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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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D&W1988 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


■       DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


/S*.  %ù  li   A-,  J^f 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  DE  MALLET-BACHELIER, 
rue  du  Jardinet,  n°  12. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES   SÉANCES 

DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PUBLIÉS 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

<L»    iate    3a    <3    (Jui-Ket   4835 

PAR    MM.  LES     SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  QUARANTE-NEUVIÈME. 

JUILLET  — DÉCEMBRE  1839. 


PARIS, 


MALLET- BACHELIER,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES    COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    l' ACADÉMIE    DES    SCIEKCES, 

Quai   des  Augustins,  n°  55. 
1859 


COMPTE   RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉmE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  4  JUILLET  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  la  manière  de  ramener  à  la  d/namique  des  corps 
libres,  celle  des  corps  quon  suppose  gênés  par  des  obstacles  fixes  ; 
par  M.  PoiNsoT. 

«  1.  Nous  n'avons  considéré  jusqvi'ici  que  des  corps  parfaitement  libres. 
Mais  en  mécanique  on  considère  souvent  des  corps  qui  n'ont  d'autre  li- 
berté que  celle  de  tourner  sur  quelque  point  ou  axe  fixe,  ou  de  glisser  sur 
un  plan  inébranlable,  etc.  ;  et  l'on  pourrait  croire  que  dans  cette  nouvelle 
hypothèse  la  solution  des  problèmes  demande  de  nouveaux  principes. 
Mais  on  va  voir  que  les  précédents  nous  suffisent,  et  que  notre  théorie 
s'applique  de  la  manière  la  plus  directe,  et  même  la  plus  naturelle  à  ces  cas 
singuliers  où  l'on  suppose  quelque  obstacle  fixe  qui  gène  les  mouvements 
du  corps. 

»  2.  Et  en  effet,  il  n'y  a  dans  la  nature  aucun  corps  fixe.  Un  point  qu'on 
appelle yîjce,  n'est  au  fond  qu'un  point  invariablement  attaché  à  quelque 
corps  dont  la  masse  est  très-grande,  et  regardée  comme  infinie  par  rapport 
à  celle  du  mobile  que  l'on  considère.  On  peut  donc  toujours  concevoir,  à 
la  place  de  ce  point  qu'on  appelle  y?.re,  un  point  vraiment  libre,  mais  qui 


/,7 


(6) 
serait  chargé  d'une  masse  infinie  ;  ou,  pour  s'en  faire  une  image  plus  nette, 
un  point  dans  lequel  on  supposerait  qu'une  quantité  infinie  de  matière  se 
trouve  pour  ainsi  dire  concentrée. 

»  De  cette  manière,  au  lieu  d'un  corps  de  figure  quelconque  et  de  masse 
finie  M,  mobile  autour  d'un  point  i  qu'on  suppose  fixe,  on  n'aura  plus  à 
considérer  qu'un  système  libre  composé  de  ce  même  corps  M  et  d'un  point 
matériel  //,  qui  lui  est  attaché  en  I,  et  dont  la  masse  p.  est  infinie  par  rapport 
à  M. 

»  3.  ri  est  évident  que  dans  un  tel  corps  ou  système  le  centre  de  gra- 
vité g  tombe  infiniment  près  du  point  I,  et  que  ce  centre,  étant  chargé  de 
la  masse  infinie  p.  -f-  M,  ne  peut  recevoir  qu'un  mouvement  infiniment  petit 
par  l'action  des  forces  finies  qu'on  y  supposerait  appliquées.  Ce  centre  de 
gravité  g  reste  donc  immobile  sous  l'action  de  ces  forces,  et  fait,  à  propre- 
ment parler,  ce  que  nous  nommons  un  point  fixe. 

»  4.  Mais  si  \a.  force  d'inertie  du  système,  c'est-à-dire  la  masse  M  -H  |x,  est 
infinie,  le  moment  d'inertie  ne  l'est  point.  Ce  moment,  autour  d'un  axe  mené 
par  le  centre  g,  a  une  valeur  finie  ;  et  cette  valeur,  comme  on  va  le  voir, 
est  exactement  la  même  que  si  l'on  prenait  le  moment  d'inertie  du  simple 
corps  proposé  M  autour  du  même  axe.  Si  donc,  en  considérant  toutes  les 
forces  appliquées  au  système  comme  transportées  parallèlement  à  elles- 
mêmes  au  centre  de  gravité  g,  on  trouve  que  ce  centre  reste  immobile  sous 
l'action  de  ces  forces,  à  cause  de  la  masse  infinie  M  -l-  fjidont  il  est  chargé, 
on  voit  que  le  corps  ne  restera  point  immobile  sous  l'effort  des  couples  qui 
naissent  de  cette  translatioti,  mais  qu'il  prendra  une  rotation  finie  Q  autour 
du  centre  g",  à  cause  de  la  valeur  finie  de  son  moment  d'inertie  relatif  aux 
axes  qui  passent  en  ce  point. 

M  II  y  a  donc  lieu  de  proposer  des  questions  dynamiques  relatives  à  un 
corps  forcé  de  tourner  sur  un  point  fixe;  et  pour  les  résoudre,  il  suffit 
d'appliquer  les  solutions  trouvées  pour  un  corps  libre,  mais  avec  cette  at- 
tention de  regarder  le  point  fixe  comme  étant  le  centre  de  gravité  du  corps, 
de  supposer  à  ce  corps  une  masse  infinie^  et  de  donner  à  son  moment 
d'inertie  la  vraie  valeur  finie  qu'il  doit  avoir,  et  que  nous  allons  déter- 
miner. 

»  5.  Supposons  d'abord,  pour  plus  de  clarté,  que  ce  point  matériel,  que 
nous  attachons  en  1  au  corps  proposé  M,  n'ait  qu'une  certaine  masse  finie 
Il  ;  cherchons  le  moment  d'inertie  du  système  autour  du  centre  de  gravité 
g,  et  voyons  ensuite  ce  que  devient  l'expression  (/Ji  4-  M)  K'  de  ce  moment 
quand  on  fait  fx  infinie. 


(7) 
»  6.  Soit  G  le  centre  de  gravité  du  simple  corps  M;  et  faisons  la  ligne 
IG  =  d.  Si  l'on  coupe  celte  ligné  au  point  g  en  deux  parties  i  et  d  —  i  réci- 
proques aux  masses  M  et  fx,  on  aura  le  centre  de  gravité  g  du  système  ;  et 
pour  les  distances  de  ce  point  à  I  et  à  G, 

•  i  =  d -1     d—i  =  d 


-M  p-hM 

Or  le  moment  d'inertie  du  point  massif  fx  autour  du  centre  g  est  évidem- 
ment fjt,i*  :  celui  du  corps  M,  relatif  au  même  point,  est  composé,  i°  de  son 
moment  d'inertie  autour  de  son  propre  centre  de  gravité  G,  et  que  je  dé- 
signe par  MD'  ;  i°  du  produit  M  (^  —  i)'  de  la  masse  de  ce  corps  par  le 
carré  de  la  distance  (^— i)  de  son  centre  au  point  g.  En  ajoutant  ces  va- 
leurs on  aura  donc,  pour  le  moment  d'inertie  du  système,  représenté  par 
(fx  +  M)R^        . 

{p.  +  M)  K"  =  (li^  -4-  M  (r/  -  iy  -h  MD» 
d'où,  en  mettant  pour  i  sa  valeur  précédente,  on  tire 


\3 


»  Actuellement,  supposons  que  la  masse  fx  augmente  depuis  zéro  jusqu'à 
l'infini,  on  voit  que  le  moment  d'inertie  augmente  depuis  MD",  qui  est  sa 
valeur  la  plus  petite,  jusqu'à  M  (D^  ■+-  d''),  qui  est  sa  valeur  la  plus  grande  : 
de  sorte  qu'en  faisant  pt.=  oo  ,  afin  de  passer  à  l'hypothèse  mathématique 
d'un  point  fixe  dans  le  corps  M,  on  a 

(fx-HM)R='  =  M  (D^  +  r/»); 

ce  qui  est  précisément  la  même  valeur  que  si  l'on  eût  pris  le  moment  d'i- 
nertie du  simple  corps'M  autour  du  point  I. 

»  7.  Le  moment  d'inertie  du  système  ayant  donc  luie  valeur  finie,  il  est* 
clair  que  si  ce  moment  est  représenté  à  la  manière  ordinaire  par  le  produit 
(fx  -t-M)  R*,  la  ligne  R  qui  représente  le  bras  de  l'inertie  doit  être  regardée 
comme  nulle,  à  cause  de  la  masse  (/x  ■+-  M)  égale  à  l'infini.  Cependant  il  est 
bon  de  remarquer  que  cette  ligne  infiniment  petite  R  est  infiniment  grande 
par  rapport  à  la  distance  i  du  point  I  au  centre  de  gravité  g  du  système.  Il 
en  est  de  cette  ligne  R  à  l'égard  de  la  seconde  /,  comme  du  sinus  d'un  arc 
infiniment  petit  à  l'égard  de  son  sinus  verse.  Si  l'on  compare,  en  effet,  l'ex- 


(8) 
pression  de  K',  qui  est 


à  celle  de  i',  qui  est 


on  trouve 


K' 

_  f*       rf'  +  D'('^7) 

î= 

M                      cP 

d'où  résulte,  en  faisant  /v.  =  oo  , 


K' 


et  par  conséquent  K  infiniment  grand  par  rapport  à  /. 

»  D'un  autre  côté  il  faut  remarquer  que  la  quantité—,  qui  en  géométrie 
représente  une  ligne,  ne  répond  point  ici  à  une  ligne  infinie,  mais  à  une 
certaine  ligne  terminée  l.  Car  en  multipliant  les  deux  nombres  de  l'équation 
précédente  par  /,  et  mettant  dans  le  second  membre,  au  lieu  de  z,  sa  va- 
leur d >  on  trouve 

(jt  +  M 

/         M 


d'où,  en  faisant  p.  =  ce  ,  on  tire 

K^  _  rf"  -f-  D'  _    .       D'  _  .  • 

(  fi  d  ' 

ce  qui  est  l'expression  de  la  ligne  IC  qui  va  du  point  I  au  centre  C  d'oscilla- 
tion du  corps  M  autour  de  ce  point  I. 

»  8.  On  voit  par  là  que  le  même  point  C  qui  est  réciproque  au  point  I 
dans  le  simple  corps  M,  est  aussi  réciproque  à  I  dans  le  système  composé  du 
même  corps  M  et  du  point  matériel  de  masse  infinie  p.  placé  en  I.  Si  donc 
on  suppose  que  le  système  est  frappé  en  I  à  la  distance  infiniment  petite  / 
du  centre  g^,  soit  à  gauche,  soit  à  droite  de  ce  point  g,  le  centre  spontané 


(9) 

D' 
de  rotation  se  trouvera  de  l'autre  côté,  en  C,  à  une  distance  finie  /  =  d-] — j- 

Or  maintenant,  quelque  petite  que  soit  cette  distance /du  point  I  au  centre  g, 
on  peut  toujours  concevoir  entre  ces  deux  points  un  autre  point  O  dont  la 
distance  x  au  point  g  soit  infiniment  petite  par  rapport  à  /,  et  par  consé- 

quent  telle,  que  l'expression  —  soit  infiniment  grande  par  rapport  à  -r; 

donc,  puisque  celle-ci  répond  à  une  ligne  terminée  /,  l'autre  —  répondra 

à  une  ligne  infinie  :  de  sorte  que  le  centre  spontané  C  correspondant  au 
centre  de  percussion  O  sera  à  une  distance  infinie  du  centre  de  gravitég.  Lors 

K' 
donc  que  dans  nos  formules  nous  trouverons  l'expression  —,   ou   nous 

aurons  à  faire  la  variable  indépendante  x  égale  à  zdro,  il  faudra  prendre 

—  =  ce  ,  bien  que  l'expression  semblable  -r-  réponde  à  une  ligne  finie  l 

lorsque  la  variable  j,  dépendante  de  K,  devient  aussi  égale  à  zéro. 

»  9.  Ainsi  il  faut  bien  se  garder  de  confondre  en  dynamique  cette  ligne 
infiniment  petite  K,  qui  représente  le  bras  d'inertie  du  système,  avec  la  ligne 
infiniment  petite  i,  qui  marque  la  distance  du  centre  de  gravité  g  au  point 
massif  ^  attaché  en  I,  quoique  ces  deux  lignes  deviennent  également  nulles 
dans  notre  hypothèse  de  ^  =  oo  .  Il  faut  aussi  bien  distinguer  les  vraies 

valeurs  des  expressions  -r-  et  — i  dont  la  première,  où  i  et  R  sont  toutes 
deux  variables  avec  /jl,   donne    une   ligne  finie  l  =  d -i-  —,  tandis  que 

l'autre  — ,  où  x  est  indépendante  de  fx,  donne  une  ligne  infinie  dans  le 

cas  de  X  =  o.  Ces  distinctions  délicates  sont  aussi  nécessaires  en  dynamique 
qu'en  analyse  ;  car  pour  peu  qu'on  les  néglige,  on  s'expose  à  tomber  dans 
des  erreurs  grossières. 

»  10.  Pour  en  donner  un  exemple,  supposons  que  notre  système  ayant 
reçu  l'impulsion  d'un  couple  donné  N,  on  demande  avec  quelle  force  Q  le 
corps  frapperait  un  point  fixe  T  qu'on  viendrait  à  lui  présenter  à  une  dis- 
tance quelconque  x  du  centre  de  gravité  g.  Nous  avons  démontré  ailleurs 
qu'on  aura  pour  la  grandeur  Q  de  cette  percussion 


^  K'  +  x' 

et  que  le  maximum  de  Q  se  trouve  au  point  T  qui  répond  à  la  distance  x  =  K, 

c.  R.,  i859,  3>"<^  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  1.  ;  2 


(  ïo) 
c'est-à-dire  à  rextrémité  du  bras  K  de  l'inertie  du  système.  Or,  comme 
cette  ligne  K  est  ici  nulle,  on  pourrait  conclure  que  le  centre  T  de  la  per- 
cussion maximum  se  confond  avec  le  centre  de  gravité  g  :  ce  qui  serait  en 
dynamique  une  erreur  très-grande;  car  il  est  aisé  de  voir  qu'au  point  g-  la 
percussion  est  entièrement  nulle,  tandis  qu'au  point  T,  quoique  inBniment 
proche  de  g,  la  percussion  est  infinie. 
»  Et  en  effet  l'expression 

devient  pour  x  =  o 


X 


Q  =  N — ^— =o, 

comme  il  est  évident  d'ailleurs  que  cela  doit  être,  puisque  le  système  tourne 
réellement  sur  son  centre  g  et  ne  peut  ainsi  causer  aucune  percussion  par 
ce  point. 

»  Mais  en  faisant  x  =:K,  l'expression  devient 

laquelle,  en  prenant  pourK  sa  valeur  qui  est  ici  nulle,  devient 

^  o 

»  11.  De  même,  si  le  corps,  au  lieu  d'être  animé  par  un  couple  N,  avait 
reçu  l'impulsion  d'une  simple  force  P  passant  à  une  distance  donnée  â  du 
centre  g,  auquel  cas  la  percussion  Q  dont  le  corps  serait  capable  à  une 
distance  quelconque  x  de  ce  même  centre  aurait  pour  expression 


on  pourrait  conclure  que  le  centre  ï  de  la  percussion  maximum,  qui  se 
trouve  à  la  distance 


X 


K'  /         K' 


se  confond  ici,  à  cause  de  R  =  o,  avec  le  centre  de  gravité  g  :  ce  qui  serait 
une  erreur  de  doctrine  toute  semblable  à  la  précédente. 


(  "  ) 

»  Car  au  point  g,  c'est-à-dire  quand  on  a  x  =  o,  la  percussion  Q  est 
actuellement  égale  à  la  force  P,  tandis  qu'au  point  T,  qui  répond  à  la  valeur 
précédente  de  wC,  on  a  une  percussion  Q  infinie. 

»  12.  Au  reste,  pour  se  faire  des  idées  plus  nettes  et  pour  éviter  toute 
erreur  dans  les  applications,  il  vaudra  toujours  mieux  supposer  que  la 
niasse  ju.  n'est  point  infinie,  mais  seulement  très-grande,  et  conserver  ainsi 
cette  lettre  p,  dans  toutes  les  expressions  de  notre  analyse.  Toutes  les  quan- 
tités seront  alors  bien  distinctes,  et  l'on  pourra  voir  leurs  vraies  valeurs 
mathématiques  dans  l'hypothèse  de  fi=  oo  .  Cette  manière  de  voir,  en  sup- 
posant fjL  non  pas  infinie,  mais  seulement  très-grande,  est  d'ailleurs  plus 
conforme  à  la  nature,  car  en  réahté  il  n'existe  pas  de  corps  ni  de  point  dont 
la  masse  soit  infinie;  cette  supposition  n'est  pas  moins  imaginaire  que  celle 
d'un  point  fixe.  Tout  ce  qu'on  voit  de  réel,  c'est  qu'un  corps,  tel  qu'un 
levier  par  exemple,  peut  très-bien  s'appuyer  par  un  de  ses  points  contre  un 
autre  corps  dont  la  masse  est  très-grande  et  dont  le  mouvement,  en  vertu 
des  forces  appliquées,  sera  très-petit  et  comme  insensible  par  rapport  à  celui 
que  prendra  le  mobile  que  l'on  considère. 

»  Mais  il  ne  sera  peut-être  pas  inutile  d'éclaircir  encore  ces  points  de 
doctrine  par  quelques  applications  numériques. 

Exemple. 


r, 
M 


»  15.  CO,  verge  immatérielle  chargée  à  ses  bouts  C  et  O  de  deux  points 
massifs  M  et  [i.  Si  la  verge  est  frappée  en  C  avec  une  force  P,  on  de- 
mande la  percussion  Q  que  cette  verge  roide  peut  causer  sur  un  point  T 
pris  à  la  distance  GT  =  x  du  centre  de  gravité  G  du  système  des  deux 
masses  ]x  et  M. 

»  Le  moment  d'inertie  du  système  autour  de  son  centre  G  sera,  en  fai- 
sant GO  =  i,  GC  =  /  —  i[l  étant  la  longueur  CO), 

(M  +  pi) R*  =  ^i» 4-  M  (/  -  i)\ 

K  désignant  le  bras  de  l'inertie  ;  or  on  a 

i  =  l.  — »     /  —  i=  l 


M-t-p  M-t-p' 

a.. 


donc 


d'où  l'on  tire 


(  M  +  fi  )'  ^  ' 


»  La  percussion  Q  causée  en  T,  à  la  distance  x  de  G,  est  exprimée  par 

^  — *^-        K'-f-  x^      ' 

si  l'on  cherche  la  valeur  de  x  qui  répond  au  maximum  de  la  percussion  Q, 
et  qu'on  la  désigne  par  Xq,  on  trouvera 

0^0=  —  t  ±:  y///, 

et  mettant  cette  valeur  de  x  dans  l'expression  de  Q,  on  aura,  pour  la  valeur 
maximum  de  cette  percussion, 

Q,=  |(.*y/7^). 
OU,  si  l'on  veut, 

»  Exemple.  Prenons  le  cas  de  M  =  i ,  jn  =  9999,  ce  qui  donne  ^  =  9999; 
on  aura 

10000'        ^         ' 


i  =  l.-^ 


■  5 


d'où 


K. 


_  i^  9999, 

i  '    lOOOO 


L'abscisse  Xq  du  point  T  où  se  fait  la  plus  grande  percussion  sera 

x,=  li--^±^\, 
\      10000       100/ 


(  «3) 
et  cette  percussion  maximum  sera 

de  même  sens  que  la  force  P  ;  ou,  au  point  T'  réciproque  à  T, 

Qo=?(i-v/ioooo)  = ---99, 

de  sens  contraire  à  P. 

»  Dans  cet  exemple  donc  où  la  verge  OC  est  chargée  à  ses  deux  bouts 
de  deux  points  massifs  fji  et  M  qui  sont  entre  eux  dans  le  rapport  de  9999 
à  I,  et  où  le  point  M  est  frappé  par  une  force  P,  la  percussion  maximum  Q 

vaut  5o  -  fois  la  force  d'impulsion  P,  et  au  point  T',  réciproque  à  T,  elle 

est  49  -  fois  cette  même  force  P,  mais  de  sens  contraire  à  la  première. 

»  Le  point  Tdela  plus  grande  percussion  est  entre  le  centre  G  et  le  centre 
G;  l'autre  point  T'  de  la  percussion  maximum  de  sens  contraire  à  P,  tombe 
de  l'autre  côté  du  centre  G.  Ces  deux  points  T  et  T'  sont  tous  deux  très- 
voisins  du  centre  de  gravité  G  :  le  premier  T  en  est  à  une  distance  GT  égale  à 

de  OC;  Tautre  T'  à  une  distance  GT'  égale  à de  la  même  ligne 

lOOOO  '  "  lOOOO  " 

OC  :  leur  distance  mutuelle  TT'  est  donc l  =  -—  l. 

loooo  00 

»  Le  bras  K  de  l'inertie  du  corps  autour  de  G  est  =  / ,  J-â993  —  —  /  à  peu 

'^  loooo         100  '^ 

près;  etlT'=  x^-i-  x'^  est  exactement  le  double  de  R',  K'  étant  le  bras 

de  l'inertie  autour  de  O  ;  car  on  a 


donc 


»  li.  Si  dans  les  formules  de  l'article  15  on  veut  faire  p.  infinie  par 
rapport  à  M,  afin  de  passer  à  l'hypothèse  mathématique  d'un  point  fixe  O, 
pris  dans  la  verge  roide  OC  chargée  en  C  du  point  massif  M,  on  trouvera 
pour  le  moment  d'inertie  (M  +  p.)  R'*  autour  du  point  fixe  O, 

(M  +  fx)R'='=:lVI/  = 


K»  +  P  =  il  -  i^  +  i'  =  il  =  /».. 

I 

lOOOO 

R'=:/.-i-     et      aR'=/.^; 
100                              00 

iT=  2R'. 

72 


(  i4  ) 

le  même  que  donnerait  le  simple  corps  M  autour  du  point  O.  Mais  le  bras 
K'  deviendra 


-'-s/^, 


o; 


cependant  -r-  deviendra  une  ligne  finie  égale  à  /;  d'où  l'on  voit  que  K'  qui 

est  infiniment  petit,  est  infiniment  grand  par  rapport  à  i;  ainsi  le  bras  d'iner- 
tie R'  est  à  l'égard  de  i,  distance  de  p.  au  centre  de  gravité  G  du  système,  ce 
qu'un  sinus  d'arc  infiniment  petit  est  à  l'égard  du  sinus  verse. 

»  Si,  p,  restant  un  point  massif,  G  est  le  centre  de  gravité  d'un  corps  de 
figure  quelconque  de  masse  M,  on  a  pour  le  moment  d'inertie  du  système 
de  fji  et  de  M,  autour  du  centre  de  gravité  G, 

(M  +fx)K'  =  m/d= 


D  étant  le  bras  de  l'inertie  du  simple  corps  M  autour  de  son  centre  de  gra- 
vité; d'où,  en  faisant  jt,  infinie  pour  passer  à  l'hypothèse  d'un  point  fixe 
en  pt,  on  tire  le  moment  d'inertie 

(M  +  fji)R*=M(D=  +  Z»), 

le  même  que  si  le  point  fx  était  anéanti. 

))  Quoi  qu'il  en  soit,  il  résulte  de  tout  ce  qu'on  vient  de  dire  que  dans 
le  mouvement  d'un  corps  M  autour  d'un  point  fixe  O,  le  centre  de  percus- 
sion ordinaire,  n'est,  pas  plus  que  dans  un  corps  libre,  le  centre  de  la  plus 
grande  percussion  de  ce  corps  contre  un  point  fixe  T  qu'on  viendrait  op- 
poser tout  à  coup  à  son  mouvement  actuel.  Ce  véritable  centre  T  est  infini- 
ment près  du  point  fixe  Q,  et  cette  percussion  est  infinie. 

>)  15.  Nous  avons  trouvé  dans  lui  précédent  travail  que  le  point  par  le- 
quel un  corps  M  pourrait  communiquer  à  un  point  libre  de  masse  m  en 
repos  la  plus  grande  vitesse  possible,  n'est  pas  le  centre  de  percussion 
maximum  du  même  corps  contre  un  point  qu'on  supposerait  fixe;  que  ce 
nouveau  centre  de  plus  grande  vitesse  communiquée  à  un  point  libre  m, 
se  trouve  à  une  distance  X  du  centre  spontané  O  du  corps  choquant  M,  qui 
est  exprimée  par 


).=:-y/a»-i-K'(,+^), 


(  '•'5  ) 
K  étant  le  bras  de  l'inertie  du  corps  M  autour  de  son  centre  de  gravité  G, 
et  a  la  distance  de  ce  même  centre  G  au  centre  spontané  de  la  rotation. 
Si,  au  lieu  du  simple  corps  M,  nous  considérons  le  système  M  +  ^i,  composé 
de  M  et  d'un  point  massif  jx  placé  en  I  à  la  distance  a'  du  centre  G  de  ce 
système  M -f- fx,  il  faudra  changer  dans  l'expression  précédente  de  [i, 
M  en  M  -f-  fjt, ,  a  en  «'  et  K  en  K'*,  K'  étant  le  bras  de  l'inertie  du  système 
autour  du  centre  G  ;  ainsi  on  aura 


ou 


r  =  «'»  +  K.'^(i+?î^) 


A"  =  a'"  +  R"*  +  CÎÎ-±A)  K'^ 


Maintenant  si  l'on  suppose  pi  =  co  ,  afin  de  passer  à  l'hypothèse  d'un  point 
fixe  I  autour  duquel  tourne  le  simple  corps  M,  on  aura  a'  =  o,  R'  =  o; 
mais  (M  +  |x)K'*  ne  deviendra  pas  zéro,  et  sa  vraie  valeur  sera 

(M  +  fx)R'*  =  M(R''  +  rf*), 

d  étant  la  distance  du  centre  G  au  point  I,  et  K  le  bras  de  l'inertie  du 
simple  corps  M  autour  de  son  centre  G;  M  (R*  +  d')  sera  donc  le  moment 
d'inertie  du  corps  autour  du  point  fixe  I. 

»  Ainsi  quand  un  corps  M  tourne  autour  d'un  point  fixe  I,  le  centre  V 
de  plus  grande  vitesse  communiquée  à  un  point  libre  m  se  trouve  à  une 
distance 


V  m 


ce  point  V  dépend,  comme  on  voit,  du  rapport  qu'il  y  a  entre  la  masse  M 

du   corps   choquant  et  la  masse  m  du  corps  choqué;  la  distance  IV  est 

M 
proportionnelle  à  la  racine  carrée  du  rapport  — 


»  Si  7n  =  M,  IV  devient  simplement  y'R^  -1-  d^;  c'est  le  bras  de  l'inertie 
du  corps  autour  du  point  fixe. 

»  Si  m  devenait  infinie  et  représentait  ainsi  un  point  fixe,  IV  deviendrait 
nulle,  et  ce  serait  alors  le  centre  de  percussion  maximum,  ce  qui  s'accorde 
parfaitement  avec  ce  qu'on  a  déjà  établi. 

»  Si  m  était  très-petite  par  rapport  à  M,  la  distance  IV  serait  très-grande,  v 


(  i6  ) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —   Sur  ta  tiléorie  des  équalions  modulaires; 
par  M.  Hermite.  (Suite.) 

«  L'étude  des  fonctions  F,(;r,  A)  et  F2(;r,  A),  qui  se  présentent  avec  les 
mêmes  propriétés,  conduit  à  des  résultats  an.iloguesà  ceux  que  nous  venons 
d'indiquer  relativement  à  5',  [x.  A),  tandis  que  g^i^^  A)>  qui  correspond  à 
l'ordre  inipropremenl  primitif  des  classes  de  déterminant  —  A,  dans  le  cas 
de  A^—  I  modS,  semble  devoir  rester  entièrement  en  dehors  de  cette 
analogie.  Réservant  pour  un  autre  moment  l'étude  de  cette  fonction,  je  me 
bornerai  maintenant  aux  résultats  qui  concernent  les  deux  premières,  et 
dont  voici  la  principale  propriété  : 

»  Si  l'on  excepte  les  cas  de  A  =  i,  A  =  2,  l'ensemble  de  leurs  racines 
peut  être  décomposé  en  groupes,  qui  chacun  en  comprennent  quatre  que 
l'on  peut  représenter  ainsi  : 


Il  s'ensuit  qu'elles  sont  décomposables  en  facteurs  du  quatrième  degré  de 
cette  forme  : 

{x  -+-  i)*4-  a.x{x  —  i)', 

et  qu'on  peut  ramener  les  deux  équations  F,[x,  A)=:o,  F,{ar,  A)  =  o  à 
un  degré  quatre  fois  moindre,  moitié  par  conséquent  du  nombre  des  classes 

de  déterminant  —  A,  par  la  substitution  j  =  ^.    _■%;• 

»  Les  considérations  arithmétiques  qui  conduisent  à  ce  résultat  montrent 
en  même  temps  que  le  nombre  des  classes  de  déterminant  —  A  est  tou- 
jours pair  lorsque  A^i  ou  ^  a  mod  4,  sauf  les  exceptions  ci-dessus  men- 
tionnées de  A  =  I,  A  =  2.  S'il  se  réduit  à  deux,  a  sera  un  nombre  entier, 
qu'on  pourra  calculer  comme  il  suit  : 

1°.     A^i     mod  4- 
»  Les  deux  classes  sont  alors  représentées  par  les  formes  réduites  : 

(i,  o,  A),       ^a,    I,  ^-^y 


(  »7  ) 
et  la  première  donne  l'équation 

(r,  o,  A)2  =  o, 
d'où 

w  =  I  +  /  v'A- 

»  Il  suffit  donc  d'exprimer  que  {x  -j-  i)*  ■+-  ax{x  —  i)*  =  o  a  lieu  pour 
X  =  Ç>'(w)j  ce  qui  donne,  en  faisant  q  =  e"'", 

1 6a  =  —  (-+  io4  +  43729  +  962665'^  + .  ..)> 

et  par  suite  comme,  d'après  la  valeur  de  w,  (jf  =  —  e"""^'^, 

.c  TT  \/Â  ,       4372       06256 

gît  y' A         fiîtv'A 

Or  depuis  A  =  9,  on  peut  se  borner  aux  deux  premiers  termes  de  cette 
suite,  et  si  l'on  désigne  par  a  le  nombre  entier  immédiatement  supérieur  à 

e^^^^  on  aura  exactement 

a  —  io4 

a  = TT—^- 

10 

»  Les  déterminants,  qui  ne  donnent  ainsi  que  deux  classes  dans  l'ordre 
])rimitif  et  auxquels  on  pourra  appliquer  cette  formule,  sont 

—  5,   —9,   —  i3,    —25,   —37,  etc. 

»  Par  la  méthode  algébrique  indiquée  dans  un  précédent  article  (voyez 
Comptes  rendus,  t.  XL VIII,  p.  1097),  on  obtient  les  résultats  suivants  que 
l'emploi  de  la  formule  pourra  servir  à  vérifier,  savoir  : 

{x  +  i)* -h  "i^xlx —  lY  =  o  A  =  5, 

{x -h  i)* -h  3.a^x{x  —  iy=  o  A  =  9, 

{x -h  i)*  +  y.'^'^x{x  —  lY  =  o  A  =  i3, 

{x -h  l'j* -h  5.3\-i'' x{x  —  lY  =  o  A  =  25. 
2°.     A^  2     mod  4- 

»  Les  deux  classes,  qu'on  suppose  seules  exister,  sont  représentées  par 

C,   R.,  iSjg,  a™'  Semeslie.  (T.  XLIX,  N»  1.)  3 


(  '8) 
les  f'orines 


(r,  o,   A),      ^2,  o,  ^  A); 


à  la  première  correspond  la  valeur 

M  =  i  \/ à, 
d'où 

et,  tout  à  fait  comme  précédemment,  on  est  conduit  à  l'expression 

»   En  désignant  encore  par  n  le  nombre  entier  inunédialement  supérieur 
k  e       ,  on  aura  la  formule 

qui  sera  applicable  à  partir  de  A  =  lo. 

»   Les  déterminants  qui  ne  fournissent  que  deux  classes  dans  l'ordre  pri- 
mitif, seront 

—  (j,      —  lo,      — i8,      —  '22,      — 58,      — 82,   etc., 

si  on  les  joint  aux  précédents,  ainsi  qu'à  ceux  dont  il  a  déjà  été  question 
à  propos  du  polynôme  ^,  {x.  A),  on  aura  autant  de  cas  dans    lesquels  la 

quantité  e^^"^  approche  d'autant  plus  d'un  nombre  entier  que  A  sera  plus 

grand;  ainsi,  par  exemple,  dans  la  quantité  e"^  ■"  la  partie  décimale  com- 
mence par  neuf  chiffres  égaux  à  9. 

»  Voici  les  équations  auxquelles  on  parvient,  comme  on  va  le  voir,  par 
la  ?tiéthode  algébrique  générale,  savoir  : 

x^  —  6x-hf  =  o  A=   2, 

(x  +  ))*—  3*.    2*.    x{x  —  iy=o  A  =  6, 

(j7-M)'—    5*.    2^    a:(j:  — j)"=o  A=io, 

(ar  +  i)*-   f.    2*.   x{x-ïy=o  A  =18, 

(.r-f-i)*—  1 1''.  3*.  2*x{x—  i)^=  o  A  =22. 


(  19) 
On  remarquera  que  le  coefficient  numérique  —  a  est  toujours  un  carré 
divisible  par  A,  sauf  le  cas  du  déterminant  —  i8,  le  seul  qui,  n'étant  pas 
le  double  d'un  nombre  premier,  ne  renferme  cependant  que  deux  classes 
dans  l'ordre  primitif.  Mais  lorsqu'on  a  A^  i  mod  4,  c'est  la  quantité  a-f- 16 
qui  contient  A  en  facteur  lorsqu'il  est  un  nombre  premier,  et  le  quo- 

tient  se  présente  toujours  comme  égal  a  un  carre.  La  même  circon- 
stance se  remarque  dans  les  équations 

{x^— x  +  iy-h  (/.{ûc^—acf  —  o; 

à  l'égard  de  la  quantité  4a  +  27  (*),  qui  est  également  le  produit  de  A  par 
un  carré,  lorsque  A  est  un  nombre  premier. 

1)  X.  Le  calcul  des  polynômes  F,  [x,  A)  et  Fa  (x,  A)  repose,  comme  il  a 
été  dit,  sur  la  formation  de  l'équation  qui  résulte  du  système, 

ou 

6  (t»,  m)  =  o,      u*  —  —  V—  ' 

en  faisant  u^z=x  {**).  Les  quantités  A,  qui  répondent  dans  les  deux  cas  aux 
valeurs  de  n  pour  lesquelles  on  possède  l'équation  modulaire,  sont  indi- 
quées dans  ce  tableau  : 


(*)  L'identité 

en  montre  l'origine,  et  donne  en  même  temps  une  résolution  facile  des  équations  ^,  (.r,  A)  =;o, 
lorsqu'elles  sont  du  6'  degré. 

ITT 

(**)  Le  système  0  (i',  m)  =  o,  c  =  -     ,  u'  =z  x,  donne  aussi  une  équation  en  -r  dont  le 

premier  membre  est  le  produit  de  facteurs  qui  sont  tous  de  la  forme  F,  (x,  A)  ou  Fj(x,  A). 
Le  premier  cas  a  lieu  lorsque  le  nombre  «,  qui  désigne  l'ordre  de  la  transformation  à  laquelle 
se  rapporte  l'équation  modulaire,  est  ^  i  mod  4,  et  alors  ^^n  —  p',  p  étant  impair. 
Si  «  ^  —  1  mod  4,  ce  sont  les  facteurs  Fj  [x,  ^)  qui  se  présentent,  A  étant  encore  n  —  p% 
mais  p  devant  être  supposé  pair. 


3.. 


(    20    ) 


n 

^  =  l 

(mod4)- 

A  =  2  (mod4). 

3 

5 

2,   6 

5 

I, 

9 

6,  10 

7 

5, 

i3 

10,  i4 

II 

i3. 

21 

6,  18,  22 

i3 

'> 

17,   25 

10,   23 ,   26 

•7 

9» 

25,  33 

18,  3o,  34 

'9 

i3. 

27,  39 

2,  22,  34,  38 

n  On  y  remarque  que  h  =  1 1  conduit  à  trois  déterminants^  1  inod  4, 
auxquels  correspondent  seulement  deux  classes  dans  l'ordre  primitif,  le  dé- 
terminant —  18  fournissant  en  outre  une  classe  dérivée  de  (i,  o,  2)  Ce  cas 
donnera  donc  les  polynômes  F^  [x,  A)  pour  les  valeurs  A  =  2,  6,  18,  22, 
et  nous  le  choisirons  comme  exemple  de  la  marche  qu'on  peut  suivre  dans 
ce  genre  de  calcul. 

n  J'observe  à  cet  effet  qu'en  disposant  dans  un  ordre  convenable  les 
termes  de  l'équation  donnée  par  M.  Sohnke,  on  peut  l'écrire  : 


i,«2  _  u'^  +  44"*  v'  {v*  -  M*)  4-  i65  tt»  o'  [v'  -  M*)  +  44  mV»  {v*  -  u*) 
-f-  32t^"i^"  —1-iiâv'iy''  -^11^)  +  88 m"  1^°  +  \Zi  u' v'  —  1Z2  u'' v^  -  88m'p' 

+  27.UV[V*  +  «*)  —  ?)2UV  =  o, 

ou  bien,  en  mettant  en  évidence  le  facteur  v^  —  ii*, 

{v'  —  u')[v^  +  lâ  +  44  lâ  v'  4-  imu'v'  4-  44  u"  v^) 
-\-\ouv[ii^°  (j"*  4-  I  I  là  V*  4-  iiiâ  v^  —  aa  IV*  —  1 1  lî^v^  —  i)  =  o. 


(  2'  ) 

»  Or  en  faisant  uv  =  (v,  la  relation 


ou 

M*  i^*  +  J^*  l»*   —   I  =  O, 

donne 

f*4-  M*  =  I  —  tv*, 
i>*  -f-  M*  =  1  —  aw*  +  w*, 


V*  —  u*  =  \/i  —  6w*  +  w*  ; 

de  sorte  qu'on  peut  immédiatement  déduire  de  l'équation  modulaire  une 
relation  contenant  seulement  w,  savoir  : 


\/i  —  6w*  -+-w'  (w*+  44 w*  4-  i6uw*  -+■  44 w*  +  i) 

+    \OW  (1^'°+  I  IW'  +  221V*  —  22tv'  —   I  I  fV*  —  l)  =  O. 

Or,  en  faisant  disparaître  le  radical  on  parvient  à  une  équation  réciproque 
en  w*,  ce  qui  conduit  à  poser 

tV*H ;  =  Z, 

et  on  trouve  ainsi  : 

(Z=^-8)(Z»+44Z+   j6o)«-   I00(z-2)(z*-f-  12Z-+-  32)*  =  o 

ou 

Z(Z+  4)"  [z  —   20)  (z"  +   192)=  O. 

»  Maintenant  nous  observerons  qu'en  faisant  m*  =:  x,  on  a 

•         u>^  =  Vïl^    et     ,^^+l-2  =  i^. 


es- 


(x  -\-  1)' 

»  Ainsi  l'expression  —. — —A-  dont  il  a  été  déjà  parlé  comme  entrant 

sentiellement  dans  la  composition  des  équations  que  nous  voulons  obtenir, 
se  présente  ici  d'elle-même,  et  puisque 


tv*  +  -^  —  2  =  z*  —  4, 


(  "  ) 

la  quantité  a  sera  liée  à  z  par  cette  relation  très-simple  a=  —  (z*  —  4  )*•  H 
en  résulte  que  l'équalion  en  x  est  le  produit  des  facteurs  suivants  : 

(x-f-i)*  -  i'x[x-i),     [{x  +  ïy-y.:L*x{x  -  ifW 
et 

[X  +  ly   -   \VW.0.'X{X   -if, 

le  dernier  qui  répond  à  la  valeur  la  plus  élevée  de  A,  étant  le  seul  qui 
n'entre  pas  au  carré,  car  {x  -+-  i)*  —  i''x{x  —  i)*  h={x^  —  Qx  -+-  if.  Et 
comme  ils  sont  écrits  en  suivant  l'ordre  des  valeurs  croissantes  de  la  quan- 
tité a,  ils  correspondent  respectivement  à  A  =  u,  6,  i8,  22,  puisque,  abs- 
traction faite  du  signe,  a  augmente  avec  A  d'après  la  relation 

\bct.—  —  \e        -h\oL\  +  ...). 

»  XI.  Le  polynôme  É^  (x,  A),  dans  le  cas  le  plus  simple  où  l'on  a  A  =  7, 
s'obtient  immédiatement  par  les  équations  fondamentales 

M    =  — r^ 


eji  supposant  i'  =  u,  el  supprimant  dans  le  résultat  le  facteur  x.  On  trouve 
ainsi  l'équation 

16  JT^  —  3ix-+-  16  =  0. 

Pour  les  valeurs  suivantes  de  A,  le  calcul  devient  plus  difficile,  et  c'est  en 
recourant  à  des  méthodes  particulières,  que  le  P.  Joubert,  dans  un  travail 
important  sur  le  discriminant  des  équations  en  U  =  \kk'  et  V  =;  V^-X',  a 
réussi  à  obtenir  ces  polynômes  pour  A  =  i5,  23,  3i.  Je  me  bornerai  à 
donner  l'idée  de  ces  procédés  et  des  méthodes  variées  qu'on  peut  suivre 
dans  ces  recherches  en  considérant  le  cas  de  A=i5. 

M  Alors  on  a  dans  l'ordre  improproment'jîrimilif,  deux  formes  conduisant 
aux  équations  types 

(2,    I,   8),  —  o,        (4,    I,  4)a=  0; 

et  si  l'on  fait  pour  un  instant  (4,  i ,  4)  =  o,  ou  2  cj*  -t-  «  +  2  =  o  et 
^  =  <p*  (w)  (];*(«),  on  trouvera  très-aisément  l'équation  en  Ç,  en  remar- 
quant qu'on   peut  écrire 

2 

2W  +    1   = 5 


(33) 

d'où 

et,  par  suite,  en  élevant  à  la  puissance  quatrième, 

2J('(&))  I  -+-  ip'(w).' 

Comme  on  a  d'ailleurs  [?*(«)  +  ({'*(«)]^  =1  +  2^»,  on  trouvera 


ce  qui  donne 

(?-2)(|»-6?+4)  =  o. 


»   Le  facteur  du  second  degré  convient  setil,  et  on  en  tire  l'équation 
I  x,  en  remarqi 
sorte  qu'on  aura 


en  x,  en  remarquant  qu'on   doit  supposer  a:  =  ç'(w  -)-  1)  =     ?*  ^^' — ,  de 


§'  = 


et,  par  suite, 

2^{X  —  jy—2*.4']X{x—  lY  ■+■  X^  —  O. 

B  Cette  équation,  conformément  à  ce  qu'on  a  dit  en  général,  a  pour 
coefficient  de  jc*  une  puissance  de  2,  et  la  forme  particulière  sous  laquelle 
elle  se  présente  permettra  d'en  déduire  très-facilement  la  transformée,  qui 
correspond  à  l'ordre  proprement  primitif  (*),  savoir  : 

{ûc  —  i)*  —  2*.47.-r(a:  —  ij'+  a'^x'  =  o, 

et  de  vérifier  ainsi  que  dans  cette  transformée  le  coefficient  de  la  puissance 
de  X  redevient  égal  à  l'unité. 

»  XII.  Nous  possédons  maintenant  tous  les  éléments  qui  figurent  dans  le 
discriminant  de  l'équation  modulaire  du  12^  degré,  qui  sont  les  facteurs 
relatifs  à  l'ordre  improprement  primitif  de  déterminant  —  7,  et  à  l'ordre 
primitif  de  déterminant  —  24.  Le  premier,  comme  on  vient  de  le  trouver, 
est  i6x^—  3i  .r  +  16.  Le  second  doit  être  tiré  de  l'équation 

{x-{-iY-3\^*x{x-ïy  =  o, 
(*)  Voyez  Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  p.  1098. 


(  =^4  ) 

qui  correspond  au  déterminant  —  6,  en  y  remplaçant  x  par  -  A -=^1  et  f'ai- 

sant  disparaître  s^x  par  l'élévation  au  carré  (*).  On  trouve  ainsi  l'expression 

ar'— 3oi96oj:''4- 355o492.a^^+  197978217680;^+  i3oi76o8ac* 
+  19797821 768  x'-j- 355049a  X* —  301960X+  i; 

cp  qui  conduit  au  résultat  déjà  donné,  et  qu'il  eût  été  bien  difficile,  comme 
on  voit,  de  tirer  algébriquement  de  l'équation  modulaire.  11  ne  me  rest<? 
plus,  pour  terminer  cette  partie  de  mes  recherches,  qu'à  indiquer  un  moyen 
do  le  vérifier,  ce  qui  sera  l'objet  d'un  prochain  article.  » 

MÉTi:OROLOGiE.  ~  Reclierclies  sur  les  ombres  colorées  qui  se  manifestent  à 
diverses  heures,  en  diverses  saisons,  et  sur  tes  applications  du  pliénomène ; 
par  M.   J.  FofRNET.  (Suite.) 

»  L'influence  d'un  sol  couvert  de  son  linceul  blanc  de  l'hiver  devait  né- 
cessairement être  étudiée;  mais  bien  que  pendant  les  deux  dernières  saisons 
j'aie  guetté  les  occasions  de  me  rendre  compte  des  effets  que  la  neige  est 
capable  de  produire,  leur  douceur  exceptionnelle  me  fut  très-impropice. 
Cependant  je  crois  devoir  rendre  compte  des  résultats  obtenus,  parce  qu'ils 
pourront  mettre  d'antres  observateurs  mieux  favorisés  à  même  de  complé- 
ter ma  tâche. 

»  Conformément  à  ma  coutume,  j'ai  d'abord  examiné  une  large  flaque 
étalée  à  proximité  sur  une  pente  du  mont  Ceindre,  près  de  Lyon.  C'était  le 
24  janvier  i858,  à  3  heures  de  l'après-midi,  et  j'avais  alors  la  tempéra- 
ture de  —  o",9,  lui  ciel  qu'une  tempête  mugissante  du  nord  s'efforçait  d'épu- 
rer, mais  qui  conservait  obstinément  ime  suffisante  quantité  de  vapeur  pour 
que  le  soleil  fût  légèrement  jauni.  Sous  l'empire  de  ces  conditions,  les  con- 

(*)  J'ai  donné  inexactement,  t.  XL VIII,  p  1098,  la  substitution  j:  = 1 -^1  au  lieu  de 

\         Y  -f-  I 

celle  qui  vient d'êtreemployée:x= — | — ■  J'indiquerai  aussi,  t.  XLVIII,  p.  1 080,  dans 

l'équation  4v— X' — X — A,.— 4 ^n,  'a  correction  suivante:  4<'  =  X' — 3b— N— 4  N'.  Enfin, 
dans  les  expressions  de   .i„   et  A„,    on    doit  remplacer   \  lî'iî'    par  ^  S8';S''S' '^n  par 

ô-î'^n,  el  la  condition  (  -  J  =::;  |  -  J  par  {-\  =  f-^)'  J'ajouterai,  ce  que  j'ai  omis 
de  dire,  «pic  les  diviseurs  ô  et  ô'  peuvent  être  pris  égaux  entre  eux  et  égaux  à  l'unité. 


(  à5  ) 
cavités  de  la  neige  possédaient  une  demi-transparence  indiquée  par  le  joli 
bleu  de  leurs  parois,  de  sorte  que  dans  cet  état  de  congélation  l'eau  con- 
serve la  propriété  azurante  qu'elle  possède  étant  liquide.  Cependant  l'ombre 
qui  en  résultait  était  d'un  bleu  pur,  sans  doute  parce  que  l'ensemble  de  l;i 
nappe,  beaucoup  plus  étendue  que  la  somme  des  dépressions,  reflétait  sur 
le  papier  la  masse  surabondante  du  jaune  qu'elle  recevait  du  soleil. 

»  Le  a7  février  suivant,  il  était  tombé  une  forte  quantité  de  neige;  mais 
elle  était  fondante  sous  l'influence  d'un  fort  vent  du  sud  qui  éleva  rapide- 
ment la  température  à  8°, 5,  en  chassant  vivement  une  quantité  de  nuées 
blanches,  vaporeuses,  débris  du  stratus  neigeux.  A  i  heure  du  soir  je  montai 
sur  une  terrasse  de  la  Croix-Rousse,  afin  d'avoir  devant  moi  la  grande  plaine 
qui  s'étend  de  Lyon  au  Jura.  Alors,  tournant  le  dos  au  soleil,  j'obtenais 
encore  une  ombre  d'un  bleu  caractérisé  dans  les  moments  où  ses  rayons 
perçaient,  et  passant  au  gris  quand  la  face  de  l'astre  était  voilée.  Ces  appa- 
rences se  soutenaient  d'ailleurs,  malgré  les  précautions  dont  je  m'entourais 
pour  éliminer  les  influences  étrangères;  mais  d'assez  larges  surfaces  de  la 
plaine  étaient  déjà  dénudées,  et  leur  interposition  compliquait  nécessaire- 
ment l'action  de  la  neige. 

»  Cet  inconvénient  était  sans  doute  grave,  et  pourtant  le  rapprochement 
du  résultat  d'alors  avec  celui  du  24  janvier  me  conduit  à  admettre  que, 
malgré  son  apparente  blancheur  générale,  la  neige  doit  refléter  l'orangé  so- 
laire en  quantité  suffisante  pour  produire  des  ombres  bleues.  En  cela  son 
rôle  serait  analogue  à  celui  d'une  terre  aride. 

»  Léonard  de  Vinci  admettait  qu'une  mer  agitée  n'a  point  d'ombre  uni- 
verselle. On  conçoit  en  effet  que  les  facettes  de  cette  nappe,  dont  les  rides 
inconstantes  se  déforment  continuellement,  doivent  étrangement  modifier 
les  apparences  optiques  selon  les  caprices  des  vents  et  selon  les  positions  de 
l'observateur.  S'il  a  le  soleil  en  face,  les  rayons  réfléchis  par  des  milliers  de 
miroirs  concaves,  convexes,  dilatent  prodigieusement  l'irradiation  qui  serait 
résultée  d'une  simple  mer  d'huile.  Si  le  soleil  est  derrière  lui,  il  retrouvera 
encore  une  réflexion  subdivisée  par  les  prismes  aqueux,  et  celle-ci  formera 
également  une  large  traînée  éblouissante.  Le  clapotage,  une  mer  mouton- 
neuse, blanchissante,  ne  produiront  point  les  pliçnomènes  de  la  grande 
houle.  D'ailleurs,  selon  les  troubles  du  rivage,  selon  les  profondeurs,  il 
aura  une  eau  tantôt  verte,  tantôt  azurée.  Enfin  un  ciel  couvert  doit  altérer 
les  ombres  qu'aurait  formées  un  ciel  pur. 

»  En  butte  à  ces  variations  incessantes,  j'ai  pensé  qu'il  fallait  me  con- 

C.  R.,  1859,  2™=  Semestre.  (  T.  XLIX,  N»  I.)  4 


{  ^6  ) 
tenter  de  noter  les  apparences  telles  qu'elles  se  sont  successivement  mani- 
festées, en  élaguant  toutefois  les  répétitions  inutiles,  et  quant  à  mes  obser- 
vations, je  les  fais  autant  que  possible  en  me  plaçant  à  angle  droit  du  so- 
leil, afin  d'éviter  ses  reflets  trop  ardents  dont  je  n'avais  à  attendre  que  des 
ombres  noires  ou  indéterminables. 

»  Le  2  mars  i858,  à  1 1  heures  du  matin,  le  ciel  azuré  étant  parsemé  de 
cumulus  blancs,  une  partie  de  l'étang  de  Rerre,  où  l'eau  paraissait  d'un 
bleu  passablement  pur,  m'a  donné  un  rose  légèrement  empourpré  et  fort 
beau . 

»  Dans  la  même  matinée,  une  branche  de  cette  mer  intérieure  se  trou- 
vant fortement  souillée  par  le  limon  ocreux  introduit  par  les  rivières  dé- 
bordées, qui  y  formait  de  larges  nuages  flottants,  les  ombres  passaient  ra- 
pidement du  gris  verdàtre  au  jaune  mélangé  de  vert  selon  l'irrcgulière 
distribution  des  troubles.  En  ce  moment,  d'ailleurs,  il  m'était  impossible 
de  me  soustraire  à  la  répercussion  des  rayons  solaires,  de  sorte  qu'il  faut 
voir  dans  ces  colorations  l'effet  complexe  d'une  combinaison  donnant  nais- 
sance à  une  lumière  suffisamment  rouge  pour  déterminer  l'apparition  du 
vert  en  question.  Cette  tendance  fort  curieuse  se  reproduira  d'ailleurs  dans 
d'autres  occasions. 

»  Le  28  mars  suivant,  entre  6  et  7  heures  du  matin,  le  soleil  éclairant 
assez  fortement  en  jaune  malgré  les  états  brumeux  de  l'atmosphère  basse  et 
nuageux  de  la  voûte  céleste,  la  surface  de  la  même  pièce  d'eau  déterminait 
la  formation  d'une  ombre  rose  pure,  mais  pâle. 

»  A  5  heures  du  soir,  au  Prado,  prés  de  Marseille,  je  pus  choisir  une  po- 
sition convenablement  ombragée,  à  20  mètres  au-dessus  de  la  surface  de 
l'eau,  et  à  angle  droit  d'un  soleil  éclatant.  L'eau  du  golfe  était  d'ailleurs 
verdàtre  près  du  rivage,  bleue  au  large  et  de  plus  très-mouvementée. 
Néanmoins,  l'ombre  affectait  une  teinte  rose  purpurine  fort  agréable. 

»  Le  a  avril  i858,  à  7''3o™  du  matin,  le  long  du  cordon  littoral  qui  sé- 
pare l'étang  deThau  de  la  mer,  celle-ci  avait  un  aspect  plus  verdàtre  et  de 
rares  nuages  étaient  dispersés  sur  le  ciel.  Les  ombres  étaient  roses  vivement 
teintées. 

»  Le  /|  avril,  à  Agde,«vers  1 1  heures  du  matin,  l'atmosphère  d'une  trans- 
parence parfaite  laissait  voir  nettement  les  Pyrénées.  Au  fort  de  Briscou, 
que  j'avais  choisi  pour  mes  observations  à  cause  de  sa  situation  écartée  du 
rivage,  sur  un  écueil  basaltique  noir,  l'ombre  devenait  rose  légèrement 
carminé,  quand  je  me  plaçais  au  bas  des  murs.  Du  haut  du  phare,  elle  était 
plus  décidément  violacée. 


(  ^7  ) 

»  Le  9  avril  iSSg,  étant  à  bord  du  Kabyle  à  la  latitude  nord  39"  4"' 
longitude  est  3°  37',  à  9  heures  du  matin,  le  ciel  méditerranéen  prenait  thi 
aspect  cirreux  et  la  mer  se  trouvait  colorée  en  bleu  indigo  foncé.  Du  haut 
du  pont,  en  retournant  le  carnet  de  manière  que,  se  trouvant  presque  hori- 
zontal, il  reçût  aussi  exactement  que  possible  de  bas  en  haut  le  reflet  de  la 
mer,  l'ombre  affectait  une  nuance  jaunâtre-grise. 

»  Dans  quelques  autres  promenades  maritimes,  le  temps  et  la  mer  ont 
été  trop  défavorables,  trop  couverts,  trop  tourmentés,  pour  se  prêter  à 
quelque  chose  de  suffisamment  explicite,  de  sorte  que  pour  le  moment  il 
reste  acquis  qu'il  peut  émaner  de  la  plaine  liquide  des  clartés  capables  de 
faire  naître  des  ombres  vertes,  roses,  plus  ou  moins  violacées,  et  enfin 
jaunes.  Malgré  sa  vaste  étendue,  elle  n'a  donc  point  d'ombre  universelle, 
pour  me  servir  de  l'expression  de  Léonard  de  Vinci.  Mais  aussi,  au  rebours 
du  monotone  mouochromisme  de  la  terre  nue,  la  surface  diaprée  de  notre 
Méditerranée  se  prête  aux  apparitions  les  plus  variées,  et  tant  pis  pour  les 
touristes  qui,  bâtés  d'une  équivoque  poésie,  ne  saisissent  dans  cette  co- 
quetterie qu'une  invariable  mer  bleue,  surmontée  d'un  ciel  bleu  et  dans 
laquelle  un  rocher  lointain  baigne  platement  son  pied  bleu.  Encore,  pour 
éviter  les  confusions  dans  une  question  purement  scientifique,  ai-je  dii 
faire  abstraction  de  toutes  les  colorations  incidentes  provenant  du  ciel  et 
des  rivages.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

OPTIQUE.  —  Recherches  sur  divers  effets  lumineux  qui  résultent  de  l action 
de  la  lumière  sur  les  corps  (3*  Mémoire  :  Composition  de  la  lumière 
émise);  par  M.  Edmond  Becquekei..  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

«  Dans  ce  nouveau  travail  j'ai  continué  les  recherches  que  j'ai  entre- 
prises sur  les  propriétés  lumineuses  qui  résultent  de  l'action  de  la  lumière 
sur  les  corps,  et  d'après  lesquelles  ces  derniers  agissent  comme  de  nouvelles 
sources  lumineuses.  Le  phosphoroscope,  décrit  d^ns  le  second  Mémoire, 
en  rendant  continue  sur  la  rétine  l'impression  de  la  lumière  émise,  a  permis 
d'en  étudier  la  composition  et  de  reconnaître  comment  se  modifient  les 
effets  suivant  la  nature,  l'état  physique  des  corps,  ainsi  que  l'intensité  et  la 
réfrangibilité  des  rayons  actifs. 

M   Un  très-grand  nombre  de  minéraux,  de  sels,  donnent  des  effets  lumi- 

4.. 


(  28) 
neux,  tandis  que  d'autres  substances,  comme  les  métaux,  n'ont  offert 
aucune  action  appréciable.  On  doit  observer  que  l'émission  de  lumière  dans 
le  phosphoroscope  est  limitée  à  la  sensibilité  de  la  rétine,  à  l'intensité  des 
rayons  actifs  et  à  une  certaine  durée  de  persistance  due  à  l'impression  reçue 
parle  corps;  cette  durée  ne  peut  être  représentée  par  un  temps  déterminé 
qu'en  ce  qui  concerne  les  effets  appréciables  à  nos  yeux,  car  on  peut  conce- 
voir qu'après  l'influence  du  rayonnement,  les  corps  contitnient  à  émettre 
des  rayons  lumineux  dont  l'intensité  est  trop  faible  pour  impressionner  la' 
rétine.  D'iui  autre  côté,  en  supposant  même  que  les  corps  ne  soient  pas 
visibles  dans  l'appareil,  on  ne  peut  dire  qu'ils  n'aient  reçu  aucune  modifi- 
cation, car  la  lumière  pourrait  exciter  des  vibrations  d'une  autre  vitesse 
que  celle  des  rayons  liunineux,  et  dont  la  longueur  d'onde  serait  plus 
grande  que  celle  des  rayons  actifs,  lesquelles  vibrations  seraient  capables  de 
donner  lieu  à  des  effets  de  chaleur  ou  k  d'autres  actions  moléculaires  encore 
inconnues. 

»  Les  résultats  consignés  dans  ce  travail  permettent  de  déduire  lés  con- 
séquences suivantes  : 

»  1°.  Lorsque  la  lumière  vient  frapper  un  corps,  celui-ci,  en  vertu  d'une 
action  qui  lui  est  communiquée,  peut  agir  comme  source  lumineuse  en 
émettant  des  rayons  de  diverse  réfrangibilité  dont  la  durée  est  très-variable 
(elle  peut  être  inférieure  à  -^~„-^  de  seconde  et  dépasser  plusieurs  heures),  et 
dont  l'intensité  est  fonction  de  celle  de  la  lumière  incidente  et  toujours  plus 
faible  que  cette  dernière.  Tous  les  corps  ne  donnent  pas  des  effets  apprécia- 
bles ;  parmi  les  substances  qui  jouissent  de  ce  pouvoir  au  plus  haut  degré, 
on  peut  citer  les  différentes  combinaisons  à  bases  alcalines  et  terreuses,  et 
un  certain  nombre  de  sels  métalliques;  la  plupart  des  autres  substances 
transparentes  et  translucides,  et  surtout  celles  d'origine  organique,  présen- 
tent des  effets  beaucoup  plus  faibles,  quoique  sensibles.  Les  substances  for- 
tement colorées  et  les  métaux  n'ont  donné  lieu  à  aucun  effet. 

»  a".  L'état  solide  du  corps  est  le  plus  propre  à  montrer  les  phénomènes 
dont  il  s'agit;  cependant,  l'effet  observé  dans  les  rayons  ultra-violets  avec 
plusieurs  liquides  prouve  que  ces  derniers  sont  doués  d'actions  de  ce  genre, 
sans  avoir  pu  être  observés  dans  le  phosphoroscope  ;  d'un  autre  côté,  quand 
on  emploie  une  disposition  particulière,  et  à  l'aide  d'un  appareil  d'induc- 
tion, l'oxygène  acquiert  le  pouvoir  d'émettre  de  la  lumière  qui  persiste 
même  après  la  cessation  du  passage  de  l'électricité. 

»  3°.  L'effet  lumineux  appartient  à  la  masse  du  corps  soumis  à  l'expé- 
rience et  ne  tient  pas  à  une  action  de  surface;  il  a  lieu  quelle  que  soit 


(  -9  ) 
l'incidence  du  rayon  actif  et  ne  dépend  que  de  son  intensité  et  de  sa  réfran- 
gibilité. 

j)  4"-  L'effet  observé  dans  le  |)hospliorûscope  après  l'action  delà  lumière 
incidente  existe  néanmoins  d'une  manière  permanente  pendant  l'influence 
de  celle-ci;  celte  conclusion  résulte  de  l'identité  des  effets  optiques  observés 
quand  certains  corps  sont  placés  dans  le  phosphoroscope  ou  bien  exposés 
d'une  manière  continue  à  l'action  des  rayons  violets. 

»  5".  Un  même  corps  soumis  à  l'action  de  la  lumière  peut  émettre  des 
rayotis  d'une  durée  inégale;  telles  sont  les  causes  des  changements  de 
nuances  de  ce  corps  en  faisant  varier  la  vitesse  de  rotation  du  disque  du 
phosphoroscope,  et  ainsi  qu'on  l'observe  avec  le  diamant,  le  carbonate,  le 
phosphate  et  le  silicate  de  chaux,  le  carbonate  de  strontiane,  l'hydrate  de 
potasse,  etc. 

«  Souvent,  parmi  les  effets  observés  avec  un  même  corps,  on  distingue 
deux  nuances  prédominantes,  mais  il  peut  s'en  présenter  davantage,  comme 
le  fluorure  de  calcium  en  offre  un  exemple.  Ces  effets  lumineux  différents 
existent  ensemble  et  ne  se  produisent  pas  successivement;  ils  n'apparaissent 
lés  uns  après  les  autres  dans  le  phosphoroscope  qu'en  vertu  de  l'inégale 
persistance  des  rayons  émis. 

»  6°.  Il  n'y  a  aucun  rapport  entre  la  réfrangibilité  des  rayons  émis  et  la 
persistance  plus  ou  moins  grande  de  ceux;-ci.  Chaque  substance  a  son  action 
propre  :  tantôt  ce  sont  les  rayons  les  plus  réfrangibles  dont  l'effet  est  le 
plus  prolongé  (carbonate  et  silicate  de  chaux);  tantôt  le  contraire  a  lieu 
(diamant,  bisulfate  de  quinine,  platino-cyannre  de  potassium);  avec  le 
fluorure  de  calcium  les  rayons  d'une  réfrangibilité  moyenne  ont  la  persis- 
tance la  moindre  ;  les  rayons  les  moins  réfrangibles  ont  une  durée  un  peu 
supérieure  et  ensuite  les  rayons  les  plus  réfrangibles. 

»  7°.  Un  même  corps  peut  être  influencé  par  des  rayons  de  réfrangibilité 
différente  et  peut  émettre,  sous  l'action  de  chacun  de  ceux-ci,  des  rayons 
qui  diffèrent  non-seulement  en  durée,  mais  encore  en  réfrangibilité;  dans 
ce  cas,  ce  corps  ne  donne  lieu  qu'à  des  rayons  dont  la  réfrangibilité  est 
moindre  que  celle  du  rayon  actif,  ou  au  plus  égale.  Ainsi  en  impressionnant 
successivement  un  corps  par  des  rayons  violets,  bleus,  verts,  etc.,  de  moins 
en  moins  réfrangibles,  la  réfrangibilité  des  rayons  émis  en  vertu  de  l'action 
propre  du  corps  peut  varier,  et  si  elle  varie,  elle  ne  présente  que  des  rayons 
de  moins  en  moins  réfrangibles,  comme  l'analyse  prismatique  le  démontre. 

»  En  d'autres  termes,  les  images  prismatiques  données  par  les  rayons 
émis  en  vertu  de  l'action  de  rayons  incidents  simples  diminuent  de  Ion- 


(  3o) 
gueur  à  partir  du  côté  violet,  à  mesure  que  la  réfrangibilité  du  rayon  inci- 
dent diminue  et  varie  du  violet  au  rouge.  Les  changements  de  couleur 
observés  avec  la  potasse  caustique,  le  fluorure  de  calcium,  le  sulfure  de 
calcium,  sont  dus  à  cette  cause.  Ainsi  quand  un  corps  est  impressionné  par 
les  rayons  orangés,  il  ne  peut  émettre  que  des  rayons  orangés  ou  rouges; 
s'il  est  impressionné  par  le  rouge,  il  ne  peut  présenter  d'autre  couleur  que 
cette  dernière. 

»  Dans  certains  cas  où  j'avais  observé  une  émission  de  rayons  dont  la 
longueur  d'onde  était  moindre  que  celle  des  rayons  émis,  j'ai  constaté  que 
le  phénomène  lumineux  était  compliqué  par  des  effets  de  phosphorescence 
par  élévation  de  température  qui  ne  sont  pas  soumis  aux  mêmes  lois. 

»  8°.  Les  limites  de  rcfrangibililé  entre  lesquelles  les  corps  sont  impres- 
sionnables, c'est-à-dire  les  longueurs  du  spectre  solaire  actif,  dépendent  de  la 
nature  et  de  l'état  moléculaire  des  corps  ;  en  général  les  limites  sont  d'au- 
tant plus  étendues,  que  la  lumière  émise  par  le  corps  a  une  réfrangibilité 
moindre  (exemples  :  alumine,  aluminate  de  magnésie),  sans  cependant  qu'il 
y  ait  de  règles  fixes  à  cet  égard.  D'un  autre  côté,  les  spectres  des  rayons 
actifs  peuvent  présenter  plusieurs  maxima  d'action,  comme  le  prouvent  le 
phosphate  de  chaux  et  la  leucophane. 

»  9°.  Les  changements  de  couleur  que  certains  corps  présentent  par 
suite  de  différences  dans  la  réfrangibilité  des  rayons  actifs  sont  d'autant  plus 
grands,  que  les  corps  émettent  des  rayons  dont  les  réfrangibilités  sont  plus 
dissemblables  entre  elles  et  dont  les  images  prismatiques  sont  plus  étendues; 
mais  avec  les  corps  comme  l'alumine,  les  composés  d'uranium,  etc.,  avec 
lesquels  ces  conditions  ne  sont  pas  remplies,  les  changements  sont  à  peine 
appréciables. 

»  io°.  Chaque  corps  a  son  action  propre,  et  la  composition  de  la  lu- 
mière qu'il  émet  peut  servir  dans  certains  cas  à  spécifier  sa  composition  et 
son  état  physique;  on  peut  citer  à  ce  propos  l'alumine,  ainsi  que  certaines 
de  ses  combinaisons,  le  diamant,  etc. 

«  Dans  quelques  cas  on  observe  avec  le  même  corps  une  action  due  à  la 
composition  chimique  de  ce  dernier  et  une  action  dépendant  d'un  état 
moléculaire  particulier.  Ainsi,  par  exemple,  le  diamant  donne  toujours 
une  émission  de  rayons  peu  réfrangibles  (orangés  et  jaunes),  effet  dû  à  la 
nature  de  la  substance;  et  quelquefois  seulement,  conjointement  avec  ce 
premier  effet,  une  émission  de  rayons  plus  réfrangibles  (bleus),  d'une 
moindre  durée,  dépendant  d'un  état  moléculaire  du  corps  et  auquel  est  due 
la  coloration  bleue  dans  la  partie  ultra-violette  du  spectre  solaire.  D'au- 


(  3.  ) 
très  substances,  comme  le  carbonate  de  chaux,  se  comportent  de  même. 

»  1 1".  L'identité  de  composition  de  la  lumière  émise  par  les  corps  placés 
dans  le  phosphoroscope  ou  exposés  à  l'action  des  rayons  extrêmes  violets, 
permet  de  conclure  à  l'identité  des  causes  de  la  lumière  émise  par  phospho- 
rescence et  par  fluorescence.  Tels  sont  les  effets  lumineux  donnés  par  l'alu- 
mine (rubis),  l'aluminate  de  magnésie  (spinelle),  les  composés  d'uranium, 
le  diamant,  qui  sont  les  mêmes  et  qui  conduisent  aux  mêmes  séries  de  raies 
noires  et  de  lignes  lumineuses  dans  l'appareil  et  dans  les  rayons  solaires  les 
plus  réfrangibles 

•1  I  2°.  Les  rayons  émanés  des  corps  en  vertu  de  leur  action  propre, 
lorsque  ces  corps  sont  placés  dans  le  phosphoroscope,  agissant  pour  ainsi 
dire  d'une  manière  continue,  peuvent  donner  lieu  à  d'autres  effets  qu'à  des 
impressions  sur  la  rétine;  ils  rendent  lumineuses  des  substances  phospho- 
rescentes et  produisent  des  actions  chimiques  sur  les  matières  impression- 
nables en  raison  de  leur  intensité  et  de  leur  réfrangibilité,  et  ainsi  que  le 
font  les  rayons  solaires.  Dans  un  prochain  Mémoire  je  m'occuperai  spé- 
cialement de  ces  effets  qui  offrent  un  exemple  remarquable  de  transforma- 
tion des  forces  physiques  l'une  dans  l'autre. 

B  Ces  conclusions  montrent  toute  l'importance  de  ces  nouvelles  recher- 
ches dont  les  résultats  peuvent  être  invoqués  dans  l'étude  de  plusieurs 
questions  de  physique  moléculaire,  servent  à  éclairer  différents  points 
d'analyse  chimique,  et  permettent  d'aborder  les  phénomènes  relatifs  à 
l'absorption  de  la  lumière,  c'est-à-dire  les  phénomènes  qui  concernent  une 
des  parties  les  moins  connues  de  l'optique.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Jieclierches  chimiques  el  analyses  sur  l'aérolithe  f/e, . 
Montrejeau ;  par  M.  A.  Damour. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  pour  diverses  commu- 
nications relatives  à  ce  même  aérolithe.  Commission  qui  se  compose 
de  MM.  Pelouze,  Fremy  et  Delafosse.) 

o  La  pierre  météorique  tombée  le  9^  décembre  dernier  aux  environs  de 
Montrejeau  (Haute-Garonne)  a  déjà  été  l'objet  d'intéressantes  analyses  pré- 
sentées à  l'Académie,  en  premier  lieu  par  MM.  Filhol  et  Leymerie  (17  jan- 
vier 1859),  et  ensuite  par  MM.  Chancel  et  Moitessier  (7  février  iSSg).  Le 
travail  dont  j'ai  l'honneur  d'exposer  aujourd'hui  les  résultats  a  eu  pour  but 
d'étudier  l'action  de  divers  réactifs  sur  cette  matière  météoriqu<;. 

»  J'ai  trouvé,  pour  la  densité  de  cette  pierre,  le  nombre  3,i5i,  sur  ui>, 


(32) 
échantillon  pesant  47  grammes,  et  3,67  sur  38%9365  de  la  même  matière 
réduite  en  petits  fragments. 

»  Chauffée  dans  le  tube  ouvert,  la  pierre  dégage  une  odeur  sulfureuse 
très-sensible.  Exposée  à  la  flamme  du  chalumeau,  elle  fond  sur  les  bords  en 
une  scorie  noire.  Un  échantillon  du  poids  de  S^^^SSo  étant  chauffé  à  la  cha- 
leur du  rouge  blanc  produite  par  la  lampede  M.  H.  Deviile,  s'e^t  fondu  en 
une  scorie  noire  vitreuse  qui  a  perforé  le  creuset.  Cette  scorie  a  toute  l'ap- 
parence extérieure  de  la  croûte  noire  très-mince  qui  recouvre  l'aérolithe. 

»  La  pierre  ainsi  fondue,  étant  réduite  en  petits  fragments,  n  a  plus 
qu'une  densité  de  3,29  au  lieu  de  3,67  qu'elle  avait  avant  sa  fusion. 

»  Une  dissolution  bouillante  de  carbonate  de  soude  ne  lui  a  pas  enlevé 
de  silice. 

»  Le  barreauaimanté  a  retiré  0^%  m  60  de  grains  métalliques  sur  i  gramme 
de  matière  pulvérisée. 

»  Un  mélange  d'acide  fluorhydrique  et  sulfurique  la  dissout,  en  laissant 
inattaqués  de  petits  grains  de  fer  chromé. 

1)  L'iode  mis  en  contact  à  froid  avec  l'aérolithe  pulvérisé  et  placé  dans 
un  vase  contenant  de  l'eau,  en  dissout  lentement  les  parties  métalliques  (i). 

»  Le  brome  en  contact  avec  l'eau  exerce  une  action  dissolvante  plus  ra- 
pide encore  sur  les  parties  métalliques  et  sulfureuses  contenues  dans  la 
pierre  (2). 

»  En  opérant  sur  i/f^"^,  i  174  de  matière,  l'eau  brômée  a  dissous  les  élé- 
ments suivants  : 

Sur  1  gramme. 

~  Fer 2,3951  0,1697 

Nickel 0,2023  G,  01 44 

Cuivre 0,0080  0,0006 

Magnésie o,85oo  0,0602 

Silice 0,6270  o,o444 

4 > 0824  0,2893 

Matière  inattaquée ..  .    io,oo5o  0,7087 

14,0874  0,9980 

{1)  L'iode  en  contact  avec  l'eau  attaque,  même  à  froid,  la  plupart  des  sulfures;  il  se 
forme  un  iodure  plus  ou  moins  spluble  dans  l'eau,  selon  la  nature  du  métal  :  du  soufre  se 
dépose  en  poudre  légère  dont  une  partie  se  combine  avec  l'excès  d'iode  II  ne  se  forme 
qu'une  très-minime  quantité  d'acide  sulfurique.  Les  arséniures,  tellurures,  séléniures,  sont  éga- 
lement attaqués  par  l'iode  en  présence  de  l'eau. 

(2)  Le  brome  en  contact  avec  l'eau  attaque  les  composés  sulfurés,  arséniés,  teliurés, 


(33) 
La  liqueur  renfermait  en  outre  un  peu  d'acide  sulfurique  provenant  des  sul- 
fures attaqués  par  le  brome. 

»  On  a  reconnu  la  présence  du  cuivre  en  évaporant  à  siccité  la  liqueur 
contenant  les  bromures  et  reprenant  le  résidu  par  l'eau  et  l'acide  chlor- 
hydrique.  Après  avoir  séparé  la  silice,  on  a  traité  la  liqueur  par  l'hydrogène 
«ulfuré  qui  a  précipité  du  sulfure  de  cuivre. 

»  La  recherche  du  chlore,  du  fluor  et  du  carbone  n'a  donné  que  des  ré- 
sultats négatifs. 

»  Quant  au  phosphore,  je  n'en  ai  trouvé  qu'une  assez  faible  proportion 
en  fondant  avec  du  carbonate  de  soude  chacun  des  oxydes  séparés  dans  le 
cours  de  l'analyse  et  traitant  la  dissolution  alcaline  par  les  réactifs  appro- 
priés. 

»  Pour  doser  le  soufre,  j'ai  attaqué  l'aérolithe  par  un  mélanged'eau,  de 
brome  et  d'acide  nitrique  :  le  soufre  a  été  transformé  en  acide  sulfurique.  Un 
-gramme  de  matière  a  donné  o^',  oi48  de  soufre,  qui  correspond  ào8%  0374 
de  pyrite  magnétique. 

»  Un  gramme  de  grains  métalliques,  séparés  de  la  matière  pierreuse,  a 
été  mis  en  contact  avec  de  l'eau  très-faiblement  acidulée  par  l'acide  chlor- 
hydrique  et  avec  du  chlorure  d'argent  fondu.  La  matière  métallique  s'est 
dissoute  avec  un  faible  dégagement  d'hydrogène  sulfuré  :  quelques  frag- 
ments de  matières  siliceuses  et  de  fer  chromé  sont  restés  sur  l'éponge  d'ar- 
gent réduit. 

»  La  liqueur  renfermant  le  chlorure  étant  évaporée  à  siccité  et  reprise 
par  l'eau  acidulée,  a  laissé  un  faible  dépôt  de  silice. 

»  Un  gramme  de  grains  métalliques  a  donné  : 

Fer 0,744' 

Nickel 8, 0822 

Magnésie 0,0120 

Silice  gélatineuse o,o3io 

Silicates  et  fer  chromé. . .  o,  iS^i 

Cuivre ti-aces . 


,0064 


» 
en 


L'aérolithe  de  Montrejeau  dégagé  de  ses  grains  métaUiques,  étant  rais 
digestion,  à  froid,  avec  de  l'acide  acétique  étendu  d'un  peu  d'eau,  est 


plus  rapidement  que  ne  fait  l'iotle.  Le  soufre  du  sulfure  passe  en  partie  à  l'état  d'acide  sul- 
furique: une  autre  partie  se  dépose  à  l'état  spongieux. 

C.  R.,  1869,  2""  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  I.)  5 


(  34  ) 
parfiellemenl  décomposé;  il  se  dissout  de  la  silice,  de  la  magnésie,   de 
l'oxyde  de  fer  en  quantités  tiotables  et  donnant  la  composition  de  péridot- 
olivine. 

Oxygène;  Rapports. 

Silice o,3gio      o,2o3o      ....      i 

Magnésie 0,3407      ....    o,  i339 

02      ....      I 


Oxyde  ferreux 0,2490      ....    o,o553 

Oxyde  de  nickel...      o,oo8i 

0,9888 


I  o , I 892 


»  J'ai  constaté  que  le  péridot  des  roches  basaltiques,  celui  du  Vésuve,  et 
celui  qui  se  trouve  dans  les  cellules  du  fer  météorique  dePallas,  se  laissent 
dissoudre  en  proportion  très-notable  dans  l'acide  acétique. 

»  L'acide  oxalique  en  dissolution  dans  l'eau  attaque  le  péridot-olivine. 

»   Un  gramme  de  l'aérolithe,  séparé  des  grains  métalliques,  renferme  : 

Partie  soluble  (péridot-olivine) o,54i3 

Partie  insoluble o  ,4588 

I ,0000 

))  La  partie  insoluble  dans  les  acides  constitue  les  grains  et  noyaux  glo- 
buleux qui  donnent  à  l'aérolithe  sa  structure  oolitique.  Cette  matière  se  dis- 
tingue extérieurement  du  péridot-olivine  par  son  opacité  et  par  sa  couleur 
gris-verdâtre.  Elle  fond  en  scorie  noire  à  la  flamme  du  chalumeau,  tandis 
que  le  péridot  y  reste  infusible. 

»  L'analyse  de  cette  matière  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Silice o  ,5590       o*,  2902 

Magnésie 0,1907      0,0749! 

Oxyde  ferreux o,i5i8      0,0337/ 

Chaux o,o2io      o, 0060  >  o ,  1 1 8g 

Soude 0,0148      o,oo38  l 

Potasse •. o ,  0029      o ,  ooo5  ) 

Alumine 0,0486 

Oxyde  de  chrome.....  0,0090 

Fer  chromé 0,0060 

Oxyde  de  manganèse...  traces. 

I  ,oo38 

»  Cette  composition  se  rapproche  un  peu  de  celle  des  pyroxènes.  l>a  pré- 
sence de  l'aliunine  et  des  alcalis  potasse  et  soude  ferait  présumer  qu'il  y  a 


(35) 

mélange  d'un  feldspath  :  on  pourrait  alors  présenter  les  résultats  de  l'ana- 
lyse ainsi  qu'il  suit  : 


Pyroxène 


Silice 0,4534      0,2354       2 

Magnésie 0,1907  0,0749  1 

Oxyde  ferreux...  o,i5i8  o,o337   \  0,1146       i 

Chaux 0,0210  0,0060  ] 

!  Silice o,io56     o,o548     12 

Alumine 0,0298      0,0187        3 

Soude,  Potasse...  0,0177      o,oo45       i 

Oxyde  de  chrome .  o ,  0090 

Fer  chromé 0,0060 

Alumine 0,0198 

I , oo38 

»  L'aérolithe  présente,  dans  sa  composition  générale,  les  espèces  sui- 
vantes :  , 

Alliage  et  phosphures  de  fer,  de  nickel  et  de  cuivre 0,1160 

Pyrite  magnétique o  ,0874 

Fer  chromé 0,0188 

Péridot o,4483 

Pyroxène,  albite o ,  38oo 

1,0000 

i>  D'après  les  essais  qui  viennent  d'être  exposés,  il  n'y  a  que  le  cuivre  à 
ajouter  à  la  liste  des  éléments  déjà  reconnus  par  MM.  les  chimistes  qui  ont 
déterminé  avant  moi  la  composition  de  cette  pierre  météorique  ;  ces  éléments 
se  trouvent  ainsi  portés  au  nombre  de  quatorze,  savoir  : 

Oxygène,  Nickel,  Manganèse, 

Soufre,  Cuivre,  ,  Calcium, 

Phosphore,  Aluminium,  Sodium, 

Silicium,  Chrome,  Potassium. 

