière,  la  présence  des  gaz  dans  le  sang  à  la  sortie  des  vaisseaux.  Mais  ce 
qu'il  importe  surtout  de  remarquer,  c'est  que  cette  action  est  suffisante  pour 
opérer  un  dégagement  complet,  à  ime  température  voisine  de  celle  du 
corps  des  mammifères. 

»  Les  mêmes  expériences  faites  avec  le  sérum  du  sang  ont  montré  que 
la  présence  des  substances  organiques,  et  de  l'albumine  en  particulier,  ne 
modifie  pas  sensiblement  l'absorption  de  l'acide  carbonique,  telle  qu'on 
peut  la  calculer  avec  les  données  précédentes  en  tenant  compte  des  élé- 
ments minéraux  du  sérum.  Elle  diminue  le  coefficient  de  solubilité,  sans 
exercer  d'action  chimique,  et  le  volume  d'acide  carbonique  absorbé  de- 
meure égal  à  une  fois  et  demie  celui  qu'absorberait  l'eau  pure  dans  les 
mêmes  circonstances.  Au  contraire,  dans  l'absorption  de  l'oxygène  on 
observe  une  diminution  peu  considérable  du  coefficient  de  solubilité 
propre,  et  une  augmentation  notable  des  volumes  absorbés  indépendam- 
ment de  la  pression.  Cette  dernière  action,  bien  qu'elle  exerce  sur  le  phé- 
nomène une  influence  appréciable,  n'introduit  cependant  qu'un  volume  de 
gaz  bien  moindre  en  valeur  absolue  que  la  dissolution  proprement  dite;  de 
sorte  que  l'absorption  de  l'oxygène  "par  le  sérum,  un  peu  accrue  par  la 
présence  des  matières  organiques  dissoutes,  est  surtout  régie  par  la  loi  de 
la  dissolution  simple. 

»  En  résumé,  les  actions  du  sérum  sur  les  différents  gaz  sont  différentes, 
et  dues  à  des  éléments  différents.  Pour  l'acide  carbonique,  c'est  une  action 
dissolvante,  en  même  temps  qu'une  action  chimique  due  surtout  à  la  pré- 
sence des  phosphates  et  des  carbonates,  et  la  quantité  totale  de  gaz  absorbée 
est  une  fois  et  demie  égale  à  celle  qu'absorberait  l'eau  pure  dans  les  mêmes 
circonstances.  Pour  l'oxygène,  c'est  surtout  une  action   dissolvante,  que 


(i)  Marchand,  Journ.fùr prakt.  Chem.  Leipsig,  i845,  band  XXXV,  s.  385. 


(  6a4  ) 
teud  à  diminuer  la  présence  de  certains  sels  tels  que  le  chlorure  de  sodium; 
il  faut  y  ajouter  une  action  chimique  faible,  de  la  part  de  quelques  autres 
substances  dissoutes,  principalement  des  matières  organiques.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  J.  Rertrand,  chargé  de  l'examen  d'un  Mémoire  de  M.  Castrocjiovanni 
sur  la  résolution  des  équations  numériques  du  deuxième  et  du  troisième 
degré,  demande  l'adjonction  d'un  autre  Commissaire. 

M.  Duhamel  est  désigné  comme  deuxième  Commissaire. 

«  M.  LE  M,*RÉtHAL  Vaillant  dépose  un  Mémoire  de  M.  Fabré,  officier 
supérieur  du  génie,  sur  la  résistnnce  des  corps  fibreux.  M.  Fabré,  qui  a 
exécuté  de  grandeset  belles  constructions,  s'est  livré,  de  concert  avec  M.  Des- 
places, ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  attaché  à  la  compagnie  du  chemin 
de  fer  de  la  Méditerranée,  à  de  nombreuses  expériences  qui  font  la  base  de 
la  nouvelle  théorie  sur  la  résistance  des  corps  fibreux.  Ces  expériences,  faites 
en  s'aidant  d'une  lunette  qui  rendait  appréciables  des  trentièmes  de  milli- 
mètre, ont  un  très-grand  degré  de  précision.  Les  résultats  qu'elles  ont  four- 
nis s'écartent  considérablement  de  ceux  par  lesquels  on  a  cru  pouvoir  justi- 
fier les  théories  admises  jusqu'ici;  ainsi,  par  exemple,  ce  qu'on  a  nommé  axe 
neutre,  c'est-à-dire  l'axe  du  corps  lui-même,  au  lieu  de  n'éprouver  ni  allon- 
gement ni  raccourcissement  quelconques,  serait  toujours  comprimé  ou 
allongé.  » 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Morin,  M.  le  Maréchal  Vaillant.) 

CHIMIE  APIALYTIQUE.  —  Recherches  sur  les  propriétés  oxydantes  du  permanganate 
de  potasse;  dosage  de  plusieurs  acides  minéraux  ;  parlA.  L.  Péan  de  Saint- 
Gilles. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Balard.) 

'<  En  étudiant  les  réactions  du  permanganate  de  potasse,  j  ai  reconnu 
que  pour  les  rendre  complètes  deux  conditions  sont  souvent  nécessaires  : 

»    1°.  Le  permanganate  doit  être  ajouté  en  excès; 

»  a°.  Les  liqueurs  sur  lesquelles  on  opère  doivent  être,  suivant  les  cas, 
rendues  alcalines  ou  acides. 

»  Dans  ces  circonstances,  j'ai  pu  transformer  à  froid,  d'une  manière  com- 
plète et  en  quelque  sorte  instantanée,  les  hyposulfites,  sulfites  et  sulfures  en 


(  6a5  ) 

sulfates,  l'iode  libre  et  lés  iodures  en  iodates,  les  nitritesen  nitrates,  et  \t^ 
arsénites  en  arséniates.  Le  desage  de  ces  divers  compensés  est  rendu  très- 
facile  an  moyen  de  qnelques  modifications  fort  ^simples  apportées  au  pro- 
cédé de  M.  Margueritte,  lesquelles  consistent  dans  l'emploi  des  deux  réacti/is 
suivants  : 

»  1°.  Une  solution  titrée  renfermant  environ  i5  grammes  permanganate 
de  potasse  cristallisé  pour  a  litres  d'eau.  J'ai  constaté  que  cette  liqueur  se 
conserve  pendant  plusieurs  mois,  à  l'abri  des  rayons  solaires,  sans  altération 
de  titre. 

»  2°.  Une  solution  formée  environ,  pour  i  litre  d'eau,  de  loo  grammes 
cristaux  de  sulfate  de  fer  et  de  loo  centimètres  cubes  acide  sidfurique 
exempt  de  composés  nitreux.  Gît  excès  d'acide  a  pour  effet  de  ralentir 
l'oxydation  du  sel  ferreux  au  contact  de  l'air.  De  temps  en  temps  on  déter- 
mine le  volume  de  la  liqueur  de  permanganate  décoloré  par  un  volume 
constant  du  sulfate  de  fer. 

»  Pour  mesurer  l'action  oxydante  du  permanganate,  on  opère  de  la  ma- 
nière suivante  :  La  liqueur  qpj'on  veut  essayer  est  additionnée,  suivant  les 
cas,  d'un  carbonate  alcalin  ou  d'un  acide;  on  verse  un  excès  de  perman- 
ganate suffisant  pour  colorer  en  rouge  intense  le  liquide  surnageant  le  pré- 
cipité d'oxyde  de  manganèse  qui  se  forme  généralement.  Si  la  liqueur  est 
alcaline,  on  la  rend  alors  acide  et  l'on  y  verse  un  volume  connu  de  sidfate 
de  fer  pour  dissoudre  le  suroxyde  ;  puis  on  ajoute  de  nouveau  le  perman- 
ganate, jusqu'à  l'apparition  de  la  teinte  rose.  On  évalue  le  résultat  en  lisant 
sur  la  burette  le  volume  total  du  permanganate  employé,  duquel  on  retran- 
che simplement  la  quantité  décolorée  par  le  sulfate  de  fer. 

•  Le  défaut  d'espace  m'empêche  de  reproduire  dans  cette  Note  les  résul- 
tats numériques  de  mes  expériences  ;  je  me  contenterai  donc  d'indiquer 
sommairement  quelques  applications  de  la  méthode  que  je  propose. 

»  acides  sulfureux  et  hyposulfureux.  —  Ixîs  sulfites  et  les  hyposulfites  l'éa- 
gissent  incomplètement  sur  le  permanganate  en  présence  d'un  éxcèsd'acide. 
Il  se  produit,  dans  ce  cas,  un  mélange  d'acide  sulfuriqne  et  d'acide  hypo- 
sulfurique  dans  un  rapport  voisin  de  4  '.  «  •  Ijorsqu'on  oxyde  les  hyposul- 
fites, on  peut  éviter  tout  dépôt  de  soufre  en  versant  l'hyposulfite  neutre  danv 
le  permanganate  rendu  acide.  Dans  les  liqueurs  alcalines  le  phénomène  est 
différent  :  les  sulfites  absorbent  exactement  i  équivalent  et  les  hyposulfites 
4  équivalents  d'oxygène  pour  se  transformer  entièrement  en  sulfates.  Le 
dosage  s'effectue  ainsi  d'une  manière  très-exacte. 

»  Acide  liyposuifurique.  —  Les  hyposulfates  de  baryte  et  de  soude  qu  ou. 


trouve  dans  le  commerce  renferment  ordinairement  des  traces  de  sulfites  ou 
d'hyposulfites  qui  décolorent  le  permanganate.  Si  l'on  ajoute  à  leurs  disso- 
lutions un  excès  de  ce  même  réactif,  les  nouveaux  cristaux  que  déposent  les 
liqueurs  fournissent  l'acide  hyposulfurique  pur,  qui  ne  réagit  nullement 
sur  le  caméléon,  lors  même  qu'il  est  sursaturé  par  un  alcali. 

»  Acide  suif  hydrique .  —  En  présence  d'un  carbonate  alcalin,  les  sulfures 
solubles  et  la  plupart  des  sulfures  métalliques  absorbent  4  équivalents  d'oxy- 
gène et  se  transforment  en  sulfates.  J'ai  remarqué  cependant  qu'une  minime 
quantité  de  soufre  échappe  assez  souvent  à  la  réaction,  inconvénient  qui 
paraît  dû  à  la  précipitation  d'un  peu  de  sulfure  de  manganèse  retenu  par  le 
précipité  d'oxyde.  Dans  ce  cas,  la  liqueur  décolorée  par  le  sulfate  de  fer  est 
un  peu  laiteuse,  et  ce  caractère  est  l'indice  certain  d'une  suroxydation  in- 
complète. 

»  Acide  hypopliosphoreux .  —  L'hypophosphite  de  baryte,  sel  très-bien 
défini,  se  rapproche  des  hyposulfites  par  son  action  sur  le  permanganate. 
Lorsqu'on  le  décompose  par  l'acide  sulfurique,  l'acide  mis  en  liberté  absorbe 
une  proportion  d'oxygène  insuffisante  pour  former  l'acide  phosphorique. 
Les  résultats  que  j'ai  constatés  correspondent  à  peu  près  au  rapport  Ph'O'*, 
intermédiaire  entre  l'acide  phosphatique  Ph'  O"  et  l'acide  phospho- 
rique Ph*0''.  A  l'appui  de  cette  observation,  j'ajouterai  que  l'acide  phos- 
phatique réagit  lui-même  sur  le  permanganate. 

»  Iode  et  acide  iodhydrique.  —  Le  permanganate  cède  à  l'iode  5  équivalents 
et  aux  iodures  6  équivalents  d'oxygène,  pour  former  l'acide  iodique  10'  HO, 
qui  est  sans  action  sur  le  sulfate  ferreux  acide.  On  peut  à  la  rigueur  opérer 
au  sein  d'une  liqueur  acide  ;  mais  l'oxydation  est  plus  rapide  en  présence 
des  alcalis,  et,  dans  ce  cas,  on  n'a  pas  à  se  préoccuper  de  la  présence  des 
chlorures  et  bromures,  qui  ne  réagissent  pas.  Le  dosage  s'effectue  avec  la 
plus  gi'ancle  netteté,  et  j'ai  pu  déjà  l'appliquer  à  l'examen  des  iodures  de 
potassium  du  commerce,  qui  renferment  souvent  2  ou  3  centièmes  d'iodate 
de  potasse. 

»  Acide  cyanhydrique.  —  L'acide  cyanhydrique  libre  ne  décolore  pas  le 
permanganate;  mais  lorsqu'on  le  sursature  par  un  alcali,  il  absorbe  une 
proportion  d'oxygène  qui  varie  avec  le  degré  d'alcalinité  de  la  liqueur  ; 
cette  proportion  m'a  paru  toujours  comprise  entre  a  équivalents,  rapport 
correspondant  à  l'acide  cyanique,  et  4  équivalents.  Je  me  propose  de  re- 
venir prochainement  sur  l'étude  de  cette  réaction. 

»  Acide  sulfocyanhydrique.  —  Le  sulfocyanure  de  potassium  RCyS* 
s'oxyde  d'une  manière  mieux  définie  que  les  cyanures.  D'après  une  série 


(  6^7  ) 
d'essais  très-concordants,  ce  sel  absorberait  8  équivalents  d'oxygène  dans 
les  liqueurs  alcalines  et  6  équivalents  seulement  dans  les  liqueurs  acides  ; 
cette  différence  pouvait  être  prévue,  les  cyanures  ne  réagissant  pas  en  pré- 
sence des  acides  : 

RCy  S»  +  a  (KO)  -f-  O»  =  KO,  CyO  +  a(ROSO»), 
H  Cy  S* -h  2  (HO)  +  O»  =  H  Cy  +  2-(S0' HO). 

»  Jcide  nitreux.  —  Le  dosage  de  l'acide  nitreux  est  basé  sur  les  faits  sui- 
vants : 

»  1°.  On  peut  verser  de  l'acide  sulfurique  ou  nitrique  très-dilué  dans  la 
solution  d'un  nitrite  sans  donner  lieu  aune  perte  appréciable  de  deutoxyde 
■d'azote.  Il  n'en  serait  pas  de  même  si  on  versait  le  nitrite  dans  l'acide. 

»  2°.  Un  excès  de  permanganate  transforme  complètement  l'acide  nitreux 
en  acide  nitrique.  Si  on  versait  le  piermanganate  goutte  à  goutte  dans  l'acide 
nitreux,  le  terme  de  la  réaction  ne  serait  pas  saisi  nettement,  parce  que  la 
décoloration  se  ralentit  beaucoup  vers  cette  limite. 

»  Le  dosage  des  nitrites  s'effectue  donc  avec  une  grande  précision  dans 
les  liqueurs  acides. 

»  Acide  arsénieux.  —  Les  observations  précédentes  s'appliquent  tout  à 
fait  à  l'acide  arsénieux,  qui  peut  être  dosé  avec  la  même  exactitude  dans  les 
liqueurs  alcalines  et  dans  les  liqueurs  acides.  La  coloration  rougeâtre,  due 
à  la  formation  d'un  sel  manganique  qui  se  produit  lorsqu'on  verse  le  per- 
manganate dans  l'acide  arsénieux,  rend  indispensable  l'usage  du  sulfate  de 
fer  titré. 

»  Délermination  du  titre  du  permanganate.  —  Le  titre  des  dissolutions  de 
permanganate  peut  être  déterminé  très-exactement  au  moyen  du  fer  métal- 
lique; mais  cette  opération  est  un  peu  longue  et  de  plus  assez  délicate. 
L'acide  arsénieux,  l'hyposulfite  de  soude  et  l'iode  peuvent  aisément  servir 
à  cet  usage;  mais  je  donne  encore  la  préférence  à  l'oxalate  d'ammoniaque, 
sel  très-bien  cristallisé,  nidlement  hygroscopique  et  facile  à  purifier. 
M.  Hempel  a  montré  qtie  l'acide  oxalique  décolore  le  permanganate  aussi 
nettement  que  les  sels  de  protoxyde  de  fer,  et  cette  réaction,  qui  nécessite 
seulement  l'application  d'une  légère  chaleur  et  l'emploi  d'un  certain  excès 
d'acide  sulfurique,  est  susceptible  de  la  précision  la  plus  rigoureuse. 

»  On  évalue  ordinairement  le  titre  en  énonçaut  le  volume  de  la  liqueur 
décoloré  par  i  gramme  de  fer.  Cette  forme,  plus  commode  pour  les  essais 
de  fer,  complique  les  calculs  dans  les  autres  emplois  du  caméléon.  Tl  serait 
plus  avantageux  de  prendre  pour  base  du  titre  loxygène  que  le  perman- 

C     H    ,  i858,  1"  Semes(re.  (T.  XLVl,  N»  15.  82 


(  6a8  )  ■  • 
gaiiate  abandonne  aux  corps  réducteurs.  Ainsi,  35o  serait  le  titre  d'une 
liqueur  qui  renlermerait  i  gramme  d'oxygène  sous  le  volume  de  '35o  centi- 
mètres cubes.  Ce  nombre,  divisé  par  7,  donne  exactement  le  titre  de  la  même 
liqueur  par  rapport  à  i  gramme  de  fer.  On  sait,  en  effet,  que  7  parties 
de  fer  absorbent  i  partie  d'oxygène,  lorsque  le  protoxyde  de  fer  devient 
peroxyde.  » 

Observations  présentées  par  M.  Bussy  au  sujet  de  la  Note  de 
M.  Péan  de  Saint-Gilles. 

«  M.  Bussy  fait  observer  qu'il  y  a  déjà  longtemps  (en  1847)  1^^^  '**'^' 
servi  du  permanganate  de  potasse  pour  doser  l'acide  arsénieux  en  dissolu- 
tion. Il  a  décrit,  dans  son  Mémoire  imprimé  t.  XXII  du  Journal  de  Phar- 
macie et  de  Chimie^  p.  Sa  r ,  tous  les  détails  que  comporte  l'application  de  ce 
procédé  et  qui  peuvent  en  assurer  le  succès.  (Voir  Journal  de  Pharmacie  cl 
de  Chimie  et  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  1 847,  p-  774)   » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Note  relative  à  l'existence  d'une  génération  sexuelle 
chez  les  Jnfusoircs ;  par  M.  Balbiam. 

(Commissaires,  MM.  de  Quatrefages,  Cl.  Bernard.) 

«  La  découverte  de  la  propagation  des  Infusoires  par  la  production 
d'embryons  ou  germes  intenies,  constatée  déjà  chez  un  certain  nombre 
d'espèces  appai-tenant  à  plusieurs  groupes  différents,  a  ouvert  un  nouveau 
cham|)  de  recherches  dans  l'histoire  du  développement  de  ces  animalcules. 
Elle  a  montré,  en  effet,  qu'à  côté  des  deux  modes  de  reproduction  franche- 
ment agame,  par  division  spontanée  et  par  gemmiparité,  seuls  admis  jusqu'a- 
lors dans  cette  classe,  il  en  existait  un  troisième  susceptible  d'une  inter- 
prétation toute  différente,  et  qui  avait  au  moins  ce  point  de  contact 
avec  la  reproduction  par  embryons  des  espèces  sexuées  supérieures,  que, 
de  même  que  dans  ces  dernières,  les  jeunes  se  forment  ici  dans  l'in- 
férieur même,  sinon  dans  une  cavité  spéciale  du  parent  qui  leur  donne 
naissance.  Mais  personne,  jusqu'ici,  n'a  encore  signalé  que  la  formation 
des  embryons  chez  les  Infusoires  fût  accompagnée  de  quelques-unes  des 
circonstances  qui  caractérisent  d'une  manière  indubitable  une  génération 
s'accomplissant  à  l'aide  d'appareils  sexuels  distincts.  Stein,  un  des  pre- 
miers, a  appelé  l'attention  sur  le  rôle  que  joue  le  noyau  dans  cette  produc- 
tion; mais  il  a  pensé  que  les  germes  se  développaient  à  la  surface  de  ce  der- 


(  6^9  ) 
iiiercorjis  par  un  phénomène  de  bourgeonnement  qui  les  assimilerait  plutôt 
à  des  bulbilles  ou  bourgeons  caducs  qu'à  des  embryons  provenant  d'œufs 
fécondés. 

»  Mes  observations  personnelles  m'ont  conduit  à  envisager  d'une  manière 
différente  l'origine  de  ces  corps  ;  j'espère  être  assez  heureux  pour  démon- 
trer que  les  phénomènes  qui  accompagnent  leur  formation  rentrent  complè- 
tement dans  l'ordre  de  ceux  qui,  chez  les  animaux  supérieurs,  caractérisent 
essentiellement  la  génération  sexuelle.  Ne  pouvant  m'étendre  beaucoup, 
dans  cette  Note,  sur  les  faits  qu'il  m'a  été  donné  d'observer  et  qui  se  rap- 
portent déjà  à  six  ou  sept  espèces  représentant  des  groupes  différents,  je  me 
contenterai  de  donner  ici  une  esquisse  rapide  des  phénomènes  relatifs  à  la 
reproduction  par  embryons  de  celle  d'entre  elles  où  j'ai  pu  les  suivre  le  plus 
complètement,  la  Paramécie  verte,  Paramecium  hursaria  de  Focke  {Loxodes 
bursaria,  Ehrb.  ) 

»  De  même  que  chez  presque  tous  les  Irifusoires,  il  existe  dans  celte  es- 
pèce un  noyau  qui  se  trouve  accompagné  dans  celle-ci  d'un  petit  corps 
lenticulaire  ordinairement  logé  dans  une  excavation  du  noyau,  près  de  l'une 
de  ses  extrémités  et  décrit  généralement  sous  le  nom  assez  impropre  de 
nucléole. 

»  Pendant  plusieurs  générations,  les  Paramécies  se  multiplient  par  scis- 
sion spontanée,  chacun  des  deux  individus  nouveaux  obtenant  une  moitié 
du  noyau  primitif.  Tel  est  le  phénomène  fort  simple  de  ce  mode  de  repro- 
duction ;  mais  sous  l'influence  de  conditions  encore  ignorées,  l'espèce  se 
propage  d'une  manière  toute  différente  et  au  milieu  de  phénomènes  bien 
phif  complexes  que  ceux  qui  ont  présidé  à  la  multiplication  par  fissiparité. 
Dans  ce  nouveau  mode,  nous  verrons  en  effet  se  prononcer  la  signification 
anatomique  réelle  du  noyau  et  du  nucléole,  dont  le  rôle,  si  l'on  excepte  le 
fractionnement  du  premier  de  ces  deux  organes  dans  l'acte  de  la  division 
spontanée,  a  été  entièrement  passif  jusqu'alors.  C'est  en  effet  à  leurs  dépens 
que  vont  se  former  les  éléments  reproducteurs  mâles  et  femelles  qui  carac- 
térisent ce  mode  de  reproduction. 

»  Lorsque  l'époque  est  arrivée  oii  les  Paramécies  doivent  se  propager  avec 
le  concours  des  sexes,  on  les  voit  se  rassembler  sur  certains  points  du  vase, 
soit  vers  le  fond  ou  sur  les  parois.  L'accotiplement  est  toujours  précédé  de 
certains  préliminaires  assez  curieux  à  observer,  mais  sur  lesquels  nous  ne 
pouvons  nous  étendre  ici.  Bientôt  on  les  trouve  accouplés  deux  à  deux,  acco- 
lés latéralement  et  comme  enlacés,  les  extrémités  semblables  dirigées  dans 
le  même  sens  et  les  deux  bouches  appliquées  étroitement  l'une  sur  l'autre. 

82.. 


(  63o  ) 
Dans  cet  état,  les  deux  individus  conjugués  contuiuent  à  se  mouvoir  avec 
agilité  dans  le  liquide  et  en  tournant  constamment  autour  de  leur  axe.  Rien 
n'annonce,  avant  l'accouplement,  les  changements  considérables  qui  vont  se 
passer  dans  le  noyau  et  dans  le  nucléole  qui  l'accompagne.  C'est  pendant  la 
copulation  même,  dont  la  durée  se  prolonge  pendant  cinq  à  six  jours  et 
davantage,  que  s'opère  leur  transformation  en  appareils  reproducteurs 
sexuels. 

»  Le  nucléole  a  subi  un  accroissement  considérable  et  s'est  transformé 
en  une  sorte  de  capsule  de  forme  ovale,  dont  la  surface  présente  des  lignes  ou 
stries  longitudinales  et  parallèles.  Presque  toujours,  il  ne  tarde  pas  à  se  par- 
tager, suivant  son  grand  axe,  en  deux  ou  plus  souvent  en  quatre  parties  qui 
continuent  à  s'accroître  indépendamment  les  unes  des  autres  et  d'une 
manière  fort  irrégulière,  et  constituent  autant  de  poches  ou  capsules  secon- 
daires. A  une  époque  encore  voisine  du  partage,  ces  dernières  se  montrent 
composées  d'une  membrane  extrêmement  fine,  enveloppant  un  faisceau  de 
petites  baguettes  courbes  s'étendant  d'une  extrémité  à  l'autre  de  la  poche, 
renflées  vers  leur  milieu,  plus  amincies  aux  extrémités.  Ce  sont  elles  qui, 
vues  à  travers  la  membrane  d'enveloppe,  donnent  à  la  capsule  l'apparence 
striée  qui  la  caractérise  et  qui  existe  déjà  dans  le  nucléole  à  presque  toutes 
les  autres  époques  de  la  vie  de  l'infusoire.  Elle  renferme  en  outre  un  liquide 
parfaitement  incolore  et  homogène.  Qu'est  devenu  pendant  ce  temps  le 
noyau?  Celui-ci  a  également  changé  de  forme  et  d'aspect;  il  s'est  arrondi, 
s'est  élargi,  sa  substance  devenue  plus  molle  a  perdu  sa  réfringence,  et  il 
présente  vers  ses  bords  des  échancrures  qui,  pénétrant  de  plus  en  plus 
profondément  dans  sa  masse,  en  isolent  un  ou  plusieurs  fragments  dans  les- 
quels un  grossissement  suffisant  permet  d'apercevoir  un  certain  nombre  de 
petites  sphères  transparentes  avec  un  point  central  obscur.  D'autres  fois  le 
noyau  presque  tout  entier  présente  cet  aspect  et  se  montre  alors  comme 
farci  de  ces  petits  corps  arrondis  dont  l'analogie  avec  des  ovules  ne  peut 
laisser  le  moindre  doute.  L'évolution  du  noyau  et  du  nucléole  étant  identique 
et  marchant  du  même  pas  chez  les  deux  individus  accouplés,  il  en  résulte, 
en  considérant  dès  ce  moment  le  premier  comme  un  ovaire  et  le  second 
comme  un  testicule  ou  capsule  séminale,  que  non-seulement  chacun  d'eux 
possède  les  attributs  des  deux  sexes,  mais  qu'ils  se  fécondent  l'un  l'autre 
et  se  servent  à  la  fois  et  dans  le  même  temps  de  mâle  et  de  femelle.  Quant  à 
cette  fécondation  elle-même,  tout  semble  démontrer  qu'elle  sopère  à  la 
faveur  d'un  échange  que  les  deux  individus  accouplés  font  d'une  ou  de 
plusieurs  de  leurs  capsules  séminales,  lesquelles,  à  travers  les  ouvertures  des 


(  63.  ) 

bouches  placées  étroitement  l'une  contre  l'autre,  passent  du  corps  de  l'une 
des  Paramécies  dans  celui  de  l'autre;  car  souvent  on  peut,  sinon  apercevoir 
ce  passage  même,  du  moins  surprendre  le  moment  où  l'une  des  capsules  déjà 
engagée  dans  l'une  des  bouches,  se  trouve  sur  le  point  de  franchir  cette 
ouverture.  L'échange  d'où  résulte  la  fécondation  a-t-il  lieu  pour  toutes  les 
capsules  dans  un  seul  et  même  accouplement,  ou  bien  dans  autant  d'accou- 
plements successifs  avec  des  individus  différents?  C'est  là  une  question  dont 
la  solution  n'est  pas  aisée,  et  que,  pour  nous  renfermer  dans  le  champ  de 
nos  observations,  nous  ne  chercherons  pas  à  résoudre  ici. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  chaque  capsule,  après  sa  transmission,  continue  en- 
core à  s'accroître  dans  le  corps  de  l'individu  'qui  l'a  reçue,  car  jamais  nous 
n'en  avons  trouvé  qui  eussent  atteint  le  terme  de  leur  développement  chez 
des  individus  encore  accouplés.  Elles  atteignent  alors  souvent  un  volume 
plus  considérable  que  le  noyau  lui-même,  mais  jamais  plus  d'une  à  la  fois 
n'arrive  à  maturité.  Lorsque,  parvenue  à  cet  état,  on  l'examine  après  l'avoir 
exprimée  du  corps  de  l'infusoire,  pour  la  dégager  des  granulations  qui  l'y 
masquent  toujours  plus  ou  moins,  elle  apparaît  sous  la  forme  d'un  gros  corps 
ovoïde  dont  la  surface  présente  une  multitude  de  stries  parallèlement  diri- 
gées dans  le  sens  de  la  longueur  et  qui  résultent  de  l'alignement  en  séries 
des  corpuscules  renfermés  dans  l'intérieur.  La  compression  poussée  jus- 
qu'à en  amener  la  rupture,  la  montre  nettement  formée  par  une  membrane 
d'une  ténuité  extrême  et  un  contenu  renfermant  une  innombrable  quantité 
de  petits  corpuscules  fusiformes,  dont  les  extrémités,  en  raison  de  leur 
finesse  extrême,  échappent  complètement  à  la  vue.  Aussitôt  libres,  ces  petits 
coi'ps  se  montrent  animés  d'un  mouvement  de  vacillation  et  de  translation 
qui  amène  bientôt  leur  dispersion  dans  le  liquide  ambiant.  Ce  sont  la  les 
spermatozoïdes  du  P.  bursaria.  L'iode, -l'alcool,  l'acide  acétique,  abohssent 
instantanément  leurs  mouvements;  ils  sont  insolubles  dans  ce  dernier  réac- 
tif concentré,  qui  dissout  rapidement  au  contraire  tous  les  autres  éléments 
du  corps,  à  l'exception  des  granules  verts. 

»  C'est  ordinairement  du  cinquième  au  sixième  jour  qui  suit  l'accouple- 
ment, que  l'on  voit  apparaître  les  premiers  germes  sous  la  forme  de  petits 
corps  arrondis,  formés  d'une  membrane  que  l'acide  acétique  met  bien  en 
évidence,  et  d'un  contenu  grisâtre,  pâle,  homogène  ou  presque  impercep- 
tiblement granulé,  où  l'on  ne  distingue  encore  ni  noyau  ni  vésicule  con- 
tractile. Ce  n  est  que  plus  tard  qu'apparaissent  ces  organes.  Les  observa- 
tions de  Stein  et  de  F.  Cohn  ont  montré  comment  ces  embryons  quittaient 
le  corps  de  la  mère  sous  la  forme  dacinètes  garnis  de  tentacules  boutonnés, 


(  632  ) 
véritables  suçoirs  au  moyen  desquels  ils  restent  encore  quelque  temps  adhé- 
rents à  la  mère  en  se  nourrissant  de  sa  substance;  mais  leurs  recherches  ne 
leur  ont  pas  révélé  le  sort  ultérieur  de  ces  jeunes.  J'ai  pu  les  suivre  assez 
longtemps  après  qu'ils  s'étaient  détachés  du  corps  maternel,  et  j'ai  pu  me 
convaincre  qu'après  avoir  perdu  leurs  suçoirs,  s'être  entourés  de  cils  vibra- 
tiles  et  avoir  obtenu  luie  bouche  qui  commence  à  se  montrer  sous  la  forme 
d'un  sillon  longitudinal,  ils  revêtaient  définitivement  la  forme  de  la  mère, 
en  se  pénétrant  comme  elle  des  granulations  vertes  caractéristiques  de  cette 
Paramécie,  sans  avoir  subi  de  plus  profondes  métamorphoses.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Mémoire  sur  les  phénomènes  pathologiques,  ph/siolo(ji(jue.s 
et  chimiques  produits  par  les  injections  d'air,  d'azote,  d  oxygène,  d'acide 
carbonique  et  d' hydrogène  dans  le  tissu  cellulaire  et  le  péritoine;  par 
MM.  Leconte  et  Demakquay.  (Extrait  par  les  auteurs.) 

«  Des  faits  nombreux  contenus  dans  notre  Mémoire,  nous  sommes  auto- 
risés à  conclure  : 

»  1°.  Que  l'air,  l'azote,  l'oxygène,  l'acide  carbonique  et  l'hydrogène  ne 
produisent  aucun  effet  nuisible  lorsqu'ils  sont  introduits  dans  le  tissu  cellu- 
laire sous-cutané  ou  dans  le  péritoine. 

»  2°.  Que  tous  ces  gaz  sont  résorbés  après  un  temps  plus  ou  moins  long 
et  avec  une  rapidité  qui  varie  depuis  quarante-cinq  minutes  (acide  carbo- 
nique) jusqu'à  plusieurs  semaines  (azote).  La  rapidité  de  résorption  s'est 
toujours  présentée  dans  l'ordre  suivant  ;  acide  carbonique,  oxygène,  hydro- 
gène, air  et  azote. 

»  3°.  Qu'un  gaz  quelconque  injecté  dans  le  tissu  cellulaire  ou  dans  le 
péritoine  détermine  constamment  une  exhalation  des  gaz  que  renferment 
le  sang  et  les  tissus. 

»  4°-  Qu'il  se  produit  après  l'injection  des  gaz  des  mélanges  plus  faciles 
â  résorber  que  le  gaz  le  moins  résorbable  qui  y  est  contenu.  De  telle  sorte 
que  la  résorption  de  ce  dernier  ne  commence  que  quand  il  est  déjà  mêlé 
en  certaines  proportions  avec  les  autres  gaz  exhalés. 

»  5".  Qu'en  général  l'exhalation  des  gaz  du  sang  ou  des  tissus  a  été  plus 
considérable  dans  les  expériences  faites  pendant  la  digestion  que  dans  les 
expériences  faites  à  jeun,  et  plus  encore  dans  le  péritoine  que  dans  le  tissu 
cellulaire. 

»  6".  La  rapidité  de  l'absorption  n'a  pas  semblé  modifiée  par  l'état  de 
jeûne  ou  de  digestion. 


(  633  )  ' 

»  7°-  Qii*"  de  tous  les  gaz  injectés  l'hydrogène  est  celui  qui  déterinint' 
l'exhalation  la  plus  considérable  des  gaz  du  sang  à  ce  point  que,  quand 
l'hydrogène  a  déjà  disparu  du  mélange,  l'animal  conserve  encore  le  volume 
qu'il  présentait  au  moment  de  l'injection  ;  ce  qui  pourrait  faire  croire  à  ];i 
non-absorption  de  l'hydrogène,  si  l'analyse  chimique  ne  venait  éclairer  if 
phénomène. 

i>  8°.  La  rapidité  de  la  résorption  des  gaz  parle  sang  n'est  pas  toujours 
en  rapport  avec  leur  solubilité  dans  l'eau  (azote  et  hydrogène). 

»  9°.  Que  si  dans  les  injections  d'air  dans  le  tissu  cellulaire  ef  dans  le 
péritoine  il  y  a  constamment  absorption  d'oxygène  et  exhalation  d'acide 
carbonique,  ce  qui  sous  ce  rapport  rapproche  ce  phénomène  de  la  respira- 
ration  pulmonaire,  l'on  ne  saurait  cependant  considérer  ces  deux  faits  phy- 
siologiques comme  identiques,  car  dans  le  cas  des  injections  les  rapports 
entre  l'acide  carbonique  exhalé  et  l'oxygène  absorbé  varient  sans  cesse.  » 

(Adressé  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  les  pièces  adressées  pour  ce 
concours  par  les  auteurs  dont  les  noms  suivent  : 

M.  Faure.  —  «  Recherches  sur  le  chloroforme  et  lasphyxie.  « 

M.  GiRALDEs.  —  a  Existcuce   fréquente  de  kystes   dans  l'épididynie  au 
moment  de  la  naissance.  —Existence  dans  le  cordon  spermatique  d'un 
organe  dont  la  présence  n'a  pas  été  signalée  par  les  anatomistes  »  (avec 
ar)alyse  en  double  copie  de  ce  travail  ). 

M.  FoRGET.  —  «  Des  anomalies  dentaires  et  de  leur  influence  sur  la  pro- 
duction des  maladies  des  os  maxillaires.  » 

M.  Leroy  d'Étiolles  envoie,  au  nom  de  M.  fVeiss,  de  Londres,  un  instru- 
ment lithotriteur  que  l'inventeur  désire  faire  admettre  au  concours  pour  les 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  la  fondation  Montyon  ;  il  y  joint  un 
ouvrage  publié  en  1 8^5  et  contenant,  p.  i3o,  la  description  de  cet  instru- 
ment, qui  y  est  désigné  sous  le  nom  de  Instrument  for  sawing  stone  in  the 
hladder. 

L'ouvrage  lui-même  a  pour  titre  :  Invention  ou  perfectionnement  de  di- 
vers instruments  chirurgicaux  par  J.  Weiss;  2*  édition.  Londres,  i83i. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 


(  634  ) 
M.  Wanner  présente  les  résultats  de  ses  observations  sur  deux  ordres 
de  vaisseaux  du  conduit  intestinal,  différant  entre  eux  par  plusieurs  carac- 
tères, et  appartenant  les  uns  aux  tuniques  musculaire,  nerveuse  et  muqueuse, 
les  autres  à  la  metnbrane  péritonéale.  L'auteur  croit  pouvoir  expliquer  au 
moyen  de  cette  disposition  anatomique  l'insuccès  des  chirurgiens  qui  cher- 
chaient à  obtenir  la  réunion  de  l'intestin  divisé  en  mettant  la  muqueuse 
d'un  des  bouts  avec  la  séreuse  de  l'autre,  tandis  que  M.  Jobert  de  Lamballe, 
en  mettant  en  contact  les  séreuses,  obtient  le  résultat  cherché. 

(  Commissaires,  MM.  Jobert  de  Lamballe,  Cl.  Bernard.  ) 

M.  Bonnet  adresse  d'Épinal  (Vosges)  une  Note  sur  l'emploi  de  la  ben- 
zine dans  le  traitement  de  la  gale.  «  Il  suffit,  dit  l'auteur,  de  barbouiller 
de  benzine  les  endroits  où  l'acarus  établit  de  préférence  son  siège,  et  plus 
légèrement  la  surface  du  corps.  Au  bout  de  cinq  minutes,  on  donne  un 
bain  d'une  demi-heure,  et  le  traitement  est  terminé. 

»  Il  est  bien  entendu,  poursuit  M.  Bonnet,  que  dans  le  cas  où  il  existe 
iine  éruption  secondaire,  ce  qui  est  quelquefois  le  cas,  elle  ne  disparaît 
pas  ainsi  et  exige  un  traitement  approprié.  » 

M.  AvENiER  Delagrée  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Nouvelle 
méthode  pour  augmenter  le  pouvoir  grossissant  des  télescopes  et  lunettes  astrono- 
miques. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Pouillet,  Babinet.) 

M.  Dannerv,  en  remerciant  l'Académie,  qui  dans  la  séance  publique  lui 
a  accordé  une  récompense  pour  sa  débourreuse  mécanique,  annonce  que 
depuis  l'époque  où  il  avait  présenté  au  concours  cet  appareil  (avril  iSSy), 
il  a  apporté  de  notables  améliorations  au  mécanisme,  au  point  de  faire  dis- 
paraître complètement  les  dangers  auxquels  étaient  exposés  dans  les  fila- 
tures les  ouvriers  chargés  de  cette  partie  du  travail  :  il  joint  à  cette  Lettre, 
comme  pièces  à  l'appui,  une  attestation  donnée  par  un  fabricant  qui  fait 
usage  depuis  six  mois  de  la  machine  perfectionnée  et  une  liste  de  plusieurs 
autres  industriels  qui  sont  prêts  à  donner  des  renseignements  également 
favorables. 

(Réservé  pour  la  futiue  Commission  du  prix  dit  des  Arts  insalubres,) 


(  635  )        ^ 

M.  IVioBEY,  en  adressant  pour  le  concours  du  prix  iH-eaut  un  exemplatre 
de  son  «  Histoire  médicale  et  statistique  du  choléra -morlnis  épitlémique  qui 
a  régné  en  i854  dans  la  ville  de  Gy  (Haute-Saône)  »,  y  joint  une  indication 
en  double  copie  de  ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans  son  travail. 

M.  DuNGLAs,  à  l'occasion  de  la  présentation  récetite  par  M.  Gairaud  d'une 
uiachitie  pneumatique  à  mercure ,  réclame  en  faveur  de  feu  M.  Danc/er, 
connu  par  ses  travaux  de  toxicologie,  la  priorité  d'invention  pour  les  dispo- 
sitions essentielles  de  l'appareil. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  la  coniinunication  de 
M.  Gairaud  :  MM.  Pouillet,  Séguier.)      " 

M.  Paulet  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  le  théorème  de  Fermai. 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liouviile,  Bertrand.) 

M.  Martha  Bkker  adresse  une  troisième  rédaction  de  sa  Note  siu'  les 
tremblements  de  terre. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nomniés  ;  MM.  Élie 

de  Beaumont,  d  Archiac.) 

CORRESPONDANCE  i 

M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Cosimerce  et  des  Travaux  publics 

transmet  une  Lettre  de  M.  Jncelon,  médecui  de  l'hôpital  de  Dieuze,  conte- 
nant des  remarques  sur  un  passage  du  Rapport  de  la  Commission  des  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  concours  de  1807. 

(Renvoi  à  M.  Andral,  rapporteur  de  la  Commission.) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  an  ouvrage  publié  en  esy)agnol  par  M.  Pissis,  sous  le 
titre  de  «  Description  topographique  et  géologique  de  la  province  d'Acou- 
oagua  ».  .  , 

(Renvoi  à  M.  Gay,  avec  invitation  d'en  faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal.) 

M.  le  Secrétaire  présente  également  trois  nouveaux  fascicules  du  tra- 
vail de  M.  Zunltdischi  sur  les  phénomènes  acoustiques. 

Ces  livraisons  publiées  en  italien  sont,  ainsi  que  trois  autres  précëdem- 

C.  R.,  i858,  .".Srmc.ire.  (T.XLVl,  N"  13.)  '  83 


(  636  ) 
ment  adressées,  renvoyées  à  M.  Cagniard  de  Latour,  pour  en  faire  l'objet 
d'un  Rapport  verbal. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  six  échan- 
tillons d'amalgames  d'argent  natifs  adressés  du  Chili  par  M.  Domejko  et  se 
rapportant  au  Mémoire  qu'avait  précédemment  envoyé  le  savant  géologue. 

(Renvoi  à  l'examen   des  Commissaires  nommés  dans  la  séance  où  a  été 
présenté  ce  Mémoire  :  MM.  Dumas,  Pelouze,  Boussingault.) 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  le  terrain  de  transition  de  la  vallée  de  la  Pique  [Pyrénées 
de  la  Haute-Garonne)  ;  Lettre  de  M.  Leymerie  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Conformément  à  la  belle  idée  de  Ramond,  l'axe  géologique  des  Pyré- 
nées centrales  ne  se  confond  pas  avec  l'axe  orographique.  Dans  la  vallée  de 
la  Pique,  c'est  l'humble  massif  granitique  de  Saint-Mâmet,  près  Luchon,  qui 
est  le  véritable  centre  de  soulèvement,  et  c'est  relativement  à  lui  que  le 
terrain  de  transition  se  trouve  coordonné. 

»  Ce  terrain  s'incline  en  sens  inverse  de  part  et  d'autre  de  ce  môle  d'érup- 
tion. Il  porte  d'ailleurs,  dans  toute  son  étendue,  de  nombreuses  traces 
des  dislocations  et  des  perturbations  de  toutes  sortes  qu'il  a  dû  subir  de  la 
part  de  roches  semblables  ou  de  roches  de  quartz,  qui  se  montrent  en 
quelques  autres  points  de  la  vallée  ou  qui  restent  cachées  sous  le  sol.  li 
offre  notamment  d'assez  fréquentes  inflexions.  Ces  dérangements  rendent 
l'étude  de  cette  contrée  très-difficile,  et  ce  n'est  que  par  des  observations 
très-détaillées,  très-attentives  et  suivies  avec  persévérance  pendant  long- 
temps, qu'il  m'a  été  possible  d'en  reconnaître  la  véritable  ordonnance. 

»  Le  terrain  de  transition  de  la  vallée  de  la  Pique  peut  être  divisé  en  trois 
étages,  savoir  :  étage  dévonien;  étage  silurien;  étage  schisteux  azoïque. 

»  Les  schistes  inférieurs  offrent  des  caractères  variables.  A  Luchon,  ils 
consistent  en  un  gneiss  brunâtre  très-schisteux  qui  entoure  et  recouvre  le 
massif  granitique  central;  à  ce  gneiss  se  trouve  immédiatement  superposé 
un  schiste  satiné  très-fissile.  Les  schistes  inférieurs  azoiques  s'étendent  peu 
en  aval  de  Luchon;  mais  ils  prennent  un  grand  développement  au  sud  où 
ils  constituent  notamment  la  vallée  du  Lys,  la  gorge  de  la  Glère,  la  partie 
orientale  de  la  crête  à  partir  du  Port- Vieux  et  les  bords  du  lac  d'Oo.  Dans 
ces  hautes  régions,  ils  sont  fréquemment  compactes  par  l'influence  de  l'in- 
trusion et  de  l'imbibition  de  matières  euritiques  ou  quartzeuses'.  Il  y  a  la 
aussi  habituellement  des  schistes  cristallins  maclifèi'es. 


{  637  ) 

»  L'étage  silurien  commence  par  des  schistes  noirs  alumineux  carbures. 
Cette  limite  est  très-sensible  à  l'œil .  Il  semble  que  ce  soit  un  large  coup  de 
crayon  tracé  par  la  nature.  Près  de  Luchon,  ces  schistes  sortent  du  vallon  de 
Gourom,  traversent  la  rivière  deLarboust  et  viennent  se  montrer  sur  le  flanc 
de  la  montagne  de  Cazaret.  De  là  ils  descendent  la  vallée  de  la  Pique,  où 
ils  disparaissent  bientôt  pour  reparaître  par  relèvement  en  plusieurs  points, 
notamment  entreArtigues  et Gouaux,  où  ils  offrent  des  macles  blanches  très- 
caractérisées.  Sur  ces  schistes  reposent,  près  Luchon,  des  calcaires  gris  esquil- 
leux  presque  massifs.  Si  l'on  descend  la  vallée  à  partir  de  ce  centre,  on  voit 
succéder  à  ces  calcaires  d'autres  calcaires  associés  à  des  graiiwackes  schis- 
teuses, et  enfin  une  puissante  assise  de  schistes  et  calschistes  comprenant  des 
dalles  de  calcaire  d'un  gris  clair  semi-cristallin. L'étage  silurien  constitue  en- 
core la  partie  haute  de  la  vallée,  du  côté  droit  de  la  Pique,  et  notamment  les 
hautes  prairies  de  Campsaur  et  les  sommets  qui  les  dominent  à  l'est.  De  ce 
côté,  la  roche  dominante  est  un  calcaire  de  couleur  sombre  rubané  par  de 
minces  couches  d'une  roche  dure  non  effervescente  (calcaire  barégien).Le 
schiste  carburé  commence  à  l'entrée  de  la  vallée  du  Lys,  remonte  sur  le 
versant  droit  de  la  Pique,  passe  près  de  l'hospice,  où  il  renferme  souvent  de, 
belles  macles,  et  va  franchir  la  frontière  d'Espagne  par  le  col  de  Mounjoyo. 
On  doit  rapporter  à  cet  étage  les  grauwackes  à  empreintes  de  roseaux  et 
les  calcaires  avec  dolomies  qui  forment  une  assise  comme  pincée  entre  la 
crête  et  la  Maladetta  et  dont  la  Peîîa-Blanca  forme  la  partie  la  plus  remar- 
quable. 

»  Le  terrain  silurien  de  la  Pique  est  presque  dépourvu  de  fossiles  dans 
tout  le  canton  de  Luchon  ;  on  n'y  trouve  que  de  rares  fragments  d'encrines. 
Ce  n'est  qu'au  bas  de  la  vallée,  près  Cierp,  et  surtout  au  sud  de  Marignac 
et  de  Saint-Béat,  non  loin  du  débouché  de  la  vallée  d'Aran,  dans  le  bassin 
de  Saint-Béat,  que  paraissent  les  calcaires  noirâtres  à  orthocères,  scyphocri- 
nites,trilobites,  graptolites,  Cardiola  internipta,  etc.,  que  j'ai  signalés  ailleurs 
comme  représentant  la  partie  supérieure  de  l'étage  silurien  (i). 

»  L'étage  dévonien  n'existe  pas  dans  les  hautes  régions,,  au  sud  de  Lu- 
chon. On  n'en  trouve  pas  non  plus  dans  le  massif  de  Baccanère.  La  vallée 
de  la  Pique  n'en  présente  qu'à  la  crête  de  son  versant  occidental,  entre  An- 
fignac  etSignac.  A  partir  de  cette  ligne,  ce  terrain  s'étend  à  l'ouest  dans  les 
vallées  de  Barousse,  dans  toute  la  vallée  d'Oueil  et  dans  le  haut  de  celle  de 


(i)  Lettre  à  M.  de  Verneuil  sur  le  terrain  de  transition  supérienr  de  la  Haute-Garonne. 
-  Bulletin  de  la  Soc.  géol.  de  France,  2'  série,  tome  VII  (i85o). 

83.. 


(  638'  ) 
r^acboust.  Il  consiste  en  schistes  et  calsclxistes  gris  terreux  sub-satinés  qu'il 
eit  souvent  fort  difficile  de  séparer  de  l'étage  silurien,  en  «chistes  noirs,  verts 
et-rouges,  en  partie  siliceux,  quelquefois  navaculaires,  souvent  ardoisiers,  et 
on  cal&chistes  amygdalins  gris,  verts  et  rouges.  On  trouve  aussi  dans  la  par- 
tie supérieure  de. ce  système,  vers  la  crête  qui  sépare  le  bassin  de  Luchon 
de  la  vallée  de  Louron  (Hautes-Pyrénées),  des  bancs  de  (juartzite.  A  la 
partie  culminante  des  montagnes  arrondies,  qui  bordent,  de  part  et  d'autre, 
la  vallée  d'Oueil,  les  couches  dévoniennes  subissent  des  inflexions  et  des 
courbures  remarquables.  A  Cierp,  ce  terrain,  très-atténué,  descend  des  hau- 
teurs pour  venir  former,  vers  le  bas  de  la  vallée,  un  ruban  étroit  et  ondulé 
dont  nous  avons  lait  connaître  les  caractères  particuliers  dans  le  Mémoire 
déjà  cité.  Là  se  montrent,  au  sein  de  griottes  très-caractérisées,  de  nom- 
breuses .goniatites,  des  clyménies,  des  encrincs,  fossiles  qui  sont  à  peine  in- 
diqués dans,  les:  marbres  de  même  genre  qu'on  exploite  dans  la  vallée 
d'Oueil.  Une  circonstance  vient  encore  particulariser  ces  couches  et  démou- 
tier  en  même  temps  l'indépendance  du  grès  rouge  pyrénéen  :  c'est  .la  pré- 
sence en  juxtaposition  immédiate  sur  la  griotte,  de  ce  grès  qui  manqiR' 
complètement  dans  le  canton  de  Luchon . 

»  Les  roches  granitoïdes  forment  des  typhon,>;  et  des  filoins  dans  l'étage 
des  schistes  cristallins  inférieurs;  suais  c'est  le  quartz  qui  est  la  véritable 
roche  éruptive  des. étages  silurien  ot  dévonien.  On  en  voit  fréquemment  des 
filons  au  sein  des  assises  stratifiées  de  cet  âge,  où  il  apporte  toujours  une 
perturbation  marquée  dans  la  stratification.  Cette  roche  se  montre  particu- 
lièrement au  voisinage  des  gorges  de  fractures  qui  accidentent  les  flancs  des 
montagnes  et  p>rès  des  voûtes  ou  inflexions  que  noiis  avons  signalées  dans  la 
l'oriBatioiiidéKQHieiuie.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  le  métstnorphisme  des  roches  (i)',  par  M.  Delesse. 
'='"•1  (Extrait  par  l'autenr.V 

«  Je  me  suis  proposé  d'étudier  le  métamorphisme  exercé  par  les  roclies 
Irappéennes  sur  les  roches  siliceuses  et  argileuses  qui  se  trouvent  à  leur' 
.contact. 

»  Si  l'on  considère  d  abord  les  roches  siliceuses,  leur  métamorphisme 
est  caractérisé,  soit  par  la  formation  de  certains  minéraux,  soit  par  des 
altérations  dans  la  structure. 


(i)  Voir  Comptes  rendus,  tome  XLV,  |);iges  958  et  1084. 
.  i  ■' 


»  Parmi  les  mioéraux,  il  faut  signaler  les  hydroxyties  de  fei' et  <ie  man- 
ganèse, ainsi  que  les  carbonates.  Ces  carbonates  sont  :  le  carbonate  de 
chaux,  la  dolomie,  souvent  des  carbonates  qui  font  une  effervescence 
lente  et  qui  sont  à  base  de  magnésie  et  de  fer  ;  quelquefois  aussi  l'on 
observe  de  la  silice.  Parmi  les  hydrosilicates,  on  a  l'argile  ferrugineuse 
et  surtout  les  zéolithes.  La  terre  verte  pénètre  intimement  les  grès  aux- 
quels elle  donne  sa  couleur;  mais  leur  quartz  reste  à  l'état  hyalin,  et 
A  est  altéré  seulement  à  la  surface  ou  dans  les  fissures.  Les  zéolithes 
manifestent  une  grande  tendance  à  se  développer  dans  les  roches  sili- 
ceuses; on  les  rencontre  même  dans  celles  qui  sont  très-compactes,  notam- 
ment dans  les  silex.  Le  plus  souvent  elles  forment  une  pâte  blanchâtre  qui 
remplit  les  interstices  des  grains  de  quartz.  Cette  pâte  peut  n'avoir  pas  tou- 
jours la  composition  d'une  zéoiithe  définie;  mais,  quoi  qu'il  en  soit,  elle 
fond  très-facilement,  elle  s'attaque  par  les  acides,  et  elle  donne  de  la  silic* 
gélatineuse  ou  floconneuse;  de  plus  on  y  trouve  les  mêmes  substances  que 
tians  les  zéolithes.  D'ailleurs  les  zéolithes  forment  aussi  des  nodules  micro- 
scopiques. Enfin,  dans  quelques  gisements  elles  se  montrent  en  beaux  cris- 
taux qui  tapissent  les  cavités  de  la  roche  siliceuse  métamorphique.  La  terre 
verte  et  les  zéolithes  paraissent  coriespondre  du  reste  à  des  modes  d'action 
de  la  roche  trappéenne  qui  sont  différents. 

»  Les  roches  siliceuses  ont  aussi  éprouvé  des  altérations  dans  leur  stmc- 
ture  qui  est  devenue  prismatique,  lithoïde,  celkdeuse,  vitreuse  ou  même 
jaspée.  liOrsque  la  structure  d'un  grès  a  été  modifiée,  il  perd  sa  couleur 
rouge  et  il  devient  blanc,  gris,  vert  ou  noirâtre;  il  est  sonore,  et  sa  cassure 
est  esquilleuse.  Quand  il  est  friable,  ses  grains  de  quartz  peuvent  avoir  été 
*:imentés;  mais  lors  même  qu'il  paraît  tout  à  fait  compacte,  il  est  rare  qu'on 
n'y  retrouve  pas  des  traces  de  sa  structure  arénacée  ^il  est  d'ailleurs  facile 
de  la  mettre  en  évidence  en  l'attaquant  par  un  acide. 

»  Lorsqu'un  grès  est  prismatique,  ses  prismes  sont  bien  caractérisés  et 
perpendiculaires  à  la  surlace  de  contact  de  la  roche  trappéenne.  Ils  ont  une 
jjelite  section,  mais  leur  longueur  est  plus  grande  que  dans  aucune  autre 
roche,  et  quelquefois  elle  atteint  2  mètres. 

«  Le  grès  devenu  prismatique  près  du  basalte  contient  de  l'eau,  et  il 
peut  même  en  renfermer  plusieurs  centièmes,  surtout  si  son  éclat  est 
lustré  et  vitreux.  vr,.>f! 

»  Lorsque  le  grès  prend  une  structure  vitreuse  ou  celluleuse,  ce  qu  ou 
observe  fréquemment  au  contactdu  basalte,  il  a  subi  un  métamorphisme  très- 
énergique.  Il  contient  encore  de  l'eau,  et  sa  densité  a  diminué.  Ses  carac- 


(  64o  ) 
tères  dépendent  d'ailleurs  de  sa  composition  originaire,  de  la  quantité  et  de 
la  nature  des  bases  par  lesquelles  il  a  été  imprégné,  et  aussi  de  la  tempéra- 
ture à  laquelle  il  a  été  chauffé. 

1)  Le  métamorphisme  que  les  roches  argileuses  ont  éprouvé  au  contact 
des  roches  trappéennes  est  assez  difficile  à  apprécier.  Le  plus  souvent,  en 
effet,  les  roches  argileuses  renferment  déjà  des  alcalis  et  toutes  les  substances 
qui  entrent  dans  la  composition  de  la  roche  éruptive.  Les  proportions  de 
ces  substances  varient  donc  seules  dans  le  métamorphisme,  en  sorte  que, 
pour  le  définir,  il  est  indispensable  d'avoir  recours  à  l'analyse  chimique. 
En  outre,  comme  les  roches  argileuses  sont  compactes,  les  minéraux  ne 
peuvent  guère  s'y  développer  que  quand  il  s'y  trouve  des  fissures  ou  des 
cavités. 

»  Si  l'on  passe  en  revue  ces  minéraux  métamorphiques,  il  est  facile  de 
constater  qu'ils  ne  diffèrent  pas  de  ceux  qui  se  sont  formés  au  contact  des 
roches  calcaires  ou  siliceuses. 

1)  Toutefois  le  développement  de  minéraux  dans  les  roches  argileuses  est 
jusqu'à  un  certain  point  exceptionnel.  Le  plus  souvent  le  métamorphisme 
de  ces  roches  est  accusé  simplement  par  des  modifications  dans  leur  struc- 
ture. Elles  restent  amorphes  et  elles  passent  par  une  foule  d'états,  qui  dépen- 
dent, il  est  vrai,  des  métamorphoses  qu'elles  ont  subies,  mais  qui  sont  presque 
indéfinissables.  Il  est  bon  de  constater  d'abord  qu'une  roche  argileuse  peut 
se  trouver  au  contact  immédiat  d'une  roche  trappéenne  sans  éprouver 
aucune  altération,  même  dans  sa  structure.  Quelquefois,  au  contraire,  sa 
structure  devient  polyédrique,  pseudo-régulière,  sphéroïdale,  ou  même 
prismatique.  Ses  prismes  sont  formés  par  une  argile  durcie,  qui  a  éprouvé 
ini  léger  retrait,  mais  qui  contient  encore  presque  autant  d'eau  que  l'argile 
normale.  Le  plus  souvent  lés  roches  argileuses  deviennent  lithoïdes;  elles 
changent  alors  de  couleur  et  leur  dureté  augmente.  Généralement  aussi,  elles 
perdent  une  partie  de  leur  eau  et  de  leurs  carbonates.  Au  contact  des  roches 
trappéennes  riches  en  zéolithes,  elles  sont  quelquefois  métamorphosées  en 
palagonite.  En  même  temps  elles  sont  imprégnées  par  les  zéolithes,  la  chaux 
carbonatée,  la  silice  et  les  minéraux  des  aniygdaloïdes.  Elles  deviennent 
aussi  celluleuses  et  elles  passent  au  spilite  :  c'est  ce  qui  a  lieu  surtout  lors- 
qu'elles sont  calcaires,  et,  dans  ce  cas,  elles  perdent  au  moins  une  partie 
de  leurs  carbonates.  Dans  leurs  cavités,  on  retrouve  également  les  minéraux 
des  amygdaloïdes. 

»  Les  roches  argileuses  sont  souvent  métamorphosées  en  jaspes  au  con- 
tact des  roches  trappéennes.  Alors  elles  conservent  plus  ou  moins  les  traces 


(  64i  ) 
de  leur  stratification  qui  est  indiquée  par  des  veines  parallèles.  Elles  sont 
compactes,  dures,  à  cassure  esquilleuse  et  conchoïde.  Leurs  couleurs  sont 
vives  et  généralement  variées. 

»  Le  jaspe  porcelanite  s'observe  au  contact  des  roches  basaltiques.  Si 
l'on  prend  comme  type  le  jaspe  porcelanite  d'Essey,  sa  densité  est  moindre 
que  celle  de  la  roche  argileuse  de  laquelle  il  provient.  Sa  teneur  eii  silice 
est  aussi  moindre,  tandis  qu'il  renferme  plus  d'oxyde  de  fer  et  plus  d'alcalis. 
En  outre,  il  contient  encore  quelques  centièmes  d'eau.  Les  caractères  et  le 
gisement  du  jaspe  porcelanite  montrent  qu'il  y  a  une  grande  analogie  entre 
cette  roche  et  la  palagonite. 

»  Si  l'on  considère  le  jaspe  proprement  dit,  on  peut  en  distinguer  deux 
variétés  :  le  jaspe  dur  et  le  jaspe  tendre.  Ce  dernier  est  quelquefois  impré- 
gné de  zéolithes,  comme  on  l'observe  pour  le  lias  de  Portrush  en  Irlande. 

»  Le  métamorphisme  des  roches  argileuses  en  jaspes  est  extrêmement  fré- 
quent. Il  n'est  pas  produit  par  une  silification,  car  souvent,  au  contraire, 
la  proportion  de  silice  a  diminué. 

»  L'argile  proprement  dite  se  prête  moins  bien  que  l'argilithe  aux  diffé- 
rentes métamorphoses  qui  viennent  d'être  signalées,  et  il  est  facile  de  le 
comprendre,  puisque  cette  dernière  renferme  déjà  des  alcalis. 

»  Quand  la  roche  argileuse  est  calcaire,  il  arrive  fréquemment  que  son 
carbonate  diminue  ou  bien  même  disparaît  complètement.  C'est  ce  qu'on 
constate  quand  le  métamorphisme  est  énergique,  notamment  lorsque  la 
structure  devient  celluleuse. 

B  Les  roches  argileuses  élastiques  et  formées  de  débris  de  roches  feld- 
spathiques  sont  très-facilement  métamorphosées. 

1)  On  n'observe  pas  qu'une  roche  argileuse  se  change  entièrement  en  un 
agrégat  cristallin  au  contact  d'une  roche  trappé(înne  ;  mais,  quand  elle  se 
métamorphose  en  palagonite,  en  jaspe  porcelanite,  en  jaspe,  elle  prend 
cependant  des  caractères  assez  constants. 

»  Les  roches  argileuses  contiennent  beaucoup  d'eau,  et  dès  qu'elles  sont 
chauffées  elles  s'altèrent  d'une  manière  tiès-sensible;  cependant,  lors- 
qu'elles sont  au  contact  de  roches  trappéennes,  c'est  seulement  prés  des 
basaltes  et  dans  des  cas  exceptionnels  qu'elles  portent  les  traces  d'une  tem- 
pérature élevée.  En  outre,  les  minéraux  qui  se  sont  développés  et  les  carac- 
tères de  la  roche  métamorphosée  montrent  presque  toujours  que  l'action 
aqueuse  était  combinée  à  l'action  ignée.  Par  conséquent,  nous  arrivons 
encore  à  attribuer  le  métamorphisme  produit  par  les  roches  trappéennes, 
aune  action  mixte  dans  laquelle  la  part  la  plus  large  appartiendrait  à  l'ac- 
tion aqueuse.  » 


(  %■>.  ) 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  iiijniles  de  Monte  Boinboli ,  Lettre  de  M.  L.  Simomn 

à  M.  Élie  de  Beaumonf. 

«    iNJ.fseille,   le  i8  mars   i85iî. 

w  Je  lis  dans  le  Comjde  rendu  de  la  séante  de  /.'/académie  des  Scienœs  du 
i"  février  dernier  une  Note  de  M.  Fournet,  sur  les  iigiiites  collants  de 
Manosque,  où  il  est  question  aussi  de  ceux  de  Monte  Baniboli  en  Toscane. 
Avant  été,  pendant  un  an,  directeur  des  mines  de  Monte  Bamboli,  j'ai  pil 
étudier  par  moi-même  les  diverses  conditions  de  gisement  et  les  qualités 
particulières  du  combustible  de  celte  localité,  et  je  viens  ajouter  quelques 
détails  à  ceux  déjà  donnés  par  le  savant  professeur  de  Lyon. 

w  Le  lignite  de  Monte  Bamboli  (si  l'on  veut  donner  ce  nom  à  un  combus- 
tible qui  possède  toutes  les  qualités  de  la  houille,  hormis  une  seule,  celle 
de  ne  point  se  trouver  dans  le  terrain  houiller  des  géologues),  le  lignite- 
houille  de  Monte  Bamboli  possède  les  qualités  physiques  et  chimiques 
.suivantes  : 

«  Sa  couleur  est  franchement  noire  et  sou  éclat  résmeuxj  sa  dureté' est 
assez  grande  pour  qu'il  ne  soit  pas  rayé  par  l'ongle,  et  il  ne  tache  pas  les 
doigts.  Cassure  conchoïdale.  Poids  du  mètre  cube  massif,  1 35o  kilogrammes. 

»  L'analyse  immédiate  donne  moyennement  les  résultats  suivants  : 

Madères  volatiles 34, oo 

Carbone  fixe 60 ,  oo  )       ,      „,, 

_  •   coke  00  pour   100. 

Cendres b ,  00  \ 

100,00 

Et  l'analyse  élémentaire  a  donné  à  M.  Bunsen,  de  Marburg  (moyenne  de 
deux  expériences)  :  . 

Carbone 73,81 5 

Hydrogène 5 ,  090 

Oxygène  et  azote 17  ,445 

Cendres 3,65o 

*  .  "-*- 

I 10,000 

»  r.es  matières  volatiles  fournissent  entre  autres  de  la  paraffine,  de  la 
naphtaline  et  des  principes  ammoniacaux. 

»  Le  coke  est  bien  fondu,  léger,  poreux  et  d'un  éclat  métalloïde.  Les 
cendres  sont  un  peu  rougeâtres  et  composées  de  carbonate  et  sulfate  de 
chaux,  d'oxyde  de  fer  et  d'argile. 

»  L'analyse  élémentaire  semble  classer  le  combustible  de  Monte  Bam- 
boli dans  la  catégorie  des  houilles  sèches  à  longue  flamme  (classification  de 


(  64S  ) 
M.  Regiiault)  ;  mais  ses  qualités  industrielles,  comme  aussi  la  quanlifé  du 
coke  et  sa  nature,  indiquent  que  ce  charbon  appartient  à  la  classe  des  liouiUei> 
grasses  à  longue  flamme . 

»  Ainsi  le  coke  est  boursouflé  et  toujours  au-dessus  de  60  pour  100;  h 
combustible  s'enflamme  très-facilement  et  se  ramollit  sur  la  grille,  dévelop- 
pant par  sa  combustion  «ne  flamme  abondante  et  très^vive,  un  peu  fuligi- 
neuse et  d'un  pouvoir  calorifique  très-intense;  enfin,  il  laisse  un  médiocre 
brasier  de  coke  en  ignition  ;  il  est  excellent  pour  les  feux'  de  maréchalerie  : 
toutes  qualités  qui  sont  caractéristiques,  des  houilles  grasses  à  longue  flamme. 

»  On  n'a  jamais  rencontré  dans  le  combustible  de  Monte  Bamboli  l'acide 
ulmique  qu'on  trouve  dans  presque  tous  les  lignites  proprement  dits. 

»  Les  pyrites  existent  à  l'état  indiscernable,  et  la  quantité  de  soufre  à 
l'état  libre  est  en  outre  assez  élevée,  3,35  pour  100  en  moyenne;  aussi, 
quand  00  bat  le  charbon  avec  un  marteau,  une  très-foite  odeur  d'hydro- 
gène sulfuré  se  dégage. 

»  Le  charbon  de  Monte  Bamboli  a,  comme  les  houilles,  la  propriété  de 
s'enflammer  au-  dard  du  chalumeau  et  de  s'éteindre  quand  on  le  retire;  les 
lignites,  au  contraire,  continuent  de  brûler. 

»  Un  des  principaux  emplois  de  ce  combustible  est  pour  les  usines  à  gaz, 
et  celle  de  Rome  en  consomme  3ooo  tonnes  chaque  année.  On  en  fait  aussi 
usage  pour  les  feux  de  forge  et  pour  les  feux  de  grille,  chaudières  fix£s, 
bateaux  à  vapeur,  etc.  Enfin  on  l'emploie  à  la  cuisson  de  la  chaux,  du 
ciment,  etc. 

»  Le  terrain  de  Monte  Bamboli  est  supérieur  au  terrain  d'Àlbérèse,  Maci- 
gno  et  Galestri,  lequel  est  aujourd'hui  rangé,  par  sir  R.  Murchison  et 
MM.  Savi  etMeneghini,  dans  l'étage  nummulitique,  que  ces  géologues  rat- 
tachent au  terrain  éocène.  I^e  terrain  de  Monte  Bamboli  serait  alors  d'é- 
poque miocène.  Il  est,  du  reste,  surmonté  par  les  argiles  subapennines,  et  la 
succession  des  assises  est  la  suivante  de  haut  en  bas  : 

Puissùoce  moyenne, 

1 .  G>Dglofliérat  à. gros  galets  d'Albérèse  serpentinisé,  avec  ciment  rougeâtre 

provenant  de  détritus  des  gabbro  rosso  {Gonfolite,  ofioUtica) 102 ,20 

2.  Argiles  dures,  gypseuses  à  la  partie  supérieure  {iWflfn/one) .-. .....  ^^jP» 

3.  Calcaire  bitumineux,  jaunâtre,  coquillier  [Calcarea  carbortifera) i7,5o 

4.  Première  couche  de  charbon 1 ,20 

5.  Banc  intermédiaire ■•  : .  2 ,4o 

6.  Deuxième  couche  de  charbon i ,  20 

7.  Schistes,  poudinguès,  argiles  détritiques  et  conglomérat  de  la  base. ...  3,6p 

Puissance  moyenne  totale. 169,00       l' 

C.  R.,  i858,  i«r  Seweitre.  (T.  XLVl.N"  13.)  84 


(  644  ) 

»  Le  gompholite  est  essentiellement  marin  ;  les  calcaires  coquilliers 
paraissent  s'être  déposés  dans  un  estuaire;  car  ils  renferment  avec  de  nom- 
breuses empreintes  de  MylUus  Brardii,  des  coquilles  d'eau  douce  et  des 
empreintes  de  feuilles  de  dicotylédones.  Enfin  le  dépôt  charbonneux  est 
purement  littoral,  et  on  y  rencontre  de  nombreux  débris  de  Pachydermes 
éteints  :  hippothériums,  anthracothériums,  etc.,  et  quelques  restes  de  Ché- 
loniens. 

»  La  direction 'moyenne  des  couches  est  nord-ouest  sud-est.  Elles  s'ap- 
puient en  stratification  presque  concordante  sur  le  terrain  d'Albérèse.  . 

.  »  Les  dislocations  du  dépôt  carbonifère  ont  été  très-profondes.  Dénuda- 
tions,  rejets,  failles,  amincissements  et  étranglements  se  présentent  presque 
à  chaque  pas.  Ces  divers  bouleversements  ont  été  provoqués  sans  doute  par 
l'apparition  des  serpentines,  qui  ont  surgi  après  le  dépôt  de  l'Albéï-èse,  qu 
par  le  soulèvement  de  la  chaîne  des  Apennins,  qui  paraît  s'être  effectué  à  la 
même  époque  et  avoir  duré  pendant  tout  le  temps  que  le  terrain  carboni- 
fère se  déposait. 

»  On  a  proposé  divers  systèmes  pour  expliquer  la  formation  de  la  houille 
à  Monte  Bamboli,  dans  un  terrain  d'époque  tertiaire. 

»  Les  géologues  toscans,  MM.  Pilla,  Savi  et  Meneghini,  et  avec  eux  sir 
R.  Murchison,  adoptent  l'explication  par  le  métamorphisme.  Mais  aucune 
roche  ignée  n'apparaît  dans  le  voisinage  du  terrain  carbonifère  de  Monte 
Bamboli,  et  d'ailleurs  le  métamorphisme  ne  saurait  avoir  pour  effet  de  faire 
passer  un  lignite  à  l'état  de  la  houille  grasse. 

»  M.  deCoUegno  pensait,  au  contraire,  que  la  pression  des  assises  du  ter- 
rain et  la  chaleur  résultant  de  cette  pression  (et  peut-être  de  la  seule  épaisseur 
des  couches  superincombantes)  avaient  pu  transformer  en  houille  le  lignite  de 
Monte  Bamboli,  se  basant  en  cela  sur  les  expériences  de  M.  Cagniard  de 
Latour,  alors  très-incomplètes,  mais  auxquelles  les  essais  de  M.  Baroulier  à 
Saint-Etienne  viennent  de  donner  une  si  haute  sanction. 

»  Si  l'on  admet  ce  moyen  d'explication,  on  trouve  les  causes  de  la  pres- 
sion violente  à  laquelle  le  terrain  a  dû  être  soumis  dans  l'état  de  boulever- 
sement dans  lequel  on  le  rencontre  aujourd'hui,  et  dans  les  amincissements 
successifs  de  la  couche,  qui  n'ont  pu  se  produire  qu'à  l'époque  où  le  com- 
bustible était  encore  à  l'état  pâteux,  facile  à  laminer^  c'est-à-dire  à  l'état  de 
dépôt  tourbeux. 

»  Un  autre  moyen  d'explication  serait  celui  tiré  du  principe  reconnu  vrai 
par  M.  Gruner  pour  les  bassins  houillers  de  la  Loire  et  de  la  Creuse,  savoir  : 
que  la  qualité  d'un  combustible  dépend  moins  de  son  niveau  géologique  que 


(  645  ) 

de  sa  position  topographique,  et  de  la  nature  spéciale  des  essences  qui  l'ont 
formé. 

1)  Il  faudrait  alors  généraliser  ce  principe,  et  l'appliquer  non-seulement  à 
la  formation  houillère,  mais  encore  aux  dépôts  carbonifères  de  tous  les  étages. 
Pour  celui  de  Monte  Bamboli  en  particulier,  rien  n'empêche  d'admettre 
que  des  essences  tropicales,  comme  celles  de  la  période  houillère,  ontpu, 
grâce  à  des  conditions  climatériques  particulières,  se  développer  dans  cette 
localité  spéciale.  Des^  conditions  climatériques  anomales  s'expliquent  d'au- 
tant plus  facilement,  dans  l'espèce,  que  la  production  des  soffioni  paraît 
contemporaine  des  éruptions  serpentineuses  qui  ont  suivi  le  dépôt  de  l'AJ- 
bérèse.  Quelques-uns  de  ces  soffioni  sont  voisins  de  Monte  Bamboli,  à  un 
ou  deux  kilomètres  au  plus.  La  vapeur  d'eau  en  grande  quantité,  mêlée 
d'acide  carbonique  et  d'autres  gaz  qui  se  dégagent  des  soffioni,  ont  dû  être 
poussés  vers  la  localité  de  Monte  Bamboli,  et  y  produire  une  température 
.  chaude  et  humide  avec  une  atmosphère  chargée  d'acide  carbonique,  toutes 
conditions  de  nature  à  donner  naissance  à  une  flore  particulière  de  qualité 
à  former  la  houille. 

»  On  objectera  qu'on  ne  retrouve  aucune  empreinte  de  la  flore  houillère  à 
Monte  Bamboli  :  fougères  arborescentes,  équisétacées,  etc.  C'est  que  les 
schistes,  seuls  capables  de  mouler  ces  empreintes,  n'ont  ni  accompagné,  ni 
suivi  le  dépôt  du  combustible;  et  si  la  partie  supérieure  du  terrain  carbonifère 
ne  présente  aucune  trace  de  végétaux  houillers  et  offre  au  contraire  des  em- 
preintes de  plantes  généralement  dicotylédones,  conifères,  amentacées,  etc., 
c'est  qu'alors  les  conditions  anomales  dont  il  a  été  question  avaient  dû 
disparaître  pour  faire  place  à  une  période  régulière. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  les  dépôts  carbonifères  contemporains,  en  Toscane, 
de  celui  de  Monte  Bamboli,  ceux  deTatti  et  de  Monte  Massi,  n'offrent  plus  que 
des  lignites  au  lieu  de  houille.  Comme  ils  sont  éloignés  des  soffioni  de  i5  à 
10  kilomètres,  et  que,  d'autre  part,  ils  ont  été  soumis  à  moins  de  dislocations 
que  le  dépôt  de  Monte  Bamboli,  les  deux  sortes  d'explications  que  l'on  a  pré- 
sentées, pour  rendre  compte  de  la  formation  de  la  houille  dans  un  terrain 
moderne,  donnent  aussi  raison  de  l'exception. 

«  Le  résumé  de  cette  Note  est  que  le  cornbuslible  de  Monte  Bamboli,  bien 
que  d'âge  évidemment  tertiaire,  ne  peut  être  rangé  que  dans  la  classe  des  houilles, 
et  quil  doit  cette  qualité  particulière  soit  à  la  nature  des  essences,  peut-être  tro- 
picales, qui  l'ont  formé,  soit  aux  conditions  spéciales  de  température  et  de  pres- 
sion sous  lesquelles  il  s'est  déposé.    » 

84.. 


(  646  ) 
GÉODÉSIE.  —  Sur  le  développement  modifié  de  Flamsteed ;  par  M.  A.  Tissor. 

«  1.  On  désigne  ainsi  le  mode  de  projection  quia  été  imaginé  par  Bonne 
vefs  lé  milieu  du  siècle  dernier,  adopté  depuis  par  les  géographes,  et  em- 
ployé par  le  Dépôt  de  la  Guerre  pour  la  construction  de  la  carte  de  France. 
Dans  ce  système,  chacun  des  petits  rectangles  formés  sur  le  globe  par  le 
réseau  des  méridiens  et  des  parallèles  se  trouve  remplacé  sur  la  carte  par 
un  parallélogramme  de  même  base  et  de  même  hauteur  ;  mais  les  angles  du 
parallélogramme  diffèrent  d'autant  plus  de  l'angle  droit,  que  le  rectangle  se 
trouve  plus  éloigné  du  méridien  et  du  parallèle  qui  ont  été  pris  comme 
méridien  et  comme  parallèle  moyens  ;  aussi  doit-on  choisir  ces  deux  lignes 
de  manière  que  leur  point  de  croisement  appartienne  à  la  portion  centrale 
dn  pays,  afin  d'éviter  une  trop  grande  déformation  dans  certaines  régions 
du  canevas.  Les  auteurs  qui  ont  exposé  le  système  de  Bonne  avec  le  plus 
de  détails,  ne  donnent  pas  d^autre  indication  relativement  à  la  position  de' 
ce  point  de  croisement.  levais  chercher  quelle  condition  elle  doit  remplir 
pour  que  les  plus  grandes  altérations  d'angles  et  de  distances  soient  aussi 
faibles  que  possible,  et  déduire  de  là  un  procédé  d'une  application  facile 
pour  la  déterminer  ;  je  n'aurai  besoin  de  faire  aucune  hypothèse  sur  la 
forme  du  contour  qui  limite  le  pays. 

>o  2.  Appelons  a  la  déviation  azimntale  du  parallèle  en  i^n  point  de  Ih 
carte,  et  posons 

on  peut  démontrer  qu'en  ce  même  point  la  plus  grande  altération  d'angle 
sera  égale  à  /S,  et  que  le  rapport  des  longueurs  d'un  élément  dis  courbe  sur 
la  carte  et  sur  le  globe  y  sera  représenté  par 

tang  U5°  -I-  |] ,     ou  par     tang  (^5°—^\ 

suivant  qu'il  s'agira  de  l'élément  qui  a  subi  l'allongement  le  plus  considé- 
rable ou  de  celui  pour  lequel  la  diminution  a  été  la  plus  forte.  Quand  a  dé- 
croît, il  en  est  de  même  de  /3,  et  les  deux  rapports  marchent  vers  l'unité  ; 
ainsi  pour  satisfaire  à  l'une  et  à  l'autre  des  conditions  énoncées  plus  haut,  il 
suffit  de  rendre  aussi  faible  que  possible  la  plus  grande  valeur  de  a. 

»  5.  On  sait  que  la  tangente  de  cet  angle  est  proportionnelle  à  la  longi- 
tude X  comptée  à  partir  du  méridien  moyen,  et  qu'elle  augmente  en  même 


■        •  (047)      ■■    •"  .  ■'" 

temps  que  la  différence  /  entre  la  latitude  du  parallèle  moyen  et  celle  du 
j)oint  considéré  ;  l'augmentation  qui  est  un  peu  plus  rapide  au-dessous  dé 
cette  ligne  qu'au-dessus,  s'effectue  suivant  une  loi  moins  simple  que  la  pré- 
cédente ;  cependant  il  est  facile  de  vérifier  que  si  on  représente  par  K  le 
cosinus  de  la  latitude  du  parallèle  moyen,  on  aura 

•  a  =  K.XZ(i  +  s),    ■ 

£  étant  une  quantité  assez  petite  composée  de  plusieurs  termes,  dont  les 
principaux  sont  dus  à  l'aplatissement:  Par  exemple,  pour  la  carte  de  France 

et  pour  celle  de  l'Espagne,  e  est  inférieur  à^ — >  fraction  qu'il  est  permis  de 

négliger  ;  il  en  est  de  même  de  la  variation  qu'éprouve  le  coefficient  K, 
lorsque  l'on  passe  d'un  parallèle  moyen  à  un  autre  peu  différent.  Donc  pour 
atténuer  le  plus  possible,  par  le  choix  du  méridien  et  du  parallèle  moyen, 
les  plus  fortes  altérations  d'angles  et  de  distances,  il  suffit  de  rendre  minima 
la  plus  grande  valeur  du  produit  X/.    . 

V  4.  Imaginons  que  l'on  construise  deux  cartçs  du  même  pays,  l'une  dans 
le  système  de  Bonne,  l'autre  en  représentant  les  méridieils  par  des  parallèles 
équidistantes,  et  les  parallèles  du  globe  par  des  lignes  également  espacées 
perpendiculaires:  aux  premières,  l'écartement  étant  d'ailleurs  le  même  pour 
les  deui.  systèmes  de  droites.  L'ensemble  des  points  de  la  première  carte 
pour  lesquels  on  aiira  la  même  valeur  de  a,  et  par  conséquent  les  mêmes 
altérations  d'angles  et  de  distances,  formera  sur  la  seconde  deux  hyperboles 
équilatères  égales  ayant  pour  asymptotes  communes  les  deux  lignes  qui  fi- 
gurent le  méridien  et  le  parallèle  moyens.  D'après  cela,  pour  déterminer  ces 
deux  lignes  par  la  condition  qui  a  été  énoncée,  il  n'y  aura  qu'à  opérer  de  la 
manière  suivante. 

»  On  trace  sur  une  feuille  divisée  en  carrés  de  i  millimètre  de  côté, 
comme  il  s'en  trouve  dans  le  commerce,  les  quelques  portions  du  contour 
du  pays  où  le  produit  X  /  doit  atteindre  ses  plus  grandes  valeurs,  en  adop- 
tant les  lignes  de  division  de  la  feuille  pour  celles  du  canevas  géographique. 
On  rapporte  sur  papier  transparent  un  petit  nombre  d'hyperboles  équila- 
tères ayant  mêmes  asymptotes  ;  il  suffit  pour  cela  d'avoir  construit  ailleurs 
la  moitié  d'une  des  quatre  branches  qui  composent  chaque  couple  d'hyper- 
boles ;  supposons  ces  courbes  numérotées  dans  l'ordre  de  leurs  distances 
au  centre.  On  fait  mouvoir  la  feuille  ainsi  obtenue  sur  la  première,  en  main- 
tenant l'une  des  asymptotes  dans  la  direction  des  méridiens,  et  en  obser- 
vant les  numéros  des  quatre  branches  qui  se  trouvent  tangentes  au  contour 


(  648  )  • 

du  pays.  On  s'arrête  à  la  position  dans  laquelle  le  plus  élevé  de  ces  quatre 
numéros  a  sa  valeur  la  plus  petite.  Le  méridien  et  le  parallèle  qu'il  convient 
d'adopter  coïncident  alors  avec  les  asymptotes. 

»  A  ce  même  moment,  les  deux  plus  grands  des  quatre  numéros  doivent 
être  égaux  entre  eux  et  situés  dans  des  angles  opposés  ;  cette  remarque  per- 
met d'arriver  promptement  à  la  position  que  l'on  cherche. 

t  Le  tracé  des  branches  d'hyperboles  n'aura  pas  non  plus  exigé  beau- 
coup de  temps,  car  la  plus  éloignée  du  centre  étant  construite  d'abord,  il 
suffira  pour  obtenir  les  autres  de  diviser  en  un  même  nombre  de  parties 
égales  les  perpendiculaires  abaissées  de  quelques-uns  de  ses  points  sur 
l'asymptote,  et  de  réunir  par  un  trait  continu  les  points  de  division  corres- 
pondants. Enfin  la  première  branche  elle-même  peut  être  remplacée  dans 
une  certaine  étendue  par  un  arc  de  cercle  ayant  son  centre  sur  le  prolonge- 
ment de  l'axe  transverse  et  un  rayon  égal  à  la  moitié  de  cet  axe  ;  en  effet, 

•l'erreur  que  l'on  commet  ainsi  sur  a,  a  pour  expression  8  sin  — ?  y  étant 
l'amplitude  de  l'arc  à  partir  du  sommet. 

»  5.  En  opérant  de  cette  manière  pour  la  carte.de  France,  on  trouve  un 
méridien  très-peu  à  l'est  de  celui  de  Paris,  et  un  parallèle  très-peu  au-dessus 
de  celui  de  46°  3o'.  Si  on  adopte  le  méridien  de  Paris  et  le  parallèle  de 
46°  3o',  la  plus  grande  valeur  de  a  sera  moindre  que.  io',3o  au  nord-est,  au 
nord-ouest  et  au  sud-est,  et  que  9',3o  au  sud-ouest  ;  tandis  qu'avec  le 
parallèle  de  4^  degrés  on  a  dans  la  région  nord-est  des  valeurs  de  a  plus 
grandes  que  18  minutes.  Ainsi  les  plus  fortes  altérations  d'angles  et  de  dis- 
tances se  trouvent  presque  doublées  par  le  choix  de  ce  dernier  parallèle. 

»  Pour  l'Espagne,  le  méridien  moyen  obtenu  par  le  même  procédé  serait 
environ  à  45  minutes  à  l'ouest  de  celui  de  Madrid,  et  le  parallèle  moyen  à 
40°  45'  de  latitude;  la  plus  grande  valeur  correspondante  de  a  est  de  9',3o. 
Elle  augmente  de  i',3o  quand  on  adopte  le  méridien  de  Madrid  en  conser- 
vant le  même  parallèle,  celui  qui  serait  alors  le  plus  convenable  se  trouvant 
plus  au  sud  de  quelques  minutes  seulement.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Carte  magnétique  de  l'Europe  :  détermination  des 
constantes  magnétiques  dans  te  midi  de  la  France  et  de  l'Espagne;  Lettre  de 
M.  Lamont  à  M.  Élie  de  Beaumont  (1). 

«  Vous  savez  probablement  que  depuis  plusieurs  années  S.  M.  le  roi 

(i)  L'Académie  a  autorisé  la  reproduction  intégrale  de  celte  pièce  qui  dépasse  un  peu, les 
limites  assignées  aux  communications  des  étrangers. 


'  (  649  ) 
de  Bavière  fait  exécuter  à  ses  frais  différents  travaux  scientifiques  et  qu'un 
de  ces  travaux  a  pour  but  de  dresser  une  carte  magnétique  de  l'Europe. 
Pour  ce  dernier  travail,  il  s'agissait  avant  tout  de  déterminer  les  con- 
stantes magnétiques  dans  les  pays  où  on  n'a  pas  encore  fait  des  observations 
assez  iiombreuses,  surtout  dans  la  partie  occidentale  de  l'Europe,  en  Espa- 
gne, en  Portugal  et  dans  le  midi  de  la  France.  C'est  à  moi  qu'a  été  confiée 
cette  mission.  J'ai  commencé  en  i856,  mais  je  me  suis  borné  à  quelques 
stations  dans  le  midi  de  la  France.  En  1857,  au  printemps,  je  passai  en 
Espagne  et  je  fis  des  observations  à  Barcelone,  Madrid,  Cadix,  Lisbonne, 
Santiago,  Santander  et  dans  un  nombre  de  points  intermédiaires.  En  France, 
j'aurais  pu  me  contenter  de  déterminer  les  constantes  magnétiques  dans  les 
villes  principales  du  Midi,  cependant  j'aj  pensé  qu'il  ne  serait  pas  inutile  de 
faire  quelques  observations  aussi  dans  le  Nord,  et  j'ai  étendu  mes  opérations 
depuis  Dunkerque  jusqu'à  Marseille,  et  depuis  Strasbourg  jusqu'à  Bayonne. 
En  tout,  le  nombre  des  stations  où  j'ai  observé  en  i856  et  1857  s'élève  à  80, 
formant  un  réseau  qui  s'étend  sur  l'Espagne,  le  Portugal  et  la  France. 

»  Comme  on  a  fait  un  grand  nombre  d'observations  magnétiques  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris,  j'ai  cru  qu'il  serait  important  d'y  déterminer  les  con- 
stantes magnétiques  avec  mes  instruments,  d'autant  plus  que  ces  instruments 
sont  construits  sur  des  principes  différents  de  ceux  qu'on  a  employés  jus- 
qu'ici en  France.  Mais  avant  de  donner  les  résultats  de  mes  observations,  il 
paraît  nécessaire  d'indiquer  la  méthode  de  réduction  que  j'ai  suivie.  Comme 
l'état  du  magnétisme  terrestre  varie  d'un  jour  à  l'autre  et  d'une  heure  à 
l'autre,  des  résultats  calculés  sans  égard  à  ces  mouvements  ne  mériteraient 
aujourd'hui  aucune  attention.  Or  pour  éliminer  les  mouvements  magnéti- 
ques j'ai  adopté  un  procédé  très-simple  qui  consiste  à  déduire  des  observa- 
tions que  j'ai  faites  en  voyage,  non  pas  les  constantes  magnétiques  du  lieu 
d'observation,  mais /a  différence  entre  ces  constantes  et  celles  de  Munich.  Les 
travaux  entrepris  par  M.  A.  de  HumboMt  au  commencement  de  ce  siècle, 
et  plus  tard  par  Gauss,  ont  démontré  que  dans  nos  latitudes  les  mouvements 
magnétiques  simultanés  de  divers  endroits  sont  à  très-peu  près  parallèles,  de 
sorte  que  les  différences  peuvent  être  regardées  comme  constantes  et  indé- 
pendantes des  variations  diurnes  et  annuelles.  D'après  cette  méthode,  j'ai 
d'abord  déterminé  pour  chaque  observation  que  j'ai  faite  en  voyage  les 
valeurs  correspondantes  à  Munich,  en  employant  les  observations  qui  se 
font  régulièrement  à  notre  observatoire  d'heure  en  heure,  et  qui  ont  été 
continuées  sans  interruption  depuis  1840  :  de  là  j'ai  déduit  les  différences 
entre  les  constantes- de  Munich  et  des  autres  lieux  d'observation. 


■■  >  ■- .: 


;J-^  »-^'è9t^  pfocédant  de  cette  manière  que  j'ai  déterminé  les  différences 
magnétiques  entre  Munich  et  Paris.  A  Paris  j'ai  fait  des  observations,  les 
aSyet  28  août  i856,  dans  le  jardin  de  l'Observatoire;  l'instrument  était  placé 
dans  le  pavillon  ouest,  et  le  résultat  pour  la  déclinaison  était  : 

Différence  :  Paris-Munich ..  .  ■+•^°/^2',6. 

»  Le  28  avril  1857,  j'ai  fait  transporter  mes  instruments  vers  Belleville,  à 
une  hauteur  appelée  Butte  de  Cfiaumont  (465o  mètres  au  nord  et  3o8o  mètres 
à  l'est  de  l'Observatoire)  et  j'y  ai  fait  des  observations  que  je  ne  puis  pas 
encore  réduire,  ne  connaissant  pas  les  coordonnées  géodésiques  des  mires 
terrestres  auxquelles  j'ai  rapporté  la  direction  de  l'aiguille,  le  soleil  n'étant 
pas  visible.  A  mon  retour  d'Espagne,  le  26  août,  j'ai  observé  près  du  même 
endroit  en  déterminant  l'azimut  au  moyen  du  soleil,  et  le  résultat  a  été 

Différence  :  Paris-Munich. . .  -+-  4°4''.4-  ' 

»  Déjà  en  i853  j'avais  fait  des  observations  à  Paris  dans  le  pavillon 
principal  de  l'Observatoire  :  ces  observations  sont  imprimées  dans  le 
I"  volume  de  mes  Recherches  sur  les  constantes  magnétiques,  et  donnent  : 

Différence  :  Paris-Munich .. .  -t-4"4''»9- 

»  Quant  à  l'intensité  horizontale  absolue,  j'ai  trouvé  dans  les  endroits 
que  je  viens  de  désigner  : 

Différence  :  Paris-Munich.  . .  —  0,0934  27  et  28  août  i856. 

—  0,0965  28  avril  1857  (observation  douteuse). 

—  o , 096 1  26  août  1 857 . 

—  0,0946  1 5- 17  septembre  1 853. 

»  Outre  ces  observations,  j'ai  déterminé  l'intensité  le  29  août  i856,  sur 
un  champ  ouvert,  58o  mètres  au  sud  et  820  mètres  à  l'est  de  l'Observatoire; 
le  résultat  a  été  : 

Différence  :  Paris-Munich .. .  — 0,0966. 

»  L'inclinaison  est  l'élément  le  plus  difficile  à  déterminer.  J'ai  employé 
un  procédé  que  j'ai  publié  il  y  a  quelques  années  et  où  on  se  sert  de  deux 
barreaux  de  fer  doux.  En  général,  ou  obtient,  en  répétant  l'observation, 
des  valeurs  qui  s'accordent  très-bien  ;  mais  à  Paris,  je  ne  sais  pas  par  quelle 
fatalité  l'accord  a  été  très-peu  satisfaisant.  En  calculant  chaque  observation 
à  part,  on  a  huit  valeurs  qui  sont  contenues  entre  i°42'>7  «t  i°53',47  ^t 
dont  la  moyenne  donne  : 

Différence:  Paris-Munich...  -H  i'45')6. 


(  65x  ) 
»  Heureusement  la  détermination  de  l'inclinaison  est  d'une  moindre  im- 
portance quand  on  a  observé  les  autres  éléments,  parce  qu'il  existe  (comme 
j'ai  démontré  dans  le  I"  volume  de  mes  Recherches  sur  les  constantes  magné- 
tiques) un  rapport  déterminé  entre  les  différences  d'inclinaison  et  les  diffé- 
rences d'intensité,  de  sorte  qu'on  peut  déduire  l'inclinaison  de  l'intensité. 
En  employant  ce  rapport,  je  trouve  pour  la  différence  d'inclinaison  entre 
Munich  et  Paris  : 

-t-  1 .49,2  par  les  observations  d'Etampes, 
1.46,3  par  les  observations  d'Orléans, 
1 .  45 , 3  par  les  observations  de  Meaux, 
i.47>6  par  les  observations  du  Mans, 
i.5o,6  par  les  observations  d'Angers; 
la  moyenne  est 

.'•47%8, 

ce  qui  ne  diffère  pas  beaucoup  de  la  valeur  donnée  par  la  moyenne  des 
observations  directes,  de  manière  que  je  me  suis  déterminé  d'adopter  cette 
dernière  valeur. 

»  Comme  les  observations  de  Paris  ont  été  faites  en  divers  endroits,  il 
faut  les  réduire  au  même  point,  c'est-à-dire  au  pavillon  ouest  de  l'Observa- 
toire. Si  on  veut  réduire  à  l'Observatoire  les  éléments  magnétiques  d'un 
endroit  situé  x  minutes  au  nord  etj"  minutes  à  l'est,  on  doit  ajouter  : 

/  r 

Pour  la  déclinaison ■+■  o,z']']8x         4-  o,4938^, 

Pour  l'intensité  horizontale +  0,0006667a:  —  o,oooi2o8jr, 

Pour  l'inclinaison —  0,7057  x         -t-  o,  i375/, 

n  Après  avoir  appliqué  les  petites  corrections  données  par  ces  formules 
on  trouve  pour  valeurs  définitives  des  différences  entre  Munich  et  Paris 
les  nombres  suivants  : 

o        , 

-1-  44250 
—  0,0953 
+  i°45',6 

»  En  ajoutant  ces  différences  aux  valeurs  absolues  des  constantes  magné- 
tiques données  par  les  observations  de  Munich,  on  peut  déduire  les  valeurs 
absolues  à  Paris  pour  une  époque  déterminée  ;  par  exemple,  les  observations 
de  Munich  faites  pendant  l'année  1867  donnent  les  valeurs  moyennes 
(coi-respondant  au  1"  juillet  1857)  de  la  déclinaison  et  de  l'intensité 

i4''57',7        1,9710 

C,  R.,  i858,  i«f  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  13.)  85 


(  65î  ) 

de  sorte  qu'on  a  pour  Paris 

.g»  39',,         .,8757  ♦ 

»  Quant  à  l'inclinaison  nous  en  observons  les  variations  à  chaque  heure, 
mais  comme  elles  ne  dépassent  pas  ±:  i',  je  me  contente  de  tenir  compte 
seulement  de  la  variation  séculaire,  de  sorte  qu'on  aura  pour  1857  : 

A  Munich 64  •  4" ,  7 

A  Paris 62 .  55 ,  i 

»  IjCs  observations  que  j'ai  faites  à  Madrid  donnent  pour  la  même 
époque 

20°  i2',5  2,1716  6i^7',6 

et  à  Lisbonne 

21  "43', 4       2,2100       60"  ^o', 5 

»  D'après  mes  observations  j'ai  construit  les  lignes  isoclines,  isodynames 
et  isogones  sur  des  cartes  géographiques,  en  adoptant  pour  la  déclinaison 
et  l'inclinaison  des   intervalles  de    1   degré  et  pour  l'intensité  horizontale 
des  intervalles  de  o,o5oo.  Ce  qui  est  remarquable  dans  ces  ligues,  c'est  le 
parallélisme  presque  complet  qui  s'y  montre.  Si,  après  avoir  fait  passer  le.s 
lignes  par  les  points  indiqués  par  l'observation,  on  les  modifie  un  peu  pour 
leurdonner  une  courbure  régulière,  on  ne  trouve  pas  une  seule  station  ou  il  y 
ait  entre  les  courbes  et  l'observation  une  différence  qui  excède  un  dixième 
d'un  intervalle.  Il  y  a  des  inflexions,  mais  point  de  changements  brusques, 
ce  qui  prouve  que  les  causes  perturbatrices  sont  à  ime  grande  distance;  je 
les  attribue  aux  irrégularités  du  noyau  de  la  terre,  que  je  suppose  magné- 
tique. J'avais  d'abord,  comme  beaucoup  de  physiciens,  l'idée  que  les  irré- 
gularités magnétiques  sont  dues  aux  roches  et  autres  substances  ferrugi- 
neuses qui  se  trouvent  à  la  surface  de  la  terre.  Les  observations  que  j'ai 
faites  en  Allemagne,  depuis  1849,  m'o"t  déterminé  à  renoncer  à  cette  opi- 
nion. Il  est  vrai  que  certaines  substances  qui  appartiennent  à  la  surface  de 
la  terre  attirent  l'aiguille  et  peuvent  produire  ce  qu'on  appelle  une  influence 
locale;  mais  ce  n'est  qu'à  de  très-petites  distances  que  cette  influence 
devient  appréciable.  Si  l'on  a  soin  de  choisir  un  endroit  convenable  pour 
placer  les  instruments,  on  peut  se  mettre  toujours  à  l'abri  des  influences 
•  locales.  Je  suis  arrivé  au  même  résultat  l'année  passée  en  France.  Les  obser- 
vations que  j'ai  faites  à  Clermont  et  au  Puy,  s'accordent  très-bien  avec  le 
système  général,  quoiqu'il  y  ait  dans  ces  locahtés  beaucoup  de  substances 
magnétiques. 


(  653  ) 

»  Pour  reconnaître  les  influences  locales,  il  faut,  après  avoir  déterminé 
les  constantes  magnétiques,  choisir  une  seconde  station  à  3o  ou  60  mètres 
de  distance  de  la  première  et  y  observer  de  nouveau.  C'est  ce  que  j'ai  fait 
partout,  même  dans  les  endroits  où  je  n'avais  aucune  raison  particulière 
de  soupçonner  des  influences  locales. 

»  Quoique  mon  voyage  ait  été  entrepris  dans  un  but  purement  scienti- 
fique, j'ai  pensé  que  je  pourrais  en  même  temps  rendre  quelque  service  à 
la  navigalion  en  déterminant  d'une  manière  précise  la  déclinaison  de  l'ai- 
guille dans  les  principaux  ports  de  mer  de  la  France,  de  l'Espagne  et  du 
Portugal.  Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  à  cet  égard. 

Déclinaison  de  l'aiguille  réduite  au   i"  juillet  1857. 

*  Toulon.  . 16.45  Ouest 

Marseille ^ '7-7 

Celte 1 7  .  5o 

Barcelone j8.8 

Valence ..    18.42 

*  Alicante 18. 34 

Carthagène 18.40 

Almeria i9'8 

Malaga i9-4^ 

Cadix 20.16 

Lisbonne 2 1 .  43 

•*   Oporto 22.10 

Vigo 22.37 

La  Corogne 22.46 

Santander 20 .  55 

Bayonne 20.4 

Bordeaux 20 . 3 

*  Rochefort 20 .  27 

Nantes 21.1 

*  Brest 22.33 

*  Cherbourg 2 1 .  38 

*  Le  Havre 20 .  54 

*  Calais 20 .  aS 

Dunkerque 20. 10 

»  Pour  les  endroits  marqués  d'un  astérisque  la  direction  magnétique  a 
été  déterminée  par  interpolation,  pour  les  autres  endroits  par  des  observa- 
tions directes.  La  diminution  séculaire  est  de  7  minutes  par  an.  »  ^ 

85.. 


(  654  ) 

ASTRONOMIE.  —  Observations  faites  à  Cherbourg  sur  l'éclipsé  du  i  5  mars  i858; 

par  M.  E.  Liais. 

«  Le  rapprochement  de  Cherbourg  de  Ja  ligne  centrale  de  l'éclipsé  du 
i5  mars  m'a  engagé  à  m'y  rendre  pour  observer  ce  phénomène;  mais  mal- 
heureusement l'état  de  l'atmosphère  ne  m'a  pas  permis  de  faire  des  obser- 
vations aussi  nombreuses  que  je  l'aurais  désiré. 

»  A  mon  arrivée  à  Cherbourg,  j'ai  trouvé  des  collaborateurs  habiles  et 
zélés.  Nous  nous  sommes  partagé  le  travail.  M.  Besnou,  pharmacien  en  chef 
de  la  marine,  a  fait  les  observations  météorologiques;  M.  Riquier,  capitaine 
de  la  gendarmerie  maritime,  s'est  chargé  de  la  partie  photographique; 
M.  Fleury  s'est  occupé  de  la  photométrie,  des  ombres  et  de  diverses  autres 
questions  physiques.  La  pari ie  astronomique  et  l'examen  des  phénomènes 
qui  pouvaient  être  aperçus  sur  le  bord  de  la  lune  à  l'instant  de  la  plus 
grande  phase  m'avaient  été  réservés.  Au  moment  de  l'éclipsé,  M.  Jouan, 
lieutenant  de  vaisseau,  s'est  adjoint  à  moi  pour  cette  partie  du  travail. 

»  Les  instruments  dont  nous  disposions  étaient  : 

»  1°.  Un  théodolite  deCambey  appartenant  à  la  Marine  impériale  et  une 
lunette  zénithale  de  M.  Porro,  pour  la  détermination  de  l'heure. 

»  2°.  Un  chronomètre  de  M.  Henri  Robert. 

»  3°.  Une  lunette  de  M.  Secretan,  de  8  centimètres  d'ouverture  et  de 
I  mètre  de  distance  focale,  pour  l'observation  des  contacts  et  l'examen  des 
phénomènes  qui  pouvaient  être  aperçus  sur  le  bord  delà  lune  au  maximum 
de  l'éclipsé.  Cette  lunette  était  montée  parallactiquement  et  munie  d'une 
collection  d'oculaires  afin  d'en  faire  varier  le  grossissement  depuis  i5  jus- 
qu'à laofois.  . 

»  4°-  Une  lunette  de  6  centimètres  d'ouverture  et  8o  centimètres  de 
distance  focale  montée  sur  une  planchette  devant  une  chambre  noire  ppui' 
la  photographie  et  munie  d'un  mouvement  parallactique.  Cette  lunette  don- 
nait une  image  très-nette  du  soleil  avec  i3  centimètres  de  diamètre.  I^s 
préparatifs  avaient  été  faits  pour  obtenir  les  épreuves  sur  glace  collodionnée. 
Le  collodion  était  sensibilisé  avec  de  l'iodure  et  du  bromure  d'ammonium 
préparés  par  M.  Besnou.  La  sensibilité  était  telle,  qu'une  fraction  de  seconde 
suffisait  pour  brûler  les  épreuves,  mais  une  glace  verte  que  j'avais  interpo- 
sée entre  l'oculaire  et  la  glace  collodionnée  jîermettait  d'obtenir  de  très- 
bons  résultats  et  augmentait  la  netteté  des  bords  de  l'image  du  soleil. 

»  5°.  Une  seconde  lunette  de  même  dimension  que  la  précédente  et  avec 


\ 

(  655  )  • 

oculaire  faible,  montée  devant  une  chambre  noire.  Elle  était  destinée  à 
donner  une  image  projetée  du  soleil  sur  une  glace  dépolie,  et  sa  monture 
était  parallacfique.  Entre  l'oculaire  et  la  glace  recevant  l'image,  j'avais  disposé 
un  tube  dans  lequel  glissait  un  prisme  de  quartz  biréfringent.  Cet  appareil 
devenait  ainsi  un  micromètre  à  double  image  dans  lequel  on  pouvait  en 
outre  faire  varier  l'angle  du  prisme.  Ce  micromètre  était  destiné  à  mesurer 
les  diamètres  de  la  lune  et  du  soleil  au  moment  du  maximum  de  l'éclipsé 
et  à  déterminer  au  commencement  et  à  la  fui  du  phénomène  les  instants  où 
la  corde  avait  une  longueur  déterminée.  On  peut  déduire  de  ces  éléments 
la  distance  des  centres  à  plusieurs  instants  de  l'éclipsé  avec  plus  d'exactitude 
que  celle  que  donnent  les  observations  des  contacts,  ainsi  que  l'a  fait  remar- 
quer M.  Faye  en  recommandant  les  observations  photographiques,  que 
nous  devions  d'ailleurs  faire  d'après  son  plan.  En  tournant  les  deux  images 
dans  le  sens  du  mouvement  du  soleil  sur  la  glace  et  observant  les  passages 
du  même  bord  des  deux  images  par  des  lignes  tracées  sur  cette  glace,  on  a 
les  moyens  de  graduer  et  d'étudier  ce  nouveau  micromètre  à  double  image 
à  projection.  D'autres  procédés  que  je  .décrirai  dans  une  Note  spéciale 
peuvent  être  encore  employés  dans  le  même  but.  Des  dispositions  étaient 
prises  pour  obtenir  sur  la  glace  des  angles  de  position,  et  je  me  proposais 
de  mesurer  au  moment  du  maximum  de  l'éclipsé  la  distance  des  cornes  et 
la  largeur  du  croissant  solaire.  Un  niveau  à  bulle  d'air  permettait  de  rendre 
horizontal  dans  le  méridien  un  des  côtés  de  la  glace  dépolie. 

»  6".  Une  lunette  polariscope  de  5  centimètres  d'ouverture  pour  l'étude 
de  la  polarisation  de  la  couronne  et  des  flammes  rouges. 

»  7°.  Un  polariscope  Savar t. 

»  8°.  Un  polariscope  à  double  image  d'Arago. 

»  9°.  Un  appareil  pour  l'observation  des  raies  du  spectre  solaire. 

»  io°.  Un  système  de  deux  prismes  de  Nicol  disposé  par  M.  Duboscq 
pour  permettre  de  regarder  le  soleil  sans  verre  noir  sans  en  changer  la  colo- 
ration. 

»    11".  Une  collection  de  thermomètres. 

»   12°.  Un  baromètre  d'Ernst  (système  Fortin). 

»   i3°.  Un  psychomètre. 

»  i4°-  Deux  thermomètres  dans  une  mênie  boîte,  l'un  d'eux  seulement 
recevant  les  rayons  du  soleil,  pour  l'étude  de  la  radiation  solaire. 

»  i5°.  Un  tube  horizontal  fermé  à  une  extrémité  par  un  papier  transpa- 
rent éclairé  par  derrière  par  une  bougie  dont  l'écartement  pouvait  être 
mesuré.  Une  ombre  était  portée  sur  ce  papier  et  on  a  déterminé  avant,  peu- 


(  656  ) 

danl  et  après  l'éclipsé,  à  quelle  distance  devait  être  la  bougie  pour  que 
cette  ombre  cessât  d'être  perceptible. 

»  Quelques-uns  des  instruments  ci-dessus  m'ont  été  prêtés  par  plusieurs 
de  nos  artistes  habiles  de  Paris,  MM.  Duboscq,  Porro,  Robert,  Secretan, 
que  l'on  trouve  toujours  empressés  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  d'observations 
pouvant  intéresser  la  science. 

»  A  Cherbourg,  M.  Pedralio  a  mis  libéralement  à  ma  disposition  les 
instruments  dont  il  disposait. 

«  Au  commencement  et  à  la  fin  de  l'éclipsé,  le  soleil  était  totalement  in- 
visible à  cause  d'une  épaisse  couche  de  nuages.  Nous  ne  pûmes  donc  obser- 
ver les  contacts  d'entrée  et  de  sortie.  Le  ciel  était  entièrement  couvert.  Les 
nuages  se  composaient  de  vapeurs  basses,  animées  d'un  grand  mouvement 
angulaire.  A  ia''9'°età  i2''3o'°,  le  soleil  parut  quelques  instants  sous  les 
nuages.  Mais  l'une  et  l'autre  de  ces  apparitions  furent  très-fugitives  et  don- 
nèrent à  peine  le  temps  de  diriger  les  lunettes  sur  le  soleil.  A  la^  47'°i  près 
du  maximum  de  l'éclipsé,  le  soleil  lut  aperçu  de  nouveau,  et  on  ne  cessa 
de  le  distinguer  jusqu'à  i2''55'",  c'est-à-dire  pendant  toute  la  période  du 
maximum.  Dans  cet  intervalle,  le  soleil  a  été  constamment  visible  à  l'œil  nu 
sans  verre  noir.  Il  était  très-net  et  supportait  parfaitement  dans  la  lunette  le 
grossissement  de  120  fois.  Par  instant  il  disparaissait  presque,  d'autres  fois  il 
était  assez  lumineux  :  mais  son  image  projetée  dans  nos  chambres  noires  ne 
fut  jamais  assez  sensible  pour  permettre  de  prendre  des  mesures,  ni  même 
de  régler  les  appareils  pour  la  photographie.  Les  bords  du  soleil  ont  paru 
parfois  légèrement  ondulants.  Les  ondulations  se  répondaient  des  deux  côtés 
du  croissant  et  se  propageaient  de  proche  en  proche  en  montant  en  appa- 
rence. 

»  Dans  la  lunette,  avec  le  grossissement  de  120  fois,  les  cornes  parais- 
saient excessivement  effilées.  Avec  de  moindres  grossissements,  le  soleil  étant 
en  entier  dans  le  champ,  il  était  facile  de  reconnaître  que  son  croissant  em- 
brassait beaucoup  plus  que  la  moitié  du  contour  de  la  lune.  Le  profil  de 
quelques  élévations  du  sol  de  la  lune  se  montrait  sur  le  soleil^  principalement 
près  de.  la  corne  supérieure  en  apparence  et  à  une  petite  distance  au-des- 
sous. Un  instant  la  corne  supérieure  s'est  trouvée  partiellement  tronquée, 
cette  corne  se  prolongeant  en  une  ligne  lumineuse  très-fine  sensiblement 
d'égale  largeur.  Il  m'a  été  impossible,  ainsi  qu'à  M.  Jouan,  de  discerner  le 
prolongement  du  contour  de  la  lune  en  dehors  du  soleil,  même  en  faisant 
sortir  le  croissant  du  champ.  Cependant  dans  un  instant  où  le  nuage  était 
moins  épais,  la  corne  supérieure  m'a  paru  prolongée  en  une  petite  ligne  rout- 


'  657  ) 
geâtre  très-fine  et  Irès-courte,  mais  presque  immédiatement  cette  apparence 
a  disparu  parmi  épaississement  du  voile  imageux.  J'ai  également  vainement 
cherché  à  distinguer  la  couronne  lumineuse  ou  les   flammes  ronges.   Les 
nuages,  sans  doute,  étaient  trop  épais. 

»  Pour  les  personnes  qui  regardaient  à  l'œil  nu,  le  soleil  a  paru  plusieurs 
fois  prendre  une  couleur  rougeâtre  à  travers  le  nuage  et  surtout  vers  les 
cornes.  Dans  la  lunette,  je  n'ai  remarqué  que  la  petite  ligne  rougeâtre  dont 
j'ai  parlé.  M.  Fleury,  qui  n'observait  pas  sur  le  même  point  que  noirs,  mais 
qui  était  à  quelques  centaines  de  mètres,  a  remarqué  un  instant  un  point  lu- 
mineux ou  mieux  une  ligne  lumineuse  rougeâtre  près  du  bord  de  la  lime  du 
côté  du  croissant  et  à  45  degrés  environ  de  la  corne  supérieure  [  vue  directe- 
ment). Il  se  servait  d'une  lunette  grossissant  1 5  fois.  Je  pense  que  ce  phéno- 
mène est  dû  à  un  mirage  comme  sans  doute  les  trous  d'Ulloa,  de  Valz, 
comme  le  transport  en  dedans  de  la  lune  des  flammes  rouges  réellement 
existantes  en  dehors,  transport  observé  en  1842  par  M.  Parés  et  par  d'autres 
observateurs. 

»  Quelques  variations  ont  été  remarquées  dans  la  couleur  des  objets. 
Beaucoup  de  personnes  ont  observé  que  les  figures  prenaient  des  teintes, 
soit  plus  bronzées,  soit  jaunâtres.  Avec  l'appareil  pour  l'étude  des  raies  du 
spectre  dirigé  vers  le  ciel,  j'ai  remarqué  un  notable  accroissement  de  la  ligne 
</,  Une  diminution  d'intensité  de  l'orangé  et  spécialement  une  diminution  de 
la  partie  violette  du  spectre  au  delà  delà  ligne  h.  Sur  quelques  points,  les 
nuages  prenaient  des  teintes  rosées,  La  mer  n'a  pas  changé  d'aspect.  Les 
ombres  d'un  objet  données  dans  une  chambre  par  une  bougie  étaient 
d'un  bleu  moins  violacé  près  du  maximum  de  l'éclipsé  qu'avant  et  après 
le  phénomène. 

»  Avant  l'éclipsé,  dans  une  chambre  éclairée  par  une  seule  fenêtre,  les 
autres  étant  fermées  par  des  volets,  il  fallait  une  distance  de  64  centimètres, 
et  après  l'éclipsé  de  60  centimètres  pour  que  l'ombre  portée  par  la  bougie 
derrière  le  papier  transparent  éclairé  en  avant  par  la  lumière  du  jour,  cessât 
d'être  sensible.  A  i2''57",  près  du  maximum  de  l'éclipsé,  il  fallait  une  dis- 
tance de  2", 90. 

»  Comme  la  proportion  de  lumière  atmosphérique  secondaire  par  rapport 
à  la  lumière  directe  augmente  pendant  les  éclipses,  je  m'étais  proposé  de 
rechercher  s'il  n'y  aurait  point  quelques  nouveaux  points  neutres  dans  la 
.polarisation  atmosphérique,  et  j'avais  conseillée  Paris,  avant  mon  départ, 
cette  observation  à  quelques  personnes.  I^e  ciel  couvert  ne  m'a  pas  permis 
de  la  faire  à  Cherbourg. 


(  658  ) 
»  Je  ne  dirai  que  peu  de  mots  des  observations  météorologiques  qui  seront 
publiées  dans  une  Note  spéciale.  Avant  l'éclipsé,  la  vitesse  du  vent  était 
d'environ  3  mètres  par  seconde,  et  atteignait  parfois  de  4  à  5  mètres  par 
rafales.  Pendant  le  phénomène,  elle  a  diminué  de  moitié  environ.  La  direc- 
tion n'a  pas  varié  et  est  restée  au  nord-ouest,  région  du  maximum  de 
j'éclipse.  L'humidité  a  beaucoup  augmenté  pendant  le  phénomène,  et  son 
maximum  0,96  a  eu  lieu  à  i*"  i5™.  A  1 1  heures,  elle  était  0,75,  et  à  S**  iS", 
0,87.  La  pression  atmosphérique  a  manifesté  un  accroissement  sensible, 
comme  je  l'avais  déjà  observé  au  même  lieu  pendant  l'éclipsé  de  i85i.  La 
température,  au  momejit  du  maximum,  était  plus  basse  de  i'',4  que  la 
moyenne  du  commencement  et  de  la  fin  du  phénomène.  » 

THERMOCHIMIE.  —  Recherches  iur  les  courants  hydro-électriques  (quatrième 
partie);  par  M.  P. -A.  Favre.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Dans  le  dernier  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  au  juge* 
ment  de  l'Académie,  je  crois  avoir  prouvé  que  le  travail  résistant  produit 
par  un  électromoteur  et  qui  est  employé  à  vaincre  des  résistances  de  divers 
ordres,  est  toujours  complémentaire  du  travail  de  la  pile  quand  on  l'exprime 
en  calories  :  de  telle  sorte  qu'ajouté  au  travail  résistant  de  la  pile,  il  donne 
un  nombre  constant  pour  une  même  quantité  d'action  chimique  expri- 
mant le  travail  moteur.  Je  me  suis  proposé,  dans  ce  nouveau  travail,  d'éta- 
blir assez  approximativement  la  part  que  l'on  doit  faire  à  chacune  -des  résis- 
tances que  doivent  offrir  inévitablement  les  électromoteurs,  et  de  joindre 
ainsi  mes  efforts  à  ceux  des  physiciens  qui  s'appliquent  à  construire  des 
appareils  de  ce  genre,  capables  de  réaliser  une  quantité  convenable  de  tra- 
vail utile. 

»  Les  résistances  de  l'électromoteur  peuvent  être  : 

»  I.  Résistance  opposée  par  les  disques  juxtaposés  des  électro-aimants 
ou,  dans  le  cas  ordinaire,  par  les  fils  enroulés  sur  les  bobines. 

»  2.  Résistance  au  frottement  des  pièces  qui  sont  mises  en  mouvements 

»  3.  Résistance  de  l'air  vaincue  avec  production  d'étincelles  au  com- 
mutateur. 

»  4-  Résistance  pour  soulever  le  poids. 

»  5.  Résistance  à  l'aimantation. 

»  6.  Résistance  par  la  production  de  courants  d'induction. 

»  Les  résistances  i,  a,  3,  4  ne  peuvent  être  mises  en  doute  :  elles  sont 
vaincues  avec  une  dépense  de  chaleur  empruntée  à  la  pile.  Mais  en  est- 


(659) 
il  de  même  pour  les  phénomènes  5  et  6  ?  Dans  mon  précédent  Mémoire,  je' 
l'avais  admis  à  priori.  Aujourd'hui  je  prouve  expérimentalement  que  l'ai- 
mantation (5)  néces?it<"  une  certaine  quantité  de  travail  qui  dépense  do  la 
chaleur  empruntée  à  la  pile,  et  je  fais  connaître  assez  approximativement 
la  part  relative  qu'il  faut  lui  faire  au  milieu  des  résistances  de  l'électromo- 
teur.  J'opère  de  la  manière  suivante  : 

>•  Le  calorimètre  déjà  décrit  (i)  et  renfermant  la  batterie  voltaique  accu- 
sait toute  la  chaleur  qui  provenait  de  la  partie  du  travail  moteur  détruit  pai' 
la  résistance  des  couples.  Cette  batterie  communiquait  au  dehors  avec  des 
résistauces  d'un  autre  ordre  : 

»  i".  Avec  nn  interrupteur  vibrateur  de  M.  Froment  auquel,  dans  toutes 
les  expériences  et  avec  des  résistances  variables,  je  faisais  rendre  le  mênie 
son,  le  Faj ,  qui,  résultant  de  35a  vibrations  doubles  par  seconde,  corres- 
pondait à  35a  interruptions  dans  le  même  temps.  L'intensité  de  ce  son 
décroissait  avec  l'intensité  du  courant  par  l'addition  de  nouveaux  appareils 
ou  par  l'augmentation  de  la  longueur  du  circuit.  J'aurais  préféré  employer 
un  interrupteur  mécanique  pouvant  entrer  dans  un  de  mes  calorimètres  :  je 
ne  désespère  pas  de  pouvoir  opérer  plus  tard  dans  ces  conditions. 

»  a°.  Avec  la  bobine  d'un  fort  électro-aimant,  dont  on  pouvait  enlever  à 
volonté  le  cylindre  de  fer  doux  afin  d'étudier  la  résistance  du  fil  enroulé. 

»  Cet  électro-aimant  était  remplacé  par  un  appareil  de  M-  BuhmRorff, 
lorsqu'on  se  proposait  d'étudier  au  même  point  de  vue  les  phénomènes 
d'induction. 

n  Cette  dernière  partie  de  mon  travail  n'est  pas  terminée,  et  je  me  bor- 
nerai à  signaler  le  phénomène  inattendu  dont  l'étude  a  nécessité  la  con- 
struction d'appareils  spéciaux  que  j'espère  avoir  bientôt  à  ma  disposition. 

»  Dans  chaque  série  d'expériences,  la  résistsnce  totale  du  circuit  a  été 
évaluée  en  longueur  réduite  d'un  fil  de  platine  de  0,3^67  de  millimètre,  et 
l'on  opérait  alternativement  soit  en  faisant  fonctionner  les  appareils  placés 
hors  du  calorimètre,  soit  en  leur  substituant  la  longueur  calculée  du  fil  et 
de  résistance  égale.  Les  résultats  ainsi  obtenus  offraient  une  concordance 
très -satisfaisante. 

»  Ij3l  durée  de  chaque  expérience  rapportée  à  la  production  de  1  gramme 
d'hydrogène  a  été  notée  avec  soin.  Enelfet,  la  connaissance  du  temps  écoidé 
était  nécessaire  pour  calculer  le  nombre  d^es  interruptions  et,  e»  outre, 

(i)  Compter  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences ,  tome  XLV,  séance  du  i3  jiiil  - 
let  1857. 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  13)  '  H6 


(  66o  ) 
l'étude  du  rapport  qui  existe  entre  les  durées  comparées  aux  intensités  per- 
mettait de  contrôler  une  fois  de  plus  la  valeiu'  des  opérations. 

»  Dans  lo  tableau  suivant,  à  la  première  colonne  et  pour  chaque  série,  j*' 
donne  en  longueurs  réduites  la  résistance  des  appareils  qui  fonctionnent 
iiors  du  calorimètre.  En  ajoutant  à  chacune  de  ces  longueurs  celle  qui 
exprime  la  résistance  de  la  pile  et  que  j'inscris  de  la  même  manière,  on  a 
la  longueur  totale  de  chaque  circuit.  A  la  quatrième  colonne,  je  donne  les 
nombres  qui  expriment  la  chaleur  totale  de  chaque  circuit.  Pour  obtenir 
ces  nombres,  il  suffit  d'ajouter  à  la  chaleur  qui  est  dépensée  hors  du  calo- 
rimètre celle  que  donne  le  calcul  pour  la  constante  R  et  qui  devient  néf[li- 
geable  lorsque  l'on  donne  au  circuit  un  grand  développement. 


APPAREILS   ET   LONGUEURS    DE   FIL 

correspoidantoft. 


Pile  seule . . 
6omm 


i  Bobine  de  l'électro-aimant . . 
(  li^inm 

(  Bobines  de  l'interrupteur. . . 
j  Bis"»" 

Î  Bobines  de  l'interrupteur  et 
bobine  de  l'électro-aimant. 
4i2"n™ 

(Interrupteur  Fa, 
,,5otnm 

(  Interrupteur  et  bobine  de  l'é- 

l       lectro-aimant  Fa, 

I  3020""" 

(Interrupteur  et  électro- ai- 
mant Fa, 
3320™n> 


CHALEUR 

donnée 

par  le 

calorimètre. 


i8685 

84f> 
85^8 

7122 
70(5', 

C3i7 
6^51 

5535 

5584 

4SI  8 
479" 
4009 
3933 


CHALEl'R 

dépensée 

hors  du 

calorimètre. 


10273 
10137 

11563 
11621 

12368 

12134 
i3i5o 
iSioi 

13867 
13895 

14676 
14752 


CHALEUR 

totale 
da  GlrcuH 

R  +  r. 


2^394 


DURÉE 

eiprimée 

en  minâtes 


1.1012  j 

•  (  j  60 

■  4925       )      °'^'t^'       i  64 

.3855      t      °''i"'^      I         1.3 
I  I 

[      0,3355      y 
i4oi5      J  I        i48 

l      »    i„„      *         38i 

I        395 

I 

6i5 


I      0,0 ;56      I 


0,0756 

14307    J  y     629 

I  I 

'      o,o465  J 

i5oi8      \  I 

I  I 


99' 
9T5 


»  Il  ressort  de  l'examen  de  ce  tableau  que,  d'une  part,  les  résultats  sont 
conformes  à  des  lois  parfaitement  déjà  établies;  ce  qui  ne  peut  qu'augmen- 
ter la  confiance  que  je  crois  pouvoir  leur  accorder. 

»  On  déduit  de  ce  qui  précède  : 

»   1°.  La  longueur  du  circuit  est  en  raison  inverse  de  l'intensité; 
jtwi*  ;a°.  Le  temps  nécessaire  à  la  production  d'une  même  quantité  d'action 
chimique  dans  la  pile  est  également  en  raison  inverse  de  l'intensité; 


(  (jl^'  ) 

»  3°.  La  chaleur  développée  dans  une  même  longueur  de  fd  est  en  raison 
directe  de  l'intensité. 

>'  D'autre  part,  l'interprétation  de  ces  irsultals  conduit  à  quelques  con- 
clusions qui  me  paraissent  offrir  quelque  intérêt  : 

»  I.  La  chaleur  calculée  pour  la  constante  R,  qui  représente  la  résistance  de  la  pile  en 
longueur  de  fil,  ajoutée  à  la  chaleur  remployée  à  vaincre  la  résistance  des  parlies  extérieures 
du  circuit,  donne  ici  un  nombre  constant  de  i5ooo  calories  environ  :  elle  est  donc  cornplfc- 
roentaire  du  travail  résistant  de  la  pile. 

»  ÎI.  Toutes  les  résistances,  quelle  que  soit  leur  nature,  peuvent  être  évaluées  en  longueur 
de  fil  et,  pour  une  même  quantité  d'action  chimique,  la  chaleur  dépensée  dans  la  totalité  du 
circuit  est  la  même,  quelle  que  soit  sa  longueur.  Cela  semblait  devoir  être  admis  à  priori 
comme  découlant  de  la  loi  (3);  mais  il  fallait  le  démontrer  expérimentalement  en  établissant 
là  valeur  de  R  en  calories,  valeur  qui  ressort  de  la  constante  donnée  par  R  +  /■- 

»  III.  Toute  la  chaleur  que  développe  l'action  chimique  ne  se  retrouve  pas  dans  le  circuit 
dont  la  longueur  est  calculée  a  l'aide  de  la  formule  bien  connue,  puisque  celui-ci,  quel  que 
ioit  son  développement,  donne  toujours,  dans  les  expériences  inscrites  au  tableau,  le  nombre 
constant  i5ooo;  tandis  que  l'action  chimique  produit  i8685  unités  de  chaleur  :  une  quan- 
tité, qui  serait  ;dans  les  conditions  où  je  me  suis  placé)  de  36oo  calot ies  environ,  est  em- 
ployée à  vaincre  une  résistance  sur  la  nature  de  laquelle  je  n'oserais  encore  émettre  aucune 
hypothèse. 

»  En  faisant  varier  la  résistance  de  la  pile,  on  obtient  des  résultats  qui,  disposes  en  t^iblenu 
comme  ceux  que  je  viens  de  faire  connaître,  conduisent  à  des  conclusions  analogues. 

»  IV.  Il  faut  donc  admettre  qu'une  partie  du  travail  moteur  que  développe  l'affinité  qui 
s'exerce  entre  les  éléments  chimiques  que  j'ai  mis  en  jeu  ne  peut  pas  concourir  à  produire 
le  travail  utile  que  l'on  cherche  à  réaliser  dans  un  électromoteur. 

»  V.  La  résistance  due  au  travail  de  l'interrupteur  et  de  l'électro-aimant  pouvant  être 
évaluée  en  longueur  de  fil,  il  est  facile  de  démontrer  que  l'aimantation  entraîne  une  dépense 
Je  chaleur  empruntée  à  la  pile  et  d'établir  d'une  manière  assez  approximative  la  (]uantité  de 
chaleur  dépensée  pour  l'accomplissement  de  ce  phénomène.  Ainsi  en  comparant  la  série  {"j  ) 
à  la  série  (6  ),  on  trouve  que,  pour  20,6  millions  d'interruptions  et  par  conséquent  d'aiman- 
tations du  cylindre  de  fer  doux  de  l'électro-aimant  et  avec  une  intensité  de  o,o4t>5,  il  a  étt 
dépensé  5'j4i  unités  de  chaleur. 

•  VI.  En  comparant  également  la  séi-ie  (6)  à  la  série  (  5),  on  peut  voir  qu'en  ajoutant  une; 
longueur  de  127  millimètres  démon  fil  normal  (longueur  qui  représente,  série  (2),  la  résisr^ 
tance  de  la  bobine  de  l'électro-aimant)  aux  i  i5o  millimètres  de  l'interrupteur,  la  résistance 
•n'est  pas  la  somme  des  deux  longueurs,  mais  un  nombre  plus  fort  de  743  millimètres.  Il  faut 
donc  admettre  que,  dans  un  fil  où  passe  un  courant  discontinu,  il  s'opère  un  travail  d'un 
ordre  spécial,  analogue  au  travail  de  l'aimantation,  lequel  dépense  une  certaine  quantité  de 
travail  moteur  développé  par  l'affinité.  Dans  le  cas  présent,  la  destruction  de  «ette  partie  du 
travail  aurait  produit  4  963  unités  de  chaleur  pour  1 3  millious  d'interruptions  avec  une  inten- 
sité de  0,6756. 

•  VU.  Il  ressoi  t  encore  de  l'étude  des  résultats  consiguci  au  tableau,  compares  à  ceux  que 
j'ai  fait  connaître  dans  la  troisième  partie  de  mes  recherches,  que,  sur  la  quantité  de    halcui 

86  . 


(  66-2  ) 

libnt  An  peut  disposer  dans  le  circuit  total  pour  faire  produire  à  un  électromoteur  la  plu» 
grande  somme  de  travail  utile,  une  très-grande  partie  est  dépensée  par  les  fils  conducteurs, 
enroulés  sur  les  bobines  des  électro-aimants. 

»  Pour  donner  à  une  masse  de  fer  doux  la  plus  forte  dose  d'énergie  ma- 
gnétique qu'il  est  susceptible  de  recevoir,  il  faut  sans  doute  enrouler  autour 
de  lui  une  certaine  longueur  de  fil  dont  il  est  bon  d'atteindre  la  limite; 
rnais  les  électro-ainlants  des  électromoteurs  doivent-ils  réiniir  ces  condi- 
tions? Iv'électro-aimant  ainsi  disposé  ne  dépense-t-il  pas  dans  une  partie  du 
fil  embobiné  une  quantité  de  travail  moteur  dont  la  perte  est  loin  d'être 
compensée  par  l'augmentation  de  l'énergie  magnétique  du  fer  doux?  C'est 
ce  que  je  me  propose  d'étudier  (i).  » 

CHIMIE  OUGANIQUK.  —  Recherches  sur  Inldéhyde;  par  M.  An.  Lieben. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  premiers  résultats  de 
recherches  que  j'ai  entreprises  sur  l'aldéhyde. 

>)  J'ai  fait  passer  un  courant  de  gaz  chlorhydrique  bien  desséché  dans 
de  l'aldéhyde  pure  qui  se  trouvait  placée  dans  un  mélange  réfrigérant  :  il  y 
a  eu  absorption  et  augmentation  de  volume.  En  même  temps  le  liquide  s'est 
partagé  en  deux  couches  parfaitement  incolores.  L'action  étant  terminée, 
on  a  eu  soin  de  séparer  immédiatement  les  deux  couches,  car  elles  réa- 
gissent l'une  sur  l'autre  et  se  détruisent  en  partie  quand  on  les  laisse  en 
contact  dans  un  tube  scellé. 

')  La  Couche  inférieure  constitue  à  peu  près  le  tiers  du  volume  de  la 
couche  superposée;  elle  est  formée  d'eau  saturée  d'acide  chlorhydrique  et 
retient  toujours  une  petite  quantité  du  liquide  phxs  léger,  qui  lui  donne  un 

(i)  J'aurais  voulu  faii-e  connaître  la  part  qu'il  faut  attribuer  aux  phénomènes  d'imluction 
étudiés  au  même  point  de  vue  :  mais  j'ai  dû  m'arrcter  en  présence  du  phénomène  t]»e  je  vais 
ssulehient  signaler.  L'appareil  de  M.  Ruhmkorff  sans  rhéotome  et  dont  le  drrnit  inducteur 
présentait  une  résistance  qui  était  à  peu  près  cdlc  du  fil  enroule  sur  la  bobine  de  l'électro- 
aimant  était  mis  à  la  place  de  celui-ci.  Lorsque  le  circuit  induit  de  l'appareil  accouplé  à  l'in- 
terrupteur était  ouvert,  oh  obtenait,  à  |>eu  de  clwse  près,  le  résidtat  inscrit  à  la  série  ^7  };  on 
devait  s'y  attendre  :  mais  lorsque  le  ciivuit  induit  était  fermé,  lorsqu'on  devait  s'attendre, 
par  suite  de  la  production  d'un  nouveau  travail,  à  une  augmentation  de  résistance  du  circuit 
et  par  conséquent  à  une  intensité  moindre  du  courant,  à  une  plus  longue  durt-e  poin-  une 
quantité  égale  d'action  chimique  dans  la  pile,  à  une  dépense  plus  forte  de  chaleur  <lans  la 
partie  extérieure  du  circuit,  le  contraire  a  eu  lieu.  Les  résultats  ont  été  ceux  de  la  série  (5i 
comme  si  l'interrupteur  avait  fonctionné  seul;  et  cependant  il  n'était  pas  permis  de  méron- 
Baître  l'esistence  du  courant  d'induction. 


(  663  ) 
aspect  trouble  et  la  fait  brunir  quand  on  la  conserve  pendant  quelque  temps^ 
Gomme  l'aldéhyde  et  le  gaz  chlorhydrique  qui  avaient  servi  à  l'expérience 
étaient  anhydres,  la  formation  de  l'eau  ne  peut  être  due  qu'à  une  décom- 
position de  l'aldéhyde  par  l'action  réduisante  de  l'acide  chlorhydrique. 

»  La  couche  supérieure  constitue  un  liquide  parfaitement  incolore  el 
limpide.  En  le  distillant  à  plusieurs  reprises  sur  du  chlorure  de  calcium,  on 
parvient  à  obtenir  un  produit  pur  bouillant  entre  1 16  et  117  degrés,  dont 
la  composition  a  été  trouvée  de 

Expériences.  Théorie. 

Carbone 33, 4i  33,46  *    33,57 

Hydrogène 5, 81  5,77  ,5,59 

Chlore   »  49»i2  49'65 

»  Ces  nombres  conduisent  à  la  formule 

C*H«C1'0». 

1)  La  densité  de  vapeur  théorique  pour  une  condensation  de  4  volumes 
est  égale  à  4j94j  celle  donnée  par  l'expérience  à  iy3  degrés  est  de  5, 08. 

»  Ce  corps  possède  une  odeur  rappelant  à  la  fois  celle  de  l'aldéhyde  et 
celle  de  l'acide  chlorhydrique;  il  ne  réagit  pas  immédiatement  sur  le 
papier  de  tournesol,  mais  la  tache  faite  sur  du  papier  bleu  rougit  très-rapi- 
dement à  l'air.  Sa  densité  à  12°, 6  est  de  1,1376.  Je  propose  de  nommer  ce 
corps  oxf  chlorure  d'éth/ljtUne,  en  adoptant  pour  le  groupe  G*  H*  contenu 
dans  l'aldéhyde  ou  dans  quelques-uns  de  ses  dérivés  le  nom  A' éthylydène , 
qui  doit  rappeler  son  isomérie  avec  l'éthylène. 

»  La  réaction  qui  a  donné  lieu  à  la  formation  de  ce  corps  est  exprimée 
parfaitement  par  l'équation  suivante  : 

aG*H*0»  +  2HCl  =  jj;^/^^|}0'+2H0. 

»  Traité  par  l'eau,  l'oxychlorure  d'éthylydène  ne  s'y  mêle  pas,  mais  fonoe 
d'abord  une  huile  qui  reste  au  fond.  Lorsqu'on  chauffe  légèrement,  une 
décomposition  a  lieu,  l'huile  disparaît  complètement  sans  color^Uoo,  .^;t,4 
se  forme  de  l'acide  chlorhydrique  et  de  l'aldéhyde.  >  .  .  -  f.^,^ 

»  J'ai  essayé,  au  moyen  du  perchlorure  de  phosphore  ,  d'enlever  l'oxy- 
gène encore  contenu  dans  cette  substance  et  de  le  remplacer  par  le  chior*^. 
A.  la  température  ordinaire  le  perchloitire  de  phosphore  n'exerce  pas  d  ac- 
tion, mais  lorsqu'on  le  chauffe  avec  la  substance  dans  un  tube  scejlé  pen- 
dant plusieurs  heures  à  la  chaleur  d'un  bain-marie,  il  finit  par  sedissqudre 


(  66/,  ] 
complètement.   Jusqu'ici  je  n'ai  pas  encore  réussi  à  séparer  le  produit  de 
cette  réaction  de  l'ox}  chlorure  de  phosphore  formé  en  même  temps. 

»  Quant  à  la  constitution  de  l'oxydilorure  d'éth\lydèiie,  on  voit  par  ce 
qui  précède  qu'il  se  rattache  immédiatement  à  l'aldéhyde  dont  il  dérive 
et  qui  se  régénère  par  sa  décomposition  au  moyen  çle  l'eau.  Je  ferai 
remarquer  en  terminant  que  ce  produit  est  isomérique  avec  le  chloréthéral 
que  M.  d'Arcet  a  obtenu  autrefois  par  l'action  du  chlore  sur  le  gaz  défiant 
brut. 

»  Les  recherches  précédentes  ont  été  exécutées  au  laboratoire  de 
M.  Wurtz.  ». 

M.  Berthelot  adresse  la  réponse  suivante  à  une  réclamation  de 
M.  A .  Rosiiig  insérée  dans  le  Compte  rendu  de  la  précédente  séance  : 

«  A  la  réclamation  présentée  par  M.  Ant.  Rosing,  dans  la  dernière  séance, 
je  me  bornerai  à  répondre  que  ce  chunisle  n'a  pas  compris  le  sens  de  mes 
remarques,  quoique  ce  sens  fût  clairement  expliqué  par  la  phrase  suivante  ; 

«  Si  je  rappelle  ces  indications  que  d'autres  recherches  m'ont  empêché 
»  de  développer  davantage,  ce  n'est  nullement  pour  revendiquer  la  priorité 
»  des  expériences  entreprises  par  les  habiles  chimistes  qui  viennent  de 
»  découvrir  le  trichlorure  benzoïque,  mais  simplement  pour  conserver  Tori- 
»  ginalité  des  miennes  et  le  droit  de  les  poursuivre.  »  [Coinples  rendus, 
tome  XLVI,  page  4^2,  séance  du  aa  février  i858.) 

»  Peu  importe,  au  surplus,  car  tout  l'intérêt  d'une  découverte  réside  dans 
ses  conséquences  scientifiques  et  non  dans  les  discussions  personnelles  et 
stériles  dont  elle  peut  devenir  l'occasion.   » 

M.  Her.maxx  de  Mever  annonce  l'envoi  d  un  ouvrage  qu'il  vient  de 
publier.  * 

«  Cet  ouvrage,  dit  1  auteur,  traite  principalement  de  l'Archégosaurus, 
l'animal  le  plus  merveilleux  qui  ait  jamais  existé.  Il  appartient  à  la  famille 
des  Labyrinthodontes,  qui  s'est  éteinte  avant  la  fin  de  la  période  triassique. 
Je  suis  parvenu  à  connaître  toute  l'organisation  de  l'Archégosaurus  de  cha- 
que âge.  C'est  encore  en  étudiant  cet  animal  qtie  j'ai  fait  d'abord  la  décou- 
verte de  la  persistance  de  l'état  embryonnal  de  la  colonne  vertébrale  dans 
certains  Reptiles  fossiles,  état  analogue  a  celui  qu'on  observe  dans  certains 
Poissons  fossiles  et  vivants.  Cette  découverte  est  aussi  importante  pour  la 
géologie  que  pour  la  physiologie,  et  je  serais  très-heureux  si  l'Académie  la 
croyait  digne  d'être  prise  en  considération  par  elle. 


{  fi65  ) 
»  Je  m'occupe  iriaintenanl  de  la  publication  du  quatrième  volume  de  mou 
grand  ouvrage  intitulé  :  Zurfauna  der  Forwell.  Ce  volume  paraîtra  par  livrai- 
sons et  comprendra  les  Reptiles  fossiles  du  schiste  lithographique,  spéciale- 
ment une  monographie  des  Ptérodactyles,  dont  ce  schiste  est  si  riche.  Les 
planches,  au  nombre  de  vingt-deux  au  moins,  seront  exécutées  avec  le  plus 
grand  soin  d'après  mes  propres  dessins,  comme  dans  tous  mes  ouvrages 
scientifiques.   » 

M.  DE  Paravey  adresse  une  Lettre  dans  laquelle,  après  avoir  parlé  des 
aurores  boréales  qui,  suivant  ses  observations,  ne  sont  pas  toujours  accom- 
pagnées des  pétillements  signalés  par  différents  auteurs,  il  indique  de  nom- 
breux rapprochements  entre  les  idées  mythologiques  de  la  Grèce  et  de  la 
Chine.  Le  grand  nombre  de  caractères  chinois  nécessaires  pour  donner  une 
base  certaine  à  ces  rapprochements  nous  empêche  de  les  consigner  dans  le 
Compte  rendu. 

L'Académie  des  Sciences  de  blNSTmiT  de  Bologne  adresse  le  tome  "VII  de 
ses  Mémoires,  et  le  dfnixième  fascicule  de  ses  Comptes  rendus  (  1 855- 1 857). 

A.  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts. 

E.  D.  B. 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  29  mars  les  ouvrages  dont  voicr 
les  titres  : 

Résumé  de  t histoire  de  C électricité  et  du  magnétisme  et  des  applications  de  ces 
sciences  à  la  chimie,  aux  sciences  naturelles  et  aux  arts  ;  par  MM.  Becquerel 
««Edmond  Becquerel.  Paris,  i858;  1  vol  in-S". 

Ouvrages  destinés  au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie. 

Traité  théorique  et  pratique  des  maladies  des  feux;  par  M.  L.  A.  Desmares  ; 
a*  édition.  Paris,  t854,  1 855  et  1858;  3  vol  in-8°. 

Traité  thérapeutique  des  Eaux  minérales  de  France  et  de  [étranger,  et  de  leur 
empbi  dans  les  maladies  chroniques;  par  M.  le  D""  Max.  DuRand-Faboel. 
Paris,  1857;  I  vol.  in-8°. 

Histoire  médicale  du  choléra-morbus  épidémique  qui  a  régné  en  i854  dam 


(  666  ) 

la  ville  de  Gf  (Haute-Saône);  par  M.  P.-Al.   Niobey.  Paris,    i858;  in-8°. 
Beitrâge...  Recherches  de  médecine  légale  et  de  toxicologie  ;  par  M.  Eugène 
PELIKAN.  Wurzburg,  i858. 


De  l'Électricité  comme  cause  de  choléra.  De  [Hydrothérapie  comme  moyen 
de  guérison;parM.  François  VERGÉ.  Foix,  1808;  br.  in-8".  (Adressé  an 
concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant.) 

Cours  d agriculture  et  d'Hydraulique  agricole ,  comprenant  les  principes  gé- 
néraux de  t  économie  rurale,  etc.  ;  par  M.  Nadault  DE  BuFFON.  Paris,  i852, 
i853,  i855  et  i858;  4  vol.  in-8°. 

La  Tachéométrie  ou  [Art  de  lever  des  plans  et  de  faire  des  nivellements  avec 
beaucoup  de  précision  et  une  économie  de  temps  considérable  ;  par  M.  J.  POREO. 
Paris,  i858;  i  vol.  in-8''. 

Histoire  du  sol  de  [Europe;  par  M.-J.  C.  HOUZEAU.  Bruxelles,  1867; 
1  Toi.  la-S". 

Observations  sur  le  métamorpinsme  et  recherches  expérimentales  sur  quelques- 
tins  des  agents  qui  ont  pu  le  produire;  par  M.  DaubuÉE.  Paris,  i858;  br.  in-8''. 

Recherches  expérimentales  sur  le  striage  des  roches  dû  au  phénomène  errati- 
que ,  sur  la  formation  des  galets,  des  sables  et  du  limon  et  sur  les  décompositions 
chimiques  produites  par  les  agents  mécaniques;  par\e  même.  Paris,  i858; 
br.  in-S". 

Sur  les  équivalents  chimiques  du  baryum,  du  strontium  et  du  plomb;  par 
M.  C.  Marignac.  Genève,  i858;  br.  in-S". 


ERRATA. 

(Séance  du  11  mars  i858.) 


Page  566,  ligne  i5,  au  lieu  rfe  sang  de  la  veine  porte  recueilli  des  arcades  aoaslomo- 
tiques,  des  veines  mésaraïques,  lisez  sang  de  la  veine  porte  recueilli  des  arcades  anasto- 
motiqnes  des  veines  mésaraïques. 

Page  567,  ligne  3,  au  lieu  de  sang  de  la  veine  porte  au-dessus  de  la  ligature,  lisez  au-des- 
sous ,  etc. 

Page  S67,  ligne  11,  au  lieu  de  porter,  lisez  puiser. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


«■«a«« 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  AVRIL  1838. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMIMICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  pcbuque  transmet  une  ampliation  d'un 
décret  impérial  en  date  du  3i  mars  dernier,  qui  confirme  la  nomination  de 
M.  CLapeyron  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Mécanique  par  suite  du 
décès  de  M.  Cauchy. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Clapetron  prend  place  parmi 
ses  confrères. 

M.  JoMARD,  au  nom  de  la  Commission  qui  avait  été  formée  pour  s'oc- 
cuper de  l'érection  à  Étampes  d'une  statue  à  Etienne  Geqffroy-Saint-Hilaire, 
adresse  une  relation  imprimée  «  des  opérations  auxquelles  cette  Commis- 
sion s'.est  livrée  et  de  la  cérémonie  qui  les  a  couronnées  ».  {Foir  au  Bulletin 
bibliographique  ) . 

M.  Dacssy  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  sa  «  Table  des 
positions  géographiques  des  principaux  lieux  du  globe  »,  Table  extraite 
de  la  Connaissance  des  Temps  pour  l'année  1860. 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  li.)  87 


(  668  ) 

* 

M.  Flourens,  au  nom  des  auteurs,  MM.  de  Martini  et  de  Luca,  méde- 
cins de  l'hospice  des  Incurables  deNaples,  fait  hommage  à  l'Académie  d'un 
exemplaire  de  la  traduction  italienne  qu'ils  viennent  de  faire  de  son  Histoire 
de. la  découverte  de  ta  circulation  du  sang.  {Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

RAPPORTS. 

M.  RiOT,  en  qualité  de  doyen  de  la  Section  de  Géométrie  à  l'examen  de 
laquelle  avaient  été  renvoyées  deux  Lettres  de  M.  Fillon,  concernant  le  projet 
d'un  monument  à  élever  à  la  mémoire  de  Viète,  annonce  que  le  Rapport  sur 
ce  projet  eût  été  soumis  dans  la  présente  séance  à  l'approbation  de  l'Aca- 
démie, si  la  convocation  qui  devait  être  adressée  à  la  Section  de  Géométrie 
ne  l'eût  été,  par  suite  d'une  méprise,  à  la  Section  de  Chimie.  Le  Rapport 
sera  soumis  à  l'Académie  dans  la  séance  prochaine. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  l'abbé  Castro- 
GiovANNi,  relatif  à  la  résolution  numérique  des  équations  du  troisième  degré. 

(Commissaires,  MM.  Bertrand,  Duhamel  rapporteur.) 

«  M.  l'abbé  Castrogiovanni  a  présenté,  dans  la  séance  du  29  mars  der- 
nier, un  Mémoire  sur  la  résolution  numérique  des  équations  du  troisième 
degré;  l'Académie  nous  a  chargés,  M.  Bertrand  et  moi,  de  lui  en  rendre 
compte,  et  nous  venons  aujourd'hui  nous  acquitter  de  ce  devoir. 

»  L'auteur,  partant  de  l'équation 

x^ -h  px -h  ,q  =  o, 
•  commence  par  la  ramener  à  la  forme 

z'  +  z»  =  -  1' 
F' 

en  posant 

pz 

Le  premier  membre  est  une  fonction  de  s  indépendante  des  coefficients 
donnés,  et  dont  on  peut  dresser  une  table  pour  des  valeurs  de  z  positives 
ou  négatives,  croissant  par  degrés  très-petits.  > 


(  669  )  .         . 

»  Si  cette  table  est  formée  et  que  — }-  soit  compris  entre   deux    de  ses 

termes  consécutifs,  on  aura  deux  nombres  entre  lesquels  tombera  une 
valeur  de  z.  On  connaîtra  ainsi  cette  valeur  avec  un  degré  d'approximation 
dépendant  de  la  différence  des  tables. 

»  C'est  en  cela  que  consiste  la  méthode  de  M.  l'abbé  Castrogiovanni.  Il 
a  construit  cette  table  dans  une  assez  grande  étendue,  qu'il  se  propose 
encore  d'augmenter;  et  indique  des  moy^s  d'y  faire  rentrer  les  nombres 
qui  n'y  seraient  pas  renfermés.  Quand  il  en  a  déduit  une  première  approxi- 
mation, il  en  obtient  successivement  de  nouvelles  au  moyen  de  la  méthode 
de  Newton,  et  discute  l'exactitude  des  chiffres  ainsi  obtenus. 

«  Ce  peu  de  mots  suffit  pour  qu'on  puisse  se  rendre  compte  du  degré  de 
nouveauté  ou  d'utilité  de  ce  travail. 

»  En  effet,  l'idée  ingénieuse  de  ramener  une  équation  donnée  à  la  forme 

F(z)  étant  indépendant  des  coefficients  de  cette  équation,  se  trouve  dans 
un  Mémoire  de  Gauss,  et  y  est  appliquée  à  des  équations  de  degré  quel- 
conque à  trois  termes  :  mais  ce  grand  géomètre  ne  s'est  pas  imposé  le  péni- 
ble travail  de  la  construction  de  ces  tables. 

»  De  plus,  pour  le  cas  des  équations  du  troisième  degré,  auquel  s'est 
borné  M.  l'abbé  Castrogiovanni,  on  peut  employer  les  tables  trigonométri- 
ques  et  logarithmiques,  pour  obtenir  immédiatement  les  valeurs  des  racines 
avec  une  grande  approximation;  et  faire  ensuite  usage  de  la  méthode  de 
Newton,  si  l'on  veut  en  avoir  encore  une  plus  grande.  Et  cette  manière  de 
procéder,  qui  est  certainement  plus  expéditive,  n'exige  la  construction 
d'aucune  table  nouvelle. 

»  Enfin,  pour  l'emploi  de  la  méthode  de  Newton,  nous  avons  les  grands 
travaux  de  Fourier,  qui  a  examiné  avec  un  soin  extrême  les  précautions 
qu'il  fallait  prendre  pour  être  sûr  de  l'exactitude  des  chiffres  que  donne 
chaque  nouvelle  approximation. 

»  Nous  concluons  de  tout  cela  que  M.  l'abbé  Castrogiovanni  n'a  préci- 
sément rien  introduit  de  nouveau  dans  la  science,  ni  perfectionné  la  pra- 
tique pour  ceux  qui  ont  entre  les  mains  des  tables  trigonométriques.  Ce 
n'est  pas  là  non  plus  sa  prétention,  surtout  depuis  qu'il  est  en  France.  Il 
se  borne  à  présenter  ses  tables  comme  un  moyen  d'obtenir  une  première 
approximation,  quand  on  ne  possède  pas  de  tables  trigonométriques,  ou 
qu'on  n'a  pas  les  connaissances  nécessaires  pour  en  faire  usage. 

87.. 


(  670  ) 

»  Mais  cette  appréciation  de  l'importance  de  l'ouvrage  serait  injuste  si  on 
l'appliquait  au  mérite  de  l'auteur. 

»  Dans  le  pays  qu'il  habitait,  il  n'a  pu  se  procurer  aucun  des  ouvrages 
qui  l'auraient  mis  au  courant  de  la  science.  Il  ne  connaissait  pas  la  méthode 
de  Newton,  ni,  par  conséquent,  tous  les  perfectionnements  que  Fourier  y  a, 
introduits.  Il  connaissait  moins  encore  les  ouvrages  de  Gauss.  On  ne  peut 
donc  se  refuser  à  lui  reconnaître  une  disposition  particulière  pour  les 
sciences  mathématiques,  et  la  persévérance  si  nécessaire  pour  y  faire  des 
progrès  sérieux.  Nous  pensons  qu'à  cet  égard  il  mérite  toute  la  bienveillance 
et  les  encouragements  de  l'Académie.  Mais  il  est  à  désirer  que,  connaissant 
mieux  maintenant  l'état  de  la  science,  au  lieu  de  continuer  dans  le  même 
sens  des  travaux  qui  auraient  peu  d'utilité  pour  ceux  qui  ont  des  connais- 
sances un  peu  étendues,  il  applique  dorénavant  son  intelligence  à  des  re- 
cherches plus  élevées  ;  et  nous  espérons  qu'il  vous  adressera  un  jour  des 
Mémoires  qui  contribueront  à  l'avancement  de  la  science. 

»  Nous  proposons  à  l'Académie  de  remercier  M.  l'abbé  Castrogiovanni 
de  sa  communication,  et  de  l'engager  à  continuer  à  s'occuper  de  recherches 
mathématiques.   »  « 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

ÉLECTRO-CHIMIE.  —  Rapport  sur  plusieurs  Mémoires  de  M.  Hoczeai;,  relatifs 
à  t'oxygène  odorant  (  [ozone  ) . 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Balard,  Becquerel  rapporteur.) 

«  On  avait  remarqué  depuis  longtemps  que  la  chute  de  la  foudre  étaif 
toujours  accompagnée  d'une  odeur  phosphorée,  et  qu'il  en  était  encore  de 
même  en  tirant  des  étincelles  d'une  machine  électrique. 

j>  Van  Marum  eut  l'idée  d'étudier  ce  phénomène  avec  la  grande  machine 
du  musée  de  Teyler,  en  faisant  éclater  une  succession  d'étincelles,  non  pas 
dans  l'air,  mais  dans  des  tubes  de  verre  fermés  et  remplis  d'oxygène  ;  il  re- 
conimt  que  l'électricité  développait  également  une  odeur  phosphorée  dans 
ce  gaz,  qui  acquériiit  eu  même  temps  la  propriété  de  se  combiner  rapidement 
avec  le  mercure.  Cette  expérience  fondamentale,  faite  vers  1 783,  fut  oubliée 
jusqu'en  1 84o,  où  M.  Schœnbein  trouva  que  le  gaz  oxygène  provenant  de  la 
décomposition  de  l'eau  par  la  pile  répandait  une  odeur  semblable  à  celle  que 
l'on  avait  remarquée  lors  de  la  chute  de  la  foudre  et  dans  les  décharges  élec- 


(  67») 
triq^ies.  Il  observa  encore  que  cet  oxygène  possédait  à  un  haut  degré  Ja 
propriété  d'oxyder  à  froid  non-seulement  le  mercure,  comme  l'avait  observé 
Van  Marum,  mais  encore  un  grand  nombre  d'autres  corps,  et  que,  souk 
l'influence  d'im  alcali,  il  transformait  les  éléments  de  l'air  en  acide  ni- 
trique. 

j>  M.  Schœnbein  donna  le  nom  d'ozone  à  l'oxygène  électrisé,  mais  il  ne 
pensa  pas  devoir  se  prononcer  sur  la  nature  du  composé  odorant  qui  se 
produit  dans  cette  circonstance.  Il  se  demanda  si  c'était  une  combinaison 
d'eau  et  d'oxygène  ou  un  état  particulier  de  l'oxygène.  Les  faits  n'étaient 
pas  alors  assez  concluants  pour  qu'on  piit  décider  la  question.  "*' 

j»  Le  même  physicien  fit  connaître  plus  tard  une  méthode  chiuuque  pour 
obtenir  une  quantité  d'ozone  plus  considérable  que  celle  fournie  par  les 
procédés  connus,  laquelle  consiste  à  faire  agir  de  l'air  humide  sur  du  phos- 
phore à  la  température  de  20  à  aS  degrés. 

u  Ce  sujet  a  été  étudié  depuis  par  MM.  Williamson,  Ozann,  Marignac  et 
de  la  Rive,  Fremy  et  E.  Becquerel,  et  d'autres  physiciens. 

»  MM.  Marignac  et  de  la  Rive  arrivèrent  à  cette  conclusion,  que  l'ozone 
n'était  autre  que  de  l'oxygène  dans  un  état  particulier  d'activité  chimique. 

»  MM.  Fremy  et  E.  Becquerel  reconnurent  que  l'ozone  se  formait  toutes 
les  fois  que  l'oxygène,  préparé  d'une  manière  quelconque,  était  soumis  à 
l'influence  de  l'électricité,  et  qu'il  acquérait  alors  des  propriétés  oxydantes 
très-marquées.  Ils  transformèrent  un  volume  donné  d'oxygène  en  oxygène 
entièrement  absorbable  à  froid  par  le  mercure,  l'argent  ou  l'iodure  de  po- 
tassium. Ils  furent  conduits  par  là  à  substituer  à  la  dénomination  d'ozone 
celle  d'oxygène  électrisé.  Mais  comme  cette  dénomination  ne  saurait  s'ap- 
pliquer à  l'ozone  préparé  par  voie  chimique,  quelques  personnes  propo- 
sèrent de  l'appeler  oxygène  actif,  nom  qui  n'a  pas  été  généralement  adopte, 
attendu  qu'il  suppose  un  oxygène  inactif.  Je  m'en  tiens  pour  l'instant  à  la 
dénomination  d'oxygène  odorant,  qui  a  l'avantage  d'exprimer  un  fait. 

»  M.  Andrews,  qui  a  repris  les  expériences  de  MM.  de  la  Rive  et  Mari- 
gnac, Fremy  et  E.  Becquerel,  en  leur  donnant  plus  d'extension,  a  été  conduit 
aux  mêmes  conséquences;  il  a  démontré  que  l'oxygène  odorant,  quel  que 
fût  le  procédé  employé,  était  décomposé  par  la  chaleur  et  se  transformait 
en  un  égal  volume  d'oxygène  ordinaire. 

»  D'autres  physiciens  se  sont  occupés  aussi  de  la  production  de  l'oxygène 
odorant  et  de  ses  propriétés  chimiques,  notamment  MM.  Soret  et  Houzeau; 
ce  dernier  surtout  a  présenté  à  l'Académie,  depuis  i855,  plusieurs  Mémoires 
volumineux,  qui  ont  été  renvoyés  à  l'examen  d'une  Commission  composée 


(672) 
de  MM.  Thenard,  Boussiiigault  et  moi.  M.  ïhenard,  depuis  que  nous  avons 
eu  le  malheur  de  le  perdre,  a  été  remplacé  par  M.  Balard.  Cette  Commission 
m'a  chargé  de  faire  connaître  à  l'Académie  les  faits  principaux  consignés 
dans  les  Mémoires  de  M.  Houzeau. 

H  M.  Houzeau  a  d'abord  fait  connaître  un  procédé  chimique  à  l'aide 
duquel  on  prépare  immédiatement  du  gaz  oxygène  odorant,  procédé  qui 
consiste  à  faire  réagir  de  l'acide  sulfurique  monohydraté  sur  le  bioxyde  de 
barium  et  recueillant  le  gaz,  quoiqu'un  peu  soluble,  sur  l'eau.  Il  faut  éviter, 
pour  le  succès  de  l'opération,  un  trop  grand  dégagement  de  chaleur,  qui 
enlèverait  à  l'oxygène  odorant  ses  propriétés  suroxydantes.  On  atteint  ce  but 
en  projetant  dans  l'acide  le  bioxyde  de  barium  en  très-petits  morceaux.  Le 
poids  du  bioxyde  doit  être  huit  fois  moindre  que  celui  de  l'acide.  Il  faut 
veiller  à  ce  que  la  température  ne  dépasse  pas  60  à  80  degrés.  Vers  la  fin 
de  l'opération,  îl  ne  se  dégage  plus  que  de  l'oxygène  ordinaire. 

»  M.  Houzeau  dose  l'oxygène  odorant,  non  au  moyen  d'une  dissolution 
d'iodure  de  potassium,  mais  avec  des  cristaux  de  cette  substance  introduits 
dans  un  tube  €t  pesés,  en  même  temps  que  ce  dernier,  avant  et  après  le 
passage  d'un  volume  donné  de  gaz  odorant  purifié  et  desséché.  La  diffé- 
rence de  poids  donne  la  quantité  d'oxygène  combinée  au  potassium  et  par 
suite  celle  de  l'oxygène  odorant. 

»  Le  résultat  ne  peut  être  exact  qu'autant  que  tout  l'iode  et  l'eau  ont  été 
complètement  expulsés.  C'est  là  une  difficulté;  car,  pour  peu  qu'il  en  reste, 
la  quantité  d'oxygène  odorant  étant  très-faible,  on  peut  être  induit  en  erreur. 
Ijes  expériences  de  M.  Houzeau  démontrent  effectivement  que  cette  quan- 
tité d'oxygène  n'est  nullement  proportionnelle  au  poids  du  bioxyde  employé 
et  qu'elle  n'en  est  même  qu'une  très-faible  fraction.  Dans  un  tableau  de 
rendement  du  bioxyde  de  barium  en  oxygène  odorant,  il  n'a  pas  trouvé  dans 
1000  centimètres  cubes  de  gaz  odorant  au  delà  de  7  milligrammes  d'oxy- 
gène odorant,  c'est-à-dire  moins  de  t  centième. 

»  M.  Houzeau  décrit  encore  une  autre  méthode  pour  doser  l'oxygène 
odorant  qui  se  trouve  dans  l'air,  lors  même  qu'il  n'en  contient  qu'un  cent- 
millionième.  Cette  méthode  repose  sur  la  propriété  que  possède  cet  oxygène 
de  transformer  complètement  en  potasse  tout  le  métal  d'une  dissolution 
d'iodure  de  potassium,  à  laquelle  on  ajoute  une  très-petite  quantité  connue 
d'acide  sulfurique.  En  volatilisant  l'iode  par  la  chaleur,  on  n'a  plus  à  faire 
ensuite  qu'iui  dosage  alcaliinétrique.  C'est  également  sur  ce  principe  qu'est 
fondé  l'usage,  pour  reconnaître  la  présence  de  l'oxygène  odorant  dans  l'air, 
^u  papier  de  tournesol  rougi  par  im  acide  et   imbibé  d'une  dissolution 


(  673  ) 
d'iodure  de  potassium  exempt  de  carbonale  de  potasse.  Ce  papier  est  ra- 
mené au  bleu  au  fur  et  à  mesure  que  l'iodure  de  potassium  est  décomposé 
par  l'oxygène  odorant. 

>)  Une  échelle  chromatique,  composée  d'un  certain  nombre  de  teintes, 
sert  à  évaluer  approximativement,  d'après  la  teinte  que  prend  le  papier,  la 
quantité  d'oxygène  odorant  qui  se  trouve  dans  l'air. 

»  Ce  papier  paraît  préférable  à  celui  qui  est  préparé  avec  l'amidon  et 
l'iodure  de  potassium;  ce  dernier  est  ramené  au  bleu  par  le  chlore,  les 
oxydants  et  particulièrement  les  composés  nitreux;  la  lumière  mémo  l'allere, 
comme  l'a  montré  M.  Cloëz;  tandis  que  le  papier  de  M.  Houzeau  n'y  re- 
vient que  s'il  se  trouve  dans  l'air  de  l'oxygène  odorant  ou  du  gaz  ammo- 
niaque. Il  reste  à  savoir  si  d'autres  substances,  sous  l'influence  de  la  lu- 
mière, ne  jouissent  pas  de  la  même  propriété. 

»  La  présence  de  l'oxygène  odorant  dans  l'atmosphère  est  d'autaiit  plus 
intéressante  à  constater,  en  raison  même  de  son  action  sur  les  corps  orga- 
nisés, que  ce  corps  se  forme  continuellement  dans  l'air,  près  des  arbres,  des 
bâtiments,  des  montagnes,  des  élévations  de  terrain,  sur  tous  les  points  en- 
fin où  s'effectue  la  recomposition  de  l'électricité  positive  de  l'air  et  de 
l'électricité  négative  de  la  terre. 

»  En  résumé,  le  travail  de  M.  Houzeau,  tout  en  confirmant  les  lésidtats 
obtenus  par  MM.  de  la  Rive  et  Marignac,  Fremy  et  E.  Becquerel  et  Andrews, 
a  fait  connaître  en  outre  :  i°  un  procédé  chimique  nouveau  au  moyen  du- 
quel on  produit  de  l'oxygène  odorant  ;  2°  une  méthode  de  dosage  qui  est 
rationnelle;  3°  un  papier  à  réactif  probablement  préférable  au  papier  ami- 
donné et  ioduré,  et  avec  lequel  il  est  possible  de  reconnaître  la  présence  de 
l'oxygène  odorant  dans  l'air,  en  se  mettant  toutefois  à  l'abri  de  certaines 
causes  d'erreur. 

»  Votre  Commission  a  l'honneur  de  vous  proposer  de  donner  votre  ap- 
probation aux  résultats  obtenus  par  M.  Houzeau  dans  les  expériences  dont 
nous  venons  de  vous  rendre  compte.  Si  les  Mémoires  n'eussent  pas  ren- 
fermé des  détails  inutiles,  qui  leur  ont  donné  une  trop  grande  étendue,  nous 
aurions  demandé  leur  insertion  dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers. 

Après  quelques  remarques  de  MM.  Pouillet,  Reynault,  Biol,  Chevreul,  sur 
l'expression  iVox/gène  actif  employée  par  M.  le  Rapporteur,  et  l'observation 
faite  par  M.  Le  Verrier  que  cette  expression  ne  se  trouve  point  reproduite 
dans  les  conclusions,  seule  partie  du  Rapport  sur  laquelle  l'Académie  doit 
voter,  ces  conclusions  sont  mises  aux  voix  .et  adoptées. 


(  674  ) 

ArP(,iCATlON  DE  L'ÉLECTRICITÉ   AUX   ARTS.  —  Rapport  sur  deux  Lettres  de 
M.  Jobart;  par  M.  Becquerel. 

«  L'Académie  m'a  renvoyé,  pour  lui  en  rendre  compte,  deux  Lettres  de 
M.  Jobart,  en  date  du  27  février  dernier,  relatives  à  la  découverte  faite  par 
M.  de  Changy  de  la  divisibilité  de  la  lumière  électrique,  provenant  d'un 
circuit  voltaîque,  et  à  l'aide  de  laquelle  il  sera  possible,  suivant  lui, 
d'éclairer  à  moitié  prix  les  villes  et  les  mines  dans  lesquelles  on  a  à  craindre 
les  effets  du  feu  grisou.  Je  n'ai  rien  trouvé  d'assez  précis  dans  ces  Lettres 
pour  engager  l'Académie  à  exprimer  une  opinion  sur  l'importance  de  la 
découverte.  Tout  ce  qu'elle  peut  désirer  pour  l'instant,  c'est  un  plus  ample 

informé.  » 

• 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com^ 
mission  chargée  de  présenter  une  liste  de  candidats  pour  la  place  d'Acadé- 
micien libre  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Largeteau. 

Cette  Commission  doit  se  composer  de  sept  Membres,  savoir  :  du  Prési- 
dent de  l'Académie,  de  deux  Académiciens  libres,  deux  Membres  pris  dans 
les  Sections  de  Sciences  mathématiques,  et  deux  pris  dans  les  Sections  de 
Sciences  naturelles. 

Les  résultats  du  scrutin  donnent  à  cette  Commission  la  composition  sui- 
vante :  MM.  le  Maréchal  Vaillant  et  l'Amiral  Du  Pelit-Thouars,  MM.  Élie 
de  Beauraont  et  Liouville,  MM.  Rayer  et  Flourens,  M.  Despretz,  président 
en  exercice. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Du  rôle  des   principaux  éléments  du  sang  dans 
l'absorption  ou  le  dégagement  des  gaz  de  la  respiration;  par  M.  Em.  Fernet. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Milne  Edwards, 

Balard,  Cl.  Bernard.) 

«  Les  recherches  générales  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  les 
résultats  à  l'Académie  dans  la  dernière  séance  ont  permis  de  conclure,  en 
particulier,  quelle  action  exerce  le  sérum  du  sang  sur  les  gaz  avec  lesquels 
il  se  trouve  en  présence  dans  le  phénomène  de  la  respiration.  Les  conclu- 


(  675  ) 
sions  ont  été  vérifiées  directement.  Il  en  résulte  que  le  sérum  n'est  pas  seule- 
ment un  liquide  contenant  les  éléments  de  la  nutrition,  et  d'une  densité  telle, 
que  les  globules  s'y  puissent  conserver;  c'est  encore  un  liquide  dont  la  con- 
stitution chimique  est  appropriée  au  maintien  d'un  équilibre  particulier  pour 
chacun  des  gaz  auxquels  il  doit  servir  de  véhicule.  Tout  porte  à  croire  même 
que,  dans  les  cas  où  l'on  observe  des  perturbations  apportées  dans  la  res- 
piration par  des  changements  dans  les  proportions  des  substances  dissoutes, 
elles  sont  dues  bien  plutôt  à  ime  différence  d'action  du  liquide  sur  les  gaz, 
qu'à  une  différence  de  densité  altérant  la  constitution  des  globules.  Toute- 
fois le  sérum  n'est  qu'un  intermédiaire  qui  dégage,  sous  de  simples  actions 
physiques,  les  gaz  qu'il  a  absorbés;  il  me  reste  à  parler  de  l'influence  des 
globules  qu'il  tient  en  suspension. 

»  Je  soumis  au  même  mode  d'expérimentation  le  sang  avec  ses  globules 
aussi  intacts  que  possible.  J'ai  constaté  alors  que  la  présence  de  ces  corps 
n'influe  pas  d'une  manière  sensible  sur  l'absorption  de  l'acide  carbonique, 
qui  se  fait  comme  dans  le  sérum  lui-même.  Au  contraire,  les  volumes  d'oxy- 
gène absorbés  sont  si  considérables,  que  ces  expériences  se  distinguent  par 
là  immédiatement  de  celles  qui  sont  relatives  au  sérum  :  en  outre,  les  quan- 
tités totales  absorbées  semblent  au  premier  abord  indépendantes  de  la  pres- 
sion, le  volume  chimiquement  combiné  étant  presque  cinq  fois  égal  au 
volume  dissous  sous  une  pression  atmosphérique.  Si  l'on  scAge  maintenant 
que  l'oxygène  de  l'air  exerce  une  pression  qui  entre  seulement  pour  un  cin- 
quième dans  la  pression  totale,  le  volume  d'oxygène  fixé  par  les  globules 
deviendra  environ  vingt-cinq  fois  égal  à  celui  qui  est  dissous  dans  le 
sérum . 

»  C'est  donc  réellement  dans  les  globules  qu'il  faut  voir  le  véritable  régu- 
lateur de  la  respiration  :  c'est  à  leur  présence  dans  le  sang,  que  l'homme  ou 
les  animaux  voisins  doivent  d'absorber  à  très-peu  près  la  même  quantité 
d'oxygène  quelle  que  soit  la  pression,  sur  le  sommet  des  montagnes  et  dans 
les  plaines,  etc.  Cependant  l'observation  directe,  d'accord  avec  la  théorie, 
a  déjà  constaté  de  petites  différences  correspondant  aux  différences  de  pres- 
sion, mais  elles  ne  sont  accessibles  qu'aux  méthodes  de  mesure  susceptibles 
d'une  grande  exactitude. 

»  Tous  les  résultats  qui  précèdent  me  paraissent  jeter  une  nouvelle 
lumière  sur  un  grand  nombre  de  faits  déjà  acquis  à  la  pathologie  ou  à  la 
physiologie  comparée. 

»  Par  exemple,   la  similitude  d'action  des  phosphates  et  des  carbonates 

0.  R.,  i858,  i«r  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  *4.)  88 


(  676  ) 

s'accorde  avec  cette  remarque,  que  les  carbonates  alcalins  peuvent  être  rem- 
placés dans  le  sang  par  des  phosphates,  sans  qu'il  en  résulte  de  perturbations 
graves  dans  les  fonctions  physiologiques  du  fluide  nourricier  :  mais  il  doit 
y  avoir  toujom-s,  entre  les  proportions  de  chacun  d'eux,  une  sorte  de  com- 
pensation, de  façon  que  l'accroissement  des  uns  concorde,  dans  l'état  nor- 
mal, avec  le  décroissement  des  autres.  C'est  ce  que  montre  la  comparaison 
des  analyses  du  sang  des  herbivores  et  des  carnivores,  ou  du  sang  d'un  même 
animal  soumis  à  différents  régimes. 

»  D'un  autre  côté,  les  proportions  de  ces  deux  genres  de  sels  pris  ensem- 
ble ont  toujoiu's  été  trouvées  moindres  dans  les  cas  pathologiques  où  la 
combustion  physiologique  paraît  entravée  :  dans  les  phlegmasies,  dans  la 
fièvre  typhoïde,  dans  la  phthisie. 

»  Au  contraire,  une  augmentation  considérable  dans  la  proportion  des 
chlorures,  comme  celle  qui  se  produit  dans  le  choléra  ou  dans  le  scorbut, 
coïncide  avec  une  diminution  dans  la  quantité  d'oxygène  absorbée  ;  dans 
des  cas  très-graves,  la  quantité  absorbée  s'est  abaissée  au  tiers  de  la  propor- 
tion normale, 
ij»  Quant  à  l'action  exercée  par  les  globules,  on  sait  depuis  longtemps 
quelle  est  l'influence  des  causes  pathologiques  qui  en  font  varier  le  nom- 
bre, et  quelles  différences  présentent  au  point  de  vue  de  l'activité  de  la  res- 
piration les  divers  groupes  de  vertébrés  chez  lesquels  ces  corpuscules 
varient  en  nombre  ou  en  dimensions.  J'ai  constaté  après  M.  Marchand  (i) 
que  cette  absorption  d'oxygène  n'a  cependant  pas  pour  conséquence  immé- 
diate la  formation  d'acide  carbonique,  et  que  le  sang  privé  de  gaz  peut  être 
traversé  longtemps  par  un  couiant  d'oxygène,  sans  que  le  gaz  a  sa  sortie 
trouble  aucunement  l'eau  de  chaux.  Il  paraît  donc  y  avoir,  au  moins  dans  la 
première  phase  du  phénomène,  combinaison  pure  et  simple. 

»  Cette  combinaison  est  accusée  par  luie  coloration  vermeille,  et  je  ferai 
remarquer  en  terminant  que  les  résultats  précédents  sur  l'action  des  solu- 
tions salines  expliquent  de  la  manière  la  plus  simple  ce  fait  connu,  que  l'ad- 
dition de  certains  sels  produit  le  même  changement  de  couleur.  Si  l'on 
admet  en  effet  qiie,  au  moment  où  le  sang  est  recueilli,  il  existe  pour  les 
gaz  qu'il  contient,  un  équilibre  entre  les  forces  qui  les  sollicitent,  l'addition 
d'un  sel  tel  que  le  chlorure  de  sodium  détruira  évidemment  cet  équilibre 


(i)  R.  F.  Marchand,  Ueber  die  Einivirkung  des  Sauerstoffes  aiif  das  Blut,  und .seine  Be- 
slandtheile  (Jotirn.  far  prakt.  Chem.  Leipzig,  i845,  band  XXXV,  selle  385). 


(  677  ) 
en  diminuant  la  solubilité  de  l'oxygène  dans  le  sérum,  une  certaine  quan- 
tité de  ce  gaz  pourra  donc  se  porter  sur  les  globules,  d'où  la  coloration  ver- 
meille. Cet  effet  est  entièrement  comparable  à  la  précipitation  de  certains 
sels  insolubles  dans  l'alcool,  quand  on  ajoute  quelques  gouttes  de  ce  liquide 
dans  leurs  solutions  aqueuses.  D'autres  sels,  comme  le  phosphate  de  soude 
ou  le  carbonate  de  soude,  agiront  surtout  en  absorbant  l'acide  carbonique 
libre  dont  ils  feront  ainsi  disparaître  l'influence  sur  la  teinte  des  globules, 
mais  le  changement  est  alors  beaucoup  moins  prononcé. 

»  Parmi  de  nombreuses  expériences  à  l'appui  de  cette  interprétation,  il 
me  suffira  d'en  citer  une  qui  me  paraît  concluante.  Les  sels  produisent  une 
coloration  vermeille,  alors  même  que  le  sang  a  été  reçu  sous  une  couche 
d'huile  et  préservé  du  contact  de  l'air;  mais  si  après  l'avoir  ainsi  recueilli, 
on  le  fait  traverser  par  un  courant  rapide  d'hydrogène,  l'addition  des 
mêmes  sels  ne  produit  pas  d'effet  sensible.  Enfin  si  le  liquide  a  été  traversé 
par  un  courant  d'acide  carbonique,  le  phosphate  et  le  carbonate  de  soude 
produisent  seuls  une  légère  modification  de  teinte.  Les  différences  s'expli- 
quent immédiatement  dans  la  théorie  que  je  viens  d'indiquer,  l'interpréta- 
tion m'en  paraît  difficile  dans  toute  autre.  « 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  supplémentaire  au  Mémoire  de  MM.  Poiseville  et 
Lefort  lu  dans  la  séance  du  22  mars  i858,  sur  /'Existence  du  glycose  dans 
l'organisme  animal. 

(Renvoyé,  comme  le  précédent  travail,  à  la  Commission  de  Médecine 

et  de  Chirurgie.) 

«  Après  avoir  démontré,  en  nous  appuyant  sur  un  grand  nombre  de 
faits  consignés  dans  notre  travail,  que  la  cjljrcocjénie  intestinale  n'était  pas 
plus  admissible  que  des  glycogénies  splénique,  ganglionnaire,  etc.,  etc.,  et 
cela  par  l'absence  de  toute  formation  de  sucre  dans  ces  divers  points  de 
l'économie,  nous  nous  sommes  placés  sur  le  terrain  même  des  partisans  de 
la  glycogénie  intestinale,  et  nous  avons  examiné  les  circonstances  ou  épi- 
phénomènes  sur  lesquels  ils  ont  pensé  pouvoir  l'établir.  Ils  ont  invoqué  la 
présence  du  glycose  dans  le  chyle  et  dans  la  lymphe,  mais  sans  s'informer 
de  ses  quantités  respectives.  Nous  en  avons,  en  effet,  constaté  dans  ces  deux 
liquides,  et  nous  avons  fait  remarquer  que  le  glycose  contenu  dans  la 
lymphe  était  toujours  en  plus  grande  quantité  que  celui  trouvé  dans  le 
chyle,  etc. 

><  Mais  nous  n'avions  pas  eu  l'occasion  jusqu'alors  d'obtenir  du  chyle 

88.. 


(678) 

venant  directement  d'un  vaisseau  de  l'intestin  (comme  l'indique  l'auteur  de 
la  glycogénie  intestinale),  et,  en  même  temps,  sur  le  même  animal,  de  la 
lymphe  donnée  par  toute  autre  partie  du  corps  :  c'est  ce  qu'il  nous  a  été 
permis  de  réaliser  le  29  mars  dernier,  à  Alfort,  sur  un  taureau  en  digestion, 
qui  venait  d'être  l'objet  d'opérations  pratiquées  par  les  élèves. 

»  On  a  donc  recueilli,  sur  cet  animal,  du  chyle  d'un  gros  vaisseau  mésen- 
térique  venant  de  l'intestin,  et  de  la  lymphe  (25  grammes)  donnée  par  l'un 
des  vaisseaux  lymphatiques  qu'on  rencontre  dans  le  voisinage  de  l'artère 
carotide  primitive  ;  puis  on  a  extrait  3oo  grammes  environ  de  sang  de  l'artère 
carotide  :  la  plaie  artérielle  étant  restée  libre,  l'animal  n'a  pas  tardé  à  suc- 
comber à  l'hémorragie  consécutive. 

»  Le  même  jour,  on  a  préparé  les  liquides,  et  leur  analyse  a  eu  lieu  le 
lendemain. 

»  Groupons  les  résultats  donnés  par  les  animaux  considérés  précédem- 
ment et  par  ce  dernier  animal. 


ANIMAUX  EN  DIGESTION. 


(a)  Exp.  E.  Chiens,  (i). 

(b)  Exp.  D.  Cheval 

(c)  Vache 

(rf)  Vache 

(  e  )  Taureau 


GLYCOSE  POUR  100  GRAMMES. 


SAMG    ARTERIEL. 


Traces. 
0,069 
o,o55 


0,0137 
0,073 


CHYLE  EXTRAIT 

du 

canal  thoracique. 


gr- 
o,iog 

0,222 

0,068 

Chyle  extrait  d'un  vais- 
seau venant  directe- 
ment de  l'intestin. 

0,186 

O,  123 


LYMPHE 

de  la  tête  et  du  col. 


gr- 
0,166 

0,442 

0,098 


0,266 


(i)  La  digestion  approchait  de  son  déclin. 


»  Ainsi  la  lymphe,  chez  les  animaux  en  digestion,  offre  du  sucre  en 
quantité  plus  ou  moins  considérable,  nous-mêmes  en  avons  indiqué  pré- 
cédemment l'origine;  et  le  glycose  qu'elle  contient  [a,  b,  c)  est  toujours  en 
quantité  supérieure  à  celle  que  présente  le  chyle  du  même  animal;  c'est 
précisément  le  contraire  qui  semblerait  devoir  arriver,  si,  en  effet,  les  parois 
intestinales  étaient  une  source  de  glycose. 


(679) 

a  Nous  voyons  en  outre  que  les  quantités  de  sucre  contenues  dans  le 
liquide  (à,  b,  c,)  sont  loin  d'être  beaucoup  moindres  que  celle  offerte 
par  le  chyle  d'un  vaisseau  mésentérique  provenant  directement  de  l'intestin 
[d),  et  c'est  ce  qui  devrait  avoir  lieu,  si  les  parois  de  l'intestin  donnaient 
du  sucre. 

)/  Mais  l'expérience  (e)  faite  sur  le  même  animal  vient  confirmer  pleine- 
ment notre  manière  de  voir,  puisque  le  sucre  de  la  lymphe,  au  lieu  d'être 
en  plus  petite  quantité  que  celui  constaté  dans  le  chyle  émané  directement 
de  l'intestin,  est  au  contraire  en  quantité  plus  considérable. 
*  1)  Les  parois  intestinales  ne  jouissent  donc  nullement  de  la  propriété  de 
produire  du  sucre,  comme  on  l'a  démontré  pour  le  foie. 

»  Il  ne  serait  pas  sans  intérêt  de  rechercher  pourquoi  la  lymphe  con- 
tient plus  de  sucre  que  le  chyle,  et  aussi  pourquoi  ces  deux  liquides  en  ren- 
ferment plus  que  le  sang  artériel  ;  mais  cette  étude  sortirait  du  cadre  de 
notre  sujet.  '^ 

»  Ainsi  nous  constatons  que,  pendant  la  digestion,  tout  le  sucre  qui  vient 
du  foie  ne  se  trouvant  pas  entièrement  détruit  en  allant  de  cet  organe  aux' 
poumons,  une  partie  passe  dans  le  sang  artériel,  et  alors  tous  les  organes' 
en  reçoivent  :  mais  les  vaisseaux  lymphatiques  viennent  incessamment  en 
absorber,  et  le  reporter,  d'une  part  dans  la  veine  sous-clavière  droite,' 
d'autre  part  dans  la  sous-clavière  gauche  par  le  canal  thoracique ,  pour  le 
mettre  en  contact  avec  le  sang  veineux  de  la  veine  cave  supérieiu'e,  comme 
le  font  les  veines  sus-hépatiques  à  l'égard  du  sang  de  la  veine  cave  inférieure. 
Ce  que  nous  disons  ici  est  éventuel,  temporaire  chez  les  carnivores  dont^ 
le  sang  artériel  ne  contient  pas  de  sucre  dans  l'intervalle  des  digestions  ; 
mais  c'est  un  état  permanent  chez  les  herbivores  qui,  par  la  nature  de  leurs 
aliments,  sont  toujours  pour  ainsi  dire  en  digestion  :  aussi  (Exp.  c,  d,  e,) 
trouve-t-on  communément  chez  eux  du  glycose  dans  le  sang  artériel,  et 
par  conséquent  dans  la  lymphe.  »  j 

CHIRURGIE.  —  Remarques  de  M.  Heurtelocp,  concernant  [indication  donnée^' 
dans  te  Compte  rendu  de  la  séance  du  8  mars,  de  sa  Note  en  réponse  à  un 
Mémoire  de  M.  Leroy  d'Étiolles. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet, 

Jobert,  Civiale.) 

Dans  l'article  qui  a  donné  lieu  à  cette  réclamation,  il  était  dit  que, 
malgré  des  rapports  de  forme,  il  n'y  avait  au  fond  aucune  ressemblance 


è 


(  68o  ) 
entre  le  brise-pierre  de  M.  Heurteloup  et  l'instniment  inventé  par  M.  Weiss 
de  Londres  pour  scieries  calculs  vésicaux.  M.  Heurteloup  pense  que  cette 
expression  rapporte  de  forme  pourrait  induire  en  erreur  et  dissimuler  jus- 
qu'à un  certain  point  'les  différences  capitales  qui  existent  entre  les  deux 
instruments.  «  Dans  ces  sortes  d'appareils,  dit-il,  la /orme  donnée  aux  di- 
verses parties  est  quelque  chose  d'essentiel,  et  qui  constitue  en  grande  par- 
tie l'invention. 

»  Comparons  à  ce  point  de  vue  les  deux  instruments  en  question  : 

»  1°.  Les  branches  de  mon  instrument  forment  un  coude  brusque  avec 
la  partie  droite;  dans  le  scie-pierre,  cette  partie  droite  se  relève  graduellement 
en  décrivant  un  quart  de  cercle.  Le  coude  abrupt  est  dans  l'essence  du  per- 
cuteur. 

»  2°.  Les  branches  du  percuteur  sont  courtes;  celles  du  scie-pierre  sont 
longues,  ce  qui  les  rend  difficiles  à  manœuvrer  dans  la  vessie,  mais  ce  qui 
surtout  les  rend  faibles.   La  force  est  dans  l'essence  du  percuteur. 

»  3°.  Les  branches  du  percuteur  sont  plates  ;  celles  du  scie-pierre  sont  en 
coin,  ce  qui  les  rend  impropres  à  écraser  »  or  l'écrasement  est  l'essence  du 
percuteur. 

»  4"-  l-'G  percuteur  s'ouvre  et  se  ferme  avec  la  main  ;  le  scie-pierre  s'ou- 
vre et  se  ferme  avec  luie  vis,  ce  qui  annihile  le  tact  pour  la  saisie  du  calcul  : 
or  l'usage  du  tact  est  encore  essentiel  dans  le  percuteur. 

»  5°.  Les  branches  du  percuteur  étant  coudées  abrupfement  ne  s'enga- 
gent pas  dans  le  col  ;  celles  du  scie-pierre  se  dédoublent  dans  le  col  et  le 
saisissent  :  or  ménager  le  col  est  dans  l'essence  du  percuteur. 

»  6".  Enfin  le  percuteur  présente  deux  branches  dont  l'une  glisse  dans 
l'autre  au  moyen  d'une  rainure  à  encastrement  ;  dans  le  scie-pierre  une 
branche  enveloppe  à  moitié  l'autre  comme  la  feuille  engainante  du  poireau 
enveloppe  sa  tige  :  or  la  solidarité  des  branches  est  le  cœur  et  l'essence  du 
percuteur.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  la  circulation  sanguine;  par  M.-  Makey. 
Deuxième  Mémoire  :  de  la  contractilité  vasculaire  :  application  à  la  patho- 
logie. (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi,  comme  le  précédent  Mémoire,  à  la  Commission  du  prix  de 
Physiologie  expérimentale.) 

«  Nous  commencerons  par  rappeler  les  expériences  décisives  sur  les- 
quelles la  contractilité  vasculaire,  longtemps  contestée,  est  maintenant  bien 


(  68.  ) 
établie;  nous  ferons  ressortir  l'analogie  de  cette  contractilité  avec  celle  des 
muscles  de  la  vie  animale,  ce  qui  s'explique  par  leur  dépendance  commune 
du  système  nerveux  grand  sympathique. 

»  Étant  admis  que  les  vaisseaux  peuvent  changer  de  calibre  par  cette 
force  vitale  qui  leur  est  propre,  il  s'agit  de  chercher  quel  est  l'effet  de  ces 
changements  sur  la  quantité  de  l'écoulement,  ce  qui  nous  conduira  à  con- 
naître le  rôle  de  la  contractilité  vasculaire  dans  la  circulation.  La  physique 
nous  apprend  que  le  resserrement  des  vaisseaux  ralentit  l'écoulement;  les 
physiologistes  admettent  presque  tous  qu'il  l'accélère.  Cette  dissidence  tient 
à  une  fausse  interprétation  des  lois  physiques  par  les  physiologistes  qui  ont 
confondu  la  vitesse  de  chaque  molécule,  qui  est,  en  effet,  plus  grande  aux 
points  rétrécis,  avec  la  vitesse  de  l'écoulement  lui-même,  qui  est  diminuée 
par  les  rétrécissements.  De  là  sont  nées  des  théories  fausses  en  physiologie 
et  en  pathologie. 

*  Nous  admettrons  donc,  comme  premier  principe,  que  la  contraction 
des  vaisseaux  fait  obstacle  au  cours  du  sang.  La  contractilité  devient  dès 
lors  une  force  par  laquelle  les  vaisseaux  peuvent  régler  leur  circulation  et 
lutter  contre  la  tension  intérieure.  Dans  quel  cas  agit  cette  force?  C'est  ce 
que  nous  avons  cherché  à  résoudre  par  des  expériences  instituées  sur  nous- 
même. 

»  A.  De  la  première  expérience,  il  résulte  :  i"  que  la  contraction  des 
vaisseaux  se  met  en  rapport  d'intensité  avec  la  tension  intérieure,  et  que 
dans  le  cas  de  tension  inégale  (comme  sous  les  influences  de  la  pesanteur), 
il  y  a  dans  la  force  de  contraction  vasculaire  des  inégalités  compensatrices; 
a"  dans  le  cas  où  pendant  longtemps  la  pesanteur  cesse  d'agir,  la  répartition 
de  la  contractilité  s'égalise  dans  les  différents  pomts  du  corps  (ainsi  que  cela 
se  voit  après  un  séjour  au  lit  très-prolongé)  ;  aussi  quand  la  pesanteur  agit 
de  nouveau,  elle  amène  des  perturbations,  car  les  vaisseaux  de  la  tète  sont 
trop  contractés  et  les  vaisseaux  des  jambes  «le  sont  trop  peu.  (La  syncope  et 
la  rougeur  des  jambes  qui  arrivent  chez  les  malades  qui  se  lèvent  pour  la 
première  fois  après  un  long  séjour  au  lit,  sont  une  preuve  de  ce  changement 
dans  la  contractilité.) 

»  B.  Nous  passons  à  un  deuxième  ordre  d'expériences  portant  sur  l'action 
des  excitants  directs  de  la  contractilité  vasculaire.  Nous  n'étudions  que  les 
principaux  :  i"  contacts  extérieurs  (que  nous  réunissons  sous  le  nom  de 
traumatisme);  2°  changements  de  température  [froid  et  chaud)  ;  3°  action  de 
l'électricité. 

»  D'après  ces  expériences,  des  lois  communes  régissent  les  effets  de  tous 


(  682  ) 
ces  agents  :   i°  une  excitation  modérée  fait  contracter  les  vaisseaux;  i°  une 
excitation  forte  épuise  la  contractitité  et  amène  la  dilatation  ;  3°  les  parties 
longtemps  soumises  à  un  excitant  en  sont  moins  impressionnées  par  suite 
de  ce  que  nous  appellerons  V accoutumance. 

»  Nous  ne  mentionnerons  ici  qu'une  seule  expérience,  toutes  les  autres 
étant  analogues. 

»  Expérience  sur  les  effets  du  traumatisme.  —  i°.  Influence  d'une  excitation 
légère.  —  Si  nous  grattons  légèrement  un  point  des  téguments,  il  se  forme 
bientôt  sur  le  trajet  de  l'instrument  contondant  une  ligne  blanche  due  à  la 
contraction  des  vaisseaux,  a".  Influence  d'une  excitation  forte.  —  Si  nous 
grattons  avec  plus  de  force,  nous  obtenons  une  ligne  rouge,  effet  de  l'épuise- 
ment de  la  contractilité  avec  un  double  liséré  blanc  correspondant  aux  points 
de  la  peau  qui,  situés  en  dehors  du  maximum  d'action  de  l'instrument, 
n'ont  été  que  légèrement  excités  et  ont  pu  réagir.  3°.  Effets  de  l'accoutumance 
aux  excitations  traumatiques.  —  Si  l'on  gratte  avec  la  même  force  un  point 
des  téguments  (l'épigastre,  par  exemple),  abrité  sans  cesse  par  les  vêtements, 
et  un  autre  (le  dos  de  la  main)  souvent  exposé  à  de  durs  contacts,  dans  le 
premier  point  nous  obtenons  une  ligne  rouge,  signe  de  contractilité  épuisée  ; 
dans  le  second,  nous  n'avons  que  la  ligne  pâle,  signe  de  la  contractilité  mise 
en  jeu. 

»  Le  résultat  de  nos  expériences  nous  a  conduit  à  considérer  toute  rou- 
geur congestive  (lorsqu'elle  n'est  pas  due  à  un  obstacle  au  retour  du  sang 
veineux),  comme  un  effet  de  la  débilité  des  vaisseaux,  comme  un  phénomène 
passif.  Nous  appliquons  à  l'inflammation  elle-même,  dans  sa  période  con- 
gestive, cette  doctrine  de  la  passivité  qui  a  déjà  tenté  de  se  faire  jour  du  temps 
de  Hunter,  mais  qui  a  succombé  alors  sous  des  objections  dont  nous  mon- 
trons l'inanité  dans  l'état  actuel  de  la  physiologie. 

»  La  doctrine  de  la  passivité  que  nous  défendons  nous  semble  un  progrès 
Vers  la  vérité,  en  vertu  de  ce  grand  principe  de  logique  scientifique,  qu'il 
ne  faut  pas  multiplier  sans  nécessité  les  êtres  déraison.  En  effet,  les  forces 
vitales  multiples  autrefois  peuvent  se  réduire  à  une  seule,  la  contractilité  ; 
celle-ci  s'exerçant  au  cœur,  produit  la  tension  artérielle,  cause  unique  de 
dilatation  des  vaisseaux.  S'exerçant  dans  les  vaisseaux,  elle  règle  la  quantité 
de  sang  qui  les  traverse  et  produit  la  pâleur  ou  la  congestion  des  tissus. 

M  Après  avoir  cherché  des  preuves  de  la  passivité  de  la  congestion  phleg- 
masique  dans  les  phénomènes  inflammatoires  eux-mêmes,  nous  examinons 
les  avantages  de  la  théorie  de  la  passivité  pour  l'interprétation  de  certains 


(  683  ) 
faits  qui  s'expliquaient  très-mal  lorsque  l'inflammation  était  une  activité  exa- 
(jérée  des  tissus. 

«  Lorsque  la  seule  force  vitale  que  possèdent  les  tissus,  la  contractilité,  est 
détruite,  les  fprces  physiques  agissent  en  souveraines  pour  modifier  ou  diri- 
ger l'inflammation.  La  tendance,  mvstérieuse  autrefois,  des  inflammations 
à  se  porter  vers  la  suiface  cutanée  n'est  plus  qu'un  effet  de  la  pression  exté- 
rieure moindre  de  ce  côté.  L'étranglement  des  tissus  confinés  dans  un 
espace  inextensible  n'est  plus  que  l'occlusion  des  veines  comprimées  par  la 
tension  artérielle  que  la  contractilité  n'entrave  plus.  Il  n'y  a  pas  jusqu'à  la 
tendance  des  congestions  à  la  résolution  spontanée  qui  ne  s'explique  par  la 
loi  physiologique  de  l'accoutumance,  qui  fait  acquérir  aux  vaisseaux  une 
innervation  plus  puissante  lorsqu'ils  sont  longtemps  soumis  aux  causes  de 
débilitation.  » 

♦  . 

riYGIÈNE.  —  Moyen  de  prévenir  les  accidents  que  développe  chez  les  ouvriers 
l'inhalation  du  sulfure  de  carbone  en  vapeur  ;  par  M.  H.  AIassokt. 

(Commission  du  prix  dits  des  Arts  insalubres.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  résume  dans  les  termes  suivants  les 
résiillats  auxquels  il  est  arrivé  : 

«  On  peut  absorber  les  vapeurs  de  sulfure  de  carbone  au  moyen  : 

»    i".   De  solutions  caustiques; 

»   a°.  Delà  chaux  vive; 

»  3°.  De  l'hypochlorite  de  chaux  pulvérulent. 

»  Mais  de  toutes  ces  substances  celle  qui  convient  le  mieux,  au  triple 
point  de  vue  de  l'efficacité,  de  l'économie  et  de  la  simplicité  de  manipula- 
tion, c'est  lii  chaux  vive.  Il  suffirait,  en  effet,  d'établir  dans  les  endroits  les 
plus  bas  des  ateliers  des  caisses  en  bois  pleines  de  chaux,  qu'on  aurait  soin 
de  renouveler  de  temps  en  temps. 

»  La  quantité  de  chaux  ne  devrait  pas  être  énorme,  puisque  cette  sub- 
stance peut  absorber  lo  pour  loo  de  son  poids  de  sulfure  de  carbone.'  Il  } 
aurait  avantage  à  donner  peu  d'épaisseur  à  la  couche  de  chaux,  afin  d'aug- 
menter l'étendue  de  la  surface  de  contact.  Cependant  il  es»^  bon  de  faire 
remarquer  que  l'absorption  peut  se  produire  sur  une  assez  grande  épaisseur, 
ainsi  que  mes  essais  successifs  me  l'ont  prouvé.  Tels  sont  les  résultats  aux- 
quels je  suis  arrivé  ;  ils  prouvent  qu'aucun  danger  réel  n'existera  plus  dès 

C.   R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  14.)  89 


(  684  ) 
que  les  fabricants  auront  employé  les  mesures  de  précaution  que  je  viens 
d'indiquer. 

u  II  se  pourrait  que  la  chaux ,  après  avoir  absorbé  les  vapeurs  de  sul- 
fure de  carbone,  fût  encore  propre  à  servir  au  soufrage  des  vignes.  Du  reste, 
mes  essais  prouvent  qu'on  peut  utiliser  ce  résidu  en  agriculture;  des  ormes 
badigeonnés  avec  ce  produit  ont  été  dépouillés  des  insectes  qui  les  dévo- 
raient. 

Addition  à  un  précédent  Mémoire  de  l'auteur  sur  l'emploi  du  sulfate  de  chaux  et  de  plomb 

dans  le  travail  des  dentelles. 

"  Depuis  ma  première  coraïuunication  sur  ce  sujet,  plusieurs  faits  ont 
de  nouveau  démontré  la  nécessité  de  renoncer  à  lacérusepour  ce  genre  de 
travail.  Il  y  a  quelques  jours,  on  constatait,  à  Bruxelles,  la  mort  d'une 
dentelière  de  vingt  ans,  empoisonnée  par  le  carbonate  de  plomb,  ainsi  que 
l'a  prouvé  l'analyse  toxicologique.  L'emploi  de  la  céruse  est  malheureu- 
sement encore  plus  suivi  qu'on  ne  le  pense,  et  il  est  vrai  que  presque  toutes 
les  préparations  essayées  jusqu'ici ,  laïc  de  Venue,  magnésie,  sulfate  de  ba- 
ryte,etc.,  ne  peuvent  remplacer  le  carbonate  de  plomb.  Le  sulfate  de  plomb 
sçul  semble  posséder  les  propriétés  adhésives  de  la  céruse,  dont  il  n'a  point 
les  propriétés  délétères,  ainsi  que  l'a  très-bien  observé  Orfila,  qui  constate 
dans  ses  ouvrages  que  le  sulfate  de  plomb  peut  être  avalé  impunément  à 
haute  dose.  », 

M.  AvLAGMER  présente  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  un  travail  ayant  pour  titre  :  a  Études  théoriques  et  pratiques  sur 
la  substance  grasse.des  eaux  minérales  connue  sous  la  dénoniinatiop  con- 
ventionnelle de  glairine,  barégine,  sulfuraire,  etc.  » 

L'auteur,  pour  se  conformer  à  une  des  conditions  imposées  aux  concur- 
rents, a  joint  au  manuscrit  principal  une  indication  en  double  copie  de  ce 
qu'il  considère  comme  neuf  dans  son  travail. 

(Réservé  pour  l'examen  de  la  future  Commission.) 

M.  E.  RoBiQUET  envoie  pour  le  même  concours  un  Mémoire  «  Sur  le 
dosage  médical  du  sucre  diabétique  et  du  sucre  de  lait  ». 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 


(  685  ) 

M.  CoMN  adresse,  d'Alfort,  des  o  Recherches  sur  les  fonctions  du  système 
lympathique  ». 

Ce  Mémoire  est  destiné  au  concours  pour  le  prix  de  Physiologie  expéri- 
mentale. 

M.  Laugier  présente  au  nom  de  M.  Dubois,  professeur  de  navigation  à 
t'École  navale  de  Brest,  une  «  Note  sur  l'usage  de  la  formule  d'interpolation 
en  astronomie  et  navigation  ». 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Laugier, 

Bienaymé.) 

M.  Leré  envoie  de  Pont-à-Mousson  (Meurthe)  une  «  Note  relative  à  la 
théorie  des  lunettes  ». 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  DE  la  Société  Royale  de  Londres  pour  la  correspon- 
dance ÉTRANGÈRE  rcmcrcie  l'Académie  pour  l'envoi  d'une  nouvelle  série  des 
Comptes  rendus. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance,  un  opuscule  de  M.  le  professeur  Tigri,  «  Sur  les  granula- 
tions graisseuses  considérées  comme  élément  morphologique  des  capsules 
surrénales  et  sur  la  teinte  rosée  que  prennent  ces  organes  traités  par  quel- 
ques réactifs  ». 

M.  Cl.  Bernard  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  en 
faire,  s'il  y  a  lieu,  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

ZOOLOGIE.  —  Observations  sur  la  manière  de  vivre  d'une  nouvelle  espèce  de 
Garpocapsa,  et  remarques  sur  les  mouvements  que  la  chenille  de  ce  Lépidoptère 
imprime  à  des  graines  d'une  euphorbe  du  Mexique,  dans  lesquelles  elle  se 
métamorphose  ;  par  M.  H.  Lucas. 

€  La  plupart  des  chenilles  du  genre  Carpocapsa  présentent  dans  leur 

89.. 


(  686) 
manière  de  vivre  des  différences  assez  tranchées  :  les  unes  vivent  dans  l'in- 
térieur des  fruits,  et  les  autres  aux  dépens  de  la  sève  des  arbres  fruitiers,  en 
creusant  des  galeries  cylindriques  entre  l'écorce  et  l'aubier;  Les  premières 
sortent  des  fruits  lorsqu'elles  ont  atteint  tout  leur  développement,  et  se  ca- 
chent comme  les  secondes  sous  les  écorceset  quelquefois  dans  la  terre,  pour 
subir  leur  dernière  métamorphose.  On  en  connaît  aussi  qui  se  nourrissent 
de  châtaignes,  de  glands  du  chêne  rouvre,  de  fruits  du  hêtre,  et  qu'elles 
abandonnent  ensuite  lorsqu'elles  sont  sur  le  point  de  se  changer  en 
nymphe. 

»  Mais  aucune  de  ces  différentes  manières  de  vivre  ne  rappelle  celle  si 
curieuse  de  la  Carpocapsa  sujet  de  cette  Note,  et  qui  forme  dans  cette  coupe 
générique,  appartenant  à  la  tribu  des  Platyomides,  une  nouvelle  espèce  à 
laquelle  je  donne  le  nom  de  Carpocapsa  Dehaisiana.  Elle  ressemble  un  peu  à 
une  espèce  qui  n'est  pas  rare  en  France,  et  dont  la  chenille  cause  de  grands 
dégâts  aux  fruits  du  châtaignier.  Plusieurs  végétaux  nous  fournissent  des 
graines  qui  ont  la  propriété  de  se  mouvoir  d'une  manière  très-sensible, 
mais  je  ne  sache  pas  qu'aucun  naturaliste  ait  jamais  signalé  un  pareil  mode 
de  mouvement  dans  celles  dont  il  est  ici  question,  et  qiie  j'ai  déjà  eu  l'hon- 
neur de  communiquer  à  plusieurs  Membres,  de  l'Académie. 

»  J'avais  d'abord  pensé  que  ces  graines  pouvaient  être  mises  en  mouve- 
ment pqr  l'évaporation  d'un  principe  huileux  que  leur  enveloppe  contient 
lorsqu'on  les  expose  à  une  température  plus  ou  moins  élevée;  mais  en  étu- 
diant avec  plus  d'attention,  je  me  suis  aperçu  que  ces  mouvements  insolites 
n'étaient  pas  dus  à  la  graine  elle-même,  mais  bien  à  une  chenille  qui  s'y 
trouve  renfermée.  Voici  au  reste  l'expérience  à  laquelle  je  me  suis  livré  et 
qui  a  confirmé  l'opinion  que  je  viens  d'émettre.  Si,  au  moyen  d'une  aiguille 
très-fine,  on  perce  de  part  en  part  l'enveloppe  de  cette  graine,  on  blesse  la 
chenille  qu'elle  renferme,  et  celle-ci  ne  tarde  pas  à  succomber.  Si  ensuite 
on  expose  cette  même  graine  contenant  son  habitant,  mais  mort,  à  une  tem- 
péi'ature  identique  à  celle  des  graines  où  se  trouvent  des  chenilles  vivantes, 
la  graine  ainsi  transpercée  reste  sans  mouvement,  quel  que  soit  le  degré  de 
température  auquel  on  la  soumette. 

»  Cette  expérience,  qui  est  concluante,  démontre  que  lés  mouvements 
produits  par  ces  graines  proviennent  non  pas  de  leur  enveloppe,  mais  bien 
de  la  chenille  qu'elles  contiennent,  et  à  laquelle  elles  servent  en  même 
temps  et  de  nourriture  et  d'abri  pour  subir  ses  diverses  transformations. 

»  Rien  n'est  plus  curieux  en  effet  que  de  voir  les  soubresauts  imprimés 
à  ces  graines  par  la  présence  des  chenilles  de  ce  Lépidoptère.  Exposées  à  une 


température  tant  soit  peu  élevée,  elles  commencent  par  se  mouvoir  d'une 
manière  presque  imperceptible,  puis,  la  chaleur  se  faisant  sentir,  leurs  moii'- 
vements  deviennent  brusques,  rapides,  et  on  les  voit  alors  progresser,  mai- 
cher  par  saccades  ;  enfin,  si  on  les  laisse  exposées  à  la  chaleur,  elles  ue 
tardent  pas  à  sauter  et  à  s'élever  au-dessus  du  sol  à  une  hauteur  de  5  à 
6  millimètres  environ. 

»  Une  autre  expérience  que  j'ai  faite  est  celle-ci  :  Si  on  entame  la  surface 
de  cette  graine  de  manière  à  mettre  la  chenille  un  peu  à  découvert,  la  graine 
reste  sans  mouvement.  Si  ensuite  on  l'examine  quelques  jours  après,  on 
voit  que  cette  chenille  a  filé  un  réseau  de  soie  excessivement  fin,  consistant, 
non  transparent,  et  à  mailles  très-serrées.  La  graine,  dont  l'ouverture  a  été 
ainsi  fermée  par  son  habitant  lucifuge,  exposée  de  nouveau  à  la  chaleur,  ne 
tarde  pas  à  reprendre  ses  mouvements  ordinaires. 

»  Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  je  suis  témoin  de  graines  mouvantes; 
j'avais  déjà  observé  ce  fait  curieux  dans  la  province  de  Constantine,  parti- 
culièrement aux  environs  de  Bône  et  du  cercle  de  la  Galle  :  ainsi  le  Nanodes 
tamarisci,  dont  les  larves  se  nourrissent  des  graines  de  Tamariscus,  font  mou- 
voir, marcher  et  sauter  les  fruits  de  cet  arbrisseau.  Mais  ce  fait  n'avait 
encore  été  observé  que  pour  des  Insectes  appartenant  à  l'ordre  des  Coléop- 
tères, et  je  ne  crois  pas  qu'un  fait  identique  ait  jamais  été  considéré  par  rap- 
port aux  Insectes  de  l'ordre  des  Lépidoptères. 

»  Cette  chenille,  dont  toute  l'existence  est  cellulaire,  fait  un  séjour  de  sept 
mois  environ  dans  sa  cellule,  et  j'ai  remarqué  que  l'espace  de  temps  qui 
existe  entre  l'état  de  nymphe  et  celui  d'insecte  parfait  est  beaucoup  plus 
court. 

»  Lorsque  l'on  étudie  la  surface  externe  de  cette  graine,  rien  à  l'extérieur 
ne  signale  la  présence  de  la  chenille  sauteuse  et  lucifuge  qui  y  fait  sa  rési- 
dence ;  mais  si  l'on  observe  avec  beaucoup  d'attention  cette  même  graine 
au  moment  où  le  papillon  est  sur  le  point  de  sortir  de  sa  cellule,  on  voit  que 
la  surface  de  son  péricarpe  est  entaillée  de  manière  à  représenter  une  figure 
circulaire  plus  ou  moins  parfaite. 

»  Pour  que  ces  chenilles  puissent  se  transformer  en  insecte  parfait,  it 
faut  les  placer  dans  des  conditions  de  température  de  1 8  à  20  degrés,  et  tou- 
jours égale.  J'ai  remarqué  en  effet  que  celles  qui  se  trouvaient  dans  la 
ménagerie  des  Reptiles,  où  il  existe  jour  et  nuit  la  même  température,  ont 
commencé  leur  éclosion  à  partir  du  10  février,  tandis  que  celles  placées 
dans  les  serres  du  Muséum,  où  la  température  est  peu  élevée,  mais  hmnide, 
n'ont  pu  se  développer  et  ont  fini  par  périr. 


{  688  ) 

u  Quand  cette  chenille  est  sur  le  point  de  se  transformer  en  nymphe,  elle 
se  tisse  une  coque  soj'euse,  grande  relativement  à  la  dimension  de  la  nymphe, 
et  afin  de  faciliter  la  sortie  de  l'insecte  parfait,  elle  emploie  un  moyen  qui 
nous  démontre  dans  le  plus  merveilleux  instinct  la  prévoyance  de  la  nature 
en  faveur  des  êtres  qu'elle  a  créés. 

»  On  sait  que  les  Lépidoptères  ne  sont  pas  pourvus  d'organes  buccaux 
bien  développés,  que  généralement  ces  organes  sont  rudimentaires  et  que 
cette  conformation  les  rend  tout  à  fait  impropres  à  entamer  des  corps 
durs. 

»  La  Carpocapsa  Dehaisiana  serait  par  conséquent  condamnée  à  mourir 
dans  la  graine  où  elle  a  vécu  sous  ses  premiers  états,  dans  cette  cellule  qui 
lui  a  servi  de  berceau,  qui  a  protégé  les  phases  les  plus  difficiles  de  son 
existence,  celles  d'œuf  et  de  chenille,  si  celle-ci,  avant  de  subir  sa  pénultième 
transformation  ,  nepréparait  à  l'avance  la  sortie  de  l'insecte  parfait. 

»  En  effet,  cette  chenille,  avant  de  se  transformer  en  nymphe,  a  la  pré- 
voyance instinctive  de  découper  avec  ses  mandibules  qui  sont  corpées  et 
finement  dentelées  une  rondelle  dans  le  péricarpe  de  la  graine,  de  manière 
que  le  papillon,  dans  les  mouvements  qu'il  fait  pour  se  débarrasser  de  l'en- 
veloppe de  la  nymphe ,  pousse  cette  rondeJle  qui  forme  opercule  :  celui-ci 
cède  et  reste  attaché  au  péricarpe  au  moyen  de  quelques  fils  de  soie  qui  font 
l'office  de  charnières.  L'insecte  parfait  n'éprouvant  plus  aucune  résistance 
sort  de  sa  cellule  en  entraînant  avec  lui  une  partie  de  la  dépouille  de  la 
nymphe  qui  reste  engagée  dans  l'ouverture;  puis  il  ne  tarde  pas  à  acquérir 
ses  organes  du  vol  qui  se  développent  rapidement  au  contact  de  l'air. 

»  Quand  on  examine  l'issue  pratiquée  par  cette  prévoyante  chenille  dans 
Je  péricarpe  de  la  graine,  on  est  surpris  en  la  voyant  découpée  avec  autant 
de  finesse  et  de  régularité.  On  s'étonne  bien  davantage  encore  quand,  en 
replaçant  l'opercule  dans  son  ouverture,  on  voit  qu'il  la  ferme  si  herméti- 
quement, qu'il  est  difficile  à  la  simple  vue  d'y  remarquer  la  moindre  trace 
de  découpure. 

»  Un  fait  encore  bien  curieux,  et  qui  mérite  de  fixer  l'attention  des  na- 
turalistes, est  celui-ci  :  il  semble  que  cette  chenille  ainsi  enfermée  dans  sa 
cellule,  sans  aucune  ouverture,  doive  être  à  l'abri  de  tout  danger  venant  de 
l'extérieur.  Cependant  il  n'en  est  pas  ainsi,  car  quoique  tout  semble  la  pro- 
téger, elle  sert  de  nourriture  à  un  parasite  de  l'ordre  des  Hyménoptères  et 
qui  appartient  à  la  tribu  des  Ichneumonides.  Comment  cet  hôte  étranger 
pénètre-t-il  dans  la  cellule  où  se  tient  cette  chenille  ?  Il  est  probable  que 
l'œuf  de  l'Ichneumonide  est  déposé  dans  le  pistil  de' cette  euphorbe,  eu 


(  (389  ) 

même  temps  que  celui  de  la  chenille  qui  doit  un  jour  se  nourrir  de  la  partie 
germinative  de  ses  graines.  » 

MM.  Claparède  et  Lachhaivn,  dont  le  travail  sur  la  reproduction  des 
Inf'usoires  a  partagé,  au  concours  de  1857,  le  grand  prix  des  Sciences  pli\- 
siques,  demandent  l'autorisation  de  reprendre,  pour  un  temps,  le  temps 
nécessaire  pour  la  publication,  soit  le  travail,  soit  seulement  les  dessins. 

L'autorisation  de  reprendre  les  dessins  est  accordée;  quant  au  texte,  qui 
doit  rester  dans  les  archives  de  l'Académie,  les  auteurs  en  pourront  faire 
prendre  copie  au  Secrétariat.    > 

M.  Legrand  du  Saulle  envoie  l'observation  d'un  cas  d' empoiionnemenl 
volontaire  par  le  phosphore  détaché  d'allumettes  chimiques j  empoisonnement 
combattu  à  temps  par  le  rejet  de  la  substance  toxique  déterminé  par  l'em- 
ploi du  tartre  stibié.  Le  sujet  de  l'observation  était  une  jeune  fille  de 
dix-sept  ans,  qui  s'était -portée  à  cet  acte  désespéré  par  suite  d'une  vive 
contrariété.  L'auteur  de  la  Note  fait  remarquer  qu'il  avait  été  appelé 
quelques  années  auparavarit  pour  essayer,  mais  sans  succès,  de  rappeler  à 
la  vie  le  frère  aîné  de  la  jeune  fille  qui  s'était  pendu.  C'est  peut-être  encore, 
dit-il,  un  cas  à  ajouter  à  ceux  qui  nous  montrent  dans  certaines  familles 
un  penchant,  au  suicide,  amenant  des  catastrophes  successives  qu'on  ne 
s'expliquerait  pas  si  l'on  n'avait  égard  qu'aux  causes  déterminantes.  La 
jeune  fille,  qui  a  été  rappelée  à  la  vie  et  à  la  santé,  paraît  n'avoir  point 
renoncé  à  l'idée  de  mourir. 

La  Note  est  terminée  par  quelques  réflexions  sur  l'inconvénient  qu'il  y  a 
de  laisser  entre  les  mains  de  tout  le  monde  une  substance  toxique  dont  tant 
de  gens  peuvent  être  disposés  à  faire  un  coupable  usage. 

M.  PiMONT  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le  nom- 
bre des  concurrents  pour  le  pçix  fondé  par  M.  de  Montyon,  et  destiné  à 
encourager  les  découvertes  qui  peuvent  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  ' 
insalubre. 

«  J'espère,  dit  M.  Pimont,  justifier  aux  yeux  de  l'Académie  les  titres  que 
je  crois  avoir  pour  me  présenter  à  ce  concours  par  les  nombreuses  applica- 
tions qui  ont  été  faites  et  se  font  encore  dans  les  principaux  établissements 
industriels  et  dans  la  marine  de  la  composition  que  j'ai  imaginée  pour  empê- 
cher le  rayonnement  de  la  chaleur,  et  qui  est  connu  sous  le  nom  de  calori- 


(  690) 

fiiqe  plastique.  Par  suite  de  l'application  de  cette  composition  sur  les  surfaces 
métalliques,  les  mécaniciens  et  chauffeurs  employés  au  service  des  machines 
à  vapeur  ne  se  trouvent  plus  plongés  dans  cette  atmosphère  brûlante  qui 
nuisait  à  leur  santé  et  abrégeait  leurs  jours.   » 

M.  Pimont  annonce  qu'il  fera  connaître,  aussitôt  que  l'Académie  le  ju- 
gera convenable,  les  substances  qui  entrent  dans  cette  composition  et  le 
mode  d'application  qui  lui  est  propre.  On  fera  savoir  à  l'auteur  que  ces 
renseignements  doivent  être  parvenus  à  l'Académie  avant  que  son  invention 
soit  admise  à  concourir.  Sa  Lettre  d'ailleurs  sera  qaise  sous  les  yeux  de  la 
Commission.  ■ 

M.  NouRRiGAT  annonce  qu'il  a  adressé  à  l'Académie,  par  l'entremise  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  des  Travaux  publics,  un  troisième  Mémoire 
sur  la  sériciculture,  avec  diverises  pièces  principalement  relatives  à  un  mijrier 
du  Japon,  dont  la  propagation  dans  notre  pays  aurait  suivant  lui  une  grande 
et  heureuse  influence  sur  la  production  de  la  soie. . 

Les  pièces  annoncées  ne  sont  pas  encore  parvenues  à  l'Académie. 

M.  BoBLix  (Athan.)  envoie' une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Appréciation 
sur  un  appareil  à  levier  substitué  au  micromètre  des  instruments  de  préci- 
.sion  en  usage  dans  les  observatoires  ». 

M.  Le  Verrier  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note,  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


(  691  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  29  mars  i858  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Société  d Agriculture ,  Commerce ,  Sciences  et  Arts  du  département  de  la 
Marne.  Notice  sur  la  source  minérale  de  Sermaize  (Marne),  et  Rapport  sur  un 
ouvrage  de  M.  le  D'  J.-C.  Herpin  (de  Metz),  intitulé  :  Etudes  médicales, 
scientifiques  et  statistiques  sur  les  principales  sources  dEaux  minérales  de  France , 
d'Angleterre  et  d'Allemagne,  lus  dans  la  séance  du  iS  novembre  1857;  par 
M.  Hippolyte  Faure.  Châlons,  i858;  br.  in- 8°. 

Organisation  de  la  Société  d  Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  du 
département  de  [Aube.  Troyes,  i858;  br.  in-8°. 

Memorie...  Mémoires  de  [Académie  des  Sciences  de  [Institut  de  Bologne; 
t.  VII.  Bologne,  i856;  in-4«. 

Rendiconto...  Comptes  rendus  des  sessions  de  [Académie  des  Sciences  de 
[Institut  de  Bologne.  Années  académiques,  i855-i856  et  i856-r857; 
a  br.  in-8°. 

Déi  limiti...  Des  limites  des  sons  dans  les  anches  libres,  étudiées  dans  leurs 
rapports  avec  la  loi  de  Bemoulli;  par  M.  le  professeur  Zantedeschi.  Vienne, 
i858;  br.  in-8". 

Délia  legge...  De  la  loi  archétype  des  sons  harmoniques  des  cordes  et  de  [in- 
terpolation des  sons  harmoniques  dans  [intervalle  des  tons  ;  des  instruments  à 
archet  et  de  la. voix  humaine  en  particulier;  par  le  même.  Vienne,  i858; 
br.  in-8°. 

Dello...  Du  dédoublement  des  ondes  correspondantes  aux  sons  harmoniques 
et  de  la  coexistence  de  plusieurs  ondes  vibrantes  dans  la  même  colonne  aérienne  ; 
parle  même.  Vienne,  i858;  br.  in-8°. 

Descripcion . . .  Description  topographique  et  géologique  de  la  province  d 'A- 
conca^wa;  par  M.  Pissis.  Santiago,  i856;  in-8''. 


C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  14.)  9^ 


(69a  ) 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  5  avril  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Ouvrages  adressés  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  Chirurgie. 

Ànnlomie  chirurgicale  homalographique,  ou  Description  et  figures  des  prin- 
cipales régions  du  corps  humain ,  représentées  de  grandeur  naturelle  d'après 
des  sections  planes  pratiquées  sur  des  cadavres  congelés;  par  M.  le  D'  E.-Q. 
F.E  Gendke.  Paris,  i858;  in-folio. 

Etudes  sur  la  monorchidie  et  la  crjptorchidie  chez  f homme;  par  M."  Ernest 
(tODARd.  Paris,  1857;  in-8°. 

Cure  radicale  des  rétrécissements  du  canal  de  l'urètre.  Critique  des  doctrines 
contemporaines;  par  M.  le  D'' Debeney.  Paris,  1857;  br.  in-B". 


Table  des  positions  géographiques  des  principaux  lieux  du  globe;  par 
M.  Daussy.  [Extrait  de  la  Connaissance  des  temps  pour  1860.) 

Traité  d! Arithmétique  rédigé  conformément  aux  progrpmmes  officiels  du 
Gouvernement  ;  par  M.  Cassanac.  Paris,  i858;  i  vol.  in-S". 

Du  mouvement  imprimé  à  [aiguille  aimantée  par  [influence  subite  de  la 
lumière  du  soleil,  avec  une  théorie  nouvelle  fondée  sur  des  recherches  faites  par 
M.  H.  W.  Jacobaeus.  Copenhague,  i856;  br.  in-8°. 

Storia...  Histoire  de  la  découverte  de  la  circulation  du  sang,  par  M.  P. 
Flourens;  traduite  sur  la  2^  édition  de  Paris  par  A.  DE  Martini  e<D.  DE Luca. 
Naples,  i858  ;  in-12. 

Notizie...  Notice  sur  le  climat  de  Bologne  déduite  des  observations  météoro- 
logiques faites  à  [observatoire  de  [université  dans  les  années  i8i4-i843;  Mé- 
moire du  Professeur  L.  Respighi.  Bologne,  1857;  in-4°.  (Extrait  du  vol.  VU 
des  Mémoires  de  [Académie  des  Sciences  de  [Institut  de  Bologne.) 

Storia. . .  Histoire  des  mojens  employés  pour  mesurer  la  profondeur  des^mers, 
suiine  de  la  description  d'un  filet  plongeur;  par  M.  S.  SAVINI  ;  in-8°. 

SuUe...  Sur  les  granulations  graisseuses  comme  élément  morphologique  des 


(  693  ) 
capsules  surrénales  et  sur  la  teinte  rosée  que  prennent  ces  organes  traités  par 
quelques  réactifs;  par  M.  le  professeur  TiGRi;  br.  in-8°. 

Philosophical . . .  Transactions  philosophiques  de  la  Société  Royale  de  Londres  ; 
volume  CXLVI ,  parties  ii  et  ilI;vol.  CXLVII,  parties  i  et  ii.  Londres ,  1 856 
et  1857;  in-4°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  Roj aie  de  Londres ;\o].  VIII, 
n*"  23,  a4,  a5,  26,  et  ag;  5  br.  in-S". 

The  royal...  Listes  des  membres  de  la  Société  Royale  de  Londres  au  3o  no- 
vembre i856  et  au  3o  novembre  1857;  2  br.  10-4°. 

Report. . .  Indication  des  travaux  auxquels  ont  été  accordées  les  médailles  de 
Copley,  les  médailles  de  Rumford  et  les  médailles  royales.  Instruction  des  leçons 
Bakerienne ,  Croonienne  et  de  Fairchild  ;  in-4°  (extrait  des  documents  origi- 
naux existant  dans  les  Archives  de  la  Société  Rojale;  par  M.  J.  HuDSON,  son 
bibliothécaire).  Londres,  i834;  in-4°. 

Six  Discourses...  Six  Discours  prononcés  devant  la  Société  Royale  dans  ses 
séances  annuelles  ,  à  l'occasion  de  la  distribution  de  la  médaille  royale  et  de  la 
médaille  de  Coplejr,  précédés  d'un  discours  sur  les  progrès  et  l'avenir  de  la  Science  ; 
par  Sir  HuMPHRY  Davy,  président  de  la  Société  Royale.  Londres,  1 827  ;  in-4''. 

Adress...  Discours  de  lord  Wrottsley,  président  de  la  Société  Royale,  dans  la 
séance  annuelle  du  lundi  3o  novembre  iSSy.  Londres  ,  1857  ;  br.  in-8''. 

Abhandlungen...  Mémoires  de  l'Académie  rojale  de  Bavière  (Classe  des 
Sciences  physiques  et  mathématiques);  VHP  vol.,  i'*  partie.  Munich,  1857; 
in-4°.  , 

Gelehrte...  Nouvelles  scientifiques  publiées  par  les  membres  de  l'Académie 
royale  de  Bavière;  année  1867  ;  tomes  XLIV  et  XLV;  in-4'*. 

Denkrede...  Eloge  de  J.-N.  Fuchs,  prononcé  dans  la  séance  publique  de 
l'Académie  des  Sciences  de  Bavière,  le  a8  mars  i855;  par  M.  F.  de  Robell. 
Munich,  i856;  br.  in-4''.  "^  - 

Untersuchungen...  Recherches  sur  [histoire  naturelle  de  C homme  et  des  ani- 
maux ;  par  M.  J.  MOLESCHOTT  ;  III*  vol. ,  2*  et  3*  liv.,  et  IV*,  vol.,  i"'liv.  ; 
in-8°.  '■         ■  ••  ^ 


90. 


0- 

(  694  ) 

PrBLICATIONS     PÉRIODIQUES     REÇUES     PAR     l'aCADÉMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    MARS    1888. 

Annales  de  i  Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d'Agriculture; 
t.  XI,  n»  4;  in-8°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSIINGAULT,  Regnault,  DE  Senarmont  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de 
Chimie  et  de  Physique  publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet; 
mars  i858;  in-S". 

Annales  de  la  Propagation  de  la  Foi  ;  mars  i85S  ;  in-S". 

Annales  de  la  Société  d'Hydrologie  médicale  de  Paris;  Comptes  rendus  des 
séances,  t.  IV  ;  8*  livraison  ;  in-8" 

Annales  des  Sciences  naturelles ,  comprenant  la  Zoologie,  la  Botanique,  l'Ana- 

tomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  l'histoire  des  corps  organisés 

fossiles;  4*  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MiLNE  Edwards;  pour 

la  Botanique,  par  MM.  Ad.  Brongniart   eti.   DECA^S^E;  tome  VII,  n"  5; 

in-8°. 

Annuaire  de  b  Société  météorologique  de  France;  tome  IV;  impartie.  Ta- 
bleaux météorologiques;  feuilles  4" '9  ;  in-8". 

Bibliothèque  universelle.  Revue  suisse  et  étrangère  ;  nouvelle  période  ;  t.  !,• 
n"  2  et  3  ;  in-8°. 

Boletin. . .  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Faïence  ;  ]an\ier  et  février  i858; 
in.8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXIII,  n°'  lo  et  1 1  ; 
in-8°. 

Bulletin  de  [Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  a*  série,  t.  I,  n°  i; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  janvier,  février  et  mars  1 858  ;  3  livrai- 
sons in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  janvier 
et  février  1857;  in-4°. 


'         '       (  6^5  ) 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photoyraphie  ^  mars  i858;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  mars  i858;  10-8". 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences  ;  i"  se- 
mestre  r858;  n"' 9-i3;  m-4°.  • 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  el 
de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XII,  lo'-iS"  livraisons; 
in-8°. 

Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  el  de  Chimie  pures  et  appliquées; 
janvier  et  février  i858;  in-8''.  '      v.\ >• -'^'is  ■ 

Journal  d' Agriculture  de  la  Côte-d'Or,  publié  par  la  Société  d'Agriculture 
et  d' Industrie  agricole  du  département;  3*  série,  t.  III;  février  i858;  in-S".' 

Journal  d'Agriculture  pratique  ;  nouvelle  période,  t.  I,  n"  5  ;  in-8''. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie;  mars  i858; 
in-8°. 

Journal  de  [Ame;  février  et  mars  i858;  in-8''. 

Journal  de  la  Section  de  Médecine  de  la  Société  académique  du  déparlement 
de  la  Loire-Inférieure;  1^3*  et  174*  livraisons;  in-S". 

•    Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  février  i858; 
in-8» 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  publié  par  M.  Joseph 
LiOUViLLE;  a*  série;  janvier  i858;  in-4°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n**'  i6-i8  ;  in-S". 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  février  i858;  in-8°. 

H  iv  'AQwalç  nxrpixn  /ttsAoriya;  ...  L abeille  médicale  d'Athènes;  février 
i858;in-8«.  -  v.ibwC 

La  Correspondance  littéraire;  mars  i858;  in-8°. 

L  Agriculteur  praticien  ;  r\°*  10-12;  in-S".  * 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XII, 
n°»5et6;  in-8°.  -  v,  . . . 

L'Art  dentaire;  n"  2  ;  in-8°. 

L'Art  médical;  Journal  de  Médecine  générale  et  de  Médecine  pratique  ; 
mars  t858;  in-8°.  ' 


(696  ) 

La  Tribune  scientifique  et  littéraire.  Revue  des  cours  publics  de  la  France  et 
de  l'étranger;  n°^  6 -g;  in-S°. 

Le  Moniteur   des  Comices  et  des  Cultivateurs;  n°'  9  et  10;  in-8°. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier  ;  29*  et  3o*  livra  i 
sons;  in-l\°. 

Le  Progrès;  Journal  des  Sciences  et  de  la  profession  médicale;  11°'  io-i3; 
in-8°. 

Le  Technologiste ;  mars  i858;  in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  mars  i858;  in-8°. 

Monatsbericht...   Comptes   rendus   des    séances  de  l'Académie    royale  des 
Sciences  de  Berlin;  décembre  1857;  in-8°. 

Nachrichten . . .  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Gottingue;  n°*  2-4  ;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.    Journal  des  Candidats  aux   Ecoles 
Polytechnique  et  Normale;  février  et  mars  i858;  in-8''. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  vol.  XVII,  n°  9; 
in-8°. 

Recueil  des  Actes  de  l'Académie  impériale  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  Ai^ts  • 
de  Bordeaux;  1"  semestre;  iSSy;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  mars  i858;  in-8°. 

Revista...  Revue  des  travaux  publics  ;  6*  année;  n°'  5-7  ;  in- 4°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-  chirurgicale  ;  n°'  5  et  6;  in-8°. 

Royal  astronomical...  Société  royale  Astronomique  de  Londres  ;  vol.  XVIII, 
n''4;in-8''. 

Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille.  Bulletin  des  travaux  ;  janvier 
i858;  in-8°. 

Société  impériale  et  centrale  d' Agriculture  ;  Bulletin  des  séances,  rédigé  par 
M.  A.  Payen,  secrétaire  perpétuel;  t.  XIII,  n"  i;  in-8°. 

The  Jourrial. . .  Journal  trimestriel  de  la  Société  royale  de  Dublin  ;  n°'  7  et  8  ; 
in-8°. 

The  Quarterly...  Journal  trimestriel  de  la  Société  géologique  de  Londres; 
vol.  XIV;  part.  1  ;  n°  53;  in-8°. 


(  697  ) 
Gazelle  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n"*  a5-37. 
Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n°'  io-i3. 
Gazette  médicale  de  Paris;  a°*  io-i3. 
Gazette  médicale  d'Orient;  mars  i858. 
La  Coloration  industrielle;  n"  4- 
La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie;  n"'  io-i3. 
L'Ami  des  Sciences;  n"'  JO-i3. 
La  Science  pour  tous;  n°'  i3-i6. 
Le  Gazj  n<»  4-6. 
Le  Musée  des  Sciences;  n"'  44'4S- 


ERRATA. 

(Séance  du  ag  mars  i858,.) 

Page  66p,  ligne  4  en  remontant,  au  lieu  de  On  déduit  de  ce  qui  précède,  lisez  Ainsi  : 
Page  66i,  ligne  8,  au  lieu  de  du  travail  résistant  de  la  pile,  lisez  pour  exprimer  en 
chaleur  la  résistance  de  la  totalité  du  circuit. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉIttlË  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  AVRIL  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS  i 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  le  mouvement  propre  de  Sirius  en  diatance  polaire  : 

par  M.  Laugier. 

«  Lorsqu'on  transporte  d'une  époque  à  une  autre  les  positions  niovennes 
des  étoiles,  on  suppose  que  leurs  mouvements  propres  sont  uniformes,  el 
cette  hypothèse  s'accorde  généralement  avec  les  observations.  Un  très-petit 
nombre  d'étoiles  font  exception  à  cette  règle;  Sirius,  la  plus  remarquable  ' 

de  toutes,  a  donné  lieu  à  des  recherches  d'un  grand  intérêt  dues  à  Be.ssel  et 
à  M.  Peters  :  leurs  travaux  ont  mis  hors  de  doute  la  variabilité  du  mouve- 
ment propre  de  Sirius,  mais  ils  se  sont  spécialement  occupés  de  sou  ascen- 
sion droite.  Le  mouvement  propre  en  distance  polaire  tst  également  sujet  à 
des  variations  très-sensibles,  et  si  l'on  en  juge  par  les  positions  que  publient 
chaque  année  les  éphémérides  les  plus  estimées,  les  astronomes  ne  peuvent 
encore  compter  sur  la  distance  polaire  calculée  de  cette  étoile,  dès  que 
l'époque  que  l'on  considère,  se  trouve  tant  soit  peu  éloignée  de  l'époque  de 
la  position  moyenne  donnée  par  les  observations.  Ainsi  la  déclinaison  de 
Sirius  de  la  Connaissance  des  temps,  du  Naulical  Almanac  ou  fies  Ephé- 
mérides de  Berlin  est  aujoiud'hui  en  erreur  de  4  î»  5  secondes. 

»  Ayant  eu  l'occasion  de  calculer  la  déclinaison  de  Sirius  pour  une  épo- 
que où  l'on  manquait  d'observations  précises,  j'ai  recherché  s'il  ne  serait 
pas  possible  de  représenter  toutes  les  observations  connues,  au  moyen  d'un 

C,  R.,  i858,  i"- SemeKre.  ;T.  XLVI,  N»  liS.;  9I 


(  700  ) 
mouvement  propre  composé  de  deux  termes,  l'un  proportionnel  au  temps, 
l'autre  proportionnel  au  carré  du  temps.  Les  résultats  auxquels  je  suis  par- 
venu me  paraissent  de  nature  à  intéresser  les  astronomes,  et  je  vais  les 
consigner  dans  cette  Note. 

»  ]'ai   réuni  dans  le  tableau  suivant  toutes  les  positions  dont  j'ai  fait 
usage,  ainsi  que  les  principaux  éléments  de  mon  calcul. 


ÉPOQUES. 

DIST.    POLAIRES 

moTennes. 

PRÉCESSIONS. 

DIST.    POLAIRES 

pour 
le  i"janv.i852. 

ÉQUATIONS    DE  CONDITION. 

ERREURS. 

AOTORITËS. 

POIDS 

1690 
IJDO 

0     /      // 
106. 19. i5,oo 

8'.  15*22 

">      /      // 

162. m 

162, n  + 

II 
207,31   =  0 

H- 

Il 
1,80 

Flamsteed-Baily. 
Lacaille. 

23.35,07 

5.23,40 

106.28.58,47 

*   — 

102. m 

102. n  + 

120,46  =  0 

1,75 

1755 

23.53,80 

5.  8,48 

39.   2,28 

X   — 

97.™ 

- 

97.71  -t- 

116, 65  =  0 

-4- 

1,01 

Bradley. 

.t 

181S 

28.14,68 

3.   1,88 

3o.l6,56 

X   — 

37.  m 

— 

37. B    -+- 

42,37  =  0 

-1- 

0.74 

Bessel. 

1822 

28.45,79 

1.39,22 

3o.25,oi 

X    — 

3o.in 

— 

3o.n  ■+■ 

33,92  =  0 

-1- 

0,35 

Pond. 

1825 

28.59,33 

1.29,45 

30.28,78 

X    — 

27.171 

- 

27.71  -(- 

3o,i5  =  0 

0,on 

Struve. 

i83o 

29.21,70 

1 . i3,  .0 

30.34,80 

X    

22.  m 

- 

22.71    -)- 

24, i3  =  0 

- 

0.37 

Argelander  et  Airy-Caiiib. 

i833 

29.35,15 

..  3,34 

30.38,39 

X    — 

19.  m 

- 

19.11  -+- 

20,54  =  0 

— 

0,61 

Henderson. 

■839 

3o.   2,06 

0.43,41 

30.45,47 

X    — 

l3  m 

- 

l3.7I    -+- 

i3,46  =  0 

- 

1,04 

Greenwich  (i836  à  1842). 

■  843 

3o..8,85 

O.30,12 

30.48,97 

X   — 

9. m 

- 

9.71  -(- 

9,96  =.  0 

— 

0,  t6 

Kœnigsberg. 

1846 

3o . 3 I , . I 

0.20,12 

3o.5i,33 

X   — 

6.  ni 

— 

5.n  -t- 

7,70  =  0 

-\- 

o,85 

Greenwich  (1843  à  1849). 
Madras  (1843  à  1847). 

' 

.848 

3o  4o,.5 

0.13,43 

30.53,58 

X    — 

4  .m 

- 

4.71  -h 

5,35  =  0 

-1- 

0,66 

Cambridge  (1845  a  i85i). 

.849 

30.45,06 

0. 10,08 

3o.'55,i7 

X    

3. m 

— 

-2 
3.n   -h 

3,76  =  0 

-H 

o,.5 

Kœnigsberg. 

.852 

30.58,93 

0 . 00 , 00 

3o.58,93 

X    — 

o.m 

- 

0.71    ■+■ 

0,00  =  0 

— 

0,4» 

Greenwich  (. 85 1  à  i855). 
Laugier. 

•u  Dans  les  équations  de  condition,  ar  désigne  la  correction  de  la  distance 
polaire  de  iSSa;  m  est  le  coefficient  du  temps  écoulé  depuis  l'époque 
inscrite  dans  la  première  colonne  jusqu'en  i85a;  n  est  le  coefficient  du 
carré  de  ce  même  intervalle;  enfin  les  termes  connus  expriment  les  diffé- 
rences entre  les  distances  polaires  inscrites  dans  la  quatrième  colonne  et  la 
distance  polaire  de  f85a. 

»  J'ai  d'abord  résolu  les  treize  dernières  équations,  en  laissant  de  côté  ta 


(  70'  ). 
position  de  Flamsteed,  et  j'ai  trouvé  • 

X  ■=  —  o",  34     et  par  suite,  distance  polaire     A=  io6''3o'58",59 
pour  le  i"  janvier  iSSa, 

/w  =  H- i", 07557,         n  =  +  o",ooi  i35. 

»  Au  moyen  de  ces  nombres,  j'ai  calculé  la  distance  polaire  pour  les 
époques  de  la  première  colonne  de  lySo  à  i85a.  Les  différences  entre  le 
calcul  et  l'observation  sont  toutes  comprises  entre  —  i",39  et  +  o",  88,  je 
ne  les  rapporterai  pas  ici. 

»  La  comparaison  avec  la  distance  polaire  de  Flamsteed  en  1690  offre 
un  intérêt  particulier,  d'abord  parce  que  l'époque  est  très-éloignée  de  nous, 
ensuite  parce  que  cette  observation  a  été  exclue  de  ce  premier  calcul. 

»  D'après  le  Catalogue  de  Flamsteed,  publié  par  Baily,  on  a  : 

Distance  polaire  de  Sirius  pour  le  i^'  janvier  1690 =  106°  ig'iS" 

Avec  A,  /»  et  «  ci-dessus,  l»calcul  me  donne  pour  cette  même  époque     ^  106.19. 19, 33 


Différence —  4  >  33 

»  Si  l'on  pouvait  compter  sur  l'exactitude  de  la  position  de  Flamsteed, 
cet  accord  prouverait  que  le  mouvement  propre  de  Sirius  peut  être  repré- 
senté pendant  un  intervalle  de  162  ans  antérieur  à  i852  par  une  expression 

de  la  forme 

i",07557./^-l-  o",ooi  i35.?'. 

»  Flamsteed  observait  avec  un  secteur  en  fer  de  1 4o  degrés  fixé  dans  le 
méridien  contre  un  mur.  L'alidade  du  secteur  portait  une  lunette  de  7  pieds 
anglais  de  distance  focale,  pourvue  d'un  réticule  à  fils.  Le  limbe,  formé  par 
une  lame  de  cuivre,  était  divisé  de  5  en  5  minutes,  et  l'on  parvenait,  au  moyen 
des  transversales,  à  lire  les  arcs  de  10  secondes  et  à  estimer  les  5  secondes. 

»  Flamsteed  n'a  donné  ni  la  hauteur  du  baromètre,  ni  la  température 
de  l'air  pendant  ses  séries  d'observations,  de  sorte  que  le  calcul  des  réfrac- 
tions n'a  été  fait  qu'approximativement  ;  enfin  l'instrument  dont  Flamsteed 
se  servait,  était  sujet  à  de  petits  mouvements  qui  faisaient  varier  assez 
rapidement  l'erreur  de  coUimation.  Tous  ces  motifs  réunis,  peuvent  donc 
faire  croire  que  l'accord  entre  l'observation  de  1690  et  la  formule,  est  dû 
à  un  hasard  heureux,  et  qu'il  ne  prouve  pas  l'exactitude  de  cette  for- 
mule. Mais  il  existe  un  moyen  fort  simple  de  contrôle,  si  l'on  remarque  que 
ce  qu'il  importe  de  connaître  exactement,  ce  n'est  pas  tant  la  distance 
polaire  de  Sirius,  que  le  mouvement  propre  de  cette  étoile  de  1690  à  i852. 

91.. 


(  7oa  ) 
Ce  hioyen  consiste  à  comparer  entre  elles  les  différences  en  distance 
polaire,  observées  aux  deux  époques  extrêmes  1690  et  1 852, entre  Sirius  et 
une  étoile  voisine  sans  mouvement  propre.  L'étoile  |3  du  Grand  Chien,  qui 
passe  au  méridien  un  peu  avant  Sirius,  et  presque  à  la  même  hauteur,  rem- 
plit cette  condition  ;  son  mouvement  propre  annuel  est  de  +  o",ooo9, 
c'est-à-dire  presque  insensible. 

»  D'après  le  Catalogue  de  Flamsteed,  on  a  pour  le  i*"'  janvier  1690  : 

Distance  polaire  de  Sirius 106°  19'  1 5" 

Distance   polaire  de  p  Grand  Chien lO^.So.io 

Différence i^So'SS" 

'■  Cette  différence  est  presque  indépendante  de  la  coUimation  de  l'instru- 
uient,  ainsi  que  des  variations  que  la  réfraction  moyenne  éprouve  par  suite 
des  changements  de  pression  et  de  température.  Elle  ne  dépend  que  des 
eireurs  d'observation,  qui  doivent  se  compenser  en  partie,  à  raison  du 
grand  nombre  d'observations  employées  dans  le  calcul  des  deux  distances 
polaires. 

>  D'autre  part  on  a  pour  le  i"  janvier  i85a  : 

Précession  en 

distance    polaire 

de  1690  a  i85a. 

O  ,  f/  f  t/ 

Distance  polaire  normale  de  Sirius  (page  701) 106. 3o. 58,59      8.  i5,23 

Distance  polaire  normale  de  p  Grand  Chien 107.53.10,01       2.58,95  (*) 

Différence  au  1"  janvier  i852 i  .22. 1 1 ,42       5. 16,2^ 

Différence  des  précessions  de  1690  à  i852 -t-  5. 16, 213 

Différence  des  distances  polaires  en  1690. . i .  27 . 2'j  ,69 

Différence  observée  par  Flamsteed i .  3o.55 ,00 

Mouvement  propre  de  Sirius  de  1690  à  i852 3.2^,31 

»  I>a  fonnule  rapportée  plus  haut  (page  701)  donne  3'a4",o4- 
')  On  retombe  ainsi  à  très-peu  près  sur  la  différence  que  l'on  avait  trouvée 
entre  les  distances  polaires  de  Sirius  en  1690,  observée  et  calculée;  mais  cette 
fois,  nous  sommes  en  droit  de  voir  dans  cet  accord,  une  preuve  que  le  mou- 
vement propre  de  Sirius  en  distance  polaire,  peut  être  exactement  représenté 
par  une  formule  semblable  à  celle  qui  a  été  donnée  ci-dessus  :  et  ce  qu'il 
faut  surtout  remarquer,  c'est  que  cette  forniule,  fondée  seulement  sur  des 
observations  faites  de  1700  à  i852,  s'accorde  avec  une  distance  polaire 

(*)  On  a  ajouté   o",i5  à  la  précession   pour  tenir  compte  du  mouvement  propre  de 
P  Grand  Chien  en  162  ans. 


(703) 

antérieure  de"  60  ans  à  cette  période  de  temps.  11  y  a  donc  lieu  d'espérei 
qu'elle  pourra  servir  encore  pendant  un  certain  intervalle  postérieur  à  i85a, 
mais  dont  il  n'est  guère  possible  aujourd'hui  de  fixer  l'étendue. 

»  Le  mouvement  propre  de  Sirius  en  distance  polaire,  de  1690  à  iSSa, 
étant  déterminé  par  l'observation,  on  en  a  conclu  l'équation  de  condition 
relative  à  l'époque  de  1690,  c'est  la  première  inscrite  dans  le  tableau. 

»  Pour  le  choix  des  poids  à  donner  aux  différentes  équations,  j'ai  sup- 
posé que  pour  les  observations  comprises  entre  i8i5  et  i85a,  l'erreur 
moyenne  d'une  observation  était  de  i  seconde,  de  2  secondes  pour  les  posi- 
tions de  1760  et  1755  et  de  6  secondes  pour  l'observation  de  Flamsteed.  Le 

poids  des  équations  du  premier  groupe  étant  i ,  on  aura  respectivement  -r 
et  5^  pour  les  poids  des  deux  autres  groupes. 

»  En  appliquant  la  méthode  des  moindres  carrés  aux  quatorze  équa- 
tions de  condition,  on  trouve-les  équations  normales  : 

II, 5.x  —  2ig,^5.nj  —  gio'j,25.re-(-  260,62  =  o, 
—  219,75.x  -t-  9836, 25. /w  +  72g644-«  —  1 1497  j34  =  o, 
—  9107,25.3:4-  729644 •'"  +7i94'9^-^-"  —  871919,26  =:  o, 
et,  par  suite,  les  valeurs  des  inconnues  : 

x  =  — o",4o.     d'où     A=  io6''3o'58",53±o",23  au  I"  janvier  i852, 
772  =  -f-  i",o68774±o",oi5o4, 
«  = -H  o",ooi22986±o", 0001404. 
»  D'après  ces  nombres,  la  distance  polaire  de  Sirius  pour 

Le  I" janvier  1690  est 106. 19. 17  ,89±4,42       '    ' 

Le  Catalogue  de  Flamsteed  donne io6. 19.  i5 

Différence —  2 ,  8g 

»  On  n'avait  pas  employé  dans  le  calcul  la  déclinaison  absolue  de 
Flamsteed,  mais  seulement  le  mouvement  propre  de  Sirius,  de  i6go  à  i85a, 
obtenu  par  la  comparaison  avec  la  déclinaison  de  j3  Grand  Chien.  Ce  mou- 
vement déduit  des  nouvelles  valeurs  de  m  et  de  n  est  de  2o5",42,  tandis  que 
l'observation  le  fait  de  307", 3i  ;  la  différence  n'est  donc  que  de  -f-  i",89. 

»  Les  erreurs  des  autres  positions  se  trouvent  dans  la  6*  colonne  du 
tableau  :  l'erreur  —  i",']5  qui  est  en  face  de  la  distance  polaire  donnée  par 
Lacaille  pour  1750,  signifie  que  cette  distance,  ramenée  en  iSSa,  est  plus 
forte  que  la  position  normale  106° 3o' 58", 53,  de  i",75,  et  ainsi  des  autres. 
Kn  comparant  à  la  formule  les  20  distances  polaires  de  Sirius  déterminées 
à  l'observatoire  de  Greenwich  de  i836  à  i855,  on  remarque  dans  les  signes 
des  différences,  une  certaine  régularité  qui  semblerait  indiquer  l'existence  de 


(  7o4  ) 
petites  erreurs  systématiques  :  je  pense  toutefois  que  la  distance  polaire  dé- 
duite de  la  formule,  sera  exacte  à  moins  d'une  seconde,  tant  qu'on  ne  sor- 
tira pas  des  limites  entre  lesquelles  sont  comprises  les  observations  modernes 
employées  dans  le  calcul.  Cette  quantité  est  assez  faible  si  l'on  considère 
que  Sirius  est  de  toutes  les  étoiles  la  plus  difficile  à  observer. 

>•  Tl  est  établi  par  ce  qui  précède,  que  le  mouvement  propre  M  de  Sirius 
en  distance  polaire,  pendant  la  période  de  162  ans  comprise  entre  1690  et 
i85a,  peut  être  représenté  par  la  formule 

M  =  t",o68']']^.t  —  o",ooi  229856.  <% 
d'après  cela  le  mouvement  propre  annuel  [i  sera 

(i^  I ",068774  —  o", 0024597 1 2 .;  ; 
dans  ces  expressions,  les  intervalles  de  temps  t  sont  comptés  à  partir  de 
iSSa  :    t  est  négatif  pour  les  époques  antérieures  à  i852  et  positif  pour 
les  époques  postérieures. 

»  La  dernière  formule  donne  pour  le  mouvement  propre  annuel  de 
Sirius  en  distance  polaire  : 


aas 


De  1690   à  1691     t  =  —  161, 5 1 ,466  ±  o,o5 

1755  1756     t  =  —   96,5 i,3o6  ±  o,o3 

i8i5  r8i6    f=:—  36,5 ijiSg  ±0,02 

i858  1859    t  =  +     6,5 i,o53  ±0,02 

»  Ces  variations  sont  considérables  :  aussi  avaient-elles  été  signalées  depuis 
longtemps  ;  mais  on  n'en  avait  pas,  que  je  sache,  donné  des  valeurs  numé- 
riques. 

»  Quant  à  la  distance  polaire  qu'on  tire  de  ces  formules  pour  une  époque 
déterminée  postérieure  à  iSSa,  son  erreur  probable  est  déjà  de  ±  o'\S']  au 
bout  de  3o  années  et  de  ±  4"»4^  après  162  ans.  Le  calcul  est  fondé  sur  une 
formule  d'interpolation,  qui  doit  servir  pour  un  temps  limité,  que  les  obser- 
vations ultérieures  feront  seules  connaître;  mais  pour  les  époques  antérieures 
à  i852,  le  calcul  peut  suppléer  au  défaut  d'observations. 

1)  Je  rapporte,  en  terminant,  les  distances  polaires  moyennes  de  Sirius 
pour i855, 1860,  i865,  1870  et  187$  : 

Distance  polaire  moyenne 
Années.  au  i"  janvier. 

i855. .  .  io6!3i'.  ii"835 

i86o 31.34,037 

i865 ..  ..  31.56,271 

1870... 32.18,540 

1875 32.40,841 


(  7o5  ) 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  photographies  de  [éclipse  du  1 5  mars,  présentées 
par  MM.  Porro  et  Quinet;  par  M.  Faye. 

«  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  l'ensemble  des 
épreuves  photographiques  du  soleil  qui  ont  été  prises  par  MM.  Porro  et 
Quinet  pendant  l'éclipsé  du  i5  mars,  plusieurs  autres  épreuves  prises  le  1 1 
et  le  21  du  même  mois,  la  série  correspondante  de  positifs  sur  coUodion, 
une  seconde  série  de  positifs  sur  papier,  une  vue  photographique  de  la 
grande  lunette  de  M.  Porro  et  une  vue  de  l'appareil  microniétrique  que 
cet  artiste  a  construit  pour  mesurer  les  clichés  de  l'éclipsé. 

»  Je  regrette  de  ne  pouvoir  présenter  en  même  temps  les  résultats  de  toutes 
les  mesures  faites  sur  ces  épreuves  :  ces  mesures  ne  sont  pas  terminées.  On 
comprend  que  MM.  Porro  et  Quinet  ne  puissent  donner  tout  leur  temps  à 
des  questions  de  science  pure.  D'autre  part,  je  suis  obligé  de  quitter  Paris 
pour  quelques  mois,  et,  par  suite,  il  fallait  se  résoudre  à  ajourner  longtemps 
cette  communication  ou  à  la  faire  incomplète  aujourd'hui  même. 

»  Je  me  suis  arrêté  d'autant  plus  volontiers  à  ce  dernier  parti,  qtie  les  ré- 
sultats partiels  dont  je  vais  parler  ont  déjà  une  valeur  propre,  digne  de  fixer 
votre  attention,  et  que  d'ailleurs  les  auteurs  m'ont  manifesté  l'intention  d'of- 
frir à  l'Académie  tous  les  négatifs  originaux,  dès  que  les  mesures  et  les 
tirages  de  positifs  auront  été  achevés.  Si  l'Académie  daignait  alors  ordonner 
le  dépôt  de  ces  témoins  irrécusables  dans  ses  collections,  tous  ceux  qui  vou- 
draient vérifier  les  mesures,  ouïes  recommencer  sur  un  plan  particulier,  au-i 
raient  à  leur  disposition  les  négatifs  originaux  qui  vont  passer  sous  vos  yeux. 

»   Voici  d'abord  quelques  détails  sur  l'appareil  employé  le  i5  mars- 

»  La  grande  lunette  de  M.  Porro  a  i5  mètres  de  longueur  focale; 
l'ouverture  de  Sa  centimètres  était  considérablement  réduite  par  un  dia- 
phragme; près  du  foyer  était  tendu  un  fil  horizontal.  Au  foyer  même  était 
fixé  un  châssis  double  dont  l'une  des  arêtes  était  parallèle  au  mouvement 
diurne.  La  partie  fixe  de  ce  châssis  portait  la  plaque  collodionnée  ;  la  partie 
mobile  faisait  écran.  A  un  signal  donné,  cet  écran,  lancé  avec  rapidité  par  un 
ressort,  découvrait  la  plaque  pendant  une  très-minime  fraction  de  seconde. 

»  Malgré  le  mauvais  temps,  plusieurs  empreintes  ont  été  prises,  mais 
dans  quelques-unes  l'intensité  des  bords  du  soleil  n'est  pas  suffisante  pour 
les  mesures  micrométriques;  c'est  l'effet  naturel  de  l'interposition  des  nuages 
qui  affaiblissaient  assez  l'éclat  du  croissant  pour  qu'on  pût,  quelquefois,  le 
regarder  aisément  à  l'œil  nu.  Par  instants,  le  vent  imprimait  une  légère  oscil- 
lation verticale  à  lalongue  lunette  deM.  Porro,  et  cette  oscillation  a  pu  influer 
quelque  peu  sur  certaines  épreuves,  malgré  la  rapidité  de  l'écran.  Enfin, 


(  7o6  ) 
malgré  les  bons  services  de  l'appareil  télégraphique  de  MM.  Baudoin  et 
Digney  frères,  l'heure  n'a  pu  être  déterminée  avec  une  grande  précision,  parce 
que  le  ciel  a  été  longtemps  couvert  à  cette  époque,  et  qu'on  ne  doit  guère 
compter  sur  la  marche  de  pendules  installées  dans  un  local  soumis  à  des 
trépidations  de  toute  sorte,  et  accessible  à  un  très-grand  nombre  de  per- 
sonnes. Il  n'est  pas  facile  de  faire  de  l'astronomie  de  précision  dans  un  atelier. 

»  Malgré  ces  inconvénients,  les  épreuves  que  voici  ont  presque  toutes  une 
grande  valeur  ;  elles  démontrent  en  tout  cas,  de  la  manière  la  plus  nette,  à  mon 
avis,  que  l'observation  photographique  avec  de  grands  instruments  est  appe- 
lée à  faire  faire  un  pas  décisif  à  l'art  d'observer  et  à  la  science  elle-même. 

»  Ce  n'est  pas  à  dire  que  les  mesures  micrométriques  prises  sur  ces  belles 
épreuves  n'aient  donné  lieu  à  aucune  difficulté.  En  voici  une,  et  des  plus 
graves,  qui  s'est  présentée  à  l'occasion  de  la  phase  la  plus  importante  et  la 
mieux  rendue. 

X  Bien  que  j'aie  eu  plusieurs  occasions  de  voir,  dans  les  éclipses,  les  irré- 
gularités du  bord  de  la  lune,  dentelures  que  l'irradiation  masque  si  complè- 
tement partout  ailleurs  que  sur  le  soleil,  je  croyais,  avec  tous  les  astronomes, 
que  la  mesure  de  la  ligne  des  cornes  et  de  l'épaisseur  du  croissant  solaire 
pourrait  donner  avec  une  grande  précision  la  distance  des  centres  des  deux 
astres.  A  première  vue,  la  netteté,  la  régularité  des  contours  de  la  lune  sur 
les  épreuves  ci-jointes  confirmait  cette  espérance.  Mais,  sous  le  microscope  de 
l'appareil  micrométrique,  les  dentelures  du  bord  de  la  lune  ont  paru  si  nom- 
breuses et  si  sensibles,  qu'il  a  bien  fallu  renoncer  à  ce  mode  de  procéder,  et 
M.  Porro .s'est  trouvé  conduit,  dans  ses  mesures,  à  employer  le  contour  entier 
delà  lune  et  non  plus  des  points  confinés  dans  une  région  limitée.  Au  lieu 
des  cordes  et  des  flèches,  il  a  mesuré,  de  5  en  5  degrés,  les  coordonnées 
polaires  des  bords  de  la  lune  et  du  soleil.  Ce  travail  est  complet  pour 
l'épreuve  n"  9.  Mais,  dans  ce  système,  les  trois  inconnues  relatives  à  chaque 
astre,  savoir  le  rayon  du  disque  et  les  coordonnées  polaires  du  centre  de  ce 
disque,  doivent  être  traitées  à  la  lois  [i).  Afin  d'éliminer  autant  que  possible 

(i)  Elles  sont  reliées  entre  elles  pi-ir  la  relation 

o  =  r' — (1-  —  pj -t- 2pp,  cos  (9  —  S,), 
dans  laquelle  on  désigne  par  r  le  rayon  du  disque,  par  p,  et  8,  les  coordonnées  polaires  du 
oentre ,  par  p  et  9  celles  d'un  point  quelconque  du  bord.  En  y  substituant  des  valeurs  appro- 
chées pour  /■,  pi ,  6, ,  et  celles  que  les  mesures  directes  assignent  à  p  et  9,  la  relation  ci-dessus 
sera  satisfaite  à  une  quantité  près  ;,  et,  si  l'on  désigne  par  dr,  dp,,  dQ,  les  corrections  qu'il 
faut  appliquer  aux  valeurs  provisoires  des  inconnues  pour  faire  disparaître  ce  résidu,  on  aura 
o  =;  2  -h  art^/-  —  [ap, -f-  2p  cos(9  —  9,)]rfpi  -t-  2pp,  sin(6  —  6,)d6,. 

Telle  est  la  forme  des  équations  de  condition  qu'il  s'agira  de  traiter  par  la  méthode  des 
moindres  carrés. 


(  7^7  ) 
l'effet  des  irrégularités  des  bords  de  la  lune,  il  faudra  former,  pour  chaque 
mesure  dûment  purgée  de  l'effet  de  la  réfraction,  une  équation  de  condi- 
tion linéaire  entre  les  corrections  applicables  aux  valeurs  approchées  de  ces 
trois  inconnues,  puis  traiter  toutes  ces  équations  par  la  méthode  des  moindres 
carrés.  Le  calcul  des  soixante-douze  équations  correspoiidantes  aux  mesures 
déjà  prises  reste  à  faire.  En  opérant  sur  plusieurs  épreuves  voisines  de  l'in- 
stant de  l'a  plus  grande  phase,  on  fera  intervenir  ainsi  presque  tout  le  disque 
lunaire  dont  la  circularité  générale  n'est  pas  contestée,  et  on  éliminera  de  la 
manière  la  plus  satisfaisante  la  cause  que  je  viens  de  signaler  à  peu  près 
comme  on  élimine  les  erreurs  d'un  cercle  divisé  par  l'emploi  d'un  grand 
nombre  de  microscopes  régulièrement  espacés  sur  son  pourtour.  Le  résultat 
final  de  ces  calculs  donnera  ensuite  la  distance  des  centres  par  la  simple  résolu- 
tion d'un  triangle  ou  bien,  la  direction  de  l'horizontale  étant  marquée  sur  l'é- 
preuve, on  en  déduira  les  coordonnées  relatives  des  deux  centres  dans  le  ciel. 

»  Le  calcul  des  nombreuses  équations  de  condition  du  problème  n'étant 
pas  fait,  je  ne  puis  donner  ici  que  les  valeurs  déjà  très -approchées  de  quel- 
ques inconnues.  Le  rayon  du  disque  solaire  sur  l'épretive  n°  9,  prise  vers  la 
plus  grande  phase,  à  i''6™58%  était  de  68'"'",872  et  celui  de  la  lune  de 
68™™,8725  (l'échelle,  déduite  provisoirement  d'une  autre  série  de  mesures, 
donne  environ  14  secondes  au  millimètre).  Il  résulterait  de  là  qu'à  Paris  les 
deux  disques  apparents  du  soleil  et  de  la  lune  étaient  égaux  à  peu  près,  et  que 
l'éclipsé  a  pu  être  totale  non  loin  d'Ouessant. 

»  I^a  difficulté  imprévue  dont  je  viens  de  parler,  et  dont  l'appareil  micro- 
métrique de  M.  Porro  a  donné  une  solution  si  complète,  montre  plus  que 
tout  le  reste  peut-être,  l'excellence  du  système  d'observation  photogra- 
phique. En  pareille  circonstance,  l'astronome  serait  réduit  à  rejeter  des 
observations  péniblement  faites  sur  le  ciel  d'après  un  plan  vicieux  ;  sur  une 
épreuve  photographique,  au  contraire,  il  en  est  quitte  pour  changer  le 
plan  et  l'ordonnance  de  ses  mesures. 

»  Cependant  nous  avons  été  moins  heureux  pour  une  autre  difficulté  que 
la  mesure  des  épreuves  prises  avant  et  après  le  i5  mars  nous  a  présentée. 
De  belles  images  du  soleil,  datées  du  11  etduai  mars,  donnent  au  diamètre 
de  cet  astre  des  valeurs  sensiblement  plus  fortes  que  celles  du  1 5  ,  et  cepen- 
dant la  variation  de  ces  diamètres  dans  l'intervalle  de  dix  jours  s'accorde 
très-bien  avec  celle  de  la  distance  du  soleil  à  la  terre.  Cette  discordance 
encore  inexpliquée  accuse  certainement  un  défaut  dans  l'appareil  employé. 
Je  serais  tenté  de  croire  qu'elle  provient  du  reflet  de  l'image  formée  sur  le 
fond  en  bois  non  poli  du  châssis,  image  qui  a  dû  être  très-intense  le  1 1  et  le 
21  mars  et  très-faible  le  i5.  S'il  en  était  ainsi,  on  ferait  aisément  disparaître 

C.  R.,   i858,  I"  Semestre.  (  T.  XLVI,  N»  IS.j  ,9a 


C  708  ) 
la  difficulté  que  je  viens  de  rappôi"ter  en  noircissant  le  verso  de  la  plaque 
collodionnée.  Quoi  qu'il  en  soit,  (ies  épreuves  nous  permeltetlt  déjà  de 
porter  un  jugement  sur  la  précision  qu'on  peut  attendre  de  la  photogra- 
phie, non  plus  dans  les  éclipses  seulement,  mais  encore  pour  l'observa- 
tion journalière  du  soleil  au  méridien  et  la  détermination  précise  des  élé- 
ments de  sa  rotation.  D'après  les  mesures  que  j'ai  faites  moi-même,  l'erreur 
moyenne  de  la  mesure  du  soleil  dans  le  sens  horizontal  (en  transportant 
une  fois  seulement  le  microscope  de  l'appareil  raicrométrique  d'un  bord 
à  l'autre  du  soleil)  est  de  o",36,  tandis  que  l'erreur  moyenne  d'une  mesure 
analogue  à  la  lunette  méridienne  (un  seul  fil)  est  dix  fois  plus  considérable. 
Sur  la  plupart  des  épreuves  on  voit  avec  quelle  netteté  se  forme  l'image  d'un 
fil  placé  en  aVant  de  la  plaque  collodionnée.  La  distance  de  ce  fil  à  l'un 
des  bords  du  soleil  pouvant  se  mesurer  aisément  à  o",26  près,  par  une  seule 
opération,  il  en  résulte  qu'un  petit  nombre  d'épreuves,  obtenues  à  l'aide  d'un 
grand  cercle  méridien,  pendant  un  passage,  permettrait  de  réduireào",  i  l'er- 
reur à  craindre  sur  la  position  du  centre  du  soleil,  soit  en  ascension  droite, 
soit  en  déclinaison. 

»  Il  importe  de  noter  que  cette  précision  n'est  pas  apparente  comme  celle 
des  observations  actuelles.  Ici  le  système  nerveux  de  l'astronome  n'est  plus 
enjeu;  c'est  le  soleil  qui  imprime  lui-même  son  passage.  On  s'est  plaint  si 
souvent  devant  l'Académie  de  ces  erreurs  personnelles,  inhérentes  à  ce  qu'il 
y  a  de  plus  intime  dans  l'organisation  ou  plutôt  dans  la  coordination  de  nos 
sens,  qu'il  serait  superflu  de  rien  ajouter  à  ce  que  je  viens  de  dire(i).  A  lui 
seul,  le  progrès  déjà  réalisé  pour  le  soleil  (car  la  difficulté  dont  je  viens  de 
faire  mention  n'est  pas  de  nature  à  l'infirmer)  mériterait  à  MM.  Porro  et 
Quinet  la  reconnaissance  des  astronomes. 

»  Je  compte  bien  qu'on  ira  plus  loin  encore,  et  j'oserai  affirmer  qu'on 
pourrait,  dès  aujourd'hui,  substituer  la  photographie  à  presque  toutes  les 
observations  méridiennes  des  planètes  et  des  étoiles  fondamentales.  Déjà 
M.  Bond,  aux  Etats-Unis,  et  M.  Delarue,  à  Londres,  ont  obtenu  des  images 

(i)  On  en  est  réduit  aujourd'hui,  pour  éliminer  ces  erreurs  personnelles  dans  la  déter- 
mination des  différences  de  longitudes,  à  échanger  les  observateurs  entre  les  stations.  Cet 
échange  donnera  lieu  à  bien  des  difficultés  lorsqu'il  s'agira  de  rattacher  le  nouveau  continent 
à  l'ancien ,  à  l'jide  du  grand  câble  transatlantique  dont  on  s'occupe  sérieusement  aujour- 
d'hui. Avec  le  système  d'observation  photographique  que  je  viens  de  décrire,  et  dont  le  succès 
me  semble  assuré  par  les  beaux  échantillons  qui  sont  sous  nos  yeux,  cet  échange  des  obser- 
vateurs deviendra  superflu,  et  le  soleil  lui-même  inscrira  sur  le  coUodion  sec  de  M.  Quinet, 
aux  instants  signalés  par  le  télégraphe ,  la  différence  des  longitudes  de  Paris  et  de  Boston  on 
de  New- York. 


^  709  ) 

photographiques  de  la  lune,  d'étoiles  et  de  planètes,  à  l'aide  d'un  équato- 
rial  et  d'un  mouvement  d'horlogerie.  D'autre  part  on  sait  qu'il  est  assez  facile 
d'adapter  à  une  lunette  méridienne  placée  dans  le  méridien  un  petit  appa- 
reil capable  de  faire  suivre  au  réticule  le  mouvement  delà  sphère  céleste  pen- 
dant quelque  temps,  et  l'on  trouvera  même,  chez  M.  Porro,  un  appareil  de 
ce  genre  destinée  donner  à  sa  grande  lunette,  dans  toutes  les  directions,  les 
principales  propriétés  d'un  équatorial.  Au  lieu  de  faire  mouvoir  le  réticule, 
faites  mouvoir  une  plaque  très-sensible,  sur  laquelle  viendra  se  peindre 
l'image  de  l'étoile  et  celle  du  réticule  :  vous  aurez  substitué  la  réalité  aux 
apparences  qu'on  observe  aujourd'hui.  L'image  de  l'étoile  se  peindra  sur  le 
collodion  en  un  point  fixe,  tandis  que  le  fil  de  la  lunette,  emporté  dans  l'es- 
pace par  la  rotation  de  la  terre,  donnera  une  empreinte  continue  dont  le 
commencement  et  la  fin  auront  seuls  de  la  netteté.  Un  écran,  uni  à  un  enre- 
gistreur électrique  tel  que  celui  de  MM.  Baudoin  et  Digney  frères,  marquera 
par  ses  mouvements  le  commencement  et  la  fin  de  l'observation,  et  il  ne 
restera  plus  qu'à  mesurer  la  distance  de  l'image  stellaire  aux  bords  de  la 
bande  plus  au  moins  large  qui  représentera  l'image  du  fil  mobile  (1). 

»  A  la  vérité  chaque  observation  sera  beaucoup  plus  longue  par  ce  sys- 
tème que  par  celui  qu'on  emploie  aujourd'hui  ;  mais  n'y  aurait-t-il  pas  avan- 
tage à  remplacer  des  myriades  d'observations  entachées  d'erreurs  person- 
nelles, par  quelques  centaines  d'observations  beaucoup  plus  précises  et  d'une 
urécusable  véracité? 

»  Il  me  reste  encore  à  dire  quelques  mots  sur  l'étude  du  soleil  lui-même. 

«  Bien  de  plus  difficile  que  l'observation  des  taches  du  soleil  ;  sur  ce  point 
je  m'en  rapporte  à  l'expérience  d'un  de  nos  confrères  qui  en  a  fait  une  étude 
approfondie.  Rien  de  plus  aisé,  rien  de  plus  rapide  et  surtout  de  plus  précis 
que  la  mesure  de  leurs  coordonnées  par  les  épreuves  que  voici  (a),  et  sur 
ce  point  je  m'en  rapporterai  au  jugement  de  quiconque  voudra  bien  essayer. 
Là  ne  se  bornent  pas  les  avantages  du  procédé  photographique.  Dans  ce 

(i)  CeUe  méthode  s'appliquerait  aux  observations  de  jour  et  de  nuit,  sauf  une  modifica- 
tion pour  ces  dernières  :  l'éclairage  du  champ  étant  supprimé,  pour  obtenir  l'image  d'un  fil 
du  réticule,  on  admettrait  instantanément  dans  la  lunette  un  faisceau  de  rayons  très-intenses, 
emerjjeant  d'un  collimateur  (lumière  électrique  ou  celle  de  Drummond},  et  ce  faisceau  vien- 
drait, à  un  instant  donné,  imprimer  sur  la  plaque  sensible  un  petit  disque  lumineux  sur  lequel 
le  fil  se  peindrait  en  noir.  Évidemment  on  pourrait  encore  trouver  d'autres  combinaisons  où 
un  fil  du  réticule  serait  remplacé  et  représenté  par  une  ligne  brillante;  dans  les  ateliers  de 
M.  Porro,  j'en  ai  vu  d'excellents  que  l'on  pourrait  utiliser  pour  cet  objet. 

(2)  M.  Porro  présente  le  tableau  des  coordonnées  de  toutes  les  taches  du  soleil  mesurées 
micrométriquement  sur  une  des  épreuves,  et  le  résumé  graphique  de  ces  mesures  à  l'aide 
d'un  dessin  à  grande  échelle. 


(  7IO  ) 
système,  on  pourra  choisir  à  son  aise  les  taches  les  plus  favorahies  à  la  dé- 
termination des  éléments  de  la  rotation,  éliminer  celles  dont  les  contours 
changent  de  forme,  reconnaître  celles  qui  reviennent  après  une  ou  plusieurs 
rotations,  étudier  leurs  mouvements  propres,  signalés  par  M.  Laugier,  sans 
avoir  à  redouter  d'erreurs  instrumentales,  etc. 

»  Quant  à  l'aspect  physique  du  soleil  lui-même,  un  coup  d'œil  sur 
tuie  de  ces  épreuves,  ou  plutôtsur  le  positif  correspondant,  en  apprendra  bien 
plus  que  toutes  les  descriptions  écrites  ou  verbales.  Il  n'y  a  rien  de  compa- 
rable à  la  netteté  de  ces  facules  qui  marbrent  le  disque  solaire  dans  la  région 
marginale,  mais  qui  s'effacent  vers  le  centre  beaucoup  plus  brillant  que 
les  bords.  Quant  aux  taches,  on  remarquera  sans  doute  le  beau  groupe  du 
1 5  mars,  entouré  de  facules  brillantes  et  présentant,  dans  l'une  des  pénom- 
bres, une  confirmation  frappante  de  la  théorie  d'Herschel. 

»  Je  voudrais  qu'on  fit  ainsi,  à^'aided'un  grand  instrument,  une  histoire 
photographique  du  soleil,  jour  par  jour,  et  qu'on  conservât  soigneusement 
les  clichés  pour  fournir  à  la  postérité  des  éléments  précieux  dont  nous  regret- 
tons aujourd'hui  l'absence.  Comme  il  serait  facile  alors  d'étudier  les  zones 
où  les  taches  apparaissent,  la  périodicité  de  leur  apparition,  leurs  relations 
avec  les  facules  et  tant  d'autres  objets  de  recherche  si  dignes  d'intérêt!  Cette 
histoire  solaire  que  réclamait  aussi,  il  y  a  deux  ans  je  crois,  un  astronome 
illustre,  sir  John  Herschel,  en  voici  les  premiers  échantillons,  et  nous  les 
devons  à  MM.  Porro  et  Quinet. 

»  Pour  moi,  je  suis  heureux  que  mes  instances,  vieilles  déjà  de  neuf  années, 
aient  attiré  l'attention  de  ces  artistes  distingués.  Grâce  à  eux,  les  progrès 
que  j'entrevoyais  depuis  longtemps,  et  dont  je  traçais  le  plan  en  1849,  à 
l'Académie  (1),  sont  sortis  du  domaine  de  la  spéculation  pour  entrer  dans 
celui  de  la  réalité  et  des  faits  accomplis.  » 

HISTOIRE  NATURELLE.  —  Reproduction   des  Polypiers  marins  dam  les  aqua- 
riums; par  M.  CosTE. 

«  J'ai  pensé  que  l'Académie  ne  verrait  pas  sans  intérêt  un  fait  curieux, 
bien  connu  des  naturalistes,  mais  qui  prouve  combien  il  sera  facile,  par  des 
moyens  artificiels,  de  se  procurer  dans  les  laboratoires  des  sujets  d'étude 
sans  être  obligé  d'aller  les  chercher  sur  les  bords  de  la  mer. 

»  Les  naturalistes  savent  que  certaines  espèces  de  Polypiers  marins,  les 
Campanulariadées,  par  exemple,  produisent  des  larves  dont  l'organisation, 
est  analogue  à  celles  des  Méduses.  Voici,  dans  un  bocal,  un  rameau  vivant 

(l)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  1849,  tome  XXVIII,  pages  241,  242» 
243  et  244- 


(  7"  ) 
de  Loomedea  dichotoma  (  Johnston  ),  qui  m'a  été  expédié  de  Bruxelles  par 
M.  Schram,  secrétaire  de  la  Société  royale  d'Horticulture  de  Belgique.  De 
ce  rameau  se  détachent,  par  milliers,  des  embryons  inédusiformes  qui  nagent 
par  bancs  dans  l'eau  de  mer  où  ils  sont  suspendus.  Le  phénomène  de  la 
reproduction,  commencé  en  Belgique  dans  les  aquariums  de  la  Société 
d'Horticulture,  se  poursuit  à  Paris  dans  les  viviers  salés  du  Collège  de 
France  où  l'on  peut  en  suivre  toutes  les  phases.  C'est  donc  encore  là,  avec 
tant  d'autres,  un  nouveau  sujet  d'étude  que  ces  viviers  mettent  sous  la  main 
des  observateurs.  » 

'<  M.  MiLNE  Edwards  fait  remarquer  que  le  même  phénomène  a  été  sou- 
vent observé  par  M.  Nordmann  et  lui,  il  y  a  environ  vingt  ans,  et  qu'à  cette 
époque  il  a  eu  l'honneur  d'en  entretenir  l'Académie  (i).  Il  croit  devoir  men- 
tionner aussi  les  recherches  de' MM.  Dujardin  et  Van  Beneden  sur  le  même 
sujet.  Enfin,  il  ajoute  que,  vers  le  milieu  du  mois  dernier,  M.  Lacaze- 
Duthiers,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  à  Lille,  a  envoyé  à  M.  Valen- 
ciennes  et  à  lui  quelques  échantilloijs  de  ces  singuliers  Zoophytes,  qui  ont 
vécu  au  Jardin  des  Plantes  pendant  plusieurs  jours  et  y  ont  donné  naissance 
à  une  multitude  de  petites  Médusaires.  » 

ZOOLOGIE.  —  Note  sur  quelques  poissons  d'Algérie;  par  M.  A.  Valenciennes. 

«  M.  Guyon,  inspecteur  général  du  service  de  santé  des  armées  d'Afrique, 
bien  connu  de  l'Académie  par  les  nombreuses  observations  scientifiques  et 
les  envois  multipliés  qu'il  a  faits,  soit  au  Muséum  d'Histoire  naturelle,  soit  à 
l'Académie,  m'a  remis,  il  y  a  peu  de  temps,  des  poissons  péchés  dans  les 
oasis  du  cercle  de  Biscara  et  dans  les  eaux  que  l'on  trouve  en  marchant 
vers  le  sud  jusqu'à  Tuggurth,  et  même  en  avançant  à  Temacin,  au  sud  de 
cette  dernière  station,  La  connaissance  de  ces  petits  poissons  offre  de  l'inté- 
rêt, parce  que  l'on  sait  maintenant,  d'après  les  travaux  géographiques  des 
officiers  d'état-major  de  l'armée  d'Algérie  et  par  ceux  très-remarquables  de 
M.  l'ingénieur  Fournel,  que  les  eaux  qui  descendent  des  contre-forts  de 
l'Aourès  pour  se  répandre  au  sud,  dans  le  dépôt  quaternaire  du  Sahara, 
sont  plus  ou  moins  salées.  D'un  autre  côté,  la  plaine  du  Sahara  paraît  être 
au-dessous  de  loo  mètres  d'altitude.  La  région  du  Chot-Meh'ir,  située  à 
mi-chemin  entre  Biscara  et  Tuggurth ,  comprend  des  buttes  sableuses  et 
gypseuses,  dont  les  sommets  sont  entre  65  et  85  mètres  au-dessous  du  niveau 
de  la  mer.  La  plaine  se  relèverait  un  peu  du  côté  de  Tuggurth,  qui  a 
46  mètres  d'altitude  seulement  au-dessous  du  niveau  de  la  Méditerranée. 

(i)  Comptes  rendus,  iSSg,  tome  IX,  page  704. 


(  7»2  ) 
La  plupart  de  ces  eaux  sont  saumâtres;  quelques-unes  sont  douces  et  bonnes 
a  boire. 

»  Les  petits  poissons  dont  je  vais  entretenir  un  instant  l'Académie  ont 
été  découverts  en  1847  P^"'  ^*  G^iyo"»  <^t  ont  été  décrits  d'abord  par  M.  le 
D'  Gervais,  aujourd'hui  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier.  Il 
crut  y  trouver  de  l'affinité  avec  les  espèces  du  genre  Acerine,  qui  appar- 
tiennent à  la  famille  des  Percoïdes  par  leurs  dents  palatines.  Sa  courte 
description  parut  sous  le  nom  d'Jcerina  Zillii  (Acad-  des  Sciences  et  lettres 
de  Montpellier,  1848,  et  Annuaire  des  Sciences  naturelles,  3*  série,  t.  X, 
p.  3o3).  Cet  habile  professeur  ne  tarda  pas  à  se  convaincre  que  le  poisson 
des  oasis  du  désert  algérien  ne  pouvait  être  placé  dans  un  genre  de  la 
famille  des  Percoïdes,  aussi  facile  à  caractériser  que  celui  de  la  gremille 
[Àcerina),  vulgairement  appelée  par  les  pêcheurs  la  perche  goujonnière,  et 
M.  Gervais  publia  une  nouvelle  description  de  ces  poissons  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  centrale  d'Agriculture  de  l' Hérault  [^o'  ann.,  p.  80,  PL  lV,fig.  5). 
Mais  ce  zoologiste  n'appréciant  pas  bien  encore  les  affinités  ichthyologiques 
de  ces  petits  poissons,  crut  devoir  les  distinguer  comme  un  genre  particulier 
auquel  il  donna  le  nom  de  Coplodon,  à  cause  de  l'échancrure  des  dents 
implantées  sur  le  bord  extérieur  de  la  mâchoire. 

j>  L'examen  que  je  viens  de  faire  de  ces  espèces  ne  peut  laisser  aucun 
doute  sur  la  famille  et  le  genre  où  il  faut  les  placer.  Leur  palais  est  lisse  et 
sans  dents.  Ce  caractère,  joint  à  la  nature  de  leurs  nageoires  dorsale  et  anale, 
prouve  que  ce  sont  des  Sciénoïdes.  Parmi  les  genres  de  cette  famille,  les 
dents  comprimées  et  échancrées  les  appellent  dans  le  genre  des  Glyphiso- 
dons.  Leur  ligne  latérale  est  interrompue,  et  il  n'est  pas  jusqu'à  la  disposition 
des  couleurs  sur  un  fond  verdâtre,  traversé  par  des  bandes  noires  verticales, 
qui  ne  montre  les  affinités  de  ces  Sciénoïdes  avec  les  autres  espèces  de 
Glyphisodon.  Celles-ci  étaient  jusqu'à  présent  connues  dans  les  mers  ou 
les  lagunes  salées  d'Amérique  ou  du  Bengale.  L'espèce  nouvellement  dé- 
couverte en  Afrique  se  trouve  aussi  dans  les  eaux  salées  du  désert.  Si 
M.  Guyon  n'avait  eu  la  précaution  de  conserver  avec  soin  le  nom  des  diffé- 
rentes oasis  où  cette  nouvelle  espèce  a  été  prise,  l'anatomie  du  poisson  l'aurait 
fait  connaître  ;  car  le  tube  digestif  est  rempli  d'un  limon  farci  des  carapaces 
siliceuses  de  ces  petites  Desmidiées  qu'Ehrenberg  nous  a  signalées  ;  et  ces 
plantes  cryptogames  vivent,  comme  l'on  sait,  dans  les  eaux  saumâtres. 

»  Pour  fixer  les  idées  des  zoologistes  sur  ces  espèces,  je  vais  insérer  ici  la 
description  détaillée  de  ce  Glyphisodon  ;  elle  justifiera  les  affinités  que  j'ai 
cru  reconnaître  entre  eux  et  les  espèces  américaines  ou  indiennes  auprès 
desquelles  je  les  place. 


(7'3) 

GLÏPHISODON  ZlLLII,  Val. 

Aderina  Zildi,  Gervais,  Acad,  Se.  et  Lettres.  Montpellier,  1848. 

Ejusd.  Ann,  Se.  nat.,  3*  série,  tome  X,  page  3o3. 
Coptodon  Zillii,GevvAis,  Bull.  Soc.  cent,  Agricull.  de  [Hérault, 
40*  année,  i853,  page  80,  PL  IV,  fig.  5,  6,  7. 

»  Ce  petit  Glyphisodon  a  la  forme  ovalaire  du  corps  des  Potoacetitres  et 
des  espèces  voisines  de  ces  petits  Sciénoïdes.  Le  profil  supérieur  s'élève  par 
une  courbe  assez  soutenue  jusqu'à  la  dorsale,  et  l'arc  se  continue  réguliè- 
rement êft  s'ftbaissant  lentement  jusqu'à  la  fin  de  la  nageoire.  Le  profil  du 
ventre  est  moins  arqué,  quoique  l'abdomen  soit  assez  renflé.  La  hauteur  du 
tronc  est  trois  fois  dans  la  longueur  totale.  La  tète  est  un  peu  plus  courte 
que  la  longueur  de  la  hauteur  du  corps.  L'œil  est  assez  grand  et  tout  à  fait 
sur  le  haut  de  la  joue,  sans  entamer  la  ligne  du  front.  Son  diamètre  fait  le 
tiers  de  la  longueur  de  la  tête.  Le  sous-orbitaire  est  asse^  large,  lisse,  sans 
écailles  ;  son  bord  antérieur  recouvre  le  maxillaire.  Le  préopercule  a  le  bord 
mince,  sans  aucunes  dentelures,  la  joue  est  couverte  de  trois  à  quatre  ran- 
gées de  petites  écailles.  L'opercule  est  arrondi,  peu  large,  et  son  angle  infé- 
rieur descend  jusqu'au  bord  horizontal  du  préopercule.  Le  sous-opercule  est 
rejeté  en  arrière.  L'interopercule  a  l'angle  arrondi.  Toutes  ces  pièces  sont 
dépourvues  d'écailles,  ainsi  que  les  branches  de  la  mâchoire  inférieure,  les- 
quelles sont  larges  et  fortes.  Quand  la  bouche  est  ouverte,  celle-ci  paraît 
dépasser  la  supérieure.  Chaque  mâchoire  porte  vme  rangée  de  dents  compri- 
mées, dont  le  bord  de  la  couronne  est  fortement  échancré.  Les  deux  lobes 
de  l'échancrure  sont  souvent  inégaux.  Il  y  a  un  second  rang  interne  de 
dents  plus  petites.  Je  trouve  4o  dents  en  haut  et  36  en  bas.  Je  ne  vois  ni  je 
ne  sens  aucune  dent  au  palais.  Les  deux  ouvertures  de  la  narine  sont  petites 
et  rapprochées  de  l'œil . 

»  L'oiiîe  est  largement  ouverte,  le  bord  membraneux  est  étroit,  ce  qui 
fait  paraître  le  bord  operculaire  de  l'ouverture  festonné.  La  membrane 
porte  six  rayons  d'un  côté  et  cinq  de  l'autre. 

»  La  dorsale  commence  à  l'aplomb  du  bord  de  l'opercule;  elle  est  basse; 
la  portion  molle,  quand  la  nageoire  est  abaissée^  se  prolonge  en  pointe.  Il  en 
est  de  même  de  l'anale.  La  caudale  est  un  peu  fourchue  ou  échancrée  ;  la 
pectorale,  étroite  et  pointue,  atteint  à  l'anus.  Voici  les  nombres  des  rayons 

B.  6  -  D.  {|  -  A|  -  C.  21  -  P.  12- Vf 

\m  corps  est  couvert  d'écailles  assez  fortes,  et  chargées  de  granulations  très- 
prononcées.  Le  bord  est  lisseet  sans  dentelures.  Les  écailles  s'avancent  sur  la 


(  7'4) 
tête  jusque  entre  les  yeux.  J'en  compte  vingt-quatre  rangées  entre  l'ouïe  et  la 
caudale.  La  ligne  latérale  est  interrompue  comme  celle  des  autres  congénères. 

»  La  couleur  est  un  plombé  un  peu  verdâtre  ou  cuivré  sur  le  dos,  de- 
venant presque  gris  sous  le  ventre  ;  le  tronc  est  traversé  par  cinq  ou  six  ban- 
des verticales  noires.  Il  y  a  une  tache  noire  foncée  sur  la  dernière  portion 
de  la  dorsale  épineuse,  et  sur  les  premiers  rayons  mous  de  cette  nageoire.  La 
portion  molle  est  traversée  par  trois  bandes  grises.  On  voit  des  marbrures 
de  ces  nuances  sur  la  caudale  et  sur  l'anale;  une  grosse  tache  noire  relève  la 
pointe  de  l'opercule. 

»  La  splanchnologie  de  ce  petit  Glyphisodon  offre  plusieurs  particularités 
assez  notables.  A  l'ouverture  de  l'abdomen  on  est  frappé  des  circonvolutions 
nombreuses  de  l'intestin;  c'est  lui  seul  que  l'on  voit.  En  écartant  un  peu  ces  plis 
pour  observer  le  canal  intestinal  et  les  viscères,  on  reconnaît  que  le  tube 
digestif  commence  par  se  porter  d'abord  dans  le  haut  de  l'abdomen,  sous  la 
vessie  aérienne  :  vers  le  bas  de  la  cavité,  il  se  plie  pour  remonter,  puis  il 
se  recourbe  en  faisant  huit  ou  neuf  circonvolutions  empelotonnées,  et 
revient  brusquement  sur  lui-même  pour  suivre  en  sens  contraire  les 
premiers  plis  de  l'intestin  qui  forment  des  anses  plus  grandes  à  mesure 
qu'elles  s'approchent  de  la  dernière  qui  conduit  à  l'anus.  Ainsi  donc  la 
portion  duodénale,  comme  la  portion  du  rectum,  sont  les  plus  longues,  et 
les  autres,  se  repliant  les  unes  dans  les  autres,  sont  d'autant  plus  courtes 
qu'elles  sont  près  du  pli  central.  L'estomac  est  très-petit,  c'est  à  peine  s'il 
fait  un  petit  renflement  après  le  pharynx.  Il  y  a  deux  cœcums,  l'un  assez 
gros,  l'autre  plus  court  et  plus  grêle.  Le  foie  est  très-petit  ;  sa  vésicule  du  fiel 
argentée  est  suspendue  à  un  canal  hépato-cholédoque  assez  long.  J'ai  dissé- 
qué une  femelle  dont  les  ovaires  étaient  faciles  à  voir,  mais  peu  développés. 
La  vessie  aérienne  est  assez  ample,  simple,  à  parois  minces  comme  celle 
de  la  plupart  de  ces  Acanthoptérygiens.  Le  péritoine  est  gris  tacheté  de  noir. 

«  Il  est  assez  curieux  de  suivre  les  plis  nombreux  de  l'intestin,  qui  a  35  à 
4o  centimètres  dans  un  poisson  dont  la  longueur  du  corps,  la  caudale  non 
comprise,  est  de  8  centimètres;  et  celle  de  la  cavité  abdominale  de  i5  milli- 
mètres seulement.  C'est  d'ailleurs  le  même  mode  employé  par  la  nature  pour 
faire  entrer  dans  la  petite  cavité  abdominale  de  plusieurs  autres  espèces 
comme  dans  les  hélostomes,  les  polyacanthes,  les  colisas,  et  aussi  parmi 
les  reptiles,  chez  les  têtards  de  batraciens,  un  très-long  canal  intestinal. 

»  Tout  ce  canal  est  rempli  d'un  limon  épais  dans  lequel  on  trouve  les  cara- 
paces siliceuses  de  ces  petites  Desmidiées  qui  abondent  dans  les  eaux 
salées  du  désert.  Nos  petits  Glyphisodons  se  nourrissent  donc  d'algues  sau- 
mâtres  ou  fluviatiles.  Ils  sont  du  très-petit  nombre  des  poissons  herbivores. 


(  7'5) 

»  Les  Glyphisodons  sortent  des  Chots  ou  lacs  du  désert  qui  n'assèchent 
jamais;  ils  remontent  dans  les  affluents  qui  perdent  leurs  eaux  pendant  les 
grandes  chaleurs;  mais  l'instinct  de  la  conservation  fait  revenir  à  temps  les 
poissons  vers  les  eaux  qui  arrosent  constamment  les  oasis  pendant  la  saison 
chaude. 

»  L'étude  des  circonstances  géographiques  dans  lesquelles  ces  petits 
poissons  ont  été  pris  m'a  été  rendue  plus  aisée  et  plus  certaine  par  les  ren- 
seignements que  m'a  procurés  S.  E.  M.  le  Maréchal  Ministre  de  la  Guerre; 
je  m'empresse  de  lui  en  adresser  ici  mes  remercîments, 

DES   TELLIA. 

0  M.  Guyon  m'a  également  remis  des  exemplaires  d'un  autre  petit 
poisson  qui  se  tient  dans  les  eaux  du  versant  nord  de  l'Atlas,  et  principa- 
lement dans  le  Sétif.  Ce  sont  les  espèces  nommées  par  M.  Gervais  Tellia 
apoda.  Ce  zélé  zoologiste  a  été  plus  heureux  dans  la  description  de  ce  pois- 
son que  pour  l'espèce  précédente.  Il  a  reconnu  ses  affinités  avec  les  Cypri- 
noïdes  apodes  que  j'ai  nommés  Orestias;  et,  comme  ceux-ci,  les  Tellia  sont 
des  poissons  des  plus  grandes  hauteurs  où  l'on  trouve  des  sources  dans 
l'Atlas.  Nos  exemplaires  ont  été  péchés  à  plus  de  4oo  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer.  Les  Orestias  sont  originaires  des  grands  lacs  des  Andes 
du  Pérou  ;  on  les  prend  dans  les  eaux  de  Cusco,  qui  se  rendent  dans  le  lac  de 
Titicaca,  à  45oo  mètres  au-dessus  de  l'océan  Pacifique.  L'Ichthyologie  s'en- 
richit maintenant  d'une  nouvelle  famille  dont  j'avais  pressenti  l'existence 
quand  j'ai  décrit  les  poissons  du  grand  lac  des  Cordillères.  Je  trouve  en  eux 
les  exemples  de  Cyprinoïdes  apodes,  comme  je  n'ai  pas  hésité  à  le  dire  en 
.  reconnaissant  les  affinités  des  Espadons,  des  Lépidopes,  des  Trichiures  que 
je  n'ai  pas  balancé  à  nommer  des  Scombéroïdes  apodes.  La  famille  des 
Orestidés  comprend  les  deux  genres  Orestias  et  Tellia,  et  elle  peut  être 
caractérisée  par  ce  peu  de  mots,  en  disant  qu'elle  est  composée  d'espèces  de 
Cyprinoïdes  apodes.  On  sait  d'ailleurs  que  ce  ne  sont  pas  les  seuls  exem- 
ples à  citer  dans  la  classe  des  poissons.  » 

analyse  mathématique.  —  Sur  la  résolution  de  l'équation  de  quatrième  degré; 

par  M.  Hermite. 

«  La  théorie  des  formes  cubiques  à  trois  indéterminées  conduit  à  plu- 
sieurs équations  remarquables  du  quatrième  degré  qui  jouent  en  particulier 
un  rôle  important  dans  la  détermination  des  points  d'inflexion  des  courbes 
du  troisième  ordre.  L'étude  de  ces  équations  m'ayant  fait  remarquer  qu'elles 
offrent  la  plus  étroite  affinité  avec  celles  qu'on  rencontre  dans  la  transfor- 
mation du  troisième  ordre  des  fonctions  elliptiques,  il  ne  m'a  pas  paru  inu- 

C.   R.,   i858,   I"  Semestre.   (T.  XLVI,  N»  13.)  9^ 


(7.6) 
tile  de  m'arrêter  à  ce  rapprochement  qui  peut-être  conduira  à  comparer  de 
même  les  équations  du  neuvième  degré  dont  dépendent  les  coordonnées 
des  points  d'inflexion,  avec  celle  qui  se  présente  pour  exprimer,  par  exem- 
ple, sin  am  ^  par  sin  amx.  Cette  analogie,  d'ailleurs,  m'a  ouvert  la  voie  poui- 

représenter  par  les  transcendantes  elliptiques  les  racines  de  l'équation 
générale  du  quatrième  degré,  ce  qui  était  le  résultat  auquel  je  désirais  prin- 
cipalement parvenir.  Avant  d'exposer  cette  recherche  qui  se  lie  naturelle- 
ment à  celles  que  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  sur 
l'équation  du  cinquième  degré,  je  rappellerai  l'origine  et  j'indiquerai  les 
propriétés  principales  de  ces  équations  spéciales  du  quatrième  degré, 
auxquelles  conduit  la  théorie  des  formes  cubiques  à  trois  indéterminées. 

»  Soient,  en  employant  les  mêmes  désignations  que  M.  Cayley  (*),  U  une 
forme  cubique  quelconque,  HU,  PU,  QU,  le  covariant  et  les  deux  formes 
adjointes  du  troisième  degré  par  rapport  aux  indéterminées,  S  etT  les  deux 
invariants  de  M.  Aronhold,  et  S,  une  quantité  définie  par  la  condition 

S'-+-S?  =  t», 
ces  équations  seront  : 

(i)         J\x)  =  x*-6S  x'-STx-?>S'  =  o, 

(2)  /,(a7)  =  a*-6S,a:^-8Tj:-3Sî  =  o, 

(3)  F(ic)=  i2S.r*-i-8Tj:'-6S*.r»-6STa?-r-jS»=o, 

et  voici  leurs  propriétés  essentielles.  Soient  <?  une  racine  de  la  première  et  A 
une  racine  de  la  troisième,  les  deux  fonctions 

c?U+6HU,     6APU  +  QU 

seront  décomposables  en  facteurs  linéaires.  Désignons  encore  par  â,  une 

(*)  Je  renverrai,'  pour  les  expressions  de  HU,  PU,  etc.,  au  beau  travail  du  savant  géomètre , 
publié  dans  les  Transactions  de  la  Société  Royale,  sous  le  titre  :  Third  memoir  upon  Quanties, 
et  je  me  bornerai  à  donner  ici  leurs  formes  canoniques  qui  sont  ; 

HU=  f  (x'+ j'»-|-z»)  —  (1  + 2  P) ajya, 

VU  =  —  l[x>+y*-JrZ^)  —  {i—^P)xxz, 

QU  =  (i  —  10  P)  (*'  +  ^> -+-«>)  —  6/'(5  4-4  l')xyz, 

s=— 4/  +  4/S 

T  =  i  — 20/'— 8/% 

S,=  i-f-8/'. 


* 

(  7'7  ) 
racine  de  l'équation  (2)  qui  a  été  déduite  de  l'équation  (1)  en  permi;tant  S 
et  S,,  on  aura 

en  nommatit  d,  le  déterminant  de  la  substitution  propre  à  réd uu-e  U  à  la 
forme  canonique 

X*  +  jr^ -\- z^  +  &lxjrz. 

Ces  qu-antités  <?,(?,,  A  auront  d'ailleurs  les  relations  suivante»  : 

^'  -  4^ 


Ceci  posé,  je  comparerai  d'abord  à  l'équation  modulaire 


f  *  -+-  a  m'  v'  —  luv  —  u*  =  o 


les  équations  (i)  et  (2).  On  sait  qu'en  faisant  u  =  (})(«),  On  a  pour  v  les  quatre 
valeurs  , 

or  en  posant 

on  obtiendra  pour  les  quatre  racines  ù  les  expressions  suivantes  : 


^^'  1        /  /,.,\\  /  /"»-+- a.  16' 

T 


93.. 


t 


(  7«8  ) 
»  Maintenant  si  l'on  change  S  en  S,,  afin  d'arriver  aux  formules  analo- 
gues pour  les  racines  â,  de  l'équation  (2),  on  sera  conduit  au  module 


l»^    Ws? 


T  +  ^Sf' 
or  à  la  relation  S*  -f-  SJ  =  T»  correspondra,  entre  k  et  /,  celle-ci  : 

d'où  résulte  immédiatement  cette  conséquence,  que  l'on  passe  de  c?  à  d*,,  en 
changeant  simplement  w  en -. 

»  Mais  il  est  une  autre  équation  du  quatrième  degré  que  présente  égale- 
ment la  transformation  du  troisième  ordre  des  fonctions  elliptiques,  et  à  la- 
quelle se  ramènent  d'une  manière  plus  immédiate  encore  les  équations  (  i  ) 
et  (2).  Je  veux  parler  de  la  relation  entre  le  multiplicateur  M  et  le  mo- 
dule k,  qui  est,  en  faisant  ^  ==  z  (*)  :  • 

2«_62^-8(i -2A»)-3  =  o. 