Fer,  Magnésium, 

»  Nous  avons  vu  par  les  expériences  exposées  plus  haut  que  cette  pierre 
météorique,  soumise  à  l'action  d'une  haute  température,  est  complètement 
fusible  en  une  scorie  noire,  vitreuse  et  qui  présente  beaucoup  de  rapports 
extérieurs  avec  la  croiite  très-mince  qui  recouvre  les  aérolithes  en  général. 
Il  paraît  donc  assez  probable  qu'au  moment  de  l'apparition  du  phénomène 
lumineux  et  de  l'explosion  qui  précèdent  la  chute  de  ces  corps,  la  matière 

5.. 


(36) 
qui  la  compose  subit  une  fusion  rapide,  mais  seulement  à  la  superficie  :  la 
chaleur  produite  ne  pénétrant  pas  assez  rapidement  ni  assez  profondément  à 
l'intérieur  de  la  masse  solide  peu  conductrice  pour  en  déterminer  la  fusion 
complète.  Ne  pourrait-on  pas  voir  quelque  analogie  entre  la  production  de 
cette  croûte  vitreuse  des  aérolithes  et  la  vitrification  superficielle  des  roches 
siliceuses  qui  ont  subi  l'action  de  la  foudre  ?  Le  globe  lumineux  qui  précède 
la  chutedes  aérolithes  serait  dû  à  un  phénomène  électrique.  Ce  n'est  ici,  du 
reste,  qu'une  simple  hypothèse  que  je  soumets  sous  toute  réserve  à  l'appré- 
ciation des  juges  compétents  (i). 

»  J'ai  signalé,  dans  ce  travail,  la  décomposition  facile  que  subit  le  péridot- 
olivine  par  l'action  des  acides  acétique  et  oxalique.  Ayant  étendu  cet  es- 
sai à  d'autres  minéraux,  j'ai  reconnu  que  les  silicates  attaquables  par  les 
acides  nitrique  et  chlochydrique  se  laissaient  également  décomposer  par 
l'acide  acétique.  J'ai  fait  dissoudre  ainsi  dans  ce  dernier  acide  des  propor- 
tions très-notables  de  mésotype,  d'ockénite,  de  gadolinite  et  même  de  grenat 
mélanite  (Ca'Si  +  FeSi).  Cette  action  des  acides  végétaux  sur  des  matières, 
minérales  silicatées  me  paraît  présenter  quelque  intérêt  au  point  de  vue  de 
la  géologie.   » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Desfojers  à  alimentation  continue  et  de  la  combustion 
des  menus  combustibles  ;  par  M..  Le  Bas.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pelouze,  Pouillet^  Combes.) 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  en  novembre  1847,  "" 
Mémoire  sur  la  combustibilité. 

»  IjCS  conditions  essentielles  d'une  combustion  complète  et  dune  com- 
bustion s'opérant  avec  le  minimum  d'air  sont  une  forte  température  et  une 
grande  vitesse  d'admission  de  l'air,  qui  doit  être  proportionnée  à  l'absorp- 
tion du  calorique  rayonnant. 

M  Le  mode  ordinaire  de  chargement  des  foyers,  consistant  en  la  projec- 
tion instantanée  d'un  combustible  froid  sur  un  combustible  incandescent, 
est  l'une  des  principales  causes  de  production  de  fumée,  parce  que  la  tem- 
pérature et  la  vitesse  diminuent,  quand  au  contraire  elles  devraient  aug- 
menter. 


(i)  L'incandescence  de  l'aérolithe  pourrait  aussi  être  attribuée  au  frottement  que  subit  li. 
matière  en  traversant  rapidement  les  couches  de  ratmosplière. 


(37) 

»  Le  présent  Mémoire  traite  des  foyers  à  alimentation  continue  et  spé- 
cialement de  la  combustion  des  menus  combustibles.  L'idée  que  j'ai  pour- 
suivie, quoiqu'elle  ne  fût  pas  une  idée  nouvelle,  est  basée  sur  le  système 
de  la  formation  de  talus  par  voie  d'éboulement  d'une  masse  supérieure. 
Le  combustible  est  jeté  dans  une  hotte,  puis  il  descend  sur  une  grille  incli- 
née, dont  le  pan  est  à  peu  près  parallèle  au  talus  d'éboulement. 

»  La  figure  annexée  au  Mémoire  indique  un  moyen  simple  et  peu  coûteux 
d'éviter  la  fumée.  La  hotte  est  verticale.  La  grille  est  à  un  seul  pan,  ce  pan 
est  courbe,  et  la  courbe  adoptée  est  lUie  demi-anse  de  panier  renversée  ; 
l'élément  supérieur  est  vertical  et  l'élément  inférieur  est  horizontal.  Les 
vides  des  barreaux  sont  parallèles  au  sens  du  glissement.  Le  combustible 
s'éboule  sous  une  voûte  surbaissée,  la  grille  s'engage  sous  la  voûte,  et  dans 
le  prolongement  transversal  du  bas  de  la  grille  se  trouve  de  chaque  côté  du 
foyer  un  registre  de  nettoyage,  qui  peut  aussi  servir  pour  l'appel  d'un  sup- 
plément d'air.  Je  termine  la  partie  inférieure  de  l'anse  de  panier  par  une 
grille  n'ayant  que  o'",i6  de  longueur  et  qui  tourne  autour  de  son  axe, 
quand  on  veut  faire  tomber  les  scories  dans  le  cendrier.  La  ligne  inférieure 
des  barreaux  de  la  petite  grille  est  un  demi-cercle  et  la  partie-avant  de  ce 
demi-cercle  sert  à  retenir  le  talus  de  combustible,  quand  on  abaisse  la 
partie  arrière. 

»  La  grille  sera  à  deux  pans,  sila  consommation  de  combustible  l'exige.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ÉLECTROOHtMlE.  —  Note  sur  t influence  des  électrodes  dans  les  voltamètres 
à  sulfate  de  cuivre;  par  M.  A.  Perrot. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Regnault.  ) 

«  Ayant  eu  souvent  l'occasion  de  me  servir  de  voltamètres  à  sulfate  de 
cuivre  pour  mesurer  l'action  chimique  des  courants  d'induction,  j'ai  été 
conduit  à  rechercher  la  cause  des  phénomènes  qu'on  observe  lorsqu'on, 
fait  varier  la  surface  des  électrodes.  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Acadé- 
mie le  résultat  de  mes  recherches. 

»  On  sait  que  lorsqu'un  courant  de  faible  intensité  traverse  une  série  de 
voltamètres  à  sulfate  de  cuivre,  la  quantité  de  métal  déposée  dans  chacun, 
d'eux  diminue  lorsque  la  surface  de  l'électrode  négative  augmente.  On  peut 
même,  en  donnant  à  la  surface  de  cette  électrode  un  développement  suffi- 


(  38) 
sant,  faire  disparaître  toute  action  électrolytique  dans  cette  portion   du 
circuit. 

»  Ce  phénomène,  attribué  à  un  changement  de  densité  dans  le  courant  et 
à  une  conductibiUté  propre  du  liquide,  peut  causer  de  graves  erreurs  dans 
la  mesure  de  l'action  chimique  des  courants.  En  effet,  pour  obtenir  des 
résultats  exacts,  il  ne  suffit  pas  de  se  servir  de  fils  fins  comme  électrodes, 
il  faut  encore  que  la  surface  immergée  soit  la  plus  petite  possible  ;  c'est 
seulement  alors  que  le  gain  du  fil  négatif  est  égal  à  la  perte  du  fil  positif. 

»  Si  l'on  prend  pour  électrode  négative  une  lame  de  platine,  il  peut  ar- 
river qu'au  bout  de  plusieurs  heures  son  poids  n'ait  pas  changé,  quoique 
pendant  ce  temps  tous  les  fils  négatifs  placés  dans  le  circuit  aient  gagné 
quelques  décigrammes.  Ayant  observé  qu'en  retirant  brusquement  une 
lame  placée  dans  ces  conditions,  on  lui  trouve  toujours  un  reflet  rosé,  qui 
disparaît  lorsqu'on  plonge  cette  lame  dans  une  dissolution  de  sulfate  de 
cuivre,  j'ai  été  conduit  à  supposer  que  les  différences  qu'on  observe  entre 
les  quantités  de  métal  déposées  par  un  même  courant  sur  des  électrodes 
qui  n'ont  pas  toutes  la  même  surface,  devaient,  ainsi  que  l'excès  de  la 
perte  de  l'électrode  positive  sur  le  gain  de  l'électrode  négative  dans  un 
même  voltamètre,  être  attribuées  à  une  action  purement  chimique. 

M  .T'ai  constaté  qu'après  avoir  été  chauffée  en  présence  du  cuivre  mé- 
tallique, une  dissolution  de  sulfate  de  cuivre  parfaitement  pur  possède 
encore  la  propriété  de  dissoudre,  à  la  température  ordinaire,  une  certaine 
quantité  de  métal.  C'est  ainsi  qu'une  lame  de  cuivre  de  loo  centimètres 
carrés  perd  un  demi-milligramme  par  heure,  lorsqu'on  la  plonge  dans 
une  dissolution  de  sulfate  ;  cette  perte  peut  s'élever,  pendant  le  même 
temps,  à  3  ou  4  milligrammes,  si  la  lame  joue  le  rôle  d'électrode  positive 
ou  négative. 

»  La  quantité  de  cuivre  dissoute  dans  un  temps  donné  augmente  avec  la 
surface  immergée  ;  elle  varie  avec  la  structure  du  métal  et  paraît  maxima 
au  moment  où  il  est  déposé  par  un  courant  très-faible.  Si  l'on  place  dans  le 
même  circuit  deux  voltamètres,  l'un  ayant  pour  électrode  des  fils  de  cuivre 
très-fins  et  très-courts,  et  l'autre  deux  lames  de  cuivre  de  même  nature  et 
ayant  mêmes  surfaces,  on  observe  les  faits  suivants,  dont  il  est  facile  de 
se  rendre  compte. 

»  Dans  le  premier  voltamètre,  il  n'y  a  pas  de  différence  entre  le  gain  de 
l'électrode  négative  et  la  perte  de  l'électrode  positive,  on  peut  en  conclure 
que  l'action  chimique  doit  être  regardée  comme  nulle ,  car,  comme  elle 
augmente  la  perte  et  diminue  le  gain,  elle  ne  peut  passer  inaperçue. 


(  39) 
I)  Dans  le  second  voltamètre,  on  trouve  que  la  lame  positive  perd  plus 
que  le  fil  positif  du  premier  voltamètre,  car  à  la  perte  due  à  l'action  du 
courant  vient  s'ajouter  celle  due  à  l'action  du  sulfate  de  cuivre.  Quant  à  la 
lame  négative,  elle  peut,  si  sa  surface  est  assez  grande  pour  que  l'action 
chimique  l'emporte  sur  l'action  électroly tique,  perdre  une  partie  de  son 
poids.  Si  les  deux  actions  sont  égales,  son  poids  ne  varie  pas;  si  enfin 
l'action  chimique  le  cède  à  l'action  électroly  tique,  son  poids  augmente, 
mais  le  gain  de  cette  électrode  est  toujours  inférieur  au  gain  du  fil  négatif 
du  premier  voltamètre,  et  il  y  a  entre  ces  deux  ^ains,  à  peu  de  chose  près, 
la  même  différence  que  celle  qui  existe  entre  les  deux  pertes  des  électrodes 
positives. 

»  J'ai  obtenu  dans  toutes  mes  expériences  des  résultats  semblables. 
Tandis  que,  dans  un  voltamètre  à  fil  fin,  je  constatais  un  gain  de  lo  milli- 
grammes et  une  perte  égale  à  l'autre  pôle ,  je  trouvais  dans  un  premier 
voltamètre  à  grandes  lames  un  gain  de  5°""'^5  et  une  perte  de  1 4  milli- 
grammes; dans  un  second  voltamètre,  le  poids  de  l'électrode  négative 
n'avait  pas  changé,  tandis  que  l'électrode  positive  avait  perdu  i9"""*,5.' 
Enfin,  dans  d'autres  expériences,  il  est  arrivé  que  les  deux  électrodes 
avaient  perdu. 

»  Il  est  permis  de  conclure  que  toutes  les  fois  que  la  tension  d'un  cou- 
rant sera  suffisante,  on  devra  préférer  le  voltamètre  à  fil  fin.  Lorsque  le 
dépôt  de  cuivre  est  pulvérulent,  on  peut,  par  la  perte  du  fil  positif,  con- 
naître exactement  le  travail  chimique  du  courant. 

»  Si  l'on  a  recours  à  un  voltamètre  à  grandes  électrodes,  on  devra,  pour 
se  rapprocher  le.  plus  possible  de  l'expression  exacte,  faire  la  somme  de  la 
perte  et  du  gain  des  électrodes,  et  prendre  la  moitié  du  chiffre  obtenu. 
L'erreur  que  l'on  commet  alors  croît  avec  le  temps  pendant  lequel  l'élec- 
trode reste  plongée  dans  l'élfectrolyte  ;  elle  croît  aussi  avec  la  surface  im- 
mergée; pour  une  électrode  de  loo  centimètres  carrés  de  surface,  elle  ne 
paraît  pas  dépasser  un  quart  de  milligramme  par  heure. 

»  On  doit  attribuer  la  différence  qui  existe  entre  la  quantité  de  cuivre 
dissoute  chimiquement  au  pôle  positif  et  celle  dissoute  pareillement  au 
pôle  négatif,  au  fait  que  l'état  moléculaire  de  ce  dernier  pendant  que  le  "v 

cuivre  s'y  dépose  est  beaucoup  plus  favorable  à  l'action  dissolvante  de 
l'électrolyte,  les  molécules  se  déposant  présentent  en  quelque  sorte  toute 
leur  surface,  tandis  que  celles  qui  composent  l'électrode  positive  ne  présen- 
tent que  leur  face  extérieure.  » 


(4o) 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  [aspect  de  l'étincelle  d'induction  dans  le  microscope  ei 
les  spectres  de  la  lumière  électrique  dans  le  vide;  par  M.  Th.  du  Moncel. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Regnault.) 

«  Les  conclusions  du  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  juge- 
ment de  l'Académie  sont  : 

»  1°.  Que  l'étincelle  d'induction  développée  entre  deux  rhéophores 
métalliques  à  l'air  libre  présente,  dans  le  microscope,  au  pôle  positif  et 
au  pôle  négatif,  les  lumières  rouge  et  bleue  que  l'on  remarque  dans  l'étin- 
celle échangée  au  sein  du  vide,  et  ne  diffère  de  celle-ci  que  par  un  jet  de 
lumière  jaune-verdàtre  continu,  qui  semble  constituer  l'étincelle  propre- 
ment dite,  et  qui  s'échange  directement  d'un  rhéophore  à  l'autre  en  tra- 
versant les  couches  de  lumières  rouge  et  bleue. 

»  a°.  Que ,  comme  dans  le  vide ,  la  lumière  rouge  de  l'étincelle  au 
pôle  positif  est  la  plus  développée,  et  ne  s'arrête  qu'à  une  petite  distance 
du  pôle  négatif,  en  se  moulant,  pour  ainsi  dire,  sur  le  ruban  de  lumière 
bleue  qui  borde  le  rhéophore  négatif,  et  dont  elle  est  séparée  pourtant 
par  une  bande  obscure  très-caractérisée.  Elle  semble  d'ailleurs  s'échapper 
elle-même,  au  pôle  positif,  d'une  lèvre  d'un  blanc  rosé  très-éclatant  qui 
termine  le  rhéophore  positif. 

»  3°.  Qu'il  semblerait  résulter  de  ce  phénomène  et  de  la  mobilité  des 
lumières  rouge  et  bleue,  sous  l'influence  d'une  insufflation  énergique, 
que  les  belles  lueurs  électriques,  qui  sont  si  développées  dans  le  vide, 
ne  constitueraient  pas,  à  proprement  parler,  l'étincelle  électrique,  mais 
plutôt  un  milieu  électrisé  de  proche  en  proche  par  influence,  et  rendu 
lumineux  par  l'effet  de  cette  électrisation.  Dans  cette  hypothèse ,  la  solu- 
tion de  continuité  entre  les  deux  lumières  rouge  et  bleue  s'expliquerait 
par  l'électrisation  en  sens  contraire  de  l'espace  privé  de  lumière.  Peut- 
être,  en  étendant  ce  raisonnement,  pourrait-on  rendre  compte  d'une 
manière  assez  simple  du  phénomène  des  stratifications  de  la  lumière 
dans  le  vide. 
.  »  4°-  Que  les  spectres  de  l'étincelle  d'induction  dans  les  milieux  aériformes 
varient ,  quant  aux  raies  qu'ils  présentent ,  non-seulement  suivant  la 
nature  des  métaux  qui  servent  de  rhéophores,  ainsi  que  l'ont  constaté 
MM.  Masson  et  Wheatstone,  mais  encore  suivant  les  pôles  du  circuit,  la 
densité  du  milieu  aériforme  et  la  nature  de  l'étincelle. 


(4i  ) 

»  5".  Que  le  spectre  de  la  lumière  rouge  non  stratifiée  dans  le  vide  pré- 
sente au  pôle  positif  une  série  d'ombres  très-prononcées,  dégradées  d'un 
côté,  qui  coupent  transversalement  les  couleurs  du  spectre  et  qui  déter- 
minent des  raies  lumineuses  (au  nombre  de  six  ou  sept  dans  le  vert,  et 
autant  dans  le  bleu  et  le  violet)  dont  la  largeur  et  l'éclat  diminuent  à 
mesure  qu'elles  se  rapprochent  des  limites  de  ces  couleurs.  Quant  au 
rouge  du  spectre,  qui  est  très-éclatant,  il  est  brusquement  séparé  de 
l'orangé  par  une  ombre  (brun-rouge),  dont  la  dégradation  est  du  côté 
opposé  à  celle  des  ombres  de  la  couleur  verte,  c'est-à-dire  du  côté  du 
rouge.  Une  pareille  ombre,  mais  moins  intense,  se  remarque  également  à 
la  limite  de  l'orangé  et  du  jaune. 

»  6°.  Que  le  spectre  de  la  lumière  bleue  dans  le  vide  au  pôle  négatif  n'est 
qu'un  diminutif  du  spectre  précédent.  Les  parties  rouge-orangé,  jaunes  et 
vertes  sont  à  peu  près  les  mêmes,  sauf  qu'elles  ont  beaucoup  moins  d'éclat, 
mais  les  parties  bleues  et  violettes  ne  sont  représentées  que  par  deux  raies, 
couleui-  gris-lavande  et  gris-violàlre,  séparées  l'une  de  l'autre  et  du  vert  par 
des  ombres  très-larges. 

M  7°.  Que  les  spectres  de  la  lumière  rose  stratifiée  diffèrent  un  peu  des 
spectres  précédents.  Les  raies  lumineuses  sont  plus  fines,  plus  déliées  dans 
les  parties  bleues  et  violettes  du  spectre.  Les  couleurs  sont  moins  brillantes 
et  les  ombres  noires  dans  le  vert  sont  plus  effacées.  En  revanche  inie  raie 
verte  très-brillante  et  très-fine  se  fait  remarquer  près  de  la  limite  du  vert  et 
du  bleu  et  se  retrouve  presque  aussi  brillante  dans  le  spectre  de  la  lumière 
bleue  du  pôle  négatif,  qui  d'ailleurs  est  le  même  que  celui  de  la  lumière  non 
stratifiée. 

»  8°  Qu'avec  une  lumière  stratifiée  blanche,  telle  qu'on  l'obtient  dans 
certains  tubes  de  Gaisseler  dont  le  vide  est  fait  sur  de  l'hydrogène,  le  spectre 
au  pôle  positif  se  rapproche  de  celui  de  l'étincelle  à  l'air  libre  échangée  entre 
des  rhéophores  métalliques.  Cette  fois  les  couleurs  s'étalent  d'une  manière 
continue  et  on  ne  remarque  d'ombres  prononcées  que  dans  le  rouge.  Cette 
ombre  détache  sur  cette  couleur  une  raie  brillante  très-vive,  et  va  en  mou- 
rant jusqu'à  l'orangé.  Le  jaune  est  très-peu  apparent  ;  il  est  remplacé  par  une 
teinte  composée  d'orangé,  de  jaune  et  de  vert.  Le  vert  avec  lequel  se  mé- 
lange cette  teinte  est  traversé  par  trois  raies  claires  et  minces  dont  l'une  est 
jaune  vert,  la  seconde  d'un  vert  émeraude  et  la  troisième  d'un  vert  bleu 
très-éclatant.  Cette  dernière  est  la  plus  large  et  la  plus  apparente.  Dans  le 
bleu  on  distingue  une  raie  bleu-clair  nettement  arrêtée,  puis  une  bande  plus 

C.  R.,  i85(),2<^'  Semestre.  (T.  XLIX,    N»   1.)  6 


(4^  ) 

large  de  bleu-iiidigo  sans  contours  bien  définis.  Au  pôle  négatif  la  lumière, 
qui  est  d'un  bleu  très-pâle,  présente  un  spectre  analogue  à  celui  du  même 
pôle  avec  les  lumières  précédentes.   » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Recherches  sur  le  magnétisme  terrestre. 
(Deuxième  partie);  por  M.  Pariset. 

( Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet,  Babinet,  Duperrey.) 

«  Ce  travail,  dit  l'auteur,  est  la  seconde  partie  d'un  Mémoire  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  Sciences,  en  i858.  Dans  la  pre- 
mière partie,  j'ai  cherché  le  moyen  de  déterminer  les  valeurs  successives 
de  la  déclinaison,  par  le  moyen  mouvement  du  pôle  magnétique  sur  la 
surface  du  globe.  Dans  cette  seconde  partie,  j'essaye  d'expliquer  les  phé- 
nomènes de  l'inclinaison,  d'après  les  formules  d'Ampère,  en  supposant, 
avec  l'illustre  auteur  de  l'électro-dynamique,  que  ces  phénomènes  sont 
dus  aux  actions  des  courants  électriques  circulant  dans  l'équateur  ma- 
gnétique, près  de  la  surface  terrestre. 

»  Cette  question,  qui  offre  un  si  grand  intérêt,  n'avait  pas,  je  crois, 
encore  été  traitée  par  le  calcul,  à  cause  des  énormes  difficultés  qu'offrent 
les  intégrales,  qui  expriment  l'action  d'un  courant  circulaire  d'un  très- 
grand  rayon,  sur  un  solénoïde  défini  dont  la  position  est  donnée.  On 
s'était  borné  à  étudier  ce  qui  doit  avoir  lieu  lorsque  le  rayon  du  courant 
est  très-petit,  auquel  cas  le  calcul  se  simplifie  considérablement ,  à  raison 
des  termes  que  l'on  peut  négliger.  C'est  ainsi  que  Savary  est  parvenu  à 
démontrer  la  formule 

tangj  =  atangX, 

qui  sert  à  déterminer  l'inclinaison,  au  moyen  de  la  latitude  magnétique, 
formule  que  M.  Biot  avait  fait  connaître  depuis  longtemps. 

I)  En  étudiant  les  belles  théories  dues  à  l'illustre  Ampère,  il  m'est  venu 
à  la  pensée  que  l'on  pourrait  peut-être  éviter  les  obstacles  infranchissa- 
bles que  présentent  les  intégrales  lorsqu'on  veut  traiter  la  question  sous  le 
point  de  vue  général,  c'est-à-dire  dans  l'hypothèse  où  le  rayon  du  circuit 
est  très-grand,  et  tourner  en  quelque  sorte  la  difficulté,  en  développant 
tout  simplement  en  série  les  expressions  différentielles  à  intégrer. 

»  En  essayant  de  résoudre  la  question  de  cette  manière,  je  me  suis 
bientôt  aperçu  que  l'on  peut,  en  effet,  arriver  à  des  résultats  dignes  d'être 
pris  en  considération,  et  que  les  calculs  à  exécuter  sont  même  beaucoup 


(  4'^  ) 
moins  longs  que  je  ne  me  l'étais  imaginé,  parce  que,  dans  l'intégration,  la 
plupart  des  termes  des  développements  s'évanouissent  aux  limites.  C'est 
ainsi  que  j'ai  été  conduit,  par  une  marche  en  apparence  très-compliquée, 
et  pourtant  fort  simple,  aux  valeurs  approchées  des  deux  intégrales  dont 
dépend  la  solution  du  problème. 

«  Les  séries  que  l'on  obtient  de  cette  manière  et  qui  renferment  les  puis- 
sances du  cosinus  de  la  latitude  magnétique,  ne  sont  malheureusement  pas 
toutes  deux  convergentes.  Dans  l'une,  les  coefficients  de  ces  puissances 
vont  en  augmentant  d'un  terme  au  suivant,  tandis  que  dans  l'autre  les 
coefficients  vont,  au  contraire,  en  diminuant.  Cependant  les  variations 
qu'éprouvent  les  coefficients  de  la  première  sont  assez  faibles  pour  que  la 
série  soit  rendue  convergente  par  certaines  valeurs  du  cosinus  de  la  lati- 
tude magnétique;  mais  elle  cesse  de  le  devenir  à  une  certaine  limite. 

»  Dans  les  applications  que  j'ai  faites  de  ces  formules,  j'ai  cherché 
d'abord  les  inclinaisons  ;  de  5  en  5  degrés,  depuis  85  jusqu'à  3o  degrés 
inclusivement,  limite  à  laquelle  l'une  des  séries  cesse  de  devenir  assez 
convergente  pour  qu'on  puisse  compter  sur  une  exactitude  suffisante  ;  puis 
j'ai  cherché  l'inclinaison  en  quelques  lieux  de  la  surface  du-  globe,  à  des 
époques  données. 

»  Le  problème  que  je  m'étais  proposé  n'est  donc  résolu  qu'imparfai- 
tement, puisqu'il  n'est  pas  possible  de  calculer,  au  moyen  de  ces  formules, 
les  inclinaisons  des  points  dont  les  latitudes  magnétiques  sont  au-dessous 
de  3o  degrés.  Je  me  suis  néanmoins  déterminé  à  faire  connaître  ce  petit 
travail,  par  la  pensée  que,  tout  incomplet  qu'il  soit,  il  contribuera  peut- 
être  à  jeter  quelque  lumière  sur  l'une  des  questions  les  plus  intéressantes 
de  la  physique  du  globe.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  le  rôle  du  pancréas  dans  la  digestion  (addition  au  travail 
présenté  en  avril  1857  à  l'Académie);  par  M.  L.  Corvisart.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commission  du  prix  de  Physiologie  expérimentale.) 

«  Les  résultats  qui  se  déduisent  de  mon  travail  peuvent  être  résumés 
dans  les  propositions  suivantes  : 

o  1°.  Les  aliments  azotés  subissent  de  la  part  du  pancréas  une  dissolu- 
tion et  une  transformation  digestives. 

1)  2°.  Le  suc  pancréatique  exerce  cette  action  indépendamment  de  la 

6.. 


(44) 

réaction  alcaline  acide  on  neutre  (indépendance  bien  exceptionnelle  parmi 
les  ferments  digestifs). 

»  3°.  Les  aliments  crus  sont  violemment  digérés  parle  pancréas,  même 
s'ils  n'ont  point  été  touchés  par  le  suc  gastrique. 

»  4°.  C'est  en  peptone  ou  albuminose  que  les  aliments albuminoïdes  sont 
transformés  par  le  pancréas,  qui  n'altère  point  les  peptones  foi-mées  par 
l'estomac. 

»  5°.  L'action  digestive  du  pancréas  sur  les  corps  azotés  est  une  action 
propre,  primitive,  qui  réside  dans  le  suc  pancréatique  avant  toute  im- 
mixtion avec  le  suc  intestinal,  biliaire,  gastrique. 

»  6°.  Ce  dernier  au  contraire  à  un  effet  direct  nuisible  sur  le  suc  pan- 
créatique (la  peptine,  la  pancréatine  se  détruisent  en  se  digérant  l'une 
l'autre).  Mais  physiologiquement  ce  conflit  est  évité  par  le  pylore  qui  sépare 
les  deux  ferments,  la  digestion  gastrique  par  laquelle  la  peptine  en  formant 
la  peptone  s'épuise  et  s'abolit,  et  la  bile  qui  détruit  tout  pouvoir  dans  le  sac 
gastrique. 

))  7°.  Le  suc  gastrique,  s'il  a  digéré  des  aliments  albuminoïdes  dans  l'es- 
tomac et  a  été  absorbé  avec  les  peptones,  favorise  tellement  l'action  pan- 
créatique par  un  effet  (/irecf,  qu'à  la  cinquième  heure  delà  digestion  gastrique 
le  pancréas  a  le  maximum  de  puissance  ;  en  un  mot,  il  faut  que  le  pancréas 
vienne  d'être  nourri  immédiatement  de  peptones  gastriques  pour  qu'il  ac- 
quière son  maximum  d'action,  si  mes  expériences  sont  vraies. 

»  8°.  Au  contraire,  en  l'absence  de  digestion  gastrique  le  pancréas  est  au 
minimum  d'action,  n'étant  pas  vigoureusement  nourri  par  les  peptones 
gastriques.  C'est  ainsi  que  les  deux  digestions,  qui  doivent  être  successives, 
sont  enchaînées. 

»  9".  Ces  vues  expérimentales  portent  une  grande  précision  dans  la  mar- 
che à  suivre  pour  l'étude  si  obscure  des  dyspepsies. 

»  10°.  L'estomac  est  fait  pour  recevoir  des  corps  étrangers,  le  canal  pan- 
créatique est  disposé  pour  ne  point  les  recevoir  :  aussi  les  canules  gastriques 
ne  portent-elles  aucune  atteinte  à  la  sécrétion  de  l'estomac  ;  au  contraire, 
les  fistules  pancréatiques  amènent  promptement  une  profonde  altération 
dans  le  suc  du  pancréas. 

»  xi".  Il  est  de  fait  que  pour  avoir  le  suc  pancréatique  le  plus  normal 
possible,  il  faut  prendre  celui  qui  a  été  formé  dans  la  glande  avant  l'opéra- 
tion, c'est-à-dire  celui  qui  s'écoule  immédiatement  après  cette  opération. 
C'est  dans  cette  condition  remplie  que  réside  la  supériorité  du  procédé  par 
infusion  d'un  pancréas  pris  à  un  animal  qui  vient  d'être  tué  à  l'instant 


(  45  ) 
même,  car  si  elle  est  faite  quelques  secondes  après  le  sacrifice  de  l'animal, 
l'infusion  y  saisit  le  suc  normal  sécrété  pendant  la  vie  et  non  encore  écoulé. 
»  12°.  Mais  il  ne  suffit  point  de  prendre  un  organe  sécréteur  aussitôt 
après  la  mort  pour  y  saisir  sa  sécrétion,  il  faut  saisir  la  glande  au  moment 
de  toute  son  activité  sécrétoire.  C'est  la  cinquième  heure  d'un  repas  mixte 
abondant  chez  un  chien  vivant  et  non  pourvu  de  fistule  pancréatique.    » 

« 

MÉTIÎOROLOGIE.  —  Loi  de  la  coloration  et  décoloration  du  limbe  du  soleil  et 
des  planètes  dans  leurs  ascensions  et  déclinaisons  de  l'horizon  au  zénith  et  vice 
versa;  par  M.  Poey. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM,  Faye,  Delaunay.) 

CORRESPONDANCE. 

«  M.  Bertra.vd  dépose  sur  le  bureau  de  l'Académie  plusieurs  manuscrits 
autographes  de  mademoiselle  Sophie  Germain  que  la  famille  de  cette  célèbre 
mathématicienne  à  remis  récemment  à  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  pour  en 
faire  hommage  à  la  bibliothèque  de  l'Institut. 

»  On  sait  que  mademoiselle  Germain  a  mérité  en  1816  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques.  Outre  le  travail  couronné  par  l'Académie  et  dans 
lequel  elle  montrait  une  connaissance  approfondie  des  théories  les  plus  diffi- 
ciles de  la  science,  mademoiselle  Germain  a  composé  plusieurs  autres  Mé- 
moires justement  estimés  des  géomètres  et  qui  seraient  encore  consultés  au- 
jourd'hui, lors  même  que  le  sexe  de  leur  auteur  ne  leur  donnerait  pas  un 
intérêt  tout  particulier.  L'un  des  manuscrits  autographes  remis  parla  famille 
de  mademoiselle  Germain  contient  de  savantes  notes  relatives  à  divers  pas- 
sages de  la  théorie  des  fonctions  de  Lagrange,  dont  mademoiselle  Germain 
avait  fait,  comme  le  prouve  ce  travail,  une  étude  très-approfondie. 

»  Le  don  de  ces  manuscrits  est  fait  par  la  sœur  de  mademoiselle  Sophie 
Germain,  madame  Dutrocliet,  veuve  du  savant  physiologiste,  et  par  son 
neveu,  M.  Lherbetle,  ancien  député.  »> 

M.  DE  QuATREFAGEs  adresse  de  Grenoble  une  Lettre  de  M.  Thannaron, 
président  de  la  Société  d'Agriculture  de  la  Drôme,  et  fait  connaître  les  mo- 
tifs qui  en  ont  relardé  l'envoi. 

INDUSTRIE   SÉRICICOLE.    —    Fers   à  soie    élevés'  en    plein  air   et    dans    un 
appartement  non  chauffé;  par  M.  Thannaron.  '  ." 

«  Les  vers  provenant  de  graines  blanches  d'Andrinople  sont  éclos  le 


(  46  ) 
37  mars  dernier;  ils  ont  été  nourris  avec  des  feuilles  de  mûriers  nains  sau- 
vageons plantés  sous  une  bâche. 

»  Conservés  sans  feu  dans  la  maison  jusqu'à  la  deuxième  mue,  les  vers 
à  cette  époque  ont  été  divisés  en  deux  parties;  l'une,  placée  au  jardin,  a  été 
pendant  quarante  jours  soumise  à  toutes  les  influences  atmosphériques  :  les 
pluies  d'orages,  les  tonnerres,  n'ont  pas  paru  fatiguer  ces  insectes;  seule- 
ment ils  .restaient  immobiles,  et  ne  revenaient  à  manger  que  lorsque  le 
soleil  venait  les  réchauffer;  plusieurs  nuits  ont  été  très-froides  :  les  vers  pa- 
raissaient engourdis,  mais  ne  paraissaient  pas  annoncer  qu'ils  eussent  à  en 
souffrir  :  la  suite  d'ailleurs  l'a  prouvé.  Depuis  six  jours  ils  ont  fait  leurs 
cocons,  aucun  ver  n'est  mort  sur  les  branches  desséchées  des  mûriers,  qui, 
garnis  de  feuilles,  leur  ont  été  données.  Il  n'y  en  a  aucun  au  pied  de  ces 
rameaux;  comme  le  moment  où  les  vers  ont  commencé  leurs  cocons  n'a 
pas  été  le  même  pour  tous,  je  n'ai  point  encore  fait  opérer  ce  petit  déco- 
connage,  dans  la  crainte  de  déranger  ceux  qui  pourraient  être  en  retard. 

B  Vous  vous  souvenez  de  la  visite  que  vous  avez  bien  voulu  faire  à 
notre  petite  magnanerie;  ces  vers  que  vous  trouvâtes  vigoureux  et  à  peu  prés 
exempts  de  taches,  ont  tous  conservé  cette  belle  apparence. 

»  Je  remarque  que  je  ne  vous  ai  pas  parlé  de  la  portion  de  vers  élevés 
à  la  maison  :  ils  ont  fait  leurs  cocons  cinq  jours  avant  ceux  du  jardin.  Sur 
environ  65o  cocons  qui  sont  sur  les  bruyères,  j'ai  trouvé  4»  vers  morls 
noirs.  Il  n'y  a  eu  que  quelques  petits  ;  les  cocons  viennent  bien  tous,  ainsi 
que  vous  pourrez  en  juger  par  ceux  que  je  vous  envoie  (i).  Il  y  a  donc  déjà 
une  différence  sensible  entre  ceux-ci  élevés  dans  la  maison,  quoique  sans 
feu,  avec  ceux  du  jardin,  puisque  ces  derniers  n'ont  aucun  ver  mort  noir.  » 

GÉOLOGIE  ET  PHYSIQUE  TERRESTRE.  —  Notes  sur  quelques  observations  faites 
dans  [Amérique  septentrionale.  (Extrait  d'une  j^ettre  de  M.  le  D'  Charles 
T.  Jackson  à  M.  Elie  de  Beaumont.) 

a.  Boston,  le  i3  juin  1839. 

))  On  a  découvert  le  Paradoxides  Harlani,  semblable  à  celui  de  Braintree 
(près  Boston),  à  la  baie  de  Sainte-Marie  dans  l'île  de   Terre-Neuve.   Il  s'y 


(i)  M.  de  Quatrefages  annonce  que  les  cocons  dont  il  est  ici  question  ont  été  remis  par 
lui  à  M.  Lachadenède,  président  du  comice  d'Alais,  qui  s'est  chargé  d'en  surveiller  le  grai- 
nage  et  de  continuer  l'expérience  l'année  prochaine. 


(47  ) 
trouve  abondamment  dans  un  schiste  calcarifére  bleuâtre,  qui  appartient 
nécessairement  au  type  silurien  le  plus  inférieur. 

M  Je  vous  ai  écrit  précédemment  au  sujet  de  l'introduction  à  Dahlonega,  en 
Géorgie,  de  la  méthode  hydraulique  californienne  pour  extraire  l'or  du  sol 
par  le  lavage.  Cette  méthode  donnera  des  résultats  magnifiques  d'ici  à  un  an, 
car  l'eau  et  l'or  sont  abondants  et  les  collines  sont  situées  d'une  manière  très- 
favorable  pour  l'entraînement  des  matières  stériles  qui  sont  rejetées.  Les 
roches  sont  décomposées,  à  Dahlonega,  jusqu'à  la  profondeur  de  80  ou 
100  pieds  anglais  (aS  à  3o  mètres).  Il  ne  paraît  pas  qu'il  y  ait  eu  aucune 
dénudation  de  roches  dans  les  Etats  du  Sud,  et  particulièrement  en  Géor- 
gie^  L'or,  dans  le  territoire  de  Dahlonega,  se  trouve  partout  dans  les  roches 
décomposées  et  dans  le  sol  superficiel.  Il  y  a  aussi  de  riches  veines  d'or 
dans  du  quartz  qui  se  montre,  en  petits  filons  minces,  contemporains  de  la 
roche  encaissante,  dans  les  schistes  micacés  et  amphiboliques. 

»  Je  vous  ai  envoyé  mon  analyse  de  la  Bornite,  minéral  nouvellement 
découvert  dans  la  mine  de  Field  à  Dahlonega;  le  minerai  de  tellure  se 
montre  avec  l'or  natif  dans  un  petit  filon  de  quartz  renfermé  dans  le  schiste 
amphibohque. 

»  Je  suis  revenu  depuis  peu  d'une  excursion  que  j'ai  faite  avec  M.  John  H. 
Blake,  avec  lequel  j'étais  chargé,  par  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Boston, 
d'examiner  le  Puits  gelé  de  Brandon  (Vermont).  Ce  puits  a  34  pieds  anglais 
et  Yô  ^^  profondeur  (10™,  48)  et  a  été  creusé  à  travers  un  gravier  gelé  qui  a 
été  rencontré  à  la  profondeur  de  i5  à  20  pieds  au-dessous  de  la  surface. 
Au  moment  de  notre  visite  ce  puits  était  incrusté  de  glace  dans  toute  sa 
partie  inférieure  et  ne  contenait  d'eau  liquide  que  sur  une  hauteur  de 
5  pieds  :  cette  eau  gèle  maintenant  quelquefois.  Elle  vient  d'en  bas,  au  fond 
du  puits,  dans  une  couche  de  sable  qui  n'est  pas  gelée.  Le  massif  de  calcaire 
gris-bleuâtre  qui  supporte  le  gravier  porte  les  traces  très-marquées  des  effets 
d'un  transport  violent  (rfrj/i)  et  présente  l'aspect  des  roches  moutonnées  :  sur 
sa  surface  se  trouvent  des  blocs  de  roches,  qui  n'appartiennent  pas  à  la 
contrée,  telles  que  granité,  syénite  et  quartz — 

»  Nous  avons  l'intention  de  faire  sur  ce  même  sujet  des  recherches  ulté- 
rieures et  d'examiner  deux  autres  puits  gelés  qu'on  a  dit  exister  l'un  à 
Pioga,  sur  la  rivière  Susquehanna  (New-York),  et  l'autre  à  Hartford  (Con- 
necticut),  afin  de  découvrir,  s'il  est  possible,  l'origine  de  la  glace  des  cou- 
ches gelées.  » 

M.  Èlie  de  Beadmont,  en  présentant  au  nom  de  l'auteur  M.  PFolf,  un 


(  48  ) 
nouveau  fascicule  de  ses  publications  sur  les  taches  solaires,  donne,  d'après 
la  Lettre  d'envoi,  une  indication  des  résultats  qui  y  sont  exposés. 

Cet  opuscule  est  renvoyé,  comme  l'avaient  été  les  précédents,  à  l'examen 
de  MM.  Laugier  et  Delaunay. 

M.  LE  Secrétaike  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  Correspondance,  et  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  E.  Maury,  directeur 
de  l'observatoire  de  Washington  et  du  Bureau  hydrographique,  le  deuxième 
volume  des  «  Explications  et  instructions  nautiques  accompacjnant  la  Carte  des 
r)ents  et  des  courants  ». 

M.  Duperrey  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  volume  de  l'ouvrage, 
qui  est  aujourd'hui  à  sa  huitième  édition,  et  à  en  faire  l'objet  d'un  Rapport 
verba I . 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Note  sur  le  changement  de  la  variable 
indépendante  ;  par  M.  Slmon  Spitzer. 

«  Il  arrive  souvent  qu'il  faut  faire  un  changement  de  la  variable  indé- 
pendante. J'ai  trouvé  pour  le  cas  qu'on  a 

(l)  X  =  — —j-^, 


où  fl,  rt,,  b,  b,  sont  des  nombres  constants,  les  deux  formules  suivantes 


-<-r_(..+u)-".j^f(,,^j,5).-,^], 


]  di"         {a,b  —  iibt)"    dl 

dont  l'exactitude  se  laisse  prouver  très-facilement  par  l'induction.  En  diffé- 
rentiant  les  deux  équations  par  ^,  on  obtient 

d^-^'y    dx  _  („  +  i)b,{a,+  b,^)''     d"  r,  ,    ..„_.-, 


(3) 


d"+'r    dx        nb,(a+b,tr'      d"-'   [^         ,    h  P\'''^-^~\ 

-d^-T^='lM^^^Wdï^'V'^^'  ^-J 
{a,  +  b,^Y     d»  r  ,  sy^l. 


(49) 
et  quand  on  substitue  pour  ^  la  valeur,  résultant  de  l'équation  (i),  que 


voici, 

dx        fl|  b  —  abt 


on  obtient,  en  divisant  les  deux  parties  de  l'équation  (3)  par  —-■,  les  résul 
t^ts  suivants  :  » 

ou  dans  une  forme  plus  simple 

et  enfin  les  équations  suivantes  : 

dj&^'        {a,b—ab,y+'    rfç»+.H"<  ^^''<«)  /J» 


rfx»+'         (a,*  — «6,)"+'    rf?"LV«<^^"<?i        rfçj' 

lesquelles  diffèrent  des  équations  (a),  n  étant  au  lieu  de  n  +  i.  Si  les 
équations  (2)  sont  donc  identiques  pour  n  =  o,  elles  sont  aussi  identiques 
pour  chaque  valeur  de  n  entière  et  positive,  et  le  premier  ayant  lieu,  le 
dernier  s'ensuit. 

»  A  présent,  je  me  propose  d'intégrer  l'équation 

dans  laquelle  les  nombres  a,  b,  a,,  A,,  p,  q  sont  constants,  et  n  est  un 
nombre  entier  et  positif. 

C.  R.,  1859,  2""  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  1.)  7 


(  5o  ) 
»  En  posant 

on  obtient 


ou 


(«  H-  iç)"  (fl,  +  b^ir^^^a,  +  ^».  ?r  <  ^  [(«,  +  è,  ?)"c'j] =7. 


Posant  dans  cette  équation  pour  Ç  une  autre  variable  x  par  la  substitution 


a  -{-  b 


on  obtient,  ayant  égard  aux  équations  suivantes, 


?  = 


b  —  b,i 


b  —  b,x 
après  une  simple  réduction 

qui  se  simplifie,  quand  il  est 

p  -h  q  =  -in, 

car  on  a  alors  l'équation 
laquelle,  dans  la  forme  suivante, 

a  été  le  sujet  de  ma  Note  précédente  (Compte  rendu,  aS  mai  iSSg). 

»  Exemple.  Le  cas  le  plus  simple  de  cette  classe  est  celui  où  p  =  q  et 
où,  par  conséquent,  l'équation  proposée  est  de  la  forme 

(4)  (?^  +  «^  +  P)''g  =  72f 


(5.  ) 
on  écril  d'une  autre  manière, 


-2  \nd''z 


2?  +  a  -f-  v/k'  -  4^)"  (al  +  a  -  sld'  —  [^'^)"'Ll  =  i^n^z, 

dans  laquelle  a,  /S,  y  sont  des  nombres  constants,  et  a*  —  4p  <o.   En  po- 
sant 

et  alors 


_  2g-t-a  — y/g-»— 4P 

on  obtient  l'équation 

Jl       ,   „   — 1 

rfx"  n 

(«'-4P)' 
de  laquelle  l'intégrale  complète  est 


p  —  " 


y  —  C,x'"'  +  Cj^""»  4-  . . .  +  C„x'""  =  g  [Cpo;'"/'], 


p  =  . 


en  désignant  par  /n,,  nij,.  ..,/«„  les  racuies  de  l'équation 

w(ffi  —  i)  (w  —  2) .  .  .  (m  —  «  +.  i)  = "^~~^' 

et  par  C,,  Cj,  ...,C„  les  constantes  arbitraires.   Alors  elle  est  l'intégrale 
complète  de  l'équation  (4) 

ASTHONOMIE.  —  Nouvelle  méthode  de  micromélrie  stellaire.  (Lettre  de 
M.  A.  DE  Gasparis  à  M.  Elle  de  Beaumont.) 

<i  Pour  mesurer  la  différence  en  AR  de  deux  étoiles  voisines,  j'avais 
proposé,  il  y  a  quelque  temps,  un  moyen  qui  consisterait  à  faire  usage 
d'une  lunette  douée  d'un  mouvement  de  rotation  uniforme,  peu  différente 
de  celle  de  la  sphère  étoilée.  Comme  il  semble  que  l'uniformité  presque 
parfaite  exigée  dans  ce  dessein  est  très-difficile  à  obtenir  en  pratique,  et 
qu'il  faudrait  employer  pour  y  réussir  des  moteurs  notablement  plus  grands 

7-- 


(    52    ) 

que  les  moteurs  actuels,  j'ai  pensé  qu'on  échapperait  à  ces  difficultés  en 
douant  de  mouvement  uniforme  le  petit  appareil  qui  porte  le  micromètre. 
Le  problème  serait  plus  facile  à  résoudre;  mais,  d'un  autre  côté,  par  l'im- 
mobilité de  la  lunette  et  par  le  petit  champ,  la  méthode  ne  pourrait  être 
employée  que  sur  les  étoiles  doubles  et  donner  la  distance  même  des  deux 
composantes  à  l'aide  des  micromètres  angulaires  ou  circulaires. 

»  On  en  pourrait  aussi  faire  l'essai  pour  la  mesure  du  diamètre  d'inie 
étoile  remai-quable.  Le  temps  compris  entre  la  disparition  et  l'apparition 
derrière  le  même  fil  du  micromètre  devrait  être  plus  court  que  le  temps 
donné  par  une  petite  étoile  de  même  déclinaison  (et  sans  diamètre  sensible) 
d'une  quantité  égale  au  diamètre  de  l'étoile.  En  supposant  que  la  vitesse  de 
rotation  de  l'appareil  qui  porte  le  micromètre  fût  telle,  qu'il  décrivît  autour 
de  l'axe  du  monde  une  circonférence  en  vingt-quatre  heures,  temps  moyen, 
le  diamètre  d'une  étoile  d'un  dixième  de  seconde  en  arc  serait  donné  par 
un  temps  observé  plus  court  de  2,4  secondes  en  temps. 

u  Je  ne  me  fais  pas  illusion  sur  les  nombreuses  difficultés  attachées  à  ce 
genre  de  recherches.  On  devra  connaître  dans  chaque  observation  le  rap- 
port de  vitesse  entre  le  micromètre  et  la  sphère  étoilée  ;  l'appareil  doit  être 
tel,  que  son  mouvement  puisse  être  modifié  parles  différentes  déclinaisons^ 
on  devra  faire  usage  de  lunettes  assez  parfaites  pour  ne  pas  donner  de 
rayons  sur  les  étoiles,  etc.  Usiis  plura  docebit,  si  toutefois  on  croit  qu'on 
puisse  faire  usage  de  ce  moyen  avec  quelque  chance  de  succès.    » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Présence  de  l'urée  dans  le  chjle  et  dans 
la  lymphe;  par  M.  Ad.  Wurtz. 

0  On  voyait  à  Alfort,  il  y  a  deux  ans,  un  taureau  Carnivore  auquel  on 
avait  pratiqué  une  fistule  du  canal  thoracique.  J'ai  eu  l'idée  de  rechercher 
l'urée  dans  le  chyle  de  ce  taureau.  J'étais  guidé  par  la  pensée  que  l'urée  de- 
vait prendre  naissance,  non  pas  dans  le  système  capillaire  sanguin,  comme 
on  l'a  prétendu  quelquefois,  mais  dans  l'intimité  de  tous  les  tissus,  partout 
où  des  matériaux  devenus  impropres  à  la  vie  ont  besoin  d'être  emportés  par 
la  combustion  respiratoire.  S'il  en  est  ainsi,  il  m'a  semblé  qu'on  devait 
retrouver  l'urée,  non-seulement  dans  le  sang,  où  sa  présence  est  constatée 
depuis  longtemps,  mais  encore  dans  la  lymphe  et  par  conséquent  dans  le 
chyle  du  canal  thoracique.  Il  paraît  naturel,  en  effet,  que  les  lymphatiques 
contribuent  pour  leur  part  à  l'absorption  des  matériaux  provenant  des  mé- 
tamorphoses des  tissus  dans  lesquels  plongent  les  radicules  de  ces  vais- 
seaux.. 


(53) 

»  Le  chyle  du  taureau  dont  il  s'agit  s'est  montré  très-riche  en  urée.  J'ai 
coagulé  à  chaud  environ  600  grammes  de  ce  chyle,  j'ai  évaporé  la  liqueur 
filtrée,  j'ai  repris  par  l'alcool  absolu,  j'ai  évaporé  et  j'ai  épuisé  l'extrait 
alcoolique  par  l'éther.  Celui-ci  a  abandonné  des  cristaux  parfaitement  inco- 
lores d'urée,  qui  a  été  convertie  partiellement  en  nitrate. 

»  Ce  résultat  m'a  engagé  à  étendre  mes  recherches  à  la  lymphe  elle- 
même.  Ayant  pu  me  procurer,  par  les  soins  obligeants  de  M.  Colin,  de  la 
lymphe  de  chien,  de  vache,  de  taureau,  de  cheval,  j'y  ai  constaté  la  pré- 
sence de  l'urée.  Il  m'a  paru  intéressant  de  comparer  les  quantités  d'urée 
que  renferment  le  sang,  le  chyle  et  la  lymphe  d'un  même  animal.  Pour 
cela  il  a  fallu  entreprendre  quelques  recherches  quantitatives  qui  ont  été 
exécutées  à  l'aide  d'un  procédé  qu'il  serait  trop  long  d'exposer  ici.  En 
somme,  ce  procédé  est  fondé  sur  la  combinaison  des  méthodes  que 
MM.  Liebig  et  Bunsen  ont  proposées  pour  le  dosage  de  l'urée. 

n  Je  réunis  dans  le  tableau  suivant  les  résultats  numériques  de  mes  re- 
cherches. 


NOM    PE   l'aMIMAL. 

RÊGIIIE. 

QUANTITÉS  d'urée  CONTENUES  DANS  1000  GR.    U 

Sang. 

Chyle. 

Lymphe. 

Chien. 

Id  .  . .  .  ^ 

Vache 

Nourri  de  viande. 

Id.. 

Luzerne  sèche. 

Luzerne  et  tourteaux  de  colza. 

Tourteaux,  avant  la  rumin. 

Régime ordin.,  rumin.  suspend. 

0,089 
0,192 

» 
u 

(artériel) 
0,248 

» 
» 

U 

o,i83 
0,192 
0,189 

» 

0,280 
0,071 

o,i58 

» 

0,193 

0,2l3 
0,2l5 

» 

« 

0,126 

Taureau 

Autre  taureau .  . . 

Bélier 

Mouton 

Cheval 

0,112 

)>  Je  dois  ajouter  qu'ayant  eu  occasion  d'analyser  une  certaine  quantité 
de  chyle  proprement  dit,  recueilli  sur  le  trajet  des  chylifères  mésentériques 
et  après  les  ganglions,  j'y  ai  constaté  également  la  présence  d'une  petit© 
quantité  d'urée. 


(  5A  ) 
»  Celle-ci  provient  sans  doute  des  mutations  de  tissus  qui  s'accomplissent 
dans  les  parois  de  l'intestin  lui-même.   » 

JÎLECTROCHIMIE.  —  Nole  sur  l'amalgamation  et  la  dorure  de  l'aluminium; 
par  M.   Charles  Tissier. 

«  Par  une  Note  adressée  à  l'Académie  le  1 5  juin  1 857,  M.  Cailletet  annon- 
çait qu'il  était  parvenu  à  amalgamer  l'aluminium  soit  en  le  mettant  en  com- 
munication avec  le  pôle  électronégatif  de  la  pile  et  le  faisant  plonger  dans 
du  mercure  mouillé  d'eau  acidulée  ou  de  nitrate  de  mercure,  soit  en  avant 
recours  à  l'amalgame  du  sodium  humecté  d'eau  (i). 

»  J'ai  répété  une  partie  de  ces  expériences  et  j'ai  pu  m'assurer  de  l'inten- 
sité avec  laquelle  se  fait  l'amalgamation  au  pôle  négatif  de  la  pile.  En  effet, 
si  la  feuille  métallique  n'est  pas  trop  épaisse,  elle  peut  être  amalgamée  com- 
plètement et  le  métal  devient  alors  extrêmement  cassant. 

»  De  mon  côté,  j'ai  réussi  à  obtenir  l'union  du  mercure  et  de  l'alumi- 
nium, en  ayant  recours  simplement  à  une  solution  de  soude  ou  de  potasse 
caustique,  sans  l'emploi  de  la  pile.  L'aluminium  décapé  et  humecté  d'une 
dissolution  alcaline  se  laisse  mouiller  immédiatement  par  le  mercure,  qui 
forme  alors  un  étamage  brillant  à  sa  surface. 

»  Quel  que  soit  le  procédé  employé,  les  propriétés  de  l'amalgame  d'alumi- 
nium sont  extrêmement  remarquables.  Sous  l'influence  du  mercure  auquel 
il  est  allié,  l'aluminium  cesse  d'être  un  métal  précieux  et  prend  les  propriétés 
d'un  métal  alcalino-terreux.  Exposé  .à  l'air,  l'amalgame  perd  instantané- 
ment son  éclat,  s'échauffe  et  s'oxyde  rapidement  en  se  transiormant  en 
alumine  et  mercure  métallique.  L'eau  le  décompose  avec  dégagement  d'hy- 
drogène, formation  d'alumine  et  dépôt  de  mercure.  L'acide  nitrique  l'at- 
taque avec  violence. 

»  La  facilité  avec  laquelle  on  peut  amalgamer  l'aluminium  m'avait  en- 
gagé à  employer  ce  moyen  pour  le  dorer  et  l'argenter;  mais  son  altération 
presque  instantanée  à  l'air  m'a  forcé  d'y  renoncer. 

u  Pour  dorer  l'aluminium  on  dissout  8  grammes  d'or  dans  l'eau  régale, 
on  étend  d'eau  la  solution  et  on  la  met  digérer  jusqu'au  lendemain  avec  un 
petit  excès  de  chaux.  Le  précipité  d'aurate  de  chaux  et  de  chaux  en  excès 


(i)  M.  Cailletet  attribue  à  l'hydrogène  naissant  le  pouvoir  de  faciliter  l'union  de  ces  deux 
métaux.  Neserait-ce  pas  plutôt  l'état  électrique  que  prend  l'aluminium  dans  ces  conditions 
qui  favoriserait  l'amalgamation? 


(55) 

iïicn  lavé  est  traité  à  une  douce  chaleur  par  une  dissolution  de  20  grammes 
d'hyposulfite  de  soude  dans  un  litre  deau.  La  liqueur  fdtrée  est  propre  à 
dorer  4  froid,  sans  le  secours  de  la  pile,  l'aluminium  que  l'on  y  plonge  après 
l'avoir  préalablement  c/^cap^  par  l'action  successive  de  la  potasse,  de  l'acide 
nitrique  et  de  l'eau  pure.  » 

M.  MoRET  annonce  qu'il  poursuit  des  recherches  sur  l'arithmétique  de 
Fermât  et  que,  d'après  les  résultats  qu'il  a  obtenus,  résultats  dont  il  a  déjà 
communiqué  les  premiers  à  l'Académie,  il  croit  avoir  retrouvé  la  méthode 
du  célèbre  géomètre  :  aujourd'hui,  pour  prendre  date,  il  adresse  une  Note 
ayant  pour  titre  :  «  Recherches  sur  l'arithmétique  de  Diophante  et  de 
Fermât  ». 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  M.  Hermite,  déjà  désigné  pour  la 
première  communication  que  l'auteur  avait  adressée  sous  le  titre  de  «  Solu- 
tion nouvelle  d'un  problème  de  Fermât  »  , 

M.  Kessler  adresse  un  supplément  à  sa  Note  sur  l'utilisation  des  résidus 
de  sulfate  de  zinc  des  piles  et  indique  ce  que  ses  recherches  ont  ajouté  à 
celles  de  M.  Knrsten,  qiii  d'ailleurs  ne  lui  étaient  pas  connues  quand  il  a 
présenté  son  premier  travail. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  dans  la  précédente  séance  : 

MM.  Pelouze  et  Ralard.) 

M.  Caxy  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  un  Mémoire 
imprimé,  dont  il  lui  adresse  un  exemplaire  et  qui  a  pour  titre  :  <f  Organisa- 
tion des  concours  agricoles  cantonaux  pour  la  création  d'une  ferme-modèle 
économique  dans  chaque  canton  rural  » . 

Une  décision  déjà  ancienne  de  l'Académie  relative  aux  ouvrages  écrits 
en  français  et  publiés  en  France  ne  permet  pas  d'accéder  au  désir  exprimé 
par  l'auteur.  L'opuscule  cependant  sera  renvoyé,  à  titre  de  renseignements, 
à  la  section  d'Economie  rurale. 

I^a  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  E.  D.   R. 


(56) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  4  juillet  1869  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Mémoires  de  la  Société  impériale  d'agriculture,  Sciences  et  Arts  d'Angers, 
nouvelle  période  ;  t.  II,  1"  cahier;  in-8°. 

Sur  une  fonction  peu  connue  du  pancréas,  la  digestion  des  aliments  azotés;  par 
M.  Lucien  Corvisart;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  du  prix  de 
Physiologie  expérimentale.) 

Organisation  des  concours  agricoles  cantonaux  pour  la  création  d'une  ferme- 
modèle  économique  dans  chaque  canton  rural  des  départements  de  la  France; 
par  M.  Cany.  Toulouse,  1859;  br.  in-8°. 

Société  de  prévoyance  des  pharmaciens  du  département  de  la  Seine.  —  As- 
semblée générale  tenue  à  l'Ecole  de  Pharmacie  le  27  mars  1869,  présidence 
deM.  Béguin.  Paris,  1859;  br.  in-8°. 

Explanations Explications  et  directions  nautiques  accompagnant  la  carte 

des  vents  et  des  courants  de  M.  Maury.  Washington,  iSSg;  i  vol.  in-4°- 

MittheiluDgen Communication  sur  tes  taches  du  soleil;  par  M.  R.  Wolff; 

9*  numéro,  in-S". 


COMPTE   RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  11  JUILLET  1859. 
PRESIDENCE  DE  M,  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Ministre  d'Etat  annonce  qu'un  buste  en  marbre  de  M.  Cauclij  sera 
exécuté  aux  frais  de  son  département  pour  être  placé  au  palais  de  l'Institut. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel,  en  rappelant  la  perte  que  l'Académie  a  faite, 
depuis  la  dernière  séance,  dans  la  personne  de  M.  Cagniard  de  Latour, 
donne  d'après  une  Lettre  de  M'"*  du  Charmel,  fille  du  savant  physicien, 
quelques  détails  sur  la  maladie  qui  l'a  enlevé  si  rapidement. 

M.  LE  Président  de  l'Institut  rappelle  que  la  séance  publique  annuelle 
doit  avoir  lieu  le  i5  août  prochain,  et  invite  l'Académie  des  Sciences  à 
procéder  au  choix  du  lecteur  qui  devra  la  représenter  dans  cette  séance. 

BOTANIQUE.  —  De  la  détermination  des  organes  des  plantes;  Note  de 

M.  Ad.  Brongniart. 

a  Notre  collègue  M.  Payer,  en  présentant  à  l'Académie  dans  la  séance 
du  27  juin  l'important  ouvrage  de  M.  Bâillon  sur  les  Euphorbiacées,  a 
exposé  sur  l'organographie  végétale  des  opinions  qui  me  paraissent  exiger, 
particulièrement  au  point  de  vue  historique,  quelques  observations  que 

C.  R.,  iSSp,  2™«  Semestre    (T.  XLIX,  N°  2.)  8 


(58  ) 
mon  absence  pendant  les  dernières  séances  ne  m'a  pas  permis  de  soumettre 
pliis  tôt  à  l'appréciation  de  l'Académie. 

»  M.  Payer  croit  pouvoir  exposer  en  peu  de  mots  les  principes  que 
M.  Bâillon  et  lui  soutiennent  relativement  à  la  détermination  exacte  des 
organes  des  plantes,  et  il  s'exprime  en  ces  termes  sur  les  botanistes  qui  les 
ont  précédés  dans  ces  études,  et  sur  ceux  qui  partagent  la  plupart  de  leurs 
idées  :  «  A.-L.  de  Jussieu,  de  Candolle  et  leurs  successeurs  considèrent  la 
»  forme  comme  un  caractère  essentiel  dans  la  détermination  des  organes, 
»  en  sorte  que  l'analogie  de  forme  entraîne  toujours  l'analogie  de  nature. 
»  Dans  l'opinion  que  nous  défendons,  au  contraire,  la  forme  n'est  qu'un 
M  caractère  tout  à  fait  secondaire,  et  pour  déterminer  la  nature  des  organes, 
»  c'est  à  l'ensemble  de  leurs  connexions  reconnues  à  l'aide  de  l'organogénie 
»   qu'il  faut  avoir  recours.  »  ' 

»  Comment  M.  Payer  peut-il  direquede  Jussieu,  de  Candolle  et  les  bota- 
nistes qui  s'honorent  d'être  de  leur  école,  considèrent  la  forme  comme  le 
caractère  essentiel  des  organes,  lorsque  de  Jussieu  s'écartantde  la  voie  tracée 
par  ïournefort  et  suivie  par  IJnné,  rejetant  les  caractères  de  forme  et  de 
coloration,  distinguait  presque  toujours  d'une  manière  si  heureuse  le  calice 
de  la  corolle,  en  se  fondant  justement  sur  l'origine  et  la  connexion  de  ces 
organes,  lorsque  dans  tant  de  passages  de  cet  immortel  ouvrage,  le  Gênera 
Plnntarum,  qui  a  ouvert  la  voie  que  nous  parcourons  actuellement,  il  insiste 
si  souvent  sur  l'importance  des  caractères  tirés  des  rapports  d'origine  ou  de 
position  relativement  à  ceux  fournis  par  la  forme  des  organes? 

«  Quant  à  deCandolle,  dès  i8i5,  dans  cette  Théorie  élémentaire  de  la  bota- 
nique qu'on  a  souvent  appelée  avec  raison  la  théorie  philosophique  de  celte 
science,  il  insiste  justement  sur  la  mutabilité  des  formes  des  mêmes  organes, 
consacrant  un  long  chapitre  spécialement  à  ce  qu'il  désigne  sous  le  nom  de 
dégénérescence  et  de  transformation  des  organes,  dans  lequel  il  montre  que 
leur  position  relative  est  le  vrai  critérium  qui  peut  faire  juger  de  leur  nature. 
Aussi  termine-t-il  ce  chapitre  par  ces  mots  :  «  Tous  ces  changements  de  con- 
»  sistance  que  je  viens  d'énumérer,  et  je  me  suis  borné  à  ceux  qui  sont 
»  assez  fréquents  pour  pouvoir  faire  quelque  illusion,  tendent  à  montrer 
»  combien  il  est  facile  de  se  méprendre  sur  la  vraie  nature  des  organes, 
»  si  on  nj  examine  pas  avant  toutes  choses  leur  position  dans  un  système  donné 
»  de  symétrie  organique  [p.  ii3,  éd.  1819).  »  Et  plus  loin  considère-t-il  la 
forme  comme  un  caractère  essentiel  lorsqu'il  dit  (p.  124)  :  «  Non,  je  ne 
»  crains  pas  de  l'affirmer,  les  étamines  et  les  pétales  sont  de  même  nature  ; 
y  on  ne  peut  pas  décrire  l'un  de  ces  organes  autrement  que  l'autre.  » 


(  %  ) 

))  Il  serait  trop  long  de  citer  tous  les  passages  de  de  Caiidolle,  soit  dans 
cet  ouvrage,  soit  dans  ceux  qui  l'ont  suivi,  qui  établissent  que  pour  lui  la 
forme,  la  consistance,  la  coloration,  etc.,  sont  subordonnéesdans  la  détermina- 
tion de  la  nature  des  organes  à  la  position  relative  que  ces  organes  occupent. 

»  Les  mêmes  idées  se  représentent  dans  bien  des  chapitres  du  Traité  de  mor- 
phologie végétale  d'Auguste  Saint-Hilaire,  où,  tout  en  décrivant  les  formes 
diverses  des  organes,  il  tient  l'élève  en  garde  contre  l'importance  trop  grande 
qu'il  pourrait  être  dispo.sé  à  accorder  aux  apparences  extérieures.  On  en 
verra  plus  loin  un  exemple.  Enfin  on  peut  dire  que  dans  beaucoup  de  cas 
ces  idées  sont  entrées  dans  le  domaine  public  non-seulcTnent  comme  idées 
théoriques  et  philosophiques,  mais  comme  recevant  leurs  applications  dans 
la  botanique  descriptive;  et  pour  n'en  citer  (ju'un  exemple,  je  prendrai  un 
de  ceux  que  signale  M.  Payer  dans  sa  Note  comme  résolu  par  ses  études 
organogéniques,  celui  qui  a  rapport  aux  feuilles  de  l'asperge  ;  «  De  même, 
>)  dit  M.  Payer,  quand  on  compare  ces  organes  verts  que  portent  les  liges 
»  d'asperges,  aux  feuilles  aciculées  des  pins,  on  trouve  une  grande  ressem- 
»  blanc.e  de  forme,  et  les  botanistes  en  question  n'ont  pas  manqué  d'en 
»  conclure  que,  dans  les  asperges  comme  dans  les  pins,  ces  organes  sont  des 
»  feuilles;  cependant  l'observation  organogénique  nous  a  montré  que  ces 
»  organes  si  semblables  de  forme  sont  des  feuilles  dans  les  pins  et  des  pé- 
»  doucules  dont  les  fleurs  ont  avorté  dans  les  asperges.  » 

»  L'organogénie  n'était  pas  indispensable  poiu'  résoudre  ce  problème,  et, 
sans  son  secours  ,  dès  1 840,  Aug.  Saint-Hilaire  disait ,  à  l'occasion  des 
rameaux  foliiformes  (^Leçons  de  Bot.,  p.  776)  :  «  Vous  verrez,  par  exemple, 
»  les  organes  appendiculaires  de  l'asperge  dans  les  écailles  scarieuses 
»  qui  sont  symétriquement  rangées  sur  la  tige,  et  ces  parties  délicates  et 
»  en  aiguilles  qu'on  appeUe  vulgairement  des  feuilles,  seront  pour  vous 
»  des  rameaux  avortés,  parce  qu'elles  se  trouvent  à  l'aisselle  des  écailles.  » 

»  Cette  appréciation  si  juste  était  introduite,  dès  i845,  dans  les  carac- 
tères génériques  du  genre  Asparagus^  donné  par  MM.  Cosson  et  Germain 
dans  leur  Flore  des  environs  de  Paris  (p.  537  )•  ^'^  disent  en  effet  : 
«  Feuilles  réduites  à  des  écailles  ;  les  écailles  des  rameaux  donnant  nais- 
»  sauce,  à  leur  aisselle,  à  des  fascicules  de  ramuscules  avortés,  filiformes, 
»  simples,  verts,  simulant  des  feuilles.  »  Le  terme  de  rameaux  foliiformes 
est  également  employé  par  MM,  Grenier  et  Godron  dans  la  description  des 
Asperges  de  leur  Flore  de  France.  Enfin,  M.  Runth,  dans  son  grand  Spe- 
cies  des  Monocotylédones ,   en  traitant  des  Asperges  {Emim.  Plant.,  t.  V, 

...    v8.. 


(  6o  ) 
p.  5^;  i85o);  dit  :  Polia  sparsa  squamœjbrmia  nunc  peditnculos  stériles  [Link , 
Jbtia  auct.  Cladodia  Kunth),  nunc  fet:liles ,  nunc  ambos  stipantia. 

»  On  voit  donc  qu'il  y  a  vingt  ans,  et  peut-être  plus  si  l'on  étendait  ces 
recherches  bibhographiques,  que  le  fait  signalé  par  M.  Payer  comme  ayant 
été  reconnu  grâce  aux  études  organogéniques,  avait  été  constaté  par  une 
autre  voie  et  admis  par  les  successeurs  de  de  Jussieu  et  de  de  Candolle. 

»  En  revendiquant  ces  idées  générales  et  quelques  faits  qui  s'y  rattachent 
pour  les  botanistes  qui  nous  ont  précédés ,  et  auxquels  nous  devons  en 
grande  partie  ce  que  nous  sommes,  je  n'ai  cru  faire  qu'un  acte  de  justice, 
car  je  ne  suis  intéressé  que  d'une  manière  très-indirecte  dans  la  question, 
en  supposant  que  M.  Payer  me  comprenne  parmi  les  successeurs  des  deux 
grands  botanistes  dont  il  attaque  si  légèrement  les  principes,  ce  qui  m'ho- 
norerait trop  pour  que  je  m'en  plaigne. 

»  Quant  à  l'organogénie,  qui  paraît  la  cause  de  la  Note  de  M.  Payer, 
je  ne  voudrais  pas  qu'on  crût,  parce  que  je  combats  le  rôle  exagéré  qu'on 
veut  lui  faire  jouer,  que  je  n'eslime  pas  les  études  dont  elle  est  l'objet  : 
j'admets  quelle  peut  jeter  beaucoup  de  jour  sur  certaines  questions,  et 
particulièrement  sur  celles  qui  tiennent  à  la  symétrie  florale;  cependant 
elle  ne  me  paraît  pas  appelée  à  réformer  la  botanique,  comme  semblent  le 
croire  ses  partisans  exclusifs,  mais  seulement  à  en  perfectionner  certaines 
parties.  Dans  beaucoup  de  cas  même,  elle  ne  pourra  fournir  que  des  don- 
nées obscures  et  incertaines,  qui  devront  êti'e  confirmées  ou  infirmées  par 
les  études  anatomiques  et  tératologiques.  C'est  seulement  par  l'emploi  simul- 
tané de  ces  divers  moyens  d'étude  que  nous  parviendrons  à  une  connais- 
sance plus  parfaite  de  l'organisation  végétale.  » 

CHIRURGIE  ET  PHYSIOLOGIE.    —   Plaie  de  la  région  cervicale  avec  lésion  du 
canal  vertébral  et  écoulement  du  liquide  céphalo-rachidien  ;  par  M.  Jobekt 

DE  L.iMBALLE. 

«  L'Académie  se  rap|)elle  les  expériences  de  M.  Magendie  sur  les  usages 
du  liquide  céphalo-rachidien  dont  la  quantité  était  évaluée  par  lui  à 
60  grammes. 

»  Elle  se  souvient  que  ce  savant,  après  avoir  enlevé  les  muscles  des  gout- 
tières vertébrales,  avoir  mis  à  découvert  les  membraneà  d'enveloppe  de  la 
moelle  et  y  avoir  fait  une  piqûre,  a  vu  le  liquide  s'échapper  par  jet. 

»  A  la  suite  de  sa  sortie  il  a  observé  un  trouble  dans  les  facultés  locomo- 
trices, si  bien  que  les  animaux  chancelaient  et  s'affaissaient  sur  eux-mêmes. 


(6.  ) 

»  M.  Longet,  qui  a  répété  ces  expériences,  n'a  pas  adopté  l'opinion  de 
M.  Magendie,  parce  que  les  résultats  çbtenus  ne  sont  pas  conformes  aux 
siens. 

»  M.  Longet  a  remarqué  que  la  section  des  muscles  suffit  pour  amener 
un  trouble  profond  dans  les  mouvements,  et  que  l'évacuation  du  liquide, 
sans  intéresser  les  muscles  de  la  nuque,  n'apporte  dans  fa  démarcfie  des  ani_  , 
maux  aucune  modification  notable. 

»  Un  fait  m'a  paru  résoudre  la  question,  et  je  demande  la  permission  de 
l'exposer  en  quelques  mots  à  l'Académie. 

»  Une  personne  d'une  forte  constitution,  entrée  à  l'Hôtel-Dieu  le  1 1  dé- 
cembre i858  et  morte  le  22  décembre,  c'est-à-dire  après  onze  jours  de  séjour 
à  l'hôpital,  reçut  un  coup  de  poignard  de  la  main  d'un  homme  qui  depuis 
quelque  temps  lui  faisait  de  fréquentes  visites. 

»  Le  coup  fut  porté  avec  violence,  l'instrument  se  brisa  près  du  manche. 
La  base  correspondait  aux  téguments  et  la  pointe  pénétrait  dans  le  canal 
vertébral. 

»  Les  gros  vaisseaux  artériels  et  veineux  ayant  été  respectés,  l'écoule- 
ment de  sang  ne  fut  pas  sérieux;  mais  il  s'échappa  par  la  plaie  oblique  des 
téguments,  sans  interruption,  un  liquide  séreux,  semblable  au  sérum  du 
sang.  Les  alèzes,  les  draps  de  lit  en  furent  inondés,  tant  la  quantité  perdue 
chaque  jour  était  considérable. 

»  En  l'examinant,  on  constata  que  c'était  du  sérum  dans  lequel  nageaient 
quelques  globules  sanguins. 

»  Le  troisième  jour  de  l'entrée  de  la  malade,  le  corps  étranger  put  être 
extrait,  et  au  moment  où  il  fut  retiré,  il  sortit  un  flot  considérable  du  même 
liquide. 

»  Pendant  toute  la  durée  de  la  perte  du  liquide  céphalo-rachidien,  la 
malade  n'éprouva  aucun  affaiblissement  musculaire,  aucune  déperdition  de 
la  force  des  contractions  musculaires  et  aucun  changement  ne  se  manifesta 
dans  l'intelligence. 

«  Cette  malade  ayant  succombé  à  une  méningite  rachidienne,  on  trouva 
les  corps  des  sixième  et  septième  vertèbres  cervicales  labourés  par  l'instru- 
ment, le  disque  inter-vertébral  intéressé  et  une  piqûre  aux  feuillets  parié- 
taux des  membranes  d'enveloppe  de  la  moelle  épinière. 

»  Ce  fait  paraît  donc  prouver  que  le  liquide  céphalo-rachidien  n'a  pas  les 
usages  que  M.  Magendie  lui  avait  attribués,  et  c'est  ce  que  M.  Longet  par 
ses  expériences  avait  déjà  prouvé.    « 


(  62  ) 

«  M.  Geoffroy-Saint-Hilaibe  annonce  qu'il  est  né  cette  semaine  à  la 
ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  un  lama  mâle  et  deux  yaks, 
l'un  mâle,  l'autre  femelle. 

»  Ce  lama  est  le  dix-septième  individu  obtenu  dune  seule  paire  acquise 
par  le  Muséum  en  Angleterre,  il  y  a  quelques  années,  et  ces  yaks  sont  le 
douzième  et  le  treizième,  nés  de  trois  individus  que  la  Ménagerie  avait  reçus 
en  i854,  et  qui  provenaient  du  troupeau  de  M.  de  Montigny.  Deux  femelles 
d'yak  doivent  encore  mettre  bas  cette  année.  Lorsqu'elles  auront  produit,  le 
nombre  primitif  se  trouvera,  après  cinq  ans,  déjà  sextuplé;  car  la  Ménagerie 
«'a,  jusqu'à  présent,  perdu,  ni  aucun  des  individus  qu'elle  avait  reçus,  ni 
aucun  de  ceux  qui  en  sont  nés  ou  issus. 

»  En  rapprochant  ces  faits  des  succès  obtenus  aussi  pour  la  multiplication 
de  la  chèvre  d'Angora  dans  les  essais  faits  en  France,  en  Algérie,  en  Alle- 
magne et  en  Sicile  par  la  Société  impériale  d'Acclimatation  (i),  on  voit  que 
les  animaux  eux-mêmes  des  hautes  montagnes  [sans  excepter  les  yaks  qui 
vivent  de  3,ooo  à  plus  de  5,ooo  mètres  d'altitude)  parviennent  à  se  plier, 
beaucoup  mieux  qu'on  ne  l'aurait  peut-être  prévu,  aux  conditions  de  notre 
climat  et  de  notre  sol.  « 

ÉCONOMIE  KURALE.  —  Sur  l'hygiène  des  vers  à  soie.  (Extrait  d'une  Lettre  de 
M.  DE QuATREFAGEs,  accompaguaut  l'envoi  d'une  Note  de  M.  Charvet[-i). 

«  Les  deux  éducations  dont  il  est  question  dans  la  Note  de  M.  Charvet 
constituent  une  véritable  expérience  comparative  la  plus  propre  peut-être 
que  je  connaisse  à  démontrer  l'importance,  dans  l'éducation  des  vers  à  soie, 
d'une  aération   large  et  continuelle,  jointe  à  un  espacement  considérable. 

»  En  effet,  je  me  suis  assuré,  en  causant  avec  M.  Charvet,  qui  connaît 
parfaitement  les  localités,  que  les  deux  magnaneries  sont  placées  à  côté 
l'une  de  l'autre,  que  les  vers  ont  reçu  les  mêmes  qualités  de  feuille;  en  un 
mot,  que,  sauf  le  mode  d'élevage  indiqué  dans  la  Note,  toutes  les  conditions 
générales  avaient  été  identiques  pour  les  deux  chambrées.  Cependant  celle 
de  M'"'  Pirodon  ayant  produit  i  de  cocons  excellents,  celle  de  son  fermier, 
regardé  d'ailleurs  comme  un  habile  magnanier,  n'a  guère  donné  que  \  de 
cocons  très-mauvais. 

»  Il  me  paraît  évident  que  cette  différence  tient  uniquement  à  l'aération 

(i)  Voyez  les  Comptes  /•e/zrfui' des  séances  de  l'Académie,  t.  XLVI,  p.  io63. 
(a)  Voir  aux  Mémoires  présentés,  p.  ^S,  la  Note  de  M.  Charvet. 


(63  ) 

parfaite  dont  a  joui  la  première,  aux  vices  de  l'aération  à  laquelle  a  été 
soumise  la  seconde.  En  effet,  l'absence  de  chauffage  ne  me  paraît  pas  être  en 
général  une  pratique  bonne  à  recommander.  De  tous  les  faits  que  j'ai  recueil- 
lis, il  résulte  pour  moi  que  s'il  y  a  des  inconvénients  à  chauffer  les  vers  trop 
et  en  graduant  la  chaleur  en  sens  inverse  de  ce  que  demanderait  la  nature 
de  ces  animaux,  il  n'y  en  a  guère  moins  à  ne  pas  leur  venir  en  aide  lorsque 
la  température  de  l'atmosphère  descend  au-dessous  d'une  certaine  limite.  A 
raison  des  conditions  atmosphériques  présentées  cette  année  principalement 
du  22  mai  aux  6  et  7  juin,  je  crois  pouvoir  assurer  que  le  manque  total  de 
chauffage  a  été  une  circonstance  plutôt  nuisible  qu'utile  aux  vers  de 
M™"  Pirodon.  Mais  par  cela  même  ils  n'ont  jamais  respiré  de  fumée  ni  aucun 
autie  produit  de  la- combustion;  ils  ont  eu  constamment  en  abondance  de 
l'air  sans  cesse  renouvelé.  Ces  avantages  ont  bien  plus  que  compensé  l'ab- 
sence d'un  peu  de  chaleur  artificielle  qui  aurait  facilité  les  mues  et  activé 
leur  développement.  Là  est  la  véritable  cause  de  la  supériorité  extrême 
qu'ils  ont  montrée  sur  leurs  frères,  chauffés  il  est  vrai  et  par  cela  même  plus 
hâtifs,  mais  en  revanche  soumis  à  un  empoisonnement  lent  dû  à  un  air  non 
renouvelé  et  mêlé  à  des  produits  de  la  combustion. 

»  On -ne  saurait  trop  le  répéter  aux  éducateurs,  le  ver  à  soie  est  une 
chenille,  un  animal  destiné  à  vivre  en  plein  air.  Plus  on  se  rapprochera  de 
cette  condition  fondamentale,  plus  on  aura  fait  pour  assurer  la  réussite  des 
chambrées.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  De  la  présence  du  sucre  dans  le  sang  de  la  veine 
porte  et  dans  celui  des  veines  sus-hépatiques  :  expériences  de  M.  C.  Schmidt, 
de  Dorpat,  communiquées,  d après  une  Lettre  de  ce  physiologiste,  par 
M.  Cl.  Bernard. 

«  La  fonction  glycogénique  du  foie,  c'est-à-dire  la  propriété  que  cet 
organe  possède  de  produire  du  sucre  dans  l'état  physiologique,  peut  être 
démontrée  par  des  expériences  très- variées.  Mais  il  en  est  une  qui  consiste 
à  montrer  que  chez  un  animal  Carnivore  le  sang  qui  entre  dans  le  foie  par 
la  veine  porte  est  privé  de  sucre,  tandis  que  le  sang  qui  sort  du  même  or- 
gane par  les  veines  sus-hépatiques  en  contient  de  notables  quantités  ;  ce  qui 
*  amène  forcément  à  la  conséquence  que  le  sucre  s'est  formé  dans  le  foie. 
Ce  fait  a  déjà  été  vérifié  par  un  très-grand  nombre  d'expérimentateurs  et 
par  une  Commission  de  cette  Académie  (1).  Cependant  j'ai  cru  utile  de 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XL,  n°  25,  i8  juin  i855,  « 


(64) 
rapporter  encore  les  expériences  de  M.  Schmidt,  de  Dorpat,  l'un  des  chi- 
mistes physiologistes  les  plus  habiles  qui  se  soient  occupés  de  la  question 
de  la  formation  du  sucre  dans  les  animaux.  Il  me  semble  toujours  avan- 
tageux, dans  les  questions  expérimentales  physiologiques,  d'insister  sur  les 
expériences  les  plus  simples,  parce  que  leurs  conclusions  ressortant  plus 
directement  du  fait  sont  moins  sujettes  à  interprétations  erronées. 

»  Voici  le  résultat  des  analyses  de  M.  Schmidt  sur  le  sang  de  la  veine 
porte  et  des  veines  hépatiques  sur  trois  chiens,  dont  deux  étaient  en  diges- 
tion de  viande,  et  le  troisième  à  jeun  depuis  deux  jours.  Il  a  trouvé  que 
le  sang  de  la  veine  porte  ne  contenait  pas  de  sucre,  tandis  que  le  sang  pris 
dans  les  veines  hépatiques  en  renfermait  à  peu  près  i  pour  loo  du  résidu 
sec  du  sang,  chez  les  chiens  en  digestion,  et  environ  -i-  pour  loo  chez  l'ani- 
mal à  jeun.  Voici  les  nombres  obtenus  dans  chaque  cas  : 

Quantité  de  sucre 

dans  le  sang  dans  le  sang 

de  la  veine  porte,  des  veines  hépatiques. 

Avant  le  foie.  Après  le  foie. 

Chien  nourri  de  viande »  o^'',g3 

>  .  .  o«',99 

Chien  à  jeun  pendant  deux  jours.  »  o''",5i 

»  Ces  résultats  numériques  obtenus  par  M.  Schmidt  sont  tout  à  fait  con- 
cordants avec  ceux  obtenus  par  M.  Lehmann,  qui  a  calculé  également  le 
sucre  en  rapport  avec  le  résidu  sec  du  sang  (i).  » 

M.  Cl.  Bernard  présente,  à  la  suite  de  cette  communication,  un  exem- 
plaire de  son  «  Mémoire  sur  une  nouvelle  fonction  du  foie  comme  organe 
producteur  de  la  matière  sucrée  chez  l'homme  et  chez  les  animaux  »,  et  un 
exemplaire  de  ses  «  Leçons  de  Physiologie  expérimentale  appliquée  à  la  mé- 
decine, faites  au  Collège  de  France  dans  le  semestre  d'hiver  1 854-1 855  ». 

M.  Becquerel  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  ses  «  Re- 
cherches sur  les  causes  de  l'électricité  atmosphérique  et  terrestre  et  sur  les 
effets  chimiques  produits  en  vertu  d'actions  lentes,  avec  ou  sans  le  con- 
cours des  forces  électriques». 

Ce  Mémoire  a  été  lu  par  extrait  dans  la  séance  du  i5  décembre  i856. 

(i)  Voyez  mon  cours  au  Collège  de  France,  t.  VI,  p.  g8. 


(65  ) 

RAPPORTS. 

ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Rapport  sur  deux  Mémoires  de  M.  Léon  Dufovr, 

relatifs  à  tanatomie  des  Insectes. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire, 
Duméril  rapporteur.) 

«  En  général  l'Académie  ne  renvoie  pas  à  des  Commissions  l'examen  des 
Mémoires  qui  lui  sont  adressés  par  ses  Correspondants;  MM.  les  Secré- 
taires veulent  bien  se  charger  d'en  donner  un  extrait,  qui  se  trouve  ensuite 
inséré  dans  les  Comptes  rendus  de  ses  séances,  quand  ces  iMémoires  mêmes 
ne  sont  pas  encore  destinés,  par  une  décision  formelle,  à  faire  partie  de 
ceux  qu'elle  publie  avec  ses  propres  travaux,  sous  le  titre  de  Mémoires  pré- 
sentés par  divers  savants.  Une  circonstance  toute  particulière  vous  fait  modi- 
fier cet  usage. 

»  M.  Léon  Dufour,  l'un  de  nos  plus  savants  et  habiles  naturalistes,  qui 
est  aussi  de  nos  plus  anciens  Correspondants,  en  vous  faisant  parvenir  l'un 
des  nouveaux  travaux  auxquels  il  se  livre  sur  l'anatomie  des  Insectes,  a 
demandé  à  l'Académie  de  vouloir  bien  s'occuper  d'un  travail  plus  impor- 
tant dont  il  lui  a  fait  hommage  il  y  a  plus  d'un  an,  et  qui  est  destiné,  sui- 
vant nous,  à  jeter  une  nouvelle  lumière  sur  un  point  en  litige  de  la  physio- 
logie, en  ce  qu'il  peut  fournir  à  la  science  de  nouveaux  faits  qui  démontrent 
les  résultats  prévus  du  passage  de  la  classe  des  Insectes  qui  ont  une  respi- 
ration trachéenne  avec  celle  des  Arachnides,  chez  lesquels  la  circulation 
est  en  rapport  avec  l'existence  des  poches  pulmonaires. 

»  Plusieurs  Membres  de  l'Académie  ayant  témoigné  le  désir  de  voir  ce 
travail  bientôt  publié,  parce  qu'il  est  le  complément  d'un  autre  Mémoire 
du  même  auteur  sur  l'anatomie  des  Scorpions,  que  l'Académie  a  fait  publier 
en  i856,  nous  avons  été  chargés,  MM.  Geoffroy,  Milne  Edwards  et  moi, 
de  vous  faire  un  Rapport  sur  ces  travaux,  et  nous  venons  nous  acquitter 
de  cette  commission,  et  vous  proposer  de  prendre  une  décision  à  ce  sujet. 

»  Nous  parlerons  d'abord  du  Mémoire  auquel  M.  L.  Dufour  a  donné 
le  titre  de  :  Recherches  analomiques  et  Considérations  entomologiques  sur  les 
Hémiptères  du  genre  Leptopus. 

»  L'ordre  des  Insectes  que  l'on  nomme  Hémiptères  est  des  plus  natu- 
rels, comme  on  le  sait  ;  cependant  le  nom  qui  sert  à  les  désigner  donne  lieu 

G.   R.,  1809,  s™e  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  2.)  9 


(66) 
à  des  idées  fausses  :  d'abord  parce  que  ces  Insectes  n'ont  pas  tous  des  ailes, 
et  ensuite  parce  que  ces  organes  du  mouvement  ne  présentent  jamais,  ni 
des  moitiés  d'ailes,  ni  des  lames  membraneuses  formées  de  deux  portions 
d'épaisseur  diverse  ou  d'une  transparence  différente  ;  il  est  reconnu  aujour- 
d'hui que  le  véritable  caractère  de  cet  ordre  réside  dans  la  structure  de  leur 
bouche,  qui  reste  la  même  dans  tous  les  individus,  sous  leurs  trois  états  suc- 
cessifs de  larves,  de  nymphes  et  de  perfection,  structure  singulière,  qui  ne 
peut  admettre  que  des  aliments  liquides,  mais  dont  l'organisation  varie  à 
l'infini  dans  les  différentes  familles  de  cet  ordre  nombreux. 

»  On  conçoit  tout  l'intérêt  que  les  physiologistes  doivent  porter  à  la 
connaissance  des  instruments  de  la  vie  chez  ces  petits  animaux  ;  mais  on 
éprouve  un  étonnement  merveilleux  quand  on  a  appris  qu'avec  cette  bou- 
che, si  simple  en  apparence,  dont  l'office  est  essentiellement  toujours  le 
même ,  quoique  avec  des  modifications  nécessaires  et  importantes  ,  les 
Hémiptères  ne  peuvent  s'accroître,  se  nom-rir  et  se  reproduire  qu'aux  dé- 
pens des  autres  êtres  vivants,  animaux  et  végétaux,  auxquels  ils  emprun- 
tent, ils  soustraient,  en  se  les  incorporant,  les  humeurs  préparées  ou  éla- 
borées d'avance  avec  une  autre  destination.  Que  de  modifications  il  a 
fallu  employer  pour  arriver  à  ce  but  dans  la  composition  de  ce  bec, 
de  ce  rostre,  car  c'est  ainsi  que  l'on  nomme  cette  bouche,  et  dans  les  ar- 
mures dont  il  doit  être  muni,  pour  entamer  les  diverses  surfaces,  pour 
pénétrer  dans  les  différents  tissus  !  Que  de  changements  sont  nécessaires 
dans  les  formes  et  la  longueur  du  tube  digestif!  Voilà  les  sujets  sur  lesquels 
la  sagacité  et  l'adresse  de  M.  L.  Dufour  se  sont  exercées  dans  les  nom- 
breuses et  intéressantes  investigations  qu'il  a  déjà  portées  sur  les  Insectes 
de  cet  ordre,  et  le  Mémoire  dont  nous  devrions  rendre  compte  est  des 
plus  curieux.  Nous  n'en  donnons  pas  l'analyse,  quoique  nous  ayons  pris 
connaissance  de  sa  totalité,  ainsi  que  des  dessins  qui  l'accompagnent  ; 
mais  l'auteur  en  a  fait  connaître  les  résultats  principaux  dans  l'extrait  qu'il 
en  a  rédigé  et  qu'il  a  fait  insérer  dans  le  n°  i4  des  Comptes  rendus  des 
séances  de  cette  année.  Comme  cet  extrait  ne  suffit  pas,  il  est  à  désirer 
que  M.  L.  Dufour,  ainsi  qu'il  nous  en  a  exprimé  l'intention,  puisse  le  faire 
publier,  avec  les  figures,  dans  l'un  de  nos  Recueils  consacrés  à  la  Zoo- 
logie, et  nous  proposons  à  l'Académie  de  l'y  engager. 

»  Nous  insisterons  davantage  sur  l'importance  du  second  Mémoire;  il  a 
pour  titre  :  Anatomie,  Physiologie  et  Histoire  naturelle  des  Galéodes. 

»  Les  Galéodes  sont  de  très-gros  insectes  qui  ressemblent  beaucoup 
a4ix  Araignées  et  surtout   aux  Scorpions,   dont  ils    n'ont   pas  la  longue 


(67) 
queue  armée  d'un  crochet  venimeux.  Quoique  n'ayant  que  six  pattes, 
ils  paraissent  eu  avoir  dix,  parce  que  les  quatre  énormes  palpes  qui 
l'ont  partie  de  leur  bouche  ont  été  regardés  jusqu'ici  comme  des  pattes, 
dont  ils  ont  la  forme.  Leur  tète  n'est  pas  confondue  ou  plutôt  soudée 
avec  le  corselet  ;  de  sorte  qu'à  l'exception  de  l'absence  des  antennes, 
les  Galéodes  offrent  tous  les  caractères  des  Insectes.  C'est  surtout  dans 
l'organisation  intérieure  que  les  recherches  anatomiques  de  M.  L.  Dufour 
ont  fait  reconnaître  les  modifications  les  plus  importantes,  sous  le  rap- 
port des  organes  de  la  respiration,  et  lui  ont  prouvé  que  si,  pour  les 
naturalistes,  les  Scorpions  terminent  la  série  des  Arachnides  à  poumons,  les 
Galéodes  commencent  la  série  des  véritables  Insectes  à  trachées. 

»  Les  détails  de  cette  organisation  sont,  en  tous  points,  comparés  à 
celle  des  Scorpions,  pour  arriver  au  résultat  que  nous  venons  d'énoncer. 
Nous  nous  bornons  à  cet  aperçu  pour  faire  concevoir  l'importance  de  ce 
grand  travail. 

»  Nous  proposons  à  l'Académie  d'en  faire  autoriser  la  publication 
comme  la  suite  des  belles  recherches  du  même  auteur  sur  l'organisation 
des  Scorpions ,  qui  font  partie  du  tome  XIV  des  Mémoires  des  savants 
étrangers.  Celui-ci  se  composera  d'une  quarantaine  de  feuilles,  et  sera 
accompagné  de  quatre  planches  dont  les  dessins  ont  été  exécutés  par 
l'auteur,  et  peuvent  être  tout  de  suite  livrés  aux  graveurs.  » 

Cette  proposition  est  mise  aux  voix  et  adoptée. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission chargée  de  la  révision  des  comptes  pour  l'année  i858. 

MM.  Mathieu  et  Geoffroy-Saint-Hilaire  réunissent  la  majorité  des  suf- 
frages. 

MÉMOIRES  LUS. 

PALÉONTOLOGIE..  —  Note  sur  des  empreintes  de  pas  d'animaux  dans  te  gypse 
des  environs  de  Paris,  particidièremenl  de  la  vallée  de  Montmorency  ;  par 
M.  J.  Desîîovers. 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  Valenciennes.) 

B  Jusqu'à  présent  les  découvertes  d'empreintes  de  pas  d'animaux  à  la 
surface  des  bancs  de  différents  terrains  ont  paru  d'autant  plus  intéressantes 
à  constater  pour  la  paléontologie,  qu'elles  se  trouvaient  remonter  à  une 

9" 


(  68  ) 
époque  géologique  plus  ancienne.  Elles  offraient,  en  effet,  un  moyen  de 
recaler  l'apparition  des  animaux  vertébrés  et  surtout  des  Oiseaux  jusqu'à 
des  périodes  de  beaucoup  antérieures  à  celles  pendant  lesquelles  leur  exis- 
tence est  démontrée  par  des  débris  de  leurs  squelettes. 

»  C'est  surtout,  et  longtemps  exclusivement,  dans  les  grès  rouges  du  terrain 
triasique  qu'ont  été  découvertes  ces  empreintes  de  pas  dont  la  géologie 
possède  aujourd'hui  un  si  grand  nombre  d'exemples,  qu'aucun  doute  n'est 
plus  possible  sur  leur  réalité,  quoiqu'il  reste  encore  la  plus  grande  incerti- 
tude sur  les  espèces  d'animaux  auxquelles  on  doit  les  rapporter.  C'est  dans 
ce  terrain  qu'ont  été  successivement  trouvées,  en  Ecosse  d'abord,  puis  en 
Saxe,  en  Angleterre,  aux  États-Unis,  et  tout  récemment  en  France,  les  em- 
preintes de  pas  d'espèces  très-variées,  attribuées  à  des  Reptiles,  à  desOiseaux, 
à  des  Mammifères,  et  surtout  celles  des  animaux  gigantesques  auxquels  on 
a  donné  le  nom  de  Clieiroiherium. 

»  Depuis  les  premières  découvertes,  on  a  constaté  en  Angleterre  et  en 
Amérique  d^s  faits  analogues  dans  des  terrains  encore  plus  anciens,  dans 
le  terrain  carbonifère  et  même  dans  des  grés  de  l'étage  silurien.  Le  terrain 
le  plus  récent  dans  lequel  on  ait  constaté  jusqu'ici  l'existence  d'empreintes 
de  pas  d'animaux,  est  un  grès  déposé  au  commencement  de  la  grande  pé- 
riode crétacée;  maison  n'en  a  encore  signalé  nul  exemple  dans  les  terrains 
tertiaires  d'aucun  pays. 

»  La  découverte  en  semblerait  cependant  plus  naturelle  durant  cette 
dernière  période  géologique,  si  riche  en  débris  d'animaux  vertébrés  de 
toutes  les  classes  et  surtout  en  ossements  de  Mammifères,  dont  le  parfait 
état  de  conservation  doit  faire  supposer  un  sol  habitable,  voisin  des  lieux  de 
leur  enfouissement,  alors  que  la  multiplicité  des  bassins,  la  fréquence  et 
l'interaiittence  des  dépôts  lacustres  et  fluviatiles  indiquent  de  nombreux  ri- 
vages et  généralement  des  eaux  peu  profondes. 

»  On  y  trouverait  ce  qui  a  presque  toujours  manqué  jusqu'à  présent  aux 
empreintes  découvertes  dans  des  terrains  plus  anciens,  c'est-à-dire  un  moyen 
de  comparaison  et  de  contrôle  entre  les  empreintes  et  les  animaux  qui  les 
ont  produites.  En  effet,  si  la  présence  d'ossements  nombreux  de  Reptiles 
dans  le  terrain  du  trias  d'Allemagne  et  de  France  met  sur  la  voie  de  rela- 
tions à  établir  entre  eux  et  les  empreintes  découvertes,  il  n'en  est  pas  en- 
core ainsi  à  l'égard  des  empreintes  de  pas  contenues  dans  les  grès  de  la 
même  époque  géologique,  aux  Etats-Unis.  Les  empreintes  de  plus  de  cin- 
quante espèces  ou  types  différents  attribués  à  autant  d'espèces  d'Oiseaux,  de 
Reptiles,  de  Mammifères,  ont  été  signalées^  nommées  et  figurées,  et  à  peine 


(69) 
si  un  seul  ossenient  authentique  de  ces  nombreux  animavix,  fort  probléma- 
tiques encore,  a  été  trouvé  dans  les  couches  qui  sont  recouvertes  des  em- 
preintes de  leurs  pas. 

»  C'est  pour  essayer  de  combler  cette  lacune  dans  la  période  tertiaire 
que  j'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  des  Sciences  la  découverte 
que  j'ai  eu  l'heureux  hasard  de  faire  aux  portes  de  Paris,  dans  le  centre  du 
bassin  géologique  le  plus  complètement  étudié  depuis  cinquante  ans  par 
tant  d'excellents  observateurs,  dans  le  terrain  le  plus  riche  en  ossements  de 
Mammifères,  d'Oiseaux,  de  Reptiles,  dont  les  espèces  ont  été  si  admirable- 
ment reconstituées  par  le  génie  de  Cuvier. 

»  Voici  comment  j'ai  été  mis  sur  la  voie  de  cette  petite  découverte.  De- 
puis nombre  d'années,  le  désir  de  vérifier  sur  place  le  mode  d'enfouissement 
des  débris  d'animaux  qu'on  trouve  en  assez  grande  abondance  dans  les  plà- 
trières  de  la  vallée  de  Montmorency,  m'a  fait  visiter  fréquemment  ces  car- 
rières, et  m'a  mis  à  même  de  sauver  de  la  destruction  un  assez  grand  nombre 
de  débris  intéressants  de  ces  animaux.  Je  ne  tardai  pas  à  m'apercevoir  que  les 
bancs  les  plus  riches  en  ossements,  que  les  surfaces  mêmes  sur  lesquelles  des 
portions  de  squelettes,  ou  même  de  cadavres  entiers  de  Mammifères  et  d'Oi- 
seaux avaient  été  déposés,  contenaient  aussi,  les  uns  en  creux,  les  autres  en 
relief,  atteignant  quelquefois  un  centimètre  et  plus  de  profondeur  et  d'é- 
paisseur, des  espèces  d'amandes  disposées  par  groupes,  et  se  reproduisant  a 
de  certaines  distances  souvent  régulières.  La  forme  et  la  grosseur  de  ces 
amandes  étaient  frès-variables,  mais  elles  n'étaient  jamais  complètement 
détachées  des  bancs  de  plâtre  ;  elles  faisaient  corps  intime  avec  eux,  et  ne 
pouvaient  être,  par  conséquent,  un  objet  étranger,  un  fossile  quelconque 
enveloppé  dans  la  pâte  gypseuse.  Elles  ne  pouvaient  être,  non  plus,  une  con  - 
crétion  gypseuse,  ou  une  agrégation  minérale  comparable  aux  silex  ménilites 
ou  aux  nodules  de  strontiane,  puisque  la  partie  concave  était  toujours  sur  la 
face  supérieure  des  couches.  On  en  devait  conclure,  au  contraire,  qu'elles 
représentaient  une  impression  passagèrement  laissée,  et  ainsi  reproduite  en 
creux  et  en  relief,  au  contact  de  certains  bancs.  Leurs  formes  les  plus  habi- 
tutelies  étaient  tellement  inégales,  que  je  n'osai  m'arrêter  définitivement  à  la 
pensée  qui  m'avait  frappé  d'abord  de  leur  chercher  une  origine  organique. 
Mais  plus  tard,  ayant  remarqué  entre  ces  groupes  d'amandes  des  traînées  si- 
nueuses dont  quelques-unes  semblaient  se  terminer  par  des  extrémités  cau- 
dales nettement  déterminées,  je  trouvai  un  argument  de  plus  pour  la  pré- 
somption que  j'avais  conçue  d'abord,  que  ce  pouvait  être  la  trace  de  la 
marche  de  Reptiles  voisins  des  Gecko,  des  Varans,  des  Iguanes  ou  de  grands 
Batraciens,  à  pieds  inégaux  et  inégalement  disposés  sur  chaque  membre. 


(7o) 

»  Je  n'y  voyais  cependant  pas  encore  un  élément  suffisant  de  certitude. 
J'examinai  attentivement  le  contact  des  bancs  au  moment  de  leur  séparation 
par  le  travail  des  ouvriers,  et  bientôt  je  remarquai  d'autres  formes,  toujours 
en  creux  sur  la  face  supérieure  du  banc  inférieur,  en  relief  sur  la  face  in- 
férieure du  banc  superposé,  et  séparés  au  contact  par  une  légère  pellicule 
de  marne,  la  même  qui  entoure  les  ossements  du  gypse,  et  tout  à  fait  ana- 
logue à  celle  qui  a  été  observée  au  contact  des  empreintes  dans  les  prin- 
cipaux gisements  triasiques.  Plusieurs  empreintes  représentaientMes  noyaux 
bisulqués  qui  me  rappelaient  le  pied  des  Anoplolherium ,  les  autres  étaient 
trilobés  et  pouvaient  indiquer  les  trois  doigts  du  pied  des  Pnlœotherium. 
De  plus  grandes  empreintes,  soit  en  creux,  soit  en  relief,  représentaient 
complètement  les  grands  doigts,  partagés  en  plusieurs  lobes  ou  phalanges, 
des  Oiseaux  dont  on  a  donné  tant  de  descriptions  et  de  figures,  comme 
étant  les  plus  caractéristiques  des  grès  triasiques  de  la  vallée  du  Connec- 
ticut,  aux  États-Unis. 

»  D'autres  empreintes  formées  de  trois  doigts  menus,  allongés' et  garnis 
d'ongles  très-pointus,  me  rappelaient  la  conformation  des  pieds  de  grands 
Échassiers  et  surtout  celle  des  pieds  du  Jacana. 

»  D'autres  empreintes  me  présentèrent  de  la  manière  la  plus  évidente  la 
forme  des  pieds  de  Carnassiers  plantigrades  de  la  taille  d'un  grand  chien, 
avec  un  large  talon,  quatre  doigts  bien  séparés  et  ini  pouce  arrondi,  détaché 
latéralement  du  reste  du  pied  :  elles  me  représentèrent  le  carnassier  dont  on 
a  fait  le  genre  Pterodon,  et  dont  une  mâchoire  a  été  découverte  à  Sannois. 

»  D'autres  empreintes,  moins  régulières,  offraient  une  apparence  si  évi- 
dente de  reptation  de  corps  à  peau  tantôt  lisse,  tantôt  chagrinée,  comme 
les  empreintes  laissées  par  les  pieds,  que  je  ne  fus  pas  étonné  d'apercevoir 
bientôt  des  impressions  de  membres  latéraux,  telles  que  pouvaient  en  pro- 
duire de  grands  Batraciens  ou  des  Crocodiles  rampant  sur  un  sol  mou  et 
fangeux.  Quelques  autres  empreintes  reproduisaient  des  formes  complète- 
ment analogues  à  celles  que  laisseraient  des  Tortues  trionyx  en  appuyant 
leur  plastron  sur  une  matière  molle.  Les  parties  cartilagineuses  et  les  par- 
ties osseuses  y  étaient  très-bien  indiquées.  Les  bords  dentelés  de  certaines 
carapaces  y  étaient  aussi  parfaitement  évidents.  D'autres  espèces  de  Tortues 
semblables  aux  Emydes  et  peut-être  même  aux  Chélonés,  y  ont  laissé  des 
empreintes  de  pieds,  sous  forme  de  rames  très-nettement  dessinées  et  de 
différentes  tailles. 

»  D'autres  cavités,  profondes  de  plusieurs  centimètres,  et  garnies  de 
traces  d'ongles  sur  leurs  bords,  rappelaient  assez  exactement  l'impression 
(Je  pieds  ou  de  moignons  des  Tortues  terrestres. 


(  7'  ) 

»  Les  traces  de  Reptiles  me  paraissant  être  les  plus  nombreuses,  je  com- 
muniquai mes  présomptions  à  M.  Aug.  Duméril,  professeur  d'Erpétologie 
au  Muséum,  qui,  à  la  vue  des  échantillons,  ne  fut  pas  moins  convaincu 
que  moi,  et  me  facilita  fort  obligeamment  la  comparaison  avec  des  Reptiles 
vivants  dans  la  Ménagerie  du  Muséum^  en  les  faisant  ramper  et  marcher  sur 
de  la  terre  glaise. 

»  Mes  doutes  se  dissipaient  de  plus  en  plus  sur  l'origine  organique  de 
ces  empreintes,  je  ne  craignis  plus  d'embarrasser  la  science  par  un  fait 
douteux,  qu'il  est  souvent  plus  difficile  de  rétracter  que  de  faire  admettre. 
J'aurais  voulu  y  ajouter  un  dernier  élément  de  certitude,  celui  de  traces  d'ani- 
maux prolongées  sur  d'assez  grandes  surfaces  ;  mais  je  n'ai  pu  vérifier  cette 
circonstance  que  pour  un  petit  nombre  d'empreintes.  Le  mode  d'exploita- 
tion des  carrières  de  plâtre  offre  pour  ce  résultat  d'assez  grandes  difficultés. 
L'exploitation  se  fait  ordinairement  par  coupes  verticales,  et  il  m'a  fallu 
souvent  attendre  plusieurs  mois  avant  de  retrouver  la  suite  de  pas  que 
j'avais  constatés  une  première  fois.  Une  autre  difficulté  plus  grande  encore, 
qui  tient  à  un  fait  géologique  des  plus  intéressants,  et  resté,  je  crois, 
inaperçu,  est  l'existence  sur  la  surface  de  la  plupart  des  bancs  qui  con- 
tiennent le  pins  d'empreintes  de  pas,  de  traces  d'érosions,  de  sillonnements, 
de  canaux  sinueux,  d'ondulations  souvent  profondes,  tels  qu'en  produisent 
les  eaux  en  mouvement  sur  les  plages  ou  s'écoulant  avec  rapidité  sur  des 
surfaces  incomplètement  endurcies,  sous  des  eaux  peu  profondes  ;  les  pas  se 
confondent  souvent  avec  ces  sinuosités  irrégulières,  ainsi  qu'on  l'a  remar- 
qué dans  plusieurs  gisements  degrés  triasiques; 

»  Ces  canaux  sinueux,  remplis  eux-mêmes,  comme  les  traces  de  pas,  dé 
la  matière  gypseiise  des  bancs  supérieurs,  et  qui  n'en  sont  séparés,  comme 
elles,  que  par  de  minces  filets  de  marne  verdâtre,  sont  essentiellement  diffé- 
rents d'autres  canaux  ondulés  qui  se  voient  fréquemment  au  contact  des 
bancs  de  gypse.  Ceux-ci  sont  les  prolongements  horizontaux  des  fentes 
verticales  d'érosion  qui  sillonnent  et  divisent  les  gypses  et  les  calcaires  des 
collines  des  environs  de  Paris  en  poches  inégales  remplies  de  limon  et  de 
gravier  à  ossements  diluviens.  Ces  canaux,  horizontaux  ou  inclinés  dans 
tous  les  sens,  produits  par  l'action  des  eaux,  sont  tantôt  vides,  tantôt  rem- 
plis de  limon  jaune,  comme  les  poches  supérieures;  mais  ils  n'ont  jamais  été 
remplis  par  le  relief  des  bancs  de  plâtre  superposés. 

»  J'ai  reconnu  la  prolongation  des  bancs  à  empreintes  sur  les  deux  côtés 
de  la  vallée  de  Montmorency,  et  à  peu  près  aux  mêmes  niveaux,  sur  les 
deux  rives,  du  côté  de  la  forêt,  depuis  les  carrières  de  Montmorency  et  de 


(70 
Soisy  jusqu'à  celles  de  Saint-Leu  et  de  Frépillon  ;  sur  l'autre  rive,  depuis 
Argenteuil  et  Sannois  jusqu'à  Herblay. 

»  Il  existe  au  moins  cinq  à  six  niveaux  de  ces  surfaces  à  empreintes, 
toujours  dans  les  mêmes  circonstances,  dans  la  masse  supérieure  du  gypse 
la  plus  riche  en  ossements  fossiles,  et  qui,  dans  cette  partie  du  bassin  de 
Paris,  a  une  épaisseur  variable  de  lo  à  i5  mètres. 

»  Ces  bancs  sont  d'épaisseur  fort  inégale,  et  l'un  d'entre  eux  est  même 
subdivisé  en  deux  lits  plus  minces  par  une  de  ces  lignes  d'empreintes  qui 
ont  pénétré  souvent,  par  l'effet  du  poids  du  corps  et  de  la  mollesse  de  la  pâte, 
jusqu'à  plus  d'un  centimètre  dans  le  gypse. 

»  J'ai  retrouvé  les  mêmes  indices  dans  d'autres  collines  gypseuses,  à 
Pantin,  à  Clichy,  à  Dammartin,  mais  avec  beaucoup  moins  de  précision, 
n'ayant  pu  les  observer  que  momentanément. 

»  Une  comparaison  très-intéressante  à  faire  est  celle  des  empreintes  les 
mieux  caractérisées  avec  les  types  des  animaux  fossiles  du  terrain  de  gypse 
ou  terrain  éocène  supérieur.  Le  bassin  de  Paris  en  contient  seul  plus  de 
trente  espèces,  reconnues  presque  toutes  par  Cuvier.  Déjà  j'ai  pu  trouver  des 
rapports,  pour  les  Mammifères  pachydermes,  avec  des  Anoplotherium  et  des 
Palœotherium  de  différentes  tailles,  avec  plusieurs  Carnassiers  dont  on  a 
trouvé  six  à  sept  espèces  dans  les  gypses,  avec  plusieurs  espèces  d'Oiseaux 
et  surtout  avec  des  Tortues  de  différentes  familles,  lacustr.es,  fluviatiles  et 
terrestres.  Je  crois  avoir  trouvé  plusieurs  types  d'empreintes  qui  ne  sont 
point  encore  représentés  par  les  ossements  découverts,  et  particulièrement 
un  Oiseau  gigantesque  dont  le  pied  est  conformé  comme  celui  des  Foulques, 
qui  rappellera  peut-être  le  Gastornis  du  conglomérat  inférieur  de  Meudon, 
quoique  le  gisement  de  celui-ci  soit  beaucoup  plus  ancien. 

»  Ces  déterminations,  pour  offrir  plus  d'exactitude,  ont  besoin  d'un 
examen  plus  rigoureux,  dont  je  m'occupe,  et  qui  sera  surtout  facilité  par 
des  découvertes  noiivelles  que  je  poursuis  et  que,  sans  nul  doute,  d'autres 
géologues  continueront. 

1»  Quant  à  l'ensemble,  extrêmement  incomplet  encore,  des  espèces  indi- 
quées par  les  empreintes,  il  rappelle,  comme  on  le  voit,  ainsi  qu'une  partie 
de  la  population  de  l'âge  des  gypses,  des  Mammifères  pachydermes  habitant 
sur  le  bord  des  lacs  et  des  rivières,  et,  comme  Cuvier  l'a  remarqué  pour 
plusieurs,  habitant  ou  fréquentant  souvent  même  les  eaux  à  la  manière  des 
Loutres';  des  Carnassiers  qui  faisaient  la  guerre  à  ces  Pachydermes,  et  dont 
on  trouve  la  trace  évidente,  non-seulement  dans  les  empreintes  de  pas 
aussi  bien  que  dans  les  ossements,  mais  encore  quelquefois  dans  l'état  de 


(  73) 
brisure  de  certains  os  et  de  crânes  de  Palœotherium  ,  brisure  provenant 
évidemment  de  Ja  dent  d'animaux  carnassiers. 

»  Les  Oiseaux  sont  des  oiseaux  de  rivage;  les  nombreux  Reptiles  sont 
d'eau  douce  ou  de  terrains  humides.  Il  y  a  donc  sous  ce  rapport  confirma- 
tion assez  complète  de  la  théorie  qui  avait  fait  considérer  les  gypses  de  Paris 
comme  déposés  dans  un  grand  ou  dans  plusieurs  petits  lacs  se  communi- 
quant entre  eux,  et  ayant  sur  leurs  bords  les  habitants  dont  les  débris  ont 
été  enfouis  dans  les  couches. 

»  Je  ne  me  dissimule  pas  que  beaucoup  de  questions  pourront  être  sou- 
levées par  ce  fait  nouveau,  soit  pour  la  théorie  encore  fort  controversée  de 
la  formation  du  gypse,  soit  pour  la  théorie  générale  des  terrains  tertiaires 
du  bassin  de  Paris;  mais  je  crois  prudent  de  réserver  toute  discussion  à  cet 
égard  jusqu'à  ce  que  le  fait  des  empreintes  de  l'époque  tertiaire  soit  entré 
réellement  dans  la  science.  Très-probablement  avant  peu  de  temps  le 
nombre  de  faits  semblables  à  celui  des  plâtres  de  Paris  sera  constaté  dans 
d'autres  bassins,  et  srn-tout  dans  ceux  du  Velay,  du  Bourbonnais  et  de  l'Au- 
vergne, peut-être  aussi  dans  le  dépôt  si  riche  de  Sansan.  J'ai  déjà  d'autres 
indices,  mais  imparfaits,  d'empreintes  de  pas  dans  des  bancs  plus  anciens  du 
terrain  parisien,  et  en  particulier  dans  les  couches  calcaréo-marneuses  supé- 
rieures du  calcaire  grossier  dans  lesquelles  on  a  trouvé  à  Nanterre  et  Neuilly 
des  débris  de  Lophiodons,  d'autres  Mammifères  et  de  Reptiles  parfaitement 
conservés. 

»  Je  viens  de  rassembler  au  Muséum,  afin  de  les  étudier  et  de  les  com- 
parer plus  rigoureusement,  soit  avec  les  pieds  fossiles  des  animaux  du 
plâtre,  soit  avec  les  pieds  d'animaux  vivants,  les  principaux  échantillons  des 
empreintes  du  plâtre,  et  je  me  ferai  un  grand  plaisir  de  les  communiquer 
aux  géologues  et  aux  paléontologistes  qu'ils  pourraient  intéresser.  » 

CHIMIE.    —  Sur  ta  composition  des  phosphates  fossiles  exploités  en  France 
et  en  u4ncjleterre  ;  fixir  M.  Delakoue.  (Extrait.) 

«  J'ai  déposé  à  l'Académie  des  Sciences,  en  octobre  i858,  un  paquet  ca- 
cheté relatif  à  la  composition  réelle  des  phosphates  exploités  en  France  et 
en  Angleterre.  N'ayant  pas  encore  pu  continuer  ce  travail,  je  crois  de  mon 
devoir  de  ne  pas  garder  plus  longtemps  le  silence  sur  un  sujet  si  important 
pour  la  science  et  l'industrie. 

»  L'analyse  ayant  démontré  que  nulle  semence  végétale  ni  animale  n'est 
dépourvue  de  phosphore,  ce  corps  préside  donc  exclusivement  à  cette  fonc- 

C.  R.,  1809,  a"»»  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  2.)  lO 


(  74  ) 

tioii  si  importante  et,  si  mystérieuse  de  la  reproduction  de  tous  les  êtres. 
J'en  ai  conclu,  naturellement,  que  tout  sol  fertile  en  graines  devait  con- 
tenir du  phosphore  et  que  tout  sol  stérile  devait  en  être  dépourvu.  Poiu' en 
avoir  la  preuve  expérimentale,  j'ai  analysé  un  nombre  considérable  de  terres 
arables.  Je  ne  citerai  ici  qu'une  partie  des  résultats. 

«  Les  sols  les  plus  stériles,  ceux  de  la  Campine  (Belgique)  et  de  la  Sologne 
contiennent  environ  o,oooo5  d'acide  phosphorique.  Les  terres  fertiles,  na- 
turellement sans  amendement,  comme  le  lœss  (i)  ou  limon  de  la  Belgique 
et  du  nord  de  la  France,  contiennent  environ  o,ooo5  d'acide  phosphorique 
ou  un  millième  de  phosphate,  c'est-à-dire  i  5  à  ao  fois  plus  que  les  landes 
de  la  France  centrale. 

»  Dès  i852,  MM.  Dufrénoy  et  Meugy  annonçaient  du  phosphatede  chaux 
dans  la  craie  du  Nord,  et  en  1 853  je  signalais  au  congrès  scientifique  d'Arras 
la  puissance  et  l'utilité  pour  l'agriculture  des  gîtes  que  j'avais  reconnus. 

»  On  a  exploité  depuis  des  masses  énormes  de  phosphate  minéral. 
M.  Élie  de  Beaumont  nous  a  donné,  dans  le  Moniteur,  une  admirable  et  com- 
plète monographie  des  gîtes  du  phosphore;  mais  les  savants  nesonl*pas 
tous  d'accord  sur  l'efficacité  et  le  mode  d'emploi  de  ces  phosphates  de  chaux 
naturels,  et  les  praticiens  qui  les  ont  exploités  ou  employés  en  France  n'ont 
guère  éprouvé  jusqu'à  présent  que  des  revers.  Cela  tient  à  plusieurs  causes, 
et  entre  autres  à  l'erreur  que  l'on  a  commise  en  assimilant  ces  phosphates 
à  celui  des  os  et  du  noir  animal,  et  à  ce  sujet  je  viens  avouer  que  je  me 
suis  trompé. 

»  Ce  que  j'ai  trouvé  et  annoncé  comme  étant  dii  phosphate  de  chaux, 
n'en  est  pas.  Tout  ce  qu'on  à  trouvé  et  exploité  sous  ce  nom  en  France  et 
en  Angleterre,  n'en  est  pas  davantage.  C'est  un  sel  double,  un  phosphate 
ferrico-calcique  qui  mérite  un  nom  particulier,  car  c'est  un  minéral  non- 
veau,  aussi  distinct  du  vrai  phosphate  calcique  ou  du  phosphate  ferrique 
simple  que  la  dolomie  l'est  du  calcaire  ou  de  la  giobbertite. 

»  Voici  le  moyen  bien  simple  qui  me  l'a  fait  découvrir  et  qui  peut  servir 
à  le  constater  :  Choisissez  des  phosphates  blancs  inaltérés  et  par  conséquent 
sans  hydrate  ferrique,  dissolvez-les  dans  un  petit  excès  d'acide  chlorhy- 
drique,  filtrez  et  ajoutez  de  l'acétate  sodique  en  excès,  tout  le  phosphate 
ferrique  du  minéral  se  sépare  sous  forme  de  précipité  blanc  que  j'ai  pris 
longtemps,  comme  tout  le  monde,  pour  du  phosphate  calcique,  mais  qui 

(i)  Le  lœss  a  jusqu'il  lo  mètres  d'épaisseur.  Je  n'ai  essayé  que  le  sol  vierge  de  tout  amei»' 
dément  à  o'",5o  au  moins  de  la  surface. 


donne  du  sesquioxyde  ferrique  et  du  phosphate  sodique  quand  on  le  fond 
ail  rouge  avec  de  l'acide  dans  un  creuset  d'argent.  Le  phosphate  calcique 
du  minéral  reste  en  dissolution  à  la  faveur  de  l'excès  d'acide  acétique.  Il 
est  dosé  par  les  procédés  ordinaires.  Qu'on  ne  croie  pas  que  ce  nouveau 
minéral  est  une  rareté  exceptionnelle  dans  la  nature?  Ce  qui  est  au  con- 
traire extrêmement  rare,  ce  sont  les  véritables  coprolithes  et  la  chaux  phos- 
phatée minérale.  Le  phosphate  ferrico-calcique  abonde  en  revanche  en 
France  et  en  Angleterre,  mais  il  contient  un  peu  de  carbonate  calcique 
qui  l'a  fait  prendre  jusqu'à  présent  pour  du  calcaire  siliceux  ou  argileux. 
On  le  trouve  en  Angleterre  et  dans  le  nord  de  la  France,  dans  les  argiles 
du»  Gault  en  concrétions  sphériques  ou  mamelonnées,  à  couches  concen- 
triques ou  à  l'état  de  moules  épigéniques  dans  les  cavités  des  fossiles.  Ces 
rognons  sont  si  abondants  à  la  base  de  la  craie  sénonienne  à  Lille,  et  dans 
le  grès  glauconien  inférieur  au  Gault,  depuis  Saint-Dizier  et  Rethel,  qu'ils 
y  forment  de  véritables  couches  de  o,  lo  à  0,80  de  puissance. 

»  Ces  phosphates  ferrico-calciques,  si  faciles  à  exploiter,  sont  appelés  à 
devenir  une  source  infinie  de  richesse  pour  l'agriculture  dès  qu'on  aura 
bien  compris  partout  que  l'acide  phosphorique  est  autant  que  le  nitrogène, 
et  bien  plus  que  la  chaux,  absolument  indispensable  à  la  fertilité  indéfinie 
des  terres.   » 

Conformément  à  la  demande  de  l'auteur  le  paquet  cacheté  déposé  par 
lui  au  mois  d'octobre  i858  est  ouvert  par  M.  le  Président.  La  Note  qui  y 
est  contenue  renferme  une  indication  sommaire  des  faits  que  présente  avec 
plus  de  développement  la  présente  communication. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

SÉRICICULTURE.  —  Influence  bienfaisante  d'une  aération   constante. 
(Note  remise  par  M.  Charvet.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  vers  à  soie.) 

«  M™'  Pirodon,  au  Versoud,  canton  de  Domêne,  près  Grenoble,  a  fait, 
en  1857,  une  éducation  avec  2  onces  de  graine  d'Andrinople,  dans  un 
local  susceptible  de  servir  à  une  éducation  de  8  onces. 

»  Les  vers  ont  été  élevés  avec  toutes  les  fenêtres  ouvertes  pendant  lejour 
et  garnies  de  draps  de  lits  tendus  en  manière  de  rideaux  et  flottants  à  quel- 
que distance  de  la  fenêtre  de  manière  à  laisser  toute  facilité  à  l'accès  de  l'air 
et  à  empêcher  le  courant  direct  sur  les  vers. 

JO.. 


(  7^  ) 

»  Pendant  les  journées  froixles  et  pendant  la  nuit,  on  fermait  les  fenêtres, 
de  la  façade  la  plus  exposée  au  froid  et  on  maintenait  ouverte  (toujours  avec 
un  rideau)  une  des  fenêtres  de  la  façade  la  mieux  abritée.  On  nu  jamais  fait 
de  feu. 

a  liCS  repas  étaient  réglés  ainsi  :  4  heures  du  raatin,^  lo  heures,  3  heures 
du  soir,  6  heures,  1 1  heures  (i). 

»  On  donnait  la  feuille  abondamment,  parce  qu'on  en  avait  en  quantité. 
Les  vers  en  gâtaient  beaucoup  qui  devenaient  de  la  litière,  et  cependant  il 
n'y  avait  jamais  d'autre  odeur  que  celle  de  la  feuille  fraîche,  et  la  litière  ne 
pourrissait  pas. 

«  Les  deux  onces  ont  produit  90  kilogrammes  d'excellents  cocons,  les 
meilleurs  qu'ait  achetés  cette  année  le  filateur  du  pays. 

»  Le  fermier  de  M""*  Pirodon  a  fait  aussi  une  éducation  avec  la  même 
graine  achetée  en  commun.  Il  a  fait  éclore  4  onces  et  a  élevé  ses  vers  sui- 
vant les  procédés  ordinaires,  fenêtres  closes,  chauffage  bien  ou  mal  entendu. 
L'éducation  a  duré  neuf  jours  de  moins  que  celle  de  M"*  Pirodon,  et  il  a 
obtenu  100  kilogrammes  de  très-mauvais  cocons  presque  invendables.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Des  moyens  propres  à  déterminer  Cexistence  du  chlore  et 
du  soufre  dans  le  caoutchouc  vulcanise'  par  le  chlorure  de  soufre;  par 
M.  H.  Gaultier  de  Glavbky.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Balard.) 

«  Les  moyens  consistent  dans  l'emploi  du  procédé  appliqué  autre- 
fois par  Berthollet  à  la  détermination  des  éléments  des  substances  organi- 
ques, en  soumettant  le  caoutchouc  à  la  distillation  et  faisant  passer  les 
produits  pyrogènes  dans  un  tube  rougi  ou  en  décomposant  ce  corps,  sous 
l'influence  d'un  courant  d'oxygène  ou  d'air,  ou  même  encore  en  combinant 
les  deux  actions,  les  nombreux  produits  huileux  qui  proviennent  de  l'opé- 
ration, retenant  une  proportion  considérable  de  chlore. 

»  Le  caoutchouc  adhère  très-fortement  aux  étoffes  ;  oiî  l'eu  sépare 
cependant  avec  une  grande  facilité  en  imbibant  l'envers  de  celle-ci  avec  du 
sulfure  de  carbone  ou  de  la  benzine,  et  détachant  au  moyen  d'une  lame  de 
couteau  la  feuille  de  caoutchouc. 

»  Ici  la  benzine  doit  seule  être  employée. 

(i)  Les  repas  étaient  certainement  trop  nombreux  ou  trop  abondants;  l'épaisseur  des 
litières  mentionnée  plus  bas  l'indique  à  coup  sûr.  (A.  de  Q.) 


(77  ) 

M  Le  caoutchouc  ainsi  séparé  est  placé  dans  une  cornue  tubulée  dans 
laquelle  on  fait  arriver  un  courant  d'oxygène  ou  d'air,  et  les  produits  sont 
dirigés  dans  un  tube  rouge  au  sortir  duquel  ils  traversent  de  l'eau  distillée.  • 

»  Quelque  bien  conduite  que  soit  l'opération,  il  se  distille  toujours  une 
proportion  plus  ou  moins  grande  d'huile,  que  l'on  sépare  par  un  filtre 
mouillé. 

»  Le  nitrate  d'argent  forme  dans  la  liqueur  un  précipité  qui  peut  ren- 
fermer du  chlorure  et  du  sulfure  d'argent,  et  de  l'argent  réduit  par  les  ma- 
tières huileuses  ;  bouilli  avec  de  l'acide  nitrique,  il  ne  laisse  que  le  chlorure. 

»  Ce  dernier  produit  ne  se  précipite  quelquefois  que  très-lentement  au 
sein  d'une  liqueur  renfermant  des  produits  huileux. 

»  Lorsque  ceux-ci  existent  en  grande  proportion,  après  les  avoir  séparés 
par  décantation,  on  les  soumet  à  la  distillation  en  les  faisant  passer  dans 
un  tube  rouge  :  l'excès  que  traversent  les  vapeurs  précipite  abondamment 
par  le  nitrate  d'argent. 

»  En  opérant  ainsi  sur  des  objets  vulcanisés  au  chlorure  de  soufre,  on 
s'assure  facilement  que  le  caoutchouc  perd  successivement  l'excès  de  ce 
composé  qui  l'avait  pénétré,  mais  en  retient  les  éléments  à  un  état  de  com- 
binaison dont  il  nous  a  été  jusqu'ici  impossible  de  déterminer  la  nature. 

»  Il  résulte  cependant  de  ces  faits  que  l'on  peut  distinguer  par  l'emploi 
du  procédé  que  nous  venons  de  décrire  le  chlore  et  le  soufre  introduits  par 
la  vulcanisation,  de  ceux  qui  appartiennent  au  chlorure  de  sodium  et  au 
sulfate  de  potasse  existant  dans  le  caoutchouc,  et  qu'on  ne  doit  pas  être 
surpris  d'y  rencontrer.  » 

CHIMIE.  —  Substitution  de  t azote  à  l'hydrogène;  par  M.  P.  Griess. 
(Commissaire,  M.  Balard.) 

«  On  doit  à  M.  Piria  la  découverte  de  l'action  remarquable  que  l'acide 
nitreux  exerce  sur  les  dérivés  de  l'ammoniaque.  Ce  réactif,  employé  pour 
la  première  fois  dans  la  transformation  de  l'asparagine  en  acide  malique 


('^'«*7JA..+  .A.O.  =  H.O.-.4Az+«^'«'°J'jo., 


est  devenu  d'une  grande  importance  pour  l'étude  des  corps  azotés,  en  nous- 
permettant  d'éliminer  à  l'état  d'alcool  ou  d'acide  les  radicaux  des  aminés 
et  des  amides. 


(  78  ) 

»  Le  procédé  de  M.  Piria  consiste  à  faire  réagir  l'acide  nitreux  sur  les 
solutions  aqueuses  des  corps  azotés.  La  destruction  de  la  molécule  azotée 
•se  manifeste  tout   de  suite  par  le  dégagement  du  gaz  azote. 

»  J'ai  trouvé  que  la  réaction  s'accomplit  d'une  manière  assez  différente, 
si  l'acide  nitreux  agit  sur  les  composés  amidés  en  présence  de  l'alcool  ou 
de  l'éther.  Dans  ce  cas,  il  ne  se  dégage  pas  une  trace  d'azote.  En  effet,  en 
examinant  le  produit  de  la  réaction,  on  trouve  que  le  corps  soumis  à 
l'acide  nitreux  a  perdu  3  molécules  d'hydrogène,  qui  sont  remplacées 
par  I  molécule  triatomique  d'azote  ;  l'hydrogène  de  la  matière  et  l'oxy- 
gène de  l'acide  nitreux  étant  séparés  à  l'état  d'eau. 

»  Je  prends  la  liberté  de  soumettre  à  l'Académie  quelques  exemples  de 
cette  nouvelle  réaction,   qui  paraît  d'une  apphcation  assez  générale. 

»  L'action  de  l'acide  nitreux  sur  la  solution  alcoolique  de  Vacide  picra- 
mique  (acide  amidodinitrophénique)  donne  naissance  à  une  masse  de  cris- 
taux jaunes,  qu'on  purifie  facilement  par  une  cristallisation  dans  l'alcool; 
paillettes  jaune  d'or,  indifférentes  aux  réactifs  colorés,  qui  font  explosion 
par  la  chaleur,  renfermant  : 

C^^H^Az^O'". 
»  La  formation  de  cette  matière  est  représentée  par  l'équation 

C"'H=Az''0'°  +  AzO'  =  3HO  +  C'^*  H=  Az*  0'°. 

Acide  picramique.  Nouvelle  matière. 

«  Vacide  amidochloronitrophénique,  soumis  à  la  même  réaction,  éprouve 
une  transformation  semblable;  il  se  forme  un  corps  indifférent,  cristal- 
lisant en  prismes  rouges  : 

Acide  amidochloronitrophénique.   .   .   .     C*  H*  Cl  Az*  0°, 
Prismes  rouges ;     C'='H=' Cl  Az'O*. 

»  Vacide  diphénamique  de  MAL  Gerhardt  et  Laurent  m'a  fourni  des  résul- 
tats analogues.  La  molécule  de  cet  acide  dibaslque  perd  6  équivalents 
d'hydrogène,  et  fixe  2  molécules  d'azote  : 

Acide  diphénamique C**  H'*  Az*0'-, 

Nouvelle  matière C^*H'  Az'O'"-. 

»  Dans  les  exemples  que  j'ai  cités,  la  molécule  du  corps  azoté  se  décom- 
pose  avec  I  ou   2   équivalents  d'acide   nitreux  ;   très-souvent  la   réaction 


(  79  ) 
s'accomplit   entre   i  équivalent  d'acide   nitreux  et   2   molécules  du  corps 
azoté. 

»  On  sait  qu'en  présence  de  l'eau  l'acide  nitreux  transforme  la  phéiiyl- 
amine  en  alcool  phénique.  Une  solution  de  phénylamine  dans  l'alcool  faible, 
traitée  par  l'acide  nitreux,  ne  tarde  pas  à  déposer  ime  belle  cristallisation 
de  paillettes  jaunes  renfermant 

qui  se  forment  selon  l'équation  suivante  : 

aC^*  H'  Az  +  AzO'  =  3lIO-l-  C^"  H"  Az«. 

Phénylamine.  Nouvelle  matière. 

>)  C'est  une  substance  indifférente  très-fusible,  insoluble  dans  l'eau, 
soluble  dans  l'alcool  et  dans  l'éther. 

»  L'action  de  l'acide  nitreux  sur  la  nitrophénylamine  (modification  ob- 
tenue en  traitant  la  benzine  dinitrique  par  l'acide  sulfurique)  donne  nais- 
sance à  une  substance  analogue,  cristallisée  en  aiguilles  rouges. 

Deux  équivalents  de  nitrophénylamine.      C^^  H'^  (AzO*)'' Az^, 
Aiguilles  rouges C=*H'   (AzO*)^Az^ 

»  Les  acides  amidés  de  la  série  benzoïque,  toluique,  cuminique  et  ani- 
sique,  qui  ont  fixé  récemment  l'attention  des  chimistes  par  les  belles  re- 
cherches de  M.  Cahours,  m'ont  fourni  des  résultats  semblables  à  ceux  que 
j'ai  obtenus  avec  la  phénylamine  et  la  nitrophénylamine. 

»  Une  solution  alcoolique  de  l'acide  benzamique,  soumise  à  un  courant 
d'acide  nitreux,  se  prend  en  une  masse  de  cristaux  aciculaires  d'un  jaune 
clair.  Ces  cristaux  renferment 

CH"Az'0*. 

Ils  se  forment  selon  l'équation 

2C'*H' AzO*  -^  AzO»  =  3HO  +  C="'H"  Az"  0^ 

Acide  benzamique.  Nouvelle  matière. 

»  La  substance  qui  se  forme  par  l'action  de  l'acide  nitreux  sur  l'acide 
benzamique  est  un  acide  dibasique.  Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  presque 
insoluble  dans  l'alcool  et  l'éther. 

»  Le  sel  potassique 

C»*fH»K=')  Az'O" 


(  8o  ) 
cristallise  en  aiguilles  blanches.  L'éther  éthylique 

C"[H»(C*H»)^]Az*0« 

s'obtient  en  prismes  magnifiques  d'une  couleur  jaune,  en  traitant  la  solu- 
tion alcoolique  de  l'éther  benzamique  par  l'acide  nitreux. 

»  L'action  de  l'acide  nitreux  sur  une  solution  alcoolique  d'acide  ani- 
samique  donne  naissance  à  une  pondre  amorphe  d'une  couleur  jaune-ver- 
dâtre,  insoluble  dans  l'eau,  presque  insoluble  dans  l'alcool  et  dans  l'éther. 
C'est  un  acide  dibasique  semblable,  quant  à  sa  formation  et  à  sa  constitu- 
tion, à  l'acide  obtenu  par  l'acide  benzamique. 

Deux  équivalents  de  l'acide  anisamique.     C*^H'*Az^O", 
Nouvel  acide C"H*'Az'0*». 

«  L'éther  éthylique  de  cet  acide,  obtenu  par  l'action  de  l'acide  nitreux 
sur  l'éther  anisamique,  cristallise  en  beaux  prismes  jaunes  renfermant 

C"[H*'(C*H»)»]Az'0". 

»  En  traitant  les  solutions  alcooliques  de  l'acide  toluamique  et  de  l'a- 
cide cuminamique  par  l'acide  nitreux,  on  produit  des  acides  dibasiques 
analogues.  Le  dérivé  de  l'acide  toluamique  cristallise  en  aiguilles  jaunes. 

Deux  équivalents  de  l'acide  toluamique.   .     C'*H'*Az*0*, 
Nouvel  acide C"H'  =  Az''0». 

»  Le  produit  qu'on  obtient  par  l'acide  cuminique  ressemble  au  dérivé  de 
l'acide  benzamique.  C'est  une  matière  très-instable. 

Deux  équivalents  de  Tacide  cuminique.   .     C'^H^'Az'O*, 
Nouvel  acide C'^H^'Az^O*. 

»  Les  substances  qui  forment  le  sujet  de  cette  Note  appartiennent,  comme 
on  voit,  à  une  nouvelle  classe  de  corps  organiques.  Je  m'occupe  dans  ce 
moment  de  l'étude  des  scissions  remarquables  que  ces  corps  subissent  sous 
l'influence  des  agents  chimiques  et  surtout  des  acides,  et  jusqu'à  ce  que  cette 
étude  soit  terminée,  je  m'abstiendrai  d'énoncer  une  théorie  générale  de 
leur  constitution.  Mais  je  citerai,  en  terminant,  quelques  rapprochements 
qui,  même  dès  à  présent,  me  paraissent  de  nature  à  fixer  le  point  de  vue 
sous  lequel  ces  substances  doivent  être  considérées. 

»  En  admettant  que  dans  les  corps  que  j'ai  décrits  l'azote  se  substitue 
à  3  équivalents  d'hydrogène,  on  pourrait  représenter  la  substance  qui  dé- 


(  8.   ) 
rive  de  la  phénylamine,  par  la  formule  suivante  : 

C**H"Az»  =  (Az)"'  Az^ 

H  ) 

Elle  correspondrait,  parmi  les  dinmides,  à  la  diamine  obtenue  par  M.  Hof- 
mann  dans  l'action  du  chloroforme  sur  la  phénylamine. 

I  (C'='H*)'    ) 

Formyldiamine  diphénylique |  (Ç^  H)'"      /Az^ 

(  H         ' 

»  D'une  manière  semblable,  on  pourrait  envisager  le  dérivé  de  l'acide 
benzamique  comme  correspondant  à  2  molécules  d'oxyde  d'ammonium  : 


C''*H"Az»0«  =  [(C'*H*0*)»"(Az)"'HAz»]] 

H»         I 


O 


4 


comme  \in  acide  diamidé  occupant  à  l'extrémité  électronégative  de  la  série 
du  diammonium  une  place  analogue  à  celle  qui,  à  l'extrémité  électro- 
positive, appartient  aux  bases  diatomiques  phosphorées  et  azophosphorées 
récemment  découvertes  par  M.  Hofmann. 

»  Cette  manière  de  voir  explique  à  la  fois  la  nattire  dibasique  de  ce 
corps  et  la  réunion  dans  sa  formation  de  2  molécules  d'acide  benzamique 
et  de  I  équivalent  d'acide  nitreux. 

»  Les  expériences  que  je  viens  de  décrire  ont  été  faites  aux  laboratoires 
de  M.  Rolbe  à  Marbourg,  et  de  M.  Hofmann  à  Londres.  » 

PHYSIQUE.  —  Nouveau  procédé  appliqué  à  l'étude  des  forcés  électromotrices; 
par  M.  J.-M.  Raoult.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

«  On  admet  en  général  que  les  quantités  de  chaleur  dégagées  par  les 
équivalents  des  corps,  lors  de  leur  combustion,  sont  proportionnelles  aux 
affinités  de  ces  corps  pour  l'oxygène.  On  admet  pareillement  que  les  affini- 
tés des  corps  pour  l'oxygène  sont  proportionnelles  aux  forces  électromo- 
trices développées  dans  l'oxydation  de  ces  corps.  Si  ces  suppositions  sont 
vraies,    les  forces  électromotrices  produites  dans    une  action    chimique, 

C.  R.,  i859,2"«  Semestre.  (T.  XLIX,   N"  2.)  .         '  '       ' 


(  8a  ) 
doivent-être  proportionnelles  aux  quantités  de  chaleur  développées  parles 
équivalents  des  corps  qui  entrent  en  combinaison.  Les  expériences  que 
je  vais  rapporter  démontrent  qu'il  n'en  est  pas  ainsi. 

»  Il  résulte  des  expériences  de  Favre  et  Siibermann  [Ann.  de  Phjsique 
et  de  Chimie,  t.  XXXVII,  p.  4o6)  que  : 

I   équivalent  de  zinc  ou  32*'', 58  dégage  en  précipitant  le  cuivre 

du  sulfate  de  cuivre aSaoS  calories. 

I  équivalent  de  fer  ou  28''', oo  dégage  en  précipitant  le  cuivre 

du  sulfate  de  cuivre i86:î8  calories. 

I  équivalent  de  zinc  ou  32'',  5o  dégage  en  précipitant  le  plomb 

de  l'acétate  de   plomb i56oo  calories. 

I  équivalent  de  cuivre  ou  31*'',  06  dégage  en  précipitant  l'argent 

de  l'azolate  d'argent i63o5  calories. 

M  J'ai  construit  des  éléments  voltaïques  où  les  mêmes  actions  chimiques 
se  produisent,  et  j'ai  mesuré  les  forces  électromotrices.  La  construction  de 
ces  piles  est  fort  simple. 

»  Par  exemple,  pour  obtenir  un  élément  où  l'action  chimique  consiste 
dans  la  substitution  du  zinc  au  cuivre  dans  le  sulfate  de  cuivre  en  dissolu- 
tion, je  prends  im  vase  séparé  en  deux  compartiments  par  une  cloison  po- 
reuse. D'un  côté,  je  mets  une  lame  de  zinc  et  une  dissolution  de  sidfate  de 
zinc;  de  l'autre  une  lame  de  cuivre  et  une  dissolution  de  sulfate  de  cuivre. 
L'action  chimique  se  produit  dès  qu'on  réunit  les  lames  par  un  conducteur. 
La  chaleur  dégagée  doit  être  la  même  que  si  le  zinc  plongeait  immédiate- 
ment dans  le  sel  de  cuivre  ;  car  le  mélange  des  deux  dissolutions,  sulfate  de 
cuivre  et  sulfate  de  zinc,  ne  dégage  pas  de  chaleur. 

»  Pour  obtenir  lui  élément  où  l'action  chimique  consiste  dans  la  substi- 
tution du  cuivre  à  l'argent  dans  l'azotate  d'argent,  je  mets  d'un  côté  du 
diaphragme  du  cuivre  et  une  dissolution  d'azotate  de  cuivre,  et  de  l'autre 
une  lame  d'argent  et  une  dissolution  d'azotate  d'argent.  Ainsi  des  autres. 

1)  J'ai  mesuré  les  forces  électromotrices  par  trois  méthodes  différentes 
qui  m'ont  donné  les  mêmes  résidtats.  Voici  le  tableau  des  éléments  expé- 
rimentés et  des  forces  électromotrices  propres  à  chacun  d'eux  : 


Zinc  dans  sulfate  de   zinc 

Fer  dans  sulfate  de  fer  FeO.SO^ 

Zinc  dans  acétate  de  zinc 

Cuivre  dans  acétate  de  cuivre. . 


Cuivre  dans  sulfate  de  cuivre. 
Cuivre  dans  sulfate  de  cuivre. 
Plomb  dans  acétate  de  plomb. 
Argent  dans  azotate  d'argent,. 


a3a 
127 

125 

96 


(  83  ) 

»  Dans  mes  expériences,  les  sels  étaient  purs  et  neutres;  les  métaux 
avaient  été  obtenus  galvaniquement  et  lavés  à  l'eau  bouillante.  J'ai  du  reste 
observé  qu'en  opérant  avec  les  métaux  et  les  sels  du  commerce,  les  ré- 
sultats ne  différent  pas  sensiblement.   • 

»  Il  est  maintenant  intéressant  de  comparer  les  forces  électromotrices  et 
les  quantités  de  chaleur  dégagées  dans  les  mêmes  actions  chimiques. 

»  Le  tableau  suivant  rend  cette  comparaison  facile  : 

Force  Quantité 

clectromotricc.  de   chaleur. 

Substitution  du  zinc  au  cuivre  dans  le  sulfate  de  cuivre.  . .            282  282 

Substitution  du  fer  au  cuivre  dans  le  sulfate  de  cuivre 127  186 

Substitution  du  zinc  au  plomb  dans  l'acétate  de  plomb.  ...            i25  i56 

Substitution  du  cuivre  à  l'argent  dans  l'azotate  d'argent. ..  .              96  i63 

»  On  voit  par  là  que  les  quantités  de  chaleur  sont  loin  d'être  proportion- 
nelles aux  forces  électromotrices,  et  qu'au  moins  Tune  de  ces  deux  valeurs 
ne  peut  servir  de  mesure  aux  affinités  chimiques.    » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  tes  réfractions  anormales  dans  les  éclipses  de  soleil  et    la 
détermination  de  la  longitude  par  les  éclipses;  par  M.  Em.  Liais. 

(Commissaires  précédemment   nommés:  MM.   Faye,   Delaïuiay.) 

«  Dans  ce  travail,  dit  l'auteur,  je  me  propose  de  faire  voir  qu'indé- 
pendamment de  la  réfraction  régulière  de  l'atmosphère,  qui  agit  sur  le  cône 
d'ombre  pour  le  réfracter  un  peu  et  par  suite  qui  modifie  un  peu  la  situa- 
tion et  la  marche  de  l'intersection  de  ce  cône  par  la  surface  terrestre,  il 
existe  de  certaines  réfractions  anormales  qui  peuvent  réagir  notablement 
sur  les  instants  des  contacts  intérieurs  surtout,  et  auxquelles  il  faut  avoir 
égard  dans  les  déterminations  des  longitudes  par  les  éclipses.  Je  propose 
ensuite  pour  cette  opération  une  méthode  que  j'applique  à  la  détermination 
de  la  position  de  Paranagua  et  qui  est  indépendante  de  ces  réfractions 
anormales.  » 

CORRESPONDANCE. 

M.  A.  AviERisos,  président  de  la  Chambre  des  Députés  de  Grèce,  envoie 
le  premier  volume  d'une  publication  faite  par  ordre  de  la  Chambre,  un 
recueil  des  documents  officiels  qui  se  rapportent,  soit  à  des  délibérations 
des  assemblées,  soit  à   des  actes  émanés  du  pouvoir  exécutif,  depuis  le 

j  I.. 


(84  ) 
commencement  de  la  guerre  de  l'indépendance  jusqu'à  l'arrivée  en  Grèce 
du  roi  Othon.  M.   Avierinos  exprime  le  désir  que  la  bibliothèque  de   la 
Chambre  des  Députés  de  Grèce  puisse  être  comprise  dans  le  nombre  des 
établissements  auxquels  l'Académie  fait  don  de  ses  publications. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  des  éditeurs  lui  nouveau 
volume  des  OEuvres  complètes  de  F.  Arago  et  donne  une  idée  du  contenu, 
d'après  le  passage  suivant  de  la  Lettre  de  M.  Barrai  qui  accompagnait  cet 
envoi  : 

«  Ce  volume  est  consacré  aux  Mélanges;  il  renferme  un  grand  nombre 
de  Rapports  faits  à  l'Académie  depuis  i8i5  ;  des  Lettres  sur  diverses  parties 
des  sciences;  des  Discours  prononcés  à  la  Chambre  des  Députés  sur  l'en- 
seignement, sur  nos  grandes  écoles,  sur  la  météorologie  et  les  défriche- 
ments, etc.  ;  des  Notices  scientifiques  sur  la  pluie,  sur  la  grêle,  sur  les 
observations  barométriques,  sur  les  vents,  les  ouragans  et  les  trombes,  sur 
les  tremblements  de  terre,  etc.  » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  et  fait  connaître,  dans  les  termes  suivants,  un  opuscule 
de  M.  Hyrd,  de  Vienne,  sur  la  cavité  prépéritonéale  de  Retzius,  cavité 
située  à  la  paroi  antérieure  de  l'abdomen  chez  l'homme. 

«  Les  anatotnistes  savent  que,  lorsqu'on  prépare  les  muscles  transverses 
de  l'abdomen  avec  leur  aponévrose,  on  voit  cette  aponévrose  devenir,  au- 
dessous  de  l'ombilic,  si  mince,  qu'elle  parait  se  terminer  à  deux  arcs  latéraux 
appelés  les  lignes  de  Douglas  :\a  vraie  destination  de  ces  lignes  a  été  jus- 
qu'ici inconnue.  Plusieurs  anatomistes  prétendent  que  l'aponévrose  des 
muscles  transverses  se  termine  en  effet  dans  ces  lignes  de  Douglas;  d'autres 
la  font  se  continuer  jusqu'à  l'os  pubis. 

«  M.  Retzius  a  montré  qu'en  ouvrant  les  gaines  des  muscles  droits,  et 
mettant  à  nu  l'aponévrose  et  les  lignes  de  Douglas,  la  paroi  située  en 
arrière  des  muscles  conduit  à  une  cavité  profonde  qui  pénètre  dans  le 
petit  bassin.  Si  on  pousse  la  main  dans  cette  cavité,  on  trouve  que  l'apo- 
névrose du  transverse  se  confond  avec  la  partie  antérieure  de  l'aponévrose 
abdominale,  et  tapisse  la  cavité  en  question.  Cette  portion  de  l'aponé- 
vrose s'attache  à  la  vessie  et  descend  jusqu'au  col. 

»  La  partie  forte  de  l'aponévrose  du  transverse  se  continue  par  les  lignes 


(  85) 
de  Douglas,  comme  deux  arcs,  jusqu'aux  branches  horizontales  du  pubis, 
formant  la  paroi  postérieure  du  canal  inguinal,  etc. 

»  Le  même  arrangement  se  trouve  aussi  chez  la  plupart  des  Mammifères. 

»  C'est  dans  cette  cavité  que  la  vessie  monte  ou  descend,  suivant  qu'elle 
est  remplie  ou  vide,  d'où  il  résulte  que  la  cavité  prépéritonéale  est  bien 
nécessaire  pour  les  fonctions  de  la  vessie.  » 

OPTIQUE.  —  Essai  d'un  nouveau   télescope  parabolique  en  verre  argenté, 
Note  de  M.  Léon  Foucault. 

«  Depuis  le  commencement  de  juin,  l'Observatoire  impérial  est  en  pos- 
session d'un  télescope  parabolique  en  verre  argenté  de  4^  centimètres  de 
diamètre  et  de  2'",5o  de  foyer  principal.  Les  circonstances  dans  lesquelles 
le  miroir  a  été  obtenu  font  augurer  favorablement  pour  l'avenir  de  l'appli- 
cation des  mêmes  procédés  à  la  construction  d'instruments  de  plus  grande 
dimension. 

«  Ce  miroir  a  été  taillé  dans  un  disque  de  verre  commun  qui,  n'ayant 
pas  été  coulé  pour  les  usages  de  l'optique,  se  trouvait  fortement  trempé. 
Après  avoir  été  dégrossi  mécaniquement  dans  l'usine  de  M.  Sautter,  il 
a  été  transporté  aux  ateliers  de  M.  Secretan,  où  la  surface  principale  a  été 
engendrée  par  le  travail  à  la  main  sur  un  bassin  en  métal.  Cette  surface  a  été 
ensuite  modifiée  et  rendue  approximativement  parabolique  par  la  méthode 
des  retouches  locales.  Il  est  à  remarquer  que  les  dimensions  de  la  pièce  et 
la  trempe  du  verre  n'ont  apporté  aucun  obstacle  à  l'exécution  et  que,  le  tra- 
vail une  fois  terminé,  la  figure  obtenue  a  montré  une  stabilité  qui  permet  de 
considérer  ce  résultat  comme  définitivement  acquis. 

«  Pareillement  aucune  difficulté  n'est  venue  entraver  la  métallisation  de 
la  surface.  L'opération  s'est  faite  au  moyen  du  procédé  Dray  ton  dans  une 
bassine  en  cuivre  rendue  inattaquable  à  la  solution  par  un  dépôt  d'argent 
galvanoplastique. 

»  Le  miroir  ainsi  obtenu  a  été  monté  en  télescope  newtonien  avec  cette 
différence  que  l'image,  au  lieu  d'être  rejetée  par  un  miroir  plan  en  dehors 
du  tube,  est  reçue  à  l'intérieur  d'un  prisme  à  réflexion  totale  où  elle  est  ob- 
servée par  un  oculaire  à  quatre  verres  ;  par  ce  moyen  le  prisme  est  réduit  à 
de  petites  dimensions  et  il  tolère  dans  sa  construction  un  certain  degré  d'in- 
fériorité qui  n'influe  pas  sensiblement  sur  l'effet  optique. 

»  Quand  on  veut  varier  les  grossissements,  on  se  borne  à  changer  l'ocu- 
laire proprement  dit  du  système  à  quatre  ven  es  et  on  laisse  la  partie  objec- 


(86) 
tive  invariablement  associée  au  miroir  ;  comme  les  verres  qui  la  composent 
possèdent  une  aberration  propre,  il  est  avantageux  d'altérer  systématique- 
ment la  courbure  du  miroir  de  manière  que  l'image  résultante  et  agrandie 
qui  s'offre  à  l'oculaire  soit  exempte  de  toute  aberration.  Ce  système  de 
compensation,  qui,  contrairement  à  l'usage,  consiste  à  corriger  l'oculaire 
par  l'objectif,  a  été  appliqué  avec  succès  au  télescope  de  l'Observatoire. 

»  Le  miroir  n'est  donc  pas  exactement  parabolique;  la  siirfitce  qu'il  pré- 
sente est  en  réalité  une  surface  expérimentale  qui  par  elle-même  ne  donne 
pas  une  image  parfaite  des  objets  situés  à  l'infini,  mais  qui  jouit  de  la  pro- 
priété de  reporter  la  netteté  sur  l'image  transmise  par  la  partie  invariable  de 
l'oculaire  composé. 

»  11  y  avait  encore  à  se  préoccuper  des  déformations  qui  peuvent  surve- 
nir dans  la  figure  du  miroir  sous  l'influence  des  deux  composantes  de  la 
pesanteur  dirigées,  l'une  suivant  le  plan  du  bord,  l'autre  suivant  l'axe  du 
miroir  et  dont  les  variations  réciproques  dépendent  de  la  hauteur  de  l'astre 
observé. 

»  En  vue  de  résistera  l'effort  de  la  première  composante,  on  a  terminé 
le  revers  du  miroir  par  une  surface  convexe  telle,  que  l'épaisseur  du  verre 
aille  en  doublant  des  bords  vers  le  centre.  Sous  le  même  poids,  la  masse 
du  miroir  ainsi  configurée  présente  évidemment  plus  de  rigidité  que  si  le 
revers  était  plan. 

»  Quant  à  l'autre  composante,  on  la  combat  d'une  manière  plus  efficace 
encore  en  faisant  reposer  le  miroir  sur  un  sac  hermétiquement  clos  en 
caoutchouc  dans  lequel  on  insuffle  de  l'air  sous  la  pression  justement  né- 
cessaire pour  équilibrer  le  miroir  dans  toute  position  du  télescope.  Le  tube 
à  robinet  par  lequel  oq  introduit  l'air  se  prolonge  jusqu'à  l'oculaire,  en 
sorte  qu'on  juge  par  l'observation  même  des  effets  optiques  du  degré  de 
pression  qu'il  convient  de  développer  dans  le  coussin  pneumatique. 

»  Dans  ces  circonstances,  l'instrument  a  été  dirigé  vers  les  objets  célestes 
actuellement  visibles  ;  c'est  ainsi  qu'on  a  revu  y  d'Andromède  dont  la  com- 
posante bleue  s'est  visiblement  partagée  en  deux  étoiles  inégales  et  séparées 
par  un  espace  obscur.  Toutefois,  comme  en  cherchant  à  éprouver  l'instru- 
ment sur  le  ciel  on  n'arriverait  qu'après  un  temps  très-long  à  porter  un  ju- 
gement motivé,  j'ai  cru  devoir  procéder  à  la  détermination  du  pouvoir  opti- 
que en  dirigeant  l'instrument  sur  une  mire  voisine. 

«  Cette  mire  placée  à  la  distance  de  80  mètres  est  formée  d'une 
lame  d'ivoire  sur  laquelle  on  a  tracé  dix  groupes  de  divisions  dont  l'écarte- 
ment  varie  en  progression  arithmétique  de  i  à  ^  de  millimètre.  En  pré- 


(  87  ) 
seiice  du  directeur  de  l'Observatoire,  qui  attachait  à  celte  vérification  une 
certaine  importance,  et  avec  le  concours  de  M.  Chacornac,  mon  collègue, 
nous  avons  constaté  par  un  grossissement  de  800  que  le  groupe  de  sixièmes 
était  parfaitement  résolu  et  qu'avec  une  attention  soutenue  on  distinguait 
par  moments  les  parties  qui  composent  le  groupe  de  septièmes. 

»  Ainsi  il  est  établi  par  trois  observateurs  doués  de  vues  différentes  que 
le  nouveau  miroir  parabolique  en  verre  argenté  de  4o  centimètres  de 
diamètre  et  de  2'",5o  de  foyer,  possède  un  pouvoir  optique  qui,  confor- 
mément aux  conventions  précédemment  établies,  se  trouverait  notable- 
ment supérieur  à  480.000,  ou,  en  d'autres  termes,  que  ce  miroir  dédouble 
franchement  les  Yôde  seconde.  On  peut  donc  en  toute  confiance  attendre 
la  réalisation  des  circonstances  favorables  aux  observations,  et  l'on  sera 
assuré  de  discerner  tous  les  détails  accessibles  aux  plus  grandes  lunettes 
actuellement  connues.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Recherches  sur  tes   radicaux   organo-mélalliques  ; 
par  M.  Auguste  Gaiiocrs.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Le  phosphore  et  l'arsenic  ont  une  grande  tendance  à  produire  avec 
différents  corps  simples  des  composés  de  la  forme 

Ph  X'  As  X% 

Ph  X«     *"'     As  X% 

X  pouvant  représenter  un  corps  unique  ou  bien  une  réunion  de  corps  de 
nature  différente  Y,  Y', Y",  etc.  Si  donc  on  unit  soit  au  phosphore,  soit  à 
l'arsenic  i  ou  2  molécules  du  corps  X,  les  composés 

PhX,     PhX»,  etc., 

ainsi  formés  pourront  s'unir  soit  avec  2,  soit  avec  i  molécule  de  divers 
corps  pour  produire  des  composés  de  la  forme 

Ph  X% 

ou  avec  4  ou  3  molécules  de  ces  mêmes  corps  ou  de  corps  différents  pour 
former  des  composés  appartenant  au  type 

Ph  X^ 

C'est  ainsi  qu'on  obtient  les  composés 

Ph  Cl'  0%     Ph  Cl'  S%     Ph  0»S%  etc.,  et  de  même  As  O'  S%  etc. 

»  Si  le  corps  X  qu'on  unit  soit  au  phosphore  soit  à  l'arsenic  remplit  des 


(  88  ) 
fonctions  chimiques  analogues  à  celles  de  l'hydrogène  et  s'il  n'y  entre  pas 
en  proportions  telles,  qu'il  puisse  déterminer  la  saturation,  le  composé  c^ui 
naîtra  de  cet  accouplement  sera  nécessairement  encore  susceptible  de  s'unir 
à  l'oxygène,  au  chlore,  à  l'iode,  au  soufre,  etc.,  pour  former  des  combinai- 
sons définies,  ainsi  que  le  ferait  un  véritable  corps  simple,  et  pourra  de 
même  se  séparer  intact  de  ces  mêmes  combinaisons  sous  l'influence  de  réac- 
tifs convenablement  appropriés.  La  nouvelle  substance  douée  de  ces  pro- 
priétés qui  l'assimilent  à  un  corps  simple,  constituera  donc  un  véritable 
radical. 

»  Si  l'on  introduit  des  arséniures  de  zinc  dans  des  tubes  scellés. à  la 
lampe  avec  de  l'iodure  de  méthyle  et  qu'on  chauffe  à  une  température  de 
175  à  180  degrés,  l'iodure  de  méthyle  disparaît  complètement  et  l'on  ob- 
tient une  masse  solide,  cohérente,  de  couleur  grisâtre,  qui  se  dissout  assez 
bien  dans  l'alcool  bouillant.  L'évaporation  de  la  liqueur  alcoolique  fournit 
de  beaux  cristaux  prismatiques  entièrement  incolores  et  très-brillants,  dont 
on  peut  représenter  la  composition  par  les  formules  suivantes  : 

C»H'='ZnAsI»=:C'H'^AsI,ZnI, 
C»H'»CdAsl»  =  C''H'»AsI,CdI.' 

»  Projette-t-on  la  combinaison  zincique  dans  une  lessive  bouillante  de 
potasse  caustique,  il  se  sépare  une  huile  pesante  qui  ne  tarde  pas  à  secon- 
créter  par  le  refroidissement.  La  matière  étant  réduite  en  poudre,  puis  aban- 
donnée pendant  vingt-quatre  heures  à  l'air,  la  potasse  qui  la  souillait  se 
carbonate,  et  si  l'on  reprend  alors  le  produit  par  l'alcool  absolu,  celui-ci 
laisse  séparer  par  l'évaporation  une  matière  cristallisée  en  beaux  prismes 
incolores  qui  n'est  autre  que  l'iodure  d'arsenméthylium.  La  potasse  retient 
en  dissolution  de  l'oxyde  de  zinc  qu'on  peut  facilement  séparer  en  saturant 
la  liqueur  par  l'acide  chlorhydrique  et  précipitant  par  le  carbonate  de 
soude. 