(*)  Jacobi  a  appelé  le  premier  l'attention  sur  ces  équations  qui  offrent  un  grand  intérêt, 
en  particulier  pour  cette  théorie  de  la  multiplication  complexe,  sur  laquelle  M.  Kronecker  a 
récemment  communiqué  à  l'Académie  de  Berlin  des  résultats  aussi  beaux  qu'importants.  Mais 
jusqu'ici  on  ne  connaissait  que  l'équation  doimée  par  Jacobi,  et  qui  se  rapporte  à  la  transfor- 
mation du  cinquième  ordre.  Celle  que  j'ai  employée  a  été  calculée  par  le  P.  Joubert  qui, 
suivant  l'exemple  donné  par  M.  Sohnke  pour  les  équations  modulaires,  s'est  occupé  avec, 
succès  de  leur  formation,  et  les  a  obtenues  pour  le  cinquième,  le  septième  et  le  onzième  ordre, 
sous  les  formes  suivantes  :  , 

(M  —  I  )W  M  —  ^  I -f- ^  AM" M>  =  0, 
k''(M+  i)MM  — -|  -i-*'(M  — i)'(m-+--J  -4-3.2'>t'X"lVl«  -f- —  A'*"(*»— >f")M'  =  o, 

*"(M-f-  i)"[m  —  — )  -(-X'(M—  1)"  /m  r+-— )  +  ~  i'fc"  {/i'  —  A")  {i5  —  -2"  i'  k")n" 

-H  3 .  2U'  A"  (  I  II  -(-  2»  /t' it"  )  M'°  +  83 . 2" .  /t'  /•"  (  A'  —  /t" }  M»  4-  2 1 .  2U>  f:"  M* 
-h  2"  *' A"  (/t' —  X")  M' -H  33 . 2' /f  '  A"  M«  =  o. 

Un  autre  résultat  très-intéressant,  obtenu  aussi  par  le  P.  Joubert,  consiste  en  ce  que,  si  l'on 
nomme  M,  M',  M",  etc.,  les  racines  de  l'équation  pour  le  cinquième  ordre,  la  fonction  sui- 
vante des  racines  analogue  à  celle  qui  m'a  donné  la  résolution  de  l'équation  de  M.  Jerrard, 


(  7'9  ) 
»  En  comparant  cette  équation  avecréquation(i),  introduisant  le  module 


A*  = 


?.  Vs" 


et  faisant  usage  de  l'expression  de  M  donnée  par  Jacobi  dans  les  Funda- 
menta,  on  obtient  pour  les  quatre  racines  &,  les  valeurs  suivantes  : 


(5) 


iVs 


y/s 


sin»  am  ^K 

_  ^^ 

sin'  coam  ^  K 

sin'  am  |  i  K' 

-  _    _         , 

sin'  coam  ^  i  K' 


sin'amî(KH-jK') 


sin»  coam  ï(K4-iIL') 


v^s 


sin'am|(K— iK') 
sin»  coam  |{K—  iK') 


A  ces  formules  je  joindrai  celles  qui  représentent  les  racines  A  de  l'équa- 
tion (3)j  et  où  les  fonctions  elliptiques  ont  encore  le  même  module,  savoir  : 


(6) 


4 

I  +  cos»  am  5  K 
sm'  am  —  K 


I  +  cos'  am  ~  i  K' 

iVs- .       ' 

^  sin'am^/K' 


Vs 


ifs 


I  ■+■  cos'am  ^  (K  +  i  K'  ) 


sin»amï(K-(-/K') 

I  -t-cos'am3{K  — jK') 

sin'am|(.K  — iK') 


»  Voici  donc,  au  point  de  vue  où  je  me  suis  placé  dans  mes  recherches 
sur  l'équation  du  cinquième  degré,  la  résolution  de  ces  équations  spéciales 
du  quatrième  degré  qui  s'offrent  dans  la  théorie  des  formes  cubiquies  à  trois 
variables.  Ces  résultats,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  ouvrent  la  voie  pour 
traiter  d'une  manière  analogue  l'équation  générale,  et  parvenir  à  exprimer 
séparément  les  racines  par  des  fonctions  bien  déterminées.  Mais  avant  d'en- 


savoir  : 


*  =  5  (M  —  M')  (M"  —  M")  (M"—  M') 
satisfait  à  cette  équation  : 

«■(«' -+- 5» .  2»  *»  A'»)' =  5' . 2»» . /■•  *"  (i  —  4  ^' *'»)  ^. 

A  la  vérité  on  n'obtient  pas  immédiatement  ainsi  la  forme  simple  de  M.  Jerrard,  mais  j'ai 
remarqué  qu'on  y  parvenait  en  employant  la  substitution 


X  = 


15  :l-. 


x'+5'.2.'A'/i"^ 


comme  on  peut  le  vérifier  aisément. 


(  7^o  ) 
lier  clans  cette  recherche,  qui  exige  des  principes  dont  je  parlerai  dans  un 
autre  article,  je  ferai  encore  une  remarque  essentielle  sur  les  formules  pré- 
cédentes. Elles  dépendent  du  radical  y'S^  et  il  importe  de  bien  saisir  de 
quelle  manière  elles  subsistent  dans  leur  ensemble,  lorsque  l'on  change  le 
signe  de  ce  radical.  Considérons  en  particulier  les  formules  (5  ),  on  reconnaît 
d'abord  qu'en  mettant  —  v^S  au  lieu  de  ^S,  le  module  se  change  dans  son 
complément.  Or,  on  sait  par  la  théorie  de  la  transformation  que  le  multi- 
plicateur M,  lorsque  l'on  y  reinplace  k  par  k',  se  change  en  —  M.  Nos  for- 
mules restent  donc  les  mêmes,  parce  que  les  deux  facteurs  qui  y  entrent 
deviennent  simultanément  de  signes  opposés.  Chacune  des  racines  cepen- 
dant ne  reste  pas  la  même  lorsque  l'on  change  ainsi  le  module  dans  son  com- 
plément, ou   Cl)  en 5  et  le  tableau  suivant,  montrant  de  quelle  manière 

elles  s'échangent  alors  les  unes  dans  les  autres,  fera  bien  complètement  sai- 
sir toutes  les  conséquences  de  l'ambiguïté  inhérente  au  radical  que  nous 
avons  employé.  .  ' 

4 

sm'  am  ^  K 

v's- —j-, 

sm'  coam  ^  K 
sin'  am  —iK' 


VS- 


TT,' 


sin'  coam  ^  iK' 


y/S- 


sin'am  ^(K-f-'K') 


VS- 


sin^  coam  2(K  +  j  K') 

sin' ara  I  {K  —  iK') 

sin'  coam  ^(K  — /K') 


v's 

$in'am|(K' 

sm'  coam  ^  i  K' 

Vs 

sin'  am  1  K 

I 

.       ■     4    '■ 

sm'  coam  ^  K 

z 

4 
sin»am|(K  — jK') 

Vs 

A 
sm'coam  ^  [K  —  iK'} 

!r* 

A 
sm»am|(K-f-iK'} 

sin»  coam  |(R4-»K') 


»  Les  formules  relatives  aux  racines  A  donnent  lieu  à  des  résultats  entiè- 
rement semblables,  et  quant  aux  formules  (4),  je  me  bornerai  à  remarquer 
que  les  deux  modules 

3  v's*.       „,      T-t-v'S' 


et 


étaat  réciproques,  elles  sont  identiques  au  fond  avec  les  formules  (5)  et 
peuvent  s'y  ramener  par  la  substitution  de  — —  à  w.  Je  ne  m'arrêterai  pas 


(  7*1  ) 
non  plus  aux  relations  qui  existent  entre  les  racines  de  chacune  des  équa- 
tions J{x)  =  o,f,  {x)  =  o,  F(x)  =  o,  et  auxquelles  conduisent  aisément 
tes  expressions  que  nous  avons  données.  Seulement  j'observerai  que  ces 
équations,  comme  celles  de  la  théorie. des  fonctions  elliptiques  que  j'ai 
employées,  n'appartiennent  pas  au  type  d'irrationnalités  le  plus  complexe  de 
l'équation  générale  du  quatrième  degré.  Effectivement,  si  l'on  considère  à 
leur  égard  l'équation  en  V  de  Galois,  dont  le  degré  distingue  et  caractérise 
d'une  manière  si  précise  ce  qu'on  peut  appeler  les  divers  ordres  d irrationnalitéa, 
on  la  trouve  seulement  du  douzième  degré,  tandis  que  dans  le  cas  général  elle 
est  nécessairement  du  vingt-quatuième.  Il  existe  donc  pour  ces  équations  des 
fonctions  non  symétriques,  exprimables  rationnellement  par  les  coefficients, 
et  le  type  de  ces  fonctions  est  donné  très-simplement  par  le  produit  des  six 
différences  des  racines.  De  là  découlent,  pour  la  théorie  des  fonctions  ellip- 
tiques, d'importantes  conséquences,  se  résumant  dans  ce  fait,  que  le  produit 
des  deux  fonctions  y  (  co)  et  i];  (w)  est  /e  cube  d'une  nouvelle  fonction  également 
bien  déterminée.  Une  formule  depuis  longtemps  obtenue  par  Jacobi  {Fun- 
damenta,  §  36,  équat.  4)  donnait  déjà,  il  est  vrai,  la  notion  de  cette  nouvelle 
transcendante,  mais  sans  conduire  à  aucune  dç  ses  propriétés,  que  je  vais 
indiquer  succinctement  en  terminant, cette  Note.  Et  d'abord  je  la  définirai 
par  l'équation 

X(")  =  vâ.'V7(i-9)(«-H7*)(.-7')('  +  /)— 

en  faisant  toujours  q  =  e'^" ,  de  sorte  que,  relativement  à  u,  on  obtienne 
une  expression  entièrement  déterminée.  Cela  posé,  on  aura  ces  relations 
qui  se  démontrent  immédiatement,  savoir  : 

»    Voici  maintenant  celles  qui    se  rapportent  aux  substitutions  de  la 

forme     _^  ,    ,  a,  b,  c,  d  étant  des  nombres  entiers  assujettis  à  la  condition 

ad  —  bc=i,  et  qu'il  importait  surtout  d'obtenir.  Distinguant,  ainsi  que  je 
J'ai  déjà  fait  dans  une  circonstance  toute  semblable,  ces  substitutions  en  six 
classes  (Compto  rendus,  page  5i  i),  et  posant,  pour  abréger, 

^^  (ai  +  jc-t- iii  —  ab'c) 


(  7*2  ) 


on  aura 


(')         x(:-±f:)=«(»)(f>-^"'-^' 


3iir 


-5-  (ai  -H  c<i) 


3'"  ,  1         j% 
— -  (ai  -4-  ed) 

e  ** 


-^(ai-t-rd) 


»  Les  symboles  (-j,  (j)  indiquent,  suivant  l'usage,  le  caractère  qua- 
dratique du  dénominateur  par  rapport  au  nombre  2. 

»  J'espère  pouvoir  présenter  dans  une  autre  occasion  les  conséquences 
de  ces  théorèmes  pour  l'arithmétique.   » 

CHIRURGIE.  —   Note  sur  six  observations  nouvelles  d évidements  osseux,  offrant 
-  des  différences  sous  le  rapport  du  siège,  de  la  nature  et  de  la  gravité  des 
lésions,  mais  se  ressemblant  toutes  par  la  simplicité  et  C innocuité  des  résultats; 
par  M.  C.  Sédii-lot. 

«  I^a  forme  des  lambeaux  a  été  modifiée  dans  quçlques  cas ,  mais  nous 
n'avons  pas  cessé  de  poursuivre  le  même  but,  si  heureusement  signalé  par 
M.  Flourens  :  »  La  régénératiou  de  l'os  par  le  périoste  conservé.  »  Deux 
résections,  l'une  coxo-fémorale,  l'autre  huméro -cubitale,  figurent  parmi 
les  faits  dont  nous  rapportons  l'histoire,  f^es  autres  évidements  ont  porté  : 
deux  fois  sur  le  fémur,  dont  les  condyles  ont  dû  être  excavés  sur  une  jeune 
fille,  et  deux  fois  sur  l'extrémité  inférieure  du  tibia.  Ces  opérations  n'ont 
entraîné  aucun  accident  et  permettent  d'espérer  la  guérison  des  malades,, 
puisque  la  dernière  compte  déjà  plus  de  trois  semaines  de  date. 

»  Nous  avions,  dans  notre  première  communication  sur  l'évidement  des 
os,  comme  moyen  d'en  conserver  les  formes  et  les  fonctions,  fait  remarquer 


(  7^5  ) 
le  peu  dte  danger  des  plaies»  souvent  très-étendties,  que  nous  pratiquions,  et 
iio«8  en  avions  attribué  la  cause  à  Fint^ritié?  dtes  nerfs  et  des  vaisseaux 
principaux,  à  l'absence  de  tmit  étranglement  et  à  la  libre  issue  fournie  aux 
liquides,  dont  la  rétention  et  la  décomposition  étaient  prévenues.  L'expé- 
rience a  confirmé  cette  appréciation  et  a  montré  de  nouveau  qu'on  n'avait 
pas  à  redouter  d'hémorragies  primitives  ni  consécutives.  ITous  avons  pu, 
dans  nos  siix  dernière.s  opérations,  nous  abstenir  dfe  toute  ligature  et  nous 
borner  à  des  compressions  momentanées  dont  le  succès  a  été  complet,  même 
sur  tes  artériofes  nombreuses  et  très-développées  que  Fou  rencontre  dans 
la  plupart  des  lésions  chroniques,  et  qui  existaient  chez  nos  malades,  parti- 
culièrement dans  le  péritaste  ou  à  la  surface  d'e  cette  membrane.  La  grande 
•facilité  que  l'on  éprouve  à  se  rendre  maître  des  hémorragies,  dépend  du 
relâchjement  des  tissus  par  1^  dissection  et  le  refoulement  dies  parties  molles. 
Les  artérioles  se  rétractent,  s'affaissent,  se  plissent  et  cessent  bientôt  de 
donner  du  sang.  Aussi  1^  ligature  peut-ell'e  être  considérée,  dans  Tes  évide- 
ments  osseux,  comme  un-  procédé  d'une  application  exceptionnelle.  I^a 
pression  des  dtoigts  ou  Kemploi  de  larges  plaques  d'agaric  sur  les  surfaces 
traumatiques,  préviennent  suffisamment  les  hémorragies  artérielles,  vei- 
neuses ou  capillaires,  pendant  les  manœuvres  opératoires,  d'ont  la  durée 
est  parfois  assez  prolongée. 

»  Une  de  nos  opérations,  la  résection  du  coude,  diffère; peu,  au  premier 
aspect,  de  la  pratique  habituelle.  Les  différences  se  fondent  d'ans  une  tran- 
sition régulière,  et  la  nouvelle  méthode  s'appliaudit  dtes  moindres  perfec- 
tionnements qu'elle  est  en  mesure  d'iinprimer  à  dfes  opérations  déjà  recon- 
nues excellentes  et  d'une  incontestable  efficacité. 

»  L'étude  des  maladies  organiques  du  système  osseux  trouvera,  sans 
aucun  doute,  d'utiles  enseignements  dans  les  opérations  d'évidements,  et 
nous  aurons  l'honneur  d'en  communiquer  à  l'Académie  les  résultats  défi- 
nitife,  pour  chacun  de  nos  malades,  afin  d'en  mieux  faire  apprécier  les 
indications,  les  ressources  et  la  valeur. 

»  ObseivationY'(^i).  —  Coxalgie  droite,  datant  de  quatre  ans.  Luxation 
du  fémur,  avec  carie,  abcès  et  trajets  fistuleux  multiples,  depuis  vingt-six 
mois.  Résection  de  l'extrémité  supérieure  dii  fémur,  au  niveau  du  petit 
troehanter,  par  séparation  et  dissection  an  périoste.  Evidement  de  la 
diaphyse  osseuse  dans  l'étendue  de  plus  d'un  décimètre.  Aucun  accident. 

(i)  Les  quatre  premières  appartiennent  à  notre  précédente  communication  sur  le  même 
sujet . 

G.  R.,  i858,  i«  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  18.)  94 


(,,724  )  ' 

»  Perrin ,  Vilhelme,  âgé  de  trente  et  un  ans,  soldat  au  1 4*  bataillon  de  chas- 
seurs à  pied,  fut  atteint,  en  Afrique  i854,  d'un  commencement  de  coxal- 
gie droite  dont  il  attribue  la  cause  à  des  refroidissements  de  bivouac.  Ce 
militaire,  d'une  constitution  moyenne,  fut  obligé  d'entrer  plusieurs  fois 
dans  les  hôpitaux  par  suite  de  rechutes  et  d'aggravations  successives  de  son 
affection.  Des  abcès  et  des  trajets  fistuleux  se  formèrent  dans  toute  la  moi- 
tié supérieure  du  membre,  la  cuisse  se  luxa,  et  depuis  vingt -six  mois 
Perrin,  traité  à  l'hôpital  militaire  de  Strasbourg,  n'a  plus  quitté  le  lit.  Le 
raccourcissement  du  membre  était  de  cinq  travers  de  doigt.  Révulsifs,  vési- 
catoires,  cautères,  moxas,  injections  iodées,  régime  tonique,  etc.,  restèrent 
sans  succès.  Ce  malade  semblait  dans  une  position  désespérée,  s'affaiblissant 
par  l'abondance  de  la  suppuration,  par  la  douleur,  l'insomnie,  l'inappé- 
tence, lorsque  je  me  décidai,  comme  dernière  chance  de  salut,  à  lui  prati- 
quer l'ablation  et  l'évidement  des  parties  cariées  et  ramollies  du  fémur. 
Perrin  accueillit  l'idée  de  cette  opération  avec  empressement,  et  nous  y 
procédâmes  le  17  mars  i858,  en  présence  de  MM.  les  médecins  principaux 
Leuret  et  Haspel,  des  autres  médecins  de  la  garnison,  de  MM.  Aronhson, 
Hergott,  Morel,  Boeckel,  professeurs  agrégés  de  la  Faculté,  et  de  quelques 
autres  confrères. 

»  Une  première  incision  de  26  centimètres  de  longueur  dépassa  en 
haut  la  saillie  du  grand  trochanter,  fut  dirigée  en  avant  et  un  peu  en  dedans 
de  cette  apophyse,  et  se  termina  dans  l'épaisseur  du  muscle  vaste  externe. 
Deux  autres  incisions  perpendiculaires  tombèrent  sur  les  extrémités  de  la 
première  et  servirent  à  former  deux  lambeaux,  qui  furent  renversés,  l'un 
en  avant  et  l'autre  en  arrière.  Les  attaches  musculaires,  si  nombreuses  et 
si  épaisses  du  grand  trochanter  et  de  la  portion  attenante  du  ftmur,  furent 
ainsi  ménagées  et  le  périoste  incisé  dans  toute  l'étendue  de  la  plaie. 

»  La  tête  du  fémur  était  atrophiée  et  à  nu.  Le  périoste  trochantérien 
épaissi,  induré  et  peu  adhérent,  je  le  détachai  sans  difficultés  avec  le  manche 
d'un  scalpel  et  une  rugine.  Je  coupai  le  fémur  tuméfié  et  devenu  assez  friable, 
au-dessous  du  grand  trochanter,  en  me  servant  d'un  ciseau  et  du  maillet. 
De  nombreuses  et  larges  esquilles  furent  détachées  ;  le  périoste  de  la  dia- 
physe  fémorale  renversé  à  droite  et  à  gauche  et  l'évidement  osseux  poursuivi 
jusqu'à  l'extrémité  inférieure  de  la  plaie.  L'os  était  hypertrophié,  très-vas- 
culaire,  percé  d'ouvertures  fistuleuses,  larges  et  multiples,  mais  était  resté 
dur  et  résistant  dans  ses  portions  intermédiaires.  Le  canal  médullaire  était 
élargi,  offrait  moins  de  consistance  qu'à  l'état  normal  et  était  rempli  de 
graisse,  de  végétations  fongueuses  et  de  pus. 


■  -    (  7*5) 

»  Aucune  artère  ne  fut  liée..  La  compression  digitale  suffit  à  suspendre 
l'hémorragie  des  volumineuses  artérioles  répandues  à  la  surface  et  dans 
l'épaisseur  du  périoste,  et  de  larges  plaques  d'agaric,  appliquées  et  mainte- 
nues sur  la  plaie,  prévinrent  une  trop  grande  perte  de  sang  par  les  capil- 
laires. 

»  La  cavité  cotyloïde  était  dénudée,  sans  trace  de  cartilage,  et  réduite  à 
une  surface  inégale  et  peu  profonde;  je  la  ruginai  avec  soin  et  la  plaie  fut 
pansée  avec  un  linge  fenêtre,  dans  lequel  j'engageai  profondément  de  grps 
tampons  de  charpie  pour  en  écarter  les  bords. 

»  Peu  de  réaction  ;  aucun  accident.  La  suppuration  est  très-abondante 
et  les  pansements  se  font  en  plaçant  le  malade  sur  le  bord  de  son  lit  pour 
que  les  chairs  s'entr' ouvrent  spontanément  et  sans  douleur.  Des  injections 
aromatiques  tièdes  entraînent  le  pus.  Les  surfaces  traumatiques,  qui  pré- 
sentent 26  centimètres  de  hauteur  sur  i3  de  largeur  et  1[^  de  profondeur, 
au  niveau  de  la  cavité  cotyloïde,  prennent  rapidement  un  très-bon  aspect. 
Le  malade  ne  souffre  plus,  reprend  de  l'appétit  et  du  sommeil,  et  se  trouve 
au  bout  de  trois  semaines  dans  les  conditions.curatives  les  plus  favorables. 

»  Nous  nous  sommes  occupés  avec  M.  le  docteur  Leuret,  qui  préside 
aux  pansements  et  au  traitement  journalier  du  malade,  des  moyens  de 
ramener  le  membre  blessé  à  une  direction  convenable  et  à  une  complète 
immobilité,  pour  faciliter  la  régénération  osseuse.  Nous  comptons  avoir 
recours  à  un  système  d'attelles  approprié,  et  les  suites  de  l'opération  seront, 
au  point  de  vue  de  la  reconstitution  du  fémur,  d'un  grand  intérêt. 

»  Observation  VP.  —  Arthrite  du  coude  gauche.  Fractures  traumatiques 
intra-articulaires.  Suppuration.  Accidents  graves.  Résection  de  la  troklée 
humérale,  évidement  de  l'extrémité  inférieure  de  l'humérus. 

»  Mantzer,  Antoine,  d'Appenzel  (Suisse),  âgé  de  trente  et  un  ans,  est  entré 
à  la  clinique  le  12  février  i858.  Ce  malade,  d'une  constitution  moyenne, 
avait  fait  une  chute,  un  an  auparavant,  sur  le  coude  gauche  et  avait  con- 
tinué à  travailler,  quoique  les  mouvements  d'extension  forcée  de  l'avant- 
bras  sur  le  bras  fussent  restés  gênés  et  doidoureux. 

n  Le  8  février  i858,  Mantzer  ayant  glissé  de  son  lit,  pendant  la  nuit, 
chercha  à  se  retenir  de  la  main  gauche  et  sentit  un  craquement  dans  le  coude 
du  même  côté.  Il  se  mit  cependant  au  travail  dès  le  matin ,  mais  l'enflure 
du  membre  et  la  souffrance  faisant  des  progrès,  il  fut  conduit,  de  la  ferme 
où  il  travaillait ,  près  de  Strasbourg,  à  notre  clinique. 

»  Une  arthrite  aiguë,  succédant  à  une  arthrite  chronique,  parut  évi- 
dente et  on  n'osa  pas,  en  raison  de  la  ti»méfaction  et  de  l'extrême  irritabilité 

94.. 


(  7*6  ) 
<U^  fiarties,  ipnocéder  iminédiiatenient  à  un  diagnostic  ^îlus  précis.  Ou  se 
bonoa  à  constater  que  les  rapports  osseux  étaient  normaux.  La  douleur «st 
très-vive;  des  abcès  se  foriuent  et  sout  ouverts;  on  sent  des  portions  de  l'hu- 
mérus à  HU.  Le  malade  réclame  la  désarticulation  de  toirt  le  bras,  do>n4: 
l'endolorissement  s'étend  à  l'épaule,  et  il  prétend  que  c'est  le  seul  tB03«en 
de  .le  sauver.  Je  me  décide,  le  6  mars  j858,  à  pratique*"  la  résection  du 
comde,avecraide  de  mes  confrères  HergotL,Boeckel,Coignard,Colonna,  etc. 
Une  première  incision  longitudinal*  passe  sur  le  sommet  de  l'olécrane  et 
est  coupée  à  angle  droit  par  une  deuxième  Lncisioa,  partant  du  milieu  de  la 
première,  au  niveau  de  l'interligne  articulaire  et  s'étendant transversalement, 
uUipeu  au  delà  de  l'épitroklée. 

»  L'olécrane  abattu  d'un  coup  de  scie,  je  détache  avec  la  scie  à  cha.ine  la 
troklée  huméj-aJe,  dont  le  milieu  est  fracturé  de  haut  en  J&as,  sans  ruptui* 
complète  du  cartilage  de  revêtement.  Le  tissu  osseux  est  hyipéréHiié  et  ra- 
molli. Un  noyau  osseux,  arrondi  et  eu  partie  cartilagineux,  flotte  libre- 
ment dans  la  jointure,  qui  est  remplie  de  pus,  et  offre  encore  une  petite 
surface  de  jonction,  par  laquelle  il  tenait  primitivement  au  reste  de  l'os. 
Nous  évidons  la  face  .postérieure  de  l'humérus,  dont  le  tissu  aréo4aire  est 
ramolli  et  infiltré  de  pus,  et  nous  enlevons  presque  entièrenaent  l'éipitroklée 
et  l'épicoudyle.  Les  rapports  de  la  face  antérieure  de  l'humérus  sojit  con*- 
plétement  ménagés.  Peu  de  réactiojj,  aucim  aoci<lenit.  Pansements  simples. 
Le  malade  va  parfaitement  (9  avrd  i858),  et  tout  permet  d'espérer  une 
heureuse  guérison.  JVous  eussions  été  obligés  de  sacrifier  une  beaucoup 
plus  grande  étendue  de  l'iMunérus,  si  nous  n'eussions  pas  eu  recours  à  l'évi- 
denaent,  qui  nous  a  permis  de  ne  pas  toucher  au  périoste  de  la  circon- 
férence antérieure  de  l'extrémité  humérale.  Comme  conséquences,  moins 
de  délabremejjt  articulaire,  plaie  plus  étroite,  rapports  des  parties  molles 
mieux  conservés  et  moins  de  diminution  dans  la  longueur  du  membre. 

»  Observation  Vil".  —  Carie  el  abcès  fistuleux  multiples  de  l'extrémité 
inférieure  du  fémur  droit.  Évidement  d'une  portion  de  la  diaphvse  et  des 
condylés.  .\ucun  accident. 

«  Kaulf,  Caroline,  âgée  de  treize  ans,  et  élevée  à  l'hospice  des  Orphelins, 
me  fut  adressées  la  clinique  par  M.  le  D'  Wiéger,  professeur  agrégé  de  la 
Faculté.  Cette  jeune  fille,  forte  et  grande  pour  son  âge,  s'était  enfoncé,  deux 
ans  auparavaut,  une  épingle  dans  la  cuisse,  et  l'os  avait  été  atteint.  Des 
symptômes  d'ostéite  étaient  survenus,  des  abcès  avaient  été  ouverts  et  étaient 
restés  fistuleux.  Uue  portion  de  l'épingle  rouillée  etérodée  était  sortie  avec 
le  pus  ;  mais  l'affection  avait  continué  à  s'aggraver,  et  la  malade  présentait 


(  7^7  ) 
le  fiowg  des  taces  iateme^  ejctseinie  de  la  caisse ^ie  iKimbreuses  fiititles;  tjtii 
cwiwinisHient  idans  l'imériewr  dti  fémur  et  fourmssMent  trne  assex  abowdanre 
sBppairaUion. 

■»  Jj'évidewient  fut  pratiqué  le  1 3  mars  1 8&8,  en  préseiîce  de  MM.  Hergotf, 
Coignard,  Colonna,  etc.  Un  sewl  lambeau  à  bordîibre  postérieur  et  à  extré- 
mités anrondies,  de  17  (cenlfimèlres  de  icwiigueiir,  wiit  à  ttu  la  face  externe  de 
J  os,  q»i  étâfit  timiéfié  «t  semé  d'ouvertowes  fistuleuses.  La  cavité  •médtiMah-e 
étairt:  très-vaste,  remplie  de  graisse  et  de  chairs  fongueuses,  etîe  tissu  aréo- 
4»ire  'éitait  si  friable,  que  nous  piàwies  ex<^aver  les  coiidyles  fémoraux  ayec 
une  simple  gouge  coudée  cowïduite  à  la  maiti.  Aucune  ligature;  pansement 
simple,  peu  de  réaction,  pas  d'accidents.  La  malade,  après  quelques  jours 
fiasses  à  (lltôrpiitai.,  est  rétoornée  aux  Orphelrns,  où  élk  corrtimïe  (19  avril 
1 853)  à  se  bien  (porter. 

»■  Obserwation  VIII".  —Ostéite,  carie  et  néorose  de  l'extrémité  inférieure 
du  fémur  droit.  Extraction  d'-un  volaimineux  séquestre,  évidement  osseux. 
Aiucon  accident. 

»  Schwartz,  Joseph-,  d'Ebersheitn,  âgé  ée  vingt-sept  ans,  me  fut  adressé  à 
la  clinique  le  18  mars  i858,  par  M.  le  baron  Tavertiier,  médecin  àScbéles- 
tadt.  Le  malade,  d'une  constitution  faible  et  appau'vrie,  avait  depuis  onze  ans 
r«xtrémité  hiférieure  du  iféittiar  droit  tuméfiée  et  ■fistaleuse.  De  nombreux 
abcès  s'étaient  ouverts  aux  faces  internent 'externe  de  \a  cuisse, et  rextrémité 
d'un  séquest!^  >tra-vereait  la  peau  dans  •ce  iiernier  sens  à  i  décimètre  environ 
au-dessus  du  genou,  et  paraissait  complètement  immobilisée. 

»  L'extraction  du  séquestre  et  l'évidement  du  fémur  furertt  pratiqfités, 
le  ao  mars  i858,  en  présence  de  MM.  Hergott,  Boedcel,€oignard,  Colonna, 
Leroux  et  de  quelques  autres  confrères.  Le  séqttestre  s'étendait  'en  arrière 
du  membre  jusqu'auprès  dfi  niveau  des  condytes,  où  il  offrait  beaiicoup 
d'épaisseur  et  de  largeur.  Il  fut  dégagé  et  extrait.  La  cavité  fémorale  évidée 
et  débarrassée  d'un  second  séquestre  comparativement  très-petit  (2  centi- 
mètres <ie  longueur).  Pansement  simple,  peu  de  réartion,  aucun  accident. 
Le  malade  va  très-bien  (9  avril  i658),  -et  sa  plaie  marche  franchement  vers 
la  guérison.  , 

»  Observation  IX*.  —  Carie  avec  fistules  multiples  de  l'extrémité  îri)^- 
rieiue  du  tibia  gauche.  Gonflement  de  l'articulation  tibio-tarsienne.  ÎM- 
dementtibial.  Aucun  accident.  '■'■'* 

»  Franck,  Caroline,  d'Epsig  (Bas-Rhin),  âgée  de  dix-huit  ans,  d'une  con- 
stitution un  peu.  lymphatique,  me  fut  adressée  à  la  clinique  par  M.  le 
D'  Aronhson,  professeur  agrégé  de  la  Faculté.  Cette  jeune  fille  avait  été 


(  7a8  ) 
atteinte  d'une  entorse  grave  trois  ans  auparavant  et  en  avait  toujours  souf- 
fer-t.  Depuis  huit  mois  l'affection  s'est  aggravée  et  la  malade  a  été  condamnée, 
par  la  violence  des  douleurs  et  la  tuméfaction  du  membre,  à  garder  le  lit. 
Des  abcès  fistuleux  se  sont  ouverts  aux  deux  malléoles,  et  le  stylet  traverse 
sans  obstacle  toute  l'épaisseur  du  tibia  de  part  en  part. 

»  L'évidement  du  tibia  est  pratiqué  le  i6  mars,  en  présence  de 
MM.  Aronhson,  Hergott,  Boeckel,  Coignard,  Colonna  et  de  quelques  autres 
confrères.  Le  tissu  osseux  est  ramolli,  friable  et  comme  converti,  surtout 
intérieurement,  en  tissu  graisseux.  Il  suffit  d'une  légère  pression  sur  une 
gouge  coudée,  pour  excaver  la  malléole,  l'extrémité  articulaire  de  l'os  et 
luie  portion  de  la  diaphyse,  dans  une  étendue  de  8  à  lo  centimètres;  l'os 
est  ramolli  beaucoup  plus  haut.  Nous  ne  croyons  pas,  néanmoins,  néces- 
saire de  prolonger  l'évidement,  dans  l'espoir  que  la  régénération  osseuse 
pourra  triompher  de  ces  modifications  morbides,  puis  que  la  lésion  pro- 
duite par  l'entorse  aura  été  combattue  dans  son  siège  primitif. 

»  Pansement  simple.  Réaction  assez  vive;  gonflement  considérable  et 
endolorissement  de  la  plaie.  (L'hôpital  subit,  en  ce  moment,  l'influence  du 
typhus  puerpéral.)  Cependant  la  détersion  de  la  plaie  s'opère,  et  aujour- 
d'hui, 9  avril,  la  malade  ne  souffre  plus  et  va  bien. 

»  Observation  X*.  —  Ostéite,  avec  abcès  et  fistules  du  tibia  droit,  au  tiers 
inférieur;  évidement.  Aucun  accident. 

»  Gangloff,  Rose,  âgée  de  treize  ans,  d'une  constitution  délicate  et  peu 
développée,  entre  à  la  clinique  le  lo  mars  i858.  Le  tiers  inférieur  du  tibia 
droit  est  tuméfié,  ramolli,  friable,  facile  à  traverser  avec  un  stylet.  La  ma- 
ladie, sans  causes  connues,  date  de  sept.  mois.  Trois  petits  fragments  osseux 
de  tissu  aréolaire  ont  été  entraînés  par  la  suppuration  au  travers  des  ouver- 
tures fistuleuses  qui  sont  multiples.  L'articulation  n'est  pas  douloureuse  et 
paraît  intacte. 

»  Évidement  le  i8  mars;  le  canal  médullaire  est  ramolli,  et  on  constate 
une  sorte  d'érosion,  avec  perte  de  substance,  de  la  grandeur  d'une  pièce  de 
vingt  sous,  dans  la  portion  du  tibia  qui  correspond  au  péroné.  Gonflement 
consécutif  delà  plaie.  Irritabilité  et  endolorissement  des  tissus.  (Influence 
probable  du  typhus  puerpéral  qui  règne  à  l'hôpital  ;  voir  Observation  IX*.) 
Huit  jours  plus  tard,  la  plaie  se  déterge,  s'affaisse,  prend  un  meilleur  aspect, 
et  la  malade,  depuis  ce  moment  jusqu'à  ce  jour  (9  avril  i858),  n'a  plus 
offert  aucun  accident  et  se  trouve  en  voie  de  guérison.  » 


(  7^9  ) 

M.  Eue  de  Beaumont  présente  au  nom  de  M,  Murchison  un  opuscule  sur 
les  roches  siluriennes  de  Norwége  et  leurs  fossiles,  d'après  les  travaux  de 
M.  Th.  Kjerulf,  et  sur  celles  des  provinces  russes  de  la  Baltique  d'après 
M.  Schmidt,  les  unes  et  les  autres  comparées  avec  leurs  équivalents  dans  la 
Grande-Bretagne. 

M.  d'Archiac  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  publication  et  à 
la  faire  connaître  à  l'Académie  par  un  Rapport  verbal. 

RAPPORTS. 

Rapport  de  la  Section  de  Géométrie 
sur  un  article  de  correspondance  qui  a  été  renvoyé  à  son  examen  (i). 

«  La  Section  de  Géométrie  a  été  appelée  à  donner  son  avis,  sur  une  de- 
mande qui  a  été  adressée  à  l'Académie  par  M.  Benjamin  Fillon ,  membre  de 
la  Société  des  Antiquaires  de  France,  résidant  à  Fontenay-Vendée.  Nous 
allons  nous  acquitter  de  ce  devoir. 

»  C'est  à  Fontenay-Vendée,  autrefois  Fontenay-le-Comte,  qu'est  né, 
en  1 540 ,  François  Viete  ,  l'un  des  mathématiciens  qui  ont  le  plus  efficace- 
ment contribué  au  développement  de  l'analyse  algébrique ,  et  qui  a  le  pre- 
mier signalé  l'utile  emploi  de  ses  formes  symboliques ,  pour  obtenir  les 
solutions  générales  des  problèmes  de  géométrie  déterminés.  M.  FiHon  a 
conçu  le  louable  projet  d'engager  les  compatriotes  de  ce  grand  géomètre  à 
lui  élever  une  statue  dans  sa  ville  natale,  et  il  a  mis  beaucoup  de  zèle  à  lui 
obtenir  cet  honneur.  Il  nous  apprend  que  sa  proposition  a  été  très-bien 
accueillie  par  le  maire  de  Fontenay,  et  par  le  préfet  du  département,  deux 
circonstances  essentielles  pour  qu'elle  soit  amenée  à  bonne  fin,  et  dont  il 
tire  avec  raison  un  favorable  augure. 

»  Tous  les  savants  qui  peuvent  apprécier  le  mérite  de  Viete,  les  Français 
surtout ,  verraient  sans  doute  avec  plaisir,  la  province  et  la  ville  où  il  est  né 
se  concerter  ensemble  pour  rendre  ainsi  à  sa  mémoire  un  hommage  public. 
Mais,  dans  son  ardeur  bien  naturelle  pour  assurer  l'exécution  de  ce  projet, 
M.  Fillon  voudrait  agrandir  le  cercle  des  influences  qui  doivent  y  coopé- 
rer, et  c'est  dans  cette  intention  qu'il  s'adresse  à  nous.  Il  demande  que 

(i)  La  Section  est  composée  de  MM.  Poinsot,  Lamé,  Chasles ,  Bertrand,  Hermite,  et  Biot 
rapporteur. 


(  73«  ) 
[Académie  des  Sciences  prenne  l'initiative  de  la  souscription  qui  aura  pour 
objet  d'ériger  une  statue  à  Viete,  et  quelle  sollicite  à  cet  effet  te  conconrs  du 
Gouvernement.  Dans  une  seconde  Lettre,  it  insiste  pour  que  f^ Académie  n«* 
tarde  pas  à  prendre  ce  projet  sous  son  patronage,  de  peur,  d'it-il ,  que  lès  bonnes 
dispositions  des  localités ,  excitées  par  cette  espérance  qu'on  leur  a  donnée ,  ne  se 
changent  bientôt  en  indifférence  et  en  apathie,  si  elles  ne  se  sentetient  pas  sou- 
tenues par  V0tre  autonité.  Nous,  emprustows  ces,  expressions  aux  lettres 
uiêtnes  qui  nous  ont  été  eommuniquées, 

«  Nous  pensons  que  l'Académie  ne  pourrait  pas,  sans  s'exposer  à  des  in- 
convénients graves,  intervenir,  eomaie  corps  scientifique,  dans  l'accomplis- 
sement de  projets  semblables,  encore  moins  les  prendre  sons  son  patronage, 
quelque  estimables  que  soient  d'ailiears  lés  intentions  des  personnes  qui 
l'y  inviteutl.»  La.  plupart  des  villes  de  Erajace.  se  moutreat  aujourd'hui  glo- 
rieuses d'élever  des  statues  aux  hommes  distingués  qui  sont  nés  dans  leur 
enceinte.  Le  sentiment  qui  les  y  porte  est  très-respectabïe ,  et  l'on  ne 
peut  qu'y  appfeudir.  Mais  l'intérêt  que  ces  monunients  peuvent  avoir  poun 
chaque  locaKté,  ne  saurait  s'éîever  toujours  aux  proportions  d'un  intérêt 
scientifique  universel,  ou  même  seulement  national.  L'Académie  se  ehargera- 
t-elle  de  faire  ces  distinctions,  dé  marquer  les  rangs?  Et  pourra-t-ellfe,  sans 
témoigner  involontairement  une  sorte  de  blâme,  refuser  son  patronage  à 
l'érection  de  telle  statue,^ après  l'avoir  accordé  à  telle  autre?  Où  sera  la 
limite  du  oui  et  du  non?  Nous  croyons  qu'iî  est  plus  sage,  pour  ^Académie, 
d'abandonner  généralement  la  concession  de  ces  honneurs,  aux  associations 
des  individus  qu'un  motif  commun  engage  à  se  réunir  pour  les  déeerner, 
sous  l'approbation  de  l'autorité  publique ,  en  laissant  d'ailleurs  chacun  de 
nous  parfaitement  libre  d'y  concourir,  ou  de  n'y  pas  concourir,  à  titre  par- 
ticulier; et  notre  opinion  sur  ce  point  a  été  unanime.   » 

Suivent  les  signatures. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

»IÉM0IRES  LUS. 

AMATOMm;  végétale.  —  Sur  les  caractères  anatomiques  des  rhizomes; 
par  M.  Ad.  Chatin.  (Extrait.) 

(Commission  précédemment  nommée.) 

•  Oii  donne,  avec  Kerr,  le  nom  de  rhizome  à  un  aixe  radiciiocrae  subter- 
rané,  placé  entre  la  tige  proprement  dite  et  la  racine,  à  chacune  desquelles 


(  73>  ) 
il  emprunte  quelques  caractères  et  a  été  successivement  assimilé  par  les 
botanistes.  C'est  le  rhizome  du  Trilicum  repens,  L.,  qu'on  emploie  sous  le 
nom  de  racine  de  chiendent  ;,c  est  le  rhizome  de  Y  Iris  floientirta ,  L.,  qu'on 
utilise  sous  le  nom  de  racine  d'Iris.  Ordinairement  les  rhizomes  sonl  hori- 
zontaux ou  obliques,  les  vraies  tiges  se  dirigent  vers  le  zénith,  les  vraies 
racines  sont  descendantes. 

»  Sa  position  souterraine  et  le  manque  habituel  de  coloration  verte  firent 
d'abord  confondre  le  rhizome  avec  les  racines;  les  feuilles  qu'il  porte,  les 
fleurs  qu'il  peut  directement  émettre,  les  bourgeons  qu'il  produit,  la  colo- 
ration verte  qui  parfois  se  développe  dans  son  parenchyme  cortical  exposé 
à  la  lumière,  lefirent  plus  tard  regarder  comme  une  simple  forme  de  la  tige  : 
c'est  cette  dernière  opinion  qui  a  cours  actuellement  dans  la  science. 

»  Or,  l'objet  de  ce  Mémoire  est  d'établir,  par  des  faits  précis,  que  l'on 
est  allé  trop  loin  en  admettant  que  le  rhizome  ne  diffère  de  la  tige  vraie  que 
par  sa  position  subterranée.  Je  prouve  en  outre  que  le  rhizome  existe  pour 
l'anatomiste  dans  des  plantes  qui  paraissent  en  être  tout  à  fait  privées. 

»  L'examen  comparé  du  rhizome  et  de  la  tige  dans  un  grand  nombre  de 
plantes  met  hors  de  discussion  la  nécessité  de  distinguer  ces  organes  l'un 
de  l'autre.  Je  citerai  seulement  ici  quelques  faits. 

»  VOsjiis  alba,  plante  du  bassin  méditerranéen,  a  jui  rhizome  qui  diffère 
des  tiges  :  a,  par  son  épiderrae,  composé  (comme  celui  des  racines)  de 
multiples  assises  de  cellules  aplaties,  rectisériées  et  colorées  en  rose  bru- 
nâtre; b,  par  le  manque  de  vraies  trachées;  c,  par  de  larges  et  longs  pro- 
longements du  parenchyme  cortical  à  l'intérieur  du  corps  ligneux.  Le  rhi- 
zome de  VOs/ris  a  d'ailleurs,  comme  la  tige  et  à  l'exclusion  des  racines, 
des  paquets  fibro-corticaux. 

»  Une  autre  Thésiacée,  le  Comandra  livida,  Rich.,  du  Labrador  et  de 
Terre-Neuve,  offre  un  rhizome  horizontal  fort  long,  qui  se  distingue  très- 
bien  de  la  tige  de  la  même  plante  :  a,  parce  que,  comme  les  racines,  il 
manque  de  fibres  corticales;  b,  parce  que  son  système  ligneux  se  compose 
de  faisceaux  complètement  isolés  les  uns  des  autres  par  le  parenchyme; 
c,  parce  que  ses  vaisseaux  ne  sont  nulle  part  spirales;  rf,  enfin  parce  que 
les  utricules  de  son  parenchyme  médullaire  ne  sont  pas  ponctuées. 

»  Le  rhizome  du  Galax  aphylla,  L.,  manque,  comme  la  racine,  de  fibres 
corticales  et  de  trachées,  tissus  dont  la  tige  est  pourvue;  de  plus  la  couche 
périxyle  (couche  du  cambium)  forme  un  cercle  continu  et  son  corps  ligneux 
a  une  épaisseur  uniforme,  tandis  que  dans  la  tige  la  première  est  brisée  et 

c.  R.,  i858,  1"  Sem«/rf.  (T.  XLVI,  N»  IS.)  qS 


(  732  ) 
que  le  second  est  divisé  profondément  en  lobes  adossés  chacun  à  l'un  des 
segments  de  la  couche  périxyle. 

»  Le  rhi/ome  de  V Epirhizanthus ,  genre  de  Blunie  que  j'ai  proposé  (C'omyyto 
tendus  des  séances  de  C Académie  des  Sciences,  tome  XLIII,  page  ioo5  )  comme 
le  type  d'un  ordre  intermédiaire  aux  Orobanchées  et  aux  Rhinanthacées, 
■  manque  de  fibres  corticales  et  de  trachées,  a  ses  faisceaux  ligneux  isolés 
par  l'interposition  du  parenchyme,  sa  moelle  creusée  de  lacunes  et  à  utri- 
cules  jamais  ponctuées,  caractères  tous  opposés  à  ceux  de  la  tige. 

»  La  grande  resseinblance  qui  existe  entre  le  rhizome  de  V Epirhizanthus 
et  celui  du  Comandra,  ressemblance  qui  se  retrouve  en  beaucoup  d'autres 
végétaux,  montre,  et  c'est  un  point  sur  lequel  je  désire  fixer  l'attention  des 
botanistes,  qti'il  peut  y  avoir  plus  de  rapports  de  structure  entre  des  rhi- 
zomes d'espèces  très-éloignées  qu'entre  le  rhizome  et  la  tige  d'une  même 
plante. 

A  Le  rhizome  du  Géranium  sanguineum,  L.,  est  bien  caractérisé  par  son 
épiderme  à  assises  multiples  (comme  celui  de  la  racine),  par  la  disposition 
de  ses  fibres  corticales,  par  l'agencement  et  la  composition  de  ses  faisceaux 
ligneux,  enfin  par  sa  moelle  à  utricules  non  ponctuées. 

»  Le  Jasminum  fruticans,  L.,  jolie  plante  qui  croît  mêlée  à  l' Oy^m dans  les 
haies  et  les  garrigues  de  Montpellier,  offre  :  dans  le  rhizome,  l'épiderme  à 
une  seule  assise  de  cellules,  les  fibres  corticales  toutes  ordonnées  sur  un 
seul  cercle,  des  cellules  scléreuses  nombreuses,  les  utricules  médullaires 
souvent  non  ponctuées  et  point  de  vraies  trachées;  dans  la  tige,  l'épiderme 
à  deux  assises  au  moins,  des  paquets  fibro-corticaux  supplémentaires  placés 
sous  l'épiderme  aux  angles  de  la  tige,  peu  de  cellules  scléreuses,  des  utri- 
cules médullaires  toutes  ou  presque  toutes  ponctuées,  enfin  de  nombreuses 
trachées  déï'oulables. 

»  Dans  le  Gnlium  aparine,  L. ,  un  entre-nœud  arrondi  et  long  de  quelques 
centimètres  sépare  la  racine,  de  couleur  jaune,  des  vraies  tiges,  qui  sont 
vertes.  C'est  un  vrai  rhizome,  qui  a  avec  la  racine  de  grands  rapports  et 
qui  se  distingue  des  tiges  tant  par  la  disposition  que  par  la  nature  de  ses 
vaisseaux,  parmi  lesquels  on  ne  compte  pas  de  trachées. 

«  Le  rhizome  du  framboisier  {Ruhus  idœus,  L.)  se  distingue  de  la  tige  par 
son  épiderme,  par  le  manque  de  système  fibro-cortical ,  de  trachées,  etc. 

»  Dans  le  Saponaria  officinnlis,  ïj.,\e  Gratiota  qfficinatis,  î^.,  V Aster  trlpo- 
lium,  L.,  et  dans  un  grand  nombre  d'autres  dicotylédones,  le  rhizome  dif- 
fère de  la  tige  par  un  caractère  assez  constant  dans  cet  embranchement  des 
végétaux,  savoir  par  le  manque  de  vraies  trachées. 


(  733  ) 

»  Dans  les  plantes  monocotylédoues,  le  manque  de  trachées  ne  concourt 
pas  ordinairement,  comme  chez  les  dicotylédones, à  caractériser  le  rhizome; 
mais  il  reste  d'autres  caractères. 

»  Le  Baldellia  [Alisma)  ranuncutoides  (Parlât.)  a  un  court  rhizome  qui  se 
distingue  bien  de  la  tige  par  les  paquets  fibro-vasculaires  multiples  et  ni 
réunis  entre  eux  par. un  cercle  fibro-ligneux  ni  traversés  par  des  lacunes, 
par  son  parenchyme  central  ou  médullaire  non  lacuneux,  enfin  par  les  la- 
cunes formant  plus  d'une  série  circulaire  dans  le  parenchyme  cortical. 

•  »  Le  rhizome  de  VIris  (/.  pseudo-Acorus,  L.),  type  classique  de  ce  genre 
d'organes,  semble  avoir  précisément  pour  mission  d'établir  ses  caractères 
propres.  Dans  ce  rhizome,  en  effet,  le  parenchyme  cortical  est  creusé  de 
nombreuses  lacunes  qui  manquent  dans  la  tige.  Dans  le  premier,  une 
simple  assise  de  cellules  spéciales  forme  l'enceinte  commune  aux  fais- 
ceaux ligneux  ;  dans  la  seconde,  cette  enceinte  est  épaisse,  tibro-ligneuse 
et  enveloppe  quelques  paquets  d'un  tissu  délié.  Dans  le  premier,  les  faisceaux 
ligneux  externes  sont  isolés  de  l'enceinte;  dans  la  seconde,  ils  lui  sont 
immédiatement  adossés.  Dans  le  premier,  les  vaisseaux  de  chaque  paquet 
fibro-vasculaire  sont  disposés  en  un  cercle  ou  anneau  ;  dans  la  seconde,  ils 
sont  rapprochés  en  une  petite  masse.  Dans  le  premier,  les  fibres  sont  toutes 
fort  délicates;  dans  la  seconde,  d'épaisses  fibres  ligneuses  forment  la  portion 
externe  de  chacun  des  faisceaux.  Dans  le  rhizome,  enfin,  les  utricules  du 
parenchyme  central  diffèrent  de  celles  de  la  portion  correspondante  de  la 
tige  par  leur  forme  et  par  leur  agencement. 

»  Toutes  les  plantes  que  je  viens  d'énumérer  ont  très-distinctement, 
comme  plusieurs  5caèî05aj  Primula,  Euphorbia,  Scirpus,  Arundo,  Carex,  Poly- 
gonatum,  etc.,  l'organe  connu  des  morphologistes  sous  le  nom  de  rhizome. 
Il  en  est  autrement  des  plantes  qui,  pour  l'organographe,  manquent  de  rhi- 
zome, partie  que  l'anatomiste,  guidé  à  présent  par  les  caractères  qu'il  a 
appris  à  connaître,  y  découvre.  La  démonstration  de  l'existence  de  rhizomes 
purement  anàtomiques  fera  l'objet  de  la  suite  de  ce  travail.  » 

VOYAGES  SCIENTIFIQUES.  —  Observations  de  météorologie  et  de  botanique  faites 
pendant  le  vojage  de  la  frégate  la.  Sibylle  ;  par  M .  Bartue.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Duperrey,  Decaisne,  Daussy,  Sainte-Claire 

Deville.) 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  les  observations  faites  à  bord 

95.. 


(  734  ) 
delà  frégate  la  Sibylle,  commandée  par  M.  de  Maisonneuve,  capitaine  de 
vaisseau,  dans  l'Inde,  la  mer  de  Perse,  la  Chine,  le  Japon,  la  Manche  de 
Tartarie,  Sibérie  orientale  et  Ségalien,  les  îles  Kouriles,  etc.,  pendant  les 
années  i855-56-57.  Ces  observations  ont  porté  sur  la  médecine,  l'histoire 
naturelle  et  la  météorologie. 

»  J'ai  déposé  au  Muséum  la  collection  que  j'ai  faite  dans  les  grandes  îles 
de  l'océan  Indien  et  les  mers  de  Chine,  Singapoor,  Hong-Kong,  les  Chu- 
sans.  Mes  herbiers  se  composent  d'environ  5oo  ou  600  espèces,  parmi  les- 
quelles on  rencontrera  plusieurs  types  des  plantes  décrites  par  le  R.  P. 
Blanco  dans  sa  Flore  des  Philippines.  La  flore  de  la  Manche  de  Tartarie, 
relativement  pauvre  à  cause  de  sa  position  géographique,  présente  néan- 
moins un  assez  grand  intérêt. 

»  La  Sibylle  a  visité  les  grands  bassins  de  l'empereur  Nicolas,  la  baie  de 
Castries,  les  baies  de  Jonquières  et  autres  qui  n'avaient  pas  été  vues  par  la 
marine  française  depuis  Lapérouse.  J'en  ai  rapporté  quelques  espèces  que 
je  crois  intéressantes. 

»  J'ai  pu  me  procurer  des  graines  vantées  en  Chine  contre  la  dyssenterie; 
l'une  d'elles  a  été  essayée  avantageusement. 

»  Une  espèce  de  bois  voisine  des  simaroubées  ayant  rendu  d'appréciables 
services  dans  le  courant  de  la  campagne,  campagne  extraordinaire  par  les 
parages  parcourus  (20600  lieues  marines),  par  les  rudes  fatigues,  par  les 
longues  privations,  par  les  cruelles  épidémies  supportées  par  son  équipage, 
par  ses  pertes  considérables,  que  les  bienfaits  d'une  hygiène  attentive,  la 
Connaissance  des  hommes  de  mer  et  l'art  de  les  diriger,  ont  eu  le  bonheur 
d'arrêter  dans  des  circonstances  bien  difficiles. 

»  J'ai  employé  ce  médicament  sous  forme  d'extrait,  et  avec  succès,  contre 
lesflux  diarrhéiques,dans  la  première  période  de  la  variole  épidémique,  dans 
les  écoulements  scrofuleux  de  l'oreille,  dans  quelques  cas  de  dyssenterie, 
dans'la  fièvre  intermittente  simple.  Les  Tagals  le  vantent  contre  le  choléra; 
ils  le  disent  aussi  un  emménagogue  puissant. 

»  Enfin  diverses  coquilles,  telles  que  rochers  et  peignes  de  la  Manche 
de  Tartarie,  des  mactres,  des  cythérées  et  autres  du  Japon  ;  quelques  ter- 
restres des  îles  Lioutchou,  cyclostomes,  hélices,  clausilies,  etc. 

»  Un  registre  d'observations  météorologiques  fut  ouvert  le  i"  janvier 
i855;  je  le  continuai  jusqu'au  12  septembre  iSS^.  Ses  colonnes  renferment 
la  date,  la  position  du  bâtiment  à  midi,  la  pression  barométrique  aux  diffé- 
rentes heures  du  jour,  la  température  de  l'air,  l'état  général  de  l'atmosphère, 
les  vents,  leur  force  et  leur  direction,  nuages,  pluie  et  autres  phénomènes 


(  735  ) 
particuliers,  la  force  et  la  direction  des  courants,  la  température  de   la 
mer. 

•1  Dans  plusieurs  points  de  relâche,  j'ai  pris  note  de  la  température  du 
sol,  des  eaux  de  puits  et  de  rivière  :  ainsi ,  à  Singapour,  au  Lioutchou,  dans 
la  Manche  de  Tartarie,  au  Japon,  aux  Kouriles. 

»  La  plus  basse  pression  barométrique  correspondit  à  un  terrible  typhon 
survenu  dans  la  nuit  du  i3  au  i4  août  i856,  près  des  Chusans,  par  le 
26*  degré  de  latitude  nord  et  par  le  1  1 8"  de  longitude  est. 

»  Le  baromètre  accusa  739™"',6  du  bon  côté  du  typhon,  où  se  trouvait 
la  Siby^lle.  J'appris  plus  tard,  à  Hong-Kong,  que  du  mauvais  côté  la  colonne 
barométrique  était  descendue  jusqu'à  727  milHmètres.  Les  jours  précédents 
la  moyenne  était  754™'"»6. 

»  Un  trois-mâts  hollandais,  qui  se  trouvait  à  deux  milles  de  distance  de  la 
frégate  au  commencement  de  l'ouragan,  périt,  et  avec  lui  un  grand  nonibre 
de  jonques,  dont  nous  aperçûmes  les  tristes  débris  après  la  tourmente. 

»  La  plus  grande  oscillation  diurne  observée  pendant  la  campagne  eut 
lieu  le  8  septembre  i855  dans  les  Kouriles;  elle  fut  de  8  millimètres. 
L'anéroïde  accusait,  à  4  heures  du  matin,  761  millimètres;  à  lo  heures, 
765  millimètres;  à  i  heure  du  soir,  769  millimètres;  à  4  heures  du  soir, 
757  millimètres.  Il  continua  à  descendre  jusqu'au  9  septembre  à  4  heures 
du  matin.  Il  était  alors  à  750  millimètres;  à  10  heures  du  matin,  il  était  à 
75 1  millimètres,  c'est-à-dire  1 4  millimètres  de  différence  depuis  vingt-quatre 
heures.  Il  remonta  ensuite  insensiblement,  et  le  i  i  septembre  il  était  à  la 
hauteur  des  jours  précédents.    » 

ACOUSTIQUE.  —  Note  sur  des  modifications  introduites  dans  la  construction  des 
pianos;  par  M.  La  Prevotte. 

«  Après  avoir  analysé  la  construction  de  tous  les  instruments  à  cordes, 
et  après  un  grand  nombre  d'expériences,  j'ai  reconnu  que  le  violon  est  sous 
tous  les  rapports  le  plus  parfait  des  instruments.  C'est  le  seul  qui  s'améliore 
en  étant  joué  et  en  vieillissant,  parce  qu'aucune  partie  vibrante  ne  se  trouve 
en  opposition  avec  les  autres  et  que  la  répercussion  des  sons  se  fait  libre- 
ment. C'est  en  partant  de  ces  observations  que  j'ai  conçu  la  possibilité 
d'introduire  des  changements  avantageux  dans  la  construction  des  pianos 
à  châssis,  mettant  aussi  à  profit  les  connaissances  que  j'ai  acquises  par 
de  longues  expériences,  sur  les  bois  et  leur  emploi  rationnel  dans  la  con- 
struction de  ces  instruments. 


(  736  ) 

»  La  construction  intérieure  du  piano  est  un  châssis  pour  le  tirage  des 
cordes;  la  table  est  collée  à  2  centimètres  de  distance  du  châssis,  le  fil 
du  bois  de  la  table  conducteur  des  sons  est  en  opposition  avec  la  direction 
des  cordes,  et  les  barres,  au  nombre  de  huit,  sont  en  opposition  avec  la 
direction  du  fil  du  bois  delà  table,  et  cette  table  est  en  disproportion  pour 
la  longueur  des  cordes.  La  barre  d'harmonie  du  violon  suit  le  fil  du  bois  de 
la  table,  lequel  suit  la  direction  des  cordes;  s'il  en  était  autrement,  il  s'éta- 
blirait un  combat  contradictoire  dans  les  vibrations,  et  chaque  partie  vibrante 
se  séparerait  l'une  de  l'autre,  et  l'instrument  ne  rendrait  plus  que  des  sons 
fêlés  qui  seraient  suivis  d'une  désorganisation  complète.  Tels  sont  les  résul- 
tats naturels  auxquels  on  doit  s'attendre  d'après  la  construction  des  pianos 
à  châssis.  J(!  remplace  le  châssis  par  le  corps  sonore  :  c'est  un  fond  plein 
dans  toute  l'étendue  du  piano,  de  16  centimètres  d'épaisseur,  creusé  en 
voûte  de  8  centimètres  intérieurement  comme  le  violon  ;  cette  voûte  est 
combinée  avec  la  table  d'harmonie  de  manière  à  donner  à  chaque  corde, 
d'après  sa  longueur  et  sa  grosseur,  la  longueur  de  table  qui  lui  convient 
pour  le  son  grave  ou  aigu  qui  appartient  à  chacune  d'elles,  afin  d'en  aug- 
menter les  vibrations,  la  sonorité,  la  répercussion,  la  portée,  la  qualité  et 
l'égalité  des  sons  dans  toute  l'étendue  du  clavier. 

»  La  table  d'harmonie  du  piano  à  corps  sonore  est  plane,  et  les  barres 
qui  lui  sont  adhérentes  servent  à  la  consolider  et  à  la  mettre  plus  fortement 
en  vibration  en  vibrant  ensemble,  puisqu'elles  sont  unies  aux  fibres  de  la 
table  sur  laquelle  repose  le  chevalet,  en  dessous  de  laquelle  sont  ajustées 
quatorze  barres  d'harmonie;  la  table  est  à  une  distance  de  8  centimètres 
du  point  central  de  la  voûte  du  corps  sonore.  De  cette  combinaison  de 
construction,  il  résulte  que  le  piano  à  corps  sonore  aura  tous  les  avantages 
du  violon  pour  la  sonorité,  l'étendue  et  l'égalité  des  sons.  » 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Duhamel  et  Cagniard  deLalour,  Commission  à  laquelle  seront  invités 
à  s'adjoindre  M.  Vincent,  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres, 
et  M.  Thomas,  de  l'Académie  des  Beaux-Arts. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Ch.  Dcpin  communique  de  la  part  .de  M.  Ferdinand  de  Lesseps,  a  le 
Journal  nautique  de  M.  le  capitaine  Philigret  sur  la  baie  de  Péluse  dans 


(  1-1  )  . 

l'hiver  de    1857;  avec  les  observations  de  la  Commission  d'Ingénieurs  et 
de  Marins  sur  leurs  études  d'un  canal  à  travers  l'isthme  de  Suez  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée,  qui  se  compose  de 
MM.  Cordier,  Dupin,  Élie  de  Beaumont,  du  Petit-Thouars.) 

PHYSIQUE.  —  Nouveau  thermomètre  mélastatique  à  maximum; 
par  M.  Waiferdin.  ' 

u  L'instrument  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  thermomètre  métasta- 
ttque  (i)  permet  de  changer  le  niveau  du  mercure  dans  l'intérieur  de  la  tige, 
et  d'en  faire  passer  une  partie  dans  un  réservoir  supérieur.  Un  seul  instru- 
ment à  échelle  aibitraire  se  règle  ainsi,  à  volonté,  à  toute  température,  et 
donne  lo,  20,  3o  divisions  et  plus  pour  la  valeur  du  degré  centésimni. 

»  Mais  il  ne  peut  être  transformé  en  thermomètre  à  maximum  à  bidle 
d'air  (2),  d'après  le  procédé,  si  facile  à  appliquer,  et  qui  consiste  à  pro- 
d  uireune  solution  dans  la  colonne  raercurielle  au  moyen  de  la  petite  quan- 
tité d'air  sec  dont  les  thermomètres  à  mercure  les  mieux  construits  sont 
rarement  privés  complètement. 

»  Le  mercure  logé  dans  le  réservoir  supérieur  du  thermomètre  méta- 
statique  en  descendrait,  lorsqu'on  veut  emprisonner  la  bulle  d'air  dans  l'in- 
térieur de  la  colonne  mereurielle,  et  son  niveau  supérieur,  qui  doit  conser- 
ver l'indication  du  maximum  de  température  auquel  l'instrument  a  été 
exposé,  cesserait  de  fournir  cette  indication. 

p  II  est  donc  possible  aujourd'hui  de  faire,  à  volonté,  d'un  seul  ther- 
momètre métastatique,  un  instrument  qui,  en  donnant  de  longs  degrés  sur 
une  courte  tige,  indique  avec  la  même  sensibilité  toutes  les  températures 
que  le  mercure  supporte  à  l'état  liquide,  sauf  à  renoncer  à  le  faire  sei  vir 
comme  thermomètre  à  maximum.  De  son  côté,  ce  dernier  instrument  ne 
peut  avoir  la  grande  marche  du  thermomètre  métastatique,  et  il  se  trouve 
nécessairement  restreint  aux  limites  du  thermomètre  ordinaire. 

»  Je  me  suis  proposé  de  construire  un  instrument  qui  pût  réunir  les 
avantages  propres  à  chacun  de  ces  deux  thermomètres. 

»  Celui  que  je  présente  à  l'Académie  est  pourvu,  à  sa  partie  supérieuie, 
d'une  chambre  conique  terminée  par  un  étranglement.  Il  fonctionne  ainsi 
comme  thermomètre  métastatique,  et  se  règle,  suivant  le  besoin,  à  toute  tem- 

(1)  Comptes  rendus  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences,  t.  XIV,  p.  63. 

(2)  Comptes  rendus  des  séances  de  Cjcadémie  des  Sciences,  t.  XL,  p.  gSi. 


•  (  738  ) 
pérature  voisine  de  celle  qu'on  veut  déterminer  avec  précision  ;  mais  il  est 
également  pourvu  d'une  seconde  chambre  destinée  à  recevoir  la  petite  quan- 
tité de  mercure  qui  doit,  après  qu'on  a  fait  passer  une  bulle  d'air  de  cette 
seconde  chambre  dans  la  tige,  le  transformer  en  thermomètre  à  maximum 
à  grande  marche. 

»  Les  procédés  qui  rendent  le  nouvel  instrument  propre  à  être  employé 
comme  thermomètre  métastatique  et  comme  thermomètre  à  maximum,  sont 
les  mêmes  que  ceux  que  j'ai  indiqués  pour  la  construction  et  l'application 
de  chacun  des  deux  instruments  déjà  connus. 

»  Ainsi  l'on  peut  aujourd'hui,  non-seulement  régler,  à  toute  température, 
un  thermomètre  à  longs  degrés  et  à  courte  tige,  mais,  après  que  ce  rè- 
glement est  opéré,  le  même  instrument  sert  comme  thermomètre  à  maxi- 
mum, dans  les  cas  où  le  thermomètre  à  déversement  ne  doit  pas  être  rigou- 
reusement employé. 

»  Comme  il  est  indispensable  que  le  thermomètre  métastatique,  le  ther- 
momètre à  maximum  à  bulle  d'air  et  le  thermomètre  métastatique  à  maxi- 
mum soient  construits  avec  des  tubes  très-capillaires,  il  en  résulte  que  tous 
ces  instruments  présentent  l'avantage  incontestable  d'avoir  des  réservoirs  ou 
cuvettes  d'un  petit  volume. 

»  Ces  réservoirs  ne  sont  cependant  pas  de  moindre  capacité  que  ceux  de 
mes  thermomètres  différentiels  dont  le  tube  est  si  capillaire,  qu'ils  donnent 
plusieurs  centaines  de  divisions  comme  expression  de  la  valeur  d'un 
degré  centésimal,  quoique  le  diamètre  de  leur  réservoir  ne  dépasse  pas  4 
à  5  millimètres  sur  5  à  6,  et  qui  se  règlent  à  volonté,  comme  le  thermo- 
mètre métallique,  à  toutes  les  températures  que  l'alcool  est  propre  à  indi- 
quer. » 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  pré- 
senter une  liste  de  candidats  pour  la  place  d'Académicien  hbre,  Commis- 
sion qui  se  compose  de  MM.  le  Maréchal  Vaillant  et  l'Amiral  du  Petit- 
Thouars,  de  MM.  Éliede  Beaumont  et  Liouville,  de  MM.  Rayer  et  Flourens, 
et  de  M.  Despretz,  Président  en  exercice. 

ANALYSE.  —  Note  relative  aux  périodes  d'une  intégrale  d'ordre  quelconque; 

par  M.  Mabie. 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Hermite.  ) 
«   MM.  Cauchy  etSturm  ont  présenté  à  l'Académie  des  Sciences,  dans  la 


(  739  ) 
séance  du  8  mai  i854,  un  Rapport  d'où  il  résulte  que,  dans  un  Mémoire 
déposé  par  moi  le  7  mars  i853,  j'ai  démontré  entre  autres  choses  les  théo- 
rèmes suivants  : 

).    1°.   Si  l'on  réunit  en  un  seul  groupe  toutes  les  solutions  imaginaires 
d'une  même  équation 

/(x,7)=o, 

où  le  rapport  des  parties  imaginaires  de  ^  et  de  x  serait  constant,  C,  et 
qu'on  construise  la  courbe  dont  les  points  auraient  pour  coordonnées  les 
■  valeurs  trouvées  pour  y  et  j:,  mais  dans  lesquelles  \/—  1  aurait  été  remplacé 
par  I  :  cette  courbe,  qui  variera  de  position  et  de  forme  avec  C,  restera 
toujours  tangente  à  la  courbe  réelle  représentée  par  l'équation 

/(x,  j)  =  o, 

et  si,  outre  d'autres  branches,  elle  a  un  anneau  fermé,  compris  entre  deux 
branches  de  la  courbe  réelle,  qu'il  touchera  d'ailleurs,  la  surface  comprise 
dans  cet  anneau  sera  constante,  c'est-à-dire  ne  dépendra  pas  de  C  et  sera 
l'une  des  périodes  imaginaires  de  l'intégrale     « 


/- 


y  dx, 

y  désignant  la  fonction  de  x  que  fournirait  l'équation 

f{x,y)  =  o, 

résolue  par  rapport  à  y  s'il  était  possible. 

»   0.°.  Si  l'on  réunit  toutes  les  solutions  imaginaires  d'une  même  équation 

f{x,y,z)=o, 

où  les  rapports  des  parties  imaginaires  de  z  et  de  y,  de  y  et  de  x  seraient 
constants,  C  et  C,  et  qu'on  construise  la  surface  dont  les  points  auraient 
pour  coordonnées  les  valeurs  trouvées  pour  x,  y  et  z,  mais  dans  lesquelles 
V  —  I  aurait  été  remplacé  par  i  :  cette  surface,  qui  variera  de  position  et  de 
forme  avec  C  et  C,  touchera  toujours  en  tous  les  points  d'une  certaine 
courbe  la  surface  réelle  représentée  par  l'équation 

/(.r,j,  z)-o, 

et  si,  outre  d'autres  nappes,  elle  se  compose  d'une  surface  fermée  de  toutes 
parts,  comprise  dans  l'intérieur  d'une  nappe  de  la  surface  réelle,  et  que  d'ail- 
leurs elle  touchera,  le  volume  enveloppé  par  cette  surface  sera  constant, 
c'est-à-dire  ne  dépendra  ni  de  C  ni  de  C,  et  ce  volume  sera  l'une  des  pé- 

U.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,No  IS.)   ■  96 


(  74o  ) 
riodes  imaginaires  de  l'intégrale 


i  zdx  efy, 


z  désignant  la  fonction  de  a?  et  ^  que  fournirait  l'équation 

f{x,x,z)  =  o, 

résolue  par  rapport  à  z  s'il  était  possible. 

»  Des  considérations  géométriques  simples  rendent  raison  de  ces  farts, 
que  l'on  ne  vérifierait  qu'à  grand'peine  par  le  calcul.  Mais  les  démonstra- 
tions que  j'ai  proposées  ne  pourraient  être  reproduites  pour  les  intégrales 
d'ordre  supérieur  au  second,  intégrales  dont  je  ne  m'étais  en  effet  pas 
occupé. 

»  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'établir  relativement  à  une  intégrale 
de  l'ordre  n  d'une  fonction  d'autant  de  variables  x,  /,  z,...,  u,  t 

JF  [x,  f,z,...,  u,  t)  dx.  dy.dz du.  dt, 

que  si  l'on  groupe  les  solutions  imaginaires  de  l'équation  qui  donne  impli- 
citement la  fonction  F,  en  réunissant  toutes  celles  où  les  parties  imaginaires 
de  X,  j-,  z,...,  u,  t,  F  seraient  comme  des  nombres  constants  C,  C, ..., 
C/i,  C„+,,  et  que  dans  chaque  système  il  existe  un  ensemble  de  solutions 
continues,  fermé  de  toutes  parts,  et  qui  sera  d'ailleurs  limité  par  des  solu- 
tions réelles,  la  valeur  de  l'intégrale  prise  dans  l'intérieur  de  ces  limites  sera 
une  quantité  constante,  qui  fournira  l'une  des  périodes  imaginaires  de  l'in- 
tégrale générale. 

»  La  recherche  d'une  intégrale  composée,  lorsque  les  variables  dont  elle 
dépend  ne  doivent  prendre  que  des  valeurs  réelles,  peut  se  ramener  à  des 
intégrations  successives  sans  préparation  préalable  ;  mais  il  n'en  est  plus  de 
même  lorsque  ces  variables  doivent  passer  par  des  valeurs  imaginaires. 

»  Dans  ce  cas,  pour  définir  l'intégrale  dont  on  veut  s'occuper,  comme 
chaque  variable  imaginaire  en  représente  en  réalité  deux,  il  faut  d'abord 
réduire  le  nombre  des  variables  vraiment  distinctes  à  l'ordre  de  l'intégrale 
qu'on  veut  former,  c'est-à-dire  lier  entre  elles  les  parties  réelles  et  imagi- 
naires des  variables  dont  dépend  la  fonction  placée  sous  le  signe    / ,  par 

des  relations  en  nombre  suffisant  pour  que  celles  de  ces  parties,  qu'on 
pourra  alors  considérer  comme  indépendantes,  soient  en  nombreégal  à  celui 
qui  représente  l'ordre  de  l'intégrale.  ^ 


■  (  74«  ) 

»  Ces  dispositions  prises,  généralement,  on  ne  pourrait  plus  faire  varier 
séparément  et  successivement  entre  leurs  limites  respectives  les  variables 
dont  dépendait  l'intégrale.  Les  éléments  qu'on  engendrerait  ainsi  n'appar- 
tiendraient habituellement  pas  à  la  somme  qu'on  voulait  former. 

»  Pour  ramener  à  des  intégrations  successives  la  formation  de  l'intégrale 
proposée,  il  faudra  substituer  des  variables  réelles  aux  variables  imagi- 
naires dont  elle  dépendait  d'abord. 

»  Une  pareille  transformation  est  toujours  possible,  puisqu'on  pourrait  en 
tout  cas  prendre  pour  nouvelles  variables  les  parties  réelles  ou  affectées  du 
signe  v' — i  des  variables  primitives. 

»  Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  le  changement  de  variables  se  fera  plus 
iiisément. 

»  Désignons  par  ç  la  variable  F  {x,  jr,  z,...,  m,  <);  si  les  parties  imaginaires 
d^  x,  jr,  z,...,  «,  t,  cp  doivent  être  comme  C,  C'^  C",...,  C„_,,  C„,  C„+,  :  en 
posant 

les  nouvelles  variables  indépendantes  x',  y,  z',. ..,  u',  t'  seront  devenues 
toutes  réelles;  l'équation  d'où  on  avait  tiré 

?  =  F(x,/,  z,...,w,  f). 

donnera  d'ailleurs  la  valeur  de  f  en  fonction  de  x',  y,  z',...,  u',  t'),  et  l'in- 
tégrale proposée  pourra  s'écrire 


fdx'  ffij'  Çdz',-;  fdu'  Tf,  (x',  y,  z',.. .,«',«') 


dt. 


Les  limites  de  chaque  intégration  devant  être  déterminées  par  ces  condi- 
tions, que  la  variable  indépendante  et  la  variable  dépendante  y  soient 
réelles. 

»  Cela  posé,  nous  avons  à  démontrer  que  l'intégrale  resterait  la  même, 
quelques  valeurs  qu'on  donnât  à  C,  C,  C",...,  C„,  C„+, .  Il  suffira  pour  cela 
de  faire  voir  qu'on  pourrait  faire  varier  arbitrairement  l'un  de  ces  coeffi- 
cients caractéristiques,  C„  par  exemple. 

»  Or,  le  premier  des  théorèmes  que  nous  avons  rappelés  ne  signifie  autre 
chose,  si  ce  n'est  que  la  valeur  d'une  intégrale  simple  prise  entre  des  limites 
où  la  variable  et  la  fonction  sont  réelles,  a  sa  partie  imaginaire  formée  par 
addition  ou  soustraction  des  termes  de  progressions  par  différence  dont  les 

96.. 


(  74a  ) 
raisons  seraient  les  moitiés  des  diverses  périodes  imaginaires  de  cette  inté- 
grale; de  telle  sorte  que  si  les  limites  varient  infiniment  peu,  ainsi  que  les 
valeurs  intermédiaires  des  variables,  pourvu  que  la  fonction  et  la  variable 
à  leurs  limites  restent  réelles,  la  partie  imaginaire  de  l'intégrale  ne  varie  pas. 
»  Imaginons  donc  que  nous  ayons  remplacé  les  variables  a?,  y,  z,...,  u 
seulement  par  leurs  correspondantes  x' ,  j\  ^ ,■■•-,  «',  et  que  nous  ayons 
donné  à  x' ,  j\  z',--,  "'  des  valeurs  fixes  :  l'intégrale 


/ 


dt. 


prise  entre  des  limites  réelles,  d'ailleurs  quelconques  par  rapport  à  <  et  à  ç, 

C 
aura  pour  partie  imaginaire  une  quantité  indépendante  de^r-^i  qui  sera  par 

conséquent  toujours  la  même  fonction  de  x\  j\  z',.--,  «'■  Cela  posé,  cette 
fonction,  41,  étant  trouvée,  l'intégrale  cherchée, 


,  ^dx'  fdf  Cdz'...  f'i^du', 


que  Ton  obtiendra  en  prenant  pour  limites  de  chaque  intégration  les 
valeurs  de  la  variable,  dont  la  différentielle  entre  sous  le  signe  /,  pour  les- 
quelles l'intégrale  précédente  serait  nulle,  ne  dépendra  évidemment  pas  de 

C„ 

MKCANIQUE  APPLiQiJÉE.  —  Mémoire  sut  les  seclions  à  donner  aux  luyaux 
destinés  à  conduire  la  vapeur  des  générateurs  aux  cylindres  des  machines; 
par  M.  Mahistre.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Combes.) 

«  La  détermination  du  diamètre  qu'il  convient  de  donner  aux  tuyaux 
destinés  à  conduire  la  vapeur  des  générateurs  aux  cylindres  des  machines, 
n'est  pas  sans  importance.  Et  en  effet,  si  les  conduits  sont  trop  étroits,  la 
machine  ne  pourra  marcher,  avec  une  vitesse  donnée,  qu'autant  que  la 
pression  dans  le  générateur  surpassera  d'une  quantité  plus  ou  moins  grande 
la  pression  d'admission  dans  le  cylindre.  Par  conséquent,  dés  l'iustantoùla 
pression  dans  la  chaudière  atteindra  le  numéro  du  timbre  de  [celle-ci,  la 
charge  de  la  machine  ne  pourra  plus  être  accrue.  Au  contraire,  si  la  sec- 
tion des  conduits  est  choisie  convenablement,  non-seulement  on  pourra 
charger  les  pistons  jusqu'à  rendre  la  pression  d'admission  sensiblement  égale 


(  743  ) 
à  la  pression  dans  le  générateur,  mais  encore,  dans  les  machines  fixes,  oti 
rendra  l'action  du  régulateur  plus  facile. 

«  Déterminer  les  sections  des  tuyaux  à  vapeur,  de  manière  à  fournir  aux 
B  appareils  la  quantité  de  fluide  élastique  qui  leur  est  nécessaire,  pour 
«  marcher  sous  des  conditions  données  de  pression,  de  détente  et  de  vitesse, 
»  tel  est  le  but  que  je  me  suis  proposé  dans  ce  Mémoire.  » 

M.  SwAiM  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  description  et  la  figine 
d'un  appareil  qu'il  a  imaginé  pour  «  mesurer  l'intensité  de  la  lumière  aux 
différentes  profondeurs  de  la  mer  et  aux  différentes  hauteurs  dans  l'atmo- 
sphère. » 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

M.  NocRHiGAT  avait  annoncé  dans  la  précédente  séance  l'envoi  d'un 
nouveau  Mémoire  sur  la  sériciculture.  Ce  Mémoire,  transmis  par  le  minis- 
tère de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  est  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie; 
il  est  accompagné  de  trois  plants  d'un  mvirier  du  Japon  de  première, 
deuxième  et  troisième  année,  et  de  trois  échantillons  de  cocons  récoltés  en 
mai,  juin  et  octobre  iSSy. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  vers  à  soie.) 

M.  AvENiEH  Delagrée  envoie,  comme  supplément  à  ses  précédentes  com- 
munications, une  Note  «  sur  un  moyen  d'augmenter  le  pouvoir  grossissant 
des  lunettes  astronomiques  au  moyen  de  prismes  d'eau  réfléchissants.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Pouillet,  Babinet.) 

M.  RoNNEAC  envoie  des  rectifications  pour  quelques  passages  de  sa  pré- 
cédente Note  sur  l'emploi  des  paratonnerres  pour  préserver  les  cultures  des 
ravages  de  la  grêle. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Becquerel,  Pouillet.) 

M.  IVoEL  (Ch.)  présente  quelques  remarques  concernant  un  étalon  delà 
toise  française  qui  appartenait  à  l'ancienne  Académie  des  Sciences  et  a 
passé  depuis  à  l'Observatoire.  » 

(Renvoi  à  M.  Le  Verrier.) 


^  744  ) 

CORRESPONDANCE 

«  M.  Despretz  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Porjfjendorff,  la  première 
livraison  d'un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Biographisch-Lillerarisches  Hand- 
worterbuch,  etc.,  c'est-à-dire  Dictionnaire  biographique  avec  l'indication  des 
sources.  C'est  un  nouveau  service  renduà  la  science  par  M.  Poggendorff,  de 
l'Académie  de  Berlin,  connu  depuis  plus  de  trente  ans  par  des  recherches 
importantes  sur  divers  points  de  la  physique  générale  et  parla  publication 
d'un  journal  périodique,  Annalen  der  Physik  und  der  Chemie,  journal  dont 
la  valeur  est  justement  appréciée  dans  toute  l'Europe.  Nous  pensons  que  ce 
dictionnaire  sera  utile  à  tous  les  hommes  qui  cultivent  une  branche  quel- 
conque des  sciences  mathématiques,  physiques  ou  naturelles.  Il  embrasse 
toutes  les  époques  et  toutes  les  sciences  exactes.  Chaque  ouvrage,  chaque 
Mémoire  est  rapporté  dans  la  langue  dans  laquelle  il  a  paru.  » 

«  PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  M.  i,E  Secbétaire  perpétcel  présente  à  l'Aca- 
démie, de  la  part  de  l'auteur,  la  Statistique  des  coups  de  foudre  qui  ont  frappé 
des  paratonnerres  ou  des  édifices  et  des  navires  armés  de  ces  appareils,  par 
M.  F.  Duprez,  Membre  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  et  fait  connaître 
dans  les  termes  mêmes  employés  par  le  savant  professeur,  les  rapports  que 
présente  son  important  travail  avec  certaines  publications  faites  dans  les 
dernières  années  par  l'Académie. 

«  Depuis  quelque  temps,  dit  l'auteur,  on  s'est  beaucoup  occupé  des 
»  phénomènes  de  la  foudre.  Dans  sa  Notice  sur  le  tonnerre,  Arago  avait 
»  montré  combien  nos  connaissances  sur  ces  phénomènes  étaient  incom- 
»  pietés  ;  et  on  a  cherché  à  les  étendre  par  de  nouvelles  études  et  de  nou- 
»  velles  observations.  Les  foudres  globulaires,  la  statistique  des  personnes 
n  foudroyées  et  d'autres  questions  analogues,  ont  été  l'objet  de  différentes 
»  communications  à  l'Institut  de  France,  et,  il  y  a  trois  ans,  une  Commis- 
»  sion  prise  dans  le  sein  de  ce  corps  savant  a  mis  les  instructions  sur 
w  l'établissement  des  paratonnerres  plus  eu  rapport  avec  les  modifications 
■  apportées  dans  la  construction  des  édifices  et  les  faits  mieux  connus  de 
u   l'électricité  (  j).  , 

»  Dans  cet  état  de  choses,  j'ai  cru,  continue  M.  Duprez,  qu'il  pouvait  être 
»  utile  de  terminer  un  travail  pour  la  publication  duquel  j'avais  recueilli 
»  des  matériaux  depuis  plusieurs  années,  mais  que  d'autres  occupations 

(j)  fo(>  les  Comptes  rendus  de  i85a  à  i856. 


{  745  ) 
■  m'avaient  fait  perdre  de  vue.  Ce  travail  consiste  en  deux  catalogues  con- 
»  cernant  :  l'un  les  paratonnerres  foudroyés,  dont  les  relations  sont  éparses 
»  dans  les  annales  de  la  science  ;  l'autre,  les  édifices  ou  les  navires  sur  les- 
»  quels  la  foudre  a  fait  explosion  sans  toucher  directement  sur  les  para- 
»  tonnerres  qui  s'y  trouvaient  placés.  » 

B  Ces  deux  catalogues,  où  les  faits  sont  exposés  avec  tous  les  détails  dési- 
rables, sont  précédés  par  une  discussion  et  un  résumé  présentant  les  résul- 
tats que  l'auteur  déduit  de  l'ensemble  du  travail  «  qui  peut  être  considéré 
»  comme  renfermant,  dans  un  cadre  restreint,  l'histoire  pratique  des  para- 
»  tonnerres  depuis  leur  invention  jusqu'à  ce  jour,  en  même  temps  qu'il 
M  offre  une  preuve  frappante  de  leur  efficacité.   » 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  d'une  nouvelle  planète  (^;  par  M..  R.  Lcthkr. 
(Lettre  à  M.  E lie  de  Beaumont.) 

«  Bilk,  6  avril  i858. 

â 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer,  en  vous  priant  de  la  communiquer 
à  l'Institut  impérial  de  France,  la  découverte  d'une  nouvelle  planète  faite 
par  moi  le  4  avril  à  io''3o"'. 

»  Voici  une  position  de  cette  planète  (S)  de  1 1*  grandeur  :    ■ 

18S8.  T.  m.  de  Bilk.  Asccns,  droite.  Déclin,  aust. 

Avril  4.       i3'»32"'i3'         i2''4"'i3Sii         -f-  5°3o'3i" 
Mouvement  diurne  —  /^2'  -J-         6' 

»  Hier,  5  avril,  le  ciel  était  couvert.  » 

I/Observatoire  impérial  de  Paris  a  reçu  de  M.  Luther  une  seconde  posi- 
tion, savoir  : 

i8S8.  T.  m.  de  Bonn.  Asc.  droite;  Déclinaison.         Nombre  de  oomp.     Observateiii-. 

Avril  6.       ii''54"38''         i2''2°'45S29        +5°4i'23",5  7  Schonfeld. 

Mouvement  diurne     —  44'  ■+-        5',5 

ASTRONOMIE.    —    Note  sur  la  <iuatrième  livraison  de    l'Atlas  écliptique    de 
M.  Chacornac.  (Présentée  par  M.  Le  Ferrier.) 

«  La  quatrième  livraison  de  l'Atlas  écliptique  comprend  les  cartes  n°'  4i 
]3,  5i,  63,  64  et  72. 

»  Sur  la  carte  u°  4  sont  indiquées  les  positions  de  i56o  étoiles,  dont  une 
4>e  trouve,  par  i*"  1™ 22' d'ascension  droite  et9°4'i2de  déclinaison  boréale, 
avoir  disparu  du  ciel  ;  elle  était  de  la  neuvième  grandeur.  Je  me  suis  aperçu 
de  sa  disparition  le  17  novembre  1&57. 


(  746  ) 

»  La  carie  n"  i3,  sur  laquelle  sont  enregistrées  i8ao  étoiles,  comprend 
dans  ses  limites  la  région  du  ciel  où  deux  étoiles  observées  par  Lalande  ont 
ultérieurement  disparu;  ce  sont  les  n"'  8226  et  83o6  du  Catalogue  Lalande. 
C'est  le  26  mars  i854,  en  vériBant  la  position  des  étoiles  que  contient  cette 
carte,  que  je  m'aperçus  de  la  disparition  d'une  étoile  de  dixième  grandeur 
dont  j'ai  déjà  parlé  dans  les  Comptes  rendus  (tome  XL,  page  835).  Je  l'ob- 
servais le  27  décembre  1 853  entre  les  étoiles  8207  et  8202  du  même  Cata- 
logue :  elle  formait  alors  avec  ces  étoiles  un  groupe  tertiaire  dont  j'indique 
sur  la  carte  la  configuration  par  4''  iS™  8'  d'ascension  droite  et  23°  56, o  de 
déclinaison  boréale.  Cette  carte  renferme  en  outre  la  position  d'une  étoile 
variable  et  celle  de  deux  étoiles  rouges  isolées.  L'étoile  variable  est  indiquée 
par  4""  3™  i3*  d'ascension  droite  et  par  21°  25',o  de  déclinaison  boréale  ;  elle 
varie  de  la  dixième  à  la  treizième  grandeur  dans  un  intervalle  de  temps  qui 
m'est  inconnu.  Une  des  étoiles  rouges  offre  un  éclat  terne  et  nébuleux  qui 
la  classe  dans  les  étoiles  de  septième  grandeur  :  elle  est  désignée  sur  cette 
carte  par  4"" '4™  ^6'  d'ascension  droite  et  par  aa"  37',3  de  déclinaison 
boréale;  l'autre  étoile  rouge  est  le  n°  81 47  du  Catalogue  Lalande. 
•  «  La  carte  portant  le  n"  5i  sur  laquelle  est  consignée  la  position  de 
1730  étoiles  comprend  dans  ce  nombre  celle  d'une  étoile  variable  qui  des- 
cend de  la  neuvième  à  la  onzième  grandeur.  Sa  période  m'est  inconnue, 
elle  est  indiquée  par  lô""  53™  17*  d'ascension  droite  et  20"  18', 8  de  décli- 
naison australe. 

»  Non  loin  de  là  se  trouve  une  étoile  désignée  dans  le  Catalogue  Lalande, 
sous  le  n"  30971,  comme  étant  de  la  dixième  grandeur.  Je  l'ai  toujours 
observée  de  la  neuvième. 

»  La  carte  n"  63  comprend  le  lieu  de  2o85  étoiles.  Dans  ce  nombre, 
aucune  n'offre  rien  de  particulier;  j'indiquerai  seulement  que  j'ai  placé 
sur  cette  carte  la  position  d'une  étoile  de  dixième  à  onzième  grandeur 
observée  par  M.  Hind  et  qui  a  depuis  disparu  du  ciel.  Je  la  fais  figurer  ici 
par  20'' 58™  20'  d'ascension  droite  et  i5"27',5  de  déclinaison  australe,  afin 
qu'on  puisse  s'assurer  si  ce  n'est  point  une  étoile  variable  aperçue  par  cet 
astronome  et  dont  les  rares  apparitions  m'auraient  échappé. 

»  Dans  la  région  du  ciel  que  représente  la  carte  n°  64,  j'ai  observé  les 
2125  étoiles  qui  y  sont  consignées  :  de  ce  nombre  sont  deux  étoiles  varia- 
bles, l'une  placée  par  2i*'8™32'  d'ascension  droite  et  20°38',o  de  décli- 
naison australe;  l'autre  par  21 ''7™  53*  d'ascension  droite  et  20°47'»5  de 
déclinaison  australe.  Toutes  deux  varient  irrégulièrement  d'éclat  :  la  pre- 
mière descend  de  la  neuvième  à  la  treizième,  grandeur  ;  deux  fois  même  elle 


(  747  ) 
a  Gomplétement  disparu.  La  seconde  varie  de  la  neuvième  à  la  onzième 
grandeur.  Dans  cette  partie  du  ciel  brille  une  étoile  rouge  isolée  dont  l'éclat 
varie  aussi;  elle  est  indiquée  sur  cette  carte  par  21''  1 5"  4?' d'ascension  droite 
et  ai°  28', 5  de  déclinaison  australe.  Je  l'ai  observée  tantôt  plus,  tantôt  moins 
brillante  qu'une  étoile  de  septième  grandeur  dont  elle  est  voisine,  mais  son 
éclat  ne  s'écarte  pas  beaucoup  de  celui  de  cette  dernière.  Deux  étoiles  obser- 
vées par  moi,  et  qui  ont  disparu  du  ciel,  sont  encore  enregistrées. sur  cette 
carte.  L'une,  de  onzième  grandeur,  placée  par  •21''  2™  27'  d'ascension  droite 
et  i6<'47',2  de,  déclinaison  australe,  fut  observée  du  i8  juillet  au  9  no- 
vembre 1854.  Le  i3  juillet  de  l'année  suivante  elle  avait  disparu,  et  depuis 
elle  n'a  pas  repani.  L'autre  étoile,  de  onzième  grandeur  aussi,  a  été  recon- 
nue comme  ayant  disparu  du  ciel  le  8  septembre  i855.  Elle  est  indiquée  par 
2  r'' 17™  1 3' d'ascension  droite  et  19°  89', 5  de  déclinaison  australe. 

»  J'indique  sur  la  carte  n"  72  les  positions  de  i63o  étoiles  dont  plusieurs 
ont  disparu  du  ciel.  Voici  dans  quelles  circonstances  : 

«  Par  9.3'' 56" 46'  d'ascension  droite  et  o°i8',7  de  déclinaison  boréale, 
.j'observai  le  24  ou  le  aS  janvier  i854  «ne  étoile  double  dont  les  deux  com- 
posantes très-rapprochées  l'une  de  ^aut^e  étaient  d'égale  grandeur,  c'est- 
à-dire  de  la  dixième.  Le  29  juillet  de  la  même  année  je  remarquai  que  l'une 
des  deux  avait  disparu,  etdepuis  cette  époque  jusqu'au  i5  octobre  1867  j'ai 
toujours  vu  cette  étoile  simple,  bien  que  je  l'aie  observée  avec  dé  forts  gros- 
sissements. Ce  même  jour,  le  29  juillet  i854,  en  vérifiant  la  totalité  des 
positions'  d'étoiles  que  j'avais  déterminées  du  8  au  aS  janvier  précédent,  je 
reconnus  qu'ime  étoile  de  dixième  grandeur  aussi  et  qui  avait  été  observée 
le  18  ou  le  20  janvier  était  tout  à  fait  invisible,  quoiqu'une  autre  étoile  de 
douzième  grandeur  marquée  à  côté  de  celle  disparue,  soit  au  contraire  très- 
apparente.  Cette  étoile,  indiquéesur  notre  carte  par  23'' 46"  28'  d'ascension 
droite  et  1°  18', 8  de  déclinaison  australe,, n'ayant  pas  reparu,  je  ferai  remar- 
quer que  les  positions  de  ces  deux  astres  disparus  étant  réunies  par  une 
ligne  peu  inclinée  sur  l'écliptique  pourraient  s'accorder  à  représenter  deux 
observations  d'une  même  petite  planète,  se  trouvant  au  mois  de  janvier  en 
quadrature.  Lacéléritéque  j'apportai  à  la  construction  de  cette  carte,  dont 
1a  région  du  ciel  qu'elle  représente  s'approchait  alors  du  crépuscule,  et  sans 
doute  l'entrave  des  mauvais  temps,  m'a  empêché  de  vérifier  plus  tôt  ces  deux 
positions  qui  m'auraient  fait  reconnaître  le  mouvement  de  cet  astre. 

I»  Le  10  août  i855,  en  vérifiant  de  nouveau  la  position  des  étoiles  que  ren- 
ferme cette  portion  du  ciel,  je  m'aperçus  qu'une  autreétoile  y  manquait;  elle 
était  indiquée  sur  la  carte  par  23''4i'°  5i' d'ascension  droite  et  2"  7',$  de 

C.   R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N<»  III.}  97 


(  748  ) 
déclinaison  boréale  et  notée  comme  une  étoile  de  la  onzième  classe.  Je  l'ai 
observée  du  1 8  janvier  au  lo  septembre  i854;  de()uis  elle  n'a  pas  reparu. 

M  Le  7  septembre  i855  j'enregistrais  encore  luie  étoile  de  dixième  gran- 
deur qui  ne  brillait  plus  au  ciel.  Elle  est  indiquée  par  a3''  46™  25'  d'ascension 
droite  et  o°/j3',4  de  déclinaison  boréale.  Enfin  le  i3  octobre  iSSy",  je  recon- 
nus qu'une  autre  étoile  de  onzième  grandeur  placée  dans  le  voisinage  de 
cette  dernière,  c'est-à-dire  par  aS""  48"  26'  d'ascension  droite  et  par  0°  3o',4 
de  déclinaison  boréale  avait  aussi  disparu  de  cette  position.  Elle  m'a  paru 
briller  d'un  éclat  constant  du  24  janvier  i854  au  a6  août  i856. 

»  En  terminant,  je  mentionnerai  que  la  somme  des  positions  d'étoiles 
déterminées  par  les  vingt-quatre  cartes  des  quatre  premières  livraisons 
publiées  s'élève  à  36495   ». 

M.Lecocq  annonce  l'envoi,  fait  au  nom  de  l'Académie  desSciences,  Belles- 
Lettres  et  Arts  de  Clermont-Ferrand,  d'un  exemplaire  des  «  Annales  scienti-     "* 
fiques,  littéraires  et  industrielles  de  l'Auvergne  pour  l'année  1857  ». 

MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Mémoire  sur  la  dëterininalion  par  la  pile  des  (fuan- 
tilés  de  travail  moléculaire  exprimées  en  calories  produites  par  l'union  des 
bases;  par  MM.  Marié-Davy  et  Troost  (i)- 

«  Dans  une  série  de  Mémoires  présentés  par  l'un  de  nous  à  l'Académie 
dans  les  séances  du  23  avril  et  des  7  et  21  mai  i855,  l'auteur  est  arrivé, 
entre  autres  conclusions,  aux  trois  suivantes  : 

»  i".  Quelle  que  soit  la  nature  du  mouvement  électrique,  ondulatoire 
ou  continu,  la  résistance  que  ce  mouvement  rencontre  en  chaque  point  du 
circuit  est  proportioimelle  à  son  intensité  en  ce  point. 

»  2".  En  chacun  de  ces  points  du  circuit,  le  travail  de  cette  résistance 
est  proportionnel  au  carré  de  l'intensité  du  mouvement  électrique. 

»  3".  Dans  une  pile  en  activité,  le  travail  total  des  résistances  du  circuit 
est  proportionnel  à  la  force  électromofrice  de  la  pile  et  à  sa  dépensé  utile 
en  zinc. 

»  Des  recherches  ultérieures  ont  conduit  l'auteur  à  préciser  davantage 
cette  dernière  proposition  et  à  la  formuler  ainsi  : 

»  a.  La  pile  entre  entièrement  dans  les  lois  de  la  mécanique  orduiaire. 

»   h.  Dans  une  pile  dont  on  vient  d'unir  les  pôles,  le  mouvement  élec- 


(1)  Ce  Mémoire  est  annoncé  comme  l'extrait  d'un  travail  que  les  auteurs  se  proposent  de 
présenter  plus  tard. 


^Y. 


(  749  ) 
trique  partant  de  zéro  croît  graduellement  suivant  la  formule 

/'  =  i(i  -  ro-«»<"), 

daus  laquelle  i'  est  l'intensité  du  courant  au  bout  du  temps  t  après  la  fer- 
meture du  circuit,  et  i  son  intensité  finale.  Au  bout  d'un  temps  excessive- 
ment court,  l'équilibre  est  établi.  A  ce  moment,  il  y  a  égalité  entre  le  tra- 
vail des  résistances  du  circuit  et  le  travail  électromoteur  de  la  pile. 

»  <•.  Le  travail  électromoteur  n'est  autre  chose  que  la  somme  des  travaux 
.moléculaires  positifs  ou  négatifs  résultant  des  combinaisons  ou  décomposi- 
tions*qui  s'effectuent  dans  la  pile.  Il  est  proportionnel  à  la  quantité  A  de 
travail  correspondant  à  la  dissolution  d'un  équivalent  de  zinc,  proportionnel 
a  l'intensité  i  du  courant,  proportionnel  au  produit  Ai,  et  égal  à  ce  produit 
si  l'on  choisit  convenablement  ses  unités. 

»  d.  En  représentant  par  /  la  longueur  du  circuit  supposé  homogène, 
par  s  sa  section,  l'intensité  du  courant  qui  traverse  chaque  unité  de  section 

est  -•  \je.  travail  résistant  y  est  donc  -  ;  le  travail  résistant  de  toute  la  section 

p  .    l  . 

devient  -  et  celui  de  tout  le  circuit  -i*. 

s  '  * 

»  e.   L'égalité  des  travaux  électromoteurs  et  résistant  nous  donne 

-/'  =  Ai,    -/  =  A, 

.ï  s 

formule  bien  connue. 

«  /.  A,  ou  ce  que  l'on  appelle  ordinairement  force  électromotrice  de  la 
pile,  est  un  travail  électromoteur,  c'est  le  travail  des  réactions  par  équivalent 
qui  ont  lieu  dans  la  pile. 

»  g.  Le  travail  électromoteur  équilibré  par  le.  travail  résistant  n'est  pas 
détruit,  il  est  transformé  ;  il  reparaît  sous  forme  de  chaleur. 

"  h.  lÀ  quantité  de  chaleur  déposée  en  chaque  vuiitè  de  section  du  cir- 
cuit est  proportionnelle  au  carré  de  l'intensité  du  courant  qui  la  traverse 

ou  à  '—  La  quantité  de  chaleur  déposée  dans  le  circuit  tout  entier  sera  donc 

proportionnelle,  égale,  si  l'on  choisit  convenablement  ses  unités,  à  -  ;''. 

o  i.  Dans  une  réaction  chimique,  de  quelque  nature  qu'elle  soit,  un 
mouvement  électrique  a  toujours  lieu,  canalisé  comme  dans  les  piles  ou 
diffus  comme  dans  les  réactions  chimiques  ordinaires.  L'intensité  de  ce 
mouvement,  et,  par  suite,  la  rapidité  de  l'action  chimique,  est  réglée  de  telle 

97- 


(  75o  ) 
soiie  que  le  travail  résistant  soit  égal  au  travail  moléculaire.  Ce  travail  de- 
vient chaleur. 

»  j.  A  peut  doue  servir  de  mesure  aux  quantités  de  chaleur  développées 
dans  les  réactions  chimiques,  et  la  boussole  devient  l'appareil  calorimétrique 
le  plus  délicat. 

»  k.  Les  quantités  de  travail  moléculaire  ou,  ce  qui  revient  au  même,  les 
quantités  de  chaleur  développées  dans  les  combinaisons  chimiques,  peuvent 
servir  de  mesure  aux  affinités  des  corps,  et  la  boussole  devient  un  moyen 
de  classer  les  corps  simples  ou  composés  dans  Tordre  de  leurs  affinités 
exprimées  par  des  chiffres. 

»  /.  La  combinaison  chimique  de  deux  corps  ne  dépend  pas  toutefois 
seulement  de  leur  affinité,  mais  encore  de  la  possibilité  pour  le  mouvement 
électrique  de  se  constituer. 

1)  Ces  propositions  ont  servi  de  base  à  un  travail  entrepris  depuis  deux 
ans  par  l'un  de  nous,  qui  eut  l'honneur  d'en  communiquer  à  M.  Dumas  par 
écrit  quelques  résultats  dans  le  courant  de  l'année  1857,  C'est  ce  même  tra- 
vail, repris  en  conipiun  sur  une  plus  grande  échelle,  qui  fait  l'objet  de  ce 
premier  Mémoire.  I-ies  expériences  sont  faites  tantôt  par  l'un,  tantôt  par 
l'autre,  très-souvent  par  les  deux  successivement,  de  manière  à  contrôler 
les  résultats;  toutefois  l'un  de  nous  reste  plus  parirculièrement  chargé  de  la 
partie  chimique  et  l'autre  de  la  partie  physique  de  la  question. 

Tableau  des  quantités  de  travail  moléculaire  exprimées  en  calories  produites  par  la 
combinaison  d'un  équivalent  d'acide  et  d'alcali  en  dissolutions  étendues. 

Acides.  Potasse.  Sonde.  Ammoniaque. 

Siiifurique 16060  161 89  r4633 

Métaphosphoçique . .  .  .  i4843  '4493  12 142 

Azoïique i5o54  j5357  iSjoS 

Hydrofluosilicique.  .    .  i4°49  i374o  13287 

Chlorliydrique i52io  16733  'Sigg 

Bromhydrique '49'^  14673  11812 

lodhydrique >5747  i54ao  i3og5 

Oxalique '4^98  >49'3  13676 

Tartrique 147  <2  '447^  ii454 

Acétique '3757  i3582  ''95' 

Citrique i4i5o  '4^9^  iSaGS 

Formique 12784  iï6o3  1 1022 

Borique »                      »  58oo 

Oxyde  de  zinc 8270  3ooo  3 1  ^o 


(  750 

PALÉONTOLOGIE.  —  De  la  découverte  du  cjenre  Noteus  (  f>oisson  malacoplérygien  ) 
dans  les  terrains  aneuthalassiques  d'Armissan  près  de  Narbonne  (Aude)  ;  par 
M.   Marcel  de  Serres.   (Extrait.) 

«  Le  poisson  fossile  de  l'ordre  des  Cycloïdes  (Noteus  laticaudus)  doit  son 
nom  à  sa  caudale  arrondie  et  à  la  largeur  de  sa  queue.  Quoique  nous  na 
])Ossédions  que  la  partie  postérieure  du  corps  de  cette  espèce ,  nous  n  en 
sommes  pas  moins  certain  de  son  exacte  détermination,  tant  est  précise  la 
description  que  nous  devons  à  M.  Agassi/. 

»  Le  genre  Noteus  a  été  classé  par  ce  grand  zoologiste  dans  la  famille  des 
Halécoïdes  de  l'oidre  des  Cycloïdes  malacoptérygiens  ;  cette  famille  est 
essentiellement  composée  d'espèces  d'eau  douce.  C'est  aussi  dans  les  ter- 
rains déposés  dans  des  eaux  non  salées  qu'il  a  été  rencontré  à  Montmartre  et 
à  Armissan.  Ce  double  gisement,  en  opposition  avec  la  loi  de  la  localisation 
qui  a  régi  la  distribution  des  espèces  organisées  lors  de  la  période  tertiaire^ 
donne  une  certaine  importance  à  la  découverte  du  Noteus  laticaudus  dans" 
deux  localités  séparées  par  une  assez  grande  distance. 

i>  Pour  faire  saisir  cette  importance,  nous  comparerons  certains  bivssins 
océaniques  et  méditerranéens  de  la  France  et  nous  verrons  si  chacun  de  ces 
bassins  n'est  pas  caractérisé  par  un  ensemble  de  productions  organiques  à 
eux  propres. 

»  1.  Bassin  aneuthalassique  d'Armissan.  —  Ce  bassin  méditerranéen  est 
caractérisé  par  de  nombreux  végétaux  fossiles,  de  l'ordre  des  dicotylédons 
angiospermes! ,  quelques  rares  monocotylédons  et  des  cryptogames  acro- 
gènes  des  familles  des  Fougères  et  des  Mousses  ;  ces  végétaux  associés  à 
quelques  poissons,  ainsi  qu'à  des  mollusques  lacustres,  pour  la  plupart  de  la 
famille  des  Lamellibranches,  des  genres  Cyrène  et  Cyclade. 

»  Les  marnes  d'eau  douce  d'Armissan  ne  sont  point  accompagnées, 
comme  celles  de  Montmartre,  par  des  gypses;  elles  se  montrent  seulement 
liées  aux  mines  de  plâtre  qui  les  entourent.  Telles  sont  celles  de  Malvezy,< 
de  Portel,  du  Lac  et  de  Sigean. 

»  Quoique  les  terrains  lacustres  de  cett<;  partie  des  environs  de  Narbonne 
lie  soient  pas  asisociés  aux  formations  gypseuses,  ils  sont  cependant  supei- 
posés  à  un  dépôt  puissant  d'un  combustible^  qui,  minéralogiquement ,  éta-- 
blit  une  sorte  de  transition  entre  les  lignites  et  les  tourbes.  On  sait  du  reste 
que  les  lignites  tertiaires  et  les  gypses  des  mêmes  formations  appartiennent 
généralement  aux  dépôts  d'eau  douce. 


(  752  ) 

»  Les  plâtres  des  environs  d'Armissan,  pour  la  plupart  exploités,  con- 
stituent un  même  système  avec  les  dépôts  lacustres  de  Pesquia,  de  Sigean, 
de  Bagen  et  des  îles  qui  en  sont  rapprochées,  connues  sous  les  noms  d'Ouil- 
lens,  de  Planas,  de  l'Ante,  etc.;  il  en  est  de  même  des  formations  infé- 
rieures au  calcaire  moellon  de  l'île  Sainte-Lucie  et  des  calcaires  blancs  de 
Fleury  et  de  Salles,  etc.,  ensemble  de  dépôts  tertiaires  contemporains  de 
ceux  de  Montmartre. 

»  Les  marnes  d'Armissan  n'ont  offert  jusqu'à  présent  en  débris  de  ver- 
tébrés que  quelques  rares  vestiges  de  poissons.  Parmi  les  nombreuses  em- 
preintes végétales  qu'elle  présentent,  on  reconnaît  des  arbres  dicotylédons 
de  très-grandes  dimensions. 

»  IL  Bassin  de  Montmartre.  —  Ce  bassin  est  caractérisé  par  de  nom- 
breux pachydermes,  dont  les  genres  sont  pour  la  plupart  inconnus  dans  la 
nature  actuelle  ;  parmi  eux  dominent  les  Palœotherium  et  les  Anoylotherium, 
auxquels  sont  associés  des  oiseaux,  des  reptiles  et  des  poissons,  spécifique- 
ment différents  de  ceux  d'Armissan,  du  moins  le  plus  grand  nombre.  Il  en 
est  de  même  des  animaux  invertébrés. 

»  Des  différences  peut-être  plus  grandes  encore  distinguent  les  flores  des 
deux  bassins,  qui  n'ont  entre  elles  aucune  analogie. 

»  in.  Bassin  (T Aix  en  Provence.  —  La  faune  d'Aix  a  moins  de  rapport 
avec  celle  de  Montmartre  que  la  flore  qui  caractérise  les  deux  bassins.  Un 
ordre  entier  d'invertébrés,  les  msectes,  extrêmement  nombreux  dans  la 
première  localité,  ne  se  trouvent  pas  dans  la  seconde.  Les  espèces  des  mol- 
lusques gastéropodes  et  lamellibranches  qui  accompagnent  ces  articulés 
sont  tout  à  fait  différentes  spécifiquement  dans  les  deux  bassins. 

»  Il  en  est  de  même  des  reptiles  chéloniens  et  batraciens;  en  quantité 
assez  considérable  à  Aix,  à  peine  en  voit-on  des  traces  à  Montmartre;  quant 
aux  poissons,  ils  n'appartiennent  pas  aux  mêmes  espèces  dans  les  deux  loca- 
lités :  ainsi  le  Lésinas  cephalotes,  si  répandu  en  Provence,  n'est  pas  représenté 
à  Paris.  Les  mêmes  différences  se  remarquent  par  rapport  aux  mammifères, 
qui  jusqu'à  présent  sont  bornés,  dans  le  bassin  que  nous  étudions,  à  quel- 
ques rares  débris  de  Palœotherium. 

»  Les  deux  flores  ont  toutefois  quelques  analogies  :  l'une  et  l'autre  sont 
caractérisées  par  des  dicotylédons  angiospermes  et  des  monocotylédons  eh 
certain  nombre.  Elles  offrent  cette  particularité  remarquable  de  receler  la 
même  espèce  de  palmier,  le  Flahellaria  parisiensis. 

»  La  flore  d'Armissan  a  également  certaines  affinités  avec  celle  d'Aix, 
surtout  par  le  grand  nombre  de  dicotylédons  angiospermes  qui  la  carac- 


(  753  ) 
térisent;  toutes  deux  elles  diflfèrent  néanmoins  par  les  cryptogames  acre* 
gènes  des  familles  des  Mousses  et  des  Fougères  que  l'on  ne  voit  pas  en 
Provence. 

»  IV.  Bassins  aneuthatassiques  à  l'est  et  au  nord  de  Montpellier,  se  prolon- 
geant jusqu'à  Snlagas,  dans  l'Ardèche.  —  Les  terrains  aneuthalassiques  qui 
de  Montpellier  s'étendent  dans  la  direction  de  l'est  jusque  dans  l'Ardèche, 
ont  une  longueur  d'environ  36  lieues  sur  une  largeur  de  lO  à  12.  Us  nous 
donnent  une  idée  de  la  grandeur  qu'avaient  les  anciens  lacs  qui  ont  disparu 
du  midi  de  la  France,  comme  les  foyers  volcaniques  qui  en  ont  troublé 
le  sol  à  tant  de  reprises  différentes. 

»  Ces  terrains  recèlent  dans  leurs  couches  tles  mollusques  gastéropodes  et 
lamellibranches  lacustres  dont  les  espèces  sont  toutes  perdues,  mais  non 
les  genres.  On  ne  peut,  en. effet,  en  signaler  dans  cet  intervalle  qu'un  seul 
qui  n'a  plus  de  représentant  dans  la  nature  actuelle,  c'est  le  genre  Ferru- 
sine,  dont  les  analogies  avec  les  Anostomes  sont  si  grandes. 

»  Le  bassin  oriental  des  environs  de  Montpellier  ne  le  cède  en  grandeur 
qu'à  ceux  de  l'Espagne  et  de  l'Asie  Mineure;  les  animaux  vertébrés  y  sont 
si  peu  nombreux,  qu'ils  n'y  sont  représentés  que  par  une  espèce,  le  Palœo- 
therium  médium. 

»  V.  Bassin  à  l'ouest  de  Montpellier,  se  prolongeant  jusqu'au  delà  dlssel  et 
de  Castelnaudary  (Aude). 

»  Le  bassin  aneuthalassique  occidental  des  environs  de  Montpellier  offre 
cette  particularité  remarquable,  que  tandis  que  les  formations  lacustres  de 
l'Hérault  sont  liées  aux  lignites,  celles  de  l'Aude  se  montrent  presque  con- 
stamment associées  aux  dépôts  gypseux,  ou  du  moins  en  sont  très-rappro- 
chées. 

»  Ce  bassin  est  du  reste  caractérisé  par  des  pachydermes  des  mêmes 
genres  que  ceux  du  groupe  éocène,  ainsi  que  par  quelques  chélôniens  et 
sauriens.  Le  genre  Lophiodon  y  est  le  plus  abondant,  tout  comme  les  cro- 
codiliens  qui  signalent  la  grande  famille  des  reptiles  lacertiens.  Quant 
aux  chélôniens,  on  les  voit  représentés  par  de  grandes  tortues  terrestres, 
analogues  par  leurs  dimensions  avec  les  tortues  des  mêmes  stations  de 
rinde.  Du  reste,  lorsque  les  débris  des  animaux  vertébrés  sont  en  grand 
nombre  dans  les  terrains  d'eau  douce  de  l'Aude,  ceux  des  invertébrés  y 
sont  au  contraire  peu  communs.  Les  localités  d'Issel  et  de  Villeneuve,  près 
de  Castelnaudary,  sont  des  exemples  remarquables  de  ces  faits  dont  on 
peut  voir  la  preuve  dans  notre  Mémoire  sur  la  dernière  de  ces  localités. 

"  La  flore  des  terrains  aneuthalassiques  de  l'Aude  est  généralement  peu 


{  754  ) 
riche  :  Duiial  y  a  signalé  toutefois  V Equiselurn  auluitum,  espèce  perdue  dont 
les  dimensions  étaient  plus  considérables  que  celles  de  toutes  les  prèles  de 
l'Europe  (i);  enfin  ou  a  rencontré  dans  les  macignos  ou  grès  de  Carcas- 
sonne  le  même  palmier  [Flabellaria  parisiensis )  des  environs  d'Aix  et  de 
Paris.  Ce  même  bassin  occidental  o£fre  sans  doute  quelques  autres  débris 
de  végétaux,  mais  ils  ne  sont  pas  assez  bien  conservés  pour  les  rapporter 
à  des  espèces  précises,  ni  même  aux  familles  auxquelles  ils  jjeuvent  appar- 
tenir. 

»  En  résumé,  les  espèces  communes  aux  terrains  lacustres  du  nord  et  du 
midi  de  la  France,  dont  les  uns  se  rattachent  à  l'Océan  et  les  autres  à  la 
Méditerranée,  ne  concordent  «pas  avec  la  répartition  géographique  des 
espèces  fossiles,  en  surface  et  profondeur,  appartenant  à  la  période  ter- 
tiaire (2).  Ces  exceptions  se  rattachent  en  quelque  sorte  à  la  loi  de  la  dif- 
fusion qui  a  régi  la  distribution  des  corps  organisés  pendant  la  période 
primaire  et  la  période  secondaire,  remplacée  plus  tard  par  la  loi  de  la  loca- 
lisation; cette  loi  a  établi  des  flores  et  des  faunes  diverses  dans  chaque 
région,  qui,  tout  en  se  rapportant  à  une  même  époque,  dépendaient  cepen- 
dant d  aires  géographiques  différentes.  » 

M.  Ddmorisson  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un 
Mémoire  qu'il  avait  précédemment  adressé  et  sur  lequel  il  n'a  pas  été  fait 
de  Rapport  :  ce  Mémoire  a  pour  titre  :  «  Moyen  de  rendre  fixes,  invariables 
et  indestructibles  les  points  d'attache  des  lignes  de  délimitation  et  les  points 
de  repère,  quelle  que  soit  leur  destination  ». 

M.  VoGEi.  (Fritz)  adresse  de  Venise  des  remarques  sur  tiititilé  que  pour- 
raient avoir  pour  les  photoqraphes  les  indications  du  polariscope,  soit  pour 
déterminer  l'orientation  des  ateliers  dans  lesquels  se  font  les  portraits  photo- 
graphiques, soit  pour  déterminer  les  heures  les  plus  favorables. 

M.  Phii>so.\  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Commis- 
sion chargée  de  l'examen  de  ses  observations  sur  quelques  cryptogames  du 
genre  Rhyzomorphe 

M.  Phipson  adresse  en  mémo  temps  un  exemplaire  d'un  Mémoire  qu'il 


(i)  Annalea  des  Sciences  naturelles,  'h'  série,  partie  zoologique,   tome  II,  page  168  (sep- 
tembre i844)- 
j ,   (2)  Mémoires  de  la  Section  des  Sciences,  Académie  de  Montpellier,  tome  L,  page  169,  1848. 


{  755  ) 
vient  de  publier  sous  le  titre  suivant  :  «  De  la  phosphorescence  en  général 
et  des  insectes  phosphorescents  en  particulier  ».  Dans  ce  travail,  qui  se 
divise  en  quatre  parties,  M.  Phipson  considère  la  phosphorescence  dans  les 
trois  règnes  de  la  nature.  La  quatrième  partie  contient  une  revue  historique 
du  sujet  et  la  théorie  proposée  par  l'auteur  pour  expliquer  le  phénomène  de 
la  phosphorescence.  :       .    •    . 

M.  îVfioBEY  fait  remarquer  que  le  livre  qu'il  a  précédemment  adressé 
(Histoire  médicale  et  statistique  du  choléra-morbus  épidémique,  qui  a 
régné  en  i85/|  dans  la  ville  de  Gy)  n'était  point  destiné  au  concours  pour 
le  prix  du  legs  Bréant,  mais  au  concours  Montyon. 

La  Lettre  et  l'analyse  qui  y  était  jointe  seront  renvoyées  à  la  Commission 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

M.  BoBLiN,  qui  avait  adressé  dans  la  précédente  séance  une  Note  intitulée  ; 
«  Appréciation  d'un  appareil  à  levier  substitué  au  micromètre  des  instru- 
ments de  précision...  »,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  renvoyer  cette  Note 
à  l'examen  d'une  Commission  autre  que  celle  qu'elle  avait  désignée.  Cette 
demande  ne  peut  être  prise  en  considération,  mais  la  Note,  comme  l'auteur 
en  exprime  le  désir  pour  le  cas  prévu  d'un  refus,  sera  considérée  comme  non 
avenue. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  IS.) 


r  756  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  1 2  avril  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Annales  de  t Observatoire  impérial  de  Paris.  Atlas  écliptique.  Cartes  n°*4, 
i3,  5 1,  ifj3,  64  et  .7a;  par  M.  Chacornac. 

Appareils  chromo-électriques  à  induction,  application  aux  expériences  balis- 
tiques ;  par  M-  Martin  de  Brettes.  Paris,  i858;  in-8°. 

Mazas.  Etudes  sur  l'emprisonnement  cellulaire  et  la  folie  pénitentiaire  ;  par 
M.  le  D'  ProsperDE  PiëTra-Santa.  2*  édition..  Paris,  i858;  in-8°. 

Statistique  des  coups  de  foudre  qui  ont  frappé  des  paratonnerres  ou  des  édi- 
fices et  des  navires  armés  de  ces  appareils;  par  M.  F.  Duprez  ;  br.  in-4''.  (Extrait 
^  du  tome  XXXi  des  Mémoires  de  l'Académie  rojale  de  Belgique.) 
Vf  ■y'i^oiés  sur  les  poissons  des  terrains  crétacés' dç  :la  Suisse  et  de  la  Savoie  ;  par 
'  '    'm.  F>J;  Pictet.  Genève ,  1 858  ;  br.  i-n-8<>^l  j  I . 

:|:'  \  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier.  Ùiscô^tïrê^  prononcé  aux  funérailles  de 
:■  M.  Ji.  Viard,  professeur  de  physiqueypàr  1^.  \^'}^ro(e«,&e\ir  G.  Chancel; 
'rine  feuille  în-S".  '  ;*'; '!i  >;V.;',;  ;! 

'M.   :        Dictionnaire  français  illustré  et  ent:ycio,pédïe  ûnii>krselle  ;  54*livr.  ;  in-4". 
!  !;   ■  ;V  ,  :    De  la  phosphorescence  en  général  et  des  iniè^tès  phosphorescents  en  particu- 
H  :'|    lier;  par  U.  T.  L.  PhipSON.  Bruxelles,:  *858ibr.;Jn-8°. 

■;         Lavraiedanàide,  motrice  aérienne; ^cir^.:3li\j^:ii  Le  Pennec.  Ghàteauroux, 
;  •  f  :  •  1 858;;  %•. ?n -4^.  ! ••,  'Ç^:\  .    'i^     '\  '' ■■  '^-'^^r) 

Court  exposé  dit  pjritièipe  sur  lequel  répoisnt  les  meilleurs  microscopes  diop- 
triquescotri^osés  àchroniati/fues  du  professeur  J.'ii.  Amici  et  du  marquis  de  Pan- 
.  <«atjc/n;  pair  Mi  Ach^^B'BAéttEÏ.  Pâr^^ 

The  mmimoi..  LesttoÉhm  situriéifines  et  les  fossiles  de  Norwége,  tels  qu  ils  sont 
décrits  parM:  Th^oa.  l^erûlffceux  des  provittces  baltiquts  de  la  Russie,  par  le 
professeur  Schmidt;  comparés  avec  leurs  équivalents  de  la  Grande-Bretagne  ;  par 
sir  R.  L  MurtCHITOiy;  ferJ/iJEirS^h;        ;   !      ;  1;  ' 


,. .    ■■■..,..  {-JÔ-j  ) 

Ou  \\ï(i.:  Sut  Ut  quiintilé  âe  chaleur  dévelofJijée  fjar  (eau  quand  elle  est  vio- 
lemment agitée,  \"  partie;  il  expériences  pour  déterminer  la  résistance  d'une  vis 
quand  elle  tourne  dans  l'eau  à. différentes  profondeurs  et  à  différentes  vitesses  ;  par 
M.  G.  RkNNiE;  bi\  iif8*.y:  '    .  . 

Uehevdié.  ...Sur  lés  noms  de  plantes  dans  le  dialecte  Tupie;par  M.  Maktius. 
Munich,  i85B;lîr.  in-A".  ^  . 


ERRATA. 

(Séance  du  29  mars  i858.) 

Page  618,  ligne  a5,  an  lieu  de  extrémité  septentrionale  de  la  Corse,  lises  extrémité  septen- 
trionale du  terrain  primitif  de  la  Corse. 

Page  648,  ligne   i5,  au  lieu  de  8  sin  —  5  lises  8  sin' -: 


2 

1 

»     ligne    30, 

># 

10', 3o    ■ 

>> 

10  minutes  et  demie; 

»    lignes  31   et  27, 

» 

.       9'.3o 

& 

g  minutes  et  demie; 

»      ligne   7.8, 

» 

i',3o 

» 

nne  minute  et  demie. 

i-lAJ>A0i*6(tft->.. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  19  AVRIL  1858, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMHRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Note  sur  une  suite  intéressante  de  coquilles  rapportées  des 
mers  du  Japon,  et  de  la  Manche  de  Tartarie,  par  M.  le  D"^  Barthe  ;  par 
M.  A.  Valenciennes. 

«  L'Académie  a  entendu  dans  sa  dernière  séance  une  communication  de 
M.  le  D"  Barthe,  chirurgien  de  la  frégate  la  Sibylle^  sur  des  observations  de 
botanique  et  de  météorologie  faites  dans  le  cours  du  voyage  de  ce  navire. 

»  Cet  officier  a  offert  au  Muséum  d'histoire  naturelle  une  suite  de  cent 
vingt  espèces  de  coquilles  recueillies  dans  différentes  relâches.  Plusieurs  pré- 
sentent assez  d'intérêt  pour  en  parler  à  l'Académie. 

»  M.  le  D"^  Barthe  a  joint  à  sa  collection  la  Note  suivante  pour  indiquer 
les  principaux  endroits  où  il  a  trouvé  ces  Mollusques.  Plusieurs  de  ces 
coquilles  viennent  des  bassins  de  l'empereur  Nicolas,  dans  la  Manche  de 
Tartarie,  Sibérie  orientale;  d'autres  viennent  de  la  baie  d'Hokodadi  et  du 
détroit  de  Sangard,  sur  les  côtes  du  Japon. 

«  Pendant  la  courte  durée  du  mouillage  de  la  Sibylle  devant  Tabano  des 
»  Kouriles,  j'ai  ramassé  des  pourpres  et  des  buccins  d'espèces  nouvelles. 

C.  R,,  i858,  r"  Semestre.  (T.  XLVl,  N»  16.)  99 


•  ^iJ  (  7G0  )  >  Î\I5? 

»  J'ai  trouvé  peu  d'espèces  terrestres  dans  le  Nord,  toutefois  j'ai  pu  en 
>'  recueillir  dans  les  îles  Lioutchou,  à  Nafa,  à  Chouï  :  ce  sont  diverses  hélices, 
»  des  clausilies,  des  cyclostoraes. 

»  Enfin  dans  le  golfe  Persique,  à  Covert,  je  n'ai  pas  négligé  les  coraux  et 
»  les  spongiaires  qui  m'ont  fait  connaître  des  espèces  intéressantes.  » 

"  Cette  Note,  rédigée  avec  simplicité  et  modestie,  Êiit  cependant  bien 
apprécier  le  zèle  que  M.  Barlhe  a  mis  à  servir  les  sciences  naturelles. 

»  En  présentant  les  principales  espèces  de  la  collection  de  coquilles  don- 
nées au  Muséum,  je  ferai  les  remarques  suivantes  sur  plusieurs  d'entre  elles. 

»  J'appelle  l'attention  sur  un  grand  Perten  qui  ressemble  beaucoup  aux 
espèces  fossiles  de  l'Astesan,  et  autres  espèces  des  couches  pliocènes  de 
Perpignan.  Je  veux  parler  de  cette  grande  et  belle  espèce  désignée  d'abord 
par  Brochi  sous  le  nom  de  Ostrea  latissima,  et  que  I^amarck  a  fait  connaître 
par  le  nom  de  Pecten  laticoslatus  resté  en  conchyliologie.  La  règle  veut  que 
cette  espèce  reprenne  rang  dans  nos  collections  sous  le  nom  Pecten  latissi- 
mus.  Ceux  de  nos  confrères  qui  se  sont  particulièrement  occupés  de  l'étude 
des  coquilles  fossiles,  et  je  citerai  MM.  Élie  de  Beaumont  et  d'Archiac,  a 
qui  j'ai  montré  cette  belle  coquille,  ont  été  frappés  comme  moi  de  cette 
ressemblance  générale.  En  reconnaissant  que  ce  Mollusque  vivant  appar- 
tient au  groupe  de  ces  grands  Peignes  fossiles,  et  à  ceux  dont  le  test  est  relevé 
par  de  grosses  côtes  sillonnée»,  tels  que  le  Pecten  nommé  par  Linné  Ostrea 
jacobœa,  je  trouve  que  l'espèce  due  aux  recherches  de  M.  le  D"^  Barthe  est 
peut-être  plus  voisine  du  grand  Peigne  fossile  du  pliocène  de  Perpigna»j  et 
que  j'ai  nommé  dans  la  collection  du  Muséum  Pecten  zebedœus.  Notre  grande 
et  belle  coquille  vivante,  d'espèce  nouvelle,  peut  recevoir  le  nom  de  Pecten 
D0MIN1C.4NUS,  nom  qui  rappellerait  la  pensée  de  Unné  ;  il  vient  du  bassin  de 
l'empereur  Nicolas.  Il  porte  vingt  et  une  côtes,  nombre  presque  double  de 
celui  des  individus  d'Asti;  celui  de  Perpignan  n'en  a  que  dix. 

»  Je  signalerai  encore  parmi  les  Acéphales  :  1°  une  grande  et  belle  moule 
de  Sangard,  au  Japon.  Elle  est  voisine  du  Mjtilus  ungulaius  des  côtes  du 
Pérou;  mais  elle  est  plus  étroite,  plus  renflée,  le  bord  est  sinueux.  On  peut 
rappeler  les  affinités  de  cette  espèce,  bonne  à  manger,  en  lui  donnant  le 
nom  de  Mytilus  unguiculatus. 

»  2°.  Une  grande  et  belle  mactre  noire  en  dessus,  blanche  à  l'intérieur, 
dont  le  test  est  épais  et  pesant.  Elle  ressemble  à  l'extérieur  à  une  cyrène. 
Elle  est  nouvelle;  je  lui  ferai  porter  le  nom  de  la   frégate  sur   laquelle 
M.  Barthe  était  embarqué.  Je  la  nommerai  Mactr.^  sibylle. 
»   Elle  vient  de  la  baie  d'Hokodadi. 


(  76«  l 

»  Ou  compte,  dans  la  série  des  Mollusques  de  la  classe  des  Gastéropodes 
nouveaux  et  très-intéressants  : 

B  1°.  Fusus  BULBACEUS,  voisin  du  Fusus  bulbosus,  et  représentant  sur  les 
plages  de  la  Sibérie  orientale,  nos  Fusus  conlraiius  de  nos  mers  septentrio- 
nales. Ce  grand  fuseau  est  plus  allongé  que  le  Fusus  bulbosus  figuré  dans 
l'atlas  de  la  Vénus,  son  canal  est  médiocre,  il  est  finement  strié  comme  le 
Fusus  conlrarius.  La  couleur  est  cornée  extérieurement,  et  jaune  pâle  dans 
l'intérieur  de  la  bouche.  Il  n'y  a  point  de  plis  sur  la  columelle.  Il  vient  du 
bassin  de  l'empereur  Nicolas. 

»  3°.  Fusus  dominovjE,  de  cette  même  division,  a  le  canal  très-court, 
large,  ou  déprimé,  avec  une  fente  ombilicale  assez  profonde,  l'extérieur  est 
relevé  bossue  par  de  nombreux  tubercules  oblongs  plus  saillants  auprès  de 
la  suture.  L'intérieur  de  la  coquille  est  violacé,  et  le  bord  est  blanchâtre. 

»  M.  le  D'  Barthe  l'a  pris  également  dans  la  Manche  de  Tartarie.  En 
dédiant  cette  espèce  nouvelle  à  M.  le  commandant  de  la  frégate  la  Sibylle, 
je  désire  que  M.  de  Maisonneuve  y  trouve  la  preuve  de  la  reconnaissance 
que  nous  a  exprimée  M.  Barthe,  pour  les  facilités  qu'il  a  obtenues  de  cet 
officier  supérieur  pendant  toute  la  campagne.  Je  regarde  aussi  comme  un 
des  premiers  devoirs  des  naturalistes  de  témoigner,  par  des  remercîments 
publics,  l'appréciation  qu'ils  font  des  bons  offices  des  commaudants  de  ces 
grandes  expéditions. 

»  3°.  Fusus ^LAMNIGER,  espèce  voisine  ànFusus  despecttts.  Le  test  porte  les 
'mêmes  côtes  circulaires;  notre  espèce  est  caractérisée  par  les  nombreuses 
crêtes  lamelleuses  élevées  sur  l'extérieur,  et  par  l'aplatissement  des  fours 
près  de  la  spire.  L'intérieur  est  d'un  beau  jaune  à  bord  blanc. 

o  II  vient  aussi  du  bassin  de  l'empereur  Nicolas. 

»  4°-  I-'C  Fusus  ARTHRiTicus  a  le  canal  très-court,  béant,  des  nœuds  sur  les 
tours  de  spire.  L'intérieur  est  d'une  belle  couleur  rouge  vive,  polie,  avec  des 
stries  transverses,  qui  rappellent  tout  à  fait  le  Fasdolaria  trapezium. 

».  Cette  jolie  espèce  vient  du  détroit  de  Sangard,  au  Japon. 

»  5°.  Ranella  ampullacea,  espèce  très-voisine  du  RantUa  vexillum;  dont 
les  bourrelets  ne  sont  plus  marqués  que  par  un  simple  trait  blanc  sur  le 
fond  verdâtre  de  l'épiderme,  et  qui  représente  le  temps  d'arrêt  des  Mol- 
lusques pour  former  une  nouvelle  bouche.  Le  test  est  très-mince,  ce  qui  rend 
la. coquille  beaucoup  plus  légère  que  celle  de  toutes  les  autres  ranelles. 

»  6°.  M.  Barthe,  en  explorant  les  rives  du  bassin  de  l'empereur  Nicolas, 
a  trouvé  un  de  ces  buccinoïdes  aveugles  auxquels  Muller  avait  donné  le 
nom  de  Trilonium.  Les  naturalistes  récents ,  en  acceptant  ce  nom ,  n'ont  pas 

99- 


.(  760 
pensé  que  le  même  nom  est  déjà  composé  et  accepté  par  tous  les  zoolo- 
gistes pour  un  Mollusque  nudibranche  dont  CuVier  a  donné  une  anatomie 
détaillée.  On  pourrait  modifier  un  peu  le  nom  du  genre  de  Muller  nouvel- 
lement admis,  et  nommer  ces  buccins  aveugles  des  Tritonellies .  Je  désire  voir 
désigner  l'espèce  remarquable,  dont  la  conchyliologie  vient  d'être  enrichie, 
par  le  nom  de 

»  Tritonellium  Barthi,  pour  remercier  celui  à  qui  nous  la  devons. 

»  Cette  coquille,  noire  en  dessus,  blanche  en  dedans,  a  le  bord  épais  et 
un  peu  sinueux. 

.  »  y".  BucciNUM  LUTEOLUM  cst  une  jolie  espèce  de  la  mer  de  l'archipel 
des  Kouriles,  devant  Tabano. 

n  8°.  Il  en  est  de  même  d'une  autre  pourpre  des  mêmes  lieux,  voisine  des 
espèces  découvertes  par  l'amiral  du  Petit-Thouars  dans  la  baie  de  Monterey  ; 
je  la  nomme  Purpura  rupicola. 

»  Je  crois  enfin  devoir  dire  quelques  mots  de  la  grande  Plumulaire  que 
je  mets  sur  le  bureau.  Ce  polypier  a  plus  de  2  mètres  de  hauteur.  Il  a 
été  péché  dans  le  détroit  de  Malacca  par  huit  brasses  de  profondeur.  Les 
cellules  arrondies  ont  deux  pointes  plus  courtes  que  celles  du  Plumulariaft^- 
tescens  de  nos  mers.  L'espèce  indienne  en  a  cependant  le  port,  aussi  je  la 
nommerai  Plumularia  fruticosa.  La  différence  des  épines  la  caractérise 
suffisamment.  J'ai  traité  par  la  potasse  quelques  brins  des  tiges  secon- 
daires de  cette  grande  Plumulaire,  et.je  me  suis  assuré  que  la  matière  sécré- 
tée par  les  petits  animalcules  qui  forment  ces  élégants  polypiers  n'est  pas  ' 
soluble  dans  ces  alcalis,  et  qu'elle  est  de  la  même  nature  que  celle  des  espèces 
de  nos  côtes  :  ce  n'est  pas  de  la  corne,  mais  cette  substance  appartient  à  ce 
groupe  des  corps  organiques  que  j'ai  examinés  jusque  dans  les  Gorgones  et 
que  j'ai  désignée  par  le  nom  de  Cornéine.    » 

«  M.  Élie  de  Beaumont  réunit  son  témoignage  à  celui  de  M.  Valen- 
ciennes  au  sujet  de  la  frappante  ressemblance  du  beau  Pecten  rapporté  par 
M.  le  D'  Barthe  des  côtes  orientales  de  l'Asie  avec  les  grands  Pectens  à  t/j, 
16,  18,  20  et  même  22  ou  24  côtes  qu'on  trouve  à  l'état  fossile  dans  les 
dépôts  tertiaires  supérieurs  de  l'Astesan  (Piémont),  du  Plan  d'Aren  (Bou- 
ches-du-Rhô  ne),  de  Corneto  (États  Romains),  de  Syracuse  (Sicile)  et  de 
beaucoup  d'autres  points  du  littoral  de  la  Méditerranée.  Il  ajoute  que 
l'identité  spécifique  de  certaines  coquilles  des  différentes  assises  tertiaires 
avec  des  coquilles  qui  vivent  encore  dans  diverses  mers,  identité  dont 
plusieurs  exemples  avaient  déjà  été  cités,  vient    à  l'appui  de  l'opinion, 


(  7G3  ) 
déjà  exprimée  aussi,  que  le  changement  total  qu'on  remarque  souvent  dans 
les  coquilles  fossiles,  en  passant  d'une  couche  à  celle  qui  lui  est  immédiate- 
ment superposée,  pourrait  tenir,  dans  beaucoup  de  cas,  à  ce  que  les  révo- 
lutions du  globe  auraient  quelquefois  changé  les  habitations  des  espèces  plutôt 
qu'elles  ne  les  auraient  anéanties.   » 

ASTRONOMIE.  —  Quatrième  volume  des  Annales  de  l'Observatoire  impérial  de 
Paris.  (I"  volume  des  Obsenations);  par  U.-J.  Le  Verrier. 

«  Le  cours  des  Observations  méridiennes  a  été  suivi  avec  régularité  à 
l'Observatoire  de  Paris  à  partir  du  mois  d'août  de  l'année  1800.  Devenues 
rares  en  i8a8,  presque  nulles  en  1829,  les  Observations  furent  définitive- 
ment interrompues  dans  le  mois  d'octobre  de  cette  dernière  aimée,  à  cause 
du  mauvais  état  des  cabinets  où  étaient  placés  les  instruments.  Ces  cabinets 
ayant  été  reconstruits  et  agrandis  en  iSSa,  les  Observations  astronomiques, 
furent  reprises  dans  le  courant  de  i834- 

a  Pendant  plusieurs  années,  les  Observations  ont  été  imprimées  dans  l^s 
volumes  de  la.  Coimaissance  des  Temps.  Plus  tard,  à  partir  de  1810,  elles  ont 
été  publiées  à  part  dans  le  format  in-folio.  Le  dernier  volume  ainsi  paru  com- 
prend l'année  1846. 

»  Dans  ces  diverses  publications,  les  Observations  ont  été  rapportées  à 
l'état  brut^  sans  aucune  réduction  ni  discussion.  Nous  avons  pensé  qu'il 
était  de  notre  devoir  de  suppléer  autant  que  possible  aux  lacunes  du  passé. 

>•  En  conséquence,  nous  donnons  dès  aujourd'hui  la  réduction  des 
Observations  méridiennes  faites  depuis  1800  jusqu'en  1829:  Observations 
installées  par  A.  Bouvard,  et  auxquelles  Arago,  M.  Mathieu,  et  plus  tard 
Nicollet,  ont  pris  part. 

»  Nous  nous  bornons,  pour  le  moment,  à  présenter  les  ascensions  droites 
et  les  distances  polaires  du  Soleil,  de  la  Lune  et  des  planètes,  ainsi  que  le 
temps  moyen  de  chaque  Observation.  La  comparaison  avec  la  théorie  sera 
reprise  ultérieurement  et  d'une  manière  complète. 

»  Le  volume  actuel  est  le  premier  de  la  partie  de  nos  Annales  destinée  à 
la  publication  des  Observations.  Les  Observations  réduites  et  discutées  for- 
meront une  série  spéciale,  distincte  de  la  partie  théorique  des  j^nnales  et 
qui  paraîtra  sous  le  titre  :  Annales  de  l'Observatoire  Impérial  de  Paris.  — 
Observation^. 

»  Le  volume  actuel  contient  : 

»    1°.  Un.  exposé  ;  . 


(  764  ) 

»  3°.  La  réduction  des  Observations  faites  à  la  lunette  méridienne,  de 
1800  à  1829; 

»  3°.  La  réduction  des  Observations  faites  au  quart  de  cerctede  Bird,  de 
1800  à  i8a3; 

«  4°-  La  réduction  des  Observations  faites  au  cercle  mural  de  Fortin,  de 
1822  à  1828  ; 

»  5°.  L'ensemble  des  positions  du  Soleil,  de  la'I^ne  e.tdes  planètes. 

»  A  la  suite  de  l'exposé  se  trouve  une  note  de  M.  Y  von  Villarceau  con- 
cernant la  détermination  des  erreurs  de  division  du  cercle  de  Fortin  ;  opé- 
ration exécutée  sous  la  direction  de  M.  Yvon  Villarceau  par  MM.  Ijépissier 
et  Thirion.  ."(  ;u. 

»  La  partie  du  travail  relative  aux  rédactions  des  Observations  de  la  Lunf 
est  due  à  M.  Puisenx.  » 

M.  Flourens  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Owen,  un  exemplaire  d'un 
Mémoire  récemment  publié  par*  le  savant  anatomiste  et  ayant  pour  titre  : 
«  Description  des  membranes  fœtales  et  du  placenta  de  l'Éléphant  [Elephas 
indicus  Cuv.),  avec  des  remarques  sur  la  valeur  des  caractères  placentaires 
relativement  a  la  classification  des  mammifères.  » 

M.  VicAT  écrit  de  Grenoble,  relativement  à  une  secousse  de  tremblement 
de  terre  qui  s'est  fait  sentir  dans  cette  ville  dans  la  nuit  du  1  r  au  12  cou- 
rant, vers  4  heures  du  matin. 

MÉMOIRES  LUS. 

CHIMIE  MINÉRALE,  —  Sur  un  nouveau  mode  de  production  à  l'état  cris- 
tallisé d'un  certain  nomlire  d'espèces  chimiques  et  minéralogiques  ;  par 
M9I.  H.  Saiste-Claibe  Deville  et  H.  Caron.  .    • 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Delafosse.) 

«  Les  recherches  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
ont  eu  pour  résultat  la  préparation  d'un  certain  nombre  d'oxydes  métal- 
liques ,  de  spinelles  et  de  silicates  à  l'état  cristaUisé.  Les  moyens  que  nous 
avons  employés  appartiennent  aux  procédés  de  Ta  voie  sèche  et  exigent  la 
{M'oduction  de  températures  élevées.  I^es  méthodes  que  nous  allons  décrire 
sont  toutes  susceptibles  d'un  certain  degré  de  généralité  qui  n'est  pas  limitée 
par  le  nombre  des  applications  que  nous  avons  faites  jusqu'ici;  nous  les 
décrivons  pour  abréger  en  nous  restreignant  aux  espèces  chimiques  et  mi- 


(  7«i5  ) 
néralogiques,  que  nous  avons  déta'minées  d'une  manière  coinplele,  tant 
par  leur  analyse  que  par  leurs  propriétés  chimiques  et  cristallographiques. 
■  »  Un  des  moyens  les  plus  féconds  que  nous  ayons  rencontrés  consiste 
dans  la  réaction  mutuelle  des  fluorures  métalliques  volatils  et  des  composés 
oxygénés  fixes  ou  volatils.  Comme  il  n'existe  que  bien  peu  de  fluorures 
métalliques  absolument  fixes,  cette  réaction  est  presque  toujours  possible. 
Nous  prendrons  pour  premier  exemple  le  corindon. 

»  1°.  Le  corindon  blauc  se  prépare  tres-f'acilement  et  en  très-beaux  cristaux 
en  introduisant  dans  un  creuset  de  charbon  du  fluorure  d'aluminium,  au- 
dessus  duquel  on  assujettit  une  petite  coupelle  de  charbon  remplie  d'acide 
borique.  Le  creuset  de  charbon,  muni  de  son  couvercle  et  convenablement 
protégé  contre  l'action  de  l'air,-  est  chauffé  au  blanc  pendant  une  heure  en- 
viron. Les  deux  vapeurs  de  fluorure  d'aluminium  et  d'acide  borique,  se 
rencontrant  dans  l'espace  libre  qui  existe  entre  eux,  se  décomposent  mu- 
tuellement en  donnant  du  corindon  et  du  fluorure  de  bore.  Les  cristaux 
sont  généralement  des  rhomboèdres  basés  avec  les  faces  du  prisme  hexa- 
gonal régulier;  ils  n'ont  qu'un  axe  et  sont  négatifs,  possédant  ainsi,  outre 
la  composition  que  nous  avons  déterminée ,  toutes  les  propriétés  optiques 
et  cristallographiques  du  corindon  naturel,  dont  fls  ont  la  dureté.  On  pro- 
duit ainsi  de  grands  cristaux  de  plus  de  i  centimètre  de  long,  très-larges, 
mais  manquant  en  général  d'épaisseur. 

»  2".  Rubis.  On  l'obtient  avec  une  tacihté  remarquable  et  de  la  même  ma- 
nière que  le  corindon;  seulement  on  ajoute  au  fluorure  d'aluminium  une 
petite  quantité  de  fluorure  de  chrome,  et  l'on  opère  dans  des  creusets  d'alu- 
mine en  plaçant  l'acide  borique  dans  une  coupelle  de  platine.  La  teinte 
rouge-violacée  de  ces  rubis  est  exactement  la  même  que  la  teinte  des  phis 
beaux  rubis  naturels;  elle  est  due  au  sesquioxyde  de  chrome.         f  -...T'i 

»  3°.  Saphir.  I^e  saphii'  bleu  se  produit  dans  les  mêmes  circonstances 
que  le  rubis.  Il  est  également  coloré  par  l'oxvde  de  chrome.  La  seule  dif- 
férence entre  eux  consiste  dans  les  proportions  de  la  matière  colorante, 
peut-être  aussi  dans  l'état  d'oxydation  du  chrome.  Mais  à  cet  égard  l'analyse 
ne  peut  rien  indiquer  de  précis,  à  cause  de  la  quantité  si  petite  de  la  ma- 
tière colorante  en  tous  les  cas.  Dans  certaines  préparations  nous  avons 
obtenu,  placés  l'un  à  côté  de  l'autre,  des  rubis  rouges  et  des  saphirs  du  plus 
beau  bleu,  dont  la  teinte  est  d'ailleurs  identique  à  la  teinte  du  saphir 
oriental  dont  la  cause  est  inconnue. 

»  4°-  Corindon  vert.  Quand  la  quantité  d'oxyde  de  chrome  est  très- 
considérable,  les  corindons  qu'on  obtient  sont  d'un  très-beau  vert,  comme 


(  766  ) 
\  ouvarowite,  qui,  d'après  les  analyses  de  M.  Damour,  contient  aS  pour  loo 
d'oxyde  de  chrome.  Ce  corindon  se  rencontre  toujours  dans  les  parties 
d'appareil  où  l'on  place  le  fluorure  d'aluminium  et  le  fluorure  de  chrome, 
où  celui-ci  se  concentre  par  suite  de  sa  moindre  volatilité. 

»  5".  Fer-  oxydulé.  Avec  le  sesquifluorure  de  fer  et  l'acide  borique  on 
obtient  de  longues  aiguilles,  composées  d'un  chapelet  d'octaèdres  régu- 
liers terminées  par  un  petit  octaèdre  d'une  forme  parfaite.  Il  est  évident, 
d'après  cela,  qu'à  une  température  élevée  le  sesquioxyde  de  fer  se  réduit 
partiellement  :  ce  que  nous  avons  constaté  dans  d'autres  expériences  qui 
sont  relatées  dans  notre  Mémoire. 

»  6°.  Zircone.  La  zircone  s'obtient  en  petits  cristaux  groupés  régulière- 
ment et  sous  forme  d'arborisations  très-élégantes  et  semblables  à  du  chlor- 
hydrate d'ammoniaque.  Produite  par  le  même  procédé  que  le  corindon, 
la  zircone  acquiert  une  insolubilité  absolue  dans  les  acides,  même  l'acide 
sulfurique  concentré.  La  potasse  fondue  n'exerce  non  plus  aucune  action 
sur  elle  :  le  bisulfate  de  potasse  seul  la  dissout,  en  laissant  le  sulfate  double 
insoluble  caractéristique  de  la  zircone. 

i>  7°.  Nous  avons  produit  encore  par  cette  méthode  d'autres  oxydes 
métalliques  cristallisés  au  moyen  de  fluorures  d'uranile,de  titane  et  d'étain. 
T^eur  composition  et  leurs  formes  n'ont  pas  encore  été  déterminées. 

»  8°.  C/mophane  ou  chrysobérjl.  On  mélange  à  équivalents  égaux  les 
deux  fluorures  d'aluminium  et  de  giucium,et  on  décompose  leurs  vapeurs 
par  l'acide  borique  dans  l'appareil  déjà  décrit.  On  obtient  ainsi  des  cristaux 
entièrement  semblables  aux  échantillons  qui  nous  viennent  d'Amérique, 
avec  cette  macle  en  cœur  et  ces  stries  convergentes  qui  sont  caractéristiques 
dans  cette  espèce.  Nous  avons  obtenu  des  cristaux  de  cymophane  de  plu- 
sieurs millimètres  de  longueur  et  d'iuie  très-grande  perfection  de  formes. 

»  9°.  Gahnile.  11  faut  pour  obtenir  ce  spinelle  opérer  dans  des  vases  de 
fer  où  l'on  introduit  le  mélangé  de  fluorure  d'aluminium  et  de  fluorure  de 
zinc  :  l'acide  borique  est  contenu  dans  une  nacelle  de  platine.  La  gahnite  se 
dépose  sur  les  différentes  parties  de  l'appareil,  où  on  le  trouve  cristallisé  en 
octaèdres  réguliers  très-nets  et  très-brillants.  Ils  sont  fortement  colorés,  sans 
doute  par  le  fer  du  creuset  qui  s'oxyde. 

»  io°.  Staiirotide.  On  peut  préparer  des  silicates  en  cristaux  ordinaire- 
ment très-petits,  mais  bien  formés  et  souvent  déterminables  au  moyen 
de  l'appareil  que  nous  venons  de  décrire,  en  y  mettant  en  contact  la  vapeur 
des  fluorures  volatils  et  la  silice  qu'on  introduit  dans  la  nacelle  intérieure  à 
,ia  place  de  l'acide  borique.  C'est  ainsi  qu'on  peut  obtenir  une  matièr* 


{ 767  ) 

cristallisée  ayant  l'aspect  et  la  composition  de  la  staurotide,  et  qui  en  pos- 
sède les  qualités  principales.  C'est  un  silicate  bibasique  dont  la  formule 
est  Si  Al». 

»  II".  Silicates  divers.  La  même  substance  s'obtient  avec  une  facilité 
extrême  en  chauffant  à  une  température  élevée  de  l'alumine  dans  un  cou- 
rant de  fluorure  de  silicium  gazeux.  L'alumine  amorphe  se  transforme 
alors  en  un  lacis  de  cristaux  qui  représentent  la  staurotide  au  moins  par 
leur  composition.  Nous  en  avons  obtenu  récemment  des  cristaux  assez  gros 
pour  que  leurs  angles  puissent  être  mesurés  ;  nous  nous  réservons  de  com- 
pléter ainsi  leur  étude.  Nous  appliquons  ces  méthodes  à  la  production 
d'autres  silicates  dont  les  bases  donnent  des  fluorures  volatils  tels  que  la 
glucine  et  le  zinc.  La  zircone,  dans  les  mêmes  circonstances,  fournit  de 
petits  cristaux  ayant  l'aspect  des  zircons  et  cet  éclat  particulier  qui  les 
caractérise. 

»  Il  résulte  des  études  que  nous  avons  commencées  dans  cette  direction 
et  qui  sont  loin  d'être  terminées,  que  la  décomposition  du  fluorure  de  sili- 
cium par  les  oxydes  ne  laisse  dans  les  silicates  qu'une  faible  pixjportion  de 
silice,  de  sorte  qu'on  ne  peut  obtenir  ainsi  que  des  silicates  très-basiques. 
Ainsi,  en  essayant  de  produire  l'émeraude  au  moyen  de  la  réaction  du  fluo- 
rure d'aluminium  et  du  fluorure  de  glucium  sur  la  silice,  nous  avons  obtenu 
une  matière  cristallisée  en  lames  hexagonales,  très-dure,  qui  nous  a  fait 
espérer  que  nous  avions  reproduit  l'émeraude  elle-même.  Mais  l'analyse 
nous  a  démontré  que  cette  substance  contenait  des  proportions  de  silice 
insuffisantes  pour  permettre  d'adopter  une  telle  conclusion. 

»  On  remarquera  que  le  fluorure  d'aluminium  décompose  la  silice  pour 
former  du  fluorure  de  silicium  et  de  la  staurotide  ;  tout  aussi  bien  le  fluorine 
de  silicium  au  contact  de  l'alumine  donne  du  fluorure  daluminium  et  de  la 
staurotide.  C'est  ce  qui  fait  que  toutes  les  pièces  argileuses  de  nos  appareils 
de  fusion  sont  transformées  souvent  entièrement  en  une  sorte  de  magma 
de  cristaux  composés  presque  exclusivement  de  staurotide,  et  qu'en  présence 
d'une  matière  argileuse  les  composés  fluorés  volatils  pourraient  servu- d'in- 
termédiaire pour  obtenir,  pour  ainsi  dire,  d'une  manière  indéfinie  la  cristal- 
lisation de  matières  tout  à  fait  infusibles  aux  températures  auxquelles 
agissent  les  vapeurs  fluorées.  En  effet,  il  ne  reste  aucune  trace  de  fluor  dans 
les  silicates  minéralisés  sous  l'influence  des  fluorures. 

»  Nous  avons  l'espoir  que  les  expériences  que  nous  venons  de  rap- 
porter ne  seront  pas  sans^  utilité  pour  expliquer  certains  faits  de  la  nature. 
Nous  devons  dire  d'ailleurs  que  l'intervention  du  fluor  dans  la  production 

C.  R.,   i858,  1"  Semestre.  (T.  Xl.VI,  N»  16)  I  OO 


(  768  ) 
des  minéraux  des  filons  a  été  admise  par  les  géologues  et  principalement 
par  M.  Daubrée  dans  ses  beaux  Mémoires  sur   les  filons  métalliques.  Nos 
expériences  viennent  à  l'appui  des  spéculations  de  ce  genre. 

»  Nous  devons  dire  aussi  que  les  naturalistes  ont  déjà  attaqué  le  pro- 
blème dont  nous  essayons  de  donner  ici  une  solution  partielle,  et  nous 
sommes  très-heureux  de  rappeler  ici  les  expériences  d'Ebelmen  et  de  M.  Gan- 
din, quoique  les  méthodes  que  nous  avons  employées  soient  essentielle- 
ment différentes  des  leurs. 

i>  12".  Nous  profitons  de  cette  circonstance  pour  annoncer  à  l'Académie 
que  nous  avons  obtenu  le  rutile  ou  acide  titanique  par  la  décomposition 
d'un  titanate  fusible,  et  en  particulier  du  titanate  de  protoxyde  d'étain,  par 
la  silice.  Nous  aurons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  prochainement 
une  Note  sur  ce  sujet. 

»  En  faisant  ces  expériences  nous  avons  obtenu  souvent  en  dissolution 
dans  de  l'étain  métallique  une  substance  brillante,  cristallisée  en  larges 
lames  métalliques  qui  se  feutrent  très-facilement,  et  qui  se  séparent  de  l'étain 
au  moypn  de  l'acide  chlorhydrique  qui  les  attaque  très-peu.  Cette  matière 
curieuse  est  un  alliage  de  fer  et  d'étain  à  équivalents  égaux.  Son  aspect  et 
ses  propriétés  chimiques  lui  donnent  quelque  intérêt.  » 

PHYSIQUK.  —  Eludes  sur  le  thermomuUiplicaleur  ou  appareil  de  Nobili  et  Melloni; 

par  M.  F.  DE  la  Provostaye . 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Liouville.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  essai  sur  la  théorie  mathé- 
matique de  l'appareil  de  Nobili  et  Melloni.  J'ai  étudié  le  galvanomètre,  la 
pile  thermo-électrique,  et  recherché  le  lien  qui  rattache  les  déviations  suc- 
cessives de  l'aiguille  à  l'intensité  de  la  source  de  chaleur. 

a  Galvanomètre.  — En  supposant  les  fils  qui  s'enroulent  sur  le  cadre  tra- 
versés par  un  courant  constant,  j'ai  déterminé,  par  une  application  des  lois 
d'Ampère,  la  grandeur  et  la  direction  des  forces  qui  sollicitent  les  deux  ai- 
guilles. Inaction  sur  l'aiguille  extérieure  a  été  ramenée  par  une  considéra- 
tion très-simple  à  la  demi-différence  entre  l'action  du  circuit  réel  sur  l'ai- 
guille intérieure,  et  celle  d'un  circuit  fictif  de  dimensions  connues.  Cela 
posé,  on  a  montré  :  1°  que,  quelle  que  soit  la  position  des  aiguilles,  les  forces 
qui  agissent  sur  chacune  de  leurs  moitiés  se  réduisent  très-sensiblement  à 
une  seule,  perpendiculaire  au  plan  méridien  ;  2°. que  la  grandeur  de  la  dé- 
viation n'amène  qu'un  faible  changement  dans  l'intensité  de  cette  résultante. 


i^)' 


(  769  ) 

et  que  dès  lors  l'appareil  peut  être  regardé  comme  une  boussole  des  tan- 
gentes d'une  assez  grande  perfection. 

»  J'ai  trouvé  que,  lorsque  l'aiguille  intérieure  est  située  dans  le  plan  mé- 
ridien, l'action  qu'exercé  sur  elle  un  paquet  de  fils  parallèles  entre  eux  et  à 
ce  plan,  et  s'étendant,  à  droite  ou  à  gauche,  de  zéro  à  p  millimètres,  a  pour 
expression  :  • 

auî    arc  (  sin  =         ^                          -  )  +  arc  (  sin  =  =  -.       ,     -=  ] 

+  2  a     arc  [  sin  =    _^__  "  ~    — \-i-arc(sin= .~lr 

[j.  représente  l'intensité  magnétique  de  l'aiguille  ; 

i  représente  l'intensité  du  courant; 

2  (7  la  longueur  du  cadre  ; 

at?  sa  hauteur; 

2  A:  la  distance  des  deux  pôles  de  l'aiguille. 

»  Posons,  pour  abréger,  l'expression  (i)  égale  à  2F((?,  p,  g  —  k,  <f  -+-  A:),  la 
résultante  totale  des  forces  exercées  sur  le  système  asiatique  par  chaque  moi- 
tié du  paqujet  de  fils  est 

(2j  <p  =  3F((?,  p,  G  —  k,  (7  +  A-)  — F(3(?, /j,  a  —  k,  a  +  k). 

»  La  valeur  de  y  ne  change  que  de  quantités  absolument  négligeables, 
quand  on  donne  à  k  des  valeurs  très-différentes.  Cette  remarque  conduit  à 
trouver  l'action  sur  l'aiguille  déviée  au  moyen  de  l'action,  déterminée  une 
fois  pour  toutes,  de  chacun  des  fils  sur  l'aiguille  non  déviée.  Les  calculs 
numériques  ont  été  effectués;  on  a  dressé  une  Table  qui  les  contient. 

»  Pile  ihermo-électrique.  —  En  considérant  d'abord  un  thermomètre  ordi- 
naire noirci,  soumis  à  l'influence  d'une  source  constante  dans  une  enceinte 
à  température  invariable  Tg,  on  peut  établir  ce  double  théorème  : 

»  I.  Le  progrès  de  réchauffement  du  thermomètre  se  fait  par  les  mêmes 
degrés  et  dans  le  même  temps  que  s'il  était  placé  dans  une  enceinte  portée 
tout  entière  à  la  température  stationnaire  T,  qu'il  atteint  sous  l'influence 
de  la  source. 

»  IL  Lorsque  réchauffement  ï  —  Tq  est  suffisamment  faible,  si  on  sup- 
prime l'action  calorifique,  il  se  refroidit  dans  l'enceinte  à  T^  et  revient  à  son 
état  primitif,  dans  le  même  temps  et  en  passant  en  sens  inverse  par  les 
mêmes  échelons  que  lorsqu'il  s'est  élevé  de  T„  à  T. 

100.. 


(  770  ) 
»  De  ce  double  énoncé  résulte  que  l'excès  variable  u  de  la  température 
de  l'instrument  sur  celle  de  l'enceinte  est,  au  bout  du  temps  t,  donné 

Dans  le  premier  cas  par         u  =  A(i  —  e'"'). 
Dans  le  deuxième  cas  par      «  =:  \e~". 

A  et  c  sont  des  constantes  connues  identiques  dans  les  deux  périodes. 

»  Quant  à  la  pile,  j'ai  établi  deux  propositions  analogues.  En  tenant 
compte  du  rayonnement  vers  les  corps  environnants,  de  la  perte  par  l'air  et 
de  la  propagation  de  la  chaleur  dans  les  barreaux,  l'excès  de  température 
de  la  face  antérieure  sur  celle  dé  l'enceinte  est  donné  au  bout  du  temps  t, 
pendant  réchauffement,  par  la  relation 

pendant  le  relroidissement,  par  la  relation 
(4)  a= %^i/t- 

y'W— 

V     '^ 

»  Q  désigne  la  quantité  de  chaleur  venant  de  la  source  qui  tombe  sur 
l'unité  de  surface  et  est  absorbée  par  elle; 

»  «  la  section  du  barreau,  k'  sa  conductibilité  intérieure,  p  son  périmètre, 
7  sa  conductibilité  extérieure  latérale,  y'  la  conductibilité  extérieure  de  la 
face  antérieure; 

}>  ^t  une  fonction  qui  est  la  même  pour  les  deux  périodes  et  ne  dépend 

que  du  temps  et  du  rapport  -^-  Les  lettres  setd  indiquant  la  chaleur  spé- 
cifique et  la  densité  du  barreau.  Une  valeur  approchée  de  i|j<  est  e~'^'. 

»  Par  suite  l'intensité  du  courant  progressivement  croissant,  qui  prend 
naissance  lorsqu'on  échauffe  l'un  des  systèmes  de  soudure,  est  représentée 
au  bout  du  temps  t  par  une  expression  de  la  forme  I'  =  M'(i  —  e~*').  M'  étant 
une  constante  proportionnelle  à  Q.  (Voir  les  recherches  de  M.  Becquerel.) 

M  Mouvements  de  l'aiguille.  —J'ai  déterminé  le  mouvement  de  l'aiguille,  en 
tenant  compte  du  courant,  de  l'action  de  la  terre  sur  le  système  astatique, 
de  la  force  retardatrice  du  cuivre,  et,  si  cela  est  nécessaire,  de  la  résistance 
de  l'air  et  de  la  torsion  du  fil.  L'équalion  différentielle  de  ce  mouvement  se 


(  77'  ) 


réduit  à 


(5)  '  ^;^_,X^  +  A'ô  =  M(i-0. 

»  d  désigne  la  déviation,  aX  est  une  constante  qui  dépend  de  l'action  du 
cuivre  et  de  la  résistance  de  l'air,  A*  une  constante  proportionnelle  à  l'ac- 
tion de  la  terre  sur  le  système  astatique,  M(i  —  e'")  une  quantité  propor- 
tionnelle à  l'énergie  croissante  du  courant. 

»  L'intégrale  est 

(6)  '  ^  =  f,-f,e-''{cosyht-^^m^yllt^ 


en  posant 


-|;[e  "-f-e   ^' {^'-j^sin  y  ht- cos  y  htjj, 


=v/; 


^    et     li'  =  y*h*-h{c  -ï-y. 


M 
»  L'écart  final  estT^-  H  est  proportionnel  à  la  grandeur  constante  que 

possède  le  courant  lorsque  la  face  antérieure  de  la  pile  a  pris  un  excès  sta- 
tionnaire  de  teiijpérature,  et  à  l'intensité  Q  de  la  chaleur  incidente. 

»  Les  temps  t',  t",  f,  etc.,  correspondant  aux  maximas  et  minimas  suc- 
cessifs, sont  déterminés  par  l'équation 

(7)  — -  =  o  =  e~"  -+-  e~^'  (  ^-^  sin  yht—  cos  y  ht\- 

Ils  sont  indépendants  de  M,  c'est-à-dire  de  la  grandeur  de  l'écart  final  et  de 
l'intensité  de  la  source  de  chaleur.  L'observation  avait  appris  dès  l'origine 
qu'avec  un  même  appareil  l'aiguille  mettait  toujours  le  même  temps  à  at- 
teindre la  déviation  fixe.  La  théorie  confirme  et  étend  cette  proposition .  Elle 
montre  que  ces  temps,  indépendants  de  M,  dépendent  de  c,  X,  et  surtout 
de  y  h. 

»  Les  écarts  maximas  et  minimas  sont  donnés  par 

ô=^(.-^'-^e-^'sinvA.),  ;:;^J 

où  il  faut  mettre  pour  <  l'une  des  valeurs  t',  t",  t'\  etc.  Us  sont  tous  propoi- 
M 

tionnels  àTj'  qui  est  la  valeur  de  l'écart  final.  Ce  fait  avait  déjà  été  signalé 


(77^) 
par  M.  Desains  et  moi  [Annales  de  Chimie  el  de  Physique,  3*  série,  tome  XXII, 
pages  38o-38a). 

»   Les  premiers  maximas  peuvent  être  inférieurs,  égaux  ou  supérieurs  à 

T^;  les  derniers  finissent  toujours  par  devenir  plus  grands. 

»  On  trouvera  dans  le  Mémoire  toutes  les  conséquences  déduites  de  l'é- 
quation— =  o,  la  détermination  précise  des  temps  t' ,  t",  etc.,  les  valeurs 

maximas  et  minimas  des  déviations,  la  comparaison  avec  les  résultats  d'ex- 
périences, la  détermination  des  constantes,  l'influence  de  chacune  d'elles  sur 
la  nature  et  la  durée  du  mouvement,  le  temps  qu'emploie  l'aiguille  à  attein- 
dre la  position  fixe,  et  des  remarques  sur  l'usage  et  la  graduation  de  l'ap- 
pareil. 

•  En  terminant  j'indiquerai  seulement  l'observation  suivante.  Après 
avoir  fait  à  l'ordinaire  une  expérience  avec  l'appareil  de  Melloni,  et  attendu 
la  déviation  fixe  de  l'aiguille,  si  on  relève  l'écran,  la  face  antérieure  de  la 
pile  se  refroidit,  le  courant  diminue  d'énergie,  l'aiguille  revient  vers  le  zéro; 
j'ai  trouvé,  en  m'appuyant  sur  le  second  théorème  établi  plus  haut,  que  le 
mouvement  rétrograde  de  l'aiguille,  compté  à  partir  de  la  déviation  fixe,  se 
fait  par  des  oscillations  de  mêmes  durées  et  de  mêmes  grandeurs  que  le 
mouvement  primitif,  compté  à  partir  du  zéro. 

»  Ce  fait,  que  l'expérience  a  confirmé,  n'avait  pas  encore  été  noté,  du 
moins  à  ma  connaissance.  » 

M.  BoNNAFOJîT  lit  quelques  passages  d'un  Mémoire  intiljilé  :  Réflexions 
médico-psychologiques  sur  certaines  conditions  des  sens  de  fouie  et  de  la  vue. 

Le  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  ■  composée  de 
MM.  Serres,  Pouillet. 

M.  Lassie  commence  la  lecture  d'une  Note  sur  une  question  de  géomé- 
trie élémentaire. 

M.  Bertrand  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 


(  773  ^ 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

f 

La  Commission  chargée  de  l'examen  des  pièces  relatives  au  projet  de  per- 
cement de  l'isthme  de  Suez  étant  devenue  incomplète  par  suite  du  décès  de 
M.  Dufrénoy,  M.  Clapeyron  ^est  désigné  pour  remplir  dans  cette  Commis- 
.  sion  la  place  vacante. 

PHYSIQUE.  —  Note  sw  des  expériences  à  l'aide  desquelles  on  détetmine  la  valeur 
de  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur;  par  M.  Ch.  Laboulaye. 

■  (Commissaires,  MM.  Poncelet,  Pouillet,  Regnault.) 

a  Dans  ces  derniers  temps,  mon  nom  a  été  plusieurs  fois  prononcé  à 
l'Académie  des  Sciences  à  propos  de  la  théorie  de  l'équivalent  mécanique 
de  la  chaleur,  par  suite  d'un  travail  publié  par  moi  en  i85o,  dans  le  Diction- 
naire des  Arts  et  Manufactures.  Ayant  à  exposer  dans  cet  ouvrage  les  idées  de 
.Sidi-Carnot,  à  faire  comprendre  l'impossibilité  de  dépasser  une  quantité  de 
travail  maximum  pour  une  calorie  en  modifiant  l'excipient  qui  reçoit  la 
chaleur  dans  les  machines  à  feu,  je  cherchai  à  déterminer  la  valeur  de  ce 
maximum  théorique,  qui  est  la  même  chose  que  ce  qu'on  appelle  l'équiva- 
lent mécanique  de  la  chaleur  au  point  de  vue  des  applications. 

»  Employant  à  cet  effet  les  données  physiques  qui  se  rapportent  à  la 
dilatation  de  l'air  atmosphérique,  j'ai  obtenu  pour  valeur  du  travail  théo- 
rique d'une  calorie  i  j  3  kilogrammètres,  en  me  servant  pour  valeur  de  la 
chaleur  spécifique  de  l'air  du  chiffre  donné  par  Delaroche  et  Bérard  ;  ce 
nombre  doit  être  remplacé  par  isS  kilogrammètres  en  introduisant  dans  le 
calcul  la  détermination  plus  exacte  de  cette  chaleur  spécifique  obtenue 
récemment  par  M.  Regnault. 

»  La  précision  avec  laquelle  ont  été  déterminés  les  éléments  qui  entrent 
dans  ce  calcul,  de  ceux  au  moins  qui  influent  beaucoup  sur  le  résultat  défi- 
nitif, autorisent  à  penser  que  ce  chiffre  est  très-voisin  de  la  vérité.  D'autres 
modes  de  détermination  m'ayant  toutefois  conduit  à  le  considérer  comme 
un  peu  faible,  je  crois  qu'on  peut  l'augmenter  de  12  pour  100  et  admettre 
i4o  kilogrammètres  comme  étant  la  valeur  de  l'équivalent  mécanique  de  la 
chaleur. 

I)  On  voit  que  ce  chiffre  est  bien  différent  de  celui  admis  par  M.  Joule 
(43o),  retrouvé  depuis  lui  par  plusieurs  expérimentateurs  et  calculateurs. 
11  m'a  toujours  paru  facile  de  faire  voir  que  les  raisonnements  et  les  modes 


(  774  ) 
d'expérimenter  qui  conduisaient  à  des  résultats  si  différents  de  celui  que 
j'avais  obtenu,  étaient  vicieux,  et  par  suite  les  conséquences  qu'on  en  tirait, 
erronées;  mais  comme  des  raisonnements  sont  toujours  discutables,  j'ai 
préféré,  dès  que  j'en  ai  eu  le  loisir,  chercher  à  établir  par  une  expérience 
palpable  l'erreur  du  chiffre  trouvé  par  M.  Joule.  Montrer  au  thermomètre 
la  production  d'une  calorie  pom-  un  travail  de  200  kilogrammètres,  par 
exemple,  c'est  bien  prouver  d'une  manière  indiscutable  que  l'équivalent 
mécanique  de  la  chaleur  n'est  pas  4^0  ! 

»  Après  un  assez  long  travail,  je  suis  arrivé  à  des  résultats  assez  nets  pour 
intéresser,  j'espère,  le  monde  savant  et  faire  faire  un  pas  décisif  a  la  théorie 
de  la  chaleur. 

»  I^es  expériences  faites  jusqu'à  ce  jour  consistent  en  général  à  produire 
(les  frottements  contre  des  molécules  d'un  fluide,  et  à  déduire  de  réchauf- 
fement du  liquide  la  chaleur  produite.  De  là  on  conclut  inversement  que 
cette  chaleur  observée  pourrait  produire  tout  le  travail  dépensé,  et  cela  sans 
aucun  coefficient  de  correction,  malgré  les  vibrations  produites,  malgré  les 
comnnuiications  de  forces  vives  aux  supports  ! 

»  J'ai  quitté  cette  voie  pour  étudier  la  chaleur  produite  par  l'écrasement 
d'un  corps  malléable,  par  des  ruptures  moléculaires,  qui  ne  peut  occasion- 
ner les  mêmes  erreurs. 

»  Voici  comment  j'opère  : 

»  Je  fonds  une  couronne  de  plomb  très-doux,  plus  large  à  la  base  qu'au 
sommet.  Cette  couronne  est  écrasée  par  la  chute  d'un  mouton  d'un  poids 
connu,  tombant  d'une  hauteur  déterminée.  Il  en  résulte  un  échauffement 
du  plomb  et  de  l'eau  qui  remplit  le  calorimètre  dans  lequel  le  plomb  est 
placé.  L'agitation  du  Uquide  permet  de  faire  passer  très-rapidement  dans  sa 
masse  la  chaleur  dégagée,  qui  est  mesurée  par  un  thermomètre. 

«  Voici  les  chiffres  d'une  expérience  choisie  entre  plusieurs  concordantes 
entre  elles  : 


Plomb 5'^,  935 

Eau 2^,  000 

I.aiion  du  calorimètre o'',725 

Plaque  de  fer  posée  sur  le  plomb. .  .  o'',  721 

Total.  .  .      2,33 
).  Ayant  laissé  tomber  le  mouton,  pesant  44o  kilogrammes,  d'une  hauteur 


0 

uantités  de  chaleur  qui 

Chaleur 

correspondent  k  une  élévation 

spécifique. 

de 

température  de  i  degré. 

o,o3i4 

.    O5I9 

0 , I 000 

•   2,00 

0 , 0900 

0,06 

0,1 I 40 

0,08 

(  775  ) 
de  i",o45,  le  thermomètre,  plongé  dans  l'eau,  qui  marquait  ii^f,  a  mar- 
qué la"  I,  soit  gain  j,  après  agitation  de  l'eau  avant  et  après  le  choc,  c'est- 
à-dire  que  l'écrasement  a  produit  plus  de  2,33  X-|=  «^86  calories.  Le 
travail  total  est  i^jO/jS  X  44»  =  459, 8o  kilogrammètres  (moins  les  frotte- 
ments des  guides  du  mouton  difficiles  à  évaluer).  Donc  le  thermomètre 
prouve  clairement  que  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  est  inférieur  à 
459j8o  :  1 ,86  =  a47,  nombre  qui  n'est  guère  que  là  moitié  de  celui  proposé 
par  M.  Joule. 

»  Mais  il  faut  remarquer  qu'une  partie  du  travail  de  la  chute  du  mouton 
est  amortie  par  les  vibrations  du  support,  correspond  à  la  force  vive  qui  se 
perd  dans  le  sol;  cette  quantité  est  évidemment  un  peu  inférieure  à  celle 
qui  continuerait  l'écrasement  du  plomb.  On  l'obtiendra  indépendamment 
d'aucune  hypothèse,  en  faisant  tomber  le  mouton  de  faibles  hauteurs  crois- 
santes sur  le  plomb  écrasé,  pour  déterminer  le  point  où  l'action  commence. 
Ce  point,  difficile  à  déterminer  avec  l'appareil  grossier  que  j'ai  employé 
jusqu'ici  (une  sonnette  pour  battre  les  pieux),  me  paraît  être  vers  o'°,a5. 
Prenant  pour  limite  o™,  245,  le  travail  qui  produit  la  chaleur  n'est  plus 
que  44o  X  o'",8o  =  352  kilogrammètrçs,  et  l'équivalent  de  la  chaleur  est 
352  :  1,86  =  187  :  chiffre  assez  rapproché  de  i4o,  vu  le  grand  nombre  de 
causes  d'erreur. 

»  On  peut  donc  considérer  comme  très-voisin  du  chiffre  exact  celui  que 
je  propose  pour  remplacer  celui  admis  jusqu'ici.  Il  est  bien  inutile  que  j'in- 
siste ici  sur  l'intérêt  de  cette  détermination  qui,  au  point  de  vue  pratique 
notamment,  montre  que  les  bonnes  machines  à  vapeur  sont  des  appareils 
bien  plus  parfaits  qu'on  ne  supposait,  et  fera  renoncer,  comme  la  pra- 
tique n'en  a  que  trop  démontré  la  nécessité,  à  des  projets  de  machines  à 
air  chaud  et  autres  analogues,  dont  une  fausse  théorie  indiquait  à  tort  la 
réussite  comme  probable.  » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  les  vibrations  longitudinales  des  verges  prismatiques; 

par  M.  A.  Terquem. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Duhamel.) 

«  Quand  on  ébranle  longitudinalement  une  verge  libre  à  ses  deux  extré- 
mités et  fixée  en  son  milieu,  on  aperçoit,  en  projetant  du  sable  à  sa  surface, 
outre  le  nœud  médian,  d'autres  nœuds  qui  ont  un  caractère  tout  particu- 
lier. Ces  nœuds  alternent  sur  lés  deux  faces  de  la  verge,  et  de  plus,  en 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  i6.)  'OI 


(  776  ) 
fixant  cette  dernière  en  un  quelconque  de  ces  points,  le  mouvement  cesse 
aussitôt.  Savart  avait  cherché  à  expliquer  ces  nœuds  par  des  inflexions  de 
la  verge  de  part  et  d'autre  de  sa  position  d'équilibre;  cette  explication  ne 
saurait  s'appliquer  qu'à  un  petit  nombre  de  faits. 

»  En  examinant  une  verge  sur  laquelle  ces  nœuds  sont  dessinés  avec  net- 
teté, on  voit  qu'ils  occupent  presque  la  même  position  que  les  nœuds  qui 
appartiennent  au  son  transversal  à  l'unisson  avec  le  son  longitudinal,  ou 
qui  en  diffère  le  moins-,  seulement,  en  général,  par  l'ébranlement  trans- 
versal les  mêmes  nœuds  se  produisent  simultanément  sur  les  deux  faces  de 
la  verge;  par  l'ébranlement  longitudinal,  ils  alternent  sur  les  deux  faces 
opposées.  Il  est  donc  naturel  d'admettre  qu'il  existe  en  même  temps  dans  la 
verge  deux  modes  de  vibrations  rectangulaires ,  soumis  chacun  séparé- 
ment aux  mêmes  lois  que  s'il  était  seul.  Cette  hypothèse  suffit  en  effet  pour 
lendre  compte  de  la  formation  des  nœuds  dont  nous  avons  parlé. 

B  Prenons  d'abord  une  verge,  dans  laquelle  le  rapport  de  la  longueur  à 
l'épaisseur  soit  tel,  qu'il  y  ait  unisson  entre  le  son  longitudinal  et  un  des 
sons  transversaux,  et  admettons  que,  sous  l'influence  d'un  ébranlement 
longitudinal,  elle  vibre  à  la  fois  longitudinalement  et  transversalement. 
Dans  le  mouvement  longitudinal,  il  n'existe  qu'un  nœud  au  milieu;  dans 
le  mouvement  transversal,  il  existe  un  plus  grand  nombre  de  nœuds  dont 
les  positions  sont  déterminées  par  les  formules  d'Euler,  vérifiées  par 
MM.  Strehlke  et  Lissajous  ;  considérons  un  nœud  transversal  quelconque,  , 
non  situé  au  milieu  même  de  la  verge»  Deux  molécules  prises  de  part  et 
d'autre  de  ce  nœud  auront  des  vitesses  longitudinales  dirigées  dans  le 
même  sens,  et  des  vitesses  transversales  dirigées  en  sens  contraire  ;  on  aura 
la  vitesse  résultante  en  construisant  un  rectangle  sur  les  vitesses  compo- 
santes; pendant  la  seconde  période  de  la  vibration,  toutes  les  vitesses  chan- 
gent à  la  fois  de  sens,  et  il  en  résulte  que  les  chemins  que  décrivent  les  molé- 
cules restent  dirigés  suivant  les  mêmes  lignes.  Par  suite  de  la  coïncidence 
de  ces  deux  mouvements  rectangulaires,  deux  molécules  situées  de  part  et 
d'autre  d'un  même  nœud  transversal,  exécutent  donc  des  vibrations  suivant 
des  lignes  obliques  par  rapport  à  l'axe  de  la  verge  et  inclinées  en  sens  con- 
traires ;  le  sable  sera  donc  lancé  à  la  surface  de  la  verge,  du  côté  des  nœuds 
vers  lesquels  convergent  les  mouvements  des  molécules,  et  s'écartera  de 
ceux  près  desquels  les  mouvements  moléculaires  sont  divergents;  on  con- 
çoit donc  pourquoi  la  moitié  des  nœuds  se  trouve  sur  une  des  faces  de  la 
verge,  et  l'autre  moitié  sur  la  face  opposée  ;  seulement  la  disposition  géné- 
rale sera  différente,  suivant  qu'il  y  aura  un  nombre  pair  ou  impair  de 
nœuds. 


(■  111  ) 

»  Admettons»  en  efïet  qu'il  y  ait  unisson  entre  le  son  longitudinal  et  le 
son  transversal  accompagné  de  1 5  nœuds,  on  aura  la  disposition  suivante  : 


2              3 

il 

£ 

€ 

7 

f 

i         g         10        II        13        1 

3        I 

4        1 

5 

1 

»  On  obtient  exactement  cette  disposition  par  l'expérience,  et  de  plus  on 
remarque,  comme  la  théorie  l'indique,  que  le  sable  se  meut  des  deux  côtés 
du  nœud  médian  dans  le  même  sens,  et  admettons  au  contraire  que  le  son 
transverval  à  l'unisson  du  son  longitudinal  soit  accompagné  d'un  nombre 
pair  de  nœuds,  i4  par  exemple  : 


a     3     ^ 

5         6        - 

f 

9        ' 

a        I 

I        I 

3            I 

3 

I 

4 

I 

3 

5 

7 

8 

10                          13 

■4 

','  1  ',',',',','  1 

milieu 


i3 


les  nœuds  extrêmes  seront  sur  la  même  face  de  la  verge  :  sur  une  des 
faces,  il  y  aura  au  milieu  deux  nœuds  consécutifs  et  le  nœud  du  mouvement 
longitudinal  ne  sera  pas  marqué;  sur  l'autre  face,  il  le  sera  au  contraire. 
L'expérience  confirme  complètement  ces  prévisions. 

«  Mais  ce  qui  démontre  avec  la  plus  grande  évidence  la  vérité  de  cette 
explication,  c'est  que  l'ébranlement  transversal  produit,  quand  la  verge 
satisfait  aux  conditions  énoncées,  la  même  disposition  de  nœuds  que  l'ébran- 
lement longitudinal,  ou  du  moins  les  nœuds  extrêmes  sont-ils  toujours 
disposés  alternativement  sur  les  deux  faces  opposées,  au  lieu  d'exister  à  la 
fois  sur  les  deux. 

B  Donc  dans  une  verge  qui  peut  rendre  le  même  son  par  un  ébranlement 
transversal  ou  bien  longitudinal,  ces  deux  modes  de  vibrations  s'établiront 
ensemble,  quel  que  soit  le  moyen  employé  pour  ébranler  la  verge. 

»  Enfin  ce  même  principe  peut  servir  à  expliquer  la  production  du  son 
à  l'octave  grave  du  son  longitudinal  que  rendent  quelquefois  les  verges. 
Supposons  à  une  verge  des  dimensions  telles,  qu'il  y  ait  un  son  transversal  à 

lOI.. 


(  778  )  " 
l'octave  grave  du  son  longitudinal  :  le  mode  de  vibration  correspondant  à 
ce  son  se  produira  quand  on  ébranlera  la  verge  longitudinalement.  Ce  qui 
le  démontre  évidemment,  c'esi  qu'en  prenant  une  verge  qui  satisfasse  à  ces 
conditions,  on  voit  par  l'ébranlement  longitudinal,  le  sable  se  mouvoir  tout 
le  long  de  la  verge,  en  s'arrètant  toutefois  quelques  instants  aux  noeuds  du 
mouvement  transversal  ;  si  on  met  à  la  surface  de  la  verge  une  mince  couche 
d'eau  pendant  l'ébranlement,  les  ventres  du  mouvement  transversal  sont 
accusés  par  des  gouttelettes  projetées  et  des  rides  nombreuses  qui  sillonnent 
la  surface  de  l'eau  ;  les  nœuds  au  contraire  sont  marqués  par  le  repos  de  la 
surface  de  l'eau. 

»  Par  l'ébranlement  transversal,  le  mouvement  longitudinal  est  si  intense, 
que  le  sable  cesse  de  se  fixer  aux  noeuds  et  glisse  de  la  même  manière  que 
par  l'ébranlement  longitudinal. 

»  Nous  voyons  donc  que  dans  ces  cas  simples  l'hypothèse  de  la  coexis- 
tence de  deux  mouvements  vibratoires  rectangulaires  suffit  à  l'explication 
de  tous  ces  faits.  » 

VOYAGES  SCIENTIFIQUES.  —  Observations  médicales  prises  à  bord  dé  la  ft é(j(ite 
la  Sibylle,  pendant  la  campagne  de  cette  frégate  dans  [Inde,  la  Chine,  le 
Japon,  la  Manche  de  Tarlarie,  etc.;  par  M.  Barthe.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Duperrey,  Decaisne,  Daussy, 
Sainte-Claire  Deville,  auxquels  sont  adjoints  MM.  Andral,  Valenciennes.) 

«  Dyssenterie  Ijphique  et  scorbut.  —  J'ai  cru  reconnaître  que  les  causes  de 
la  dyssenterie  typhique  avaient  pris  naissance  sous  les  influences  climatéri- 
ques  et  météorologiques  inhérentes  aux  missions  du  bâtiment  auxMoluques, 
et  peut-être  dans  le  germe  de  lafièvre  jaune  qui  avait  fait  cinquante-cinq  vic- 
times à  bord  de  la  Sibylle,  dans  sa  première  campagne  aux  Antilles.  Il  y  avait 
eu  septicohémie  due,  entre  autres  causes,  aux  nuit  s  orageuses  et  pluvieuses 
qui  se  succédèrent  du  7  au  i3  septembre  i854,  et  forcèrent  d'avoir  les 
sabords  et  les  panneaux  fermés.  Pour  le  scorbut  :  comme  causes  prédispo- 
santes, les  effets  de  celles  delà  dyssenterie  typhique  sousl'inflirence  des  cli- 
mats du  Nord,  des  brumes  épaisses  et  des  glaces  de'l'Ochostk,  de  la  priva- 
tion de  la  luniière  ou  de  l'éclairage  artificiel  obtenu  au  moyen  de  l'huile 
de  cocos,  en  l'absenee  le  plus  souvent  d'une  aération  suffisante,  les  pro- 
duitsexhalés  des  poumons,  ceux  de  la  transpiration  et  des  sécrétions  di- 
verses, s'ajoutaient  à'ia  putridité  des  miasmes  existant  à  bord.  Le  froid 
cotnprimant    la    fermentation    des   substances   organiques ,    l'intoxication 


(  779  ) 
devenait  lente,  la  dose  du  poison  introduite  dans  réconomie  plus  'faible 
et  partant  k  nature  de  la  cause  obscure.  Cependantà  là 'longue  le  sang 
s'appauvrissait,  l'hydrohémie  et  l'altération  de  la  fibrine  survenaient, 
d'où  la  cachexie  scorbutique  et  scrofuleuse  si  communes  à  cette  époque  de 
misère,  où  la  nourriture  était  si  peu  en  harmonie  avec  les  besoins;  de  là, 
enfin,  le  scorbut  épidémique. 

»  Cliotéra-morbus .  —  Pendant  ma  navigation,  j'ai  eu  occasion  de  recon- 
naître les  avantages  de  l'ipécacuanha  administré  à  hautes  doses  dans  les 
différentes  périodes  du  choléra  asiatique  ;  sur  sept  cas  observés  à  Manille  et 
à  Bombay,'  cinq  furent  traités  par  ce  médicament  avec  succès;  les  deux 
autres,  par  les  moyens  ordinaires,  furent  suivis  de  mort. 

»  Epidémies  de  grippe  larvée  et  de  variole.  —  La  Sibylle  ne  fut  pas  exempte 
d'une  affection  qui  a  sévi  sur  l'Europe  entière  dans  les  derniers  temps,  je 
veux  parler  de  la  grippe  et  particulièrement  d'une  espèce  larvée  ou  pseudo- 
grippe ayant  régné  en  même  temps  qu'une  épidémie  de  variole.  La 
grippe  m'a  semblé  être  le  résultat  d'un  ensemble  de  causes  appartenant  à 
des  génies  épidémiques  divers  qui,  existant  à  l'état  latent,  enveloppent  dans 
des  symptômes  complexes  les  populations  en  produisant  chez  elles ,  en 
même  temps,  le  choléra,  la  variole,  la  rougeole,  la  fièvre  typhoïde;  elle 
serait  souvent  la  compagne  ou  la  suite  des  grandes  épidémies;  elle  tiendrait 
de  toutes,  mêlerait  leurs  symptômes  et  se  ferait  remarquer  par  l'absence 
d'une  prépondérance  bien  accentuée  de  chacune  d'elles.  La  marche  conco- 
mitante de  la  grippe  larvée  et  de  la  variole  rendit  le  diagnostic  de  cette  der- 
nière parfois  assez  obscur  :  souvent  les  deux  épidémies  parurent  se  confondre, 
les  symptômes  de  la  grippe  furent  quelquefois  les  mêmes  que  ceux  de  cer- 
taines varioles,  moins  l'apparilion  des  pustules! 

»  Fièvres  lémittentes  des  pays  chauds.  —  A  son  départ  de  Chine,  oc- 
tobre i856,  la  frégate  fut  assaillie  par  des  lièvres  graves,  fièvres  rémittentes 
des  pays  chauds,  ayant  eu  quelques  points  de  contact  avec  la  fièvre  jaune. 
Les  maladies  à  cachet  exceptionnel  et  presque  toujours  à  tendance  typhi- 
que  se  sont  déclarées  alors  seulement  que  la  température  dépassait  4-  3o  de- 
grés par  les  calmes  et  les  grands  phénomènes  électriques,  t 

»  Tels  sont  les  principaux  faits  médicaux  observés  dans  le  courant"  de  Ta 
campagne;  leur  développement  prouvera  une  fois  de  plusla  puissance  et  les 
bienfaits  de  l'hygiène  à  bord  des  bâUments.  En  effet,  lorsque,  débarquant 
de  la  Virginie,  je  passai  sur  laSibjlle  au  Japon,  une  épidémie  de  dyssen- 
terie  typhique  avait  désolé  cette  frégate  aux  Moluques  en  i854-55.  Il  y 
régnait    depuis   deux    mois   une  épidémie    de  scorbut  qui   avait  atteint 


(  78o  ) 
125  hommes  sur  46a,  nombre  effectif  de  l'équipage.  Cent  décès  avaient  eu 
lieu  par  suite  de  ces  deux  épidémies.  Elles  avaient  profondément  ébranlé 
les  organismes,  considérablement  affaibli  l'équipage,  et  donné  lieu  à  des 
prédispositions  fâcheuses  qui  se  sont  effacées  devant  les  heureux  efforts  du 
commandant  Simonetde  Maisonneuve,  pour  associer  les  règles  de  l'hygiène 
aux  besoins  du  service.  C'est  ainsi  que  la  frégate  la  Sibjlle  a  pu  continuer 
encore  pendant  plus  de  deux  ans,  tenir  honorablement  son  poste  dans  la 
division  alliée,  et  porter  haut  le  pavillon  de  la  France  dans  les  missions  im- 
portantes qu'elle  eut  à  remplir. 

»  Résumé.  —  Durée  de  la  campagne,  43  mois;  distance 'parcourue, 
2000  lieues  marines  ;  total  des  jours  de  maladie  48,788  ;  nombre  des  morts, 
ia3.   » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Etudes  sur  tes  causes  de  la  coloration  des  oiseaux  ; 

par  M.  BoGDANow. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Regnault, 
auxquels  est  adjoint  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire.) 

Le  résultat  des  recherches  exposées  dans  ce  Mémoire  est  résumé  par 
l'auteur  dans  les  propositions  suivantes  : 

«  1°.  Les  plumes  doivent  être  divisées  en  deux  groupes,  les  plumes 
ordinaires,  c'est-à-dire  celles  qui  ont  la  même  couleur  vues  par  transparence 
ou  vues  par  réflexion,  et  les  plumes  optiques  qui  présentent  des  phéno- 
mènes divers,  suivant  qu'on  les  étudie  de  l'une  ou  de  l'autre  manière. 

»  2°.  Les  plumes  ordinaires  doivent  leur  coloration  uniquement  au  pig- 
ment qui  est  toujours  chimiquement  isolable. 

»  3°c  Les  pigments  se  divisent  en  deux  groupes  présentant  des  qua- 
lités chimiques . tout  à  fait  différentes  :  le  premier  groupe  comprenant  le 
pigment  jaune,  rouge,  lilas,  vert,  n'est  soluble  que  dans  l'alcool  et  l'éther; 
le  second,  composé  uniquement  du  pigment  noir,  n'est  soluble  que  dans 
l'ammoniaque,  la  potasse  et  un  peu  dans  l'eau. 

o  4°-  La  zoomélanine,  ou  pigment  noir  des  plumes,  très-vraisemblable- 
ment doit  être  regardée  comme  identique  avec  la  mélanine  trouvée  dans 
la  choroïde. 

»  5°.  Déplumes  optiques  on  obtient  des  pigments  bruns  et  verts,  qui 
sont  identiques  avec  ceux  qu'on  extrait  des  plumes  ordinaires. 


(  78»   ) 

»  6°.  On  peut  établir  un  certain  parallélisme  entre  la  série  des  couleurs 
ordinaires  et  la  série  des  couleurs  optiques. 

»  7°.  I^a  couleur  bleue  avec  toutes  ses  nuances  doit  être  regardée  comme 
une  couleur  optique.  » 

PATHOLOGIE.  —  De  tapoptexie  des  ovaires;  par  M.  Pufxh. 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

«  Dans  deux  précédents  Mémoires,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  je 
me  suis  attaché  à  démontrer  que  l'hém-orragie  de  la  vésicule  de  Graaf"  et 
la  rétention  des  menstrues  ne  sauraient  participer  à  la  formation  des  tumeurs 
sanguines  du  petit  bassin.  Dans  celui-ci  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à 
l'Académie,  j'étudie  l'apoplexie  de  l'ovaire.  Les  conclusions  auxqtielles  j'ar- 
rive peuvent  être  formulées  de  la  manière  suivante  : 

»  1°.  L'apoplexie  de  l'ovaire  est  une  maladie  incontestable,  caractérisée 
anatomiquement  par  un  épanchement  de  sang,  par  la  destruction  des  vési- 
cules de  Graaf  et  du  stroma  en  tout  ou  en  partie. 

»  a".  Cet  épanchement  de  sang  plus  ou  moins  considérable  détermine 
des  accidents  divers  :  de  là  deux  terminaisons  que  l'on  distinguera  suivant 
qu'il  y  aura  rupture  ou  non  de  la  poche  sanguine. 

»  3°.  Lorsque  le  kyste  se  rompt  du  côté  du  péritoine,  l'hémorragie  peut 
être  mortelle  par  son  fait,  ou  bien  susciter  une  péritonite  qui,  mortelle  dans 
la  plupart  des  cas,  peut  dans  d'autres  servir  à  l'enkystement  du  sang  extra- 
vasé;  lorsque  le  kyste  se  rompt  vers  le  tissu  cellulaire  sous-péritonéal,  le  sang 
fuse  au-dessous  de  la  séreuse  et  forme  une  tumeur  extrapéritonéale. 

»  4°-  Lorsque  le  kyste  ne  se  rompt  pas,  le  sang  se  réunit  en  caillot,  le 
sérum  se  résorbe,  de  la  fibrine  se  dépose  sur  les  parois,  et  peut  à  la  longue 
amener  le  retrait  de  la  tumeur-,  dans  d'autres  au  contraire  ce  travail  réveille 
une  inflammation,  du  pus  se  forme  et  peut  se  faire  jour,  soit  par  le  rectum, 
soit  par  le  vagin,  soit  vers  la  séreuse  qu'il  enflamme. 

»  L'hématocèle  rétro-utérine  est  assez  souvent  une  suite  de  l'apoplexie 
de  l'ovaire.   »  >•' 

M.  Bellat  soumet  ,au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  «  Notice  sur  l'extrait  de  viande  de  cheval  préparé  spécialement  pour 
produire  le  bouillon  gras  ». 

L'auteur  remarque  que  si  les  avis  ont  été  différents  relativement  au  degré 


(  78^  ) 
de  bonté  ou  de  délicatesse  des  divers  aliments  qu'on  peut  préparer  avec  la 
viande  de  cheval,  tous  sont  d'accord  sur  un  point,  c'est  que  le  bouillon  de 
cheval  est  excellent,  «  parfois  même,  dit-il,  supérieur  au  bouillon  de  bœuf.  » 
Il  présente  ensuite  les  motifs  qui  l'ont  déterminé  à  proposer  [extrait  de 
viande  pour  la  préparation  de  ce  bouillon  au  lieu  de  la  viande  elle-même  ; 
enfin  il  faitconnaître  en  détaille  mode  de  préparation  qui  permet  d'obtenir 
cet  extrait  avec  toutes  les  qualités  qui  le  rendent  propre  à  faire  un  bon 
bouillon. 

Le  Mémoire  se  termine  par  une  remarque  sur  la  chair  des  chevaux  à  poils 
blancs,  chair  qui  d'après  les  résultats  de  différents  essais  donne  un  bouillon 
incolore  (au  lieu  de  la  teinte  ordinaire,  jaune  ambré),  une  saveur  fade  et 
une  odeur  qui  n'a  rien  d'agréable  ;  l'extrait  a  un  aspect  verdâtrè  et  une 
odeur  déplaisante.  «  La  viande  elle-même,  examinée  avec  soin,  nous  a 
presque  toujours,  dit  M.  Bellat,  présenté  différentes  parcelles  d'une  sub- 
stance noirâtre  semblable  au  charbon  et  répandue  assez  irrégulièrement 
dans  la  masse  des  muscles.  »  Il  paraît  que  ce  fait  était  connu  même  de 
quelques  équarisseurs. 

Le  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Payen,  Cl.  Bernard. 

M.  Lerié  adresse  un  supplément  à  son  Mémoire  sur  les  lentilles.  Ce  sup- 
plément se  compose  d'une  partie  de  texte,  d'une  série  de  calculs  et  d'un 
atlas. 

(Renvoi  à   l'examen  des  Commissaires   précédemment  nommés: 
MM.  Pouillet,  Babinet.) 

M.  Balard  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Cameré,  une  «  Note  sur  un 
appareil  à  faire  le  vide  par  l'écoulement  d'un  liquide  (eau,  mercure,  etc.)  ». 

La  description  est  accompagnée  d'une  figure  sans  le  secours  de  laquelle 
il  serait  difficile  de  comprendre  la  disposition,  d'ailleurs  assez  simple,  de 
cet  appareil,  qui  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Morin,  Seguier. 

M.  Gacdin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  intitulé  : 
«  Constitution  géométrique  des  espaces  stellaires  » . 

(Commissaires,  MM.  Laugier,  Delaunay.) 


(  783)  ;:; 

M.  Dellieux  présente  des  remarques  qu'il  a  faites  sur  les  mouvements 
oscillatoires  imprimés  à  un  corps  flottant  et  sur  le  parti  qu'on  pourrait  tirer, 
suivant  lui,  des  faits  observés  pour  l'établissement  de  moteurs  d'un  nou- 
veau genre. 

"M.  Seguier  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  MiKKTRE  DE  l'Ivstrijction  PUBLIQUE  autorise  l'Académie  à  pien- 
dre  sur  les  fonds  restés  disponibles  les  sommes  qu'elle  avait  demandées  afin 
de  les  employer  en  encouragements  pour  divers  travaux  scientifiques  spé- 
cifiés dans  la  demande.  'Hiimiif'Ài'yeiaiui'^iii^^Kl' 

.STATISTIQUE.  —  accroissement  de  la  population  dans  tÊtat  de  New-York. 
(Communication  de  M.  A.  Passv.) 

«  Je  suis  chargé  par  M.  Vattemare,  agent  des  échanges  internationaux, 
de  présenter  »à  l'Académie  un  exemplaire  du  recensement  de  la  population 
de  l'État  de  New-York  pour  l'année  i855. 

»  C'est  une  publication  officielle  qui  ne  peut  manquer  d'intéresser  l'Aca- 
démie. 

»  Aux  classifications  ordinaires  que  fournissent  les  recensements  on  a 
joint  des  détails  qui  n'y  sont  pas  ordinairement  compris. 

»  Je  noterai  seulement  quelques  tableaux  ; 

»  Le  nombre  et  la  valeur  des  habitations; 

>•  Des  états  très-étendus  des  divers  éléments  dont  se  compose  la  richesse 
agricole  et  manufacturière  ; 

»  L'état  du  culte  et  des  églises  ;  uti:/^  ihf  \A  « 

»   La  statistique  des  journaux  et  des  publications  périodiques  ;      :  '     ' 

»  Le  tableau  des  écoles,  des  auberges  et  des  magasins ,  à  la  vérité  réunis 
sous  une  même  division  ;  ;    nmm'li  e"\t 

»  Enfin  la  situation  de  la  population  indienne.  .e-iitMiHitHi  • 

»  Le  recensement  actuel  a  été  comparé  autant  que  possible  aiixidoicu- 
meuts  qui  datent  de  l'origine  de  la  colonie. 

»  Voici  le  résultat  de  l'accroissement  de  la  j)opulation  dans  l'Etat  de 
New-York.  '  ,*  • 

C.  R.,  i858,  l'f  Semestre.  (T.  XLVI.N»  16.)  I  02 


(      784     ) 

»  Le  recensement 

fait  en   1698  ( 

Jonnait       18,067  ha'>ita"ts. 

w 

en   1723 

40, 564 

i> 

M 

en   1736 

96,779 

V 

> 

en   1771 

163,337 

» 

1) 

en    1 790 

340, 1 20 

)) 

1> 

en  1820 

1,372,812 

0 

» 

en   i85o 

3,097,394 

V 

J» 

en    i855 

3,446,21a 

.  a 

»   Le  nombre  des 

esclaves  était 

en 

1790  de  .   .   . 

.     .           2  1,324 

M 

en 

1820  de  .  .   . 

.   .        10,046 

» 

en 

1840  de  .  .  . 

4 

»  Il  n'y  en  a  plus  désormais. 

»  La  ville  de  New-York  est  arrivée  de  33,i3i  en  1 790  à  629,810  en  i855. 

»  Les  hommes  et  les  femmes  de  couleur,  quoique  libres ,  sont  encore 
distingués  du  reste  de  la  population.  Leur  nombre  est  de  35,956. 

»  Les  Indiens  sont  réduits  à  3,934  individus,  parmi  lesquels  je  ferai 
remarquer  196  fermiers  ou  cultivateurs,  2  docteurs,  i  médecin,  1  juris- 
consulte, I  ministre  de  culte  et  2  prédicateurs. 

»  Le  nombre  des  journaux  et  des  publications  périodiques  est  de  67 1 , 
sur  lesquels  il  y  a  62  journaux  quotidiens  qui  livrent  par  an  un  nombre 
d'exemplaires   montant  à 97,904,079 

»  Les  publications  périodiques 95,393,542 

Total 193,294,621 

»  Mais    quelques    journaux   n'ayant    pas   fait   connaître    leurs    opéra- 
tions, le  nombre  total  a  été  évalué  proportionnellement  à  241,749,702. 
»  L'État  de  New- York  contient  en  culture  .    .        13,657,490  acres. 
»  Et  en  ffiche 13,100,692      » 

Total 26,758,182      » 

»  La  valeur  assignée  aux   cultures,    en  fonds  et  en    instruments,  est 

de  5,022,318,178  francs. 

»  Le  principal  mérite  de  la  statistique  est  d'offrir  dans  ses  éléments  divers 

des  termes  de  comparaison.  Le  plan  et  les  détails  de  ce  document  ont  été 

combinés  sous  ce  point  de  vue. 

»  Je  n'ai  reçu  ce  livre  que  depuis  deux  jours  ;  j'ai  dû  me  borner  à  en 

signaler  l'importance,  afin  d'attirer  sur  lui  l'attention    des  Membres  de 

l'Académie  qui  s'occupent  de  ces  questions.  » 


(  785  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —Sur  une  nouvelle  base  obtenue  par  l'action  de  t  ammoniaque 
sur  le  tribromure  d'allyle ;  par  M.  le  D'  Maxwell  Simpson. 

«  Le  tribromure  d'allyle,  corps  obtenu  récemment  par  M.  Wiirtz  en 
traitant  l'iodure  d'allyle  par  un  excès  de  brome,  est  décomposé  par  l'am- 
mouiaque  et  forme  avec  elle  une  huile  pesante,  douée  de  propriétés  basi- 
ques et  remarquable  par  sa  constitution. 

»  Pour  obtenir  ce  corps,  on  mélange  i  volume  de  tribromure  avec  envi- 
ron 6  volumes  d'une  solution  d'ammoniaque  dans  l'alcool  faible.  On  intro- 
duit ce  mélange  dans  des  tubes  que  l'on  ferme  à  la  lampe  et  que  l'on  chauffe 
ensuite  pendant  dix  heures  au  bain-marie.  La  décomposition  commence 
presque  immédiatement,  et  il  se  précipite  une  quantité  considérable  d'un 
sel  blanc  qui  est  du  bromure  d'ammonium.  Après  le  refroidissement,  on  , 
sépare  ce  sel  par  le  filtre,  et  on  ajoute  une  grande  quantité  d'eau  au  liquide 
filtré;  ce  liquide  se  trouble  aussitôt  et  laisse  déposer  au  bout  de  quelque 
temps  une  huile  pesante  qui  est  la  base  en  question.  Après  l'avoir  bien  lavée 
à  l'eau,  on  la  dissout  dans  l'acide  chlorhydrique  et  on  évapore  la  solution 
à  siccité  au  bain-marie.  On  redissout  le  sel  sec  dans  l'eau  qui  en  sépare  une 
trace  de  matière  huileuse;  on  évapore  de  nouveau;  on  traite  par  l'éther 
dans  lequel  le  sel  est  à  peine  soluble  ;  et  après  ce  traitement,  on  le  dessèche 
dans  le  vide  sous  la  machine  pneumatique.  L'analyse  a  démontré  que  le  sel 
ainsi  obtenu  était  une  sorte  de  chlorure  d'ammonium  dans  lequel  les  4  équi- 
valents d'hydrogène  sont  remplacés  par  2  équivalents  du  radical  bibasique 
propylènè  brome  C*  H'  Br  : 

Chlor.  d'ammonium .  Chlor.  de  bromopropyl-ammonium, 

»  Voici  les  nombres  obtenus  : 


Théorie. 

Expériences. 

I. 

11. 

III. 

Carbone 

24,69 

24,40 

23,80 

23,45 

Hydrogène 

3,43 

3,64 

3,76 

3.84 

Chlore 

12,18 

12,65 

» 

» 

Brome 

54,88 

52,80 

» 

» 

Azote 

4,80 

4.77 

» 

B 

»  Ce  chlorure  est  un  sel  parfaitement  neutre,  légèrement  coloré  en  jaune, 

102.. 


(  786  ) 
très-soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  peu  soliible  dans  l'éther.  Sa  saveur 
douce  et  aromatique  a  quelque  chose  de  caractéristique.  La  potasse  ou  l'antir 
moniaque  en  précipitent  la  base  libre  sous  forme  d'un  liquide  oléagineux, 
doux,  alcalin  au  papier,  mais  doué  de  propriétés  basiques  faibles,  car  il  ne 
précipite  ni  les  sels  de  cuivre,  ni  ceux  d'argent.  Légèrement  sotnble  dans 
l'eau,  cette  base  se  dissout  facilement  darïs  les  acides  snlfurique,  muriatiqtie, 
nitrique  et  acétique.  Je  suis  porté  à  penser  qu'étant  libre,  elle  renferme  de 
l'oxygène,  et  que  sa  constitution  est  analogue  à  celle  de  la  potasse  ou  des 
bases  ammoniées  de  M.  Hofmann.  Sa  constitution  serait  représentée  dans  ce 
cas  par  la  formule 
.     )Sii>OOi  >;jrtiHl  «-Wr  (C'H'Br) 

^ioH'Bri^'      "<^- 

»  Je  suis  occupé  à  vérifier  ce  point  par  l'expérience. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Wurlz.   » 

PHYSIQUE.  —  Sur  ta  mesure  des  gaz  dans  [analyse;  par  MM.  A.-W.  Williamsox 

et   W.-J.    RCSSELL. 

«  Dans  la  méthode  admirable  que  M.  Bunsen  a  indiquée  pour  l'analyse 
des  gaz,  la  détermination  exacte  de  la  température  et  de  la  pression  exige  un 
temps  non  moins  considérable  que  les  calculs  que  l'on  est  obligé  de  faire 
pour  ramener  le  gaz  à  la  température  et  à  la  pression  normales. 

»  Quand  la  température  d'un  gaz  s'abaisse ,  si  l'on  pouvait  diminuer  la 
pression  exactement  en  proportion  de  l'augmentatioii  de  tension  qu'il  subit, 
il  est  évident  que  l'abaissement  de  la  température  ne  modifierait  pas  le  vo- 
lume du  gaz  dans  l'eudiomètro.  De  même  une  élévation  de  température 
pourrait-être  contre-balancée  par  une  dépression  de  l'eudiomètre  dans  la 
cuve  à  mercure. 

»  Les  mêmes  remarques  s'appliquent  aux  variations  de  la  pression  baro- 
métrique. Une  augmentation  de  pression  peut  être  neutralisée  par  une  cer- 
taine élévation  de  l'eudiomètre,  une  diminution  de  pression  par  un  abais- 
sement de  l'eudiomètre  dans  la  cuve. 

»  C'est  par  conséquent  un  problème  de  quelque  intérêt  que  de  trouver, 
pour  toutes  les  pressions  et  températures  de  l'atmosphère ,  à  quelle  hauteur 
de  l'eudiomètre  le  gaz  qui  y  est  contenu  occuperait  le  méxue  volume  qu'à 
la  pression  et  à  la  température  normales.  On  y  arrive  aisément  en  introdui- 
sant dans  un  tube  sur  le  mercure  un  certain  volume  d'air  et  en  marquant 
la  hauteur  du  mercure  dans  le  tube  à  la  température  et  à  la  pression  nor-. 


(  787  ) 

maies  et  ensuite  à  toutes  les  températures  et  à  toutes  les  pressions  de  l'at- 
mosphère en  déprimant  ou  en  soulevant  le  tube  dans  la  cuve  jusqu'à  ce  que 
l'air  soit  réduit  à  son  volume  normal.  La  pression  mercurielle  qui  est  t-xigée 
pour  cela  est  évidemment  la  même  que  celle  qui  serait  nécessaire  dans  les 
mêmes  circonstances,  pour  la  réduction  d'une  quantité  quelconque  de  gaz 
au  volume  qu'il  occuperait  à  la  température  et  à  la  pression  normale».    ,;\ 

»  Nous  avons  essayé  d'appliquer  ces  principes  aux  analyses  de  gaz  Les 
appareils  que  nous  employons  consistent  essentiellement  dans  les  eudio- 
mètres  ordinaires  de  Bunsen,  et  dans  un  tube  à  pression.  Ce  dernier  tube, 
long  de  6  à  7  pouces,  a  le  diamètre  d'un  eudiomètre  ordinaire.  Il  est  fermé 
par  un  bout;  à  l'autre  bout  est  soudé  un  tube  de  même  longueur  et  d'un 
diamètre  plus  petit.  On  introduit  dans  ce  tube  à  pression  une  quantité  d'air 
telle,  que,  lorsqu'il  est  renversé  sur  la  cuve,  le  mercure  s'élève  à  une  hauteur 
convenable  dans  le  tube  étroit.  A  ce  point  on  fait  un  trait  qui  marque  la 
hauteur  où  le  mercure  doit  s'élever  à  toute  températiu'e  et  à  toute  pression 
pour  que  le  gaz  soit  ramené  à  son  volume  primitif.  La  cuve  dont  nous  nous 
servons  est  munie  d'une  excavation  profonde  qui  permet  à  l'opérateur  de 
soulever  ou  d'enfoncer  l'eudiomètre  à  volonté,  de  manière  à  ramener 
toujours  le  gaz  qu'il  renferme  à  la  même  pression  que  l'air  dans  le  tube 
à  pression.  L'eudiomètre  et  le  tube  à  pression  sont  maintenus  dans  une  posi- 
tion verticale  par  des  pinces  à  coulisse  qui  glissent  sur  des  tiges  bien  dres- 
sées. Chaque  pince  est  munie  d'un  micromètre  à  l'aide  duquel  l'observa- 
teur peut  élever  on  abaisser  le  tube  en  même  temps  qu'il  regarde  à  travers 
une  lunette  horizontale  et  placée  à  une  distance  convenable.  Pour  nwsurer 
un  gaz  dans  une  analyse,  nous  plaçons  le  tnbe  à  pression  exactement  de- 
vant l'eudiomètre  et,  abaissant  ou  élevant  ce  tube  à  l'aide  du  micromètre, 
nous  faisons  arriver  le  sommet  de  la  colonne  de  mercure  à  !;i  hauteur  du 
trait  qui  est  marqué  sur  ia  tige.  Par  les  mêmes  moyens  l'eudiomè-tre  hii- 
,méme  est  amené  dans  une  position  telle,  que  le  sommet  du  ménisque  coïn- 
cide exactement  avec  le  sommet  du  ménisque  dans  le  tulie  à  pression.  0<i 
arrive  facilement  à  établir  cette  coïncidence  ;  cnr  quoique  les  deux  tubes 
soient  placés  l'un  devant  l'autre,  on  aperçoit  facilement  1«  ménisque  de 
l'eudiomètre  de  chaque  côté  du  ménisque  dans  le  tube  à  pression  dont  le 
iliamètre  est  beaucoup  plus  petit  que  celui  du  tube  eudiométriqûe.       * 

»  En  appliquant  cette  méthode,  nous  obtenons  des  résultats  très-corrects, 
même  en  opérant  sur  de  petites  quantités  de  gaz.  Les  opérations  se  font 
rapidement  et  on  est  dispensé  de  tout  calctd.  Une  série  d'analyses  d'air, 
préalablement  dépouillé  de  son  acide  carbonique,  nous  a  donné  des  résul- 


(  788  ) 

Vais  tellement  concordants,  que  le  plus  grand  écart  entre  les  observations 

vs'est  élevé  seulement  à  4  centièmes  pour  loo  (o,o4  pour  loo),  quoique  les 

analyses  aient  été  faites  par  un  temps  orageux  et  que  la  quantité  de  gaz 

employé  ait  été  seulement  le  tiers  de  celle  qu'emploie  Bunsen.  » 

ZOOLOGIE.  — Sur  l' existence  des  métamorplioses  chez  les  Crustacés  décapodes; 
extrait  d'une  Lettre  t/e  M.  ]\.  Jolt. 

«  A  propos  de  la  communication  faite  à  l'Académie  par  M.  Coste,  dans 
la  séance  du  22  mars  i858,  M.  Valenciennes  avait  fait  remarquer  que  les 
recherches  de  M.  Milne  Edwards,  celles  de  M.  Thompson,  de  Belfast,  et 
les  siennes  avaient  déjà  prouvé  que  les  Crustacés  ne  sortent  pas  de  l'œuf 
avec  la  forme  qu'ils  garderont  pendant  toute  leur  vie.  Qu'il  me  soit  permis 
d'ajouter  que  je  n'ai  pas  été  étranger  à  l'établissement  de  cette  vérité  et  de 
citer  en  preuve  un  Mémoire  présenté  à  l'Académie  le  19  septembre  1842,  et 
qui  a  pour  titre  :  «  Etudes  sur  les  moeurs,  le  développement  et  les  méta- 
»  morphoses  d'une  petite  Salicoque  d'eau  douce  {Caridina  Desmarestii), 
>■  suivies  de  quelques  réflexions  sur  les  métamorphoses  des  Crustacés  déca- 
»  podes  en  général  ». 

»  Suivant  jour  par  jour  le  développement  des  œufs  d'une  petite  Sali- 
coque  que  l'on  trouve  abondamment  dans  le  canal  du  Midi,  et  que  j'ai 
nommée  Caridina  Desmarestii,  j'étais  arrivé  à  établir  que  dans  son  premier 
état  la  Caridine  ne  possède  que  trois  paires  d'appendices  buccaux,  tandis 
que  l'adulte  en  a  six  paires,  et  que  cette  espèce  de  larve  n'a  que  trois  paires 
de  pattes,  bien  qu'à  l'état  parfait  il  en^aura  cinq  paires.  Sous  le  rapport  du 
système  appendiculaire,  la  jeune  Caridine  ressemble  donc  à  un  Insecte  plutôt 
qu'à  un  Crustacé  normal.  Et  un  autre  fait  qui  vient  pleinement  confirmer  la 
belle  théorie  de  M.  Savigny,  relativetnent  à  la  transformation  des  parties, 
homologues  en  organes  variés,  c'est  que  les  trois  paires  de  pattes  de  la  jeune 
Caridine  se  changent  en  mâchoires  auxiliaires,  tandis  que  les  cinq  paires  de 
pattes  proprement  dites  se  forment  de  toutes  pièces, 

a  Ce  Mémoire,  qui  fut  l'objet  d'un  Rapport  très-favorable  fait  à  l'Aca- 
démie dans  la  séance  du  aS  janvier  i843,  se  terminait  par  le  résumé  suivant  : 

«  1°.  Ija  Caridina  Desmarestii  sort  de  l'œuf  sous  une  forme  différente  de 
«  l'adulte,  et  se  trouve  alors  privée  de  plusieurs  organes  très-développés  chez 
»  ce  dernier  [branchies,  pieds-rndchoires,  fausses  pattes  abdominales,  appareil 
»  stomacal,  etc.) 

»  2°.  Les  changements  qu'elle  subit  avec  l'âge  constituent  de  vraies  meta- 


(  7«9  ) 
«  morphoses ,    des  métamorphoses   beaucoup  plivs  complètes   que   celles 
»   qu'éprouvent  les  insectes  Orthoptères,  les  Hémiptères  et  certains  Névro- 
»  ptères. 

»  3°.  En  rapprochant  nos  observations  de  celles  de  M.  Thompson  et  du 
»  capitaine  Ducasse,  nous  nous  croyons  autorisé  à  penser,  contrairement  à 
»  l'opinion  généralement  admise,  que  presque  tous,  et  peut-être  même  tous 
»  les  Crustacés  décapodes  (i)  sont  sujets  à  de  semblables  transformations.  « 

LiA  Société  de  Géocrapuie  annonce  que  sa  séance  publique  annuelle 
aura  lieu  le  a3  de  ce  mois  et  adresse  des  billets  d'admission  poin-  MM.  les 
Membres  de  l'Académie  qui  désireraient  y  assister. 

M.  RiBOCRT,  auteur  de  plusieurs  Mémoires  sur  la  topographie,  la  météo- 
rologie, l'ethnologie  et  la  statistique  de  Tahiti  et  autres  îles  de  l'Océanie  où 
la  France  a  des  établissements,  demande  et  obtient  l'autorisation  de  re- 
prendre ces  Mémoires  transmis  il  y  a  quelques  années  par  M.  le  Ministre  de 
la  Guerre,  et  sur  lesquels  il  n'a  pas  été  fait  de  Rapport. 

M.  JoBART,  en  réponse  aux  remarques  faites  par  M.  Becquerel,  dans  la 
séance  du  5  courant,  sur  l'obscurité  des  renseignements  fournis  relative- 
ment aux  découvertes  de  M.  de  Cfiangy  pour  l'application  de  la  lumière 
électrique  à  l'éclairage,  déclare  qu'il  ne  pourrait  donner  des  détails  plus 
précis  sans  exposer  l'auteur  à  voir  un  autre  profiter  de  sa  découverte. 

M.  BccHBERG  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  par  une 
Commission  la  définition  de  la  ligne  droite  qu'il  a  présentée  dans  la  séance 
du  3 1  mars  dernier.  " 

M.  Bertrand  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  démonstration  et 
à  faire  savoir  à  l'Académie  si  elle  a  la  nouveauté  que  lui  suppose  l'auteur. 

» 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  .  F. 


(i)  En  répétant  les  observations  de  Ratke,  je  me  suis  ronvaincu  que  l'écrevisse  fluviatilf 
tait  à  cette  loi  une  très-reraarqiiable  exception. 


(  79»  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPIIIQIJE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  19  avril  les  ouvrages  dont  voici 
les  ritres  : 

Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  et  autres  biblio- 
thèques, jjubliés  par  C Institut  impérial  de  France  et  faisant  suite  aux  Notices  et 
Extraits  lus  au  comité  établi  dans  [Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Lettres  ; 
lome  XVI,  1'^  partie.  Paris,  i858;  in-4°. 

Chambre  de  Commerce  de  Lyon.  Notice  du  vert  de  Chine  et  de  la  teinture  en 
vert  chez  les  Chinois,  par  M.  Natalis  RONDOT  ;  suivie  d'une  Etude  des  pro- 
priétés chimiques  et  tinctoriales  du  Lo-Rao,  par  M.  J.  Persoz,  et  de  recherches 
sur  la  matière  colorante  des  nerpruns  indigènes;  par  M.  A.  F.  Michel.  Imprimé 
par  ordre  de  la  Chambre.  Paris,  i858;  i  volume  in-8°.  (Présenté  au  nom 
de  M.  N.  Rondot  par  M.  Decaisne.) 

Leçons  élémentaires  d'anatomie  et  de  phjrsiologie  humaine  et  comparée  au 
point  de  vue  de  C  hygiène  et  de  la  production  agricole  ;  par  M.  le  D'  Auzoùxj 
■1^  édition.  Paris,  i858;  i  vol.  in-8''. 

Annales  scientifiques,  littéraires  et  industrielles  de  [Auvergne,  publiées  par 
t' Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Clermont-Ferrand,  sous  la 
direction  de  M.  Lecoq;  tome  XXX.  Clermont-Paris,  1857;  in-S". 

Périodicité  des  grands  déluges  résultant  du  mouvement  graduel  de  la  ligne  des 
apsidesdela  terre.  Théorie  prouvée  par  les  fcUts  géologiques;  parM.  H.  Le  Hon. 
Bruxelles-Leipzig-Paris,  i858;br.  in-8°. 

Mémoire  sur  la  structure  intime  de  la  moelle  épinière,  de  la  moelle  allongée 
et  du  pont  de  Varole ;  par  M.  le  D*^  J.  DE  LENHOS.SÉK  ;  br.  in-3°.  (  Présenté  au 
nom  de  l'auteur  par  M.  Milne  Edvifards.) 

Documents  chirurgicaux  de  la  stricturototomie  inlra  -  urétrale ,  etc.;  par 
M.  G.  GuiLLON;  i«''  fascicule.  Paris,  1857;  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  12  avril  r858.; 

Page  -37,  ligne  i3,  au  lieu  de  d'après  le  procédé  si  facile  à  appliquer,  et  qui  con- 
siste, lisez  d'après  le  procédé  si  facile  à  appliquer,   qui  consiste. 

Page  788,  ligne  a5,  au  lieu  de  theriîicmètre  métallique,  lisez  thermomètre  niétasta- 
tique. 

Page  746)  ligne  24,  au  lieu  de  étant  de  la  dixième  grandeur,  lisez  étant  de  la  sixième 
grandeur. 


<  - 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  AVRIL  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ANTHROPOLOGIE.  —  Note  sur  l'angle  pariétal  et  sur  un  goniomètre  destiné  à  le 
mesurer  ;  par  M.  A.  de  Quatrefaces. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  présenter  la  description 
sommaire  d'un  instrument  que  j'ai  fait  construire  pour  mesilrer  l'angle 
pariétal.  J'appelle  ainsi  l'angle  formé  par  deux  lignes  tangentes  aux  points 
latéraux  les  plus  saillants  des  arcades  zygomatiques  et  aux  sutures  cor- 
respondantes du  frontal  avec  les  pariétaux.  Prichard  a  fort  bien  montré 
l'importance  de  cet  angle  pour  la  distinction  des  races  humaines.  Mais  il 
n'a  indiqué  aucun  procédé  pour  le  mesurer;  et,  faute  de  moyens,  d'appré- 
ciation rigoureux  ,  il  n'a  pu  tirer  lui-même  que  bien  peu  d'utilité  de  la 
considération  de  ce  caractère.  ,; 

»  L'angle  pariétal  résulte  de  Indifférence  de  longueur  que  présentent  les 
diamètres  transverses  de  la  face  et  du  crâne  dans  les  régions  indiquées  plus 
haut.  Quand  cette  différence  est  très-grande,  un  simple  rapporteur  à  longues 
branches  pourrait  à  la  rigueur  suffire  pour  l'apprécier.  Mais  k  mesure  que 
les  deux  diamètres  tendent  à  devenir  égaux^  l'emploi  de  ce  moyen  de  men- 

C.  R.,  i858,  i«fSemcj/re.  (T.  XLVi,  ti"  17.)  .      Io3 


(  792  ) 
siiration  devient  de  plus  en  plus  difficile  et  enfin  impossible.  Il  fallait  donc 
recourir  à  un  instrument  spécial. 

»  Le  goniomètre  pariétal  est  une  espèce  de  compas  dont  les  branches  sont 
formées  par  deux  règles  brisées  par  une  charnière.  Il  résulte  de  là  que ,  le 
compas  une  fois  ouvert,  on  peut  en  faire  diverger  ou  converger  les  branches 
dans  deux  sens  opposés.  L'une  des  branches  porte  un  demi-cercle  gradué 
dont  le  zéro  est  placé  sur  l'axe  même  de  la  règle.  L'alidade  de  ce  cercle  porte 
deux  tiges  sur  lesquelles  sont  tracées  les  divisions  égales  et  correspondantes. 
Ces  tiges  sont  perpendiculaires  à  l'alidade  et  assez  longues  pour  atteindre  la 
branche  libre  du  compas.  Lorsque  celle-ci  indique  sur  les  deux  tiges  la 
même  division ,  il  est  évident  que  les  tiges  lui  sont  perpendiculaires  aussi 
bien  qu'à  l'alidade.  Par  conséquent  cette  dernière  est  placée  parallèlement 
à  la  branche  libre  du  compas,  et  par  conséquent  aussi  l'angle  formé  par 
l'alidade  avec  la  branche  qui  porte  le  cercle  divisé  est  égal  à  l'angle  formé 
par  les  deux  branches.  Je  crois  inutile  de  rappeler  ici  les  propositions  de 
géométrie  élémentaire  sur  lesquelles  repose  cette  construction. 

»  Pour  se  servir  du  goniomètre  pariétal,  il  suffit  de  placer  la  tête  que 
l'on  veut  mesurer  entre  les  deux  branches  de  l'instrument;  de  rapprocher 
celles-ci  de  manière  à  les  rendre  tangentes  aux  points  indiqués  plus  haut; 
de  faire  glisser  les  tiges  le  long  de  la  branche  libre  jusqu'à  ce  que  celle-ci 
indique  sur  toutes  deux  la  même  division  ;  enfin  de  lire  sur  le  cercle  divisé 
l'angle  indiqué  par  ralida.de. 

»  Lorsque  le  diamètre  d'une  arcade  zygomatique  à  l'autre  est  plus  grand 
que  le  diamètre  bipariétal,  le  sommet  de  l'angle  dont  il  s'agit  est  placé  en 
haut.  Lorsque  ce  rapport  est  inverse,  le  sommet  de  l'angle  est  placé  en 
bas.  J'appelle  angle  pariétal  positif  celui  qui  résulte  de  la  première  disposi- 
tion (i) ,  angle  pariétal  négatif  celui  qui  résulte  de  la  seconde. 

»  L'angle  pariétal  positif,  toujours  très-prononcé  dans  les  races  jaunes, 
se  retrouve  dans  toutes  les  races  mixtes  dans  la  composition  desquelles  entre 
cet  élément  ethnologique.  Il  atteint  son  maximum  dans  la  race  boréale  et 
aussi  peut-être  chez  quelques  tribus  de  l'Amérique  méridionale.  Sur  une  tête 
osseuse  d'Esquimau,  provenant  de  l'expédition  du  prince  Napoléon,  j'ai 
trouvé  que  cet  angle  était  de  i4  degrés. 

»  L'angle  pariétal  est  négatif  dans  les  foetus  de  toutes  les  races.  On  le 
trouve    parfois  encore   très  -  prononcé  chez  quelques    individus  de  race 

(i)  C'est  le  seul  dont  on  se  soit  préoccupé  jusqu'à  présent. 


(793)  •      ■■ 

blanche.  Un  homme  de  quarante-six  ans  m'a  donné  près  de  18  degrés  et 
un  jeune  homme  de  vingt-cinq  ans  22  degrés. 

»  Je  ne  crois  pas  que  ces  limites  soient  dépassées  de  beaucoup  soit  dans 
un  sens,  soit  dans  l'autre.  Ainsi  l'étendue  des  variations  de  l'angle  pariétal 
serait  d'environ  36  degrés  (i).  Elle  serait  au  moins  aussi  grande  que  pour 
l'angle  facial.  Cette  seule  considération  suffira  pour  faire  comprendre  de 
quelle  utilité  pourra  être  ce  caractère  dans  la  caractérisation  des  races  hu- 
maines en  général,  et  combien  il  était  important  d'apporter  dans  son  appré- 
ciation l'emploi  des  moyens  de  précision.  » 

ASTRONOMIE.  —  Dessin  d'une  tache  solaire;  images  photographiques  de  la  lune 
et  de  Saturne  ;  Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Rome,  ce  6  avril  i858. 

«  Les  dernières  communications  de  M.  Chacornac  ayant  complètement 
confirmé  ce  que  j'ai  énoncé  il  y  a  déjà  longtemps  sur  la  structure  des  taches 
solaires,  en  ce  qui  regarde  leur  aspect  filandreux  et  à  manière  de  courants, 
je  crois  à  propos  d'envoyer  à  l'Académie  le  dessin  de  la  tache  visible  le  i4 
mars  et  plusieurs  jours  après  à  l'œil  nu,  ici  à  Rome.  Ce  dessin  a  été  fait  le 
i4  sur  très-large  échelle  pour  y  pouvoir  faire  entrer  tous  les  détails  qui  sont 
assez  nombreux  ;  plusieurs  autres  dessins  plus  petits  ont  été  faits  les  jours 
suivants  pour  suivre  les  variations  de  la  tache  et  seront  publiés  ailleurs.  Je 
dois  avertir  que  le  dessin  n'a  pas  été  fait  par  moi,  car  je  craignais  que  quel- 
que opinion  préconçue  pût  influer  sur  le  jugement  de  l'œil  :  l'auteur  est 
un  de  mes  élèves,  artiste  habile;  je  me  suis  contenté  de  vérifier  son  dessin, 
et  je  l'ai  trouvé  si  exact,  qu^  je  n'hésite  pas  à  le  présenter  comme  parfait. 

n  11  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  ce  dessin  pour  l'aspect  filandi-eux  de  la 
partie  principale  de  la  tache,  dont  les  parties  semblent  décrire  des  courbes 
spirales.  Mais  une  chose  assez  remarquable  est  une  portion  du  noyau  prin- 
cipal qui  était  couverte  d'un  voile  rougeâtre,  beaucoup  moins  lumineux  que 
la  pénombre  :  le  fait  n'était  pas  nouveau  pour  moi,  mais  je  ne  l'avais  jamais 
si  bien  constaté.  Ce  nuage  léger,  qu'on  me  permette  l'expression,  était  déjà 
disparu  le  jour  suivant  et  remplacé  par  une  languette  de  la  matière  de  la  photo- 
sphère ordinaire  :  chose  que  j'ai  déjà  remarquée  autrefois.  J^es  noyaux  plus 


(i)  Les  mesures  indiquées,  prises  tantôt  sur  des  têtes  osseuses,  tantôt  sur  des  individus 
vivants,  ne  sont  pas  rigoureusement  comparables,  mais  suffisent,  je  crois,  pour  une  approxi- 
mation comme  celle  dont  il  s'agit  ici. 

io3.. 


(  794  ) 
petits  ne  présentaient  rien  d'extraordinaire,  excepté  l'un  d'eux  qui  paraissait 
tacheté  de  brun  et  de  noir,  comme  on  le  voit  dans  le  dessin.  La  conclu- 
sion immédiate  de  ces  observations  est  qu'il  ne  suffit  plus  d'admettre  dans 
le  soleil  une  atmosphère  dépourvue  de  lumière  et  la  photosphère,  mais  qu'il 
existe  encore  une  qualité  de  matière  sensiblement  lumineuse  et  qui,  se  pro- 
jetant sur  les  noyaux,  produit  l'effet  des  nuages,  et  peut-être  est  la  véritable 
source  des  protubérances  rouges  observées  dans  les  éclipses  totales.  A  cette 
espèce  de  voile  est  dû  sans  doute  l'aspect  sombre  des  bas-fonds  des  taches, 
d'où  il  arrive  que  les  pénombres  paraissaient  plus  obscures  que  le  reste  de 
la  photosphère.  En  effet,  si  les  taches  sont  des  ouvertures  dans  l'enveloppe 
lumineuse  et  que  la  pénombre  soit  formée  par  les  courants  de  cette  matière 
même  qui  tend  à  se  niveler,  en  se  traînant  probablement  sur  la  surface 
même  de  l'astre,  leur  niveau  doit  être  plus  bas  que  les  parties  plus  élevées 
delà  photosphère  ordinaire,  et  pour  cela  leur  lumière  doit  être  plus  absor- 
bée par  la  couche  supérieure  d'atmosphère. 

»  J'ai  voulu   essayer  de  déterminer  la  profondeur  de  quelqu'une  des 
taches  et  sonder,  pour  ainsi  dire,  l'épaisseur  de  l'enveloppe  de  la  pho- 
tosphère lumineuse,  et  j'ai  été  surpris  de  la  trouver  bien  moindre  qu'on  ne 
le  soupçonnerait.  Pour  comprendre  comment  cela  peut  se  faire,  supposons 
une  tache  formée  par  une  cavité  circulaire.  Les  bords  inclinés  formeront  la 
pénombre  et  l'ouverture  sera  le  noyau  :  quand  cette  tache  se  présente  au 
centre  du  disque,  la  pénombre  est  circulaire,  mais  en  s'approchant  du  bord 
elle  devient  ovale,  et  (comme  il  est  bien  connu)  la  pénombre  disparaît  du 
côté  du  centre  avant  de  disparaître  du  côté  du  bord.  Si  on  peut  observer  la 
tache  dans  le  moment  où  sa  pénombre  disparaît  du  côté  du  centre,  on 
aura  directement  l'angle  d'inclinaison  de  son  intérieur  ou  (comme  on  dit) 
de  son  talus:  car  cet  angle  est  égal  à  la  distance  héliocen  trique  du  point  de  la 
tache  au  point  le  plus  voisin  du  bord  du  disque  qui  forme  alors  la  limite  de 
la  projection  optique  du  globe  solaire  par  rapport  à  l'observateur.  Or,  en 
connaissant  le  diamètre  du  soleil  et  en  mesurant  la  distance  de  la  tache  au 
bord,  il  est  facile  d'en  déduire  cet  angle.  La  largeur  de  la  pénombre  ou  du 
talus  s'obtiendra  facilement  en  mesurant  la  projection  de  la  pénombre  même 
dans  la  direction  de  son  plus  long  diamètre,  et  de  cette  largeur  et  de  l'in- 
clinaison du  talus  on  conclut  aisément  la  profondeur.  Cela  est  exact  lorsque 
la  tache  est  circulaire;  si  elle  était  irrégulière  on  serait  exposé  à  des  illusions. 
Cependant  l'observation  montre  que  les  taches  de  médiocres  dimensions  se 
conservent  assez  longtemps  avec  une  régularité  suffisante.  Ayant  donc  au 
commencement  de  mars  remarqué  un  groupe  de  ces  taches  presque  circu- 


(795) 
iaires  qui  s'approchaient  du  bord  du  disque,  je  me  mis  à  les  surveiller,  et  le 
8  du  même  mois,  la  première  des  deux  parut  sensiblement  sans  pénombre 
du  côté  intérieur  pendant  que  celle-ci  était  très-visible  du  côté  extérieur,  et 
assez  allongée  au-dessus  et  au-dessous  du  noyau.  J'en  pris  les  mesures,  et 
voici  les  données  du  calcul  déduites  de  l'observation  : 

8  mars  Ind.  Rom la*"  53"" 

Distance  du  centre  de  la  tache  au  bord  du  soleil 33"  ,oi 

Largeur  de  la  pénombre  en  direction  transversale 1 12"  ,o25 

Largeur  de  la  pénombre  du  côté  extérieur >  .^  ,, ...  i" ,  35 

Du  côté  intérieur  sensiblement '.....  o 

»  De  ces  données  on  déduit  pour  l'inclinaison  des  bords  14  degrés  envi- 
ron, et  la  profondeur  =  0,37  en  prenant  pour  unité  le  rayon  équatorial  du 
globe  terrestre  :  c'est-à-dire  que  l'épaisseur  de  la  couche  lumineuse  du  soleil 
serait  un  peu  plus  qu'un  tiers  du  rayon  de  la  terre.  Ce  résultat  doit  être 
confirmé  par  de  nouvelles  mesures,^et  sans  doute  on  ne  trouvera  pas  partout 
la  même  profondeur;  mais  en  observant  que  le  phénomène  en  question  de 
la  disparition  de  la  pénombre  ne  se  vérifie  que  très-près  des  bords,  on  est 
porté  à  croire  que  la  valeur  trouvée  ne  s'éloigne  pas  beaucoup  de  la  vérité, 
et  probablement  on  n'arrivera  pas  à  trouver  une  profondeur  supérieure  au 
rayon  terrestre.  Avec  une  enveloppe  en  proportion  si  mince  (yf^-  du  rayon 
solaire  tout  au  plus)  on  ne  serait  pas  surpris  de  le  voir  si  fréquemment 
déchiré. 

»  Avec  le  dessin  de  la  tache  solaire,  je  vous  envoie  une  photographie  de 
la  lune  de  20  centimètres  de  diamètre,  qui  est  prise  au  septième  jour  d'âge 
et  qui  surpasse  en  précision  celles  que  j'ai  obtenues  jusqu'ici.  J'aurais  en- 
voyé plusieurs  autres  phases  dont  j'ai  les  négatives  télescopiques,  mais  le 
mauvais  temps  a  empêché  d'en  tirer  les  positives,  l'appareil  destiné  à  cela  ne 
pouvant  fonctionner  avec  précision  qu'avec  la  lumière  directe  du  soleil,  et  la 
saison  actuellement  est  si  incertaine,  qu'il  ne  vaut  pas  la  peine  d'essayer. 
J'ai  réussi  à  obtenir  une  excellente  photographie  de  Saturne,  qui  dans  les 
dimensions  de  i  millimètre  au  plus  montre  non-seulement  les  espaces  noirs 
entre  la  planète  et  l'anneau,  mais  encore  l'ombre  de  la  planète  sur  l'anneau. 
On  peut  le  grossir  jusqu'à  i  pouce  4-  ou  2  de  diamètre  avec  une  précision 
suffisante.  On  voit  deux  choses  très-intéressantes  en  cette  photographie  r* 
i"  la  planète  est  plus  sombre  que  l'anneau;  2°  la  lumière  de  la  planète  est 
en  proportion  plus  forte  que  celle  de  la  lune,  car  la  lune  pleine  s'obtient 
justement  en  20  secondes  et  Saturne  est  venu  solarisé  en  8  minutes:  le  rap- 


(  796  ) 
port  de  ces  temps  n'est  que  i  :  24,  pendant  que  selon  les  lois  des  distances 
il  devrait  être  plus  grand  et  au  moins  i  :  80.  Ce  résultat  prouve  que  Sa- 
turne (comme  je  l'ai  déjà  dit  de  Jupiter)  est  environné  d'une  atmosphère 
réfléchissante  et  que  la  lune  est  tout  à  fait  noire,  à  peu  près  comme  nos  mon- 
tagnes vis-à-vis  des  nuages.  Je  vous  envoie  encore  deux  petites  photographies 
de  grandeur  de  l'image  télescopique,  mais  très-inégales  et  qui  font  voir 
combien  on  pourra  tirer  profit  de  la  photographie  pour  les  diamètres  de 
la  lune  et  du  soleil.  Ce  qui  est  encore  très- remarquable  dans  la  pleine  lune 
est  le  fond  noir  des  parties  lisses,  et  le  grand  éclat  des  parties  raboteuses  : 
doit-on  croire  celles-ci  couvertes  de  glace  ou  de  neige?  Pour  les  bas-fonds 
on  ne  saurait  admettre  cette  atmosphère  si  épaisse  qui  a  été  soupçonnée 
dernièrement  par  un  illustre  astronome  :  car  après  ce  que  je  vois  en  Jupiter 
et  Saturne  et  sur  la  terre  même, il  paraît  que  les  atmosphères  sont  plus  réflé- 
chissantes que  les  continents  solides.  Toutes  ces  photographies,  je  les  dois  à 
l'obligeance  de  M.  Barelli,  qui  s'en  est  occupé  avec  une  activité  extraor- 
dinaire et  une  attention  infatigable,  seulement  par  amour  de  la  science.  » 

M.  Matteccci  adresse  de  Pise,  en  date  du  ao  avril,  un  paquet  cacheté,  et 
prie  l'Académie  d'en  accepter  le  dépôt. 
Ce  dépôt  est  accepté. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  élit,  par  la  voie  du  scrutin,  la  Commission  qui  sera  chargée 
de  l'examen  des  pièces  admises  au  concours  pour  le  prix  de  Statistique. 

MM.  Bienaymé,  Mathieu,  Dupin,  BoussingauU,  Passy,  réunissent  la  ma- 
jorité des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

ICONOGRAPHIE.  —  Note  sur  un  nouvel  écorché  destiné  à  l'étude  de  la  myologie 

artistique  ;  par  M.  A.  Lami. 

(Commissaires,  MM.  Rayer,  de  Quatrefages,  Cl.  Bernard.)  , 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  un  nouvel  écor- 
ché par  lequel  je  me  suis  proposé  de  résoudre  plusieurs  difficultés,  relatives 
à  l'enseignement  de  l'anatomie  dans  les  écoles  consacrées  aux  beaux-arts. 
Je  demande  la  permission  d'indiquer  brièvement  le  but  principal  que  je  me 
suis  proposé.. 


(  797  ) 

»  Plusieurs  anatomistes  et  statuaires  célèbres,  Bouchardon,  Bandinelli, 
Houdon,  Salvage,  etc.,  ont,  il  y  a  déjà  longtemps,  fait  sur  le  sujet  qui  m'oc- 
cupe des  travaux  précieux,  mais  dans  leurs  ouvrages  ils  se  sont  beaucoup 
moins  attachés  à  exprimer  le  jeu  physiologique  des  muscles  qu'à  déterminer 
leurs  attaches  précises,  en  représentant  leur  ensemble  sous  des  formes  artis- 
tiques ;  aussi  ont-ils  moins  pris,  comme  type  de  leur  représentation,  l'homme 
vivant  qu'un  cadavre  dépouillé  de  sa  peau,  et  sous  des  attitudes  vivantes  ils 
n'ont  dessiné  que  des  muscles  morts.  Aussi  leurs  écorchés,  suffisants  à  cer- 
tains égards  à  un  point  de  vue  purement  anatomique,  sont  d'un  très-mé- 
diocre secours  aux  artistes  dont  le  but  principal  est  de  représenter  des  êtres 
en  mouvement  et  d'exprimer  la  vie. 

»  Les  muscles,  organes  du  mouvement,  changent  incessamment  de 
formes  dans  leurs  contractions  si  variées,  mais  ils  ne  changent  de  formes 
que  dans  leurs  parties  contractiles,  les  tendons  ne  subissent  dans  leurs 
formes  aucune  modification  appréciable;  de  ce  fait  résulte  une  conséquence 
immédiate  :  de  là  cette  Jiécessité  pour  l'artiste  de  distinguer  avec  précision 
la  partie  tendineuse  d'avec  la  corde  contractile,  c'est-à-dire  la  partie  char- 
nue. Je  me  suis  attaché  à  distinguer  avec  précision  ces  deux  éléments  dans 
tous  les  muscles,  et  pour  exprimer  autant  que  possible  les  modifications  de 
forme  que  présente  la  partie  charnue  du  muscle,  suivant  qu'elle  est  plus  ou 
moins  contractée,  j'ai  essayé  de  représenter  les  muscles  symétriques  dans 
des  états  différents  de  contraction.  Ce  n'est  point  tout  :  j'avais  à  résoudre  une 
difficulté  plus  grande  encore,  en  exprimant  le  jeu  simultané  des  muscles 
antagonistes. 

»  On  sait  que  le  muscle  vivant  n'est  jamais  dans  un  repos  complet  ;  un 
muscle  qui  paraît  ne  point  agir,  ne  se  relâche  pas  en  réalité  par  l'action 
d'un  muscle  antagoniste,  il  lui  cède  graduellement  en  modérant  plus  ou 
moins,  et  même  en  rectifiant  cette  action  ;  ainsi,  bien  que  certaines  parties 
soient  évidemment  contractées  dans  un  membre  en  action  ou  en  mouve- 
ment, bien  qu'elles  semblent  au  premier  abord  agir  seules,  il  est  impossible 
de  méconnaître  une  tonicité  très-apparente  dans  la  partie  qui  cède  plus  ou 
moins  rapidement  à  leur  action  dominante  :  cette  synergie  est  une  des  con- 
ditions de  l'impression  de  la  vie. 

»  Un  des  écueils  en  statuaire  et  en  peinture,  quand  on  fait  contracter  les 
muscles,  c'est  l'expression  de  la  raideur  ;  cette  expression  résulte  en  général 
d'une  contraction  équivalente  donnée  soit  à  des  muscles  antagonistes,  soit  à 
des  muscles  qui,  dans  un  mouvement  donné,  devraient  être  dans  un  repos 
relatif  ;  on  trouve  un  exemple  fréquent  de  cet  écueil  lorsque  l'on  essaye  de 


(  79«  ) 
rendre  différentes  attitudes  du  bras,  beaucoup  d'artistes  dessinent  lasailliedu 
biceps,  quel  quesoit  l'état  de  pronation  ou  de  supination  del'avant-bras  ;  ils 
ne  commettraient  pas  cette  faute  s'ils  considéraient  les  attaches  des  musclées 
fléchisseurs  de  cette  partie,  ils  feraient  attention  à  ce  fait  important  que  le 
biceps  ne  peut  agir  énergiquement  qu'alors  que  l'avant-bras  est  fléchi  dans 
la  supination  ;  s'il  est  fléchi  dans  la  pronation,  le  brachial  antérieur  agit  à 
peu  près  seul,  et  le  biceps  renflé  ne  s'élève  plus  sous  la  forme  d'un  globe 
saillant.  Si  cette  observation  est  négHgée,  on  arrive  à  une  expression  fausse 
d'un  mouvement  impossible. 

»  Un  autre  exemple  presque  vulgaire  de  raideur  est  offert  par  la  manière 
systématique  dont  quelques  artistes  dessinent  le  grand  dentelé;  on  met  une 
certaine  prétention  à  le  faire  saillir  énormément  dans  tous  les  mouvements 
du  bras.  Or,  comme  il  porte  l'épaule  en  avant,  c'est  seulement  dans  ce 
mouvement  et  dans  quelques  mouvements  analogues,  que  la  saillie  de  ses 
digitations  peut  être  énergiquement  exprimée  :  l'oubli  de  ce  fait  si  simple 
amené  l'expression  de  la  raideur,  et  éteint  pour  ainsi  dire  toute  la  physio- 
nomie du  mouvement. 

»  Je  craindrais  d'abuser  des  moments  de  l'Académie  en  multipliant  ces 
exemples  qu'il  me  suffit  d'indiquer  ;  pour  résumer  en  peu  de  mots  ce  que  je 
viens  de  dire,  j'ajouterai  seulement  que  le  but  que  je  me  suis  proposé  était 
de  réaliser  en  quelque  sorte  un  homme  vivant  et  agissant,  mais  par  la  pensée 
dépouillé  de  la  peau  ;  c'est  là  l'idéal  que  je  me  suis  efforcé  d'atteindre.  Je 
serais  suffisamment  récompensé  des  peines  que  ce  travail  m'a  données,  si 
l'Académie  jugeait  que  j'ai  réussi  dans  la  statue  que  j'ai  l'honneur  de  lui 
présenter.   » 

CHIRURGIE.  —  Mémoire  sur  une  nouvelle  méthode  d'amputation  des  membres, 
dite  méthode  diaclastique  ou  par  rupture,  et  sur  les  instruments  au  moyen 
desquels  on  l'exécute;  par  M.  le  D'  Maisonjtecve.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

«  La  nouvelle  méthode  d'amputation  des  membres,  que  j'ai  l'honneur  de 
soumettre  à  l'Académie,  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de  dioclasie,  a  ceci  de 
particulier,  que,  pour  son  exécution,  on  ne  fait  usage  ni  du  couteau  pour 
diviser  les  chairs,  ni  de  la  scie  }X>ur  couper  les  os,  ni  des  ligatures  perma- 
nentes pour  arrêter  le  sang,  et  que,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  dans  les 
méthodes  ordinaires,  c'est  la  division  de  l'os  qui  constitue  le  premier  temps 
de  l'opération  et  précède  la  division  des  parties  molles. 


(  799  ) 

»  Le  but  principal  de  cette  méthode  est  d'éviter  les  accidents  terribles 
de  l'infection  purulente,  en  substituant  aux  procédés  ordinaires  de  section 
par  instruments  tranchants  les  procédés  de  rupture,  d'arrachement  et  de  liga- 
ture extemporanée,  dont  l'action  contondante  oblitère  énergiquement  les 
orifices  vasculaires. 

»  En  attendant  que  j'aie  pu  réunir  un  nombre  de  faits  suffisants  pour 
donner  une  idée  générale  de  la  méthode  dans  toutes  ses  applications  pos- 
sibles, je  me  contenterai  de  dire  que  dans  les  amputations  de  la  jambe  et  de 
l'avant-bras,  les  seules  qu'il  m'ait  été  donné  de  pratiquer  dans  des  conditions 
convenables,  le  résultat  a  dépassé  mes  espérances,  car  toutes  ont  été  cou- 
ronnées de  succès,  savoir  :  cinq  amputations  de  la  jambe,  une  de  l'avant- 
bras. 

Sommaire  des  six  obserrations. 

»  1°.  j4mputation  de  la  jambe.  —  Corenflot,  vingt  ans,  tisseur,  entré  le 
22  avril  1857,  opéré  le  i*''  mai,  guéri. 

»  2°.  Amputation  delà  jambe. — Michalon  (Louis),  trente-cinq  ans,  impri- 
meur, entré  le  2  septembre,  opéré  le  i5  septembre,  sorti  le  16  décembre, 
guéri. 

»  3°.  Arûputation  de  la  jambe.  —  M"^  Boursin  (Rosalie),  seize  ans,  entrée 
le  3  novembre,  opérée  le  la,  sortie  le  12  février  i858,  guérie. 

»  4°-  Amputation  de  la  jambe.  —  M"*  Michel  (Louise),  rue  Traverse,  n°  i , 
seize  ans,  opérée  chez  les  Dames  de  la  Providence  en  novembre  1867,  guérie. 

0  5°.  Amputation  de  la  jambe.  —  Rioux  (Charles),  quinze  ans,  armurier, 
entré  le  1 1  février,  opéré  le  )  9,  guéri. 

D  6°.  Amputation  de  l'avant-bras.  —  Verdiot  (Eugénie),  dix-sept  ans,  cap- 
sulière,  entrée  le  2  février,  opérée  le  même  jour,  guérie. 

Description  des  instruments. 

M  Les  instruments  dont  je  me  sers  pour  l'exécution  de  cette  nouvelle 
méthode  sont  :  i°  un  ostéoclaste  ou  instrument  destiné  à  la  rupture  de  l'os; 
2°  un  serre-nœud  puissant,  destiné  à  la  division  des  parties  molles. 

»  1".  Ostéoclaste.  —  Cet  instrument,  destiné  à  la  rupture  des  os,  est  con- 
struit sur  le  plan  du  serre-nœud  de  Grœfe  ;  seulement  il  a  des  dimensions 
beaucoup  plus  considérables  et  est  muni  d'un  chevalet  mobile,  au  moyen 
duquel  il  prend  un  double  point  d'appui  sur  le  trajet  de  l'os  dont  il  doit 
opérer  la  rupture.  Pour  se  servir  de  cet  instrument,  on  passe  d'abord  le  lien 
du  serre-nœud  sous  le  membre  dont  on  veut  opérer  la  fracture  et  au  niveau 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  17.)  Io4 


(  8oo  )  • 

même  du  point  où  l'on  veut  que  cette  fracture  ait  lieu,  on  dispose  sur  l'autre 
face  de  ce  membre  le  chevalet  mobile,  dont  les  points  doivent  être  à  égale 
distance  du  point  à  fracturer,  puis,  appliquant  le  serre-nœud  sur  le  milieu 
du  chevalet,  on  fait  mouvoir  sa  vis.  L'os  alors  saisi  en  porte-à-faux  entre  le 
lien  d'une  part,  et  d'autre  part  les  deux  points  d'appui  du  chevalet,  se  brise 
en  faisant  entepdre  un  bruit  sec. 

»  2°.  Serre-nœud  pour  la  division  des  parties  molles.  —  Cet  instrument 
n'est  autre  chose  qu'un  véritable  serre-nœud  de  Graefe  construit  seulement 
sur  des  dimensions  appropriées  à  son  usage  spécial.  Pour  ligature,  il  est 
muni  d'une  corde  en  fil  de  fer  qui  réunit  toutes  les  conditions  de  puissance 
et  de  flexibilité. 

»  Quant  au  mode  d'action  de  cet  instrument,  il  ne  diffère  en  rien  de  celni 
du  serre-nœud  de  Graefe  que  tout  le  monde  connaît. 

Description  de  l'opération. 

»  Le  malade  étant  préalablement  soumis  au  chloroforme,  le  chirurgien 
applique  l'ostéoclaste  sur  le  point  précis  où  il  veut  briser  l'os,  en  ayant  soin 
de  protéger  les  parties  molles  au  point  de  contact  de  l'instrument  au  moyen 
de  quelques  compresses  pliées  en  plusieurs  doubles.  Puis,  donnant  quelques 
tours  de  vis,  il  opère  la  fracture.  Aussitôt  il  enlève  l'instrument,  le  remplace 
par  le  serre-nœud  dans  l'anse  métallique  duquel  il  embrasse  le  membre 
à  lo  ou  i5  centimètres  au-dessous  du  point  fracturé,  puis,  faisant  mouvoir 
la  vis,  il  serre  graduellement  les  tissus  jusqu'à  ce  que  toute  circulation  san- 
guine ou  nerveuse  soit  interrompue.  Ceci  étant  fait,  il  prend  son  bistouri, 
divise  circulairement  les  chairs  jusqu'à  l'os,  à  a  ou  3  centimètres  au-dessous 
du  serre-nœud,  arrache,  par  un  mouvement  de  torsion,  l'extrémité  du 
membre  qui  ne  tient  plus  que  par  quelques  adhérences  de  l'os  aux  parties 
musculaires  et  achève  l'opération  en  continuant  à  tourner  lavis  du  serre- 
nœud  jusqu'à  division  complète  des  tissus  embmssés  dans  l'anse  de  la 
ligature.  Quand  ce  dernier  temps  a  été  conduit  avec  une  sage  lenteur,  la 
plaie  qui  résulte  de  l'amputation  ne  laisse  pas  suinter  une  goutte  de  sang, 
quel  que  soit  le  membre  amputé.  » 

M.  Brdnet  commence  la  lecture  d'un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Orga- 
nisation de  la  science  ».  * 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission   composée  de 
MM.  Andral,  d'Archiac,  Bienaymé,  Passy. 


(8oi  ) 


MÉMOIRES  PRESENTES. 

GÉOMÉTRIE  ANALYTIQUE.  —  Mémoire  sur  le  glissement  et  le  roulement  des  corps 
solides  et  sur  quelques  propriétés  des  surfaces;  par  M.  H.  Resal.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Morin,  Bertrand.) 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  et  que 
j'ai  divisé  en  trois  parties,  j'étudie  les  propriétés  géométriques  du  mouve- 
ment relatif  de  deux  corps  solides  dont  les  surfaces  sont  assujetties  à  rester 
continuellement  en  contact  par  un  ou  plusieurs  points. 

■  La  première  partie  renferme  des  généralités  sur  le  problème  proposé, 
qui  se  ramène  immédiatement  au  cas  où  l'un  des  corps  est  fixe.  Le  mouve- 
ment, considéré  sous  son  point  de  vue  le  plus  général,  résulte  d'un  glisse- 
ment et  d'un  roulement  simultanés,  donnant  lieu  à  deux  déplacements  que 
j'examine  chacun  en  particulier.  De  là  je  déduis  quelques  propriétés  rela- 
tives à  l'enveloppe  des  positions  d'une  surface  mobile,  les  conditions  néces- 
saires pour  qu'une  surface  réglée  se  raccorde  avec  son  enveloppe  ou  se 
meuve  de  manière  à  se  raccorder  constamment  avec  une  autre  surface  ré- 
glée supposée  donnée. 

j»  Dans  la  seconde  partie,  j'établis,  par  des  considérations  dynamiques  et 
géométriques,  quelques  nouvelles  propriétés  sur  la  courbure  des  surfaces, 
auxquelles  j'ai  été  conduit  en  étudiant  le  roulement  d'une  manière  spéciale. 
Parmi  ces  propriétés,  je  citerai  les  suivantes  : 

»  1°,  La  moyenne  géométrique  entre  les  rayons  de  courbure  principaux, 
en  un  point  d'une  surface  à  courbures  opposées  et  non  réglée,  est  égale  au 
rayon  de  torsion  des  courbes  asymptotiques  passant  par  ce  point. 

)■  Si  l'on  appelle  r  ce  rayon  de  torsion,  â  l'angle  formé  par  les  asymptotes 
de  l'indicatrice,  p  le  rayon  de  courbure  de  la  section  normale  perpendicu- 
laire à  l'une  de  ces  droites,  on  a  la  relation 

tang  d*  =  —  2  £' 


T 


»  2°.  Dans  une  surface  gauche,  la  moyenne  géométrique  entre  les  rayons 
de  courbure  principaux  en  un  point  d'une  génératrice  varie  eu  raison  in- 
verse du  carré  du  cosinus  de  l'angle  que  forme  le  plan  tangent  en  ce  point, 

104.. 


(  8o2  ) 
avec  le  plan  langent  au  point  où  la  génératrice  rencontre  la  ligne  de  stric- 
tion ou  de  gorge  de  la  surface. 

»  3°.  Le  rayon  de  torsion  t  d'une  courbe  tracée  sur  une  surface  est  donné 
par  la  formule 

-rzzicoseVHm^-^, 

dans  laquelle  p  représente  le  rayon  de  courbure,  s  la  longueur  de  l'arc  de  la 
courbe,  6  l'inclinaison  du  plan  osculateur  sur  le  plan  normal  à  la  surface 
mené  par  la  même  tangente,  /3  l'angle  de  cette  tangente  avec  sa  conjuguée 
sur  la  surface. 

»  Pour  une  ligne  géodésique  on  a 

T  p    '  '    ' 

formule  identique  à  celle  qui  est  relative  aux  hélices  cylindriques. 

»  4°-  Soient  D  le  rapport  entre  l'élément  de  longueur  ds  d'une  courbe 
tracée  sur  une  surface,  et  l'angle  formé  par  les  tangentes  à  la  surface,  per- 
pendiculaires à  la  courbe,  menées  aux  extrémités  de  ds;  T  le  rayon  de  cour- 
bure de  la  section  normale,  menée  suivant  ds;  r  le  rayon  principal  de 
courbure  de  la  surface  polaire  de  la  courbe  au  centre  de  courbure;  R  le 
rayon  pareil  relatif  à  la  ligne  géodésique  tangente  à  la  courbe.  On  a  la  re- 
lation 


-  =  —  cos  9 
p       r 


sinSf^+Vcof/g-f-jV 


»  En  supposant  t  =  oo  ,  on  retrouve  sous  une  autre  forme  la  loi  de  la  dé- 
viation dans  les  sections  obliques  découvertes  par  M.  Transon. 

n  Dans  la  troisième  partie,  j'établis  les  formules  qui  expriment  le  roule- 
ment de  deux  surfaces  l'une  sur  l'autre,  et  je  termine  en  étudiant  les  pro- 
priétés relatives  aux  lieux  géométriques  des  points  de  contact  sur  ces 
surfaces.   » 

MÉCANIQUE.  —  Diminution  d'intensité  du  frottement  de  glissement  à  mesure 
que  la  vitesse  augmente,  particulièrement  dans  te  glissement  des  wagom  sur 
les  rails  des  chemins  de  fer  ;  formule  représentative  de  cette  diminution  ;  par. 
M.  H.  BocHET.  (Extrait  par  Fauteur.) 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Morin,  Bertrand.) 

«  Les  belles  expériences  de  M.. Morin  (exécutées  à  Metz  en  i83i-3a-33) 


(  8o3  ) 
sur  le  frottement  de  glissement  ont  mis  hors  de  doute  la  loi,  antérieurement 
énoncée  par  Coulomb,  à  savoir  que,  dans  les  conditions  et  limites  où  les 
expériences  ont  été  faites,  l'intensité  du  frottement  de  glissement  est  sensi- 
blement indépendante  de  la  vitesse,  et  aussi  bien  de  l'étendue  de  la  surface 
qui  frotte,  ne  variant  qu'avec  la  pression  (proportionnellement  à  cette  pres- 
sion), et  avec  la  nature  et  l'état  précis  des  surfaces  qui  frottent  l'une  sui' 
l'autre,  de  sorte  que  cette  intensité  peut  être  représentée  par  la  formule 
très-simple 

dans  laquelle  p  représente  la  pression  qui  s'exerce  entre  les  surfaces  frot- 
tantes, et  K  un  coefficient  dont  la  valeur  numérique  dépend,  et  dépend  uni- 
quement de  la  nature  et  de  l'état  précis  de  ces  surfaces. 

»  Mais  dans  les  expériences  de  M.  Morin  la  vitesse  du  glissement  n'a 
guère  varié  que  de  o  à  2  ou  3  mètres  par  seconde,  rarement  elle  a  dépassé 
3  mètres,  jamais  elle  n'a  atteint  4  mètres  (elle  était  toujours  restée  bien 
plus  petite  encore  dans  les  expériences  de  Coulomb). 

»  On  pouvait  donc  se  demander  si,  dans  des  conditions  très-différentes, 
par  exemple,  pour  des  variations  de  vitesse  qui  se  produiraient  entre  des 
limites  beaucoup  plus  larges, —  comme  de  a  à  20  ou  aS  mètres  par  seconde, 
ainsi  qu'il  arrive  sur  les  chemins  de  fer,  dans  le  ralentissement  des  convois, 
dont  certaines  roues,  enrayées  par  les  freins,  glissent  sur  les  rails,  et  aussi 
dans  beaucoup  d'autres  cas,  —  on  pouvait  se  demander  si  la  loi  précédente 
continue  à  régir  le  phénomène  du  glissement. 

»  Il  y  avait  d'ailleurs  à  déterminer,  pour  le  cas  spécial  du  glissement  des 
wagons  sur  les  rails  des  chemins  de  fer,  les  valeurs  précises  du  coefficient  K 
suivant  les  états  différents  dans  lesquels  les  rails  sont  mis  par  les  circon- 
stances atmosphériques. 

»  Or,  des  expériences  exécutées  dans  ce  double  but,  en  i85i,  par  M.  J. 
Poirée,  ont  démontré  que,  au  moins  dans  le  glissement  des  roues  de  wagons 
sur  les  rails  des  chemins  de  fer  et  pour  des  vitesses  qui  ont  varié  de  4  à 
12  mètres  par  seconde,  l'intensité  du  frottement  diminue  à  mesure  que  la 
vitesse  augmente,  toutes  choses  égales  d'ailleurs. 

»  D'un  autre  côté,  M.  Nap.  Garella  et  l'auteur  du  Mémoire  ont  fait,  en  , 
i856,  des  expériences  sur  l'arrêt  des  convois  de  chemins  de  fer,  expé- 
riences dont  les  résultats  tonduisent  à  la  même  conséquence. 

»  Enfin  le  même  fait  est  encore  ressorti  d'expériences  sur  l'arrêt  de 
wagons  armés  d'un  frein  patin,  exécutées  par  M.  J.  Poirée  en  i856-. 


(  8o4  ) 
»  L'auteur  a  cherché  à  déduire  des  résultats  de  toutes  ces  expériences  la 
loi  précise  et  la  formule  représentative  de  la  variation  d'intensité  du  frotte- 
ment de  glissement  avec  la  vitesse,  au  moins  dans  le  cas  particulier  du  glis- 
sement des  wagons  sur  les  rails  des  chemins  de  fer,  et  il  pense  être  arrivé, 
par  le  moyen  de  tracés  graphiques  et  par  une  série  de  déductions,  à  dé- 
montrer que  cette  variation  doit  être  représfentée  par  la  formule 

dans  laquelle 

f  représentant  l'intensité  du  frottement  de  glissement, 
p  est  la  pression  qu'exerce  sur  les  rails  le  wagon  qui  glisse; 
R  est  un  coefficient  dont  la  valeur  dépend,  et  dépend  uniquement,  de 
l'état  des  rails  (les  bandages  des  roues,  ou  les  patins  par  l'intermédiaire 
desquels  s'opère   le  glissement,  étant  de  fer,  comme  les  rails  eux- 
mêmes)  ;  ce  coefficient  doit  être  pris  égal  à 

0,3    quand  les  rails  sont  à  leur  maximum  possible  de  sécheresse, 
0,25  quand  les  rails  sont  bien  secs, 
o,a    quand  les  rails  sont  assez  secs, 
0,1 4  quand  les  rails  sont  mouillés, 
et  a  des  valeurs  intermédiaires  quand  les  rails  sont  à  des  états  inter- 
médiaires entre  les  précédents  ; 
v  est  la  vitesse  du  glissement; 

a  est  un  coefficient  dont  la  valeur  dépend  principalement  du  mode  sui- 
vant lequel  s'opère  le  glissement  (soit  direct,  c'est-à-dire  par  les  roues 
frottant  elles-mêmes  sur  les  rails,  soit  par  l'intermédiaire  de  patins); 
ce  coefficient  paraît  bien  varier  un  peu,  en  même  temps,  avec  K; 
mais  cette  variation,  fût-elle  bien  certaine,  n'aurait  pas  assez  d'impor- 
tance pour  qu'il  convînt  d'en  tenir  compte  :  les  valeurs  numériques 
à  adopter  pour  a,  dans  la  pratique ,  sont  (la  vitesse  du  glissement  étant 
estimée  en  mètres  par  seconde), 

o,o3  dans  le  cas  du  glissement  direct  des  roues  sur  les  rails, 

0,07  des  wagons  sur  les  rails  par  l'intermédiaire  de  patins  (en  fer.) 

»  L'auteur  pense  avoir  montré  que  la  formule  précédente  est  parfaitement 

compatible  avec  les  résultats  obtenus  par  M.  Morin  dans  ses  remarquables 

expériences  de  i83i,  i832  et  i833,  attendu  que  :  d'une  part,  aux  vitesses 

comprises  entre  o  et  4  mètres  par  seconde,  cette  formule  conduit  à  des 

valeurs  de  -  qui  ne  diffèrent  pas  plus  entre  elles  que  les  valeurs,  un  peu 


(  8o5  ) 
diverses,  du  coefficient  trouvé  par  M.  Morin  dans  les  différentes  expériences 
qu'il  a  exécutées  sur  les  mêmes  substances  au  même  état,  et  dont  il  a  déduit, 
par  moyenne,  la  valeur  de  ce  coefficient;  et  que,  d'autre  part,  la  discussion 
des  résultats  obtenus  par  M.  Morin  montre  —  en  tenant  compte  de  l'in- 
fluence exercée  par  la  résistance  de  l'air,  influence  qui  était  négligeable  aux 
petites  vitesses  des  expériences  de  M.  Morin,  mais  qui  n'était  pourtant  pas 
absolument  nulle  —  que  ces  résultats  mêmes  indiquent  un  commencement 
de  diminution  de  l'intensité  du  frottement  quand  la  vitesse  augmente, 
diminution  qui  est  trop  peu  importante  à  ces  faibles  vitesses  pour  qu'il  ait  pu 
en  être  tenu  compte,  mais  qui  est  du  même  ordre  que  celle  indiquée,  aux 
mêmes  vitesses,  par  la  formule  qui  vient  d'être  donnée,  et  qui  ne  se  prononce 
bien  qu'aux  grandes  vitesses. 

»  L'auteur  infère  de  là  que  le  phénomène  de  la  diminution  d'intensité  du 
frottement  de  glissement  quand  la  vitesse  augmente,  pourrait  bien,  et  doit 
même  probablement,  être  général,  et  il  montre  que,  s'il  en  est  effective- 
ment ainsi,  il  est  présumable  que  cette  diminution  doit  être  représentée, 
dans  tous  les  cas,  par  une  expression  de  la  forme 


OU,  au  moins. 


p      '       n 


dans  laquelle  les  valeurs  du  coefficient  K  resteraient,  pour  les  diverees  sub- 
stances, à  différents  états,  celles  qui  ont  été  déterminées  par  M.  Morin,  tant 
qu'on  ne  sortirait  pas  complètement  des  conditions  dans  lesquelles  ces 
valeurs  ont  été  déterminées  ;  mais  les  valeurs  de  a  (et  peut-être  quelquefois 
de  y)  seraient  à  déterminer  dans  les  différentes  circonstances  de  glissement, 
comme  elles  viennent  de  l'être  dans  le  cas  spécial  du  glissement  des  wagons 
sur  les  rails  ordinaires  des  chemins  de  fer,  soit  directement,  soit  par  l'inter- 
médiaire de  patins  (en  fer). 

»  Certains  faits,  de  ceux  mêmes  qui  sont  relatés  dans  le  Mémoire,  pour- 
raient autoriser  à  supposer  que,  si  le  rapport  de  l'intensité  du  frottement 
de  glissement  à  la  pression  est  sensiblement  indépendant  de  la  valeur  ab- 
solue de  cette  pression  même  et  de  l'étendue  des  surfaces  frottantes,  dan» 
les  conditions  des  expériences  de  M.  Morin,  cette  indépendance  pourrait  bien 
n'être  pas  tout  à  fait  et  rigoureusement  générale  et  pourrait  ne  plus  se  véri- 
fier absolument  quand  on  passe  à  des  conditions  très-différenles.  Mais  l'auteur 


(  8o6  ) 
ne  peut  présenter  à  ce  sujet  que  quelques  inductions  qui  ne  sauraient  four- 
nir une  solution  précise  de  la  question,  laquelle  exigerait  une  étude  spé- 


ciale, j» 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   —  Nouvelle  Note  sur  la  présence  de  tiodedarts  les  eaux 
atmosphériques  ;  par  M.  Marchand.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Élie  de  Beaumont, 
Boussingault,  Moquin-Tandon,  Bussy.) 

"  Par  ma  Note  du  ax  février  dernier,  je  me  suis  proposé  de  mettre  le.s 
hommes  compétents  en  défiance  contre  les  conclusions  négatives  déduites, 
par  quelques  chimistes,  de  leurs  recherches  de  l'iode  dans  les  eaux  plu- 
viales, et  j'ai  annoncé  l'intention  de  faire  de  nouvelles  études  pour  élucider 
d'une  manière  définitive  cette  question  que  je  croyais  résolue  depuis  i85o. 
Ce  sont  les  résultats  de  ces  études  que  je  viens  aujourd'hui  soumettre  au 
jugement  de  l'Académie.  Mes  recherches  ont  porté  :  i°  sur  de  l'eau  de 
neige  tombée  à  Fécamp,  le  2  mars  dernier;  2°  sur  des  eaux  de  pluies  re- 
cueillies le  1 3,  le  1 4,  le  1 5  et  le  3 1  du  même  mois;  3°  sur  de  l'eau  de  pluie 
d'orage  obtenue  le  8  avril  ;  4°  et  enfin  sur  les  produits  fractionnés  d'une 
pluie  continue  qui  a  duré  toute  la  journée  du  9. 

«  Les  moyens  analytiques  que  j'ai  employés  pour  opérer  mes  constata- 
tions ont  varié  pour  chaque  échantillon.  Si  quelques-uns  d'entre  eux  m'ont 
donné  des  résultats  négatifs,  je  suis  porté  à  attribuer  mon  insuccès  à  mon 
inexpérience  dans  leur  application,  car  j'ai  constamment  obtenu  des  résul- 
tats positifs,  sur  tous  les  échantillons  mis  en  examen,  lorsque  je  les  ai  soumis 
au  mode  d'investigation  décrit  à  la  page  i34-i35  de  mon  Mémoire  sur  les 
eaux  poia6/es, publié,  en  i855,  par  l'Académie  impériale  de  Médecine  (t.  XIX 
de  ses  Mémoires,  p.  254)-  Pour  arriver  à  un  résultat  plus  satisfaisant,  et 
pour  soumettre  chaque  procédé  à  un  contrôle  sérieux,  j'ai  dû  toujours,  et 
dans  tous  les  cas,  traiter  une  partie  de  chaque  échantillon,  ao  litresau  moins, 
par  cette  méthode,  compliquée  saiîs  doute,  mais  douée  en  revanche  d'une 
exquise  sensibilité. 

»  J'ai  recueilli  les  eaux  sur  lesquelles  ont  porté  mes  essais,  à  l'aide  d'une 
toile  fixée  en  guise  d'entonnoir,  sur  des  piquets  plantés  dans  mon  jardin,  et 
versant  les  produits  condensés  de  l'atmosphère  dans  des  flacons  disposés  ad 
hoc.  Inutile  de  dire  que  cette  toile  avait  été  lavée  avec  soin  dans  une  lessive 
préparée  avec  les  résidus  de  la  calcination  du  tartre  et  rincée  avec  de  l'eau 


(  8o7  ) 

distillée  bien  dépourvue  d'iode.  Je  n'ai  jamais  opéré  sur  moins  de  ao  litres 
d'eau. 

»  L'essai  sur  les  produits  de  la  fonte  des  neiges  a  été  exécuté  à  l'aide  de 
mon  procédé  sur  4o  litres  de  liquide.  Il  m'a  donné  des  résultats  si  favorables 
à  ma  manière  de  voir,  que  j'aurais  été  porté  à  douter  de  leur  exactitude  si 
je  n'avais  été  assuré,  par  des  essais  préalablement  exécutés,  de  la  pureté 
absolue  de  mes  réactifs.  J'ai,  en  effet,  pu  évaluer  à  2  milligrammes  la  quan- 
tité d'iode  contenue  dans  les  4o  litres  de  liquide  mis  en  examen.  Jamais  dans 
mes  essais  antérieurs  je  n'avais  obtenu  un  chiffre  aussi  élevé,  et  depuis,  je 
ne  l'ai  pu  retrouver  dans  les  autres  échantillons  que  j'ai  examinés.  Cette  ano- 
malie me  paraît  aujourd'hui  facile  à  expliquer  :  l'hiver  qui  vient  de  s'écouler 
a  été  très-sec  ;  mon  livre  d'observations  météorologiques  établit  qu'il  n'est 
tombé  à  Fécamp  que  l'y^^'jS  d'eau  en  novembre,  22""", 2  en  décembre, 
3i™™,9  en  janvier  et  i6°"°,2  en  février.  La  neige  tombée  le  à  mars  a  donc 
balayé  une  atmosphère  saturée  en  quelque  sorte  des  produits  de  l'évapora- 
tion  de  l'eau  des  mers,  et  devant,  par  cette  raison  même,  céder  plus  abon- 
damment aux  vapeurs  condensées  les  produits  gazeux  et  salins  qu'elles  ren- 
contraient en  tombant  vers  le  sol.  L'iode  pouvait  et  devait  donc  se  retrouver 
en  quantité  très-appréciable  dans  les  eaux  atmosphériques  observées  à  cette 
époque. 

»  Les  eaux  recueillies  le  1 3,  le  1 4  et  le  1 5  mars  ont  été  partagées  en  qua- 
tre échantillons  de  20  litres  chacun;  les  trois  premiers  échantillons  ont  été 
additionnés  chacun  de  i  gramme  de  chlorure  de  sodium  chimiquement  pur, 
puis  traités  par  un  léger  excès  de  nitrate  d'argent  acide.  Le  précipité  fourni 
par  chaque  échantillon,  lent  à  se  déposer,  a  été  recueilli  à  part.  Le  premier 
a  été  traité  par  mon  procédé,  qui  m'a  permis  d'y  constater  la  présence  de 
l'iode  et  du  brome.  Le  second,  traité  par  l'ingénieuse  et  élégante  méthode 
de  MM.  Henri  fils  et  Humbert  {Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  t.  XXXII, 
p.  401)'  ™^  c^^^  ^  ^<^"  ^'^^^  ^^  l'iodure  et  du  bromure  de  cyanogène  bien 
reconnaissables.  Le  troisième  précipité,  traité  par  l'acide  sulfurique  affaibli 
en  présence  du  zinc,  ne  m'a  donné  que  des  résultats  négatifs,  dus  sans  doute 
à  l'emploi  d'un  trop  grand  excès  d'acide,  ou  au  dégagement  trop  rapide  de 
l'hydrogène  qui  a  pu  entraîner  les  vapeurs  iodhydriqnes  et  bromhydriques 
dégagées  pendant  la  réaction. 

»  Le  quatrième  échantillon  d'eau  a  été  additionné  de  carbonate  de  po- 
tasse pur  et  soumis  à  l'évaporation  jusqu'à  siccité.  Le  résidu  a  été  desséché, 
puis  calciné  pour  être  repris  par  de  l'alcool.  La  solution  alcoolique,  vaporisée 
à  son  tour  jusqu'à  siccité,  a  laissé  un  résidu  dans  lequel  je  suis  parvenu  à 

C.  R.,  1858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  17.)  Io5 


(  8o8  ) 
reconnaître  des  traces  d'iode  et  de  brome,  mais  en  proportions  à  peine  ap- 
préciables et  surtout  bien  moins  sensibles  que  dans  les  essais  précédents. 

»  L'eau  recueillie  le  3i  mars  m'a  donné  de  l'iode  et  du  brome  quand  je 
l'ai  examinée  par  mon  procédé.  Elle  m'en  a  donné  encore,  lorsque  je  l'ai 
traitée  par  évaporation  au  contact  du  carbonate  de  potasse,  mais,  comme 
dans  le  cas  précédent,  en  quantité  peu  sensible. 

»  L'eau  de  pluie  d'orage  recueillie  le  8  avril  m'a  donné  des  proportions 
de  brome  trés-facilement  appréciables,  mais  je  n'ai  pu  y  constater  la  pré- 
sence de  l'iode  qu'à  l'aide  du  procédé  de  MM,  Henry  fils  et  Humbert. 

»  Les  produits  de  la  pluie  du  9  avril  ont  été  recueillis  en  trois  fois  succes- 
sives et  traités  soit  par  mon  procédé,  soit  par  celui  de  MM.  Henry  fils  et 
Humbert  :  j'ai  constamment  retrouvé  l'iode  et  le  brome  parmi  leurs  élé- 
ments. 

»  De  tous  fes  essais  qui  précèdent,  et  de  ceux  obtenus  antérieurement 
par  M.  Chatin  et  par  moi,  je  dois  donc  conclure  aujourd'hui,  comme  je  l'ai 
fait  en  i85o,  que  l'iode  et  le  brome  se  retrouvent  constamment  et  norma- 
lement dans  les  eaux  atmosphériques.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  lespropriétés  oxydantes  du  permanganate 
de  potasse.  Deuxième  Mémoire  :  Réactions  des  composés  organiques  ;  par 
M.  L.  PÉAN  DE  Saint-Gilles. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas  Pelouze,  Balard.) 

«  Dans  une  première  communication  (séance  du  29  mars  i858),  j'ai 
signalé  le  parti  qu'on  peut  tirer  pour  l'analyse  minérale  de  l'emploi  com- 
biné du  permanganate  de  potasse  et  d'un  agent  réducteur,  teLque  le  sulfate 
de  protoxyde  de  fer.  Le  même  procédé,  appliqué  à  la  comparaison  des 
affinités  très- variées  que  manifestent  pour  l'oxygène  les  produits  de  la  nature 
organique,  peut  fournir  des  indications  fort  précises,  tant  sur  le  mode  que 
sur  la  mesure  de  ces  affinités.  La  température  plus  ou  moins  élevée,  l'état 
acide  ou  alcalin  du  milieu,  influent  fréquemment  sur  les  réactions  et  les 
caractérisent.  Quant  aux  résultats  numériques,  ordinairement  ils  concordent 
assez  dans  les  données  de  l'expérience,  pour  qu'on  puisse  les  exprimer  par 
un  nombre  à  peu  près  constant  d'équivalents  d'oxygène  absorbés  par  chaque 
composé  organique.  A  l'appui  de  ces  remarques,  j'ai  déjà  pu  rassembler 
un  assez  grand  nombre  d'observations,  que  je  m'occupe  de  compléter  par 
l'étude  des  produits  d'oxydation.  Quant  à  présent,  je  me.bornerai  à  énoncer 


(  8o9  ) 
les  faits  principaux  qui  me  paraissent  devoir  servir  de  point  de  départ  à 
cette  partie  de  mon  travail. 

•  L'acide  oxalique,  déduction  faite  des  éléments  de  l'eau,  correspond, 
comme  l'on  sait,  après  l'acide  carbonique,  au  degré  d'oxydation  le  plus 
élevé  du  carbone,  et  se  représente  par  C*0'.  Immédiatement  au-dessous, 
comme  fournissant  le  rapport  C^O^,  viennent  se  ranger  l'acide  formique 
et  quelques  autres  acides  encore  peu  connus  (acide  tartronique  de  M.  Des- 
saignes, acide  oxyglycolique  de  M.  Debus).  Ces  produits,  comme  leur 
composition  l'indique,  résultent  en  général  de  réactions  où  l'oxygène  est 
intervenu  sous  diverses  formes  comme  comburant,  et  peuvent  être  fournis 
par  un  grand  nombre  de  substances,  dont  les  plus  remarquables  sont  l'acide 
tartrique,  plusieurs  autres  acides  non  volatils  sans  décomposition  et  beau- 
coup de  matières  neutres,  amylacées,  sucrées  ou  alcooliques. 

»  Avant  de  décrire  l'oxydation  des  produits  plus  complexes,  j'indiquerai 
donc  les  réactions  du  permanganate  sur  l'acide  oxalique  et  sur  l'acide 
formique,  réactions  que  j'ai  trouvées  remarquablement  nettes  et  caracté- 
ristiques. 

»  Acide  oxalique.  —  On  sait,  d'après  M.  Hempel,  que  l'acide  oxaliqite, 
additionné  d'acide  sulfurique,  réduit  instantanément  le  caméléon  dès  la 
température  de  35  à  4o  degrés,  et  se  transforme  entièrement  en  eau  et  en 
acide  carbonique  : 

Ac.  oxal.  Ac.  carb. 

C"H0*  +  0  =  2C0='  +  H0. 

»  Il  est  inutile  d'employer  un  excès  de  réactif,  la  décoloration  se  produi- 
sant aussi  nettement  qu'avec  les  sels  de  fer  au  minimum. 

»  ;Si  l'on  sursature  l'acide  oxalique  par  un  carbonate  alcalin,  le  perman- 
ganate n'est  plus  décomposé,  même  à  la  température  de  l'ébullition. 

»  jicide formique.  —  En  présence  des  acides  minéraux,  l'acide  formique 
ne  décolore  pas  le  permanganate,  même  à  chaud;  mais  dans  une  liqueur 
alcaline  la  réaction  est  immédiate  et  se  complète  par  une  légère  applica- 
tion de  chaleur.  Tout  le  carbone  passe  ainsi  à  l'état  d'acide  carbonique  : 

Ac.  fopm.  Ac.  carb. 

C^H»0*  +  O^  =  2  CO^  +  aHO. 

»  Le-dosage  des  formiates  peut  donc  s'effectuer  parla  méthode  que  j'ai 
proposée  pour  les  hyposulfites  et  pour  les  iodures.  Il  résulte  même  des  faits 
précédents  qu'il  serait  possible  de  doser  successivement,   dans  la  même 

io5.. 


(8.0) 
liqueur  et  avec  le  même  réactif,  l'acide  formique  et  l'acide  oxalique  qui  s'y 
trouveraient  mélangés  ;  c'est  en  effet  ce  que  j'ai  vérifié  par  l'expérience. 

»  Quoique  je  n'aborde  pas  dans  cette  Note  l'étude  des  produits  azotés,  je 
dois  ajouter  que,  par  ses  réactions  sur  le  permanganate,  l'acide  cyanhydrique 
se  comporte  exactement  comme  l'acide  formique. 

»  L'acide  oxalique  et  l'acide  formique  sont,  jusqu'à  présent,  les  seuls 
composés  organiques  dont  j'aie  pu  transformer  directement  tout  le  carbone 
en  acide  carbonique  par  le  contact  du  permanganate  de  potasse.  Les  autres 
substances  oxydables  que  j'ai  examinées  paraissent  éprouver,  dans  les  mêmes 
circonstances,  une  sorte  de  dédoublement,  et  donnent  naissance  à  deux  ou 
plusieurs  produits  d'oxydation  simultanée,  tels  que  les  acides  carbonique, 
formique,  acétique,  etc.  La  nature  de  ces  divers  produits  a  été  l'objet  de 
recherches  multipliées  de  la  part  des  chimistes;  mais,  en  l'absence  de  mé- 
thodes rapides,  on  s'est  peu  occupé  de  leurs  proportions  relatives,  et  j'espère 
pouvoir  recueilHr  à  cet  égard  d'utiles  observations. 

»  Jfcide  tartriqiie.  —  Dobereiner  et  plus  tard  M.  Persoz  ont  montré  que, 
sous  l'action  du  peroxyde  de  manganèse,  l'acide  tartrique  se  détruit  en  pro- 
duisant de  l'acide  formique  et  de  l'acide  carbonique.  D'ailleurs  l'acide 
tartrique  est  un  produit  très-oxygéné  ;  le  rapport  du  carbone  à  l'oxygène, 
déduction  faite  des  éléments  de  l'eau,  y  est  représenté  par  C'O*. 

»  Lorsqu'on  verse  le  permanganate  dans  Une  dissolution  d'acide  tartrique 
additionnée  d'acide  su Ifurique,  la  coloration  rouge,  qui  persiste  à  froid, 
disparaît  subitement  vers  60  degrés,  en  produisant  un  dégagement  d'acide 
carbonique.  Avant  le  terme  de  la  réaction,  il  se  dépose  de  l'oxyde  de  man- 
ganèse, dont  la  présence  nécessite  l'emploi  du  sulfate  de  fer  titré.  Si  l'on  a 
eu  soin  d'ajouter  un  excès  suffisant  de  permanganate,  on  trouve  que  la  pro- 
portion d'oxygène  absorbé  est  comprise  constamment  entre  6  et  7  équi- 
valents. Plus  de  cinquante  essais,  effectués  dans  des  conditions  variées  de 
température,  de  concentration,  et  en  employant  diverses  proportions  des 
corps  réagissants,  m'ont  fourni  des  résultats  qui  n'ont  jamais  dépassé  ces 
deux  limites.  Il  en  résulte  que  le  nombre  de  6  équivalents  correspond  au 
minimum  d'oxydation  de  l'acide  tartrique  sous  l'action  du  permanganate 
de  potasse  rendu  acide;  cette  proportion  conduit  à  l'égalité  suivante  : 

Ac.  tartr.  Ac.  form.  Ac.  carb. 

C»î?0^ -f- O"  =  r(C^1?0^  +  4C0»  +  2 HO. 

»  J'ai  voulu  constater  si  cette  expression  est  bien  réellement  d'accord 
avec  les  résultats  de  l'expérience.  Dans  ce  but,  j'ai  d'abord  déterminé  le 


(8ii) 
poids  de  l'acide  carbonique  produit,  et  je  l'ai  trouvé  exactement  en  rapport 
avec  celui  de  l'oxygène  absorbé.  En  effet,  si  l'on  représente  par  n  équivalents 
le  poids  de  l'oxygène  absorbé,  celui  de  l'acide  carbonique  sera  constam- 
ment exprimé  par  (n  —  a)  équivalents. 

»  Quant  à  l'acide  formique ,  il  m'a  été  facile,  comme  on  l'a  déjà  fait, 
de  constater  sa  présence  dans  les  produits  distillés  du  mélange  et  dans  le 
mélange  lui-même.  Pour  le  doser,  j'ai  employé  la  méthode  indiquée  plus 
haut,  et  j'ai  pu  constater  ainsi  qu'en  rendant  la  dissolution  de  l'acide  tar- 
trique  successivement  acide  et  alcaline  au  contact  du  permanganate  de 
potasse,  tout  le  carbone  est  transformé  en  acide  carbonique  par  l'absorption 
de  lo  équivalents  d'oxygène,  dont  6  à  7  dans  la  liqueur  acide  et  le  surplus 
dans  la  liqueur  alcaline  : 

G* H"  O"  M- 0*°  =  8C0' +  6H0. 

»  En  poursuivant  cet  ordre  de  recherches,  j'étudierai  d'abord,  au  même 
point  de  vue,  les  réactions  des  acides  malique,  citrique,  mucique,  etc.,  qui 
semblent  se  rapprocher,  sous  ce  rapport,  de  l'acide  tartrique  ;  je  m'occu- 
perai également  des  matières  sucrées,  oxydables  dans  les  mêmes  conditions, 
et  de  l'acide  lactique,  qui  se  distingue  des  composés  précédents  par  la  na- 
ture et  par  les  proportions  relatives  des  produits  d'oxydation  auxquels  il 
donne  naissance.  En  effet  ces  produits,  outre  l'acide  carbonique,  paraissent 
être  l'aldéhyde  et  l'acide  acétique. 

»  En  terminant,  je  rappellerai  que  le  permanganate  est  sans  action  sur 
les  acides  acétique,  butyrique,  valérianique,  benzoïque,  subérique,  succi- 
nique,  camphorique,  etc.  Au  contraire,  il  réagit  très-facilement,  et  souvent 
même  à  froid,  sur  la  plupart  des  produits  pyrogénés,  tels  que  les  acides 
pyrogalliqne,  citraconique,  itaconique,  l'acétone,  etc.  L'acide  pyrotartrique 
cependant  fait  exception,  et  ne  s'oxyde  même  pas  à  la  température  de 
l'ébulUtion.  » 

M.  Leroy  d'Etiolles  adresse  une  nouvelle  Note  «  Sur  les  droits  de 
M.  fVeiss  à  l'invention  du  brise-pierre  courbe  à  deux  branches  ». 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés,  MM.  Velpeau,  J.  Clo- 

quet,  Jobert  de  Lamballe.) 

M.  Savoyen,  qui  avait  présenté  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie  un  travail  intitulé  :  <f  Études  sur  la  dégénérescence  physique 
et  morale  de  l'homme,  »  envoie  aujourd'hui  un  appendice  à  ce  travail. 

\  (Commission  des  prix  de  Médecin'eet  Chirurgie.) 


(  Si^  ) 

M.  Ballt  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Quelques  propositions  apho- 
ristiques  sur  le  choléra  et  sur  la  fièvre  jaune ,  extraites  de  mes  publica- 
tions ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine,  constituée  en  Commission 
spéciale  pour  le  concours  du  legs  Bréant.) 

L'Académie  renvoie  à  l'examen  de  la  même  Commission  un  Mémoire  de 
M.  Lewis  :  o  Sur  la  nature  et  le  traitement  du  choléra  ». 

Et  une  analyse,  en  double  copie,  de  plusieurs  publications  sur  le  choléra- 
morbus  épidémique,  dont  l'auteur,  M.  Perkin,  annonce  l'envoi,  mais  dont 
une  seulement  est  parvenue  à  l'Académie. 

M.  Saboureaud  présente  des  considérations  sur  l'ordre  dans  lequel  on 
doit  faire  agir  les  freins  des  divers  véhicules  d'un  convoi  de  chemin  de  fer 
lorsque  ce  convoi,  par  l'effet  de  quelque  circonstance  inopinée,  doit  être 
arrêté  dans  un  temps  très-court. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  chemins  de  fer,  composée  de 
MM.  Morin,  Combes,  Seguier.) 

M.PiupsoN  envoie  une  Note  «  Sur  le  soufre  natif  des  terrains  ammonéens 
de  la  Sicile  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale ,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  ouvrage  de  paléontologie  de  M.  Herrnann  de  Meyer, 
déjà  annoncé  par  une  Lettre  de  ce  savant  insérée  au  Compte  rendu  de  la 
séance  du  29  mars  dernier. 

M.  d'Archiac  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cet  ouvrage  et  à  en 
faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planète  @),  nom   donné  à  cette  planète 
(Calypso);  Lettre  de  M.  R.  Luther  à  M.  Élie  de  Beaumont.  • 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer,  en  vous  priant  d'en  faire  part  à  l'Aca- 
démie des  Sciences,  que  ma  planète  du  4  avril  a  reçu  de  M.  E.  Schoenfeld 
à  Bonn  le  nom  de  Calypso. 


(8x3) 
»  Voici  deux  observations  de  cette  planète  : 

1838.  T.  m.  de  Bilk.        Ascens.  droite.  (S)        Déclin,  bor.  (g)      Obiiervateur. 

Avril  14.       gi-ai^SesS         11'' S?""  37%o3         +6»i'j'44",6        Luther. 

T.  m.  de  Vienne. 

Avril  16.       9''23"'43S8         ii''56"'3i%o6  +6<'25'i3",6      Hornstein. 

VOYAGES  SCIENTIFIQUES.  —  Observations  hjpsométriques  et  observations  de 
magnétisme  terrestre  en  divers  lieux  de  la  Turquie  et  de  ta  Grèce.  — 
Détermination  géographique  de  certaines  stations;  extrait  d'une  Lettre  de 
M.  A.  ViQCESNEL  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  M.  Ami  Boue  vient  de  m'adresser,  de  Vienne  (Autriche),  une  Lettre 
dans  laquelle  se  trouve  le  passage  suivant,  qu'il  me  prie  de  vous  commu- 
niquer. 

«  M.  Rreil,  directeur  de  l'Institut  impérial  météorologique,  partira  du  i5 
»  au  20  mai  prochain  pour  l'Orient,  et  suivra  une  partie  de  nos  routes  dans 
»  la  Turquie  d'Europe.  Le  but  de  son  voyage  est  de  prendre  des  mesures 
»  barométriques,  de  déterminer  astronomiquement  la  position  de  certaines 
»  localités,  et  d'apprécier  l'état  actuel  des  trois  éléments  du  magnétisme 
»  terrestre  dans  ce  vaste  pays.  Il  veut  établir  un  réseau  géographique  et 
»  magnétique  qui  se  reliera,  par  la  Grèce,  à  celui  que  le  gouvernement 
»  autrichien  fait  relever  actuellement  par  M.  Schab,  sur  les  côtes  de  la 
•>  Méditerranée  orientale. 

»  M.  Kreil  se  propose  de  suivre  l'itinéraire  suivant  :  de  Vienne,  par  la 
»  Hongrie,  à  Cronstadt  (Transylvanie),  de  là  à  Semlin.  Excursion  en  Servie 
»  par  Rragouiévatz,  Krouchévafz  et  Vidin.  Excursion  en  Valachie  et  en 
»  Moldavie  par  Kraiova,  Boukarest  et  Jassi.  De  là  à  Constantinople  par 
»  Varna  etChoumla.  Dans  la  mer  Noire,  Samsoun,  Trébizonde  et  Sinope. 
»  Trois  ou  quatre  jours  de  travaux  dans  chaque  station.  Retour  à  Constan- 
»  tinople.  De  là  à  Andrinople,  Philippopoli,  Sofia  ;  ascension  du  mont 
»  Vitocha.  De  Sofia  à  Salonique  par  Reustendil,  Oskiup,  et  la  vallée  du 
»  Verdar  dans  toute  sa  longueur.  Si  le  temps  le  permet,  de  Salonique  à 
»  Athènes  par  Larisse,  et  retour  par  l'Adriatique  en  novembre  prochain.   » 

»  L'annonce  d'un  voyage  appelé  à  combler  de  nombreuses  lacunes  scien- 
tifiques vous  sera  sans  doute  agréable.  Quant  à  moi,  je  suis  heureux  d'ap- 
prendre qu'une  partie  de  mes  observations  en  RouméHe  vont  être  contrôlées 
par  un  savant  tel  que  M.  Rreil.  » 


(  8i4  ) 

PATHOLOGIE.  —  Sur  le  Sarcopte  de  la  gale  du  lama.  (Extrait  d'une 
Lettre  de  MM.  Delafond  et  Bocrgvignon. ) 

«  Ecole.  d'Allort,  a6  aTril  i858. 

»  Nous  avons  l'honneur  d'annoncer  à  l'Académie  que,  hier  25  avril, 
nous  avons  découvert  sur  un  lama  femelle  [Camelus  paco),  envoyé  à  l'École 
impériale  d'Alfort  par  l'administration  du  Muséum  d'histoire  naturelle  pour 
y  être  traité  d'une  maladie  cutanée,  un  nouvel  animalcule  de  la  gale. 

»  Ce  Sarcopte  vit  en  quantité  considérable  sous  l'épiderme  de  la  peau  du 
lama  en  y  creusant  de  nombreuses  galeries,  qui,  par  leur  réunion,  donnent 
lieu  à  un  soulèvement  des  cellules  épidermiques  et  à  une  sécrétion  morbide 
séro-purulente  qui  donnent  lieu  à  des  croûtes  épaisses,  dures,  blanchâtres 
ou  jaunâtres  et  adhérentes.  C'est  au-dessous  de  ces  croûtes,  et  à  la  surface 
de  la  couche  villo-papillaire  cutanée,  que  vivent  et  pullulent  par  milherslés 
Sarcoptes  du  lama. 

»  Nous  aurons  l'honneur  incessamment  de  placer  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie des  Sarcoptes  vivants  et  conservés  et  des  dessins  grossis  de  ces 
animalcules.  Nous  espérons  aussi  lui  faire  connaître  les  caractères  parti- 
culiers de  ces  Sarcoptes  et  de  la  gale  qu'ils  déterminent.  » 

M.  HcETTE  adresse,  en  double  exemplaire,  un  tableau  imprimé  résumant 
pour  l'année  1867  les  observations  météorologiques  qu'il  fait  à  Nantes. 

Ce  tableau  sera  joint  aux  précédents,  que  l'auteur  a  toujours  envoyés 
très-régulièrement. 

M.  deParavey  transmet  quelques  renseignements  qu'il  a  obtenus  d'un 
missionnaire  de  Chine,  en  ce  moment  à  Paris,  relativement  aux  Miao-tse, 
«  peuples  qui  habitent  des  monts  escarpés  voisins  du  Thibet  et  de  la  Co- 
chinchine,  et  au  sud-ouest  de  la  Chine.  » 

«  On  a  souvent  représenté  ces  peuples,  dit  M.  de  Paravey,  comme  étant 
les  autochthones  de  la  Chine.  Je  m'étais  déjà  prononcé  contre  cette  assertion 
et  n'avais  pu  voir  dans  ces  montagnards,  dont  j'ai  copié  à  la  Haye  diverses 
figures,  la  race  grossière  et  laide  des  Mogols  aux  yeux  obliques.  Le  mis- 
sionnaire dont  je  viens  de  parler,  consulté  par  moi  à  cet  égard,  m'a  déclaré 
que  les  Miao-tse,  qu'il  essaye  de  convertir,  diffèrent  complètement  de  la 
race  chinoise  actuelle.  » 


(  8.5  ) 

M.  Pelli  Fabbboni,  qui  avait  adressé  l'an  passé  une  Note  dont  l'objet 
principal  était  d'établir  que  son  père  avait,  dès  1801,  opéré  la  conversion 
d'acides  en  alcools,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la 
Commission  à  l'examen  de  laquelle  celte  Note  a  été  soumise. 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  :  MM.  Dumas,  Peligot.) 

M.  Albert  Namvr  adresse  une  semblable  demande  relativement  à  son 
Mémoire  intitulé  :  «  Considérations  critiques  et  didactiques  sur  les  loga- 
rithmes des  nombres,  etc.  ». 

(  Renvoi  aux  Commissaires  désignés  dans  la  séance  du  i/j  septembre  iSSy  : 
MM.  Mathieu,  Dupin,  Bienaymé.) 