))  En  remplaçant  l'iodure  de  méthyle  par  l'iodure  d'éthyle,  on  obtient  de 
beaux  composés  cristallisés  qui  sont  isomorphes  avec  les  précédents  et  qu'on 
peut  formuler  de  la  manière  suivante  : 

CH^oZnAsP  =  CH'^AsI,  Znl, 
COH^-'CdAsP  =  C'^H"  AsI,  Cdl. 

))  Avec  l'arsenic  libre  et  les  ibdures  de  méthyle  et  d'éthyle  on  obtient  pa- 
reillement 

C"H'»As»I*  =  C»H"AsI,AsP, 
C'H^As»!*  =  C'H^oAsI,  AsP. 


(  89  ) 

i>  Traités  par  une  dissolution  chaude  et  concentrée  de  potasse  caustique, 
ces  produits  se  dédoublent  à  la  manière  des  précédents  en  donnant  de  l'ar- 
sénite  de  potasse,  de  l'iodiire  de  potassium  et  des  ioduresd'arsenméthylium 
«t  d'arsenéthylium. 

»  Si,  au  lieu  d'opérer  comme  précédemment,  on  évapore  le  mélange  à  sec, 
puisqu'on  le  distille,  l'appareil  ayant  «té  préalablement  rempli  d'un  gaz 
inerte,  on  recueille  dans  le  récipient  des  produits  huileux  dont  l'odeur  rap- 
pelle l'hydrogène  arsénié  et  qui  ne  sont  autres  que  de  l'arsentriméthyle  et 
del'arsentriéthyle  parfaitement  purs. 

»  Les  iodures  doubles  obtenus  par  les  méthodes  que  nous  venons  de  dé- 
crire nous  fournissent  le  meilleur  mode  de  préparation  qu'il  soit  possible 
d'employer  à  l'égard  des  composés 

As(C^H')»     ,     As(C*H=)', 
As(C»H»)*I   ^'    As(C*H')»I. 

it  En  traitant  l'arsentriméthyle  par  l'iodure  d'éthyle  et  l'arsentriéthyle 
par  l'iodure  de  méthyle,  les  mélanges  ne  tardent  pas  à  se  concréter  et  l'on 
obtient  des  produits  parfaitement  cristallisés,  entièrement  isomorphes  avec 
les  iodiues  d'arsenméthylium  et  d'arsenéthylium  dont  la  composition  est 
exprimée  par  les  formules 

As(G»H»)'(C*H»)I     et     AsCC*H«)»  (C'H')I. 

»  L'arsentriméthyle  pur  est  un  liquide  incolore  et  très-liquide,  qui  bout 
au-dessous  de  loo  degrés.  Il  forme  avec  l'oxygène  un  composé  très-déliques- 
cent susceptible  de  fournir  par  une  exposition  dans  le  vide  de  beaux  cristaux 
qui  se  liquéfient  promptement  au  contact  de  l'air.  Il  s'unit  facilement  au 
soufre  en  formant  de  magnifiques  prismes  incolores,  qu'on  obtient  très-nets 
et  très-volumineux  en  évaporant  lentement  une  solution  aqueuse  ou  alcoo- 
lique. 11  se  combine  pareillement  avec  l'iode  et  le  brome.  Ces  divers  com- 
posés sont  représentés  par  les  formules 


2 


As  (G»  H»)' OS         As(C»H»)'Br 
As(C»H»)'S%  As^CH'jp. 

»  Le  phosphure  de  zinc  cristallisé  qu'on  obtient  en  chauffant  ce  métal 
jusqu'à  saturation  dans  des  vapeur?  de  phosphore  au  milieu  d'un  courant 
de  gaz  hydrogène,  se  comporte  à  l'égard  des  iodures  de  méthyle  et  d'éthyle, 
à  une  température  de  i8o  degrés,  à  la  manière  de  l'arséniure  de  zinc,  et 
donne  des  produits  semblables.  En  épuisant  par  l'alcool  bouillant  la  matière 

C.  R.,  i«59,  i"»«  SemeiJre,  (T.  XLIX,  N0  2.  j  la 


(  9«  ) 
extraite  dos  tubes,  puis  évaporant  au  bain-niarie,  il  se  sépare  des  produits 
jaunâtres  d'apparence  spongieuse.  Ces  derniers,  repris  par  une  petite  quan- 
tité d'alcool  affaibli,  fournissent  une  solution  qui  laisse  déposer  par  une  ex- 
position dans  le  vide  sec  de  beaux  cristaux  de  couleiu'  ambrée  qui  sont  iso- 
morphes avec  ceux  que  fournit  l'arséniure  de  zinc.  Ces  cristaux  étant  traités 
par  une  lessive  chaude  de  potasse,  à  se  sépare  des  huiles  pesantes  qui  se  con- 
crètent  par  le  refroidissement  et  se  dissolvent  f;>cilement  dans  l'alcool. 
L'évaporation  de  ce  liquide  laisse  déposer  de  belles  aiguilles  incolores 
qui  ne  sont  autres  que  des  iodures  de  phosphéthyliuui  et  de  phosphomé- 
thylium 

Ph(C/H5)M, 

Ph(C»H')M- 

»  Cesproduitssedécomposent  à  ladistillation comme lesprécédentsetlais- 
sent  dégager  des  liquides  volatils  qui  ne  sont  autres  que  de  la  triméthylphos- 
phine  et  de  la  triéthylphosphine.  Ces  derniers  s'échauffent  fortement 
lorsqu'on  les  mélange  avec  des  iodures  de  méthyle  et  d'éthyle  en  reprodui- 
sant les^  composés 

Ph(C»H»)M     et     Ph(C^H»)*I. 

»  Les  iodures  d'éthyle  et  de  méthyle  réagissent  vivement  en  vases  clos  sur 
l'antimoine  libre  et  l'antimoniurede  zinc  à  l'aide  de  la  chaleur.  Les  produits 
ainsi  formés  fournissent  à  la  distillation  avec  des  fragments  de  potasse  du 
stibéthyle,  mais  leur  consistance  visqueuse  et  l'impossibilité  dcles  purifier  ne 
m'ont  pas  permis  d'en  tenter  l'analyse. 

»  Il  résulte  des  faits  qui  précèdent  que  dans  l'action  réciproque  des  io- 
dures éthylique  et  méthylique  et  les  corps  de  la  famille  du  phosphore  les 
composés  qui  présentent  le  plus  de  tendance  à  se  former  sont  les  iodures 
de  phosphéthylium,  arsenéthyliura,  etc.,  qu'on  peut  formuler  de  la  ma- 
nière suivante  : 

RMcM,       REtM, 

et  qui  appartiennent  au  groupement 

RX».  « 

PHYSIQUE.   —Note  sur   la  vapeur  vésiculaire;  par  M.  Da<îuix. 

«  Plusieurs  Notes  sur  l'hypothèse  de  la  vapeur  vésiculaire  ont  été  préseir- 
tées  assez  récemment  à  l'Académie  des  Sciences.  Je  crois  qu'il  me  sera  per- 


(9'  ) 
mis  de  rappeler  que,  le  i4  aoûl  i856,  j'ai  lu  st4r  ce  sujet,  devautrAcadéiuie 
des  Sciences  de  Toulouse,  un  travail  qui  a  été  imprimé  dans  le  VP  volume 
du  recueil  de  cette  Académie  (i856,  |).  374).  Dans  ce  travail  je  combats 
l'hypothèse  des  vésicules  par  les  mêmes  arguments  qu'a  employés  M.  de 
Tessan.  Je  commence  par  faire  observer  que  cette  hypothèse  n'a  pas  été  ad- 
mise sans  opposition,  comme  on  pourrait  le  croire  d'après  la  façon  dont  il 
en  est  traité  dans  plusieurs  ouvrages  de  physique  et  de  météorologie.  Elle» 
été  combattue  par  Desaguillers,  qui  a  mis  en  avant  la  plupart  des  objections 
invoquées  depuis.  Saussure,  dans  son  Hygtnmélrie,  est  venu  plus  tard  don- 
ner à  l'hypothèse  de  la  vapeiu"  vésiculaire  une  grande  vogue,  au  moyen  de 
considérations  ingénieuses  et  d'expériences  spécieuses.  Cependant  Monge 
(Annales  de  Chimie, \.\,  p.  62)  lui  a  opposé  des  arguments  tellement  solides, 
qu'on  a  peine  à  comprendre  qu'elle  n'ait  pas  été  dès  lors  totalement  aban- 
donnée. Après  avoir  examiné  les  prétendues  preuves  données  par  Saussure, 
et  montré  que  les  propriétés  qu'on  prête  aux  vésicules  sont  en  opposition 
formelle  avec  certaines  lois  physiques  parfaitement  établies,  je  montre,  en 
partant  d'idées  émises  par  M.  Saigey  et  par  M.  Babinet,  comment  la  for- 
mation des  nuages  et  leur  suspension  s'expliquent  naturellement  quand  on 
s'est  affranchi  de  l'hypothèse  en  question.  Cette  discussion  est  reproduit* 
dans  mon  Traité  de  Plijsique  [t.  II,  p.  201),  et  je  conclus  en  émettant  le  vœu 
qu'on  renonce  unanimement  à  une  hypothèse  stérile,  qui  n'a  fait  jusqu'à 
préserit  qu'entraver  les  progrès  de  l'élude  des  hydrométéores.    » 

CHI.MIE.  —  NoHveni  procédé  pour  isoler  f  acide  phosphorique  ;  par  AI.Persoz. 

(Extrait.) 

n  Après  avoir  démontré  que  l'acide  phosphorique  présente  de  nom- 
breuses anomalies  dans  ses  combinaisons  salines,  l'auteur  propose  pour 
l'extraction  de  cet  acide  un  nouveau  procédé,  qui  s'applique  aussi  bien  aux 
composés  pauvres  en  acide  phosphorique  qu'à  ceux  qui  en  contiennent  beau- 
coup. Ce  procédé  est  basé  : 

»  1°.  Sur  la  transformation  de  fous  les  phosphates  en  phosphates  ferrique 
et  aluminique  ; 

I)  2".  Sur  la  décomposition  des  phosphates  ferrique  et  aluminique  au 
moyen  de  l'acide  sulfurique  concentré  et  bouillant,  lequel  met  en  liberté 
l'acide  phosphorique,  en  donnant  naissance  à  des  sulfates  anhydres  inso- 
lubles. 

«  Voici  la  marche  que  l'auteur  engage  à  suivre.  Qn  dissout  d'abord  la 

,12.. 


(  9^  ) 
snbstance  dans  l'acide  chlorhydrique  (i),  on  évapore  ensuite  avec  ménage- 
ment de  manière  à  dessécher  le  produit  et  à  rendre  l'acide  siliciqne  complè- 
tement insoluble.  On  traite  alors  par  de  l'eau  aiguisée  d'acide  chlorhydrique, 
on  fait  bouillir  et  on  filtre.  On  ajoute  à  la  liqueur  filtrée  luie  quantité  de 
chlorure  ferrique  déterminée  d'avance  d'une  manière  approximative  et  qui 
dépend  de  la  proportion  d'oxyde  ferrique  préexistant  (a),  aussi  bien  que  de 
la  richesse  en  phosphate  de  la  matière  minérale.  On  évapore  de  nouveau  à 
siccité,  puis  on  calcine  le  résidu  soit  dans  un  creuset  de  platine,  soit  dans  un 
vase  en  fonte.  Durant  cette  dernière  opération,  tout  l'acide  phosphorique 
se  combine  avec  l'oxyde  ferrique  qu'on  a  ajouté  à  l'état  de  chlorure  (3).  II 
ue  reste  plus  qu'à  traiter  la  masse  fondue  par  l'eau,  à  séparer  par  filtration 
les  phosphates  ferrique  et  aluminique  (mélangés  d'un  petit  excès  d'oxyde 
ferriquel  d'avec  les  chlorures  solubles  qui  ont  pris  naissance  (Cl'R,  CPNa, 
Cl*Ca,  Cl'Mg),  et  à  les  soumettre,  une  fois  bien  lavés,  à  l'action  de  l'acide 
sulfurique  concentré  et  bouillant.  On  traite  donc  ces  phosphates  par  quatre 
ou  cinq  fois  leur  poids  d'acide  sulfurique  concentré  et  |)ur;  l'opération  se 
fait  dans  une  cornue  en  platine  ou  en  fonte.  Après  avoir  poussé  la  distilla- 
tion assez  loin  pour  expulser  la  presque  totalité  de  l'acide  sulfurique  libre, 
on  laisse  refroidir,  et  on  procède  à  des  lavages  à  l'eau  qu'on  peut  effectuer 
dans  la  cornue  même  si  elle  est  en  platine,  sinon  dans  des  vases  de  verre  ou 
de  porcelaine.  On  sépare  rapidement  les  sulfates  anhydres,  et  on  évapore  les 
eaux  mères  qui  renferment  l'acide  phosphorique,  de  l'acide  sulfurique  et  de 
petites  quantités  de  sulfates  redissous.  On  fait  bouillir  de  nouveau  avec  un 
peu  d'acide  sulfurique  afin  de  rendre  ces  sulfates  complètement  insolubles; 
le  résidu  des  eaux  mères  est  repris  par  l'alcool  qui  ne  dissout  que  les  acides^ 
sulfurique  et  phosphorique,  de  sorte  que  par  une  évaporation  bien  dirigée, 
on  obtient  en  définitive  de  l'acide  phosphorique  sensiblement  pur.    » 

(i)  Si  elle  n'était  pas  iraraédiatement  attaquable  par  cet  acide,  on  commencerait  par  la 
fondre  au  rouge  avec  de  la  potasse  ou  un  carbonate  alcalin,  c'est-à-dire  qu'on  lui  ferait  subir 
le  traitement  appliqué  en  général  aux  silicates  et  connu  sous  le  nom  d'attaque  au  creuset. 
Enfin  il  est  bien  entendu  que  si  la  matière  renfefmaitdes  métaux  précipitables  par  l'acide 
sulfhydrique,  on  commencerait  par  les  séparer  en  faisant  passer  dans  la  dissolution  un  cou- 
rant de  ce  gaz 

(2)  Dans  le  cas  où  la  matière  contiendrait  naturellement  une  quantité  de  fer  suffisante,  il 
serait  inutile  d'ajouter  du  chlorure  ferrique. 

(3)  Si  la  substance  par  sa  nature  ne  donnait  pas  lieu  dans  ce  traitement  à  une  quantité  de 
chlorure  suffisante  pour  rendre  la  masse  un  peu  fusible,  il  faudrait  ajouter  avant  la  calcination 
une  proportion  convenable  de  chlonire  sodique  ou  calcique. 


(  93  ) 

CtllMiE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  l'acide  iodacétique ;  par  MM.  Perkins 

et  DcppA. 

«  Les  résultats  que  nous  a  fournis  l'action  du  brome  sur  l'acide  acé- 
tique nous  conduisaient  naturellement  à  penser  qu'on  pourrait  également 
remplacer  l'hydrogène  par  l'iode.  Toutes  nos  expériences  de  substitution 
directe  échouèrent,  quoique  les  mélanges  d'acide  et  d'iode  fussent  exposés 
à  des  températures  croissant  de  loo  à  aoo  degrés.  Un  mélange  d'acide  acé- 
scétique  et  d'iode  soumis  à  la  température  de  200  degrés,  dans  des  tubes 
scellés  à  la  lampe,  donna  du  gaz  iodhydrique  et  un  abondant  résidu  de 
charbon.  Nous  avions  également  essayé  de  produire  l'acide  iodacétique, 
en  traitant  l'acide  acétique  par  le  chlorure  d'iode;  mais  ici,  comme  précé- 
demment, l'expérience  n'eut  aucun  succès. 

»  Nous  tentâmes  alors  d'arriver  au  but  que  nous  nous  proposions, 
en  faisant  agir  un  iodure  sur  les  acides  chloracétique  ou  bromacétique, 
ou  sur  quelqu'un  de  lenrs  composés  ;  à  cet  effet,  nous  choisîmes  l'éther 
bromacétique  et  l'iodure  de  potassium. 

»  Lorsqu'on  mélange  le  bromacétate  d'éthyle,  additionné  de  trois  fois 
son  volume  d'alcool,  avec  l'iodure  de  potassium  réduit  en  poudre  fine, 
une  action  se  manifeste  immédiatement,  le  liquide  devient  jaunâtre  et 
s'échauffe  sensiblement.  Après  un  contact  de  quelques  heures,  dans 
l'obscurité,  à  une  température  de  ^o  à  5o  degrés ,  on  jette  le  mélange 
sur  un  filtre  afin  de  séparer  le  bromure  de  potassium,  qu'on  lave,  à 
plusieurs  reprises,  avec  de  l'alcool  froid.  On  évapore  ensuite  au  baiu- 
marie  les  liqueurs  alcooliques,  et  finalement  on  traite  le  résidu  par  l'eau 
pour  enlever  les  dernières  traces  de  bromure  de  potassium. 

»  La  réaction  s'explique  facilement  au  moyen  de  l'équation  suivante  : 

*        C'H',  C*(H'Br)0* +  RI  =  C*H%C*(H='I)0*  + KBr. 

Ether  bromacétique.  Ether  iodacétique. 

j»  Pour  isoler  l'acide  iodacétique,  nous  avons  fait  bouillir  l'éther  avec 
une  dissolution  concentrée  de  baryte,  jusqu'à  ce  que  l'odeur  de  ce  com- 
posé ne  se  fît  plus  sentir.  Au  moyen  d'un  courant  d'acide  carbonique 
on  précipite  l'excès  de  baryte,  puis  on  filtre  la  liqueur,  qu'on  évapore 
lentement  au  bain-marie  jusqu'à  cristallisation.  La  dissolution  de  ce  sel  est 
décomposée  par  l'acide  sulfurique,  puis  soumise  à  la  filtration  ;  après  quoi,, 
la  liqueur  claire  est  abandonnée  dans  le  vide  sec.^ 


(  94  ) 

»  L'acide  iodacéliqtie  obtenu  par  cette  méthode  est  solide,  incolore, 
et  cristallise  en  plaques  rhomboïdales  élastiques.  Il  n'est  pas  déliques- 
cent. Il  fond  à  8*  degrés  et  se  solidifie  à  81°,  5.  Même  à  cette  tempéra- 
ture, l'acide  iodacélique  s'altère  considérablement  et  prend  une  teinte  rouge 
qu'il  doit  à  la  présence  d'une  petite  quantité  d'iode  mise  en  liberté.  Une 
température  plus  élevée  le  décompose  entièrement.  Bouillie  avec  de  l'oxyde 
d'argent,  la  dissolution  se  décompose  en  iodure  d'argent  et  acide  gly- 
colique. 

»  La  composition  de  l'acide  iodacétique  est  représentée  par  la  formule 

r/H'IO*. 

»  Nous  n'avons  pu  nous  procurer  que  très-peu  d'iodacétates  et  étudier 
les  métamorphoses  de  l'acide,  à  cause  de  la  difficulté  de  le  préparer  en 
grandes  quantités. 

»  Les  iodacélnles  d  ammonium  et  de  polnssium  sont  Irès-solubles  et  nulle- 
ment déliquescents. 

»  L'iodacélale  de  barium  est  un  sel  cristallisable,  passablement  soluble 
dans  l'eau,  se  précipitant  de  cette  solution  par  l'alcool.  L'analyse  de  ce 
sel  conduit  à  la  formule 

C^HMBaO*. 

»  Viodacétale  de  plomb  cristallise  en  prismes  (piadrangulaires;  il  ne  s'ob- 
tient que  très-difficilement.  La  dissolution  de  ce  sel  se  transforme  immé- 
diatement, à  la  température  de  l'ébuUition,  en  iodure  de  plomb  et  acide 
glycolique.  En  essayant  de  décomposer  une  dissolution  d'iodacétate  de 
plomb  par  l'acide  sulfhydrique,  nous  observâmes  qu'à  la  fin  de  l'opé- 
ration le  liquide  ne  renfermait  que  de  l'acide  iodhydrique  et  de  l'acide 
glycolique. 

»  Viodacétate  détli/le  est  un  liquide  huileux,  plus  pesant  que  l'eau ,  dont 
lodeur  est  plus  irritante  encore  que  celle  du  composé  brome  correspon- 
dant ;  nous  n'en  avons  pas  fait  l'analyse  à  cause  des  grandes  difficultés 
qu'on  éprouve  à  l'obtenir  dans  un  état  suffisant  de  pureté.  Cet  éther  se 
décompose  facilement  à   la  lumière,  avec  mise  en  liberté  d'iode. 

)i  \Àiodacélale  d'amyle  est  un  liquide  huileux,  plus  pesant  que  l'eau.  11 
possède  une  odeur  de  poires  semblable  au  bromacétate  d'amyle.  Coirune 
ce  dernier,  il  irrite  vivement  les  yeux.  » 


(95) 


PALÉONTOLOGIE.  —  Allèralion  des  os  chez  tes  Fciiébrés  de  l'ancien  monde. 
(Extrait  d'une  Note  de  M.  AIakcel  deSerkes.) 

«  Nous  avons  depuis  longtemps  fait  voir  que  certains  animaux  inverté- 
brés, particidièrement  les  Mollusques  et  les  Annélidos  de  l'ancien  monde, 
présentent  leur  test  singulièrement  altéré,  et  prouvé  que  ces  altérations 
avaierit  eu  lieu  pendant  la  vie,  comme  c'est  le  cas  pour  celles  que  les  mêmes 
animaux  offrent  dans  les  temps  actuels. 

w  En  voyant  les  altérations  du  test  aussi  fréquentes  chez  les  Invertébrés, 
nous  nous  sommes  demandé  si  les  animaux  vertébrés  n'en  présenteraient 
pas  de  semblables,  d'autant  que  leur  charpente  osseuse  est  tout  à  fait  ana- 
logue à  celle  des  espèces  actuellement  vivantes.  Comme  les  os  de  ces  espèces 
sont  affectés  par  un  grand  nombre  de  maladies,  dont  les  traces  sont  le  plus 
souvent  apparentes  après  la  mort,  nous  les  avons  cherchées  dans  les  os  des 
.Mammifères  des  temps  géologiques  les  plus  récents.  Nos  prévisions  ont  été 
complètement  confirmées  par  l'observation.  Quoique  nos  recherches  à  cet 
égard  soient  encore  bien  incomplètes,  elles  nous  ont  appris  que  les  os 
humatiles  des  chevaux  ensevelis  dans  les  terrains  de  transport  anciens  qui 
ont  rempli  en  partie  ou  en  totalité  les  cavernes  à  ossements,  sont  parfois 
altérés  au  point  d'offrir  de  traces  plus  ou  moins  prononcées  de  la  maladie 
connue  sous  le  nom  à'exostose.  Cette  maladie  affecte,  comme  on  le  sait,  les 
os  des  chevaux  qui  ont  été  soumis  à  des  travaux  pénibles  ou  à  des  courses 
longues  et  rapides.  Nous  n'avons  pas  été  moins  surpris  d'observer  des 
périosloses  chez  plusieurs  vertèbres  lombaires  du  grand  lion  des  cavernes 
ossifères. 

»  Les  mêmes  maladies  qui  affectent  maintenant  les  os  des  espèces  vi- 
vantes les  ont  donc  atteintes  lors  des  temps  géologiques  récents.  Il  nous  reste 
cependant  encore  à  nous  assurer  si  les  mêmes  maux  ont  affligé  les  races  des 
époques  anciennes  ;  c'est  aussi  sur  ce  point  de  fait  que  nous  dirigeons  nos 
recherches.  » 

M.  Phipson  présente  une  Note  sur  un  ipoyen  qu'il  a  imaginé  pour  sépa*- 
rer  dans  les  phosphates  de  chaux  l'acide  phosphorique  et  le  déterminer 
quantitativement. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Balard.) 


(  96  )        . 

M.Laiïdouzy  annonce  l'envoi  d'un  Mémoire  sur  les  lésions  anatomiques 
du  typhus  épidémique,  et  en  adresse  d'avance  un  court  résumé. 

Ce  résumé  sera  réservé  en  attendant  l'arrivée,  qui  semble  devoir  être  pro- 
chaine, du  travail  complet  de  M.  Landouzy. 

M.  RossiGXOL-DdPARc,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de 
l'Académie  une  Note  sur  diverses  questions  relatives  à  la  physique  du  globe 
et  à  la  physique  des  êtres  organisés,  adresse  une  addition  à  cette  commu- 
nication. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Becquerel, 

Babinet,  Bussy.) 

M.  Larrose,  auteur  d'une  Note  intitulée  :  «  Nouvelle  mire-stadia  appliquée 
à  la  mesure  des  distances  et  aux  nivellements  »,  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  lui  renvoyer  cette  Note  dans  le  cas  où  elle  semblerait  ne  pas  devenir 
l'objet  d'un  prochain  Rapport. 

D'après  les  usages  constants  de  l'Académie,  une  Note  présentée  ne  peut 
être  retirée  que  par  l'auteur  lui-même  ou  par  une  personne  dûment  auto- 
risée par  lui  :  on  le  fera  savoir  à  M.  Larrose. 

M.  GuiGARDET  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  parmi  les 
inventions  admises  à  concourir  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres  une 
tampe  qu'il  a  imaginée  pour  les  travaux  sous-marins.  M.  Guigardet  n'adresse 
d'ailleurs  ni  le  modèle  ni  la  description  de  son  appareil.  La  Commission, 
à  laquelle  sa  Lettre  a  été  renvoyée,  décidera  si  cette  demande  peut  être 
prise  en  considération  jusqu'à  ce  que  l'auteur  ait  produit  des  pièces  sur 
lesquelles  on  puisse  appuyer  un  commencement  de  jugement. 

La  séance  est  levée  à  5  heures-  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  ii  juillet  iSSg  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Œuvres  de  François  Arago,  secrétaire  perpétuel  de  [Académie  des  Sciences^ 
publiées  d'après  son  ordre,  sous  la  direction  de  M.  J.-A.  BarraL,  Mélanges. 
Paris,  1859;  I  vol.  in-8°. 


(  97  ) 
Recherches  sur  les  causes  de  l'électricité  atmosphérique  et  terrestre,  etc.;  par 

M.  Becquerel.  Paris,  iSSq;  in-4°-  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie 
des  Sciences,  t.  XXVII,  a*  partie.  ) 

Leçons  de  Physiologie  expérimentale  appliquée  à  la  médecine,  faites  au  Collège 
de  France;  par  M.  Claude  Beknabd.  Cours  du  semestre  d'hiver  1 854-1 855. 
Paris,  i855;   i  vol.  in-8°. 

Nouvelle  fonction  du  foie  considéré  comme  organe  conducteur  de  matière 
sucrée  chez  l'homme  et  les  animaux;  parle  même.  Paris,  i853;  br.  in-4°. 
Le  Jardinfruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne;  aS*  livraison  in-4''. 
Mémoires  des  concours  et  des  savants  étrangers  publiés  par  l'Académie  royale 
de  Médecine  de  Belgique;  4*  fascicule  du  t.  III;  in-4°. 

Philosophical Transactions  philosophiques  de  la  Société  rojale  de  Londres 

pour  l'année  i858;  vol.  CXLVIII,  part,  i  et  a.  Londres,  i858  et  iSSg;  in-4''. 

Address Discours  du  président  de  la  Société  rojale  de  Londres,  lord 

Yfj^O'ïT^Sh^'ï,  ç  la  réunion  annuelle  du  3o  novembre  i858.  Londres,    i858; 
br.  in-8°. 

Report Rapport  de  la  Commission  mixte  chargée  par  la  Société  royale  de 

Londres  et  [Association  britannique  de  s'occuper  de  la  question  des  observatoires 
magnétiques  et  météorologiques  ;  i  iem\lein-8°. 

Astronomical —  Observations  astronomiques,  magnétiques  et  météorologiques 
faites  à  l'observatoire  rojalde  Greenvich,  en  iSSy,  sous  la  direction  de  M.  J.-B, 
AiRY,  astronome  royal.  Londres,  iSSg;  in-4°. 

Researches. ..  ■  Recherches  sur  la  structure  du  cerveau  de  l'homme  et  des  ver- 
tébrés, i"  série.  (Structure  de  la  moelle  allongée);  par  M.  J.  Lockhart 
Clahke.  Londres,  i858;  br.  in-4°. 

A  treatise —  Traité  sur  la  solution  par  l'algèbre  des  problèmes  de  maxima  et 
de  ininima;  par  Ramchundra,  ex-professeur  de  science  au  collège  de  Delhi. 
Londres,  iSSg;  in-8°. 

Noliz Note  sur  la  cavité  prépéritonéale  de  Retzius;  par  M.  Hyrtl,  de 

i'Académie  des  Sciences  de  Vienne.  Vienne,  i858;  br.  in-S". 


G.  K  ,  i859,  2">«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  2.) 


i3 


(98) 

PUBLICATIONS     PEHIODIQUES     REÇUES      PAR     L^ACAD^MIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    JUIN    18^9. 

Ànnakide  C  Agriculture  française  ;  t.  XIII,  ii"  ii;  in-S". 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  4*  trimestre  iBSg;  n°  i85;  in-8". 

Annales  de  la  Société  d  Agriculture ,  Arts  et  Commerce  du  département  de  la 
Charente  ;  !i' trimestre  i858;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'Hydrologie  médicale  de  Paris;  Comptes  rendus  des 
séances;  t.  V;  lo*  livraison;  in-S" 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  Zoologie,  la  Botanique,  l'Ana- 
tomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  r Histoire  des  corps  organisés 
fossiles;  4*  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MiLNE  Edwards;  pour 
la  Botanique,  par  MM.  AD.  JBrongniart  et  3.  Decaisne;  t.  X,  n"  4;  in-8". 

Annales  forestières  et  métallurgiques;  mai  iSSg;  in-S". 

Bibliotlièque  universelle.  Revue  suisse  et  étrangère,  nouvelle  période  ;  t.  V, 
n°  i8;  in-8°. 

Bulletin  de  (Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  a*  série,  t.  II.  n"»  6 
et  7;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  [industrie  nationale  ;  mai  1809; 
in-4«'. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie  ;  ]u\\\  iSSg;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France  ;  mai  1869;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Philomatique  de  Bordeaux;  2*  série,  i''"  semestre 
i859;in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  ;  i"  se- 
mestre i85g,  n°*  22-26;  in-4°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XIV,  aa*-25*  livraisons; 
in-S". 

Journal  d' Agriculture  de  la  Côte-d'Or;  mai  iBSg;  in-S". 

Journal  d'Agriculture  pratique ,- nou\e\le  période,  1859;  t.  I,  n°'  i  1  et  12; 
in-8°. 


(  99  ) 
Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie  ;  juin  iBSg; 

in-8°. 

Journal  de  t' âme  ;  mai  1809;  in-B". 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de  Aie' 
moires  sur  les  diverses  parties  des  mathématiques ,  publié  par  M.  Joseph 
Liouville;  mars  iSSg;  in-4". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  juin  iSSg;  in-8°. 

Journaldes  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n°*  aS-ai^  ;  in-8*. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  mai  1869;  in-S". 

La  Bourgogne.  Revue  œnologique  et  viticole;  6®  livraison;  in-8°. 

La  Correspondance  littéraire;  3*  année,  n°'  i3et  t4;  in-8°. 

L' Agriculteur  praticien  ;  n"'  16-18;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier  ;  t.  XIII, 
n"»  1 1  et  1 2  ;  in-8°. 

L  Art  dentaire  ;  \\x\n  iSSg;  in-S". 

L'Art  médical;  juin  iSSg;  in-8°. 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  t.  VI,  n°'  5-8;  in-S". 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  69*  et  60*  livraisons  ; 
in-4°. 

Le  Progrès;  Journal  des  Sciences  et  de  la  profession  médicale  ;  n"' 2  2-25; 

Ml-8°. 

Le  Technologiste ;  juin  1859;  in-B". 

Magasin  pittoresque  ;  iuin  1859;  in-8°. 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  loj^ale  des 
Sciences  de  Berlin  ;  février  et  mars  1859;  in-8". 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  juin  iBSg;  in-8°. 

Nachrichten . . .  Nouvelles  de  l' Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Gbttingue;  n°'  10  et  11;  in-8". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  cfes  Candidats  aux  jEcol^s 
Polytechnique  et  Normale  ;  mai  et  juin  i859;in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  vol.  XVIII,  n"  12; 
in-8°. 


(  loo  ) 
Proceedin^s.  .  .  Procès-verbaux  de  la  Société  Géographique  de  Londres; 

vol.  III;  n°  3;  in-8°. 

Recueil  des  Actes  de  V Académie  impériale  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  AHs 
de  Bordeaux;  4*  trimestre  i858;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  juin  i  SSg ;  in-8°. 

Revista...   Revue  des  travaux  publics  ;  7*  année;  n°'  11  et  la;  in-4°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-  chirurgicale  ;  n°'  1 1  et  i  2  ;  in-8°- 

Royal  astronomical...  Société  royale  Astronomique  de  Londres;  vol.  XIX; 
n»  7  ;  in-8°. 

The  Journal. ..  Bulletin  de  la  Société  royale  de  Dublin;  n°'  12  et  i3; 
in-8°. 

The  Quarterly...   Journal  trimestriel  de  la  Société  géologique  de  Londres; 

vol.  XV,  part.  2  ;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n*"  56-76. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n°'  22-25. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°*  a3-a6. 

L Abeille  médicale;  n°'  23-28. 

La  Coloration  industrielle;  n°'  9  et  10. 

La  Lumière.  Revue  de  ta  Photographie  ;  n°'  23-20. 

L'Ami  des  Sciences;  n°'  23-26. 

La  Science  pour  tous;  n°'  26-39. 

Le  Gaz;  n"' 1 3-1 5. 

Le  Musée  des  Sciences,  n°*  H-g, 


ERRATA, 

(Séance  du  4  juillet  1859.) 

Page  38,  ligne  4>  <»«  Heu  de  inductibilité,  lisez  conductibilité. 

Page  39,  ligne  dernière,  au  lieu  de  antérieure,  lisez  extérieure. 

Page  40,  ligne  4,  au  lieu  de  MM.  Dumas,  Regnaalt,  lisez  Beccjuerel,  Pouillet,  Despretz. 


COMPTE   RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIEIVCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  18  JUILLET  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

BOTANIQUE.  —  Importance  de  Conjanogénie  pour  la  détermination  des  organes 
.    des  plantes;  Note  de  M.  Payer,  en  réponse  à  M.  Brongniart. 

a  Dans  la  séance  du  27  juin  dernier,  j'ai  exposé  en  peu  de  mots  les  prin- 
cipes qui  nous  dirigent,  M.  Bâillon  et  moi,  dans  la  détermination  des  orga- 
nes, et  j'ai  essayé  de  faire  comprendre  que  si  les  essais,  tentés  par  Turpin  et 
A.  Saint-Hilaire  pour  appliquer  à  la  botanique  le  principe  des  connexions 
établi  par  Geoffroy-Saint-Hilaire  en  zoologie,  avaient  été  infructueux,  cela 
tenait  surtout  à  ce  que  l'on  n'avait  encore  aucun  moyen  de  reconnaître 
avec  certitude  les  connexions  des  organes  des  plantes,  et  que,  dans  la  bota- 
nique comme  dans  les  autres  sciences,  il  ne  suffit  pas,  pour  les  esprits  sérieux 
et  réfléchis,  d'avancer  un  fait,  il  faut  pouvoir  le  prouver, 

»  J^ai  cité  un  grand  nombre  de  circonstances  dans  lesquelles  les  botanistes 
avaient  émis  les  opinions  les  plus  diverses  sans  qu'aucun  d'eux  put  démontrer 
que  lui  seul  avait  raison.  Ainsi,  pour  prendre  un  exemple,  tandis  que  A.  Saint- 
Hilaire  admettait  déjà  depuis  longtemps  que  les  organes  verts  que  portent 
les  tiges  d'Asperges  étaient  des  ;amertî<x, d'autres,  comme  on  peuts'en  assurer 
dans  un  des  numéros  du  Flora  de  l'an  dernier,  croient  que  ce  ne  sont  que  des 
feuilles  réunies  en  bourgeons  comme  dans  les  Pins.  Entre  ces  deux  opinions 

C.  R.,  1859,  a™«  Semestre.  (  T.  XLIX,  N»  3.)  l4 


(    I02    ) 

si  divergentes  et  cependant  défendues  toutes  deux  avec  talent,  laquelle 
choisir  ?  Nous  hésiterions  encore  si  l'organogénie  n'était  venue  nous  c/emon- 
(ret\  et  nous  permettre  de  démontrer  à  qui  le  voudra,  que  ces  organes  sont 
des  pédoncules  avortés. 

»  Dans  la  séance  de  lundi  dernier,  notre  confrère  M.  Brongniart  est 
venu  prêter  à  nos  doctrines  l'appui  de  son  autorité  et  déclarer  avec  nous 
que  la  forme  n'est  qu'un  caractère  secondaire  dans  la  détermination  de 
la  nature  des  organes.  La  discussion  que  nous  avons  soulevée  n'eût-elle  que 
ce  résultat,,  nous  serions  loin  de  nous  en  plaindre. 

»  Nous  n'avons  pas  rangé  M.  Brongniart  ni  parmi  les  partisans  de  la' 
doctrine  de  la  forme,  ni  parmi  ses  adversaires,  et  notre  confrère  semble 
s'en  étonner  et  nous  le  reprocher.  La  raison  en  est  cependant  bien  simple, 
et  l'Académie  comprendra  le  sentiment  qui  nous  a  inspiré.  En  effet,  si  les 
derniers  travaux  de  notre  confrère,  médités  avec  le  soin  qu'ils  méritent, 
|)ouvaient  nous  faire  penser  que  leur  auteur  était  de  l'école  que  nous  com- 
battons, d'un  autre  côté,  comme  ces  travaux  datent  déjà  d'un  quart  de 
siècle,  nous  aurions  craint  d'être  accusé  de  légèreté,  si  nous  n'avions  pas 
admis  que,  sans  prendre  une  part  active  et  directe  aux  progrès  de  la  science, 
notre  confrère  a  pu  les  suivre  avec  intérêt  et  modifier  profondément  des 
idées  qui  pouvaient  lui  paraître  justes  à  une  époque  déjà  si  lointaine  où 
l'organogénie  n'était  pas  encore  créée. 

»  L  De  JussiEU.  Comment  M.  Brongniart  a-t-il  pu  dire  que  de  Jussieu 
s' écartant  de  la  voie  tracée  par  Tourneforl  et  Linné,  rejetant  les  caractères  de 
forme  et  de  coloration,  distinguait  presque  toujours  d'une  manière  si  heureuse  le 
calice  de  la  corolle  en  se  fondant  justement  sur  l origine  et  la  connexion  de  ces 
organes?  Ouvrons,  en  effet,  le  Gênera  Plantarum  et  voyons. 

n  Les  Clématites  ont  un  périanthe  à  quatre  divisions.  Pour  les  botanistes 
modernes  comme  pour  M.  Brongniart,  ce  périanthe  est  un  calice;  pour  de 
Jussieu,  au  contraire,  c'est  une  corolle.  Sur  quoi  se  fonde  de  Jussieu  pour 
dire  que  c'est  une  corolle?  Est-ce,  comme  le  prétend  notre  confrère,  sur 
l'origine  et  la  connexion  de  cet  organe?  En  aucune  façon  ;  c'est  parce  que 
les  diverses  parties  de  ce  périanthe  sont  colorées  et  tombent  lors  de  l'épa- 
nouissement de  la  fleur. 

»  I^es  Anémones  ont  un  calice  et  une  corolle.  Cependant  de  Jussieu  dit 
qu'elles  n'ont  pas  de  calice  et  il  appelle  involucre  ce  que  M.  Brongniart  ap- 
pelle calice.  Pourquoi  cela?  Est-ce,  comme  le  prétend  notre  confrère,  parce 
qu'il  a  étudié  l'origine  et  les  connexions  de  cet  organe?  Nullement;  c'est 
uniquement  parce  que  la  partie  de  réceptacle  comprise  entre  le  calice  et  la 
corolle  a  une  forme  plus  allongée  que  de  coutume. 


;- 


(  io3  ) 

»  Et  je  prie  l'Académie  de  le  remarquer,  je  prends  mes  exemples  dans 
une  famille  que  de  Jiissieu  a  étudiée  d'une  manière  toute  spéciale,  qui  a  été 
l'objet  du  plus  important  de  ses  Mémoires,  puisque  c'est  là  qu'il  a  exposé  les 
principes  de  sa  méthode. 

»  Dans  lesCucurbitacées  il  y  a  un  calice  et  une  corolle.  Aujourd'hui  per- 
sonne n'en  doute.  Et  cependant  de  Jussieu  appelle  calice  ce  que  nous  appe- 
lons corolle.  Pourquoi  cela?  Est-ce,  comme  le  dit  notre  confrère,  en  se  fon- 
dant sur  l'origine  et  la  connexion  de  cet  organePEn  aucune  façon  ;  de  Jussieu 
le  dit  lui-même  dans  ses  Notes,  c'est  parce  que  cette  enveloppe  que  nous 
appelons  corolle  persiste  après  la  floraison.  Ici,  il  est  vrai,  de  Jussieu 
s'écarte  de  la  voie  tracée  par  Tournefort  et  Jjinné  qui  croyaient,  comme  nous, 
que  lesCucurbitacées  ont  un  calice  et  une  corolle,  et  notre  confrère  n'ira  pas, 
je  crois,  jusqu'à  l'en  féliciter. 

»  Enfin  si,  comme  le  prétend  M.  Brongniart,  de  Jussieu  se  fondait  sur  l'o- 
rigine et  la  connexion  des  prganes,  comment  a-t-il  pu  dire  que  les  Grami- 
nées avaient  un  calice  composé  de  deux  parties,  lorsque  les  connexions  de 
ces  deux  parties  et  leur  organogénie  démontrent  qu'elles  sont  de  génération 
différente.  Comment  expliquer,  s'il  s'est  écarté  de  la  voie  tracée  par  Linné, 
qu'il  se  soit  borné  à  dire,  comme  ce  grand  naturaliste,  que  les  fleurs  de 
ces  plantes  ont  trois  étamines,  sans  indiquer  leur  position  par  rapport  aux 
enveloppes? 

»  Je  pourrais  prendre  d'autres  exemples,  mais  j'espère  qtie  ceux  que  je 
viens  de  citer  suffiront  pour  convaincre  mes  confrères  que,  contrairement  à 
ce  que  M.  Brongniart  a  avancé  dans  sa  Note ,  de  Jussieu  s'est  fondé  pour 
distinguer  le  calice  de  la  corolle,  et,  en  général,  pour  déterminer  la  nature 
des  organes,  non  sur  l'origine  et  la  connexion  de  ces  organes,  mais  sur  leur 
forme,  leur  coloration  et  leur  durée. 

»  II.  Decandolle.  Les  objections  de  M.  Brongniart  touchant  de  Candolle 
ne  sont  pas  plus  exactes,  et  pour  le  démontrer  je  vais  rappeler  l'une  des 
théories  à  laquelle  il  attachait  la  plus  grande  importance  et  quelques  inter- 
prétations de  faits  de  lui  et  de  ses  successeurs. 

»  La  théorie  est  celle  des  ovaires  infères,  et  les  faits  mal  interprétés,  parce 
qu'on  ne  s'appuyait  que  sur  des  similitudes  de  forme,  concernent  les  pistils 
des  Graminées,  des  Berbéridées  et  des  Eschollzia. 

»  1°.  Théorie  des  ovaires  infères.  —  Dans  les  Solanées  et  en  général  dans 
la  plupart  des  plantes  monopétales  les  étamines  sont  soudées  avec  la  corolle 
et  semblent  insérées  à  sa  gorge.  Le  tube  qui  porte  les  divisions  de  cette 
corolle  et  les  étamines  est  donc  formé  par  la  base  des  pétales  et  des  éta- 

i4.. 


(  io4  ) 

mines;  il  est  donc  de  nature  appendiculaire.  Dans  lesSpirées,  les  Roses,  les 
Amandiers,  on  observe  encore  un  tube  dans  la  fleur;  mais  ce  tube  porte  les 
sépales,  les  pétalesetles  étamines.  De  Candolle  en  a  conclu  quece  tube  était 
formé  par  les  bases  soudées  des  étamines,  des  sépales  et  des  pétales,  et  était 
par  conséquent  encore  de  nature  appendiculaire.  Enfin,  dans  les  Poiriers, 
les  Myrtacées,  etc.,  on  observe  aussi  un  tube  formant  la  cavité  ovarienne. 
Mais  ce  tube  porte  non-seulement  les  sépales,  les  pétales  et  les  étamines, 
mais  encore  les  styles.  De  Candolle  en  a  conclu  que  ce  tube  ovarien  était 
formé  par  les  bases  soudées  des  sépales,  des  pétales,  des  étamines  et  des 
feuilles  carpellaires,  et  qu'il  était  par  conséquent  de  nature  appendiculaire. 

)>  D'un  autre  côté,  en  Allemagne,  M.  Schleiden  arrivait  à  un  résultat  tout 
à  fait  opposé.  Remarquant  que  dans  les  Synanthérées,  le  réceptacle  com- 
mun des  fleurs,  conique  dans  les  Zinnia,  s'aplatissait  dans  le  grand  Soleil 
et  devenait  concave  dans  d'autres  espèces,  imaginait  que  le  réceptacle, 
dans  les  fleurs  simples,  se  comportait  comme  le  réceptacle  commun  dans 
les  Synanthérées,  par  suite  la  coupe  qui  dans  les  Spirées,  les  Roses  et  les 
Amandiers  porte  sur  ses  bords  les  sépales,  les  pétales  et  les  étamines  n'était 
que  le  réceptacle  évasé  et  par  conséquent  de  nature  axile,  et  le  même  rai- 
sonnement s'appliquait  à  la  paroi  des  ovaires  infères. 

»  Il  y  avait  donc  en  présence,  il  y  a  quelques  années,  deux  opinions  tout  à 
fait  contradictoires  sur  la  nature  des  parois  des  ovaires  infères,  celle  de 
de  Candolle  et  celle  de  M.  Schleiden.  Laquelle  fallait-il  adopter?  Cela  était 
impossible  à  dire,  car  de  Candolle  et  M.  Schleiden  employaient  exacte- 
ment la  même  méthode,  la  méthode  analogique  basée  sur  les  transitions  de 
forme,  et  leurs  points  de  départ,  tout  en  étant  différents,  étaient  vrais 
tous  deux. 

»  M.  Brongniart,  il  est  vrai,  rejetait  dans  ses  ouvrageset  dans  ses  coursla 
doctrine  de  Schleiden  et  n'enseignait  que  celle  de  de  Candolle,  mais  sans 
autre  raison  que  cette  disposition  naturelle  des  esprits  à  adopter  les  idées 
de  leurs  maîtres, 

»  11  n'y  a  que  l'organogénie  qui  ait  pu  résoudre  cette  grave  question  qui 
divisait  les  botanistes  modernes.  En  suivant  l'origine  et  les  connexions  de 
ce  tube  qui  porte  les  sépales,  les  pétales  et  les  étamines  dans  les  Spirées,  les 
Roses  et  les  Amandiers,  qui  porte  les  sépales,  les  pétales,  les  étamines  et  les 
styles  dans  les  Pommiers,  nous  avons  vu  que  ce  tube  était  déjà  formé  long- 
temps avant  que  ces  pétales,  ces  étamines  et  ces  styles  apparussent,  et  que  par 
conséquent  il  ne  pouvait  pas  être  considéré  comme  formé  par  les  bases  soudées 
de  ces  divers  organes  qui  n'étaient  pas  nés  et  auxquels  il  donnait  plus  tard 


(  io5  ) 

naissance,  mais  comme  le  réceptacle  lui-même;  qu'il  était  par  conséquent 
dénature  axile  comme  le  croyait  Schleiden,  et  non  de  nature  appendiculaire 
comme  le  croyaient  de  Candoile  et  son  école. 

0  a°.  Faits  particuliers .  —  De  Candoile  remarquant  que  dans  les  Graminées 
l'ovaire  est  surmonté  de  deux  styles  comme  dans  les  Carex,  en  a  conclu  que 
dans  toutes  ces  plantes  le  pistil  est  composé  de  deux  feuilles  carpellaires 
soudées,  et  cette  opinion  a  été  partagée  par  tous  ses  successeurs  jusqu'à  ce 
quel'organogénie  nous  eûtdémontré  que  dans  lesGrarainées  il  n'y  a  qu'une 
feuille  carpellaire,  tandis  que  dans  les  Carex  il  y  en  a  deux. 

»  De  Candoile  et  ses  successeurs  avaient  observé  que  dans  les  Escholtzia 
il  y  a  quatre  styles  et  deux  placentas.  Comme  ces  quatre  styles  avaient  tous 
quatre  la  même  forme,  ils  en  ont  conclu  qu'ils  étaient  de  la  même  nature  et 
que  l'ovaire  de  ces  plantes  était  composé  de  quatre feuillescarpellaires  dont 
deux  étaient  réduites  à  leurs  styles.  L'organogénie  nous  a  montré  que  ces 
conséquences  tirées  de  l'étude  des  formes  étaient  fausses  ;  qu'il  y  avait  là 
deux  feuilles  carpellaires  seulement,  et  que  s'il  y  avait  quatre  styles,  deux 
étaient  les  extrémités  des  feuilles  carpellaires  et  par  conséquent  appendicu- 
laires,  tandis  que  les  deux  autres  étaient  les  prolongements  des  placentas  et 
par  conséquent  axiles.  Nouvelle  preuve  que  des  organes  de  nature  différente 
peuvent  prendre  les  mêmes  formes  quand  il  s'agit  de  remplir  les  mêmes 
fonctions. 

»  Enfin,  c'est  toujours  sous  l'influence  de  la  similitude  des  formes,  et 
non  en  se  fondant  sur  l'origine  et  les  connexions  des  organes,  qu'un  de 
nos  confrères,  en  étudiant  certaines  Berbéridées,  a  admis  que  l'ovaire  de 
ces  plantes  était  formé  de  deux  feuilles  carpellaires.  L'organogénie  nous  a 
montré  qu'il  n'y  a  dans  l'ovaire  des  Berbéridées  qu'une  seule  feuille  carpel- 
laire. 

»  En  vérité,  en  présence  de  ces  faits,  on  aurait  lieu  de  s'étonner  des  asser- 
tions contenues  dans  la  Note  de  M.  Brongniart  si  l'on  ne  savait  avec  quelle 
facilité  certains  esprits  élevés  s'assimilent  les  idées  des  autres  et  finissent 
par  s'imaginer  de  bonne  foi,  ou  qu'ils  les  ont  conçues  eux-mêmes,  ou 
qu'ils  les  ont  reçues  depuis  longtemps  de  leurs  prédécesseurs. 

»  En  résumé,  honorons  la  mémoire  de  ceux  qui  nous  ont  précédés  dans 
la  carrière,  non  pas  en  admettant  tout  ce  qu'ils  ont  dit  d'après  l'axiome, 
magisterdixit,  mais  en  sachant  discerner  avec  soin  tout  ce  qu'ils  ont  fait  de 
bon  pour  en  profiter  et  tâcher  de  faire  mieux  encore.  Et  si  quelqu'un 
d'entre  nous  a  le  bonheur  de  trouver  de  nouveaux  procédés  ou  de  nou- 
velles méthodes,  n'ea  soyons  pas  jaloux.  Ne  faisons  pas  d'abord  tous  nos 


(  io6  ) 
efforts  pour  en  diminuer  l'importance,  et  surtout,  quand  cette  importance 
est  universellement  reconnue,  n'essayons   pas  d'enlever  le  mérite  de  la 
découverte  à  qui  de  droit  en  en  cherchant  les  germes  dans  quelques  phrases 
détachées  des  anciens  auteurs.   « 

Remarques  de  M.  Moqcin-Tasdon  à  l'occasion  des  communications  de 
MM.  Payer  et  Brongniart. 

«  Les  remarques  de  M.  Brongniart  sont  très-justes  :  A.-L.  de  Jussieu, 
deCandolle  et  leurs  successeurs  n'ont  pas  attribué  A  LA  FORME  une  grande  valeur 
tnxonomique. 

»  L'organogénie  a  fourni  à  la  science  un  nouveau  moyen,  un  élément  de 
plus  pour  arriver  à  la  connaissance  réelle  des  connexions  ;  mais  elle  n'a  dé- 
couvert ni  ce  principe,  ni  son  application  à  la  taxonomie.  J'en  appelle  à 
tous  nos  confrères  présents  dans  cette  enceinte,  qui  s'occupent  ou  qui  se 
sont  occupés  de  botanique. 

»  Le  principe  des  connexions  n'est  pas  nouveau.  Linné  l'a  formulé  très- 
nettement  dans  un  de  ses  premiers  ouvrages,  dans  son  Classes  plantarum 
(1738).  Ce  grand  botaniste  a  dit  :  Sciant  nullam  partem  universalem  magis 
valere,  quam  illama  *i7u(page  487)-  Malheureusement  Linné,  entraîné  par 
d'autres  considérations,  n'a  pas  cru  devoir  appliquer  habituellement  le 
principe  dont  il  s'agit.  Cette  gloire  était  réservée  aux  Jussieu,  fondateurs 
de  cette  excellente  école  où  nous  avons  tous  puisé,  de  cette  école  célèbre 
que  du  Petit-Thouars  avait  appelée  \' Ecole  des  insertions,  c'est-à-dire  des  po- 
sitions absolues  ou  relatives,  et  par  conséquent  des  connexions. 

»  L'illustre  Etienne  Geoffroy-Saint-Hilaire,  qui  a  tiré  des  connexions  un 
parti  si  fécond  et  si  admirable,  dans  ses  Etudes  d'anatomie  philosophique,  a 
toujours  reconnu  hautement  et  loyalement  ce  qu'il  devait  aux  Jussieu,  qui 
l'avaient  précédé  et  inspiré.  Il  est  vrai  que,  plus  tard,  la  zoologie  recon- 
naissante a  rendu  à  la  botanique,  sur  le  terrain  des  monstruosités,  bien 
autre  chose  que  des  inspirations  ! 

»  J'insiste  sur  cette  impulsion  salutaire  que  la  botanique  a  exercée  sur  la 
zoologie,  parce  que  M.  Payer  vous  a  dit  dernièrement  que  les  botanistes 
n'avaient  pas  profité  des  travaux  des  zoologues  et  particulièrement  de  ceux 
d'Etienne  Geoffroy-Saint-Hilaire.  Vous  le  voyez,  Messieurs,  cette  assertion 
n'est  pas  exacte.  Au  point  de  vue  de  la  taxonomie,  soit  théorique,  soit  pra- 
tique, la  science  végétale  a  marché  de  très-bonne  heure  dans  une  excel- 
lente voie;  elle  n'avait  pas  besoin  de  modèle;  elle  devait  elle-même  en 
servir. 


(  '07  > 

»  Un  de  nos  savants  Secrétaires  perpétuels  vous  a  raconté  comment  les 
ej^brls  du  jeune  Cuvier,  pour  la  rénovation  de  la  zoologie,  se  rattachaient  au 
livre  même,  au  Gênera  plantarum,  qui  venait  de  renouveler  la  botanique.  Le 
second  législateur  du  Règne  animal  se  plaisait,  du  reste,  à  reconnaître  et  à 
proclamer  l'influence  que  l'école  des  Jussieu  avait  eue  sur  ses  travaux.  Dans 
une  circonstance  solennelle,  Cuvier  a  déclaré  que  l'ouvrage  capital  qui 
résume  cette  école,  a  fait  dans  les  sciences  d'observation  une  époque  peut-être 
aussi  importante,  que  la  chimie  de  Lavoisier  dans  les  sciences  d'expérience  ! 

o  C'est  pourtant  ce  même  ouvrage  que,  dans  une  autre  occasion,  devant 
vous,  M.  Payer  a  qualifié  de  ruine!! 

»  J'arrive  maintenant  à  de  Candolle.  Les  études  si  nombreuses  de  cet 
éminent  botaniste  sur  la  symétrie  des  organes  dans  les  appareils  ou  sur 
celle  des  parties  dans  chaque  organe,  ont  démontré,  depuis  longtemps, 
qu'il  attachait  le  plus  grand  intérêt  taxonomique  aux  positions  relatives  ou 
connexions.  Les  principes  philosophiques  de  de  Candolle  sont,  du  reste, 
partout.  Il  les  a  développés  clans  ses  cours  et  dans  ses  ouvrages,  particuliè- 
rement dans  le  plus  beau  de  ses  livres,  sa  Théorie  élémentaire.  Il  en  a  fait  de 
brillantes  applications,  soit  dans  ses  monographies  spéciales,  soit  dans  cet 
admirable  monument  qui  lui  a  permis  d'embrasser  tout  le  règne  végétal. 

»  M.  Brongniart  vous  a  cité  deux  passages  très-explicites  de  la  Théorie 
élémentaire,  dans  lesquels  de  Candolle  demande  qu'on  examine,  avant 
toutes  'choses,  la  position  des  organes  dans  un  système  donné  de  symétrie. 
Voici  un  autre  passage  dans  lequel  sont  exprimées  très-clairement  les  idées 
de  l'auteur  sur  l'emploi  de  la/orme  dans  les  classifications.  «  Quoique  dans 
»  tous  les  livres  de  botanique  on  ait  coutume  de  décrire  avec  beaucoup 
»  de  soin,  la  forme  des  organes,  cette  forme  (considérée  sous  l'unique  rap- 
»   part  taxonomique)  nest  en  réalité  que  dune  très  légère  importance  »  (page 

i45). 

»  Je  dois  faire  remarquer,  en  passant,  que  l'exemple  des  véritables 
feuilles  des  Asparagus,  rapporté  par  M.  Payer,  est  non-seulement  un  fait 
connu  depuis  longtemps,  ainsi  que  M.  Brongniart  vous  Ta  prouvé,  mais 
que  ce  fait  a  été  signalé,  en  1827,  par  M.  de  Candolle  (i)  lui-même,  dans 
son  Organographie  (page  333). 

»  M.  Félix  Dunal,  le  meilleur  des  élèves  de  de  Candolle,  a  répandu  les 
principes  de  son  maître  avec  la  même  conviction  et  le  même  bonheur.  Ces 


(i)  Il  avait  été  découvert,  quelques  années  auparavant,  par  M.  le  comte  de  Tristan. 


(io8). 
principes  lui  ont  inspiré  ses  belles  considérations  sur  les  éléments  de  l'ap- 
pareil floral,  considérations  dans  lesquelles  il  s'est  occupé,  d'une  manière  si 
ingénieuse  et  si  profonde,  de  la  nature,  des  rapports  et  des  combinaisons 
symétriques  de  ces  mêmes  éléments. 

»  On  a  cité  M.  Auguste  de  Saint-Hilaire.  J'ai  eu  l'honneur  de  travailler, 
pendant  six  ans,  avec  ce  célèbre  botaniste.  Nous  avons  fait  ensemble  des 
recherches  sur  la  symétrie  des  Polygalées  et  sur  celles  des  Capparidées, 
des  Fumariacées  et  de  plusieurs  autres  familles  naturelles.  Nous  avons  publié 
plusieurs  Mémoires  en  commun.  J'ai  toujours  trouvé  M.  Auguste  de  Saint- 
Hilaire  plein  de  respect  et  de  reconnaissance  pour  Antoine-Laurent  de 
Jussieu  et  pénétré  d'admiration  pour  son  immortel  ouvrage.  Il  regardait 
Jussieu  comme  son  bienfaiteur;  il  lui  a  dédié  ses  Leçons  de  botanique, 
disant  avec  orgueil  dans  sa  dédicace  :  Puissent  mes  écrits  montrer  toujours  que 
je' fus  le  disciple  d'un  si  grand  maître! 

»  Il  est  donc  bien  évident,  et  je  me  plais  à  le  répéter,  que  A.-L.  de  Jus- 
sieu ,  que  de  Candolle  et  que  leurs  successeurs  n'ont  pas  attribué  à  la  forme 
une  grande  valeur  taxonomique.  Au  contraire,  ils  ont  insisté,  avant  toul,  sur 
les  positions  relatives  ou  connexions  et  sur  les  arrangements  symétriques 
qui  en  sont  la  conséquence. 

»  I^  postérité  s'est  déjà  prononcée  sur  les  travaux  immenses  de  ces  deux 
illustres  botanistes  et  sur  l'heureuse  impulsion  qu'ils  ont  donnée  à  la  science. 
Dans  l'éloge  académique  de  M.  Robert  Brown,  que  vient  de  publier  notre 
savant  confrère  M.  de  Martius,  l'auteur  entre  en  matière  en  déclarant  que, 
dans  l'histoire  de  la  botanique,  trois  noms  doivent  être  inscrits  immédia- 
tement après  celui  du  grand  Linné  :  ce  sont  les  noms  de  A.-L.  de  Jussieu, 
de  Pyrame  de  Candolle  et  de  Robert  Brown  ! 

»  Permettez-moi,  Messieurs,  une  dernière  observation.  On  associe  géné- 
ralement les  efforts  et  les  travaux  de  Bernard  de  Jussieu  avec  ceux  de  son 
neveu  Antoine-Laurent.  Comme  ce  dernier  a  été  notre  contemporain,  on  a 
pris  l'habitude  de  confondre  sous  son  nom  la  gloire  de  son  oncle  avec  sa 
propre  gloire.  Cette  habitude  est  sans  danger  dans  notre  Académie,  mais  il 
est  bon  de  rappeler  quelquefois  aux  étrangers,  que  si  Louis-Claude  Richard 
a  regardé  avec  raison  Antoine-Laurent  comme  le  premier  botaniste  de  l'Eu- 
rope, Linné,  fort  bon  juge  aussi,  a  signalé  Bernard  comme  le  premier  bota- 
niste de  son  temps  !  » 

Réponse  de  M.  Payer  à  M.  Moquin-Tandon. 
«  Je  ne  comprends  pas  la  manière  de  discuter  de- notre  confrère,  M.  Mo- 


(  log  ) 
quin-Tandon.  Tous  les  botanistes  anciens  et  modernes,  Linné,  de  Jussieu, 
de  CandoUe,  M.  Brongniart,  M.  Moquin-Tandon  lui-même,  auraient  une 
opinion  que  l'observation  me  démontrerait  fausse,  que  je  ne  l'adopterais  pas. 
J'honore  autant  que  qui  que  ce  soit  les  grands  botanistes  qui  nous  ont  pré- 
cédés; mais  dans  une  discussion  djece  genre,  ce  qu'il  faut  considérer  ce  n'est 
pas  le  nombre  ni  la  valeur  des  savants  qui  ont  émis  une  idée,  mais  bien  le 
nombre  et  la  valeur  des  faits  sur  lesquels  ils  l'appuient. 

»  M.  Brongniart  nous  a  dit,  dans  la  dernière  séance,  que  de  Jussieu, 
s'écartant  de  la  voie  tracée  par  Tournefort  et  Linné,  avait  rejeté  les  caractères 
de  forme  et  de  coloration  pour  ne  se  fonder  que  sur  les  caractères  d'ori- 
gine et  de  connexions,  et  voilà  notre  confrère  M.  Moquin-Tandon  qui  sou- 
tient le  contraire  en  cherchant  à  prouver  que  Linné  ne  considérait  comme 
caractères  importants  que  les  caractères  d'origine  et  de  connexions.  Que 
nos  confrères  veuillent  donc  bien  d'abord  se  mettre  d'accord.  La  seule  con- 
clusion que  nous  tirerons  de  ces  contradictions,  c'est  que  qui  veut  trop 
prouver  ne  prouve  rien,  et  que  Linné,  pas  plus  que  de  Jussieu,  n'avait 
l'idée  de  l'importance  des  connexions  pour  la  détermination  de  la  nature  des 
organes. 

»  Laissons  donc  de  côté  tous  ces  détails  bibliographiques  et  revenons 
aux  faits. 

»  A  notre  avis,  la  meilleure  manière  de  juger  des  principes  d'un  auteur, 
ce  n'est  pas  d'en  citer  quelques  phrases,  mais  d'en  examiner  les  théories  et 
les  observations  les  plus  importantes. 

))  J'ai  déjà  parlé  de  la  théorie  des  ovaires  infères  de  de  Candolle.  Exaini- 
nons  la  théorie  des  insertions  dont  vient  de  parler  M.  Moquin-Tandon  et 
sur  laquelle  M.  Brongniart  dans  sa  Note  avait  sagement  gardé  le  silence. 
Dans  les  Renonculacées,  le  réceptacle  est  conique,  les  étamines  sont  insérées 
au-dessous  du  pistil,  leur  insertion  est  dite  hypogyne.  Dans  le  Spirées,  le 
réceptacle,  après  avoir  été  conique  dans  lajeunesse,  devient  plat,  puis  s'évase 
en  une  coupe  plus  ou  moins  profonde.  La  base  de  ce  réceptacle  qui  porte 
des  étamines  est  d'abord  au-dessous  du  sommet  du  réceptacle  qui  porte  les 
pistils,  plus  tard  elle  est  de  même  niveau  quand  le  réceptacle  s'est  aplati  ; 
enfin,  elle  est  plus  élevée  et  les  étamines  sont  dites  périgynes  quand  le  récep- 
tacle s'est  creusé  en  coupe.  Les  différences  d'insertion  des  étamines  tien- 
nent donc  à  des  "différences  de  forme  du  réceptacle. 

»  Quant  aux  faits,  je  les  emprunterai,  pour  donner  plus  de  valeur  à  mon 
argumentation,  non  pas  à  de  Candolle,  mais  à  ses  successeurs,  à  M.  Moquin- 

C.  R  ,  1859,  Q"»»  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  3.)  l5 


(no) 
Tandon  hii-méme,  et  dans  les  travaux  qu'il  vient  de  nous  citer,  dans  ses 
Mémoires  sur  les  Polygalées  et  les  Crucifères. 

»  Si  notre  confrère  attachait  tant  d'importance  à  l'origine  et  aux  con- 
nexions des  organes"  des  plantes,  comment  se  fait-il  qu'il  ait  avancé  que  les 
huit  étamines  des  Poljcjala  sont  superposées  deux  par  deux  à  quatre  sépales, 
lorsqu'en  réalité  elles  sont  superposées  chacune  à  quatre  sépales  et  à  quatre 
pétales. 

»  Si  notre  confrère  ne  s'était  pas  attaché  surtout  à  la  similitude  des  formes 
pour  déterminer  la  nature  des  organes,  il  n'eût  certainement  pas  dit  que  dans 
l'ovaire  des  Crucifères  il  y  a  quatre  feuilles  carpellaires,  tandis  que  l'orga- 
nogénie  démontre  qu'il  n'y  en  a  que  deux,  et  il  n'eût  pas  avancé  que  les 
stigmates  dans  ces  plantes  sont  les  extrémités  des  feuilles  carpellaires,  tandis 
que  ce  sont  au  contraire  les  extrémités  des  placentas.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —  Sur  la  théorie  des  équations  modulaires; 
par  M.  Herhite.  (Suite.) 

«  XIII.  En  désignant  par  D  le  produit  des  carrés  des  différences  des 
racines  de  l'équation  modulaire  Q{v,u)  =  o  de  degré  n  -f-  i,  lorsqu'on 
suppose  n  un  nombre  premier,  faisons  pour  un  instant 


(0 


=  \/(--)^5, 


Cette  expression  sera  non-seulement  rationnelle  et  entière  en  u,  puisque  D 
est  un  carré  parfait,  mais  les  coefficients  des  diverses  puissances  de  u  seront 
eux-mêmes  des  nombres  entiers.  Or,  en  remplaçant  ces  puissances  par  leurs 
expressions  sous  forme  de  séries  infinies  en  fonction  de  q  =  e'^'",  on  par- 
vient à  un  résultat  dont  la  valeur,  par  rapport  au  module  premier  n,  s'ob- 
tient comme  il  suit. 
»  Faisons 

f(a\  =  (' +?')(» -H?')  (.-H?').... 

=  I  —  (/-f-  29*  —  Sç^-f-  47*  —  6g°  -f-  ...^ 
et  par  conséquent 

«  =  ?(")  =  Va  Vqfiq) 


(    IM    ) 

on  aura  cette  congnience 

(DS.~  (V^  rqVUil)  +  89/  {q)V^{j\q)  -  (j)9^/{7'")]mod  n, 

dans  laquelle  le  coefficient  de  la  puissance  la  moins  élevée  de  o  a  été  con- 
servée sans  addition  ni  suppression  de  multiples  de  n,  ce  qui  permet  de 
déterminer  le  facteur  numérique  qui  doit  être  joint  aux  divers  polynômes 
en  u,  que  maintenant  nous  connaissons  dans  les  cas  de  n  =:  3,  5,  7  1 1  afin 
d'obtenir  précisément  la  valeur  de  ûO.  Ce  facteur,  comme  on  voit,  est  tou- 
jours une  puissance  de  a  ;  ainsi  dans  le  cas  de  «  =  1 1 ,  on  aura 

(D  =  2»»  M«(l  -«»)»(  16- 3l  M»  +l6«»«)(l-  301960  M» +,..). 

On  pourrait  aussi  présenter  le  second  membre  de  la  congruence  précédente 
sous  cette  autre  forme 


n'— t 

4 
2 


(IS)'[^w-(l).  {"•")} 


mais  c'est  la  première  qu'il  convient  d'employer  pour  vérifier,  comme  nous 
l'avons  annoncé,  le  discriminant  de  l'équation  modulaire  du  la*  degré. 
Je  remarque  à  cet  effet  que  le  polynôme  i  —  301960M*  -+-  3556492/^"  -l-  etc. 
se  réduit  suivant  le  module  1 1  à  cette  expression  simple 

I  +  M»  —  «"  —  ?z"  —  «*»  +  M»»  +  K«« 

et  qu'on  trouvera  par  suite 

(D=M«(i4-3M»-3tt»-3M"-i-M">  +  ....)mod  ir. 

»  Maintenant  si  l'on  met  à  la  place  des  diverses  puissances  de  u  leurs 
développements  en  fonctions  de  q^  il  viendra 

CD=(v/2  VqY{i  -29-f-49'-+-39'-f-/,ç*+3ç=  +  ...). 

Or,  c'est  précisément  le  résultat  auquel  conduit  la  congruence,  en  faisant 
les  développements  indiqués,  d'où  résulte  la  vérification  que  nous  désirions 
obtenir. 

»  XIV.  C'est  à  ce  point  que  je  me  suis  arrêté  jusqu'ici  dans  l'étude  des 
équations  modulaires,  et  il  ne  me  reste  plus,  en  considérant  en  particulier 
celles  du  sixième,  du  huitième  et  du  douzième  degré,  qu'à  donner  la  mé- 
thode que  j'ai  suivie  pour  en  déduire  des  réduites  d'un  degré  moindre  d'une 

i5.. 


(    It2    ) 

unité.  Galois,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  au  commencement  de  ces  recher- 
ches, a  le  premier  découvert  le  fait  si  remarquable  de  cette  réduction,  au 
double  point  de  vue  de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  et  de  l'algèbre, 
et  voici,  dans  ses  idées,  le  théorème  qui  sert  de  principe  fondamental. 

»  Remarquons  préalablement  que  les  racines  de  l'équation   modulaire 
sont  représentées  par 

V  =  u"  (sin  coam  ap  sin  coam  4p-  •  •  sin  coam(«  —  i)j5), 

en  faisant 

mK-hm'iK.' 

û  = ,- 

'  n 

où  m  et  m'  sont  deux  nombres  entiers  qu'on  peut  multiplier  par  un  même 
facteur  sans  changer  la  valeur  de  c.  Il  en  résulte  que  c'est  uniquement  le 

rapport  —  qui  définit  chaque  racine,  et  comme  les  deux  termes  sont  pris 

suivant  le  module  n,  il  reçoit  d'une  part  la  valeur  oo  pour  m^o,  et  de 
l'autre  la  série  des  n  nombres  entiers  o,  i,  2,...,  «  —  i.  On  est  donc  con- 
duit naturellement,  pour  représenter  les  racines  de  l'équation  modulaire,  à 

m' 

la  notation  V/,,  k  désignant  —  et  devant  représenter  les  n  +  i  valeurs  00  , 

o,  I,  2,...,  n  —  I.  Cela  posé,  voici  la  proposition  de  Galois  : 

»   Toute  jonction  rationnelle  non  symétrique  des  racines  i>^  qui  ne  change  pas 

en  remplaçant  les  divers  indices  k  par  — -^  a,    b,  c,  d  étant  des  nombres 

entiers  pris  suivant  le  module  n,  et  le  déterminant  ad  —  bc  n'étant  pas  ^  o  (*), 
sera  exprimable  en  Jonction  rationnelle  de  u  {**). 

»  J'ajouterai  la  remarque  que  ce  théorème  subsiste  en  particularisant  la 

substitution  — — —■>'  de    manière    que   ad  —  bc   soit    résidu  quadratique 


de  «,  pourvu  qu'on  s'adjoigne  le  radical  V  (—  i)   ^  n.  Tel  est,  par  exemple, 
le  produit  des  différences  des  racines  II  [v^—  c^),  qui  change  de  signe  ou 

se  reproduit  exactement,  lorsqu'en  remplaçant  k  par  -7 -,  ad  —  bc  est 

(*)  M.  Serret  a  fait  des  substitutions  de  cette  forme  l'objet  de  ses  recherches  dans  plusieurs 
articles  publiés  dans  les  Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  séances  des  10,  17  et  24  janvier  i85g. 

1  *'  )  Une  démonstration  de  ce  théorème  important  a  été  donnée  par  le  P.  Joubert  dans 
un  travail  que  j'ai  déjà  cité  (Comptes  rendus,  t.  XLVI,  p.  718). 


(  ii3)    ^         , 
non  résidu  ou  résidu  quadratique  de  «,  et  qui  s'exprime,  comme  on  l'a  tu 
§  XIII  par  une  fonction  rationnelle  de  u  à  coefficients  entiers,  mais  affectée 


V(-.)  '   n. 


du  facteur  V  (—  i)  ^   n.  En  effet,  nommant  F  et  F'  les  deux  valeurs  que 

peut  prendre  une  fonction  rationnelle  des  racines  invariable  par  les  substi- 

P p' 

tutions  où  ad  —  bc  est  résidu,  les  deux  expressions  F  +  F',  —, r  reste- 

^  n  (ci  —  Pi/) 

ront  invariables  pour  la  totalité  des  substitutions,  et  s'exprimeront  ration- 
nellement en  «,  d'après  la  proposition  de  Galois;  il  en  résulte  que  F  et  F' 
s'exprimeront  elles-mêmes  sous  la  forme  annoncée. 

•>  Ce  point  essentiel  établi,  la  question  de  l'abaissement  des  équations 
modulaires  à  un  degré  moindre  d'une  unité  dépend  d'une  étude  plus  appro- 
fondie des  substitutions  — -■,  et  dont  quelques  traces  seulement  sub- 
sistent dans  ce  qui  nous  a  été  conservé  des  travaux  de  Galois.  C'est  en 
suivant  la  voie  qu'elles  indiquent,  que  M.  Betti  a  retrouvé  l'importante  pro- 
position relative  aux  équations  du  sixième,  du  huitième  et  du  douzième 
degré,  et  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  que  m'a  fait  l'honneur  de  m'adresser 
ce  savant  géomètre  montrera  comment  de  cette  manière  se  présentent  les 
résultats  auxquels  de  mon  côté  je  parvenais  par  une  méthode  toute  diffé- 
rente : 

«  Pise,  2^  mars  1869. 

»  Dans  un  Mémoire  Sopra  r abassamento  deW  equazioni  tnodulari,  publié 
»  en  i853  dans  les  Annali  di  Torlolini,  j'ai  fait  l'élude  des  substitutions 

»  (i)^j — -.i  pour  démontrer  la  possibilité  de  l'abaissement  des  équations 

»  modulaires,  et  j'ai  obtenu  les  résultats  que  vous  me  communiquez  dans 
u  votre  Lettre. 

»  Voici  pour  le  modulepremier  n^  ^  p-h3  les  expressions  que  j'ai  trou- 
»  vées  alors  pour  la  décomposition  en  n  groupes  du  groupe  dont  toutes  les 
»  substitutions  sont  données  par  la  forme  (  i  )  où  ad  —  bc  est  résidu  de  n. 

»  Si  g' est  une  racine  primitive  de  «,  jouissant  de  cette  propriété,  que  g-  —  i 
»  étantrésidu  de  «,  les  puissances  impaires  <«—  a  deg  vérifient  la  congruence 

[g^  jf:^  —  g(g -)- i)ar+  i][g' j:^  —  (g+  i)jc4- i]^o     mod  « 

»  (ce  qui  n'arrive  que  pour  n  =  7,  1 1  ),  on  aura,  si  l'on  fait 


(ii4) 
»  un  groupe  [k,  d  (k)]  de— '^"~    ^substitutions  de  la  forme  (il  telles, 

»  qu'en  faisant  sur  ce  groupe  les  substitutions  {k,  k  •+■  i),  on  obtient  n  grou- 
»  pes,  dont  l'ensemble  est  le  groupe  proposé. 

))  Or  si«  =  7  on  a  deux  racines  primitives  g-  =  3,  g  =  5,  5  —  i  est  résidu 
»  de  7  et  les  deux  puissances  impaires  de  5  inférieures  à  5,  c'est-à-dire  5, 
»  5'  vérifient  la  congruence 

{ix^  +  2X -h  x)  {^x^ -h  X -h  i)^o     mod  7. 
■»  Donc,  lorsque  n  =  7,  on  a  deux  systèmes  de  valeurs  pour  Q  [k),  à 


»  savoir  : 


»  en  prenant  g  =:  3,  et  : 


Â-  4-  zb  k  —  b  ,        —  a 


s-(^)=«TXT'    -^rz:^'   ""^^ 


-5 


»  en  prenant  g  =  5,  a  et  i  désignant  des  résidus  de  7. 

»  Si  «  =  1 1 ,  on  a  quatre  racines  primitives  :  a,  6,  7,  8  ;  2  —  i  est  résidu 
»  de  1 1  et  les  puissances  de  a,  impaires  et  inférieures  à  9,  vérifient  la  con- 
»  gruence 

{^x^ —  6x -\- i){/4x' — '5x -h  1)^0    mod  II. 

»  De  même,  6  —  i  est  résidu  de  ii  et  les  puissances  de  6  impaires  et  infé- 
»  Heures  à  9  vérifient  la  congruence 

{Zx' -h  IX -h  1  ) {"ix' -h /i X -^  1) ^ o     mod  II. 

»  Or  si  l'on  prend  g  =^2,  a  et  b  résidus  de  1 1,  on  aura 

et  /j  \  k  —  nb  k  —  b  j         —  a 

»  et  si  l'on  prend  g  =  6 

_.,,  k  —  6b  k  —  b  j       —  a 

^('^)  =  «t:=T'    -'^TreJ'    ''^'  "T' 

^1  Les  racines  primitives  7  et  8  ne  jouissent  pas  de  la  propriété  de  rendre 
»  g  —  I  résidu  de  1 1,  et  la  congruence  lorsqu'on  y  fait  g  :=  7,  8  n'est  pas 
>»  satisfaite  par  les  puissances  de  7  et  8  impaires  et  inférieures  à  9. 


»  Les  substitutions  ô  (A),  9-  (k)  jouissent  de  la  propriété  d'être  à  lettres 
»  conjointes,  c'est-à-dire  qu'en  divisant  les  lettres  en  systèmes  de  deux  let- 
»  très  chacune  de  la  manière  suivante  : 


^o''».   VV'   VV'---'   V«»'< 


2«  +  I> 


»  toute  substitution  6  (/f),  3-  [k),  on  échange  entre  elles  les  lettres  d'unsys- 
»  tème,  on  change  un  système  dans  un  autre. 

»  Dans  le  cas  den=  5  j'avais  obtenu  des  résultats  semblables  aux  pré- 
B  cédents  et  formé  un  groupe  de  douze  permutations  en  considérant  les 
»  trois  substitutions  : 


e(A)  =  4A-,     V,    3 


k  +  i 


5 

I 


»  et  celles  qu'on  en  déduit  en  les  composant  entre  elles » 

»  XV.  C'est  sous  un  point  de  vue  bien  différent  que  je  vais  maintenant 
traiter  les  mêmes  questions.  Ainsi  laissant  de  côté  toute  considération  rela- 
tive aux  décompositions  de  groupes,  je  définis  à  priori,  pour  «  =  5,  7,  11, 
les  racines  z  des  équations  réduites  du  cinquième,  du  septième  et  du  on- 
zième degré,  de  cette  manière,  savoir  : 

nz=5  Zi={f>„  —<',•)(<',+.— P,+,-) («'2+,— f^,+,), 

n=llZi={v^- V,) {V,^i- P2„-) {v^^i -  V,^i)  {v^^i -  <^e^.)  {i^.^i -  P,^,.)  ((^,^,. _  i;, „^,.), 

les  indices  i  devant  être  pris  respectivement  suivant  le  module  n.  De  la 
sorte  on  obtient  trois  systèmes  de  «fonctions  rationnelles  des  racines  i^,  et 
je  vérifie  que  les  quantités  qu'ils  comprennent  ne  font  que  s'échanger  entre 
elles  lorsqu'on  fait  respectivement  ces  substitutions  : 


w  =  5 
n  =  1 1 


(::)• 
(:)• 


Il  en  résulte,  par  des  compositions  successives,  que  ces  systèmes  demeurent 
invariables  pour  les  substitutions  ( ^  j»  où  a  est  un  résidu  quadratique 
quelconque  de  n.  Maintenant  il  est  visible  qu'ils  ne  changent  pas  non  plus 


(ii6) 
lorsqu'on  fait  la  substitution  (  "^    )  ;  et  si  l'on  vérifie  encore  qu'il  en  est  de 

même  à   l'égard  de  celle-ci  (        j>  on  arrivera  à  cette  conclusion  qu'ils 

demeurent  invariables  pour  toutes  les  substitutions  où  l'on  met,  au  lieu 

de  k,  — — -1  ad—  bc  étant  résidu  de  n.  En  effet,  cette  expression,  dans 

toute  sa  généralité,  s'obtient  en  composant  entre  elles  celles  que  nous 
venons  de  considérer.  Le  théorème  du  §  XIV  suffit  donc  pour  nous 
assurer  que  les  équations  réduites  en  z  auront  pour  coefficients  des  fonc- 
tions rationnelles  de  m,  où  ne  figureront  d'irrationnelles,   suivant  les  cas, 

que  les  radicaux  v^5,   s/— 7,   v^— 11. 