M.  Noël  demande  également  que  l'Académie  se  fasse  rendre  compte 
d'une  Note  qu'il  a  adressée  dans  l'avanf-dernière  séance,  concernant  un 
étalon  de  l'ancienne  toise  française. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  M.  Le  Verrier,  déjà 

désigné,  et  de  M.  Babinet.) 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Commission  chargée  de  préparer  une  liste  de  candidats  pour  la  place 
d'Académicien  libre,  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Largeteau,  fait  la 
présentation  suivante  : 

En  première  ligne  ......      M.  Begin. 

En  seconde  ligne M.  Jaubert. 

En  troisième  ligne,  ex  aequo,  i  M.  Damoub. 

et  par  ordre  alphabétique.  .  \  M.  Walferdin. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  É.  I).  B. 


C.    R.,  i858,  I"  Semeitre.  (T.  XLVI,  N"  17.)  -  «OÔ 


(8.6) 


BCIXETIN    BIBLIOGRAPHKIUK. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  19  avril  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Concours  de  Poissjde  1 857.  Cinquième  Rapport  sur  l'appréciation  des  viandes 
à  tétai;  par  M.  Emile  Baudement.  Paris,  j858;  br.  in-8°.  (Présenté  au  nom 
de  l'auteur  par  M.  Milne  Edwards.) 

Discours  prononcé  à  Montpellier  le  16  juin  1857  à  la  séance  de  clôture  de  la 
session  extraordinaire  de  la  Société  Botanic^ue  de  France;  /^ar  M.  Pierre  DE  TCHi- 
HATCHEF;  br.  in-8°. 

Etudes  sur  ta  végétation  des  hautes  montagnes  de  (Asie  Mineure  et  de  t! Armé- 
nie ;  par  \q  même;  hr.  in-S". 

Observations  météorologiques  faites  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier 
pendant  tannée  1857;  br.  in-4°,  accompagnée  d'une  brochure  in-S",  coote- 
nant  le  Résumé  de  ces  observations. 

Nouvelle  hypothèse  sur  la  lumière.  Explication  de  certains  phénomènes  photo- 
chimiques, météorologiques  et  démonstration  des  lois  auxquelles  les  astres  sont 
soumis;  par  M.  E.  DE  PoiLLY  fils.  Boulogne-sur-Mer,  i858;  br.  in-8''. 

Théorie  de  la  musique  déduite  de  la  considération  des  nombres  relatifs  de  vibra- 
tions; par  M.  D.  Deloche.  Paris,  1857;  b'-  Jn-8'*.  (Présenté  au  nom  de 
l'auteur  par  M.  Despretz.) 

Atti...  Actes  de  t  Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei,  XP  année,  session 
du  6  décembre  1857;  in-4*'. 

Atti. . .  Actes  de  t  Institut  impérial  et  royal  vénitien  des  Sciences,  Lettres  et  Arts; 
3*  série,  tome  III  -,  3*  livraison  ;  in-8". 

Census...  Recensement  de  ta  population  de  tEîat  de  New- York  pour  i855; 
Albany,  1857  ;  i  vol.  in  folio.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  Passy.) 

Verhandlungen...  Comptes  rendus  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  et  de 
Médecine  d'Heidelberg;  4*  livraison.  Heidelberg,  mars  i858;  br.  in-S". 


^         (8.7) 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  a6  avril  les  ouvrages  dont  voici 
les  titi-es  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  parM.  J.  Decaisne;  i4*  livraison  ;  in-Zi". 

Société  impériale  et  centrale  d'agriculture.  Rapport  fait  par  M.  le  D^  Moi\- 
TAGNE,  au  nom  de  la  Section  des  cultures  spéciales,  sur  un  Mémoire  intitulé  :  Dt^ 
la  muscardine  et  des  moyens  d'en  prévenir  les  ravages  dans  les  magnaneries , 
br.  in-8". 

Rapport  présenté  à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Tra- 
vaux publics  ,  par  C  y4  cadémie  impériale  de  Médecine ,  sur  les  vaccinations  pra- 
tiquées en  France  pendant  l'année  i855.  Paris,  i858;  in-S". 

Mémoires  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  d'Angers;  2*  série  ;  \' 
et  VP  volumes.  Angers,  i854  et  i855;in-8". 

Histoire  de  l'organisation,  du  développement,  des  mœws  et  des  rapports  zoolo- 
giques du  Dentale  ;  par  M.  F.-J.-H.  Lacaze-Duthjers.  Paris,  i858lj  vo||., 
in-4°.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  Milne  Edwards.) 

Carlsbad,  ses  eaux  thermales,  analyse  physiologique  de  leurs  propriétés  cura- 
tives  et  de  leur  action  spécifique  sur  le  corps  humain;  par  M.  le  D'  G.  Porges. 
Paris,  i858;  in-8". 

Des  Eaux  de  Saint-Sativeur  et  de  leur  influence  curative  dans  les  différentes 
formes  de  la  dyspepsie  ;  par  M.  le  D"^  HÉDOUIN.  Paris,  i858;  in-8°. 

Eléments  de  géométrie  appliquée  à  la  transformation  du  mouvement  dans  les 
machines;  par  M.  Ch.  GiRAULT.  Caen-Paris,  i858;  i  vol.  in-S". 

Recherches  sur  les  rapports  entre  l'intensité  magnétique  des  barreaux  d'acier  et 
leur  température;  par  M.  L.  DuFOUR.  Lausanne,  i858  ;  br.  in-8''. 

De  [lïifluence  de  la  lune  sur  la  menstruation  ;  par  feu  J.  A.  Clos;  bi-.  in-B". 

L'Antidote  du  choléra  asiatique  ;  par  M.  Jean  Pahkin.  Rome-Paris,  i8^8; 
br.  in-8°. 

Société  de  prévoyance  des  Pharmaciens  du  départrnwnt  de  la  Seine.  Assem- 
blée générale  tenue  à  l'Ecole  de  Pharmacie,  le  26  mars  1 858  ;  présidence  de 
M.  Hottot.  Paris,  i858;  br.  in-S". 


(  8r8  ) 

Sopra...  Sur  une  construction  du  théorème  d Abel ;  par  M.  Angelo  GE^Oc- 
r.Ht.  Une  feuille  in-4°- 

Osservazioni.. .  Observations  sur  l'existence  simultanée  de  deux  courants  élec- 
triques opposés  sur  le  même  fil  conducteur  ;  2*  Note  de  M.  le  Professeur  Zan- 
I EDESCHI  ;  br,  in-8">. 

Observaciones...  Observations  actinométriqueSj  vérifiées  à  Madrid  à  C occa- 
sion de  [éclipse  de  soleil  de  mars  i858  ;  par  don  Manuel  Rico  Y  SiNOBAS. 

Fourth...  Quatrième  Rapport  météorologique;  par  le  professeur  James- 
P.  ESPY.  Washington,  1857;  in-/|°. 

Track...  Tracé  de  la  rivière  Paraguay.  (Exploration  de  cette  rivière  exé- 
cutée en  i855  par  le  fFater-Witch ,  Cap.  Page.)  Feuilles  10,  i4  et  i5;  in- 
plano. 

Ces  cartes  sont,  ainsi  que  le  volume  précédent,  transmis  par  M.  Vatte- 
mare. 

Reptilen...  Reptiles  des  terrains  houitlers  de  t  Allemagne  ;  par  M.  Hebmann 
DE  Meter.  Cassel,  i858;  in-folio. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  5  MAI  1838. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUMCATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

GÉOMÉTRIE  ANALYTIQUE.  —  Note  relative  au  Mémoire  de  M.  Resal  inséré  dans 
le  Compte  rendu  de  la  séance  précédente  ;  par  M.  J.  Bertrand. 

«  Le  dernier  numéro  des  Comptes  rendus  contient  l'analyse  d'un  Mémoire 
de  M.  Resal,  relatif  à  la  théorie  des  surfaces.  Le  principe  des  démonstra- 
tions de  l'auteur  paraît  digne  d'intérêt,  et  les  résultats  auxquels  il  conduit 
montrent  son  utilité  dans  l'étude  des  surfaces  ;  mais  je  demanderai  la  per- 
mission de  faire  observer  que  trois  des  théorèmes  énoncés  par  M.  Resal 
appartiennent  à  M.  O.  Bonnet  qui  les  a  démontrés  en  i848,  dans  \e  Jour- 
nal de  [Ecole  Polytechnique.  Le  théorème  cité  en  premier  lieu  est  énoncé 
dans  des  termes  complètement  équivalents  à  la  page  i8  du  Mémoire  de 
M.  Bonnet. 

»  Le  second  théorème,  conséquence  facile  du  premier,  se  trouve  à  la 
page  6i.  Ce  théorème  a  d'ailleurs  attiré  déjà  l'attention  des  géomètres;  il  a 
été  utilisé  dans  des  recherches  relatives  à  la  théorie  de  la  chaleur  et  ensei- 
gné à  plusieurs  reprises,  soit  au  Collège  de  France,  soit  à  l'École  Normale. 

»  Le  troisième  théorème  fournit  l'expression  de  l'élément  nommé  par 
M.  Bonnet  seconde  courbure  géodésique,  et  les  formules  élémentaires  de  la 

C.   R.,  i858,  i<:r  Semestre .  (T.  XLVI,  N»  18.)  IO7 


(    820    ) 

théorie  des  surfaces,  ou  même  les  propriétés  des  sections  coniques,  permet- 
tent de  transformer  l'énoncé  de  M.  Bonnet  (page  i6  de  son  Mémoire) 
dans  la  formule  insérée  au  dernier  Compte  rendu. 

»  Mon  but,  en  faisant  ces  remarques,  n'est  pas  déporter  un  jugement 
sur  le  travail  de  M.  Resal,  qui,  fondé  sur  une  méthode  nouvelle,  peut  ren- 
fermer d'autres  résultats  nouveaux  et  dignes  d'intérêt  ;  mais  j'ai  cru  devoir 
restituer  à  leur  auteur  les  trois  propositions  énoncées  dans  l'extrait  de  ce 
Mémoire,  et  saisir  cette  occasion  pour  signaler  à  l'attention  des  géomètres 
le  Mémoire  très-important  et  déjà  bien  souvent  cité  depuis,  dans  lequel 
elles  ont  été  données  pour  la  première  fois.  » 

RAPPORTS. 

HYDROGRAPHIE  ET  TRAVAUX  HYDRAULIQUES.  —  Second  Rapport  sur  le  canal 
maritime  de  Suez  entre  la  mer  Rouge  et  la  Méditerranée. 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  Élie  de  Beaumont,  amiral  du  Petit-Thouars, 
Clapeyron,  baron  Charles  Dupin  rapporteur.) 

«  Messieurs,  l'année  dernière,  dans  votre  séance  du  i  mars,  une  Com- 
mission composée  de  MM.  Cordier,  Élie  de  Beaumont,  Dufrénoy,  amiral 
du  Petit-Thouars  et  moi,  vous  a  présenté,  sur  les  plans,  les  études  et  les 
avantages  du  canal  maritime  de  Suez,  un  Rapport  très-étendu ,  que  vous 
avez  honoré  de  votre  approbation.  Cette  année,  vous  avez  renvoyé  la  suite 
du  même  sujet  à  la  même  Commission,  en  remplaçant  notre  regrettable 
confrère  M.  Dufrénoy  par  M.  Clapeyron. 

»  Les  opérations  préparatoires  concernant  le  canal  de  Suez  offraient  une 
réunion  d'observations  scientifiques  et  de  travaux  techniques  dignes  d'une 
entreprise  qui  fixe  l'attention  de  toutes  les  nations  civilisées,  parce  qu'elle 
doit  influer  à  la  fois  sur  leurs  intérêts  et  leurs  prospérités. 

»  D'une  simple  recherche  préliminaire,  indispensable  au  tracé  du  canal, 
est  sortie  la  solution  définitive  d'une  question  hydrographique  indécise, 
erronée,  depuis  plus  de  vingt  siècles.  L'inégalité  supposée  des  niveaux  de  la 
mer  Rouge  et  de  la  Méditerranée,  qu'on  avait  cru  pouvoir  porter  à  i  o  mètres, 
s'est  trouvée  réduite  à  beaucoup  moins  de  i  mètre  par  les  beaux  nivelle- 
ments d'un  jeune  ingénieur  français. 

»  En  faisant  servir  la  géologie  pour  étudier  la  nature  des  terrains  qui  sé- 
parent les  deux  mers,  on  a  pour  ainsi  dire,  à  travers  les  siècles,  remonté  le 


(  8^1  ) 
val  de  Suez  à  partir  de  la  mer  Rouge.  On  a  retrouvé  dans  les  lacs  Amers  la 
conchyliologie  de  cette  mer;  et,  par-dessus  les  détritus  maritimes,  une  couche 
de  limon  du  Nil,  périodiquement  déposée  par  les  invasions  extrêmes  de  ce 
fleuve,  du  côté  de  l'orient.  On  a  mesuré  les  couches  de  sable  transportées 
du  désert  dans  le  lit  encore  visible  du  canal  primitif,  commencé  par  les 
Pharaons.  L'expérience  a  rassuré  contre  des  ensablements  qui  mettent  tant 
de  siècles  à  produire  des  effets  si  limités. 

»  Nous  avons  décrit  les  projets  formés  pour  le  port  de  Suez  et  le  dé- 
bouché du  canal  dans  ce  port;  projets  qui  ne  présentaient  aucune  difficulté 
ni  pour  l'art  ni  pour  la  science. 

»  Plus  facile  encore  sera  le  port  intérieur  pour  le  raboub  des  navires  qui 
traverseront  l'isthme,  et  pour  le  service  nautique  de  cette  voie.  Le  port  sera 
formé  par  le  lac  de  Timsah,  au  point  où  débouche  le  val,  qui  remonte  jus- 
qu'au Nil,  dans  les  environs  du  Caire  :  c'est  le  val  historique  où  résida  le 
peuple  juif  avant  sa  sortie  d'Egypte.  Dans  la  direction  que  nous  signalons, 
un  canal  dérivé  du  Nil  recevra  facilement  les  bateaux  du  fleuve  destinés 
pour  la  mer  Rouge  et  même  pour  la  Méditerranée. 

»  Enfin  nous  avons  fixé  notre  attention  sur  les  travaux  à  la  mer,  qui 
seront  à  la  fois  les  plus  difficiles  et  les  plus  considérables  :  nous  voulons 
parler  du  port  de  Saïd  dans  le  golfe  de  Péluse,  et  de  l'entrée  du  canal  ma- 
ritime dans  la  Méditerranée. 

M  C'est  toujours  une  entreprise  hardie  que  celle  de  créer  un  port  dont 
les  jetées  débouchent  dans  une  rade  ouverte;  et  l'on  doit  s'enquérir  avec 
soin  des  dangers  que  pourront  courir  les  navires  obligés,  en  certaines  cir- 
constances, de  mouiller  dans  cette  rade,  jusqu'à  l'heure  opportune  pour 
pénétrer  dans  le  port. 

"  Aujourd'hui  M.  Ferdinand  de  Lesseps,  l'honorable  et  persévérant 
auteur  de  l'entreprise  du  canal,  soumet  à  l'examen  de  l'Académie  les  études 
faites  dans  l'hiver  et  le  printemps  de  iSS'j  pour  éprouver  la  nature  des 
fonds  et  la  sécurité  du  mouillage  sur  la  rade  où  déboucheront  le  canal  et  le 
port.  Il  joint  à  cette  communication  les  réponses  faites  par  la  Commission 
internationale  pour  réduire  à  leur  juste  valeur  des  objections  qui,  reçues 
sans  examen,  pourraient  porter  quelque  atteinte  à  l'assentiment  unanime 
qu'ont  mérité  les  travaux  de  cette  Commission. 

»  Vous  avez  décidé  que  ces  nouveaux  documents  seraient  examinés  par 
la  Commission  qui  déjà  s'était  occupée  du  même  sujet  ;  nous  venons  vous 
rendre  compte  de  notre  travail. 

»  Les  objections  présentées  contre  la  partie  artistique  et  scientifique 

107.. 


(  Saa  ) 
n'ont  pas  eu  pour  objet  de  contester  l'étude  même  du  terrain  et  des  son- 
dages, cette  partie  si  soigneusement  accomplie.  On  n'a  pas  contesté  les  ni- 
vellements établis  depuis  onze  années  par  une  première  et  double  opération, 
vérifiée  depuis  lors  par  quatre  autres  nivellements  successifs;  on  n'a  pas 
contesté  non  plus  les  calculs  de  déblais  et  de  remblais,  accomplis  pour  sup- 
puter les  frais  de  terrassement;  on  n'a  pas  davantage  attaqué  le  devis  des 
travaux  d'art  et  févaluation  des  dépenses,  accompagnée  d'ailleurs  d'une 
somme  à  valoir  importante  pour  les  cas  imprévus,  les  omissions  et  les  acci- 
dents inévitables  dans  toute  nouvelle  et  grande  entreprise. 

»  Lorsque,  en  i854,  M.  Ferdinand  de  Lesseps  eut  obtenu  du  vice-roi 
d'Egypte  la  concession  d'un  canal  qui  ferait  directement  communiquer  par 
Suez  la  mer  Rouge  et  la  Méditerranée,  il  ne  voulut  pas  accepter  de  confiance 
tel  ou  tel  projet  déjà  conçu  par  des  ingénieurs  dont  chacun  avait  son  genre 
de  mérite  ;  il  souhaita  qu'on  mît  en  présence  tous  les  projets  déjà  préparés, 
et  qu'on  les  éclairât  les  uns  par  les  autres;  qu'en  prenant  le  meilleur  pour 
base  on  les  perfectionnât  par  la  mise  à  profit  de  toutes  les  idées  précédemment 
émises  et  de  toutes  les  lumières  qui  pourraient  jaillir  d'une  révision  appro- 
fondie. 

s  De  concert  avec  le  vice-roi  d'Egypte,  il  solhcita  la  formation  d'une 
grande  Commission  internationale,  qui  commanderait  les  travaux  prépara- 
toires reconnus  indispensables,  qui  fixerait  la  direction  définitive  du  tracé, 
les  conditions  et  les  dimensions  des  ouvrages  d'art,  en  un  mot  qui  réviserait 
la  conception  du  canal  comme  s'il  s'agissait  d'en  faire  à  nouveau  les  études^ 
les  plans  et  les  calculs. 

»  Dans  un  moment  où,  pour  mieux  agir  sur  des  assemblées  délibérantes, 
on  s'est  efforcé  de  faire  croire  à  l'insuffisance  d'hommes  profondément 
estimés  pour  une  longue  expérience,  un  savoir  sérieux  et  des  travaux  con- 
sidérables, il  est  aussi  juste  qu'utile  de  rappeler  les  titres  artistiques  et 
scientifiques  de  la  Commission  formée  par  un  choix  éclairé  chez  sept  nations, 
dont  il  suffira  de  citer  les  nominations. 

»  Parmi  les  puissances  mises  à  contribution,  comme  les  plus  intéressées 
à  rechercher  la  vérité,  nous  citerons  successivement  : 

»  1.  L'Espagne,  qui  possède  en  Orient  l'archipel  des  Philippines  et  des 
Mariannes,  peuplé  par  près  de  quatre  millions  d'habitants,  acquis  au  chris- 
tianisme et  prêts  à  tous  les  progrès  de  la  civilisation  ;  réunis  en  corps  de 
nation  sur  un  territoire  admiiable,  sur  un  territoire  dont  la  fécondité  per- 
mettrait le  plus  riche  commerce,  si  l'on  pouvait  établir,  avec  l'Europe,  des 
communications  plus  directes  et  plus  faciles.  L'Espagne  désignait,  comme 


\ 


(  8a3  ) 
couuiiissaire  international,   le  directeur  général   de  ses  travaux  publics, 
M.  Cipr.iano  Segundo  Montesino. 

«  2.  Les  Etat^  Sardes,  qui  faisaient  dans  le  Levant  un  si  grand  négoce 
avant  le  détournement  de  la  navigation  orientale  par  le  cap  de  Bonne- 
Espérance.  Ces  États  désignaient  le  Ministre  même  de  leurs  travaux  publics  : 
ingénieur  autant  qu'administrateur,  M.  Paléocapa,  parmi  ses  premières 
créations,  compte  la  grande  jetée  de  Venise,  à  l'entrée  de  Malamocco. 

»  3.  L'Autriche,  qui  travaille  en  silence  à  reconstituer  la  splendeur  navale 
de  l'Adriatique,  à  ressusciter  Venise,  à  grandir  Trieste,  à  créer  Pola.  L'Au- 
triche désignait  un  inspecteur  général  de  ses  chemins  de  fer,  M.  Negrelli, 
qui,  dès  1847,  avait  fait  un  avant-projet  sérieux  de  canahsation  directe 
entre  Suez  et  la  Méditerranée  :  il  serait  là  pour  représenter  ses  idées  en 
examinant  les  autres  projets. 

»  4.  La  Hollande,  qui  surpasse  toutes  les  puissances  que  nous  venons 
d'énumérer,  par  l'importance  de  ses  intérêts  dans  les  mers  de  l'Inde.  Depuis 
quarante  ans  qu'elle  a  recouvré  ses  îles  de  la  Sonde,  elle  en  a  fait  sortir  une 
prospérité  merveilleuse;  son  administration  favorable  à  la  vie  des  hommes 
a  doublé  la  population  de  son  archipel,  par  le  progrès  naturel  que  favorise 
la  paix  intérieure,  et  la  production  tropicale  développée  avec  un  génie 
digne  d'étude.  Elle  règne  aujourd'hui  sur  17  millions  de  sujets  orientaux. 
Les  seules  exportations  de  ses  produits  végétaux  et  minéraux  s'élèvent  par 
année  à  plus  de  160  millions  de  francs,  malgré  l'énormité  d'une  distance 
qu'il  faut  à  tout  prix  abréger,  pour  diminuer  la  difficulté  et  la  cherté  des 
communications.  Cette  puissance,  excitée  par  lui  si  grand  iritérêt,  avait 
désigné  son  premier  ingénieur,  à  présent  inspecteur  général  de  ces  travaux 
hydrauliques  par  lesquels  la  Hollande  lutte  avec  la  mer,  et  la  fait  reculer. 
L'homme  éminent  qu'elle  a  désigné,  M.  Conrad,  la  Commission  internatio- 
nale l'a  choisi  pour  président. 

»  5.  L'Angleterre,  qui  réunit  des  intérêts  bien  plus  considérables.  Son 
Empire  de  l'Hindostan  possède  dix  fois  plus  de  sujets  que  n'en  compte  la 
Hollande  ;  paisibles,  il  faut  commercer  avec  eux  ;  révoltés,  il  faut  les  com- 
battre, et  pour  cela  les  joindre  vite.  Or  l'Egypte  permet,  avec  une  égale 
économie  de  dépense  et  de  temps,  d'arriver  soit  au  champ  de  production, 
soit  au  champ  de  bataille,  en  retranchant  deux  mille  lieues  à  la  longueur 
de  la  route.  En  Angleterre,  le  choix  était  tombé  sur  M.  Rendel,  le  digne 
successeur  des  Telford  et  des  Rennie,  sur  l'ingénieur  auquel  sont  dus  les 
plus  grands  bassins  de  Liverpool  et  les  docks  de  Birkenhead,  la  I.,iverpool 
auxiliaire,  et  dans  le  port  de  Grimsby,  la  plus  remarquable  des  créations 


(8a4)  " 
hydrauliques  perfectionnées  par  l'emploi  de  la  vapeur;  à  M.  Rendel  étaient 
adjoints  son  habile  suppléant  M.  Mac-Léan  et  M.  Charles  Manby,  depuis 
quinze  ans  secrétaire  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils  à  Londres.  Citons 
enfin  M.  Harris,  capitaine  de  vaisseau  de  la  compagnie  des  [ndes  :  M.  Harris 
présentait,  pour  contingent  d'expérience,  soixante-dix  voyages  accomplis 
d'un  bout  à  l'autre  de  la  mer  Rouge,  en  toutes  saisons,  par  tous  les  temps, 
et  tous  heureux. 

»  6.  La  Prusse,  animée  par  le  désir  de  témoigner  l'intérêt  qu'elle  por- 
tait à  l'entreprise  dont  le  bénéfice  est  universel.  Elle  avait  désigné  son  prin- 
cipal ingénieur,  M.  Lentze,  auquel  sont  dus  les  travaux  modernes  de  la 
Yistule,  jusqu'à  l'embouchure  de  ce  fleuve  dans  la  Baltique. 

»  7.  La  France,  quoiqu'elle  ne  possède  plus  qu'une  île  importante,  la 
Réunion,  dans  l'Océan  oriental,  et  trois  modestes  comptoirs  dans  le  golfe  du 
Bengale.  La  France  devait  aussi  prêter  son  contingent  proportionné,  non 
pas  seulement  à  ses  intérêts  matériels,  mais  à  la  générosité  de  son  caractère 
mais  à  la  grandeur  des  intérêts  internationaux  dignes  de  ses  bons  offices  et 
de  ses  lumières.  La  France  a  donné  :  pour  les  travaux  hydrauliques,  un  de 
ses  inspecteurs  des  ponts  et  chaussées,  M.  Renaud,  qui  dirigea  comme  ingé- 
nieur en  chef  les  grands  travaux  du  port  du  Havre;  pour  les  études  hydro- 
graphiques, M.  Lieussou,  l'élève  éminent  de  Beautemps-Baupré;  enfin, 
pour  les  appréciations  de  l'homme  de  mer,  M.  le  capitaine  de  vaisseau 
Jaurès,  et  M.  le  contre-amiral  Rigault  de  Genouilli.  Ce  dernier  vint  prêter 
son  expérience  et  ses  vues,  entre  son  retour  de  Sébastopol  et  son  départ 
pour  la  Chine,  où  nous  le  voyons  déployer  les  qualités  de  l'homme  de  mer 
consommé,  réunies  à  celles  de  l'homme  de  guerre  qui  sait  obtenir,  avec  de 
faibles  moyens,  des  succès  considérables. 

»  Cinq  Membres  de  la  Commission  commencèrent  par  étudier,  sur  les 
lieux,  les  questions  qu'on  ne  peut  résoudre  que  par  l'étude  géométrique  et 
physique  du  terrain  ;  désigner,  diriger  et  constater  les  sondages  du  sol 
sur  la  ligne  du  canal;  observer  les  phénomènes  hydrologiques,  aux  deux 
abords  de  la  mer  Rouge  et  de  la  Méditerranée;  chercher  les  débou- 
chés les  plus  avantageux  dans  l'une  et  l'autre  mer;  déterminer  les  tra- 
vaux les  plus  difficiles  de  tous,  soit  à  l'entrée,  soit  à  la  sortie  du  canal. 

»  Ces  opérations  accomplies  en  Egypte,  la  sous-Commission  s'est  rendue 
à  Paris,  où  la  Commission  internationale  a  délibéré  sur  les  améliorations 
acceptables  et  consacré  ses  décisions  définitives  quant  aux  plans  et  quant 
aux  moyens  d'exécution. 

»  Parmi  les  documents  d'une  importance  majeure,  et  les  plus  dignes 


I 


(  8a5  ) 
d'examen,  il  faut  coaipter  les  observations  à  la  mer,  dont  nous  devons 
entretenir  l'Académie. 

Observations  nautiques  faites  en  iSS^,  sur  la  rade  de  iSaïd,   dans  le  golfe  de  Péluse. 

»  Les  observations  dont  nous  allons  rendre  compte  ont  été  provoquées 
par  une  amélioration  due  à  notre  savant  compatriote  M.  Lieussou,  cet 
hydrographe  d'une  si  belle  espérance,  et  qu'une  mort  inattendue  a  ravi 
sitôt  aux  sciences,  dans  le  premier  mois  de  cette  année! 

)'  M.  Lieussou  avait  rendu,  mais  à  la  France,  un  service  du  même  ordre 
en  proposant  et  faisant  accepter  une  meilleure  combinaison  des  jetées  néces- 
saires pour  faire  d'Alger  un  des  ports  à  la  fois  les  plus  vastes  et  les  plus 
sûrs  de  la  Méditerranée. 

»  Avec  la  perspicacité  qui  caractérisait  son  rare  talent  d'observation, 
cet  ingénieur  conçut  la  pensée  d'un  débouché  nouveau  pour  le  canal  de 
Suez  dans  la  Méditerranée. 

»  Quelques  mots  sur  la  configuration  du  littoral  permettront  de  juger 
le  perfectionnement  proposé  par  l'hydrographe  français. 

»  Entre  Damiette  et  le  mont  Casius  se  développe  un  vaste  golfe,  au  midi 
duquel  l'ancienne  Péluse  montre  ses  ruines,  en  arrière  du  cordon  sableux, 
du  tido,  qui  sépare  le  golfe  du  lac  Menzaleh. 

»  Pour  abréger  le  plus  possible  le  parcours  d'une  mer  à  l'autre,  on  vou- 
lait arriver  par  la  ligne  la  plus  courte  au  point  le  plus  rentrant  du  golfe  de 
Péluse.  Mais,  dans  cette  partie,  le  fond  de  la  mer  offre  la  pente  la  moins  pro- 
noncée; par  cela  même  les  digues  nécessaires  pour  aller  chercher  le  tirant 
d'eau  de  8  mètres,  qu'aura  le  canal,  eussent  été  beaucoup  trop  longues 
et  d'une  dépense  effrayante. 

»  M.  Lieussou  se  proposa  de  chercher  un  remède  à  cet  inconvénient  ; 
il  y  parvint  eu  examinant  la  configuration  des  lieux  avec  l'œil  exercé  de 
l'ingénieur  émineut. 

»  Dans  le  golfe  que  nous  venons  d'indiquer,  un  avancement  peu  pro- 
noncé de  la  plage,  sépare  i"  du  côté  de  l'orient  la  baie  proprement  dite  de 
Péluse;  a"  du  côté  de  l'occident,  une  autre  baie  qui  finit  au  promon- 
toire de  Damiette. 

»  Dans  cette  seconde  baie  la  pente  du  fond  de  la  mer  est  de  beaucoup 
la  plus  rapide;  c'est  là  que  M.  Lieussou,  sans  craindre  d'allonger  un  peu 
le  canal,  en  a  fait  aboutir  l'entrée.  C'est  là  que  les  navires  trouveront  le 
port  artificiel  qui  prendra  le  nom  de  Saïd. 

»  Des  sondages  ont  justifié  ce  premier  avantage.  Mais  il  restait  à  Gonsta* 


(  826  ) 
ter,  par  l'expérience,  que  l'entrée  nouvelle,  moins  enfoncée  dans  le  golfe, 
conserverait  une  sûreté  suffisante  à  des  bâtiments  qui  pourraient  être 
obligés  de  mouiller  en  avant  de  cette  entrée.  C'est  ce  qu'on  voulut  consta- 
ter authentiquement,  au  moyen  d'un  navire  de  force  considérable  qui 
serait  soumis,  pendant  les  plus  mauvais  temps,  à  des  épreuves  bien  tra- 
cées et  soigneusement  rapportées. 

»  On  doit  à  MM.  le  capitaine  de  vaisseau  Jaurès  et  le  contre-amiral 
Rigault  de  Genouilli,  les  instructions  nautiques  d'après  lesquelles  le  capi- 
taine Philigret  a  fait  ses  observations  à  bord  de  la  corvette  Y'and-Beker, 
expédiée  par  ordre  du  vice-roi  d'Egypte. 

»  La  direction  nouvelle  à  suivre  pour  pénétrer  dans  le  canal  ayant  été 
bien  établie  par  des  signaux  et  des  balises,  la  corvette  Yand-Beker  vint  jeter 
l'ancre  dans  la  direction  que  suivra  la  jetée  principale  et  par  une  profon- 
deur de  lo  mètres  d'eau  :  à  43oo  mètres  du  littoral. 

»  Elle  arriva  le  8  janvier  1857  et  se  maintint  dans  cette  position,  pour 
soutenir  tous  les  assauts  des  vents  et  de  la  mer  jusqu'aux  premiers  jours  de 
mai ,  c'est-à-dire  pendant  la  plus  mauvaise  saison  de  l'hivernage  et  de 
l'équinoxe  du  printemps. 

»  A  l'endroit  choisi  pour  son  mouillage,  le  navire  était  couvert  par  la 
pointe  de  Damiette,  qui  le  garantissait  parfaitement  contre  les  vents  d'ouest- 
nord-ouest.  Ces  vents  traversent  en  droite  ligne  toute  la  longueur  de  la 
Méditerranée  depuis  les  côtes  d'Espagne,  et  conduisent  vent-arrière  à  partir 
de  Malte.  Même  quand  ils  soufflent  au  large  avec  une  extrême  violence,  ces 
vents  laissent  le  mouillage  de  Saïd  dans  la  sécurité  la  plus  parfaite;  et  le 
navire,  abrité  naturellement,  ne  fatigue  pas  sur  son  ancre.  Ce  qu'il  y  a  de 
plus  remarquable,  c'est  que  le  vent  dont  nous  signalons  la  route  et  l'inno- 
cuité, est  celui  qui ,  dans  toutes  les  saisons,  domine  le  plus  sur  les  côtes  de 
l'Egypte.  C'est  celui  que  signale  son  impétuosité  et  les  plus  fortes  tempêtes*. 

o  Lorsque  les  vents  tournent  au  septentrion,  depuis  le  nord-ouest  jus- 
qu'au nord-est,  ce  qui  conduit  vent-arrière  les  navires  partis  de  Beyrouth, 
de  Chypre  et  de  Smyrne,  il  arrive  très-souvent  qu'annoncés  de  loin  par  la 
marche  accélérée  des  nuages,  ils  font  sentir  leur  effet  par  des  lames  prolon- 
gées, mais  peu  profondes;  alors  on  reste  très  en  sûreté  dans  la  baie  de  Saïd. 

»  Il  en  résulte  que  les  vents  modérés  de  la  partie  du  nord,  c'est-à-dire  du 
large,  ne  pénètrent  que  rarement  dans  cette  baie;  il  faut  connaître  cepen- 
dant l'effet  que  peut  produire  une  tempête  amenée  par  un  vent  du  large. 

»  Pareille  tempête  est  arrivée  dans  le  temps  fixé  pour  les  épreuves.  Le 
18  février  s'élève  un  vent  d'ouest-nord-ouest,  qui,  par  degrés,  tourne  vers  Ip 


'         (  8^7  ) 
nord,  et,  dit  le  journal  nautique,  ce  vent  soufjle  avec  fureur;  il  continue  seize 
heures  de  suite  dans  cette  direction  perpendiculaire  à  la  côte.         ii-*  .xiikI 

«  Ici,  Messieurs,  il  faut  simplement  copier  le  journal  écrit  en  présence 
du  mauvais  temps  : 

«  La  corvette  ne  fatigue  pas.  Le  vent  qui  vient  droit  du  large  occa- 
))  sionne  une  très-forte  mer  à  la  plage,  et  se  fait  sentir  jusque  par.  les  fonds 
»  de  5  mètres.  Mais,  étant  au  mouillage  de  la  corvette,  par  un  fond  de 
»  lo  mètres,  la  mer  est  longue  et  surtout  ne  brise  que  très-rarement.  Ce 
»  mouillage  (à  lo  mètres  de  fond)  est  donc  de  beaucoup  préférable  ;  et  l'on 
»  devra  attacher  la  plus  grande  importance  à  avoir  cette  même  distance  de 
»  terre,  c'est-à-dire  de  3  milles  environ.  La  tenue  (de  l'ancre)  y  est  excel- 
»  lente  et,  par  des  relèvements,  j'ai  pu  me  convaincre  de  sa  bonté,  dit  M.  le 
»   capitaine  Philigret.  « 

»  Ainsi  les  vents  qui  jettent  à  la  côte,  les  plus  dangereux  dans  une  rade 
ouverte  et  très-ouverte,  les  vents  du  large,  en  soufflant  avec  fureur  et  pen- 
dant seize  heures,  n'ont  pas  même  fait  chasser  sensiblement  le  navire  sur 
ses  ancres.  Le  mouillage  le  plus  sûr  de  la  baie  s'est  trouvé  de  deux  enca- 
blures en  avant  de  l'entrée  future  du  port  de  Saïd  et  du  canal  de  Suez. 

»  Passons  à  la  direction  tout  à  fait  opposée.  Un  ouragan  qui  vient  du 
sud,  c'est-à-dire  de  terre,  est  infiniment  moins  dangereux  dans  cette  baie. 
Il  ne  peut  pas  produire,  à  proximité  du  littoral,  des  lames  profondes  et 
puissantes  :  dans  le  cas  même,  qui  ne  s'est  pas  présenté,  où  l'ancre  ne  pour- 
rait tenir,  le  navire  serait  poussé  vers  la  haute  mer;  il  n'aurait  rien  à  redou- 
ter de  la  côte. 

»  Dans  les  tempêtes  qui  viennent  du  sud,  et  que  suscitent  les  vents  du 
désert  les  plus  impétueux,  il  n'y  a  pas  de  mer  agitée  sur  la  rade  de  Said  ; 
la  corvette  a  pu,  lors  d'un  temps  pareil,  continuer  ses  opérations  avec  ses 
canots  à  la  mer. 

»  Pendant  un  séjour  de  quatre  mois  sur  la  rade  de  Saïd,  le  navire  a  joui 
d'une  sécurité  si  grande,  qu'il  a  pu  maintenir  longtemps  à  terre  une  portion 
de  son  équipage  assez  nombreuse  pour  rebâtir,  dans  la  direction  que  suivra  la 
principale  jetée  du  port  et  du  canal,  une  grande  tour  ayant  Gg  mètres  de  cir- 
conférence à  la  base  et  20  mètres  de  hauteur.  Cette  tour  a  reçu  le  nom  de 
Saïd,  pour  honorer  le  vice-roi  Mohammed-Saïd,  protecteur  constant  et  cou- 
rageux d'une  entreprise  qui  sera  l'honneur  de  son  règne  et  la  gloire  de  son 
nom. 

»  Sur  les  117  jours  passés  dans  la  rade  de  Saïd,  la  corvette,  par  ses  em- 
barcations, a  pu  communiquer  avec  la  côte  pendant  91  jours.  Si  ce  navire, 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI.N»  18.)  1  O^ 


(  828  ) 

outre  ses  canots  fins  à  la  proue  et  qu'immergerait  le  ressac  d'une  courte 
lame,  eût  été  muni  d'une  baleinière  à  proue  large,  élancée,  et  s'élevant  bien 
sur  la  lame,  on  aurait  pu  communiquer  encore  plus  souvent  avec  la  terre. 

»  Lorsque  la  corvette  d'observation  est  partie  d'Alexandrie,  au  mois  de 
janvier  1867,  elle  a  passé  tout  près  de  quatre  navires  de  commerce  mouillés 
dans  la  rade  ouverte  de  Damiette.  A  son  retour  elle  en  a  trouvé  vingt-sept 
dans  la  même  position,  qui  chargeaient  des  produits  descendus  du  Nil  par 
la  branche  de  Damiette,  et  transbordés  à  travers  les  boghaz.  Par  un  vent 
d'ouest-nord-ouest,  ces  bâtiments  avaient  à  supporter  une  houle  fatigante , 
tandis  qu'avec  le  même  vent  la  mer  restait  calme  sur  la  rade  de  Saïd. 

»  Plusieurs  fois  pendant  l'hiver,  des  navires  mouillés  devant  Damiette  *»t 
chassés  par  une  forte  brise  d'ouest-nord-ouest,  se  sont  réfugiés  dans  la  baie 
de  Saïd  ;  ils  y  mouillaient  au  voisinage  de  la  corvette  d'épreuve,  et  restaient 
comme  elle  en  parfaite  tranquillité. 

«  En  définitive ,  sur  toute  la  côte  d'Egypte ,  la  rade  la  plus  favorable  et 
la  plus  sûre  sera  celle  de  Saïd;  et  l'on  trouvera  que  le  mouillage  le  meilleur 
est  en  avant  du  port  de  ce  nom  et  du  canal  de  Suez. 

»  Si  plus  tard,  et  par  excès  de  précaution,  lorsque  les  travaux  du  canal 
seront  terminés,  on  trouvait  désirable  d'assurer  une  sécurité  plus  parfaite  au 
mouillage  en  dehors  du  port  de  Saïd,  on  pourrait  construire  une  jetée  ou 
brise-lame,  par  une  profondeur  d'eau  d'environ  12  mètres.  Elle  transfor- 
merait la  rade  en  port  non-seulement  commerçant,  mais  militaire  et  du 
premier  ordre,  comparable  au  port  de  Cherbourg.  Cet  intérêt  gouverne- 
mental justifierait  l'emploi  des  finances  du  Vice-roi  pour  une  telle  entre- 
prise, qui  n'a  rien  d'urgent  et  qui  tient  à  des  prospérités  futures. 

»  Pour  revenir  aux  rares  qualités  de  la  baie  de  Saïd,  nous  dirons  que  la 
tenue  des  ancres  de  la  corvette  d'épreuve  n'a  pas  cessé  d'être  parfaite  pen- 
dant les  quatre  mois  d'expériences.  Les  instructions  du  commandant  Jaurès 
et  de  l'amiral  Rigault  de  Genouilli  prescrivaient  de  lever  l'ancre  tous  les 
quinze  jours,  afin  de  rendre  plus  concluants  les  faits  relatifs  à  la  ferme 
tenue  du  fond.  Par  10  mètres  de  profondeur,  ce  fond  ne  contient  encore 
que  du  sable  fin  extrêmement  compacte  ;  c'est  plus  loin  qu'on  trouve  le 
limon  noirâtre,  alluvion  du  Nil,  qui  se  disperse  par  degrés  en  pleine  mer. 

M  Nous  ne  répéterons  pas  ce  que  nous  avons  exposé  dans  notre  premier 
Rapport,  sur  l'absence  d'ensablement  et  d'envasement,  à  10  mètres  et  moins 
de  profondeur.  Depuis  deux  mille  ans,  le  lido,  le  cordon  littoral  qui  borde 
le  golfe  de  Péluse  reste  stationnaire  :  il  ne  recule  ni  n'avance,  et  ses  posi- 
tions sont  telles  que  le  savant  Strabon  les  consignait  dans  sa  Géographie. 


(  829  ) 

Objections  subséquentes  présentées  contre  le  canal  de  Suez, 

»  Depuis  l'époque  où  des  observations  si  satisfaisantes  étaient  accomplies, 
et  suivaient  de  près  notre  premier  Rapport  à  l'Académie  sur  les  travaux 
révisés  par  la  Commission  internationale,  un  gouvernement  illustre  et  puis- 
sant a  cru  nécessaire  d'invoquer  l'autorité  contradictoire  d'un  ingénieur 
justement  célèbre.  M.  Stephenson,  qui  doit  sa  renommée  à  l'exécution  des 
chemins  de  fer,  les  préfère  à  des  canalisations,  et  souvent  il  a  raison.  Ses  ob- 
jections ont  suffi  pour  exercer  une  influence  qu'on  a  jugée  décisive  sur  deux 
cabinets  et  sur  deux  parlements,  sans  autre  discussion,  sans  autre  examen. 

j»  Les  académies  ont  pour  principe  d'établir  leurs  opinions  et  de  main- 
tenir ou  de  modifier  leurs  jugements  en  suivant  une  autre  méthode  :  elles 
recherchent  les  faits,  refont  les  calculs  et  scrutent  les  assertions. 

»  En  présence  d'un  grand  intérêt  social,  d'où  peut  dépendre  la  prospérité 
de  plusieurs  nations  d'Europe,  d'Afrique  ,et  d'Asie,  nous  avons  apporté 
l'attention  la  plus  scrupuleuse  à  revoir  nos  propres  décisions.  Nous  nous 
sommes  fait  un  devoir  d'examiner  les  objections  nouvelles  formulées  contre 
le  canal  maritime  de  Suez,  afin  de  chercher  ce  qu'elles  peuvent  avoir  de 
sérieux  sur  un  sujet  qui  tient  en  suspens  l'espérance  et  les  désirs  d'un  si 
grand  nombre  de  peuples  civilisés.. 

•  Ce  qui  nous  a  frappés  dans  l'invocation  des  souvenirs  plus  ou  moins 
Tiistoriques  faits  par  l'habile  ingénieur,  c'est  de  trouver  que  sa  mémoire 
n'ait  pas  toujours  conservé  l'exactitude  indispensable  sur  de  si  graves  ques- 
tions. Cela  tient  peut-être  à  la  forme  rapide  de  ses  explications. 

»  H  ne  semble  pas  non  plus  avoir  porté  le  jugement  le  plus  concluant 
sur  la  conséquence  de  faits  capitaux  et  longtemps  mal  observés. 

»  Une  grande  inégalité  du  niveau  des  deux  mers  fut  malheureusement 
reproduite,  comme  un  fait  d'observation,  lorsque  nous  étions  en  Egypte,  il 
y  a  soixante  ans. 

»  Chose  singulière!  cette  erreur,  de  date  bien  antérieure,  avait  fait  suc- 
cessivement ajourner,  puis  abandonner  par  les  anciens  l'entreprise  aqua- 
tique d'une  communication  directe  entre  les  deux  mers  ;  la  même  erreur 
paraîtrait,  au  contraire,  avoir  rendu  la  même  entreprise  praticable  aux  yeux 
de  M.  Stephenson. 

»  Dès  1846,  il  se  formait  ime  société  nouvelle  pour  préparer  la  construc- 
tion d'un  canal  entre  la  mer  Rouge  et  la  Méditerranée  ;  elle  avait  désiré  pour 
lumières  principales  MM.  Paulin  Talabot,  Negrelli  et  Stephenson,  dont 
aucun  ne  vint  alors  en  Egypte.  Le  dernier  croit  se  rappeler  qu'il  est  au 

108.. 


(  83o  ) 
nombre  des  observateurs  auxquels  on  doit  d'avoir  découvert  la  presque  éga- 
lité du  niveau  de  la  mer  Rouge  et  de  la  Méditerranée.  Non,  Messieurs,  il 
n'y  a  point  ici  partage.  Cette  découverte,  car  c'en  était  une,  appartient  à  l'un 
de  nos  compatriotes.  Elle  appartient  à  M.  Bourdaloue,  qui  l'a  rendue  irré- 
cusable, dès  1847,  "^^^  P^^  ^  la  suite  d'une  visite  faite  en  \oyageur  curieux; 
mais  comme  la  conséquence  finale  d'une  opération  patiemment,  scientifi- 
quement exécutée,  avec  des  instruments  d'une  rare  précision,  maniés  par 
des  observateurs  exercés  :  opération  vérifiée,  sans  désemparer,  par  un 
conlre-nivellement. 

»  Ce  résultat,  dont  la  connaissance  aurait,  dans  les  siècles  passés,  dissipé 
les  craintes  et  levé  les  objections  successives  des  Égyptiens,  des  Grecs  et  des 
Romains,  ce  résultat  en  a  fait  naître  de  nouvelles  et  d'insurmontables  dans 
l'esprit  du  célèbre  ingénieur  britannique.  Il  aurait  accepté  l'idée  d'une 
espèce  de  Bospliore,  que  projetait  en  premier  lieu  M.  Linant,  d'un  Bosphore 
ouvert  à  main  d'homme  et  laissant  couler,  par  10  mètres  de  chute,  les  eaux 
de  l'Orient  vers  les  nieis  d'Occident.  Mais,  aussitôt  qu'il  faut  concevoir  un 
large  et  profond  canal,  presque  de  niveau  depuis  Suez  jusqu'à  Péluse,  cette 
œuvre  de  l'art  se  présente  à  ses  yeux  comme  une  espèce  de  mer  Morte,  impra- 
ticable entre  deux  mers  vivaces,  libres  et  fécondes.  «  La  différence  (des  ni- 
»  veaux)  ayant  été  trouvép  nulle,  dit-il  en  propres  termes,  les  ingénieurs 
»  avec  qui  j'étais  ont  tous  abandonné  le  projet,  et  je  crois  avec  raison.  » 
Ici  les  souvenirs  de  M.  Siephenson  paraissent  le  tromper  encore.  Trois  ingé- 
nieurs étaient  consultés  en  1 847  sur  la  voie  préférable  pour  traverser  l'isthme 
de  Suez.  De  ces  trois  hommes  distingués,  d'un  côté  M.  Talabot  étudie  sérieu- 
sement et  propose  un  canal  des  deux  mers  qui  devra  rejoindre  Alexandrie, 
le  Caire  et  Suez;  de  l'autre  côté,  M.  Negrelli,  se  rapprochant  des  idées  de 
M.  Linant-Bey,  rédige  l'avant-projet  d'un  canal  direct  entre  Suez  et  Péluse  ; 
projet  qu'il  ne  cesse  depuis  lors  de  regarder  comme  préférable  à  tout  autre; 
projet  qui  vient  se  confondre  avec  les  études  sérieuses  faites  sur  les  lieux 
par  MM.  Linant-Bey  et  Mougel-Bey,  les  ingénieurs  en  chef  du  vice-roi  de 
l'Egypte  ;  projet  enfin  que,  huit  ans  plus  tard,  le  même  M.  Negrelli  revient 
examiner,  pour  l'améliorer  encore  et  le  sanctionner  à  son  tour,  comme  mem- 
bre de  la  Commission  internationale. 

»  L'éminent  ingénieur  anglais  élève  une  objection  extraordinaire:  il  ne 
paraît  concevoir  un  canal  entre  deux  mers  de  niveau,  qu'à  la  condition  de 
dériver  une  eau  fluviale  pour  l'alimenter.  11  croit  que  tel  est  le  système 
adopté  par  les  ingénieurs  du  vice-roi,  puis  approuvé  par  la  Commission 
internationale;  et  c'est  la  pensée  qu'il  condamne. 


(  83i  ) 
»  La  Commission  internationale  n'a  jamais  accepté  le  secours  d'une  ali- 
mentation fournie  par  le  Nil.  Elle  s'est  appuyée  sur  un  savant  Mémoire  de 
son  secrétaire  M.  Lieussou,  non  pas  pour  examiner  la  stagnation  des  eaux 
marines,  mais  pour  présenter,  en  ayant  égard  au  mouvement  des  marées, 
ainsi  qu'à  la  propagation  des  ondes  :  i°  le  calcul  des  vitesses  du  fluide  au 
débouché  de  la  mer  Rouge  pour  avancer  par  le  canal  jusqu'aux  lacs  Amers; 
a"  la  vitesse  de  l'eau  marine  de  ces  lacs  jusqu'à  la  Méditerranée.  C'est  le 
Mémoire  approuvé  par  l'Académie  d'après  les  conclusions  de  notre  premier 
Rapport. 

n  En  définitive,  lorsque  M.  Stephenson  s'est  prononcé  si  fortement  contre 
l'idée  d'un  canal  maritime  alimenté  par  le  Nil,  et  vers  Suez  tet  vers  Péluse, 
il  s'est  prononcé  contre  un  système  que  la  Commission  internationale  avait 
formellement  écarté. 

»  Pour  expliquer  la  méprise  de  l'ingénieur  dissident,  disons  avec  plaisir 
quelle  apparence  a  pu  l'induire  en  erreur.  Depuis  quelque  temps  on  creuse 
un  canal,  en  petite  section,  qui  conduira,  dans  le  val  de  Suez,  des  eaux 
potables;  elles  seront  dans  le  désert  à  l'usage  des  travailleurs,  lorsque 
ceux-ci  creuseront  le  grand  canal  maritime,  et  lorsqu'il  faudra  construire 
le  port  central  de  Timsah.  Cette  rigole,  qui  servira  plus  tard  à  des  irriga- 
tions, l'habile  ingénieur  anglais  l'aura  prise  pour  la  rigole  alimentaire  du 
futur  canal  maritime.  S'il  avait  lu  la  3®  série  des  documents  publiés  dès  i856, 
il  se  serait  édifié  sur  tous  ces  points. 

»  A  présent  pour  qu'on  n'ait  point  la  pensée  qu'à  notre  tour  nous  ne 
rendons  pas,  avec  la  plus  complète  exactitude,  les  idées  et  les  jugements 
de  M.  Stephenson,  nous  sommes  heureux  de  citer  ses  expressions  mêmes  : 

a  J'ai,  dit- il,  exploré  le  terrain  ;  j'ai  examiné  la  possibilité  d'établir  un 
»  canal,  en  admettant  l'égalité  du  niveau  des  deux  mers,  et  que  la  prise  cteau 
<)  fût  placée  dans  les  parties  supérieures  du  Nil;  mais  je  suis  arrivé  à  celte 
»  conclusion  que  la  chose  est,  je  dirais,  absurdk,  si  d'autres  ingénieurs  dont 
»  je  respecte  les  opinions  n'avaient  également  examiné  le  terrain  et  déclaré 
»  que  [entreprise  est  possible.   » 

»  Après  avoir  attribué  aux  ingénieurs  du  canal  maritime  de  Suez  un  pro- 
jet qui  n'a  jamais  été  le  leur,  et  qui  lui  paraît  non-seulement  déraisonnable, 
mais  absurde,  M.  Stephenson  parle  de  la  dépense  et  des  revenus.  Pour  la 
dépense  il  ne  contrôle  aucun  calcul  ;  il  ne  critique  aucun  devis  ;  il  ne  con- 
teste aucun  prix  de  main-d'œuvre  ou  de  matière  ;  il  ne  contredit  en  rien 
les  vérifications  exécutées  par  la  Commission  internationale.  Sans  recourir 


(  83a  ) 
à  cette  voie  patiente  et  sûre,  il  semble  placer  les  déboursés  nécessaires  au 
delà  des  limites  calculables.  «  L'argent,  dit-il,  peut  vaincre  toute  difficulté; 
»  mais,  commercialement  parlant,  je  le  déclare  franchement,  je  crois  que 
j)  le  projet  n'est  pas  exécutable.  »  Cela  veut  dire  :  la  dépense  deviendra  si 
grande  et  l'entretien  si  coîiteux,  qu'aucun  revenu  n'y  pourra  jamais  suffire. 

«  Ce  n'est  pas  à  l'Académie  qu'il  appartient  de  prononcer  sur  des  chances 
de  revenus,  ni  sur  des  bénéfices  de  commerce.  Notre  devoir  est  de  rester 
étrangers  à  tout  ce  qui  touche,  de  près  ou  de  loin,  à  des  intérêts  pécu- 
niaires. 

»  Cette  mission  extra-scientifique  appartient  aux  corporations  financières 
ou  marchandes  ;  elle  appartient  aux  Conseils  de  finance  et  d'industrie,  aux 
Chambres  de  navigation  et  de  commerce.  De  pareilles  études  sont  faites  avec 
succès  chez  les  peuples  les  plus  renommés  pour  la  maturité,  la  prudence  et 
la  perspicacité,  sources  de  leur  grande  fortune.  A  ce  titre,  il  faut  consulter, 
par  préférence,  l'autorité  de  trois  peuples  à  la  fois  marins  et  calculateurs  : 
les  Hollandais,  les  Génois  et  les  Anglais. 

M  Ces  trois  peuples  nous  présentent  dans  leurs  populations  industrieuses 
des  myriades  de  fourmis  thésaurisantes,  auxquelles  on  a  peu  reproché  jus- 
qu'à ce  jour  de  paraître  trop  prêteuses,  et  de  l'être  aveuglément. 

»  LesHollandais  et  les  Génois  se  sont  prononcés  les  premiers,  suivis  bien- 
tôt après  par  les  Catalans  et  les  Vénitiens.  Ils  n'ont  pas  approuvé  seulement 
la  canalisation  de  Suez  comme  profitable  aux  individus  qui  feraient,  à  leurs 
risques  et  périls,  une  telle  entreprise.  Ils  ont  déclaré  qu'elle  serait  pour  leur 
pays  une  richesse  nationale  qui  féconderait  toutes  les  autres. 

»  En  Angleterre,  quatorze  grandes  villes  de  manufactures  et  de  com- 
merce, des  villes  que  le  négoce  du  monde  écoute  comme  ses  oracles, 
Londres,  Liverpool,  Manchester  et  Birmingham;  Glasgow,  Leith,  Edim- 
bourg et  Dublin  ;  Bristol^  Belfast,  Cork,  Aberdeen,  HuU  et  Newcasle,  ces 
puissantes  cités,  si  manufacturières,  si  navales  et  si  marchandes,  se  sont 
prononcées  par  leurs  organes  spéciaux,  après  délibération  publique  et  libre. 
Toutes  ont  trouvé  l'exécution  d'un  canal  de  Suez  accessible  à  la  force  pro- 
ductive de  l'Europe  commerçante,  et  féconde  en  résultats  heureux  pour  la 
richesse  du  monde. 

»  De  ces  quatorze  cités,  douze  seulement  reçoivent  dans  leurs  ports  les 
produits  complets  de  l'Asie  orientale  ;  et  sur  le  total  des  importations  reçues 
de  l'univers,  les  quatre  cinquièmes  entrent  dans  leurs  ports.  Tel  est  leur 
droit  de  parler  au  nom  de  la  fortune  et  du  commerce  britanniques. 


(  833  )      • 

»  Pour  l'honneur  de  l'Angleterre,  et  pour  montrer  l'esprit  élevé,  généreux 
de  ses  manufacturiers  et  de  ses  négociants,  citons  la  résolution  suivante 
prise  peu  de  temps  après  la  publication  de  notre  premier  Rapport;  elle  est 
votée  à  l'unanimité  par  la  plus  célèbre  entre  les  chambres  de  commerce, 
par  la  chambre  de  Manchester,  qui  prononce  ainsi  qu'il  suit  au  nom  des 
deux  mondes  commerçants  : 

«  Après  avoir  entendu  les  explications  de  M.  de  Lesseps  relatives  au 
n  projet  du  canal  maritime  traversant  l'isthme  de  Suez,  la  présente  assemblée 
u  est  d'opinion  que  de  grands  avantages  doivent  résulter,  pour  le  commerce 
»  et  la  civilisation,  de  l'accomplissement  de  ce  projet;  et  qu'il  mérite  émi- 
»   nemment  l'appui  de  l'Univers  commerçant  {ihe  commercial  world).   » 

»  Une  question  bien  différente  de  l'abondance  ou  de  l'exiguïté  des  re- 
venus de  quelque  entreprise  que  ce  soit  ;  une  question  vraiment  digne  de 
l'Académie  des  Sciences,  une  question  qu'elle  honorerait  de  son  prix  de 
Statistique  si  quelque  concurrent  la  traitait  avec  exactitude  et  profondeur, 
est  celle  que  nous  posons  en  ces  termes  : 

»  Quelle  est  aujourd'hui  la  puissance  productive  des  nations  pour  ac- 
complir une  œuvre  internationale,  telle  qu'un  grand  canal  maritime  pour 
joindre  deux  mondes,  et  pour  donner  à  leur  commerce  une  impulsion 
immense? 

»  \jà  Commission  internationale  a  trouvé,  tous  les  plans  soumis  à  nouvel 
examen  et  tous  les  calculs  révisés,  160  millions  de  travaux  à  faire;  mais 
en  réservant  la  part  des  dépenses  imprévues  et  du  calcul  des  intérêts  jusqu'à 
l'achèvement  total,  elle  a  jugé  qu'il  faut  compter  sur  une  dépense  de  200  mil- 
lions. A  ce  prix,  s'il  était  exact,  l'Europe  pourrait-elle  exécuter  le  canal 
maritime?  Le  pourrait-elle  s'il  devait  coûter  a5o  millions?  Le  pourrait-elle 
s'il  devait  coûter  3oo  millions?  Enfin,  si  le  grand  canal  maritime  devait 
coûter  320  millions,  en  doublant  l'évaluation  primitive  attentivement  cal- 
culée, l'Europe  le  pourrait-elle  exécuter,  sans  éprouver  la  moindre  gène  ? 
Jugeons-en  par  un  seul  exemple. 

»  Depuis  i83o,  l'Europe  a  conçu  le  désir  de  construire  des  voies  nou- 
velles de  communication,  recommandables  pour  la  rapidité  merveilleuse 
de  leur  parcours.  Quel  sacrifice  a-t-elle  pu  faire,  nous  ne  dirons  pas  sans  se 
ruiner,  mais  en  ajoutant  à  sa  richesse  par  de  là  toute  croyance? 

»  En  vingt-huit  ans,  l'Europe  a  construit  près  de  onze  mille  lieues  de 
chemins  de  fer,  avec  tout  leur  matériel  fixe  et  mobile  ;  elle  a  dépensé  pour 
ce  seul  objet  plus  de  douze  milliards. 


•      (  834  )    ■ 

»  Avec  cette  somme  l'Europe  aurait  exécuté  : 
^  »  Soixante  canaux  de  Suez,  à  200  millions  ; 

»  Quarante-huit  canaux  de  Suez,  à  aSo  millions; 

»  Quarante  canaux  de  Suez,  à  3oo  millions; 

»  Trente-sept  canaux  de  Suez,  à  Sao  millions. 

»  Voilà  pour  la  possibilité,  même  en  dépassant  toutes  les  bornes  supposa- 
blés  de  la  dépense. 

»  Le  Royaume-Uni,  si  courageux  pour  entreprendre  etmultiplier  des  che- 
mins de  fer,  doit,  ce  nous  semble,  ne  pas  montrer  trop  d'exigence  à  l'égard 
des  revenus  qu'on  peut  exiger  pour  les  grandes  voies  de  communication. 
Il  suffirait  qu'on  jetât  un  regard  sur  le  produit  des  chemins  de  fer  dont  ce 
pays  est  si  fier,  pour  ses  trois  royaumes  et  surtout  pour  l'Angleterre. 

«  D'après  les  comptes  généraux  soumis  au  Parlement,  le  revenu  moyen 
de  ces  chemins  s'élève  : 

w   Pour  l'ensemble  de  l'Irlande  à  4  pour  100. 

I»  Pour  l'ensemble  de  l'Angleterre  à  3  -^  pour  100. 

a  Pour  l'ensemble  de  l'Ecosse  à  a  -j^  pour  100. 

»  Malgré  la  modestie  du  produit  des  chemins  de  fer  dans  la  Grande-Bre- 
tagne, il  faut  réfléchir  avant  tout  sur  l'immense  richesse  qu'ils  ont  créée  pour 
l'agriculture,  pour  les  fabriques  et  pour  un  commerce  presque  triplé  depuis 
vingt-huit  ans  !  A  là  vue  de  ce  grand  spectacle,  quelle  idée  se  formerait-on 
d'un  esprit  étroit  qui,  dès  l'origine,  aurait  dit  au  plus  entreprenant  des  peu- 
ples calculateurs  :  Prenez  garde  !  l'abîme  est  à  vos  pieds  ;  n'acceptez  pas  la 
découverte  ruineuse  des  voies  soi-disant  perfectionnées  qui  vont  engloutir 
vos  capitaux!  Réservez-les  pour  aller  au  pas,  au  moindre  pas,  non-seulement 
sur  vos  chemins  préservés  de  la  vapeur,  mais  en  évitant  tout  moyen 
imaginé  par  le  génie  pour  accélérer  le  progrès  de  vos  cultures,  de  vos 
mines,  de  vos  manufactures,  de  votre  commerce  et  de  votre  grande  navi- 
gation. 

»  Un  jour,  nous  en  sommes  certains,  non  pas  seulement  le  monde  savant, 
mais  le  monde  le  moins  instruit,  jugera  les  obstacles  inimaginables  opposés 
à  }a  voie  navigable  de  Suez,  comme  on  jugerait  aujourd'hui  les  obstacles 
qu'on  aurait  apportés  à  la  grande  révolution,  produite  par  les  voies  ferrées 
et  par  la  vapeur,  sur  la  fortune  et  la  puissance  des  nations  civilisées. 

La  question  d'humanité. 

"  11  est  un  bien  qui  passe  à  nos  yeux  avant  toutes  les  promesses  de  for^ 


(  835  ) 

tune  matérielle,  pour  les  nations  en  corps  et  pour  les  individus;  c'est  l'inté- 
rêt de  l'humanité,  intérêt  que  jamais  ne  perdra  de  vue  l'Institut  national 
de  France.  Voilà  le  point  capital  et  qu'il  faut  rappeler  en  arrivant  au  terme 
de  ce  Rapport. 

»  Lorsque  les  équipages  et  les  passagers  d'un  navire  font  le  tour  du  cap 
des  Tempêtes,  en  traversant  deux  fois  une  double  zone  torride,  pendant 
trois  mille  lieues  de  chaleurs  accablantes,  il  y  a  deux  fois  plus  de  naufrages, 
deux  fois  plus  d'individus  ou  noyés,  ou  morts  des  fatigues  et  des  souffrances 
de  la  longue  traversée,  comparativement  à  la  route  abrégée  de  Suez.  Le  ré- 
sultat est  prouvé  d'après  les  sinistres  que  constatent  les  payements  effectifs 
des  compagnies  d'assurances. 

»  Si  la  voie  de  Suez  était  la  plus  coûteuse,  la  plus  longue  et  la  moins  pro- 
ductive, il  suffirait  qu'elle  épargnât  le  plus  la  vie  des  hommes  pour  avoir 
droit  à  noire  sympathie,  pour  avoir  droit  du  moins  à  nos  regrets.  ■•■ 

»  Mais  lorsque  cette  route  est  à  la  fois  la  plus  courte,  la  plus  sûre,  la  plus 
économique  et  la  plus  humaine,  nous  sentons  s'accroître  notre  préférence 
pour  la  voie  nouvelle  honorée  déjà  des  vœux  unanimes  de  l'Académie  des 
Sciences. 

»  Quand  il  s'est  agi  seulement  de  questions  qui  touchaient  aux  abstrac- 
tions du  ciel,  toujours  l'Académie  a  pris  un  puissant  intérêt  aux  opérations 
à  faire  sur  le  globe  de  la  terre,  ce  modeste  point  de  départ  pour  les  décou- 
vertes que  l'homme  fait  dans  l'univers.  Elle  a  chargé  ses  Membres  d'en 
mesurer  la  courbure,  non  pas  seulement  en  France  ;  mais,  en  approchant 
du  pôle,  vers  les  confins  de  la  Norwége  ;  sous  l'équateur,  au  milieu  du  haut 
Pérou  ;  suivant  un  moyen  parallèle,  jusqu'au  delà  de  l'Italie;  et,  sur  le  méri- 
dien qui  nous  sert  à  mesurer  tous  les  autres,  depuis  les  Orcades  jusqu'aux 
îles  Baléares. 

»  Aujourd'hui  nous  avons  à  mesurer,  œuvre  plus  sacrée,  la  possibilité  de 
la  voie  qui  diminuera  la  perte  des  hommes,  entre  deux  parties  du  monde; 
la  possibilité  de  la  route  qui  réunira  deux  mers  secondaires  et  les  deux 
Océans  qui  leur  correspondent;  qui  refera,  sur  une  base  opposée,  les  dé- 
couvertes du  xv®  siècle  ;  qui,  d'un  seul  percement,  désemprisonnera  la  mer 
Noire,  l'Adriatique  et  la  Méditerranée  ;  qui  restituera  l'Orient  à  l'Italie,  à  la 
Grèce,  à  l'Asie  Mineure  ;  qui  donnera  de  nouveaux  gages  à  la  concorde  des 
peuples,  en  créant  un  lien  plus  direct  et  plus  fécond  pour  leurs  intérêts  inof- 
fensifs. Telle  est  la  grandeur  de  ces  bienfaits  que  nous  persisterons,  sans 
nous  lasser,  à  mettre  au  grand  jour;  elle  justifiera  nos  soins,  et,  nous  l'espé- 
rons pour  un  prochain  avenir,  au  grand  honneur  des  sciences,  appliquant 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVl,  N»  18.)  ■  lOQ 


(  836  ) 
leurs  efforts  à  rapprocher  les  nations  vers  la  prospérité  commune,  pour  con- 
vaincre deux  mondes  il  siiffira.de  laisser  briller  la  lumière  d'un  témoignage 
à  la  fois  indépendant  et  raisonné» 

"  Nous  renfermons  dans  les  limites  mathématiques  et  physiques  propres 
à  cette  Académie  nos  conclusions  définitives.  D'après  notre  examen  atten- 
tif, nous  déclarons  que  les  observations  faites  à  bord  de  la  corvette  HYnnd- 
Beker,  par  le  capitaine  Philigret,  démontrent  la  sûreté  du  mouillage  et  la 
bonté  de  la  rade  de  Saïd,  dans  le  golfe  de  Péluse;  elles  confirment  et  com- 
plètent les  avantages  qu'on  avait  pu  se  promettre  pour  l'entrée  du  canal  de 
Suez  dans  la  Méditerranée.  Nous  attestons  la  supériorité  de  la  voie  projetée, 
pour  épargner  la  vie,  la  santé  des  hommes,  et  diminuer  la  perte  des  navires. 
Nous  déclarons  en  même  temps,  que  les  explications  scientifiques  et  tech- 
niques données  par  la  (Commission  internationale,  poiu-  répondre  aux 
objections  faites  contre  le  canal  maritime,  nous  semblent  satisfaisantes. 
Enfin  nous  répétons  ces  paroles  qui  terminaient  les  conclusions  de  notre 
premier  Rapport,  sanctionné  par  votre  suffrage  unanime  :  La  conception  et 
les  moyens  d'exécution  du  canal  maritime  de  Suez  sont  les  dignes  apprêts  dune 
entreprise  utile  à  l'ensemble  du  genre  humain.  » 

Les  conclusions,  après  quelques  remarques  présentées  par  MM.  Delesserl, 
Flourens,  Poinsot   et  de  Senaimont,   sont   mises  aux    voix  et  adoptées. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Rapport  sur  un  appareil  propre  à  l'extraction 
des  corps  plongés  dans  Peau,  dont  les  plans  et  devis  ont  été  soumis  à 
l'académie   par    M.  Marrassich,    ingénieur  civil. 

(Commissaires,  MM.  Morin,  Séguier  rapporteur.) 

«  M.  Marrassich,  ingénieur  civil,  a  appelé  l'attention  de  l'Académie  sur 
un  projet  d'appareil  destiné  à  extraire  du  fond  de  l'eau  les  corps  que  leur 
pesanteur  relative  y  retient  enfouis. 

n  Vos  Commissaires  n'ont  pu,  pour  juger  le  mérite  de  l'œuvre  de  cet 
ingénieur,  assister  à  aucune  expérience,  puisqu'elle  n'existe  qu'en  projet; 
pourtant  l'étude  des  plans  présentés  par  M.  Marrassich,  l'examen  du  devis 
qui  les  accompagne,  leur  a  permis  de  penser  que  les  prévisions  de  cet 
inventeur  étaient  susceptibles  de  réalisation.  C'est  pour  cela  que  nous 
venons  décrire  devant  vous,  très  -  brièvement ,  l'appareil  présenté  par 
M. -Marrii^sich  ;  il  propose  d'appliquer  à  l'éiuersion  d'un  navire,  ou  autre 


■       (837)  ■*' 

corps  submergé,  la  puissance  ascensionnelle  dans  l'eau  de  ballons  aérosta- 
tiques  fabriqués  avec  des  enveloppes  de  toiles  enduites  de  caoutchouc 
superposées  et  connues  dans  l'industrie  anglaise  sous  le  nom  de  artificial 
leather.  Ces  ballons  seront  descendus  vides  au  fond  de  l'eau;  là  des  plon- 
geurs les  fixeront  au  corps  qu'il  s'agit  de  ramener  à  la  surface,  puis  ils  seront 
gonflés  par  des  pompes  de  compression  mises  en  jeu  au  moyen  d'une  ma- 
chine à  vapeur  portée  sur  un  navire  à  vapeur,  auxiliaire  nécessaire  d'une 
telle  opération. 

»  Ces  ballons,  dont  M.  Marrassich  prétend  former  une  ceinture  autour  du 
corps  submergé,  sont  pourvus,  à  leur  partie  supérieure,  de  soupapes  desti- 
nées à  les  vider;  ils  sont  munis,  à  leur  partie  inférieure,  d'appendices  pro- 
pres à  les  unir  entre  eux;  des  soupapes  d'interruption  sont  ménagées  à  la 
base  de  chacun  d'eux,  de  façon  à  ce  que,  tous  solidaires  pour  leur  remplis- 
sage d'air,  ils  restent  isolés  pour  le  cas  de  déchirure  de  l'un  d'eux  ;  les  effets 
de  dégonflement  sont  ainsi  restreints  au  seul  ballon  avarié  dans  son  enve- 
loppe, et  la  rupture  des  tuyaux  ou  appendices  qui  ont  servi  à  leur  connexion 
et  à  leur  gonflement  devient  sans  danger,  le  cas  échéant,  durant  l'opéra- 
tion. 

»  L'ingéniosité  de  l'auteur  de  ce  projet  se  fait  remarquer  dans  la  compo- 
sition générale  de  l'appareil  subdivisé  en  un  assez  grand  nombre  de  parties 
pour  en  rendre  la  manœuvre  plus  facile;  on  la  retrouve  dans  la  disposition 
des  armatures,  dans  le  mode  d'assemblage  des  ballons  entre  eux,  dans  la 
combinaison  des  soupapes;  tous  ces  organes  paraissent  soigneusement  étu- 
diés ;  leur  ensemble  fait  concevoir  à  vos  Commissaires  l'espoir  d'un  succès  ; 
le  mode  de  ligature  de  tout  l'appareil  au  corps  qui  doit  être  relefé  leur 
paraît,  pour  certain  cas,  présenter  plus  de  doutes.  a».  .1*    • 

o  M.  Marrassich  suppose  en  effet  que  pour  ramener  à  la  surface  de  l'eau  un 
navire  coulé  bas,  sous  lequel,  par  suite  d'ensablement  ou  autre  cause,  il  ne 
pourrait  pas  passer  les  solides  courroies  indispensables  pour  le  lier  à  la 
ceinture  des  ballons  remplis  d'air,  il  lai  suffira  dé  fixer  les  courroies  aux 
flancs  du  navire  à  l'aide  d'une  espèce  de  tige  de  métal  façonnée  en  vis  que 
les  plongeurs  feront  pénétrer  en  la  tournant  dans  la  paroi  du  navire. 

»  Cette  manoeuvre  nous  paraît  tout  au  plus  praticable  pour  des  coques  en 
bois;  il  faudra  évidemment  que  l'esprit  ingénieux  de  M.  Marrassich  trouve 
d'autres  moyens  d'attacher  ses  ballons  au  corps  qu'il  veut  relever  lorsque 
celui-ci  sera  d'une  matière  dure  à  pénétrer.  Nonobstant  cette  objection,  et 
toutes  autres  tirées  de  l'analogie  du  procédé  avec  des  méthodes  déjà  prati- 
quées ou  proposées,  les  calculs  et  les  devis  de  M.  Marrassich  nous  ont  paru 

109.. 


♦  (  838  ) 

faits  avec  conscience,  les  prix  assignés  aux  divers  matériaux  employés  dans 
la  composition  de  l'appareil  sont  ceux  du  commerce  :  l'ensemble  du  projet 
de  cet  ingénieur  est  donc  digne  d'intérêt,  et  vos  Commissaires  vous  propo- 
sent d'en  donner  une  preuve  à  l'auteur  en  le  remerciant  de  sa  communica- 
tion. » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

NOMINATIONS. 

L'Académie   procède,  par    la  voie  du   scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Académicien  libre,  en  remplacement  de  feu  M.  Largeteau. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  63, 

M.  Begin  obtient 27  suffrages,' 

M.  Jaubert 21 

M.  Walferdin 7 

M.  Damour 6 

Il  y  a  un  billet  blanc. 

Aucun  des  candidats  n'ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
l'Académie  procède  à  un  deuxième  tour  de  scrutin  dans  lequel,  le  nombre 
des  votants  restant  62, 

M.  Jaubert  obtient 3i  suffrages, 

M.  Begin.  . 3o 

Il  y*a  un  billet  blanc. 

M.  Jaubert,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  du  nombre  de  suffrages 
exprimés,  est  proclamé  élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  LE  Maréchal  Vaillant,  en  présentant  un  nouveau  travail  de  M.  Fayson 
sur  les  sangsues  en  donne  une  idée  dans  les  termes  suivants  : 

«  M.  L.  Vayson ,  auteur  du  Guide  pratique  des  éleveurs  de  sangsues,  m'a 
chargé  de  vous  remettre  un  nouveau  travail  concernant  la  sangsue  médi- 
cinale, et  qui  a  pour  titre  :  Mémoire  sur  le  sang  chaud  des  Mammifères  consi- 
sidéré  dans  ses  divers  rapports  avec  l'économie  des  sangsues  médicinales. 

»  Après  avoir  exposé  tous  les  faits  et  considérations  favorables  à  l'opi- 


(  839  )  '    <«!;      ■ 

nion  qui  admet  que  le  sang  des  Mammifères  est  l'aliment  exclusif  des  sang- 
sues, M.  Vayson  insiste  sur  les  dangers  de  leur  gorgement  excessif,  tel  qu'on 
le  pratique  aujourd'hui  pour  l'élève  de  ces  Annélides,  et  il  propose  une 
méthode  nouvelle  ayant  pour  but  d'imposer  de  justes  limites  à  cette  ali- 
mentation. I 

»  L'expérience  qu'il  annonce  avoir  faite  de  cette  méthode,  appliquée  sur 
une  large  échelle,  a  donné  pour  résultats  une  quantité  beaucoup  plus  con- 
sidérable de  produits ,  tout  en  réalisant  de  très-grandes  économies  sur  le 
nombre  des  chevaux  à  y  consacrer. 

»  En  résumé;  le  Mémoire  de  M.  Vayson  rappelle  : 

»  1°.  Que  la  sangsue,  originaire  des  marais,  ne  pouvant  vivre  convena- 
nablement  que  dans  un  marais,  le  marais  domestique  est  seul  capable 
d'en  assurer  la  bonne  conservation,  à  l'exclusion  de  tous  les  autres  milieux 
dafns  lesquels  la  sangsue,  malgré  sa  vitalité  énergique,  dépérit  progressive- 
ment et  finit  par  succomber  ;  , , 

»  2°  Que  pour  tirer  du  marais  domestique  tout  le  parti  possible,  il  faut 
n'y  déposer  que  des  sangsues  convenablement  élevées  et  soigneusement  tenues 
à  l'abri  des  diverses  routines  du  commerce  actuel  ; 

»  3°  Que,  pour  être  convenablement  élevées,  les  sangsues  doivent  pren- 
dre, à  des  intervalles  réglés  et  à  doses  mesurées,  leur  nourriture  sur  des' 
Mammifères.  »  .  , 

Le  Mémoire  de  M.  Vajson  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission  pré- 
cédemment nommée  pour  diverses  communications  relatives  à  la  conserva- 
tion et  à  la  reproduction  des  sangsues,  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Milne  Edwards,  de  Quatrefages,  Moquin-Tandon. 

PHYSIOLOGIE.  —  Mécanisme  et  théorie  générale  des  murmures  vasculaires  ou 
bruits  de  souffle,  d'après  l'expérimentation;  par  M,  A.  Chauveau. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Jobert  de  Lamballe.) 

o  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  présenter  le  résumé  d'un 
Mémoire  dans  lequel  j'ai  traité  cette  question,  et  qui  n'est  que  la  première 
partie  d'une  étude  pratique  sur  les  murmures  vasculaires  ou  bruits  de  souffle 
et  sur  leur  valeur  séméiologique.  Voici  les  conclusions  auxquelles  je  suis 
arrivé  : 

M  1°.  Les  bruits  de  souffle  sont  des  phénomènes  purement  physiques, 
c'est-à-dire  des  sons,  soumis  aux  lois  ordinaires  de  l'acoustique.  Comme  ils 


(  84o  ) 

sont  toujours  identiques  avec  eux-mêmes,  malgré  leurs  nuances  nombreuses, 
ils  ne  peuvent  être  engendrés  que  par  une  seule  et  même  cause  essentielle, 
qui  appartient  nécessairement  à  l'ordre  mécanique. 

»  1°.  Cette  cause  ne  tient  directement  ni  à  la  qualité,  ni  à  la  quantité  du 
sang  qui  circule  dans  les  vaisseaux,  ni  par  conséquent  à  l'état  de  tension 
ou  de  relâchement  des  parois  vasculaires. 

»  3°.  Elle  ne  réside  pas  davantage  dans  les  aspérités  qui  rendent  ru- 
gueuse la  face  interne  des  veines  ou  des  artères  sans  modifier  le  calibre  de 
ces  tubes.  •  •<"' 

»  4"-  Quand  une  dilatation  existe  sur  le  trajet  d'un  vaiss'eau,  le  sang,  en 
arrivant  dans  cette  partie  dilatée,  peut  prodjiire  un  bruit  de  souffle. 

»  5°.  Le  rétrécissement  des  vaisseaux,  dans  un  point  plus  ou  moins 
étendu  de  leur  trajet,  peut  s'accompagner  aussi  d'un  bruit  de  souffle.  Mais 
ce  n'est  point  l'entrée  du  sang  de  la  partie  large  dans  la  partie  étroite,  ni' le 
passage  de  ce  fluide  à  travers  la  partie  rétrécie,  qui  produit  le  murmure. 
Celui-ci  survient  lorsque  le  sang  entre  dans  la  portion  du  tube  vasculaire 
située  immédiatement  au  delà  du  rétrécissement;  et,  comme  cette  partie 
représente,  relativement  au  rétrécissement  qui  la  précède,  une  véritable 
dilatation,  il  s'ensuit  que  le  souffle,  coïncidant  avec  un  rétrécissement,  re- 
connaît encore  pour  condition  essentielle  l'entrée  du  sang  dans  une  partie 
dilatée  du  système  vasculaire. 

»  6°.  Quoique  l'entrée  du  sang  dans  une  partie  réellement  ou  relative- 
ment dilatée  de  l'appareil  circulatoire  constitue  la  condition  essentielle  et 
générale  du  bruit  de  souffle,  il  ne  suffit  pas  de  cette  condition  seule  pour 
faire  naître  un  murmure  ;  il  faut  encore  ;  i°  que  la  différence  entre  le  dia- 
mètre de  la  partie  dilatée  et  celui  du  rétrécissement  absolu  ou  relatif  qui  la 
précède  soit  assez  prononcée  ;  i°  que  le  sang  pénètre  dans  cette  dilatation 
avec  une  force  suffisante. 

»  7°.  S'il  est  vrai  qu'il  faille  une  certaine  différence  de  diamètre  entre  la 
dilatation  où  a  lieu  le  bruit  de  souffle  et  le  rétrécissement  réel  ou  relatif  qui 
précède  celle-ci  pour  que  le  murmure  se  manifeste,  il  ne  faudrait  pas  croire 
que  plus  la  différence  sera  prononcée,  plus  le  bruit  engendré  aura  d'inten- 
sité. Lorsque  l'entrée  de  la  partie  dilatée  devient  fort  petite,  et  ne  laisse 
passer  qu'un  très-mince  filet  de  sang,  le  souffle,  tout  en  restant  net,  rude 
même,  perd  beaucoup  de  son  intensité,  et  d'autant  plus  que  le  filet  sanguin 
est  moins  volumineux.  C'est  quand  le  sang  arrive  à  large  flot  dans  une  large 
cavité  qu'on  a  le  plus  de  chance  de  voir  naître  un  fort  bruit  de  souffle. 

»  8°,  Étant  prouvée  la  nécessité  d'une  certaine  force   d'impulsion  du 


(  84«  ) 
sang  pour  la  production  du  bruit  de  souffle,  si  l'on  cherche  à  déterminer 
précisément  quelle  est  cette  force,  on  voit  qu'elle  doit  au  moins  être  ca- 
pable de  faire  équilibre  à  une  colonne  de  merfcure  de  5  centimètres  en- 
viron de  hauteur.  On  voit  de  plus  que,  si  cette  force  s'élève,  l'intensité  du 
souffle  augmente  proportionnellement. 

»  g".  Toutes  les  fois  qu'un  souffle  est  produit,  il  se  propage  sur  le  trajet 
des  vaisseaux,  au  delà  et  en  deçà  de  son  lieu  d'origine,  d'autant  plus  loin 
qu'il  est  plus  intense,  mais  toujours  à  une  plus  grande  distance  dans  la  di- 
rection du  cours  du  sang,  c'est-à-dire  au  delà  du  point  où  le  souffle  est 
engendré.  En  deçà  le  murmure  se  manifeste  surtout  avec  le  timbre  du  bruit 
de  la  lime  qui  mord  sur  le  fer.  Au  niveau  de  la  dilatation  et  au  delà,  il 
apparaît  plutôt  avec  les  caractères  du  bruit  de  la  râpe  qui  entame  le  bois. 

I»  10°.  Comme  tous  les  sons  possibles,  les  bruits  de  souffle  reconnaissent 
pour  cause  inimédiate  des  vibrations  moléculaires.  Où  et  comment  naissent 
ces  vibrations?  L'observation  démontre  que  le  sang,  en  pénétrant  avec  une  > 
force  suffisante  dans  une  partie  réellement  ou  relativement  dilatée  du  sys- 
tème vasculaire,  forme  toujours  une  veine  fluide,  qui  traverse  le  liquide 
primitivement  contenu  dans  la  dilatation.  Or  on 'sait,  depuis  les  beaux  tra- 
vaux de  Savart,  que  toute  veine  fluide  est  le  siège  de  vibrations  susceptibles 
de  produire  des  sons,  vibrations  qui  ébranlent  aussi  l'orifice  d'écoulement 
de  la  veine.  Dans  l'espèce,  les  vibrations  de  notre  veine  fluide  intra- 
vasculaire  et  de  son  orifice  d'écoulement  sont  nettement  perçues  par  le  * 
doigt,  soit  à  l'intérieur,  soit  à  la  surface  des  cavités  vasculaires  où  elles  ont 
lieu.  Ce  sont  ces  vibrations  qui  donnent  naissance  au  phénomène  connu 
sous  le  nom  de  frémissement  vibratoire,  phénomène  lié  d'une  manière  si 
intime  au  murmure  vasculaire,  qu'on  peut  dire  qu'il  n'y  a  point  de  bruit 
de  souffle  sans  frémissement  vibratoire,  et  réciproquement.  Ce  frémis- 
sement, perçu  seulement  dans  les  vaisseaux  quand  il  est  faible,  présente 
toujours  son  maximum  d'intensité,  comme  le  bruit  de  souffle  lui-même, 
sur  le  trajet  de  la  veine  fluide,  c'est-à-dire  au  niveau  de  la  partie  dilatée 
dans  laquelle  entre  cette  veine.  Il  se  propage  également  en  deçà  et  au  delà, 
mais  avec  des  caractères  trop  variables,  suivant  les  cas  particuliers,  pour 
que  je  parle  de  ce  fait  dans  cet  exposé  de  doctrines  générales.  » 


(  842  ) 

PATHOLOGIE.  —   Cause,  nature  et  traitement  de  l'héméralopie; 
par  M.  A.  Netter. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

"  Il  se  passe  peu  d'années  sans  que  l'héméralopie,  ou  cécité  nocturne, 
reparaisse  dans  les  corps  de  troupe.  Un  grand  nombre  d'hommes  perdent 
subitement  la  vue  à  l'entrée  de  la  nuit  et  la  recouvrent  avec  le  jour;  cette 
cécité  revenant  périodiquement  tous  les  soirs  pendant  quinze,  trente  jours 
et  plus,  pour  cesser  après  cela,  sans  qu'il  en  reste  la  moindre  trace  dans  les 
yeux.  Dans  le  printemps  de  i843,  j'ai  vu  à  Wissembourg  soixante-dix 
hommes  d'un  régiment  ainsi  atteints,  et  à  cette  occasion  j'ai  pubUé  un 
Mémoire  dans  lequel  je  considère  l'insolation,  soit  directe,  soit  réverbérée, 
comme  la  seule  et  unique  cause  de  l'héméralopie.  On  sait  que  dans  nos  con- 
trées du  Nord,  le  printemps  varie  considérablement  d'une  année  à  l'autre  : 
or,  quand  il  est  beau  dès  les  premiers  jours  et  qu'il  se  maintient  dans  cet  état 
un  certain  temps,  le  soleil  fatigue  singulièrement  la  vue;  mais  c'est  à  ce 
moment  que  l'armée  reprend  ses  travaux  en  plein  air.  Il  n'y  a  donc  rien 
d'étonnant  à  ce  que  l'organe  de  la  vue  se  blesse  chez  les  soldats  pour  les- 
quels l'immobilité  dans  tes  rangs  devient  un  supplice  devant  un  sol  vivement 
illuminé  ou  en  face  de  bâtiments  souvent  éclatants  de  blancheur. 

»  Je  crois  avoir  autrefois  démontré  que  toutes  les  épidémies  d'héméralo- 
pie,  relatées  par  les  auteurs,  ont  surgi  dans  des  circonstances  semblables  ou 
analogues  (GazeHe  m^c/îca/e,  Paris,  i845). 

»  La  cécité  nocturne  s'étant  manifestée  ce  printemps  dans  la  garnison  de 
Strasbourg,  où  on  la  voit  souvent  reparaître,  j'ai  procédé  à  quelques  expé- 
riences, du  reste  fort  simples,  afin  de  vérifier  une  idée  déjà  conçue  d'après 
mon  expérience  antérieure  sur  le  mode  d'action  de  l'insolation.  Non-seule- 
ment ces  expériences  m'ont  donné  le  résultat  que  j'en  attendais,  mais  elles 
m'ont  conduit  encore  à  un  traitement  fort  expéditif,  puisque  des  héméra- 
lopes  que  j'y  ai  soumis  à  3  heures  de  l'après-midi,  se  sont  trouvés  débar- 
rassés de  leur  infirmité  dès  le  soir  même.  » 

L'auteur  donne  ici  le  détail  des  quatre  premières  expériences,  dans  les- 
quelles il  a  constaté  les  heureux  effets  de  ce  traitement.  Nous  ne  pouvons 
reproduire  cette  partie  de  la  Note,  et  nous  donnerons  seulement  les  conclu- 
sions qu'il  présente  dans  les  termes  suivants  : 

«  1°.  L'héméralopie  (cécité  nocturne)  est  la  maladie  inverse  de  la  nycta- 
lopie  (cécité  diurne).  La  cause  de  l'héméralopie  est  un  excès  de  lumière; 


(  843  ) 
celle  de  la  nyctalopie  consiste  dans  une  longue  privation  de  ce  stimulant. 

»  a°.  Quand  un  individu  atteint  d'héméralopie  est  amené  en  plein  jour 
dans  un  endroit  très-obscur,  il  y  reste  sans  voir,  alors  que  les  personnes 
qui  l'accompagnent  ne  tardent  pas  à  distinguer  tout  ce  qui  se  trouve  là. 
L'héméralopie  n'est  donc  pas,  comme  on  le  croit  généralement,  une 
cécité  périodique  commençant  le  soir  et  disparaissant  le  matin  ;  cet  état  mor- 
bide, existant  aussi  pendant  le  jour,  consiste  dans  l'inaptitude  à  voir  en 
dehors  d'un  éclairage  suffisant.  En  un  mot,  l'héméralopie,  c'est  la  cécité 
dans  l'obscurité,  quelle  que  soit  l'heure  de  la  journée. 

»  3".  La  guérison  de  l'héméralopie  s'obtient  en  quelques  heures.  Il  faut, 
au  milieu  du  jour,  amener  les  malades  dans  un  endroit  ténébreux  et  obte- 
nir d'eux  qu'ils  ne  cessent  de  promener  leurs  regards  de  tous  les  côtés  et  de 
s'efforcer  de  voir.  Au  bout  de  deux  à  trois  heures,  la  vision  s'opère,  et 
quand  une  fois  elle  est  rétablie  là,  il  n'y  a  plus  d'héméralopie  :  la  cécité 
nocturne  ne  reparaît  plus  pendant  les  nuits  qui  suivent.  » 

CHiRUKGiE.  —  Sur  ta  cure  radicale  de  ta  tumeur  et  de  la  fistule  lacrymales  par 
f  excision  des  conduits;  par  M.  TxyiGJiOT.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Jobert  de  Lamballe). 

«  ...  En  excisant  la  partie  antérieure  des  conduits  lacrymaux  pour  obtenir 
leur  oblitération,  on  guérit  d'emblée,  et  dans  l'espace  de  quelques  jours  seu- 
lement, le  tiers  des  malades  environ.  Les  deux  autres  tiers  des  opérés  non 
guéris  d'emblée,  c'est-à-dire  dans  la  huitaine,  ont  tous  accusé  une  amélio- 
ration marquée  dans  leur  état,  tenant,  surtout,  à  une  diminution  notable 
de  l'engorgement  du  sac  et  du  larmoiement.  Ce  demi-succès  se  trouve,  dans 
tous  les  cas,  en  rapport  direct  avec  le  degré  de  difficulté  qu'éprouvent  les 
larmes  à  passer  dans  le  sac  ;  une  moins  grande  quantité  de  larmes  amenant 
une  irritation  moins  prononcée  du  sac ,  et  cette  irritation  moins  prononcée 
du  sac  provoquant,  par  sympathie,  une  sécrétion  lacrymale  inférieure  en 
quantité  à  celle  qui  existait  primitivement.  En  effet,  il  suffit  d'écarter  légè- 
rement la  paupière  pour  constater  que,  dans  les  cas  dont  nous  parlons,, 
l'un  des  conduits  lacrymaux,  tantôt  le  supérieur  et  tantôt  l'inférieur,  est 
resté  plus  ou  moins  perméable  aux  larmes  :  le  reflux  du  muco-pus  qu'a- 
mène une  légère  pression  digitale  sur  le  sac  l'atteste  suffisamment,  et  comme 
nous  l'avons  souvent  dit,  la  guérison  absolue  n'est  possible  qu'à  la  condi- 
tion de  réaliser  l'oblitération  définitive  de  l'un  et  de  l'autre  conduit. 

»  Pour  achever  la  guérison  commencée,  que  faut-il  faire?  Il  fautrecom- 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  18.)  IIO 


(  844  ) 
mencer  l'excision  palpébrale  là  où  elle  n'a  pas  réussi;  et  la  recommencer 
une  fois,  deux  fois,  trois  fois,  comme  nous  l'avons  fait  souvent  et  sans  aucun 
inconvénient.  Lorsque  les  conduits  lacrymaux  sont  oblitérés  à  leur  partie 
antérieure,  en  un  mot,  quand  il  n'y  a  plus  de  contact  possible  entre  les 
larmes  et  la  muqueuse  du  sac,  il  y  a  guérison  complète  et  définitive;  nous 
l'avons  déjà  dit. 

»  Cependant  il  est  bon  de  signaler  un  épiphénomène  plus  ou  moins  tardif 
dû  à  l'opération  elle-même  et  que  l'on  doit  considérer  comme  une  de  ses 
conséquences  possibles  :  il  est  caractérisé  par  une  sorte  d'abcès  enkysté, 
siégeant  dans  le  sac  lui-même  ;  le  pus  ne  pouvant  plus  en  effet  fefluer  par 
les  points  lacrymaux  oblitérés,  ni  par  le  canal  nasal  rétréci  à  l'exès,  s'accu- 
mule là  et  détermine  des  douleurs  plus  ou  moins  vives. 

'>  Une  seule  objection  à  notre  méthode  opératoire  a  arrêté  jusqu'ici  et 
arrêtera  encore  pour  longtemps  les  praticiens  disposés  à  en  tenter  l'applica- 
tion :  c'est  la  possibilité  d'un  larmoiement  consécutif  qui  semble  indiqué  par 
la  théorie.  Hâtons-nous  de  dire  que  l'expérience  ne  justifie  point  cette 
prévision.  En  effet  le  larmoiement,  quand  il  n'est  pas  provoqué  par  un  cil 
dévié  (ce  qui  est  assez  fréquent  après  notre  opération),  diminue  tout  d'a- 
bord d'une  manière  très-sensible,  et  disparaît  ensuite  de  lui-même  après 
quelques  jours  ou  après  quelques  mois...  .le  ne  l'ai  -vu  persister  plus 
longtemps  que  dans  des  cas  exceptionnels,  c'est-à-dire  lorsque  la  tumeur 
lacrymale  était  très-ancienne  :  alors  la  réaction  sympathique  du  sac  en- 
flammé sur  la  glande  avait  produit  une  habitude  d'hypersécrétion  qu'il  fal- 
lait s'attendre  à  voir  durer  plus  longtemps,  mais  non  pas  indéfiniment.    » 

M.  PiMONT,'qui  avait  présenté  au  concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insa- 
lubres, un  produit  de  son  invention,  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  calori- 
fuge plastique,  adresse  de  Rouen  une  Note  sur  la  composition  et  le  mode 
d'application  de  cet  enduit. 

(Renvoyé,  avec  les  pièces   précédemment  présentées  par  l'auteur,    à  la 
Commission  chargée  de  décerner  le  prix.) 

M.  LisLE,  auteur  d'un  ouvrage  sur  le  suicide  présenté  au  concours  pour 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  adresse,  conformément  à  une  des 
conditions  imposées  aux  concurrents,  une  indication  de  ce  qu'il  considère 
comme  neuf  dans  son  travail. 

M.  Soyez,  qui,  dans  la  séance  du  22  mars  dernier,  avait  présenté  un  Mé- 


(  845  ) 
moire  sur  la  nature  et  le  traitement  du  choléra-inorbus,  envoie  aujourd'hui 
un  supplément  à  son  travail;  le  premier  envoi  avait  été  inscrit  à  tort  sous 
le  nom  de  Soyer. 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  constituée  en 
Commission  spéciale  pour  le  concours  du  legsBréant.) 

L'Académie  renvoie  à  l'examen  delà  mêmeCoramission  plusieurs  ouvrages 
adressés  de  Rome  par  M.  Parkin,  et  annoncés  par  une  Lettre  mentionnée 
au  Compte  rendu  de  la  précédente  séance. 

M.  Brunet  envoie  une  copie  imprimée,  mais  non  publiée,  du  Mémoire 
dont  il  avait  commencé  la  lecture  dans  la  précédente  séance;  il  y  joint  une 
Note  annoncée  comme  contenant  les  «  Formules  des  lois  générales  de  la 
science  universelle  »  et  demande  que  ce  nouvel  écrit  soit  soumis  à  l'examen 
d'une  Commission  dans  laquelle  entreraient  des  Membres  pris  dans  cha- 
cune des  Sections  dont  se  compose  l'Académie. 

Cette  demande  ne  peut  être  prise  en  considération  ;  la  nouvelle  Note 
sera  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  dans  la  précédente 
séance. 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  autorise  l'iVcadémie  à  préle- 
ver sur  les  fonds  restés  disponibles  une  somme  de  3ooo  francs  destinée  à 
couvrir  les  frais  d'une  mission  confiée  à  trois  de  ses  Membres  qu'elle  a 
chargés  d'étudier,  dans  nos  départements  du  Midi,  diverses  questions  rela- 
tives aux  vers  à  soie. 

M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

annonce  qu'il  a  donné  à  MM.  les  Préfets  des  départements  où  l'on  s'adonne 
plus  particulièrement  à  l'industrie  de  la  soie,  les  instructions  nécessaires  pour 
faciliter  aux  Commissaires  envoyés  par  l'Académie  les  recherches  confiées 
à  leurs  soins. 

M.  deRotschild,  consul  général  d'jVutriche,  adresse  an  nom  de  l'auteur 
M.  Scliaub,  Directeur  de  l'Observatoire  de  la  marine  à  Trieste,  un  exem- 
plaire des  <«  Observations  magnétiques  faites  en  1857  dans  le  sud  de  la 
Méditerranée   » .  ,,  „j„ 

1 10.. 


(  846  ) 
M.  S.  Herrera  adresse,  au  nom  de  l'Institut  médical  de  Valence,  un 
compte  rendu  du  18"  anniversaire  de  la  fondation  de  ce  Corps  savant,  et 
appelle  l'attention  sur  le  Programme  où  se  trouvent  indiquées  les  questions 
proposées  comme  sujets  de  prix. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  Note  de  M.  Namias  sur  la  maladie  bronzée  ou  mala- 
die d'Addison,  et  indique  quelques-uns  des  résultats  obtenus  par  l'auteur, 
en  particulier  pour  ce  qui  concerne  les  rapports  qu'on  avait  cru  apercevoir 
entre  cette  affection  et  l'état  des  capsules  surrénales. 

M.  Velpeau  fait,  à  l'occasion  de  cette  présentation,  la  remarque  suivante  : 

«  Étant  à  Venise  en  septembre  dernier,  j'ai  pu  constater  la  réalité,  la 

parfaite  exactitude  de  ce  qu'avance  M.  Namias.  Les  capsules  surrénales 

d'un  malade  atteint  de  maladie  bronzée  et  mort  dans  le  grand  hôpital  de  la 

ville,  n'avaient  stibi  aucune  altération  morbide.  « 

M.  le  Maréchal  Vaillant  dépose  sur  le  bureau  une  Note  de  M.  Mondai- 
ayant  pour  titre  :  «  De  la  possibilité  d'établir  des  machines  héliomotrices  et 
des  avantages  qu'elles  offriraient.  » 

L'auteur  ne  demande  point  de  Rapport  sur  celte  communication  ;  son 
seul  but  a  été  d'appeler  l'attention  sur  une  remarque  de  Leslie  qui,  suivant 
lui,  si  elle  était  reprise  par  des  hommes  compétents,  pourrait  devenir  le 
point  de  départ  d'inventions  importantes. 

PHYSIQUE.    —   Note  sur  tes  vibrations  transversales  des  lames  élastiques  ; 

par  M.  LissAjous. 

a  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  un  fait  singulier  relatif 
aux  vibrations  transversales  des  lames  encastrées  par  les  deux  bouts. 

»  Dans  des  recherches  entreprises,  il  y  a  quelques  années,  sur  la  disposition 
des  nœuds  dans  les  lames  qui  vibrent  transversalement,  j'ai  employé,  entre 
autres  appareils,  une  lame  de  laiton  dont  les  bouts  étaient  encastrés  et  sou- 
dés entre  quatre  masses  épaisses  du  même  métal.  En  essayant  de  produire 
avec  cet  appareil  le  son  qui  correspondait  à  quinze  nœuds  (extrémités  com- 
prises), j'ai  reconnu  que  le  sable  ne  s'arrêtait  jamais  que  sur  les  nœuds 
d'ordre  pair,  les  autres  n'étaient  jamais  marqués. 

»  Ce  fait  m'avait  frappé,  mais  n'en  ayant  pas  trouvé  immédiatement 
l'explication,  je  l'avais  laissé  de  côté,  me  réservant  de  l'étudier  plus  tard. 


(  847  ) 
Il  y  a  quelques  mois,  ayant  fait  vibrer  la  lame  longitudinalement,  je  re- 
connus qu'elle  rendait  le  même  son  que  par  l'ébranlement  transversal, 
mais  je  remarquai  en  même  temps  que  le  sable  quittait  les  nœuds  d'ordre 
pair,  à  l'exception  du  deuxième  et  du  quatorzième ,  et  se  portait  sur  les 
nœuds  d'ordre  impair. 

»  J'essayai  alors  les  mêmes  expériences  en  retournant  la  lame,  et  5e  vis  les 
mêmes  effets  se  reproduire  en  ordre  inverse,  c'est-à-dire  que  sur  la  face 
inférieure  les  nœuds  pairs  apparaissaient  dans  l'attaque  longitudinale,  et  les 
nœuds  impairs  dans  l'attaque  transversale  en  réservant,  comme  précédem- 
ment, le  deuxième  et  le  quatorzième  nœud  qui,  dans  tous  les  cas  possibles,  se 
manifestaient  par  l'accumulation  du  sable.  Il  y  avait  donc  alternance  entre 
les  nœuds  du  mouvement  transversal  d'une  face  à  l'autre,  et  sur  la  mêrrie 
face  alternante  entre  les  nœuds  du  mouvement  longitudinal  et  ceux  du 
mouvement  transversal,  en  laissant  de  côté  l'anomalie  relative  aux  nœuds 
extrêmes. 

»  Ces  rapprochements  m'avaient  paru  présenter  quelque  intérêt,  mais, 
en  l'absence  d'une  théorie  satisfaisante,  je  m'étais  contenté  de  les  signaler 
à  quelques  savants,  notamment  à  M.  de  Senarmont,  à  qui  j'ai  soumis  ces 
expériences,  me  réservant  de  les  publier  ultérieurement.. 

»  Après  avoir  lu  la  Note  présentée  par  M.  Terquem,  dans  la  séance 
du  19  avril  i858,  sur  les  vibrations  longitudinales  des  lames,  j'ai  cru  devoir 
examiner  si  la  théorie  qu'il  avait  proposée  s'accordait  avec  les  faits  que 
j'avais  constatés  de  mon  côté ,  et  j'ai  reconnu  qu'elle  permettait  de  les  ex- 
pliquer complètement. 

»  En  effet,  admettons  dans  la  lame  la  coexistence  d'un  mouvement  lon- 
gitudinal et  d'un  mouvement  transversal  de  même  période,  les  deux  extré- 
mités seront  des  nœuds  communs  aux  deux  mouvements.  Le  sens  du  mou- 
vement longitudinal  sera  le  même  au  même  instant  dans  toute  l'étendue 
de  la  lame.  Pour  qu'il  se  produise  des  nœuds  fixes,  il  faut  de  toute  nécessité 
que  les  deux  mouvements  arrivent  simultanément  à  leur  maximum  d'am- 
plitude :  seulement  cette  condition  peut  être  remplie  de  deux  manières. 

a  Considérons  comme  positifs  les  mouvements  longitudinaux  dirigés  de 
droite  à  gauche,  et  les  mouvements  transversaux  dirigés  de  bas  en  haut, 
comme  négatifs  les  mouvements  inverses  des  précédents ^  deux  cas  peuvent 
se  présenter  :  1°  ou  les  mouvements  sont  de  même  signe  dans  les  inter- 
nœuds impairs,  et  de  signes  contraires  dans  les  internœuds  pazrs;  alors  en 
appliquant  à  la  lame  encastrée  les  mêmes  raisonnements  que  ceux  appli- 


(  «48  ) 
qués  par  M.  Terquem  aux  lames  libres,  on  voit  que  les  nœuds  d'ordre 
impair  disparaissent;  1°  ou  les  mouvements  sont  de  même  signe  dans  les 
internœuds  pain,  et  de  signes  contraires  dans  les  internœuds  impairs,  et 
alors  la  même  méthode  fait  voir  que  cette  seconde  disposition  entraîne  la 
disparition  des  nœuds  d'ordre  pair. 

-  Seulement  pour  expliquer  l'alternance  des  nœuds  dans  le  cas  de  l'at- 
taque transversale  et  dans  le  cas  de  l'attaque  longitudinale,  il  faut  admettre 
que  la  relation  de  signe  entre  les  deux  mouvements  concomitants  est  tou- 
jours la  même  quand  l'attaque  se  fait  de  la  même  manière,  et  que  de  plus 
elle  change  et  devient  inverse  quand  on  passe  de  l'attaque  transversale  à 
l'attaque  longitudinale.  Ce  qui  confirme  cette  hypothèse,  c'est  que,  malgré 
l'unisson  qui  existe  entre  les  deux  mouvements,  on  ne  peut  pas  passer  de 
l'attaque  transversale  à  l'attaque  longitudinale,  ou  inversement,  sans  que  le 
son  s'éteigne  pour  renaître  immédiatement  après. 

M  Quant  aux  nœuds  qui  restent  marqués  dans  tous  les  cas  possibles,  leur 
persistance  paraît  avoir  sa  raison  d'être  dans  le  peu  d'amplitude  que  pré- 
sente le  mouvement  longitudinal  à  une  faible  distance  des  extrémités.  » 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  MM.  Pouillet  et  Duhamel  déjà 
désignés  pour  le  Mémoire  de  M.  Terquem. 

GÉOLOGIE.  —  Lettre  à  M.  d'Archiac,  sur  le  calcaire  à  Dicérates  des  Pyrénées  ; 

par  M.  A.  Leymerie. 

«  Le  calcaire  à  Dicérates  (  Dufrénoy  )  des  Pyrénées  comprend  réellement  deux 
calcaires  distincts  à  lignes  courbes  noires,  dont  l'un  appartient  au  terrain  crétacé 
et  l'autre  au  groupe  jurassique. 

»  Le  premier  ne  se  manifeste  que  vers  les  extrémités  de  la  chaîne  et  cor- 
respond, au  moins  celui  qui  joue  un  rôle  dans  lesBasses-Pyrénéés,  à  l'étage 
de  l'île  d'Aix  ou  au  grès  vert  du  Muns  (étage  cénomanien.,  d'Orbigny)  (i). 
Le  second,  auquel  appartient  spécialement  le  nom  de  calcaire  à  Dicérates, 
est  très-développé  dans  la  partie  moyenne  des  Pyrénées,  et  surtout  dans  la 
Haute-Garonne  et  les  Hautes-Pyrénées  où  l'autre  n'existe  pas. 

»  Ce  résultat  définitif  de  mes  dernières  observations  doit  entraîner  de 

(i)  Celui  des  environs  d'Orthès  renferme,  outre  des  Cames  ou  Caprodnes  évidentes,  de 
petites  Orbitolites  coniques,  une  Huître  crétée  et  la  Tercbratula  Menardi.  Le  calcaire  ana- 
logue qu'on  trouve  derrière  la  Rhune,  près  Sare,  est  caractérisé  par  la  Racliolites  fotiacea  et 
la  Caprina  aduersa. 


(  849  ) 
nouvelles  et  importantes  modifications  dans  la  carte  géologique  des  Pyré- 
nées, et  fournit  immédiaten#nt  la  solution  de  plusieurs  difficultés  devant 
lesquelles  l'étude  la  plus  attentive  et  la  plus  persévérante  avait  dû  jusqu'à 
présent  s'arrêter. 

i>  Dans  un  Mémoire  rédigé  spécialement  pour  le  vol.  VI  de  votre  Histoire 
des  progrés  de  la  géologie,  j'avais  été  obligé  d'admettre,  pour  les  Pyrénées 
centrales,  et  dans  la  même  coupe  méridienne,  deux  assises  de  calcaire  à 
Dicérates  :  l'iuie  intérieure,  dont  la  relation  constante  avec  le  lias  constituait 
dans  les  idées  reçues  une  anomalie  très-embarrassante;  l'autre  extérieure, 
moins  développée  que  la  première,  du  reste  identique  à  celle-ci,  que  je 
rapportais  avec  tous  les  géologues,,  par  habitude  et  aussi  par  déférence  pour 
une  autorité  considérable,  au  terrain  crétacé  inférieur. 

»  Vainement  je  m'étais  efforcé,  à  différentes  reprises,  de  saisir  une  limite 
entre  la  zone  qui  renferme  ce  calcaire  extérieur  et  celle  qu'occupe  le  terrain 
jurassique  incontestable,  et  j'avais  été  obligé  de  laisser  sur  ma  carte,  à  la 
base  des  Pyrénées,  une  lacune  longitudinale  que  je  désespérais  de  combler. 

»  Maintenant  je  sais  pourquoi  je  n'ai  pu  réussir  à  trouver  une  ligne  de 
démarcation  entre  les  deux  zones.  C'est  parce  que  cette  limite  n'existe 
pas.  En  effet,  je  viens  d'acquérir  la  certitude  que  l'assise  extérieure 
du  calcaire  à  Dicérates  n'est  qu'une  reproduction,  par  voie  de  soulève-^ 
ment,  de  l'assise  intérieure,  que  l'une  et  l'autre  appartiennent  à  la  for- 
mation jurassique,  et  qu'enfin  la  lacune  qui  existait  depuis  si  longtemps 
sur  la  carte  de  la  Haute-Garonne  et  des  Hautes-Pyrénées  pouvait  être  faci- 
lement remplie  par  l'extension  jusqu'à  la  Garonne  de  la  teinte  bleue 
affectée  au  calcaire  du  Jura. 

■>  L'âge  jurassique  du  calcaire  à  Dicérates  des  Pyrénées  centrales  étant 
reconnu,  il  devient  facile  de  se  rendre  compte  de  toutes  les  anomalies  et  des 
difficultés  qui  environnaient  et  obscurcissaient  naguère  les  questions  re- 
latives à  cette  assise.  Il  explique  naturellement  l'association,  vraiment  dés- 
espérante dans  l'ancienne  théorie,  du  calcaire  à  Dicérates  le  mieux  carac- 
térisé au  calcaire  à  Serpules  du  lias  de  Bize-Nistos  (Hautes-Pyrénées)  et  sa 
position  inférieure  relativement  à  celle  du  calcaire  à  Nérinées  jurassiques 
qui  recommande  particulièrement  cette  localité  à  l'attention  des  géologues. 
Ainsi  disparaît  la  difficulté  provenant  de  la  présence  des  marbres  noirs 
veinés  de  blanc,  dits  petit  et  grand  antiques,  tantôt  dans  la  zone  jurassique, 
tantôt  dans  le  calcaire  à  Dicérates,  la  similitude  si  marquée  des  brèches  cal- 
caires de  l'assise  prétendue  crétacée  et  de  celles  qui  font  incontestablement 


(  85o  ) 
partie  des  calcaires  du  Jura,  et  une  foule  d'autres  difficultés  ou  discordances 
de  détail.  * 

»  Je  dois  vous  dire  maintenant  comment  j'ai  été  conduit  peu  à  peu,  par 
,'  la  force  des  choses^  à  cette  nouvelle  manière  de  voir.  Parcourant  la  vallée 
de  l'Ariége,  en  i856,  jefis  le  premier  pas  dans  cette  voie  en  rapportant  au 
calcaire  du  Jura,  par  des  motifs  stratigraphiques  et  paléontologiques,  les 
roches  des  environs  de  Tarascon  et  d'Ussat  qui  étaient  considérées  comme 
crétacées  par  Dufrénoy.  L'année  suivante,  en  étudiant  le  vallon  d'Arbas, 
j'avais  été  tellement  frappé  de  l'identité  des  schistes,  des  calcaires  et  des 
brèches  du  lias  d'Arbas  avec  ceux  qui  constituent  la  partie  inférieure  du 
vallon  et  de  la  continuité  de  tout  cet  ensemble,  que  je  n'hésitai  pas  à  rem- 
placer par  du  bleu  la  teinte  verte  qui,  sur  la  carte  géologique  de  France, 
couvre  les  environs  de  Mane.  Au  retour  de  cette  campagne,  je  me  demandai 
s'il  n'y  aurait  pas  lieu  de  procéder  d'une  manière  semblable  à  l'égard  des 
montagnes  par  lesquelles  les  Pyrénées  commencent,  au  sud  de  Saint-Gau- 
dens.  Plusieurs  faits  de  détail  en  faveur  de  cette  idée  me  vinrent  alors  à 
l'esprit.  Je  me  rappelai  notamment  la  remarque  que  j'avais  faite  plusieurs 
fois  que  le  calcaire  du  Calvaire  de  Miramont  renfermait  des  empreintes  qui 
rappelaient  singulièrement  certains  fossiles  jurassiques  des  couches  qui 
#gisent  à  la  base  des  montagnes  du  Gao  et  de  Cagin.  Etendant  ensuite  mes 
souvenirs  à  plusieurs  autres  parties  analogues  de  la  chaîne,  je  me  rappelai 
que  j'avais  vu  et  dessiné  une  Nérinée  jurassique  sur  une  table  d'un  café  de  . 
Mont-de-Marsan,  dont  le  marbre  provenait  de  Lourdes. 

»  En  étudiant  les  lignes  courbes  colorées  en  noir  que  Dufrénoy  a  vague- 
ment désignées  par  le  nom  de  Dicérate,  je  n'avais  rien  trouvé  d'ailleurs, 
dans  nos  Pyrénées  centrales,  qui  pût  être  rapporté  avec  quelque  certitude 
à  une  Came,  à  une  Caprine  ou  à  un  rudiste  quelconque.  Le  seul  fossile  qui 
pût  indiquer  l'époque  crétacée  dans  cette  région  était  une  petite  Orbitolite 
concave,  distincte  de  celle  qui  se  trouve  dans  le  calcaire  à  Dicérates  des 
extrémités  de  la  chaîne  et  qui  ressemble  à  VOrbitolites  concava,  mais  qui  pou- 
vait être  une  espèce  particulière  (i). 

»  Je  partis  le  mois  dernier  pour  Saint-Gaudens,  bien  résolu  à  chercher 
avec  un  soin  minutieux,  dans  les  petites  montagnes  qui  bordent  la  vallée  de 
la  Garonne,  au  sud  de  cette  ville,  la  solution  delà  question.  Cette  nouvelle 

(i)  Cette  espèce  a  d'ailleurs  été  trouvée  par  M.  Fontan  à  Couledouse,  au  sein  d'un  ter- 
-•     rain  jurassique  relevé  derrière  la  montagne  de  Cagin,  et  là  il  ne  saurait  y  avoir  rien  de  crétacé. 


(  85i  ) 
élude  dans  une  région  que  j'avais  déjà  parcourue  dix  fois,  m'a  confîrmfi 
dans  l'idée  qu'aucune  limite  ne  séparait  les  assises  qui  constituent  ces  mon- 
tagnes de  celles  de  Rieucazé  et  d'Encausse,  qui  se  lient  elles-mêmes  au  lias 
d'Aspet,  et  que  toutes  les  couches  comprises  entre  Aspet  et  la  Garonne  ne 
formaient  réellement  qu  im  seul  et  même  terrain. 

»  Des  preuves  positives  sont  venues  d'ailleurs  me  prouver  que  j'étais  dans 
le  vrai  en  rapportant  les  roches  de  Miramont  et  de  Pointis  au  terrain  juras- 
sique. En  effet,  dans  ma  première  course,  je  trouvai  une  Bélemnite  derrière 
Miramont,  et  le  lendemain,  à  la  montagne  du  Puy,  près  Valentine,  je  ren- 
contrai, dans  un  calcaire  pétri  de  polypiers  très-oblitérés,  plusieurs  exem- 
plaires d'un  grand  Peigne  à  côtes  simples,  qui  n'est  autre  que  le  Pecten  œqui- 
valvis. 

»  D'autres  recherches  que  je  fis  à  la  base  de  la  montagne  d'Ardiége  et  de 
la  Barthe,  où  le  calcaire  à  Dicérates  est  très-bien  caractérisé  et  activement 
exploité,  eurent  pour  résultat  de  me  faire  retrouver  les  polypiers  et  les  Pei- 
gnes du  Puy,  et  de  nombreuses  sections  de  radioles  allongées,  de  Cidaris  et, 
de  plus,  les  Serpules  qui  caractérisent  certaines  parties  du  lias  de  Sauveterre 
et  de  Bize-Nistos.  Enfin  dans  l'intéressante  collection  que  M.  Fontan  (Ur- 
bain) a  formée  à  Saint-Gaudens,  j'ai  eu  le  plaisir  de  voir,  sur  des  morceaux 
recueillis  à  Miramont  et  dans  les  localités  adjacentes,  des  Bélemnites  a  faciès 
basique  et  des  exemplaires  presque  complets  du  petit  Peigne  du  lias  que 
j'ai  provisoirement  désigné,  dans  le  Mémoire  déjà  cité,  sous  le  nom  de  Pec- 
ten simplicosta. 

»  J'y  ai  vu  aussi,  sur  un  calcaire  de  Gourdan,  près  Montrejean,  une  sec- 
tion de  Nérinée  jurassique. 

»  C'est  par  tous  ces  motifs,  et  par  d'autres  encore  qu'il  serait  trop  long  de 
rapporter  ici,  que  je  suis  arrivé  à  une  conviction  que  je  voudrais  vous  faire 
partager.  Des  difficultés  réellement  très-importantes  se  trouvent  levées  par 
la  solution  que  je  propose;  aussitôt  qu'on  vient  à  l'admettre,  les  anomalies 
disparaissent  et  les  zones  pyrénéennes  prennent  sur  la  carte  une  forme  plus 
harmonieuse  et  se  prêtent  beaucoup  mieux  aux  spéculations  géogéniques. 

)>  Une  conséquence  nécessaire  de  cette  nouvelle  acquisition  que  ferait  le 
terrain  jurassique  aux  dépens  du  groupe  crétacé,  est  que  ce  dernier  se  trou- 
verait réduit,  dans  les  Pyrénées  centrales,  à  un  seul  étage  correspondant  à  la 
craie  proprement  dite.  » 


C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  18.)  II  f 


;  •     (  85a  ) 

ÉLECTROCHIMIE.   —    Note  sur  le  rôle  élecirochimique  du  magnésium; 

par  M.  J.  Regnauld. 

«  Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Henri  Deville  une  lame  de  magnésium 
obtenu  par  sa  méthode  et  purifié  par  volatilisation  à  une  haute  tempéra- 
ture dans  un  tube  de  charbon  traversé  par  un  courant  d'hydrogène.  Ce 
métal  a  été  soumis  à  quelques  expériences  propres  à  déterminer  le  rang  qu'il 
occupe  dans  la  série  électrochimique  des  métaux. 

w  On  a  évalué  la  force  électromotrice  d'un  couple  voltaîque  où  l'action 
chimique  accomplie  est  la  substitution  de  i  équivalent  de  magnésium  à 
I  équivalent  de  zinc  dans  le  groupe  SO*,  Zn.  En  faisant  usage  de  la  mé- 
thode d'opposition  qui  dispense  de  mesurer  l'intensité  du  courant  et  les 
résistances  du  circuit,  on  a  l'avantage  de  pouvoir  expérimenter  sur  des 
fils  ou  des  lames  de  métaux  purs  ou  rares,  n'ayant  qu'un  poids  très- 
minime.  La  plaque  de  magnésium  laminé  du  couple  était  un  rectangle 
dont  le  grand  côté  présentait  o^jOa,  et  le  petit  o™,oo5;  elle  pesait  oS',  i65. 
Ces  dimensions  auraient  pu  être  encore  réduites;  car,  après  les  détermi- 
nations, la  lame  a  seulement  perdu  o8',oi8. 

»  Le  magnésium  est  baigné  par  une  solution  de  sulfate  de  magnésie  satu- 
rée à  +  1 4  degrés  et  contenue  dans  un  petit  cylindre  poreux  de  porcelaine 
dégourdie;  la  dissolution  de  sulfate  de  zinc  et  la  lame  qui  complètent  l'élé- 
ment voltaîque  occupent  l'espace  annulaire  compris  entre  la  cellule  de  por- 
celaine et  un  vase  de  verre.  Le  magnésium  prend  la  tension  négative,  et  le 
covirant  circule  à  travers  un  fil  inlerpolaire  du  zinc  au  magnésium. 

»   Un  premier  essai  prouvant  que  la  force  électromotrice  de  ce  couple 

est  plus  faible  que  celle  de  i  élément  Daniell  (    ° <t'  cl''  °"  '"t'o- 

duit  dans  le  circuit  un  rhéomètre  sensible  el  la  série  thermo-électrique  éta- 
lon, en  faisant  concourir  son  action  avec  celle  de  l'élément  (  „    „   '      )• 

\Zn So',Zn/ 

Pour  ramener  l'aiguille  au  zéro,  3o  unités  sont  nécessaires;  la  force  qu'il 
s'agit  d'équilibrer  étant  égale  à  175,  on  voit  que  l'élément  voltaîque 
(Ma...Zn)  =  i75-  3o  =  i45. 

»  Ce  résultat  est  confirmé  par  l'emploi,  dans  une  seconde  expérience,  de 
couples  auxiliaires  différents.  On  ajoute  aux  tensions  de  la  pile  thermo- 
électrique celles  de  2  éléments  hydro-électriques  (Cadmium...  Zinc)  disposés 
en  série  et  mis  en  opposition  avec  le  couple  (Ma. . .  Zn).  L'aiguille  est  main- 
tenue au  zéro  par  35  unités.   Comme  d'ailleurs  chaque  couple  auxiliaire 


r  853  ) 
équivaut    à  55 ,    on    en  déduit  que    la   valeur  cherchée    s'exprime    par 
55  X  2-4-  35=  i45. 

»  Pour  que  cette  .valeur  acquière  un  sens,  on  doit  la  rapprocher  de 
quelques  nombres  obtenus  pour  des  combinaisons  voltaïques  où  des  mé- 
taux très-différents  sont  associés  au  zinc,  et  dans  lesquels  la  substitution 
d'un  de  ces  radicaux  au  zinc  ou  le  phénomène  inverse  est  la  source  des 
tensions  spécifiques. 


COUPLE    VOLTAIUVE   HYDRO-ÉLECTHIQIJS. 


Zinc. 

Potassium.  (Amalg 

Zinc. 

Sodium.  (Amalg.) 

Zinc. 
Magnésium. 

Zinc. 
Cadmium. 

Zinc. 
Nickel . 

Zinc, 
Cobali. 

Zinc. 
Cuivre. 

Zinc. 
Platine. 


Sulfate  de  cadmium. . 
)     Sulfate  de  potasse.  ... 

Sulfate  de  zinc ..... 
Sulfate  de  soude. . . 


Sulfate  de  zinc 

Sulfate  de  magnésie. 


Sulfate  de  zinc 

Sulfate  de  cadmium. 


Chlorure  de  zinc 

Chlorure  de  nickel .  . . 

Chlorure  de  zinc. . . 
Chlorure  de  cobalt. 

Sulfate  de  zinc 

Sulfate  de  cuivre. . .  . 


Chlorure  de  zinc 

Chlorure  de  platine. 


FOKCES 

électro  motrices 


-f- 


182 

,,8 
145 


-  55 

-  «09 

-  ..4 

-  175 

-  245 


ROLE    DU    METAL 

par  rapport  au  zinc. 


K. 


Na.   )  Électropositifs. 


Ma. 


Cd. 


Ni. 


Co.    V  Électronégatifs. 


Cu. 


Pt. 


1 


>'  Si  dans  ce  tableau  on  affecte  du  signe  +  les  forces  électromotrices  des 
métaux  placés  dans  le  groupe  positif  par  rapport  au  zinc  et  du  signe  — 
celles  qui  se  trouvent  dans  le  groupe  électronégatif,  on  possède  des  valeurs 
dont  la  différence  algébrique  représente  l'énergie  de  l'affinité  correspon- 
dante aux  substitutions  respectives. 


1 1 1 .. 


(  854  ) 

»  Suivant  que  les  nombres  qui  expriment  ces  différences  sont  faibles  ou 
grands,  les  métaux  sont  voisins  ou  éloignés  dans  l'échelle  des  affinités.  C'est 
ce  qui  se  vérifie  pour  le  potassium  et  le  sodium,  qui,  associés  en  couple  à 
l'état  d'amalgames,  ont  pour  force  électromotrice  182  —  178  =  4j  pour  le 
cobalt  et  le  nickel,  qui  donnent  1 14  —  109  =  5. 

»  Le  potassium  et  le  platine,  placés,  au  contraire,  à  chacune  des  extré- 
mités positive  et  négative  de  la  série,  offrent  la  force  électromotrice  la  plus 
puissante  qui  corresponde  à  la  substitution  de  deux  métaux  dans  un  groupe 
salin;  elle  est  égale  à  182  —  { —  245)  =  427.  J'ai  vérifié  ce  dernier  résultat 

,  ,      /Potassium...   Chlorure  de  potassiumX       ,  ,. 

en  construisant  le  couple     „,   .  „, ,  ,     ,    .  ;   la  mesure  di- 

'         \Platine Chlorure  de  platine      / 

recte   a   fourni    une  valeur  précisément   égale  à   celle  qui  se  déduit  des 
nombres  inscrits  au  tableau. 

»  Quant  au  magnésium,  il  est  intéressant  de  noter  que,  malgré  les  ana- 
logies qui  conduisent  à  le  rapprocher  du  zinc  d'après  l'ensemble  de  ses 
fonctions  chimiques,  il  s'en  éloigne  néanmoins  par  la  puissance  de  son  affi- 
nité positive,  qui  le  place  aune  distance  beaucoup  moins  grande  des  métaux 
alcalins.  » 

CHIMIE.  —  Sur  l  isomorphisme  des  fluosilicates  et  des  Jluostannates  et   sui'  le 
poids  atomique  du  silicium;  par  M.  G.  Marignac. 

«  Il  n'y  a  aucun  corps  simple  dont  le  poids  atomique  offre  plus  d'incer- 
titude que  le  silicium.  Il  n'y  a  pas  moins  de  quatre  formules  différentes  qui 
ont  été  plus  ou  moins  appuyées  par  divers  chimistes  pour  exprimer  la  con- 
stitution de  l'acide  silicique,  savoir:  SiO,  Si"0',  SiO"  et  Si  O'.  Les  deux 
dernières  cependant  semblent  être  celles  qui  ont  conservé  le  plus  de 
partisans. 

»  Berzelius  avait  remarqué  depuis  longtemps  que  la  constitution  des 
fluosilicates  donnait  la  plus  grande  probabilité  à  la  formule  SiO".  Cepen- 
dant il  préféra  admettre  3  équivalents  d'oxygène  dans  la  silice.  Son  prin- 
cipal argument  à  l'appui  de  cette  opinion  repose  sur  la  constitution  du 
feldspath  qui,  dans  cette  hypothèse,  devient  un  sel  neutre  et  présente  une 
formule  très-simple,  tandis  que  l'adoption  de  la  formule  SiO^  en  fait  un  sel 
acide  d'une  formule  plus  compliquée.  Le  feldspath  étant  le  silicate  le  plus 
répandu  dans  la  matière,  Berzelius  a  cru  devoir  préférer  la  formitle  qui 
permet  de  lui  attribuer  la  composition  la  plus  simple.  Cet  argument  ce- 
pendant rencontre  une  bien  forte  objection  dans  ce  fait  que  le  feldspath 


(  855  )  .'s 

(orthose  ou  albite)  se  trouve  presque  exclusivement  dans  des  roches  qui 
renferment  du  quartz  libre.  Il  semblerait  donc  naturel  de  supposer  qu'en 
présence  d'un  excès  d'acide  silicique  il  s'est  formé  un  silicate  acide,  et  de 
considérer  comme  silicates  neutres  les  minéraux  très-nombreux  dans  les- 
quels l'oxygène  de  la  silice  est  double  de  celui  des  bases,  et  qui,  comme  le 
pyroxène,  se  rencontrent  plutôt  dans  des  roches  qui  ne  contiennent  pas  de 
quartz  libre.  Il  faudrait  pour  cela  adopter  la  formule  SiO''  pour  l'acide 
silicique. 

»  La  preuve  la>  plus  forte  que  l'on  puisse  invoquer  en  faveur  de  la  for- 
mule Si  O*  est  tirée  des  densités  de  vapeur  du  fluorure  et  du  chlorure  de 
silicium  déterminées  par  M.  Dumas.  Je  crois  même  que  si  ces  détermina- 
tions avaient  été  faites  récemment,  la  plupart  des  chimistes  n'auraient  pas 
hésité  à  donner  à  ces  composés  les  formules  Si  FP  et  Si  CI*,  d'après  lesquelles 
leur  équivalent  correspond  à  deux  volumes  de  vapeur  conformément  à  une 
loi  très-générale.  Mais  elles  datent  de  plus  de  trente  ans,  c'est-à-dire  d'une 
époque  où  l'on  n'avait  pas  encore  reconnu  la  constance  de  ce  rapport,  en 
sorte  que  l'on  put  admettre  alors,  sans  y  voir  une  anomalie,  que  l'équiva- 
lent de  ces  composés,  représentés  par  les  formules  Si  FI'  et  Si  Cl',  produi- 
sait trois  volumes  de  vapeur.  Plus  tard  on  a  reconnu  que  cette  relation  était 
fort  exceptionnelle,  mais  par  habitude  on  a  préféré  admettre  cette  excep- 
tion plutôt  que  d'y  voir  une  raison  suffisante  pour  changer  les  formules 
des  composés  du  silicium. 

»  La  plupart  des  chimistes  ont  suivi  le  système  de  Berzelius;  cependant 
des  savants  distingués,  ainsi  Léopold  Gmelin,  ont  toujours  soutenu  la 
formule  Si  O*.  M.  Miller  l'a  également  adoptée  dans  son  Traité  de  Minéra- 
logie, ce  qui  prouve  qu'elle  n'est  point  en  désaccord  avec  la  constitution 
des  silicates  naturels. 

»  Il  semble  que  la  détermination  de  la  chaleur  spécifique  du  silicium 
apporterait  un  argument  décisif  dans  cette  question,  et  l'on  peut  espérer 
que  rhabilechimiste  qui  nous  a  appris  à  préparer  le  silicium  avec  facilité 
et  à  un  état  de  pureté  remarquable,  ne  négligera  pas  cette  occasion  de  com- 
pléter l'étude  de  ce  corps.  Cependant,  si  l'on  remarque  les  nombreuses 
analogies  physiques  du  silicium  et  du  carbone,  on  peut  craindre  que  la  cha- 
leur spécifique  du  silicium  ne  varie  beaucoup  avec  son  état  moléculaire,  et 
ne  laisse  par  conséquent  de  l'incertitude  sur  le  poids  atomique  de  ce  corps. 

»  Depuis  longtemps  je  cherchais  si  l'on  ne  pourrait  pas  introduire  dans 
cette  discussion  un  nouvel  argument  tiré  de  l'étude  des  formes  cristallines 
des  combinaisons  du  silicium.  Jusqu'ici  il  ne  semble  pas  que  l'on  puisse 


(  856  ) 
rapprocher  sous  ce  rapport  l'acide  siliciqne  d'aucun  autre  acide.  Mais  j'ai 
été  plus  heureux  en  portant  mes  études  sur  les  fluosilicates;  j'ai  fini  par 
découvrir  en  effet  une  série  de  sels  doubles  qui  n'avait,  je  crois,  pas  en- 
core été  examinée,  celle  des  fluostannates,  qui  offre  l'analogie  la  plus 
remarquable  et  un  isomorphisme  indubitable  avec  le  groupe  des  fluosi- 
licates. Cet  isomorphisme  ne  peut  s'expliquer  qu'en  attribuant  au  fluorure 
silicique  la  formule 5i  Fl*,  semblable  à  celle  du  fluorure  stannique  SnFl*. 
J'espère  publier  plus  tard  une  étude  comparative  complète  de  ces  deux 
genres  de  sel  ;  je  me  bornerai  donc  ici  à  un  court  résumé,  suffisant  pour 
établir  leur  analogie. 

»  Les  sels  de  potasse  et  d'ammoniaque  ne  sont  pas  comparables,  les  fluo- 
silicates étant  anhydres^  tandis  que  les  fluostannates  renferment  i  équiva- 
lent d'eau.  Ce  sont,  du  reste,  jusqu'à  présent  les  seuls  cas  que  j'aie  rencon- 
trés où  ces  sels  ne  se  correspondent  pas  exactement. 

»  Les  sels  de  soude  sont  anhydres,  à  peine  solubles  dans  l'eau.  Malheu- 
reusement le  fluostannate  de  soude  n'a  pu  être  obtenu  qu'en  grains  cristal- 
lins dont  la  forme  ne  peut  être  reconnue,  même  sous  le  microscope.  Ainsi 
je  ne  puis  rien  affirmer  de  leur  isomorphisme. 

»  Les  sels  de  strohtiane  renferment  tous  deux  2  équivalents  d'eau.  Leur 
solubilité  est  à  peu  près  la  même.  Ils  sont  parfaitement  isomorphes  et  cris- 
tallisent en  prismes  rhomboïdaux  obliques. 

»  Le  fluostannate  de  chaux  est  isomorphe  avec  les  deux  sels  précédents; 
il  en  est  probablement  de  même  du  fluosilicate  que  je  n'ai  pu  obtenir  qu'en 
cristaux  microscopiques.  Tous  deux  renferment  aussi  2  équivalents  d'eau. 
Ils  sont  peu  solubles  dans  l'eau. 

»  Les  sels  de  zinc  sont  extrêmement  solubles.  Ils  renferment  tous  deux 
6  équivalents  d'eau.  Il  est  impossible  de  distinguer  les  uns  des  autres  leurs 
cristaux,  qui  offrent  de  beaux  prismes  à  six  pans  terminés  par  un  rhom- 
boèdre de  127°  16'. 

»  Les  sels  de  nickel  renferment  la  même  proportion  d'eau,  ils  sont.aussi 
trés-solubles.  Ils  cristaUisent  aussi  sous  les  mêmes  formes,  l'angle  de  leur 
'  rhomboèdre  est  de  lay"  3o'.  tes  propriétés  optiques  sont  d'ailleurs  identi- 
ques pour  ces  sels  de  zinc  et  de  nickel  ;  ils  jouissent  de  la  double  réfraction 
H  un  axe  positif. 

»  Il  est  probable  que  les  fluostannates  de  cobalt,  de  fer,  de  manganèse,  de 
cuivre  et  de  cadmium  viendront  se  ranger  dans  le  même  groupe.  Berzelius 
a  signalé  en  effet  l'isomorphisme  des  fluosilicates  de  tous  ces  métaux,  ainsi 
que  de  ceux  de  zinc  et  de  nickel'.  Seulement  il  admettait  dans  ces  sels  la 


(  857  ) 
présence  de  7  équivalents  d'eau;  mes  analyses  prouvent  que  le  nombre  doit 
en  être  réduit  à  6. 

»  Les  sels  d'argent  renferment  tous  deux  4  équivalents  d'eau.  Ils  sont 
tous  deux  excessivement  solubles,  même  très-déliqtiescents.  Le  fluostannate 
cristallise  en  prismes  rectangidaires  avec  un  pointement  à  quatre  pans  sur 
les  angles  de  la  base.  Les  mesures  que  j'ai  prises  sur  ces  cristaux  s'accorde- 
raient avec  la  supposition  d'un  prisme  carré,  dans  la  limite  d'approximation 
de  deux  à  trois  degrés  que  permet  leur  déliquescence.  Quant  au  fluosili- 
cate,  je  l'ai  obtenu  en  octaèdres  basés,  carrés  ou  rectangulaires,  mais  leur 
excessive  déliquescence  ne  m'a  permis  d'en  prendre  aucune  mesure,  même 
approximative.  Tout  cependant  indique  l'isomorphisme  de  ces  deux  sels. 

»  Je  continuerai  cette  étude  comparative,  mais  je  crois,  dès  à  présent, 
être  en  droit  de  conclure  que  les  fluosilicates  et  les  fluostannates  constituent 
deux  genres  de  sel  offrant  la  plus  parfaite  ressemblance  et  généralement 
isomorphes.  Cette  circonstance,  venant  à  l'appui  de  la  conclusion  indiquée 
par  les  densités  de  vapeur,  me  semblent  démontrer  que  le  fluorure  de  sili- 
cium renferme  1  équivalents  de  fluor,  et  que  l'acide  silicique  ,  par  consé- 
quent, en  contient  2  d'oxygène. 

»  D'après  cela,  et  suivant  les  résultats  des  analyses  du  chlorure  de  sili- 
cium annoncés  par  M.  Dumas,  le  poids  atomique  du  silicium  serait  i4-   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Production  constante  de  (jljcérine  dans  la  fermentation 
alcoolique  ;  Lettre  de  M.  L.  Pasteur  à  M.  Dumas. 

«  Je  vous  prie  de  vouloir  bien  annoncer  à  l'Académie  un  résultat  curieux 
et  très-inattendu.  C'est  la  présence  constante  de  la  glycérine  parmi  les  pro- 
duits de  la  fermentation  alcoolique.  Ce  n'est  pas  sans  quelque  réserve  que 
j'indiquerai  la  proportion  suivant  laquelle  elle  y  figure.  Mieux  que  per- 
sonne vous  comprendrez  qu'il  n'est  pas  facile  d'isoler  entièrement  cette 
matière  à  l'état  de  pureté.  Cependant  je  crois  pouvoir  la  fixer  dès  aujour- 
d'hui à  3  pour  100  environ  du  poids  du  sucre.  Cette  proportion  de  glycé- 
rine dans  les  liquides  fermentes,  notamment  dans  le  vin,  surprendra  tout  le 
monde,  autant  peut-être  que  le  fait  lui-même  de  la  présence  de  cette  matière 
parmi  les  produits  de  la  fermentation  alcoolique.  Ainsi  que  je  vous  le  disais 
dans  ma  Lettre  du  aS  janvier,  lorsque  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  faire  savoir 
que  l'acide  succinique  est  également  un  produit  normal  de  la  fermentation, 
il  faut  voir  dans  ce  phénomène  une  complication  bien  différente  de  celle 
que  nous  avions  l'habitude  d'y  admettre.  « 


(858) 

PHYSIOLOGIE.  —  Pénétration  des  spermatozoïdes  dans  Cœuf  observée  sur  un 
Distome;  extrait  d'une  Lettre  de  M.  Van  Be\ede\  à  M.  Milne  Edwards. 

«  J'étais  à  étudier  un  Distome  vivant.  Le  ver  était  parfaitement  placé  et  je 
pouvais  distinguer  les  plus  petits  détails.  —  Un  œuf  venait  de  se  former; 
c'était  le  dernier  :  il  montrait  au  milieu  une  vésicule  transparente,  couverte 
de  granulations  et  autour,  un  peu  plusabondammentd'un  côté  que  de  l'autre, 
de  petites  sphères  transparentes,  irrégulièrement  entassées  et  sans  granula- 
tions. La  vésicule  transparente  est  la  vésicule  germina  tive  et  les  sphères  corres- 
pondent au  vitellus.  —  Une  coque  très-mince  et  transparente  entoure  le  tout 
et  laisse  un  certain  espace  entre  elle  et  la  masse  vitelline.  Quelle  n'est  pas 
ma  surprise  en  voyant  tout  à  coup  un  grand  61ament  spermatique  se  mou- 
voir dans  cet  espace  et  encadrer  presque  la  masse  du  vitellus.  De  temps  en 
temps  les  mouvements  du  spermatozoïde  cessent  et  à  cause  de  son  extrême 
ténuité  il  est  impossible  de  le  distinguer  alors  dans  l'œuf.  J'oublie  de  vous 
dire  que  chaque  fois  que  les  ondulations  du  filament  spermatique  recom- 
mencent, la  vésicule  germinative  se  met  en  branle  et  le  mouvement  oscilla- 
toire cesse  aussitôt  que  celui-ci  entre  en  repos.  —  J'ai  tenu  cet  œuf  en  vue 
pendant  une  heure  à  peu  près,  et  au  bout  de  ce  temps  les  mouvements  qiii 
avaient  diminué  insensiblement,  avaient  complètement  cessé.  —  Il  n'était 
survenu  aucun  changement  sensible  ni  dans  la  vésicule  germinative  ni  dans 
le  vitellus.  Il  est  inutile  de  faire  remarquer  que  c'était  bien  dans  l'œuf  que 
se  trouvait  le  spermatozoïde  et  que  celui-ci  se  mêle  avec  les  autres  parties  de 
l'œuf  avant  la  formation  de  la  coque,  de  manière  qu'il  ne  peut  être  question 
de  micropyle.  Il  n'y  a  aucune  apparence  de  membrane  vitelline  à  (fette 
époque.  » 

MÉDECINE.  —  Emploi  thérapeutique  de  composés  phosphores  extraits  de  la 
moelle  allongée  de  Mammifères  herbivores;  par  M.  Baud.  (Présenté  par 
M.  J.   Cloquet.) 

L'auteur,  qui  se  propose  de  soumettre  prochauiement  au  jugement  de 
l'Académie  un  travail  complet  sur  ce  sujet,  travail  dans  lequel  il  fera  con- 
naître les  résultats  obtenus  tant  par  lui  que  par  quelques  autres  médecins, 
adresse  aujourd'hui  pour  prendre  date  la  Note  suivante  : 

a  Le  phosphore  organique,  découvert  par  Vauquelin  dans  la  pulpe  ner- 
veuse, successivement  retrouvé  depuis  d<(ns  diverses  substances  vitales, 
prend  aux  mouvements  de  la  santé  et  de  la  maladie  une  part  plus  impor-r 
Jante  qu'on  ne  l'avait  encore  soupçonné. 


(859) 
\^  »  Selon  M.  Mège-Mouriès,  il  serait,  dans  le  grain  des  céréales  aussi  bien 
que  dans  l'œuf  des  animaux,  l'initiateur  dynamique  et  le  premier  aliment, 
la  gangue  vitale  en  un  mot  de  l'embryon  naissant.  Suivant  lui  encore,  le 
groupe  spécial  de  corps  gras  auquel  ce  phosphore  est  combiné  moléculai- 
rement  jouerait  dans  l'alimentation  normale  le  rôle  élevé  de  nutriment  spé- 
cial des  appareils  nerveux  ;  d'où  l'élucidation  imprévue  de  certains  phéno- 
mènes connus  de  l'alimentation  insuffisante;  d'où  l'importance  nosologique 
du  fait  directement  constaté  par  lui  et  par  d'autres  encore  de  l'abaissement 
du  phosphore  intégrant  dans  les  organismes  soumis  à  certaines  conditions 
de  débilité  hygique  ou  morbide.  Pour  ces  raisons,  je  me  suis  cru  suffisam- 
ment fondé  à  tenter,  au  moyen  des  matières  grasses  phosphorées  extraites 
de  la  moelle  allongée  des  animaux,  de  l'autothérapie,  comme  on  en  a  fait 
au  moyen  du  fer  dans  les  chloroanémies,  comme  on  en  a  fait  au  moyen  du 
phosphate  de  chaux  dans  les  ostéomalacies,  comme  il  est  à  souhaiter  et  à 
espérer  qu'on  en  puisse  faire  dans  toutes  les  cachexies.  Cette  réhabilitation 
nervoleptique  a  été  expérimentée  par  moi  et  par  plusieurs  de  mes  confrères 
dans  les  affections  chroniques  des  organes  respiratoires,  dans  les  maladies 
scrofuleuses,  dans  les  diverses  débilités  organiques  et  nerveuses,  dans  la 
chloroanémie ,  dans  l'adynamie  et  l'ataxie  fébriles.  Les  résultats  remar- 
quables que  nous  avons  obtenus  me  paraissent  de  nature  à  mériter  une  en- 
quête plus  générale.   » 

M.  BovER  adresse  de  Largentière  une  Note  concernant  une  observation 
qu'il  a  eu  occasion  de  faire  sur  une  vigne  attaquée  deux  années  de  suite  par 
l'oïdium.  «  La  première  année,  cette  vigne,  qui  présentait  une  quinzaine  de 
tètes  les  avait  toutes  envahies  par  la  maladie,  sauf  une  seule  qui  plongeait 
au  milieu  des  branches  touffues  d'un  jasmin.  L'année  suivante,  les  branches 
du  jasmin  avaient  été  écartées  et  la  tête  de  la  vigne,  qu'elles  ne  protégeaient 
plus,  était  chargée,  comme  les  autres,  de  feuilles  crispées  et  de  raisins  noircis, 
défigurés  par  la  maladie.  » 

M.  Wanneb,  qui  avait  présenté  à  la  séance  du  29  mars  dernier  une  Note 
sur  deux  ordres  de  vaisseaux  du  tube  digestif,  signale  une  erreur  de  rédac- 
tion qui  se  trouve  dans  cette  Note,  et  en  demande  la  rectification. 

Le  passage  altéré  ne  se  trouvant  point  reproduit  dans  le  Compte  rendu 
imprimé  de  la  séance,  la  Lettre  indiquant  cette  rectification  sera  renvoyée 
aux  Commissaires  chargés  de  l'examen  de  la  Note  originale  :  MM.  Jobert 
de  Lamballe  et  Cl.  Bernard. 

C.  R.,  i858,  i".Semej/«.  (T.  XLVI,  NO  18.)  'lia 


(  86o  ) 
M.  Laignel  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  désigner  des  Commissaires 
auxquels  il  soumettra  diverses  inventions  relatives  aux  chemins  de  fer  qu'il 
avait  mentionnées  dans  une  communication  du  5  juillet  1847. 

(Commissaires,  MM  Combes,  Séguier.) 

M.  HouzEAD  démande  l'autorisation  de  reprendre  momentanément  plu- 
sieurs Mémoires  sur  l'ozone  qu'il  a  successivement  soumis  au  jugement  de 
l'Académie. 

Ces  Mémoires,  ayant  été  l'objet  d'un  Rapport,  doivent  rester  dans  les 
Archives  de  l'Académie;-  mais  l'auteur  est  autorisé  à  en  faire  prendre  copie 
au  Secrétariat. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  3  mai  i858  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

'  Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  et  autres  biblio- 
thèques, publiés  par  l'Institut  impérial  de  France,  faisant  suite  aux  Notices  et 
extraits  lus  au  Comité  établi  dans  [Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Lettres; 
t.  XVII,  1"  partie.  Paris,  i858  ;  in-4°. 

Traité  pratique  danalyse  chimique  des  eaux  minérales  potables  et  économi- 
ques avec  leurs  principales  applications  à  l'hjcjiène  et  à  l'industrie,  etc.  ;  par 
MM.  OssuN  Henry  père  et  fils.  Paris,  i858;  i  vol.  in-8°.  (Adressé  par  les 
auteurs  pour  le  concours  des  prix  Moutyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Etudes  chimiques  sur  les  eaux  minérales  et  thermales  de  Néris  (^AW'ier)  ;  par 
M.  J.  Lefort.  Paris,  i858;  br.  in-S". 

Eléments  de  télégraphie  sous-marine  ;  i"  et  1"  parties;  par  M.  A.  Delamar- 
CHE.  Paris,  i858;  br.  in-S". 

Mémoire  sur  les  limites  des  vitesses  quon  peut  imprimer  aux  trains  des  chemins 
de  fer,  sans  avoir  à  craindre  la  rupture  des  rails;  pavM.  Mahistre  ;  br.  in-8''. 

Mémoire  descriptif  d' une  roue  destinée  à  produire  la  détente  de  la  vapeur,  et  à 
faire  varier  la  course  d'admission  par  degrés  aussi  petits  quon  voudra,  entre 
toutes  les  limites  possibles,  la  course  des  leviers  de  manœuvre  restant  constante; 
par  le  même.;  \  feuille  in-S". 


(  86i  ) 

Observations  pratiques  sur  la  djsphagie,  ses  variétés  et  son  traitement;  pnr 
M.  le  D""  E.  Gendron.  Paris,  i858;  br.  in-8°aM«oiM;'}«*    *-/.>>    ».  tn^»« 

Note  sur  une  tortue  fossile  trouvée  à  Moissac,  et  sur  la  constitution  et  [âge  des 
terrains  tertiaires  des  environs  de  cette  ville; par  M.  LaGRÈZE-Fossat  ;  i  feuille 


in-8°. 


Moyen  de  prévenir  les  désastres  causés  par  les  eaux;  par  M.  Girard,  de  Cor- 
delles  (Loire);  ^  feuille  in-8°. 

Dictionnaire  français  illustré;  55''  hwaison;  in-4°.      yjp^tH    ■::';;>; 

Etudes  géologiques,  chimiques  et  agronomiques  des  sols  de  la  Bresse  et  parti- 
culièrement de  ceux  de  la  Bombes.  —  Comparaison  de  la  marche  de  la 
température,  à  l'air,  dans  le  sol  et  au  fond  d'un  puits  pendant  les  années 
i856  et  1867  :  Thèses  présentées  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Lyon  pour  obtenir 
le  grade  de  docteur  es  sciences  physiques;  par  M.  A.  FlORENT-Pourian.  Lyon, 
i858;  br.  in-4°-  -.^wr-y^  v-aW..-.»»,.  •,u...v-'  '- 

Sulla...  Observations  sur  la  maladie  bronzée  ou  la  maladie  d'Addison,  et  les 
capsules  surrénales  ;  par  M.  Hyacinthe  Namias.  Venise,  1857;  br.  in-8°. 

The...  Banquet  d adieu  pour  le  départ  du  D''  Livingstone.  Discours  prononcés 
dans  cette  réunion,  le  l'i  février  i858;  br.  in-8°.  (Offert,  au  nom  de  sir  R.  I. 
Murchison,  par  M.  Daussy). 

On  the —  Sur  la  cause  éloignée  des  maladies  épidémiques  ;  parties  1''^  et  2*; 
par  M.  J.  Parkin.  Londres,  1841  et  i853;  2  br.  in-8°.        /,  v>\  dv 

On  the  antidotal...  Sur  le  traitement  antidolaldu  choléra  épidémique;  par  le 
même;  i"^"  et  2*  éditions.  Londres,  i836  et  1846  ;  2  br.  in-S". 

Statistical...  Rapport  statistique  sur  le  choléra  épidémique  de  la  Jamaïque  ; 
parle  même.  Londres,  i852;  br.  in-8''. 

Mikroskopische...  Etudes  microscopiques  du  domaine  de  la  morphologie  hu- 
maine; par  M.  J.  Gerlach.  Erlangen,  i858;  br.  in-8°. 

Magnetische...  Observations  magnétiques  dans  la  partie  orientale  de  la  Mé- 
diterranée; par  M.  le  D"'  F.  Schaur,  directeur  de  l'Observatoire  de  la  marine 
à  Trieste.  Trieste,  i858;  br.  in-4°. 


113.. 


(  862  ) 

PUBLICATIONS     P^HIODIQUES     REÇUES      PAR     l'aCAD^MIE     PENDANT 
LE    MOIS    d'avril    18i>8. 

Annales  de  l' agriculture  française ,  ou  Recueik encyclopédique  d' Agriculture  ; 
t.  XI,!!"  7;  in-8°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Phj^sique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINGAULT,  Regnault,  DE  Senarmont;  avec  une  Revue  des  travaux  de 
Cliimie  et  de  Physique  publiés  à  l'étranger,  par  MM.  WuRTZ  et  Verdet  ; 
avril  i858;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'Hydrologie  médicale  de  Paris;  Comptes  rendus  des 
séances,  t.  IV;  9*  et  20®  livraisons;  in-8" 

Annales  des  Sciences  naturelles ,  comprenant  la  Zoologie,  la  Rotanique,  l'Ana- 

lomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  l'histoire  des  corps  organisés 

fossiles;  4*  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MiLNE  Edwards;  pour 

la  Botanique,  par  MM.  Ad.  Brongniart  eti.  Decaisne;  tome  VII,  n"  G; 

in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  mars  i858;  in-8". 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France  ;  avril  1 858  ;  in-8°. 

i\.tti...  Actes  de  (Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei;  11*  année,  2*  et 
3*  sessions,  3  janvier  et  7  février  i858;  2  livraisons  in-4°. 

Atti . . .  Actes  de  l'Institut  impérial  et  royal  vénitien  des  Sciences,  Lettres  et 
Arts;  3*  série,  t.  II,  9*  et  10*  livraisons;  t.  III,  i'*  livraison  ;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle.  Revue  suisse  et  étrangère;  nouvelle  période;  t.  I, 
n»  4;  10-8". 

Boletin. . .  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Valence;  mars  i858;  in-S". 

Bulletin  de  [Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXIIl,  n°'  12  et  i3; 
in-8<'. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  27'  année;  2*  série,  t.  IV,  n°*  2  et  3  ;  in-8''. 


I 


(  863  ) 
Bulletin  de    la  Société  d Encouragement  pour  P Industrie  nationale;  .mars 
i858;  i..-4°.  ■    •  ■  •  '-r"" 

Bulletin  de  ta  Société  française  de  Photographie  ;  avril  i858;  in-8*. 
Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  2*  série,  t.  XV,  mars  1 858  ;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  [.académie  des  Sciences  ;  i"  se- 
mestre  i858;  n"'  14-17;  in-4°.  ^       ,  .    .^^      , 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès    des  Sciences  et 

de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XII,    i4*-i7*  livraisons; 

in-8°;  accompagné  du  titre  et  de  la  table  du  tome  X. 

.».  -A 
Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées; 

mars  i858;  in-8'*. 

Journal  d' Agriculture  de  la  Côte-d'Or,  publié  par  la  Société  d' Agriculture 
et  d  Industrie  agricole  du  département;  3*  série,  t.  III;  mars  i858;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  ;  nouvelle  période,  t.  I,  n°'  7  et  8;  in-8'*. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie^  de  Toxicologie;  avril  i858; 
in-8°. 

Journal  de  l'Ame;  avril  i858;  in-8°. 

Journal  de  la  Section  de  Médecine  de  la  Société  académique  du  département 
de  la  Loire-Inférieure;  175®  livraison;  in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d' Horticulture  ;  mars  1 858  ; 
in-8». 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  avril  i858;  in^S". 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n°'  19-ai  ;  in-8''. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  mars  i858;  in-8°. 

H  iv  'AQwaïç  iarpiKn  ju£?)^ir.(fay . . .  L'abeiilk.r^dicale  d' Athènes  ;  mars  i858;^ 

■■■■■'  ■'  ■  ■      ■  ■      ■  u\  ■•       .■.._. 

La  Correspondance  littéraire;  avril  ï85,8,}  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  n"  i3;  in-S**^  ^  .,     ., 


in-S». 


,* 


(  864  ) 
La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XII, 
n°'  7  et  8  ;  in-8°. 

L'Art  médical;   Journal  de  Médecine  générale  et  de  Médecine  pratique; 

avril  i858;  in-8°. 
.■•>*■ 

La  Tribune  scientifique  et  littéraire.  Revue  des  cours  publics  delà  France  et 

de  l'étranger;  n°  lo;  in-8°. 

Le  Moniteur    des  Comices  et  des  Cultivateurs;  n°'  i  i-i4;  in-S". 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  3i-33*  livraisons; 
in-4°. 

Le  Progrès;  Journal  des  Sciences  et  de  la  profession  médicale  ;  fi°'  i5-i8  ; 
in-8°. 

Le  Technologiste ;  avril  i858;  in-8°. 

L'ingénieur;  avril  i858;  in-4°. 

Magasin  pittoresque  ;  avril   i858;  in-8°. 

Monatsbericht...   Comptes   rendus   des    séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  5er/m  ;  janvier  i858;  in-8°. 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l' Académie  des  Sciences  de 
Gotlingue;  n°  3  ;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.    Journal  des  Candidats  aux   Ecoles 
Polytechnique  et  Normale;  avril  i858;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres ;\o\.  XVII,  n°  lo; 
in-S"*. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  zoologique  de  Londres ^  n°'345- 

349;  in-8". 

Répertoire  de  Pharmacie;  avril  i858;  in-8°. 

Revista...  Revue  des  travaux  publics  ;  6*  année;  n°  8;  in-4°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico- chirurgicale;  n"'  7  et  8;  in-S". 

Royal  astronomical...  Société  royale  Astronomique  de  Londres  ;  vol.  XVIII, 


{  865  ) 

Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture;  Bulletin  des  séances,  rédigé  par 
M.  A.  Payen,  secrétaire  perpétuel;  t.  XllI,  n°  2;  in-8°. 

The  Journal...  Journal  de  la  Société  royale  asiatique  de  Bombay  ;  y  o\.  V, 
n"  20  ;  in-S". 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n°'  38-5o. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  el  de  Chirurgie;  n°*  i4-i8. 

Gazette  médicale  de  Paris  ;  n°'  1 4- 1 7 . 

Gazette  médicale  d'Orient;  avril  i858. 

La  Coloration  industrielle;  n°'  5  et  6. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie;  n"'  i4-'7- 

L'Ami  des  Sciences;  n°'  i4-i7- 

La  Science  pour  tous;  n°*  1 7-21 . 

Le  Gaz;  n°'  7-9.  .  " 

Le  Musée  des  Sciences;  n°*  49*52. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  10  MAI  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.    LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet    l'ampliation    du 
décret  impérial  qui  confirme  la  nomination  de  M.  Jauberi  à  la  place  d'Aca- 
démicien libre  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Largeteau. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Jaubert  prend  place  parmi  ses 
confrères. 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Sur  les  Organes  des  sens  et  en  particulier  sur  ceux 
de  l'odorat,  du  goût  et  de  l'ouïe  dans  les  Poissons;  par  M.  Dùhéril. 

«  Je  me  propose,  dans  cette  dissertation,  d'émettre  quelques  idées  parti- 
culières sur  les  modifications  que  le  séjour  obligé  des  Poissons  dans  l'eau 
a  dû  exiger  pour  trois  de  leurs  principaux  organes  des  sens  :  ceux  du  goût, 
de  l'odorat  et  de  l'ouïe. 

»  Afin  de  développer  et  de  faire  concevoir  mes  opinions  sur  ce  sujet, 
l'Académie  me  permettra  de  lui  rappeler  quelques  considérations  générales 
admises  depuis  longtemps  dans  la  science. 

»  L'anatomie  des  organes  spécialement  affectés  à  nos  sensations,  se  trouve 

G.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  19.)  I  l3 


(  868  ) 
très-bien  exposée  dans  les  ouvrages  qui  les  ont  décrits  avec  soin  chez  la 
plupart  des  animaux  ;  mais  les  explications  que  la  physiologie  a  données 
de  leur  mécanisme,  pour  les  espèces  qui  vivent  habituellement  dans  une 
atmosphère  gazeuse,  ne  se  trouvent  plus  entièrement  applicables  à  la  struc- 
ture ou  à  la  situation  des  mêmes  parties  correspondantes,  telles  qu'elles 
sont  conformées  dans  les  êtres  animés  qui  restent  constamment  submergés 
dans  un  fluide  liquide. 

»  C'est  dans  l'intention  d'établir  les  preuves  de  cette  assertion,  que  nous 
allons  présenter  ici  l'analyse  d'un  plus  grand  travail  qui  aurait  exfgé  beau- 
coup plus  de  développement  et  la  relation  détaillée  des  expériences  entre- 
prises dans  le  but  de  confirmer  notre  opinion  sur  ce  sujet. 

»  On  sait  que  les  cinq  sens,  dont  sont  doués  la  plupart  des  animaux, 
offrent  au  physiologiste  des  instruments  plus  ou  moins  parfaits,  destinés 
à  les  mettre  en  relation  avec  toute  la  natme.  Ces  organes  sont  toujours 
admirablement  disposés  pour  recevoir  ou  recueillir,  avec  une  rapide 
exactitude,  les  impressions  que  tous  les  corps  exercent  les  uns  sur  les 
autres;  mais  ces  actions  subissent  des  modifications,  suivant  les  circon- 
stances très- différentes  dans  lesquelles  les  êtres  animés  sont  appelés  à 
vivre. 

p  L'homme  peut  aujourd'hui  remonter  aux  causes  des  effets  qu'il  voit 
produits,  pour  les  expliquer  d'après  les  découvertes  modernes  faites  dans 
les  sciences  d'observation.  Il  peut  se  rendre  compte  de  leur  mode  d'action 
et  des  sensations  qu'il  en  éprouve.  C'est  ainsi  qu'il  reconnaît  et  distingue 
les  qualités  des  corps  par  les  différentes  manières  dont  il  en  est  impres- 
sionné, tantôt  par  la  présence  réelle  de  la  matière  qui  les  constitue,  et 
d'où  résultent  leurs  formes  et  leurs  propriétés  caractéristiques;  tantôt  en 
admettant  dans  un  point  limité  et  plussensible  de  son  intérieur,  la  simple 
représentation  de  leur  image,  ou  en  sentant  qu'il  se  produit  instantanément 
en  lui,  au  moment  où  ils  s'accomplissent,  la  répétition  des  actes  qui  s'opèrent 
dans  le  milieu  où  il  est  obligé  de  vivre. 

»  Ces  perceptions  ont  lieu  pour  ainsi  dire  à  notre  insu,  et  souvent  malgré 
notre  volonté,  parce  que,  comme  tous  les  autres  corps  de  la  nature,  nous 
sommes  passivement  soumis  à  ses  lois  générales,  avec  cette  différence  que 
nous  avons  la  conscience  de  la  manière  dont  s'exercent  sur  nos  organes 
ces  diverses  actions  physiques  ou  chimiques,  soit  par  le  contact  le  plus 
intime  de  ces  agents,  qui  s'appliquent  et  restent  momentanément  fixés  sur 
des  parties  très-sensibles;  soit  qu'ils  ne  fassent  que  les  traverser  et  s'y  com- 
biner dans  leur  passage  rapide. 


(  869) 

»  La  plupart  des  animaux  jouissent  de  ces  facultés,  et  leurs  organes,  con- 
struits dans  le  même  but  et  sur  des  modèles  semblables,  leur  font  certaine- 
ment éprouver  des  sensations  à  peu  près  analogues.  Ces  divers  instruments 
sont  essentiellement  liés  et  nécessaires  à  la  vie  des  animaux.  Leur  impor- 
tance est  si  absolue,  qu'aucun  être  vivant  ne  pourrait  continuer  d'exister  s'il 
était  privé  de  tous  les  organes  des  sens.  Ces  puissants  moyens  de  relation 
président  ou  coopèrent  à  la  propre  conservation  de  l'individu  et  à  celle 
de  sa  race.  ■  • 

»  Parmi  ces  agents,  ces  forces,  ces  puissances  actives,  comme  on  les 
désigne,  il  en  est  qui  ne  sont  perceptibles  que  par  leurs  effets.  Ce  sont  ces 
actions,  ces  manières  d'agir  que  nous  comparons  entre  elles;  celles  au 
moins  que  nous  pouvons  juger,  lorsqu'elles  se  manifestent  soit  au  dehors, 
soit  dans  notre  intérieur.  Nous  les  attribuons  à  une  cause  que  nous  cher- 
chons à  supposer  réelle,  puisque  nous  en  éprouvons  les  effets.  Comme  ces 
principes  n'ont  aucune  des  autres  qualités  des  corps,  ni  substance,  ni  éten- 
due limitée,  nous  les  regardons  comme  immatériels,  et,  pour  en  .faire  con- 
cevoir l'idée,  nous  les  considérons  comme  des  fluides  qui  s'écoulent  et  se 
répandent  dans  l'espace,  et  nous  les  appelons  impondérés,  parce  qu'ils  n'ont 
aucun  poids  appréciable  ou  comparatif.  Cependant  ces  puissances  agissent 
également  sur  Jous  les  autres  corps  ;  elles  les  pénètrent  de  la  même  manière, 
et  comme  ces  forces  modifient  alors  la  plupart  de  leurs  propriétés,  on  a  dû 
chercher  à  en  découvrir  les  causes  premières. 

»  Tels  sont  les  principes  de  la  lumière,  de  la  chaleur,  de  l'électricité  et 
du  mouvement,  dont  nous  avons  la  conscience  intime  par  nos  perceptions. 
Ces  éléments  nous  paraissent  être  la  cause  des  sensations  qu'ils  produisent 
en  nous.  Nous  en  sommes  tellement  convaincus,  que  nous  sommes  tentés 
de  les  caractériser  par  des  noms  substantifs,  tels  que  ceux  de  lumière,  calore, 
électron  et  dyname,  au  lieu  d'en  faire  des  adjectifs,  substitués  aux  noms  de 
fluides  lumineux,  calorique,  électrique  et  dynamique. 

»  Nous  allons  étudier  chacune  de  ces  causes,  mais  uniquement  sous  le 
point  de  vue  physiologique,  afin  d'apprécier  les  effets  qu'elles  produisent 
sur  notre  sensibilité. 

»  Deux  des  perceptions  dont  il  s'agit  ici,  sont  produites  d'une  manière 
générale  par  les  fluides  calorique  et  électrique  sur  toutes  les  parties  sensi- 
tives  du  corps,  en  y  pénétrant  ou  en  les  quittant;  mais  deux  autres  sont 
particulièrement  jugées  et  appréciées  par  des  organes  dont  la  structure  est 
disposée  de  manière  à  recevoir,  à  n'admettre  que  la  Seule  impression  des 
effets  de  la  himièT-e  ou  de  ceux  qui  sont  produits  par  le  mouvement  transmis 

ii3.. 


(  870  ) 

et  communiqué  :  ce  sont  les  yeux  et  les  oreilles  ou  mieux  les  sens  de  la  vue 
et  de  l'ouïe. 

»  Les  autres  sens  ne  peuvent  être  mis  en  action  que  par  la  présence 
réelle  ou  par  le  contact  intime  et  matériel  d'une  substance  pondérable,  qui 
indique  ses  formes  ou  ses  propriétés  physiques  et  chimiques  :  tels  sont  les 
corps  solides  et  les  fluides  liquides  ou  gazeux.  Les  sensations  qu'ils  font 
éprouver  s'opèrent  sur  des  organes  particuliers,  situés  à  la  surface  des  corps 
animés,  ou  vers  l'entrée  des  matières  indispensables  à  l'entretien  ou  à  la  con- 
servation de  la  vie;  mais  avant  de  pénétrer  à  l'intérieur  sous  la  forme  de 
fluides,  ces  substances  sont  analysées  et  explorées  sur  leur  passage  par  des 
appareils  spéciaux.  Tels  sont  les  organes  du  toucher  actif  ou  du  tact  pour 
les  corps  solides;  ceux  du  goût  pour  les  saveurs  ou  les  liquides,  et  ceux  de 
l'odorat  pour  les  substances  gazeuses  ou  suspendues  dans  des  fluides 
aériformes. 

»  Nous  allons  rapidement  passer  en  revue  chacune  des  sensations  pro- 
duites par  des  agents  venus  de  l'extérieur.  Quelle  que  soit  l'essence  de  ces 
principes,  tous  parviennent  et  aboutissent  dans  le  corps  des  animaux, 
comme  pour  s'y  faire  reconnaître,  en  manifestant  leur  action.  Nous  ne  nous 
arrêterons  cependant  que  sur  ceux  des  organes  des  sens  qui  ont  dû  être 
modifiés  dans  leur  structure  ou  leur  fonction  dans  l'immense  classe  des 
Poissons  et  probablement  chez  tous  les  autres  animaux  qui  ne  peuvent 
continuer  de  vivre  dans  l'air  de  notre  atmosphère. 

»  Nous  ne  nous  étendrons  pas  longuement  sur  l'organe  de  la  vue  dans 
les  Poissons.  Leurs  yeux  sont  le  plus  souvent  symétriques  et  semblables, 
dans  leur  structure  intime,  à  ceux  des  autres  animaux  vertébrés.  Les  modi- 
fications qu'on  y  a  observées  sont  évidemment  dépendantes  d'un  séjour 
habituel  dans  l'eau.  Il  n'y  a  pas  de  doute  que  les  phénomènes  physiques 
qui  s'opèrent  dans  ces  organes  sont  dus  à  leur  étonnante  et  parfaite  construc- 
tion, puisqu'ils  sont  destinés  à  arrêter  dans  l'espace  et  à  recueillir  les  modi- 
fications que  la  lumière  doit  y  subir.  Pour  les  naturalistes  et  les  physiciens, 
ce  sont  des  instruments  d'optique  qui,  par  leur  perfection,  sont  des  mo- 
dèles inimitables.  Les  imitations  fictives  des  corps  environnants  viennent 
s'appliquer  dans  cet  espace  exigu  et  circonscrit,  s'y  étaler  avec  une  admi- 
rable réduction,  sur  une  membrane  molle,  sorte  de  tapis  formé  par  l'expan- 
sion de  la  substance  même  d'un  nerf  complètement  dénudé.  Cette  impres- 
sion passive  semble  suppléer  à  l'impossibilité  réelle  d'un  toucher  actif,  qui 
ne  pouvait  s'exercer  sur  des  représentations  impalpables,  sur  des  sortes  de 
spectres  non  tangibles. 


(  871  ) 

»  Nous  sommes  aujourd'hui  et  plus  que  jamais  convaincus  de  cette  répé- 
tition locale  et  circonscrite  dans  leurs  proportions,  de  tous  les  effets  produits 
par  l'existence  d'un  agent  qui  est  un  fluide  lumineux  intactile.  Nous 
pouvons  démontrer  sa  présence  à  l'aide  de  certains  instruments  d'optique 
construits  de  manière  à  recueillir  ces  phénomènes  et  à  les  reproduire 
très-exactement.  Nous  avons,  pour  ainsi  dire,  forcé  la  lumière  à  remplir 
visiblement  son  office  général  et  à  manifester  ses  effets  par  des  actes  dont  la 
copie  authentique  reste  si  exactement  inscrite,  qu'elle  peut  se  conserver 
pour  en  retracer  le  souvenir.  La  photographie,  en  effet,  n'imprime-t-elie 
pas,  sur  un  récipient  inanimé,  les  mêmes  images  que  le  passage  et  les  modi- 
fications de  la  lumière  y  ont  laissées?  Ce  simulacre  y  reste  ainsi  fixé,  et  c'est 
là  une  différence,  relativement  à  la  sensation  visuelle,  qui  ne  consiste  qu'en 
une  action  fugitive,  opérée  dans  les  organes  de  la  vue  avec  la  plus  mer- 
veilleuse instantanéité,  et  dont  la  sensibilité  des  yeux  nous  donne  la  con- 
naissance parfaite.  Ce  sont  des  surfaces  impressionnables  sur  lesquelles  les 
objets  viennent  successivement  se  peindre  et  disparaître.  Leurs  représenta- 
tions subites  s'y  substituent  le^i  unes  aux  autres,  avec  la  rapidité  de  l'éclair, 
sans  y  laisser  de  traces ,  mais  après  avoir  produit  leur  acte  d'apparition,  dont 
nous  avons  la  conscience  et  le  souvenir. 

»  Comme  nous  ne  nous  occupons  ici  de  ces  organes  que  pour  la  classe 
des  Poissons,  nous  rappellerons  que  les  modifications  qu'on  y  a  reconnues 
sont  toutes  relatives  au  séjour  obligé  de  ces  animaux  dans  un  milieu  liquide  ; 
sans  qu'il  soit  nécessaire  de  développer  les  raisons  physiques  des  différences 
observées  chez  les  autres  espèces  qui  vivent  dans  l'air.  Telles  sont  l'absence 
des  paupières  et  des  larmes,  l'aplatissement  du  globe  oculaire,  le  peu  de 
saillie  de  la  cornée  transparente,  la  moindre  proportion  de  l'humeur 
aqueuse,  la  sphéricité  du  cristallin,  le  plissement  de  la  rétine,  etc. 

»  Toutes  ces  particularités  de  structure  ne  font  que  rendre  plus  parfaite 
l'action  des  phénomènes  qui  devaient  avoir  lieu  d'une  autre  manière,  dans 
les  yeux  des  animaux  appelés  à  recevoir  directement  les  effets  de  la  lumière 
lorsqu'elle  a  traversé  un  fluide  élastique.  Nous  voulions  seulement  insister 
ici  sur  ce  fait  que  la  vision  est  une  sensation  produite  par  l'action  d'une 
puissance  physique  immatérielle,  intactile,  appréciée  cependant  par  un 
organe  spécial,  le  seul  qui  soit  doué  du  pouvoir  de  discerner  et  de  saisir 
toutes  les  modifications  de  la  lumière  et  d'être  tout  à  la  fois  le  témoin  passif 
et  le  juge  naturel  de  toutes  ses  propriétés. 

»  Instruits  par  cette  perception,  nous  pouvons  comparer  les  sensations 
que  nous  font  éprouver  les  trois  autres  fluides  impondérés  aux  effets  que  la 


(  872-  ) 
lumière  produit  dans  nos  yeux.  Nous  devons  reconnaître  cependant  que  l'un 
de  ces  principes,  celui  de  la  force  dynamique  ou  de  la  cause  du  mouve- 
ment, a  dans  son  action  principale  beaucoup  plus  d'analogie  physiologique 
avec  le  fluide  lumineux.  Les  deux  organes  de  la  vue  et  de  l'ouïe  sont  comme 
des  sortes  d'éprouvettes  destinées  à  recevoir,  par  petites  portions,  les  effets 
des  phénomènes  généraux  de  la  lumière  et  du  mouvement.  Ces  actions  ne 
peuvent  être  recueillies  et  appréciées  que  par  des  appareils  spéciaux,  loca- 
lisés sur  des  points  de  l'économie  rendus  dans  ce  but  éminemment  plus 
sensibles.  Leur  mécanisme  admirable  a  été  préparé  à  l'avance,  dans  des 
instruments  destinés  à  n'admettre  que  cette  sorte  de  sensation,  pour  en 
donner  une  idée  précise  et  exacte  à  l'animal  -qui  en  a  été  pourvu. 

»  Les  causes  de  la  chaleur  et  de  l'électricité  sont  souvent  associées  à 
celles  de  la  lumière  et  du  mouvement;  elles  coopèrent  aux  mêmes  actions; 
mais  lorsque  les  premiers  de  ces  agents  sont  admis  séparément  dans  le  corps 
des  animaux,  ils  n'y  pénètrent  point  par  des  organes  spécialement  affectés 
à  un  seul  mode  de  perception  ;  leur  action  est  reçue  ou  transmise  dans  tous 
les  organes  de  l'économie  vivante,  où  la  sensation  de  cette  présence  n'est 
perçue  ou  reconnue,  qu'au  moment  même  où  elle  s'eierce,  soit  en  y  arri- 
vant, soit  quand  elle  est  forcée  de  les  abandonner. 

M  Nous  pouvons  nous  fendre  maîtres  du  calorique  ou  du  fluide  élec- 
trique en  les  isolant,  à  l'aide  de  machines  ingénieuses  préparées  par  l'art 
pour  réaliser  en  quelque  sorte  comme  mie  matière  chacune  de  ces  forces, 
afin  de  leur  faire  développer  quelques-unes  de  leurs  propriétés,  dont  nous 
nous  servons  comme  de  puissants  moyens  d'aclion.  La  science  est  parvenue 
à  construire  des  instruments  qui  font  obéir  le  calorique  et  l'électricité,  en 
soumettant  ces  principes  impondérés  à  notre  autorité,  ainsi  que  l'optique 
l'avait  fait  pour  la  lumière. 

»  Nous  accumulons  ces  fluides  comme  une  matière,  dans  des  espaces 
circonscrits;  nous  les  y  retenons  captifs,  pour  leur  donner  subitement  plus 
ou  moins  de  liberté,  afin  de  nous  servir  de  leur  puissance,  en  la  détournant 
à  notre  avantage.  Nous  les  dirigeons  et  les  transmettons  dans  tous  les' autres 
corps  de  la  nature  pour  tirer  parti  de  leurs  propriétés,  afin  de  profiter  de 
leurs  effets,  en  les  appliquant  à  nos  études  et  surtout  pour  subvenir  utile- 
ment à  nos  besoins. 

«  La  chimie  les  emploie  dans  les  analyses  et  les  synthèses  de  tous  les 
corps,  pour  en  démontrer  la  composition  ;  la  physique  les  applique  à  la 
connaissance  plus  approfondie  des  faits  généraux,  pour  faire  apprécier  tous 
les  phénomènes  de  la  nature,  dans  leurs  causes  et  dans  leurs  effets.  Ces 


(  873  ) 
sciences,  par  leurs  conseils  éclairés,  ont  fourni  aux  arts  et  à  l'industrie  les 
instruments  qui  ont  donné  lieu  aux  découvertes  de  notre  époque,  dont  les 
applications  sont  les  plus  merveilleuses  et  les  plus  utiles,  même  à  la  physio- 
logie. 

»  C'est  à  l'aide  des  plus  ingénieuses  applications  des  procédés  de  la 
science  que  nous  pouvons  produire  et  communiquer  à  notre  gré  le  mouve- 
ment et  la  puissance  électrique  avec  la  plus  grande  énergie,  et  d'une  ma- 
nière constante  et  rapide.  Nous  soumettons  aujourd'hui  la  force  motrice, 
que  nous  faisons  naître  dans  nos  machines,  afin  de  pouvoir  la  distribuer  en 
mille  façons  dans  les  emplois  les  plus  variés  qui  s'appliquent  ainsi  à  la  plu- 
part des  besoins  de  la  société.  Nous  forçons  le  fluide  électrique  à  transmettre 
dans  un  lieu  déterminé  de  l'espace,  et  sans  aucun  intermédiaire,  les  expres- 
sions de  nos  pensées  les  plus  secrètes  et  les  actes  de  notre  volonté,  à  des 
distances  immenses  et  avec  la  célérité  de  la  foudre. 

»  Sous  le  point  de  vue  physiologique,  ne  pouvons-nous  pas  ainsi,  par 
une  imitation  savante,  faire  mieux  concevoir  et  rendre  plus  évident  le  pou- 
voir admirable  qu'exercent  nos  filaments  nerveux,  quand  ils  font  obéir 
toutes  les  parties  de  notre  corps  à  la  volonté  centrale  qui  les  régit,  et  à  la- 
quelle ils  transmettent  également  toutes  les  impressions  venues  du  dehors, 
et  celles  qui  se  font  ressentir  à  l'intérieur  de  notre  économie? 

»  Nous  ne  trouvons  pas  de  modifications  importantes  à  indiquer  dans 
l'action  du  calorique  et  du  fluide  électrique  qui  soient  spécialement  appli- 
cables à  la  classe  des  Poissons.  Le  mode  de  leur  respiration  et  leur  séjour 
obligé  dans  l'eau  maintiennent  leur  caloricité  à  une  température  semblable  à 
celle  du  milieu  dans  lequel  ils  plongent.  Quant  au  fluide  électrique,  les  Pois- 
sons sont  soumis  à  son  influence  comme  tous  les  autres  animaux.  Quelques 
espèces  seulement  sont  douées  d'appareils  destinés  à  le  produire,  à  le  con- 
denser, pour  le  transmettre  dans  certaines  circonstances  avec  une  force 
suffisante,  soit  pour  éloigner  leurs  ennemis  ou  se  préserver  de  la  destruction, 
soit  afin  de  se  procurer  plus  facilement  leur  nourriture. 

»  La  nature  a  dévolu  aux  Poissons  la  puissance  du  mouvement  avec 
une  telle  exubérance,  que  si  les  organes  destinés,  chez  ces  animaux,  à 
produire  la  locomotion  étaient  mis  à  part,  pour  que  l'anatomiste  pijt 
comparer  leur  poids  ou  leur  volume  avec  ceux  qui  servent  à  la  nutrition  et 
à  la  sensibilité  générale,  la  masse  des  muscles  et  des  os  ferait  peut-être,  à 
elle  seule,  les  neuf  dixièmes  du  poids  total  de  l'individu.  C'est  déjà,  pour  la 
physiologie,  un  fait  important  à  constater  dans  le  mode  d'existence  de  la 
classe  des  Poissons. 


(  874  ) 

»  Nous  n'avons  pas  l'intention  de  rechercher  ici  les  causes  productrices 
du  mouvement  qui  s'associent  souvent  à  l'action  de  plusieurs  autres,  telles 
que  celles  de  la  pesanteur,  de  la  chaleur,  de  l'électricité  et  surtout  à  la  faculté 
que  tous  les  animaux  possèdent  de  la  manifester  à  volonté.  Cette  action, 
produite  uAe  première  fois,  se  communique  à  tous  \ps  corps  et  semble  ne 
les  abandonner  qu'autan  t  que  ce  mouvement  transmet  sa  puissance  primitive, 
la  divise  ou  la  partage, en  la  distribuant  dans  toutes  les  autres  matières  avec 
lesquelles  cet  agent  est  mis  en  rapport.  C'est  cet  ensemble  de  propriétés  du 
mouvement  transmis,  que  nous  devons  plus  particulièrement  étudier  parce 
que  la  plupart  des  animaux  ont  un  sens,  un  organe  spécial  destiné  à  cette 
perception  physiologique. 

»  La  physique  a  démontré  que  le  principe  du  mouvement  se  communique 
à  tous  les  corps-  Elle  leur  emprunte,  par  divers  procédés,  la  cause  des 
phénomènes  qu'elle  veut  reproduire  et  dont  elle  peut  déterminer  la  force 
et  la  durée.  Tantôt  le  mouvement  agit  sur  la  masse  entière  qu'il  déplace  en 
totalité  pour  lui  faire  parcourir  l'espace  avec  plus  ou  moins  de  vitesse,  ce 
que  nous  pouvons  apprécier  par  la  vue  et  par  le  temps  employé  pour  la 
transporter  d'un  point  à  un  autre.  Tantôt  l'impulsion,  ou  la  communication 
de  ce  mouvement  par  le  choc,  agit  en  même  temps  sur  les  molécules  des 
corps  qu'elle  tend  à  séparer  ou  à  éloigner  les  unes  des  autres,  en  les  ébran- 
lant, ou  en  déterminant  un  effet  de  résistance  rendu  manifeste  par  des  oscil- 
lations ou  des  vibrations  de  toutes  les  parties  intégrantes,  mouvement  qui 
persiste  jusqu'à  ce  que  cette  puissance  transmise  semble  perdre  sa  force  ou 
s'anéantir  en  laissant  la  matière  dans  son  état  primitif  d'immobilité  ou  de 
repos  absolu.  Cette  alternative  de  va-èt- vient,  ce  mouvement  de  vibration, 
se  communiquent  à  tous  les  corps  matériels  environnants,  mais  ils  ne  sont 
ressentis  que  parles  animaux;  soit  que  la  transmission  ait  lieu  par  des  gaz, 
comme  dans  notre  atmosphère,  en  produisant  des  sons,  soit  qu'elle  se  com- 
munique par  l'intermède  des  liquides.  Dans  ce  de,rnier  cas,  et  c'est  celui 
où  se  trouvent  les  Poissons,  ce  sont  des  ondulations,  ou  des  percussions  de 
globules  entre  eux  qui  ne  sont  mises  en  évidence  que  par  la  vue,  mais  pour 
lesquelles  nous  n'avons  pas  dans  notre  langue  de  dénominations  qui  puis- 
sent leur  être  spécialement  appliquées,  parce  que  nos  organes  ne  sont  pas 
faits  pour  admettre  des  effets  vibratiles  autrement  que  par  la  petite  portion 
d'air  ou  de  gaz  contenue  dans  notre  caisse  du  tympan. 

«  Or,  pour  des  organes  autrement  construits  et  placés  dans  des  conditions 
si  différentes,  les  ébranlements  transmis  à  un  liquide  et  communiqués  par 
lui  à  une  oreille  qui  ne  renferme  point  de  fluide  gazeux,  constituent-ils 


^  875  ) 
de  véritables  sons?  Cependant  nous  savons  que  le  mouvement,  ainsi  que  la 
lumière,  se  propagent  et  s'étendent  dans  l'espace  comme  des  rayons  qiii, 
partant  d'un  centre,  se  dirigent  en  ligne  droite,  quand  ils  ne  sont  pas 
détournés  sur  leur  route.  Les  effets  résultant  du  mouvement  communiqué 
sont  admis  dans  des  organes  spéciaux  de  la  vie  animale,  et  ils  reproduisent 
dans  les  organes  de  l'ouïe,  avec  la  plus  grande  rapidité,  les  mêmes  ébraiile- 
menfs  que  ceux  qui  ont  lieu  dans  l'espace.  Ce  sont  de  petits  appareils  de 
physique  et  de  mécanique  :  ils  reçoivent,  répètent  ou  imitent,  d'une  manière 
identique  et  isochrone,  mais  réduits  en  intensité,  tous  les  mouvements 
communiqués,  en  procurant  à  l'animal  qui  en  est  doué  l'admirable  laculté 
d'en  percevoir  la  sensation,  comme  les  organes  de  la  vue  admettent  et  repro- 
duisent tous  les  phénomènes  de  la  lumière  qui  a  parcouru  l'espace. 

»  Chez  les  Poissons,  l'organe  de  l'ouïe  devait  être,  et  il  est  en  effet, 
d'une  structure  particulière;  il  a  été  réduit  et  ramené  à  la  plus  grande 
simplicité.  Il  n'y  a  chez  eux  ni  conque,  ni  conduit  auditif,  ni  trompe  gut- 
turale, ni  tympan,  ni  caisse  aérienne.  L'instrument  acoustique  est  logé  à  la 
base  du  crâne  ;  il  consiste  en  un  sac  membraneux  ;  on  y  retrouve  les  trois 
canaux  semi-circulaires  élastiques,  avec  leurs  ampoules  ou  portions  dila- 
tées, aboutissant  à  une  sorte  de  labyrinthe,  cavité  remplie  d'une  matière 
gélatineuse  tremblotante,  dans  laquelle  sont  maintenues  en  suspension  des 
matières  pulvérulentes,  ou  des  concrétions  calcaires  vibratiles;  sur  cet  ap- 
pareil, vient  s'étaler  la  pulpe  nerveuse,  portion  spéciale  et  déterminée  du 
système  général  de  la  sensibilité. 

»  On  conçoit,  d'après  ce  qui  précède,  touchant  les  différences  que  lés 
phénomènes  présentent  suivant  celles  du  milieu  dans  lequel  ils  s'accomplis- 
sent, combien  étaient  devenues  nécessaires  et  importantes  ces  modifica- 
tions dans  la  structure  et  la  composition  de  l'organe  de  l'ouïe  des  Poissons, 
puisqu'il  devait  recevoir,  reproduire  et  transmettre  les  effets  du  mouvement 
d'une  manière  plus  directe  et  plus  rapide  chez  ces  animaux  qui  restent 
plongés  constamment  dans  un  milieu  liquide  :  c'est  là  surtout  un  des  faits 
que  nous  voulions  établir  et  constater  dans  cette  dissertation. 

»  Maintenant  il  nous  reste  trois  autres  sens  à  examiner  chez  les  Poissons. 
Ijes  perceptions  physiologiques  qui  résultent  de  leur  action  ne  s'appliquent 
plus  à  l'appréciation  des  fluides  impondérés;  elles  doivent  s'exercer  sur 
des  matières  réelles,  mises  en  contact  avec  des  parties  sensibles,  quelques 
formes  qu'elles  affectent  :  solides,  liquides  ou  gazeuses.  Ces  sensations 
sont  plus  faciles  à  concevoir  dans  leurs  effets,  parce  que  nous  possédons 
des  organes  analogues;  mais  ces  mêmes  instruments  ont  dû,  être  également 

G.   R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  19.)  i  ï4 


(  876  ) 

modifiés,  car  ils  agissent  au  milieu  d'un  liquide  dont  la  température  est 
constamment  en  équilibre  avec  celle  du  corps  des  Poissons. 

»  P'abord  le  toucher  actif  chez  les  Poissons  ne  consiste  que  dans  la 
sensation  du  contact  des  matières  solides  qui  procure  la  connaissance  de 
quelques-unes  de  leurs  propriétés  réelles.  Ces  animaux  n'ont  rien  à  juger, 
à  comparer  qu'à  l'aide  de  leurs  autres  sens,  parce  que  leurs  membres  ne 
peuvent  jamais  envelopper  les  points  opposés  de  la  surface  des  corps  pour 
en  mesurer  les  dimensions,  la  température,  la  forme,  la  sécheresse  et  les 
autres  particularités  de  la  matière.  Les  tentacules,  les  barbillons,  les  lè- 
vres, les  suçoirs,  les  trompes,  etc.,  ne  servent  guère  qu'à  palper,  c'est  un 
attouchement  passif,  mode  de  sen.sation  qui  indique  seulement  l'action 
d'être  touché,  et  que  nous  pourrions  nommer  une  sorte  de  làction. 

»  Le  goût  et  l'odorat  sont  deux  sens  dont  les  perceptions  ont  la  plus 
grande  importance  pour  la  conservation  de  la  vie  :  ce  sont  des  instruments 
appelés  à  juger  des  qualités  inhérentes  à  la  composition  chimique  des  ma- 
tières liquides  ou  gazeuses  destinés  à  indiquer  aux  animaux,  comme  par 
anticipation,  la  nature  de  leurs  aliments  ainsi  que  les  émanations  qui  s'en 
dégagent,  ou  qui  en  se  dissolvant,  se  transmettent  alors  dans  les  fluides  où 
ils  vivent.  ' 

»  Les  qualités,  sapides  ou  odorantes,  dépendent  de  la  nature  de  leur 
dissolvant,  car  pour  se  manifester  elles  doivent  être  liquides  ou  gazeuses. 
Elles  sont  destinées  à  être  transmises  sous  ces  formes  pour  être  placées  en 
contact  avec  des  organes  disposés  de  la  façon  la  plus  convenable  pour  les 
admettre.  Ce  sont  des  membranes  humides,  pénétrées  de  ramifications 
nerveuses  étalées  largement  à  l'entrée  des  voies  respiratoires  et.diges- 
tives. 

»  L'action  est  la  même  pour  ces  deux  organes.  C'est  un  acte  d'analyse 
chimique  et  vital,  dont  le  résultat  ne  diffère  que  par  le  dissolvant  qui  a 
servi  de  véhicule  à  la  matière  active.  Ces  deux  sens  sont  des  éprouvettes 
placées  en  vedettes,  ou  comme  des  sentinelles  avancées  et  surveillantes,  pour 
explorer  au  passage  les  fluides  liquides  ou  gazeux. 

»  Les  odeurs  sont  à  l'air  inspiré  ce  que  les  saveurs  sont  aux  liquides  in- 
troduits dans,  la  bouche.  Il  n'y  a  de  matières  odorantes  que  celles  qui  sont 
volatilisables  ou  gazeuses,  ou  bien  suspendues  dans  du  gaz. 

»  Comme  une  substance  n'est  sapide  qu'autant  que  la  matière  ainsi  dési- 
gnée est  actuellement  liquide  ou  peut  le  devenir,  aucun  autre  sens  n'est  apte 
à  remplacer  le  goût  ou  l'odorat.  Les  qualités  que  ces  organes  sont  appe- 
lés à  apprécier  ne  sont  perceptibles  ni  par  la  vue ,  ni  par  l'ouïe,  ni  par  le 


(  877  ) 
tact;   cependant  leur  action   peut  être  modifiée  par  le  calorique  et  par 
l'électricité.  • 

a  En  raison  dii  but  spécial  que  nous  nous  sommes  proposé  dans  celte 
dissertation,  nous  avons  besoin  d'insister  sur  l'organe  de  l'odorat  ou  de 
l'olfaction,  parce  qu'il  présente  un  cas  tout  particulier  de  substitution  d'un 
instrument  par  un  autre.  Tout  porte,  en  effet,  à  croire  que  les  Poissons  sont 
privés  du  goût,  au  moins  dans  la  cavité  buccale,  et  que  ce  sens  a  été  déplacé 
et  confié  à  l'organe  qui  ne  pouvait  plus  servir  à  l'olfaction,  puisqu'il  n'y  a 
pas  d'odeurs  dans  l'eau,  ou  que  dans  ce  cas,  ces  sortes  d'émanations  sont 
devenues  liquides  et  par  conséquent  sapides. 

»  On  sait  que,  dans  tous  les  animaux  qui  vivent  dans  l'air,  l'organe  de 
l'odorat  est  situé  sur  le  passage  du  fluide  élastique  servant  à  la  respiration, 
puisque  c'est  le  seul  véhicule  des  matières  odorantes.  Or  les  Poissons  ne 
respirent  pas  des  gaz;  c'est  de  l'eau  même  qu'ils  avalent  pour  la  faire  par- 
venir dans  la  cavité  où  se  trouvent  leurs  branchies  aquatiques,  qui  remplis- 
sent les  fonctions  des  poumons  aériens. 

»  Cependant,  parmi  les  emplois  utiles  du  sens  de  l'odorat,  il  en  est  im 
très-important,  c'est  celui  de  transmettre  des  notions  sur  la  direction  suivie 
par  d'autres  animaux  qui  peuvent  servir  à  la  propre  alimentation  de  l'indi- 
vidu, ou  subvenir  à  ses  besoins  instinctifs  pour  la  conservation  de  sa  race. 
Il  juge  ainsi  de  leur  rapprochement  ou  de  leur  éloignement.  L'atmosphère 
devient  le  guide  invisible  qui  dirige  l'animal  dans  toutes  ses  facultés  actives 
pour  attirer,  repousser  ou  poursuivre;  pour  s'éloigner  du  danger  qu'il  doit 
éviter,  ou  pour  se  rapprocher  de  ce  qui  peut  lui  être  utile;  car  tout  besoin 
satisfait  est  une  jouissance  ou  une  sensation  de  plaisir.  N'est-il  pas  probable 
que,  dans  le  même  but,  l'eau  apporte  en  suspension  les  matières  émanées 
du  corps  même  des  diverses  espèces,  dont  quelques  parties  ont  été  ainsi 
dissoutes,  et  qu'elles  peuvent  être  alors  appréciées,  comme  saveurs,  au 
lieu  de  l'être  comme  substances  odorantes? 

»  Ce  n'est  pas  uniquement  dans  la  spécialité  du  nerf  de  l'olfaction  que 
réside  la  faculté  d'odorer,  mais  surtout  dans  la  disposition  mécanique  de 
l'organe,  qui  exige  une  application  directe  et  immédiate  du  corps  gazeux; 
car  il  n'y  a  de  véritable  olfaction  que  chez  les  animaux  qui  respirent  dans 
l'air.  Un  être  vivant,  constamment  plongé  dans  un  liquide,  paraît  avoir 
moins  besoin  d'un  sens  qui  ne  lui  ferait  connaître  que  les  qualités  des  gaz. 
Cependant  les  Poissons  ont  évidemment  l'organe  dont  les  nerfs  sont  même 
excessivement  développés. 

»   Les  narines  existent  dans  tous  les  Poissons,  mais  elles  ne  sont  pas  si- 


(878) 
tuées  sur  le  passage  direct  de  l'eau  destinée  à  la  respiration.  Le  liquide  qui 
entre  rapidement  dans  leur  bouche,  en  sort  par  une  autre  issue.  Les  cavités, 
que  nous  pouvons  encore  nommer  olfactives,  ne  communiquent  le  plus 
souvent  ni  avec  la  bouche  ni  avec  la  gorge;  ce  sont  des  impasses,  des  cu- 
pules logées  dans  des  fosses  plus  ou  moins  masquées  par  des  replis  érectiles 
de  la  peau,  garnies  de  soupapes  pour  attirer  ou  chasser  alternativement 
une  certaine  quantité  d'eau,  chaque  fois  que  le  Poisson  fait  entrer  le  liquide 
dans  la  cavité  buccale,  par  un  mécanisme  qui  dépend  de  l'articulation  et 
du  mouvement  des  os  labiaux  et  des  maxillaires  supérieurs.  Généralement, 
la  membrane  sensitive  qui  reçoit  l'épanouissement  du  nerf  olfactif  présente 
des  plis  disposés  en  rayons,  partant  comme  d'un  cenn-e  concave,  toujours 
protégés  par  une  sorte  de  mucus. 

»  Telle  est,  d'une  manière  fort  abrégée,  la  disposition  de  l'organe  auquel 
on  attribue  presque  toujours,  et  par  analogie  de  structure  et  de  situation,  les 
fonctions  des  narines.  Cependant  le  physiologiste  est  aujourd'hui  conduit 
à  penser  que  ces  prétendues  narines  sont  plutôt  des  organes  du  goiit  que 
ceux  de  l'olfaction.  En  effet,  les  matières  sapides  ont  toujours  besoin  d'un 
dissolvant  liquide,  quand  elles  ne  sont  pas  actuellement  en  dissolution. 
Intrinsèquement,  les  liquides  ne  peuvent  avoir  d'odeur,  ni  les  gaz  de  saveur, 
sans  changer  la  nature  de  leurs  formes.  La  sensation  qu'ils  produisent  est 
le  résultat  du  contact  matériel  de  molécules  appliquées  immédiatement  sur 
des  surfaces  sentantes,  humides  et  très-molles. 

»  Les  Poissons  avalent  leur  nourriture  tout  d'une  pièce,  sans  la  goûter 
d'avance,  sans  la  diviser  ou  la  mâcher.  Ils  n'ont,  pour  la  plupart,  ni  salive 
ni  glandes  salivaires;  la  cavité  de  leur  bouche  est  très-amplifiable,  tapissée 
par  une  membrane  coriace,  peu  sensible,  parce  qu'elle  est  souvent  hé- 
rissée de  dents  ou  d'épines  s'opposant  à  un  contact  intime  de  la  ma- 
tière qui  doit  être  avalée.  Leur  langue  est  rarement  mobile  et  charnue; 
elle  n'est  pas  flexible,  allongeable,  «;ontractile,  repliable,  parce  qu'elle  n'a 
pas  de  muscles  intrinsèques;  d'ailleurs  sa  surface  n'est  jamais  garnie  de 
papilles. 

»  Il  répugne,  il  est  vi-ai,  de  penser  que  l'organe  du  goût  puisse  faire  défaut 
absolu  à  un  animal,  puisque  de  cette  sensation  dépend  la  conservation  de 
l'individu;  ce  sens  paraîtrait  devoir  être  le  dernier  à  s'oblitérer.  Cependant, 
par  cette  seule  circonstance  que  le  mode  de  respiration  n'est  plus  le  même, 
il  s'est  opéré  un  changement  qui  était  devenu  nécessaire.  Le  frottement,  le 
passage  continuel  de  l'eau  ont  dû  émousser  la  sensibilité  de  la  bouche.  Le 
besoin  de  respirer  continuellement  par  cet  orifice  était  un  obstacle  à  ce 


(  879  ) 
qu'un  aliment  put  rester  longtemps  dans  la  booche  pour  y  être  soumis 
à  la  mastication,  acte  dans  lequel  se  font  spécialement  apprécier  les  sa- 
veurs. 

»  Nous  savons  que,  dans  quelques  cas,  un  organe  peut  être  suppléé  par  un 
autre.  Les  aveugles,  dans  certaines  circonstances,  ont  pu  subvenir  par  l'ouïe 
à  la  sensation  qui  leur  manque.  Les  sourds  jugent  souvent  des  sons  par  la 
vue  ou  par  des  signes  qui  les  représentent.  Les  saveurs  ne  poun-aient-elles 
pas  être  perçues,  chez  les  Poissons,  par  l'organe  de  l'odorat?  C'est  une  opi- 
nion que  nous  avons  émise  et  publiée  (i)  dans  une  dissertation,  il  y  a  plus 
de  cinquante  ans,  et  que  nous  reproduisons  ici.  » 

ZOOLOGIE.  —  Note  sur  la  naissance  d'un  jeune  hippopotame  à  ta  Ménagerie  du 
Muséum  d'histoire  naturelle;  par  M.  Is.  Geoffrot-Saint-Hilaire. 

«  Il  s'est  produit,  ce  matin  même,  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  un 
fait  trop  remarquable  et  trop  rare  pour  que  je  ne  me  fasse  pas  un  devoir  de 
le  communiquer  à  l'académie  :  un  hippopotame  est  né  à  la  Ménagerie. 

»  On  sait  que  l'hippopotame  est,  de  tous  les  grands  quadrupèdes,  celui 
qu'an  a  vu  le  plus  rarement  en  Europe.  Les  Romains,  qui  réunirent  dans 
leurs  cirques,  lors  des  guerres  Puniques  et  plus  tard,  des  dizaines  et  même  des 
centaines  d'éléphants,  sous  les  Consuls  et  sous  les  Empereurs,  des  centaines 
de  lions  et  jusqu'à  mille  panthères  et  mille  ours,  et,  sous  Titus,  neuf  mille 
animaux  de  diverses- espèces,  ne  virent  que  très-rarement  paraître  des  hip- 
popotames dans  leurs  jeux.  L'édile  Scaurus,  le  premier,  en  montra  un  au 
peuple  romain  :  on  en  revit  d'aiUres,  mais  toujours  en  très-petit  nombre, 
sous  Auguste,  sous  Antonin,  sous  Commode,  sous  Héliogabale,  sous  Gor- 
dien IIL  Mais  les  historiens  qui  rapportent  ces  faits  ne  mentionnent  aucun 
exemple  de  reproduction.  Dans  les  temps  modernes,  quatre  hippopotames 
seulement  sont  venus  en  Europe  :  les  deux  individus,  mâle  et  femelle,  qui 
sont  en  ce  moment  même  au  Jardin  zoologique  de  Jjondres,  et  les  deux, 
mâle  et  femelle  aussi,  que  la  Ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  a 
reçus  en  don  de  S.  A.  le  vice-roi  d'Egypte  et  de  S.  A.  le  prince  Halim- 
Pacha.  . 

»  A  Londres,  le  naturel  violent  du  mâle  a  toujours  empêché  de  le  réunir 
à  la  femelle.  A  Paris,  les  deux  individus  ont  dû,  de  même,  rester  quelque 


(i)  Mémoire  sur  l'odorat  des  Poissons,  lu  à  l'Institut  le  a4  août  1807,  imprimé  dans  le 
Magasin  encyclopédique,  t,  V,  p.  gg. 


(  88o  ) 
temps  séparés;  mais,  mis  en  présence  des  deux  côtés  d'une  forte  bar- 
rière, ils  se  sont  peu  à  peu  habitués  l'un  à  l'autre,  et  le  mâle  a  pu  être 
réuni  sans  danger  à  la  femelle,  avec  laquelle  il  n'a  cessé  de  vivre  depuis  en 
bonne  intelligence.  Il  y  avait  donc  tout  lieu  de  s'attendre  à  la  naissance  d'un 
jeune;  plusieurs  rapprochements  sexuels  avaient  eu  lieu,  le  dernier  il  y  a 
treize  mois  ;  mais  rien  ne  faisait  prévoir  que  la  parturitidn  dût  avoir  lieu 
sitôt  :  on  n'avait  pas  même  la  certitude  que  la  femelle  fût  pleine  :  son 
abdomen  n'était  pas  devenu  sensiblement  plus  volumineux,  et  ses  deux 
mamelles  étaient  restées  à  peine  apparentes. 

I)  C'est  donc  avec  une  extrême  surprise  que  nous  avons  vu  ce  matin  naître 
un  jeune  hippopotame.  Au  moment  où  la  parturition  a  eu  lieu,  la  mère  se 
tenait  vers  le  bord  de  son  bassin,  la  tête  et  le  col  hors  de  l'eau,  le  reste  du 
corps  submergé.  Le  petit  est  donc  venu  au  monde  dans  l'eau.  Il  s'est  mis 
immédiatement  à  nager.  Un  instant  après,  il  a  fait  sortir  de  l'eau  son  museau 
et  ses  narines,  déjà  munies  des  soupapes  qui  les  ferment  à  volonté;  après 
avoir  respiré  quelques  secondes,  il  a  replongé  et  s'est  remis  à  nager,  fai- 
sant sans  cesse  le  tour- de  son  bassin. 

»  Sa  taille  est  de  \  mètre  environ  (o",99)  ;  sa  couleur  est  déjà  celle  des 
adultes,  et  ses  formes  diffèrent  peu  des  leurs.  Ses  sabots  sont  divisés  et 
comme  déchiquetés  inférieurement  en  lanières  et  en  filaments  cornés, 
presque  comparables  à  des  poils,  et  qui  ajoutent  encore  à  l'étendue  de 
la  surface  de  ses  pieds  palmés.  Il  est  généralement  nu  :  on  remarque 
seulement  quelques  poils  épars  sur  la  tête,  le  dos,  la  croupe,  et  d'autres, 
plus  longs  et  plus  nombreux,  sur  les  bords  des  oreilles  et  de  la  queue,  et 
sur  les  lèvres.  Il  n'y  a  point  encore  de  dents  sorties,  mais  on  sent  déjà  les 
défenses  inférieures  dans  les  gencives. 

u  Le  jeune  hippopotame  est  né  à  terme  et  robuste.  Sa  voix  était  déjà 
si  forte,  une  heure  après  sa  naissance,  que  quelques  personnes  croyaient 
entendre  un  des  adultes. 

»  Malheureusement  il  est  à  craindre  que  ce  jeune  animal  ne  vive  pas  :  il 
ne  cherche  pas  les  mamelles  de  sa  mère  ;  il  ne  la  suit  même  pas,  et  c'est 
elle,  au  contraire,  qui  le  suit,  mais  sans  consentir  à  lui  donner  les  soins 
nécessaires.  Elle  semble  le  vouloir  à  peu  de  distance  d'elle,  mais  non  immé- 
diatement près  d'elle.  Le  petit  était  une  fois  monté  sur  le  dos  de  la  mère, 
selon  les  habitudes  de  cette  espèce  et  d'un  grand  nombre  d'autres  animaux 
aquatiques,  pour  se  reposer  des  fatigues  d'une  natation  prolongée;  elle  s'est 
refusée  à  le  supporter  et  l'a  aussitôt  rejeté  de  côté.  Une  fois  aussi,  elle  s'est 
lancée,  la  tête  en  avant,  sur  le  jeune,  et  assez  vivement  pour  le  blesser.  Il 


(  88i  ) 
a  donc  fallu  le  placer,  déjà  un  peu  affaibli,  dans  un  bassin  séparé,  et  re- 
courir à  l'allaitement  artificiel.  Quoiqu'il  boive  bien  le  lait  des  chèvres  qui 
lui  ont  été  données  pour  nourrices,  il  est  très-vraisemblable  qu'on  ne  le 
conservera  pas  (i). 

»  Je  fais  placer  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  dessin  du  jeune  animal, 
exécuté  de  grandeur  naturelle,  par  M.  Huet,  préparateur  de  zoologie  au 
Muséum  d'histoire  naturelle.  Un  autre  dessin,  plus  fini,  a  été  commencé  pour 
la  collection  des  vélins  du  Muséum  par  M.  Bocourt.  J'aurai  l'honneur  de 
le  présenter  à  l'Académie,  ainsi  qu'une  description  détaillée  du  jeune 
hippopotame  que  fait,  avec  le  plus  grand  soin,  mon  zélé  et  savant  aide, 
M.  Florent  Prévost. 

B  Le  placenta  et  les  membranes  ont  pu  être  recueillis  en  bon  état.  Cette 
pièce  anatomique,  d'un  grand  prix  pour  les  zoologistes  et  les  anatomistes, 
a  été  remise  à  notre  savant  confrère  M.  Serres,  professeur  d'anatomie 
comparée  au  Muséum,  qui  déjà  en  a  commencé  l'étude;  et  elle  intéres- 
sera sans  nul  doute  aussi  M.  Milne  Edwards,  dont  la  classification  mam- 
malogique  est  principalement  fondée,  comme  on  le  sait,  sur  la  structure 
du  placenta.  » 

M.  Floiirens  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  troisième  édition  de  son 
Histoire  des  Travaux  de  Cuvier. 

«  Cet  ouvrage,  dit  M.  Flourens,  se  compose  de  quatre  chapitres  :  le 
premier,  sur  la  zoo/ofj'ie;  le  second,  sur  Vanalomie  comparée;  le  troisième, 
sur  la  paléoiUologie  ;  le  quatrième,  sur  l'histoire  naturelle  philosophique. 

»  Dans  l'édition  actuelle,  chacun  de  ces  articles  a  reçu  des  développe- 
ments nouveaux,  et  l'ouvrage  entier  plus  d'ordre  et  plus  d'unité.  » 

«  ASTRONOMIE.  —  M.  Le  Verrier  présente  à  l'Académie  un  nouveau  com- 
plément à  ses  recherches  sur  la  théorie  du  Soleil. 

»  L'auteur  a  considéré  dans  ce  travail  une  suite  non  interrompue  d'ob- 
servations faites  pendant  un  siècle  à  Greenwich,  Paris  et  Rœnisberg;  savoir  : 

Observations  faites  à  Greenwich  depuis  1760  jusqu'en  i85o,  au  nombre  de. . .     6001 

Observations  faites  à  Paris  depuis  1801  jusqu'en  1846,  au  nombre  de 2026 

Observations  faites  à  Kœnisberg  depuis  1814  jusqu'en  i83o ,  au  nombre  de. . .       884 

Nombre  total  des  observations 891 1 

(ij  Le  jeune  hippopotame  est,  en  effet,  mort  dans  l'après-midi.  Déjà  il  a  été  moulé  eo 


(  882  ) 

»  La  continuité  des  observations  ainsi  employées  et  leur  comparaison 
d'un  observatoire  à  un  autre  ont  permis  de  discuter  l'exactitude  des  obser- 
vations elles-mêmes,  ainsi  que  le  degré  de  précision  qu'elles  peuvent  four- 
nir pour  les  éléments  de  la  théorie  du  Soleil, 

»  Les  masses  de  Vénus,  de  Mars,  et  la  valeur  de  l'équation  lunaire  ont 
été  également  conclues. 

»  L'équation  lunaire  dépend  uniquement  de  la  masse  de  la  Lune  et  de 
la  parallaxe  du  Soleil.  En  admettant  que  la  masse  de  la  Lune,  déduite  de  la 
mesure  du  coefficient  de  la  nutation  et  de  la  mesure  de  la  gravité  à  la  sur- 
face de  la  Terre,  est  exacte,  on  est  conduit  à  une  valeur  de  la  parallaxe  du 
Soleil  égale  à  8",95. 

»  Nous  n'entrerons  point  ici  dans  plus  de  détails,  l'ouvrage  étant  sous 
presse  et  devant  incessamment  paraître.   » 

RAPPORTS. 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  -^  Rapport  sur  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  Etude  des 
principales  variétés  de  houille  consommées  sur  le  marché  de  Paris  et  du 
nord  de  la  France;  étude  de  la  tourbe  ;  par  M.  de  Commines  de  Marsillv. 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  de  Senarmont,  Pelouze  rapporteur.) 

«  Le  but  que  se  propose  l'auteur  du  travail  considérable  dont  nous 
allons  rendre  compte  est  d'étudier  la  combustion  dans  les  foyers  des  loco- 
motives. Cette  question  se  compose  d'éléments  très-divers,  parmi  lesquels 
le  plus  important  est  le  combustible.  Mais  suivant  que  l'on  emploie  le  coke, 
la  houille,  la  tourbe  ou  le  bois,  les  produits  de  la  combustion  varient  et 
avec  eux  doivent  varier  la  forme  et  les  dimensions  de  la  locomotive. 

«  L'étude  des  combustibles  au  point  de  vue  de  leurs  propriétés  princi- 
pales et  de  leur  composition  chimique  doit  donc  précéder  celle  de  leur  com- 
bustion dans  les  locomotives. 

»  Il  y  a  là  deux  questions  distinctes,  dont  la  première  est  la  seule  que 
nous  ayons  à  examiner. 

»  L'auteur,  pour  circonscrire  un  sujet  trop  vaste,  s'est  borné  à  l'exa- 
men des  combustibles  qui  arrivent  sur  le  chemin  de  fer  du  Nord.  C'est 


entier  par  M.  Poortmann ,  premier  préparateur  de  mon  laboratoire,  et  par  M.  Forment, 
et  injecté  avec  une  liqueur  conservatrice  par  les  soins  de  M.  le  docteur  Gratiolet,  afin  que 
la  dissection  puisse  être  faite  plus  àioisir  et  d'une  manière  plus  complète. 


(  883  ) 

d'ailleurs  dans  les  foyers  des  locomotives  de  ce  chemin  que  doivent  être 
faites  des  études  sur  la  combustion.  ori 

»  Les  combustibles  dont  il  s'agit  sont  : 

»  Les  houilles  de  Belgique  ; 

«   Les  houilles  du  Nord  ; 

»  Les  houilles  du  bassin  de  Newcastle  (Angleterre); 

»  Les  briquettes  : 

»  Le  coke;  i'>  ■  ;  '■^^' 

»  La  tourbe  des  départements  du  Pas-de-Calais,  de  la  SoiniWe,  dfe  l'Aisne 
et  de  l'Oise. 

»  Les  importations  de  houilles  belges  et  anglaises  et  la  production  des 
houilles  du  nord  dé  la  France  s'élèvent  ensemble  à  environ  5  millions  de 
tonnes  par  an. 

»  En  i856,  elles  se  sont  réparties,  ainsi  qu'il  suit,  entre  les  divers  bas- 
sins producteurs  : 

Bassin  de  Mons  et  bassin  du  Centre ... .  1700000  tonnes. 

Bassin  de  Charleroi 900000       » 

Bassin  de  Valenciennes 800  000       » 

Bassin  du  Pas-de-Calais 3oo  000       » 

Bassin  de  Newcastle 4ooobo       » 

Total 5 100 000  tonnes. 

»  La  consommation  annuelle  de  la  France  étant  d'environ  9  millions  de 
tonnes,  il  en  résulte  que  les  études  de  M.  de  Marsilly  comprennent  plus  de 
la  moitié  des  houilles  qu'on  y  emploie. 

»  M.  de  Marsilly,  dès  le  début  de  ses  recherches,  a  reconnu  que  la  perte 
de  poids  qu'éprouve  la  houille  dans  le  vide  sec  était  toujours  inférieure  à 
celle  obtenue  dans  l'étuve  à  100  degrés;  cette  observation  l'a  conduit  à  étu- 
dier l'action  de  la  chaleur  sur  les  houilles,  entre  la  température  ordinaire 
et  3oo  degrés.  Il  a  constaté  qu'à  partir  de  5o  degrés  la  houille  perdait  du 
gaz,  que  le  dégagement  ne  devenait  bien  sensible  qu'à  100  degrés  et  au  delà, 
et  qu'il  allait  croissant  jusqu'à  33o  degrés  et  probablement  jusqu'au  point 
oîi  commence  la  décomposition  proprement  dite  de  la  houille. 

»  La  quantité  de  gaz  obtenue  variait  de  i  à  2  litres  par  kilogramme  de 
houille. 

M  De  plus  il  recueillait  un  produit  liquide  ayant  l'odeur  de  la  benzine, 
dont  le  poids  variait  de  10  à  i5  grammes  par  kilogramme  de  houille. 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVl,  N»  19.)  I  l5 


(  .884  ) 

»  Les  poids  réunis  du  gaz  et  du  liquide  forment  la  perte  qu'éprouve  la 
houille  à  3oo  degrés  ;  elle  varie  de  i  à  a  pour  i  oo. 

»  Un  fait  remarquable,  c'est  que  les  houilles  provenant  de  mines  à  grisou 
dégagent  toujours  et  presque  exclusivement  de  l'hydrogène  carboné,  taudis 
que  les  houilles  provenant  de  mines  où  il  n'y  a  pas  de  grisou  ne  dégagent 
aucune  trace  de  ce  gaz  ;  celui  qu'elles  donnent  est  principalement  composé 
d'azote  et  d'acide  carbonique. 

»  De  là  un  moyen  pratique  et  simple  pour  le  mineur  de  reconnaître  à" 
priori  si  la  veine  de  la  houille  dans  laquelle  il  pénètre  pour  la  première  fois 
est  susceptible  de  dégager  du  grisou,  ce  fléau  des  exploitations  houillères. 

»  L'auteur  a  poussé  plus  loin  ses  recherches;  on  attribue  le  grisou  à  un 
dégagement  spontané  du  gaz  hydrogène  carboné  renfermé  dans  la  houille. 

»  Il  a  fait  pulvériser  rapidement  de  gros  morceaux  de  houille  extraits  de 
la  fosse  depuis  trois  ou  quatre  jours  seulement,  et  mis  la  poussière  sous 
une  cloche  renversée  au-dessus  du  vase  qui  la  contenait;  le  lendemain,  la 
cloche  était  remplie  d'un  gaz  qui  s'enflammait  au  contact  de  la  flamme 
d'une  bougie  :  c'est  donc  bien  de  la  houille  que  se  dégage  spontanément 
le  grisou. 

»  Ce  dégagement  spontané  de  gaz  inflammable  explique  les  explosions 
qui  ont  été  plusieurs  fois  signalées  dans  la  soute  des  navires  à  vapeur  où 
l'on  avait  eu  l'imprudence  de  descendre  avec  une  lampe. 

»  Une  conséquence  pratique  de  ce  fait  est  que  l'on  doit  éviter  dé  charger 
dans  un  navire  à  vapeur  et  en  général  dans  un  endroit  fermé  des  charbons 
récemment  extraits  de  mines  à  grisou,  ou  qu'il  convient  de  prendre  des  pré- 
cautions pour  ne  point  avoir  d'explosion. 

«  Le  dégagement  spontané  d'hydrogène  carboné  a  lieu  même  quand  la 
pression  de  l'atmosphère  ambiante  est  quintuple  de  la  pression  atmosphé- 
rique. , 

»  M.  de  Marsilly  le  démontre  par  l'expérience  suivante  :  il  met  dans  un 
vase  cylindrique  en  cuivre  ao  kilogrammes  de  charbon  menu  provenant  de 
gros  morceaux  récemment  extraits  de  la  fosse  et  pulvérisés  rapidement; 
puis  il  ferme  hermétiquement  le  vase,  et,  avec  une  pompe  de  pression,  il 
refoule  de  l'air  à  l'intérieur  jusqu'à  ce  que  la  pression  atteigne  5  atmo- 
sphères; un  robinet  est  placé  à  la  partie  supérieure  du  cylindre;  on  l'ouvre 
un  instant  et  on  laisse  échapper  quelques  htres  d'air,  dans  le  but  de  produire 
le  dégagement  de  l'hydrogène  carboné,  qui  aurait  pu  devenir  libre  lors  de 
l'introduction  du  charbon  menu  dans  le  cylindre.  Le  même  robinet  servira 
plus  tard  à  recueillir  le  gaz  carboné.  En  effet,  au  bout  de  vingt-quatre 


I 


(  885  ) 
heures,  on  peut  recueillir  un  gaz  qui  brûle  au  contact  d'un  corps  en- 
flammé. 

»  Cette  expérience,  d'une  grande  simplicité,  donne  constamment  le  même 
résultat  ;  elle  démontre,  comme  nous  venons  de  le  dire,  qu'une  pression 
considérable  n'empêche  pas  le  dégagement  du  grisou. 

»  D'un  autre  côté,  ce  dégagement  est  tellement  complet  après  six  mois, 
et  probablement  avant  un  temps  moins  long,  que  même  à  une  température 
de  3oo  degrés,  la  houille  n'en  fournit  plus. 

»  Il  semble  permis  de  conclure  de  ces  observations  que  les  gaz  qui  se 
dégagent  par  la  libre  exposition  des  houilles  à  l'air,  sont  les  mêmes  (.;ue 
ceux  obtenus  en  les  chauffant  jusqu'à  3oo  degrés. 

»  L'hydrogène  carboné  n'est  point  le  seul  élément  que  perdent  par  la 
libre  exposition  à  l'air  les  houilles  provenant  des  mines  à  grisou  :  le  prin- 
cipe gras  qui  facilite  la  formation  du  coke  sous  l'action  de  la  chaleur  dis- 
paraît, sinon  entièrement,  du  moins  en  partie.         ;i'': 

»  Des  houilles  très-grasses,  qui  étaient  restées  exposées  à  l'air  six  mois 
environ,  n'ont  plus  donné,  dans  une  fabrication  en  grand,  que  du  coke 
imparfaitement  formé,  tandis  que  l'on  obtenait  d'excellent  coke  dans  les 
mêmes  fours  avec  les  houilles  fraîches  provenant  de  la  même  veine. 

»  S'il  y  a  analogie  entre  les  produits  gazeux  qui  se  dégagent,  soit  spon- 
tanément par  l'exposition  à  l'air,  soit  par  l'action  de  la  chaleur  à  une  tem- 
pérature inférieure  à  3oo  degrés,  cette  analogie  n'est  pas  moins  complète  et 
remarquable  pour  les  produits  liquides.  Toutes  les  houilles  grasses  prove- 
nant de  mines  à  grisou,  lorsqu'elles  ont  été  soumises  à  l'action  d'une  tem- 
pérature de  3oo  degrés,  cessent  de  se  boursoufler  et  de  coller  ;  si  on  les  a 
réduites  en  poussière  avant  de  les  calciner,  on  les  retrouve  en  poussière 
après  la  calcination.  Ainsi  il  y  a  départ  du  principe  gras,  soit  par  une  longue 
exposition  à  l'air,  soit  par  l'action  de  la  chaleur  à  une  température  infé- 
rieure à  33o  degrés. 

»  Les  mêmes  échantillons  de  houilles  grasses,  calcinées  sans  avoir  été 
préalablement  desséchées,  donnaient,  comme  nous  venons  de  l'indiquer, 
un  coke  bien  formé,  c'est-à-dire  cohérent  et  propre  aux  usages  don)estiques 
ou  industriels. 

»  On  savait  depuis  longtemps  que  les  houilles,  même  les  moins  pyri- 
teuses,  exposées  au  contact  prolongé  de  l'air  et  de  l'humidité,  perdent  une 
partie  notable  de  leur  valeur,  soit  qu'on  les  distille  pour  en  extraire  le  gaz 
de  l'éclairage  ou  pour  faire  du  coke,  soit  qu'on  les  brûle  sur  une  grille 
pour  produire  de   la  chaleur.    Les  faits  signalés  par  M.   de   Marsilly  ne 

u5.. 


(  886  ) 
donnent  pas  encore  la  clef  de  ce  phénomène;  mais  on  peut  les  considérer 
comme  un  pas  fait  dans  la  voie  qui  conduira  à  l'expliquer. 

01»  Nous  allons  maintenant  indiquer  les  méthodes  suivies  par  M.  de  Mar- 
silly  pour  l'analyse  des  houilles. 

»  L'auteur  fait  remarquer  lui-même  qu'à  peu  d'exceptions  près,  il  a 
suivi  les  méthodes  décrites  par  M.  Regnault  dans  ses  Recherches  sur  les 
combustibles  minéraux. 

»  Les  divers  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  de  la  houille  sont  : 

"   L'eau  hygrométrique, 

u  L'hydrogène, 

»   Le  carbone, 

»  L'oxygène, 

»  L'azote, 

M  Les  cendres.' 

»  A  leur  dosage  il  faut  ajouter  la  détermination  du  coke,  c'est-à-dire^  du 
résidu  que  laissent  les  houilles  par  leur  calcination  en  vase  clos. 

Eau  hygrométrique. 

»  Elle  a  été  mesurée  par  la  perte  de  poids  que  subit  la  houille  en  poudre 
lorsqu'on  l'expose  dans  le  vide  sec  à  la  température  ordinaire. 

Hydrogène ,  carbone,  o.vygène, 

»  On  bride  la  houille,  desséchée,  comme  il  vient  d'être  dit,  dans  un- 
courant  d'oxygène  sec,  et  on  achève  la  combustion  en  faisant  passer  le 
gaz  encore  carburé,  à  travers  une  couche  d'oxyde  de  cuivre  portée  au 
rouge.  L'appareil  qu'emploie  M.  de  Marsilly  se  compose  :  i°d'un  gazomètre 
plein  d'oxygène  sec;  a"  d'un  tube  en  verre  réfractaire  ouvert  par  les  deux 
bouts,  qui  communique  par  une  de  ses  extrémités  avec  le  gazomètre  par  le 
moyen  de  tubes  à  potasse  et  à  pierre  ponce  ;  3°  d'un  tube  en  U  rempli  de 
pierre  ponce,  d'un  tube  de  Liebig  et  d'un  tube  témoin. 

»  Avec  les  différentes  espèces  de  houille  soumises  à  l'analyse  varie  la 
longueur  du  tube  qu'on  doit  employer.  Ainsi,  tandis  que  pour  le  coke  et 
les  houilles  maigres  il  suffit  d'un  tube  long  seulement  de  o°',/|0  ào'",5o, 
lorsqu'on  opère  sur  des  houilles  grasses  à  longues  flammes,  on  doit  prendre 
un  tube  long  de  i  mètre. 

«  On  remplit  le  tube,  préalablement  desséché  avec  soin,  jusqu'à  sa  moitié, 
avec  de  l'oxyde  de  cuivre  chaud  et  récemment  calciné. 

>>  La  houille  est  placée  dans  une  petite  nacelle  en  platine  qu'on  introduit 


(  887  ) 
dans  le  tube^et  <{ui  vient  toucher  la  couche  d'oxyde  de  cuivre.  On  ne  re- 
couvre pas  de  cUnquant  cette  partie  du  tube,  de  sorte  qu'on  peut  suivre 
la  marche  de  l'opération  et  voir  quand -l'incinération  est  complète.  On  porte 
l'oxyde  de  cuivre  au  rouge;  on  fait  alors  passer  l'oxygène  lentement,  et  en 
même  temps  on  met  quelques  charbons  en  arrière  de  la  nacelle  de  platine, 
puis  peu  à  peu  dessous,  de  manière  à  déterminer  une  distillation  lente  et 
progressive  de  la  houille  sans  l'enflammer.  Cette  précaution  est  surtout  utile 
avec  les  houilles  grasses.  On  chauffe  ensuite  plus  fortement  la  nacelle  et  on 
brûle  la  houille.  La  combustion  s'opère  toujours  au  point  extrême  où  ar- 
rive l'oxygène  et  n'avance  que  progressivement. 

))  L'opération  est  terminée  lorsqu'on  n'aperçoit  plus  de  point  brillant 
dans  la  capsule. 

»  Cette  méthode  offre  plusieurs  avantages  :  ainsi  le  même  tube  peut  servir 
plusieurs  fois.  On  obtient  directement  les  cendres,  et  d'une  manière  exacte, 
comme  on  peut  s'en  assurer.  Cependant  elle  offre  un  inconvénient  :  l'azote 
qui  existe  en  faible  proportion  dans  les  houilles  produit  de  l'acide  nitrique, 
qui  vient  se  condenser  dans  le  tube  à  eau. 

»  De  là  une  légère  erreur  dans  la  détermination  de  l'hydrogène. 

»  M.  de  Marsilly  a  cherché,  au  moyen  du  permanganate  de  potasse,  à 
déterminer  la  quantité  d'acide  nitrique  qui  se  condensait  ainsi  dans  le  tube 
en  U  et  l'erreur  correspondante  qui  en  résultait  pour  l'hydrogène.  Il  a 
trouvé  que  cette  erreur  était  comprise  entre  oS'',ooo5  et  o^%oo  t . 

Détermination  de  l'azote. 

»  L'azote  a  été  déterminé  en  général  avec  l'oxygène,  par  différence.  Sa 
proportion  excessivement  faible  dans  les  houilles  en  rendait  l'analyse  moins 
importante  pour  le  but  que  se  proposait  l'auteur  ;  cependant  M.  de  Marsilly 
a  quelquefois  dosé  l'azote  en  emj:Joyant  la  méthode  de  M.  Peligot,  qu'il 
considère  comme  la  plus  exacte  et  en  même  temps  la  plus  expéditive. 

Détermination  des  cendres  et  du  coke. 

»  La  méthode  d'analyse  suivie  pour  le  carbone  et  l'hydrogène  donne 
directement,  comme  on  l'a  vu,  le  poids  des  cendres,  mais  M.  de  Marsilly 
en  a  toujours  effectué  la  vérification  en  brûlant  directement  la  houille  dans 
une  capsule  de  platine  portée  au  rouge  dans  le  moufle  d'un  grand  fourneau 
à  coupelle. 

»  C'est  dans  le  même  moufle  qu'était  faite  la  calcination  de  la  houille, 


(  888  ) 
pour  apprécier  le  poids  du  coke  qu'elle  fournissait  ;  à  cet  effet  on  se  servait 
d'un  creuset  de  platine  surmonté  de  son  couvercle,  et  placé  dans-  un  creuset 
de  terre  également  couvert.  On  mettait  quelques  petits  morceaux  de  char- 
bons de  bois  entre  les  deux  couvercles,  pour  empêcher  la  rentrée  de  l'air 
lors  du  refroidissement.  , 

»  On  opérait  généralement  sur  5  grammes,  de  matière,  soit  pour,  la  déter- 
mination de  la  cendre,  soit  pour  celle  du  coke. 

»  Dans  le  cours  de  ces  analyses,  M.  de  Marsilly  a  fait  une  observation 
très-digne  d'intérêt.  Il  a  vu  que  quelque  pur  que  soit  un  morceau  de  houille, 
quelque  homogène  qu'il  paraisse  à  la  vue,  il  ne  laisse  pas  par  la  combus- 
tion la  même  quantité  de  cendres  dans  ses  diverses  parties.  Il  en  est  de 
même  du  coke  foilrni  par  la  calcination  des  fragments  d'un  même  bloc  de 
la  houille,  d'où  l'on  conclut  qu'il  faut  réduire  la  houille  en  poudre  très-fine 
pour  trouver,  sur  le  même  échantillon,  la  même  teneur  en  cendres  ou  en 
coke. 

»  La  dernière  partie  du  Mémoire  de  M.  de  Marsilly  est  consacrée  à  une 
classification  des  houilles.  Nous  en  présentons  un  résumé  rapide. 

»  Il  a  classé  les  houilles  par  pays  et  par  bassins,  et  dans  chaque  bassin  il 
a  suivi  la  classification  basée  sur  les  usages  industriels  et  la  position  des 
couches. 

»  En  Belgique,  la  direction  générale  des  couches  est  de  l'est  à  Fouest. 

»  Dans  le  bassin  de  Mons,  on  trouve  au  sud  les  houilles  grasses  maré- 
chales (les  houilles  maigres,  plus  au  sud  encore,  sont  à  peine  exploitées), 
puis  en  avançant  vers  le  nord  les  houilles  dures,  les  houilles  flénu  grasses 
et  les  houilles  flénu  sèches. 
*  »  Dans  le  bassin  du  centre  on  rencontre  les  houilles  grasses  au  nord,  et 
plus  au  sud  les  houilles  demi-grasses  ou  demi-maigres. 

»  Enfin  dans  le  bassin  de  Charleroi,  on  a  les  deux  espèces  de  houille 
précédentes,  et  tout  à  fait  au  nord  les  holiilles  maigres. 

»  Les  analyses  établissent  que  les  houilles  maigres  sont  celles  qui  renfer- 
ment le  moins  d'hydrogène,  d'oxygène  et  d'azote,  et  le  plus  de  carbone.  Le 
passage  d'une  catégorie  de  houille  à  la  suivante,  en  partant  des  houilles 
maigres,  est  signalé  par  un  accroissement  d'hydrogène,  d'oxygène  et  d'azote, 
et  une  diminution  de  carbone  ;  en  même  temps  le  résidu  de  la  calcina- 
tion en  vase  clos  va  constamment  en  diminuant,  et  cependarit  là  proportion 
de  carbone  qui  passe  dans  les  produits  volatils  augmente. 

»  Le  bassin  de  Valenciennes  renferme  les  mêmes  qualités  de  houille  que 
la  Belgique,  à  l'exception  du  flénu  ;  les  analyses  établissent  des  composi- 


(  889  ) 
lions  semblables  pour  les  houilles  similaires  :  la  loi  posée  plus  haut  s'y  ap- 
plique encore. 

»  Le  bassin  du  Pas-de-Calais  n'est  pas  encore  bien  connu  ;  d'après  les 
analyses  de  M.  de  Marsilly,  on  y  rencontrerait  la  plupart  des  variétés  de 
charbon  que  l'on  trouve  en  Belgique  :  c'est  une  raison  de  penser  que  les 
couches  présenteront  les  mêmes  variétés  de  houille  dans  le  même  ordre  en 
allant  du  nord  vers  le  sud. 

»  L'identité  qui  existe  entre  les  analyses  des  houilles  belges  et  celles  des 
houilles  françaises,  ajoute  un  nouveau  motif  à  ceux  que  l'on  a  déjà  de  croire 
que  les  bassins  du  nord  de  la  France  sont  les  prolongements  des  bassins 
belges. 

»  Si  l'on  considère  la  formation  des  houilles  maigres  comme  plus  ancienne 
que  celle  des  autres  espèces  de  houille,  on  a  dans  les  analyses  de  l'auteur 
la  confirmation  de  la  loi  posée  par  M.  Regnault,  que  le  passage  des  combus- 
tibles de  formation  ancienne  à  ceux  d'une  formation  plus  récente  s'opère 
par  une  augmentation  d'hydrogène  et  d'oxygène,  et  une  diminution  de 
carbone. 

»  Les  analyses  de  houille  anglaise  semblent  montrer  que  ces  houilles  peu- 
vent être  classées  dans  une  des  catégories  établies  pour  les  houilles  belges 
et  françaises. 

»  Les  analyses  de  briquettes  établissent  une  composition  presque  iden- 
tique entre  elles^  et  les  houilles  qui  ont  servi  à  leur  fabrication  ;  c'était  un 
fait  prévu . 

»  On  trouve  dans  le  coke  destiné  aux  chemins  de  fer  une  faible  propor- 
tion d'hydrogène  et  d'oxygène  :  son  pouvoir  calorifique  est  moindre  que 
celui  de  la  houille  ;  l'auteur  a  déterminé  par  des  expériences  nombreuses 
les  quantités  d'eau  que  le  coke  pouvait  absorber,  soit  par  l'exposition  à  l'air 
humide,  soit  eç  recevant  l'eau  directement  ;  il  a  fait  ressortir  aussi  l'impor- 
tance, au  point  de  vue  industriel,  de  la  détermination  des  cendres  qu'il 
renferme. 

»  Beaucoup  de  compagnies  de  chemins  de  fer  introduisent  dans  les  mar-» 
chés  qu'elles  contractent  avec  les  fournisseurs,  des  conditions  d'après  les- 
quelles on  déduit  l'eau  que  renferme  le  coke  sec;  de  plus  la  proportion  de 
cendres  ne  doit  jamais  excéder  8  pour  loo  :  au  delà  de  cette  limite,  le  coke 
est  refusé.  .  •  , 

»  Depuis  quelques  années  les  fabricants  de  coke  sont  arrivés,  en  lavant 
la  houille^  à  ne  livrer  que  du  coke  contenant  6  à  7  pour  100  de  cen- 
dres. Ces  chiffres  ont  été  constatés  par  la  Compagnie  du  Nord,  qui  fait 


(Sgo) 
soumettre  à  des  essais  réguliers,  pour  l'eau  et  la  cendre,  tous  les  cokes 
qu'elle  emploie. 

»  La  tourbe  n'est  guère  employée  que  pour  les  usagés  domestiques  ; 
M.  de  Marsilly  a  fait  l'analyse  de  plusieurs  variétés  de  ce  combustible. 
Comme  la  houille,  la  tourbe  subit  un  commencement  de  décomposition  à 
une  température  de  no  degrés;  cette  décomposition  est  très -prononcée  à 
une  température  de  200  degrés.  Il  peut  y  avoir  avantage  à  dessécher  la 
tourbe  à  no  degrés,  mais  pas  au  delà;  car  les  produits  gazeux  qui  se 
dégagent  avec  l'humidité  renferment  des  carbures  hydrogénés  combus- 
tibles. La  tourbe  marchande  développe  à  peu  près  moitié  autant  de  calo- 
ries que  la  houille  tout  venant,  son  prix  est  seulement  moitié  moindre  ; 
dans  de  telles  conditions,  celle-ci  sera  toujours  préférée  pour  les  usages 
industriels. 

»  Le  tableau  des  analyses  que.nous  annexons  à  ce  Rapport,  page  891,  est 
loin  d'être  complet,  mais  il  donnera  une  idée  de  l'importance  et  de  l'étendue 
du  travail  dont  nous  venons  de  rendre  compte.  Votre  Rapporteur  a  reçu  de 
M.  de  Marsilly  un  certain  nombre  des  échantillons  de  combustibles  qui  fi- 
gurent dans  ce  tableau,  il  en  a  déterminé  la  composition,  et  il  est  arrivé  à  des 
résultats  numériques  qui  confirment  pleinement  ceux  de  l'auteur. 

»  Vos  Commissaires  n'hésitent  pas  à  déclarer  qu'à  leurs  yeux  le  travail 
de  M.  de  Marsilly  est  le  plus  étendu  qui  ait  été  fait  sur  les  combustibles. 

a  II  contient  des  observations  pleines  d'intérêt  et  d'une  utilité  immédiate 
sur  les  houilles  des  marchés  de  Paris  et  du  nord  de  la  France,  sur  le  coke  et 
sur  les  tourbes. 

»  Aussi  formons-nous  des  vœux  pour  que  la  plus  grande  publicité  soit 
donnée  au  Mémoire  de  M.  de  Commines  de  Marsilly. 

rt  Nous  demandons  à  l'Académie  qu'elle  veuille  bien  remercier  cet  habile 
ingénieur  de  la  communication  qu'il  lui  a  faite,  et  l'engager  à  poursuivre  ses 
recherches.   » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


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(  892  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

HYDRAUIJQUE.  —  Mémoire  sur  la  résistance  de  l'eau;  expériences  nouvelles 
faites  avec  le  dynamomètre  à  moteur  chronométrique  de  M.  le  général  Morin  ; 

par  M.  SCHNEEGANS. 

M.  le  Maréchal  Vaillant,  en  présentant  ce  Mémoire,  s'exprime  dans  les 
termes  sviivants  : 

«  M.  Schneecjans,  capitaine  au  6®  régiment  d'artillerie  (pontonniers),  à 
Strasbourg,  s'est  occupé  pendant  longtemps  des  lois  et  des  effets  de  la  ré- 
sistance de  l'eau.  A  notre  demande,  il  a  bien  voulu  réunir  les  résultats  de 
ses  nombreuses  recherches  et  expériences  dans  im  Mémoire  que  j'ai  l'hon- 
neur de  remettre  sur  le  bureau  de  l'Académie.  Je  serais  heureux  que 
M.  le  Président  voulût  bien  nommer  une  Commission  pour  examiner  ce 
Mémoire.  » 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Morin,  Maréchal  Vaillant.) 

M.  Elie  de  Reaumont  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  plusieurs  beaux 
exemplaires  des  fossiles  qui  caractérisent  les  différents  étages  d'une  for- 
mation géologique  qu'a  eu  récemment  occasion  d'observer  en  Calabre 
M.  Meissonnier.  Les  détails  de  l'exploration  géologique  qu'il  a  faite  de  ces 
terrains  seront  communiqués  prochainement  à  l'Académie. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Élie  de  Beaumont 

Valenciennes,  d'Archiac.  ) 

ANALYSE,  —  Mémoire  sur  les  intégrales  multiples;  par  M.  P.-H.  Rla.vchet. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Bertrand,  Hermite.) 

«  J'avais  songé  autrefois  à  vérifier  comment  les  intégrales  multiples, 
obtenues  par  l'intermédiaire  de  la  formule  de  Fourier,  et  réduites  ensuite 
à  un  degré  moindre  de  multiplicité  (i),  pouvaient  satisfaire  aux  équations 
différentielles  partielles,  homogènes,  à  coefficients  constants,  malgré  le 
changement  de  forme  qui  les  éloigne  de  leur  origine  primitive.  J'avais  été 


(i)  l^oir  les  travaux  de  Fourier,  Poisson,  Cauchy,  et  le  Journal  de  Mathématiquet  pures  et 
appliquées,  tome  V,  page  i  ;  i84o. 


(  893  ) 
rebuté  dès  l'abord  par  la  longueur  et  la  complication,  je  dirais  presque  par 
l'impossibilité  apparente  du  calcul. 

»  Dans  une  conversation  accidentelle,  M.  Liouville  m'a  paru  penser  que 
cette  recherche  ne  serait  pas  sans  utilité  pour  la  science.  La  question  a 
repris  de  l'importance  à  mes  yeux.  Elle  a  eu  l'attrait  de  la  difficulté  pro- 
posée. 

»  Pour  plus  de  simplicité,  en  m'appuyant  sur  des  analogies,  j'ai  com- 
mencé par  une  intégrale  double;  je  nie  suis  occupé  ensuite  des  intégrales 
quadruples  qui  sont  le  véritable  objet  de  ce  travail. 

»  J'ai  fait  voir  que  les  différentiations  relatives  aux  variables  indépen- 
dantes des  intégrations  se  ramènent  à  des  différentiations  relatives  à  l'une 
d'elles  seulement,  à  la  faveur  de  facteurs  qui  se  présentent  comme  d'eux- 
mêmes  en  dedans  des  signes  de  ces  intégrations. 

»  On  reconnaît  alors  immédiatement  comment  les  intégrales  peuvent  en 
effet  satisfaire  à  des  équations  différentielles  partielles,  homogènes,  à  coeffi- 
cients constants. 

»  J'ai  admis  la  restriction  que  les  fonctions  arbitraires  et  leurs  dérivées 
jusqu'à  un  certain  ordre  s'évanouissent  pour  des  valeurs  infinies  des  varia- 
bles :  cette  restriction  d'ailleurs  paraît  nécessaire  en  général  pour  que  les 
intégrales  ne  soient  ni  infinies,  ni  indéterminées. 

»  La  vérification  des  conditions  initiales  demandait  que,  dans  une  hypo- 
thèse particulière,  t  nul  par  exemple,  les  fonctions  arbitraires  pussent  se 
trouver  nettement  en  évidence  par  leur  sortie  hors  des  signes  d'intégration. 
La  rigueur  de  la  démonstration  m'a  entraîné  beaucoup  plus  loin  que  je  ne 
m'y  attendais  :  c'est  toute  une  seconde  partie  du  Mémoire. 

0  II  est  facile  de  concevoir  que  la  question  est  susceptible  d'extension 
et  de  généralisation  dans  plusieurs  sens.  Deux  points  surtout  semblent  de- 
voir attirer  l'attention  dans  l'intérêt  de  l'avenir  : 

»  1°.  Trouver  des  formules  de  ce  genre,  par  une  méthode  analytique 
directe; 

»  a°.  Exprimer,  de  même,  les  conditions  initiales. 

»  J'ai  déjà  fait  quelques  tentatives  qui  n'ont  pas  été  sans  résultats.  Je 
continuerai  avec  persévérance  si  l'Académie  daigne  encourager  mes 
efforts.  » 


ii6. 


(894) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sur  un  produit  de  l'action  de  l'acide  azoteux  sur 
la  naphtalidame ;  par  MM.  P.  Schutzenberger  et  E.  Willm. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Balard.) 

«  Lorsqu'on  traite  le  chlorhydrate  de  naphtalidame  par  l'azotate  de 
potasse,  il  se  dégage  en  abondance  du  gaz  azoté;  on  obtient  une  masse  po- 
reuse, légère,  brune,  insoluble  dans  l'eau,  et  qui  cède  à  l'alcool  ainsi  qu'à 
l'éther  une  matière  colorante  rouge  virant  au  bleu  par  les  acides.  Ce  pro- 
duit a  déjà  été  examiné  par  un  chimiste  anglais  M.  Perkin. 

»  Il  reste,  aprqs  le  traitement  à  l'alcool  et  à  l'éther,  un  résidu  assez  volu- 
mineux, noir  ulmique,  ne  contenant  plus  d'azote,  insoluble  dans  tous  les 
dissolvants,  dans  les  acides  et  les  alcalis. 

>'  L'acide  sulfurique  concentré  le  dissout  seul  avec  une  couleur  bleue 
d'indigo  foncé;  l'eau  précipite  de  nouveau  de  la  dissolution  le  produit  non 
altéré.  Convenablement  purifié  par  des  dissolutions  dans  l'acide  sulfurique 
et  des  précipitations  par  l'eau,  ce  corps,  que  nous  proposons  d'appeler 
naphtutmine,  a  fourni  à  l'analyse  les  nombres  suivants  : 

»  o,3o5  de  matière  ont  donné 

Acide  carbonique o ,  8520 

Eau o , I o4o 

correspondant  à 

Carbone 76 , 1 8 

Hydrogène 2,79  • 

ce  qui  conduit  à  la  formule  rationnelle 

C»°H»0*. 

Le  calcul  donne 

Carbone '     75 ,94 

Hydrogène 3 ,  79 

D  Ce  serait  de  l'hydrure  d'oxynaphtyle  ou  au  moins  un  isomère.  « 

CHIMIE  ORG ^mqvK.  ~  Recherches  sur  la  cinchonine;parM.  P.  Schutzenberger. 

(Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Balard.  ) 
«   Il  résulte  des  expériences  consignées  dans  mon  Mémoire  que  la  cin- 


I 


(  895  ) 
chonine  peut,  comme  la  morphine,  fixer  2  équivalents  d'oxygène   sous 
l'influence  de  l'acide  azoteux. 

»  On  obtient  ainsi  un  isomère  de  la  quinine,  mais  qui  par  ses  propriétés 
se  rapproche  beaucoup  plus  de  la  cinchonine. 

»  Je  donne  également  l'analyse  d'une  cinchonine  ou  d'uncorps  qui  en  a 
les  propriétés  et  qui  m'avait  été  livré  comme  tel,  mais  qui  se  représente  par 
la  formule 

C^H^Az^O*     ou     C'*H"A7.0», 

au  lieu  de 

C^oH^Az^O"     ou     e«H'^AzO. 

»  Les  faits  semblent  prouver  que  la  différence  de  propriétés  entre  la  qui- 
nine et  la  chinchonine  ne  réside  pas  dans  les  2  équivalents  d'oxygène  en 
moins  de  cette  dernière,  mais  dans  lui  autre  arrangement  moléculaire. 
La  transformation  de  la  cinchonine  en  cinchonicine,  isomère  avec  elle,  se 
rapprochant  de  la  quinine  par  ses  propriétés  fébrifuges  et  son  pouvoir  rota- 
toire,  est  déjà  un  puissant  argument  en  faveur  de  cette  manière  de  voir. 

»  Enfin  je  cherche  à  démontrer  que  la  cinchonine  n'est  pas  un  produit 
constant  dans  sa  composition.  » 

HYGlÈisE.  —  Sur  les  maladies  qui  affectent  les  ouvriers  qui  travaillent  aux 
diverses  préparations  du  sulfate  de  quinine,  et  sur  les  moyens  propres  à 
prévenir  ces  maladies;  par  M.  A.  Chevalier. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Rayer.) 

L'auteur  en  terminant  son  Mémoire  le  résume  dans  les  propositions 
suivantes  : 

«  i".  Les  ouvriers  qui  s'occupent  de  travaux  divers  dans  les  fabriques 
de  sulfate  de  quinine  sont  exposés  à  être  atteints  d'une  maladie  cutanée  qui 
peut  être  d'une  extrême  gravité,  maladie  qui  les  force  à  suspendre  leurs 
travaux  pendant  quinze  jours,  un  mois  et  plus. 

»  1°.  Parmi  ces  ouvriers  il  s'en  trouve  qui  ne  peuvent  continuer  ce 
travail  et  qui  sont  forcés  de  quitter  la  fabrique  où  ils  étaient  employés. 

»  3°.  M.  Zimmer,  fabricant  de  sulfate  de  quinine  à  Francfort,  a  reconnu 
que  les  ouvriers  qui  étaient  occupés  à  la  pulvérisation  du  quinquina  dans 
sa  fabrique  étaient  atteints  d'une  fièvre  particulière  qu'il  désigne  par  le 
nom  Ae  fièvre  de  quinquina  [china  feber). 

»  Cette  maladie,  selon  M.  Zimraer,  est  assez  douloureuse  pour  que  des 


(  896  ) 

ouvriers  qui  ont  été  atteints  aient  renoncé  à  la  pulvérisation  du  quinquina 
et  aient  quitté  sa  fabrique. 

»  4"-  Cette  fièvre  n'a  pas  été  observée  en  France. 

..  5°.  On  ne  connaît  pas  jusqu'à  présent  de  moyens  prophylactiques  de 
la  maladie  cutanée  déterminée  par  les  travaux  exécutés  dans  les  fabriques  du 
sulfate  de  quinine. 

«  6°.  Cette  maladie  cutanée  sévit  non-seulement  sur  les  ouvriers  qui 
sont  employés  à  divers  travaux,  mais  encore  elle  peut  atteindre  des  per- 
sonnes qui  se  trouvent  exposées  aux  émanations  des  fabriques  de  sulfate. 

»  7°.  Elle  atteint  les  ouvriers  sobres  comme  ceux  qui  se  livrent  aux 
excès.  » 

MÉDECINE.  —  Mémoire  sur  le  traitéfnent  de  la  s/philis  par  In  vaccination, 
c'est-à-dire  par  [inoculation  de  la  vaccine  ;  par  M.  Lukomski. 

(Commissaires^  MM.  Serres,  Andral.) 

M.  Auguste  GuioT  présente  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Nouvelle 
construction  de  la  machine  pneumatique  ». 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Séguier.) 

M.  AvENiER  Delagrée  adressc  un  résumé  des  expériences  sur  lesquelles 
se  fonde  sa  «  Nouvelle  méthode  pour  augmenter  le  pouvoir  amplifiant  des 
lunettes  astronomiques  ». 

Cette  nouvelle  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  nommée 
pour  les  précédentes  communications  de  l'auteur  sur  le  même  sujel,  Com- 
mission qui  se  compose  de  MM.  Pouillet  et  Babinet. 

M.  TiFFEREAC,  qui  a  successivement  présenté  divers  Mémoires  ayant  pour 
objet  de  prouver  que  «  les  métaux  sont  des  corps  composés  »,  en  adresse 
aujourd'hui  un  nouveau  qui  porte  pour  titre  :  «  Production  artificielle  de 
l'or  par  l'oxydation  des  sulfures  » . 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Dumas  et  Chevreul,  déjà  désignés  pour  les  premiers  Mémoires,  et  de 
MM.  Pelouze  et  Boussingault  en  remplacement  des  Membres  décédés. 

M.  Baudelocque  annonce  avoir  employé  avec  succès  une  préparation  de 


(  897) 
Lobelia  inflaUi,  comme  sédatif,  sur  un  jeune  idiot  qui,  dans  la  colère,  était 
enclin  à  mordre,  et  sur  un  jeune  sourd  qui  annonçait  les  mêmes  disposi- 
tions. Il  croit  que  c'est  au  moyen  d'une  plante  de  la  même  famille  [Lobelia 
lomjifolia),  que  l'on  parvient  à  adoucir  en  peu  de  temps  des  chevaux  d'un 
naturel  intraitable  et  à  obtenir  ces  succès  dont  la  presse  quotidienne  entre- 
tient depuis  quelque  temps  le  public. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Floiu-ens 

et  Rayer.) 

M.  A.  Brière  de  Boismont,  en  adressant  pour  le  concours  aux  prix  de  la 
fondation  Montyon  (Médecine  et  Chirurgie)  un  ouvrage  intitulé  ;  «  Du  sui- 
cide et  de  la  folie  suicide  »,  y  joint,  conformément  à  une  des  conditions 
imposées  aux  concurrents,  une  indication  de  ce  qu'il  considère  comme 
neuf  dans  son  travail. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

CORRESPOIVDAIVCE . 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  annonce  que,  conformément  au 
désir  exprimé  par  l'Académie,  il  vient  de  charger  MM.  les  Recteurs  des  Aca- 
démies de  Lyon,  Grenoble,  Aix,  Toulouse  et  Montpellier,  d'inviter  les  fonc- 
tionnaires et  les  sociétés  savantes  de  leur  ressort  à  faciliter,  par  tous  les 
moyens  qui  seront  en  leur  pouvoir,  les  recherches  de  la  Commission  char- 
gée dç  faire  une  enquête  sur  la  maladie  des  vers  à  soie. 

M.  AiRY,  directeur  de  l'observatoire  royal  de  Greenwich,  annonce  l'en- 
voi fait  par  ordre  des  lords  Commissaires  de  l'Amirauté  d'un  exemplaire  des 
«  Tables  de  la  luue  construites,  d'après  le  principe  newtonien  de  la  gravi- 
tation universelle,  par  P.  A.  Hansen,  directeur  de  l'observatoire  ducal  de 
Gotha  », 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences  de  Naples  an- 
nonce l'envoi  de  trois  volumes  publiés  par  cette  Académie. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  [existence  de  ta  faune  permienne  dans  l'Amérique  du  Nord. 
(Extrait  d'une  Lettre  de  M.  B.-J.  Shumard  à  M.  de  P^emeuil;  commu- 
niqué par  M.  d'Archiac.) 

«  Je  viens  de  compléter  l'examen  d'une  collection  de  fossiles  rapportée 


(  898  ) 

■  des  montagnes  de  Guadalupe  (New-Mexico),  par  mon  frère  le  D'^S.-S.  Shu- 
mard,  qui  a  fait  partie  de  l'expédition  du  capitaine  John  Pope,  et  cette 
étude,  quelque  rapide  qu'elle  ait  été,  m'a  pleinement  convaincu  qu'il  existe 
dans  cette  région  un  vaste  développement  de  votre  terrain  permien.  La  col- 
lection contient  à  peu  près  quarante  espèces  de  fossiles,  dont  beaucoup 
sont  nouvelles,  mais  dont  la  plupart  se  rapprochent  tellement  des  types 
permiens,  qu'il  ne  peut  rester  aucun  doute  sur  leur  âge.  J'y  ai  trouvé  la 
Camarophoria  Sclilotheimi  représentée  par  des  échantillons  qui  s'accordent 
parfaitement  avec  les  figures  et  la  description  que  vous  donnez  de  cette 
espèce  dans  votre  ouvrage  sur  la  Géologie  de  la  Russie.  Elle  est  accompagnée 
de  la  Camaroplwria  Geinilziana.  Nous  avons  un  Auloslecjes  qui,  quoique  dis- 
tinct de  votre  espèce  de  Russie,  en  est  néanmoins  très-voisin.  Le  Productus 
Leplayiy  est  représenté,  et  nous  en  avons  un  autre  qui  est  très-analogue, 
sinon  identique,  avec  votre  P.  Cancrini.  La  Terebratula  [Spirigera)  pectinifera 
est  fort  abondante  ainsi  que  la  T.  elongata,  et  il  y  a  une  espèce  très-voisine 
de  la  T.  superstes,  qui  n'est  jjeut-ètre  que  cette  espèce  elle-même. 

»  Nous  avons  aussi  les  Spirifer  cristatus  et  permianiis  King,  Y Acanllw- 
cladia  anceps,  le  Synocladia  virgulacea,  et  des  fragments  d'un  Monoiis  qui 
ressemble  au  M.  speluncaria. 

»  Notre  collection  contient  en  outre  un  certain  nombre  d'espèces  qui  se 
trouvent  dans  les  dépôts  permiens  du  Kansas,  dont  la  première  indication 
est  due  au  professeur  Swallow,  qui  vient  de  publier  à  ce  sujet  une  Notice 
que  vous  recevrez  bientôt. 

»  D'après  les  observations  de  mon  frère,  cette  formation,  dans  le  Nouveau- 
Mexique,  atteint  une  épaisseur  de  plus  de  raille  pieds.  Li^  roche  est  un  cal- 
caire d'un  blanc  pur,  dont  quelques  parties  sont  remplies  de  fossiles.  Les 
couches  permiennes  reposent  sur  des  grès  et  des  calcaires  de  l'âge  du  ter- 
rain houiller  contenant  les  fossiles  qui  caractérisent  cette  formation  dans  le 
Missouri  et  les  autres  États  de  l'ouest.  Je  vous  enverrai  un  exemplaire  du 
Mémoire  du  professeur  Swallow  sur  les  fossiles  permiens  du  Ransas.  Vous 
remarquerez  qu'il  a  reconnu  un  assez  grand  nombre  de  vos  espèces  de 
Russie.  On  peut  observer  que  pendant  que  les  roches  permiennes  du  Kan- 
sas contiennent  beaucoup  d'acéphales  et  peu  de  brachiopodes,  le  contraire 
a  lieu  dans  le  Nouveau-Mexique,  ou  les  dépôts  du  même  âge  présentent 
beaucoup  de  brachiopodes  et  peu  d'acéphales. 

»  Un  extrait  du  Rapport  fait  au  Gouvernement  par  mon  frère  sur  ses 
découvertes  dans  le  Nouveau-Mexique  et  le  Texas  paraîtra  dans  le  deuxième 
numéro  des  Transactions  de  l'Académie  des  Sciences  de  Saint-Louise  J'y  join-  ' 


(  899  ) 
drai  une  courte  description  de  quelques-unes  des  espèces  nouvelles  du  ter- 
rain permieh. 

»  Je  vous  enverrai  bientôt  aussi  un  Mémoire  que  j'ai  fait  avec  le  profes- 
seur Swallow  sur  les  fossiles  du  terrain  houiller  du  Missouri  et  du  Ransas  qui 
comprend  toutes  les  espèces  non  encore  décrites  (environ  70)  qui  se  trou- 
vent dans  la  collection  de  l'État  du  Missouri.   » 

«  M.  d'Archiac  fait  remarquer,  à  propos  de  cette  communication,  que, 
s'il  était  réservé  à  uri  observateur  américain  de  faire  connaître  l'existence 
de  la  faune  permienne  dans  le  nouveau  monde,  c'est  à  un  géologue  français 
que  l'on  doit  la  première  indication  d'un  représentant,  à  la  fois  stratigra- 
phique  et  minéralogique,  de  la  même  période.  En  effet,  M.  J.  Marcou, 
attaché  en  qualité  de  géologue  à  l'expédition  du  capitaine  Wipple,  qui 
parcounit,  en  i853,  l'espace  compris  entre  la  vallée  du  Mississipi  et  l'océan 
Pacifique,  a  reconnu,  dans  le  Nouveau-Mexique,  au  nord-ouest  de  la  loca- 
lité dont  parle  M.  Shumard,  entre  le  rio  Colorado  Chiquito  (lat.  35°  1 8'43"  ; 
long.  1 10° 49' 56")  et  la  sierra  de  Mogoyon,  au-dessous  d'une  série  de  cou- 
ches rapportées  aux  divers  étages  du  trias,  un  calcaire  magnésien  qu'il 
n'hésite  pas  à  comparer  au  magnesian  limestone  d'Angleterre.  Son  épaisseur 
est  d'environ  325  mètres,  et  les  fossiles,  quoique  abondants,  étaient  dans 
un  trop  mauvais  état  pour  qu'on  piit  les  déterminer  spécifiquement.  [Résumé 
explicatif  d'une  carte  géologique  des  Etals-Unis.  Bull.  Soc.  Géol.  de  France; 
a*  série,  vol.  XIT,  p.  868;  mai  i855.  —  Geoloqy  of  North- America,^.  ^3, 
in-4°.  Zurich,  i858.) 

»  M.  E.  Emmons  a  aussi  rapporté  au  système  permien  -certaines  assises 
inférieures  au  charbon  de  la  Virginie  et  de  la  Caroline  du  Nord  (  Geol.  report 
of  North-Carolina,  p.  273,  34i  ;  1 856).  Ce  dernier  savant  aurait  même  trouvé 
des  mâchoires  inférieures  d'une  espèce  de  mammifère  insectivore  {Droma- 
therium  sylvestre),  avec  des  restes  de  sauriens  thécodont  dans  le  bassin  char- 
bonneux de  Chatham,  bien  au-dessous  du  niveau  des  plantes  regardées  par 
lui  comme  appartenant  à  la  flore  des  marnes  irisées  {American  Geology, 
part.  VI;  1857).  Mais  comme  rien  ne  semble  prouver  encore,  d'une  ma- 
nière absolue,  que  ces  couches  ne  fassent  pas  aussi  partie  du  trias,  ce  petit 
mammifère  pourrait  n'être  pas  beaucoup  plus  ancien  que  le  Microlestes  an- 
ticjuus,  Plein.,  du  Wurtemberg.  Quoi  qu'il  en  soit  de  cedernier  fait,  les  obser- 
vations séparées  de  MM.  J.  Marcou,  S.-S.  Shumard  et  Swallow  mettent 
aujourd'hui  hors  de  doute  l'existence  du  système  permien  à  l'ouest  du 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  i9.)  I  '  7 


(  900  ) 
Mississipi,  et  montrent  que  le  terrain  paléozoïque,  dont  les  trois  termes 
inférieurs  sont  si  largement  développés  dans  le  nord  du  nouveau  continent, 
y  est  aussi  complet  que  dans  l'ancien.  » 

ANTHROPOLOGIE  ET  PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  des  dents  humaines  et  des  ustensiles 
humains  trouvés  dans  les  cavernes  à  ossements  de  Massât  [Ariéye) ,  par 
M.  Alfred  Foxtan.  (Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Lartet,  et  pré- 
senté par  M.  Isidore  GeoffroySaint-Hilaire.) 

«  Belpecb ,  le  14  juillet  1857. 

u  Les  grottes  à  ossements  de  Massât,  au  nombre  de  deux,  sont  situées 
dans  une  montagne  decalcaire  de  transition,  formant,  par  un  brusque  avan- 
cement dans  la  vallée,  une  espèce  de  promontoire  élevé,  sur  lequel  ont  dû 
venir  frapper  les  eaux  torrentielles  ou  diluviennes  qui  paraissent  avoir  en- 
vahi ces  contrées  à  une  ou  plusieurs  époques  reculées.  Elles  ont  leurs 
galeries  principales  dirigées  du  nord-nord-ouest  au  sud-sud-est,  parallèle- 
ment au  sens  de  la  longueur  de  la  vallée,  et  leur  sol,  composé  de  sable  et 
de  cailloux  roulés,  atteste  d'une  manière  irrécusable  le  passage  et  le  séjour 
des  eaux. 

»  L'une  d'elles,  située  au  sommet  de  la  montagne,  est  précédée  d'un 
vaste  péristyle,  dans  lequel  on  pénètre  par  deux  grandes  ouvertures  cintrées, 
faisant  face  l'une  au  nord,  l'autre  au  nord-nord-ouest.  La  première  fois  que 
je  la  visitai,  le  sol  de  cette  première  chambre,  entièrement  dépourvu, 
comme  la  voûte,  de  concrétions  stalagmitiques,  était  uni,  horizontal,  et,  à 
l'exception  d'une  partie  située  près  de  l'ouverture  nord-nord-ouest  dans 
laquelle  se  trouvaient  amoncelés  des  débris  informes  de  poterie  mêlés  à  de 
la  cendre  et  du  charbon,  il  offrait  l'aspect  d'un  lit  de  rivière  abandonné.  De 
la  terre  sablonneuse  parsemée  de  petits  cailloux  roulés  occupait  le  milieu,  et 
sur  les  bords,  contre  les  parois,  de  plus  gros  cailloux  également  roulés 
semblaient  avoir  été  rejetés  là  par  le  remous  ou  le  balancement  des  eaux. 
Ces  dépôts  se  continuaient  ainsi  dans  les  galeries,  seulement  en  diminuant 
d'épaisseur  à  mesure  qu'ils  y  pénétraient  plus  avant,  et  ils  disparaissaient 
entièrement  dans  le  fond. 

■  Je  fis  pratiquer  dans  le  sol,  près  de  l'ouverture  nord,  une  tranchée 
profonde  que  je  prolongeai  jusqu'aux  parois  latérales,  et,  ainsi  que  j'ai 
déjà  eu  l'honneur  de  vous  le  communiquer,  le  résultat  de  cette  première 
opération  fut  de  mettre  à  jour  une  quantité  considérable  d'ossements  de  Car- 
nassiers, de  Ruminants  et  de  Rongeurs,  parmi  lesquels  dominaient  le  grand 


(  9oO 
ours  des  cavernes  décrit  par  Cuvier,  une  espèce  de  grande  hyène  et  un 
grand  chat  (tigre  ou  lion),  le  tout  pêle-mêle,  brisé,  fracturé,  et  portant  la 
trace  d'un  long  charroi  extérieur  ou  tout  au  moins  d'un  long  bouleverse- 
ment intérieur.  A  travers  tous  ces  débris  apparaissaient  du  charbon,  de  la 
cendre  et  quelques  dents  humaines  que  j'ai  conservées. 

»  Ce  singulier  mélange  m'ayant  fait  supposer  que  les  dépôts  de  différents 
âges,  au  moyen  desquels  j'expliquai  tout  d'abord  la  réunion  siu-  ce  même 
point  d'êtres  aussi  antipathiques  entre  eux,  pouvaient  bien  avoir  été  brouillés 
et  bouleversés,  après  leur  formation,  par  une  cause  peut-être  récente,  je 
recherchai  avec  la  plus  grande  attention,  dans  toute  l'étendue  du  péristyle, 
un  indice  de  couches  successives  propre  à  leur  faire  assigner  une  date  rela- 
tive quelconque;  mais  partout  et  à  toute  profondeur  les  mêmes  espèces  se 
présentaient  entassées  dans  le  même  désordre  et  dans  le  même  état  de  dis- 
location. Dans  quelques  endroits  seulement  la  cendre  et  le  charbon  for- 
maient, presque  à  la  surface  du  sol,  et,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  sous  sa 
première  pellicule,  une  bande  horizontale,  comme  si  ces  corps  légers  eussent 
été  déposés  par  les  eaux,  sur  lesquelles  ils  semblaient  avoir  flotté. 

»  Ces  débris  de  charbon,  ainsi  que  les  dents  humaines  disséminées  dans 
l'intérieur  du  sol,  auraient-ils  donc  la  même  origine  que  ces  ossements  de 
grands  Carnassiers  enfouis  avec  eux?...  Mais  alors  l'homme  aurait  été  le 
contemporain  de  ces  animaux,  dont  la  plupart  habitent  aujourd'hui  une 
zone  si  différente  de  la  nôtre,  ou  du  moins  son  existence  remonterait  à  une 
époque  antérieure  au  dernier  cataclysme  !... 

»  Le  morceau  de  cendres  et  de  poteries  situé  sur  la  surface  du  sol  fait 
bien  connaître,  il  est  vrai,  que  cette  grotte  a  été  habitée,  et  cela  à  une  épo- 
que relativement  récente,  quoique  ancienne,  car  j 'y  ai  recueilli  deux  médailles 
romaines  dont  l'une  à  l'effigie  d'un  des  Gordien,  et  un  poignard  en  fer;  mais 
je  crois  que  ces  débris  n'ont  aucune  analogie  avec  ceux  de  l'intérieur.  La 
couche  horizontale  de  charbon  dont  j'ai  parlé,  prouve  que  depuis  sa  foi"ma- 
tion,  le  sous-sol  est  resté  intact. 

»  Mais  je  laisse  de  côté  toutes  les  hypothèses  pour  reprendre  la  relation 
des  faits  qu'il  me  reste  à  signaler  au  sujet  du  second  gisement  ossifère  de 
cette  montagne.  Je  m'étendrai  peu  à  cet  égard  parce  que  ce  que  j'ai  dit,  à 
propos  du  modede  formation  du  premier,  se  rapporte  exactement  à  celui-ci. 

»  La  grotte  dans  laquelle  il  se  trouve  est  située  au  pied  de  la  montagne. 
Son  unique  ouverture,  opposée  également  au  cours  de  la  rivière,  donne  dans 
une  chambre  assez  spacieuse  dont  le  sol  est  composé  de  terre  noirâtre  et  de 
gros  cailloux  roulés  parmi  lesquels  se  trouvent  épars,  dans  le  plus  grand 

117.. 


(   902   ) 

désordre,  les  fragments  d'ossements.  De  même  que  dans  la  grotte  supérieure, 
ce  chaos  paraît  être  dû  à  l'invasion  des  eaux,  et  la  disposition  identique  des 
objets  qu'elle  renferme,  prouve  qu'elle  a  été,  à  la  même  époque,  le  théâtre 
des  mêmes  révolutions.  Seulement  elle  diffère  de  la  première  par  une  faune 
entièrement  dépourvue  de  Carnassiers  et  de  RongeiIr4«  Les  espèces  qui  y 
dominent  sont  le  cerf  et  l'antilope. 

»  C'est  dans  cette  grotte  que  j'ai  recueilli  un  grand  nombre  d'outils  en  os 
qui  étaient  dispersés  dans  l'intérieur  du  sol,  tout  comme  les  autres  débris. 
Tous  m'ont  paru  avoir  été  fabriqués  avec  des  ossements  de  cerf.  » 

«  Apres  avoir  fait  connaître  les  principaux  faits  contenus  dans  cette  Let- 
tre, M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire  met  sous  les  yeux  de  l'Académie 
des  plans  et  dessins  des  deux  cavernes  à  ossements  explorées  par  M.  Alfred 
Fontan,  et  plusieurs  des  objets  trouvés  dans  ces  cavernes,  parmi  lesquels  : 

»    1°.  Deux  mâchelières  humaines,  découvertes  dans  lagrotte  supérieure. 

»  a".  Plusieurs  flèches  trouvées  dans  la  grotte  inférieure.  Ces  flèches 
sont  faites  avec  des  ossements  d'animaux,  que  M.  Lartet,  juge  si  expert,  ne 
croit  pas  être  tous  des  os  de  cerfs.  Quelques-unes  de  ces  flèches  sont  creu- 
sées de  petites  rainures  qu'on  a  supposées  destinées  à  recevoir  des  substances 
vénéneuses  :  quelques  tribus  Hottentotes  se  servent  encore  aujourd'hui  de 
flèches  en  os,  qu'ils  empoisonnent. 

»  Dans  la  grotte  inférieure  étaient  aussi  d'autres  ustensiles  qui  ont  pu 
servir  d'aiguilles,  de  coins,  etc.,  et  quelques  autres  d'une  forme  plus  remar- 
quable, dans  lesquels  on  avait  cru  reconnaître  des  hameçons  (i).  Ils  portent 
aussi  de  petites  rainures.  Dans  la  même  grotte  étaient  des  éclats  de  silex  qui 
peuvent  avoir  servi  à  faire  ces  rainures. 

»  Une  partie  des  ossements  trouvés  dans  la  grotte  inférieure  ont  été  sou- 
mis p^r  M.  Fontan  à  l'examen  de  M.  Lartet,  lors  de  son  dernier  séjour  dans 
le  Midi.  Parmi  eux  notre  éminent  paléontologiste  a  reconnu  un  chamois, 
très-voisin  de  l'espèce  actuellement  vivante,  le  Cervus  pseudovirginianùs  de 
M.  Marcel  de  Serres,  le  Cervus  megaceros,  et  des  bœufs.  » 

a  M.  Geoffroy-Saint-Hii.Aire  met  aussi  sous  les  yeux  de  l'Académie  plu- 

(i)  Ces  ustensiles  sont  vraisemblablement  aussi  des  flèches.  Notre  savant  confrère  M.  Du- 
perrey  les  a  trouvés,  en  effet,  très-semblables  aux  flèches  de  quelques-uns  des  peuples  sau- 
vages qu'il  a  visites  durant  l'expédition,  si  profitable  à  la  science,  qu'il  a  faite  autour  du 
monde  comme  commandant  de  la  Coquille. 


(9o3) 

sieurs  haches  en  silex,  trouvés  avec  des  ossements  et  des  fragments  fossiles 
de  dents  d'éléphants,  et  ^ui  sont  dus  aux  recherches  poursuivies  depuis 
tant  d'années  par  M.  Boucher  de  Perthes  sur  divers  points  de  la  Normandie 
et  de  la  Picardie^  et  particulièrement  à  Abbeville. 

»  En  rappelant  les  travaux  si  connus  de  M.  Boucher  de  Perthes,  dit 
M.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  je  saisis  l'occasion  de  rendre  hommage  au  zèle  si 
persévérant  et  si  heureux,  et  aussi  à  la  générosité  de  ce  savant  qui,  ayant 
réuni  une  collection  considérable  de  silex  taillés  et  d'ossements  fossiles, 
se  propose  d'en  enrichir  le  Louvre  et  le  Muséum  d'histoire  naturelle.  Il  a 
déjà  fait  connaître  ses  intentions  à  MM.  les  Ministres  de  l'Instruction  pu- 
blique et  de  l'Intérieur  (i).  » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  un  phénomène  de  polarité  dans  la  décomposition  des 
gaz  par  l'étincelle  électrique^  et  sur  les  produits  que  [on  obtient  en  décom- 
posant l'alcool  par  l'étincelle  électrique  ou  la  chaleur;  par  M.  Qcet. 

«  L'expérience  suivante  me  semble  pouvoir  jeter  quelque  jour  sur  le 
mode  d'action  de  l'étincelle  dans  la  décomposition  des  gaz. 

»  L'eudiomètre  que  j'emploie  est  un  de  ces  tubes  de  verre  qui  servent  à 
faire  passer  l'électricité  dans  le  vide  et  qui  portent  dans  leur  axe  deux  tiges 
métalliques  terminées  par  deux  boules  de  cuivre.  Le  tube  étant  plein  d'hy- 
drogène bicarboné  pur  et  disposé  horizontalement ,  les  boules  de  cuivre  sont 
placées  à  une  distance  convenable  pour  le  passage  des  étincelles,  et  les  tiges 
sont  mises  en  communication  avec  les  pôles  de  l'appareil  d'induction  de 
M.  Ruhmkorff,  On  voit  d'abord  une  tache  circulaire  noire  se  développer 
sur  chacune  des  parties  opposées  des  boules  de  cuivre  ;  bientôt  des  mame- 
lons de  charbon  pulvérulent  et  adhérent  se  forment  sur  ces  taches  comme 
base  et  s'allongent  horizontalement  en  allant  à  la  rencontre  l'un  de  l'autre; 

(i)  Les  objets  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie,  et  d'autres  de  plus  grandes  dimensions, 
m'avaient  été  adressés,  il  y  a  déjà  plusieurs  mois,  par  M.  Boucher  de  Perthes;  mais  j'avais 
cru  devoir  ajourner  leur  présentation  à  l'Académie,  dans  le  désir  de  la  rendre  pins  intéres- 
sante et  plus  utile  à  la  science.  Nous  devions,  M.  Quatrefages  et  inoi ,  nous  rendre  à  Abbe- 
ville durant  les  vacances  de  Pâques,  pour  visiter,  avec  M.  Boucher  de  Perthes  et  avec 
M.  Lartet,  les  principaux  gisements  où  des  vestiges  de  l'industrie  humaine  primitive  se  trou- 
vent associés  à  des  ossements  fossiles,  et  pour  essayer  de  nous  rendre  compte  des  relations  de 
position  des  uns  et  des  autres.  Une  maladie  grave  a  malheureusement  atteint  M.  Boucher  de 
Perthes,  et  nous  avons  dû  remettre  notre  voyage  et  nos  études  à  une  autre  époque.  C'est 
pourquoi  je  me  suis  borné  à  indiquer  sommairement  les  résultats  des  dernières  recherches 
de  M.  Boucher  de  Perthes  ;  je  reviendrai  sur  ce  sujet  quand  j'aurai  été  sur  les  lieux. 


(  9o4  ) 
les  mamelons  finissent  par  se  joindre,  et  alors  le  courant  induit  passe  sans 
étincelle  sensible.  Pendant  que  les  mamelons  croissent  en  longueur,  on 
n'aperçoit  pas  trace  de  charbon  déposé  sur  la  paroi  inférieure  du  tube  au- 
dessous  de  l'intervalle  horizontal  que  traversent  les  étincelles ,  et  on  n'en 
voit  pas  non  plus  ailleurs  sur  des  mamelons  coniques  dont  il  vient  d'être 
parlé.  Il  résulte  de  ce  fait  que  le  gaz  n'est  visiblement  décomposé  qu'à  la 
surface  même  des  électrodes  de  cuivre  ou  des  cônes  de  charbon.  Il  y  a  donc 
là  un  phénomène  de  polarité  qui,  dans  la  décomposition  des  gaz,  me  paraît 
nouveau,  et  qui  est  analogue  à  celui  que  l'on  obtient  lorsque,  à  l'aide  des 
électrodes  de  Wollaston,  on  décompose  l'eau  par  le  courant  électrique  de  la 
machine  inductive.  Il  convient  de  remarquer  que,  dans  ces  expériences,  le 
courant  induit  n'a  pas  une  direction  constante,  mais  se  compose  d'une  suc- 
cession très-rapide  de  courants  alternativement  inverses  les  uns  des  autres. 
On  pourrait  facilement  ne  faire  agir  que  des  courants  instantanés  de  même 
sens,  en  faisant  passer  l'électricité  dans  un  gaz  suffisamment  raréfié,  car 
alors,  ainsi  que  je  l'ai  constaté  il  y  a  longtemps,  le  courant  dévie  d'une  ma- 
nière permanente  l'aiguille  d'un  galvanomètre,  et  la  dévie  comme  doit  le 
faire  le  courant  induit  produit  par  la  rupture  du  courant  inducteur. 

»  Si,  au  lieu  d'un  eudiomètre  analogue  à  celui  que  je  viens  d'indiquer, 
on  se  servait  d'un  eudiomètre  ordinaire  à  fils  de  platine,  les  mouvements 
du  gaz  déterminés  par  l'élévation  de  température  entraîneraient  la  poussière 
de  charbon  qui  se  déposerait  sur  les  parois  du  tube  comme  une  espèce  de 
suie  pendante. 

»  Lorsque  l'expérience  est  faite  sur  l'acide  sulfhydrique,  le  soufre  dé- 
posé est  trop  facilement  entraîné  par  les  mouvements  du  gaz,  pour  qu'on 
puisse  constater  le  phénomène  de  polarité  que  l'on  obtient  si  nettement 
avec  l'hydrogène  bicarboné. 

»  Si  on  faisait  passer  le  courant  de  la  machine  inductive  dans  ime  série 
d'eudiomètres  à  fils  de  platine  contenant  divers  gaz,  tels  que  l'ammoniaque, 
l'acide  sulfhydrique,  l'hydrogène  bicarboné,  etc.,  on  décomposerait  en  quel- 
ques minutes  5  à  6  centimètres  cubes  de  ces  gaz  ;  cette  expérience  n'est  pas 
sans  intérêt  dans  les  cours. 

»  L'alcool  liquide  décomposé  par  l'étincelle  de  la  machine  inductive 
devient  promptement  acide,  laisse  dépos'er  des  flocons  noirs  et  produit  une 
substance  résineuse.  En  ajoutant  à  l'alcool  une  petite  quantité  de  potasse,  on 
augmente  beaucoup  la  facilité  de  sa  décomposition,  car  alors,  avec  six 
éléments  de  Bunsen,  on  peut  retirer  de  l'alcool  plus  d'un  litre  de  gaz  par 
heure. 


(  9°^  ) 

»  Le  mélange  gazeux  obtenu  dans  cet  e  décomposition  ressemble  beau- 
coup à  celui  que  donne  l'alcool  décomposé  par  la  chaleur;  seulement  il 
indique  une  décomposition  plus  avancée.  Si  on  l'agite  avec  une  dissolution 
ammoniacale  de  protochlorure  de  cuivre,  on  voit,  indépendamment  de 
l'absorption  d'oxyde  de  carbone  qui  se  produit,  une  matière  solide  d'un 
rouge  de  cuivre  mat,  se  déposer  sur  les  parois  de  l'éprouvette.  Pour  prépa- 
rer cette  substance  rouge  en  plus  grande  quantité,  il  n'y  a  qu'à  produire 
un  courant  continu  de  ce  mélange  gazeux  et  à  le  conduire  dans  la  dissolu- 
tion ammoniacale.  Le  précipité  lavé,  puis  séché,  soit  dans  le  vide  à  côté  de 
l'acide  sulfurique  concentré,  soit  dans  une  étuve,  prend  une  couleur  brune 
et  acquiert  la  propriété  de  détoner  avec  émission  de  lumière,  lorsqu'on  le 
chauffe  un  peu  au-dessus  de  loo  degrés  ou  qu'on  le  frappe  avec  le  marteau. 
Chauffé  légèrement  avec  de  l'acide  chlorhydrique,  il  dégage  un  gaz  qui 
brûle  avec  une  flamme  luisante  et  qui  donne  en  brûlant  de  l'acide  carbo- 
nique ;  j.'ai  constaté  cette  propriété  avec  M.  Loir. 

»  Si  le  courant  du  mélange  gazeux  est  amené  dans  une  dissolution  am- 
moniacale de  chlorure  d'argent,  on  obtient  un  précipité  blanc  qui  jaunit  et 
devient  couleur  de  brique  à  la  lumière,  et  qui,  étant  desséché  dans  le  vide 
et  dans  une  étuve  à  loo  degrés,  prend  une  couleur  grise.  Cette  matière,  lors- 
qu'elle est  sèche,  détone  facilement  comme  la  précédente  quand  on  la 
chauffe  un  peu  au-dessus  de  loo  degrés  et  qu'on  la  frappe  avec  le  marteau. 
Elle  perce  la  feuille  de  papier  sur  laquelle  on  la  chauffe  pour  la  faire  dé- 
toner. 

»)  Comme  l'hydrogène,  l'hydrogène  bicarboné  et  l'oxyde  de  carbone  ne 
produisent  pas  ces  précipités  détonants,  il  faut  en  conclure  que  le  mélange 
gazeux  contient  une  substance  différente  des  gaz  précités.  Cette  substance 
s'y  trouve  en  petite  quantité  ;  elle  n'est  pas  enlevée  par  l'acide  sulfurique 
concentré. 

»  Il  est  naturel  de  penser  que  cette  substance  doit  aussi  se  trouver  dans  le 
mélange  gazeux  que  l'on  retire  de  la  décomposition  de  la  chaleur  par  l'al- 
cool. C'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  et  ce  que  j'ai  constaté  avec  M.  Loir;  seule- 
ment il  faut  dans  ce  cas  élever  fortement  la  température  du  tube  de  porce- 
laine. En  décomposant  l'alcool  par  la  chaleur  et  en  conduisant  le  gaz  dans 
des  dissolutions  ammoniacales  de  protochlorure  de  cuivre  ou  de  chlorure 
d'argent ,  on  obtient  en  peu  de  temps  d'assez  grandes  quantités  des  sub- 
stances détonantes  dont  j'ai  déjà  parlé.   » 


«, 


(  9o6  ) 

GÉOMÉTRIE.  —  Note  sur  ta  théorie  des  surfaces  réglées;  par  M.  O.  Bonnet. 

(Extrait.) 

a  M.  Bertrand  ayant  bien  voulu  rappeler,  dans  la  précédente  séance, 
trois  théorèmes  que  j'avais  donnés,  en  1842,  dans  mon  premier  Mémoire 
sur  la  théorie  générale  des  surfaces,  je  demanderai  à  l'Académie  la  permis- 
sion de  lui  communiquer  un  théorème  qui  complète  le  second  de  ceux  que 
M.  Bertrand  a  cités,  théorème  que  je  connais  depuis  bien  longtemps,  mais 
que  je  n'ai  pas  eu  jusqu'à  ce  jour  occasion  de  publier. 

»  Soient  O  et  O'  deux  points  infiniment  voisins  de  la  ligne  de  striction 
d'une  surface  gauche,  OG,  O'G'  les  deux  génératrices  rectilignes  qui  passent 
par  les  points  O  et  O';  appelons  Op  =  cIsç,  la  perpendiculaire  commune 
à  OG  et  O'G',  MW  ^  ds  la  perpendiculaire  abaissée  sur  O'G'  d'un  point 
quelconque  M  de  OG,  (p  l'angle  du  plan  tangent  en  M  avec  le  plan  tangent 
en  O,  <p  4-  d(p  l'angle  du  plan  tangent  en  M'  avec  le  plan  tangent  en  O', 
Po  la  courbure  moyenne  (c'est-à-dire  la  demi-somme  des  courbures  princi- 
pales) au  point  O,  p  la  courbure  moyenne  au  point  M  ;  on  a 

ds        dSd        d^ 

p  po  2 

»  Le  théorème  cité  par  M.  Bertrand  fait  connaître  la  loi  suivant  laquelle 
la  courbure  de  la  surface  (c'est-à-dire  la  moyenne  géométrique  des  cour- 
bures principales)  varie  tout  du  long  d'une  même  génératrice  rectiligne  ;  le 
nouveau  théorème  exprime  la  même  loi  pour  la  courbure  moyenne  ;  de 
telle  sorte  que  par  ces  deux  théorèmes  on  connaît  en  un  point  quelconque 
d'une  génératrice  tous  les  éléments  qui  dépendent  de  la  courbure,  quand  on 
se  donne  la  courbure  et  la  courbure  moyenne  au  point  central,  ainsi  que 
l'angle  i  sous  lequel  la  ligne  de  striction  coupe  les  génératrices. 

»  L'espace  me  manque  pour  développer  des  applications  ;  mais  je  ferai 
remarquer  que  l'on  obtient  aussi  avec  une  grande  facilité  l'équation  des 
lignes  de  courbure,  l'équation  qui  donne  les  rayons  de  courbure  princi- 
paux, l'équation  des  lignes  asymptotiques  non  rectilignes,  l'équation  re- 
marquable que  M.  Bertrand  a  donnée  dans  le  journal  de  M.  Liouville  pour 
trouver  les  points  où  la  courbure  moyenne  est  nulle,  etc.  » 

M.  Passot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission qui  a  été  chargée  de  l'examen  de  sa  dernière  Note. 

Cette  Lettre  est  renvoyée  aux  Commissaires  désignés,  MM.  Bertrand  et 


(907) 

Delaunay,  avec  invitation  de  faire  connaître  le  plus  promptement  possible 
le  jugement  qu'ils  auront  porté  sur  la  communication  de  M.  Passot. 

M.  Legris  adresse  une  semblable  demande  relativement  à  sa  «  Note  sur  la 
recherche  de  l'arsenic  et  les  investigations  de  la  médecine  légale  qui  se 
rattachent  à  cette  question  ». 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  dans  la  séance  du  20  juillet 

1867  :  MM.  Chevreul,  Bussy.j 

M.  Noël  demande  également  un  Rapport  sur  sa  communication  concer- 
nant un  étalon  de  la  toise  française  indiqué  comme  ayant  appartenu  à  l'an- 
cienne Académie  des  Sciences. 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  :  MM.  Le  Verrier,  Babinet.) 

M.  Laignel  reproduit  la  demande  qu'il  avait  faite  dans  la  précédente 
séance,  en  précisant  ce  qu'il  craint  de  n'avoir  pas  énoncé  assez  clairement. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Combes  et  Clapeyron,  ce  dernier  remplaçant 
M.  Séguier,  primitivement  désigné.) 

M,  Love  Plaine  adresse  un  Mémoire  sur  le  soleil  et  les  comètes. 

M.  Babinet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

.  M.  Docteur  annonce  avoir  découvert  un  moyen  simple  et  efficace  de 
préserver  des  gelées  de  printemps  les  arbres  fruitiers  en  fleur.  Il  offre  de  le 
faire  connaître  à  l'Académie^  si  elle  peut  lui  assurer  que  sa  découverte,  en 
cas  qu'elle  soit  reconnue  réelle,  lui  vaudra  une  récompense  pécuniaire. 

Cette  offre  ne  peut  être  prise  en  considération. 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  É.  D.  B. 


C,  R.,   i858,   !«■■  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  19.) 


ii8 


(  9o8  ) 

BCLLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  lo  mai  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Histoife  des  travaux  de  Georges  Cuvier,  par  M.  P.  FlourenS;  3*  édition. 
Paris,  t858;  i  vol.  in-8°. 

Du  suicide  et  de  la  folie  suicide  considérés  dans  leurs  rapports  avec  la  statis- 
tique, la  médecine  et  la  philosophie  ;  par  M.  A.  Brierre  DE  BoiSMONT.  Paris, 
i856;  I  vol.  in-S"  (Adressé  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et 
Chirurgie.) 

Capacité  vitale  du  poumon,  ses  rapports  physiologiques  et  pathologiques  avec 
les  maladies  de  la  poitrine;  par  M.  le  D'  B.  Schnepp.  Paris,  1 858  ;  br.  in-8°. 
(Adressé  au  concours  pour  le  prix  de  Physiologie  expérimentale.) 

Cours  de  Physique  de  [Ecole  Polytechnique  ;  par  M.  J.  Jamin;  tome  I". 
Paris,  i858;  in-8". 

Indications  théoriques  et  pratiques  sur  le  travail  des  vins  et  en  particulier 
sur  celui  des  vins  mousseux  ;  par  M.  E.  T.  Maumené.  Paris,  i858-,  i  vol. 
in-8°.  (Adressé  au  concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres.) 

Notice  historique  sur  la  vie  et  les  travaux  du  V^  Villar,  correspondant  de  [In- 
stitut; par  M.  A.  Victor  Bally.  Grenoble,  i858;  br.  in-8°. 

Nouveau  manuel  complet  du  tourneur,  ou  Traité  théorique  et  pratique  de  [art 
dutour,  etc.;  par  M.  E.  DE  Valicourt.  Paris,  i858;  i  vol.  in-i8  avec  atlas 
oblong. 

Sur  la  nomenclature  et  la  classification  des  eaux  minérales;  par  M.  le  D"^!. 
Ch.  Herpin  (de  Metz).  Paris,  i858;  br.  in-8''. 

Note  sur  [emploi  du  gaz  carbonique  comme  moyen  anasthésique ;  par  le  même, 
I  feuille  in-8°. 

Mémoires  de  [Académie  impériale  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
de  Toulouse.  5*  série,  tome  I".  Toulouse,  i  857  ;  in-S". 

Mémoires  de  la  Société  d!  Agriculture,  Commerce,  Sciences  et  Arts  du  déparle- 
ment de  la  Marne.  Année  1857.  Châlons  ;  in-8°. 


(909)  ^ 

Rapport  présenté  à  la  Société  impériale  d'Agriculture,  d'Histoire  naturelle  et 
des  Arts  utiles  de  Lyon  au  nom  de  la  Commission  des  soies  sur  ses  travaux 
en  1857.  Lyon,  i858;  br.  in-8°. 

MsLnusAe. ..  Manuel  de  Chimie  appliquée  aux  Arts;  par  "M.  Ascanio  Sobrebo. 
Vol.  III,  1"=  partie.  Turin,  1857;  in- 12.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par 
M.  Pelouze.) 

Introduzione...  Introduction  à  la  mécanique  et  à  la  philosophie  de  la  nature  ; 
par  M.  Joseph  Gallo.  Vol.  II,  fascicules  9-1 1.  Turin,  i858;  in-8''. 

Conclusioni...  Conclusions  d'un  travail  sur  le  sang  considéré  essentiellement 
dans  ses  relations  avec  l'état  pathologique  des  vaisseaux;  par  M.  le  D'  Benve- 
NISTI,  de  Padoue.  Venise,  1846;  br.  in-8''. 

Riflessioni...  Réflexions  sur  la  lèpre  et  sur  la  pellagre,  et  sur  (analogie  qui 
semble  exister  dans  leur  condition  essentielle  ;  par  le  même  ;  br.  in-8''. 

Storia. . .  Histoire  analomico-pathologique  du  système  vasculaire;  parle  même. 
Vol.  I.  Padoue,  i85i;  in-8''. 

Sul  diabète...  Mémoire  sur  le  diabète  et  sur  la  saccharification  animale  mor- 
bide; par  le  même  ;  br.  in-8''. 

Su  le...  Mémoire  sur  les  capsules  surrénales;  par  le  même;  br.  in-8''. 

SuUe  specie...  Sur  les  formes  diverses  de  l'asthme  et  sur  sa  condition  patho- 
logique dans  l'homme,  Cenfant  et  les  animaux;  par  le  même  ;  br.  in-S". 

Geology...  Géologie  du  nord  de  f  Amérique  ;  par  M.  Jules  Marcou.  Zurich. 
i858;  in-4''. 


ERRATA. 

(Séance  du  26  avril  i858.) 

Page  8i3,  troisième  ligne  en  remontant,  au  lieu  de  Oskiup  et  la  vallée   de   Verdar, 
lisez  Uskiup  et  la  vallée  du  Vardar. 

(Séance  du  3  mai  i858.) 
Page  858,  ligne  26,  au  lieu  de  composés  phosphores,  lisez  corps  gras  phosphores. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  17  MAI  1858. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

Communication  faite  par  M .  "BioT . 

a  Je  me  trouve  aujourd'hui  honoré  d'une  commission,  dont  le  résultat 
sera  aussi  agréable  à  l'Académie,  qu'il  sera  profitable  aux  intérêts  scientifi- 
ques. M.  et  M""  Le  Dien,  le  gendre  et  la  fille  de  M"^  de  Corancez,  nièce  et 
unique  héritière. de  M.  de  Prony,  m'ont  chargé  d'offrir  en  leur  nom,  à  l'In- 
stitut, pour  être  déposé  dans  sa  Bibliothèque,  un  exemplaire  manuscrit  des 
grandes  Tables  logarithmiques  et  trigonométriques,  qui,  vers  la  fin  du  siècle 
dernier,  ont  été  calculées  au  bureau  du  cadastre,  sous  la  direction  de  notre 
savant  Confrère.  Cet  exemplaire  avait  été  laissé  à  Prony  à  titre  de  Minute.  Il 
mettait  à  sa  conservation  un  prix  inestimable,  et  il  l'avait  instamment 
recommandée  à  sa  famille,  qui  s'est  acquittée  de  ce  devoir  avec  un  soin  reli- 
gieux. Malgré  le  profond  intérêt  de  souvenir  que  M™*  de  Corancez  attachait 
à  cette  oeuvre  importante  de  son  oncle,  elle  n'en  avait  jamais  regardé  la  pos- 
session que  comme  un  dépôt,  dont  elle  devait  compte  à  la  science  et  à  une 
mémoire  vénérée.  M.  et  M"*  Le  Dien,  héritiers  de  ses  biens  et  de  ses  senti- 
ments, croient  ne  pouvoir  mieux  remplir  ses  intentions  généreuses,  qu'en 
remettant  cette  précieuse  collection  à  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  où  elle 
se   trouvera    honorablement  placée,   comme   monument  scientifique  du 

C.  R.,  i858,  i"Semejrre.  (T.  XLVI,  KoîîO.;  ,  I  IQ 


(  9'2  ) 
XVIII*  siècle.  Cela  aura  le  double  avantage  d'assurer  sa  conservation  aussi 
bien  qu'il  est  humainement  possible  de  le  faire,  et  d'en  permettre  le  libre 
accès  aux  Membres  de  l'Académie,  ainsi  qu'aux  personnes  studieuses,  admi- 
ses dans  notre  Bibliothèque,  qui  auraient  besoin  d'y  recourir.    » 

n  M.  Eue  de  Beaumont,  en  partageant  la  reconnaissance  si  bien  expri- 
mée par  M.  Biot  pour  le  don  précieux  que  reçoit  par  ses  mains  la  Biblio- 
thèque de  l'Institut,  exprime  l'opinion  que  le  meilleur  moyen  d'assurer  la 
conservation  du  gigantesque  travail  exécuté  sous  la  direction  de  M.  de  Prony 
serait  de  faire  imprimer  ces  Tables  monumentales.  » 

«  A  la  suite  de  la  communication  de  M.  Biot,  M.  Le  Verrier  dit  qu'on 
doit  se  féliciter  que  la  conservation  du  second  exemplaire  des  Tables  de 
Prony  se  trouve  assurée  par  la  détermination  éminemment  scientifique  que 
viennent  de  prendre  M.  et  M"*  Le  Dien. 

»  Depuis  près  d'une  année  M.  Lefort  s'est  livré,  sur  l'exemplaire  déposé 
à  l'Observatoire,  à  un  travail  important  de  recherches  et  de  vérifications. 
Phisieurs  points  de  l'historique  de  la  construction  des  grandes  Tables  de 
logarithmes,  points  bien  connus  sans  doute  à  l'origine,  mais  oubliés  depuis 
lors,  avaient  besoin  d'être  rétablis  d'une  manière  nette  et  précise.  C'est  ce 
qu'a  voulu  faire  M.  Lefort,  soit  par  l'élude  de  l'introduction  jointe  aux 
Tables,  soit  par  l'étude  des  Tables  en  elles-mêmes,  soit  enfin  par  leur  com- 
paraison avec  les  Tables  plus  anciennes. 

»  Les  manuscrits  que  nous  possédons  nous  représentent-ils  les  calculs 
originaux  eux-mêmes,  ou  bien  ne  seraient-ils  qu'une  copie  de  feuilles  déta- 
chées, et  déposées,  depuis  lors,  nous  ne  savons  où?  La  comparaison  de 
l'exemplaire  de  l'Observatoire  avec  celui  de  l'Institut  jetterti,  sans  aucun 
doute,  une  grande  lumière  sur  cette  question.  Selon  que  quelques  fautes 
reconnues  par  M.  Lefort  dans  le  premier  exemplaire  se  retrouveront  ou  non 
dans  le -second,  on"  pourra  sans  doute  se  prononcer  sur  l'indépendance  ou 
sur  la  connexité  des  deux  textes. 

»  Il  appartient  du  reste  à  M.  Lefort  de  communiquer  à  l'Académie  le 
résultat  de  ses  recherches,  devoir  qu'il  remplira  certainement,   j» 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.    —   Nouvelle  théorie  du   mouuemenl  de  la    lune  i 

par  M.  Delaunay. 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  part  à  l'Académie  de  l'achèvement  des  calculs 
que  j'ai  entrepris  il  y  a  plus  de  onze  ans,  pour  effectuer  une  nouvelle  dé- 


■  <:* 


(.9'3) 
termination  analytique  des  inégalités  du  mouvement-  de  la  lune'dQès  à 
>l'action  perturbatrice  du  soleil. 

,■:  »  On  sait  quel  est  l'intérêt  qui  s'attache  à  la  connaissance  exacte  du 
mouvement  de  la  lune  sur  la  voûte  céleste.  La  rapidité  avec  laquelle  ce 
inouvement  s'effectue  à  travers  les  constellations  zodiacales  a  depuis  long- 
temps suggéré  l'heureuse  idée  de  s'en  servir  pour  la  détermination  des  lon- 
gitudes en  mer.  Un  marin  qui  veut  trouver  la  longitude  du  point  où  est 
situé  son  navire  sur  l'Océan,  a  besoin  pour  cela  de  connaître  deux  choses, 
savoir  :  i"  l'heure  qu'il  est,  à  un  certain  instant,  au  lieu  où  il  est  placé; 
a"  l'heure  qu'il  est,  au  même  instant,  dans  le  lieu  à  partir  duquel  se  comp- 
tent les  longitudes,  à  Paris  par  exemple.  La  première  de  ces  deux  heures 
s'obtient  par  des  observations  astronomiques  spéciales  auxquelles  nous 
n'avons  pas  à  nous  an-êter.  Quant  à  la  seconde,  elle  est  indiquée  par  la 
position  que  la  lune  occupe  dans  le  ciel  par  rapport  aux  divers  astres  qui 
sont  dans  son  voisinage.  On  peut  assimiler  la  sphère  étoilée  à  un  immense 
cadran  placé  dans  le  ciel,  et  destiné  à  faire  connaître  l'heure  de  Paris  aux 
n)arins  disséminés  sur  toute  l'étendue  des  mers  :  la  lune  y  joue  le  rôle  d'ai- 
guille indicatrice.  Mais  il  faut  que  les  marins  sachent  lire,  sur  ce  cadran 
gigantesque,  l'heure  que  la  lune  y  marque  à  chaque  instant.  C'est  pour 
remplir  cet  objet  que  le  Bureau  des  Longitudes  publie  plusieurs  années  à 
l'avance,  dans  la  Connaissance  des  Temps,  une  Table  des  distances  lunaires,  à 
l'aide  de  laquelle,  connaissant  la  distance  de  la  lune  à  un  des  astres  voisins, 
on  peut  trouver  tout  de  suite  l'heure  qu'il  était  à  Paris  à  l'instant  où  cette 
distance  a  été  mesurée.  Mais  pour  calculer  la  Table  des  distances  lunaires, 
il  faut  connaître  le  mouvement  de  la  lune  :  l'exactitude  de  la  détermination 
des  longitudes  dépend  donc  essentiellement  de  la  précision  avec  laquelle 
on  connaît  les  lois  de  ce  mouvement. 

M  L'importance  de  cette  belle  "application  de  la  science  explique  suffi- 
samment les  efforts  qui  ont  été  faits  successivement  pour  perfectionner  la 
théorie  du  mouvem<;nt  de  la  lune.  Mais  la  question  est  d'une  telle  difficulté, 
que,  malgré  le  concours  des  plus  grands  géomètres,  on  n'a  marché  que  très- 
lentement  vers  la  solution  qu'on  avait  en  vue.  Newton,  dans  son  livre  des 
Principes  mathématiques  de  la  philosophie  naturelle,  s'était  contenté  de  ratta- 
cher le  mouvement  de  la  lune  à  sa  grande  loi  de  la  gravitation  universelle, 
en  montrant  par  quelques  exemples  que  les  principales  inégalités  de  la  lune 
indiquées  par  l'observation  sont  dues  à  l'action  perturbatrice  du  soleil. 
Bientôt,  et  à  peu  près  en  même  temps,  Clairaut,  d'Alembert,  Euler  établis- 
sent les  équations  différentielles  du  mouvement  de  la  lune  sous  les  actions 

119.. 


(94) 
combinées  de  la  terre  et  du  soleil  ;  et  par  l'intégration  approximative  de  ces 
équations,  non-seulement  ils  confirment  les  idées  de  Newton  en  expli- 
quant toutes  les  inégalités  découvertes  antérieurement  par  l'observation, 
mais  encore  ils  fournissent  une  connaissance  plus  exacte  du  mouvement 
de  la  lune  en  dévoilant  plusieurs  inégalités  que  l'observation  n'avait  pas 
pu  manifester.  Plus  tard  Laplace  fait  faire  un  nouveau  pas  à  la  théorie  de 
la  lune,  en  poussant  plus  loin  les  approximations,  et  surtout  en  découvrant 
les  causes  de  certaines  inégalités  dont  les  astronomes  avaient  récemment 
constaté  l'existence,  et  qu'il  semblait  difficile  d'expliquer  par  l'attraction 
newtonienne. 

»  Malgré  tous  ces  travaux  remarquables,  les  Tables  de  la  lune  n'avaient 
pu  encore  être  entièrement  déduites  de  la  théorie  ;  on  avait  dû  déterminer 
d'après  l'observation  la  plupart  des  coefficients  des  inégalités  lunaires  dont 
la  théorie  avait  démontré  l'existence.  C'est  ce  qui  décida  l'Académie  des 
Sciences,  sur  la  demande  de  Laplace,  à  proposer,  comme  sujet  de  prix  à 
décerner  en  1 820,  la  formation,  par  la  seule  théorie,  de  Tables  lunaires  aussi 
exactes  que  celles  qui  avaient  été  construites  par  le  concours  de  la  théorie 
et  des  observations.  Le  prix  fut  partagé  entre  Damoiseau  d'une  part,  et 
MM.  Plana  et  Carlini  d'une  autre  part.  Le  Mémoire  de  Damoiseau,  qui  ;i 
été  inséré  dans  le  tome  ITI  du  Recueil  des  Savants  étrangers,  était  accompa- 
gné de  Tables  lunaires  qu'on  a  reconnues  au  moins  aussi  exactes  que  les 
meilleures  de  celles  qui  avaient  été  employées  jusque-là.  Celui  de  MM.  Plana 
et  Carlini  n'a  pas  été  imprimé;  mais  il  a  servi  de  point-de  départ  à  un  travail 
bien  plus  étendu,  publié  en  i83.i  par  M.  Plana  seul. 

»  A  partir  de  là,  les  recherches  sur  la  théorie  de  la  lune  entrèrent  dans 
une  phase  nouvelle.  Il  semblait  difficile  de  pousser  les  approximations  plus 
loin  que  ne  l'avaient  fait  MM.  Damoiseau  et  Plana  dans  le  calcul  des  iné- 
galités lunaires.  Mais  la  marche  qu'ils  avaient  suivie  l'un  et  l'autre,  d'après 
la  Mécanique  céleste  de  Laplace,  n'est  pas  celle  qui,  en  dernière  analyse, 
paraît  la  plus  naturelle.  Cette  marche,  qui  n'est  autre  que  celle  de  Clairaut, 
consiste  à  exprimer  tout  d'abord  le  temps  ainsi  que  la  latitude  et  le  rayon 
vecteur  de  la  lune  en  fonction  de  sa  longitude  vraie. prise  pour  variable 
indépendante;  puis  à  en  déduire  l'expression  de  la  longitude  vraie,  de  la 
latitude  et  du  rayon  vecteur  en  fonction  du  temps.  Il  semble  beaucoup 
plus  convenable  de  faire  pour  la  lune  ce  qu'on  fait  pour  les  planètes, 
c'est-à-dire  de  chercher  directement  à  exprimer  les  trois  coordonnées 
de  la  lune  en  fonction  du  temps.  C'est  ce  que  proposèrent  successive- 
ment M.  Lubbock  en  i83u,  Poisson   en   i833,  et  M.  Hansen    en  i838. 


-(9'5) 
Chacun  de  ces  trois  géomètres  fit  connaître  une  méthode  particuHére  des- 
tinée à  attaquer  ainsi  directement  le  problème  du  mouvement  de  la  lune. 
M.  Hansen  est  le  seul  des  trois  qui'  ait  fait  depuis  une  application  complète 
de  sa  méthode;  il  a  effectué  le  calcul  des  inégalités  lunaires,  en  poussant 
les  approximations  assez  loin  pour  être  certain  de  ne  négliger  que  des  quan- 
tités réellement  négligeables;  et  il  en  a  déduit  des  Tables  de  la  lune  qui  ont 
été  publiées  récemment  aux  frais  du  Gouvernement  d'Angleterre. 

»  Tel  était  l'état  de  la  question,  lorsque,  en  1846,  j'essayai  d'apporter 
encore  quelque  amélioration  à  la  théorie  de  la  lune.  Le  changement  capital 
introduit  dans  cette  théorie  par  MM.  Lubbock,  Poisson  et  Hansen,  porte 
uniquement  sur  les  équations  différentielles  du  mouvement  de  la  lune,  dans 
lesquelles  ils  adoptent  pour  variable  indépendante  le  temps,  au  lieu  de  la 
longitude  vraie  de  la  lune.  Mais,  une  fois  les  équations  différentielles  obte- 
nues, ils  en  effectuent  l'intégration  de  la  même  manière  que  leurs  devan- 
ciers; c'est-à-dire  que,  dans  une  première  approximation,  ils  déterminent 
les  inégalités  qui  sont  du  premier  ordre  par  rapport  à  la  force  perturbatrice 
du  soleil,  dans  une  deuxième  approximation  ils  cherchent  celles  qui  sont 
du  second  ordre  par  rapport  à  cette  force  perturbatrice,  et  ainsi  de  suite. 
C'est  ce  mode  d'intégration  que  je  cherchai  à  remplacer  par  un  autre  qui 
permît  de  pousser  les  approximations  plus  loin  qu'on  n'avait  pu  le  faire 
jusque-là. 

»  Si  l'on  réfléchit  à  la  manière  dont  s'effectue  l'intégration  des  équations 
différentielles  par  approximations  successives,  on  reconnaît  sans  peine  que 
les  calculs  se  compliquent  do  plus  en  plus,  et  avec  une  grande  rapidité,  à 
mesuré  que  l'on  arrive  à  une  approximation  d'un  ordre  plus  élevé.  En  négli- 
geant d'abord  complètement  l'action  perturbatrice  du  soleil,  on  trouve  sans 
difficulté  que  la  lune  se  meut  autour  de  la  terre  conformément  aux  lois  du 
mouvement  elliptique.  Les  valeurs  des  coordonnées  de  la  lune,  dans  ce 
mouvement  elliptique,  servent  à  effectuer  une  évaluation  approchée  des 
termes  qui,  dans  les  équations  différentielles,  représentent  l'action  pertur- 
batrice précédemment  négligée  :  dès  lors  on  est  en  mesure  de  faire  ime 
première  approximation  du  calcul  des  inégalités  que  cette  action  détermine 
dans  le  mouvement  de  la  lune.  Pour  passer  à  une  seconde  approximation, 
on  recommence  l'évaluation  des  termes  dus  à  l'action  perturbatrice  du 
soleil,  en  employant,  non  plus  simplement  les  valeurs  elliptiques  des  coor- 
données de  la  lune,  mais  ces  valeurs  modifiées  par  la  première  approxima- 
tion. De  même  les  nouvelles  valeurs  que  cette  seconde  approximation 
fournit  pour  les  coordonnées  de  la  lune  servent  à  calculer  les  termes  dus  à 


(  9'6  ) 
l'action  perturbatrice  du  soleil  plus  exactement  qu'on  n'avait  pu  le  faire 
jusque-là,  d'où  résulte  une  troisième  approximation  des  inégalités  de  la 
lune;  et  ainsi  de  suite.  On  comprend  aisément  par  là  comment,  à  chaque 
nouvelle  approximation,  les  inégalités  précédemment  obtenues  se  combi- 
nent les  unes  avec  les  autres  pour  produire  d'autres  inégalités;  et  com- 
ment ces  combinaisons  conduisent  bientôt  à  des  calculs  vraiment  inextri- 
cables, ce  qui  empêche  de  pousser  les  approximations  aussi  loin  qu'on 
le  désirerait,  sans  cesser  de  conserver  une  entière  sécurité  sur  l'exactitude 
des  résultats  obtenus. 

»  Cette  méthode  d'intégration  est  suffisante  pour  les  théories  du  soleil  et 
des  planètes,  où  la  première  approximation  donne  presque  tout  ce  que  l'on 
cherche,  et  où  l'on  n'a  besoin  de  recourir  aux  approximations  suivantes  que 
pour  un  petit  nombre  d'inégalités  spéciales  ;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi  dans  la 
théorie  de  la  lune,  où,  en  raison  de  la  grandeur  de  la  force  perturbatrice  dont 
on  veut  calculer  les  effets,  il  est  nécessaire  d'effectuer  complètement  au 
moins  quatre  ou  cinq  des  approximations  qui  viennent  d'être  indiquées,  et 
où  l'on  doit  d'ailleurs  aller  plus  loin  encore  pour  le  calcul  de  quelques-unes 
des  inégalités  de  la  lune.  Aussi  n'y  a-t-il  pas  lieu  d'être  surpris  de  ce  que, 
malgré  tous  les  soins  apportés  par  MM.  Plana  et  Hansen  dans  leurs  calculs, 
les  coefficients  qu'ils  ont  obtenus  pour  les  inégalités  de  la  lune  présentent 
des  différences  dont  l'ensemble  forme  un  total  de  plus  de  5o  secondes. 

))  Pour  vaincre  la  difficulté  que  présente  l'intégration  des  équations 
différentielles  du  mouvement  de  la  lune,  je  cherchai  à  l'attaquer  par  petites 
portions,  et  à  remplacer  ces  quelques  approximations  successives  qui  se 
présentent  avec  un  caractère  de  si  grande  complication,  par  un  nombre 
beaucoup  plus  grand  d'opérations  distinctes  dont  chacune  fût  au  contraire 
très-simple  et  pût  être  effectuée  avec  toute  l'exactitude  désirable  sans  que 
l'esprit  cessât  de  pouvoir  en  embrasser  très-facilement  l'ensemble.  Je  fus 
assez  heureux  pour  réussir,  et  je  présentai  à  l'Académie,  dans  la  séance  du 
i6  novembre  1846,  la  méthode  que  j'avais  imaginée  pour  atteindre  ce 
but  (i).  Encouragé  par  le  Rapport  favorable  dont  cette  méthode  fut  bientôt 
l'objet  de  la  part  de  mon  illustre  et  vénéré  maître  M.  Liouville  (séance  du 
4  janvier  1847),  J^  ^^  ^^  résolument  à  en  faire  l'application  au  calcul 
complet  des  inégalités  lunaires,  avec  l'intention  de  pousser  les  approxima- 
tions plus  loin  qu'on  ne  l'avait  fait  jusque-là.  Pendant  l'exécution  de  cette 


(i)  Une  première  ébauche  de  cette  mélhode  avait  déjà  été  présentée  à  l'Académie  dans  sa 
séance  du  5  janvier  précédent. 


(  9'7  ) 
entreprise  considérable,  j'ai  rencontré  des  entraves  de  plus  d'un  genre  qui 
en  ont  momentanément  retardé  l'achèvement;  mais  je  n'ai  pas  perdu  cou- 
rage, et  je  suis  heureux  de  pouvoir  venir  annoncer  aujourd'hui  à  l'Acadé- 
mie que  mon  travail  est  terminé. 

»  Je  vais  rappeler  en  quelques  mots  en  quoi  consiste  la  méthode  que  j'ai 
suivie.  D'après  le  beau  Mémoire  de  Poisson  de  i833,  j'ai  pris  pour  point 
de  départ  les  équations  différentielles  fournies  par  la  théorie  de  la  variation 
des  constantes  arbitraires,  et  j'ai  adopté  un  système  d'éléments  elliptiques 
tel  que  ces  équations  aient  la  forme  la  plus  simple  dont  elles  soient  sus- 
ceptibles. La  fonction  perturbatrice,  dont  les  dérivées  partielles,  relatives 
aux  éléments  elliptiques,  fournissent  précisément  les  valeurs  des  dérivées 
de  ces  mêmes  éléments  par  rapport  au  temps,  peut  être  facilement  déve- 
loppée en  une  série  de  termes  périodiques.  Si  l'on  n'y  prenait  garde,  l'in- 
troduction de  cette  série  périodique  dans  les  équations  différentielles  serait 
accompagnée  d'un  grave  inconvénient  :  le  temps  sortirait  des  signes  sinus 
ou  cosinus,  ce  qui  gênerait  considérablement  l'emploi  de  ces  équations 
différentielles  pour  la  détermination  des  inégalités  lunaires.  Je  fais  dispa- 
raître cet  inconvénient  par  un  moyen  très-simple,  qui  diffère  essentiellement 
de  ceux  employés  jusque-là  pour  atteindre  le  même  but,  et  qui  a  le  grand 
avantage  de  laisser  aux  équations  différentielles  la  forme  qu'elles  avaient 
d'abord.  Il  résulte  de  là  que  le  temps  n'entre  plus  explicitement  dans  la 
fonction  perturbatrice  qu'autant  qu'il  y  est  introduit  par  les  valeurs  des 
coordonnées  du  soleil,  et  qu'en  outre  cette  fonction  renferme  un  terme  non 
périodique  indépendant  de  l'action  perturbatrice  de  cet  astre. 

»  Cela  étant  fait,  je  supprime  de  la  fonction  perturbatrice  la  totalité  des 
termes  périodiques  qu'elle  renferme,  à  l'exception  d'un  seul  que  je  choisis 
parmi  ceux  qui  ont  le  plus  d'influence  pour  produire  des  inégalités.  En  in- 
troduisant cette  fonction  ainsi  simplifiée  dans  les  équations  différentielles, 
je  trouve  qu'elles  s'intègrent  complètement.  Alors  je  profite  de  cette  inté- 
gration pour  en  déduire  des  formules  destinées  à  remplacer  les  six  variables 
que  j'avais  par  six  autres  de  même  nature.  Ces  formules  de  transformation 
s'obtiennent  par  une  suite  de  déductions  analytiques,  dans  le  détail  des- 
quelles il  m'est  impossible  d'entrer.  Lorsque,  par  leur  emploi,  les  nouvelles 
variables  sont  substituées  aux  anciennes  dans  la  fonction  perturbatrice  et 
dans  les  expressions  des  coordonnées  de  la  lune,  il  en  résulte  que  :  i"  un 
des  termes  importants  de  la  fonction  perturbatrice  disparaît  (c'est  le  terme 
périodique  que  l'on  avait  conservé  seul  tout  d'abord);  3°  diverses  inéga- 
lités correspondant  à  ce  terme  s'introduisent  dans  les  valeurs  des  trois 


(9^8) 
coordonnées  de  la  lune.  De  plus  les  valeurs  des  six  nouvelles  variables  en 
fonction  du  temps  sont  déterminées  par  des  équations  différentielles  exac- 
tement de  même  forme  que  celles  qui  déterminaient  les  valeurs  des  six  va- 
riables auxquelles  elles  ont  été  substituées. 

»  Dès  lors,  l'intégration  des  équations  différentielles  étant  ramenée  au 
même  point  que  précédemment,  sauf  la  disparition  d'un  terme  périodique 
dans  la  fonction  perturbatrice,  une  nouvelle  opération  analogue  à  celle  qui 
vient  d'être  effectuée,  fait  de  même  disparaître  un  autre  terme  de  cette  fonc- 
tion ;  un  troisième  terme  peut  également  lui  être  enlevé  au  moyen  d'une 
troisième  opération  analogue,  et  ainsi  de  suite.  De  telle  sorte  qu'après  que 
l'on  a  effectué  successivement  un  nombre  convenable  d'opérations  de  ce 
genre,  la  fonction  perturbatrice  peut  être  débarrassée  de  ses  termes  les  plus 
importants,  et  que  la  question  peut  être  ainsi  rendue  assez  simple  pour  pou- 
voir être  traitée  de  la  même  manière  que  s'il  s'agissait  des  perturbations 
d'une  planète  ou  du  soleil. 

u  Telle  est  la  méthode  que  j'ai  suivie  pour  faire  le  calcul  des  perturba- 
tions du  mouvement  de  la  lune.  Voici  maintenant  comment  j'en  ai  fait 
l'application.  Comme  M.  Plana,  j'ai  cherché  les  coefficients  des  inégalités 
sous  leur  forme  analytique,  en  les  développant  suivant  les  puissances  crois- 
santes des  petites  quantités  dont  ils  dépendent.  Dans  ces  développements, 
on  considère  les  excentricités  des  orbites  de  la  lune  et  du  soleil,  l'inclinai- 
son de  l'orbite  de  la  lune  sur  l'écliptique,  et  le  rapport  des  moyens  mou- 
vements du  soleil  et  de  la  lune,  comme  des  quantités  du  premier  ordre  de 
petitesse;  le  rapport  des  moyennes  distances  de  la  lune  et  du  soleil  à  la 
terre  est  une  quantité  du  second  ordre.  M.  Plana,  par  des  calculs  immenses 
qui  lui  ont  demandé  un  temps  considérable,  a  déterminé  les  valeurs  des 
coefficients  des  inégalités  lunaires  jusqu'aux  termes  du  cinquième  ordre 
inclusivement;  il  n'a  poussé  plus  loin  le  développement  des  coefficients  que 
pour  ceux  où  la  lenteur  de  la  convergence  des  séries  lui  a  paru  nécessiter  la 
considération  de  quantités  d'un  ordre  supérieur  au  cinquième.  J'ai  voulu, 
moi,  aller  jusqu'aux  termes  du  septième  ordre,  sans  en  omettre  aucun, 
sauf  à  pousser  l'approximation  plus  loin  encore,  comme  M.  Plana,  partout 
où  j'en  reconnaîtrais  la  nécessité.  Ceux  qui  ont  quelque  peu  d'habitude 
des  calculs  de  ce  genre  comprendront  combien  j'ai  agrandi  la  tâche  en 
ajoutant  deux  ordres  de  plus  à  ceux  que  M.  Plana  a  considérés. 

>>  Pour  atteindre  ce  but,  j'ai  appliqué  la  méthode  indiquée  ci-deSsus  de 
manière  à  faire  disparaître  successivement  de  la  fonction  perturbatrice  les 
divers  termes  périodiques  capables  d'introduire,  dans  les  valeurs  des  élé- 


{  9^9  ) 
ments  de  la  lune,  des  inégalités  d'un  ordre  inférieur  au  quatrième.  J'ai  dû 
pour  cela  effectuer  cinquante-sept  opérations,  destinées  à  enlever  de  cette 
fonction  un  même  nombre  de  termes  périodiques.  Parmi  ces  cinquante- 
sept  opérations,  j'en  pourrais  citer  un  bon  nombre  qtii  m'ont  demandé  cha- 
cune plusieurs  mois  d'un  travail  assidu.  Après  les  avoir  terminées,  j'ai  pu 
sans  peine  et  en  peu  de  temps  achever  le  calcul  des  inégalités  lunaires,  en 
déterminant  celles  que  pouvaient  encore  produire  les  termes  delà  fonction 
perturbatrice  qui  ne  lui  avaient  pas  été  enlevés. 

»  Dans  l'accomplissement  de  cette  tâche  énorme,  pour  laquelle  je  n'ai  pu 
me  faire  aider  par  personne,  je  n'ai  négligé  aucun  des  moyens  nombreux 
de  vérification  cjue  la  théorie  m'avait  indiqués.  En  outre,  j'ai  fait  tous  les 
calculs  deux  fois,  sans  aucune  exception,  en  ayant  soin  de  séparer  chaque 
calcul  de  sa  répétition,  par  un  temps  aussi  long  que  possible,  et  par  d'autres 
calculs  tout  différents,  afin  de  rompre  les  habitudes  de  l'esprit,  qui,  sans 
cela,  feraient  facilement  retomber  dans  une  faute  commise  une  première 
fois.  J'ai  fait,  en  un  mot,  tout  ce  qui  dépendait  de  moi  pour  que  mon  tra- 
vail se  ressentît  le  moins  possible  des  imperfections  qui  sont  inhérentes  aux 
oeuvres  de  l'homme.'  Mon  plus  vif  désir,  en  ce  moment,  c'est  que  l'Acadé- 
mie ne  le  trouve  pas  trop  indigne  de  la  grande  confiance  qu'elle  m'a  témoi- 
gnée en  m'en  accordant  à  l'avance  la  récompense  la  plus  haute  à  laquelle  il 
soit  possible  d'aspirer.  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  un  appareil  d'incubation  artificielle ^  présenté 

à  l'Académie  par  M.  Séguier. 

<«  Messieurs,  l'appareil  que  j'ai  l'honneur  de  placer  sous  vos  yeux  se 
distingue  de  tous  ceux  qui  l'ont  précédé  par  ce  fait,  que  les  œufs  soumis  à 
l'incubation  artificielle  n'y  sont  pas  tenus  dans  un  milieu  chaud,  comme 
dans  les  fours  ou  étuves  des  Égyptiens,  ou  dans  les  couches  de  fumier  em- 
ployées à  des  époques  moins  reculées,  mais  réellement  couvés  par  un 
organe  caléficient;  placés  comme  dans  la  nature  sur  des  corps  mauvais 
conducteurs  du  calorique,  tels  que  paille,  foin,  brindilles  de  bois,  les  œufs 
sont  échauffés  dans  notre  couveuse  artificielle  de  haut  en  bas,  par  rayonne- 
ment à  la  façon  des  oiseaux. 

»  On  se  fera  une  idée  exacte  de  notre  appareil,  si  l'on  se  représente  un 
poêle  central,  entouré  de  nombreux  nids  recouverts  chacun  d'un  sac  de 
caoutchouc  mis  eu  relation  avec  le  poêle  par  deux  tuyaux  également  de 
caoutchouc. 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  No20.)  I  20 


(  g-'o  ) 

»  L'eau  est  chauffée  dans  notre  poêle  par  du  charbon  de  bois;  la  com- 
bustion en  est  convenablement  réglée  par  le  jeu  du  pyrostat  5ore/;  le  liquide 
circule  incessamment  du  poêle  vers  le  nid,  et  revient  du  nid  au  poêle  pour 
y  reprendre  la  petite  quantité  de  chaleur  dépensée  à  l'incubation  :  l'effet 
circulatoire  se  continue  tant  qu'il  y  a  du  charbon  dans  l'appareil.  La  capa- 
cité du  récipient  à  charbon  a  été  calculée  pour  fournir  à  une  durée  de 
combustion  d'au  moins  douze  heures,  notre  poêle  étant  environné  de  huit 
nids  contenant  chacun  vingt-quatre  œufs. 

»  Nous  ne  saurions  rendre  assez  justice,  devant  vous,  à  l'obligeance  de 
M.  Sorel  ;  cet  ingénieur  nous  a  fourni  toutes  les  indications  qu'un  long 
usage  de  son  pyrostat  lui  avait  permis  de  recueillir.  Ces  communications 
gracieuses  nous  ont  permis  d'exécuter  sans  tâtonnement  l'appareil  que  nous 
avons  l'honneur  de  vous  présenter.  Nous  ne  devons  pas  non  plus  nous  dis- 
penser de  payer  un  tribut  à  la  mémoire  de  feu  Bonnemain;  le  premier,  il  a 
reconnu  le  parti  que  l'on  pouvait  tirer  de  la  différence  de  pesanteur  de 
l'eau  à  divers  degrés  de  température,  pour  chauffer  au  moyen  de  sa  circu- 
lation continue.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Troisième  Mémoire  sur  les  chaux  et  ciments  hydrauliques 
et  la  formation  des  roches  par  la  voie  humide;  par  M.  Fréd.  Kuhlmaw. 

DEUXIÈME    PARTIE.     (SllitC.  ) 

Considérations  générales  sur  la  cristallisation . 

«  Dans  la  dernière  partie  de  la  communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
faire  à  l'Académie  le  i6  novembre  iSSy,  j'insistais  sur  l'influence  des  hautes 
températures  et  de  la  pression  dans  la  formation  des  roches  par  la  voie  hu- 
mide. Dans  la  même  séance,  et  après  ma  lecture,  M.  Daubrée  fit  connaître 
qu'ayant  exposé  pendant  un  mois,  à  une  température  de  4oo  degrés,  di- 
verses matières  minérales  en  présence  de  l'eau,  il  avait  pu  les  obtenir  à  l'état 
cristallisé  et  sous  la  forme  même  sous  laquelle  on  les  trouve  dans  la  nature. 
Ces  importants  résultats  confirmaient  d'une  manière  éclatante  les  idées 
théoriques  que  l'examen  de  plusieurs  faits  acquis  d'ancienne  date  m'avait 
suggérées. 

«  Depuis  quelques  années,  en  clfet,  j'avais  observé  que  dans  les  chau- 
dières à  haute  pression  (8  ou  lo  atmosphères),  où  je  fais  dissoudre  par 
des  lessives  alcalines  des  rognons  de  silex  pyromaque,  certaines  réactions 
donnaient  naissance  à  des  produits  cristallisés,  tandis  que  les  mêmes  réac- 


(  9*0  ■ 
lions,  à  la  température  ordinaire  ou  même  à  loo  degrés,  ne  produisaient  que 
des  masses  amorphes. 

»  Persuadé  que  des  effets  plus  remarquables  encore  s'obtiendraient  à 
des  températures  plus  élevées,  j'avais  tenté  d'opérer  dans  des  tubes  en  fer 
très-résistants,  maintenus  à  une  température  approchant  du  rouge  ;  mais 
ces  essais  ne  m'avaient  donné  aucun  bon  résultat,  soit  à  cause  de  la  difficulté 
de  graduer  et  de  maintenir  convenablement  la  chaleur,  soit  à  cause  des 
réactions  auxquelles  donne  lieu  le  fer  lui-même  à  une  haute  température. 
Je  me  propose  de  renouveler  ces  essais  dans  des  tubes  de  platine. 

»  Dans  la  même  partie  de  la  communication  que  j'ai  rappelée  plus  haut, 
je  m'appliquais  surtout  à  démontrer  que  la  cristallisation  des  corps  déposés 
à  l'état  amorphe  ou  mou  était  un  fait  beaucoup  plus  général  qu'on  ne 
l'avait  admis  jusqu'à  ce  jour.  Pour  appuyer  cette  proposition,  j'avais  dû  si- 
gnaler la  transformation  bien  connue  en  masses  cristallisées  de  certains 
corps  solides  amorphes  ou  vitreux.  Aux  exemples  cités  j'aurais  pu  ajouter 
que  des  cordes  en  fil  de  laiton  sont  devenues  cristallines  et  cassantes  pour 
avoir  servi  pendant  une  année  à  transmettre  le  mouvement  d'ouverture  et 
de  fermeture  aux  parties  supérieures  de  vitrages  d'église;  que  des  tuyaux 
d'orgue  en  étain,  à  Leipzig,  ont  été  modifiés  dans  leur  sonorité  par  suite 
d'une  disposition  cristalline  du  métal;  enfin  que  cette  tendance  à  la  cris- 
tallisafion  est  des  plus  générales  dans  tous  les  corps  métalliques  en  vibration 
confinuelle,  comme  les  fils  de  fer  des  ponts  suspendus,  les  sommiers  et  les 
supports  en  fonte  des  établissements  qui  renferment  des  métiers  en  mouve- 
ment, les  cordes  de  pianos,  les  fils  des  télégraphes  électriques  et  sans  doute 
aussi  le  laiton  qui  sert  au  doublage  des  navires. 

»  Relativement  à  la  transformation  en  masses  cristallisées  de  substances 
déposées  dans  un  certain  état  de  mollesse,  je  citerai  ce  fait  remarquable 
observé  par  M.  Moos,  savoir  que,  dans  un  amalgame  d'or  pâteux  et  homo- 
gène, abandonné  à  lui-même  pendant  plusieurs  années,  se  sont  développés 
des  cristaux  métalliques  volumineux  d'une  grande  netteté  de  forme.  Enfin, 
j'ajouterai  que  dans  les  stalactites  et  les  stalagmites  calcaires  que  ren- 
ferment un  grand  nombre  de  grottes,  on  peut  observer  que  souvent  tout 
indice  de  la  superposition  des  couches  a  disparu,  et  que  sur  une  grande 
épaisseur  existent  des  cristaux  rhomboédriques  à  clivage  facile,  séparables 
avec  précaution  de  la  masse,  et  n'accusant  plus  aucune  disposition  des  dépôts 
successifs  et  par  couches  concentriques  qui  ont  présidé  à  leur  formation 
première.  J'ai  observé  de  semblables  phénomènes  dans  des  stalactites  de 
sel  gemme  de  la  mine  de  Villefranque,  près  Rayonne. 

lao.. 


*  (  9*2  ) 

»  La  formation  de  ces  cristaux  volumineux  au  sein  d'une  masse  qui  s'est 
constituée  peu  à  peu  par  le  dépôt  superficiel  de  couches  concentriques,  me 
paraît  devoir  être  attribuée  aux  mouvements  moléculaires  qui  se  sont  pro- 
duits dans  la  masse,  maintenue  pendant  quelque  temps  dans  un  certain  état 
de  mollesse.  Le  repos  presque  absolu  de  l'air  où  se  forment  ces  dépôts,  la 
constance  de  la  température  et  de  l'état  hygrométrique,  enfin  cette  inertie 
moléculaire  qui  joue  un  rôle  si  mystérieux  encore  dans  une  foule  de  phéno- 
mènes que  l'on  pourrait  citer,  sont  autant  de  causes  qui  peuvent  aider  à 
comprendre  la  possibilité  des  transformations  que  nous  admettons  ici. 

»  Du  reste,  la  cristallisation  de  substances  minérales  au  sein  de  gangues 
ou  de  dépôts  pâteux  est  un  fait  bien  connu  et  fréquent  dans  les  labora- 
toires. Sur  différents  points  de  la  masse  se  forment  des  centres  d'attraction, 
où  la  siibstance  minérale  cristallise  en  grossissant  peu  à  peu  par  l'absorption 
de  la  matière  dans  un  rayon  déterminé. 

»  Dans  la  formation  de  certains  cristaux  que  l'on  observe  à  la  surface  de 
matières  minérales  d'une  nature  différente,  et  aussi  dans  la  formation  des 
géodes  cristallines  que  présentent  un  grand  nombre  de  stalactites  ou  autres 
corps  déposés  à  l'état  mou,  on  ne  peut  omettre  de  faire  intervenir  la  capil- 
larité. Voici  un  fait  remarquable  à  l'appui  de  cette  opinion.  Dans  un  flacon 
en  verre  j'avais  enfermé  des  morceaux  d'une  argile  irisée  provenant  de  la 
mine  de  sel  gemme  de  Villefranque  ;  après  quelques  mois  de  repos,  cette 
argile  présentait,  comme  semés  à  sa  surface,  de  beaux  cristaux  octaédriques 
de  sel  marin,  isolés  les  uns  des  autres,  et  ayant  jusqu'à  4  millimètres  de 
côté.  On  peut  concevoir  ici  que  la  matière  minérale  a  été  mise  en  mouve- 
ment par  des  effets  successifs  de  capillarité  et  d'évaporation  lente,  provo- 
qués et  par  la  porosité  de  l'argile  et  par  les  variations  de  température  du 
jour  et  de  la  nuit. 

M  Ce  mouvement  particulier  imprimé  à  la  masse  minérale  par  la  capilla- 
rité peut  d'ailleurs  engendrer  parfois  des  modifications  aussi  curieuses 
que  bizarres.  Ainsi,  dans  la  même  mine  de  sel  gemme  que  j'ai  citée,  j'ai 
observé  des  efflorescences  de  chlorure  de  sodium  pur  se  présentant  sous  la 
forme  de  fibres  nacrées  dont  la  longueur  atteignait  jusqu'à  5  ou  6  centi- 
mètres. 

TKOISIÉUE    PARTIE. 

Consolidation  des  mortiers  et  des  ciments  hydrauliques  par  la  silicaiisalion. 

»   I^es  considérations  présentées  dans  les  premières  parties  de  ce  travail , 
relativement  à  la  consolidation,  par  un  retrait  lent  et  graduel,  d'un  grand 


f  923  ) 

nombre  de  matières  minérales  hydratées,  s'appliquent  plus  particulièrement 
aux  silicates  ou  aluminatesde  chaux  ou  de  magnésie  et  au  silicate  d'alumine, 
et  permettent  d'expliquer  le  durcissement  graduel  des  chaux  et  ciments 
hydrauliques  dans  les  parties  centrales  des  maçonneries,  sans  l'intervention 
de  l'acide  carbonique  de  l'air. 

»  Le  premier  résultat  de  l'action  de  l'eau  sur  les  ciments  est  de  consti- 
tuer des  hydrates.  La  réaction  est  analogue  à  celle  qui  a  lieu  dans  le  raflèr- 
missement  du  plâtre.  La  contraction  graduelle  n'est  que  subséquente,  et  l'on 
peut  dire  que  le  durcissement  qui  en  est  le  résultat  est  d'autant  plus  grand, 
que  dans  la  masse  du  ciment  il  y  a  eu  plus  de  silice  ou  d'alumine  amenée  à 
l'état  d'hydrate,  et  que  la  contraction  a  été  plus  lente. 

»  En  ce  qui  concerne  en  particulier  les  composés  si  variables  et  si  com- 
plexes qui  constituent  les  chaux  hydrauliques,  voici  quelques  faits  que  j'ai 
observés. 

»  La  dissolution  de  silicate  de  potasse  ou  de  soude  employée  à  former 
une  pâte  ferme  avec  de  l'alumine,  du  silicate  d'alumine  en  gelée  et  surtout 
avec  de  la  magnésie  caustique  ou  carbonatée  (magnésie  blanche)  donne  des 
composés  correspondants  aux  silicates  naturels,  feldspath,  schiste  talqueux, 
magnésite,  etc.,  lesquels,  constitués  à  l'état  d'hydrate^  se  contractent  parle 
repos  et  la  dessiccation  lente,  deviennent  fort  durs,  demi-transparents  et  dif- 
ficilement attaquables  par  l'eau. 

»  La  potasse  ou  la  soude  entre  dans  la  constitution  de  ces  composés  de 
façon  qu'ils  présentent  une  certaine  analogie  avec  les  pâtes  de  porcelaine 
alumineuses  ou  magnésiennes.  Ces  pâtes,  moins  sujettes  à  se  fendiller  par 
une  addition  de  sable  fin  ou  toute  autre  matière  non  plastique,  permettent 
de  façonner  des  objets  de  moulure  fort  durs  et  inaltérables  à  l'air. 

»  En  associant  la  chaux  délitée  aux  silicates  hydratés  dont  je  viens  d'in- 
diquer la  préparation,  on  produit  des  silicates  à  trois  bases  qui  constituent 
des  ciments  jouissant  essentiellement  du  caractère  d'hydraulicité. 

»  Si,  au  heu  d'employer  un  mélange  de  chaux  vive  et  de  magnésie  cal- 
cinée ou  hydrocarbonatée(  magnésie  blanche),  on  pétrit  certaines  dolomies, 
ou  mieux  des  craies  dolomitiques  calcinées  et  pulvérisées,  avec  une  dissolu- 
tion de  silicate  de  potasse  ou  de  soude  en  y  incorporant  du  sable  ou  de  la 
pouzzolane,  on  obtient  des  ciments  hydrauliques  excellents.  Ces  ciments  ré- 
sistent le  plus  souvent  à  l'air  comme  à  l'eau  et  peuvent  servir  dans  toutes 
les  circonstances,  mais  ils  me  paraissent  particulièrement  propres  aux  tra- 
vaux hydraidiques  et  capables  de  résister  mieux  que  les  ciments  calcaires  à 
l'action  de  l'eau  de  mer. 


(  9^4  ) 

»  M.  Vicat  fils  partant  de  cette  donnée  que  le  silicate  magnésien  n'est  pas, 
comme  le  silicate  de  chaux,  attaqué  par  les  sels  de  magnésie,  a  proposé  de 
composer  des  mortiers  pour  les  travaux  à  la  mer,  avec  de  la  magnésie  cal- 
cinée et  dds  pouzzolanes  artificielles,  c'est-à-dire  des  arènes  ou  des  argiles 
calcinées.  Le  haut  prix  de  la  magnésie,  soit  qu'on  la  retire  desdolomies,  ou, 
comme  l'a  proposé  M.  Yicat,  des  eaux  mères  des  marais  salants,  n'a  pas 
permis,  je  pense,  de  s'assurer  par  des  expériences  en  grand  de  l'efficacité 
de  ce  procédé. 

»  Ayant  reconnu  que  les  silicates  de  magnésie  et  de  chaux  hydratés  ne 
sont  pas  entièrement  insolubles  dans  une  dissolution  de  chlorure  de  sodium, 
mais  que  cette  insolubilité  devient  plus  grande  lorsqu'on  opère  sur  des 
sihcates  doubles  ou  triples  de  chaux  et  de  magnésie,  de  chaux,  de  magné- 
sie et  d'alumine,  etc.,  j'ai  été  conduit  à  faire  entrer  directement  les  dolo- 
mies  calcinées  dans  la  composition  des  mortier>s,  en  leur  donnant,  par  une 
addition  de  silicates  alcalins,  des  caractères  de  consolidation  que  ne  donne- 
rait certainement  pas  l'addition  de  pouzzolane  artificielle* 

11  Dans  cette  direction  de  mes  essais,  j'avais  pour  but  non-seulement  de 
mettre  à  profit  le  peu  de  solubilité  des  silicates  magnésio-calcaires  dans  l'eau 
de  mer,  mais  surtout  certaines  propriétés  particulières  des  silicates  alcalins 
que  je  vais  faire  connaître. 

»  La  plupart  des  sels  que  contient  l'eau  de  mer  doivent  concourir  à  pro- 
téger contre  toute  corrosion  nos  constructions  maritimes,  lorsqu'il  entre 
dans  la  composition  du  mortier  des  silicates  alcalins  solubles  ou  que  ces 
constructions  sont  revêtues  de  ciments  imprégnés  d'un  excès  de  ces  silicates. 

»  D'abord,  le  chlorure  de  magnésium  et  le  sulfate  de  magnésie  étant 
décomposés,  doivent  constituer  à  la  surface  des  travaux  hydrauliques  une 
couche  de  silicate  de  magnésie;  le  sulfate  de  chaux  doit  former,  au  contact 
du  silicate  de  potasse  ou  de  soude,  du  silicate  de  chaux,  tous  composés  dif- 
ficilement attaquables  par  l'eau  de  mer. 

n  Reste  l'action  du  sel  marin  ;  à  l'égard  de  cet  agent  d'altération,  j'ai  fait 
une  observation  qui  n'est  pas  sans  importance  :  c'est  que  ce  sel,  en  dis- 
solution affaiblie  jusqu'à  la  proportion  dans  laquelle  il  se  trouve  contenu 
dans  l'eau  de  mer,  précipite  lentement  la  silice  ou  un  composé  siliceux  non 
encore  déterminé  du  silicate  de  potasse  ou  de  soude.  Cette  précipitation  est 
immédiate  dès  que  la  proportion  de  sel  marin  devient  plus  considérable, 
qu'elle  s'élève  à  5  pour  loo  par  exemple. 

»  Le  chlorure  de  potassium  se  comporte  différemment.  C'est  à  peine  si 
avec  des  dissolutions  concentrées  on  sépare  quelques  flocons  de  silice,  alors 


(  925  ) 
que  la  dissolution  siliceuse  versée  dans  le  sel  marin  au  même  degré  de  con- 
centration se  prend  en  masse.  Les  deux  chlorures  agissent  d'une  manière 
analogue  sur  l'aluminate,  le  stannate  et  le  zincate  de  potasse.  Dans  certaines 
circonstances,  l'analyse  chimique  po^irra  tirer  un  parti  avantageux  de  cette 
singulière  propriété  (i). 

»  Désirant  ra'assurer  dans  quelles  limites  la  grande  affinité  de  la  magnésie 
pour  la  silice  peut  être  utilisée  dans  l'emploi  des  produits  naturels,  j'ai  sou- 
mis à  la  silicatisation  un  grand  nombre  de  chaux  magnésiennes  résultant  de 
la  calcination  de  diverses  dolomies.  Les  meilleurs  résultats  ont  été  obtenus 
avec  les  dolomies  de  Traverselles  (Piémont),  les  craies  dolomitiques  d'Igor- 
nay  près  Autun,  les  craies  dolomitiques  de  Beynes  (Seine-et-Oise). 

«  La  présence  dans  les  dolomies  d'un  excès  de  chaux  et  d'un  peu  d'ar- 
gile paraît  favorable;  mais,  pour  obtenir  un  bon  raffermissement,  il  est  utile 
de  laisser  bien  s'hydrater  la  dolomie  calcinée  avant  d'y  ajouter  la  dissolu- 
tion siliceuse. 

»  En  envisageant  la  silicatisation  des  mortiers  en  dehors  de  l'influence  de 
la  magnésie^  j'ai  constaté  par  des  expériences  nombreuses,  mais  qui  n'ont 
encore  qu'une  durée  de  quelques  mois,  que  l'on  obtient  de  bons  mortiers 
hydrauliques  en  associant  à  la  chaux  grasse,  non-seulement  du  sable  et  des 
silicates  alcalins,  mais  aussi  un  peu  d'argile.  Des  mortiers  composés  de 

(i  )  Les  alnminates  de  potasse  et  de  soude  se  comportent  comme  les  silicates  dans  la  plupart 
des  circonstances.  Ils  sont  décomposés  par  la  magnésie  blanche  et  donnent  un  produit  qui  se 
raffermit  dans  l'eau  ,  mais  qui  n'est  pas  susceptible  d'un  aussi  grand  durcissement  que  le  sili- 
cate de  magnésie. 

Ces  aluminates  peuvent  être  employés  pour  durcir  les  pierres  calcaires  poreuses  ;  mais  il 
convient  de  ne  les  appliquer  qu'après  avoir  imbibé  les  pierres  de  silicate  de  potasse,  afin  de 
faire  pénétrer  dans  leurs  pores  une  sorte  de  feldspath  artificiel.  La  même  réaction  peut  être 
mise  à  profit  pour  durcir  le  plâtre;  ce  dernier,  après  l'application  successive  des  silicates  et 
aluminates  alcalins,  se  couvre  d'efflorescences  salines  que  l'eau  enlève  facilement.  Le  pljître 
moulé  ainsi  préparé,  et  dans  lequel  l'alumine  et  la  silice  ont  remplacé  une  partie  de  l'acide 
sulfurique,  acquiert  peu  à  peu  une  grande  dureté.  Les  surfaces  ne  sont  pas  altérées,  pourvu 
que  les  dissolutions  siliceuse  et  alumineuse  soient  appliquées  à  froid  et  peu  concentrées. 

J'ajouterai  que,  quand  les  silicates  sont  employés  dans  la  peinture,  la  plupart  des  couleurs 
minérales,  telles  que  les  ocres,  le  bleu  d'oulremer,  le  sulfate  de  baryte  même,  fixent  une 
certaine  quantité  de  potasse  ou  de  soude,  comme  cela  a  lieu  dans  la  silicatisation  des  pierres 
calcaires. 

Ces  observations  ne  sont  pas  sans  importance  ;  elles  permettent  de  bien  augurer  de  l'avenir 
de  la  silicatisation  des  pierres  et  des  peintures  siliceuses  dans  lesquelles  nos  efforts  ont  toujours 
tendu  à  fixer  la  potasse. 


(  9-^6  ) 

3o  parties  de  chaux  grasse,  5o  de  sable,  1 5  d'argile  non  calcinée  et  5  de  sili- 
cate de  potasse  en  poudre,  m'ont  permis  de  construire  des  citernes  parfaite- 
ment étanches. 

"  Ainsi,  avec  une  dépense  de  5  pour  loo  de  silicate  alcalin  sec  ou  leur 
représentant  en  dissolution,  les  mortiers  acquièrent  déjà  une  grande  du- 
reté. On  fait  d'ailleurs  varier  ces  quantités  suivant  le  degré  d'hydraulicité 
qu'on  veut  obtenir.  J'ajouterai  qu'il  est  préférable  de  faire  entrer  les  silicates 
alcalins  dans  la  composition  des  mortiers  ou  ciments,  soit  magnésio-cal- 
caires,  soit  exclusivement  calcaires,  à  l'état  d'une  poudre  très-fine;  leur 
action  est  plus  lente,  mais  elle  est  graduelle,  le  raffermissement  des  mor- 
tiers silicatisés  devient  définitivement  plus  considérable  et  le  travail  est  plus 
facile.  11  faut  d'ailleurs  éviter  un  gonflement  trop  rapide  du  ciment;  cela 
lui  donne  à  la  suite  des  temps  une  certaine  porosité,  et  à  ce  point  de  vue,  il 
pourra  même  être  utile  de  faire  usage  de  silicates  alcalins  peu  solubles,  lors- 
que la  prompte  consolidation  ne  sera  pas  une  condition  essentielle  du  tra- 
vail à  exécuter. 

»  Pour  les  travaux  à  la  mer,  il  conviendra  d'employer  dans  les  parties 
extérieures,  immédiatement  en  contact  avec  l'eau  salée,  un  excès  de  silicate 
alcalin,  afin  de  protéger  mieux  les  parties  centrales. 

»  Lorsque  les  opinions  sur  l'utilité  de  l'intervention  des  silicates  solu- 
bles seront  bien  fixées  par  une  pratique  suffisante,  le  prix  de  ces  sels  ne 
sera  pas  un  obstacle  à  leur  emploi;  car,  fabriqués  sur  une  grande  échelle,  ils 
pourront  être  obtenus  très-économiquement. 

))  Qu'il  me  soit  donc  permis  d'exprinier  l'espoir  que  l'application  de  la 
silicatisation  aux  mortiers  et  ciments,  et  en  particulier  aux  mortiers  préparés 
avec  des  chaux  magnésiennes  en  vue  de  leur  résistance  à  l'eau  de  mer,  soit 
l'objet  d'essais  suivis  de  la  part  de  MM.  les  ingénieurs  du  Gouvernement 
chargés  des  grands  travaux  de  nos  ports.  » 

PHYSIQUE.    —   Influence  du  mêÇjnétisme  sur  les   décharges  électriques; 
parM.  A.  DE  LA  Rive.  (Extrait  d'une  Lettre  à  M.  Regnault.) 

«    Vous  vous  rappelez  peut-être  que  dans  une  Lettre  que  je  vous 

adressai  en  1 849  et  qui  fut  insérée  dans  les  Comptes  rendus  (t.  XXIX,  p.  4  '  2), 
j'avais  décrit  une  expérience  destinée  à  démontrer  l'influence  qu'exerce  le 
magnétisme  sur  des  décharges  électriques  lumineuses  ayant  lieu  dans  de 
l'air  très-raréfié.  Une  Note  de  M.  Plucker  sur  le  même  sujet  {Jrm.  der 
Ph/sik,  i858,  n°  I,  et  Arch.  des  Se.  Php.,  avril  i858,  p.  367)  m'a  engagé  à 


(  9»7  ) 
répéter  mon  expérience  et  à  chercher  la  manière  de  la  reproduire  avec  un 
succès  certain.  C'est  le  résultat  de  cette  recherche  que  je  vous  prie  de  vou- 
loir bien  communiquer  de  ma  part  à  l'Académie  des  Sciences,  l'expérience 
dont  il  s'agit  n'étant  pas  sans  importance,  tant  au  point  de  vue  théorique, 
que  sous  le  rapport  de  l'application  que  j'en  ai  faite  à  l'explication  de  la  forme 
et  de  la  direction  de  l'aurore  boréale*.  ^ 

»  Je  ne  reviendrai  pas  sur  la  description  de  mon  appareil,  qui  se  trouve 
soit  dans  les  Comptes  rendus  (t.  XXIX,  p.  ^i'-i),  soit  dans  mon  Traité  d'élec- 
tricité (t.  Il,  p.  1^8).  La  pièce  principale  est  une  tige  cylindrique  de  fer 
doux  entourée  d'une  couche  isolante  très-épaisse  dans  toute  sa  surface,  sauf 
à  ses  deux  extrémités,  et  qui  est  introduite  dans  l'intérieur  d'un  ballon  où 
l'on  peut  faire  le  vide,  de  façon  que  l'une  de  ses  extrémités  soit  à  peu  près 
au  centre  du  ballon  et  que  l'autre  ressorte  par  une  tubulure,  afin  de  pouvoir 
être  placée  sur  le  pôle  d'un  fort  électro-aimant.  Un  anneau  en  cuivre  qui 
entoure  à  sa  base,  dans  l'intérieur  du  ballon,  le  cylindre  de  fer  par-dessus 
sa  couche  isolante,  permet  aux  décharges  électriques  de  s'établir  entre  cet 
anneau  et  l'extrémité  supérieure  de  la  tige  de  fer.  Ces  décharges  forment, 
quand  l'air  est  suffisamment  raréfié,  une  gerbe  lumineuse  qu'on  voit  pren- 
dre un  mouvement  rapide  de  rotation  autour  du  cylindre  de  fer  doux  au 
moment  où  l'on  aimante  l'électro-aimant  dont  le  pôle  est  en  contact  avec 
l'extrémité  de  ce  cylindre. 

»  La  première  fois  que  je  fis  cette  expérience,  je  me  suis  servi  comme 
source  électrique  d'une  machine  hydro-électrique  d'Armstungqui  me  don- 
nait de  fortes  étincelles;  plus  tard,  je  fis  usage  d'une  machine  électrique 
ordinaire;  le  phénomène  était  moins  prononcé,  ce  qui  tient  à  la  moins 
grande  puissance  de  la  source  et  surtout  à  la  moindre  continuité  des  déchar- 
ges. Mais  de  tous  les  moyens  de  produire  l'électricité,  celui  dont  l'emploi 
est  le  plus  commode  et  le  plus  sur  dans  cette  expérience,  est  sans  contredit 
l'appareil  d'induction  de  Ruhmkorff.  On  fait  communiquer  l'une  des  extré- 
mités du  fil  induit  avec  la  tige  de  fer  doux,  et  l'autre  avec  l'anneau  intérieur 
de  cuivre  qui  l'entoure  à  sa  base  et  duquel  part  un  fil  métallique  isolé  qui, 
traversant  la  tubulure,  permet  d'établir  cette  dernière  communication. 

»  La  condition  indispensable  pour  le  succès  de  l'expérience,  quelle  que 
soit  la  source  électrique  dont  on  fasse  usage,  est  que  le  ballon  vide  d'air 
renferme  une  vapeur  dont  la  tension  soit  équivalente  à  4  ou  6  millimètres 
de  mercure.  Il  arrive  quelquefois  que  la  vapeur  d'eau  qui  reste  naturelle- 
ment dans  le  ballon  quand  on  y  fait  le  vide  à  3  ou  4  milhmètres  près, 
est  suffisante;  néanmoins  il  est  préférable  d'y  introduire  directement  cette 

C.  R.,  i858,  I"  Semejfre.  (T.  XLVI,  N»  20.)  '21 


(9^8) 
vapeur  et  mieux  encore  de  la  vapeur- d'alcool,  de  sulfure  de  carboné  ou 
d'essence  de  térébenthine.  Il  suffit,  comme  on  sait,  pour  opérer  cette  intro- 
duction, après  avoir  fait  une  première  fois  le  vide  dans  le  ballon,  d'y  faire 
rentrer  l'air  en  l'ouvrant  au-dessus  d'un  flacon  renfermant  le  liquide  dont  oiii 
veut  introduire  la  vapeur,  qu'on  chauffe  un  peu  si,  comme  l'essence  de 
térébenthine,  il  n'est  pas  assez  volatil  ;  puis  on  fait  de  nouveau  le  vide  dans 
le  ballon  à  4  ou  5  millimètres  près. 

»  Ces  conditions  remplies,  si  l'on  fait  communiquer  l'électrode  positive 
de  l'appareil  Ruhmkorff  avec  la  tige  de  fer  doux  et  la  négative  avec  l'atineau 
de  cuivre,  on  voit,  avant  l'aimantation,  im  ou  plusieurs  jets  lumineux  dis- 
tincts partir  du  sommet  de  la  tige  et  former,  entre  ce  sommet  et  l'anneau,  des 
lignes  courbes  semblables  à  celles  de  l'œuf  électrique,  et  en  même  temps  la 
partie  supérieure  de  la  tige  est  couverte  de  points  brillants  agités  comme  les 
particules  d'un  liquide  en  ébullition  :  aussitôt  que  la  tige  est  aimantée,  les 
jets  lumineux  prennent  un  mouvement  rapide  de  rotation  dans  un  sens  ou 
dans  l'autre,  suivant  que  le  pôle  de  l'électro-aimant  est  un  pôle  nord  ou  sud  ; 
puis  les  points  brillants  qui  étaient  sur  le  sommet  de  la  tige  de  fer  disparais- 
sent et  sont  chassés  vers  les  bords  où  ils  forment  un  anneau  lumineux  qui 
tourne  comme  les  jets  et  dans  le  même  sens.  Quand  on  renverse  la  direction 
des  décharges  induites,  le  sens  de  la  rotation  est  également  renversé. 

»  Une  remarque  assez  importante,  c'est  que,  à  mesure  que  la  rotation 
dure,  les  jets  s'épanouissent  et  finissent  par  former  autour  du  cylindre  de 
fer  doux  une  nappe  cylindrique  lumineuse  presque  continue  qui  tourne  avec 
ime  grande  rapidité,  mais  dont  le  mouvement  est  plus  difficile  a  saisir  à 
cause  de  sa  continuité.  Pour  reproduire  les  jets,  il  suffit  d'interrompre  quel- 
ques instants  l'expérience;  le  plus  souvent  il  faut  aussi  réintroduire  de  la 
vapeur.  L'apparence  du  phénomène  et  la  vitesse  de  la  rotation  en  particulier 
varient  avec  la  nature  des  vapeurs;  ce  point  mérite  une  étude  particulière 
dont  je  m'occupe. 

»  L'analogie  que  présentent  les  phénomènes  électro-magnétiques  lumi- 
neux que  je  viens  de  décrire  avec  l'aurore  boréale,  n'échappera  à  personne; 
cette  analogie,  du  reste,  vient  de  recevoir  une  nouvelle  confirmation  par 
l'observation  du  D'Robinson  {Phil.  Magaz.,  avril  i858)  qui  a  trouvé  que  la 
lumière  de  l'aurore  boréale,  comme  la  lumière  électrique,  a  la  propriété 
de  rendre  fluorescentes  les  substances  qui,  tdies  que  le  sulfate  de  quinine, 
en  sont  susceptibles  :  ce  qui  prouve  également  la  présence  dans  les  deux 
lumières  des  rayons  les  plus  réfrangibles.  » 


(  9^9  ) 

M.  Matteccci  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  la  traduc- 
tion française  de  son  «  Cours  dt électro-physiologie,  professé  à  Pise  en  i85G  », 
et  l'accompagne  de  la  Note  suivante  dans  laquelle  il  résume  les  résultats 
les  plus  nouveaux  contenus  dans  ce  livre  : 

«  L'étude  si  étendue  de  l'action  physiologique  du  courant  électrique 
forme  l'objet  de  la  première  leçon,  dans  laquelle  je  me  suis  efforcé  de  re- 
cueillir, sous  forme  dé  propositions,  les  seuls  résultats  bien  établis  que  la 
science  possède  aujourd'hui.  J'ai  décrit  dans  cette  leçon  de  nouvelles  expé- 
riences par  lesquelles  j'ai  démontré  que,  dans  certains  cas  bien  détermi- 
nés, la  contraction  excitée  par  le  passage  d'un  courant  électrique  dans  un 
muscle  ou  dans  son  nerf  est  proportionnelle  à  l'intensité  du  courant. 

»  La  deuxième  leçon  comprend  l'étude  de  la  fonction  électrique  de  cer- 
tains poissons,  et  la  description  de  toutes  mes  expériences  sur  la  torpille 
que  j'ai  variées  et  répétées  dernièrement  avec  le  plus  grand  soin .  J'espère  avoir 
réussi  à  comprendre  toutes  les  particularités  de  la  fonction  des  poissons 
électriques  sous  un  seul  principe,  qui  n'est  pas  sans  relation  avec  les  autres 
faits  de  l'électricité  animale  ;  ce  principe  consiste  dans  la  polarisation  élec- 
ttique  qui  est  développée  dans  l'organe  élémentaire  de  ce  poisson  par  le 
courant  nerveux  centrifuge  d'après  certaines  lois  qui  ont  des  analogies  avec 
les  lois  de  l'action  électro-magnétique. 

»  La  troisième  leçon  est  sur  l'électricité  animale  et  traite  presque  exclu- 
sivement de  la  force  électro-motrice  des  muscles  vivants  et  des  lois  de  cette 
force.  Dans  cette  leçon  aussi,  les  matières  sont  divisées  et  traitées  sous 
forme  de  propositions,  et  on  y  trouvera  de  nouvelles  expériences  et  des 
considérations  sur  les  propriétés  de  l'électro-moteur  musculaire. 

»  La  quatrième  leçon  a  pour  objet  le  développement  d'électricité  dans 
l'acte  de  la  contraction  et  la  description  des  particularités  les  plus  impor- 
tantes du  phénomène  de  la  contraction  induite,  les  recherches  et  les  résultats 
de  M.  du  Bois-Reymcnd  sur  ce  sujet,  et  enfin  l'exposition  de  mes  dernières 
expériences  avec  lesquelles  j'ai  prouvé  qu'il  y  a  une  véritable  décharge 
électrique  dans  le  muscle  au  moment  de  la  contraction. 

)>  Dans  la  cinquième  et  dernière  leçon,  j'ai  exposé  mes  expériences  sur  la 
respiration  musculaire  et  principalement  celles  par  lesquelles  j'ai  démontré 
que  les  phénomènes  chimiques  de  cette  respiration  augmentent  pendant  la 
contraction.  Ces  résultats  m'ont  conduit  à  présenter  sur  la  nature  de  l'ac- 
tion nerveuse  et  de  la  contraction  musculaire  des  idées  nouvelles  et  d'accord 

avec  les. théories  de  la  physique  générale.  » 

121  .. 


(  93o  ) 

Lord  Broughasi  commence  la  lecture  d'un  Mémoire  sur  la  structure  des 
alvéoles  dans  les  rayons  des  abeilles,  considérée  au  point  de  vue  zoologique 
et  au  point  de  vue  mathématique. 

Un  extrait  de  ce  Mémoire  sera  donné  dans  un  des  prochains  Comptes  rendus. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  Lettre  de 
M.  Coinze,  agronome  à  Morange  (Moselle),  qui  demande  l'examen  d'une 
théorie  de  l'agriculture,  dont  il  est  l'auteur. 

M.  Coinze  a  déjà  adressé  à  l'Académie  diverses  Notes,  dont  la  présenta- 
tion est  rappelée  au  Compte  rendu  (vol.  XXXVI  et  XLII),  et  qui  semblent  se 
rapporter  plus  ou  moins  directement  à  la  théorie  sur  laquelle  il  appelle  au- 
jourd'hui le  jugement  de  l'Académie.  MM.  les  Commissaires  chargés  d'exa- 
miner ces  communications  n'y  ont  trouvé  rien  d'assez  précis  pour  pouvoir 
en  faire  l'objet  d'un  Rapport. 

MM.  les  Secrétaires  perpétuels  feront  connaître  l'état  de  la  question 
à  M.  le  Ministre,  qui  jugera  si  la  Commission  chargée  de  l'examen  des 
communications  ci -dessus  mentionnées  devra  formuler  dans  un  Rapport 
le  jugement  qu'elle  a  déjà  porté,  ou  si  elle  attendra  un  travail  plus  complet 
de  l'auteur. 

Cette  Commission  se  compose  de  MM.  Boussingault,  Payeii,  Decaisne. 

M.  Velpeau  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Guillaume  Delenda,  un  Mé- 
moire intitulé  :  «  Recherches  sur  la  convalescence  au  point  de  vue  hellé- 
nique ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Andral,  Velpeau,  Rayer.) 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  centres  successifs  de  courbure  des  lignes  planes; 
par  M.  J.-N.  Haton  de  la  Goupillière.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liouvïlle,  Bertrand,  Hermite.) 

«  On  a  déjà  envisagé  les  développées  des  différents  ordres  des  lignes 
planes  et  trouvé  leur  équation  générale.  Si  l'on  prend,  en  effet,  pour  varia- 
bles le  rayon  de  courbure  p  et  l'angle  de  contingence  u,  et  qu'on  représente 


(  93»  ) 
une  courbe  quelconque  en  égalant  p  à  une  fonction  de  w,  sa  développée 
d'ordre  k  aura  pour  équation  dans  le  même  système  :    - 

rf*P 

»  L'interprétation  du  signe  qu'il  est  important  de  préciser  pour  la 
recherche  qui  va  nous  occuper  est  la  suivante  :  Le  rayon  d'une  développée 
doit  être  porté  parallèlement  à  l'arc  élémentaire  de  la  précédente,  dans  le 
sens  où  s'accroît  cet  arc  ou  dans  le  sens  contraire,  suivant  que  les  rayons 
des  deux  courbes  ont  des  signes  contraires  ou  semblables. 

»  Au  lieu  de  chercher  ainsi  le  lieu  des  centres  d'ordre  k  pour  les  diffé- 
rents points  de  la  courbe,  je  me  propose  ici  d'envisager  la  série  des  centres  de 
tous  les  ordres  pour  un  certain  point  de  la  courbe.  Pour  cela,  je  lui  rapporte 
la  position  de  ces  centres  par  deux  coordonnées  n,  t  portées  suivant  la  nor- 
male et  la  tangente.  Ce  sont  les  sommes  algébriques  des  rayons  de  rang 
pair  pour  n,  et  impair  pour  <,  pris  avec  des  signes  alternatifs  d'après  la 
manière  dont  on  doit  interpréter  les  signes  propres  de  ces  rayons  : 

«A  =  P  —  P2  +  f54  —  Ce  +  •  •  •  +  «A- 

Le  dernier  terme  ph  étant  —  pii_i,  4-  p^-o  +  Pa-2»  —  P*-m  suivant  que  k 
est  de  la  forme  4i,  4 '  +  ' »  4 '  +  2,  4 '  +  3. 

»  Cette  valeur  satisfait  identiquement  à  l'équation 

«A+^;^  =  p  +  (5A-H2- 

Elle  est  donc  comprise  dans  son  intégrale  générale 

[(5(9)  -I-  ,0^+2(9)]  cosipc^y 

K 

'     [/'('P)  +  pA+a(?)]  siniprf(p 

K 

ip  +  Ph+i)  sin  (<p  —  w)  d(f, 

en  déterminant  convenablement  les  constantes  A  et  a.  Or  je  fais  voir,  en  me 
fondant  sur  l'intégration  par  parties,  que,  pour  les  quatre  valeurs  de  p/,+^, 
on  peut  employer  la  formule  unique 

n^:=  A  cos  («  —  a)  -h    1     dfl  p/tSin  If  —  w  -\ — -)  —  p  sin  (y  —  w) 


(  9^2  ) 
»  Quant  à  la  coordonnée  t^,  elle  est  le  n^.,  de  la  première  développée 
dont  le  rayon  est  p^.  Il  suffit  donc,  pour  l'avoir,  de  changer  k,  /?^_,,  p  en 
k  —  I ,  i^  et  p,,  ce  qui  donne 

^;j=  Bcos(w  —  j3)  +    /     cl(^\  pi,^m  i(f  —  (.i -\ !"  _  _  j  ._  ^^  sin  (ç  —  oj)    ; 

et,  en  exprimant  encore  p,  en  p  par  l'intégration  par  parties, 

<*=  B  cos(w  — /3)  +    /    c^^    p^cosU  —  «  +  ^j  —  pcos(?  —  w)  • 

»  Pour  déterminer  les  constantes,  désignons  par  N  la  valeur  de  n  pour 
w  =  a,  et  par  T  celle  de  t  pour  w  =  /5.  On  reste  maître  du  choix  de  ces  deux 
points  pour  l'évaluation  la  plus  commode  de  N  et  T.  En  faisant  «  =^  a.  et  ^, 
il  reste  N^  =  A,  T*  =  B,  et  par  suite 

«A  =  N*  cos  (w  —  a)  +    /    ^ç  ^  sin  U  —  M  +  -^  )  r-  p  sin  (9  —  u)  1 , 
fyt=  Tyt  cos(w  —  P)  +    /     '^?h^iCOS  (œ  —  w -t- —  j  —  j(5cos((p  —  m)   . 

»  Ces  formules  définitives  donnent  immédiatement  la  position  d'un 
centre  d'ordre  A-.  Si  l'on  veut,  pour  avoir  une  idée  d'ensemble  de  la  dispo- 
sition de  tous  ces  centres,  y  faire  passer  une  courbe,  on  en  obtiendra  une 
par  l'élimination  de  k  entre  ces  deux  relations.  L'équation  sera  en  coor- 
données rectangulaires  entre  «  et  <,  w  y  figurera  à  titre  de  paramètre  pour 
caractériser  le  point  de  départ  sur  la  courbe  ;  quant  à  a,  p,  ce  sont  des 
constantes'rtumériques  et  y  un  symbole  d'intégration  qui  ne  figure  qu'en 
apparence. 

»  Comme  application,  je  considère  la  spirale  logarithmique.  Je  fais  voir 
que  pour  un  quelconque  de  ses  points  tous  les  centres  de  courbure  sont 
situés  sur  une  autre  spirale  logarithmique,  qui  passe  par  ce  point,  qui  a  le 
même  pôle  que  la  proposée  et  tourne  en  même  sens  ou  en  sens  contraire 
suivant  que  l'angle  constant  p,  de  la  première  avec  le  rayon  vecteur  est 
inférieur  ou  supérieur  à  45  degrés.  Elle  a  elle-même  pour  angle 

p.' =;  arc  ta  ne — , — 

'  ^  2  log  nep  cot  f* 

f 

Comme  il' est  indépendant  de  w,  les  lieux  sont  identiques  pour  tous  les 

points  de  la  proposée,  et  on  les  obtient  tous  par  Ja  révolution  de  l'un  d'eus. 


.      (933) 
On  peut  même  se  contenter  d'un  seul  tour  et  remarquer  que  le  lieu  est 
Je  même  pour  tous  les  points  où  il  coupe  la  proposée.  Ces  résultats  particu- 
liers peuvent  aussi  s'établir  directement  avec  facilité.  » 

PATHOLOGIE.  —  Des  hémorrhagies  de  la  trompe  de  Fallope ;  par  M.  A.  Puech. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

«  i".  La  trompe  de  Fallope  peut  être  le  siège  de  deux  hémorrhagies  : 
l'une  physiologique,  l'autre  morbide. 

))  2°.  La  première  ou  menstruelle,  constituée  par  quelques  gouttes  de 
sang,  peut  être  notée  soit  sur  les  deux  trompes,  soit  sur  celle  qui  corres- 
pond à  la  vésicule  rompue. 

»  3°.  Survenue  avant  ou  après  les  règles,  la  seconde  laisse  des  effets 
plus  marqués,  la  muqueuse  revêt  une  teinte  ecchymotique,  et  l'organe  plus 
ou  moins  dilaté  dans  sa  moitié  externe  renferme  des  caillots  sanguins;  il 
peut  encore  être  rompu. 

»  4".  Dans  ce  dernier  cas  le  sang  s'est  épanché  dans  le  bassin  ;  dans  les 
autres  il  peut  avoir  suivi  cette  voie,  ou  bien  avoir  flué  vers  l'utérus. 

»  5°.  Ce  dernier  parcours,  qui  est  sinon  le  plus  habituel,  mais  le  plus 
favorable,  peut  se  combiner  avec  les  précédents,  et  taire  croire  au  passage 
du  sang  de  l'utérus  à  l'abdomen,  passage  qui  n'a  lieu  qu'alors  que  le  col 
ou  le  vagin  soit  oblitéré  depuis  plusieurs  années. 

»  6°.  Si  la  mort  n'est  pas  la  suite  de  l'hémorrhagie,  le  sang  intra-péri- 
tonéal  peut  s'enkyster  et  constituer  une  hématocèle.  » 

M.  Chauveau,  qui  avait  précédemment  adressé  une  Note  sur  le  méca- 
nisme des  bruits  de  souffle  [voirie  Compte  rendu  de  la  séance  du  3  mai  courant], 
envoie  aujourd'hui  une  suite  à  ce  travail  :  «  I^s  bruits  de  souffle  dans  les 
anémies  «.  Dans  cette  nouvelle  communication  l'auteur  s'attache  à  prouver 
que  les  murmures  vasculaires,  chez  les  sujets  anémiques ,  dépendent  de  la 
cause  qu'il  a  signalée;  c'est-à-dire  que  ces  bruits,  qui  peuvent  être  entendus 
dans  les  veines,  dans  les  artères  et  au  cœur,  sont  encore  «  dus  aux  vibrations 
de  la  veine  fluide  intra-vasculaire,  vibrations  qui  se  produisent  toujours 
quand  le  sang  pénètre  avec  une  force  suffisante  dans  une  partie  réellement 
ou  comparativement  dilatée  de  l'appareil  circulatoire.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Andral, 

Jobert  de  Lamballe.) 


(  934  ) 

M.  Heurteloup  adresse  des  explications  relatives  à  certaines  modifica- 
tions qu'il  a  fait  subir  à  son  percuteur.  «  Quand  en  i83a  je  fis  construire 
mes  premiers  instruments,  je  ne  pouvais,  dit-il,  sans  m'exposer  à  voir  divul- 
guer mon  idée,  m'adresser  à  un  fabricant  d'instruments  de  chirurgie;  l'ou- 
vrier que  j'employai  n'avait  pas  l'outillage  convenable  et  de  là  vient  que 
mon  percuteur  de  iSSa  diffère,  sous  le  rapport  du  procédé  d'encastrement, 
de  celui  que  j'ai  fait  faire  en  i834,  après  avoir  publié  mon  travail.  Mais, 
quoique  ne  me  satisfaisant  pas  complètement,  mon  premier  mode  d'encas- 
trement ne  rendait  pas  moins  les  branches  solidaires;  dès  lors  le  principe 
était  appliqué  et  consacré.  L'encastrement  est  en  effet  l'essence  du  percuteur, 
et  ne  se  trouve  pas  dans  le  scie-pierre  de  Weiss.  » 

A  cette  Note  sont  joints  de  nombreux  exemplaires  du  percuteur,  permet- 
tant de  suivre  les  tentatives  successives  du  premier  ouvrier  pour  arriver  à 
rendre  la  pensée  de  M.  Heurteloup. 

(Renvoi  aux  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Velpeau, 
J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe,  Civiale.) 

M.  Charrière  présente  des  remarques  relatives  à  une  communication 
récente  de  M.  Leroy  d'Etioltes. 

Il  réclame  principalement  contre  l'omission  qui  a  été  faite  de  son  nom 
comme  inventeur  du  dispositif  «  au  moyen  duquel  on  obtient  des  instru- 
ments de  Uthotritie  à  double  effet,  c'est-à-dire  pouvant  servir  à  l'écrasement 
au  moyen  de  la  vis  à  écrou  brisé  ou  de  l'engrenage  du  pignon,  et  à  la  per- 
cussion au  moyen  d'un  prolongement  de  la  branche  mobile.  M.  Charrière 
signale  en  outre  une  erreur  qu'aurait  commise  M.  Leroy  d'ÉtioUes  relative- 
ment à  l'instrument  de  Weiss,  la  description  qu'il  en  fait  et  la  figure  qu'il  en 
donne  ne  pouvant  s'accorder. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe,  Civiale.) 

M.  Landois  présente  .une  Note  relative  à  la  question  de  V assimilation  de 
l'azote  par  les  végétaux. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Chevreul, 

Payen,  Decaisne.) 

M.  Broche  adresse  de  Bagnols  (Gard)  les  résultats  des  observations  qu'il 
a  faites  sur  les  maladies  des  vers  à  soie,  et  principalement  sur  les  feuilles  de 
miirier,  comme  contribuant  à  produire  ces  maladies. 

Suivant  l'auteur  de  la  Note,  une  substance  pulvérulente,  de  couleur  noi- 


(  935  ) 
râtre,  recouvre  la  surface  des  feuilles,  qui  d'ailleurs  sont  saines.  Mais  le 
ver,  en  mangeant  le  parenchyme  de  la  feuille,  dévore  aussi  la  poudre  qui  y 
est  adhérente;  d'où  résulte  pour  lui  une  sorte  d'empoisonnement,  origine 
de  maladies  dont  il  sera  plus  tôt  ou  plus  tard  atteint. 

(Commission  des  vers  à  soie.  )  ' 

M.  l'abbé  Thirion  adresse  d'Aische  en  Refail  (Belgique)  une  Note  con- 
cernant une  «  invention  relative  à  la  transformation  ou  transmission  des 
mouvements  circulaires  » . 

La  Note  contient,  relativement  à  la  disposition  de  cet  appareil,  des  indi- 
cations qui  seront  sans  doute  suffisantes  quand  on  aura  sous  les  yeux  le 
modèle  que  l'auteur  annonce  avoir  envoyé  à  l'Académie.  Ce  modèle  du 
reste  n'est  pas  encore  parvenu  à  sa  destination. 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Séguier. ) 

M.  Haut  Saint- Amour  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note 
ayant  pour  titre  :  «  Recherches  sur  les  vraies  causes  des  phénomènes  baro- 
métriques ». 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  la  Guerre  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut, 
un  exemplaire  du  VlIP  volume  du  «  Recueil  de  Mémoires  et  Observations 
sur  l'hygiène  et  la  médecine  vétérinaires  militaires  ». 

La  Société  royale  Géographique  de  Londres  adresse  le  XXVIP  volume 
de  son  journal. 

L'Académie  des  Sciences,  Arts  et  Relles-Lettres  de  Rouen  fait  hom- 
mage du  «  Précis  analytique  de  ses  travaux  pour  l'année  i856— $7  ». 

«  M.  Combes  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  l'auteur  iW.  Dupuit, 
inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées,  un  Mémoire  sur  les  inondations  et 
les  moyens  proposés  pour  en  prévenir  le  retour. 

»  M.  Dupuit  examine,  dans  ce  travail,  les  effets  que  pourront  produire 
les  réservoirs  ou  retenues  que  quelques  ingénieurs  ont  proposé  d'établir 
vers  les  parties  supérieures  des  grands  cours  d'eau  et  dans  les  bassins  de 
leurs  affluents  ;  il  discute  en  particulier  l'influence  attribuée  aux  digues  de 

y.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI.NoîO.)  '22 


(  936  ) 
Pinay  et  de  Laroche  établies  au  commencement  du  xviii^  siècle  sur  deux 
points  du  cours  de  la  Loire,  dans  la  partie  de  trente-six  kilomètres  de  déve- 
loppement, où  elle  coule  profondément  encaissée  dans  les  gorges  des  mon- 
tagnes qui  séparent  la  plaine  du  Forez  de  la  plaine  de  Roanne  et  trouve  que 
cette  influence  a  été  énormément  exagérée. 

»  M.  Dupuit  combat  l'opinion  défavorable  aux  digues  longitudinales  qui 
s'est  surtout  répandue  après  les  inondations  de  1 856;  il  signale  leurs  avantages 
qu'apprécient  parfaitement  les  riverains  des  fleuves  endigués,  et  les  consi- 
dère comme  le  complément  indispensable  de  tous  les  autres  moyens  pré- 
servatifs qui  ont  été  proposés.  Tout  en  conseillant  de  rétablir  et  de  conso- 
lider les  anciennes  levées  et  d'en  faire  de  nouvelles,  il  ne  se  dissimule  pas 
que  ces  levées  plus  hautes,  plus  épaisses,  mieux  défendues,  pourront  encore 
être  emportées  dans  quelque  crue  excessive,  dont  il  est  impossible  d'assigner 
la  limite;  qu'on  pourra  subir  encore,  dans  la  suite  des  temps,  des  désas- 
tres considérables  que  la  rupture  des  digues  aggravera  même  peut-être  sur 
certains  points.  Mais  il  ne  pense  pas  que  les  garanties  absolues  que  ne  sau- 
raient donner  les  digues  longitudinales  puissent  être  fournies  par  aucun 
autre  système  de  travaux  d'art  connus;  il  faut,  suivant  lui,  les  demander  à 
des  combinaisons  d'un  autre  ordre,  à  l'épargne,  à  la  prévoyance  indivi- 
duelle et  collective.  » 

MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Détermination  par  la  pile  des  quantités  de  chaleur 
produites  dans  tacte  de  la  combinaison  du  chlore  avec  les  métaux.  ^Deuxième 
Mémoire,  présenté  par  MM.  Mabié-Davy  et  L.  Troost. 

«  Dans  une  première  Note,  que  nous  avons  eu  l'honneur  d'adresser  à 
l'Académie  dans  la  séance  du  la  avril  i858,  nous  avons  fait  connaître  les 
résultats  auxquels  nous  a  conduits  notre  méthode  appliquée  à  l'évaluation 
des  quantités  de  chaleurs  dégagées  dans  l'union  des  principaux  acides  avec 
la  potasse,  la  soude  et  l'ammoniaque.  Nous  avions  fait  choix  de  ce  groupe 
de  composés,  parce  qu'il  avait  été  l'objet  de  déterminations  très-précises 
faites  par  MM.  Favre  et  Silbermann  au  moyen  de  procédés  calorimétriques 
directs.  Nous  avions  ainsi  de  précieux  termes  de  comparaison  que  nous 
avons  dû  mettre  à  profit.  Nous  venons  aujourd'hui  présenter  à  l'Académie 
le  tableau  des  quantités  de  chaleur  dégagées  par  la  combinaison  du  chlore 
avec  les  principaux  métaux. 

»  Nous  n'avons  jusqu'à  présent  pu  opérer  sur  le  potassium,  le  sodium  et 
le  lithium  qu'à  l'état  de  dissolution  dans  le  mercure.  A  nos  nombres  il 
faudrait  donc  ajouter  la  quantité  de  chaleur  provenant  de  cette  dissolution 


(93?)     ^ 
pour  chacun  de  ces  trois  métaux.  Nous  espérons  parvenir  à  la  mesurer  di- 
rectement; jusque-là  on  peut  l'évaluer  approximativement,  pour  le  potas- 
sium et  le  sodium,  par  la  comparaison  de  nos  résultats  avec  ceux   de 
MM.  Favreet  Silbermann.  n^ ':■•■:; 

»  (a)  Les  protochlorures  de  potassium,  sodium,  lithium,  aluminium, 
manganèse,  cadmium,  étain,  ont  été  obtenus  au  moyen  de  piles  analogues  à 
la  pile  de  Smée,  dans  lesquelles  le  métal  en  expérience  était  directement 
dissous  dans  l'acide  chlorhydrique  avec  dégagement  d'hydrogène  sur  le 
platine  platiné.     ' 

»  (6)  L'antimoine  et  le  bismuth  se  dissolvant  mal  de  cette  manière, 
nous  avons  forcé  la  combinaison  au  moyen  du  courant  d'un  élément  Bun- 
sen et  nous  avons  retranché  de  la  force  électromotrice  totale  la  force  électro- 
motrice de  l'élément  seul  mesurée  au  moment  de  l'expérience. 
•  »  (c)  Les  protochlorures  d'hydrogène, de  cobalt,  de  nickel,  de  zinc,  de 
cuivre,  de  plomb,  de  mercure,  d'argent,  d'or,  de  palladium  et  platine,  ont  été 
décomposés  par  un  élément  Bunsen  ou  dans  un  élément  analogue  à  celui  de 
Daniell,  dans  lequel  le  sulfate  de  cuivre  était  remplacé  par  le  chlorure  mé- 
tallique, et  l'eau  salée  par  une  dissolution  d'acide  chlorhydrique  pur.  L'in- 
solubilité complète  du  chlorure  ne  nuit  pas  à  la  marche  régulière  de  la  pile 
et  peut  même  être  utilisée  avec  avantage  à  la  construction  de  piles  sans  dia- 
phragmes, dans  lesquelles  l'usure  inutile  en  zinc  est  presque  nulle. 

»  [d)  Le  perchlorure  de  bismuth  Bi^CPet  le  bichlorure  de  mercure  HgCl 
ont  été  traités  de  la  même  manière  avec  dépôt  du  métal. 

»  (e)  Les  perchlorures  d'antimoine  et  d'étain  et  le  bichlorure  de  cuivre 
ont  été  décomposés  de  la  même  manière,  mais  avec  formation  de  proto- 
chlorure. 

»  Dans  ces  trois  derniers  cas  (c,  d,  e),  le  chlore,  devenu  libre,  se  déga- 
geait sur  une  lame  de  charbon  des  cornues,  ou  bien  était  repris  par  une 
lame  de  zinc,  ou  bien  enfin,  comme  moyen  de  vérification,  était  laissé  dans 
la  dissolution  du  chlorure  quand  il  po.uvait  faire  passer  celui-ci  à  un  état 
de  chloruration  supérieur. 

»  Nous  avons  résumé  notre  travail  dans  le  tableau  suivant,  dans  lequel 
tout  est  rapporté,  non  à  i  équivalent  du  métal ,  mais  à  i  équivalent  de 
chlore.  Il  serait  facile  de  faire  l'inverse.  Pour  abréger,  nous  avons  repré- 
senté les  composés  par  leurs  formules.  ClZn  =  55333  représente  la  chaleur 
dégagée  dans  la  combinaison  de  i  équivalent  de  chlore  avec  i  équivalent 
de  zinc;  Cl  (Fe^Cl*)  =  20993  représente  la  quantité  de  chaleur  dégagée 
dans  la  combinaison  de  i  équivalent  de  chlore  avec  le  protochlorure  de  fer 
pour  former  du  sesquichlorure. 

122.. 


r 

(938) 
«  Voici  le  tableau  des  chlorures  métalliques  rangés  dans  l'ordre  décrois- 
sant des  quantités  de  chaleur  produites  dans  l'acte  de  leur  formation  : 

CIK    =79200  ClFe       =40700  ClHg'       =29600 

ClNa  =79500  CIH        =37100  ClCu        =  aSSoo 

ClLi    =80100  ClSn'     ="363oo  ClHg        =27700 

ClZn  =553oo  ClCu'      =  344oo  Cl(Hg'Cl)=  aSSoo 

CICo   =49100  CIFe''     =34100  ClPt'       =24400 

Cl  Ni    =48700     .  ClBi^      =33800  ClSb^       =24300 

ClCd  =483oo  ClPd       =33700  Cl(ClCu')=  22700 

CI  AP  =45800  ClSb^     =32600  ClBi^       =ai5oo 

ClPb    =45100  C1(F'C1')=  21000 

Cl  Mn  =42500  Cl(SnCl)=3o5oo  Cl  Au'       =ii3oo 

ClSn    =42100  ClAg       =  3o2oo  Cl(ci'Bi)=    3oo5. 

»  Nous  ajouterons  à  ces  nombres  ceux  qui  ont  été  trouvés  par  MM.  Favre 
et  Silbermann  : 

Potassium.'. 97091 

Sodium 94326 

Zinc 55567 

Fer 53350 

Hydrogène 40192 

Cuivre 29065  • 

Plomb 447^0 

Argent 34800 

»  Applications  à  la  pile.  —  Tous  ces  composés  ou  leurs  métaux  peuvent 
être  employés  à  former  des  piles  dont  la  force  électromotrice  serait  égale  à 
la  somme  algébrique  des  quantités  de  chaleur  développées  dans  les  réactions 
produites.  En  voici  quelques  exemples  étant  ou  pouvant  être  employés  dans 
la  pratique  : 

Force 
électromotrice. 

Pile  de  Smce  ordinaire 18100 

Pile  de  charbon,  sesquichlorure  de  fer,  fer,  formation  de  protochlo- 
rure        21 000 

Pile  de  cuivre,  protochlorure  de  cuivre,  zinc,  acide  chlorhydrique, 

dépôt  de  cuivre 26800 

Pile  de  charbon,  sesquichlorure  de  cuivre,  acide,  zinc,  acide  chlorhy- 

"•  '        drique,  formation  de  protochlorure .-'.•■        325oo 

''♦iJi^Pile  de  charbon,  sesquichlorure  de  fer,  zinc,  acide  chlorhydrique , 

■!) .         formation  de  protochlorure 343oo 


<•»., 


(9^)  •        ' 

»  Les  piles  au  sesquichlorure  de  fer  sont  intéressantes  au  point  de  vue 
pratique,  la  seconde  à  cause  de  sa  force,  la  première  à  cause  du  bas  prix 
des  matières  employées.  Elles  sont  toutes  deux  d'une  constance  remar- 
quable. La  première  peut  fonctionner  sans  vase  poreux. 

»  applications  à  ta  chimie.  —  D'une  manière  générale,  on  peut  dire  qu'un 
dès  métaux  du  tableau  précédent  précipitera  tous  les  métaux  qui  sont  au- 
dessous  de  lui.  Toutefois,  les  chlorures  pouvant  passer  par  des  degrés  divers 
de  chloruration,  on  devra  tenir  compte  de  cette  particularité.  Ainsi  le  zinc 
précipite  l'argent  de  son  chlorure  avec  une  force  égale  à  a5ioo,  le  fer  avec 
une  force  égale  à  io5oo,  le  cuivre  avec  une  force  égale  à  4200;  mais  l'ar- 
gent ramène  le  sesquichlorure  de  fer  à  l'état  de  protochlorure  avec  une 
force  égale  à  9800,  et  le  bichlorure  de  cuivre  à  l'état  de  protochlorure  avec 
une  force  égale  à  7500.  Le  mercure  le  ramènerait  au  même  état  avec  une 
force  égale  à  6900. 

»  Le  fer  réduit  le  protochlorure  de  mercure  avec  une  force  égale  à  1 1 100; 
mais  le  mercure  ramène  le  sexquichlorure  de  fer  à  l'état  de  protochlorure 
avec  une  force  égale  à  8600. 

»  Le  mercure  et  l'argent  ont  des  affinités  à  peu  près  égales  pour  le  chlore; 
le  très-faible  avantage  qui  existe  en  faveur  de  l'argent  est  compensé  par 
l'affinité  de  l'argent  pour  le  mercure.  Le  chlorure  d'argent  est  réduit  lente- 
ment par  le  mercure. 

»  La  différence  des  affinités  de  l'hydrogène  pour  le  chlore  et  l'oxygène 
est  de  a6oo;  c'est  la  force  avec  laquelle  le  chlore  décompose  l'eau.  Au  con- 
tact de  l'air,  le  protochlorure  de  fer  acide  passera  à  l'état  de  sexquichlorure 
avec  une  force  de  84oo,  et  le  protochlorure  de  cuivre  à  l'état  de  sexqui- 
chlorure avec  une  force  de  20100. 

»  L'influence  des  masses  et  quelques  circonstances  particulières  peuvent 
produire  des  réactions  à  contre-sens.  Dans  ce  cas,  il  y  a  absorption  de  cha- 
leur. C'est  ainsi  que  sur  du  zinc  plongeant  dans  du  chlorure  de  zinc  étendu, 
nous  avons  eu  dépôt  de  zinc  et  point  d'hydrogène;  sur  du  platine  nous 
avons  eu  de  l'hydrogène  et  point  de  zinc.  )■ 

PHYSIQUE.   —   Note    sur    un    nouveau    système    de    baromètre; 
par  M.  Gh.  Blondeau. 

(i  M.  Arago,  frappé  des  difficultés  que  présente  le  transport  des  baro- 
mètres ordinaires  et  des  accidents  auxquels  ils  sont  exposés  pendant  de 
longs  voyages,  avait  émis  l'opinion  qu'il  serait  avantageux  pour  un  observa- 


•       •  '         (  94o  ) 

teur  de  pouvoir  construire  lui-même  son  baromètre  au  momenl  où  il  vou- 
drait s'en  servir.  Il  avait  même  proposé  dans  ce  but  quelques  dispositions 
nouvelles  qui  furent  exécutées  en  i844  P^f  M.  Gambey. 

»  Voici  le  passage  de  l'astronomie  populaire  dans  lequel  M.  Arago  rend 
compte  du  principe  sur  lequel  il  s'appuie  dans  la  construction  de  ses  nou- 
veaux baromètres  : 

«  En  apportant  une  légère  modification  à  la  construction  des  baromètres 
»  ordinaires,  on  se  mettra  désormais  entièrement  à  l'abri  de  ces  dérange- 
»  ments  que  les  baromètres  éprouvent,  soit  dans  le  transport,  soit  par  une 
»  infiltration  graduelle  de  l'air  extérieur,  soit  enfin  par  le  dégagement  de  '* 
M  celui  que  le  liquide  peut  renfermer.  Ce  changement  qui  consiste  tout 
»  simplement  à  rendre  le  tube  de  verre  mobile,  afin  qu'on  ait  la  faculté 
»  d'augmenter  ou  de  diminuer  à  volonté,  et  dans  des  rapports  connus,  la  ca- 
»  pacité  de  la  chambre  barométrique,  permettra  même,  si  je  ne  me  trompe, 
»  de  porter  en  voyage  le  mercure  à  part  et  de  n'en  remplir  le  tube  qu'au 
»  moment  de  l'expérience,  sans  soumettre  ce  liquide  à  aucune  ébullition.  Il 
»  est  facile  de  voir,  en  effet,  que  si  l'on  fait  une  observation  dans  un  cer- 
»  tain  état  de  la  chambre  barométrique,  et  qu'on  la  répète  aussitôt  après 
»  avoir  réduit  la  capacité  de  cette  chambre  à  -pj  de  .sa  valeur  primitive, 
»  la  petite  quantité  d'air  qui  pourra  s'y  trouver  produira  juste  dix  fois  plus 
»  d'effet  dans  la  seconde  observation  que  dans  la  première.  La  différence 
»  des  deux  hauteurs,  divisée  par  9,  sera  donc  ce  qu'il  faudra  ajouter  à  la 
»  première  pour  la  ramener  à  ce  qu'on  aurait  trouvé  avec  un  baromètre 
»  entièrement  purgé  d'air.  » 

»»  Depuis  l'époque  à  laquelle  M.  Arago  écrivait  ces  lignes,  M.  Trouessart, 
professeur  de  physique  à  la  Faculté  de  Poitiers,  a  soumis  au  jugement  de 
l'Institut  un  baromètre  à  siphon  fondé  sur  les  mêmes  principes,  et  dans 
lequel  la  courbure  du  tube,  faite  en  caoutchouc,  permet  à  l'observateur 
d'augmenter  à  volonté  la  capacité  de  la  chambre  barométrique,  et,  par 
suite,  de  faire  varier  la  hauteur  de  la  colonne  de  mercure  de  manière  à 
pouvoir  en  déduire  la  pression  atmosphérique. 

»  Nous  croyons  être  arrivé  au  même  résultat  par  une  méthode  aussi 
simple,  et  qui  présente  l'avantage  de  réduire  de  beaucoup  les  dimensions 
du  baromètre.  Elle  consiste  à  prendre  un  volume  d'air  à  la  pression  que  l'on 
veut  mesurer  et  à  dilater  cet  air  de  manière  à  lui  faire  occuper  un  volume 
double  de  celui  qu'il  occupait  primitivement.  Cet  air,  ne  possédant  plus 
alors  qu'une  élasticité  capable  de  faire  équilibre  à  la  pression  d'une  demi- 
atmosphère,  la  différence  de  hauteur  des  colonnes  de  mercure  contenues 


(  94i   ) 
dans  le  tube  communiquant  qui  constitue  l'appareil  fait  connaître  immé- 
diatement la  valeur  de  la  demi-pression  atmosphérique,  et,  par  suite,  celle 
de  l'atmosphère  an  moment  où  l'on  opère. 

»  Notre  baromètre  se  compose  donc  d'un  tube  communiquant  à  deux 
branches,  l'une  et  l'autre  en  communication  avec  l'atmosphère;  l'une 
d'elles  est  munie  d'un  robinet  et  porte  deux  traits  a  et  |3  qui  correspondent 
à  deux  volumes  doubles  l'un  de  l'autre  et  mesurés  à  partir  du  robinet. 
Lorsqu'on  veut  déterminer  la  pression  de  l'air,  on  opvre  le  robinet  et  l'on 
introduit  du  mercure  par  l'autre  branche,  jusqu'à  ce  que  le  niveau  de  ce 
liquide  parvienne  au  trait  a.  On  ferme  alors  le  robinet,  et  à  l'aide  d'un 
second  robinet  situé  à  la  partie  inférieure  de  l'appareil,  on  fait  écouler  du 
mercure  jusqu'à  ce  que  ce  liquide  arrive  dans  la  branche  fermée,  au  trait  /5, 
ou,  en  d'autres  termes,  jusqu'à  ce  que  l'air  renfermé  dans  l'appareil  occupe 
un  volume  double  de  celui  qu'il  occupait  primitivement.  Il  suffit  alors  de 
mesurer  exactement  la  différence  de  niveau  des  deux  colonnes  pour  avoir 
la  valeur  de  la  demi-pression  atmosphérique. 

»  Nous  avons  donné  à  notre  baromètre  une  autre  disposition,  qui  nous 
a  permis  de  déterminer  la  pression  atmosphérique  en  comprimant  l'air  au 
lieu  de  le  dilater.  Après  avoir  tracé  sur  le  tube,  que  l'on  peut  fermer  à 
l'aide  d'un  robinet,  deux  traits,  l'un  a  correspondant  à  un  volume  pris  pour 
unité  sous  la  pression  actuelle  de  l'atmosphère,  l'autre  |3  correspondant  aux  | 
de  ce  volume,  on  commence  l'observation  en  ouvrant  le  robinet  et  intro- 
duisant du  mercure  jusqu'à  ce  que  ce  liquide  arrive  au  trait  a.  On  ferme 
alors  le  robinet,  et  par  la  branche  ouverte  on  ajoute  du  mercure  jvisqu'à 
ce  que  le  niveau  de  ce  liquide  arrive  dans  la  branche  fermée  au  trait  jS. 
Comme  dans  ce  cas  le  volume  d'air  n'occupe  plus  que  les  f  de  son  volume 
primitif,  la  pression  est  égale  à  |^  de  la  pression  atmosphérique,  c'est-à-dire 
que  la  petite  colonne  de  mercure  située  dans  la  branche  ouverte  au-dessus 
du  trait  |3  est  égale  à  ^f  de  la  colonne  barométrique,  et  suffit  par  conséquent 
-à  faire  connaître  la  hauteur  de  la  colonne  de  mercure  qui  fait  équilibre  à 
la  pression  de  l'atmosphère. 

»  Cette  seconde  disposition  réduit  le  baromètre  dans  son  poids  et  ses 
dimensions,  et  en  fait  par  conséquent  un  instrument  très-portatif,  que  l'on 
peut  faire  voyager  sans  crainte  de  le  déranger.  » 


(  94^  ) 

ZOOLOGIE.  —  Sur  C hjrperinétamorphose  des  Strepsiptères  et  des  OEstrides; 

par  M.  N.  JoLY. 

«  Dans  un  travail  récemment  présenté,  M.  Fabre  a  prouvé  que  la  larve 
des  Méloïdes,  avant  d'arriver  à  l'état  de  nymphe,  passe  par  des  morphoses 
successives  qu'il  désigne  sous  les  noms  de  larve  primitive,  seconde  larve,  pseudo- 
chrysalide  et  troisième  larve.  Mais  il  nous  apprend  en  même  temps  que  le  pas- 
sage de  l'une  de  ces  formes  à  l'autre  s'effectue  par  une  simple  mue,  sans  que, 
malgré  la  diversité  des  formes  extérieures,  l'organisation  interne  ait  à  subir 
le  moindre  changement  jusqu'à  l'époque  de  la  nymphose.  Il  y  a  donc  ici, 
pour  me  servir  de  l'heureuse  expression  inventée  par  M.  Fabre,  il  y  a  hyper- 
mélamorpliose ,  comme  il  y  a  véritable  liypométamorphose  chez  certaines 
femelles  d'insectes  dont  le  développement  morphologique  s'arrête  à  un 
degré  inférieur  à  celui  auquel  parvient  le  mâle.  (Ex.  :  femelles  du  Fer-lui- 
sant, du  Drile  jaunâtre,  parmi  les  Coléoptères  ;  des  Xenos  et  des  Stjlops,  chez 
les  Strepsiptères  ou  Rhipiptères.) 

»  Les  faits  curieux  que  relate  M.  Fabre  ont  attiré,  avec  juste  raison,  l'at- 
tenlion  des  naturalistes,  et  j'ai  suivi  moi-même  avec  le  plus  vif  intérêt  ces 
ingénieuses  recherches.  Persuadé  que  rien  n'est  isolé  dans  la  nature,  et  que 
toute  exception  actuelle  doit  se  rattacher  tôt  ou  tard  à  une  loi ,  je  me  suis 
demandé  s'il  n'existait  pas  déjà  dans  la  science  quelques  observations  ana- 
logues. Or  les  singulières  transformations  des  Méloïdes  m'ont  rappelé  celles 
que  Von  Siebold  a  si  bien  étudiées  chez  les  Strepsiptères,  ces  autres  para- 
sites effrontés  des  Hyménoptères  récoltants  (i). 

»  D'après  l'habile  et  consciencieux  zoologiste  que  je  viens  de  nommer, 
les  mâles  seuls  subissent  une  métamorphose  complète.  Les  femelles,  au  con- 
traire, parvenues  à  leur  dernier  degré  de  développement,  ressemblent  beau- 
coup à  des  larves  et  n'ont  ni  pieds,  ni  ailes,  ni  yeux.  Ces  femelles  ne  quit- 
tent jamais  leurs  victimes  :  elles  sont  vivipares,  et  donnent  naissance  à  des 
larves  hexapodes,  très-agiles  et  assez  semblables,  pour  l'aspect  extérieur,  à 
la  larve  des  Méloïdes.  Une  fois  éclos,  les  jeunes  Strepsiptères  ne  tardent  pas 
à  pénétrer  dans  le  corps  des  larves  d'Hyménoptères  dont  elles  partagent  le 


(i)  Voir  dans  ff^iegmann' s  Archiv ,  année  i843,  p.  i3;;i,  le  Mémoire  de  Von  Siebold,  inti- 
tulé :  Ueber  Strepsiptera. 


(  943  )  -  ^   ^ 

nid,  et  dont  les  sucs  doivent  leur  servir  de  pâture  (i);  là  elles  perdent  leurs 
pattes,  à  la  suite  d'une  mue,  pendant  laquelle  la  déhiscence  de  la  peau  s'ef- 
fectue par  la  chute  du  segment  céphalique,  et  non  par  une  scissure  dorsale 
médiane,  comme  chez  la  plupart  des  insectes.  Du  reste,  Von  Siebold  ne 
signale  aucune  différence  entre  l'organisation  intérieure  des  larves  sans 
pieds  et  celle  des  larves  hexapodes.  M.  Fabre  n'a  pas  observé  non  plus  le 
plus  léger  changeaient  dans  la  structure  intérieure  des  larves  de  Méloides, 
pendant  qu'elles  passent  par  les  diverses  formes  qui  précédent  la  nym- 
phose. «  Leur  organisation  interne,  nous  dit-il,  reste  invariablement  la 
même.  » 

»  Or  il  en  est  tout  autrement  des  OEstrides,  ou  du  moins  de  VOEslrus 
equi,  chez  lequel  j'avais  signalé  dès  1846  un  vrai  cas  d'hypermétamor- 
phose.  «  Il  est  généralement  admis,  disais-je  en  présentant  à  l'Institut 
(séance  du  7  septembre  1846)  mon  Mémoire  intitulé  :  «  Recherches  zoologi- 
ques, analomiques  et  physiologiques  sur  les  OEstrides  en  général  et  particu- 
lièrement sur  les  OEstres  qui  attaquent  l'homme,  le  cheval,  le  bœuf  et  le 
mouton  »,  il  est  généralement  admis  que,  chez  les  insectes  proprement  dits, 
la  larve  une  fois  éclose  ne  subit  aucun  changement  notable  jusqu'à  l'instant 
où  elle  se  métamorphose  en  nymphe.  Or,  j'ai  constaté  que  non-seulement  la 
forme,  mais  encore  la  structure  de  la  larve  de  VOEstrus equi ,  au  moment  delà 
naissance ,  diffèrent  considérablement  de  ce  qu'on  observe  chez  les  larves 
qui  ont  atteint  tout  leur  accroissement.  Ainsi,  au  lieu  d'être  brusquement 
tronquée  à  sa  partie  postérieure,  elle  a  cette  même  partie  très -effilée  et 
terminée  par  deux  tubes  respiratoires  analogues  à  ceux  de  beaucoup  de 
Diptères  aquatiques,  tubes  qui  seront  plus  tard  remplacés  par  un  appareil 
si  curieux  et  si  compliqué,  qu'il  serait  peut-être  bien  difficile  d'en  citer 
un  autre  exemple  dans  l'innombrable  armée  des  insectes.  Le  système 
nerveux  éprouve  aussi  des   modifications   extrêmement    remarquables. 

»  Voilà  donc  de  vraies  métamorphoses,  de  notables  changements  de 
forme  et  de  structures  qui  ont  lieu  dans  l'intervalle  qui  s'écoule  depuis 
l'éclosion  de  la  \ar\u\e  {larve  jjrimiiive)  jusqu'au  moment  delà  nymphose, 
fait  important  et  nouveau  qui  rappelle  les  métamorphoses  que  subissent 
après  leur  naissance  les  Myriapodes,  les  Entomostracés  [Arlemia,  Branchi- 


(i)  Siebold  les  croit  incapables  de  mâcher. 

C.  R.,   i858,    1"  Srmesliv.  (T.  XI.VI,  N»  20.)  123 


i  944  ) 
pus,  Apus),  et  même  les  Crustacés  décapodes  (Caridina  Desmarestii,  Porcel- 
lana  longicornis)  (i).  » 

»  Ajoutons  que  ces  faits  jusqu'alors  isolés  se  relient  maintenant  entre 
eux  quand  on  y  joint  surtout  les  faits  analogues  que  nous  fournit  l'his- 
toire des  Crustacés  suceurs  (Lernéides)  et  plus  encore  celles  des  Hel- 
minthes. 

»  Partout,  en  effet,  nous  voyons  le  parasitisme  imposer  en  quelque  sorte 
à  l'animal  la  nécessité  de  morphoses  plus  nombreuses,  morphoses  tantôt 
progressives,  tantôt  rétrogrades,  mais  toujours  parfaitement  en  harmonie 
avec  le  but  qu'il  doit  remplir.   » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Extrait  dune  Lettre  de  M.  Kaemtz,  concernant  les 
relations  qui  existent  entre  les  indications  du  baromètre,  la  direction  et  la 
force  du  vent.  (Communiqué  par  M.  Le  Verrier.) 

«  C'est  avec  un  grand  intérêt  que  j'ai  vu  votre  correspondance  météoro- 
logique. Toutes  les  personnes  qui  s'occupent  de  cette  partie  des  sciences 
naturelles  reconnaîtront  le  grand  mérite  que  vous  vous  êtes  acquis  par  la 
publication  de  ces  observations. 

»  Malheureusement  l'observatoire  de  Dorpat  n  a  reçu  que  les  corres- 
pondances de  quelques  jours  des  mois  de  janvier  et  de  février,  et  ce  n'est 
que  depuis  le  commencement  de  mars  que  les  lettres  sont  complètes.  Je  me 
permets  de  vous  communiquer  quelques  résultats  sur  les  mouvements  de 
l'atmosphère,  tels  que  je  les  ai  calculés  pour  le  mois  de  mars  et  pour  mon 
lieu  d'observation.  Je  commence  par  les  vents. 

»  Mes  recherches  embrassent  545  jours  d  observations,  faites  pendant  le 
mois  de  mars,  et  elles  donnent  pour  la  durée  de  chaque  vent  pendant  ce 
mois  les  résultats  suivants  : 


(i)  Voir  l'Extrait  de  mon  Mémoire,  inséré  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Institut,  séance 
du  7  septembre  i846,  p.  5i  i. 


(945) 


DIRECTIOM    DU    VENT. 


N 

N.-E 

E 

S.-E 

S 

S.-O 

O 

N.-O 

Calme  et  variable. 

Total  .  .  .  . 


HOTEMN  E 

des 
545  jours. 


i 
2,8 

2,6 

3,4 
4,3 
3,4 
4,3 
5,5 
3,4 

'4 


3i ,  I 


Dl'RÊE 

de  chaque  vent. 
Mars  i858. 


3 
o 
I 
3 

4 
5 

6 
6 
3 


3. 


»  A  l'inspection  de  ces  nombres,  on  voit  que  les  résultats  de  mars  i858 
s'écartent  des  résultats  moyens,  et,  par  conséquent,  il  faut  admettre  que 
pendant  cette  année  il  y  a  eu  des  causes  perturbatrices  qui  ont  occasionné 
ce  changement  dans  la  direction  et  dans  l'intensité  du  vent  moyen ,  e* 
1  hypothèse  la  plus  naturelle  est  l'inégalité  de  la  hauteur  du  baromètre.  Il 
faut  supposer  que  la  pression  dans  les  régions  du  sud-ouest,  ou  plutôt  dans 
le  sud,  à  cause  delà  rotation  de  la  terre,  a  surpassé  celle  de  nos  régions, 
et  l'expérience  prouve  cela  pour  Paris  el  Dorpat.  Quoique  dans  les  années 
précédentes  j'aie  pris  la  hauteur  moyenne  pour  Paris  à  midi,  et  pendant  le 
mois  de  mars  de  l'année  actuelle  à  8  heures  du  matin,  la  différence  est 
de  peu  d'influence.  La  moyenne  des  545  jours  est,  pour  Paris,  756"'",7. 
L'année  actuelle  donne  761""°,  25,  c'est-à-dire  une  différence  de  +  4"'"578; 
;a  hauteur  des  mêmes  jours  est,  pour  Dorpat,  334'", 66  (de  Paris),  et  cette 
année  33i"',  ag;  différence  — 3",  37  ou  —  7°"",  60.  Une  conséquence  né- 
cessaire de  cette  différence  de  12""°,  38  entre  Paris  et  Dorpat,  est  la  pré- 
pondérance des  vents  du  sud-ouest  et  de  l'ouest;  mais  comme  je  n'ai  con- 
sidéré que  ces  deux  lieux,  il  est  impossible  de  donner  des  déterminations 
plus  précises. 

»  Ce  que  j'ai  dit  est  confirmé  par  l'ensemble  de  mes  observations.  En 
calculant  l'influence  des  vents  sur  la  hauteur  du  baromètre  à  Dorpat,  j'ai 
comparé  la  pression  pour  d'autres  lieux  ;  j'ai  reconnu,  qu'en  terme  moyen, 
des  changements  correspondants  se  montrent  depuis  les  côtes  de  l'Europe 

123.. 


(  946  ) 
jusqu'à  Barnaoul,  le  point  le  plus  oriental  que  j'aie  comparé.  La  plupart  de 
ces  lieux  ne  sont  comparés  que  jusqu'à  la  fin  de  i858,  puisque  les  journaux 
ne  sont  pas  encore  publiés,  si  ce  n'est  à  Paris. 

»  La  combinaison  de  toutes  ces  observations  prouve  d'une  manière  assez 
sûre  que  les  vents  du  sud,  sud-ouest  et  ouest,  de  même  que  ceux  du  nord- 
ouest,  ont  leur  origine  dans  le  sud-ouest,  quelquefois  dans  le  sud-est. 

»  En  même  temps  j'ai  examiné  la  marche  du  baromètre  avant  et  après 
chaque  vent  ;  j'ai  pris  la  hauteur  les  deux  jours  précédents  (  —  2  et  —  i  jours) 
et  les  deux  jours  suivants  (-f-  j  et  +  a  jours).  Voici  en  millimètres  les  ré- 
sultats pour  Paris  et  pour  Dorpat  comparés  à  la  moyenne  des  jours  d'ob- 
servation : 


mm 
N.         Dorpat —  2j.  —  2,57 

Paris -f-2,33 

mm 
-ij.  =  -3,38 

-H  2,20 

mm 
oj. -1-0,92 

+  1,82 

mm 

-t-  1  j.  -1-3, 5o 

-       -1-1,83 

mai 

-1- 2  j. -1-3,38 

-t-1,64 

N.-E.     Dorpat -1-2,14 

Paris -1-0,21 

-1-2,71 
-1-0,17 

-1-6,86 
-1-0,73 

-^7i98 
-1-0,20 

-h  6.20 
—  0,i5 

E.           Dorpat -f-2,01 

Paris — 2,5i 

—  2,56 

-1-3,44 
—  2,11 

+  3,74 
-3,39 

-+-2,3o 
—  2,88 

S.-E.     Dorpat -+-1,24 

Paris. —3,59 

-h  2,05 
-4,23 

-t-1,35 
-3,70 

-1-1,38 
-3,44 

-1-  1,35 
—  3,09 

S.           Dorpat —1,80 

Paris —  5,02 

-  2.77 
-5,64 

-4, .5 
-4,44 

-3,72 
-3,87 

-  1,56 

—  2.24 

S.-O.     Dorpat —0,59 

Paris H- 1,53 

—  i,i3 
-1-1,54 

—  5,5o 
-+-  1,86 

-7>'5 
-+-  1,26 

—  4,99 
-+-0,93 

0.          Dorpat —  0 ,  29 

Paris -1-  J,74 

-HO, 45 

-t-3,i8 

—  0,18 

-1-2,75 

-0,90 

-1-2,18 

-0.77 
-1-  o,o5 

N.-O.    Dorpat -l-o,54 

Paris -H  S.TO 

-  i,i3 
-4,64 

-0,99 
-H  4,2' 

-1-0,83 
-1-2,71 

-1-0,29 
-1-1,16. 

Calme.  Dorpat —3,23 

Paris.  .. -1-0,83 

-.,3. 

-1-1,78 

-1-0,34 
-f-  j,09 

-  '>7' 

—  i,oS 
-1-3,17 

»  Je  ne  veux  pas  parler  des  anomalies  apparentes  que  quelques  vents, 
Je  nord,  le  nord-ouest  et  le  sud,  nous  montrent.  Ce  n'est  que  par  la  construc- 
tion des  lignes  iso-barométriques  que  ces  anomalies  sont  expliquées;  mais 
prenez  les  nombres  du  jour  de  l'observation,  dans  le  jour  où  il  souffle  un 
vent  du  nord -est  ou  de  l'est,  la  théorie  des  vents  demande  alors  un  vent 


(  947  ) 
de  Dorpat  vers  Paris  et  le  contraire  doit  arriver  dans  les  vents  de  sud-ouest 
et  de  l'ouest. 

»  Ces  nombres  sont  des  moyennes,  mais  très-souvent  il  arrive  que  les 
différences  sont  bien  plus  grandes  et  le  mois  de  mars  de  cette  année  nous 
en  donne  une  preuve;  les  anomalies  dans  la  hauteur  du  baromètre  s'étendent 
bien  au  delà  des  frontières  de  l'Europe  dans  le  commencement  du  mois. 
Dans  le  tableau  suivant  je  donne  pour  chaque  direction  du  vent  l'excès 
moyen  de  la  hauteur  barométrique  sur  la  pression  moyenne  du  mois.  Lès 
résultats  sont  exprimés  en  millimètres. 


Dorpat 

Constantinople. . . 

Rome 

Vienne 

Alger 

Turin 

Genève 

Riga 

Lyon 

Madrid 

Strasbourg 

Rayonne 

Lisbonne ;. 

Napoléon-Vendée. 

Paris 

Bruxelles 

Brest 

Hambourj; 


N. 


-    ',0 

-  '^.g 

-  0,8 

-  5, a 

-  1,8 

-  4>4 
-10,8 

-  5,8 

-  8,1 

-  ',2 
-10,4 

-11,0 

-  8,8 

-  4,2 

-  0,1 

-  7>6 

-  8,5 


E. 


mm 

-(-20,2 

+  3,3 
-7,4 

—  7,2 
-7,8 

—  9,8 
— 10,3 

H-'5,7 
— 10, G 
-.3,4 

—  10,1 

—17,0 
-îi,8 
-'7,2 

—  11,8 

—  9,0 
— i5,o 

-(-  1,0 


S.-E. 


mm 
3,6 

0,4 
1,5 
1,0 
»>9 
■,' 

0,.2 


6.. 
0,3 

6,4 
8.9 
4,6 
0,1 
2,8 

2,7 
3,5 


mm 

—  8,5 

—  4,4 

—  8,4 

—  11,0 

—  8,1 

—  10,3 

-8,7 

—  10,0 

—  8,0 

—  5,8 

—  10,2 

—  5, G 

—  3,0 

—  6,6 

—  9,7 

—  12,6 

—  5,9 
—16.6 


s.-o. 


mm 

-  ',4 

-1-0,8 

-h  0,3 
-*-  2,0 
H-    1,9 

-t-  2,8 
-1-2,6 

-t-  ',9 

-+-  ',7 
+  ',7 

H-  2,0 
-<-    2,6 

-*-   1,6 

■+-   2,3 

-+-  2,0 
-H  1,5 

-I-  ',7 
-I-  1,5 


o. 


mm 
1,0 

4,7 
4,8 

3,7 
2,2 
3,1 

4,1 
0,3 
2,5 
2,1 
4,3 
1,5 
2,7 
',7 
4,0 
6,9 
1,4 
4,' 


N.-O. 


■+-  1,6 

-1-6,2 
-+-    3,2 

-+-  2,8 
+   6,2 

-f-  5,1 
-t-  3,0 

-t-  5,7 
-H  a, 8 

-4-6,1 
H-    2,4 

-1-1,1 
H-  5,8 
-(-  6,3 
-I-  8,2 
-1-6,0 

-H    ifi 


M.  Vattemare  transmet,  au  nom  de  M.  Field,  directeur  général  de  la 
Compagnie  du  télégraphe  transatlantique,  divers  documents  et  cartes  rela- 
tifs au  but  et  aux  travaux  de  cette  Société.  Il  y  joint  un  échantillon  du  câble 
qui  doit  être  submergé. 

M.  Gallo  envoie  de  Turin  le  IP  volume  de  son  «  Introduction  à  la  Mé- 
canique et  à  la  Philosophie  de  la  nature  ».  Ce  volume  est  renvoyé,  ainsi 
que  l'avait  été  le  I",  à  l'examen  de  M.  Babinet,  avec  invitation  d'en  faire 
l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

L'auteur  a  joint  à  ce  volume  une  Note  manuscrite  dont  il  prie  l'Académie 
de  vouloir  bien  auloriser  l'insertion  au  Compte  rendu. 

Cette  Note  étant  extraite  d'un  ouvrage  publié  en  français,  sous  le  titre 


(  948  ) 
de  «  Théorie  antagoniste  d'attraction  et  de  répulsion  »   (voir  les   Comptes 
rendus  hebdomadaires,  tome  XXXVIII,   pages  696  et  893),  l'Académie  ne 
peut,  d'après  les  règles  qu'elle  s'est  imposées  relativement  aux   ouvrages 
imprimés  en  langue  française,  accéder  à  la  demande  de  M.  Gallo. 

M.  iVouRRiGAT  annonce  qu'il  vient  de  publier  sur  la  maladie  des  vers  à 
soie  un  opuscule  qui  contient  la  substance  de  trois  Mémoires  successive- 
ment adressés  par  lui.  Il  envoie  six  exemplaires  de  cet  opuscule  destinés 
aux  différents  Membres  de  la  Commission  chargée  de  s'occuper  de  ce  sujet. 

Ces  exemplaires  ne  sont  pas  encore  parvenus  à  l'Académie. 
A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Minéralogie  et  Géologie  présente,  par  l'organe  de  son 
doyen  M.  Cordier,  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  première  des  deux 
places  vacantes  de  Correspondant  : 

En  première  ligne M.  Sed«wick,    à  Cambridge. 


En  deuxième  ligne. 


En  troisième  ligne,  ex  aequo  et 
par  ordre  alphabétique.  .   .   . 


M.  LïELL,         à  Londres. 

M.  Boue,  à  Vienne. 

M   deDechex,  à  Bonn. 
M.  DoMEYKo,     à  Valparaiso. 
M.  Hitchcock,  à  Amherst  Collège  (États- 
Unis  d'Amérique). 
M.  Jackson,      à  Boston  (Et. -Un.  d'Am.). 
M.  LoGAN,  au  Canada. 

M.  IVaumann,     à  Gœttingue. 
M.  S1SMOKOA,    à  Turin. 
M.  Stitder,        à  Berne. 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 


La  séance  est  levé  à  5  heures  et  demie. 


(  949  ) 

BDLLETIK    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  17  mai  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Cours  (félectro- physiologie  professé  à  [université  de  Pise  en  i856;  par 
M.  Ch.  Matteucci.  Paris,  i858;  in-8°. 

Recueil  de  Mémoires  et  observations  sur  l'hygiène  et  la  médecine  vétérinaires 
militaires,  rédigé  ious  la  surveillance  de  la  Commission  d'hygiène  hippique,  et 
publié  par  ordre  du  Ministre  Secrétaire  d'Etat  au  département  de  la  Guerre  ;  avec 
des  documents  administratifs  sur  les  remontes  de  formée.  T.  VIII.  Paris ,  i  857; 
in-S". 

Des  inondations.  Examen  des  moyens  proposés  pour  en  prévenir  le  retour  ; 
par  M.  J.  DuPUiT.  Paris,  i858;  in-S". 

Thèses  présentées  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  pour  obtenir  le  grade  de 
docteur  es  sciences;  parM.  Emile  Fernet.  Paris,  i858;  in-4''. 

Précis  analytique  des  travaux  de  l'Académie  impériale  des  Sciences^  Belles- 
Lettres  et  Arts  de  Rouen,  pendant  [année  1836-57.  Rouen,  1867  ;  in-8". 

Meinoirs...  Mémoires  de  la  Société  royale  Astronomique  de  Londres; 
vol.  XXVI.  Londres,  i858;  iiH". 

Monthly  notices...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  Astronomique  de 
Londres,  de  novembre  1 856  à  juillet  1 857  ;  vol.  XVII.  Londres,  1 867,  in-S". 

The  journal...  Journal  de  la  Société  royale  de  Géographie  de  Londres, 
vol.  XXVII;  in -8". 

Astronomical...  Observations  astronomiques  faites  à  [oliservatoire  royal 
d'Edimbourg;  par  M.  Ch.  PiAZZi  Smyth;  vol  XI,  1  849-54-  Edimbourg,  1857; 
in-4". 

Cbart. . .  Carie  indiquant  la  communication  télégraphique  projetée  entre  Terre* 
Neuve  et  [Irlande  :  route  des  bateaux  à  vapeur  entre  [Europe  et  l'Amérique  : 
glaces  (Ice  Fields)  dans  la  partie  boréale  de  l'océan  Atlantique. 

Map. . .  Carte  indiquant  la  route  à  suivre  pour  abréger  le  temps  du  trajet  dans 
les  communications  entre  [Europe  et  [Amérique,  en  faisant  de  Saint-Jean  de 
Ter-re-Neuve  un  port  d'appel  pour  les  bateaux  transatlantiques. 

Atlantic...  Compagnie  du  télégraphe  atlantique.  Rapport  des  directeurs  fait 
dans  [assemblée  générale  des  actionnaires ,  le  18  février  r858  ;  br.  in-8". 


»«««-• 


COMPTE  KENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  24  MAI  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Flocrens  annonce  dans  les  termes  suivants  la  perte  que  vient  de  faire 
l'Académie  dans  la  personne  de  M.  Muller,  un  de  ses  Correspondants  pour 
la  Section  d'Anatomie  et  de  Zoologie  : 

«  Je  remplis  un  devoir  douloureux  en  annonçant  à  l'Académie  la  mort 
de  M.  Muller.  Quelques  journaux  en  avaient  déjà  parlé,  mais  nous  n'avions 
pas  encore  reçu  de  renseignements  officiels.  * 

»  Une  telle  perte  sera  vivement  ressentie  par  tous  les  corps  savants;  mais 
nulle  part  elle  ne  le  sera  plus  que  dans  cette  Académie.  On  savait  ici  com- 
bien M.  Muller  était  à  la  fois  grand  physiologiste,  grand  anatomiste,  et  à 
quel  point  à  tant  de  savoir  il  joignait  un  esprit  judicieux  et  un  génie  clair. 
A  prendre  l'histoire  naturelle  dans  son  ensemble,  peu  d'hommes  de  notre 
époque  ont  contribué  autant  que  M.  Muller  à  ses  plus  importants  pro- 
grés. » 

CHIMIE   GÉNÉRALE.   —  Noté  SUT  les  équivalents  des  corps  simples; 

par  M.  Dumas. 

« 

«  Quoiqu'il  m'ait  été  impossible  jusqu'ici  de  compléter  la  révision  des 
équivalents  que  j'ai  entreprise,  je  suis  parvenu  à  des  résultats  qui  me  pa- 
raissent dignes  d'attention  et  qui,  tout  en  confirmant  les  vues  générales 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVl,  N"  21.)  124 


'"•  JSL 


■1/1  (  9^2  ) 

que  j'ai  présentées  à  l'Académie,  donnent  quelques  moyens  nouveaux  de 
contrôle  et  de  vérification  qui  pourront  en  assurer  l'exactitude. 

»  Parmi  les  corps  que  j'ai  étudiés,  vingt-deux  ont  des  équivalents  qui 
sont  des  multiples  de  l'hydrogène  par  im  nombre  entier: 

1         Oxygène - 8  Iode la^j 

Soufre i6  Carbone 6 

Sélénium 4°  Silicium i4 

Tellure 64  Molybdène 48 

Azote i4  Tungstène 92 

Phosphore 3i  Lithium > 7 

Arsenic 75  Sodium aS 

Antimoine 122  Calcium 20 

Bismuth 214  Fer 28 

Fluor ig  Cadmium 56 

Brome 80  Étain 59 

sept  ont  des    équivalents  qui  sont  des  multiples  de  la  moitié  de  l'équi- 
valent de  l'hydrogène  : 

Chlore 35 ,5  Nickel 29,5 

Magnésium 12, 5  Cobalt 29,5 

Manganèse 27,5  Plomb io3,5 

Barium 68,5 

trois  ont  des  équivalents  qui  sont  des  multiples  du  quart  de  l'équivalerjt 
de  l'hydrogène  : 

Aluminium >  3 ,  75 

Strontium 43)7^ 

Zinc 32,75 

»  Dans  chacune  de  ces  séries,  les  résultats  individuels  sont  en  général  si 
rapprochés  de  la  moyenne  admise  dans  le  tableau  précédent,  qu'on  ne 
peut  pas  faire  passer  un  des  corps  qu'il  comprend  d'une  série  à  l'autre 
sans  s'écarter  considérablement  de  l'expérience. 

»  Plus  on  multiplie  les  épreuves,  plus  au  contraire  le  chiffre  moyen 
s'en  trouve  confirmé. 

»  Parmi  les  comparaisons  que  ces  résultats  permettent  de  faire,  on 
remarquera  la  suivante  : 

Azote...    i4         Phosphore...   3i              Arsenic...   75         Antimoine...    122 
Fluor...    19        Chlore 35,5         Brome....  80         Iode 127 

»  Il  est  clair  qu'en  ajoutant  108  à  l'azote   on  obtient  l'équivalent  de 


(  953  ) 
l'antimoine,  de  même  qu'en  ajoutant   108  au  fluor  on    obtient  l'équiva- 
lent de  l'iode  ; 

»  Qu'en  ajoutant  61  à  l'équivalent  de  l'azote  on  obtient  celui  de  l'arsenic, 
de  même  qu'en  ajoutant  61  à  celui  du  fluor  on  obtient  celui  du  brome; 

»  Qu'en  un  mot  ces  huit  équivalents  peuvent  être  placés  sur  deux  droites 
parallèles,  les  ordonnées  de  la  famille  de  l'azote,  étant  prolongées  d'une 
quantité  égale  à  5,  venant  rencontrer  la  droite  où  sont  placés  les  équivalents 
de  la  famille  du  fluor, 

»  Sauf  le  phosphore  et  le  chlore,  qui  sont  séparés  par  4>5  seulement  au 
lieu  de  l'être  par  5. 

»  Tous  les  essais  que  j'ai  faits  jusqu'ici  pour  découvrir  quelque  cause 
d'erreur  dans  la  détermination  de  l'équivalent  de  phosphore  n'ont  eu 
d'autre  résultat  que  de  confirmer  l'équivalent  de  M.  Schroter,  c'est-à- 
dire  3 1 . 

»  On  comprendra  que  ces  résultats  donnent  lieu  pour  la  classification 
des  métaux  à  les  ranger  dans  une  table  à  deux  entrées  par  séries  assujetties 
à  un  double  parallélisme,  ce  qui  donne  satisfaction  d'ailleurs  aux  diverses 
analogies  qui  les  unissent  entre  eux. 

«  En  effet,  tout  en  les  rangeant  par  familles  naturelles,  chacun  d'eux  se 
trouve  placé  à  proximité  de  deux  corps  appartenant  à  deux  familles  voi- 
sines et  rangés  sur  les  deux  droites  les  plus  rapprochées  de  celle  sur  laquelle 
se  trouve  le  métal  pris  pour  terme  de  comparaison. 

>«  En  un  mot,  dans  une  table  de  ce  genre,  chaque  métal  se  trouve 
entouré  de  quatre  autres  qui  se  lient  à  lui  par  des  analogies  de  diverse 
nature  plus  ou  moins  étroites.  » 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Nouvelle  théorie  du  mouvement  de  la  lune; 
par  M.  Delacnay.   (Suite.) 

«  Dans  la  dernière  séance  j'ai  cherché  à  faire  comprendre  en  quoi  la 
méthode  que  j'ai  suivie  pour  faire  le  calcul  des  inégalités  lunaires  diffère  de 
celles  qui  ont  été  employées  avant  moi.  Je  me  propose  aujourd'hui  d'entrer 
dans  quelques  détails  sur  la  forme  que  j'ai  adoptée  pour  les  coefficients  de 
de  ces  inégalités. 

»  Les  valeurs  de  la  longitude,  de  la  latitude  et  de  la  parallaxe  de  la  lune 
étant  développées  en  séries  de  sinus  ou  de  cosinus  d'angles  qui  varient  pro- 
portionnellement au  temps,  il  est  aisé  de  reconnaître  que  les  coefficients  de 
ces  sinus  ou  cosinus  dépendent  des  exceniricilés  des  orbites  de  la  lune  et 

I2/|.. 


(  954  ) 
du  soleil,  de  l'inclinaison  de  l'orbite  de  la  lune  sur  l'écliptique,  du  rapport 
des  moyens  mouvements  des  deux  astres  et  du  rapport  de  leurs  moyennes 
distances  à  la  terre.  Quand  on  détermine  ces  coefficients,  on  peut  les  ob- 
tenir sous  deux  formes  différentes,  suivant  que  l'on  suppose  connues  à 
priori  les  valeurs  numériques  des  diverses  quantités  qui  viennent  d'être 
énumérées,  ou  bien  qu'on  introduise  ces  quantités  dans  le  calcul  en  les  re- 
présentant par  leurs  symboles  algébriques.  Dans  le  premier  cas,  les  coeffi- 
cients des  inégalités  se  réduisent  à  de  simples  nombres;  dans  le  second  cas, 
ce  sont  des  fonctions  complexes  des  petites  quantités  dont  ils  dépendent, 
fonctions  que  l'on  ne  peut  guère  considérer  que  sous  la  forme  de  dévelop- 
pements en  séries  ordonnées  suivant  les  puissances  croissantes,  entières  et 
positives,  de  ces  petites  quantités. 

»  Ces  deux  formes  différentes  ont  été  adoptées  l'une  et  l'autre  par  les 
savants  qui  ont  effectué  le  calcul  des  inégalités  de  la  lune.  Damoiseau  a  pris 
l'a  première,  et  M.  Plana,  au  contraire,  a  choisi  la  seconde.  Plus  tard  enfin 
M.  Hansen  a,  comme  Damoiseau,  déterminé  les  coefficients  des  inégalités 
huiaires  sous  leurforme  numérique. 

»  M.  Hansen,  dans  son  ouvrage  de  i838,  intitulé  :  Fundamenta  nova 
investigationis  orhitœ  verce  quam  luna  perluslratj  explique  les  motifs  qui  l'ont 
décidé  à  opérer  ainsi.  Il  insiste  particulièrement  sur  les  graves  inconvé- 
nients que  présente  le  développement  des  coefficients  en  séries.  Malgré  ces 
critiques  de  la  forme  adoptée  par  M.  Plana,  critiques  que  je  connaissais 
parfaitement  lorsque  j'ai  commencé  mon  travail,  je  n'ai  pas  hésité  un  seul 
instant  à  suivre  l'exemple  du  savant  géomètre  de  Turin  et  à  chercher  les 
expressions  des  inégalités  de  la  lune  sous  leur  forme  analytique,  en  déve- 
loppant leurs  coefficients  en  séries  ordonnées  suivant  les  puissances  crois- 
santes des  excentricités  de  la  lune  et  du  soleil,  de  l'inclinaison  de  l'orbite 
(le  la  lune  sur  l'écliptique,  et  des  rapports  dés  moyens  mouvements  ainsi 
que  des  moyennes  distances  de  la  hine  et  du  soleil  à  la  terre. 

X  L'autorité  du  nom  de  M.  Hansen  dans  cette  matière,  l'importance  du 
travail  qu'il  a  exécuté  sur  la  théorie  de  la  lune  et  d'où  sont  résultées  des 
Tables  lunaires  meilleures  que  toutes  les  précédentes,  enfin  les  éloges  jus- 
tement mérités  dont  ce  travail  a  été  récemment  l'objet  de  la  part  du  véné- 
rable doyen  de  notre  Académie,  tout  cela  me  fait  un  devoir  d'expliquer  les 
raisons  d'après  lesquelles  je  me  trouve  en  divergence  d'opinion  avec 
l'illustre  directeur  de  l'Observatoire  de  Gotha. 

»  Si  les  diverses  quantités  qui  ont  été  indiquées  précédemment,  et  dont 
dépendent  les  coefficients  des  inégalités  de  la  lune,  pouvaient  être  connues 


(  955  ) 
exactement  à  priori,  on  peut  bien  penser  qu'il  vaudrait  mieux  introduire  loùt 
de  suite  dans  les  calculs  les  va  leurs  numériques  de  ces  quantités  que  de  les 
conserver  sous  forme  littérale  jusqu'à  la  fin  des  calculs,  pour  ensuite  leur 
attribuer  ces  mêmes  valeurs  numériques.  Mais  il  n'en  est  pas  réellement 
ainsi.  Les  éléments  elliptiques  du  mouvement  de  la  lune  ne  peuvent  èti-e 
déterminés  que  par  la  comparaison  des  formules  qui  donnent  les  coordon- 
nées de  la  lune  avec  les  observations  ;  ces  éléments  auront  <lonc  telles  ou 
telles  valeurs,  suivant  qu'on  regardera  les  coordonnées  de  la  lune  comme 
représentées  par  telles  ou  telles  expressions.  Quand  on  fait  une  nouvelle 
théorie  de  la  lune,  c'est  avec  le  dessein  de  trouver  pour  ces  coordonnées 
des  expressions  plus  exactes  que  celles  qui  ont  été  antérieurement  détermi- 
nées, soit  qu'on  parvienne  à  la  connaissance  d'inégalités  inconnues  jusque- 
là,  soit  qu'on  corrige  seulement  les  valeiu's  inexactes  des  coefficients  de 
quelques-unes  des  inégalités  connues  ;  sans  cela  les  recherches  dont  on 
s'occupe  seraient  sans  objet.  Dès  lors  on  ne  peut  pas  admettre  à  priori  que 
l'on  connaisse  exactement  les  valeurs  des  éléments  de  la  lune,  puisque  ces 
valeurs  dépendent  jusqu'à  un  certain  point  de  ce  que  l'on  cherche.  Il  est  donc 
beaucoup  plus  naturel  de  laisser  aux  éléments  dont  dépendent  les  coeffi- 
cients des  inégalités  leur  forme  purement  littérale,  pour  ne  leur  attribuer 
des  valeurs  numériques  que  lorsqu'on  aura  pu  déterminer  ces  valeurs  par  la 
comparaison  des  expressions  obtenues  pour  les  coordonnées  avec  les  obser- 
vations. Cette  manière  d'agir  est  beaucoup  plus  satisfaisante  pour  l'esprit 
et  conduit  évidemment  à  une  solution  plus  complète  de  la  question. 

1»  Pour  opérer  comme  l'ont  fait  MM.  Damoiseau  et  Hansen,  c'est-à-dire 
pour  employer  immédiatement  les  valeurs  numériques  des  éléments  de  la 
lune  dans  le  calcul  des  inégalités  de  son  mouvement,  il  faut  supposer  que 
les  valeurs  qu'on  attribue  provisoirement  à  ces  éléments  ne  seront  que  très- 
peu  modifiées  par  la  comparaison  ultérieure  des  coordonnées  de  la  lune 
avec  les  observations,  et  se  réserver  d'ailleurs  la  possibilité  d'apporter  aux 
coefficients  des  principales  inégalités  les  corrections  que  pourraient  néces- 
siter les  différences  entre  les  valeurs  définitives  des  éléments  et  leurs  valeurs 
provisoires  employées  dans  les  calculs. 

»  Ces  considérations  suffisent,  je  crois,  pour  qu'on  n'ait  pas  à  hésiter  à 
accorder  la  préférence  aux  développements  analytiques  sur  les  calculs  nu*- 
mériques,  dans  la  détermination  des  coefficients  des  inégalités  de  la  lune  ; 
à  moins  toutefois  qu'indépendamment  de  ce  qui  vient  d'être  dit,  on 
n'ait  des  motifs  graves  pour  faire  le  contraire.  Ce  sont  des  motifs  de  ce 
genre  que  M.  Hansen  met  en  avant  dans  son  ouvrage,  et  d'après  lesquels  il 


(  956  ) 
adopte  la  recherche  des  inégalités  sous  forme  numérique.  Ces  motifs  sont  de 
deux  sortes  :  d'une  part,  M.  Hansen  considère  la  détermination  des  coeffi- 
cients des  inégalités  sous  la  forme  analytique  comme  presque  inabordable 
par  la  longueur  des  calculs  qu'elle  entraînerait  pour  aller  jusqu'à  un  degré 
d'approximation  suffisant  ;  d'une  autre  part,  il  attaque  vivement  les  déve- 
loppements en  séries  comme  pouvant  souvent  induire  en  erreur  sur  le 
degré  d'approximation  qu'ils  fournissent,  et  comme  ne  pouvant  jamais 
donner  avec  certitude  des  valeurs  suffisamment  exactes  pour  les  inégalités 
que  l'on  cherche. 

»  Il  est  bien  vrai  que  le  développement  des  inégalités  sous  forme  ana- 
lytique demande  plus  de  temps  que  leur  détermination  sous  forme  numé- 
rique. Mais  la  différence  ne  m'a  pas  paru  tellement  grande,  qu'il  fallût  abso- 
lument renoncer  au  premier  mode  de  calcul  pour  se  rabattre  sur  le  second 
mode,  et  je  n'ai  pas  pu  partager  l'opinion  de  M.  Hansen  quand  il  défiait, 
pour  ainsi  dire,  MM.  Lubbock  et  Poisson,  qui  donnaient  la  préférence  aux 
développements  analytiques,  de  faire  exécuter  complètement  le  calcul  des 
inégalités  lunaires  par  leurs  méthodes  respectives  (i).  D'ailleurs  l'expérience 
m'a  prouvé  que  je  ne  m'étais  pas  trompé  sous  ce  rapport.  J'ai  effectué  le 
calcul  des  inégalités  sous  forme  analytique,  en  poussant  les  approximations 
au  moins  aussi  loin  que  M.  Hansen  ;  et  le  temps  total  que  j'y  ai  réellement 
consacré,  et  que  je  puis  évaluer  à  environ  six  années ,  ne  me  paraît  pas  être 
considérablement  plus  long  que  celui  qu'il  a  dîi  employer  lui-même  pour 
obtenir  ses  expressions  numériques  des  inégalités  de  la  lune. 

»  Le  second  reproche  adressé  par  M.  Hansen  au  développement  des 
coefficients  des  inégalités  sous  forme  de  séries  est  plus  grave  que  le  pre- 
mier; et  si  ce  reproche  avait  quelque  fondement,  on  serait  obligé  d'admettre 
que  le  calcul  direct  des  coefficients  sous  forme  numérique  est  le  seul  dans 
lequel  on  puisse  avoir  confiance.  Mais  heureusement  il  n'en  est  rien. 
M.  Hansen  dit  que  le  développement  des  coefficients  des  inégalités  en  séries 
de  termes  rangés  par  ordre  de  petitesse  d'après  le  nombre  des  facteurs  lit- 
téraux qui  entrent  dans  chacun  d'eux  ne  peut  qu'induire  en  erreur  (2);  et 


(1)  Ut  opéra  et  labor,  queni  lise  methodi  (il  s'agit  des  méthodes  de  MM.  Lubbock  et  Pois- 
son) requirant,  recte  iadicaii  possit,  nihilestquod  raalim,  quain  ut  hi  georaetrae  integram 
perturbationum  lunae  computationem  secundum  méthodes  propositas  confici  curent  (Funda- 
menta  nova,  etc.,  préface,  page  S). 

(2)  Evoluiio  eniro    ut  diciiur  an.ilytica   semper    dubia    et  fallax  est [Fundamenta 

nova,  etc.,  page  219). 


(  9^7  ) 
qu'en  effectuant  ce  développement  [avec  le  plus  grand  soin  et  la  plus 
grande  habileté,  on  n'est  jamais  certain  d'avoir  pris  tous  les  termes  dont  la 
valeur  n'est  pas  négligeable  (i).  Il  en  donne  comme  exemple  le  coefficient 
trouvé  par  M.  Plana  pour  l'inégalité  de  la  longitude  dont  l'argument  est  le 
double  de  la  distance  du  périgée  de  la  lune  à  son  nœud.  Ce  coefficient  est 

/i  l35       \     2     2 

e  désigne  l'excentricité  de  l'orbite  de  la  lune,  y  la  tangente  de  son  inclinai- 
son sur  l'écliptique,  et  m  le  rapport  des  moyens  mouvements  du  soleil  et 
de  la  lune.  La  quantité  qui  multiplie  e^  -y*  dans  ce  coefficient  est  une  fonc- 
tion de  m  que  M.  Plana  a  supposée  développée  en  une  série  ordonnée  sui- 
vant les  puissances  croissantes  de  m,  et  dont  il  a  conservé  les  deux  premiers 
termes  seulement.  Or,  malgré  la  petitesse  de  m,  qui  est  à  peu  près  égal  à  -~^,  le 
second  de  ces  deux  termes  est  plus  grand  que  le  premier.  Peut-on  raisonna- 
blement, d'après  cela,  croire  que  la  série  dont  il  s'agit  soit  convergente  à  ce 
point  de  pouvoir  être  remplacée  par  ses  deux  premiers  termes,  avec  une 
exactitude  suffisante?  N'y  a-t-il  pas  lieu  de  craindre  au  contraire  que  cette 
série  soit  divergente,  ou  bien  au  moins  que  quelques-uns  des  termes 
qui  suivent  les  deux  premiers  ne  soit  aussi  considérable  que  cfiacun  de 
ceux-ci?  L'objection  est  spécieuse;  mais  il  ne  me  sera  pas  difficile  d'y 
répondre. 

»  Si ,  en  calculant  numériquement  le  coefficient  de  l'inégalité  dont  il 
s'agit,  on  obtenait  ce  coefficient  tout  d'un  coup,  par  un  seul  calcul,  on 
pourrait  dire  qu'on  l'obtient  plus  exactement  que  M.  Plana  qui  développe 
ce  coefficient  en  série  et  ne  garde  que  les  deux  premiers  termes  du  déve- 
loppement. Mais  ce  n'est  pas  ainsi  que  les  choses  se  passent.  On  est  obligé 
de  s'y  reprendre  à  trois  fois  différentes  pour  calculer  le  coefficient  dont  il 
s'agit  au  même  degré  d'approximation  que  M.  Plana.  Une  portion  de  ce  . 
coefficient  se  trouve  déjà  dans  la  valeur  elliptique  de  la  longitude  de  la 
lune;  une  seconde  portion  est  fournie  par  la  première  des  approximations 
successives  qu'on  effectue,  celle  qui  donne  les  inégalités  du  premier  ordre 
par  rapport  à  la  force  perturbatrice  ;  enfin  une  troisième  portion  du  même 
coefficient  résulte  de  la  seconde  approximation,  celle  qui  donne  les  iné- 

(i)  ....  in  evolutione  tali,  etiarasi  summa  cura  industriaque  maxima  instituta  sit,  ter- 
minos  omnes,  qui  vim  habeant,  receptos  esse,  quis  pro  certo  affirmare  potest?  [Fundamenta 
nom,  etc.,  préface,  page  9.  )  ^000,0  -H        ,    '      o 


(958) 
galités  du  second  ordre  par  rapport  à  cette  force  (i).  Calculer  ce  même 
coefficient  à  trois  reprises  différentes,  pour  en  obtenir  une  valeur  de  plus 
en  plus  approchée,  n'est-ce  pas  exactement  la  même  chose  que  le  supposer 
développé  en  série,  et  déterminer  successivement  chacun  des  trois  premiers 
termes  de  la  série,  pour  prendre  la  somme  de  ces  trois  termes  au  lieu  de  la 
valeur  totale  de  la  série?  Or  il  arrive  que  ces  trois  premiers  termes  com- 
parés entre  eux  indiquent  encore  moins  de  convergence,  s'il  est  possible, 
pour  la  série  à  laquelle  ils  appartiennent,  que  les  deux  termes  qui  entrent 
dans  la  formule  de  M.  Plana.  La  critique  dirigée  par  M.  Hansen  contre  la 
forme  adoptée  par  M.  Plana  pour  ses  coefficients  retombe  donc  complète- 
ment sur  la  manière  dont  lui-même  a  effectué  le  calcul  des  inégalités 
lunaires. 

»  Ce  peu  de  convergence,  ou  bien  mêtne,  si  l'on  veut,  cette  divergence 
apparente  qui  se  présente  dans  le  développement  analytique  des  coefficients 
des  inégalités  lunaires,  tient  à  une  circonstance  particulière  que  je  puis 
facilement  indiquer  et  qui  doit  rendre  à  ce  genre  de  développement  toute 
la  faveur  que  les  critiques  de  M.  Hansen  tendraient  à  lui  ôter.  Chacun  des 
coefficients  dont  il  s'agit  est  la  somme  de  plusieurs  parties  fournies  par  les 
approximations  successives  auxquelles  on  est  obligé  d'avoir  recours.  Chaque 
partie  peut  être  développée  en  une  série  suffisamment  convergente  pour 
qu'on  n'ait  rien  à  craindre  en  la  réduisant  à  quelques-uns  de  ses  premiers 
termes  ;  mais  ces  diverses  séries,  en  s'ajoutant  les  unes  aux  autres  peuvent 
donner  lieu  à  des  apparences  de  divergence  telles  que  celle  que  M.  Hansen 


(  I  )  Partie  qui  se  trouve  dans  la  valeur  elliptique  de  la  longitude  de 

3 
la  lune 


6 


5       375 
Partie  qui  est  du  premier  ordre  par  rapport  à  la  force  perturbatrice . .         H — ^ ^  m 

045 
Partie  qui  est  du  second  ordre  par  rapport  à  cette  force -H  ^i^  m 

^         .         .       ,     .      ,                                                                                i       285 
Ces  trois  parties  reunies  donnent "^  5  "' ft  "' 

.  ,   i5  . 

La  quantité  — 5  m  qu'il  faut  retrancher  de  là  pour  avoir  le  coefficient  de  M.  Plana,  est 

d'un  ordre  supérieur  au  second,  par  rapport  à  la  force  perturbatrice. 

En  remplaçant  m  par  — ^  j  on  trouve  que  ces  trois  parties  ont  respectivement  pour  valeurs 

—  0,187,         -t-0,200,         -t-0,284- 


(  9^9  ) 
a  signalée.  Il  peut  arriver,  par  exemple,  que  deux  séries  que  l'on  ajoute 
commencent  par  des  termes  du  même  ordre  de  grandeur;  que  les  premiers 
termes  de  chacune  d'elles  soient  presque  égaux  entre  eux  et  de  signes  diffé- 
rents, et  que  les  seconds  termes  au  contraire  soient  de  même  signe  :  le 
premier  terme  de  la  série  résultant  de  l'addition  des  deux  précédentes 
pourra  être  plus  petit  que  le  second,  quoique  celui-ci  soit  analytiquement 
d'un  ordre  de  petitesse  plus  élevé  que  le  premier.  Il  peut  arriver  encore  que 
l'on  ajoute  deux  séries,  dont  l'une  ait  des  coefficients  numériques  assez 
petits,  tandis  que  l'autre  a  des  coefficients  beaucoup  plus  grands;  si  le 
premier  terme  de  la  deuxième  série  doit  par  son  ordre  analytique  se  réduire 
avec  le  second  terme  de  la  première  série,  il  s'ensuivra  encore  que  le 
second  terme  de  la  série  résultante  pourra  être  plus  grand  que  son  premier 
terme.  Ces  deux  circonstances  se  trouvent  à  peu  prés  réunies  dans  le  cas  du 
coefficient  que  M.  Hansen  a  pris  pour  exemple.  Si  M.  Plana  s'est  contenté 
des  deux  premiers  termes  dans  le  développement  de  ce  coefficient,  c'est 
que  bien  certainement  il  a  jugé  qu'il  pouvait  s'en  tenir  là,  et  ne  pas  aller 
pour  ce  coefficient  jusqu'aux  termes  du  sixième  ou  du  septième  ordre 
comme  il  l'a  fait  dans  d'autres  cas. 

»  Le  défaut  de  convergence  dans  les  premiers  termes  des  coefficients  de 
quelques  inégalités  dévelop^iées  en  séries,  qui  est  seulement  masqué  et  qui 
n'en  existe  pas  moins  dans  la  détermination  de  ces  coefficients  sous  forme 
numérique,  paraît  inévitable  et  doit  être  attribué  à  la  nature  même  de  la 
question.  Dans  l'exemple  pris  par  M.  Hansen,  cela  tient  surtout  à  l'influence 
d'un  terme  remarquable  de  la  fonction  perturbatrice,  terme  dont  l'argument 
est  le  double  de  la  distance  du  soleil  au  périgée  de  la  lune.  Ce  terme  est  pré- 
cisément celui  qui  fait  que  la  première  approximation  n'avait  donné  à  Clai 
raut  que  la  moitié  du  mouvement  du  périgée  lunaire.  C'est  encore  à  ce 
terme  qu'est  due  principalement  l'inégalité  connue  sous  le  nom  d'évection, 
inégalité  que  Newton  n'avait  pas  pu  expliquer  par  l'action  perturbatrice  du 
soleil,  quoiqu'elle  fût  la  plus  considérable  de  celles  qui  sont  dues  à  cette 
action. 

»  D'après  les  explications  dans  lesquelles  je  viens  d'entrer,  les  motifs 
mis  en  avant  par  M.  Hansen  pour  rejeter  la  détermination  des  coefficients 
des  inégalités  lunaires  sous  forme  de  développements  analytiques,  me  pa- 
raissent ne  devoir  pas  être  admis.  Loin  de  moi  la  pensée  d'avoir  voulu 
atténuer  en  quoi  que  ce  soit  le  mérite  du  travail  de  M.  Hansen;  son  travail 
est  excellent,  et  contribuera  puissamment  à  l'avancement  de  la  science.  Ou 
peut  caractériser  la  marche  qu'il  a  suivie  en  disant  que  c'est  celle  qui  paraît 

C.    R.,  i858,  1"  Sem«(;T.  (T.  XLVI,  N"  21.)  '^^ 


(gfio)  • 

exiger  le  moins  de  temps  possible  pour  pousser  les  approximations  aussi 
loin  que  le  demandent  les  besoins  de  l'astronomie.  Mon  intention,  en  don- 
nant les  explications  qui  précèdent,  a  été  uniquement  de  me  soustraire  à 
l'avance  au  reproche  qu'on  pourrait  m'adresser  d'avoir  adopté  un  mode  de 
développement  depuis  longtemps  condamné  par  un  savant  aussi  compé- 
tent que  M.  Hansen. 

»  Un  mot  encore  sur  les  avantages  que  présentent  les  développements 
analytiques  des  inégalités  lunaires  sous  la  forme  que  j'ai  choisie  d'après 
M.  Plana.  Les  facteurs  numériques  qui  entrent  dans  les  divers  termes  de 
chacun  de  ces  développements  sont  tous  des  fractions  ordinaires  dont  la 
valeur  s'obtient,  non  pas  avec  approximation,  mais  rigoureusement.  Quelle 
que  soit  la  méthode  que  l'on  emploie  pour  obtenir  les  développements 
dont  il  s'agit,  on  doit  trouver  une  identité  complète,  absolue,  entre  les 
diverses  déterminations  de  chacun  de  ces  facteurs  numériques.  On  com- 
prend tout  l'avantage  qui  en  résulte  pour  la  comparaison  des  valeurs  trou- 
vées par  diverses  personnes  pour  le  coefficient  d'une  même  inégalité.  Les 
différentes  valeurs  obtenues  pour  ce  coefficient  doivent  être  identiquement 
les  mêmes,  terme  à  terme  ;  et,  s'il  y  a  une  différence  pour  l'un  des  termes, 
on  est  bien  plus  facilement  mis  sur  la  voie  de  l'erreur  qu'on  doit  rechercher 
que  si  Ton  n'avait  pu  comparer  que  les  valeurs  numériques  et  approchées 
du  coefficient  tout  entier. 

»  Lorsque  les  termes  des  ordres  les  moins  élevés  dans  les  dévelo|)pements 
des  coefficients  des  inégalités  auront  été  ainsi  complètement  fixés  dans  leurs 
valeurs  rigoureuses,  comme  M.  Lubbock  l'a  déjà  fait  pour  une  partie  des 
termes  obtenus  par  M.  Plana,  on  pourra  s'appuyer  sur  cette  base  parfaite- 
ment stable,  pour  pousser  la  même  exactitude  dans  les  termes  des  ordres 
suivants,  jusqu'à  ce  qu'on  soit  certain  d'avoir  les  valeurs  exactes  de  tous 
ceux  qui  peuvent  avoir  une  influence  appréciable;  et  s'il  ne  suffisait  pas 
de  s'arrêter  aux  termes  du  septième  ordre,  on  pourrait  chercher  les  termes 
des  ordres  plus  élevés  en  appliquant  la  méthode  que  j'ai  suivie  pour  aller 
jusqu'aux  termes  du  septième  ordre.  Les  opérations  successives  et  dis- 
tinctes que  j'ai  eu  à  exécuter  pour  cela  sont  encore  très-loin  de  présenter 
individuellement  un  tel  degré  de  complication,  qu'on  ne  puisse  pas  les 
refaire,  en  s' appuyant  sur  ce  qui  est  déjà  fait,  de  manière  à  pousser 
notablement  plus  loin  les  développements  analytiques  des  inégalités  de 
la  lune.  » 


(  96i  ) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.—  Sur  quelques  ihéorèmes  d'algèbre  et  la  résolution  de 
l'équation  du  quatrième  degré;  par  M.  Hermite. 

»  On  sait  que  toute  équation  y  (a:)  =  o  peut  être  transformée  en  une 
autre  du  même  degré  en  j'  par  la  substitution  j"  =  <p  (^),  où  i^x  désigne  une 
fonction  rationnelle.  Ce  procédé  de  transformation,  qui  est  si  fréquemment 
employé  en  algèbre,  va  nous  servir  pour  ramener  l'équation  générale  du 
quatrième  degré  aux  équations  particulières  qui  ont  été  considérées  dans 
un  précédent  article,  et  dont  j'ai  exprimé  les  racines  au  moyen  des  fonc- 
tions elliptiques.  Mais  en  raison  de  son  importance,  et  notamment  de  son 
application  à  la  résolution  de  l'équation  du  cinquième  degré,  ce  mode  de 
transformation  m'a  paru  demander  une  étude  nouvelle,  et  je  commencerai 
d'abord  par  en  donner  les  résultats. 

»  Soit 

f{x)  —  ax"  -+-  bx"~*  +  . . .  +  gx''  +  hx  +  k  =  o 

l'équation  proposée;  l'expression  la  plus  générale  de  cpx  sera,  comme  on 
le  sait,  une  fonction  entière  du  degré  «  —  i ,  savoir  : 

(p{x)  =  t  +  toX-h  t,X^  -+-  .  .  .  +  t„-iX"- 

Cela  posé,  en  représentant  la  transformée  en  j^  par 

J"  +  P<f~'  +  /'î/""'  +  . . .  +  p„  =  0, 

l'un  quelconque  des  coefficients,  tel  que  />/,  sera  une  fraction  ayant  pour 
dénotninateur  «'""')',  et  pour  numérateur  une  fonction  entière,  homogène, 
de  degré  i  par  rapport  kt,  t^,  t,,. . . ,  t„_^ ,  et  de  degré  {n  —  i)i  par  rapport 
aux  coefficients  a,  b,. .  . ,  h,  k.  Ce  degré  si  élevé  rend  en  quelque  sorte 
impraticable  le  calcul  de  l'équation  en  j-;  aussi  ce  qui  a  été  obtenu  de  plus 
important  par  la  considération  de  cette  transformée,  en  particulier  le  théo- 
rème de  M.  Jerrard  sur  l'équation  du  cinquième  degré,  ne  semble  établi 
qu'à  titre  de  possibilité,  en  raison  de  l'excessive  complication  des  opéra- 
tions nécessaires  pour  parvenir  à  un  résultat  effectif.  Mais  on  peut  surmon- 
ter ces  difficultés  par  la  proposition  suivante. 
»  Soit 

t  =  aT  +  bTo-+-  ...-h  gT„_,-hhT„ 
io  =  «To^-6T,-^...  +  gT„_„ 


n— 1 


'5 


■•n— 2  5 


</i-3  =  «T„_3  -i-bT„ 


laS.. 


(  96«  ) 
>>  Celte  substitution  effectuée  dans  ta  fonction  p^  la  changera  en  une  fonction  P, 
du  même  degré  par  rapport  aux  indéterminées  nouvelles  T,  T^,  T, , . . . ,  T„_2,  mais 
débarrassée  de  tout  dénominateur,  et  du  degré  i  seulement  par  rapport  aux  coeffi- 
cients a,  h,  ...,  h,  k.  Déplus  P„  sera  divisible  par  a  ^  de  sorte  que-  P„  ne  sera 

que  du  degré  n  —  i  par  rapport  à  ces  coefficients. 

»  Cette  proposition,  très-facile  à  établir,  conduit  à  la  véritable  forme  ana- 
lytique qu'il  est  convenable  de  donner  à  la  fonction  ?  (a-),  de  sorte  que  dé- 
sormais la  formule  de  transformation  sera  ainsi  représentée  : 


j=(f{x):=^aT- 


ax 
h 


ax'' 

bx 

c 


T. 


-4  ax"-' 
-4-  hx"-"" 


et  l'équation  transformée  par 


+  P„=  o; 


tous  les  coefficients  étant  des  fonctions  entières  de  ceux  dey  (  j:). 

»  Une  autre  conséquence  résulte  encore  de  l'introduction  des  variables  T, 
To,  T,  ,.">T„_2-  On  sait  de  combien  de  travaux  a  été  l'objet  la  théorie  des  fonc- 
tions homogènes  à  deux  indéterminées,  et  combien  de  notions  analytiques 
importantes  cette  étude  a  données  à  l'algèbre.  Par  exemple,  ces  fonctions 
désignées  sous  le  nom  d'invariants,  en  raison  même  de  la  propriété  qui  leur 
sert  de  définition,  de  se  reproduire  dans  toutes  les  transformées  par  des  sub- 
stitufions  linéaires,  donnent  les  éléments  qui  caractérisent  les  propriétés 
essentielles  des  racines  des  équations  algébriques,  celles  qui  subsistent  dans 
ces  diverses  transformées  (*).  D'autre  part,  la  connaissance  acquise  de  ces 
fonctions,  et  de  celles  qu'on  nomme  covariants,  permet,  dans  beaucoup  de 
circonstances,  d'obtenir  sans  efforts  le  résultat  de  longs  calculs  qui,  sans 
leur  emploi  immédiat,  n'eussent  au  fond  servi  qu'à  les  mettre  en  évidence, 
ou  à  faire  ressortir  dans  une  question  spéciale  l'une  des  propriétés  dont  on 
possède  maintenant  la  signification   la  plus  étendue.  Mais  tant  de  beaux 


(*)  Par  exemple,  les  conditions  qui  déterminent  le  nombre  des  racines  réelles  et  imagi- 
naires dans  les  équations  à  coefficients  réels,  dépendent  uniquement  des  invariants,  sauf  le 
cas  du  quatrième  degré.  J'ai  donné  ces  conditions,  indépendamment  du  théorème  de 
M.  Sturm,  pour  les  équations  du  cinquième  degré,  dans  un  Mémoire  sur  la  théorie  des  fonc- 
tions homogènes  à  deux  indéterminées  [Cambridge  and  Dublin  Muthematical  Journal; 
année  i854.) 


\  ^w 


(  9^3  ) 
résultats,  dont  la  science  est  surtout  redevable  aux  travaux  des  savants  géo- 
mètres anglais  MM.  Cayley  et  Sylvester,  semblent  ne  pouvoir  être  utilisés, 
lorsqu'on    sort  de  la  comparaison    des  équations  par   des   substitutions 
linéaires  de  la  forme 


(') 


X 


y   ,  j>       OU  bien 

7X  4-  S 


X  = 


-P 


a  —  fx 


pour  considérer,  comme  nous  le  faisons  ici,  les  substitutions  les  plus  géné- 
rales. Effectivement,  aucune  combinaison  rationnelle  des  coefficients  p^^ 
Pj,  ...,/>„,  ne  fait  apparaître  les  covariants  de  l'équation  proposée;  mais, 
comme  nous  allons  voir,  il  arrive  que  ces  quantités  se  manifestent,  au  con- 
traire, immédiatement  par  l'introduction  des  variables  T,  To^  T,, ...,  T„_j. 
C'est  ce  qui  résulte  de  la  proposition  suivante. 
»   Soil 

F  (X)  =  (7X  +  «?)"/(^^Y^)  =  ^^"  "^  ^^"~'  +■  •  •+  HX  -I-  R  =  o 

JaAransformée  par  ta  substitution  {i)  de  l'équation  proposée,  et  représentons 
l'expression  analogue  à  (p[x),  mais  relative  à  cette  équation,  par 


$(:?! 

L)  =  AS-h  AX 

Go+AX* 

G.-f-. 

..-4-AX"-' 

-l-B 

+  BX 

+  C 

-1-  BX"-=' 

• 

H 


Gb_o 


on  pourra  immédiatement  obtenir  $,  en  faisant  dans  <p,  en  premier  lieu  : 


(^) 


T,     =(a<?-]Sy)(a  +  |3sf-'(7  +  (?e), 
T.-     =  {aâ  -  py)  (a  -h  i3s)"-='-'  (7  +  c?E)', 


sous  la  condition  qu'après  les  développements  on  remplace  e'  pçr  6,-,  de  ma- 
nière à  parvenir  à  des  expressions  linéaires  en  E,,,  S,,..  .,  G„_2;  en  second 
lieu,  et  pour  ce  qui  concerne  T,  la  valeur  à  substituer  se  déduira  de  la. relation 

«aT+(«-  i)èTo  +  (n-  2)cT,+...+  2gT„^,-h  hT„_^ 
=  «As  -f-  [n  —  i)BEo-I-  («  —  2)Cs,  ^-...-+-  2Ge„_3  +  He„_j. 


(  964  ) 
On  remarquera  la  liaison  qu'établit  cette  proposition  entre  les  deux  groupes 
d'indéterminées  To,  T,,...,  T„_j,  5o,  5<,---,  G„_j,  et  le  rôle  entièrement 
séparé  de  l'indéterminée  T.  Ces  relations  (2),  indépendantes  des  coefficients 
a,  b,...,  g,  h,  représentent  précisément  ce  que  M.  Sylvester  a  nommé  une 
substitution  congrédiente  avec  la  substitution  binaire  : 

et  le  sens  qu'on  doit  attacher  à  cette  expression  se  trouvera  nettement  fixé 
par  cette  proposition  : 

»  Désignons  respectivement  par  S  et  (S)  les  substitutions  (3)  et  (2);  51  l'on 
obtient  S  en  composant  deux  substitutions  analogues  S',  S",  de  sorte  qu'on  ait 

S  =  S'S", 

la  substitution  (S)  sera  de  même  composée  de  deux  autres,  et  si  l'on  représente 
par  (S')  et  (S")  les  substitutions  déduites  de  S'  et  S",  d'après  la  même  loi  que  (S) 
de  S,  on  aura  la  relation 

(s)  =  (s')(n 

De  là  résulte  que  toute  fonction  des  quantités  P,,  I\,...,  P„,  indépendante 
de  T,  par  exemple  toutes  les  fonctions  symétriques  des  différences  des  ra- 
cines j,  seront,  par  rapport  à  T^  T,,...,  T„_2,  des  covariants  de  la  fonction 

homogène  7""/( -)•  Telles  seront  en  particulier  les  quantités 

(H-i)PJ-2«p5,     («-i)(«-2)P?-3«(w-2)P,  Pj+Sn^Pj,  etc., 

qui  jouent  le  principal  rôle  dans  les  recherches  que  j'espère  pouvoir  bientôt 
communiquer  à  l'Académie  sur  la  réduction  de  l'équation  du  cinquième 
degré  à  la  forme  obtenue  par  M.  Jerrard.  Mais,  en  ce  moment,  c'est  aux 
équations  du  quatrième  degré  que  je  vais  appliquer  ces  considérations,  afin 
de  les  réduire  à  la  forme 

(4)  x*  -6Sx^-  8Tx-3S^=o, 

et  par  là  d'en  conclure  les  expressions  de  leurs  racines  au  moyen  des  fonc- 
tions elliptiques.  Je  me  fonderai  à  cet  effet  sur  cette  remarque  que  dans 
cette  équation,  comme  celles  de  la  théorie  des  fonctions  elbptiques  aux- 
quelles elle  a  été  comparée,  savoir  : 

i>*  -h  2  m'  v' 


(965) 


et 


z*  -  6  z^  -  S{i-  2  k')  z  -  3  =  o, 
l'invariant  quadratique  est  nul.  Or  toute  équation  du  quatrième  degré 

Aj:*  + 4Bx' +  6Ca:»+ 4Dx  t1-E=  o, 
où  l'on  suppose  cette  quantité 

I  =  AE  -  4  BD  +  3  C^  =r  o, 

devient,  en  y  remplaçant  x  par  — - — > 

^4._6(B*-  AC)x^-4(A''D-3ABC+  2B»)a?  -  3(B»  -  AC)^  =  o; 

ce  qui  est  bien  la  forme  de  l'équation  (4).  Etant  donc  proposée  l'équation 
générale 

ax*  +  4  ^•3^'  +  6  ex*  -\-  /i  cix  -\-  e  =:  o, 

essayons  de  déterminer  la  substitution 

T. 


j  =  (f  {x)  ^  aT  +  ax 


To+ax* 
+  [\bx 
+  6c 


ax' 
^bx' 
6  ex 
h  cl 


T„ 


de  manière  que  dans  là  transformée  que  nous  écrirons  ainsi 

j*  +  4  P. /' +  6  Pa  7*  +  4  Pajr  +  P4  =  o, 

l'invariant  quadratique  soit  égal  à  zéro.  On  devra  poser 

P,-4P,P, +  3P^  =  o, 

relation  du  quatrième  degré  par  rapport  Tg,  T, ,  Tj  ;  mais  ce  qui  justifie  pré- 
cisément le  mode  de  réduction  que  nous  avons  en  vue,  c'est  qu'elle  se 
décompose  en  deux  facteurs,  de  sorte  qu'en  posant 

|^=rtT^+4cT?  +  eT|4-4^/T,ï,+  2cToTj+4^ToT,, 
\  =.  ae  —  [ibd+  2)C^,     J  =  aee  ■+-  ibcd  —  ad}  —  eb*  —  c% 
on  aura  l'une  ou  l'autre  de  ces  équations  du  second  degré  seulement 


^l3_27JM(ToT,-ïî) 


\^+  Uz--^^slV-  27  A  (ToT,  -  T^  =  o. 


(  966  ) 
»  On  pourra  donc,  et  d'une  infinité  de  manières,  en  s'adjoignant  dé 
simples  racines  carrées,  déterminer  une  substitution  qui  ramène  toute 
équation  de  quatrième  degré  à  l'équation  (4),  dont  les  racines  ont  été  expri- 
mées par  les  fonctions  elliptiques.  Et  on  remarquera  que  f  est  bien  un  cova- 
riant  de  la  forme 

y=  ax"  -+-  4  bx^j-'t-  6  cx^y^  -+-  l\dxj^  ■+-  ej\ 

car  cette  quantité  peut  s'obtenir  en  remplaçant  dans  l'expression 

a:*,  xy,  y^  d'une  part,  |*,  %-f\,r!^  de  l'autre,  respectivement  par  To,  T,,  T^, 
d'ailleurs  I  et  J  sont  les  deux  invariants  et  I"  —  27  J^  le  discriminant. 

»  Mais  il  est  une  autre  équation  que  présente  la  théorie  de  la  transforma- 
tion du  troisième  ordre  et  à  laquelle  on  pourrait,  par  une  substitution 

de  la  forme  y=^ -.-,   ramener  également  toute  équation  du  quatrième 

degré.  Soit,  en  général,  pour  un  ordre  quelconque  /z, 

en  partant  des  expressions  données  dans  les  Fundamenta  pourX  et  X'  et 
d'où  on  tire 

■yj^ y,„  sincoamaM.sincoam  ^m,.  .  .,sincoani(n  —  i)  w 

Aam  2w.  Aam4«,  ■  •  . ,  Aam  («  —  i)u 

le  p.  Joubert  a  fait  la  remarque  importante  que  les  fonctions  rationnelles 
symétriques  des  diverses  valeurs  de  V  qui  correspondent  à  toutes  les  dé- 
terminations de  oj,  ne  dépendent  que  du  produit  du  module  par  son  com- 
plément, de  sorte  qu'il  existe  entre  V  et  U  une  équation  de  degré  n  -h  i, 
analogue  pour  plusieurs  propriétés  essentielles  (*)  à  l'équation  modulaire 
entre  v  et  u.  Par  exemple,  pour  «  =  3,  n  =  5,  h  =  7,  le  calcul  effectué  par 
le  P.  Joubert  donne  les  relations 

V*  -  4  U'  V  H-  a  UV  +  U*  =r  o, 

V-  i6U»Y»-f-  i5U''V*+  i5U*V='+4UV  +  U''  =  o, 
V«-64UW  +  7.48U'V''-7.96U^V*^7.94U*V* 
-7.48U'V'+7.i2U'V«-8UV+U''  =  o. 

(*)  Ces  propriétés  seront  l'objet  d'un  prochain  article. 


(  967  ) 

c'est  la  première  qui  pourrait  servira  l'objet  que  nous  indiquons;  mais  je 
me  bornerai,  en  terminant  cette  Note,  à  montrer  qu'elle  donne  un  nouvel 
exemple  de  ce  rapprochement  que  j'ai  essayé  de  faire  ressortir,  entre  la 
théorie  de  la  transformation  pour  le  troisième  ordre  et  celle  des  formes 
cubiques  à  trois  indéterminées.  Effectivement,  le  paramètre  /  qui  figure 
dans  la  transformée  canonique 

X*  +  J-'  4-  z'  +  6  Ixyz, 
dépend  des  invariants  S  et  T,  ou  plutôt  de  S  et  S,  par  l'équation 


8/'-t-i       4  s, 

»  Or  il  suffit,  en  introduisant  une  seule  indéterminée,  de  poser  1  =  pY 
pour  la  ramener  à  la  relation  entre  V  et  U.  De  là  résulte  qu'en  prenant  pour 
module 


et  posant,  pour  abréger, 


9  =  |(/nK.  +  m'JR'), 


3  '10')  c'-!  •  .M 

on  a  ces  expressions  des  trois  quantités  â,  A  et  Z,  savoir  : 

^     -    sin^amy         ^_-i    -g  i  +  cos'amy        ._       S      Aamy 
V^sin'coaniç'  2  V^     sin'amç     '  S,  sincoam(f' 

Dans  ces  formules  m  et  m'  peuvent  être  pris  égaux  à  deux  nombres  entiers 
quelconques,  pourvu  qu'on  ne  les  suppose  pas  en  même  temps  nuls  ou 
divisibles  par  3.   » 

RAPPORTS. 

MÉCANIQUE  APPLiqvÊÊ.'—'lflapport  sur  un  modèle  de  machine  à  tailler  les  verres 
optiques  suivant  des  courbures  quelconques;  par  M.  Straus-Durckheim. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Séguier,  Babinet  rapporteur.) 

>1  vî/. 

«  L'Académie  nous  a  chargés,  M.  Pouillet,  M.  Séguier  et  moi,  de  lui 
faire  connaître  une  machine  à  tailler  les  verres  d'optique  suivant  une 
courbure  quelconque.  Le  modèle  que  nous  avons  sous  les  yeux,  et  qui 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.XLVI,  N»  SI.)  1  ^" 


(  968  ) 
serait,  sous  cette  dimension  (4o  centimètres),  approprié  au  travail  des 
lentilles  de  microscope,  a  pour  principale  pièce  un  levier  fixé  par  un 
bout  et  guidé  à  l'autre  par  un  arc  de  la  courbe  que  l'on  veut  donner  au 
verre.  Ce  mécanisme  a  beaucoup  d'analogie  avec  celui  du  tour  à  portraits  ; 
de  plus,  la  réduction  du  grand  au  petit  diminue  proportionnellement  les 
défauts  de  construction  que  pourrait  avoir  la  courbe  directrice.  Tandis 
que  le  burin,  guidé  par  le  levier,  ne  fait  que  des  excursions  transversales 
dans  un  plan  vertical,  le  verre,  taillé  par  le  burin,  tourne  horizontalement 
sur  lui-même  avec  rapidité  et  prend  la  figure  d'un  solide  de  révolution  ayant 
pour  méridien  une  courbe  semblable  à  celle  qui  sert  de  guide  au  levier  fixé 
par  un  bout.  Un  mécanisme  spécial  rend  le  plan  qui  contient  la  pointe  du 
burin  et  l'axe  du  levier  toujours  normal  à  la  courbe  directrice,  et  le  burin 
reste  aussi  toujours  normal  à  la  surface  qu'il  engendre.  .tBVn- 
ufOUi  Le  modèle  ne  pouvant  fonctionner  lui-même,  la  Commission  se  borne 
à  déclarer  qu'elle  ne  voit  rien  qui  s'oppose  au  succès  de  l'instrument  une 
fois  construit  avec  soin.  C'était  aussi  l'opinion  de  M.  Arago.  M.  Straus  pense 
qu'une  disposition  analogue  permettrait  de  tailler  des  verres  detrès-giandes 
dimensions  pour  objectifs  astronomiques  et  photographiques.  Dans  l'étal  de 
la  question,  votre  Commission  se  borne  à  inviter  l'Académie  à  remercier 
M.  Straus  de  sa  communication  et  à  l'engager  à  s'occuper  de  la  construc-_ 
tion  définitive  de  l'instrument  dont  il  lui  a  soumis  le  modèle.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Minéralogie  et  Géologie. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  46, 

M.  Sedgwick  obtient 3q  suffrages,  ,^ 

M.  Boue ,.*.«!.         â 

M.  Lyell ^ }.         3  - 

M.  le  professeur  Sedgwick,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  déclaré  Correspondant  de  l'Académie-.^'  'i«'f<'fl'>  •■  '^"<^' 
>fiij  îfic/iua  supoqo  b  amT 


(  969  ) 

i\l£M01R£S  LUS, 

PHYSJQUE.  —  Recherches  sur  divers  effets  lumineux  qui  résultent  de  l'action  de 
la  lumière  sur  les  corps  (deuxième  Mémoire);  par  M.  Edmond  Becquerel. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babiiiet.) 

«  Le  travail  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  16  no- 
vembre dernier  m'a  permis  d'établir  nettement  que  l'arrangement  molé- 
culaire, et  non  pas  la  composition  chimique  seule,  faisait  varier  les  phéno- 
mènes lumineux  que  présentent  certains  corps  après  l'action  préalable  de 
là  lumière,  et  qui  ont  reçu  le  nom  de  phénomènes  de  phosphorescence  ;  j'ai 
montré  également  qu'en  employant  les  sulfures  alcalino-terreux  il  était  pos- 
sible, avec  un  même  corps,  d'obtenir  une  émission  de  lumière  de  telle  ou 
telle  teinte,  et  cela  suivant  la  température  à  laquelle  ces  corps  avaient  été 
soumis  préalablement,  et  suivant  les  conditions  dans  lesquelles  se  trouvent 
les  combinaisons  qui,  par  leur  réaction,  donnent  lieu  aux  substances  dont 
on  étudie  la  phophorescence. 

i>  On  peut  ajouter  un  nouvel  exemple  à  ceux  que  j'avais  déjà  donnés,  et 
qui  montrent  que  les  effets  tiennent  à  un  arrangement  moléculaire  autre 
que  celui  duquel  dépend  la  cristallisation  :  le  spath  d'Islande  et  l'arragonite, 
bien  que  de  même  composition,  n'offrent  pas  les  mêmes  effets  :  le  premier 
n'est  pas,  en  général,  lumineux  dans  les  conditions  ordinaires,  mais,  en  se 
servant  du  procédé  qui  sera  indiqué  plus  loin,  on  trouve  qu'il  émet  des 
rayons  rouge  orangé  ;  l'arragonite,  au  contraire,  est  assez  vivement  lumi- 
neuse après  l'action  solaire  et  donne  une  émission  de  rayons  verts.  Or,  si  l'on 
élève  la  température  de  l'arragonite,  bien  qu'elle  se  brise  et  qu'on  admette 
qu'elle  se  transforme  en  petits  cristaux  spathiques,  la  matière  conserve  la 
faculté  d'être  phosphorescente  à  peu  près  de  la  même  teinte  comme  avant 
toute  élévation  de  température  et  ne  donne  pas  de  lumière  rouge  orangé 
comme  le  spath  d'Islande.  Bien  plus,  il  résulte  des  recherches  que  je  fais 
actuellement,  que  l'état  particulier  présenté  par  ces  substances  se  retrouve 
dans  des  combinaisons  que  l'on  obtient  directement  avec  elles,  et  notam- 
ment dans  les  sulfures;  ces  derniers,  dans  certaines  circonstances,  émettent 
des  rayons  dont  la  nuance  est  analogue  à  celles  que  dgnnent  les  carbonates 
cités  plus  haut. 

»  Certains  calcaires  concrétionnés  se  comportent  comme  l'arragonite* 

126.. 


(  97°  ) 
Je  calcaire  spathique  donne,  au  contraire,  les  mêmes  effets  que  le  spath  d'Is- 
lande. Des  précipités  de  carbonate  de  chaux  présentent  des  nuances 
très-diverses  après  leur  transformation  en  sulfures,  et  cela  suivant  l'état 
moléculaire  des  substances  salines,  et  surtout  de  la  combinaison  de  chaux 
qui  sert  à  obtenir  la  précipitation  du  carbonate. 

))  Je  me  borne  à  citer  dans  cet  extrait  les  résultats  obtenus  avec  le  carbo- 
nate de  chaux;  ils  viennent  à  l'appui  de  ceux  que  j'ai  déjà  signalés  dans  le 
premier  Mémoire,  et  relatifs  à  d'autres  substances,  notamment  les  carbo- 
nates de  baryte  et  de  strontiane,  et  montrent  que  dans  certaines  circon- 
stances, la  cause  d'où  dépend  le  pouvoir  que  possèdent  certains  corps  de 
donner  une  émission  de  lumière  de  telle  ou  telle  couleur  n'est  pas  détruite 
dans  quelques-unes  de  leurs  combinaisons.  Il  se  produit  donc  ici  des  effets 
du  même  ordre  que  ceux  qui  se  manifestent  dans  les  phénomènes  de  pola- 
risation circulaire  présentés  par  quelques  substances,  et  également  dans 
la  saturation  de  certains  acides  par  les  bases  ;  il  résulte  en  effet  des  tra- 
vaux de  M.  Chevreul  que  l'acide  picrique,  par  exemple,  perd  son  aci- 
dité quand  on  le  sature  par  la  potasse,  mais  conserve  sa  saveur  amère. 

•>  Dans  le  premier  Mémoire  j'ai  dit  que  le  phénomène  de  phospho- 
rescence était  probablement  plus  général  qu'on  ne  le  pense,  et  que  si  l'on 
pouvait  examiner  les  corps  très-peu  d'instants  après  l'action  lumineuse,  on 
trouverait  peut-être  que  sur  un  certain  nombre  d'entre  eux  cette  action  ne 
cesse  pas  aussitôt  qu'ils  ne  sont  plus  soumis  à  l'influence  de  la  lumière.  J'ai 
pu  démontrer  cette  proposition,  non  pas  en  examinant  les  corps  qui  ont  été 
exposés  à  la  lumière,  puis  rentrés  dans  l'obscurité,  mais  en  faisant  usage 
d'un  appareil  qu'on  peut  appeler  phosphoroscope,  et  dans  lequel  les  corps 
restant  fixes  sont  vus  par  l'observateur,  après  l'action  de  la  lumière,  de  fa- 
çon que  le  temps  qui  sépare  le  moment  de  l'observation  de  celui  de  l'action 
lumineuse  soit  rendu  aussi  petit  que  l'on  voudra  et  puisse  être  mesuré. 

»  Voici  quels  sont  les  principaux  phénomènes  que  j'ai  observés  avec  le 
premier  appareil  construit,  et  qui  m'a  permis  d'étudier  l'effet  produit  sur 
les  corps  jusqu'à  -5-5^0  ^^  seconde  après  l'action  lumineuse  : 

»  Si  l'on  place  dans  le  phosphoroscope  un  corps  phosphorescent  quelcon- 
que, on  le  voit  continuellement  lumineux,  et  cela  pour  la  moindre  vitesse  de 
rotation  du  disque  de  l'appareil,  et  l'effet  n'augmente  pas  d'intensité  en  fai- 
sant tourner  ce  disque  plus  rapidement.  Mais  avec  certains  corps  qui,  par 
les  procédés  ordinaires,  après  l'insolation,  étant  rentrés  rapidement  dans 
l'obscurité,  ne  paraissent  pas  en  général  lumineux,  on  peut  cependant  avoir 
une  émission  de  lumière.  Ainsi  le  spath  d'Islande,  la  leucophane,  la  dolo- 
..'Xri 


(  970 
mie  grenue  du  Saint-Gothard,  donnent  une  lumière  rouge  orangé  dont  l'in- 
tensité n'augmente  pas  au  delà  d'une  certaine  rapidité  de  rotation  du  disque 
relativement  assez  petite.  Lé  marbre  blanc  agit  de  la  même  manière 
presque  beaucoup  plus  faiblement;  le  tungstate  de  chaux  donne  une 
lumière  bleuâtre.  Dans  ces  conditions,  ces  différents  corps  offrent  une 
phosphorescence,  ou,  si  l'on  veut,  une  persistance  dans  l'impression  exercée 
sur  eux  par  la  lumière,  et  qui  n'est  pas  appréciable  au  delà  de  j  de  seconde. 

»  Plusieurs  des  échantillons  de  substances  que  l'on  vient  de  citer,  entre 
autres  le  spath  calcaire  translucide  et  la  dolomie  grenue,  donnent  lieu  à 
des  effets  tout  particuliers  :  étant  exposés  à  la  lumière,  puis  rentrés  dans 
l'obscurité,  ils  sont  phosphorescents  et  émettent  une  lumière  verdâtre  fai- 
ble pendant  plusieurs  secondes;  dans  le  phosphoroscope  ils  prennent  au 
contraire  la  teinte  orangée  dont  on  a  parlé,  teinte  qui  est  beaucoup  plus 
vive  que  la  teinte  verte,  mais  qui  n'est  due  qu'à  une  persistance  dans  une 
impression  produite  par  la  lumière,  et  qui  ne  dure  pas  au  delà  de  j  de  se- 
conde. Ces  deux  effets  distincts  ne  paraissent  pas  provenir  d'un  mélange  de 
substances,  mais  de  deux  actions  différentes  exercées  sur  une  même  ma- 
tière; ils  montrent  que  des  vitrations  lumineuses  dont  les  vitesses  ne  sont 
pas  les  mêmes  peuvent  se  conserver  dans  le  même  corps  pendant  des  temps 
différents. 

»  Si,  dans  l'appareil,  ou  substitue  aux  substances  précédentes  diverses 
^pèces  de  verre,  il  est  très-remarquable  de  voir  que  pour  une  certaine 
vitesse  de  rotation  du  disque,  ces  silicates  s'illuminent  et  se  comportent 
comme  des  corps  lumineux  par  eux-mêmes;  le  flint,  le  cristal  à  base  de 
plomb,  offrent  de  belles  teintes  verdâtres  ;  il  en  est  de  même  de  la  porcelaine 
vernie.  L'effet  commence  à  devenir  très-appréciable  quand  l'observateur 
peut  voir  les  fragments  de  verre  ^ de  seconde  après  l'action  lumineuse;  il 
paraît  être  à  son  maximum  quand  ce  temps  n'est  que  de-j-jnrôde  seconde. 

»  Mais  les  corps  qui  offrent  les  effets  les  plus  brillants  sont  les  composés 
d'uranium,  tels  que  le  verre  d'urane,  et  les  cristaux  de  nitrate  de  ce  métal. 
Ces  derniers  commencent  à  devenir  visibles  dans  le  phosphoroscope,  avec 
une  teinte  verte  très-vive,  quand  l'observateur  peut  les  voir  3  à  4  centièmes 
de  seconde  après  l'action  lumineuse;  ils  offrent  le  maximum  de  lumière 
quand  ce  temps  n'est  que  de  3  à  4  millièmes  de  seconde.  Quant  à  la  disso- 
lution aqueuse  de  nitrate  d'urane,  elle  n'offre  aucun  effet  sensible.  Le  spath 
fluor  du  Derbyshire  devient  lumineux  dans  l'appareil,  mais  faiblement;  il 
donne  le  maximum  d'effet  dans  les  mêmes  conditions  que  le  verre  d'urane. 

»  Il  est  très-remarqnable  de  voir  que  plusieurs  des  matières  nommées  sub- 


(  972  ) 
stances  fluorescentes,  surtout  les  verres,  le  flint,  les  composés  d'uranium 
présentent  dans  ]e  phosplioroscope  les  mêmes  apparences  que  dans  les  rayons 
de  l'extrême  violet  du  spectre.  Ce  résultat  vient  à  l'appui  de  l'explication  que 
j'avais  donnée  dès  i843  (i)  de  certains  phénomènes  de  fluorescence,  en  les 
rapportant  à  une  phosphorescence  immédiate.  Aujourd'hui,  j'indique  le 
temps  pendant  lequel  l'impression  de  la  lumière  se  conserve  d'une  manière 
appréciable. 

»  Pour  que  cette  explication  fût  complète,  il  faudrait  qu'avec  tous  les 
corps  fluorescents,  surtout  avec  les  composés  organiques,  tels  que  le  bisul- 
fate de  quinine,  la  dissolution  de  chlorophylle,  etc ,  on  eût  les  mêmes 

effets;  mais  avec  les  appareils  précédents  je  n'ai  pu  obtenir  une  émission 
lumineuse  semblable  à  celle  que  l'on  observe  dans  les  rayons  ultra-violets. 
Une  surface  imprégnée  de  bisulfate  de  quinine,  puis  desséchée,  est  bien 
lumineuse,  mais  avec  une  lumière  jaunâtre,  qui  dure  plusieurs  secondes  et 
qui  est  différente  de  la  lumière  bleue  obtenue  dans  les  rayons  les  plus  ré- 
frangibles  ;  quand  cette  surface  est  humide,  tout  effet  cesse.  Plusieurs  échan- 
tillons de  diamants  que  j'ai  pu  étudier  ont  offert  les  mêmes  effets  que  le 
bisulfate  de  quinine;  ceux  qui  étaient  fluorescents  émettaient  par  fluores- 
cence des  rayons  d'une  teinte  bleuâtre,  mais  présentaient  une  phosphores- 
cence jaunâtre  peu  intense  et  persistante.  Cette  différence  tient  peut-être  à 
ce  qu'il  se  manifeste  avec  ces  corps  une  double  action,  comme  avec  le  cal- 
caire spathique  et  la  dolomie,  cités  plus  haut;  et  il  est  à  noter  que  dans  l'un 
comme  dans  l'autre  cas,  ces  deux  genres  d'action  donnent  lieu  à  une  émis- 
sion de  rayons  de  couleur  complémentaire." Dans  l'hypothèse  précédente,  la 
durée  de  la  persistance  de  l'action  lumineuse  qui  donne  lieu  au  phénomène 
de  fluorescence  sur  les  dernières  substances  doit  être  inférieure  à  celles  que 
peuvent  donner  les  appareils  employés  jusqu'ici,  à  moins  que  ce  phéno- 
mène ne  se  manifeste  sur  certains  composés  que  pendant  l'action  de  la 
lumière  et  soit  indépendant  des  effets  obtenus  dans  les  conditions  spécifiées 
plus  haut,  ce  qui  n'est  pas  probable.  Pour  résoudre  cette  question,  je  compte 
chercher  à  obtenir  une  vitesse  de  rotation  du  disque  du  phosphoroscope 
beaucoup  plus  considérable ,  en  faisant  construire  de  nouveaux  appareils 
à  l'aide  desquels  j'essayerai  de  vérifier  si,  à  l'égard  des  substances  comme 
le  bisulfate  de  quinine  et  certaines  dissolutions  de  matières  organiques,  on 
peut  mesurer  le  temps  que  dure  l'impression  produite  de  la  part  de  la 
lumière  après  que  celle-ci  a  cessé  d'agir. 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3'  série,  t.  IX,  p.  Sao. 


(  973  ) 

»  Dans  ces  recherches,  j'ai  fait  usage  d'une  disposition  particuUère  pour 
étudier  les  phénomènes  de  phosphorescence  et  qui  conduit  à  des  effets 
himineux  des  phis  curieux  (ces  effets  ont  été  rendus  pubHcs  dans  les  cours 
du  Conservatoire  impérial  des  Arts  et  Métiers  et  de  la  Faculté  des  Sciences)  ; 
elle  consiste  à  faire  le  vide  dans  des  tubes  de  verre  de  2  à  3  centimètres  de 
diamètre  environ,  et  de  /jo  à  5o  centimètres  de  longueur,  et  dans  lesquels 
on  a  introduit  des  fragments  de  substances  phosphorescentes.  Aux  extré- 
mités de  ces  tubes  sont  préalablement  soudés  des  fils  de  platine  qui  permet- 
tent de  faire  traverser  les  tubes  par  des  décharges  électriques  provenant,  soit 
de  batteries,  soit  mieux  d'un  appareil  d'induction. 

»  En  opérant  dans  l'obscurité,  on  trouve  alors  que  les  arcs  électriques 
qui  traversent  l'air  raréfié,  et  qui,  émettant  des  rayons  lumineux  très-réfran- 
gibles,  ont  une  teinte  violacée,  en  passant  près  de  la  surface  des  corps  im- 
pressionnables excitent  la  phosphorescence  de  ces  derniers  au  plus  haut 
degré;  aussi,  après  le  passage  de  l'électricité,  ces  corps  conservent-ils  pen- 
dant un  certain  temps  la  propriété  de  luire  comme  si  on  les  eût  exposés  à  la 
lumière  solaire;  l'électricité  agit  donc  dans  ce  cas  comme  source  lumi- 
neuse. L'effet  est  beaucoup  plus  énergique  près  du  pôle  négatif  que  partout 
ailleurs.  On  peut,  en  employant  différentes  matières  phosphorescentes  dont 
j'ai  décrit  la  préparation  dans  le  premier  Mémoire,  obtenir  une  quelconque 
des  nuances  prismatiques. 

»  En  résumé,  les  résultats  qui  sont  renfermés  dans  ce  second  travail  per- 
mettent de  déduire  les  conséquences  suivantes  :  ijobup 

»  1°.  Lorsque  la  lumière,  et  principalement  les  rayons  les  plus  refrah- 
gibles,  impressionnent  certains  corps,  ceux-ci  émettent  ensuite  des  rayons 
lumineux  dont  la  longueur  d'onde  est  en  général  plus  grande  que  celle  des 
rayons  actifs,  et  cela  en  présentant  un  décroissement  très-rapide  d'intensité 
pendant  les  premiers  instants,  puis  ensuite  plus  lent,  pendant  un  temps  qui 
varie,  suivant  les  corps,  depuis  une  très-petite  fraction  de  seconde  jusqu'à 
plusieurs  heures. 

»  On  peut  encore  exprimer  ce  fait,  en  disant  que  ces  matières  offrent, 
pendant  un  certain  temps,  une  persistance  dans  l'impression  qvie  la  lumière 
exerce  sur  eux,  laquelle  dépend  de  la  nature  et  de  l'état  physique  du  corps; 
cette  émission  de  lumière  correspond  à  une  certaine  somme  d'action  reçue 
par  le  corps  et  a  lieu  dans  l'obscurité,  qu'il  soit  renfermé  ou  non. 

»  a".  L'arrangement  moléculaire  spécial  ou  la  cause  qui  donne  lieu  au 
phénomène  de  phosphorescence  par  insolation  d'une  substance  est  autre 

.  ;3  zijfKijfnui  a!fjl'b?.9b  iir 


(  974  ) 
que  celle  d'où  dépend  l'état  cristallin  ;  dans  quelques  circonstances,  le  pou- 
voir que  possède  cette  substance  de  domier  une  émission  de  lumière  de 
telle  ou  telle  nuance  se  trouve  conservé  dans  quelques-unes  de  ses  combi- 
naisons. 

B   3".   Il  n'y  a  aucun  rapport  entre  la  durée  de  la  lumière  émise  par  les 
•  corps  impressionnés,  l'intensité  de  cette  lumière  et  sa  réfrangibilité  :  en  outre, 
il  peut  arriver  que  le  même  corps  émette  des  rayons  de  nuances  très-dif- 
férentes suivant  le  temps  qui  sépare  le  moment  où  la  lumière  agit  de  celui 
où  l'on  observe  l'effet  produit. 

»  Le  temps  nécessaire  pour  que  le  rayonnement  lumineux  impressionne 
les  corps  est  extrêmement  court,  puisqu'une  étincelle  électrique  dont  la 
durée  est  inférieure  à  ,^,pp„„(,  de  seconde  suffit  pour  donner  lieu  au  phéno- 
mène de  phosphorescence.  Cependant,  pour  obtenir  le  maximum  d'effet,  le 
temps  de  l'insolation  dépend  de  l'intensité  des  rayons  actifs  et  du  degré  de 
sensibilité  de  la  matière. 

»  5°.  Les  rayons  émanés^'un  corps  phosphorescent,  préalablement  sou- 
mis à  luie  simple  insolation,  n'ont  pas  une  intensité  suffisante  pour  affecter 
les  appareils  thermométriques;  on  n'a  pu  également,  jusqu'ici,  produire  par 
leur  influence  aucune  action  chimique. 

w  6°.  Plusieurs  corps,  comme  les  verres  et  certains  composés  d'uranium, 
ne  doivent  probablement  leur  fluorescence  qu'à  la  persistance  dans  l'im- 
pression de  la  lumière  pendant  un  temps  très-court  et  qui  ne  dépasse  pas 
quelques  centièmes  de  seconde;  l'intensité  de  la  lumière  émise  est  alors 
très-vive.  Il  est  possible  que  les  autres  corps  fluorescents,  et  surtout  les 
matières  organiques,  présentent  des  effets  analogues;  mais,  si  cette  conjec- 
ture est  fondée,  la  durée  de  la  persistance  de  l'influencfe  lumineuse  doit 
être  alors  beaucoup  plus  courte,  puisque  avec  les  appareils  dont  j'ai  fait 
usage  jusqu'ici,  je  n'ai  pu  la  rendre  sensible.  Il  est  donc  probable  que  la 
phosphorescence  et  la  fluorescence  ne  diffèrent  que  par  le  temps  pendant 
lequel  l'impression  de  la  lumière  peut  se  conserver. 

»  7°.  Les  propriétés  que  présentent  le  verre,  et  surtout  le  flint,  montrent 
que  dans  les  appareils  d'optique  cette  matière  peut  agir  comme  foyer  lumi- 
neux; les  rayons  émis  en  vertu  de  cette  action,  quoique  très-peu  intenses, 
doivent  se  mélanger  avec  ceux  qui  sont  transmis  au  travers  de  cette  sub- 
stance. 

»  8°.  En  faisant  passer  des  décharges  électriques  dans  des  tubes  vides 
d'air  dans  lesquels  on  a  introduit  les  matières  phosphorescentes,  il  se  pro- 
duit des  effets  lumineux  très-remarquables  pendant  le  passage  de  l'électri- 


(97^  ) 
cité  et  même  après  ce  passage,  lesquels  permettent  de  manifester  avec  une 
grande  intensité  les  différents  phénomènes  de  phosphorescence  que  l'on 
observe  habituellement  avec  la  lumière  solaire.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  les  vibrations  longitudinales  des  verges  prismatiques; 

par  M.  A.  Terquem. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet,  Duhamel.) 

«  Dans  la  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  dans  la 
séance  du  19  avril,  je  me  suis  occupé  spécialement  de  l'étude  des  mouve- 
ments vibratoires  des  verges  prismatiques,  libres  aux  deux  extrémités,  dans 
lesquelles  il  y  a  unisson  entre  le  son  longitudinal  fondamental  et  un  des 
sons  transversaux.  Quand  les  dimensions  sont  dans  un  rapport  quelconque, 
et  que  par  suite  les  verges  ne  satisfont  pas  aux  conditions  précédentes,  les 
phénomènes,  quoique  moins  nets,  donnent  lieu  cependant  à  quelques  obser- 
vations intéressantes. 

»  1°.  Si  l'intervalle  qui  existe  entre  le  son  longitudinal  et  un  des  sons 
transversaux  est  très-faible,  et  même  inappréciable  à  l'oreille,  les  nœuds 
qui  sont  produits  par  l'ébranlement  longitudinal  seront  encore  très-npts 
et  presque  à  la  même  position  que  ceux  qui  sont  dus  au  mouvement 
transversal  ;  l'alternance  des  nœuds  a  encore  lieu  par  le  mouvement  trans- 
versal, ce  qui  démontre  l'influence  réciproque  de  deux  mouvements  vibra- 
toires qui  ont  presque  la  même  période.  Seulement  l'alternance  est  inverse, 
c'est-à-dire  que  les  nœuds  qui  se  produisent  sur  ime  des  faces  par  l'ébran- 
lement longitudinal  passent  sur  l'autre  par  l'ébranlement  transversal,  et 
réciproquement.  M.  Lissajous,  dans  une  Note  communiquée  à  l'Académie 
dans  la  séance  du  3  mai,  a  fait  remarquer  que  le  même  fait  se  présente  dans 
les  verges  encastrées  par  les  deux  extrémités.  Si  le  son  longitudinal  est  plus 
élevé  que  le  son  transversal,  en  diminuant  la  longueur  de  la  verge  on  s'ap- 
proche de  l'unisson.  Alors  on  voit  en  général  les  nœuds  dus  au  mouvement 
longitudinal  tendre  à  changer  de  faces,  s'arrétant  dans  une  position  ou  une 
autre  indifféremment,  suivant  l'énergie  de  l'ébranlement;  ensuite  la  dimi- 
nution de  longueur  continuant,  l'ébranlement  longitudinal  devient  impos- 
sible, et  enfin  les  nœuds  changent  de  faces.  Il  y  a  donc,  à  ce  moment,  iden- 
tité entre  les  nœuds  dus  à  l'ébranlement  longitudinal  et  ceux  que  produit 
l'ébranlement  transversal;  on  doit  admettre  alors  que  l'unisson  est  aussi 

C.  R.  i858,   i"  Semestre.  (T.   XLVI,  N»  2i.)  '27 


(  976  ) 
parfait  que  possible,  l'oreille  ne  pouvant  du  reste  distinguer  les  modifica- 
tions apportées  à  la  hauteur  des  sons  par  une  diminution  de  longueur  de 
3  à  4  millimètres  sur  une  verge  de  i  mètre  à  i™,  5o.  Cet  accord  subsiste 
quelque  temps  pour  des  longueurs  qui  varient  de  a  à  3  millimètres;  puis 
l'ébranlement  transversal  change  à  son  tour,  en  devenant  d'abord  presque 
impossible,  et  ensuite  la  disposition  des  nœuds  devient  inverse  de  nouveau 
de  celle  des  nœuds  produits  par  l'ébranlement  longitudinal.  De  plus,  pour 
obtenir  l'alternance  des  nœuds  par  l'ébranlement  transversal,  il  faut  ap- 
puyer la  verge  sur  des  chevalets  placés  au-dessous  des  nœuds  qui  doivent 
disparaître,  quand  le  son  longitudinal  est  plus  élevé  que  le  son  transversal, 
et  au  contraire,  quand  le  son  longitudinal  est  devenu  plus  grave  que  le  son 
transversal,  il  faut  placer  les  chevalets  au-dessous  des  nœuds  qui  doivent 
persister.  Le  mode  de  transformation  précédent  est  général,  mais  non  absolu. 
On  rencontre  des  verges  sur  lesquelles  les  nœuds  dus  à  l'ébranlement  trans- 
versal changent  de  faces  avant  ceux  que  produit  l'ébranlement  longitudinal. 
Quelquefois  même,  sur  des  verges  assez  courtes,  aucun  changement  n'a  lieu 
quand  on  ne  peut  raccourcir  la  verge  assez  peu  à  la  fois  pour  obtenir  l'unisson 
absolu,  et  qu'il  est  immédiatement  dépassé.  On  comprend  du  reste  qu'il 
n'y  ait  rien  là  d'absolu;  ces  phénomènes  sont  dus  en  effet  à  des  modes  de 
vibrations  dont  la  disposition  relative  est  complètement  arbitraire  théorique- 
ment, et  ne  dépend  que  de  l'hétérogénéité  moléculaire  des  corps,  dépen- 
dance qui  nous  est  complètement  inconnue. 

»  1°.  Si  le  son  longitudinal  est  voisin  de  l'ootave  aiguë  d'un  des  sons  trans- 
versaux, ce  dernier  ne  se  produit  d'abord  que  par  un  ébranlement  longitu- 
dinal énergique;  puis,  à  mesure  qu'on  approche  de  l'unisson,  il  se  produit 
plus  facilement,  et  enfin  lorsque  l'unisson  est  presque  obtenu,  le  moindre 
ébranlement  le  fait  sortir.  Si  l'ébranlement  est  énergique,  on  entend  un  son 
continu;  à  mesure  qu'il  devient  moins  intense,  le  son  sort  par  battements 
de  plus  en  plus  écartés,  et  à  la  fin  on  n'entend  plus  que  le  son  longitudinal 
seul.  Ce  son  grave  a  un  timbre  très-dur  et  désagréable,  quand  l'intervalle 
du  son  transversal  qui  le  produit  et  du  son  longitudinal  diffère  sensiblement 
d'une  octave;  au  contraire  il  devient  plus  pur  et  plus  doux  quand  l'accord 
est  atteint. 

»  3°.  Enfin,  admettons  que  le  son  longitudinal  soit  très-écarté  de  tout 
son  transversal  de  la  verge.  Les  nœuds  sont  alors  très-irréguliers,  souvent 
obliques,  souvent  courbes  et  mal  limités,  présentant  une  grande  largeur; 
quelquefois  même  il  est  impossible  de  prendre  aucune  mesure.  L'obliquité 
graduelle  qu'acquièrent  les  nœuds  quand  on  s'éloigne  de  l'unisson,  et  la 


(  977  ) 
diminution  de  cette  obliquité  quand  le  son  longitudinal  s'approche  d'un 
autre  son  transversal,  tient  à  l'influence  des  vibrations  transversales  qui 
existent  dans  l'autre  sens.  Quand  même  la  largeur  de  la  verge  serait  très- 
grande  relativement  à  son  épaisseur,  ces  vibrations  existent  toujours,  très- 
faiblement  il  est  vrai.  Si  le. mouvement  transversal  est  assez  énergique  dans 
l'autre. sens,  elles  n'auront  qu'une  influence  perturbatrice  insensible;  s'il 
est  très-faible,  elles  auront  une  action  plus  considérable  et  changeront 
complètement  la  disposition  des  nœuds,  surtout  si,  tout  en  s' éloignant  de 
l'unisson  dans  un  sens,  on  s'en  rapproche  dans  l'autre  sens.  Dans  ce  cas,  il 
n'est  pas  rare  de  voir  les  nœuds  transformés  en  courbes  plus  ou  moins  con- 
tinues, mais  présentant,  comme  l'avait  remarqué  Savart,  le  caractère  géné- 
ral de  l'alternance  sur  les  deux  faces  opposées. 

»  Malgré  tous  ces  phénomènes  si  variés,  sur  une  verge  ébranlée  ioiigi- 
tudinalement,  les  nœuds  présenteront  en  général  la  disposition  qui  corres- 
pond à  un  nombre  pair  ou  impair  de  nœuds  transversaux  ;  seulement  les 
distances  de  deux  nœuds  consécutifs  situés  vers  le  milieu  de  la  verge  seront 
loin  d'être  égales,  et  les  nœuds  qui  doivent  exister  au  milieu  même,  seront 
d'un  côté  ou  de  l'autre.  Le  passage  d'une  disposition  à  l'autre  se  fait  souvent 
par  la  disparition  d'un  des  nœuds  extrêmes,  qui  devient  de  plus  en  plus 
oblique  et  même  presque  parallèle  à  l'axe  de  la  verge.  Quelquefois  un  nœud 
se  sépare  en  deux,  et  de  l'autre  côté  il  se  produit  un  nouveau  nœud  au 
milieu  de  l'espace  qui  sépare  les  deux  premiers.  Enfin,  sur  des  verges  assez 
larges,  le  passage  d'une  disposition  à  l'autre  s'opère  par  une  impossibilité 
de  faire  vibrer  la  verge  longitudinalement  pour  une  certaine  longueur;  en 
la  diminuant,  l'ébranlement  redevient  de  plus  en  plus  facile. 

»  De  tous  ces  faits  nous  pouvons  conclure  que,  dans  une  verge  ébranlée 
longitudinalement,  jamais  les  vibrations  longitudinales  n'existent  seules  ; 
elles  sont  toujours  accompagnées  de  vibrations  transversales  plus  ou  moins 
régulières.  Si  les  dimensions  de  la  verge  sont  telles,  qu'il  y  ait  unisson  entre 
le  son  longitudinal  et  un  des  sons  transversaux,  les  lois  des  vibrations 
complexes  des  corps  sont  nettes  et  précises,  et  son  hétérogénéité  n'a  qu'une 
faible  influence  sur  la  position  des  nœuds.  Si,  au  contraire,  cela  n'a  pas 
lieu,  la  constitution  intime  du  corps  pourra  plus  facilement  se  manifester, 
et  les  différences  de  rigidité  des  diverses  parties  auront  une  influence  mar- 
quée sur  la  position  des  lignes  nodales,  ce  qui  est  rendu  évident  par  l'irré- 
gularité de  ces  dernières. 

»  Je  me  propose,  dans  une  communication  prochaine,  de  faire  con- 
naître à  l'Académie  les  résultats  que  j'aurai  obtenus  dans  l'étude  complète 

127.. 


(  978  ) 
des  verges  cylindriques,  ainsi  que  dans  la  comparaison  des  longueurs  des 
verges,  qui  possèdent  un  son  transversal  à  l'unisson  du  son  longitudinal 
avec  celles  que  l'on  peut  déduire  de  la  théorie.  « 

MÉCANIQUE.  —  Note  sur  la  force  nécessaire  pour  mouvoir  une  clef  de  robinet, 
ou  un  axe  conique  maintenu  dans  sa  gaine  par  la  pression  de  la  vapeur; 
par  M.  Mahistre. 

(Commission  précédemment  nommée.) 

«  Certains  indicateurs  du  niveau  de  l'eau  dans  les  chaudières  à  vapeur, 
ceux  surtout  qui  supp;'iment  le  calfat,  consistent  généralement  en  un  flot- 
teur dont  la  tige  transmet  son  mouvement  à  un  axe  conique,  à  l'aide  d'un 
petit  bras  de  levier  horizontal  qui  lui  est  perpendiculaire.  Quelle  est  la  force 
nécessaire  pour  mouvoir  un  tel  axe  pressé  et  maintenu  dans  sa  gaîne  par 
l'action  de  la  vapeur.  Telle  est  la  question  que  je  me  suis  proposée. 

M  Supposons,  par  exemple,  qu'il  s'agisse  d'une  clef  de  robinet.  P  étant  la 
pression  (en  kilogrammes  par  mètre  carré)  que  le  fluide  élastique  exerce  sur 
la  tête  de  la  clef,  et  P,  la  pression  analogue  transmise  en  un  point  quel- 
conque de  sa  surface  conique,  la  pression  totale  exercée  sur  l'élément 
superficiel  u  qui  répond  en  un  point  quelconque,  aura  pour  valeur 

P,w, 

et  le  frottement  résidtant  de  cette  pression 

/P.w. 

Soit  (j)  une  rotation  infiniment  petite  de  la  clef,  et  p  le  rayon  qui  répond 
au  point  donné;  le  travail  élémentaire  de  la  force  tangentielle  /  P|  u 
sera 

f^,apf, 

I-ia  somine  de  ces  travaux  étendue  à  tous  les  points  d'une  génératrice  du 
tronc  de  cône  aura  pour  valeur 

^/P,?(R  +  /')w', 

w'  étant  maintenant  l'aire  infiniment  petite  comprise  entre  deux  généra- 
trices consécutives,  et  R,  ries  rayons  des  deux  bases  du  tronc;  donc  le 
travail  total  étendu  à  toute  la  partie  conique  de  la  surface  de  la  clef  sera, 


(  979  ) 
en  nommant  c  le  côté, 

■"•'■■y 

i/P.  y  (R +  rj  2(0' =  ^Tr/P,c<p(R +;•)». 

Soit  ô  l'angle  que  la  génératrice  du  tronc  fait  avec  l'axe;  on  aura  à  la  fois 

F,  =  Psinô, 
R  —  r  =  c  sin  Q ,  , 

d'où  l'on  tire 

P,c  =  P(R-r); 

au  moyen  de  cette  valeur,  le  travail  développé  sur  toute  la  surface  de  la 
clef  devient 

'i;r^P(R  +  ,f(R -;•)?.■ 

Désignons  par  F  la  force  motrice  qui  agit  à  l'extrémité  du  bras  de  levier  b 
fixé  à  la  clef;  le  travail  élémentaire  de  cette  force  aura  sensiblement  pour 
valeur 

« 

si  l'amplitude  du  mouvement  de  la  clef  est  un  petit  arc  de  cercle;  par  con- 
séquent on  aura  la  relation 

FA<p  =  i;:/P  (R  4- r/(R -'■)?, 
d'où  l'on  tire 

ce  qu'il  s'agissait  d'obtenir. 

»  Ce  résultat  fait  voir  que  la  force  nécessaire  pour  mouvoir  une  clef 
de  robinet  est  indépendante  de  la  longueur  de  sa  partie  conique.   » 

M.  Haton  adresse  une  Note  complémentaire  du  Mémoire  qu'il  a  pré- 
senté dans  la  dernière  séance.  Elle  renferme  «  une  démonstration  simple 
et  géométrique  basée  sur  la  considération  de  l'hexagone  mixtiligne  formé 
de  n  et  t,  de  N  et  T  et  des  arcs  de  la  courbe  et  de  sa  4*  développée.  En 
projetant  ce  contour  mixtiligne  sur  n  et  t  considérées  successivement 
comme  ses  résultantes,  on  arrive  de  suite  aux  formules  générales.  »  M.  Haton 


(  98o  ) 
signale  en  même  temps  quelques  inexactitudes  qui  se  sont  glissées  dans  les 
formules  déjà  imprimées. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liouville,  Bertrand, 

Hermite.) 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  un  forage  artésien  exécuté  à  Naples  par  MM.  Degocsée 

et  Ch.  Laurent. 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

MM.  Degousée  et  Ch.  Laurent  adressent  les  détails  suivants  sur  ce  forage 
artésien,  le  premier  qui  ait  été  entrepris  dans  le  royaume  de  Naples  : 

((  Le  sondage  du  palais  du  roi  à  Naples  a  été  commencé  en  i85i .  Entre- 
pris pour  une  profondeur  présumée  de  aSo  mètres,  il  avait  atteint,  en  i854, 
465  mètres,  profondeur  actuelle,  après  avoir  été  fréquemment  interrompu 
par  l'expiration  de  traités  successifs.  En  déduisant  les  pertes  de  temps  cau- 
sées par  les  lenteurs  administratives,  et  malgré  les  difficultés  spéciales  d'un 
terrain  inconnu,  cette  profondeur  de  465  mètres  avait  été  obtenue  en  moins 
de  deux  années  de  travail  effectif,  de  jour  et  de  nuit. 

»  La  terrasse  du  palais  formant  jardin  est  élevée  de  20  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer.  L'axe  du  sondage  est  distant  de  iSa  mètres  du  rivage. 

»  Au-dessous  de  la  terre  végétale  et  du  terrain  de  remblai,  la  sonde  a 
traversé  d'abord  85™,90  de  tuf  volcanique  solide,  puis  1 22™,  10  d'alternances 
stratifiées  de  sables,  de  ponces  mêlées  de  cendres,  d'argiles  sableuses  et  de 
cailloux  trachytiques.  La  formation  du  tuf  volcanique  des  Champs  Phlé- 
gréens  a  donc  sa  base  à  ao4™,5o  au-dessous  du  niveau  de  la  mer. 

»  Le  terrain  subapennin  qui  lui  succède  est  composé  de  marnes  bleues, 
plus  ou  moins  compactes  et  sableuses,  avec  coquilles  marines  ;  de  sables 
fins  renfermant  des  cailloux  roulés  de  grès  et  des  coquilles  également 
marines  ;  puis  de  marnes  compactes  bleues  micacées  très-coquillières.  La 
base  de  cette  formation,  d'une  épaisseur  de  98'",70,  est  située  à  3o3  mètres 
au-dessous  du  niveau  de  la  mer.  Les  sables,  qui  ont  une  puissance  de  25™,58, 
contiennent  une  nappe  d'eau  ascendante  qui  s'élève  à  S^jSo  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer. 

»  En  continuant  l'approfondissement,  on  attaqua  la  formation  du  ma- 
cigno,  caractérisée  par  la  présence  des  fucoïdes  et  l'absence  de  coquilles 
fossiles.  Les  différentes  assises  de  ce  terrain  sont  composées  de  grès  friables, 
de  sables  et  d'argiles  marneuses  jusqu'à  la  profondeur  de  445  mètres  au- 


(  98i  ) 
dessous  du  niveau  de  la  mer  ou  de  465  mètres  au-dessous  du  niveau  de  la 
terrasse  du  palais.  Dans  les  sables  une  nouvelle  nappe  d'eau  douée  d'une 
force  ascensionnelle  plus  grande  que  la  précédente  atteignit  io™,5o  au-' 
dessus  du  niveau  de  la  mer. 

))  Cette  nappe  s'élève  dans  la  colonne  centrale,  tandis  que  la  première  se 
maintient  dans  l'espace  annulaire  compris  entre  deux  tubages  de  diamètres 
inégaux.  Le  niveau  de  celle-ci  restait  constamment  le  même,  tandis  que  la 
colonne  intérieure  subissait  des  oscillations  continuelles.  On  fit  percer 
horizontalement  les  parois  des  deux  colonnes  de  tubes  à  8  mètres  de  hau- 
teur au-dessous  du  niveau  de  la  mer.  Mais  à  peine  avait-on  percé  la  colonne 
extérieure  seulement,  le  foret  étant  encore  engagé  dans  le  trou,  que  l'eau 
fut  lancée  au  dehors  avec  un  bruit  inusité,  et  avec  elle  se  dégagea  une  telle 
quantité  d'acide  carbonique,  que  les  ouvriers,  que  l'on  avait  eu  la  prudence 
d'attacher  avec  des  cordes,  purent  à  grand'peine  être  retirés  sains  et  saufs. 

»  Du  sommet  de  la  colonne  des  tubes  extérieurs,  située  à  i3  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  par  tout  l'espace  libre  existant  entre  les 
deux  colonnes,  l'eau  se  déversa  avec  une  grande  vitesse;  mais,  en  retom- 
bant au  fond  de  l'excavation,  elle  fut  absorbée  par  les  terrains  incohérents 
qui  recouvrent  le  tuf  volcanique  et  s'écoula  souterrainement  jusqu'à  la 
mer  :  le  niveau  de  l'eau  dans  le  tube  ne  s'éleva  que  de  2™, 75.  Le  volume 
d'eau  semblait  augmenter  progressivement,  en  subissant  des  intermittences 
après  lesquelles  l'eau  jetait  d'assez  grandes  quantités  d'acide  carbonique  : 
celui-ci,  en  restant  stagnant  dans  l'excavation,  à  6  mètres  de  profondeur, 
rendait  les  opérations  difficiles. 

M  De  ce  qui  précède  'on  pouvait  conclure ,  avec  quelque  probabilité, 
qu'on  obtiendrait  un  volume  d'eau  considérable  si  l'on  faisait  écouler  avec 
une  plus  grande  vitesse  les  eaux  des  deux  nappes  contenues  dans  les  tubes 
tant  internes  qu'externes.  Le  roi,  qui  s'intéresse  beaucoup  à  toutes  les 
inventions  utiles,  vint  le  21  septembre  dernier  visiter  le  sondage,  et,  après 
avoir  longuement  discuté  avec  les  membres  d'une  Commission  spéciale 
toutes  les  questions  qui,  tant  sous  le  rapport  physique  qu'au  point  de  vue 
géologique,  se  rattachent  au  phénomène  produit,  ordonna  la  construction 
immédiate  d'un  canal  Souterrain  qui  permît  d'utiliser  pour  une  partie  de 
la  ville  les  eaux  obtenues. 

»  Ce  canal  fut  terminé  à  la  fin  de  décembre  ;  des  expériences  faites  dans 
le  courant  de  janvier  ont  donné,  pour  le  volume  d'eau  jaillissant  à  8  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  des  nombres  qui  ont  varié  entre  335  et 
462  litres  par  minute. 


\ 


(  98*  ) 

»   La  température  de  cette  eau  était  invariablemenLde  20  degrés. 

»  Enfin  Je  29  janvier,  on  coupa  totalement  les  colonnes  à  7"", 80  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer  :  la  quantité  d'eau  et  de  sable  qui  s'échappait  fut  de 
1000  litres  environ  par  minute  :  elle  s'est  accrue  progressivement  jusqu'au 
i4  mars,  où  une  dix-huitième  expérience  de  jaugeage  a  donné  i3oo  litres, 
enfin  aujourd'hui  elle  atteint  i/joS  litres.   » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  met  ensuite  sous  les  yeux  de  l'Académie  une 
coupe  géologique  détaillée  où  sont  figurées  les  nombreuses  couches  de 
terrain  que  ce  sondage  a  fait  connaître  pour  la  première  fois  au-dessous 
du  sol  napolitain. 

«  A  cette  occasion  M.  Charles  Sainte-Claire  Deville  communique, 
l'extrait  suivant  d'une  Lettre  qui  lui  est  adressée  deNaplespar  M.  Guiscardi: 

«  J'ai  examiné  le  gaz  qui  se  dégage  de  l'eau  du  puits  artésien  foré  dans 
»  le  jardin  du  palais  du  roi  à  Naples.  L'analyse  a  été  faite  le  26  oc- 
))  tobre  1857,  à  10  heures  du  matin.  La  température  de  l'air  étant  de  «9°,5, 
»  celle  du  gaz  était  de  20  degrés.  Ce  gaz  est  un  mélange  d'air  atmosphé- 
»  rique  et  d'acide  carbonique  :  trois  analyses  m'ont  donné  d'acide  carbo- 
»  nique  4^î4;  4i»o;  42,3  pour  100.  » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Etat  présent  des  éducations  de  vers  à  soie  dans  le 
Vivarais;  Note  de  M.   de  Rets. 

(Cortimission  des  vers  à  soie.) 

«  Quoique  l'Académie  soit,  sans  nul  doute,  régulièrement  informée  de 
l'état  séricicole  du  Midi  par  la  Commission  qu'elle  a  nommée,  j'espère  qu'elle 
voudra  bien  accueillir  avec  intérêt  les  détails  que  je  reçois  sur  la  marche  des 
éducations  dans  la  partie  de  l'Ardèche  appelée  le  Vivarais,  et  les  espérances 
qu'y  fait  concevoir  l'emploi  du  soufre  comme  moyen  préservatif  et  curatif 
de  l'étisie. 

»  En  ce  moment  les  vers  sont  généralement  au  quatrième  âge,  ils  ont  été 
retardés  de  la  troisième  et  de  la  quatrième  maladie  par  un  abaissement  de 
température  qui  s'est  manifesté  vers  le  commencement  de  mai  ;  les  feuilles 
de  mûrier  avaient  pris  également  en  avril  un  rapide  développement  qui  s'est 
un  peu  arrêté  par  la  même  cause,  elles  sont  généralement  belles,  et  on  ne 
remarque  rien  d'anormal  dans  leur  végétation. 

»  Quant  aux  vers  à  soie,  les  uns  vont  mal,  les  autres  semblent  promettre 


(983) 
une  bonne  réussite.  On  a  remarqué,  comme  fait  général,  parmi  toutes  les 
races  un  retard  inaccoutumé,  à  la  deuxième  mue,  que  les  uns  attribuent  à 
la  température  et  les  autres  à  l'influence  de  l'épidémie. 

»  Les  quelques  races  d'Italie  qui  jusqu'à  présent  avaient  résisté  à  la  mala- 
die et  avaient  donné  l'an  dernier  de  bons  résultats,  sont  atteintes  mainte- 
nant, elles  ont  été  abandonnées  dès  les  premiers  âges  par  les  éducateurs.  Ils 
poursuivent  les  races  blanches  d'Andrinople,  quoiqu'elles  donnent  beau- 
coup depetits  vers  et  qu'elles  se  relardent  dans  les  mues,  et  celles  des  environs 
de  Smyrne  qui  promettent  mieux  et  accomplissent  plus  régulièrement  les 
diverses  phases  de  leur  existence.  Jusqu'au  troisième  âge  ces  dernières  graines 
n'avaient  rien  laissé  à  désirer,  mais  à  ce  moment  leur  état  n'a  plus  été  aussi 
satisfaisant,  et  l'on  a  commencé  à  reconnaître  une  quantité  de  petits  vers 
assez  marquée  pour  que  l'espoir  des  éducateurs  s'affaiblît  notablement. 
Jusqu'à  ce  jour  les  espèces  qui  semblent  donner  le  plus  de  garanties  de 
succès  sont  celles  de  Çalabre  et  celles  de  Salonique;  les  graines  d'Anatolie, 
de  Brousse,  de  Desmidech  inspirent  les  craintes  les  plus  sérieuses. 

»  On  ne  signale  toutefois  aucune  autre  maladie  que  celle  des  petits,  qui  est 
le  signe  caractéristique  de  l'étisie. 

»  Les  vers  soumis  au  traitement  du  soufre  et  du  charbon  suivent  jusqu'à 
présent  une  marche  régulière  qui  semble  permettre  d'atteindre  de  bous 
résultats  de  cette  méthode.  On  remarque  dt'^jà,  m'écrit-çn,  une  grande 
différence  entre  ces  vers  et  ceux  élevés  suivant  l'usage  ordinaire,  et  elle  est 
tout  à  l'avantage  des  premiers;  les  mues  s'accomplissent  plus  également, 
les  vers  semblent  plus  vigoureux  et  plus  sains. 

»  L'essai  comparatif  du  soufre,  qui  n'a  été  entrepris  que  l'an  passé  par  un 
très-petit  nombre  d'éducateurs  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  transmettre  à  l'Aca- 
démie les  expériences,  se  fait  cette  année,  quoique  sur  de  petites  quantités 
relativement,  dans  les  départements  de  l'Ardèche,  du  Gard,  de  la  Drôme  et 
de  Vaucluse.  On  ne  peut  douter  que  l'attention  de  votre  Commission  ne  soit 
attirée  sérieusement  sur  ce  mode  de  traitement,  et  l'on  peut  espérer  que  le 
grand  nombre  d'expériences  qui  en  sont  faites  dans  des  endroits  si  di%'ers  lui 
permettra  de  se  prononcer  sur  son  importance  et  son  efticacité. 

»  On  m'apprend  également  que  les  mêmes  essais  sont  tentés  en  Algérie, 
vous  en  connaîtrez  lès  ^^ésultats  par  le  Ministère  de  la  Guerre,  dont  tout  le 
monde  peut  apprécier  la  haute  sollicitude  pour  les  intérêts  séricicoles. 

»  Votre  Commission,  au  milieu  de  ses  études  et  de  ses  recherches,  recueil- 
lera, j'en  suis  certain,  les  témoignages  les  plus  vifs  de  la  reconnaissance  de 
nos  populations  sérigènes  pour  la   mesure  que  l'Académie  a  bien  voulu 

C.  R.,  i858,   1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  21.)  •  28 


(  984  ) 
prendre  en  leur  faveur  et  qui  leur  fournira,  il  faut  l'espérer,  les  moyens  de 
sortir  de  leur  malheureuse  situation.    » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  tsétsé  de  l'Afrique  australe;  Lettre  de  M.   Ludovic 
DE  CasteliVac  à  M.  le  Président  de  l'Académie.  ' 

(Commissaires,  MM.  Mil  ne  Edwards,  de  Quatrefages.  ) 

«  L'Afrique  australe  présente  aujourd'hui  un  exemple  curieux  des  grands 
effets  souvent  produits  par  les  causes  qui  semblent  les  plus  futiles.  En  effet, 
au  point  où  sont  parvenues  les  explorations  de  cette  partie  du  continent, 
leurs  travaux  ne  sont  pas  arrêtés  par  un  climat  dévorant,  par  des  peuples 
hostiles,  par  les  terribles  animaux  du  désert;  non,  leurs  efforts  viennent  se 
briser  devant  une  mouche  à  peine  plus  grande  que  celle  qui  habite  nos 
maisons.  Les  premiers  renseignements  positifs  que  l'on  obtint  sur  la  tsétsé 
sont  dus  à  MM.  Livingston  et  Oswald,  qui  la  rencontrèrent  lorsqu'en  1849 
ils  parvinrent  jusqu'au  Zambése. 

»  La  tsétsé,  Gtossina  morsilans,  qui  ne  produit  pas  d'effets  fâcheux  sur 
l'homme,  mais  en  cause  de  terribles  sur  les  animaux  domestiques,  se  trouve 
généralement  sur  des  buissons,  sur  les  roseaux  qui  bordent  les  marais,  tandis 
que  les  plaines  et  autres  endroits  ouverts  ne  semblent  pas  lui  être  favorables. 
Presque  toutes  les  contrées  centrales  de  l'Afrique  du  Sud  ont  quelque  partie 
infestée  par  cet  insecte  ;  ainsi  on  le  trouve  en  grand  nombre  entre 

Les  22^  et  26^  degrés  de  longit.  (Greenwich),  et  les  18*^  et  21' degrés  de  latit.  sud. 

Les  25*^  et  ■2']^  degrés  de  longit.  et  les   19*^  et  20'  degrés  de  latit.  sud. 

Les  2'j°  et  29"  degrés  de  longit.  et  les  22"  et  25'  degrés  de  latit.  sud. 

Les  26°  et  28°  degrés  de  longit.  et  les  24'  et  25"  degrés  de  latit,  sud. 

»  M.  Green,  lors  de  son  voyage  au  nord  du  grand  lac  N'gami,  perdit  en 
peu  de  temps  ses  animaux  de  somme  et  de  trait,  et  se  vit  obligé  à  aban- 
donner son  plan,  qui  était  de  gagner  Libédé.  Il  y  a  quelque  temps,  des 
Griquas  ayant  avec  eux  huit  wagons  essayèrent  de  traverser  le  pays  qu'ha- 
bite cet  insecte  au  nord-ouest  de  la  république  du  Trans-Vaal,  ils  perdirent 
tous  leurs  animaux,  furent  forcés  d'abandonner  leurs  wagons  et  de  revenir 
à  pied.  Combien  d'autres  voyages  ont  été  interrompus  par  la  présence  de 
ce  petit  insecte! 

»  Le  cheval,  le  bœuf,  le  chien,  tous  meurent  après  avoir  été  piqués;  ceux 
qui  sont  gras  et  en  bon  état  périssent  presque  aussitôt,  et  les  autres  traînent 
pendant  quelques  semaines  leur  vie,  qui  s'éteint  à  vue  d'œil  ;  trois  ou  quatre 


(  985  ) 
de  ces  mouches  suffisent  pour  produire  ces  résultats  déplorables.  La  chèvre 
est  le  seul  animal  domestique  qui  puisse  impunément  vivre  au  milieu  de 
ces  diptères  venimeux;  les  chiens  échappent  au  danger  lorsqu'on  les  nourrit 
exclusivement  de  gibier  ;  mais  si  ces  animaux  ont  été  nourris  avec  du  lait, 
ils  succomberont  infailliblement,  tandis  que  le  veau,  autant  qu'il  tettera 
encore,  n'aura  rien  à  craindre,  lors  même  que  tout  autour  de  lui  des  trou- 
peaux entiers  formés  d'animaux  adultes  de  son  espèce  seraient  anéantis. 
D'un  autre  côté,  un  fait  singulier  se  présente  :  l'éléphant,  le  zèbre,  le  buffle 
et  toutes  les  espèces  de  gazelles  et  d'antilopes  abondent  dans  les  contrées 
habitées  par  la  tsétsé,  sans  paraître  en  ressentir  aucun  mal;  je  dirai  même 
plus,  car  cette  mouche  semble  ne  vivre  que  dans  les  locaUtés  où  abonde  le 
gibier.  Outre  plusieurs  preuves  à  l'appui  de  ce  que  je  viens  d'avancer,  on 
peut  citer  le  fait  suivant  :  dans  certains  endroits  qu'habitait  la  tsétsé,  les 
naturels,  ayant  appris  à  se  servir  d'armes  à  feu,  se  mirent  avec  ardeur  à  la 
chasse  des  antilopes,  qui  forment  leur  nourriture  principale,  et  bientôt  ces 
animaux,  effrayés  par  des  attaques  de  chaque  instant,  cessèrent  de  hanter 
leurs  anciens  pâturages  et  se  retirèrent  dans  d'autres  localités;  on  fut  étonné 
de  s'apercevoir  que  la  tsétsé  avait  considérablement  diminué  dans  ces  en- 
droits abandonnés,  et  qu'au  bout  d'un  certain  temps  elle  eût  entièrement 
disparu.  Cette  mouche  ne  semble  ni  augmenter  ni  diminuer  en  nombre, 
d'après  le  dire  des  traders^  et  cependant  les  aborigènes  ont  l'habitude,  ainsi 
que  dans  toutes  les  parties  de  l'Afrique  méridionale,  de  mettre  le  feu, 
chaque  année,  aux  pâturages. 

»  La  tsétsé,  autant  que  l'on  a  pu  l'observer  dans  des  contrées  qui  sontencoïc 
si  peu  connues,  ne  change  pas  de  localités  ;  elle  est  stationnaire  dans  les  dif- 
férentes régions  qu'elle  habite;  ainsi,  il  n'est  pas  rare  de  voir  des  bestiaux  en 
très-bon  état  de  santé  d'un  côté  d'une  rivière,  tandis  que  l'autre  rive  pullule 
de  cet  insecte  qui  y  détruirait  infailliblement  tout  animal  domestique  que  le 
hasard  y  aurait  conduit;  souvent  même,  sans  que  l'on  puisse  en  expliquer  la 
cause,  ce  diptère  s'arrête  à  son  point  donné  et  ne  va  pas  au  delà.  La  tsétsé 
attaque  le  plus  habituellement  l'entre-deux  des  cuisses  et  le  ventre  des  ani- 
maux ;  sur  l'homme,  l'effet  de  sa  piqûre  a  assez  d'analogie  avec  celle  des  cou- 
sins, mais  la  douleur  est  moins  persistante  que  celle  produite  par  ce  dernier. 
L'animal  attaqué  pâtit  pendant  quelque  temps  avant  de  succomber,  et  si 
l'on  se  trouve  près  d'un  bœuf  qui  a  été  piqué,  on  entend,  pendant  qu'il 
mange,  un  bruit  sourd  et  prolongé  sortant  de  l'intérieur  de  l'animal.  Si  on  en 
fait  l'autopsie  après  sa  mort,  on  remarque  que  la  graisse  a  fait  place  à  une 
matière  jaunâtre,  molle  et  visqueuse,  et  que  le  plus  souvent  quelque  partie 

128  - 


(  986  ) 
de  ses  intestins  est  enflée  énormément  ;  la  chaii-  se  putréfie  en  moitié  moins 
deteinps  que  la  viande  ordinaire. 

»  La  tsétsé  n'a  pas  un  vol  incertain  comme  la  plupart  des  autres  diptères: 
rapide  comme  la  flèche,  elle  s'élance  du  haut  d'un  buisson  sur  le  pointqu'elle 
veut  attaquer;  elle  semble  aussi  posséder  une  vue  très-perçante.  M.  Chap- 
man,  qui  est  l'un  des  voyageurs  qui  ont  pénétré  le  plus  loin  dans  l'intérieur 
de  l'Afrique  méridionale,  raconte  qu'étant  à  la  chasse,  et  ayant  dans  son 
vêtement  un  trou  presque  imperceptible  fait  par  une  épine,  il  voyait  sou- 
vent la  tsétsé,  qui  paraissait  savoir  qu'elle  ne  pouvait  traverser  le  drap  qui 
le  couvrait,  s'élancer  et  venir,  sans  jamais  manquer  son  but,  le  piquer  dans 
le  petit  espace  qui  n'était  pas  défendu. 

»  Les  buschmen  prétendent  que  cette  mouche  est  vivipare,  et  M.  Edwards, 
le  compagnon  de  M.  Chapman,  homme  d'une  haute  intelligence,  leur  ayant 
tui  jour  marqué  son  incrédulité  à  cet  égard,  ils  lui  apportèrent  une  femelle 
pleine,  et  l'ayant  sous  ses  yeux  coupée  par  le  milieu  du  ventre,  il  en  vit,  dit- 
il,  sortir  trois  petites  mouches  prêtes  à  prendre  leur  essor. 

»  Ne  pouvant,  par  cette  occasion,  envoyer  la  tsétsé,  j'aurai  l'honneur  de 
le  faire  par  une  prochaine  occasion  ;  je  dois  recevoir  sous  peu  la  tumeur  for- 
mée par  la  piqiire  de  la  mouche  dans  la  peau  d'une  gazelle,  et  je  l'enverrai 
en  même  temps.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Mémoire  sur  les  inondations  de  In  mer  océane  opérées 
sur  les  côtes  de  la  basse  Normandie  et  de  In  Bretagne;  par  M.  Préville. 
(Présenté  par  M.  Texier.) 

(Commissaires,  MM.  Duperrey,  d'Archiac,  Texier.) 

«  Dans  une  précédente  séance  (19  octobre  iSSy)  M.  Texier  a  eu  l'hon- 
neur de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  fragment  de  bois  pétrifié 
provenant  des  forêts  sous-marines  des  environs  d'Aromanches  (Calvados) 
en  rappelant  que  le  même  phénomène  géologique  pouvait  être  remarqué 
sur  lés  côtes  de  Bretagne,  et  avait  déjà  donné  lieu  à  d'intéressantes  obser- 
vations. 

»  Ce  fait  scientifique  a  éveillé  l'attention  d'un  observateur  qui  a  long- 
temps habité  les  côtes  de  Bretagne  et  les  environs  de  Saint-Malo.  M.  le 
chevalier  de  Préville  père  a  recueilli  une  foule  de  faits  curieux  qu'il  a  ob- 
servés dans  son  enfance,  et  comme  officier  de  marine  il  a  levé  une  carte 
très-détaillée  de  cette  côte  et  de  tout  le  golfe  de  Saint-Malo,  dans  laquelle 


(  987  ) 

il  trace  la  ligne  des  envahissements  de  la  mer  depuis  l'époque  où  il  parcou- 
rait, encore  enfant,  les  rives  de  la  baie  de  Saint-Malo.  M.  de  Préville 
adresse  à  l'Académie  un  Mémoire  détaillé  sur  l'invasion  de  la  mer  sur  toute 
l'étendue  de  cette  côte  depuis  l'année  1790.  . 

»  L'auteur  du  Mémoire  rappelle  dans  une  première  Lettre  que  vers  1797 
il  faisait  avec  son  père  <les  excursions  sur  les  bords  de  l'ancienne  forêt  de 
Scier  qui  commençait  aux  environs  du  mont  Saint-Michel,  longeait  Gran- 
ville  et  s'étendait  non  loin  de  Cherbourg;  elle  avait  cinq  à  six  lieues  de 
largeur.  Aujourd'hui,  quand  la  mer  se  retire  dans  son  ancien  ht,  elle  laisse 
à  découvert  une  lieue  de  terrain  appartenant  à  la  foret  qu'elle  a  jadis  sub- 
mergée. Cette  partie  laisse  à  découvert  une  quantité  prodigieuse  de  souches 
d'arbres,  de  racines  de  chênes  séculaires  et  de  branches  d'arbres. 

')  Un  Mémoire  étendu  contient  tous  les  faits  historiques  qui  ont  étére- 
cueillis  par  M.  de  Préville.  Il  constate,  comme  témoin  oculaire,  qu'avant 
1800,  elle  inondait  tous  les  marais  immenses  depuis  Granville  jusqu'au  bec 
du  Hable;  que,  dans  une  marée  de  sept6mbre,elle  boucha  entièrement  l'em- 
bouchure près  de  Granville  par  des  masses  de  sable  qui  firent  dunes,  mais 
qu'elle  se  porta  avec  tant  d'impétuosité  par  l'embouchure  du  bec  du  Hable 
(4  lieues  plus  loin)  que  cette  embouchure,  qui  jusque-là  pouvait  avoir  vingt 
pas  de  large,  fut  élargie  d'environ  une  lieue,  de  façon  que  l'inondation  des 
marais  qui  longent  douze  à  quinze  communesdevient  effrayante  et  donne 
lieu  de  craindre  que  tôt  ou  tard  les  parties  basses  de  ces  communes 
seront  inondées. 

»  Les  documents  recueillis  par  M.  de  Préville  indiquent  que  vers  l'an  400 
existait  la  grande  forêt  de  Scicy  aujourd'hui  submergée.  Cette  forêt  avait 
7  lieues  de  long  et  4  de  large,  mais  il  faut  estimer  la  longueur  de  ces  lieues 
à  3,000  toises. 

»  La  carte  jointe  au  Mémoire  contient,  indépendamment  du  tracé  des 
pays  submergés,  un  certain  nombre  de  noms  d'anciens  villages  qui  n'exis- 
tent plus  que  dans  la  mémoire  des  habitants.  » 

« 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  De  l'emploi  des  h/posulfites  dans  l'analyse.  —  applica- 
tion à  la  séparation  directe  du  fer  d'avec  l'alumine;  par  M.  G.  Chancel. 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Peligot.) 

«  Les  hyposulfites  alcalins  donnent  avec  plusieurs  sels  des  réactions  fort 
nettes,  peu  étudiées  jusqu'ici  et  qui  peuvent  devenir  très-utiles  pour  la 


(  988  ) 
solution  de  diverses  questions  d'analyse.  Je  cherche  depuis  quelque  temps 
déjà  à  préciser  celles  de  ces  réactions  qui  me  paraissent  le  plus  mériter  l'at- 
tention des  chimistes.  Mon  travail  n'est  pas  encore  assez  avancé  pour  que 
je  puisse  le  publier  dans  son  ensemble,  mais,  afin  de  prendre  date,  je  fais 
connaître,  dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de 
l'Académie,  une  méthode  à  la  fois  rigoureuse,  simple  et  expéditive,  pour 
effectuer  la  séparation  directe  du  fer  d'avec  l'alumine,  séparation  si  difficile 
par  les  procédés  dont  dispose  actuellement  la  science. 

»  Voici  les  réactions  sur  lesquelles  est  fondée  la  nouvelle  méthode. 

i>  Si  l'on  ajoute  de  l'hyposulfite  de  soude  en  excès  à  la  solution  d'un  sel 
de  sesquioxyde  de  fer  (sulfate  ou  chlorure),  celle-ci  prend  une  coloration 
violette  d'une  intensité  extrême,  encore  sensible  dans  une  liqueur  qui  n'en 
contient  qu'un  demi-millième.  Mais  cette  coloration  est  très-fugace;  en 
quelques  instants  elle  disparaît  d'une  manière  complète ,  et  tout  le  fer, 
ramené  au  minimum,  se  trouve  dans  la  solution  limpide  et  incolore,  soit 
à  l'état  de  tétrathionate,  soit  sous  celui  d'hyposulfite  double.  Cette  action 
de  l'hyposulfite  de  soude  sur  les  sels  de  fer  au  maximum  a  déjà  été  observée 
par  MM.  Fordos  et  Gélis;  ces  chimistes  ont  également  constaté  que  la  réduc- 
tion du  sel  de  fer  n'était  jamais  accompagnée  de  la  formation  d'acide  sulfu- 
rique,  mais  seulement  de  celle  de  l'acide  tétrathionique,  S''  O^. 

»  Avec  un  sel  de  protoxyde  de  fer  et  de  l'hyposulfite  de  soude  en  excès, 
tout  le  fer  reste  dans  la  solution  sous  forme  d'hyposulfite  double  de  fer  et 
de  soude. 

»  Comme  le  fer  n'a  aucune  tendance  à  se  sulfurer  dans  ces  circonstances, 
les  solutions  ainsi  obtenues  se  conservent  très-bien,  et  se  prêtent  parfaite- 
ment à  toutes  les  opérations  analytiques,  telles  que  filtrations,  évapora- 
tions,  etc. 

u  IjCS  bases  très-faibles,  comme  l'alumine  et  le  sesquioxyde  de  chrome, 
forment  avec  l'acide  hyposulfureux  des  composés  d'une  extrême  instabilité, 
si  tant  est  que  ces  combinaisons  existent.  Quand,  en  effet,  on  verse  de  l'hy- 
posulfite de  soude  en  excès  dans  la  solution  d'un  sel  d'alumine  aussi  neutre 
que  possible,  dans  de  l'alun  par  exemple,  la  liqueur  conserve  toute  sa 
.  limpidité  à  froid  ;  mais  vers  60  ou  65  degrés  elle  se  trouble,  donne  lieu  à 
un  dégagement  d'acide  sulfureux  et  laisse  déposer  l'alumine  mélangée  au 
soufre  devenu  libre  : 

AF  0%  3  SO'  -H  3  (NaO,  S=  O*)  =  AP  O'  +  3  S  +  3S O^  +  3  (Na O, SO*). 

»  On  voit  que  les  sels  d'alumine  (ainsi  que  ceux  de  chrome)  cèdent 


(  989  ) 

leur  acide  à  l'hyposulfite  alcalin,  qui  se  décompose  alors  de  la  même  ma- 
nière que  par  un  acide  libre. 

»  Toutefois  la  concentration  des  liqueurs  n'est  pas  sans  influencé  sur  la 
précipitation  de  l'alumine;  pour  qu'elle  soit  complète,  il  est  nécessaire 
d'opérer  avec  une  solution  assez  étendue,  contenant  au  plus  dans  100 
centimètres  cubes  2  grammes  d'alun  ;  il  faut  en  outre  entretenir  le  liquide 
en  ébuUition  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  manifeste  plus  aucune  odeur  d'acide 
sulfureux.  Le  précipité  contient  alors  toute  l'alumine;  si,  après  l'avoir 
lavé  et  desséché,  on  le  chauffe  graduellement  au  rouge,  le  soufre  se  dé- 
gage, et  l'alumine  reste  à  l'état  de  pureté  sous  forme  d'une  masse  pidvé- 
rnlente,  opaque  et  d'un  très-beau  blanc. 

»  Ce  qui  rend  ce  mode  de  précipitation  très-avanlageux,  même  pour  un 
simple  dosage,  c'est  l'état  particulier  qu'affecte  l'alumine  ainsi  séparée  ; 
elle  est,  en  effet,  très-compacte,  nullement  gélatineuse,  et  se  dépose  avec 
beaucoup  de  rapidité.  Aussi  est-il  facile  de  la  recueillir  sur  un  filtre,  où 
elle  n'occupe,  même  mélangée  avec  le  soufre,  qu'un  volume  à  peine  égal 
au  sixième  de  celui  du  précipité  produit  par  l'ammoniaque.  Quelques  lavages 
à  l'eau  bouillante  suffisent  d'ailleurs  pour  la  débarrasser  complètement  des 
matières  solubles  entraînées. 

»  Les  détails  qui  précèdent  mettent  en  évidence  les  réactions  fort  simples 
sur  lesquelles  est  fondée  la  séparation  du  fer  d'avec  l'alumine  au  moyen 
des  hyposulfites  alcalins.  Pour  effectuer  cette  séparation,  on  opère  comme 
_il  suit  :  .  ,- 

»  L'alumine  et  l'oxyde  de  fer  étant  dissous  dans  l'acide  chlorhydrique 
ou  dans  l'acide  sulfurique,  on  sature,  s'il  e$t  nécessaire,  la  presque  totalité 
de  l'acide  libre  avec  du  carbonate  de  soude  et  l'on  ajoute  une  quan- 
tité d'eau  suffisante  pour  que  la  liqueur  ne  contienne  pas  plus  de  i  déci- 
gramme  d'alumine  par  5o  centimètres  cubes.  A  cette  solution,  qui  doit  être 
froide,  on  ajoute  un  léger  excès  d'hyposuifite  de  soude  et  l'on  attend 
qu'elle  se  soit  complètement  décolorée.  Ces  précautions  sont  nécessaires.  Il 
faut  éviter  de  verser  l'hyposulfite  dans  une  liqueur  chaude,  car  l'alumine, 
commençant  alors  à  se  séparer  avant  que  tout  le  fer  soit  ramené  au  mini- 
mum, peut  en  entraîner  une  petite  quantité.  Si  l'on  avait  un  motif  particu- 
lier pour  opérer  immédiatement  avec  une  liqueur  chaude,  il  serait  facile 
d'éviter  cet  inconvénient  en  ajoutant  préalablernent  un  peu  d'acide  sulfu- 
reux pour  amener  le  fer  à  l'état  de  protoxyde. 

')  Pour  précipiter  complètement  l'alumine,  il  suffit  de  chauffer  la  liqueiu-, 
additionnée  d'hyposuifite  de  soude,  et  de  la  maintenir  en  ébullition  jusqu'à 


(  990  ) 
ce  qu'elle  ne  dégage  plus  d'acide  sulfureux.  La  solution,  qui  est  tout  à  fait 
incolore,  retient  la  totalité  du  fer.  On  recueille  alors  le  précipité  snr  un 
filtre  et  on  le  lave  à  l'eau  bouillante.  Ce  lavage  est  très-rapide  et  n'exige  que 
peu  de  liquide.  Quand  il  est  terminé,  on  dessèche  le  fiUre  et  son  contenu  ; 
on  le  calcine  ensuite  dans  un  creuset  de  porcelaine,  d'abord  à  une  chaleur 
ménagée  pour  volatiliser  le  soufre;  puis  on  découvre  le  creuset,  on  incinère 
le  filtre,  et,  après  le  refroidissement,  on  pèse.  L'alumine  ainsi  séparée  est 
toujours  parfaitement  blanche, 

»  Le  dosage  du  fer  ne  présente  pas  de  difficulté.  On  évapore  la  liqueur 
réunie  aux  eaux  de  lavage,  et,  quand  elle  est  réduite  à  un  petit  volume,  on 
ajoute  de  l'acide  chlorhydrique  en  excès.  On  chauffe  de  nouveau  sans  faire 
bouillir  et  l'on  projette  à  plusieurs  reprises  un  peu  de  chlorate  de  potasse 
dans  le  mélange.  Quand  le  soufre  est  devenu  d'un  beau  jaune  et  qu'il  com- 
mence à  s'agglomérer,  on  étend  avec  de  l'eau,  on  filtre,  et,  après  lavage,  on 
précipite  le  fer,  à  l'état  de  sesquioxyde,  au  moyen  de  l'ammoniaque. 

))  Dans  le  but  de  m'assurer  de  la  valeur  de  ce  nouveau  procédé,  j'ai  fait 
de  nombreuses  déterminations  sur  des  quantités  pesées  des  deux  substances 
prises  dans  les  rapports  les  plus  variés.  Les  résultats  que  j'ai  obtenus,  et  qui 
.seront  consignés  dans  mon  Mémoire,  démontrent  que  la  séparation  est 
rigoureuse  pour  tous  les  cas.  L'hyposulfite  de  soude,  que  le  commerce  livre 
aujourd'hui  à  très-bas  prix  et  dans  un  grand  état  de  pureté,  devient  donc 
un  réactif  important,  et  peut  être  considéré  comme  un  des  meilleurs  préci- 
pitants de  l'alumine,  convenant  tout  aussi  bien  pour  le  dosage  de  cette  base 
que  pour  sa  séparation  d'avec  le  fer.  » 

CHIM[E  ORGANIQUE.  —  Note  sur  une  combinaison  de  l'acide  sulfurique  avec 
l'éther;  par  M^l.  Liés  Bodart  et  E.  Jacqvemw. 

■<  L'acide  sulfurique  peut  se  combiner  successivement  à  plusieurs  équi- 
valents d'eau,  et  chacun  sait  les  précautions  à  employer  lorsque  l'on  fait  ce 
qu'on  appelle  vulgairement  un  mélange  d'eau  et  d'acide  sulfurique  :  la  tem- 
pérature s'élève  considérablement,  et  l'opérateur  maladroit  n'évite  pas  tou- 
jours les  projections. 

»  L'éther  se  comporte  vis-à-vis  de  l'acide  sulfurique  monohydraté  comme 
l'eau  ordinaire  ,  c'est  ce  que  nous  nous  proposons  de  faire  ressortir  par  la 
présente  Note.  Nous  pourrions  affirmer  par  induction  une  propriété  sem- 
blable à  l'alcool,  mais  l'évidence  n'en  est  pas  aussi  palpable.  Lorsqu'à  de 
l'acide  sulfurique  monohydraté  on  ajoute  de  l'éther,  il  se  développe  de  la 
chaleur  qui  volatilise  en  partie  celui-ci,   tandis  qu'une  autre  portion  se 


(  99'  ) 
combine.  Les  propriétés  de  l'éthersont  entièrement  dissimulées;  son  odeur 
si  pénétrante  disparaît  complètement  pour  faire  place  à  une  odeur  légère- 
ment aromatique  et  peu  sensible.  Un  équivalent  d'acide  sulfurique  s'as- 
simile ainsi  i  équivalent  d'éther;  mais  lorsque  l'on  tente  d'en  faire  absorber 
davantage  vers  la  fin  de  l'addition  du  second  équivalent,  l'odeur  de 
l'éther  persiste. 

»  Il  est  à  remarquer  que  l'éther  en  se  combinant  détermine  la  précipi- 
tation dés  sels  que  l'acide  sulfurique  pourrait  tenir  en  dissolution.  Ainsi  en 
opérant  avec  l'acide  du  commerce  on  en  précipite  le  sulfate  de  plomb  d'une 
manière  assez  évidente  pour  servir  de  démonstration  dans  un  cours.  L'acide 
sulfurique  éthylé  est  un  liquide  huileux,  incristallisable  à  o  degré,  légère- 
ment coloré  par  suite  d'actions  secondaires.  Il  fait  sur  le  papier  de  tournesol 
une  tache  huileuse  qui  ne  tarde  pas  à  rougir  sur  les  bords,  et  de  là  sur  toute 
la  surface.  Cet  effet  est  dû  à  l'humidité  de  l'air;  la  vapeur  d'eau  se  substi- 
tue à  l'éther,  et  l'acide,  reprenant  son  état  normal,  rougit  le  tournesol  à  la 
façon  ordinaire. 

»  L'acide  sulfurique  éthylé  est  inflammable,  parce  que  la  chaleur  le 
décompose  et  permet  à  son  composant  l'éther  de  brûler.  Lorsqu'on  le  sou- 
met à  l'action  de  la  chaleur,  il  commence  à  entrer  en  ébullition  vers  70  de- 
grés, le  thermomètre  monte  lentement  jusqu'à  100  degrés,  point  où  nous 
avons  suspendu  l'opération  ;  il  distille  de  l'éther  tout  à  fait  pur  ;  il  reste  dans 
la  cornue  une  teinte  légèrement  colorée  en  brun  rouge,  renfermant  encore 
de  l'éther  et.  de  l'acide  sulfurique  ainsi  que  nous  nous  en  sommes  assurés. 

»  L'eau  le  détruit  avec  énergie,  déplace  l'éther  qui,  par  suite  de  la 
température  élevée,  résultat  de  l'action  chimique,  entre  en  violente  ébulli- 
tion, et  répand  son  odeur  pénétrante. 

»  L'alcool  absolu  agit  de  même,  mais  avec  bien  moins  de  violence.  » 

Cette  Note  est  renvo3fée,  ainsi  qu'une  autre  des  mêmes  auteurs,  sur  la 
génération  des  Aldéhydes,  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Dumas  et  Balard. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Noie  sur  un  nouveau  conijjosé  chloré  de  l'acide 
sulfurique  ;  par  M.  ^osEJSSTmh. 

(Commissaires  MM.  Dumas,  Balard.) 

M.  BoNNEL  adresse  de  Narbonne  une  Note  concernant  une  maladie  de  la 
vigne  qu'il  a  observée  cette  année,  et  qu'il  croit  n'avoir  pas  encore  été  dé- 

C.  K,,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI ,  ^o  21.;  1^9 


.(  992  ) 
crile.  Il  en  fait  connaître  les  différentes  phases  et  joint  à  sa  description 
plusieurs  spécimens  de  pousses  fraîches  atteintes  de  la  maladie. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  prendre  connaissance  des 
Notes  et  Mémoires  concernant  les  nialadies  des  plantes  usuelles. 

M.  Delfrayssé  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  «  Influence  des  météores  sur  les  êtres  organisés.  « 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Andral  et  Babinet. 

M.  Jacqcot  adresse  de  Saint-Dié  (Vosges)  un  Mémoire  sur  sa  méthode  de 
traitement  du  cancer  et  d'autres  affections  analogues,  réputées  incurables. 

Ce  Mémoire,  qui  est  accompagné  de  diverses  pièces  justificatives,  est  ren- 
voyé, conformément  à  la  demande  de  l'auteur,  à  l'examen  de  la  Commission 
chargée  de  décerner  les  prix  de  la  fondation  Mpntyon,  Médecine  et  Chi- 
rurgie. 

M.  AuBRÉE  envoie  de  Burie  (Charente-Inférieure)  une  Note  concernant  un 
remède  qu'il  emploie  dans  le  traitement  des  fièvi-es  intermittentes  quoti- 
diennes et  des  fièvres  tierces. 

M.  J.  Cloquet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Labre  présente  une  Note  «  sur  les  aérostats  et  sur  les  moyens  de  les 
diriger.  » 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérpstats.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  Portugal  transmet  de  la  part  de  M.  Pegado,  directeur 
de  l'observatoire  météorologique  de  l'infant  Don  Luiz  à  Lisbonne,  un 
exemplaire  du  Compte  rendu  des  travaux  de  cet  établissement  pour 
l'année  1 856-1 SS^.  [Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  «  Coup  d 'œil  sur  les  écrits  de  M.  Thomas-Antoine 


(993) 
Catullo,  professeur  émérite  d'histoire  naturelle  à  l'université  de  Padoue,   » 
et  un  Mémoire  de  ce  naturaliste  «  Sur  les  Polypiers  fossiles  de  la  Vénétie.  » 

M.  d'Archiac  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ces  publications,  écrites 
en  italien,  et  à  en  faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

ê  M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  encore,  au  nom  de  l'auteur  M.  Zur- 

ria,  professeur  de  mathématiques  transcendantes  à  l'université  de  Catane, 
un  Mémoire  sur  la  diffraction  de  la  lumière. 

«  M.  Chasles  fait  hommage  à  l'Académie,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  le 
D"^  Schrnit,  de  l'université  de  Bruxelles,  de  deux  opuscules  mathématiques 
sur  une  classe  de  fonctions  employées  en  mécanique  rationnelle,  notam- 
ment les  fonctions  dues  à  Legendre,  et  auxquelles  Laplace  a  donné  une  si 
grande  importance,  et  les  fonctions  introduites  depuis  par  M.  Lamé  dans 
ses  beaux  Mémoires  sur  le  mouvement  de  la  chaleur. 

»  M.  Schmit,  ajoute  M.  Chasles,  est  un  de  ces  jeunes  savants  que  les 
gouvernements  étrangers  envoient  tous  les  ans  suivre  les  cours  de  nos  grands 
établissements  scientifiques,  et  pendant  deux  ans  il  a  été  un  des  auditeurs 
intelligents  notamment  de  MM.  Liouville,  Lamé  et  Bertrand.  « 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  d'une  comète  à   l'Observatoire  de  Berlin,  par 
M.  Bruhns.  (Entrait  d'une  Lettre  communiquée  par  M.  Le  Verrier.) 

«  Berlin,  le  23  mai  i858. 

»  J'ai  découvert,  dit  M.  Bruhns,  aujourd'hui  matin,  dans  la  constel- 
lation d'Andromède,  une  comète  télescopique  observée  par  moi  comme 
il  suit  : 

T.  M.  de  Berlin  (mai  21)  i4''  ai"  54', 8. 

Ascension  droite 24°    3'  25"  ,4 

Déclinaison +  89.57  .52,8 

»  Le  mouvement  diurne  est,  en  ascension  droite,  4-i38';  en  décli- 
naison, -t-  80'.  '^        '  ' 

»  Elle  est  assez  claire  et  a  un  diamètre  de  3  à  4'-  Elle  est  facile  à  ob- 
server. » 


lag. 


(  994  ) 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  d'une  comète  à  l'Observatoire  de  Cambridge 
{Etats-Unis  d'Amérique).  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Bond  à  M.  Le 
F^errier.) 

«  Cette  comète  a  été  découverte  le  2  mai.  Le  3  au  soir  l'ascension  droite 
était  9''53"',  et  la  déclinaison  +35°  10'.  Le  mouvement  s'effectuait  surtout 
en  ascension  droite  et  était  d'environ  un  rfe^re  par  jour. 

«   L'astre  était  très-faible  et  assez  difficile  à  observer.  » 

ANALYSE  MATHÉM.iTiQUE.  —  Note  sur  les  deux  exemplaires  manuscrits  des 
qrandes  Tables  logarithmiques  et  trigonométriques ,  calculées  au  bureau  du 
cadastre,  sous  la  direction  de  Pronj;  par  M.  F.  Lefort.  (Présentée  par 
M.  Le  Verrier.) 

«  Grâce  à  la  libérale  bienveillance  de  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire, 
j'ai  pu  travailler  pendant  plusieurs  mois  sur  l'exemplaire  manuscrit  des 
grandes  Tables  logarithmiques  et  trigonométriques,  qui  est  déposé  à  la 
bibliothèque  de  cet  établissement.  Les  résultats  que  j'espère  tirer  de  cette 
étude  sont  encore  fort  incomplets,  et  je  n'aurais  pas  songé  à  en  entretenir 
actuellement  l'Académie,  si  M.  Le  Verrier  n'avait  bien  voulu  mentionner 
mes  recherches  dans  la  dernière  séance,  à  la  suite  de  la  communication  de 
M.  Biot,  et  n'avait  fait  pressentir  qu'elles  étaient  de  nature  à  lever  les  doutes 
que  l'on  pouvait  concevoir  sur  le  caractère  original  des  deux  uniques  exem- 
plaires connus,  celui  de  l'Observatoire  et  celui  que  possède  aujourd'hui 
l'Institut.  Dans  ces  circonstances,  j'ai  pensé  qu'une  courte  Note  sur  ce  sujet 
pourrait  être  accueillie  avec  quelque  intérêt. 

»  Une  Notice  de  Prony,  en  date  du  i*""  germinal  an  IX,  un  Rapport  de 
Delambre  du  r  i  germinal  de  la  même  année,  enfin  une  nouvelle  Notice  lue 
par  Prony  à  la  séance  publique  de  l'Académie  des  Sciences  du  7  juin  1824, 
ont  fait  connaître  de  quelle  manière  les  grandes  Tables  logarithmiques  et 
trigonométriques  ont  été  calculées.  Pour  notre  but,  il  suffit  de  rappeler  le 
mode  de  confection  delà  table  des  logarithmes  des  nombres. 

»  Une  première  section,  composée  de  quatre  ou  cinq  géomètres,  s'occu- 
pait de  la  partie  purement  analytique  et  du  calcul  de  quelques  nombres 
fondamentaux. 

»  Sept  ou  huit  calculateurs  , possédant  l'analyse  et  ayant  une  grande  pra- 
tique de  la  traduction  des  formules  en  nombres,  composaient  une  deuxième 
section.  Ils  ont  calculé  directement,  d'après  les  formules  établies  par  le.s 
géomètres  de  la  première  section  : 


(  995  ) 

»    1°.  Les  loooo  premiers  logarithmes  à  ig  décimales; 

»  i".  Les  logarithmes  de  toooo  à  200000,  par  intervalles  de  200,  à 
i/f  décimales,  et  avec  quatre,  cinq  et  même  six  ordres  de  différences.  Le 
nombre  des  décimales  était  successivement  augmenté  de  2  par  chaque 
ordre,  de  telle  sorte,  par  exemple,  que  la  sixième  différence  était  écrite  avec 
a6  décimales. 

»  La  troisième  section,  composée  de  soixante-dix  à  quatre-vingts  personnes 
d'une  instruction  mathématique  très-peu  étendue,  remplissait,  par  la  mé- 
thode d'interpolation  dont  Mouton  est  l'inventeur,  l'intervalle  de  iqq  nom- 
bres laissé  entre  deux  nombres  consécutifs  de  la  série  préparée  par  les  soins 
des  calculateurs  de  la  deuxième  section.  A  cet  effet,  chacun  d'eux  recevait 
une  feuille  réglée  en  cinquante  lignes  horizontales,  tant  sur  le  recto  que 
sur  le  verso,  et  divisée  dans  un  nombre  de  colonnes  verticales  proportionné 
au  nombre  des  ordres  de  différences  qui  devaient  y  être  inscrits. 

))  La  ligne  horizontale  supérieure  de  chacune  des  grandes  feuilles  in-folio 
reproduisait  les  nombres  déterminés  par  les  calculateurs  de  la  deuxième  sec- 
tion, et  servait  ainsi  de  point  de  départ. 

»  Tous  les  calculs,  c'est-à-dire  les  calculs  directs  et  les  calculs  d'interpo- 
lation, se  faisaient  en  double  et  devaient  être  conférés.  De  plus,  d'après 
Prony,  on  s'était  ménagé  des  moyens  de  vérification  expéditifs,  quoique 
très-rigoureux . 

»  La  réunion  des  feuilles  remplies  par  voie  d'interpolation,  devait  for- 
mer un  double  original.  Tel  était  le  but,  le  but  unique  de  l'opération.  Or, 
les  deux  exemplaires  manuscrits,  dont  l'un  est  déposé  à  la  bibliothèque  de 
l'Observatoire,  et  l'autre  à  la  bibliothèque  de  l'Institut,  sont  précisément 
formés  par  des  feuilles  de  papier  réglées  et  divisées  comme  je  l'ai  indiqué 
tout  à  l'heure.  Les  différences  y  sont  inscrites  avec  la  totalité  des  décimales 
que  comportait  le  programme  des  calculs.  A  la  jonction  des  intervalles  rem- 
plis par  interpolation,  les  logarithmes  et  les  différences  sont  inscrits  deux 
fois,  une  fois  à  la  fin  de  la  feuille  qui  s'achève,  une  autre  fois  en  tête  de  la 
feuille  qui  commence;  et  les  nombres  présentent  entre  eux  les  divergences 
qui  devaient  résulter,  non  de  la  variété  des  méthodes  de  calcul,  mais  de  la 
différence  du  degré  d'approximation  admis  dans  les  calculs  directs  et,  dans 
les  calculs  de  l'interpolation. 

»  Les  deux  exemplaires  renferment  des  feuilles  signées  par  un  certain 
nombre  de  calculateurs.  Tous  deux  portent  le  poinçon  du  bureau  du  ca- 
dastre. Enfin  ils  sont  tellement  semblables  jusque  dans  la  reliure,  que  l'on 


(  996  )  . 

ne  peut  guère  les  distinguer  aujourd'hui  que  par  le  cachet  des  bibliothè- 
ques qui  les  possèdent. 

»  Prony  se  rendait  si  bien  compte  des  chances  d'erreur  que  comportent 
des  transcriptions  de  chiffres,  que  pressé  parle  Gouvernement  d'extraire  de 
ses  grandes  tables  trigonométriques  à  peine  achevées,  des  tables  usuelles  à 
7  décimales,  il  aima  mieux  procéder  directement  à  leur  construction  que 
s'exposera  des  erreurs  de  copie.  Ce  fut  d'ailleurs,  dit-il,  l'affaire  de  neuf  jours. 
On  comprend  qu'ici  le  temps  décroît  comme  le  nombre  des  calculateurs 
augmente. 

»  Dans  aucune  circonstance,  ni  Prony,  ni  ses  collaborateurs,  n'ont  dit, 
ou  donné  lieu  à  penser,  qu'il  y  ait  eu  transcription  des  feuilles  quadrillées 
qui  étaient  remises  aux  calculateurs  pour  la  composition  des  minutes. 

»  L'ensemble  de  ces  considérations  me  paraît  établir  que  les  exemplaires 
manuscrits  des  grandes  tables,  qui  appartiennent  l'un  à  l'Observatoire, 
l'autre  à  l'Institut,  sont  uniques  et  bien  véritablement  originaux. 

»  Tous  les  soins  de  correction  et  de  vérification  que  les  Notices  rappor- 
tent, ont-ils  été  pris  ?  Les  surcharges  nombreuses  que  portent  les  feuilles  le 
prouvent  surabondamment.  Mais  ces  soins  ont-ils  été  dirigés  par  un  esj)rit 
de  précision  assez  scrupuleux  ?  Quelques  faits  permettent  d'en  douter,  mal- 
gré la  confiance  imperturbable  que  partageaient  également  Prony  et  ses  utiles 
auxiliaires  en   la  perfection  absolue  des  résultats  qu'ils  avaient  obtenus. 

»  Prony  avait  emprunté  à  la  bibliothèque  du  Panthéon  un  exemplaire 
de  V/irithmetica  logaritlimica  de  Briggs.  Il  l'enrichit,  en  le  rendant,  d'un 
errata  qui  avait  été  composé  pour  l'exemplaire  qui  lui  appartenait  en  propre. 
Cet  errata,  dont  l'original  est  à  la  bibliothèque  de  l'Ecole  des  Ponts  et 
Chaussées,  et  que  j'ai  transcrit  d'après  l'exemplaire  de  la  bibliothèque  . 
Sainte-Geneviève,  est  précédé  d'une  Note  que  je  rapporte  textuellement  : 

«  Cet  errata  est  composé  :  i°  de  celui  qui  est  en  tète  de  l'introduction 
»  latine  [de  Briggs]  ;  i°  des  fautes  qu'ont  trouvées  les  citoyens  Letellier  et 
"  Guyétant,  calculateurs  au  bureau  du  cadastre,  en  collationnant  la  table 
M  de  Briggs  sur  les  grandes  tables  du  cadastre.  Ces  dernières  fautes  sont 

»  indiquées  par  [un  signe  particulier]  le  signe    OCL.  n 

»  Ce  travail  de  collation  a  mis  en  évidence  trente-deux  nouvelles  fautes  ; 
mais  il  n'est  venu  à  l'idée  de  personne,  pas  même  à  la  pensée  de  Prony,  que 
quelques-unes  pussent  appartenir  en  propre  à  l'exemplaire  des  tables  du 
cadastre  qui  avait  servi  à  conférer;  et  toutes  ont  été  imputées  à  Briggs.  Je 
,n'ai  pas  pu  partager  cette  excessive  confiance  ;  car,  si  j'avais  un  grand 


t  997  ) 
respect  pour  la  bonté  des  méthodes  et  pour  les  soins  de  vérification,  je 
n'ignorais  pas,  d'un  autre  côté,  combien  il  est  facile  d'écrire  un  chiffre 
pour  un  autre,  et  de  laisser  subsister  des  erreurs  après  une  collation  qui 
s'applique  à  des  milliards  de  chiffres.  Je  me  suis  donc  mis  à  vérifier  directe- 
ment les  logarithmes  pour  lesquels  il  y  avait  divergence,  et  j'ai  reconnu  ainsi 
que  quatre  erreurs  capitales,  sur  les  logarithmes  des  nombres,  appartenaient 
en  réalité  à  l'exemplaire  de  la  table  du  cadastre,  et  non  à  Briggs. 

»  J'en  citerai  une  seule,  dont  le  contrôle  exigeait  bien  peu  de  temps  et 
de  peine  :  ' 

D'après  Briggs  log  1082  =  3. 03422  72607     7o55 

D'après  le  cadastre    log  1082  =  3. 03422  726o[8]  7o55 

a  Or,  la  table  de  Gardiner  donnait,  pour  1082,  précisément  les  mêmes 
chiffres  que  Briggs;  et,  en  décomposant  ce  nombre  en  ses  facteurs  premiers 
2  et  541,  on  trouvait,  par  la  table  même  du  cadastre, 

log        2  =  o.3oio2     99956     6398 
log    541  =  2.73319     72651     0657 

d'où  log  1082  =  3.03422     72607     7055 

'  »  Le  heu  de  l'erreur  était  rendu  ainsi  manifeste. 

»  L'errata  dont  il  s'agit  présente  une  particularité  digne  de  remarque. 
Toutes  les  erreui-s  notées  au  delà  de  la  dixième  chiliade  ne  s'appliquent 
jamais  à  des  chiffres  placés  plus  loin  que  la  onzième  décimale.  Cependant 
il  existe  des  divergences  nombreuses  sur  les  deux  derniers  chiffres  compa- 
résj  qui  sont  du  treizième  et  du  quatorzième  ordre.  On  doit  en  conclure  que 
les  calculateurs  n'attribuaient  pas  aux  tables  du  cadastre  assez  de  précision 
pour  les  faire  servir  à  corriger  les  dernières  décimales  de  Briggs.  En  cela, 
ils  avaient  parfaitement  raison.  Les  bases  du  calcul  avaient  été  choisies  de 
manière  à  assurer  1 2  décimales  exactes  dans  les  logarithmes  et  dans  les 
différences,  et  les  soins  de  précision  ne  s'appliquent  réellement  qu'à  la 
recherche  de  ces  12  décimales,  qui  seules  devaient  être  publiées.  Et,  pour 
le  dire  en  passant,  par  cette  raison,  que  fortifient  d'ailleurs  beaucoup 
d'autres,  il  y  aurait,  à  mes  yeux,  une  grande  imprudence  à  imprimer  bruta- 
lement tous  les  chiffres  du  manuscrit,  comme  on  l'a  sérieusement  proposé, 
en  1819,  avec  plus  d'enthousiasme  que  de  réflexion. 

»  La  table  de  Briggs  ne  contient  que  3o  chiliades;  à  ce  nombre  se  borne 
donc  la  collation  opérée  sur  les  tables  du  cadastre  par  les  soins  des  calcu- 
lateurs. Il   m'a  paru  qu'il  était  désirable  d'aller  plus  loin,  et,  soutenu  par 


(  998  ) 
l'espérance  d'obtenir  des  résultats  utiles,  j'ai  entrepris  le  long  et  fastidieux 
travail  de  coUationner,  sur  les  tables  du  cadastre,  les  soixante-dix  chiliades 
calculées  à  dix  décimales  par  Vlacq,  chiliades  que  ne  renferment  pas  les 
tables  de  Briggs  ;  puis  de  contrôler  les  trente  chiliades  transcrites  par  ^'lacq, 
par  collation  sur  un  exemplaire  de  Briggs  que  j'avais  préalablement  corrigé 
de  deux  cent  trente-cinq  erreurs  qui  l'entachaient.  J'ai  ainsi  trouvé  cinq 
cent  trente-trois  erreurs  dans  Vlacq,  et  cinq  erreurs  nouvelles  dans  le  ma- 
nuscrit de  l'Observatoire.  Trois  de  ces  erreurs  existent  également  dans  le 
manuscrit  de  l'Institut,  et  deux  n'y  sont  pas  reproduites. 

»  Sur  les  quatre  autres  fautes  que  j'ai  indiquées  plus  haut,  trois  sont 
reproduites  dans  le  manuscrit  de  l'Institut.  Elles  se  rapportent  aux  trois 
premières  chiliades,  et  sont,  comme  toutes  les  autres,  la  conséquence  de 
transcriptions  inexactes,  c'est-à-dire  que  leur  influence  est  tout  à  fait  locale, 
et  ne  vicie,  dans  la  table,  ni  les  nombres  qui  précèdent,  ni  ceux  qui  suivent. 

»  Cette  coïncidence  partielle  d'erreurs,  leur  étendue  constamment  res- 
treinte, et  la  netteté  habituelle  des  chiffres  qui  expriment  les  logarithmes 
des  nombres,  me  semblent  démontrer  que  la  plupart  des  calculateurs  de 
la  troisième  section,  sinon  la  totalité,  faisaient  leurs  additions  et  leurs  sous- 
tractions sur  des  feuilles  volantes  dont  ils  pouvaient  librement  disposer,  et 
les  partaient  ensuite  sur  les  feuilles  réglées  qui  leur  avaient  été  officielle- 
ment remises.  C'était  une  faute  incontestablement.  Mais,  pour  la  recon- 
naître, il  fallait  avoir  fait  personnellement  beaucoup  de  calculs  numériques, 
et,  pour  la  prévenir,  il  aurait  fallu  allier  à  une  grande  énergie  de  volonté 
une  surveillance  si  minutieuse,  que  souvent  elle  répugne  plus  encore  à  celui 
qui  l'exerce  qu'à  celui  qui  la  subit.  Cette  époque,  d'ailleurs,  était  par  excel- 
lence celle  de  la  foi  dans  le  calcul,  et  on  ne  s'y  serait  pas  imaginé  que  des 
minutes,  soigneusement  collationnées,  et  préparées,  chacune,  par  deux 
calculateurs  travaillant  isolément,  pussent  être  fautives. 

»  Les  tables  du  cadastre,  comme  toutes  les  oeuvres  humaines,  ne  sont 
donc  pas  parfaites.  Elles  ne  le  sont  ni  dans  l'exécution,  ni,  peut-être, 
dans  les  détails  de  la  conception.  Cependant,  elles  surpassent  de  beaucoup, 
non-seulement  en  étendue,  mais  encore,  et  surtout,  en  correction,  toutes  les 
tables  qui  les  ont  précédées,  et  les  tables  plus  modernes  qui  ne  leur  ont 
pas  été  comparées  avant  la  publication.  Delambre  a  tres-justemenl  caracté- 
risé et  mesuré  leur  utilité,  dans  une  Note  qu'il  a  remise  au  chevalier  Blag- 
den,  en  i8ig,  lorsque  se  négociait  l'importante  affaire  de  la  publication 
de  ces  grandes  tables  aux  frais  communs  des  gouvernements  français  et 
anglais  : 


(  999  ) 

«  Ces  tables,  disait-il,  non  plus  que  celles  de  Briggs,  ne  serviront  pas 
»  dans  les  cas  usuels,  mais  seulement  dans  des  cas  extraordinaires.  Comme 
»  celles  de  Briggs,  elles  seront  la  source  où  viendront  puiser  tous  ceux  qui 
»  impriment  des  tables  usuelles  avec  plus  ou  moins  d'étendue.  Elles  ser- 
»   viront  de  point  de  comparaison  pour  tout  ce  qui  a  été  fait  ou  se  fera.  » 

»  Cette  Note  de  Delambre  m'a  encouragé  dans  un  dessein  que  j'avais 
commencé  à  mettre  à  exécution  avant  de  la  connaître,  et  j'espère  im  jour 
pouvoir  présenter  à  l'Académie  les  résultats  des  travaux  que  j'ai  entrepris, 
pour  tirer  le  plus  de  profit  possible  du  monument  scientifique,  déposé  dans 
ses  archives.  Je  n'ai  voulu  aujourd'hui  qu'en  constater  la  valeur.  » 

M.  PouiLLET  présente,  au  nom  de  M.  Delamarche,  deux  spécimens  du 
câble  destiné  à  établir  la  communication  télégraphique  entre  la  Sardaigne 
et  la  côte  d'Afrique.  Un  des  tronçons  représente  la  portion  du  câble  qui 
sera  immergée  en  haute  mer,  l'autre,  d'un  diamètre  plus  grand,  celles  qui 
seront  voisines  des  côtes. 

GÉOLOGIE.  —  Des  houilles  sèches  des  terrains  jurassiques  et  parliculièrement  des 
stipites  du  Larzac  [Aveyron);  par  M.  Marcel  de  Serres.  (Extrait.  ) 

«  Les  houilles  sèches  ou  stipites  du  Larzac  appartiennent  aux  terrains 
jurassiques  et  au  groupe  de  l'oolithe  inférieure.  Ces  houilles  présentent  cette 
particularité  remarquable  pour  des  terrains  aussi  anciens  que  ceux  où  on 
les  découvre,  d'offrir  un  mélange  de  coquilles  d'eau  douce  et  marines, 
confondues  dans  les  mêmes  couches  oolithiques.  Les  premières  se  rapportent 
à  des  Paludines,  des  Mélanies  et  des  Unio,  tandis  que  les  secondes  se  rappor- 
tent à  d«s  espèces  des  genres  Mjtilus,  Aslarle  et  Avicula. 

»  Les  formations  dans  lesquelles  on  rencontre  ces  coquilles  sont  surmon- 
tées par  les  terrains  oxfordiens  d'une  épaisseur  et  d'une  étendue  peu  consi- 
dérable en  comparaison  des  formations  oolithiques.  On  ne  voit  plus  dans 
les  calcaires  oxfordiens  de  traces  de  dépôts,  ni  de  produits  organiques  des 
eaux  douces.  On  y  observe  uniquement  des  genres  marins,  parmi  lesquels 
nous  signalerons  les  Phaladomya,  \es  Panopœa,  \es  f^énus  ou  les  C/therea, 
enfin  des  Mjtilus,  mais  dont  les  espèces  sont  totalement  différentes  de  celles 
des  formations  oolithiques  inférieures. 

»  La  présence  de  pareils  dépôts  d'eau  douce  au  milieu  de  ces  ter- 
rains, et  même  dans  lui  groupe  plus  ancien  de  la  base  septentrionale  du 
plateau  du  Jjarzac  vers  Milhau,  et  cela  dans  les  marnes  supraliasiques, 
prouve  qu'il  existait  déjà  à  ces  époques  reculées,  des  eaux  dans  lesquelles 

C.  R.,  i858,  !"■  Semestre.  (T.  XLVI,  No21.)  1  3o 


(     lOOO    ) 

vivaient  des  êtres  analogues  à  ceux  qui  habitent  nos  mares  et  nos  lacs.  Ces 
faits  qui  nous  sont  connus  depuis  plusieurs  années  ne  sont  pas  bornés, 
ainsi  qu'on  pourrait  le  supposer,  à  quelques  localités  de  l'Aveyron;  on  en  a 
en  effet  signalé  dans  d'autres  régions  séparées  de  cette  contrée  montagneuse 
par  des  distances  fort  considérables.  Tels  sont  les  terrains  lacustres  que 
MM.  Hislop  et  Hunter  ont  observés  au  milieu  des  formations  jurassiques  de 
l'Inde  centrale,  et  que  l'on  a  rencontrés  également  dans  l'Amérique  du  Nord, 
au  pied  oriental  des  Apalaches.  Ces  derniers  dépôts,  quoique  limités  et 
n'ayant  pas  la  même  étendue  que  ceux  de  l'Inde,  n'en  ont  pas  moins  un 
grand  intérêt,  surtout  lorsqu'on  les  compare  aux  terrains  oolithiques  du 
Larzac  où  l'on  découvre  également  des  formations  lacustres  accompagnées 
par  des  houilles  sèches  ou  stipites.  C'est  surtout  dans  la  partie  inféi  ieure  des 
couches  jurassiques  que  le  charbon  existe  dans  les  deux  localités. 

»  Ces  faits  résultent  des  recherches  d'un  grand  nombre  d'observateurs, 
dont  M.  d'Archiac  nous  a  fait  connaître  les  travaux  avec  quelques  détails 
dans  son  excellente  Histoire  des  progrès  de  la  Géologie  (i). 

»  Plusieurs  des  mines  de  houille  sèche  ou  stipite  qui  présentent  ces  par- 
ticularités sont  situées  sur  le  plateau  du  Larzac,  à  797  mètres  au-dessus  du 
niveau  delà  Méditerranée.  Telles  sont  celles  de  la  Cavalerie,  exploitées 
d'une  manière  constante  et  avec  régularité.  Il  n'en  est  pas  de  même  des 
autres  mines  qui  appartiennent  à  ce  système  dont  cette  localité  est  le  point 
le  plus  méridional  ;  on  ne  trouve  pas  du  moins  de  trace  de  ce  combustible 
au  delà  et  dans  la  direction  du  sud.  On  peut  toutefois  considérer  la  Cavalerie 
comme  le  centre  de  ce  système  houiller,  vu  la  puissance  et  l'étendue  des 
couches  qui  en  font  partie,  en  comparaison  de  l'épaisseur  de  ces  mêmes  cou- 
ches dans  les  autres  points  exploités.  Cette  épaisseur  diminue  tellement  à 
mesure  que  l'on  s'éloigne  de  ce  centre,  que  de  70  à  80  centimètres  elle  finit 
par  n'être  plus  que  de  10  à  12  centimètres  au  plus. 

»  Les  stipites  du  Larzac  brûlent  presque  comme  les  houilles  grasses  ;  ils 
se  collent  assez  bien,  et  donnent  un  coke  dont  l'aspect  est  imparfaitement 
métallique.  Il  nous  a  paru  généralement  plus  léger  que  ceux  qui  prove- 
naient des  véritables  houilles  avec  lesquelles  nous  l'avons  comparé.  La  plus 
grande  quantité  de  coke  que  nous  ayons  obtenue,  après  une  distillation 
continuée  pendant  plus  de  six  heures,  a  été  sur  100  kilogrammes  de  5i  à 
57;  mais  la  moyenne  a  peu  dépassé  48  kilogrammes.  Comme  ce  coke  four- 
nit un  bon  combustible,  il  ne  pourra  qu'être  très-apprécié  pour  le  chauffage 
des  appartements  et  les  divers  usages  économiques,  lorsque  son  transport 

(1)  Histoire  des  progrès  de  la  Géologie,  tome  VII,  pages  64 1  et  suivantes,  pages  671  et 
suivantes. 


(    lOOI    ) 

sera  devenu  facile  par  les  voies  ferrées  que  l'on  se  propose  d'établir  de 
Lodève  à  Rodez. 

»  La  quantité  de  coke  que  fournissent  les  houilles  de  Monte-Bamboli  en 
Toscane,  quoique  appartenant  aux  terrains  tertiaires,  est  bien  plus  grande 
que  celle  qu'ont  donnée  les  stipites  duLarzac,  mais  aussi  les  premières  sub- 
stances charbonneuses,  par  suite  de  circonstances  particulières,  possèdent 
toutes  les  propriétés  des  houilles  des  terrains  primaires.  Elles  en  fournissent 
à  peu  près  constamment  66  pour  loo,  quantité  plus  considérable  que  celle 
qu'ont  rendue  les  lignites  tertiaires  des  meilleures  qualités  de  Manosque 
dans  les  Basses-Alpes;  cette  dernière  ne  s'est  pas  élevée  au  delà  de  45,5. 

»  C'est  déjà  un  grand  pas  de  fait  que  d'être  parvenu  à  obtenir  du  coke, 
je  ne  dis  pas  des  charbons  de  Monte-Bamboli,  qui  sont  une  exception  et 
une  exception  des  plus  remarquables  aux  lois  de  composition  des  sub- 
stances charbonneuses,  mais  des  stipites  des  terrains  jurassiques,  et  des 
lignites  des  formations  tertiaires.  Cette  transformation  est  d'une  si  grande 
utilité,  que  nous  nous  proposons  de  nous  assurer  si  tous  les  charbons  des 
terrains  plus  récents  que  les  formations  primaires  en  sont  susceptibles.  Il 
est  du  moins  certain  qu'aucun  de  ces  charbons,  connus  assez  généralement 
dans  le  midi  de  la  France  sous  le  nom  de  bâtards,  ne  renferment  pas  de  la 
naphtaline,  mais  nous  ne  sommes  pas  aussi  sûr  qu'il  en  soit  de  même  de  la 
parafjine. 

»  Ce  que  nous  avons  dit  des  substances  charbonneuees  prouve,  en 
quelque  sorte,  que  ces  substances  n'ont  pas  cessé  de  s'opérer  depuis  les 
plus  anciens  dépôts  de  sédiment  jusqu'à  nos  jours.  Dans  ce  long  intervalle, 
les  formes  qu'elles  ont  affectées,  et  qui  rappellent  le  moins  leur  origine 
végétale,  se  rapportent  aux  premiers  âges.  Le  diamant  ne  peut  pas  être 
considéré  comme  une  exception  à  cette  loi  générale,  si  réellement  il  est  en 
place  et  dans  sa  gangue  dans  les  terrains  primaires  du  Brésil,  de  l'île  de 
Bornéo,  ainsi  que  dans  les  montagnes  qui  séparent  la  Russie  de  la  Sibérie. 

»  Il  paraît  du  moins  que  le  diamant  a  été  réellement  rencontré  dans  la 
partie  supérieure  des  dépôts  d'eau  douce  de  l'Inde  centrale,  qui  appartiennent 
aux  terrains  jurassiques  et  probablement  au  groupe  de  l'oolithe  inférieure. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  la  forme  la  plus  récente  sous  laquelle  les  matières 
charbonneuses  se  sont  perpétuées  jusqu'à  l'époque  actuelle,  paraît  pro- 
duire maintenant  les  dépôts  les  plus  abondants  des  combustibles  d'origine 
végétale.  Les  tourbes,  qui  rappellent  jusqu'à  lui  certain  point  les  diverses 
circonstances  du  gisement  de  la  houille,  lient  en  quelque  sorte  les  phéno- 
mènes de  l'ancien  monde  avec  ceux  dont  nous  sommes  les  témoins.    » 

i3o.. 


(    looa  ) 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Delà  distribution  des  pluies  en  France  pendant  Cannée  1857  ; 
par  M.  Ch.  Martins.  (Lettre  à  M.  Elie  de  Beatimont.) 

«  Sécheresse  extiaordinaire  dans  le  nord  de  la  France,  pluies  abondantes 
suivies  d'inondations  dans  la  région  comprise  entre  la  mer,  le  Rhône  et  les 
Cévennes,  ainsi  ique  dans  les  Basses-Pyrénées,  tel  a  été  d'une  manière  géné- 
rale ,1e  régime  pluviométrique  de  l'année  1857.  Ayant  rassemblé  les  quan- 
tités mensuelles  de  pluie  de  trente-huit  points  répartis  sur  la  surface  de  la 
France,  je  vais  essayer  de  préciser  les  faits  en  cherchant  quelle  a  été  la  dis- 
tribution des  pluies  pendant  l'année  qui  vient  de  s'écouler. 

»  La  quantité  annuelle  de  chaque  point  est  fort  différente  si  l'on  consi- 
dère d'un  côté  la  région  méditerranéenne  et  celle  du  sud-ouest,  de  l'autre 
le  reste  de  la  France.  Pour  en  juger,  il  suffit  de  mettre  en  regard  les  nombres 
suivants  :  ceux  de  la  première  colonne  donnent  les  quantités  d'eau  tombées 
dans  la  région  pluvieuse;  ceux  de  la  seconde,  répartis  à  peu  près  également 
sur  la  surface  du  territoire,  celles  de  la  région  sèche. 


RÉGION     PLUVIEUSE. 

Narbonne 773'" 

Cette g5o 

Montpellier i5i5 

Nîmes 1 020 

Alais I  o83 

Orange no2 

Marseille 694 

Réglisse  (Var) 897 

Bordeaux 741 

Beyrie  (Landes) 836 

Bayonne 1 227 


Moyenne i)85" 


HEGION  SECHE. 

Lille 535""" 

Metz 575 

Strasbourg 58 1 

Paris 5 1 6 

Nantes 44^ 

Bourbonne 377 

Dijon 5 1 4 

Saint-Léonhard  (Vienne) 5o5 

Montbelliard 3o  i 

Vesoiil 496 

Lyon 618 

Toulouse 578 

Moyenne 487""" 


»  La  quantité  d'eau  tombée  dans  le  Midi  et  dans  le  Sud-Ouest  a  été  double 
environ  de  celle  mesurée  dans  le  reste  de  la  France.  La  différence,  sans  être 
aussi  notable,  est  cependant  chaque  année  à  l'avantage  des  régions  méri- 
dionales, mais  ordinairement  la  constance  et  la  fréquence  des  pluies  dans 
le  Nord  compense  la  violence  des  averses  du  Midi,  et  en  automne  la  terre 
est  souvent  verdoyante  dans  le  Nord,  tandis  qu'elle  est  toujours  aride  et  des- 
séchée dans  le  Midi.  En  1 867  on  a  vu  le  contraire,  et  jamais  peut-être  on  n'a 
constaté  en  une  localité  du  Nord,  Bourbonne-les-Bains  par  exemple,  et  une 


(  ioo3  ) 

ville  du  Midi,  Montpellier,  l'énorme  différence  de  1 138  millimètres  de  pluie 
en  un  an. 

»  Étudions  maintenant  la  répartition  des  pluies  suivant  les  saisons  et  les 
mois.  Celui  de  janvier  a  été  généralement  sec  ;  cependant  à  Bayonne  et 
dans  les  Landes,  on  a  mesuré  197  millimètres  et  1 15  millimètres  d'eau.  Le 
mois  de  février  s'est  montré  partout  d'une  sécheresse  remarquable ,  sauf  la 
région  comprise  entre  les  Cévennes,  le  Rhône  et  la  mer.  Ainsi,  pendant  que 
la  pluie  moyenne  de  février  dans  toute  la  France  ne  dépassait  pas  19  milli- 
mètres, elle  atteignait  287  millimètres  à  Alais,  1  i3  à  Nîmes,  278  à  Mont- 
pellier et  143  à  Cette. 

«  Le  printemps  (mars,  avril  et  mai)  n'a  pas  été  pluvieux  dans  le  Nord  et 
dans  l'Ouest;  mais  dans  les  bassins  de  la  Garonne,  de  l'Adour  et  les  régions 
jurassiques,  il  est  tombé  une  assez  forte  quantité  de  pluie  :  à  Bordeaux 
•îo5  millimètres,  à  Toulouse  222  millimètres,  à  Beyrie  (Landes)  273  mil- 
limètres, à  Bayonne  526  millimètres.  Dans  les  régions  jurassiques,  à  Besan- 
çon, Bourg,  Dôle,  Gray,  Fort-de-Joux,  Montbelliard,  Lons-le-Saulnier,  en 
moyenne  194  millimètres.  Au  centre  (les  montagnes  on  a  noté  à  Lons-le- 
Saulnier  219  millimètres  et  au  Fort-de-Joux  201  millimètres.  Assez  sec  dans 
la  région  méditerranéenne  où  il  n'est  tombé,  en  moyenne,  que  r32  miliimè- 
de  pluie,  le  printemps  de  1 867  n'a  été  pluvieux  que  dans  le  Sud-Ouest  et  l'Est. 

»  Les  trois  mois  d'été,  juin,  juillet  et  août,  ont  été  généralement  secs  : 
ainsi  à  Paris,  où  la  moyenne  déduite  de  63  ans  par  M.  de  Gasparin  est  de 
172  millimètres,  il  n'est  tombé  en  1857  que  i5i  millimètres;  à  Genève 
160  millimètres  au  lieu  de  219  millimètres;  à  Nantes  73  millimètres,  quan- 
tité certainement  très-inférieure  à  la  moyenne;  à  Strasbourg  178  millimètres 
au  lieu  de  220  millimètres;  à  Bourbonne  47  millimètres;  à  Hendecourt  (Pas- 
de-Calais)  III  millimètres;  à  Saint-Léonhard  (Vienne)  82  millimètres.  Dans 
la  région  méditerranéenne  les  étés  jecs  sont  l'état  normal ,  et  sous  ce  point 
de  vue  celui  de  1857  n'a  rien  présenté  de  spécial.  Toutefois  au  milieu  de  ce 
manque  d'eau  universel,  quelques  points  ont  reçu  des  quantités  de  pluie 
supérieures  à  la  moyenne;  je  citerai  dans  le  Nord  :  Metz  (234  millimètres)  ; 
dans  l'Est,  Besançon  (21 3  miUimètres),  et  dans  le  Midi,  Orange,  (21 3  milli- 
mètres), tandis  que  dans  la  ville  d'Alais,  située  en  ligne  droite  à  59  kilomè- 
tres, ne  recevait  que  83  millimètres,  Nîmes  120  millimètres  et  Montpellier 
69  millimètres. 

»  Si  l'été  a  été  presque  aussi  sec  dans  le  Noid  que  dans  le  Midi,  il  n'en 
a  pas  été  de  même  de  l'automne.  A  Bayonne,  on  constatait  243  millimètres 
pour  la  somme  des  quantités  d'eau  tombée  en  septembre,  octobre  et 
novembre.  Dans  la  région  méditerranéenne  comprise  entre  les  Alpes  et 


(  ioo4  ) 
les  Cévennes  d'un  côté  et  la  mer  de  l'autre,  la  quantité  moyenne  des  pluies 
s'est  élevée  à  54 1  millimètres;  le  maximum  g^a  a  été  constaté  à  Montpel- 
lier (i),  le  minimum  à  Narbonne  4i  i  millimètres,  et  à  Marseille  4i6  milli- 
mètres; à  Perpignan  cette  quantité  se  réiuità  a64  millimètres. 

»  A  Montpellier,  les  vents  du  sud-est  amenaient  sans  cesse  de  la  Méditer- 
ranée des  légions  de  nuages  noirs  et  bas  qui,  rencontrant  le  courant  supérieur 
du  nord-ouest,  précipitaient  ces  masses  d'eau  sur  les  plaines  du  bas  Lan- 
guedoc; elles  tombaient  par  averses  continues  durant  souvent  douze  à  quinze 
heures  consécutives.  La  pluie  était  chassée  par  de  violentes  rafales  de  vents, 
accompagnées  quelquefois  de  coups  de  tonnerre.  Les  plus  fortes  averses  ont 
été  celles  du  it\  septembre,  où  j'ai  mesuré  au  Jardin  des  Plantes  i3o  milli- 
mètres d'eau  tombée  entre  six  heures  du  matin  et  midi  ;  celle  de  la  nuit  du 
25  au  26,  de  72  millimètres  et  de  gS  miUimètres,  dans  celle  du  23  au  24  oc- 
tobre. 

>'  Tandis  que  les  plaines  de  l'Adour,  de  l'Hérault  et  les  vallées  du  Gar- 
don et  de  l'Ardèche  étaient  inondées,  le  nord,  le  nord-est  et  le  nord-ouest 
de  la  France  manquaient  d'eau.  A  Hendecourt,  dans  le  département  du 
Pas-de-Calais,  il  n'en  était  tombé  pendant  l'automne  que  97  millimètres;  à 
Lille  121  millimètres;  à  Strasbourg  192  millimètres;  à  Montbelliard  79 
millimètres;  à  Bourbonne  66  millimètres;  à  Nantes  i43  millimètres;  dans 
le  centre,  à  Vendôme  189  millimètres,  à  Saint-Léonhard  (Vienne)  97  milli- 
mètres, et  à  Toulouse  126  millimètres.  Seulement  la  région  jurassique  était 
moins  désolée,  quoique  partout  les  quantités  de  pluie  fussent  au-dessous  de 
la  moyenne  générale. 

»  Le  mois  de  décembre  fut  sec  dans  toute  la  France;  cette  sécheresse,  si 
heureuse  pour  le  Midi,  devenait  une  calamité  pour  le  Nord;  les  sources 
tarirent,  les  moulins  cessèrent  de  battre,  l'eau  manqua  pour  abreuver  les 
bestiaux,  non-seulement  en  France,  mais  en  Belgique,  en  Hollande  et  dans 
le  centre  de  l'Angleterre.  Tandis  que  les  inondations  empêchaient  les  se- 
mailles d'automne  et  arrêtaient  les  vendanges  dans  le  bas  Languedoc;  les 
cultivateurs  du  Nord  se  plaignaient  que  leiu's  blés  poussaient  trop  vite  sous 
l'influence  d'une  chaleur  inusitée,  et  appelaient  de  tous  leurs  vœux  la  neige 
et  la  pluie  pour  arrêter  la  végétation  et  forcer  les  blés  à  taller. 

»  En  résumé,  l'année  1857  a  été  exceptionnelle  sous  le  point  de  vue  plu- 
viométrique.  Des  averses  extraordinaires  en  printemps  et  en  automne  dans 

(i)  Au  Jardin  des  Plantes,  dans  un  pluviomètre  placé  à  i  mètre  au-dessus  du  sol  et  à 
29  mètres  au-dessus  de  la  mer.  L'udomètre  placé  sur  le  toit  delà  Faculté  des  Sciences,  à 
45o  mètres  de  distance  horizontale  et  34  mètres  plus  haut,  reçut  ^So  millimètres  d'eau  dans 
l'automne  et  i24t  millimètres  pendant  tout  le  cours  de  l'année. 


(  ioo5  ) 

les  bassins  de  l'Adour,  de  l'Hérault,  du  Gardon  et  de  l'Ardèche;  des  pluies  . 
estivales  et  automnales  rtres  dans  presque  tout  le  nord  de  la  France;  de  là 
ce  singulier  contraste  de  prés  jaunis  par  le  soleil  dans  le  Nord  et  de  prairies 
verdoyantes  ou  inondées  dans  le  Midi.  C'est  l'inverse  qu'on  observe  ordi- 
nairement au  grand  profit  de  l'agriculture  de  chaque  région,  qui  est  basée 
sur  le  régime  moyen  des  phénomènes  météorologiques,  et  souffre  de  per- 
turbations qu'elle  ne  saurait  prévoir  et  dont  elle  ne  peut  pas  toujours  répa- 
rer les  effets  désastreux. 

»  On  aurait  tort  néanmoins  de  penser  que  ces  irrégularités  ont  entraîné  la 
violation  des  grandes  lois  qui  régissent  la  distribution  des  pluies.  En  effet, 
dans  toute  la  France,  c'est  le  printemps  et  l'automne  qui  sont  les  saisons 
pluvieuses  suivant  les  années  et  suivant  les  régions;  c'est  tantôt  l'une, 
tantôt  l'autre  saison  qui  l'emporte  :  il  est  rare  que  le  maximum  d'eau 
tombe  en  été  ou  en  hiver.  En  1857,  la  prédominance  de  l'automne  a  été 
bien  marquée  :  dans  vingt-trois  localités,  les  pluies  de  l'arrière-saison  ont 
été  prédominantes;  cependant  dans  dix  autres,  celles  du  printemps  ont  été 
plus  abondantes,  et  dans  quatre  celles  de  l'été.  On  arrive  à  un  résultat  ana- 
logue si  l'on  groupe  ensemble  les  villes  suivant  le  mois  le  plus  pluvieux  pour 
chacune  d'elles  de  l'année  1857. 

»   Avril.  Bayonne,  Fort-de-Joux,  I^ns-le-Saulnier,  Montbelliard. 

»  Mai.  Clermont  (Oise),  Goersdorff  (Bas-Rhin),  Hendecourt  (Pas-de-Ca- 
lais), Strasbourg,  Toulouse,  Perpignan. 

»  Juin.  Besançon,  Bourbonne-les-Bains,  Toulouse. 

))   Août.  Genève,  Metz. 

»  Septembre.  Alais,  Cette,  Montpellier,  Nîmes,  Narbonné,  Dijon,  Dôle^ 
Gray,  Vesoul,  Lille,  Paris,  Versailles,  Nantes,  Saint-Léonhard  (Vienne). 

)>  Octobre.  Beyrie  (Landes),  Bordeaux,  Orange,  Marseille,  Régusse  (Var), 
Le  Puy,  Lyon,  Chalon-sur-Saône,  Bourg.  » 

M.  Stiemer  annonce,  de  Kœnigsberg,  l'envoi  d'un  ouvrage  sur  le  choléfà- 
morbus  qu'il  destine  au  concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant.  L'ouvrage 
est  écrit  en  allemand,  mais  l'auteur  se  propose  d'en  adresser  prochainement 
une  analyse  écrite  en  français. 

M.  ïosELLi,  qui  avait  précédemment  adressé  une  suite  de  Notes  concer- 
nant la  télégraphie,  les  chemins  de  fer,  les  machines  à  vapeur,  l'artille- 
rie, prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Commission  char- 
gée de  prendre  connaissance  de  cette  communication. 
(Renvoi  à  la  Commission  déjà  nommée,  qui  se  compose  de  MM.  Poncelet, 

Piobert,  Combes.) 


(  ioo6  ) 

M.  Zaliwski  adresse  un  exemplaire  d'un  opuscule  qu'il  vient  de  publier 
sous  le  titre  :  «  La  gravitation,  c'est  l'électricité  »,  et  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  se  prononcer  sur  la  valeur  de  l'idée  qui  fait  le  sujet  de  cet  écrit. 

Les  règles  que  s'est  imposées  l'Académie  relativement  aux  ouvrages 
écrits  en  français  et  imprimés,  ne  lui  permettent  pas  d'accéder  à  la  demande 
de  l'auteur. 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGHAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  24  mai  1858  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Etudes  sur  une  classe  de  fonctions  employées  en  mécanique  céleste.  —  Recher- 
ches sur  les  Jonctions  de  Legendre.  —  Dissertation  inaugurale  présentée  pour 
l'obtention  du  grade  de  docteur  agrégé;  par  M.  N.-C  SCHMiT.  Bruxelles,  i858  ; 
in-8°. 

Intégrales  définies.  —  Etudes  faites  à  f  occasion  de  recherches  sur  tes  fonctions 
de  Legendre  et  sur  les  fondions  de  Lamé.  —  L  Etude  sur  un  Mémoire  de  Jacobi; 
parle  même.  Liège,  i858,  br.  in-8°. 

Maladie  de  la  vigne  ;  procédés  contre  l'oïdium  et  autres  maladies  de  la  vigne  ; 
par  M.  Benoit  BoNNEL.  Narbonne,  i855;  br.  in- 18. 

La  gravitation,  c'est  [électricité;  par  M..  Zaliwski.  Nouvelle  édition.  Paris, 
i858-,  br.  in- 18. 

.  Cenni...  Essai  sur  le  terrain  de  sédiment  supérieur  des  provinces  vénitiennes 
et  description  de  quelques  polypiers  fossiles  qu'il  renferme;  par  M.  T.  A.  Ca- 
TULLO.  Venise,  1847;  ^^-  >"-4''- 

Prospetto...  Coup  d'œil  sur  les  écrits  publiés  par  T.  A.  Calullo,  professeur 
émérile  d  histoire  naturelle  à  l'université  de  Padoue  ,•  par  un  de  ses  disciples  et 
amis.  Padoue,  18.57;  '"■4°- 

Memoria...  Mémoire  sur  la  diffraction  de  la  lumière;  par  M.  J.  Zurria. 
Catane,  1867;  in-4". 

Trabalhos...  Travaux  de  t observatoire  météorologique  de  l' Infant  don  Luiz , 
à  l'Ecole  Polytechnique  de  Lisbonne,  3*  année  (i85G-i857).  Lisbonne,  i858  ; 
in-folio. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  31  MAI  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMIINICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

AGRICULTURE.   —  Statique  des  cultures  industrielles  de  l'Àlsnce.    Preiniet' 
Mémoire  :  Le  tabac;  par  M.  Boussingault.  (Extrait.) 

0  J'ai  entrepris  de  faire  la  statique  des  cultures  industrielles  de  l'Al- 
sace, c'est-à-dire  de  déterminer  ce  qu'exigent  et  consomment  d'engrais  ces 
ciiltures  dont  l'objet  n'est  plus  la  production  des  céréales  ou  des  fourrages, 
mais  celle  des  plantes  qui  deviennent  les  matières  premières  de  certaines, 
industries.  Dans  l'année  qui  vient  de  s'écouler,  je  me  suis  occupé  du  tabac. 
Je  me  propose  de  traiter  successivement  du  houblon,  du  chanvre,  du  lin,  de 
la  garance,  etc. 

»  C'est  une  opinion  adoptée  par  tous  les  cultivateurs  et  justifiée  d'ail- 
leurs par  la  pratique,  que  les  cultures  industrielles  épuisent  considérable- 
ment le  sol  :  aussi  ne  sont-elles  adoptées  que  là  où  il  est  possible  de  se  pro- 
curer du  fumier  en  abondance,  ou  bien  encore  dans  les  contrées  où  les 
terres  sont  naturellement  douées  d'une  fertilité  exceptionnelle.  Au  reste, 

C.  K.,  i858,  1"  Semestre.  (  T.  XIVI,  N»  220  '  3  I 


(   ioo8  )  %'ff.ê 

pour  plusieurs  de  ces  cultures,  c'est  peut-être  moins  Tine  «lépeuse  «Jéfînitive 
qu'uue  avance  d'engrais,  car,  après  la  récolte,  le  sol  est  encore  telle- 
ment fécond,  que  l'on  en  obtient,  sans  le  fumer,  de  riches  moissons  de 
froment. 

»  La  question  de  savoir  si  le  cultivateur  prête  seulement,  ou  donne  en 
totalité  l'engrais  à  la  culture  industrielle,  ne  pouvait  être  résolue  qu'en 
dosant  les  éléments  assimilés  par  la  plante.  Dans  une  étude  de  cette  nature, 
je  n'ai  pas  voulu  être  obligé  de  recourir  aux  autres  pour  obtenir  les  rensei- 
gnements dont  j'avais  besoin.  J'ai  demandé  l'autorisation  de  planter  du 
tabac  sur  une  parcelle  de  i8"**,45.  C'est  dans  cette  plantation  ,  fort  limitée 
sans  doute,  mais  bien  cultivée,  que  j'ai  pris  les  données  qui  sont  la  base 
d'une  recherche  dont  les  résultats  ne  me  paraissent  pas  indignes  de  fixer 
l'attention  de  l'Académie. 

»  Le  sol  étant  parfaitement  préparé,  fortement  fumé  avec  du  fumier  de 
la  ferme  et  des  vidanges  de  latrines,  on  y  a  repiqué  des  plants  élevés  en  pépi- 
nière. Ce  repiquage  a  été  exécuté  le  i5  juin. 