»  Si   l'on   cherche  maintenant  les   substitutions  spéciales  (     *    V  qui 

laisseront  invariable  une  seule  des  racines  considérée  isolément,  z-q  par 
exemple,  on  trouvera  aisément  ces  résultats,  où  ae\.  b  désignent  des  résidus 
quadratiques  de  n,  savoir  : 

—  a 


Q[k)~ak,     -^,     a'-^, 


■  a 


n=ii       6{k)  =  ak,     ~,     a-y-^. 


—  a 

k  — 

b 

V 

—  a 

k- 

■  b 

k  + 

2i 

■^ 

k  — 

■b 

k  —  7.b 


Ce  sont  les  expressions  auxquelles  M.  Betti  est  arrivé  par  une  autre  voie,  et 
qui  forment  en  général  substitutions  conjuguées,  de  sorte  que  toutes 

les  quantités  -7 -j»  où  «fi?— ic  est  résidu  quadratique  de  ra,  peuvent  être 

ainsi  représentées  : 

B{k+i), 

i  étant  un  nombre  entier  pris  suivant  le  module». 

»  Enfin  si  l'on  désigne  par  ry(,)  ce  que  devient  z,  lorsqu'on  effectue  sur 
les  racines  v  les  substitutions  que  nous  avons  considérées,  on  trouvera 
pour  : 

«  =  5  (f  [i)  ^  ai -\-  b ^^      {ai-h  by  -h  c, 

n=  ']  <f  {i)^ai  +  b  ^  —  [ai  +  bf  —  1  {ai  -h  by  -\-  c^ 

.n=ii         f{i)^ai-hb^      {ai  ■+- b)* -h  ^  {ai -h  b)* -h  c, 


("7) 
betc  étant  des  nombres  entiers  quelconques  pris  suivant  le  module  n,  et 

a  étant  résidu  quadratique,  ce  qui  représente  en  général  "  ~  substi- 
tutions distinctes. 

»  Les  équations  du  septième  et  du  onzième  degré  présentant  cette  pro- 
priété que  les  fonctioTis  non  symétriques  de  leurs  racines  invariables  par  les 
substitutions  ainsi  définies  ont  une  valeur  rationnelle,  constituent  un  ordre 
spécial  d'irrationnalité  qui  les  distingue  nettement  des  équations  les  plus 
générales  de  ces  degrés.  Ce  sont,  suivant  l'expression  de  M.  Rronecker,  des 
équations  douées  d'affections,  et  qu'il  sera  sans  doute  possible  de  ramener 
analyfiquement  à  celles  dont  la  théorie  des  fonctions  analytiques  a  donné 
la  première  notion.  Mais  laissant  de  côté  les  belles  et  difficiles  questions 
auxquelles  conduit  ce  sujet,  et  que  M.  Kronecker  a  le  premier  abordées,  je 

me  bornerai  à  faire  voir  que  L'  [  représente  bien,  en  attribuant  à  la  fonc- 
tion (p/ toutes  les  valeurs,  un  système  de  substitutions  conjuguées.  Posons 
en  effet  pour  un  instant 

de  sorte  qu'on  ait  pour  w  =  7 

(p{i)^ai  -h  ^  ^ X  {ai  -f-  i)  +  c, 
on  vérifie  sans  peine  que 

X[X(0]  =  '  raod7, 

^■  +  ^)  +  constj 

a  étant  supposé  résidu  de  7.  Et  faisant  de  même  pour  n  =  1 1 

X{i)^i'  +  ^i\ 
on  aura 

«x(0=x(«*0  j 

X[X(0]  =  '  mod  II, 

X[«X  (0  +  *]  =  9«*'X  («■+ ^)  +  consti 

a  étant  résidu  de  1 1 . 

»  Ainsi  les  fonctions  ;((m-f- è),  commeles  expressions  plus  simples  oi-fè, 

G.  R.,  1859,  2"i«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  S.)  l6 


(ii8) 
se  reproduisent  par  la  composition.  De  là  résulte  pour  les  nombres  pre- 
miers «=7,    II,  l'existence  de  fonctions  de  n  lettres  ayant   ^'^  '   'J_'  ,» 

c'est-à-dire  3o  et  6o48o  valeurs.  Toutes  deux  ont  été  rencontrées  par 
M.  Rronecker,  qui  a  le  premier  publié  {Comptes  rendus  des  séances  de  d Aca- 
mie  de  Berlin,  aa  avril  i858)  le  cas  des  fonctions  de  sept  lettres,  et  fait  à 
l'égard  de  la  représentation  analytique  des  substitutions  ici  employée  (*)  une 
observation  pleine  de  justesse,  montrant  de  quelle  manière  deux  expres- 
sions algébriquement  différentes  peuvent  cependant  ne  représenter  que  la 
même  substitution,  et  par  là  réduisant  à  un  seul  et  même  type  deux  systèmes 
que  j'avais  d'abord  considérés  comme  distincts.  [Voyez  les  Annali  di 
Matematica,  année  iSSg,  n"'  i  et  a.)  (**)  » 

ZOOLOGIE.  —  Note  sur  la  naissance  d'un  hippopotame  à  la   ménagerie  du 
Muséum  d'Histoire  naturelle;  par  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire. 

a  J'ai  eu  Thonneur  d'annoncer  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du 
lo  mai  i858  (***),  que,  le  matin  même,  un  jeune  hippopotame  était  né  à 
la  ménagerie  du  Muséum,  du  mâle  et  de  la  femelle  donnés  par  LL.  ^A.  le 
Vice-roi  d'Egypte  et  le  prince  Halim-Pacha.  Cet  hippopotame  était  le  pre- 
mier individu  de  son  espèce  qu'on  eût  obtenu  en  Europe. 

»  Un  second  vient  de  naître,  il  y  a  quelques  heures,  des  mêmes  parents. 
La  femelle,  étant  entrée  en  rut  peu  après  sa  première  parturition,  avait 
été  saillie  les  i8  et  ao  mai.  Nous  n'avons  pas  tardé  à  reconnaître  que  la 
fécondation  avait  été  opérée,  et  depuis  quelques  jours,  divers  symptômes, 
notamment  le  développement  des  tétines,  et  le  gonflement  longitudinal  de 

(*)  Les  expressions  dans  le  cas  des  substitutions  de  cinq  lettres,  savoir  :  Zj,  z^+i,  2(ai+*)Vc» 
ont  été  données  avant  moi  par  M.  Betti,  dans  le  tome  11  des  Jnnalès  de  Tortolini,  p.  17. 
Pour  le  cas  de  sept  lettres,  voyez  les  Annali  di  Matematica,  année  i85g,  n"  i. 

(**)  Dans  le  précédent  article,  p.  20,  dernière  ligne,  au  lieu  de  ioac(M'V"'  +  .  .  .),  on 
doit  lire  : 

32  h"  c"  —  22u'p'(c»-t-««)4-88uV+-  i32tt'p'  —  i32aV  — 88aV-f-22i<c(p'  +  a«)  —  32«c, 
et  p.  21,  ligne  6,  i  —  4"''  +  "'',  *"  lieu  de  :  i  — 2tv*-f-«^.  J'observerai  aussi  que  le 
déterminant  —  82  donnant  quatre  classes,  doit  être  supprimé,  p.  18,  dans  la  série  à  la- 
quelle il  appartient  et  qui  devient  ainsi  :  —  6,  —  10,  —  18,  —  22,  — 58,  etc.   C'est  donc 

la  quantité  c^V^  au  lieu  de  e"V**'^  qui  doit  être  citée  comme  extrêmement  voisine  d'an 
nombre  entier. 

(***)  Voy.  les  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie,  t.  XLVI,  p.  879. 


(••9) 
!a  région  sous-pelvienne  depuis  les  mamelles  jusqu'à  la  vulve,  annonçaient 
une  mise  bas  très-prochaine.  Elle  a  eu  lieu  ce  matin ,  la  gestation  ayant 
duré  quatorze  mois. 

»  Cette  fois  encore,  le  petit  est  né  dans  l'eau.  La  mère  était  à  terre,  lorsqu'à 
commencé  le  travail  de  la  parturilion  :  elle  a  vivement  témoigné  le  désir  de 
se  rendre  à  son  bassin,  et,  dès  que  la  porte  lui  en  a  été  ouverte,  elle 
s'y  est  précipitée  ;  bientôt  après,  le  petit,  né  sous  l'eau,  s'est  élancé  et 
a  paru  à  la  surface.  Selon  quelques  voyageurs,  les  hippopotames  mettraient 
bas  sur  les  bords  du  Nil,  du  Sénégal  et  des  autres  fleuves  d'Afrique,  et  l'on 
avait  même  supposé  que  la  première  parturition  observée  au  Muséum  avait  eu 
lieudans  l'eau,  parce  que  la  mère,  en  raison  de  l'extrême  rapidité  du  travail, 
n'avait  pu  remonter  assez  tôt  à  terre  pour  y  déposer  son  petit.  On  voit  par  ce 
qui  précède  ce  qu'il  faut  penser  de  cette  conjecture,  déjà  démentie  parce  que 
nous  avions  dit  de  la  conformation  des  pieds  chez  l'hippopotame  naissant. 

»  L'individu  femelle  qui  est  né  ce  matin  a  environ  9  décimètres  ^  de  long. 
Il  est,  par  conséquent,  un  peu  plus  petit  que  son  frère  aîné;  il  est  aussi  plus 
maigre,  et  semble  un  peu  moins  fort,  quoique  encore  suffisamment  robuste. 
Il  lui  ressemble  d'ailleurs  par  tous  ses  caractères  extérieurs,  et  je  n'aurais 
qu'à  répéter  sur  l'un  ce  que  j'ai  dit  de  l'autre. 

»  On  sait  que  le  premier  de  nos  jeunes  hippopotames  n'a  pu  être 
élevé.  Serons-nous  plus  heureux  pour  le  second?  Je  ne  saurais,  sans  une 
extrême  témérité,  répondre  affirmativement,  quand  six  heures  seulement  se 
sont  écoulées  depuis  la  naissance.  Mais  ce  que  je  puis  dire,  c'est  que  les 
chances  de  conservation  sont  beaucoup  plus  grandes,  non-seulement 
en  raison  de  la  saison,  éminemment  favorable  à  un  animal  de  la  zone 
torride,  mais  surtout  parce  que  nous  sommes,  jusqu'à  présent,  à  l'abri 
des  causes  qui  ont  amené  la  mort  du  premier  hippopotame,  et  que  je 
signalais  déjà  à  l'Académie  au  moment  où  elles  venaient  de  se  pro- 
duire. La  mère  n'avait  pas  adopté  le  jeune;  elle  se  refusait  à  l'allaiter; 
elle  le  repoussait  parfois  avec  brusquerie  lorsqu'il  s'approchait  d'elle  ; 
une  fois  même,  se  lançant  violemment  sur  lui,  la  tête  en  avant,  elle  l'avait 
frappé  par  le  travers  du  corps,  et  gravement  blessé  ;  car,  à  partir  de  ce  mo- 
ment, l'animal  a  cessé  de  bien  nager.  Nous  avions  donc  été  contraints  de 
l'éloigner  de  sa  mère,  de  le  placer,  déjà  affaibli,  dans  un  bassin  séparé, 
et  de  recourir  pour  lui  à  l'allaitement  artificiel;  et,  quoiqu'il  bût  vo- 
lontiers du  lait  de  chèvre,  il  n'était  que  trop  facile,  en  de  telles  circon- 
stances, de  prévoir  une  mort  prochaine.  Aussi  disais-je  déjà  à  l'Acadé- 
mie,en  annonçant  la  naissance  de  l'hippopotame,  qu'il  ne  tarderait  vraisem- 

16.. 


{    I20   ) 

blabiement  pas  à  succomber;  et  ce  pronostic  se  vérifiait  presque  aussitôt. 
Blessé  par  sa  mère,  privé  de  ses  soins,  nourrid'un  lait  étranger,  le  jeune 
animal  ne  vécut  que  neuf  heures  environ  (i). 

»  Cette  fois,  au  contraire,  la  tnère  se  montre  pleine  de  sollicitude  et  de 
soins  pour  le  nouveau-né.  Non-seulement  elle  lui  permet  de  s'approcher 
d'elle,  et  même  de  se  reposer  sur  son  dos  ou  son  col,  ce  qu'elle  n'a  jamais 
souffert  pour  l'autre;  mais  elle  reste  toujours  dans  l'eau  près  de  son  petite 
et  de  temps  en  temps  lui  présente  ses  mamelles,  se  couchant  sur  le  côté, 
écartant  ses  cuisses  et  appelant  par  des  mugissements  répétés.  Le  jeune 
hippopotame  a  paru  plusieurs  fois  prendre  la  mamelle  et  téter  sous  l'eau  : 
cependant  nous  n'avons  pas  encore  la  certitude  que  l'allaitement  kit  eu  lieu. 

«  La  mère,  qui,  d'ordinaire,  sort  fréquemment  de  l'eau,  n'a  pas  quitté 
une  seule  fois  son  bassin  depuis  qu'elle  a  mis  bas.  Lje  jeune ,  tantôt  nage 
avec  agilité  ou  plonge  à  côlé  d'elle,  tantôt  se  repose  en  se  couchant,  à 
demi  submergé,,  sur  le  bord  du  bassin,  et  quelquefois  sur  sa  mère,  selon 
les  habitudes  de  cette  espèce  et  de  plusieurs  autres  animaux  aquatiques. 

»  Nous  espérons  que  le  jeune  hippopotame  continuera  à  recevoir  les 
mêmes  soins  de  sa  mère;  car  s'il  arrive  souvent,  chez  les  Mammifères,  que 
les  femelles  n'adoptent  pas  et  même  fassent  périr  leurs  nouveau-nés,  il 
est  très-rare  qu'elles  les  abandonnent  ou  les  maltraitent  après  les  avoir 
adoptés  (2). 

PALÉONTOLOGIE.  —  Denis  de  Mastodonte,  de  l'Amérique  centrale. 

«  M.  Is.  Geoffroy-Saint  HiLAiRE  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  trois 
fragments  de  dents  de  Mastodonte,  qu'il  a  reçus  pour  le  Muséum  de  notre 
confrère  M.  Pelouze.  Ces  fragments  ont  été  trouvés  par  M.  Domingo Sama/oa, 
dans  une  de  ses  propriétés  à  Barcenas,  à  deux  myriamètres  environ  de 
Guatimala  (Amérique  centrale). 

M  Des  trois  fragments  trouvés  par  M.  Samayoa,  l'un  est  l'extrémité  très- 
bien  conservée  d'une  des  défenses  supérieures.  Les  deux  autres  sont  des 


(i)  Sur  tous  ces  faits,  voyez  les  Comptes  rendus  des  séances  Je  l'Jcadémie,  t.  XLVI,  p.  879. 

(2)  Ce  fait  si  rare  vient  malheureusement  d'avoir  lieu.  Après  trois  joure  de  bons  soins 
donnés  à  son  petit,  la  mère,  dans  un  inexplicable  accès  de  fureur,  s'est  jetée  sur  lui,  durant 
la  nuit  du  20  au  21,  et  l'a  tué.  Elle  lui  a  fait  cinq  blessures  au  ventre,  vraisemblablement 
en  le  saisissant  et  le  serrant  entre  ses  mâchoires,  et  une  sixième  au  côté  gauche  de  la  poi- 
trine, qui  a  été  percé  jusqu'au  poumon  d'un  coup  de  défense.  Is.  G.  S.  H. 


(  >3I  ) 

portions  d'une  mâchelière  qu'il  sera  facile  de  restituer.  Cette  mâchelière 
est  très-usée  par  la  mastication  :  non-seulement  les  collines  sont  entièrement 
effacées,  mais  la  couronne  est  devenue  concave,  et  dans  une  partie  de  son 
étendue,  les  replis  de  l'émail  ont  disparu. 

»  Cette  usure  ne  permet  pas  une  détermination  certaine  de  l'espèce.  La 
molaire  ne  ressemble  exactement  à  aucune  des  dents  qu'on  a  dans  les  col- 
lections; mais  les  différences  peuvent  se  réduire  à  un  degré  d'usure  de  plus, 
et  n'excluent  pas  la  possibilité  que  l'animal  dont  M.  Samayoa  a  trouvé  les 
restes,  soit  un  Maslodon  Humboldtii,  ou  peut-être  encore  un  autre  des  Mas- 
todontes déjà  connus  en  Amérique.  Dans  tous  les  cas,  la  localité  où  ont  été 
trouvés  ces  fossiles  leur  donne  beaucoup  d'intérêt,  et  on  doit  vivement  dé- 
sirer que  M.  Samayoa  réalise  l'intention  qu'il  a  bien  voulu  exprimer  de 
faire  faire  des  fouilles  à  Barcenas,  pour  retrouver  des  restes  plus  complets 
du  Mastodonte,  et  mettre  les  naturalistes  à  même  de  le  déterminer  spécifi- 
quement. » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Recherches  sur  la  coloration  des  ombres  atmosphériques  ; 
par  M.  J.  FouRNET.  [Suite  (i).] 

2°.   Lumière  circumzénithale. 

«  Durant  les  belles  journées,  le  haut  du  ciel  étant  bleu,  les  ombres  sont 
nécessairement  orangées.  Il  m'est  d'ailleurs  arrivé  de  rencontrer  un  zénith 
revêtu  d'un  azur  tellemçnt  foncé,  que  sa  teinte  se  trouvait  très-manifeste- 
ment reproduite  sur  le  papier.  Alors  aussi  la  couleur  de  l'ombre  s'exaltant 
à  proportion,  et  étant  de  qualité  plus  voyante  que  le  bleu,  prenait  l'appa- 
rence d'un  trait  de  feu  dont  la  chaleur  semblait  portée  à  un  point  qui  exci- 
tait une  véritable  surprise. 

u  Cependant  ce  n'était  pas  à  des  observations  d'une  pareille  simplicité 
qu'il  s'agissait  de  s'arrêter;  je  devais  encore  étudier  les  phénomènes  pro- 
duits par  les  ciels  nuageux,  par  les  atmosphères  brouillées.  Eh  bien,  tant 
qu'un  voile  vaporeux,  en  apparence  incolore  ou  gris,  est  assez  peu  dense 
pour  laisser  passer  les  rayons  bleus,  les  ombres  sont  teintées,  sinon  avec  la 
même  netteté,  du  moins  dans  le  même  sens  que  par  un  ciel  pur.  Arrivent  à 
leur  tour  les  stratus  blancs  ou  grisâtres,  à  peine  translucides.  Sous  leur  in- 


(i)  Voir  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  20  juin,  t.  XLVIII,  p.  iio5,  et  celui  de  la 
séance  du  4  juillet,  t.  XLIX,  p.  24. 


(     121    ) 

fluence,  les  ombres  orangées  deviennent  blafardes,  mélangées  d'un  gris  qui 
naturellement  prédomine  en  raison  de  l'épaisseur  des  nuages.  On  aboutit 
ainsi  aux  couches  de  vapeurs  qui  ne  laissent  plus  apparaître  les  indices  de 
la  lumière  polarisée.  Cependant  elles  peuvent  encore  être  traversées  par 
une  quantité  de  bleu  suffisante  pour  produire  sur  le  carnet  un  gris  virant 
au  fauve,  et  si  en  plein  air  le  gris  apparaît  seul,  il  suffit  d'annihiler  l'ex- 
cès de  la  clarté  ambiante  en  se  plaçant  dans  une  loge  obscure,  dont  le  pla- 
fond est  percé  d'un  simple  trou.  Alors  l'orangé  reparaît,  certainement  très- 
faible,  impur,  mais  pourtant  reconnaissable.  Enfin,  durant  les  brumes  ex- 
cessives, pendant  les  temps  pluvieux  Jrès-sombres,  sous  des  ciels  tendus, 
fermés  de  toutes  parts,  assez  bas  pour  couvrir  les  montagnes,  lyonnaises  et 
les  cîmes  du  Mont-d'Or,  l'horizon  se  trouvant  en  outre  rétréci,  cerclé  de 
brouillards  passablement  épais,  j'ai  obtenu  des  ombres  zénithales  purement 
grises. 

n  De  ces  effets  simples  passons  actuellement  à  des  apparitions  provenant 
de  causes  plus  complexes. 

»  Dans  certaines  journées,  les  nuées  étant  plus  denses,  le  chromatmo- 
scope  montre  des  ombres  bleues,  salies  par  du  gris  et  non  moins  amorties 
que  le  fauve  précédent,  en  sorte  qu'au  premier  abord  on  se  croit  en  droit 
d'accuser  l'instrument  d'une  fâcheuse  imperfection.  Cependant,  en  y  regar- 
dant de  plus  près,  on  constate  qiie  la  tapisserie  du  ciel  est  alors  réellement 
isabelle  pâle  ou  blafarde,  et  non  pas  blanche  ou  grise.  On  s'en  assurera 
d'ailleurs  dans  les  moments  douteux  en  s'établissant  au  milieu  d'une  cour 
autour  de  laquelle  s'élèvent  des  murailles  suffisamment  hautes  pour  inter- 
cepter une  partie  de  la  clarté  ambiante.  Cette  coloration  insolite  se  mani- 
feste parfois  quand  le  nuage  ne  produit  qu'une  pluie  réduite  à  quelques 
gouttes.  Elle  se  reproduit  plus  particulièrement  le  soir,  lorsque  le  stratus 
s'amincissant  laisse  tamiser  les  rayons  orangés  du  soleil  couchant.  Dans  le 
cas  encore  où,  par  suite  du  progrès  de  l'éclaircie,  les  nuages  fauves  se  par- 
sèment de  trouées  diffuses,  la  masse  et  l'éclat  de  l'orangé  l'emportant  sur 
les  échappées  azurées,  ce  sont  de  nouveau  les  indices  de  l'ombre  bleue  qui 
apparaissent.  Toutefois,  quand  le  soleil  est  irrégulier,  quand  la  couche 
vaporeuse  vivement  chassée  par  le  vent  s'entrouvre  de  toutes  parts,  la 
décoration  devenant  changeante,  les  ombres  le  sont  également,  et  elles 
tournent  du  bleu  à  l'orangé  pour  revenir  au  bleu  en  passant  par  le  gris, 
ou  inversement. 

»  La  poursuite  assidue  de  mes  observations  m'a  permis  de  noter  une 
troisième  coloration  zénithale  qui  survient  indifféremment  dans  les  diffé- 


(    '23    ) 

rentes- saisons  et  aux  diverses  heures  de  la  journée.  Son  existence  est  mise  en 
évidence  pour  le  développement  d'ombres  vertes,  d'intensité  variable  et 
généralement  ternies  par  du  gris.  Cet  effet,  d'ordinaire  passager,  s'accorde 
en  cela  avec  le  déplacement  des  nuages  sous  l'influence  desquels  il  se  pro- 
duit. Pour  le  faire  naître,  il  suffit  quelquefois  d'un  simple  cumulus;  dans 
d'autres  moments,  on  le  découvre  quand  le  ciel  est  tapissé  d'un  cirro-stra- 
tus;  mais  ce  que  l'on  est  loin  de  distinguer  avec  la  même  netteté,  c'est  la 
teinte  aérienne  dont  il  est  nécessairement  la  traduction,  et  il  faut  certes 
être  bien  et  dûment  averti  avant  de  s'aviser  de  chercher  dans  le  ciel  une 
^nuance  rose  tellement  peu  perceptible,  qu'elle  est  restée  inconnue  aux  autres 
observateurs  et  qui,  pour  être  discernée  d'une  manière  positive,  m'a  plu- 
sieurs fois  obligé  à  recourir  au  moyen  déjà  indiqué  à  l'occasion  des  ombres 
azurées.  Je  conclus  d'ailleurs  que  dans  certaines  journées  il  peut  s'effectuer 
des  diffractions  du  genre  de  celles  qui,  le  soir  ou  le  matin,  donnent  nais- 
sanceaux  arcs  rouges  crépusculaires.  Du  moins  jusqu'à  présent,  je  ne  trouve 
entre  les  deux  faits  d'autres  différences  que  celles  qui  résultent  des  heures, 
de  l'intensité  et  d'une  configuration  moins  déterminée  chez  mon  apparition 
que  dans  l'autre.  Je  pense  en  outre  que  cette  découverte,  uniquement  due  à 
l'emploi  si  expéditif  du  chromatmoscope,  lui  fera  accorder  l'importance  qu'il 
me  paraît  de  plus  en  plus  mériter. 

»  Au  surplus,  l'ensemble  de  mes  recherches  aboutit  à  déclarer  que  dans 
les  soirées,  au  moment  où  le  crépuscule  s'établit  après  le  passage  de  l'arc  de 
Mairan,  on  obtient  plus  que  des  ombres  ternes.  Les  rayons  solaires  ne  dorent 
plus  la  concavité  du  dais  céleste,  et  son  bleu  est  inefficace  contre  l'enva- 
hissement de  l'obscurité  nocturne. 

3°.  Lumière  de  l'opposite. 

»  En  aucune  saison,  sous  nos  latitudes,  le  soleil  n'est  placé  de  telle  sorte 
qu'U  puisse  envoyer  vers  tous  les  points  de  l'horizon  des  rayons  d'égale  lon- 
gueur. Il  en  résulte  que,  même  par  les  plus  grandes  et  les  plus  belles  jour- 
nées, les  divers  quartiers  de  notre  espace  sont  inégalement  éclairés  et  colorés. 
Quelque  prononcée  que  devienne  d'ailleurs  cette  irrégularité  par  suite  des 
troubles  météorologiques,  le  coloris  zénithal  manifeste  un  caractère  de 
stabilité  qui  n'existe  pas  au  même  degré  chez  les  autres  parties,  et  cette  cir- 
constance dépend  de  plusieurs  causes.  En  effet,  le  sommet  de  l'empyrée  se 
trouve  autant  que  possible  en  dehors  de  l'influence  des  vapeurs  basses 
étalées  au-dessus  de  la  surface  terrestre.  Sa  distance  angulaire  le  soustrait  à 
la  vivacité  des  impressions  qui  dans  la  région  circumsolaire  résultent  du 


(  ia4  ) 
voisinage  trop  immédiat  de  l'astre.  Enfin,  pour  y  aboutir,  la  lumière  de 
celui-ci  n'étant  point  assujettie  aux  longs  trajets  qu'elle  doit  effectuer  pour 
parvenir  jusqu'à  l'opposite,  se  trouve  par  cela  même  moins  soumise  aux 
causes  d'altération  qu'elle  rencontre  d'autant  plus  infailliblement,  que 
l'étendue  à  parcourir  est  plus  prolongée. 

»  De  ce  dernier  côté,  durant  les  matinées  et  les  soirées  entre  autres,  il 
«'arrive  plus  que  des  effluves  chez  lesquels  l'orangé  a  acquis  la  prépondé- 
rance. Que  l'on  examine  alors  comparativement  les  vapeurs,  les  nuelles  dis- 
persées çà  et  là  sur  deux  points  dont  l'un  est  à  la  plus  grande  proximité, 
l'autre  étant  aussi  éloigné  que  possible  du  soleil,  et  l'on  verra  celles-ci  ornées 
de  teintes  plus  bronzées  que  les  autres.  Cette  gradation,  surtout  manifeste 
durant  les  journées  légèrement  embrumées,  a  pour  résultat  d'établir,  même 
en  plein  midi,  entre  l'orangé  et  le  bleu  zénithal,  la  zone  verte  dont  il  a 
été  fait  mention  dans  l'exposé  des  généralités  préliminaires.  Dès  lors  cha- 
cune des  trois  parties  devant  nécessairement  produire  son  ombre  spéciale, 
celle-ci  se  traduisant  sur  le  chromatmoscope  placé  verticalement  en  regard, 
par  la  succession  suivante,  savoir  :  i°  ombre  bleue  supérieure  résultant  de 
l'orangé  établi  au  niveau  le  plus  bas;  2°  ombre  rose  engendrée  par  la 
bande  verte  mitoyenne;  3°  enfin,  au  bas  de  l'échelle  chromatique  viendra 
l'orangé  dérivé  du  bleu  supérieur. 

»  Telle  est  du  moins  l'ordonnance  complète.  Cependant  il  est  facile 
d'imaginer  qu'elle  doit  éprouver  des  modifications  en  rapport  avec  les  sai- 
sons, avec  l'état  hygrométrique  du  moment,  et  à  cet  égard  la  récapitulation 
de  mes  observations  faites  pendant  les  états  vaporeux,  cirreux  et  cumuleux 
de  l'atmosphère,  me  conduit  à  formuler  de  la  manière  suivante  les  divers 
cas  particuliers  qui  rompent  la  monotonie  dont  seraient  affectés  des  régimes 
uniformes. 

»  Le  vert  céleste  est  souvent  confondu  dans  une  sorte  de  blancheur 
équivoque;  mais  son  existence  virtuelle  sera  infailliblement  démontrée  par 
les  ombres,  et  d'ordinaire  leurs  indications  sont  confirmées  par  l'intensité  de 
la  couleur  à  l'approche  et  au  départ  de  l'aube. 

»  Certains  ciels  en  apparence  purs  sont  cependant  constitués  de  manière 
à  ne  permettre  que  l'établissement  des  ombres  fondamentales  bleue  et 
orangée. 

u  Avec  d'autres  états  de  condensation  des  vapeurs,  le^  rayons  solaires 
étant  éminemment  jaunes,  on  obtient  une  ombre  violette  qui  peut  dégéné- 
rer en  rose  tendre,  et  dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas  elle  est  suivie  de 
l'orangée. 


(  Î2-.  ) 

')  Cette  dernière  ombre  étant  pareillement  modifiable  en  tirant  verç  le 
rouge,  on  arrive  à  avoir,  indépendamment  ilu  bleu  pur  supérieur,  une 
ombre  aurore  dégradant  vers  le  bas  en  orangé  pâle.  iim 

»  Le  zénith  se  trouvant  parfois  blanchi  par  de  Jégères  vapeurs,  son  ombre 
orangée  se  modifie  en  sens  inverse,  c'est-à-dire  qu'en  dessous  du  bleu  on  ne 
voit  qu'un  filet  blême  à  peine  perceptible. 

»   Des  trois  couleurs,  la  rose  est  la  plus  fugace. 

»  L'arc  rouge  peut  quelquefois  en  passant  jeter  du  vert  sur  l'orangé; 
cependant  il  est  habituellement  trop  raréfié  pour  agir  dans  ce  sens. 

«  Enfin  les  ciels  de  plomb  estompent  leur  gris  fumeux  sur  l'ensemble  du 
spectre  chromatraoscopique. 

»  A  titre  d'indications  plus  larges,  j'ajoute  que  si  pendant  les  beaux 
jours  d'été,  même  en  plein  solstice,  on  peut  rencontrer  l'arrangement  ter- 
naire, il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  normalement  un  soleil  trop  élevé  ne 
dispersant  pas  une  quantité  d'orangé  suffisante  pour  faire  naître  un  vert 
capable  de  donner  une  ombre  appréciable,  l'effet  se  réduit  à  la  production 
du  bleu  et  de  l'orangé. 

<>  Réciproquement  ce  qui  est  l'exception  en  été,  devient  pour  ainsi  dire 
la  règle  dans  l'arrière-saison.  Il  s'agit  alors  moins  que  jamais  du  Candidm 
sot  des  poètes.  Le  blond  Phébus  n'envoie  guère  que  des  rayons  dorés,  même 
pendant  les  temps  les  plus  sereins,  et  l'on  peut  se  donner  la  satisfaction  de 
saisir  pour  ainsi  dire  constamment,  avant  comme  après  le  milieu  du  jour, 
ces  ombres  tricolores  dont  la  diaprure  affecte  parfois  un  éclat  vraiment 
remarquable.  Qu'il  me  soit  donc  permis  de  faiçe  observer  que  l'abondante 
dissémination  du  vert  céleste  durant  l'hiver,  lorsqu'il  manque  sur  la  terre, 
semble  être  une  de  ces  compensations  établies  par  la  nature  dans  le  but  de 
maintenir  certains  équilibres.  Les  pays  froids,  par  exemple,  n'ont  pas  leurs 
soleils  si  fréquemment  cachés  que  les  nôtres.  Il  est  donc  admissible  que 
l'action  bienfaisante  du  vert  à  l'égard  des  organes  de  la  vue  y  tempère 
l'influence  éblouissante  des  neiges.  Et  sans  aller  si  loin,  il  me  suffira  de  rap- 
peler que  dans  mes  excursions  sur  les  sommités  savoyardes,  pendant  le  bel 
automne  de  i838,  la  couleur  atteignit  le  degré  d'une  charmante  nuance 
smaragdine  aux  heures  matinales  qui,  à  cause  de  leur  froidure,  établissent 
un  lien  d'analogie  avec  l'état  des  contrées  boréales.  Il  est  vrai  qu'en  iSSg,  à 
pareille  époque,  je  n'ai  plus  retrouvé  ces  mêmes  splendeurs,  mais  j'étais 
alors  sous  le  coup  des  formidables  orages  qui,  ajoutant  leurs  eaux  à  celles 
des  glaciers  fondus,  ont  fait  une  ruine  de  la  route  du  Simplou,  détraqué 

C.  R.,  1859,2™=  Semestre.  (T.  XLIX,    N»  3.)  '7 


(.26) 

une  foule  de  ponts,  saccagé  les  vallées  de  la  Doiie,  du  Rhône,  de  la  Toccia, 
gonflé  les  grands  lacs  alpins,  et  laissé  partout  derrière  eux  les  plus  affreuses 
images  de  la  dévastation  telle  qu'elle  ne  peut  se  produire  que  dans  les  hautes 
montagnes.   » 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉCANIQUE.    —  Note  sur  un  instrument  propre  à  mettre  en  évidence  les  effets 
dus  à  la  composition  des  rotations;  par  M.  G.  Sire.  (Extrait.) 

(Coromissaires,  MM,  Delaunay,  Bertrand.) 

«  L'instrument  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Acadé- 
mie a  pour  but  de  mettre  en  évidence  certains  phénomènes  dus  à  la  com- 
position des  rotations,  ainsi  que  de  faire  comprendre  les  applications  qui 
en  ont  été  faites. 

»  Dès  i85a,  et  dans  la  même  séance  où  M.  Foucaulta  annoncé  les  expé- 
riences qu'il  avait  réalisées  à  l'aide  de  son  gyroscope,  j'ai  présenté  aussi  une 
Note  sur  l'application  des  corps  tournants  à  la  détermination  de  la  rotation 
diurne  de  la  terre  ;  et  j'ai  signalé  comment,  en  répétant  certaines  expériences, 
je  suis  arrivé  à  découvrir  la  tendance  des  axes  de  rotation  au  parallélisme. 
Dans  l'instrument  que  je  présente,  j'ai  cherché  à  produire  artificiellement, 
en  les  agrandissant,  et  pour  toutes  les  latitudes,  les  effets  que  le  gyroscope 
n'accuse  que  pour  une  seule  station.  Il  a  donc  pour  but  de  généraliser  et 
vulgariser  les  effets  dus  à  la  composition  des  rotations  et  les  applications  qui 
en  ont  été  faites  comme  preuves  expérimentales  de  la  rotation  diurne  de 
notre  planète. 

»  Cet  appareil  ne  produit  aucun  phénomène  qui  ne  soit  cotuiu  des  sa- 
vants qui  se  sont  occupés  des  rotations,  mais  il  permet  de  montrer  avec  une 
grande  simplicité  :  i"  comment  l'axe  du  corps  teurnant  tend  toujours  à  se 
placer  dans  le  plan  du  méridien,  quand  il  est  seulement  mobile  autour  de 
la  verticale  du  lieu;  i°  l'axe  du  corps  tournant  étant  seulement  mobile 
dans  le  plan  du  méridien,  il  se  place  parallèlement  à  celui  de  la  terre,  ce 
qui  permet  de  déterminer  approximativement  la  latitude.  J'appelle  surtout 
l'attention  sur  une  disposition  particulière  de  l'instrument  qui  fournit  une 
représentation  mécanique  de  la  translation  parallèle  de  l'axe  de  la  terre  dans 
l'espace.  » 


(    127    ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MKDECINE.  —   Note  sur   la    désinfection    et   le   pansement    des   plaies; 
par  MM.  Demeaux  et  Edm.  Corne. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

K  Nous  avons  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  des  Sciences  les  résul- 
tats d'expérimentations  nombreuses  et  variées  faites  en  commun,  d'abord 
dans  la  pratique  privée  de  l'un  de  nous,  répétées  ensuite  également  en  com- 
mun à  l'hôpital  de  la  Charité,  dans  les  salles  de  M.  le  professeur  Velpeau. 
Nous  nous  bornerons  à  formuler  en  propositions  les  faits  qui  pour  la  plu- 
part ont  été  constatés  par  lui  et  par  les  élèves  et  médecins  qui  suivent  habi- 
tuellement ses  leçons. 

»  i**.  Une  plaie  gangreneuse,  fournissant  une  suppuration  abondante  et 
fétide,  soumise  à  ce  mode  de  pansement,  est  à  l'instant  même  débarrassée 
de  toute  odeur  désagréable. 

»  2°.  Après  un  laps  de  temps  de  24  et  même  de  36  heures,  les  pièces 
d'appareils  d'une  plaie  de  mauvaise  nature  n'exhalent  pas  plus  d'odeur 
qu'un  appareil  de  fracture  simple. 

»  3".  Un  cancer  ulcéré  produisant  une  suppuration  ichoreuse,  avec 
cette  fétidité  qui  lui  est  propre,  soumis  à  ce  mode  de  pansement,  est  à  l'ins- 
tant même,  et  pendant  tout  le  temps  que  l'appareil  reste  en  place,  dépourvu 
d'odeur. 

))  4°-  Les  ulcères  des  jambes  soumis  à  ce  pansement  sont  également 
dépourvus  d'odeur. 

»  5°.  Des  pièces  d'appareil  de  pansement,  —  des  linges  imbibés  de 
pus  fétide,  —  des  cataplasmes  imprégnés  de  suppuration,  mis  en  contact 
avec  la  substance  désinfectante,  perdent  immédiatement  toute  odeur  désa- 
gréable. 

»  6".  Des  liquides  infects,  des  produits  de  gangrène,  des  caillots  de  sang 
décomposé,  des  tissus  sphacélés  dans  un  état  de  putréfaction  très-avancée, 
traités  par  ce  mode,  sont  à  l'instant  même  désinfectés. 

»  L'action  de  la  substance  désinfectante  semble  arrêter  le  travail  dedécom- 
position;  elle  éloigne  les  insectes  et  prévient  sûrement  la  production  de 
vers.  Elle  peut  recevoir  un  grand  nombre  d'autres  applications  que  nous  ne 
mentionnerons  pas  ici. 

»  Ces  résultats  sont  obtenus  à  l'aide  de  moyens  simples,  d'un  emploi 

17.. 


(  1^8  ) 
facile,  et  avec  des  substances  qu'on  trouve  partout  à  bas  prix.  La  matière 
désinfectante  toute  préparée  coûterait  à  Paris  un /ranc  environ  les  5o  kilo- 
grammes. C'est  une  matière  en  poudre,  d'une  couleur  grisâtre  plus  ou 
moins  foncée  suivant  la  pureté  des  matières  premières,  et  aussi  suivant  les 
proportions  de  l'une  d'elles,  exhalant  une  légère  odeur  bitumineuse.  Elle 
est  composée  comme  suit  : 

»   Plâtre  en  poudre  du  commerce,  réduit  en  poudre  très-fine,  loo  ; 

>'  Coal  tar  (produit  de  la  distillation  de  la  houille  pour  la  fabrication  du 
gaz),  I  à  3. 

»  Le  mélange  des  deux  substances  s'opère  avec  une  grande  facilité  à 
l'aide  d'un  mortier,  soit  par  tout  autre  moyen  mécanique  approprié  au 
but. 

»  L'application  de  cette  substance  au  pansement  des  plaies  nécessite  une 
préparation  particulière  que  nous  devons  signaler.  En  délayant  avec  de 
l'huile  d'olive  une  certaine  quantité  de  poudre  préparée  d'après  la  formule 
ci-dessus,  on  obtient  un  produit  dont  la  consistance,  qui  est  celle  d'une  pâte, 
d'une  pommade,  d'un  onguent,  reste  la  mènie  presque  indéfiniment,  tant 
qu'il  est  déposé  dans  un  vase.  Ce  mélange  a  une  couleur  brun-foncé  et  une 
odeur  un  peu  bitumineuse. 

»  L'huile  /ie  la  poudre  sans  la  dissoudre,  de  telle  sorte  que  ce  nouveau 
produit  par  l'élimination  graduelle  de  l'huile,  n'en  conserve  pas  moins  la 
propriété  d'absorber  le  pus  dès  qu'il  se  trouve  mis  en  contact  avec  une  plaie 
qui  suppure. 

»  La  consistance  qu'acquièrent,  soit  la  poudre  employée  en  nature,  soit 
la  pommade  ci-dessus,  n'est  jamais  telle,  qu'elle  puisse  causer  au  malade  la 
moindre  gène,  à  la  plaie  le  moindre  accident.  L'application  peut  être 
immédiate  ou  médiate,  suivant  les  cas,  suivant  le  but  qu'on  veut  atteindre. 
L'application  immédiate  sur  les  plaies  ne  produit  aucune  douleur;  elle  a 
même  une  action  détersive,  une  influence  favorable  à  la  cicatrisation. 

»  Ce  mode  de  pansement  a  la  double  propriété  de  désinfecter  le  pus  et 
les  autres  produits  morbides,  et  de  les  absorber.  Cette  dernière  circonstance 
est  d'une  importance  majeure,  car  elle  dispense  d'employer  la  charpie.   » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Note  Sur  le  ligneux  du  blé  ;  par  M.  Poggialè. 

(Commissaire,  M.  Payen.) 

'  '«  Je  crois  avoir  démontré,  dans  mes  recherches  sur  la  composition  chi- 
mique du  son,  que  les  procédés  employés  autrefois  par  les  chimistes  pour 


(  '29  ) 
la  détermination  de  la  cellulose  contenue  dans  les  aliments  fournis  par 
les  végétaux  étaient  défectueux  ;  ils  consistaient,  en  effet,  à  les  traiter  suc- 
cessivement par  les  acides  et  les  alcalis  étendus,  l'eau  bouillante,  l'alcool 
et  l'élher,  et  à  peser  le  résidu  qui  résiste  à  l'action  de  ces  dissolvants. 
Mais  la  cellulose  peu  agrégée,  comme  celle  qui  se  trouve  à  l'intérieur  du 
grain,  est  dissoute,  et  en  grande  partie  transformée  en  glucose.  Si  l'on 
sépare,  à  l'aide  de  la  diastase,  comme  je  l'ai  indiqué  dans  mon  Mémoire 
sur  le  pain  de  munition,  les  matières  amylacées  du  son,  et  si,  après  avoir 
lavé  le  résidu,  on  le  traite  par  une  eau  acidulée  composée  de  lo  parties 
d'eau  distillée  et  de  i  partie  d'acide  chlorhydrique  fumant,  on  observe 
que  loo  parties  de  son  donnent  de  19  à  ao  de  glucose.  Le  son,  préala- 
lablement  soumis  à  l'action  des  organes  digestifs  des  animaux,  puis 
recueilli  et  lavé,  et  enfin  traité  par  l'eau  acidulée,  a  donné  2  1  pour  1 00 
de  glucose.  Or  ce  sucre  ne  pouvait  être  produit  que  par  la  cellulose  trans- 
formée par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique,  puisque  le  son  ne  contenait 
plus  d'amidon. 

»  D'autres  expériences,  que  j'ai  publiées  en  i856,  et  que  j'ai  répétées 
tout  récemment  sur  yn  échantillon  de  blé  d'Egypte  (Béhéri  rouge),  démon- 
trent ce  fait  d'une  manière  évidente.  On  a  séparé  mécaniquement  la  pre- 
mière enveloppe  du  blé,  on  l'a  fait  bouillir  avec  l'acide  chlorhydrique 
étendu,  on  a  lavé  le  résidu,  et  l'on  a  dosé  ensuite  le  glucose  contenu 
dans  la  liqueur  filtrée.  100  parties  d'enveloppes  ont  fourni  45  de  glu- 
cose, et,  comme  elles  ne  renfermaient  pas  d'amidon ,  il  faut  bien  ad- 
mettre que  le  sucre  provenait  de  la  cellulose.  Le  bois  lui-même  et  la 
cellulose  plus  ou  moins  pure  fournissent  des  résultats  analogues. 

»  Ce  fait  est  aujourd'hui  incontestable  ;  M.  Pelouze  a  constaté  tout 
récemment  que  l'eau  acidulée  par  les  acides  chlorhydrique  et  sulfurique 
agit  sur  la  cellulose  par  une  ébullition  prolongée  avec  cette  substance,  et 
la  transforme  en  matière  sucrée.  Cet  habile  chimiste  est  même  convaincu 
que  cette  réaction  deviendra  la  base  d'une  industrie  nouvelle,  et  il 
ajoute  qu'il  va  réaliser  cet  essai  dans  une  usine. 

»  Il  résulte  des  faits  que  j'ai  observés  depuis  longtemps,  que  la  méthode 
d'analyse  qui  repose  sur  l'emploi  des  acides  et  des  alcalis  est  mauvaise  et  que, 
dans  l'état  actuel  de  la  science,  la  seule  substance  qui  permette  d'isoler  les 
matières  amylacées  de  la  cellulose,  c'est  la  diastase.  Ce  procédé,  que  j'ai  dé- 
crit dans  mon  travail  sur  la  composition  chimique  du  son,  n'offre  aucun  des 
inconvénients  que  présente  la  méthode  qui  est  basée  sur  l'emploi  des  acides. 
Aussi  ai-je  trouvé  dans  le  son,  en  employant  la  diastase,  de  3o  à  35   pour 


(  i3o  ) 
loo  de  cellulose,  tandis  qu'en  faisant  usage  des  acides  et  des  alcalis,  je  n'ai 
obtenu  que  lopour  loo  de  cette  substance.  M.  Oudeinans  a  trouvé  3o,5o 
de  cellulose  pour  loo  de  son  de  blé  à  l'aide  d'une  méthode  à  peu  près  sem- 
blable à  la  mienne. 

»  On  sépare,  du  reste,  complètement  la  dextrine  et  l'amidon,  sans  atta- 
quer sensiblement  la  cellulose,  en  soumettant  à  une  ébullition  suffisamment 
prolongée  lo  grammes  de  blé  moulu  avec  un  mélange  de  3oo  grammes  d'eau 
distillée  et  de  6  grammes  d'acide  chlorhydrique  fumant.  On  lave  ensuite  le 
résidu,  et  si  on  l'observe  au  microscope,  à  l'aide  de  la  teinture  d'iode,  on 
n'aperçoit  aucune  trace  d'amidon.  On  a  dosé  le  glucose  produit  à  l'aide  du 
tarlrate  de  cuivre  et  de  potasse;  mais,  comme  une  partie  de  l'amidon  existe 
encore  dans  la  liqueur  filtrée  à  l'état  de  dextrine,  il  est  nécessaire  de  conver- 
tir celle-ci  en  sucre  par  l'ébullition  en  présence  de  l'acide  sulfurique. 

«  On  dose  les  matières  azotées  du  blé  par  le  procédé  de  M.  Peligot,  on 
sépare  les  matières  grasses  à  l'aide  de  l'éther  et  l'on  détermine  la  quantité 
d'eau  et  de  matières  fixes  par  les  méthodes  ordinaires.  La  différence  donne 
la  proportion  de  ligneux.  C'est  par  ce  procédé  que  j'ai  analysé  un  échan- 
tillon de  blé  Béhéri  rouge  d'Egypte  bien  conservé,  et  voici  les  résultats  que 
j'ai  obtenus  : 

Eau 12,175 

Amidon  et  dextrine 65, 44° 

Matières  azotées 10, 335 

Matières  grasses 2 ,  3oo 

Matières  fixes i  jSgS 

Ligneux 7  ?  855 

100,000 

»  Si  on  détache  avec  la  main  la  première  enveloppe  de  ce  même  blé, 
100  parties  fournissent  3,85  d'enveloppes  desséchées,  et  encore  on  ne  par- 
vient pas  à  enlever  la  portion  qui  se  trouve  dans  le  sillon  qui  partage  en 
deux  lobes  le  grain  de  blé.  Cette  pellicule,  examinée  au  microscope,  ne 
représente  que  des  cellules  et  ne  contient  ni  amidon,  ni  gluten,  ni  matière 
grasse.  Sous  cette  pellicule,  qui  est  presque  entièrement  formée  de  cellulose, 
se  trouvent  d'autres  téguments  qu'il  est  impossible  de  séparer  complète- 
ment. On  ne  saurait  donc  admettre  que  le  blé  ne  contient  que  i  |  à  2  pour 
100  de  cellulose.  » 


f   i3M 

TÉRATOLOGIE.    —  Nole  sur  un  rhinocépliale  humain,   né  à  Toulouse;   par 

M.  H.  Laforgue.  (Extrait.) 

(Commissaire,  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire.) 

Le  rhinocéphale  qui  fait  le  sujet  de  cette  observation  est  né  avant 
terme,  en  août  i858,  à  Toulouse,  de  parents  bien  conformés.  Il  est  du  sexe 
féminin  et  n'a  donné  aucun  signe  de  vie. 

«  Sur  le  milieu  de  la  face,  dépourvue  de  nez,  existe  un  œil  largement 
ouvert  :  au-dessous  de  cet  œil  est  une  large  surface  cutanée  qui  sépare  la 
bouche  de  l'œil.  Le  crâne  a  une  forme  conique,  resserrée  sur  les  tempes  et 
dans  les  régions  temporo-maxillaires  ;  le  sommet  est  recouvert  de  cheveux 
épais  et  noirs.  L'œil  unique  est  ovalaire  :  il  est  recouvert  par  deux  pau- 
pières dont  la  conformation  montre  qu'elles  sont  formées  par  la  fusion  de 
deux  paupières  supérieures  et  de  deux  paupières  inférieures  réunies  à 
angle  obtus  à  la  partie  moyenne,  ce  qui  donne  à  l'ouverture  palpébrale  la 
forme  d'un  losange  à  angles  obtus.  L'orbite  renferme  les  rudiments  de 
deux  yeux  contenus  dans  une  seule  conjonctive.  Les  parties  constituantes 
des  globes  oculaires  ne  peuvent  être  distinguées  :  elles  sont  confondues 
entre  elles  et  ressemblent  à  un  double  corps  gélatineux  où  la  membrane 
choroïde  seule  est  reconnaissable.  Les  sourcils  n'existent  pas  au-dessus  de 
l'œil  unique.  Sur  les  côtés  de  l'orbite^  à  droite  et  à  gauche,  la  peau  offre 
une  teinte  brunâtre  qui  correspond  aux  régions  sourcillières. 

»  La  trompe  est  un  appendice  rond,  mobile,  adhérent  à  la  partie 
moyenne  et  supérieure  de  l'orbite,  plus  gros  à  l'extrémité  libre  qu'à  l'ex- 
trémité adhérente.  Elle  a  aS  millimètres  de  longueur.  Cet  appendice  est 
recouvert  parla  peau.  Au  centre  de  son  extrémité  libre  existe  une  ouver- 
ture conduisant  dans  un  canal  creusé  dans  l'intérieur  de  la  trompe.  Ce 
canal,  très-étroit,  est  fermé  par  une  muqueuse.  On  trouve  dans  le  bord 
libre  un  cercle  cartilagineux  :  un  petit  cartilage  existe  aussi  à  l'extrémité 
adhérente.  Ces  divers  tissus  sont  évidemment  les  rudiments  du  nez  atrophié 
et  séparé  des  fosses  nasales  qui  manquent.  A  l'extérieur,  la  partie  qui  de- 
vrait être  occupée  par  les  fosses  nasales  et  le  nez  est  plane  et  recouverte  par 
la  peau  de  la  face.  L'absence  du  nez  autant  que  l'existence  d'un  œil  mé- 
dian donnent  à  la  conformation  de  la  face  cet  aspect  extraordinaire  et 
étrange  que  présentent  les  monstres  cyclocéphaliens. 

»  Je  crois  devoir  noter  encore  les  particularités  anatomiques  suivantes  : 
1°  I^a  forme  du  crâne,  aplati   d'avant  en   arrière.   Le  frontal  et  l'occi- 


(  i3a  ) 
pital  droits  et  dirigés  presque  verticalement;  le  frontal  ne  présentant 
plus  de  trace  de  la  suture  médiane  dans  sa  moitié  inférieure.  1°  La  forme 
et  la  situation  de  l'orbite  unique.  Cette  large  cavité  ovalaire  occupe  la 
moitié  de  la  face  :  sa  circonférence  est  formée  :  supérieurement,  par  le 
frontal  unique;  latéralement,  par  les  os  malaires  très-écartés  l'un  de  l'autre, 
et  inférieurement  par  les  apophyses  orbitaires  des  os  maxillaires  qui  se 
réunissent  sur  la  partie  moyenne.  Le  sphénoïde  forme  la  paroi  postérieure 
de  l'orbite  ;  il  présente  les  deux  trous  orbitaires.  L'ethmoide  et  les  os  un- 
gués  n'existent  pas.  3"  L'absence  complète  des  parties  osseuses  qui  forment 

les  fosses  nasales,  telles  que  :  vomer,  cornets,  apophyses  maxillaires 

4"  I^a  disposition  de  la  mâchoire  supérieure,  rétrécie  et  dont  les  deux 
maxillaires  sont  soudés  intimement.  5°  Enfin  la  saillie  formée  par  le  maxil- 
laire inférieur  qui  proémine  fortement  au  devant  de  la  mâchoire  supé- 
rieure. » 

M.  Zengerlé  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  la 
musique. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Duhamel,  Despretz.) 

M.  BcissON  adresse  de  la  Nouvelle-Orléans  (Amérique  du  Nord)  un  Mé- 
moire «  sur  la  puissance  motrice  du  soleil  »,  Mémoire  annoncé  comme  la 
première  partie  d'un  ouvrage  que  prépare  l'auteur  et  qui  portera  pour  titre  : 
«  Explication  du  système  du  monde  ». 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Faye.) 

M.  Biou  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  par  une  Commis- 
sion un  travail  de  feu  M.  Bouron,  son  beau-frère,  qui  n'a  pu  en  terminer  la 
publication.  La  partie  déjà  imprimée  a  pour  titre  :  «  Cosmogonie  moderne,  » 
la  partie  manuscrite  est  intitulée  :  «  Essai  de  géogénie  ». 

D'après  les  usages  de  l'Académie  cette  dernière  partie  seule  peut  être 
l'objet  d'un  Rapport;  la  partie  imprimée  sera  renvoyée,  mais  seulement  à 
titre  de  renseignements,  au  Commissaire  désigné,  M.  d'Archiac. 

M.  Dlxommun  envoie  de  Nemours  (Algérie)  une  Note  sur  la  maladie  de 
la  vigne.  Suivant  l'auteur  cette  maladie,  qui  a  été  pour  notre  agriculture  la 
cause  de  tant  de  pertes,  serait  due  aux  attaques  d'un  insecte  très-petit  et  pro- 


(  '33,) 
bablemeut  inconnu  jusqu'à  ce  jour  aux  naturalistes  et  qui  est  provisoire- 
ment désigné  sous  le  nom  de  sphalérie.  '< 

(Renvoi  à  la  Commission  chargée  de  l'examen  des  diverses  comnuinicafions 
relatives  aux  maladies  des  plantes  usuelles.) 

M.  Cu.  Save  présente  une  Note  sur  les  mouvements  des  corps  célestes. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Delaunay.  ) 

M.  DoBELLY  soumet  au  jugement  de  l'Académie  luie  Note  intitulée  : 
«  Nouvelles  démonstrations  des  propriétés  du  cercle  et  des  trois  corps 
ronds  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bertrand.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Ixstruction  pcblique  autorise  l'Académie  à  prélever 
Tsur  les  fonds  restés  disponibles  une  somme  de  5,486  francs  pour  couvrir  les 
dépenses  relatives  à  la  continuation  ou  à  la  publication  de  divers  travaux 
scientifiques,  dépenses  spécifiées  dans  la  demande  qu'elle  lui  a  adressée  en 
date  du  4  juillet  courant. 

M.  DoNATi,  à  qui  l'Académie  a,  dans  sa  séance  publique  du  i4  mars  der- 
nier, décerné  une  des  médailles  de  la  fondation  Lalande,  adresse  une  se- 
conde liCtti'e  de  remercîments,  la  première  qu'il  avait  écrite  au  mois  d'avril 
n'étant  pas  parvenue  à  son  adresse. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  Agassiz,  qui  assiste  à 
la  séance,  une  nouvelle  édition  de  son  «  Essai  sur  la  classification  ».  L'Aca- 
démie, dit  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  connaît  déjà  ce  travail  de  son  savant 
Correspondant,  qui  l'a  publié  d'abord  comme  une  introduction  à  son  ou- 
vrage sur  l'histoire  naturelle  des  États-Unis.  En  le  publiant  de  nouveau,  il  a 
trouvé  moyen  de  l'améliorer  encore  et  de  le  compléter. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  Correspondance  deux  Mémoires  de  M.  Montigny,  intitulés  :  l'un.  Essai 
sur  certains  effets  de  réfraction  et  de  dispersion  produits  par  l'atmosphère  ; 
J'autre,  Mémoire  sur  la  cause  de  la  scintillation    Dans  ce  dernier,  l'auteur 

C,  R.,   iSîg,  a™»  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  5.  J  l8 


(,•34) 
a  exposé  une  théorie  de  la  scintillation  reposant  exclus^vement  sur  des  effet» 
de  réfraction  et  de  dispersion  atmosphérique. 

M.  I.E  Secrétaire  perpétcel  enfin  appelle  l'attention  sur  deux  opuscules 
de  M.  J.  Marcou:  l'un  intitulé  «  Dyas  et  trias  ou  le  nouveau  grès  rouge  en 
Europe,  dans  l'Amérique  du  Nord  et  dans  l'ïnde  »  ;  l'autre,  qui  est  en  anglais, 
est  une  réponse  de  l'auteur  à  des  critiques  dont  sa  «  Géologie  de  l'Amérique 
du  Nord  »  a  été  l'objet  de  la  part  de  M.  Dana. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'isoméHe  des  combinaisons  organiques; 
par  M.  F.  Beilstein. 

«  En  traitant  l'aldéhyde  par  le  perchlorure  de  phosphore,  M.  Wurtz  a 
obtenu  un  chlorure  organique  C*  H^  Cl*  qu'il  a  nommé  provisoirement  chlo- 
rure d'éthylidène.  Ce  corps  est  isomérique  avec  la  liqueur  des  Hollandais. 
J'ai  entrepris  quelques  expériences  dans  le  but  de  rechercher  si  ce  corps 
est  identique  on  isomérique  avec  le  chlorure d'éthyle  chloré  de  M.  Regnault. 
En  comparant  les  propriétés  du  chlorure  d'éthylidène  avec  celles  du  chlo- 
rure d'éthyle  chloré,  j'ai  été  surpris  de  la  concordance  qui  existe  entre  elles  : 
aussi  le  point  d'ébullition  du  chlorure  d'éthylidène  est  à  58-59  degrés,  celui 
du  chlorure  d'éthyle  chloré  à  64  degrés,  tandis  que  le  chlorure  d'éthylène 
bout  à  82°,  5. 

»  La  densité  du  chlorure  d'éthyle  chloré  est  1,174  à  i4  degrés,  celle  du 
chlorure  d'éthylidène  est  à  1,189  ^  4°i-^?  ^^^'^  '^^^  chlorure  d'éthylène 
est  à  I  ,a56  à  1 2  degrés, 

»  Cette  concordance  se  confirma  pour  toutes  les  expériences  que  j'ai  faites 
avec  les  deux  corps,  de  sorte  qu'il  est  fort  probable  que  le  chlorure  d'éthy- 
lidène n'est  autre  chose  que  le  chlorurft  d'éthyle  chloré  :  les  deux  corps  sont 
identiques. 

»  La  différence  entre  les  points  d'ébullition  (58  à  59  et  64  degrés)  doit 
être  attribuée  à  la  présence  inévitable  des  produits  plus  chlorés,  moins  vola- 
tils, dans  le  chlorure  d'éthyle  chloré.  Ce  dernier  ne  présente  pas  un  point 
d'ébullition  fixe.  Voici  l'analyse  des  parties  distillées  entre  5o  et  60  degrés  : 


C. 
H. 


Expérience. 

Théorie. 

,    23,89 

24,24 

.     4,36 

4»o4 

B  Par  l'action  du  chlorure  d'éthylidène  sur  l'éthylate  de  soude,  MM.  Wurtz 


(  i35  ) 
et  Frapolli  avaient  oDtenule  chlorure  d'aldéhydène.  J'ai  répété  cette  expé- 
rience avec  le  chlorure  d'éthyle  chloré  et  j'ai  obtenu  exactement  le  même 
chlorure  d'aldéhydène.  Dans  cette  réaction  il  se  forme  une  petite  quantité 
d'acélal  dont  la  présence  a  été  aussi  remarquée  par  MM.  Wurtz  et  Frapolli 
dans  la  réaction  du  chlorure  d'éthylidène  sur  l'éthylate  de  soude.  L'odeur 
des  deux  corps  est  la  même.  Chauffé  dans  un  tube  scellé  au  bain  d'huile 
avec  une  solution  alcoolique  d'acétate  de  potasse,  le  chlorure  d'éthyle  chloré 
se  décompose  en  acide  chlorhydrique  et  en  chlorure  d'aldéhydène.  Le  chlo- 
rure d'éthylidène  se  comporte  delà  même  manière. 

»  L'ammoniaque  alcoolique  décompose  également  les  deux  corpsen  acide 
chlorhydrique  et  en  chlorure  d'aldéhydène. 

»  Les  sels  d'argent  sont  sans  action  sur  les  deux  chlorures. 

»  Le  chlorure  d'éthylidène  est  facilement  attaqué  par  le  chlore.  Lorsqu'on 
l'expose  au  soleil  avec  ce  dernier,  on  voit  bientôt  se  former  des  cristaux 
de  sexquichlorure  de  carbone  identique  avec  celui  qui  provient  du  chlorure 
d'éthyle  chloré.  ''"'^ 

»  Si  cette  coïncidence  a  généralement  lieu,  ce  que  d'autres  expériences 
doivent  confirmer  et  ce  que  je  me  propose  d'étudier  pouc  d'autres  séries, 
nous  pourrons  supprimer  plusieurs  séries  de  combinaisons  isomères. 

»  Ily  a  en  chimie  bon  nombre  de  combinaisons  possédant  la  même  com- 
position et  douées  de  propriétés  différentes.  Tous  les  jours  nous  en  obtenons 
de  nouvelles.  Nous  les  désignons  sous  le  nom  de  combinaisons  isomériques. 
Souvent  nous  trouvons  l'explication  de  l'isomérie  dans  des  différences  de' 
constitution  ou  de  dérivation.  Quelquefois  cette  explication  nous  échappe 
et  nous  constatons  une  différence  de  propriétés  dans  des  corps  doués  de 
la  même  composition  sans  pouvoir  expliquer  ces  faits.  Le  but  de  la  science 
est  de  faire  disparaître  ces  cas  d'isomérie  ou  de  les  ramener  à  des  notions 
claires  et  précises  concernant  la  constitution  et  le  mode  de  dérivation  des 
corps  dits  isomériques.  »  * 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  le  phosphate  de  chaux  que  ton  rencontre  dans  les  couches 

terrestres;  par  M.  Deschamps. 

«  La  Note  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
n'a  pas  pour  but  de  faire  connaître  un  nouveau  gisement  de  phosphate  de 
chaux,  d'annoncer  la  découverte  d'un  phosphate  pouvant  être  d'une  grande 
utilité  dans  l'agriculture,  car  elle  n'est  destinée  qu'à  faire  remarquer  que  les 
conclusions  qui  ont  été  formulées  dans  la  dernière  séance  par  un  savant 

i8.. 


(  .36  ) 
géologue, me  paraissent  trop  absolues.  Il  a  dit,  eu  effet,  que  le  phosphate 
de  chaux  n'existait  pas  dans  les  couches  terrestres,  qu'il  n'y  avait  qu'un 
phosphate  double  de  fer  et  de  ehaux  aussi  distinct  du  vrai  phosphate  cal- 
cique  ou  du  phosphate  ferrique  simple  que  la  dolomiel'est  du  calcaire  ou  de 
la  giobbertite,  et  que  c'était  probablement  à  cette  cause  que  l'on  devait  at- 
tribuer le  peu  de  succès  de  l'emploi  des  phosphates  qui  ont  été  trouvés  en 
France,  etc. 

»  Sans  vouloir  préjuger  le  fond  de  la  question,  je  dirai  simplement  que 
l'on  trouve  dans  l'arrondissement  d'Avallon  (Yonne),  au-dessus  du  calcaire 
à  gryphées  arquées,  un  dépôt  qui  contient  réellement  du  phosphate  calcique 
sans  phosphate  de  fer.  Ce  phosphate  a  été  désigné,  il  y  a  bien  longtemps, 
paç  M.  de  Bonnard,  sous  les  noms  de  nodules  de  chaux  phosphatée  terreuse; 
mais  ce  savant  géologue  n'a  point  fait  connaître  dans  son  travail,  remar- 
quable par  la  précision  des  faits  qui  y  sont  énoncés,  les  caractères  de  ce 
dépôt,  son  origine,  sa  composition  et  les  rapports  que  les  fragments  qui 
le  composent  peuvent  avoir  avec  les  fossiles  qui  sont  empâtés  dans  le  cal- 
caire à  gryphées  arquées.  Il  est  vrai  que  ces  nodules  ne  présentent,  à  h  pre- 
mière vue,  aucun  caractère  organique  appréciable;  mais  il  est  vrai  de  dire 
aussi  que  si  l'on  a  de  la  patience,  on  parvient  à  trouver  des  nodules  dont  les 
formes  sont  régulières,  bien  déterminées,  et  qui  représentent  exactement  les 
moules  de  fossiles  qui  appartiennent  au  calcaire  à  gryphées  arquées.  J'ai  re- 
connu des  Pholadomies,  des  Térébratules,  etc.,  Terehratnla  causoninha, 
'Rhynconella  variabilis. 

n  La  découverte  de  moules  de  fossiles ,  parmi  les  nodules  signalés  par 
M,  de  Bonnard,  peut  permettre,  je  le  suppose  du  moins,  de  penser  que  ces 
nodules  ne  sont  que  des  fragments  plus  ou  moins  déformés  de  fossiles  sem- 
blables à  ceux  qiii  composent  la  paléontologie  du  calcaire  siuémurien  ;  que 
les  coquilles  qui  ont  été  rempUes  par  du  phosphate  de  chaux  ont  été  sou- 
mises à  l'action  d'agent*  spéciaux,  entièrement  différents  de  ceux  qui  ont 
réagi  sur  les  animaux  qui  se  trouvent  dans  le  calcaire  à  gryphées  arquées,  et 
que  ces  animaux  n'ont  point  disparu  immédiatement  après  la  formation  du 
calcaire  dans  lequel  on  les  rencontre  ordinairement. 

»  Le  phosphate  de  chaux,  dont  je  rappelle  l'existence,  se  présente  avec 
l'aspect  d'une  bande  plus  ou  moins  blanchâtre,  ayant  quelques  décimètre^s 
d'épaisseur;  elle  est  séparée  du  calcaire  à  gryphées  arquées  par  une  couche 
de  terre  plus  ou  moins  épaisse.  Les  fragments  qui  la  composentsont  plus  ou 
moins  gros  et  non  agglomérés  entre  eux;  ils  sotjt  ]>oreux,  friables  et  quel- 
quefois imprégnés  d'oxyde  de  fer  et  d'oxyde  de  manganèse. 


(  13?  ) 
»  L'analyse  de  ce  phosphate  m'a  démontré  qu'il  contenait  :  de  l'ahimine, 
de  l'oxyde  de  fer,  de  l'oxyde  de  manganèse,  de  la  chaux,  de  la  magnésie, 
de  la  potasse,  de  la  soude,  du  fluor,  de  l'acide  carbonique,  de  l'acide  stilfu- 
rique;  3a,3/|  pour  loo  d'acide  phosphorique  ;  2,73  pour  100  d'eau  et -de 
matières  organiques  ;  8,6 1  pour  1 00  de  matières  insolubles  dans  l'acide  chlor- 
hydrique  (silice,  etc.).   » 

CHIMIK  ORGANlQUii.  —  Sur  le  dioxymétliylène ;  par  M.  A.  Boutleuow. 

«  Un  mélange  intime  d'un  équivalent  d'oxalate  d'argent  et  d'un  équiva- 
lent d'iodure  de  méthylène  G'H*I',  chauffé  doucement,  réagit  avec  éner- 
gie et  presque  avec  explosion  eu  dégageant  des  vapeurs  brunes.  On  parvient 
à  modérer  cette  réaction  en  ajoutant  au  mélange  du  verre  pilé  ou  mieux 
encore  en  le  plaçant  sous  une  couche  de  naphte  rectifié.  A  une  douce  cha- 
leur il  se  manifeste  une  décomposition  lente  et  régulière.  Des  gaz  se  déga- 
gent eu  abondance  et  il  se  produit  un  composé  nouveau  solide  et  volatil. 
Celui-ci  se  sublime,  ou,  entraîné  par  les  vapeurs  de  naphte,  se  condense 
dans  le  récipient  refroidi,  sous  forme  d'une  couche  mince,  blanche  et  adhé- 
rant fortement  aux  parois  du  vase.  Vers  la  fit)  de  l'opération  il  se  sublime  de 
l'acide  oxalique.  Le  gaz  dégagé  est  formé  par  un  mélange  d'acide  carbonique 
et  d'oxyde  de  carbone.  aiiioan. 

»  Je  nomme  le  composé  solide  et  woVAÛXdioxymélhylène.  Sa  composition 
est  représentée  par  la  fornuile  C^H*  O*,  confirmée  par  la  densité  de  vapeur 
du  produit.  On  voit  que  le  dioxyméthylène  est  isomérique  avec  l'acide  acé- 
tique. Il  renferme  deux  fois  les  élémentside  l'oxyde  de  méthylène  C^H''  O* 
correspondant  à  l'iodure  C^  H*  P.  Ou  pourrait  l'envisager  comme  l'éther  du 
méthylglycol  si  les  recherches  de  M.  Wurtz  n'avaient  [)as  démontré  que  les 
éthers  des  alcools  bibasiques  renferment  le  même  nombre  d'équivalents  de 
carbone  que  les  alcools  bibasiques  eux-mêmes.  D'un  autre  côté  il  n'est  pas 
impossible  que  le  premier  terme  de  la  série  fasse  exception  à  cet  égard. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  le  dioxyméthylène  prend  naissance  en  vertu  de  la 
réaction  suivante  : 


\^L^  O*  -t-  aC^JP  =  C/H*0'  -t-  4AgI  +  aC^O»  -4-  1O 


O^ 


loilure  de 
Oxalatc  d'argent.  méthylène 


»  On  le  voit,  dans  cette  réaction  où  il  devrait  se  former  du  métylglycol 
oxalique  (oxalate  d'oxyde  de  méthylène),  les  éléments  de  l'acide  oxalique,' 


(  i38  ) 
se  séparent  simplement  de  l'oxyde  de  méthylène,  et  celui-ci  double  sa  molé- 
cule. A  vrai  dire,  l'oxalate  d'argent  se  comporte  ici  comme  le  ferait  l'oxyde 
d'argent  lui-même;  ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'on  a  pu  constater  la  formation 
d'une  certaine  quantité  de  dioxyde  de  méthylène  en  faisant  réagir,  sous  le 
naphte,  de  l'oxyde  d'argent  sur  l'iodure  de  méthylène. 

»  Le  dioxyméthylène  ne  possède  qu'une  faible  odeur  à  la  température 
ordinaire;  mais  quand  on  le  chauffe  ,  il  développe  une  odeur  très-forte,  irri- 
tante et  caractéristique.  Il  est  sans  saveur  et  neutre  au  papier.  Il  peut  être 
sublimé  sans  fondre.  Il  se  volatilise  déjà  au-dessous  de  loo  degrés,  mais 
l'évaporation  marche  lentement  et  ne  devient  très-active  qu'an-dessus  de 
i5o  degrés.  Vers  iSî  degrés  la  matière  fond  et  entre  aussitôt  en  ébullition. 

»  Le  dioxyméthylène  ne  se  dissout  promptement  ni  dans  i'eau,  ni  dans 
l'alcool,  ni  dans  l'éther,  pas  même  à  la  température  de  l'ébuUition.  Lors- 
qu'on le  chauffe  pendant  plusieurs  heures  avec  de  l'eau  à  loo  degrés,  il  se 
dissout  entièrement.  La  solution,  évaporée  dans  le  vide,  laisse  un  résidu 
blanc  solide,  qui  paraît  constituer  en  grande  partie  la  substance  non  altérée. 

I)  Sous  l'influence  de  l'iodure  rouge  de  phosphore,  le  dioxyméthylène 
régénère  l'iodure  de  méthylène.  Il  réduit  les  oxydes  d'argent  et  de  mer- 
cure; l'acide  nitrique  et  un  mélange  de  bichromate  de  potasse  et  d'acide 
sulfurique  le  convertissent  en  acide  carbonique  et  en  eau.  Il  est  attaqué 
par  le  gaz  ammoniac  avec  formation  d'une  substance  volatile,  se  sublimant 
en  cristaux  et  douée  selon  toute  apparence  de  propriétés  alcalines.  » 

M.  Pommier  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  faire  savoir  le  jugement 
qui  aura  été  porté  sur  un  Mémoire  qu'il  avait  présenté  en  janvier  dernier, 
de  concert  avec  M.  Jo/eux,  concernant  une  étuve  à  gaz  pour  la  dessiccation 
des  substances  altérables  à  l'air.  » 

(  Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  :  MM.  Pouillet,  Morin, 

Combes.) 

M.  Spiegler  adresse  de  Pesth  (Hongrie)  une  semblable  demande  pour 
son  Mémoire  «  Sur  une  nouvelle  méthode  pour  calculer  avec  facilité  le 
logarithme  d'un  nombre  quelconque  ». 

(  Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  dans  la  séance  du  1 1  février  : 
MM.  Mathieu,  Delaunay,  Bertrand.  ' 

M.  Vaxsoy,  au  nom  de  son  neveu  M.  Veiller,  en  ce  moment  à  l'armée 
d'Italie,  présente  un  Mémoire  «  sur  l'emploi  des  courants  électriques  pour 


(   1^9  ) 
prévenir  les  accidents  résnllant  de  la  rencontre  des  trains  sur  les  chemins 
de  fer  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  dans  la  séance  du  ri  avril  dernier, 
Commission  qui  se  compose  de  MM.  Piobert,  Morin,  Combes.) 

M.  Flament  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
sur  la  théorie  des  parallèles  qu'il  avait  précédemment  présenté  et  qui  n'a 
pas  été  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Lenahd  adresse  de  Madrid  une  Note  sur  le  rôle  du  calorique  dans 
divers  phénomènes  relatifs  à  la  physique  du  globe  et  à  la  physique  des  êtres 
organisés. 

M.  Pouillet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  MicHAUT  envoie  une  Note  sur  la  constitution  de  l'univers. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  d'Archiac.  J 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


RULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ij' Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i8  juillet  1869  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Tables  sans  fin  donnant  les  résultais  de  la  multiplication,  de  la  division  et  de 
l'extraction  des  racines  carrées  et  cubiques  de  tous  les  nombres  imaginables  ;  par 
Charles  d'Aiguières.  Paris,  iSSg;  iu-4°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur,  dans 
la  séance  du  1 1  juillet,  par  M.  Babinet.) 

Essai  sur  des  effets  de  réfraction  et  de  dispersion  produits  par  l'air  atmosphé- 
rique; par  Ch.  MONTIGNY.  (Extrait  du  t.  XXVI  des  Mémoires  couronnés  et 
Mémoires  des  Savants  étrangers  de  l'académie  royale  de  Belgique)  ;  in-4°. 

La  cause  de  la  scintillation  ne  dériverait-elle  point  de  phénomènes  de  réfraction 
et  de  dispersion  par  l'atmosphère  ;  par  le  même.  (Extrait  du  t.  XXVIII  des 
mêmes  Mémoires)  ;  in-4°. 


(  .4o  ) 

Mémoire  sur  le  IruUemeid  et  ta  guérison  de  l'anévrisme  (rhumatismal)  du 
cœur  (endocardite  rhumatismale  chronique)  sous  l'influence  de  l'usage  des 
eaux  thermales  de  Bagnols  (Lozère)  ;  pur  \e  D'  J.  DUFRESSE  DE  Chassaigise, 
inspecteur;  3*  édit.  Angouléme,  iBSq;  br.  in-8°. 

Résumé  des  observations  recueillies  en  i858  dans  le  bassin  de  la  Saône,  par 
les  soins  de  la  Commission  hydrométrique  de  Lyon.  i5^  année;  br.  in-8°. 

Nouveau  précis  statistiijue  sur  le  canton  de  Chaumont,  publié  sous  les  aus- 
pices de  M.  le  V'^  Randoin-Berthier,  préfet  de  l'Oise.  (Extrait  de  l'an- 
nuaire de  iSSqI.  Beauvais,  1859:  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  du 
département  de  [Aube;  a*  édit.,  t.  IX,  n"*  4?  et  48,  2^  semestre  i858;  in-8°. 

Nouveau  manuel  complet  de  peinture  d'histoire  naturelle;  par  P.  Duménil. 
Paris,   1859;  I  vol.  in-i8. 

Dyas  et  Trias,  ou  le  nouveau  grés  rouge  en  Europe,  dans  l'Amérique  du  Nord 
et  dans  l'Inde;  par  M.  Jules  Margou.  Genève,  1869;  br.  in-8°. 

Reply....  Réplique  aux  critiques  de  M.  J.-D.  Dana;  par  le  même.  Zurich, 
1869;  br.  in-8". 

Cosmogonie  moderne,  ou  Origine  et  formation  de  la  nature;  par  Eugène 
BouRON.  Nantes,  i854;  br.  in-12. 

Relazioni Rapports  sur  la  maladie  des  vers  à  soie  dans  [été  de  i858,  en 

réponse  au  programme  publié  en  avril  par  la  Société  d'encouragement  des 
Sciences  naturelles  de  Nnples ;  par  MM.  O.  COSTA  et  F.  Briganti,  membres 
de  la  Société,  et  A.  Costa,  correspondant.  Naples,  1859;  br.  in-4°.  (Adressé 
par  la  Société  d'encouragement  des  sciences  naturelles.) 

Acta....  Séance  publique  annuelle  de  l'Institut  médical  de  Valence;  19*  an- 
née. Valence,  iSSg;  br.  in-8°. 

An  Essay Essai  sur  la  classification;  par  Louis  Agassiz.  Londres,  1859; 

I  vol.  in-8". 

Lehrbuch Manuel  de  l'ingénieur  et  du  constructeur  de  machines;  par 

M.  T.  WeiSbaCH,  t.  II;  Brunswich,  1857-1859;  6  livraisons;  in-a**. 


ERRyiTA. 

(Séance  du  11  juillet  1859.) 

Page  76,  ligne  iS,  au  lieu  de  pyrogènes,  lisez  pyrogénés. 
Page  76,  ligne  26,  au  lieu  de  ou  même,  lisez  ou  mieux. 
Page  77,  ligne   14,  au  lieu  de  l'excès,  lisez  l'eau. 


o»»» 


COMPTE   RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  25  JUILLET  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Président  annonce  que  le  XLVII*  volume  des  Comptes  rendus  est  en 
distribution  au  Secrétariat. 

M.  MiLNE  Edwards  présente  à  l'Académie  la  première  partie  du  V*  vo- 
lume de  ses  Leçons  sur  la  physiologie  et  tanatomie  comparée  de  l'homme  et 
des  animaux.  Dans  ce  fascicule,  l'auteur  traite  principalement  de  l'ab- 
sorption. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —  Sur  la  théorie  des  équations  modulaires; 
par  M.  Hermite.'  (Suite.) 

«  XVI.  Le  calcul  des  équations  réduites  en  z  pour  les  trois  valeurs  de  « 
que  nous  avons  à  considérer  repose  sur  deux  remarques  :  que  l'on  peut  y 

"("  +  ') 
remplacer  d'une  part  u  par  tu  et  z  par  s     *     z,  s  étant  une  racine  huitième 

n'  — I         n-t-I 

de  l'unité;  et  de  l'autre,  u  par  -  et  z  par  -^(— i)  *    •  La  pre- 

mière, jointe   à  cette  observation  que  le  développement  des  racines  en 

C.   R.,  1839,  i"»  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  4.)  IQ 


(  '4^  ) 

fonction  de  q  commence  par  \v'i  V  '/"  J  >  prouve  que  les  coefficients 
sont  des  polynômes  en  «"  contenant  en  facteur  une  certaine  puissance 
de  u  ;  ainsi  ces  équations  sont  composées  de  termes  de  celte  forme  : 

2*-".  u'-'ia  -t-  bu^-h  cu"^-h  ...-*-  hu^P'), 

et  l'exposant  «v  se  détermine  en  prenant  la  valeur  positive  de  v  -^ ■  (mod  8), 

qui  est  immédiatement  supérieure  à  la  quantité  v La  seconde  re- 
marque montre  que  les  polynômes  a  -h  hu*-+-  cu*^+  .  . .  sont  réciproques, 
mais  à  cet  égard  en  distinguant  des  deux  autres  le  cas  de  n  =  ii,  à  cause 


n'  —  I         n  -t-  1 


du  facteur  (—  i)  **  ''    ,  alors  égal  à  —  i.  De  là  résulte  en  effet  que  les 

polynômes  facteurs  des  puissances  paires  de  z  ont  leurs  coefficients  équi- 
distants  des  extrêmes  égaux  et  de  signes  contraires,  tandis  que  ceux  qui 
affectent  les  puissances  impaires  ont,  comme  pour  «  =  5,  7,  leurs  coeffi- 
cients égaux  et  de  même  signe.  On  en  tire  d'ailleurs,  dans  tous  les  cas,  la 
valeur  de  p^  sous  cette  forme  : 

Pv= -g ' 

et  si  l'on  observe  enfin,  ce  qui  est  très-facile  à  établir,  que  la  quantité  i  —  n* 
entre  comme  facteur  dans  le  polynôme  a-4-  />"**  +■  c// '''-(-  ...-+-  fi/i^'''  avec 

un  exposant  (*)  dont  la  limite  inférieure  est  —    n  -(-(-)  }•>  on  aura  réuni 

tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  pouvoir  écrire  à  priori  et  sans  calcul  les 
équations  réduites  sous  les  formes  suivantes,  où  D  représente  toujours  le 
discriminant,  savoir  : 

•>  1°.  n~5. 

z=  H- za«'(i -«»)»- s/D  =  o. 