Etat  de  la  plantation  le  S  juillet  1857. 

»  La  pièce  de  i8"*',45  portait  6740  plants.  Pour  1  hectare  on  aurait  eu 
3i  1 1 1  plants.  Les  plants  portaient  de  6  à  8  feuilles,  dont  les  plus  avancées 
avaient  25  centimètres  de  longueur,  sur  i5  centimètres  de  plus  grande  lar- 
geur. On  a  marqué  un  assez  grand  nombre  de  plants  de  même  hauteur,  de 
même  aspect  ;  c'était  dans  ces  plants  que  l'on  devait  prendre  ceux  que  l'on 
examinerait. 

Poids  et  constitution  des  plants  de  tabac  enlevés  le  8  juillet. 

»  Le  8  juillet,  on  a  enlevé  5  plants  qu'on  a  fait  sécher  à  l'air. 

M  Après  avoir  été  exposés  à  l'air  pendant  un  mois,  ils  avaient  une  cou- 
leur brune,  l'apparence  et  la  flexibilité  du  tabac  séché  par  les  planteurs. 
Coupés  trè.s-menu,  deux  de  ces  plants  ont  été  portés  à  l'étuve  chauffée  à 
I  10  degrés. 

»  Desséchés,  les  deux  plants  ont  pesé  : 

Feuilles 6,i3o       Pour  un  piant  :  Feuilles.  .. 3,o65 

Tiges  et  racines 3,a85  —  Tiges  et  racines.  .  .      i,i4'- 

8,4 15  ^,-?.o']5 


(    'OOQ  ) 

Composition  du  tabac  enlevé  à   la  culture  le  8  juillet. 

Pour    100  parties  Pour  un  plaiil  (Jo  tnljir.  snc 

de  tabac  sec.  pesarjt  .'|C'',  207"). 

Carbone 29,43  i,i383 

flydrogène.  .  . 3,o3  o,  15.75 

Azote 4>4^  0,1877. 

O.vygène 4'-  > 89  i  ,8o46 

Acide  phosphonque. i,38  \  o,o58o 

Potasse   5,4o  \  20, -20  0,2146 

Autres  substances  minérales  ..  .    .  i3,72  /  0,5773 

100,00  4*2075 

»  Le  8  juillet,  le  plant  de  tabac  repiqué  depuis  le  i5  juiu  pesait  sec 
4*%  207. 

Poids  Carbone  Azote  Acide 

<iii  plant  sec.  .issimilé.  assimilé.  phosphorique.  Potasse. 

4'%  207  i«%2383  of,  1872  o«Vo58o  o^',i\i^6 

»  Dans  les  5740  plants  contenus  sur  i8*"%45  : 

Poids  des  plants  secs.  Ctrbone.  Azote.  Acide  pbospboriqiie.  Potasse. 

24k",  i48  7''*',  106  i''",074  o'''',333  i"'ii,232 

»  Dans  3i  1 1 1  plants  que  contiendrait  i  hectare  : 

Poids  des  plants  secs.  Carbone.  Azote.  Acide  pbosphorique.  Potasse. 

i3ok",88,  38"»,  5 1  S""',  82  i''",82  6"",  68 

Poids  et  constitution  du  plant  de  tnbar,   te  3o  juillet. 

»  Du  8  au  3o  juillet,  la  plantation  avait  fait  de  grands  progrès.  On  pro- 
cédait au  pincement;  les  bourgeons  floraux  étaient  apparents. 

»  J'ai  enlevé  un  des  plants  qu'on  avait  marqués  le  8  juillet.  Sa  hauteur 
était  de  60  centimètres;  le  diamètre  de  la  tige,  mesuré  au  collet  de  la  racine, 
25  milHmètres. 

«  Le  chevelu  des  racines  avait,  au  maximum,  3o  centimètres. 

»  Comme  la  plupart  des  plants  de  la  culture,  il  portait  i4  feuilles. 

»  La  plus  développée  avait  45  centimètres  de  longueur,  3o  centimètres  à 
sa  plus  grande  largeur. 

i3i.. 


(    lOIO   ) 

»  Après  dessiccation  à  l'étiive,  chauffée  à  i  lo  degrés,  on  a  pesé  : 

Feuilles 35^46 

Tifje i3,4o 

Racines  et  chevelu . ,       3 ,82 

La  plante  sèche Sa  ,68 

Composition  du  tabac  enlevé  le  3o  juillet. 

«  "  Dans  100  parties  Dans  la  plant  de  tabac 

du  plant  sec.  pesant  Sas', 680 

Carbone 3i,3i  «6,496 

Hydrogène 3,49  i  ,838 

Azote 4io4  2,128 

Oxygène 42»*8  22,273 

Acide  phosphorique 1,27  0,669 

Potasse 4,'2  2,170 

Autres  substances  minérales '3,49  7, '06 

.    100,00  52,680 

*  Le  3o  juillet,  le  plant  enlevé  pesait  sec  528'',68o. 

Poids  du  plant.  Carbone.  Azote.  Acide  phosphorique.  Potasse. 

52»%  68  i6«%496  2«',i28  o«%669  2»',  170 

»  Dans  les  6740  plants  contenus  sur  18"*',  45  : 

Poids  des  plants  secs.        Carbone.  .4zotc.  Acide  phosphorique.  Potasse. 

3o2'''»,38  94''",68  i2''",2i6  3''",84o  i2''",458 

»  Dans  les  plants  que  contiendrait  une  culture  de  i  hectare  : 

Poids  des  plants  secs.  Carbone.  Azote.  Acide  phosphorique.  Potasse. 

1629'"', 59  5io''",22  65''",84  2o'"',7o  67''",i4 

Poids  et  constitution  des  plants  de  tabac,  le  10  septembre. 

»  Le  10  septembre  on  commence  la  cueillette.  L'Administration  avait 
fixé  le  nombre  de  feuilles  à  livrer,  à  1 1  pour  chaque  plant. 

M  Malgré  la  sécheresse  extraordinaire  qui  avait  régné  presque  sans  inter- 
ruption depuis  le  commencement  de  la  culture,  le  tabac  était  magnifique  ; 
il  avait  supporté,  sans  souffrir,  l'insolation  la  plus  intense.  Les  champs 
offraient  cependant  un  aspect  assez  triste  :  les  feuilles  des  topinambours, 
des  betteraves,  des  pommes  de  terre,  flétries  et  pendantes  durant  le  jour, 


A.. 


(  ion  ) 
ne  se  redressaient  que  par  les  rosées  abondantes  qu'elles  recevaient  dans 
la  nuit. 

»  Le  lo  septembre  j'ai  arraché  un  des  plants  désignés  le  8  juillet. 

Les  feuilles  vertes  ont  pesé. .  1 652  grammes.  Séchées  à  l'étuve . . . .  207,8 

La  tige gSg                                              .  i36,i 

Le  corps  de  la  racine 212                                           »  4<*,i 

Le  chevelu  de  la  racine 209                                           »  26,8 

Poids  du  plant  vert 3o32  Poids  du  plant  sec .     4'o,8 

Composition  du  plant  de  tabac  enlevé  le  10  septembre. 

Dans  100  de  Dans  le  plant  pesant 

tabac  sec.  »ec4io8'',8. 

Carbone 34,68  142,4^ 

Hydrogène l\,iB  >7>i7i 

Azote 3,36  10,787 

Oxygène 44»°8  181,106 

Acide  phosphorique o  «89  3 ,638 

Potasse 3,40  «3,677 

Auiressubstances  minérales. .  9,4'  38,656 

100,00  4ïo,8oo 

»  Le  10  septembre  le  plant  enlevé  pesait  sec  4  lo*"",  800. 

Poids  du  plan  sec.  Carbone.  Azote.  Acide  phosphorique.        Potasse. 

4io«'-,8oo  142^'-, 465  i38-',8o2  38'-,656  i3«S967 

»  Dans  les  5740  plants  contenus  sur  i8^'*',45  : 

Poids  des  plants  secs.        Carbone.  Azote.  jfcidc  phosphorique.  Potasse. 

2358''"  8 17"',  74  79''",  1 4  2o''",88  80''",  23 

1)  Sur  I  hectare  : 

Poids  des  planu  secs.  Carbone.  Azote.  Acide  phosphorique.  Pousse. 

12980"' ,40  4501'"' ,60  436''",  i4  n5''",53  441''», 33 

Détermination  de  la  surface  des  feuilles  des  plants  de  tabac, 

»  On  a  mesuré  la  surface  des  feuilles  le  1 1  septembre,  au  moment  où  on 
allait  les  cueillir  pour  les  porter  au  séchoir. 

»  En  moyenne,  chacun  des  plants  de  la  culture  portait  1 1  feuilles  com- 
merciales. 


(     1012    ) 

B  Sur  i8"",45,le  loseptembre^la  surfacedesf'eiiillesétaitde2o454  mètres 
carrés. 

»  Une  culture  de  tabac  faite  sur  i  hectare  dans  les  mêmes  conditions, 
aurait  eu,  par  conséquent,  une  surface  de  feuilles  (les  deux  faces)  de 
1 10862  mètres  carrés. 

Développement  du  tabac  pendant  la  culture. 

1»  Pour  se  former  une  idée  de  la  rapidité  de  la  croissance  de  l'organisme 
végétal,  il  suffit  de  comparer  ce  qu'étaient  le  poids  et  la  composition  du 
plant  de  tabac  le  8  juillet,  le  3o  juillet  et  le  10  septembre. 

Acide  phos- 
Epoqnes de  l'enlève-  Age  l'oidsduplant       Carbone         Azote        phorique         Potasse 

ment  des  plant*.  du  plaDt(i).         desséché.        assimilé,      assimilé,     assimilé.       assimilée. 

gr  g'  S'  B'  %' 

8  juillet  22  jours  4»2t  1,24         0,19       0,06         0,21 

3o  juillet  44     "  52,68         16, 5o        2,i3      0,67        2,17 

Acquis  en  22     •  48)47         i5,26         1,94       0,61  1,96 

LO  septembre  86     •  4"^>'9<>       '42>47       i3,8o       3,66       '3,97 

Acquis  en  4*     »  358, 12       125,97       i  '  ,67       2,99       11,80 

»  Ainsi,  chaque  jour  et  en  moyenne,  du  8  au  3o  juillet  la  plante  a  fixé  : 

6' 

Potasse 0,089 

Acide  phosphorique .     0,028 

Azote o  ,088 

Carbone o  ,694  provenant  de  la  décomposition  de  2«'',545  d'acide 

phosphorique,  soit  en  volume  (2)  i"',285. 

»  Du  3o  juillet  au  10  septembre,  la  plante  a  fixé  chaque  jour  et  en 
moyenne  : 

»>■ 
Potasse 0,289 

Acide  phosphorique  .0,071 

Azote 0,287 

Carbone 2 ,523  provenant  de  la  décomposition  de  g^jsSa  d'acide 

carbonique,  soit  en  volume  4''S673. 

»  Ce  sont  là  les  résultats  de  ce  que  je  crois  pouvoir  appeler  la  partie 
physiologique  de  ce  travail.  Ils  indiquent  évidemment  qu'à  l'exception  des 
principes  assimilables  fournis  par  l'atmosphère,  tels  que  le  carbone  de 

(i)  Compté  du  jour  où  il  a  été  repiqué. 

[1.)  A  la  pression  de  76  centimètres  de  mercure,  et  à  o  degré. 


.4 


(   ioi3  ) 

l'acide  carbonique  et  l'ammoniaque  de  l'air,  l'ammoniaque  et  les  nitrates 
apportés  par  les  météores,  c'est  dans  le  fumier  que  la  plante  a  puisé  les  ma- 
tériaux de  son  organisme.  La  potasse,  l'acide  phosphorique,  l'azote,  ont  été 
fixés  chaque  jour  à  peu  près  dans  les  mêmes  rapports,  et  comme  on  ne 
saurait  attribuer  aux  sels  de  potasse,  aux  phosphates,  une  origine  atmosphé- 
riqiie,  il  est  bien  naturel  d'admettre  que  la  plus  grande  partie  de  l'azote 
assimilé  pendant  cette  culture  rapide  gisait  dans  le  sol  à  côté  des  substances 
minérales. 

»  En  appliquant  les  résultats  déduits  de  l'expérience  physiologique  à  une 
plantation  de  i  hectare,  on  comprend  tout  de  suite  combien  la  terre  doit 
être  fortement  fumée  pour  fournir  dans  un  intervalle  de  temps  aussi  court 
une  aussi  grande  quantité  de  matériaux  assimilables.  , 

»  Le  1 1  septembre,  les  plants  venus  sur  i  hectare  auraient  dû  peser  secs 
lagSo"*",/!?  et  contenir  : 

Carbone 4^*^'  >^ 

Azote 4  36 , 1 

Acide  phosphorique.  ii5,5 

Potasse 44'  j4 

»  Comme  en  comptant  seulement  à  partir  du  i5  juin,  époque  du  repi- 
quage, la  culture  n'a  pas  duré  plus  de  86  jours ,  il  y  a  eu  d'assimilé  par 
les  plantes  en  moyenne  et  toutes  les  24  heures  : 

m. 
Potasse 5,  i3 

Azote i ,  34 

Acide  phosphorique .        5,07 

Carbone 52,34  provenant  de  la  décomposition  de  igi'''',g32  d'acide 

carbonique,  soit  en  volume  97  mètres  cubes. 

»  J'admets  dans  celte  discussion  que  la  totalité  du  carbone  assimilé  par 
les  plantes  a  le  gaz  acide  carbonique  pour  origine,  parce  que  je  ne  connais 
pas  une  observation  assez  nette  et  assez  complète  pour  convaincre  que  les 
matières  organiques  carbonées  renfermées  dans  le  sol,  les  acides  bruns  par 
exemple,  leur  fournissent  directement  du  carbone.  Je  crois  que  le  carbone 
de  ces  matières  doit  d'abord  être  bridé,  constituer  du  gaz  acide  carbo- 
nique avant  d'entrer  dans  l'organisme  végétal.  Les  expériences  de  Théo- 
dore de  Saussure,  de  M.  Soubeiran,  de  M.  MalagnTi,  établissent  bien, 
sans  aucun  doute,  que  l'extrait  de  terreau,  l'humus,  les  acides  bruns 
rendus  solubles  à  la  faveur  d'un  alcali,  sont  absorbés;  mais,  comme  le 
remarque  judicieusement  M.  Malaguti,  elles  ne  prouvent  pas  antre  chose 


%'- 


(  ioi4  ) 

que  le  fait  de  l'absorption  des  ulmates  dissous  pendant  la  végétation,  puis- 
qu'elles ne  disent  pas  ce  que  deviennent  les  ulmates  après  l'absorption  (i). 
J'ai  d'ailleurs  démontré  qu'un  végétal  acquiert  un  accroissement  normal 
quand  il  ne  reçoit  autre  chose  que  des  phosphates,  des  sels  alcalins,  du 
nitrate  de  potasse  fonctionnant  comme  un  engrais  azoté,  de  l'eau  pure  et  de 
l'acide  carbonique,  le  seul  agent  capable  de  lui  fournir  le  carbone  néces- 
saire à  son  organisation. 

»  L'énorme  quantité  de  gaz  acide  carbonique  que  décomposent  chaque 
jour  les  plants  de  tabac  cultivés  sur  i  hectare  est  surtout  fournie  par  les 
engrais.  Il  a  été  prouvé,  en  effet,  que  l'atmosphère  confinée  d'une  terre  bien 
fumée  contient  jusqu'à  to  pour  loo  en  volume  de  ce  gaz,  alors  que  l'air  ex- 
térieur n'en  renferme  pas  au  delà  de  4  pour  lo  ooo  (a).  Cette  production  de 
gaz  acide  carbonique  dans  les  interstices  d'un  sol  ameubli  par  la  charrue  est 
la  conséquence  de  la  combustion  lente  que  subissent,  sans  interruption 
aucune,  les  matières  organiques,  Jes  acides  bruns,  et  c'est  là  évidemment 
l'utilité  incontestable  des  principes  carbures  du  fumier. 

»  La  décomposition  de  l'acide  carbonique  opérée  par  les  plantes  a  lieu 
par  l'action  que  la  lumière  solaire  exerce  sur  leurs  parties  vertes.  On  con- 
çoit dès  lors  que  pour  enlever  en  un  seul  jour  le  carbone  à  97  mètres  cubes 
de  ce  gaz,  les  feuilles  doivent  avoir  une  surface  extrêmement  étendue.  Le 

10  septembre,  d'après  les  mesures  que  j'ai  rapportées  précédemment,  la 
culture  de  tabac  établie  sur  i  hectare  aurait  présenté  une  surface  de  feuilles 
de  11086a  mètres  carrés,  11  hectares,  onze  fois  la  superficie  du  terrain 
cultivé. 

»  Les  feuilles  ne  concourent  pas  seulement  à  l'assimilation  du  carbone; 
en  transpirant,  elles  déversent  continuellement  dans  l'atmosphère  l'eau 
que  les  racines  introduisent  dans  la  plante.  L'évaporalion  est  d'autant  plus 
prononcée,  que  la  surface  par  laquelle  elle  a  lieu  est  plus  développée,  et  l'on 
se  fait  aisément  une  idée  de  ce  qu'elle  peut  être  quand  elle  s'effectue  par 

1 1  hectares  de  feuilles.  On  comprend  tout  de  suite  comment  la  culture  a  pu 
prendre,  par  l'action  combinée  de  l'évaporation  et  de  l'absorption,  autant 
de  potasse,  de  phosphate,  en  un  mot  autant  de  substances  minérales  que 
l'analyse  en  a  signalé,  et  qui  toutes  ont  dû  pénétrer  du  sol  dans  la  plante 
par  voie  de  dissolution. 

»  La  constitution  des  plants  de  tabac  à  l'époque  de  la  cueillette  indique 
assez  avec  quelle  abondance  le  sol  doit  être  pourvu  d'engrais.  J'ai  pensé 


(i)  Maucuti,  Annales  de  Chimie  et  de  Pliysiijue,  3'  série,  tome  XXXIV,  page  i4o. 
(2)  BoussiNGAULT  et  Lewy,  Sur  la  Constilittion  de  l'air  confiné  dans  la  terre  végétale. 


(  ioi5  ) 
qu'il  y  aurait  un  certain  intérêt  à  connaître  la  composition  du  fumier  qu'on 
avait  employé,  afin  d'être  fixé  sur  ce  qu'il  faudrait  en  donner  à  la  terre  pour 
qu'elle  pût  satisfaire  aux  exigences  de  la  culture. 

»  Le  fumier  sortait  de  la  fosse  que  j'ai  établie  dans  une  ferme  située 
près  de  Merckwiller.  Il  contenait  : 

A  Tctat  normal.  Supposé  seu. 

Matières  organiques 20,522  )    ,  _  80,202  )  . 

.      °  „  }  Azote  o,5o  „„   >  Azote  i,q55 

Ammoniaque 0,073  )  o,2o5   I  ^ 

Acide  phosphorique 0,718  2,806 

Acide  sulfurique o  ,084  o  ,828                      " 

Chlore o ,  i  q3  o ,  754 

Potasse  et  soude o ,  409  1 ,  598 

Chaux o  ,5o  I  i ,  958 

Magnésie o, 368  i  ,434 

Silice  assimilable  (soluble) 0,295  i ,  i53 

Oxyde  de  fer,  alumine,  manganèse.  0,211  0,825 

Sable,  argile 2,214  8,657 

Eau  et  acide  carbonique 74)4'^ 

100,000  100,000 

M  On  trouve,  d'après  cette  composition,  que,  pour  représenter  l'azote, 
l'acide  phosphorique,  la  potasse,  assimilés  par  la  récolte  qui  eût  été  sui- 
pied  le  1 1  septembre ,  la  culture  étant  de  r  hectare  ,  il  aurait  fallu 
106244  kilogrammes  de  fumier  normal ,  soit  27  188  kilogrammes  de  fumier 
sec. 

Matière  végétale  Azote  Acide  phosphorique  Potasse 

sèche.  assimilé.  assimilé.  assimilée. 

VA  .  LU  kil  LU 

12780     contenant:     ^1.^,^7.  113,74  434'54 

Fumier  sec. 
27188    contenant:     53 1,22  762,83  4345^4 

C'est  là  un  minimum,  car,  comme  je  l'ai  établi  dans  un  travail  antérieur, 
dans  la  culture  intense,  lorsque  Xa  fumure  est  extrême, les  plantes  ne  pren- 
nent jamais  qu'une  fraction  de  l'engrais  enfoui  dans  la  terre.  D'un  autre 
côté,  les  éléments  fertilisants  contenus  dans  la  plantation  de  tabac  ne  sont 
pas  enlevés  au  domaine,  puisque,  en  définitive,  on  ne  retire,  pour  être 
exportées,  qu'une  certaine  quantité  de  feuilles.  Il  reste,  par  conséquent,  un 
résidu  de  récolle  considérable  et  qu'il  est  facile  d'évaluer  (1). 

(i)  Les  données  de  cette  évaluation  sont  discutées  dans  le  Mémoire  dont  je  ne  présente  ici 
qu'un  extrait. 

C.  R.,  i858,  i'^  Semestre.  (T.  XLV1,N»2S.)  I  32 


(  ioi6  ) 

Feuilles  de  tabac  récoltées  sur  la  plantation  de   |8'"'",45. 

»  La  culture  portait  57^0  pieds  de  tabac,  taxés  chacun  à  1 1  feuilles. 
Les  63i4o  feuilles,  enfilées  par  paquets  de  100,  ont  été  suspendues  sons 
un  hangar  jusqu'au  11  février  i858.  Livrées  à  la  régie,  elles  ont  pesé, 
fanées  et  flétries,  544  kilogrammes,  pour  lesquels  j'ai  reçu  376'^'', 70,  soit 
0*^^6925  pour  I  kilogramme. 

»  .Vai  trouvé  que  1 1  feuilles  vertes  enlevées  pour  être  soumises  à  la  dessic- 
cation, pesaient  800  grammes.  Elles  renfermaient  o,  i  a  de  matière  sèche,  ou 
96  grammes. 

I,a  cueillette  sur   i8""%45  aurait  dû  j)eser,  sèche 55i   kilogrammes. 

On  a  obtenu 544  " 

Différence  en  moins. .......        7  » 

»  Très-certainement  la  différence  aurait  été  encore  plus  forte  si  j'avais 
fait  dessécher  à  l'air  les  feuilles  prélevées  sur  la  plante  au  lieu  de  les 
mettre  à  l'étuve.  Car  en  séchant  sous  le  hangar  le  tabac  n'a  pas  seulement 
perdu  de  l'eau,  mais  aussi  du  carbone.  Dans  une  feuille  détachée  de  la 
tige,  la  vitalité  ne  cesse  pas  immédiatement  :  tant  qu'elle  retient  assez  d'hu- 
midité et  qu'elle  reste  exposée  à  l'obscurité  ou  à  la  lumière  diffuse,  elle  émet 
du  gaz  acide  carbonique,  parce  qu'une  partie  de  son  carbone  est  brûlée 
par  l'oxygène  de  l'air.  Pour  qu'une  feuille  ne  fonctionne  plus,  pour  qu'elle 
ne  perde  pas  de  carbone  pendant  toute  la  durée  de  la  dessiccation,  il  faut 
que,  aussitôt  enlevée  de  la  plaute,  elle  subisse  une  température  de  80  à 
100  degrés.  Dans  une  série  d'expériences  faites  il  y  a  déjà  plusieurs  an- 
nées, j'ai  reconnu  qu'en  plongeant  une  feuille  dans  l'eau  bouillante,  on  lui 
ùte  la  faculté  de  décomposer  l'acide  carbonique  sous  l'influence  de  la  lu- 
mière solaire,  et  celle  d'émettre  du  gaz  acide  carbonique  pendant  sa  dessic- 
cation à  l'air. 

»  D'après  l'analyse  des  feuilles,  il  y  aurait,  dans  les  2986  kilogrammes 
(le  tabac  qu'on  récolterait  sur  i  hectare  : 

Azote.  Acide  pliospboriquc  Potasse. 

137''",  i3  22""', 59  SSi'i'.iB 

Le  10  septembre,  clans  la  récolte  1^''  '''  '■' 


sur  pieds,  il  devait  y  avoir. 


429,42  'i3,74  434>54 


Restant  sur  le  domaine 292,29.  9'»'5  349,4' 

•  Ijfis  principes  fertilisants  enlevés  définitivement  au  sol  par  le  produit 
exporté  sont  loin,  comme  on  le  voit,  de  représenter  ceux  que  la  culture 
renfet^ne  lors  de  la  récolte.  C'est  donc  moins  une  consommation  qu'une 


^■' 


•  (  »oi7  ) 
avance  considérable  d'engrais  que  la  plantation  de  tabac  exige  du  cnlliva- 
teur  :  ce  qui  reste,  ce  qui  n'est  pas  exporté,  est  acquis  à  la  terre;  du  moins, 
dans  une  exploitation  bien  tenue,  où  il  n'y  a  pas  déperdition  des  résidus 
des  récoltes.  En  brûlant  les  tiges,  en  enfouissant  les  feuilles  déjà  développées, 
on  restitue  tout  de  suite  au  sol  la  matière  organique  et  les  substances  miné- 
rales que  l'exportation  n'a  pas  enlevées. 

»  Si  les  éléments  de  fertilité  nécessaires  à  une  plantation  de  i  hectare  de 
tabac  sont  compris  dans  1062  quintaux  de  fumier  de  ferme,  ceux  que  pren- 
nent les  2986  kilogrammes  de  feuilles  exposées  se  trouvent  dans  p.75  quin- 
taux du  même  fumier  humide  ou  70  quintaux  de  fumier  sec  dans  lesquels 
il  entre  : 

Azote  assimilable •3'j  ,5 

Acide  phosphorique ig'j  ,5 

Potasse 112,8 

»  Quand  un  engrais  très-riche  en  ammoniaque,  tel  que  la  gadoue,  intervient 
dans  la  culture,  comme  cela  arrive  le  plus  ordinairement,  la  dose  de  fumier 
de  ferme  peut  être  diminuée,  puisque  alors  son  objet  principal  est  d'apporter 
les  phosphates  et  l'alcali.  Pour  i  hectare  il  suffirait  de  207  quintaux  de  fu- 
mier normal,  soit  53  quintaux  de  fumier  sec  dans  lesquels  se  trouveraient  : 

Potasse 85  kilogrammes. 

Acide  phosphorique i49  » 

»  Un  engrais  renfermant  de  fortes  proportions  de  principes  fertilisants 
immédiatement  assimilables  est  absolument  nécessaire  pour  assurer  le  suc- 
cès d'une  ctdture  tellement  rapide,  qu'il  ne  s'écoule  même  pas  100  join-s 
entre  le  commencement  et  la  fin  de  sa  végétation.  Aussi,  en  Europe,  trouve- 
t-on  généralement  les  grandes  plantations  de  tabac  établies  là  où  il  est  facile 
de  se  procurer  des  déjections  de  l'homme,  et  c'est  à  l'emploi  de  cet  engrais, 
dont  l'action  est  aussi  prompte  qu'énergique,  qu'il  faut  attribuer,  en  grande 
partie,  la  beauté  des  récoltes  de  la  Flandre,  de  l'Alsace  et  du  Palatinat. 
Quand  une  semblable  culture  prend  une  large  extension  dans  la  proximité 
d'une  grande  cité,  les  immondices  ne  sont  plus  une  cause  d'embarras  et 
d'insalubrité,  mais  bien  une  source  féconde  de  richesse  et  de  prospérité 
agricoles.  Si  l'administration  supérieure,  n'y  voyant  pas  d'obstacles,  auto- 
risait des  plantations  de  tabac  dans  le  voisinage  du  lac  fétide  de  Bondy  où 
sont  rassemblées  toutes  les  vidanges  de  la  capitale,  ce  cloaque  infect,  si 
incommode  pour  les  populations  environnantes,  disparaîtrait  bientôt,  et  il 
arriverait  frès-probablement  que  bientôt  aussi  ce  serait  l'engrais  qui  man- 
querait au  sol. 

l32.. 


(  ioi8  )  . 

béeetoppement  des  nouvelles  feuilles ,  après  la  cueillette  du  tabac. 

a  Le  lo  septembre,  on  avait  procédé  à  l'enlèvement  des  feuilles.  J'ai  dit 
que  la  récolte  faite  sur  i8'"^'",45  a  donné  544  kilogrammes  de  tabac  sec.  Aux 
termes  des  règlements,  après  la  cueillette  tous  les  pieds  devaient  être  arra- 
chés. T'ai  cru  néanmoins  pouvoir  en  laisser  debout  un  certain  nombre,  afin 
de  juger  de  l'accroissement  que  prendraient  les  très-petites  feuilles  restées 
sur  les  tiges.  Les  plants  avaient  une  grande  vigueur,  et  le  temps  continuait 
à  être* des  plus  favorables  à  la  végétation, 

»   Une  fois  les  grandes  feuilles  cueillies,  les  jeunes  feuilles  poussèrent 
avec  une  telle  rapidité,  que  le  i3  octobre  ou  put  en  déta- 
cher aS  de  chaque  plant;  elles  pesaient,  vertes 4'3  grammes, 

»  Le  3i  octobre,  on  fit  encore  une  nouvelle  cueillette 
de  4o  feuilles  de  toutes  dimensions,  et  qui  pesèrent,  vertes,        379         » 

»  Ainsi,  en  5o  jours  d'une  végétation  que  l'on  pourrait 
appeler  posthume,  puisqu'elle  a  eu  lieu  après  la  récolte 
officielle,  alors  que  les  plants  étaient  condamnés  par  l'Ad- 
ministration, on  a  obtenu  de  chaque  pied,  en  feuilles  vertes,        792        » 

1)  Ces  feuilles  contenaient  i  a  pour  100  de  matière  sèche, 
et  comme  ma  culture  de  18"", 45  portait  5740  plants,  j'aurais  eu  en  récolle 
dérobée  545  kilogrammes  de  tabac  sec,  quantité  égale  à  celle  qu'avait  donnée 
la  récolte  du  1 1  septembre. 

«  Ce  développement  remarquable  de  feuilles  a-t-il  été  l'effet  de  circon- 
stances météorologiques  exceptionnelles?  Cela  est  possible.  Je  ferai  remar- 
quer cependant  que  les  automnes  comparables  à  celui  de  1857  ne  sont  pas 
très-rares  en  Alsace.  Mais  en  eût-il  été  ainsi,  que  je  ne  verrais  aucune  raison 
pour  que  le  cultivateur  ne  profitât  pas  des  chances  favorables  quand  elles 
se  présentent,  lui  qui  subit  si  souvent  sans  se  plaindre,  les  conséquences 
des  mauvaises  saisons. 

»  Mes  recherches  permettent  luiiquement  d'évaluer  la  quantité  de  tabac 
développé  après  la  récolte  par  l'accroissement  des  jeunes  feuilles  que  l'on 
avait  laissées.  Je  n'ai  aucune  donnée  sur  la  qualité  du  produit.  Ce  que  je  puis 
seulement  affirmer,  c'est  que  ce  tabac,  venu  en  dépit  des  règlements,  a  une 
certaine  valeur  et  qu'il  n'est  pas  perdu  pour  tout  le  monde.  Ainsi,  la  régie 
prescrit  bien  d'arracher  les  plants  immédiatement  après  la  récolte,  mais  la 
destruction,  l'enfouissement  des  pieds  abattus  ont  lieu  à  la  convenance  du 
cultivateur.  Or,  quand  les  plants  restent  couchés  sur  le  terrain  pendant 
plusieurs  semaines,  on   voit  ordinairement  se  développer  une  végétation 


(  io«9  ) 
semblable,  par  sa  vigueur,  à  celle  que  j'ai  observée  dans  le  mois  d'octobre  ; 
puis  il  arrive  qu'un  matin  on  n'aperçoit  plus  que  des  tiges  dépouillées;  c'est 
que,  pendant  la  nuit,  des  maraudeurs  ont  enlevé  toutes  les  feuilles,  au 
grand  préjudice  du  propriétaire  du  champ,  qui  perd  ainsi  un  engrais  d'une 
certaine  valeur. 

»  En  exposant  avec  quelques  détails  les  faits  contenus  dans  ce  Mémoire, 
j'ai  eu  particulièrement  en  vue  de  rechercher  s'il  ne  conviendrait  pas  d'au- 
toriser les  cultivateurs  à  faire  deux  récoltes  de  tabac  au  lieu  d'une,  ou,  pour 
parler  plus  exactement,  de  faire  une  récolte  et  un  regain  ;  en  d'autres  termes, 
s'il  ne  conviendrait  pas  de  leur  permettre  de  tirer  tout  le  parti  possible  de 
leurs  peines,  de  leurs  avances,  de  leur  engrais.  C'est  une  question  qui  a  bien 
son  importance,  et  je  suis  persuadé  qu'il  suffit  de  l'avoir  posée  pour  que 
l'Administration  la  fasse  étudier,  afin  de  chercher  une  solution  qui  satis- 
fasse à  la  fois  aux  intérêts  très-légitimes  du  fisc  et  aux  intérêts  non  moins 
légitimes  des  planteurs.    » 

Communication  faite  par  M.  Biot,  concernant  la  publication  prochaine  de  ses 
Mélanges  scientifiques  et  littéraires. 

«  Il  paraîtra,  dans  peu  de  jours,  chez  MM.  Michel  Lévy,  libraires,  deux 
volumes  in-S",  que  j'ai  intitulés  :  Mélanges  scientifiques  et  littéraires,  lesquels 
seront  suivis  d'un  troisième  et  dernier  dont  l'impression  est  déjà  fort  avancée. 
Je  demande  la  permission  de  communiquer  d'avance  à  l'Académie  un  court 
Avertissement,  dans  lequel  j'indique  la  nature  de  cette  publication,  et  le 
genre  d'intérêt  qu'elle  me  semble  pouvoir  offrir. 

Avertissement.  ; 

»  Je  publie  aujourd'hui  ces  Mélanges  d'écrits  de  toutes  sortes,  composés 
aux  diverses  époques  de  ma  longue  carrière,  pour  complaire  à  des  amis,  qui 
m'ont  témoigné,  à  plusieurs  reprises,  le  désir  de  les  voir  rassemblés,  ne  me 
demandant  d'autre  soin  que  de  rapprocher  les  uns  des  autres  ceux  qui  se 
rapportent  à  un  même  sujet  d'étude,  ou  à  des  études  analogues.  Je  leur  ai 
représenté  le  risque  que  je  cours  en  cherchant  ainsi  à  étendre  le  cercle  des 
lecteurs  auxquels  ces  compositions  étaient  primitivement  destinées,  puis- 
qu'il me  fallait  pour  cela  en  exclure  tous  les  détails,  toutes  les  recherches, 
spécialement  techniques,  c'est-à-dire  ce  qui,  en  fin  de  compte,  constitue  les 
titres  réels  et  durables  d'un  savant  de  profession.  Mais  ils  ont  voulu  me  per- 
suader que  le  public,  et  eux-mêmes,  pourraient  trouver  encore  dans  le 
simple  exposé  des  faits  que  j'y  raconte,  des  doctrines  soit  scientifiques,  soit 


(     I020    ) 

occasionnellement  littéraires,  que  j'y  discute  ou  que  j'y  expose,  quelques 
motifs  plausibles  de  faveur,  indépendants  de  l'algèbre.  Toutefois,  malgré 
l'inclination  naturelle  que  j'avais  à  les  croire,  je  me  serais  difficilement 
résigne  à  cette  abnégation  périlleuse,  si  le  rapprochement  de  tant  d'écrits 
partis  de  la  même  main,  et  variant  successivement  d'objet  ainsi  que  de  forme 
pendant  la  durée  d'un  demi-siècle,  ne  m'avait  paru  offrir  un  intérêt  philo- 
sophique, dont  je  pourrais  me  prévaloir  à  défaut  d'autres.  En  effet,  pendant 
ce  long  intervalle  de  temps,  l'auteur  qui  était  d'abord  un  jeune  homme,  est 
devenu  un  vieillard  ;  et  les  lecteurs  auxquels  il  s'adressait  ont  fait  place  à 
des  lecteurs  nouveaux,  aussi  différents  de  ceux-là  par  leurs  habitudes  d'es- 
prit que  par  la  coupe  de  leurs  habits.  Entre  les  premiers  et  les  derniers,  l'é- 
tat social  de  la  France  est  revenu,  de  la  grossièreté  démocratique,  à  l'élégance 
des  monarchies  et  des  empires,  en  passant  par  les  intermèdes  de  cinq  ou 
six  révolutions  politiques,  qui  ont  bouleversé^  à  chaque  fois,  les  rangs,  les 
fortunes,  les  positions  des  individus.  Tant  de  mutations  rapidement  opérées 
chez  une  nation  aussi  mobile  que  la  nôtre,  en  ont  nécessairement  amené  de 
considérables  dans  ses  idées,  ses  goûts,  ses  exigences,  et  par  suite  dans  les 
productions  littéraires,  même  scieiuiflqiies,  qu'on  lui  présentait.  D'autant 
que,  dans  les  intervalles  de  repos  qui  ont  séparé  ces  transformations,  les 
esprits  ont  été  occupés,  remués,  par  une  succession  continue  de  découvertes 
nouvelles,  qui  ont  étendu  le  cercle  des  connaissances  humaines  presque  au 
delà  des  bornes  qu'on  leur  supposait  possible  d'atteindre.  Ainsi,  les  sciences 
d'érudition  nous  ont  révélé  les  secrets  de  l'antique  Egypte;  elles  nous  ont 
rendu  familières  les  langues,  les  religions,  les  doctrines  du  vieil  Orient;  et, 
par  leur  critique  éclairée,  non  moins  que  sévère,  elles  ont  totalement  modifié 
ou  détruit  une  multitude  d'opinions  erronées,  que  le  siècle  précédent  avait 
trop  inconsidérément  admises  comme  certaines.  En  même  temps,  les 
voyages  d'exploration,  s'étendant  sur  toutes  les  mers  et  jusque  dans  l'inté- 
rieur des  continents  les  plus  sauvages,  nous  ont  fait  connaître,  au  vrai,  les 
variétés  d'état  et  de  mœurs  de  la  race  humaine,  sous  toutes  les  formes  d'as- 
sociation qui  peuvent  s'y  réaliser,  ce  qui  a  redressé  encore  les  idées  fausses 
qu'en  avaient  données  des  déclamations  éloquentes.  Mais  rien  n'a  frappe 
les  imaginations  autant  que  les  prodiges  qu'ont  enfantés,  de  nos  jours,  les 
sciences  positives,  qui  s'appuient  sur  l'observation,  l'expérience  et  le  calcul 
mathématique.  Par  l'observation,  elles  ont  découvert  dans  notre  système 
solaire  un  grand  nombre  de  planètes  inconnues  aux  âges  précédents,  circu- 
lant, comme  les  anciennes,  autour  du  soleil,  suivant  les  lois  de  la  gravita- 
tion newionienne;  et,  au  delà  de  ce  svstèrae,  des  soleils,  circulant  autoui- 


(     lOUI     ) 

d'autres  soleils,  suivant  des  lois  que  le  teiups  fera  connaître  identiques  à 
celles-là  ou  différentes.  Par  l'expérience  patiemment  suivie  et  habilement 
maniée,  elles  ont  mis  au  service  de  la  société  des  agents  naturels  dont  l'exis- 
tence matérielle  est  insaisissable  à  nos  sens,  et  qui,  dirigés,  contenus,  en- 
chaînés pour  ainsi  dire,  lui  fournissent,  les  uns  des  moteurs  mécaniques 
d'une  puissance  indéfinie,  les  autres  des  signaux  de  communication  trans- 
missibles  presque  instantanément  à  toute  distance.  Que  de  vues,  que  de 
notions  nouvelles,  surgies  pour  nous,  dans  le  demi-siècle  qui  vient  de  s'é- 
couler! 

»  Mais,  ce  qui  n'est  pas  moins  digne  d'être  remarqué  comme  un  grand 
fait  intellectuel  et  comme  un  présage  assuré  des  progrès  futurs,  les  sciences 
qui  ont  enfanté  tant  de  merveilles,  n'ont  eu  besoin,  pour  cela,  que  d'appli- 
quer invariablement  les  mêmes  principes  de  philosophie  qui  ont  régi  toutes 
leurs  recherches,  depuis  le  temps  de  Galilée  et  de  îîewton.  N'est-ce  pas  un 
spectacle  curieux  que  de  suivre  l'application  constante  de  cette  philosophie 
aux  idées  générales  qui  ont  continuellement  changé  autour  d'elle?  Voilà,  je 
crois,  le  genre  d'intérêt  que  l'on  pourra  trouver  dans  les  Mélanges  que  Je 
publie  aujourd'hui.  Pour  le  leur  conserver  dans  son  intégrité,  je  n'ai  pas 
changé  un  seul  mot  aux  écrits  que  j'y  ai  rassemblés  :  je  les  ai  reproduits 
fidèlement  tels  qu'ils  ont  paru,  chacun  à  son  époque;  me  bornant  à  indi^ 
quer,  par  des  notes,  les  changements,  les  rectifications  que  le  progrès  du 
temps  et  de  nos  connaissances  m'a  semblé  devoir  apporter,  dans  les  opinions 
que  j'y  exprimais  (i).  Ou  bien  encore,  quand  il  est  survenu  depuis  quelques 
incidents,  quelques  preuves  de  fiiit,  qui  les  ont  confirmées,  étendues,  com- 
plétées, je  ne  manque  pas  de  les  rapporter,  comme  pièces  à  l'appui,  leS'- 
quelles  se  réduisent  parfois  à  de  simples  relations  anecdotiques.  On  aur^ 
ainsi  sous  les  yeux  un  aperçu,  restreint  à  la  vérité,  mais  continu,  des  idées 
qui  ont  dominé  dans  notre  monde  scientifique,  et  dans  ses  relations  avec  le 
inonde  littéraire,  depuis  1807,  jusqu'à  i858.  Quant  au  monde  politique,  je 
n'y  touche  point;  n'y  étant  jamais  intervenu  que  comme  spectateur,  obligé 
d'eu  subir  les  vicissitudes,  sans  prendre  part  à  son  action.  »    ■^',iii^i},.t/ih,ii':>ir 

l'HYSIQUE.  —  Recherches  sur  les  relations  des  courants  induits  et  du  pouvoir 
mécanique  de  l'électricité;  par  M.  Ch.  Matteuou.  (Extrait.) 

«  Dans  la  première  partie  de  ces  recherches,  j'ai  étudié  l'influence  des^ 
extracourants^sur  les  produits  électroly tiques  et  sur  l'action  électroma- 

(1)  Ces  notes  aj(>utées  au  texte  primitif  sont  marquées  J.  B.  .  >,    ,.  , 


(    1022    ) 

gnétique  d'un  courant  qui  parcourt  la  spirale  d'un  électro-aimant  et  qui 
est  interrompu  par  le  mouvement  plus  ou  moins  rapide  d'un  commuta- 
teur. Cette  influence  existe  nécessairement  dans  tout  moteur  électro- 
magnétique et  doit  intervenir  dans  la  détermination  de  l'action  chi- 
mique de  la  pile  à  laquelle  on  rapporte  la  chaleur  totale  développée 
et  le  travail  de  la  machine.  Mon  appareil  consistait  en  une  pile  formée 
tantôt  de  5  éléments  de  Grove  et  tantôt  de  lo  éléments  de  Daniell,  de  a 
bobines  à  deux  fils  bien  isolés  entre  eux,  qui  forment  un  gros  électro-aimant 
dont  le  cylindre  de  fer  pèse  loo  kilogrammes,  et  enfin  d'un  commutateur 
à  six  dents  de  platine,  pareil  à  celui  qui  est  monté  sur  l'axe  d'un  petit  mo- 
teur électromagnétique  de  Froment,  auquel  j'avais  retiré  les  électro-ai- 
mants. Je  fais  tourner  l'axe  du  commutateur  à  l'aide  d'un  gros  mouvement 
d'horlogerie  qui  marche  par  la  chute  d'un  poids;  je  communique  des  vi- 
tesses différentes  à  cet  axe  avec  des  poids  variables,  et  je  mesure  ces  vitesses 
avec  un  chronomètre  et  un  compteur  semblable  à  celui  de  la  sirène.  J'ai 
dans  le  circuit  une  boussole  de  sinus  ou  un  galvanomètre  avec  un  circuit 
dérivé  et  un  voltamètre.  On  conçoit  facilement,  après  cette  description, 
qu'en  faisant  tourner  le  commutateur  pendant  un  certain  temps,  avec  une 
vitesse  uniforme,  j'obtiens  dans  le  circuit  un  certain  nombre  de  passages  et 
d'interruptions  du  courant,  et  qu'en  variant  le  poids,  ces  interruptions  se- 
ront plus  ou  moins  rapprochées  entre  elles.  En  tenant  le  circuit  fermé  avant 
et  après  chaque  expérience,  je  m'assure  de  la  constance  du  courant  dont 
les  petites  variations  sont  corrigées  avec  un  rhéostat.  Il  ne  s'agit  plus,  pour 
connaître  l'influence  des  extra-courants  induits,  que  de  répéter  les  mêmes 
expériences,  tantôt  en  ayant  les  bobines  du  gros  électro-aimant  dans  le  cir- 
cuit et  tantôt  en  substituant  aux  bobines  un  fil  de  laiton  de  la  même  ré- 
sistance. 

»  1°.  Dans  les  expériences  faites  sans  les  bobines  de  l'électro-aimant  dans 
le  circuit,  la  force  électromagnétique  du  courant  est  approximativement 
la  même,  quel  que  soit  le  nombre  des  interruptions,  tandis  que  les  quanti- 
tés des  produits  électrolytiques  sont  proportionnelles  à  la  durée  de  l'expé- 
rience; mes  résultats,  d'accord  avec  les  lois  des  courants  électriques  en 
général,  font  voir  une  petite  différence  entre  l'hydrogène  du  voltamètre  et 
celui  calculé  sur  le  poids  du  cuivre,  différence  qui,  par  sa  constance,  ne 
paraît  pas  être  due  à  une  erreur  d'expérience. 

»  1°.  Lorsque  les  bobines  de  l'éJectro-aimant  entrent  dans  le  circuit,  la 
force  électromagnétique  du  même  courant  et  les  produits  électrolytiques 
deviennent  beaucoup  moindres,  et  cela  proportionnellement  à  la  vitesse  de 


(  ioa3  ) 

l'otation  du  commutateur,  ou  au  nombre  des  interruptions  dans  un  temps 
donné.  En  comparant  les  résultats  obtenus  avec  les  mêmes  vitesses  du 
commutateur,  avec  et  sans  bobines,  on  trouve  que  la  force  électromagné- 
tique souffre  une  dimiiuition  plus  grande  que  son  action  électrolytique,  et 
que  ces  différences  sont  d'autant  plus  marquées,  que  la  vitesse  de  rotation 
du  commutateur  est  plus  grande. 

»  3".  Avec  les  bobines  dans  le  circuit,  la  quantité  d'hydrogène  du  vol- 
tamètre n'est  plus  équivalente  à  la  quantité  de  cuivre  déposé  sur  les  lames 
de  platine  de  la  pile  ;  l'hydrogène  obtenu  est  d'autant  moindre,  que  le 
nombre  des  interruptions  du  circuit  est  plus  grand.  Les  quantités  de  zinc 
qui  sont  dissoutes  dans  les  mêmes  expériences  conduisent  à  la  même  con- 
séquence. 

»  4°-  En  tenant  fermé  le  circuit  des  bobines  induites,  la  force  électro- 
magnétique et  les  produits  électrolytiques  augmentent,  et  à  mesure  qu'on 
diminue  la  vitesse  de  rotation  du  commutateur,  le  courant  tend  à  se  rap- 
procher du  courant  obtenu  dans  le  circuit  sans  les  bobines  (i). 

»  Dans  la  deuxième  partie  de  ces  recherches,  j'ai  étudié,  comme  je  l'ai 
dit  d'abord,  un  cas  présenté  par  un  moteur  électromagnétique  dont  les 
éleclro-aimants  sont  formés  de  deux  bobines  superposées.  Ces  deux  bo- 
bines doivent  être  construites  avec  deux  fils  de  cuivre  bien  isolés  entre  eux 
avec  la  soie  et  le  vernis  entortillés  ensemble  et  tournés  dans  le  même  sens. 
Voici  l'expérience  principale.  Je  suppose  de  faire  passer  un  courant  dans 
une  des  spirales  ou  bobines  ;  lorsque  l'axe  des  armatures  a  pris  une  vitesse 
uniforme  de  rotation,  on  réunit  les  deux  bouts  de  la  seconde  bobine,  et,  au 
même  moment,  on  voit  l'axe  de  la  machine  s'arrêter  ou  ne  tourner  plus  que 
<rès- lentement.  En  même  temps  les  étincelles,  qui  avaient  lieu  à  chaque 
interruption  du  commutateur,  sont  devenues  à  peine  visibles.  En  ouvrant 
le  circuit  de  la  spirale  induite,  les  étincelles  reparaissent  et  l'axe  de  la  ma- 
chine reprend  sa  vitesse  primitive.  On  peut  varier  l'expérience  en  ayant 
adapté  un  tambour  en  bois  à  l'axe  de  la  machine,  de  manière  à  obtenir 
l'élévation  d'un  poids.  Je  suppose  qu'on  ait  déterminé  le  poids  que  la  ma- 
chine peut  élever  avec  une  certaine  vitesse  lorsque  la  spirale  induite  est  ou- 
verte. Au  moment  où  cette  spirale  est  fermée,  il  faut,  pour  faire  tourner  la 
machine  avec  la  même  vitesse,  substituer  un  poids  beaucoup  plus  petit  au 


(i)  Déjà  en  i854  (Cours  sur  l'induction,  pages  1 1  et  3i)  j'avais  signalé  ce  résultat  et  rap- 
porté les  nombres  obtenus  dans  une  expérience. 

C.  R.,   i858,    i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  22.)  '33 


(    I024    ) 

premier.  En  partant  de  ce  résultat,  on  comprend  facilement  comment  on 
doit  faire  l'expérience  pour  déterminer  l'équivalent  mécanique  de  la  cha-   . 
leur.  11  s'agit  de  mesurer  le  travail  mécanique  de  la  machine  dans  les  deux 
eas,  c'est-à-dire  à  spirale  induite  ouverte  et  à  spirale  induite  fermée,  et  de 
comparer  la  différence  des  deux  nombres  à  la  quantité  totale  de  la  chaleur 
développée  par  les  courants  induits.  En  variant  mes  expériences  avec  des 
calorimètres  de  dimensions  et  de  matières  différentes,  en  employant  pour 
liquide  tantôt  l'eau    pure,  tantôt    l'huile  essentielle  de   térébenthine,    le 
nombre  des  calories  trouvées  a  été  approximativement  le  même  pour  une 
certaine  différence  de  travail  mécanique.  Le  travail  mécanique  était  dé- 
terminé en  faisant  soulever  un  poids  de  plomb  à  la  hauteur  de  200  mètres, 
ce  que  j'obtenais  à  l'aide  d'un  fil  de  soie  de  cette  longueur,  étendu  horizon- 
talement en  zigzag,  et   ayant  de   10  en   10  mètres  des  anses  du  même  fil 
à  chacun  desquels  un  même  poids  était  attaché..Un  aide  placé  à  la  hauteur 
de  10  mètres  était  chargé  de  couper  l'anse  et  d'enlever  le  poids  au  moment 
où  le  poids  suivant  commençait  à  être  soulevé.  J'ai  été  en  différentes  expé- 
riences satisfait  de  cette  manière  d'opérer,  avec  laquelle  j'ai  pu  parvenir, 
suivant  la  longueur  du  fil  de  platine  contenu  dans  le  calorimètre  et  la  hau- 
teur du  poids,  à  obtenir  des  élévations  de  température  de  i  jusqu'à  9  et 
10  degrés  centigrades. 

i>  J'ai  tiré  de  ces  expériences,  pour  l'équivalent  mécanique  de  la  cha- 
leur, le  nombre  438,96,  qui  s'accorde  suffisamment  avec  les  nombres 
trouvés  par  d'autres  observateurs  et  dans  des  conditions  très-différentes.  Si 
ce  cas  de  transformation  de  travail  en  chaleur  par  l'intermédiaire  de  l'in- 
duction électrique  eût  été  aussi  simple  que  je  l'avais  cru  d'abord,  j'aurais  pu 
regarder  comme  rigoureuse  cette  détermination  de  l'équivalent  mécanique 
de  la  chaleur;  mais,  en  répétant  et  variant  mes  expériences,  j'ai  bientôt 
trouvé  que,  soit  par  le  dérangement  inévitable  du  commutateur,  soit  par 
une  cause  d'imperfection  inhérente  à  l'expérience,  les  nombres  trouvés  pour 
l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  n'étaient  pas  aussi  constants  que  je 
l'avais  cru.   » 

ZOOLOGIE  ET  GÉOMÉTRIE.   —  Recherches  analytiques  et  expérimentales  sur  les 
alvéoles  des  abeilles  ;  par  Lord  Broitgbam.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Les  erreurs,  tant  des  géomètres  que  des  naturalistes,  sur  l'architecture 
de  l'abeille  sont  graves,  et  il  importe  beaucoup,  tant  au  sujet  lui-même 
qu'aux  conclusions  que  l'on  déduit  sur  l'instinct  en  général,  de  relever  ces 


(  !oa5  ) 

erreurs,  d'autant  plus  qu'en  les  relevant,  un  progrès  considérable  dans  nos 
connaissances  doit  avoir  lieu. 

»  I.  Les  hypothèses  sur  la  formation  des  hexagones  et  des  pyramides 
pour  prouver  que  leur  formation  vient  de  pression  et  non  pas  de  l'art  de 
l'insecte,  ne  méritent  pas  de  réfutation.  Celle  de  Buffon ,  par  exemple, 
est  basée  sur  une  illusion  optique  qui  lui  a  fait  croire  qu'il  y  a  des  hexa- 
gones par  pression  comme  dans  les  bulles  de  savon,  quoiqu'il  n'existe  pas 
de  pression  dans  la  formation  du  gâteau  et  point  d'hexagones  dans  les 
bulles  de  savon.  Mais  la  Société  Wernérienne  d'Edimbourg  a  annoncé,  il  y 
a  quelqvies  années,  une  découverte  faite  par  un  physiologiste  assez  éminent, 
'  le  D"^  Barclay,  qui  soutient  que  toute  ahéole  a  des  parois  doubles,  tant  pour 
sa  paroi  hexagone  que  pour  son  fond  ou  base  pyramidale,  de  sorte  que 
chacune  est  complète  par  elle-même  et  peut  être  détachée  des  alvéoles  envi- 
ronnantes auxquelles  elle  est  unie  par  l'intermédiaire  d'une  substance 
agglutinante.  Ils  se  sont  trompés,  ces  naturalistes,  en  prenant  pour  alvéole 
de  cire  le  tapis  de  pellicules  qui  double  l'alvéole  qui  a  servi  à  l'entretien 
d'un  ver  et  de  sa  chrysalide.  Les  expériences  faites  avec  un  gâteau  vierge  et 
récemment  construit  et  avec  un  autre  plus  vieux,  ont  prouvé  que  celui-là 
n'a  aucune  alvéole  double,  tandis  que  celui-ci  en  a,  et  même  autant  d'al- 
véoles l'une  dans  l'autre  qu'il  y  a  eu  de  couvées  :  on  en  a  trouvé  plus  de 
dix  ou  douze  toutes  de  la  même  figure,  mais  les  internes  diminuent  de 
largeur,  l^a  pellicule  examinée  est  de  soie  très-fine  et  demi-transpareote. 
Les  angles  sont  bouchés  de  la  matière  rouge  (propolis),  cueillie  des  arbres, 
surtout  du  peuplier,  ainsi  que  les  bords  de  la  bouche  du  tuyau.'  Ces  pelli- 
cules sont  entièrement  insolubles,  même  .dans  l'essence  de  térébenthine 
bouillante,  qui  dissout  tout  de  suite  toutes  les  alvéoles  de  cire. 

))  La  manière  de  fabriquer  ces  pellicules  mérite  plus  d'attention  qu'elle 
n'en  a  jusqu'à  présent  reçu.  On  fait  voir  l'impossibilité  de  la  théorie  qui 
prétend  que  le  ver  commence  par  faire  une  toile  de  figure  et  de  dimensions 
telles,  qu'elle  peut  être  plus  tard  appliquée  aux  parois,  qu'elle  double  sans 
la  moindre  ride,  inégalité  ou  intervalle.  Une  hypothèse  moins  invraisem- 
blable, mais  qui  pourtant  ne  soutient  pas  l'examen,  consiste  à  supposer 
que  l'abeille  tisse  au  moment  d'appliquer  la  pellicule  aux  parois.  Il  paraît 
plus  probable  que  la  pellicule  provient  d'une  matière  glutineuse  émise  sur 
les  parois  par  le  ver,  et  même  cette  opération  est  assez  difficile  en  l'absence 
de  toute  trace  de  jonction  et  la  nécessité  qu'a  le  ver  de  s'être  arrêté  exacte- 
ment au  même  point  de  jonction  duquel  il  était  parti,  sans  donner  une  par- 
ticule de  plus  là  où  les  deux  portions  se  rencontrent. 

i33.. 


(  ioa6  ) 

»  II  y  a  quelques  différences  dans  l'alvéole  de  la  reine  abeille,  surtout  en 
ce  qui  regarde  la  pellicule.  D'abord,  il  ne  s'y  trouve  jamais  plus  d'une  pel- 
licule, et  puis  elle  est  quelquefois  placée  entre  deux  couches  de  cire,  ce 
qui  n'arrive  jamais  dans  les  alvéoles  ordinaires.  Aussi  la  matière  rouge 
(propolis)  est  plus  également  répandue  dans  l'alvéole  royale,  vu  qu'elle  vda 
point  d'angles. 

»  L'alvéole  de  guêpe  a  été  aussi  examinée  :  il  a  paru  certain  que  la 
supposition  de  doubles  parois  n'a  plus  de  fondement  que  dans  le  cas 
des  abeilles.  La  pellicule  qui  tapisse  cette  alvéole  est  blanche  et  ressemble  à 
du  papier  fin.  Ce  qui  est  à  noter  et  ce  qui,  je  crois,  n'a  pas  été  remarqué 
jusqu'ici,  c'est  que  ce  papier  reçoit  l'encre  sans  boire,  comme  s'il  était 
collé.  La  guêpe  est  moins  économe  des  matériaux  de  son  alvéole  que  n'est 
l'abeille,  car  ils  sont  beaucoup  plus  faciles  à  trouver  que  la  cire  à  produire. 
Mais  la  pellicule  blanche,  ou  le  papier,  n'est  pas,  comme  la  matière  des 
parois,  un  mélange  mécanique  de  limaille  de  bois  :  elle  est  une  sécrétion 
de  l'insecte. 

»  La  pellicule  doit  être  douée  de  différentes  qualités,  suivant  qu'elle  est 
nouvellement  faite  ou  ancienne.  La  constance  du  ver  à  faire  cette  pellicule 
et  à  refuser  de  se  servir  de  celle  d'une  vieille  alvéole  en  est  la  preuve  pour 
plusieurs  raisons,  tirées  de  la  nature  des  instincts  chez  les  autres  animaux. 

»  IL  Lorsque  Réaumur  (i)  a  proposé  à  Rœnig  la  question  de  maximis 
et  minimis  que  lui  avaient  suggérée  les  mesures  de  Maraldi,  la  solution  du 
problème  donnait  comme  l'angle  aigu  des  rhombes  de  la  base  pyramidale 
77°34'  et  de  l'angle  aigu  109" 26',  qui  diffèrent  de  2  minutes  des  mesures 
de  Maraldi,  "jo^is'  et  log^aS',  et  l'on  croyait  que  l'abeille  n'avait  agi  que 
dans  une  solution  approximative  et  que  le  calcul  différentiel  seul  a  pu 
découvrir  la  vraie,  jusqu'au  temps  du  célèbre  Maclaurin  qui,  par  la  géomé- 
trie ancienne  et  comme  preuve  de  ses  ressources,  a  démontré  en  1743 
{Trans.  phil.  de  Londres)  que  les  angles  de  Maraldi  sont  ceux  que  la  solution 
exacte  donne,  et  que  Kœnig  s'était  égaré  probablement  par  les  logarithmes 
dont  il  s'était  servi. 

»  Il  paraît  à  propos  de  conduire  l'investigation  plutôt  en  cherchant  la 
longueur  des  lignes  que  la  quantité  des  angles,  et  l'on  peut  démontrer,  tant 
par  le  calcul  que  par  la  géométrie  ordinaire,  que  le  minimum  de  surface  est 
quand  la  perpendiculaire  d'un  angle  du  rhombe  sur  le  côté  opposé  (c'est- 
à-dire  la  largeur  du  rhombe)  est  égale  au  côté  de  l'hexagone. 

(i)  Mémoires  de  l'académie  Ucs  Sciences  de  Paris,  lome  V,  1512,  i^Sg. 


(    I027    ) 

»  Soit  AD  =  ar,  PD  =  s  (côté  de  l'hexagone),  GG'  =  j  =  DS  la  perpendi- 
culaire ou  largeur  du  rhombe  ADEG.  L'équation  à  différentier  (la  somme 
des  surfaces  du  rhombe  et  des  deux  trapèzes  EIZD  et  AHZD,  tiers  de  l'al- 
véole) sera 

dont  la  différentielle  doit  être  égalée  à  zéro,  et  nous  aurons  x  ^  s  et  ^  =  ^ 
aussi.  Mais  cela  nous  donne  DS  =  OD,  et  par  conséquent  l'angle  SED  =  an- 
gle OED,  et  prenant  DE  pour  rayon,  nous  avons  l'angle  DES,  celui  dont  le 
cosinus  égale  un  tiers  du  rayon,  qui  par  la  table  des  cosinus  naturels,  veut 
dire  un  angle  de  70°  3a'.  Mais  aussi  il  est  clair  que  l'égalité  de  l'angle  DES, 
que  fait  le  rhombe  avec  le  côté  de  l'hexagone,  à  l'angle  EEO,  donne 
l'angle  de  1 20  degrés  de  l'hexagone  comme  l'inclinaison  de  la  plaque  rhom- 
boïdale,  et  cet  angle-là  ne  pourra  dépendre  des  tables  :  moins  encore  dépend 
des  tables  l'égalité  de  DS  à  DO. 

»  Si  l'on  cherche  un  autre  minimum  très-important  par  l'économie  de 
cire  et  de  travail,  la  longueur  des  angles  dièdres  (IH  étant  constant),  en 
prenant  encore  x  =  AD  pour  variable  indépendante,  nous  trouvons  exacte- 
ment la  valeur  du  minimum  de  x  =^  s.  Ainsi  la  même  économie  d'angle 
dièdre  est  gagnée  que  de  surface.  La  fabrication  de  ces  angles  demande  pins 
de  cire  et  un  travail  plus  soigné  que  ne  demande  la  fabrication  des  autres 
parties  de  la  surface. 

•))  Mais  MM.  Castillon  et  Lhuiller  [Mémoires  de  l'Académie  de  Berlin,  1 781) 
ont  cru  prouver  que  cette  économie  n'est  pas  le  but  des  travaux  de  l'abeille, 
car,  disent-ils,  il  y  a  une  autre  forme  de  l'alvéole,  par  ce  qu'ils  appellent  le 
minimum  minimorum,  qui  ferait  une  plus  grande  épargne.  Mais  ils  con- 
viennent qu'une  alvéole,  selon  leur  solution  du  problème,  2  ^  à  3  fois  plus 
large  qu'elle  n'est  profonde,  ne  servirait  pas  aux  objets  de  l'abeille  (ils 
auraient  dû  dire  :  ne  pouvait  aucunement  servir  ni  à  élever  la  chrysalide  ni 
à  garder  le  miel).  Ainsi,  pour  qu'il  y  ait  sacrifice  d'un  but  à  l'autre,  ils  pré- 
tendent que  l'économie  n'entre  pas  du  tout  dans  le  calcul.  Rien  n'est  plus 
inconséquent  que  ce  raisonnement,  mais  encore  ils  n'ont  pas  résolu  le 
problème  qu'il  fallait  :  ils  ont  fait  omission  de  la  plaque  hexagonale  qui 
bouche  le  tuyau.  En  prenant  DS  =  /^«S;  S  côté  de  l'hexagone;  AD  =  x', 
AH  =  jr^  et  le  contenu  de  l'alvéole  =  A,  nous  avons  ■ 

2A 

y  = — 7=-' 


(     I028    ) 

et  l'équation  à  différentier  pour  trouver  le  minimum ,  en  faisant  S  la  variable 
indépendante,  si  l'on  comprend  la  plaque  hexagonale  qui  sert  à  boucher  le 
tuyau, 

2v/3  — /n'  •' 

ce  qui  nous  donne 


S  :  j  :  :  2  y/a  —  ra^  :  3  /n  —  v/4  '"'—  3  4-  v/3  .  v'3  —  in^ 

pour  toutes  les  proportions  des  lignes  et  des  angles.  Or  si  m  =  i  (qui  est 
la  proportion  de  l'alvéole,  ou  x  =:■  s  le  minimum  de  surface  et  d'angle 
dièdre),  la  proportion  de  la  profondeur  au  côté  de  l'hexagone,  qui  entre 
toutes  les  alvéoles  de  même  contenu  donne  le  minimum,  est  de  \/2  +  v3 
à  2.  Mais  en  comparant  la  surface  de  l'alvéole  actuellement  construite 
S  :  ^-  :  :  5  :  1,387,  ^"  trouve  qu'il  y  a  perte  au  lieu  de  gain,  dans  la  pro- 
portion de  56,  Sa  à  49,64,  perte  à  peu  près  de  ^  à  ^  sur  une  alvéole  seule, 
mais  sur  le  gâteau  entier  une  grande  perte  de  matière  et  de  travail. 

»  On  a  fait  voir  un  autre  minimum  pour  les  angles  dièdres.  Il  y  a  pour 
le  problème  du  minimum  minimorum  une  solution  correspondante  pour 
les  angles.  Pour  le  cas  de  m  =  i ,  et  par  conséquent  de  x  =  s,  si  l'on 
cherche  la  proportion  du  côté  à  la  profondeur  qui  épargne  le  plus  les 
angles  dièdres  entre  toutes  les  alvéoles  de  même  surface  du  côté  de  l'hexa- 
gone (le  rectangle  AH  X  PD  étant  donné),  on  trouve  la  proportion 
I  :  \/a  4-  I  pour  le  minimum,  ce  qui  prouve  qu'il  y  aurait  une  plus  grande 
économie  d'angle  dièdre  dans  cette  construction  que  dans  celle  de  l'alvéole 
actuellement  faite.  Mais  une  telle  construction,  quoique  bien  moins  impos- 
sible pour  les  buts  de  l'abeille  que  celle  que  donnent  les  académiciens,  serait 
assez  incompatible  avec  ces  buts-là  pour  exiger  qu'elle  fût  répudiée.  Donc 
sous  tous  les  rapports  nous  trouvons  que  l'opération  de  l'instinct  est  par- 
faite pour  le  but. 

»  On  ne  peut  pas  douter  de  l'importance  de  tout  ce  qui  démontre  que 
l'abeille  a  résolu  le  problème  exactement,  même  sous  des  conditions  qui 
n'avaient  pas  été  ci-devant  examinées,  et  que  leur  architecture  est  plus  par- 
faite que  tout  ce  que  l'on  puisse  imaginer,  si  l'on  réfléchit  que  c'est  le 
chef-d'œuvre  de.toutes  les  opérations  de  l'instinct.  Il  est  impossible  de  dire 
avec  Virgile  quand  il  chante  les  mœurs  de  l'abeille,  in  tenui  labor,  sans 
ajouter  at  tenuis  non  gloria,  mais  non  pas  gloire  du  poète  ni  du  naturaliste, 
car  il  n'est  pas  permis  de  penser  avec  Descartes  que  les  animaux  sont  des 


(  '«29  ) 
machines  (i).  Au  contraire,  l'hypothèse  ou  plutôt  la  doctrine  de  Newton  (2) 
parait  mieux  fondée,  savoir  que  ce  que  nous  appelons  instinct  est  l'action 
continuelle  de  Dieu,  et  que  ces  spéculations  tendent  sinon  à  sa  gloire,  du 
moins  à  faire  notre  devoir  en  expliquant  et  éclaircissant  ses  œuvres  et  ses 
desseins.  » 

M.  Vincent  fait  hommage  à  l'Académie  d'im  ouvrage  intitulé  :  «  Extraits 
des  manuscrits  relatifs  à  la  géométrie  pratique  des  Grecs  :  1°  Traités  de  la 
dioptre,  par  Héron  d'Alexandrie  ;  2°  Fragments  de  Pappus  ;  3°  Géodésie 
attribuée  à  un  Héron  de  Byzance;  4°  Fragments  de  Jules  l'Africain,  etc., 
textes  restitués,  traduits  en  français,  annotés  et  publiés  pour  la  première 
fois  par  M.  A.-J.-H.  Vincent.   » 

RAPPORTS. 

MÉDECINE.  —  Rapport  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  sur  le 

concours  Bréant. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  J.  Cloquet,  Claude  Bernard,  Jobert 
de  Lamballe,  Serres  rapporteur.) 

«  En  instituant  un  prix  de  100  000  francs  pour  être  décerné  à  l'auteur 
d'un  remède  souverain  pour  la  guérison  du  choléra,  M.  Bréant  a  eu  en 
vue  d'appeler  les  efforts  des  médecins  et  des  savants  sur  la  maladie  épidé- 
mique  la  plus  terrible  qui  afflige  l'espèce  humaine. 

«  Quoique  étranger  aux  sciences  médicales,  la  pensée  dominante  du  testa- 
teur a  été  évidemment  de  provoquer  de  nouvelles  études  sur  la  recherche 
des  causes  des  affections  épidémiques  en  général  et  de  celles  du  choléra  en 
particulier.  H  a  pensé  que,  dans  l'étal  actuel  de  la  science,  il  y  avait  encore, 
beaucoup  de  choses  à  trouver  dans  la  composition  de  l'air  et  dans  les 
fluides  qu'il  contient,  ainsi  que  sur  les  animalcules  qui,  selon  lui,  sont 
répandus  en  nombre  infini  dans  l'atmosphère,  et  qui  deviennent  peut-être 
la  cause  ou  une  des  causes  de  cette  cruelle  maladie. 

u  La  Section  a  dû  se  bien  pénétrer  de  l'esprit  du  concours  que  lui  im- 


(  I  )   Tract,  de  methndo,  36.  —  Mais  ■voir  ses  Lettres.  Epist.  pars  I,  ep.  aij.  Il  paraît  un  peu 
incertain  que  cette  opinion  qu'on  lui  impute  soit  la  sienne. 
(2)   C^H.,  lib,  III ,  q.  3i .  —  Principia,  lib.  III. 


(  io3o  )  * 

posait  ce  legs,  afin  d'en  définir  les  termes  avec  quelque  précision  dans 
l'état  présent  de  nos  sciences  médicales. 

»  Dans  la  médecine,  en  effet,  comme,  au  reste,  dans  les  autres  sciences 
naturelles,  nous  ne  connaissons  que  des  faits.  Nous  les  rapprochons,  afin 
de  saisir  leurs  rapports  et  de  les  classer.  Nous  nous  élevons  par  ce  procédé 
à  des  faits  plus  généraux  que  nous  nommons  principes.  Mais  ces  principes 
ne  sont  eux-mêmes  que  des  formules  des  faits,  ils  ne  sont  pas  causes. 

n  C'est  pour  avoir  méconnu  pendant  longtemps  ce  procédé  de  l'esprit  et 
les  bornes  de  sa  portée,  que  notre  science  s'était  lancée  dans  le  labyrinthe  de 
l'étude  des  causes  immédiates  des  maladies,  en  se  frayant  des  routes  nouvelles 
qui  semblaient  promettre  une  issue  et  qui,  sans  nous  y  conduire  jamais, 
finissaient  toujours  par  nous  ramener  au  point  d'où  nous  étions  partis. 

»  La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  a  déjà  fait  remarquer  à  l'Aca- 
démie que  l'esprit  du  concours  Bréant  avait  une  tendance  à  reporter  la 
médecine  vers  la  recherche  des  causes  occultes  des  maladies  ;  recherches 
qui  imprimaient  à  la  science  une  direction  systématique  si  fâcheuse  avant 
que  le  flambeau  de  l'observation  et  de  l'expérience  vînt  éclairer  sa  marche 
et  lui  circonscrire  l'espace  dans  lequel  elle  devait  opérer. 

»  Toutefois,  en  se  tenant  rigoureusement  dans  les  limites  accessibles  à 
l'observation,  les  médecins  n'ont  pas  perdu  de  vue  les  études  de  Van- 
helmont  et  de  Stahl  sur  ce  sujet,  et,  à  la  suite  de  ce  dernier  et  de  notre 
illustre  Lavoisier,  ils  étudient  avec  un  grand  intérêt  les  recherches  physi- 
ques et  chimiques  faites  sur  la  composition  de  l'air,  pour  en  appliquer  les 
découvertes  à  la  connaissance  et  à  la  guérison  des  maladies  épidémiques. 
Tout  en  rejetant  les  idées  de  Néedham  sur  la  génération  spontanée,  ils 
suivent  également  les  études  qui  ont  pour  objet  de  faire  connaître  les 
animalcules  ou  toute  autre  matière  organique  contenue  dans  l'atmosphère, 
qui  pourraient  exercer  quelque  influence  sur  l'organisme  vivant.  C'est  dans 
cet  esprit  que  la  Section  cherche  à  remplir  la  tâche  qui  lui  est  imposée  par 
l'Académie,  tout  en  reconnaissant  que  les  découvertes  que  réclament  les 
excellentes  intentions  du  testateur  sont  d'une  difficulté  extrême  et  par  con- 
séquent d'un  avènement  très-èloigné. 

»  C'est  même  dans  cette  prévision  que  M.  Bréant  a  eu  la  pensée  d'insti- 
tuer un  prix  accessoire  de  5  ooo  francs,  représentant  l'intérêt  annuel  du 
capital  et  destiné  à  récompenser  les  travaux  qui  auraient  fait  avancer  la 
question  du  choléra  ou  celle  des  autres  maladies  épidémiques. 

»  Se  pénétrant  tout  à  la  fois  et  de  la  haute  mission  qui  lui  était  confiée  et 
des  volontés  du  testateur  que  nous  venons  de  rappeler,  la  Section  de  Méde- 


(  io3i  ) 
cine  et  de  Chirurgie  a  demandé  que  le  spécifique  du  choléra  dont  la  décou- 
verte fait  l'objet  du  concours,  guérisse  cette  affection  d'une  manière  aussi 
sûre  que  le  quinquina  guérit  les  fièvres  intermittentes. 

»  Elle  a  pensé  également  que  les  vœux  du  testateur  seraient  accomplis  si, 
dans  la  recherche  des  causes,  on  était  conduit  à  une  prophylaxie  évidente 
du  choléra,  analogue  à  celle  de  la  variole  par  la  vaccine. 

»  Depuis  le  aq  novembre  i854,  époque  du  dernier  Rapport  sur  ce  con- 
cours, jusques  au  i"  mai  i858,  l'Académie  a  reçu  et  renvoyé  à  la  Section 
cent  cinquante-trois  Mémoires  ou  communications. 

»  Parmi  ces  nombreux  travaux,  un  grand  nombre  ne  renferment  que 
des  suppositions  plus  ou  moins  invraisemblables;  suppositions  accompa- 
gnées, tantôt  d'observations  insignifiantes,  et  tantôt  exigeant  des  expé- 
riences presque  impossibles  que  les  auteurs  demandent  que  la  Section  fasse 
elle-même,  afin  de  justifier  leurs  prétentions. 

»  D'autres  ouvrages,  beaucoup  plus  recommandables,  embrassent  l'his- 
toire du  choléra,  s'étendent  sur  son  étiologie,  sur  la  fixité  de  ses  symp- 
tômes, sur  la  constance  des  altérations  morbides  qu'il  laissé  après  lui,  soit 
sur  les  voies  digestives  et  aériennes,  soit  sur  la  composition  du  sang  et  des 
autres  fluides  de  l'organisme.  Mais  ces  travaux  n'ajoutant  rien  à  ce  qui  est 
déjà  connu,  et  surtout  ne  contenant  aucun  résultat  propre  à  éclairer  la 
thérapeutique  des  maladies  épidémiques,  n'ont  pu  être  pris  en  considéra- 
tion par  la  Section. 

»  Un  troisième  ordre  de  Mémoires  est  relatif  à  la  statistique  du  choléra, 
soit  d'une  localité  très-limitée,  soit  d'un  arrondissement,  ou  même  d'un 
département.  Mais  ces  documents,  intéressants  peut-être  pour  les  contrées 
où  ils  ont  été  recueillis,  n'ont  aucun  rapport  avec  les  questions  que  ce 
concours  est  appelé  à  résoudre. 

»  Dans  le  nombre  de  Mémoires  envoyés  à  la  Section,  deux  seulement 
montrent  que  leurs  auteurs  ont  bien  compris  le  véritable  but  de  ce  con- 
cours, en  s'attachant  à  indiquer  des  moyens  spécifiques  pour  la  guérison 
du  choléra. 

»  Le  premier  de  ces  deux  Mémoires  est  intitulé  :  Sur  le  traitement  du  cho- 
léra asiatique j  des  fièvres  typhoïdes  et  de  quelques  autres  maladies  aiguës  par 
[inoculation  de  la  matière  variolique.  Il  n'a  que  sept  pages  in-4°;  mais  il 
n'est  que  le  résumé  d'un  long  travail  que  l'auteur,  médecin  en  chef  de 
l'hôpital  de  Smolensk,  dit  avoir  communiqué  officiellement  aux  autorités 
médicales  de  la  Russie  qui,  selon  lui  encore,  en  auraient  recommandé  les 
résultats  aux  médecins  de  l'empire  russe. 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  22.)  l34 


(  io32  ) 

»  Sans  juger  ce  qui  en  est  sous  ce  rapport,  la  Section  aurait  bien  désiré 
connaître  les  détails  des  nombreuses  expériences  auxquelles  l'auteur  dit 
s'être  livré,  afin  de  pouvoir  apprécier  les  conditions  dans  lesquelles  se  trou- 
vaient les  malades  au  moment  de  l'inoculatipn  de  la  matière  variolique,  et 
d'en  juger  les  effets  soit  sur  ceux  affectés  du  choléra,  soit  sur  ceux  atteints 
de  la  fièvre  typoïde  ou  du  typhus. 

»  L'auteur  est  parti  de  l'idée  que  le  virus  du  choléra  et  de  la  fièvre  tv- 
phoide  est  identique  au  virus  variolique,  de  sorte  qu'en  inoculant  ce  der- 
nier dans  le  plus  haut  degré  de  force  du  choléra,  du  typhus  ou  de  la  fièvre 
typhoïde,  il  détruit  sur  place  le  virus  qui  produit  ces  dernières  maladies,  et 
il  le  détruit  ou  plutôt  il  l'anéantit  sans  produire  ni  la  fièvre  varioleuse  ni 
même  les  pustules  varioliques.  Les  guérisons  du  choléra,  qu'il  annonce, 
sont  dans  la  proportion  de  six  sur  sept  malades. 

»  La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  ne  doit  pas  dissimuler  les  doutes 
que  lui  a  laissés  l'annonce  de  semblables  résultats,  doutes  accrus,  en  ce  qui 
concerne  le  choléra,  par  ce  fait  que,  pendant  la  période  algide  de  cette 
affection,  la  surface  de  la  peau  a  perdu  sa  faculté  absorbante. 

M- Comment  alors  le  virus  variolique  pénètre-t-il  l'organisme?  Com- 
ment ce  virus  est-il  absorbé  presque  instantanément,  lorsque  nous  savons 
qu'avant  la  découverte  de  la  vaccine,  alors  qu'au  lieu  de  vaccin,  on  inocu- 
lait la  matière  variolique,  le  temps  d'incubation  de  la  matière  inoculée 
n'était  pas  moindre  de  quatre  jours? 

»  Dans  l'état  où  ce  travail  lui  est  présenté,  la  Section  n'a  pas  cru  devoir 
le  prendre  en  considération. 

»  Il  en  est  de  même  du  Mémoire  de  M.  Ayre  sur  le  traitement  du  choléra 
parle  calomel  ou  protochlorure  de  mercure. 

»  Comme  on  le  sait,  la  médecine  anglaise  fait  un  usage  très-fréquent  de  ce 
médicament;  elle  l'emploie  dans  le  typhus,  dans  la  fièvre  typhoïde  et  les 
affections  fébriles  en  général;  elle  l'a  employé  également  contre  le  cho- 
léra, mais  jamais,  à  notre  connaissance,  d'après  la  méthode  suivie  par 
M.  Ayre. 

»  Ce  médecin  a  administré,  coup  sur  coup,  le  calomel  dans  la  période 
algide  du  choléra,  et  malgré  la  tendance  si  active  de  l'estomac  à  rejeter  tout 
ce  que  l'on  y  introduit,  il  assure  avoir  presque  toujours  obtenu  la  tolérance 
du  médicament  en  l'administrant  à  la  dose  de  5  ou  lo  centigrammes,  de 
deux  en  deux  ou  de  cinq  en  cinq  minutes. 

»  L'auteur  insiste  beaucoup,  et  avec  raison,  sur  cette  tolérance  du  médi- 
cament, qui  est  toujours  l'indice  d'un  arrêt  dans  la  marche  funeste  de  la 
maladie. 


'(  iq33  ) 

»  On  a  pu  administrer  ainsi,  dans  un  court  espace  de  temps,  jusqu'à  la 
dose  énorme  de  looo  grains  ou  5o  grammes  de  protochlorure  de  mercure, 
sans  produire  la  salivation,  effet  remarquable  que  l'auteur  attribue  à  la  sus- 
pension de  l'action  des  vaisseaux  absorbants  pendant  la  durée  de  la  période 
algide  du  choléra  asiatique. 

«  Sans  considérer  comme  cause  les  altérations  morbides  que  présente  la 
surface  interne  des  voies  digestives,  il  les  envisage  néanmoins  comme  le 
symptôme  initial  de  cette  affection ,  et  c'est  aux  modifications  que  le  proto- 
chlorure de  mercure  opère  sur  leur  surface  qu'il  attribue  l'efficacité  spéci- 
fique de  ce  médicament,  efficacité  telle  que  l'on  peut,  dit  l'auteur,  à  l'aide 
de  ce  moyen,  obtenir  les  guérisons  dans  une  proportion  de  quatre-vingts 
sur  cent  malades,  résultat  immense  s'il  était  justifié  par  un  ensemble  de 
faits  assez  nombreux. 

»  Mais,  quoique  l'auteur  joigne  à  sa  propre  expérience  celle  de  plusieurs 
autres  médecins  qui  ont  adopté  cette  médication  avec  un  succès  égal  à  celui 
qu'il  avait  obtenu,  il  s'en  faut  de  beaucoup,  cependant,  que  l'ensemble  de 
ces  résultats  ait  porté  la  conviction  dans  l'esprit  des  Membres  de  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

»  Comme  on  le  voit,  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  vient  encore 
déclarer  à  l'Académie  qu'aucune  des  conditions  du  concours  Bréant  n'a  été 
remplie  dans  les  très-nombreuses  communications  qu'elle  a  reçues  sur  le 
choléra  asiatique. 

»  Afin  de  maintenir  les  concurrents  dans  les  limites  de  ces  conditions, 
elle  croit  devoir  rappeler  que  pour  remporter  le  prix  de  looooo  francs, 
il  faudra  : 

B  1°.  Trouver  une  médication  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans 
l'immense  majorité  des  cas; 

»  Ou 

»  Indiquer  d'une  manière  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique, 
de  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes,  on  fasse  cesser  l'épi- 
démie ; 

»  Ou  bien,  ,  lî},. ■^r;t„     > 

«  Découvrir  une  prophylaxie  certaine  et  aussi  évidente  que  l'est,  par 
exemple,  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole. 

»  2°.  Pour  obtenir  le  piix  annuel  de  5 ooo  francs,  il  faudra,  par  des 
procédés  rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphère  l'existence  de  ma- 
tières pouvant  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la  propagation  des 
maladies  épidémiques. 

i34.. 


(  io34  ) 
»  Enfin,  dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été 
remplies,  le  prix  annuel  de  5ooo  francs  pourra,  aux  termes  du  testament, 
être  accordé  à  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les 
dartres  ou  qui  aura  éclairé  leur  étiologie.  » 

GÉOGRAPHIE  ET  GÉOLOGIE.  —  Rapport  verbal  sur  un  Mémoire  de  M.  A.  Pissis 
intitulé:  Descripcion  topografica  y  jeolojicade  la  provincia  de  Aconcagua; 
par  M.  Cl.  Gay. 

«  J'ai  été  chargé  par  l'Académie  de  lui  faire  un  Rapport  verbal  sur  un  Mé- 
moire que  M.  Pissis  a  eu  l'honneur  de  lui  adresser  et  relatif  à  la  topographie 
et  à  la  géologie  de  la  province  d' Aconcagua. 

»  Cette  province,  comme  l'on  sait,  fait  partie  de  cette  république  chi- 
lienne qui,  depuis  quelque  temps,  attire  si  vivement  l'attention  et  les  sym- 
pathies de  la  vieille  Europe.  C'est  qu'affranchie  depuis  plus  de  vingt-cinq 
ans  de  cet  état  d'anarchie  qui  tourmente  malheureusement  encore  presque 
toutes  les  autres  républiques  d'origine  espagnole,  elle  a  pu  donner  tout  son 
temps  à  l'avancement  du  pays,  et  aborder  même  ces  hautes  questions  qui  con- 
tribuent tant  à  l'illustration  des  peuples.  Les  grands  travaux  scientifiques 
que  les  hommes  d'Etat  ont  encouragés,  et  ceux  qu'ils  ont  publiés  ou  fait  pu- 
blier témoigneraient  hautement  de  ce  désir  de  haute  civilisation,  si  la  mis- 
sion de  M.  Pissis  n'en  était  une  grande  preuve. 

»  Cette  république  possède  un  très-grand  nombre  de  mines,  que  depuis 
les  premières  années  de  la  conquête  on  exploite  d'une  manière  plus  ou  moins 
suivie.  C'est  surtout  dans  le  nord,  pays  le  plus  souvent  nu  ou  couvert  d'une 
très-faible  végétation,  que  ces  mines  abondent,  et  en  raison  de  leurs  grands 
produits,  le  gouvernement  s'est  fortement  préoccupé  des  améliorations  à  y 
introduire.  Dans  ce  but,  deux  écoles  parfaitement  organisées  ont  été  créées, 
l'une  à  la  Serena,  et  l'autre  à  Copiapo  ;  des  jeunes  élèves  ont  été  envoyés  en 
Europe  pour  compléter  leurs  études,  et  aujourd'hui  il  a  été  décrété  le  levé 
d'une  grande  carte  en  confiant  ce  travail  au  zèle  et  au  talent  de  notre  com- 
patriote M.  Pissis. 

»  Ce  savant,  bien  connu  de  l'Académie,  était  très-capable  de  remplir  cette 
mission,  en  tant  du  moins  que  l'état  de  son  isolement  et  les  difficultés  du  pays 
pouvaient  le  permettre.  Exercé  dans  ce  genre  de  travaux  d'abord  par  un 
voyage  qu'il  fit  jadis  dans  l'intérieur  du  Brésil,  et  puis  par  la  place  qu'il  a 
occupée  dans  le  laboratoire  géologique  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris,  ses  connaissances  tout  à  la  fois  théoriques  et  pratiques,  jointes  à  son 
amour  pour  la  science,  lui  promettaient  les  plus  heureux  résultats. 


(   io35  ) 

»  Mais  une  carte  géologique  ne  peut  être  fondée  que  sur  une  bonne  carte 
topographique  levée  à  grande  échelle,  et  signalant  avec  exactitude  la  confi- 
guration de  la  contrée,  tous  les  mouvements  et  accidents  de  ses  terrains,  etc. , 
et  malgré  les  tentatives  faites  jadis  par  un  ingénieur  français  au  service  du 
Chili,  M.  Bâcler  d'Albe,  le  fils  même  du  général  de  ce  nom,  qui  fut  chef  du 
cabinet  topographique  de  l'empereur  Napoléon,  et  en  i8i4  directeur  du 
Dépôt  de  la  Guerre,  cette  carte  était  toujours  restée  a  l'état  de  projet. 
Les  seules  cartes  que  l'on  possédait  étaient  purement  géographiques,  comme 
presque  toutes  celles  des  pays  extra  européens,  ne  donnant  que  la  position 
des  villes,  villages,  la  direction  des  rivières  et  des  grandes  chaînes  de  mon- 
tagnes, positions  ou  directions  presque  toujours  approximatives,  déduites  le 
plus  souvent  sur  de  simples  itinéraires  ou  sur  des  levés  à  la  boussole,  et  très- 
rarement  d'après  des  observations  astronomiques.  Tout  cela  dut  probable- 
ment frapper  l'intelligence  de  M.  Pissis,  et  l'engager  à  remplir  cette  lacune 
en  exécutant  lui-même  une  série  de  triangulations  de  premier  et  de  second 
ordre.  C'était  là  du  reste  le  vœu  du  gouvernement  qui,  depuis  longtemps, 
désirait  posséder  une  carte  topographique  pour  les  besoins  des  différentes 
administrations,  et  surtout  pour  pouvoir  substituer  à  l'impôt  tracassier  de  la 
dîme  l'impôt  plus  juste  du  territoire.  Le  travail  de  M.  Pissis  est  donc  tout 
à  la  fois  géologique  et  topographique,  comme  du  reste  le  titre  du  Mémoire 
l'annonce. 

»  Sans  doute  on  ne  peut  pas  attendre  d'une  seule  personne,  malgré  son 
zèle,  ses  talents  et  les  quelques  aides  qu'on  a  pu  lui  associer,  la  perfection 
d'un  travail  qui  exigerait  un  laps  de  temps  considérable  et  le  concours  de 
toute  une  administration  ;  et  cependant,  d'après  ce  Mémoire,  on  voit  que 
les  résultats  ont  été  beaucoup  plus  nombreux  qu'on  aurait  pu  s'y  attendre. 
Le  soin  extrême  qu'a  mis  M.  Pissis  pour  les  obtenir  sont  de  plus  un  garant 
de  leur  exactitude  ;  car,  pour  ne  rien  laisser  au  doute,  il  s'est  chargé  exclu- 
sivement des  opérations  les  plus  importantes  et  les  plus  délicates,  et  c'est  par 
les  principes  rigoureux  de  la  géodésie  qu'il  a  déterminé  les  latitudes  et  les 
longitudes  des  principaux  points.  A  cet  effet,  il  a  exécuté  dans  le  sens  de  la 
méridienne  un  grand  réseau  trigonométrique  dont  la  base,  réduite  au  ni- 
veau de  la  mer,  mesurait  une  ligne  de  28  378™, 6,  calculée,  non  sur  une 
mesure  directe,  mais  sur  la  triangulation  de  la  province  de  Santiago,  dont  il 
venait  d'achever  la  carte.  M.  Pissis  ne  dit  pas  si  la  mesure  du  premier  côté 
de  son  premier  angle  a  été  contrôlée  par  une  base  de  vérification  ;  mais.nous 
nous  sommes  assuré  que  ce  contrôle  a  été  fait  pour  les  autres  résultats  soit 
au  moyen  de  nombreuses  répélilions  d'angles  ou  peut-être  de  séries  d'an- 


(  io36  ) 
gles,  soit  par  des  observations  astronomiques  pour  tout  ce  qui  a  rapport  du 
moins  aux  latitudes  et  aux  azimuts.  Grâce  à  ce  premier  travail  soigneusement 
exécuté,  les  principaux  points  ont  été  fixés,  et  ont  servi  ensuite  de  point 
de  départ  pour  trouver  la  position  des  villes,  villages,  etc.,  travail  de  second 
ordre  obtenu  par  des  triangles  d'une  bien  moindre  valeur,  et  confié  en  gé- 
néral à  des  jeunes  ingénieurs  du  pays  associés  comme  aides  à  ce  grand  tra- 
vail. 

»  A  ces  deux  coordonnées  de  latitude  et  de  longitude,  il  en  fallait  encore 
uHQ,  celle  de  l'altitude,  et  M.  Pissis  l'a  obtenue  tantôt  par  des  observations 
barométriques,  ce  qui  lui  donnait  des  hauteurs  absolues,  tantôt  par  des 
distances  zénithales.  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  pour  l'un  et  l'autre  cas 
on  a  eu  égard  dans  les  calculs  aux  vicissitudes  des  variations  diurnes  ou  à 
celles  des  réfractions  terrestres. 

»)  Comme  on  le  voit,  le  réseau  qui  sert  de  canevas  à  cette  carte  a  été 
exécuté  avec  méthode  et  d'après  tous  les  principes  de  la  géodésie  et  de  la 
trigonométrie.  Quatre-vingt-douze  points  ont  été  déterminés  de  cette  manière 
dans  cette  province,  bien  que  son  étendue  soit  assez  limitée,  puisqu'elle  est 
comprise  entre  les  Sa", 44  et  33°,  lo  de  latitude  sud.  Le  soin  qu'a  mis 
M.  Pissis  dans  l'étude  des  montagnes  principales  et  secondaires  n'a  pas  été 
ni  moins  grand  ni  moins  consciencieux.  Il  a  reconnu  leur  origine,  leurs 
points  de  départ  et  leurs  directions  plus  ou  moins  complexes.  C'est  un 
travail  entièrement  neuf  et  qui  était  assez  difficile  à  exécuter,  à  cause  de 
l'état  fortement  accidenté  des  terrains. 

n  La  province  d'Aconcagua  est  en  effet  celle  dont  la  superficie  a  été  la 
plus  tourmentée  par  les  révolutions  géologiques.  C'est  là  où  l'on  trouve  les 
plus  hautes  montagnes  du  nouveau  monde,  et  il  me  suffira  de  citer  à  cet 
égard  le  pic  d'Aconcagua  dont  la  hauteur,  d'après  les  opérations  trigonomé- 
triques  des  savants  marins  Beechey  et  Fitz-Roy>  a  été  évaluée  à  7287  mètres 
ou  a3gio  pieds  anglais.  M.  Pissis  ayant  renouvelé  cette  mesure  dans  des 
conditions  plus  favorables,  l'a  trouvée  de  près  de  5oo  mètres  plus  bas,  c'est- 
à-dire  de  6834  mètres,  ce  qui  lui  donnerait  encore  3o4  mètres  de  plus  que 
le  Chimborazo.  Cette  montagne  serait  donc  la  plus  élevée  de  toute  l'Amé- 
rique, en  y  comprenant  même  celle  de  l'Illimani  qui  pendant  quelque  temps 
avait  usurpé  ce  titre  de  supériorité.  Le  pic  d'Aconcagua  du  reste  est  d'autant 
plus  digne  de  cet  honneur,  que,  placé  à  une  trentaine  de  lieues  seulement  ' 
de  la  mer,  sa  dimension  ne  se  trouve  dissimulée  par  aucun  obstacle,  de  sorte 
que  de  très-loin  le  marin  peut  par  une  ligne  verticale  opposée  à  une  hori- 
zontale, le  ramener  à  un  horizon  naturel  et  absolu,  et  avoir  ainsi  une  com  • 


(  «037  ) 
paraison  très-satisfaisante  de  la  prodigieuse  hauteur  de  ce  colosse.  Sous  ce 
point  de  vue,  il  est  considérablement  plus  imposant  que  le  Runchinginga,  le 
géant  de  l'Hymalaya,  dont  la  grande  hauteur  de  SSSg  mètres  ou  a8  178  pieds, 
se  trouve  en  grande  partie  effacée  par  l'interposition  de  plusieurs  systèmes 
de  montagnes  qui  ne  se  laissent  voir  qu'à  une  certaine  distance  de  la  mer  et 
lorsque  l'horizon  visuel  est  lui-même  à  une  grande  hauteur. 

»  De  ce  pic  et  de  plusieurs  autres  du  voisinage  et  d'un  aspect  non  moins 
important,  puisque  leiu'  hauteurne  descend  pas  au-dessous  deSooo  mètres, 
partent  des  rameaux  secondaires  se  dirigeant  de  l'est  à  l'ouest  et  entrecou- 
pant cette  belle  vallée  qui,  sans  interruption,  longe  le  Chili  depuis  le  golfe 
de  Reloncavi  jusqu'à  Chacabuco  sur  une  étendue  de  près  de  7  degrés 
géographiques.  Ces  cordons  de  montagnes,  quoique  assez  élevées,  ne  possè- 
dent de  la  neige  que  quelques  mois  de  l'année;  mais  il  n'en  est  pas  de  même 
de  tous  ces  pics  des  Cordillères  où  cette  neige  permanente,  à  une  hauteur  de 
4000  mètres,  donne  naissance  à  une  infinité  de  petits  ruisseaux,  lesquels, 
réunis  bientôt  en  rivières,  vont  porter  la  vie  et  la  fécondation  dans  ces  terres 
basses  que  l'industrie  seule  de  l'homme  a  pu  conquérir  au  profit  de  l'agri- 
culture. Par  la  sécheresse  en  effet  qui  règne  dans  cette  province,  toutes  ces 
terres  seraient  restées  stériles  sans  les  systèmes  d'irrigation  qu'on  a  pu  y 
introduire,  même  avant  l'époque  de  la  conquête.  M.  Pissis  ne  parle  point  de 
cet  état  de  sécheresse  ou  du  moins  de  la  quantité  de  pluie  qu'il  peut  tomber 
dans  une  année  moyenne;  mais  d'après  ce  que  nous  savons  des  provinces 
voisines,  on  peut  avancer  que  sur  les  douze  mois  de  l'année  il  y  en  a  au 
moins  six  qui  restent  absolument  secs,  sauf  quelques  très-rares  exceptions, 
et  que  sur  les  autres  six  mois  on  peut  compter  au  plus  5o  à  60  heures  de 
pluie  donnant  de  4  à  5oo  millimètres  d'eau.  Cette  quantité,  fournie  presque- 
par  les  deux  mois  de  juin  et  de  juillet,  serait  sans  doute  beaucoup  trop  faible 
pour  les  besoins  de  la  campagne,  si  les  bancs  de  neige,  comme  bassins  de 
réserve,  ne  venaient  providentiellement  suppléer  à  cette  insuffisance. 

»  Après  avoir  fait  connaître  la  direction  des  montagnes  principales  et 
secondaires  et  celle  des  rivières  qu'il  divise  en  sept  bassins  de  premier  et  de 
second  ordre,  M.  Pissis  abordé  la  description  géologique  de  la  province  en 
portant  à  ce  travail  tout  ce  soin  et  ce  talent  dont  plusieurs  fois  déjà  il  a 
donné  des  preuves.  Son  Mémoire  ne  pouvant  admettre  de  trop  longs  détails, 
il  s'est  contenté  de  donner  une  idée  générale  des  six  formations  qu'il  a  re- 
connues dans  toute  l'étendue  de  la  province  et  qu'il  a  pu  étudier  dans  tous 
leurs  détails  d'alternance  et  de  position,  grâce  à  son  peu  de  végétation  et  aux 


(  io38  ) 
nombreuses  mines  qu'on  y  exploite.  Ces  formations  comprennent  les  ter- 
rains quaternaires  où  nous  avons  le  regret  de  ne  pas  y  trouver  quelques 
recherches  sérieuses  sur  le  phénomène  de  soulèvement  si  remarquable  sur 
toute  la  côte  occidentale  de  l'Amérique,  et  s'il  n'y  existe  pas  en  même  temps 
quelques  affaissements,  comme  cela  a  lieu  dans  les  îles  de  la  mer  du  Sud  et 
au  nord  de  l'Australie,  ce  qui  serait  une  grande  preuve  de  l'influence  qu'ont 
les  nombreux  volcans  des  Cordillères  sur  ce  phénomène.  Le  soulèvement  de 
la  côte  chilienne  du  reste  mérite  la  plus  grande  attention  des  géologistes  du 
pays;  il  n'est  pas  dû  seulement  à  l'action  passagère  des  tremblements  de 
terre,  mais  plus  particulièrement  à  une  cause  lente  et  tellement  permanente, 
qu'elle  a  provoqué,  de  la  part  du  gouvernement  actuel,  des  lois  sur  la  pos- 
session des  terrains  restés  à  nu  et  fortement  disputés  par  les  propriétaires 
voisins.  Les  terrains  tertiaires,  vu  leur  peu  d'étendue,  n'ont  pas  mérité  non 
plus  une  longue  description  ;  mais  il  n'en  a  pas  été  de  même  des  calcaires 
et  des  argiles  salifères  donnant  lieu  à  une  formation  considérable.  M.  Pissis 
a  pu  les  étudier  dans  les  différentes  localités  de  la  province,  les  suivre  jus- 
qu'au pied  des  hautes  Cordillères,  et  les  retrouver  même  beaucoup  mieux 
développés  de  l'autre  côté  où  ils  atteignent  les  cimes  les  plus  élevées. 

»  Cette  formation,  parfaitement  caractérisée  par  ses  fossiles,  repose  en 
stratification  discordante  sur  une  autre  formation  de  grès  rouge  et  de  con- 
glomérats porphyriques.  Les  roches  que  cette  dernière  formation  renferme 
se  trouvent  rarement  à  l'état  normal  ;  elles  ont  été  presque  toujours  modi- 
fiées par  l'action  des  roches  endogéniques  et  passent  alors  à  l'état  de  por- 
phyre alternant  avec  des  conglomérats  à  ciment  de  cette  roche,  ou  même 
quelquefois  à  l'état  d'amygdaloïdes  contenant  des  globules  remplis  de  zéo- 
lithes,  de  calcédoine  ou  de  silicate  de  fer.  A  cause,  sans  doute,  de  leur  état 
métaphorique  ces  couches,  fortement  inclinées,  ne  contiennent  presque 
aucun  vestige  de  corps  organisés,  mais  par  contre  on  y  trouve  de  nom- 
breuses mines  de  cuivre,  lesquelles  deviennent  bienplus  abondantes  encore 
dans  les  terrains  inférieurs  rapportés  avec  raison  aux  formations  dévonienne 
et  silurienne. 

»  Cette  dernière  formation,  extrêmement  importante  dans  le  Chili  puis- 
qu'elle constitue  presque  entièrement  la  longue  Cordillère  de  la  côte,  se  pré- 
sente dans  cette  province  en  simples  lambeaux  ou  par  monticules  plus 
ou  moins  liés  entre  eux  et  disposés  sur  la  même  ligne  que  la  Cordillère 
précitée,  ce  qui  prouve  leur  relation.  M.  Pissis  la  divise  en  trois  étages;  le 
supérieur  composé  principalement  de  schistes,  d'ardoises,  de  jaspes  et  de 


(  '0'^9  ) 
grès,  est  le  plus  riche  en  minerais  et  signale  déjà  quelques  filons  aurifères;  le 
second  ou  l'intermédiaire,  beaucoup  moins  développé,  est  en  tout  sem- 
blable aux  terrains  siluriens  de  la  Bolivie  et  du  Brésil,  et  est  composé  comme 
eux  d'une  quartzite  schistoïde  mêlée  de  nombreux  feuillets  de  talc  et  de 
mica,  et  renfermant  de  riches  mines  d'or;  enfin  le  troisième  étage  ou  l'infé- 
rieur, extrêmement  limité  et  composé  seulement  de  gneiss,  ne  s'est  trouvé 
encore  qu'à  l'extrémité  de  la  province  et  ne  possède  d'autres  minerais  que 
du  fer  magnétique  disséminé  en  petits  cristaux.  Ces  trois  étages  présentent 
toujours  leurs  couches  très-inclinées  et  souvent  même  tourmentées  et  dislo- 
quées sur  une  assez  grande  étendue;  comme  elles  se  recouvrent  partout 
et  d'une  manière  successive  et  concordante,  on  doit  nécessairement  sup- 
poser qu'aucune  roche  endogénique  n'est  venue  interrompre  leur  dépôt. 

»  Ces  roches  endogéniques  au  nombre  de  quatre,  trachytes,  labradorites, 
syénites  et  granités,  ont  dû  naturellement  exciter  la  vive  sagacité  de  M.  Pissis 
en  raison  du  rôle  si  important  qu'elles  ont  joué  dans  la  constitution  et  la 
configuration  des  terrains  de  cette  province.  Aussi,  d'après  son  Mémoire,  on 
voit  qu'il  les  a  étudiées  avec  un  soin  particulier,  démêlant  par  induction  la 
manière  dont  elles  se  sont  fait  jour  et  expliquant  par  des  théories  parfaite- 
ment admises  aujourd'hui  le  métamorphisme  des  nombreuses  roches  qui 
ont  reçu  leur  influence.  Ainsi  en  parlant  des  trachytes  il  fait  voir  que  par 
la  grande  abondance  d'acide  sulfurique,  qui  a  dû  alors  se  répandre,  les  cal- 
caires des  hautes  montagnes  furent  changés  en  sulfate  de  chaux,  et  de  petits 
amas  d'argile  et  de  porphyre  en  sulfate  double  d'alumine  et  de  fer  ou  en 
sulfate  de  chaux  et  d'alumine,  si  l'argile  avait  été  substituée  au  porphyre. 
Lors  de  l'apparition  des  labradorites,  l'acide  sulfurique  étant  nul,  les  modi- 
fications n'eurent  alors  pour  cause  que  cette  chaleur  intense  de  la  roche 
éruptive,  changeant  les  grès  rouges  et  les  argiles  salifères  en  porphyres  et 
en  amygdaloïdes  et  émanant  des  vapeurs  métallifères  qui  créèrent  les  nom- 
breux filons  que  ces  terrains  renferment.  L'éruption  de  ces  roches  ayant 
eu  lieu  de  l'est  à  l'ouest  et  par  conséquent  dans  une  direction  entièrement 
opposée  à  celle  des  trachytes,  il  s'ensuit  que  toutes  les  montagnes  qui  con- 
servent cette  direction  doivent  leur  origine  tantôt  à  cette  formation,  tantôt 
à  celle  des  syénites. 

»  Cette  formation  syénitique  est  une  des  plus  étendues  de  celles  qui 
composent  cette  province.  Son  influence  a  été  très-grande,  non-seulement 
dans  la  formation  de  ces  montagnes  secondaires  dirigées  de  l'est  à  l'ouest, 
mais  encore  dans  la  conversion  des  roches  au  milieu  desquelles  elles  se  fai- 

C.   R,  1 858,  I"  Semeitre.  (T.  XLVl,  N"  22.)  '35 


(  io4o  ) 
saient  jour.  Lorsque  ces  roches  étaient  composées  de  minéraux  assez  fusibles, 
le  porphyre  était  le  résultat  de  cette  transmutation;  c'était,  au  contraire, 
des  jaspes  ou  des  quartzites,  si  la  roche  traversée  était  composée  de  schystes 
quartzeux  ou  de  grès.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  l'origine  syénitique  de  ces 
roches  est  très-manifeste  par  la  présence  constante  de  l'épidote  à  la  place  des 
silicates  hydratés  et  deszéoiithes  qui  caractérisent  dans  ces  parages  l'action 
des  labradorites.  Enfin  la  dernière  roche  endogénique,  celle  de  granité,  est 
peu  abondante;  elle  ne  se  trouve  qu'au  voisinage  des  terrains  siluriens,  et  il 
est  probable  que  c'est  elle  qui  les  a  changés  quelquefois  en  gneiss  et  en 
schistes  talqiieux. 

»  Après  ce  travail  de  faits  et  d'observations,  M.  Pissis  a  cru  devoir  com- 
pléter son  Mémoire  par  quelques  idées  théoriques,  et  dès  lors  se  transpor- 
tant dans  les  premiers  temps  de  la  consolidation  de  notre  globe,  il  trace  à 
grands  traits  la  physionomie  générale  que  devait  avoir  le  pays  aux  diffé- 
rentes époques  géologiques.  Il  nous  fait  voir,  par  exemple,  qu'à  l'époque 
silurienne  la  province  d'Aconcagua  n'était  composée  que  d'îles  qui  aug- 
mentèrent en  nombre  et  en  grandeur  à  la  suite  du  soulèvement  du  grès 
rouge.  Les  canaux  de  séparation  furent  dans  la  suite  remplis  par  les  détritus 
des  roches  préexistantes,  et  donnèrent  lieu  à  ce  grand  dépôt  d'argile  et  de 
calcaire  assez  commun  dans  les  grandes  vallées  et  beaucoup  plus  encore  sur 
le  versant  est  des  Cordillères.  Un  nouveau  bouleversement,  sans  doute 
beaucoup  plus  fort,  mit  à  nu  la  province  entière,  facilita  l'épanchement 
des  labradorites  et  souleva  une  partie  de  ces  nombreuses  montagnes  qui 
courent  de  l'est  à  l'ouest;  lesquelles,  dans  leur  point  d'intersection  avec  les 
montagnes  à  direction  opposée,  créèrent  des  noyaux  épais  et  élevés  qui  de- 
vinrent les  premiers  massifs  culminants  des  Andes.  Il  est  digne  de  noter 
que,  contrairement  à  ce  qui  a  eu  lieu  pour  les  volcans  brûlants  dus  sans 
doute  au  dernier  soulèvement  des  Andes,  c'est  à  la  partie  orientale  du  faîte 
où  se  trouvent  les  pics  le  plus  élevés,  du  moins  celui  d'Aconcagua  et  plu- 
sieurs autres. 

»  Pour  ne  pas  fatiguer  plus  longtemps  l'attention  de  l'Académie,  nous 
ne  poursuivrons  pas  plus  loin  l'analyse  du  Mémoire  de  M.  Pissis,  laissant  à 
regret  ses  observations  climatologiques,  et  les  détails  qu'd  donne  sur  les 
administrations  politiques  et  industrielles  de  chaque  département.  Ce  que 
nous  avons  dit  suffira,  j'espère,  pour  faire  apprécier  tout  l'intérêt  qu'offrent 
déjà  ses  travaux  et  ceux  qu'ils  offriront  aux  sciences  physiques  et  géographi- 
ques, s'ils  sont  continués  avec  le  même  soin  et  le  même  talent.  Sans  doute, 
la  carte,  que  nous  ne  connaissons  pas  encore,  ne  sera  pas  une  carte  topogra- 


(  'o4i  ) 

phique  telle  que  la  définit  et  la  demande  la  science,  elle  n'en  sera  que  le 
commencement,  et  il  est  probable  que  la  prétention  de  M.  Pissis  ne  va  pas 
au  delà.  Mais  si  ce  travail  se  continue,  le  Chili,  à  l'exception  de  presque 
toutes  les  nations  américaines,  possédera  un  réseau  géodésique  aussi  satis- 
faisant que  peuvent  le  comporter  les  difficultés  en  tout  genre  qu'offrent  ces 
pays  neufs  et  privés  de  tout.  11  pourra  servir  plus  tard  de  base  à  des  cartes 
administratives,  lorsque  avec  un  égal  soin  on  aura  déterminé  tous  les  mou- 
vements partiels  des  terrains,  les  inclinaisons  des  montagnes,  la  nature  et  la 
facilité  des  communications,  tous  ces  détails  enfin  de  relief  et  de  planiméfrie 
qui  constituent  la  topographie  proprement  dite.  C'est  le  sort  des  sciences 
physiques  de  n'avancer  que  pas  à  pas  et  de  n'arriver  à  une  perfection  rela- 
tive qu'après  les  efforts  combinés  de  plusieurs  générations  d'observateurs, 
et  la  topographie,  plus  que  toute  autre,  se  trouve  dans  ce  cas.  Sous  le  point 
de  vue  géologique,  les  travaux  de  M.  Pissis  ne  sont  pas  d'une  moins  grande 
importance.  Ils  ajoutent  considérablement  à  ce  que  nous  savions  déjà  sur 
la  géologie  du  pays,  confirment  plusieurs  faits  observés  jadis  par  le  savant 
Darwin,  et  nous  font  espérer  pour  un  avenir  prochain  une  bonne  carte  géo- 
logique fondée  sur  cette  rigueur  de  détails  que,  jusqu'à  présent,  les  nations 
les  plus  avancées  dans  ce  genre  de  recherches  semblaient  seules  en  avoir  le 
pouvoir.  Le  Gouvernement  chilien,  toujours  si  avide  de  progrès  et  d'illus- 
trations, protecteur  zélé  des  savants  et  industriels  de  tous  pays,  ne  reculera 
devant  aucun  sacrifice  pour  mener  à  bonne  fin  ces  importants  travaux.  C'est 
toujours  avec  un  nouvel  empressement  qu'il  fait  explorer  son  pays,  et  der- 
nièrement nous  avons  appris  que  des  ingénieurs  français  devaient  être  appe- 
lés pour  aller  également  travailler  à  cette  grande  carte  dont  la  pensée  est  due 
à  l'une  des  plus  hautes  intelligences  de  l'Amérique,  à  celle  de  Son  Excellence 
don  Manuel  Montt,  président  actuel  de  cette  république.  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  neuf  Membres  qui  sera  chargée  de  l'examen  des  pièces  admises 
au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  Chirurgie. 

MM.  Velpeau,  Rayer,  Andral,  Cl.  Bernard,  Serres,  J.  Cloquet,  Jobert  de 
Lamballe,  Duméril  et  Flourens  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 


i35.. 


1042    ) 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉDECINE.  —  Mémoire  sur  le  traitement  de  la  phtliisie  pulmonaire  et  sur  Fac' 
tien  physiologique  et  thérapeutique  des  hypophosphites ;  par  M.  J.  Francis 
Churchill.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Andral,  Cl.  Bernard.) 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
fondé  sur  quarante  et  une  observations  de  phthisie,  traitée  par  les  hypo- 
phosphites alcalins  depuis  la  publication  de  l'ouvrage  dont  je  viens  aujour- 
d'hui lui  faire  hommage.  Les  résultats  fournis  par  ces  quarante  et  un  cas 
confirment  complètement  ce  que  j'ai  déjà  écrit  sur  l'efficacité  de  ces  pré- 
parations, et  il  me  serait  facile  de  démontrer  que  les  insuccès  observés  par 
d'autres  praticiens  dépendent  de  ce  que  les  lésions  préexistantes  au  traite- 
ment suffisaient  par  elles-mêmes  pour  entraîner  la  mort,  de  ce  qu'il  y  avait 
quelque  complication,  ou  enfin  de  ce  que  les  sels  employés  étaient  impurs, 
ou  ont  été  administrés  irrationneliement  et  en  dehors  des  conditions  que 
j'ai  indiquées.  Je  n'hésite  pas  à  dire  que  lorsque  ces  conditions  se  trou- 
vent remplies,  la  guérison  de  la  phthisie  au  deuxième  et  au  troisième  degré, 
lorsque,  par  conséquent,  il  ne  peut  y  avoir  d'incertitude  sur  le  diagnostic, 
est  la  règle,  et  que  c'est  la  mort  qui  est  l'exception. 

»  Je  suis  également  en  mesure  d'affirmer,  sauf  vérification  ultérieure 
plus  étendue,  que  :  i°  contrairement  aux  opinions  reçues,  la  phthisie 
traitée  par  les  hypophosphites  est  d'un  pronostic  moins  grave  au  troisième 
degré  qu'au  deuxième  ;  2°  que  la  consomption  héréditaire,  soumise  à  cette 
médication,  guérit  aussi  bien  que  celle  qui  ne  dépend  pas  d'une  telle  in- 
fluence. Je  viens  donc  appeler  le  jugement  de  l'Académie  sur  les  malades 
dont  je  présente  les  observations  avant  qu'il  y  ait  encore  un  résultat  dé- 
finitif, afin  qu'il  soit  possible  de  constater  que  les  sujets  dont  il  est  ques- 
tion sont  bien  réellement  atteints  de  phthisie  pulmonaire.  Ce  n'est  pas  du 
reste  comme  moyen  curatif,  c'est  surtout  comme  prophylactiques  que  les 
préparations  hypophospho reuses  doivent  être  employées  contre  une  affec- 
tion qui,  ainsi  que  l'a  démontré  M.  Rayer,  est  presque  inconnue  chez  les 
animaux  et  les  peuplades  sauvages,  mais  qui  est  devenue  le  fléau  permanent 
des  sociétés  civilisées. 

u  indépendamment  d'ailleurs  de  son  influence  sur  la  santé  publique,  la 
décision  de  cette  question  se  rattache  à  des  considérations  d'un  haut  intérêt 


(  io43  ) 
scientifique.  Si  la  spécificité  des  hypophosphites  contre  la  tuberculose  était 
une  fois  établie,  on  y  trouverait,  je  le  crois,  la  solution  d'un  problème  qui  a 
beaucoup  occupé  et  les  chimistes  et  les  physiologistes,  celle  de  savoir  l'état 
dans  lequel  le  phosphore  se  trouve  dans  l'économie.  On  devrait  en  effet 
conclure  de  là  qu'en  dehors  du  phosphate  calcaire,  qui  a  été  étudié  par 
d'autres  observateurs,  il  existe  dans  l'organisme,  ainsi  que  le  démontrent 
les  travaux  de  différents  chimistes,  et  plus  particulièrement  ceux  de  Vau- 
quelin  et  de  M.  Fremy  sur  le  cerveau,  un  principe  contenant  le  phosphore  à 
l'état  oxydable,  et  y  jouant  un  rôle  spécial  qui  se  rapporte  à  la  fois  à  l'inner- 
vation et  à  l'hématose,  et  qui  expliquerait  peut-être  la  solidarité  intime 
entre  cette  première  fonction  et  les  phénomènes  de  la  nutrition  générale, 
tels  que  la  calorifieation,  etc.,  établie  par  les  expériences  de  plusieurs  phy- 
siologistes, et  surtout  par  celles  de  M.  Claude  Bernard. 

»  Cette  conclusion  est  confirmée  non-seulement  par  les  résultats  que  j'ai 
déjà  annoncés  ,  mais  aussi  par  les  eftets  avantageux  que  l'emploi  des  hypo- 
phosphites a  offerts  dans  les  états  morbides  dépendants  d'une  lésion  de 
l'innervation  ou  de  la  nutrition  générales,  telles  que  la  bronchite  chronique, 
l'asthme,  la  spermatorrhée,  la  myélite,  l'anémie,  le  rachitisme  et  l'épuise- 
ment des  femmes  grosses  et  des  nourrices,  enfin  par  des  "expériences  que 
je  poursuis  en  ce  moment  sur  la  opoissance  des  jeunes  animaux. 

Il  Je  crois  avoir  été  le  premier  à  signaler,  il  y  a  déjà  près  d'une  année, 
l'importance  de  ce  principe  phosphore,  et  le  rapport  qu'il  pouvait  y  avoir 
entre  la  variation  de  ses  proportions  et  différents  états  morbides,  plus  par- 
ticulièrement la  diathèse  tuberculeuse. 

»  Il  est  incontestable  du  moins  que  j'ai  été  le  premier  à  tirer  de  l'exis- 
tence de  cet  élément  à  l'état  oxydable  une  induction  pathologique  et  thé- 
rapeutique, et  à  démontrer  expérimentalement  que  lorsqu'on  pouvait  sup- 
poser qu'il  faisait  défaut  dans  l'économie,  il  existait  un  moyen  rationnel 
de  l'y  rétablir  par  l'administration  d'une  préparation  phosphorée  ayant 
le  double  caractère  d'être  à  la  fois  assimilable  et  oxydable,  caractères  qui 
paraissent  jusqu'ici  réunir,  d'une  manière  complètement  efficace,  les  hypo- 
phosphites alcalins. 

a  Ces  idées,  que  je  ne  fais  qu'indiquer  sommairement,  sont  exposées 
dans  l'ouvrage  dont  je  viens  de  faire  hommage  à  l'Académie,  et  sont  le  point 
de  départ  du  Mémoire  que  je  présente.  Si  je  les  rappelle,  c'est  parce  qu'elles 
se  rattachent  à  une  doctrine  générale  de  thérapeutique  physiologique,  et  parce 
que  l'on  a  tout  récemment  présenté  ici  comme  neuves  des  considérations  qui 
n'en  sont  que  la  reproduction  presque  textuelle,  avec  cette  différence  toutefois 
que  les  produits  que  l'on  dit  avoir  employés  par  suite  deces idées  théoriquesi 


(  «o44  )      . 

sont  des  substances  dont  la  composition  et  le  mode  de  préparation  sont  en- 
core inconnus,  tandis  que  les  hypophosphites  sont  des  combinaisons  défi- 
nies, restées  jusqu'alors  sans  usages,  mais  connues  de  tous  les  chimistes,  et 
qui,  placées  par  moi,  depuis  près  d'une  année,  dans  le  domaine  public  de 
la  science  médicale,  sont  aujourd'hui  employées  ou  expérimentées  dans 
toute  l'Europe.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  acides  amidés ;  par  M.  A.Cahodrs. 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Peligot,  Bussy.) 

«  Dans  un  travail  sur  les  acides  amidés  que  j'eus  I  honneur  de  comrnu- 
niquer  à  l'Académie  l'année  dernière,  j'ai  démontré  qu'il  existait  entre 
l'acide  benzamique  et  ses  homologues  d'une  part,  le  glycocolle  et  ses  homo- 
logues de  l'autre,  les  analogies  les  plus  étroites,  en  m'appuyant  sur  les 
ressemblances  si  manifestes  des  fonctions  chimiques  de  ces  corps.  J'avais  été 
conduit  dèslors  à  considérer  le  glycocolle  comme  l'acide  acélamique,  ce  com- 
posé devant,  selon  toute  probabilité,  s'obtenir  à  la  manière  de  l'acide  ben- 
zamique par  l'action  réciproque  du  sulfhydrate  d'ammoniaque  et  de  l'acide 
acétique  mononi^ré 

C*H»(AzO*)0*. 
En  effet,  de  même  que  l'on  a 

C«*H»(AzO')0'  +6SH  =  6S-l-  /|HO  +  C'^H''(AzH')0', 

Acide  benzoïque.  Acide  benzamique 

on  doit  avoir  aussi 

C*  H'  (AzO*)0*  +  6SH  =  6  +  4HO  -4-  C*  H»  (AzH')O*. 

Acide  nitracétiqiie.  Acide  benzamique. 

))  L'acide  nitracétique  n'ayant  pu  jusqu'à  présent  être  dérivé  de  l'acide 
acétique  par  l'action  de  l'acide  nitrique  fumant,  je  m'étais  trouvé  dans 
l'impossibilité  de  vérifier  cette  hypothèse  par  l'expérience.  Le  travail  récent 
de  M.  R.  Hoffmann  sur  l'acide  monochloracétique  et  l'observation  curieuse 
qu'il  a  faite  de  la  transformation  de  ce  produit  en  acide  glycollique  sous 
l'influence  de  la  potasse  caustique,  résultat  tout  à  fait  inattendu,  m'engagea 
tout  naturellement  à  faire  réagir  sur  cet  acide  un  excès  d'ammoniaque. 

»  En  efïet,   la  constitution  de  l'acide  monochloracétique  étant  repré- 
;sentée  par 

C* (H» Cl),  HO», 


(  io45  ) 
on  doit  avoir 

C*(H*Cl)HO' +  2AzH»  =  ClH,AzH' -^C*(H^\zH*)HO^ 

c'est-à-dire  le  glycocoUe  ou  l'acide  acétique  amidé. 

»  Cette  hypothèse,  que  j'ai  pu  vérifier  par  l'expérience,  se  trouve  pleine- 
ment confirmée  par  un  travail  fort  intéressant  publié  récemment  en  Angle- 
terre dans  le  Qiiarlerly  journal,  par  MM.  Perkin  et  Duppa  qui  de  leur  côté 
arrivaient  au  même  résultat.  Ces  chimistes  en  examinant  l'action  du  brome 
sur  l'acide  acétique,  ont  obtenu  deux  dérivés  bromes,  l'acide  acétique  mono- 
bromé  et  l'acide  acétique  bibrpmé  : 

C*H'BrO*, 
C*H'Br^O\ 

»  Le  premier  de  ces  acides  se  change  en  giycocolle  sous  l'influence  de 
l'ammoniaque.  Son  sel  d'argent  se  transforme  en  acide  glycollique  avec 
élimination  de  bromure  d'argent,  en  fixant  les  éléments  de  l'eau.  L'hypo- 
thèse que  j'avais  émise  il  y  a  quinze  mois  environ  sur  la  nature  et  le  mode 
de  production  du  glycocoUe  se  trouve  donc  pleinement  vérifiée  par  mes 
expériences  et  par  celles  des  deux  chimistes  anglais. 

»  En  étudiant  l'action  simultanée  de  la  chaleur  et  des  bases  alcalines  sur 
les  acides  amidés  du  groupe  benzoïque,  j'ai  obtenu  une  série  de  bases 
ammoniacales  volatiles  homologues  de  l'aniline;  or  ce  mode  de  décompo- 
sition est  exactement  le  même  que  celui  qu'éprouvent  dans  ces  circon- 
stances le  glycocoUe  et  ses  homologues. 

»  En  effet,  cette  substance  fournit  au  moyen  de  cette  réaction,  ainsi  que 
je  m'en  suis  assuré,  de  la  méthyliaque;  on  sait,  en  outre,  d'après  les  expé- 
riences de  MM.  Limpricht  et  Schwanert,  que  l'alanine  fournit  de  l'éthyliaque 
et  là  leucine  de  l'amyliaque,  lorsqu'on  les  place  dans  les  mêmes  circon- 
stances. Ce  résultat  est  facile  à  concevoir  si  l'on  considère  ces  composés 
comme  des  acides  amidés  dérivés  des  acides  acétique,  propionique  et 
caproïque.  L'expérience  vient  donc  pleinement  confirmer  les  prévisions  que 
le  raisonnement  et  les  analogies  avaient  fait  concevoir. 

»  Les  expériences  de  M.  Dumas  n'ont-elles  pas  appris  que  l'acide  acé- 
tique fournit  au  rouge  sombre,  sous  l'influence  des  bases  alcalines  en  excès, 
du  gaz  des  marais  parfaitement  pur,  ainsi  que  l'exprime  l'équation 

C*H*0*  +  aBaO  =  2(CO*BaO)  +  C^H*. 

')  Le  glycocoUe  n'étant  autre  chose  que  l'acide  acétique  amidé  doit  êtie 
représenté  par  la  formule 

C*H'^AzH^)0\ 


(  I.046  ) 
»  Dès  lors  on  aura,  par  l'action  simultanée  de  la  chaleur  et  des  alcalis, 

C*H»(AzH*)0^+aBa0  =  2(C0»Ba0)  +  C*H'(AzH='), 

Glycocolle  (ac.  acétamique).  .  Méthyliaque. 

et  par  suite 

C«H=(AzH*)0*  +  aBa0  =  2(C0*Ba0)  +  C*H=(AzH*), 

Alinine (acide  propiamique).  Ëtbyliaque. 

C'»H"  (AzH»)0*+  a  BaO  =  2(CO*BaO)  4-  C'^H"  (AzH»), 

Leiicine  (ac.  caproamique;.  Amyliaque. 

»  On  a  de  même,  avec  les  acides  amidés  du  groupe  benzoique, 
C'*H»(AzH*)0*-4-  aBaO  =  2(C0»Ba0)  +  C'H'CAzH*), 

Acide  benzamique.  Aniline. 

C"'H'(AzH»)0*  +  2BaO  =  2(CO»BaO)  +  C'*H'(AzH*), 

Acide  toluamique.  Toluidine. 

C*°H^'(AzH=')0*+  aBaO  =  2(CO»BaO)  +  C"H"  (AzH»), 

Acide  euminamique.  Cumidine. 

»  Dans  la  réaction  de  la  baryte  sur  le  glycocolle,  U  se  forme  toujours  une 
grande  quantité  d'ammoniaque.  Si  l'on  remplace  la  baryte  par  l'hydrate  de 
potasse,  il  ne  se  produit  que  de  l'ammoniaque;  il  se  dégage  en  même  temps 
de  l'hydrogène,  et  le  résidu  renferme,  outre  le  carbonate,  de  l'oxalate  de 
potasse. 

»  Les  acides  amidés  du  groupé  benzoique  s'unissent,  à  la  manière  du 
glycocolle  et  de  ses  homologues,  tout  à  la  fois  aux  bases  et  aux  acides,  for- 
mant des  combinaisons  parfaitement  semblables  et  cristallisant  avec  la  plus 
grande  facilité. 

»  De  même  que  la  glycocolle  et  ses  homologues  se  transforment  sous 
l'influence  de  l'acide  nitreux  en  acides  glycollique,  lactique,  etc.,  qui  ne 
diffèrent  des  acides  acétique,  propionique,  etc.,  que  par  2  équivalents 
d'oxygène  en  plus;  de  même  aussi  je  me  suis  assuré  que  les  acides  anisa- 
mique  et  euminamique  se  changent  sous  l'influence  du  même  agent  en  de 
nouveaux  acides  exempts  d'azote,  qui  ne  diffèrent  des  acides  anisique  et 
cuminique  que  par  2  équivalents  d'oxygène  en  plus. 

»  Ainsi  se  trouvent  établis  les  liens  de  parenté  les  plus  étroits  entre  les 
acides  amidés  du  groupe  benzoique  et  le  glycocolle,  l'alanine,    la  leu- 


■^. 


(•  1047  ) 

cine,  etc.,  qu'il  faut  considérer  pareillement  comme  les  acides  amidés  des 
acides  acétique,  propionique,  caproïque,  etc. 

»  Les  éthers  nitrobenzoïque,  nitrocuminique,  nitranisique  de  l'alcool  et 
de  l'esprit-de-bois,  étant  réduits  par  le  sulfhydrate  d'ammoniaque,  donnent 
les  benzamate,  cuminamale,  anisamate  éthylique  et  raéthylique,  qui,  inca- 
pables de  s'unir  aux  bases,  forment  avec  les  acides  et  le  birhlorure  de  pla- 
tine des  combinaisons  bien  définies  et  remarquablement  cristallisées. 

»  Il  est  facile  de  se  rendre  compte  du  double  rôle  que  jouent  les  com- 
posés précédents  à  l'égard  des  acides  et  des  bases.  L'amidogène  prenant, 
en  effet,  dans  l'acide  normal  la  place  d'une  partie  de  l'hydrogène  rempla- 
çable  par  des  métalloïdes,  le  dérivé  doit  évidemment  conserver  le  caractère 
de  l'acide  en  même  temps  que  l'introduction  de  cet  amidogène  tend  néces- 
sairement à  lui  imprimer  des  propriétés  basiques. 

»  Si  les  éthers  des  acides  amidés  perdent  entièrement  le  caractère  de 
l'^acide,  tandis  que  les  propriétés  basiques  vont  en  s'exaltant,  cela  tient  à  ce 
que,  dans  ces  composés,  le  méthyle  ou  l'éthyle  se  sont  substitués  à  l'hydro- 
gène, susceptible  d'être  remplacé  par  des  métaux.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix  de 
Mathématiques,  question  concernant  un  théorème  de  I.,egendre  sur  la  théo- 
rie des  nombres. 

Ce  Mémoire,  reçu  au  Secrétariat  le  27  mai,  et  qui  porte  pour  épigraphe  : 
«  Scientia  mirabilis  arithmeticn[GaiUSfi)  »,  a  été  inscrit  sous  le  n"  i. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  nombre  de  valeurs  que  peut  acquérir  une 
fonction  de  n  lettres,  quand  on  y  permute  ses  lettres  de  toutes  les  manières  pos- 
sibles; par  M.  ËsiiLE  Mathieu.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Bertrand.) 

«  Lagrange  s'est  occupé  le  premier  de  ce  sujet,  en  démontrant  que  le 
nombre  de  valeurs  d'une  fonction  de  n  lettres  est  un  diviseur  du  pro- 
duit I .  a.  3.  .  .  n. 

»  On  a  ensuite  songé  de  quelle  utilité  i\  serait,  pour  la  résolution  des 
équations,  de  connaître  le  plus  petit  nombre  de  valeurs  que  peut  acquérir 
une  fonction  de  n  lettres;  aussi  Rufini,  Pietro  Abalti,  Cauchy,  Abel  et 
M.  Bertrand  se  sont-ils  siiccessivement  occupés  de  cette  question.  Le  théo- 
rème de  M.  Bertrand  comprend  la  plupart  des  résultats  antérieurement 

G.  R.  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  22)  I  36 


(  io48  ) 
obtenus,  son  énoncé  est  celui-ci  :  Une  fonction  de  n  lettres,  qui  a  plus  de 
deux  valeurs,  en  a  au  moins  n,  si  n  est  >  /(. 

»  On  était  naturellement  conduit  à  chercher  les  plus  petits  nombres 
après  «,  qui  pouvaient  représenter  les  valeurs  d'une  fonction  de  n  lettres,  et 
M.  Bertrand  a  démontré  ce  théorème  : 

»  Une  fonction  de  n  lettres  qui  a  plus  de  n  valeurs,  en  a  au  moins  an, 
si  n  est  >  9. 

»  M.  Serret  a  substitué  à  cette  limite  n  >  9  la  limite  n  >  8,  dans  un  beau 
Mémoire  où  il  aborde  la  question  par  une  méthode  nouvelle  qui  lui  permet 
d'obtenir  une  rigueur  plus  absolue  en  s' affranchissant  de  toutpostulatum. 

»  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  j'ai  montré 
qu'on  pouvait  encore  abaisser  la  limite  obtenue  par  M.  Serret  et  y  substi- 
tuer «  >  6  ;  d'ailleurs  cette  limite  ne  saurait  être  abaissée  davantage,  car 
une  fonction  de  six  lettres  qui  a  plus  de  six  valeurs  peut  n'en  avoir  que  dix. 

»  M.  Serret  a  aussi  démontré  le  théorème  suivant  : 

»  Une  fonction  de  n  lettres  qui  a  plus  de  'in  valeurs  en  a  au  moins 

n(n  —  i) 

^jsi«est>i2. 

2 

»  J'ai  reconnu  que  ce  théorème  est  vrai  quel  que  soit  n,  et  qu'ainsi  la 
restriction  n>  12  n'était  pas  nécessaire,  et  j'ai  encore  démontré  ce 
théorème  : 

y>   Une  fonction    de  n  lettres  qui    a   plus  de  — valeurs,  en  a  au 

moms  «  («  —  i)  si  n  est  >  8. 

»  Je  me  suis  aussi  occupé,  dans  ce  Mémoire,  de  chercher  le  nombre  de 
valeurs  que  peut  acquérir  une  fonction  qui  a  moins  de  huit  lettres.  On  sait 
que  cette  étude  avait  été  déjà  faite  par  M.  Cauchy  jusqu'à  six  lettres,  et 
qu'elle  avait  été  reprise  par  M.  Serret  jusqu'à  cinq  lettres  sous  un  point  de 
vue  tout  différent;  mais  on  n'avait  pas  encore  cherché  le  nombre  de  valeurs 
que  peut  acquérir  une  fonction  de  sept  lettres.  M'étant  occupé  de  cette  re- 
cherche, j'ai  trouvé  que  sur  les  soixante  diviseurs  des  produits  i  .2.3.4-5.6.7, 
il  y  en  a  trente  qui  sont  susceptibles  de  représenter  le  nombre  de  valeurs 
d'une  fonction  de  sept  lettres,  ce  sont  : 

I,  2,  7,  i4,  21,  35,  42»  70,  84,  ïo5, 
120,  126,  i4o,  210,  240,  252,  280,  3i5,  36o,  42o> 
5o4,     56o,     63o,     720,     840,     1008,     1260,     1680,     2520,     5o4o. 

»  Pour  déterminer  le  nombre  de  valeurs  que  peut  acquérir  une  fonction 
d'un  nombre  déterminé  de  lettres,  j'ai  repris  la  très-belle  idée  de  M.  Cauchy, 
qui  consiste  à  considérer,  dans  celte  théorie,  deux  genres  de  fonctions  :  les 


(  io49  ) 
fonctions  transitives  et  les  fonctions  intransitives.  Cette  division  étant  faite, 
les  nombres  de  valeurs  que  peut  acquérir  une  fonction  intransitive  de  n  let- 
tres peuvent  se  déterminer  immédiatement  lorsqu'on  a  fait  l'étude  des 
fonctions  qui  ont  moins  de  n  lettres,  et  alors  les  recherches  ne  doivent  plus 
se  porter  que  sur  les  fonctions  transitives. 

n  Mais  pour  déterminer  ces  fonctions  transitives,  j'emploie  une  méthode 
différente  de  celle  de  M.Cauchy,  et  je  commence  par  établir  ces  deux  théo- 
rèmes que  j'appelle  fondamentaux  : 

»    1°.  Une  fonction  transitive  de  n  lettres,  qui  est  transitive  par  rapport  à 

un  certain  nombre  0  de  ses  lettres,  5  étant  >  -»  estn  —  6  +  i  fois  transitive, 

à  moins  qu'elle  ne  soit  transitive  par  rapport  à  des  groupes  transitifs; 
»   2°.  Si  une  fonction  transitive  de  n  lettres  est  transitive  par  rapport  à 

un  certain  nombre  Ô  de  ses  lettres,  qui  n'est  pas  > -»    cette   fonction   est 

transitive  par  rapport  à  des  groupes  transitifs. 

»  Ces  deux  théorèmes  établis,  supposons  que  nous  ayons  fait  l'étude  de 
toutes  les  fonctions  qui  ont  moins  de  n  lettres  ;  nous  pouvons  déterminer 
immédiatement  le  nombre  de  valeurs  des  fonctions  de  n  lettres,  transitives 
par  rapport  à  des  groupes  transitifs,  et  il  reste  à  déterminer  le  nombre  de 
valeurs  que  peuvent  acquérir  les  autres  fonctions  transitives  de  n  lettres  ; 
ces  fonctions  acquièrent  toutes  leurs  valeurs  considérées  comme  fonctions 
de  7î  —  T  lettres,  et  il  faut  chercher  parmi  les  nombres  qui  conviennent  aux 
fonctions  de  n  —  i  lettres,  quels  sont  ceux  qui  peuvent  convenir  à  une 
fonction  transitive  de  n  lettres.  La  plus  grande  partie  de  ces  nombres  sont 
éliminés  par  les  deux  théorèmes  fondamentaux,  et  nous  reconnaissons  par 
des  moyens  directs  quels  sont,  parmi  les  nombres  qui  restent,  ceux  qui 
peuvent  convenir  à  des  fonctions  transitives  de  n  lettres. 

»  A  l'exception  de  deux  fonctions,  toutes  les  fonctions  transitives  que 
l'on  rencontre  jusqu'à  sept  lettres,  et  qui  ne  sont  pas  transitives  par  rapport  à 
des  groupes  transitifs,  sont  celles  qui  sont  données  par  les  quatre  théorèmes 
suivants,  dont  les  deux  premiers  bien  connus  sont  de  Lagrange,  et  dont  les 
deux  autres,  je  crois,  m'appartiennent  : 

»  1°.  II  y  a  toujours  une  fonction  transitive  de  n  lettres  qui  a 
i.a ...(«  —  i)  valeurs: 

»  1°.  Si  n  est  premier,  il  y  a  une  fonction  deux  fois  transitive  de  n  lettres, 
qui  a  I .  a  ...  (n  —  a)  valeurs  ; 

»  3°.  On  peut  toujours  former  une  fonction  transitive  de  n  lettres,  qui 

..  1.2.  . .(«— i)       , 
ait ! '-  valeurs  ; 

i36.. 


{  io5o  ) 

»  4°-  Si  n  est  premier,  on  peut  toujours  former  une  fonction  transitive 
qui  ait  i.2...(n  —  a)x  a  valeurs. 

»  Enfin,  jusqu'à  sept  lettres  j'ai  constaté  le  théorème  suivant  : 
»  Une  fonction  transitive  d'un  nombre  impair  de  lettres  n'est  pas  chan- 
gée par  une  certaine  permutation  circulaire  de  toutes  ses  lettres;  une  fonc- 
tion transitive  d'an  nombre  pair  de  lettres  n'est  pas  changée  aussi  par  une 
certaine  permutation  circulaire  de  toutes  ses  lettres,  à  moins  qu'elle  ne  soit 
de  la  forme  M  -+-  N  <',  M  et  N  étant  deux  fonctions  transitives  qui  ne  sont  pas 
changées  par  une  même  permutation  circulaire  de  toutes  leurs  lettres 
rt,  b,  c,...,k,  l,  et  V  étant  égal  à 

{a  -b){a- c){a-d) {k  -  l). 

»  Je  suis  tout  naturellement  porté  à  croire  que  ce  théorème,  qui  se  vérifie 
jusque  sept  lettres,  est  général.   » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  l'emploi  combiné  de  la  machine  d'induction 
de  Ruhmkorffet  d'une  pièce  d'artillerie  dans  les  ports  de  guerre  et  les  princi- 
paux ports  de  commerce  pour  signaler  le  midi  moyen  et  servir  ainsi  d'une 
manière  exacte  nu  règlement  des  chronomètres  à  bord  des  navires;  par 
M.  A.  Trêve. 

(Commissaires,  MM.  Dupin,  Pouillet,  Regnault,  le  Maréchal  Vaillant,  . 
l'Amiral  Du  Petit-Thouars.) 

rt  Tons  les  marins  qui  ont  séjourné  sur  la  rade  de  Brest  connaissent  le 
mode  en  usage  dans  ce  port  pour  assurer  d'une  manière  uniforme  la  marche 
du  temps  à  bord  des  navires  et  corriger  les  déviations  que  les  montres  au- 
raient subies  dans  l'intervalle  de  vingt-quatre  heures.  Outre  l'observa- 
toire de  la  marine  proprement  dit,  situé  à  l'extrémité  nord  de  la  ville,  il 
existe  à  Brest  un  second  observatoire  spécialement  affecté  aux  observations 
(les  élèves  de  l'École  navale.  Il  est  construit  sur  une  hauteur,  et  sur  son  terre- 
plein  s'élève  un  mât  visible  de  presque  tous  les  points  de  la  rade,  à  l'aide 
d'une  longue-vue.  Dix  à  quinze  minutes  avant  le  passage  du  soleil  au  mé- 
ridien, une  boule  monte  à  l'extrémité  de  ce  mât;  chaque  navire  se  met  en 
observation,  et  la  ch\Ue  de  la  boule  indique  à  tous  l'instant  du  pa.ssage  ou 
le  midi  vrai.  Si  le  soleil  n'est  pas  visible,  la  chute  de  la  boule  marque  le 
midi  moyen  donné  par  la  pendule  de  l'observatoire.  A  ce  signal  du  midi,  les 
montrée  sont  réglées,  et  les  officiers  chargés  tout  spécialement  de  ce  service 
y  trouvent  un  précieux  moyen,  avant  de  gagner  le  large,  de  régler  d'une 


M 


manière  définitive  la  marche  de  leurs  chronomètres.  Cet  observatoire  sup- 
plémentaire de  l'École  navale  de  Brest  offre  donc  aux  marins  une  ressource 
qui  leur  manque  dans  les  autres  ports.  ' 

»  A  Toulon,  à  Rochefort,  etc.,  les  observatoires,  éloignés  des  rades  et  des 
batteries  de  défense,  sont  avec  raison  placés  dans  des  lieux  écartés,  tran- 
quilles, et  soustraits  le  plus  possible  à  ces  ébranlements  du  sol  et  de  l'air  si 
nuisibles  à  la  marche  des  pendules  et  aux  observations  délicates.  Aussi  ne 
peuvent-ils  rendre  aux  navires  mouillés  sur  rade  ce  service  de  tous  les 
jours  et  si  incontestablement  utile. 

»  Lorsqu'on  relâche  dans  ces  ports,  on  se  trouve  dans  la  nécessité  de 
descendre  chaque  jour  à  terre  et  de  demander,  si  toutefois  le  temps  le  per- 
met, à  des  observations  d'angles  horaires  des  éléments  de  rectification  qui 
n'ont  pas  toujours  toute  la  précision  désirable.  Quand  on  a  des  doutes  sérieux 
sur  l'exactitude  de  la  marche  des  montres,  on  se  décide  à  les  déposer,  jus- 
qu'ati  moment  du  départ,  à  l'observatoire,  où  leurs  mouvements  sont  suivis 
et  notés  ;  toutefois,  c'est  avec  regret  que  l'on  prend  ce  parti,  car  il  donne 
lieu  à  des  déplacements  et  à  des  transports  qu'on  ne  saurait  trop  s'attacher  à 
épargner  à  des  instruments  si  délicats. 

)>  Cet  avantage  d'iuie  exactitude  mathématique  dans  l'indication  du  temps 
(même  au  point  de  vue  général)  n'est  encore  acquis  à  la  marine  que  dans 
un  seul  de  nos  ports,  et  cela  accidentellement  et  d'une  manière  imparfaite, 
puisqu'il  suffit  d'une  légère  brume  pour  intercepter  aux  bâtiments  la  vue 
de  la  boule  régulatrice.  Il  y  a  donc  ici,  nous  le  pensons,  une  améUoration 
à  apporter  dans  le  service  de  nos  ports. 

»  L'appareil  d'induction  de  Ruhmkorff  serait  placé  dans  nos  observa- 
toires et  mis  en  communication  avec  une  pièce  de  fort  calibre  placée  à  bonne 
distance  et  dans  la  position  qui  assure  à  la  détonation  un  maximum  de  por-' 
tée  (au  moyen  d'un  double  fil  de  cuivre  revêtu  de  gutta-percha  placé  à  poste 
fixe).  On  remplacerait  dans  la  lumière  du  canon  l'étoupille  ordinaire  par  une 
fusée  de  Statcham,  et  l'on  se  trouverait  avoir  à  sa  disposition  le  plus  infail- 
lible des  signaux.  Quels  que  soient  l'état  de  l'atmosphère,  la  situation  de 
l'observatoire  et  la  configuration  des  rades,  désormais  le  directeur  de  l'ob- 
servatoire de  la  marine  pourra,  par  une  simple  pression  sur  un  bouton,  pro- 
duire instantanément  une  détonation  qui  ira  porter,  avec  toute  la  précision 
désirable,  l'annonce  du  midi  moyen  à  la  rade,  au  port  et  même  à  la  ville.       ' 

»  Au  moyen  d'un  échappement  on  pourrait  faire  que  le  pendule  fermât 
lui-même  le  courant  et  produisît  ainsi  la  détonation  à  l'instant  où  le  premier 
coup  de  timbre  se  fait  entendre;  mais  il  est  tout  aussi  simple  que  la  personne 


(  io52  ) 
chargée  d'observer  le  passage  ferme  lui-même  le  courant  au  moment  où  il  voit 
l'aiguille  des  secondes  quitter  la  Sg*  division  et  s'élancervers  la  60*  division 
du  cadran.  Toutefois,  et  pour  aller  au-devant  de  l'objection  tirée  du  temps 
nécessaire  à  l'audition  du  son,  nous  dirons  que  la  distance  du  navire  à  la 
batterie  d'où  partira  le  coup  étant  connue,  et  dans  tous  les  cas  facilement 
appréciable,  on  sera  maître,  en  se  basant  sur  la  vitesse  du  son  (bien  reconnue 
être  de  333  mètres  par  seconde),  de  faire  disparaître  cet  élément  d'inexacti- 
tude, alors  même  qu'on  serait  privé  de  l'avantage  de  voirie  puissant  éclair 
qui  jaillit  de  la  bouche  du  canon. 

»  11  est  hors  de  doute  qu'il  ne  soit  aussi  facile  de  produire,  au  moyen 
de  la  machine  Ruhmkorfï,  l'explosion  instantanée  d'une  charge  de  poudre 
placée  dans  l'âme  d'un  canon  que  celle  d'un  fourneau  de  mine,  fait  répété 
chaque  fois  dans  les  travaux  qui  se  poursuivent  à  Cherbourg,  à  Marseille  et  à 
Brest.  L'électricité  employée  comme  agent  calorifique  annule  encore  ici  les 
distances,  et  l'on  ne  peut  mieux  en  apprécier  les  effets  qu'en  se  représentant 
un  cadran  de  grande  dimension  soudainement  élevé  en  vue  de  la  rade,  et 
dont  les  indications,  si  elles  ne  pouvaient  être  vues,  seraient  toujours  en- 
tendues. 

»  A  Edimbourg,  un  ballon-signal  est  installé  sur  une  haute  tour,  et 
c'est  l'horloge  des  passages  de  l'observatoire  qui  en  détermine  la  chute. 
Nous  pourrions  avoir  dans  chacun  de  nos  ports  un  semblable  signal  com- 
biné avec  celui  de  la  détonation  d'un  canon.  Ce  ballon  porterait  une  tige 
en  fer  qui,  dirigée  dans  sa  chute,  viendrait  frapper  l'éloupille  ordinaire  et 
en  provoquerait  l'inflammation  instantanée.  Bref,  que  nous  fassions  appel 
à  l'électricité  comme  agent  dynamique  ou  comme  agent  calorifique,  nous 
pensons  que  son  application  comblera  une  grande  lacune  dans  le  service 
de  nos  ports.  » 

PHYSIQUE.  —  Noie  sur  la  construction  des  tables  hygrométriques; 
par  M.  A.  Pichot. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Regnaidt.) 

«  Parmi  les  instruments  employés  dans  la  détermination  de  l'état  hygro- 
métrique de  l'air,  l'hygromètre  à  cheveu  est  sans  contredit  le  plus  simple  et 
celui  dont  l'installation  est  la  plus  facile.  Malheureusement  chaque  instru- 
ment exige  l'emploi  d'une  table  spéciale  dont  bien  souvent  un  service  pro- 
longé ou  les  secousses  du  transport  rendent  les  indications  illusoires.  Il 
importe  donc  de  prévoir  les  dérangements  notables  ou  de  savoir  se  débar- 


(  io5:5  )  ■ 

rasser  des  erreurs  qu'ils  peuvent  introduire.  Il  importe  surtout  d'avoir  à  sa 
disposition  une  méthode  simple  et  rapide  pour  construire  la  table  ou  con- 
trôler la  marche  de  l'hygromètre.  Celle  que  j'ai  suivie  m'a  paru  d'une  exé- 
cution plus  facile  que  celles  qui  sont  connues  et  ont  été  employées  jus- 
qu'ici. 

»  Voici  le  principe  sur  lequel  je  me  suis  appuyé  pour  cette  construction. 
Si  on  prend  un  volume  quelconque  d'air  saturé  de  vapeur  à  une  tempé- 
rature et  à  une  pression  connues  ;  si  on  le  chauffe  et  si  on  le  laisse  se  dilater 
librement,  de  telle  sorte  qu'il  ne  puisse  ni  condenser  de  la  vapeur  ni  en 
emprunter  aux  parois  des  vases  dans  lesquels  il  est  renfermé,  on  aura  l'état 
hygrométrique  à  un  instant  quelconque,  en  observant  la  température  et  là 
pression  nouvelles.  Le  rapport,  donné  par  les  tables,  des  forces  élastiques; 
maxima  de  la  vapeur  correspondantes  aux  deux  températures  observées, 
multiplié  par  le  rapport  inverse  des  pressions,  fournit  l'état  hygrométrique 
cherché. 

M  Dans  l'exécution  des  expériences  dont  j'ai  présenté  le  résultat  à  l'Aca- 
démie, voici  comment  j'opère. 

»  L'hygromètre  est  suspendu  à  côté  d'un  excellent  thermomètre  dans  un 
vase  en  cuivre  portant  des  fenêtres  opposées,  afin  que  l'on  puisse  suivre  le 
mouvement  de  l'aiguille  et  les  variations  de  la  température.  Le  vase  est 
exactement  fermé  par  un  plan  de  verre  portant  deux  ajutages  à  robinet. 
L'ajutage  du  milieu  permet  de  faire  le  vide  dans  l'intérieur,  soit  au  moyen 
delà  machine  pneumatique  ou  d'une  simple  pompe  à  main.  On  adapte  à 
l'autre  un  manomètre  barométrique.  Un  tube  vertical  en  laiton,  portant  un 
robinet  à  la  partie  supérieure,  débouche  au  fond  du  vase.  Celui-ci  est  plongé 
dans  une  grande  caisse  en  zinc  remplie  d'eau  que  l'on  agite  continuellement. 
Cette  eau,  dont  la  masse  est  considérable,  est  chauffée  à  volonté  à  l'aide 
d'un  fourneau  à  gaz  placé  sous  la  caisse.  En  prenant  quelques  précautions, 
on  peut  faire  varier  la  température  de  l'eau  par  degrés  insensibles  et  con- 
server ufte  température  constante  pendant  plusieurs  minutes.  Il  suffit  d'a- 
giter convenablement  la  masse  liquide  et  de  tourner  plus  ou  moins  le  ro- 
binet par  lequel  arrive  le  gaz.  Le  tube  en  laiton,  par  lequel  on  doit  intro- 
duire de  l'air  saturé  de  vapeur  dans  l'appareil,  communique  par  un  long 
tube  de  caoutchouc  à  un  tube  à  boules  plein  d'eau  et  précédé  d'un  tube 
rempli  d'épongés  fortement  imbibées  d'eau.  -   :  • 

»  Après  avoir  fait  le  vide  partiel  dans  l'appareil,  on  fait  rentrer  de  l'air  sa- 
turé d'humidité  et  on  voit  monter  rapidement  l'aiguille  de  l'hygromètre,  et 
en  faisant  successivement  jouer  la  machine  et  rentrer  du  nouvel  air  saturé, 


(  io54  ) 
on  obtient  le  point  de  saturation,  et  une  demi-heure  suffit  ordinairement 
pour  (;ue  l'aiguille  se  porte  et  s'arrête  au  point  loo  degrés. 

»  Il  faut  avoir  soin  de  ne  pas  faire  arriver  de  vapeur  en  excès,  autrement 
cette  vapeur,  en  se  condensant  sur  les  parois  de  l'appareil,  troublerait  né- 
cessairement le  résultat  de  l'expérience.  C'est  f)our  empêcher  ce  dépôt  que 
j'ai  employé  un  vase  en  cuivre  au  lieu  d'un  vase  en  verre. 

»  Dans  tous  les  cas  il  est  bon,  lorsque  l'aiguille  est  arrivée  au  point  lOo, 
de  mettre  pendant  un  moment  le  vase  en  communication  avec  l'atmos- 
phère. On  intercepte  ensuile  la  communication  dès  qu'on  voit  que  l'aiguille 
tend  à  abandonner  le  point  «oo. 

»  On  est  alors  certain  d'avoir  un  espace  saturé  de  vapeur  sans  dépôt  li- 
quide sur  les  parois.  A  ce  moment  on  ferme  le  vase  du  côté  des  tubes  à  eau 
et  on  ouvre  le  robinet  du  manomètre  en  observant  attentivement  la  tem- 
pérature et  la  pression. 

«  On  élève  alors  la  température  de  l'eau,  et  quand  l'aiguille  s'est  dépla- 
cée d'une  manière  sensible,  on  conserve  une  température  constante  pen- 
dant 8  ou  lo  minutes.  L'état  hygrométrique  de  l'air  intérieur  devient  con- 
stant et  l'aiguille  prend  une  position  stationnaire.  On  peut,  dans  une  ou 
deux  heures,  porter  l'appa'reil  à  des  températures  diverses  et  déterminer 
ainsi  le  degré  de  l'hygromètre  pour  des  points  de  saturation  différents. 

»  D'après  le  principe  que  j'ai  rappelé  précédemment,  on  peut  calculer  les 
états  hygrométriques  correspondants  aux  indications  successives  de  l'ai- 
guille, et  par  une  construction  graphique,  dont  les  principes  sont  bien 
connus,  calculer  les  autres  termes  de  la  table.    » 

ZOOLOGIE.  —  Des  moyens  à  l'aide  desquels  cerlains  Crustacés  parasites  assurent 
ta  conservation  de  leur  espèce;  par  M.  E.  Hesse. 

«  Tous  les  carcinologistes,  dit  l'auteur,  savent  que  beaucoup  de  Crus- 
tacés parasites,  doués  à  la  sortie  de  l'œuf  d'appareils  assez  puissants  de 
locomotion,  en  sont  au  contraire  très-insuffisamment  pourvus  lorsqu'ils 
ont  atteint  l'état  adulte  et  que  plusieurs  même  en  sont  entièrement  dénués  ; 
que,  de  plus,  il  y  en  a  auxquels  les  organes  de  la  vision  ont  été  refusés,  aux 
mâles  chez  les  uns,  aux  femelles  chez  les  autres,  de  sorte  que  ces  êtres 
déshérités  deviennent  forcément  stationnaires  et  sont  obligés  de  suivre  la 
destinée  des  poissons  aux  dépens  desquels  ils  vivent.  » 

Le  Mémoire,  qui  est  accompagné  de  nombreuses  figures  a  principale- 
ment pour  but  de  faire  comprendre  comment  certaines  dispositions  parti- 
culières jusqu'ici  peu  ou  point  connues  compensent  en  quelque  sorte  des 


(  io55  ) 
désavantages  depuis  longtemps  signalés  et  qui  semblaient  devoir  s'opposer 
à  la  propagation  des  espèces.  L'auteur  décrit,  entre  autres  organes  tempo- 
raires, un  filet  qui,  dans  quelques  genres,  réunit  l'embryon  à  sa  mère  et 
qu'il  désigne  sous  le  nom  de  cordon  frontal.  Fixé  par  l'une  de  ses  extré- 
mités au  bord  frontal  du  jeune  Crustacé,  ce  filet  va  se  souder  par  l'autre 
bout  au  corps  de  la  mère  à  l'aide  d'un  épalement  circulaire,  et  il  est 
assez  long  et  assez  flexible  pour  laisser  au  jeune  une  action  indépendante 
de  celle  de  sa  mère,  sans  gêner  ses  mouvements,  et  pour  lui  permettre  de 
s'appliquer  sur  le  poisson  sur  lequel  ils  vivent  en  commun.  «  C'est,  dit 
M.  Hesse,  un  spectacle  à  la  fois  curieux  et  intéressant  que  de  voir  ces 
embryons,  surtout  ceux  des  Trébies  et  des  Caliges  qui  nagent  avec 
assez  de  facilité,  suivre  à  la  remorque,  comme  un  petit  bateau  amarré  à 
un  grand  navire,  les  évolutions  de  leur  mère.  »  Cette  liaison  des  deux 
individus  cesse  quand  le  petit,  pouvant  se  procurer  sa  nourriture,  n'a  plus 
besoin  de  sa  mère.  La  rupture  du  filet  a  lieu  au  ras  du  bord  frontal.  L'au- 
teur suppose  qu'elle  s'opère  vers  l'époque  de  la  seconde  ou  de  la  troisième 
.^  mue.  Ses  observations,  d'ailleurs,  n'ont  pas  encore  été  assez  répétées  pour 
lui  permettre  de  rien  affirmer  à  cet  égard . 

Le  Mémoire  de  M.  Hesse  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission 
nommée  pour  son  Mémoire  sur  les  Pranizes  et  les  Ancées,  Commission  qui 
se  compose  de  MM.  Duméril,  Milne  Edwards  et  Coste. 

M.  AuDiÊ  adresse  de  Bourbon -Vendée  une  Note  sur  une  sorte  de  pluie 
dinsectes  qu'il  a  eu  l'occasion  d'observer  dans  les  environs  du  Bourg  des 
Herbiers  (Vendée).  Le  5  mars,  marchant  à  pied  près  de  sa  voiture  qui  montait 
la  côte  des  Herbiers,  il  voyait  tomber  de  temps  à  autre  sur  cette  voiture  des 
insectes  qui  ressemblaient  au  grillon  domestique  plus  qu'aii  grillon  des 
champs.  L'air  était  froid  et  les  insectes  semblaient  complètement  engourdis. 
Quelques-uns  furent  recueillis  et  la  chaleur  de  la  main  les  ranima  assez 
promptement.  La  personne  qui  accompagnait  M.  Aude  lui  dit  avoir  remar- 
qué le  même  fait  dépuis  trois  jours.  Le  lendemain,  au  reste,  ce  fait  se  repro- 
duisit pour  lui  et  d'une  manière  plus  remarquable  :  sur  la  route  de  Mortagne 
aux  Herbiers,  il  fut  surpris  par  un  orage  accompagné  d'une  pluie  épaisse, 
et  en  un  moment  la  voiture  fut  couverte  d'une  nuée  d'insectes  en  apparence 
inanimés.  Tous  étaient  pareils  de  forme,  de  taille  et  de  couleur  :  ils  ressem- 
blaient aux  grillons  de  cheminée  et  semblaient  seulement  un  peu  plus  petits 
el  plus  maigres.  .        , 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Flourens  et  Milne  Edwards.) 

C.  R  ,  i858,  \"  Semttlre.  (T.  XLVI,  No22.)  '37 


(  io56  ) 

M.  Paulet  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  nouvelle  démonstra- 
tion du  théorème  de  Fermât. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  des  Commissaires  qui  ont  pris  connais- 
sance des  précédentes  communications  de  l'auteur  sur  la  même  question, 
MM.  Liouville,  Lamé,  Chasles  et  Bertrand. 

M.  DuvAL  adresse  la  description  et  la  figure  d'un  instrument  de  chirurgie 
qu'il  désigne  sous  le  nom  à'écraseur  à  levier. 

(Commissaires,  MM.  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

M.  Roter  adresse  de  Laval  (Mayenne)  une  Note  concernant  les  télégraphes 
électriques  et  les  dispositions  à  prendre  pour  que  les  fils  placés  sous  terre 
échappent  aux  accidents  auxquels  ils  sont,  suivant  lui,  exposés  dans  le  sys- 
tème de  pose  le  plus  communément  suivi, 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Babinet.) 

M.  Gagnage  présente  une  nouvelle  Note  ayant  pour  titre  :  Assolement 
général  des  terres  incultes  de  France. 

Cette  Note  sera  soumise,  comme  celles  que  l'auteur  avait  précédemment 
envoyées  sur  le  même  sujet,  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  concours  pour  le  prix  du  legs  Morogues. 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  autorise  l'Académie  à  disposer 
des  sommes  provenant  du  legs  Jecker,  conformément  au  projet  qu'elle  a 
soumis  à  son  approbation. 

MÉCANIQUE.  —  Nouveau  principe  sur  la  distribution  des  tensions  dans  les 
systèmes  élastiques;  par  M.  L.-F.  Ménabwéa. 

«  Voici  l'énoncé  de  ce  nouveau  principe  que  j'appellerai  princi/jet/'e/as- 
ticité  :  Lorsqu'un  système  élastique  se  met  en  équilibre  sous  l'action  de  forces 
extérieures,  le  travail  développé  par  l  effet  des  tensions  ou  des  compressions  des 
liens  qui  unissent  les  divers  points  du  système  est  un  minimum.  L'équation  diffé- 
rentielle qui  exprime  ce  minimum  sera  désignée  sous  le  nom  d'équation 
d'ébsticité;  on  en  verra  bientôt  l'usage  pour  la  détermination  des  tensions. 

»  Je  donnerai  avant  tout  une  idée  succincte  de  la  démonstration  de  ce 


(  'o57  ) 
principe.  Considérons  le-cas  le  plus  général,  et  soit  n  le  nombre  des  points 
du  système  réunis  entre  eux  par  m  liens  élastiques.  Chaque  point  considéré 
isolément  restera  en  équilibre  sous  l'action  des  forces  extérieures  qui  lui 
sont  appliquées,  et  des  tensions  des  liens  qui  viennent  y  aboutir.  Le  nombre 
des  équations  d'équilibre  pour  les  n  points  sera  3n  ;  si  p  est  celui  des  équa- 
tions qui  doivent  subsister'  entre  les  forces  extérieures,  indépendamment 
des  tensions,  pour  qu'il  y  ait  équilibre,  le  nombre  des  équations  qui  con- 
tiennent effectivement  les  tensions  se  réduira  à  3n — p.  Ainsi,  lorsque  m 
sera  >  3«  —  p,  les  équations  précédentes  ne  suffiront  pas  pour  déterminer 
toutes  les  tensions. 

»  Il  en  sera  de  même  quand  le  système  contiendra  un  certain  nombre 
de  points  fixes.  Cette  indétermination  signifie  qu'il  y  a  une  infinité  de  va- 
leurs des  tensions  qui,  combinées  avec  les  forces  extérieures  données,  sont 
aptes  à  tenir  le  système  en  équilibre.  Les  valeurs  des  tensions  effectives 
dépendent  de  l'élasticité  respective  des  liens,  et  lorsque  celle-ci  est  déter- 
minée, il  doit  en  être  de  même  des  tensions. 

»  Puisque,  dans  le  cas  que  nous  considérons,  les  tensions  peuvent  varier 
sans  que  l'équilibre  cesse  d'exister,  on  devra  admettre  que  ces  variations 
s'effectuent  indépendamment  de  tout  travail  des  forces  extérieures;  elles 
sont  toujours  accompagnées  d'allongements  ou  d'accourcissements  dans  les 
divers  liens  correspondants,  ce  qui  donne  lieu,  dans  chacun  d'eux,  à  un 
développement  de  travail.  Les  variations  de  longueur  des  liens  doivent  être 
supposées  très-petites  pour  que  les  positions  respectives  des  divers  points 
du  système  ne  soient  pas  sensiblement  altérées.  Mais,  puisque  pendant  ce 
petit  mouvement  intérieur  l'équilibre  continue  à  exister  et  que  le  travail  des 
forces  extérieures  est  nul,  il  s'ensuit  que  le  travail  total  élémentaire  des 
tensions  ainsi  développé  est  également  nul. 

»  Pour  exprimer  cette  conséquence,  soient  ï  la  tension  d'un  lien  quel- 
conque, (?/  la  variation  élémentaire  de  la  longueur  de  ce  lien;  le  travail 
développé  par  suite  de  la  variation  de  tension  correspondante  seraT(?/,  et 
par  conséquent,  pour  l'ensemble  du  système,  on  aura 

(i)  -^1^1=0. 

»  Soit  l  l'extension  ou  raccourcissement  qu'a  primitivement  éprouvé  le 
lien  sous  l'action  de  la  tension  T,  on  a,  indépendamment  du  signe,  » 

(2)      .  •  ï  =  a/, 

où  s  esj  un  coefficient  que  j'appellerai  coefficient  d'éloiticité  relatif,  et  qui  est 

137.. 


{  io58  ) 
fonction  du  module  d'élasticité,  de  la  section  et  delà  longueur  du  lien. 
»  Le  travail  développé  pour  produire  cette  variation  de  longueur  /  sera 

égal  à  -eP,  et  par  suite  le  travail  total  du  système  sera  égal  à  -^zP. 

»  Mais  en  vertu  des  équations  (i)  et  (2)  on  a 

(3)  ^TM=J^d.âl=:â.^^'^BP=0, 

ce  qui  est  la  démonstration  du  principe  énoncé  auquel  on  peut  encore  par- 
venir par  d'autres  considérations.  Il  est  également  possible  de  l'exprimer 
d'une  autre  manière,  car  on  a  ' 

(4)  ^T.&l=^^TâT  =  â^'^lT^  =  o. 

»  Ainsi  la  somme  des  carrés  des  tensions  divisés  respectivement  par  leurs 
coefficients  d'élasticité  relatifs' e&t  un  minimum. 

»  Il  est  facile  de  s'assurer  que  les  équations  (3)  et  (4)  correspondent  au 
minimum  et  non  au  maximum. 

»  L'équation 

(5)  2^T.c?T=o  .        • 

est  celle  que  je  désigne  sous  le  nom  d'équation  d'élasticité.  Nous  allons  en 
faire  connaître  l'usage. 

■  >'  Les  71  points  du  système  fournissent,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  3«  —  p  équa- 
tions d'équilibre  contenant  les  tensions. 

»  Puisque  pendant  les  variations  infiniment  petites  des  tensions  qu'on  a 
supposées,  l'équilibre  subsiste  toujours,  on  pourra  différentier,  par  rapport 
aux  diverses  valeurs  de  T,  les  'in  —  p  équations  précédentes  qui  fournissent 
le  moyen  d'éliminer,  de  l'équation  d'élasticité  (5),  un  égal  nombre  de  va- 
riations (?T.  On  égalera  à  zéro  les  coefficients  des  diverses  variations  t?T 
restantes  dans  l'équation  (5).  Ces  coefficients  seront  des  fonctions  des  forces 
extérieures  et  des  tensions  elles-mêmes;  ainsi  ces  nouvelles  équations  unies 
à  celles  d'équilibre  seront  en  nombre  égal  à  celui  des  tensions  à  déterminer. 

»   En  général  ces  équations  sont  du  premier  degré. 

»  Dans  bien  des  cas,  l'emploi  des  coefficients  indéterminés  peut  faciliter 
la  solution  du  problème. 

"  Lorsque  dans  le  système  il  existe  des  groupes  de  forces  extérieures  et 
intérieures  qui  se  font  équilibre  indépendamment  des  autres,  tout  ce  qui 
vient  d'être  exposé  s'applique  en  particulier  à  chacun  de  ces  groupes. 


(  'oSg  ) 

»  Ainsi,  lorsque  le  système  contient  des  points  fixes,  les  pressions  que  sup- 
portent ces  points  doivent  faire  équilibre  aux  forces  extérieures  indépen- 
damment des  forces  intérieures. 

»  Les  points  fixes  ne  se  réduisent  pas,  dans  la  nature,  à  des  points  ma-  * 
thématiques,  mais  ils  présentent  une  surface  ou  une  section  plus  ou  moins 
grande  sur  laquelle  s'exerce  la  pression.  Cette  surface  étant  élastique,  on 
raisonnera  à  cet  égard  comme  il  a  été  fait  précédemment. 

»  Soient  en  conséquence  X,  Y,  Z,  les  composantes  des  forces  extérieures 
appliquées  à  un  point  (a?,  jr,  z)  ;  P,  Q,  R  les  composantes  de  la  pression  •- 
supportée  par  uu  point  fixe  (a,  Z»,  c),  on  a  : 

2;x+2;p=o;  2:y+2Q=o;  ^z+2^=o', 

Pour  plus  de  généralité,  on  peut  supposer  les  coefficients  d'élasticité  relatifs 
des  points  fixes  différents  suivant  les  trois  directions  des  axes;  nous  les 
représenterons  par  s',  s",  s'";  ainsi  l'équation  d'élasticité  sera 

(7)  2[?P^P  +  7Q'^Q  +  ^«^^]  =  «- 

Les  équations  (6)  fournissent  les  suivantes  : 

iyc?P=o;     ;Sc?Q=o;     ^^^^  =  «' 
(■8)  ' 

I  ^[bâP-aâQ)=o;  '^{aâR-câP)=o',  ^câQ~b&R)=o, 

Les  multipliant  respectivement  par  les  coefficients  indéterminés  A,  B,  C, 
D,  E,  F,  et  les  sommant  avec  l'équation  (7),  on  en  déduira  "'■ 

j  P=  _£'[A+:D^- Ec], 
(9)  Q=-£"[B-HFc-Da], 

(  R=  -£"[C+E«-  Fb]. 

Substituant  les  valeurs  de  P,  Q,  R,  dans  les  équations  (6),  on  aura  six 
équations  du  premier  degré  qui  serviront  à  déterminer  les  six  constantes 
arbitraires.  Ainsi,  le  problème  de  la  détermination  des  pressions  sera  entiè- 
rement résolu. 


f> 


(  1060  ) 
»   Lorsqu'on  a 

on  peut  simplifier  la  solution  précédente  en  choisissant  l'origine  et  la  direc- 
,  tien  des  axes  orthogonaux,  de  manière  à  ce  qu'on  ait 

2£«=o;    Ve6=o;    ^  =  0  =  0;    ^Ebc=^o;    ^£ac  =  o;    ^£^^  =  0. 

On  obtiendra  ainsi  pour  P,  Q,  R,  des  formules  élégantes  qui  conduisent  aux 
belles  analogies  que  M.  Dorna,  professeur  à  l'académie  militaire  de  Turin, 
a  fait  connaître  dans  son  Mémoire  intitulé  :  Memoria  suite  pressioni  suppor- 
tate  daipunti  di  nppoggio  di  un  sistema  equilibrato,  ecc.  1857. 

»  En  général, on  retrouvera  aisément  par  le  procédé  indiqué  les  formules 
usuelles  sur  la  résistance  des  solides  à  la  flexion  et  à  la  torsion.  Le  nou- 
veau principe  et  la  méthode  qui  en  dérive  donnent  un  moyen  simple  et 
pratique  de  déterminer  les  efforts  que  supportent  les  diverses  pièces  des 
assemblages  dans  les  constructions. 

))  Il  me  suffit  d'indiquer  que  les  tensions  étant  connues  dans  un  système 
élastique,  on  peut  en  déduire  le  changement  de  forme  qu'il  subit  par  l'effet 
des  forces  extérieures. 

»  Je  ne  pense  pas  que  le  principe  d'élasticitéait  été  jusqu'ici  connu  dans 
toute  sa  généralité,  et  tel  que  je  l'ai  exposé.  Toutefois  plusieurs  géomètres 
l'ont  entrevu,  mais  sous  une  forme  différente  et  seulement  dans  le  cas  par- 
ticulier des  pressions  supportées  par  des  points  fixes. 

»  Je  citerai  M.  A.  Vène,  ancien  officier  supérieur  du  génie,  MM.  Pagani 
et  Mossotti,  qui  tous  ont  admis  que  la  somme  des  carrés  des  pressions  est 
un  minimum.  M.  Dorna  s'est  servi  de  l'équation  qui  en  dérive  en  y  introdui- 
.santdes  coefficients  d'élasticité  variables  d'un  point  à  l'autre.  Tel  était  à  ma 
connaissance  l'état  de  la  question  :  les  démonstrations  données  du  principe 
du  carré  des  pressions  me  semblaient  peu  satisfaisantes,  et  c'est  en  cher- 
chant à  me  rendre  compte  de  ce  qu'il  pouvait  y  avoir  de  vrai  dans  ce  prin- 
cipe, que  j'ai  reconnu  qu'il  était  susceptible  d'être  généralisé  pour  servir  à 
la  solution  du  grand  problème  qui  préoccupe  actuellement  les  géomètres, 
celui  de  la  répartition  des  tensions  dans  un  système  élastique. 

»  En  partant  de  la  considération  du  travail,  j'ai  pu  établir  d'une  manière 
rigoureuse  le  principe  général  d'élasticité.  On  peut  considérer  l'équation 
d'élasticité  comme  le  lien  qui  unit  la  statique  des  corps  incompressibles 
et  inextensibles,  à  la  statique  des  corps  élastiques.  Tel  est  le  résumé  d'un 
travail  que  je  publie  en  ce  moment,  et  dans  lequel  jte  donne  des  développe-r 
ments  qui  ne  pouvaient  trouver  place  dans  cette  Note.   » 


.  (  ,o6i  ) 

Communication  faite  par  M.  Biot  en  présenlaiil  un  exemplaire  de  l'Enquête 

sur  les  chemins  de  fer. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  exemplaire  de  VEnquéte 
sur  les  moyens  d'assurer  la  régularité  et  la  sûreté  de  l'exploitation  des  chemins 
de  fer,  qui  vient  d'être  publiée  parles  ordres  du  Ministre  Secrétaire  d'État 
au  département  de  l'Agriculture,  du  Commerce,  et  des  Travaux  publics.  Il 
m'a  été  remis,  pour  être  offert  à  l'Académie,  par  M.  Prosper  Tourneux, 
ancien  élève  de   l'École  Polytechnique,  maintenant  chef  de  la  division  de 
l'exploitation  des  chemins  de  fer  au  même  ministère,  qui,  ayant  été  attaché 
comme  secrétaire  à  la  Commission  d'enquête,  a  été  chargé  de  rédiger  son 
Rapport.  Cette  Commission  avait  été  judicieusement  composée  d'un  certain 
nombre  de  personnes  éminentes,  occupant  des  positions  élevées  dans  les 
services  divers  que  le  sujet  embrasse;  et  d'autres,  non  moins  considérables, 
appartenant  aux  grands  corps  d'administration  ou  de  jurisprudence,  dont 
les  lumières  devaient  spécialement  éclairer  les  questions  de  finances,  ou  de 
législation.  L'Académie  des  Sciences  y  était  honorablement  représentée  par 
nos    savants   confrères  MM.  Combes    et  Piobert;    de    sorte    qu'elle   réu- 
nissait en  elle-même  toutes  les  conditions  de  talent,  de  connaissances  pra- 
tiques, et  d'autorité  morale,  qui  pouvaient  en  faire  le  digne  instrument 
d'investigation  d'un  gouvernement  éclairé.  L'enquête  qui  lui  était  confiée, 
avait  été  primitivement  conçue,  ordonnée,  commencée  sous  les  auspices 
du  prédécesseur  du  ministre  actuel,  vers  la  fin  de  i853,  et  elle  a  été  depuis 
poursuivie  sans   interruption    pendant  quatre  années   entières.   Mais,  en 
matière  d'administration,  comme  en  toute  autre  chose,  un  bon  travail  est 
le  .fruit  du  temps  et  de  la  science;  les  réformes  improvisées,  inhabilement 
conduites,  ne  font,  pour  l'ordinaire,  que  remplacer  des  abus  par  d'autres, 
mox  daturos  progeniem  vitiosiorem.  Ici,  le  temps,  l'habileté,  le  zèle,  rien  n'a 
manqué.  La  Commission  a  porté  successivement  son  examen  sur  le  per- 
sonnel des  agents,   la  voie,  le  matériel  roulant,  et  le  système  des  signaux, 
en  faisant  concourir  à  cette   étude  tous  les  documents  positifs  que   pou- 
vaient lui  fournir  ses  observations   propres,   et  les  renseignements  écrits 
ou  oraux,  qu'elle  tirait  des  compagnies  exploitantes.  Elle  a  ainsi  employé 
quarante-sept  séances  à  examiner  et  à  discuter  toutes  les  parties  de  cette 
machine  si  ingénieuse,  mais  si  complexe^  que  l'on  appelle  un  chemin  de  fer. 
Et,   après  ces  études  préparatoires,   elle  a  rassemblé  dans  une  rédaction 
définitive  la  série  des  propositions  qui  lui  ont  paru  devoir  servir  de  base 
à  un  règlement  d'administration  publique,  applicable  à  toutes  les  particu- 
larités du  service  de  ces  prodiges  mécaniques  de  notre  civilisation. 


(  1062  ) 
»  L'ensemble  des  travaux  de  la  Commission  est  Irés-clairement  exposé 
dans  le  Rapport.  Les  documents  qui  l'accompagnent  et  qui  sont  tous  pui- 
sés aux  sources  officielles,  donnent  à  la  publication  un  véritable  intérêt, 
en  même  temps  qu'ils  lui  assurent  une  haute  valeur.  Une  table  des  matières, 
suffisamment  détaillée,  fait  aisément  retrouver  les  sujets  d'étude  distincts  aux- 
quels on  peut  vouloir  recourir,  en  même  temps  qu'elle  fait  apercevoir  d'un 
coup  d'œil  l'ensemble  de  cet  immense  travail.  Le  Ministre  qui  l'avait  si  judi- 
cieusement organisé,  et  son  successeur  qui  en  a  fait  poursuivre  l'exécution 
dans  les  mêmes  voies  intelligentes,  ont  donné  en  cela  un  bel  exemple  de 
l'usage  éclairé  du  pouvoir.  » 

Z(K>L0GIE  ET  AGRICULTURE.  —  Sur  le  troupeau  algérien  de  Chèvres  d'Angora; 
extrait  d'un  Rapport  adressé  par  M.  Bernis,  vétérinaire  principal  de  l'ar- 
mée d'Afrique,  à  M.  le  Maréchal  Randon,  gouverneur  général  de  l'Algérie. 
(Communiqué  par  M.  Isidore  Geoffroy-Saint'Hilaire.  ) 

"  Un  Bouc  et  neuf  Chèvres  de  cette  race  arrivèrent  à  Alger  dans  le  mois 
d'août  i855  (  i  ),  et  furent  déposés  à  la  Pépinière  centrale  du  Hamma.  Quel- 
ques jours  après,  par  votre  ordre,  on  les  envoya  chez  M.  Fruitié,  proprié- 
taire à  Chéragas.  Dans  le  Rapport  qui  m'a  été  fait  le  19  novembre  1857, 
voici  comment  s'exprime  ce  colon  intelligent  sur  le  troupeau  que  vous  lui 
avez  confié,  et  dont  il  s'occupe  avec  une  sollicitude  et  un  désintéressement 
bien  dignes  d'éloges  :  «  Ici  rien  ne  paraît  devoir  contrarier  la  propagation 
»  de  la  Chèvre  d'Angora;  elle  n'est  ni  plus  délicate,  ni  plus  exigeante  de 
»  soins  que  la  Chèvre  indigène  ;  elle  est  tout  aussi  rustique  que  cette  der- 
B  nière,  et  trouve  partout  à  se  nourrir  facilement.  Elle  paraît  douée  d'un 
»  bon  estomac,  car  elle  mange  sans  cesse  et  tout  lui  est  bon.  Le  soir,  quand 
»  le  troupeau  rentre  du  pâturage,  parfaitement  repu,  alors  que  les  Brebis 
y>  et  les  Chèvres  indigènes  vont  directement  chacune  dans  leur  parc  res- 
»  pectif,  les  Chèvres  d'Angora  quittent  le  troupeau,  font  le  tour  de  la 
»  ferme,  et  si  elles  aperçoivent  quelques  débris  de  fagot,  de  fourrage,  de 
»  légumes  ou  d'autres  plantes,  elles  se  jettent  dessus  toutes  ensemble  et 
»  s'en  disputent  les  plus  petites  bribes.  Elles  sont  d'un  caractère  très-doux, 
»  timide  et  se  rapprochant  de  celui  de  la  Brebis.  « 

»   L'opinion  émise  par  M.  Fruitié  sur  la  propagation  en  Algérie  de  la 


(  I  )  Ils  avaient  été  envoyés  par  la  Société  impériale  d'Acclimatation.  Une  partie  de  ces  ani- 
maux avait  été  donnée  par  M.  Sacc,  ancien  professeur  de  chimie  à  Neufchatel  (Suisse). 


(  io63  ) 

Cfièvre  d'Angora  se  trouve  appuyée  jusqu'à  ce  jour  par  le  mouvement 
ascendant  de  ce  petit  troupeau.  Mifti 


Le  21  août  i855,  on  a  reçu 

1   bouc, 

9  femelles 

Naissances  en  i856, 

4  mâles, 

4     ■> 

■857, 

7       " 

6       » 

i858, 

6      . 

10        » 

•  Total.         i8  mâles,  29 femelles. 

»  En  tout  47  bêtes  : 

»  De  ce  nombre  il  faut  déduire  une  Chèvre,  morte  cet  hiver,  de  vieiÏÏësse' 
et  de  marasme. 

»  La  première  année,  la  lutte  n'eut  lieu  qu'en  novembre,  tandis  que  les 
années  suivantes,  elle  s'est  faite  en  septembre,  c'est-à-dire  à  la  même  époque 
qu'a  lieu  la  saillie  parmi  les  Chèvres  indigènes.  Le  changement  d'époque  de  • 
la  monte  a  été  sans  doute  occasionné  par  l'influence  climatérique  ;  mais 
cette  influence  a  été  plutôt  favorable  que  contraire  à  la  santé  et  à  la  mul- 
tiplication des  bêtes  Angora. 

»  Le  poil  se  maintiendra-t-il  en  Afrique  aussi  blanc,  aussi  fin,  aussi 
soyeux  et  aussi  long  qu'en  Asie?  Aucune  dégénérescence  n'a  été  encore  obser- 
vée, et  l'on  peut  supposer  qu'il  conservera  ses  qualités.  La  setde  remarque 
qui  a  été  faite  à  cet  égard  sur  les  bêtes  nées  ici,  c'est  qu'en  vieillissant,  elles 
produisent  un  poil  plus  fin  et  pins  soyeux  que  lorsqu'elles  sont  jeunes. 

«  En  présentant  ce  Rapport  que  M,  le  Maréchal  Vaillant  a  bien  voulu 
lui  communiquer,  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire  ajoute  quelques  remarques 
sur  les  Chèvres  d'Angora  que  possède  la  Société  d'Acclimatation.  Ces  Chèvres 
sont  de  deux  origines  :  un  troupeau  donné  à  la  Société  par  M.  le  Maréchal 
Vaillant,  qui  l'avait  reçu  d'Abd-el-Kader;  un  second  acheté  par  elle  à 
Angora  même,  par  l'entremise  de  M.  le  baron  Rousseau,  consul  à  Brousse, 
et  très-heureusement  amené  en  France,  grâce  au  concours  du  ministère  de 
la  guerre,  par  les  bâtiments  en  retour  de  la  guerre  d'Orient. 

»  Outre  l'Algérie,  la  Société  a  successivement  placé  de  petits  troupeaux 
de  Chèvres  d'Angora  sur  un  grand  nombre  de  points  de  la  France,  notam- 
ment dans  les  Alpes,  le  Jura,  les  Vosges,  le  Cantal,  dans  les  montagnes  du 
Var  et  de  l'Aveyron  et  à  Nancy.  L'accroissement  de  ces  troupeaux  a  permis 
l'année  dernière  d'en  détacher  un  certain  nombre  d'individus  pour  des 
essais  d'acclimatation  en  d'autres  pays;  savoir,  dans  les  montagnes  de  la 
Jicile,  chez  M.  le  baron  Anca,  agriculteur  distingué,  et  en  Wurtemberg, 
dans  une  des  propriétés  et  sous  les  yeux  du  Roi  qui  veut  bien  suivre  par 

C.  R.,  i»58,   1"  Semestre.  (T.  XI.VI,  N"  22.)  '38 


(  io64  ) 
lui-même  cet  essai  avec  l'intérêt  que  ce  souverain  accorde  à  tout  ce  qui  est 
utile,  et  surtout  à  ce  qui  l'est  à  l'agriculture. 

»  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  en  terminant,  met  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie quelques  échantillons  des  étoffes  qu'on  fabrique  avec  la  laine  soyeuse 
de  la  chèvre  d'Angora,  et  notamment  divers  velours  qu'on  prendrait  pour 
des  velours  de  soie.  Ces  velours  pour  meubles  sont  d'une  grande  solidité, 
et  ne  miroitent  pas  aussi  facilement  que  les  velours  ordinaires.  » 

PISCICULTURE.  —  Mémoire  sur  le  repeuptemenl  des  Poissons  du  lac  du  Bourget, 
en  Savoie;  par  M.  de  Galbert.  (Extrait  par  M.  Duméril,  qui  a  présenté 
ce  travail  à  l'Académie.) 

«  Les  eaux  de  ce  lac,  autrefois  renommées  par  leurs  Truites,  leurs  Ombre- 
chevaliers  et  leurs  Corégones  ou  Lavarets,  contiennent  aujourd'hui  un  bien 
moins  grand  nombre  de  ces  Salmonoïdes,  dont  la  diminution  semble  due  à 
la  multiplication  considérable  de  la  Perche. 

»  La  première  condition  à  remplir  pour  favoriser  l'accroissement  de  la 
population  des  poissons  de  ce  lac  serait,  sinon  d'interdire  complètement 
la  pêche  au  moment  du  frai,  du  moins  de  la  réglementer  de  telle  sorte  que, 
au  lieu  de  conduire  à  la  ruine  des  bonnes  espèces,  elle  fût,  au  contraire, 
im  moyen  d'aider  à  la  reproduction  par  les  fécondations  artificielles  et 
de  préparer  la  récolte  du  poisson  pour  le  temps  où  il  aurait  acquis  à  la 
fois  son  plus  haut  prix  vénal  et  sa  meilleure  qualité.  Ainsi,  parmi  les  af- 
fluents du  lac,  il  est  des  ruisseaux  où  les  Salmonoïdes  préfèrent  venir  dépo- 
ser leurs  œufs.  Dans  ces  lieux  privilégiés,  bien  connus  des  pêcheurs^  on 
pourrait  établir  des  barrages  à  poste  fixe  ou  mobiles  auxquels  on  adap- 
terait des  nasses  dans  lesquelles  il  serait  facile  de  prendre  des  poissons  qui 
serviraient  à  des  fécondations  artificielles.  Les  mêmes  appareils  permettraient 
de  saisir  et  de  livrer  à  la  consommation ,  soit  immédiatement ,  soit  plus 
tard  après  les  avoir  conservés  dans  des  réservoirs  spéciaux,  des  Brochets, 
des  Perches  et  des  Cyprins  dont  la  reproduction  est  toujours  trop  abon- 
dante, et  dont  il  serait  important  de  diminuer  la  quantité. 

))  On  pourrait  utiliser  d'une  façon  très-avantageuse,  pour  atteindre  le  but 
que  se  propose  l'auteur  du  Mémoire,  le  ruisseau  qui  traverse  des  prairies 
marécageuses  et  insalubres  couvertes  de  saules,  de  joncs  et  d'autres  plantes 
aquatiques,  et  qui  occupe  le  bas  de  la  vallée  d'Aix,  dont  le  fond  est  plus 
élevé  que  le  lac.  Il  s'agirait  d'élargir  et  de  creuser  ce  ruisseau  et  de  le  trans- 
former en  une  rivière  sinueuse  qui  aboutirait  au  petit  port.  De  distance  eft 
distance,  un  barrage  contiendrait  les  eaux  et  ferait  autant  de  réservoirs  qu'il 


(  io65  ) 
y  aurait  de  chutes  ou  de  cascades.  Les  terres  provenant  des  fouilles  opérées 
pour  la  construction  des  bassins  serviraient  à  niveler  les  propriétés  voisines, 
qui  cesseraient  d'être  baignées  par  les  eaux,  dont  l'écoulement  deviendrait 
facile  et  régulier.  Ces  diverses  pièces  d'eau,  éloignées  les  unes  des  autres  et 
isolées  par  les  chutes  résultant  de  la  pente  naturelle  du  sol,  munies  de  vannes 
et  de  grillages  disposés  dans  les  parties  les  plus  resserrées  du  vallon,  entre 
chaque  bassin,  deviendraient,  soit  des  lieux  de  réserve  où  l'on  déposerait 
les  poissons  adultes  destinés  à  la  consommation,  soit  des  lieux  d'éducation 
où  serait  retenu  pendant  une  ou  deux  années  l'alevin,  qui  pourrait,  au. 
bout  de  ce  temps,  être  livré  aux  grandes  eaux  du. lac. 

»  Si  l'on  y  versait  annuellement  cinq  à  six  cent  mille  individus  dans  de 
pareilles  conditions,  on  ferait  déjà  beaucoup  pour  le  repeuplement  de  ce  lac. 
Ce  nombre  pourrait  être  bien  plus  considérable  encore,  si  l'on  se  servait,  au 
moyen  de  quelques  aménagements  faciles  à  établir,  de  l'une  des  nombreuses 
sources  d'eaux  vives  qui  jaillissent  tout  autour  du  plateau  sur  lequel  s'élève 
le  monastère  de  Hautecombe.  On  y  conserverait  l'alevin  jusqu'au  moment 
de  la  disparition  de  la  vésicule  ombilicale.  Il  serait  ensuite  transporté,  soit 
dans  les  bassins  de  préservation  établis  dans  la  rivière  artificielle  dont  il 
vient  d'être  question,  soit  dans  d'autres  bassins  qui  pourraient  être  creusés 
partout  où  le  lac  reçoit  un  affluent ,  et ,  par  exemple,  dans  les  ruisseaux 
de  Grésy,  de  Siénoz  ou  de  l'Aisse,  qui  viennent  s'y  perdre. 

»  On  pourrait  ajouter  aux  espèces  propres  au  lac  des  espèces  qui  y  sont 
actuellement  étrangères,  telles  que  l'Esturgeon,  l'Alose  et  d'autres. 

»  Ce  projet,  appuyé  sur  de  nombreuses  considérations  de  détail  qu'il 
serait  inutile  d'énumérer  ici,  mais  qui  démontrent  que  la  question  a  été  lon- 
guement et  sérieusement  étudiée,  a  été  soumis  au  gouvernement  sarde,  dont 
l'attention  se  trouve  maintenant  appelée  sur  cette  question  importante  au 
point  de  vue  de  la  richesse  du  pays  et  de  l'accroissement  possible  des 
revenus  que  le  lac  du  Bourget  peut  fournir  à  l'État.  Dans  ce  même  pays, 
d'ailleurs,  il  serait  possible,  par  des  procédés  analogues,  d'accroître  la  po- 
pulation des  poissons  dans  les  lacs  d'Annecy  et  d'Aiguebelle.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sur  deux  nouveaux  dérivés  de  la  quinine  et  de  la 
cinchonine;  parlA.  P.  Schvtzenberger. 

«  Lorsqu'on  dégage  de  l'hydrogène  naissant  par  un  mélange  de  zinc  et 
d'acide  sulfurique  au  sein  d'une  dissolution  de  sulfate  de  quinine  et  qu'au 
bout  de  quelque  temps  on  précipite  la  liqueur  par  un  excès  d'ammoniaque, 

i38.. 


(  io66  ) 
il  reste  après  la  dissolution  de  l'oxyde  de  zinc  un  corps  visqueux  gluant. 
Cette  matière  étant  redissoute  dans  l'alcool  et  la  solution  filtrée  pour  sépa- 
rer de  petites  quantités  d'oxyde  de  zinc,  puis  évaporée,  il  reste  un  résidu 
transparent,  résinoïde,  un  peu  verdâtre,  jouissant  de  propriétés  basiques. 
Cette  base  dérivée  de  la  quinine,  séchée  à  120  degrés  et  soumise  à  l'analyse, 
a  donné  pour  o^^aao  de  matière 


correspondant  à 


Acide  carbonique o  534 

Eau o,i57 


Carbone  pour  100 .     66  2 

Hydrogène n,g 

Ce  qui  conduit  à  la  formule  d'un  hydrate  de  quinine, 

C^^H^Az'O*,  4H0. 

Théorie. 

Carbone 66,66 

Hydrogène n   mn 

»  La  matière  séchée  à  120  degrés  perd  encore  très-lentement  de  l'eau  à 
i4o  degrés.  Le  produit  desséché  à  cette  température  a  donné  pour  oe%3o58 
de  matière 

Acide  carbonique o, 767 

*'*'' ".  . .  .     o ,  2076 


correspondant  à 


p. 


Carbone 68, 4o 

.      Hydrogène ,^^53 

Cette  analyse  conduit  à  la  formule 

C*°  H»  Az^  O*,  3  HO, 

d'un  hydrate  de  quinine  à  3  équivalents  d'eau. 

Théorie. 

Carbone 68,37 

Hydrogène ,j,o6 

»  A  une  température  plus  élevée  (i5o  degrés)  le  produit  perd  encore  de 


(  1067  ) 

son  poids  et  l'on  arrive  à  la  formule  d'un  hydrate,  rf»ot  l 

COH^Az^O*  2HO, 

qui  est  stable  et  qui  entre  comme  tel  en  combinaison  avec  les  acides;  en 
effet  : 

»  oK',366  de  chloroplatinate  de  cette  base,  séché  à  loO  dégrés  et  ne 
perdant  plus  rien  au-dessus,  ont  donné  : 

Platine...    .     ©''jOgG  soit  26*'',2 pour  100 

B  La  formule 

C^oH^Az'O*,  2HO,  »,(Çl^,,a'?,t) 
donne  h  '  '•  UvH 

26^'",2  de  platine. 

»  Une  autre  analyse  m'a  donné  exactement  le  même  résultat. 

T>  L'hydrate  de  quinine  est  incristallisable,  résineux,  mou  à  35  degrés, 
fondu  complètement  à  100  degrés.  Presque  aussi  amer  que  la  quinine,  il 
donne  comme  elle  une  coloration  verte  avec  le  chlore  et  l'ammoniaque, 
soluble  dans  l'éther  et  l'alcool.  Ses  sels  sont  plus  solublesque  ceux  de  qui- 
nine. Le  sulfate  cristallise  difficilement.  _       ;„ 

»  Dans  les  mêmes  circonstances,  la  cinchonine  fournit  également  un 
hydrate  résineux  incristallisable,  sans  aucune  amertume,  très-soluble  à 
froid  dans  l'alcool  et  l'éther,  et  dont  les  sels  sont  également  très'solubles. 

»  Cet  hydrate  renferme  4  équivalents  d'eau  à  120  degrés,  dont  il  en  perd 
un  à  i4o  degrés  et  un  second  à  i5o;  de  sorte  que  desséché  à  ce  point  il 
se  représente  par  la  formule 

C*''H"Az*0^  2  HO 

(hydrate  stable  et  entrant  comme  tel  dans  ses  combinaisons  avec  les  acides). 
»  Voici  les  analyses  sur  lesquelles  ces  résultats  sont  fondés,      m  vn-\Uu  • 
»  o8'',265  de  matière  séchée  à  120  degrés  ont  donné  : 


correspondant  à 


Acide  carbonique .  »  J[t^r.,^f\,  > ,.  < .     0,6^5' 
Eau 0,197 


a* 

Carbone  pour  100 .     69,46 

Hydrogène 8,02 


(  io68  ) 
«  Théorie  pour  la  formule 

C'^H^Az^OS  4H0: 

g"" 
Carbone ^9  >  76 

Hydrogène 8,10 

»  0*^,3155  de  matière  séchée  à  i4o  degrés  ont  donné  : 

Acide  carbonique 0,828 

Eau 0,243 


correspondant  à 


Carbone  pour  100 7 1  >56 

Hydrogène 8  ,o4 


»  Théorie  pour  la  formule 

C^'H^Az^O»,  3HO  : 

Carbone 71 ,60 

Hydrogène 8,06 

»  Enfin  off^Sôi  de  chloroplatinate  de  cette  base,  séché  à  100  degrés  et 
ne  perdant  rien  au-dessus,  ont  donné  : 

Platine os',098  soit  27,1  pour  100 

»  La  formule 

C*»H«*Az»0»,  a  HO,  2  (Cl  H,  CPPt) 

donne 

27,06  de  platine. 

11  II  est  difficile  de  se  rendre  compte  pourquoi  l'hydrogène  naissant  fixe 
de  l'eau  sur  les  alcaloïdes.  D'après  des  expériences  encore  inachevées, 
d'autres  alcaloïdes  se  comporteraient  de  même. 

»  J'ai  réussi  à  préparer  par  l'action  de  l'acide  azoteux  l'oxyquinine, 
l'oxynarcotine ,  l'oxybrucine ,  l'oxystrychnine ,  l'oxycodéine.  Je  compte 
présenter  prochainement  mes  recherches  à  ce  sujet. 

»  Je  démontrerai  par  là  d'une  manière  générale  que  les  alcaloïdes  peu- 
vent fixer  de  l'eau  pour  donner  des  hydrates  stables  et  de  l'oxygène  pour 
fournir  des  bases  plus  oxydées.  » 


(  1069  ) 

f'    - 

Lettre  de  M.  Joihard  accompagnant  f  envoi  d'un  exemplaire  d'un  Mémoire 
de  Mahmoud-Effendi  sur  le  calendrier  arabe. 

«  L'un  des  élèves  égyptiens  confiés  aux  soins  du  Conseil  d'études  insti- 
tué par  S.  A.  le  vice-roi  d'Egypte  ,  et  que  j'ai  l'honneur  de  présider,  Mah- 
moud-Effendi, me  prie  de  faire  hommage,  en  son  nom,  à  l'Académie  des 
Sciences  d'un  Mémoire  qu'il  a  composé  sur  le  calendrier  arabe  antérieur  à 
rislamisme,et  où  il  prouve,  par  l'examen  des  éclipses  et  d'autres  arguments, 
que  l'année  antique  des  Arabes  était  lunaire  et  non  luni-solaire  comme  l'ont 
pensé  plusieurs  savants.  Mahmoud-Effendi  s'est  déjà  fait  connaître  par  d'in- 
téressantes observations  sur  l'intensité  et  sur  la  déclinaison  magnétiques.    » 

M'.  F.  Le  Coq  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  une  des  places  maintenant  vacantes  de  Corres- 
pondant pour  la  Section  d'Économie  rurale.  ^^ 

M.  Le  Coq,  qui  depuis  1848  est  directeur  professeur  de  l'École  impériale 
vétérinaire  de  Lyon,  joint  à  sa  demande  une  liste  de  ses  principales  publi- 
cations. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 

M.  Pariset  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
sur  les  soulèvements  terrfestres ,  qu'il  a  précédemment  soumis  au  jugement 
de  l'Académie  et  sur  lequel  il  n'a  pas  été  fait  de  Rapport.  (Voir  le  Compte 
rendu  de  la  séance  du  29  septembre  i856  et  celle  du  la  janvier  i854) 

Madame  veuve  Boniface  adresse  une  semblable  demande  pour  un  Mé- 
moire présenté  par  son  mari  le  12  mars  i855  et  ayant  pour  titre  :  «  Recher- 
ches sur  la  phthisie  pulmonaire,  la  formation  des  tubercules  et  la  cause  de 
leur  développement  » . 

Ce  Mémoire,  sur  lequel  il  n'a  pas  été  fait  de  Rapport,  sera  rendu  à  ma- 
dame veuve  Boniface. 

M.  Becquerel  demande  l'ouverture  d'un  paquet  cacheté  qu'il  avait  dé- 
posé au  nom  de  M.  E.  Perin,  à  l'avant-dernière  séance.  Ce  paquet  ouvert 
renferme  une  courte  Note  sur  un  moyen  de  rendre  plus  économique  une  des 
opérations  de  la  photographie  en  diminuant,  d'une  manière  notable,  la  pro- 


(  1070  ) 

portion  de  nitrate  d'argent  que  l'on  y  employait,  et  qui  se  trouve  remplacée 
pai;-  une  substance  extraite  de  la  racine  du  salsifis. 

La  Note  et  trois  épreuves  photographiques  qui  étaient  contenues  sous 
le  même  pU  sont  renvoyées  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Becquerel  et  Séguier. 

M.  LE  Secrétaire  perpétcei  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance un  manuel  de  ta  navigation  dans  le  détroit  de  Gibraltar.  M.  de 
Kerhallet,  en  faisant  hommage  de  cet  ouvrage  en  son  nom;  et  celui  de  son 
collaborateur,  M.  Fincendon  Dumoulin,  mort  pendant  l'impression  du  livre, 
annonce  comme  prochaine  la  publication  des  cartes  générales  du  détroit, 
dont  la  gravure  est  très-avancée. 

M.  LE  Secriétaire  perpétuel  appelle  aussi  l'attention  sur  une  Note  de 
M.Daniel  Vauglian,  de  Cincinnati  (Etats-Unis),  concernant  la  théorie  des 
anneaux  planétaires,  la  densité  des  comètes,  les  taches  solaires,  et  les  étoiles 
variables. 

M.  Delaunay  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  qui  est 
écrite  en  anglais,  et  à  en  faire,  s'il  y  a  lieu,  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

,,  «  W-  Dumas  présente  à  l'Académie  une  Carte  qui  est  destinée  à  compléter 
l'ouvrage  publié  par  l'admiaistration  de  l'Agriculfctire  et  du  Commerce  sous 
le  titre  à' Annuaire  des  eaux  de  la  France. 

»  Cette  Carte  montre  d'un  seul  coup  d'œil  pour  les  eaux  des  fleuves  et  des 
rivières  quels  sont  les  points  où  l'analyse  chimique  a  fait  connaître  leur  com- 
position exacte. 

»  Paris,  Nantes,  Rennes,  Lyon,  Besançon,  Grenoble,  etc.,  font  voir,  par 
les  indications  nombreuses  qui  y  sont  tracées,  qu'on  a  mis  à  profit  les  tra- 
vaux des  chimistes  nombreux  qui  ont  analysé  les  eaUx  qui  alimentent  Paris, 
ainsi  que  ceux  de  MM.  Bobierre,  Malaguti,  Boussingault  et  Bineau,  Deville, 
Gueymard,  etc. 

»  Les  lignes  de  parcours  des  chemins  de  fer  montrent,  par  les  indications 
qui  les  accompagnent,  que  les  compagnies  ont  pris  soin  de  faire  analyser  les 
eaux  qui  pouvaient  être  employées  au  service  de  leurs  locomotives,  en  vue 
de  rechercher  celles  qui  laissaient  le  moins  de  résidu. 

»  Le  soin  avec  lequel  la  Carte  des  eaux  douces  est  dressée  fait  honneur  air 
secrétaire  de  la  Commission,  M.  Ch.  Deville,  notre  confrère,  qui  a  supporté 


(  io7f   ) 
le  poids  du  travail  de  l'Annuaire  presque  tout  entier  et  qui  a  su  en  faire  un 
ouvrage  aussi  utile  que  consciencieux.  Sa  pensée  a  été  très-bien  rendue  par 
M.  Lemaire,  artiste  d'un  vrai  mérite, 

»  L'accueil  qui  sera  fait  par  le  public  à  cette  première  carte  déterminera 
sans  doute  l'administration  à  publier  bientôt  celle  qui  est  relative  aux  eaux 
minérales,  dont  les  médecins  comme  les  géologues  désirent  mettre  à  profit 
les  curieuses  indications  pratiques,  et  qui  au  point  de  vue  de  la  physique 
du  globe  méritera  d'être  consultée  par  tous  les  hommes  éclairés,  en  raison 
des  rapports  pleins  d'intérêt  qu'elle  révèle  entre  la  nature  des  eaux  minérales 
et  la  constitution  du  sol  d'où  elles  jaillissent.  » 

M.  HoDciT  adresse  de  Saint-Louis  (Missouri,  Etats-Unis  d'Amérique),  une 
Lettre  concernant  un  Mémoire  qu'il  se  propose  de  soumettre  au  jugement 
de  l'Académie,  sur  une  méthode  pour  la  détermination  rigoureuse  du  grand 
axe  de  l'orbite  d'une  comète. 

(Renvoi  à  M.  Le  Verrier.  ) 

M.  Gallo,  qui  avait  récemment  envoyé  une  Note  manuscrite  intitulée 
«  Théorie  antagoniste  d'attraction  et  de  répulsion,  »  fait  remarquer  que 
cette  Note  n'est  point,  comme  on  avait  dû  le  supposer,  une  simple  analyse 
d'un  ouvrage  qu'il  avait  publié  en  français  sous  le  même  titre,  mais  un  tra- 
vail nouveau  dans  lequel  certaines  idées  émises  dans  le  premier  se  trouvent 
rectifiées  par  suite  de  ses  études  ultérieures,  tandis  que  d'autres  ont  reçu 
un  développement  qui  permettra  de  les  mieux  apprécier  ;  il  prie  en  consé- 
quence l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  rendre  compte  de  cet  écrit  qui 
ne  peut  être  atteint  par  la  mesure  relative  aux  imprimés.        ',jnm*i  ira  '>uv 

M.  Babinet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire,  et  à  faire  sa- 
voir à  l'Académie  s'il  peut  devenir  l'objet  d'un  Rapport.  '       f, 

M.  Sarlit  adresse  de  "Bordeaux  une  Note  sur  un  moyen  qu'il  a  imaginé 
pour  faire  le  vide  dans  une  cloche  au  moyen  de  certaines  réactions  chi- 
miques. 

(Renvoi  à  M.  Peligot,  qui  jugera  si  cette  communication  est  de  nature  à 
devenir  l'objet  d'un  Rapport.) 

M.  CoYTEKx,  qui  avait  précédemment  adressé  pour  la  bibliothèque  de 
l'Institut  un  livre  intitulé  :  «  Exposé  des  vrais  principes  de  Mathématiques  » , 

<-..  tt.,  îS'.iH,  ;;«'•  Sifm.rsfr«,  (T.  XLVl,  N»  «2.j  '  >î<) 


(  lo?^  ) 
eii  envoie  aujourd'hui  un  nouvel  exemplaire  dans  lequel  il  a  fait  disparaître, 
au  moyen  de  cartons,  quelques  incorrections  qu'il  a  reconnues  dans  le  pre- 
mier tirage.  Il  demande  en  même  temps  à  reprendre  l'exemplaire  qu'il  avait 
d'abord  offert.  Cet  exemplaire  lui  sera  remis. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i[\  mai  i858  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  et  autres  Biblio- 
tlièques,  publiés  par  l'Institut  impérial  de  France,  faisant  suite  aux  Notices  et 
Extraits  lus  au  Comité  établi  dans  F  Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Lettres  ; 
tome  XVIII,  i"  partie.  Paris,  1 858;  in-4''. 

Les  magnétiseurs  jugés  par  eux-mêmes.  Nouvelle  enquête  sur  le  magnétisme 
animal;  par  M.  d.  Mabru.  Paris,  i858;  i  vol.  in-8°.  (Présenté,  au  nom  de 
l'auteur,  par  M.  Babinet.) 

Bésumé  des  observations  recueillies  en  iSS'y  dans  te  bassin  de  la  Saône  par 
les  soins  de  la  Commission  lijdrométrique  de  Lyon,  i4*  année;  in-S". 

Nouvelles  considérations  sur  la  nécetsité  d'augmenter  la  production  de  la 
soie  en  France  et  sur  les  causes  qui  ont  amené  la  maladie  des  insectes  et  les 
moyens  de  la  prévenir  {^yArait  de  divers  Mémoires  adressés  à  l'Académie  des 
Sciences),  par  M.  Emile  Nourrigat.  Montpellier,  i858;  br.  in-4''. 

Expériences  sur  la  persistance  de  la  vitalité  des  graines  flottant  à  la  surface  de 
la  mer;  par  M.  Ch.  Martins.  a  feuilles  in-4°. 

Description  des  fossiles  de  la  brèche  osseuse  de  Monreale  de  Bonaria  près  de 
Cagliari;  par  M.  César  Studi ATI.  Turin,  1857;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  impériale  d  Agriculture,  Sciences  et  Arts  d  Angers  ; 
2*  série,  tome  VII  et  VIII.  Angers,  ï856  et  1857;  in-8°. 

Dictionnaire  français  illustré  et  encyclopédie  universelle;  56"  livraison  ;  in-4°' 


(  I073  ) 
.    Uber   die. . .    Sur   la   hauteur  du   pôle   à   t observatoire  de   Moscou  ;  par 
M.  G.  SCHWEIZEH;  br.  in-S".  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Laugier.) 
Bildliche...  Courbes  représentant  les  observations  météorologiques  faites  à  Mun- 
ster, par  le  professeur  Rkis,  du  i®' décembre  1 856  au  3o  novembre  i85n. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  3i  mai  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  :         - 

Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  et  autres  Biblio- 
thèques, publiés  par  l'Institut  impérial  de  France,  faisant  suite  aux  Notices  et 
Extraits  lus  au  Comité  établi  dans  t  Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres. 
Tome  XIX,  a«  partie.  Paris,  i858;  in-4°. 

Annales  de  [Observatoire  impérial  de  Paris,  publiées  par  M.  U.-J.  Le  Ver- 
RIEB.  Tome  IIL  Paris,  1857;  in-4''. 

Anriales  de  [Observatoire  impérial  de  Paris,  publiées  par  M.  U.-J.  Le  Ver- 
rier. Observations,  tome  I".  Paris,  i858;  in-4°. 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne,  i  5*  livraison  ;  in-4°. 

La  Fosse  à  fumier;  par  M.  BOUSSINGAULT.  Leçon  professée  au  Consetva- 
ioire  des  Arts  et  Métiers.  Paris,  i858;  br.  in-8''. 

Carte  pour  servir  à  l'intelligence  des  documents  relatifs  aux  eaux  douces  de  ta 
France^  dressée  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

Extraits  des  manuscrits  relatifs  à  la  géométrie  pratique  des  Grecs.  1".  Traité 
de  la  dioptre,  par  Héron  d'Alexandrie;  2**.  Fragments  de  Pappus;  3°.  Géodésie 
attribuée  à  un  Héron  de  Byzance;  4°-  Fragments  de  Jules  [Africain,  etc., 
textes  restitués,  traduits  en  français,  annotés  et  publiés  pour  la  première  fois  par 
M.  A.-J.-H.  Vincent.  Paris,  i858;  in-4°.  (Extraits  des  Notices  des  Manu- 
scrits, tome  XIX,  1"  partie.) 

'  Enquête  sur  les  moyens  d'assurer  la  régularité  et  la  sûreté  de  l'exploitation  sur 
les  chemins  de  fer,  publiée  par  ordre  de  S.  E.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du 
Commerce  et  des  Travaux  publics.  Paris,  i858;  i  vol.  in-folio. 

Traité  de  Mécanique  rationnelle  comprenant   la  statique  comme  cas  parli- 

139.. 


(  1074  ) 
culier  de  ta  mécanique;  par  M.  Charles  DE  Fbkycinet.  Paris,  i858;  a  vol. 
in.8°. 

Exposé  des  vrais  principes  des  mathématiques.  Examen  critique  des  princi- 
pales théories  ou  doctrines  qui  ont  été  admises  ou  émises  en  cette  science,  etc.; 
par  M.  F.  Coyteux.  Paris,  i858;  i  vol.  in-8". 

Des  principales  Eaux  minérales  de  l'Europe;  par  M.  Armand  ROTUREAU. 
Allemagne  et  Hongrie.  Paris,  i858;  i  vol.  in-8°. 

Matériaux  pour  servir  à  la  paléontologie  suisse,  ou  Recueil  de  monographies 
sur  les  fossiles  du  Jura  et  des  Alpes,  publiées  par  M.  F.  J.  PiCTET  ;  9*- 1 1*  livrai- 
sons. Genève,  1857  et  j858;  in-4''. 

Tables  de  logarithmes  à  cinq  décimales  pour  les  nombres  et  les  lignes  trigono- 
métriques,  etc.;  par  M.  J.  HoÙEL.  Paris,  i858;  in-S". 

Mémoire  sur  le  calendrier  arabe  avant  l'islamisme,  et  sur  la  naissance  et  l'âge 
du  prophète  Mohammed  ;  par  M.AHMOUD-EPFEîim,  astronome  égyptien.  Paris, 
i858;  br.  in-8°. 

Guide  du  soufreur  de  vignes;  par  M.  F.  DE  LA  Vep.gne,  3*  édition.  Bor- 
deaux, i858;  br.  in-S". 

Manuel  de  la  navigation  dans  le  détroit  de  Gibraltar;  par  MM.  C.-A.  VlN- 
CENDON-DuMOULiN  et  C.-P.  DE  Kerhallet.  Paris,  1857,  in-8°. 

Des  Préparations  de  quinquina  considérées  comme  hase  du  traitement  des 
fièvres  dites  typhoïdes  et  Compte  rendu  des  maladies  observées  dans  tes  salles  de 
clinique  interne  de  l'École  de  Médecine  de  Marseille ,  pendant  le  semestre  d'été 
de  1857;  /;ar  le  D'  Evariste  Bertulus.  Marseille,  i858;  br.  in-S". 

De  la  cause  immédiate  et  du  traitement  spécifique  de  la  phthisie  pulmonaire  et 
des  maladies  lubei culeuses ;  par  J.  Francis  Churchill,  D.  M.  P.  Paris,  i858; 


in-S". 


Saggio...  Essai  de  prolégomènes  à  la  statistique;  par  M.  le  baron  F.  MistralI. 
Milan,  i858;  br.  in-8«. 

Die  choiera...  Le  Choléra,  son  étiologie,  sa  palhogénésie ,  sa  proph/laxie, 
sa  thérapeutique ,  fondées  sur  la  proportion  variable  d  ozone  de  l'air;  par 
M.  le  D'  G. -F.  Stiemer.  Kœnigsberg,  i858;  i  vol.  in-8°.  (Adressé  au  con- 
cours du  prix  Bréant.) 


(   »075  ) 

PUBLICATIONS     PiéuiODIQVES     REÇUES     PAR     l'aCADÉMIE     PENDANT 

LE    MOIS    DE    MAI     1858.  1  , 

Annales  de  l' agriculture  française ,  ou  Recueil  encyclopédique  d'Agriculture; 
t.  XI,  n~  8  et  9;  in-S". 

Annales  de  la  Propagation  de  la  Foi;  mai  i858  ;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'Horticulture  de  la  Gironde;  2*  série,  t.  Il,  n"  i. 

Annales  de  In  Société  d'Hydrologie  médicale  de  Paris;  Comptes  rendus  des 
séances,  t.  IV;  i  i*et  xa®  livraisons;  in-8". 

Annales  des  Sciences  naturelles ,  comprenant  la  Zoologie,  la  Botanique,  l'Ana- 
lomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  l'histoire  des  corps  organisés 
fossiles;  4*  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MiLNE  Edwards;  pour 
la  Botanique,  par  MM.  Ad.  Brongniart  etj.  Decaisne;  tome  VIII,  n°  i; 
in-8°. 

Atti...  Actes  de  C Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei;  11*  année,  4'  ses- 
sion; 7  mars  i858;  in-4''. 

Bibliothèque  universelle.  Revue  suisse  et  étrangère;  nouvelle  période;  t.  II, 
n"  5;  in-S". 

Bulletin  de  t Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXIII,  n"'  14  et  i5; 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  27"  aimée;  a®  série,  t.  IV,  n°  4;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d  Agriculture,  Scienceset  Arts  de  la  Sarthe;  3*  et  4*  tri- 
mestres, 1857,  et  1"  trimestre,  i858;  a  br.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  avril  i858;  in-8''. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  ^Industrie  nationale;  avril 
i858;  in-4<'.  , 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie  ;  mai  i858;  in-8°. . 

Bulletin  de  laSociété  Géologique  de  France  ;  a\nl  i858;  m-8°. 

Bulletin  de  ta  Société  médicale  des  Hôpitaux  de  Paris;  n°  9;  in-8*. 

Bulletin  de  la  Société  Philomathique  de  Bordeaux;  i*' trimestre,  i858;; 
in.8». 


(   royG  ) 

Bulletin  de  la  Société  Faudoise  des  Sciences  naturelles;  t.  V,  n°  l\i;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  [Académie  des  Sciences  ;  i"  se- 
mestre i858;  n°'  18-21  ;  in-4°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et 
de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XIl,  i8*-2i*  livraisons; 
in-8°. 

Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées; 
avril  i858;  in-8". 

Journal  d' Agriculture  de  la  Côte-d'Or,  publié  par  la  Société  d' Agriculture, 
et  d' Industrie  agricole  du  département;  3*  série,  t.  III;  mai  i858;  in-8". 

Journald'  Agriculture  pratique  ;  nouvelle  période,  t.  I,  n"'  9  et  10;  in-8''. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie  ;  mA\  i858; 
in-8°. 

Journal  de  l'Ame;  mai  i858;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  mai  1 858  ;  in-S". 

Journaldes  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n°'  22  et  aS  ;  in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  avril  i858;  in-8°. 

H  iv  'ABnvaiç  ixTpix.ti  jui?^i(TiTa; ...  L'abeillemédicale d'Athènes;  avril  i858; 

in-8°. 

La  Correspondance  littéraire;  mai  i858;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  n"'  i4  et  i5;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XII, 
n^g;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  avril  i858;  in-8''. 

L'Art  médical;  Journal  de  Médecine  générale  et  de  Médecine  pratique; 
mai  1 858;  in-8''. 

Le  Moniteur    des  Comices  et  des  Cultivateurs;  n"'  15-19;  in-8°. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  34  et  35*  livraisons; 
in-4''. 

Le  Progrès;  Journaldes  Sciences  et  de  la  profession  médicale;  n"'^  19-22; 
in-S". 

Le  Technologiste  ;  mai  i858;  in-8°. 


(  I077  ) 

Magasin  pittoresque  ;  mai  1 858  ;  in-S". 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Berlin;  février  et  mars  i858;  in-8°. 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l' Académie  des  Sciences  de 
Gôttingue;  n°'  4  et  7  ;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  des  Candidats  aux  Ecoles 
Polytechnique  et  Normale;  mai  i858  ;  in-8°. 

Proceedings. . .  Procès-verbaux  de  la  Société  Géographique  de  Londres;  vol,  II  ; 
n"  2  ;  in-8''. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  mai  i858;  in-S". 

Revista...   Revue  des  travaux  publics  ;  6*  année;  u"'  9  et  10;  in-4''. 

Revue  de  Thérapeutique  médico- chirurgicale;  n^'g  et  10;  in-y. 

Royal  astronomical. . .  Société  royale  Astronomique  de  Londres  ;  vol.  XVIII, 
n"  6  ;  in-8°. 

The  Quarterly. ..  Journal  de  la  Société  Chimique  de  Londres;  vol.  XI, 
n"4i;in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n°'  5i  -62. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n"'  19-22. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°*  18-22. 

Gazette  médicale  d'Orient;  mai  i858. 

La  Coloration  industrielle;  n"'  7  et  8. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n*"  18-22. 

L'Ami  des  Sciences;  n°' 18-22. 

La  Science  pour  tous;  n°'  22-25  . 

Le  Gaz;  n"'  io-r2. 

Le  Musée  des  Sciences;  n°'  i-4. 

Réforme  agricole,  scientifique,  industrielle;  avril  i858. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  JUIN  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ, 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Essai  de  différents  micromètres;  extrait  dune  Lettre 
du  P.  Secchi  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Je  viens  d'essayer  un  micromètre  à  double  image,  appliqué  au  dehors 
de  l'oculaire,  comme  l'avait  proposé  Arago.  Le  peu  de  succès  qu'on  a  eu  en 
l'employant  ainsi  tient  probablement  à  ce  que  l'inclinaison  des  rayons 
joue  un  grand  rôle  dans  la  séparation  et  distance  des  images  :  or  c'est  pré- 
cisément de  ce  déplacement  dû  à  l'inclinaison  que  je  tire  parti  pour  mesu- 
rer les  distances.  Des  essais  faits  sur  y  du  Lion  et  autres  étoiles  promettent 
beaucoup;  mais  comme  l'appareil  n'est  pas  définitivement  arrangé,  je  ne 
vous  transmets  pas  les  résultats.  Ce  que  je  viens  d'observer  ^t  intéressant 
en  ce  qu'il  permet  de  se  rendre  compte  des  énormes  différences  systéma- 
tiques des  diamètres  des  planètes  que  l'on  a  obtenus  en  mesurant  au  mi-, 
cromètre  filâire  et  avec  les  micromètres  à  double  image  :  ces  différences 
s'expliquent  par  un  effet  d'irradiation  qui  influe  dans  les  micromètres 
filaires. 

»  J'ai  trouvé  en  effet  qu'en  appliquant  le  micromètre  prismatique  biré- 
fringent à  la  grande  lunette  de  Merz  pour  la  planète  Mars,  à  l'instant  même 
où  le  contact  de  deux  bords  a  lieu,  le  contour  du  disque  paraît  sous  une 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  25.)  l4o 


(  io8o  ) 
forme  discontinue  au  lieu  du  contact  et  comme  s'il  y  avait  là  une  protubé- 
rance. Je  ne  doute  pas  que  le  micromètre  construit  par  un  habile  artiste 
sur  le  principe  que  je  viens  d'indiquer,  ne  puisse  rendre  de  grands  services 
à  la  science.  » 

(c  "physique  du  globe.  —  M.  Le  Verrier  communique  une  Lettre  de 
M.  Alrj^  relative  à  une  grande  dépression  barométrique  observée  le 
a4  mai,  ainsi  que  les  documents  recueillis  en  France  sur  ce  mouvement 
de  l'atmosphère. 

«  Une  onde  atmosphérique  très-prononcée ,  dit  M.  Airy,  est  passée 
»  dernièrement  sur  nous.  Je  serais  satisfait  d'apprendre  si  elle  a  été  observée 
»  à  Paris  ou  en  quelque  autre  lieu  du  réseau  étendu  d'observations  météo- 
»  rologiques  institué  par  vous.  Les  hauteurs  suivantes  du  baromètre,  en 
»  pouces  anglais,  extraites  de  l'appareil  enregistreur  photographique  de 
»  Greenwich,  caractérisent  ce  mouvement. 


Ascension  graduelle. 


Grande  oscillalion. 

Stable. 

Ascension  continue. 

Agitation. 


»  Les  circonstances  de  cette  onde,  observées  à  Oxford,  correspondent 
»  exactement  à  celles  observées  à  Greenwich.  Seulement,  les  différentes 
»  phases  s'y  sont  produites  «ne  heure  plus  tôt.  ■» 

»  Le  réseau  de  nos  postes  météorologiques,  dont  parle  M.  Airy,  a  été, 
comme  le  sait  l'Académie,  établi  de  concert  entre  l'Observatoire  et  l'Admi- 
nistration des  lignes  télégraphiques.  Grâce  au  zèle  apporté  par  les  employés 
de  cette  dernière  administration,  les  observations  sont  faites  avec  la  plus 
grande  régularité,  et  nous  nous  trouvons  à  même  de  fournir  à  M.  Airy  des 
documents  aussi  étendus  qu'il  puisse  le  désirer  pour  toute  la  surface  de 
la  France. 


Heures. 

Mai  23 

I 

29,60 

23 

21 

29*73 

.        24 

0 

29,68 

3 

29,62 

6 

29,52 

9 

29,32 

II 

29,24 

•4 

29,24- 

21 

29'% 

25 

9 

3o,i6 

26 

0 

30,39 

(  io8i   ) 


Hauteurs  du   baromètre,   observées   dans  divers  postes, 


Mai. 

23 


*4 


25 


26 


réduites  au  niveau  de  la  mer  et  à  o". 


Heures. 

7 
9 

12 

3 
6 

9 
12 

.7 

9 
12 

3 

6 

9 


7 

9 
12 

3 

6 

9 
12 

7 

9 
12 

3 

6 

9 


Brest. 

mm 

759»° 

58,8 
58,8 
61,8 
62,7 


Lo  Havre, 
mm 

759'5 
59.7 
59,8 
59,3 

59.4 
59,2 


Paris.        Strasbourg.      Limoges.        Bayonoe         Avignon. 


762,0 

6i,6(io'>' 
56,5 
56,5 
56,2 

55,8 


764,3 
67 ,6  (.0") 

69.» 

70,1 

71,6 


Mai. 
23 

24 

25 

26 


Heures. 

7 
3 


763,2 
63,8 

5q,4 
58,4 
58,5 
58,5 


754,2 
57,0 
62,2 
60,7 
6i  ,0 
60,5 


774,9 
74,7  ('o") 
74,3 

74,7 
74,5 

74,7 


773,5 

73,4 
75,8 
75,3 
73,6 
73,4 


Dunkerque. 
mm 

759,2 

58,7 
59,6 

761,2 

59,5 

953,8 

750,6 
62,1 
68,0 

775,2 

70,9 
75,8 


Mézières. 
mm 

761,3 


763,8 
61,6 

57,4 

751,0 
57,6 
62,3 

77^,4 
74,4 
75,3 


761,8 
61,8 
61 , 1 
61,3 
61,7 
62,4 

63,3 

764,7 
64,5 
63,3 
61,3 
58,9 
54,8 


752,4 
53,9 
57.1 
61 ,0 
64,2 
66,9 

69,5 

773,4 
74,1 

74,8 

74,7 
75,0 

74,3 


Tonnerre, 
mm 

762,1 
60,8 

63, 0 

764,8 
62,3 
58,1 

752,8 

57.7 
63,3 

770,0 

72,4 

72,7 


762,4         756,8 


6.  ,4 
62,8 


62,7 
•59,9 

753,3 

■    56,4 
60,3 

768,. 

71,5 
74,0 


Napoléon- 
Vendée. 

mm 
765,4 

66,3 
65,4 

768,8 


765,5 

71,2 

74,1 

775,6 
78,5 
78,4 


62,9 
63,0 

65, o 


765,8        766,0 


64,9 
63,4 

60,2 

759,9 

64,0 
67,9 

770,7 

72,0 
72,3 

72,4 


Besançon, 
mm 
765,2 
63,5 

65,4 

767,0 
65,5 
61 , 1 

756,2 


767,8 
72,6 
72,6 


765,1 
65,2 

67,7 
67,8 

68,1 


769,=* 
68,4 
68,6 
67,2 
66,7 
65,6 


768,8 

70.4 
71,5 
72,5 
.73,8 
74,6 


"^2 

75,6 

74,2 

74,3 

74,7 
75,. 


Lyon, 
mm 

765,8 

64,5 
66,5 

64,7 

759,3 
61,9 
64,7 

769,5 

72,5 

74,0 


764,8 

64,7 
64,0 

63,  G 

62, 


766,1 

66,6 
66,6 
64,2 
63,5 
63,5 


758,8 

59,9 

59,9 
60,4 
60, 1 
61,. 


762,2 
64,3 
62,4 
63,7 
65,9 
63,4 


Montauban. 
mm 

763,8 
769,' 


762,8 
63,8 
63,2 

77', 6 

7', 7 
71,8 


i4o- 


(   loSa  ) 
»  Les  hauteurs  du  baromètre,  dans  les  trois  stations  suivantes,  sont  sim- 
plement réduites  à  o°,  ce  qui  suffit  pour  qu'on  y  puisse  apprécier  le  mou- 
vement atmosphérique. 


Mai. 

Heures. 

Mulhouse. 

Rochefort. 

Châlons-sur-Mame. 

23 

7 

739.» 

764,0 

753,8 

12 

739.7 

U 

» 

3 

739»  • 

764,1 

753,0 

9 

740,2 

764,1 

745,9  ■ 

24 

7 

742,9 

764,0 

756,7 

12 

741,2 

» 

u 

3 

739.5 

762,4 

754,3 

9 

737.4 

760,9 

750,2 

25 

7 

730,4 

760,9 

744,1 

12 

733,2 

» 

» 

3 

734,0 

760,8 

75o,o 

9 

736,8 

760,9 

756,0 

26 

7 

743,0 

760,9 

763,6 

12 

746,1 

» 

•           » 

3 

747.3 

760,8 

766,0 

9 

749.9 

760,9 

766,9 

,    »  H  paraît  résulter  des  documents  qui  précèdent  : 

n  i".  Qu'en  France  commeen  Angleterre  la  transmission  de  l'onde  s'est 
effectuée  de  l'ouest  à  l'est; 

»  2°.  Que  l'intensité  du  phénomène  allait  en  s'affaibHssant  dans  le  stid 
de  la  France.  » 

NOMEVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission chargée  de  décerner  le  prix  dit  des  Arts  insalubres. 

MM.  Chevreul,  Rayer,  Dumas,  Payen,  Boussingault  réunissent  la  majo- 
rilé  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE.  —  Considéralions  photodynamiques  ;  par  M.   I.  Pobro. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM,  Babinet,  de  Senarmont,  Delaunay.) 

«  Dans  ce  Mémoire,  j'arrive,  en  me  fondant  sur  les  principes  du  mouve- 
ment moléculaire  infiniment  petit  de  l'éther,  à  établir  que  les  éléments  de 


(  io83  ) 
ce  mouvement  généralement  elliptiques  sont  passibles  de  quatre  sortes  de 
variations  périodiques  qui  coexistent  dans  la  lumière  naturelle  du  soleil  et 
dont  la  durée  des  périodes  est  très-grande  par  rapport  à  la  durée  d'une 
révolution  orbitaire,  mais  très-petite  par  rapport  à  la  durée  de  la  sensation 
sur  nos  sens  :  je  nomme  ces  variations  précession,  libration,  variation  d'am- 
plitude,  variation  de  vitesse  orbitaire.  Je  trouve  dans  les  phénomènes  connus, 
tels  que  les  raies  sombres  du  spectre  réfraclif  solaire  et  stellair^,  les  raies 
brillantes  du  spectre  donné  par  la  combustion  des  métaux,  la  scintillation 
des  étoiles,  etc.,  la  confirmation  de  mes  déductions  théoriques. 

»  Tous  les  phénomènes  connus  sous  le  nom  de  polarisation  rectiligne, 
elliptique,  circulaire,  chromatique,  calorique,  consistent  dans  l'arrêt  de  la 
précession  combiné  avec  l'arrêt  de  l'une  des  trois  autres  variations. 

/>  Considérant  ensuite  la  dispersion  au  même  point  de  vue  que  Cauchy 
et  partant  des  formules  générales  établies  par  ce  savant,  je  démontre  que 
pour  deux  substances  quelconques  dont  les -indices  de  réfraction  sont 
|x  et  fx,,  on  a 

-r^  =  constante, 

«p. 

c'est-à-dire  que  Vinationnalité  de  la  dispersion  est  une  erreur. 

»  Ici  encore  l'expérience  des  prismes  croisés  de  Newton,  faite  au  moyen 
du  polyoptomètre,  confirme  pleinement  les  prévisions  de  la  théorie  et  donne 
pour  les  substances  comparées  la  véritable  valeur  numérique  de  l'expression 
différentielle  ci-dessus. 

»  Quant  aux  spectres  secondaires,  leur  cause  est  ailleurs;  on  peut  la 
^déduire  de  l'application  de  la  théorie  que  j'ai  donnée  dans  un  Mémoire  pu- 
blié dans  le  Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie. 

»  La  combinaison  sur  le  polyoptomètre  d'un  prisme  et  d'un  réseau  per- 
met de  déterminer  expérimentalement  la  valeur  numérique  des  constantes 
des  formules  de  Cauchy  pour  tous  les  milieux  dirimants. 

a  Je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  machine  optique  au  moyen 
de  laquelle  on  peut  démontrer  dans  les  cours  publics  la  partie  géométrique 
des  phénomènes  de  photodynamique  dont  il  s'agit.   » 

MÉDECINE.   —   Recherches  sur  l'aliénation  Hnentale  des  enfants,  et  plus 
particulièrement  des  jeunes  gens;  joaHM.  A.  Brierre  de  Boismont. 

(Commissaires,  MM,  Serres,  Andral,  Rayer.) 

L'auteur  en  terminant  son  Mémoire  en  présente  le  résumé  dans  les 
termes  suivants  : 


(  io84  ) 

«   L'aliénation  mentale  s'observe  chez  les  enfants. 

»  La  forme  maniaque,  ou  plutôt  la  perversion  des  instincts  avec  exal- 
tation, est  celle  qu'ils  présentent  ordinairement. 

»  Cette  maladie  est  plus  commune  dans  la  jeunesse,  à  l'époque  de  la 
puberté. 

»  Chez  les  quarante-deux  sujets  qui  font  la  base  de  notre  travail ,  les 
premiers  symptômes  du  mal  se  sont  manifestés  vers  la  puberté.  Lorsque  le 
désordre  a  éclaté  plus  tard ,  le  caractère  s'était  montré  bizarre  dès  les  pre- 
mières années,  et  les  femmes  avaient  éprouvé  des  phénomènes  hystériques, 
convidsifs,  etc. 

»  Sur  trente  cas  où  les  antécédents  ont  pu  être  recueillis  avec  soin,  dix- 
huit  fois  il  y  avait  une  prédisposition  héréditaire.  Indépendamment  de  la 
tache  originelle,  les  parents  étaient  mal  organisés  au  point  de  vue  moral,  et 
leurs  enfants  avaient  apporté  le  germe  de  ces  mauvaises  dispositions. 

»  L'influence  de  ces  trailsmissions  héréditaires  est  presque  complètement 
inconnue  aux  éducateurs  de  l'enfance  et  de  la  jeunesse;  aussi  voit-on  sou- 
vent la  folie  être  le  résultat  de  cette  ignorance  des  lois  de  la  physiologie  et 
de  l'hygiène. 

n  Les  maladies  de  l'enfance  comprises  sous  le  nom  de  fièvres  cérébrales 
ont  en  général  une  action  fâcheuse  sur  le  caractère  et  la  raison  des  jeunes 
gens  qui  en  ont  été  atteints.  Ils  restent  souvent  apathiques,  tristes,  et  de- 
viennent facilement  aliénés. 

»  lies  désordres  de  la  menstruation  chez  les  jeunes  personnes  prédisposées 
sont  aussi  une  cause  déterminante  de  folie. 

»  Le  pronostic  de  la  folie  chez  les  jeunes  gens  prédisposés  est  grave  ;  eau 
si  la  guérison  est  de  près  de  la  moitié  du  chiffre  total,  il  y  a,  dans  beaucoup 
de  cas ,  des  rechutes,  des  changements  de  caractère  et  de  l'inaptitude  à  exer- 
cer un  état. 

»  Cette  gravité  de  l'aliénation  à  cette  époque  de  la  vie  nous  parait  évi- 
demment tenir  aux  antécédents  et  au  développement  incomplet  de  l'orga- 
nisme. Les  désordres  de  la  menstruation  rendent  encore  le  pronostic  plus 
défavorable. 

»  Au  point  de  vue  du  pronostic  de  l'aliénation  mentale  en  général,  la 
connaissance  de  ces  faits  est  importante,  car  elle  prouve  que,  dans  la  propor- 
tion considérable  de  l'incurabilité,  il  faut, tenir  compte  de  la  nature  des 
éléments. 

»  L'influence  de  l'hérédité  morbide,  physique  et  morale,  si  appréciable 
dans  les  faits  qui  font  la  base  de  ce  travail,  est  un  enseignement  pour  la 
philosophie,  l'éducation  et  la  médecine  légale. 


(   io85  ) 

>'  Le  traitement  hygiénique  et  médical  peut  arrêter  les  progrès  du  mal,  le 
guérir  même  dans  quelques  circonstances  ;  mais  il  est  insuffisant  lorsque 
celui-ci  est  passé  à  l'état  de  dégénérescence. 

»  Le  seul  moyen  qui  puisse  lutter  d'énergie  contre  une  modification 
aussi  profonde  et  préparée  souvent  depuis  fort  longtemps ,  c'est  le  croise- 
ment des  familles.  Les  expériences  nombreuses  tentées  avec  un  si  grand 
succès  sur  les  animaux,  celles  toutes  faites  sur  la  race  humaine,  démontrent 
chaque  jour  la  puissance  de  cette  loi.  » 

PHYSIQUE.  —  Indication  des  principales  erreurs  sur  lesquelles  Laplace  a  basé  sa 
Théorie  capillaire,  suivie  du  rappel  de  l'accord  enlre  les  expériences  de 
Simon  de  Metz,  Gay-Lussac,  Haiiy  et  Newton  avec  celles  de  [auteur,  d'après 
la  Théorie  de  ce  dernier,  et  résmné  des  principales  applications  de  la  même 
Théorie  capillaire  à  la  physique,  à  la  chimie  et  à  l'organisation  ;  par 
M.  J.-X.  Artur.    (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  I>amé,  Delaunay.) 

«  Après  avoir  indiqué  les  principales  erreurs  sur  lesquelles  Laplace  a  basé 
sa  Théorie  capillaire,  j'ai  rappelé  que  pour  l'eau  ma  théorie  et  mes  expé- 
riences conduisent  aux  résultats  obtenus  par  Simon  de  Metz,  Gay-Lussac, 
?Iaûy  et  Newton. 

»  J'ai  expérimenté  sur  beaucoup  de  liquides  à  différentes  températures 
et  sur  leurs  mélanges  pour  en  déduire  les  épaisseurs  adhérentes  aux  tubes 
mouillés  et  les  forces,  verticales  qui  les  soutiennent  dans  chaque  millimètre 
du  contour  des  ménisques,  etc. 

»  J'ai  prouvé  qu'il  n'existe  pas  de  quatrième  état  des  corps,  indiqué  par 
M.  Boutigny  sous  le  nom  de  sphéroidal,  puisque  tous  les  phénomènes  ob- 
servés qui  s'y  rapportent  sont  des  conséquences  des  lois  physiques  appli- 
quées aux  liquides  qui  ne  mouillent  pas  les  solides  auprès  desquels  ils  se 
trouvent.  Je  rappelle  ensuite  les  condensations,  souvent  considérables,  que 
les  liquides  peuvent  éprouver  à  leurs  surfaces  libres ,  auprès  des  solides 
qu'ils  mouillent,  entre  des  parois  mouillées  et  rapprochées,  dans  de  très-petits 
espaces,  etc.  ;  puis  je  fais  des  applications  de  la  théorie  et  des  expériences  à 
des  phénomènes  physiques,  chimiques  et  organiques,  parmi  lesquels  se  trou- 
vent 'l'endosmose  et  Vexosmose  de  Dutrochet,  ainsi  que  les  applications  de  la 
même  théorie  aux  condensations  des  gaz  dans  les  solides  poreux  ou  divisés 
et  dans  les  liquides  qui  conduisent  à  la  preuve  mathématique,  tirée  de  mes 


(  io86  ) 

expériences,  que  le  gaz  ammoniac  est  liquéfié  aux  contours  des  pores  de 
Teau,  en  conservant  son  état  gazeux  aux  centres  des  mêmes  espaces,  à  l'ex- 
plication des  phénomènes  dits  de  contact  en  chimie  et  à  la  division  des  so- 
lides en  quatre  sections. 

»  J'ai  réfuté  l'idée  d'attribuer  les  trombes  à  l'électricité,  ainsi  que  la 
Théorie  des  nuages  de  M.  Ath.  Peltier  et  sa  Théorie  électrique. _ 

"  Enfin  je  termine  en  disant  que  j'ai  donné  les  équations  des  ménisques 
entre  des  plaques  parallèles  et  verticales  et  dans  les  tubes  cylindriques  et 
verticaux,  ainsi  que  les  conséquences  qui  s'en  déduisent. 

«  Le  résumé  précédent  des  principales  applications  de  ma  Théorie  capil- 
laiie  prouve  que  cette  partie  de  la  science  sert  de  lien  entre  la  physique, 
la  chimie  et  l'organisation  ;  enfin  je  ne  crains  pas  d'ajouter  que  l'étude  suivie 
de  la  même  Théorie  conduira  encore  à  la  découverte  d'un  grand  nombre 
d'actions  inconnues,  appelées /brces  cataly tiques,  forces  vitales^  etc.,  qui  pro- 
duisent beaucoup  de  phénomènes.  » 

M.  Laignel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  les  modèles  de  deux  dispo- 
sitifs destinés  à  prévenir  ou  atténuer  les  accidents  les  plus  communs  sur  les 
chemins  de  fer.  • 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Morin,  Clapeyron 

et  Séguier.) 

M.  DcDouiT  commence  la  lecture  d'un  Mémoire  sur  les  rapports  de  vo- 
lume et  de  surface  d'une  sphère  et  d'un  cône  dont  la  base  est  égale  à  un 
■  des  grands  cercles  de  cette  sphère  et  la  hauteur  égale  à  son  diamètre. 

(Commissaires,  MM.  Bertrand,  Delaunay.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

GÉOLOGIE.  — ^  Mémoire  sur  les  dépôts  minéraux  formés  par  les  sources  ther- 
males de  Plombières,  avant  et  pendant  la  période  actuelle.  —  Première 
partie  :  Formation  contemporaine  des  zéolithes;  par  M.  Daubrée.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  de  Senarmorit,  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  L'étude  des  gisements  des  minéraux  de  la  famille  des  zéolithes  a  con- 
duit à  admettre  que  ces  silicates  hydratés  ont  été  produits  par  voie  aqueuse. 
Cependant,  malgré  les  ingénieuses  expériences  dont  on  est  redevable   à 


(  '087  ) 
M.  Wohler  et  à  M.  Bunsen,  on  n'est  pas  encore  parvenu  à  imiter  artificiel- 
lement les  zéolithes. 

»  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  avec  des 
échantillons  à  l'appui,  remplit  cette  lacune  (i).  Il  signale  la  formation  de 
diverses  zéolithes  qui  a  lieu  sous  nos  yeux  :  il  précise  les  conditions  dans 
lesquelles  ces  silicates  prennent  naissance.  Ces  observations  éclairent  donc 
l'origine  des  roches  dont  les  zéolithes  sont  un  élément  accidentel  ou 
essentiel. 

»  Dans  le  but  d'augmenter  le  volume  des  eaux  thermales  de  Plombières, 
nous  exécutons  un  aqueduc  profond  qui  prendra  les  sources  à  un  niveau 
inférieur  à  celui  auquel  on  les  avait  primitivement  recueillies.  Pour  cela 
nous  avons  dii  entailler  une  nappe  de  béton  que  les  Romains  avaient  étendue 
sur  le  fond  de  la  vallée,  près  des  points  d'émergence  des  sources.  Ce  béton 
se  compose  de  fragments  de  briques  et  de  grès  bigarré,  disséminés  dans  la 
chaux. 

»  Sous  l'influence  de  l'eau  minérale  qui  afflue  continuellement  avec  luie 
température  de  5o  à  60  degrés,  la  chaux  et  les  briques  elles-mêmes  ont  été 
en  partie  transformées,  et  des' combinaisons  nouvelles  ont  cristallisé  de 
toutes  parts  dans  les  cavités.  Parmi  les  produits  de  cette  modification ,  les 
plus  fréquents  sont  des  silicates  de  la  famille  des  zéolithes  et,  en  particulier, 
la  chabasie  et  V apophjrllite.  ' 

»  L'une  et  l'autre  substance  sont  en  cristaux  nets,  transparents  et  parfai- 
tement déterminables;  elles  sont  identiques,  dans  tout  l'ensemble  de  leurs 
caractères  physiques  et  chimiques,  avec  les  minéraux  du  même  nom. 

»  Il  s'est  encore  formé  d'autres  espèces  de  zéolithes,  mais  leur  détermi- 
nation n'a  pas  encore  été  faite  avec  certitude,  parce  qu'on  n'a  pu  jusqu'à 
présent  en  isoler  à  l'état  de  pureté  que  de  très-faibles  quantités;  aussi  je  ne 
mentionne  qu'avec  réserve  la  scolézite,  Vhartnotome  et  la  gismondine.  Il  en 
est  de  même  d'un  carbonate  de  magnésie  hydraté,  en  lames  nacrées,  de 
forme  rhombe,  doué  de  deux  axes  optiques  dans  un  plan  normal  à  celui  des 
lames,  qui  paraît  constituer  une  espèce  nouvelle. 

»  Les  cavités  de  la  maçonnerie  renferment  encore  l'hyalite  et  d'autres 
variétés  d'opale  mamelonnée;  l'arragonite  en  cristaux  bipyramidaux  aigus 


(1)  Lorsque  j'ai  annoncé  la  formalion  contemporaine  de  l'apophyllite,  dans  un  travail 
que  j'ai  eu  l'honneur  de  lire  à  l'Académie  le  16  novembre  1857,  il  s'agissait  seulement 
de  quelques  faits  qui  n'avaient  pas  la  généralité  que  nous  avons  pu  leur  reconnaître 
depuis  lors. 

G.   R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  25.)  l4l 


(  io88  ) 
et  semblable  à  celle  des  gîtes  de  fer  de  Framont  et  de  certains  basaltes; 
dii  spnlh  calcaire  associé  à  lachabasie;  du  spatfijltior  ea  très-petits  cristaux, 
prenant  quelquefois  la  teinte  violette  qui  lui  est  si  habituelle. 

»  Dans  des  cavités  voisines  des  points  où  le  béton  est  exposé  au  jet  di- 
rect de  l'eau  thermale,  on  voit  se  précipiter  une  substance  gélatineuse  et 
mamelonnée  qui  durcit  à  l'air  libre,  devient  opaque  et  d'un  blanc  de  neige. 
C'est  un  silicate  de  chaux  hydraté  dont  la  composition,  après  une  des- 
siccation à  loo  degrés,  est  représentée  par  la  formule  très  -  simple 
CaO.SiO^  +  2  HO.  Il  diffère  donc  de  l'okénite  et  constitue  très-probable- 
ment une  espèce  nouvelle  dont  on  pourrait  peut-être  rappeler  l'origine  par 
le  nom  de  plotnbiérite. 

»  Ainsi,  au  lieu  de  conjectures  plus  ou  moins  fondées,  nous  possédons 
maintenant  une  démonstration  pour  ainsi  dire  expérimentale  de  la  for- 
mation d'un  grand  nombre  de  zéolithes,  qui  précise  bien  les  circonstances 
du  phénomène. 

»  Malgré  sa  dureté  extrême,  la  maçonnerie  romaine  donne  accès  à  l'eau 
thermale,  surtout  à  travers  les  innombrables  boursouflures  de  toute  dimen- 
sion qui  se  sont  produites  dans  les  briques,  lors  de  leur  cuisson.  L'eau  non- 
seulement  imbibe,  mais  aussi  traverse  la  nappe  de  béton.  Ce  courant  très-lent, 
mais  continu,  permet  à  des  actions  très-faibles  de  se  multiplier  avec  l'aide 
du  temps.  C'est  un  élément  qui  manque  dans  la  plupart  des  expériences 
tentées  jusqu'à  présent  pour  imiter  la  nature,  mais  dont  l'importance,  comme 
application  à  divers  phénomènes  géologiques,  sera  facilement  comprise. 

»  A  l'aide  du  silicate  acalin  qu'elle  renferme,  l'eau  thermale  réagit  siu' 
une  partie  des  masses  qu'elle  pénètre,  et  y  produit,  entre  autres  combinaisons, 
des  zéolithes  en  abondance. 

»  Pour  que  ces  silicates  se  forment,  il  n'est  pas  besoin,  à  beaucoup  près, 
d'une  température  aussi  élevée  qu'on  l'a  supposé.  Les  zéolithes  prennent 
naissance  et  cristallisent  au-dessous  de  60  degrés,  par  conséquent  sous  la 
simple  pression  atmosphérique  et  à  la  surface  même  du  sol. 

»  La  chabasie  est  toujours  renfermée  dans  la  brique,  tandis  que  j'ai  ren- 
contré l'apophyllite  exclusivement  dans  la  chaux.  La  localisation  différente 
de  ces  deux  espèces,  qui  est  tout  à  fait  d'accord  avec  la  composition  de  cha- 
cune d'elles,  montre  que  leurs  éléments  n'ont  pas  été  en  totalité  amenés 
par  l'eau  ;  ils  ont  été  en  partie  fournis  par  les  masses  solides  imbibées.  Ainsi 
une  même  dissolution,  en  réagissant  sur  des  masses  cîe  différentes  natures, 
développe  dans  chacune  des  combinaisons  spéciales. 

»  La  connaissance  de  ces  silicates  cristallisés  et  bien  définis  n'est  pas  sans 


(  'o89  ) 
intérêt  pour  l'intelligence  des  réactions  qui  ont  lieu  dans  la  consolidation 
des  matériaux  hydrauliques,  notamment  entre  la  chaux  et  les  pouzzolanes. 

»  C'est  surtout  dans  certaines  formations  géologiques  que  le  travail  qui 
se  produit  à  Plombières  s'est  accompli  sur  des  proportions  considérables. 

I)  Les  zéolithes,  l'opale,  l'arragonite,  c'est-à-dire  les  principaux  miné- 
raux dont  nous  venons  d'examiner  la  formation  journalière,  constituent 
par  leur  association  l'apanage  de  certaines  roches  éruptives.  Il  y  a  plus  : 
toutes  les  conditions  du  gisement  de  ces  minéraux  contemporains  rappellent, 
dans  les  moindres  circonstances,  leurs  géodes  et  leur  disposition  dans  les 
roches  où  ils  se  rencontrent  habituellement.  Une  telle  similitude  dans  les 
résultats  décèle  incontestablement  une  analogie  d'origine. 

»  Beaucoup  de  roches  d'origine  éruplive  se  sont  en  effet  boursouflées 
pendant  la  dernière  phase  de  leur  refroidissement,  et  elles  ont  pu  être  faci- 
lement traversées  d'infiltrations.  En  circulant  dans  ces  roches  avant  qu'elles 
fussent  complètement  refroidies,  l'eau,  quelle  qu'en  fût  l'origine,  se  trouvait 
nécessairement  échauffée  et  pouvait  réagir,  comme  nous  venons  de  le  voir. 

»  D'ailleurs  ce  que  nous  voyons  s'opérer  dans  les  boursouflures  de  di- 
mension discernable  se  produit  également  dans  les  moindres  pores  de  la 
brique,  comme  on  peut  le  constater  par  voie  chimique.  L'opinion  qui  con- 
sidère les  basaltes,  les  phonolithes  et  les  autres  roches  à  zéolithes  comme 
résultant  d'une  modification  de  roches  anhydres,  telles  que  certaines  espèces 
de  dolérites  et  de  trachytes,  reçoit  donc  de  ces  faits  une  pleine  confirmation. 
Ces  diverses  roches  paraissent  avoir  été  graduellement  transformées  après 
leur  consolidation,  de  même  que  nos  briques  ont  été  pénétrées  de  zéolithes, 
même  dans  des  parties  qui  sont  en  apparence  compactes. 

»  Le  même  exemple  montre  également  comment  les  zéolithes  peuvent 
aussi  s'être  formées  dans  les  terrains  stratifiés,  comme  diverses  contrées  en 
présentent  des  exemples. 

»  Cependant  toutes  les  roches  ne  sont  pas  également  susceptibles  d'en- 
gendrer des  zéolithes.  Du  gjranite  s'est  trouvé  soumis  aux  mêmes  conditions 
que  la  brique  sans  se  comporter  comme  cette  dernière  substance,  quoi- 
qu'il fût  tout  à  fait  friable  et  imbibé.  En  effet  on  n'a  pas  trouvé  de  zéolithes 
dans  la  pâte  des  granités  ni  dans  celle  des  porphyres  à  base  de  feldspath 
orthose  ;  cependant  ces  derniers  sont  quelquefois  boursouflés  et  renferment 
des  concrétions  sihceuses.  Des  expériences  en  voie  d'exécution  me  permet- 
tront peut-être  d'éclaircir  ces  différences. 

»  Il  a  suffi  d'une  eau  tiède  et  à  peine  minéralisée  pour  faire  naître  de 
toutes  parts,  dans  la  maçonnerie  de  Plombières,  des  silicates  hydratés  et 
cristallisés.  Les  effets  produits  ne  seraient-ils  pas  tout  autres  si  l'eau,  forle- 

i4i.. 


(  'ogo  ) 
ment  suréchauffée,  et  cependant  fortement  contenue  par  la  pression  des 
masses  superposées,  circulait  lentement  à  travers  les  roches,  comme  dans 
l'exemple  que  nous  avons  sous  les  yeux,  et  réagissait  sur  ces  roches  avec  la 
haute  température  où,  d'après  mes  exjîériences  antérieures,  les  silicates 
anhydres  se  forment  par  voie  humide.  » 

GÉOLOGIE.  —  Observations  sur  la  constitution  géologique  de  la  Calahre,  sur 
les  gisements  de  lignite  et  sur  les  couches  fossilifères  qui  s  y  trouvent; 
par  M.  Meissonniek.  (Extrait.)  (i) 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumonl,  Valenciennes,  d'Archiac.) 

«  La  côte,  dans  la  baie  de  Santa-Euphemia,  est  en  général  assez  élevée  et 
bordée  de  falaises  à  pente  rapide  qui  se  rattachent  à  la  montagne  par  une 
sorte  de  terrasse  à  peu  près  horizontale,  comme  pourrait  l'être  un  ancien 
rivage  soulevé  parallèlement  à  lui-même  ou  laissé  à  sec  par  la  retraite  des 
eaux.  Cette  terrasse,  dont  le  niveau  est  à  80  ou  100  mètres  au-dessus  de  \n 
mer_,  règne  sur  la  plus  grande  partie  du  littoral.  En  quelques  endroits  on 
aperçoit  des  traces  de  terrasses  pareilles,  à  des  niveaux  plus  élevés,  et  dont 
l'aspect  rappelle  un  peu  celui  des  parallel-roads  de  l'Ecosse.  Partout  où 
nous  avons  pu  en  juger,  cette  côte  nous  a  paru  formée  de  roches  cristallines  : 
granité  ou  gneiss.  Telle  est  sa  nature  au-dessus  du  Pizzo,  qui  est  construit 
partie  sur  cette  formation,  partie  sur  des  roches  arénacées,  formant  un  petit 
promontoire  terminé  par  un  escarpement  vertical.  Ce  promontoire  est  cou- 
ronné du  côté  de  la  ville  par  la  citadelle  à  demi  ruinée,  à  laquelle  la  prison 
et  la  mort  de  Murât  ont  donné  quelque  célébrité. 

M  Du  Pizzo  à  Conidoni,  qui  se  trouve  à  quelques  milles  plus  au  sud, 
la  route  suit  d'abord,  sur  a  kilomètres  environ,  le  rivage  de  la  mer,  séparé 
de  la  colline  par  une  étroite  bande  de  sable  ;  puis  elle  traverse  une  plaine 
sablonneuse  sur  i5oo  ou  1800  mètres,  et  gravit  à  Conidorù  par  une  mon- 
tée assez  douce  sur  des  coteaux  arrondis.  Dans  la  première  partie  de  ce 
trajet  la  falaise  qui  longe  le  chemin  est  presque  partout  formée  de  roche 
cristalline,  gneiss,  dans  lequel  on  peut  reconnaître  comme  des  traces  de 
stratification  confuse.  Ce  paraît  être  une  roche  métamorphique.  En  quelques 
points  on  y  rencontre,  de  même  qu'à  Pizzo,  de  très-petits  lambeaux  d'un 

(i)  Le  Mémoire  actuel  de  M.  Meissonnier  contient  les  détails  de  l'exploration  géologique 
qu'il  a  faite  l'année  dernière  d'une  partie  des  terrains  de  la  Calabre.  Il  l'avait  annoncé  pré- 
cédemment en  mettant  sous  les  yeux  de  l'Académie  différents  fossiles,  recueillis  par  lui  dans 
ces  terrains.  (^o(> ci-dessus  p.  8ga  du  présent  volume,  séance  du  10  mai  i858.) 


(   'ogi   ) 
autre  terrain,  formé  de  roches  arénacées  presque  exclusivement  composées 
de  débris  coquilliers.  >  ^«ift*!/.  h 

))  En  prenant  la  montée  de  Conidoni,  on  commence  à  marcher  sur  un 
calcaire  blanchâtre  à  texture  lâche,  sorte  de  mollasse  grossière,  riche  en 
débris  coquilliers  et  alternant  avec  des  couches  arénacées  calcaires  dont  les 
éléments  sont  très-imparfaitement  agglutinés.  Ces  deux  variétés  de  roches 
désignées  dans  la  localité  sous  le  nom  commun  de  tuff,  sont  les  espèces  les 
plus  dominantes  et  caractéristiques  de  la  formation  carbonifère  de  Coni- 
doni. Les  ravins  profonds  qui  sillonnent  cette  formation  et  qui  la  décou- 
pent sur  toute  sa  hauteur,  en  facilitent  l'étude.  En  remontant  ces  ravins, 
dont  les  principaux  coulent  dans  un  sens  et  avec  une  inclinaison  un  peu 
différente  de  l'inclinaison  des  couches,  on  arrive  au  bout  de  quelques  kilo- 
mètres aux  limites  sud  de  cette  formation  ;  une  ou  deux  excursions  trans- 
versales permettent  de  fixer  approximativement  ses  limites  dans  les  autres 
sens.  On  reconnaît  ainsi  qu'elle  constitue  un  bassin  allongé  dont  le  grand 
axe  est  dirigé  du  sud-est  au  nord -ouest,  et  dont  les  roches  cristallines  forment 
les  bords  de  tous  côtés,  excepté  vers  le  nord-ouest,  où  elle  est  recouverte  par 
les  sablesde  la  plaine  de  Bisona,  sous  lesquels  elle  paraît  s'étendre  vers  la  mer. 

»  Les  relations  de  ce  terrain  avec  le  gneiss  qui  lui  sert  de  base  sont 
mises  à  nu  en  nombre  de  points  intéressants  à  vérifier  :  sous  Briatico-Nuovo 
bâti  sur  un  escarpement  dont  le  pied  est  formé  par  de  gros  blocs  de  gneiss 
empâté  dans  la  mollasse  coquillière;  au  sud  et  au  sud-est  de  Papaglionti, 
dans  divers  ravins  qui  passent  de  l'une  à  l'autre  formation  ;  à  l'est  de  Ces- 
saniti  dans  un  autre  ravin  profond  ;  enfin  entre  Triparni  et  Mentinco  sur  le 
chemin  de  Monte-Leone.  Dans  le  bas  de  la  vallée,  ce  chemin  passe  du  ter- 
rain calcaire  dans  le  terrain  granitique  qui  en  occupe  le  fond  et  remonte 
sur  le  terrain  calcaire  qu'il  n'abandonne  définitivement  qu'au-dessus  de 
Triparni.  On  peut  évaluer  à  3o  ou  /Jo  kilomètres  carrés  la  superficie  visible 
de  ce  terrain.  Son  épaisseur  est  peu  considérable,  elle  paraît  atteindre  son 
maximum  dans  le  voisinage  de  Conidoni,  et,  d'après  la  hauteur  du  village 
au-dessus  de  la  vallée  où  l'on  a  fait  des  fouilles  pour  l'exploitation  du  li- 
gnite, nous  ne  l'estimons  pas  à  plus  de  loo  à  lao  mètres. 

»  Les  couches  constitutives  du  bassin  sont,  comme  il  est  dit  ci-dessus, 
des  couches  de  mollasse  coquillière  et  des  grès  calcaires  mal  agglutinés.  Ces 
dernières  variétés  se  trouvent  surtout  au  bas,  et  les  autres  à  la  partie  supé- 
rieure de  la  formation.  L'aspect  des  unes  et  des  autres  varie  notablement^ 
suivant  qu'on  les  considère  sur  les  bords  du  bassin  ou  dans  la  partie  cen- 
trale. Vers  les  bois  la  zone  inférieure  repose  siu"  un  conglomérat  dans  lequel 
sont  empâtés  des  blocs  de  gneiss,  aux  arêtes  vives  de  toutes  dimensions. 


•* 


(  I09*  ) 
Elle  est  en  outre  caractérisée  par  la  présence  d'une  couche  d'environ  i'",5o 
de  lignite  et  d'argile  comprise  au  milieu  du  grès.  Dans  le  ravin  qui  est  au 
sud  de  Papaglionti,  le  lignite  fait  peut-être  défaut,  ou  du  moins  nous  ne 
l'avons  pas  trouvé,  bien  qu'on  nous  l'eîit  annoncé;  nous  n'y  avons  vu  que 
de  l'argile  fortement  colorée  en  noir.  Au  sud-est  du  même  village  et  à  l'est 
et  au  nord-est  de  Cessaniti,  nous  avons  trouvé  le  lignite  associé  à  l'argile; 
vers  l'ouest,  au  pied  de  l'escarpement  au-dessus  duquel  est  San-Leo,  nous 
avons  retrouvé  le  lignite  et  l'argile  associés.  Sur  ces  divers  points  le  gisement 
est  uniforme;  il  a  pour  toit  une  couche  d'argile  marneuse  très-fossilifère, 
dans  laquelle  on  retrouve  partout  les  mêmes  coquilles.  Les  plus  abondantes 
appartiennent  aux  genres  buccin,  rocher,  natice,  cérite.  Une  espèce  de  ce 
dernier  est  surtout  dominante;  on  peut  la  considérer  comme  caractéristique 
de  cet  étage  du  bassin. 

»  Quant  à  la  zone  supérieure,  elle  est  signalée  sur  le  bord  du  bassin  par 
la  présence  d'un  banc  d'huîtres  qui  est  à  3  mètres  au  toit  du  lignite  ci- 
dessus,  et  qui  se  reproduit  avec  une  complète  identité  dans  les  divers  points 
observés.  Ces  huîtres  paraissent  être  de  plusieurs  espèces;  on  en  distingue 
au  moins  deux,  l'une  plate,  de  forme  arrondie,  l'autre  étroite  très-allongée, 
à  coquille  très-épaisse.  Cette  dernière  est  incomparablement  plus  abon- 
dante; on  en  trouve  dans  les  ravins  des  échantillons  monstrueux.  » 

L'auteur  décrit  ensuite  la  région  centrale  dans  laquelle  les  deux  zones 
du  terrain  ont  un  aspect  notablement  différent  de  celui  de  la  région  littorale. 
L'une  et  l'autre  sont  beaucoup  plus  épaisses  et  la  couche  de  lignite  que 
renferme  la  zone  inférieure  et  dans  laquelle  des  galeries  de  recherches  ont 
été  pratiquées,  atteint  une  épaisseur  de  a'^jSo.  La  zone  supérieure,  toujours 
calcaire,  est  formée  de  divers  bancs  composés  de  débris  coquilliers  dont 
le  plus  important,  qui  n'a  pas  moins  de  8  à  lo  mètres  d'épaisseur,  est  carac- 
térisé par  des  restes  fossiles  d'une  espèce  d'oursin  d'une  grandeur  extraor- 
dinaire et  par  des  patelles. 

a  Cette  formation,  continue  M.  Meissonnier,  nous  paraît  devoir  être  clas- 
sée parmi  les  terrains  subapennins  auxquels  appartiennent  les  collines 
subordonnées  à  la  principale  chaîne  des  Apennins  le  long  d'une  grande  par- 
tie des  côtes  d'Italie. 

»  Cette  formation  est  surtout  abondante  sur  la  côte  orientale,  le  long 
du  littoral  Adriatique  et  de  la  mer  Ionienne.  La  suite  de  notre  excursion 
nous  donnera  lieu  de  constater  qu'il  existe  entre  le  bassin  à  lignite  de  Coni- 
doni  et  les  terrains  subapennins  de  la  côte  ionienne  les  relations  les  plus 
intimes;  qu'ils  sont  contemporains  et  qu'ils  représentent  à  l'est  et  à  l'ouest 
de  cette  partie  de  la  péninsule  la  même  période  géologique.  » 


N 


(  1093  ) 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  le  Seckétaire  perpétuel  appelle 
l'attention  de  l'Académie  sur  une  pièce  imprimée  de  la  Correspondance  dans 
laquelle  il  est  également  question  des  terrains  carbonifères  de  la  Calabre.  Ce 
Mémoire,  écrit  en  italien  par  M.  Crescenzo  Montoj/nn,  capitaine  de  l'artillerie 
napolitaine,  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  faire  un 
Rapport  sur  la  communication  de  M.  Meissonnier.  ->  ^ 

ÉCONOMIE  RURALE.  —Nouvelles  observations  sur  le  caractère  chimique  général 
des  maladies  des  vers  à  soie  ;  par  M.  F.-E.  Guérin-Méneville. 

(Commission  des  vers  à  soie.) 

«  Aujourd'hui  il  semble  que  toutes  les  maladies  des  vers  à  soie  se  con- 
fondent dans  l'épidémie  qui  a  reçu  le  nom  de  gattine.  Personne  ne  se  plaint 
d'autre  chose.  La  muscardine  même  est  presque  oubliée,  et  il  arrive  à  cet 
égard  ce  qu'on  observe  dans  les  grandes  épidémies  de  l'espèce  humaine,^ 
telles  que  le  choléra-morbus  par  exemple. 

»  Ayant  pu  me  procurer,  à  grand' peine,  trois  ou  quatre  vers  à  soie  morts 
ou  mourants  de  la  muscardine,  j'ai  de  nouveau  constaté  l'état  d'acidité 
intense  de  leur  sang,  en  le  répandant  sur  du  papier  de  tournesol,  qu'il  a 
rougi  immédiatement.  Ce  papier,  ainsi  rougi,  est  toujours  ramené  à  sa  cou- 
leur primitive  quand  il  est  mouillé  avec  du  sang  de  vers  à  soie  malades  de 
la  gattine,  et  cette  expérience,"  recommencée  plusieurs  fois,  comme  les 
années  précédentes,  m'a  donné  toujours  les  mêmes  résultats,  ce  qui  dé- 
montre l'alcalinité  bien  prononcée  des  vers  atteints  de  la  gattine.  Déjà, 
depuis  plusieurs  années,  j'avais  constaté  que  le  sang  des  vers  atteints  de 
diverses  maladies  autres  que  la  muscardine,  et  qui  ont  reçu  les  noms  de 
passiSj  arpians,  luzettes,  vaches,  flats,  etc.,  présentait  aussi  le  caractère  alcalin 
très-prononcé. 

»  C'est  à  la  suite  de  ces  expériences  que  j'ai  classé  les  maladies  des  vers 
à  soie  dans  deux  grandes  divisions  : 

»  I.  Celles  résultant  d'un  excès  d'alcalinité,  ou  les  maladies  alcalines 
(passis,  arpians,  vaches,  gattins,  etc.),  qui  ont  toutes  pour  terminaison  un 
ramollissement  putride; 

»  II.  Celles  résultant  d'un  excès  d'acidité,  ou  les  maladies  acides^  (mus- 
cardine et  ses  variétés),  qui  ont  pour  terminaison  l'endurcissement  des  vers 
et  le  développement  d'une  production  phytoïde  (le  botrytis). 

»  Ayant  fait  connaître  ailleurs  les  caractères  microscopiques  du  sang  dans 
ces  deux  grandes  catégories  de  maladies,  je  n'y  reviendrai  pas  ici. 

»  Il  résulte  de  ces  expériences  et  des  nombreux  faits  observés  en  même 


(  I094  ) 
temps  dans  le  laboratoire  et  dans  la  grande  culture,  que  l'emploi  des  acides 
est  indiqué  par  la  science  théorique  lorsque  les  vers  sont  atteints  de  la  ma- 
ladie alcaline,  quand  leur  fluide  nourricier  contient  trop  d'alcali,  que  cet 
excès  provienne  d'un  affaiblissement  général  de  tout  leur  organisme  amené 
,  par  une  nourriture  moins  substantielle  et  propagé  ensuite  par  la  génération, 
ou  vienne  d'autres  causes  qui  restent  à  chercher.  Alors  les  repas  de  feuilles 
mouillées  avec  du  vinaigre  pur  ou  étendu,  avec  l'acide  sulfurique  étendu 
d'eau,  ou  saupoudrés  avec  de  la  fleur  de  soufre,  et  les  fumigations  d'acide 
sulfureux  surtout,  peuvent  amener  des  résultats  favorables. 

))  Au  contraire,  l'emploi  des  alcalis  sous  toutes  leurs  formes,  telles  que  pou- 
drages.à  la  chaux  vive  et  éteinte,  repas  de  feuilles  mouillées  avec  de.s  liquides 
alcalins,  etc.,  devient  nécessaire  et  rationnel  comme  susceptible  d'arrêter 
les  progrès  d'une  attaque  de  niuscardine,  ou  de  la  prévenir  dans  les  années 
où  cette  maladie  tend  à  dominer.  Dans  ce  cas,  on  peut  espérer  de  neutra- 
liser l'excès  d'acide  développé  dans  les  liquides  des  vers,  que  cet  excès  pro- 
vienne de  la  qualité  particulière  de  la  feuille,  trop  riche  peut-être  en  matière 
nutritive,  ou  d'autres  causes  encore  inconnues. 

»  Ce  qui  me  fait  penser  que  l'acidité  des  vers  amena\it  la  muscardine 
peut  provenir  d'une  feuille  trop  riche  en  principes  nutritife,  c'est  que  cette 
maladie  sévit  principalement  dans  des  temps  où  les  éducations  marchent  le 
mieux,  où  les  arbres  ne  sont  pas  malades,  et  sur  les  vers  les  plus  beaux  et 
les  plus  vigoureux.  Le  plus  souvent  une  magnanerie  en  est  frappée  au  mo- 
ment où  les  vers  sont  bien  développés,  offrent  l'aspect  le  plus  prospère  et 
mangent  le  plus  avidement  une  excellente  feuille  provenant  de  beaux  arbres 
cultivés  dans  un  terrain  riche.  Il  y  a  là  évidemment,  comme  l'a  si  ingénieu- 
sement établi  M.  Grassi,  de  Milan,  un  excès  de  vitalité,  et  cela  semble  d'au- 
tant plus  vrai,  que  cette  vitalité,  au  maximum  d'intensité,  forme  le  carac- 
tère, l'état  terminal  de  la  vie  normale  de  ces  insectes,  puisque  j'ai  démontré 
depuis  longtemps  que  chez  les  papillons  prêts  à  se  reproduire,  arrivés  par 
conséquent  au  but  essentiel  de  toutes  les  autres  phases  de  leur  existence, 
le  liquide  nutritif  est  à  l'état  acide  tellement  développé,  que  le  papillon 
meurt  muscardin. 

»  L'alcalinité  des  liquides  des  vers  se  manifeste  toujours,  au  contraire, 
quand  le  mouvement  vital  est  ralenti,  soit  par  une  nutrition  insuffisante  au 
point  de  vue  de  la  quantité  et  surtout  de  la  qualité,  soit  par  luie  gêne  dans  le 
travail  physiologique.  Ainsi  des  feuilles  malades,  trop  jeunes  ou  trop  vieilles, 
données  à  des  vers  trop  vieux  ou  trop  jeunes,  le  manque  d'aération  gênant 
le  jeu  des  organes,  une  respiration  ralentie  par  l'obstruction  de  quelques 
stigmates,  etc.,  etc.,  sont  autant  de   causes  qui  semblent  amener  l'excès 


(  '09'5  ) 
d'âlcafiiiité  dans  l'organisme  des  vers  à  soie,  et  tous  ceux  qui  meurent  par 
"ces  causes  arrivent  à  la  décomposition  putride.  ' 

»  L'affaiblissement  des  fonctions  vitales  des  vers  à  soie  atteints  de  l'épi- 
démie alcaline  se  manifeste  avec  la  plus 'grande  évidence  chez  les  vers  gat- 
tinés  surtout,  et  tous  les  éducateurs  l'ont  observé  et  signalé.  Ainsi  ces  vers 
se  développent  plus  lentement  et  traînent  une  vie  languissante;  leurs  mues 
sont  pénibles,  se  prolongent  souvent  plusieurs  jours,  et  les  vers  les  ter- 
minent à  des  moments  différents,  ce  qui  amène  l'inégalité,  principal  et  fatal 
caractère  de  l'épidémie. 

»  Un  fait  consolant  vient  aujourd'hui  montrer  que  l'épidémie,  qui  n'est 
nullement  contagieuse,  commence  à  entrer  dans  la  période  décroissante  : 
c'est  que  la  gattine  ne  frappe,  en  général,  les  vers  qu'en  partie  et  à  un  âge 
plus  avancé  que  les  années  précédentes.  Chez  la  plupart  des  races  du  pays, 
elle  ne  se  montre  sérieusement  qu'au  sortir  de  la  quatrième  mue,  et  un 
grand  nombre  de  ces  vers  se  rétablit,  tandis  que  les  années  précédentes 
tous  périssaient.  » 

ÉCONOMIE  nuRALE.  —  Note  sur  [éducation  des  vers  à  soie  et  sur  un  moyen 
pour  combattre  la  maladie  actuelle  de  ces  insectes;  proposé  par  M.  Cauvv. 
(Extrait.) 

(Commission  des  vers  à  soie.) 

«  J'ai  toujours  considéré  la  fermentation  des  litières  comme  l'origine 

de  la  plupart  des  maladies  qui  s'observent  dans  les  magnaneries.  Dans  les 
petiïes  éducations,  il  est  assez  facile  d'opérer  de  fréquents  délitages  et  de  s'op- 
poser ainsi  à  réchauffement  des  litières  ;  mais  dans  les  grandes  chambrées  et 
surtout  dans  les  derniers  âges  des  vers  à  soie,  il  arrive  très-souvent,  même  dans 
les  magnaneries  les  mieux  soignées,  que  les  litières  éprouvent  un  commen- 
cement de  fermentation.  Convaincu  de  ce  fait,  je  cherchai  un  moyen  oapable 
d'empêcher  les  effets  d'une  fermentation  possible.  Le  chlore  est  l'agent  qui 
devait  se  présenter  à  mon  esprit  comme  le  plus  propre  à  atteindre  ce  but  ; 
je  l'employai  en  effet,  mais  sous  plusieurs  états,  ou,  pour  mieux  dire,  de 
différentes  manières;  ainsi  je  pratiquais  de  fréquentes  fumigations  par  le 
chlore  gazeux  que  je  faisais  dégager  du  chlorure  de  chaux  délayé  dans  l'eau, 
à  laquelle  j'ajoutais  une  quantité  d'acide  chlorhydrique  suffisante  pour 
qu'une  légère  odeur  de  chlore  se  fit  sentir  dans  toutes  les  parties  de  l'ate- 
lier. C'est  surtout  pendant  et  immédiatement  après  les  délitages  que  ces 
fumigatioris  étaient  pratiquées  avec  avantage.  L'air  de  la  magnanerie  ainsi 

C.  R.,   i858,   i"  Semestre.  (T.  XLVI,  Nogô.)  1^2 


(  rogc  ) 

chargé  de  chlore  se  trouvait  parfaitement  puriBé  des  effluves  des  htières  ;  mais 
les  vers  à  soie  n'en  étaient  pas  moins  plongés  dans  une  couche  d'air  rendu 
bientôt  malsain  par  les  émanations  des  litières  et  par  leur  propre  respira- 
tion ;  pour  purifier  cette  couche  d'air  en  contact  immédiat  avec  les  vers  à 
soie  et  la  htière,  j'avais  recours  encore  au  chlorure  de  chaux,  mais  cette  fois 
c'était  au  sein  même  des  litières  que  je  le  plaçais  à  l'état  pulvérulent.  Là,  sous 
l'influence  simultanée  de  l'acide  carbonique  et  de  l'humidité  des  débris  des 
feuilles,  ce  sel  est  décomposé  peu  à  peu  et  constitue  ainsi  une  source  per- 
manente de  chlore  qui  détruit  à  chaque  instant  les  effluves  miasmatiques  à 
mesure  qu'elles  se  produisent.  L'expérience  m'a  prouvé  que  la  petite  quan- 
tité de  chlore  dont  se  charge  ainsi  la  couche  d'air  où  se  meuvent  les  vers  à 
soie,  bien  loin  de  leur  être  nuisible,  paraît  leur  donner  plus  de  vigueur;  ils 
mangent  avec  voracité  la  feuille  quoique  sentant  un  peu  le  chlore. 

»  On  doit  employer  le  chlorure  de  chaux  en  poudre  sèche,  et  rejeter 
celui  qui  est  gras  au  toucher  et  qui  a  déjà  attiré  en  trop  grande  propor- 
tion l'humidité  de  l'air.  On  peut  l'employer  seul  ou  mélangé  avec  une  ou 
deux  fois  son  poids  de  plâtre  passé  au  tamis.  Ce  mélange  est  plus  conve- 
nable sous  plusieurs  rapports  que  le  chlorure  seul.  Ce  sel  se  répand  ainsi 
plus  uniformément,  il  se  divise  mieux  sur  toute  la  surface  que  l'on  veut 
saupoudrer,  son  dosage  est  plus  facile.  On  peut  étendre  le  chlorure  seul  ou 
mélangé  de  plâtre,  soit  à  la  main,  soit  à  l'aide  d'une  passoire  en  fer-blanc  ou 
de  l'un  de  ces  sabliers  dont  on  se  sert  pour  projeter  le  soufre  sur  la  vigne. 

»  Quant  à  la  quantité  de  chlorure  à  employer,  elle  dépend  de  l'âge  des 
vers  à  soie  et  de  l'étendue  des  claies  à  recouvrir.  i'"\5oo  d'un  bon  chlorure 
de  chaux  peut  suffire  pour  l'éducation  complète  des  vers  à  soie  provenant 
de  3o  grammes  de  graine  saine.  Il  faut  répandre  d'autant  moins  de  chlo- 
rure sur  une  même  surface  que  les  vers  sont  plus  jeunes;  pour  le  cinquième 
âge,  il  suffit  par  rnètre  carré  de  surface  occupée  ou  à  occuper  par  les  vers  à 
soie  de  3o  à  35  grammes  de  chlorure  pur  répandu  aussi  uniformément 
que  possible  bu  d'un  poids  équivalent  de  mélange  de  ce  sel  avec  le  plâtre. 
Pour  le  premier  âge ,  5  grammes  de  chlorure  suffiront  pour  chaque 
mètre  carré  de  surface;  c'est  dans  ce  cas  surtout  que  le  mélange  du  chlo- 
rure de  chaux  avec  le  plâtre  est  nécessaire  pour  répartir  l'agent  chimique, 
plus  unifoi'ménient;  pour  les  âges  intermédiaires,  on  emploie  toujours  pour 
chaque  mètre  carré  de  surface  des  poids  intermédiaires;  ainsi  pour  le 
deuxième  âge,  7  à  8  grammes;  pour  le  troisième  âge,  i5  à  16  grammes  ;  et 
enfin  25  grammes  environ  pour  le  quatrième  âge.  » 


>  (  1097  ) 

M.  l'abbé  Thirion,  qui  avait  précédemment  adressé  d'Àische,  près  Namur 
(Belgique),  une  Note  sur  une  «  invention  relative  à  la  transformation  ou 
transmission  des  mouvements  circulaires,  »  adresse  aujourd'hui  la  descrip- 
tion d'un  moulin  à  vent  dans  lequel  il  a  fait,  dit-il,  avec  un  plein  succès  une 
application  de  cette  invention.  Une  figure  jointe  à  la  description  représente 
l'appareil  avec  certains  perfectionnements  imaginés  depuis  sa  construction. 
Un  modèle  du  dispositif  indiqué  dans  la  première  communication  n'avait 
pu,  par  suite  des  règlements  de  douane,  parvenir  à  l'Académie  en  même 
temps  que  la  Note.  M.  le  Ministre  des  Finances  ,  sur  la  demande  de 
MM.  les  Secrétaires  perpétuels,  a  autorisé  l'admission  en  franchise  de  cette 
pièce,  et  annonce,  par  une  Lettre  en  date  du  3i  mai,  qu'il  a  donné  à  la 
douane  de  Paris  des  ordres  pour  qu'elle  soit  remise  à  la  personne  chargée 
de  la  retirer. 

Ces  pièces,  ainsi  qu'un  numéro  du  journal  l'Emancipation  de  Bruxelles, 
où  se  trouve  une  courte  description  du  moulin  à  vent  de  M.  l'abbé  Thirion, 
sont  renvoyées  à  l'examen  de  la  Commission  précédemment  nommée,  Com- 
mission qui  se  compose  de  MM.  Combes  et  Séguier. 

M.  E.  BvRDEL  adresse  de^'ierzon  des  Recherches  sur  les  véritables  causes 
de  l'impaludation.  , 

«  Je  crois,  dit  l'auteur,  avoir  suffisamment  démontré  dans  ce  Mémoire 
que  le  miasme  fébrifère  n'est  pas  constitué  par  un  agent  toxique,  poison 
formé  de  détritus  organiques  suspendus  dans  l'air;  que,  par  conséquent,  ni 
les  plantes,  ni  les  animaux  microscopiques  ou  autres,  ni  les  gaz  qu'on  avait 
cru  contribuer  au  développement  de  ce  fléau,  ne  sont  pour  rien  dans  ce 
qu'on  appelle  l'effluve  paludéen  ;  qu'au  contraire  la  véritable  cause  de 
l'impaludation  réside  tout  entière  dans  une  perturbation  spéciale  du  fluide 
électrique  de  l'atmosphère...  » 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Becquerel,  Payen.j 

M.  L.  GiLLET,  vétérinaire  à  Valencey,  soumet  au  jugement  de  l'Académie 

des  Observations  sur  la  contagion  chez  les  animaux  domestiques. 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Andral,  Rayer.) 

M.  RiTz,  qui  avait  précédemment  présenté  une  Note  sur  l'emploi  de 
r/»^/fce  comme  moyen  de  direction  des  aérostats,  prie  de  nouveau  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Commission  à  l'examen  de 
laquelle  cette  Note  a  été  soumise.  M.  Ritz  n'ayant  pas  eu  d'accusé  de  récep- 

142.. 


(   'ogB  ) 
tion  de  deux  précédentes  Lettres  qu'il  avait  adressées  dans  le  même  but 
suppose,  mais  à  tort,  que  ces  I^ettres  ne  sont  pas  parvenues  à  l'Académie. 

(Renvoi  aux  Commissaires  déjà  nommés,  MM.  Piobert,  Morin,  Séguier.) 

M.  DE  QcATREFAGEs  est  remplacé  par  M.  IMilne  Edwards  dans  la  Commis- 
sion nommée  pour  une  Note  de  M.  Jolj  sur  un  nouveau  cas  tératologique 
(monosomiens  rhinodymes). 

CORRESPONDANCE. 

M.  Ch.  Sai.\te-Claire  Deville  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre 
écrite  de  Naples  par  M.  Mauget,  directeur  du  forage  artésien,  en  date  du 
I  *■■  juin  : 

((  Nous  sommes-entourés  de  phénomènes  magnifiques,  mais  malheureu- 
sement trop  souvent  terribles  dans  leurs  effets.  Lundi  24  mai,  deux  se- 
cousses de  tremblement  de  terre;  jeudi,  une  trombe  terrestre  enlève  une 
vingtaine  d'arbres  de  la  Villa-Reale  et  respecte  notre  baraque  de  sondage  ; 
à  8  heures  du  matin,  une  trombe  marine  apparaît  vers  Fa  pointe  de  Pausi- 
lippe.  Enfin,  le  même  jour,  le  Vésuve  vomit  sa  lave  à  flots  dans  six  diffé- 
rentes directions.  Toute  la  montagne  est  embrasée  aujourd'hui.  Cette  érup- 
tion est  une  des  plus  belles  que  l'on  ait  vues.  La  lave  arrivait  ce  matin  dans 
le  bas  du  Fosso-Grande,  et,  d'un  autre  côté,  elle  commençait  à  envahir  et  à 
dévaster  les  propriétés  et  fermes  qui  surmontent  Résina  et  Portici.  Ces  deux 
points  sont  sérieusement  menacés.  « 

La  uîème  Lettre  annonce  im  nouvel  accroissement  dans  le  volume  d'eau 
fourni  par  le  puits  artésien  du  palais  du  Roi.  Le  débit  atteint  aujourd'hui 
I  733  litres  d'eau  par  minute  (i). 

Enfin,  lui  second  forage^  entrepris  par  MM.  Degousée  et  Ch.  Laurent,  sur 
un  autre  point  de  la  ville  de  Naples  (la  Villa-Reale),  situé  seulement  à  3  mè- 
tres au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  se  poursuit  avec  activité,  et  tout  fait 
es[)érer  qu'avant  uo  mois  le  résultat  sera  atteint  et  l'eau  jaillissante  obtenue. 

CHIMIE.  —  Recherches  sur  le  molybdène;  par  M.  H.  Deuray. 
«  L   On  trouve  actuellement  dans  le  commerce,  sous  le  nom  (ïacide 


(i)  Le  volume  tl'eau  fourni  ])ar  le  puits  de  Grenelle,  a|)i'ès  avoir  atteint,  dès  le  début,  plus 
de  2'joo  litres  par  minute  (Note  de  M.  Arago  dans  les  Comptes  rendus,  tome  XII,  page  4oi), 
et  avoir  subi,  comme  on  sait,  de  grandes  variations,  est  actuellement  de  660  litres  à  la 
cuvette  supérieure,  et  du  double  environ  au  niveau  du  sol  de  l'abattoir. 


(  '099  ) 
moljbdiqué  d Allemagne,  un  molybdate  acide  de  soude  hydraté  qui  peut  fat- 
cilement  servir  à  la  préparation  de  l'acide  molybdtque,Pt  partant  des  divers 
composés  dû  molybdène.  J'indiquerai  rapidement  la  méthode  que  j'ai  suivre 
pour  en  extraire  l'acide  pur. 

»  Le  molybdate  acide  de  soude ,  mélangé  de  son  poids  de  chlorhydrate 
d'ammoniaque  bien  pulvérisé,  est  chauffé  dans  un  creuset  de  terre  jusqu'à 
la  température  du  rouge.  Il  se  produit  alors  du  sel  marin,  en  même  temps 
que  de  l'acide  molybdique  et  du  molybdène  métallique.  Mais  ces  ma- 
tières ne  sont  pas  les  seules  qui  prennent  naissance  dans  la  réaction  :  il  se 
forme  en  outre  une  notable  quantité  de  sulfure  de  molybdène,  dont  la  pro- 
duction s'explique  facilement,  si  l'on  remarque  que  parmi  les  sels  étrangers 
contenus  dans  l'acide  d'Allemagne  on  trouve  du  sulfate  de  soude.  Le  soufre 
ayant  pour  le  molybdène  une  affinité  toute  spéciale,  on  conçoit  que  le  sul- 
fate et  le  molybdate  de  soude  puissent,  sous  l'influence  du  sel  ammoniacal, 
donner  naissance,  entre  autreâ  produits,  à  du  chlorure  de  sodium  et  à  du 
sulfure  de  molybdène.  Le  résultat  final  de  l'opération  est  donc  un  mélange 
de  métal,  d'oxyde  et  de  sulfure  insolubles,  que  l'on  sépare  facilement,  à 
l'aide  de  l'eaû,  du  sel  marin  formé  et  des  sels  solubles  qui  souillaient  le 
molybdate  employé.  Au  commencement,  l'eau,  fortement  chargée  de  sels, 
passe  incolore.  Mais  quand  la  quantité  de  matières  dissoutes  diminue,  elle 
prend  une  teinte  bleuâtre  qui  annonce  la  dissolution  d'une  certaine  quan- 
tité d'oxyde;  mais  la  perte  de  métal  qui  en  résulte  est  trop  minime  pour 
que  l'on  ait  intérêt  à  le  rechercher  dans  les  eaux  de  lavage. 

»  A  cause  de  leur  état  de  division  extrême,  le  molybdène,  l'oxyde  et  le 
sulfure  ainsi  obtenus  brûlent  avec  une  extrême  facilité,  même  au-dessous  de 
la  température  rouge.  Leur  transformation  en  acide  est  donc  facile  ;  pour 
qu'elle  soit  complète,  il  convient  de  griller  d'abord  le  mélange  dans  un  tét 
à  une  température  assez  basse,  afin  de  ne  pas  perdre  d'acide,  qui  est  volatil 
au  rouge,  puis  de  mettre  le  produit  dans  une  nacelle  de  platine,  que  l'on 
chauffe  au  bon  rouge  dans  un  tube  de  terre  légèrement  incliné,  dont  on 
bouche  imparfiiitement  les  extrémités  avec  deux  tampons  de  terre.  Sons 
l'influence  du  faible  courant  d'air  qui  se  produit  dans  le  tube,  l'acide  mo- 
lybdique se  volatilise  et  vient  se  déposer  dans  la  partie  supérieure  dii  tube 
en  lames  cristallines  d'une  grande  beauté,  et  que  l'on  peut  comparer,  sous, 
ce  rapport,  à  la  naphtaline  sublimée.  Ce  procédé  de  grillage  a  été  em- 
ployé, comme  on  le  sait,  par  M.  Wohler  pour  retirer  l'acide  molybdique 
du  sulfure  naturel;  mais  alors  l'opération  marche  bien  plus  lentement 
qu'avec  le  mélange  qui  a  servi  à  mes  recherches. 

»  Si  l'on  voulait  obtenir  très-rapidement  une  grande  quantité  d'acide 


(  iioo  ) 
molybdique  on  attaquerait  le  mélange  par  de  l'acide  nitrique  concentré. 
L'action  est  très-vive  d'abord  ;  mais,  pour  la  compléter,  il  faut  porter  pen- 
dant quelque  temps  l'acide  à  l'ébullition.  Cette  seconde  méthode  peut 
donner  aussi  de  l'acide  pur;  cependant  je  ne  l'ai  employée  que  pour  obtenir 
celui  que  je  transformais  en  sels.  J'ai  préféré  me  servir  de  la  première  quand 
j'ai  voulu  obtenir  un  produit  absoUunent  pur,  destiné  à  la  préparation  du 
molybdène. 

»  II.  On  obtient  le  molybdène  métallique  en  réduisant  l'acide  par  l'hydro- 
gène à  une  température  basse  d'abord,  et  que  l'on  élève  ensuite  jusqu'au 
blanc,  pour  achever  l'opération.  Le  métal  ainsi  obtenu  est  dans  un  état  de 
division  extrême;  il  ne  présente  aucune  trace  de  fusion,  ni  même  d'agglo- 
mération, comme  le  ferait  le  platine  dans  les  mêmes  circonstances.  A  cet 
état  il  a  été  étudié  avec  soin  par  un  grand  nombre  de  chimistes,  et  notam- 
ment par  Berzelius  etBucholz ,  à  qui  nous  sommes  redevables  de  recherches 
étendues  sur  le  molybdène.  Je  n'insisterai  donc  pas  sur  ses  propriétés  phy- 
siques ou  chimiques,  qui  sont  détaillées  dans  le  Traité  de,  Berzelius. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  du  métal  fondu,  qui  jusqu'ici  ne  paraît  pas 
avoir  été  obtenu  dans  un  état  de  pureté  suffisant.  A  la  vérité,  Bucholz  pré- 
tend avoir  obtenu  du  molybdène  en  culots  arrondis,  du  poids  de  plusieurs 
grammes,  en  chauffant  dans  un  creuset  brasqué  du  bimolybdate  de  potasse 
au  feu  d'un  bon  fourneau  à  vent.  J'ai  tout  lieu  de  croire  que  le  métal  de 
Bucholz  contenait  quelque  matière  étrangère  qui  lui  donnait  de  la  fusibi- 
lité, et  j'espère  que  mon  assertion  paraîtra  moins  hasardée  quand  j'aurai 
fait  connaître  les  circonstances  dans  lesquelles  j'ai  réussi  à  fondre  ce  métal 

réfractaire. 

»  Après  avoir  vainement  tenté  de  répéter  l'expérience  de  Bucholz,  jai 
essayé  de  fondre  le  molybdène  réduit  par  l'hydrogène  dans  un  creuset  de 
charbon  entouré  d'une  enveloppe  de  chaux,  que  je  portais  à  la  température 
donnée  par  le  feu  d'une  forge  alimentée  avec  des  escarbilles.  On  se  rappelle 
que  M.  H.  Sainte-Claire  Deville  a  pu  fondre  le  platine,  et  même  le  quartz, 
dans  ce  foyer  de  chaleur  intense.  Malgré  l'habitude  que  j'avais  de  l'appa- 
reil, il  me  fut  impossible,  non-seulement  de  fondre  le  molybdène,  mais 
même  de  l'agglomérer.  Les  particules  métalliques  ne  paraissaient  avoir  subi 
aucun  rapprochement.  D'autres  expériences  faites  à  l'aide  de  divers  fondants 
ne  réussirent  pas  mieux.  J'employai  alors  un  appareil  où  l'on  peut  chauffer 
des  creusets  en  charbon  protégés  par  un  creuset  en  chaux,  à  l'aide  du  cha- 
lumeau à  hydrogène  et  oxygène,  et  où  la  température  peut  facilement  être 
portée  jusqu'au  point  de  fusion  du  rhodium.  Nous  en  donnerons  prochai- 
nement, MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  moi,  une  description  complète,  en 


(  iioi  ) 
même  temps  que  le  détail  des  expériences  qu'il  nous  a  permis  de  réaliser. 
Dans  ces  conditions,  et  en  employant  divers  fondants  fixes,  l'aluminate  de 
chaux  par  exemple,  j'ai  obtenu,  non  à  coup  sûr  cependant,  le  métal  fondu. 
Je  me  suis  assuré  qu'à  cette  température  énorme  le  tungstène  pouvait  être 
fondu,  quoique  plus  difficilement  que  le  molybdène. 

I)  Le  métal  que  j'ai  obtenu  n'est  pas  absolument  pur;  l'analyse  y  a  décelé 
de  4  à  5  pour  loo  de  charbon  ,  ce  qui  a  dû  augmenter  sa  fusibilité.  Mais 
on  comprendra  toute  la  difficulté  de  cette  préparation  si  l'on  réfléchit  que 
l'acide  molybdique  est  volatil.  Il  faut  donc,  pour  ne  pas  perdre  tout  le 
métal ,  le  fondre  dans  des  creusets  en  charbon  ,  qui  le  transforment  mal- 
heureusement en  fonte,  mais  qui  le  préservent  de  l'action  oxydante  du 
mélange  gazeux  dans  lequel  il  est  chauffé.  Si  la  flamme  contenait  un  excès 
d'hydrogène,  sa  température  en  serait  tellement  abaissée,  que  la  fusion  du 
métal  y  deviendrait  absolument  impossible. 

>>  Le  corps  que  j'ai  obtenu  est  blanc;  son  éclat  se  rapproche  de  celui  de 
l'argent.  Il  raye  le  verre,  la  topaze  avec  facilité;  l'acier  le  plus  dur  ne  peut 
mordre  sur  lui  ;  on  ne  peut  le  polir  par  la  poudre  de  bore,  on  l'égrène  seule- 
ment par  un  frottement  prolongé.  Sa  densité  est  de  8,6,  c'est-à-dire  la  moi- 
tié de  celle  du  tungstène.  Ses  propriétés  chimiques  ne  diffèrent  pas  de  celles 
du  métal  divisé.  Je  n'en  parlerai  donc  pas  ici;  j'insisterai  seulement  sur  son 
infusibilité,  qui  le  rapproche  plus  du  tungstène  qu'on  ne  l'avait  cru 
jusqu'ici. 

»  III.  Je  me  suis  occupé  également  de  l'étude  de  quelques  composés  du 
molybdène.  Dans  une  prochaine  communication,  j'aurai  l'honneur  de  faire 
connaître  à  l'Académie  les  résultats  de  mon  travail.  J'en  indiquerai  seule- 
ment  quelques-tins  dans  cette  JNote. 

»  Lorsqu'on  fait  passer  de  l'acide  chlorhydrique  gazeux  sur  de  l'acide 
molybdique  légèrement  chauffé  (i5o  ou' 200  degrés),  il  se  produit  un 
composé  blanc,  cristallisé,   très-volatil  et  très-soluble  dans  l'eau.  Sa  com- 

position  est  représentée  parla  formule  MO^HCl,  ou  .  |  HO.  La  cha- 
leur le  décompose  en  acides  chlorhydrique  et  molybdique  ,  et  l'on  ne  peut 
le  volatiliser  que  dans  le  gaz  chlorhydrique.  Si  l'on  évapore  sa  dissolution, 
on  n'obtient  que  de  l'acide  molybdique  amorphe. 

»  Cette  tendance  à  s'unir  à  d'autres  acides  se  retrouve  vis-à-vis  de  l'acide 
phosphorique ,  qui  peut  dissoudre  une  quantité  très-considérable  d'acide 
molybdique  non  volatilisé.  Mais  la  combinaison  ainsi  obtenue  ne  donne 
pas  de  cristaux  ;  elle  devient  seulement  sirupeuse  par  l'évaporation.  En  la 


(    II02    ) 

saturant  par  une  dissolution  d'ammoniaque,  on  obtient  par  le  refroidisse- 
ment de  la  liqueur  de  beaux  cristaux  d'un  sel  à  acide  double  dont  la  com- 
position paraît  assez  simple.  La  dissolution  de  ce  sel,  traitée  par  l'acide 
nitrique,  donne  le  précipité  jaune  qui  prend  naissance,  comme  l'a  démon- 
tré M.  Henri  Rose,  toutes  les  fois  que  l'on  met  en  présence  l'acide  phospho- 
rique  et  la  dissolution  du  molybdate  d'ammoniaque  dans  l'acide  nitrique, 
dette  matière  renferme  une  certaine  quantité  d'ammoniaque,  que  l'on  peut 
lui  enlever  en  la  faisant  bouillir  dans  l'eau  régale.  Elle  se  dissout  alors  en 
totalité,  et  la  liqueur,  refroidie,  laisse  déposer  de  magnifiques  cristaux  jaunes 
(J'acide  molybdique  liydraté,  MO%  2  HO.  Ces  cristaux  sont  très-solubles 
dans  l'eau;  on  peut  donc  les  faire  recristalliser  ;  mais  il  m'a  été  impossible 
d'en  enlever  par  ce  moyen  une  petite  quantité  d'acide  phosphorique  (3  à 
4  pour  100),  qui  paraît  nécessaire  à  leur  formation. 

»  Je  terminerai  en  indiquant  encore  un  nouveau  produit  que  l'on  obtient 
en  mélangeant,  à  une  basse  température,  des  dissolutions  concentrées  de 
sulfhydrate  et  de  molybdate  d'ammoniaque.  Il  se  produit,  au  bout  de 
quelques  ipstants,  des  aiguilles  d'un  beau  jaune  d'or  d'un  corps  qui  paraît 
renferpier  de  l'acide  molybdique,  de  l'acide  sulfhydrique  et  de  l'ammo- 
nii^que.  J'ai  lieu  de  croire  que  d'autres  acides  peuvent  donner  des  combi- 
naisons analogues.  Leur  étude  fera  l'objet  d'un  prochain  travail.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  la  Synthèse  des  carbures  d hydrogène; 

par  M.  Berthelot. 

«  Partis  de  l'étude  des  principes  immédiats  qui  entrent  dans  la  constitu- 
tion des  êtres  vivants,  les  chimistes  ont  cherché  d'abord  à  les  transformer 
les  uns  dans  les  autres,  en  les  détruisant  par  les  réactifs  d'une  manière  gra- 
duelle et  régulière,  en  passant  du  composé  primitif  à  des  composés  moins 
compliqués,  de  ceux-ci  à  d'autres,  et  ainsi  de  proche  en  proche,  jusqu'aux 
termes  simples  d'une  destruction  totale.  C'est  ainsi  que  des  composés  ter- 
naires, formés  de  carbone,  d'hydrogène  et  d'oxygène,  on  passe  aux  carbures 
d'hydrogène;  c'est  ainsi  que  l'on  groupe  autour  des  alcools  la  plupart  des 
composés  organiques.  Mais  on  ne  savait  point  jusqu'ici  remonter  cette 
échelle,  partir  des  corps  élémentaires  pour  former  par  le  seul  jeu  des  affi- 
nités que  l'on  a  coutume  de  mettre  en  œuvre  dans  la  nature  inorganique 
des  carbures  d'hydrogène,  puis  des  alcools  et  des  composés  oxygénés  de 
plus  en  plus  compliqués. 

»,  Les  exemples  de  synthèse  étaient  si  rares,  tellement  isolés  et  si  peu 


(  iio3  ) 
féconds,  que  la  plupart  des  esprits  étaient  même  portés  à  regarder  comme 
chimérique  l'espérance  de  refaire  d'une  manière  générale  les  substances 
organiques  au  moyen  des  corps  simples  qui  les  constituent.  C'est  ainsi  que 
Gerhardt  avait  pu  dire,  il  y  a  quelques  années  :  «  J'y  démontre  que  le  chi- 
»  miste  fait  tout  l'opposé  de  la  nature  vivante,  qu'il  brûle,  détruit,  opère 
»  par  analyse  ;  que  la  force  vitale  opère  par  synthèse,  qu'elle  reconstruit 
»  l'édifice  abattu  par  les  forces  chimiques.  »  (  Comptes  rendus,  t.  XV,  p.  498.) 

»  Quelles  que  fussent  les  opinions  spéculatives  sur  cet  objet,  aucun 
alcool  n'avait  été  produit  expérimentalement  au  moyen  d'un  carbure  d'hy- 
drogène, aucun  carbure  n'avait  été  formé  avec  ses  éléments 

»  C'est  cette  œuvre  de  synthèse  que  j'ai  poursuivie  depuis  plus  de  huit 
années  et  dont  le  présent  Mémoire  renferme  le  point  de  départ. 

»  J'ai  réussi  à  former  au  moyen  de  composés  minéraux  et  par  voie  pure- 
ment chimique  les  principaux  carbures  d'hydrogène;  à  l'aide  de  méthodes 
générales,  j'ai  transformé  les  carbures  en  composés  alcooliques.  J'ai  trouvé 
divers  procédés  généiaux  qui  permettent  de  métamorphoser  un  acide,  un 
composé  oxygéné  dans  l'alcool  correspondant;  un  composé  simple  dans  une 
substance  plus  carburée  et  d'un  ordre  de  complication  plus  élevé  :  en  un 
mot,  tous  les  premiers  termes  de  la  synthèse,  et  les  plus  difficiles  se  trou- 
vent réalisés;  l'intervention  des  actions  lentes,  des  affinités  faibles  et  délica- 
tes, suffit  pour  atteindre  le  but.  Elle  permettra  d'aller  plus  loin,  car,  à 
mesure  que  l'on  s'élève  à  des  composés  plus  compliqués,  les  réactions  de- 
viennent pins  faciles  et  plus  variées,  et  les  ressources  de  la  synthèse  augmen- 
tent à  chaque  pas  nouveau. 

»  Les  expériences  relatives  à  la  transformation  des  carbures  d'hydrogène 
en  alcools  ont  déjà  été  développées  devant  l'Académie;  je  vais  exposer  celles 
qui  concernent  la  synthèse  des  carbures  d'hydrogène  suivants  : 

Gaz  des  marais C  H*, 

Gaz  oléfiant. C*  H', 

Propylène G*  H", 

Butylène C»  H% 

Amylène C"W, 

Benzine .'.  ;  .    G"HS 

Naphtaline C^'H». 

»  Le  carbone  ne  se  combine  pas  directement  avec  l'hydrogène,  mais  on 
peut  chercher  à  réaliser  cette  combinaison  par  des  procédés  indirects  et  en 
profitant  de  l'état  naissant,  c'estrà-dire  de  l'aptitude  à  entrer  dans  une  coni- 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLV!,N«25.)  "i-^ 


(   iio/i  ) 
binaison  nouvelle  que  possèdent  les  corps  au  moment  où  ils  sortent  d'une 
autre  combinaison. 

»  Pour  prévenir  tout  soupçon  relatif  à  l'origine  des  matières  premières 
employées  dans  ces  expériences,  on  a  tiré  le  carbone  de  combinaisons  pure- 
ment minérales  et  notamment  du  carbonate  de  baryte,  car  dans  les  expé- 
riences de  synthèse,  les  résultats  ne  peuvent  être  regardés  comme  concluants 
que  s'ils  ont  été  obtenus  avec  des  composés  parfaitement  définis,  tels  que 
les  corps  gazeux,  volatils  ou  cristallisés,  et  s'ils  ont  été  réalisés  par  une 
série  d'opérations  dans  lesquelles  on  a  employé  seulement  des  réactifs,  des 
agents  et  des  dissolvants  purement  minéraux.  I^s  résultats  contenus  dans 
ces  recherches  ont  été  réalisés  avec  toute  la  rigueur  des  conditions  précé- 
dentes. iMais  les  substances  d'origine  organique,  et  notamment  le  charbon, 
ont  été  formellement  exclus  de  ces  expériences,  parce  que  les  résultats  aux- 
quels aurait  pu  conduire  leur  emploi  seraient  nécessairement  douteux;  en 
effet,  toutes  ces  substances,  et  le  charbon  en  particulier,  retiennent  presque 
constamment  de  petites  quantités  d'hydrogène,  et  conservent  d'ordinaire 
une  structure  spéciale,  dépendant  de  leur  origine  organique,  que  l'on  ne 
saurait  reproduire  à  volonté,  et  dont  on  ne  peut  pas  apprécier  l'influence 
sur  les  phénomènes. 

»  La  formation  des  carbures  d'hydrogène  les  plus  simples  étant  démon- 
trée, on  peut  avec  ces  carbures  former  des  composés  oxygénés,  ces  compo- 
sés deviennenU  à  leur  tour  le  point  de  départ  de  carbures  d'hydrogène  plus 
compliqués  que  ceux  qui  leur  ont  donné  naissance;  avec  les  carbures  nou- 
veaux, on  forme  des  combinaisons  oxygénées  correspondantes,  et  l'on  s'é- 
lève ainsi,  par  luie  série  graduelle  et  régulière  de  transformations,  à  des 
composés  de  plus  en  plus  compliqués. 

»   L'ensemble  de  ces  résultats  va  être  exposé  dans  l'ordre  suivant  : 

»  Première  partie.  —  Transformation  des  composés  oxygénés  du  carbone 
en  carbures  d'hydrogène.  On  y  joindra  quelques  expériences  tentées  sur  l'a- 
zoture  de  carbone  et  sur  le  fer  carburé. 

»  Deuxième  partie.  —  Transformation  du  sulfure  de  carbone  en  carbure 
d'hydrogène. 

»  Troisième  partie.  —  Transformation  des  chlorures  de  carbone  en  car- 
bures d'hydrogène. 

»  Quatrième  partie.  —  Formation  de  carbures  d'hydrogène  plus  compli- 
qués par  l'action  de  la  chaleur  sur  les  acétates  et  les  butyrates.... 

»  Voici  quelques  détails  sur  l'une  des  expériences. 

»  On  a  préparé  de  l'oxyde  de  carbone  en  chauffant  au  rouge  un  mélange 


(  iio5  ) 
de  limaille  de  fer  et  de  carbonate  de  baryte;  on  a  rempli  avec  ce  gaz  60  bal- 
lonsd'un  litre  contenant  de  la  potasse,  et  on  a  maintenu  les  ballons  à  100  de- 
grés pendant  trois  semaines.  Au  bout  de  ce  temps  l'absorption  de  l'oxyde 
de  carbone  et  sa  transformation  en  formiate  de  potasse  étaient  complètes. 
On  a  transformé  le  formiate  de  potasse  en  acide  formique,  puis  en  formiate  de 
baryte  :  le  poids  de  ce  dernier  sel  s'élevait  à  près  de  3oo  grammes.  On  l'a 
soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  et  on  a  obtenu  entre  autres  produits  du  gaz 
des  marais,  C*H*,  du  gaz  oléfiant,  C^H*,  et  du  propylène,  CH*.  Les  deux 
derniers  carbures  ont  été  séparés  des  antres  gaz  par  l'action  du  brome,  puis 
régénérés  de  leurs  bromures  par  les  procédés  de  substitution  inverse,  et 
soumis  à  une  analyse  directe. 

»   Pour  pins  de  certitude,  on  a  transformé  le  gaz  oléfiant  ainsi  régénéré 
en  acide  sulfovinique  et  en  sulfovinate  de  baryte. 

»  Dans  une  autre  expérience  exécutée  sur  2  kilogrammes  de  formiate  de 
baryte  ordinaire,  on  a  en  outre  formé  de  l'éther  benzoïque  et  de  l'alcool. 

»  Ainsi  dans  la  série  des  expériences  qui  précèdent,  et  dont  l'exécution 
a  duré  plusieurs  mois,  le  carbone  contenu  dans  le  carbonate  de  baryte, 
après  avoir  été  changé  successivement  en  oxyde  de  carbone,  en  formiate  de 
potasse,  en  acide  formique,  en  formiate  de  baryte,  en  gaz  oléfiant,  en  bro- 
mure de  ce  gaz,  en  gaz  oléfiant  pour  la  seconde  fois,  enfin  en  acide  sulfovi- 
nique et  en  sulfovinate  de  baryte,  après  avoir  passé  par  dix  combinaisons 
successives  et  traversé  cinq  fois  l'état  gazeux,  sans  jamais  avoir  été  en  con- 
tact avec  aucune  substance  organique,  se  trouve  définitivement  fixé  dans  un 
composé  organique  cristallisé,  défini,  et  dont  la  transformation  en  alcool  ne 
présente  aucune  difficulté.  Cette  expérience  démontre  donc  complètement 
la  formation  de  l'alcool  au  moyen  d'éléments  purement  minéraux  :  le  car- 
bonate de  baryte  et  l'eau  sont  les  seuls  composés  qui  aient  fourni  leurs  élé- 
ments à  l'alcool  formé. 

»  Pour  préciser  exactement  dans  quelles  proportions  s'opère  cette  for- 
mation de  carbures  d'hydrogène,  il  suffira  de  dire  que  60  litres  d'oxyde  de 
carbone  ont  fourni  environ  3  litres  de  gaz  des  marais,  et  |  litre  de  gaz  olé- 
fiant :  tels  sont  les  nombres  obtenus  dans  l'expérience  qui  a  permis  de  for- 
mer ces  carbures  d'hydrogène  au  moyen  d'éléments  minéraux.    » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Noie  sur  l'équivalent  de  i aluminium; 
par  M.  Ch.  Tissier. 

«  Ayant  remarqué  que  dans  différentes  réactions  le  chiffre  i4,  adopté 

143.. 


(  iio6  ) 
par  plusieurs  chimistes  comme  équivalent  de  l'aluminium  par  rapport  à 
l'hydrogène,  paraissait  être  trop  fort,  j'ai  cherché  à  déterminer  directement 
si  ce  chiffre  était  bien  exact. 

»  Dans  ce  but,  je  me  suis  efforcé  d'obtenir  de  l'aluminium  aussi  pur  que 
possible  en  réduisant  du  fluorure  d'ahuninium  et  de  sodium  bien  pur  par 
du  sodium  préalablement  purifié.  La  réduction  a  été  effectuée  dans  un 
creuset  de  charbon  ;  le  métal  a  été  refondu  à  pkisieurs  reprises  pour  le  dé- 
barrasser des  petites  proportions  de  fondant  qu'il  aurait  pu  retenir. 

Analyse  de  l'aluminium  ainsi  obtenu.  * 

»  Recherche  du  fer.  —  Le  métal  a  été  dissous  par  l'eau  régale  ;  la  liqueur, 
évaporée  à  sec  avec  un  grand  excès  d'acide  nitrique,  a  laissé,  après  calci- 
nation,  de  l'alumine  d'une  blancheur  éclatante.  L'addition  d'une  liqueur 
contenant  quelques  millièmes  de  fer  a  suffi  pour  la  colorer  très-fortement 
eu  rouge. 

»  Recherche  du  silicium.  —  La  dissolution  du  métal  par  l'acide  chlorhy- 
drique  n'a  pas  laissé  trace  de  silicium. 

»  Recherche  du  sodium.  —  i  gramme  de  l'alumine  obtenue  par  l'évapora- 
tion  du  produit  de  l'attaque  par  l'eau  régale  et  l'acide  nitrique  a  été  digéré 
avec  du  nitrate  d'ammoniaque  à  l'état  de  dissolution  concentrée  et  bouil- 
lante. La  liqueur,  évaporée,  a  donné  :  résidu  sec,  o*^,oo5.  Ce  résidu  se 
composait  de  nitrate  de  soude,  ce  qui  donne,  pour  la  quantité  de  sodium 
contenue  dans  i  gramme  de  métal  :  o^^ooiSS,  ou  tui  peu  plus  de 
1  millième. 

»  Détermination  de  l'équivalent.  —  i*'',935  de  métal  ont  été  dissous  dans 
l'acide  chlorhydrique  ;  la  dissolution,  évaporée  avec  un  excès  d'acide  ni- 
tricjue  (i)  jusqu'à  ce  que  tout  le  chlore  fût  chassé  complètement  :  le  produit 
de  l'évaporation  chauffé  suffisamment  pour  chasser  complètement  l'acide 
nitrique. 

»  Poids  de  l'alumine  obtenue 3«',645 

»  Poids  de  l'alumine  calculée  en  admettant  i3,75  pour  l'équi- 
valent de  l'aluminium 3^'', 624 

))   Poids  de  l'alumine  calculée  en  admettant   i4  pour  l'équi- 
valent      3^'',  590 

»  Je  pense,  d'après  cela,  que  l'équivalent  de  l'aluminium  doit  être  au- 
dessous  de  14. 

(1)  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  les  réactifs  emploj'cs  présentaient  toutes  les  condi- 
tions de  pureté  désirables. 


(  1I07  ) 

»  Je  n'aurais  pas  songé  à  faire  connaître  ces  résultats  si  je  n'avais  pas  eu  le 
plaisir  de  les  voir  confirmés  par  le  chiffre  que  M.  Dumas  assigne  à  l'équi- 
valent de  l'aluminium,  en  le  considérant  comme  un  multiple  du  quart  du 
poids  de  l'hydrogène. 

»  Si  en  effet  on  multiplie  o,a5  par  55,  on  obtient  13,^5,  qui  paraît,  selon 
toutes  probabilités,  être  le  chiffre  exact.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  l'acide  saUcj^lique ;  par  M.  Couper. 

«  Les  recherches  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  ont  pour 
objet  l'action  du  perchlorure  de  phosphore  sur  lesalicylate  de  méthyle.  Je 
les  ai  entreprises  dans  le  but  de  jeter  quelque  lumière  sur  une  question 
controversée  :  la  constitution  et  la  basicité  de  l'acide  salicylique. 

»  Une  violente  réaction  se  manifeste  au  contact  de  l'huile  degaulthéria 
et  du  perchlorure  de  phosphore.  Il  est  nécessaire,  pour  la  maîtriser, 
d'ajouter  par  petites  portions  l'huile  essentielle  au  perchlorure  dans  le 
rapport  de  i  équivalent  du  premier  corps  à  2  équivalents  du  second.  De 
l'acide  chlorhydrique  et  du  chlorure  de  méthyle  se  dégagent  pendant  tout 
le  cours  de  l'opération. 

u  Le  produit  obtenu  est  soumis  à  la  distillation  fractionnée.  Une  trace 
seulement  de  chloroxyde  passe  d'abord,  un  excès  assez  considérable  fie 
perchlorure  de  phosphore  distille  ensuite,  et  lorsque  la  température  a  atteint 
160  degrés,  le  résidu  constitue  un  liquide  noir.  Si  l'on  continue  la  distilla- 
tion, la  température  s'élève  rapidement  à  285  degrés.  La  plus  grande  por- 
tion du  produit  passe  entre  a85  et  agS  degrés,  sous  la  forme  d'un  liquide 
incolore  ou  légèrement  coloré  en  jaune.  On  le  recueille  séparément.  II 
reste  une  niasse  noire  qui  se  solidifie  par  le  refroidissement. 

»  Le  liquide  recueilli  vers  290  degrés  a  donné  à  l'analyse  les  résultats 
suivants  : 

Expériences.  Théorie. 

Carbone 3o,86  29,4  29,9  3o,65 

Hydrogène i,38       i,5()  i,5i  1)4^ 

Chlore 4'»*"  4'>o5  »  38,86 

Phosphore 12,2         »  »  11, 5 

»  La  composition  de  ce  corps  est  représentée  par  la  formule 

C'*H*Cl»PhO«. 


(  iio8  ) 
n  II  se  forme,  en  vertu  de  la  réaction  suivante  : 

C<6ii8Q6  ^  pIjCp  ^  Hci  ^  c"H'Cl  4-  C'*H*Cl'PhO«, 

Essence  de  gaulthéria.  Chlorure  Trichlorophosphote 

deméihyle.  de  salicyle. 

»  Je  me  suis  assuré  que  le  Irichlorophosphate  de  salicyle  prend  aussi 
naissance  par  l'action  du  perchlorure  de  phosphore  sur  l'acide  salicy- 
lique 

C^*H«0«  +  PhCP  =  2HCl  +C'^H*CPPhO«, 

Acide  salicylique.  Trichlorophosphate  de  salicyle. 

»  Entre  ces  deux  corps  solides,  la  réaction  est  moins  violente  qu'avec 
l'essence.  Il  se  dégage  de  l'acide  chlorhydrique,  et  lorsque  l'action  est  ter- 
minée, le  résidu  est  le  même  que  celui  qu'on  obtient  avec  l'huile  de  gaul- 
théria. Les  deux  produits  distillent  exactement  de  la  même  manière  et  à  la 
même  température,  et  les  liquides  obtenus  possèdent  la  même  composition 
et  les  mêmes  propriétés. 

»  Le  trichlorophosphate  de  salicyle  obtenu  par  l'un  ou  l'autre  de  ces 
procédés  se  décompose  bientôt  au  contact  de  l'eau  froide  et  immédiate- 
ment lorsqu'on  le  chauffe  avec  ce  liquide.  Les  produits  de  celte  réaction 
sont  l'acide  chlorhydrique,  l'acide  phosphorique  et  l'acide  salicylique 

C'*H*CPPhO''+  8H0  =  PhH'0»  +  3HCI -+- C'*H«0% 

Trichlorophosphate  de  salicyle.  Ac.  phosphorique.  Ac.  talicylique. 

»  ,7e  me  suis  assuré,  par  l'analyse,  qu'il  se  forme  véritablement  dans  cette 
réaction,  de  l'acide  salicylique  et  pas  de  l'acide  monochiorobenzoïque. 
Lorsque  le  trichlorophosphate  de  salicyle  est  rapidement  distillé,  il  se  dé- 
compose en  partie  en  émettant  d'abondantes  vapeurs  d'acide  chlorhy- 
drique. Au-dessus  de  3oo  degrés  il  passe  un  corps  liquide,  qui,  lorsqu'on 
le  conserve  pendant  quelques  jours  dans  un  tube  fermé,  dépose  de  vohi- 
mineux  cristaux  qui  renferment  : 

Théorie. 

Carbone 40,2       89,16  38,44 

Hydrogène 2,3         1,96  i  ,83 

Chlore.. '7j07       »  16, 25 

»  Cette  analyse,  le  mode  de  formation  de  ces  cristaux  et  surtout  leur 
dédoublement  par  l'eau  que  je  vais  indiquer  plus  loin  me  portent  à  leur 


(  "09  ) 
attribuer  la  composition  représentée  par  la  formule  suivante  : 

C'*H*0''ClPh. 

»  Comme  cette  substance,  que  je  nomme  monochlorophosphate  de  sali- 
cyle,  se  décompose  à  l'air  dont  il  attire  l'humidité  et  qu'elle  est  formée 
d'ailleurs  par  un  liquide  bouUlant  à  une  température  très-élevée,  je  ne  me 
suis  pas  arrêté  à  la  pensée  de  l'obtenir  sous  une  forme  plus  pure,  et  j'ai  dû 
me  contenter  de  l'analyse  précédente. 

»  L'action  lente  que  l'humidité  exerce  sur  les  produits  à  la  fois  chlorés 
et  phosphores  que  je  viens  de  décrire  confirme  la  composition  que  je  leur 
attribue.  Lorsqu'on  les  expose  à  l'air,  ils  en  attirent  peu  à  peu  la  vapeur 
d'eau  ;  le  chlore  qu'ils  renferment  se  combine  à  l'hydrogène,  et  est  rem- 
placé par  de  l'oxygène.  Il  se  forme  ainsi  un  acide  nouveau,  que  je  nomme 
acide  phosphosalicyliqiie ,  et  dont  la  composition  est  exprimée  par  la 
formule 

C'*H'PhO'*. 

Ce  produit,  qui  est  solide,  a  donné  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

Expériences.  Théorie. 

Carbone 38,  o5  38,53 

Hydrogène. 3,39  3, 21 

Phosphore i4>4^  i4,22 

Il  prend  naissance  en  vertu  des  réactions  suivantes  : 

C'^H^Cl'PhO*  +  6HO  =  3HC1  +  C'*H^PhO'^ 

Trichlorophospbate  de  salicylc.  Ac.  pbosphosalicylique. 

C**H*ClPhO' -f-4H0  =C1H    +C'*H'PhO'», 

Monochloropliosphate  de  salicyie. 

L'acide  phosphosalicylique  est  un  acide  tribasique.  On  peut  l'envisager 
comme  une  combinaison  conjugée  d'acide  phosphorique  et  d'acide  salicy- 
lique 

PhH^O''4-C'*H»0*  =  C'*H'PhO'^  +  2HO. 

»  Les  expériences  que  je  viens  de  décrire  sommairement  ne  s'accordent 
pas  en  tous  points  avec  les  observations  qui  ont  été  publiées  sur  le  même 


(  l'io  ) 
sujet  par  MM.  Gerhardt  (i),  Chiozza  (2)  et  Drion  (3).  Elles  semblent  en 
particulier  jeter  quelques  doutes  sur  l'existence  du  chlorure  de  salicyle  de 
M.  Gerhardt,  produit  qui  n'a  jamais  été  analysé.  Nous  ferons  remarquer 
d'ailleurs  que  la  formation  de  ce  produit  par  l'action  du  perchlorure  de 
phosphore  sur  l'acide  salicylique  ou  sur  l'huile  de  gaulthéria  devrait  être 
accompagnée  de  celle  du  cliloroxyde  de  phosphore.  Or,  dans  les  réactions 
dont  il  s'agit  il  ne  se  forme  que  des  traces  de  cette  substance,  comme  l'in- 
diquent d'ailleurs  les  auteurs  que  nous  venons  de  citer.  Les  divergences  que 
nous  signalons  tiennent-elles  à  quelque  circonstance  fortuite  ou  a  des  con- 
ditions particulières  dans  lesquelles  se  sont  placés  les  observateurs,  c'est  ce 
que  de  nouvelles  expériences  devront  décider.   » 

CHIMIE.  —  De  remploi  du  permanganate  de  potasse  comme  agent  d'oxydation, 
pour  le  dosage  du  soufre,  de  la  poudre  et  en  général  des  composés  sulfurés; 
par  MUI.  S.  Cloez  et  Eb.  Guigset. 

«  Pour  doser  le  soufre  contenu  dans  une  matière  sulfurée,  le  ])rocédé  le 
plus  exact  consiste  à  transformer  le  soufre  en  acide  sulfurique,  qu'on  pi-é- 
cipite  ensuite  par  un  sel  de  baryte  soluble;  on  forme  ainsi  du  sulfate  de 
baryte  insoluble,  qui  est  lavé,  séché  et  pesé  ;  le  poids  de  ce  sel  fait  connaître 
la  quantité  de  soufre  contenue  dans  la  matière  soumise  à  l'analyse. 

B  C'est  ordinairement  l'acide  azotique  qu'on  emploie  pour  oxyder  le 
soufre  et  le  faire  passer  à  l'état  d'acide  sulfurique  ;  mais  tous  les  chimistes 
savent  combien  l'action  de  l'acide  azotique  sur  le  soufre  libre  ou  combiné 
est  lente  et  difficile.  Cette  action  ne  devient  complète  que  par  une  ébullition 
prolongée  avec  de  l'acide  azotique  concentré,  et  quand  on  opère  sur  des 
matières  organiques  sulfurées,  on  peut  avoir  à  craindre,  soit  une  oxydation 
incomplète,  soit  une  perte  d'acide  sulfurique  par  volatilisation;  aussi  rem- 
place-t-on  souvent  l'action  de  l'acide  azotique  par  celle  d'un  mélange  de 
nitre  et  de  carbonate  alcalin  en  fusion,  dans  lequel  on  projette  par  petites 
portions  la  matière  à  analyser.  Mais  ce  procédé  n'est  pas  non  pins  exempt 
d'inconvénients,  quand  on  l'applique  à  l'analyse  de  la  poudre;  il  est  néces- 
saire de  mélanger  celle-ci  avec  plusieurs  fois  son  poids  de  sel  marin,  de 
manière  à  modérer  la  réaction,  afin  que  la  matière  ne  soit  pas  projetée  hors 
du  creuset. 

(i)   Comptes  rendus,  t.  XXXVIII,  p.  34- 

(a)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  [  3'  série),  t.  XXXVI,  p.   102. 

(3)   Comptes  rendus,  X.WiLXiy:.. 


(,,,r) 

»  Nous  proposons  d'opérer  la  transformation  du  soufre  en  acide  sulfu- 
rique  à  l'aide  d'un  agent  d'oxydation  dont  le  maniement  est  des  plus  faciles 
et  qui  nous  a  donné  des  résultats  d'une  grande  exactitude;  c'est  le  perman- 
ganate de  potasse,  réactif  précieux,  dont  l'analyse  chimique  a  déjà  obtenu 
de  si  grands  avantages  dans  plusieurs  cas  importants. 

»  Pour  les  dosages  de  soufre,  il  est  nécessaire  d'employer  du  permanga- 
nate de  potasse  cristallisé,  qui  ne  renferme  pas  de  traces  appréciables  de 
sulfate;  ce  produit  se  trouve  actuellement  chez  les  principaux  fabricants  de 
produits  chimiques.  Pour  s'assurer  qu'il  ne  contient  pas  de  sulfate  de  po- 
tasse, il  suffit  d'en  faire  bouillir  une  petite  quantité  avec  de  l'acide  chlor- 
hydrique  pur,  jusqu'à  décomposition  complète;  la  liqueur  ne  doit  pas  pré- 
cipiter le  chlorure  de  barium. 

»  Voici  maintenant  la  partie  pratique  de  l'opération;  nous  prenons  pour 
exemple  l'analyse  de  la  poudre  de  chasse  : 

»  On  pèse  très-exactement  environ  i  gramme  de  la  poudre,  on  la  dessèche 
dans  une  étuve  ou  dans  un  courant  d'air  sec  à  loo  degrés,  jusqu'à  ce  qu'elle 
ne  perde  plus  de  son  poids;  on  détermine  ainsi  la  quantité  d'eau;  on  intro- 
duit ensuite  la  matière  desséchée  dans  un  petit  matras  en  verre  avec  une 
dissolution  saturée  de  permanganate  de  potasse,  ou  porte  la  liqueur  à  l'é- 
buUition  et  l'on  continue  l'action  de  la  chaleur  en  ajoutant  de  temps  en 
temps  du  permanganate,  jusqu'à  ce  que  le  mélange  conserve  une  teinte 
violette  persistante. 

»  Tout  le  soufre  contenu  dans  la  poudre  est  alors  changé  en  acide  sul- 
furique  et  le  charbon  en  acide  carbonique;  la  liqueur  tient  en  suspension 
de  l'oxyde  de  manganèse;  on  ajoute  de  l'acide  chlorhydrique  concentré  et 
l'on  fait  bouillir  jusqu'à  ce  que  l'oxyde  soit  complètement  dissous,  ce  qui 
n'exige  que  quelques  minutes.  Si  l'oxyde  tardait  à  se  dissoudre,  c'est  que 
la  liqueur  serait  trop  étendue;  on  la  concentrerait  par  l'év^poration  et 
l'on  ajouterait  de  nouveau  de  l'acide  chlorhydrique  pur;  on  verse  ensuite 
dans  le  ballon  un  faible  excès  de  chlorure  de  barium,  de  manière  à  préci- 
piter tout  l'acide  sulfurique,  on  ajoute  un  peu  d'acide  azotique,  puis  on  fait 
bouillir,  afin  de  donner  de  la  cohérence  au  précipité  de  sulfate  de  baryte. 

»  11  ne  reste  plus  qu'à  laver  le  précipité  sur  un  filtre  à  l'eau  distillée, 
jusqu'à  ce  que  l'eau  de  lavage  ne  trouble  plus  l'azotate  d'argent.  Le  filtre 
est  calciné  avec  son  contenu  dans  une  capsule  de  platine,  que  l'on  pèse  en 
déduisant  le  poids  des  cendres  du  filtre  à  la  manière  ordinaire. 

»  Cette  méthode  nous  a  paru  plus  exacte  et  plus  commode  à  pratiquer 
que  le  traitement  de  la  poudre  par  le  sulfure  de  carbone,  liquide  infect  et 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  25.)  '44 


(     >"2    ) 

dangereux  à  manier,  par  suite  de  son  extrême- combustibilité;  elle  nous 
semble  aussi  préférable  à  la  combustion  par  le  mélange  de  nitre  et  de  car- 
bonate alcalin. 

»  Dans  un  laboratoire  où  l'on  aurait  à  faire  journellement  de  nombreux 
dosages  de  soufre,  on  pourrait,  au  lieu  de  recueillir  et  de  peser  le  sulfate  de 
baryte,  précipiter  la  liqueur  par  une  dissolution  titrée  de  chlorure  de  ba- 
rium,  en  opérant  par  la  méthode  des  approximations  successives;  les  résultats 
sont  très-exacts,  et  l'opération  complète  ne  dure  pas  plus  d'un  quart  d'heure. 
»  Nous  croyons  utile  d'insister  sur  ce  fait,  que,  le  charbon  très-divisé 
contenu  dans  la  poudre  s'oxydant  facilement  et  d'une  manière  complète 
par  le  permanganate  de  potasse,  ou  conçoit  la  possibilité  d'appliquer  ce 
réactif  au  dosage  du  charbon  contenu  dans  le  noir  animal,  ou  autres  ma- 
tières mélangées  de  charbon  très-divisé. 

«  L'analyse  des  sels  de  la  série  théorique  se  fait  très-aisément  par  le  per- 
manganate de  potasse  ;  l'hyposulfite  de  soude  réduit  immédiatement  à  froid 
la  dissolution  de  permanganate;  en  suivant  la  même  marche  que  pour  la 
poudre,  nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»  i^^ooo  d'hyposulfite  de  soude  cristallisé  du  commerce  a  donné  i^',85o 
de  sulfate  de  baryte  contenant  oS'',254  de  soufre.  Le  calcul  exige  o^',258 
pour  la  formule  S^O%  NaO,  5 HO. 

»  On  pourrait  penser  que  cette  méthode  ne  s'applique  qu'aux  corps  avides 
d'oxygène,  comme  les  sulfites  ou  les  hyposulfites,  mais  nous  nous  sommes 
assurés  que  les  composés  sulfurés  les  plus  stables  sont  complètement  oxydé;s 
par  le  permanganate  de  potasse,  et  que  le  soufre  passe  tout  entier  à  l'état 
d'acide  sulfurique  ;  c'est  ainsi  que  le  sulfure  de  carbone,  qui  est  si  rebelle 
aux  agents  d'oxydation,  qui  résiste  à  l'ébullition  avec  l'acide  azotique  fu- 
mant et  dissout  l'acide  hypoazotique  sans  se  décomposer,  se  change  com- 
plètement en  sulfate  de  potasse  et  en  acide  carbonique  quand  on  le  fait 
bouillir  avec  une  dissolution  de  permanganate  de  potasse. 

»  Différents  composés  sulfurés  de  la  chimie  organique,  notamment  le 
sulfhydrate  de  sulfure  de  benzoïle,  produit  découvert  par  l'un  de  nous,  se 
comportent  de  la  même  manière.  Nous  espérons  donc  que  notre  méthode 
remplacera  avec  avantage  la  combustion  des  matières  sulfurées  par  le  mé- 
lange de  carbonate  de  soude  et  de  chlorate  de  potasse,  ou  la  combustion  par 
l'oxyde  de  cuivre  dans  un  courant  d'oxygène. 

»  Enfin,  pour  certaines  classes  de  composés  sulfurés,  l'emploi  du  perman- 
ganate présente  des  avantages  tout  à  fait  particuliers  ;  ainsi,  pour  l'analyse 
des  polysulfures  et  des  sulfhydrates  alcalins,  on  n'a  jamais  à  craindre  de 


(  '"3  )■ 
pertes  de  soufre  par  suite  d'un  dégagement  d'acide  sulfhydriqiie,  puisque  la 
liqueur  se  maintient  constamment  alcaline.* 

»  Dans  le  cours  des  expériences  que  nous  avons  faites  pour  éprouver  la 
méthode  que  nous  proposons  pour  le  dosage  du  soufre,  nous  avons  observé 
quelques  faits  relatifs  à  l'action  du  permanganate  de  potasse  sur  diverses 
matières  organiques;  ces  faits  nous  paraissent  assez  intéressants  pour  être 
mentionnés  ici. 

»  Les  carbures  d'hydrogène  d'un  équivalent  peu  élevé,  comme  la  benzine, 
réduisent  très-facilement  à  froid  le  permanganate,  et  ne  donnent  que  du 
carbonate  ou  du  bicarbonate  de  potasse.  Mais  les  hydrocarbures  d'un  équi- 
valent plus  élevé  donnent,  en  même  temps  que  le  carbonate,  des  produits 
d'oxydation  nettement  définis.  C'est  ainsi  que  la  naphtaline  donne  de 
l'acide  phtalique,  produit  difficile  à  préparer  par  les  méthodes  connues 
jusqu'à  présent. 

»  Le  camphre  réduit  le  permanganate  de  potasse  à  l'aide  d'une  ébuUition 
prolongée,  il  se  forme  du  camphorate  de  potasse. 

))  L'alcool  n'agit  pas  très-promptement  sur  le  permanganate  solide  et 
pulvérisé,  à  cause  de  la  faible  solubilité  de  ce  sel  dans  l'alcool,  il  se  produit 
de  l'acétate  de  potasse;  dans  les  mêmes  circonstances  l'esprit-de-bois  donne 
du  carbonate  et  du  formiate. 

»  L'acide  sébacique  se  change  en  succinate  de  potasse  sous  l'influence 
oxydante  du  permanganate. 

»  L'acide  stéarique  ne  donne  qu'un  mélange  de  stéarate  et  de  carbonate; 
l'acide  benzoïque  agit  d'une  manière  analogue;  une  partie  de  cet  acide 
forme  du  benzoate  de  potasse,  l'autre  s'oxyde  complètement  en  formant  de 
l'eau  et  de  l'acide  carbonique  qui  se  dégage. 

»  Jj'aniline  réduit  à  froid  le  permanganate  dissous,  il  se  forme  de  l'oxalate 
et  du  carbonate  de  potasse. 

»  Enfin  l'ammoniaque  décompose  également  à  froid  la  solution  du  réactif 
oxydant,  de  l'azote  se  dégage,  et  la  potasse  reste  à  l'état  d'urolite.  Ce  sel 
n'est  pas  accompagné  d'azotate.  » 

PHYSIQUE.  —  Moyen  pour  la  préparation  des  liqueurs  à  poids  spécifique  donné 
sans  calcul  ni  corrections.  —  Densimètre  construit  par  M.  Spacowskt. 

n  Dans  les  laboratoires  et  dans  l'industrie,  on  se  trouve  souvent  dans 
l'obligation  de  préparer  un  mélange  constant  de  deux  liqueurs,  tel  que  l'a- 
cide sulfurique  et  l'eau,  alcool  et  eau,  etc.  On  emploie  généralement  deux 

i44- 


(  "i4  ) 

moyens.  r°  Etant  donnés  la  quantité  et  le  poids  spécifique  d'une  des  liqueurs, 
on  détermine  par  le  calcul  la  quantité  de  l'autre  liqueur  :  ce  moyen  est  en 
général  difficilement  praticable,  demande  beaucoup  de  temps,  et  pour  les 
liqueurs  alcooliques,  la  concentration  ou  mélange  entraîne  des  difficultés 
souvent  insurmontables;  2"  on  emploie  aussi  les  aréomètres  plongés  dans 
le  mélange  en  préparation  :  mais  ce  moyen,  très-pratique  et  très-usité,  pré- 
sente de  grandes  difficultés  dans  la  manipulation,  à  cause  des  variations  de 
température  pendant  le  mélange. 

»  Un  densimètre  de  forme  nouvelle,  construit  par  M.  Spacowsky,  de 
Saint-Pétersbourg,  permettrait  de  préparer  avec  une  très-grande  facilité  et 
avec  précision  un  mélange  sans  emploi  du  thermomètre. 

»  L'appareil  se  compose  d'un  vase  ou  aréomètre  en  platine.  Cet  aréo- 
mètre est  fermé  à  sa  partie  supérieure  par  une  cloison  ou  plaque  métallique 
très-mince,  semblable  à  celle  que  l'on  emploie  dans  les  baromètres  ané- 
roïdes ou  qui  cèdent  à  la  moindre  pression  qu'on  leur  fait  subir  ;  il  est  ter- 
miné à  sa  partie  inférieure  par  un  tube  muni  d'un  robinet  ;  on  le  suspend 
par  un  fil  de  platine  à  l'un  des  fléaux  d'une  balance  délicate,  et  on  lui  fait 
équilibre  par  un  poids  suspendu  aussi  par  un  fil  de  platine  à  l'autre  fléau 
de  la  balance.  L'équilibre  ainsi  établi  lorsque  le  vase  ou  aréomètre  est 
vide,  sera  troublé  évidemment  si  l'on  remplit  l'aréomètre  d'un  liquide  quel- 
conque ;  mais  il  se  rétablira  si  l'on  fait  plonger  l'aréomètre  et  le  poids  dans 
une  masse  liquide  de  même  nature  ou  de  même  titre  que  celle  qui  remplit 
l'aréomètre.  En  effet  par  l'acte  de  l'immersion,  le  liquide  de  l'aréomètre 
cesse  de  peser,  et  il  ne  reste  plus  que  le  poids  de  l'aréomètre,  et  le  poids 
qui  lui  faisait  équilibre  ;  or  ces  poids  primitivement  égaux  sont  diminués 
dans  la  même  proportion  par  l'immersion  dans  un  même  liquide.  De  plus, 
et  parce  que  la  paroi  très-mince  permet  au  liquide  intérieur  de  prendre 
l'accroissement  de  volume  correspondant  à  la  température  ambiante,  on 
prouverait  par  un  calcul  très-simple  que  le  rétablissement  d'équilibre  de 
l'aréomètre  rempli  et  du  poids  immergé  a  lieu  à  toutes  les  températures,  ou 
est  indépendant  des  densités  du  liquide  et  du  métal  dont  le  vase  est  formé. 
Comme  d'ailleurs  les  parois  en  platine  de  l'aréomètre  sont  elles-mêmes 
très-minces  et  conduisent  très-bien  la  chaleur,  le  liquide  intérieur  et  le 
liquide  extérieur  seront  très-rapidement  en  équilibre  de  température. 

»  Cela  posé,  pour  reproduire  en  quantité  quelconque  une  liqueur  pri- 
mitivement titrée,  un  mélange  par  exemple  d'acide  sulfuriqueet  d'eau,  voici 
la  simple  opération  que  l'on  aura  à  faire.  On  remplira  le  vase  de  l'aréo- 
mètre de  la  liqueur  titrée  primitive,  on  fera  plonger  le  vase  plein  et  le  poids^ 


(iii5) 
dans  de  l'acide  sulfurique,  et  l'on  ajoutera  de  l'eau  jusqu'à  ce  que  l'équi- 
libre soit  parfaitement  rétabli  ;    la  liqueur  contenue  dans  le  vase  où  l'im- 
mersion a  lieu,  aura  alors  rigoureusement  le  même  titre  que  la  liqueur  de 
l'aréomètre  ou  la  liqueur  primitive.   » 

ASTRONOMIE.  —  M.  Le  Verrier  communique,  au  nom  de  l'Observatoire 
Impérial,  la  suite  des  recberches  de  M.  Yvon  Villarceau  sur  la  IIP  comète 
de  1857. 

«  Dans  une  précédente  communication  relative  à  la  V*  comète  de  1857 
[Comptes  rendus^  séance  du  11  janvier  1837,  page  99),  nous  avons  insisté 
sur  la  convenance  qu'il  y  a  de  mettre  en  évidence  le  caractère  d'indétermi- 
nation des  orbites  cométaires,  et  de  fixer  des  limites  à  cette  indétermina- 
tion, lorsqu'on  tient,  soit  à  observer  le  retour  d'une  comète,  s'il  doit  avoir 
lieu,  soit  à  s'assurer  de  son  caractère  périodique  ou  non  périodique.  Cette 
convenance  devient  une  obligation,  lorsqu'on  se  propose  de  rechercher  les 
causes  de  la  similitude  de  deux  orbites  cométaires,  similitude  qui  ne  peut 
échapper  dès  que  l'on  compare  les  éléments  des  IIP  et  V*  comètes  de  l'année 
dernière. 

»  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ces  considérations,  ni  sur  la  forme  particu- 
lière qu'il  convient  de  donner  aux  éphémérides,  quand  le  mouvement  d'une 
comète  est  très-varié. 

u  Pour  déterminer  les  éléments  de  la  IIP  comèie  de  1857,  avec  toute 
l'exactitude  possible,  on  a  fait  usage  de  toutes  les  observations  publiées 
dans  les  Recueils  étrangers  et  de  celles  faites  à  Paris  par  MM.  Yvon  Villar- 
ceau, Lépissier  et  Thirion ,  observations  qui  ont  été  publiées  dans,  les 
Comptes  rendus,  sauf  une  seule  que  nous  donnons  plus  loin.  Une  première 
et  une  seconde  approximation  des  éléments  paraboliques  de  la  comète  ont 
été  publiées  aussi  dans  les  Comptes  rendus;  on  les  trouve  également  dans  le 
IIP  volume  des  Annales  de  l' Observatoire  Impérial. 

»  Les  seconds  éléments  ont  été  comparés  à  soixante-six  observations 
comprises  dans  un  intervalle  de  vingt-sept  jours,  au  moyen  d'une  éphé- 
méride  que  le  défaut  d'espace  nous  empêche  d'insérer  ici.  Le  résultat  de  la 
comparaison  a  servi  à  former  neuf  positions  normales. 

»  Nous  réunissons  dans  le  tableau  suivant  les  positions  normales,  les 
équations  obtenues  après  l'élimination  des  cinq  premières  inconnues,  et, 
sous  le  titre  de  restes,  les  parties  connues  des  différences  qui  subsistent 


(i,,6) 

entre  les  premiers  et  les  seconds  membres  des  mêmes  équations,  quand  on 
y  met  la  valeur  de  la  dernière  inconnue,  qui  est  la  correction  de  l'ex- 
centricité. 


T.  M.  DE  PARIS. 

ASCENSIONS  DROITES. 

DÉCLINAISONS. 

I8S7. 

POSIT.  NORMALES 

géocent.  appar. 

Nombre 

des 
obserr. 

ÉQCATIONS  RÉStILTASTES 

RESTES. 

POSIT.  NORMALES 

géocent.  appar. 

Nombre 

des 
obserr. 

ÉQUATIONS  RÉSOLTANTES. 

RESTES. 

Juin     23,5 

h     m     B 
3.32.23,78 

5 

-(-4,09= 

=  — 0,01738  -: 1 

'      '      sin  i" 

Il 
-1-0,52 

-+-40  59.18,6 

6 

—2,12= 

=-(-0,00084  -: -„ 

'         ^  sin  1" 

Il 
-,95 

23,5 

3.47.21,80 

16 

-4-0,38 

—0,00926 

-1,53 

-1-42.51.    7,3 

i4 

-t-1,17 

-(-0,00024 

-+-1  ,  22 

28,5 

4.15.36,35 

8 

—3,23 

-4-0,00086 

— 3,o5 

-t-45.38.33,0 

7 

-4-1,07 

— 0,00172 

-i-0,72 

Juillet  3,5 

5.23.44,35 

6 

-0,55 

-1-0,00795 

-1-1,09 

-+-49.17.31,5 

6 

-i-',49 

—0,00680 

-(-0,09 

6,5 

6. 18. 16, 58 

4 

-H-2,36 

-+-0,00482 

-1-3,36 

-+-49-4' -«4.1 

4 

-+-4,25 

— 0,00786 

-1-2,63 

9,5 

7.17.15,47 

8 

+0,38 

—0,00084 

-(-0,21 

-1-47.40.10,5 

7 

—1,33 

—0, 00447 

— 2,2s 

.3,5 

8.26.  5,o5 

8 

-3,24 

—0, 00366 

—5.99 

-1-40.55.49,8 

7 

-+-0,29 

-l-o,oo3i5 

-1-0,94 

i5,5 

8.5i.53,i5 

■7 

—0,71 

—0,00144 

— 1 ,01 

-f-36.21.56,8 

6 

-5,82 

-1-0,00478 

-4,83 

18,5 

9.19.22,73 

3 

-0.48 

-1-0,0071 1 

-t-0,99 

-1-29.  5.43,3 

3 

-1-6,42 

—0,00294 

-1-5,81 

»  Les  coefficients  de  l'inconnue,  dans  ces  équations,  sont  trop  faibles  pour 
qu'il  soit  possible  d'en  tirer  autre  chose  que  des  limites  de  l'excentricité. 
On  peut  cependant  remarquer  que  les  ascensions  droites  et  les  déclinaisons 

s'accordent  à  donner  à  àe  le  signe  — .  La  valeur  -: — -  que  fournit  l'en- 
semble des  équations  est  —  206", 6;  et  nous  posons 


sm  I 


=  -  206",  6  +  ^ 


8'e 


en  désignant  par  è'e  une  indéterminée  dont  les  limites  seraient  environ 
-h  aSo"  et  —  45o"  converties  en  nombres  abstraits,  ou  bien  -t-  0,0012 
et  —  0,0022. 

»  Les  limites  correspondantes  de  -: — 7  seraient  respectivement  -\-  43"  et 

—  657".  A  la  dernière  répondrait  une  période  de  1000  ans  à  peu  près, 
tandis  que  l'autre  conviendrait  à  une  orbite  hyperbolique  très-voisine  de 
a  parabole. 

u  Les  corrections  tirées  de  nos  équations  étant  appliquées  aux  éléments 
qu'il  s'agissait  de  corriger,  ont  fourni  les  résultats  suivants  : 


(   "'7  "> 

Éléments  de  la  IIV  comète  de  1857. 

Excentricité 0,9989984      ■+■  S' c 

Passage  au  périhélie 1857,  Juillet     17,987858        — 6,43i95'e     t.m.deParis. 

Distance  périhélie 0,3674794^    +  o, 0087626 lî'e 

Longitude  du  nœud  ascendant 23°.4i'-28",36  " —  42966", 5^'e|      Equin.    moyen 

Longitude  du  périhélie 157.  46  •  55  ,59  —  165921  .  lî'ejdu  i"  janv.  1857. 

Inclinaison    . 121 .2.8  ,87  —  107425  .  S' e 

»  On  voit  qu'en  faisant  varier  à'e  entre  les  limites  +  0,001  a  et  —  0,005.2, 
les  éléments,  à  l'exception  de  l'excentricité  elle-même,  ne  subiront  pas  de 
sensibles  modifications. 

»  Nous  présentons  ci-dessous  le  résultat  de  la  comparaison  de  ces  élé- 
ments, réduits  à  leur  partie  connue,  avec  l'ensemble  des  observations. 


DATE 

J8J57. 


Juin     22 

23 
23 

24 
24 
24 
24 
24 
a4 
24 

20 
25 
25 
25 
25 
25 
25 

26 

26 
26 
26 
26 

27 

28 
28 
28 
28 


■^9 
Juillet  2 


LIEU 

de  l'observation . 


Gottingue 

Berlin 

Hambourg 

Leipsick 

Berlin 

Gottingue 

Hambourg 

Altona 

Paris 

Paris 

Leipsick 

Berlin 

Altona 

Bonn 

Paris 

Paris 

Paris 

Berlin 

Gottingue.  . .  . 

Bonn 

Paris 

Paris   

Berlin 

Paris 

Kremsmunster 
Kœnigsberg  . . 

Berlin 

Bonn 

Florence  

Padoue  

Altona 

Kœnigsberg . . 
Berlin 


cos(0(Jl)„— XJ. 


-f-5;6 

—  1,0 

(H-39,2) 

-t-  7;' 

—  6,1 
-H  3,8 

—  4,9 

—  0,9 

—  5,2 

-5,7 

—  2,0 
-3,4 

—  6,6 
-h  0,3 
-t-  0,1 
-f-   0,2 

+  3,3 

—  6,5 

—  7,0 

—  2,4 

—  0,3 
-H  5,3 
-5,4 
+  0,7 
—12,0 

—  8,0 
-+-  .,3 

-H   7,3 

—  6,6 

-2,5 

-I-  0,6 

—  7,0 

■+■  3,6 


(B.-(0.. 

DATE 

18S7. 

+  9'U 
-  5,2 

Juillet  3 

3 

-  5,4 
-6,6 

4 

5 

-    2,4 

7 

-  ',9 

(-'9.7) 
(  —  8,7) 

7 
7 
8 

-i-  3,1 

9 

+  7,2 

9 

-t-  0,7 
-3,4 
+  5,8 
+  5,3 

9 
10 
10 

10 

-  >,4 

10 

+  î,o 

12 

+  0,6 

12 

-5,2 

-  -,8 

i3 
i3 

+  2,6 

i3 

+  6,7 
+  2,1 
-4,3 

■4 

■4 
>4 

— -2,  1 

'4 

-0,8 

■4 

-1-  7,0 

—  0,3 

—  0,9 

(-^■,7) 
+  7,8 
-8,3 

.5 

i5 
i5 

16 
iti 

■7 

0,0 

18 

-5,. 

'9 

LIEU 

de  l'observation . 


cosC0(Jli,„— XJ. 


Kœnigsberg  . . . 

Berlin 

Kœnigsberg. . . . 

Paris 

Kœnigsberg... . 
Kremsmunster. 

Berlin 

Kremsmunster. 

Fadoue  

Kœnigsberg  . . 
Kremsmunster. 

Paris . 

Berlin 

Paris 

Paris 

Padoae. 

Kœnigsberg  . . , 
Kremsmunster 

Berlin 

Bonn 

Padoue 

Kremsmunster 

Paris 

Bonn 

Berlin 

Padoue  

Kreinsmunster 

Berlin 

Genève 

Kremsmunster 
Kremsmunster 

Genève 

Genève 


-  3,4 

-  0,9 

-  3,6 

-  2,0 

-  4,2 
-8,1 

-5,7 
-8,4 

-  >,9 

-  4,8 
-8,7 

-  ',9 

-  1,8 

-  ',5 

-4,4 

-  5,3 
-6,4 

-  3,4 

-  o,G 
-16,0 

-  8,0 

-  2,1 

-  3,0 

-4,7 

-  3,6 

-4,2 

-  2,3 
-6,7 

-  i,> 

-  5,3 

-  3,9 

-  6,9 

-  4,0 


(D„-(ô... 


+  7,8 

-3,, 

+  9i' 

+  5,7 

-+-  2,8 

+  8,(i 

-7,8 

-  6,5 

-  2,3 

-H  1,7 
+  3,6 

-  3,4 

(—40,7) 

-  2,3 

-  2,4 
0,0 

+  6,8 
— 10, 1 

-  2,2 
+  8,4 
+  2,9 

(+32,8) 

-  0,9 

-  3,8 
-■4,3 

-  8,4 
-t-  0,9 

-  ','J 

-  5,7 
(-49,7) 

+  7.f 

-  3,. 


(  iii8  ) 

»  Les  crochets  qui  comprennent  certaines  comparaisons  tres-discordantes 
indiquent  qu'on  n'a  point  fait  usage  des  observations  correspondantes,  dans 
la  formation  des  équations  de  condition  ;  il  y  a  là  évidemment  des  erreurs 
de  réduction  ou  de  position  des  étoiles  comparées.  Les  astronomes  auxquels 
sont  dues  ces  observations  tiendront  sans  doute  à  reviser  leurs  réductions 
et  à  indiquer,  s'il  y  a  lieu,  les  corrections  à  appliquer  (i). 

»  On  voit  que,  sauf  les  anomalies  que  nous  venons  de  faire  remarquer, 
les  éléments  i-eprésentent  les  observations  d'une  manière  tres-satifaisante. 
Cependant  nous  ne  regardons  pas  notre  travail  comme  achevé.  Les  étoiles 
de  comparaison  sont  observées  à  l'Observatoire  :  dès  qu'il  nous  sera  pos- 
sible d'en  substituer  les  positions  à  celles  qui  ont  été  employées,  nous  re- 
prendrons le  calcul  des  positions  normales  et  de  la  résolution  des  équations 
de  condition,  en  ce  qui  concerne  leurs  parties  connues.  Il  y  a  lieu  d'espérer 
que  les  positions  de  la  comète  seront  sensiblement  améliorées,  car  cette 
comète  était  loin  d'être  faible  après  les  premiers  jours  qui  en  ont  suivi  la 
découverte;  dès  lors  les  limites  de  l'indétermination  des  éléments  pourront 
être  resserrées.  »  , 


(i)  Nous  signalerons  deux  corrections  à  appliquer  aux  observations  publiées  dans  les 
Comptes  rendus,  tome  XLV,  page  55  : 

1°.  Le  signe  de  la  parallaxe  d'ascension  droite  de  l'observation  du  i5  juillet  doit  être 
négatif. 

2°.  Les  trois  déclinaisons  du  lo  juillet  doivent  respectivement  être  remplacées  par  les 
nombres -)- 46°29'26",2  ,  -i- 46''24'25",8,  -h  ^6°  7.3' o" ,6.  Cette  correction  résulte  de  la 
substitution  du  nombre  43°3o'34",3  à  la  dislance  polaire  employée  de  l'étoile  de  compa- 
raison ,  pour  le  i"  janvier  1857.  -^^  nouvelle  distance  polaire  a  été  déduite  de  l'observation 
d'un  passage  supérieur  de  l'étoile. 

Enfin  nous  compléterons  la  publication  de  nos  observations  de  la  comète  IIP  en  donnant 
ici  la  dernière  qui  ait  été  faite  à  l'Observatoire. 

Nombre 
18<>7.     T.M.  de  Paris.    Asc.  droite.  Déclioaison.  des  compar.    Observateur. 

Juillet  14.    9''48'"38",5    8''38'n34s,94-t-(9,569):A;    -t-38o54'53'',o-t-(o,864):A  4  Y.Villabceac. 

L'étoile  de  comparaison  est  17287  Lat.  Cat.  7'  grand.  Sa  position  moyenne^  en  1857,0  est 
A^  =8''39"'46',o8        NPD*=5i''7'53",4. 


(  '"9  ) 

M.  J.  GuiÊRiiV  demande  l'ouverture  d'un  paquet  cacheté  déposé  par  lui 
en  1846,  et  dont  l'Académie  avait  accepté  le  dépôt  dans  la  séance  du 
3o  mars. 

Le  paquet,  ouvert  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  s'est  trouvé  contenir 
la  Note  suivante  : 

"  Aujourd'hui  aS  mars  i846  je  dépose  à  l'Académie  des  Sciences  les 
conclusions  suivantes  d'un  Mémoire  sur  la  fièvre  puerpérale  et  les  affec- 
tions puerpérales  : 

»  1°.  L'invasion  de  la  fièvre  puerpérale  caractérisée  est  toujours  pré- 
cédée d'un  état  d'inertie  de  l'utérus  qui,  au  lieu  de  revenir  sur  lui-même 
après  l'accouchement,  reste  très-dé veloppé,  le  col  largement  ouvert.  i 

»  2°.  L'invasion  de  la  maladie  est  toujours  annoncée  par  une  suppres- 
sion plus  ou  moins  brusque  et  plus  ou  moins  complète  de  l'écoulement  des 
lochies  au  dehors. 

»  3°.  Toute  nouvelle  accouchée  chez  laquelle  l'utérus,  au  quatrième 
jour  de  l'accouchement,  n'est  pas  revenu  sur  lui-même,  est  nécessaire- 
ment prise  de  fièvre  puerpérale. 

»  4"-  -L'inertie  de  l'utérus  persiste  pendant  la  période  aiguë  de  la  maladie, 
et  ne  cesse  que  lentement  et  en  raison  inverse  de  la  gravité  de  cette  der- 
nière. 

»  5°.  En  même  temps  que  l'écoulement  des  lochies  cesse  plus  ou  moins 
au  dehors,  il  prend  la  voie  des  trompes  utérines  et  des  vaisseaux  utérins  et 
réalise  deux  ordres  de  phénomènes  :  l'épanchement  direct  du  pus  lochial 
dans  le  péritoine  et  la  résorption  purulente  directe  par  les  vaisseaux  utérins. 
D'autre  part,  la  plaie  placentaire  se  dessèche  et  ne  fournit  plus  qu'une  séro- 
sité sanguinolente,  comme  il  airive  pour  les  plaies  exposées  où  il  y  a  ré- 
sorption purulente. 

»  6°.  Il  y  a  deux  formes  aiguës  principales  de  fièvre  puerpérale  :  l'une 
foudroyante,  adjnamique,  qui  consiste  dans  l'intoxication  rapide  par  voie 
de  résorption  de  la  matière  lochiale  immédiatement  putréfiée;  l'autre  péri- 
tonéale,  inflammatoire,  qui  résulte  principalement  de  la  présence  de  la 
matière  purulente  épanchée  dans  la  cavité  du  péritoine. 

»  7°.  L'inflammation  puerpérale  du  péritoine  et  des  annexes  utérins 
est  toujours  le  résultat  de  l'épanchement  de  cette  matière  purulente,  et  les 
fausses  membranes  qui  recouvrent  les  parties  qui  unissent  les  circonvolu- 
tions intestinales  ne  sont  que  le  produit  du  pus  et  des  sécrétions  morbides 
provoquées  par  sa  présence  et  son  contact. 

G.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N«  23.)  '    .  l45 


(   I  lao  ") 

»  8°.  La  maladie  se  développe  de  la  manière  suivante.  Dans  les  condi- 
tions et  pour  les  formes  ordinaires,  l'air  extérieur  se  précipite  dans  la  cavité 
utérine  restée  spacieuse,  et  par  le  col  utérin  resté  ouvert.  La  présence  de  l'air 
produit  la  suppuration  de  la  plaie  placentaire,  change  le  caractère  de  la 
matière  lochiale,  absolument  comme  si  l'on  substituait  une  plaie  ouverte  à 
une  plaie  fermée  ou  sous-cutanée;  d'autre  part,  la  cavilé  péritonéale,  circon- 
scrivant un  milieu  à  tension  moindre  que  le  milieu  de  la  cavité  utérine  en 
communication  avec  l'atmosphère,  attire,  en  vertu  de  cette  différence  de 
tension,  par  les  trompes,  la  matière  contenue  dans  cette  cavité  :  de  là 
l'épanchementpéritonéal.  Sous  la  même  influence,  la  sécrétion  utérine  cesse 
et  donne  lieu,  comme  cela  arrive  pour  les  plaies  où  il  y  a  résorption  puru- 
lente, à  la  pénétration  des  veines  et  des  lymphatiques  par  le  liquide  altéré. 
Dans  les  conditions  exceptionnelles,  et  pour  la  forme  foudroyante,  l'in- 
toxication a  lieu  par  la  putréfaction  immédiate  des  caillots  utérins  ou  du 
flux  lochial,  sous  l'influence  de  l'air  confiné  qui  pénètre  dans  la  matrice 
et  ne  s'y  renouvelle  pas  suffisamment. 

»  9°.  Toute  différence  dans  la  gravité  de  la  maladie  naît  du  degré  de 
putréfaction  et  d'intoxication,  et  toute  différence  dans  son  caractère  épi- 
démique  ou  infectieux  naît  du  caractère  spécifique  de  la  composition  ou 
de  l'altération  de  l'air  ambiant. 

»  io°.  Les  complications  de  la  fièvre  puerpuérale  aiguë,  telles  que  les 
engouements  pulmonaires,  les  pleurésies,  les  abcès  articulaires  et  autres, 
sont  le  produit  de  l'infection  purulente  et  du  transport  du  pus  en  nature 
dans  différents  points  de  l'économie  ;  et  les  altérations  consécutives  de  la 
forme  chronique,  telles  que  la  phlegmasia  alba  dolem,  l'oblitération  des 
veines  ou  des  vaisseaux  lymphatiques,  les  phlegmons  du  bassin  et  autres 
tumeurs  consécutives,  ne  sont  que  le  produit  de  la  présence  du  pus  dans 
les  veines,  les  lymphatiques  et  le  tissu  cellulaire. 

0  11°.  Le  traitement  de  la  fièvre  puerpérale  comprend  trois  ordres  d'in- 
dications et  trois  ordres  de  moyens. 

»  A.  Indications  préventives  ou  prophylactiques.  —  Immédiatement  après 
l'accouchement,  provoquer  le  retour  delà  matrice  sur  elle-même,  empêcher 
que  la  cavité  utérine  ne  reste  cavité  ouverte  et  aspirante,  et  le  col  utérin  ca- 
nal de  communication  béant  à  [air.  En  un  mot,  ramener  la  plaie  placentaire 
des  conditions  de  la  plaie  ouverte  ou  exposée  aux  conditions  de  la  plaie/er- 
mée  ou  sous- cutanée.  Les  moyens  propres  à  remplir  cette  indication  sont  les 
manipulations,  le  massage  de  la  matrice,  les  pressions  permanentes,  et,  à 
l'intérieur,  le  seigle  ergoté  administré  immédiatement  après  l'accouchement 
en  temps  d'épidémie  puerpérale  surtout. 


(     >«2I     ) 

»  B.  Indications  curatives  directes  ou  primitives.  —  Consistent  à  prévenir 
l'épanchement  péritonéal  imminent,  et  à  le  suspendre  quand  il  est  commencé. 
Dans  ce  but  on  comprime  la  cavité  abdominale  de  manière  à  augmenter  la 
tension  relative  de  son  milieu,  et  on  provoque,  par  les  moyens  précités,  les 
contractions  utérines  jusqu'à  ce  que  la  cavité  s'efface  et  le  col  se  ferme.  En 
cas  d'insuf6sance  de  ces  moyens,  on  ranime  directement  les  contractions 
utérines  en  portant  sur  le  fond  de  la  cavité  de  la  matrice,  à  travers  un  tube, 
un  pinceau  chargé  d'ammoniaque  liquide  concentré.  Ce  moyen,  dans  les 
cas  de  fièvre  puerpérale  foudroyante,  est  précédé  immédiatement  d'une 
injection  utérine  à  grande  eau. 

»  C.  Indications  co?iserufîVe5.  —  Consistent  à  débarrasser  la  cavité  périto- 
néale  de  la  matière  purulente  épanchée.  Dans  ce  but  et  indépendamment 
des  moyens  internes  propres  à  évacuer  la  matière  par  voie  intestinale  ou 
cutanée,  on  aura  recours  à  l'opération  suivante.  On  pénétrera  dans  la  cavité 
péritonéale,  au  moyen  d'une  ponction  sous-cutanée  pratiquée  au-dessus  du 
pubis  au  niveau  de  la  ligne  blanche,  et  au-devant  de  i'uterus  gonflé.  On  fera 
par  la  canule  du  trocart  à  robinet  une  injection  copieuse  d'eau  tiède,  puis 
on  retirera,  par  la  même  voie,  et  au  moyen  de  la  pompe  aspirante,  le  liquide 
purulent  lavé  par  l'eau  injectée.  On  réitérera  l'injection  et  le  lavage  du  pus 
péritonéal,  jusqu'à  ce  que  le  liquide  extrait  ait  perdu  tout  caractère  puru- 
lent. Le  moment  opportun,  Voccasio  prœceps  pour  cette  opération,  est  le 
moment  où  le  ventre  commence  à  se  développer,  à  se  météoriser.   » 

M.  Kœnig,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de  M.  Baud  sur 
l'emploi  des  corps  gras  phosphores  extraits  de  la  moelle  allongée  des  ani- 
maux, annonce  que,  depuis  quinze  ans,  il  emploie  avec  succès  dans  le 
traitement  de  la  phthisie  pidmonaire  des  matières  phosphorées  empruntées 
au  règne  animal.  Il  ajoute  qu'à  une  époque  plus  récente  une  courte  expo- 
sition de  sa  méthode  de  traitement  a  été  donnée  dans  un  journal ,  l'Jmi  des 
Sciences;  il  se  croit  en  conséquence  fondé  à  réclamer  la  priorité  pour  cet 
emploi  thérapeutique  des  composés  phosphores. 

Cette  Note  est  renvoyée,  ainsi  que  la  communication  de  M.  Baud,  à  l'exa- 
men de  la  Commission  nommée  dans  la  précédente  séance  pour  un  Mé- 
moire de  M.  Churchill,  concernant  l'emploi  des  hypophosphites  dans  le 
traitement  de  la  phthisie  pulmonaire,  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Serres,  Andral  et  Cl.  Bernard. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


(    I 122    ) 
BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  7  juin  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Considérations  chimiques  sur  ralimentation  du  bétail  au  point  de  vue  de  la 
production  du  travail,  de  la  viande,  de  la  graisse,  de  la  laine  et  du  lait  ;  par 
M.  J.  Isidore  Pierre.  Caen,  i856;  br.  in-8°. 

Annales  de  l'Observatoire  de  Bruxelles,  publiées  aux  frais  de  l'Etat;  par  le 
directeur,  M.  A.  Quetelet;  tomes  XI  et  XII.  Bruxelles,  1857  ;  2  vol.  in-4°. 

Annuaire  de  l' Observatoire  de  Bruxelles,  année  i858;  parle  même.  Bruxelles, 
1857  ; in-i8. 

Sur  le  Climat  de  la  Belgique  ;  par  le  même  ;  tome  II.  Bruxelles,  1 857;  in-4'*. 

Notice  sur  l'éclipsé  de  soleil  du  1 5  mars  1 858  ;  par  le  même  ;  br.  in-8". 

Observations  des  passages  de  la  lune  et  des  étoiles  de  même  culminalion  ;  par 
le  même;  br,  in-8". 

Sur  les  Etoiles  fdanles  et  le  Magnétisme  terrestre;  par  le  même  ;  br.  in-S". 

Variations  annuelles  et  horaires  des  instruments  météorologiques  à  Bruxelles; 
par  le  même  ;  br.  iii-8°. 

L'Année  scientifique  et  industrielle;  par  M.  Louis  FiGUiER;  2*  année.  Paris, 
i858;  I  vol.  in-i2. 

Chimie  appliquée  à  la  viticulture  et  à  l'œnologie,  leçons  professées  en  i856; 
par  M.  C.  Ladrey.  Paris,  1857;  in- 12. 

Catéchisme  agricole,  ou  Traité  élémentaire  d'agriculture  pratique  à  l'usage  des 
écoles  primaires  ;  par  M.  Camille  Planchard.  Tulle,  1857;  in-12. 

Giacitura...  Gisement  et  conditions  du  terrain  carbonifère  d'Aqnana  et  des 
environs;  par  M.  C.  Montagna.  Naples,  1857;  in-4°. 


ERRATA. 

(Séance  du  26  avril  i858.) 
Page  795,   ligne  8,  au  lieu  de  112", 025,  lisez  i2",025. 

(Séance  du  3i  mai  i858.) 

Page  io5o,  Jigne  ig,  supprimez  le  nom  de  M.  Regnault  inséré  par  erreur  parmi  ceux  des 
Commissaires  auxquels  est  renvoyée  la  Note  de  M.  A.  Trêve.  La  Commission  se  compose  de 
MM.  Dupin,  Pouillet,  le  Maréchal  Vaillant,  l'Amiral  Du  Petit- Thouars. 

Page  107 1,  ligne  3,  nu  lieu  de  M.  Lemaire,  lisez  M.  Lemaître. 


COMPTE  RENDU 

JDES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  14  JUIN  1858. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

L'Académie  apprend  la  perte  douloureuse  qu'elle  vient  de  faire  dans  la 
personne  de  M.  Robert  Brown,  un  de  ses  Associés  étrangers,  décédé  le 
lo  de  ce  mois.  Cette  triste  nouvelle  a  été  transmise  à  M.  Decaisne  par 
sir  William  Hooker. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Recherches  sur  la  quantité  d'acide  nitrique  contenue 
'         dans  la  pluie,  le  brouillard^  la  rosée;  par  M.  Boiissingaclt.  (Extrait.) 

«  Dans  le  courant  de  l'été  et  de  l'automne  de  l'année  i856 ,  j'ai  examiné 
l'eau  de  la  pluie  tombée  au  Liebfrauenberg ,  sur  le  versant  d'une  ramifica- 
tion des  Vosges,  dans  une  contrée  très-boisée.  Le  but  de  cet  examen  était 
de  déterminer  la  quantité  de  nitrates  que  contiendraient  les  eaux  météori- 
ques recueillies  loin  des  centres  de  population,  où  diverses  causes  doivent 
introduire  dans  l'atmosphère  et  par  suite  dans  la  pluie  des  éléments  parti- 
culiers. 

»  Dans  90  pluies  reçues  au  Liebfrauenberg,  en  1 856,  j'ai  pu  constater 
la  présence  des  nitrates.  Ce  résultat  était  une  confirmation  du  fait  capital 
découvert  par  M.  Barrai  et  M.  Bence  Jones,  que  l'on  ne  rencontre  pas 

C.  R.  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVl,  N"  24.)  I  4^ 


(     1124     ) 

l'acide  nitrique  seulement  dans  les  pluies  d'orage,  mais  dans  les  pluies 
recueillies  à  toules  les  époques  de  l'année,  et,  par  conséquent,  dans  des 
circonstances  où  l'atmosphère  n'offre  aucun  indice  d'électricité. 

»  Les  premiers  dosages  que  j'avais  exécutés  à  cette  époque  ne  m'in- 
spiraient pas  une  grande  confiance.  J'avais  fait  usage  de  la  méthode  par 
l'indigo  dont  j'ai  posé  les  bases  dans  mon  travail  sur  la  mer  Morte  (i). 
Je  donne  aujoiu'd'hui  tous  les  détails  des  manipulations,  dans  le  chapitre 
do  ce  Mémoire  intitulé  Instructions. 

»  Une  teinture  titrée  d'indigo,  agissant  avec  le  concours  d'acide  chlorhy- 
drique,  permet  sans  aucun  doute  de  doser  avec  certitude  trois  centièmes 
de  milligramme  d'un  nitrate  dissous  dans  quelques  centimètres  cubes  d'eau 
distillée;  mais  appliqué  à  de  l'eau  pluviale,  le  même  réactif  est  sujet  aux 
plus  singulières  anomalies. 

»  Ainsi ,  de  nombreuses  expériences  m'ont  démontré  que,  si  l'on  ajoute 
I  milligramme  et  même  un  dixième  de  milligramme  de  nitrate  de  potasse 
à  I  litre  d'eau  distillée,  on  retrouve,  à  quelques  centièmes  de  milligramme 
près,  la  faible  quantité  de  sel  introduite;  mais  si  l'on  fait  la  même  addi- 
tion à  I  litre  de  pluie,  on  ne  retrouve  pas  toujours,  assez  souvent  même 
on  ne  retrouve  pas  du»  tout  le  milligramme  de  nitrate  ajouté.  J'ai  eu  l'oc- 
casion de  faire  cette  remarque,  que  la  perte  éprouvée  est  d'autant  plus 
forte,  que  l'eau,  en  se  concentrant,  acquiert  une  teinte  ambrée  plus  pro- 
noncée. Dans  deux  essais  où  l'eau  concentrée  était  restée  incolore,  l'indigo 
accusa  tout  le  nitrate  que  l'on  avait  introduit. 

»  C'est  que  l'eau  de  pluie,  même  la  plus  limpide,  celle  qui  tombe  dans 
l(!S  champs,  dans  les  forêts,  n'est  presque  jamais  exempte  d'une  matière 
soluble,  de  nature  organique  que  Zimmermann,  Brandes  ont  aperçue  et 
qu'ils  ont  désignée  sous  les  noms'de  résine,  de  pyrrhine,  de  mucus,  matière 
dont  la  constitution,  encore  inconnue,  est  eu  ce  moment  l'objet  des  recher- 
ches de  M.  Barrai.  f 

>'  C'est  à  cette  substance  que  j'ai  attribué  les  difficultés  qui  se  sont  pré- 
sentées dans  le  dosage  de  l'acide  nitrique  des  eaux  pluviales  par  la  teinture 
d'indigo.  Au  reste,  elle  n'est  pas,  on  le  pense  bien,  la  seule  substance  orga- 
nique capable  d'affecter  ce  dosage  :  j'ai  reconnu  que  le  sucre,  le  glucose,  la 
gomme,  la  dextrine,  la  gélatine  agissent  de  la  même  manière  et  tout  aussi 
défavorablement,  mais,  chose  assez  remarquable,  l'acide  acétique,  les  acé- 
tates, l'acide  tartrique,  l'acide  oxalique,  les  sels  ammoniacaux,  ne  le  gênent 
en  aucune  façon  ;  le  réactif  conserve  tonte  sa  sensibilité. 


(l)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  XL VIII,  p.  129,  3»  série. 


(     II25    ) 

»  Ce  qui  est  arrivé  dans  mes  expériences  était  d'ailleurs  assez  facile  à 
prévoir.  Quand  une  stibslance  de  nature  combustible  se  trouve  en  présente 
d'un  nitrate  dissous  dans  un  grand  excès  d'acide  chlorhydrique,  l'eau  ré- 
gale formée  dans  cette  circonstance,  ou  réagira  de  préférence  sur  les  élé- 
ments de  la  matière  organique,  les  brûlera,  et  dans  ce  cas  l'indigo  ne  sera 
>  pas  attaqué;  le  dosage  par  cet  agent  deviendra  dès  lors  impossible;  ou  l'eau 
régale  réagira  à  la  fois  sur  la  matière  organique  et  sur  l'indigo,  dont  une 
partie  seulement  sera  détruite,  et  dans  ce  second  cas  le  dosage  sera  incom- 
plet. Au  reste,  la  propriété  éminemment  oxydante  de  l'acide  nitrique,  aussi- 
tôt qu'il  est  mis  en  liberté,  est  l'écueil  des  procédés  proposés  pour  doser  les 
nitrates  lorsqu'ils  sont  mêlés  à  des  matières  combustibles. 

»  Pour  déterminer,  au  moyen  de  l'indigo,  les  très-faibles  quantités 
d'acide  nitrique  contenues  dans  quelques  litres  d'eau  de  pluie,  je  compris 
qu'il  devenait  indispensable  d'éliminer  complètement  la  substance  brune 
soluble,  qui  s'opposait  à  la  netteté  de  la  réaction.  J'ai,  en  conséquence, 
appliqué  au  dosage  des  nitrates  des  eaux  météoriques  une  méthode  d'a- 
nalyse qui,  depuis  plusieurs  années,  est  à  l'étude  dans  mon  laboratoire; 
j  exposerai  brièvement  le  principe  sur  lequel  elle  est  fondée,  tout  en  étant 
le  premier  à  reconnaître  qu'elle  n'a  pas  encore  atteint  le  degré  de  perfection 
que  j'espère  lui  donner  un  jour. 

»  Lorsqu'on  brûle  une  plante,  on  trouve  dans  les  cendres  des  bases  miné- 
rales unies  ordinairement  à  l'acide  phosphorique,  à  l'acide  sulfurique,  à 
l'acide  carbonique.  Les  carbonates  ne  préexistant  pas  dans  le  végétal,  du 
moins  en  proportion  notable,  leurs  bases  y  étaient  combinées  à  des  acides 
organiques  détruits  pendant  l'incinération  et  doqt  le  carbone  a  donné  lieu 
à  une  production  d'acide  carbonique. 

i>  Si  la  plante  contenait  des  nitrates,  et  généralement  les  plantes  en  con- 
tiennent, on  ne  les  rencontre  pas  dans  les  cendres.  A  leur  place  il  y  a  aussi 
des  carbonates,  l'acide  des  nitrates  étant  détruit  par  le  feu,  comme  le  sont  les 
acides  organiques,  avec  cette  différence,  que  l'oxygène  de  l'acide  nitrique 
concourt  avec  l'oxygène  de  l'air  à  la  combustion  des  éléments  combustibles, 
formant  de  l'eau  avec  l'hydrogène,  et  avec  le  carbone  de  l'acide  carbonique, 
qui  s'unit  aux  bases  alcalines  des  nitrates. 

»  Je  me  suis  demandé  s'il  ne  serait  pas  possible  de  brûler  les  éléments 
d'une  matière  organique  mêlée  à  un  nitrate,  en  opérant,  non  plus  dans 
l'atmosphère,  mais  dans  un  milieu  d'une  telle  nature,  que  l'oxygène  de 
l'acide  nitrique  ne  puisse  pas  intervenir  comme  comburant;  dans  des  con- 
ditions telle?,  en  un  mot,  que  l'on  retrouvât  les  nitrates  dans  le  résidu  de  la 


(     II26    ) 

combustion,  comme  on  y  retrouve  les  sulfates,  les  phosphates,  les  chlorures 
alcalins,  sauf  ensuite,  pour  la  facilité  du  dosage,  à  mettre  à  profit  la  volati- 
lité de  l'acide  nitrique  pour  dégager  cet  acide  de  ses  combinaisons,  l'isoler, 
le  peser. 

»  Il  s'agissait,  on  le  voit,  de  brûler  le  carbone  et  l'hydrogène  par  de 
l'oxygène  naissant,  plus  actif  que  l'oxygène  de  l'acide  nitrique,  et  que  l'on 
obtient  si  facilement  et  si  abondamment  en  faisant  réagir  l'acide  sulfurique 
sur  l'acide  chromique  ;  agent  d'oxydation  tellement  énergique,  qu'un  habile 
chimiste,  M.  Bruinier,  l'a  employé  avec  succès  pour  brûler  et  doser  le  car- 
bone, non-seulement  du  sucre,  de  l'amidon,  matières  d'une  combustion 
facile,  mais  encore  le  carbone  de  copeaux  de  bois,  de  la  houille,  de  la 
plombagine.  En  augmentant  jusqu'à  certaines  limites  les  proportions  d'acide 
sulfurique  et  de  bichromate  de  potasse,  on  n'a  pas  à  craindre  qu'il  se  forme 
de  l'acide  formique;  tout  l'hydrogène,  tout  le  carbone  sont  transformés  en 
eau  et  en  acide  carbonique. 

')  Dans  cette  combustion  énergique  et  rapide ,  se  réalisant  au  sein  d'un 
liquide  incessamment  pourvu  d'oxygène  naissant,  il  m'a  semblé  que  l'acide 
nitrique  ne  serait  pas  modifié,  ou  que,  s'il  l'était  momentanément  à  cause 
du  contact  avec  la  matière  combustible,  l'oxygène  qu'il  aurait  cédé  lui  serait 
immédiatement  restitué.  De  nombreuses  expériences  m'ont  prouvé  en  effet 
que  l'acide  nitrique  persiste  dans  le  liquide  comburant  après  que  la  sub- 
stance organique  a  été  brûlée.  Il  suffit  alors  que  le  calme  soit  rétabli  dans 
la  cornue  où  a  lieu  la  réaction,  ce  qui  est  l'indice  de  la  fin  de  la  combus- 
tion, il  suffit,  dis-je,  de  chauffer  et  de  recevoir  le  liquide  qui  passe  à  la  dis- 
tillation. Dans  ce  liquide  acide  distillé  se  trouve  l'acide  des  nitrates  que  la 
matière  organique  renfermait.  En  saturant  exactement  par  une  addition 
d'eau  de  baryte  (i),  séparant  le  sulfate  mélangé  d'un  peu  de  chromate,  éva- 
porant au  bain-marie,  on  obtient  le  nitrate  de  baryte  dosant  l'acide  nitrique. 

»   Voici  le  résultat  d'une  expérience. 

»  On  a  introduit  dans  une  cornue  tubulée  contenant  5  grammes  de  bi- 
chromate de  potasse  purifié  (2),  une  dissolution  formée  de 

Eau  distillée i  o"^"-' 

Nitrate  de   potasse o ,  5 

Sucre 0,5 


(i)  La  baryte  préparée  par  l'action  de  l'oxyde  de  cuivre  sur  le  sulfure  de  barium. 
{2)  Le  bichromate  du  commerce  contient  des  nitrates  et  des  chlorures. 


(     1127     ) 

»  Après  avoir  mêlé  au  bichromate ,  on  a  mis 

Acide  sulfurique  pur 6" 

»  La  réaction  achevée  et  la  distillation  poussée  jusqu'à  l'apparition  de 
vapeurs  blanches,  indiquant  le  passage  de  l'acide  sulfurique,  on  laisse  re- 
froidir, puis  on  verse  dans  la  cornue  5  centimètres  cubes  d'eau,  puis  on 
distille  jusqu'à  l'apparition  des  vapeurs  blanches. 

»  En  saturant  le  liquide  acide  distillé ,  on  a  retiré  : 

Nitrate  de  baryte o  ,64o  x. 

Équivalent  à  nitrate  de  potasse '  o,4954 

On  avait  ajouté o  ,5oo 

Différence  en  moins o ,  0046 

représentant   une  perte  d'acide  nitrique  de  o^',oo2  sur  o^'^^ôj  =  —^• 

»  Ce  procédé  me  paraît  devoir  être  utilement  employé  dans  bien  des 
circonstances  ;  mais  il  est  plus  compliqué  quand  les  matières  mêlées  aux 
nitrates  sont  azotées  :  il  convient  alors  d'éloigner  ces  matières,  parce  que, 
pendant  la  réaction,  il  se  forme  de  l'acide  nitrique  avec  l'azote  qui  entre 
dans  leur  constitution.  J'indique,  dans  mon  Mémoire,  comment  on  par- 
vient à  séparer  la  matière  azotée,  au  moyen  du  sous-acétate  de  plomb,  et  je 
donne  comme  exemple  des  dosages  d'acide  nitrique  exécutés  sur  des  orties 
et  sur  des  plants  de  tabac. 

»  En  opérant  sur  quelques  centimètres  cubes  de  liquide  provenant  de  la 
concentration  de  i  litre  d'eau  de  pluie,  le  départ  de  l'acide  nitrique  est 
très-net  (i)  ;  mais  comme  l'acide  ne  dépasse  pas,  le  plus  souvent,  une  frac- 
tion de  milligramme,  on  ne  saurait  le  doser  à  l'état  de  nitrate  de  baryte.  La 
teinture  titrée  d'indigo  présentait  seule  des  garanties  suffisantes  d'exacti- 
tude pour  apprécier  d'aussi  faibles  quantités.  Le  dosage  par  la  teinture  n'a 
pas  été  possible  cependant,  et  cela  à  cause  d'un  accident  auquel  je  n'ai  pu 
remédier  jusqu'à  présent  :  l'acide  sulfurique  qui  passe  avec  l'acide  nitrique 
n'est  pas  un  obstacle;  les  traces  de  chlore  dues  aux  traces  de  chlorures  que 
les  eaux  de  pluie  renferment  sont  facilement  éliminées  par  l'addition  de 
quelques  gouttes  d'ammoniaque  ;  l'obstacle,  c'est  l'acide  chromique  ou  le 

(i)  Avant  d'évaporer  l'eau  de  pluie,  on  y  ajoute  une  très-petite  quantité  de  potasse  très- 
pure,  ou  de  l'eau  de  chaux,  pour  décomposer  les  sels  ammoniacaux.  L'e'vaporation  a  lieu 
dans  une  grande  capsule  de  porcelaine,  ayant  un  fond  plat. 


(  iiaS  j 
bichromate  entraîné  pendant  la  distillation,  et  dont  le  pouvoir  décolorant 
est  très-puissant.  Toutes  les  dispositions  imaginées  pour  empêcher  cet  en- 
traînement ont  échoué.  C'est  qu'en  effet,  lorsqu'un  gaz,  le  gaz  oxygène,  se 
dégage  pendant  l'ébullition  d'iui  liquide  d'une  certaine  consistance,  le 
transport  des.  particules  de  la  matière  solide  devient  presque  impossible  à 
éviter. 

»  J'ai  cherché  un  agent  d'oxydation  dont  la  présence  dans  le  liquide 
distillé  n'eût  pas  sur  l'indigo  l'action  destructive  de  l'acide  chromique  ou 
du  bichromate.  Après  bien  des  essais  rapportés  dans  mon  Mémoire,  et  qui 
ont  porté  sur  plusieurs  corps  éminemment  oxydants,  le  permanganate  de 
potasse,  etc.,  j'ai  substitué  le  peroxyde  de  manganèse,  parfaitement  lavé,  au 
bichromate  de  potasse.  Le  dosage  par  la  teinture  titrée  est  devenu  dès  lors 
extrêmement  précis,  et  dans  toutes  les  expériences  synthétiques  on  a  con- 
stamment retrouvé  dans  le  produit  de  la  distillation  les  doses  de  nitrate, 
même  les  plus  minimes,  que  l'on  avait  ajoutées  à  l'eau  pluviale. 

»  Voici  quelques  résultats  obtenus  par  cette  méthode;  les  expériences 
ont  été  faites  en  se  plaçant  dans  des  circonstances  analogues- à  celles  que 
présente  le  dosage  de  l'acide  nitrique  quand  on  opère  sur  i  litre  d'eau  de 
pluie.  Je  rappellerai  ici  qu'une  teinture  titrée  d'indigo  donne  facilement 
l'indice  de  -^  de  l'unité  d'acide  nitrique  qu'elle  représente.  Ainsi  une  tein- 
ture destinée  à  doser,  au  maxinumi,  i  centigramme  d'acide  nitrique,  en 
accuse  i  milligramme.  Une  teinture  préparée  poui'  doser,  au  maximum, 
o""',!  d'acide,  en  décèle  j^  de  milligramme. 

Ajouté  à  de  l'eau  distillée ,  acide  nitrique o  ,20  i    ,..,.  "'s 

•■                                ,                       ,         '  différence  H-  o ,  o  i 

Par  le  dosage,  trouve 0,21    ( 

Eau  de  pliiie  contenant  acide  nitrique o,  i8 

Ajouté  acide 0,10 


différence  -t-  0,01 


différence  —  o,o3 


0,28 

Par  le  dosage,  trouvé '    o ,  29 

A  de  l'eau  de  pluie  contenant  acide  nitrique 0,07 

Ajouté  acide 0,07 

o,i4 

Par  le  dosage,  trouvé 0,11 

Dans  I  litre  d'eau  de  pluie,  trouvé  acide  nitrique o  ,68  1    ..„.  ^  ^^ 

Par  un  deuxième  dosage  de  la  même  eau,  trouvé.  0,78  j 

Ajoueé  à  un  litre  d'eau,  acide  nitrique 0,20  1  jjff^^p^pp  _  „  „j 

Trouvé o ,  1 8  f 

Dans  I  litre  d'eau  de  pluie,  dosé  acide  nitrique o,4'  1  jjffércncc       o  oz 

Par  un  deuxième  dosage  de  la  même  eau,  trouve.  0,89  ) 


(   "29  ) 

Ajouii-  a  de  l'oaii  distillée,  sulfate  d'ammoniaque  o'' ,?-  : 

Acide  nitrique 0,20  )    ,..., 

„     ,     ,                       ,  ,   dilferenccH- 0,01 

Par  le  dosage ,  trouve o ,  2 1    (  ' 

Ajouté  à  de  l'eau  distillée,  sulfate  d'ammoniaque  ^j  milligr. 

Trouvé  acide  nitrique o,o3 

Ajouté  à  de  l'eau  distillée,  sucre  10  milligr.,  acide  nitrique..  .  i  ,00   1 

Par  le  dosage,  trouvé  acide  nitrique.  0,90  j  ' 

Ajouté  à  de  l'eau  distillée,  sucre  10  milligr.,  acide  nitrique  (i).  0,20  | 

Introduit  dans  le  manganèse,  5o  milligr.  de  bichromate.  >  différence  +  o,o4 

Par  le  dosage,  trouvé  acide  nitrique.  0,24  ) 

»  Il  me  reste  maintenant  à  expliquer  pourquoi  j'ai  cru  devoir  faire  autant 
d'efforts  pour  trouver  un  procédé  de  dosage  aussi  délicat,  quand  en  opé- 
rant sur  un  pltis  grand  volume  d'eau,  sur  100  à  200  litres  par  exemple,  on 
pouvait  se  procurer  un  liquide  concentré  assez  riche  en  nitrates  pour  en 
doser  l'acide  à  l'état  de  nitrate  de  baryte,  comme  dans  l'expérience  dont 
j'ai  donné  les  détails.  Il  est  aisé,  d'ailleurs,  d'avoir  beaucoup  de  pluie  à  la 
fois,  puisqu'il  suffit,  pour  cela,  d'augmenter  la  surface  de  l'udomètre. 

»  En  agissant  comme  je  l'ai  fait,  j'ai  été  mù  par  deux  motifs.  D'abord 
j'admets  qu'en  météorologie  chimique,  pour  élucider  de  très-intéressantes 
questions,  il  est  nécessaire  de  multiplier  autant  que  possible  les  observa- 
tions; pour  réaliser  cette  condition,  il  est  essentiel  que  les  méthodes  soient 
facifes,  rapides,  sans  cesser  d'être  exactes.  Ensuite,  et  c'est  là  une  puissante 
considération,  il  est  des  eaux  météoriques  dont  on  obtient  rarement  quel- 
ques décilitres;  telles  sont  les  eaux  des  brouillards,  du  givre,  de  la  rosée  : 
or  personne  ne  contestera  l'intérêt  qui  s'attache  à  l'étude  de  ces  météores 
aqueux. 

»  A  l'aide  du  procédé  que  naturellement  je  n'ai  pu  décrire  que  très- 
imparfaitement  dans  cette  lecture,  j'ai  dosé  l'acide  nitrique  dans  :     • 

i8g  échantillons  de  pluie  ; 

6  id.         de  neige  ; 

']  id.  de  brouillard  ; 

3o  id.         de  rosée. 

»  Dans  la  prochaine  séance,  si  l'Académie  veut  bien  me  le  permettre, 
j'exposerai  les  conséquences  que  l'on  peut  tirer  de  ces  recherches.  » 


(i)  L'acide   nitrique  a   toujours  été  introduit  par  une  dissolution  titrée   de  nitrate  de 
potasse. 


(  ji3o  ) 

M.  Geoffrot-Saint-Hilaire  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Mémoire 
imprimé  sur  les  singes  les  plus  voisins  de  l'homme,  et  particulièrement  sur 
le  Gorille  Gina,  découvert  ou  plutôf  retrouvé  en  1847  au  Gabon,  et  dont  il 
existe  aujourd'hui  six  individus  en  Europe  :  cinq  au  Musée  d'histoire  natu- 
relle de  Paris,  et  un  au  Musée  de  Vienne. 

Le  Mémoire  de  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire  forme  le  complément,  au 
point  de  vue  zoologique,  des  Mémoires  publiés  sur  le  même  animal,  au 
point  de  vue  anatomique,  par  M.  Duvernoy.  L'auteur  y  traite  successive- 
ment des  caractères,  des  rapports  naturels,  de  l'habitude  et  des  mœurs  du 
Gorille,  et  résume,  en  terminant,  les  notions  anciennement  recueillies  sur 
le  Gorille  par  quelques  voyageurs. 

Les  conclusions  principales  de  ce  Mémoire,  très-étendu,  sont  les  sui- 
vantes : 

«.  Le  Gorille  n'est  pas  une  seconde  espèce  du  genre  Troglodyte  (Chim- 
panzé), mais  un  genre  distinct,  Gorilla  (i),  plus  éloigné  que  celui-ci  du 
type  humain  par  l'ensemble  de  ses  caractères;  plus  rapproché  de  l'homme, 
au  contraire,  qu'aucun  autre  singe  et  que  le  Chimpanzé  lui-même  par  la  con- 
formation de  ses  mains.  Le  Chimpanzé  était  le  seul  singe  connu  qui  parta- 
geât avec  l'homme  ces  deux  caractères  :  les  ongles  aplatis  et  huit  os  seule- 
ment au  carpe;  le  Gorille  a  ces  deux  mêmes  caractères,  et  de  plus  un  autre 
trait  humain  :  la  paume  élargie. 

»  On  ne  connaît  encore  dans  le  genre  Gorille  qu'une  seule  espèce,  Gorilla 
Gina  [Troglodytes  Gorilla,  Sav.).  Cette  espèce,  la  plus  gigantesque  de  la  fa- 
mille des  singes  et  de  l'ordre  entier  des  Primates,  habite  la  côte  occidentale 
d'Afrique,  au  nord  et  au  sud  de  l'équateur,  où  elle  est  désignée  par  les 
nègres  sous  les  noms  de  Gina,  D'jina,  N'gina,  Enge-ena,  et  autres  variantes. 

»  (îette  espèce  vit  dans  les  forêts,  où  elle  se  tient  le  plus  souvent  sur  les 
arbres,  et  vit  de  cannes,  fruits  et  feuilles  de  divers  végétaux.  Ses  habitations 
sont  beaucoup  plus  grossièrement  faites  que  celles  de  Chimpanzés,  dans 
le  voisinage  desquels  vivent  les  Gorilles,  mais  sans  se  mêler  avec  eux.  Leur 


(i)  Nom  générique  proposé  pour  le  grand  singe  du  Gabon  dans  une  Note  insérée  dans 
les  Comptes  rendus  de  l'Académie,  tome  XXXIV,  page  8i ,  au  moment  même  de  l'arrivée  du 
premier  Gorille  en  Europe.  Ce  nom  générique,  ainsi  que  le  nom  spécifique  Gina,  ont  été 
adoptes  par  la  plupart  des  auteurs,  notamment  en  France  par  MM.  Duvernoy,  L.  Rous- 
seau et  Gervais,  et  en  Suède  par  M.  Dahlbom.  En  Angleterre  on  a  continué  à  voir  dans  le 
Gorille  un  Troglodyte  gigantesque,  et  à  le  nommer  Troglod.  Gorilla. 


(  m3i  ) 
force  est  extrême  et  les  rend  très-redoutables  ;  mais  aucun  fait  ne  vient  à 
l'appui  des  récits  répandus  parmi  les  nègres  d'enlèvements  de  femmes  par 
les  Gorilles. 

»  Le  Gorille  ne  figure  dans  la  science  que  depuis  1847,  époque  où  il 
fut  trouvé  au  Gabon  parM.  Savages,  missionnaire  américain;  mais  il  n'était 
pas  resté  inconnu  aux  voyageurs  jusqu'à  cette  époque.  Dès  la  fin  du 
xvi"^  siècle,  le  Gorille  était  connu  de  Battell  ;  c'est  le  Pongo  de  ce  voyageur, 
et,  après  lui,  de  Buffon  (dans  son  premier  travail  sur  les  singes).  Le  Go- 
rille est  aussi  le  Quimpézé  de  La  Brosse  et  VIngéna  de  Bowdich. 

B  C'est  au  contraire  à  tort  qu'on  a  cru  retrouver  dans  le  Gorille  le 
TopiA/a  d'Hannon.  Les  trois  peaux  d'hommes  sauvages  {ètvSpaTToi  àypioi) 
rapportées  par  cet  amiral  carthaginois  de  sa  célèbre  expédition  à  l'ouest  de 
l'Afrique,  et  dont  deux  se  voyaient  encore  suspendues  dans  le  temple  de 
Junon  lors  de  la  prise  de  Carthage,  étaient  très-vraisemblablement  des 
peaux  de  Chimpanzé,  et  non  de  Gorille.  » 

A  la  suite  du  Mémoire  de  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  complété  par 
de  nombreuses  figures  du  Gorille  dans  divers  âges  et  du  Chimpanzé  adulte, 
sont  deux  Notices  très-intéressantes  sur  le  Gorille,  rédigées  par  les  deux 
médecins  de  la  marine,  auxquels  on  doit  le  premier  squelette  et  la  pre- 
mière peau  qui  soient  venus  en  Europe,  MM.  les  docteurs  Gautier-Laboullay 
et  Franquet. 

M.  Sedgwick,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  (Section 
de  Minéralogie  et  Géologie),  en  adressant  ses  remercîments  à  l'Académie, 
annonce  qu'il  s'estimera  heureux  de  pouvoir  lui  communiquer  soit  les  faits 
nouveaux  qu'il  découvrira,  quoique  l'âge  luirende  plus  difficiles  les  explo- 
rations sur  le  terrain,  soit  ceux  qui,  précédemment  découverts  par  lui,  n'ont 
pas  encore  été  publiés. 

L'Académie  accueillera  avec  reconnaissance  les  communications  promises. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  l'examen  des  pièces  admises  au  concours  pour 
le  prix  de  Physiologie  expérimentale.  MM.  Cl.  Bernard,  Flourens,  Milne 
Edwards,  Serres,  Rayer,  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N0  24.)  l47 


.^ 


(   ii3a  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

ÉCONOMIE    RURALE.    —    Théorie   du   soufrage    de    la    vigne; 
par  M.  F.  de  la  Vergne. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Boussingault,  Payer,  Moquin-Tandon.) 

«  Le  vignoble  que  j'ai  défendu  contre  l'oïdium  pendant  six  années  consé- 
cutives, avec  le  plus  grand  succès,  a  plus  de  loo  hectares  d'étendue  et  pro- 
dtiit  en  moyenne  plus  de  looo  barriques  de  vin.  Situé  dans  la  contrée  du 
Médoc,  à  1  kilomètres  de  la  Garonne,  il  fait  partie  d'une  terre  de  4  kilo- 
mètres de  longueur;  il  comprend  des  terrains  de  différentes  natures,  et  ses 
vignes,  d'espèces  diverses,  sont  soumises  à  une  culture  variée.  C'est  un 
champ  vaste  présentant  les  meilleures  conditions  pour  l'expérimentation 
que  j'avais  entreprise. 

»  C'est  là  que  j'ai  pratiqué  le  soufrage  à  sec  des  iSSa.  C'est  là  particu- 
lièrement que  j'ai  fait  les  observations  et  appliqué  la  méthode  dont  je  viens 
entretenir  l'Académie. 

»  \°.  Ij'oïdium  ne  se  développe  d'une  manière  menaçante  que  lorsque  la 
température  atmosphérique  est  généralement  nuit  et  jour  au-dessus  de 
20  degrés  centigrades,  ainsi  qu'il  arrive  dans  le  Bordelais  à  la  fin  de  mai,  en 
juin,  juillet,  août  et  septembre.  Lorsqu'il  a  commencé  à  se  développer,  si 
des  vents  de  nord  ou  des  pluies  continues  viennent  refroidir  les  surfaces 
de  la  vigne  et  rabaisser  leur  température  au-dessous  de  certaines  propor- 
tions, l'oïdium  ne  fait  pas  de  progrès.  Il  redouble  au  contraire  d'activité 
lorsque,  le  beau  temps  reparaissant,  la  chaleur  solaire  réchauffe  l'humidité 
des  milieux  où  il  se  trouve  placé. 

»  Tous  les  cépages  ne  sont  pas  sujets  à  l'oïdium,  ou  ne  le  sont  pas  égale- 
ment. Le  même  cépage  n'est  pas  oïdié  dans  tous  les  terrains  ni  dans  toutes 
les  situations,  ou  ne  l'est  pas  au  même  dfegré.  Jusqu'en  i856,  le  parasite 
n'avait  paru  ni  sur  le  Mnibec,  ni  sur  VEurageat;  aujourd'hui  même  la  Pique 
et  quelques  autres  rares  cépages  en  sont  encore  exempts. 

»  L'oïdium  ne  se  développe  pas  tous  les  ans  au  même  moment;  il  ne 
sévit  pas  avec  la  même  violence  dans  les  mêmes  lieux.  En  i855,  il  ne  parut 
qu'à  la  fin  du  mois  de  juin.  On  l'avait  vu  en  1 854,  on  l'a  revu  depuis  à  la  fin 
d'avril  ou  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  mai. 

»  Certaines  vignes  dévastées  une  année  ont  conservé  une  partie  de  leurs 
fruits  l'année  suivante  et  les  ont  perdus  en  totalité  l'année  d'après. 

»  La  vigne  en  végétation  ne  demande  donc  à  être  traitée  ni  dans  tous  les 


(  ii33  ) 
points  de  l'étendue,  ni  à  tous  les  instants  de  la  durée.  Tous  les  cépages 
n'ont  donc  pas  besoin  de  traitement  à  la  même  heure  ni  dans  les  mêmes 
lieux. 

))   2".  Le  soufre  n'a  qu'une  action  circonscrite,  je  dirai  presque  locale, 
et  ne  préserve  que  les  points  des  surfaces  de  la  vigne  auxquels  ses  émana- 
tions peuvent  s'appliquer.  Ses  propriétés  antioïdiques  ne  se  manifestent  pas 
•à  une  température  inférieure  à  20  degrés.   La  chaleur  nécessaire   à   son 
action  est  la  chaleur  même  qui  favorise  la  végétation  de  l'oïdium. 

«  Les  pluies  et  le  vent  déplacent  le  soufre.  La  vigne  végétant  continuelle- 
ment pendant  cinq  à  six  mois  présente  alors  constamment  aux  semences 
de  l'oïdium  des  surfaces  nouvelles  que  ne  pouvait  pas  atteindre  le  soufre 
déjà  répandu  et  qui  ne  sont  pas  toujours  à  la  portée  de  ses  émanations.  Le 
soufre  ne  peut  donc  protéger  une  vigne  que  dans  une  sphère  d'action  et 
pendant  lui  temps  nécessairement  limités. 

»  D'un  autre  côté,  le  soufre  ne  guérit  pas  les  altérations  que  l'oïdium 
produit  sur  les  tissus  épidermiques  des  parties  vertes  de  la  vigne  aux  places 
où  il  s'est  trop  longtemps  développé.  Un  grain  de  raisin  dont  la  peau  a 
reçu  des  crampons  de  l'oïdium,  des  piqûres  graves,  se  fendra,  si  au  moment 
de  l'attaque  il  était  déjà  gros  et  charnu;  et  s'il  était  encore  menu  et  maigre, 
il  s'arrêtera  dans  son  développement  et  se  desséchera.  Jamais  le  soufre  n'a 
rétabli  en  bonne  santé  le  raisin  fendu  ou  atrophié. 

»  Le  soufre  empêche  les  semences  oïdiques  de  germer  ou  cause  la  mort 
des  organes  qu'elles  ont  déjà  produits  s'ils  sont  de  formation  récente,  et  pré- 
vient ainsi  le  mal  qu'ils  auraient  fait  s'ils  avaient  continué  à  se  développer. 

»  On  a  demandé  si  le  soufre  prévenait  l'oïdium  lui-même,  c'est-à-dire  s'il 
empêchait  ses  spores  de  se  poser  sur  la  vigne.  L'irréflexion  seule  a  pu 
dicter  ime  telle  question.  Le  soufre  est  donc  dans  le  traitement  de  la  vigne 
l'agent  par  excellence  de  la  prophylaxie;  la  thérapeutique  n'a  rien  à  attendre 
de  lui.  Si  l'on  répand  le  soufre  en  couches  épaisses  sur  les  parties  aériennes 
de  la  vigne  et  sur  le  sol  au-dessous  ;  si  les  raisins,  faute  d'aVoir  été  soufrés 
d'abord  méthodiquement  et  à  propos,  n'ont  pu  être  sauvés  de  la  destruction 
que  par  des  opérations  fréquemment  renovivelées,  propres  à  réprimer  mo- 
mentanément l'oïdium,  mais  impuissantes  à  détruire  complètement  son 
mycélium,  les  vins  qui  proviennent  des  vignes  soufrées  dans  de  telles  con- 
ditions ont  une  mauvaise  odeur  et  un  mauvais  goiit,  parce  qu'ils  sont  plus 
ou  moins  souillés  d'hydrogène  sulfuré.  Certains  cépages  sont  très-sensibles 
à  l'acide  sulfurique  détenu  dans  les  molécules  de  soufre  sublimé.  Si  l'on 
surcharge  de  cette  poudre  leurs  organes  verts  au  moment  où  ils  sont  séchés 

147- 


(  ..34  ) 
par  un  ardent  soleil,  les  tissus  épidermiques  sont  souvent  noircis  et  quelque- 
fois grillés.  Quelques  ceps  en  mcui'ent  partiellement,  et  quelques  autres 
périssent  tout  entiers.  Cela  se  voit  en  Italie  et  dans  le  Languedoc,  où  l'on 
emploie  jusqu'à  25o  kilogrammes  de  fleur  de  soufre,  et  dans  tous  les  vigno- 
bles où  l'o.i  professe  qu'épargner  le  soufre,  c'est  faire  une  mauvaise  économie. 
J'ai  préservé  mes  récoltes  en  employant  moins  de  5o  kilogrammes  de  fleur 
de  soufi'e  par  hectai'e  contenant  neuf  mille  souches  en  graves  et  deujc  mille, 
quati-e  cents  en  palus.  En  passant  près  de  mes  vignes,  on  ne  s'apercevait  pas 
auti'ement  qu'à  l'odeur  qu'elles  répandaient  qu'elles  eussent  été  soufrées. 
Je  n'ai  jamais  eu  de  ceps  ni  morts  ni  malades,  et,  si  ce  n'est  en  i853,  tous 
nies  vins  ont  été  purs  d'hydrogène  sulfuré.  Dans  tous  les  vignobles,  oii  a 
remai-qué  des  parcelles  non  soufrées  dont  les  bordures  avaient  été  préser- 
vées de  l'oïdium  loi'squ'elles  s'étaient  trouvées  placées  sous  le  vent  de  vignes 
soufrées.  Il  n'est  donc  pas  nécessaire  que  le  soufre  soit  répandu  en  giMiide 
quantité  sur  la  vigne  pour  la  protéger  contre  l'oïdium  ;  il  suffit  qu'il  soit 
convenablement  i-éparti  et  qu'il  en  existe  des  grains  très-rapprochés  les  uns 
des  autres  sur  tous  les  points  de  la  surface  verte  qu'il  s'agit  de  défendre. 

»  3°.  Les  populations  viticoles  fournissent  à  peine  les  bras  utiles  à  la  cul- 
ture ordinaire  du  vignoble  actuellement  existant.  Il  importe  donc  de  réduire 
au  strict  nécessai.-e  l'opéi-ation  du  soufrage,  sous  peine  d'èti'e  forcé  de  renon- 
cer à  des  ti-avaux  d'une  utilité  déjà  reconnue  ou  de  supprimer  une  partie  des 
vignes  pour  que  l'autre  partie  puisse  être  soufrée.  L'art  de  soufrer  la  vigne 
est  donc  l'ait  de  souf.er  à  propos,  avec  peu  de  soufie  et  peu  de  bras.  Il 
faut  pour  cela  pi-atiquer  le  soufrage  avec  de  bons  instruments,  et  seule-  , 
ment  au  moment  et  là  où  son  opportunité  est  démonti'ée.  Or  on  peut  recon- 
naître l'opportunité  d'un  soufrage  à  des  signes  certains. 

»  Dan.s  chaque  parcelle  d'un  vignoble  et  dans  chaque  espèce  de  vignes, 
tous  les  ceps  ne  sont  pas  moisis  à  la  fois.  Certains  d'entre  eux,  bien  connus 
maintenant  du  vignei-on  qui  les  cultive  depuis  quelques  années,  sont  tou- 
jours les  premiers  enfarinés.  Ce  sont  des  moniteurs,  ou,  si  l'on  veut,  les 
porte-étendard  de  l'ennemi  qu'il  faut  surveiller  particulièrement  à  cer- 
taines époques;  car  ils  indiquent  le  moment  où  il  convient  de  soufrer.  On 
les  rencontre  ordinairement  pi'ès  des  bâtiments,  au  boi-d  des  allées  ou  des 
fossés,  dans  les  dépressions  de  terrain  et  là  où  l'ombre  de  certains  arbres 
peut  les  atteindi-e. 

•>  J'ai  consulté  sur  ce  point ,  dans  le  vignoble  girondin  et  au  dehois, 
bien  des  centaines  de  vignerons.  Ils  avaient  remarqué  les  mêmes  faits. 

»  Aussitôt  que  sur  une  partie  verte  quelconque  de  ces  pieds  de  vigne, 


(  ..35) 
une  tache  de  moisissiu'e  apparaît  si  la  température  atmosphérique  est  .iuit 
et  jour  au-dessus  de  20  degrés  centigrades,  comme  dans  le  Midi,  vers  la  fin 
de  mai,  en  juin,  juillet,  août  et  septembre.  Il  faut  tenir  pour  certain  que 
le  parasite,  bien  qu'imperceptible  ailleurs  à  l'oeil  nu ,  existe  généralement 
en  germination  ou  à  l'état  de  mycélium,  sur  le  cépage  auquel  appartiennent 
les  sujets  qui  en  sont  visiblement  atteints.  Il  faut  alors  soufrer  l'espèce 
entière,  et  sans  attendre  l'en/annenient  d'autres  individus,  dans  tout^es  les 
parcelles  oii  l'âge  de  la  vigne,  la  nature  du  sol  et  du  sous-sol,  l'exposition 
et  le  mode  de  culture  offrent  au  champignon  les  mêmes  conditions  de  dé- 
veloppement. 

»  Toutes  les  attaques  de  l'oïdium  se  reconnaissent  aux  mêmes  signes  et 
leurs  effets  doivent  être  prévenus  par  les  mêmes  moyens. 

»  Quant  à  la  répartition  du  soufre,  elle  se  fait  facilement,  exactement  et 
dans  de  bonnes  proportions  ou  moyen  du  soufflet  à  tuyère  cylindrique  et 
l'ecourbée  dont  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  en 
lui  offrant  mon  ouvrage  intitulé  Guide  du  soufreur  de  vignes^  ouvi'age  qui 
dans  l'espace  de  deux  ans  est  arrivé  à  sa  troisième  édition.  » 

MÉDECINE.  —  applications  faites  en  Alcjériede  la  méthode  hémospasique  ; 

par  M.  le  D'  T.  Jcnod. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Andral,  Rayer.  ) 

Après  avoir  rapporté  un  certain  nombre  d'observations  dans  lesquelles 
l'application  des  grandes  ventouses  a  été  promptement  suivie  de  chan- 
gements favorables  dans  l'état  du  .naïade,  l'auteur  signale  quelques-unes 
des  circonstances  qui,  propres  à  notre  colonie  afi^icaine,  semblent  y 
rendre  plus  spécialement  utile  l'emploi  de  la  méthode  hémospasique. 
«  Il  est  surtout,  ajoute-t-il  en  terminant,  une  catégorie  pa.-ticulière  d'affec- 
tions endémiques  algériennes,  dans  lesquelles  la  méthode  hémospasique 
est  évidemment  appelée  à  rendre  les  plus  grands  services.  Je  veux  parler 
de  ces  cas  de  fièvres  rebelles,  persistantes^  caractérisées  par  une  véritablç 
période  chronique  ou  une  interminable  convalescence,  pendant  lesquelles 
les  voies  digestives,  fatiguées  par  la  maladie  et  des  traitements  actifs  et 
prolongés,  ne  peuvent  plus  supporter  la  médication  quinique  Détourner 
chez  ces  malades  épuisés  les  congestions  viscérales,  que  la  débilitation  rend 
d'autant  plus  dangereuses,  est  une  indication  trop  rationnelle,  pour  que 


(  ii36  ) 
nos  confrères  de  l'Algérie  ne  me  sachent  pas  quelque  gré  de  leur  en  avoii 
indiqué  les  moyens,  en  démontrant  sous  leurs  yeux  la  puissance  et  l'op- 
portunité de  mes  appareils.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

31.  PouiLLET,  Membre  d'une  Commission  nommée  dans  la  séance  du 
i5  mars,  pour  un  Mémoire  de  M.  P.  Lo/er  sur  les  bases  mathématiques  de 
la  musique,  demande  que  l'Académie  des  Beaux-Arlssoit  invitée  à  adjoindre 
deux  de  ses  Membres  à  ceux  que  l'Académie  des  Sciences  a  déjà  chargés  de 
l'examen  de  ce  travail. 

Une  demande  sera  adressée  à  cet  effet  à  l'Académie  des  Beaux-Arts. 

OPTIQUE.  —  Essai  sur  la  marche  (jénérale  des  franges  dans  les  lames  minces  de 
quartz  et  de  spath,  taillées  sous  une  inclinaison  quelconque  à  l'axe  optique; 
parWLM.  Schlagdexhauffex  et  Freïss.  (Extrait  par  les  auteurs.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

a  Lorsqu'on  interpose  entre  le  polariseur  et  l'analyseur,  d'un  appareil  de 
])olarisation  convenable,  une  lame  mince  à  faces  parallèles  taillée  dans  un 
cristal  biréfringent,  on  voit  des  franges  monochromatiques  souvent  accom- 
pagnées de  lignes  neutres.  Ces  phénomènes  peuvent  être  variés  de  bien  des 
manières,  par  la  nature  du  cristal,  l'inclinaison  de  la  taille  sur  l'axe  optique, 
les  positions  relatives  des  sections  principales  du  polariseur,  de  la  lame  et 
de  l'analyseur,  la  superposition  de  deux  lames  dans  diverses  conditions,  etc.; 
Tui  grand  nombre  d'observations  de  ce  genre  ont  été  faites,  et  plusieurs  cas 
isolés  ont  été  expliqués.  Remarquant  que  dans  les  cristaux  uniaxes  les  franges 
sont  circulaires  si  l'axe  est  perpendiculaire,  hyperbohques  si  l'axe  est  paral- 
lèle, et  qu'elles  ont  l'apparence  de  bandes  curvilignes  si  l'axe  est  incliné 
à  45  degrés,  nous  nous  sommes  proposés  dans  ce  travail  de  rechercher  la 
transformation  continue  des  franges  circulaires  en  franges  hyperboliques, 
lorsque  l'axe  optique,  d'abord  perpendiculaire  à  la  lame,  s'incline  de  plus 
en  plus  jusqu'à  lui  devenir  parallèle. 

)i  On  sait  que  le  phénomène  des  franges  est  produit  par  l'interférence  de 
deux  rayons  parallèles  et  très-voisins,  dont  l'un  se  réfracte  ordinairement 
dans  la  lame  du  cristal  biréfringent,  l'autre  extraordinairement,  et  qui  se  joi- 
gnent à  la  seconde  surface  de  la  lame,  à  partir  de  laquelle  ils  coïncident  dans 
leur  marche  ultérieure;  l'intensité  des  franges  varie  avec  la  différence  de 


(  'i37) 
marche  des  rayons  et  les  angles  que  font  respectivement  les  sections  pruici- 
pales  de  la  lame  et  de  l'analyseur  avec  le  plan  de  polarisation  primitif.  Nous 
avons  calculé  la  différence  de  marche  de  deux  rayons  pour  faire  entrer  cette 
valeur  dans  une  équation  générale  qui  nous  rendait  compte  de  la  nature  des 
franges.  Pour  déterminer  leur  équation,  nous  ferons  remar([uer  qu'une 
frange  est  une  nappe  conique  dont  le  centre  optique  de  l'œil  est  le  sommet, 
et  dont  les  génératrices  sont  les  rayons  d'interférence  qui  ont  la  même  diffé- 
rence de  marche.  En  coupant  cette  nappe  par  un  plan  perpendiculaire  à 
l'axe  du  cône  et  à  la  distance  de  la  vue  distincte,  on  obtient  les  projections 
des  franges  sur  ce  plan;  ces  projections,  rapportées  à  deux  axes  rectangu- 
laires, peuvent  être  exprimées  par  une  équation  que  nous  avons  appelée 
équation  générale  des  franges  : 

Ar='+Ba•'-^Ca  +  D  ih- =0.  ' 

e 

»  Les  coefficients  A,  B,  C,  D  sont  trop  compliqués  pour  que  nous  ayons 
pu  discuter  l'équation  sons  cette  forme  générale;  nous  l'avons  appliquée 
aux  deux  cas  particuliers,  le  spath  et  le  quartz.  Le  signe  +  se  rapporte  au 
cas  où  les  franges  sont  obtenues  au  moyen  du  quartz,  et  en  général  au 
moyen  de  cristaux  positifs;  le  signe  —  s'applique  au  spath  et  aux  cristaux 

négatifs.  La  différence  de  marche  est  exprimée  par  x ->  j:  étant  un  nombre 

entier  pair  ou  impair,  positif  ou  négatif,  indiquant  le  rang  de  la  frange. 
Nous  avons  appelé  frange  centrale  celle  de  l'ordre  zéro  donnée  par  jc  =  o. 
Nous  avons  discuté  d'abord  l'équation  générale  des  franges  en  donnant  à  x 
cette  dernière  valeur,  puis  nous  lui  avons  donné  successivement  des  valeurs 
positives  et  négatives.  Dans  chacun  de  ces  cas,  nous  avons  remarqué  que  les 
franges  pouvaient  changer  à  la  fois  déforme,  de  grandeur  et  de  position,  à 
cause  de  la  variabilité  des  coefficients  de  l'équation.  Nous  avons  reconnu 
par  la  discussion  que  la  marche  générale  des  franges  est  la  même  dans  les 
cristaux  positifs  et  dans  les  cristaux  négatifs,  à  cette  différence  près  que  leur 
ordre  est  interverti;  de  telle  sorte  que  les  franges  de  rang-l-  i,  -t-  2,  -+-  3,... 
dans  lesquelles  le  rayon  ordinaire  est  en  avance  sur  le  rayon  extraordinaire, 
suivent  dans  les  cristaux  négatifs  les  mêmes  transformations  que  subissent 
dans  les  cristaux  positifs  les  franges  de  rang  —  i,  —  2,  —  3,...  dans  lesquelles 
le  rayon  ordinaire  est  en  retard  sur  le  rayon  extraordinaire,  et  vice  versa.  La 
frange  d'ordre  zéro,  dans  laquelle  la  différence  de  marche  est  nulle,  suit  les 
mêmes  transformations  dans  les  deux  espèces  de  cristaux. 

»  Lorsque  l'axe  optique  est  perpendiculaire  à  la  surface  du  cristal,  on 


(  ii38  ) 
aperçoit  des  cercles  qui  représentent  à  partir  du  centre  des  franges  de  rang 
—  I ,  —  2,  —  3,"  ...,  le  centre  lui-même  étant  la  frange  centrale  ou  la  frange 
de  rang  zéro.  A  mesure  que  l'axe  s'incline,  les  cercles  se  dilatent  tout  en 
s'allongeant  davantage  dans  le  sens  de  la  section  principale,  et  prenant  ainsi 
la  forme  d'ellipses  qui  ont  toutes  le  même  centre  et  sont  semblables  entre 
elles;  en  même  temps  de  nouvelles  ellipses  de  rang  o,  +  i,  -+-  2,  ...,  sem- 
blent sortir  successivement  du  centre.  Enfin  tout  le  système  des  franges  se 
déplace  avec  son  centre  dans  le  sens  de  la  section    principale,   en  suivant 
la  projection  de  la  partie  de  l'axe  optique  située  du  côté  de  la  lumière  trans- 
mise. Le  cristal  est  supposé  orienté  de  telle  sorte  que  le  déplacement  ait  lieu 
vers  la  gauche  de  l'observateur.  L'allongement  du  grand  axe  et  le  déplace- 
ment du  centre  tendent  en  même  temps  vers  l'infini  ;  cependant  les  som- 
mets de  droite  des   ellipses   restent  à  une  distance   finie  et  ne  subissent 
qu'une  déviation  vers  la  gauche,  tandis  que  les  sommets  de  gauche  s'éloi- 
gnent à  l'infini.  Cette  limite  est  atteinte  lorsque  l'axe  optique  a  pris  une  in- 
clinaison déterminée,  qui  dépend  uniquement  des  indices  principaux  du 
cristal,  et  nullement  de  son  épaisseur;  elle  est  de  56  degrés  environ  pour  le 
quartz,  et  de  45  degrés  pour  le  spath.  Les  ellipses  passent  alors  à  l'état  de 
paraboles  qui  sont  identiques  dans  leurs  formes  et  équidistantes  entre  elles. 
Elles  sont  disposées  de  droite  à  gauche  suivant  une  série  qui  commence  par 
une  frange  de  rang  négatif  —  n  et  finit  par  une  autre  de  rang  positif  +  n, 
le  nombre  n  n'ayant  d'autres  limites  que  celle  que  lui  imposent  les  condi- 
tions physiques  de  l'interférence;  la  frange  centrale,  terme  moyen  de  la  sé- 
rie, se  trouve  àunedistance  déterminée  vers  la  gauche  du  centre  du  champ. 
»  Lorsque  l'axe  optique  continue  à  s'incliner,  les  paraboles  se  transfor- 
ment en  branches  hyperboliques  dont  l'axe  transverse  est  dirigé  suivant  la 
section  principale  dont  les  branches  complémentaires  finissent  par  appa- 
raître vers  la  droite.  Les  hyperboles  ont  toutes  un  même  centre  qui  se  rap- 
proche graduellement  de  l'infini  et  vient  coïncider  avec  le  centre  du  champ 
lorsque  l'axe  optique  est  parallèle  à  la  surface  du  cristal;  elles  sont  aussi 
semblables  entre  elles,  et  par  suite  elles  ont  les  mêmes  asymptotes  dont 
l'angle,  d'abord  nul,  augmente  peu  à  peu  et  finit  par  atteindre  une  valeur 
approchée  de  go  degrés.  Enfin  les   axes  parallèles  à  la  section  principale 
sont  d'abord  tous  réels  et  infinis;  à  mesure  que  l'axe  optique  s'incline,  ils 
diminuent  en  valeur  absolue,  deviennent  nuls,  puis  imaginaires  ;  les  hyper- 
boles commencent  donc  par  être  directes,  et  leurs  branches  se  rapprochent 
successivement  du  centre,  se  réduisent  aux  asymptotes  et  passent  ensuite 
dans  l'angle  supplémentaire  à  l'état  d'hyperboles  inverses. 


(  "39) 

»  Le  centre  des  franges  et  la  frange  centrale  ne  sont  influencés  en  aucune 
manière  par  les  changements  d'épaisseur,  ni  par  les  changements  deconletir 
de  la  lumière.  Les  autres  franges  varient,  non  de  forme,  car  elles  restent 
totites  semblables  entre  elles,  mais  de  grandeur  :  elles  sont  d'autant  plus 
serrées,  que  l'épaisseur  du  cristal  est  plus  grande  et  que  la  couleur  est  plus 
rapprochée  du  violet,  dans  l'ordre  du  spectre  solaire.  Il  résulte  de  là  que, 
dans  la  lumière  blanche,  la  frange  centrale  a  son  milieu  blanc  ou  noir, 
selon  que  les  tourmalines  sont  parallèles  ou  croisées,  et  qu'elle  constitue 
vme  ligne  de  démarcation  à  partir  de  laquelle  l'irisation  est  la  même,  si 
l'on  parcoiu't  en  sens  inverse  les  deux  séries  des  franges,  les  unes  de  rang 
positif,  les  autres  de  rang  négatif. 

»  I/expérience  est  entièrement  d'accord  avec  les  conséquences  de  la 
théorie.  Nous  avons  vérifié  les  parties  les  plus  importantes  résultant  de  la 
discussion  de  l'équation  générale  au  moyen  des  lames  de  quartz  de  2  et 
4  millimètres  d'épaisseur  et  au  moyen  de  lames  de  spath  dont  l'épaisseur 
variait  de  i  à  j  de  millimètre.  Nous  n'avons  opéré  qu'avec  laie  pince  à  tour- 
maline, seul  instrument  qui  fût  à  notre  disposition.  » 

CHtMIE  ORGANIQUE.    —   Recherches  sur  l'acide  pyrogaltique ;  par  M.  Anton 
RosiNG.  (Second  Mémoire,  présenté  par  M.  Dumas.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Pelouze,  Regnault.  ) 

a  Quoique  le  rapport  quantitatif  des  éléments  dans  l'acide  pyrogallique 
ait  été  fixé,  il  y  a  déjà  fort  longtemps,  avec  exactitude,  son  équivalent  n'a 
pas  été  néanmoins  jusqu'ici  déterminé  d'une  manière  assez  satisfaisante,.» 
Tour  à  tour  différents  chimistes  ont  donné  à  ce  corps  les  formules 

C»H'0\     CH'O^'     ou     C'='H«0', 

qui  pourtant  sont  toutes  déduites  d'une  seule  et  même  combinaison,  celle 
que  l'acide  pyrogalhque  forme  avec  l'oxyde  de  plomb,  et  que  l'on  obtient 
en  précipitant  l'acétate  neutre  de  ce  métal  par  une  solution  d'acide  pyro- 
gallique. Quoique  l'inconvénientde  se  servir  d'une  combinaison  plombique 
pour  la  détermination  de  l'équivalent  des  corps  organiques  soit  généra- 
lement reconnu,  on  n'a  pu  jusqu'ici,  pour  l'acide  pyrogallique,  recourir 
à  un  autre  moyen,  car  il  ne  se  combine  ni  avec  l'ammoniaque,  ni  avec  les 
autres  alcalis,  et  les  composés  qu'il  forme  avec  d'autres  oxydes  métalliques 
sont  encore  moins  stables  que  celui  qu'il  forme  avec  l'oxyde  de  plomb.  J'ai 
donc  d'abord  été  forcé  de  tenter  la  préparation  de  cette  combinaison;  mais 

C.  R.,i858,  i"Sem»j«re.  (T.XLVI,  N<>24.)  l48 


(  n4o  ) 
après  un  grand  nombre  d'essais,  les  analyses  m'ont  prouvé  que,  même  dans 
le  cas  où  l'on  possède  un  produit  parfaitement  blanc,  lequel  peut  s'obtenir 
en  lavant  le  précipité  à  l'abri  de  l'air,  avec  de  l'eau  faiblement  acidulée 
par  l'acide  acétique,  la  composition  est  extrêmement  variable,  si  bien  que 
ce  n'est  qu'un  hasard  quand  quelquefois  elle  paraît  s'accorder  soit  avec  une 
formule,  soit  avec  une  autre. 

»  J'ai  cherché  alors  à  former  de  nouvelles  combinaisons  plus  stables  et 
moins  soumises  à  l'influence  oxydante  de  l'air,  et,  dans  ce  but,  j'ai  essayé 
les  oxydes  dont  les  caractères  basiques  sont  moins  saillants.  Déjà  Braconnot 
avait  mentionné  une  combinaison  de  l'acide  pyrogallique  avec  l'alumine, 
et  disait  l'avoir  obtenue  en  dissolvant  l'hydrate  d'alumine  récemment  pré- 
cipitée dans  une  solution  aqueuse  d'acide  pyrogallique.  Mais  je  crois  avoir 
constaté  qu'il  ne  se  forme  pas  ici  de  véritable  combinaison  chimique,  c'est 
une  simple  dissolution  qui  a  lieu,  avec  oxydation  de  l'acide,  car  le  liquide 
se  colore  notablement;  loin  de  donner  des  cristaux,  comme  avait  dit  Bra- 
connot, la  solution  laisse  par  l'évaporation  une  masse  résineuse.  L'oxyde  de 
chrome  et  les  peroxydes  de  fer  et  d'uranium  ne  m'ont  pas  donné  de  meil- 
leurs résultats;  ils  se  comportent  comme  l'alumine. 

»  Enfin,  j'ai  été  assez  heureux  pour  découvrir  une  combinaison  véritable 
et  bien  définie  de  l'acide  pyrogallique,  savoir^  avec  l'oxyde  d'antimoine. 

>>  Pour  préparer  ce  composé,  on  verse  dans  une  dissolution  bouillante 
d'émétique  ordinaire  une  dissolution  assez  concentrée  d'acide  pyrogallique, 
et  bientôt  on  voit  se  précipiter  de  belles  feuilles  blanches  et  cristallines, 
d'un  éclat  nacré.  On  laisse  alors  le  précipité  se  ramasser,  on  décante 
le  liquide,  qui,  par  refroidissement,  donne  des  cristaux  de  bitartrate  de 
potasse;  on  jette  le  précipité  sur  un  filtre,  on  le  lave  à  l'eau  bouillante, 
et  enfin  on  le  sèche  à  loo  degrés.  Les  cristaux  ainsi  préparés  ne  résistent 
pas  à  un  faible  frottement  entre  les  doigts,  ils  se  réduisent  en  poudre  et 
produisent  la  même  impression  au  toucher  que  le  talc;  ils  sont  parfaite- 
ment inaltérables  à  l'air,  même  quand  on  les  chauffe  à  i3o  degrés.  Ils  sont 
insolubles  dans  l'eau  et  les  autres"  dissolvants  ordinaires,  mais  ils  se  dissol- 
vent au  contraire  facilement  dans  l'acide  chlorhydrique  faible.  L'acide 
nitrique  produit  sur  ce  corps  la  même  réaction  que  sur  l'acide  pyrogal- 
lique. 

»  Si  l'on  mélange  les  dissolutions  d'émétique  et  d'acide  pyrogallique  à 
froid,  le  précipité  ne  se  forme  qu'après  quelque  temps;  mais  on  n'obtient 
pas  non  plus  dans  ce  cas  de  cristaux  bien  définis. 

j>  L'analyse  de  cette  combinaison  a  donné  les  nombres  suivants  ;  je  fais 


(  ii4i  ) 

observer  que  l'antimoine  a  été  dosé  à  l'état  de  sulfure  avec  toutes  les  pré- 
cautions nécessaires  : 


c. 

H.. 
Sb. 

o. . 


I. 

u. 

UI. 

IV. 

27,26 

27,59 

27,75 

27,88 

2,09 

2,18 

2,20 

2»'9 

46,70 

» 

46,52 

U 

»  Les  analyses  1  et  II  ont  été  exécutées  avec  le  même  échantillon  ;  les 
analyses  III  et  IV  avec  des  échantillons  différents. 

»  Ces  résultats  s'accordent  avec  la  composition  C'*H*SbO*,  qu  exige 
C— 27,37,  H  =  1,90,  Sb  =  46,38;  ce  corps  peut  donc  être  considéré 
comme  un  pyrogallate  d'antimonyle  : 

H' 

SbO' 

»  Après  cela,  il  n'est  guère  plus  douteux  que  l'équivalent  de  l'acide  py- 
rogallique  ne  doive  s'exprimer  par  la  formule 

»  J'ai  signalé,  dans  mon  premier  Mémoire,  que  l'acide  pyrogallique 
se  dissout  dans  l'acide  sulfuriqye  monohydraté.  La  solution  est  d'une 
couleur  faiblement  jaune,  parfaitement  limpide;  d'abord  elle  se  prend,  au 
bout  de  quelque  temps,  en  une  masse  blanche  qui,  si  l'on  essaye  de  la 
débarrasser  de  l'excès  d'acide  sulfurique,  en  la  pressant  entre  des  briques 
poreuses,  se  liquéfie  de  nouveau.  Si,  après  avoir  dissous  la  substance  dans 
l'eau  et  après  avoir  saturé  l'acide  sulfurique  par  du  <;arbonate  de  baryte, 
on  jette  le  tout  sur  un  filtre,  la  liqueur  filtrée  paraît  contenir  un  sel  bary- 
tique  d'un  corps  sulfo-conjugé;  mais  lors  même  qu'on  opère  à  l'abri  de 
l'air  pour  éviter  l'oxydation,  il  se  décompose  par  l'évaporation. 

))  Quand  on  mélange  de  J'acide  pyrogallique  avec  de  la  potasse  concen-  . 
trée,  et  qu'on  fait  bouillir  le  tout  jusqu'à  ce  que,  par  l'évaporation,  le 
liquide  soit  devenu  sirupeux,  il  se  prend  par  refroidissement  en  une  masse 
noire  et  cristalline.  En  ajoutant  de  l'acide  sulfurique,  il  se  dégage  beaucoup 
d'acide  carbonique,  et  par  distillation  on  obtient  un  produit  dans  lequel  on, 
peut  facilement  constater  la  présence  de  l'acide  acétique.  Si  l'on  dissout 
une  autre  portion  de  la  masse  noire  dans  de  l'eau,  et  qu'on  y  ajoute  de 
l'acide  acétique  en  excès,  on  obtient,  avec  une  solution  de  chlorure  de 
calcium,  un  précipité  d'oxalate  de  chaux.  En  principe,  on  pourra  donc 

148.. 


(     Il42    ) 

peut-être  exprimer  le  dédoublement  de  l'acide  pyrogallique  au  moyen  de 
l'équation  suivante  : 

C"H«0'-f-  i40  =  C*H*0''-+-  C*H*0*  +  4C0^ 

1)  Dans  mon  premier  Mémoire,  j'ai  démontré  que  quand  l'acide  pyro- 
gallique sous  l'influence  de  l'ammoniaque  et  de  l'air  prend  cette  coloration 
brune,  connue  déjà  depuis  longtemps,  il  se  forme  un  corps  azoté,  neutre 
et  incristallisable,  pour  lequel  j'ai  proposé  le  nom  de  la  pyroyalléins .  Je 
n'osais  pas  alors  formuler  la  composition  de  ce  corps,  parce  que  les  ana- 
lyses m'avaient  montré  des  différences  assez  grandes  dans  la  composition  des 
produits  de  différentes  préparations.  Cela  tenait  à  ce  que  dans  plusieurs  cas 
l'action  de  l'ammoniaque  n'avait  pas  été  assez  prolongée;  depuis  j'ai  préparé 
la  pyrogalléine  de  la  manière  suivante  :  j'ai  dissous  l'acide  dans  de  l'ammo- 
niaque aqueuse  et  j'ai  exposé  la  solution  à  l'action  de  l'air  pendant  environ 
quinze  jours  dans  des  assiettes,  afin  d'avoir  ainsi  la  plus  grande  surface  pos- 
sible de  liquide.  J'avais  toujours  soin  d'ajouter  de  temps  en  temps  de  l'am- 
moniaque. Enfin  j'ai  fait  passer  un  courant  d'oxygène  à  travers  le  liquide 
pendant  quelques  heures,  et  puis  j'ai  évaporé  à  sec  au  bain-marie  et  j'ai  sé- 
ché à  loo  degrés  pendant  plusieurs  jours,  jusqu'à  ce  que  la  masse  brune  ne 
perdît  plus  de  son  poids.  De  cette  manière  je  crois  avoir  obtenu  le  produit 
final  de  la  réaction,  car  l'ayant  de  nouveau  Jiumecté  d'ammoniaque  et  exposé 
à  l'air,  il  ne  changea  pas  de  composition.  Voici  les  résultats  analytiques  : 

I.  II. 

C 44.86  44,74 

H 4,28  4, '2 

Az.  . . .    17,42  17)88 
-   O..  .    . 

Ce  qui  correspond  aux  formules 

C»  H"  Az»  O'o     ou     C*  H»"  Az»  0«%      * 

lesquels  exigent 

C  =  45,oo,     H  =  4i'6»     Az=  17,50,     0  =  33,33. 

■>  Quant  à  la  constitution  de  ce  composé,  on  ne  peut  encore  rien  préci- 
ser; il  faut  pour  cela  de  «ouvelles  recherches  que  je  me  propose  de  faire. 
Quant  à  son  mode  déformation,  on  peut  s'en  rendre  compte  par  l'équation 
suivante  : 

3(C'=  H»  0«)  +  6AzH^  -+-  18O  =  16HO  -+-  a^  H^"  Az»  O^^ 


(  «i43  ) 
»  Celte  équation  est  analogue  à  celle  qui  démontre  la  formation  de  l'or- 
céine,  savoir  : 

€•*  H»  O*  +  AzH»  +  40  =  2HO -f- C*  H' AzO». 

»  La  pyrogalléine  donne  des  précipités  bruns  avec  un  grand  nombre  de 
sels  métalliques,  mais  ces  précipités  ne  peuvent  pas  être  lavés  sans  subir  de 
décomposition.    » 

CHIMIE.   —  Nouvelles  observations  sur  les   propriétés  oxydantes  du       . 
permanganate  de  potasse;  par  M.  Péan  de  Saint-Gilles. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Pelouze,  Balard.) 

«  Dans  la  première  partie  des  recherches  que  j'ai  eu  l'honneur  de  sou- 
mettre tout  récemment  au  jugement  de  l'Académie  (  Comptes  rendus^  séance 
du  29 mars  1 858),  j'ai  établi  la  possibilité  de  transformer  en  sulfates,  d'une 
manière  complète. et  rapide,  les  hyposulfites,  sulfites  "et  sulfures.  En  énon- 
çant les  conditions  de  cette  transformation,  j'ai  insisté  sur  l'influence  de 
l'état  acide  ou  alcalin  des  milieux,  ayant  remarqué  que  l'oxydation  atteint 
son  maximum  dans  le  second  cas  seulement.  A  l'occasion  d'un  travail  sur 
l'analyse  des  poudres,  MM.  Cloëz  et  Guignet  ont  reproduit,  dans  la  dernière 
séance,  les  faits  que  je  viens  de  rappeler,  et  je  me  permettrai  de  constater 
que  les  résultats  obtenus  par  ces  deux  chimistes  avec  l'hyposulfite  de  soude 
et  les  sulfures  alcalins  confirment  sur  tous  les  points  ceux  que  j'ai  indiqués. 
Cette  circonstance  me  détermine  à  publier,  dès  à  présent,  quelques  remar- 
ques qui  devaient  faire  partie  d'un  travail  plus  étendu  sur  l'oxydation  des 
acides  inférieurs  du  soufre. 

»  Dans  ma  première  Note,  citée  plus  haut,  j'ai  signalé  une  difficulté  qui 
s'oppose  fréquemment  à  la  suroxydation  complète  des  sulfures  alcalins  ;  en 
effet  ces  sulfures,  mis  au  contact  d'un  excès  de  permanganate,  donnent 
souvent  lieu  à  un  dépôt  de  soufre,  qui  reste  intimement  mélangé  au  préci- 
pité d'oxyde  de  manganèse,  et  qu'une  digestion  prolongée  ne  peut  même 
faire  dissoudre  entièrement.  Le  procédé  suivant  permet  de  tourner  aisément 
cette  difficulté. 

»  Le  sulfure  est  mélangé  avec  i  ou  1  grammes  de  potasse  pure  et  porté 
à  l'ébuUilion  A  ce  moment,  on  y  ajoute  un  excès  quelconque  d'un  iodate 
alcalin  (1);  une  partie  du  soufre  se  suroxyde  en  réduisant  l'iodate  à  l'état 

(1)  On  peut  employer  à  cet  usage  la  liqueur  qu'on  obtient,  d'après  M.  Millon,  en  dis- 


(  ii44  ) 

d'iodure,  le  reste  forme  un  dépôt  laiteux  très-divisé  qu'on  fait  ensuite  dispa- 
raître entièrement  par  une  ébullition  de  deux  ou  trois  minutes.  Dans  cette 
réaction,  le  soufre  est  totalement  transformé  en  sulfate,  comme  je  m'en  suis 
assuré  par  les  deux  expériences  suivantes  : 

»  1°.  lo  centimètres  cubes  de  sulfure  de  sodium  en  dissolution  ont  été 
traités  par  un  excès  d'iodate;  la  liqueur  a  été  saturée  par  l'acide  et  préci- 
pitée par  un  sel  de  barium.  Le  sulfate  de  baryte  pesait  08^097. 

Soufre  correspondant o,oi33. 

»  2".  Si  l'on  suppose  que  le  sulfure  a  été  entièrement  transformé  en  sulfate, 
il  est  évident  que  le  dosage  de  l'iodure  formé  par  la  rédtiction  de  l'iodate 
fournira  exactement  le  poids  de  l'oxygène  déplacé,  et  par  suite  celui  dti 
soufre.  J'ai  donc  procédé  à  ce  dosage  au  moyen  du  permanganate  et  du 
sulfate  de  fer  titrés.  J'ai  obtenu  ainsi,  pour  10  centimètres  cubes  du  même 
sulfure  : 

Oxygène  absorbé  par  le  sulfure .      o , 0268  (0*  =  4oo) , 
Soufre  correspondant o,oi34  (  S  =  200). 

»  J'ai  pu  de  même  éviter  la  formation  du  dépôt  de  soufre  en  précipitant 
préalablement  le  sulfure  alcalin  par  la  solution  'ammoniacale  d'un  sel  de 
zinc.  Le  sulfure  de  zinc  ainsi  produit  se  dissout  entièrement  dans  le  per- 
manganate. 

»  L'ammoniaque  pure  en  dissolution  ne  réduit  pas  sensiblement  à  froid  le 
permanganate,  du  moins  pendant  un  temps  assez  long  (i).  Par  une  ébullition 
soutenue  la  réaction  se  produit,  mais  lentement.  Néanmoins,  on  devra  em- 
ployer l'ammoniaque  avec  beaucoup  de  circonspection,  et  je  signalerai  à  ce 
sujet  les  faits  suivants  qui  m'ont  semblé  dignes  d'intérêt. 

»  J'ai  déjà  indiqué  les  relations  intimes  qui  existent  entre  les  réactions  de 
l'acide  fortnique  et  celles  de  l'acide  cyanhydrique  au  contact  du  perman- 
ganate. J'avais  remarqué  en  outre  que,  dans  un  milieu  alcalin,  l'acide  cyanhy- 
drique s'oxyde  bien  comme  l'acide  formique,  mais  absorbe  une  proportion 
d'oxygène  supérieure  à  celle  qui  est  nécessaire  pour  transformer  tout  le 
carboné  en  acide  carbonique,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  tout  l'acide 
cyanhydrique  en  acide  cyanique.  L'acide  cyanhydrique  pouvant  être  pro- 


solvant l'iode  dans  le  chlorate  de  potasse  additionne  d'.icide  nitrique;  cette  liqueur  doit  être 
sursaturée  par  un  alcali. 

(i)  Une  goutte  de  permanganate  versée  dans  l'ammoniaque  concentrée,  le  mélange  restant 
exposé  à  la  lumière  diffuse,  n'a  été  décolorée  qu'au  bout  d'une  demi  heure. 


V»- 


(  ii45  > 
diiit  par  l'union  de  l'ammoniaque  et  de  l'acide  fbrmique  avec  élimination 
d'eau,  j'ai  été  amené  à  considérer  l'action  du  permanganate  alcalin  sur  le 
formiate  d'ammoniaque,  et  j'ai  reconnu  que  dans  ces  conditions  non-seu- 
lement tout  l'acide  formiqiie  est  brûlé,  mais  avec  lui  une  grande  partie  des 
éléments  de  l'ammoniaque.  Il  se  produit  donc  ici  un  phénomène  d'entraî- 
nement qui  rappelle  la  dissolution  du  platine  dans  l'acide  nitrique  à  la 
faveur  de  l'argent  métallique.  En  oxydant  une  petite  quantité  de  formiate 
en  présence  d'un  grand  excès  d'ammoniaque,  j'ai  pu  déplacer  dix  et  quinze 
fois  plus  d'oxygène  que  n'en  aurait  absorbé  le  formiate  seul, 

'•  J'ajouterai  que  les  iodures  produisent  un  phénomène  analogue. 

»  Je  ne  m'étendrai  pas  davantage,  quant  à  présent,  sur  les  réactions  des 
composés  organiques,  réactions  que  MM.  Cloëz  et  Guignet  ont  également 
abordées.  Ces  chimistes  se  sont  d'ailleurs  placés  à  un  point  de  vue  différent 
du  mien,  car  les  recherches  dont  je  m'occupe  ont  surtout  pour  objet  l'action 
à  peu  près  instantanée  que  le  permanganate  exerce  sur  un  grand  nombre 
de  substances,  acides  oxalique,  formique,  tartrique,  etc.,  tandis  que  leurs 
expériences,  autant  qu'il  m'est  permis  d'en  juger,  sont  fondées  sur  l'action 
prolongée  de  la  chaleur  d'ébullition.  Qu'il  me  soit  seulemeiit  permis  de 
constater  que  si  MM.  CIoéz  et  Guignet  expriment  la  possibilité  de  suroxyder 
par  le  permanganate  les  produits  organiques  sulfurés,  j'ai  déjà  décrit  (loc. 
cit.)  l'oxydation  du  sulfocyanure  de  potassium  et  les  particularités  remar- 
quables qui  l'accompagnent.    » 

PHYSIQUE.  —  Expériences  nouvelles  sur  les  électro-aimants  ;  par  M.  Th.  du 
lIoNCFx.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés.) 

«  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie  est 
un  complément  de  mes  recherches  sur  les  électro-aimants,  recherches  que 
j'ai  réunies  l'année  dernière,  et  publiées  en  un  volume  sous  le  titre  de  :  Etude 
du  magnétisme  et  de  l' électro-magnétisme  au  point  de  vue  de  la  construction  des 
électro-aimants. 

»  J'étudie,  dans  mon  nouveau  travail,  i"  conunent  varie  la  force  polaire 
des  électro-aimants  droits,  suivant  que  l'hélice  magnétisante  enveloppe  en- 
tièrement ou  partiellement  le  fer  ;  2°  comment  varie  la  force  des  électro- 
aimants  droits,  suivant  leur  longueur  et  celle  des  bobines  sur  lesquelles  est 
enroulée  l'hélice  magnétisante  ;  3°  comment  varie  la  force  des  électro-aimants 


.^^' 


(  ii46  ) 
boiteux  ou  à  deux  bobines,  suivant  la  longueur  des  bobines;  4"  enfin  quelle 
est  la  forme  d'armature  la  plus  avantageuse  pour  obtenir  le  maximum  d'at- 
traction. 

»   J'arrive  à  démontrer  : 

»  1°.  Que  l'action  d'hélices  de  différentes  tailles  composées  d'une  même 
Ipngueur  de  fil  et  agissant  sur  tin  même  fer  d'électro-aimant  droit  est  bien 
différente,  suivant  que  ces  hélices  recouvrent  entièrement  ou  partiellement 
ce  fer;  elle  donne  lieu  à  un  maxima  et  à  deux  minima.  L'un  de  ces  minima 
se  Tévèle  lorsque  le  fer  est  entièrement  recouvert  par  l'hélice  magnétisante. 
L'autre  minima  est  idéal  et  correspond  à  la  plus  petite  longueur  possible 
d'hélice;  toutefois  ce  dernier  minima,  dans  les  circonstances  ordinaires  de 
l'expérimentation,  est  toujours  de  valeur  moindre  que  le  premier  minima 
dont  nous  avons  parlé.  Ainsi  une  hélice  de  2  centimètres  de  longueur  produit, 
sur  un  fer  de  16  centimètres,  une  force  polaire  plus  grande  qu'une  hélice 
de  16  centimètresw  Quant  au  maxima,  il  a  lieu  lorsque  la  masse  du  fer  qui 
dépasse  l'hélice  est  environ  trois  ou  quatre  fois  celle  du  noyau  magnétisé. 

»  2".  La  force  attractive  d'électro.-aimants  droits  de  différentes  longueurs, 
dont  les  hélices  magnétisantes  sont  constituées  par  une  même  longueur  de 
fil,  croît  avec  leur  longueur  dans  un  rapport  particulier,  qui  est  celui  d'une 
progression  arithmétique,  alors  que  les  longueurs  des  hélices  croissent  en  pro- 
gression géométrique.  De  plus,  la  raison  de  cette  progression  arithmétique 
est  dans  lui  rapport  constant  avec  la  force  électrique  qui  agit  sur  l'électro- 
aimant  et  avec  le  degré  de  la  force  magnétique  développée. 

«  3".  La  force  attractive  d'un  même  électro-aimant  boiteux  ou  à  deux 
bobines,  dont  on  fait  varier  la  longueur  des  bobines  sans  changer  celle  du 
fil  qui  les  entoure,  croît  toujours  avec  la  longueur  de  ces  bobines,  mais  dans 
un  rapport  très-complexe  qui  semble  diminuer  de  valeur  à  mesure  que  cette 
longueur  augmente. 

»  4°-  Les  armatures  de  forme  cylindrique  telle  que  celles  employées  dans 
les  télégraphes  allemands  et  américains  fouriiissent  une  force  beaucoup 
moins  grande,  surface  pour  surface,  que  les  armatures  prismatiques  posées 
à  plat  par  rapport  aux  pôles  de  l'électro-aimant.    » 

M.  Gustave  Simon  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  nouvel  instru- 
ment de  nivellement,  qui  consiste  essentiellement  en  un  contre-poids,  ba- 
lancé sans  obstacle  à  droite  et  à  gauche  d'un  axe  fixe  vertical,  et  indiquant 
les  pentes  réelles.  Cet  instrument  a  pour  résultat,  dans  la  pensée  de 'son 
auteur,  de  permettre  de  faire  les  nivellements   plus  rapidement,  à  moins 


(ii47) 
de  frais,  et  avec  mie  exactitude  parfaite  par  les  opérateurs  les  plus  inexpé- 
rimentés. 

(Commissaires,  MM.  Delaunay,  Bertrand.) 

M.  Dubois,  professeur  à  l'Ecole  navale  de  Brest,  présente  des  remarques 
sur  ce  qui  a  été  dit  dans  une  Note  récente  de  M.  Trêve,  relativement  à  la 
manière  dont  on  peut  régler  les  chronomètres  dans  le  port  de  Brest,  à  l'aide 
de  la  boule  de  l'observatoire  des  élèves  de  l'Ecole  navale.  »         -^ 

«  M.  ïrève  s'est  trompé  quand  il  a  dit  que  la  chute  instantanée  de  la  boule 
indique,  lorsque  le  soleil  est  visible,  l'instant  du  midi  vrai —  Que  le  soleil 
soit  visible  ou  non,  cette  chute  de  la  boule  indique  toujours  \emidi  moyen. 
Puisqu'un  des  motifs  qui  déterminent  M.  Trêve  à  proposer,  même  pour 
Brest,  l'emploi  de  son  appareil,  c'est  que  «  il  suffit  d'une  légère  brume  pour 
intercepter  aux  bâtiments  la  vue  de  la  boule  régulatrice,  »  il  n'a  pu  se  dissi- 
muler que,  dans  ce  même  cas,  la  lumière  du  canon  en  plein  midi  ne  serait 
pas  aperçue  ;  c'est  donc  par  l'audition  seule  du  son  que  le  chronomètre  sera 
réglé  à  bord.  Or  M.  Trêve  tient  bien  compte  de  la  vitesse  du  son  en  temps 
calme,  mais  il  ne  parle  pas  de  l'intensité  et  de  la  direction  du  vent  qui,  un 
jour,  peut  accélérer  la  vitesse  du  son,  et  le  lendemain,  soufflant  dans  une 
direction  opposée,  la  retarder.  La  marche  d'un  chronomètre  déterminée  par 
ces  deux  auditions  serait,  on  le  sent,  très-imparfaite.  » 

La  Note  de  M.  Dubois  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  nommée 
pour  celle  de  M.  Trêve,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Dupin,  Pouil- 
let,  Maréchal  Vaillant  et  Amiral  Du  Petit-Thouars. 

M.  PuECH  adresse,  de  Toulon,  un  nouveau  document  à  joindre  à^es  pré- 
cédentes communications  sur  les  rapports  que  l'on  avait  voulu  établir  entre 
la  maladie  bronzée  et  les  altérations  des  capsules  surrénales. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  ses  précédentes  communications 
sur  le  même  sujet.  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Flourens,  Raver 
et  Cl.  Bernard.) 

M.  RoTUREAC,  auteur  d'un  ouvrage  sur  les  eaux  minérales  de  l'Allemagne 
et  de  la  Hongrie,  précédemment  présenté  au  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie,  envoie  aujourd'hui,  conformément  à  une  des  con- 
ditions imposées  aux  concurrents,  une  indication  de  ce*  qu'il  considère 
comme  neuf  dans  ce  travail. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

G.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  24.)  '  '49 


(  ti48  ) 

M.  Bertulcs  adresse  dans  le  même  but  une  analyse  de  son  ouvrage  sur 
les  préparations  du  quinquina  considérées  comme  base  de  traitement  des 
fièvres  dites  typhoïdes. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  E.  Roche,  qui  avait,  dans  une  précédente  Note,  signalé  comme  cause 
de  la  gatine  des  vers  à  soie  une  maladie  des  feuilles  de  mûrier  annoncée  par 
l'apparition  à  leur  surface  d'une  poudre  noire,  transmet  à  l'appui  de  cette 
opinion  les  résultats  des  observations  faites  par  lui  dans  les  premiers  jours 
de  juin. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  vers  à  soie.) 

M.  DucoMMCN  adresse  de  Nemours  (Algérie)  une  suite  à  ses  recherches  sur 
la  maladie  de  la  vigne.  Son  nouveau  Métuoire  a  principalement  pour  but 
l'étude  de  certains  gallinsectes  qu'il  considère  comme  cause  de  cette'maladie, 
leur  action  précédant  toujours,  suivant  lui,  l'apparition  des  mucédinées. 

(Commission  des  maladies  des  végétaux.)    . 

M.  SicARD  envoie  de  Marseille  des  échantillons  des  produits  divers  obte- 
nus du  sorgho  de  Chine,  produits  amylacés  et  sucrés  obtenus  de  la  graine 
et  de  la  tige,  papier  fabriqué  avec  la  feuille,  principes  colorants  extraits  de 
la  capsule  des  graines,  matières  textiles  teintes  avec  les  principes  colorants 
du  sorgho,  etc. 

Ces  produits  seront  soumis  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Chevreul,  Decaisne. 

M.  J.  Jean  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  figure  et  la  description 
d'une  coupole  tournante  qu'il  a  imaginée  pour  les  besoins  des  observatoires 
astronomiques. 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Séguier.) 

CORRESPOIVDAIVCE . 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  un  exemplaire  d'un 
ouvrage  offert  par  le  gouvernement  prussien  à  l'Académiedes  Sciences.  Cet 
ouvrage  a  pour  trtre  «  Jonction  des  triangulations  prussiennes  et  russes  près 
de  Thorn  et  de  Tarnowitz  ;  par  le  général  Baeyer  » . 

MM    LES  Curateurs  de  l'Université  de  Leyde  adressent,  au  nom  des 


(i'49) 
Universités  néerlandaises  et  des  Athénées  d'Amsterdam  et  de  Deventer,  un 
exemplaire  de  leurs  Annales  pour  l'année  1 853- 1 854- 

La  Société  d'Histoire  naturelle  des  Ixdes  Néerlandaises  envoie  les 
volumes  I  et  II  de  ses  Acta  et  les  volumes  I  à  XIII  de  son  Journal,  moins 
les  numéros  i  et  2  du  I"  volume  de  ce  Recueil,  aujourd'hui  épuisés. 

La  Société  avait  précédemment  adressé  le  I"  volume  complet  de  son 
Journal  ;  en  conséquence,  les  livraisons  de  ce  volume,  faisant  partie  du  pré- 
sent envoi,  seront  tenues  à  sa  disposition, 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  Note  de  M.  N.  Joly  sur  le  soufrage  appliqué  aux 
vers  à  soie  atteints  de  gatine  et  de  muscardine. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  maladies  des  vers  à  soie.  ) 

«  M  Jules  Cloquet  présente  à  l'Académie  la  deuxième  édition  de  l'opus- 
cule publié  par  le  professeur ..Gama^  ex-chirurgien  en  chef  du  Val-de-Grâce, 
sur  l'utilité  des  citernes  dans  les  établissements  militaires  ou  civils  et  les 
maisons  particulières.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  présence  du  spath  Jluor  en  roche  dans  le  bassin  de 
Plombières  ;  par  M.  J.  Nicklès  (i). 

«  Le  fait  que  j'ai  signalé  l'année  dernière,  de  la  présence  du  fluor  dans 
les  eaux  minérales,  vient  de  recevoir  une  importante  confirmation,  du  moins 
en  ce  qui  concerne  l'eau  de  Plombières  :  c'est  la  découverte  d'un  filon  de 
fluorure  de  calcium  à  la  base  de  ce  bassin,  dans  le  granité  porphyroide  tra- 
versé par  les  sources  qui  alimentent  cette  eau  minérale. 

»  Cette  intéressante  découverte  a  été  faite  par  M.  Jutier,  ingénieur  des 
mines  à  Colmar,  lequel  dirige  les  fouilles  qui  s'exécutent  à  Plombières  dans 
le  but  de  rechercher  les  sources  minérales. 

»  Les  échantillons  de  ce  spath  fluor  que  je  dois  à  l'obligeance  de  ce  savant 
ingénieur,  sont  hyalins,  d'un  vert  bleuâtre  et  doués  d'un  clivage  très-facile, 
conduisant  à  l'octaèdre  régulier;  çà  et  là  on  remarque  aussi  des  fissures 
simulant  un  carré  parfait,  ce  qui  rappelle  le  cube.  Le  minéral  empâte  une 
roche  de  granité  porphyroide. 

(i)  Comptes  rendus  de  l'Académie,  tome  XLIV,  page  788,  et  tome  XLV,  page  33j. 

149.. 


(  ii5o  ) 
»  De  plus  amples  détails  seront  sans  doute  donnés  par  l'auteur  de  cette 
découverte.  Je  me  permettrai  cependant  de  faire  remarquer  que  la  présence 
d'un  filon  de  fluorure  de  calcium  dans  la  roche  qui  est  en  relation  avec  les 
sources  de  l'eau  de  Plombières,  nous  éclaire  parfaitement  sur  l'origine  des 
fluorures  contenus  dans  cette  eau  minérale  ;  car,  ainsi  que  je  l'ai  fait  voir, 
si  le  fluorure  de  calcium  cristallisé  est  inattaquable  à  l'eau  pure,  il  ne  résiste 
pas  à  de  l'eai»  qui  contient  de  l'acide  carbonique  ou  du  bicarbonate  de 
chaux  en  dissolution.    » 

.ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  résolution  de  [équation  du  cinquième  derjré , 
extrait  dune  Lettre  adressée  à  M.  Hermite;  par  M.  Léopold  Kronecker. 

«  C'est  avec  le  plus  vif  intérêt  que  j'ai  lu  votre  excellent  Mémoire  sur 
la  résolution  des  équations  du  cinquième  degré  par  les  fonctions  elliptiques, 
intérêt  qui  s'est  encore  accru,  s'il  est  possible,  lorsque  j'ai  vu  que  dans  les 
recherches  que  j'avais  entreprises  autrefois  sur  le  même  sujet,  je  me  suis 
rencontré  avec  vous  sur  plusieurs  points.  En  faisant  ce  travail  il  y  a  deux  ans, 
j'avais  communiqué  à  mon  ami  M.  Rummer  les  principes  desquels  j'étais 
parti  et  les  résultats  qui  en  découlaient  ;  mais  je  ne  voulais  rien  publier  sur 
cette  matière  avant  que  j'eusse  obtenu  des  résultats  plus  généraux.  Bien 
que  je  ne  sois  pas  encore  parvenu  à  tout  ce  que  je  désirais,  je  crois  pour- 
tant que  la  nouvelle  méthode  de  résoudre  le  problème  du  cinquième  degré 
présente  en  elle-même  assez  d'intérêt  pour  que  j'ose  vous  en  entretenir. 

«  C'est  le  sujet  du  petit  Mémoire  ci-joint  (i)  qui  m'a  conduit  à  présumer 
que  les  équations  dont  dépend  la  division  de  certaines  fondions  transcen- 
dantes, suffisent  à  résoudre  des  équations  générales  douées  de  certaines 
propriétés  correspondantes  du  nomljre  de  celles  que  j'ai  désignées  par  le 
uoniù' affections.  En  abordant  cette  question,  beaucoup  trop  difficile  pour 
être  traitée  dans  toute  sa  généralité,  j'ai  commencé  par  rechercher  le  cas  le 
plus  simple,  savoir  celui  qui  se  rattache  à  la  division  des  fonctions  ellip- 
tiques*en  cinq  parties  égales.  Pour  vérifier  dans  ce  cas  particulier  le  résul- 
tat dont  j'avais  trouvé  par  induction  la  forme  à  priori,  il  se  présente  une 
méthode  sûre  fondée  sur  la  réduction  de  M.  Jerrard,  dont  je  me  suis  servi 
d'abord.  Mais  si  l'on  envisage  la  question  au  point  de  vue  général  où  je  me 
suis  placé,  on  reconnaît  que  cette  méthode  est  indirecte.  Persuadé  d'ailleurs 
qu'il  faut  abandonner  entièrement  la  méthode  de  M.  Jerrard  si  l'on  veut 


(  I }  Voyez  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences  de  Berlin,  séanccdu  22  avril  1 858. 


(  ii5i  ) 
passer  aux  cas  supérieurs,  je  me  suis  occupé  encore  à  chercher  une  manière 
plus  directe  de  résoudre  les  équations  du  cinquième  degré,  sans  faire  aucune 
réduction  préalable  des  coefficients.  Et  en  effet  j'ai  réussi  à  trouver  la  résolu- 
tion que  je  désirais,  à  l'aide  de  principes  qui  s'appliquent  également  à  des 
problèmes  ultérieurs,  qui  cependant  ne  m'ont  pas  encore  fourni  jusqu'à 
présent  la  solution  complète  de  ces  derniers.  Occupé  depiis  longtemps  de 
questions  relatives  à  la  théorie  des  nombres,  je  n'ai  pu  poursuivre  les  re- 
cherches algébriques  dont  je  viens  de  vous  parler;  maisj'espère  revenir  dans 
quelque  temps  à  ces  problèmes  intéressants  et  en  compléter  la  solution,  à 
moins  que  cela  ne  soit  au-dessus  de  mes  forces. 

»  Maintenant  pour  revenir  au  problème  que  vous  avez  résolu  avec  tant 
d'élégance,  désignons  par  jî-q,  a:,,X2,  x^,  x^,  les  racines  d'une  équation 
quelconque  du  cinquième  degré  :  X  =  o.  Puis  faisons 

—    ^^     ^^   l"^m -^.n+n  ^,»+2n  ~r-  '^••^.n -^m+rt  >^m+2n  j  •  Sin       r      1 
m=o  n=i 

V  étant  une  quantité  variable.  Enfin  soit 

Jr  -—J\.^i  -^rt  '^r+il  '^r+ij  '^r+li  '^r+2) 

pour  les  cinq  valeurs' de  l'indice  r  =  0,1,2, 3, 4.  Cela  posé,  toutes  les  six 
fonctionsy  sont  cycliques  par  rapport  aux  quantités  x,  c'est-à-dire  la  fonc- 
tion y  (i',  ^o,  a;,,  X2,  X3,  Xj,),  par  exemple,  n'est  pas  altérée  en  effectuant 

une  des  permutations  circulaires  (   '     ) ,    mais  elle  est  changée  par  toute 

autre  permutation  des  lettres  x.  Or  on  sait  que  la  valeur  d'une  fonction  cy- 
clique quelconque  de  Xq,  x,,...,  étant  connue,  chacune  de  ces  racines 
s'eîcprime  en  fonction  algébrique  explicite  des  quantités  données,  et  Ion 
connaît  d'ailleurs  la  forme  précise  de  cette  expression.  Je  rappelle  en  outre 
que,  toutes  les  valeurs  distinctes  d'une  fonction  cyclique  étant  données,  les 
cinq  racines  x  s'en  déduisent  rationnellement.  On  obtiendra  donc  deux  mé- 
thodes différentes  pour  représenter  les  racines  X  comme  fonctions  explicites 
des  coefficients  de  l'équation  X  =  o,  si  l'on  parvient  à  exprimer  les  fonctions 
cycliques^  d'une  manière  explicite  par  les  fonctions  symétriques  des  quan- 
tités X.  Pour  faire  cela,  déterminons  la  valeur  de  v  telle,  quie  la  condition 


(  ii5a  ) 

soit  remplie.  Les  trois  coefficients  de  cette  équation  quadratique,  par  rap- 
port à  V,  contiennent  les  quantités  x  de  telle  manière  qu'ils  ne  prennent 
pas  plus  de  deux  valeurs  en  subissant  toutes  les  permutations  possibles. 
D'où  il  résulte  que  v  s'exprime  par  les  coefficients  de  l'équation  X  =  o,  à 
l'aide  de  radicaux  carrés.  Après  avoir  disposé  ainsi  de  la  valeur  de  f ,  les  six 
fonctions^,  fo,  fi,- ■■,/*,  satisfont  identiquement  à  une  équation  de  la  forme 
suivante 

où  cp  el  <\i  désignent  des  fonctions  rationnelles  de  v,  Xq.,  x,,  x^,  x^jXf,  in- 
variables pour  toute  permutation  circulaire  des  lettres  a:.  Les  fonctions  a»  et  d; 
peuvent  donc  s'exprimer  par  les  fonctions  symétriques  des  quantités  x  à 
l'aide  de  radicaux  carrés.  Or  l'équation  remarquable  du  douzième  degré 
que  je  viens  d'établir  peut  se  résoudre  par  les  fonctions  elliptiques,  ou,  ce 
qui  revient  au  même,  les  six  fonctions  algébriques  implicites  de  cp  et  f^,  savoir: 
/»  fof  fil  fil  fsffii  s'expriment  d'une  manière  explicite  à  l'aide  des  fonctions 
elliptiques.  En  effet,  après  av'oir  tiré  de  l'équation 


n3 


64  A-2  k'^f-h'}^  V  4  A'»  /f  *  ç  =  4  ç» 

la  valeur  du  module  A",  les  douze  fonctions  ±f?,eront  représentées  par  l'ex- 
pression suivante     . 

,     1  6,  ,  .  o  .,o — /cosamaw        cosam^t^N 

±-v4A  «  ?   7 -^—] 

a  *   \cos  am  4  w        cos  ara  2  w  / 

en  y  remplaçant  w  par  les  six  quantités 

5'       5  '  5       '  5 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —   Recherches  sur  un  nouvel  acide  extrait  du  bois  de  taigu 
du  Paraguay;  par  M.  Arnaudon.  (Extrait  par  l'auteur.) 

((  Ce  bois,  par  son  aspect  extérieur,  par  sa  pesanteur,  ressemblait  au  gaïac, 
dont  il  diffère  |)ar  plusieurs  caractères.  Récemment  mis  à  découvert,  l'inté- 
rieur  du  bois  est  d'un  gris  brun  ;  par  sou  exposition  à  l'air,  il  acquiert  une 
coloration  jaune-verdâtre  produite  par  une  poussière  qui  forme  comme 
une  efflorescence  cristalline  à  la  surface  du  bois.  Le  microscope  laisse  aper- 
cevoir deux  matières  cristallines  distinctes  :  l'une  en  tables  hexagonales 
minces,  très-brillantes  et  incolores,  ne  rougissant  pas  par  les  alcalis  ;  l'autre 
en  prismes  obliques  jaunes  et  rougissant  par  les  alcalis.  Ces  deux  matières 


,(  ii53  ) 

paraissent  déjà  dans  les  lacunes  des  faisceaux  de  fibres  avant  de  monter  en 
efflorescence. 

»  Je  résume  ici,  sous  forme  de  tableau,  les  résultats  des  expériences  faites 
dans  le  but  de  fixer  les  circonstances  dans  lesquelles  les  agents  extérieurs 
agissent  pour  produire  le  phénomène  de  la  coloration  du  bois. 

Action  des  agrents  extérieurs  sur  le  bois  de  taigu  (mars  1857  )• 


RÉSULTATS. 

de  l'expérience. 

Conservé  dans  l'obscurité. 

Conservé  dans  l'obscurité. 

Exposé  à  la  lumière. 

Après  vingt  jours. 

Après  deux  mois. 

Après  vingt  jours. 

Bois  et  air  raréfié  ou 

Aucune    efflorescence 

Le  bois  n'a  éprouvé  pres- 

Plus de  coloration  jaune- 

vide  opéré  par  la 

jaune  à  la  surface; 

que  pas  de  change- 

vert, ni  de  cristaux  ; 

machine  pneuma- 

on voit  briller  quel- 

ment. 

les    parois    du    tube 

tique 

ques  crlsUux  inco- 
lores. 

sont  tapissées   d'une 
matière  jaune-brunâ- 
tre. 

Comme  dans  le  vide   à 
peu  près. 

Acide  carbonique. . . 

Id. 

Id. 

Id. 

Vapeur  d'eau 

Coloration  jaune-vert , 

Coloration    comme  ci- 

Traces  de  cristaux  jaune- 

eau   condensée  assez 

devant. 

verdâtre,  eau  conden- 

peu colorée. 

sée  colorée  en  brun. 

Air  confiné,  le  bois 

Coloration     vert-jaune 

Coloration    jaune -vert 

Le   bois   est  coloré   en 

étant  renfermé  dans 

avec    cristaux    nom- 

et cristaux. 

brun. 

un  tube  scellé  à  la 

breux. 

lampe 

Air  libre 

Coloration     jaune-vert 

EiTlorescence  jaune-vert 

Le  bois  est  devenu  d'un 

avec    cristaux ,    mais 

prononcé. 

brun  plus  intense  que 

moins  que  dans  l'air 

dans  l'air  confiné. 

confiné. 

»  On  peut  conclure  de  ces  expériences  que  Tair  influe  essentiellement 
sur  la  coloration  que  prend  le  bois  quand  on  le  soumet  aux  agents  exté- 
rieurs. On  peut  observer  que  l' efflorescence  jaune-verte  se  montre  sous  l'in- 
fluence de  l'air  seul  sans  intervention  de  la  lumière,  laquelle  tend  plutôt  à 
la  détruire. 

»  L'exposition  détaillée  de  la  séparation  des  principes  immédiats  de  ce 
bois  confirmerait  une  fois  de  plus  l'importance  et  la  justesse  des  préceptes 
posés  par  M.  Chevreul  dans  ses  Considérations  générales  sur  C analyse  orga- 
nique; ]q  ne  fais  ici  que  la  résumer.  Le  traitement  du  bois  a  été  fait  d'abord 


(  ii54  ) 
avec  de  l'alcool  froid  à  go  degrés,  puis  par  ce  même  alcool  bouillant  jus- 
qu'à épuisement,  et,  après  sécliage  du  bois  dans  le  gaz  hydrogène,  ce  bois 
a  été  traité  par  l'eau  bouillante,  séché  et  traité  encore  par  l'alcool  bouil- 
lant. Le  bois  a  cédé  ainsi  aa  pour  loo  poids,  savoir  : 

i  Principe  jaune. 
Résine  brun  intense  très-soluble  dans  l'alcool  froid. 
Résine  brun-rouge  moins  soluble.  Matière  cireuse ,  etc. 

Par  l'eau 5,71       Gomme-résine  à  odeur  benzoïque. 

Par  alcool ....     2 ,5o      Matière  résinoïde. 

»  Le  principe  jaune  se  trouve  presque  en  totalité  dans  l'alcool  Iroid. 
On  le  sépare  de  la  résine,  brune  par  des  traitements  successifs  avec  de  l'al- 
cool à  'jo  et  80  degrés  centigrades,  et  d'une  matière  pulvérulente  par  l'alcool 
absolu;  enfin  on  lui  enlève  une  matière  cireuse  par  l'éther;  on  évapore  et 
sèche  sur  chlorure  de  calcium  fondu.  La  quantité  de  principe  jaune  ainsi 
obtenue  ne  va  guère  au  delà  de  2  pour  100  de  bois. 

Caractères  du  principe,  immédiat  [acide)  du  bois  de  taigu. 

»  Il  cristallise  en  prismes  obliques  d'un  beau  jaune  correspondant  au 
jaune  huitième  ton  du  premier  cercle  chromatique  de  M.  Chevreul.  Ses  cris- 
taux sont  peu  altérables  à  l'air;  la  lumière  les  brunit  lentement.  Il  s'élec- 
trise  par  frottement,  et  son  odeur,  peu  sensible,  devient  alors  désagréable.  Il 
est  insipide,  fond  à  i35  degrés,  sans  se  décomposer  et  sans  perdre  de  son 
poids,  en  un  liquide  très  fluide  qui  se  fige  en  cristaux  prismatiques  par 
refroidissement,  à  la  manière  du  soufre.  A  180  degrés,  il  se  réduit  en  vapeurs 
jaunes  qui  se  condensent  en  prismes  assez  volumineux  et  sans  laisser  de 
résidu;  il  peut  prendre  l'état  sphéroïdal.  Ses  meilleurs  dissolvants  sont  l'a- 
cétone, qui  en  dissout  6,3i;  l'éther,  5,19;  la  benzine,  a,23;  l'alcool  à 
84  degrés,  1,16.  Il  est  en  outre  soluble  dans  le  naphte,  le  sulfure  de  car- 
bone, l'esprit-de-bois,  et  moins  dans  d'essence  de  térébenthine,  la  glycé- 
rine et  l'eau  sucrée.  L'eau  n'eu  dissout  que  yôVô  environ  à  100  degrés; 
mais,  chauffé  dans  un  tube  fermé  à  4-  i4o  degrés,  il  se  fond,  il  se  dissout  en 
grande  quantité,  et  se  dépose  en  cristaux  par  le  refroidissement.  De  tous  les 
dissolvants  que  j'ai  employés,  c'est  la  benzine  qui  m'a  fourni,  par  évapo- 
ralion  spontanée,  les  cristaux  les  plus  volumineux  et  les  plus  réguliers  [en 
prismes  de  quelques  millimètres). 

«  L'iode  en  dissolution  dans  l'eau  le  brunit;  l'eau  de  chlore  agit  de  même, 
l'eau  bromée  le  rougit  instantanément  à  la  surface,  et  peu  à  peu  la  matière 


(  ii55  ) 

se  tutnétle  en  petites  éminences  colorées  en  rouge  vermeil.  L'iode  en  va- 
peur est  absorbé  avec  rougissement  de  la  matière.  Le  brome  le  dissout. 

»  L'action  du  chlore  gazeux  et  sec  est  des  plus  énergiques,  et  se  mani- 
feste par  un  dégagement  de  chaleur  et  d'acide  chlorhydrique  gazeux,  en 
même  temps  que  les  cristaux  jaunes  se  fluidifient  en  un  liquide  huileux  d'un 
rouge  écarlate  intense,  qui  finit  par  se  figer  en  masse  transparente  et  de 
consistance  cireuse  très-soluble  dans  l'alcool,  moins  soluble  dans  l'éther  et 
contenant  du  chlore  au  nombre  de  ses  éléments. 

')  Les  alcalis  le  rendent  soluble  dans  l'eau,  en  se  colorant  en  rouge.  Je 
me  suis  assuré  par  l'expérience  que  l'oxygène  n'intervient  pas  dans  ce  phé- 
nomène. La  coloration  a  lieu  également  à  l'abri  de  l'air,  et  l'oxygène  que 
l'on  y  introduit  ensuite  n'est  pas  absorbé.  Le  changement  de  couleur  que 
cette  substance  éprouve  en  présence  des  alcalis  en  fait  un  des  réactifs  les 
plus  sensibles.  J'ai  pu  constater  un  millionième  d'ammoniaque  dans  l'eau 
et  découvrir  des  alcalis  dans  le  papier  Berzelius,  dans  l'eau  distillée  et  al- 
cool faible  ayant  séjourné  dans  le  verre. 

«  Ce  j>rincipe  jaune  a  toutes  les  propriétés  d'un  acide  ;  il  s'unit  aux 
bases  et  fournitdes  sels  cristallisables,  dont  il  est  séparé,  au  moyen  des  acides 
plus  énergiques,  à  l'état  insoluble  et  avec  ses  autres  qualités  primitives.  Les 
oxydes  de  plomb,  de  calcium,  de  barium,  etc.,  donnent  des  combinaisons 
solubles  dans  l'eau  ;  les  carbonates  alcalins  sont  décompcsés,  avec  forma- 
tion de  sel  correspondant  à  la  base.  J'ai  donné  à  ce  nouvel  acide  le  nom 
d'acide  Uiigutique,  qui  rappelle  celui  du  bois  dont  il  est  extrait. 

»  Sel  de  potasse.  —  Je  le  prépare  par  deux  moyens  différents  :  i°en  mettant 
de  l'acide  taigutique  et  un  excès  de  carbonate  de  potasse  sec  en  présence 
de  l'alcool  absolu,  filtrant  et  abandonnant  le  liquide  à  l'évaporation  spon- 
tanée; 1°  par  un  excès  d'acide  en  contact  pendant  quelques  jours  avec  une 
solution  de  carbonate  de  potasse,  évaporant  le  liquide  filtré  dans  le  vide 
sur  du  chlorure  de  calcium  fondu;  ce  sel  cristallise  en  prismes  de  plus  de 
I  centimètre  de  longueur.  Leur  couleur  vue  par  réflexion  se  rapporte  au 
I  rouge  orangé  20*  ton,  et  vue  par  transparence  au  i  (')*  ton  de  la  même  gamme 
du  i"  cercle  chromatique  de  M.  Chevreul.  Le  taigutate  de  potasse  est  très- 
soluble  dans  l'eau,  sans  être  déliquescent;  assez  soluble  dans  l'alcool  et  peu 
soluble  dans  l'éther. 

»  5e/  ammoniacal.  —  L'ammoniaque  dissout  l'acide  comme  la  potasse; 
mais  la  solution,  abandonnée  à  elle-même,  perd  de  l'ammoniaque,  et  l'acide 
se  dépose  cristallisé:  en  l'évaporant  en  présence  de  la  chaux  vive  et  dans  une 
atmosphère  ammoniacale,  on  obtient  du  taigutate  d'ammoniaque  en  beaux 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  84.)  I  5o 


(  I I 56  ) 

prismes  d'un  rouge  de  sang,  qu'il  faut  sécher  rapidement  et  toujours  eu 
présence  du  gaz  ammoniac. 

u  Sel  d'aryent.  —  Ou  l'obtient  le  plus  facilement  par  double  décomposi- 
tion des  solutions  aqueuses  de  taigutate  d'ammoniaque  et  d'azotate  d'argent. 
Ce  sel,  d'une  couleur  rouge  de  cinabre,  est  soluble  dans  l'ammoniaque,  assez 
soluble  dans  l'alcool,  presque  insoluble  dans  l'éther  et  dans  l'eau,  proprié- 
tés qui  permettent  de  purifier  le  sel  de  l'azotate  d'argent  ou  de  l'acide  en 
excès.  ..    ■    ^ 

"  Le  taigutate  d'argent  est  stable  dans  l'obscurité,  résiste  assez  bien  à  la 
lumière  diffuse  et  se  décompose  promptementà  la  lumière  directe. 

M  5e/  de  plomb.  —  Se  prépare  comme  le  sel  d'argent,  avec  un  sel  de  plomb 
neutre  soluble  et  le  taigutate  alcalin;  il  est  d'une  couleur  rouge-écarlate, 
presque  insoluble  dans  l'eau,  assez  soluble  dans  l'alcool,  duquel  par  éva- 
poration  il  se  dépose  en  prismes  aciculaires.  Abandonné  au  contact  de  l'eau, 
ce  sel  change  de  couleur,  du  rouge  il  passe  au  jaune  orangé,  et  d'amorphe 
qu'il  était,  il  prend  une  forme  cristalline  prismatique. 

M  L'acide  sulfurique  concentré  dissout  immédiatement  l'acide  taigulique 
en  se  colorant  en  rouge  orangé;  l'eau  précipite  de  cette  solution  des  ai- 
guilles qui  sont  plus  solubles  dans  l'eau  que  l'acide  primitif.  Si  on  aban- 
donne pendant  quelque  temps  à  elle-même  cette  dissolution  sans  y  ajouter 
de  l'eau,  celle-ci  n'y  produit  plus  de  précipitation,  l'acide  paraît  avoir 
éprouvé  dans  ce  cas  une  profonde  altération.  L'acide  sulfurique  dilué  ne 
l'altère  pas  à  la  température  ordinaire,  mais  par  une  ébullition  prolongée  il 
le  dissout  et  laisse  déposer  par  refroidissement  des  cristaux  en  aiguilles  sem- 
blables à  ceux  dont  j'ai  parlé.  L'acide  clilorhydrique  anhydre  dissout  l'acide, 
mais  plus  lentement  que  ne  le  fait  le  chlore;  la  solution  est  rouge.  L'acide 
clilorhydrique  aqueux  donne  par  ébullition  et  refroidissement  des  cristaux 
comme  le  fait  l'acide  sulfurique. 

»  L'acide  azotique  concentré  l'attaque  lentement  à  froid,  le  produit  dérivé 
est  rouge  orangé;  à  chaud,  l'action  est  très-vive,  l'acide  se  dissout,  la  li- 
queur est  colorée  en  rouge  orangé  intense. 

«  Distillé  avec  de  la  potasse  caustique,  l'acide  taigutique  donne  unehuile 
aromatique  qui  par  l'odeur  se  rapproche  de  la  menthe.  Il  ne  se  dégage;  pas 
d'ammoniaque  dans  cette  réaction. 

»  Si  dans  une  solution  alcoplique  d'acide  taigutique  on  fait  passer  un 
courant  de  gaz  chlorhydrique^  le  liquide  se  fonce  eu  couleur;  en  éliminant 
l'éther  chlorhydrique,  on  a  un  résidu  liquide  qui,  par  addition  d't>au,  laisse 
séparé  un  corps  particulier  qui  ne  présente  plus  les  caractères  de  l'acide 
primitif.    » 


(  ..57  ) 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Siu'  une  nouvelle  théorie  chimique;  parM.  A.  Culper. 
(Note  piTsentée  pai-  M.  Dumas.) 

«  J'ai  l'honneur  d'exposer  à  l'Académie  les  traits  principaux  d'une  nou- 
"velle  théorie  chimique  que  je  propose  pour  les  combinaisons  organiques. 

»  Je  remonte  aux  éléments  eux-mêmes  dont  j'étudie  les  affinités  récipro- 
ques. Cette  étude  suffit,  selon  moi,  à  l'explication  de  toutes  les  combinai- 
sons chimiques,  sans  qu'on  ait  besoin  de  recourir  à  des  principes  inconnus 
et  à  des  généralisations  arbitraires. 

M  Je  distingue  deux  espèces  d'affinité,  savoir  : 

w    1°.  L'affinité  de  degré  ;  2"  l'affinité  élective. 

»  J'entends  par  affinité  de  degré,  l'affinité  qu'un  élément  exerce  sui'  un 
autre  avec  lequel  il  se  combine  en  plusieurs  proportions  définies.  Je  nommo 
affinité  élective,  celle  que  différents  éléments  exercent  les  nns  sur  les  au- 
tres, avec  des  intensités  différentes.  Prenant  pour  exemple  le  carbone,  je 
trouve  qu'il  exerce  son  pouvoir  de  combinaison  en  deux  degrés.  Ces  de- 
grés sont  i-eprésentés  par  CO'*  et  C0\  c'est-à-dire  par  l'oxyde  de  carbone 
et  l'acide  carbonique,  en  adoptant  pour  les  équivalents  du  carbone  et  de 
l'oxygène  les  nombres  13  et  8. 

«  En  ce  qui  concerne  ses  affinités  électives,  le  caibone  s'éloigne  des 
autre  éléments  et  montre,  pour  ainsi  dire,  une  physionomie  particulière. 
Les  traits  qui  caractérisent  cette  affinité  élective  du  carbone  sont  les  sui- 
vants : 

»  1°.  11  se  combine  avec  des  nombres  d'équivalents  égaux  d'hydrogène, 
de  chlore,  d'oxygène,  de  soufre,  etc.,  qui  peuvent  se  remplacer  mutuelle- 
meut  pour  satisfaire  son  pouvoir  de  combinaison. 

»   2°.  Il  entpe  en  combinaison  avec  lui-même. 

»  Ces  deux  propriétés  suffisent  à  mon  avis  pour  expliquer  tout  ce  que  la 
chimie  organique  offre  de  caractéristique.  Je  crois  que  la  seconde  est  signa- 
lée ici  pour  la  première  fois.  A  mon  avis,  elle  rend  compte  de  ce  fait  im- 
portant et  encore  inexpliqué  de  l'accumulation  des  molécules  de  carbone 
dans  les  combinaisons  organiques.  Dans  les  composés  oia  2,  3,  4,  5,  6,  etc., 
molécules  de  carbone  sont  liées  ensemble,  c'est  le  carbone  qui  sert  de  lien 
au  carbone. 

1)  Ce  n'est  pas  l'hydrogène  qui  peut  lier  ensemble  les  éléments  des  corps 
organiques.  Si,  comme  le  carbone,  il  avait  le  pouvoir  de  se  combiner  à  lui- 
même,  on  devrait  pouvoir  former  les  composés  H*  Cl',  H*  Cl*,  H' CI*. 

i5o.. 


(  I 158  ) 

»  En  ce  qui  concerne  l'oxygène,  j'admets  qu'un  atonie  de  ce  corps  en 
combinaison  exerce  une  affinité  puissante  sur  un  second  atome  d'oxygène 
qui  lui-même  est  combiné  à  un  autre  élément.  Cette  affinité  est  modifiée 
par  la  position  électrique  des  éléments  auxquels  se  sont  respectivement  at- 
tachés les  atomes  d'oxygène.  Les  développements  qui  vont  suivre  feront 
comprendre  cette  pensée. 

»  La  puissance  de  combinaison  la  plus  élevée  que  l'on  connaisse  pour 
le  carbone  est  celle  du  second  degré,  c'est-à-dire  4- 

»   La  puissance  de  combinaison  de  l'oxygène  est  représentée  par  2. 

>>  Toutes  les  combinaisons  du  carbone  peuvent  être  ramenées  à  deux 
types.  L'un  d'eux  est  représenté  par  le  symbole 

nCM*, 

l'autre  par  le  symbole 

nCM*  -  mM* 

où  m  est  <n,  ou  bien  nCM*  +  m  CM',  où  n  peut  devenir  nul.  On  peut 
citer,  comme  exemple  du  premier  type,  les  alcools,  les  acides  gras,  les  gly- 
cols,  etc. 

»  Les  alcools  méthylique  et  éthylique  seront  représentés  par  les  for- 
mules . 

^|0     OH  ^i...OH 


HV  {...H' 

C     ...H'. 

»  On  verra  fa-cilement  que  pour  l'alcool  méthylique  la  limite  de  combi- 
naison du  carbone  est  égale  à  4,  le  carbone  y  étant  combiné  à  3  d'hydrogène 
et  à  1  d'oxygène.  Cet  oxygène,  dont  le  pouvoir  de  combinaison  est  égal  à  1, 
est  à  son  tour  combiné  à  un  autre  atome  d'oxygène  imi  lui-même  à  i  d'hv- 
drogène. 

»  Dans  le  cas  de  Talcool  ordinaire,  chacun  des  deux  atomes  de  carbone 
satisfait  son  pouvoir  de  combinaison  d'un  côté  en  s'^unissant  à  3  atomes 
d'hydrogène  ou  d'hydrogène  et  d'oxygène,  et  de  l'autre  côté  en  s'unis- 
sant  à  l'autre  atome  de  carbone.  L'oxygène  y  est  combiné  de  la  même 
manière  que  dans  l'exemple  précédent.  Dans  ces  cas,  on  verra  que  le 
carbone  appartient  au  premier  type,  chaque  atome  étant  combiné  au 
second  degré. 


(  ii59  ) 

w  Dans  l'alcool  propylique, 

_jO...OH 
'"1  H» 

C...H' 

C...H», 

la  puissance  de  combinaison  de  l'atome  de  carbone  qui  est  situé  au  milieu 
est  réduite  à  2  pour  l'hydrogène,  puisqu'il  est  combiné  chimiquement  à 
chacun  des  deux  autres  atomes  de  carbone. 

»  Des  formules  analogues  aux  précédentes  expriment  la  constitution  des 

autres  alcools. 

»  La  constitution  de  l'éther  est  représentée  par  la  formule 


L'acide  formique  est 


l'acide  acétique 


C...H'    H='   C. 


10... OH 
O» 
H, 


„,  0...0H 

^^  O' 


C...H». 

»  La  constitution  du  glycol  est  représentée  par  la  formule 

^|o...OH, 
celle  de  l'acide  oxalique  par  la  formule 

.0...0H 


10... OH, 


(  ii6o  ) 
ou,  si  l'on  veut  réunir  l'oxygène  négatif  à  l'un  des  pôles  de  la  molécule,  par 
la  formule 

:      œ 
C    0...0H 
f  0...0H. 

>)  Quoi  qu'il  en  sjoit  cependant,  on  peut  voir  d'après  cette  théorie  que, 
dans  la  constitution  des  acides  organiques  du  premier  type,  la  présence  de 
1  atomes  d'oxygène  combinés  ensemble  de  manière  que  tous  les  deux  sont 
attachés  directement  au  carbone  et  situés  près  de  l'oxygène  négatif,  c'est-à- 
dire  de  l'oxygène  qui  entraîne  avec  lui  l'oxygène  constitué  dans  un  état 
électropositif  par  sa  combinaison  avec  i  atome  d'un  élément  relativement 
électropositif,  que  la  présence,  dis-je,  de  ces  atomes  d'oxygène  est  néces- 
saire pour  qiie  l'oxygène  négatif  se  trouve  dans  cet  état  électrique  qui  donne 
au  corps  les  propriétés  généralement  désignées  par  le  nom  A'acides. 

»  Ceci  est  un  cas  particidier  d'une  loi  générale;  car  on  peut  voir, 
d'après  cette  théorie,  comment  la  valeur  électropositive  ou  électronégative 
des  éléirtents  modifie  et  conditionne  mutuellement  la  valeur  électropositive 
ou  électronégative  des  autres  éléments. 

«  Cette  loi  diffère  de  l'hypothèse  électrique  que  les  chimistes  ont  dé- 
fendue autrefois,  mais  qui  n'a  jamais  pu  recevoir  ime  application  complète 
à  leurs  vues  sur  la  chimie  organique  :  celle  au  contraire  que  j'énonce  sac- 
corde  parfaitement  avec  l'application  aux  faits  de  la  théorie  que  je  propose. 

))  Il  ne  me  reste  qu'à  ajouter  la  manière  dont  je  formule  l'acide  salicy- 
lique  et  le  trichlorophosphate  de  salicyle  que  j'ai  fait  connaître  dans  un 
travail  soumis  à  l'Académie  dans  sa  dernière  séance. 


Acide  salicyUque.  Trichlorophosphate  de  salicyle. 

C.ff  „|C...H= 

C...H  C...H 


JC...H  ^IC.H 


(C...O...OH  IC...0...0 

^|0...0H  ^|o...O 

»  Ces  formules  suffisent,  pour  le  moment,  pour  indiquer  mes  idées  sur 
la  constitution  des  corps.  » 


(  ii6ï) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  In  synthèse  des  carbures  d'hydrogène; 
par  M.  Beuthelot.   (Suite.) 

«  Jusqu'ici  les  carbures  d'hydrogène  ont  toujours  été  formés  par  la 
destruction  de  combinaisons  organiques  préexistantes.  Par  le  fait  de  cette 
destruction,  opérée  en  général  sous  l'influence  de  la  chaleur,  les  éléments 
de  la  combinaison  se  partagent  en  deux  portions  inégales  :  une  portion  de 
son  carbone  et  de  son  hydrogène  se  brûle  complètement  aux  dépens  de 
son  oxygène,  tandis  que  l'autre  portion  des  éléments  se  sépare  sous  forme 
de  principes  plus  combustibles  que  ne  l'était  la  matière  primitive.  Ces  prin- 
cipes sont  généralement  plus  simples,  non-seulement  dans  leur  composition, 
mais  encore  dans  le  nombre  d'équivalents  de  carbone  que  leur  formule 
renferme. 

»  Mais  ce  procédé  est  purement  analytique  ;  il  ne  permet  pas  de  fran- 
chir le  premier  pas  de  la  synthèse  et  de  former  de  toutes  pièces  des  carbures 
d'hydrogène,  car  il  présuppose  l'existence  des  combinaisons  du  carbone 
avec  l'hydrogène  ;  or  c'est  là  précisément  ce  qu'il  s'agit  de  réaliser. 

»  C'est  ce  qu'il  est  facile  d'établir  en  rappelant  par  quels  procédés  les 
chimistes  préparent  aujourd'hui  les  carbures  d'hydrogène. 

»  Ainsi  le  gaz  des  marais,  C^H*,  a  été  d'abord  extrait  des  produits  de 
la  décomposition  spontanée  des  débris  végétaux,  puis  formé  en  décompo- 
sant par  la  chaleur  les  substances  organiques  et  plus  particulièrement  les 
acétates. 

»  Le  gaz  oléfiant,  C  H%  formé  dans  la  distillation  sèche  d'un  grand 
nombre  de  matières  organiques,  se  prépare  en  général  avec  l'alcool  ordi- 
naire, produit  de  la  fermentation  du  sucre. 

»  Quant  au  propylène,  CH",  au  butylène,  CMi%  à  lamylène,  C'^H'", 
et  aux  carbiu'es  analogues,  ils  se  préparent,  soit  au  moyen  des  alcools  cor- 
respondants, soit  par  la  distillation -sèche  d'un  grand  nombre  de  sels,  tous 
plus  compliqués  que  les  carbures  résultants. 

»  Tous  ces  carbures  se  rattachent  à  une  même  série  qui  part  du  gaz  olé- 
fiant :  tous  renferment  le  carbone  et  l'hydrogène  mis  à  équivalents  égaux, 
mais  de  plus  en  plus  condensés. 

M  Le  naphtahne,  C^"!!*,  et  la  benzine,  C'H",  n'appartiennent  pas  à 
cette  série;  mais,  de  même  que  les  carbures  précédents,  on  les  prépare  seu- 
lement avec  des  composés  organiques. 

«  On  voit  que  dans  tous  les  cas  la  formation  des  carbures  d'hydrogène 


(     Il62    ) 

résulte  jusqu'ici  d'un  phénomène  d'analyse,  d'un  partage  en  vertu  duquel 
les  éléments  d'une  substance  organique  complexe  se  groupent  en  composés 
plus  simples. 

»  Les  recherches  qui  viennent  d'être  développées  procèdent  d'une  ina- 
nière  tout  opposée  et  réalisent  la  synthèse  des  carbures  d'hydrogène  et  celle 
des  alcools. 

»  En  effet,  on  vient  d'exposer  comment  le  gaz  des  marais,  C"H^,  peut 
être  formé  dans  la  distillation  du  formiate  de  baryte,  lequel  a  été  produit 
avec  l'oxyde  de  carbone  extrait  du  carbonate  de  baryte. 

»  On  peut  également  produire  le  gaz  des  marais  au  moyen  du  sulfure 
de  carbone. 

»  Le  gaz  oléfiant,  C*H',  a  été  formé  dans  la  distillation  du  formiate  de 
baryte,  produit  lui-même  avec  l'oxyde  de  carbone  extrait  du  carbonate  de 
baryte. 

»  On  a  également  obtenu  le  gaz  oléfiant  au  moyen  du  sulfure  de  carbone. 

»  Le  propylene,  C*H',  a  été  formé  dans  la  distillation  du  formiate  de 
baryte,  produit  lui-même  avec  de  l'oxyde  de  carbone  extrait  du  carbonate 
de  baryte. 

»  Le  butylène,  C*H',  et  l'amylène,  C'H"',  ont  été  formés  dans  la  distil- 
lation de  l'acétate  de  soude,  lequel  dérive  de  l'alcool,  que  l'on  peut  former 
au  moyen  du  gaz  oléfiant  préparé  par  les  procèdes  qui  précèdent. 

»  La  napthaline,  C'°H',  a  été  formée  au  moyen  du  sulfure  de  carbone, 
au  moyen  de  l'alcool  et  au  moyen  de  l'acide  acétique. 

»  La  benzine,  C"  H*,  a  été  formée  au  moyen  de  l'alcool  et  au  moyen  de 
l'acide  acétique,  lesquels  peuvent  être  produits  avec  le  gaz  oléfiant. 

»  Le  point  de  départ  de  la  synthèse  des  composés  organiques  est  donc 
assuré,  et  il  ne  reste  plus  qu'à  remonter  des  carbures  d'hydrogène  aux  com- 
posés oxygénés,  c'est-à-dire  à  renverser  les  conditions  ordinaires  de  la  pro- 
duction de  ces  mêmes  carbures. 

»  C'est  ce  que  j'ai  réahsé  en  transformant  les  carbures  d'hydrogène  dans 
les  alcools  correspondants. 

»  Jusqu'ici  les  divers  alcools  avaient  été  produits  par  des  voies  diverses, 
au  moyen  de  composés  plus  compliqués  qu'ils  ne  l'étaient  eux-mêmes,  et 
sans  être  rattachés  à  ces  composés  par  quelque  relation  générale  et  régulière. 

»  Ainsi,  l'alcool  méthyliqiie  ou  esprit-de-bois,  C*H*0*,  avait  été  rencontré 
parmi  les  nombreux  produits  de  la  distillation  du  bois,  c'est-à-dire  d'un 
ensemble  d«  substances  végétales  organisées. 

»  L'alcool  ordinaire,  C*H*0*,  est  un  produit  normal  et  régulier  de  la  fer- 


(  ii63  ) 
mentation  du  sucre  ;  sa  seule  origine  était  donc  tirée  d'un  principe  immé- 
diat extrait  du  règne  végétal  et  que  l'on  ne  sait  pas  former. 

»  Les  alcools  amylique,  C'°H**0*,  butylique,  C*H"»0',  propyjique, 
C'H'O',  étaient  les  produits  accessoires,  sinon  accidentels,  de  la  fermen- 
tation. 

»  L'alcool  caprylique,  C'^H'^O',  se  formait  dans  la  distillation  de  l'huile 
de  ricin  en  présence  des  alcalis. 

»  Les  alcools  éthalique,  C'^H^*0^,  cérylique  et  liiélissique  avaient  été 
formés  au  moyen  du  blanc  de  baleine  et  de  certaines  cires,  lesquels  ré- 
sultent de  la  combinaison  des  acides  gras  avec  ces  alcools. 

I)  A  ces  procédés  si  divers,  et  tous  analytiques,  j'ai  substitué  un  ensembFe 
de  méthodes  directes  et  régulières  qui  permettent  de  former  synthétique- 
ment  les  alcools  au  moyen  des  carbures  d'hydrogène. 

»  Ainsi  j'ai  formé  l'alcool  méthylique,  C^H*0^,  avec  le  gaz  des  marais, 
C^H*,  en  remplaçant  i  équivalent  d'hydrogène  par  du  chlore,  C^H'Cl, 
et  décomposant  par  la  potasse  l'éther  méthylchlorhydrique  formé. 

»  Les  alcools  ordinaire,  C*H°0'',  et  propylique,  C°H*0*,  ont  été  formés 
en  combinant  le  gaz  oléfiant,  C'H*,  et  le  propylène,  C*H*,  avec  l'acide 
sulfurique,  puis  en  décomposant  par  l'eau  cette  combinaison;  les  éléments 
de  l'eau  demeurent  unis  au  carbure  d'hydrogène. 

»  Enfin  les  alcools  propylique,  C°H*0^,  amylique,  C'H'^O*,  capry- 
lique, C'*H*'0*,  éthalique,  C'*îP*0^,  et  probablement  tous  les  autres, 
peuvent  être  obtenus  au  moyen  de  leurs  éthers  chlorhydriques,  iodhy- 
driques  ou  bromhydriques,  CH'Br,  C'^H'^Br,  C'«H"Br,  C"H"Br,  les- 
quels résultent  de  l'union  directe  de  l'hydracide  avec  les  carbures  d'hy- 
drogène correspondants,  le  propylène,  C*H',  l'amylène,  C"'H"',  le  capry- 
lène,  C'^H'»,  l'éthalène,  C"H'%  etc. 

»  On  peut  donc  réaliser  la  synthèse  totale  de  tous  les  alcools  dont  les 
carbures  d'hydrogène  ont  été  produits  au  moyen  des  corps  simples  cor- 
respondants, c'cst-k-dire  des  alcools  méthylique,  vinique,  propylique, 
butylique,  amylique,  etc.  Or  ces  alcools  sont  devenus,  grâce  aux  travaux 
des  chimistes  modernes,  le  point  de  départ  de  la  plupart  des  autres  com- 
posés organiques. 

»  Réaliser  la  synthèse  totale  des  carbures  d'hydrogène  et  des  alcools,  c'est 
donc  réaliser  la  synthèse  d'un  nombre  presque  infini  de  combinaisons 
organiques,  tant  naturelles  qu'artificielles,  au  moyen  des  corps  simples  qui 
les  constituent.  » 

U.  R.,  iSâS,  I"  Semeiirc.  (T.  XLVI.Noa*.)  l5l 


(  im  ) 

CHIMIE.  —  Note  sur  l'action  de  la  vapeur  d'eau  et  de  t oxyde  de  carbone  sur 
quelques  sulfates  ;  par  M.  E.  Jacqi'emin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  'Eu  faisant  passer  au  rouge  un  courant  de  vapeur  d'eau  et  d'oxyde  de 
carbone  sur  les  sulfates  de  potasse,  de  soude,  de  magnésie,  de  strontiane, 
de  baryte,  il  se  dégage  de  l'acide  carbonique,  de  l'hydrogène  sulfuré,  et 
on  arrive  à  la  production  des  oxydes  mêmes.  La  vapeur  d'eau  entraîne  du 
soufre  dans  un  grand  état  de  division,  car  l'hydrogène  sulfuré  peut  se  dé- 
truire partiellement  à  la  température  de  l'expérience. 

»  Le  résultat  final  est  amené  par  deux  réactions  successives.  L'agent 
réducteur  convertit  d'abord  le  sulfate  en  sulfure,  d'après  l'équation  gé- 
nérale 

MO,  SO' -+- 4CO  =  MS  +  4C0^ 

En  effet,  j'ai  obtenu  du  sulfure  de  sodium  en  faisant  passer  de  l'oxyde  de 
carbone  desséché  sur  du  sulfate  de  soude  porté  à  une  température  élevée; 
j'ai  pu  de  même  former  du  sulfure  de  magnésium  très-blanc  en  opérant 
dans  les  mêmes  conditions  avec  le  sulfate  de  magnésie. 

»  La  vapeur  d'eau  intervenant  ensuite  donne  de  l'hydrogène  sulfuré  et 
de  l'hydrate  de  la  base,  car 

MS  -f-  2HO  =  MO,  HO  +  HS. 

»  Dans  l'hypothèse  où  ces  faits  deviendraient  d'une  réalisation  indus- 
trielle, la  production  de  l'oxyde  de  carbone  ne  causerait  aucun  embarras, 
puisqu'il  suffirait  de  faire  passer  sur  les  sulfates  les  gaz  provenant  du  foyer 
de  combustion.  Si  la  baryte,  par  exemple,  venait  à  trouver  des  applications, 
lien  ne  serait  plus  simple  que  de  baser  un  procédé  de  fabrication  de  cet 
oxyde  sur  les  expériences  que  j'indique.  La  calcination  du  nitrate,  mode 
suivi  jusqu'à  présent,  est  dispendieuse,  bien  que  l'on  puisse  tirer  parti  des 
produits  nitreux  qui  résultent  de  cette  décomposition.  Le  procédé  que  je 
propose  est  incontestablement  beaucoup  moins  onéreux,  et  possède  de  plus 
un  avantage,  c'est  d'utiliser  le  soufre  et  l'hydrogène  sulfuré  qui  se  dégagent 
et  qui  par  combustion  fourniraient  de  l'acide  sulfureux.  Cet  acide  sulfu- 
reux servirait  soit  à  la  fabrication  du  sulfite  de  soude,  soit  à  celle  de  l'acide 
sulfurique. 

»  J'insiste  beaucoup  sur  cette  utilisation  du  soufre.  Dans  la  fabrication 
de  la  soude  artificielle  par  le  procédé  Leblanc,  tout  le  soufre  passe  a  l'état 


(1.65) 

d'oxysulfiire  de  calcium,  produit  sans  valeur  qui  encombre  les  usines,  et 
qui,  par  sa  décomposition  sous  l'influence  de  l'acide  carbonique  de  l'air  et 
de  l'humidité,  donne  lieu  à  des  émanations  dont  il  faudrait  toujours  sauve- 
garder les  pays  habités.  Dans  le  procédé  que  j'indique,  tout  le  soufre  ren- 
trerait dans  la  fabrication  de  l'acide  sulfurique,  acide  qui  sans  sortir  de 
l'usine  serait  employé  à  une  nouvelle  génération  de  sulfate  de  soude,  et  par 
suite  de  soude  artificielle.  Or  c'est  sans  contredit  la  fabrication  de  la  soude 
qui  nécessite  l'emploi  le  plus  coiisidérable  d'acide  sulfurique.  La  France 
cesserait  donc  sur  ce  point  d'être  -tributaire  de  la  Sicile.  D'ailleurs  il  y  a 
toujours  intérêt  à  ce  que  rien  ne  se  perde,  f^es  sources  où  J'on  puise  le 
soufre  sont  abondantes  sans  doiite,  cependant  la  consommation  que  l'on 
en  fait  suit  luie  progression  qui  permet  bien  de  se  demander  si  quelque 
joiu'  cet  élément  précieux  pourra  suffire  encore  aux  incessants  besoins  des 
temps  qui  viendront.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Transformalion  de  [acide  acétique  en  alcool; 

par  M.  G.  Friedel. 

«  Les  expériences  de  M.  Rolbe  sur  l'électrolyse  des  sels  des  acides  gras 
ont  fait  voir  que  les  radicaux  d'acides  peuvent  se  décomposer,  en  donnant 
naissance  au  radical  dé  l'alcool  qui  renferme  deux  équivalents  de  carbone 
de  moins  que  l'acide. 

»  La  formation  des  acétones  peut  être  considérée  comme  un  fait  ana-  , 
logue;  seulement,  deux  molécules  d'acide  étant  en  présence,  le  radical 
de  l'une  est  décomposé,  et  le  radical  C"H""^'  qui  en  résulte  se  porte  sur 
le  groupe  non  décomposé,  pour  former  avec  lui  un  radical  double.  C'est 
ce  qui  a  été  admis  d'après  les  vues  théoriques  de  MM.  Gerhardt  et 
Chancel,  et  d'après  les  expériences  de  M.  Williamson  sur  la  formation  des 
acétones  mixtes. 

»  Jusqu'ici  cependant  on  n'était  pas  parvenu  à  démontrer  dans  les  acé- 
tones l'existence  de  ces  radicaux  d'alcools. 

»   L'action  de  l'acide  chlorhydriqne  et  de  l'acide  iodhydrique  sur  l'acé- 
tone acétique  m'ont  fourni  cette  démonstration,  en  même  temps  qu'un  . 
moyen  facile  de  transformer  l'acide  acétique  en  alcool  méthylique. 

»  A  la  température  et  à  la  pression  ordinaires,  l'acide  chlorhydrique 
reste  à  peu  près  sans  action  sur  l'acétone.  Cependant  cette  dernière  sub- 
stance en  dissout  des  quantités  considérables,  et  si  l'on  enferme  la  disso- 
lution dans  un  épais  matras  scellé  à  la  lampe  qu'on  chauffe  au  bain-marie 

i5i.. 


(  ii66  ) 
pendant  huit  à  dix  heures,  on  voit  le  liquide  se  séparer  en  deux  couches. 
Lorsqu'on  ouvre  le  matras,  il  se  produit  vui  dégagement  abondant  de  gaz  et 
une  ébuUition  qui  entraîne  une  partie  du  Uquide,  si  l'on  n'a  pas  eu  soin  de 
refroidir  le  vase, avec  de  la  glace.  Le  gaz  qui  se  dégage  brûle  avec  une 
flamme  verte,  et  en  en  soumettant  une  partie  à  l'analyse  eudiométrique,  j'ai 
reconnu  qu'elle  fournissait  un  volume  d'acide  carbonique  lui  peu  plus  grand 
que  le  sien.  Le  chlorure  de  méthyle  donnerait  exactement  son  volume 
d'acide  carbonique.  L'excès  de  carbone  trouvé  résulte  d'un  peu  d'acétone, 
dont  il  était  difficile  de  purifier  entièrement  le  gaz,  mais  que  j'ai  pu  séparer 
en  partie  au  moyen  de  l'eau  et  par  distillation. 

»  Le  liquide  restant  renfermait  encore  un  peu  d'acétone  et  un  acide  ayant 
l'odeur  de  l'acide  acétique,  bouillant  entre  loo  et  120  degrés,  et  qui,  traité 
par  l'oxyde  d'argent,  a  donné  un  sel  cristallisable  en  aiguilles  blanches,  et 
renfermant  64,3'  d'argent.  L'acétate  en  renferme  64,66.  L'acide  est  donc 
de  l'acide  acétique  régénéré  dans  une  réaction  qui  peut  s'exprimer  par  l'équa- 
tion suivante  : 

2(C'H''0=)  +  4HC1  =  C*H»0*  4-  4(,C=H^C1). 

»  Pour  recueillir  plus  facilement  l'éther  qui  se  produit,  j'ai  remplacé 
l'acide  chlorhydrique  par  l'acide  iodhydrique  gazeux.  Celui-ci  agit  sur 
l'acétone  à  la  température  ordinaire,  et  immédiatement  après  avoir  saturé 
l'acétone  de  vapeurs  iodhydriques,  on  peut  distiller,  et  l'on  obtient  beau- 
coup d'iodure  de  méthyle  et  d'acide  acétique. 

»  L'iodure  de  méthyle  passe  à  la  distillation  presque  entièrement  entre 
43  et  45  degrés  ;  malgré  cela,  il  renferme  encore  de  l'acétone,  et  ne  peut  pas 
facilement  être  obtenu  pur.  Mais  en  le  traitant  par  l'oxalate  d'argent  dans 
un  matras  fermé,  chauffé  aubain-marie,  on  obtient  de  l'oxalate  de  méthyle, 
bouillant  entre  160  et  166  degrés,  cristallisant  en  belles  lames,  et  dont  l'ana- 
lyse a  donné  : 

Expérience.  Théorie. 

C  =  40» 72  40)^7 

H  =     5,34  5,0'7 

Cet  oxalate,  traité  par  la  potasse,  a  fourni  de  l'esprit-de-bois  bouillant 
entre  65  et  69  degrés,  et  qui,  rectifié  d'abord  sur  la  chaux  vive,  puis  sur 
la  potasse  fondue,  a  donné  les  chiffres  suivants  : 

Expérienoo.  Théorie. 

C  =  37,31  37,50 

H  =  1 2 ,  Sg  1 2 ,  5o 


(  «i67  ) 
Il  ne  se  produit,  dans  cette  réaction,  outre  l'iodure  de  raéthyle,  que  de 
l'acide  acétique.  Les  parties  de  l'acide  bouillant  aux  températures  les  plus 
élevées,  traitées  par  l'oxyde  d'argent,  ont  donné  uniquement  de  Tacélate 
d'argent  renfermant  64,08  pour  100  d'argent.  L'action  de  l'iodin-e  de 
phosphore  sur  l'acétone  aqueuse  donne  les  mêmes  résultats  que  celle  de 
l'acide  iodhydrique;  mais  le  procédé  le  plus  commode  est  celui  qui  con- 
siste à  chauffer  dans  un  matras  fermé  avec  l'acétone,  une  dissolution  aqueuse 
concentrée  d'acide  iodhydrique. 

»  Ainsi  que  le  prouve  la  formule  indiquée  plus  haut,  il  prend  naissance 
de  a  molécules  d'acétone,  4  molécules  d'éther.  En  prenant  comme  point 
de  départ  4  molécules  d'acide  acétique,  on  peut  considérer  la  réaction 
dont  il  vient  d'être  question,  comme  achevant  une  décomposition  des  ra- 
dicaux acétyls  qu'ils  renferment,  commencée  par  leur  transformation  en 
acétone. 

»  Il  est  probable  que  cette  réaction  est  générale,  et  qu'elle  permettra  de 
passer  d'un  acide  quelconque  à  l'alcool  inférieur,  et,  par  conséquent,  d'im 
alcool  à  un  autre  alcool  quelconque  inférieur.  Elle  nous  fournit  en  même 
temps  un  réactif  qui  permettra  d'étudier  la  constitution  des  radicaux  mêmes 
des  acides.  » 

CHIMIE  MÉDICALE.  —  Jnalyse  des  eaux  de  Sylvanès  (Aveyron);  par 
M.  B.  Cauvy.  (Extrait.) 

«  Les  eaux  de  Sylvanès  sont  thermales.  Le  1"  novembre  1847,  la  tem- 
pérature de  ces  eaux  était,  pour  les  différentes  sources  désignées  dans  le 
pays  parles  n"*  i,  2,  3,  4,  de  33°, 6;  Si", 5;  34°;  3i°,5.  Ces  eaux  ne  sont 
nullement  sulfureuses,  quoiqu'elles  aient  été  indiquées  comme  telles  par 
quelques  expérimentateurs,  qui,  analysant  des  eaux  transportées  à  dis- 
tance, avaient  probablement  regardé  comme  principe  sulfureux  préexistant 
dans  ces  eaux,  celui  qui  s'était  développé  par  l'action  réciproque  des  ma- 
tières organiques  et  des  sulfates  qu'elles  contiennent. 

»  Les  eaux  de  Sylvanès  sont  arsenicales. 

»  L'analyse  d'indication  a  montré  que  les  quatre  sources  avaient  une 
composition  très-analogue  :  on  n'a  soumis  à  l'analyse  quantitative  que  les 
eaux  des  sources  3  et  4- 


(  ii68  ) 


Eau  de  la  source  n°  3.  Par  litic. 

Acide  carbonique i  lo'^" 

Air  tenant  3,5  pour  100  d'oxy^jène.        i6" 

Silice .■ 0,0476 

Chaux 0,1281 

Magnésie 0,0434 

Soude o,o333 

Sodium o,  loSa 

Arséniate    de    magnésie    et   de 

fer 0,0161 

Chlore 0,1 620 

Acide  sulfurique  combiné ....'.  o  ,o443 

Acide  carbonique o,  i6o5 

Oxyde  de  fer,  chaux  et  magné- 
sie mêlés 0,0180 

0,7590 


Eau  de  la  source  n"  4-  Por  litre. 


I  lo"^ 


o , 0698 
o , 0698 
0,1371 
o,o333 
0,0979 


Arsenic •    traces  impondérables. 

o,i5i2 

o ,0436 

0,1643 

o,oi4i 
traces . 

0,7537 


Matière  organique  et  alumine. 


))  En  combinant  d'après  les  probabilités  les  acides  avec  les  bases,  on 
peut  représenter  la  composition  chimique  des  substances  fixes  contenues 
dans  I  litre  d'eau  par 


N°  3. 

Silicate  de  magnésie 0,0^76 

Carbonate  de  chaux 0,2286 

Carbonate  de  magnésie. o  ,0905 

Arséniate  de  magnésie  et  de  fer.  .  0,0161 

Sulfate  de  soude o  ,0769 

Chlorure  de  sodium. 0,2671 

Carbonate  de  chaux ,  de  magnésie 

et  de  fer.  . 0,0210 

0,7578 


Silicates  de  chaux  et  de  magnésie . 


o , 0698 
0,2447 
0,0917 
traces 
0,0769 
0,2491 

0,02l5 

0,07537 


»  Les  eaux  de  Sylvanès  contiennent,  an  tond  des  réservoirs,  nne  ma- 
tière ocreiise  qui  est  entraînée  au  dehors  sous  forme  de  flocons  d'tHi 
jaune  plus  ou  moins  foncé. 

))  L'analyse  quantitative  du  résidu  ocrenx  de  l'eau  n°  4  indique  que  ce 
résidu  se  compose  d'une  partie  soluble  avec  effervescence  dans  les  acides, 
et  d'une  partie  insoluble  dans  cet  acide  et  dans  l'eau,  mais  soluble  dans  le 
carbonate  de  soude  à  la  chaleur  rouge.  La  partie  soluble  dans  l'acide  chlor- 
hydrique  renferme  de  la  silice,  du  fer  en  grande  quantité,  de  la  chaux,  de 
la  magnésie  et  de  Xanemc.  T>a  partie  insoluble  d.ins  l'acide  chlorhydrique 


(  <>69) 
et  attaquée  par  le  carbonate  de  soude  se  compose  de  silice,  [d'alumine  et 
de  fer. 

»  L'arsenic  a  été  dosé  sous  la  forme  de  sulfure  arsénieux  dans  les  ocres 
provenant  des  eaux  n°  3  et  n°  4- 

loo  grammes  de  l'ocre  n"  3  ont  produit  :  sulfure  arsénieux.  ...  i  ,976 

qui  correspondent  à  acide  arsénieux i  ,570 

100  grammes  de  l'ocre  n°  4  ont  produit  :  sulfure  arsénieux i  ,827 

qui  représentent  acide  arsénieux i  ,45o 

»   Ces  ocres  sont  insolubles  dans  l'acide  carbonique.  » 

M.  Delafo.\o  annonce  avoir  découvert  sur  un  mouton  napolitain  galeux 
un  acariis  très-différent  de  celui  qui  est  déjà  connu  pom*  ce  Rinninant. 

«  Le  mouton  sur  lequel  a  été  observé  ce  sarcopte  (qu'on  a  lieu  de  consi- 
dérer comme  identique  avec  celui  qui  vit  sur  l'homme,  le  chien,  le  lion,  le 
cheval),  présente  à  la  peau  de  la  face,  des  lèvres,  du  pourtour  des  yeux  et 
de  la  siu'face  externe  des  oreilles  une  grande  quantité  de  sillons  isolés  ou 
réunis,  et  de  très-nombreuses  papules  prurigineuses,  les  unes  solitaires, 
les  autres  rapprochées,  confondues  et  formant  des  croiites  épaisses,  dures, 
adhérentes,  de  couleur  grisâtre  ;  c'est  dans  ces  sillons  et  sous  ces  croûtes 
que  vivent  et  pullulent  les  sarcoptes.  La  maladie  connue  sous  le  nom  très- 
impropre  de  noir  museau  et  doi^t  on  ignorait  la  nature,  est  donc  une  variété 
de  la  gale  due  aux  sarcoptes.  » 

• 
M.  W.  Sharswood  adresse  de  Philadelphie  une   I-ettre  relative  à  inie 
Note  qu'il  dit  avoir  précédemment  adressée   «  sur  un  nouvel  antidote  de 
l'acide  arsénieux  ".  Cette  Note  n'est  point  parvenue  à  l'Académie. 

M.  Sem.4nas,  qui  avait  précédemment  envoyé  pour  le  concours  Montyon 
(Médecine  et  Chirurgie)  un  travail  manuscrit  intitulé  :  «  Doctrine  pathogé- 
nique  fondée  sur  le  digénisme  phlegmasi-toxique  et  ses  composés  morbibes  « , 
adresse  aujourd'hui,  sous  le  même  titre,  un  ouvrage  imprimé,  et  demande 
que  sous  cette  nouvelle  forme,  qui  diffère  de  la  première  par  certaines  cor- 
rections et  additions  jugées  indispensables,  l'ouvrage  soit  soumis  à  l'examen 
de  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  l'exemplaire  ma- 
nuscrit étant  considéré  comme  non  avenu. 


#• 


(  I 1 70  ) 

M.  GuiET  adresse  de  Montfort  (S&rthe)  une  Lettre  sur  une  disposition 
des  nuages  qui,  dans  la  soirée  du  7  juin,  donnait  au  ciel  un  aspect  insolite, 
et  dans  lequel  on  a  cru  voir  une  annonce  de  la  tempête  dont  la  Manche  a 
été  bientôt  après  le  théâtre. 

M,  Laignel  appelle  l'attention  sur  un  dispositif  qu'il  avait  imaginé  en. 
1823  pour  prévenir  certains  accidents  auxquels  étaient  exposés  les  petits 
chars  descendant  la  pente  des  montagnes  russes  installées  au  jardin  de  Beau- 
jon,  dispositif  qui  s'est  trouvé  ensuite  applicable  aux  cheniins  de  fer. 

M.  TiiiRioN  adresse  une  nouvelle  Lettre  relative  à  ses  précédentes  com- 
munications sur  un  moyen  qu'il  a  imaginé  pour  transformer  en  mouvement 
rotatif  un  mouvement  de  va-et-vient  et  vice  versa. 

(Renvoi  à  la  Commission  déjà  nommée.) 

•  M.  Haut  Saint-Amour  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail 
de  la  Commission  à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyée  sa  Note  intitulée  : 
«  Des  véritables  causes  des  phénomènes  barométriques  ». 

(Renvoi  aux  Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Pouillet,  Babinet.) 
La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


m  (  1171  ) 

Bri.LKTIN    Rini.IO<iRAPUIQL-C 

L'Académie  a  rerii  dans  la  séance  du  7  juin  les  ouvrages  donl  voici 
les  titres  : 

L'EnseiyncmeiU  clinujut:  i^ii  ÀUemaijne,  particuUèremenl  à  Fiennc.  Projet  de 
réforme  pour  reiueicfneiiicrd  (Unique  en  France;  par  M.  le  D'  ()ALLAVARDl^. 
Paris-Lyon,  i858  ;  br.  u)-8". 

De^  Avantages  que  présenterait  en  Algérie  la  domestication  de  l'autruche 
d'Afrique,  Struthio  Cameius   (LiNNii);  ])nr  M.  L.-.\..  GosSE  (de  Genève). 

Paris,   1857;  br.  '""S"- 

Rapport  sur  l'iode  des  eaux  de  f^ichy  et  les  moyens  de  déceler  ce  corps  dans 
tes  eaux  qui  en  renferment,  fait  à  la  Société  d' hydrologie  médicale  de  Paris 
le  1.5  mars  i858;  par  M.  le  D'Leconte.  Paris,  i858;  br.  in-8°. 

Le  Moteur  des  commis  des  grands  tunnels  el  en  particulier  du  tunnel  sousmariîi  ; 
par  M.  J.  NiCKLÈS.  Nancy,  f858;  br.  in-8°. 

De  l'Utilité  des  citernes;  parM.  le  professeur  Gam  A.  2^  édition.  Paris,  i858; 
br.  in-8°. 

Mémoires  de  C /icadémic  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  tome  XXX.  Bruxelles,  1867;  in-4**. 

Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés  par  l' Académie  royale  des 
Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique;  tome  VIL  Bruxelles  ,  1 858  ; 
in-8°. 

Bulletins  de  l' Académie  rojale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  tome  XXIII,  y."  partie;  26*  année,  a""  série,  tomes  II  et  IIL 
Bruxelles,  i85G  et  1857;  in-8". 

Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettrés  et  des  Beaux- A  ris  de 
Belgique;  années  1837  et  i858;  in-12. 

Observations  des  phénomènes  pér-iodiques  ;  br.  in-4''.  (Extrait  du  tome  XXXI 
des  Mémoires  de  r Académie  royale  de  Belgique.) 

Atti...  Procès -verbaux  et  Mémoires  de  l'Académie  toscane  des  Arts  et  Mann- 
factures  ;  amuées  1  à  5,  1 853- 1857;  br.  in-4". 

C.  R.,  i858,  i"  .Stfm^î/;e.  ;T.  XLVI,  K«  24.)  1  5^ 


(  "72  ) 

■Rappoiio...  Rapport  de  In  Commission  nommée  en  i856  par  i'InstitiU  loni- 
bard  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  pour  C élude  de  ta  maladie  des  vers  à  soie; 
hr.  iii-4". 

Niiove...  Nouvelles  recherclies  relatives  à  la  substitution  linéaire  pour  la 
réduction  des  fonctions  elliptiques  de  première  espèce;  par  M.  B.  TORTOLINI. 
Rome,  i858;  br.  \n-lf. 

Ricerche...  Recherches  nnaljtiques  sur  les  courbes  coniques  circonscrites  à 
un  triangle;  parle  même.  Rome,  i858;  br.  iii-8". 

Catalogue. . .  Catalogue  des  crânes  humains  de  la  collection  de  l'Académie  des 
Sciences  naturelles  de  Philadelphie  ;  par  M.  J.  AlTKEN  Meigs.  Philadelphie, 
1857;  br.  iii-8"'. 


I/Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i/j  juin  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Description  des  Mammifères  nouveaux  ou  imparfaitement  connus  de  la  collec- 
tion du  Muséum  d'histoire  naturelle,  et  remarques  sur  la  classification  et  le  carac- 
tère des  Mammifères.  Quatrième  Mémoire.,  famille  des  Singes,  second  Stipplément  ; 
par  M.  Isidore  GEOFFROY  Saint-Hilaire  ;  in-4°  (Extrait  du  tome  X  des  Ar- 
chives du  Muséum.) 

Chimie  photographique  ;  par  MM.  BarreswilcI  DavannE;  '2"  édilioii.  Paris, 
I  vol.  in-S". 

Notice  statistique  et  médicale  sur  la  Malou-les-Bains  (Hérault) ,  suivie  de  l'ap- 
plication des  eaux  alcalino-ferrugineuses  et  arsenicales  de  la  Malou-V^éncien  au 
traitement  du  rhumatisme,  etc.;  par  M.  le  D"^  J.-L.  Privât.  Paris,  i858  ; 
br.  in-8». 

Notice  sur  la  serrurerie  de  Picardie  ;  par  M.  P.  Briez.  Abbeville,  1857; 
br.  in-S".  'I^^" 

Doctrine  pathogénique  fondée  sur  le  digénisme  phlegmasi-toxique  et  ses  com- 
posés morbides;  par  M.  P. -F.  Semanas.  Paris-Lyon,  i 858;  in-8''.  (Adressé 
par  l'auteur  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 


W 


(  "7:>) 

ISalt  sur  te  soufrage  applicjué  aux  vers  à  soie  nlleints'de  yalline  et  de  muscar- 
dine ;  par  M.  le  D*"  N.  Joly;  i  feuille  in-8".  (Renvoyé  à  titre  de  document  à 
la  Commission  des  vers  à  soie.) 

Rapport  fait  au  nom  d  une  Cortimission  chargée  d'examiner  les  propositions 
de  M.  N.  Joly  tendant  à  ce  que  ta  Société  ([Agriculture  de  In  Haute-Garonne  se 
fasse  affiliera  In  Société  impériale  d'Acclimatation  siégeant  à  Paris,  lu  dans  la 
séance  du  -iH février  iSS'j;  ^feuille  in-8". 

Dictionnaire  français  illustré  et  encyclopédie  universelle  ;  oy*  livraison  ;  in-4'^'. 

Flora  hatava,  i8a*  et  i83*  livraisons;  in-4'*. 

Annales  academici ,  année  i(S53-i854.  Lugduni-Batavorum,  iSS^;  in-4". 

Nederlandsch...  Archives  néerlandaises  de  botanique,  publiées  pur  MM.  DE 
Vriese,  Suuingar  etKUNTTEL;  IV*  volume,  Z"  livraison.  Leyde,  iBSy; 
in-8°.  #,  « 

Tntorno,..  Note  sur  une  somme  de  dérivées  successives;  par  M.  A.  Genocchi  ; 
1  feuille  in-8''. 

Acta  Societaiis  scientiarum  indo-neêrlandicœ .  Volumes  I  et  II.  Batavia, 
1 856  et  1857;  1  vol.  in-4''. 

Natuurkundig...  Journal  de  la  Société  d'histoire  naturelle  des  Indes  néer- 
landaises, de  i85i  à  1857;  i3  vol.  in-8°. 

Die  verbindungen...  Jonction  des  triangulations  prussiennes  et  iiisses  près  de 
Thorn  et  de  Tarnowitz;  parle  général  Baeyer.  Berlin,  1857;   i  vol.  in-4''- 


ERRATA. 

(Séance  du  7  juin  i858.) 

Page   II 12,   ligne   14,  a«  Heu  de  théorique,  lisez  thionique. 
Page   iii3,  ligne  3o,  au  lieu  de  urolite,  lisiez  azotite. 


•-»»«« 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  21  JUIN  1838. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUMCATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Lebas,  en  qualité  de  Président  de  l'Institut,  rappelle  que  la  prochaine 
séance  trimestrielle  aura  lieu  le  mercredi  5  juillet,  et  invite  l'Académie  à  lui 
faire  connaître  en  temps  opportun  les  noms  de  ceux  de  ses  Membres  qui 
seraient  disposés  à  faire  une  lecture  dans  cette  séance. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Recherches  sur-  ta  quantité  d'acide  nitrique  contenue 
dans  la  pluie,  le  brouillard,  la  rosée;  par  M.  Boussinoaclt.  (Suite.) 

R  Pluie.  —  Au  Liebfrauenberg ,  dans  les  mois  de  juillet,  août,  sep- 
tembre, octobre  et  novembre  de  1 856  et  i857,  on  a  reçu  970'", 46  de  pluie, 
dans  lesquels  j'ai  dosé  o^"",  182  d'acide  nitrique  :  environ  o"^,2  par  litre. 

»  Les  pluies  les  plus  riches  en  acide  ont  été  obtenues  : 

Acide  nitrique 
dans  I  lilre. 

Le  16  juillet        1857 6,23 

Le     9  octobre        id 5,48 

Le  25  septembre   id 3,74 

Le  14  août  i856 3,43 

»  Il  y  a  quatre  ans,  aux  mêmes  époques,  j'avais  trouvé  dans  i758'",25 
d'eau  météorique  tombée  dans  cette  localité  i^'',o3'352  d'ammoniaque,  ou 
o"'8,6  par  litre. 

C.  R.,  i858,  i"  Semejfre.  (T.  XtVI,  NO  2S.)  '53 


(  i'7fi) 

»  Ainsi  il  paraîtrait  que  dans  la  pluie  la  proportion  d'ammoniaque  est 
beaucoup  plus  forte  que  celle  de  l'acide  nitrique.  M.  Barrai,  qui,  le  pre- 
mier, a  dosé  l'acide  nitrique  dans  les  eaux  pluviales,  M.  Bineau,  à  Lyon, 
avaient  déjà  entrevu  ce  résultat  (i). 

»  En  présence  de  cet  excès  d'alcali  volatil ,  il  est  à  peu  près  certain  que, 
dans  les  eaux  météoriques,  l'acide  nitrique  constitue  du  nitrate  d'ammo- 
niaque. De  ce  que  l'on  a  vu  des  nitrates  de  chaux  et  de  magnésie  dans  le 
résidu  sec  provenant  de  l'évaporation  de  ces  eaux,  il  n'en  faudrait  pas 
conclure  que  ces  sels  s'y  trouvaient  en  dissolution.  On  comprend,  en  effet, 
que  les  bases  des  carbonates  terreux  et  alcalins,  qui  font  nécessairement 
})artie  des  poussières  entraînées  par  la  pluie,  s'emparent  de  l'acide  du  nitrate 
d'ammoniaque  pendant  la  concentration  du  liquide.  Un  litre  de  la  pluie 
tombée  au  Liebfrauenberg  aurait  contenu,  dans  cette  supposition, 
o'"^,263  de  nitrate  d'ammoniaque.' 

»  Neige.  —  Du  27  au  28  novembre  1857,  il  est  tombé  de  la  neige  au 
Liebfrauenbepg  (2).  Par  la  fusion  on  a  eu  6'", 42  d'eau,  dans  laquelle  on  a 
trouvé  2"'^, 73  d'acide  nitrique  :  o"'",42  d'acide  par  litre,  ou  0""^, 55  de  nitrate 
d'ammoniaque. 

»  Généralement  la  neige  renferme  |)lus  d'ammoniaque  que  la  pluie  ;  il 
semblerait  aussi  qu'elle  contient  plus  d'acide  nitrique.  C'est  ce  que  l'ob- 
servation du  Liebfrauenberg  et  des  observations  faites  à  Paris  tendraient  à 
faire  admettre. 

*  Af.itîo  nitrique 

Pluies  recueillies  à  Paris.  daiiB  i  litre  d'eau. 

mg 

Le  19  décembre  1857 i  ,00 

4  janvier  i858 0,37 

10  janvier  id i,36 

1 3  janvier  id i  .  i  o 

Du  i4  au  20  janvier  id 2, 1 1 

Du  20  au  2.5  janvier  id i  ,00 

Le  3o  janvier  id o  )44 

Du  3o  au  3i  janvier  id 1)14 

Du  3i  janvier  au  20  février    id 0,76 

Du  20  au  23  février  id o  ,44 

Du  23  au  24  février  id 0,68 

Le  2  mars  id....*....  0,76 

Pluie  recueillie  en  avril  id 2,00 

(i)  Etudes  chimiques  sur  les  eaux  pluviales  et  sur  Vatmosphèrc  de  Lyon.  i854.  (  Complet 
rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  XXXV,  p.  43o.) 
(2)  La  surface  de  l'udomètre  était  de  i  mètre  carré. 


{  "77  ) 

Acide  nitrique 
•    Noige  tombée  à  Paris.  par  litre  d'eau  de  neigs. 

mg 

Le  2^  février  i858 4«oo 

Du  28  février  au  i"'  mars i  ,55 

Le  6  mars  (lé  jour) ,  .  .  .  2 ,56 

Dans  la  nuit  du  6  au  ^  mars o,f)5 

Le  9  mars o ,  32 

Le  1  o  mars o ,  58 

»  Grêle.  —  Au  Liebfrauenberg,  le  5  août  1867,  la  température  avait  été 
excessive,  l'atmosphère  absolument  calme.  A  5  heures  du  soir,  au  nord,  le 
thermomètre  indiquait  33  degrés,  quand  le  tonnerre  commença  à  se  faire 
entendre.  Un  vent  des  plus  violents  souffla  du  sud-ouest,  en  soulevant 
une  poussière  assez  épaisse  pour  obscurcir  l'air.  La  pluie  tomba,  seule 
d'abord,  en  très-grosses  gouttes,  et  bientôt  après,  accompagnée  de  gréions 
qui  fondaient  aussitôt  qu'ils  arrivaient  dans  le  récipient  de  l'udomètre.  Je 
recueillis  o''',5  de  la  première  pluie,  puis  ensuite  io''',5  de  la  pluie  tombée 
avec  un  peu  de  grêle;  elle  avait  une  température  de  io°,.5. 

»  A  5''20™  il  avait  cessé  de  pleuvoir.  Il  restait  4'"»5  de  la  dernière  pluie 
dans  l'udomètre.  En  vingt  minutes,  car  l'averse  ne  dura  pas  davantage,  il 
était  tombé  iB""",i5  d'eau. 

»  L'acide  a  été  dosé  dans  les  trois  fractions  de  la  pluie  reçue  pendant 
l'orage. 

Eau  Eau  mesurée        Acide  nitrique     Acide  nitrique 

en  dans  dans  dans 

millimètres.  Tudomèlre.  i'eau  reçue.  1  litre  d'eau. 

m:i*  nig  lit  mg 

Première  eau o,5o  o,5o  i  .o^^  2,09 

Deuxième  eau, mêlée  de  grêle.      10, aS  10, 25  2,542  o,25 

Troisième  eau,  sans  grêle.  ..  .        4.5o  4>5°  o,85o  0,19 

i5,25  i5,25  4)435  0,29 

»  La  grêle,  beaucoup  plus  abondante  dans  la  plaine  qu'au  Liebfrauen- 
berg placé  sur  la  hsière  de  la  forêt,  y  causa  de  grands  dégâts. 

»  Le  2  septembre  iSSy,  à  2''3o'"  après  midi,  il  y  eut  un  orage  très-fort 
dans  la  vallée  de  la  Saùer,  à  quelques  centaines  de  mètres  au-dessous  de 
l'habitation;  le  vent  venait  du  sud-ouest.  La  foudre  tomba  sur  im  noyer; 
l'odeur  d'ozone  fut  très-sensible  et  le  papier  de  Schobein  prit  une  teinte 
bleue.  11  pleuvait  considérablement  dans  la  vallée,  mais  sur  la  montagne  la 
pluie  ne  dura  que  quelques  instants;  on  en  mesura  seulement  o''',75  (o"'"',75). 
ffttoeau,  recueillie  au  milieu  d'influences  électriques  aussi  prononcées,  ne 

i53.. 


(.178) 
contenait  cependant  que  o™^, 21    d'acide  nitrique  :  o"s, 28  par  litre.  Pen- 
dant la  nuit  du  2  ^u  3  septembre,  il  tomba  une  pluie  fine  dans  laquelle  ou 
ne  trouva  que  des  traces  d'acide  nitrique,  o"b,o4  par  litre. 

»  Grêle  tombée  à  Paris.  —  Le  3o  avril  de  cette  année,  il  y  eut  à  Paris  un 
orage  accompagné  de  pluie  et  de  grêle.  J'avais  disposé  l'udomètre  de  façon 
à  ce  que  les  grêlons  restassent  sur  le  récepteur.  J'ai  pu  alors  examiner  sépa- 
rément la  pluie,  et  l'eau  provenant  do  la  fusion  de  la  grêle.  J'ai  cru  qu'il 
serait  intéressant  de  déterminer  les  proportions  d'ammoniaque  et  d'acide 
nitrique.  Voici  les  résultats  rapportés  à  i  litre  de  liquide  : 

Ammoniaque.  Acide  nitrique. 

Dans  la  pluie 2"'Si6  o^'.SS 

Dans  l'eau  provenant  de  la  fusion  des  grêlons .  .  2'"',o8  o'"s,83 

»  I.a  proportion  d'ammoniaque  a  été,  à  peu  de  chose  près,  la  même  dans 
les  deux  cas;  mais  il  y  a  eu  notablement  plus  d'acide  nitrique  dans  la  grêle 
que  dans  la  pluie  qui  l'accompagnait. 

»  Dans  I  litre  de  la  pluie,  il  y  avait  par  conséquent  o^^^'ya  de  nitrate 
d'ammoniaque,  et  i™s^c)9  d'ammoniaque  à  l'état  de  carbonate. 

1)  Dans  I  litre  de  la  grêle  fondue,  il  y  avait  i^^.og  de  nitrate,  et  i"k,82 
d'ammoniaque  unie  à  l'acide  carbonique. 

»  Brouillard.  —  Un  des  résultats  les  plus  curieux  des  r»icherches  que  j'ai 
faites  en  i853  sur  les  eaux  météoriques,  a  été  de  constater,  dans  les  brouil- 
lards, une  proportion  d'ammoniaque  beaucoup  pUis  forte  que  dans  les  pluies. 

»  Dans  l'eau  de  ces  météores,  que  j'avais  recueillie  en  octobre  et  en  no- 
vembre, j'ai  trouvé,  par  litre,  de  3  à  9  milligrammes  d'ammoniaque.  Un 
brouillard  qui  s'étendit  sur  la  partie  de  la  vallée  du  Rhin  comprise  entre  les 
montagnes  de  la  forêt  Noire  et  la  chaîne  des  Vosges,  du  i4  au  16  novembre, 
brouillard  aussi  remarquable  par  son  opacité,  son  odeur,  que  par  sa  per- 
sistance, en  contint,  par  litre,  jusqu'à  5o  milligrammes. 

»  Les  observations  de  1 858,  faites  au  Liebfrauenberg,  indiqueraient  aussi 
plus  d'acide  nitrique  dans  les  brouillards  que  dans  la  pluie. 

Acide  nitrique  dans  i  litre  fl'eaii 
'J"'^*-  provenant  du  brouillard. 

ing. 

Octobre    le  25  au  matin o,3q 

»               ?6  dans  la  nuit i ,  i  q 

»               28  de  7  à  10  heures  du  soir 0,72 

Novembre  le  18 0,96 

Décembre  le  25 • i  08 

26 ,,83 


(  "79  ) 

»  Êrouillards  recueil  lis  à  Pai-is.  —Le  aS  janvier  i854,  j'ai  examiné  un 
brouillard  tellement  épais,  que,  dans  plusieurs  quartiers,  à  lo  heures  du 
matin,  on  fut  obligé  d'éclairer  les  appartements.  L'eau,  limpide,  d'une 
teinte  légèrement  jaune,  était  remarquable  par  la  proportion  d'alcali  qu'elle 
renfermait.  Dans  i  litre,  il  y  avait  i38  milligrammes  d'ammoniaque,  équi- 
^  valents  à  oS'",64  de  bicarbonate,  quantité  trois  fois  aussi  forte  que  celle  que 
j'avais  trouvée  dans  le  brouillard  observé  dans  la  vallée  du  Rhin,  du  i4  au 
16  novembre  1 853.  Je  fis  observer  alors  qu'une  aussi  notable  quantité  d'am- 
moniaque permettait  d'expliquer  comment,  dans  certaines  circonstances, 
les  brouillards  ont  une  odeur  assez  pénétrante  pour  affecter  péniblement  les 
organes  de  la  respiration. 

»  J'ai  saisi  avec  empressemeut  l'occasion  de  doser  l'acide  nitrique  dans 
un  Tjrouillard  des  plus  épais  qui  enveloppa  une  partie  de  la  capitale  le 
19  décembre  1837,  entre  8  et  10  heures  du  soir.  Telle  était  l'opacité  de 
la  vapeur  vésiculaire,  que  sur  le  boulevard  Beaumarchais,  il  suffisait  de  se 
placer  à  une  distance  de  vingt  pas  d'un  bec  de  gaz  pour  ne  plus  en  apercevoir 
la  lumière.  I^'eau  que  je  trouvai  dans  l'udomètre  établi  sur  une  terrasse 
près  la  place  Royale,  avait  une  teinte  ambrée,  une  odeur  de  suie.  Quand  on 
y  versa  une  dissolution  de  potasse  (i),  avant  de  procéder  à  l'évaporation,  il 
y  eut  dégagement  d'ammoniaque.  Cette  eau  ramenait  au  bleu  le  papier  de 
tournesol  rougi  par  les  acides. 

»  Le  dosage  indiqua,  par  litre  d'eau,  io'"s,  1  1  d'acide  nitrique  équivalents 
à  iS^SjS  de  nitrate  d'ammoniaque. 

»  Rosée.  —  La  rosée  est  un  phénomène  considérable,  moins  peut-être 
par  la  quantité  absolue  qu'en  reçoit  un  point  du  globe,  que  par  l'étendue 
des  surfaces  où  elle  se  manifeste  C'est  principalement  dans  les  régions  tro- 
picales qu'elle  exerce  les  effets  les  plus  marqués  et  les  plus  fayorables  sur 
la  végétation,  bien  que  nulle  part  je  n'aie  vu  qu'elle  supplée  à  l'irrigation. 
Le  soir,  lorsque  l'air  saturé  de  vapeur  à  la  température  de  3o  degrés,  con- 
tient plus  de  3o  grammes  d'eau  par  mètre  cube,  la  rosée  se  dépose  abon- 
damment pendant  la  nuit;  elle  ruisselle  des  feuilles,  et  le  matin  j'ai  vu  sou- 
vent, dans  les  steppes  du  Meta  et  du  Casanare,  l'herbe  aussi  mouillée  que 
s'il  eût  plu  pendant  toute  la  nuit. 

))  On  constate  le  plus  ou  moins  d'abondance  de  la  rosée,  mais  on  ne  sau- 
rait la  mesurer,  parce  qu'elle  ne  tombe  pas  comuie  la  pluie.  Son  apparition 

(i)  La  potasse  employée  dans  ces  expériences  ne  renfermait  pas  la  plus  légère  trace  de 
nitrate.  On  l'avait  préparée  par  l'incinération  du  tartrate  acide  de  potasse  puriBé. 


(   ii8o  ) 
dépend  de  la  nature  du  pouvoir  rayonnant  du  corps  qu'elle  mouille,  car 
elle  ne  se  dépose  que  sur  les  substances  plus  froides  que  l'air  ambiant,  et 
en  quantité  d'autant  plus  forte  que  la  différence  de  température  est  plus 
prononcée. 

»  Quand  Flaugergue  observa  que  siu-  un  plateau  de  fer-blanc  peinf  à 
l'huile,  chaque  rosée  déposait  en  moyenne  une  couche  d'eau  de  5  centièmes 
de  millimètre  d'épaisseur,  il  enregistrait  un  fait  particulier  à  ime  surface 
de  fer-blanc  peint  à  l'huile,  et  il  n'était  pas  permis  le  moins  du  monde  d'en 
conclure  que  le  gazon  voisin  recevait  aussi  une  tranche  de  liquide  de 
5  centièmes  de  millimètre.  Les  résultats  eussent  été  tout  autres  si,  comme 
récipient,  le  savant  météorologiste  de  Viviers  eût  fait  usage  de  porcelaine, 
de  verre,  de  terre  vernissée,  de  toile  cirée,  par  la  raison  que  chacune  de 
ces  matières  étant  douée  d'un  pouvoir  spécial  pour  émettre  la  chaleur, 
elles  se  seraient  refroidies  à  des  degrés  divers  par  la  radiation  nocturne,  et 
eussent  condensé,  dans  leur  conctact  avec  l'atmosphère,  des  quantités  fort 
différentes  de  vapeur  aqueuse. 

»  L'udomètre  n'indiquera  donc  jamais  la  rosée  qui  humectera  une  con- 
trée, puisque  les  conditions  de  température  et  d'hygrométrie  étant  partout 
les  mêmes,  la  terre  labourée,  la  jachère,  les  cultures,  les  forêts,  les  roches, 
le  sable,  en  j'ecevront  néanmoins  des  quantités  très-variables.  Il  y  a  plus: 
les  feuilles  n'ont  certainement  pas  dans  toutes  les  plantes  une  égale  faculté 
émissive;  la  rapidité,  l'intensité  de  leur  refroidissement,  le  dépôt  de  rosée 
qui  en  est  la  conséquence,  sont  nécessairement  liés  à  la  distance  où  elles  se 
trouvent  du  sol,  à  la  couleur  plus  ou  moins  foncée,  au  poli  ou  à  la  rugosité 
de  leur  épidémie.  J'ai  remarqué  plusieurs  fois  que  la  rosée  tombait  des 
feuilles  d'une  plantation  de  betteraves,  lorsque,  dans  le  champ  contigu,  les 
fanes  de  la  pomme  de  terre  étaient  à  peine  humides. 

»  Tout  en  reconnaissant  l'impossibilité  de  mesurer  la  rosée  comme  on 
mesure  la  pluie,  j'ai  cependant  cherché  à  l'évaluer  grossièrement.  La  ma- 
nière dont  je  m'y  suis  pris  n'a  assurément  rien  de  scientifique;  elle  ne  donne 
que  des  minima,  parce  qu'on  ne  peut  pas  tenir  compte  de  l'eau  absorbée  par 
le  sol.     ^ 

»  Après  une  nuit  sereine,  durant  laquelle  l'atmosphère  était  restée  calme, 
quand,  en  un  mot,  les  circonstances  avaient  été  favorables  à  la  radiatioti 
nocturne,  je  me  rendais  dans  les  prairies  des  bords  de  la  Saûer  avant  le  lever 
du  soleil.  Là,  avec  une  éponge,  on  essuyait  l'herbe  sur  une  surface  de 4  mè- 
tres carrés.  L'eau  était  mise  dans  un  flacon  et  pesée. 

»   Voici  les  poids  de  la  rosée  obtenue  par  ce  moyen  depuis  le  i/j  août 


(    "8,   ) 
jusqu'au  a  octobre  de  l'anuée  1867  : 


Rosée  prise  sur  Hauteur  de 

4  mètrei   carrés.  ia  couche  d'eau. 


mm 


Août       i4 637  grammes.         0,16 

»  18 710  0,18 

»  ig 352  ^'°9 

,    >.         22 49^  0,12 

»  23 3o3  0,08 

»         26 242  o ,  06 

»         27 3io  0,08 

»  28 i4o  0)04 

»  2g 25o  o ,  06 

Septembre     2 .  f\02  0,10 

»  7 ,. 1072  0,27 

»  16 .  1080  o>27 

)»  17 712  0,18 

1)  30 355  o  ,og 

»  23 1020  0,26 

»  28 670  0,17 

Octobre       2 722  o,i8 

Moyenne      o, i4 

»  En  moyenne,  la  rosée  reçue  par  la  prairie  représenterait  une  pluie  <ie 
0*'°,  1 4  équivalents  à  1 4oo  litres  d'eau  tombant  sur  une  surface  d'un  hectare  ; 
volume  beaucoup  trop  faible  pour  remplacer  l'arrosemont:  au  reste,  sur 
les  prés  comme  sur  les  cultures,  dans  ce  clnnat,  son  intervention  se  borne 
à  atténuer  les  mauvais  effets  causés  par  des  sécheresses  prolongées;  on  en  a 
eu  une  preuve  frappante  dans  l'été  de  1857. 

»  Depuis  plusieurs  années  on  n'avait  pas  éprouvé  une  température  aussi 
élevée,  aussi  persistante  ;  il  ne  pleuvait  qu'à  de  longs  intervalles  ;  la  terre 
était  poudreuse.  Trois  plantes,  seules,  résistaient  parfaitement,  le  froment,  la 
vigne,  et  le  tabac  dont  la  vigueur  me  rappelait  les  belles  plantations  d'Am- 
balema,  d'Arragua,  de  Varinas.  Je  n'ai  pas  ajouté  le  houblon,  qui  occupe 
toujours  un  sol  foncièrement  humide.  Quant  aux  autres  cultmes,  leur  dé- 
veloppement était  singulièrement  retardé  ;  les  arbres  se  dépouillaient,  parce 
que,  ainsi  que  je  l'ai  observé  maintes  fois  dans  les  régions  équinoxiales,  luie 
sécheresse  extrême  agit  sur  la  forêt  comme  un  iiiver  rigoureux.  Les  feuilles 
des  betteraves,  des  pommes  de  terre,  des  topinambours  souffraient  consi- 
dérablement durant  ces  chaudes  journées;  elles  étaient  pendantes  et  flé- 
tries; mais  le  matin  on  les  trouvait  redressées,  vivaces,  fermes  sur  la  tige. 


(     Il82    ) 

Ce  changement,  je  l'attribue  uniquement  à  l'intervention  de  la  rosée,  et  non 
pas,  comme  on  pourrait  aussi  se  l'imaginer,  à  ce  que  la  transpiration  cessant 
pendant  la  nuit,  l'eau  puisée  par  les  racines  s'accumulerait  dans  le  tissu  des 
parties  aériennes  du  végétal.  Voici  Je  fait  sur  lequel  j'appuie  mon  opinion. 
C'est  une  coutume  très-répandue  en  Alsace,  comme  en  Lorraine,  de  planter 
des  pruniers  dans  les  champs;  or  on  remarquait  que  partout  où  ces  arbres 
abritaient  des  betteraves,  des  topinamboius,  les  feuilles  abattues  par  la  cha- 
leur du  jour  ne  se  relevaient  pas  :  c'est  que  l'arbre,  en  formant  écran,  s'op- 
posait à  la  radiation  nocturne,  au  refroidissement  des  feuilles  qui  en  est  la 
conséquence,  et,  par  suite,  au  dépôt  de  rosée;  il  fallait  de  la  pluie  pour  ra- 
nimer la  végétation. 

»  En  i853  j'ai  dosé  dans  la  rosée  à  peu  près  autant  d'ammoniaque  que 
dans  le  brouillard.  Les  observations  de  i858  montrent  qu'il  y  a  un  peu 
moins  d'acide  dans  la  rosée  reçue  au  Liebfrauenberg  q\ie  dans  le  brouil- 
lard. Je  présenterai  ici  quelques-uns  des  résultats. 

Acide  nitrique  dans 
I  litre  de  roscq. 

Rosée  du  i6  septembre  1857 o,\i 

me 

»      du  1 8  au  28  septembre 0,07  à  0,27 

»      du  i"  au  28  octobre o,o5  à  i ,  >2 

u      du  5  au  9  novembre Oi43  à  0,68 

Gelée  blanche  du  16  et  17  novembre. o,58 

»  La  rosée  ne  diffère  donc  pas  sensiblement  du  brouillard,  au  moins  par 
les  proportions  d'ammoniaque  et  d'acide  nitrique;  l'iui  et  l'autre  ont 
d'ailleurs,  au  même  point  de  vue,  la  plus  grande  analogie  avçc  la  pluie 
quand  elle  commence  à  tomber,  quand  elle  est  en  quelque  sorte  le 
premier  lavage  de  l'air.  C'est  effectivement  dans  cette  eau  qui  tombe  la 
première,  surtout  après  une  longue  sécheresse,  qu'il  y  a  le  plus  d'acide 
carbonique,  de  carbonate  et  de  nitrate  d'ammoniaque,  de  ces  matières 
organiques,  de  ces  poussières  de  toute  nature  que  Bergmann  a  parfaite- 
ment définies  en  les  nommant  les  immondices  de  l'atmosphère.  A  vrai  dire, 
le  brouillard,  la  rosée  ne  sont  pas  autre  chose  que  le  commencement  d'une 
pluie,  que  des  particules  d'eau  résultant  de  la  condensation  delà  vapeur 
occasionnée  par  un  abaissement  de  température  et  qui,  dans  le  milieu  où 
elles  apparaissent,  dissolvent  ce  qu'il  y  a  de  soluble,  entraînent  ce  qui  s'y 
trouve  en  suspension. 

»  Si  un  jour  on  entreprend  une  étude  suivie  des  substances  que  l'atmo- 


(  ii83  ) 
sphère  ne  renferme  qu'en  infiniment  petitesquantités,  maisdont,  néanmoins, 
l'action  sur  les  êtres  organisés  est  incontestable,  c'est  dans  le  brouillard, 
dans  la  rosée,  dans  les  premières  gouttes  de  pluie,  dans  les  premiers  flo- 
cons de  neige,  dans  la  grêle  qu'il  conviendra  de  les  chercher  ;  c'est  en  un 
mot  dans  les  météores  aqueux  qu'on  les  rencontrera  réunies  et  conden- 
sées. » 

PHYSIQUE,  —  Mémoire  sur  ta  mesure  des  températures  au-dessous  du  sol  et 
dans  l'air  à  diverses  hauteurs,  au  moyen  d'appareils  thermo-électriques  ; 
par  M.  Becquerel.  (Extrait.) 

«  L'administr^ition  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  dans  sa  soUicitude 
pour  tout  ce  qui  tient  à  l'avancement  des  sciences  dont  l'enseignement  lui 
est  confié,  a  fait  construire,  sur  ma  demande,  dans  lui  terrain  de  la  rue 
Cuvier  qui  dépend  du  Jardin  des  Plantes,  un  pavillon  météorologique  et 
climatologique  pour  m'y  livrer  à  des  observations  relatives  à  l'influence  de 
la  chaleur  et  de  la  lumière  sur  les  phénomènes  physiologiques  des  animaux 
et  des  végétaux.  Cet  établissement,  qui  n'est  du  reste  qu'une  annexe  de  ma 
chaire,  est  déjà  pourvu  de  quelques-uns  des  instruments  les  plus  indis- 
pensables. En  ra'occupant  de  son  organisation,  avec  mon  fils  Edmond  ,  je 
n'ai  pas  tardé  à  reconnaître  que  les  thermomètres  ordinaires,  dans  bien  des 
circonstances,  étaient  d'un  emploi  tr^s-difficile,  et  même  ne  pouvaient  être 
d'aucune  utilité  lorsqu'il  s'agit,  par  exemple,  d'étudier  la  ^distribution  de  la 
chaleur  au-dessous  du  sol  à  diverses  profondeurs,  ou  dans  l'air  à  diverses  hau- 
teurs. Dans  le  premiercas,  onfaitusagede  thermomètres  à  longue  tige,  d'une 
construction  difficile,  qui  se  brisent  facilement  et  dont  les  indications  exi- 
gent dé  grandes  corrections  pour  avoir  les  résultats  vrais  ;  les  tiges  encore 
ne  peuvent-elles  dépasser  que  2  à  3  mètres.  Dans  le  second  cas,  les  difficul- 
tés sont  tout  autres,  puisqu'on  ne  peut  lire  les  indications  de  l'instrument 
quand  il  est  élevé  au-dessus  des  bâtiments  ;  on  n'a  que  des  maxima  ou  des 
minima. 

»  D'tui  autre  côté,  on  doit  se  mettre  en  garde  contre  le  grand  pouvoir 
rayonnant  du  verre,  qui  varie  d'un  verre  à  l'autre,  et  qui  est  tel,  que,  sous 
le  rayonnement  nocturne,  le  thermomètre  accuse  une  température  plus 
basse  que  celle  de  la  plupart  des  corps  placés  sur  le  sol,  et  notamment  des 
plantes. 

»  On  évite  tous  ces  inconvénients  en  substituant  aux  thermomètres  des 
appareils  thermo-électriques  tellement  disposés,  qu'ils  donnent  des  indica- 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  28.)  '      I  54 


(n84) 
tions,  à  -fij  de  degré  près,  sans  avoir  besoin  de  corrections  d'aucun  genre, 
en  écartant  toutefois  les  causes  d'erreur  que  je  vais  rappeler. 

»  En  i835,  j'ai  fait  connaître  à  l'Académie  un  procédé  à  l'aide  duquel  ou 
déterminait  la  température  des  muscles  de  l'homme  et  des  parties  inté- 
rieures des  animaux  sans  occasionner  de  lésions  organiques.  Ce  procédé 
consistait  à  faire  usage  de  deux  aiguilles  semblables,  composées  chacune 
d'une  aiguille  de  fer  et  d'une  aiguille  de  cuivre  soudées  par  un  de  leurs 
bouts;  l'une  des  aiguilles  mixtes  était  introduite,  par  le  procédé  de 
l'acuponcture,  dans  la  partie  dont  on  voulait  déterminer  la  température, 
la  soudure  au  milieu,  taudis  que  la  soudure  de  l'autre  aiguille  était  placée 
dans  une  source  de  chaleur  à  température  constante.  Ces  deux  aiguilles 
étaient  misés  en  communication,  d'une  part  entre  elles,  de  l'autre  avec  le 
circuit  d'un  multiplicateur  à  fil  court  très-sensible.  Si  la  température  n'était 
pas  la  même  aux  deux  soudures,  il  en  résultait  une  déviation  de  l'aiguille 
aimantée  en  rapport  avec  la  différence  de  température.  Une  table  donnait 
la  température  cherchée,  quand  on  connaissait  celle  de  la  source  constante 
et  la  déviation.  On  a  obtenu  ainsi  des  résultats  concordants  avec  ceux  ac- 
cusés par  le  thermomètre,  et  d'autres  résultats  que  ce  dernier  ne  pouvait 
donner,  tels  que  les  effets  calorifiques  produits  quand  un  muscle  se  con- 
tracte. 

X  Ce  procédé  ne  donne  des  résultats  exacts  qu'autant  que  le  magnétisme 
des  deux  aiguilles  qui  forment  le  système  astatique  du  galvanomètre  ne 
change  pas,  ce  qui  n'a  lieu  que  très-rarement,  et  qu'autant  que  l'appareil 
a  été  gradué  par  comparaison  avec  la  marche  d'un  thermomètre  étalon; 
aussi  ce  système,  dans  les  appareils  très-sensibles,  ne  garde-t-il  pas  le  zéro 
longtemps.  C'est  pour  ce  motif  que  les  nudliplicateurs  ne  sont  plus  considé- 
rés aujourd'hui  que  comme  des  indicateurs  et  non  comme  des  mesureurs. 

»  M.  Reguault,  qui  avait  reconnu  les  difficultés  que  l'on  éprouve  à  me- 
surer les  intensités  des  courants  thermo-électriques  au  moyen  des  galvano- 
mètres et  des  boussoles  des  sinus,  a  fait  usage  d'une  autre  méthode  qui  lui  a 
paru  s'appliquer  avec  succès  à  l'étude  des  lois  des  courants  thermo-électri- 
ques. Cette  méthode  consiste  à  rapporter  tous  les  éléments  thermo-électriques 
à  un  élément  normal,  bismuth  et  antimoine,  pour  des  températures  qui  ne 
dépassent  pas  3o  degrés,  eu  faisant  usage  du  galvanomètre  différentiel  et 
de  la  méthode  des  compensations. 

>)  M.  Regnault  a  reconnu  dans  le  tracé  graphique  des  résultats  des 
expériences,  que,  dans  des  circonstances  identiques,  les  courbes  ne  se  su- 
perposent pas  toujours;  dans  certains  cas  il  se  fait  un  saut  brusque  en  un 


(  ii85  ) 
point,  et  après  il  y  a  an  grand  désaccord  dans  l'allure  des  deux  courbes  : 
effets  qui  proviennent  probablement  de  changements  produits  dans  l'état 
moléculaire  des  métaux  à  l'endroit  des  soudures,  et  qui  suffisent  pour  mo- 
difier notablement  les  forces  électromotrices. 

»  En  s'attachant  particulièrement  au  couple  bismuth  et  antimoine, 
M.  Regnault  a  reconnu  qu'une  augmentation  de  i  degré  dans  la  différence 
de  température  des  deux  soudures  développe  une  force  électromotrice 
d'autant  plus  faible  que  la  différence  de  température  est  plus  grande,  entre 
les  limites  de  i5  à  35  degrés.  L'élément  fer  et  platine  est  celui  dont  la  force 
électromotrice  diminue  le  moins  avec  l'élévation  de  la  température.  M.  Re- 
gnault a  conclu  des  nombreuses  expériences  qu'il  a  faites  sur  les  courants 
thermo-électriques  que,  si  elles  ne  décident  pas  que  ces  courants  ne  pourront 
pas  être  employés  à  l'avenir  pour  la  mesure  des  températures,  elles  mon- 
trent du  moins  que  nous  sommes  encore  loin  de  connaître  toutes  les  cir- 
constances qui  influent  sur  ce  phénomène,  et  de  pouvoir  fixer  les  conditions 
dans  lesquelles  les  éléments  thermo-électriques  doivent  être  établis  pour  que 
les  intensités  des  courants  dépendent  uniquement  de  la  température. 

»  La  méthode  que  je  vais  indiquer  pour  mesurer  la  température  au 
moyen  des  effets  thermo-électriques  est  entièrement  indépendante  des  causes 
autres  que  la  chaleur  qui  influent  sur  leur  intensité,  et  me  paraît  être  à 
l'abri  de  toute  objection.  Voici  le  principe  sur  lequel  repose  cette  mé- 
thode et  qui  a  été  vérifié  par  l'expérience  :  dans  un  seul  circuit  fer  et  cuivre, 
où  se  trouve  un  galvanomètre  à  fil  court  très-sensible,  si  l'on  porte  à  la 
même  température  les  deux  soudures, en  maintenant  cette  température  con- 
stante pendant  quelques  minutes,  il  se  produit  deux  courants  égaux  en  sens 
inverse  qui  se  détruisent;  l'aiguille  aimantée  reste  à  zéro.  Quand  la  tempéra- 
ture n'est  pas  la  même,  il  faut  élever  ou  abaisser  la  température  de  l'iuie  des 
soudures,  jusqu'à  ce  que  l'aiguille  aimantée  du  galvanomètre  qui  fait  partie 
du  circuit  soit  ramenée  à  zéro.  Si  l'une  des  soudures  a  une  température  que 
l'on  ne  peut  déterminer,  celle  de  l'autre  la  donne.  C'est  avec  cette  mé- 
thode que  j'ai  disposé  des  appareils,  à  l'aide  desquels  on  détermine  promp- 
tement,  à  moins  de  yô  ^^  degré  près ,  la  température  du  sol  à  différentes 
profondeurs  et  celle  de  l'air  à  des  hauteurs  plus  ou  moins  considérables, 
sans  sortir  de  la  pièce  où  l'on  observe. 

»  On  prend  deux  fils,  l'un  de  fer^  l'autre  de  cuivre,  de  i  millimètre  au 
moins  de  diamètre  et  d'un  certain  nombre  de  mètres  de  longueur,  recou- 
verts l'un  et  l'autre  d'une  couche  épaisse  de  gutta-percha  et  soudés  par  un 
de  leurs  bouts.  La  soudure  est  introduite  dans  un  tube  de  verre  très-court 

i54.. 


(  ii86  ) 
rempli  de  mercure  et  fermé  avec  soin  ;  on  le  descend  avec  les  fils  adjacents 
dans  un  tron  foré  pratiqué  près  du  lieu  d'observation,  et  que  l'on  remplit 
de  terre  en  la  tassant  avec  soin.  On  fait  arriver  ensuite  les  deux  bouts  non 
engagés  du  fil  dans  la  pièce  où  se  trouve  le  galvanomètre,  avec  lequel  on 
les  met  en  rapport.  Après  avoir  soudé  les  deux  autres  bouts,  on  met  la 
soudure  dans  un  tube  de  verre  contenant  du  mercure,  où  plonge  le  réser- 
voir d'un  thermomètre  divisé  en  dixième's  de  degré.  Ce  tube  est  introduit 
dans  une  éprouvette  de  verre  fermé  hermétiquement  avec  un  bouchon, 
dans  lequel  il  passe  et  qui  est  traversé  par  deux  autres  tubes  recourbés. 
L'éprouvette  contient  de  l'éther  ou  de  l'eau,  selon  qu'il  est  nécessaire 
d'abaisser  ou  d'élever  la  température  de  la  soudure.  Veut-on  abaisser  la 
température,  on  met  en  rapport  un  des  tubes,  celui  qui  occupe  la  partie 
supérieure,  avec  un  aspirateur;  l'air  aspiré  du  dehors  arrive  par  le  second 
tube,  traverse  l'éther,  en  volatilise  une  partie,  d'où  résidte  un  abaissement 
de  température  que  l'on  règle  à  volonté  :  l'aspirateur  est  analogue  à  celui  que 
M.  Regnault  emploie  pour  faire  fonctionner  son  hygromètre.  Lorsqu'il  s'agit 
au  contraire  d'élever  la  température  de  la  soudure,  on  substitue  de  l'eau  à 
l'éther  et  on  fait  communiquer  le  tube  qui  plonge  jusqu'au  fond  de  l'éprou- 
vette, avec  un  ballon  de  verre  contenant  une  petite  quantité  d'eau  et  en 
commiuiication  avec  l'air  au  moyen  d'un  tube  qui  descend  presque  au 
niveau  de  l'eau.  On  chauffe  le  ballon  avec  une  lampe  à  alcool,  puis  on  fait 
fonctionner  l'aspirateur.  L'air  chaud  passe  dans  l'éprouvette  avec  de  la 
vapeur,  élève  la  température  de  l'eau,  puis  celle  du  mercure,  et  par  suite 
celle  de  la  soudure  ;  on  règle  facilement  l'aspiration,  pour  que  l'aiguille 
aiipantée  se  maintienne  sensiblement  à  zéro  pendant  deux  à  trois  minutes, 
temps  nécessaire  pour  que  la  soudure  et  le  thermomètre  se  mettent  en  équi- 
libre de  température.  Cette  condition  est  indispensable  pour  le  succès  de 
l'expérience,  si  l'on  veut  obtenir  des  déterminations  très-exactes. 

»  Les  détails  dans  lesquels  je  viens  d'entrer  sont  de  nature  à  montrer  les 
avantages  que  l'on  peut  retirer  des  appareils  thermo-électriques  substitués 
aux  thermomètres,  dans  tous  les  cas  où  l'œil  de  l'observateur  ne  peut  péné- 
trer. J'ai  tout  lieu  de  croire  que  ces  appareils  seront  adoptés  dans  les  ob- 
servatoires météorologiques,  quand  on  en  connaîtra  bien  l'usage. 

M  J'ajouterai  en  terminant  que  les  mêmes  appareils  peuvent  être  employés 
avantageusement  à  la  détermination  exacte  de  la  température  des  parties 
intérieures-du  corps  de  l'homme  et  de  celui  des  animaux  et  dans  toutes  les 
circonstances  où  l'on  fait  usage  des  effets  thermo-électriques  pour  évaluer 
les  températures.   » 


* 


NÉCROLOGIE.'—  Mort  deM.  ftobërt  Brown  ;  Lettre  de  Sm  Roderick  Mcrciiison 

à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Londres,  16  juin  i858. 

»  Ayant  assisté  hier  à  l'enterrement  de  notre  digne  ami  M.  Robert 
Brown ,  je  m'empresse  de  vous  faire  part  de  ce  douloureux  événement,  et 
de  vous  annoncer  la  perte  que  le  monde  savant  vient  d'éprouver  dans  la 
mort  de  cet  homme  illustre. 

»  Comme  admirateur  de  ce  grand  botaniste,  je  vous  félicite  (en  commun 
avec  vos  collègues)  d'avoir  su  apprécier  depuis  longtemps  à  leur  juste  valeur 
les  découvertes  importantes  de  votre  érainent  confrère.  Vous  me  permettrez 
aussi  de  vous  dire  que,  du  grand  nombre  de  titres 'qui  ont  été  décernés  à 
Robert  Brown  par  les  savants  étrangers,  le  seul  qui  est  gravé  sur  son 
cercueil  est  celui  d'Associé  de  l'Académie  des  Sciences.  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  d'examiner  les  pièces  adressées  au  concours  pour 
le  prix  de  Mécanique  :  MM.  Combes,  Poncelet,  Morin,  Piobert,  Clapeyron 
réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

AlÉMOmES  LUS. 

HYDRAULIQUE.  —  Question  des  inondations  (quatrièmeNote).  ^jccunions  en  Suisse 
et  en  Savoie,  vers  la  fin  de  iSS^  ;  parM..  Dausse.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Poncelet,  Élie  de  Beavimont, 
de  Gasparin,  M.  le  Maréchal  Vaillant.) 

a  S'il  est  vrai,  comme  je  crois  l'avoir  reconnu  et  publié  le  premier  (i),  dit 
l'auteur,  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  il  pleuve  ou  il  neige  d'autant 
plus  en  un  lieu  quelconque  que  son  altitude  est  plus  grande,  la  Suisse  et  la 
Savoie  doivent  être  la  région  de  l'Europe  où  la  précipitation  d'eau  dont  il 
s'agit  est  la  plus  abondante;  conséquemment  celle  où,  en  une  année  et  par 
dix  lieues  carrées  par  exemple,  le  volume  jdes  eaux  courantes  est  le  plus 
considérable.  En  outre,  cette  même  région  présentant  les  surfaces  les  plus 
inclinées,  c'est  là  que  l'action  des  eaux  courantes  doit  être  le  plus  énergique. 

(i)  Dans  un  travail  sur  la  statistique  des  rivières  de  France,  couronné  par  l'Académie  des 
Sciences  en  1840,  et  dont  un  fragment  a'paru  dans  les  annales  des  Ponts  et  Chaussées,  en 
1842,  2"=  caliier. 


(  Ji88  ) 
C'est  donc  là  que  les  phénomènes  résultant  de  cette  action  doivent  être  le 
plus  sensibles,  et  qu'ils  ont  dû  donner  le  plus  à  faire  à  l'homme. 

»  Comment  se  fait-il  donc  que  les  travaux  hydrauliques  exécutés  en  Suisse 
et  en  Savoie  soient  si  peu  connus  parmi  nous,  encore  bien  que  ces  pays 
soient  les  plus  visités  du  monde,  et  que  l'un  d'eux  surtout  soit  celui  peut- 
être  où  depuis  longtemps  les  sciences  naturelles  sont  le  plus  cultivées?  .  .  . 

))  Sans  doute  il  est  bien  téméraire  à  un  simple  voyageur,  qui  vient  de 
voir  les  choses  en  courant  et  encore  dans  une  saison  très-avancée,  de  tenter 
de  combler  une  pareille  lacune.  J'aime  à  espérer  cependant  qu'on  me  par- 
donnera en  considération  de  mon  dessein.  Les  maux  que  les  inondations 
causent  à  la  France  obligent  ses  ingénieurs  à  s'enquérir  des  remèdes  usités 
partout,  et  d'abord  dans  les  pays  où  naturellement  il  y  a  eu  le  plus  lieu 
d'en  chercher.  Et  quand  bien  même  il  m'arriverait  de  commettre  des  omis- 
sions et  des  erreurs  notables,  si  cette  provocation  telle  quelle  servait-  du 
moins  à  faire  réparer  et  corriger  bientôt  les  unes  et  les  autres  par  qui  de 
droit,  elle  ne  serait  pas  inutile,  et  par  conséquent  pas  sans  excuse. 

»  L'admirable  entreprise  d'Escher  de  la  Linth  a  été  précédée  en  Suisse 
de  deux  autres  analogues. 

»  La  plus  ancienne  remonte  au  xiii*  siècle  et  se  rapporte  à  la  Lûtschinen. 
Ce  torrent,  qui  tire  ses  sources  du  plus  vaste  glacier  qu'il  y  ait  dans  les 
Alpes,  arrive,  comme  on  sait,  par  les  vallées  de  Lauterbrunen  et  de  Grin- 
delwald,  à  une  vallée  ou  gorge  unique,  à  l'issue  de  laquelle  il  a  formé,  aux 
dépens  des  lacs  de  Brienzet  deThoune,  autrefois  réunis,  le  cône  de  déjec- 
tions qui  est  aujourd'hui  la  magnifique  plaine  d'Interlaken.  Un  autre  tor- 
rent, coulant  en  sens  contraire  et  sur  le  versant  opposé  de  l'Aar,  le  Lum- 
bach,  bien  moindre  que  la  Lûtschinen  sur  la  carte,  mais  parfois  plus 
redoutable  encore,  a  contribué  à  cette  division  de  l'ancien  lac  *n  deux,  en 
formant  un  second  cône  de  déjections  qui  est  la  plaine  actuelle  d'Unterseen  ; 
et  ce  sont  ces  deux  cônes  de  déjections  à  pentes  inverses  qui,  obligeant 
l'Aar  à  suivre  la  ligne  de  leur  intersection,  le  courbent  de  droite  à  gauche, 
du  pied  des  rochers  de  Ringgenberg,  au  bout  du  lac  de  Brienz,  jusqu'au 
pied  du  grand  Rugen,  au  commencement  du  lac  de  Thoune. 

»  Le  sommet  du  premier  cône  de  déjections,  à  l'issue  de  la  gorge  dont  il 
a  été  question  tout  à  l'heure,  est  au  village  de  Gsteig,  à  une  demi-lieue  de 
l'Aar. 

»  De  ce  point,  la  Lûtschinen,  qui  charrie  beaucoup,  promenait  son 
cours  sur  le  cône  formé  de  ses  dépôts  successifs  et  l'exhaussait  toujours, 
allant  de  droite  à  gauche  et  puis  de  gauche  à  droite,  et  ainsi  sans  fin,  comme 


(  ii89) 
il  arrive  d'ordinaire  et  comme  l'a  observé  l'érainent  archevêque  de  Cham- 
béry.  Monseigneur  Billiet  (i). 

»  Un  couvent  d'Augustins  ayant  été  fondé  à  Interlaken  en  i  i3o,  on  con- 
çoit que  les  bâtiments  et  les  cultures  des  moines  eussent  à  souffrir  des 
■  divagations  et  des  crues  du  torrent.  Ce  fut  pourquoi,  vers  le  milieu  du  siècle 
suivant,  ils  fixèrent  son  cours  contre  le  pied  de  la  montagne  de  droite,  de 
Gsteig  à  Bonigen,  et  ils  le  jetèrent  dans  le  lac  de  Brienz. 

M  Le  canal  ainsi  ouvert  à  Liitschinen  a  aujourd'hui  plus  de  3  kilomètres 
de  longueur',  et  de  20  à  22  mètres  de  largeur  sur  les  deux  premiers  kilo- 
mètres ;  en  approchant  du  lac,  il  s'élargit  peu  à  peu,  et  les  digues  cessent  à 
environ  3oo  mètres  du  rivage  d'hiver. 

»  L'allongement  de  ce  canal  depuis  1 270  est  considérable.  Le  lac,  à  cette 
extrémité,  en  est  réduit  de  beaucoup  et  continue  à  l'être  d'année  en  année 
davantage.  Mais  les  digues,  moyennant  un  entretien  convenable  et  im  cer- 
tain exhaussement  et  prolongement  progressifs,  ont  résisté  et  rempli  leur 
objet  :  l'ancienne  église  du  couvent  est  là  pour  attester  ce  long  bienfait  et 
rappeler  ceux  surtout  qui  en  profitent  encore  à  une  juste  reconnaissance 
envers  ses  auteurs. 

»  La  seconde  opération  hydraulique  très-mémorable  de  la  Suisse  date 
de  .1714- 

»  A  cette  époque  la  Kander  tombait  dans  l'Aar  une  demi-lieue  au-dessous 
de  la  ville  de  Thoune.  Les  matériaux  qu'elle  charriait  ayant  relevé  peu  à 
peu  la  vallée  sur  ce  point,  les  eaux  n'avaient  plus  assez  de  pente  en  amont 
et  l'air  se  viciait.  Les  habitants  de  la  ville  s'en  ressentirent  et  les  goitres  se 
multiplièrent  tellement,  qu'ils  lui  donnèrent  une  célébrité  malheureuse.  La 
pensée  de  jeter  la  Kander  dans  le  lac,  à  l'exemple  de  ce  qui  avait  été  fait 
plusieurs  siècles  auparavant,  non  loin  de  là,  pour  la  Liitschinen,  se  présenta 
alors.  Mais  il  y  avait  ici  la  haute  colline  de  Strâtligen  à  trancher,  sur  une 
épaisseur  à  la  base  d'un  demi-kilomètre.  Le  gouvernement  de  Berne  entre- 
prit cette  opération  en  1711,  y  employant  de  deux  cents  à  trois  cents 
ouvriers.  Cependant  les  travaux  marchant  encore  trop  lentement,  on  s'a- 
visa de  creuser  sous  la  colline  deux  petits  tunnels  parallèles  de  3  pieds  de 
largeur  sur  6  de  hauteur,  et,  en  1714?  on  y  jeta  le  torrent,  sans  se  douter 
de  la  promptitude  avec  laquelle  il  achèverait  l'œuvre  et  des  proportions 
qu'il  lui  donnerait. 

»  Il  se  précipita  dans  ces  vides  avec  un  horrible  fracas  et  vomit  tout  à 

(1)  Notice  historique  sur  quelques  inondations  qui  ont  eu  lieu  en  Savoie ,  page  61. 


(  iigo  ) 

coup  dans  le  lac  une  telle  masse  d'eau,  de  terre,  de  gravier  et  de  cailloux, 
que  celui-ci  monta  rapidement  et  inonda  la  ville  de  Thoune.  Le  trop-plein 
du  lac  n'eut  plus  dès  lors  d'issue  suffisante.  On  sentit  de  plus  en  plus  la 
nécessité  d'en  ouvrir  d'autres  considérables,  et  cela  fut  réalisé  en  i^Sa  au 
moyen  d'un  large  bras  de  décharge  avec  vannes  en  tète.  Plus  tard,  en  i8ia, 
je  crois,  on  a  facilité  encore  et  plus  convenablement  réglé  l'écoulement 
dont  il  s'agit. 

»  J'ignore  si  l'on  a  décrit  quelque  part  avec  détail  ce  qui  se  pass;»  dans 
les  premiers  temps  de  l'irruption  de  la  Kander  dans  le  lac.  Je  suis  porté  à 
croire  qu'elle  présenta  des  intermittences.  Les  masses  d'alluvion  et  de  pou- 
dingue qui  s'éboulaient  dans  le  vide  que  le  torrent  agrandissait,  durent 
plusieurs  fois 'arrêter  ses  eaux  et  donner  lieu  ensuite  à  des  débâcles  sou- 
daines, lesquelles  ne  purent  manquer  de  produire  de  grandes  seiches  dans 
le  lac. 

»  Pour  comprendre  tout  ceci,  il  faut  considérer  que  la  plaine  dans 
laquelle  coulait  la  Kander,  entre  la  chaîne  de  collines  tertiaires  qui  a  été 
coupée  et  la  haute  chaîne  calcaire  dont  le  Niesen  est  une  des  sommités  les 
p'ius  remarquables,  est  d'environ  '3o  mètres  au-dessus  du  lac,  et  que  le 
torrent,  dont  le  volume  d'eau  est  considérable,  tombait  ainsi  tout  à  coup 
en  cascade  au  milieu  d'un  terrain  incapable  de  se  soutenir.  Les  couches 
inférieures  de  ce  terrain  sont  formées  d'un  grossier  poudingue,  plus  ou 
moins  stratifié  et  non  homogène.  Au-dessus,  sur  une  hauteur  quiva  à  près 
de  4o  mètres,  à  l'endroit  le.  plus  élevé  de  la  colline  coupée,  est  un  dépôt 
diluvien  de  gravier,  sable  et  terre. 

»  La  section  du  déblai  fait  en  cet  endroit  par  la  Kander  doit  approcher 
de  4000  mètres  carrés. 

»  Dans  la  plaine  dont  je  parlais  tout  à  l'heure,  cette  section  est  bien 
moindre.  Toutefois,  une  lieue  en  amont  de  la  profonde  coupure  de  Strât- 
ligen,  au  pont  sur  lequel  passe  la  route  de  Wimmis  à  Spiez,  elle  a  encore 
180  mètres  en  gueule,  a3  mètres  de  profondeur  et  une  surface  d'environ 
2200  mètres  carrés. 

»  En  amont  de  ce  pont,  le  vide  formé  par  la  Kander  depuis  1714  »« 
prolonge  au  loin,  quoiqu'il  diminue  par  degrés. 

»  Entre  les  deux  sections  ci-dessus,  la  Simmen  se  joint  à  la  Kander  et 
double  à  peu  près  le  volume  de  ses  eaux.  Elle  aussi,  naturellement,  a  fait 
son  vide.  Du  confluent  des  deux  rivières  an  pont  de  Wimmis,  un  tiers  de 
lieue  en  amont  de  ce  confluent,  il  est  moins  grand  que  le  dernier  qui  vient 
d'être  évalué  approximativement,  mais  il  est  fort  considérable  encore. 


(  i'9i  ) 
-    »  En  amont  du  pont  de  Wimmis,    dans  la  fente  calcaire  au  fond  de 
laquelle  coule  la  Simmen  et  qu'on  nomme  la  Porte  du  Simmenthal,  ce  vide 
est  beaucoup  restreint  ;  mais  en  remontant  et  jusque  très-loin,  la  vallée  s' ou- 
vrant et  se  bifurquant,  il  ne  doit  pas  laisser  que  d'être  longtemps  fort  grand. 

»  Il  ne  me  paraît  pas  possible  qu'il  ne  soit  pas  sorti  de  tous  ces  vides 
réunis  un  volume  de  5o  millions  de  mètres  cubes:  tel  est  donc  le  volume 
de  terre,  sable,  gravier  et  cailloux  que  la  Rander  et  la  Simmen  ont  porté 
dans  le  lac  de  Thoune,  et  non  pas  peu  à  peu  dans  les  cent  quarante-trois 
années  qui  se  sont  écoulées  depuis  la  correction  de  la  Kander,  mais,  aux 
trois  quarts  peut-être,  dans  les  dix  ou  vingt  premières  années  de  cette 
longue  période.  Cet  immense  remblai  a  pu  réduire  la  capacité  du  lac  de 
près  de  ^. 

»  Le  rapide  encombrement  qui  eut  lieu  alors  frappa  tellement  les  esprits, 
que  Haller  témoigna  la  crainte  de  voir  le  lac  obstrué  et  relevé  un  jour  au 
point  d'être  réuni  de  nouveau  avec  le  lac  de  Brienz. 

»  Haller  supposait,  sans  doute,  que  la  Kander  continuerait  à  charrier 
jusque-là  avec  la  même  abondance,  ce  qui  ne  pouvait  être.  L'équilibre 
brusquement  rompu  entre  la  résistance  du  fond  et  l'action  des  eaux,  la  ri- 
vière et  ses  affluents  déployèrent  d'abord  une  immense  énergie  et  produi- 
sirent de  gigantesques  effets;  mais  cette  énergie  se  calma  ensuite,  à  mesure 
que  le  nouvel  état  d'équilibre  tel  quel  que  nous  voyons  aujourd'hui  s'ap- 
prochait. 

»  Outre  les  seiches  qui  durent  être  produites  dans  les  premiers  temps  de 
l'irruption  de  la  Kander  dans  le  lac  par  la  cause  que  j'ai  indiquée,  je  ne  doute 
pas  qu'il  n'en  ait  été  occasionné  de  considérables  aussi  par  une  autre 
cause  :  je  veux  dire  par  le  fait  de  l'éboulement  des  matériaux  vodiis  d'abord 
dans  le  lac  en  si  grande  abondance.  Je  pense  même  que  ce  phénomène  doit 
se  renouveler  de  temps  à  autre  dans  tous  les  lacs  qui  reçoivent  des  cours  d'eau 
charriant  beaucoup  (i). 

»  M.  de  Saussure  a  traversé  la  Simmen  et  la  Kander  en  deçà  et  au  delà 


(i)  Telle  serait  l'une  des  causes  des  seiches.  Mais  la  plus  fréquente,  selon  moi,  ce  sont  les 
tremblements  de  terre.  Les  plus  faibles  même  peuvent,  je  crois,  produire  des  seiches  sensi- 
bles, à  en  juger  par  les  expériences  en  petit  qu'il  est  facile  de  faire  dans  un  bain.  D'ailleurs, 
pour  les  lacs  fort  longs  et  sous  l'influence  de  circonstances  climatériques  fort  diverses,  d'un 
bout  à  l'autre,  comme  il  arrive  pour  le  lac  de  Genève  et  même  pour  ceux  de  Lucerne, 
Zurich  et  Constance,  les  brusques  changements  de  vents  et  même  les  brises  périodiques 
venant  des  vallées  alpines  débouchant  dans  ces  lacs,  doivent  aussi  produire  des  seiches  plus 
ou  nirùns  marquées.  ' 

C.  R.  i858,   i"  Semrstre.  (T.  XLVI,  N»  iS.)  '  ^^ 


(  ïig»  ) 

de  Wimmis,  en  allant  du  Simmenthal  à  Spiez,  village  auprès  duquel  il  trouva 
au  lac  de  Tlioune  une  profondeur  de  35o  pieds.  Il  parle  du  pont  de  bois  de 
la  Rander,  remplacé  aujourd'hui  par  un  beau  pont  de  pierre  de  2$  mètres 
d'ouverture  et  de  près  de  1 3  mètres  d'élévation  sur  les  basses  eaux  ;  il  admire 
le  pont  encore  subsistant  de  la  Simmen  (i),  d'une  seule  arche,  en  pierre,  de 
24  mètres  d'ouverture  et  de  19  mètres  d'élévation  sur  l'étiage,  et,  chose 
étonnante,  il  ne  dit  mot  de  l'œuvre  pourtant  si  grande  et  si  frappante  des 
deux  rivières,  de  cette  excavation  large  de  5o,  100  et  jusqu'à  200  et  3oo 
mètres,  et  de  20  mètres  et  plus  de  profondeur,  qu'elles  ont  faite  dans  l'an- 
cienne pleine  unie  dont  U  reste  des  lambeaux  plus  ou  moins  étendus  de  part 
et  d'autre  de  cette  immense  excavation  bifurquée. 

»  Sans  doute,  un  phénomène  analogue  est  fréquent  dans  les  Alpes; 
mais,  comme  c'est  ici  le  seul  cas  peut-être  où  il  ait  une  cause  humaine  et 
récente,  il  me  semble  que  c'est  la  peine  de  le  remarquer.  Combien  peu  de 
géologues,  en  effet,  croient  les  cours  d'eau  actuels,  et  surtout  ceux  de  la 
classe  de  la  Rander  et  de  la  Simmen,  capables  de  pareils  effets  ! 

w  U  serait  pourtant  facile  d'en  produire,  en  moins  d'un  quart  de  siècle, 
de  plus  grands  et  de  plus  comparables  encore  aux  phénomènes  géologiques 
analogues.  Si  l'on  ouvrait,  par  exemple,  un  petit  tunnel  fort  court  ou  une 
tranchée,  sur  la  droite  de  la  Sihl,  auprès  du  pont  de  Schindellegi,  dans  la 
direction  du  village  deWoUeran,  cette  rivière  tombant  alors  tout  à  coup 
dans  le  lac  de  Zurich,  non  plus  de  3o  mètres  de  hauteur,  comme  il  en  advint 
en  1714  pour  la  Rander,  mais  de33o  mètres,  aurait  bientôt  en  partie  comblé 
ce  lac  peu  profond  et  produit  dans  les  vallées  de  Willerzell,  d'Einsiedeln  et 
de  Rothenthurm,  qui  lui  fournissent  ses  eaux,  des  changements  prodigieux, 
et  cela  toujours  en  vertu  du  principe  qui  veut  que  les  cours  d'eau  se  mettent 
en  équilibre  avec  le  fond  sur  lequel  ils  coulent. 

j>  Le  rebord  qui  empêche  cette  déviation  de  la  Sihl  est  si  peu  élevé  et  si 
peu  épais,  qu'on  a  pu  craindre  qu'elle  ne  se  fit  naturellement,  et  toujours 
est-il  qu'une  chapelle  a  été  bâtie,  il  y  a  des  siècles,  sur  le  point  le  plus 
menacé,  comme  pour  conjurer  un  événement  si  redoutable. 

»  La  troisième  grande  opération  hydraulique  de  la  Suisse  que  j'ai  k  citer 
est  la  correction  de  la  Linth.  Mais  après  les  détails  que  j'ai  donnés  à  son 
sujet  dans  ma  Note  précédente,  il  ne  me  reste  guère  ici  qu'à  les, compléter 
à  quelques  égards  en  les  résumant. 

»  J'ai  dit  que  la  Linth,  qui  charrie  beaucoup,  obstruait  le  canal  d'écou- 


(i)  rodages,  §   J664. 


(  n93) 
lement  du  lac  de  Walen  et  rendait  de  plus  en  plus  marécageuse  et  malsaine 
la  vaste  plaine  où  avait  lieu,  au  commencement  de  ce  siècle,  la  rencontre 
des  deux  cours  d'eau  ;  que  l'illustre  Escher,  à  l'exemple  de  ce  qui  avait  été 
fait  pour  la  Lûtschinen  et  la  Rander,  détourna  la  Linth  à  partir  de  Mollis  et 
la  jeta  dans  le  lac  au  moyen  du  canal  qui  porte  son  nom,  canal  qui  a  au- 
jourd'hui une  longueur  d'environ  6  kilomètres  et  une  pente  moyenne 
de  o"',oo25  par  mètre.  J'ai  di^  qu'il  creusa  ensuite,  et  surtout  qu'il  fit 
creuser  par  la  rivière  elle-même,  la  large  barre  que  ses  apports  avaient 
formée,  en  la  contraignant  à  couler  dans  un  canal  étroit,  puis  en  augmen- 
tant son  action  sur  le  fond  et  en  concentrant  cette  action  au  milieu  du  canal 
au  moyen  de  petits  éperons  rapprochés,  un  peu  remontants,  submersibles  et 
en  pente  des  rives  vers  le  milieu  du  courant.  J'ai  dit  encore  que  ce  second 
canal,  nommé  Linth -Canal,  a  environ  i6  kilomètres  de  longueur  entre  les 
deux  lacs  de  Walen  et  de  Zurich;  qu'il  a  une  pente  moyenne  de  près  de 
o'",ooi  par  mètre  sur  les  cinq  sixièmes  de  sa  longueur  à  partir  du  premier  lac, 
et  une  pente  décroissante  à  l'approche  du  lac  de  Zurich;  enfin  qu'Escher 
avait  ainsi  abaissé  d'environ  4  mètres  le  canal  d'écoulement  du  lac  de 
Walen  et  ce  lac  lui-même,  et  par  là  assaini  toute  la  plaine  dont  il  était  ques- 
tion tout  à  l'heure,  laquelle  est  aujourd'hui  couverte  de  cultures,  d'habi- 
tations et  d'importantes  fabriques. 

))  Bref,  par  le  détournement  de  la  Linth,  Escher  a  fait  cesser  l'exhausse- 
ment progressif  du  banc  de  cailloux  qui  avait  relevé  avec  le  temps  de 
6  pieds,  dit-on  (i),  le  lac  de  Walen,  et  il  a  modéré  les  crues  du  torrent  à 
proportion  de  l'étendue  de  la  surface  de  ce  lac  sur  laquelle  elles  se  ré- 
pandent; puis  il  a  fait  servir  le  trop-plein,  ainsi  accru  et  toujours  limpide, 
à  creuser  le  canal  dans  lequel  il  l'a  contraint  à  couler  ;  c'est-à-dire  qu'il  a 
résolu  là  complètement  et  parfaitement  la  question  d'inondations  qui  s'était 
offerte  à  lui,  laissant  à  la  postérité  un  modèle  admirable  à  suivre. 

»  Je  ne  puis  lire,  continue  l'auteur,  tout  ce  qui,  dans  cet  écrit,  se  rap- 
porte à  l'endiguement  de  la  Reiiss  à  Alforf  et  surtout  à  l'endiguement  de 
l'Aar  entre  Thoune  et  Berne,  de  quelque  intérêt,  de  quelque  importance 
que  soient  ces  travaux  et  leurs  accessoires;  ni  les  détails  fournis  soit  sur  les 
barrages  construits  dans  diverses  gorges  pour  en  arrêter  l'érosion  et  pour 
rendre  le  reboisement  praticable,  soit  sur  les  cunettes  pavées  faites  sur  les 
cônes  de  déjections  de  plusieurs  torrents  pour  en  prolonger  les  couloirs  na- 

(i)  Nivellement  exécuté  dans  le  bassin  de  l'Aar,  etc.,  par  le  professeur  Trechsel.  [Biblio- 
thèque universelle,  lonie  VI,  page  i8o.) 

i55.. 


(  ''90 
turels  jusqu'aux  lacs  voisins,  et  porter  ainsi  jusqu'à  ces  lacs  les  déjections 
des  torrents. 

»  Je  suis  réduit  à  passer  également  les  développements  donnés  sur  les 
grandes  entreprises  de  l'endiguement  de  l'Isère  et  de  l'Arc  en  Savoie,  de 
l'Arve  en  Faucigny,  et  sur  les  travaux  au  moyen  desquels  on  pourrait 
rendre  cette  dernière  rivière  plus  maniable  qu'elle  ne  l'est,  en  retenant 
dans  la  gorge  de  Chède  les  matériaux  qu'elle  y  prend  et  en  diminuant  la 
hauteur  de  ses  crues  au  moyen  de  grandes  retenues  sur  son  cours,  à  Servoz 
et  à  Villette.  La  description  de  tous  ces  travaux,  des  projets  que  j'y  rattache, 
et  d'autres  travaux  encore  faits  ou  faisables  sur  le  Fier  nommément,  exi- 
gerait plus  de  temps  que  l'Académie  ne  peut  m'en  accorder. 

»  Voici  seulement  les  derniers  mots  de  la  longue  Note  que  j'ai  l'hon- 
neur de  lui  soumettre  et  la  conclusion. 

»  Les  personnes  qui  attribuent  une  grande  importance  aux  rigoles  de 
niveau  que  M.  Hauducœur  a  mises  en  usage  aux  environs  de  Paris,  pour- 
ront être  surprises  que  je  sois  arrivé  au  bout  de  cette  Note  sans  qu'il  en  ait 
été  question.  Le  fait  est  que  je  n'ai  vu  aucune  application  de  ce  moyen 
ingénieux  et  que  je  n'en  ai  même  aucunement  entendu  parler  ni  en  Suisse 
ni  en  Savoie,  pendant  un  voyage  de  trois  mois;  et  je  me  l'explique  parce 
que  les  rigoles  de  niveau  tendent  énergiquement  à  faire  dévaler  le  terrain 
quand  la  pente  est  forte. 

»  Dois-je  ajouter  que  j'avais  omis  cette  observation,  et  que  M.  Vicat,  qui, 
comme  moi,  est  né  et  a  longtemps  vécu  dans  les  Alpes,  a  bien  voulu  me 
la  conseiller? 

»  Les  divers  travaux  que  je  viens  de  passer  en  revue  et  les  propositions 
que  je  me  suis  permis  de  mêler  à  l'examen  de  quelques-uns,  indiquent,  je 
crois,  suffisamment  ce  qu'il  y  a  à  faire,  selon  moi,  pour  rendre  les  rivières 
maniables;  leur  concentration  dans  un  lit  unique  en  certains  cas,  et  en  gé- 
néral dans  un  double  lit  mineur  et  majeur,  procure  ensuite,  en  vertu  d'un 
principe  nouveau,  sur  lequel  j'ai  dû  insister,  tout  l'abaissement  possible  de 
leurs  eaux,  et  le  tout  ensemble  les  amène  et  les  maintient  à  un  régime 
stable  et  satisfaisant. 

»  Telle  me  paraît  être,  en  peii  de  mots ,  la  conclusion  à  tirer  de  cette 
Note  et  des  précédentes.  Mais  cette  conclusion  a  trop  d'importance  pour 
ne  pas  mériter  d'être  développée  :  ce  sera  l'objet  d'une  cinquième  Note.   » 


1 1 


95) 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.    —    Note  sur  le  percement  des  Alpes  entre  Modane  et 
Bnrdonèctie ;  par  M.  L.-F.  Ménabréa. 

«  Le  Piémont,  séparé  de  la  France  par  la  haute  chaîne  des  Alpes,  sentait 
combien  il  importait  à  son  avenir  de  franchir  cette  barrière  par  un  chemin 
de  fer;  aussi  les  moyens  de  parvenir  à  ce  but  sont-ils  depuis  longtemps  l'ob- 
jet de  ses  plus  sérieuses  préoccupations. 

»  Les  explorations  faites  depuis  le  Simplon  jusqu'aux  Apennins  démon- 
trent que  le  passage  qui  satisfait  à  la  condition  de  la  communication  la 
plus  directe  avec  la  capitale  de  la  France  et  qui  en  même  temps  présente  le 
moins  de  difficulté,  se  trouve  placé  entre  Bardonèche  et  Modane.  En  effet, 
vers  ces  deux  localités,  les  vallées  de  l'Arc  et  de  la  Doire  sont  presque  paral- 
lèles; l'une  descend  de  l'est  à  l'ouest,  tandis  que  l'autre  a  une  pente  en  sens 
contraire,  et  les  deux  points  où  elles  se  trouvent  de  niveau  correspondent  a 
peu  prés  à  la  partie  la  plus  étroite  de  la  chaîne  des  Alpes.  Cette  position 
importante,  qui  avait  déjà  été  remarquée,  il  y  a  environ  vingt  ans,  par  M.  Mé- 
doil,  fut  l'objet  d'études  suivies  de  la  part  des  ingénieurs  et  des  géologues. 
Le  problème  qu'on  se  proposait  de  résoudre  n'était  point  de  franchir  les 
Alpes  au  moyen  de  mécanismes  plus  ou  moins  ingénieux,  mais  bien  d'évi- 
ter la  gravité  qui,  dans  l'exploitation  des  chemins  de  fer,  produit,  pour  cinq 
mètres  d'élévation  verticale,  un  travail  résistant  équivalent  à  celui  que  pré- 
sente un  kilomètre  de  route  horizontale  ;  on  voulait,  en  un  mot,  faire  dispa- 
raître les  Alpes  en  les  traversant  par  une  galerie.  Entre  Modane  et  Bardo- 
nèche, l'épaisseur  de  la  montagne  est  de  f3  kilomètres  environ.  L'élévation 
de  la  cime  ne  permettait  pas  d'employer  les  puits  pour  entreprendre  le  tunnel 
sur  plusieurs  points,  il  ne  restait  donc  qu'un  moyen,  celui  de  travailler  seu- 
lement par  les  deux  extrémités.  Mais  ici  surgissaient  plusieurs  difficultés, 
d'abord  celle  du  temps.  En  supposant  même  que  celte  opération  eût  été  exé- 
cutable par  les  procédés  ordinaires,  il  n'aurait  pas  fallu  moins  de  36  ans 
pour  l'achever.  L'aération  soulevait  de  grands  doutes.  Le  déblayement  était 
une  opération  difficile;  enfin  on  se  préoccupait  également  beaucoup  de  la 
constitution  géologique  de  la  montagne,  qui  aurait  pu  opposer  un  obstacle 
presque  insurmontable. 

))  MM.  Élie  de  Beaumont  et  Angelo  Sismonda  ont  étudié  attentivement  le 
terrain  et  ont  signalé,  entre  Modane  et  Bardonèche,  la  distribution  des 
roches  suivantes:  grès  micacé  mélangé  avec  des  schistes  micacés  ;  quartzite, 
gypse  anhydre  intérieurement;  calcaire  dolomitique,  enfin  calcaire  cristallin 


("96) 
schisteux  alternant  avec  le  schiste  argilleux.  Le  quartzite  seul  offre  une  grande 
résistance  à  la  perforation  ;  mais  il  ne  semble  pas  que  la  couche  qu'on  doit 
traverser  soit  très-puissante;  les  autres  roches  peuvent  être  facilement  atta- 
quées par  la  mine.  Ces  indications  ont  été  vérifiées  par  d'autres  géologues  et 
spécialement  par  IVI .  Mortillet. 

X  Afin  d'accélérer  la  perforation  de  la  galerie,  deux  savants  ingénieurs, 
MM.  Mauss  et  CoUadon,  de  Genève,  imaginèrent,  chacun  de  leur  côté,  des 
systèmes  fort  ingénieux.  Mais  un  examen  attentif  laissant  encore  beaucoup 
de  doute  sur  leur  succès,  on  dut  procéder  à  de  nouvelles  études  à  la  suite 
desquelles  trois  ingénieurs  sardes,  MM.  Sommeiller,  Grattone  et  Grandis, 
combinèrent  un  système  complet  d'appareils,  propres  à  pourvoir  simultané- 
ment à  la  ventilation,  à  la  perforation  et  au  déblayement. 

))  La  base  de  ce  système  est  une  nouvelle  machine  destinée  à  comprimer 
l'air  et  qui  est  désignée  par  ses  auteurs  sous  le  nom  de  compresseur  hydrau- 
lique. Cet  appareil  est  très-simple  et  consiste  en  un  siphon  renversé  qui, 
d'un  côté,  est  en  communication  avec  une  prise  d'eau,  et  de  l'autre  avec  un 
réservoir  à  air.  L'eau  descend  dans  la  première  branche  du  siphon,  remonte 
dans  la  deuxième  et  y  comprime  l'air  qui  s'y  trouve  ;  cet  air,  lorsqu'il  est 
arrivé  à  un  degré  suffisant  de  force  élastique,  ouvre  une  soupape  qui  l'in- 
troduit dans  un  réservoir.  Alors  la  soupape  de  vidange  s'ouvre,  et  lorsque 
l'eau  de  la  deuxième  branche  du  siphon  est  évacuée,  le  mouvement  recom- 
mence. I^e  mouvement  des  soupapes  d'admission  de  l'eau  et  de  vidange 
est  réglé  par  une  petite  machine  à  colonne  d'eau.  L'air,  dans  le  réservoir,  est 
maintenu  à  une  pression  constante  au  moyen  d'une  colonne  d'eau  qui  com- 
munique avec  un  réservoir  supérieur.  La  force  vive  acquise  par  l'eau  dans 
le  siphon  est  utilisée  pour  opérer  la  condensation  de  l'air;  ainsi  avec  une 
chute  d'eau  de  20  mètres,  on  a  pu  comprimer  de  l'air  à  six  atmosphères,  soit 
à  près  de  62  mètres  d'eau  de  pression. 

n  L'air  étant  comprimé,  on  s'en  sert  comme  force  motrice,  comme  on  le 
verra. 

»  Le  Gouvernement  sarde,  avant  d'entreprendre  le  percement  des  Alpes, 
voulut  s'assurer  que  les  nouveaux  moyens  proposésen  assureraient  le  succès; 
il  nomma,  à  cet  effet,  une  Commission  dont  j'avais  l'honneur  de  faire  partie, 
et  qui  porta  son  examen  sur  tout  le  système  et  spécialement  sur  la  ventila- 
tion qui  était  l'objet  des  doutes  les  plus  sérieux. 

»  La  Commission  fit  une  série  d'expériences  avec  un  compresseur  de  la 
force  d'environ  quatre  chevaux  et  demi  effectifs, 

»  La   chute  était  de   20    mètres  environ,   et  la   compression   de   l'air 


{  "97  ) 
s'opérait  à  six  atmosphères.  La  proportion  du  travail  utile  au  travail  théo- 
rique était  de  o'",5o.  Un  examen  attentif  de  la  machine  démontra  qu'il 
serait  facile  d'atteindre  la  proportion  de  60  pour  100.  La  machine  marchait 
avec  une  régularité  remarquable.  On  avait  d'abord  craint  que  l'air  ne  s'élevât 
à  une  haute  température  par  l'effet  de  la  compression  ;  mais  on  remarqua 
qu'après  avoir  fait  travailler  la  machine  pendant  longtemps,  cette  tempéra- 
ture ne  dépassa  jamais  de  plus  de  3o  degrés  la  température  extérieure, 
résultat  dû  à  ce  que  le  piston  qui  opérait  la  compression  était  une  colonne 
d'eau  qui  se  renouvelait  sans  cesse. 

»  Les  réservoirs,  de  la  capacité  de  8  mètres  cubes,  étaient  formés  de  chau- 
dières ordinaires  à  vapeur.  Ils  avaient  été  goudronnés  intérieurement,  ce 
qui  les  rendait  parfaitement  étanches.   . 

»  Après  avoir  expérimenté  la  machine,  la  Commission  établit  une  série 
d'expériences  sur  le  mouvement  de  l'air  dans  les  tubes.  A  cet  effet,  on  dis- 
posa des  tubes  du  diamètre  intérieur  de  60  millimètres. 

»  Jjcur  développement  total  était  de  899  mètres,  composés  de  : 

Tubes  en  plomb 3o  1   mètres  de  longueur . 

Tubes  en  caoutchouc  revêtus  extérieurement  de  toile.       98  » 


Total 399  mètres  de  longueur. 