»  Le  terme  en  z*  n'existe  pas,  parce  qu'on  obtient  pour  p,  une  valeur 
négative;  les  termes  en  z'  et  z^  disparaissent  parce  que  les  coefficients  doi- 


(*)  Cet  exposaat  est  impair  lorque  n  =  1 1  dans  les  coefficients  des  puissances  paires  de  z  ; 
mais,  ce  cas  excepté,  il  est  toujours  pair. 


(  i43  ) 
vent  respectivement  contenir  en  facteur  i  —  u*,  (i  —  u*)-,  ce  qui  est  en  con» 
tradiction  avec  les  valeurs  p,  =  o,  (33=1. 


n  : 


z'-h  z*au*{\  —  «»)=■  +  z» a' M* (i  —  u*)*  +  za" u^{i  —  u'y  —  \JD  =  o. 

»  On  a  à  remarquer  cette  circonstance  importante  que  le  coefficient  a' 
est  nul,  et  qui  tient  à  ce  que  dans  le  développement  des  racines  suivant  les 
puissances  de  yi^  =  q,  savoir  : 


,    ^LZJ Lq2.^,,4_^_ 


la  quantité  entre  parenthèses  ne  contient  pas  la  première  puissance  de  <\. 
De  là  sans  doute  résulte  qu'on  à  ainsi  le  type  analytique  le  plus  simple  des 
équations  du  septième  degré  résoluble  par  les  fonctions  elliptiques. 


^  3°. 


M  =  I  I  . 


»  En  désignant  comme  précédemment  par  a,  p,   etc.,   des  constantes 
numériques,  on  a  cette  équation  : 

■+  z'm»  (1  -  "')'(i3  -+■  /3'««+  |3»<«)  +  z'u">{i  -  ««)'  (7  +  y'M»  +  yu'*) 

-HZ^M»  (1  + ««)*(£  +  6'M»-h  £"i<"+  £"l<='*-f- £'fi''+ £«*") 

+  z»  «»(  r  -  M»)*  (ï3 -h  >;'«•-(- „"«'•-»- »;'"«"+ y;"«<"-f- ïj'm^O-I- ïj  «*») 
+  z'w'"  (i  -  n'Y  (Ç  +  Ç'm»+  Ç"tt*»-f-  Ç"'«"+  Ç"„sï+  Ç'm*<>4-  Ç«^«) 


Z.«*fl 


Ces  constantes  pourront  être  déterminées  en  développant  les  coefficients 
*  suivant  les  puissances  de  y,  et  substituant  pour  z  le  développement  corres- 
pondant suivant  la  puissance  de  y^^f.  Le  calcul  assez  long  auquel  on  est 
conduit  n'est  nullement  impraticable  ;  je  n'ai  pas  cru  cependant  devoir  m'y 
arrêter,  car  le  principal  intérêt  qu'on  peut  attacher  au  résultat  concerne  sur- 
tout l'étude  des  équations  du  onzième  degré  résoluble  par  les  fonctions  ellip- 
tiques. J'indique  encore  une  fois,  en  terminant  ici  mes  recherches,  ces  belles 
questions  qui  offriront  une  des  plus  importantes  applications  de  la  théorie 
fondée  par  Abel  et  Jacobi.  Mais  c'est  surtout  l'oeuvre  propre  de  l'immortel 

19.. 


(  i44  ) 

auteur  des  Fundamenta  d'avoir  reconnu  ces  rapports  si  remarquables  des 
nouvelles  trauscendantes  avec  l'algèbre  et  les  propriétés  des  nombres. 
Entre  tant  de  beaux  résultats  dus  à  son  génie,  et  qui  ont  ouvert  des  voies 
fécondes  à  la  science  de  nos  jours,  je  ne  puis  m'empêcher  de  rappeler  dans 
les  Notices  des  premiers  volumes  du  Journal  de  Crelle  les  énoncés  relatifs 
aux  propriétés  des  équations  entre  le  multiplicateur  M  et  le  module  k.  C'est 
là  en  effet  que  M.  Rronecker  a  trouvé  le  principe  de  la  méthode  si  remar- 
quable pour  la  résolution  de  l'équation  du  cinquième  degré  qui  m'a  été 
communiquée  dans  une  Lettre  publiée  au  tome  XLVI,  p.  1 1 5o,  des  Comptes 
rendus,  et  l'on  pourra  voir  dans  un  travail  très-important  de  M.  Brioschi  sur 
ce  sujet  (*)  comment  cette  méthode  résulte  des  relations  singulières  qu'a 
données  Jacobi  entre  les  racines  de  ces  équations  dans  le  cas  du  sixième 
degré.  Les  travaux  de  ces  deux  savants  géomètres  ont  ainsi  ouvert  une  voie 
plus  facile  pour  arrivera  la  résolution  de  l'équation  générale  du  cinquième 
degré  que  celle  que  j'avais  suivie  en  prenant  pour  point  de  départ  la  réduc- 
tion de  Jerrard  à  la  forme  j:* —  x  —  a  =  o,  et  c'est  en  suivant  cette  nouvelle 
direction  que  j'espère  plus  tard  pouvoir  y  revenir  pour  contribuer  à  en 
faire  l'étude  approfondie  qu'elle  demande.  » 

BOTANIQUE.  —  Espèces  et  variétés  dans  les  plantes  cultivées;  Communication 

de  M.  Décaisse. 

«  En  offrant  à  l'Académie  un  exemplaire  de  la  Monographie  des  espèces 
et  des  variétés  du  genre  CUCUMIS,  je  lui  ferai  observer  que  le  travail  de 
M.  Naudin  n'est  pas  une  œuvre  isolée,  mais  qu'il  fait  partie  de  tout  un 
système  d'études  entreprises  au  Muséum  et  auxquelles  se  rattachent  quel- 
ques-unes de  mes  propres  publications,  notamment  celle  à  laquelle  j'ai 
donné  le  titre  de  Jardin  Jruitier  du  Muséum. 

n  On  sait  que  la  famille  des  Cucurbitacées,  dont  M.  Naudin  a  entrepris 
la  révision  générale,  comprend  beaucoup  d'espèces  extrêmement  polymor- 
phes, et  qu'elle  est,  à  cause  de  cela  même,  une  de  celles  dont  l'histoire 
est  la  moins  avancée  et  où  les  erreurs  de  nomenclature  sont  les  plus 
fréquentes.  Tout  restreint  que  paraisse  donc  ce  travail,  si  l'on  n'en  juge 
que  par  son  titre,  il  a  néanmoins  occupé  l'auteur  pendant  quatre  années 
consécutives,  et  exigé  l'observation  de  près  de  deux  mille  sujets  vivants. 

(*)  Sul  metodo  di  Kronecker  per  la  riioluzione  dcîlc  equazioni  di  qiiinlo  grado,  dan» 
les  Actes  de  l'Institut  Lombard,  vol.  I". 


(  «45  )  .         ■ 

C'est  que,  dans  le  nombre  des  espèces  dont  il  s'agissait  de  tracer  les  carac- 
tères, il  s'en  trouvait  une,  celle  du  Melon,  dont  l'étrange  polymorphisme 
avait  jusqu'ici  mis  en  défaut  tous  les  botanistes  descripteurs.  On  se  fera 
une  idée  de  la  confusion  qui  régnait  dans  leurs  ouvrages  au  sujet  de  cette 
plante  si  universellement  cultivée ,  lorsqu'on  saura  qu'elle  avait  donné  lieu 
à  la  création  de  vingt-huit  espèces  réputées  différentes  et  acceptées  comme 
telles  par  tous  les  auteurs.  M.  Naudin  dut  les  ramener  à  luie  seule,  après 
avoir  constaté  expérimentalement,  c'est-à-dire  à  l'aide  de  l'hybridation, 
que  ces  espèces  prétendues  n'étaient  rien  de  plus  que  des  races,  ou  même 
de  simples  variétés,  mais  quelquefois  très-caractérisées  et  très-stables,  d'iui 
même  type  spécifique. 

»  Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  l'examen  de  la  Monographie  des  espèces 
et  des  variétés  du  genre  CUCUMIS,  je  ferai  seulement  remarquer  qu'elle  appar- 
tient à  un  genre  de  travaux  dont  Duchesne  et  De  CandoUe  ont  seuls  jus- 
qu'ici donné  l'exemple  en  France,  et  qui  ont  été  depuis  totalement  né- 
gligés par  les  botanistes.  Je  veux  parler  de  l'étude  de  nos  végétaux 
domestiques,  presque  tous  riches  en  races  et  en  variétés,  dont  les  origines 
sont  inconnues  et  qu'on  se  hâte  généralement  trop  d'élever  au  rang  d'es- 
pèces. Il  n'y  aurait  cependant  pas  moins  d'intérêt  pour  l'histoire  naturelle 
proprement  dite  que  pour  l'histoire  du  genre  humain  lui-même  à  savoir 
d'où  et  de  quels  types  sauvages  ces  végétaux  ont  été  primitivement 
tirés,  par  quels  peuples  ils  ont  été  pour  la  première  fois  assujettis  à  la 
culture,  et  quelles  modifications  ils  ont  subies  de  leur  contact  avec 
l'homme  pour  arriver  à  l'état  où  nous  les  trouvons  aujourd'hui.  L'Aca- 
démie me  permettra  d'ajouter  que,  dans  mon  opinion,  M.  Naudin  à  com- 
plètement atteint  ce  but,  au  moins  en  ce  qui  concerne  le  melon,  par  les 
recherches.et  les  expériences  dont  sa  monographie  nous  offre  le  résumé.  » 

THÉRAPEUTIQUE.  —Sur  les  effets  obtenus,  dans  le  traitement  des  plaies  et  ulcères, 
de  l'emploi  du  mélange  désinfectant  de  MM.  Corne  et  Demeaux  ;  nouvelles 
observations  de  M.  Velpeau  et  de  M.  Bouley,  suivies  de  remarques  présentées 
par  MM.  Chevreul,  Bussy,  Dumas,  Payen,  Élie  de  Beaumont. 

Communication  de  M.  Velpeac. 

«  Sans  être  en  mesure  de  faire  un  Rapport  circonstancié  sur  l'eaiploi 
de  la  poudre  désinfectante  proposée  par  MM.  Corne  et  Demeaux,  je  crois 
cependant  devoir  entretenir  un  moment  l'Académie  des  expériences  tentées 
sous  mes  yeux  depuis  lundi  à  l'hôpital  de  la  Charité. 

D  Une  large  plaie  ulcéreuse  du  sein  avec  mortification  de  la  peau  a  été 


(  i46  ) 
pansée  avec  ce  topique,  soit  en  poudre,  soit  en  pommade.  La  suppuration 
s'est  amoindrie  et  a  perdu  son  odeur,  en  même  temps  que  les  surfaces  ma- 
lades se  sont  détergées,  et  sans  qu'il  en  soit  résulté  de  douleur,  le  moindre 
accident  particulier. 

1)  Il  en  a  été  de  même  chez  une  autre  jeune  femme  atteinte  d'un  large 
abcès  de  la  mamelle  avec  escarre  des  téguments. 

»  Chez  une  autre  femme  rongée  par  un  vaste  cancer  ulcéré  qui  occupe 
tout  le  côté  gauche  de  la  poitrine  et  l'aisselle,  l'odeur  du  pus  a  disparu  de  la 
même  façon  à  l'aide  de  deux  pansements  par  jour. 

»  Chez  un  quatrième  malade,  un  jeune  homme  qui  a  eu  la  main  écrasée 
par  une  chaudière,  il  est  survenu  une  mortification  presque  complète  de 
l'un  des  doigts.  Samedi  matin,  ce  doigt  était  en  putréfaction  complète  et 
répandait  une  odeur  infecte.  On  l'a  pansé  malin  et  soir  avec  la  poudre 
plâtrée.  Ce  matin  le  doigt  est  comme  momifié,  il  n'y  a  plus  d'odeur,  et  le 
travail  morbifique  n'a  plus  fait  de  progrès. 

»  Ainsi  sur  les  plaies  comme  pour  les  matières  animales  séparées  du  corps, 
la  poudre  Corne  désinfecte  sur-le-champ,  et  ne  laisse  à  la  place  de  l'odeui 
détruite  qu'une  légère  odeur  de  bitume  qui  n'a  rien  de  désagréable. 

u  J'ajoute  que  ce  mode  de  pansement  ne  cause  pas  de  douleur,  d'irrita- 
tion, de  gonflement,  d'inflammation  notables,  qu'il  semble  plutôt  favoriser 
que  troubler  le  travail  de  détersion  et  de  cicatrisation,  qu'il  n'y  a  par  consé- 
quent aucun  inconvénient  à  l'apphquer  aux  divers  ulcères,  plaies  ou  bles- 
sures qui  peuvent  avoir  besoin  d'être  désinfectés. 

»  Les  mêmes  expériences  faites  par  d'autres  personnes  ont  d'ailleurs 
donné  les  mêmes  résultats.  M.  Bouley,  professeur  à  l'école  vétérinaire  d'Al- 
fort,  m'a  fait  passer  une  Note  qui  le  prouve  sans  réplique.  La  voici  : 

a  Depuis  lundi  dernier,  le  topique  de  MM.  Corne  et  Demeaux  a  été 
»  expérimenté  à  la  clinique  de  l'École  d'Alfort  sur  un  grand  nombre  de 
»  plaies  et  de  matières  putrides,  et  les  résultats  obtenus  ont  été  en  tous 
»  points  conformes  à  ceux  que  M.  Velpeau  a  fait  connaître  à  l'Académie 
»  des  Sciences.  Les  plaies  les  plus  infectes,  telles  que  celles  du  garrot  et  de 
»  la  région  parotidienne  par  exemple,  sont  devenues  inodores  sous  l'in- 
»  fluence  de  l'application  de  ce  topique,  qui  me  paraît,  en  outre,  exercer 
»   une  influence  très-favorable  à  leur  cicatrisation. 

»   Alfort,  24  juillet  iSSg. 

»  H.  Bouley.  » 

»  On  peut  donc  dès  à  présent  affirmer  que  cette  matière  est  de  nature  à 
rendre  quelques  services  dans  le  pansement  de  certaines  plaies,  et  que  peut- 


(  '47  ) 
être  il  serait  bon  de  la  signaler  au^  médecins  et  chirurgiens  qui  prodiguent 
actuellement  leurs  soins  aux  trop  nombreux  blessés  de  l'armée  d'Italie.  » 

Considérations  sur  ta  neutralité  des  saveurs  et  des  odeurs  et  sur  ta   neutralité 

chimique  en  général. 

M.  Chevrekl  demande  la  parole  après  M.  Velpeau  et  s'exprime  en  ces 
termes  : 

«  Je  souscris  de  confiance  à  l'opinion  de  M.  Velpeau  ;  car  la  question 
soumise  à  la  Commission  nommée  par  l'Académie  pour  examiner  la  commu- 
nication qui  lui  a  été  faite  au  nom  de  MM.  Demeaux  et  Corne,  étant  celle 
de  savoir  si  le  plâtre  mélangé  de  0,0 1  à  o,o3  de  COAL-TAR  est  d'un  emploi 
avantageux  ou  non  dans  le  pansement  des  plaies,  je  ne  puis  avoir  d'autre  opi- 
nion que  la  sienne. 

»  Mais  en  acceptant  de  faire  partie  de  la  Commission  chargée  d'exa- 
miner la  préparation  de  M.  Demeaux  et  Corne,  j'ai  pensé  mettre  cette  occa- 
sion à  profit  pour  augmenter  le  nombre  de  mes  observations  sur  les  pro- 
priétés organoleptiques  en  général  et  en  particulier  sur  les  odeurs,  obser- 
vations que  depuis  longtemps  je  recueille  et  dont  j'ai  publié  déjà  un 
certain  nombre  (t). 

»  Mon  but  est  de  faire  rentrer  l'étude  de  ces  propriétés  dans  l'histoire 
des  espèces  chimiques,  en  rattachant  chacune  de  ces  propriétés  à  l'espèce 
chimique  à  laquelle  elle  appartient,  et  de  voir  ensuite  si  on  ne  serait  pas 
conduit  à  envisager  certains  points  de  physiologie  autrement  qu'on  ne  le 
fait,  ou  du  moins  à  donner  plus  de  précision  aux  connaissances  qu'on  y 
rapporte  aujourd'hui. 

»  Je  cherche  donc  à  ramener  les  saveurs  et  les  .odeurs  à  leurs  causes 
immédiates-matérielles,  c'est-à-dire  à  des  espèces  chimiques  définies. 

»  J'ai  remarqué  il  y  a  longtemps  la  coexistence  de  plusieurs  saveurs  dans 
une  même  espèce  de  corps,  la  saveur  sucrée  et  astringente  dans  les  sels 


(1)  Je  cite  comme  exemples  quelques  publications  de  mes  études  : 

1°.  Sur  les  substances  amères  et  astringentes,  Annales  de  Chimie,  t.  LXXIII,  p.    igr. 

2*.  Sur  les  propriétés  organoleptiques  en  général  et  sur  les  saveurs  et  les  odeurs  en  particu- 
lier. Considérations  générales  sur  l'analyse  organique  et  sur  ses  applications,  p.  42(1824). 

3°.  Sur  la  désinfection  [Comptes  rendus  des  séances  de  la  Société  r.ationale  et  centrale 
d' Agriculture,  2"  série,  t.  VI,  p.  249.) 


(  i48  } 
d'alun,  de  plomb,  etc.,  etc.,  la  saveur  amère  et  astringente  dans  plusieurs 
tannins  et  en  particulier  dans  des  tannins  d'origine  artificielle,  une  saveur 
douceâtre  et  amère  dans  le  sulfate  de  magnésie.  Enfin  j'ai  montré  la  rela- 
tion de  ces  propriétés  avec  la  propriété  de  conserver  les  matières  animales 
(,809). 

»  En  1824,  j'arrivai  à  conclure  que  le  nombre  des  saveurs  est  très-petit 
relativement  au  nombre  des  odeurs.  Je  nomme  les  saveurs  sucrée,  amère, 
acide,  salée,  astringente  comme  distinctes  les  unes  des  autres;  je  ne  parle 
pas  d'une  sixième  saveur.  Mais  en  faisant  cette  distinction,  je  ferai  la 
remarque  que  je  ne  suis  point  encore  assez  avancé  pour  prononcer  d'une 
manière  définitive  sur  l'existence  de  chacune  d'elles,  comme  propriétés 
exclusivement  perceptibles  par  l'organe  du  goût:  peut-être  les  saveurs 
qualifiées  d'acide,  de  salée,  d'astringente  sont-elles  perceptibles  par  d'autres 
organes  que  le  goût  :  s'il  en  était  ainsi,  elles  rentreraient  dans  la  caté- 
gorie des  saveurs  appelées^flîc/je  et  chaude  que  je  ne  considère  pas  comme 
spéciales  au  sens  dugoiit  depuis  1824. 

»  J'étudie,  ai-je  dit,  les  propriétés  organoleptiques  au  point  de  vue  chi- 
mique. J'en  citerai  vin  seul  exemple,  afin  de  rendre  mes  idées  sensibles  :  c'est 
la  manière  dont  j'ai  envisagé  la  saveur  amère  dans  V acide  picrique  (amer  de 
Welter). 

»  Cet  acide,  dissous  dans  l'eau,  a  une  saveur  à  la  fois  acide,  amère  et  très- 
légèrement  astringente. 

»  En  le  combinant  à  la  potasse,  la  saveur  acide  et  la  légère  saveur 
astringente  disparaissent,  mais  la  saveur  amère  persiste.  Je  dis  que  les  deux 
premières  saveurs  sont  neutralisées,  parce  que  loin  d'être  détruites,  elles  se 
manifestent'de  nouveau  quand  l'acide  est  séparé  de  la  potasse. 

«  En  étudiant  les  propriétés  organoleptiques  de  la  matière  et  particu- 
lièrement les  propriétés  délétères  ou  toxiques,  les  propriétés  organolepti- 
ques dont  la  thérapeutique  tire  parti  pour  ramener  à  l'état  normal  la  santé 
troublée  par  la  maladie,  comme  je  viens  d'envisager  les  saveurs  de  l'acide 
picrique  au  point  de  vue  de  la  combinaison  de  l'acide  avec  la  potasse,  on 
arrivera  certainement  à  des  résultats  nouveaux.  Ainsi,  qu'on  étudie  l'acide 
arsénique  libre  et  ses  combinaisons  solubles  avec  la  potasse,  on  verra  que  si 
l'acidité  est  neutralisée,  la  propriété  toxique  ne  l'est  pas.  Il  en  est  encore 
de  même  des  propriétés  organoleptiques  les  plus  remarquables  de  la  cin- 
chonine,  de  la  quinine,  etc. 

o  Le  résultat  définitif  de  cette  manière  d'envisager  les  propriétés  organo- 
leptiques montre  donc  comment  des  activités  spéciales  à  une  espèce  chimique 


(   '49  ) 
définie  peuvent  être  neutralisées  (sans  être  détruites  bien  entendu)  par  la 
combinaison  chimique  ou  bien  ne  pas  l'être. 

»  Et  j'ajoute  par  extension  comment  une  cause  physique,  comme  la  cha- 
leur, l'électricité,  etc.,  pourrait  produire  un  effet  analogue  sur  un  corps  doué 
d'une  certaine  activité  spéciale,  que  cette  cause  ferait  disparaître  en  la  neutra- 
lisant sans  la  détruire. 

»  Pour  les  détails  relatifs  à  u)a  manière  d'envisager  la  neutralité,  je 
renvoie  : 

»    i".  A  ce  que  j'ai  dit  depuis  longtemps  de  l'acidité  et  de  l'alcalinité  ; 

»  2°.  A  la  manière  dont  j'ai  envisagé  ce  qu'on  a  qualifié  dans  ces  derniers 
temps  de  théorie  chimique  du  dualisme  avec  l'intention  de  la  combattre; 

»  3°.  A  la  manière  dont  j'ai  envisagé  les  lumières  colorées  complémen- 
taires relativement  à  la  neutralité. 

»  La  neutralité  chimique  une  fois  définie  un  état  tel,  de  la  combinaison  de 
deux  corps,  que  te  composé  produit  n  agit  plus  comme  chacun  d'eux  le  faisait 
auparavant  sur  un  troisième  corps  appelé  réactif,  on  arrive  à  cette  conséquence 
que  la  neutralité  chimique  reconnue  au  moyen  d'un  réactif  n'est  pas  autre  chose 
qu'un  état  de  combinaison  où  l'affinité  mutuelle  des  corps  unis,  [emporte  sur  les 
affinités  individuelles  des  corps  pour  un  troisième  corps  appelé  réactif. 

1)  C'est  l'application  de  cette  manière  d'envisager  la  neutralisation  de 
saveurs,  et  la  neutralisation  chimique  telle  que  je  viens  de  la  définir,  que  j'ap- 
plique aux  odeurs  dans  le  corps  où  il  s'agit  de  les  faire  disparaître,  soit  en 
les  neutralisant  sans  dénaturer  les  espèces  chimiques  auxquelles  elles  appar- 
tiennent respectivement,  soit  en  les  détruisant,  parce  qu'on  change  la  com- 
position de  ces  espèces  chimiques. 

Exemples  de  neutralisation  d'odeurs. 

»  Les  odeurs  des  acides  volatils  et  odorants  sont  neutralisées  par  les  alcalis 
qui  forment  des  sels  inodores  avec  eux. 

»  L'odeur  de  l'ammoniaquç  est  neutralisée  lorsque  cette  base  s'unit  à  un 
acide. 

»  Je  dis  que  ces  odeurs  sont  neutralisées,  parce  qu'en  remettant  les  acides 
et  l'ammoniaque  en  liberté,  ils  reparaissent  avec  l'odeur  qu'ils  ont  chacun 
à  l'état  libre. 

Exemple  de  destruction  d'odeur. 

»  L'acide  sulfhydrique,  traité  par  l'eau  de  chlore,  est  réduit  en  acide 
chlorhydrique  et  en  acide  sulfurique,  dont  la  solution  aqueuse  est  inodore. 

C.  R.,  i859,  î"""  Semestre    (T.  XLIX,  N»  4.)  '-iO 


(  «5o  ) 

Exemple  où  il  y  a  à  la  fois  neutralisation  et  destruction  et  odeur. 

»  3  volumes  de  chlore  et  8  volumes  d'ammoniaque  donnent  lieu  à  une 
destruction  de  2  volumes  d'ammoniaque  et  à  6  volumes  d'ammoniaque 
neutralisés  par  les  6  volumes  d'acide  chlorhydrique  produits. 

»  Parlons  maintenant  d'une  manière  générale  de  l'altération  des  matières 
animales  qui  sont  susceptibles,  par  la  putréfaction,  d'exhaler  des  odeurs 
fortes  le  plus  souvent  désagréables;  puis  nous  examinerons  les  désinfectants 
et  les  matières  susceptibles  de  conserver  les  matières  organiques. 

A.   De  l'altération  des  matières  animales  en  général. 

»  Les  matières  animales,  dans  l'état  de  putréfaction  où  nous  les  obser- 
vons ordinairement,  sont  d'une  composition  très-complexe,  en  d'autres  ter- 
mes, présentent  toujours  un  certain  nombre  d'espèces  diverses  de  principes 
immédiats,  et  le  plus  souvent  il  est  impossible  de  rapporter  les  impressions 
que  nous  en  recevons  à  des  espèces  chimiques  définies.  Conséquemment  il  est 
impossible  sans  un  travail  ultérieur  de  prononcer  sur  la  cause  immédiate- 
matérielle  d'une  odeur  qu'elles  répandent  en  s'altérant. 

»  C'est  faute  de  connaître  toutes  les  difficultés  du  sujet,  faute  d'avoir  le 
sens  de  l'odorat  exercé,  scientifiquement  parlant,  qu'il  existe  si  peu  de  per- 
sonnes capables  de  parler  avec  précision  de  la  manifestation  d'une  odeur 
donnée  eu  égard  à  l'espèce  chimique  animale  qui  la  produit  immédiate- 
ment. 11  ne  faut  pas  oublier  qu'il  n'existe  aucun  moyen  comparable  à  celui 
que  nous  avons  pour  la  notation  des  sons,  et  même  aux  gammes  des  cercles 
chromatiques  pour  définir  les  couleurs.  Dans  l'état  actuel  de  la  science,  il 
n'est  possible  de  donner  l'idée  de  l'odeur  d'une  matière  récemment  décou- 
verte qu'en  la  rapprochant  d'une  odeur  connue.  Aujourd'hui  ou  ne  définit 
donc  pas  une  odeur  comme  il  est  possible  de  définir  un  son  et  une  cou- 
leur. A  cette  difficulté,  il  en  est  une  autre  bien  peu  connue  :  c'est  la  diffi- 
culté d'user  de  son  odorat  pour  étudier  les  odeurs,  comme  on  se  sert  de 
l'œil  pour  apprécier  des  couleurs,  et  de  l'oreille  pour  apprécier  des  sons. 
îLn  effet,  dans  les  nombreux  travaux  que  j'ai  entrepris  sur  les  odeurs,  travaux 
dont  je  n'ai  publié  qu'un  très-petit  nombre,  j'ai  été  constamment  arrêté  par 
la  facilité  avec  laquelle  mon  odorat  se  blase.  Aussi,  malgré  l'exercice  que  j'ai 
fait  de  ce  sens,  je  ne  voudrais  pas  m'exposer  à  le  soumettre  à  un  concours. 

»   Ayant  toujours  attaché  de  l'importance  à  ce  que  la  science  définisse  des 
circonstances  spéciales  à  certains  arts,  circonstances  omises  dans  la  des- 


(  'Sr  ) 
cription  de  ces  arts  ou  qui,  quand  elles  ne  l'ont  pas  été,  sont  énoncées  en 
des  termes  vagues,  j'avais  cherché  en  i83o  à  me  rendre  compte  des  odeurs 
diverses  qu'exhalent  les  cuves  de  pastel,  et  pour  cela,  me  trouvant  à  Reims 
avec  un  homme  qui  avait  pour  les  diriger  une  très-longue  pratique,  je  le 
priai  de  me  dire  comment  il  désignait  l'odeur  qui  s'exhalait  d'une  de  ces 
<;uves  dans  la  circonstance  que  je  voulais  définir.  Eh  bien,  jamais  je  ne  pus 
arriver  à  avoir  des  réponses  précises  relativement  .aux  diverses  odeurs  qui 
se  manifestaient,  et  cependant,  j'en  reconnus  cinq  parfaitement  distinctes  : 
l'odeur  d'ammoniaque,  une  odeur  sulfurée,  luie  odeur  que  je  qualifie  de 
métallique,  une  odeur  aromatique  qui  peut  persister  des  mois  entiers  dans 
des  étoffes  de  laine  passées  en  cuve ,  enfin  l'odeur  d'un  acide  volatil  ana- 
logue à  celle  des  matières  animales  en  décomposition. 

M  Quelle  utilité  espérais-je  retirer  de  ce  travail  sur  les  cuves  de  pastel 
qu'on  n'apprend  à  diriger  que  par  la  seule  pratique?  C'était  de  définir  scien- 
tifiquement l'espèce  d'odeur  correspondant  à  un  tel  état  de  la  cuve,  afin  que 
celui  qui  la  gouverne,  reconnaissant  cette  odeur  comme  un  symptôme^  sîit 
ce  qu'il  avait  à  faire  pour  maintenir  cet  état,  s'il  était  bon,  ou,  s'il  était  mau- 
vais, le  changer  en  recourant  à  un  tel  moyen. 

»  Lorsque  j'étudiais  la  séméiologie,  j'avais  senti  que  cette  branche  de  la 
médecine  n'acquerrait  le  caractère  scientifique  quant  aux  symptômes  dé- 
pendant de  la  nature  chimique  des  liquides  et  des  solides  organiques, 
qu'autant  que  la  chimie  définirait  la  relation  de  ce  symptôme  avec  tels 
principes  immédiats  de  ces  liquides  et  de  ces  solides  qui  sont  le  siège  du 
symptôme  ou  phénomène. 

»  Après  avoir  entendu  souvent  parler  de  Vodeur  du  cancer  comme  une 
-odeur  spéciale,  j'ai  profité  de  la  circonstance  qui  m'était  offerte  pour  la 
sentir.  Un  tissu  qui  avait  servi  à  un  pansement  a  été  enveloppé  dans  du  linge, 
puis  renfermé  dans  un  bocal  ;  on  me  l'a  présenté.  J'ai  reconnu  immédiate- 
ment que  cette  odeur  spéciale  se  composait  :  i°  d'une  odeur  ammoniacale,  et 
en  effet,  un  papier  rouge  de  tournesol  plongé  quelques  minutes  dans  le 
bocal  passait  au  bleu  ;  2"  d'une  très-légère  odeur  butyrique;  3°  d'une  odeur 
fade  qui  se  manifeste  dans  la  fonte  du  suif.  Pour  moi  il  n'existe  plus  d'oc/eur 
spéciale  de  cancer,  car  les  trois  odeurs  dont  je  viens  de  parler  coexistent 
dans  des  matières  non  cancéreuses  qui  s'altèrent. 

»  J'ai  entendu  parler  aussi  de  Vodeur  du  pus  comme  spéciale  :  il  en 
est  d'inodore  ou  presque  inodore,  ayant  l'apparence  du  lait,  mais  ne  se 
caillant  pas  comme  lui.  J'ai  observé  un  pus  douédecespropriétésqu'un  coup 
de  bistouri  avait  fait  couler  d'un  abcès,  tandis  que  du  pus  provenant  d'abcès 

ao.. 


(  ï52  ) 
qui  avaient  crevé  naturellement,  répandaient  une  odeur  excessivement 
forte  et  désagréable.  Mais  cette  odeur  n'était  pas  spéciale  au  pus,  et  d'un 
autre  côté  elle  était  complexe;  on  y  reconnaissait,  entre  autres  odeurs,  une 
odeur  sulfurée  et  une  odeur  butyrique  appartenant  à  un  acide  du  genre 
de  ceux  que  j'ai  trouvés  dans  le  beurre,  l'huile  de  poisson,  etc. 

»  Enfin  du  pus  sortant  des  parties  du  corps  où  existent  des  glandes  sé- 
bacées, sécrétant  des  liquides  qui  peuvent  être  inodores  dans  l'intérieur  des 
organes,  mais  qui  exhalent  des  odeurs  fortes  sous  l'influence  de  l'air,  ainsi 
que  cela  arrive  à  la  butyrine,  etc.,  etc.,  enfin  ce  pus,  dis-je,  peut  encore 
exhaler  des  odeurs  dues  aux  liquides  dont  je  parle. 

»  J'insiste  de  nouveau  sur  les  liquides  qui  sortent  inodores  du  corps  de 
l'homme  et  des  animaux  et  qui  sous  l'influence  de  l'air,  de  la  chaleur,  etc., 
éprouvent  un  tel  changement  moléculaire,  qu'ils  deviennent  odorants;  j'ai 
cherché  à  attirer  l'attention  des  chimistes  et  des  physiologistes  sur  ces 
liquides  dont  beaucoup  sont  analogues  aux  éthers. 

«  C'est  à  des  composés  inodores  que  les  diverses  viandes  doivent  l'odeur 
spéciale  qu'elles  acquièrent  par  la  cuisson  (i). 

»  La  plupart  des  mines,  notammentcelle  duchat,  au  moment  où  elles  sont 
rendues,  sont  inodores  ;  c'est  sous  l'influence  de  l'air  qu'elles  s'altèrent  et 
que  plusieurs  exhalent  des  odeurs  tout  à  fait  indépendantes  de  celle  de 
l'ammoniaque  provenant  de  l'altération  de  l'urée. 

•>  En  résumant  toutes  mes  observations  sur  des  matières  animales  com- 
plexes en  putréfaction  et  abstraction  faite  de  celles  dont  je  viens  de  parler 
en  dernier  lieu,  j'ai  constaté  l'existence  de  différentes  odeurs  dont  je  cite  les 
principales. 

»  i".  Une  odeur  sulfurée .  —  Elle  peut  agir  sur  le  papier  de  plomb  mouillé 
qu'on  suspend  dans  l'atmosphère  d'un  vaisseau  où  se  trouve  la  matière  qui 
l'exhale.  Il  faut  souvent  douze  heures  pour  que  le  papier  noircisse.  Si  l'o- 
deur est  due  souvent  à  de  l'acide  sulfhydrique,  elle  peut  être  due  à  d'autres 
composés. 

»  2".  Une  odeur  ammoniacale.  —  On  en  démontre  la  nature  par  la  couleur 
bleue  qu'elle  restitue  au  papier  de  tourr>esol  préalablement  rougi  par  un 
acide. 

M  Je  ne  voudrais  pas  affirmer  que  toute  odeur  qui  ramène  au  bleu  le 
papier  rouge  de  tournesol  est  de  l'ammoniaque,  car  je  pense  qu'il  est  des 


(i)  /^o/rNote  de  mon  Rapport  sur  le  bouillon  de  la  Compagnie  Hollandaise, 


(  «53  ) 
circonslances,  où  des  matières  animales  peuvent  dégager  des  ammoniaques 
complexes  identiques  ou  analogues  à  celles  que  M.  Wurtz  a  découvertes. 

«  3°.  Une  odeur  bul/rique  acide,  mais  qui  peut  appartenir  à  différentes 
espèces  d'acides. 

»  L'eau  de  macération  des  cadavres,  les  vieilles  cuves  d'inde  à  la  potasse, 
renferment  un  acide  de  ce  genre  dont  j'ai  parlé  il  y  a  bientôt  quarante  ans. 

»  Des  acides  analogues  existent  encore  dans  le  suint  de  mouton. 

»  4°-  Une  odeur  de  poisson.  ~  Cette  odeur  est  certainement  complexe. 
Quand  le  poisson  n'est  pas  trés-altéré,  il  exhale  l'odeur  de  la  vulvaire  avec 
de  l'ammoniaque;  quand  elle  est  plus  avancée  elle  peut  tenir  à  une  de  ces 
ammoniaques  de  M.  Wurtz;  enfin,  dans  ces  odeurs  de  poisson  l'odeur 
phocénique  peut  être  observée.  L'odeur  de  poisson  existe  souvent  dans  le 
linge  lavé  avec  du  savon  d'huile  de  graine  et  d'huile  de  poisson  et  sur  l'ar- 
genterie qui  a  été  nettoyée  par  son  intermédiaire. 

»  5*".  Odeur  fade-nauséabonde,  qui  se  manifeste  dans  beaucoup  de  cas 
à  ma  connaissance;  je  vais  citer  les  principaux  : 

»  L'eau  de  source  ou  de  rivière  qui  ^séjourne  quelque  temps  dans  une 
carafe  dont  on  a  nettoyé  l'intérieur  avec  des  coquilles  d'œufs  imprégnées 
d'albumine. 

»  Cette  odeur  se  manifeste  dans  les  eaux  qui  renferment  de  faibles  pro- 
portions de  matières  animales;  elle  est  souvent  fort  sensible  lorsqu'on  est 
sous  le  vent  du  jet  d'eau  du  grand  bassin  des  Tuileries. 

»  La  vaisselle  mal  lavée  et  mal  essuyée  peut  exhaler  cette  odeur  a  un 
haut  degré. 

.  B.   Des  désinfectants, 

»  L'exposé  des  considérations  précédentes  expliquant  l'empressement 
que  j'ai  mis  à  m'occuper  de  la  poudre  de  MM.  Demeaux  et  Corne  et  le 
point  de  vue  sous  lequel  j'ai  dû  l'envisager,  je  vais  parler  des  observations 
dont  elle  a  été  l'objet  relativement  à  trois  liquides  odorants  que  ces  mes- 
sieurs ont  eu  la  complaisance  de  me  remettre. 

Liquide  cancéreux  altéré  extrait  d'un  cadavre  vingt-quatre  heures  après  la  mort  et  examiné 
quarante-huit  heures  après  l'autopsie  [n"  i). 

»  L'odeur  en  était  excessivement  désagréable,  nauséabonde  et  fade, 
plutôt  que  forte.  J'y  saisissais  en  outre  l'odeur  ammoniacale  et  l'odeur 


(  i54  ) 

sulfurée.  La  réaction  de  l'atmosphère  du  vaisseau  sur  les  papiers  de  tour- 
nesol et  de  plomb  justifiait  l'existence  de  la  matière  de  ces.  odeurs. 

»  (fl)  5  centimètres  cubes  du  liquide  mêlés  avec  5  centimètres  cubes  de 
poudre  ont  sans  aucun  doute,  je  le  reconnais,  perdu  de  leur  odeur,  mais 
leur  odeur,  non. 

»  Ce  mélange  exhalait,  avec  l'odeur  du  coal-tar,  une  odeur  nauséabonde 
si  sensible,  que  j'en  ai  conservé  l'impression  plus  de  six  heures  après  l'avoir 
observée. 

»  [b)  5  centimètres  cubes  de  liquide  mêlés  avec  5  centimètres  cubes  de 
plâtre  pur  avaient  une  odeur  plus  forte  que  [a),  et  certes  l'odeur  du  coal- 
tar est  pour  quelque  chose  dans  l'affaiblissement  de  celle  du  mélange  {a). 

»  (c)  5  centimètres  cubes  de  liquide  mêlés  avec  5  centimètres  cubes  de 
chaux  hydratée  ont  exhalé  une  forte  odeur  ammoniacale,  avec  une  odeur 
nauséabonde. 

)>  (c?)  5  centimètres  cubes  de  liquide  mêlés  à  5  centimètres  cubes  d'une 
solution  d'acétate  de  plomb  (représentant  lo  grammes  par  volume  de 
loo  centimètres  cubes)  n'ont  pas  p^rdu  leur  odeur  nauséabonde.  Et  en 
ajoutant  à  plusieurs  reprises  5  centimètres  cubes  d'acétate  chaque  fois, 
voici  ce  qu'on  a  remarqué  : 

»  5  centimètres  cubes  ont  produit  une  odeur  aigrelette  désagréable  à 
cause  de  l'acide  acétique. 

»   5  centimètres  cubes  nouveaux  ont  affaibli  l'odeur. 

»  5  centimètres  cubes  nouveaux  l'ont  affaiblie  encore,  et  je  ne  puis  mieux 
comparer  celle  que  j'ai  sentie  qu'à  celle  que  j'ai  signalée  plus  haut  sous  la 
dénomination  d'odeur  fade-nauséabonde. 

»  (e)  5  centimètres  cubes  de  liquide,  mêlés  successivement  avec  20  cen- 
timètres cubes  d'une  solution  de  chlorure  de  zinc(i)  n'ont  point  été  privés 
de  leur  odeur. 

»  [/).  5  centimètres  cubes  de  liquide  mêlés  à  5  centimètres  cubes 
d'hyppchlorite  de  chaux  (i)  n'ont- pas  été  complètement  désinfectés,  mais 
toute  odeur  nauséabonde  a  disparu  par  l'addition  de  5  autres  centimètres 
cubes  d'hypochiorite.  Alors  restait  une  odeur  particulière  à  l'hypochlorite. 

»  Les  mélanges  précédents,  examinés  vingt-quatre  heures  et  quarante- 
huit  heures  après  qu'ils  eurent  été  faits,  ont  donné  lieu  aux  observations 
suivantes  : 


(i)  Ces  solutions  renfermaient  10  gramme  par   100  centimètres  cubes. 


(  ,55  ) 

Vingt-quatre  heure».  Quarante-huit  heures. 

(a)  Odeur  bitumineuse  1      „  ....  ^,        --  ., ,.  .  ... 

*    •*  \  affaiblies.  Plus  affaiblies,  mais  encore  sensibles. 

Odeur  nauséabonde  ) 

(b)  Odeur  nauséabonde  affaiblie.  Odeur  décolle  forte. 

(c)  Odeur  ammoniacale  )  ^ff^j^j^^  Presque  inodore. 
Odeur  nauséabonde  ( 


{d)  Odeur  fade  de  blanc  d'oeuf. 


i  Odeur    fade   de    blanc    d'œuf  toujours 
prononcée. 


(e)  Odeur  fade  de  blanc  d'œuf.  A  peu  près  comme  la  précédente. 

(/)  Odeur  chlorée.  Odeur  encore  chlorée. 

Matrice  cancéreuse  en  putréfaction  complète  (n"  2). 

»  L'atmosphère  du  flacon  où  elle  était  renfermée  agissait  lentement  sur 
le  papier  rouge  de  tournesol  et  plus  lentement  encore  sur  le  papier  de 
plomb. 

»  IjC  liquide,  délayé  dans  un  peu  d'eau,  violetait  le  papier  bleu  de  tour- 
nesol et  plus  légèrement  le  papier  rouge.  Je  connais  beaucoup  de  faits  ana- 
logues, lors  même  qu'il  ne  s'agit  que  de  sels  inorganiques,  comme  des 
phosphates  à  base  de  potasse  et  de  soude.  Ces  faits  s'expliquent  très-bien 
par  la  manière  dont  j'envisage  la  neutralité. 

»  (a)  5  centimètres  cubes  de  cette  matière,  5  centimètres  cubes  de 
poudre,  sont  encore  très-odorants;  5  centimètres  cubes  de  poudre  ajoutés 
ne  font  pas  disparaître  toute  l'odeur  de  putréfaction. 

»  (6)  5  centimètres  cubes  de  matière  n°  2  et  10  centimètres  cubes  de 
plâtre  ont  plus  d'odeur  que  [a). 

»  (c)  5  centimètres  cubes  de  matière  n"  2  et  10  centimètres  cubes  de 
chaux  dégagent  de  l'ammoniaque  sans  que  l'odeur  spéciale  soit  neutralisée. 

»  {(i)  et  (e)  L'acétate  de  plomb  et  le  chlorure  de  zinc  employés  en  voliuiie 
double  de  celui  de  la  matière  n°  2,  n'enlèvent  pas  l'odeur. 

»  (J)  L'hypochlorite  de  chaux  à  volume  égal  a  désinfecté  la  matière  n"  i, 
mais  il  reste  une  odeur  chlorée. 

»  Je  ne  dirai  rien  des  matières  examinées  quarante-huit  heures  après  le 
mélange,  sinon  que  le  mélange  de  chaux  (c)  exhalait  une  très-légère  odeur 
de  fosse  d'aisances  récemment  vidée, 

Matière  en  putréfaction  provenant  d'une  opération  chirurgicale  (n°  3). 

»  Cette  matière  a  présenté  des  résultats  analogues  aux  précédents;  je  n'en 
fais  mention  que  pour  faire  remarquer  que  j'ai  opéré  sur  trois  matières 
différentes. 


(  .56  ) 

»  Après  quarante-huit  heures,  le  mélange  du  n°  3  avec  la  chaux  (c)  exha- 
lait;^rodeur  de  fosse  d'aisances  récemment  vidée. 

M  En  définitive,  je  reconnais  que  la  poudre  de  MM.  Demeaux  et  Corne 
atténue  l'odeur  des  matières  en  putréfaction  et  que  cet  effet  est  en  partie  dû 
à  l'intervention  du  coal-tar  agissant  comme  corps  odorant. 

C.   Des  corps  susceptibles  de  conserver  les  matières  organiques. 

»  Je  n'ai  parlé  jusqu'ici  de  la  poudre  de  MM.  Demeaux  et  Corne  que 
comme  désinfectant.  Maintenant  je  vais  examiner  si  elle  ne  pourrait  pas  agir 
en  prévenant  l'altération  des  matières  qui  exsudent  des  plaies,  car,  entre  les 
propriétés  de  désinfecter  et  de  prévenir  la  putréfaction,  il  peut  exister  une 
extrême  différence.  Je  à\s  peut  exister,  et  non  il  existe  toujours,  ime  extrême 
différence,  par  la  raison  qu'il  peut  y  avoir  un  agent  capable  de  transformer 
en  produits  inodores  une  matière  susceptible  de  se  putréfier,  aussi  bien  que 
les  produits  odorants  provenant  de  celte  putréfaction.  Un  tel  agent  aurait 
donc  la  double  propriété  de  prévenir  la  putréfaction  et  d'en  détruire  les 
produits  une  fois  qu'elle  aurait  eu  lieu;  mais  je  ne  veux  parler  que  des  cas 
où  la  putréfaction  est  prévenue  par  des  corps  non  altérants. 

»  Les  corps  appelés  tannins,  et  l'acide  tannique  en  particulier,  prévien- 
nent la  putréfaction  des  corps  qu'ils  tannent,  parce  qu'ils  s'y  combinent  en 
formant  des  composés  qui,  quoique  organiques,  ne  s'altèrent  plus  dans  les 
circonstances  où  ils  s'altéraient  auparavant.  Ainsi  la  peau  unie  à  l'acide 
tannique  ne  peut  plus  se  putréfier,  une  fois  qu'elle  est  .devenue  par  cette 
combinaison  insoluble  dans  l'eau. 

»  Mais  les  produits  odorants  de  la  putréfaction  de  la  peau  n'étant  pas 
susceptibles  de  former  des  composés  inodores  avec  l'acide  tannique,  celui- 
ci  ne  peut  désinfecter  la  peau  en  putréfaction. 

.)  La  plupart  des  sels  métalliques,  le  chlorure  de  zinc,  etc.,  se  condui- 
sent d'une  manière  analogue;  ils  peuvent  former  des  composés  qui  ne  se 
putréfient  plus,  mais  ils  sont  insuffisants  pour  désinfecter,  ainsi  que  j'en  ai 
rapporté  des  exemples, 

»  Maintenant  supposons  que  des  liquides  exsudent  d'une  plaie,  et 
qu'ils  en  sortent  inodores,  comme  cela  arrive  fréquemment;  s'ils  se  trou- 
vent en  contact  avec  la  poudre  de  MM.  Demeaux  et  Corne,  ils  pourront 
être  absorbés  par  elle.  Sans  parler  de  l'action  chimique  qui  pourra  se  passer, 
je  conçois  très-bien  que  le  liquide  absorbé  ne  sera  plus  dans  les  conditions 
où  il  se  serait  trouvé  s'il  eût  été  absorbé  par  un  linge;  je  conçois  donc 
qu'il  pourra  ne  pas  s'altérer  et  que,  sous  ce  rapport,  la  poudre  de  MM.  De- 
meaux et  Corne  sera  avantageuse  dans  le  pansement  des  plaies.  » 


(  i57  ) 

M.  BussT  présente  ensuite  les  remarques  suivantes  :    " 

«  Sans  élever  aucun  doute  sur  les  propriétés  du  mélange  expérimenté 
par  M.  Velpeau,  je  pense  qu'il  eût  été  juste  et  utile  de  rappeler  dans  le 
Rapport  verbal  qu'il  vient  de  faire  à  l'Acidémie,  que  beaucoup  de  produits 
très-anciennement  connus  jouissent  de  propriétés  analogues  et  ont  été  em- 
ployés avec  plus  ou  moins  de  succès  dans  le  même  but. 

»  Ainsi  le  charbon  en  poudre,  les  chlorures  de  chaux,  de  soude  et  de 
potasse,  la  créosote,  le  goudron,  les  produits  de  la  distillation  du  bois,  les 
sels  de  plomb,  etc.,  sont  journellement  employés  soit  pour  prévenir  la 
putréfaction,  soit  pour  opérer  la  désinfection  des  matières  animales  putré- 
fiées. 

))  Ces  mêmes  produits  sont  également  utilisés  dans  le  traitement  des 
plaies  de  mauvaise  nature  dont  elles  absorbent  l'odeur  fétide.  Il  apparte- 
nait à  notre  savant  confrère,  qui  connaît  mieux  que  personne  les  avantages 
et  les  inconvénients  des  moyens  dont  il  s'agit,  de  les  rappeler  afin  de  faire 
à  chaque  procédé  la  part  qui  lui  appartient,  mais  surtout  afin  d'éviter  que 
les  chirurgiens  qui  jugeraient  convenable  de  recourir  aux  agents  antisep- 
tiques dans  les  circonstances  indiquées,  ne  soient  entraînés  à  délaisser 
comme  inutiles  des  moyens  éprouvés  qui  ont  certainement  leur  valeur,  en 
vue  d'un  moyen  préférable  peut-être',  mais  qu'ils  pourraient  n'avoir  pas 
sous  la  main  comme  ceux  que  nous  venons  d'énumérer.  » 

M.  Dumas  prend  ensuite  la  parole  et  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Chacun  comprendra  qu'il  y  a  ici  deux  choses  à  considérer  :  d'une 
part  l'importante  et  heureuse  application  qui  vient  d'être  faite  du  plâtre 
humecté  de  coal-tar  à  la  désinfection  des  matières  putrescentes,  de  l'autre 
les  principes  scientifiques  qui  en  donneront  l'explication  :  le  service  rendu 
mérite  évidemment  une  reconnaissance  bien  indépendante  de  sa  théorie.  Il 
est  juste  de  dire,  peut-être,  qu'au  point  de  vue  purement  pratique  le  gou- 
dron, l'huile  de  goudron  ont  été  conseillés,  il  semble,  comme  désinfectants, 
pour  la  première  fois  par  un  homme  utile  et  modeste,  M.  Siret,  pharmaci«'n 
à  Meaux,  dont  l'Académie  a  couronné  le  travail.  Après  avoir  montré  tout  le 
parti  qu'on  pouvait  tirer  de  l'emploi  des  sels  métalliques  pour  la  désinfec- 
tion des  vidanges,  il  ajoutait  que  celle-ci  était  bien  plus  parfaite  si  on  fai- 
sait intervenir  le  goudron.  Notre  confrère  M.  Boussingault  fit  voir  à  la 
Commission  des  Arts  insalubres  que  les  expériences  de  M.  Siret  étaient 

C.  R.,  l859,  2n>e  Semestre.  (T.  XLIX,  N04.)  21 


(  i-'58  ) 
tout  à  fait  exactes,  et  M.  Payen,  dont  j'invoquerai  les  souvenirs  en  l'ab- 
sence de  M.  Boussingault,  peut  également  l'attester. 

»  Depuis  lors,  il  est  à  ma  connaissance  qu'on  a  fait  usage  du  goudron  de 
houille  en  Angleterre  dans  les  exploitations  rurales  pour  désinfecter  les  ani- 
maux morts,  et  que  l'emploi  en  a  même  été  conseillé  comme  moyen  d'as- 
sainissement des  cadavres  sur  les  champs  de  bataille. 

))  Ces  circonstances  avaient  souvent  attiré  mon  attention  sur  le  phéno- 
mène dont  l'Académie  s'occupe  et  m'avaient  conduit  à  en  chercher  l'expli- 
cation. J'avoue  que  dans  les  données  de  la  science  rien  ne  me  semblait 
propre  à  la  fournir,  tant  que  M.  Schoenbein  n'avait  pas  publié  ses  curieuses 
expériences  sur  la  formation  abondante  de  l'ozone  dans  l'air  mêlé  de  va- 
peur d'essence  de  térébenthine.  Il  me  sembla  alors  que  la  vapeur  d'huile  de 
goudron  pourrait  bien  ozoniser  l'air  également. 

»  S'il  m'était  permis  de  le  faire,  j'oserais  indiquer  à  la  Commission,  et 
surtout  à  notre  illustre  confrère  M.  Chevreul,  cette  vue  dont  la  constatation 
demande  une  main  exercée  et  sûre  comme  la  sienne.  On  comprend  que  si 
les  vapeurs  de  coal-tar  ozonisaient  l'air,  il  ne  faudrait  pas  chercher  ailleurs 
que  dans  la  combustion  prompte  des  miasmes  odorants  produits  par  cet 
oxvgène  ozonisé  la  cause  de  la  destruction  de  l'odetu"  putride  des  matières 
animales  en  décomposition. 

))  Bien  entendu  que  l'emploi  de  plâtre  imprégné  de  coal-tar  peut  produire 
trois  effets  bien  distincts  :  i°  la  destruction  des  gaz  ou  vapeurs  infects  déjà 
dégagés  dans  l'air  par  leur  combustion  au  moyen  de  l'ozone  qui  serait 
engendré  par  les  vapeurs  de  coal-tar;  2°  l'empêchement  apporté  au  déga- 
gement de  nouveaux  fluides  élastiques  infects  par  l'action  solidifiante  du 
plâtre  sur  des  liquides  propres  à  les  engendrer;  3°  le  temps  d'arrêt  mis  au 
développement  de  la  putréfaction  par  quelques-uns  des  produits  que  ren- 
ferme le  coal-tar,  et  en  particulier  l'acide  phénique  dont  les  moindres 
traces,  sous  forme  de  phénate  de  soude,  suffisent  pour  assurer  la  conserva- 
tion des  matières  animales  à  l'air  libre  et  même  celle  du  poisson.  » 

«  M.  Payen  demande  à  l'Académie  la  permission  de  répondre  à  l'appel 
fait  à  ses  souvenirs,  qu'en  effet  il  a  eu  connaissance  des  applications  réali- 
sées en  Angleterre  dans  la  conservation  des  viandes  à  l'aide  du  goudron  ; 
que  les  procédés  de  désinfection  proposés  par  M.  Sirey  et  répétés  avec 
succès  par  M.  Boussingault  en  employant  des  mélanges  de  charbon,  de 
goudron  et  de  sels  métalliques,  avaient  également  frappé  son  attention. 

M  Au  point  de  vue  théorique,  il  avait  été  conduit  à  penser  que  divers 


(  >59) 
agents  réducteurs  pouvaient  avoir  dans  ces  occasions  une  efficacité  réelle 
pour  prévenir  ou  pour  arrêter  la  fermentation  putride,  soit  en  s'opposant 
à  la  formation  des  ferments  spéciaux,  soit  en  paralysant   l'action  de  ces 
ferments  développés. 

»  Plusieurs  expériences  entreprises  d'après  ces  vues  lui  ont  donné  de 
bons  résultats.  Ainsi  l'addition  d'une  faible  dose  d'essence  de  térében- 
thine dissoute  dans  l'eau  a  suffi  pour  prévenir  la  putréfaction  de  l'urine  pen- 
dant plusieurs  jours,  et  tandis  qu'une  partie  de  ce  liquide  abandonné  à 
lui-même  éprouvait  une  fermentation  ammoniacale  très-avancée;  or  on 
sait,  d'après  les  expériences  en  grand  de  M.  Jaquemart,  combien  la  pré- 
sence des  dépôts  contenant  le  ferment  .spécial  des  urines  hâte  les  progrès 
de  la  transformation  de  l'urée  en  carbonate  d'ammoniaque. 

B  Guidé  par  les  mêmes  vues  et  se  rappelant  quelques  faits  antérieure- 
ment constatés,  M.  Payen  a  employé  avec  succès  l'acide  p/roligneux  (con- 
tenant, outre  l'acide  acétique,  les  divers  produits  goudronneux  du  bois 
distillé  à  haute  température)  pour  conserver  la  chair  musculaire  et  plu- 
sieurs substances  animales  très-altérables,  comme  pour  prévenir  les  altéra- 
tions spontanées  et  même  le  développement  des  végétations  cryptogamiques 
dans  l'encre  ordinaire  en  contact  avec  l'air  atmosphérique. 

»  De  tous  ces  faits,  M.  Payen  serait  porté  à  croire  qu'il  poiu-rait  être 
utile  au  point  de  vue  théorique  d'eiaminer  si  le  goudron  de  houille  ou 
coal-tar  contenu  dans  le  nouvel  et  remarquable  agent  signalé  par  M.  Vel- 
peau  aurait,  suivant  les  cas,  une  efficacité  réelle,  soit  en  empêchant  la  for- 
mation des  ferments  de  putréfaction,  soit  en  arrêtant  ou  ralentissant  les 
progrès  de  la  fermentation  putride  ,  si  tant  est  que  dans  ces  circonstances 
il  y  ait  fermentation.  C'est  ce  que  pourront  démontrer  les  observations  ul- 
térieures de  M.  Chevreul.  » 

«  M.  Eue  de  Beadmont  dit  que,  dans  cette  discussion  si  instructive  et  si 
pleine  d'intérêt,  un  point  surtout  lui  paraît  prédominer  :  c'est  que  la  com- 
position nouvellement  découverte,  dont  on  ne  saurait  révoquer  en  doute 
la  vertu  désinfectante,  peut,  d'après  l'autorité  si  compétente  en  ces  matières 
de  M.  Fetpeau,  être  appliquée  sur  les  plaies  sans  nuire  à  leur  guérison.  » 

M.  Velpeau,  prenant  une  seconde  fois  la  parole  sur  la  question,  s'exprime 
dans  ces  termes  : 

«  Que  le  mélange  de  plâtre  et  de  coal-tar  agisse  sur  les  matières  putrides 
ou  infectes'en  neutralisant  ou  de  toute  autre  façon,  c'est  à  M.  Chevreul, 

21.. 


(  «6o) 
Membre  de  la  Commission,  ou  aux  chimistes  en  général  de  le  dire;  ce 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'il  détruit  ou  fait  disparaître  l'odeur  autrement 
que  par  une  simple  substitution  ;  car  l'odeur  de  bitume  donnée  ensuite  par 
le  produit  n'est  point  du  tout  en  proportion  du  phénomène  disparu. 

.  »  Il  est  généralement  vrai,  comme  le  pense  M.  Chevreul,  que  le  pus,  que 
les  différentes  sortes  de  pus  sont  inodores  au  moment  de  leur  exsudation, 
et  que  l'odeur  ne  leur  vient  que  par  le  contact  de  l'atmosphère;  mais  il  est 
vrai  aussi  qu'une  fois  excrété,  le  pus  est  susceptible  de  changements  non 
moins  nombreux  que  variés  :  qu'à  l'état  homogène,  crémeux,  les  plaies  le 
supportent  sans  peine,  en  ont  en  quelque  sorte  besoin  pour  parcourir 
leur  différentes  phases  sans  encombre  ;  que  séreux,  ouroussâtre,  ou  flocon- 
neux, etc.,  il  est  souvent,  au  contraire,  assez  acre  pour  irriter,  creuser,  idcé- 
rer,  éroder  les  plaies  et  en  dénaturer  la  cicatrisation;  qu'une  fois  en  stagna- 
tion à  l'air  sur  des  tissus  chauds,  vivants,  malades,  il  peut  devenir  l'objet  de 
réactions  chimiques  importantes,  de  transformations  telles,  que  de  doux  il 
deviendra  acre,  que  des  corps  nouveaux  s'y  développeront,  que  de  l'ammo- 
niaque, de  l'acide  sulfhydrique,  etc.,  pourront  y  être  reconnus  et  devenir 
une  source  de  dangers  pour  l'organisme. 

»  A  ce  point  de  vue  le  topique  Corne  serait  précieux.  Absorbant  le  pus  au 
fur  et  à  mesure  de  sa  formation,  il  empêcherait  ce  produit  de  se  décomposer 
et  en  débarrasserait  les  plaies  avant  l'établissement  des  odeurs  nuisibles  ou 
des  nouvelles  combinaisons  dont  il  est  susceptible. 

»  Il  est  évident,  d'un  autre  côté,  que  la  poudre  désinfectante  ne  se  borne 
point  à  empêcher  le  développement  de  l'odeur;  elle  la  détruit  aussi  et  sur- 
le-champ,  à  quelque  degré  qu'elle  se  soit  établie  :  c'est  même  là  sa  qualité  la 
plus  manifeste,  la  plus  importante.  * 

»  Au  sujet  des  expériences  comparatives,  je  répondrai  à  M.  Bussy  que  je 
n'en  ai  point  fait  depuis  lundi,  mais  qu'elles  ont  été  faites  antérieurement 
avec  les  chlorures  de  soude,  de  chaux,  de  zinc,  d'étain,  etc.,  avec  le  nitrate 
de  plomb,  avecl'hyposulfite  de  soude,  avec  le  charbon,  la  chaux,  la  créo- 
sote, etc.,  et  que  le  moyen  nouveau  l'emporte  certainement  sur  les  anciens 
par  son  bas  prix,  son  innocuité,  et  la  facilité  de  son  emploi.  D'ailleurs,  il 
s'agit  là  d'un  sujet  tout  nouveau  qui  devra  être  étudié  sous  toutes  ses  faces 
et  dont  je  n'ai  nullement  la  prétention  de  faire  connaître  dès  aujourd'hui 
ni  la  valeur  définitive,  ni  les  inconvénients  réels. 

»  Que  des  essais  du  même  genre  aient  déjà  eu  lieu,  comme  semble  le 
supposer  M.  Dumas,  je  ne  puis  ni  l'affirmer  ni  le  nier,  n'ayant  point  eu  à 


(  i6i  ) 
rechercher  la  justesse  ni  la  nature  des  prétentions  de  M.  Corne  sous  ce 
rapport. 

»  La  question  des  odeurs  en  général  soulevée  par  M.  Chevreul,  la  théo- 
rie de  la  désinfection,  tout  ce  qui  concerne  la  conservation  des  matières 
animales  que  M.  Dumas  vient  de  toucher,  sont  assurément  très-dignes- 
d'occuper  l'Académie;  mais  ce  sont  des  questions  trop  vastes  par  elles- 
mêmes  pour  que  notre  Commission  puisse  les  discuter,  et  qui,  en  définitive, 
incomberaient  à  M.  Chevreul  seul. 

»  En  somme,  je  n'ai  pu  et  voulu  donner,  quant  à  présent,  qu'un  simple 
aperçu  des  faits  dont  j'ai  été  témoin,  et  qui  me  permettent  de  conclure  que  : 

»  1°.  Le  mélange  de  plâtre  et  de  coal-tar  employé  par  MM.  Corne  et* 
Demeaux  désinfecte  sur-le-champ  les  matières  animales  en  putréfaction; 

»  a°.  Ce  mélange  absorbe  les  liquides  en  même  temps  qu'il  empêche 
l'odeur  infecte  à  la  surface  des  plaies,  des  ulcères,  des  tissus  mortifiés  ou 
gangrenés  ; 

»  3°.  Favorable  plutôt  que  nuisible  aux  plaies  elles-mêmes,  il  peut  être 
essayé  sans  crainte  partout  et  par  tout  le  monde  en  chirurgie  ; 

i>  4°-  Qii6  par  conséquent  il  y  a  lieu  d'espérer  que  ce  moyen  pourra 
être  de  quelque  service  près  de  nos  pauvres  blessés  de  l'armée  d'Italie. 

»   Des  faits  plus  variés  et  l'avenir  apprendront  le  reste.  » 

CHIRURGIE.    —    Du   traitement  des    cancers  épithétianx,   ou    cancroïdes,  par 
[application  du  cautère  actuel;  Note  de  M,  C.  Sédillot. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  quelques  observations  relatives  au 
traitement  des  cancers  épithéliaux,  ou  cancroïdes,  par  l'application  du 
cautère  actuel. 

»  La  règle  la  plus  généralement  adoptée  aujourd'hui  pour  la  cure  de 
ces  sortes  de  tumeurs  est  de  les  enlever  en  totalité,  au  delà  de  leurs  limites, 
afin  d'en  prévenir  plus  sûrement  la  récidive.  Qu'on  ait  recours  à  l'instrument 
tranchant,  ou  aux  caustiques  potentiels,  pâte  arsenicale,  de  A'ienne  ou  de 
Canquoin,  etc.,  l'indication  reste  la  même,  et  plus  on  a  sacrifié  de  tissus 
périphériques  sains,  moins  on  redoute  la  réapparition  de  la  maladie. 

»  La  pratique  chirurgicale  présente  cependant  des  cas  nombreux  où 
l'application  de  cette  doctrine  offre  de  graves  difficultés.  Si  le  cancer  épi- 
thélial  menace  d'envahir  les  bords  libres  des  paupières,  ou  d'atteindre 
toute  l'épaisseur  des  ailes  du  nez  ,  lorsque  ses  progrès  le  lapprochent  de  la 
commissure  des  lèvres  ou  de  l'orifice  du  conduit  auriculaire,  on  peut  être 


(  .62  ) 
très-embarrassé  de  les  arrêter,  et  l'on  se  trouve  entre  deux  dangers  :  aban- 
donner le  malade  à  une  mort  inévitable,  ou  s'exposer  à  produire  des  dé- 
sordres et  des  difformités  excessivement  graves,  qui  ne  sont  même  pas  con- 
tre-balancés par  la  certitude  de  la  guérison. 

»  Les  chirurgiens  ont  constaté  depuis  longtemps  la  résistance  des  tissus 
fibreux  à  l'envahissement  des  cancers  épithéliaux,  et  Lisfranc  avait  tiré  de 
cette  remarque  un  procédé  ingénieux  de  dissection  et  de  conservation  des 
corps  caverneux,  que  l'on  sacrifiait  souvent  avant  lui. 

»  L'art  possède  les  moyens  de  produire  du  tissu  fibreux  accidentel, 
dense,  rétractile,  peu  vasculaire  et  réfractaire  aux  modifications  morbides. 
Ne  pouvait-on  pas  profiter  de  ce  fait  pour  créer  de  toute  pièce  des  bar- 
rières à  l'extension  des  cancroïdes  et  même  les  détruire  sur  place  en  retar- 
dant ou  en  prévenant  le  danger  de  les  voir  récidiver  ?  C'est  une  expérience 
que  nous  avons  faite  et  qui  nous  a  réussi. 

»  Nous  étions  fortifié  dans  l'espoir  de  tirer  un  heureux  parti  de  ces 
essais,  par  cette  considération  que  les  suppurations  prolongées  sont  favora- 
bles à  l'élimination  des  éléments  du  cancer.  Lorsque  j'eus  l'honneur  de  dé- 
buter dans  l'externat  à  la  Charité,  sous  la  direction  d'un  vénéré  maître,  le 
professeur  Boyer,  j'avais  été  frappé  de  sa  persistance  à  fiiire  suppurer  les 
plaies  résultant  de  l'ablation  des  cancers.  C'était  l'époque  où  la  réunion 
immédiate,  cette  source  de  tant  d'accidents,  était  appliquée  presque  sans 
exception,  et  cependant  Boyer  continuait  à  la  repousser  et  se  fondait  sur  la 
plus  grande  rareté  des  récidives  après  la  suppuration. 

»  J'ai  eu  l'occasion  de  vérifier  la  justesse  de  cette  opinion,  par  l'emploi 
du  microscope;  des  portions  de  tissus  infiltrés  d'éléments  cancéreux  au 
moment  de  l'opération  n'en  présentaient  plus  après  quelques  semaines  de 
suppuration. 

»  J'avais,  comme  on  le  voit,  des  motifs  puissants  de  tenter  l'application 
du  cautère  actuel  à  la  cure  des  cancroïdes,  et  voici  les  principales  observa- 
tions que  j'ai  recueillies. 

»  Un  de  nos  malades  de  la  Clinique,  âgé  de  5*5  ans,  avait  eu  la  totalité 
du  pavillon  de  l'oreille  détruite  en  moins  de  trois  semaines  par  un  can- 
croïde  à  marche  aiguë.  Le  conduit  auditif  allait  être  envahi;  nous  appli- 
quâmes le  feu  à  plusieurs  reprises  sur  l'ulcération  et  nous  obtînmes  une  ci- 
catrice solide  et  persistante.  Le  malade,  malgré  nos  instances,  quitta  l'hô- 
pital et  nous  ne  l'avons  pas  revu,  mais  aucun  autre  procédé  n'eût  pu  nous 
donner  un  résultat  aussi  prompt  et  aussi  heureux. 

»  Un  second  malade  était  affecté  d'un  cancroïde  occupant  une  partie 


(  i63) 
de  la  joue  et  s'étendant  vers  la  paupière  inférieure,  dont  il  touchait  presque 
la  commissure.  Le  feu  arrêta  les  progrès  du  mal,  et  la  guérison  fut  obtenue. 

»  Un  homme  âgé  portant  un  cancer  épithélial  de  la  totalité  de  la  partie 
supérieure  de  la  lèvre  inférieure  fut  traité  par  le  même  procédé  à  la  Cli- 
nique, il  y  a  près  de  deux  ans,  et,  à  la  troisième  application  du  cautère, 
sa  plaie  se  cicatrisa  sans  notable  difiormité. 

j>  J'ai  eu  sous  les  yeux,  pendant  deux  années,  un  vieillard  atteint  de 
cancroide  à  la  joue.  La  lèvre  supérieure,  toute  la  paroi  latérale  du  nez,  la 
paupière  inférieure  et  l'angle  naso-palpébral  étaient  envahis. 

»  Le  cautère  actuel  a  permis  de  substituer  à  l'ulcération  une  cicatrice 
ferme,  épaisse,  unie,  très-profonde,  puisqu'une  portion  des  os  du  nez  fut 
exfoliée.  Plusieurs  fois,  un  commencement  de  récidive  se  fit  sur  les  bords 
du  tissu  cicatriciel,  mais  l'emploi  du  fer  rouge  en  triompha. 

»  Cette  année,  j'ai  reçu  à  la  Clinique  la  femme  Legrand  (Adèle),  âgée  de 
soixante-dix  ans,  portant  sur  le  milieu  de  la  lèvre  inférieure  luie  tumeur 
épithéliale  datant  de  sept  mois,  et  offrant  4  centimètres  de  largeur  sur  3  de 
hauteur  et  autant  de  projection. 

»  La  muqueuse  était  à  peine  ulcérée,  et  cependant  il  eût  fallu  sacrifier 
les  deux  tiers  de  la  lèvi-e  pour  en  pratiquer  l'ablation  par  le  procédé  ordi- 
naire d'excision  en  V. 

»  J'appliquai  le  feu  le  17  mai  sur  la  base  de  la  tumeur,  dont  j'avais 
séparé  avec  des  ciseaux  courbes  la  partie  la  plus  saillante. 

»  Deux  nouveaux  cautères  furent  éteints  quatre  jours  plus  tard  sur  la 
plaie,  que  je  soutenais  avec  l'indicateur  gauche  en  arrière,  afin  de  ne  laisser, 
sans  la  détruire,  aucune  partie  indurée.  Les  limites  du  mal  ne  furent  pas 
sensiblement  dépassées.  La  guérison  fut  complète  au  bout  de  quinze  jours, 
et  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  la  photographie  de 
la  malade,  prise  le  1 4  juillet,  deux  mois  environ  après  l'opération. 

»  La  partie  moyenne  de  la  lèvre  est  rétablie  de  la  manière  la  plus  régu- 
lière. La  cicatrice  est  unie,  souple^  sans  bosselures  ;  toute  la  hauteur  et  la 
largeur  de  l'organe  sont  conservées, 

»  Le  procédé  de  la  guérison  a  été  très-simple,  sans  perte  notable  de  sub- 
stance, sans  complications  possibles,  et  nous  croyons  les  résultats  plus  sûrs 
qu'à  la  suite  de  l'excision. 

»  Dans  le  cas  où  une  petite  dureté  ou  bosselure  apparaîtrait  dans 
l'épaisseur  de  la  cicatrice,  et  indiquerait  une  imminence  de  récidive,  nous 
n'hésiterions   pas  à  y  poser  immédiatement   une   pointe  de  feu  et  nous 


(  >64  ) 
détruirions  de  nouveau  sur  place,  et  avec  une  parfaite  facilité,  toute  ten- 
dance à  la  réapparition  de  la  maladie. 

»  L'emploi  du  chloroforme  est  devenu  si  complètement  innocent  entre 
des  mains  exercées,  et  inspire  une  telle  confiance  aux  opérés,  que  ces  cau- 
térisations sont  acceptées  sans  répugnance  et  sans  crainte,  el  la  chirurgie  se 
trouve  ainsi  armée  d'une  nouvelle  et  puissante  ressource  contre  des  alté- 
rations qui  pouvaient  auparavant  sembler  désespérées.  « 

Il  Nous  nous  sommes  demandé  comment  les  avantages  de  la  cautérisa- 
tion ignée  avaient  pu  être  méconnus  par  tant  d'excellents  observateurs, 
dont  s'enorgueillit  notre  art.  Les  caustiques  potentiels,  dont  l'efficacité  est 
si  remarquable,  ont  été  difficilement  acceptés  dans  le  traitement  du  cancer, 
et  il  faut  que  des  exemples  malheureux,  ou  plutôt  des  essais  téméraires, 
aient  compromis  profondément  ces  méthodes,  pour  qu'on  n'ait  même  pas 
essayé  le  feu  dans  les  cas  de  cancroïde.  M.  Velpeau,  dont  nous  invoquons 
toujours  l'autorité,  n'en  a  pas  recommandé  l'usage,  et  M.  Philippeaux, 
dans  son  Traité  pratique  de  la  Cautérisation,  n'en  parle  pas. 

»  C'est  néanmoins  un  procédé  excellent  dans  les  conditions  spéciales 
que  nous  avons  fait  connaître ,  et  les  observations  que  nous  avons  eu 
l'honneur  d'exposer  à  l'Académie  nous  ont  paru  dignes  de  son  intérêt.  » 

M.  A.  d'Abbadie  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  son 
Mémoire  «  sur  le  tonnerre  en  Ethiopie  »  et  d'un  exemplaire  du  Catalogue 
raisonné  des  manuscrits  éthiopiensqui  lui  appartiennent.  [Foir  auButletin 
bibliographique.  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  Curée;  par  MM.  Poisecille  et  Gobley. 
(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  Cl.  Bernard.) 

a  L'urée,  comme  on  le  sait,  était  regardée,  avant  les  expériences  de 
MM.  Prévost  et  Dumas  en  1822,  comme  un  produit  de  la  sécrétion  rénale; 
mais  ces  savants  ayant  démontré  la  présence  de  l'urée  dans  le  sang,  les 
reins  ne  furent  plus  considérés  comme  donnant  naissance  à  ce  principe, 
mais  bien  comme  des  organes  éliminatoires  de  l'urée  résultant  du  dernier 
terme  de  l'oxydation  des  matières  albuminoïdes ,  laquelle  serait  une  sub- 
stance excrémentielle. 

)•  Le  sang  contenant  de  l'urée,  ainsi  qu'il  arrive  généralement  pour  d'autres 


(  '65  ) 
substances  qu'on  y  rencontre,  on  doit  trouver  ce  principe  dans  la  plupart 
des  liquides  sécrétés,  dans  le  chyle,  dans  la  lymphe  (i).  M.  Wurtz,  dans  une 
récente  communication  faite  à  l'Académie,  a  non-seulement  constaté  de 
l'urée  dans  la  lymphe  et  le  liquide  du  canal  thoracique,  mais,  par  un  pro- 
cédé qui  lui  est  propre,  il  en  a  déterminé  la  quantité. 

»  Ce  procédé,  M.  Wurtz  ayant  bien  voulu  nous  le  faire  connaître,  nous 
l'avons  suivi  dans  les  recherches  que  nous  avons  l'honneur  de  soumettre  au 
jugement  de  l'Académie.  Est-il  nécessaire  d'ajouter  qu'en  outre  nous  avons 
confirmé  l'existence  de  l'urée  par  la  présence  de  ses  cristaux,  et  ceux  de  son 
nitrate. 

»  Urée  contenue  dans  looo  grammes  de  sang  artériel  d'herbivores  et  de 
carnivores  :  taureau  A  o'^',2i6;  vache  o^^-Jsjg;  chevaux  A,  B,  C  et  D  res- 
pectivement oS^aSa;  o«%i85;  o6'',24i  ;  o«%2i4;  chiens  C  et  D  respective- 
ment o^',ioi  ;  oS',200.  Ces  résultats  n'offrent  pas,  comme  on  le  voit,  de  dif- 
férences essentielles  :  d'ailleurs  ces  quantités  d'urée  chez  le  même  animal 
varient  d'un  moment  à  l'autre  avec  les  circonstances  physiologiques  qu'il 
présente.  Nous  pouvons  donc  adoptera  l'endroit  des  considérations  qui  vont 
suivre,  le  chiffre  0^^220  d'urée  pour  1000  grammes  de  sang  artériel. 

»  L'un  de  nous,  il  y  a  quelques  années,  a  déterminé  les  quantités  rela- 
tives de  sang  qui  traversent  les  divers  organes  de  l'économie,  et  il  a  vu  que 
les  reins,  comparés  à  tout  autre  viscère,  donnent  passage,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  à  une  quantité  considérable  de  ce  liquide.  Ces  expériences  répé- 
tées dans  ces  derniers  temps,  nous  avons  constaté  que  chez  un  chien  G, 
dont  le  poids  des  reins  était  de  6a  grammes,  il  passait  par  ces  organes,  en 
vingt-quatre  heures,  l'ja  kilogrammes  de  sang.  Chez  un  autre  chien  H,  les 
reins  pesant  120  grammes,  nous  avons  obtenu  332  kilogrammes  de  sang 
dans  le  même  temps.  D'autres  expériences  faites  avec  tous  les  soins  que  com- 
porte cette  étude,  nous  ont  démontré,  comme  les  précédentes,  que  la  masse 
de  sang  qui  traverse  les  reins  est  sensiblement  proportionnelle  aux  poids  de 
ces  organes.  Ainsi  chez  les  chevaux,  les  bétes  bovines,  les  reins  donnent 
passage  à  2,  3  et  4  mètres  cubes  de  sang  et  plus  en  vingt-quatre  heures.  Nous 
pouvons  donc  admettre  que  chez  un  homme  assez  robuste,  dont  les  reins 
pesaient  ensemble  379  grammes,  il  passait  par  ses  reins  plus  de  i   mètre 


(i)  Urée  olîerte  par  1000  grammes  des  liquides  suivants  ;  salife  parotidienne,  taureau  B 
o«',238;  cheval  G  o«'",246;  cheval  D  o«',i  10.  Chyle  :  cheval  A  o«',i4i  ;  vache  o«',i56  ;  la 
même  vache  le  lendemain  o",2o8  ;  lymphe  Am  même  animal  o»',io3,  etc. 


C.  R.,  18.59,  2""  Semestre.  (  T.  XLIX,  N»  4.) 


22 


(  '66  ) 
cube  de  sang  dans  le  même  temps;  nous  prendrons  comme  nombre  lond 
looo  kilogrammes  de  sang. 

»  Ces  évaluations  numériques,  établies  d'ailleurs  par  l'expérimentation, 
vont  trouver  une  application  immédiate  dans  le  sujet  qui  nous  occupe. 

»  En  effet,  il  passe  par  les  reins  du  chien  H,  en  vingt-quatre  heures, 
332  kilogrammes  de  sang,  ce  liquide  contenant  o^^aao  d'urée  par  kilo- 
grammes; le  sang  artériel  porte  donc  aux  reins  73  grammes  d'urée  dans  le 
même  temps,  lorsque  l'urine  en  un  jour  n'en  rejette  au  dehors  que  quelques 
grammes;  il  y  a  donc  chez  cet  animal  60  à  65  grammes  environ  d'urée  qui 
rentrent  dans  la  circulation. 

»  S'il  s'agit  de  l'homme  cité  précédemment,  le  sang  artériel  amène  aux 
reins  (1000'''' X  0,220)  220  grammes  d'urée  en  vingt-quatre  heures,  et  si 
on  admet  qu'il  en  rejette  20  grammes  par  l'urination  journalière,  nous  au- 
rons 200  grammes  d'urée  qui  rentreront  chaque  jour  dans  le  torrent  circu- 
latoire. 