Il  y  avait  18  diaphragmes  qui  restreignaient  la  section  à  53  millimètres  de 
diamètre;  les  tubes  formaient  76  spires  de  i™,  10  environ  de  diamètre.  On 
fit  varier  la  section  de  l'orifice  d'écoulement  de  iS'^^'ÏjiS  à  492™™'',84. 

»  L'air  dans  le  réservoir  était  maintenu  à  une  pression  constante  par 
une  colonne  d'eau  de  5i  mètres  de  hauteur  environ.  Afin  de  mesurer  la 
perte  de  pression  qui  avait  lieu  dans  la  conduite,  on  établit  deux  vases 
remplis  de  mercure  communiquant  l'un  avec  le  réservoir  à  air,  à  l'origine 
de  la  conduite,  l'autre  avec  l'extrémité  de  celle-ci.  Deux  tubes  étaient  adap- 
tés verticalement,  un  à  chacun  de  ces  vases;  leurs  extrémités  inférieures 
plongeaient  dans  le  mercure  qui  s'élevait  librement  dans  ces  tubes  dont  les 
extrémités  supérieures  communiquaient  avec  l'atmosphère.  Le  résultat  des 
expériences  est  consigné  dans  le  tableau  suivant  ; 


(  "98  ) 


ÏITESSE 

MANOMÈTRE 

SECTION 

à  l'origine  de 
■  la 

PERTE 

de  l'orifice. 

dans 

à  rorifîce 

de  pression 

la  conduite. 

de  la  conduite. 

conduite. 

observée. 

millimèt.  carrés. 

mètres. 

mètres. 

métrés. 

i8,i3 

I  ,012 

'49>o 

0,3780 

0,0039 

63,43 

3. '97 

144,2 

0,3775 

0,o502 

63,43 

3,604 

160,6 

o,38i4 

0 . 0609 

63,43 

4,106 

i83,o 

0,3740 

0 , 0608 

8i,56 

4,4.5 

i5o,9 

0,3783 

o,o683 

179,07 

10, 157 

160,4 

0,3689 

0,3910 

312,59 

i5, 100 

i36,6 

0,3751 

o,9o3o 

492,56 

i6,46o 

io5,9 

0 , 3692 

0 , 556o 

»  Toutes  ces  expériences  sont  représentées  par  une  courbe  de  forme 
très-régulière.  Les  résultats  qu'on  en  déduit  s'éloignent  notablement  de 
ceux  assez  généralement  admis  d'après  d'autres  expériences  assez  incom- 
plètes; ils  se  rapprochent,  au  contraire,  de  ceux  auxquels  ont  été  conduits 
MM.  Ponceletet  Pecqueur,  dans  des  expériences,  qu'il  est  à  regretter  qu'on 
n'ait  pas  encore  publiées. 

»  On  peut  donc  déduire  avec  certitude  des  expériences  que  nous  avons 
faites  que,  à  la  distance  de  65oo  mètres  (moitié  de  la  longueur  de  la  galerie 
des  Alpes),  pour  un  tube  de  10  centimètres  de  diamètre,  avec  une  vitesse 
de  5  mètres  à  l'origine  de  la  conduite,  et  une  pression  de  6  atmosphères  dans 
le  réservoir,  la  perte  de  pression  ne  serait  que  de  i  |  atmosphère  :  ce  résul- 
tat, déduit  d'expériences  faites  avec  le  plus  grand  soin  et  sur  une  vaste 
échelle,  suffit  pour  dissiper  toutes  les  craintes  que  l'on  aurait  pu  concevoir 
sur  la  possibilité  de  conduire  de  l'air  dans  le  centre  de  la  montagne. 

))  Après  avoir  établi  ce  fait  important,  la  Commission  s'est  occupée  de 
l'emploi  de  l'air  comprimé  comme  force  motrice.  Elle  a  d'abord  expérimente 
sur  un  perforateur  inventé  par  M.  Bartlett,  dans  lequel  on  avait  substitué 
l'air  comprimé  à  la  vapeur  qui  le  faisait  primitivement  mouvoir.  Le  succès 
de  la  substitution  de  l'air  à  la  vapeur  fut  complet. 

»  On  essaya  ensuite  un  autre  perforateur  très-simple  et  de  peu  de  volume, 
inventé  par  M.  Sommeiller;  cette  nouvelle  machine  réussit  parfaitement. 
Ainsi   la  question  de   l'air  comprimé  comme  force   motrice   est  résolue. 

»  On  a  constaté  un  fait  important  dans  la  question  dont  il  s'agit  :  c'est 
que,  par  l'effet  de  la  dilatation  rapide  de  l'air  compriméà  6  atmosphères 


(  "99  ) 
lorsqu'il  sort  de  la  machine,  l'eau  située  à  proximité  de  la  machine  se  con- 
gelait, quoique  la  température  extérieure  fût  moyennement  de  i8  degrés. 
Ainsi,  en  lançant  une  grande  masse  d'air  comprimé  au  fond  d'une  galerie 
qui  se  trouverait  à  1600  mètres  au-dessous  de  l'enveloppe  extérieure  du 
globe  et  où,  par  conséquent,  par  l'effet  de  la  chaleur  centrale,  la  tempéra- 
ture s'élèverait  à  5o  degrés  environ,  on  obtiendrait  tm  abaissement  de  tem- 
pérature considérable  par  l'effet  même  de  la  dilatation  de  l'air. 

»  Avec  les  perforateurs  à  air,  on  a  pratiqué  des  trous  de  mine  dans  des 
roches  de  diverses  espèces,  depuis  les  calcaires  tendres  jusqu'aux  siénites 
les  plus  dures,  et  il  a  été  constaté  qu'en  employant  cet  appareil,  on  faisait 
moyennement  un  trou  de  mine  douze  fois  plus  vite  qu'avec  les  moyens  ordi- 
naires actuellement  en  usage.  Pour  apprécier  l'importance  de  ce  résultat,  il 
suffit  d'observer  que,  dans  la  formation  des  galeries  de  mines,  les  trois  quarts 
du  temps  total  sont  employés  pour  faire  les  seuls  trous  de  mines;  l'autre  quart 
suffit  pour  charger  les  mines,  en  déterminer  l'explosion  et  pour  déblayer. 

»  Si  donc,  par  le  moyen  des  ribuveaux  appareils,  on  diminue  dans  une 
proportion  si  considérable  la  portion  principale  du  temps  employé  ordinai- 
rement à  la  formation  des  galeries  des  mines,  il  est  évident  que  l'on  aura 
résolu  la  partie  la  plus  importante  du  problème  du  yiercement  des  Alpes, 
celui  de  l'accélération  du  travail. 

»  Mais  il  y  a  plus  :  les  nouveaux  perforateurs  occupent  peu  d'espace;  là 
où  trois  couples  de  mineurs  à  peine  peuvent  travailler,  on  peut  placer  jus- 
qu'à dix-huit  perforateurs,  ce  qui  sera  un  nouvel  élément  pour  rendre  le 
travail  plus  rapide. 

»  La  petite  galerie  sera  de  section  rectangulaire  de  2™,  5o  de  côté. 

»  Afin  de  rendre  les  déblais  plus  faciles,  on  a  imaginé  .un  système  d'ap- 
pareils très-simples;  d'un  autre  côté,  pour  faciliter  les  manœuvres  et  pour 
éviter  les  dangers  que  présenterait  une  galerie  de  petite  section,  l'on  formera 
simultanément  la  galerie  à  grande  section  qui  suivra  celle  à  petite  section  à 
la  distance  d'environ  200  mètres. 

»  D'après  les  données  précédentes,  les  auteurs  du  projet  espèrent  dans 
six  ans  avoir  terminé  la  galerie  des  Alpes.  Ils  évaluent  à  3  mètres  par  jour 
l'avancement  de  chaque  côté  de  la  montagne,  c'est-à-dire  à  6  mètres  par 
jour  en  total,  tandis  que,  par  les  moyens  ordinaires,  l'avancement  de  chaque 
galerie  ne  dépasserait  pas  o"',45  à  o*",  5o  par  jour,  et  en  total  o™,90  à 
I  mètre. 

»  Après  avoir  exposé  l'ensemble  du  système  proposé  et  les  expériences 
qui  ont  été  faites  pour  s'assurer  de  son  efficacité,  je  résumerai  les  dounées 

C.  R.,  i858,   i"  Semestre.  (T.  XI,VI,  NoSS.)  I  56 


(     I 200    ) 

principales  relatives  à  la  galerie.  Sa  longueur  totale  est  de  i2  5oo  mètres, 
comme  il  a  été  dit.  Elle  est  tracée  dans  un  même  plan  vertical;  mais  elle  se 
divise  en  deux  pentes  vers  les  deux  orifices,  afin  de  faciliter  l'écoulement 
des  eaux  que  l'on  pourrait  rencontrer.  L'orifice  méridional  de  la  galerie  vers 
Bardonèche  est  à  la  cote  de  iSa/j  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 
A  partir  de  ce  point  la  galerie  s'élève  avec  une  pente  moyenne  de  5  pour  i  ooo 
sur  une  distance  de  GaSo  mètres  jusqu'à  la  cote  1 335  mètres  qui  est  le  point 
culminant;  de  là  elle  descend  sur  une  longueur  pareille  deôaSo  mètres  avec 
une  pente  moyenne  de  23  pour  i ooo  jusqu'à  l'orifice  septentrional  vers  Mo- 
dane  qui  est  à  la  cote  1 190  mètres.  La  crête  de  la  montagne  se  trouve  au- 
dessus  du  point  culminant  à  une  élévation  verticale  de  1600  mètres  en- 
viron. 

»  On  a  calculé  que,  pour  l'aération  nécessaire  au  renouvellement  de  l'air 
vicié  par  la  respiration,  par  les  lumières  et  par  la  poudre  employée  pour  les 
mines,  il  fallait  dans  chacun  des  deux  troncs  de  galerie  85  q2^  mètres  cubes 
d'air  par  24  heures  à  la  jiression  atmospBérique,  soit  ?4320  mètres  cubes  à 
la  pression  de  six  atmosphères. 

»  La  quantité  d'air  nécessaire  pour  faire  mouvoir  les  perforateurs  n'est 
que  de  OB']  mètres  cubes  à  six  atmosphères  de  pression.  Ainsi  l'air  com- 
primé, après  avoir  agi  comme  force  motrice,  contribuera  en  partie  à  l'aéra- 
tion. Du  côté  de  Bardonèche  il  existe  plusieurs  torrents  qui  ne  tarissent  ja- 
mais et  dont  la  chute  est  capable  de  comprimer  au  moins  98064  mètres 
cubes  d'air  par  jour  et  de  les  réduire  à  la  pression  de  six  atmosphères. 

»  Du  côté  de  Modane  on  a  l'Arc,  torrent  rapide  et  dont  la  partie  consi- 
dérable fournit  une  force  qui  dépasse  de  beaucoup  celle  requise.  Toutes  les 
conditions  se  trouvent  donc  réunies  pour  assurer  le  succès  de  l'entreprise. 
Lorsque  cette  grande  œuvre  sera  achevée,  on  pourra  dire  qu'il  n'y  a  ]>lus 
d'Alpes  :  il  sera  facile  de  se  rendre  de  Paris  à  Turin  en  22  heures  et  de  Paris 
à  Milan  en  27  heures. 

»  Tel  est  le  résultat  auquel  le  Gouvernement  sarde  a  l'espoir  fondé  d'ar- 
river à  une  époque  peu  éloignée;  les  sacrifices  qu'il  s'impose,  dans  ce  but, 
ne  sont  pas  au-dessous  de  la  grandeur  de  l'entreprise.  Le  percement  des 
Alpes  est  en  corrélation  avec  le  canal  de  l'isthme  de  Suez,  qui  se  fera  né- 
cessairement malgré  les  obstacles  qui  s'y  opposent.  Par  ces  deux  grandes 
opérations,  un  nouvel  avenir  s'ouvre  à  l'Europe.  D'après  ce  que  j'ai  exposé, 
on  a  pu  se  convaincre  que  le  Gouvernement  sarde  n'a  mis  la  main  à  cette 
grande  œuvre  qu'après  de  longues  et  sérieuses  études,  et  qu'il  a  voulu  au- 
paravant s'entourer  de  toutes  les  lumières  que  pouvaient  lui  fournir  la 
science  et  la  pratique  la  plus  consommée.   » 


!r 


(   laoi   ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  LE  Secriêtaire  perpétuel  DE  l'Académie  DES  Beaux-Arts  aimonce  que 
celte  Académie  a  désigné  deux  de  ses  Membres,  MM.  Auber  et  Halévy,  pour 
être  adjoints,  conformément  au  désir  exprimé  par  l'Académie  des  Sciences, 
à  la  Commission  chargée  de  l'examen  d'un  Mémoire  de  M.  P.  Loyer  sur  les 
bases  mathématiques  de  la  musique. 

GÉOLOGIE.  —  Mémoire  sur  les  dépôts  minéraux  formés  par  les  sources  ther- 
males de  Plombières,  avant  et  pendant  la  période  actuelle.  —  Deuxième 
partie  :  ^Relation  des  sources  thermales  avec  les  filons  métallifères  de  la 
contrée;  par  M..  Daubrée.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cordier,  de  Senarmont 
Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Des  sources  thermales  ont,  selon  toute  vraisemblance,  apporté  les 
minerais  métalliques  dans  la  plupart  des  filons.  M.  Éhe  de  Beaumont,  con- 
duit par  de  profondes  analogies,  a  mis  en  lumière  ce  fait  important,  con- 
firmé par  les  expériences  synthétiques  de  M.  de  Senarmont  et  l'objet  de 
nombreuses  études  de  M.  Bischof.  Mais  en  général  les  anciennes  sources 
sont  aujourd'hui  taries,  soit  qu'elles  aient  obstrué  leurs  canaux  par  leurs 
propres  incrustations,  soit  que  de  nouvelles  dislocations  aient  arrêté  leur 
cours,  soit  à  la  suite  d'un  refroidissement  des  roches.  Quelle  que  soit  la  cause 
de  leur  disparition,  il  n'existe  plus  guère  de  contrée  où  des  sources  ther- 
males en  pleine  activité  se  montrent  encore  immédiatement  juxtaposées  à 
des  dépôts  métallifères. 

»  Il  est  cependant  des  localités  où  les  deux  phénomènes  coexistent  en- 
core. Telles  sont  Badenweiler  dans  le  grand-duché  de  Bade,  Sylvanès  dans 
l'Aveyron,  Servoz  et  Courraayeur  dans  les  Alpes.  A  Carlsbad  et  Marienbad 
en  Bohême,  une  relation  des  sources  thermales  et  gazeuses  avec  les  filons 
de  quartz  et  de  fer  oligiste  du  voisinage  ressort  clairement  des  excellentes 
descriptions  que  l'on  possède  de  ces  localités  (i). 

»  Les  observations  relatives  à  la  contrée  de  Plombières  qui  sont  consi- 


(i)  Elles  sont  dues  à  MM.  de  Hof ,  de  Warnsdorf,  Kersten  et  Hochstelter. 

i56.. 


(     I202    ) 

gnées  dans  la  seconde  partie  du  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre 
à  l'Académie  font  connaître  de  nouveaux  exemples  de  ce  genre,  et  servent 
à  confirmer,  à  préciser  et  à  étendre  les  résultats  déjà  connus  et  à  éclaircir 
la  signification  de  ces  faits. 

»  La  vallée  de  Plombières  est  ouverte  dans  un  plateau  de  grès  bigarré 
dont  les  couches  sont  à  peu  près  horizontales.  Au  fond  de  cette  vallée 
vient  pointer  le  granité.  Cette  roche  est  séparée  du  grès  bigarré  par  un 
poudingue  très-grossier  qui  paraît  être  le  représentant  du  grés  des  Vosges. 

»  C'est  du  granité  que  sortent  les  sources  thermales.  La  température 
des  plus  chaudes  atteint  73  degrés.  Elles  jaillissent  du  thalweg  même.  D'au- 
tres sources  beaucoup  moins  chaudes,  connues  sous  le  nom  de  savon- 
neuses, se  montrent  sur  les  deux  flancs  de  la  vallée,  à  peu  de  distance  des 
premières.  Toutes  ne  contiennent  qu'une  faible  quantité  de  matières  salines 
(au  plus  os'jS  par  litre),  parmi  lesquelles  prédomine  le  silicate  de   potasse. 

»  Une  galerie  souterraine  percée  dans  le  granité,  à  partir  du  fond  de  la 
vallée,  va  prendre  les  sources  savonneuses  le  plus  bas  possible. 

»  Cette  galerie  a  coupé  plusieurs  filons  formés  de  spath  fluor  et  de  quartz. 
Ija  disposition  souvent  rubannée  du  premier  minéral  est  évidemment  un 
produit  de  concrétions  successives.  Le  granité  qui  encaisse  les  filons  est 
tantôt  incohérent  et  sableux,  comme  il  arrive  souvent  dans  les  Vosges; 
tantôt  il  est  imprégné  de  la  manière  la  plus  intime  des  minéraux  du  filon 
qui  s'y  sont  extravasés  et  lui  ont  ainsi  donné  une  extrême  dureté.  Le  spath 
fluor  a  cristallisé  dans  beaucoup  de  géodes ,  ainsi  que  le  quartz.  Ces  deux 
minéraux  sont  quelquefois  accompagnés  de  baryte  sulfatée  et  de  très-petites 
quantités  de  pyrite  de  fer  et  de  fer  oligiste. 

»  C'est  précisément  de  ces  filons  ou  le  long  de  leurs  parois  que  jail- 
lissent les  sources  savonneuses. 

»  Les  actions  chimiques  qui  ont  autrefois  produit  le  remplissage  des 
filons  n'ont  pas  été  limitées  à  la  roche  granitique.  Sur  divers  points,  le  pou- 
dingue du  grès  dès  Vosges  en  présente  lui-même  les  effets.  Ses  galets  sont  ci- 
mentés par  du  quartz  et  par  les  autres  minéraux  des  filons.  A  un  niveau  plus 
élevé  encore,  jusqu'à  la  surface  du  plateau ,  le  grès  bigarré  lui-même  ren- 
ferme des  veines  de  quartz  cristallisé  qui  représentent  l'épanouissement  su- 
périeur de  ces  dépôts.  Ainsi  de  même  qu'en  Bourgogne ,  aux  environs  d'A- 
vallon,  les  filons  qui  coupent  le  granité  forment,  pour  ainsi  dire,  un  tronc 
dont  les  ramifications  se  sont  étendues  dans  les  couches  superposées  à  cette 
roche. 

»   Une  autre  association  entre  des  sources  (hermales  et  des  dépôts  métal- 


(    I303    ) 

lifères,  toute  semblable  à  celle  de  Plombières,  se  montre  à  1 5  kilomètres  de 
cette  localité.  Il  existe  dans  la  commune  de  Dommartin  une  source  ther- 
male volumineuse,  connue  sous  le  nom  de  Chaude-Fontaine.  Sa  tempéra- 
ture s'élève  à  23", 5,  bien  qu'avant  son  arrivée  au  jour  elle  se  trouve  mé- 
langée d'abondantes  infiltrations  d'eau  froide.  Or  cette  source  jaillit  à 
côté  d'un  groupe  de  petits  filons  formés  de  quartz  et  de  fer  oligiste.  Des 
recherches  sur  ce  dernier  minerai  ont  même  été  faites,  il  y  a  peu  d'années, 
à  moins  de  3oo  mètres  au  sud  de  la  source  thermale. 

»  D'autres  filons  de  la  contrée,  formés  de  quartz,  de  spath  fluor,  de  baryte 
sulfatée  et  de  fer  oligiste  sont  en  relation  avec  ceux  de  Plombières  et  de 
Chaude-Fontaine,  tant  par  leur  composition  minéralogique  que  par  leur 
alignement.  Le  filon  de  quartz  de  la  vallée  des  Roches  el  ceux  de  la  Poirie 
près  de  Remiremont,  appartiennent  à  une  même  ligne  de  fracture  de  a4  kilo- 
mètres de  longueur,  dirigée  parallèlement  à  la  vallée  et  aux  filons  de  Plom- 
bières, ainsi  qu'au  système  de  la  Côte-d'Or.  Cette  ligne  constitue  un  nou- 
veau trait  d'union  entre  les  phénomènes  thermaux  des  deux  localités. 

»  Ainsi  à  Plombières  et  à  Chaude-Fontaine,  les  sources  thermales  ne  pa- 
raissent être  que  la  dernière  phase  des  phénomènes  qui  ont  produit  le  rem- 
plissage des  filons. 

»  Nous  sommes  d'ailleurs  amenés  à  reconnaître  deux  périodes  distinctes 
dans  le  régime  des  eaux  minérales  de  la  contrée  de  Plombières. 

»  La  première  période  est  évidenunent  plus  récente  que  le  grès  rouge 
et  le  grès  des  Vosges.  Mais  les  terrains  moins  anciens  manquant  dans  lepavs, 
on  manque  de  repères  pour  en  apprécier  l'âge  avec  plus  d'approximation. 
Rien  ne  prouve  que  cette  période  ne  soit  pas  postérieure  même  au  terrain 
jurassique,  comme  les  filons  de  la  Rourgogne  ;  et  même  qu'elle  n'ait  pas  été 
continuée  postérieurement  aux  terrains  tertiaires.  Sur  le  revers  oriental  des 
Vosges,  il  existe  en  effet  des  dépôts  également  formés  de  fer  oligiste,  de 
quartz  et  de  baryte  sulfatée  qui  se  sont  épanchés  dans  les  couches  tertiaires 
miocènes  ;  ils  sont  contemporains  des  gîtes  de  bitume  qui  les  avoisinent, 
comme  je  l'ai  prouvé  ailleurs. 

»  On  peut  ensuite  reconnaître  que  les  deux  périodes  ont  été  séparées  par 
un  changement  dans  le  relief  de  la  contrée.  En  effet^  les  dépôts  siliceux  qui 
imprègnent  le  grès  des  Vosges,  à  Plombières  par  exemple,  s'élèvent  à  plus 
de  66  mètres  au-dessus  de  la  vallée.  Quand  ces  dépôts  ont  été  formés,  la 
vallée  n'était  pas  encore  échancrée  profondément  comme  elle  l'est  aujour- 
d'hui; autrement  les  sources  n'auraient  pu  s'élever  à  un  tel  niveau.  C'est 


(    1204   ) 

donc  après  le  mouvement  qui  a  imprimé  au  sol  les  derniers  traits  de  son 
relief  que  les  eaux  minérales  ont  changé  de  régime. 

»  Les  filons  présentent  dans  leur  structure  intérieure  les  mêmes  indices 
de  changement.  Le  granité,  le  quartz  et  le  spath  fluor  y  ont  été  concassés 
comme  M.  Jutier  l'a  reconnu.  Les  fragments  de  ces  substances  sont  en  par- 
tie arrondis  comme  s'ils  avaient  frotté  les  uns  contre  les  autres.  Parfois  ce 
conglomérat  est  cimenté  par  des  détritns  pulvérisés;  souvent  aussi  il  a  été 
réagglutiné  par  de  la  chaux  fluatée.  Or,  dans  ce  second  dépôt,  la  chaux  flua- 
tée  diffère  complètement  de  celle  qui  avait  primitivement  incrusté  les  filons. 
Elle  est  formée  de  petits  cristaux  microscopiques  à  peine  agrégés  entre  eux, 
tout  à  fait  semblables  à  ceux  que  j'ai  reconnus  dans  les  fissures  des  maçon- 
neries romaines  et  qui  par  conséquent  appartiennent  à  une  époque  récente. 
Un  tel  contraste  dans  les  caractères  du  spath  fluor,  selon  qu'il  a  été  préci- 
pité avant  et  après  le  mouvement  intérieur  des  filons  correspond  très-pro- 
bablement à  une  modification  dans  la  composition  des  sources. 

»  Le  changement  que  nous  reconnaissons  s'être  opéré  dans  les  sources 
thermales  de  la  contrée  de  Plombières,  ne  présente  pas  le  caractère  d'une 
transformation  graduelle  et  lente,  comme  celle  qui  a  pu  résulter  ailleurs  de 
la  simple  action  du  temps.  Ce  changement  paraît  plutôt  la  conséquence  in- 
directe d'un  mouvement  qui  aurait  précédé  le  creusement  des  vallées  jus- 
qu'à leur  profondeur  actuelle.  Les  conglomérats  de  frottement  produits 
dans  l'intérieur  des  filons  annoncent  d'ailleurs  que  ce  mouvement  a  aussi 
disloqué  les  canaux  par  lesquels  s'élevaient  les  eaux  thermales. 

»  Les  faits  que  nous  venons  d'exposer  montrent  en  quoi  il  convien- 
drait de  modifier  l'opinion  généralement  admise  sur  la  stabilité  des  eaux 
thermales.  Beaucoup  d'entre  elles  sont,  il  est  vrai,  utilisées  depuis  l'anti- 
quité, sans  qu'on  ait  constaté  de  changements  bien  sensibles  dans  leur 
composition  ou  leur  température.  Mais  qu'est-ce  que  la  durée  de  la  tradition 
auprès  de  celle  des  périodes  géologiques  dont  tant  de  phénomènes  sont  les 
témoins  irrécusables? 

»  Les  sources  thermales  des  deux  périodes  successives,  malgré  les  diffé- 
rences évidentes  que  nous  venons  de  signaler,  présentent  des  analogies  qui 
ne  sont  pas  moins  remarquables;  il  en  est  deux  que  je  dois  encore  signa- 
ler. 1°  Les  sources  actuelles  contiennent  encore  des  fluorures  (i),  et  déposent 
de  nos  jours  de  la  chaux  fluatée.  2°  Elles  renferment  aussi  du  silicate  alcalin 


(i)  Comme  MM.  O.  Henry  et  Lhéritier  l'ont  const.tté  il  y  a  plusieurs  années;  M.  Nicklès 
.l'a  confirmé  récemment. 


tv' 


(     I205    ) 

en  dissohuion.  Or  mes  expériences  ont  prou véqu'une  telle  eau  suréchaufFée 
précipite  du  quartz  cristallisé(i).  Ces  traitsde  ressemblance  expliquent  com- 
ment les  filons  de  Plombières  formés  de  quartz,  de  spath  fluor  et  l'énorme 
dépôt  quartzeux  de  la  vallée  des  Roches  peuvent  être  par  leur  origine  en 
relation  très-intime  avec  les  sources  de  l'époque  actuelle.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  le  sjjath  Jluor  qui  existe  en  filons  dans  le  granité  ie 
Plombières  ;  Note  de  M.  Jutier. 

Ija  communication  de  M.  Nicklès,  reçue  par  l'Académie  dans  la  der- 
nière séance,  ayant  rappelé  la  découverte  d'un  filon  de  fluor  faite  par 
M.  l'ingénieur  Jutier  dans  le  granité  de  Rlombières,  M.  Élie  de  Beaumont 
met  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  échantillons  de  plusieurs  variétés  de  ce 
minéral  qu'il  a  reçues  depuis  plusieurs  mois  de  M.  Jutier,  et  lit  la  Note 
suivante  qui  lui  a  été  transmise  en  même  temps  par  cet  habile  ingénieur  : 

«  Les  échantillons  que  je  joins  à  cette  Note,  et  qui  me  paraissent  offrir 
quelque  intérêt,  proviennent  de  la  galerie  des  sources  savonneuses  {dans  le 
granité  porphyroïde). 

»  Il  n'est  plus  douteux  povu'  moi  que  les  eaux  minérales  arrivent  par  des 
filons,  comme  je  l'avais  présumé  et  annoncé  à  la  suite  de  l'examen  attentif 
des  lieux.  Plusieurs  faits  sont  venus  confirmer  cette  présomption. 

»  De  plus,  ces  filons  sont  caractérisés  par  une  formation  de  spath  fluor, 
tantôt  tapissant  de  magnifiques  géodes  cristallines,  tantôt  formant  masses  et 
remplissant  le  filon.  Une  formation  postérieure  de  quartz  est  venue  fréquem- 
ment cristallisera  la  surface  du  spath  fluor. 

))  De  petits  filons  de  jaspe  traversent  le  granité  et  sont  en  relation  avec, 
les  filons  de  spath  fluor. 

»  Je  recueille  avec  soin  sur  les  lieux  tous  les  indices  qui  peuvent  se  ratta- 
cher à  cette  intéressante  question.  » 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  de  Senarmont,  Charles  Sainte-Claire 

Deville). 

(l)   Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  XLV,  p.  792. 


(    I206   ) 

CHIMIE.  —  action  de  [acide  sulfiirique  sttr  les  composés  du  bariiim,  du  stron- 
tium et  du  calcium;  pir  MM.  LiÈ.s-BoD.iRT  et  E.  Ja^iquemix.  (Extrait  par 
les  auteurs.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Balard.) 

«  Composés  du  barium.  —  L'acide  sulfurique  monohydraté  dissout  les 
composés  du  barium,  ainsi  que  le  prouvent  nos  expériences,  qui  ont  porté 
sur  l'oxyde,  le  sulfure,  le  chlorure,  le  chlorate,  l'iodatc,  le  nitrate,  le  phos- 
phate, le  borate,  le  chromate,  le  carbonate,  l'oxalate,  le  formiate,  l'acétate, 
le  butyrate,  le  valérale,  le  benzoate,  le  cinnamate,  le  tartrate.  Il  se  forme 
du  bisulfate  de  baryte  avec  mise  en  liberté  de  l'acide  composant,  ainsi  qu'il 
résulte  de  l'équation  générale  qui  suit  : 

RO,BaO  +  S^'OS  2HO  =  RO,HO  -f-^S*0%BaO,HO. 

»  Lorsque  l'on  abandonne  dans  un  verre  à  pied  ces  dissolutions,  on  re- 
marque, du  jour  au  lendemain,  une  formation  constante  d'aiguilles  radiées, 
groupées  en  houppes  soyeuses,  qui  tapissent  les  parois.  Ce  bisulfate  n'a  pu 
être  rigoureusement  analysé,  parce  qu'il  ne  nous  a  pas  été  possible,  par  des 
briques  absorbantes,  de  débarrasser  entièrement  les  cristaux  de  l'acide  qui 
les  imprègne,  mais  nous  sommes  fondés  à  admettre  avec  Berzelius  l'exis- 
tence du  bisulfate  de  baryte  par  deux  raisons. 

»  En  effet,  quand  on  chauffe  ces  aiguilles  sur  une  lame  de  platine,  il  se 
dégage  des  fumées  d'acide  sulfurique  infiniment  plus  abondantes  que  celles 
qui  seraient  dues  au  seul  acide  interposé,  et  il  reste  un  dépôt  blanc  de  sul- 
fate neutre.  Et  enfin,  lorsqu'un  poids  donné  de  ce  corps  est  traité  par  l'eau, 
il  se  précipite  du  sulfate  neutre  de  baryte  que  l'on  recueille  sur  un  filtre,  et 
dont  la  quantité  pondérale  est  inférieure  à  celle  que  l'on  obtient  de  la  pré- 
cipitation de  la  liqueur  filtrée  par  un  sel  de  baryte.  Le  poids  supérieur  ne 
peut  provenir  évidemment  du  seul  acide  non  combiné,  c'est  un  résultat  de 
cet  excès  d'acide  et  de  l'équivalent  d'acide  sulfurique  devenu  libre  par  la 
décomposition  opérée  par  l'eau. 

»  Nous  avons  déterminé  la  solubilité  dans  l'acide  sulfurique  d'un  certain 
nombre  de  composés  du  barium  et  obtenu  les  nombres  qui  suivent: 

I  partie  d'oxyde  soluble  dans  35  parties  d'acide,  i  partie  de  borate  dans  3o  parties  d'acide. 

•        sulfure 35  »  »         chromate.  ...    4"  " 

»       dilorure 3o  »  »        carbonate. ...   35  • 

»       sulfate 45  "  »        oxalate 25  » 

>i       nitrate ^o  »  »        acétate 25  » 

»       niiosphale 3o  » 


(     «207    ) 

»  En  changeant  le  milieu,  il  se  produit  une  rupture  d'équilibre  dans  ces 
dissolutions,  et  du  sulfate  neutre  de  baryte  se  précipite.  C'est  l'effet  que  l'on 
produit  toutes  les  fois  que  l'on  y  ajoute  de  l'eau. 

»  L'alcool  agit  de  même,  tout  en  subissant  dans  certains  cas,  d'une  ma- 
nière fort  nette,  l'action  de  l'acide  éliminé.  Ainsi,  avec  la  dissolution  de  ni- 
trate de  baryte,  il  se  dégage  de  l'éther  nitreux  ;  avec  le  chromate  de  baryte, 
de  l'aldéhyde  :  l'acétate,  le  butyrafe  donnent  immédiatement  les  éthers  cor- 
respondants. 

»  L'éther  se  comporle  de  même,  en  contractant  avec  l'acide  sulfurique 
cette  combinaison  particulière  que  nous  avons  signalée  dans  une  précédente 
communication. 

))  Ij'acétate,  le  butyrate  et  le  valérate  pré.sentent  à  la  dissolution  sulfu- 
rique une  particularité  fort  intéressante.  Il  est  impossible,  par  exemple,  de 
percevoir  dans  ce  cas  l'odeur  si  caractéristique  de  l'acide  acétique;  mais  que 
l'on  vienne  à  chauffer,  ou  que  l'on  additionne  d'eau,  et  l'acide  mis  en  liberté 
se  manifeste  par  son  odeur  piquante.  C'est  à  peine  aussi  si  l'on  peut  affir- 
mer, par  l'odorat,  le  déplacement  des  acides  butyrique  ou  valérique,  car 
l'odeur  n'est  pas  plus  prononcée  que  dans  le  sel  même  soumis  au  traitement. 

»  Strontiane  et  ses  sels.  —  Notre  examen  a  porté  sur  les  mêmes  composés 
que  pour  la  baryte,  et  les  résultats  obtenus  par  nous  ont  été  semblables, 
sauf  la  solubilité  dans  la  plupart  des  cas.  Les  sels  de  strontiane  se  dissolvent 
en  général  dans  l'acide  sulfurique  avec  plus  de  difficulté  que  les  composés 
correspondants  du  barium.  Voici  du  reste  les  nombres  obtenus  pour  quel- 
ques-uns d'entre  eux  : 

J  partie  d'oxyde  de  Strontium  soluble  dans  35  d'acide,  i  partie  phosphate  dans  ^o  d'acide. 

»       sulfure 4o       "  *       carbonate .  . . .  3o       » 

»       chlorure /^o       •>  »       oxalate 3o       » 

»       sulfate ^5       »  »       acétate 25       » 

»       nitrate 35       » 

»  Chaux  et  ses  sels.  —  Nous  ferons  les  mêmes  observations  pour  la  chaux 
et  ses  sels.  Ces  composés  sont  moins  solubles  que  les  combinaisons  baryti- 
ques  et  strontiques,  et  du  jour  au  lendemain,  même  dans  des  flacons  fermés, 
la  liqueur  se  trouble  d'un  dépôt  qui  va  en  augmentant,  et  que  loo  parties 
d'acide  sulfurique  ont  peine  à  faire  disparaître.  Les  chiffres  que  nous  allons 
indiquer  n'ont  rien  d'absolu,  car  on  constate  des  variations  dans  la  solubi- 
lité d'un  même  sel  selon  le  mode  d'opérer.  Ainsi,  en  ajoutant  à  i  gramme 
de  phosphate  de  chaux  des  quantités  successives  d'acide  sulfurique,  il  nous 

C.  R.,  i858,  1"  SemKiic.  (T.  XLVI,  N0  28.)  '^7 


(    I208   ) 

fallut  55  de  ce  dernier  pour  produire  une  dissolution  complète;  pour  véri- 
fier, nous  fîmes  agir  d'abord  4o  grammes  à  la  fois,  et  cette  quantité  fut 
suffisante.  Voici  les  résultats  de  nos  déterminations  : 

I  partie  d'oxyde  soluble  dans  4o  parties  d'acide,  i  partie  carbonate  dans  4o  Pitiés  d'acide. 

"      chlorure /{**  "  *      oxalate.  .....    3o  » 

"       sulfate 4"  •  "       acétate 25  • 

»       nitrate 3o  »  ;>       butyrate 3o  » 

»      phosphate ^o  >  »       tartrate 3o  > 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Note  sur  le  nombre  de  valeurs  que  peut  acquérir 
une  fonction  de  n  lettres^  quand  on  permute  ses  lettres  de  toutes  les  manières 
possibles;  par  M.  E.  Mathieu. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Liouviile,  Lamé,  Bertrand.) 

«  Dans  l'extrait  du  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie des  Sciences,  à  la  séance  du  3i  mai  dernier,  j'ai  donné  les  nombres 
de  valeurs  que  peut  acquérir  une  fonction  de  sept  lettres.  Ayant  fait  une 
omission  dans  cette  énumération,  je  m'empresse  de  l'indiquer,  et  d'ajouter 
aux  nombres  que  j'ai  donnés,  le  nombre  3o,  qui  représente  le  nombre  de 
valeurs  d'une  fonction  de  sept  lettres  deux  fois  transitive.  Je  dirai  aussi  que 
j'avais  reconnu  par  moi-même  cette  omission,  quand  j'ai  su  que  cette 
fonction  venait  d'être  signalée  à  l'Académie  de  Berlin  par  M.  Kronecker. 

»  Dans  le  même  extrait,  j'ai  rapporté  qu'une  fonction  transitive  qui  a 
moins  de  huit  lettres,  n'est  pas  changée  par  une  certaine  permutation  circu- 
laire de  toutes  ses  lettres,  ou  qu'elle  est  de  la  forme  M  -+-  My,  M  et  N  étant 
deux  fonctions  qui  ne  sont  pas  changées  par  une  même  permutation  circu- 
laire de  toutes  leurs  lettres  a,  b,c,...,k,  l&iv  étant  égal  à 

{a  -b){a-c){a-d)...[k  —  l); 
cette  loi  ne  saurait  être  générale,  car  j'ai  reconnu  que  les  fonctions  transi- 
tives de  huit  lettres  présentaient  plusieurs  exceptions  à  ce  principe. 

))  Enfin  je  profite  de  cette  occasion  poiir  indiquer  succinctement  les  résid- 
tats  auxquels  je  suis  arrivé  pour  les  fonctions  de  huit  lettres. 

M  Le  nombre  de  valeurs  d'une  fonction  intransitive  de  huit  lettres  est  un 
quelconque  des  nombres 

8,     i6,     28,     56,     70,     112,     i4o,     168,     210,     224,     240,     280,  336, 

420,     560,     63o,     672,      840,     960,     1008,     1120,     1260,     i344>  1680, 

1920,     2016,      2240,     2520,     2688,      2880,      336o,      4o32,     4480,  5o4o, 
5760,     6720,     8064,     10080,     i344o,     20160,     4o320. 


(     '209    )    ~ 

»  Le  nombre  de  valeurs  d'une  fonction  de  huit  lettres,  qui  n'est  qu'une 
fois  transitive,  est  un  des  suivants  : 

35,  70,  io5,  i4o,  210,  420,  63o,  840,  1260,  1680,  2520,  5o4o. 

»  Il  y  a  deux  fonctions  de  huit  lettres  qui  sont  deux  fois  transitives,  sans 
l'être  davantage;  le  nombre  des  valeurs  de  l'une  est  240,  celui  de  l'autre 
est  720. 

»  Il  y  a  deux  fonctions  trois  fois  transitives  de  huit  lettres;  le  nombre  des 
valeurs  est  3o  pour  l'une,  120  pour  l'autre. 

»  Une  fonction  de  huit  lettres  ne  peut  être  plus  de  trois  fois  transitive,  à 
moins  que  le  nombre  de  ses  valeurs  soit  i  ou  a.    » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  les  essais  de  plaqué  d'argent;  par  MM.  F.  Pisani 

et    P.  SCHMIOT. 

(  Commissaires,  MM.  Becquerel,  Peligot.) 

X  Jusqu'à  présent,  disent  les  auteurs,  les  essais  de  plaqué  d'argent  se  fai- 
saient, soit  par  la  coupellation,  soit  par  la  voie  humide.  Le  premier  de  ces^ 
modes  d'analyse  ne  saurait  être  exact,  vu  la  grande  quantité  de  cuivre  unie 
à  l'argent  ;  quant  au  second,  quoique  plus  exact,  il  existe  comme  tous  les 
dosages  par  pesée  un  temps  assez  long.  Nous  avions  essayé  pour  des  pla- 
ques d'un  titre  élevé  d'y  doser  directement  l'argent  au  moyen  de  l'iodure 
d'amidon,  après  dissolution  dans  l'acide  azotique,  mais  pour  les  titres  plus 
faibles  la  coloration  du  cuivre  empêchait  de  saisir  la  fin  de  l'opération.  Il 
nous  fallait,  pour  bien  réussir,  pouvoir  dissoudre  l'argent  du  plaqué  sans  que 
le  cuivre  fût  attaqué;  c'est  ce  que  nous  avons  réalisé  par  la  méthode  nou- 
velle, que  nous  avons  l'honneur  oe  soumettre  à  l'appréciation  de  l'Aca- 
démie.  » 

M.  RoucHER  adresse  de  Philippeville  (Algérie)  une  Note  sur  la  constitu- 
tion des  marnes,  et  en  particulier  de  quelques  marnes  d'Algérie. 

«  L'examen  de  quelques  échantillons  d'argiles  et  de  marnes  apparte- 
nant à  la  partie  supérieure  des  terrains  tertiaires  de  Sétif  (Algérie)  m'a  fait, 
dit  l'auteur,  reconnaître  entre  leurs  éléments  des  rapports  assez  simples 
pour  pouvoir  être  traduits  en  formule,  abstraction  faite  de  l'acide  carboni- 
que uni  aux  bases  terreuses.  En  appliquant  cette  manière  d'envisager  la 
constitution  des  argiles  et  des  marnes  à  celles  dont  la  composition  a  été 
'„  >57.. 


• 


(  laio  ) 
suffisamment  détaillée  pour  cela  par  M.  Berthier  et  M.  Ville,  on  arrive  éga- 
lement, ainsi  que  je  le  montre  dans  la  Note  que  je  soumets  aujourd'hui  au 
jugement  de  l'Académie,  à  des  formules  d'une  remarquable  simplicité,  par- 
fois identiques,  et  qui  permettent  de  rapprocher  toutes  ces  terres,  non-seu- 
lement les  unes  des  autres,  mais  encore  de  types  minéralogiques  parfaite- 
ment définis.    » 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Pelouze  et  d'Archiac. 

M.  Paclet  adresse  deux  nouvelles  Notes  concernant  le  dernier  théorème 
de  Fermât. 

(  Renvoi  aux  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liouville, 

Bertrand.) 

M.  CoLLONGUES,  en  présentant  au  concours  pour  le  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  un  Mémoire  «.  sur  l'emploi  de  la  dynamoscopie  pour  la  constata- 
tion des  décès  »  ,  y  joint  une  indication  des  points  qui  lui  semblent  devoir 
attirer  plus  spécialement  l'attention  de  la  Commission. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  L.  Bax  envoie  de  Lectoure  (Ariége)  une  Note  sur  un  moyen  qu'il  a 
imaginé  pour  la  reproduction  fidèle  des  feuilles  des  végétaux,  contours,  ner- 
vures, pédoncule,  etc. 

Une  Commission  composée  de  MM.  Brongniart  et  Payer  est  invitée  à  pren- 
dre connaissance  de  cette  Note  et  à  faire  savoir  à  l'Académie  si  le  procédé  en 
question  a  en  effet  la  nouveauté  que  lui  suppose  l'auteur. 

M.  Fréd.  Sarlit  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Puissance  des  électro-aimants  employée  comme  force  motrice  dans 
les  bateaux  à  vapeur  ». 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Combes.) 


(     12fl     ) 

CORRESPONDANCE . 

f 
M.  LE  SECRÉTAIRE    PERPETUEL  DE  l'AcADÉMIE  ROYALE  DES  SciENCES  DE  TuRIN^ 

en  adressant  un  nouveau  volume  des  Mémoires,  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  de  deux  nouveaux  volumes  des  Comptes  rendus  et  de  quelques  pièces 
détachées. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  jVaples 

envoie,  poul-  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  le  volume  nouvellement  publié 
des  Mémoires  correspondant  aux  années  i855-57. 

ZOOLOGIE.  —  Sur  l'insecte  qui  a  perforé  tes  balles  en  plomb  de  t armée  française 
en  Crimée  ;  par  M.  Victor  de  Motschulsky. 

M.  LE  Maréchal  Vaillant,  dans  la  séance  du  7  septembre  iSSy,  avait 
mis  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  balles  rapportées  de  l'expédition  de 
Crimée  dans  lesquelles  des  larves  d'insectes  s'étaient  creusé  des  galeries 
pour  y  subir  leur  métamorphose. 

Il  semblait  désirable  de  se  procurer  tous  les  renseignements  possibles  sur 
un  fait  aussi  curieux,  et  il  était  naturel  d'en  attendre  de  recherches'  faites 
en  Russie.  Grâce  à  la  bienveillante  intervention  de  M.  de  Kisselef,  ces 
recherches  ont  été  faites,  et  M.  le  Maréchal  Vaillant  en  vient  communiquer 
aujourd'hui  les  résultats  consignés  dans  un  Mémoire  que  lui  adresse  de 
Saint-Pétersbourg  M.  V.  de  Motschulsky . 

Ce  Mémoire,  qui  renferme  beaucoup  de  détails  déjà  connus  de  l'Acadé- 
mie par  le  Rapport  de  M.  Duméril  (14  septembre  iSSy),  ne  pourrait  à 
raison  de  son  étendue  être  imprimé  en  entier  dans  le  Compte  rendu  ;  nous 
nous  bornerons  en  conséquence  à  reproduire  le  résumé  que  l'auteur  lui- 
même  en  donne  en  terminant. 

«  1 .  Le  phénomène  de  perforation  dans  les  paquets  de  cartouches  en 
Crimée  n'a  pas  été  remarqué  dans  l'armée  russe. 

»  2.  L'insecte  qui  a  causé  les  perforations  dans  le  plomb  des  cartouches 
françaises  est  la  larve  de  VUrocerus juvencus,\Ànné. 

»  3.  Cet  insecte  n'a  pas  encore  été  observé  en  Crimée  par  les  entomolo- 
gistes russes  et  paraît  en  général  fort  rare  en  Russie.  Le  seul  endroit  où  on 
l'ait  trouvé  est,  jusqu'à  présent,  la  Bessarabie  (i). 

(i)  Communication  de  M.  le  capitaine  Radaschkowsky. 


(     f2l2    ) 

»  4.  Au  contraire,  V Urocerus  juvencus  est  fort  commun  en  Allemagne, 
en  Suéde,  en- Angleterre,  où  il  devient  parfois  nuisible  aux  forêts  de  sapins 
et  de  pins  (i).  En  France  il  a  été  constaté  dans  le  Jura  (2). 

«  5.  Les  mœurs  et  les  habitudes  de  cet  insecte  ont  été  observées  par 
plusieurs  entomologistes  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Suède,  et  c'est 
surtout  à  M.  Hartig  qu'on  doit  une  description  très-exacte  et  très-détaillée 
dans  son  ouvrage  sur  les  Tenthrédides  de  l'Allemagne,  paru  en  1837. 

»  6.  V  Urocerus  juvencus,  qui  a  perforé  les  balles  en  plomb  des  cartou- 
ches de  l'armée  française  en  Crimée,  a  été  importé  de  France  dans  le  bois 
dont  étaient  construites  les  caisses  qui  contenaient  ces  cartouches. 

»  7.  Les  perforations  dans  le  plomb  ont  été  faites  avec  les  mandibules 
de  la  larve  de  V  Urocerus  juvencus,  comme  le  font  tous  les  insectes  et  sim- 
plement pour  se  pratiquer  des  galeries  qui,  d'après  les  moeurs  de  notre 
insecte,  doivent  lui  servir  à  se  procurer  sa  nourriture,  à  y  terminer  sa  méta- 
morphose et  à  sortir,  la  tarière  n'ayant  d'autre  usage  que  d'introduire 
dans  le  bois  les  œufs  de  l'animal. 

»  8.  Ces  perforations  n'ont  pas  été  faites  par  un  goût  particulier  de  1  in- 
secte pour  le  plomb,  mais  bien  par  nécessité,  se  trouvant  sur  la  direction  que 
l'insecte  était  forcé  de  prendre.  Les  galeries  étaient  primitivement  toutes  à 
coupe  verticale  ronde,  et  les  balles  qui  en  contiennent  de  semi-cylindriques 
ne  sont  que  des  segments  dont  l'autre  moitié  se  trouvait  dans  le  bois  des 
parois  ou  bien  dans  d'autres  balles  qui  les  avaient  avoisinés  primitivement 
dans  les  caisses. 

»  9.  Les  restes  de  la  larve,  après  la  métamorphose,  ont  été  entraînés 
par  les  particules  de  plomb  vers  le  bas  de  la  caisse,  y  ont  été  réduits  en 
poussière  et  dispersés  à  travers  les  fentes  hors  de  la  caisse. 

M  10.  Les  galeries,  constamment  ouvertes  aux  deux  extrémités,  donnent 
une  preuve  de  plus  que  l'insecte  faisait  dans  le  plomb  la  même  chose  qu'il 
fait  dans  le  bois,  suivant  l'instinct  qui  lui  est  propre  pour  accomplir  le 
cycle  de  son  existence. 


(  I  )  Hartig,  Die  Aderflugei  Deutschlands,  I,  page  3^5  ;  Bechstein,  FoUstàndige  Natiir- 
gescliichte  der  schndlichcn  Forstinsecten ,  III,  page  869,  Remarque;  Stettiner,  Ent.  licitung, 
i856,  page  110;  Raddox,  Transactions  of  the  Ent.  Soe.  of  London,  I,  85,  App.  ;  Hahbis, 
Treatise  on  some  of  the  Inseets  of  New  England  wich  are  injurions  to  végétation,  2"  édition, 
1862,  page  427;  Linné,  Fn.  Suec,  ç)54;  Fabricius,  Syst.  Ent.,  page  826;  De  Geeb,  Ins., 
I,  tab.  36;  Panzer,  Insectenfauna  Deutschlands,  lAl,  17,   Ç. 

(  2)  BoiTAKD,  Manuel  d'Entomologie,  II,  page  21 3. 


(     I2l3    ) 

«  11.  La  larve  de  V Urocems  juvencus  n'a  pas  mangé  le  plomb,  elle  l'a 
seulement  raclé. 

»  12.  L'insecte  parfait  n'a  pas  attaqué  le  plomb,  étant  mort  dans  les 
galeries  mêmes,  aussitôt  après  s'être  complètement  métamorphosé,  ce  qui 
arrive  très-souvent  chez  les  insectes  en  général.  » 

ENTOMOLOGIE.  —  Notice  sur  une  matière  pharmaceutique  nommée  le  Tréhala, 
produite  par  un  insecte  de  la  famille  des  Charançons i  par  M.  Guibourt. 

«  Parmi  les  substances  qui  formaient  la  collection  de  matière  médicale 
de  M.  Délia  Sudda,  à  l'Exposition  universelle  de  i855,  l'une  de  celles  qui 
ont  le  plus  attiré  mon  attention,  a  été  la  matière  nommée  tréhala  ou  tri- 
kala,  qui  était  supposée  venir  de  Trikala,  en  Roumélie;  mais,  suivant 
M.  Bourlier,  pharmacien  aide-major,  qui  a  profité  de  son  séjour  à  Gonstan- 
tinople  pour  se  livrer  à  l'étude  des  productions  naturelles  de  l'Orient,  le 
tréhala  (seul  nom  véritable)  ne  provient  pas  de  la  Roumélie,  et  serait  ori- 
ginaire de  Syrie.  Il  est  aussi  commun  en  Orient  et  d'un  usage  aussi  répandu 
que  le  sont  en  France  le  salep  et  le  tapioka.  On  s'étonne  alors  que  cette 
substance  alimentaire,  remarquable  à  plus  d'un  titre,  nous  soit  restée  jus- 
qu'ici complètement  inconnue. 

»  Le  tréhala  est  une  coque  creuse  évidemment  maçonnée  par  un  in- 
secte; il  est  de  forme  ronde  ou  ovale,  du  volume  d'une  grosse  olive,  plus 
ou  moins,  et  présente,  du  côté  interne,  une  couche  de  matière  blanche, 
compacte,  à  surface  intérieure  unie,  assez  semblable  pour  l'aspect  à  l'en- 
docarpe d'une  pistache.  Cette  couche  compacte  est  recouverte,  du  côté 
extérieur,  de  grains  grossièrement  agglomérés,  qui  lui  donnent  une  surface 
tuberculeuse  et  la  font  ressembler  à  une  praline  blanche.  Les  plus  petites 
coques,  qui  sont  aussi  les  plus  arrondies,  paraissent  presque  entièrement 
fermées  ou  n'offrent  qu'une  fente  longitudinale;  mais  les  plus  grosses  sont 
largement  ouvertes  par  un  bout,  et  offrent  alors  quelque  ressemblance 
avec  la  capsule  tuberculeuse  d'un  gland.  Ajoutons  que  ces  capsules  sont 
souvent  fixées  sur  un  rameau  grêle  d'une  plante  demi-ligneuse,  ou  sont 
entremêlées  de  débris  d'une  feuille  très-cotonneuse  appartenant  à  une 
Carduacée.  Disons  enfin  que,  bien  que  la  plupart  de  ces  coques  soient  pri- 
vées de  l'insecte  qui  lesaconstrvxites  ou  habitées,  un  certain  nombre  le  ren- 
ferment encore.  Cet  insecte  est  un  Coléoptère  tétraméré  voisin  des  Charan- 
çons, et  appartient,  comme  eux,  à  la  famille  des  Curculionides  ou  des 
Rhynchophores. 


(  ii'i4  ) 

»  Le  tréhala  n'a  jamais  paru  en  France  avant  l'Exposition  de  i855;  mais 
on  le  trouve  décrit,  sous  le  nom  de  Schakar  et  ma-ascher,  dans  la  Pharma- 
copée persane  de  Frère  Ange,  de  Toulouse  (i).  La  description,  quoique  suivie 
de  celle  d'un  arbre  impossible,  et  dans  laquelle  plusieurs  végétaux  sont 
confondus,  est  assez  exacte  dans  ce  qui  regarde  le  produit  lui-même,  pour 
qu'il  ne  reste  pas  de  doute  sur  son   identité  avec  le  tréhala. 

»  La  plante  qui  porte  cette  sorte  de  sucre,  suivant  la  détermination  que 
M.  le  professeur  Decaisne  a  bien  voulu  en  faire,  appartient  par  ses  feuilles, 
dont  les  débris  se  trouvent  fixés  aux  coques,  et  par  ses  capitules,  dont  j'ai 
pu  lui  remettre  un  fragment,  au  genre  Echinops,  de  la  tribu  des  Cynarées. 
Cette  plante  ou  une  espèce  très-voisine,  encore  inédite,  se  trouve  dans 
l'herbier  du  Muséum  d'histoire  naturelle.  Elle  a  été  récoltée  par  Olivier, 
entre  Ispahan  et  Téhéran.  Cependant  elle  ne  porte  aucune  marque  de  la 
présence  du  tréhala. 

«  Quant  à  l'insecte,  c'est,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  un  Coléoptère  de  la  famille 
des  Rhynch'ophores,  à  laquelle  appartient  la  Calandre;  mais  bien  différent 
de  celle-ci,  qui,  renfermée  dans  le  grain  de  blé  qu'elle  dévore,  n'en  laisse  à 
l'homme  que  le  son,  l'insecte  du  tréhala  récolte  des  quantités  considé- 
rables de  matière  amylacée,  dont  il  construit  sa  demeure,  et  qu'il  aban- 
donne à  l'homme  après  sa  mort.  Les  entomologistes  les  plus  habiles,  à 
Paris  MM.  H.  Lucas  et  Chevrolat,  à  Londres  M.  Saunders,  comprennent  cet 
insecte  dans  le  genre  Larinus,  dont  plusieurs  espèces  sont  déjà  connues  pour 
vivre  sur  dos  plantes  synanthérées,  ce  qui  leur  valu  le  nom  de  Larinus  cj- 
narœ,  onopordinis,  caidopatii,  scoljmi,  etc.;  mais  aucune  des  larves  de  ces 
espèces  ne  manifeste  l'instinct  d'extraire  l'amidon  de  la  plante  pour  en  con- 
struire sft  demeure  (2).  Cette  circonstance  suffit  pour  établir  que  le  Larinus 
du  tréhala  est  une  espèce  nouvelle  à  laquelle  on  pourrait  donner  le  nom 
de  Larinus  nidificans. 

»  Je  reviens  au  tréhala.  Quoique  les  Persans  lui  donnent  le  nom  de 
sucre  des  nids,  et  qu'il  renferme  en  effet  un  sucre  cristallisable  très-remar- 

(1)  Pharmacopœa  Persica.  Lutetiae  Parisiorum ,   1681  (pages  36i-363). 

(2)  J'ai  longtemps  hésité  à  croire  qu'une  aussi  grande  quantité  d'amidon  pût  être  tirée 
d'une  plante  à  rameaux  grêles  et  demi-ligneux;  mais  en  examinant  les  fragments  de  rameaux 
qui  accompagnent  le  tréhala,  j'ai  vu  que  presque  tous  sont  rongés  d'un  côté  jusqu'au  centre, 
et  qu'ils  offrent  à  l'intérieur  les  restes  d'une  moelle  blanche  devenant  d'un  bleu  noir  par 
l'iode.  La  larve  du  Z<zn««i  entame  donc  les  rameaux  de  V Echinops  pour  se  nourrir  du  sucre, 
de  la  gomme  et  de  l'amidon  qu'ils  contiennent  ;  mais  la  plus  grande  partie  de  celui-ci  est 
dégorgée  pour  servir  à  la  construction  du  nid. 


(    ra.S  ) 
quable  par  ses  propriétés,  néanmoins  le  tréhala  est  de  nature  principale- 
ment amylacée,  ainsi  que  le  montre  un  commencement  d'analyse  que  j'en 
avais  faite  avant  que  M.  Marcellin  Berthelot  se  fût  chargé  de  l'examen  du 
^ucre,  dont  personne  mieux  que  lui  ne  pouvait  établir  les  propriétés.  " 

»  Le  tréhala,  mis  en  contact  avec  l'eau,  se  ramollit,  se  gonfle  et  finit 
par  se  convertir  en  une  bouillie  épaisse  et  mucilagineuse.  En  ajoutant 
beaucoup  d'eau,  la  liqueur  surnageante  est  un  peu  colorée  et  faiblement 
sucrée.  Le  dépôt,  au  lieu  d'être  pulvérulent  et  mobile  comme  une  fécule 
pure,  a  toujours  l'apparence  d'une  bouillie  mucilagineuse. 

w  En  examinant  au  microscope  un  peu  de  cette  bouillie  délayée  dans 
l'eau  et  additionnée  "d'iode,  on  y  trouve  les  parties  suivantes  : 

»  1°.  Un  nombre  considérable  de  globules  irès-peh'fo^  sphériques,  trans- 
parents, incolores,  analogues  à  ceux  qui  constituent  en  partie  les  tuber- 
cules d'orchis  ; 

»  2°.  Des  amas  de  granules  amylacés  de  moyenne  grandeur,  opaques, 
colorés  en  bleu  noirâtre  par  l'iode,  tenus  réunis  par  un  mucilage  ; 

))  3°.  D'autres  granules  amylacés  isolés,  toujours  opaques  et  comme  com- 
posés eux-mêmes  d'une  matière  grenue,  inégalement  colorée  en  bleu  par 
l'iode.  Ces  granules  ont  un  diamètre  égal  à  celui  des  gros  grains  d'amidon 
de  blé  ;  mais  ils  ont  rarement  un  bord  nettement  circulaire.  Le  plus  sou- 
vent le  bord  en  est  irrégulier,  et  d'autres  fois  encore  les  granules  eux- 
mêmes  sont  déchirés  par  fragments  toujours  opaques  et  d'un  bleu  noirâtre. 

»  J'ai  pris  quelques  granules  d'amidon  du  tréhala  et  je  les  ai  fait  bouillir 
dans  une  grande  quantité  d'eau  distillée  pendant  une  demi-heure.  Ils  ont 
été  peu  altérés  dans  leur  forme  et  se  coloraient  toujours  en  bleu  noirâtre 
par  l'iode.  Après  deux  heures  d'une  nouvelle  ébullition,  presque  tous  les 
granules  étaient  divisés  par  fragments  très-irréguliers,  toujours  denses  et  se 
colorant  en  bleu  foncé  par  l'iode.  L'amidon  contenu  dans  la  moelle  de 
VEchinops  est  en  tous  points  semblable  à  celui  du  tréhala  et  se  comporte  de 
même  quand  on  le  fait  bouillir  dans  l'eau. 

»  La  fécule  de  pomme  de  terre,  que  l'on  traite  de  la  même  manière,  se 
dissout  et  disparait  complètement  ;  l'amidon  de  blé  ne  laisse  qu'un  flocon 
léger  que  l'iode  colore  faiblement  en  Violet.  L'amidon  de  VEchinops  ou  du 
tréhala  diffère  donc  beaucoup  de  la  fécule  de  pomoae  de  terre,  et  même  de 
l'amidon  de  blé,  qui  sont  formés  de  couches  concentriques  dont  les  inté- 
rieures sont  facilement  solubles  dans  l'eau  bouillante,  et  dont  les  plus 
extérieures,  quoique  plus  résistantes,  finissent  cependant  par  disparaître 
entièrement  ou  presque  entièrement.  Mais  il  est  analogue  aux  amidons 

C.  R.,  i»58,   i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  ÏS.)  '58 


(    I2l6    ) 

d'orge,  de  sagou  des  Moluques  et  surtout  de  gomme  adraganle,  qui,  plu* 
ou  moins,  sont  formés  d'une  matière  très-dense,  qu'une  longue  ébuUition 
dans  l'eau  ne  peut  pas  complètement  diviser  et  encore  moins  dissoudre. 

»  Je  me  hasarde  à  établir  une  certaine  relation  entre  la  nature  de  l'amidon 
de  VEchinops  et  la  production  du  tréhala.  Si  cet  amidon  était  facilement 
attaquable  par  l'eau,  ou,  ce  qui  en  est  une  conséquence  presque  nécessaire, 
s'il  était  facile  à  digérer,  il  est  probable  que  le  tréhala  n'existerait  pas.  Mais 
cet  amidon  n'étant  pas  digéré  par  ia  larve  de  l'insecte,  celle-ci  doit  ou  ne 
pas  l'avaler  ou  le  rejeter  par  une  sorte  de  dégorgement  ;  de  là  a  pu  naître 
l'industrie  d'en  fabriquer  un  nid. 

1)  Je  terminerai  eu  faisant  connaître  approximativement  les  quantités 
d'amidon,  de  âucre  et  de  gomme  que  contient  le  tréhala. 

»  5o  grammes  de  tréhala  ont  été  traités  à  froid  par  la  quantité  néces- 
saire d'eau  distillée.  L'amidon,  lavé  autant  que  possible  et  séché,  pe- 
sait 33^", 2'].  La  liqueur  filtrée  a  été  réduite  à  un  petit  volume  et  étendue  de 
deux  fois  autant  d'alcool  à  88  centièmes.  La  gomme,  précipitée,  lavée  à 
l'alcool  et  séchée,  pesait  a^%33.  La  liqueur  alcoolique  a  été  évaporée  en 
consistance  de  sirop  épais  ;  après  plusieurs  jours  elle  avait  formé  des  cris- 
taux durs  et  transparents  d'un  sucrequeM.  Berthelota  bien  voulu  se  charger 
d'examiner.  Le  sirop  surnageant  possédait  une  amertume  assez  marquée. 
Evaporé  jusqu'à  former  une  masse  solide,  transparente  et  de  couleur  ambrée, 
il  s'est  transformé,  en  quelques  jours,  en  une  masse  dure,  presque  opaque  et 
cristalline,  à  la  manière  du  sucre  d'orge.  Il  est  évident  que  cette  masse  est 
encore  formée,  en  grande  partie,  de  sucre  cristallisé.  Le  tout  réuni  pe- 
sait i4s%4o. 

«  Le  tréhala  est  donc  composé  approximativement  de 

Amidon 66,54 

Gomme  peu  soluble 4  >^ 

Sucre  et  principe  amer .. .      28,80 

100,00 

»  Il  faut  déduire  des  nombres  précédents  une  quantité  assez  considé- 
rable de  composés  inorganiques  représentés  par  une  cendre  pesant  4*'^>6o 
et  composée  de 

Sels  solubles ,      3 ,0 

Sels  insolubles 1 ,4 

Sable  siliceux 0,2 

4^ 


0:^BSpf'*^ 


'et. 


r* 


(    1217    ) 

»  Les  sels  solubles  sont  composés  de  carbonate,  chlorure  et  sulfate  alca- 
lins, en  quantités  approximativement  égales,  et  d'une  moindre  quantité  de 
phosphate. 

»  La  cendre,  insoluble  dans  l'eau,  mais  soluble  dans  l'acide  chlorhy- 
drique,  était  formée  presque  entièrement  de  carbonate  de  chaux  et  d'une 
petite  quantité  de  fer  probablement  phosphaté.  « 

HELMINTHOLOGIE.  —  Recherchas  sur  le  développement  et  la  propagation  du  tri- 
chocéphale  de  [homme  et  de  [ascaride  lombricoïde;  par  M.  C.  Davaine  (i). 

«  1°.  Le  trichocéphale  dispar  se  lencontre  très-communément  dans  le 
cœcum  chez  l'homme.  D'après  mes  recherches  j'estime  qu'à  Paris  un  indi- 
vidu sur  deux  en  est  atteint.  Le  développement  de  cet  entozoaire  n'a  pas  été 
observé,  et  son  mode  de  transmission  est  tout  à  fait  inconnu.  Dès  i853,  j'ai 
vu  que  des  œufs  du  trichocéphale  étaient  fréquemment  évacués  avec  les 
garde-robes.  L'examen  souvent  réitéré  d'ovules  pris  dans  les  matières  intes- 
tinales des  cadavres  ou  dans  celles  qui  étaient  évacuées  par  ces  malades  me 
permit  de  conclure  que  ces  ovules  n'acquièrent  aucun  développement  dans  [in- 
testin de  [homme  et  qu'ils  sont  toujours  expulsés  dans  [état  oii  ils  se  trouvent  au 
moment  de  la  ponte.  La  connaissance  de  ce  fait  m'a  conduit  à  essayer  d'ob- 
tenir le  développement  des  ovules  placés  dans  de  l'eau,  mais  plusieurs  fois 
mes  tentatives  restèrent  sans  succès.  A  la  fin  du  mois  de  septembre  dernier, 
ayant  recueilli  des  matières  intestinales  qui  renfermaient  un  grand  nombre 
d'œufs  de  trichocéphale,  je  soumis  ces  matières  à  des  lavages  réitérés  pen- 
dant plusieurs  jours  de  suite  et  jusqu'à  ce  que  l'eau  dont  le  dépôt  contenait 
les  ovules  fût  limpide  et  dépourvue  de^toute  odeur.  Le  liquide  fut  renouvelé 
de  temps  en  temps  et  les  ovules  furent  examinés  au  microscope  tous  les  huit 
jours.  Un  certain  nombre  s'altérèrent,  d'autres  se  conservèrent  intacts,  mais 
sans  offrir  aucun  indice  de  développement.  Au  commencement  du  mois 
d'avril  dernier,  c'est-à-dire  après  six  mois  d'attente,  le  vitelluis,  chez  quel- 
ques-uns de  ces  ovules,  se  rassembla  en  une  masse  arrondie  et  acquit  de  la 
consistance,  ce  qui  fut  constaté  par  l'écrasement.  Quelques  jours  après, 
chez  plusieurs  ovules  le  vitellus  se  segmenta  en  deux,  puis  en"quatre  parties. 
La  segmentation  suivit  la  marche  ordinaire,  et  au  commencement  de  mai, 
chez  un  bon  nombre,  le  vitellus  avait  pris  un  aspect  muriforme.  A  partir 


(i)  Celte  Note  est  accompagnée  de  figures  représentant  les  ovules  de  ces  deux  espèces  d'en- 
tozoaires  à  divers  degrés  de  développement  du  vitellus. 

i58.. 


«* 


(    I2l8   ) 

de  cette  époque,  aucun  changement  ne  se  fit  plus  remarquer  jusqu'au 
1  a  juin,  jour  où  j'observai  dans  quelques  ovules  un  embryon  bien  formé  et 
reconnaissable  à  ses  mouvements.  Cet  embryon,  qui  possède  jusqu'à  un 
certain  point  la  forme  de  l'adulte,  est  légèrement  aminci  d'arrière  en  avant; 
sa  longueur  est  d'environ  -^  de  millimètre.  Ainsi,  l'apparition  de  l'em- 
bryon du  trichocéphale  n'a  eu  lieu  qu'après  huit  mois  et  demi  de  séjour  des 
œufs  dans  l'eau. 

«  2°.  Le  8  octobre,  je  recueillis  des  œufe  d'ascarides  lombricoïdes  par 
le  lavage  des  matières  intestinales  d'un  enfant  qui  avait  rendu  plusieurs  de 
ces  entozoaires.  Ces  œufs  furent  conservés  dans  de  l'eau  pure  et  examinés 
de  temps  en  temps,  comme  les  précédents.  Pendant  six  mois  ils  n'offrirent 
aucun  changement.  Le  1 4  avril  dernier_,  je  trouvai  plusieurs  de  ces  œufs  frac- 
tionnés en  deux,  quelques-uns  en  quatre  ;  le  plus  grand  nombre  n'offrait  au- 
cun changement.  Le  3o  avril,  ils  étaient  tous  fractionnés,  mais  à  des  degrés 
plus  ou  moins  avancés;  chezquelques-uns,  le  vitellus  représentait  une  petite 
sphère  mamelonnée;  le  5  mai,  il  était  revenu  réniforme,  enfin  le  "j,  l'em- 
bryon était  apparent.  L'embryon  est  cylindrique,  il  a  l'extrémité  caudale 
brusquement  terminée  en  pointe  ;  sa  longueur  est  de^^  de  millimètre;  on 
ne  voit  pointa  la  bouche  les  trois  tubercules  qui  caractérisent  les  ascarides. 
Depuis  le  7  mai  jusqu'aujourd'hui,  c'est-à-dire  depuis  six  semaines,  les 
embryons  ont  continué  de  vivre  renfermés  dans  la  coque  de  l'œuf;  aucun 
n'en  est  sorti  spontanément. 

')  J'ai  placé  des  ovules  dans  du  suc  gastrique  de  lapin  et  de  chien,  mais, 
malgré  un  séjour  de  trois  et  quatre  jours  dans  ce  liquide,  la  coque  est  restée 
parfaitement  intacte. 

»  Personne,  à  ma  connaissance,  n'a  suivi  le  développement  de  l'œuf  de 
l'ascaride  lombricoïde.  M.  Richter,  au  rapport  de  M.  Kûchenmeister,  ayant 
placé  dans  de  l'eau  des  ovules  de  cet  entozoaire  et  les  ayant  examinés  onze 
mois  après,  trouva  qu'ils  contenaient  chacun  un  embryon  vivant,  mais  il  ne 
put  les  voir  éclore. 

»  Les  ovules  de  l'ascaride  lombricoïde,  comme  ceux  du  trichocéphale, 
sont  évacués  avec  les  fèces,  et  jamais  ils  n'offrent,  avant  d'être  évacués,  la 
moindre  trace  de  développement.  Au  mois  d'octobre  dernier,  des  ovules 
conservés  pendant  quinzejours  à  une  température  presque  constante  de  3o  de- 
gréscentigrades  n'acquirent  aucun  développement.  Ces  mêmes  ovules,  aban- 
donnés dans  un  appartement  à  une  tempérafin-e  qui  ne  dépassa  jamais  16  de- 
grés, se  fractionnèrent  au  mois  d'avril  suivant.  Des  ovules  recueillis  au  mois 
de  janvier  sont  fractionnés  aujourd'hui  et  n'offrent  point  encore  d'embryon; 


(    Ï219   ) 

enfin,  d'autres  ovules  recueillis  le  i"  avril  ne  présentent  encore  aujourd'hui, 
malgré  les  grandes  chaleurs  de  ces  derniers  jours,  aucun  indice  de  dévelop- 
pement. La  température  n'a  donc  pas  d'action  très-notable  sur  le  dévelop- 
pement de  l'œuf  de  l'ascaride  lombricoïde  qui  doit  nécessairement  rester 
un  long  espace  de  temps  en  état  dévie  latente. 

M  De  ces  faits  je  crois  pouvoir  conclure  :  i".  Que  l'œ^if  dutrichocéphaleet 
l'œuf  de  l'ascaride  lombricoïde  se  développent  hors  du  corps  de  l'houinu;; 

a**.  Que  l'apparition  de  l'embryon  n'a  lieu  qu'après  huit  mois  au  moins 
pour  l'un,  et  six  mois  pour  l'autre. 

»  Dans  ce  long  intervalle  de  temps,  les  œufs  du  trichocéphale  et  de  l'as- 
caride lombricoïde  peuvent,  sans  nul  doute,  être  transportés  par  les  pluies 
dans  les  ruisseaux,  les  rivières  et  les  puits  dont  l'eau  se^-t  comme  boisson  ou 
est  employée  dans  la  préparation  des  aliments.  Ces  œufs  complètement  dé- 
veloppés, ou  l'embryon,  peuvent  arriver  par  cette  voie  dans  l'intestin  de 
l'homme  et  y  acquérir  un  développement  ultérieur  et  complet.    » 

r  m 

M.  Elie  de  Beaumont  communique  de  la  part  de  M.  Ch.  Sainte-Claire 
Devitle,  absent  en  ce  moment,  la  Lettre  suivante,  écrite  par  tVI.  Pnlinieri, 
•directeur  de  l'observatoire  du  Vésuve  :     ' 

«  Naples,  12  juin  i858. 

»  Depuis  le  19  décembre  i855,  le  Vésuve  était  resté  en  éruption  conti- 
nuelle, et  vous  aviez  bien  dit  qu'il  semblait  entré  dans  une  période  slrom- 
bolienne  :  mais,  le  27  mai  dernier,  vers  le  point  du  jour,  les  phénomènes  se 
sont  manifestés  avec  une  grande  violence  ;  car,  dans  l'espace  de  deux  jours, 
cinq  fissures  se  sont  ouvertes  sur  les  flancs  ou  vers  la  base  du  cône,  et  toutes 
ont  vomi  ou  vomissent  encore  de  grandes  quantités  de  lave. 

»  Deux  de  ces  fissures  sont  situées  sur  la  pente  du  cône,  l'une  vers  l'est, 
l'autre  vers  l'ouest  :  deux  autres  vers  le  pied  de  la  montagne,  un  peu  au- 
dessus  de  VJtrio  del  Cavallo,  l'une  de  ces  dernières  presque  exactement  sur 
a  ligne  des  bouches  de  i855,  et  l'autre  un  peu  plus  vers  l'occident,  par 
conséquent  au  nord-nord-ouest.  Enfin,  la  dernière  s'est  établie  aussi  vers, 
la  base  du  cône,  au-dessus  du  Piano  délie  Ginestre,  c'est-à-dire  au  sud- 
ouest. 

>>  Les  laves  qui  descendent  de  l'/itrio  del  Cavallo  se  partagent,  à  la  Cro- 
cella,  en  deux  branches,  dont  l'une  se  déverse  dans  le  Fosso  délia  Vetrana 
en  suivant  le  cours  de  la  lave  de  i855,  et  dont  l'autre  passe  aux  Canteroni, 
au  pied  de  l'observatoire.  Les  laves  qui  viennent  de  la  fente  sud-ouest,  et  sur 

•   »■ 


(  laao  ) 
lesquelles  j'ai  vu,  en  moins  de  vingt  minutes,  se  former  et  disparaître  trois 
cônes  éphémères,  se  rendent  directement  dans  le  Fosso  grande  dont  elles 
ont  comblé  la  partie  inférieure,  au  point  de  déborder  sui'  la  route  qui  con- 
duit à  l'observatoire  royal.  Enfin,  celles  qui,  pendant  deux  jours,  sont 
sorties  sur  le  flanc  oriental  se  sont  dirigées  vers  le  Mauro.  Les  laves  qui 
ont  coulé  le  plus  longtemps  et  avec  la  plus  grande  abondance  sont  celles 
qui  sont  venues  de  Y  À  trio  del  Cavallo  et  du  pied  sud-ouest  du  cône.  J'ai  eu 
la  bonne  fortune  d'assister  à  la  formation  de  la  fissure,  à  la  première  sortie 
de  la  lave,  et  à  l'établissement  des  cônes  parasites. 

»  J'ai  imaginé  et  fait  exécuter,  dans  la  tour  de  l'observatoire,  un  séismo- 
graphe électro-magétique,  que  M.  de  la  Rive  a  décrit  dans  le  troisième 
volume  de  son  excellent  Traité  de  l'Electricité.  Cet  instrument  signale  à 
l'observatoire  les  plus  faibles  secousses  de  tremblements  de  terre,  en  indi- 
quant l'heure  précise,  la  nature  de  la  secousse,  etc.  Au  moyen  de  cet  appa- 
reil, j'ai  pu  savoir  que,  depuis  deux  à  trois  mois,  les  secousses  locales 
étaient  fréquentes,  et,  bien  que  l'éruption  ait  commencé  avec  une  merveil- 
leuse tranquillité,  une  secousse  locale  a  eu  lieu  au  même  moment  que 
l'apparition  de  la  première  fissure.  Pendant  l'éruption,  la  terre  tremblait 
de  temps  à  autre;  et  quand,  vers  le  huitième  Jour,  elle  parut  avoir  cessé, 
les  secousses  continuaient  encore  :  aussi  l'incendie  s'est-il  ranimé  et  il  dure 
encore. 

»  Sur  la  lave  en  mouvement  et  dans  les  fumerolles  colorées  on  n'obsei've 
absolument  aucune  odeur  d'acide  chlorhydrique.  Ayant  fait  passer  la 
vapeur  dans  l'eau  distillée,  et  condensé  la  vapeur  elle-même,  je  n'ai  trouvé 
dans  le  liquide  que  des  chlorures  alcalins,  tandis  que  les  fumerolles  les 
plus  voisines  des  bouches  et  placées  sur  la  lave  déjà  solidifiée  donnent 
l'odeur  d'acide  sulfureux. 

»  J'ai  recueilli  déjà  un  grand  nombre  de  faits  que  je  vous  ferai  connaître 
prochainement.  Je  poursuis  avec  persévérance  mes  études  sur  les  fume- 
rolles de  la  lave  de  i855,  qui,  avant  le  a4  mai  dernier,  avant  d'être  re- 
couverfe  par  la  nouvelle  lave,  avaient  encore  en  quelques  points  une 
,  température  de  3oo  degrés.  C'est  là  que  j'ai  découvert  la  Cotunnite  dont 
M.  Scacchi  vous  a  entretenu  dernièrement  et  vous  a  envoyé  des  échan- 
tillons. 

»  Je  continue  aussi  mes  observations  sur  l'électricité  atmosphérique 
commencées  en  i85j,  au  moyen  de  mon  appareil  à  conducteur  mobile, 
que  vous  connaissez,  et  qui  vient  d'être  couronné  par  l'Académie  des 
Sciences  de  l>!sbonnp.  » 


(   laai   ) 

M.  Èlie  de  Beaumont  communique  également  de  la  part  de  M.  Cli. 
Sainte-Claire  Deville,  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  adressée,  le  i5  juin,  à 
M.  Ch.  Laurent,  par  M.  Maucjet,  directeur  des  sondages  artésiens  de  Naples: 

«  Le  Yésuve  parcourt  sa  dernière  période  éruptive,  et  il  est  aujourd'hui 
presque  éteint.  Faites  savoir  à  M.  Deville  que  la  Punta  del  Palo  s'est  af- 
faissée d'une  manière  sensible;  certains  journaux  ont  dit  de  200  palmes, 
mais  ils  ont  considérablement  exagéré.  Ce  que  j'ai  trouvé  de  particulier  à 
cette  éruption,  c'est  que  la  masse  lavique  vomie  a  été  énorme,  et  que, 
comparativement,  le  dégagement  de  gaz  a  été  presque  nul.  Avant  hier  ên- 
4fcore  la  lave  coulait  à  flots,  et  l'on  apercevait  à  peine  quelques  filets  blan- 
châtres de  fumée,  de  place  en  place,  sur  différents  points  de  la  coulée.  Nous 
avons  eu  aussi  beaucoup  d'intermittences,  qui  ont  forcé  les  nouvelles  cou- 
lées à  se  mouler  sur  les  premières;  ce  qui  explique  la  grande  hauteur  at- 
teinte par  la  lave  en  certains  points.  C'est  aussi  là  le  motif  qui  a  empêché  la 
lave  liquide  d'arriver  jusqu'à  la  mer  et  de  dévaster  Portici  et  Résina.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Mémoire  sur  le  développement  des  fonctions  en 
séries  ordonnées  suivant  les  dénominateurs  des  réduites  d'une  fraction  continue  ; 
par  M.  E.  Rouché.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«    1.  Soit  la  fraction  rationnelle 

oùf{x)  et  F  [x)  sont  deux  polynômes  de  degrés  n  et  ni-hi .  Supposons  m 
supérieur  ou  au  moins  égal  à  n,  et  désignons  par  ^0,  j?,,  j?j,...,x,,...,x„, 
les  m-hi  racines  (supposées  inégales)  de  l'équation  ¥  (x)  =0.  Posons 
d'ailleurs 


F'(x,) 


=  P„ 


de  telle  sorte  que  l'on  ait,  par  la  formule  connue  de  la  décomposition  d'une 
fraction  rationnelle  en  fractions  simples. 


/{■^ 


F(x) 


»  La  recherche  du  plus  grand  commun  diviseur  de  /(  a?)  et  F  [x],  effec- 
tuée en  changeant    le   signe  du   reste   dans   chaque   opération    partielle 


(     1222    ) 

(comme  cela  se  pratique  dans  le  tliéorème  de  Sturm),  conduit  aux  rela- 
tions 

F=/,Q.-R„ 

/=R,Q,-R„ 
R,  =  R2Q3  —  Rj, 


(2) 


R*_2  =  Ra-i  Qa  —  Raî 


(3] 


Fêtant  du  degré  /n-f-i,  et  f  du  degré  n,  les  restes  R,,  Rj,...,  Ra,,.-i 
R«-t>  Rn5  sont  respectivement  des  degrés  n  —  ï,n  —  i,...,n  —  A,....,  1,0; 
le  quotient  Q,  est  du  degré  m  —  « -f-i  ;  les  autres  quotients  Qt,...,  Q„+,, 
sont  linéaires  ;  nous  désignerons  en  général  par  ç^  le  coefficient  du  premier 
terme  de  Q*.  Enfin  si  l'on  représente  par 

N;t(.r) 

la  réduite  de  rang  A  dans  la  fraction  continue  (3),  D^  sera  un  polynôme  du 
degré  m  —  n  -h  k. 

»  2.  Ces  préliminaires  établis,  voici  la  question  que  je  me  propose  de 
traiter  : 

V  Connaissant  les  m-+-i  valeurs  f  (JCo)>  y  (•^1  )'•••' ?  {"^m)-,  d'une  fonction 
entière  et  du  degré  m,(f  [x),  développer  cette  fonction  en  une  suite  ordonnée 
suivant  les  dénominateurs  D/,  [x)  des  réduites  de  la  fraction  continue  (3),  et 
étudier  tes  propriétés  de  ce  développement. 

»  Lorsque  l'on  cherche  à  résoudre  ce  problème,  on  est  conduit  à  distin- 
guer deux  cas,  suivant  que  dans  la  fraction  rationnelle  (1)  le  degré  du  nu- 
mérateur est  inférieur  d'une  ou  plusieurs  unités  au  degré  du  dénominateur. 

»  Dans  le  premier  cas,  le  problème  est  possible  et  déterminé  ;  il  est  ré- 
solu par  la  formule 

OÙ  l'on  suppose  Dq  (  J?)  =  i . 


(  laaS  ) 
»  Dans  le  second,  ]es  coefficients  inconnus  de  Do(jr),D,  (a:),...,  D„  (x), 
dépendent  d'un  système  linéaire  surabondant,  et  le  problème  proposé  est 
impossible.  Le  meilleur  parti  à  prendre  consiste  à  traiter  ce  système  par  la 
méthode  des  moindres  carrés  en  supposant  le  même  poids  aux  valeurs  don- 
nées de  f  (Xo),  9  (x, ),...,  f  (ar,„).  On  obtient  de  cette  manière  une  valeur 
approchée  de  tp'  [x],  sous  la  forme  d'un  polynôme  ordonné  suivant  les  dé- 
nominateursDo  [x),  D,  (a?),...,  D„  [x).  En  examinant  alors  de  près  la  com- 
position des  coefficients,  et  revenant  au  premier  cas,  on  voit  que  parmi 
toutes  les  fractions  rationnelles  susceptibles  de  conduire  à  une  représentation 
exacte  de  f  {x),  c'est-à-dire  parmi  toutes  les  fractions  rationnelles  dont  le  numé- 
rateur est  d'un  degré  inférieur  dune  unité  au  degré  du  dénominateur,  la  fraction 

OÙ  X  est  un  facteur  constant,  jouit  de  cette  propriété  remarquable  :  si  dans  le  dé- 
veloppement correspondant 

(B)  ?(x)=  2  [>^'/*+.D*(^)  2  T>,{Xi),f{xi)^, 

k—O  i=0 

on  ne  prend  que  les  premiers  termes,  en  nombre  quelconque  p-h  i ,  on  obtient 
une  valeur  approchée  de(p  [x)  qui  est  de  tous  les  polynômes  z  entiers  et  ration- 
nels du  même  degré  p,  celui  qui  rend  minimum  la  somme  des  carrés  des  erreurs 

»   5.    Pour  X  =  I ,  c'est-à-dire  dans  le  cas  de  la  fraction 

F(x)_  y  i_ 

F(.rj  ~  2éi3:  —  Xi' 

on  a  la  formule 

(C)  t(-^)=  2  [îAH-.D,(a-)  2.  Dk{Xi)(p{xi)j. 

qui  avait  été  indiquée  à  priori  et  sans  démonstration  par  M.  Tcbebichef, 
dans  une  Note  lue  à  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg,  et  insérée  dans  le 
tome  LUI  du  Journal  de  Crelle. 

»  4.  Enfin  en  adoptant  pour  Xq,  x,,  .  .  .,  x^  des  nombres  croissant  par 

c.  R.,   i858,  I"  Semestre.  {T.  XLVl,  N»  2S0  '  ^9 


(   i2a4  ) 
degrés  égaux  et  insensibles  de  — i  à  +i,  on  trouve,  comme  cas  particu- 
lier de  la  formule  (B),  le  développement  connu 

n=:00 

(D)  <f{x)  =  '^'-n{n-^i)X„£'\:f(x')dx', 

n=o 

suivant  les  fonctions  X„  de  Legendre. 

»  Ces  fonctions  sont  ici  fournies  par  le  développement  en  fraction  con- 
tinue de  l'expression 

hm  > =  log , 

que  l'on  peut  mettre  sous  la  forme  remarquable 

,  X  +1    I  1  I 


'a: — I        XjXi        aXiXj        3X,  X3  /rX„_|X„ 

»  Il  résulte  d'ailleurs  de  la  propriété  énoncée  au  n"  2  que  la  somme  des 
P  -h  i  termes  du  développement  (D)  est  paimi  toutes  les  fonctions  z  rationnelles 
et  entières  du  même  degré  p  celle  qui  rend  minimum  la  valeur  moyenne 


[(p{x)-zYdûc, 


de  [erreur  (p  [x)  —  z  prise  depuis  x=  — i  jusqu'à  x  =  -\-i;  proposition 
qu'on  peut  démontrer  d'ailleurs  directement  comme  la  fait  M.  Plarr  dans 
une  Note  présentée  à  l'Académie  des  Sciences,  le  1 1  mai  iSSy. 

j)  o.  Tels  sont  les  principaux  résultats  démontrés  dans  ce  Mémoire,  où 
l'on  trouvera  en  outre  une  étude  détaillée  de  la  fraction  continue  (3),  les 
propriétés  les  plus  importantes  de  la  série  de  quatre  éléments  considérée  par 
Gauss  dans  le  second  volume  des  Mémoires  de  Gôtlingue,  et  enfin  un  procédé 
nouveau  et  général  de  recherche  des  propriétés  des  fonctions  X„. 

»  Note.  —  M.  J.  Bertrand  vient  de  me  communiquer  le  cahier  des  An- 
nales de  Tortolini  qui  a  paru  ces  jours  derniers,  et  où  M.  Brioschi  démontre 
la  formule  (A).  Mon  Mémoire  était  entièrement  rédigé  et  avait  été  lu  par 
MM.  J.  Bertrand  et  O.  Bonnet,  mes  anciens  maîtres,  il  y  a  plus  d'un  mois, 
c'est-à-dire  avant  la  publication  du  Journal  cité.  D'ailleurs,  dans  sa  Note 
rapide,  M.  Brioschi  ne  parle  que  de  la  formule  (A),  et  ne  dit  rien  du  cas 
où /n  est  plus  grand  que  «,  ni  des  propriétés,  si  importantes,  relatives  aux 
moindres  carrés,  aux  fonctions  X„,  etc.  » 


(   I2a5  ) 

PHYSIQUE,  — Influence  diC  magnétisme  sur  les  décharges  électriques  et  mouvement 
rotatoire  de  l'arc  lumineux.  (Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Regnault 
par  M.  Zantedeschi.) 

«  Dans  la  séance  du  17  mai  i,858  vous  présentiez  à  l'Académie  des 
Sciences  l'extrait  d'une  Lettre  de  M.  de  la  Rive,  «  Sur  l'influence  du  magné- 
tisme sur  les  décharges  électriques  et  sur  les  phénomènes  qui  en  résultent  ». 
Cet  extrait  rappelle  à  la  fois  les  travaux  précédents  de  cet  illustre  physicien, 
lesquels  remontent  à  1 8/(9,  et  ont  été  insérés  dans  le  tome  XXIX,  page  4  '  2, 
des  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences  de  Paris,  et  ceux  du  physi- 
cien de  Bonn,  M.  Plûcker,  qui  ont  été  publiés  dans  le  n"  r  des  Annalen 
der  Physik ,    1 858  ,  et  Archives  des  Sciences  physiques,  avril  1 858,  page  367. 

i>  Permettez-moi,  Monsieur,  d'ajouter  que  je  me  suis  occupé  de  ce  sujet 
même  avant  1847. 

»  En  portant  une  attention  particulière  sur  le  caractère  pulsatoire  ou 
au  moins  discontinu  du  courant  voltaïque  qui  parcourait  les  spirales  de 
Watkins  [Recueil  italien  de  Physique  et  de  Chimie,  tome  II,  page  482,  année 
1847),  j  ''*'  constamment  observé  qu'au  pôle  sud  de  l'aimant  le  scintille- 
ment paraissait  plus  fort  lorsque  le  courant  était  dirigé  de  la  spirale  au  petit 
vase  de  mercure,  et  que,  vice  versa,  au  pôle  nord  de  l'aimant  c'était  le  con- 
traire qui  arrivait.  Craignant  que  cela  piit  tenir  à  quelque  particularité  des 
deux  spirales,  je  les  changeai  de  pôles,  mettant  celle  qui  était  au  pôle  sud 
de  l'aimant  au  pôle  nord,  et  celle  du  pôle  nord  au  pôle  sud,  et  j'ai  observé 
toutefois  la  constance  des  effets  indiqués,  d'où  je  conclus  à  une  relation 
électro-magnétique  ;  relation  sur  laquelle  je  ne  crois  pas  maintenant  devoir 
me  déclarer,  écrivais-je,  parce  qu'elle  se  lie  à  l'état  moléculaire,  à  propos 
duquel  je  ne  pourrais  tout  au  pUis  ajouter  qu'une  hypothèse  à  celles  qui 
ont  été  annoncées  par  les  physiciens  au  sujet  du  magnétisme  et  de  l'électro- 
magnétisme. 

»  Je  ne  doute  pas.  Monsieur,  que  vous  qui  avez  présenté  à  l'Académie 
des  Sciences  la  Lettre  sur  les  travaux  de  M.  de  la  Rive,  ne  veuillez  avoir 
assez  d'obligeance  et  de  justice  pour  moi  pour  présenter  aussi  à  l'Académie 
mon  Expérimentation  originale  publiée  dès  l'année  1847,  c'est-à-dire  deux 
ans  avant  la  publication  de  celle  de  M.  de  la  Rive.  On  parle  aussi  dans  ces 
mêmes  expériences  de  M.  de  la  Rive,  »  d'une  nappe  cylindrique  lumineuse 
»  presque  continue  qui  tourne  avec  une  grande  rapidité,  mais  dont  le  mouve- 
»  ment  est  plus  difficile  à  saisir  à  cause  de  sa  continuité.  »  Je  me  suis  occupé,  dès 

159.. 


(  laaô  ) 
1 844î  du  mouvement  rotatoire  de  l'arc  lumineux  sans  intervention  de  magné- 
tisme, et  le  célèbre  Berzelius,  de  Stockholm,  m'écrivait  en  date  du  22  novem- 
bre 1844  •  "  Votre  expérience  sur  le  mouvement  rotatoire  de  l'arc  lumineux 
»  produit  par  la  décharge  hydro-électrique  entre  deux  pointes  de  charbon 
»  m'a  vivement  intéressé.  »  Et  les  années  suivantes:  1846,  47?  48,  49,  53, 
54,  55  et  56,  j'ai  poursuivi  avec  la  plus  vive  insistance  mes  recherches  sur 
le  mouvement  rotatoire  de  l'axe  lumineux.  T'en  ai  décrit  toutes  les  particu- 
larités dans  mon  dernier  Mémoire  :  Du  mouvement  rotatoire  de  tare  lumi- 
neux de  l' électromoteur  voltàique,  lu  à  l'Académie  impériale  des  Sciences  de 
Vienne,  à  la  séance  du  19  juin  i856. 

»  Toutes  ces  recherches  ont  produit  pour  moi  les  plus  douces  consola- 
tions de  l'esprit,  mais  par  l'influence  de  trop  d'activité  visuelle,  elles  m'ont 
apporté  les  plus  amères  conséquences  de  mon  enseignement.  Vous  voudrez 
bien,  Monsieur,  je  l'espère,  me  donner  la  consolation  de  présenter  aussi 
mes  recherches  à  l'Académie  des  Sciences  qui  daignera  accueillir  favorable- 
ment les  efforts  et  les  études  d'un  malheureux  professeur  qui  s'est  sacrifié 
à  la  science  en  devenant  le  martyr  de  cette  lumière  qu'il  n'a  pas  inutilement 
examinée  pendant  tant  d'années.  » 

M.  Élie  de  Bemtmont  présente,  au  nom  de  M.  le  professeur  Zantedeschi, 
deux  nouveaux  Mémoires  sur  l'acoustique  [voir  au  Bulletin  bibliographique) 
et  lit  les  passages  suivants  de  la  Lettre  d'envoi  : 

a  Je  me  suis  préparé  à  ces  études  à  la  fin  de  i852,  époque  à  laquelle  je 
visitai  Paris  pour  la  première  fois.  C'est  alors  que  je  pris  une  connaissance 
exacte  des  travaux  que  la  science  doit  aux  grands  physiciens  qui  ont  honoré 
et  honorent  la  France.  J'ai  fait  construire  les  meilleurs  appareils  sur  le  mo- 
dèle de  ceux  que  possèdent  le  Collège  de  France,  le  Musée  des  Arts  et  Mé- 
tiers et  d'autres  établissements  scientifiques.  Les  conférences  que  j'ai  eues 
avec  les  plus  éminents  acousticiens  de  la  France  et  de  l'Allemagne  pendant 
les  années  i853,  i854  et  i855  m'aplanirent  singulièrement  la  voie.  Revenu 
dans  mon  pays,  aux  modèles  des  écoles  j'en  ajoutai  d'autres  de  mon  inven- 
tion propre.  Vous  voyez  par  là  que  ces  recherches  ne  sont  pas  improvisées, 
mais  sont  plutôt  le  fruit  de  longues  méditations,  de  mes  voyages  et  de 
mes  dispendieuses  expériences. 

»  Voici  les  conclusions  importantes  auxquelles  je  suis  arrivé  dans  le  Mé- 
moire VII  : 

w   1".  La  longueur  et  la  vitesse  de  la  colonne  d'air  vibrant  dans  les  tuyaux 


(     1227    ) 

ne  sont  pas  égales  k  celles  qui  ont  été  déterminées  par  les  physiciens  dans 
un  espace  indéfini. 

»  2°.  Le  nombre  des  vibrations  n'est  pas  toujours  en  raison  inverse  de 
la  longueur  du  tuyau,  mais  seulement  quand  on  opère  avec  des  tronca- 
tures ou  des  diaphragmes. 

»  3".  L'influence  de  la  variation  du  côté  de  la  section  qui  représente 
la  profondeur  est  moindre  que  l'influence  du  côté  qui  représente  la  lon- 
gueur du  tuyau. 

»  4°-  Les  variations  du  côté  qui  représente  la  largeur  du  tuyau  n'ont 
pas  d'influence  sur  le  son  quand  elles  correspondent  à  des  variations  égales 
dans  la  largeur  de  la  bouche;  il  n'en  est  plus  de  même  quand  les  variations 
de  l'une  ne  sont  pas  égales  aux  variations  de  l'autre. 

»  5".  La  direction  du  courant  d'air  sur  la  lèvre  supérieure  de  la  bouche 
concourt  à  donner  au  ton  son  degré  d'élévation. 

»  6°.  La  position  de  la  bouche  par  rapport  à  l'axe  du  tuyau  n'est  pas 
indifférente  pour  la  production  du  son  et  sa  tonalité,  et  qu'il  y  a  une  posi- 
tion déterminée  par  la  pratique  qui  concourt  à  donner  le  son  le  plus  net  et 
le  plus  précis.  :  ;        . 

).  7°.  L'influence  de  l'ouverture  de  la  bouche  est  plus  grande  que 
celle  que  l'on  admet  communément  dans  les  Traités  de  Physique.  J'ai  pu 
faire  monter  le  son  de  32  pieds  jusqu'au  delà  de  j  de  pied  en  gardant  les 
mêmes  dimensions  du  tuyau  et  en  variant  seulement  l'impulsion  de  l'air. 

))   Dans  le  Mémoire  VIII,  j'ai  fait  voir  que  : 

..  i*".  Avec  la  note  fondamentale  on  a  une  seule  onde  vibratoire  égale  à 
la  longueur  entière  du  tuyau; 

»  2°.  Avec  l'octave  aiguë  on  a  deux  ondes  vibratoires  contiguës  au  mi- 
lieu du  tuyau;  .    • 

»  3°.  Avec  la  douzième  note  on  a  trois  ondes  vibratoires  de  même  lon- 
gueur ; 

»  4°-  Avec  la  quinzième,  on  a  quatre  ondes  vibratoires  égales  ; 

»  5°.  L'inaltérabilité  du  ton  dans  les  tuyaux  à  trous  et  troncatures  cor- 
respond à  peu  près  à  la  position  des  plans  nodaux  indiqués  par  du  sable 
dans  mes  expériences  sur  les  tuyaux  et  les  membranes,  mais  non  à  la  posi- 
tion des  ventres  ; 

»  6".  Il  existe  un  mouvement  progressif  ondulatoire  dont  l'intensité  dé- 
croît de  plus  en  plus  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  la  bouche  :  ce  fait  explique 
pourquoi  la  discordance  qu'on  découvre  entre  la  théorie  et  les  résultats 
obtenus  avec  des  tuyaux  et  des  membranes  et  ceux  qu'on  obtient  avec  des 


(    1228    ) 

trous  et  des  troncatures  est  assez  considérable  aux  environs  de  la  bouche, 
moindre  ou  presque  nulle  à  l'extrémité  opposée;  l'opinion  des  praticiens 
sur  la  facilité  de  détonner  avec  les  trous  rapprochés  de  l'embouchure  plutôt 
qu'avec  ceux  qui  en  sont  éloignés  a  sa  raison  dans  le  fait  que  je  viens  d'in- 
diquer; 

»  7°.  Le  mouvement  progressif  constaté  par  la  déflexion  d'une  flamme 
placée  en  dehors  ou  en  dedans  du  tuyau  est  mixte,  c'est-à-dire  en  partie 
direct  el  en  partie  réfléchi,  comme  le  prouvent  la  direction  du  courant 
d'air  oblique  sur  l'axe  du  tuyau  et  la  nécessité  d'avoir  une  paroi  opposée  à 
à  la  bouche.  » 

Ces  deux  nouveaux  Mémoires  sont  renvoyés,  comme  l'avaient  été  les  pré- 
cédents, à  M.  Cagniard  de  Latour  avec  invitation  d'en  faire  l'objet  d'un 
Rapport  verbal. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  t acide  lactique;  par  M..  Ad.  Wcrtz. 

«  La  constitution  et  le  vrai  équivalent  de  l'acide  lactique  sont  encore 
l'objet  de  quelques  doutes.  A  l'exemple  de  Gerhardt,  la  plupart  des  chimistes 
ont,adopté  pour  cet  acide  la  formule 

et  l'envisagent  comme  bibasique.  Cependant  le  fait  de  sa  formation  aux 
dépens  des  éléments  de  l'alanine  C°  H'  AzO*  semble  indiquer  qu'il  ne  ren- 
ferme que  6  équivalents  de  carbone.  M.  Strecker,  à  qui  l'on  doit  cette  cu- 
rieuse observation,  a  exprimé  l'opinion  que  l'acide  lactique  qui  existe  dans  le 
liquide  musculaire  renferme  C*  H'  O",  tandis  que  celui  qu'on  obtient  dans 
la  fermentation  lactique  possède  un  équivalent  représenté  par  la  formule 

C'est  ce  dernier  acide  qui  a  fait  le  sujet  de  mes  recherches.  Je  vais  essayer 
de  montrer  qu'il  ne  renferme  que  6  équivalents  de  carbone,  que  sa  consti- 
tution est  représentée  par  la  formule 

H''       j 

qu'il  est  bibasique  et  qu'en  définitive  c'est  un  des  acides  les  plus  simples  de 
la  chimie  organique.  Voici  les  faits  sur  lesquels  j'appuie  mon  opinion, 

»  J'ai  établi,  il  y  a  quelque  temps,  que  l'acide  lactique  est  un  des  pro- 
duits de  l'oxydation  lente  du  propylglycol  C*  H'O*  sous  l'influence  du  noir 


(     1229    ) 

de  platine.  Ayant  répété  cette  expérience,  j'ai  pu  préparer  plusieurs  grammes 
de  lactate  de  zinc.  Les  cristaux  que  j'ai  obtenus  étaient  efflorescents  et  ont 
perdu  à  l'air  17,1  pour  100  d'eau.  Le  sel  effleuri  a  perdu  à  100  degrés 
18,7  pour  100  d'eau  =  3  équivalents  d'eau.  Un  autre  échantillon  ne  s'est 
pas  effleuri,  n'a  rien  perdu  à  l'air  et  a  laissé  dégager  à  100  degrés  18,1 
pour  100  d'eau  de  cristallisation.  Une  partie  de  ce  sel  a  exigé  pour  se 
dissoudre  5a  parties  d'eau  à  4  degrés.  L'alcool  bouillant  en  a  dissous  une 
petite  quantité  ;  par  le  refroidissement  une  portion  du  sel  s'est  déposée  en 
flocons.  Le  sel  sec  a  donné  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

»  o5%4o8  de  sel  sec  ont  donnée, 438  d'acide  carbonique  et  0,1 53  d'eau. 


Carbone.  .  . 
Hydrogène . 


Lpérience. 

Théorie. 

0  H'  Zn  0« 

29.4 

29,6 

4,' 

4,1 

On  voit  par  cette  nouvelle  analyse  que  ce  sel  est  du  lactate  de  zinc.  Par  ses 
caractères,  il  se  rapproche  plutôt  du  lactate  dezincordinaireC  H' ZnO°,  3  HO 
que  de  celui  qu'on  peut  préparer  avec  l'acide  extrait  du  liquide  musculaire. 
Cependant  il  m'est  impossible  pour  le  moment  de  trancher  cette  question, 
n'ayant  pas  pu  me  procurer  jusqu'ici  des  quantités  un  peu  notables  du 
sel  en  question.  L'opération  qui  le  fournit  et  dont  j'indiquerai  les  détails 
dans  mon  Mémoire  sur  les  glycols  est  en  effet  très-délicate  :  il  arrive  sou- 
vent que  l'oxydation  du  propylglycol  par  le  noir  de  platine  marche  trop  loin 
et  qu'on  obtienne,  à  la  place  de  l'acide  lactique,  de  l'acide  glycolique  ou 
même  de  l'acide  carbonique.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  fait  lui-même  de  la  for- 
mation lactique  dans  la  réaction  dont  il  s'agit  peut  être  considéré  comme 
établi. 

»  Ce  mode  de  formation  est  très-simple  et  tout  à  fait  comparable  à  celui 
de  l'acide  acétique,  par  l'oxydation  de  l'alcool  : 

C*  H"  O»  +  O»  =  C*  H*  O* -^  2HO 

Alcool.  Acide  acétique. 

C«  H«  O*  +  G*  =  C  H*  O"  -h  2HO 

Propylglycol.  Acide  lactique. 

»  Lorsque  l'alcool  se  transforme  en  acide  acétique,  nous  admettons  que 
l'oxygène  se  porte  sur  le  radical  éthyle  C*  H',  qui  se  modifie  par  substitution 
pour  se  transformer  en  acétyle  C*  H'  O^.  Il  est  permis  de  penser  que  les 
choses  se  passent  de  la  même  manière  dans  l'oxydation  du  propylglycol 


(   i23o  ) 

CH'  1 
g,  |0*.  Le  radical  diatomique  C°  H",  en  se  modifiant  par  substitution, 

devient  du  lactyle  C*  H*  O*.  Il  en  résulte  que   la  constitution  de  l'acide 
lactique  serait  exprimée  par  la  formule 

C«  H'  O'  1 
H'       i 

J'adopte  cette  formule,  et  je  vais  prouver  qu'elle  est  justifiée  par  les  transfor- 
mations que  l'on  peut  faire  subir  à  l'acide  lactique. 

»  Lorsqu'on  distille  du  lactate  de  chaux  bien  sec  avec  deux  fois  son 
poids  de  perchlorure  de  phosphore,  il  passe  un  liquide  incolore,  mélange  de 
chloroxyde  et  de  chlorure  de  lactyle  G"  H*  O',  C\\  11  est  difficile  d'obtenir 
ce  chlorure  à  l'état  de  pureté  ;  car  il  se  décompose  en  partie  par  la  distilla- 
tion. Cependant  les  analyses  suivantes  ne  laissent  aucun  doute  sur  son 
existence  et  sur  sa  composition  : 

Eipériences.  Théorie. 

I.  H.  m 

Carbone 27,6         27,6         29,3        28,3 

Hydrogène 3,3  3,i  3,3  3,i 

Chlore »  »  5o,4        55,9 

»  Le  chlorure  de  lactyle  est  un  liquide  incolore  au  moment  de  sa  prépa- 
ration, mais  qui  noircit  bientôt  lorsqu'on  le  conserve,  en  dégageant  de 
l'acide  chlorhydrique  (i).  Son  point  d'ébullition  est  situé  au-dessus  de  celui 
du  chloroxyde.  Au  contact  de  l'eau,  il  se  décompose  en  formant  de  l'acide 
chlorhydrique  et  en  régénérant  de  ra«àde  lactique.  J'ai  préparé  une  quan- 
tité notable  de  lactate  de  chaux  ainsi  régénéré. 

»  Le  chlorure  de  lactyle  réagit  d'une  manière  très-énergique  sur  l'alcool 
absolu.  Il  se  forme  de  l'acide  chlorhydrique,  de  l'éther  chlorhydrique  et 
un  éther  chlorolactique  dont  on  trouvera  l'analyse  plus  loin.  L'eau  le  pré- 
cipite du  liquide  alcoolique  au  sein  duquel  il  s'est  formé.  Il  est  facile  d'en- 
préparer  de  grandes  quantités  en  traitant  par  l'alcool  le  mélange  de  chlorure 
de  lactyle  et  de  chloroxyde  de  phosphore  obtenu  par  l'action  du  perchlo- 
rure sur  le  lactate  de  charix.  L'eau,  ajoutée  au  liquide  alcoolique,  dissout 
l'éther  phosphorique  formé  et  précipite  l'éther  chlorolactique. 

)>  Ce  dernier  composé  est  un  liquide  doué  d'une  odeur  aromatique  très- 
agréable.  Sa  densité  à  zéro  est  de  i  ,097.  Il  distille  sans  altération  vers  1 5o  de- 


(1)  L'analyse  n"  III  se  rapporte  ii  un  liquide  (|ui  se  trouvait  dans  ces  conditions. 


(  «aS.  ) 
grés.  Il  renferme 

Expériences.  Théorie. 

I  H 

Carbone 43,8  44, o^                          c 44,2 

Hydrogène.  .  .       6,7                   6,6                          H» 6,6 

Chlore »  25,6                          CI 26,0 

Oxygène »                         .-                               O^ 28,2 

»  Ces  nombres  s'accordent  avec  la  formule  , 

C'OH'CIOS 

qui  a  été  confirmée  par  la  densité  de  vapeur  du  composé.  L'expérience  a 
donné  pour  cette  densité  le  nombre  4,9-  La  densité  théorique  correspon- 
dant à  la  formule  précédente  pour  une  condensation  en  4  volumes  est  de  4,7. 
«  L'éther  chlorolactique  prend  naissance  en  vertu  de  la  réaction  sui- 
vante :  * 

C«H*0«CP  +  2C*H«0'  =  C*H=C1+  H^O= 

Chlorure  de  lactyle.  E'.her  chlorhydriquc. 

Ether  chloroLiciiquc. 

»  L'acide  correspondant  à  cet  éther  serait  l'acide  chlorolactique,  com- 
binaison d'acide  lactique  et  d'acide  chlorhydrique, 

*^""    0*  +  HCl=        hJo^+h^o^ 

■  Cl  ) 

»  Dans  cet  acide,  comme  dans  son  éther,  le  chlore  est  substitué  au 
groupe  HO'^. 

»  Quoiqu'il  en  soit,  la  densité  de  vapeur  de  l'éther  chlorolactique  prouve 
que  l'acide  qu'il  renferme,  et  qui  dérive  du  chlorure  de  lactyle,  ne  contient 
comme  celui-ci  que  6  équivalents  de  carbone.  Le  mode  de  formation  de 
ce  chlorure,  sa  constitution,  et  l'action  qu'il  exerce  sur  l'eau  jettent,  selon 
moi,  une  vive  lumière  sur  la  constitution  de  l'acide  lactique  lui-même.  Cet 
acide  est  bibasique,  car  il  dérive  d''un  chlorure  diatomique.  Il  renferme  le 
radical  diatomique  lactyle  C°  H*  O-  qui  existe  dans  ce  chlorure.  Il  contient 
2  équivalents  d'hydrogène  en  dehors  de  ce  radical,  et  qui  sont  susceptibles 
d'être  remplacés  par  2  équivalents  de  métal  (i).  Cela  devient  évident,  si  l'on 

« 
(i)  Je  rappellerai  ici  que  M.  Briining  a  décrit,  il  y  quelques  mois,  des  lactates  renfermant 
C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  Xl.VI,  N»  'iS.j  -iGo 


(   laSa  ) 

considère  la  réaction  du  chlorure  de  lactyle  sur  l'eau,   qui  est  exprimée 
par  l'équation  suivante  : 

Chlorure  de  laclyïe.  Acide  lactique. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sui'  un  nouvel  acide  lactique;  par  M.  Ad.  Wuutz. 

«  Par  l'action  de  l'acide  nitrique  sur  l'amylglycol,  j'ai  obtenu  un  acide 
nouveau  appartenant  ta  la  série  lactique  et  que  je  nomme  butylactique.  Voici 
comment  j'ai  opéré  pour  préparer  cet  acide  :  i4  grammes  d'amyiglycol  ont 
été  chauffés  doucement  avec  un  mélange  de  3o  grammes  d'acide  nitrique 
monoliydraté  et  de  42  grammes  d'eau.  Une  réaction  très-vive  s'est  manifes- 
tée. Le  liquide,  ayant  été  évaporé  dans  le  vide  au-dessus  d'une  capsule  con- 
tenant de  la  chaux,  il  est  resté  tin  sirop  incolore  et  acide,  qui  a  été  dissous 
dans  l'eau  et  neutralisé  par  l'hydrate  de  baryte.  La  solution  du  sel  de  baryte 
a  été  évaporée. 

»  Ce  sel  ne  cristallise  pas  ;  il  se  dissout  dans  l'eau  en  toutes  proportions 
et  assez  facilement  dans  l'alcool  faible  ;  l'alcool  absolu  ne  le  dissout  pas  ; 
l'éther  le  précipite  de  sa  dissolution  alcoolique.  , 

»  Desséché  à  120  degrés,  il  renferme  39,9  pour  100  de  barium. 

»  La  formule 

C^H'BaO" 

en  exige  39,9  potir  100. 

»  Le  sel  de  chaux  préparé  avec  l'acide  séparé  du  sel  de  baryte  est  tiès- 
soluble  dans  l'eau,  sohible  dans  l'alcool  absolu,  insoluble  dans  l'éther.  La 
solution  aqueuse,  soumise  à  l'évaporation  spontanée,  laisse  déposer  ce  sel 
en  mamelons.  Le  butylactate  de  chaux  desséché  à  lao  degrés  renferme 
16  pour  100  de  calcium.  La  formule 

CH'CaO" 

en  exige  16,2  pour  100. 

»  Le  butylactate  de  zinc  cristallise  en  paillettes  brillantes  solubles  dans 
160  fois  leur  poids  d'eau  à  i5  degrés,  à  peu  près  insolubles  dans  l'alcool 


selonlui4é(}uivalents  de  métal,  l'équivalentde  l'acide  lactique  fkant  représenté  par  C'^H'^0". 
Ce  fait  vient  à  l'appui  de  l'opinion  que  j'exprime  ici  sur  la  constitution  et  sur  la  basicité  de 
l'acide  lactique. 


(   1233  ) 

absolu.  Ces  cristaux,  inaltérables  à  l'air,  perdent  à  loo  degrés  1 1 ,9  pour  100 
d'eau  de  cristallisation;  une  perte  de  11,7  pour  100  correspondrait  exacte- 
ment à  2  équivalents. 

»   Le  sel  sec  renferme  :  * 

Expérience.  Théorie. 

Carbone 34 , 7  G' 35 ,4 

Hydroi,'cne 5 ,  i  H' 5 ,  i 

Zinc »  Zn ^3 ,  g 

0.\ygène ■'  0' 35 ,6 

>'  Ces  nombres  s'accordent  avec  la  formule 

C'H'ZnO*. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  l'acide  obtenu  par  l'oxydation  de  l'amyl* 
glycol  C'Tr'O*  au  moyen  de  l'acide  nitrique  ne  correspond  pas  à  ce  gly- 
col,  mais  bien  au  butylglycol,  qui  se  trouve  placé  immédiatement  au-dessous 
dans  la  série.  On  comprend  qu'il  puisse  en  être  ainsi.  L'oxydation  de  l'amyl- 
glycol  par  l'acide  nitrique  est  tellement  énergique,  que  2  molécules  de  car- 
bone s'en  détachent  pour  se  transformer  en  acide  carbonique;  le  reste  des 
éléments  demeure  combiné  tout  en  éprouvant  l'oxydation  partielle  d'où 
résulte  l'acide  butylactique.  J'admets  que  cet  acide  renferme  im  radical 
C'fPO^  (butylactyle)  dérivant  du  butylène  C'H'  par  oxydation,  comme 
l'acétyle  dérive  de  l'éthyle.  D'après  cela  la  constitution  de  l'acide  butylac- 
tique est  exprimée  par  la  formule 

H' 

»  C'est  le  troisième  terme  de  la  série  de  l'acide  lactique,  qui  est  ainsi 
composée  aujourd'hui  : 

C'H'O»  1  ..      ,      ,. 

>  0*  acide  glycolique. 

,    „,  (  O'  acide  lactique. 

C'H'O'  ) 

J  O*  acide  butylactique  (i). 
H'  ) 

»  J'ai  obtenu  l'acide  glycolique  par  l'oxydation  directe  du  glycol  ; 
(i)  L'acide  leucique  est  probablement  un  autre  terme  de  cette  série. 

î6o.. 


(  1234  ) 
»  È'acide  lactique  par  l'oxydation  lente  du  propylglycol; 
»  L'acide  butylactique  par  l'oxydation  énergique  de  l'amylglycol. 
»  Ainsi  se  trouve  vérifiée  expérimentalement  la  prévision  que  j'ai  énoncée 
il  y  a  tantôt  un  an,  à  savoir  que  les  glycols  sont  les  alcools  des  acides  lac- 
tiques. »  ( 

CHIMIE  ORGANIQUE. —  Recherches  sur  les  alcaloïdes  de  la  noix  vomique; 

par  M.    ScHlTZENBERGER. 

«  M.  Desnoix  a  signalé  il  y  a  quelques  années  dans  la  noix  vomique 
une  nouvelle  base,  l'igasurine,  qui  diffère  de  la  brucine  par  sa  plus  grande 
solubilité  dans  l'eau.  Mais  il  n'a  pul)lié  aucune  analyse  povir  établir  sa  com- 
position et  son  équivalent.  J'ai  eu  entre  les  mains  plusieurs  échantillons 
d'igasurine  qu'on  m'avait  livrée  comme  de  la  brucine.  J'ai  voulu  profiter 
de  cette  occasion  pour  combler  cette  lacune,,  mais  après  trois  dosages  je 
m'aperçus  à  la  différence  des  résultats  que  mon  produit  n'était  pas  homo- 
gène.. 

»  En  effet,  en  traitant  mes  échantillons  par  l'eau  chaude,  je  suis  parvenu 
à  séparer  neuf  alcaloïdes  nouveaux,  différents  par  leur  composition,  et  dont 
la  séparation  peut  s'effectuer  en  utilisant  leur  différence  de  solubilité  d^^^ns 
l'eau  chaude  et  le  temps  qu'ils  mettent  à  cristalliser  pendant  le  refroidisse- 
ment de  la  liqueur.  Il  est  probable  qu'en  continuant  mes  recherches,  j'au- 
rais encore  obtenu  un  nombre  plus  considérable  de  corps  distincts.  Afin 
d'établir  d'une  manière  certaine  l'existence  de  chacune  de  ces  bases,  elles 
ont  toutes  été  analysées  deux  fois,  et  la  seconde  analyse  était  faite  sur  un 
produit  recristallisé  après  la  première. 

»  La  concordance  des  deux  résultats  me  prouvait  l'homogénéité  de  la 
matière.  ' 

»  Ces  bases  sont  toutes  incolores,  d'une  saveur  très-amère  et  persistante. 
Leur  action  sur  l'économie  animale  est  presque  aussi  énergique  que  celle 
de  la  strychnine.  Elles  sont  toutes  solubles  dans  l'eau  bouillante,  bien  qu'à 
des  degrés  très-différents.  Elles  cristallisent  en  aiguilles  transparentes  ou 
en  houppes  nacrées  quelquefois  très-volumineuses.  L'acide  nitrique  les 
colore  en  rouge  comme  la  brucine.  Elles  renferment  toutes  de  l'eau  de 
cristallisation  (6  ou  8  équivalents),  éliminable  à  loo  degrés.  Aucune  ne 
fond  dans  son  eau,  quelques-unes  se  ramollissent.  Deux  d'entre  elles  peu- 
vent affecter  l'état  résineux;  cet  état  n'est  pas  stable. 


(   ia35  ) 
»  Voici  le  tableau  de  ces  bases  que  je  nommerai  igasurines  (a),  {b),  (c), 

Strychnine C"  H"  Az=  O', 

Brucine C«  H"  Az'  0''+  8  Aq. 

(a)                           C"  H^"  Az' 0'  +  6  Aq,  très-peu  soluble, 

(  6  )                          C"  H"  Az»  O"  +  6  Aq,  peu  soluble, 

[c)  C"  H="  Az'  O'  -+-  6  Aq,  assez  soluble, 

[d)  C"  H"  Az-  0'"  +  6  Aq,  assez  soluble, 

[e)  C"'H"Az'0'  +  6Aq, 

(/)  C'=  H"  Az-  O»  +  6  ou  8  Aq,  assez  soluble, 

(g-)  C"  H"  Az'  0'=  +  6  Aq,  très-peu  soluble, 

(A)  C"  H'"'  Az'  0"  +  6  Aq,  assez  soluble, 

■  (,•  )  C"  H-"  Az-  O"  -+-  6  Aq,  assez  soluble. 

»  Ces  bases  se  rapprochent  de  la  brucine  par  leurs  caractères  chimiques, 
sauf  leur  plus  grande  solubilité  dans  l'eau  et  l'alcool. 

»  On  patit  les  considérer  comme  des  produits  de  transformation  succes- 
sive de  cette  dernière  sous  l'influence  oxydante  des  forces  vitales.  » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  la  dilatabilité  des  liquides  chauffés  à  des  températures 
supérieures  à  celle  de  leur  ébullitioii  ;  parM.  Ch.  Driox. 

>* 
<c  Dans   une  Note   publiée  en    i835    {ï Institut,   3"  année  ,    page  327  )  , 

M.  Thilorier  attribue  à  l'acide  carbonique  liquide,  entre  o  et  3o  degrés  cen- 
tigrades, lui  coefficient  de  dilatation  moyeu  égal  à  o,oi/j2,  c'est-à-dire  à 
quatre  fois  environ  celui  de  l'air  et  des  gaz.  Si  ce  nombre  est  exact,  il  est 
plus  que  probable  que  d'autres  liquides  volatils  présenteront,  à  des  tempé- 
ratures suffisamment  éloignées  de  leurs  points  d'ébullition,  des  coefficients 
de  dilatation  du  même  ordre  de  grandeur  que  le  précédent.  Pour  m'en  as- 
surer, j'ai  fait  choix  de  deux  liquides  très-différents  par  leur  constitution 
chimique,  l'éther  chlorhydrique  et  l'acide  sulfureux  ;  je  crois  pouvoir  dès 
à  présent  conclure  de  mes  -expériences  que  le  fait  annoncé  par  M.  Thilorier 
est  un  fait  général,  et  qu'à  des  températures  approchant  de  celles  oîi  les 
liquides  se  transforment  entièrement  en  vapeurs  dans  des  espaces  très-res- 
treints,  ces  corps  ont  une  dilatabilité  bien  supérieure  à  celle  de  l'air  et  des 
gaz  pris  sous  des  pressions  peu  différentes  de  la  pression  atmosphérique. 
Voici,  en  quelques  thots,  la  méthode  que  j'ai  suivie. 

»  Le  liquide  sur  lequel  j'opère  est  renfermé  dans  un  appareil  à  déverse- 
ment, ayant  à  peu  près  la  forme  du  thermomètre  à  maximade  M.  Walferdin  ; 


(  1236  ) 
cet  appareil  est  fixé,  à  côté  d'un  thermomètre  à  mercure  très-sensible, 
dans  l'axe  d'une  cloche  renversée  de  3  à  4  litres  de  capacité  ,  contenant 
de  l'eau  ou  une  dissolution  concentrée  et  limpide  de  chlorure  de  calcium  ; 
la  cloche  est  suspendue  dans  une  enveloppe  en  tôle  placée  sur  un  fourneau 
à  gaz  muni  de  son  rohinet.  Deux  fenêtres  opposées,  fermées  par  des  lames 
en  mica  bien  transparentes,  permettent  d'observer  à  distance,  à  l'aide  de 
deux  lunettes,  la  marche  des  thermomètres.  Au  moyen  d'un  agitateur  cir- 
culaire convenablement  disposé,  on  maintient  la  température  du  bain  uni- 
forme dans  toutes  ses  parties. 

»  Les  observations  se  font  par  couples  de  deux;  pour  la  première,  on 
rend  l'extrémité  de  la  colonne  liquide  stationnaire  en  face  de  l'une  des  divi- 
sions inférieures  de  la  tige  ;  pour  la  seconde,  on  la  fait  remonter  à  la  partie 
supérieure.  A  chaque  fois  on  note  exactement  les  indications  des  deux 
thermomètres.  Connaissant  le  rapport  qui  existe  entre  la  capacité  du  réser- 
voir et  celle  d'une  division  de  la  tige,  il  est  facile  de  déduire  des  deux  lec- 
tures le  rapport  entre  les  volumes  apparents  du  liquide  aux  téhipératures 
des  observations,  et,  par  suite,  le  coefficient  moyen  ,de  la  dilatation  appa- 
rente entre  ces  deux  limites.  Echauffant  ensuite  le  bain  d'une  dizaine  de  de- 
grés, on  fait  déverser  une  partie  du  liquide  ;  l'instrument  se  trouve  ainsi  tout 
prêt  à  servir  dans  un  nouvel  intervalle  de  températures. 

»  Avant  de  rapporter  les  résultats  numériques  de  mes  expériences,  je  crois 
devoir  présenter  quelques  observations  qui  seront  de  nature  à  donner  une 
idée  sommaire  du  degré  d'exactitude  qu'ils  comportent. 

«  On  sait,  par  les  recherches  de  M.  Cagniard  de  Latour.  qu'à  des  tempé- 
ratures très-éloignées  de  leurs  points  d'éhullition,  les  liquides  émettent  des 
vapeurs  d'une  densité  considérable.  Il  importait  donc  d'empêcher  avec  le 
plus  grand  soin  que  le  liquide  renfermé  dans  le  réservoir  inférieur  et  dans 
la  tige  pût  fournir  une  portion  de  la  vapeur  nécessaire  à  la  saturation 
du  réservoir  supérieur.  On  y  parvient  sans  peine  en  rendant  le  bec  de  dé- 
versement très-long  (5  à  6  centimètres)  et  en  lui  donnant  un  diamètre 
presque  microscopique.  Je  me  suis  assuré  que  cette  disposition  permet  de 
maintenir,  pendant  plus  d'une  demi-heure,  les  deux  réservoirs  à  des  tem- 
pératures différant  d'une  vingtaine  de  degrés,  sans  qu'il  s'établisse  de  l'un 
à  l'autre  aucune  distillation  sensible  ;  je  pouvais  donc  regarder  comme  évi- 
dent que  le  liquide  contenu  dans  le  réservoir  supérieur  fournit  à  lui  seul 
toute  la  vapeur  employée  à  saturer  cet  esp.ice.  On  remarquera  du  reste  que 
si,  dans  l'intervalle  de  deux  observations,  une  partie  du  liquide  thcrmomé- 
frique  venait  à  se  vaporiser,  cette  cause  d'erreur  ne  pourrait  que  rendre 


{  '^37  ) 
Irop  faibles  les  nombres  obtenus,  et  n'infirmerait  en  rien  les  conclusions 
générales  de  mes  expériences. 

»  L'emploi  du  gaz  d'éclairage  rend  extrêmement  facile  la  production 
d'im  maximum  ou  d'un  minimum  de  température  stationnaire  pendant  plu- 
sieurs minutes;  on  parvient  même,  avec  un  peu  d'habitude,  à  obtenir  ce 
maximum  ou  ce  minimiun  à  tel  point  précis  que  l'on  veut  de  l'échelle  ther- 
mométrique. J'ai  toujours  eu  soin,  avant  de  noter  les  indications  des  ap- 
pareils, de  faire  osciller  la  température  un  certain  nombre  de  fois  et  très- 
lentement  entre  des  limites  aussi  rapprochées  que  possible,;  à  cette  condi- 
tion seulement,  je  pouvais  être  stir  que  la  température  du  liquide  volatil 
n'était  point  en  retard  sur  celle  du  thermomètre  à  mercure. 

»  Voici  maintenant  quelques  résultats  numériques  fournis  par  les  liquides 
que  j'ai  étudiés. 

»  Elher  chlorhydrique.  —  A  o  degré,  son  coefficient  de  dilatation,  suivant 
M.  Is.  Pierre,  est  égal  à  0,00167  '■> 

»  Entre  121  et  128  degrés,  la  dilatation  apparente  du  même  liquide,  d'a- 
près mes  expériences,  est  en  moyenne  des  o,oo36o  du  volume  à  1 9.  i  degrés, 
pour  chaque  degré  centigrade; 

»  EiJ^-e  128  et  i34  degrés,  des  0,00421  du  volume  à  128  degrés;' 

»  Entre  i44°)5  et  149°,  aS,  des  o,oo553  du  volume  à  144°)  5. 

»  Acide  sulfureux.  —  Sa  dilatation  moyenne  entre  o  et  1 8  degrés  est 
représentée  par  le  nombre  0,00193; 

»   Entre  91  et  99",  5  par  les  0,00 368  du  volume  à  91  degrés; 

»   Entre  108",  5  et  11  5",  5  parles  o,oo463  du  volume  108",  5; 

))  Entre  i  16  et  122  degrés  par  les  o,oo533  du  volume  à  1  16  degrés; 

»  Entre  122  et  127  degrés  par  les  0,00600  du  volume  à  122  degrés. 

»  Ainsi,  pour  l'éther  chlorhydrique,  le  coefficient  de  dilatation  atteint 
la  valeur  de  celui  des  gaz  vers  126  degrés;  pour  l'acide  sulfureux,  vers 
q5  degrés.  A  partir  de  ces  températures,  la  dilatation  augmente  avec  une 
rapidité  vraiment  surprenante.  Sans  nul  doute,  si  les  appareils  étaient  ca- 
pables de  supporter  des  pressions  aussi  fortes  que  celles  que  M.  Thilorier  a 
dû  atteindre  dans  ses  expériences  sur  l'acide  carbonique  liquide,  on  par- 
viendrait, avant  le  point  de  vaporisation  totale  du  liquide,  à  des  valeurs 
aussi  considérables  que  celles  qu'il  assigne  au  coefficient  de  (HIatation  de 
cette  substance.  » 


(  1238  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sw  la  réaction  du  percidorure  de  phosphore  sur 
/'essence  ç/e  Gaullheria  procumbens  ;  par  M.  Ch.  Driox. 

«  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  le  7  juin  dernier,  M.  Couper 
décrit  des  produits  nouveaux  qu'il  a  obtenus  dans  la  réaction  du  perchlo- 
rure  de  phosphore  sur  l'huile  de  gaulthéria.  Il  émet  des  doutes  sur  la  forma- 
lion  du  chlorure  de  salicyle  observée  par  M.  Gerhardt  dans  cette  réac- 
tion (i),  et  sur  la  production  du  chlorure  de  chlorobenzoïle  dans  la  décom- 
position du  précédent  sous  l'influence  de  la  chaleur. 

«  Nous  ferons  observer  que,  bien  que  le  chlorure  de  salicyle  n'ait  pu  être 
isolé  à  l'état  de  pureté,  à  cause  de  son  défaut  de  volatilité,  son  existence 
dans  les  produits  de  la  réaction  n'en  est  pas  moins  établie  d'une  manière 
incontestable  par  la  facilité  avec  laquelle  on  régénère  les  éfhers  salicyliques 
parfaitement  purs  en  distillant  ces  produits  avec  les  alcools  méthylique, 
éthylique  ou  amylique. 

»  En  ce  qui  concerne  le  chlorure  de  chlorobenzoïle  dont  j'ai  signalé  la 
présence  parmi  les  produits  de  la  décomposition  du  chlorure  de  salicyle 
sous  l'influence  de  la  chaleur  (2),  je  rappellerai  que  son  identité  a  été  dé- 
montrée, non-seulement  par  sa  transformation  en  acide  chlorobenzoïque 
au  contact  de  l'eau,  mais  encore  par  sa  transforrtxation  en  chlorobenza- 
mide,  substance  parfaitement  cristallisée  et  définie,  au  contact  du  carbo- 
nate d'ammoniaque.  » 

MÉTKOROLOGIE.  —  Sur  les  rapports  entre  les  phénomènes  météorologiques  et  la 
rotation  solaire;  par  M.  Bl'ys-Ballot. 

«  On  se  rappellera  que  j'ai  déterminé  il  y  a  quelques  années  la  période 
synodique  de  la  rotation  du  soleil  à  27  jours,  682  ±  o,oo4,  de  manière 
qu'après  un  tel  laps  de  temps  le  même  point  du  soleil  voit  notre  terre  au 
méridien.  Cette  durée  différait  beaucoup  de  la  durée  que  M.  Laugier  avait 
récemment  déduite  d'observations  des  taches  du  soleil,  ainsi  que  des  déter- 
minations de  Lalandefet  de  tous  les  astronomes  jusqu'alors.  Aussi  ma  déter- 
mination n'a  pas  été  reçue  favorablement  en  ce  temps-là.  M.  d'Arrest  a  tâche 
de  démontrer  que  la  période  de  M.  Nervandcr  était  plus  près  delà  vérité. 
D'autres  encore  étaient  d'avisque  ces  observations  météorologiques,  sujettes 


(i)  Ca.  Gerhakdt,  Comptes  rendus,  t.  XXXVIII. 
(2)  Ch.  Dmon,  ibicl.,  t.  XXXIX. 


{  Va39  ) 
à  tant  de  chances  d'erreur  et  à  tant  d'autres  perturbations,  n'avaient  pas  le 
droit  d'entrer  dans  le  domaine  de  l'astronomie. 

»  La  météorologie,  j'en  conviens,  ne  peut  pas  décider  si  la  cause  de  la 
périodicité  est  dans  le  soleil  et  encore  dans  la  rotation  du  soleil  ;  mais  les 
taches  solaires  n'ont  pas  non  plus  le  droit  de  démontrer  la  vitesse  de  rotation 
du  corps  solide  du  soleil,  et  les  observations  météorologiques  ont  bien  cer- 
tainement le  droit  tout  aussi  bien  que  les  taches  de  constater  une  périodi- 
cité. Or  il  y  a  une  périodicité  de  27  ,  682  ±0,  oo4  jours  dans  la  température. 

>»  65  périodes  sont  égales  à  cinq  années  et  un  jour  environ,  et  l'époque 
maximum  est  au  6-9  janvier  i85o. 

«  Pour  acquérir  de  la  certitude,  j'ai  calculé  de  nouveau  une  série  d'ob- 
servations. Aussitôt  que  j'ai  eu  reçu  les  observations  de  Breslau,  publiées 
par  le  docteur  Galle  de  1791  à  i854,  je  les  ai  divisées  en  groupes  de  cinq 
années  et  distribuées  en  vingt-huit  colonnes,  en  sorte  que  dans  une  même 
colonne  étaient  réunies  les  observations  du  7  février  1791,  jour  de 
maximum,  8  février  1796,  9  février  1801  et  du  18  février  1841  et  du  20 
février  1 846,  ainsi  que  toutes  celles  faites  après  un  nombre  entier  exact  de 
périodes.  Le  résultat  est  que  les  quatorze  nombres  représentant  les  sommes 
(après  une  diminution  égale  pour  toutes)  des  températures  prises  à  tous  les 
jours  distants  d'un  nombre  «  de  périodes,  du  jour  maximum,  des  six  jours 
qui  succèdent  et  des  sept  jours  qui  suivent  ce  jour  maximum,  sont  toutes 
plus  grandes  sans  exception  que  les  autres  quatorze  sommes  des  tempéra- 
tures observées  à  des  jours  où  (selon  l'hypothèse)  l'autre  côté  du  soleil 
était  tourné  vers  la  terre. 

»  J'ai  réuni  les  résultats  partiels,  du  moins  pour  quinze  en  quinze  an- 
nées, dans  le  tableau  ci-joint.    " 

Dans  la  colonne  A  les  sommes  de  1791-1806 

D  B  i>  1806- 1820 

C  .  1821-1835 

D  .  i836-i854 

afin  qu'on  puisse  voir  que  non-seulement  le  résultat  final,  mais  aussi  les 
divers  groupes,  accusent  la  période  indiquée. 

Conclusion. 

»  Donc  les  observations  de  Breslau  de  1 791-1854,  distribuées  selon 
la  période  de  27  jours  682  -(-  o,oo4  donnent  absolument  le  même  résul- 
tat,',itant  quant  à  l'époque  du  maximum  au  6-9  janvier  iSSgque  quant 

c.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  N»  28.)  l6l 


(    I24o   ) 

à  la  durée  de  la  période,  même  quant  à  la  grandeur  de  la  quantité  pério- 
dique que  les  résultats  que  j'ai  déduits  :  i"  d'observations  néerlandaises 
1729-1844  dans  mes  changements  périodiques  de  température  (Kemink  et 
fils,  Utrecht  18^17),  dépendant  du  soleil  et  delà  lune.  Voir  Poggendorffs 
Jnnalen,  LXVIII,  page  2o5;  2°  des  observations  de  Dantzig,  LXXXIV, 
52  I,  LXXXV,  166  ;  3°  des  observations  de  Meïmil,  Poggendorffs  Annalen, 
LXXXVII,  541  ;  4°  des  observations  de  déclinaison  magnétique  à  Greenwich 
et  Utrecht,  qui  augmente  et  diminue  avec  la  même  période,  et  encore  5°  des 
observations  d'Islande  et  de  Labrador,  comme  j'ai  écrit  à  M.  Fearnley  à 
Christiana,  qui  s'occupe  comme  moi  de  ces  choses,  mais  qui  préfère  la 
période  de  M.  Nervander.   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  SuT   le  nombre  de  personnes  tuées  par  ta  foudre  dans  le 
royaume  de  la  Grande-Bretagne ,  de  i852  à  i856,  comparé  aux  décès  par 
figuration  en  France  et  dans  d'autres  parties  du  globe;  par  HI.  A.  Poey. 
(Extrait.) 

i'  Ces  renseignements  ont  été  puisés  dans  des  documents  encore  inédits 
appartenant  au  bureau  de  la  statistique  générale  de  l'Angleterre  [Registrar 
gênerai  of  England) ,  que  le  savant  D''  Farr,  directeur  de  ce  département,  a 
très-libéralement  mis  à  ma  disposition  pendant  mon  dernier  séjour  en  An- 
gleterre. Les  cas  de  mort  par  fulguration  antérieurs  à  l'année  iSSa  n'ont 
pas  été  régulièrement  enregistrés,  et  ceux  postérieurs  à  i856  ne  sont  pas 
encore  méthodiquement  classés,  et  par  suite  hors  d'état  d'être  consultés 
pour  le  moment.  Voici  quelle  a  été  la  répartition  des  morts  par  fulguration 
dans  les  cinq  dernières  années  suivantes  : 

Années.  Sexe  niesculin.  Sexe  féminin.  Totaux. 

i852 37  8  45, 

i853 8  2  10 

1854 16  I  17 

1855 i4  3  17 

i856 ii  J.  '^ 

Totaux 88  i5  io3 

»  On  voit  par  le  tableau  i  que,  sauf  l'année  i852,  la  quantité  de  morts 
par  fulguration  ne  dépasse  pas  le  chiffre  annuel  de  dix-sept.  Le  nombre 
presque  triple,  que  présente  l'année  iBSa  sur  les  quatre  autres  années,  doit 
être  attribué  à  la  quantité  considérable  d'orages  qui  ont  eu  lieu  durant  cette 
année  dans  la  majeure  partie  de  l'Europe,  comme  il  conste  d'après  mes  re- 


(  'a4i  ) 
cueils  annuels  des  phénomènes  météorologiques.  Il  est  cligne  de  remarque 
qu'aux  États-Unis  et  à  Cuba,  cette  même  année  ait  offert  au  contraire  une 
pénurie  notable  de  cas  d'orages,  de  tempêtes  électriques,  de  chute»  de 
foudre  et  de  mort  par  fulguration  (i).  Ce  fait  confirme  quelques-uns  de 
mes  énoncés  théoriques  sur  la  répartition  géographique  des  perturba- 
tions atmosphère-terrestres  à  h  surface  du  globe,  d'après  lesquels,  lors- 
que la  courbe  d'une  manifestation  quelconque  offre  une  marche  ascendante 
vers  une  région  du  globe,  on  est  presque  sûr  de  découvrir  plus  loin, 
en  dépassant  ces  limites,  dans  une  autre  région,  une  marche  descendante 
ou  en  sens  inverse.  De  sorte  que  le  maxiriuim  d'énergie  d'une  perturbation 
quelconque  engendre  le  sommet  convexe  de  la  courbe  dans  la  région  où 
elle  s'est  produite,  tandis  que  si  l'on  dépasse  ces  limites  on  trouve  de  grands 
écarts  en  sens  inverse,  qui  déterminent  le  sommet  concave  de  la  courbe  (a). 
Il  en  est  de  même  quant  aux  lignes  isothermes,  isothères  et  isochimènes, 
dont  les  perturbations  locales  engendrent  les  sommets  convexes  et  concaves 
de  ces  lignes,  ainsi  que  l'a  annoncé  le  savant  M.  de  Humboldt. 

»  On  observe  en  second  lieu  dans  le  tableau  précédent  que  le  nombre 
de  personnes  du  sexe  masculin  foudroyées  à  mort  est  six  fois  plus  considé- 
rable que  celui  appartenant  au  sexe  féminin,  et  cela  dès  le  premier  âge. 

a  Si  l'on  examine  la  répartition  des  io5  décès  précédents  suivant  les 
âges  dans  les  deux  sexes,  on  trouve  la  proportion  suivante  : 

Sexe  mascnlin .  Sexe  féminin . 

Au-dessous  de  i  an o  o 

»  2  ans I  o 

»  3  ans I  o 

>  4  ^'^^ '  ° 

»  5  ans 2  2 

>  10  ans i4  2 

>  i5  ans 21  4 

»  25  ans 1 3  5 

>  35  ans» i5  i 

>  4^  ^^^^ ^  ° 

»  55  ans i  o  o , 

•  65  ans 4  ' 

Totaux 88  Ï5 

(i)  D'après  les  recherches  de  M.  Boudin,  dans  la  période  de  i835  à  i852  inclusivement , 
l'année  i852  a  offert  le  troisième  maximum  à  raison  de  io4  décès  par  fulguration  après  l'an- 
née i835  qui  en  a  produit  1 1 1  et  l'année  1847,  'o^-  '^^"'^'^  de  Géographie  et  de  Statistique 
médicales.  Paris,  1857,  t.  I,  p.  468. 

(2)  Voir  mes  quatre  Mémoires  sur  un  essai  de  systématisation  subjective  des  phénomènes 

161.. 


(    ï2âi  ) 
»  M.  Boudin  a  trouvé  le  rapport  suivant  sur  56  décès  par  fulguration  qui 
ont  eu  lieu  en  Suède  de  1846  à  i85o. 

Sexe  masculin.  Sexe  féminin. 

Entre  3  et  5  ans 2  o 

Entre  5  et   10  ans 2  i 

Entre   10  et  25  ans ^  12 

Entre  aS  et  5o  ans 10  11 

Au-dessous  de  5o  ans 5  4 

28  28 

»  Ce  rapport  diffère  du  précédent,  premièrement  quant  au  nombre  égal 
de  décès  chez  les  deux  sexes  et  ensuite  à  l'égard  de  la  période  du  maximum 
de  décès  qui  tombe  en  Suède  entre  aS  et  5o  ans,  tandis  qu'en  Angleterre 
c'est  au-dessous  de  i5  ans. 

»  La  répartition  mensuelle  des  io3  morts  par  fulguration  est  la  suivante  : 

* 

Avril I  cas 

Mai 1 4  cas 

Juin i4  cas 

Juillet 38  cas 

Août 22  cas 

Septembre 8  cas 

Octobre 6  cas 

io3  cas 

»  Les  autres  mois  de  l'année  ne  présentent  aucun  cas  de  mort  par  fulgu- 
ration. On  voit  immédiatement  que  la  période  du  maximum  commence  en 
mai  et  juin  et  finit  en  septembre  et  octobre,  le  mois  de  juillet  surtout  et 
ensuite  celui  d'aoïit  offrant  le  plus  grand  nombre  de  décès.  Cette  réparti- 
tion concorde  avec  celle  que  M.  Boudin  avait  déjà  déduite  pour  i5o  décès 
par  fulguration  constatés  en  France,  de  iB/ii  à  i853,  d'après  laquelle  on 
remarque,  comme  dans  le  tableau  ci-dessus,  l'absence  complète  d'accidents 
dans  les  mois  de  novembre,  décembre,  janvier  et  février;  en  outre  le  maxi- 
mum des  accidents  tombe  également  en  juin,  juillet  et  août.  Cependant 
pour  la  France,  c'est  le  mois  d'aoiit  qui  offre  le  plus  grand  nombre  de  décès, 


météorologiques  :  annales  de  la  Société  d'Agriculture  de  Lyon ,  1 857  ;  Revue  et  Magasin  de 
Zoologie  de  M.  Guerin-Méneville,  n"=  8  et  g,  1867,  et  n"'  ?.,  3,  4  «t  5  de  i858  ;  Nouvelles  an- 
nales des  Foynges ,  février  i858. 


(  1=43  ) 
tandis  qu'en  Angleterre  c'est  le  mois  de  juillet.  Sur  43  décès  en  Angleterre, 
de  i838  à  iSSq,  M.  Boudin  a  encore  trouvé  un  maximum  remarquable  au 
mois  de  juin  de  23  cas,  tandis  que  le  mois  de  juillet  n'en  a  fourni  que  8  cas. 
Ce  dernier  rapport  est  donc  inverse  à  celui  qu'offre  le  tableau  ci-dessus. 
Pour  l'île  de  Cuba,  j'ai  déjà  signalé  un  maximum  considérable  au  mois  de 
juillet,  de  43  décès  sur  5^  cas  de  morts  par  fulguration. 

»  Quant  aux  professions  respectives  des  foudroyés,  le  plus  grand  nombre 
des  décès  ont  eu  lieu  parmi  les  ouvriers  en  général^  puis  les  laboureurs, 
les  cultivateurs  et  les  fermiers.  Mais  je  me  hâte  d'ajouter  qu'un  grand 
nombre  de  personnes  des  deux  sexes  dont  les  occupations  n'exigeaient 
point  leur  présence  en  plein  air  ou  en  pleine  campagne,  ont  été  également 
foudroyées  à  mort.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Note  SUT  les  cavernes  à  ossements  du  Pontil  [Hérault) 
et  de  Massât  (Jriége);  par  M.  Marcel  de  Serres. 

«  Lorsque  j'ai  décrit  la  caverne  du  Pontil,  près  de  Saint-Pons,  j'en  ai 
fait  sentir  l'importance  en  raison  des  faits  géologiques  qui  s'y  étaient  p;)ssés. 
Ces  faits  prouvent  de  la  manière  la  plus  évidente  que  le  remplissage  des 
cavernes  n'a  pas  eu  lieu  d'une  manière  instantanée,  mais  successive.  Si  la 
date  des  espèces  perdues,  des  ossements  humains,  des  haches  en  jade,  du 
charbon  et  des  cendres  qui  s'y  trouvent,  a  été  facile  à  déterminer,  c'est  qu'ils 
avaient  tous  conservé  leur  position  primitive,  aucun  courant  ne  les  avant 
dérangés  ni  déplacés;  mais  ces  circonstances  ne  se  représentent  pas  dans 
les  cavités  où  les  eaux  ont  pénétré  postérieurement  à  la  formation  de  dépôts 
de  nature  et  d'époques  aussi  diverses,  car  leurs  courants  ont  tout  mêlé, 
•tout  confondu,  et  cela  non-seulement  dans  le  plus  grand  désordre,  mais 
souvent  dans  im  état  complet  de  dislocation. 

»  C'est  ce  qui  paraît  avoir  eu  lieu  dans  la  grotte  ossifère  de  Massât 
(Ariége),  où  l'irruption  des  eaux  ne  saurait  être  contestée,  ainsi  que  l'a 
fait  remarquer  M.  Fontan,  auquel  nous  en  devons  la  description.  Il  résulte 
également  des  observations  de  ce  géologue,  que  cette  grotte  a  été  habitée, 
ainsi  que  le  prouvent  les  débris  de  charbon,  les  flèches,  les  nombreux 
outils  et  les  ossements  humains  qui  y  ont  été  rencontrés.  On  peut  dès 
lors,  au  moyen  de  ces  instruments  de  l'industrie,  déterminer  approximative- 
ment la  date  à  laquelle  se  rapporte  leur  fabrication.  Il  serait  possible  que 
cette  date  ne  remontât  pas  très-haut,  comme  celle  des  objets  analogues 
trouvés  dans  la  grotte  du  Pontil.  Nous  le  supposons  en  nous  appuyant  sur 


(  ï-^44  ) 

l'observation  faite  par  M.  Isidore  Geoffroy-Saiiil-Hilaire  que  les  flèches  des 
cavernes  de  Massât  sont  creusées  de  rainures,  que  l'on  peut  supposer  des- 
tinées à  recevoir  des  substances  vénéneuses.  Personne  n'ignore  que  plu- 
sieurs tribus  des  Hottentots  se  servent  encore  aujourd'hui  de  flèches  en  os, 
qu'ils  empoisonnent  de  la  même  manière. 

»  D'après  les  faits  rapportés  par  M.  Fontan,  il  est  bien  difficile  de  ne 
pas  admettre  que  les  ossements  ou  les  dents  humaines  des  grottes  de  Massât 
appartiennent  à  la  même  époque  que  les  outils,  les  flèches  et  les  autres 
instruments  qui  y  ont  été  trouvés  avec  eux.  Dès  lors^  comme  il  est  possible 
de  déterminer  la  date  de  ces  objets  de  l'industrie,  on  pourra  également 
fixer  celle  de  débris  humains  qui  les  accompagnent.  Nous  avions  longtemps 
supposé  que  ces  derniers  avaient  été  contemporains  des  grands  ours,  des 
lions,  des  hyènes  et  des  rhinocéros  des  grottes  ossifères  ;  mais  un  examen 
plus  approfondi  des  faits  récemment  observés  nous  a  forcé  d'abandonner 
cette  supposition,  ainsi  que  l'on  peut  s'en  convaincre  en  jetant  les  yeux  sur 
notre  Mémoire  relatif  aux  ossements  humains  des  cavernes  et  de  l'époque 
de  leurs  dépôts.  » 

M.  Ambrosoli,  aide  d'anatomie  à  l'université  de  Pavie,  prie  l'Académie 
de  lui  faire  savoir  quelle  est  la  question  proposée  comme  sujet  du  prix  de 
Physiologie  expérimentale  pour  l'année  1860. 

On  fera  savoir  à  M.  Ambrosoli  qu'il  n'y  a  point  pour  ce  concours  de 
question  proposée.  Tout  travail  ayant  pour  objet  l'avancement  de  quelque 
partie  de  la  Physiologie  peut  être  admis  à  concourir.  Il  suffit  que  l'auteur, 
en  annonçant  son  intention,  ait  fait  parvenir  à  l'Académie  avant  le  1"  avril 
l'ouvrage  ou  le  Mémoire  dans  lequel  il  a  exposé  ses  recherches. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  E.  D.  B. 


(  1245  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  21  juin  les  ouvrages  dont  voici 
les  titres  : 

Mémoire  sur  la  célèbre  expérience  de  Newton  contre  la  possibilité  de  l'achro- 
matisme par  la  réfraction  de  la  lumière  à  travers  deux  substances  différentes;  par 
M.  Jean  Plana.  Turin,  i858;  br.  in-4<*. 

Société  impériale  et  centrale  d' Ayriculture .  Séance  publique  annuelle  tenue  le 
dimanclie  18  avril  1S08;  présidence  de  M.  Chevreul.  Paris,  i858;  br    in-8" 

Cours  de  Mécanique  appliquée  ;  par  M.MA.mSThE.  Paris,  i858;  i  vol.  in-8° 

Les  Nouvelles  inventions  aux  expositions  universelles;  par  3,1.  J.-B.-A-M 
Jobard,  2®,  3*,  et  4*  livraisons.  Bruxelles  et  Leipzig,  1857  et  i858;  in-8" 

Compendium  des  quatre  branches  de  la  photographie  ;  par  M.  A.  Bellog 
Paris,  i858;  in-8°. 

De  l'Universalité  du  déluge;  par  M.  C.  SCHOEBEL.  Paris,  i858;  br.  in-8". 

De  la  réorganisation  du^Muséum  d  histoire  naturelle  ;  par  M.  Aug.  Dupoty. 
Paris,  1 858;  br.in-8°. 

Rapport  sur  l'étal  sanitaire  du  camp  de  Châlons,  sur  le  service  de  santé  de  la 
garde  impériale  et  sur  ihjgiène  des  camps,  adressé  à  S.  E.  le  Maréchal  Mi- 
nistre de  la  Guerre;  par  le  D""  baron  Larrey.  Paris,  i858;  in-8°.  (Présenté 
au  nom  de  l'auteur  par  M.  J.  Cloquet.) 

Catalogue  chronologique  des  tremblements  de  terre  ressentis  dans  les  Indes 
occidentales  de  i83o  à  i858,  etc.  ;  par  M.  Andrès  POEY. 

Appel  aux  météorologistes,  etc.;  par  le  même;  br.  in-8°. 

Application  de  la  dynamoscopie  à  la  constatation  des  décès,  ou  Moyen  cer- 
tain d'éviter  les  enterrements  prématurés;  par  le  D' COLLONGUES.  Paris,  1 858  ; 
br.  in-8''.  (Adressé  pour  le  concours  Montyon,  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie.) 

Voyage  horticole  à  Lyon;  par  MM.  Baltet  frère  et  Ch.  Baltet,  délégués 
de  la  Société  d'Horticulture  de  l'Aube.  M.  Ch.  Baltet  rapporteur.  Troyes, 
i858;br.  in-S". 

Rapport  sur  la  culture  de  la  vigne  perfectionnée  par  M.  Gentil-Jacob,  à 
Villenacoxe;  par  M.  Ch.  Baltet.  Troyes,  1857;  br.  in -8°. 

Congrès  pomologique  de  Lyon,  2*  session  tenue  à  Lyon  les  26,  27,  28  et 
29  septembre  1857.  Rapport  de  M.  Ch.  Baltet.  Troyes,  1867;  br.  in-8°. 

Pincement  continuel  appliqué  au  pécher;  par  M.  Ch.  Baltet.  Troyes;  f  de 
feuille  in-8''. 


(  1^46  ) 

Memorie...  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Turin,  a*  série, 
t.  XVII;  Turin,  i858;in-4''. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Académie  rojale  des  Sciences  de  Naples,  à  dater 
de  i852,  répartis  en  trois  classes:  Sciences  mathématiques;  Sciences  naturelles 
et  Sciences  morales.  Vol.  I,  fascicule  3  (i852-i854);  vol.  II  (i855'i857). 
Naples,  i857  ;  in-4°. 

Rendiconto...  Comptes  rendus  de  la  Société  royale  Bourbonnienne,  section 
de  l'Académie  des  Sciences.  Nouvelle  série,  de  mars  i856  à  décembre  1857; 
in-4°. 

Délia...  De  la  longueur  des  ondes  aériennes,  de  leur  vitesse  dans  les  tuyaux  et 
de  Vinfluence  qu  exercent  les  différents  éléments  sur  leur  tonalité,  7*  Mémoire  ; 
par  M.  Zantedeschi.  Vienne,  i858;  br.  in-8''. 

Studio. . ,  Etudes  critiques  et  expérimentales  sur  la  méthode  communément  suivie 
par  les  physiciens  pour  la  détermination  des  nœuds  et  des  ventres  des  colonnes  aé- 
riennes vibrant  dans  l'intérieur  des  tuyaux,  8^  Mémoire;  par  le  même.  Vienne, 
1 858  ;  br.  in-8''. 

On  the...  Sur  l'emploi  du  béton  dans  les  travaux  des  ingénieurs  et  des  archi- 
tectes; par  George  Rennie.  Londres,  i858;  br.  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  3i  mai  i858.) 


Page  1028,  ligne  6,  au  lieu  de     2^2 — m'',     lisez     2  y/3  —  m"^. 


Même  page,  ligne  21,  au  lieu  de     1  ;  y/2  +  1 ,       lisez     1  :  y/2  -f-  i  • 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  28  JUIN  1858. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DESPRETZ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGiE.   —  Analomie,  physiologie   et    histoire   naturelle   des   Galéodes  ; 
par  M.  Eéon  Dufour.  (Extrait  par  l'auteur.)     i^lh 

«  Votre  plus  ancien  Correspondant  de  la  Section  d'Anatomie  vient  arrê- 
ter quelques  instants  votre  attention  sur  les  entrailles  d'une  grande  araignée 
du  désert  de  notre  Afrique  française.  Il  a  l'honneur  de  faire  passer  sous  les 
yeux  de  l'Académie  les  figures  qui  accompagnent  le  texte  de  cette  curieuse 
microtomie. 

»  Le  Galéode  est  un  genre  d'Arachnides  qui,  dans  l'échelle  des  animaux 
articulés,  forme  un  organisme  de  transition  du  plus  haut  intérêt  pour  la 
physiologie  générale. 

»  Mon  scalpel  s'est  plus  particuhèrement  exercé  sur  des  Galéodes  algé- 
riens, presque  tous  nouveaux  pour  la  science. 

»  L'Académie  daigna  admettre,  dans  ses  Mémoires  de  i856,  mon  ana- 
tomie  des  Scorpions.  Je  tiendrais  à  honneur  de  donner  à  cette  anatomie  le 
pendant  de  celle  des  Galéodes,  et  de  placer  en  regard  le  tableau  comparatif 
de  ces  deux  organismes  typiques. 

»  Ma  pratique  de  la  microtomie,  à  laquelle  j'ai  consacré  les  deux  tiers 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI,  Ji"  2G.}     ,         ,  ■         '  iC^ 


(  1^48  ) 
de  ma  longue  vie,  m'a  acquis  l'intime  conviction  que  dans  ces  petits  èlres 
ii  n'est  pas  une  configuration,  une  modification  de  structure,  une  saillie, 
un  creux,  une  soie,  un  poil,  qui  n'aient  leur  raison  d'exister,  leur  attribu- 
tion physiologique.  Aussi  une  patience,  devenue  chez  moi  constitutionnelle, 
ni'a-t-elle  révélé  dans  tous  ces  riens  organiques,  ardùment  poursuivis  et 
scrupuleusement  interrogés,  des  fonctions  dont  la  découverte  consolait 
toujours  l'esprit  du  tourment  du  scalpel  et  de  la  fatigue  des  yeux. 

»  Fervent  admirateur  de  la  conformité  organique  de  l'immortel  Geoffroy- 
Saint-Hilaire,  j'ai  cherché  dans  mes  fines  dissections  à  en  faire  une  reli- 
gieuse application,  tout  en  me  tenant  en  garde  contre  les  exagérations  et  les 
rapprochements  forcés  des  disciples  du  grand  homme. 

»  Dans  le  cadre  de  la  classification,  le  Galéode  et  le  Scorpion,  ces  deux 
grands  représentants,  l'un  des  Arachnides  trachéennes,  l'autre  des  Arach- 
nides pulmonaires,  sont  contigus,  tandis  qu'ils  sont  longuement  distancés 
par  leur  organisation  tant  extérieure  qu'intérieure. 

»  Esquissons  à  grands  traits  ce  parallèle. 

»  Le  Scorpion  a  un  céphalo-thorax,  trois  ou  quatre  paires  d'y^eiix,  quatre 
paires  de  pattes  ongulées,  et  une  longue  queue  articulée.  Il  possède  un  cœur 
et  une  circulation  vasculaire  de  sang  blanc,  un  système  nerveux  à  nombreux 
ganglions  rachidiens,  des  poumons  circonscrits,  un  estomac  simple,  un  appa- 
reil génital,  composé  dans  les  deux  sexes,  de  larges  mailles  fermées. 

»  Le  Galéode  a  une  tête  et  un  thorax  distincts,  une  seule  paire  d'yeux, 
trois  paires  de  pattes  ongulées  :  il  est  privé  de  queue.  Il  manque  de  cœur  et 
de  circulation  vasculaire  sanguine  ;  il  inaugure  la  circulation  aérifere  des 
trachées  ;  il  n'a  point  de  chaîne  ganglionnaire:  son  estomac  est  rameux  ou  à 
longs  boyaux  latéraux.  L'appareil  génital  se  compose,  dans  le  mâle,  de 
quatre  testicules  simples  et  isolés,  et  dans  la  femelle,  de  deux  sacs  ova- 
riques. 

B  Le  célèbre  Pallas  a  donné  au  Galéode  le  jour  de  la  science,  par  la 
découverte,  dans  les  steppes  de  la  Russie  méridionale,  de  son  Phalangium 
araneoides.  C'est  surtout  à  Olivier,  fondateur  du  genre,  que  l'on  est  rede- 
vable de  plusieurs  espèces  observées  dans  ses  voyages  au  Levant  et  en  Perse. 
Savigny,  ce  martyr  de  la  science,  a  étudié  avec  une  rare  sagacité  ces  Arach- 
nides en  Egypte,  et  dans  son  atlas  monumental  il  les  a  illustrées  par  des 
figures  devenues  classiques. 

»  Dans  ces  derniers  temps,  le  nombre  de  ces  notabilités  arachnidiennes 
s'est  considérablement  accru.  On  n'en  citait  que  trois  au  temps  de  Fabri- 
cius  ;  aujourd'hui  on  en  connaît  quarante-six. 


(    1249    ) 

»  Malgré  plusieurs  centaines  d'autopsies,  je  n'ai  point  la  prétention  d'a- 
voir épuisé  cette  curieuse  anatomie. 

M  Celle-ci  se  divise  en  organes  extérieurs  et  en  organes  intérieurs. 

»  Dans  les  vertébrés,  le  squelette  est  intérieur;  dans  les  articulés,  il  est 
extérieur  ou  tégumentaire. 

»  La  tête  du  Galéode  est  une  simple  calotte,  un  hémicrâne  de  transition. 
Ses  jeux  sont  grands,  lisses,  clairvoyants.  Us  ont  une  cornée  transparente, 
un  iris,  une  choroïde,  une  rétine,  un  nerf  optique. 

»  Par  un  abus  flagrant  de  conformité  organique,  on  a  donné  les  noms  de 
chéticères,  d'antennes-pinces,  à  de  dures  tenailles  dont  les  dents  vigoureuses 
protestent  énergiquement  contre  de  semblables  appellations.  Oui,  nos 
Galéodes  ont  des  mandibules  didactyles,  armées  de  dents  incisives,  canines 
et  molaires,  et  l'une  des  grandes  espèces  nouvelles  offre  trente-deux  dents 
comme  l'homme,  sans  qu'il  me  soit  venu  dans  l'idée  de  faire  aucun  rap- 
prochement à  cette  occasion. 

»  Ces  instruments,  si  propres  à  saisir,  à  lacérer,  à  briser  une  proie  vivante, 
sont  secondés  pour  le  complément  de  la  mastication  par  des  organes  pres- 
que inaperçus  jusqu'ici,  et  dont  personne  n'avait  compris  les  usages.  Ce  sont 
des  soies  plumeuses,  des  scoputes  implantées  aux  bords  dentaires  des  deux 
mors  de  la  mandibule,  et  destinées  soit  à  brosser  les  dents,  soit  à  balayer 
vers  l'orifice  buccal  l'aliment  broyé. 

»  Il  existe  dans  les  Galéodes  deux  paires  de  palpes  pédiformes.  Les  anté- 
rieurs plus  robustes,  d'un  exercice  plus  actif,  renferment  dans  l'article  ter- 
minal un  corps  vésiculaire  rétractile  que  j'ai  étudié  sur  un  Galéode  vivant, 
lors  de  mon  séjour  en  Espagne,  il  y  a  juste  un  demi-siècle  ;  c'est  peut-être  un 
organe  vénénifère.  ■      - 

»  Le  rostre  buccal  ou  la  bouche  du  Galéode  a  été  mal  défini,  malgré  les 
admirables  figures  de  Savigny.  Profondément  situé  entre  les  mandibules, 
ilestoblong,  lancéolé,  solide,  et  porte  dans  les  auteurs  différents  noms.  C'est 
un  demi-étui  corné,  une  sorte  à'épistome  flanqué  de  chaque  côté  d'une  py- 
ramide charnue,  velue,  que  termine  une  grande  scopule.  Savigny  l'appelle 
un  palpe  labial.  En  avant  de  cet  épistome  est  une  pièce  dont  on  n'aperçoit 
d'abord  que  la  tranche  linéaire  dorsale  et  qui,  couché  sur  le  côté,  offre  une 
grande  dilatation  finement  veloutée.  C'est  le  labre  de  Latreille.  Mais  ni  Sa- 
vigny, ni  Latreille,  ni  leurs  compilateurs  ne  s'étaient  pas  doutés  que  ce 
labre  fût  formé  de  l'adossement  de  deux  panneaux  ou  cotylédons,  de  deux 
moitiés  identiques  d'un  même  organe.  Ces  panneaux  sont  glabres  et  can- 
nelées à  l'intérieur,  veloutés  en  dehors.  Ce  labre  est  donc  une  bouche  bila- 

162.. 


(  i-^So  ) 

biée,  1111  instrument  de  trituration.  J'ai  été  assez  heureux  pour  les  disjoindre, 
et  ce  fait  est  exprimé  par  une  figure. 

»  Le  thorax  du  Galéode  a  trois  segments  distincts  et  V abdomen  dix. 

»  Les  pattes,  longues  et  souvent  robustes,  ont  hanche,  cuisse,  tibia,  tarse 
et  ongles;  ceux-ci  implantés  sur  une  pelote  simple  oubilobée. 

)>  Des  raquettes  coxales,  au  nombre  de  cinq ,  siègent  aux  hanches  des 
pattes  postérieures  et  forment  le  trait  le  plus  caractéristique  des  Galéodes. 
heur  palette^  toujours  glabre,  a  une  finesse  de  texture  toute  spéciale.  Ces  ra- 
quettes, communes  aux  deux  sexes,  ont  de  l'analogie  fonctionnelle  avec  les 
peignes  des  Scorpions  et  sont  aussi  des  organes  de  titillation,  de  volupté. 

»  Le  Galéode  a,  comme  le  Scorpion,  une  carcasse  squelettique  intratho- 
racique,  destinée  à  abriter  certains  viscères  délicats  et  principalement  à 
fournir  des  points  d'attache  aux  muscles  puissants  du  thorax. 

»  J'ai  consacré  un  chapitre  aux  mœurs,  aux  habitudes,  au  genre  de  vie  des 
Galéodes.  Ces  sauvages  habitants  du  brûlant  désert  ont  la  vélocité  de  la  ga- 
zelle, et  quand  on  les  poursuit  pour  s'en  emparer,  on  est  étonné  de  voir 
cette  fière  Arachnide  faire  volte  face  à  son  agresseur,  se  redresser  sur  son 
train  de  derrière  et  prendre  l'attitude  hardie  d'une  défense  ou  d'une  attaque 
énergiques.  A  défaut  d'abri  naturel,  l'agile  coursier  se  creuse  dans  le  sable 
une  dépression  circulaire  où  il  se  tapit  en  sentinelle  vigilante  pour  s'élancer 
sur  la  proie  qui  passe  à  sa  portée.  Ce  n'est  point  un  terrier  ou  une  tour 
comme  celui  de  la  Tarentule,  mais  le  camp  volant  du  nomade. 

»  Ces  scorpions  du  vent,  comme  les  appellent  les  Arabes,  ne  sont  point 
sociables.  L'instinct  seul  de  la  reproduction  rapproche  un  moment  les  deux 
sexes.  Mais,  hélas!  le  malheureux  étalon  ne  tarde  point  à  payer  de  la  vie 
celle  qu'il  vient  de  donner. 

»  Malgré  sa  sauvagerie,  la  femelle,  après  la  parturition,  ne  faillit  pouit  à 
la  tendresse  et  aux  sollicitudes  maternelles.  On  la  voit  rassembler  près 
d'elle  ses  enfants,  au  nombre  quelquefois  d'une  douzaine;  elle  les  pourvoit 
d'un  gibier  de  leur  goi'it,  comme  un  jeune  orthoptère,  luie  tendre  phalène  ; 
elles  les  dresse  à  la  chasse  et  ne  les  perd  point  de  vue.  Ce  tableau  de  fa- 
mille dans  la  solitude  du  Sahara  a  bien  sa  valeur  de  sentiment. 

«  On  verra  dans  mon  travail  que  huit  Galéodes  adultes  placés  dans  un 
cirque  clos  se  livrèrent  à  des  luttes,  à  des  combats  acharnés.  Le  résultat  de 
cette  arachnomachie  fut  l'extermination  de  sept  athlètes  et  le  triomphe  du 
huitième,  qui  dévora  successivement  sur  place  les  vaincus. 

»  Pallas  assure  que  le  Phalnngium  araneoides  a  un  venin  mortel  si  on  n'y 
apporte  pas  un  prompt  remède.  Olivier  dit  cette  même  Arachnide  inoffen- 


(     T.5,     ) 

sive.  On  verra  dans  mon  texte  une  intéressante  observation  d'un  de  mes 
confrères,  médecin  militaire  en  Algérie.  Je  vais  la  résumer.  Un  colon  de 
Pontéba  fut  mordu  à  la  jambe  par  un  Galeodes  barbarus  de  forte  taille.  Une 
enflure  considérable  envahit  la  jambe  et  la  cuisse;  il  y  eut  des  vomissements 
bilieux;  l'intoxication  était  évidente.  Le  médecin  agrandit  la  plaie,  y  ins- 
tilla quelques  gouttes  d'ammoniaque  liquide;  il  donna  à  cuillerées  répé- 
tées une  potion  avec  cet  alcali  étendu  d'eau;  des  frictions  niercurielles à 
haute  dose  furent  pratiquées.  Au  dix-septième  jour  le  malade  fut  hors  de 
danger  et  guérit. 

»  L'histoire  du  genre  et  des  espèces  de  Galeodes  ne  saurait  figurer  dans 
cet  extrait.  Un  coup  d'œil  sur  les  dessins  pourra  y  suppléer. 

B  Les  organes  intérieurs  des  Galeodes  se  divisent  naturellement  en  appa- 
reils gfeWrctux  :  sensitif,  respiratoire,  nutritif,  musculaire;  et  en  appareils  spe- 
ciaux  :  digestif,  génital. 

»  Le  Galéode  est  pourvu  d'un  cerveau,  d'un  énorme  ganglion  thoracique 
et  des  nombreuses  paires  de  nerfs  qui  émanent  de  ces  centres  médullaires; 
mais  il  manque  de  cette  chaîne  ganglionnaire  rachidienne  dont  le  Scorpion, 
d'un  rang  classique  plus  élevé,  a  été  si  somptueusement  doté.  Et  cependant 
les  actes  physiologiques  présidés  par  l'influence  nerveuse  sont,  quant  à  leur 
énergie,  en  raison  inverse  dans  ces  deux  magnâtes  des  Arachnides.  Le  Ga- 
léode, ami  du  soleil  et  du  sable  briîlant,  passe  sa  vie  de  chasseur  dans  une 
incessante  activité.  Le  lourd  et  ténébreux  Scorpion ,  blotti  sous  une  pierre 
pendant  le  jour,  se  traîne  an  crépuscule  pour  surprendre  dans  le  sommeil 
une  facile  proie. 

»  Le  cerveau  du  Galéode,  si  injustement  appelé  ganglion  cérébroide, 
ganglion  sus-œsophagieii,  est  un  véritable  encéphale,  un  organe  qui,  comme 
dans  la  haute  zoologie,  est  le  centre  des  sensations  et  des  volitions.  Quoique 
sessile  sur  le  ganglion  thoracique,  il  en  est  séparé  au  milieu  par  une  étroite 
contiguïté  formant  le  collier  œsophagien.  Il  fournit  les  nerfs  optiques  dont  la 
longueur  témoigne  de  leur  distance  du  cerveau. 

»  1j&  ganglion  thoracique  représente  à  lui  seul  tout  le  système  nerveux 
rachidien.  Il  dispense,  par  dé  vigoureuses  paires  de  nerfs,  la  sensibilité  aux 
appendices  articulés  qui  se  rattachent  au  thorax,  et  il  envoie  aux  viscères 
abdominaux  de  puissants  cordons  nerveux.  Comme  la  nature  ne  f;iit  point  de 
sauts,  ainsi  que  le  disait  Leibnitz,  le  cordon  médian,  qui  revendique  à  bon 
droit  le  nom  de  rachidien,  présente  dans  son  trajet  un  seul  ganglionnnle 
presque  insaisissable,  précieux  jalon  de  la  succession  des  organismes. 

»   Par  son  poste  à  la  tète  des  Arachnides  trachéennes,  le  Galéode  offre 


(  i25a  ) 
dans  la  série  le  premier  exemple  d'une  respiration  par  stigmates-  et  tra- 
chées,  d'une    circulation    aérifère,    l'apanage  de  la  nation  immense   des 
insectes. 

»  On  ne  connaissait  jadis  aux  Galéodes  que  les  deux  grands  stigmates 
thoraciques.  M.  Mil  ne  Edwards  a  signalé  l'existence  des  stigmates  abdomi- 
naux. Je  l'ai  confirmée  et  développée.  Je  renvoie  aux  figures  pour  avoir  une 
idée  de  ces  organes. 

»  En  abordant  pour  les  Galéodes  la  question,  si  controversée  dans  les 
insectes,  de  la  nutrition  et  du  vaisseau  dorsal,  j'ai  confirmé  ma  négation 
d'une  circulation  vasculaire  dans  les  Articulés  à  trachées,  et  je  maintiens 
encore  que  le  vai.sseau  dorsal  n'est  qu'un  cœur  vestigiaire,  le  cœur  du  Scor- 
pion déchu  de  fonction  circulatoire  et  sans  connexion  vasculaire  avec  les 
tissus  voisins. 

w  Parmi  les  appareils  organiques  spéciaux,  celui  de  la  digestion  se  com- 
pose des  glandes  salivaires^  du  tube  alimentaire  et  du  foie. 

»  Ces  glandes,  d'une  excessive  ténuité,  varient  suivant  les  espèces.  Celles 
àubarbarus  consistent  en  un  seul  vaisseau  simple,  aggloméré.  Dans  le  nigri- 
palpis,  les  vaisseaux  sont  anastomosés  en  deux  pelotons  inextricables. 

»  Le  tube  alimentaire,  de  la  simple  longueur  du  corps,  a  un  œsophage 
d'une  finesse  plus  que  capillaire,  un  jabot  divisé  en  trois  paires  de  longs 
boyaux  latéraux,  un  i;en<ncu/e  c/«7j/î<jfue  cylindroïde,  un  cœcM?n  latéral  et  un 
rectum  fort  court. 

»  Le  foie,  réceptacle  des  viscères  abdominaux,  est  une  énorme  glande 
conglomérée,  un  organe  parenchymateux  à  granulations  vésiculaires  qui  sé- 
crètent la  bile.  Celle-ci  est  transmise  par  des  conduits  biliaires,  des  canaux 
hépatiques  et  des  cholédoques.  Il  faut  une  patience  héroïque  pour  mettre  en 
évidence  les  insertions  cholédoques.  Elles  ont  lieu  à  l'origine  et  à  la  termi- 
naison du  ventricule  chylifique.  " 

»  L'appareil  génital  mâle  du  Galéode  se  compose  :  i°  de'quatre  testicules 
formés  chacun  d'un  seul  vaisseau  spermijique  diversement  reployé  et  dont 
la  longueur  surpasse  quatre  ou  cinq  fois  celle  de  tout  le  corps;  2°  de  quatre 
conduits  déférents;  3°  d'autant  de  vésicules  séminales  ;  l\°  d'un  canal  éjaculateur. 

»  L'absence  absolue  dans  le  Galéode,  soit  d'une  verge,  soit  d'une  pièce 
quelconque  d'un  étui  copulateur  et  le  défaut  d'observations  directes  sur  le 
mode  d'accouplement  de  ces  Arachnides,  deviennent  le  triomphe  du  scalpel 
pour  l'appréciation  de  cet  acte  copulatif. 

»  Dans  le  mâle  comme  dans  la  femelle,  l'orifice  génital  externe  est  d'une 
parfaite  conformité  de  configuration  et  de  texture.  Il  est  entouré  d'un  bour- 


(   ia53  )  - 

relet  charnu  circonscrivant  un  ellipsoïde.  La  position  respective  de  ces  deux 
orifices  à  la  base  inférieure  de  l'abdomen  entraîne  la  nécessité,  lors  de  l'u- 
nion des  sexes,  d'être  placés  ventre  contre  ventre  de  manière  que  dans  l'état 
d'orgasme  il  se  passe  ou  une  simple  confrication  mutuelle  semblable  à 
celle  du  moineau,  ou,  comme  dans  le  coq,  la  titillation  de  quelque  papille 
improvisée  d'une  verge  rudimentaire  instantanée. 

»  Les  Galéodes  ainsi  que  les  Scorpions  sont  ovovivipares.  Leur  appareil 
qénital femelle,  au  lieu  des  quatre  grandes  mailles  quadrilatères  de  ces  der- 
niers, ne  présente  qu'une  seule  paire  de  vastes  sacs  ovariques  simples,  garnis, 
au  bord  externe  seulement,  de  gaines  ovicjères  sphéroïdales  uniloculaires  et 
sessiles.  Leur  bord  interne  est  côtoyé  par  une  trachée  de  fort  calibre  qui 
répand  sur  tout  l'organe  ses  broderies  nutritives.  Les  deux  sacs  ovariques 
s'abouchent  à  la  vulve  par  deux  cols  utérins  ou  deux  vagins. 

»  Que  de  mystères  sur  les  stades  de  l'évolution  embryonnaire,  sur  l'époque 
et  le  lieu  de  la  parturition,  sur  les  soins  maternels  aux  nouveau-nés,  sur 
une  fouie  de  questions  de  mœurs  et  de  vie  privée!  Que  ne  puis-je  devenir 
pendant  une  ou  deux  saisons  Arabe  du  désert  pour  épier  toutes  ces  manœu- 
vres, pour  m'initier  à  tant  de  secrets! 

»  Non  omnibus  adiré  Corinthum..  » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Emploi  du  chameau  pour  la  charrue. 

«  M.  Texier  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  bas-relief  antique 
extrait  des  mines  d'une  ville  d'Afrique  nommée  Guerdza ,  située  à  4oo  kilo- 
mètres environ  au  sud- ouest  de  Tripoli. 

»  Cette  ville,  qui  paraît  avoir  été  bâtie  par  les  anciens  Numides,  renferme 
un  grand  nombre  de  bas-reliefs  représentant  des  chasses  ou  des  travaux 
agricoles.  Aucun  Européen  n'y  a  encore  pénétré;  ces  bas-reliefs  ont  été 
rapportés  par  les  Arabes,  à  la  demande  du  consul  de  France. 

»  Le  bas-relief  qui  est  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie  est  intéressant  à 
ce  point  de  vue  qu'il  représente  un  Numide  labourant  à  l'aide  d'un  cha- 
meau, ce  qui  prouve  qu'à  cette  époque  le  chameau  était  employé  comnx' 
béte  de  trait  aussi  bien  que  comme  bête  de  somme. 

>)  A  mesure  que  les  voies  de  communication  se  multiplient  en  Algéiie  , 
l'emploi  du  chameau  comme  béte  de  somme  devient  de  moins  en  moins 
nécessaire.  Ne  serait-il  pas  à  désirer  que  l'on  tentât  quelques  épreuves  pour 
remettre  le  chameau  à  son  ancienne  destination  ;  son  secours  serait  très- 
efficace  dans  les  provinces  méridionales  de  l'Algérie,  dans  le  Sahara,  dans 
le  Hodna  et  dans  les  régions  des  hauts  plateaux  où  la  terre  est  très-menblf 


(  1254  ) 
et  où  la  température  élevée  fatigue  les  chevaux  et  encore  plus  les  bcêufs. 
Les  chameaux  employés  au  labour  seraient  pour  l'agriculteur  un  instru- 
ment qui  n'est  pas  à  dédaigner.    » 

M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire  rappelle,  à  cette  occasion,  qu'au  Muséum 
d'histoire  naturelle  on  a  longtemps  employé  des  chameaux  au  manège  de 
la  pompe  qui  alimentait  d'eau  le  jardin  (i). 

M.  Valenciennes  rappelle  que  ce  service  a  été  fait  par  des  animaux  ap- 
partenant aux  deux  espèces  dont  se  compose  le  genre  Chameau. 

M.  Babinet  ajoute  que  dans  l'expédition  américaine  en  Palestine,  des 
barques  amenées  de  la  mer  Morte  ont  été  traînées  par  terre  au  moyen  de 
chameaux. 

M.  Flovrens  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Owen,  les  six  premières 
livraisons  de  !'«  Histoire  des  reptiles  fossiles  de  la  Grande-Bretagne  ». 

RAPPORTS. 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  — Emploi  combiné  de  la  machine  d induction  de  Ruitmkorff 
et  d'une  pièce  d'arlillerie  pour  signaler  le  midi  moyen  et  servir  ainsi  au 

.  règlement  des  chronomètres  à  bord  des  navires;  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  Trjîve. 

(Commissaires,  MM.  Dupin,  Pouillet,  le  Maréchal  Vaillant,  l'Amiral 
du  Petit-Thouars  rapporteur.) 

a  Messieurs, 

»  Vous  avez  fait  choix  d'une  Commission  composée  de  MM.  le  baron 
Dupin,  Pouillet,  le  Maréchal  Vaillant  et  moi,  afin  d'examiner  une  nou- 
velle application  de  l'électricité  pour  transmettre,  à  tous  les  navires  mouillés 
sur  une  rade  ou  dans  un  port,  l'instant  précis  du  midi  servant  à  régler  les 
marches  des  montres.  Je  vais  avoir  l'honneur  de  rendre  compte  à  l'Aca- 
démie de  l'examen  de  cette  question  fait  par  sa  Commission. 

»   M.  Trêve,  enseigne  de  vaisseau,  déjà  connu  de  vous  par  une  première 


.  (i)  On  voyait  à  l'exposition  des  beaux  arts  de  1847,  '^^"*  "°  tableau  de  M.  Karl  Çirardet 
représentant  un  fellah  égyptien  labourant  son  champ,  la  charrue  attelée  d'un  dromadaire  et 
d'un  buffle  liés  au  même  joug.  Ce  tableau  se  trouve  reproduit  par  la  gravure  dans  le  Magasin 
pittoresque ,  année  1847,  P^S^  '44- 


(  ia55  ) 
application  de  l'électricité  à  un  système  de  signaux  d'escadre  fort  ingénieux, 
a  eu  aussi  l'heureuse  idée  d'employer  l'étincelle  électrique  pour  mettre  le 
feu  à  un  canon  placé  à  distance  d'un  observatoire,  afin  de  faire  connaître, 
par  la  détonation,  aux  bâtiments  mouillés  sur  une  rade  ou  dans  un  port, 
l'heure  précise  de  midi  à  Paris,  temps  moyen. 

o  M.  Trêve  suppose  que  la  détonation  serait  tellement  instantanée , 
qu'elle  donnerait  à  ce  signal  toute  la  précision  désirable  et  nécessaire,  pour 
que  cette  heure  puisse  servir  à  calculer  d'une  manière  rigoureuse  les 
marches  des  chronomètres  destinés  à  la  détermination  des  longitudes  en 
mer. 

»  Votre  Commission  pense  qu'il  ne  faut  pas  se  préoccuper  de  la  spon- 
tanéité du  signal,  parce  qu'il  existe  un  moyen  de  rectification  facile  à  ob- 
tenir qui  donnerait  à  l'observation  la  plus  grande  précision  qu'il  soit  possible- 
d'atteindre. 

»  Tl  suffirait,  pour  cela,  que  l'observateur  qui  aurait  déterminé  le  signal 
continuât  d'observer  l'horloge  servant  de  régulateur  et  s'assurât  ainsi  que  la 
détonation  a  parfaitement  coïncidé  avec  l'heure  précise,  et  que,  s'il  y  avait 
une  différence  appréciable,  il  en  tînt  note  pour  que  cette  quantité  pût  servir 
à  corriger  l'heure  obtenue  à  bord  des  bâtiments. 

»  Il  y  aurait  encore  une  autre  cause  possible  d'erreur  :  elle  se  produirait 
par  le  temps  nécessaire  à  la  propagation  du  son  et  se  traduirait  par  un  re- 
tard dont  il  faudrait  faire  la  correction  à  l'heure  observée.  Cotinaissant  la 
distance  exacte  de  l'observatoire  au  canon,  et  du  canon  à  bord,  il  serait 
facile  d'en  déterminer  la  durée.  Mais  il  est  parfaitement  inutile  de  faire  cette 
recherche,  parce  que  cette  erreur  devant  affecter  d'une  manière  sensible- 
ment égale  les  deux  termes  de  comparaison  qui  doivent  servir  à  trouver 
l'avance  ou  le  retard  absolu  des  chronomètres,  pendant  l'intervalle  des  ob- 
servations faites  pour  les  régler,  il  n'en  résulterait  aucune  altération  dans 
l'avance  ou  le  retard  absolu  des  montres,  et  les  marches  n'en  seraient  pas 
moins  rigoureusement  obtenues.  Au  surplus,  l'erreur  possible  provenant  de 
la  différence  de  vitesse  clans  la  propagation  du  son  ne  peut  être  que  très- 
minime,  car  si  la  distance  de  l'observatoire  au   canon  était  égale  à  celle 
du  canon  à  bord,  à  moins  de  circonstances  atmosphériques  très-rares,   elle 
serait  tout  à  fait  nulle,  et  si  ces  distances  n'étaient  point  égales,  l'erreur  se 
réduirait  au  temps  proportionnel  à  la  propagation  du  son  afférente  à  cette 
différence.  Cette  quantité,  pour  ainsi  dire  insignifiante,  devant  encore  se 
diviser  par  le  nombre  de  jours  écoulés  entre  les  deux  observations,  pourrait, 
sans  inconvénient  pour  la  navigation,  être  entièrement  négligée. 

C.  B.  i858,   i«  Semestre.  (T.  XLVl,  N"  26)  l63 


(  ia56  ) 

»  Cette  méthode  de  signaler  l'heure  répond  à  un  besoin  vivement  senti 
des  marins  ;  elle  donnerait  un  moyen  plus  exact  que  ceux  qui  sont  en  usage 
pour  régler  les  marches  des  montres  et  ferait  éviter  les  erreurs  qui  résultent 
souvent  du  transport  de  l'heure  par  garde-temps,  ou  du  déplacement  des 
chronomètres  eux-mêmes.  En  effet,  on  ne  peut  transporter  l'heure  qu'en 
employant  de  doubles  comparaisons  qui  ne  sont  pas  toujours  sans  irrégu- 
larités, et,  vous  le  savez,  Messieurs,  les  chronomètres  sont  des  instruments 
dont  la  marche  est  très-susceptible  de  se  déranger  par  le  mouvement  qu'on 
leur  imprime.  Si  donc,  l'altération  qu'ils  pourraient  éprouver,  parla  trans- 
lation, se  produisait  pendant  leur  retour  de  l'observatoire  à  bord,  il  y  aurait 
là  une  cause  de  différences  dont  le  terme  inconnu  s'accumulerait  chaque 
jour,  et  occcasionnerait,  après  une  longue  navigation,  une  erreur  totale, 
peut-être  préjudiciable  à  la  sécurité  du  bâtiment.  Ce  mode  plus  rigoureux 
de  calculer  les  marches  des  montres  accroîtrait  la  confiance  que  l'on  doit 
avoir  dans  la  navigation  par  chronomètre  et  serait  une  satisfaction  donnée 
aux  Chambres  de  commerce,  ainsi  qu'un  encouragement  aux  Compagnies 
qui  s'occupent  d'assurances  maritimes. 

»  Quant  au  moyen  d'application  du  système,  rien  de  plus  simple  et  de 
moins  dispendieux,  c'est  celui  qu'on  emploie  pour  faire  éclater  les  mines. 
A  cet  effet,  on  placerait  à  la  disposition  de  l'observateur  une  machine 
d'induction  de  Ruhmkorff.  Deux  fils  électriques  mettraient  en  communi- 
cation la  machine  et  le  canon  établi  dans  une  batterie  de  la  côte,  ou  situé 
sur  une  éminence,  d'où  il  pourrait  être  aperçu  et  entendu  de  tous  les  points 
de  la  rade  et  du  port. 

»  Votre  Commission  est  d'avis  que  l'ingénieuse  pensée  de  M.  Trêve  mé- 
rite d'être  soumise  à  des  expériences  suivies,  et  propose  en  conséquence  à 
l'Académie  de  transmettre  le  présent  Rapport  à  M.  le  Ministre  de  la 
Marine.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

ZOOLOGIE.  —  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Hesse,  relatif  aux  métamorphoses 

des  Ancées  et  des  Caliges. 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Costo,  Milne  Edwards  rapporteur.) 

((  Lorsque  les  naturahstes  trouvent  un  animal  qui,  par  son  mode  de  con- 
formation, diffère  notablement  de  tous  les  animaux  connus,  et  que  le& 
caractères  qui  lui  sont  propres  paraissent  être  de  même  valeur  que  ceux  à 


(  »257  ) 
l'aide  desquels  on  distingue  entre  elles  des  espèces  voisines,  ils  ont  tout 
lieu  de  penser  que  cet  être  appartient  à  une  espèce  nouvelle  pour  la  science, 
et  ils  peuvent  légitimement  l'inscrire  dans  nos  catalogues  zoologiques  sous 
un  nom  propre,  soit  comme  membre  d'un  genre  déjà  admis,  soit  même 
comme  représentant  d'un  genre  nouveau,  si  les  particularités  organiques 
qui  s'y  remarquent  semblent  être  d'une  importance  considérable.  Mais  en 
procédant  ainsi  on  est  parfois  exposé  à  commettre  des  erreurs  graves.  En 
effet  il  arrive  souvent  qu'un  animal  en  naissant  n'a  pas  le  mode  de  consti- 
tution qu'il  aura  à  l'état  parfait ,  et  si  l'analogie  ne  conduit  pas  à  faire  soup- 
çonner l'existence  des  métamorphoses  qu'il  subit,  on  peut  facilement  mé- 
connaître l'identité  spécifique  de  la  larve  et  de  l'adulte  et  considérer  comme 
deux  espèces,  des  individus  qui,  en  réalité,  ne  diffèrent  que  par  l'âge.  Pour 
reconnaître  les  erreurs  de  cette  nature,  il  est  nécessaire  de  suivre  le  déve- 
loppement de  l'animal  depuis  sa  sortie  de  Toeuf  jusqu'au  moment  où  il 
devient  apte  à  se  reproduire,  et  quelquefois  même  d'être  témoin  de  son 
mode  de  multiplication;  mais  pour  les  espèces  qui  habitent  les  profon- 
deurs de  la  mer,  cette  étude  persévérante  est,  en  général,  fort  difficile  à 
faire,  et  n'a  pu  être  tentée  que  dans  un  petit  nombre  de  cas.  Cependant,  en 
suivant  cette  voie,  on  est  déjà  arrivé  à  des  résultats  importants,  et  c'est  de 
la  sorte  que  les  progrès  de  la  science,  tout  en  amenant  chaque  jour  l'in- 
scription de  noms  nouveaux  dans  nos  tableaux  de  classification,  ont  con- 
duit à  faire  disparaître  de  ces  listes  plus  d'une  espèce  indûment  établie. 

»  La  classe  des  Crustacés  a  déjà  donné  lieu  à  plusieurs  réformes  de  ce 
genre,  et  les  erreurs  dont  on  a  fuit  ainsi  justice  ne  pouvaient  guère  s'éviter, 
à  raison  de  la  difficulté  que  la  plupart  des  zoologistes  devaient  rencontrer 
quand  ils  essayaient  de  suivre  le  développement  de  ces  animaux.  En 
effet,  lorsqu'un  ancien  Membre  de  cette  Académie,  Bosc,  découvrit  en 
haute  mer  le  petit  Crustacé  dont  il  a  formé  le  genre  Zoé,  rien  ne  pouvait 
lui  faire  deviner  que  les  crabes  de  nos  côtes  subissaient  dans  le  jeune  âge 
des  métamorphoses  comparables  à  celles  du  têtard,  qui  se  change  en  gre- 
nouille, et  que  le  petit  animal  tombé  entre  ses  mains  était  la  larve  d'un  de 
ces  grands  Crustacés  décapodes.  Mais  lorsque  Thompson,  naturaliste  qui 
i-ésidait  sur  la  côte  de  l'Irlande,  eut  l'heureuse  idée  d'élever  quelques-uns 
de  ces  jeunes  animaux  à  l'état  captif,  et  que  dans  cette  vue  il  fit  éclore  dans 
des  vases  remplis  d'eau  de  mer  les  œufs  pondus  par  des  crabes,  il  reconnut 
aussitôt  que  les  Zoés  de  Bosc  ne  constituent  pas  une  espèce  distincte  et  ne 
sont  autre  chose  que  des  larves  de  quelques-uns  de  nos  Crustacés  déca- 
podes. Thompson  a  constaté  ensuite  que  les  Cirripèdes,  au  lieu  d'être  des 

i63.. 


(  1258  )' 
MoHusques,  comme  l'avait  pensé  Cuvier,  sont  des  Crustacés  qui  n'offrent 
rien  d'anormal  dans  le  jeune  âge,  mais  qui  deviennent  presque  mécon- 
naissables par  suite  des  métamorphoses  qu'ils  subissent.  MM.  Nordmann  et 
Van  Bénéden  sont  arrivés  à  des  résultats  analogues  relativement  aux  Lernées 
et  à  quelques  autres  Crustacés  parasites.  Enfin,  tout  dernièrement,  un  des 
Membres  de  cette  Commission,  M.  Coste,  et  M.  Gerbe  son  préparateur,  en 
voyant  éclore  déjeunes  langoustes,  ont  reconnu  que  ces  Crustacés  sont  éga- 
lement sujets  à  des  métamorphoses ,  et  qu'à  la  sortie  deToeuf  ils  ne  diffèrent 
pas  des  aîiimaux  décrits  précédemment  par  Leach  sous  le  nom  générique  de 
Phyllosomes.  J'ajouterai  que  bien  probablement  les  genres  Mégalops,  Alime 
et  Érichthe,  de  Leach,  ainsi  que  le  genre  désigné,  il  y  a  trente  ans,  par 
votre  rapporteur  sous  le  nom  de  Cuma,  ne  se  composent  que  de  larves  de 
divers  Crustacés  décapodes  dont  les  métamorphoses  n'ont  pas  été  consta- 
tées jusqu'ici. 

M  C'est  à  un  résultai  analogue  que  M.  Hesse,  naturaliste  à  Brest,  est 
arrivé  en  étudiant  avec  soin  et  persévérance  certains  petits  Crustacés  de 
l'ordre  des  Isopodes,  découverts  par  Montagu  dans  le  commencement  du 
siècle  actuel,  et  classés  par  Leach,  dans  deux  genres  séparés,  sous  les  noms 
de  Pranizes  et  d'Ancées.  Jusqu'ici  aucun  zoologiste  n'avait  eu  l'occasion 
d'étudier  ces  animaux  à  l'état  vivant;  on  n'en  avait  recueilli  qu'un  fort  petit 
nombre  et  on  ne  connaissait  même  que  très-imparfaitement  leur  structure 
extérieure.  M.  Hesse  a  profité  habilement  des  conditions  favorables  où  il  se 
trouve  placé  pour  combler  en  grande  partie  cette  lacune  dans  l'histoire 
naturelle  des  Crustacés  de  nos  côtes.  Ayant  trouvé  sur  les  nageoires  des 
trigles  et  de  quelques  autres  poissons  un  certain  nombre  de  Pranizes,  il 
conserva  ces  petits  animaux  à  l'état  vivant  dans  une  quantité  convenable 
d'eau  de  mer  et  fut  ainsi  témoin  des  métamorphoses  qu'ils  subissent.  Effec- 
tivement il  les  vit,  après  quelques  jours  de  captivité,  se  transformer  en 
Ancées.  Enfin,  dans  une  autre  série  d'expériences,  M.  Hesse  a  suivi  le  déve- 
loppement des  œufs  pondus  par  des  Ancées  et  en  a  vu  éclore  des  Pranizes. 

»  Le  fait  de  l'identité  spécifique  des  Pranizes  et  des  Ancées  nous  paraît 
donc  parfaitement  établi.  Les  Pranizes  sont  des  Ancées  à  l'état  de  larves, 
tout  comme  le  têtard  est  le  jeune  de  la  grenouille,  et  le  ver  à  soie  le  premier 
état  du  Bombyx.  Or  les  Pranizes  et  les  Ancées,  quoique  rangées  dans  lUie 
même  famille  naturelle  par  votre  rapporteur,  ont  des  formes  si  différentes, 
que  ce  dernier  avait  cru  devoir  en  former  deux  tribus  distinctes.  I^  décou- 
verte de  M.  Hesse  change  donc  complètement  les  idées  généralement  reçues 
touchant  ce  point  de  l'histoire  des  Crustacés. 


(   'aSg  ) 

»  On  trouve  aussi  dans  le  Mémoire  de  M.  Hesse  d'autres  observations 
intéressantes  sur  la  physiologie  des  Ancées  et  plus  particulièrement  sur  les 
circonstances  qui  influent  sur  leur  aptitude  à  se  métamorphoser  et  à  se  re- 
produire. L'auteur  de  ce  travail  intéressant  a  étudié  aussi  avec  beaucoup  de 
soin  les  caractères  extérieurs  de  plusieurs  espèces  d'Ancées  tant  à  l'état  de 
larve  qu'à  l'état  adulte.  Son  Mémoire  est  accompagné  de  nombreux  dessins 
bien  exécutés  et  la  publication  en  serait  fort  désirable. 

»  Dans  un  second  Mémoire,  adressé  à  l'Académie  le  3i  mai  dernier, 
M.  Hesse  rend  compte  de  ses  observations  sur  le  développement  et  les  mé- 
tamorphoses de  quelques  autres  Crustacés  parasites  appartenant  à  la  famille 
des  Caligiens  et  à  celle  des  Lernées.  Les  résultats  auxquels  il  est  arrivé 
s'accordent  très-bien  avec  ceux  obtenus  précédemment  par  M.  Nordmann 
et  par  M.  Van  Bénéden  sur  d'autres  animaux  du  même  groupe  et  y  ajoutent 
beaucoup.  Il  a  suivi  plus  loin  qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'ici  le  développe- 
ment des  larves,  et  il  est  arrivé  ainsi  à  la  connaissance  de  plusieurs  faits 
importants.  Par  exemple,  il  a  constaté  que,  dans  le  jeune  âge,  ces  petits 
animaux  se  fixent  aux  corps  étrangers  à  l'aide  d'un  prolongement  frontal 
filiforme,  organe  qui  a  beaucoup  d'analogie  avec  le  pédoncule  des  jeunes 
Anatifs,  et  cette  ressemblance  vient  à  l'appui  du  rapprochement  que  tous 
les  entomologistes  actuels  ont  été  conduits  à  admettre  entre  les  Cirripèdes 
et  les  Entomostracés. 

»  Nous  n'entrerons  pas  dans  plus  de  détails  relatifs  aux  recherches  de 
M.  Hesse,  car  les  résultats  que  nous  venons  d'exposer  brièvement  nous 
paraissent  devoir  suffire  pour  caractériser  le  travail  soumis  à  notre  exa- 
men et  pour  en  faire  apprécier  le  mérite  ;  mais  pour  mieux  constater  toute 
l'importance  que  nous  y  attachons,  nous  demanderons  à  l'Académie  de 
vouloir  bien  accorder  à  M.  Hesse  un  témoignage  éclatant  de  son  estime  en 
ordonnant  l'impression  de  ses  deux  Mémoires  dans  le  Recueil  des  Savants 
étrangers.   » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

M.  DcMÉRiL  dépose  sur  le  bureau  une  Note  sur  la  maladie  de  la  vigne, 
qui  avait  été,  dans  la  séance  du  1 4  de  ce  mois,  renvoyée  à  l'examen  de  la 
Commission  des  maladies  des  végétaux.  L'auteur  ne  connaît  pas  bien  les 
habitudes  des  insectes  auxquels  il  attribue  la  cause  de  l'oïdium.  Réaumur 
et  Geoffroy  ont  très-bien  décrit  les  mœurs  et  figuré  le  gallinsecte  ou  la 
cochenille  de  la  vigne,  la  femelle,  le  mâle,  les  œufs  et  la  larve.  Quant  aux 
coccinelles,  comme  on  sait  que  ces  petits  coléoptères  se  nourrissent  uni- 


(  1260  ) 
quement  de  pucerons  sous  leurs  deux  états  de  larve  et  d'insectes  parfaits, 
ils  sont  plutôt  utiles  que  nuisibles.  Ainsi  cette  Note  n'est  pas  de  nature  à 
devenir  l'objet  d'un  Rapport  écrit. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission chargée  de  décerner  le  prix  d'Astronomie,  fondation  Lalande. 

MM.  Mathieu,  Laugier,  Liouville,  Delaunay,  Le  Verrier  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

PATHOLOGIE.  —  Mémoire  sur  te  croup  des  paupières  ou  diphthérite  conjonctivale ; 

par  M.  Magne. 

L'auteur  fait  connaître  quatre  cas  de  cette  maladie  qu'il  a  traités  avec 
succès,  et  termine  son  Mémoire  par  le  résumé  suivant  : 

«  Quatre  faits,  si  bien  établis  qu'ils  soient,  n'autorisent  pas  suffisam- 
ment des  conclusions  rigoureuses;  néanmoins  qu'il  me  soit  permis,  quant  à 
présent^  de  poser  les  quelques  jalons  qui  paraissent  mesurer  le  terrain  encore 
inconnu  de  la  diphthérite  conjonctivale. 

«  I  ".  La  diphthérite  conjonctivale  est  une  maladie  de  nature  couenneuse, 
comme  le  croup. 

»  2°.  La  diphthérite  conjonctivale  a  des  signes  particuliers  qui  ne  per- 
mettent pas  de  la  confondre  avec  l'affection  que  l'on  a  désignée  sous  le  nom 
d'ophthalmie  pseudo-membraneuse. 

»  3°.  La  diphthérite  conjonctivale  affecte  spécialement  les  enfants. 

»  4°-  La  diphthérite  conjonctivale  ne  paraît  pas  être  une  maladie  pure- 
ment locale,  elle  semble  liée  à  im  état  général  ;  aussi  la  prudence  recom- 
mande-t-elle  de  s'abstenir  d'employer,  pour  la  combattre,  lesexutoiresqui, 
à  leur  tour,  pourraient  constituer  une  complication. 

»  5°.  La  diphthérite  conjonctivale  ne  semble  pas,  en  général,  offrir  le 
caractère  contagieux;  sans  nous  prononcer  formellement  sur  cette  question, 
c'est  du  moins  ce  qui  résulte  de  nos  observations,  cette  affection  n'ayant 
jamais  occupé  qu'un  œil  et  l'autre  œil  ayant  toujours  été  exposé  au  contact 
des  liquides  sécrétés  par  la  conjonctive  malade,  quelque  pressantes  qu'aient 
été  nos  recommandations  à  ce  sujet. 

»  6°.  La  diphthérite  conjonctivale  est  une  affection  très-rare  et  assez 
grave,  mais  de  nature  curable.  » 


(    ia6t    ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

GÉOLOGIE.  —  Dolomie  de  la  vallée  de  Binn  :  ses  caractères  de  roche;  ses  nom- 
breux minéraux',  son  gisement;  par  M.  Hdgard.  (Extrait  par  l'auteur,) 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  de  Senarmont,  Delafosse.) 

«  La  vallée  de  Binn  (Binnen  Thaï),  si  célèbre  par  ses  produits  minéralo- 
giques  et  géologiques,  est  située  dans  le  haut  Valais,  à  quelques  lieues 
est-est-nord  au-dessus  de  Brigg  et  de  la  grande  route  qui  de  cette  ville  con- 
duit par  le  Simplon  en  Italie. 

»  Les  masses  minérales  qui  la  constituent  appartiennent  à  différents 
ordres  :  ce  sont  principalement  des  talcites  graphiteux,  des  gneiss,  des  am- 
phibolites,  des  serpentines,  puis  la  roche  capitale,  la  dolomie,  dont  il 
doit  être  ici  plus  spécialement  question. 

»  La  dolomie  est  remarquable  par  sa  structure  éminemment  cristalline  : 
néanmoins  les  particules  qui  la  composent  ne  représentent  point  chacune, 
comme  on  l'a  prétendu,  une  forme  définie,  celle  par  exemple  d'un  rhom- 
boèdre parfait,  mais  toutes  sont  irrégulières;  leur  ensemble  représente  le  vé- 
ritable résultat  d'un  précipité  confus  produit  au  sein  des  eaux.  La  roche  a 
l'apparence  grenue;  elle  se  laisse  rayer  facilement  et  se  montre  friable  au 
dernier  Idegré.  Sa  couleur  dominante  est  le  blanc  éclatant,  quelquefois 
teinté  de  gris  ou  de  bleuâtre.  On  sait  qu'elle  est  phosphorescente  :  sa  surlace 
émet  sous  le  choc  du  marteau,  ou  lorsqu'on  la  gratte  légèrement  avec  la 
pointe  d'acier,  une  lueur  d'un  beau  rouge  orangé.  . 

»  La  composition  chimique  de  la  dolomie,  que  l'auteur  a  étudiée  de  nou- 
veau par  plusieurs  analyses  faites  sur  différentes  variétés  de  la  roche,  s'est 
rapportée  sensiblement,  dans  tous  les  cas,  à  i  carbonate  de  chaux  pour  i 
carbonate  de  magnésie;  mais  les  échantillons  n'ont  jamais  été  purs  :  il  ont 
toujours  fourni  dans  l'analyse  une  certaine  proportion  de  matière  ayant  ré- 
sisté à  l'action  de  l'acide  chlorhydrique,  et  qui  s'est  élevée  de  quelques 
dixièmes  jusqu'à  12  ou  i5  pour  100.  Examinée  sous  le  microscope,  cette 
matière  non  dissoute  s'est  montrée  habituellement  composée,  soit  de  petits 
cristaux  très-nets,  tels  que  dodécaèdres  pentagonaux  de  pyrite  de  fer, 
prismes  hexagonaux  pyramides  de  quartz  hyalin,  paillettes  de  mica  ou  de 
talc,  soit  de  particules  informes,  mais  cristallines,  translucides,  en  quan- 
tité plus  considérable  que  les  cristaux  précédents;  ces  particules,  soumises' 
à  un  traitement  spécial,  ont  donné  du  sulfate  de  baryte  et  strontiane. 


(  1262  ) 
»  Au  sein  de  la  dolomie  sont  répandus  grand  nombre  de  minéraux,  les 
uns  d'un  très-petit  volume,  à  peine  perceptibles  à  l'œil,  et  plus  ou  moins 
uniformément  disséminés  au  travers  de  la  masse;  les  autres,  plus  dévelop- 
pés dans  leurs  dimensions,  et  habituellement  rassemblés  par  nids  dans  des 
cavités  dont  ils  tapissent  les  parois.  —  Le  nombre  total  des  espèces  consta- 
tées par  l'auteur  s'élève  à  vingt-cinq  environ,  dont  voici  les  noms  : 

Quartz. 

Orthose    (  hyalophane,  Walt.),  tourmaline,  mica,  talc,  trémolite,  mâcle, 

greoat. 
Corindon. 

Réalgar,    orpiment. 
Blende,     antimoine    sulfuré,    dufrénoysile  (skléroklase  et    arsénomé- 

lane,  Walt.),  binnite,  pyrite  jaune  de  fer,   fer  oxydulé,  fer 

carbonate. 
Rutile. 
Dolomie,  célestine,  barytine,  baryto-célestine,  calcaire  spathique. 

»  Parmi  ces  nombreuses  espèces,  quelques-unes  sont  de  création  récente, 
et  jusqu'à  présent  n'ont  encore  été  rencontrées  que  dans  le  gisement  dont 
il  est  ici  question  ;  ce  sont  la  dufrénoysite,  la  binnite,  la  hyalophane,  la 
baryto-célestine  ;  elles  méritent  quelques  détails.  Sous  le  nom  de  dufrénoy- 
sile, l'auteur  désigne  l'arsénio-sulfure  de  plomb,  par  la  formule  Pb*  As,  dont 
M.  Damour  a  donné  l'analyse  en  i845,  et  qu'il  a  décrite  sous  ce  nom.  Le 
minéral  cristallise  dans  le  système  du  prisme  droit  à  base  rhomboidale. 
La  binnite  est  un  sulfo-arséniure  de  cuivre,  contenant  quelques  traces  de 
plomb  et  d'argent,  que  l'on  a  confondu  pendant  longtemps  avec  la  dufré- 
noysite, mais  dont  la  forme  appartient  au  système  régulier.  Sous  la  déno- 
mination de  h/alopliane,  M.  de  Waltershausen  a  établi  une  espèce  qu'il 
représente  par  la  formule 

5SiAl» -+- 3SiR'-l-'SBa 
(R  indiquant  trois  sortes  de  bases  à  i  atome  d'oxygène  :  chaux,  magnésie, 
soude)  ;  ce  minéral  contiendrait  ainsi  deux  genres  d'acide  :  Si  et  S.  L'auteur 
du  présent  Mémoire  a  remarqué  dans  les  angles  que  le  chimiste  allemand 
assigne  à  sa  nouvelle  espèce  un  étroit  rapprochement  avec  ceux  de  l'adulaire 
du  Saint-Gothard;  de  plus,  des  cristaux  du  même  minéral,  qu'il  a  rapportés 
au  Muséum,  lui  ont  fourni  des  incidences  identiques  à  celles  de  la  variété  du 
feldspath  orthose  ;  pour  ces  motifs  et  divers  autres  développés  dans  son 
travail,  il  croit  devoir  admettre  la  complète  identité  de  ces  minéraux.  La  ba- 


(  1263  ) 

ryto-célestine  est  aussi  une  nouvelle  espèce  récemmetit  créée  par  M.  de  Wal- 
tershausen  ;  c'est  le  sulfate  double  de  baryte  et  de  strontiane  dont  il  a  été 
question  précédemment.  A  l'analyse  de  la  roche,  les  deux  bases  varient  en 
toute  espèce  de  proportions  relatives  dans  ce  minéral  ;  les  angles  des  cris- 
taux varient  eux-mêmes,  se  rapprochant  tantôt  de  ceux  de, la  célestine, 
tantôt  de  ceux  de  la  barytine;  ce  serait  donc  ici  un  nouvel  exemple  de  ces 
sortes  d'espèces  hybrides,  telles  que  le  carbonate  de  chaux  et  de  magnésie, 
dans  lesquelles  on  observe  toute  transition  dans  les  quantités  chimiques  et 
les  valeurs  cristallographiques,  entre  deux  termes  extrêmes  de  comparaison. 

»  A  quel  âge  faut-il  rapporter  la  formation  du  gîte  à  minéraux  si  fécond 
et  si  remarquable  de  Binn?  La  réponse  à  cette  question  n'est  pas  facile  :  ni 
la  dolomie,  ni  les  masses  qui  l'accompagnent  ne  présentent  les  moindres 
vestiges  de  corps  organisés;  pour  établir  leur  ordre  de  succession  dans 
l'échelle  des  couches  solides,  on  ne  possède  guère  que  des  caractères  strati- 
graphiques  ;  or,  d'après  ces  caractères,  des  géologues  font  dater  la  dolomie 
de  l'époque  du  lias;  M.  Cordier,  dans  sa  magnifique  collection  de  la  série 
chronologique  des  masses  minérales  au  Muséum,  la  classe  dans  la  division 
générale  qu'il  appelle  terrains  primordiaux  stratifiés  de  la  période  primitive;  et, 
suivant  le  savant  professeur,  cette  roche  serait  subordonnée  au  «  grand  étage 
des  niicacites  »  dans  le  même  ordre  de  terrains. 

»  Enfin  quel  fut  le  mode  particulier  de  formation  de  la  dolomie,  et  com- 
ment prirent  naissance  les  minéraux  qu'elle  contient?  Aux  temps  antiques, 
vers  lesquels  remonte  l'âge  de  la  roche,  prédominaient  sur  le  globe  une 
température  relativement  élevée  et  une  pression  considérable,  qui  durent 
favoriser  la  dissolution,  au  sein  des  eaux,  des  bicarbonates  alcalino-terreux, 
en  particulier  de  celui  de  chaux.  Dans  le  véhicule  liquide  chargé  de  ces  élé- 
ments, du  sulfate  de  magnésie  arrivant,  n'aura  pas  tardé  à  abandonner  son 
acide  pour  s'emparer  d'un  équivalent  de  celui  du  bicarbonate  de  chaux ,  et 
de  là  le  carbonate  double  de  chaux  et  de  magnésie;  l'acide  sulfurique  du 
sulfate  de  magnésie  se  sera  en  même  temps  porté  sur  la  baryte  et  la  stron- 
tiane des  bicarbonates  de  ces  bases  qui  étaient  pareillement  en  dissolution, 
pour  former  la  baryto-célestine  très-répandue  dans  la  roche.  On  connaît  la 
belle  expérience  par  laquelle  Haidinger,  et  postérieurement  M.  Marignac , 
ont  obtenu'la  dolomie  en  opérant  dans  des  conditions  analogues  à  celles 
ci-dessus  indiquées. 

»  Sous  les  mêmes  influences  se  sont  produits,  synchroniquement  avec 
la  dolomie,  les  minéraux  qu'elle  contient  :  la  mer  au  sein  de  laquelle  celte 
roche  se  déposait,  tenait  en  dissolution,  outre  les  bicarbonates,  de  l'hydro- 

C.  R.,  i858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  26.)  '  ^4 


(  1264  ) 
gène  sulfuré  et  des  sulfures  alcalins,  qui  ont  suffi  à  la  production  de  la  plu- 
part des  espèces  du  gisement  de  Binn  ;  les  habiles  Recherches  de  M.  de  Se- 
narmont  «  sur  la  Formation  des  Minéraux  par  voie  humide  dans  les  gîtes 
métallifères  concrétionnés  »,  ne  permettent  guère  des  doutes  sur  l'effica- 
cité des  moyens  qui  viennent  d'être  invoqués  pour  ce  gisement.   » 

«  A  l'occasion  de  cette  présentation,  M.  Eue  de  Beauaiont  exprime  le 
regret  que  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  qui  n'assistait  pas  à  la  dernière 
séance,  manque  encore  à  celle-ci.  Durant  l'année  scolaire  actuelle,  M.  De- 
ville  a  remplacé  M.  Elie  de  Beaumont  dans  la  chaire  d'histoire  natu- 
relle des  corps  inorganiques  au  Collège  de  France.  Pendant  le  second  se- 
mestre, il  a  traité  du  Métamorphisme  des  roches  sédimentaires  et  il  s'est  occupé 
particulièrement  de  la  transformation  des  calcaires  en  dolomie  :  il  a  même 
fait  sur  cet  objet,  dans  son  laboratoiredu  Collège  de  France,  des  expériences 
dont  les  résultats  sont  nouveaux  et  doivent  être  prochainement  communi- 
qués par  lui  à  l'Académie.  M.  Elle  de  Beaumont  a  cru  devoir  faire  cette  re- 
marque, séance  tenante,  afin  qu'il  soit  constaté  que  la  prochaine  communi- 
cation de  M.  Deville  est  tout  à  fait  indépendante  du  travail  de  M.  Hugard 
qui,  de  son  côté,  lui  paraît  tout  à  fait  digne  de  l'attention  des  minéra- 
logistes. » 

PHYSIOLOGIE.  —  De  l'origine  du  sucre  du  chyle;  par  M,  Colin. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commission  précédemment  nommée.) 

«  Chez  les  herbivores,  l'intestin  fournit  à  l'absorption  une  masse  énorme 
de  matière  sucrée.  Un  cheval  qui  consomme  journellement  5  kilogrammes 
de  foin,  autant  de  paille  et  36oo  grammes  d'avoine,  trouve  dans  cette 
ration,  d'après  les  analyses  de  M.  Boussingault,  6196  grammes  de  sucre, 
de  fécule  et  autres  principes  analogues  susceptibles  d'être  absorbés  en  grande 
partie,  vu  leur  facile  solubilité,  tant  à  l'état  de  glycose  qu'à  celui  de  dex- 
trine,  etc.  Une  fraction  de  cette  masse  passe  dans  la  veine  porte,  d'où  elle 
se  rend  au  foie  et  enfin  au  système  sanguin  général;  une  autre  fraction 
absorbée  par  les  vaisseaux  lactés,  se  mêle  au  chyle  et  avec  lui  va  se 
déverser  dans  le  sang,  qui,  en  définitive,  reçoit  la  totalité  des  produits  de 
l'absorption.  Doit-on  s'étonner  alors  que  les  chylifères  renferment  du  sucre 
et  douter  que  ce  principe  provienne  réellement  du  contenu  de  l'intestin  ? 
Pourtant  MM.  Poiseuille  et  Lefort  ont  fait  plus  que  douter,  ils  sont:  allés 


(  ia65  ) 
jusqu'à  affirmer  que  ce  sucre  du  chyle  des  herbivores  devait  dériver  du 
foie  par  l'intermédiaire  des  lymphatiques  et  des  artères  ;  mais  ils  n'ont  donné 
aucune  preuve  à  l'appui  de  cette  assertion  singulière. 

»  Chez  les  carnassiers  et  chez  les  animaux,  quels  qu'ils  soient,  exclusive- 
ment nourris  de  chair,  le  chyle  contient  aussi  du  sucre  dès  le  début  de  la 
digestion  et  à  toutes  les  phases  de  cette  fonction  ;  il  en  contient  dans  tous 
les  points  du  système  chylifère  en  dessous  comme  en  dessus  des  gan- 
glions. Dès  qu'on  peut  le  recueillir,  on  le  trouve  sucré  comme  il  l'est  dans 
la  citerne  et  dans  le  canal  thoracique;  il  ne  l'est  pas  moins  quand  les  ani- 
maux se  sont  repus  de  viande  à  demi  putréfiée  qu'après  un  repas  de  chair 
encore  saignante.  Ici,  de  même  que  chez  les  herbivores,  le  sucre  a  été 
puisé  dans  les  parois  intestinales,  mais  il  a  dû  se  former  à  l'origine  des  lac- 
tés aux  dépens  des  principes  constitutifs  de  la  chair  modifiés  et  méta- 
morphosés sous  l'influence  du  travail  digestif. 

»  Puisqu'on  a  cru  pouvoir  nier  l'origine  intestinale  du  sucre  chez  l'her- 
bivore dont  l'intestin  est  plein  de  sucre,  à  plus  forte  raison  a-t-on  dû  se 
croire  fondé  à  la  rejeter  chez  le  carnassier,  dont  l'appareil  digestif  est 
dépourvu  de  matière  sucrée.  Pour  expliquer  chez  celui-ci  la  présence  du 
glycose  dans  le  chyle,  on  a  prétendu  :  i°  qu'il  y  était  apporté  par  le  sang 
et  la  lymphe;  2°  que  les  chylifères  ne  jouissaient  pas  de  la  faculté  de  l'ab- 
sorber, même  tout  formé;  3°  que  le  chyle  était  simplement  une  lymphe  in- 
testinale émanée  du  sang  et  à  laquelle  s'ajouteraient  des  particules  de 
graisse  ;  4°  qu'enfin  le  glycose  s'y  trouverait  en  proportion  faible  et  bien 
inférieure  à  celle  des  autres  lymphatiques  de  l'économie.  Mais  ce  sont  là 
de  pures  suppositions  que  sapent  à  la  fois  l'observation,  les  expériences 
et  le  raisonnement. 

»  En  effet,  et  d'abord,  le  liquide  pris  chez  un  carnassier  dans  les  grosses 
branches  chylifères  qui  se  rendent  du  pancréas  d'Aselli  à  la  citerne  de  Pec- 
quet,  le  fluide  retiré  des  larges  vaisseaux  satellites  de  l'artère  mésentérique 
chez  les  ruminants  nourris  de  chair  est  bien  manifestement  du  chyle  pur 
qui  n'a  pu  se  mélanger  ni  avec  la  lymphe  du  foie,  ni  avec  celle  des  parties 
postérieures  du  corps.  Cela  est  de  toute  évidence  pour  quiconque  connaît 
un  peu  la  disposition  du  système  chylifère  et  la  manière  d'agir  de  ses 
valvules.  Or  le  glycose  que  renferme  ce  liquide  ne  peut  venir  que  de  l'in- 
testin . 

»  En  second  lieu,  rien  n'est  plus  facile  que  de  mettre  en  évidence  la  fa- 
culté dont  jouissent  les  chylifères  d'absorber  les  matières  sucrées,  car  si  l'on 
fait  prendre  une  certaine  quantité  de  glycose  à  un  animal,  on  voit  le  pro- 

164.. 


(  1260  ) 
duit  d'une  Bstule  au  canal  thoracique  offrir  une  proportion  graduellement 
croissante  de  ce  principe,  à  mesure  qu'il  se  répand  dans  l'intestin.  D'ailleurs, 
cette  faculté  d'absorption  s'étend  à  mille  substances  solubles,  comme  je  le 
démontrerai  dans  un  autre  travail. 

»  En  troisième  lieu,  tous  les  physiologistes  judicieux  s'accordent  à  re- 
garder le  chyle  comme  le  produit  de  l'absorption  effectuée  dans  l'intestin 
parles  villosités  :  ils  pensent,  et  avec  raison,  que  ce  liquide  dérive  des  ali- 
ments par  sa  fibrine  comme  par  son  albumine,  par  ses  matières  grasses 
comme  par  son  eau  et  ses  sels.  Or  s'il  provient  des  aliments  par  la  généra- 
lité de  ses  principes,  pourquoi  n'en  dériverait-il  pas  aussi  par  sa  matière 
sucrée  ?  Le  peu  de  lymphe  que  les  vaisseaux  puisent  dans  l'épaisseur  des 
tuniques  intestinales  ne  représente  qu'une  fraction  très-minime  de  leur 
contenu. 

»  Enfin,  il  est  inexact  de  dire  que  le  chyle  contienne  moins  et  beaucoup 
moins  de  glycose  que  la  lymphe.  Si  on  n'eût  pas,  comme  on  l'a  fait  par  une 
inexplicable  bizarrerie,  comparé  l'un  de  ces  liquides  pris  sur  un  carnassier 
avec  l'autre  retiré  d'un  herbivore,  le  chyle  d'une  vache  mutilée  et  mourante 
à  la  lymphe  d'un  chien  ou  à  celle  d'un  cheval,  on  n'eût  certainement  pas 
trouvé  la  proportion  de  matière  sucrée  plus  faible  dans  le  contenu  des  chy- 
lifères  que  dans  celui  des  lymphatiques.  Depuis  quelques  mois  j'ai  fait,  pour 
recueillir  simultanément  ces  deux  fluides,  des  fistules  à  plus  de  trente  ani- 
maux, vaches,  taureaux,  béliers,  porcs  et  chiens,  dans  des  conditions  phy- 
siologiques diverses  et  parfaitement  déterminées.  Les  deux  liquides  soumis 
comparativement  à  la  fermentation  et  essayés  par  les  liqueurs  cuivriques 
contenaient  tantôt  la  même  proportion  de  matière  sucrée  et  tantôt  en  pré- 
sentaient des  quantités  inégales.  Dans  ce  cas  la  différence  était  toujours  au 
profit  du  chyle  ;  jamais  celui-ci  n'en  a  offert  moins  que  la  lymphe.  Ainsi 
l'objection  capitale  opposée  à  la  glycogénie  intestinale  reste  sans  valeur 
puisqu'elle  repose  sur  une  erreur  d'observation  des  plus  manifestes. 

M  D'ailleurs  pour  que  le  fait  de  la  formation  intestinale  du  glycose  reste 
incontestable,  il  n'est  pas  nécessaire  qu'il  y  ait  plus  de  sucre  dans  le  chyle 
que  dans  la  lymphe  :  il  suffit  que  les  deux  fluides  en  présentent  la  même 
quantité.  En  admettant  que  le  contenu  des  chylifères  se  compose,  outre 
le  chyle  dérivé  des  aliments,  d'un  dixième  de  lymphe  puisée  dans  les  tu- 
niques de  l'intestin,  on  voit  clairement  que  si  le  premier  de  ces  deux  fluides 
était  dépourvu  de  sucre,  son  mélange  avec  le  second  serait  dix  fois  moins 
sucré  que  la  lymphe,  comme  si  on  avait  étendu  i  partie  de  celle-ci  dans 
lo  parties  d'eau.  Or  les  dosages  à  l'aide  des  réactifs  cupropotassiques  et 


(  1267  ) 

de  la  fermentation  démontrent  que  le  chyle  est  aussi  chargé  de  glycose  que 
la  lymphe,  quand  il  ne  l'est  pas  davantage. 

»  La  proportion  de  sucre  contenue  dans  le  chyle  ne  varie  pas  autant 
qu'on  pourrait  le  croire  dans  les  animaux  de  divers  régimes.  Elle  n'est 
guère  plus  considérable  chez  les  herbivores  dont  le  chyle  est  délayé  dans 
ime  énorme  quantité  d'eau  que  chez  les  carnassiers.  Cette  proportion 
dans  les  solipèdes  et  les  rumiflants  nourris  de  foin  et  de  paille  oscille 
généralement  de  i3o  à  160  milligrammes  pour  100  grammes  de  liquide,  et 
dans  les  carnassiers  exclusivement  nourris  de  chair  de  120  à  ïl^o.  Elle 
augmente  beaucoup  et  d'une  manière  rapide  quand  on  fait  prendre  aux 
animaux  des  aliments  très-riches  en  matières  sucrées,  comme  le  sont  cer- 
taines racines  charnues.  Quelqvies  heures  suffisent  pour  opérer  un  change- 
ment qui  devient  très-sensible  sur  les  sujets  dans  le  canal  thoracique 
desquels  on  a  inséré  un  tube  versant  continuellement  le  chyle  à  l'extérieur. 
Ainsi,  chez  un  chien  nourri  de  chair,  elle  s'éleva  de  187  à  2o5  milligrammes, 
deux  heures  après  que  l'animal  eut  avalé  un  litre  de  lait  tenant  en  dissolu- 
tion 4o  grammes  de  glycose;  puis  elle  revint  peu  à  peu  au  chiffre  initial. 
Chez  un  cheval  nourri  de  loin  et  de  paille,  elle  passa  de  i5o  à  214  milli- 
grammes, une  heure  après  l'administration  de  200  grammes  de  glycose  dans 
quelques  litres  d'eau,  et  à  aSg  milligrammes  deux  heures  plus  tard  ;  après 
quoi  elle  revint  graduellement  à  ce  qu'elle  était  auparavant. 

»  L'activité,  le  ralentissement  ou  la  suspension  du  travail  digestif,  font 
nécessairement  varier  ces  proportions  dans  des  limites  très-étendues.  Un 
taureau  sur  lequel  j'avais  établi  des  fistules  au  canal  thoracique,  aux  chyli- 
fères  du  mésentère  et  aux  lymphatiques  du  cou,  présentait  d'abord  dans  son 
chyle  de  io4  à  110  milligrammes  pour  100;  puis,  à  mesure  que  l'affaiblisse- 
ment du  pauvre  animal  faisait  des  progrès,  la  quantité  de  glycose  baissait  ; 
elle  fut  bientôt  réduite  à  84,  à  66  milligrammes,  et  au  moment  de  la  mort  il 
n'y  en  avait  plus  que  des  traces. 

»  Enfin,  la  quantité  absolue  de  glycose  contenue  dans  le  chyle  est, 
comme  je  l'ai  déjà  dit,  peu  différente  de  celle  de  la  lymphe.  Ainsi,  par 
exemple,  sur  un  taureau,  le  chyle  contenait  106  et  la  lymphe  102  milli- 
grammes de  ce  principe  ;  sur  un  premier  cheval,  le  chyle  1 49,  la  lymphe  128; 
sur  un  second,  le  chyle  i4x ,  la  lymphe  112;  sur  une  jument,  le  chyle  et  la 
lymphe  i58;  sur  un  premier  chien,  le  chyle  128,  la  lymphe  I25;  sur  un 
autre,  le  chyle  et  la  lymphe  i35.  » 


I 


(  ia68  j 

CHiMrE.  —  Note  sur  le  séchage  et  le  pesage  des  précipités  dans  tes  analyses 
chimiques  :  essai  des  bronzes;  par  M.  Ch.  Mène.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Payen.) 

«  Un  des  plus  grands  ennuis,  et  dans  certains  cas  une  des  principales 
difficultés  de  l'analyse  chimique,  est,  sans  contredit,  le  séchage  des  précipi- 
tés, destinés  par  la  pesée  à  obtenir  le  résultat  numérique  de  la  composition 
des  substances  en  essai.  Aussi  les  chimistes  ont-ils  accepté  avec  empresse- 
ment l'emploi  des  liqueurs  titrées,  qui  réunissent  généralement  la  promp- 
titude d'exécution  et  la  précision.  Cependant  il  est  des  circonstances  où  ce 
mode  d'opérer  est  impraticable,  et  alors  il  faut  recourir  à  une  série  d'opé- 
rations longues  et  souvent  défectueuses,  telles  que  les  bains  de  sable,  les 
caicinations,  etc.  Dans  les  laboratoires  scientifiques  où  la  perte  de  temps 
n'est  pas  comptée,  il  y  a  toujours  moyen  de  contrôler  et  de  rectifier  les 
résultats  obtenus;  mais  dans  les  laboratoires  industriels,  où  il  faut  conduire 
et  suivre  en  même  temps  les  opérations  pratiquées  en  grand,  les  méthodes 
généralement  indiquées  dans  les  livres  sont  trop  lentes  et  par  conséquent 
impossibles  :  aussi  les  voit-on  presque  toujours  repoussées  et  remplacées 
malheureusement  par  des  approximations  de  résultats.  M'étant  servi  depuis 
longtemps  d'une  manière  d'opérer  précise  et  expéditive,  je  crois  devoir  la 
communiquer. 

»  Cette  méthode  consiste  à  prendre  le  précipité  après  sa  formation  com- 
plète, à  le  laver  avec  soin  par  décantation,  et  à  l'introduire  avec  de  l'eau 
dans  un  flacon  à  densité.  La  différence  de  poids  du  flacon  plein  d'eau  pure 
et  du  flacon  contenant  le  précipité  donne  le  résultat  cherché.   « 

L'auteur  pour  mieux  faire  ressortir  les  avantages  de  la  méthode  qu'il  re- 
commande en  fait  l'application  à  l'essai  d'un  bronze,  cuivre  et  étain.  Puis 
il  ajoute  :  «  Il  va  sans  dire  que  lorsque  le  liquide  peut  avoir  une  influence 
fâcheuse  sur  l'état  du  précipité,  je  le  remplace  par  un  autre  :  c'est  ainsi  que 
je  me  suis  servi  d'alcool,  en  remplacement  d'eau  pure,  pour  doser  souvent 
du  chlorure  de  sodium,  du  sulfate  de  chaux,  du  chlorure  de  platine  ammo- 
niacal, etc.   » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  allumettes  chimiques  sans  phosphore  ni  poison;  par 
M.  Ganocil.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commission  des  Arts  insalubres.) 
«  Les  nouvelles  allumettes  sont  absolument  sans  phosphore  blanc  ou 


(  «209  ) 
rouge,  ordinaire  ou  amorphe.  Elles  ne  peuvent  plus  être  transformées  en 
agent  d'empoisonnement,  elles  ne  sont  plus  même  incendiaires,  si  on  les 
réduit  à  leur  dernier  degré  d'inflammabilité,  à  la  condition  d'allumettes  de 
sécurité.  Elles  sont  essentiellement  formées  de  chlorate  de  potasse  ad- 
ditionné d'une  petite  quantité  d'un  bioxyde,  d'un  bibromate  ou  d'un 
oxysulfure  métallique,  lorsqu'on  veut  les  rendre  plus  facilement  inflam- 
mables. J'ai  trouvé  le  moyen  de  manier  et  de  broyer,  même  à  sec,  le 
chlorate  de  potasse,  sans  possibilité  aucune  d^ explosion  ou  de  déflagra- 
tion. 

»  La  pâte  qui  forme  le  bout  de  l'allumette  n'est  nullement  toxique;  un 
chien  peut  en  avaler  plus  d'un  kilogramme  sans  éprouver  d'autre  accident 
qu'une  soif  un  peu  intense. 

»  Les  nouvelles  allumettes  ne  répandent  aucune  odeur,  ni  dans  la  fabri- 
cation, ni  dans  l'emmagasinement,  ni  dans  l'usage  :  on  est  tout  surpris  de 
circuler  dans  des  magasins  contenant  des  milliers  de  boîtes  d'allumettes 
chimiques  sans  qu'aucune  émanation  ou  odeur  accuse  leur  présence.  Elles 
s'allument  sans  explosion  et  sans  projection. 

»  Un  dernier  avantage  de  la  nouvelle  fabrication,  c'est  qu'elle  laissera 
à  l'agriculture  de  très-grandes  quantités  de  phosphore  ou  phosphate  de 
chaux  animal,  engrais  ou  amendement  d'une  très-grande  valeur.  » 

Ce  Mémoire,  d'après  la  demande  de  l'auteur,  est  renvoyé  au  concours 
pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres. 

PATHOLOGIE.  —  Mémoire  sur  la  rupture  du  plexus  uiéro-ovarien  et  le  thrombus 
intra-pelvien  qui  en  est  la  suite;  par  M.  A.  Pcech. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  le  résume  dans  les  propositions 
suivantes  : 

«  i".  Survenue  soit  en  dehors,  soit  dans  le  cours  d'une  grossesse  utérine 
ou  extra-utérine,  soit  pendant  ou  peu  après  l'accouchement,  la  rupture  du 
plexus  utéro-ovarien  a  les  mêmes  causes,  les  mêmes  terminaisons  que  le 
thrombus  de  la  vulve. 

»  2°.  L'état  variqueux  n'est  point  nécessaire;  noté  dans  quatre  observa- 
tions, il  a  fait  défaut  dans  les  autres  en  plus  grand  nombre. 

»  3°.  Si  la  mort  n'est  pas  la  suite  de  l'hémorragie,  on  a  une  tumeur  hypo- 


(  1270  ) 

gastrique,  un  kyste  sanguin  qui  a  même  siège,  mêmes  symptômes,  mêmes 
terminaisons  que  l'hématocèle  rétro-utérine. 

»  4°-  A  en  juger  par  les  cas  relevés,  de  toutes  les  sources  de  l'hématocèle 
rétro-utérine,  la  rupture  du  plexus  utéro-ovarien  est  la  cause  la  plus  com- 
mune, la  moins  dangereuse  pour  la  femme,  comme  aussi  la  plus  innocente 
pour  les  fonctions  de  la  génération. 

»  5°.  En  résumé,  il  est  aujourd'hui  démontré  que  l'hémorragie  qui  pré- 
cède et  peut  plus  tard  constituer  une  hématocèle  provient  de  trois  sources 
qui  sont,  par  ordre  de  fréquence  et  de  bénignité  : 

5)   a.  La  rupture  du  plexus  utéro-ovarien  ; 

»  b.  L'apoplexie  de  l'ovaire; 

»  c.  L'hémorragie  des  trompes  de  Fallope.   » 

M.  GcÉpiN  adresse  de  Nantes  un  Mémoire  intitulé  :  «  Nouvelle  théorie  de 
l'intelligence  humaine  ». 

«  Cette  théorie,  dit  l'auteur,  est  basée  sur  la  distinction  qui  existe  entre 
le  pouvoir  télégraphique  des  nerfs,  le  pouvoir  moteur  et  surtout  des  gan- 
glions, et  sur  la  distribution  des  ganglions  en  trois  ordres  :  ganglions  des 
sens,  ganglions  de  la  vie  végétative  et  de  la  vie  organique,  ganglions  de  la 
vie  intellectuelle.  » 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Serres.) 

31.  Mahjstre  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  «  Note  sur  le  calcul 
des  condensations  et  autres  pertes  de  vapeur  qui  se  font  dans  les  conduits 
des  machines  depuis  la  chaudière  jusque  dans  le  cylindre  moteur  avant  la 
détente  ». 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Combes.) 

M.  A,  Gérard  envoie  de  Liège  (Belgique)  une  Note  ayant  pour  titre  : 
«  liUmière  électrique  par  radiation  ». 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet.) 


(  I27I   ) 

CORRESPOIVDANCE. 

M.  i£  Secrétaire  perpétuel  présente  un  nouveau  volume  des  Œuvres 
de  M.  Arago,  et  lit  le  passage  suivant  de  la  Lettre  de  M.  Barrai  qui  accom- 
pagnait cet  envoi  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  prier  de  vouloir  bien ,  au  nom  de  M.  Gide  et 
au  mien,  faire  hommage  à  l'Académie  du  tome  1"  des  Mémoires  scien- 
tifiques de  M.  Arago,  qui  forme  le  treizième  des  volumes  des  Œuvres  actuel- 
lement publiés.  Ce  nouveau  volume  renferme  dix-sept  Mémoires  laissés 
par  M.  Arago  sur  les  couleurs  des  lames  minces,  la  polarisation  colorée, 
les  puissances  réfraclives  et  dispersives  de  certains  liquides  et  de  leurs  va- 
peurs, les  interférences,  la  photométrie  et  la  solution  d'un  grand  nombre 
de  problèmes  d'optique.  De  ces  dix-sept  Mémoires,  quatre  seulement  avaient 
été  publiés  du  vivant  de  M.  Arago.  Dans  un  appendice,  j'ai  réuni  les  Notes, 
les  Rapports  et  les  Fragments  manuscrits  relatifs  aux  questions  traitées  dans 
les  Mémoires  et  qui  se  trouvaient  disséminés  dans  divers  recueils  ou  dans 
les  registres  de  l'illiistre  physicien;  j'y  ai  joint  le  dépouillement  et  la  ré- 
duction de  plusieurs  milliers  d'expériences  faites  par  M.  Arago  sur  la  po- 
larisation et  la  réfraction. 

»  Après  avoir  parlé  d'un  ouvrage  d'une  telle  importance,  c'est  à  peine 
si  j'ose  vous  demander,  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  de  vouloir  bien 
aussi  offrir  à  l'Académie  un  volume  que  je  viens  d'achever  et  qui  a  pour 
titre  :  Le  bon  Fermier^  aide-mémoire  du  cultivateur.  Amené  par  les  cir- 
constances et  aussi  par  govit  à  m'appliquer  aux  choses  de  l'agriculture,  j'ai 
cherché  à  réunir  dans  ce  livre  des  documents  utiles  et  à  mettre  la  science 
à  la  portée  de  tous  les  agriculteurs,  sans  lui  rien  faire  perdre  de  sa  pré- 
cision. » 

M.  LE  Président  de  l'Académie  dépose  sur  le  bureau  une  circulaire  de 
MM.  les  Commissaires  désignés  pour  la  trente -quatrième  réunion  de  méde- 
cins et  naturalistes  allemands,  réunion  qui  se  tiendra  cette  année  à  Carls- 
rtihe,  du  i6  au  22  septembre. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  à  cette  occasion,  parmi  les  pièces  im- 
primées de  la  correspondance,  un  programme  des  questions  qui  seront  dis- 
cutées dans  la  vingt-cinquième  session  du  Congrès  archéologique  de  France, 
laquelle  se  tiendra  cette  année  à  Cambrai,  et  ouvrira  le  21  juillet  prochain. 

C.  R.,  i858,  I"  Semestre.  (T.  XLVl,  N»  26.)  '  65 


(     Ï273    ) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées 
déposées  sur  le  bureau  des  Recherches  sur  le  climat  de  la  Russie,  grand  ou- 
vrage publié  par  l'Académie  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  et  dont  l'au- 
teur est  M.  Vesselovskj ,  Membre  de  cette  Académie. 

Enfin  deux  Mémoires  de  M.  Hartincj,  l'un  sur  un  diamant  contenant  des 
cristaux  dans  son  intérieur,  l'autre  sur  les  corpuscules  sanguins  du  Crypto- 
branchiis  japonicus. 

M.  BoussiNGAULT  présente  de  la  part  de  M.  Mallarino,  vice-président  de 
la  Nouvelle-Grenade,  un  Mémoire  manuscrit  intitulé  :  Dissertation  sur  In 
hauteur  de  l' atmosphère  ;  détermination  des  lois  que  suit  son  expansion  ;  formule 
pour  le  calcul  des  hauteurs  au  mojen  du  baromètre;  par  M.  Quijano. 

ZOOLOGIE.  —  Note  sur  l'incubation  des  autruches  à  la  pépinière  centrale  du 
qouvernemenl  à  Alger;  par  M.  Hardy.  (Adressée  à  M.  le  Maréchal  Vail- 
lant et  présentée  par  M.  Geojfro/Saint-Hilaire.)  (Extrait.) 

«  Au  moment  de  la  ponte,  les  autruches  creusent  un  nid  en  terre.  Le  mâle 
et  la  femelle  concourent  à  ce  travail;  ils  prennent  des  becquetées  de  terre 
qu'ils  rejettent  en  dehors  de  l'enceinte  qu'ils  veulent  creuser  ;  pendant  cette 
iiction,  les  ailes  sont  pendantes  et  agitées  d'un  léger  frémissement.  Ils  réus- 
sissent à  attaquer  ainsi  la  terre  la  plus  dure.  Le  sol  du  parc  où  ont  été  faites 
mes  observations  avait  été  chargé  de  pierres,  de  décombres,  de  gravier  ; 
c'était  une  sorte  de  ciment.  I/excavation  circulaire  n'en  était  pas  moins 
creusée  à  coups  de  bec,  et  des  pierres  d'un  volume  assez  considérable  en 
étaient  extraites  et  mises  à  l'écart.  Ce  trou  pouvait  avoir  i'",2o  de  diamètre. 
Un  même  couple  creusait  plusieurs  de  ces  nids  dans  une  même  campagne, 
sans  jamais  en  adopter  un  seul  pour  la  ponte. 

H  Malgré  ces  préliminaires,  les  œufs  n'étaient  jamais  déposés  dans  les  nids 
ainsi  creusés.  La  femelle  les  pondait  au  hasard  sur  les  différents  points  du 
parc.  Évidemment  la  situation  était  défavorable  à  la  procréation. 

»  Au  mois  de  décembre  i85(S,  je  mis  un  couple  dans  un  parc  plus  retiré 
et  plus  spacieux. 

»  Au  mois  de  janvier  les  autruches  creusèrent  leur  nid  au  milieu  du  massif 
boisé,  et  précisément  à  l'endroit  le  plus  touffu.  La  terre  en  cet  endroit  est 
une  argile  ocreuse.  Vers  le  i5,  la  femelle  commença  sa  ponte  ;  deux  de  ses 
œufs  furent  d'abord  abandonnés  au  hasard  dans  le  parc,  puis  elle  les  déposa 
régulièrement  ensuite  dans  le  nid  qu'elles  avaient  creusé.  Elle  en  pondit 


(  1^73  ) 
ainsi  douze.  Dans  les  premiers  jours  de  mars  elle  commença  à  couver.  Une 
semaine  après  il  vint  des  pluies  très-abondantes  qui  se  prolongèrent.  L'eau 
pénétra  le  nid,  les  œufs  se  trouvèrent  dans  une  espèce  de  mortier,  et  les 
pauvres  animaux  abandonnèrent  leur  couvée. 

»  J'avais  déjà  l'expérience  que  les  autruches  faisaient  quelquefois  deux 
pontes  dans  une  année;  je  pensai  que  celles-ci  pourraient  bien  ne  pas  tarder 
à  en  faire  une  nouvelle.  Il  convenait  de  prendre  des  précautions  pour  pré- 
venir le  retour  de  l'accident  qui  venait  de  se  produire.  Je  fis  apporter  une 
grande  quantité  de  sable,  et  j'en  fis  former  un  large  monticule,  à  l'endroit 
où  le  nid  avait  été  creusé;  et  comme  les  regards  pénétraient  de  divers  points 
jusqu'au  nid,  je  le  fis  entourer,  à  une  grande  distance,  de  paillassons,  de 
façon  à  ce  que  l'on  ne  pût  l'apercevoir. 

))  A  ma  grande  satisfaction  je  vis,  vers  la  mi-mai,  les  autruches  creuser 
un  nouveau  nid,  au  sommet  du  monticule  que  je  leur  avais  fait  préparer  ; 
puis,  peu  de  temps  après,  la  seconde  ponte  commença.  Dans  les  derniers 
jours  de  juin,  les  autruches  commencèrent  à  garder  le  nid  quelques  heures 
par  jour,  puis,  à  partir  du  2  juillet,  elles  couvèrent  régulièrement.  Le  2  sep- 
tembre, on  aperçut  un  petit  qui  se  promenait  autour  de  l'autruche  quiétait 
sur  le  nid.  Puis,  quatre  jours  après,  elles  cessèrent  de  couver,  s'occupant 
exclusivement  du  nouveau-né.  Je  cassai  ensuite  les  œufs,  et  je  vis  que  trois 
fœtus  étaient  morts  dans  un  état  d'incubation  très-avancé,  que  deux  œufs 
étaient  clairs,  sans  putréfaction,  et  que  deux  étaient  pourris,  et  répandaient 
une  odeur  insupportable. 

M  Le  petit  autruchon  s'éleva  parfaitement,  et  aujourd'hui  il  est  aussi  grand 
que  ses  parents.  C'est  un  mâle. 

»  Le  18  janvier  dernier,  la  femelle  de  ce  même  couple  recommença  sa 
ponte.  Ses  deux  premiers  œufs  furent  déposés  au  hasard  dans  le  parc,  puis 
elle  alla  ensuite  régulièrement  pondre  dans  le  nid  qui  avait  servi  l'année 
précédente  et  qui  n'avait  pas  été  dérangé  ;  elle  y  déposa  douze  œufs.  Cette 
ponte  fut  de  quatorze  œufs  :  les  deux  premiers  abandonnés  par  la  mère,  et 
douze  mis  en  réserve  dans  le  nid  par  elle.  Cette  ponte  se  termina  dans  les 
premiers  jours  du  mois  de  mars.  Dès  lors  la  femelle  se  mit  sur  ses  œufs 
quelques  heures  au  milieu  du  jour.  Le  soleil  donnait  sur  le  nid  presque 
toute  la  journée.  Puis  ses  séances  se  prolongèrent,  et  elle  demeura  sur  les 
œufs  de  neuf  heures  du  matin  à  trois  heures  du  soir.  Le  reste  du  temps,  et 
pendant  la  nuit,  les  œufs  restaient  découverts.  Enfin  le  12  mars  elle  garda 
le  nid  tout  à  fait.  Alors  le  mâle  partagea  avec  elle  le  travail  de  l'incubation, 
et  se  mit  sur  le  nid,  principalement  la  nuit.  Peu  à  peu  il  prolongea  ses 

i65,. 


(  127^  ) 
séances,  et  vers  la  fin  de  l'incubation  il  demeura  sur  les  œufs  beaucoup  plus 
longtemps  que  la  femelle. 

»  Dès  les  premiers  jours  de  la  couvaison,  un  œuf  fut  sorti  du  nid  et  ne 
fut  pas  couvé.  Cet  œuf  demeura  intact  jusqu'à  la  tin  et  ne  fut  pas  cassé  par 
les  autruches. 

»  Chaque  fois  que  le  mâle  et  la  femelle  se  remplacent  sur  le  nid,  celui  qui 
reprend  l'incubation  examine  les  œufs  les  uns  après  les  autres  avant  de  se 
remettre  dessus;  il  les  retourne  et  en  change  toujours  quelques-uns  de  place. 

»  En  temps  de  pluie,  l'autruche  demeurée  libre  vient  se  ranger  à  côté  de 
celle  qui  couve  pour  lui  aider  à  abriter  le  nid. 

»  Enfin  le  1 1  mai  on  aperçut  quelques  petites  autruches  sortir  leur  tète 
de  dessous  les  ailes  du  couveur,  et  le  1 3  au  matin  on  put  voir  le  mâle  et  la 
femelle  quitter  le  nid,  en  conduisant  une  bande  de  neuf  petits  autruchons. 

»  Les  plus  jeunes  s'avançaient  avec  des  pas  incertains.  Les  plus  âgés 
couraient  et  becquetaient  les  herbes  les  plus  tendres.  Le  père  et  la  mère 
veillaient  sur  eux  avec  une  vigilante  sollicitude.  Le  père  surtout  paraissait 
leur  accorder  le  plus  de  tendresse;  c'est  lui  qui  les  abritait  de  ses  ailes 
pendant  la  nuit. 

D  De  toutes  les  sortes  de  nourriture  qui  furent  offertes  à  ces  autruchons, 
les  salades  furent  celle  qu'ils  préférèrent.  Ils  prenaient  du  pain,  mais  en 
très -petite  quantité. 

»  En  sortant  de  l'œuf,  les  jeunes  autruches  ont  le  corps  revêtu  d'un 
long  et  épais  duvet ,  parmi  lequel  se  trouvent  mêlées  des  plumes  rudimen- 
taires,  raides,  sans  pennules,  ayant  de  l'analogie  avec  les  poils  du  porc-épic. 

»  Ainsi,  cette  fois,  sur  douze  œufs,  neuf  petits  sont  éclos  ;  sur  les  trois  res- 
tants, un  avait  été  sorti  du  nid  à  dessein  par  les  autruches,  était  clair  et  n'a 
pas  été  couvé;  un  était  gâté,  et  dans  le  troisième  il  y  avait  un  petit  mort. 

»  L'autre  couple,  demeuré  dans  l'ancien  enclos,  a  été  transféré  le  5  avril 
dernier,  dans  un  parc  plus  spacieux,  établi  au  miHeu  d'un  massif  de  jeunes 
caroubiers  ;  des  arbres  ont  été  ménagés  au  milieu  pour  l'ombrager.  Dans  la 
partie  la  plus  retirée  je  fis  déposer  un  monticule  de  sable  pour  y  établir  le 
nid,  qui  fut  entouré  de  padiassons,  de  façon  à  le  soustraire  de  tous  côtés  aux 
regards.  Dans  le  nid  ainsi  préparé,  je  déposai  douze  œufs  de  la  femelle  de 
ce  couple,  choisis  parmi  les  plus  nouveaux  de  ceux  qui  avaient  été  recueillis 
au  fur  et  à  mesure  de  sa  ponte  et  que  j'avais  conservés  avec  soin.  Tout  était 
disposé  de  la  sorte,  lorsque  ces  deux  grands  oiseaux  furent  introduits  dans 
leur  nouvelle  demeure.  Ils  furent  plusieurs  jours  à  s'habituer.  Ils  ne  s'ap- 
prochaient pas  du  nid  et  le  regardaient  avec  une  sorte  de  méfiance.  Je  les  y 


(  1275  ) 
habituai  en  faisant  déposer  leur  nourriture  tout  auprès.  Pendant  ce  temps 
la  femelle  pondit  deux  œufs  à  travers  le  parc  ;  je  les  fis  ajouter  aux  douze  du 
nid.  Peu  à  peu  elles  se  mirent  à  contempler  les  œufs  et  à  s'en  approcher. 
Elles  les  examinaient  avec  la  plus  grande  attention,  elles  les  touchaient  al- 
ternativement du  bec,  comme  si  elles  eussent  voulu  les  compter.  Enfin  au 
bout  de  trois  jours  de  la  méditation  où  elles  paraissaient  plongées,  le  mâle 
se  mit  sur  les  œufs  et  commença  à  les  couver.  Depuis,  ce  travail  s'est  conti- 
nué avec  la  plus  grande  assiduité,  le  mâle  et  la  femelle  se  succédant  alter- 
nativement. 

»  Elles  ont  trié  trois  œufs,  qui  ont  été  rejetés  en  dehors  du  nid. 

»  Le  lo  juin,  avant- veille  de  mon  départ  pour  Marseille,  trois  petits 
étaient  éclos  de  cette  couvée;  les  parents  ne  se  tenaient  déjà  plus  sur  les 
œufs  avec  la  même  assiduité. 

»  J'ai  eu  occasion  de  remarquer  que  lorsque  l'on  enlève  les  œufs  au  fu'r 
et  à  mesure  de  la  ponte,  la  femelle  en  produit  un  plus  grand  nombre  que 
quand  ils  sont  laissés  au  nid.  « 

M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  auquel  M.  le  Maréchal  Vaillant  avait 
bien  voulu  remettre  le  Mémoire  dont  on  vient  de  lire  les  principaux  pas- 
sages, met  sous  les  yeux  de  l'Académie,  après  avoir  rendu  compte  des 
résultats  obtenus  par  M.  Hardy,  la  figure  d'une  des  jeunes  autruches,  peinte 
à  l'huile  de  grandeur  naturelle,  et  âgée  de  dix-sept  jours  depuis  sa  sortie 
de  l'œuf  Cette  figure  avait  été  adressée,  avec  le  Mémoire,  à  M.  le  Maréchal 
Ministre  de  la  Guerre. 

«  La  domestication  de  l'autruche,  ajoute  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  avait 
été  indiquée  comme  possible  et  comme  avantageuse  par  quelques  auteurs, 
particulièrement  par  M.  le  docteur  Gosse,  de  Genève,  dans  un  ouvrage  spé- 
cial qui  renferme  sur  cet  oiseau  un  grand  nombre  de  documents  d'un  grand 
intérêt  (i);  et  notre  généreux  compatriote  M.  Chagot  aîné,  négociant  en 
plumes,  avait  récemment  affecté  une  somme  importante  à  la  fondation  d'un 
parc  pour  la  domestication  de  l'autruche  en  France,  en  Algérie  ou  au  Sé- 
négal (2).  Mais  les  essais  faits  jusqu'à  présent  étaient  restés  infructueux.  Au 
Muséum  d'histoire  naturelle,  où  les  autruches  ont  souvent  pondu  pendant 

(i)  Des  Avantages  que  présenterait  en  Algérie  la  domestication  de  l'autruche.  In-S". 
Paris,  1857. 

(  2  )  Voyez,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  impériale  d'Acclimatation,  le  programme  des  prix 
à  décerner  en  i  SSg  et  dans  les  années  suivantes . 


(  1276  ) 

l'été,  et  quelquefois  dans  les  autres  saisons  (sans  même  excepter  le  cœur  de 
l'hiver),  les  œufs  mis  en  incubation  se  sont  toujours  trouvés  clairs,  et  les 
autres  établissements  où  l'on  élève  des  animaux,  même  dans  le  Midi,  n'ont 
pas  été  plus  heureux.  Dans  un  seul  cas,  dont  je  dois  la  connaissance  à  notre 
savant  confrère  M.  Moquin-Tandon,  trois  fœtus  se  sont  développés  dans  une 
couvée  faite  chez  M.  Granal,  propriétaire  à  Mèze,  près  de  Montpellier; 
encore  ces  fœtus  n'ont-ils  pu  venir  à  bien  :  tous  trois  sont  morts  avant  l'éclo- 
sion.  Aussi,  lorsque  j'ai  dressé,  il  y  a  quelques  années,  la  Uste  des  espèces 
dont  la  domestication  est  possible  et  serait  avantageuse  (  i),  ai-je  cru  devoir, 
découragé  par  tant  d'insuccès,  me  borner  à  désigner  comme  de  futurs 
oiseaux  de  boucherie  le  nandou  ou  autruche  d'Amérique,  qui  s'est  multiplié  en 
Angleterre,  et  le  casoar  australien,  que  M.  Florent  Prévost  a  fait  reproduire 
en  France,  et  dont  on  voit  en  ce  moment  même,  à  la  ménagerie  du  Mu- 
séum, un  individu  français.  Quant  à  l'autruche,  je  m'étais  borné  à  l'indi- 
quer avec  une  extrême  réserve  ;  et  presque  tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  de- 
puis sur  l'acclimatation  ont  partagé  à  cet  égard  mes  doutes,  ou  même  les  ont 
résolus  par  la  négative.  Aussi  n'avait-on  pas  accueilli  sans  surprise,  l'année 
dernière,  la  nouvelle  de  i'éclosion,  à  Alger,  d'une  jeune  autruche,  et,  fût-il 
resté  seul,  ce  fait,  du  aux  soins  habiles  de  M.  Hardy,  serait  déjà  d'un  très- 
grand  intérêt  pour  la  zoologie.  On  vient  de  voir  qu'à  ce  premier  succès 
M.  Hardy  en  a  déjà  ajouté,  cette  année,  deux  autres  bien  plus  complets 
encore,  et  tels,  qu'on  est  fondé  à  espérer,  pour  un  avenir  très-prochain,  la 
domestication,  si  souvent  dite  impossible,  du  plus  grand  des  oiseaux. 

»  Je  puis  ajouter,  d'après  des  détails  d'une  date  postérieure  à  la  rédaction 
du  Mémoire  adressé  par  M.  Hardy  à  M.  le  Maréchal  Vaillant,  que  les  treize 
jeunes  autruches  d'Hamma  continuent  à  être  en  parfait  état  de  santé  et  se 
développent  rapidement.  Le  jeune  sujet  de  l'année  dernière  est  déjà  presque 
aussi  grand  que  ses  parents.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  tréhalose ,  nouvelle  espèce  de  sucre; 

par  M.   Berthelot. 

«  Depuis  quelques  années  l'étude  des  matières  sucrées  a  pris  une  impor- 
tance nouvelle,  les  rapports  qui  existent  entre  ces  matières  et  les  autres 


(  I  )  Rapport  général  à  M.  le  Ministre  de  l' Agriculture  sur  les  questions  relatives  à  la  domes- 
tication des  animaux  utiles.  In-4°,  i8^ç),  pa^e  ^o;  et  Animaux  utiles.  3«  édition.  In-12, 
1854  ,  page  92. 


(  1277  ) 
composés  organiques  se  sont  multipliés  et  leur  fonction  chimique  a  été 
assimilée  à  celle  des  alcools  polyatomiques.  En  même  temps  une  étude 
plus  attentive  des  principes  immédiats  renfermés  dans  les  êtres  vivants,  a 
conduit  à  découvrir  diverses  substances  sucrées  nouvelles,  douées  de  pro- 
priétés remarquables,  telles  que  la  dulcine,  la  quercite,  la  pinite,  la  sor- 
bine,  l'inosite,  le  raélitose,  le  mycose,  etc.  En  poursuivant  ces  études,  j'ai 
eu  occasion  d'examiner  les  principes  sucrés  cristallisables  produits  par  di- 
vers végétaux;  parmi  ces  principes,  les  uns  sont  nouveaux,  les  autres  iden- 
tiques avec  des  substances  déjà  connues,  mais  extraits  de  sources  nouvelles. 

»  I.  Tiélialose.  A  la  dernière  Exposition  universelle  figurait  une  manne 
envoyée  de  Turquie,  sans  autre  indication  que  le  mot  trehala.  M.  Guibourt 
eut  l'obligeance  de  me  confier  cette  substance  pour  en  faire  l'étude.  L'ori- 
gine et  la  nature  de  cette  manne  ayant  été  définies  par  M.  Guibourt  dans  la 
dernière  séance  de  l'Académie,  je  me  bornerai  à  donner  ici  les  résultats 
obtenus  par  l'étude  d'une  matière  sucrée  qu'elle  renferme.  En  effet,  on 
peut  extraire  de  cette  manne  un  sucre  nouveau  analogue  au  sucre  de 
canne  et  que  je  désignerai  sous  le  nom  de  trélialose. 

»  Pour  l'obtenir  on  traite  par  l'alcool  bouillant  la  manne  pulvérisée  : 
tantôt  le  tréhalose  cristallise  immédiatement,  tantôt  il  est  nécessaire  de 
concentrer  la  solution  jusqu'à  consistance  de  sirop  et  de  l'abandonner  à 
elle-même  pendant  quelques  jours.  On  isole,  on  comprime  les  cristaux,  on 
leslave«avec  de  l'alcool  froid,  on  les  fait  bouillir  avec  une  petite  quantité 
d'alcool  pour  les  purifier,  puis  on  les  dissout  dans  l'alcool  bouillant,  en 
présence  du  noir  animal.  La  liqueur  refroidie  dépose  des  cristaux  que  l'on 
fait  recristalliser  une  deuxième  et  même  une  troisième  fois  dans  l'alcool. 
Ces  cristaux  constituent  le  tréhalose. 

»  Ce  sont  des  prismes  rhomboïdaux  droits  dont  l'aspect  et  les  angles 
sont  tout  à  fait  distincts  de  ceux  du  sucre  de  canne  et  des  autres  matières 
sucrées  connues. 

»  D'après  l'analyse,  le  tréhalose  séché  à  i4o  degrés  peut  se  représenter 
parla  formule  C'*H"0". 

•>  Il  retient  à  la  température  ordinaire  une  certaine  proportion  d'eau  de 
cristallisation. 

«  Les  cristaux  de  tréhalose  croquent  sous  la  dent  et  possèdent  un  goût 
fortement  sucré,  bien  que  moins  caractérisé  que  celui  du  sucre  de  canne. 

»  Trés-soluble  dans  l'eau,  le  tréhalose  est  presque  insoluble  dans  l'alcool 
froid,  assez  soluble  dans  l'alcool  bouillant. 

»  Son   pouvoir  rotatoire,   rapporté  à  la  teinte  de  passage,  est  égal  à 


(  1^78  ) 
+  2o8  degrés  :  ce  nombre  a  été  déduit  d'observations  faites  sur  une  solu- 
tion aqueuse  qui  contenait  i3  pour  loo  de  tréhalose.  La  grandeur  de  la 
déviation  ne  change  pas  dans  l'espace  de  vingt-quatre  heures.  Ce  pouvoir 
est  presque  triple  de  celui  du  sucre  de  canne  et  plus  grand  que  celui  de 
tous  les  sucres  connus,  y  compris  le  mycose. 

»  Le  tréhalose,  soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  fond  aux  environs  de 
1 20  degrés  en  un  liquide  incolore  et  se  sohdifie  par  refroidissement  en  for- 
mant une  masse  semblable  au  sucre  d'orge.  Il  peut  être  maintenu  vers 
180  degrés  sans  éprouver  d'altération  notable,  condition  dans  laquelle  le 
sucre  de  cannes  et  les  autres  sucres  fermentescibles  aujourd'hui  connus 
sont  complètement  détruits.  Chauffé  au-dessus  de  aoo  degrés,  le  tréhalose 
perd  de  l'eau  et  se  change  en  une  matière  noire  insoluble,  avec  dégagement 
de  gaz  et  d'une  odeur  de  caramel.  A  l'air  libre,  il  brûle  avec  une  flamme 
rougeàtre  en  laissant  un  charbon  combustible  sans  résidu. 

»  Soumis  à  l'action  de  la  levure  de  bière,  le  tréhalose  ne  fermente  qu'avec 
une  extrême  lenteur  et  très-incomplétement. 

»  La  potasse,  la  baryte  ne  l'altèrent  pas  à  100  degrés;  l'acétate  de  plomb 
ammoniacal  le  précipite.  Il  ne  réduit  pas  d'une  manière  marquée  le  tartrate 
cupropotassique. 

))  Chauffé  à  100  degrés  avec  Facide  chlorhydrique  fumant,  il  noircit  et  se 
détruit  lentement;  avec  l'acide  sulfurique  concentré,  il  se  carbonise  rapide- 
ment à  100  degrés.  L'acide  nitrique  le  change  en  acide  oxalique,  sans  acide 
mucique. 

»  Le  tréhalose,  chauffé  à  180  degrés  avec  les  acides  stéarique,  ben- 
zoïque,  etc.,  forme  une  petite  quantité  de  combinaisons  neutres  analogues 
aux  corps  gras. 

»  L'action  de  l'acide  sulfurique  étendu  sur  le  tréhalose  a  été  étudiée 
avec  quelques  détails,  i  partie  de  tréhalose  a  été  dissoute  dans  9  parties 
d'eau  environ,  et  on  a  ajouté  une  ^  partie  d'acide  sulfurique  concentré,  puis 
on  a  chauffé  à  100  degrés  le  mélange  contenu  dans  un  flacon.  La  déviation 
imprimée  au  plan  de  polarisation  par  le  liquide  primitif,  dans  des  conditions 
définies  était  égale  à  +  37'',5.  Au  bout  d'un  quart  d'heure,  elle  était 
(\q  _)_  3.^0;  la  liqueur  réduisait  à  peine  le  tartrate  cupoprotassique.  Au 
bout  d'une  heure  à  100  degrés,  la  déviation  était  égale  à  +  36°,5  et  la 
réduction  faible;  au  bout  de  5  heures  à  100  degrés,  la  déviation  était 
égale  à  +  1 1  degrés  et  la  réduction  énorme.  Deux  heures  de  plus  à  100  de- 
grés n'ont  apporté  d'autre  changement  que  de  colorer  fortement  la  liqueur, 
mais  le  pouvoir  rotatoire  n'a  pas  varié  sensiblement.  On  a  saturé  l'acide  par 


(  '^79  ) 
du  carbonate  de  chaux,  évaporé,  repris  par  l'alcool,  etc.,  et  obtenu  finale- 
ment un  sirop  sucré  incristallisable  analogue  au  sucre  liquide.  Ce  glucose 
trélialique  réduit  le  tartrate  cupropotassique,  et  est  détruit  à  loo  degrés  par 
les  alcalis;  traité  par  la  levure,  il  fermente  fiacilement  et  complètement  avec 
formation  d'alcool  et  d'acide  carbonique.  La  lenteur  avec  laquelle  le  tréha- 
lose  se  modifie  sous  l'influence  de  l'acide  sulfurique  est  très-digne  de 
remarque. 

»  D'après  l'ensemble  des  caractères  qui  précèdent,  le  tréhalose  constitue 
un  sucre  nouveau  analogue  au  sucre  de  canne,  mais  beaucoup  plus  stable. 
Par  sa  résistance  à  l'action  de  la  chaleur,  des  acides  et  de  la  levure,  il  se  com- 
porte comme  une  substance  intermédiaire  entre  le  groupe  des  sucres  pro- 
prement dits  et  les  principes  qui  renferment  un  excès  d'hydrogène,  tels  que 
la  mannite,  la  dulcine  et  la  glycérine. 

»  II.  Sucre  du  palmier  de  Java  {Saguerus  Rumphii).  Je  dois  ce  sucre  en 
partie  à  l'obligeance  de  M.  Fliickiger,  de  Burgsdorf  (Suisse),  en  partie  à 
celle  de  M.  de  Vry,  de  Rotterdam.... 

»  J'ai  obtenu  de  beaux  cristaux,  tout  à  fait  identiques  avec  le  sucre  de 
canne  par  la  valeur  numérique  de  leurs  angles  et  par  celle  de  leur  pouvoir 
rotatoire.  Leurs  réactions  étaient  exactement  les  mêmes.  Ce  sucre  est  ex- 
jiloité  à  Java  sur  une  grande  échelle. 

»  III.  Sucre  du  sorgho.  Je  dois  ce  sucre  à  l'obligeance  de  M.  Vilmorin  (i). 
J'en  ai  extrait  des  cristaux  identiques  avec  ceux  du  sucre  de  canne  par  les 
valeurs  numériques  de  leurs  angles  et  par  celle  de  leur  pouvoir  rotatoire. 

»  IV.  Sucre  d'érable.  On  sait  depuis  longtemps  que  le  jus  de  l'érable 
fournit  un  sucre  cristallisable  exploité  dans  l'Amérique  du  Nord.  Ce  sucre 
est  en  généra!  assimilé  au  sucre  de  canne,  mais  je  ne  sache  pas  que  cette 
assimilation  ait  été  établie  jusqu'à  présent  par  des  caractères  précis  et  numé- 
riques. J'ai  fait  venir  de  la  Nouvelle-Orléans  quelques  kilogrammes  de  sucre 

d'érable,  d'origine  authentique Les  angles  de  ses  cristaux,  aussi  bien 

que  son  pouvoir  rotatoire,  sont  identiques  avec  ceux  du  sucre  de  canne. 

»  V.  J'ai  extrait  des  fruits  du  caroubier  un  sucre  cristallisable  dans  le 
pouvoir  rotatoire  et  les  réactions  sont  identiques  avec  ceux  du  sucre  de 
canne. 

»  VI.  Enfin  j'ai  entrepris  siu'  les  matières  sucrées  de  l'asphodèle,  de  l'Hc' 
dysarum  alhagi  et  de  la  manne  de  Briançon,  quelques  nouvelles  i-echerches 
que  j'aurai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie.  » 

(i)  J'ai  déjà  indiqué  ces  faits,  il  y  a  un  an,  dans  les  Comptes  rendus  de  la  Société  de 
Biologie,  imprimés  dans  la  Gazette  médicale,  XII,  n°  48. 

C.  R.,  i8jS,  I"  Semestre.  (T.  XLVI,  N"  2C.)  l66 


(  laSo  ) 

CHIMIE  ORGAiNiQUE.  —  Combinaisons  des  élhers  suif  hydrique ,  élhylique  et 
métli/lique  avec  le  bi-iodiire  de  mercure;  par  M.  A.  Loir.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

«  Dans  un  premier  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie, j'ai  étudié  les  composés  que  les  éthers  sulfhydrique,  éthylique  et 
méthyliqiie  donnent  en  se  combinant  avec  certains  chlorures  métalliques; 
dans  le  travail  que  je  soumets  aujourd'hui  à  son  jugement,  je  me  propose 
de  faire  connaître  les  combinaisons  que  ces  mêmes  éthers  forment  avec  le 
bi-iodure  de  mercure. 

»  L'éther  sulfhydrique  éthylique,  comme  je  l'ai  indiqué,  mis  en  con- 
tact avec  le  bichlorure  de  mercure  en  dissolution,  s'y  combine  pour  donner 
naissance  au  composé  C  H'  S,  Hg  Cl.  La  combinaison  de  l'éther  sulfhydrique 
éthylique  avec  le  bi-iodure  de  mercure  ne  s'effectue  pas  directement;  mais 
elle  se  réalise  par  deux  procédés  dans  lesquels  ces  deux  corps,  se  formant 
par  double  décomposition,  se  combinent  à  l'état  naissant. 

»  Le  premier  procédé  consiste  à  chauffer  à  i  oo  degrés  pendant  quelques 
heures,  dans  un  tube  scellé  à  la  lampe,  un  mélange  d'alcool  d'éther  iodhy- 
drique  éthylique  et  du  composé  C*  H'  S,  HgCl.  L'éther  iodhydrique  réagit 
sur  le  bichlorure  de  ce  composé,  comme  il  réagit  sur  le  bichlorure  de 
mercure  pur,  en  formant  de  l'éther  chlorhydrique  et  du  bi-iodure  de  mer- 
cure, ainsi  que  l'a  montré  M.  Schiagdenhauffen.  Cet  iodure  se  combine 
alors  à  l'éther  sulfhydrique.  Le  tube  contient  deux  couches  liquides.  La 
couche  inférieure,  qui  est  jaune,  se  solidifie  rapidement;  la  supérieure 
laisse   déposer  par  refroidissement  lui    corps  jaune  cristallin. 

»  Dans  le  second  procédé,  ou  chauffe  de  même  à  loo  degrés,  dans  un 
tube  scellé,  le  bisulfure  de  mercure  en  poudre  fine,  avec  un  mélange  d'éther 
iodhydrique  et  d'alcool  ;  par  suite  d'une  réaction  mutuelle,  il  se  dépose, 
par  refroidissement,  lui  corps  jaune  cristallin  qu'on  sépare  du  sulfure  non 
attaqué. 

»  Cette  dernière  méthode,  appliquée  à  d'autres  sulfures,  donne  des  tom- 
buiaisons  cristallines. 

»  La  combinaison  jaune  obtenue  par  ces  deux  procédés,  purifiée  par 
l'alcool  bouillant  liquide  dans  lequel  elle  est  peu  soluble,  et  desséchée  au- 
dessus  de  l'acide  sulfurique,  offre  l'apparence  du  soufre;  frottée  contre  im 
corps  dur,  elle  ne  change  pas  de  couleur.  Ce  composé  fond  à  iio  degrés 
par  refroidissement;  il  cristallise  en  aiguilles  rayonnant  autour  de  divers 
centres.  A  vme  température  supérieure  à  i8o  degrés,  il  se  décompose,  laisse 


(     I28l    ) 

dégager  de  l'éther  sulfhydrique,  et  il  se  volatilise  de  l'iodure  de  mercure 
jaune  qui  passe  au  rouge. 

B  Les  résultats  de  l'analyse  conduisent  à  la  formule 

C*H»S,  Hgl. 

Composition  en  centièmes. 

Expérience.  Calcul. 

Carbone 8,25  8,8 

Soufre 6,4o  5, g 

Hydrogène 2,5o  i,8 

Mercure 35,75  36,7 

Iode 47»90  46,8 

100, 8o  ioo,o 

»  La  combinaison  d'éther  sulfhydrique  méthylique  et  de  bi-iodure  de 
mercure  s'obtient  par  les  deux  procédés  indiqués  ci-dessus,  en  substituant 
les  composés  méthyliques  aux  composés  éthyliques. 

»  Le  produit  jaune  obtenu  alors  et  purifié  à  l'alcool  bouillant,  fond  à 
87  degrés,  se  décompose  à  une  température  supérieure  à  i65  degrés,  en 
donnant  de  l'éther  sulfhydrique  méthylique  et  du  bi-iodure  de  mercure. 

Composition  en  centièmes. 

Expérience.     Calcul  (C  H"  S,  Hg  I). 

Carbone 4»  •  4>6 

Mercure 37,3  38,7 

»  Dans  le  Mémoire  que  je  dépose,  se  trouvent  détaillées  les  préparations 
et  propriétés  de  ces  corps,  et  les  méthodes  d'analyse  employées.   » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  F. 


BCLLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  28  juin  i858  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Beaux- Arts.  Rapport  sur  iouvrocjc 
de  M.  le  comte  DE  Laborde,  Membre  de  l'Institut,  intitulé:  De  l'union  des  Arts 
et  de  l'Industrie.  Paris,  i858;  in-4°. 

OEuvres  de  François  Arago,  Secrétaire  perpétuel  de  C Académie  des  Sciences ^ 
publiées  d'après  son  ordre  sous  la  direction  de  M.  J.-A.  B.\RR.\L.  Mémoires 
scientifiques,  tome  1"'.  Paris- Leipzig,  i858;in-8''. 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum  ;  par  M.  J,  Decaisne;  16*  livraison  in-4''. 

Hortus  Donatensis.  Catalogue  des  plantes  cultivées  dans  tes  serres  de  S.  E.  le 


pince  A.  de  Démidoff,  à  San-Donalo,  près  Florence  ;  par  M.  J.-E.  Planchon. 
Paris,  1 85,^-1 858;  in-4°  avec  atlas  in-folio. 

Le  Bon  Fermier,  aide-mémoire  du  cultivateur;  par  M.  J.-A.  Bakual.  Paris, 
i858;  I  vol.  in- 12. 

De  l'Hémorragie  cérébelleuse;  par  le  D'J.-B.  HiLAlRET.  Paris,  i858;  br. 
in-S".  (Adressé  par  l'auteur  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chi- 
rurgie.) 

Sur  l' Isomorphisme  des  Jluosilicales  et  des  fîuoslannates  ^t  sur  le  poids  ato- 
mique du  silicium  ;  par  M.  C.  Marignac.  Genève,  i858;  br.  in-S". 

Observations  agronomiques  sur  la  proportion  absolue  de  l'azote  dans  les  en- 
grais et  leurs  équivalents^  sur  la  théorie  émise  par  Boussingault  et  Payen; 
i>/emo!Ve/?ar  Achille  Bruni.  Naples,  i858;  br.  in-8°. 

Expériences  sur  la  pile;  par  MM.  SchlaGDENHAUFFEN  et  Freyss;  \  feuille 
in -4». 

Flacon  laveur  continu  ;  par  M.  SCHLAGDE^'HAUFFEN;  \  feuille  in-8°. 

Dosage  des  sels  d'élain  du  commerce;  par  le  même  ;  \  de  feuille  in-8°. 

Observations  sur  quelques  décompositions  chimiques  au  moyen  de  la  pile  ;  par 
le  même.  Paris,  1857;  br.  in-8°. 

Recherches  sur  l'alcool  amylique;  parle  même,  ^  feuille  in-8°. 

Ascension  et  chute  des  aéronautes  Pilatre  de  Rozier  et  Romain  en  ijSB  ;  par 
M.  F.  MouAND.  Boulogne-sur-Mer,  i858;   i  feuille  in-12. 

Dictionnaire  français  illustré  et  encyclopédie  universelle  ;  58"  livraison  iu-4°. 

Compte  rendu  annuel  adressé  à  S.  E.  M.  de  Brock,  Ministre  des  Finances  ; 
par  le  directeur  de  l'observatoire  physique  central,  A. -T.  Rupfer.  An- 
née i856.  Saint-Pétersbourg,  i857;in-4°. 

Description  d'un  diamant  remarquable  contenant  des  cristaux  ;  par  M.  P.  IIar- 
TiKG.  Amsterdam,  i858;  br.  in-4°. 

Notes  sur  les  corpuscules  sanguins  du  Cryptobranchus  japonicus  ;  par  le  même, 
br.  in-8°. 

Dinamica...  Dynamique  chimique;  par  le  professeur  B.  Bizio  ;  t.  II, 
6"  jjartie.  Venise,  i858;in-8°. 

A  History...  Histoire  des  reptiles  fossiles  de  la  Grande-Bretagne  ;  par  M.  Ri- 
chard OwK^,  parties  i  à  6.  Londres,  1849-1856;  in-4°. 

Ueber...  Surlesplus  récents  progrès  de  l' astronomie  ;parM.  Karl  Bornstein, 
i"^"  livraison.  Vienne,  1857;  in-S". 

Recherches  sur  le  climat  de  la  Russie;  par  M.  Vesselovsky.  Saint-Pé- 
tersbourg, 1857;  I  vol.  in-4°.  (Ouvrage  en  langue  russe,  publié  par  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg.) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 
TABLES    ALPHABÉTIQUES. 

JANVIER  — JUIN    l858. 


TABLE  DES  MATIÈRES  DU  TOME  XLVI. 


Pnges. 

Abeilles.  —Sur  la  slructnre  des  alvéoles  des 
abeilles  considérée  du  point  de  vue  zoo- 
logique el  du  pointde  vue  mathématique  ; 
Mémoire  de  Lord   Brougham...     g3o  et   Io2i 

AcÉiÊNAMiNE.  —  Observations  sur  la  composi- 
tion de  cette  base  et  de  plusieurs  autres 
bases  analogues  ;  Note  de  M.  Cloèz 344 

Acide  acétique.  —  Transformation  de  cet  acide 

en  alcool  méthylique;Noicde  M. /''nede/.   ii65 

Acide  azoteux.  —  Produit  résultant  de  l'ac- 
tion de  cet  acide  sur  la  naphlalidame; 
Note  de  MM.  Schutzenberger  et  Willm.  .     894 

Acide  azotique.  —  Recherches  sur  la  quantité 
d'acide  nitrique  contenue  dans  la  pluie, 
le  brouillard ,  la  rosée  ;  Mémoire  de 
M.  Boussiiigault   1123  et   ii-â 

Acide  lactique.  —  liecherches  sur  cet   acide  ; 

par  M .  IVuriz ,208 

-   Note  sur  un  nouvel  acide  lactique  j  par /e 

même ,232 

Acide   pyrooallique.    —   Keehercbes   sur  cet 

acide  ;  par  M.  Ant.  Bosing n  3,^ 

Acide  SALiCïLiQUE.  —  Recherches  sur  cet  acide; 

par  M .  Couper ,  ,q, 

—  Remarques  adressées  à  l'occasion  de  celte 
communication  par  M.  Drion  (réactions 
du  perchlorure  de  phosphore  sur  l'es- 
sence de  GnuWjcnVi  ^(oc«;nAeni) 1238 

Acide  sulfurique.  —  Sur  une  combinaison  de 
l'acide  sulfurique  avec  l'éther  ;  Note  de 
MM.  Liés  Bodan  et  Jauquemin ngo 

~  Action  de  l'acide  sulfurique  sur  les  com- 
posés du  barium,  du  strontium  et  du  cal- 
cium ;  par  les  mêmes i2o() 

C.   R.,    i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVI.) 


Page!. 

Acide  sulfurique.  —  Sur  un  nouveau  compose 
chloré  de  l'acide  sulfurique  ;  Note  de 
M.    Rosenstihl gyt 

Acide  du  bois  de  Taigu   (extrait  d'un  bois  du 

Paraguay).  —  Note  de  M.  Arnaudon I  ifii 

Acides  amidés.  —  Recherches  sur  ces  acides  ; 

par  M.   Cahours lo4i'( 

Acoustique.  —  Lettre  de  M.  Zantedeschi  à 
M.  Elie  de  Beauraont,  accompagnant 
l'envoi  de  deux  Mémoires  d'acoustique..    1226 

—  Recherches  sur  les  cordes  du  violon;  par 

M.    PUssiard ^568 

—  Lettre  de  M.  liitz,  concernant  sa  Note  sur 

l'emploi   de   l'hélice   comme   moyen   de 

direction  des  aérostats : 1097 

Aéronautique.  —  «  Solution  du  problème  de 
la  navigation  aérienne  par  un  moteur  qui 
prend  sa  force  dans  l'air  lui-même»;  Note 
de  M.   Ls  Pennée . , -'i-''^ 

—  Note  sur  la  direction  des  aérostats;    par 

M.   Le  Bir 457 

—  Sur  les  aérostats  et  sur  les  moyens  de  les 

diriger  ;  Noie  de  M.  Labre 99^ 

Air  atmosphérique.  —  Note  sur  l'emploi  de 

l'air  comme  force  motrice;  par  M.  Heny  .  !\'i~ 
Alcools.  —  Production  constante  de  glycérine 

dans  la  fermentation  alcoolique  ;   Lettre 

de  M.  Pasteur  à  M.  Dumas 85; 

—  Sur  les  produits  que   l'on  obtient  en  dé- 

composant l'alcool  par   l'étincelle  élec- 
trique ou  la  chaleur;  Mémoire  de  M.  Quel.     (jOi 

—  Transformation  de  l'acide  acétique  en  al- 

cool métbyliquc;  tiole  de  M.  Friedel ., .    iiG3 

167 


(   '284  ) 


Alcools.  —  Lettre  de  M.  Fabbroni,  concernant 
des  travaux  de  son  père  sur  la  transfor- 
mation directe  d'acides  en  alcools 8i5 

—  Sur  les  proportions  d^alcool  fournies  à  la 

distillation  parle  sorgho  sucré;  Note  de 

M.  I.eplax jJ,J4 

Aldêhïdéxe.  —  Action  du  brome  sui-  l'iodure 

d'aldéhydcne;  Note  de  M.  M.Simpson..     ^6- 

Aldébïdes.  —  Keclierches  de  M.  Lieben 6(32 

—  Note  sur  la  génération  des  aldéhydes;  par 

MM.  Liés  Uodart  et  Jacqucmin ggo 

Alienatiom  mentale.  —  Recherches  sur  Talié- 
nation  mentale  des  enfants  et  plus  parti- 
culièrement des  jeunes  gens;  par  M.  Brière 

de  Boîsmont i  o83 

Aliments.  —  Préparation  de  Textrait  de  viande 
de  cheval  destiné  à  faire  du  bouillon  ; 
Mémoire  de  M.  Bellat 781 

—  Recherches  analytiques  sur  le  sarrasin  con 

sidéré  comme  substance  alimentaire;  par 

M.  Isid.  Pierre 30'? 

Allctane.  —  Action  du  cyanhydrale  d'ammo- 
niaque sur  Talloxane;  Note  de  MM.  Ro- 
sitigel  Chichhojf i  o^ 

Allumettes  ciiimiqces.  —  Mémoire  sur  des  al- 
lumettes sans  phosphore  ni  poison;  par 
M .  Canouil 1 268 

Alumine.  —  Sa  séparation  d'avec  le  fer  au 
moyen  des  hyposulfites  ;  Note  de  M.  Chan- 

««' • 987 

AllminR'm.  —  Sur  l'équivalent  de  l'aluminium  ; 

Note  de  M .  Tissier 1 1  o5 

—  Première  application  du   nouveau  métal 

à  l'orfèvrerie  d'art ,    spécimen  présenté 

par  M.  Chrislo/le 3^8 

Amïlglycol.  —  Recherches  sur  ce  composé; 

par  M.   Wurlz  ■2fjf^ 

Amalïse  matbématiqde.  —  Sur  quelques  for- 
mules relatives  à  la  transformation  des 
tondions  elliptiques  ;  par  M.  Hermite.  . .      i  ji 

—  Note  sur   la  resolution  des  équations  du 

5^  degré  ;   par  te  même 5o8 

— -  Note  sur  la  résolution   de  l'équation  du 

4®  dej^ré  ;  par  le  même ^  1 5 

—  ^ote  sur  quelques  théorèmes  d'algèbre  et 

la  résolution  de  l'équation  du  quatrième 
degré;  par  le  même (j6i 

—  Sur  la  résolution  de  l'équation  du  5*  de- 

gré; Letlrede  M.  Kronec/a-r atil.  Hermite.    i  l.lo 

—  Sur  la  résolution  des  équations  numéri- 

ques du  3'  et  3'  degré;  Note  de  M.  l'abbé 
Castrogiovanni 38  et     624 

—  Rapport     sur    cette    Note  ;     Rapporteur 

.M.   Duhamel 668 

—  Mémoire  sur  les  intégrales  multiples;  par 

M.  Blanche! 892 

—  Démonstration  de  formules  relatives  aux 

fonctions  symétriques  ;  Notede  .M.  Moret.     3r8 


Analyse  mathématiqie.  —  Sur  la  théorie  de 
la  décomposition  des  fractions  ration- 
nelles ;  Note  de  M.  Bouché 'j\o 

—  Sur  le  développement  des  fonctions  en  sé- 

ries'ordonnées  suivant  les  dénominateurs 
des  réduites  d'une  traction  continue; 
par  le  même 122 1 

—  Note  relative  aux  périodes  d'une  intégrale 

d'ordre  quelconque;    par  M.  Marie ^38 

—  Sur  le  nombre  de  valeurs  que  peut  acqué- 

rir une  fonction  de  n  lettres,  quand  on 
y  permute  ces  lettres  de  tontes  les  ma- 
nières possibles  ;  Mémoire  de  M.  E.  Ma- 
thieu       1047  et  )2o8 

Anatohie.  —  Existence  dans  le  cordon  sperma- 
tique  d'un  organe  non  encore  signalé  par 
les  analomistcs;  Note  de  M.  Giraldès..     633 

—  Observations  sur  deux  ordres  de  vaisseaux 

appartenant  les  uns  aux  tuniques  muscu- 
laire, nerveuse  et  muqueuse  des  intes- 
tins,  les  autres  à  son  enveloppe  périto- 

néale  ;  Note  do  M.  Vanner 634  ^t    8Ô9 

Voir  aussi  l'article  Embrrogénie, 
Anestbésie.  —  Sur  le  mode  d'action  des  corps 

ancsthésiques;  Mémoire  de  M.  Benujils.     4"7 

—  Aneslhésie  obtenue  au  moyen  de  l'inhala- 

tion   de    l'acide   carbonique;    Note    de 

M .  Otanam 4  '  7 

—  Sur  l'emploi  du    gaz  carbonique   comme 

agent  anesthésique;  Mémoire  de  M.Her- 

pin • Ô81 

• —  Sur  un  anesthésique  local  ;  Note  de  M.  Pie- 

dagnel 58o 

Voir  aussi  l'article  Chloroforme. 

AsO.tïMES  (Mémoires)  adressés  pour  des  con- 
cours dont  une  des  conditions  est  que 
les  auteurs  ne  fassent  pas  connaître  leur 
nom avantle  jugement  delà  Commission  : 

—  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le 
grand  prix  de  Sciences  mathématiques 
(question  concernant  un  théorème  de  Le- 
gendre  sur  la  théorie  des  nombres).    .    .    1047 

—  L'Académie  reçoit  un  Mémoire  écrit  en  al- 

lemand et  en  français,  et  ayant  pour  titre  : 
«   Recherches    sur    la    germination    des 

champignons» 58  et     m 

Anthropologie. —  Sur  l'angle  pariétal  et  sur 
un  giniomètre  destiné  à  le  mesurer; 
Note  de  M.  de  Quatrejages 79' 

—  M.  Flourcns  présente,  au  nom  de  l'auteur, 

M.  A.  Beizius,  un  opuscule  intitulé  : 
«  Coup  d'oeil  sur  l'état  actuel  de  l'eth- 
nologie en  ce  qui  concerne  la  forme  de 
l'enveloppe  osseuse  du   cerveau  »   ^Sy 

—  Nouvelles  observations  de  M.  Morel,  rela- 

tives aux  dégénérescences  physiques , 
intellectuelles  et  morales  de  l'espèce 
humaine 490 


(  ■ 

P.iScs. 

Anthropologie.  —  «  Eludes  sur  la  dégénéres- 
cence physique  et  morale  de  l'homme  »  ; 
par  M.  Savoyen 8i  1 

—  SurlesMiao-tse;  Lellrede  M.  <i<;  Païai'ej'.     8i/| 
Appareils  divers.  —  Rapport  sur  un  appareil 

pour  l'extraction  des  corps  submergés, 
proposé  par  M.  Marassich;  lïapporleur 
n.  Sef-uier .     83(> 

—  Appareil  pour  le  traitement  des  maladies 

des  voii's  respiratoires  au  moyen  des 
inhalations  médicamenteuses;  présenté 
par  M .  Mayer 494 

—  Note  de  M.  Doblin,  a^aol  pour  titre:  «  Ap- 

préciation sur  un  appareil  à  levier  sub- 
stitué au  micromètre  des  instiuments  de 
précision  en  usa^e  dans  les  observa- 
toires. ) Cgo  et    7.'i5 

—  Appareil  à  Taire   le  vide   jiar  l'écoulement 

d'un  liquide;  communication  de  M.  Ca- 
maté -Sa 

—  Appareil  fumivore  de  l'invention  de 
MM.  Pascal  el  Bouvet /(."iC 

Argent.  —  Wote  snrles  essais  de  plaqué  d'ar- 
gent ;  par  M  M.  Pisani  et  Schmidl I20() 

ARiTii.MÉTiyUE.  —  Lettre  de  M.  Leguelle,  con- 
cernant sa  Note  sur  une  nouvelle  appli- 
cation des  logarithmes  au  calcul  des  ar- 
bitrages de  banque 5(4 

—  Lettre  de  M.  A.  Namur^  concernant  une 

précédente  communication  sur  les  loga- 
rithmes       8i5 

Aromatiques  (Principes).  —  Produits  cristal- 
lisés considérés  comme  l'arorno  des  eaux- 
de-vie  de  ia  Charente,  envoyés  par  M. i>erfc'.     4;4 

Arsenic.  —  Lettre  de  M.  Legris,  concernant 
une  précédente  Note  sur  la  recherche  de 
l'arsen  ic 907 

—  Lettre  de  M.  Shorswood ,  concernant  une 

Note  sur  un  nouvel  antidote  de  l'acide 
arsénieux. , 1  iGg 

Arts  mécaniques.  —  n  Considérations  sur  les 
progrès  des  arts  mécaniques,  au  sujet  du 
Rapport  de  M.  Poncelet,  faisant  partie 
de  la  Commission  française  pour  l'exposi- 
lion  universelle  de  i85i  )i  par  M.  Ch.  Du- 

pin 1  ,i3 

Voir  aussi  l'article  Industrie. 

Asphyxie.  —  Recherches  sur  le  chloroforme 

et  l'asphyxie  ;  par  M.  Faure G3  i 

Astronomie.  — Communications  de  M.  Le  Ver- 
rier en  présentant  les  tomes  111  et  IV 
des  «  Annales  de  l'Observatoire  impé- 
rial « ii3et     -jù'i 

—  M.   Le  Verrier  présente  la   réduction  des 

observations  laites  à  l'inslrumenldes  pas- 
sages de  rObscrvatoire  de  Paris,  depuis 
1800  jusqu'en   1829.. ,.,..     IJ.5 


285    ) 


P«gei 


Astroromie.  —  M.  Le  Vern'n- présente  la  ré- 
duction des  observations  faites  au  quart 
de  cercle  de  Bird  à  l'Observaloire  de  Pa- 
ris, de  1800  à  iSîs 320 

—  M.  Le  Verrier  présente  un  nouveau  com- 

plément il  ses  recherches  sur  la  théorie  du 
soleil S81 

—  Sur  la  parallaxe  du  soleil  et  sur  les  éclipses 

centrales  de  l'année  i858;  deuxième  Mé- 
moire de  M.  Faye 16') 

—  .Sur  le  mouvement  propre  de  Sirius  un  dis- 

tance polaire;  Mémoire  de  M.  Laugier..     699 

—  Nouvelle  théorie  du  mouvement  delà  lune; 

Mémoire  de  M.   Delaunay 91a 

—  Sur  un  procédé  pour  substituer  des  opéra- 

tions de  pointé  aux  estimations  de  pas- 
sages dans  les  observations  astrono- 
miques aïimutales  ;  Mémoire  de  M.  Liais.     i3i 

—  Sur  la  détermination  des  déclinaisons  et 

des  ascensions  droites  des  étoiles  par  les 
observations  azimutales  ;  par  le  mâme. . .     !\oo 

—  Sur  la  déterminaison  des  erreurs  de  divi- 

sion du  cercle  de  Fortin;  Noie  de  M.  Vf  on 
Villarceau ,    .  ■      4**^ 

—  Sur  la   configuration  géométrique  des  es- 

paces slellaires;  Mémoire  de  M.  Gaurf/n.     782 

—  Note  de  M.  Passât,  intitulée:"  Loi  de  la 

variation  de  la  force  centrale  dans  les 
mouvements  planétaires  déduite  exacte- 
ment du  principe  des  aires.  » 49^ 

—  Lettre  de  M.  Hoduit,  concernant  une  mé- 

thode pour  la   détermination  rigoureuse 

du  grand  axe  de  l'orbite  d'une  comète. . .   1071 

Atlas  CELESTE.  —  Note  de  M.  CAaco/nac  ac- 
compagnant la  quatrième  livraison  de  son 
Atlas  écliptique ;45 

Atmosphère.  —  M.  Boussingault  présente  un 
Mémoire  de  M.  Quijano,  de  la  Nouvelle- 
Grenade,  ayant  pour  titre  :  «  Hauteur  de 
l'atmosphère;  détermination  des  lois  que 
suit  son  expansion  ;  formule  pour  le  cal- 
cul des  hauteurs  au  moyen  du  baro- 
mètre. )i 127a 

Attraction.  — Note  adressée  par  M.  Galto 
sous  le  titre  de  «  Théorie  antagoniste 
d'attraction  et  de  répulsion   »..     g47  et  1071 

Azote.  —  Action  de  l'azote  et  de  ses  composés 
oxydés  sur  le  bore;  Note  de  MM.  F. 
Wohler  et  H.  Sainte-Claire  Deville |85 

—  Remarques  de  M.  Desprelz  à  l'occasion  de 

cette  communication 189 

—  Réponse  de   M.   H.  Sainte-Claire   Defille 

aux  remarques  de  î\l .  Despretz SSy 

—  Note  de   M.   Landais,   sur  la  question  de 

l'assimilation  de  l'azote  par  les  végétaux.     934 


167.. 


(  1286  ) 


Pa;r!. 

Ralancks.  —  Description  d'un  nouveau  sys- 
tème de  balances  ;  par  M.  Fumerie 377 

GyiRiuu  (Composés  dl).  —  Aclionde  l'acide  sul- 
fnrique  sur  ces  composés;  ]Note  de 
MM.Liès-Bodart  et  Jacquemin i2of) 

Bakomètre.  —  Sur  un  nouveau  système  de  ba- 

romèlres  ;  Note  de  M.  Blondeau gSg 

—  Kapport  des    pressions    barométriques  et 

des  vents  pendant  une  traversée  do  New- 
ïoik  à  San  Francisco;  Tableau  dressé 
par  M.  Mauiy,  de  l'observatoire  de  Was- 
hington       4;^ 

—  Relations  entre   les  indications  du  baro- 

mètre, la  direction  et  la  force  des  vents; 
Lettre  de  M.  Kaemls 9^4 

—  Note  intitulée  :  «  Recherches  sur  les  vraies 

causes  des  phénomènes  barométriques»  ; 
ftat^l.  Haut  Saint- Amour g35  et  iijo 

Benzise.  —  Son  emploi  dans  le  traitement  de 

la  gale;  Note  de  M.  H.   Bonnet 634 

Boissons  fermentées.  —  Lettre  de  M.  le  Mi- 
nistre de  l'Agriculture^  du  Commerce  •et 
des  Travaux  publics,  concernant  un  appa- 
reil proposé  par  M.  Cheval  pour  le  trans- 
port et  la  conservation  des  boissons...     i38 

Bore.  —  Action  de  l'azote  et  de  ses  composés 
ojydés  sur  le  bore  ;  Note  de  M'vl.  F.  IVoh- 
ler  et  H.  Sainte-Claire  Deville l8.5 


Piiges. 

—  Remarques  de  M.  Despretz  à  l'occasion  de 

cette  communication 189 

—  Réponse  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville..  Sbi) 
Bornes.  —  Sur  un  moyen  de  rendre  fixes,  inva- 
riables et  indestructibles  les  points  d'at- 
tache des  lignes  de  délimitation  et  les 
points  de  repère,  quelle  que  soit  leur 
destination  ;  Lettre  de  M.  Dumorisson  , 
concernant  son  Mémoire  sur  cesujot. .. ,     764 

EoTAsiQL'E.  — Observations  sur  quelques  cryp- 
togames indigènes  du  genre  Rhizomor- 
pha;  NoleetLettrede  M.  Pft(>jon.     i38et     -54 

—  Considération   sur  l'espèce  et  la  variété; 

modification  proposée  .i  la  définition  de 
l'espèce     eu     botanique  ;     Mémoire     de 

M.  Naudin 340 

Brome.  —  Action  du  courant  électrique  sur  le 
chlore,  le  brome,  l'iode,  en  présence  de 
l'eau  ;  Note  de  M.  j4.  Biche S^S 

—  Action  du  brome  surl'iodured'aldéhydène; 

Note  de  M.  SI.  Simpson 4*^7 

Bronzes  (Essai  des).  — Note  de  M.  Mène  sur 
le  séchage  et  le  pesage  des  p  écipilés  dans 
les  analyses  chimiques "-68 

BcLLETINS    BIBLIOCRAPHIQIES SQ, 

110,  i5i,  187,260,  3^8,428,475,  499)  545i 
Goo,  665, 691,  ^56, 790,  8iC,86o,  816,  8G0, 
908,  y49>  'oq6,  1072,  1122,  1171,  1254  et  1281 


CAtciDM (Composés  db).  —  Action  de  l'acide  sul- 
furique  sur  ces  composés  ;  Note  de 
MM.  tiès-Bodart  et  Jacquemin 1206 

CALENDniEP.  ARABE  présenté,  au  nom  de  l'au- 
teur Mahmoud-FJfendi ,   par  7il.  lomard.    1069 

Candidatcres  pour  des  places  de  Membres  ou 
de  Correspontlants  de  l'Académie,  : 

—  De  M.  Foucault  pour  la  place  vacante  dans 

la  Section   de   Mécanique   par   suite   du 
décès  de  M .  Cauchy 408 

—  De  M.  Wat/erdin  pour  la  place  d'Académi- 

cien libre  vacante  par  suite  du  dt'eès  de 
M.Largcteau 39 

—  Oe  M.  Lartigue  pour  la  place  de  Clones-- 

pondant  vacante  parle  décès  de  M.  Loîlin 
(Section  deGéographie  cl  de  Navigation).       53 

—  M.  LeCoq  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 

le  por^r  sur  la  liste  dos  candidats,  à  la 
prochaine    clectiou  de   Correspondants , 

pour  la  Section  d'Economie  rurale '069 

Capillarité.  —  Sur  la  théorie  de  l'action  capil- 
laire; Mémoire  de  M.  C.  A.  Maison 9") 


Capillarité.  —  Mémoire  de  M.  Arlur,  ayant 
pour  litre  :  «  Indication  des  principales 
erreurs  sur  lesquelles  Laplace  a  basé  su 
théorie  capillaire  » io85 

Carbures.  —  Synthèse  îles  carbures  d'hydro- 
gène;    Mémoires   de    M.    Berthelot 

1102  et  1161 

Cualelr.  —  Sur  les  propriétés  mécaniques  de 

la  chaleur;  Mémoire  de  M.  Reech 336 

—  Recherches  sur  l'équivalent  mécanique  de 

la  chaleur;   par  M. /'.  A.   Favre 337 

—  Sur  l'équivalent  mécanique  delà  chaleur; 

Noie  de  M.  D'Fslocquots 4^' 

—  Détermination  par  la  pile  des  quantités  de 

travail  moirciilaire  exprimées  en  calories 
produites  par  l'union  des  bases;  Mémoire 
de  :\IM.  ilarié-Daiy   et  Troosl 74^ 

—  Dtteimination  par  la  piledes  quantités  de 

chaleur  produites  dans  Pacte  de  la  com- 
binaison du  chlore  avec  les  métaux;  par 
les  me'mes 936 

—  Sur  des  expériences  à  l'aide  desquelle:  on 


(     12 

Page». 

détermine  l'équivalent  mécanique  de   la 

chaleur;  Note  de  M.  Ch.Lahoulaje 773 

(.'uAUEAix.  —  Emploi  de  ces  animaux  pour  le 
labour  chez  les  anciens  Numides,  atteslé 
par  un  bas-relieC  provenant  des  ruines 
de  Gucrza;  communication  de  IM.TexiVc.    ia53 

—  MM.  Geoffroy-Sainl-llilaiie,  Valenciennes 

et  Bahint't  citent  à  cette  occasion  des 
exemples  de  remploi  fait,  de  nos  jours, 
des  cliameaux  comme  bètes  do  trait lîf)} 

(  iiAi'FFACE.  — Description  et  figure  d'un  appa- 
reil fumivore;  par  MM.  Pascal  et  Bouiict.     45f> 

OiEMiMs  DE  FEP..  —  Communication  de  M.  Bioi, 
en  présentant  au  nom  de  M.  Tourneux 
un  exemplaire  do  «  l'Enquête  sur  I; s 
chemins  de  fer  » 1061 

—  Percement  des  Alpes  entre  Modane et  Bar- 

donèche;  IVole  de  M.  il/enaire'rt 1  igô 

—  Sur  une   nouvelle  construction   des  tam- 

pons   pour  les  voilures  des  chemins  de 

fer  j  Noie  de  M  .  Wagener ^oH 

—  Sur  les  règles  à  suivre  dans  Tapplicalion 

des  freins  aux  divers  véhicules  d'un  con- 
voi en  marche  sur  un  chemin  de  fer; 
Note  de  M.  Sahoureaud 813 

—  Dispositif  destiné    à   avertir    un    convoi 

marchant  sur  chemin  defer  qu'un  obstacle 
intercepte  la  voie  ;  INole  de  M.  Boenner..     -l'fi 

—  Appareil  destiné  à  prcvenir  lechoc  de  deux 

trains  marchant  dans  le  même   sens  sur 

un  chemin  de  fer  ;  Note  de  M.  Marais.  . .      377 

—  Lettre  de  M.  Brun  sur  un  système  de  son 

invention  qu'il  suppose  propre  à  préve- 
nir beaucoup  d'accidents  communs  sur 
les  chemins  de  fer 377 

—  Lettres  cl  Noies  de  M.  Laignel,  concernant 

quelques-unes  de  ses  inventions  relatives    ' 
aux  chemins  de  fer..     860,  907,   1086  et  1170 
Chimie  agronomique.  —  Sur  la  matière  saccha- 
rine du  sorgho;   extrait  d'une  Lettre  de 
de  M.  Jackson  à  iM.  Elle  de  Beaumonl. .       5.') 

—  Uecherches  analytiques  sur  le  sarrasin  con- 

sidéré comme  substance  alimentaire; 
Lettre  de  M.  Isidore  Pierre  accompa- 
gnant l'envoi  do  ce  travail 2o3 

Chimie  cEnÉnALE.  —  Sur  une  nouvelle  théorie 

chimique;  Mémoire  do  M.  Couper iir)- 

—  Sur  le  séchage  et  le  pesage  des  précipités 

dans    les   analyses   chimiques;  Note   de 

M.  Mène ,-268 

Chiblbgie.  —  Note  de  M.  Sedillot  en  réponse 
à  une  réclamation  île  priorité  concernant 
sa  méthode  de  traitement  du  pyothorax,  ,       2j 

—  NoledeM.  Bomefàl'appuidesaréclamation     i83 

—  Remarques  de  M.    Velpeau  sur  le  tond  de 

cette  discussion i83 

—  De  l'évidement  des  os,  comme  moyen  d'en 

conserver  les  formes  et    les   fonctions  et 


87) 


•       Pafv». 

d'éviter   les  amputations;   Mémoires  de  . 

il.  Sedillot 436  et     72'^ 

Chip,  UUGIE.—Fracluroet  luxation  de  l'astragale, 
extraction  de  cet  os  en  totalité  et  resec- 
tion derextréniité  inférieure  du  péroné 
et  du  libia;  par  le  nu'me 548 

—  Nouvelle  méthode  d'amputation  des  mem- 

bres ,  dite  diclastique   ou   par  rupture; 

M émoiie  de  M .  Maisonneuve 798 

—  Sur  la  cure  radicale  de  la  tumeur  et  de  la 

lislulc  lacrymale  par  l'excision  des  con- 
duits,- Mémoire  de  .\L  Tavignot.  ......     ii!\i 

—  Sur  les  anus  contre  nature;   Mémoire  de 

M .    Rejbard "187 

—  Sur   la   combinaison  de  l'écrasement   par 

pression  et  par  percussion  dans  la  litho- 
trilie  et  sur  la  généralisation  de  cette  mé- 
thode; Note  de  M.  Leroy  d'Etiolles Sgg 

—  Remarques  de  M.  Hcurteloup  en  réponse  a 

quelques  assertions  contenues  dans  la 
précédente  Note 4y4 

—  Sur  le  dangerd'employer  pour  la  lithotrip- 

sie  les  inslruments  du  commerce,  et  sur 
la  nécessité  de  poser  des  règles  relatives 
à  celte  opération;  Mémoire  de  M.  Hcur- 
teloup      4^7 

—  Instruments   de    lithotrilie    inventés   par 

M.  Weiss,  de  Londres  ;  Lettre  de  M.  Leroy 
d'Etiolles ();3 

—  Lettre  de  M.  Heurtelou/}  indiquant  les  dif- 

férences essentielles  entre  son  percuteur 

et  la  scie-pierre  de  IM  .  Weiss (1^9 

—  Comparaison  du  brise-pierre  de  M.  Weiss 

et  du  percuteur  de  M.  Heuiteloup;  Note 

de  M.  Leroy  d'Etiolles 8ii 

—  Modilicalions  apportées  en  l^i34   au  mode 

d'encastrement   du   percuteur;    Note  de 

M   Ueurteloup 934 

—  M.  C7ia;7-if!'/'e  réclame  l'invention  du  dispo- 

sitif qui  rend  certains  instruments  litho- 
Iriteuri  propres  à  agir  à  volonté  par  pres- 
siim  ou  par  percussion   9H4 

CuLor.E.  —  Action  du  courant  électrique  sur 
le  chlore  ,  le  brome,  l'iode  en  présence 
de  l'eau  ;  Note  de  M.  A.  Riche 348 

("hlorofop.he.  —  Recherches  sur  le  chloro- 
forme et  l'asphyxie  ;  par  M.  Faure G33 

Voir  aussi  l'article  Anesthésie. 

Chlorures.  —  Action  du  perchlorurc  de  phos- 
phore sur  le  chlorure  de  benzoïle  ;  Noie 
de  MM.  Chichkqffal  Rosing 367 

—  De  la  réaction  du  perchlorurc  de  phosphore 

sur  l'essence  de  Gaultheria  pi ocumbens ; 
Noie  de  M.  Driouj  adressée  à  l'occasion 
de  la  communication  précédente ri38 

—  A  l'occasion  de  cette  même  communica- 

tion, qui  fait  mention  d'un  irichlorure 
benzoïque,  M.  Bertlielot  rappelle  un  pro- 


(  I 

•  Pages. 

duit  analogue  préccdetnmenl  oblcnii  par 

lui,  le  tribromure  butyrique !^'l1 

Chlorures.  —  Note  de  MM.  Rosing  etChichkof/ 
en  réponseà  la  Notede  M.  Bertiielot,  rela- 
tive an  tribromure  butyrique 697 

—  Réplique  de  M.  Berthelot 66'| 

—  Chlorure    de    bromopropyl  -  ammonium, 

nouvelle  base  obtenue  par  l'action  de 
l'ammoniaque  sur  le  tribromure  d'allyle; 
Note  de  M.  Maxwell  Simpson ^85 

—  O.vychlorure  de  zinc  :  son  emploi  dans  la 

peinture;  Note  de  M.  SoreZ ^r,^ 

Cboléha-morbhs.  —  Lettre  de  M.  JV/oie; ,  con- 
cernant son  histoire  médicale  et  stiitis- 
lique  du  choléra  morbus  épidémiiiuu  qui 
a  régné  en  i854  dans  la  ville  de  Gy.    . . .     75.") 

—  Froposilions  sur  le  choléra-morbus  et  la 

fièvre  jaune  ;  par  M.  Ba//r 812 

Voir  auhsi  l'article  Legs  Bréant. 

Chromolithographie.  —  De  sr.n  application  ii 
la  représentation  des  jiièces  d'histoire 
naturelle;  Lettre  de  M.  Detahaje l'io 

Cbronouétres.  —  Sur  un  moyen  propose  pour 
annoncer  dans  les  ports  l'instant  du  midi 
moyen  ,  et  permettre  le  règlement  des 
chronomèlres  à  bord  ;  Note  de  M.  Trêve.    io5o 

—  Rapport    sur    cette    Note  ;     Rapporteur 

M .  l'Amiral  du  Petil-Thouars i  ^5^ 

—  Remarques  de  M.  Dubois  sur  la  partie  de 

la  Noie  de  M.  Trêve  relative  au  moyen 
employé   à   l'observatoire  de  l'École  Na- 
valedeBrest  poursignaler  le  midi  moyen.  1 1 '.j 
CiNCBO.sisE.  —  Recherches  sur  cet  alcali;   par 

M.  Schutzenberger 801 

—  Sur  deux  nouveaux  dérivés   de  la  quinine 

et  de  la  cinchonine;  par  le  mcinc.    io65 

CiP.ccLATio»  01)  S4SG.  —  Recherches  sur  ce 
sujet;  par  M.  Mare}  :  Études  hydrauli- 
ques.— Contraclilité  vasculaire.     /|S.'5  et    C80 

—  Mécanisme  et  théorie  générale  des   mur- 

mures vasculaires  ou  bruits  de  souille: 
bruits  vasculaires  dis  anémiques  ;  Notes 
de  M.  rAauveau   . . 83<)  et     933 

CiRciLATioN  nerveuse.   —  Nole  sur  ce  sujet; 

par  M .  Flourens 5o3 

Cochenille.  — Recherches  sur  la  cochenille; 

par  M.  Schutzenberger ^7 

Comètes.  —  Recherches  de  M.  Yvon  Yill'irceau 
sur  la  V  comète  de  i85;  (  communiquées 
par  M.  Le  Verrier) gg 

—  Lettre  de  M.  Bruhns  à  M.  Le  Verrier,  con- 

cernant une  comète  observée  ii  Berlin  le 

11  janvier 1  jo 

—  Premier  retour  de   la    comète  découverte 

en  i85i  par  M.  d'Ajrest,  observée  au 
cap  de  Bonne-Espérance;  Lettre  de 
M.  Mac  Lear  à  M.  "ïvon  Villarccau  (pré- 
sentée par  M .  Le  Verrier) 3&i 


2S8    ) 


PngM. 

CoMÉTF.s.  —  Observations  de  la  l'^  comète  de 

i858,  faites  à  Toulouse  par  M.  t'.  Petit.     397 

—  Lettre  de  M.  Hock,  concernant  les  comètes 

de  i556,   1264  et  976  (communiquée  par 

M    Le  Verrier  ) 4^0 

—  Lettre  de  M.  Argelamler  à  M.  Le  Verrier 

sur  la  comète  de  Winnecke Sijo 

—  Observations  de  la   II*  comète  de   i858; 

Lettre  de  M.  Luther  a  M.  Le  Verrier. .  .      Dg.! 

—  Observations   de  la   F*  comète  de  i858  : 

nouveauxélémentsdela  planète Nemausa  ; 
LettredeM.  Va/ià  M.  Eliede  Beaumoiit.     007 

—  Observation  de  la  II<^  comète  de  i858  faite 

à  Toulouse  par  M.  Petit 608 

—  Comète  découverte  le  2  mai  i858  h  Cam- 

bridjje  (Amérique  du  Nord);   Lettre  de 

M.  Bond  à  M.  Le  Verrier 99J 

—  Comète  découverte   le  m  mai   à  l'obser- 

vatoire de  Berlin;  LettredeM.  Bruhns  i 

M.  Le  \'errier .  .      ggi 

—  Recherches  de  M.  Yi'on  Villarceau  sur  la 

\W  comète  de  1857,  communiquées  par 

M.  Le  Verrier  iii5 

—  Sur   le    soleil    et    les  comètes;   Note   de 

M.  Love  Plaine 907 

(Commission  administrative.  —  MM.  Poncelei 
et  Chevreul  sont  nommés  Membres  de  la 
Commission  centrale  administrative  pour 

l'année   i858 i.ï 

Commissions  des  prix.  —  Prix  de  Statistique  : 
Commissaires,  MM.  Bienaymé ,  Mathieu, 
Dupin  ,  Boussinpault,  Passy 79^ 

—  Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  :  Com- 

missaires, MM.  Rayer,  Velpeau,  Andral, 
Bernard,  Serres,  J.  Cloquel,  Jobert  de 
Lamballc,   Duméril ,  Flourens to^i 

—  Prix   dit    des   Arts   insalubres  :   Commis- 

saires, MM.  Chevreul,  Rayer,  Oumas, 
Payen  ,  Boussingault 1082 

—  Prix  de  Physiologie  expérimentale  :  Com- 

missaires, MM  Bernard,  Flourens,  Milne 
Edwards,  Ser'-es,  Rayer 1  i3i 

—  Prix      de     Mécanique  Commissaires  , 

MM.  Combes,  Poncelet ,  Morin,  Pio- 
bert,  Clapeyron 1187 

—  Prix  d'j4s(™«omie' Commissaires,  M  M.  Ma- 

thieu, Laugier,  Liouville,  Delaunay,  Le 

Verrier   12G0 

Commissions  modifiées.  —  M.  Claperron  est 
nommé,  en  remplacement  de  M.  Dufré- 
noy,  Membre  de  la  Commission  chargée 
de  l'examen  des  pièces  concernant  le  pro- 
jet de  percement  de  l'isthme  de  Suez...       77} 

—  M.  Milne  Edwards  remplace  M.  de  Quatre- 

fages  absent  dans  la  Commission  charijée 
de  l'examen  d'un  travail  téralologique  de 
M.Jo/r '"98 

—  Sur  la  demande  de  l'Académie  des  Sciences, 


(     12 

F«gM. 

l'AcadémiA  des  Beaux-Arls  adjoint  deux 
de  ses  Membres,  MM.  Auber  et  Halcvy, 
à  la  Commission  chargée  de  l'esameii 
d'dii  Mémoire  de  M.  Loyer,  sur  les  bases 

iiiathéruatiqucs  de  la  musique 1201 

Commissions  spéciales.  —  Commission  cliargée 
de  proposer  une  question  pour  sujet  du 
prix  de  Sciences  naturelles  de  ib.îi)  : 
Commissaires,  MM.  Flourens ,  Milne 
Edwards,  Brongniart,  Geoffroy-Saint- 
Hilaire,  Cl.  Bernard lîj 

—  Gonimiission  charijéede  |>roposer  une  ques- 

tion pour  sujet  du  prix  Bordin  de  1859 
(Sciences  naturelles)  :  Commissaires, 
MM.  Flourens,  Geoffroy-Saint-Hilaire, 
Duméril,  Cl.  Bernard,  Brongniarl 1^5 

—  Commission  chargée  de  présenter  une  liste 

decandiilats  pour  la  place  d'Académicien 
libre  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Largeteau  :  Commissaires,  MM.  le 
Maréchal  Vaillant  et  l'Amiral  du  Pelit- 
Thouars,  MM.  KliedeBeaumont  et  Liou- 
ville,  MM.  Rayeret  Flourens,  et  M.  Des- 
pretz,  président  en  exercice..... 674 

—  C.ette  Commission   présente   ïa  liste  sui- 

vante de  candidats  :  1°  M.  Bégin  ; 
2»  M.  Jaubcrt;  3»  MM.  Damour  et  Wal- 
l'erdin,  ex  œr/uo 8l5 


89    ) 


PafM- 


CoQciLiES  —  Des  altérations  qu'éprouvent  les 
coquilles  pendant  la  vie  des  Molkisques 
qui  les  habitent  ;  Noie  de  M.  Marcel  de 
Serres 47° 

Corps  simples.  —  Note  sur  le»  équivalenis 

des  corps  simples  ;  par  M.  Dumas 9-'* 

CoTLNNiTE.  —  Troisième  cas  de  production 
de  ce  minéral  par  la  lave  du  Vésuve; 
Lettre  de  M.  Scacchi  et  remarques  de 
M .  Ch.  Sainte-Claire  Deiille 496 

Couleurs.  —  Etudes  sur  les  causes  de  la  colo- 
ration des  oiseaux;  par  M.   liogdanow..     7H0 

Courants  marins.  —  M.  le  Ministre  des  Affaires 
étrangères  transmet  un  des  bulletins  écrits 
à  bord  du  yacht  la  Reine-Hortense,  et  se 
rattachant  à  la  série  des  expériences  sur 
les  courants  marins  faites  pendant  le 
voyage  du  prince   Napoléon 38 

Cristaux.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  produc- 
tion à  l'état  cristallin  d'un  certain  nombre 
d'espèces  chimiques  et  minéralogiques  ; 
Mémoire  de  M  M.  H.  Sainte-Claire  Devillc 
et  Caron 7^4 

Cuivre.  —  Dosage  du  cuivre  par  le  perman- 
ganate de  potasse  ;  Note  de  M .  A.  Terreil.     1Z0 

CïANHYDRATEs.  —  Aclion  du  cyaohydiate 
d'ammoniaque  sur  l'alloxane;  Note  de 
MM.  Rosing  et  Chichkojf. io4 


D 


Décès  de  Membres  et  de  Correspondants  de 
l'Académie. — L'Académie  apprend,  séance 
du  14  juin,  par  une  Lettre  de  sir  IV.  Hoo- 
ker  à  M.  Decaisne,  la  perle  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  sir  Robert 
Brown ,  un  de  ses  Associés  étrangers , 
décédé  le  8  du  même  mois 

—  Letire  de  M.  Murchison  à  M.  Elle  de  Beau- 

mont  sur  le  décès  du  même  savant 

—  M.  le  Secrélaire  perpétuel  annonce,   d'a- 

près une  nouvelle  parvenue  a  M.  Uuper- 
rey,  le  décès  de  !\L  Lotlin,  Correspondant 
de  l'Académie  pour  la  Section  de  Géo- 
graphie et  de  ISavigation  (Versailles, 
18  février  i85S) .. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce,  d'a- 

près une  nouvelle  reçue  par  M.  Valen- 
cionnes,  le  décès  de  M.  Temminck ,  Cor- 
respondant de  l'Académie  pour  la  Section 
d'Anatomie  et  de  Zoologie  (Leyde,  6  fé- 
vrier i858) 

—  M.  Flourens  annonce,  séance  du  24  "Tiai,  la 

perte  qu'a  faite  l'Académie  dans  la  per- 
sonne d'un  de  ses  Correspondants  .  M.  /. 

Huiler 

Décrets  impériaux    confirmant    la   nomination 


1187 


39S 


43. 


9" 


de  Membres  de  l'Académie.  —  Décret  con- 
iirmant  la  nomination  de  M.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville  à  la  place  vacante  dans  la 
.Section  de  Minéralogie  par  suite  du  décès 
de  M ,  Dufiénor 65 

—  Décretconfirmant  la  nomination  de  M.G/w- 

peyron  i\  la  place  vacante  dans  la  Section 
de  Mécanique,  par  suite  du  décès  de 
^\.  Cauchy (167 

—  Décret  confirmant  lanominaliondeM.yau- 

bert  à  la  place  d'Académicien  libre  va- 
cante par  suite  du  décès  de  M.  Largeteau.     t)()7 

Densité.  —  Moyen  pour  la  préparation  des  li- 
queurs à  poids  sj>écifique  donné.  Densi- 
mètre  de  M.  Spacowsky 1  ii3 

Dents.  —  Recherches    sur   le   développement 

des  dents;   par  M.  Natalis  Guitlot Gi2 

—  Des  maladies  dentaires  et  de  leur  influence 

sur  la  production  des  maladies  des  os 
matillaires;  Mémoire  de  H.  Forget 033 

Digues.  —  Du  prolil  des  digues  de  réservoirs 

d'eau  en  maçonnerie;  Note  de  M.  Phillips.     17H 

Dilatabilité.  —  .Sur  la  dilatabilité  des  liquides 
chauffés  à  des  températures  supérieures 
U  celtes  de  leur  ébullition;  Noie  de 
M.  Drion 1  jS 


(    1290    ) 


Pages . 

Eaux-de-vie.  —  Sur  les  eanx-de-vie  do  Co- 
gnac; Notfi  de  M.  Sanson 587 

—  Produit  cristallin   adressé    par    M.   Dedé 

comme  le  principe  aromatique  des  eaux- 
de-vie  de  la  Charente 7)74 

Eaux  hinérales.  —  Observations  médicales 
sur  les  eaux  minérales  de  Hondonneau 
(Drônie);  par  M.  G laaet 183 

—  Sur  les  eaux  minérales  alcalines  gazeuses 

de  Condillac  ;   Mémoire  de  M.  Sociyuet.  .      584 

—  Elude  sur  la  (ilairine  ou  baréjjine  des  eaux 

minérales;  Mémoire  de  M.  Aulagnier , . ,     684 

—  Analyse  des  eaux  de  Sylvanès  (Avoyron); 

par  M .  Cauvy 1 1 07 

Eaux  potables.  —  .addition  à  un  précèdent 
travail  sur  la  constitution  des  eaux  po- 
tables ;  par  M.  Marchand . .     4°? 

—  Carte    dressée    par    M.   Ch.   Sainte-Claire 

Deville  pour  rintelligence  des  documents 
relatifs  aux  eaux  douces  de  la  Fiance... .    io;o 

Eacx  thermales.  —  Recherches  sur  les  pro- 
duits de  la  décomposition  des  roches  sous 
riulluence  des  eaux  thermales  sulfu- 
reuses ;  Note  de  M.  Bouis   Q2f) 

EciAinAGE.  —  Sur  une  découverte  de  M.  de 
ChaiiffT  qtxi  permettrait  d'appliquer  à  l'é- 
clairage des  mines  la  lumière  électrique; 
Lettre  de  M.  Jobarl 474 

—  Bapporl  sur  cette  communication;   Rap- 

porteur M.  Becquerel 674 

—  Remarques    de  M,  Jobarl  à  l'occasion   de 

ce  Rapport 789 

Éclipses.  —  Sur  la  parallaxe  du  soleil  et  sur 
les  éclipses  centrales  de  l'année  i858; 
2' Mémoiie  de  M.  fflre i65 

—  Indications    soumises    aux    photographes 

relativement  à  l'éclipsé  du  i.t  mars  iS'iS; 

par    le  même 479 

—  M.   Uahinet  fait  hommage    à    l'Académie 

d'un  exemplaire  de  sa  Notice  sur  la 
même  éclipse 482 

—  Observations  photographiques  de  l'éclipsé 

<lu  iSmars  faites  avec  la  grandelunetiede 
M.  Porto  :  photographies  présentées  par 
MM.PorroetQuinel  ;  communications  de 
M.  Fayc .507  et     70,5 

—  Observations    de   l'éclipsé   faites  à  <  her- 

bourg  ;  par  M .  Liais 6.54 

—  Observations  de  températures  l'aile  à  Ver- 

sailles pendant  l'éclipsé  du  i5  mars  i858  ; 

pai'  M  M.  Bc'rii;ny  et  Joberl ;>88 

—  Lettre  adressée  de  Narbonne  rplalivomenl 

à  la  même  éclipse;  par  M.  Bouniol 5S'8 

École  Polytechniqçe.  —  M.  le  Ministre  de  la 
Guerre    annonce   que   MM.   Poncelet   et 


l'agM. 

Le  Verrier  sont  maintenus  Membres  du 
Conseil  de  Perfectionnement  au  titre  de 

l'Académie  des  Sciences !^oH 

Economie  rlrale.  —  Statistique  des  cultures 
industrielles  de  l'Alsace;  p;ir  M.  Bous- 
singault.  Premier  Mémoire:  Le  tabac. . .    1007 

—  Ue  la  manière  dont  les  phosphates  passent 

dans  les  plantes  ;  Note  de  M  P.  The- 
nard. 212 

—  Expériences  agronomiques  relatives  à  l'em- 

ploi des  phosphates  de  chaux  fossiles  ; 
Noie  de  M.  rfe  Molon.  —  Application  faite 
en  Bretagne  par  M.  Collet 233 

—  M.    le    Minisire   de    ^Instruction    publique 

transmet  une  Lettre  de  M.  Coinze,  rela- 
tive à  sa  théorie  de  l'agriculture gSo 

—  Sur    l'assolement    général   des  teries  in- 

cultes de  France.  —  Préparation  d'un  en- 
grais qui  doit  conserver  plusieurs  des  prin- 
cipes actifs  perdus  dans  la  fabrication  de 
la  poiidrette  ;  Mémoires  de  M.  Gagnage. 
588 ,  1  (i56  et    253 

—  Note  de  !\L  Leplax  sur  les  produits  alcoo- 

liques obtenus  du  sorgho  sucré 444 

—  Sur  la  matière  saccharine  du  sorgho  ;  Lettre 

de  M  .  Jackson  à  M.  Élie  de  Beaumont. . .       55 

—  Produits  divers  obtenus  du  sorgho  sucré, 

adressés  de  Marseille  par  M.  Sicard 1 148 

—  Sur  un  moyen  supposé  propre  à  préserver 

des  gelées  de  printemps  les  arbres  frui- 
tiers en  fleur  ;  Lettre  de  M.  Docteur 907 

—  Lettres  de  M.  Poulet,  concernant  son  pro- 

cédé pour  assurer  une  abondante  récolle 
aux  arbres  fruitiers 109  et     187 

—  Lettre  de  M.  E.  Trouillel,  concernant  une 

précédente  communication  sur  son  pro- 
cédé de  culture  de  la  vigne 109 

—  Sur  la  maladie  de  la  vigne  et  de  la  pomme 

de  terre,  et  sur  le  choléra  ;  Noie  portant 

le  nom  do  l'auteur  sous  pli  cacheté...    .      377 

—  Action  du   soufre  amorphe  sur  l'érysiphe 

de  la  vigne;  Note  de  M.  B.  Mares 49' 

—  Théorie  du  soufrage  de  la  vigne  ;  Mémoire 

de  M .  de  la  Vcrgne 1 1 3'i 

—  Observation  concernant  une  vigne  partiel- 

lement  préservée  de   l'oïdium  ;  ^ole  de 

M.  Borer 85f) 

—  Note  sur  une  maladie  supposée   nouvelle 

de  la  vigne  ;  par  M.  Bonnel 991 

—  Sur  les  habitudes  du  kermès  de  la  vigne; 

Note    de   M.    Ducommun   (transmise   par 

M.  le  Maréchal  Vaillant) 219 

—  Sur  la  part  de  certains  gallinsecles  dans 

le  développement  de  la  maladie  de  la 
vigne  ;  par  te  même 1 1  |S 


(  '29 

Pages. 

EcoNoaiE  RURALE.  —  Rapport  sur  les  Mémoires 
précédcnls  de  M.  Dueomnuin  ;  Rappor- 
teur H.  Duméiil ï'Sg 

—  Sur  remploi  du  chameau  comme  bête  de 

Irait  par  les  anciens  Numides;  communi- 
cation de  M.  Texier 1^53 

—  Exemples   d'un    emploi  analogue  fait   de 

nos  jours,  cites  par  MM.  Geqffroy-Saint- 
Hilaire,  Valenciennes  et  Babinet 1^54 

—  Observations  sur  la  contagion  chez  les  ani- 

maux domestiques;  Mémoire  de  W.  Gil- 
bert     103' 

—  Sur  le  troupeau  algérien  de  chèvres  d'An- 

gora; Mémoire  de  M.  Bernis loQi 

—  Bemarques  prcsenices  !i  celle  occasion  par 

M.  Is.  Geoffroy -Saint -Hilaire  sur  les 
chèvres  d'Angora  que  possède  la  Société 
d'Acclimatation ioG3 

—  Sur  le  repeuplement  des  poissons  du  lac 

du  Bourget  ;  Mémoire  de  M.  de  Galbert  : 
extrait  par  M.  Duméril. , io64 

ÉcORCUÉ.  Voir  l'article  Iconographie. 

Élasticité.  —  Sur  le  travail  des  forces  élas- 
tiques dans  un  corps  solide  déformé  par 
l'action  des  forces  extérieures;  Mémoire 
de  ^].Claperron 2c8 

—  Du  travail  des  forces  élastiques  dans  l'in- 

térieur d'un  corps  solide  et  en  particu- 
lier des  ressorts;  Mémoire  de  M.  Phil- 
lips      333  et    .^4" 

Elastiques  (Lames).  —  Leurs  vibrations.  Voir 
l'article  Acoustii)ue. 

Electricité.  —  Communication  de  M.  Bec- 
(juerel  en  présentant  un  ouvrage  sur  l'é- 
lectricité et  ses  applications,  qu'il  a  pu- 
blié en  collaboration  avec  sou  (ils  M.  Ed. 
Becquerel 6o6 

—  Lettre  de  M.  de  la  Blve  accompagnant  un 

nouveau  volume  de  son  «  Traité  d'élec- 
tricité théorique  et  appliquée  » aS 

—  Influence  du  magnétisme  sur  les  décharges 

éleclriques  ;  Lettre  de  M.  de  la  Rive.    ...     qîG 

—  Sur  un    nouveau    phénemène  d'induction 

électrique;  Mémoire  de  M.  Mattcucci. . .      120 

—  Lettre  de  M.  il/rt(ïeucc!  accompagnant  l'en- 

voi d'un  opuscule  sur  Pélectro-physiologie.     ma 

—  Recherches  sur  les  relations  des  courants 

induits  et  du  pouvoir  mécanique  de  l'é- 
lectricité; par  le  me'me loii 

—  Recherches  sur  les  courants  hydro-élec- 

triques ,  3'  et  4«  partie  ;  Mémoire  de 
JSl.P.-A.Favre 33,,  g t    658 

—  Sur   quelques   observations   électromélri- 

ques    et     électroscopiques  ;     Lettre    de 

M.  Yolvicelli  à  M.  Despretï 533 

—  Note  de  M,  Jean,  concernant  les  résultats 

obtenus  avec  des  bobines  d'induction 
construites  par  lui i85 

C.  R.,  iS58,  1"  Semestre.  (T.  XI.Vl.) 


I    ) 

P.ii;ps. 
Llectricité.  —  Étude  sur  le  thermorauUipli- 

catour  ou  appareil  de  Nobili  et  Melloni; 

par  M.  de  la  Provoslaye Î^'S 

—  Expériences    nouvelles    sur    les   électro- 

aimants;  NotedeM.rfu  Moncel Ii4'^ 

— •  Influence  du  magnétisme  sur  les  décharges 
électriques;  Lettre  de  M.  Zanledeschi  à 
M.  Regnault "M^ 

—  Action  de  l'étincelle  électrique  sur  lava- 

peur  d'eanct  sur  la  vapeur  d'alcool;  Note 

de  M .  Perrot i  So 

^  Sur  un  phénomène  de  polarité  dans  la 
décomposition  des  gaz  par  l'étincelle  élec- 
trique, et  sur  les  produits  que  l'on  ob- 
tient en  décomposant  l'alcool  par  l'étin- 
celle électrique  ou  la  chaleur;  Mémoire 
de  M.  Quet. 90^" 

—  Action  du  courant  électrique  sur  le  chlore, 

le  brome,  l'ioile  en  présence  de  l'eau; 
Note  de  M.  A.  Riche 348 

—  Sur  la  détermination  par  la  pile  des  quan- 

tités de  travail  moléculaire  exprimées  en 
calories  produites  par  l'union  des  bases; 
Mémoire  de  IMM.  Maric-Davy  eiTroost.     ■)!^S 

Sur  la  mesuredes  lempératures  au-dessous 

du  sol  et  dans  l'air  4  diverses  hauteurs 
au  moyen  d'appareils  thormo-éleciriques  ; 
Mémoire  de  M .  Bec<]uerel 118J 

—  Nouveaux  appareils  éleclriques  pour  la  té- 

légraphie; Mémoire  de  M.  De/n/ôfre. . ..  i33 
— .  Sur  l'emploi  combiné  de  la  machine  d'in- 
duction de  RuhmkorlTet  d'une  pièce  d'ar- 
tillerie pour  signaler  dans  les  ports  le 
midi  moyen  et  servir  au  règlement  des 
monlres  marines;  Note  de  M .  Tr<?i'e loôo 

—  Rapport    sur     cette    Note  ;     Rapporteur 

M.  l'Amiral  du  Petil-Thouars 12.54 

—  Remarques  sur  la  partie  de  cette  Note  con- 

cernant le  moyen  employé  à  Brest  pour 
annoncer  l'instant  du  midi  moyen;  Note 
de  M.  Duhois ir47 

—  Lettre  de  M.  Callauâ,  concernant  les  piles 

sans  diaphragme  et  leur  application  aux 
horloges  électriques 5fj8 

—  Recherches  et  observations  cliniques  sur 

les  propriétés  physiologiques  et  théia- 
peutiques  du  courant  voltaïque  continu 
permanent;  Mémoire  de  M.  Hiffehheim.     216 

EfTels  de  l'électrisation  sur  l'exaltation  de 

l'ouïe  daus  la  paralysie  faciale;  Noie  de 

M.  /-inrfouzr 3;;6  et    466 

-—  Noie  ayant  pour  titra:  «Lumière  élec- 
trique par  radiation  «  ;  par  M.  Gérard.   12^0 

—  Lettre  de  M.  Jobart   sur  une  découverte 

de  M.  de  Chnngy,  concernant  la  lumière 
électrique 4-4 

—  Rapport  sur  cette  communication;  Rap- 

porteur M.  Becquerel 6-14 

168 


Électricité.  —  Remarques  de  M.  Johart  à 
l'occasion  de  ce  Rapport 

—  Remarques  de  M.  Tardieu,  concernant  une 

communication  do  MM.  Fellis  et  Henry 
sur  un  moteur  électrique   

—  Mémoire  intitulé  :  «  Puissance  des  électro- 

aimants employée  comme  force  motrice 
dans  les  bateaux  à  vapeur;  par  M.  Strlit, 

—  Sur  une  modification  de  la  pile  qui  doit 

faciliter  ses  applications  aux  électro- 
moteurs j  Moles  de  M.  Gallardo  Basiani 
260  et 

—  Mémoire  de  M.  Zaliwski  ayant  pour  litre: 

«La  gravitation,  c'est  l'électricité».  4^7  el 
Embryogénie.  —  M.  Flourens  présente  ua 
Mémoire  de  M.  Owcn  sur  les  membranes 
fœtales  et  le  placenta  de  l'élcpharit  indien, 
et  sur  la  valeur  des  caractères  placen- 
taires pour  la  classification  des  mammi- 
fères  

EuERAcnES.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  Léwj',  concernant  la  formation  cl  la 
composition  de  l'émérande;  Rapporteur 

M.  de  Senarmont 

Entozoaires.  —  Recherches  sur  le  développe- 


(    «292 

Pages. 


789 


ss 


4^7 
1006 


764 


56 1 


faéM. 


ment  et  la  propagation  du  trichocéphala 
de  l'homme  et  de  l'ascaride  lombricoïde  ; 
Dote  de  M.  flacaine. 1117 

Equivalents  bes  corps   simples;  Mémoire  de 

M.  Dumas gSi 

Errata. —  Page  7g,  lignes  i5  et  î2,  au  lieu  de 
Gourgeen,  lisfz  Gourjon  ;  —  p.  92,  I.  l\, 
au  lieu  de  Onéiimc  Leroy,  liseï  Oncsime 
Simon  ;  —  p.  lo5g,  1.  3,  après  ces  mots 
des  forces  intérieures,  ajoutez  Cependant 
celle  dernière  proposition  est  loin  d'être 
générale,  et  l'analyse  suivanle  n'est  appli- 
cable qu'aux  cas  dans  lesquels  elle  se 
vérifie. 

Voir  encore  aux  pages  m,  378,601, 
666,  697,  757,  790,  909,  1122,  1173 
et  iiffi. 

Espèce.  —  Considérations  sur  l'espèce  et  la 
variété  :  modification  proposée  à  la  défi- 
nition de  l'espèce  en  botanique;  Mémoire 
de  M.  Naudin 340 

Étuers.  —  Combinaisons  dos  e'ihers  sulfhy- 
drique,  éthyliquc  et  raéthylique  avec  le 
bi-iodure  de  mercure  ;  Mole  de  M.  A. 
Loir 1 280 


Fécondation. — Spermatozoïdes  pénétrant  dans 
l'œuf  ;  observations  faites  sur  un  dîstome 
par  M.  Yan  Beneden 858 

Fer.  —  Séparation  du  ter  d'avec  l'alumine 
par  le  moyen  des  hyposulfitos;  Note  de 
M.  Chancel 987 

Fermentation.  —  Sur  la  fermentation  alcoo- 
lique; Leltre  de  M.  Pasteur  à  M.  Dumas.     17g 

•—  Mémoire  sur  la    fermentation   de   l'acide 

tartrique  ;  par  le  même 613 

—   Produclion  constante  de  glycérine  dans  la 

fermentation  alcoolique;  par  le  même  . .     857 

Fibreux  (Corps),  —  Mémoire  sur  la  résistance 
des  corps  fibreux  ;  par  M.  Fabré  {priscnté 
par  M.  le  Maréchal  Vaillant) 624 


FoRMÉNAuiNE.  —  Observations  sur  la  compo- 
sition de  cette  base  et  autres  bases  ana- 
logues ;  Note  de  M.  Ctoës. 34.') 

Foudre.  —  .Statistique  des  coups  do  foudre 
qui  ont  frappé  des  paratonnerres  ou  des 
édifices  et  des  navires  armés  de  ces  appa- 
reils;   par    M.  Du/irei 74 1 

—  Sur  le  nombre  de  personnes  tuées  par  la 
foudre  dans  le  royaume  de  la  Grande- 
Bretagne  de  i852  à  i856  ;  Note  de  il.  Poer.  12^0 

Frottement.  —  Diminution  du  frottement  de 
glissement  à  mesure  que  la  vitesse  aug- 
mente; formule  représentative  de  cette 
diminution;  Mémoire  de  M.  Bochet îoi 


Gaz.  —  Recherches  sur  l'absorption  et  le  dé- 
gagement des  gaz  par  les  dissolutions 
i^alines  :  rôle  des  principaux  éléments 
du  sang  dans  l'absorption  ouïe  dégage- 
ment des  gaz  de  la  respiration  ;  Mémoire 
de  M.  Fernet 620  et 

—  Sur  les  phénomènes  physiologiques  et  chi- 
miques produits  par  les  injections  d'air 


«74 


et  de  différents  gaz  dans  le  tissu  cellu- 
laire et  le  péritoine;  Mémoire  de  MM.  Le- 
conte  et  Demarquay (352 

Gaz.  —  Sur  la  mesure  des  gaz  dans  l'analyse  ; 

Note  de  MM.  Williamson  et  Russel 786 

—  Sur  un  phénomène  de  polarité  qui  se  pro- 
duit dans  la  décomposition  des  gaz  par 
l'élincelleélcctrique;  MémoiredeM.Çwci.     joS 


(  1^93  ) 


tiAz.  —  Analyse  des  gai  qui  se  dégagent  avec 
l'eau  d'un  puits  artésien  exécuté  à  Naples  ; 
Note  de  M .  Guiscardi 982 

Géocrapbie.  —  Rapport  verbal  sur  une  des- 
cription topographique  de  la  province 
d'Aconcagua  (Chili)  parM.  Pissis ;  Rap- 
porteur M.  Gay lo34 

—  M.  DaajJtr  présente  un  esemplaire  de  sa 

«  Table  des  principales  positions  géogra- 
phiques du  globe  11,  Table  extraite  de  la 
Connaissance  des  Temps  pour  Vannée  1860.     667 

—  Sur  les  glaces  du  liman  ou  Dnieper;  Mé- 

moire de  M.  Paris 319 

—  Recherches  sur  les  rapports  de  la  géologie 

et  de  l'hydrologie;  par  M.  de  Villeneuve.     61S 

—  Sur  le  développement  modifié  de  Flam- 

sleed  ;  Note  de  M .  Tissot 6^6 

—  Lettre  de  M.  A.  lioué  à  M.  Viquesnel  sur 

on  voyage  scicnliflipie  en  Turquie  et  en 
Grèce  que  va  faire  M.  Kreil 8i3 

—  M.  Bibouil  demande  et  obtient  l'autorisa- 

tion de  reprendre  plu'^ieurs  Mémoires  re- 
latifs à  la  topographie  de  quelques-uns  des 
établissements  français  dans  l'Océanie.. .  789 
Céolooie.  —  Sur  la  constitution  géologique  do 
quelques  cantons  voisins  du  cap  de 
Bonne-Espérance;  Lettre  de  M,  de  Cas- 
telnau  à  M.  Élie  de  Beaumont 55 

—  Sur  quelques   points   de  la   géologie  des 

régions  pyrénéennes;  Lettre  de  M.  Ley- 
merie  à  M.  Elie  de  Beaumont 1^0 

—  Remarques  do  M.  Élie  de  Beaumont  à  l'oc- 

casion de  cette  Lettre 1^3 

—  Remarques  de  M.  Noulet  à  l'occasion  de  la 

Lettre  de  M.  Leymerie 3-0 

—  Sur  le  mode  de   consolidation  du  granité 

et  de  plusieurs  autres  roches;  Lettre  de 
M.  Soily  à  M.  Élie  de  Beaumont.  Re- 
marques de  M.  Élie  de  Beaumont  à  l'oc- 
casion de  cette  communication 1^6 

—  Recherches  sur  les  produits  de  décompo- 

sition des  roches  sous  l'influence  des  eaux 
thermales  sulfureuses  ;  Noie  de  M.  Bouts.     22G 

—  Recherches  sur  les  systèmes  de  soulève- 

ment de  l'Amérique  du  Sud;  par  ta. Pissis.     23o 

—  Rapport  verbal  sur  cet  ouvrage;  Rappor- 

teur M.  C.  Gay ,(,3/ 

—  Sur  un  gisement  de  plomb  argentifère  dans 

la  Caroline  du  Nord.  Sur  l'exploitation 
de  ces  mines  et  de  quelques  autres  mines 
des  Etats-Unis  d'Amérique;  Lettre  de 
M.  Jackson  à  M.  Elie  de  Beaumont 25,1 

—  Communication  de  RI.  d'Archiac  en  pré- 

.sentant  le  VU'  volume  de  son  •  Histoire 

des  progrès  de  la  géologie  « 38a 

—  Remarques   de  M.  Élie  de  Beaumont  sur 

un  passage  de  ce  Vil"  volume , .     îgo 


l>as«. 
473 
.523 

G3fi 
848 


Géologie.  —  Réponse  de  M.  d'Archiac  h 
M.  Élie  de  Beaumont 

—  Sur  un  fragment   de  lignite  trouvé  dans 

le  grès  bigarré  ;  Note  de  M.  Denis 

—  De  la  formation  et  de  la  répartition  des 

reliefs  terrestres  (système  de  montagnes 
de  l'Europe  occidentale);  Mémoire  do 
M.  de  Francq 

—  Sur  le  terrain  de  transition  de  la  vallée 

de  la  Pique  ;  Note  de  M.  Leymerie., 

—  Sur  le   métamorphisme  des  roches;   Mé- 

moire de  M.  Delesse 

—  Sur  les  ligniles  de  Monte  Ëamboli  ;  Note 

de  M.  i.  S:monin . . 

—  Sur  le  calcaire  à  dicéralcs  des   Pyrénées; 

Lettre  de  M.  Leymerie  k  M.  d'Archiac. . . 

—  Vi,  d'Archiac  présente  l'extrait  d'une  Lettre 

de  M-  Schumard  à  M.  de  Verneuil  sur 
l'existence  de  la  faune  permienne  dans 
l'Amérique  du  Nord,  et  ra[)pelle  ii  cette 
occasion  divers  travaux  relatifs  au  sys- 
tème permien  du  nouveau  monde 897 

—  Forage    artésien    exécuté    à    Naples   par 

MM.  Degousèe  et  Laurent.  Coupe  géolo- 
gique des  terrains  traversés  :  analyse,  par 
M.  Guiscardi^des  gaz  dégagés  avec  l'eau.     9S0 

—  Des   houilles  sèches  des    terrains  juras- 

siques et  particulièrement  des  stipites 
de  Larzac  (Aveyron);  Note  de  M.  Marcel 

de  Serres 999 

^  Lettre  de  M.  Pariset,  concernant  ses  pré- 
cédentes communications  sur  les  soulève- 
ments terrestres 1  off) 

—  Sur  les  dépôts  minéraux  formés   par  les 

sources  thermales  de  Plombières  avant 
et  pendant  la  période  actuelle.  1"  partie: 
Formation  contemporaine  des  zéolithes  ; 
2'  partie  :  Relation  des  sources  ther- 
males avec  les  filons  métallifères  de  la 
contrée.  Mémoires  de  M.  IJaui'c'e.  1086  et  1201 

—  Gisement  de  lignite  dans  le  territoire  de 

Conidoni  (Calabre);  Note  de  M.  Meis- 
sonnier. ..• •.*..    ..•,.    1 090 

—  A  l'occasion  de  cette  Note,  M.  Élie  de 

Beaumont  appelle  l'attention  sur  une  pu- 
blication de  M.  Montagne,  également  rela- 
tive au  terrain  carbonifère  de  la  Calabre.    1093 
— •  Note  sur  les  cavernes  à  ossements  du  Pontil 

et  de  Massât  ;  par  M.  Marcel  de  Serres. .    lî^J 

—  Sur  la  dolomie  de  la  vallée  do  Binn,  ses 

caractères  de  roche,  ses  nombreux  mi- 
néraux, son  gisement;  Mémoire  de  M.  H«- 
gard , j 20°i 

—  M.  Élie  de  Beaumont  annonce  à  cette  occa- 

sion 1""  *'•  ^^-  Sainte-Claire  Deville 
est  dans  l'intention  de  présenter  prochai- 
nement un  travail  sur  la  transformation 
des  calcaires  en  dolomie, 1264 

168.. 


(  I 

Page». 

Géologie.  —  Sur  les  bancs  de  sable  de  l'océan 
Pacifique  et  sur  la  recherche  qu'on  y 
pourrait  faire  de  gisements  de  minerais 
exploitables;  Note  de  M.  Wencelides.  ...     4;4 

Géométrie. — Théorie  des  polyèdres  ;  Mémoire 

de  M.  Poimoi 65 

—  Note  sur  la  théorie  dos  polyèdres  réguliers  ; 

par  M.  /.  Bertrand 79 

—  Eemarques  sur  la  part  attribuée  à  tort  à 

Kepler  dans  la  découverte  des  quatre  po- 
lyèdres réguliers  d'espèce  supérieure;  par 
ie  m(^me ir^ 

—  Lettre  de  M.  Hérolle,  rappelant,  à  l'occa- 

sion d'un  sujet  de  grand  prix  de  Mathé- 
matiques récemment  proposé,  les  re- 
cherches qu'il  a  présentées  sur  la  ques- 
tion des  polyèdres 3^7 

—  M. Vfl/fl<  est  autorise  àreprendre  son  «Mé- 

moire sur  les  treize  solides  réguliers 
d'Ârchimède  » 1 8t) 

—  Sur  une  nouvelle  théorie  de  la  géométrie 

des  masses  ;  Mémoire  de  M.  Bâton  de  la 
Goupilliére 9I 

—  Sur  les  centres  successifs  do  courbure  des 

lignes  planes  ;  par  le  même g3o  et  979 

—  Mémoire  sur  les  surfaces  dont  les  lignes  de 

courbure    sont    planes    oa    sphériques  ; 

par  M.  Picart 356 

—  Propriétés   géométriques   du    mouvement 


294   ) 


P'S'«- 


relatif  de  deux  corps  solides  dont  les  sur- 
faces sont  assujetties  à  rester  continuel- 
lement en  contact  par  un  ou  plusieurs 
points  (frottement  et  glissement);  Mé- 
moire de  M.  Resal Soi 

Géométrie.  —  M.  Bertrand  fait  remarquer  que 
trois  des  théorèmes  énoncés  dans  ce  Mé- 
moire appartiennent  li  M.  O.  Bonnet. ...     819 

—  Note  sur  la  théorie  des  surfaces  réglées  ; 

par  M.  O.  Bonnet 908 

—  Sur   la  théorie   des   parallèles  ;    Note  de 

M .  Petit  de  la  Thuilerie 2^7 

—  Démonstration  du  postulatum  d'Euclide; 

Note  do  M.  Rigaud H'd- 

—  Note  de  M.   Lassie  sur  une  question  de 

géométrie  élémentaire 77' 

—  Lettre  de  M.  Buchbergcr  concernant  uns 

définition  supposée  nouvelle  de  la  ligne 
droite 7S9 

—  Mémoire  sur  le  volume  de  la  surface  de  la 

sphère  et  du  cône  ;  par  M.  Dudouit to86 

Glycérine.  —  Production  constante  de  gly- 
cérine dans  la  fermentation  alcoolique; 

Lettre  de  M.  Pasteur  à  M.  Dumas 8Ô7 

Gltcogénie.  —  De  l'existence  du  glycose 
dans  l'économie  animale;  Mémoire  de 
MM.   Poiseuille  et  Lefort 565  et     f,-,-] 

—  De  l'origine  du  sucre  dans  le  chyle;  Mé- 

moire do  M.  Colin rj()4 


H 


Hippopotame  né  le  10  mai  1867  à  la  ménage- 
rie du  Muséum  d'histoire  naturelle; 
communication  de  M.  Isidore  Geojfroy- 
Sainl-Hilaire 879 

Histoire  des  .Sciences.  —  Sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux du  géomètre  français  P.  Viète  :  pro- 
jet d'nn  monument  à  lui  consacrer;  Let- 
tre de  M.  B.  Fillon 5y 

— r  Rapport  de  la  Section  de  Géométrie  sur 
ce  projet  de  monument;  Rapporteur 
M.  £ioc 668  et    729 

—  Note  de  M.iSiof  en  annonçant  la  prochaine 

apparition  d'un  Recueil  d'opuscules  qu'il 
va  publier  sous  le  titre  de  «  Mélanges 
scientifiques  et  littéraires  » 1019 

—  M.   Vincent  présente  un  volume  d'extraits 

des  géomètres  grecs  restitués,  traduits  et  • 
annotés  par  lui ■C29 

—  Note    sur   le    stade    d'Eratosthène  ;    par 

M.  Bouvier i5o 

—  Sur  les  éclaircissements  que  peut  fournir, 

relativement  à  l'histoire  des  Singes,  l'é- 
tude des  livres  chinois  j  Lettre  de  M,  de 
Paravey. 58 


Histoire  des  Sciences.  —  Remarques  relatives 
au  baume  de  Judée  et  au  séné  d'Arabie; 
par  M .  de  Paravey 1 5o 

—  Sur  certaines  conformités  des  idées  mytho- 

logiques en  Grèce  et  en  Chine.  Aurores 

boréales  ;  par  /e  même C65 

Horlocerie.— Cadran  d'horloge  donnant,  avec 
une  seule  aiguille,  l'indication  de  l'heure 
»ux  principales  stations  d'un  chemin  de 
fer;  présenté  par  M.  Gallay (56 

—  Sur  un  nouveau  moyen  de  régler  les  mon- 

tres,    dit    réglage  compensé;   Note   de 

M.    Delachaux 4.9^ 

HouiiLE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  de 
Commines  de  iiarsillr.  ayant  pour  titre  : 
«  Etudoiles  principales  variétés  de  houille 
consommées  sur  le  marché  de  Puris  et  de 
la  France;  études  sur  la  tourbe;  »  Bap- 
porleur  M.  Felouie •     83i 

—  Note  sur  la  production  artificielle  de  la 

bouille;  par  M.  BarouUer J76 

HciLEs.  —  Emploi  du  sulfure  de  carbone 
pour  la  purification  de  l'huile  d'olive; 
Lettre  do  M.  Leulsoudie 108 


(  1 

Page»- 

HciLEs  ESSENTIELLES.  —  Réaction  du  perchlo- 
rure  (le  phosphore  sur  l'essence  de  Gaal- 
theria  procumbens ;  Note  de  M.  Drion...   ia38 

Btdhauliqix.  —  «Preuves  d'un  principe  im- 
portarii  et  nouveau  d'hydraulique  signalé, 
dans  une  communicalion  précédente,  par 
l'auteur  »  (M.  Dausse) 327 

—  Eïpériences  à  l'appui  d'une  nouvelle  théo- 

rie de  l'écoulement  des  liquides  proposée 

par  l'auteur;  Note  de  M.  JDe/ean 53l 

—  Mémoire  sur  la  résistance  de  l'eau  ;  par 

M .  Schneegans 892 

—  Expériences  sur  une  nappe  liquide  diver- 

gente considérée  dans  ses  rapports  avec 
la  succion  des  vagues;  Note  de  M.  de 
Caligny 48 

—  Eïpériences   sur   le  mouvement   de  l'eau 

dans  les  coudes,  considéré  dans  ses  rap- 
ports avec  la  succion  des  vagues  et  la 
constitution  géologique  des  vallées;  par 
le  même l43 

—  Eïpériences  sur  les  nappes  liquides  diver- 

gentes ;  par  le  même '•>3'J 

—  Etudes  hydrauliques  :  Introduction  à  des 

recherches  sur  la  circulation  du  sang;  par 

M.  Marer 483 

HiBRAULiQiES  (Ciments).  —  Sur  les  effets  com- 
parés de  la  mer  libre  et  des  dissolutions 
étendues  de  sulfate  de  magnésie  en  tant 
qu'agents  destructeurs  des  composés  hy- 
drauliques; Note  de  M.  Vicat 19O 

—  Troisième  Mémoire  de  M.  Kuhlmann  sur 

les  chaux  et  ciments  hydrauliques  et  la 


agS  ) 


formation  des  roches  par  la  voie  hu- 
mide  

HiDuoLOGiE.  —  Recherches  sur  les  rapports 
do  la  géologie  et  de  l'hydrologie;  par 
M.  de  Villeneuve 

HïOlÈNE.—  Il  Salubrité  des  habitations  obtenue 
au  moyen  de  raatolas  d'algue  marine  11  ; 
Note  de  M .  Lagout 

—  Perfectionnements  apportés  à  la  débour- 

reuse  mécanique  de  M.  Dannery,  de  ma- 
nière à  assurer  l'innocuité  d'un  travail 
autrefois  dangereux  pour  certains  ouvriers 
employés  dans  les  filatures 

—  Moyen  de  prévenir  les  accidents  résultant 

de  l'inhalation  des  vapeurs  de  sulfure  do 
carbone.— Mort  occasionnée  parlacéruse 
chez  une  ouvrière  en  dentelles  ;  com- 
munication de  M.  Masson 683  et 

M.  Pimonl  présente  au  concours  pour  le 

prix  des  Arts  insalubres  son  invention 
concernant  un  composé  qu'il  désigne  sous 
le  nom  de  calorifuge  plastique..     689 et 

—  Maladies  des  ouvriers  employés  à  la  fabri- 

cation du  sulfate  de  quinine;  Mémoire 
de  M.  Chevalier 

HïGROMÉTRiQDÉs  (Tables).  —  Sur  la  construc- 
tion de  ces  tables;   Note  de  M.  Pichut.. 

HlPOPHOSPHiTES.  —  Action  physiologique  et 
thérapeutique  de  ces  sels,  notamment 
dans  le  traitement  de  la  phthisie  pulmo- 
naire; Mémoire  de  M.   Churchill 

Htposblfites.  —  De  leur  emploi  comme  moyen 
d'analyse  :  application  à  la  séparation  du 
fer  d'avec  l'alumine;  Note  de  M.  Chancel. 


'»6"- 
920 

618 

589 

635 


844 

895 
iof>a 

1042 

9S7 


IcoNOGBAPHiE.— Nota  sur  un  nouvel  écorché 
destiné  à  l'étude  de  la  myologie  artisti- 
que; par  M.  tomi 79° 

—  Sur  un  moyen  de  reproduire  la  forme  gé- 

nérale et  les  principaux  détails  des  feuil- 
les des  végétaux;  Note  de  M.  t.  Bm 1210 

IGASURISES.  —  Alcaloïdes  extraits  de  la  noix 
vomique,  différents  de  la  brucine;  Note 
de  M.  Schulzenberger 1234 

Incubation  artificielle.  —  Note  sur  un  nou- 
vel appareil  d'incubation  ;  par  M.  Seguier.     919 

Industrie.  —  Considérations  sur  les  progrès 
des  arts  mécaniques.  —  Force  productrice 
des  nations  de  1800  à  i85i  ;  communica- 
tions de  M.  CA.  Dupm I53  et    3^9 

Inondations.  —  Sur  quelques  faits  observés 
dans  les  dernières  crues  de  la  Durance  ; 
Note  de  M.  Bozet 25o 

—  Troisième  Mémoire  do  M.  Dausse  sur  les 

inondations  («  Preuves   palpables   d'un 


principe  important  et  nouveau  d'hydrau- 
lique précédemment  signalé  ») 3^7 

Inondations.  —  Quatrième  Mémoire  sur  la 
question  des  inondations;  par  M.  Dausse 
(«  Excursion»  en  Suisse  et  en  Savoie))). .   1187 

a  Note  sur  un  essai  de  préservatif  contre 

les  inondations  »  ;  par  M.  Delanney. ...     33 1 

—  Communication  de  M.  Combes  en  présen- 

tant un  Mémoire  de  M.  Dupuit  «  sur  les 
inondations  et  les  moyens  d'en  prévenir 
les  retours  » 931 

—  Inondations  de  l'Océan  sur  les  côtes  do  la 

basse  Normandie  et  de  la  Bretagne;  Mé- 
moire de  M.  do  Prêville 986 

Lettre  de  M.  de  Paravey  sur  les  digues  de 

la  Hollande 332 

Institut.  —  Lettres  de  M.  le  Président  de  Vln- 
stitut,  concernant  les  séances  trimestrielles 
du  7  mars  et  du  5  juillet  i858..    5o3  et  ii;â 


(  1296  ) 


iNSTunMENTs  d'asironomie.  —  Essais  de  diffé- 
rents micromètres  ;  Lettre  du  P.  Secchi  h 
M.  Elle  de  Beaumont '079 

—  Note  sur    un    hélioscope   nouveau  ;    par 

M.  Pono    i33 

—  Nouveau  micromètre  à  lignes  lumineuses 

réfléchies,  pour  les  instruments  d'astro- 
nomie;  par  le  même 3a5 

—  Supplément   à  de  précédentes   communi- 

cations de  M.  Pono  sur  un  grand  objec- 
tif da  52  centimètres  de  diamètre 4"7 

Instruments  de  cuircrgie.  —  Instrument  dési- 
gné par  l'inventeur  M.  Duval  sous  le  nom 

d'écrascur  à  levier. io56 

Voir  pour  d'autres  appareils,  et  no- 
tamment pour  les  instruments  litbotri- 
teurs,  l'article  Chirurgie. 

Instruments  de  musique.  —  Sur  des  modifica- 
tions introduites  dans  la  construction 
des  pianos  ;  Note  de  M.  La  Prévotte. . . .     ^35 

Instruments  d'optique.  —  M.  Balard  met  sous 
les  yeux  de  l'Académie  un  objectif  con- 
struit pour  les  usages  photographiques 
par  MM.  Vaigtiander  père  et  fils 457 

—  Modifications  proposées  pour  les  télescopes 

et  lunettes  astronomiques,  en  vue  d'ac- 
croître leur  pouvoir  grossissant  ;  Notes  de 
M .  Avenier  De  Ingrée. . .     456,  634,  74^  ^'     898 

—  Notes  relatives  à  la  théorie  des  lunettesj 

par  M.  ieré 685  et    782 


Interpolation  —  Sur  l'usage  de  la  formule 
d'interpolation  en  astronomie  et  en  navi- 
gation; Note  de  M.    Ed.  Dubois 

Iode.  —  Action  du  courant  électrique  sur  le 
chlore,  le  brome,  l'iode,  en  présence  de 
l'eau  ;  Note  de  M.  A.  Riche 

—  De  la  diffusion  générale  de  l'iode,  ou  de 

l'existence  de  ce  corps  dans  l'air,  dans 
les  eaux,  dans  les  minéraux  et  les  corps 
organisés  ;  Mémoire  de  M.  Oiatin 

—  Note  de  M.   Marchand  sur  l'efTicacitc  des 

moyens  employés  par  lui  pour  constater 
la  présence  de  l'iode  :  addition  à  un  pré- 
cédent travail  sur  la  constitution  des  eaux 
potables 

—  Sur  la   présence  de   l'iode  dans   les  eaux 

atmosphériques;  par  le  même 

loDCREs.  —  Uecheiches  sur  l'iodure  de  méthy- 
lène ;  par  M.  Boutlerow 

—  Combinaisons    des    éthers    sulfbydrique , 

éihylique  et  méthyiique  avec  le  bi-iodure 
de  mercure  ;    Note  de  M.  Loir 

Isomères  (Corps).— Recherches  sur  cette  classe 
de  corps  :  nouveaux  dérivés  de  l'huile  de 
girofle  ;  Mémoire  de  M.  Cahours 

Isthme  de  Suez  (Percement  de  l').  —  M.  Du- 
pin  présente  le  journal  nautique  de  M.  le 
capitaine  Philigrel  sur  la  baie  de  Peluso 
dans  l'hiver  de  iSSj 

—  Rapport  fait  à  l'occasion  de  ce  document; 

Rapporteur   M.  Dupin 


685 

348 


^07 

806 
595 

1280 


7,36 


Kystes  congénitabi.  —  Existence  fréquente  de 
kystes  dans  l'épididyme  au  moment  de  la 


naissance;  Note  de  M.  Giraldès 633 


Lait.  —  Analyse  du  lait  au  moyen  de  liqueurs 
titrées  :  essai  des  farines  au  moyen  du 
caméléon  minéral  ;  Mémoires  de  M.  E. 
Monter 336  et     4*^ 

Legs  Bréant.  —  Rapport  de  la  Section  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  sur  le  concours 
pour  le  prix  du  legs  Bréant  ;  Rapporteur 
M.  Serres 1 029 

—  Pièces  manuscrites  ou  imprimées  destinées 
au  concours  pour  le  prix  Bréant,  adres- 
sées par  MM.  Poznanski,  Oncsime  Simon 
(écrit  à  tort  O.  Leroy)^  Mac  Keone,  Gau- 
din  de  la  Cornière,  Piolanti,  Daniel,  Si* 
gart.  Cadet,  Soyer,  Bally,  Lewis,  Parkin, 

Stiemer 38,  92, 

219,  4o8,  475,  49i)  532,  58;,  813,  845  et  ioo5 


Ligxites.  —  Sur  les  llgnites  collants  de  Ma- 
nosque( Basses- Alpes);  Note  de  M.  Four- 
net  194 

—  Sur  les  lignites  de  Monte-Bamboli  ;  Note 

de  M.  t.  Simonin 642 

—  .Sur  un  fragment  do  lignite  trouvé  dans  le 

grès  bigarré;  Note  de  M.  Denis 4/^ 

Litbograpbie.  —  Lettre  de  MM.  Despaquis  et 

Didlon  accompagnant  l'envoi  d'une  pierre 

lithographique     provenant     de    Lerrain 

(Vosges) 474 

L0BELIA  INFLATA. —  Son  emploi  comme  sédatif 

chez  un  jeune   idiot   enclin   à    mordre; 

Note  de  M.  Daudelocijue 896 

Logarithmes.  —  M.  Biot  offre,  au  nom  de  M. 

et  M""»  Le  Dien,  petits-neveux  et  héritiers 


(  ' 

<Io  l'iony,  un  osemplairc  en  17  volumes 
in-folio  des  grandes  Tables  logarithmiques 
et  trigonométriques  calculées  au  Bureau 
du  Cadastre  sous  la  direction  du  savant 

ingénieur gii 

LOGARiTiiHES.  —M.  Elle  de  BeauTtiont  exprime 

le  vœu  que  ces  Tables  soient  publiées.     91'j 

—  M.    Le    Verrier    fait    remarquer    l'intérêt 

que  peat  avoir  la  comparaison  de  cet 
exemplaire  des  Tables  avec  celui  que  pos- 
sède l'Obseivatoire  impérial ibid. 

—  Note  de   M.  Lcfon  sur  les   deux    exem- 

plaires manuscrits  de  ces  Tables ggl 

—  Lettre  de  M.  Leguelle,  concernant  sa  Note 

sur  une  nouvelle  application  des  logarith- 
mes au  calcul  dos  arbitrages  de  banque..     544 

—  Lettre  de   M.  Albert  Namur,    concernant 

une  précédente  communication   sur  les 

logarithmes 81 5 

LcmÈiiE.  —  .Sur  les  portées  comparatives  des 
lumières  diversement  colorées;  Note  de 
}il\l.  Rejnaud  et  Degrand i35 

—  Appareil  pour  mesurer   l'intensité  de   la 

lumière  à  diverses  hauteurs  dans  l'atmo- 
sphère et  à  diverses  profondeurs  dans 
la  mer;  Note  de  M.  Swaim ^43 

—  M.  Chovreul  présente   do  nouveaux  pro- 

duits obtenus  par  M.  Niepce  de  Saint- 
Victor  d'un  mode  d'action  de  lumière 
sur  lequel  il  a  précédemment  appelé 
l'attention 249 

—  Mémoires   de   M.   Niepce    de    Saint-Victor 

sur  cette  action  de  la  lumière. . .     44^  ®'     4^9 


297    ) 


P'i". 


Lumière.  —  Recherches  sur  divers  effets  lu- 
mineux qui  résultent  de  l'action  de  la  lu- 
mière sur  les  corps;  par  M.  Edm.  Becque- 
rel; deuxième  partie (j6g 

—  Quelques   faits  relatifs  à  l'influence  de  la 

lumière  sur  les  animaux  ;  Note  de  M.  Bé- 
dard .'(41 

—  Note  do  M .  Gérard,  ayant  pour  titre  :  a  La- 

mière  électrique  par  radiation» 1U70 

Voir  aussi  l'article  Éclairage. 
Ldne.  —  Nouvelle  théorie  du  mouvement  de 

la  lune;  Mémoire  de  M.  Delaunay.  gia  et     9S3 

—  M.  Biot  présente  une  série  d'articles  rela- 

tifs h  la  théorie  de  la  lune,  qu'il  a  publiés 
dans  le  Journal  des  Savants jirj 

—  Note  de   M.  Faye  sur  les  travaux  séléno- 

graphiques  de  M.  Bulard  et  sur  la  for- 
mation des  cirques  lunaires.  Lettre  de 
M.  Bullard  sur  les  images  photographi- 
ques exécutées ,  d'après  ses  modèles  en 
relief  de  la  lune,  par  MM.  Bisson  frères. 

>7  e«    377 

—  Lettre  du  P.    Secchi    accompagnant    des 

images    photographiques    de   la  lune..  .      19g 

—  Images  photographiques  de  la  lune  et  do 

Saturne  adressées  parlemémeastronome.    79'j 

—  Sur  la  lumière  qui,  dans  les  éclipses  de 

lune,  éclaire  la  portion  du  disque  pl,i- 
cée  dans  l'ombre  de  la  terre;  Note  de 
M .  Liais 4^2 

—  Sur  l'aspect  de  la  lune  dans  son  premier 

quartier;    Note  de    M.    Zaliwski 583 

Voir  aussi  l'article  Éclipses. 


H 


Machine  pneumatique.  —  Machine  à  mercure 
fonctionnant  sans  pistons  ni  soupapes; 
communication  de  M.  ^.  Gairaud 628 

—  M.  Dunglas  réclame,  à  cette  occasion,   la 

priorité  d'invention  pour  feu  M.  Danger.    635 

—  Appareil  pour  faire  le  vide  par  l'écoule- 

ment d'un  liquide;  présenté  par  M.  Ca- 
méra      78a 

—  Mémoire  sur  une  nouvelle  construction  de 

la  machine  pneumatique  ;  par  M.  Guiot.  896 
M.iCHisES  À  VAPEUR.  —  Réponse  à  quelques 
remarques  contenues  dans  une  Noie  de 
M.  Reech  sur  l'équation  de  la  courbe  du 
parallélogramme  de  Watt  et  sur  la  théo- 
rie de  la  coulisse  de  Stephenson  déduite 
de  cette  équation  ;  Note  de  M.  Phillips. .       iç) 

—  Note   do  M.  Reech  en  réponse  à  celle  de 

M. Phillips 82 

—  Rem.irques  de  M.  Phillips  sur  la  dernière 

Note  de  M.  Reech laS 


Machines  a  vapeur.  —  Réponse  de  M.  Reech- 

à  ces  Remarques 1 78 

—  Solution  de  divers  problèmes  concernant 

la  résistance  des  poutres  droites  sous  l'ac- 
tion d'une  charge  en  mouvement  ;  Mé- 
moire de  M.  Phillips 3o 

—  Théorie  des  propriétés  calorifiques  et  ex- 

pansives  des  fluides  élastiques;  Mémoire 

de  M.  Reech 84 

— Mesure  de  la  force  utile  prise  sur  une  ma- 
chine à  vapeur  sans  avoir  recours  à  l'em- 
ploi du  frein  ;  Note  de  M.  Mahistre 39 

—  Sur  les  sections  à  donner  aux  tuyaux  des- 

tinés à  conduire  la  vapeur  des  généra- 
teurs aux  cylindres  des  machines  à  va- 
peur ;  par  le  même 743 

—  Note  sur  la  force  nécessaire  pour  mouvoir 

une  clef  de  robinet  ou  un  axe  conique 
maintenu  dans  sa  gaine  par  la  pression 
de  la  vapeur  ;  par  h  même '  .     978  ■ 


Machines  a  vapeir.  —  Sur  le  calcul  des  con- 
densations et  autres  pertes  de  vapeur  qui 
se  font  dans  les  conduits  des  machines 
depuis  la  cliaudicrc  jusque  dans  le  cy- 
lindre moteur  avant  la  détenle;  par 
M .  Mnhislre 

—  Lettre  de  IM.  Cochaux;  concernant  sa  Note 

sur  un  moyen  de  remédier  à  certains  dé- 
fauts des  soupapes  de  sûreté 

Magnésium.  —  Note  sur  le  rôle  électrochi- 
miqne  du  magnésium  ;  par  M.  Hegnauld. . 

Maguétisme  TERRESTRE.  —  Recherchcs  sur le  ma- 
gnétisme terrestre  ;  par  M.  Pariset.  32^  et 

—  Inclinaison  et  déclinaison   magnétiques  à 

rObservatoire  de  Toulouse;  Note  de 
M.  F.  Petit ... 

—  Sur  la  carte  magnétique  de  l'Europe  qui 

s'cxécule  en  Bavière  :  détermination  des 
constantes  m.ignétiques  dans  le  midi  de 
la  France  et  en  Espagne;  Lettre  deM.  La- 
mont  à  M.  Elie  de  Beaumont 

MAKcanates.  —  Recherches  sur  les  propriétés 
oxydantes  du  permanganate  de  potasse: 
dosage  de  plusieurs  acides  minéraux  ; 
Mémoire  de  M.  Péan  de  Saint-Gilles  ; 
première  et  seconde   partie 624  et 

—  Bemarques  de  M.  Bussy  à  Toccasion  de  la 

première  partie  de  ce  travail 

Marines  (Constri'Ctioss).  Voir  l'article  hy- 
drauliques [Ciments), 

Marnes.  —  Sur  la  constitution  des  marnes 
et  eu  particulier  de  quelques  marnes  de 
l'Algérie  ;  Note  de  M.  Boucher  

Mécanique.  —  Établissement  élémentaire  des 
formules  de  la  tension  des  prismes  élas- 
tiques ;  Mémoire  de  M.  de  Saint-Ve- 
nant  

—  Réclamation    de  priorité    relative    à    un 

Mémoire  de  M.  dé  Polignac  sur  la  trans- 
mission du  mouvement  à  de  grandes 
distances  au  moyen  de  Peau  ;  Note  de 
M.  Guihal 

—  Réponse  de  M.  de  Polignac 

-*-  Remarques  de  M.  Fourneyron  à  l'occa- 
sion du  même  Mémoire  de  M.  de  Poli- 


(    I 

Fases 


298     ) 


gnac. 


—  Remarques  de  M.  de  Polignac  en  réponse 

à  celles  de  M.  Fourneyron 

—  Diminution  d'intensité  du  frottement  de 

glissement  à  mesure  que  la  vitesse  aug- 
mente :  formule  relative  à  celle  diminu- 
tion ;    Mémoire  de   M.   Hochet 

—  Nouveau  principe  sur  la  distribution  des 

tensions  dans   les    systèmes  élastiques  ; 

Mémoire  de  M.  Ménabréa 

Sur  la  transmission  des  mouvements  cir- 
culaires; Notes  de  M.  l'abbé  Thirion.  . 
935,  1097  et 


P»Re». 


852 

395 

648 

808 
G  28 

i2og 
34 


374 
463 


465 
543 

80Ï 
io56 


Médecine.  —  Des  inhalations  médicamenteu- 
ses à  l'aide  d'un  appareil  nouveau,  et  de 
leur  usage  dans  les  maladies  des  voies 
respiratoires;  Mémoire  deM.  Marer  . . .       97 

—  Recherches  et  observations  sur  les  proprié- 

tés physiologiques  et  thérapeutiques  du 
courant  voltaïque  continu  permanent; 
Mémoire  de  M.  Hijfelsheim 216 

—  Sur  l'emploi  de  la  benzine  dans  le  traite- 

ment de  la  gale;  Note  de  M.  H.  Bon- 
net   _. .     634 

—  Emploi  thérapeutique  de  corps  gras  phos- 

phores extraits  de  la  moelle  épinière  des 
mammifères;  Note  de  M.  Baud 858 

—  Sur  le  traitement  de  la   phthisic  pulmo- 

naire et  sur  l'action  physiologique  et  thé- 
rapeutique des  hypophosphitcs;  Mémoire 
de  M.  Churchill ro4a 

—  Lettre  de  M.  Kocnig,  concernant  son  mode 

de  traitement  de  la  phthisie  pulmonaire 
au  moyen  de  matières  phosphorées  d'ori- 
gine animale 1121 

—  Du  traitement  de  la  syphilis  par  la  vacci- 

nation, c'est-à-dire  par  l'inosulalion  du 
virus  vaccin  ;  Mémoire  de  M.  Lulwmski. . .     896 

—  Emploi ,  comme   sédatif,   de   la    Lobelia 

in/7a(a  sur  un  jeune  idiot  enclin  à  mordre; 
Note  do  M.  Baudelocque Zvf-, 

—  Emploi  de  l'alun  contre  le  cancer  et  alTec- 

tions  analogues;  Note  de    M.  Jacquot.,     ggi 

—  Applications  faites  en  Algérie  de  la  méthode 

bémospasiqiie  ;  Mémoire  de  M.  Junod..   .    ti35 

—  Sur  le  dosage  médical  du  sucre  diabétique 

et  du  sucre  de  lait;  Mémoire  de  M.  Ro- 
biquet 684 

—  Considérations  sur  quelques  cas  de  fièvre 

typhoïde;  par  M.  de  Bosredon 4"^ 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  traitement  des 

fièvres  intermittentes;  Note  de  M.  Àu- 
brée 99Î 

—  Mémoire  sur  une  affection  nerveuse  sin- 

gulière; par  M.  Sani/ias 586 

—  Sur  un  essai  de  suicide  au  moyen  du  phos- 

phore détaché  d'allumettes  chimiques; 
Note  de  M.  Legrand  du  Saulle 689 

—  Note  de  M.  Guyon  accompagnant  la   pré- 

sentation de  peintures  faites  à   Lisbonne 

de  personnes  atteintes  de  la  fièvre  jaune.     1  t^ 

—  De  l'état   puerpéral  comme   prédisposant 

en  Grèce  aux  fièvres  intermittentes  ;  Noie 
deM.  Dclenda «S 

—  «  Delà  convalescence  au  point  de  vue  hel- 

lénique; »   par  le  même g3o 

Voir  aussi  l'article  Pathologie. 
Médecine  et  Chirurgie.  —  Analyses  d'ouvrages 
présentés  au  concours  Moniyon  par  les  au- 
teurs dont  les  noms  suivent  : 

—  M.  Giraud  Teulon.  Etudes  de  la  locomo- 


.'•*#' 


(  ^299  ) 

tion  chez  Thomme  et  chez  les  animaux 
vertébrés g8 

—  M.  Faire.  Du  {;o!tiocl  (lucrcliniime  elde* 

rapports  existant  entre  ces   deux  afTec- 
lions l8/| 

—  M.  ilagitot.   Développement  et  structure 

des  dent.^  humaines 533 

—  M.  Attlagnier.  Hisloirft  statistique  et  mé- 

dicale de  Baréges 587 

—  M.  Niolex.  Histoire' médicale  ei  statioti- 

qiiR  dn  choléra-morbus  cpidémiquo  qui 

a  régné  en  i854  dans  la  ville  de  (iy 635 

—  M.  Lisle.  Recherches  sur  le  suicide. .....     8'|4 

—  M.  Brière  de  Boismont.  Uu  suicide  et  de  la 

folie  suicide 8^7 

—  M.  Rotureau.  Eaux  minérales  de  l'Allema- 

gne et  parliculièrcmer.t  de  la  Hongrie. . .   1 1  '(8 

—  M.  Berlulus.  Sur  les  préparations  de  quin- 

quina considérées  comme  base  du  traite- 
ment des  fièvres  dites  typhoïdes 1147 

—  Lettre  de  M.  Semanas  accompagnant  ren- 

voi d'un  exemplaire  de  sa  a  Doctrine  pa- 

thogénique  > 11O9 

Mercure.  — Présence  du  mercuredantlesous- 
sol  de  Montpellier;  Note  de  M.  P.  de 
Rouville 5} 

—  Notes  de  M.  Marcel  de  Serres  sur  le  même 

sujet 53  et    :>5i 

MESt;KEs.  —  Sur  un  étalon  de  la  toise  française 
qui  a  appartenu  à  l'ancienne  Académie 

des  Sciences;  Lettres  de  M.  Ch.  Noël 

743,  Si5  et    907 

Métaux  (Transuutatio:»  des).  —  Nouveau  Mé- 
moire de  M.  Tijfereau  V  «  Production  ar- 
tificielle de  l'or  par  l'oxydation  des  sul- 
fures » Sg'i 

Météoivoiocie.  —  Recherches  sur  la  quantité 
d'acide  nitrique  contenue  dans  la  pluie, 
le  brouillard,  la  rosée;  Mémoire  de 
M.  Boussingaull 11^3  et  1 17S 

—  Sur  une  grande  dépression  barométrique 

observée  le  24  mai  i85â  ;  Lettre  de  M.  Ai- 
ry.  —  Documents  recueillis  en  France 
sur  ce  mouvement  atmosphérique;  com- 
muniqués par  M.    Le   Verrier 1080 

—  Relations  qui  existent  entre  les  indications 

du  baromètre,  la  direction  et  la  force  du 
vent;  Lettre  de  M.  haemtz gJ4 

—  Sur  les  rapports  entre  les  phénomènes  mé- 

téorologiques et  la  rotation  solaire;  Nota 

de  M.  Buys-Balloi i238 

—  De  la  distribution  de»  pluies  en  France 

pendant  l'année  iSSj  ;  Lettre  de  M.  Mar- 
tins  à  M.  Elle  de  Beaumont 1003 

—  Note  sur  la  construction  des  tables  hygro- 

mcliiques;  par  M.  A.  Pichot loSi 

—  Mémoire  sur  les  orages  et  la  grêle;  par 

M.  Pertier 489 

C.R.,  1858,  1"  Semeslre.  (T.  XLVl.) 


P»6c>. 
Météorolocif..  —  Lettre  de  M.  Lartigue,  con- 
cernant son  essai  sur  les  ouragans  et  les 
tempêtes 532 

—  De  l'emploi  des  paratonnerres  pour  préser- 
ver de  la  grèle  ;  Note  de  M .  Ronneau 58g 

—  lnst:illation  de  la  station  météorologique 
do  Constantinople;  Lettre  de  M.  Ritter 
à  M.  Le  Verrier Sgi 

—  Sur  l'hiver  de  i857-i858  dans  les  régions 
arctiques;  Lettre  de  M.  Etienne  à  M.  Ba- 
binct 5<)4 

—  M.  le  Ministre  du  Portugal  transmet  au 
nom  de  M.  Pegado,  directeur  de  l'obser- 
vatoire mctéorulogique  de  Lisbonne,  le 
Compte  rendu  des  travaux  de  cet  établis- 
sement pour  l'année  1 856-57. 933 

—  Sur  un  aspect  insolite  du  ciel  observé  à 
Montford  (Sarthe)  dans  la  soirée  du  7 
juin  ;  Lettre  de  M.  Guiet 1 170' 

—  «  Influence  des  météores  sur  les  êtres  or- 
ganisés »  ;  Mémoire  de  M.  Belfrayssé.. .     yji 

—  Recherches  sur  les  vraies  causes  des  phé- 
nomènes barométriques  »  ;  par  M.  Haut 
Saint-Amour ()35  et  1 1 70 

Météorouocioues  (Observations).  —  Observa- 
tions météorologiques  faites  par  les  soins 
de  M.  Démidqffb  Nijne-Taguilsk  pendant 
l'année  i855  et  résumé  des  observations 
correspondant  aux  dix  années  précédentes     'i  \i) 

—  Remarques  de  M.  Bohtin,  relatives  au  bul- 
letin météorologique  publié  par  l'Obser- 
vatoire impérial  de  Paris  et  aux  rensei- 
gnements fournis  par  l'administration 
des  télégraphes , 53 1 

—  Résumé  des  observations  météorologiques 
faites  à  Nantes  par  M.  Huette 81/) 

MÉ111ÏI.ÉNK,  —  Recherches  sur  l'iodure  de  mé- 
thylène ;  par  M.  Boutlerow 59(1 

Minéralogie,  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  Lewr,  concernant  la  formation  et  la 
composition  de  l'émeraude;  Rapporteur 
AL  de  Senarmont 5Gi 

—  Des  échantillons  d'amalgames  d'argent  na- 
tif envoyés  du  Chili  par  M.  Pissis  sont 
mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 636 

—  Formation  contemporaine  des  zéolithes; 
Mémoire  de  M.  Daubrée  sur  les  dépôts 
minéraux  formés  par  les  sources  therma- 
les de  Plombières 108G 

—  Sur  la  dolomie  de  la  vallée  de  Binn  ,  ses 
nombreux  minéraux,  son  gisemcnij  Mé- 
moire do  M.  Hagard i  a6 1 

—  M.  Elie  de  Baumont  annonce  à  cette  occa- 
sion que  M.  Cb.  Sainte-Claire  Deville 
doit  prochainement  présenter  un  Mémoire 
sur  ce  sujet  dont  il  a  traité  celte  année 
dans  un  cours  au  Collège  de  France, ....  1364 

169 


MtkOiM.  ->  Sur  un  u»s«  pirtieutier  du  mi- 
roir plan  pour  observer  le«  objets  situé» 
&  l'IioriJon  )  Note  de  M.  Collet 1 08 

MoLTBDËnE»  —  Recherches  sur  ce  corps  :  ptr 

M.  Delrar IO98 

MoitCHEOTS  élevés  à  la  Mémoire  d'hommes  cé- 
lèbres. —  M.  lomard,  au  nom  de  la  Com- 
mission formée  ponr  «''occuper  de  l'érec- 
tion d'une  statue  d'Etienne  Geoflroy- 
Saint-Hilaire  dans  la  ville  d'Etampes, 
présente  une  relation  imprimée  des  opé- 
rations auxquelles  cette  Commission  s'est 
livrée  et  de  la  cérémonie  qui  les  a  cou- 
ronnées     666 

—  Deuxième  Lettre  de  M.  Fillon  demandant 
pourson  projet  d'érection  d'un  monument 
à  la  mémoire  du  géomètre  F.  Viète,  le 
patronage  de  l'Académie 4*7 

-^  La  Section  deGcométrie  consul  tée  sur  cette 
question   expose  par  l'organe    de    son 


(  i3oo  ) 


Pt|W. 


doyen,  M.  fii'ot,  les  motifs  qu'a  l'Aeadé- 
mie  pour  ne  pas  accéder  à  cette  demande.    73g 
MORfBiNE.  —  Sur  quelques  produits  d'oxyda- 
tion de  la  morphine  sous  l'influence  de 
l'acide  azoteux  ;  Note  de  M.  Schutzenber- 

g"- 598 

Morts  apparentes.  —  Analyse  d'un  Mémoire 
de  M.  Collongues  sur  l'emploi  de  la  dyna- 
moscopie  pour  la  constatation  des  décès.   1310 

MoTEUBS.  —  Note  de  M.  Dellieux  sur  nu  systè- 
me particulier  de  moteurs..  ., r83 

—  «  De  la  possibilité  d'établir  des  machines 

héliomotriccs  et  des  avantages  qu'elles 
offriraient  »  ;  Mémoire  de  M.   Monclar 
présenté  par  M.  le  Maréchal  Vaillant. . .    846 
McsiQCE.  —  Sur  les  bases  mathématiques  de 

la  musique;  Note  de  M.  P.  taxer 377 

—  Nouvelle  théoriesur  les  intervalles  des  rap- 

ports musicaux  ;  par  M.  Le  Pas 456 


N 


Naissances.  —Tableau  général  des  naissances 
à  Versailles,  par  jours  de  la  lune,  avec  dis- 
tribution des  sexes  pendant  quarante  an- 
nées(i8oi-i84o);  présenté  par  M.  Berigny. 

Naphtaiidame.  —  Produitde  l'action  de  l'acide 
azoteux  sur  la  naphtaiidame;  Note  de 
MM.  SchuUenberger  et  Willm 

Natation.  —  «  Moyen  de  rendre  la  natation 
moins  difficile  et  moins  dangereuse  »  ; 
Mémoire  de  M.  Penard 

Navigation.  —  M.  Yattemare  transmet  un 
tableau  dressé  par  M.  JUau;r,de  Washing- 
ton, et  montrant  les  rapports  des  pres- 
sions barométriques  et  des  vents  pendant 
une  traversée  de  New-Yorli  à  San-Fran- 
cisco 

—  Sur  l'usage  de  la  formule  d'interpolation 

en   astronomie  et  navigation;  Note  de 

M.  Dubois 68t 

—  Règlement  des  chronomètres  des  navires 

dans  les  ports  de  guerre,  au  moyen  d'un 
signal  indiquant  le  midi  moyen  par  l'em- 
ploi combiné  d'une  pièce  d'artillerie  et 
d'une  machine  d'induction  deRuhmkorff; 
Mémoire  de  .M.  Trêve to5o 

—  Rapport  sur   ce  Mémoire;    Rapporteur 

M.  l'Amiral  du  Petit-Thouars ia54 

—  Remarques  de  M.  Dubois  sur  la  partie  de 

la  Note  de  M.  Trêve  concernant  le  moyen 
employé  à  l'observatoire  de  l'Ecole  Na- 
valedeBrest  poursignaler  le  midimoyen.  1147 


•84 


588 


475 


Navires.  —Note  sur  un  procédé  imaginé  ponr 
la  mise  à  l'eau  des  grands  navires;  par 
M.  Latouche 108 

Nickel  (Composes du}.— Nouveau  modede  trai- 
tement du  speiss  et  du  kupfernickel  ;  Note 
deM.S.  Cloéz 41 

IfiTROsvLFDKES.  —  Sur  une  nouvelle  classe  de 
sels,  les  nitrosulfures  doubles;  Note  de 
M.  Boussin,  présentée  par  M.  Bussy. ...     314 

NiVELiEMENTS.  —  Mémoire  sur  un  nouvel  in- 
strument de  nivellement;  par  M.  Gustave 
Simon 1146 

Noix  vouiQce.  —  Des  différents  alcaloïdes  de 
la  noix  vomique;  Note  de  M.  Schutten- 
berger 1 334 

NoHEREs  (Tbëorie  deb).  —  Suppléments  &  de 
précédentes  communications  concernant 
le  dernier  théorème  de  Fermât;  par 
M.  Paulet 247,  377,  635,  io56  et  1210 

Nominations  de  Membres  et  de  Correspondants 
DE  l'Académie.  — il.  Clapejrron  estnommé 
Membre  de  l'Académie,  Section  de  Méca- 
nique, en  remplacement  de  feu  M.  Cau- 
chr 564 

—  M.  Jaubert  est  nommé  Académicien  libre 

en  remplacement  de  feu  M.  Largeteau. .    838 

—  M.  Sedgwick  est  nommé  Correspondant  de 

l'Académie,  Section  de  Minéralogie  et  de 
Géologie ...• 968 


(  x3oi  ) 


Pag«!. 

Omirvatoibes.  —Figure  et  description  d'une 

coupole  tournante;  par  M.  Joseph  Jean. ,  tilfi 

Œvr».  —  Signes  qui  permettraient  de  recon- 
naître parmi  des  œufs  de  poule  ceux  dont 
doivent  sortir  des  mâles;  Note  de  M.  Ge- 


53a 


Optique.  —  Expériences  relatives  à  la  portée 
de  la  lumière  rou^e  et  de  la  lumière 
blanche;  Mémoire  de  MM.  Reynaud  et 
Veffrand l35 

—  Etude  do  la  lumière  qui  dans  les  éclipses 

éclaire  la  portion  de  la  lune  placée  dans 
l'ombre  de  U  terre;  Note  de  M.  Liais. . .     46a 

—  Mémoire  sur    j  théorie  des  lunettes  :  con- 

struction œs  lentilles;  parM.ierrf.  685  et     78a 

—  Rapport  sur  un  modèle  d'une  machine  à 

tailler  les  verres  optiques  suivant  des 
courbures  quelconques  par  M.  Strauss- 
Durckheim;  Rapporteur  M.  Babinet 967 

—  Mémoire  de  M.  Zurria  sur  la  diffraction 

de  la  lumière,  présente  par  M.  Elie  de 
Beaumont gg3 

—  Mémoire  de  M.  Porro,  ayant  pour  titre: 

«  Considérations  photodynamiques  »...    1083 

—  Sur  la  marche  générale  des  franges  dans 

les  lames  minces  de  quartz  et  de  spath, 
taillées  sous  une  inclinaison  quelconque 
à  l'axe  optique;  Mémoire  de  MM.  Schlag- 
denhauffen  et  Freïss , I|36 


Pi|n. 

ORGANOGiiAPniE  v^ctTÀU.  —  SuT  les  Caractère* 
anatomiques  des  rhizomes;  Mémoire  de 
M.  Chatin '. j3o 

OxYDASTS  (C'osps). —  Recherches  sur  les  pro- 
priétés oxydantes  du  permanganate  de 
potasse  :  dosage  de  plusieurs  acides  miné- 
raux; Mémoire  de  M.  Péan  de  Saint- 
Gilles,  V  et  a™*  partie 624  et    808 

—  Remarques  de  M.  Bussy  à  l'occasion  de  la 

première  de  CCS  deux  communications,.     638 
Oxygène.  —  Preuve  de  la  présence  dans  l'at- 
mosphère d'un  nouveau  principe  gazeux, 
l'oxygène  naissant  (ozone);  Mémoire  de 
M.  Houeeau 89 

—  Rapport  sur  plusieurs  Mémoires  de  M.  Hou- 

zeau,  relatifs  à  l'oxygène  odorant  (l'ozone); 
Rapporteur  M.  Becquerel 670 

—  M.  Boazeau  demande  l'autorisation  de  re- 

prendre temporairement  ces  Mémoires. .    860 
— Nouvelle  gamme  ozonométrique;  quatrième 
Mémoire  sur  l'ozooométrie;  par  M.  Be- 
rignx a37 

—  Addition  aune  précédente  Note  de  M.  Bj7- 

liard,  do  Corbigny,  sur  l'ozone. ...,...,       97 

—  Note  ayant  pour  titre  :  «L'oxygène  sécrété 

par  les  plantes  n'est  point  de  l'ozone  »  ; 

par  le  même ijg 

OzoNS.  Voir  l'article  précédent  Oxygène. 


PilN.  —  Recherches  sur  le  froment ,  sa  farine 

et  sa  panification  ;  par  M.  Mège-Mouriès, .     106 

Paléontologie.  —  Lettre  de  M.  C  Jackson  à 
M.  Elie  de  Beaumont,  accompagnant  l'en- 
TCi  d'un  moule  du  Paradoxides  Harlani. .     254 

—  Sur  les  migrations  anciennes  des  mammi- 

fères de  l'époque  actuelle;  Note  de  M.  Lar- 

tet 4"9 

—  Lettre  de  M.  Herman  deileyer  :  détails  sur 

VArchegosaurus 664  et     81a 

—  Découverte  du  Notcus  laticaudus  dans  les 

environs  de  Narbonne  ;  Lettre  de  M.  Mar- 
cel de  Serres 75i 

—  Fossiles  caractéristiques  d'une  formation 

géologique  étudiée  en  Calabre;  par 
M.  Meissonnier  (présentés  par  M.  Elie  de 
Beaumont) 89a 

—  Sur  des  dénis  humaines  et  des  ustensiles 

très-anciens  trouvés  dans  les  cavernes  à 
ossements  de  Massât  (Arriégc)  ;  Lettre  da 


M.  Fontan  à  M.  Lartet.  Présentation  da 
ces  pièces  par  M.  Is.  Geoffroy- Saint-Hi- 
laire 900 

Paléontolocie.— M.  Flourens  présente, au  nom 
de  l'auteur,  les  six  premiers  fascicules  de 
l'ouvrage  de  M.  Owen  sur  les  reptiles 
fossiles  de  la  Grande-Bretagne ia54 

Paquets  CAcnETÊs.  —  L'Académie  reçoit  dans 
sa  séance  du  26  avril  un  paquet  cacheté 
adressé  de  Pise  par  M.  Matceucci 796 

—  Un  paquet  cacheté  déposé  par  M.  Peria 
dans  la  séance  du  17  mai  i858,  et  ouvert 
sur  sa  demande  le  3i  du  même  mois, 
renferme  une  Note  sur  un  moyen  de 
rendre  plus  économique  une  des  opéra- 
tion» de  la  photographie 1069 

Paratonkerhes.  —  De  leur  emploi  pour  mettra 
les  cultures  à  l'abri  de  la  grèle  ;  Note  de 
M.Ronneaa.. , SSg  et    743 

Pathologie.  —  Exaltation  de  l'ouïe  dans  la 

169.. 


(  i3o: 


) 


paralysie  faciale;  ciïels  produits  par  l'élec- 
trisation;  Note  de  M.  Landouty.     3-6  et    4^6 
Pathologie.  —  De  rhématocèle  rétro-utérine; 

Note  de  M.  Puech 4o5 

—  De  la  rctentioD  de  la  menstruation  ;  par 

le  mcme 687 

—  Des  hémorragies  vcsiculaircs,  pliysiologi- 

que  et  morbide,  et  de  leurs  rapports  avec 
les  hématocèlcs  rélro-utcrincs;  par  le 
même 49^ 

—  De  rapopleviu  des  ovaires;  pnr  ?<•  mero/r,.     ^81 

—  Des  liémorracici  de  la   trompe   do    Fal- 

lope  ;  par  le  même <^33 

—  De  la   rupture  du  plexus  utcro-OTarien  et 

du  thrombus  intra'pelvien  ;  par  le  même.   1269 

—  Nouvelle  communication  sur  les  affections 

des  capsules  surrénales;  par  le  même. ...   1  iijj 

—  Sur  la  maladie  bronzée,  et  son  indépen- 
dance d'une  affection  des  capsules  surré- 
nales ;  Mcmoiro  de  M.  Namias 846 

—  M.  Fe//Je/iu  déclare  avoir  constaté  laréalité 

da  fait  si(;nalé  par  M.  Namias Ibid. 

—  Ramollissement  de  la  substance  blanche 

dans  une  partie  de  la  moelle  épinière  des 
aliénés  pellagreux;  Note  de  M.  Billod...    46g 

—  Becberches  sur  l'alicnation  mentale  des  en- 

fants et  plus  particulièrement  des  jeunes 
gens;  par  M.  Drière  de  Boismont 108S 

—  Cause,  nature  et  traitement  de  l'héméralo- 

pie;  Mémoire  de  M.  Netter S^j 

—  Du  croup  des  paupières    ou    diphthéritc 

conjonctivale;  Mémoire  do  M.  Mapie...   ijfio 

—  Des  liquides  et  des  solides  dans  les  fièvres 

continues;  Recherches  de  M.  For 49i 

—  Mémoire  intitulé  :  «  Recherche»  sur  les 

véritables  causes  de  l'impaludation  »;  par 

M.  Burdel, ..'. 1  oy; 

—  Observations  sur  la  contagion  chez  les  ani- 

maux domestiques;  par  M.  Gillet Ibid. 

—  Sur  la  fièvre  puerpérale  et  sur  son  traite- 

ment; Note  déposée  sous  pli  cacheté  en 
mars  18^6,  par  M./.  Guérin,  ouverte  sur 
sa  demande  dans  la    séance   du  7  juin 

•858 m,) 

PtlNTcne.  —  Sur  un  nouveau  procédé  pour  la 
peinture  à  l'oxychlorure  de  zinc;  Note  de 
M.Sore/ «51 

Pekscle.  —  Détermination  de  la  longueur  du 
pendule  à  secondes,  et  de  l'intensité  de  la 
pesanteur  au  nouvel  observatoire  de  Tou- 
louse; Note  do  M.  Petit 5iG 

Permancanatb  DE  POTASSE.  —  Recherches  sur 
les  propriétés  oxydantes  de  ce  corps  ;  par 
M.  Péan  de  Saint-Gilles.  Premier  et 
deuxième  Mémoire. 62  j  et    808 

—  Remarques  de  M.  Bussr  à  l'occasion  du 

premier  de  ces  deux  Mémoires 6ï8 


P»6" 


Peumancaxate  DE  POTASSE. — Emploïdu  perman- 
ganate de  potasse  comme  agent  d'oxyda- 
tion pour  le  dosage  du  soufredu  la  poudre, 
et  en  général  des  composés  sulfurés;  Mé- 
moire de  MM.  Cloët  et  Guignet liio 

—  M.  Péan  de  Saint-Gilles  présente,  à  l'occa- 

sion de  celle  communication,  de  nouvelles 
observations  sur  les  propriétés  oxydantes 
du  permanganate  de  potasse  et  rappelle 
quelques-uns  des  faits  annoncés  dans  ses 
deux  premiers  Mémoires 1 1  (3 

Pesanteur.  —  Sur  la  prétendue  variation  de  la 

pesanteur;  Note  de  M.  Bahinet 17 

FoosrnATEs.  —  Sur  la  manière  dont  les  phos- 
phates passent  dans  les  plantes;  Note  de 
M.  P.  Thenard aia 

—  Expériences     agronomiques     relatives    & 

l'emploi  des  phosphates  de  chaux  fossiles; 
Note  de  M.  de  ilolon  :  applications  faites 
en  Bretagne  par  M.  Collet 233 

PnospnoRE.  —  Sur  un  essai  de  suicide  au 
moyen  de  phosphore  détaché  d'allumettes 
chimiques;  Noie  de  M,  Legrand du  Saulle.     68g 

PaospnoRÉs  (Corps  gras)  :  leur  emploi  théra- 
peutique. Voir  l'article  Médecine. 

raoTOGRAPniE. —  M.Chevreul  met  sous  les  yeux 
de  l'Académie  de  nouveaux  produits  ob- 
tenus par  M.  Niepce  de  Saint-Victor  d'un 
genre  d'action  photographique  qu'il  a  fait 
récemment  connaître a/jg 

—  Deuxième  Mémoire  sur  cette  action  de  la 

lumière;  par  M.  Niepce  de  Saint-Victor. 
448  et    489 

—  Lettre  d«  M.  Koei/er,  concernant  une  mé- 

thode qui  lui  est  propre  pour  la  fixation 

de»  images  photographiques  sur  papier.     4*7 

—  Procède  de  gravure  et   de   damasquinure 

béliographique;  Note  de  M.  Ch.  Nègre.,     45a 

—  Remarques  de  M.  //.  Dufresne  à  l'occasion 

de  la  communication  de  M.  Nègre Sgg 

—  Sur  l'utilité  que  peuvent  avoir  pour  le» 

photographes  le»  indications  du  polari- 
scope;  Note  de  M.  \ogel 754 

—  Indications  soumise»  aux  photographes  re- 

lativement à  l'éclipsé  du  l5  mars  i858; 
Note  de  M.  Faye 4T3 

—  Observations  photographiques  de  l'éclipsé 

du  i5  mars  i858,  faites  avec  la  grande 
lunette  de  M.  Porro;  communication  de 
M.  Paye 607 

—  Sur  les  photographies  de  l'éclipso  du  i5 

mars  présentées  par  MM.  Porro  et  Qui- 
net;  Note  de  M.  Faye 705 

—  Images  photographiques  de  la  lune  et  de 

Saturne,  adressées  par  le  P.  SeccAt.  19g  et    7g3 

Pbotouétrie.  Voir  au  mot  Lumière. 

Physiologie.  —  Sur  les  variations  dans  la  cou- 
leur du  sang  veineux  des  organes  glandu- 


laires  suivant  leur  état  do  fonction  oa  de 

repos  ;  Mémoire  de  M.  Cl.  Bernard l5g 

Physiologie.  —  M.  Brachet  rappelle  à  cette  oc- 
casion ce  quUl  a  observe  iui-inème  sur 
les  variations  de  couleur  du  sang  veineux 
et  ce  qu'il  en  a  dit  dans  sa  «  Physiologie 
clcmentaire  u 3^3 

—  Recherches  sur  la  circulation  du  sang;  par 

M.  Slarer  (i"  et  2«  Mémoire).      4^3  «'    680 

—  Mécanisme  et  théorie  générale  des  mur- 

mures vasculaires  ou  bruits  de  souffle  ; 
Kote  de  M.  A.  Chauveau 83g 

—  Des  bruits  de  souffle  dans  les  anémies;  par 

le  même Q^-* 

—  Note   sur   la   circulation  nerveuse;    par 

M.  Flourens 5o3 

—  Extirpation  successive  ou  simultanée  des 

deux  capsules  surrénales  chez  les  rat»  al- 
binos et  les  surmulots;  Note  de  M.  Phili- 
peaux 4^" 

—  De  Pexistence  du  glycose  dans  l'organisme 

animal;  Mémoire   de  MM.  Poiseuille  et 

/.  Le/ort 565  et    677 

—  Recherches  sur  les  fonctions  du  système 

lymphatique;  par  M.  Colin f85 

—  Lettre    do    M.  Malteucci   accompagnant 

l'envoi  d'un  exemplaire  de  ses  «  Leçons 

d'électro-physiologie  » 9^9 

Pbisiologie  comparée.  —  Faits  observés  par 
M.  Gerlc,  concernant  la  fécondation  chez 
certains  crustacés;  communication  de 
M.  Costa 4^ 

—  Des  différents  phénomènes  physiologiques 

nommés    voix  des  poissons;    Note   de 

M.  Dufossé. 35a 

—  Rapport     sur    cette  Note;    Rapporteur 

M.  Vuméril 610 

—  Pénétration  des  spermatozoïdes  dans  l'œuf, 

observée  sur  un  distome;  par  M.  Van 
Beneden ; 858 

—  Existence  d'une  génération  sexuelle  chez 

les  infusoires;  tiole  de  M.  Balbiani 628 

—  Influence  de  la  lumière  sur  les  animaux; 

Note  de  M.  Beclard 44' 

Phtsiologie  végétale.  —  Analyse  du  tabac  à 
diverses  époques  de  sa  végétation  ;  Mé- 
moire de  M.  Boussingaull  sur  la  culture 
de  cette  plante  en  Alsace 1007 

—  Recherches  expérimentales   sur   le»  -rap- 

ports   des   plantes  avec   la  rosée;  par 

M.  Vuchartre ao5 

—  Sur  la  manière  dont  les  phosphates  pas- 

sent dans  les  plante»  ;  Note  de  M.  P.  The- 
nord. aia 

—  Mémoire  sur  la  germination  dea  champi- 

gnons; adressé  au  concours  pour  le  grand 
0^  prix  de  Sciences  physiques 58  et    11 1 


(  i3o3  ) 

P>ge». 


P»{M. 


PnYsiOLocig  VÉGÉTALE.  —  M.  Bojfmann  se  fait 
connaître  comme  auteur  du  Mémoire  sur 
la  germination  des  champignons 4^5 

—  Sur  la  question  relative  à  l'assimilation  do 

l'azote  par  les  végétaux;  Notede  M. tando/j.  (j'M^ 
Planètes.  —  Noms  donnés  aux  planèlaii  dé- 
couvertes le  i5  septembre  et  le  4  Octobre 
iSdj  ;  Lettre  de  M.  Luther.—  M.  Elle  de 
Beaumont  déclare  à  cette  occasion'  qu'il 
propose  le  nom  Je  Boris  pour  la  48'  pla- 
nète découverte  dans  la  nuit  du  19  au  20 
octobre  par  M.  Goldscbmidt,  la  49°  dé- 
couverte la  même  nuit  par  le  même  astro- 
nome ayant  déjà  reçu  le  nom  de  Palis. .      56 

—  M.  Vah  annonce  que  M.  Laurent  vient  de 

découvrir  une  Si°  petite  planète  télesco- 
pique  qui  a  reçu  le  nom  de  Nemausa.. . .     189 

—  Orbite  provisoire  de  cette  planète;    par 

M.  Walz 435 

—  Nouveaux  éléments  de  la  planète  Nemausa; 

par  le  même 607 

—  Découverte  de  la  Sa'  petite  planète;  Lettre 

de  M.  Goldschmidt  &  M.  Elie  de  Beau- 
mont 363 

—  Observations  de  cette  planète  (5a)  faites  h 

l'Observatoire  impérial  de  Paris  ;  com- 
muniquées par  M.  Le  Verrier 364 

—  Réduction  des  observations  de  la  planète 

(5î);  par  M.  Yvon  Villarceau    460 

—  Observations    de    la    planète  (5a);    par 

M.  Goldschmidt 497 

—  Observations  delà  planète  (5i);  Lettre  de 

M.  Luther  k  M.  Le  Verrier 59a 

—  Découverte  de  la  planète  (53)  faite  à  Bilk 

le  4  mars  i838;  par  M,  Luther  (Lettre  à 

M.  Elie  de  Beaumont) 745 

—  M.  Le  Verrier  fait  connaître  une  deuxième 

position  du  nouvel  astre  obtenue  à  Bonn 

le  6  mars,  par  M.  Schonfeld 745 

—  Observations  do  la  planète  CaIypso(53); 

Lettre  de  M.  Luther  à  M.  Elie  de  Beau- 
mont     8ia 

Plomd  percé  par  des  insectes.  —  M.  le  Maré- 
chal Vaillant  présente  un  Mémoire  de 
M.  Illotschulslx  sur  les  insccles'qui  ont 
pratiqué  des  trous  dans  les  balles  rappor- 
tées de  Crimée ij]| 

Pneematiqce  (Machine).  Voir  à  Machine  pneu- 
matique. 

Poissons. —  Sur  les  organes  des  sens  dans  les 

poissons;  Note  de  M.  Duméril 867 

—  Expériences  sur  l'élève  des  poissons;  Note 

de  M.  Caste 43, 

—  Des  différents  phénomènes  physiologiques 

nommés   voix    des    poissons  ;   Note  de 

M.  Du/ossé •...    35j 

—  Rapport  snr  cotteNote;  Rapporteur  M.  Du- 

méril  , . . . , 610 


(I 

FoLTAMHoiiiQcES  (Bases).  •—  Recherches  >ur  ces 

bases  ;  par  M.  A.  W,  Hofmann 955 

PatsiDENCE  DE  l'Acadéuie.  —  M.  Despretx,  Vice- 
Président  pendant  Tannée  1867,  passe 
aux  fonctions  de  Président;  M.  de  Se- 
narmont  esi  élu  Vice-Président  pour  l'an- 
née i858 i3 

Prix  décersés  dans  la  séance  dd  8  février 
i858  (concours  de  1857)  : 

—  Prix  d'Astronomie  (fondation  deLalande). 

PrixjpaH»gé  entre  :  IVI.  Goldschmidi,  qui, 
dans  le  cours  de  l'année  i857,  a  décou- 
vert quatre  planètes  télescopiques,  Nysa, 
Eugcnia,  Doris  et  Paies,  et  M.  Bruhns, 
qui  a  retrouvé,  après  deux  révolutions,  la 
comète  périodique  de  Brorsen a65 

—  Prix  de  Mécaniqde  (fondation  JHontron). — 

Aucune  des  pièces  présentées  au  con- 
cours n'a  été  jugée  digne  du  prix 266 

—  Prix  de  Statistique  (fondation  Montron). — 

Aucun  des  travaux  présentés  n'a  été  jugé 
digne  du  prix 267 

—  Prix    Tremont,  décerné  à  M.   Ruhmkorjff 

pour  ses  instruments  de  précision 370 

—  Prix  iondé  par  M™"  de  Laplaci,  obtenu 

par  M.  Beral,  sorti  le  premier  de  l'École 
Polytechnique  le  i"  septembre  :857...  273 
-r  Grand  prix  des  sciences  fiitsiqces,  pro- 
posé pour  i856  et  remis  au  concours  pour 
18S7.  —  Prix  partagé  entre  M.  tieber- 
kuhn  et  MM.  Ctaparède  et  Lachmann  pour 
leurs  travaux  sur  les  métamorphoses  et  la 
reproduction  des  Infusoires 374 

—  Prix  de  Pbysiologie  expérimentals.  —  Prix 

décerné  à  M.  Huiler  pour  sa  découverte 
de  la  métamorphose  de  la  lamproie  de 
rivière. — Autre  Prix  décerné  à  M.  Brown- 
Séquard  pour  ses  recherches  sur  les  pro- 
priétés du  sang  artériel  et  sur  celles  du 
sang  veineux.  —  Mentions  honorables  à 
M.  PhiUpeaux  pour  ses  travaux  sur  l'a- 
blation des  capsules  surrénales;  à  M.  Let- 
pés  pour  ses  Mémoires  sur  les  spermato- 
phores  de  certains  orthoptères,  et  sur  l'or- 
ganisation des  Termites 379 

—  Prix  relatifs  aux  Arts  insalubres.  —  Prix 

de  i,5oo  francs  \x  M.  £,  Rolland  pour  son 
torréfacteur  mécanique.  —  Récompense  da 
1000  francs  &  M.  Dannery  pour  sa  ma- 
chine à  débourrer  les  cardes 382 

—  Prix  de  Médecine  et  de  Cbirurcii.  —  Prix 

de  2,5oo  francs  décernés  :  à  M.  Broca 
pour  son  ouvrage  intitulé  :  n  Ues  Anévris- 
mes  et  de  leur  traitement  »  ;  à  MM.  De- 
lafond  et  Bourguignon  pour  leur  n  Traité 
de  la  gale  chez  les  animaux  domestiques  »  ; 
à  M.  Morel  pour  son  «  Traité  des  dégéné- 
rescences physiques,  intellectuelles  et  mo- 


3o4) 


F>SM. 


raies  de  l'aspèce  humaine  ».  ~  Uenticnt 
honorahlet  &  M.  Bertillon  pour  ses  a  Con- 
clusions statistiques  contre  les  détrac- 
teurs de  I9  vaccine  s  ;  &  M.  Fonssagrivet 
pour  son  «  Traité  d'hygiène  navale  ».. . .    a88 

—  Prix  JiCKER.  —  Prix  de  6,1^0  francs  dé- 

cernés  h  feu  M.  Ch.  Gerhardl  et  à  feu 
M.  Aug,  Laurent  pour  les  travaux  dont 
ils  ont  enrichi  la  chimie  organique....     298 
Prix  proposés  dans  la  même  séance  : 

—  Grand  prix  de  Sciences  mathêmatiqties,  pro- 

posé pour  i858 299 

—  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques,  pro- 

posé pour  i856  et  remis  à  1869 3oo 

—  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques^  pro- 

posé pour  1854,  remis  à  i856  et  prorogé 

à  1860 nu, 

—  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques,  pro- 

posé pour  i853,  puis  pour  1867  *'  pro- 
rogé jusqu'en  1861 3ot 

—  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques,  pro- 

posé pour  1847,  puis  ponr  i854,  remis  à 
1857  et  prorogé  jusqu'en  1860 3o2 

—  Grand  prix  de  Sciences  mathématiques,  pro- 

posé pour  i855,  puis  pour  1857  et  prorogé 
jusqu'en  r86i 3o3 

—  Prix  extraordinaire  sur  l'application  de  la 

vapeur  à  la  marine  militaire,  proposé  pour 
18^7,  remisa  iSSg Ihid. 

—  Prix  d'Astronomie  {médiiUe  de  Lalande)..     3o4 

—  Prix  de  Mécanique  (  fondation  Jlfonyon).,  Jbid. 

—  Prix  de  Statistique  (fondation  JfonVon)..  Ibid. 

—  Prix  Bordin,  proposé  pour  i858 3o5 

—  P/ix  Bordin,  proposé  pour  1 856,  remis  i 

«859 ibid. 

—  Prix  Tremont  à  décerner  en  1861 3o6 

—  Prix  fondé  par  il"'  de  Laplace ibid. 

—  Grand  prix  de  Sciences  physiques,  proposé 

en  1857  pour  1859 307 

—  Grand  prix  de  Sciences  physiques,  proposé 

en  i85G  pour  i857,  prorogé  à  1860....  Ibid. 

—  Prix  de  Physiologie  expérimentale   (  fon- 

dation Slontyon) 3io 

—  Divers  prix  da  Legs  Uontyon  (  Médecine  et 

Chirurgie  ) Ihid. 

—  Prix  Cuvier  à  décerner  dans  la  séance  pu- 

blique de  1860 3ii 

—  Prix  Alhumhert  (Sciences  naturelles),  pro- 

posé pour  i856  et  remis  à  i85g Ibid. 

—  Prix  Bordin,  proposé  en  1857  pour  1860.    3ia 

—  Prix  Bordin  proposé  pour  1857,  remis  & 

1869 3l3 

—  Prix  Morogues  &  décerner  en  i863 3i5 

—  Prix  du  legs  Bréant Ihid. 

—  Prix  du  legs  Tremont  à  décerner  en  i86i . .     317 

—  Prix  Jecker  à  décerner  en  i858 Ibid. 

FsiCBOLOsiE.  —  Mémoire  de  M,  Guépin,  ayant 


pour  titre  :  «  Nouvetlo  théorie  de  TinteU 

licence  humaine î2jo 

Prors  ARTÉsiEîw.— Sur  un  fotago  artésien  exé- 
cuté à  ^aples;  Note  de  MM.  Degousée  et 
Laurent.  Coupe  des  terrains  traversés  : 
analyse,  par  M.  Guiscardi,  des  gaz  qui  se 


(  ï3o5  ) 

Vtgu, 


P>|«i. 


dégagent  areo  Teau  (  piicei  prétentées  par 

M.  Ch.Sainte-Claire  Deville) 980 

Pllita  ARTÉSIENS.  —  Renseignements  ultérieurs  sur 
le  débit  du  puits  creuse  à  Naples;  Lettre  de 
M.itfai^etàM.Ch.Saiate-ClaireDeTille.  1098 


Qginine.  —  Maladies  qui  affectent  les  ouvriers 
employés  à  la  fabrication  du  sulfate  de 
quinine;  Note  de  M.  Chevalier 


895 


Quinine.  —  Sur  deux  nouveaux  dérivés  de  la 
quinine  et  de  la  cincboninej  Note  de 
M.  Schut-zenberger to65 


Sahc.  —  Sur  les  variations  de  couleur  dans  le 
sang  veineux  des  or{;anes  glandulaires  , 
suivant  leur  état  de  fonction  ou  de  repos; 
Mémoire  de  M.  Cl.  Bernard. \5g 

—  Sur  des  variations  déjà  observées  dans  la 

couleur  du  sang  veineux  ;  Note  adressée 
par  M.  Braehetf  de  Lyon,  à  l'occasion  du 
précédent  Mémoire SyS 

—  Recherches  sur  l'absorption  et  le  dégage- 

ment des  gaz  par  leS  dissolutions  salines 
et  par  le  sang  ;  rôle  des  principaux  élé- 
ments du  sang  dans  Vabsorptioa  ou  le 
dégagement  des  gaz  de  la  respiration; 

Mémoire  de  M.  Fernet 620  et    674 

Voir  aussi  l'article  Circulation  du  sang. 

Saxcshes.  —  n  Sur  le  sang  chaud  des  mammi- 
fères considéré  dans  ses  rapports  avec 
l'économie  des  sangsues  médicinales  »  ; 
Mémoire  de  M.  Yt^son,  présenté  par 
M.  le  Maréchal  Vaillant 838 

Sarasin.  —  Lettre  de  M.  I.  Pierre  accompa- 
gnant un  exemplaire  de  ses  «  Recherches 
analytiques  sur  le  sarrasin  considéré 
comme  substance  alimentaire» 2o3 

Sciences.  —  M.  Brunet  commence  la  lecture 
d'un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Organi- 
sation de  la  science  » 800 

—  Mémoire  intitulé  :  «  Formules  des  lois  gé- 

nérales de  la  science  universelle;  »  par  le 

même 845 

Sections  de  l'âcadëhik.  —  La  Section  de  Mé- 
canique présente  la  liste  suivante  de 
candidats  pour  la  place  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Cauchr  :  i»  MM.  Barré 
de  Saint- Venant  et  Clapeyron  ex  aquo; 
1"  MM.  Phillips  et  Reech  ex  aquo 545 

—  La  Section  de  Minéralogie  et  Géologie  pré- 

sente la  liste  suivante  de  candidats 
pour  une  placevacante  de  Correspondant: 


I»  M.  Sedgwick  ;  2»  M.  Lyell  ;  3°  par  or- 
dre alphabétique,  MM.  Boue,  de  Dechen, 
Domeyko,  Hitchcock,  Jackson,  Logan, 

Uaumann,  Sismonda,  Studer Qlfi 

Sens.  —  Sur  les  organes  des  sens  et  en  par- 
ticulier sur  ceux  de  l'odorat,  du  goût  et 
de  l'ouïe  chez  les  poissons  ;  Mémoire  de 
M.  Duméril 867 

—  Mémoire  de  M.  Bonnafont  sur  certaines 

conditions  des  sens  de  l'ouïe  et  de  la  vue.    773 
SiLiciDH.  —  Sur  l'isomorphisme  des  fluosili- 
cates  et  des  fluostannates,  et  sur  le  poids 
atomique  du  silicium  ;  Note  de  M.  Ma- 

rignac 854 

S0LE11,.  —  M,  Le  Verrier  présente  un  nouveau 
complément  à  ses  recherches  sur  la  théo- 
rie du  soleil 881 

—  Note  sur  une  tache  solaire  observée  avec  la 

lunette  de  Merz  à  l'Observatoire  romain. 
Dessin  d'une  tache  solaire;  communica- 
tions du  P,  SeccAi aoa  et    793 

—  Notes  de  M.  Chacornae  sur  les  taches  so- 

laires (présentées  par  M.  Le  Verrier)... 
364  e'    Sga 

—  Sur  le  soleil  et  les  comètes  ;Note  de  M.  Love 

Plaine 907 

SoiFRE.  —  Faits  relatifs  aux  divers  états  du 
soufre  séparé  de  ses  combinaisons  ;  Mé- 
moire de  M.  Cloé'i 485 

—  Sur  une  réaction  du  soufre  amorphe;  Note 

de  M .  Péan  de  Saint-Gilles S70 

—  Sur   les  relations  qui  existent  entre  les 

états  du  soufre  et  la  nature  de  ses  com- 
binaisons; Note  de  M.  Berihelot 571 

—  Sur  la  cristallisation  du  soufre  dans  le 

sulfure  de  carbone;  Note  de  M.  Debraj-.    676 

—  Sur  le  soufre  brut  de  la  Sicile  ;  Note  de 

M.  Phipson 8ia 

—  Efficacité  du  soufre  amorphe  contra  l'ai- 


(  ' 

Pages. 
dium  Tuckeri  (érysiphe  de  la  vigne);  Mé- 
moire de  M.  H.  Mares 49' 

Spath  fluor.  —  Sur  la  découverte  dans  le 
bassin  de  Plombières  d'un  filon  de  spalb 
fluor;  Lettre  de  M.  iVicA/éf li^g 

—  Sur  le  ipatb  fluor  qui  existe  en  filons  dans 

le    granité    de    Plombières  ;    Note    de 

M.  Jutier iio5 

Spermatozoïdes. —  Leur  pénétration  dans  TœuC 
observée  sur  un  Dislome;  Lelire  de 
M.  Yan  Beneden  à  M.  Milne  Edwards. . . .     858 

Statistiqi'E.  —  Histoire  topograpbique  et  mé- 
dicale de  Baréges;  par  M.  Aulagnier. ., 
407  e'    587 

—  Lettre  de  M.  Vergnaud  Romagnesi,  concer- 

nant sa  Statistique  du  Loiret 4?^ 

—  Accroissement  de  la  population  Je  Nevr- 

"ïork;  Note  de  M.  Pasjr ;83 

—  Force  productive  de»   nations  de  1800  à 

ibSi;  communication  de  M.  Dupin,.  ...     3;9 

—  M.  Ribouri  demande  et  obtient  l'autori- 

sation de  reprendre  plusieurs  Mémoires 
sur  la  statistique  de  Tahiti  et  autres  éta- 
blissements français  dans  TOcéanie 789 


3o6  ) 


p.(». 


Stkortibm  {  Composés  dc).  —  Action  de  l'.iciJe 
sulfurique  sur  ces  composés;  INote  de 
MM .  tiès-Bodarl  et  Jacquemin 1206 

ScCREs.  —  De  l'influence  que  l'eau  pure  ou 
chargée  de  divers  sels  exerce  à  froid  sur 
le  sucre  de  canne  ;  Note  de  M.  Béchamp.      44 

—  Sur  le  dosage  médical  du  sucre  diabétique 

et  du  sucre  de  lait;  Mémoire  de  M.  Bo- 
biquet 684 

—  Sur  le  tréhalose,  nouvelle  espèce  de  sucre; 

Note  de  M.  Berthelot n-6 

—  Sur  la  matière  saccharine  du  sorgho  ;  Lettre 

de  M.  Jackson  à  M.  Elle  de  Beaumont. . .      55 

—  Sur  la  distillation  du  sorgho  sucré;  Note 

de  M.  Leplay 444 

—  Sucres   formés  dans  l'organisme  animal. 

Voir  l'article  Glfeogènie. 

Sulfates.  —  Action  de  la  vapeur  d'eau  et  de 
l'oxyde  do  carbone  sur  quelques  sulfates; 
Mémoire  de  M.  Jacquemin 1164 

ScLPCRE  DE  CARBONE.  —  .Accidents  produits  par 
l'inhalation  des  vapeurs  de  sulfure  de 
carbone  :  moyen  d'en  préserver  les  ou- 
vriers; Note  de  M,  Uasson G$3 


Tabac.  —  Sur  sa  culture  en  Alsace;  Mémoire 

de  M.  BoussingauU 1007 

Tanin.  —  Sur  la  détermination  Ju  tanin  par 
les  méthodes  volumélriqucs  ;  Mémoire  do 
M.  E.  Mortier $77 

TftMcRAPBiE. —  Sur  nn  moyen  supposé  propre 
&  prévenir  les  accidents  qu'ont  éprouvé 
les  communications  télégraphiques  sous- 
marincs  ;  Note  de  M.  Baudouin 377 

—  Moyen  de  vérification  pour  un  télégraphe 

à  cadran  ;  Note  de  M.  Ch.  Noël 588 

— '  M.  Yattcmare  transmet  des  cartes  et  bro- 
chures concernant  le  télégraphe  trans- 
atlantique et  un  tronçon  du  câble  qui 
doit  être  submerge .     947 

—  M.  Pouillet  présente,  au  nom  de  M.  Dela- 

marchc,  deux  tronçons  du  cible  destiné  à 
établir  la  communication  télégraphique 
entre  la  Sardaigne  (cap  Spartivento)  et 
la  côte  d'Afrique 999 

—  Nouveaux  appareils  électriques   pour   la 

télégraphie;  Mémoire  de  M.  de  LafolJye.     |38 

—  Des  électro-aimants  à  deux  fils  et  de  leur 

emploi    dans  la    télégraphie;    Note  de 

M.  Rexnard 181 

—  Sur  les  fils   souterrains   des   télégraphes 

clectriques  ;  Note  dc  M.  Rorer io56 

Tberhohètres.— Nouveau  thermomètre  méta- 
sutique  à  maximum  ;  Note  de  M.  WaU 
ferdin j3j 


Tinctoriales  (SBBSTANCEs).-TÉ(udes  sur  le  bois 

de  taigu,  du  Paraguay;  par  M.  Arnaudon.   I|53 

Trébala,  matière  sécrétée  par  un  insecte  de 
la  famille  des  charançons  ;  Note  de 
M.  Guihouri iai3 

—  Note  sur  le  tréhalose,  nouvelle  espèce  de 

sucre  extraite  de  ce  produit  ;  par  M.  Ber- 

ihelot 157G 

Trehblehextsdf.  terre.  — Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  Boue,  relatif  à  des  tremblements 
ressentis  en  Illyric  et  en  Carinthie  vers 
la  fin  dc  décembre  1857 iCo 

—  Sur  des  secousses  de  tremblement  de  terre 

ressenties  au  cap  de  Boune-Espérance  ; 
Lettre  da  M.  de  Castelnau  à  M.  le  Mi- 
nistre des  Affaires  étrangères 247 

—  Remarques  de  M.  BoussingauU  à  l'occasion 

de  cette  communication 348 

—  Mémoires  sur  les  tremblements  de  terre  ; 

fw  Hl.MarthaBecker.  ...    3ÎG,  53i  et    635 

—  Sur  des  tremblements  de  terre  ressentis 

en  Algérie  ;  Notes  de  M.  le  Maréchal 
Vaillant  et  de  M.  Guyon 5i5 

—  M.  le  Maréchal  Vaillant  communique  une 

Lettre  de  M.  le  Préfet  du  déparlement 
d'Alger  sur  un  tremblement  de  terre  res- 
senti le  19  mars ^9 

—  Lettre  de  M.  Xicat  sur  une  secousse  de 

tremblement  de  terre  ressentie  à  Gre- 
noble dans  la  nuit  da  1 1  au  1 3  avril  1 858.    764 


(  i3o7  ) 


Ubani.  —  Procédé  de  préparation  et  d'ana- 
lyse de  l'oxyde  d'urane  ;  Note  de  M.  L, 
Ketsler 53o 


F>(«. 

UnÉ£  (CoHPOsÉs  de  l').  —  Action  du  cyan- 
Iiydrato  d'ammoniaque  >ur  l'alloxane; 
Note  de  MM.  Rosing  et  Chidikoff. I04 


ViPEcns. —  Action  de  la  vapeur  sur  quelques 

sulfates;  Mémoire  de  M. /nrfurmin 11G4 

—  Action  de  l'étincelle  électrique  sur  la  Ta- 

peur d'eau  et  la  vapeur  d'alcool  ;  Note  de 

M.  Ad.  Perrot 180 

Vees  a  soie.  —  «  Sur  les  moyens  pratiques  et 
rationnels  de  restaurer  la  graine  des  vers 
à   soie  »  ;  Note  de  M.  Guérin-Mêneville . .     ijî3 

—  Note  sur  l'édjcalion  des  vers  à  soie  à  Phi- 

lippopolis  ;   par  M.  Chawpoiseau Sig 

—  Observations    sur    la  maladie    des    vers  à 

soie;    par  M.  Tiadn} 520 

—  Lettre  de  M.  Hardy  à  M.  de  Quatrefages 

sur  le  même  sujet Saa 

—  Observations  de  M.  de  Quatrefages  relative- 

ment aux  communications  de  MM.Cham- 
poiscau,  Nadal  et  Hardy Ibid. 

—  Lettres  de  M.  le  Ministre  de   l'Instruction 

publique  et  de  M.  le  Ministre  de  l'Agricul- 
ture et  du  Commerce,  concernant  la  Com- 
mission chargée  par  l'Académie  d'étudier 
dans  le  midi  de  la  France  diverses  ques- 
tions relatives  aux  vers  à  soie.. .     845  et     897 

—  Sur  l'éducation  des  vers  à  soie   et  la  cul- 

ture des  mûriers;  Notes  de  M.  ISour- 
rigat 690,   743  et     948 

—  Sur  certaines   conditions    des    feuilles  de 

mûrier  en  rapport  avec  le  développement 
de  la  maladie  des  vers  à  soie  ;  Notes  de 
M. /iocAe(écrit  par  erreur  iSroeic).  9^4  ^t  I148 

—  Etat  présent  des  éducations  <ie  vers  à  soie 

dans  le  Vivarais  ;  Note  de  M.  de  Rets. . .     982 

—  «  Observations  sur  le  caractère  chimique 

des  maladies  des  vers  à  soie  »  ;   Note  de 

M.  Gucrin-Méneville tOt)3 

—  Sur  l'éducation  des  vers  à  soie  et  sur  nn 

moyen  pour  combattre  la  maladie  ac- 
tuelle; Note  de  M.  Caui'/ logS 

—  Note  de  M.  /o/j-  sur  le  soufrage  appliqué 

aux  vers  à  soie  atteints  de  gatine  et  de 
muscardine 1149 


ViBRUTiONS.  —  Sur  les  vibrations  longitudi- 
nales des  verges  prismatiques;  Mémoires 
àe  M.  A.  Terijucm 77^  «'     SjS 

—  Note  sur  les  vibrations  transversales  des 

lames  élastiques  ;   par  M.  Li;»;ou; 846 

VoiCARs.  —  M.  Ch.  Sainte-Claire  Dcville  com- 
munique l'extrait  d'une  Lettre  de  M.  de 
Yerneuil  sur  l'état  actuel  du  Vésuve  et  ap- 
pelle l'attention  sur  les  changements  qui 
se  sont  opérés  depuis  i854  dans  le  plateau 
supérieur  du  volcan HJ 

—  M.  Élie  de  lieaumont  rappelle  à  celte  oc- 

casion d'autres  changements  d'une  époque 
antérieure tiS 

—  Troisième  cas  de  production  de  cotunnite 

par  la  lave  du  Vésuve  ;  Lettre  de  M.  Scac- 
chi  et  Remarques  de  M.  Ch.  Sainte-Claire 
Deville 496 

—  Eruption  du  Vésuve  du  24  ■"!>'  i858;  Lettre 

de  M.  Maugct  ."i  M.  Sainte-Claire  De- 
ville    1098 

—  Sur   l'éruption    du    Vésuve;    Lettre    de 

M.  Palmieri  et  extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Mauget  (communication  de  M.  Ch. 
Sainte-Claire  Deville) ta  19 

—  Description  du  Keloël,  volcan  de  l'île  de 

Java,  traduite  du  hollandais  de  M.  Jung- 

huhn  par  M.  A  Perrer 4^6 

Voyages  scientifiques.  —  M.  JE.  Cosson,  près 
do  se  rendre  en  l'Algérie  pour  la  conti- 
nuation de  ses  explorations  botaniques, 
se  met  si  la  disposition  de  l'Académie,. .     3'}5 

—  Observations  de  météorologie  et  de  bota- 

nique, et  Observations  médicales  faites 
par  M.  Barthe  pendant  le  voyage  de  la 
frégate  la  Sj'hille  dans  l'Inde,  la  Chine,  le 
Japon,  la  manche  deTartarie,  etc.ySS  et     778 

—  Voyage  scientifique  de  M.  Kreil  en  Grèce 

et  en  Turquie;  Lettre  de  M.  A.  Boue  a 

M .  Viquesnel 8 1  î 


C.  R,  i858,   1"  Semtstre.  (T.  XLVI.) 


170 


(  i3o8  ) 


Pagcj. 

Zoologie.  —  Naissance  d'un  jeune  Hippopo- 
tame à  la  ménagerie;  Note  do  M.  Geof- 
froy-Sainl-Hi\aire 879 

—  Mémoire  sur  les  Singes  les  plus  voisins  de 

l'homme,  et  particulièrement  sur  le  Go- 
rilIc-Gina  ;  Note  de  M.  GeojFfroy-Saint- 
Bilaire  accompagnant  la  présentation 
d'un  exemplaire  de  ce  travail ii3o 

—  Sur  les  migrations  anciennes  des  mam- 

mifères  de  l'époque  actuelle;   Note   de 

M.  Lartet 409 

—  Sur  l'incubation  des  autruches  à  la  pépi- 

nière centrale  d'Alger;  Note  de  M.  i/urdr.  1272 

—  Remarques  de  M.  Geoffroy -Saint-Hilaire  à 

l'occasion  de  cette  communication 1275 

—  Observations  concernant  lerégime  alimen- 

taire des  oiseaux;  par  M.  Florent  Prévost.      i3G 

—  Rapport    sur    ce    Mémoire  ;    Rapporteur 

M.  Duniéril 332 

—  Note  sur  quelques  Poissons  de  l'Algérie; 

par  M.  Valenciennes 711 

—  Note  sur  une  suite  de  Coquilles  rappor- 

tées par  M.  Barthe  des  mers  du  Japon  et 

de  la  manche  de  Tartarie  ;  par  le  même,,     709 

—  Remarques    de    M.  Élie  de   Beaumont  à 

l'occasion  de  cette  communication 762 

—  Sur   la   larve   des   langoustes;    Note   de 

M.  Cosie 547 

—  Note  sur  la  reproduction  des   homards; 

par  M.  Valenciennes Co3 

—  Recherches  sur  les  Pranizes  et  les  Ancées. 

—  Sur  les  moyens  à  l'aide  desquels  cer- 
tains Crustacés  parasites  (les  Caliges) as- 
surent la  conservation  de  leur  espèce; 
Mémoires  de  M.  Hesse 568  et  io54 

■^  Rapport  sur  ces  recherches  ;    Rapporteur 

M.  mine  Edwards 1256 

^  Sur  l'existence   des   métamorphoses  chez 

les  Crustacés  décapodes  ;  Note  de  M.  Joly.    788 

—  Anatomie,  physiologie  et  histoire  oatu- 


Pagea. 
relie  des  Galéodes;  Mémoire  de  M.  Léon 

Dufour '34? 

Zoologie.  —  Remarques  sur  la  manière  de 
vivre  d'un  hyménoptère  fouisseur,  le  Cer- 
ceris  arenurius;  Note  de  M.  H,  Lucas..,     4'4 

—  Observations  sur  la  manière  de  vivre  d'une 

nouvelle  espèce  de  Carpocapsa;  par  le 
même 685 

—  Recherches  sur  l'bypermc'taraorphose  et  les 

mœurs  des  Méloïdes;  par  M.  Fahre 44^ 

—  Rapport    sur    ce    Mémoire;     Rapporteur 

M.  Duméril 553 

—  Sur  Thypermélamorphose  desStrepsiptères 

et  des  OEstrides  ;  Note  de  M.  Joly g4î 

—  Sur  la  mouche  Tsétsé  de  l'Afrique  aus- 

trale ;  Note  de  M.  Lud.  de   Castelnau...     984 

—  Sur   une  nouvelle  espèce   d'hématozoaire 

trouvée  dans  le  cœur  d'un  phoque  ;  Note 
deM,Joly • 4o3 

—  Recherchessurledéveloppement  et  la  pro- 

pagation du  Trichocépbale  de  l'homme  et 
de  l'Ascaride  lombricoïde;  Mémoire  de 
M.  Dttvaine 121 7 

—  Reproduction    de  Polypiers  marins   dans 

les  aquariums  ;  Note  de  M.  Coste 710 

—  M.  mine  Edwards  rappelle  qu'il  a  eu  l'oc- 

casion d'entretenir,  il  y  a  vingt  ans,  l'Aca- 
démie d'une  observation  semblable  faite 
par  lui  et  M.  Nordmann 711 

—  Sur  le  Sarcopte  de  la  gale  du  Lama  ;  Note 

de  MM.  Delafond  et  Bourguignon 8r4 

—  Sarcopte  découvert    sur  un    mouton    ga- 

leux, différent  du  Sarcoptes  ovis ;  Lettre 

de  M.  Delafond 1 169 

—  Sur  une  pluie  d'insectes  observée  dans  le 

déparlement    de    la  Vendée;    Note   de 

M.  Aude io5S 

^  Sur  les  insectes  qui  ont  perforé  les  balles 
de  plomb  rapportées  de  Crimée;  Note  de 
M.  Uouchulsky ^.  131 1 


(  i3o9  ) 


TABLE  DES  AUTEURS. 


"«.  PagCT. 

ACADEMIE  DES  SCIENCES,  ARTS  ET 
BELLES-LETTRES  DE  ROUEN  (l') 
fait  hommage  du  u  Précis  analytique  de 
ses  travaux  pendant  l'année  i856-57  ». . .     gSS 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES  DE  L'INSTI- 
TUT DE  BOLOGNE  (l')  adresse  le 
torae  YII  de  ses  Mémoires  et  le  deuxième 
fascicule  de  ses  comptes  rendus  (i855- 
1857) 665 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES  DE  LIS- 
BONNE (l')  adresse  de  nouveaux  volu- 
mes de  ses  publications  et  remercie 
l'Académie  pour  l'envoi  d'une  nouvelle 
série  des  ContpU's  rendus i/Jo 

AIRY,  Diteeleur  de  l'Observatoire  royal  de 
Greenwich,  annonce  l'envoi  fait,  par  or- 
dre des  lords  commissaires  de  l'Amirauté, 
d'un  exemplaire  des  "Tables  delà  lunev; 
par  M .  Hanscn S97 

—  Lettre  sur  une  grande  dépression  baromé- 

trique  oboervée  le  24  mait loSo 

AMBR030LI.  —  Lettre  concernant  les  con- 
ditions du  concours  pour  le  prix  de  Phy- 
siologie expérinienlale >244 

ANCELON.  —  Lettre  concernant  un  passage 
du  Rapport  de  la  Commission  des  prix  de 
Médecine  el  de  Chirurgie  pour  iSSy....  035 
ANDRAL.  —  Rapport  sur  le  concours  pour 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de 
l'année  1807 388 

—  M.  Andral  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie    io4i 


»"«•  P.ge». 

ANONYMES.—  Un  Mémoire  sur  le  choléra- 
morbus  portant  le  nom  de  l'auteur  sous 
pli  cacheté,  est  renvoyé  à  la  Commission 
du  legs  liréant 38  et       ga 

—  Un  auteur,  dont  le  nom  est  renfermé  sous 

pli  cacheté,  adresse  un   Mémoire  sur   la 
maladie  de  la  vigne,  sur  la  maladie  de  la 

pomme  de  terre  et  sur  le  choléra 3 77 

Voir  aussi,  h  l'autre  Table,  l'article 
Anonymes  (  Mémoires). 

ARGELANDER.  —  Sur  la  comète  de  Win- 

necke , 5go 

ARNAUDON.  —  Etude  sur  le  bois  de  laigu, 

du  Paraguay 1133 

ARTUR,  —  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  In- 
dication des  principales  erreurs  sur  les- 
quelles Laplace  a  basé  sa  théorie  capil- 
laire. » io85 

AUBRÉE.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  traite- 
ment des  fièvres  intermittentes 993 

AUDE.  —  Sur  une  pluie  d'insectes  observée 

dans  le  département  de  la  Vendée io55 

AULAGNIER — Histoire  topographique  et 

médicale  de  Baréges 4°7  fi*     ^87 

—  Etudes  sur  la  glairine  ou  barégine  des  eaux 

minérales 684 

AVENIER  DELAGRÊE.-  Modiflcation  pro-   ' 
posée  pour  les  télescopes  en  vue  d'accroî- 
tre leur  pouvoir  grossissant 

456,634,743  et    896 


BABINET.  —  Sur  la  prétendue  variation  de 

la   pesanteur 17 

—  Rapport  sur  un  modèle  d'une  machine  à 
tailler  les  verres  optiques  suivant  dos 
courbures  quelconques;  par  M.  Straus- 
Darckheim 967 

_  M.  Babinet  présente  un  exemplaire  de  sa 


Notice  sur  l'éclipsé  de  soleil  du  i5  mars 

1858 483 

M.  Babinet  communique  une  Lettre  de 
M.  Etienne,  Préfet  apostolique  des  Mis- 
sions du    pôle  arctique ,    sur  l'hiver   de 

1837-58  dans  les  régions  arctiques 594 

A    l'occasion   d'une    communication    de 

J70.. 


(  i3i 

«>•                                                  -  Page!. 

M.  Texier  sur  l'ancien  emploi  du  cha- 
meau comme  bête  do  Irait ,  M.  Catinet 
rappelle  un  fait  récent  observu  dans  l'ex- 
pcditioo  américaine  en  Palestine 1254 

BALARD  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  un 
objectif  construit,  pour  les  usages  photo- 
graphiques, par  MM.  Voig't/and'er  père  et  fils.    1457 

—  M.  Balard  présente  au  nom  de  l'auteur, 

M.  Camern,  une  Note  sur  un  appareil  à 
faire  le  vide 782 

BALBIAINI.  —  Sur  l'existence  d'une  repro- 
duction sexuelle  chez  les  Infusoires 6v8 

BALLY.  —  Pioposilions  sur  le  choléra-mor- 

bus  et  la  fièvre  jaune 810 

BAROULIER.  — ,Note  sur  la  production  arti- 
ficielle de  la  houille 3;6 

BARRÉ  DE  SAINT-VENANT  est  présenté 
par  la  Section  de  Mécanique  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Cauchy 545 

BARTHE.  —  Observations  de  météorologie  et 
de  botanique  faites  pendant  le  voyage  de 
la  frégate  la  Sjhiltcj  dans  l'Inde,  la  Chine, 
le  Japon,  la  manche  de  Tartarii,  etc.    .  .     ^33 

—  Observations  médicales  prises  à  bord  de  la 

frégate  la  SjrUlle,  pendant  la  môme  cam- 
pagne       7;8 

BASTANT  (Gailardo).  —  Notes  sur  une  mo- 
dification de  la  pile  galvanique  supposée 
propre  à  faciliter  et  à  généraliser  l'em- 
ploi des  électro-moteurs aGo  et    4^7 

BAUD.  —  Emploi  thérapeutique  des  corps 
gras  phosphores  extraits  de  la  moelle  al- 
longée de  Mammifères  herbivores.  858  et    909 

BAUDELOCQUE.—  Action  sédative  du  Lo- 
belia  injlala;  action  attribuée  au  Lohelia 
longifolia 81,6 

BAUDOIN.  —  Sur  un  système  destiné  à  pré- 
venir les  accidents  qu'ont  éprouvés  les 
communications  télcgrapliiques  transat- 
lantiques      377 

BAX.  —  Note  sur  un  moyen  d«  reproduire  la 
forme  générale  et  les  principaux  détails 
des  feuilles  des  végétaux 1310 

BEAUFILS.  —  Mémoire  sur  le  mode  d'ac- 
tion des  corps  anesthésiques ^c^ 

BECHAMP  (A.).  —  De  l'influence  que  l'eau 
pure  ou  chargée  de  divers  sels  exerce  à 
froid  sur  le  sucre  de  canne 44 

BECKER  (Martha).— Troisième  rédaction  de 

sa  Note  sur  les  tremblements  de  terre. .  .     635 

BÉCLAHD  (J.).  —  Note  relative  à  l'induence 

de  la  lumière  sur  les  animaux 44' 

BECQUEREL.  —  Sur  la  mesure  des  tempéra- 
tures au-dessous  du  sol  et  dans  l'air  à 
diverses  hauteurs,  au  moyen  d'appareils 
thermo-électriques 1 1 83 

—  Rapport    sur    plusieurs     Mémoires     de 


MM.  Pages. 

M.  Houzeau,  relatifs  à  l'oxygène  odorant 
(  l'ozone) ....     670 

BECQUEREL.  —  Rapport  sur  deux  Lettres 
de  M.  Johart,  relatives  à  l'application  do 
la  lumière  électrique  à  l'éclairage 0;4 

— »  M.  Becquerel  présente  en  son  nom  et  au 
nom  de  son  fils,  M.  Edmond  Becquerel, 
un  ouvrage  sur  l'électricité  et  le  magné- 
tisme, et  sur  leur  application  ai.i  sciences 
et  aux  arts 6o5 

—  M.    Becquerel   demande    l'ouverture  d'un 

paquet  cacheté  qu'il  avait  déposé  au  nom 
de  M.  E.  Perin  (sur  un  moyen  de  rendre 
plus  économique  une  des  opérations  de  la 
photographie) '069 

BECQUEREL  (Eum.). —  Recherches  sur  divers 
effets  lumineux  qui  résultent  de  l'action 
de  la  lumière  sur  les  corps 969 

BEGIN  est  présenté  comme  l'un  des  candidats 
pour  la  place  d'Académicien  libre  vacante 
par  suite  du  décès  de  M.  Lar^eieau 8i5 

BELL.\T.  —  Préparation  de  l'extrait  deviande 

de  cheval  pour  usages  alimeutaires 781 

BERAL.  —  Le  prix  fondé  par  M™»  la  Mar- 
quise de  Laplace  est  décerné  à  M.  Béral, 
sorti  le  premier  de  l'Ecole  Polytechnique, 
le  I  "  septembre  1 867 . .     073 

BERIGNY.  —  Tableau  général  des  naissances 
par  jour  de  la  lune,  avec  distribution  des 
sexes,  pendant  40  années  (1801-1840),  à 
Versailles 184 

—  Quatrième    Mémoire    sur  l'oionométrio  : 

Nouvelle  gamme  ozonométrique 237 

—  Observations  de  température  faites  à  Ver- 

sailles pendant  l'éclipsé  du  i5  mars   (en 

commun  avec  M.  Johert) 588 

BERNARD  (Cl.).  —  Sur  les  variations  de 
couleur  dans  le  sang  veineux  des  organes 
glandulaires,  suivant  leur  état  de  fonction 
ou  de  repos iSq 

—  Jf.  Cl.  Bernard  est  nomme  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  proposer  la  ques- 
tion pour  le  grand  prix  des  Sciences  natu- 
relles de  iS.'ïg 124 

—  Membre  de  la  Commission  des  prix  de  Mé- 

decine et  de  Chirurgie 1041 

—  De  la  Commission  du  prix  Bordin i25 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physiolo- 
gie expérimentale i]3i 

BERNIS.  —  Sur  le  troupeau  algérien  de  chè- 
vres d'Angora 1062 

BERTHELOT.  —  Remarques  à  l'occasion 
d'une  communication  de  MM.  Chichkoff 
et  Bosing,  relative  à  l'action  du  perchlo- 
rure  de  phosphore  sur  lu  chlorure  de  ben- 
zoïle 4^2*'    664 

—  Sur  les  relations  qui  existent  entre  les  étals 

du  soufre  etia  nature  de  ses  combinaisons.     571 


(  i3i 


M.  P<gM. 

BERTHELOT.  —  Synthèse  des  carbures  d'hydro- 
gène       1 101  et  1161 

—  Sur  le  tréhalose,  nouvelle  espèce  de  sucre.   1276 
BERTILLON.  —  Une  mention  honorable  lui 

est  accordée  pour  ses  a  Conclusions  sta- 
tistiques contre  les  détracteurs  de  la  vac- 
cine ))  (concours  pour  les  prix  de  Miide- 

cine  et  de  Chirurgie  de  iSSj) 288 

BERTRAND.  —  Note  sur  la  théorie  des  po- 
lyèdres réguliers 7g 

—  Remarques  sur  la  part  attribuée  à  tort  à 

Kepler  dans  la  découverte  des  quatre  po- 
lyèdres réguliers  d'espèce  supérieure ... .     117 

—  Rapport   sur   le  concours  pour  le  grand 

prix  de  Mathématiques  à  décerner  en 
18")]  :  nouvelle  question  proposée  (Théo- 
rie géométrique  des  polyèdres) Sol 

—  Remarque  à  l'occasion  d'un  Mémoire  de 

M.  liesal,  sur  la  théorie  des  surfaces: 
réclamation  en  faveur  de  M.  O.  Bonnet. .     819 

—  M.  Bertrand  est  adjoint  à  la  Commission 

nommée  pour  un  Mémoire  de  M.  l'ariset 

sur  le  magnétisme  terrestre 4^9 

—  M.  Bertrand  demande    l'adjonction    d'un 

deuxième  Commissaire  pour  l'examen 
d'un  Mémoire  d'analyse  mathématique  de 
M.  Castrogiovanni 62! 

BERTUI.US.  —  Analyse  de  son  ouvrage  sur 
les  préparations  de  quinquina,  considé- 
rées comme  base  de  traitement  des  fiè- 
vres typhoïdes 11  (jS 

BIBLIOTHECAIRE  DU  BRITISH  MUSEUM 
(le)  remercie  l'Académie  pour  l'envoi  d'un 
nouveau  volume  des  Comptes  rendus.  ...     Sgg 

BIEN  AYMÉ. —  Rapport  sur  le  concours  pour 

le  prix  de  Statistique  de  iSSj ag' 

—  M.  Bienaymé  est  nommé    Membre   de  la 

Commission  du  prix  de  Statistique  pour 

l'année  i858 rciG 

BILLIARD,  DE  CoRBiGST.  —  Addition  à  une 

précédente  Noie  sur  l'oione gS 

—  Note  ayant  pour  titre:  «  L'oxygène  sécrété 

par  les  plantes  n'est  point  de  l'ozone»....  i38 
BILLOD  (E.  ).  —  Ramollissement  de  la  sub- 
stance blanche  dans  une  partie  de  la 
moelle  épinièro  des  aliénés  pellagreux..  469 
BIOT.  —Rapport  fait  au  nom  de  la  Section  de 
Géométrie  sur  un  projet  pour  lequel  on 
demandait  le  patronage  de  l'Acadélnie,  le 
projet  d'un  monument  à  élever  au  géomè- 
tre F. 'Viète,  dans  sa  ville  natale.     668  et     729 

—  M.  Biot  présente  à  l'Académie  une  série 

d'articles  relatifs  à  la  théorie  des  roou- 
Tements  de  la  lune  qu'il  a  publiés  dans  le 
Journal  des  Savants 3  ig 

—  Communication  de  M.  lîio(,  concernant  une 

publication  qu'il  va  faire  sous  le  titre  de 

«  Mélanges  scientifiques  et  littéraires  ». ,  1019 


I    ) 

MU.  P«g«(, 

—  M.  Biot  offre,  au  nom  de  M.  et  M™«  Le 

Dien,  petits- neveux  et  héritiers  de  M.  de 
Prony,  un  exemplaire  des  grandes  Tables 
logarithmiques  et  trigonométriques  cal- 
culées au  Bureau  du  Cadastre,  sous  la  di- 
rection du  savant  ingénieur nii 

—  M.  Biot  présente,  au  nom  de  M.  Tourneur, 

un  exemplaire  de  rcnquête  sur  les  che- 
mins de  fer loGi 

BLANCHET.  —  Mémoire  sur  les  intégrales 

multiples 892 

BLONDEAU.  —  Note  sur  un  nouveau  sys- 
tème de  baromètres 939 

BOBLIN  (Ath.). —  Remarques  relatives  au 
Bulletin  météorologique  publie  par  l'Ob- 
servatoire de  Paris 53l 

—  Note  ayant  pour  titre  :  «  Appréciation  sur 

un  appareil  à  levier  substitué  au  micro- 
mètre des  instruments  de  précision  en 
usage  dans  les  observatoires».. .     690  et     j55 

BOCHET.  —  Diminution  d'intensité  du  frot- 
tement de  glissement  à  mesure  que  la 
vitesse  augmente. . .;  formule  représen- 
tative de  cette  diminution 8oa 

BOENNER.  —  Dispositif  destiné  à  avertir  un 
convoi  en  marche  sur  un  chemin  de  fer, 
qu'un  obstacle  intercepte  la  voie ai6 

BOGDANOW.  —  Études  sur  les  causes  de 

la   coloration    des  plumes  des  oiseaux.     780 

BOINET.  —  Sur  une  question  de  priorité  dé- 
battue entre  lui  et  M.  S«ii7/o<,  concernant 
le  traitement  du  pyolhorax i83 

BOND.  —  Découverte  d'une  comète   faite  le 

2  mai  à  Cambridge  (Amérique  du  Nord).     994 

BONIFACE  (  M"»«  veuve)  demande  et  obtient 
l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
présenté  par  son  mari  et  intitulé  «  Rc' 
cherches  sur  la  phlhisie  pulmonaire,  etc.»   1069 

BONNAFONT.  —  Mémoire  intitulé  :«  Ré- 
flexions médico-psychologiques  sur  cer- 
taines conditions  des  sens  de  l'ouïe  et 
de  la  vue.» »»j 

BONNEL.  —  Note  sur  une  maladie  supposée 

nouvelle  de  la  vigne    ggi 

BONNET  (H.).  —  Sur  l'emploi  de  la  benzine 

dans  le  traitement  de  la  gale 631 

BONNET  (0.).  — Note  sur  la  théorie  des  sur- 
faces réglées gog 

BOSREDON  (de).  —  Considérations  sur  quel- 
ques cas  de  fièvre  typhoïde A^g 

BOUE.  —  Lettre  à  M.  Élie  de  Beaumont  sur 
des  tremblements  de  terre  ressentis  en 
lllyrie  et  en  Carinlhie ,5,, 

—  M.  Boue  est  présenté  par  la   Section    de 

Minéralogieet  Géologie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant      g/g 

BOUIS.  —  Recherches  sur  les  produits  de  dé- 


(i3 


""■  PagM. 

composition  dei  roches  sous  l'influanca 

des  eaux  thermales  sulfureuses aaG 

BOTJNIOL.  —  Lettre   adressée  de  Narbonne 

relativement  à  l'cclipse  du  i5  mars 588 

BOURGOIS.  —  Mëmoire  sur  la  résistance  de 
.  l'eau  au  mouvement  des  corps  et  parti- 
culièrement des  bâtiments  de  mer i38 

BOURGUIGNON  et  Deiafond.  —  Un  prii 
leur  est  accorde  pour  leur  «  Traité  de 
la  gale  chez  les  animaux  domestiques  » 
(concouri  pour  les  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie  de  iSSj) 288 

—  Note  sur  le  sarcopte  de  la  gale  du  lama. . .     814 
BOUSSINGAULT.  —  Statistique  des  cultures 

industrielles  de  l'Alsace;   i"  Mémoire: 

le  Tabac 1007 

—  Recherches  sur  la  quantité  d'acide  nitrique 

contenue  dans  la  pluie,  le  brouillard,  la 
rosée ii23  et  iiyS 

—  Remarques    à    l'occasion    d'une  Note  de 

M.  <ie  Castelnau  sur  un  tremblement  de 
terreressoniiauCapde  Bonne-Espérance.     348 

—  IM.  lioussingault  présente  un   Mémoire  de 

M.  Qu/;'aHo,  de  la  Nouvelle-Grenade,  sur 

la  hauteur  de  l'atmosphère 127Ï 

—  M.  Boussiiigault  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  de  Statistique 71)6 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  dit  des  Arts 

insalubres...* 1083 

BOUTLEROW.  —  Recherches  sur  l'iodure  de 

méthylène .5ç)5 

BOUVET  et  Pascal.  —  Description  d'un  ap- 
pareil fumivore  de  leur  invention 456 

BOUVIER.  —  Note  sur  le  stade  d'Ératosthène.     i5o 
BOYER.  —  Observations  concernant  unevigne 

partiellement  préservée  de  l'oïdium.  . . .     S5f) 
BRACHET,  DE  Lyon.  —  Ses  observations  sur 
1rs  dilTérences  dans  la  couleur  du   sang 
veineux;  Remarques   à    l'occasion  d'une 

communication  de  M.  C.  Bernard 3;3 

BRIÈRE  DE  BOISMONT.  —  Du  suicide  et 
de  la  folie  suicide  :  analyse  de  cet  ou- 
vrage      897 

—  Recherches  sur   l'aliénation  mentale  des 

enfants,  et  plus  particulièrement  des 
jeunes  gens lo83 

BROCA.  —  Un  prix  lui  est  décerné  pour  son 
ouvrage  intitulé  :  «  Des  anévrismesct  de 
leur  traitement  »  (concours  pour  les  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  1857).. .     288 

BROCHE ,  écrit  à  tort  pour  Roche.  Voir  à  ce 
nom. 

BRONGNIART.  —  Rapport  sur  le  concours 
pour  le  grand  prix  de  Sciences  naturelles 
de  1807  (question  concernant  la  repro- 
duction des  champignons  ) 807 

tre  M.  Brongniart  est  nommé  Membre  de  la 
Commission     chargée    de    proposer    la 


""•  PtJM. 

question  pour  la  grand  prix  de  Soiences 
naturelles  de  iSSg ia4 

—  Et  de  la  Committlon  du  prix  Bordin n5 

BROUGHAM  (  Lord  ).  —  Sur  la  structure  des 

alvéoles  dans  les  rayons  dos  abeilles.  g3oet  1034 
BROWN  (  Robert ).  —  L'Académie  apprend  la 
perte  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  per- 
sonne de  M.   Roheri  Brown,  un  de  ses 
Associés  étrangers,  décédé  le  lojuin  i858.    Iis3 

—  Leitre  de  M.  Mmchison  à  M.  Élie  de  Beau- 

mont  sur  le  décès  du  savant  botaniste...    1187 
BROWN-SÉQUARD.  -  Un  des  prix  de  Phy- 
siologie expérientale  (  concours  de  1837) 
lui  est  accor.lé  pour  ses  recherches  sur  les 
propriétés  du  sang  artériel  et  sur  celles 

du  s.ing  veineux a8i 

BRUHNS  (Ch.).  —  Lettres  annonçant  la  dé- 
couverte, faite  à  Berlin,  de  deux  nouvelles 
comètes  (n  janvier  et  21   mai    i858),. 

•    ••• 140  et    993 

—  Le  prix  d'Astronomie  (  fondation  de  La- 

lande)  est  partagé  entre  MM.  Bruhns  et 
Goldschmidi  pour  leurs  découvertes  en 
astronomie  pendant  l'année  1S57 266 

BRUN.  —  Leitre  concernant  un  système  de 
son  invention  pour  prévenir  les  accidents 
sur  les  chemins  de  fer Sjj 

BRUN  ET.  —  Mémoire  ayant  pour  titre:  «Or- 
ganisation do  la  science  » 800 

—  <(  Formules  des  lois  générales  de  la  science 

universelle  » 845 

HRUSSAUT.  —  Lettre  accompagnant  un  Mé- 
moire lithographie  ayant  pour  titre  : 
<i  Nouveau  système  de  mobilité  mécani- 
que dit  circonvecteur  » 544 

BUCHBERG.  —  Lettre  concernant  une  précé- 
dente  Note  sur  une  définition   supposée 

nouvelle  de  la  ligne  droite 789 

BULARD.— Ses  études  sélénographiquessonl 
mises  par  M.  Fa^re  sous  les  yeux  de  l'A- 
cadémie         17 

—  iM.  Bulaid  fait  connaître  MM.  Bisson  frères 

comme  auteurs  des  photographies  faites 
d'après  ses  modèles  en  relief  de  la  lune..     377 

BURDEL.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Re- 
cherches sur  les  véritables  causes  de  l'im- 
paludation  » , jonj 

BUS.SY.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  com- 
munication de  M.  Péan  de  Saint-Gilles 
sur  les  propriétés  oxydantes  du  perman- 
ganate de  potasse,  et  le  dosage  de  plu- 
sieurs acides  minéraux 628 

—  M.  Bussy  présente  une  Note  de  M.  Roussin 

sur  une  nouvelle  classe  de  sels,  les  nitro- 

sulfures  doubles 224 

BUYS-BALLOT.  —  Sur  les  rapports  entre 
les  phénomènes  météorologiques  et  la  ro- 
tation solaire 1 338 


i3i3 


HM.  Pages. 

CADET. —  Traitement  du  choléra-morbus  au 
moyen  de  hautes  doses  de  laudanum  de 
Sydenham  administrées  coup  sur  coup.      49» 

CAHOUUS  (AuG.).  —  Recherches  sur  les 
corps  isomères.  Nouveaux  dérivés  de 
l'huile  de  girolle. ., 220 

—  Recherches  sur  les  acides  amidés io44 

CALIGN'ï(de).  — Expériences  sur  unenappe 

liquide  divergente   considérée    dans  ses 

rapports  avec  la  succion  des  vagues 4^ 

*-  Expériences  sur  le  mouvement  de  l'eau 
dans  les  coudes,  considéré  dans  ses  rap- 
ports avec  la  succion  des"  vagues  et  la 
constitution  géologique  des  vallées l43 

—  Expériences  sur  les  nappes  liquides  diver- 

gentes       537 

CALLAUD.  —  Lettre  concernant  ses  piles 
sans  diaphragme  et  leur  application  aux 
horloges  électriques 5tj8 

CAMERÈ.  —  Appareil  produisant  le  vide  par 

l'écoulement  d'un   liquide 782 

CANOUIL.  —  Note  surdes  allumettes  chimi- 
ques sans  phosphore  ni  poison 1268 

CARON.  — Sur  un  nouveau  mode  de  produc- 
tion à  l'état  cristallisé  d'un  certain  nom- 
bre d'espèces  chimiques  et  minéralogi- 
ques  (en  commun  avec  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville) 764 

CASTELNAU  (de).  —  Lettre  sur  la  constitu- 
tion géologique  de  quelques  cantons  voi- 
sins du  cap  de  Bonne-Espérance 56 

—  Rapport  à  M.  le  Ministre  des  Affaires  étran- 

gères sur  des  secousses  de  tremblement 

de  terre  ressenties  au  Cap 247 

CASTELNAU  (Ludovic  de).  —Sur  la  mou- 
che Tsétsé  de  l'Afrique  australe 984 

CASTROGIOVANNI  (l'adbé  J.).  —  Note  re- 
lative àla  résolution  des  équations  numé- 
riques du  1'  et  du  3*  degré 38 

—  Rapport    sur  ce    Mémoire  ;    Rapporteur 

M.  Duhamel ëG8 

CAUVY.  —  Note  sur  l'éducation  des  vers  à 

soie  et  sur  un  moyen  pour  combattre  la 

maladie  actuelle  do  ces  insectes iog5 

CAUVÏ.  —  Analyse  des  eaux  de   Sylvanès 

(Areyron) 1167 

CHACORNAC  — Note  surles  taches  solaires    364 

—  Kote  sur  le  groupe  de  taches  solaires  du 

l5  mars, ; 59a 

—  Note  sur  la  quatrième  livraison  de  son  At- 

las écliptique ^^5 

CHAMPOISEAU.  —  Note  sur  l'éducation  des 
vers  à  «oie  à  Fhilippopolts Sjg 


HH.  Pogn. 

CHANCEL.  —  De  l'emploi  des  hyposulfites 
dans  l'analyse;  application  à  lu  sépara- 
tion directe  du  fer  d'avec  l'alumine 987 

CH.4P0TEAU.  —  Lettre  concernant  certai- 
nes parties  de  plantes  précédemment 
adressées  par  lui 4^7 

CH  ARRIERE  réclame  l'invention  du  disposi- 
tlfqui  rend  certains  instruments  lilhdtri- 
teurs  propres  h  agir,  à  volonté,  par  pres- 
sion ou  par  percussion gS  J 

CHATIN  (Ad.).  —  De  la  diirusion  générale 
de  l'iode,  ou  de  l'existence  de  ce  corps 
dans  l'air,  dans  les  eaux,  dans  les  miné- 
raux et  les  corps  organisés Sgg 

—  Sur  les  caractères  anatomiques  des  rhîïo- 
"mes. .    730 

CHAUVEAU.  —  Mécanisme  et  théorie  géné- 
rale (les  murmures  vasculaires,  ou  bruits 
de  souffle,  d'après   l'expérimentation....     839 

—  Des  bruits  de  souffledans  les  anémies. . ..     Qii 
CHEVAL  (son  procédé  pour  le  transport  et  la 

conservation  des  boissons).  —  Lettre  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Com- 
merce invitant  l'Académie  h  lui  faire  con- 
naître le  jugement  qu'elle  a  porté  sur  ce 
procédé j38 

CHEVALIER.  —  Sur  les  maladies  qui  affec- 
tent les  ouvriers  employés  à  la  prépara- 
tion du  sulfate  de  quinine SgS 

CHEVREUL.  —  Rapport  sur  le  cohcours 
pour  les  prix  relatifs  aux  Arts  insalubres, 
concours  de  1 85^ 282 

—  M.  Chevrcul  met  sous  les  yeux  de  l'Acadé- 

mie de  nouveaux  proJuils  obtenus  par 
M.  Niepce  de  Saint  Victor,  d'un  genre 
particulier  d'action  photographique  qu'il 
a  précédemment  fait   connaître 3^9 

—  M.   Chefreul   est   nommé    Membre    de  la 

Commission  administrative  pour  l'année 
i858 i5 

—  Et  Membre  de  la  Commission  du  prix  dit 

dos  Arts  insalubres 108a 

CHICHKOFf  et  Rosisc.  —  Note  sur  l'action 
du  cyanhydrate  d'ammoniaque  sur  l'al- 
loxane ibi 

—  Note  sur  l'action  du  perchlornre  de  phos- 

phore sur  le  chlorure  de  benzoïle 367 

—  Réponse  h.  une    réclamation    élevée    par 

M.  Derthelot,  à  l'occasion  de  la  précé- 
dente Note 597 

CHRISTOFLE  présente  ,un  groupe  d'alumi- 
nium (ondu  et  ciselé ,  première  applica- 
tion du  nouTeau  métal  à  l'orfèvrerie  d'art.    378 


(  I 

CHURCHILL.  — Surletraitementde  la  phthi- 
sie  pulmonaire,  et  sur  l'action  physiolo- 
gique et  thérapeutique  des  hypophosphi- 
tes 1 042 

CLAPABLDE  et  Lacbman  partagent  avec 
M.  Lieberkuhn  le  grand  prix  des  Sciences 
physiques  (concours  de  1857)  pour  leurs 
travaux  sur  les  métamorphoses  et  la  re- 
production des  Infusoires 279 

—  Lettre  concernant  l'épigraphe  du  Mémoire 

qui  leur  a  fait  obtenir  ce  prix 497 

—  Les  deux  auteurs  demandent  et  obtiennent 

l'autorisation  de  reprendre  pour  un  temps 
les  planches  qui  accompagnent  ce  Mé- 
moire      68g 

CLAPEYRON.  —  Mémoire  sur  le  travail  des 
forces  élastiques  dans  un  corps  solide 
déformé  par  l'action  de  forces  extérieures     208 

—  M.  C/apc/'on  est  présentéparlaSectionde 

Mécanique  comme  l'un  des  candidats  pour 
Tiue  place  vacante 5^5 

—  M.  C/fl/^ejTonest  nomméMembre  de  l'Aca- 

démie, Section  de  Mécanique,  en  rem- 
placement de  M.  Cauchjr 564 

■—  M.  Clapexron  est  nommé,  en  remplacement 
de  fou  M.  Dufrénor,  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  des  pièces 
concernant  le  projet  de  percement  de 
l'isthme  de  Suez , 'j']'i 

—  M.    Clapeyron   est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  de  Mécanique 1187 

CLOEZ  (S.)-  —  Nouveau  mode  de  traitement 

du  speiss  et  du  kupfernickel 4' 

—  Observations  sur  la  composition  de  la  for- 

ménamine,  de  Tacéténamine  et  de  plu- 
sieurs autres  bases  analogues 344 

—  Faits  relatifs   aux  divers  états  du   soufre 

séparé  de  ses  combinaisons 485 

—  Ue  l'emploi   du  permanganate  de  potasse 

comme  agent  d'oxydation  pour  le  dosage 
du  soufre  de  la  poudre  et  en  général  des 
composés    sulfurés    (en     commun    avec 

M.    Guignct) II 10 

CLOQUET  présente,  au  nom  de  M.  Ganta,  un 

opuscule  sur  les  citernes i  '49 

—  M.  C/oçuef  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission des  prix  de  Médecine  et  de  (Chi- 
rurgie     1041 

COCHAUX.  —  Lettre  concernant  sa  Kote  sur 
un  moyen  de  remédier  à  certains  défauts 
des  soupapes  de  sûreté 4?^ 

COINZE.  —  Lettre  sur  sa  théorie  de  l'agri- 
culture  • 930 


3ï4) 


HH.  Pigci. 

COLIN.  —  Recherches  sur  les  fonctions  du 

système  lymphatique 685 

—  Note  sur  l'origine  du  sucre  du  chyle 1264 

COLLET.  —  Sur  un  usage  particulier  du  mi- 
roir plan  pour  observer  des  objets  placés 

à  l'horizon 108 

COLLONGUES.  —  Analyse  de  son  Mémoire 
sur  l'emploi  de  la  dynamoscopie  pour  la 

constatation  des  décès 1210 

COMBES.  —  Rapport  sur  le  torréfacteur 
de  M.  Rolland  (concours  pour  les  prix 
relatifs  aux  Arts  insalubres) 283 

—  M.  Combes  présente  un  Mémoire  de  M.  Du- 

puit  «  Sur  les  inondations  et  les  moyens 
proposés  pour  en  prévenir  le  retour  »...     pî') 

—  M.  Combes  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  de  Mécanique 1187 

COMMUNES  DE  MARSILL"Ï  (de).  —  Etudes 
des  principales  variétés  de  houille  con- 
sommées sur  le  marché  de  Paris  et  de  la 
France;  étude  sur  la  tourbe  (Rapport  sur 
ca  Mémoire  ;  Rapporteur  M.  Pelouie). . .  882 
COSSON  (t.).  —  Près  de  ee  rendre  en  Algé- 
rie pour  y  continuer  ses  explorations  bo- 
taniques, .M.Cojjonse  met  à  la  disposi- 
tion de  l'Académie  pour  les  recherches 
qu'elle  voudra  bien  confier  à  ses  soins. . .  SjS 
COSTE.  .—  Expériences  sur  l'élève  des  pois- 
sons       4-^' 

—  Faits  pour  servir  à  l'histoire  de  la  fécon- 

dation chez  les  Crustacés  (communica- 
tion d'observations  faites  au  Collège  de 
France  par  M.  Gerbe) 43' 

—  Note  sur  la  larve  des  langoustes 54? 

—  Reproduction  des    polypiers  marins  dans 

les  aquariums 7'° 

—  Rapport  sur  le  concours  pour  le  prix  de 

Physiologie  expérimentale  de  1857 279 

—  Rapport  sur  le  concours  pour  le  prix  Al- 

humbort  :   maintien     pour    iSSg    de    la 

question  proposée  pour    i856 3ii 

COUPER.  —  Recherches  sur  l'acide  salicyli- 


que  . 


1 107 

115- 


—  Note  sur  une  nouvelle  théorie  chimique. . 

COYTEUX.  —  Lettre  concernant  son  livre 
intitulé  :  n  Exposé  des  vrais  principes  de 
mathématiques  » 1071 

CURATEURS  DE  L'UNIVERSITÉ  DE 
LEYDE  (les) adressent,  au  nom  des  Uni- 
versités Néerlandaises  et  des  Athénées 
d'Amsterdam  et  de  Deventer,  un  exem- 
plaire de  leurs  n  Annales  'pour  l'année 
i853-i854  « "4« 


(  i3i5  ) 


DAMOUK  est  présenté  comme  l'un  des  can- 
didats pour  la  place  d'Académicien  libre 
vacanle  par  suite  du  décès  de  M.  Large- 

teau 81 5 

DAKIEL.  —  Note  sur  le  choléra-morbug. . . .     408 
UANNERY.  —  Un«  récompense  lui  est  accor- 
dée pour  sa  machine  à  débourrer  les  car- 
des (concours  pour  le  prix  dit  des  Arts 
insalubres) 282 

—  Indication  de  perfcclionnemcnts  apportés 

à  sa  débourreuse  mécanique  depuis  l'é- 
poque où  elle  a  été  l'objet  de  la  récom- 
pense mentionnée  ci-dessus 634 

D'ARCHIAC.  —  Note  accompagnant  la  pré- 
sentation d'un  exemplaire  de  son  VII'  vo- 
lume de  l'Histoire  des  progrès  de  la  géo- 
logie      38a 

—  Réponse  aux  remarques  faites  par  M.  ÉUe 

de  Beaumont  à  Toccasion  d'un  passage  de 
l'ouvrage  précité Sgî 

—  M.  d'Archiac  présente  l'extrait  d'une  Lettre 

de  M.  Leymeiic  sur  le  calcaire  à  dicérates 

des  Pyrénées 848 

—  Et  l'estrail  d'une  Lettre  de  M.  Shumard  à 

M.  de  Verncuil  sur  l'existence  de  la  faune 
ptrmienne  dans  l'Amérique  du  Nord  ; 
M.  d'Archiac  rappelle  à  cette  occasion  di- 
vers travaux  relatifs  au  système  permieii 
du  nouveau  monde 8g^ 

OACBREE.  —  Sur  les  dépAts  minéraux  for- 
més par  les  sources  thermales  de  Plom- 
bières avant  et  pendant  la  période  ac- 
tuelle      1086  et  laoi 

UAUSSE.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Preuves 
palpables  d'un  principe  important  et  nou- 
veau d'hydraulique,  signalé  à  l'Académie 
des  Sciences  le  i3  avril  1867  ». Sa" 

—  Question  des  inondations  ;  Note  IV«  :  Ex- 

cursions en  Suisse  et  en  Savoie •  •■   1187 

DAUSSY  fait  horomage  à  l'Académie  d'un 
exemplaire  de  sa  «  Table  des  princi- 
pales positions  géographiques  du  globe», 
table    extraite    de    la    Connaissance  des 

Temps  pour  l'année  1860 G67 

DA VAINE.  —  Recherches  sur  le  développe- 
ment et  la  propagation  du   trichocéphale 
de  l'homme  et  de  l'ascaride  lombricoïde.   I317 
DEBRAY  (H.).  —  Note  sur  la  cristallisation 

du  soufre  dans  le  sulfure  de  carbone...     âj6 

—  Recherches  sur  le  molybdène.    1098 

DECHEN  (dk)  est  présenté  par  la  Sociion  de 

Minéralogie  cl  Géologie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant     g^S 

C.R.,  1858,  i«»  Semestre.  (T.  XLVI.) 


UM.  P<!U. 

UEDÉ.  —  Produit  cristallin  présenté  comme 

l'aromcdes  caux-de-vie  de  la  Charente..     474 

DEGRAKD.  —  Expériences  relatives  à  la  por- 
tée de  la  lumière  rouge  et  de  la  lumière 
blanche  (en  commun  avec   M.  Rexnaud).     i35 

DEGOUSÉE  et  Laurekt.   —  Forage  artésien 

exécute  à  Naples 980 

DEJEAN.  —  Expériences  à  l'appui  de  sa  nou- 
velle théorie  del'écoulemcnt  des  liquides.     53i 

DELACHAUX.  —  Note  sur  un  nouveau  moyen 

de  régler  les  montres 49^ 

DELAFOND  et  BorRCDiCNO!!.  —  Un  prix  leur 
est  accordé  pour  leur  «  Traité  de  la  gale 
chez  les  animaux  domestiques  »  (con- 
cours pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  de  1857) 288 

—  Note  sur  le  sarcopte  du  lama 8i4 

—  ^l.  Delafond  annonce  avoir  découvert  sur 

un  mouton  napolitain  galeux  un  sarcopte 
différent  du  Sarcoptes  avis 1 169 

DELAHAÏE.  —  Lettre  concernant  une  pré- 
cédente communication  sur  l'application 
de  la  chromolithographie  à  la  représenta- 
tion des  objets  d'histoire  naturelle i5o 

DELAMAKCHE.  —  M.  Poaillet  présente  en 
sou  nom  dus  spécimens  de  deux  portions 
iJifTérenles  du  câble  destiné  à  établir  la 
communication  télégraphique  entre  l'A- 
frique et  la  Sardaigne 9J9 

DF.LANNEÏ  (Ou.).  —  Note  ayant  pourtitre  : 
<i  Essai  de  préservatif  contre  les  inonda- 
tions»      33 1 

DE  LA  PROVOSTAYE— Études  sur  le  ther- 
momultiplicateur ou  appareil  de  Nobili 
et  Mellon  i 768 

DE  LA  RIVE.  —  Influence  du  magnétisme 

sur  les  décharges  électriques 926 

—  M.  de  la  Rive  fait   bummage  du  III»  vo- 

lume de  son  Traité  de  l'électricité  et  en 

donne  une  an.ilyse a8 

DELATJNAY.  —  Nouvelle  théorie  du  mouve- 
ment de  la  lune 91a  et    gj3 

—  M.   Delaunay  est  nommé   Membre  de   la 

Commission  du  prix  d'Astronomie laSo 

UE  LA  VERGNE.  —  Théorie  du  soufrage  de 

la  vigne Il 3a 

DELENDA.  —  Fragment  d'un  ouvrage  sur  la 

locologie  hellénique çft 

—  «  Recherches  sur  la  convalescence  au  point 

de  vue  hellénique  » <}3o 

DELESSE.  —  Sur   le   métamorphisme  de* 

roches SBil 

DELFRAYSSÉ.  —  Mémoire  intitulé:  «  In- 

»7« 


(  i3 

HM.  Pages. 

fluence  des  météores  sur  les  êtres  orga- 
nisés. » 993 

DELLIEUX.  —  Sur  un  nouveau  système  de 

moteurs 7^3 

DEMARQUAY.  —  Sur  les  phénomènes  phy- 
siologiques et  chimiques  produits  par  les 
injections  d'air  et  de  différents  gaz  dans 
le  tissu  cellulaire  et  le  péritoine  (en 
commun  avec  M.  Leconte) 632 

DENIS.  —  Sur  un  fragment  de  lignite  trouvé 

dans  le  grès  bigarré 47^ 

DESPAQCIS  et  Didlon.  —  Lettre  accompa- 
gnant l'envoi  d'une  pierre  lithographique 
provenant  de  Lerrain  (Vosges) 4'4 

DESPRETZ.  —  M.  Despretz,  Vice-Président 
pendant  l'année  iSS;,  passeauifoneliou» 
de   Président • l3 

—  Remarques  à  l'occasion  d'un  passage  de  la 

Note  de  MM.  Wohlcr  et  H.  Sainte-Claire 
Deville,  concernant  l'action  de  l'azote  et 
de  ses  composés  oxydes  sur  le  bore 189 

—  M.  Vesprelz  communique  une  Lettre  de 

de  M.  Yolpïcelîisuv  quelques  obsfrvations 
électrométriques  et  électroscopiques.. ..     533 

—  M.  Despretz  présente,  au  nom  de  l'auleur 

M.  àa  iioncel,  un  volume  intitulé  ; 
«  Etudes  du  magnétisme  «t  do  l'éleelro- 
nagnétisme  au  point  de  vue  de  la  con- 
struction des  électro-aimants  i> i3g 

—  Et  au  nom  de  M.  Monestier-Savignat  un 

ouvrage  sur  les  phénomènes ,  l'aménage- 
ment et  la  législation  des  eaux  au  point 
de  vue  des  inondations i85 

—  M.  Despretz  présente  la  première  livraison 

du  Dictionnaire  biographique  publié  par 

M.  Po^gendorjf. 544 

—  M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  nn 

programme  du  Congrès  archéologique  de 
France  qui  se  tiendra  à  Cambrai,  et  une 
circulaire  concernant  la  prochaine  réu- 
nion des  médecins  et  naturalistes  alle- 
mands, qui  aura  lieu  à  Carlsruhe 1251 

•^  M.  Despretz  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  la  place  d'Aca- 
démicien, libre  vacante  par  suite  du  dé- 
cès de  M.  Largeteau 674 

D'ESTOCQUOIS.  —  Sur  l'équivalent  méca- 
nique de  la  chaleur 461 

DIDLON.  Voir  plus  haut  l'article  Despa^uis. 

DOCTEUR.  -^  Sur  un  moyen  supposé  propre 

à  préserver  des  .gelées  de  printemps  les 

arbres  fruitiers  en  fleurs. 907 

DOMEYKO  est  présenté  par  la  Section  do 
Minéralogie  et  Géologie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant  1 g48 


,6) 


UH.  Pages. 

DRION.  —  Note  sur  la  dilatabilité  des  liqui- 
des chauffés  à  des  températures  supé- 
rieures à  celle  de  leur  ébullition 1235 

—  Réaction  du  perchlorure  de  phosphore  sur 

l'essence  de  Gauhheria  procumbens  ;  re- 
marques   à    l'occasion    d'une    Note    de 

M.  Couper  sur  l'acide  salicylique 1238 

DDBOIS  (Ed.).  —  Sur  l'usage  de  la  formula 
d'interpolation  en  astronomie  et  naviga- 
tion    C85 

—  Sur  le  signal  donné  par  l'observatoire   à 

l'Ecole  Navale  de  Brest  pour  annoncer  la 
midi  moyen Il47 

DDCIIARTRE  (P.).  —  Recherches  eipérimen- 
tales  sur  les  rapports  des  piaules  avec 
la  rosée. 3o5 

DtJCOMMUN.  —  Mémoire  sur  les  habitudes 

du  kermès  delà  vigne. 3ig  et  1148 

DDDOUIT.  —  Mémoire  sur  les  volumes  et 

les  surfaces  de  la  sphère  et  du  cfine 1086 

DUrOSSÉ.  —  Des  différents  phénomènes 
physiologiques  nommés  voix  des  pois- 
sons      352 

—  Rapport    sur  ce  1  Mémoire;  Rapporteur 

M.  Duméril 610 

DtlFODR  (Léos.).  —  Anatomie,  physiologie 

et  histoire  naturelle  des  Galéodes 1247 

DUFRESNE  (H.).  —  Remarques  à  l'occasion 
d'une  Note  de  M.JV<*^/e,  concernant  la 
damasquinure  et  la  gravure  héliogra- 
phique      599 

DUHAMEL.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  l'abbé  Cttstrogiovanni,  relatif  à  la  réso- 
lution numérique'  des  équations  du  troi- 
sième degré ..<     C68 

DUMAS. —  Note  sur  les  équivalents  des  corps 

simples gSi 

—  M.  Dumas  communique  deux   Lettres   de 

M.  Pasteur,  concernant  la  fermentation 
alcoolique. '79*'    857 

—  Et  l'extrait  d'une  Lettre  de  M.  Lonisoudie 

sur  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  pour 

la  purification  de  l'huile  d'olive 108 

—  M.  Dumas  présente  une  Note  de  ^.Couper 

sur  une  nouvelle  théorie  chimique 11.67 

—  M.  Dumas  présente  une  carte  dressée  par 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Veville,  pour  servir 
à  l'intelligence  des  documents  relatifs  aux 
eaux  douces  de  la  France 1070 

—  M.  Dumas  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mis.sion  du  prix  dit  des  Arts  insalubres.  1802 
DUMÉRIL.  —  Sur  les  organes  des  sens  et  en 
particulier  sur  ceux  de  l'odorat,  du  goût 
et  de  l'ouïe  dans  les  poissons 867 

—  Rapport  sur   un   Mémoire  de  M.  Florent 

Prévost,  relatif  aux  aliments  des  oiseaux.     3a2 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Fabre, 


(  i3i 

MH.  P>get. 

ayant  pour  titre  :  «  Sur  l'hypermétamor- 
phose  et  les  mœurs  des  Mcloïiles  » 553 

DUMÉRIIj.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  do 

M.  Dufossà,  relatif  à  la  voix  des  poissons.     610 

—  M.  Duméril  fait  connaître  par  un  extrait 

un  Mémoire  de  M.  da  Galbert  sur  le  re- 
peuplement des  poissons  du  lac  du  Bour- 
get 1064 

—  Remarques  concernant  unoINotedo  M.  Du- 

commun  sur  la  maladie  de  la  vigne I25() 

—  M.    Duméril  est    nommé    Membre  de   la 

Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie lo/|J 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Bordiu I25 

DD  MOiSCEL,  —  Expériences  nouvelles  sur 

les    clectro-aimanls 11^5 

DUMORISSON.  —  Lettre  concernant  son 
Mémoire  sur  les  moyens  de  rendre  fixes 
et  indestructibles  les  points  de  repère  sur 

le  terrain -^54 

DDNGLAS.  —  Réclamation  de  priorité  eu 
faveur  de  feu  M.  Danger,  adressée  à  l'oc- 
casion de  la  présentation  rccente  par 
M.  Gairaud  d^une  machine  pneuiuatiqiie 

à   mercure C35 

DU  PETIT-THOUAUS  (l'Amikal).  —  Rap- 
port lur  un  Mémoire  de  M.  Trêve,  con- 
cernant un  moyen  proposé  pour  signaler 
l'instant  du  midi  moyen  dans  les  ports  et 
servir  ainsi  à  régler  la  marclie  des  chro- 
nomètres     . .   1204 


7) 

HH.  PagH. 

—  i/i.du  PeiU-Thouars  est  nommé  Membre  da 

la  Commission  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  la  place  d'Acadé- 
micien libre  vacante  pur  tuile  du  décès 

de  M.'  Largeleau 6^4 

DUPIN  (Ch.).  —  Considérations  sur  les  pro- 
grès des  Arts  mécaniques,  au  sujet  du 
Rapport  de  M.  Poncelel,  faisant  partie 
des  travaux  de  la  Commission  française 
pour  l'exposition  universelle  de  i85i...      i53 

—  Force  productive  des  nations,  de  lijoo  i 

iS^i.. 379 

—  Rapport  sur  le  concours  pour  le  prix  con- 

cernant l'application  de  la  vapeur  à  la 
marine  militaire '  3o3 

—  M.  Ch.  Dupin  présente,  au  nom  de  M.  Fer- 

dinand de  Lesseps,  le  journal  nautique  de 
M.  le  capitaine  Philigret  sur  la  baie  de 
Péluse  dans  l'hiverde  1857 536 

—  Second  Rapport  sur  le  canal  maritime  de 

Suez,  entre  la  mer  Rouge  et  la  Méditer- 
ranée      830 

—  M.  Ch.  Dupin  est  nommé  Membre  do  la 

Commission  du  prix  do  Statistique 796 

DXJPUIT.  —  Un  exemplaire  de  son  travail 
sur    les    inondations    est    présenté    par 

M.  Combes] 935 

DUVAL.  —  Description  et  figure  d'un  nou- 
vel instrument  de  chirurgie,  l'écraseur  i 
levier io56 


EDWARDS  (MiLNE).  — Rapport  sur  un  tra- 
vail de  M.  Hesse,  relatif  aux  métamor- 
phoses des  Aocécs  et  des  Calices  ia56 

—  A    l'occasion    d'une    communication     do 

M.  Coste  sur  la  reproduction  de  polypiers 
marins  dans  les  aquariums,  M.  ililne 
Edwards  rappelle  qu'il  a  eu  l'occasion 
d'entretenir,  il  y  a  environ  vingt  ans, 
l'Académie  d'une  observation  semblable 
faite  par  lui  et  par  M.  Nardniann 711 

—  M.  ililne  Edwards  présente  .t  l'Académie 

la  première  partie  du  111°  volume  de  ses 
«  Leçons  sur  la  physiologie  et  l'anatomiô 
comparée  de  l'homme  et  des  animaux  ».  4^^ 
■ —  Rapport  sur  la  question  proposée  pour  le 
grand  prix  de  Sciences  naturelles  de  i85g 
(  r6le  des  spermatozoïdes  dans  la  féconda- 
tion)      3o7 

—  M.  Slilne  Edwards  est  nomme  Membre  de 

la  Commission  cliargée  de  proposer  la 
question  pour  le  grand  prix  de  Sciences 
naturelles  de  i85g 134 


M.  mine  Edwards  est  nommé  Membre  de 

la  Commission  du  prix  Bor<fin ia5 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale Il3l 

ÉLIE  DE  BEAUMOiNT  communique  une 
Lettre  de  Sir  Roderick  Murchison,  con- 
cernant la  perte  que  vient  de  faire  l'A- 
cadémie dans  la  personne  d'un  de  ses  huit 
Associés  étrangers,  M.  Roh.  Brown 11 87 

—  Rapport  sur  le  concours  pour  le  ;7;i>  Bor- 

dm  (question  concernant  le  métamor- 
phisme des  roches) 3i3 

—  A  l'occasion  d'une  Lettre  de  M.  Luther  sur 

les  noms  donnés  aux  planètes  découvertes 
le  i5  septembre  et  le  4  octobre  i857, 
M.  Elle  de  lieaumont  propose  le  nom  de 
Boris  pour  la  48*  planète  découverte  par 
M.  Goldschmidt  dans  la  nuit  du  19  au 
20  octobre;  ia  49S  découverte  dans  la 
même   nuit    par    le    mémo   astronome, 

ayant  déjà  reçu  le  nom  de  Paies 56 

.—  A  l'occasion  d'une  Lettre  de  M.  <fe  Ver- 

171.. 


(  '3 

ntuil  sur  les  changenisnts  qui  se  »ont 
opérés  depuis  |854  dans  le  plateau  supé- 
rieur du  Vésuve,  M.  Ê/ie  de  Beaumont 
rappelle     d'autres    changements    d'une 

époque  antérieure 1 18 

ÉLIE  DE  BEAUMONT.  —Remarques  à  l'oc- 
casion d'une  communication  de  M.  Ley- 
merie  sur  quelques  points  de  la  géologie 
des  régions  pyrénéennes '43 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  B.C.  Soiir,  sur  le  modo  de 
consolidation  du   granité  tt  de  plusieurs 

tnlres  roches '49 

Remarques  à  l'occasion  d'un  passage  du 

Vil»  yolume   de   l'Histoire  des   progrès 

de  la  géologie  par  M.  d'Archiac 3go 

—  Remarques   sur  la  parfaite  ressemblance 

entre  \e  Pecten  rapporté  par  M.  Barthe 
des  côtes  occidentales  de  l'Asie  et  celui 
qu'on  trouve  à  l'état  fossile  dans  les  dépôts 
tertiaires  supérieurs  de  l'Asté4an,du  Plan 
d'Aren,  de  Cornelo,  de  Syracuse  et  d'au- 
tres points  du  littoral  de  la  Méditerranée.     76a 

—  A.     l'occasion    d'une   communication    de 

M.  Hugard,  sur  nne  dolomie  de  la  ral- 
lée  de  Binn ,  M.  Élie  de  Beaumont  an- 
nonce que  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville 
est  dans  l'intention  de  présenter  à  l'Aca- 
démie un  travail  sur  ce  sujet,  dont  il  a 
traité  cette  année  dans  un  cours  au 
Collège  do  France nG4 

—  M.  Élie  de  Beaumont  appelle  l'attention  de 

l'Académie  sur  divers  échantillons  d'a- 
malgames d'argent  natifs,  adressés  du 
Chili  par  M.  Domerko,  et  se  rapportant 

i  son  précédent   Mémoire 636 

M.  Èlie  de  Beaumont  met  sous  les  yeu  J  de 

l'Académie  plusieurs  fossiles  caractéris- 
tiques d'une  formation  géologique  qu'a  ou 
récemment  occasion  d'observer  en  Cala- 
brc  M .  Ueissonnier 89a 

—  A  la  suite  d'une  communication  de 
M.  Meissonnicr  sur  un  gisement  de  li- 
gnite dans  le  territoire  de  Canidoni  (Ca- 
labrc) ,  M.  Élie  de  Beaumont  appelle  l'at- 
tention sur  un  ouvrage  imprime,  de  M.  C. 
Montagna,  également  relatif  au  terrain 
carbonifère  de  la  Culabre iot;3 

—  M.  Biot  ayant  offert  au  nom  des  héritiers 

de  t&.dePronjr  un  excmplairedo»  grandes 
Tables  logarithmiques  et  trigonométri- 
ques  calculées  au  Hureau  du  Cadastre, 
sous  la  direction  du  savant  ingénieur, 
M.  Élie  de  Beaumont  exprime  le  voeu  que 
ces  Tables  toient  imprimées gii, 

—  M.  Élie  de  Beaumont  présente  au  nom  de 

M.  de  Humboldt  uo  nouveau  volume  du 
Comoi 16 


18    ) 


■m.  f'v*- 

—  .4u  nom    de  M.  de   la  Rive,  un    nouveau 

volume  du  «Traité d'électricité  théorique 

et  a|>pliquce  w 18 

—  Et  au  nom  de  M.  tiurchison  ^  un    opuscule 

sur  les  roches  siluriennes  de  Norwége  et 
leurs  fossiles jjj 

—  M.  Élie  de  Beaumont  donne,    d'après   sa 

correspondance  privée,  des  extraits  de 
Lettres  adressées  par  les  .luteurs  dont  les 
noms  suivent,  disposés  par  ordre  alpha- 
bétique : 

—  M.  Bouc  ;  Tremblements  de  terre  ressen- 

tis en  Illyrie  et  en  Carinthie,  vers  la  fin 

do  décembre  1857 i5o 

—  M.  deCastelnau  :  Géologie  des  environs  du 

cap  de  Bonne-Espérance 56 

—  M.  Goldschmidt  :  Découverte  de  la  5'i*  pe- 

tite planète 3G3 

—  M.  Jackson  :   Matière  saccharine  du  sor- 

ghum.  —  Gisements  de  plomb  argentifère 
et  mines  d'or  dans  la  Caroline  du  Nord, 
mil»)  de  cuivre  en  Virginie...    .      55  et     254  ■ 

—  M.   Lamont  :  Carte  magnétique  de  l'Eu- 

rope; détcrmin.'ilion  des  constantes  ma» 
gnétiques  dans  le  midi  de  la  France  et 
de  l'Espagne 648 

—  M.  Leymciie   -Sur  quelques   points  de  la 

géologie  des  régions  pyrénéennes.  —  Ter- 
rains de  transition  de  la  vallée  de  la  Pique. 
I 40  et    636 

—  M.  Luther  :  Noms  donnés  aux  deux  petites 

planètes  découvertes  le  |5  septembre  ut 
le  4  octobre  iSS^.  —  Découverte  d'une 
nouvelle  planète  (53*)  le  4  avril  i858.  — 
Observation  de  cette  planète.     56,  74^  <'    8(3 

—  M.  Martins  :  Distribution    de»   pluies   en 

France  pendant  l'année  1857 1002 

—  M.  Petit  :  Observations  faites  à  Toulouse 

de  la  11"  comète  de  1857 608 

—  M.  Rouville  :  Présence  du  mercure  dans  le 

sous-sol  de  Montpellier 5l 

~  Le  P.  5fccAi  ;  Dessin  d'une  tache  solaire; 
images  photographiques  de  la  lune  et  de 
Saturne.  —  Essai  de  différents  micro- 
mètre»      793  et  107g 

—  M.  Simonin  :  Lignites  de  Monte-Bamboli..     643 

—  M.  Sorbj'  :  Mode  de  consolidation  du  gra- 

nité et  de  plusieurs  autres  roches 146 

—  M.  Vah  :  Découverte  de  la  5i"  petite  pla- 

nète faite  à  Nîmes  le  5  octobre.  —  Elé- 
ments de  celte  planète 189  et    607 

—  M.  Yique.snel  :  Observations  hypsomé- 
triques  et  observations  de  magnétisme 
terrestre  en  Turquie  et  en  Grèce;  déter- 
mination géographique  de  certaine»  sta- 
tions      8i3 

—  M.  ZonieiifJcAi  ••  Recherches  d'acoustique.   U26 


(  ' 

ir.  Pages. 

■  M.  Élie  de  Bétiumont  met  aou3  les  yeux  de 
l'Académie  une  coupo  géologique  des 
couches  traversées  par  la  sonde  dans  un 
forage  artésien  exécuté  à  Naples  par 
MM.  Uegousée  et  Laurent 9S3 

-  M.  Èlie  de  Iteaumont  présente  un  Mémoire 
de  M.  Bourgois  sur  la  résistance  do  l'e.iu 
au  mouvement  des  corps  et  particulière- 
ment des  biiliments  de  mer,  et  donne  ,  ^ 
par  un  eilrait  de  la  Lettre  d'envoi,  une 

idée  de  cette  publication i38 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom 
de  l'auteur,  M.  Despreg,  une  «  Statis- 
tique des  coups  de  foudre  qui  ont  frappé 
des  paratonnerre»  ou  des  édifices  et  des 

navires  armés  de  ces  appareils  » ^{4 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  encore 
parmi  les  ouvrages  déposés  sur  lu  bureau 
dans  diverses  séances ,  les  pièces  sui- 
vantes : 
Quatre  livraisons  du  Bulletin  de  U  Société 
impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  et 
un  ouvrage  de  M.  Atlard,  ayant  pour 
titre  :  «  Mission   dans  la  Tartarie  Do- 

broulch.i  » 39 

Trois  Notes  sur  des  questions  d'acousti- 
que, par  M.  le  professeur  Zantedeschi,  et 
plusieurs  cartes  offertes  par  M.  lo  capi- 
taine l'âge,  de  la  marine  des  Etats-Unis.  iSg 
Deux  volumes  adressés  par  M.  Démidaff, 
contenant,  l'un,  les  observations  météo- 
rologiques faites  h  Nijno-Taguilsk  pen- 


3i9) 


""■  P.get 

dant  l'année  1 855  avec  le  résumé  des  dix 
années  précédentes  ;  l'autre,  dos  obser- 
vations faites  pendant  l'année  i856..... 

—  Deux  volumes  de  M.  Agassit  sur  l'histoire 

naturelle  des  Etals-Unis  d'Amérique... 

—  Le  VIH*  volume  des  «  Éludes  sur  la  Géo- 

graphie botanique  de  l'Europe  »,  par 
M.  H.  Lecoq 

—  Deux   Mémoires  do  M.  Plana  et  un  Mé- 

moire de  M.  Plateau 5i8  et 

—  Dne  description  topographique  et  géolo- 

gique de  la  province  d'Aconcagua  par 
M.  Pissis,  et  trois  nouveaux  fascicules  du 
travail  de  M.  Zantedeschi  sur  les  phéno- 
mènes acoustiques ,*. 

—  Un  Mémoire  de  M.,Calullo  sur  les  polypiers 

fossiles  de  la  Vénétie,  avec  un  aperçu  des 
travaux  de  ce  naturaliste.  —  Et  un  Mé- 
moire de  M.  Zurria  sur  la  diffraction  de 
la  lumière 892  et 

—  Un  ouvrage  de  Paléontologie  de  M.  Her- 

mann  de  Meyer 

—  Un  Manuel  de  la  Navigation  dans  le  dé- 

troit de  Gibraltar,  par  MM.  de  Kcrhallet 
et  Vincendon  -  Dumoulin^  et  une  Note  de 
M.  Yaughan,  concernant  diverses  ques- 
tions d'astronomie 

—  M.  Èlie  de  Beaumont  est  nommé  Membre 

de  la  Commission  chargée  de  présenter 
une  liste  de  candidats  pour  la  place  d'A- 
cadémicien libre  vacante  par  suite  du  dé-  ' 
ces  de  M.  Largeteau. . , 674 


457 


635 


8<)^ 


1070 


F 


FABBRONI.  — Lettre  concernant  les  travaux 
de  son  père  sur  la  transformation  des  aci- 
des en  alcools 8i5 

FABRE  (J.-P.-A.).  —  Analyse  de  son  ouvrage 

sur  le  goitre  et  le  crétinisme , ..     184 

FABRE,  d'Avigsox— Mémoire  sur  l'hypermé- 

tamorphoso  et  les  mœurs  des  Méloïdes..    44^ 

—  Rapport    sur    ce    Mémoire;    Rapporteur 

M.  Duméril 553 

FABRÉ.  —  Mémoire  sur  la  résistance  des 

corps  fibreux 624 

FAURE.  —  Recherches  sur  le  chloroforme 

et  l'asphyxie 633 

FAVRE.  —  Recherches  sur  les  courants  hy- 
dro-électriques      658 

Recherches  sur  l'équivalent  mécanique  de 

la  chaleur .' 337 

FAÏE.  —  Sur  les  travaux  sélénographiqaes 
de  M.  Bulard  et  sur  la  formation  des 
cirques  lunaires 17 


.  F AYE.  —  Sur  la  parallaxe  du  soleil  et  sur  les 

éclipses  de  l'année  courante.. i65 

>—  Indications  soumises   aux    photographes, 

relativement  à  l'éclipso  du  lâmars 479 

—  Observations  photographiques  de  l'écIipse 

faites  avec  la  grande  lunette  de  M.  l'orro.    507 

—  Sur  les  photographies  de  l'éclipsé  du  i5 

mars,  présentées  par  MM. Porro  et  QuincI,     703 
FERNET.  —  Recherches  sur  l'absorption  et 
le  dégagement  des  gaz  par  les  dissolu- 
tions salines  et  par  le  sang 620 

—  Du  rôle  des  principaux  éléments  du  sang 

dans  l'absorption  ou  le  dégagement  des 

gaz  de  la  respiration 674 

FILLON  (B.).  —  Lettres  sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux du  géomètre  français  François  Viite  : 
Projet  d'un  monument  à  élever  à  sa  mé- 
moire      57  et    4'7 

—  Rapport  de  la  Section  de  Géométrie  sur  le 

projet  mentionné  dans  ces  Lettres 73g 


(  I 

MH.  ?•(«. 

FLODRENS.— Élogehisloriquede  M.  Magen» 
die,  lu  dans  la  séance  publique  du  b  fé- 
vrier  i858 3l8 

M.  Flourens  fail  hommage  à  l'Académie  d'un 

eiemplaire  de  cet  Eloge 38a 

—  Note  sur  li»  circulation  nerveuse 5o3 

—  M.  Flourens  fail   liommage  &  l'Académie 

d'un  cjemplaired'un  ouvrage  qu'il  vient 
de  publier  sous  co  titre  :  «  De  la  vie  et  de 
l'intelligence  » i6 

—  M.  Flourens  fait  liommage  à  l'Académie 

d'un  exemplaire  de  la  3"  édition  do  son 

«  Histoire  des  travaux  de  Cuvier  j) 88i 

—  M.  F'oureoj  annonce,  d'après  une  nouvelle 

parvenue  à  M.  Duperrey,  la  perte  que 
vient  de  faire  l'Académie  dans  la  personne 
*  de  M.  Lotiin,  un  de  ses  Correspondants 
pour  la  Section  de  Géographie  et  de  Na- 
vigation, décédé  à  Versailles  le  18  fé- 
vrieri858 398 

—  M.  F/ourfnjannonce,  d'après  une  nouvelle 

reçue  par  M.  Yalenciennês,  la  perte  que 
vient  de  faire  l'Académie  dans  la  per- 
sonne de  M.  Temminck,  un  de  ses  Corres- 
pondants pour  la  Section  d'Anatomie  et 
de  Zoologie,  décédé  à  Leyde  le  G  février 
dernier 43> 

—  M.  Flourens  annonce  à  l'Académie  la  perte 

qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de 

M.  /.  Huiler,  l'un  de  ses  Correspondants.     gSl 

—  M.  Flourens  fait   hommage,  au  nom  des 

traducteurs  MM.  ilaitini  et  de  Luca, 
d'un  exemplaire  de  l'édition  italienne  da 
son  «  Histoire  de  la  découverte  de  la 
circulation  du  sang  » 668 

—  M.  Flourens  présente,  au  nom  de  MM.  Gide 

et  Barrai,  deux  nouveaux  volumes  des 
Couvres  de  F.  Arago 184  et  ii^t' 

—  Au  nom  de  M.  Owen  :  i^Ies  six  premières 

livraisons  de  «  l'Histoire  des  reptiles  fos- 
siles de  la  Grande-Bretagne  »  ;  1°  une 
a  Dcbcription  des  membranes  foetales  et 
du  pLicenta  de  l'éléphant  indien,  avec  des 
remarques  sur  la  valeur  des  caractères 
placentaires    pour    la    classification    des 

Mammifères» 764  et  ia54 

— .  Au  nom   du  Bureau  des  Longitudes,    un 
•  exemplaire  de  la  Connaissance  des  Temps 
pour  Tannce  iS6a 36a 

—  Au  nom  de  M.  A.  Retzius,  un  opuscule  in- 

titulé :  «Coup  d'œil  sur  l'état  actuel  de 
l'ethnologie  en  ce  qui  concerne  la  forme 
osseuse  du  cerveau  ».  58g 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la   correspon- 
.<      dattce  : 
'\2^  X3n  Mémoire  de  M.  Didion  sur  le  calcul 


820   ) 


des  probabilités  appliqué  antir  des  pro- 
jectiles      i85 

—  Un  opuscule  italien  de  M.  Tigri  «  Sur  les 

granulations  graisseuses  comme  élément 
morphologique  des  capsules  surrénales  ».     655 

—  Une  Note  de  M.  Namias  sur  la  maladie 

bronzée  ou  maladie  d'Addison 846 

—  Une  Noie  do  M.  N.  loly  sur  le  soufrage 
.appliqué  aux  vers  à  soie  atteints  de  gat- 

tine  et  de  muscardine "49 

—  Un  ouvrage  sur  le  climat  de  la  Russie,  par 

M.  Vesseloi'ski*,  et  deux  Mémoires  de 
U.  Harting,  l'un  sur  un  diamant  conte- 
nant des  cristaux  dans  son  intérieur, 
l'autre  sur  les  corpuscules  sanguins  da 
Crjrptobrajichus  Japonicus 197a 

—  M.   Flourens  est   nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  do  proposer  la  ques- 
tion pour  le  grand  prix  de  Sciences  na- 
turelles de  i85() ia4 

—  Membre    de   la    Commission   chargée  de 

présenter  une  liste  de  candidats  pour  la 
place  d'Académicien  libre  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Largeteau 6^4 

—  Uembre  de  la  Commission  du  prix  Bordin.     isS 

—  De  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et 

de  Chirurgie 1041 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale xi3i 

FONSSAGRl  VES.  —  Une  mention  honorable 
lui  est  accordée  pour  son  «  Traité  d'hy- 
giène navale»  (concours  pour  les  prix  de 
Médecinectde  Chirurgiede  1857).    a83et    4°9 

FONÏAiN.  —  Sur  des  dents  humaines  et  des 
ustensiles  trouvés  dans  les  cavernes  à  os- 
sements de  Massât  (  Arii-ge) goo 

FORGET.  —  Des  maladies  dentaires  et  de 
leur  influence  sur  la  production  des  ma- 
ladies des  os  maxillaires 633 

FOUCAULT  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
le  comprendre  dans  le  nombre  des  can- 
didats pour  une  place  vacante  dans  la  Sec- 
tion de  Mécanique 408 

FOURNET  (J.).  —  Note  sur  les  lignites  col- 
lants de  Manosque  (Basses-Alpes) ig'j 

FOURNEYRON.  —  Remarques  à  l'occasion 
d'une  Note  de  M.  de  PoUj^nac,  intitulée  : 
«  Transmission  du  mouvement  à  grande 
distance  au  moyen  de  l'eau  » 465 

FOY  (F.).  —  Des  liquides  et  des  solides  dans 

les  fièvres  continues i^g^ 

FRANCQ  (F.  DE).  —  De  la  formation  et  de 
la  répartition  des  reliefs  terrestres  (Sys- 
tèmes de  montagnes  de  l'Europe  occiden- 
tale)      5a3 

FREYSS  —  Sur  la  marche  générale  des  fran- 
ges dans  les  lames  minces  de  quartz  et  de 


(  i3ai  ) 


PagM. 

8path,  taillées  sous  an«  inclinaison  quel- 
conque à  Taxe  optique  (en  commun  avec 
M.  Schlagdenhaujfen) Il35 


MU.  PâgM. 

FRIEDEL.  —  Transformation  de  l'acide  acé- 
tique en  alcool  méthylique n65 

FURNERIE.  —  Description  d'un  nouveau  sys- 
tème de  balance 3^7 


GAGNAGE Note  sur  la  préparation  d'un 

engrais  qui  doit  être  plus  actif  que  la 
poudrette a53 

—  Assolement  (jénéral  des  terres  incultes  de 

laFrance 588  et  lo56 

GAIRAUD  (A.).  —  Machine  pneumatique  à 
mercure,  fonctionnant  sans  pistons  ni 
soupapes 528 

GALBERT  (de).  — Sur  le  repeuplement  des 

poissons  du  lac  du  Bourget,  en  Savoie. . .  1064 

GALLAY.  —  Cadran  d'horloge  donnant,  au 
moyen  d'une  seule  aiguille,  l'heure  des 
principales  stations  d'un  chemin  de  fer..     4^ 

GALLO.  —  Note  intitulée  :  Théorie  antago- 
niste d'attraction  etderépulsion.    947  ^'  '"Ji 

GAUDIN.  —  Sur  la  configuration  géométri- 
que des  espaces  stellaires 783 

GAUDIN  DE  LA  COFFINIÉRE.  —  Sur  le 

traitement  du  choléra-raorbus ...     aig 

GAÏ.  —  Note  accompagnant  la  présentation 
des  dernières  parties  de  son«  Histoire  du 
Chili   ». 433 

—  Rapport  verbal  sur  un  Mémoire  de  M.  A. 

PiHij,  intitule  :  a  Dcscripcion  topografica 

y  jeolojicadela  provinciade  Aconcagna.  »  io34 

GENIN.  —  Sur  des  signes  qui  permettraient 
de  reconnaître  à  la  vue  les  œufs  de  poule 
qui  doivent  donner  des  mâles 53a 

GEOFFROY-SAINT-  HILAIRE,  Président 
pendant  l'année  1857,  rend  compte  à  l'A- 
cadémie de  l'état  où  se  trouve  l'impres- 
sion des  Recueils  qu'elle  publie |3 

.—  Note  sur  la  naissance  d'un  jeune  hippopo- 
tame qui  a  eu  lieu  à  la  ménagerie  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle,  le  10  mai  i858.     879 

—  Sur  des  dents  humaines  et  des  ustensiles 

très-anciens  de  l'industrie  humaine  trou- 
vés dans  les  cavernes  à  ossements  de  Mas- 
sât (Ariége).  Extrait  d'une  Lettre  da 
M.  Fonlan goo 

—  A    l'occasion    d'une   communication     de 

M.  Bernis  sur  le  troupeau  algérien  de 
chèvres  d'Angora,  M.  Geoffror-Saint-Hi- 
laire  présente  des  remarques  sur  les  chè- 
vres d'Angora  que  possède  la  Société 
d'Acclimatation I063 

—  Remarques  à  l'occasion  d'un*  communi- 

cation de  M.  Hardy  sur  l'incubation  des 


autruches  à  la  pépinière  centrale  du  gou- 
vernement à  Alger 1375 

—  A   l'occasion    d'une    communication    de 

M.  Texier  sur  l'antique  emploi  du  cha- 
meau comme  bète  de  trait ,  M.  Geojfror- 
Saint-tlilaire  rappelle  qu'au  Muséum 
d'histoire  naturelle  on  a  longtemps  em- 
ployé au  manège  d'une  pompe  des  cha- 
meaux de  l'une  et  de  l'autre  espèce 1354 

—  M.  Geoffroy -Saint-Hilaiie  fait  hommage  à 

l'Académie  d'un  exemplaire  de  son  Mé- 
moire sur  le  Gorille  Gina ll3o 

—  M.    Geoffroy  -Saiiit-Hilaire    est     nommé 

Membrede  la  Commission  chargée  de  pro- 
poser la  question  pour  le  grand  prix  da 
Sciences  naturelles  de  iSSq 134 

—  Membrede  la  Commission  du  prix  Bordin.     125 
GÉRARD.  —  Note  ayant  pour  titre  :  «  Lu- 
mière électrique  par  radiation  a 1370 

GERHAUDT  (feuCb.).—  Le  prix  Jccker  lui 
est  décerné  pour  les  travaux  dont  il  a  en- 
richi la  chimie  organique agS 

—  Lettre  de  remercîmcnts  adressiie  à  ce  su- 

jet à  l'Académie  par  M™'  veuve  Gerhardt.     599 

GIGOU.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  de 
deux  Mémoires  imprimes  sur  l'albumi- 
nurie  1. 498 

GILLET.  —  Observations  sur  la  contagion 

chez  les  animaux  domestiques 1097 

GIRALDES.—  Existence  fréquente  de  kystes 
dans  l'épididyme  au  moment  de  la  nais- 
sance; existenue  dans  le  cordon  sperma- 
tique  d'un   organe  non  encore  signalé..     633 

GIRAOD-TEDLON.  —  Analyse  d'un  ouvrage 
sur  la  mécanique  animale,  présenté  au 
concours  Montyon 98 

GOLDSCHMIDT.  —  Une  des  médailles  de 
la  fondation  de  Lalande  lui  est  décernée 
pour  ses  découvertes  en  astronomie  du- 
ran  t  l'année  1 867 ,  ï66 

—  Découverte  de  la  .52»  petite  planète 363 

—  Observation  de  la  planète  (Sa) 497 

GRASSET.  —  Sur  les  eaux  minérales  de  Bon- 

donneau  (DrOme) l8a 

GUÉtlN.  —  Mémoire   intitulé  :  «  Nouvelle 

théorie  de  l'intelligence  humaine  m 1370 

GUÉRIN.  —  Sur  la  fièvre  puerpérale.  (Note 

contenue  dans  un  paquet  cacheté  déposé 

le  3o  mars  i84€.) "'9 

V  '     . . 


GUÉRIN  -  MÉNEVILLE  (F.-E.).  -  Note 
ayant  pour  titre  :  a  Moyens  prjtiqiies  et 
rationnels  de  restaurer  la  graine  des  vers 
à  soie  » 

—  Nouvelles  observations  sur  le  caraclère 
chimique  des  maladies  des  vers  à  soie. . 

GUIBAL  (  J.).  —  Réclamation  de  priorité  à 
l'occasion  d'un  Mémoire  de  M.  de  l'oli- 
^âc/sur'la  transmission  du  mouvement  à 
de  grandes  distances  au  moyen  de  l'eau. 

GDIBOURT.  —  Notice  sur  une  matière  phar- 
maceutique nommée  le  iréhalu,  produite 
par  un  insecte  de  la  famille  des  Charan- 
çons  

GUIET.  —  Sur  un  aspect  insolite  du  ciel 
observe  àMontfort  (Sarlhc)dans  la  soi- 
rée du  7  juin 


(    1 

Pag«». 
1093 

iii3 
1170 


32a   ) 


"«•  P.JM. 

GUIGNET.  —  De  l'emploi  du  permanganate 
de  potasse  comme  agent  d'oxydation  pour 
le  dosage  du  soufre  de  la  poudre  et  eo 
général  des  composés  sulfurés  (en  com- 
mun avec  M.  Cloës ). . . , 1 1 10 

GUILLOT  (NataiisI.  —  Recherches  sur  le 

développement  des  dents 613 

GUÏOT.  —  Mémoire  sur  une  nouvelle  con- 
struction de  la  machine  pneumatique. . .     896 

GUYON. —  Peintures  faites  à  Lisbonne  do 
personnes  atteintes  de  la  fièvre  jaune  et 
qui  les  représentent  peu  avant  ou  peu 
après  leur  mort. .  .0 119 

—  Note  sur    un  tremblement  de  terre  ros- 

seuti  en  Algérie  le  2  et  le  lo  mars  |S58. .     5i5 


H 


HARDY.  —  Lettre  &  M.  de  Quatrefages  sur 
les  éducations  de  vers  &  soie  en  Algérie 
en  1857 5a2 

—  Note  sur  l'incubation   des  autruches  à  la 

pépinière   centrale   du    gouvernement   à 

Alger 1272 

HATON  DE  LA  GOCFILLIÉRE  (J.-N).  — 
Mémoire  sur  une  théorie  nouvelle  de  la 
géométrie  des  masses 93 

—  Sur  les  centres  successifs  de  courbure  des 

lignes  planes glo  et    979 

HACT  SAINT-AMOUR.  —  Hecherclies  sur 
les  vraies  causes  des  phénomènes  baromé- 
triques     ...     9.35  et  1 170 

HERMANN  DE  MEYER Lettre  annonçant 

l'envoi  d'un  nouvel  ouvrage  de  paléonto- 
logie. Détails  sur  l'Archegosanrus 664 

HERMITE.  —  Sur  quelques  formules  relati- 
ves à  la  transformation  des  fonctions  el- 
liptiques      iji 

—  Sur   la  résolution  de  l'équation  du  cin- 

quième degré 5o8 

—  Sur  la  résolution   de  l'équation  du   qua- 

trièm«  degré 7 1 5 

—  Sur  quelques  théorèmes  d'algèbre  et  la  ré- 

solution de  l'équation  du  quatrième  de- 

eré 961 

—  M.  Hermite   communique  une  Lettre  de 

M.  Kronecker  sur  la  résolution  de  l'équa- 
tion du  cinquième  degré 1 1  jo 

HERl'IN  (J.  H  j.  —  Note  sur  l'emploi  du  gai 

carbonique  comme  agent  anestliésique. ,     5di 

HERRER.A  adresse,  au  nom  de  l'institut  mé- 
dical de  Valence,  un  compte  rendu  du 
diz-buitième  anniversaire  de  la  fondation 
de  ce  corps  savant 846 


HERVY.  —  Note  sur  l'emploi  de  l'air  comme 

force  motrice 4'7 

HESSE.  —  Recherches  sur  les  Pranizes  et  les 

Ancées 66S 

—  Note  sur  les  moyens  à  l'aide  desquels  cer- 

tains Crustacés  parasites  assurent  la  con- 
servation de  leur  espèce io54 

—  Rapport  sur  ces    Mémoires;    Rapporteur 

M.  lUilne  Edwards ii56 

HEDRTELOUP.  —  Sur  le  danger  d'employer 
pour  la  litbotripsie  les  instruments  du 
commerce,  et  sur  la  nécessité  de  poser 
des  règles  relatives  à  cette  opération ^o-j 

—  Remarques  relatives  à  un  Mémoire  lu  par 

M.  Leroy  d'Étiolles  dans  la  séance  du  33 
février  i85S 49i 

—  Sur  les  différences  essentielles  de  formes 

entre  le  percuteur  de  M.  iieurteloup  et  le 
scie-pierre  de  M.  Weiss 6^9 

—  Sur  les  modifications  apportées  en  i834  au 

mode  d'encastrement  de  ce  percuteur...     fj34 

HIFFELSHEIM.  —  Recherches  et  observa- 
tions cliniques  sur  les  propriétés  physio- 
logiques et  thérapeutiques  du  courant 
voltaïque continu,  permanent uiG 

HITCHCOCK  est  présente  par  la  Section  de 
Minéralogie  et  Géologie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant       Q.\S 

HODUIT.  —  Lettre  concernant  une  méthode 
pour  la  détermination  rigotireusedu  grand 
axe  de  l'orbite  d'une  comète 1071 

HOEK.  —  Lettre  touchant  les    comètes  de 

i55G,  1204  et  975 tfOo 

HOFMANN  se  fait  connaître  pour  autenrd'un 
Mémoire  sur  la  germination  des  cfaampi-   ' 


'm 


(  i5a3  ) 


IM.  Pi|«(, 

gnona,  mentionné  dans  Ut  Complot  ren- 
dus des  4  «t  II  janvier  18.^8 ^1^ 

HOFMANN  (A-W.).  —  Rccherrlics  sur  le» 

bases  polyammoniqiies 'i55 

HOUZEi^li.  —  Preuve  de  la  présence  dans 
l'atmosphère  d'un  nouveau  principe  ga- 
zeux, l'oxygène  naissant  (ozone) 8() 

—  Rapport  sur  plusieurs  Mémoires  de  M.  l/ott- 
seau,  relatifs  à  l'oxygène  odorant  (ozone); 
Rapporteur  M.  Becquerel 6;o 


»«•  P.|e». 

—  M.  Houzeau  demande  l'antoritalion  de 
reprendre  momentanément  ses  Mémoirei 
sur  l'ozono 860 

HUETTE  adresse  un  tableau  résumant  pour 
l'année  1857  les  observations  météorolo- 
giques qu'il  fait  à  Nantes 8i4 

nCGARD.  —  Dolomie  de  la  vallée  de  Bino: 
ses  caractères  de  roche;  ses  nombreux 
minéraux  ;  son  gisement ii6l 


JACKSON  (Ch.  t.).  —  Lettre  à  M.  Klie  de 
Beaumont  sur  la  matière  saccharine  du 
sorghum.'. 55 

—  Sur  la  région   de   plomb  argentifère   du 

comté  de  Davidson  (Caroline  du  Nord)  : 
oxploitntion  de  différentes  mines  des 
Etats-Unis  d'Amérique;  moule  du  l'ara- 
doxidps  Hailani;  Lettre,  à  M.  Elle  de 
Beaumont Qr>4 

—  M.  Ch.,  T.  Jackson  est  présenté  par  la  Sec- 

tion de  Minéralogie  et  Géologie  comme 
l'nn  des  c;>ndidats  pour  une  place  vacante 

de  Correspondant < Qj8 

JACQUEMIN  (E.).— TNotesur  une  combinai- 
son de  l'acide  sulfurique  avec  l'éther.  — 
Note  sur  la  génération  .des  aldéhydes  (en 
commun  ivec  M.  Liés  Bodart) çjgo 

—  Action  de  l'acide  sulfuriqiie  sur  les  com- 

posés,du  barium,du  strontium  et  du  cal- 
cium (en  commun  avec  M.  Liés  Bodart). . .   1206 

—  Note  sur  l'action  de  la  vapeur  d'eau  et  de 

l'oxyde  de  carbone  sur  quelques  sulfates.   11C4 
JACQUOT..  —  De  l'emploi    de  l'alun  contre 
diverses  affections  désignées  sous  !e  nom 

rie  concer  et  réputées  incurables 99V. 

JAUBERT  est  présenté  comme  l'un  des  candi- 
dats pour  une  place  vacante  d'Académicien 

.  libre '.; SiT) 

■*-  M.  iaubert  est  nommé  Académicien  libre, 

en  romplacenierit  de  feu  1\I.  Largeleau. ..     83S 

—  Décret  inrporial  confirmantsa  nomination.     8C7 
JEAN.  —  Résultats  oblenus  avec  des  bobines 

d'induction  construites  par  lui...    186 

JEAN  (J.).  —  Figure  et  description  d'une  nou- 


velle coupole  tournante  pour  un  obser- 
vatoire astronomique 1 148 

JOBART.  —  Sur  une  découverte  de  M.  de 
Changx,  qui  doit  permettre  d'appliquer  à 
l'éclairage  la  lumière  électrique 474 

—  Lettre  en   répoii,se  à  des  remarques  faites 

par  M.  Becquerel,  sur  l'obscurité  des  ren- 
seignements relatifs  à  celle  découverte.. .     785 

JOBERT.  —  Observations  de  température 
faites  k  Versailles  pendant  l'éclipsé  du 
i5  mars  (en  commun   avec  M.  Bérignx).     âSS 

]OBER'r,'DE  r.AMBALLE,  cst  nommé  IMembre 
de  la  Commission  des  prix  de  Médecine 
et  de  Cliirurgie 1041 

JOLY.  —  Mémoire  sur  une  nouvelle  espèce 
d'hématozoaire  du  genre  Filaire,  observée 
dans  le  coeur  d'un  phoque  {Phoca  vilu- 
tina,  L) 4^*^ 

—  Sur  l'existence  des  métamorphoses  chez  les 

Crustacés  décapodes 788 

—  Sur  l'hypermétamorphosedes  Strepsiptères 

et  des  OEstrides g^î 

JOMARD,  au  nom  de  la  Commission  for- 
mée pour  s'occuper  de  l'érection  d'une 
statue  à  K.  Geof/rox-Saint-Hilaire^  adresse 
une  relation  imprimée  «  des  opérations 
auxquelles  cette  Commission  s'est  livrée 
et  de  la  cérémonie  qui  les  a  couronnées».    667 

—  Note  accompagnant  l'envoi  d'un  ouvrage  de 

ilahmuud-Ejymdi  sur  le  calendrier  arabe.  1069 
JUNOD.  —  Applications  faites  en  Algérie  de 

la  méthode  hémospasique ii35 

JDTIER.  —  Sur  le  spath  fluor  qui  existe  on 

filons  dans  le  granité  de  Plombières....   i2o5 


K 


E.AEMTZ.  —  Lettre  concernant  les  relations 
qui  existent  entre  les  indieationsdu  baro- 
mètre, la  direction  et  la  force  du  vent 

C.  R  ,  .858,  1"  Semestre.  (T.  XLVI.) 


KESSLER  (L.).  —  Procédés  de  préparation 

et  d'analyse  de  l'oxyde  d'urane 53o 

944    1    KCtHLlîR.  — Lettre  concernaut  une  méthode 

172 


.  .   « 


(  i3a4  ) 

Pag» 


qui  lui  est  propre  pour  la  Cialion  des 

images  photographiques  sur  papier 4'7 

KOEMIG.  —  Lettre  concernant  son  mode  de 
traitement  de  la  phlhisie  pulmonaire,  au 
moyen  de  matières  pbospborces  emprun- 
tées au  règne  animal iisi 


■H.  Pa^. 

KttONECKER.  —  Sur  la  résolution  de  l'équa- 
tion (lu  cinquième  dejiiré tl5o 

KUHLM4NN.  — Mémoire  sur  les  chaux  et 
ciments  hydrauliques  et  sur  la  formation 
des  roches  par  la  Toie  humide 9M 


LAEOTJLAYE.  —  Note  «ur  des  expériences  à 
l'aide  desquelles  on  détermine  la  valeur 
de  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur. .     77} 

LABRE.  —  Noie  sur  les   aérostats  et  sur  les 

moyens  de  les  dirige^ 993 

ILiACHMANN  et  Claparèoe  partagent  avec 
M.  Lielerluhn  le  grand  prix  des  Sciences 
physiques  (concours  de  1857),  pour  leurs 
travaux  sur  les  mélamorphoscsella  repro- 
duction des  Infusoires 37g 

—  Lettre  concernant  l'épigraphe  du  Mémoire 

qui  leur  a  fait  obtenir  ce  prix 47D 

—  MM.  Lachmann  et  Claparède  demandent  et 

obtiennent  l'autorisation  de  reprendre 
pour  un  temps  les  planches  qui  accompa- 
gnent ce  même  Mémoire 689 

LAFOLLYE  (de).—  Addition  à  son  Mémoire 
sur  un  nouvel  appareil  électrique  pour  la 
télégraphie 1 38 

LAGOUT.  «  Salubrité  des  habitations  obte- 
nue au  moyen  de  matelas  d'algue  ma- 
rine » 589 

LAIGNEL.  —  Lettres  concernant  quelques, 
unes  de  ses  inventions  relatives  aux  che- 
mins de  fer £60  et    907 

—  Dispositifs  destinés  &  prévenir  ou  atténuer 

les  accidents  les  plus  communs  sur  les 
chemins  de  fer.. .   1086  et  1170 

LAMI.  —  Note  sur  un  nouvel  écorché,  destiné 

à  l'étude  de  la  myologie  artistique 79G 

LAMONT.  —  Sur  la  carte  magnétique  de 
l'Europe,  qui  s'exécute  sous  les  auspices 
du  roi  de  Bavière  :  détermination  des 
constantes  magnétiques  dans  le  midi  de 
la  France  et  en  Espagne ,.     64S 

LANDOIS.  —  Sur  la  question  relative  h  l'as- 
similation de  l'azote  par  les  végétaux.. . .     934 

LANDOUZY  (H.).  —  Effets  de  l'électris-ition 

de  rouie  dans  la  paralysie  faciale.  3-6  et    4^6 

LARTET  (Ko.). —  Sur  les  migrations  ancien- 
nes des  Mammifères  de  l'époque  actuelle.     409 

LARTIGUE  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
le  comprendre  dans  lu  nombre  des  candi- 
dats pour  une  place  vacante  de  Corres- 
pondant. —  Lettre  accompagnant  renvoi 
de  son  «Essai  sur  les  ouragans  et  les  tem- 
pêtes»  , ;^ 533 


LASSIE.  —  Note  sur  une  question  de  géomé- 
trie élémentaire 77a 

LATOUCHE.  —  Note  sur  un  procédé  imaginé 

pour  la  mise  à  l'eau  des  grands  navires,.     108 
LACGIER.  —  Note  sur  le  mouvement  propre 
de  Sirius  en  distance  polaire 690 

—  M.  Laugier  présente  une  Note  de  M.  i)i'2'0M 

sur  l'usage  de  la  formule  d'interpolation 

en  astronomie  et  en  navigation 685 

—  M.  Laugier  est  nomme  Membre  delà  Com- 

mission du  prix  d'Astronomie I360 

LAURENT  et  Degocsée.  —  Note  sur  un  fo- 
rage artésien  exécuté  à  Naples 980 

LAURENT  (Feu  Arc.)  —  Un  prix  de  la  fon- 
dation  Jecker  lui  est  décerné  pour  les 
travaux  dont  il  a  enrichi  la  chimie  orga- 
nique      Q98 

LEGAS.  —  Président  de  l'Institut  ;  Lettre  con- 
cernant la  séance  trimestrielle  du  mer- 
credi 5  juillet II 75 

LECOQ  annonce  l'envoi  fait  au  nom  de  l'A- 
cadémie des  Sciences  de  Clermont-Fer- 
rand  d'un  exemplaire  des  «  Annales  scien- 
tifiques, littéraires  et  industrielles  de 
l'Auvergne  pour  l'année  1867  »  748 

—  M.  Lecoij  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 

comprendredans  le  nombre  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant de  la  Section  d'Economie  rurale, . .   1069 

LECONTE.  —  Sur  les  phénomènes  physio- 
logiques et  chimiques  produits  par  les 
injections  d'air  et  de  différents  gaz  dans 
le  ti&su  cellulaire  et  le  péritoine  (en  com- 
mun avec  M.  Deniaïquaj) 633 

LEFOKT  (F.).  — Note  sur  deux  exemplaires 
manuscrits  des  grandes  Tables  logarith- 
miques et  trigonomélriques,  calculées  au 
Bureau  du  Cadastre  sous  la  direction  do 
M.  de  l'ronr 994 

LEFORT  (J.).  —  De  l'existence  du  glycose 
dans  l'organisme  animal  (en  commun 
avec  M.    Poiseuille) 563  et    677 

LEGRAWD  DU  SAULLE.  —  Sur  un  essai 
de  suicide  au  moyen  du  phosphore  déta- 
ché d'allumettes  chimiques 689 

LEGRIS.  —  Lettre  concernant  une  Note  pré- 
cédente sur  la  recherche  de  l'arsenic, . , .     907 


(i3 

■M.  Paie». 

LEGUELLE.  —  Lettre  concernant  nne  pré- 
cédcnlo  commiinicalion  sur  une  nouvelle 
application  des  logarillimes  au  calcul 
dos  arbitrages  de  banque 5^4 

LE  HIK.  —  Note  sur  la  direction  des  aéro- 
stats     4^7 

LE  PAS.  —  NouTcIle  théorie  sur  les  rapports 

dos  intervalles  musicaux 455 

LE  FENNEC.  —  No{o  intitulée:  «  Solution 
du  problème  de  la  navigation  aérienne 
par  un  moteur  qui  prend  sa  force  dans 
l'air  même  » 458 

LEPLAY.  — Distillation  du  sorgho  sucré. . .     444 

LERE.  —  Note  relative  à  la  théorie  des  lu- 
nettes      685 

—  Considérations  sur  les  lentilles 782 

LEROY    (Onésime),    écrit   par   erreur  pour 

Simon  {Onésime).  Voir  à  ce  nom. 
LEROY  (D'ETtOLLEs).  —  «Sur  la  combinaison 
de  l'écrasemont  par  pression   et  par  per- 
cussion dans  la  lilhotritie,  ctsur  la  géné- 
ralisation de  cette  méthode  » 399 

—  M.  Leroj  transmet  nn  instrument  iithotri- 

teur  de  M.  Weiis,  de  Londres 633 

—  Comparaison  (lu  brise-pierre  de  M.  Weiss 

et  du  percuteur  de  M.  Ucurleloup 811 

LESPÉS.  —  Dne  mention  honorable  lui  est 
accordée  pour  ses  Mémoires  sur  les  sper- 
niatophoreide  certains  Orthoptères  et  sur 

l'organisation  des  Termites a8l 

LE  VERRIER  présente  un  nouveau  complé- 
ment à  ses  recherches  sur  la  théorie  du 
soleil 881 

—  M.  Le  Verrier  présente  les  tomes  III  et  IV 

des  Annales  de  l'Observatoire  impérial.. 
ii3  et    ;63 

—  M.  Le  Verrier  présente  la  réduction  des 

observations  faites  à  l'insirumont  des  pas- 
sages de  l'Observatoire  do  Paris,  depuis 
1800  jusqu'en  1829 Ij5 

—  El  la  réduction  des  observations  faites  au 

quart  de  cercle  de  Bird,  à  l'Observatoire 

de  Paris,  depuis  1800  jusqu'en  i8ia 320 

"-  M.  Le  Verrier  présente  des  observations 
de  la  planète  (Sa)  faites  à  l'Observatoire 
de  Paris 354 

—  A  l'occasion  d'une  Lettre  de  M.   Luther, 

annonçant  la  découverte  d'une  nouvelle 
petite  planète  le  4  mars  i858,  M.  Le  Ver- 
rier annonce  que  l'Observatoire  a  rcça 
une  seconde  position  du  même  astre  ob- 
tenue le  6,  à  Bonn,  par  M.  Schiinjeld...     ^45 

—  Remarques  à  l'occasion  du  don  qui  vient 

d'être  fait  à  la  bibliothèque  de  l'Institut 
d'un  exemplaire  des  grandes  Tables  loga- 
rithmiques et  trigonométriques  calculées 
an  Bureau  du  Cadastre  :  intérêt  qui  peut 
s'attacher  à  la  comparaisou  de  cet  eiem- 


25   ) 


plaire  avee  celui  que  possède  l'Observa- 
toire   

—  M.  ie  Verrier  fait  connaître  par  des  ex- 

traits les  communioRtions  qu'il  a  reçues 
des  savants  dont  les  noms  suivent,  dis- 
posés par  ordre  alphabétique  : 

—  M.  Àiry  :  Observation  d'une  grande  dé- 

pression barométrique  le  î/J  "">!  l858; 
M.  Le.  Verrier  communique  d'autres  do- 
cuments recueillis  en  Franco  sur  ce  mou- 
vement de  l'atmosphère 

—  M.  Argelander  :  Observation  de  la  comète 

de  Winecke;  éléments  calculés  de  cette 
comète 

—  M.  Ilond  :  Comète  découverte  le  2   mai 

l858  à  Cambridge  (Amérique  du  Nord). 

—  M.  B/uAnj:  Découverte  faite  à  Berlin,  le 

Il  janvier  i858,  d'une  nouvelle  comète. 
—  Découverte,  le  22  mai,  d'une  autre 
comète lijo  et 

—  M.  Chacornac  :  Observation  des  taches  so- 

laires.—  Note  sur  un  groupe  particulier  de 
ces  taches.  —  Note  sur  la  quatrième  livrai- 
son de  son  Atlas  écliptique.    364,  ^92  et 

—  M.  f/ocA  :  Comètes  de  i55G,  1264  et  975. 

—  M.  Kaemtz  :   Relations  exislant  entre    les 

indications  du  baromètre,  la  direction  et 
la  force  du  vent 

—  M.  Lcforl  :  Note  sur  les  deux  exemplaires 

manuscrits  des  grandes  Tables  logarith- 
miques et  trigonométriques  calculées  au 
Bureau  du  Cadastre  sous  la  direction  de 
M.  de  Prony 

—  M.  Luther  :  Observation  de  la  planète  (  5i) 

et  de  la  II»  comète  de  i858 

—  M.  ilnclear:  Observation  au  Cap  de  Boune- 

Espérance  de  la  comète  périodique  de 
d'Arrest 

—  M.  Rilier:  Installation  d'un  observatoire 

météorologique  à  Constantinople 

—  M.  Yvon   Villarceau  :  Détermination  des 

erreurs  de  division  du  cercle  de  Fortin 
do  rObservatoi re  impérial 

—  M.  Ymn  Villarceau  :  Suite  de  ses  recher- 

ches sur  la  V*  comète  do  1857,  et  sur  la 
Hl«  comète  de  1857 99  «' 

—  M>  Le  Verrier  est  nommé  Membre  do  la 

Commission  du  prix  d'Astronomie 

LEWIS.  —  Sur  la  nature  et  le  iTailement  du 
choléra -m  or  bus •• 

LEWY.  —  Recherches  sur  la  formation  et  la 
composition  do  l'émeraude  ((iapport  sur 
ce  Mémoire;  Rapporteur  M.  de  Senar- 
mont.) 

LEYMEiilE.  —  Sur  quelques  points  de  la 
géologie  des  régions  pyrénéennes 

—  Note  sur  le  terrain  de  trausition  de  la  val- 

lée de  la  Pique  (Pyrénées) 


Pa|H. 

912 


1080 

390 

994 
993 


745 

460 


944 

994 

5ga 

36 1 

591 

440 

iii5 
1360 
8ii 

56 1 
140 
636 


172. 


Pages. 

848 


326   ) 


LETMERIE.  —  Sur  le  calcaire  à  diçcrates  dos 
Pyrénées .... . 

LIAIS.  —  Sur  un  procédé  pour  substituer  des 
opérations  de  pointé  aux  estimations  de 
passages  dans  les  observations  astronomi- 
ques azimu(a1es i3l 

—  Sur  la  détermination   dos  déclinaisons  et 

des  ascensions  droiK^&des  étoiles  por  des 
observations  >nzi  mu  talcs 400 

—  Sur  la  lumière  qui  dans  Icséclipses  éclaire 

la  portion  de  la   lune  placée  dans  rorn- 

bro  de  la  terre ^Çt 

—  Observations    faites   à  Cherbourg  sur  IV- 

clipse  (lu  iSmars  i858 651 

LIEBEN.  —  Recherches  sur  Taldchyde  ....  6Ga 
LIEBERKUHN  partage,  avec  yiM.'ciaparèdc 
et  Lnchmann  lo  grand  prix  des  Sciences 
physiques  (concours  de  iSSj),  pour  ses 
travaux  sur  les  métamorphoses  et  la  re- 
production des  Iiifusoircs 27P 

—  M.  Lieberkuhn  âeinawdv.  el  obtient  Tanto- 

risation  de  reprendre,  pour  un  temps,  les 
figures  jointes  à  sou  Mémoire 599 

LIES  JJODART.  —  Note  sur  une  combinai- 
son de  l'acide  sidfurique  avec  l'élher. 
Note  sur  la  génér.ilion  des  aldéhydes  (en 

commun  avec   M.  E.  Jncqucmin  ) prjo 

■ —  Action  de  Tacido  snifuriqucsur  les  compo- 
sés du  barium,  du  strontium  cl  du  cal- 
cium (un  commun  avec  M.  E.  Jacque- 
min) i'io6 

LIOU VILLE.  —  Rapports  sur  les  questions 
proposées  pour  sujet  du  grand  prix  de 
Sciences  mathématiques  de  i8â8  et  de 
iS.Sgjelpour  sujetdu  piixliordinde  iS.58. 
2y9,  3oo  e!     3o5 

—  M.  Lioui'ilh  est  liommé  .Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  présenter  une  liste  de 
candidats  pour  la  place  d'Académicien 
libre  vacante  par  suite  du  décos  de  M.  Lar- 
geleau G74 

—  Et  Membre   de    la   Commicsion  du  prix 

d'Astronomie 1260 


LI5LE.  —  Analysa  de  son  ouvrage  sorle  sui- 

cide. ,. 844 

LIÇ-SAJOUS.  — Note  sur  les  vibrations  trans- 
versales des  lames  élastiques...... S46 

LOGAN  est  présenté  par  la  Section  ds  Miné- 
ralogie et  Géologie fomme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  vacante  de  Corres- 
pondant  ...°. ....     ()|8 

LOIR  (A.l.  —  Combinaison  des  éthers  sulfn- 
rique,  éthyliquo  et  méiliylique  avecle  bi- 
io'lure  de  mercure. i  .iSo 

LOUT.SODDIE.  —  Lettre  sur  l'emploi  du  sul- 
fure de  .carbone  pour  la  purification  de 
'   l'huile  d'olive : , loS 

LOVEi'LAINE.  —  Sur  lé  soleil  et  les  co- 
mètes  .■   907 

LOIfER  (I'aol).  —  Sur  les  bases  mathémati- 
ques de  la  musique. .... .     377,    II 36  et  I30I 

LUCAS  (H. 1.  — Remarques  sur  la  m.nnièrede 
vivre  d'un  hyménoptère  fouisseur,  (eC<T- 
ccris  areiinrius 4'4 

—  Observations  sur  la  mauièrede  vivre  d'une 

uonvclle  espèce  de  Carpocapsa 68 y 

LCKOMSKL  —  Du  traitement  de  lasyphilis 
par  la  vaccination,  c'est-à-dire  par  l'i- 
noculation du  virus  vaccin 896 

LUTHER.  —  Lettre  sur  les  noms  donnés  aux 
planètes  découvertes  le  1.5  septembre  el  le 
4  octobre    1^.17.....' 56 

—  Observations  sur  la  planète  (5i)  et  sur  la 

a*  comète  de  i8i8.. .  - .'.     Sga 

—  Lettre  annonçant   la  découverte  faite  par 

lui,à'Bilk,  d'une  nouvelle  petite  planète 
,    (la  53«)  le  4  mars  i8.58 ; 745 

—  Observations    de  la    planète     (53);    nom 

donné  à  colle  plancîc(Ca'r/'Joi.. ...... .     8n 

LYELL  est  présenté  par  la  .Section  de  Miné- 
ralogie et  Géologie  comme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  vacante  de  Corres- 
pondant  '...:...' 948 


M 


MAC  KEONE.— Note  sur  le  cholera-morbus.     .'joS 

MACLEAR.  —  Premier  retour  de  la  comèie 
découverteen  i85i  par  M.  <i'.4;r«(;  ob- 
servation faite  au  cap  de  Bonne-Espérance 
en  décembre  1867 ^  36i 

MAGNE.   —   Du  croup    des   jiaupicres,    ou 

diplilhérite  conjonciivale 12G0 

MAGITOT.  —  Lettre  concernant  son  travail, 
sur  je  développement  et  la  structuro  des 
dénis  humaines 53a 


M.AHISTRE.  —  Note  sur  l.i  mesure  de  la  force 
utile,  prise  sur  une  machine  à  vapeur, 
sans  avoir  recours  à  l'emploi  du  frein.  _     3^ 

—  Sur  les  sections  à  donner  aux  tuyaux  des- 

tines à  conduire  la  vapeur  des  générateurs 
aux  cylindres  des  machines.  ., J^^ 

—  Note  sur  la  force  nécessaire  pour  mouvoir 

une  clef  de  robinet  ou  un  axe,  conique 
maintenu  dans  sa  gaine  par  la  pression 
de  la  vapeur 978 


»   ^ 


■M.  Pas"- 

MAHISTRE  —  Noie  snr  le  calcul  des  con-- 
densalioas  et  autres  pertes  do  vapeur  qui 
se  font  dans  le.4  conduits  des  machines 
depuis  la  chaudière  jusque  dans  le  cy- 
lindre moteur  avant  la  détente 1370 

MAISON  NEUVE.— Nouvelle  méthode  d'am- 
putation des  membres,  dite  diaclastique 
ou  par  rupture;  instruments  au  moyen 
(lesquels  on  l'exécute. 798 

MARAIS  —  Figure  et  description  d'un  appa- 
reil destiné  k  prévenir  la  rencontie  do 
deu.f  trains  marchant  dans  le  même  sens 
sur  un  chemin  do  fer .'J77 

MAKASSICH.  —  Appareil  pour  l'extraction 
des  corps  plongés  dans  l'eau.  (Rapport 
sur  cet  appareil;  Uapporteur  M.  Se- 
guiifr.) 836 

MARCEL  DE  SERRES.—  Présente  du  mer- 
cure natif  dans  le  sol  sur  lequel  la  ville 
de  Montpellier  est  bâtie '..      53  et     a5a 

—  Des  altérations  que  les  coquilles  éprouvent 

pendant  la  vie  des  Mollusques  qui  les 
habitent.    170 

—  Des  houilles  sèche.?  des  terrains  jurassiques 

et  particulièrement  des  stipites  de  Larzac 

(Aveyron) 999 

^  Découverte  du  Pioteus  laticaudus  dans  les 

euvironsd»  Narbonne.. j5i 

—  ^iote  sur  les  cavernes  à  ossements  du  Pontil , 

et  de  Massât 12^3 

MARCHAND.  —  Addition  à  ses  précédentes 
recherches  sur  la  constitution  des  eaux 
potables.  Réponse  aux  objections  que  l'on 
pourrait  tirer  de  travaux  postérieurs  aux 
siens , .  .  .1 407 

—  Nouvelle  Note  sur   la  présence  de  l'iode 

dans  les  eaux  atmosphériques 80G 

M  ARES  (H.).  —  Action  du  soufre  amorphe 

sur  l'oïdium  luckeri(érysiphe  de  la  vigne).  _   491 
MAREY.  —  Recherches  sur  la  circulation  du 
.   sanj  :  études  hydrauliques.  —  Contracti- 

lité   vasculaire 4^5  01     680 

MARIE.  —  Note  relative  aux  périodes  d'une. 

I         intégrale  d'ordre  quelconque, . .., ^38 

M AUlÉ-DA'Vy  et  TrOost.  —  Mémoire  sur  la 

détermination  par  la  pile  des  quantités, 
,        de  travail  moléctilaire,  exprimées  eu  ca-, 

lories,  produites  par  l'union  des  bases..     5^8 

—  Détermination   par  la  pile  des  unités  de. 

chiileur  produites  dans  l'acte  de  la  com- 
binaison du  chlore  avec  les. métaux. ... .     ^36 

MARIGNAC.  — Sur  l'isomorphisme  des  fluo-. 
silicates  et  des  nuostannates,  et  sur  le 
poids  atomique  du  siliciutp... 854 

MARTHA  :  liECKER.   —.Mémoire   sur  les 

tremblements  de  terre. .. ,  .  336,  53i  et    635 

MARTINS.  —  De  la  distribution  des. pluies, 

f       en  France  pendant  l'année  (SS^..  ..,...•  looî 


3^7) 


MASSON.—  Moyen  de  prévenir.les  accidents 
que  développe  chez  l'ouvrier  l'inhalation 
du  sulfure  de  carbone  en  vapeur.  Mort 
occasionnée  par  i:\  cérusa  chci  une  ou- 
vrière en  dentelles 

MATHIEU.  —  Rapport  sur  les  prix  d'Astro- 
nomie pour  1857 

—  M.  Mathieu  est  nommé  Membre  de  laCom- 

mission  du  prix  de  Statistique 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  d'Astrono- 

micpouri85S   

MATHIEU  (Emile).  —  Sur  le  nombre  de  va- 
leurs que  peut  acquérir  une  fonction  de  n 
lettres  quand  on  y  permute  ses  lettres  do 
toutes  les  manières  possibles..      104701 

MATTEUCCl  (Ch.).  —  Sur  un  nouveau 
phénomène  d'induction  électromagnc- 
tiqtie , , 

—  Rt'cherchcs  sur  les  relations  des  courants 

induits  et  du  pouvoir  mécanique  de  l'é- 
lectricité  .,...• ... 

—  Lettre  accompagnant  l'envoi  d'un  exem- 

plaire de  ses  a  Leçons  d'Electro-physio- 
logie  u j . . 

—  Dc.nÔt   d'un    paquet   cacheté    (séance  du 

a6  avril) 

MADGET.  —  Lettre  sur  l'état  actuel  du  Vé- 
suve et  sur  le  puits  récemment  foré  à 
Naples ,  1098  et 

MAXWELL  SIMPSON.  Voir  à  Simpson 
{Maxwell). 

MAYER.  —  Des  inhalations  médicamenteuses 
appliquécSjàl'aided'un  appareil  nouveau, 
au  traitement  des  maladies  des  voies  rcs- , 
piratoires .  - .97  et  ■ 

MÉGE-MOURIÉS.  — Recherches  sur  le  fro- 
ment, sa  farine  et  sa  panincation 

ME1S.S0NNIER.  —  Gisement  de  lignite.dans 
le  teriitoirc  de  Conidoni  (Calabrc);  fos- 
siles provenaiit  de  CPt;e  localité,   .892, et 

MÉNABRÉA.  —  Nouveau  principe,  sur  .  la 
distribution  des  tensions  dans  les  sys- 
tèmes élastiques .s. ... . 

—  Note   sur  le  percement  .des   Alpes   entre- 

Mo'Iane  et  Bardonèche 

MÈNE. — Sur,  le  séchage  et  .le  pesaga  des 
précipités  dans  les  analyses  chimiques., 

MILNE  EDWARDS.  Voir  à  Edwards  (Uilne). 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE  ET  DU 
COMMERCE  (le).  —  Lettre;  concernant 
un  procédé  imaginé  par,M,CAei'a/  poar 
le  transport  et  la  conservation  des  bois- 
so'hs.'. .-..._.  .•.!:..•... . 

— !M.  le  ATiniî'ce.  transmet. .uno;Xettre    de 

M.  Ancelon,  conceinanti  un   passage,  da 

Rapport  de  la  Cummissioii  des  prix  de  1 

Médecine  et  de, Chirurgie   (cunçourk.,.  de. 

>       185?) ..."..;...;;;. .v..;...;.l.î.;;.'i 


Vtt/t. 

683 

265 

ictOo 
1208 


929 

7î)6 


49i 
116 

1090 

1  o'i6 
1195 
nS8 


i38 


635 


*" 


,5    • 


(  i328  ) 


MX«  Pages. 

—  M.  le  Ministre  annonce  qu'il  a  donné  des 

ordres  pour  que  la  Commission  chargée 
par  rAcadoniie  d'éttidicr  dans  nos  dépar- 
tements du  iUidi  diverses  questions  rela- 
tives auj  vers  à  soie  trouve  partout  Pap- 
pui  qui  peut  faciliter  ses  recherches....     845 

—  M.  le  Minisire  adresse  des  exemplaires  du 

tome  I"',  i"  partie,  des  R.ipports  do  la 
Commission  française  du  jury  interna- 
tional à  l'E.tposilion  universelle  de  Lon- 
dres       4"^ 

—  M.   le  Minisire    adresse,   pour   la  Biblio- 

thèque de  rinsli'ut,  un  ciemplaire  du 
XXVU'  volume  des  Brevets  d'Invention 
pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  i8'|.'| ^o3 

—  M.  le  Minisire  adresse  des  billets  pour  la 

séance  de  distribution  des  prix  aux  lau- 
réats  du   concours    de    bestiaux    gras    à 

Poissy 495 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (le)  annonce 
qu'en  exécution  de  l'article  38  du  décret 
du  i"  novembre  i852  et  du  décret  du 
a6  décembre  suivant,  MM.  Poncelel  et 
ie  Verrier  sont  maintenus  Membres  du 
Conseil  de  l'erfectionnement  de  l'Ecole 
Polytccbnique,'au  titre  de  l'Académie  des 
Sciences l^lA 

—  M.  lo  Minisire  adresse,    pour  la  Biblio- 

thèque de  l'Institut,  le  tome  XX  de  la 
seconde  série  du  «  Recueil  des  Mémoires 
de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharma- 
cie militaires  »,  et  le  lomc  VllI  du  «  Re- 
cueil de  Mémoires  et  Observations  sur 
l'hygiène  et  la  médecine  vétérinaire  mili- 
taires)      4''5  et    935 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLI- 
QUE (le)  transmet  aniplialion  des  dé- 
crets impériaux  qui  confirment  la  nomi- 
nation de  M.  Ch.  Sainle  Claire  Deville  a 
la  place  vacante  d.ins  la  Section  de  Mi- 
néralogie par  suite  du  décès  de  M.  Uul'ré 
noy  ; — celle  de  M.  Clapej^ron  comme  IMem- 
brede  la  Section  de  Mécanique,  en  rem- 
placement de  M.  Cauchy ,  —  et  celle  de 
M.  Jauhert  en  qualité  d'Académicien  li- 
bre..      G5,  CG7  et    867 

—  M.  le  Ministre  autorise  l'Académie  à  pré- 

lever sur  les  fonds  restés  disponibles  une 
somme  de  i3o5  francs,  pour  former  un 
second  prix  de  Physiologie  expérimentale 
accordé  à  M.  Urown-Sêijuard j  et  pour 
porter  de  600  francs  à  iOoo  francs  le  prix 
d'Astronomie  partagé  entre  MM.  Gold- 
sehmidt  et  Brithns.» •.• 36t 

—  M.  le M//i(j/re  autorise  l'Académie  ii  prendre 

sur  les  mêmes  fonis  les  sommes  destinées 
à êtie  employées  en  encouragements  pour 
divers  travaux  scientiliques ^83 


—  M.  le  Ministre  autorise  l'Académie  à  pré- 

lever sur  ces  mêmes  fonds  la  somme  des- 
tinée à  couvrir  les  frais  d'une  mission 
ayant  pour  but  d'étudier  dans  nos  dépar- 
tements du  Midi  diverses  questions  rela- 
tives aux  versa  soie;  il  annonce, de  plus, 
les  mesures  qu'il  a  prises  pour  faciliter 
le»  recherches  <!e  la  Commission.    845  et    897 

—  M.  le   Ministre  autorise  l'emploi  proposé 

par  l'Académie  pour  les  sommes  prove- 
nant du  legs /«Aer io5S 

—  M.  le  Minisire  transmet  un  supplément  à 

un  Mémoire  de  M.  Onésime  Simon  sur  le 
choléra-morbus ,  et  deux  Notes  concer- 
nant une  méthode  de  traitement  pour  la 
même  maladie  proposée  par  M.  Patrice 
Mac-Kcone gj  et     3tg 

—  Une  Note  de  M.  de  Castelnau  sur  des  se- 

cousses de  tremblement  de  terre  ressen- 
ties au  Cap  de  Bonne-Espérance 347 

—  Une  Lettre  de  M.  Coinze  sur  sa  théorie  de 

l'agriculture g3o 

—  Enfin   un  exemplaire  d'un  ouvrage  offert 

par  le  gouvernement  prussien  à  l'Acadé- 
mie des  Sciences 1148 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRAN- 
GÈRES (le)  transmet  un  des  bulletins 
écrits  à  bord  du  yacht  impérial  la  Reine- 
Hortense,  et  se  rattachant  ii  la  série  des 
expériences  sur  les  courants  marins  faites 
pendant  le  voyage  du  prince  Napoléon,.       38 

MINISTRE  DIS  FINANCES  (lf.)  annonce 
qu'il  a  donné  des  ordres  pour  l'admission 
en  franchise  d'un  modèle  du  dispositif 
que  M.  l'abbé  Thirion  avait  adressé  de 
Belgique  avec  un  Mémoire  sur  la  trans- 
mis-sion  des  mouvements  circulaires....    1097 

MOLON  (de.)  —  Expériences  aj]ronomiques 
relatives  à  l'emploi  du  phosphate  de  chaux 
fossile.  Application  faite  en  Bretagne  par 
},\.  Collet aî3 

MONCLAR.—K  De  la  possibilité  d'établir  des 
machines  hélioniolrices  et  des  avantages 
qu'elles  offriraient  » 846 

MOMEB  (E.).  —  Nouvelle  méthode  pour 
l'analyse  du  lait  au  moyen  de  liqueurs  ti- 
trées      236 

—  Analyse  du  lait  au  moyen  d'une  seule  li- 

queur titrée.  Essai  des  farines  iiar  le  ca- 
mélcon  minéral ^35 

—  Mémoire    sur  la  détermination  du  tanin 

des  végétaux   par  les  méthodes  Tolumé- 

triques 577 

MOHEL. —  Un  prix  lui  est  accordé  pour  son 
«  Traité  des  dégénérescences  physiques, 
intellectuelles  et  morales  de  l'espèce  hu- 
maine »  (concours  do  Médecine  et  de 
Chirurgie  pour  1857) aSS  et    408 


??• 


(  i3a9  ) 

Pajt». 


MOREL.  —  Nouvelles  observations  relatives 
aux  dc'générescences  pliysiques,  intellec- 
tuelles et  morales  de  l'espèce  humain  e. .     49^ 

MORET.  —  Pémonslralion  des  formules  re- 
latives aux  fonclions  symétriques 878 

MORIN  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  do  Mécanique 1187 

MOTSCHULSKY  (de).  — Mémoire  sur  les 


un.  P'ff. 

insectes  par  lesquels  ont  «lié  percées  des 
b.illcs  de  plomb r.TpporIces  de  Crimée.. ..   iiii 

MULLER  (Aie.)  obtiimt  le  prix  de  Physio- 
logie expérimentale  (concours  de  iSSy) 
pour  sa  découverte  de  la  métamorphose 
de  la  Lamproie  de  rivière 079 

MURCHISON.  —  Lettre  à  M.  Élie  de  Beau- 
mont  à  ToccasioD  du  décès  de  M.  Robert 
Brown 1187 


MADAL  (L.).  —  Sur  la  maladie  des  vers  à 

soie 520 

NAMUU  (Albert).  —  Lettre  concernant  une 
précédente  communicatioa  sur  les  loga- 
rithmes      8i5 

NAODIN  (Cu.).  —  Considérations  sur  l'es- 
pèce et  la  variété;  modification  proposée 
à  U  définition  du  Pespèce  en  botanique...     34o 

KAUMANN  est  présenté  par  la  Section  de 
Minéralogie  et  Géologie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  du  Cor- 
respondant      g  j8 

NÈGRE  (Cu.).  —  Procédé  de  gravure  et  de 

damasquinure  héliographiques ïj52 

NETTEU.  —  Cause,  nature  et  traitement  de 

riiéméralopie 84a 

NICKLES.  —  Sur  la  découverte  d'un  filon  de 

apath'lluor  dans  le  bassin  de  Plombières.  1 1 49 


NIEPCE  DE  SAINT-VICTOR.  -  Sur  une 
nouvelle  action  de  la  lumière  ï  résultats 
obtenus  de  cette  action,.,      ajg,  4i8  et     4^9 

NIOBEY.  —  Analyse  de  son  «  Histoire  du 
cholérn-morbus  qui  a  régné  en  i854  dans 
la  ville  de  Gy» 635  et    ^55 

NOËL  (Cu.). —  Moyen  de  vérification  pour 

un  télégraphe  à  cailran b88 

—  Sur  un  étalon  de  la  toise  qui  a  appartenu 

à  l'Académie  des  Sciences.     ^4^>  8'''  "'     907 
NOULET.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
Note  de  M.  Lcymerie  sur  quelques  points 
de  la  géologie  des  légions  pyrénéennes. .     870 
NODRRIGAT.  —  Mémoires  sur  la  séricicul- 
ture      Ggo  01     743 

—  M.  Nourriaat  annonce  l'envoi  d'un  opus- 

cule qu'il  vient  de  publier  sur  la  maladie 

des  vers  à  soie ^8 


OWEN.  —  Description  des  membranes  fœ- 
tales et  du  placenta  de  l'Eléphant  indien, 
avec  des  Remarques  sur  la  valeur  des  ca- 
ractères placentaires  pour  la   classifica- 


tion des  Mammifères 764 

OZANAM.  —  Ancslhésie  obtenue  au  moyen 

de  l'acide  carbonique 417 


PALMIERI.  —  Sur  les  éruptions  do  Vésuve; 

Lettre  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville...  laig 

PARAYEY  (de).  —  Sur  les  éclaircissements 
quopeut  fournir  pour  l'histoire  des  Singes 
l'étude  des  livres  chinois 58 

—  Remarques  relatives  au  baume'de  Judée  et 

au  séné  d'Arabie iSo 

—  Lettre  sur  les  digues  de  la  Hollande  ....     33a 

—  Sur  les  aurores  boréales  ;   sur   certaines 

conformités    d'idées    mythologiques    eu 

Grèco  et  en  Chine 665 

•a  Lettre  sur  les  M iao-tse •••     Si4 


PARIS.  —Sur  les  glaces  du  limanduDnieper.     aig 

PARISET.  —  Recherches  sur  le  magnétisme 

terrestre 334 

—  M.  Parisct  demande  et  obtient  l'autorisa- 
tion de  reprendre  son  Mémoire  sur  les 
soulèvements  terrestres 1069 

PARKIN.  —  Analyse  do  deux  ouvrages  rela- 
tif* au  choléra  épidémique 813  et    845 

PASCAL  et  BocvET.  —  Description  et  figure 

d'un  appareil  fumivorcde  leur  invention.     456 

PASSOT.  —  Note  sur  la  loi  do  la  variation  de 
la  force  centrale  dans   les  mouvements 


• 


Ç  r33o  ) 


Ml,  t'a:4i<. 

planétaires  dcduite  exactement  du  prin> 

ctpe  des  aires ^95  ai     906 

PA6SY. —  Communication  concernant  l'ac- 
croissement de  la  population  de  l'Etat  de 
New-York 783 

—  M.  Passjr  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  de  Statistique 79& 

PASTEUR.  —  Sur  la  fermentation  alcoolique.  ^  179 

—  Mémoire   sur   la   fermentation  de   l'acide 

tartrique • 6i5 

—  Production  conslante  de  glycérine  dans  la 

fermentation  alcoolique 8^7 

PADLET. —  Communications  relatives  à  la 
démonstration  du  théorème  de  Fermât. . . 

q47>  378,  635,   1056  et  I9IO 

PAÏEN  présente  un  exemplaire  de  son»  Piap- 
port  sur  les  substances  véjjélales  et  ani- 
males, fait  à  la  Commission  française  du 
Jury  international  de  l'Exposition  uni- 
verselle de  Londres  » 1 13 

—  M.  Paren  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  dit  des  .4rts   insalubres..    loSi 
PÉAN  DE  SAIN  r-GILLES  (L.).  -  Sur  une 

ré.Tction  du  soiifre  amorphe 570 

—  Rechercbe.s  sur   les    propriétés  oxydâmes 

du  permanganate  de  potasse;  dosage  de 
plusieurs  acide»  minéraux.. .  G'i^j  808  et  ii43 

PELOUZE.  —  li.Tpporlsur  un  Mémoire  ayant 
pour  titre  :  Etudes  des  principales  varié- 
tés de  houille  consommées  sur  le  marché 
de  Paris  et  de  la  France;  élude  sur  la 
tourbe;  par  M.  d<^  Commines  ds  Marsillr.     882 

PENARD.  —  Moyen  de  rendre  l'art  de  la 
natation  moins  diflicile  et  moins  dange- 
reux       5,83 

PERIN  (E.).  —  Note  sur  un  moyen  de  lendre 
plus  économique  une  îles  opérations  de 
la  photographie io()g 

PERKIN,  écrit  par  erreur  pour  Païkin.  Voir 

'    '    à  ce  nom. 

PERREY  (Alexis).  —Description  du  Kéloet, 
volcan  de  l'île  de  Java,  traduite  du  hol- 
landais de  M.  luni;huhn ^'iG 

PERROT  (Ad.).—  Action  do  l'étincelle  élec- 
trique sur  la  vapeur  d'eau  et  sur  la  va- 
peur d'alcool 18,, 

PETIT  (P.).  —  Note  sur  l'inclinaison  et  la 
.  déclinaison  magnétiques  à  l'Observatoire 
de  Toulouse , JyS 

—  Détermination  de  la  longueur  du  pendule 

à  secondes  et  de  l'intensité  de  la  pesan- 
teur au  nouvel  Observatoire  de  Tou- 
louse...      f,i(i 

—  Observations  faites  à  Toulouse  de  la  pre- 

mière comète  de  i858 jg^ 

—  Observations    faites    à    Toulouse    de    la 

2«comètedei858..  ,...,... Gc8 


UM.  fiftti 

PETIT    OE    LV    THUILtRlE.  -   Sur    h 

théorie  des  parallèles 347 

PEYTIER.  —  Mémoire  sur  les  orages  et  la 

Crê'e 4-*D 

PHILLIPEATJX.  —  Une  mention  honorable- 
Ini    est  accordée    pour  ses    travaux    sur 
^.,     l'ablation  des  capsules  surrénales  (con- 
*       cours  pour  le  prix  de  Physiologie  expéri- 
mentale de  iS.'i;) 080 

—  Extirpation  successive  ou  simultanée  des 

deux  capsules  surrénales  chez  les  rats  al-   . 

binos  et  les  surmulots ^10 

PHILLIPS.  — Réponse  à  quelques  remarques 
de  M.  iîeeci  (théorie  de  la  coulisse  de 
Stephenson) 29^1     \il> 

—  Solution  de  divers  problèmes  concernant 

la  résistance  des  poutres  droites  sous  l'ac- 
tion d'une  charge  en  mouvement 3o 

—  Du  trav.ii!  des  forces  élastiques  dans  l'in- 

térieur d'un   corps  solide  et  particulière- 
ment des  ressorts 333  et     .'iJo 

—  Du  profil  des   digues  de  réservoirs  d'eau 

en   maçonnerie 178 

—  M.  Phillips  est  présenté  par  la  .Section  de 

Mécanique    comme    l'un    des    candid.tts 
pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès 

de  M.  Cauchx •      H  jT) 

PHU'SON.  —    Observations     sur    quelques 
Cryptogames  indigènes  du  genre  Rhyto-' 
■   morpha ..,,..,  ,^ i38  et     7*4 

—  Note  sur  le  soufre  natif  des  terr.Tifis   am- 

monéens  de  ia  Sicile 812 

PICART.  —  Mémoire  sur  les  surfaces  dont 
les  lignes  de  courbure  sont  planes  ou 
sphériques .    ., 3:'G 

PICHOT.  —  Note  sur  la  construction  des  Ta- 
bles hygrométriques. io.')'i 

PICOU.  —  Considérations  sur  les  principaux 

mouvements  des  astres iS~ 

FIÉDAGNEL.  —   Note   sur  un  anesthésique 

local rSo 

PIERRE  (IsiD.).  —  Lettre  accompagnant  Pci-- 
Toi  d'ur;  exemplaire  de  ses  «  Recherches 
analytiques  sur  le  sarrasin  considéré 
comme  substance  alimentaire  » 2c3 

PIMONT  présente  au  concours  pour  lo  prix 
dit  des  Arts  insalubres  son  «  calorifuge 
plastique» G89  et     844 

PIOBERT  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  de  Mécanique 1 1S7 

PIOLAKTI  (l'abbr).  —  Lettre  concernant  de 
précédentes  Notes  adressées  par  lui  au 
concours  pour  le  prix  Bréant 219 

PISAKI. —  Note   sur  les   essais    de  plaqué 

d'argent  (en  commun  avec  M.  Sc'imiHi].  i3og 

PISSIS.  —  Recherches  sur   les    systèmes  de 

•  souliveinent  de  l'Amérique  du  Sud...    .     aSg 

—  Description   topogiaphique  et  géologique 


(  I 

Ittl.  Page», 

de  It  province  d'Aconeagtia.  (Rapport 
verbal    sur    ce     Mémoire;    Rapporteur 

M.  Gar) ioj4 

f'LASSlARD.  —  Sur  ies  cordes  du  violon 568 

POEÏ.  — Sur  le  nombre  de  personnes  tuées 
par  la  foudre  dans  le  royaume  de  la 
Grande-Brelajïue,  de  i85'2  à  i856,...    ..    12^0 

POINSOT.  —  Théorie  des  polyèdres (i5 

POISEUILLE.  —  Do  Pesistence  du  glycose 
dans  l'organisme   animal    (en   commun 

avec  M .  /.  Leforl.  ) 565  et    (177 

POLIGNAC  (de).  —  Réponse  aux  remarques 
laites  !,ur  sa  communication  du  5  octobre 
iSîy,  par  M.  Guibal  (Transmission  du 
mouvement  à  grande  distance  au  moyen 
de  l'eau) 4^3 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  réclamation 

de  M.  Fourneyron  sur  le  nième  sujet.  , .     543 
PONCELET. — Rapport  sur  le  concours  pour 

le  priï  de  Mécanique  de  iSSj 267 

—  M.  Poncclet  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

missionadministrative  pour  l'annceiSSS.       i5 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  de  Mé- 

canique    1187 

PORRO.  —  Note  sur  un  hcltoscope  nouveau.     i33 

—  Nouveau  micromètre  à  lignes  lumineuses 

rcdéchies  pour  les  instruments  d'astro- 
nomie      325 

—  Sur  un  grand  objectif  de  Sa  centimètres 

de  diamètre  :  supplément  aux  Mémoire» 
présentés  le3  novembre  i356et  le  18  mai 
>857 , 407 

—  <•  Considérations  photodynamiques  » jo32 

PODlLLliT.  —  Rapport  sur  le  prix  Tremont 

pour  1857 270 

—  Rapport  snr  le  programme  pour  le  grand 

prix  de  Sciences  mathématiques  à  décer- 
ner en  1860 3oo 

—  M.  Pouillei ,  au   nom  de  la   Commission 

nommée  pour  un  Mémoire  de  M.  tarer, 
sur  les  bases  mathématiques  de  la  musi- 


33i  ) 

■H.  fn"- 

que,  demande  radjonction  de  deut  Mcin- 
bies  de  TAcadéniie  des  Beaux-Arts ii3d 

—  M.  l'ouillel  présente,  au  nom  de  M.  Dela- 
marche,  deux  spécimens  du  câble  destiné 
à  établir  la  communication  télégraphiqne 
entre  l'Afrique  et  la  Sardaigne 999 

POULET.  —  Lettre  relative  à  aa  Note  sur  un 
procédé  pour  assurer  une  abondante  ré- 
colte de  fruits 109  et  18; 

POZNA^SKI.  —  D«  la  nature,  du  traitement 

et  des  préservatifs  du  chniéra-morbus...       39 

PRÉSIDENT  DE  L'INSTITCT  (  i.e  ).  — 
Lettre  concernant  la  séance  trimestrielle 
du  7  avril 5o3 

PKÉVILLE  (pe).  —  Mémoire  sur  les  inon- 
dations de  la  mer  océane  opérées  sur  le» 
côtes  de  la  basse  Normandie  et  de  la  Bre- 
tagne  , 9^6 

PRÉVOST  (Florkkt).  —  Observations  concer- 
nant le  régime  alimentaire  des  oiseaux. .     i36 

—  Rapport  sur  ce  Mémoire;  Rapporteur 
M.  Vuméril 3aa 

PREVOTTE  (L*\  -  Note  sur  des  modifica- 
tions intrcduiles  dans  lo  construction 
des  pianos î'S 

PROVOSTAYE  (de  la).  -  Etudes  sur  le 
thermo-multiplicateur  ou  appareil  de  No- 
bili  et  Melloni 768 

POECH.  —  Do  l'hématocèle  rétro-utérine. ..     ^o5 

—  De  l'hémorragie  vésiculaire  physiologique, 
de  l'hémomgio  vésiculaire  morbide  et 
de  leur»  rapports  avec  les hématocèles  ré- 
tro-utérines       493 

—  De  la  rétention  de  la  menstruation 58; 

—  De  l'apoplexie  des  ovaires 7^' 

—  Des  hémorragies  de  la  trompe  de  Fallope.    933 

—  De  la  rupture  du  plexus  utéro-ovarien —  1*69 

—  Addition  à  ses  précédentes  communica- 
tions sur  les  lésions  des  capsules  surré- 
nales    1147 


79" 


QDATREFAGES  (de).—  Note  sur  l'angle 
pariétal  et  sur  un  goniomètre  destiné  à  le 
mesurer 

—  Rapport  sur  le  conconrs  pour  le  grand  prix 

do  Sciences  naturelles  de  1857  (question 
concernant  la  reproduction  des  Infu- 
soiros  ) 274 

—  M.   de  Quatie/agcs  communique  des   ex- 

traits de  trois  Notes  relatives  à  l'éduca- 
tion et  aux  maladies  des  vers  à  soie 
(M.  Champoiseau,   Sip;   M.  Nadal,   020; 

C.  R.,  i858,  i"  Semestre.  (T.  XLVl.) 


M.  Hardy,  Saa)  et  présente  à  ce  sujet 
quelques  remarques.,  j 5aa 

QUET.  —  Note  sur  un  phénomène  do  pola- 
rité dans  la  décomposition  des  gaz  par 
l'étincelle  électrique,  et  sur  les  produits 
que  l'on  obtient  en  décomposant  l'alcool 
par  l'étincelle  électrique  ou  la  chaleur. .     goB 

QUIJANO.  —  Mémoire  sur  la  hauteur  de  l'at- 
mosphère; détermination  des  lois  quesuit 
son  expansion;  formule  pour  lu  calcul 
des  hauteurs  au  moyen  du  haromèlre. . .   laja 


.73 


(  i33a  ) 


R 


MH.  Fagrs. 

RAÏER  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  présenter  une  liste  da 
candidats  pour  la  place  d'Académicien 
libre  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Lar- 
ffeteau 674 

—  Membre  de  la  Commission  des  prix  de  Mé- 

decine et  de  Chirurgie to^l 

—  De  la  Commission  du  prix  dit  des  Arts  in- 

salubres    io8a 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physiolo- 

gie expérimentale Il3i 

EEECH.  —  Réponses  à  M.  Phillips  (Discus- 
sion concernant  la  théorie  de  la  coulisse 
de  Stephenson) 8a  et    178 

—  Théorie  des  propriétés  calorifiques  et  ex- 

pansives  des  fluides  élastiques 84 

^  Suite  du  «  Mémoire  sur  les  propriétés  mé- 
caniques de  la  chaleur  n • 33G 

—  M.  Reech  est  présenté  par  la  Section  de 

Mécanique  comme  l'un  des  candidats 
pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès 
de  M.  Cauchy 545 

REGNABD.  —  Des   électro-aimants  à  deux 

fils  et  de  leur  usa;;e dans  la  télégraphie..      181 

REGNAULD.  —  Noie  sur  le  rôle  électrocbi- 

miquedu  magnésium 853 

REGNAULT.  —  Rapport  sur  le  programme 

du  prix  Bordin  pour  i85g 3o5 

—  M.  licgnauh  communique  une  Lettre  de 

M.  de  la  Rive,  concernant  rinfluencc  du 
magnétisme  sur  les  décharges  électriques.    ga6 

—  Et  une  Lettre  de  M.  Zantedeschi,  concer- 

nant l'inducnce  du  magnétisme  sur  les 
décharges  électriques  et  sur  la  coloration 
de  l'arc  lumineux 1225 

RÉROLLE.  —  Lettre  concernant  un  précé- 
dent Mémoire  relatif  à  la  question  des 
polyèdres Syj 

RESAL.  —  Mémoire  sur  le  glissement  et  le 
roulement  des  corps  solides  et  sur  quel- 
ques propriétés  des  surfaces 801 

RETS  (de).  —  ,Etat  présent  des  éducations  de 

vers  à  soie  dans  le  Vivarais gSa 

REYBARD.  — Sur  les  anus  contre  nature.. .     687 

REYNAUD.  —  Expériences  relatites  à  la  por- 
tée de  la  lumière  rouge  et  de  la  lumière 
blanche  (en  commun  avec  M.  Vegrand).     i35 

HIBOURT  demande  et  obtient  l'autorisation 
de  reprendre  plusieurs  Mémoires  sur  la 
topographie,  la  météorologie  et  la  statis- 
tique de  Tahiti  et  d'autres  établisse- 
ments français  dans  l'Océanie ^89 

RICHE  (A.)  —  Recberclies  sur  l'action  du 


KM.  P>g«. 

courantélectriquesur  le  chlore,  le  brome, 
l'iode ,  en  présence  de  l'eau 348 

RIGAUD.  —  Démonstration  du   postulatum 

d'Euclide 347 

RITTER.  —  Lettre  à  M.  Le  Verrier  sur  l'in- 
stallation de  la  station  météorologique  da 
Constantinople 5<)l 

RITZ.  —  Lettre  concernant  sa  Note  sur  l'em- 
ploi de  l'hélice  comme  moyen  de  direc- 
tion des  aérostats IO97 

ROBIQUET.  —  Sur  le  dosage  médical  du  sa- 
cre diabétique  et  du  sucre  de  lait 684 

ROCHE  (écrit  une  première  fois,  par  suite 
d'une  signature  peu  lisible,  Broche.  — 
Notes  sur  la  maladie  des  mûriers,  consi- 
dérée comme  cause  de  la  gatinc  des  vers 
à  soie g34  et  1148 

ROLLAND  (Ecc).  —  Le  prix  relatif  aux  arts 
insalubres  est  accordé  à  M.  Eug.  Rolland 
pour  son  torréfacteur  mécanique 382 

RONNEAU.  —  De  l'emploi  des  paratonner- 
res pour  préserver  de  la  grêle  aussi  bien 
que  de  la  foudre 589  et     74^ 

ROSENSTIHL.  —  Sur  un  nouveau  composé 

chloré  de  l'acide  sulfuriquc 991 

ROSING  (A.l  et  Chichkoff.  —  Note  sur  l'ac- 
tion du  cyanhydrate  d'ammoniaque  sur 
l'alloxane 104 

—  Note  sur  l'action  du  perchlorure  de  phos- 

phore sur  le  chlorure  de  benzoïle 367 

—  Réponse    à   une   réclamation    élevée    par 

M.  Derlhelol  (action  du  perchlorure  de 
phosphore  sur  le  chlorure  de  benzoïle).,     697 

—  Recherches  sur  l'acide  pyrogallique iiSg 

ROTHSCHILD  (de),  Consul  général  d'Autri- 
che, transmet  un  exemplaire  des  «  Obser- 
vations magnétiques,  faites  en  1857,  par 

M.  ScAflui,  dans  le  sud  de  la  Méditerra- 
née » 845 

ROTOREAU.  —  Analyse  de  son  ouvrage  sur 
les  eaux  minérales  de  l'Allemagne,  et  en 
particulier  de  la  Hongrie Ii47 

BOUCHÉ.  —  Note  sur  la  théorie  de  la  dé- 
composition des  fractions  rationnelles. . .     54o 

—  Mémoire  sur  le  développement  des  fonc- 

tions en  séries  ordonnées  suivant  les  dé- 
nominateurs des  réduites  d'une  fraction 
continue I33i 

RODCHEE.  —  Sur  la  constitution  des  mar- 
nes et  en  particulier  des  «arnes  do  l'Al- 
gérie     laog 

ROUSSIN.  —Note  sur  une  nouvelle  classe 

de  sels,  les  nitroMlfures  doubles 334 


KM. 

ROUVILLE  (P.  de).  —  Pr<«Bence  du  mercure 

dans  le  sous-sol  de  Montpellier 5a 

KOÎER.  —  Sur  un  nouveau  système  pour  la 
pose  des  fils  souterrains  des  télégraphes 
électriques lo56 

ROZET.  —  Note  sur  quelques  faits  observes 

dans  les  dernières  crues  de  la  Durancc, ,     a5o 


(  i333  ) 

Page» 


«"■  PnM. 

RDHMKORFF.  -  Le  prix  Trdmont  lui  est  dé- 
cerné pour  ses  instruments  de  précision.    070 

—  M.  iîuiniAor// adresse  ses  reinerciments  à 

rAcadémio 378 

RUSSELL.  —  Sur  la  mesure  des  gaz  dans  l'a- 
nalyse (en  commun  avec  M.  Williamsun).    586 


SARODREAUD.  — Sur  le»  règles  à  suivre 
dans  l'.Tpplication  des  freins  aux  divers 
véhicules  d'un  convoi  en  marche  sur  un 
chemin  de  fer 8i2 

SAINT-VENA^T  (de).-  Etablissement  élé- 
mentaire des  formules  de  la  torsion  des 
prismes  élastiques 34 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (Cii.)  commu- 
nique Textrail  d'une  Lettre  de  M.  de  Ver- 
neuil  sur  i'élat  actuel  du  Vésuve ,  et  ap- 
pelle l'attention  sur  les  changements  qui 
se  sont  opérés  depuis  i854dans  le  plateau 
supérieur  du  volcan   117 

—  M.  Ch.  Sainte-Claire  Defille  communique 

l'extrait  d'une  Lettre  de  M.  Scacchi  sur 
un  troisième  cas  de  production  de  colun- 
nitc  par  la  lave  du  Vésuve 498 

—  M.  Ch,  Sainte-Claire  Deville  communique 

l'extrait  d'une  Lettre  de  M.  ilaugrt  sur 
l'état  actuel  du  Vésuve  et  sur  un  puits  ré- 
cemment foré  a  Naples ,098 

—  L'extrait  d'une  Lettre  de  M.  Gaiscardi  sur 

le  gaz  qui  se  dégage  de  l'eau  de  ce  puits. .     982 

—  Une    Note   de    M.  Palmieri    sur    l'érup- 

tion actuelle  du  Vésuve  ;  enfin  l'extrait 
d'une  nouvelle  Lettre  de  M.  Jl/aug^et,  con- 
cernant des  renseignements  de  date  pos- 
térieure sur  l'éiat  du  volcan 1210 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (H.).  — Action 
de  l'azote  et  de  ses  composés  oxydés  sur 
le  bore  (en  commun  avec  M.  F.Wohh-r).     i85 

—  Note  en  réponse  aux  observations  présen- 

tées à  l'occasion  du  précédent  Mémoire, 

par  M.  Despretz 35g 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  production  à  l'é- 

tat cristallisé  d'un  certain  nombre  d'es- 
pèces chimiques  et  minéralogiques  (en 
commun  avec  M.  Caron) «Ci 

SANDRAS  (L.).  —  Mémoire  sur  une  aflectioo 

nerveuse  singulière 58g 

SANSON.  —  Sur  les  eaux-de-vie  de  Cognac.     587 

SARLIT.  —  Note  sur  un  moyen  de  faire  le 
vide  dans  une  clocha  au  moyeu  de  réac- 
tion» chimiques iq.j 

-•  Puisiances  des  électro-aimants  omployéa 


comme  force  motrice  dans  les  bateaux  à 
vapeur ,aio 

SAVOYEN.  —  Addition  à  ses  «  Eludes  sur  la 
dégénérescence  physique  et  morale  de 
l'homme» gn 

SCACCHI.  —  Lettre  sur  un  troisième  cas  de 
production  de  cotunnite  par  la  lave  du 
Vésuve 4g6 

SCHADB.  —  Observations  magnétiques  faites 

dans  le  sud  de  la  Méditerranée 845 

SCHLAGDENHAUFt'EN.  —  Sur  la  marche 
générale  des  franges  dans  les  lames  min- 
ces de  quartz  et  de  spath,  taillées  sous  une 
inclinaison  quelconque  à  l'axe  optique 
(on  commun  avec  M.  Freyss) ii36 

SCHMIDT. —  Note  sur    les  essais  do  plaqué 

d'argent  (en  commun  avec  M.  Pisani)...  1209 

SCHNEEGANS.  — Mémoire  sur  la  résistance 

de  l'eau ,.,.     893 

SCHUTZENBERGER.  —  Recherches  sur  la 

cochenille 4^ 

—  Sur  quelques  produits   d'oxydation  de  la 

morphine  sous  l'influence  de  l'acide  azo- 
teux      5g8 

—  Recherches  sur  la  cinchonine 8g4 

—  Nota  sur  deux  nouveaux  dérivés  do  la  qui- 

nine et  de  la  cinchonine io65 

—  Recherches  sur  les  alcaloïdes  de  la  noix 

vomique laSi 

—  Note  concernant  un  produit  de  l'action  de 

l'acida  azoteux  sur  la  naphtalidame  (en 

commun  avec  M.  Villm.) 8g4 

SECCHI  (i.E  P.).— Eludes  photographiques  de 
la  lune  faites  à  l'observatoire  du  Collège 
Romain 1^ 

—  Note  sur  une  tache  solaire  observée  avec 

la  lunette  de  Merz  à  l'observatoire  du  Col- 
lège Romain aoa 

—  Dessin  d'une  tache  solaire;  images  photo- 

graphiques de  la  lune  et  de  Saturne...   .     793 

—  Essai  de  différents  micromètres 1079 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  DE  L'ACA- 
DÉMIE DES  BEAUX-ARTS(LE)  annonce 
qucMM.  Auber  etHalévy  ontété  désignés 
pour  faire  partie  de  la  Commission  char- 

géo  de  l'examen  d'un  Mémuire  de  M.  P, 

173.. 


(  i334  ) 


HH.  I> 

Loyer,  sur  les  bases  malhcmatiques  de  la 
musique 

SECRÉTAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  D'HORTI- 
CULTUREDE  LONDRES  (le)  remercie 
rAcadémie,  au  nom  de  relteSociétd,  pour 
l'envoi  des  tomes  XLIV  et  XL'V  des 
Comptes  rendus . . 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  DE  L'ACADÉ- 
MIE DES  SCIENCES  DE  NAPLES  (le). 
— Lettres  annonçant  l'envoi  de  divers  vo- 
lumes publiés  parcelle  Acnîémie.  8976! 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  DE  L'ACADÉ- 
MIE DES  SCIENCES  DE  TURIN  (le), 
en  adressant  un  nouveau  volume  des  Mé- 
moires, remercie  l'Académie  pour  l'invoi 
de  deux  nouveaux  volumes  des  Comptes 
rendus  et  de  quelques  pièrcs  délacliées . , 

SECRÉTAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ROYALE 
DE  LONDRES  (le)  remercie  l'Académie 
pour  l'envoi  d'une  nouvelle  série  des 
Comptes  rendus 

SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS  DE  L'ACA- 
DÉMIE DES  SCIENCES  (les).  Voir 
aux  noms  de  MM.  Flourens  et  Élie  de 
Beaumont. 

SEDGWICK  est  présenté  par  la  Section  de 
Minéralogie  et  Géologie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant     . 

—  M.  Sedgwick  est  nommé  Correspondant  de 

l'Académie  pour  la  Section  de  Minéralo- 
gie et  Géologie 

—  M.  Sedgwick  adresse   ses  rcinerclments  à 

l'Académie 

SÉDILLOT.  —  Réponse  &  une  réclamation 
de  priorité  de  M.  Boinet  pour  une  mé- 
thode de  traitement  du  pyothorax 

—  De  l'évidemcnt  des  os,  comme  moyen  d'en 

conserver  les  formes  et  les  fonctions,  et 
d'éviter  les  amputations 

—  Noie  sur  six  observations  nouvelles  d'évi- 

demont  osseux., 

—  Fracture  et  Inxalion  de  l'iistragile;  exlrac- 

lion  do  cet  os  en  totalité,  et  résection 
do  l'extrémité  inférieure  du  péroné  et  dn 
tibia;  guérison  avec  conservation  du 
membre., , 

SÉGUIER.  —  Rapport  sur  un  appareil  pro- 
posé par  M.  Ilarassich,  pour  l'extraction 
des  corps  plongés  dans  l'eau 

— ^Note  sur  un  appareil  d'incubation  arliC- 
cielie 

SEGUIN  aine  fait  hommage  à  l'Académie  d'uo 
Mémoire  qu'il  vient  de  publier,  sur  «  l'o- 
rigine et  la  propagation  de  la  force  ». . . . 

SEMANAS.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi 
d'un  exemplaireimprimédcsa  n  Doctrine 
pathogéniijue  » 


'agts. 
1301 


544 


685 


948 

9C8 
it3i 

24 

436 

836 
9'.0 

178 
1169 


SENARMONT  (de)  est  élu    Vice-Président 

pour  l'année   i853 i3 

^  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  ietty, 
intitulé  :  «  Recherches  sur  la  formation  et 
la  composition  oe  l'émcraude  » 5(J| 

SERRES. —  Rapport  fait  au  nom  de  la  Sec- 
tion do  Médecine  et  de  Chirurgie  sur  le 
concours  pour  le  prix  du  legs  Brèant.. . .    1029 

—  M.  Serres  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie     1041 

—  Et  Membre  de  la  Commission  du  prix  de 

Physiologie  e.i;périmenlale  . ii3i 

SHARSWOOD.  —  Leltre  concernant  l'envoi 
d'une  Note  sur  un  nouvel  antidote  de  l'a- 
cide arsénieux ii6g 

SHUMARD.  —  Sur  l'existence  de  la  faune 
pcrmienne  dans  l'Amoricjue  du  Nurd  ; 
Lettre  à  M.  de  Vcrneuil ....     897 

SICARD.  —  Produits  obtenus  du  «orgho  sucré 

de  la  Chine Il48 

SIGART  annonce  l'envoi  d'un  Mémoire  des- 
tiné au  concours  pour  le  prix  du  legs 
Brêant 4?^ 

SIMON  (Gcstave).  —  Nouvel  instrument  de 

nivellement tl46 

SIMON  (Onésihe). —  Supplément  à  son  Mé- 
moire sur  le  choléra-moi  bus  (attribué  par 
erreur  à  M.  Oncsime  Leroy) 92 

SIMONIN  (L.).  —  Sur  les  liguites  de  Monte- 

Ramboli 643 

SIMPSON  (Maxwell).  —  Noie  concernant  l'ac- 
tion du  brome  sur  l'iodured'aldéhydène.     4^7 

—  Sur  une  nouvelle  base  obtenue  par  l'aciion 

de  l'ammoniaque  sur  le  tribromure  d'al- 

lyle 785 

SISMONDA  est  présenté  par  la  Section  de 
Minéralogie  et  Géologie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant      9^8 

SOCIÉTÉ  DE  GÉOGRAPHIE  (la)  adressa 
des  billets  d'admibsion  pour  sa  séance 
publique  annuelle 789 

SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE  DES  • 
INDES  NÉERLANDAISES  (la)  envoie 
les  volumes  1  à  XIU  de  son  Journal. . . .   1149 

SOCIÉTÉ  LINNEENNE  DE  LONDRES  (la) 
remercie  l'Académie  pour  l'envoi  des  vo- 
lumes XLII-XLV  des  Comptes  rendus  et 
du  lome  XXVU  des  Mémoires ^og 

SOCIÉTÉ  LITTÉRAIRE  ET  PHILOSOPHI- 
QUE DE  MANCHESTER  (la)  remercie 
l'Académie  pour  l'envoi  du  tome  XLIV 
des  Comptes  rendus ■  •  •  •     49^ 

SOCIÉTÉ  ROYALE  D'EDIMBOURG  (la) 
remercie  pour  l'envoi  de  plusieurs  vo- 
lumes des  Comptes  rendus  et  des  Mé- 
moires de  l'Académie SjS 


(  i335) 

P>gM 


SOCIÉTÉ  ROYALE  GEOGRAPHIQUE  DE 
LONDRES  (la)  adresse  le  XXVII'  »o- 
lune  de  son  journal 935 

SOCQUET.  —  Mémoire  sur  les  caui  mini- 
raies  alcalines  gazeuses  de  Condillac. . . .     584 

SORBY  (C.-H.).  —  Lettre  &  M.  Élie  de 
Beau ri:ont  sur  le  mode  de  consoiidnlion 
du  granilo  et  de  plusieurs  autres  roches.     146 

SOUEL.    —    ^'ole  sur    un   nouveau  procédé 

pour  lu  peinture  à  roxychlorure  de  zinc.     4-'4 

SOYKR.  —  Sur  la  nature  et  le  traitement  du 

choléra-morbus SSj  et     844 

SPACOWSKl.  —  Moyen  pour  la  préparation 
dos  liqueurs  à  poids  spécifique  donné. 
Onnsimètre  construit  par  lui ill3 

SÏIEMEU.  —  Lettre  concernant  un  ouvrage 
destiné  au  concours  pour  le  prix  du  legs 
Bréant I0o5 


HU.  Ttff». 

STRAUS-DDRCKHEIM.  —  Rapport  sur  un 
modèle  d^une  machine  à  tailler  les  verres 
optiques  suivant  des  courbures  quelcon- 
ques, par  M.  Straus'Durckheim  ;  Rappor- 
teur M.  Babinel 967 

STUDEK  est  présenté  par  la  Section  de  Mi- 
néralogie et  Géologie  comme  l'un  des 
caTididats  pour  une  place  Tacante  de  Cor- 
respondant      g48 

SWAIM.  —  Appareil  pour  mesurer  l'inten- 
sité de  la  lumière  à  diverses  hauteurs  dans 
l'atmosphcrs  et  &  diverses  profondeurs 
dans  la  mer r43 

SWANN  (  Tb.  ).  —  Lettre  concernant  la  pro- 
chaine réunion  de  l'Association  Améri- 
caine pour  l'avancement  des  sciences .. .     4^7 


TARDIEU  (Léon).  —  Remarques  sur  une 
communication  de  MM.  Petits ei  Henrr, 
conccrn;int  un  moteur  clcclriquc 58 

TAVIGNOT.  —  Sur  la  cure  radicale  de  la 
tumeur  et  de  la  fistule  lacrymales  par 
l'excision  des  conduits 843 

TERQUEM.  —  Noies  sur  les  vibrations  lon- 

{{itudiiiales  des  verges  prismatiques 

775  et    9^5 

TERREIL  (A.)  —  Dosage  du  cuivre  par  le 

permangan.ttc  de  potasse a3o 

TEXIER  met  sous  les  yeui  de  l'Académie 
un  fragment  d'un  bas-relief  reprcsentant 
on  laboureur  numide  faisant  usage  d'un 
araire  traîne  par  un  cliameau tl33 

—   M.  Texier  communique    un    Mémoire  de 
M./'rci'il/c,  concernant  les  inondations  de 
l'Océan   sur  les   côles  du  la  basse  Nor-  ' 
mandie  et  de  lu  Bretagne gS6 

THENARD(P.).  —  Note  sur  la  manière  dont 

les  phosphates  passent  dans  les  plantes.  .     21a 

TtlIRlON  (l'abbë;.  —  Sur    la  transmission 

des  mouvements   circulaires 

935  ,     X097  et  I  i;o 

TIFFEREAU.  —  Production   artificielle  de 

l'or  par  l'oxydation  des  sulfures 8g6 


TISSIER.  — Sur  l'équivalent  de  l'aluminlnm.   iio5 

TiSSOT  (A.),  —  Sur  le  développement  mo- 
difié de  Flamsleed 646 

TOSELLI.  —  Lettre  concernant  do  précé- 
dentes communications  sur  les  télé- 
graphes, les  chemins  de  fer,  les  ma- 
cliincs  à  vapeur,  l'artillerie ioo5 

TREVE.  —  Sur  remploi  combiné  de  la  ma- 
chined'induclion  de  Ruhmkorlfet  d'une 
pièce  d'artillerie  pour  signaler  dans  les 
ports  le  midi  moyen,  et  servir  au  règle- 
ment des  chronomètres  à  bord  des  na- 
vires    loSo 

—  Bapport  sur  ce  Mémoire;  Rapporteur  M.  du 

Petit-Thouars 1254 

TROOST  et  Marie  Davt.  —  Mémoire  sur 
la  détermination  par  la  pile  des  quantités 
de  travail  moléculaire,  exprimées  en  ca- 
lories, produites  par  l'union  des  bases. . .     ^48 

—  Dc'.erniiuation   par  la  pile  des  unités  de 

chaleur  produites  dans  l'acte  de  la  cora- 
hinaisondn  chlorure  avec  les  mciaux  . ..  936 
TR0D1LLET(E.).— Lettre  concernant  une 
précédente  communication  sur  un  pro- 
cédé particulier  pour  la  culture  de  la 
viene 109 


VAILLANT  (le  Marêcdal).  —  Communica- 
tion relative  à  des  tremblements  de  terra 
ressenti*  en  Algérie  les  t5  et  16  février.     5i5 


M.  le  Maréchal  Vaillant  communique  une 
Lettre  de  M.  le  Préfet  d'Alger  sur  un 
tremblement  de  terre  ressenti  le  9  mars.     58g 


^  M.  le  Maréchal  Vaillant  présente,  au  nom 
de  Pauteur  M.  Fahré,  un  Mémoire  sur  la 
résistance  des  corps  fibreux C24 

—  M.  lo  Maréchal  Vaillant    présente  et  fait 

connaître  par  une  analyse  un  Mémoire  de 
M.  Vayson,  «  Sur  le  sang  chaud  des  Mam- 
mifères considéré  dans  ses  rapports  avec 
l'cconomie  des  sangsues  médicinales»..     838 

—  M.  le  Maréchal  Vaillant  présente  encore 

un  Mémoire  adressé  de  Nemours  (Algé- 
rie), par  M.  Ducammun,  sur  les  habitudes 
du  kermès  de  la  vigne 319 

—  Une  Note  de  M.  Monclar,  ayant  pour  ti- 

tre ;  «  De  la  possibilité  d^établîr  des  ma- 
chines héliomotrices  et  des  avantages 
qu'elles  offriraient  » 846 

—  Un  Mémoire  de  M.  Schneegans  sur  la  ré- 

sistance de  l'eau 89a 

—  Lulin  un  Mémoire  de  M.  de  Molschulskjr, 

de  Saint-Pétersbourg,  sur  les  insectes 
par  lesquels  ont  été  percées  des  balles  de 
plomb  rapportées  de  Crimée laii 

M  la  Maréchal  Vaillant  est  nommé  Membre 
de  la  Commission  chargée  de  présenter 
une  liste  de  candidats  pour  la  place  d'A- 
cadémicien libre  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Largeteau 674 

VALAT  obtient  l'autorisation  de  reprendre 
un  travail  intitulé  :  «  Mémoire  sur  les 
treize  solides  réguliers  d'Archimède  ».. .      186 

VALENCIENNES.  —  Note  sur  la  reproduc- 
tion des  Homards 6o3 

—  Note  sur  quelques  poissons  d'Algérie. .. .     711 

—  Sur    une  suite   intéressante  de    coquilles 

rapportées  des  mers  du  Japon  et  de  la 
manche  de  Tartarie  par  M.  Baithe 769 

—  A    l'occasion    d'une    communication    de 

M.  Teiier,  sur  l'ancien  emploi  du  cha- 
meau comme  bôiedctrait,  M.  VaUnciennes 
rappelle  qu'au  Muséum  d'histoire  natu- 
relle on  a  longtemps  employé  au  manège 
d'une  pompe  des  chameaux  de  l'une  et  de 
l'autre  espèce ia5 

VALSON  (C.-A1PH.3.  —  Sur  la  théorie  de 

l'action  capillaire 95 

VALZ  annonce  que  M.  Laurent  vient  de  dé- 
couvrir une  Si"  petite  planète  télesco- 
pique,  qui  a  recule  nom  de  Nemaiisa...     189 

—  Orbite  provisoire  de  la  planète  (.5i) 4^5 

—  Nouveaux  cléments  de  la  planète  Nemausa, 

—  Observations  de  la    première  comète 

de  1 858 607 

VAN  BENEDEN.  —  Pénétration  des  sper- 
matozoïdes dans  l'œuf  observée  sur  un 
Dislome 858 

VATTEMARE  transmet  un  tableau  publié 
par  M.  Maury,  donnant  IcB  rapports  des 
preitionsjbaromotriquei  et  de*  vents  pen- 


(  i336  ) 

PogM 


UM.  Pag«. 

dant  une  traversée  de  New- York  à  San- 
Francisco ^jS 

—  M.  Vattemare  transmet  des  cartes  et  autres 

documents  relatifs  au  télégraphe  trans- 
atlantique       94j 

VAÎSON.  —  Sur  le  sang  chaud  dos  Mammi- 
fères considéré  dans  ses  rapports  avec  les 
sangsues  médicinales 838 

VELPEAU.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
discussion  entre  MM,  Boinet  et  Sédillot, 
concernant  le  traitement  du  pyothorax..     i83 

—  M.   Velpeau  confirme  le  fait  annoncé  par 

M.  Namias,  ds  l'état  sain  des  capsules 
surrénaUs  chez  un  individu  atteint  de  la 
maladie  d'Addison 846 

—  M.  Velpeau  présente,  au  nom  de  l'auteur, 

M.  Delenda ,  deux  Mémoires  intitulé*: 
l'un  :  M  Fragment  d'une  tocologie  hellé- 
nique 1)  ;  l'autre  :  t  Recherches  sur  la  con- 
valescence au  point  de  vue  hellénique». 
98  et    gîo 

—  M.  Velpeau  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie   lofi 

VERDU. —  Note  sur  un  projet  de  langue  uni- 
verselle      187 

VERGNAUD  ROMAGNESI.  —  Lettre  con- 
cernant son  travail  intitulé  :  «  Histoire 
et  Statistique  du  Loiret  » ^75 

VERNEUIL  (de).  —  Lettre  sur  l'élat  actuel 
du  Vésuve  et  sur  les  changements  qui  se 
sont  opérés  depuis  i85-i  dans  le  plateau 
supérieur  du  volcan 117 

VICAT.  —  Note  sur  les  effets  comparés  de 
la  mer  libre  et  des  liissolulions  étendues 
de  sulfate  de  magnésie,  en  tant  qu'ai;ent8 
destructeurs  des  composés  hydrauliques.      190 

—  Lettre  relative  à  une  secousse  de  tremble- 

ment de  terre  qui  s'est  fait  sentir  à  Gre- 
noble dans  la  uuit  du  1 1  au  12 7G4 

VILLAItCEAU  (ïvon). -Note  sur  la  déter- 
mination des  erreurs  do  division  du 
cercle  de  Fortin ^58 

—  Réduction  d'observations  delà  planète(5'2) 

faites  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris.     460 

—  Réduction    des    observations   de    la   pla- 

nète (5i)  faites  à  l'Observatoire  de  Paris.  5gî 

—  Recherches  sur  la  V  comète  de  iSSj gg 

—  Recherches  sur  la  III*  comète  de  1  S.Sj ...  u  1 5 
VILLENEUVE  (de).  —   Recherches  sur  les 

rapports  de  la  géologie  et  de  l'hydro- 
graphie      618 

VINCENT  fait  hommage  à  l'Académie  d'ex- 
traits de  géomètres  grecs  (  Héron  d'A- 
lexandrie, Pappus,  Héron  deBysanceet 
Jules  l'Africain),  extraits  restitués,  tra- 
duits et  annotés  par  lui.  > loag 


(  i337  ) 


•W-  Pages. 

VIQUESKEL.  —  Extrait  d'une  Lettre  de 
M.  A.  Doué  snr  un  voyage  scientifique  en 
Turquie  et  en  Grèce  que  va  entreprendre 
M.  Kreil 8i3 

VOGEL  (Fritz).   —  Sur  l'utilité  que  pour- 


HH.  Pigei 

raient  avoir   pour  les   photographes  les 

indications   du  polariscopc ^54 

VOLPICELLI  (P.).  —  Snr  quelques  observa- 
tions électrométriques  et  électrosco- 
piques 533 


W 


WAGENER.  —  Note  sur  une  nouvelle  con- 
struction de  tampons  pour  les  voitures 
des  chemins  de  fer 4o8 

WALFERDIN  prie  rAcadémie  de  vouloir 
bien  le  comprendre  parmi  les  candidats 
pour  la  place  d'Académicien  libre  va- 
cante par  suite  du  décès  de  M.  £ar^eti?au.       39 

—  M.  Walfeidin   est    présenté  comme   l'un 

des  candidats  pour  la  place  d'Académi- 
cien libre  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Laigeleau ..     8i5 

—  Nouveau    thermomètre     métastatique    à 

maximum j3j 

WANNER.  —  Observations  sur  deux  ordres 
de  vaisseaux  appartenant,  les  uns  aux  tu- 
niques musculaire,  nerveuse  et  mu- 
queuse de  l'intestin ,  les  autres  à  sa 
membrane  pcritonéalo 634  ^t    ^^9 


WENCELIDES.  —  Sur  les  bancs  de  sable  de 
l'océan  Pacifique  et  sur  la  recherche  qu'on 
y  pourrait  faire  de  minerais  exploi- 
tables       474 

WILUAMSON.  —  Sur  la  mesure  des  gaz 
dans  l'analyse  (  en  commun  avec 
M.  Russeîl) 786 

WILLM. —  Note  sur  un  produit  de  l'action  de 
l'acide  azoteux  sur  la  naphtalidame  (en 
commun  avec  M.  Schuizenbeigcr) 894 

WÔHLER  (F.).  —Action  de  l'azote  et  de  ses 
composés  oxydés  sur  le  bore  (en  com- 
mun avec  M.  H.  Sainte-Claire  Deville).. .     i8b 

"WURTZ  (Ad.).  —  Note  sur  l'amylglycol...     244 

—  Recherches  sur  l'acide  lactique 1228 

—  Note  sur  un  nouvel  acide  lactique laSi 


YVOH  VILLARCEAU.   Voir  Villarceau. 


UWSK.I.  —  Mémoire  ayant  pour  t^tre  : 
\La  gravitation  c'est  l'électricité».  427  et  1006 
_J'aspect  de  la  lune  dans  son  premier 

588 


ZANTEDESCHI.  —  Influence  du  magnétisme 

sur  les  décharges  électriques 1335 

—  Lettre  accompagnant  l'envoi  de  deux  nou- 
veaux Mémoires  d'acoustique iaa6 


-   IHPaïUEKIE    MILLET- BACIIELieit, 

rue  du  Jardinet,  11. 


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