»  Nous  croyons  donc  pouvoir  conclure,  en  nous  appuyant  sur  les  faits 
précédents,  que  la  majeure  partie  de  l'urée  qui  arrive  aux  reins  n'est 
point  éliminée  par  ces  organes. 

»  De  là  ne  serail-on  pas  en  droit  de  penser  que  ce  principe  immédiat 
n'est  point  une  substance  essentiellement  excrémentitielle?  Les  expériences 
suivantes  légitimeront,  nous  l'espérons,  cette  manière  de  voir. 

»  Pour  déterminer  en  quel  point  de  l'organisme  l'urée  prend  naissance, 
nous  avions  à  examiner  le  sang  qui  se  rend  à  un  organe,  et  celui  qui  en 
revient:  mais  les  résultats  si  divers  que  nous  avons  obtenus,  en  variant  les 
conditions  physiologiques  de  l'animal,  ont  réalisé  tout  à  fait  nos  pi'évisions. 
Aussi,  sans  nous  arrêter  à  ces  circonstances  physiologiques  que  nous  étu- 
dierons spécialement  dans  un  nouveau  travail,  il  nous  suffira,  ainsi  qu'on 
va  le  voir,  pour  éclaircir  le  point  en  question,  de  rapporter  les  résultats  de 
ces  expériences. 

»  Le  sang  provenant  d'un  organe  contient,  dans  certains  cas,  )noms 
d'urée  que  le  sang  qui  s'y  rend. 

»  Vache,  sang  de  la  carotide,  0^^,219;  sang  de  la  jugulaire,  o^'',! 87. Tau- 
reau B,  sang  de  la  carotide,  o6%289;  sang  de  la  jugulaire,  os',209.  Che- 
val D,  sang  de  la  carotide,  o8'',2i4;  sang  de  la  basilique,  o^',\6g  (ces  deux 
liquides  ont  été  recueillis  deux  heures  avant  la  mort  de  l'animal);  sang  des 
cavités  droites  du  cœur,  oS%225;  sang  des  cavités  gauches  du  cœur,  o^^iSS  ; 
sang  de  la  veine  porte,  o^%i']li.  Cheval  E,  sang  de  la  carotide,  0^^225  ;  sang 
de  la  basilique,  o*',  120.  Chien  F,  sang  de  la  carotide,  o^'',297;  sang  de  la 


(  i67) 
veine  porte,  o^"',  171  ;  sang  de  la  veine  spléoiqiie,  o8',225  ;  sang  de  la  veine 
rénale,  o6%i64  ;  sangde  la  veine  fémorale,  oS'',i36. 

»  Dans  ces  observations,  nous  voyons  que  le  sang  qui  revient  d'un  or- 
gane est  moins  riche  en  urée  que  celui  qui  y  arrive  ;  cette  urée  qui  disparaît 
ainsi,  doit  donner  lieu  à  des  métamorphoses,  à  des  mutations  particulières  ; 
aussi  sommes-nous  conduits  à  penser  que  ce  principe  immédiat  n'est  pas 
simplement  une  substance  excrémentitielle. 

»  Mais  les  résultats  que  nous  venons  de  constater  changent  avec  l'état 
physiologi(|ue  de  l'animal  ;  ainsi  : 

»  Le  sang  provenant  d'un  organe  contient,  dans  certains  cas,  plus  d'urée 
que  le  sang  qui  s'y  rend. 

»  Cheval  B,  sang  des  cavités  droites  du  cœur,  o^",  178;  sang  des  cavités 
gauches,  o^',i68.  Cheval  C,  snng  des  cavités  droites  du  cœur,  o^'',  i54;  sang 
des  cavités  gauches  du  coeiu-,  o^^aig.  Cheval  F,  sang  de  la  carotide,  o^',  160; 
sang  de  la  veine  porte,  o^"^,  igo;  sang  de  la  veine  cave  postérieure  dans  la 
poitrine,  o^"',  186.  Taureau  A,  sang  de  ta  carotide,  o^'',2i6;  sang  de  la  jugu- 
laire, o6%a33.  Chien  C,  sang  de  l'artère  rénale,  o^', 101  ;  sang  de  la  veine  ré- 
nale, o^','>.'içf.  Chien  D,  sang  de  l'artère  rénale,  o^'',20o;  sang  de  la  veine 
rénale,  o^',i5o.  Chien  E,  sang  de  la  carotide,  o^"',  1  Sg;  sang  de  la  veine  fémo- 
rale, 0^'^,1'jS;  sangde  la  veine  porte,  o^',263. 

■  L'examen  de  ces  analyses  démontre  que  les  organes  ou  tissus  où  se 
forme  l'urée  sont  très- variés. 

»  L'urée,  ainsi  que  nous  venons  de  le  constater,  présente  donc  au  sein 
de  l'organisme  des  oscillations  toutes  spéciales;  les  reins  seraient-ils,  à  l'en- 
droit de  cette  substance,  des  organes  pondérateurs  de  ces  oscillations  ?  C'est 
un  des  points  de  nos  recherches  que  nous  nous  proposons  d'étudier.   » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Observations  séricicoles  faites  en  i85g  dans  le  midi  de  la 
France;  par  M.  F.  E.  Guérin-Ménevili-e.  ,  ,  ;,,.. 

(Commission  des  vers  à  soie.) 

«  Fer  à  soie  du  mûrier.  —  Les  travaux  que  j'ai  poursuivis  cette  année  sur 
les  vers  à  soie  du  mûrier  appartiennent  à  une  longue  série  d'observations 
que  j'ai  pu  continuer  depuis  quatorze  ans  dans  la  grande  culture.  Il  serait 
trop  long  de  donner  le  détail  de  mes  études  de  cette  année,  consigné  dans 
mon  journal  de  chaque  année  ayant  pour  titre  :  Observations  séricicoles, 
14*  année,  1869  ;  je  me  borne  donc  à  les  résumer  ainsi  : 

»  La  maladie  des  mûriers  s'observe  comme  l'année  dernière.  Outre  les 

2a.. 


(  iG8  ) 
fâches  que  j'ai  signalées  précédemment,  les  feuilles  ont  souvent  un  aspect 
jaunâtre  et  gauffré,  et  beaucoup  tombent  de  bonne  heure,  ainsi  que  j'ai  pu 
l'observer  presque  partout  en  juin  et  en  juillet,  et  entre  autres  à  Toulon, 
dans  la  remarquable  propriété  de  M.  Jules  Cloquet,  et  ailleurs. 

»  Depuis  quelques  années  mes  études  et  celles  de  M.  E.  Robert  à  Sainte- 
Tulle  et  dans  les  localités  analogues,  nous  ont  démontré  que,  à  peu  d'ex- 
ceptions près,  les  cocons  provenant  des  éducations  les  mieux  réussies,  pe- 
tites ou  grandes,  plus  ou  moins  aérées,  etc.,  n'étaient  pas  susceptibles  de 
donner  de  bons  reproducteurs.  Cependant  tous  les  ans  nous  avons  fait  de 
la  graine  dans  ces  conditions,  mais  nous  avons  dû,  en  même  temps  et 
prudemment,  aller  chercher  des  cocons  reproducteurs  de  nos  races  de 
pays  dans  quelques  localités  montagneuses  privilégiées  de  la  contrée,  où 
la  vigne  cesse  presque  d'être  cultivée  et  où  sa  maladie,  celle  des  mûriers 
et  des  vers  à  soie  n'avaient  pas  encore  exercé  des  ravages  sérieux;  aussi, 
cette  année  encore,  sur  six  provenances  différentes  de  nos  races  de  pays, 
il  y  en  a  cinq  qui  ont  marché  plus  ou  moins  bien  chez  nous  et  chez  les 
éducateurs  qui  en  ont  reçu  des  graines,  et  une  qui  a  échoué  complètement. 
Toutes  cependant,  après  le  second  âge,  ont  présenté  quelques  taches 
de  gatine  ;  mais  visiblement  le  mal  paraît  avoir  diminué  d'intensité  et 
semble  entré,  comme  je  l'ai  dit  l'année  dernière,  dans  sa  période  décrois- 
sante. 

»  Dans  ces  conditions,  nous  n'avons  pas  cru  qu'il  fût  encore  prudent  de 
demander  des  reproducteurs  à  ces  races  convalescentes.  Nous  continuerons 
d'aller  chercher  nos  races  françaises  là  où  la  maladie  ne  les  a  pas  encore  at-, 
teintes,  afin  d'être  en  mesure  de  les  propager  à  Sainte-Tulle,  comme  nous 
l'avions  constamment  fait,  quand  l'épidémie  ne  sévira  plus  dans  les  parties 
basses  du  département.  .Ainsi  donc,  à  Sainte-Tulle,  comme  dans  d'autres 
localités,  ce  sont  les  races  locales  qui  ont  donné  les  meilleurs  résultats, 
mais  à  la  condition  d'avoir  été  élevées  dans  des  montagnes  plus  au  nord. 
Il  y  a  là  évidemment  une  influence  fâcheuse  des  lieux  abrités,  et  il  serait 
inutile  de  chercher  à  lutter  en  s'obstinant  à  faire  grainer  dans  ces  condi- 
tions défavorables.  11  vaut  mieux  continuer  ce  que  nous  pratiquons  depuis 
l'invasion  de  l'épidémie,  aller  chercher  nos  races  à  Sainte-Tulle,  là  où  elles 
sont  encore  soustraites  à  l'influence  délétère.  Il  faut  fuir,  reculer  devant 
l'épidémie  jusqu'au  moment,  probablement  assez  prochain,  où  elle  aban- 
donnera les  lieux  qu'elle  a  envahis  les  premiers. 

»  Fer  à  soiede  l'allante  ou  vernis  du  Japon. —  C'est  dans  le  département  du 
Var,  dans  l'extrême  Midi,  et  dans  celui  d'Indre-et-Loire,  au  centre  de  la 


(  iC9) 
France,  que  ces  études,  entreprises  par  ordre  de  l'Empereur,  ont  été  com- 
mencées sur  une  assez  grande  échelle.  Chez  M.  Aguillon,  propriétaire  et 
agriculteur  distingué  de  Toulon,  qui  avait  offert  les  nombreux  vernis  du 
Japon  de  son  parc  du  château  de  l'Eygoutier,  j'ai  fait  une  première  éduca- 
tion. Une  partie  de  ces  vers  a  été  élevée  dans  un  cabinet  fermée  une  autre 
dans  une  serre  largement  ouverte  jour  et  nuit,  et  la  dernière  en  plein  air  sur 
des  claies  laissées  constamment  dehors  et  sur  des  arbres  peu  élevés  couverts 
d'un  filet  pour  éloigner  les  oiseaux. 

»  Chez  M.  le  comte  de  Lamotte-Baracé  au  château  duCoudray-Montpen- 
sier,  qui  avait  fait  la  même  offre,  j'ai  trouvé  aussi  le  concours  le  plus  zélé  et 
le  plus  intelligent.  Comme  il  avait  bien  voulu  tailler  un  certain  nombre  de 
ses  vernis  du  Japon,  il  pouvait  disposer,  pour  nos  éducations  en  plein  air, 
de  magnifiques  massifs  de  ces  arbres  ayant  3  à  4  mètres  de  haut,  sur 
lesquels  mes  vers  ont  été  placés  et  où  ils  se  sont  développés  rapidement. 

u  A  Toulon  comme  à  Coudray,  les  vers  élevés  ainsi  en  plein  air  ont  subi 
plusieurs  orages  très-violents  avec  pluies  battantes  et  vents  impétueux,  et  ils 
ont  supporté  chaque  fois  ces  intempéries  sans  en  souffrir,  ainsi  qu'ont  pu  le 
constater  les  autorités  locales  et  plusieurs  membres  des  sociétés  et  comices 
agricoles  qui  les  ont  visités  avant  et  après  ces  orages.  Au  Coudray,  tout  ré- 
cemment, ils  ont  résisté  victorieusement  au  terrible  ouragan  de  la  nuit  du 
20  au  21  de  ce  mois,  qui  a  cassé  ou  déraciné  un  grand  nombre  d'arbres 
dans  la  contrée,  et  renversé  complètement  le  pont  suspendu  de  Langeais, 
sur  la  Loire,  et  on  les  voyait,  le  matin  du  iî,  encore  ruisselants  de  pluie, 
manger  et  filer  même  leurs  cocons  sur  des  buissons  de  vernis  du  .Japon, 
dont  l'ouragan  n'avait  pu  les  détacher. 

»  Il  résulte  de  ces  faits,  dont  les  détails  sont  consignés  dans  mon  journal 
d'observation  : 

»  1°.  Que  les  vers  à  soie  de  l'ailante  sont  acclimatés  et  peuvent  être  élevés 
en  France  sur  les  arbres  mêmes,  en  plein  air  et  presque  sans  main-d'œuvre 
comme  en  Chine; 

»  2°.Queles  cocons  obtenus  de  cette  manière  sont  plusgroset  plus  riches 
en  matière  soyeuse  que  ceux  qui  proviennent  d'éducations  faites  dans  des 
ateliers  clos  ou  même  ouverts  jour  et  nuit  ; 

«  3°.  Que  les  soins  à  donner  à  ces  éducations  sont  à  la  portée  de- tout  le 
monde  et  seront  peu  coûteux  quand  on  se  livrera  à  des  cultures  régulières  de 
l'ailante  et  de  son  ver  à  soie. 

)>  Quant  à  la  matière  textile  que  l'on  obtiendra  ainsi  à  très-bas  prix,  elle 
paraît  destinée  à  devenir  en  France  ce  qu'elle  a  été  de  tout  temps  en  Chine, 


(  17»  ) 
la  soie  du  peuple,  car  elle  pourra  être  produite  par  la  culture  d'un  arbre  qui 
prospère  dans  les  plus  mauvais  sols,  dans  les  terrains  où  l'on  ne  pourrait 
produire  ni  céréales,  ni  vignes,  ni  prairies,  et  qui  sont,  par  conséquent,  im- 
propres à  l'alimentation  publique. 

»  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  luie  portion  de  feuilles  d'al- 
lante portant  six  beaux  cocons  et  cueillie  chez  M.  Lamote-Baracé,  où  l'on 
peut  voir,  en  ce  moment  même,  des  massifs  entiers  de  vernis  du  Japon 
couverts  de  ces  beaux  vers  à  soie  plus  ou  moins  avancés  dans  leur  édu- 
cation. » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.—  Recherches  sur  l'iode  atmosphérique  ;  par  ^l.  S.  de  Luca. 

(Renvoi  à  l'examen  de  Commissaires  nommés  pour  un  précédent  Mémoire 
de  l'auteur  sur  le  même  sujet  :  MM.  Pelouze,  Payen.) 

«  Dans  la  séance  du  25  octobre  dernier,  j'ai  communiqué  à  l'Académie 
l'ensemble  de  mes  expériences  faites  pour  constater  la  présence  de  l'iode 
dans  l'air,  dans  leau  de  pluie  et  dans  l'eau  de  neige,  expériences  dont  les 
résultats  ont  été  toujours  négatifs.  Je  n'ai  pas  cessé  depuis  de  m'occuper  du 
même  sujet,  et  j'ai  l'honneur  aujourd'hui  de  soumettre  à  l'appréciation  de 
l'Académie  les  nouvelles  expériences  faites  dans  le  laboratoire  de  chimie  de 
l'Université  de  Pise.  F.es  voici  : 

»  1°.  On  a  évaporé  en  présence  du  carbonate  de  potasse  pur  54  litres 
d'eau  de  pluie  ;  le  résidu  sec,  d'une  couleur  noirâtre,  après  avoir  été  légè- 
rement calciné,  a  été  traité  à  différentes  reprises  par  l'alcool  parfaitement 
piu";  le  petit  résidu,  obtenu  par  l'évaporation  de  cette  solution  alcoolique, 
présentait  une  teinte  brune,  et  on  l'a  encore  calciné  et  repris  par  l'alcool, 
qui  a  laissé  après  l'évaporation  une  trace  de  résidu  blanc.  On  a  ajouté  à  ce 
résidu  quelques  gouttes  d'eau  distillée,  mais  par  les  procédés  les  plus  déli- 
cats on  n'y  a  pu  constater  la  moindre  réaction  iodée. 

1)  2°.  On  a  évaporé  avec  le  même  carbonate  de  potasse  48  litres  d'eau  de 
pluie,  et  on  a  obtenu  les  mêmes  résultats  négatifs  relativement  à  la  présence 
de  l'iode. 

»  3°.  On  a  réuni  i8  litres  des  premières  portions  d'eau  distillée,  on  lésa 
évaporés  avec  du  carbonate  de  potasse  pur,  et  on  a  obtenu  des  résultats 
négatifs  relativement  à  l'existence  de  l'iode. 

»  Les  trois  expériences  mentionnées  ont  été  exécutées  dans  un  endroit 


(  '7'  ) 
isolée»  à  l'iibii  de  toute  émanation  iodée.  Mais  les  suivantes  ont  été  faites 
dans  la  pièce  du  laboratoire  où  on  préparaît  les  expériences  pour  le  cours 
de  chimie  et  où  on  ne  pouvait  pas  être  à  l'abri  de  toute  cause  d'erreur.  En 
effet: 

»  ]°  On  a  évaporé  20  litres  d'eau  de  pluie  avec  du  carbonate  de  potasse 
pur,  et  on  a  obtenu  un  résidu  qui  décelait  par  les  réactifs  la  présence  de 
l'iode  ;2°on  a  évaporé  12  litres  d'eau  de  pluie  avec  du  carbonate  dépotasse, 
et  le  résidu  obtenu  contenait  de  l'iode;  3°  on  a  évaporé  3  litres  d'e.ui  dis- 
tillée (premières  portions)  avec  du  carbonate  de  potasse,  et  on  a  constaté 
dans  le  résidu  une  faible  réaction  iodée;  4°  on  a  préparé  de  la  colle  d'ami- 
don qui  ne  se  colorait  pas  par  la  vapeur  du  chlore;  mais  après  dix  jours 
pendant  lesquels  on  l'a  laissée  exposée  à  l'air  du  laboratoire,  cette  même 
colle,  quoique  d'une  teinte  opaline,  se  colorait  en  bleu  par  la  vapeur  de 
chlore,  et  elle  contenait  évidemment  un  composé  iodé. 

»  L'eau  de  pluie  dont  je  me  suis  servi  a  été  recueillie  pendant  le  mois  de 
novembre  i858  dans  un  grand  récipient  de  terre  cuite,  connu  dans  le  pays 
sous  le  nom  de  coppo,  d'une  capacité  supérieure  à  3oo  litres,  placé  sur  une 
terrasse  et  en  communication,  au  moyen  d'un  tube,  avec  les  gouttières  du 
toit. 

))  Les  expériences  suivantes  ont  été  faites  pendant  les  deux  derniers  mois 
de  mai  et  de  juin  :  elles  ont  donné  aussi  des  résultats  négatifs. 

»  1°  On  a  évaporé  l^o  litres  d'eau  distillée  avec  du  carbonate  de  potasse 
pur,  et  dans  le  résidu  convenablement  traité  on  n'a  pas  constaté  la  moindre 
trace  d'iode;  a°  ona  évaporé  deméme4o  litresd'eau  de  pluie  sans  pouvoir 
vérifierdans  le  résidu  laprésencede  l'iode;  3°  on  a  évaporé  96  litres  d'eau  de 
citerne,  provenant  elle-même  des  eaux  de  pluie  :  le  résidu  obtenu  ne  con- 
tenait pas  trace  d'iode;  4°  on  a  évaporé  4  litres  d'eau  distillée  (premières 
portions)  avec  du  carbonate  de  potasse,  mais  le  résidu  obtenu  n'a  pas  fourni 
la  moindre  réaction  appartenant  à  l'iode  ;  5°  on  a  évaporé  encore  4  litres 
d'eau  distillée  (premières  portions),  et  le  résidu  n'a  cédé  à  l'alcool  aucun 
composé  iodé. 

a  Dans  toutes  les  expériences  négatives  qui  précèdent,  il  suffisait  de  la 
plus  petite  quantité  d'un  iodure  alcalin  pour  obtenir  les  réactions  caracté- 
ristiques de  l'iode. 

»  Enfin  on  a  ajouté  en  excès  une  solution  d'azotate  d'argent  fortement 
acidulée  par  de  l'acide  azotique  pur,  aux  liquides  suivants  contenus  dans 
des  flacons  en  verre  soigneusement  bouchés  :  1°  eau  de  pluie,  8  litres; 
2"  eau  distillée,  8  litres;  3°  eau  distillée  (premières  portions),  8  litres; 


(  '7^  ) 
4°  eau  de  citerne,  8  litres.  On  a  agité  ces  liquides  avec  le  sel  d'argent,  et  on 
les  a  abandonnés  à  eux-mêmes  pendant  huit  jours.  L'eau  de  pluie  et  l'eau 
de  citerne  ont  fourni  un  précipité  peu  abondant,  qui,  recueilli  séparément 
sur  un  filtre,  lavé  et  séché,  n'a  pas  fourni,  dans  un  tube  fermé,  en  présence 
d'une  trace  de  vapeur  de  brome  renfermé  dans  une  petite  ampoule,  la  moin- 
dre coloration  violette. 

»  Ces  nouvelles  expériences  s'accordent  avec  celles  de  l'an  dernier  :  elles 
montrent  une  fois  de  plus  que  les  réactifs  les  plus  sensibles  ont  été  impuis- 
sants, dans  mes  mains,  pour  constater  la  présence  de  l'iode  dans  l'air  et 
dans  l'eau  de  pluie.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Mémoire  sur  le  rôle  de  [azote  dans  V alimentation 
des  plantes  ;  par  M.  M.  Viala.  (Extrait  présenté  par  M.   Balard.) 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Boussingault,  Decaisne.) 

«  L'auteur  établit  d'abord  une  distinction  entre  l'alimentation  des  plan- 
tes par  les  feuilles  et  leur  alimentation  parles  racines  :  la  première  aérienne 
et  uniquement  gazeuse,  la  seconde  souterraine  et  principalement  liquide; 
celle-là  suffisante  pour  l'entretien  delà  vie,  celle-ci  nécessaire  au  large  dé- 
veloppement des  plantes.  Cette  dernière  ne  subvient  efficacement  à  ce  dé- 
veloppement qu'à  la  condition  de  fournir  aux  plantes,  sous  forme  liquide, 
tous  les  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  chimique  de  leurs  tissus, 
éléments  de  l'eau,  carbone,  azote,  etc. 

u  L'auteur  réfute  l'opinion  que  l'azote,  soit  pur,  soit  à  l'état  de  combi- 
naison binaire,  puisse  suffire  seul  comme  engrais,  et  que  les  plantes  à  qui 
on  ne  fournit  que  cet  élément  de  nutrition  puissent  soustraire  à  l'atmo- 
sphère une  proportion  de  carbone  suffisante  pour  maintenir  le  rapport  im- 
muable qui  existe  toujours  dans  les  plantes  entre  le  carbone  et  l'azote. 

»  Il  pense  que  l'azote,  considéré  comme  aliment  direct,  joue  un  rôle 
limité  dans  la  nutrition  des  plantes,  et  que  son  intervention  consiste  princi- 
palement dans  son  action  comme  alcali,  après  qu'il  a  été  transformé  en 
ammoniaque. 

M  H  en  trouve  les  preuves  :  i°  dans  l'impossibilité  où  l'on  est  d'expliquer 
les  phénomènes  que  présente  l'action  des  engrais  lorsqu'on  ne  considère 
l'azote  que  comme  un  de  leurs  éléments  simples;  a°  dans  la  facilité  avec 
laquelle  on  se  rend  un  compte  très-net  de  tous  ces  phénomènes  en  rappor- 
tant à  l'ammoniaque,  comme  alcali,  la  faculté  de  rendre  soluble  l'acide  ul- 
mique  produit  par  les  engrais  organiques. 


{  >73) 

1)   L'auteur  résume  son  travail  par  les  conclusions  suivantes  : 

»  A.  Les  engrais  formés  de  matières  organiques  ont  sur  la  végétation 
une  intensité  d'action  proportionnelle  à  leur  solubilité,  et  la  durée  de  leurs 
effets  est  en  raison  inverse.  Ils  doivent  presque  toujours  leur  solubilité  à* 
l'action  de  l'ammoniaque,  soit  que  celle-ci  se  soit  développée  dans  leur  sein 
par  la  décomposition  des  matières  organiques  azotées,  soit  qu'on  la  leur  ait 
fournie  sous  forme  de  sels  ammoniacaux,  soit  enfin  qu'ils  l'aient  puisée 
dans  la  réserve  que  le  sol  contient  toujours  en  abondance. 

»  B.  Les  engrais  formés  de  matières  organiques  produisent  leur  entier 
effet  sur  une  récolte  lorsqu'il  est  entré  dans  leur  composition  une  proportion 
de  substance  organique  azotée,  ou  d'ammoniaque  suffisante  pour  activer  et 
achever  la  fermentation  des  autres  matières  organiques  qui  en  sont  la  base, 
et  amener  celles-ci  à  l'état  soluble  dans  l'espace  de  temps  que  cette  récolte 
est  sur  pied.  Ce  sont  les  engrais  de  cette  nature  que  l'on  applique  à  la  cul- 
ture intensive. 

D  C.  Si  dans  un  engrais  formé  de  matières  organiques  la  proportion  des 
substances  azotées  ou  d'ammoniaque  est  trop  faible,  toutes  les  matières  vé- 
gétales qui  en  font  partie  ne  seront  pas  assez  décomposées  pour  pouvoir 
être  absorbées  dans  l'espace  d'une  année.  Une  partie  restera  dans  le  sol  ou 
à  l'état  de  fibres  non  désagrégées,  ou  à  l'état  d'humus  insoluble  qui  sera  une 
réserve  accumulée  au  profit  des  récoltes  ultérieures. 

»  D.  Si  la  proportion  des  substances  organiques  azotées  ou  d'ammo- 
niaque est  excessive,  non-seulement  tout  l'engrais  sera  dissous  et  absorbé, 
mais  l'excès  d'ammoniaque  réagira  sur  l'humus  précédemment  resté  dans 
le  sol,  le  rendra  soluble  et  absorbabie,  et  le  sol  se  trouvera,  après  cette 
réaction,  plus  pauvre  qu'il  n'était  antérieurement. 

»  E.  Lorsque,  sous  l'influence  de  l'ammoniaque  ou  de  tout  autre  agent 
chimique,  physique,  mécanique  ou  physiologique,  im  engrais  aura  été 
amené  à  l'état  soluble  avant  son  épandage  dans  le  sol,  il  importe  peu  qu'il 
soit  très-riche  en  azote.  Les  plantes,  à  quelque  famîlle  qu'elles  appartien- 
nent, prospéreront  très-bien  à  l'aide  de  cet  engrais,  quand  même  il  ne  re- 
tiendrait que  -g^  d'azote  (engrais  flamand).  » 

M.  Alciati,  qui  avait  précédemment  adressé  diverses  communications 
relatives  aux  bons  effets  obtenus,  relativement  à  la  maladie  de  la  vigne, 
de  l'emploi  d'un  liquide  médicamenteux  de  son  invention,  fait  connaître 
dans  une  nouvelle  Note  la  composition  de  ce  liquide  et  donne  des  indica- 
tions sur  la  manière  de  l'employer. 

c.  R.,   1809,  2"«  Semestre.  (T.  XUX,;N<>;4.)  -23 


(  «74  ) 

«  Pour  une  préparation  en  petit,  par  exemple  pour  3  litres  d'eau,  il 
faut  presque  i  once  de  savon  et  i  once  de  farine.  Pour  des  préparations 
en  grand,  les  doses  sont  différentes  :  ainsi  pour  5o  litres  d'eau  j'emploie 
3  livres  de  savon  de  potasse,  c'est-à-dire  savon  tendre,  et  3  livres  de  bonne 
farine  de  blé.  On  met  l'eau  au  feu,  et  pendant  qu'elle  commence  à  tiédir, 
on  y  ajoute  la  farine  délayée  dans  une  quantité  suffisante  d'eau,  et  l'on 
agite  le  mélange.  Quand  l'eau  est  près  de  bouillir,  on  y  jette  le  savon  coupé 
préalablement  en  petites  tranches  afin  qu'il  soit  plus  tôt  dissous.  Après  dix 
minutes,  un  quart  d'heure  au  plus,  on  ôte  le  liquide  pour  le  laisser  re- 
froidir et  s'en  servir. 

»  Cette  préparation,  appliquée  aux  grappes  de  raisin  sain,  le  garantit  de 
la  maladie;  elle  résiste  aux  pluies  et  donne  aux  grains  un  aspect  de  santé 
tout  à  fait  satisfaisant.  Si  le  raisin  est  un  peu  affecté,  elle  détruit  le  cryp- 
togame et  le  préserve  d'une  nouvelle  infection.  Ce  remède  doit  être  consi- 
déré surtout  comme  préservatif,  il  ne  faut  pas  y  avoir  recours  quand  le 
raisin  est  déjà  affecté  de  taches  noires,  etc. .  .  .  Pour  les  détails,  je  m'en 
réfère  à  ce  que  j'ai  dit  dans  l'ouvrage  que  j'ai  eu  l'honneur  d'envoyer  à 
l'Institut  de  l'année  iSSy.   » 

(Commission  des  maladies  des  plantes  usuelles.) 

M.  Laiguîel  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  tableau  comparatif  de 
son  système  de  chemin  de  fer  à  petits  rayons  avec  le  système  actuel  ou  à 
grands  rayons. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Morin, 
Combes  et  Clapeyron.) 

CORRESPONDANCE. 

M.   LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse  soixante  exemplaires  d'une  partie  nouvellement  publiée  du  Rap- 
port de  la  Commission  française  sur  l'Exposition  universelle  de  Londres 
de  i85i.  (Voir  au  Bulletin  bibliographique.)  L'Académie  a  reçu  de  i854 
à  i858,  à  un  égal  nombre  d'exemplaires,  les  neuf  premiers  volumes  de  ce 
Rapport. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  au  jiom  de  M.  Walferdin  une 
épreuve  d'un  portrait  de  M.  de  Humboldt  gui  vient  d'être  lithographie 
d'après  un  dessin  original  de  Denon. 


(  '75) 
M  I.E  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance lin  programme  de  l'Université  impériale  de  Kharkoff,  concer- 
nant des  expériences  qui  se  feront  dans  cet  établissement  du  i"  au  lo  sep- 
tembre prochain  avec  une  batterie  galvanique  de  looo  éléments. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  un  opuscule  de  M.  Benoit 
sur  des  observations  faites  en  France  concernant  le  Dragouneau  (Filaire  de 
Médine). 

JII.  Moquin-Tandon  fait  à  cette  occasion  les  remarques  suivantes  : 

«  I.e  Mémoire  de  M.  Benoit  est  fort  intéressant.  Ainsi  que  vient  de  le 
dire  M.  Flourens,  la  Filaire  de  Médine  est  très-rare  en  France  et  en  Europe. 
Le  petit  nombre  de  malades  qui  en  ont  présenté,  dans  nos  contrées,  étaient 
arrivés  depuis  peu  des  pays  fréquentés  par  cet  entozoaire 

»  Au  mois  de  juillet  i854,  M.  le  professeur  Malgaigne  a  eu  l'occasion, 
dans  sa  clinique,  de  retirer  une  Filaire  de  la  jambe  d'un  jeune  homme  : 
c'était  un  matelot  qui  avait  séjourné  quelque  temps  au  Sénégal.  Le  ver  fut 
extrait  en  plusieurs  morceaux. 

»  Le  docteur  Robin  a  étudié  ces  morceaux,  et  découvert  aussi  dans  leur 
cavité  viscéraîe  une  quantité  innombrable  de  petites  Pilaires  pleines  de  vie, 
les  unes  étendues,  les  autres  enroulées  sur  elles-mêmes  el  formant  une  spi- 
rale à  peu  près  comme  les  Trichocéphales.  Le  même  fait  avait  été  déjà 
signalé  par  MM.  Jacobson  et  Maisonneuve. 

»  J'ai  vu  moi-même,  avec  M.  Robin,  ces  vermicules  se  tordre  et  s'agiter 
dans  une  goutte  d'eau.  Nous  avons  constaté  autour  de  leur  orifice  buccal 
l'existence  de  trois  nodules.  Leur  estomac  était  assez  distinct  de  l'œsophage, 
mais  il  se  confondait  avec  l'intestin. 

»  D'après  MM.  Deville  et  Robin,  ces  jeunes  Filaires,  après  avoir  perdu 
leurs  mouvements  par  suite  de  l'évaporation  de  l'eau,  reprennent  leur  agi- 
lité et.  leur  énergie,  même  au  bout  de  douze  heures,  quand  on  les  mouille 
de  nouveau.  » 

**«>,   ~* 
PHYSIQUE.  —  Sur  la  non- homogénéité  de  l'étincelle  d'induction; 

par  M.  A.   Perrot. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  résultats  auxquels  m'a 
conduit  l'examen  de  l'étincelle  d'induction.  Lorsqu'on  fait  passer  un  corps 
solide  quelconque  au  travers.de  l'étincelle,  on  voit  le  trait  lumineux  bien 
défini  qui  en  occupe  le  centre  se  déplacer  et  venir  lécher  la  surface  du 

23.. 


(  176) 
corps.  On  peut  de  cette  manière  lui  faire  prendre  toutes  sortes  de  positions, 
le  briser  ou  le  faire  mouvoir  parallèlement  à  lui-même,  sans  pour  cela 
changer  la  forme  générale  de  l'enveloppe  moins  lumineuse  qui  entoure  le 
trait  défini.  Cette  partie  beaucoup  moins  lumineuse  n'est  pas  déplacée  par 
le  contact  du  corps  solide,  mais  au  contraire  par  un  courant  gazeux  qui 
n'a  pas  d'influence  sur  la  marche  du  trait  de  feu.  En  profitant  de  ces  deux 
propriétés  différentes,  je  suis  parvenu  à  séparer  l'étincelle  en  deux  parties; 
elle  prend  alors  la  forme  d'un  V. 

»  La  partie  éblouissante  ne  paraît  pas  élever  la  température  des  corps 
qu'on  y  plonge;  une  feuille  de  papier  est  percée  par  elle  sans  qu'il  soit 
possible  de  constater  la  moindre  combustion  ;  un  fil  de  verre  n'est  pas  fondu 
quand  on  le  maintient  dans  cette  portion  de  l'étincelle.  Elle  se  termine  au 
pôle  négatif  par  un  point  lumineux  sans  élever  sensiblement  la  température 
du  fil  de  platine  qui  sert  d'électrode.  L'autre  portion,  au  contraire,  en- 
flamme tous  les  corps  qu'on  en  approche  sans  que  son  passage  paraisse  ac- 
compagné d'actions  mécaniques.  Le  trait  de  feu  éblouissant  qui  forme  la 
première  portion  ne  paraît  donc  pas,  comme  on  l'avait  cru,  la  cause  de 
l'élévation  de  température. 

»  En  arrivant  sur  l'électrode  négative,  l'étincelle  vague  et  peu  lumineuse 
s'y  étale  et  en  élève  la  température.  Un  fil  de  verre  suffisamment  fin  fond 
au  moment  où  il  est  plongé  dans  cette  portion  de  l'étincelle. 

i>  J'ai  commencé  une  série  d'expériences  dans  le  but  d'étudier  l'influence 
de  la  nature  des  électrodes  et  du  milieu  ambiant  sur  chacune  des  portions 
de  l'étincelle.  L'interposition  d'un  condensateur  dans  le  circuit  rend  la 
séparation  beaucoup  plus  difficile;  de  plus  sa  présence  commence  immé- 
diatement à  être  accompagnée  d'un  transport  de  molécules  dont  la  présence 
complique  le  phénomène. 

»  Il  est  probable  qu'en  prenant  en  considération  ces  faits,  on  pourra 
rendre  compte  de  certaines  anomalies  dans  l'action  d'un  aimant  sur  la  lu- 
mière produite  dans  un  tube  de  Geissler;  il  serait  aussi  très-intéressant 
d'étudier  la  nature  des  spectres  produits  par  chacune  des  portions  de  l'étin- 
celle. Il  est  possible  que  l'une  d'elles  seulement  contienne  certaines  natures 
de  radiations.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  l'acétone;  par  M.  A.  Riche. 

«  I.  Lorsqu'on  dirige,  dans  un  mélange  d'acétone  et  d'acide  chlorhy- 
drique  dissous,  un  faible   courant   électrique   produit  avec  trois  éléments 


(  '77  ) 
Bunsen,  un  dégagement  abondant  d'hydrogène  a  lieu  au  pôle  négatif",  tandis^ 
qu'il  ne  se  produit  que  de  faibles  quantités  de  gaz  au  pôle  positif. 

»  Sous  l'influence  du  courant,  l'acide  chlorhydrique  est  décomposé,  et 
le  chlore  naissant  réagit  sur  l'acétone  avec  une  telle  énergie,  qu'il  ne  s'en 
dégage  pas  trace  et  que  la  liqueur  s'échauffe  fortement. 

»  Le  liquide,  limpide  dans  le  principe,  se  trouble  bientôt  par  suite  de  la 
formation  de  gouttes  huileuses  qui  se  rassemblent  au  fond  du  vase.  Au  bout 
de  dix-huit  à  vingt-quatre  heures,  il  cesse  de  s'en  former  de  nouvelles,  on 
lave  alors  l'huile  et  on  la  dessèche. 

»  Soumise  à  la  distillation,  elle  commence  à  bouillir  vers  90  degrés,  mais 
la  majeure  partie  passe  de  1 15  à  1 19  degrés. 

»  Cette  portion,  agitée  avec  du  massicot  et  redistillée,  bout  à  n  7  degrés; 
elle  présente  exactement  la  composition  de  l'acétone  raonochlorée,  et  sa 
formule, 

C  H*  O' 

a     ' 

correspond  à  4  volumes  de  vapeur. 

»  C'est  un  liquide  incolore,  très-limpide,  qui  pique  fortement  les  narines 
et  qui  irrite  les  yeux  au  point  de  faire  pleurer  abondamment. 

»  La  densité  est  de  i,i4  à  i4  degrés.  Sa  densité  de  vapeur  est  de  3, 40. 

»  Ce  corps  ne  s'altère  ni  par  le  contact  de  l'air,  ni  par  la  distillation  ;  il 
ne  réagit  pas  sur  le  tournesol. 

»  Il  ne  se  mêle  pas  à  l'eau,  cependant  il  paraît  s'y  dissoudre  un  peu  par 
l'agitation  et  avec  le  temps;  la  liqueur  obtenue  ne  précipite  pas  par  le 
nitrate  d'argent. 

»  Tous  les  essais  que  j'ai  faits  pour  arriver  à  saisir  la  manière  dont  les 
éléments  sont  groupés  dans  ce  corps,  qui  a  la  composition  du  chlorure  de 
propionyle,  ont  été  infructueux. 

»  Je  l'ai  maintenu  pendant  cinquante  heures  avec  beaucoup  d'eau  bouil- 
lante :  il  y  a  disparu  en  entier,  et  la  liqueur  précipitait  par  le  nitrate  d'ar- 
gent; mais,  en  évaporant  l'eau,  la  presque  totalité  du  corps  s'est  déposée 
sans  altération. 

»  Les  solutions  aqueuses  et  alcooliques  de  potasse  donnent  des  produits 
bruns;  l'ammoniaque  gazeuse,  l'ammoniaque  aqueuse  ou  alcoolique,  la 
solution  de  carbonate  d'ammoniaque,  agissent  de  même,  en  donnant  un 
dépôt  de  chlorhydrate  d'ammoniaque. 

»  L'oxyde  d'argent  récemment  précipité  l'attaque  un  peu  à  froid,  mais  la 


(  178  ) 
réaction  ne  se  termine  que  difficilement,  même  à  loo  degrés;  on  obtient  un 
liquide  brun,  soluble  dans  l'éther,  devenant  glutineux  par  l'évaporation  ;  je 
n'ai  pu  en  retirer  ni  de  l'acétate  ni  du  propionate  d'argent. 

»  II.  L;i  solution  d'acide  bromhydrique  se  comporte  delà  même  façon 
avec  l'acétone  ;  une  huile  se  dépose  au  bout  de  quelques  heures. 

»  Celle-ci,  lavée,  séchée  et  soumise  à  la  distillation,  entre  en  ébullition 
vers  loo  degrés,  mais  la  température  monte  rapidement  à  i^o  degrés.  Il 
passe,  de  i4o  à  i45  degrés,  une  grande  quantité  du  produit;  mais  pendant 
la  distillation  le  liquide  noircit  dans  la  cornue  et  dégage  de  l'acide  brom- 
hydrique. 

..  Cette  portion,  débarrassée  d'acide  bromhydrique  par  un  courant  d'hy- 
drogène sec  et  par  l'agitation  avec  du  massicot,  présente  la. composition  de 
l'acétone  monobromée, 

C»  H'  O* 
Br 

Ce  corps  est  un  liquide  incolore,  mais  il  brunit  au  bout  de  quelques  instants, 
ce  qui  m'a  empêché  d'étudier  ses  propriétés. 

»  Il  irrite  si  fortement  les  yeux,  qu'on  ne  peut  rester  dans  une  pièce  où  on 
en  a  renversé  quelques  gouttes  ;  son  transvasement,  son  lavage,  sa  distilla- 
tion sont,  en  raison  de  cette  propriété,  des  opérations  extrêmement  pénibles. 

>  III.  L'acétone  est  attaquée  dans  les  mêmes  conditions  par  l'acide 
iodhydrique;  de  l'iode  se  dissout  dans  l'acétone  à  laquelle  il  communique 
une  teinte  noire,  et  une  huile  très-chargée  d'iode  se  dépose  au  fond  du 
vase. 

»  Je  n'ai  pu  arriver  à  en  chasser  l'excès  d'iode,  cependant  j'ai  isolé  après 
de  nombreux  lavages  quelques  aiguilles  incolores,  contenant  de  l'iode  et  de 
la  matière  organique,  mais  elles  étaient  en  trop  petite  quantité  pour  qu'il 
m'ait  été  possible  de  les  analyser.  Je  pense  cependant  qu'il  se  produit  un 
corps  iodé  analogue  aux  corps  chloré  et  brome  précédents,  car  la  Hqueur 
attaque  fortement  les  yeux  et  les  narines. 

•)  IV.  Si  on  dirige  pendant  quatre  ou  cinq  jours  le  courant  électrique 
produit  avec  trois  éléments  Bunsen  dans  un  mélange  de  deux  parties 
d'acétone,  d'une  partie  d'eau  et  d'une  partie  d'acide  azotique  ordinaire,  le 
liquide  reste  limpide,  mais  prend  une  forte  odeur  de  vinaigre. 

»  Si  on  le  sature  par  du  carbonate  de  potasse  et  qu'on  traite  le  sel  obtenu 
par  de  l'alcool,  on  en  retire  de  l'acétate  de  potasse. 

))  Le  sel  brut  obtenu  après  la  saturation  che  l'acide  dégage,  quand  on  le 


(  179  ) 
chauffe  avec  de  la  potasse,  des  vapeurs  alcalines,  qui  sont  de  l'ammoniaque 
et  de  la  méthylamine. 

»  La  présence  de  l'ammoniaque  est  toute  naturelle,  car  j'ai  montré  qu'un 
courant  électrique  dirigé  dans  une  solution  d'acide  azotique  fournit  beau- 
coup d'ammoniaque  par  l'union  de  l'azote  et  de  l'hydrogène  naissants. 

»  Pour  expliquer  la  présence  de  la  méthylamine,  il  faut  admettre  que  le 
radical  méthyle  C*  H'  existe  dans  l'acétone,  ou  se  produit  lorsqu'elle  se  dé- 
compose, concurremment  avec  l'acide  acétique. 

■>  Cette  expérience  serait  alors  la  vérification  de  l'hypothèse  émise  par 
Gerhardt  qui  considérait  l'acétone  comme  du  méthylure  d'acéthyle, 

C*H' 
C^H'O'"' 

l'aldéhyde  étant  de  l'hydrure  d'acétyle, 

H 

Outre  l'ammoniaque,  la  méthylamine  et  l'acide  acétique,  j'ai  recueilli  dans 
cette  réaction  une  petite  quantité  d'une  matière  insoluble  dans  l'eau,  qui  est 
de  l'oxamide  ;  je  suis  porté  à  croire  que  cette  substance  est  un  produit  secon- 
daire, car  j'ai  répété  trois  fois  l'expérience  dont  il  est  question  ici  et  je  n'ai 
constaté  la  présence  de  l'oxamide  que  dans  deux  d'entre  elles.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  t association  des  phosphates  de  chaux  et  de 
fer  dans  les  nodules  exploités  en  France  et  en  Angleterre.  (Remarques  de 
M.  A.  BoBiERRE,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de  M.  De- 

lanoûe). 

«  La  coexistence  des  phosphates  de  chaux  et  de  fer  dans  les  nodules 
n'est  pas  un  fait  nouveau,  car,  en  Angleterre  comme  en  France,  il  a  été 
parfaitement  constaté. 

»  Ainsi,  vers  1867,  M.  Deherain,  dont  l'Académie  a  reçu  des  travaux  sur 
la  transformation  des  phosphates  alcalins  et  terreux  dans  le  sol,  me  com- 
muniquait une  méthode  analytique  de  séparation  du  phosphate  de  fer  et  du 
phosphate  de  chaux.  Moi-même,  dans  mes  leçons  de  chimie  agricole,  pro- 
fessées à  l'École  des  Sciences  de  Nantes,  en  i858,  et  dont  j'ai  eu  l'hon- 
neur d'adresser  un  exemplaire  à  l'Académie,  j'ai  insisté  à  différentes 
reprises  sur  la  migration  de  la  molécule  d'acide  phosphorique,  qui,  suc- 


(  i8o  ) 
cessivement  unie  à  la  chaux  ou  au  sesquioxyde  de  fer,  se  combine  à  l'oxyde 
de  potassium,  pour  devenir  partie  constituante  du  grain  de  froment. 

»  Je  me  propose  de  revenir  sur  les  procédés  analytiques,  assez  déli- 
cats, au  moyen  desquels  on  peut  séparer,  dans  les  nodules,  le  phosphate 
tribasique  de  chaux  du  phosphate  de  fer,  Fe''O^PhO%  4H0,  et  sur  la 
résistance  que  ce  dernier  peut  opposer  aux  réactions  du  sol,  lorsqu'il  a  été 
déshydraté:  pour  le  moment,  je  me  contenterai  de  rappeler  que  le  résumé 
de  mes  leçons  sur  le  phosphate  de  chaux  contient  l'expression  numérique 
d'analyses,  où,  pour  5 1  et  45  centièmes  de  phosphate  de  chaux,  il  existe 
9  et  12  centièmes  de  phosphate  de  fer. 

»  Ces  faits  sont  parfaitement  d'accord  avec  ceux  observés  par  M.  Dela- 
noùe,  mais  leur  constatation  prouve  que  les  chimistes  connaissaient  depuis 
plusieurs  années  la  combinaison  mixte  signalée  par  ce  savant. 

»  J'ajouterai  que  si  des  agriculteurs  ont  éprouvé  des  revers  en  employant 
les  nodules  dans  des  conditions  mauvaises,  il  n'en  est  pas  de  même  dans  les 
sols  de  landes  à  sous-sol  argilo-siliceux,  où  les  défrichements  ont  eu  lieu  avec 
grand  succès  sous  l'influence  de  ces  mêmes  nodules  en  poudre  fine,  alors 
surtout  qu'ils  ont  été  mélangés  avec  des  matières  animales.  Les  industriels 
qui  exploitent  les  nodules,  dans  l'Est,  ont  observé  l'action  énergique  et 
prompte,  —  déhtement,  échauffement,  etc.,  —  que  cette  matière  éprouve 
sous  l'influence  de  l'air. 

»  L'assimilation  de  ces  phosphates,  dans  les  terrains  feldspathiques  de 
l'Ouest,  est  donc  tout  à  la  fois  et  une  conséquence  de  l'altération  facile  des 
nodules  en  poudre  par  les  gaz  atmosphériques,  et  un  fait  empirique  bien 
acquis  désormais.  » 

M.  Delanoce,  à  qui  M.  Bobierre  avait  communiqué  d'avance  les  remar- 
ques que  nous  venons  de  reproduire,  adresse  à  ce  sujet  une  Note  dont  nous 
extrayons  les  passages  suivants  : 

«  Je  me  préoccupe  peu  de  la  question  de  priorité;  je  puis  dire  cependant 
que  j'avais  dès  i853  «  reconnu  dans  le  terrain  crétacé  une  couche  de 
phosphate  calcaire  d'une  grande  étendue  et  de  o'°,6o  d'épaisseur,  où  l'acide 
phosphorique  combiné  à  la  chaux  et  au  fer  donne  à  la  roche  une  grande 
dureté  (i)  ».  Cela  n'a  pas  empêché  que  tout  le  monde  en  France  et  en 


(i)  Congrès  scientifique  d'Arras,  bulletin  n°  5,  séance  du  27  août  i853.  Bulletin  de  la 
Société  géologique. 


(  i8.   ) 
Angleterre  ait  continué  jusqu'à  ce  jour  d'appeler  cette  substance  iihosphnte 
de  chaux.  Je  devais  signaler  cette  erreur. 

»  M.  Bobierre  et  d'antres  chimistes  citent  certaines  analyses  de  no- 
dules de  phosphate  offrant  du  phosphate  ferrique.  Il  aurait  été  en  effet 
bien  extraordinaire  que  la  quantité  considérable  de  fer  qu'ils  contiennent 
ait  toujours  échappé  à  l'analyse;  mais  ce  qui  est  réellement  essentiel  à  véri- 
fier et  ce  que  j'affirme,  c'est  le  fait  suivant.  Le  phosphate  ferrico-calcique 
existe  constamment  dans  le  lower  greensaud,  le  gault,  l'upper  greensand,  la 
craie  glauconieuse,  la  craie  séuonienne  inférieure  et  jusque  dans  les  véri- 
tables coprolites  du  tourtia,  c'est-à-dire  dans  l'universalité  des  terrains  cré- 
tacés de  France  et  d'Angleterre.  Cette  loi  ne  s'applique  ni  à  l'apatite,  qui  est 
un  chloro-boro-phosphate  caicique,  ni  au  phosphate  du  lias,  signalé  tout 
récemment  par  M.  Deschamps.  » 

M.  BossHARD  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  rendre  compte 
d'une  Note  qu'il  lui  a  précédemment  adressée,  concernant  un  appareil  de 
son  invention  désigné  sous  le  nom  de  collecteur  de  forces. 

(Renvoi  à  M.  Morin  précédemment  désigné.) 
La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


C.  R.,  i85q,a""  Scmettie.  (T.  XLIX,   N"  ^.)  .  24 


(     l82    ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  aS  juillet  iSSg  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l\4cadémie  des  Sciences  pu- 
bliés conformément  à  une  décision  de  l'Académie,  en  date  du  i3  juillet  i835, 
par  MM.  LES  Segkétaires  perpétuels;  t.  XLVII.  Paris,  i858;  in-4°. 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Sciences.  Discours  prononcé  par 
M.  Berquerel  aux  funérailles  de  M.  le  baron  Cagniard  de  Latour,  le  jeudi 
•j  juillet  iSSg;  demi-feuille  in-4''. 

Leçons  sur  la  Physiologie  et  l' Analomie  comparée  de  thomme  et  des  ani- 
maux faites  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris;  par  H.  MiLNE  Edwabds  ;  t.  V, 
l"  partie.  Absorption.  Digestion.  Paris,  18.59;  in-8°. 

Sur  le  tonnerre  en  Ethiopie;  par  Antoine  d'Abbadie.  Paris,  i858;  in-4°. 
(Extrait  dut.  XVI  des  Mémoires  présentés  par  divers  savants  à  l'Académie 
des  Sciences.) 

Catalogue  raisonné  des  manuscrits  éthiopiens  appartenant  à  Antoine 
d'Abbadie.  Paris,  1859;  in-4". 

La  Politique  et  les  Beligions,  études  d' un  journaliste  ;  par  H.  Lamarche. 
Paris,  i858;  i  vol.  in-12. 

Du  Dragonneau  ou  Filaire  de  Médine,  à  l'occasion  d'une  nouvelle  observa- 
tion de  cet  helminthe  chez  [homme;  par  M.  J.  Benoit.  Montpellier,  iSSg; 
br.  in-S". 

Essais  d'une  monographie  des  espèces  et  des  variétés  du  genre  Cucumis;  par 
M.  Ch.  Naudin  ;  br.  in-8°. 

Etudes  sur  les  graminées  fourragères  des  environs  de  Toulouse;  par 
M.  Baillet;  br.  in- 8°. 

Fragments  astronomiques  et  physiques  ;  par  M.  Emm.  LIAIS;  br.  in-8°. 
Mémoires  sur  Vanatomie  et  la  physiologie  des  osselets  de  l'oreille  et  de  la  mem- 
brane du  tympan;  par  M.  le  D'' Bonnafont.  Paris,  1859;  br.  in-8°. 


(  »83) 

Mémoire  sur  les  corps  gras;- par  \eD' iEANJ:^ZL.  Bordeaux,  iSSg;  br.  in-S". 

Dictionnaire  français  illustré  et  Encyclopédie  universelle;  80*  liv.,  in-4°- 

Carie  géologique  du  Dauphiné  (Isère,  Drôine,  Hautes-Alpes);  par 
M.  Ch.  LORY.  (Présentée,  au  nom  de  l'Auteur,  par  M.  d'Archiac.) 

On  the —  Sur  la  lumière  réfléchie  et  transmise  par  des  lames  minces;  par 
M.  H.  Lloyd.  Dublin,  iSSg;  br.  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  18  juillet  iSSg.) 


Page  1 38,  ligne  27,  'mmissaires  déjà  nommés  pour  le  Mémoire  de  MM.  Pommier  et 
Joyeux,  au  lieu  de  MM.  Pouillet,  Morin,  Combes,  lisez  MM.  Peligot,  Séguier. 


I      I  1 1»  »  ii<  a  <  - 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIIË  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  1"  AOUT  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


AIÊMOIRES  ET  COMMLNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

GÉOLOGIE.  —  M.  Eue  de  Beacmont  lit  les  remarques  suivantes  au  sujet 
de  ta  légende  de  la  Carte  géologique  du  Dauphiné,  par  M.  Ch.  Lorj. 

«  L'Académie  dans  sa  dernière  séance  a  reçu  une  Carte  géologique  du 
Dauphiné  {IsèrefUràme,  Hautes- Alpes)  publiée  récemment  par  M.  Ch.  Lory, 
qui  lui  a  été  présentée  au  nom  l'auteur  par  M.  d'Archiac.  Notre  savant 
confrère  a  donné  au  travail  de  M.  Lory  des  éloges  que  je  crois  mérités, 
et  je  n'aurais  pas  à  m'en  occuper  si  je  n'espérais  que  les  personnes  auxquelles 
la  clarté  est  agréable,  sauraient  peut-être  gré  à  l'un  des  auteurs  de  la  Carte 
géologique  de  la  France,  d'avoir  commenté  en  passant  certaines  ambiguïtés 
que  présente  la  comparaison  de  la  légende  de  cette  carte  avec  la  légende  ou 
explication  des  couleurs  de  la  carte  de  M.  Lory.  Je  m'attacherai  seulement 
à  deux  de  ces  points  ambigus. 

)i  Première  ambiguïté.  La  légende  de  la  Carte  géologique  de  la  France  est 
conçue  de  la  manière  suivante  pour  la  série  des  couches  qui  sont  comprises 
entre  l'argile  plastique  et  le  terrain  jurassique. 

jaune 
Terrain  crétacé  supérieur |    c'  |     Craie  blanche  et  craie  marneuse. 

vert     (  Grès  vert  supérieur  (crsiietufteaLu) 

Terrain  crétacé  inférieur |    c'   |  <  et  inférieur:  formation  wealdienne 

r  ou  néocomienne. 
C.  R.,  i859,  2™«  Semtstre.  (T.  XLIX,  N»S.;  ^5 


(  i86  ) 

i>  La  formation  du  gauU  étant  placée  entre  le  grès  vert  supérieur  et  le 
grès  vert  inférieur,  son  nom  n'avait  pas  besoin  d'être  écrit  dans  cette 
légende  pour  qu'il  fût  implicitement  convenu  que  le  gault  y  est  compris 
dans  le  terrain  crétacé  inférieur. 

»  M.  Lory,  à  qui  l'échelle  plus  grande  de  sa  carte  a  permis  de  multiplier 
davantage  les  couleurs,  a  consacré  dans  sa  légende  une  case  particulière 
au  gaull  qui  y  est  désigné  par  la  lettre  G;  mais  il  a  compris  sous  une 
dénomination  commune,  groupe  de  la  craie,  désigné  par  la  lettre  G  et  figuré 
par  une  teinte  olivâtre  (intermédiaire  entre  le  jaune  et  le  vert),  tontes  les 
couches  de  la  série  crétacée  supérieures  au  gault. 

»  De  là  il  résulte  que  sur  la  carte  de  M.  Lory  le  groupe  de  la' craie  ne 
comprend  pas  seulement  la  craie  blanche  et  la  craie  marneuse  (terrain  cré- 
tacé supérieur  de  la  Carte  géologique  de  la  France),  mais  encore  le  grès 
vert  supérieur  [craie  iuffeau)^  qui,  dans  la  Carte  géologique  de  la  France, 
fait  partie  du  terrain  crétacé  inférieur,  et  y  est  en  conséquence  colorié  en 
vert  (c').  Cela  fait  que  les  couches  crétacées  les  plus  élevées  des  montagnes 
(le  la  Grande-Chartreuse,  du  Royans,  du  Vercors,  de  Sassenage,  de  Fon- 
taine, etc.,  qui  sont  coloriées  en  vert  (c')  sur  la  Carte  géologique  de  la 
France,  comme  représentant  la  craie  tuffeau,  sont  coloriées  sur  la  carte  de 
M.  Lory  en  vert  olive  (C),  ainsi  qu'elles  le  seraient  si  elles  étaient  formées 
de  craie  blanche  supérieure,  sans  que  cela  implique  nécessairement,  ainsi 
qu'on  pourrait  le  croire  au  premier  abord,  entre  M.  Lory  et  les  auteurs  de 
la  Carte  géologique  de  la  France,  une  divergence  essentielle  dans  la  ma- 
nièi'e  de  comparer  ces  couches  aux  couches  crayeuses  des  falaises  de  la 
Manche,  qui  servent  ordinairement  de  type  pour  la  classification  des  terrains 
crétacés. 

»  Au  surplus,  et  pour  que  mon  opinion  persoinielle  à  ce  sujet  ne  puisse 
pas  être  présentée  comme  ambiguë,  je  répéterai  ici,  puisque  l'occasion  s'en 
présente,  que,  dans  les  montagnes  qui  entourent  Grenoble  au  nord  et  à 
l'ouest,  et  où  la  Carte  géologique  de  la  France  ne  figure  que  le  terrain  cré- 
tacé inférieur  (c'),  il  n'y  a  en  effet  aucune  couche  appartenant  au  terrain 
crétacé  supérieur  tel  que  la  légende  de  la  Carte  géologique  de  la  France 
le  définit;  c'est-à-dire  qu'il  n'y  existe  aucune  couche  crétacée  d'un  niveau 
géologique  plus  élevé  que  l'assise  supérieure  de  la  craie  tuffeau  qui  est 
foruiée  dans  le  nord  de  la  France  par  la  craie  chloritée  supérieure  (i)  de  la 

(i)  fo/r  les  Remarques  que  j'ai  présentées  à  cet  égard  ik  rAcadcmie,  dans  la  séance  du 
?.8  mars  dernier  [Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  p.  G'^7  }. 


(  '87  ) 
côte  Sainte-Catheriiie  près  de  Rouen,  si  célèbre  par  le  nombre  et  la  belle 
conservation  de  ses  fossiles. 

j)  Si  dans  les  trois  départements  qui  représentent  l'ancien  Daupbiné, 
on  trouve  des  couches  contemporaines  du  groupe  de  la  craie  blanche  pro- 
prement dite  (craie  marneuse,  craie  blanche  sans  silex,  craie  blanche  avec 
silex),  on  les  rencontrera  uniquement  [suivant  moi)  dans  le  terrain  num- 
mulitique,  que  M.  Lory,  dans  sa  légende,  a  qualifié  de  tertiaire,  et  notam- 
ment dans  un  petit  groupe  de  couches  de  calcaire  gris  schistoïde  qui  se 
trouve  à  la  base  de  ce  terrain,  au-dessous  de  l'assise  nummulitique  pro- 
prement dite  (i). 

»  Seconde  ambiguïté.  La  seconde  ambiguïté  se  rapporte  aux  articles  de 
la  légende  de  M.  Lory  qui  sont  principalement  relatifs  aux  parties  du  Brian- 
çonnais  et  du  Queyras,  représentées  sur  la  Carte  géologique  de  la  France  comme 
appartenant  au  terrain  jurassique  modifié,  figuré  sur  cette  carte  par  une  teinte 
bleue  avec  hachures  rouges  et  désigné  par  le  signe  J,  que  M.  Lory  adopte 
lui-même  pour  l'un  des  groupes  de  couches  que  son  échelle  plus  grande  lui 
permet  de  distinguer.  M.  Lory  fait  suivre  d'un  point  de  doute  (?)  la  défini- 
tion de  la  plupart  de  ces  groupes,  et  le  sens  attaché  à  ces  points  de  doute  est 
pour  moi  un  sujet  d'incertitude. 

u  Si  ces  points  de  doute  se  rapportent  à  la  valeur  et  à  l'ordre  relatif  des 
subdivisions  que  M.  Lory  cherche  à  établir  dans  les  assises  diverses  des 
terrains  du  Briançonnais  et  du  Queyras,  je  n'ai  rien  à  en  dire. 

»  Mais  si  les  points  de  doute  se  rapportaient  à  l'âge  relatif  que  la  Carte 
géologique  de  la  France  assigne  à  l'ensemble  de  ces  assises  en  les  plaçant 
dans  le  terrain  jurassique  modifié,  \t  regretterais  de  les  voir  figurer  dans  la 
légende  de  la  carte  de  M.  Lory. 

«  En  effet,  cet  infatigable  explorateur,  auquel  je  suis  heureux  de  pou- 


f^i)  Ces  couches  essentiellement  crétacées  font  partie  des  vastes  lambeaux  du  terrain 
nummulitique  du  département  des  Hautes- Alpes  que  j'ai  coloriées  en  jaune  et  désignées  par 
c-,  comme  se  rattachant  à  la  série  des  terrains  crétacés  plus  qu'à  celle  des  terrains  tertiaires, 
sans  m'opposer  toutefois  à  ce  qu'on  leur  donne  le  nom  à'éocène,  qui  peut  convenir  à  une 
partie  de  leur  faune.  (  Voir  le  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,  2"  série,  t.  IV, 
p.  562  et  suivantes  (séance  du  !"■  mars  iSS^).  J'ai  même  donné  au  terrain  nummulitique  le 
nom  A' étage  éocène  antépyrénéen,  mais,  quelques  pages  plus  loin,  j'ai  exprimé  le  regret  qu'on 
ait  introduit  dans  la  nomenclature  géologique  le  mot  éucène,  qui,  par  suite  précisément  de  son 
étymologie,  me  paraît  présenter  certains  inconvénients  que  j'ai  signalés.  (Voir  ma  Notice  sur 
lessystèmes  de  montagnes,  publiée  en  i852  ;  p.  43i,  4^3  à  468,  5i5  et  53o.) 

a5.. 


(i88) 
voir,  clans  cette  circonstance,  rendre  une  impartiale  justice  sous  le  rapport 
de  son  activité  consciencieuse  et  de  son  esprit  d'observation,  a  figuré  avec 

juste  raison  comme  se  rapportant  purement  et  simplement  au  lias  (L)  (ter- 
rain jurassique  inférieur  non  modifié)  les  calcaires  schisteux  des  cols  du 
f^autaret  et  de  l'Infernet,  du  col  des  Berches  (i),  etc.  Or,  comme  je  l'ai  in- 
diqué depuis  longtemps  et  à  plusieurs  reprises,  c'est  là  la  clef  de  la  géologie 
des  montagnes  du  haut  Dauphiné  et  de  la  Maurienne,  et  ce  point-là  admis, 
toute  incertitude  disparaît  et  tous  les  points  de  doute  deviennent  sans 
objet  (2). 

»  Si  M.  Lory  ne  s'était  pas  encore  assuré  que  les  grès  anthracifères  des 
cimes  qui  dominent  au  nord  le  col  du  Lautaret,  entre  les  cols  de  l'Infernet 
et  du  Galibier,  en  tirant  vers  le  Bec  des  Trois-Évêchés ,  les  aiguilles 
d'Arves,  le  col  et  le  vallon  des  Pics  (3),  sont  à  la  fois  supérieurs  et  postérieurs 
au  lias  du  Lautaret,  je  l'engagerais  à  visiter  de  nouveau  cette  contrée,  afin 
de  faire  disparaître  une  inconséquence  qui  fait  tort,  à  mes  yeux  du  moins, 
au  mérite  réel  de  son  travail.  » 


(r)  Le  col  des  £erc/ies,  des  Perches  ou  de  la  Gouille,  est  situé  au  point  où  le  sentier  qui 
conduit  de  la  Grave  à  Saint-Sorlin-d'Arves  et  à  Saint-Jean-d'Arves  traverse  le  frontière  de  la 
France  et  de  la  Savoie  avant  de  descendre  vers  les  granges  de  Pré-Nouveau.  J'ai  donné  diffé- 
rents détails  sur  les  cols  des  Berches,  de  l'Infernet ,  etc.,  dans  ma  Notice  sur  le  col  du  Char- 
dorict.  Voyez  Anrtales  des  Sciencef  naturelles,  t.  XV,  p.  356  à  36o  (1828). 

En  fait,  le  lias  du  Lautaret,  du  col  de  l'Infernet,  du  col  des  Berches,  tjui  est  le  lias 
moyen  ou  supérieur,  est  en  continuité  avec  celui  du  col  des  Encombres,  dans  lequel  M.  le  pro- 
fesseur Sismonda  a  constaté  l'existence  de  soixante-cinq  espèces  de  coquilles,  la  plupart  déjà 
connues  ailleurs  dans  le  terrain  jurassique  (Voir  les  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences,  t.  XLV,  p.  949  (séance  du  'j  décembre  1857). 

Du  col  du  Lautaret  au  col  des  Encombres,  il  y  a  en  ligne  droite  34  kilomètres,  ou  environ 
8  lieues.  On  peut  aller  facilement  de  l'un  à  l'autre  dans  les  vingt-quatre  heures,  en  couchant 
à  Saint -Michel,  où  va  se  trouver  bientôt  l'une  des  stations  du  chemin  de  fer  de  Paris  à  Turin  : 
et  l'on  peut  faire  tout  ce  trajet  sans  cesser  de  marcher  sur  les  calcaires  plus  ou  moins  schis- 
teux, généralement  peu  altérés,  et  souvent  fossilifères  du  lias  moyen  ou  supérieur. 

(2)  Voir  ma  Notice  déjà  citée  sur  le  cnl  du  Chardonet  et  le  résumé  de  toute  la  question 
des  terrains  anthracifères  des  Alpes,  inséré  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de 
France,  2°  série,  t.  XIII,  p.  534  ^676  (séance  du  7  mai  i855  ). 

(3)  J'ai  donné  d'assez  nombreux  détails  sur  le  co/et  levallon  des  Pics,  qui  conduisent,  par 
un  parcours  facile,  de  Saint-Jean-d'Arves  et  d'Entraigues  à  Bonnenuit,  ainsi  que  sur  les 
montagnes  adjacentes,  dans  ma  Notice  sur  le  col  du  Chardonet.  Voyez  Annales  des  Sciences 
naturelles,   t.  XV,  p.  359  à  36 1   ('828). 


(   '89) 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  foudre  en  boule;  par  M.   de  Tessan. 

K  Ce  que  l'on  connaît  des  apparences,  des  mouvements  et  des  effets  de 
la  foudre  en  boule  me  semble  devoir  la  faire  considérer  comme  une  bou- 
teille de  Leyde  fortement  chargée,  dont  les  parois  isolantes,  au  lieu  d'être 
en  verre,  sont  formées  d'une  couche  sphérique  d'air  sec,  fortement  com- 
primé par  suite  de  l'attraction  mutuelle  des  deux  électricités  accumulées 
sur  les  faces  de  cette  couche,  et  dont  l'intérieur  contient  de  l'air  plus  ou 
moins  rarétié  et  par  suite  plus  ou  moins  conducteur  de  l'électricité. 

»  En  effet,  une  bouteille  de  Leyde  ainsi  constituée  présenterait  l'aspect 
d'une  sphère  lumineuse,  par  suite  de  la  combinaison  lente  des  deux  élec- 
tricités qui  s'effectuerait  à  travers  la  couche  d'air  comprimé,  qui  ne  peut 
être  parfaitement  isolante.  Elle  n'exercerait  à  dislance  que  de  faibles  actions 
attractives  ou  répulsives  sur  les  corps  extérieurs,  puisque  l'électricité  y  se- 
rait, pour  la  plus  grande  partie,  dissimulée.  Elle  pourrait  être,  ou  moins 
pesante,  ou  plus  pesante  que  l'air  déplacé,  suivant  la  plus  ou  moins  grande 
raréfaction  de  l'air  intérieur,  suivant  la  compression  moins  grande  ou  plus 
grande  de  la  couche  isolante,  et  enfin  suivant  l'élévation  de  sa  température. 
Elle  peut  donc  avoir  une  densité  telle,  qu'elle  obéisse  à  la  moindre  im- 
pulsion de  l'air  ambiant.  Mise,  par  simple  contact  extérieur,  en  communi- 
cation électrique  avec  la  terre,  elle  persisterait  dans  son  étal  primitif;  puis- 
qu'elle ne  perdrait  par  ce  contact  que  la  faible  quantité  d'électricité  qui 
pourrait  se  trouver  libre  à  cet  instant  sur  sa  face  extérieure.  Mais,  si  un 
corps  conducteur,  même  isolé,  pénétrait  la  couche  isolante  de  manière  à 
mettre  en  communication  directe  la  face  extérieure  de  cette  couche  a.vec  sa 
face  intérieure,  alors  les  deux  masses  d'électricité  accumulées  sur  ces  faces 
se  combineraient  instantanément  à  travers  le  corps  conducteur,  et  l'air  de 
la  couche  isolante  n'étant  plus  comprimé  par  l'attraction  mutuelle  de  ces 
deux  masses  d'électricité,  se  dilaterait  subitement  en  se  projetant  dans  le 
vide  intérieur  et  vers  l'extérieur  :  il  y  aurait  en  un  mot  explosion.  Et  cette 
explosion  serait  d'autant  plus  forte,  que  la  couche  isolante  était  auparavant 
plus  comprimée,  c'est-à-dire  que  la  charge  électrique  était  plus  forte,  et 
aussi  que  l'air  intérieur  était  plus  raréfié  et  la  température  plus  élevée. 
D'ailleurs  la  recomposition  des  deux  électricités  à  travers  la  couche  isolante 
ayant  dû  produire  de  l'ozone,  on  percevrait  son  odeur  après  l'explosion. 

»  Tous  ces  phénomènes  sont  précisément  ceux  que  l'on  a  observés  dans 
les  cas  de  foudre  en  boule. 


(  190  ) 

»  Cette  complète  similitude  dans  les  phénomènes  rendrait  très-probable 
la  similitude  de  constitution  physique,  si  à  priori  cette  constitution  était 
elle-même  possible  ,  c'est-à-dire  si  l'existence  d'une  pareille  bouteille  de 
Leyde  à  parois  gazeuses  était  possible,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  s'il 
pouvait  y  avoir  équilibre  stable  dans  un  pareil  système.  Or  il  est  facile  de 
s'assurer  qu'il  en  est  ainsi. 

»  En  effet,  les  couches  d'égale  densité  étant  sphériqiies  et  concentriques, 
il  y  aura  nécessairement  équilibre  de  pression  ainsi  que  de  tension  électri- 
que parallèlement  au  plan  tangent  à  ces  couches,  c'est-à-dire  perpendicu- 
lairement à  un  rayon  quelconque  de  la  boule.  Il  suffit  donc  de  s'assurer 
qu'il  peut  y  avoir  en  outçe  équilibre  dans  le  sens  du  rayon.  Or,  si  l'on  dé- 
signe par  Pq  la  pression  atmosphérique  extérieure,  par  A.  la  force  résultant 
de  l'attraction  mutuelle  des  deux  charges  d'électricité,  par  P  la  pression 
de  l'air  dans  la  couche  isolante,  par  p  la  pression  de  l'air  dans  l'intérieur 
de  la  boule,  et  enfin  par  T  la  tension  de  l'électricité  qui  se  trouve  à  l'état 
libre  sur  la  face  intérieure  de  la  couche  isolante  dont  /•  est  le  rayon  tandis 
que  R  est  celui  de  la  face  extérieure  :  on  voit  facilement  qu'il  est  nécessaire 
et  qu'il  suffit  pour  l'équilibre  du  système  que  l'on  ait  les  deux  égalités  : 

p  +  T  =  V,{i],         P-A  =  Po(a): 

égalités  qu'il  est  toujours  possible  de  satisfaire  par  des  valeurs  convenables 
de  r  et  de  R  ;  car  /?  et  T  étant  fonctions  de  r  seulement,  la  première  équa- 
tion fait  connaître  la  valeur  de  cette  inconnue,  tandis  que  la  seconde,  dans 
laquelle  P  et  A  sont  fonctions  de  r  et  de  R,  détermine  la  valeur  de  R, 
puisque  celle  de  r  est  déjà  connue. 

»  On  voit  de  plus  que  si,  à  un  instant  donné,  les  trois  quantités  Po,  P  —  A 
et  /J  4-  T  viennent  à  être  légèrement  différentes  entre  elles,  c'est-à-dire  si 
l'équilibre  est  légèrement  troublé,  il  suffira  d'une  légère  variation  de  r  et 
de  R  pour  que  l'égalité  se  rétablisse  et  que  l'équilibre  renaisse.  Ce  qui 
montre  que  l'équilibre  est  stable,  puisque  d'ailleurs  la  force  élastique  du  gaz 
et  la  tension  de  l'électricité  libre  rendraient  au  système  la  forme  sphérique 
s'il  en  avait  été  écarté  momentanément. 

»  La  résistance  de  la  couche  isolante  au  départ  d'une  étincelle  entre  ses 
deux  faces  croissant  avec  la  pression  P,  qui  croît  elle-même  avec  la  charge 
électrique  de  ces  faces,  cette  charge  peut  être  très-grande  ainsi  que  la  pres- 
sion P  sans  qu'il  y  ait  explosion.  Une  bouteille  de  Leyde  à  parois  unique- 
ment gazeuses  est  donc  possible  en  théorie. 

»  Mais  il  y  a  plus.  En  y  réfléchissant  un  peu,  on  imagine  bien  vite  divers 


(  '9'  ) 
procédés  plus  ou  moins  compliqués  au  moyen  desquels  on  pourrait  réa- 
liser celte  conception  théorique,  et  l'on  arrive  à  concevoir  que  parmi  les 
effets  si  nombreux,  si  variés  et  encore  si  peu  expliqués  de  la  foudre,  il 
s'en  trouve  un  qui  la  réalise  en  effet,  et  donne  ainsi  naissance  à  la  foudre 
en  boule.  » 

ASTRONOMIE.  —  Observations  des  taches  etfacules  du  soleil  à  [Observatoire  du 
collège  Romain  ;  Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

•  Rome,  i5  juillet  1859. 

»  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  deux  numéros  des  Mémoires  de 
l  Observatoire  (II  et  V)  qui  contiennent  des  observations  sur  les  taches  so- 
laires, de  la  comète  Donati  et  des  étoiles  doubles.  Les  numéros  intermé- 
diaires, III  et  IV,  contiendront  les  observations  de  Mars  et  du  soleil  :  main- 
tenant je  crois  que  les  résultats  suivants  pourront  intéresser  l'Académie,  et 
je  vous  prie  de  vouloir  bien  les  communiquer. 

»  L'étude  des  taches  solaires  a  acquis  dans  ces  derniers  temps  une  im- 
portance particulière  pour  la  résolution  d'un  grand  nombre  de  questions 
relatives  à  la  constitution  physique  de  cet  astre.  Sans  prétendre  critiquer 
les  systèmes  d'observation  actuellement  adoptés,  on  ne  peut  nier  qu'ils 
laissent  beaucoup  à  désirer  pour  assurer  le  succès  de  ce  qu'on  cherche. 
Communément,  en  effet,  on  se  borne  à  compter  le  nombre  des  taches  visi- 
bles au  moment  de  l'observation,  et  par  conséquent  les  résultats  sont  mêlés  de 
toutes  les  irrégularités  de  l'état  atmosphérique,  qui  compliquent  la  loi  des 
apparitions.  De  plus,  comme  il  y  a  nécessairement  beaucoup  d'arbitraire 
dans  la  distinction  des  groupes  selon  les  observateurs  et  la  force  apparente 
des  lunettes,  les  résultats  des  différentes  époques  seront  difficilement  com- 
parables entre  eux  :  cette  simple  manière  est  en  outre  insuffisante  pour 
reconnaître  la  position  des  taches  si  elle  a  lieu  dans  les  mêmes  régions  du 
soleil.  De  l'autre  côté  les  méthodes  exactes  d'observation  astronomique  ou 
de  photographie  exigent  trop  de  temps  et  sont  trop  difficiles  pour  être  à  la 
portée  (le  tout  le  monde. 

»  Comme  dans  cette  matière  (au  moins  pour  le  présent)  une  continuité 
assez  soutenue  dans  les  observations  est  préférable  à  une  grande  exactitude, 
qui  est  d'ailleurs  ici  presque  hors  de  question,  j'ai  jugé  qu'une  méthode 
purement  graphique  et  Irès-expéditive,  tant  pour  les  observations  que  pour 
les  réductions,  serait  préférable  à  toutes  les  autres.  C'est  donc  un  système 
de  cette  espèce  que  j'ai  introduit  à  l'observatoire,  et  qui,  poursuivi  pen- 
dant un  an  sans  interruption  notable,   a  déjà  conduit  à  des  conséquences. 


(   iga  ) 
assez  remarquables.  Sa  description  ne  pouvant  trouver  place  ici,  je  me 
bornerai  à  en  indiquer  les  résultats. 

»  1°.  L'image  solaire  formée  par  une  lunette  de  6  pouces  d'ouverture  et 
7  pieds  de  longueur  focale,  est  projetée  sur  un  écran  blanc,  et  un  dessin 
des  taches  et  des  facules  est  fait  presque  chaque  jour  :  or  si,  sur  les  cercles 
qui  représentent  le  disque  solaire,  on  trace  le  diamètre  de  l'ellipse  dans  la- 
quelle se  projette  l'équateur  solaire  au  moment  de  l'observation,  on  trouve 
en  général  que  les  facules  sont  disposées  en  groupes  des  deux  côtés  de 
cette  ligne,  et  sont  ordinairement  au  nombre  de  quatre.  La  zone  équato- 
riale  est  en  général  sans  taches  et  sans  facules,  et  cette  distribution  a  été 
si  constante  pendant  les  derniers  six  mois,  et  si  bien  tranchée,  qu'on  pouvait 
tracer  la  direction  de  l'équateur  solaire  après  la  simple  distribution  des 
facules.  Il  est  bien  connu  que  les  taches  se  rangent  en  deux  zones  de 
deux  côtés  de  l'équateur  solaire,  mais  j'ignore  si  l'on  a  jamais  fait  une  sem- 
blable remarque  pour  les  facules  :  les  zones  de  celles-ci  semblent  cependant 
plus  larges  que  celles  des  taches,  mais  la  largeur  de  la  zone  d'un  hémi- 
sphère empiète  très-rarement  sur  l'autre.  La  constance  de  cette  disposition 
prouve  évidemment  que  les  facules  constituent  deux  zones  continues  des 
deux  côtés  de  l'équateur,  et  non  pas  des  groupes  isolés,  à  peu  près  comme 
les  zones  des  vents  alizés  sur  le  globe  terrestre. 

»  1°.  Si,  après  avoir  trouvé  la  longitude  et  la  latitude  héliographique 
des  taches,  on  reconstruit  leur  distribution  sur  la  circonférence  de  la  zone 
équatoriale  solaire,  on  ne  tarde  pas  à  s'apercevoir  que,  quoique  les  taches 
particulières  et  leur  assemblage  soient  très-variables,  cependant  il  y  a  des 
régions  dans  lesquelles  elles  se  reproduisent  plusieurs  fois  de  suite,  sinon 
dans  la  même  place,  au  moins  dans  les  environs.  Cela  tend  à  prouver  leurs 
dépendance  et  connexion  avec  des  accidents  du  corps  solaire  lui-même.  Les 
régions  plus  troublées  ont  été,  dans  le  dernier  semestre,  en  longitude  de 
4o  degrés,  1 5o  degrés,  34o  degrés,  en  comptant  du  méridien  solaire  qui 
passait  par  le  centre  du  disque  à  midi  le  17  décembre  i858. 

«  3°.  L'année  passée  j'ai  indiqué  une  manière  de  trouver  la  profondeur 
des  taches  solaires,  fondée  sur  la  théorie  de  Wilson  :  les  résultats  obtenus 
alors  ont  été  confirmés  par  les  mesures  de  plusieurs  autres  taches,  de  sorte 
que  l'épaisseur  de  la  photosphère  ne  dépasse  pas  un  tiers  ou  tout  au  plus  une 
moitié  du  rayon  du  globe  terrestre.  La  petite  épaisseur  relative  de  cette 
couche  expliquerait  la  grande  facilité  avec  laquelle  elle  se  trouve  dé- 
chirée. 

»  J'espère  que  l'étude  du  soleil  suivie  de  cette  manière  produira  des  résul- 


(  '93  ) 
tats  intéressants  analogues  à  ceux  déjà  découverts  par  MM.  Cawington, 
Swabe,  Sabine  et  Wolff. 

•  Je  prends  cette  occasion  pour  ajouter  quelque  autre  point  de  causerie 
scientifique. 

»  La  chaleur  ici  a  été  très-forte  et  très-soutenue  :  le  maximum  a  eu  lieu 
le  4  de  ce  mois  et  a  été  de  38  degrés  centigrades.  ISous  avons  eu  ensuite  des 
orages  assez  forts  et  actuellement  la  chaleur  augmente  encore.  Ce  qui  est 
bien  singulier,  c'est  que  cette  température  si  élevée  n'est  pas  la  conséquence 
du  vent  du  sud,  car  au  contraire  le  vent  dominant  est  le  nord,  et  nous  avons 
l'ouest  seulement  au  lieu  du  sud-ouest  par  effet  de  la  côte,  ce  qui  prouve 
que  même  pendant  le  jour  la  composante  nord  l'emporte  beaucoup.  Si  cette 
température  élevée  est  générale,  il  faudra  en  chercher  la  cause  ailleurs  que 
dans  le  vent  et  l'atmosphère  terrestre  :  peut-être  le  soleil  lui-même  est  plus 
puissant  cette  année-ci. 

»  Comme  on  a  réclamé  contre  l'adoption  du  système  de  mesures 
anglaises  pour  l'intensité  magnétique,  je  donnerai  cette  valeur  eu  imités  de 
Gauss,  et  en  celles-ci  l'intensité  absolue  de  la  force  magnétique  est  exprimée 
par  4)4o79o,  ce  qui  s'accorde  bien  avec  les  déterminations  de  M.  Rreil 
faites  pour  l'autre  côté  de  l'Italie. 

»  Nous  avons  fait  une  suite  d'observations  semi-horaires  avec  tous  les  ins- 
truments magnétiques  des  27,  28,  ?.g  et  3o  juin,  période  de  grande  régula- 
rité de  marche.  Les  résultats  construits  graphiquement  montrent  des 
périodes  très-bien  prononcées,  et  on  peut  les  résumer  à  coup  d'œil  dans 
cette  loi  remarquable. —  Les  variations  ont  lui  caractère  de  période  semi- 
diurne  qui  vient  à  être  suspendue  pendant  la  nuit.  Je  réserve  à  une  autre 
occasion  les  développements  de  cette  loi  qui  vient  éclairer  le  mystère  qui 
environne  jusqu'ici  les  phénomènes  de  la  variation  magnétique. 

»  Comme  Rome  se  trouve  assez  près  des  volcans  du  Latium,  j'ai  voulu 
épargner  l'influence  de  masses  de  laves  sur  les  constantes  du  magnétisme 
terrestre;  je  me  suis  donc  porté  aile  Frattochie  sur  une  grande  coulée  de 
lave,  à  17  kilomètres  au  sud-est  de  Rome,  au  pied  des  monli  Albani,  et  là 
j'ai  déterminé  l'inclinaison  qui  s'est  trouvée  de  1°  5'  plus  forte  qu'à  Rome, 
pendant  que  selon  la  position  géographique  de  la  station  elle  devait  être 
plus  petite.  J'espère  de  pouvoir  dans  l'automne  prochain  déterminer  les 
éléments  magnétiques  dans  plusieurs  stations  de  cette  région  importante. 

»  Nous  avons  observé  ici  l'occultation  de  Saturne  par  la  lune,  mais  sans 
observer  aucune  distorsion,  excepté  une  figure  arrondie  comme  mi  grain 
au  moment  de  la  disjonction,  produite  de  ce  que  la  cavité  entre  deux  mon- 

C.   R.,  1859,  î»»»  Scmeilre.  (T.  XUX,  N»  &.)  26 


(  '94  ) 
tagnes  lunaires  répondait  exactement  à  la  convexité  du  bord  de  la  planète 
et  de  l'anneau  au  moment  de  la  disjonction.  Les  détails  se  trouveront  dans 
les  Mémoires  de  l'Observatoire.  » 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Emploi,  dans  le  traitement  des  plaies  et  ulcères,  de  diverses 
substances  ayant  pour  effet  d'atténuer,  de  détruire  ou  de  masquer  la  puanteur; 
Communication  de  M.  Renault. 

«  Outre  l'intérêt  qu'elle  peut  présenter  au  point  de  vue  de  l'industrie, 
la  communication  qu'a  faite  M.  Velpeau  dans  la  séance  du  i8  juillet  a 
fait  une  certaine  sensation  dans  le  monde  médical,  et  ce  n'est  pas  sans 
quelque  raison. 

»  L'altération  putride  des  caillots  sanguins  ou  des  matières  purulentes 
qui  séjournent  à  la  surface  des  plaies  ou  dans  certains  abcès  profonds,  est 
souvent,  en  effet,  le  point  de  départ,  la  cause  déterminante  d'accidents 
locaux  et  généraux  trop  graves  pour  les  malades  qui  en  sont  affectés,  d'in- 
fection trop  dangereuse  dans  les  localités  qu'ils  habitent,  pour  qu'on  n'ac- 
cueUle  pas  avec  reconnaissance  la  découverte  ou  la  divulgation  de  moyens 
capables  de  les  prévenir.  Or  tel  est  le  but  et  tels  sont  en  réalité  les  effets 
du  mélange  de  plâtre  et  de  coal-tar  dont  M.  Velpeau  a  entretenu  l'Aca- 
démie dans  ses  deux  dernières  séances,  et  pour  l'examen  scientifique  duquel 
une  Commission  spéciale  a  été  nommée. 

»  Pour  ma  part,  j'ai  été  d'autant  plus  frappé  de  l'importance  de  cette 
communication,  que,  il  y  a  longtemps  déjà,  je  m'étais  particulièrement 
occupé  du  danger  du  séjour,  sur  les  plaies  ou  dans  leur  profondeur,  de  sang 
ou  de  pus  putréfiés,  en  tant  que  causes  fréquentes  de  gangrène  septique; 
et  que,  après  avoir  démontré  par  l'observation  clinique  et  par  l'expéri- 
mentation la  vérité  de  cette  étiologie,  j'en  avais  inféré  la  nécessité  de  préve- 
nir ces  accidents,  presque  toujours  mortels,  par  l'emploi  de  moyens  propres 
à  arrêter  et  surtout  à  empêcher  la  décomposition  putride  du  sang  et  du  pus 
amassés  sur  les  plaies.  Ça  été  l'objet  d'un  Mémoire  que  j'ai  publié  en  i84o. 

»  A.  cette  époque,  comme  depuis,  celui  des  moyens  désinfectants  qui  m'a 
paru  avoir  le  plus  d'efficacité  est  l'hypochlorite  de  chaux  en  poudre  ou  en 
solution.  Toutefois,  il  résulte  de  son  application  en  cerlainequantité  sur  des 
plaies  de  quelque  étendue  un  dégagement  d'odeur  de  chlore  qui,  s'il  n'est 
pas  un  bien  grave  inconvénient  dans  nos  infirmeries  vétérinaires,  peut  fati- 
guer la  poitrine,  irriter  les  voies  respiratoires  des  malades  dans  les  hôpitaux 
affectés  aux  hommes  ,  ou,  tout  du  moins,  y  être  plus  ou  moins  désagréable 
à  respirer. 

»  Ce  n'est  donc,  au  point  de  vue  de  la  thérapeutique  ou  de  la  prophylaxie. 


(  '9''  ) 
ni  une  indication  nouvelle,  ni  le  premier  moyen  de  la  réaliser,  qu'ont  pro- 
posé MM.  Corne  et  Demeaux,  puisque  les  chirurgiens  et  les  vétérinaires  con- 
naissaient le  danger  de  la  présence  sur  les  plaies  du  sang  ou  du  pus  putré- 
fiés, puisque  la  pratique  possédait  un  moyen  efficace  d'en  opérer  la  désin- 
fection. Mais,  comme  la  fait  remarquer  avec  une  grande  raison  le  savant 
chirurgien  de  la  Charité,  la  préparation  de  ces  Messieurs,  en  opérant  cette 
désinfection  sans  laisser  après  elle  une  odeur  aussi  désagréable  que  celle 
du  chlore,  peut  constituer  un  véritable  progrès  et  présente  dès  lors  un  grand 
intérêt  pratique. 

»  C'est  parce  que  telle  est  mon  opinion  sur  ce  procédé,  que  j'ai  cru  de- 
voir chercher,  de  mon  côté,  à  en  expérimenter  l'efficacité  absolue  et  à  en 
déterminer  la  valeur  comparative. 

»  A  cet  effet,  je  me  suis  livré  à  un  grand  nombre  d'expériences  qui 
ont  consisté  à  faire  agir  sur  diverses  matières  animales,  les  unes  prises  sur 
des  cadavres  en  pleine  putréfaction,  les  autres  recueillies  sur  des  plaies  ou 
des  abcès,  siège  d'affections  gangreneuses  : 

»  D'abord  le  mélange  de  plâtre  et  de  coal-tar  proposé  par  MM.  Corne 
et  Demeaux,  mélange  dans  lequel  le  coal-tar  est  entré  pour  3,  4,  6  et  8 
pour  loo  de  plâtre; 

»  Ensuite,  et  successivement,  le  plâtre  seul,  le  coal-tar  seul,  l'huile 
de  schiste,  le  charbon  végétal,  le  charbon  animal,  l'essence  de  térében- 
thine seule  puis  incorporée  à  du  plâtre  en  diverses  proportions,  puis  enfin 
le  goudron  végétal  seul  et  ce  même  goudron  mélangé  à  du  plâtre  dans  des 
proportions  égales  à  celles  dans  lesquelles  entre  le  eoal-tar  dans  la  prépara- 
tion de  MM.  Corne  et  Demeaux.  Or  voici  sommairement  résumés  les  résul- 
tats de  ces  diverses  expériences  : 

»  1°.  Le  mélange  de  plâtre  et  de  coal-tar  dans  les  proportions  de  3  à  6 
pour  lOO,  projeté  sur  des  matières  animales  liquides  ou  en  bouillie  en 
quantité  suffisante  pour  former  une  pâte  de  consistance  ordinaire,  agité 
avec  ces  matières  et  bien  mêlé  avec  elles,  leur  enlève  en  très-peu  d'instants 
leur  odeur  putride  ou  gangreneuse,  si  infecte  qu'elle  soit;  et  la  pâte  qui  en 
résulte  n'a  plus  que  l'odeur  bitumineuse  particulière,  assez  forte  et  un  peu 
acre,  mais  très-supportable,  qui  est  propre  au  coal-tar. 

»  2°.  Le  mélange,  avec  ces  mêmes  matières  putrides,  du  plâtre  seul  en 
même  quantité  que  la  poudre  Corne  et  Demeaux  donne  une  pâte  dont 
l'odeur,  bien  qu'elle  soit  atténuée  peut-être,  est  toujours  celle  de  ces 
matières. 

»  3°.  Une  petite  quantité  de  coal-tar  seul,  versée  sur  ces  matières  et 
agitée  avec  elles,  leur  donne  la  teinte  noire  qui  lui  est  propre,  et  la  bouillie 

26.. 


(  '9^) 
qui  en  résulte  n'a  plus  qu'une  odeur  forte  et  très-prononcée  de  coal-tar. 

»  D'où  il  suit  que  lecoal-tarest  l'élément  véritablement  désinfectant  dans 
la  poudre  de  MM.  Corne  et  Demeaux,  et  que  le  plâtre  n'y  aurait  d'autre 
action  que  celle  de  diviser  le  produit  bitumineux,  d'en  faciliter  l'applica- 
tion, et  d'absorber  les  liquides  putrides  ou  gangreneux. 

»  4°-  L'huile  de  schiste,  également  versée  sur  ces  matières  en  très-petite 
quantité,  leur  enlève  leur  odeur  dussi  instantanément  que  le  coal-tar;  mais 
à  cette  odeur  elle  substitue  la  sienne  propre,  qui  est  forte,  acre,  pénétrante, 
et  très-désagréable  à  respirer. 

»  5°.  L'essence  de  térébenthine,  soit  seule,  soit  associée  au  plâtre,  affaiblit 
sensiblement,  mais  n'enlève  pas  complètement  leur  odeur  infecte  aux  ma- 
tières dont  il  vient  d'être  question  ;  et  puis,  ce  qui  n'arrive  pas  pour  le  coal- 
tar ou  l'huile  de  schiste,  l'odeur  putride  se  reproduit  assez  fortement 
lorsque  l'essence,  s'étant  volatilisée,  cesse  de  se  faire  sentir  dans  le  mélange. 

»  6°.  Les  charbons  (animal  ou  végétal)  pulvérisés  donnent  les  mêmes  ré- 
sultats que  le  plâtre  seul  ;  ils  n'ont  aucune  action  désinfectante. 

»  7°.  Enfin  le  goudron  végétal,  dont  les  propriétés  pour  arrêter  ou  préve- 
nir la  putréfaction  ont  été  déjà  indiquées  à  d'autres  époques,  m'a  paru  avoir 
et  a  en  effet,  soit  seul,  soit  mélangé  au  plâtre  dans  les  mêmes  proportions 
que  le  coal-tar,  une  action  aussi  prompte  et  aussi  complètement  désin- 
fectante que  le  mélange  de  MM.  Corne  et  Demeaux.  Il  m'a  semblé  pourtant, 
comme  à  ceux  de  mes  collègues  et  aux  nombreux  élèves  d'Alfort  qui  ont 
assisté  à  mes  expériences,  que  l'odeur  du  goudron  végétal  qui  se  substituait 
dans  la  pâte  traitée  par  cette  substance  à  l'odeur  putride  ou  gangreneuse, 
était  sensiblement  plus  douce  et  moins  désagréable  que  celle  du  coal-tar.  Je 
crois  donc,  tout  en  reconnaissant  et  proclamant  hautement  le  mérite  du 
mélange  de  MM.  Corne  et  Demeaux,  que,  si  l'impression  que  j'ai  éprouvée 
dans  mes  expériences  est  partagée  par  ceux  qui  pourront  les  répéter,  la 
substitution  du  goudron  végétal,  qui  est  aussi  très-répandu  et  fort  j^eu  coii- 
teux,  serait  une  amélioration,  un  perfectionnement,  si  léger  soit-il,  du 
moyen  désinfectant  proposé  par  ces  Messieurs,  en  tant  du  moins  que  s'ap- 
pliquant  au  traitement  des  maladies  chirurgicales  de  l'homme.  » 

a  M.  MiLNE  Edwards  remarque,  à  l'occasion  de  ce  nom  de  coal-tar  qui  a 
été  si  souvent  prononcé  devant  l'Académie  depuis  la  communication  de 
MM.  Corne  et  Demeaux,  qu'il  y  aurait  en  général  de  l'avantage  à  ne  pas 
employer  des  dénominations  empruntées  à  une  autre  langue  quand  la  nôtre 
en  fournit  de  tout  aussi  bonnes,  et  qui  n'exigent  pas  une  définition  pour 
être  comprises.  La  traduction  littérale  du  nom  anglais  [goudron  de  houille)  don- 


(  '97  ) 
nerait  à  un  Français,  dès  qu'il  entendrait  cette  expression,  l'idée  de  la  nature 
et  de  la  provenance  du  produit,  comme  coal-tnr  la  donne  à  un  Anglais.  » 

•  iOlfi') 
Note  de  M.  Chevreul  sur  l'usage  du  goudron  en  thérapeutique  et  sur  la  manière 

d'agir  des  désinjectants. 

«  Après  la  communication  de  M.  Renault,  M.  Chevreul  s'excuse  d'avoir 
dépassé  dans  le  Compte  rendu  de  la  dernière  séance  les  huit  pages  accor- 
dées par  le  Règlement  à  chaque  académicien.  S'il  a  enfreint  le  Règlement, 
c'est  que  sa  Note  a  été  imprimée  successivement  comme  elle  a  été  composée 
et  qu'il  n'a  pu  en  voir  l'étendue  que- quand  il  a  donné  le  bon  à  tirer. 

»  M.  Chevreul  n'a  rien  à  ajouter  à  la  Note  qu'il  vient  de  rappeler,  seu- 
lement il  profite  de  la  communication  de  M.  Renault  pour  indiquer  quel- 
ques faits  relatifs  à  l'histoire  de  l'emploi  du  goudron  en  thérapeutique. 

«  C'est  surtout  le  D'  George  Berkeley,  évêque  de  Cloyne,  qui  appela 
l'attention  sur  Veau  de  goudron  dans  un  livre  publié  en  1 744-  H  fut  conduit 
à  s'occuper  de  cette  préparation  par  l'usage  qu'on  en  faisait  dans  des  colonies 
anglaises  pour  combattre  la  petite  vérole;  l'auteur  avait  conçu  une  idée  si 
favorable  de  son  usage  en  thérapeutique,  que  si  la  pratique  l'eût  confirmée, 
l'eau  de  goudron  eût  été  une  véritable  panacée.  Il  la  prescrivait  particuliè- 
rement contre  les  virus,  les  ulcères  et  le  scorbut,  il  la  considérait  comme 
antiputride.  Presque  au  moment  de  la  publication  du  livre  de  Rerkeley, 
l'usage  de  l'eau  de  goudron  donna  lieu  à  une  controverse. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  on  en  négligea  l'usage,  et  l'auteur  de  l'article  Goudron 
de  la  première  Encyclopédie  en  parle  pour  dire  qu'on  a  peut-être  eu  tort 
de  l'abandonner  sitôt. 

»  Dans  les  ouvrages  de  thérapeutique  publiés  depuis  cette  époque,  on 
se  tait  sur  le  goudron,  on  en  parle  à  peine  ;  c'est  ce  qui  explique  pourquoi 
il  n'en  est  question,  dans  le  Dictionnaire  universel  de  Matière  médicale  et  de 
Thérapeutique  de  Mérat  et  de  Lens,  que  dans  le  supplément. 

n  Je  crois  utile  de  résumer  ici  l'action  que  des  corps  peuvent  exercer, 
lorsque  mêlés  à  une  matière  odorante  ils  en  font  disparaître  l'odeur. 

»  1°.  Les  corps  étant  eux-mêmes  odorants,  ils  rendent  insensible  l'odeur 
de  la  matière  odorante,  ainsi  qu'une  très-vive  lumière  empêche  une  faible 
lumière  d'être  vue. 

»  a".  Les  corps  étant  eux-mêmes  odorants,  ils  agissent  à  l'instar  d'un 
acide  neutralisant  une  base. 

M  3°.  Les  corps  sont  solides,  ils  agissent  par  l'affinité  capillaire,  ainsi 
que  le  fait  un  corps  poreux,  le  charbon,  par  exemple,  sur  un  gaz  odorant 
qu'il  absorbe. 


(  198  ) 

»  4°-  Les  corps  altèrent  la  composition  de  la  matière  odorante,  en  pro- 
duisant des  composés  inodores  ou  très-faiblement  odorants.  C'est  le  cas  du 
chlore  humide,  de  l'eau  oxygénée,  etc.,  agissant  sur  plusieurs  composés 
odorants. 

»  5°.  Enfin  ils  peuvent  agir  de  deux  manières  à  la  fois  comme  le  chlore 
sur  l'ammoniaque;  il  en  décompose  une  portion  et  neutralise  l'autre  sa 
sans  la  décomposer.   » 

M.  PooiLLET  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  d'un  «  Mémoire 
sur  la  densité  de  l'alcool,  sur  celle  des  mélanges  alcooliques  et  sur  un  nou- 
veau mode  de  graduation  de  l'aréomètre  à  degrés  égaux  ».  (Extrait  du  t.  XXX 
des  Mémoires  de  r Académie  des  Sciences.) 

M.  Eue  de  Beaumont  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur 
M.  de  Martius,  d'un  exemplaire  du  discours  prononcé  par  le  savant  Secré- 
taire perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences  de  Munich  dans  la  séance  pu- 
blique du  29  mars  iSSg,  anniversaire  de  la  fondation  de  cette  Académie. 

Il  présente  aussi,  au  nom  du  même  savant,  une  Notice  historique  sur 
Robert  Brown,  et  un  Catalogue  raisonné  des  publications  de  M.  Martius,  et 
des  articles  qu'il  a  fait  paraître  dans  des  recueils  scientifiques  de  i8i4  à 
1854. 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  MuNDo,  de  Naples,  commence  la  lecture  d'un  Mémoire  «  sur  les 
moyens  d'utiliser  l'hydrogène  de  l'eau  et  l'oxygène  de  l'air  comme  combus- 
tible applicable  à  tous  les  usages  où  le  développement  du  calorique  est  né- 
cessaire.  » 

Ce  Mémoire,  dont  la  lecture  n'a  pu  être  achevée  vu  l'heure  avancée 
de  la  séance,  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Pelouze,  Balard  et  Fremy. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Flocrevs  présente,  de  la  part  de  M.  Moride,  une  boîte  contenant  du 
sang  désinfecté  par  le  coke  boghead  (selon  la  méthode  Moride).  Ce  produit, 
qui  est  à  l'état  pulvérulent  et  parfaitement  sec,  n'a  aucune  odeur  sensible. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  la  communication 
de  MM.  Corne  et  Demeaux,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Che- 
vreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.  ) 


(  Ï99  ) 

r 

CFIIMIE  APPLIQUÉE.  — Sur  le  mélange  désinfectant  composé  de  plâtreet  de  cjoudron 
de  houille  ;  Remarques  de  M.  M.  Paulet. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

«  Plâtre.  —  Les  plaies,  comme  les  matières  organiques  qui  commencent  à 
entrer  en  décomposition,  laissent  échapper  parfois  du  carbonate  d'ammo- 
niaque. L'hydrogène  sulfuré  ou  le  sulfhydrate  d'ammoniaque  ne  se  déve- 
loppe que  dans  une  période  plus  avancée  de  décomposition.  Sans  action  sur 
l'hydrogène  sulfuré,  le  plâtre  intervient  donc  utilement  ici  en  fixant  le  carbo- 
nate d'ammoniaque  par  l'effet  d'une  double  décomposition. 

»  Goudron.  —  L'action  du  goudron,  préconisée  il  y  a  quinze  ans  déjà 
par  M.  Siret  et  par  M.  le  D'  Henry  Bayard,  semble  avoir  surtout  pour  effet 
de  masquer  l'odeur  animale  qui  persiste  après  la  désinfection.  —  S'il  y  a 
une  action  spéciale  due  à  l'un  des  nombreux  produits  que  recèle  ce  corps 
complexe,  on  ne  l'a  pas  encore  nettement  définie. 

»  L'emploi  de  ces  deux  composants  est  peut-être  nouveau  dans  le  do- 
maine de  la  thérapeutique  ;  mais  dans  le  domaine  des  applications  indus- 
trielles il  est  depuis  très-longtemps  connu.  M.  le  D"^  Herpin,  de  Metz,  pro- 
posait, il  y  a  plus  de  douze  ans,  un  mélange  désinfectant  composé  de  plâtre 
et  de  charbon  ;  ce  dernier  corps  ne  serait-il  pas  préférable  au  goudron  pour 
le  pansement  des  plaies?  L'/ua7e  à  laquelle  on  a  recours  maintenant  vient 
paralyser  à  la  fois  deux  actions  importantes  :  elle  retarde  la  dissolution,  si 
lente  déjà,  du  sulfate  de  chaux  qui  doit  fixer  le  composé  ammoniacal  ;  elle 
rend  presque  illusoire  l'absorption  des  liquides  morbides  par  le  sulfate  de 
chaux.  En  s'interposant  comme  un  écran,  l'huile  empêche  la  dissolution  du 
sulfate  de  chaux  dont  on  trouve  des  traces  à  peine  sensibles  au  chlorure  de 
barium  dans  l'eau  qui  devrait  en  opérer  la  dissolution.  D'un  autre  coté, 
la  solidification  du  plâtre,  et  par  conséquent  la  preuve  de  l'absorption 
qu'il  opère  du  liquide  morbide,  devient  nulle  sous  l'influence  de  la  même 
cause. 

»  On  a  aussi  l'espoir  d'appliquer  la  même  méthode  à  la  désinfection  et  à 
l'assainissement  permanent  des  fosses  d'aisances  et  de  toutes  matières  en 
décomposition.  Depuis  vingt-cinq  ans,  il  y  a  plus  de  cinquante  auteurs  de 
procédés  de  désinfection  qui  ont  cru  annoncer  pour  la  première  fois  l'emploi 
du  plâtre  comme  moyen  de  désinfection.  Mais  cet  agent  est  incomplet, 
puisqu'il  ne  fixe  que  l'ammoniaque  et  ne  détruit  point  l'hydrogène  sulfuré; 


(  aoo  ) 

bien  au  contraire  ;  ce  qui  a  fait  renoncer  à  son  emploi,  c'est  qu'il  développe 
en  abondance  ce  gaz  vénéneux. 

Il  Les  belles  découvertes  de  la  chimie  organique  ont  prouvé  que,  pour 
se  putréfier,  la  matière  organique  quaternaire  emprunte  l'oxygène  même  au 
plâtre  qui  se  trouve  véritablement  réduit  à  ses  deux  éléments  simples,  le  sul- 
fure de  calcium.  Chacun  sait  que  ce  corps  étant  produit,  il  suffit  de  la  pré- 
sence de  l'acide  carbonique  de  l'atmosphère  pour  provoquer  le  dégage- 
ment de  l'hydrogène  sulfuré,  ce  plomb  des  ouvriers  vidangeurs. 

»  Telle  est  la  cause  qui  a  empêché  l'emploi  du  plâtre  dans  la  désinfection 
des  latrines.  Tous  les  chimistes  qui  se  sont  occupés  de  cette  étude  savent 
très-bien  que  les  vidangeurs  redoutent  les  fosses  récemment  plâtrées  ou  ré- 
parées, parce  que  le  plâtre,  en  se  décomposant,  a  provoqué  la  formation 
d'une  abondante  quantité  de  plomb  toxique. 

»  Je  sais  bien  que  si  le  plâtre  est  mis  en  quantité  surabondante  et  qu'il 
dessèche  aussitôt  la  matière  organique,  celle-ci  perd  de  la  sorte  l'un  des 
éléments  nécessaires  à  toute  fermentation,  l'humidité,  et  que  dès  lors  elle  ne 
peut  plus  réagir  sur  le  plâtre  qui  conserve  toutes  ses  propriétés.  Mais  ces 
quantités  sont  trop  considérables  pour  que  l'application  ait  jamais  pu  de- 
venir générale.    » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.   —   Des   phosphates  fossiles   considérés    au   point  de  vue 
agricole;  Lettre  de  M.  de  Molon. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cordier,  Berthier,  Boussin- 
gault,  Payen,  de  Senarmont,  et  M.  Passy,  en  remplacement  de  feu 
M.  Bonnard.) 

«  Dans  une  des  dernières  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  M.  Dela- 
noùe  a  communiqué  une  Note  dans  laquelle  il  avance  que  la  présence  du 
phosphate  de  fer  dans  les  nodules  de  phosphate  fossile  pourrait  motiver 
leur  insuccès  en  agriculture,  car,  selon  lui^  il  en  diminuerait  la  solubdité. 
M.  Delanoiie  termine  cependant  sa  communication  en  disant  que  le  phos- 
phate minéral  est  une  source  considérable  de  richesses  pour  l'agricultjire. 
Comme  sur  ce  point  je  paitage  complètement  les  convictions  de  M.  Dela- 
noiie, je  crois  qu'il  importe  de  ne  pas  laisser  se  propager  des  erreurs  qui 
pourraient  nuire  à  la  vulgarisation  de  ce  puissant  agent  de  fertilité. 

0  II  résulte,  en  effet,  de  plus  de  cent  analyses  de  nodules  de  phosphate 
minéral  pris  sur  un  grand  nombre  de  points  des  gisements  en  exploitation, 
que  le  phosphate  de  chaux  de  ces  nodules  se  trouve  souvent  mêlé  à  des 


(    20'     ) 

quantités  plus  ou  moins  grandes  d'oxyde  de  fer  ou  de  phosphate  de  fer; 
toutefois,  la  moyenne  de  la  proportion  du  phosphate  de  fer  par  rapport  au 
phosphate  de  chaux  est  au  plus  de  5  pour  i  oo.  Mais  le  phosphate  de  fer  fût-il 
en  combinaison  avec  le  phosphate  de  chaux,  il  n'aurait  aucune  influence 
sur  son  absorption  par  les  racines  des  plantes;  on  sait  d'ailleurs  que  les  solu- 
bilités constatées  dans  le  laboratoire  n'obéissent  pas  aux  mêmes  lois  dans  le 
sol.  Nous  savons,  par  exemple,  que  M.  Chevreul  a  constaté  dès  i8i  i  que, 
dans  un  engrais  végétal,  il  pouvait  se  trouver  un  corps  brun  pouvant  tenir 
en  dissolution  du  phosphate  de  chaux,  même  en  présence  de  l'ammoniaque. 
D'un  autre  côté,  M.  Mège-Mouriès  a  établi  que,  sous  l'influence  des  tissus 
vivants  des  végétaux,  les  réactions  chimiques  n'obéissaient  plus  aux  lois  or- 
dinaires des  affinités;  conséquemment,  la  solubilité  plus  ou  moins  grande 
des  phosphates  fossiles  dans  un  verre  à  expériences  ne  pourrait  absolu- 
ment rien  prouver  quant  à  ses  effets  en  agriculture.  Ne  savons-nous  pas 
d'ailleurs  que  les  plantes  absorbent  des  corps  bien  autrement  insolubles 
que  les  phosphates  de  fer  ? 

B  Quand  on  songe  que  les  graines  céréales  contiennent  du  phosphate 
de  fer  ;  quand  on  songe  que  les  phosphates  doivent,  sous  l'influence  de  la 
vie  végétale,  éprouver  des  décompositions  complexes  ;  quand  on  songe  enfin 
que  le  fer  est  aussi  un  aliment  minéral  important,  on  ne  peut  voir  qu'un 
avantage  à  le  trouver  associé  en  petite  quantité  au  phosphate  de  chaux  dans 
les  nodules  de  phosphate  fossile.  Et  d'ailleurs  l'acide  phosphorique  du 
phosphate  de  fer  ne  peut-il  pas  échanger  sa  base  avec  les  sels  de  chaux 
du  sol  ?  L'expérience  prouve  parfaitement  qu'il  en  est  ainsi  ;  je  suis  heureux 
en  effet  de  répéter  à  l'Académie  ce  que  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  lui  faire 
connaître  en  lui  communiquant  les  résultats  obtenus  l'année  dernière  par 
un  grand  nombre  d'agriculteurs ,  à  savoir  que  depuis  trois  années  que 
le  phosphate  fossile  est  employé  sur  une  large  échelle  et  dans  des  cul- 
tures très-nombreuses,  il  a  constamment  donné,  surtout  dans  les  ter- 
rains de  l'Ouest  à  réaction  acide,  des  résultats  supérieurs  au  phosphate 
des  os.  » 

CHIMIE   APPLIQUÉE.  —  Sur  les  chaux  phosphatées  fossiles.  Remarques  présentées 
parJil.  Meugy  à  l'occasion  d'une  précédente  communication  deM.  Delauoûe. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cordier,  Berthier,  Boussin- 
gault,  Payen,  de  Senarraont,  Passy.) 

«  La  Note  lue  par  M.  Delanoùe  à  l'avant-derniere  séance  renfermant 

C.  R.,  i859,amesemert;e.  (T.  XLIX,   N»  s.)  ^7 


f    202    ) 

des  assertions  qui  sont  en  opposition   avec  les  faits  que  j'ai  moi-même 
constatés,  je  crois  devoir  présenter  quelques  observations  à  ce  sujet. 

»  J'ai  souvent  fait  usage  de  l'acétate  de  soude  versé  en  excès  dans  une 
dissolution  acide  pour  déceler  la  présence  de  l'acide  phosphorique,  soit  dans 
les  cendres  de  divers  engrais,  soit  dans  les  calcaires  et  nodules  phosphatés. 
Or  cette  simple  addition  d'acétate  de  soude  a  toujours  suffi  pour  déter- 
miner un  précipité  blanc  légèrement  jaunâtre  quarjd  la  matière  traitée  con- 
tenait un  peu  de  fer,  quelque  petite  qu'en  fût  la  quantité.  Ce  précipité  ne 
pouvait  être  du  phosphate  de  chaux,  qui  est  soluble  dans  l'acide  acétique, 
mais  bien  du  phosphate  de  fer  que  l'on  sait  être  tout  à  fait  insoluble  dans 
ce  même  acide.  Au  contraire,  toutes  les  fois  que  j'ai  eu  affaire  à  des  matières 
parfaitement  blanches,  comme  les  cendres  des  guanos  purs,  par  exemple, 
l'acétate  de  soude  n'a  jamais  déterminé  de  précipité  qu'après  l'addition  de 
quelques  gouttes  ferriqiies.  Par  conséquent,  je  ne  vois  pas  pour  ma  part, 
d'après  les  résultats  des  nombreux  essais  auxquels  je  me  suis  livré,  aucun 
motif  pour  admettre  l'existence  d'un  nouveau  minéral  appelé  phosphate 
ferrico-cakique  par  M.  Delanoûe.  J'ajouterai  que  les  gîtes  de  chaux  phos- 
phatés cités  dans  la  même  Note  soit  dans  la  craie  sénonnienne  des  environs 
de  Lille,  soit  dans  le  grès  vert  inférieur  au  gault,  n'ont  été  reconnus 
dans  les  départements  du  Nord  et  des  Ardennes  que  sur  nos  indications. 
Je  me  réfère  d'ailleurs,  quant  à  l'historique  de  la  découverte  du  phosphate 
de  chaux  terreux  dans  le  nord  de  la  France,  au  Mémoire  inséré  dans  les 
Annales  des  Mines,  t.  XI,  p.  i49,  et  dont  j'ai  l'honneur  d'adresser  un 
exemplaire  à  l'Académie.    » 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  un  système  stratigraphique  perpendiculaire  au  système  des 
Alpes  occidentales  et  du  même  âge  que  lui;  par  M.  Alexandre  Vézian. 
(Extrait.) 

(Renvoi  aux  Commissaires  déjà  nounnés  pour  les  précédentes  communi- 
cations de  l'auteur:  MM.  ÉliedeBeaumont,  deVerneuil,  etM.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville  en  remplacement  de  feu  M.  Dufrénoy.) 

o  La  direction  du  système  des  Alpes  occidentales  est  à  Remda,  centre  du 
pentagone  européen,  N.  3i°6'2a",6E.  Une  ligne  menée  perpendiculaire- 
ment à  cette  direction  par  un  point  situé  près  de  Chartres  (lat.  48°  24'  N.; 
long.  i°o'0.),  y  coupe  le  méridien  sous  un  angle  de  66°  25'  i5"  en  offrant 
les  particularités  suivantes.  Depuis  les  environs  de  Falaise  jusqu'à  Pithiviers, 
elle  fonctionne  comme  ligne  anticlinale  et  sépare  le  bassin  de  la  Seine  de 


(    203    ) 

celui  de  la  Loire.  Elle  marque  en  même  temps  la  direction  de  l'Eure,  depuis 
sa  source  jusqu'au  point  où  cette  rivière  prend  brusquement  une  direction 
perpendiculaire  à  celle  qu'elle  avait  d'abord.  Les  dépôts  les  plus  récents  pla- 
cés sur  le  trajet  de  cette  ligne  appartiennent  au  terrain  d'eau  douce  supé- 
rieur :  son  apparition  semble  avoir  coïncidé  avec  le  moment  où  toute  action 
sédimentaire,  marine  ou  lacustre,  a  été  suspendue  dans  le  bassin  parisien, 
c'est-à-dire  avec  la  fin  de  la  période  miocène.  Le  pays  qu'elle  parcourt 
porte  l'empreinte  du  système  des  Alpes  occidentales  (M.  Elie  de  Beaumont, 
Not.  Sjst.  Mont,  p.  554),  et  sa  formation  serait,  à  notre  avis,  de  même  date 
que  ce  système. 

»  Une  ligne  menée  par  Castél-Sarrazin  parallèlement  à  la  précédente  se 
dirige,  depuis  cette  ville  jusqu'au  delà  du  port  Sainte-Marie,  dans  le  même 
sens  que  la  Garonne.  Elle  n'affecte  que  le  terrain  miocène,  et  sa  trace  dispa- 
raît dès  que,  vers  l'ouest,  le  terrain  pliocène  se  montre  (voir Carte  géolo- 
logique  de  France). 

»  Entre  les  deux  lignes  qui  viennent  d'être  mentionnées,  il  en  est  une 
troisième  qui,  en  partant  de  Tournon  dans  une  direction  perpendiculaire  au 
grand  cercle  de  comparaison  du  système  des  Alpes  occidentales,  y  est 
orientée  à  l'O.  a6°2i' 9"  N.,  et  se  dessine  avec  beaucoup  de  netteté.  Si  on 
fait  abstraction  d'une  courte  interruption  produite  par  la  Durance,  préci- 
sément au  point  où  passe  ce  grand  cercle  de  comparaison,  on  voit  cette 
ligne  séparer  constamment  les  affluents  de  l'Isère  et  du  Pô^  de  ceux  du  Var 
et  du  Rhône,  au-dessous  de  Valence.  Elle  compte,  parmi  ses  principaux 
jalons,  le  Vercors,  le  Devolny  et  les  Alpes  maritimes,  constituées  en  partie 
par  une  masse  granitique  dont  elle  indique  l'orientation.  Sur  tout  son  par- 
cours, elle  ne  rencontre  que  des  terrains  anté-subapennins.  Près  de  Tour- 
non,  son  apparition  paraît  avoir  eu  pour  résultat,  à  la  fin  de  l'époque 
miocène,  le  refoulement  de  la  mer  vers  le  sud  jusqu'à  Bollène(Vaucluse)  et 
rétablissement  d'une  barrière  qui,  en  retenant  les  eaux  du  côté  du  nord,  a 
donné  lieu  au  lac  de  la  Bresse. 

»  Enfin,  presque  sur  le  prolongement  de  cette  dernière  ligne,  s'en  pré- 
sente une  autre  qui,  dans  l'Italie  méridionale,  joue  un  rôle  important  et 
contribue  à  déterminer  la  direction  du  bourrelet  montagneux  placé  entre 
l'Adriatique  et  la  Méditerannée.  Ce  fait  est  en  rapport  avec  mon  opinion  sur 
l'âge  du  sytème  dont  il  est  question  dans  cette  Note  :  le  bourrelet  monta- 
gneux qui  constitue  le  trait  principal  de  la  topographie  de  la  Péninsule 
italique,  a  reçu  son  relief  définitif  immédiatement  avant  la  formation  du 
terrain  subapennin  déposé  à  sa  base.  Une  perpendiculaire  abaissée  de  l'Etna 

27.. 


(    204    ) 

sur  cette  ligne  coïncide  avec  le  rivage  nord-ouest  du  golfe  de  Tarente.  Un 
grand  nombre  de  dislocations  sont  également  dirigées,  en  Calabre  et  en 
Sicile,  dans  le  même  sens  que  le  système  des  Alpes  occidentales  (idem, 
p.  55i). 

»  Il  existerait  donc  un  système  perpendiculaire  à  celui  des  Alpes  occi- 
dentales et  de  même  âge  que  lui  :  je  propose  de  le  désigner  sous  le  nom  de 
système  des  Alpes  maritimes . 

1)  L'existence  du  système  volcanique  tri-rectangulaire  de  M.  Elie  de  Beau- 
mont  une  fois  admise,  on  est  conduit  à  rechercher  les  traces  d'autres  sys- 
tèmes contemporains  et  se  rencontrant  à  angle  droit.  Mais  cette  conception 
théorique  doit  être  corroborée  par  les  faits.  Ce  serait  invoquer  une  loi  sujette 
à  de  nombreuses  exceptions  que  de  reconnaître  à  priori  le  synchronisme  de 
de  deux  systèmes  perpendiculaires  :  deux  grands  cercles,  par  exemple,  se 
rencontrant  sous  un  angle  quelconque,  deviennent  parallèles  à  90  degrés  de 
leur  point  d'entrecroisement. 

»  Remarquons,  d'un  autre  côté,  qu'un  système  stratigraphique  ne  se  dé- 
veloppant que  sur  une  largeur  de  20  degrés  environ,  ne  peut  recouvrir  tout 
l'espace  occupé  par  le  système  qui  lui  est  perpendiculaire.  On  comprend 
aiQsi  comment  sur  unecontrée  d'une  faible  étendue,  il  ne  faut  pas  s'attendre 
à  retrouver  toujours  un  ensemble  complet  de  directions  perpendiculaires 
deux  à  deux,  quand  bien  même  l'observation  permettrait  de  généraliser  le 
fait  dont  cette  Note  donne  un  exemple.  » 

PHYSIQUE  .  —  Note  sur  la  nature  de  l'action  chimique  de  t étincelle  d'induction; 

par  M.  Adolphe  Perrot. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Regnault.) 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  premiers  résultats  (i) 
des  recherches  que  j'ai  entreprises  dans  le  but  de  connaître  la  cause  des 
phénomènes  chimiques  qui  accompagnent  le  passage  de  l'étincelle  d'induc- 
tion :  je  prends  la  liberté  de  lui  soumettre  la  suite  de  mon  travail. 

»  Dans  toutes  mes  expériences  j'ai  fait  agir  l'étincelle  de  l'appareil 
Ruhmkorff  sur  im  courant  de  vapeur  ou  de  gaz;  les  électrodes  étaient  des 
fils  de  platine.  L'action  de  l'étincelle  ne  change  pas  de  nature  lorsqu'on 
interpose  un  condensateur  dans  le  circuit,  mais  le  phénomène  secomplique,^ 


(i)   Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie,  t.  XLVII,  séance  du  23  août   i858. 


(  ao5  ) 
il  y  a  transport  de  particules  métalliques;  la  surface  de  l'étincelle,  sa  lon- 
gueur, ne  varient  pas  avec  la  quantité|d'électricité,  mais  dépendent  unique- 
ment des  dimensions  du  condensateur. 

»  J'ai  cherché  d'abord  si,  comme  je  l'ai  constaté  dans  le  cas  de  la  vapeur 
d'eau,  le  passage  de  l'étincelle  dans  les  gaz  composés  était  accompagné 
d'une  action  électrolytique.  J'ai  été  arrêté  dans  ces  recherches  par  des  diffi- 
cultés eudiométriques  que  je  n'ai  pas  encore  résolues. 

»  Il  était  très-important  de  savoir  si  la  quantité  de  gaz  ou  de  vapeur 
décomposée  varie  avec  la  longueur  de  l'étincelle;  en  effet,  si  la  décomposi- 
tion était  due  à  une  action  électrolytique  ordinaire,  il  ne  devrait  pas  y  avoir 
de  différence  entre  la  quantité  de  gaz  dégagée  par  une  longue  ou  par  une 
courte  étincelle,  pourvu  toutefois  que  dans  les  deux  cas  il  passe  dans  le  même 
temps  une  même  quantité  d'électricité. 

«  Cette  question  peut  être  résolue  en  comparant  la  quantité  de  mélange 
détonant  que  produisent  dans  le  même  temps  les  étincelles  obtenues  en 
interrompant  deux  fois  un  même  circuit  induit.  J'ai  constaté  de  cette  ma- 
nière que  la  quantité  de  vapeur  ou  de  gaz  décomposée  par  une  étincelle 
croît  avec  la  longueur  de  cette  étincelle. 

»  On  sait  que  le  passage  de  l'étincelle  électrique  dans  des  mélanges 
gazeux  donne  lieu  à  des  combinaisons.  Ce  phénomène  n'est  pas  le  même 
dans  tous  les  cas.  Pour  combiner  l'oxygène  à  l'hydrogène  ou  à  l'oxyde  de 
carbone,  il  suffit  d'une  seule  étincelle,  quel  que  soit  le  volume  du  mélange 
gazeux.  L'étincelle  ne  fait  alors  que  commencer  la  combinaison,  qui  se  con- 
tinue d'elle-même.  Lorsqu'on  cherche  à  combiner  l'azote  à  l'oxygène  ou  à 
l'hydrogène,  le  résultat  obtenu  est  uniquement  dû  à  l'étincelle;  la  combi- 
naison a  lieu  pendant  le  passage  des  étincelles  et  cesse  lorsque  le  circuit  est 
interrompu. 

»  Ce  phénomène  se  passe-t-il  à  la  surface  des  électrodes  ou  bien  est-il  dû 
comme  celui  de  décomposition  à  une  force  dont  l'action  augmente  avec  la 
longueur  de  l'étincelle?  Mes  expériences  m'ont  conduit  au  résultat  suivant  : 
La  quantité  de  gaz  combinée  augmente  avec  la  longueur  de  l'étincelle  qui 
détermine  cette  combinaison. 

»  Le  mélange  gazeux  le  plus  convenable  pour  ces  recherches  est  l'air  sec. 
J'ai  obtenu  jusqu'à  loo  milligrammes  d'acide  azotique  par  heure  en  faisant 
arriver  un  courant  d'air  par  un  tube  capillaire,  l'étincelle  passait  transversa- 
lement dans  un  renflement  soufflé  au  milieu  du  tube;  les  produits  nitreux 
étaient  immédiatement  entraînés  et  le  mélange  passait  dans  une  dissolution 
titrée  dépotasse.  On  obtient  de  cette  manière  des  résultats  très-constants. 


(    206    ) 

Le  gaz  ammoniac  ne  paraît  pas  se  former  en  aussi  grande  quantité  ;  son 
dosage  exact  ne  m'a  pas  paru  possible.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  De  la  transplantation  de  la  dure-mère  comme  moyen  de 
déterminer  si  celte  membrane  remplit  le  rôle  d'un  périoste  à  l'écjard  des  os 
du  crâne;  par  M.  Ollier. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Flourens,  Velpeau,  Rayer.) 

«  Si  quelques  résultats 'expérimentaux  ont  porté  un  certain  nombre  de 
physiologistes  à  regarder  la  dure-mère  comme  un  périoste,  les  observations 
cliniques  n'ont  pas  inspiré  aux  chirurgiens  une  grande  confiance  en  cette 
membrane  pour  la  réparation  des  parties  osseuses  enlevées  soit  acciden- 
tellement, soit  par  l'opération  du  trépan.  En  présence  de  ces  fails  et  de  ces 
opinions  contradictoires,  nous  avons  entrepris  de  nouvelles  expériences 
pour  résoudre  cette  question  si  intéressante  tant  au  point  de  vue  physiolo- 
gique qu'au  point  de  vue  chirurgical. 

»  Les  résections  des  os  du  crâne  que  nous  avons  d'abord  pratiquées 
nous  ont  conduit  à  penser  avec  plusieurs  expérimentateurs  qu'il  y  avait 
trois  sources  de  réparation  pour  la  substance  osseuse  :  la  dure-mère,  le 
diploé  et  le  péricrâne. 

»  Mais,  par  suite  des  difficultés  de  tout  genre  qu'entraînent  la  conforma- 
tion de  la  région  et  la  proximité  des  organes  encéphaliques,  cette  manière 
de  procéder  ne  nous  avait  pas  fourni  des  résultats  assez  nets  ni  assez  rigou- 
reux pour  arriver  à  une  solution  claire  et  définitive.  Nous  avons  alors 
songé  à  employer  pour  la  dure-mère  le  mode  d'expérimentation  qui  nous 
avait  déjà  fourni  une  preuve  nouvelle  et  péremptoire  en  faveur  de  la 
théorie  de  la  formation  de  l'os  parle  périoste,  c'est-à-dire  la  transplantation 
de  la  dure-mère  elle-même  dans  diverses  régions  du  corps  d'un  animal  de 
même  espèce. 

»  Nous  avons  déjà  démontré  dans  nos  précédentes  communications 
qu'il  était  possible  de  faire  développer  des  os  dans  toutes  les  régions  où 
l'on  réussissait  à  greffer  du  périoste  provenant  du  même  animal  ou  d'un 
animal  d'espèce  différente.  Ce  résultat  avait  été  obtenu  parle  périoste  seul, 
H  l'exclusion  des  autres  membranes  fibreuses  ;  nous  l'avons  depuis  lors  éga- 
lement produit  avec  la  dure-mère.  Des  lambeaux  de  cette  membrane  greffés 
sous  la  peau  de  diverses  régions  ont  donné  naissance  à  de  petits  os  parfai- 
tement constitués  et  ayant  tous  les  caractères  anatomiques  de  la  substance 
osseuse  normale. 


(    207    ) 

»  En  vertu  de  ce  fait,  nous  nous  croyons  autorisé  à  conclure  que  la 
dure-mère  ne  sert  pas  seulement  d'enveloppe  protectrice  au  cerveau,  mais 
qu'elle  contribue  directement  à  l'ossification  du  crâne,  qu'elle  produit  de 
l'os  par  elle-même,  et  qu'elle  doit  donc  être  regardée  comme  un  véritable 
périoste  par  le  physiologiste  et  le  chirurgien. 

»  Voici  l'expérience  la  plus  propre  à  démontrer  le  fait  : 

»  On  choisit  un  jeune  lapin  d'un  mois  à  six  semaines,  et,  après  lui  avoir 
ouvert  le  crâne,  on  en  retire  un  lambeau  de  dure-mère  de  lo  à  20  milli- 
mètres carrés,  et  on  le  transplante  sous  la  peau  de  l'aine  ou  de  l'aisselle 
d'un  autre  lapin.  Si  l'animal  est  dans  de  bonnes  conditions  hygiéniques,  le 
greffe  réussit  parfaitement,  et  au  bout  de  trente-cinq  à  quarante  jours  ou 
trouve  à  la  place  de  la  dure-mère  un  petit  os  de  3,  4>  6  ou  même  8  milli- 
mètres, si  l'on  a  donné  de  plus  grandes  dimensions  au  lambeau. 

»  Cet  os,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  est  constitué  par  les  corpuscules 
caractéristiques  du  tissu  osseux  normal. 

»  Cette  propriété  de  la  dure-mère  ne  persiste  pas  au  même  degré  dans 
tous  les  âges.  Elle  diminue  rapidement  à  mesure  que  l'accroissement  s'ac- 
complit. Très-marquée  au  début  de  la  vie,  elle  est  beaucoup  moins  sensible 
au  moment  où  le  squelette  arrive  à  son  complet  développement,  et  de- 
vient plus  obscure  encore  dans  l'âge  adulte.  En  transplantant  des  frag- 
ments de  dure-mère  pris  sur  des  lapins  adultes,  on  n'obtient  guère  que 
des  granulations  osseuses  multiples  et  indépendantes  sur  la  surface  du  lam- 
beau. C'est  cette  influence  de  l'âge  qui  nous  explique  pourquoi  les  faits  ob- 
servés sur  l'homme  paraissent  si  souvent  contradictoires  et  pourquoi  les  chi- 
rurgiens n'ont  généralement  remarqué  qu'une  réparation  incomplète  après 
la  trépanation. 

»  Toutes  les  portions  de  la  dure-mère  ne  possèdent  pas  cette  propriété  à 
un  égal  degré.  Ce  n'est  du  reste  que  la  surface  externe  qui  peut  participer 
à  l'ossification  ;   sa  disposition  et  sa  structure  nous  l'expliquent. 

»  Les  replis  fibreux  qui  ne  sont  pas  en  contact  avec  l'os  ne  sont  point 
susceptibles  de  s'ossifier  par  la  transplantation. 

»  La  plus  grande  proportion  de  ces  tissus  fibreux  à  la  base  du  crâne, 
jointe  à  la  difficulté  d'en  détacher  la  dure-mère  sans  déchirures,  nous  ex- 
plique pourquoi  l'on  obtient  généralement  une  ossification  plus  abondante- 
avec  des  lambeaux  pris  à  la  convexité  qu'avec  des  fragments  de  mêmes  di- 
mension détachés  au  niveau  des  fosses  cérébrales  et  cérébelleuses.   » 


(  ao8  ) 

M.  Malapert,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de  l'Acadé- 
mie un  Mémoire  sur  une  modification  du  procédé  de  M.  Mitscherlich  pour 
la  recherche  du  phosphore  dans  le  cas  d'empoisonnement,  adresse  aujour- 
d'hui un  travail  qui  lui  est  commun  avec  M.  Morineau,  et  qui  a  pour  objet 
la  recherche  de  ce  poison  dans  les  organes  où  il  ne  pénètre  que  par  voie 
d'absorption. 

Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  dans  la  séance  du  9  mai  : 
MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze,  Balard.) 

M.  BoESCH  adresse  de  Strasbourg  un  Mémoire  très-étendu  concernant  de 
nouveaux  procédés  pour  l'impression  des  étoffes  et  des  papiers  de  tenture. 

(  Renvoi  à  l'examen  de  M.  Chevreul.  ) 

CORRESPONDAIVCE . 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  annonce  que  la  distribution  des 
prix  du  Concours  général  entre  les  Lycées  et  Collèges  de  Paris  et  de  Ver- 
sailles aura  lieu  le  8  du  présent  mois  d'août,  et  que  des  places  seront  réser- 
vées à  ceux  de  MM.  les  Membres  de  l'Institut  qui  voudront  bien  assister, 
en  costume,  à  cette  solennité. 

M .  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  cor- 
respondance le  second  volume  du  Cours  d'analyse  fait  à  l'Ecole  Polytech- 
nique, par  M.  Sttirm. 

M.  Prouhet,  qui  s'est  chargé  de  cette  publication  conformément  au  vœu 
du  savant  géomètre,  a  été  conduit,  en  préparant  le  présent  volume,  à  des 
recherches  sur  quelques  points  d'analyse,  et  il  les  a  réunies  dans  un  opus- 
cule dont  il  fait  hommage  à  l'Académie. 

M.  Despretz  présente  un  petit  appareil  d'induction  construit  par 
M.  Ruhmkorff. 

'<  Cet  appareil  n'offre  pas  de  principe  nouveau;  mais  une  bonne  con- 
struction a  permis  de  lui  donner  des  dimensions  propres  à  le  rendre  facile- 
ment portatif. 

»  Dans  la  boîte  dans  laquelle  est  renfermé  l'appareil,  on  trouve  toutes 
les  parties  essentielles  à  un  appareil  électro-médical. 

»  On  emploie  à  volonté  le  courant  induit  ou  l'extra-courant.  On  aug- 


(  209  ) 
mente  on  l'on  diminue  le  nombre  des  commotions  dans  un  temps  donné; 
on  règle  également  l'intensité  du  courant. 

»  Dans  les  appareils  électro-médicaux,  on  a  toujours  à  craindre  plus  ou 
moins  les  vapeurs  acides  et  le  travail  du  montage  et  du  démontage  de 
la  pile. 

M  L'avantage  de  l'appareil  que  nous  décrivons  sommairement  consiste 
surtout  dans  l'emploi  d'une  pile  qu'on  charge  avec  de  l'eau  et  du  sulfate  de 
mercure  en  poudre,  laquelle  ne  dégage  aucune  vapeur  acide,  et  conserve 
une  intensité  sensiblement  constante  pour  les  essais  les  plus  longs. 

»  Cette  pile  a  été  imaginée  par  M.  Marié-Davy,  professeur  au  lycée 
Bonaparte  {Jn.  télégraph.,  t.  II,  p.  147).  Cet  habile  professeur  l'a  même 
employée  pour  faire  marcher  des  appareils  d'induction. 

»  Nous  espérons  que  la  simplicité  et  la  bonne  construction  de  l'appareil 
de  M.  Ruhmkorff  seront  bientôt  appréciées  par  les  hommes  qui  appliquent 
l'électricité  à  la  médecine.   » 

M.  Eue  DE  Beaumost  communique  l'extrait  d'une  Lettre  dans  laquelle 
M.  Héricard-Ferrand  l'entretient  des  efforts  soutenus  et  presque  toujours 
heureux  d'André  Michaux  pour  doter  nos  forêts  de  nouvelles  espèces  d'ar- 
bres. C'était  là,  à  ce  qu'il  paraît,  un  des  buts  principaux  qu'il  s'était  proposé 
dans  ses  voyages. 

«  Le  premier  voyage  de  Michaux,  dit  M.  Caron  dans  une  Notice  histo- 
»  rique  iue  il  y  a  bien  des  années  à  la  Société  d'Agriculture  du  départe- 
»  ment  de  Seine-et-Oise,  fut  en  Angleterre....  Ce  fut  de  cette  île  qu'il 
»  envoya  à  M.  Lemonnier,  premier  médecin  du  roi,  des  plants  d'arbres 
»  étrangers  qui  font  encore  l'ornement  de  son  jardin  de  Montreuil. 

»  Après  avoir  quitté  la  Grande-Bretagne,  il  accompagna  MM.  Lamarck 
»  et  Thouin  dans  une  célèbre  herborisation  qui  eut  lieu,  en  1780,  sur  les 
»  montagnes  de  l'Auvergne.  Ces  illustres  professeurs  se  plaisent  à  raconter 
»  que  Michaux  était  toujours  le  premier  parti  et  rentré  le  dernier;  que 
»  chaque  soir  il  revenait  chargé  des  fruits  de  ses  recherches  en  tout  genre. 
»  Si  quelque  naturaliste,  parcourant  ces  antiques  montagnes,  rencontre 
»  un  jour  parmi  les  arbres  qui  y  croissent  naturellement  le  cèdre  qui  cou- 
n  ronne  les  sommets  du  mont  Liban,  qu'il  se  ressouvienne  avec  recon- 
»  naissance  que  c'est  à  Michaux  qu'on  doit  la  naturalisation  de  cet  arbre 
»  dans  ce  climat.  Toujours  la  poche  remplie  de  graines  de  ce  cèdre,  il 
»   allait  les  répandant  partout  où  il  jugeait  le  sol  convenable.  Il  semblait 

.  C.  R.,  1859,, 2™«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»{$.)  ^8 


(  »'o  ) 
»  vouloir  dédommager  les  habitants  du  pays  des  plantes  qu'il  leur  déro- 
»   bait,  en  les  remplaçant  par  des  végétaux  étrangers,  qu'il  croyait  pouvoir 
»   leur  être  utiles.  » 

»   En  1807,  plusieurs  naturalistes  se  rencontrèrent  au  mont  Dor,  entre 

autres  MM.  Ramond,  Meynard  de  la  Groye,  Alluaux  de  Limoges Dans 

leurs  entretiens  et  communications,  ils  ne  se  disaient  point  avoir  rencontré 

dans  leurs  excursions  déjeunes  cèdres  du  Liban Après  soixante-dix-neuf 

années  écoulées,  quelques  cèdres  pouvaient-ils  se  rencontrer  dans  les  mon- 
tagnes boisées  de  l'Auvergne?  Non,  diront  sans  doute  les  lecteurs  de  l'ou- 
vrage qui  a  si  récemment  fait  connaître  la  végétation  des  forêts  de  la 
France  ;  l'auteur  de  l'ouvrage,  M.  Lecoq,  en  eût  parlé  :  des  cèdres  n'auraient 
pu  échapper  à  ses  nombreuses  explorations.  Si  les  louables  intentions  de 
Michaux  ne  se  sont  point  réalisées,  doivent-elles  rester  à  jamais  dans  l'ou- 
bli? Les  faits  modernes  que  présente  l'étude  de  l'histoire  naturelle  ne  me 
font  pas  oublier  ceux  que  j'entendais  citer  à  M.  Lamarck  et  à  M.  Thouin.  » 

CHIMIE  MINÉKALE.  —  Note  sur  un  nouveau  minerai  de  vanadium; 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Il  existe  dans  le  midi  de  la  France,  entre  Arles  et  Toulon,  des  gisements 
très-étendus  et  très-abondants  d'un  minerai  de  fer  dont  l'exploitation  a  été 
abandonnée  à  cause  de  la  proportion  considérable  d'alumine  qu'il  contient. 
Un  échantillon  pris  dans  la  commune  des  Baux  a  donné  à  M.  Berthier  les 
nombres  suivants  :  ' 

Alumine 52,  o 

Oxyde  de  fer *7  »6 

Eau    20,4 

100,0 
Traces  de  chrome. 

ce  qui  l'a  fait  classer  par  M.  Dufrénoy  dans  les  gibsites. 

»  Un  échantillon  de  ce  même  rainerai  en  roche,  de  la  même  localité, 
contient,  d'après  mes  expériences  : 

Calcaire  cristallisé ...    12,7 

Oxyde  de  fer   34,9 

Alumine ,  eic 3o ,  3 

Eau 22, 1 

100,9 


(  an   ) 
De  plus,  j'y  ai  rencontré  de  la  silice,  de  l'acide  phosphorique  (au  moyen 
de  nitrate  cérique),  du  titane?  et  enfin  des  quantités  notables  de  vanadium. 

»  En  traitant  ce  minerai  par  la  soude  caustique,  puis  par  l'eau,  pour  eu 
extraire  l'alumine,  je  vis  se  déposer  dans  les  liqueurs  alcalines  et  concen- 
trées des  cristaux  octaédriques  réguliers  (les  angles  sont  de  109°  i5'  ou 
109°  ao'),  incolores,  que  je  pris  d'abord  pour  le  composé  correspondant  à 
l'aluminate  de  potasse  octaédrique  de  M.  Fremy.  Mais  en  faisant  l'analyse 
de  cette  substance,  je  remarquai  qu'elle  se  colorait  en  rouge  par  l'acide 
chlorhydrique,  en  dégageant  du  chlore,  ce  qui  me  montra  immédiatement 
sa  véritable  nature.  C'est  un  vanadate  de  soude  contenant  47^8  pour  100 
d'eau  ou  12  équivalents.  On  facilite  beaucoup  la  production  de  ces  cristaux 
en  recouvrant  l'eau  mère  d'une  couche  d'alcool  concentré.  Ces  cristaux, 
chauffés  avec  le  sel  de  phosphore  au  feu  de  réduction,  donnent  une  belle 
couleur  verte,  avec  le  nitre  une  teinte  jaune-orangé  caractériques.  Les  réac- 
tifs de  la  voie  humide  y  décèlent  d'ailleurs  toutes  les  |)ropriétés  de  l'acide 
vanadique. 

»  Le  procédé  que  j'emploie  pour  extraire  le  vanadium  du  minerai  de  fer 
des  Baux  est  très-simple.  Le  minerai,  dépouillé  de  calcaire  par  l'acide  mu- 
riatique  faible,  est  pulvérisé  et  mélangé  avec  la  moitié  de  son  poids  de  soude 
caustique.  On  mouille  avec  un  peu  d'eau  pour  dissoudre  la  soude,  que  l'on 
répartit  uniformément  dans  toute  la  masse.  On  calcine  jusqu'au  rouge 
sombre  dans  une  bassine  de  fonte,  on  traite  par  l'eau  bouillante,  on  hssive 
et  on  filtre  les  liqueurs  de  manière  à  les  dépouiller  de  l'oxyde  de  fer  très-fin 
qui  y  resterait  longtemps  en  suspension.  Enfin  on  fait  passer  jusqu'à  refus 
de  l'hydrogène  sulfuré  qui  précipite  d'abord  l'alumine,  puis  colore  lente- 
ment la  dissolution  en  rouge  foncé  (comme  le  permanganate  de  potasse), 
en  y  produisant  un  sulfovanadate  de  soude.  La  liqueur,  filtrée  et  traitée  par 
l'acide  sulfurique  ou  l'acide  acétique,  laisse  déposer  à  l'ébuUition  du  sulfure 
brun  de  vanadium.  Celui-ci,  grillé  au  rouge,  donne  de  l'acide  vanadique 
fondu. 

»  On  sait  que  Sefstrom  a  trouvé  le  vanadium  dans  des  minerais  de  fer 
suédois.  Je  n'ai  pu  savoir  la  composition  de  ces  minerais,  qu'il  aurait  été 
curieux  de  comparer  à  ceux  dont  j'ai  rapporté  l'analyse  plus  haut  pour  voir 
s'ils  contiennent  de  l'alumine,  comme  ces  énormes  amas  de  matière  alu- 
mino-ferrugineuses  du  midi  de  la  France.  Quant  à  ceux-ci,  je  dois  à  l'obli- 
geance de  MM.  Lechatelier  et  Meissonnier,  ingénieurs  des  mines,  une  col- 
lection complète  de  leurs  variétés  diverses  que  j'étudierai  au  point  de  vue 
de  la  teneur  en  vanadium. 

28.. 


(    212    ) 

»  Le  vanadium  est,  comme  le  chrome,  une  matière  dont  les  combinaisons 
possèdent  les  couleurs  les  plus  belles  et  les  plus  variées.  Il  me  paraît  évident 
que,  si  l'on  en  obtenait  suffisamment,  on  pourrait  l'utiliser,  ne  serait-ce  que 
pour  appliquer  sur  les  pâtes  céramiques,  dans  les  cazettes  réductrices  de 
Sèvres,  les  beaux  tons  de  vert  qu'on  produit  au  chalumeau  dans  les  flux  vi- 
treuxetau  feu  de  réduction.  On  peut  admettre  aujourd'hui  comme  démontré 
par  les  expériences  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  que  le 
vanadium  existe  en  grande  quantité  dans  ces  masses  considérables  de  ma- 
tières alumineuses  du  midi  de  la  France  :  si  on  vient  plus  tard  à  les  utiliser, 
comme  je  l'espère,  le  vanadium  qu'elles  contiennent  pourrait,  en  se  con- 
centrant dans  les  produits  accessoires  d'une  fabrication  régulière,  devenir 
tout  à  fait  exploitable.  Du  reste  j'ai  entendu  dire,  à  propos  de  recherches 
qui  ne  m'appartiennent  pas,  que  le  vanadium  serait  encore  plus  commun 
qu'on  ne  pourrait  le  penser,  même  d'après  ce  qui  précède.  Si  les  expériences 
auxquelles  je  fais  allusion  se  confirmt^nt,  elles  donneront  un  plus  grand 
intérêt  encore  à  une  matière  aujourd'hui  extrêmement  rare,  mais  que  les 
travaux  de  Sefstrom,  Berzelius,  de  MM.  Wohler  et  H.  Rose  ont  fait 
pourtant  connaître  d'une  manière  très-complète.    » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Action  des  alcalis  hydratés  sur  les  éthers  nitriques; 

par  M.  Berthelot. 

«  En  général  les  alcalis  hydratés  décomposent  les  éthers  avec  régénéra- 
tion d'alcool  :  c'est  l'une  des  propriétés  caractéristiques  de  cette  classe  de 
composés. 

a  L'équation  qui  représente  cette  métamorphose  a  souvent  été  assimilée 
à  la  précipitation  d'un  oxyde  métallique  hydraté  par  un  alcali.  Or  on  sait 
que  l'oxyde  métallique  se  précipite  parfois  à  l'état  anhydre.  Si  l'on  remarque 
que  l'éther  hydrique,  C*  H'  O,  et  l'alcool.  G*  H»  O»,  offrent  la  même  diffé- 
rence de  formules  qui  distingue  un  oxyde  métallique  anhydre  d'un  oxyde 
métallique  hydraté,  on  est  conduit  à  penser  que  les  éthers  composés  pour- 
ront dans  certains  cas  fournir,  au  lieu  d'alcool,  de  l'éther  hydrique. 

»  C'est  en  effet  ce  que  j'ai  observé,  il  y  a  quatre  ans,  dans  la  réaction  de 
la  potasse  hydratée  sur  l'éther  bromhydrique.  Il  s'agissait  dans  ce  cas  d'un 
éther  formé  par  un  hydracide. 

»  J'ai  récemment  observé  cette  même  formation  d'un  éther  hydrique 
dans  la  réaction  des  alcalis  hydratés  sur  certains  éthers  formés  par  un  oxa- 
cide, à  savoir  les  éthers  nitriques. 


(  2i3) 
»  Le  phénomène  est  particulièrement  net  avec  l'éther  méthylnitrique. 
Il  suffit  d'introduire  dans  une  éprouvette  graduée,  renversée  sur  le  mercure, 
ime  certaine  quantité  de  cet  éther  bien  pur,  un  peu  d'eau  et  un  fragment 
de  potasse.  Au  bout  de  deux  à  trois  jours  un  dégagement  gazeux  commence 
à  se  manifester  et  continue  pendant  quelques  semaines.  Ce  gaz  est  de  l'éther 
méthylique,  C*  H*  O  : 

C*H»0,  Az0'  +  R0  =  C'H'04-Az0»,  KO. 

»  Sa  proportion  a  été  trouvée  égale  aux  f  de  la  quantité  théorique.  I^ 
dernier  sixième  est  probablement  représenté  par  de  l'alcool  méthylique. 

»  J'ai  répété  cette  expérience  avec  l'éther  nitrique  ordinaire.  Ce  dernier 
résiste  davantage  et  fournit,  suivant  les  conditions,  tantôt  de  l'éther  ordi- 
naire, tantôt  de  l'alcool.  Si  l'alcali  est  très-étendu,  la  réaction  opérée  à 
loo  degrés  en  vase  scellé  est  encore  incomplète  au  bout  de  trente-cinq 
heures;  elle  fournit  seulement  de  l'alcool.  Mais  avec  la  potasse  solide,  on 
obtient  de  l'alcool,  de  l'éther  ordinaire  et  une  matière  brune  et  humoïde 
fort  abondante. 

»   La  formation  de  l'éther  ordinaire  répond  à  la  formule 

C*H»0,  AzO»  +  KO  =  C^H»0  +  AzOS  KO. 

■  L'éther  sulfureux,  dans  les  mêmes  conditions,  a  fourni  seulement  de 
l'alcool. 

»  En  résumé,  les  éthers  nitriques  traités  par  les  alcalis  hydratés  peuvent 
fournir  de  l'éther  ordinaire.  C'est  le  premier  exemple  de  la  régénération  de 
l'éther  hydrique  par  la  réaction  d'un  alcali  hydraté  sur  un  éther  neutre 
formé  par  un  oxacide.   » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE,  —  Recherches  sur  le  sucre Joriné  par  la  matière  cjly- 
cogène  hépatique;  par  MM.  Berthelot  et  de  Ldca. 

a  On  sait  par  les  expériences  de  M.  Cl.  Bernard  que  la  matière  glycogène 
hépatique  peut  être  transformée  en  un  glucose  particulier.  Mais  la  nature 
même  de^e  glucose  et  ses  caractères  spécifiques  n'ont  pas  encore  été  déter- 
minés avec  précision.  On  ignore,  par  exemple,  si  ce  glucose  est  identique 
avec  quelqu'une  des  diverses  espèces  de  glucose  aujourd'hui  connues,  telles 
que  le  glucose  de  raisin,  le  glucose  de  malt,  le  glucose  lévogyre,  le  glucose 
lactique,  etc.,  ou  bien  si  le  glucose  hépatiqueconstitue  une  espèce  nouvelle 
douée  de  caractères  propres. 


(  2i4  ) 

»  Ayant  réussi  à  obtenir  sous  forme  cristallisée  la  combinaison  du  gln- 
^cose  hépatique  (i)   avec  le  chlorure  de  sodium,  nous  avons  soumis  à  une 
étude  systématique  cette  combinaison  définie. 

»  Elle  se  présente  sous  la  forme  de  cristaux  volumineux,  limpides,  inco- 
lores, aptes  à  réduire  le  tartrate  cupropotassique  et  à  fermenter  sous  l'in- 
fluence de  la  levijre  de  bière. 

»  Nous  avons  l'honneur  démettre  ces  cristaux  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Cesontdes  rhomboèdresapparents  de  78  degrés.  Leur  pouvoir  rotatoire, 
déterminé  à  l'aide  d'une  solution  aqueuse,  est  dirigé  vers  la  droite;  il  a  été 
trouvé  égal  à  -J-  47  degrés.  Ce  pouvoir  est  notablement  plus  considérable 
dansles  premiers  moments  qui  suivent  la  dissolution  des  cristaux. 

»  Enfin  ces  cristaux  renferment  8,!i  de  chlore,  ce  qui  correspond  avec  la 
formule 

aC"H'«0",  •2H0+NaCl. 

»  Toutes  ces  propriétés  s'accordent  exactement  avec  celles  de  la  combi- 
naison entre  le  glucose  de  raisin  et  le  chlorure  de  sodium,  telles  qu'elles 
.sont  connues  par  les  travaux  de  M.  Peligot  et  de  M.  Pasteur. 

»  Ainsi  se  trouve  démontrée  l'identité  du  glucose  formé  au  moyen  delà 
matière  glycogène  hépatique  et  du  glucose  ordinaire,  c'est-à-dire  du  glucose 
de  raisins  et  de  diabètes.  » 

CHIMIE.  —  Nouveau  procédé  par  la  voie  sèche  pour  constater  la  présence 
de  l'iode  et  pour  le  doser;  par  31.  S.  deLuca. 

«  Ce  procédé,  et  celui  que  j'ai  communiqué  à  l'Académie  le  5  décembre 
1 853,  sont  fondés  sur  la  propriété  qu'a  le  brome  de  décomposer  les  iodures, 
sans  toucher  aux  chlorures  et  aux  bromures,  et  de  mettre  en  liberté  l'iode  : 
seulement  alors  j'opérais  par  la  voie  humide  et  avec  une  solution  titrée  de 
brome,  tandis  que  maintenant  j'opère  parla  voie  sèche,  avec  des  matériaux 
parfaitement  secs  et  en  vases  clos.  La  réaction  commence  à  la  température 
ordinaire,  et  on  peut  la  compléter  à  l'aide  de  la  chaleur  d'une  lampe  à 
alcool.  Voici  les  détails  de  ce  procédé  : 

o  On  introduit  au  fond  d'un  tube  de  verre  fermé  par  un  bout  de  l'iodure 
de  potassium   neutre  et  sec,  ou  bien,   et  c'est  mieux,  de  l'iodure  d'argent 


(i)  Formé  par  la  réaction  de  l'acide  chlorhydrique  dilué  sur  la  matière  glycogène  hépa- 
tique du  lapin. 


(a.5) 
bien  sec,  mais  sans  être  fondu;  on  fait  ensuite  glisser  dans  le  même  tube 
une  petite  ampoule  de  verre,  fermée  et  effilée  aux  deux  extrémités,  conte- 
nant de  la  vapeur  de  brome.  On  remplace  l'air  du  tube  par  de  l'acide  car- 
bonique sec  et  on  le  ferme  immédiatement  à  la  lampe.  En  donnant  quelques 
secousses  au  tube  la  petite  ampoule  se  casse,  et  alors  la  vapeur  de  brome  se 
trouve  en  contact  avec  l'iodure,  et  se  décompose  en  mettant  de  l'iode  en 
liberté  sous  la  forme  de  vapeurs  violettes  qui  vont  se  condenser  à  la  partie 
froide  du  tube.  Lorsqu'on  doit  décomposer  une  quantité  un  peu  grande 
d'iodure,  l'expérience  devient  plus  facile,  car  c'e.--t  dans  l'ampoule  que  l'on 
introduit  l'iodure,  et  le  tube  est  rempli  de  vapeur  de  brome.  On  ferme  à  la 
lampe  le  tube  et  ensuite  on  opère  comme  il  a  été  dit  plus  haut  :  on  obtient 
ainsi  l'iode  éliminé  et  condensé.  En  cassant  la  pointe  du  tube  sous  l'eau, 
celle-ci  s'y  introduit  rapidement  en  le  remplissant,  ce  qui  prouve  l'absorp- 
tion complète  du  brome. 

»  On  obtient  l'iodure  de  cyanogène  lorsqu'on  opère  sur  un  mélange 
sec  d'iodure  et  de  cyanure  d'argent.  En  effet,  si,  dans  un  tube  fermé  rempli 
d'acide  carbonique  sec  et  contenant  le  mélange  indiqué,  on  casse  une  am- 
poule renfermant  du  brome,  l'iodure  de  cyanogène  qui  se  produit  se  con- 
dense, à  l'aide  d'une  légère  chaleur,  en  houppes  soyeuses  et  blanches,  dans 
la  partie  froide  du  tube.  Si  l'iodure  d'argent  est  en  excès  relativement  au 
cyanure,  on  observe  même  les  vapeurs  violettes  de  l'iode. 

»  Le  procédé  indiqué  plus  haut  peut  être  appliqué  facilement  pour  la 
recherche  de  l'iode  dans  l'eau  de  pluie  et  dans  les  autres  eaux.  Pour  cela, 
il  faut  précipiter  par  l'azotate  acide  d'argent,  laver  et  sécher  le  précipité,  et 
le  traiter  ensuite  par  le  brome  en  très-petite  quantité  dans  un  tube  fermé. 
I^es  chlorure  et  bromure  d'argent  qui  peuvent  se  trouver  mélangés  avec 
l'iodure  ne  sont  pas  décomposés  par  le  brome,  qui  agit  seulement  sur 
l'iodure  en  mettant  en  liberté  l'iode. 

»  Ce  même  procédé  je  l'ai  appliqué  pour  doser  l'iode  en  faisant  agir,  à 
différentes  reprises,  de  petites  quantités  [lesées  de  vapeur  de  brome  sur 
l'iodure  d'argent.  Lorsqu'on  n'aperçoit  plus  de  vapeurs  violettes,  ou  mieux 
encore,  lorsqu'on  voit  apparaître  la  vapeur  rouge-jaunâtre  du  brome,  tout 
l'iodure  est  décomposé.  La  quantité  de  brome  employée  donne,  par  le 
calcul,  la  quantité  d'iode  mise  en  liberté.  Ce  résultat  d'ailleurs  peut  être 
contrôlé  en  dissolvant  dans  l'alcool  l'iode  mis  en  liberté  et  en  dosant  ce 
métalloïde  par  une  solution  titrée  d'acide  sulfureux,  et  ensuite  en  transfor- 
mant l'acide  iodhydrique  formé  en  iodure  d'argent  dont  on  détermine  le 
poids. 


(a.6) 
)>   Ce  procédé  est  très-délicat  dans  l'exécution,  mais  il  donne  des  résul- 
tats exacts,  car  l'iode  reste  isolé,  et  l'on  peut  vérifier  tousses  caractères  :  en 
outre,  on  a  l'avantage  d'opérer  en  vases  clos  sans   craindre  la  moindre 
perte.  » 

CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Sur  tes  combinaisons  des  alcools  ppl/atorniques  avec 
les  acides   bibasiques;  par  M.    Desplats. 

«  Les  travaux  de  M.  Berthelot  sur  les  combinaisons  de  la  glycérine  et 
des  matières  sucrées  avec  les  acides  monobasiques  ont  établi  les  relations 
générales  qui  président  à  l'union  réciproque  des  acides  monobasiques  et 
des  alcools  polyatomiques.  Mais  l'action  des  acides  bibasiques  sur  ces 
mêmes  alcools  polyatomiques  est  encore  fort  peu  connue.  Cette  étude  offre 
lin  mtérét  tout  particulier,  tant  par  la  grande  variété  des, composés  qui 
peuvent  se  produire,  que  par  le  caractère  acide  de  la  plupart  de  ces  mêmes 
composés. 

»  J'ai  entrepris  sur  cette  question  générale  des  recherches  suivies,  en 
prenant  pour  point  de  départ  un  acide  bibasique  bien  caractérisé,  l'acide 
tartrique,  et  un  alcool  triatomique,  la  glycérine.  Entre  l'acide  tartrique  et 
la  glycérine  on  peut  admettre  :  i°  un  composé  acide  formé  par  i  équivalent 
d'acide  tartrique  et  i  équivalent  de  glycérine,  avec  élimination  de  2  équi- 
valents d'eau:  ce  composé  répond  à  l'acide  sulfoglycérique  de  M.  Pelouze; 
3°  un  composé  acide  formé  par  l'union  de  2  équivalents  d'acide  tartrique 
et  de  I  équivalent  de  glycérine  avec  élimination  de  4  équivalents  d'eau  ; 
3°  un  composé  acide  formé  par  3  équivalents  d'acide  tartrique  et  i  équi- 
valent de  glycérine  avec  élimination  de  6  équivalents  d'eau. 

u  En  outre,  chacune  de  ces  trois  catégories  de  combinaisons  peut  com- 
prendre plusieurs  autres  composés  acides,  suivant  que  la  glycérine  perd 
plus  ou  moins  d'eau  en  s'unissant  à  l'acide  tartrique. 

»  Aujourd'hui,  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  premiers 
résultats  auxquels  je  suis  arrivé, 

I.    —  Acide  glycérimonotartrique. 

C *  H' »  O'*  =  C*  H»  O'"  -+-  C* H«  0«  —  2 H  O,  mouobasique. 

»  Ce  composé  s'obtient  en  chauffant  à  la  température  de  100  degrés, 
pendant  quarante  heures,  parties  égales  d'acide  tartrique  et  de  glycérine. 
»  J'ai  analysé  le  sel  calcaire:  C'*H"  CaO'"  (i); 

-  — ■ — — ; —r 

(ï)  Ce  sel  a  déjà  été  obtenu  par  Bcrzelius. 


(  2'7  ) 

»  Et  le  sel  barvtique  :  C*  H"  BaO". 

«  J'ai  préparé  les  sels  de  magnésie,  de  plomb,  de  cuivre,  de  zinc  et 
d'argent. 

M  Tous  ces  sels  sont  solubles  dans  l'eau  :  tous,  en  présence  de  l'eau, 
éprouvent  une  décomposition  lente;  la  glycérine  fixe  de  nouveau  les  élé- 
ments de  l'eau  et  l'acide  se  régénère.  Cette  décomposition  est  accélérée  par 
l'action  de  l'eau  de  baryte  ou  de  l'eau  de  chaux. 

II.   —  Acide  glycériditartrique. 

C"  H'OO'»  =  2(C''H«0'^)  +C''H»0''  -  4  HO,  bibasique. 

•  »  Ce  composé  s'obtient  en  chauffant  pendant  cinquante  heures,  à  la  tem- 
pérature de  loo  degrés,  parties  égales  d'acide  tartrique  et  de  glycérine  en 
présence  d'une  certaine  quantité  d'eau. 

»  J'ai  analysé  le  sel  calcaire  :  C"H'*Ca'0''; 
»  Et  le  sel  barytique  ;  C"  H'*  Ba^*  O". 

III  —  Acide  épi  glycériditartrique. 
C"H'*0"  =  2(C»H«0'^)-+-C»H»0«  -6H0,  monobasique. 

»  Cet  acide  ne  diffère  du  précédent  que  par  2  équivalents  d'eau  de  moins 
et  par  une  diminution  correspondante  dans  la  basicité;  il  correspond  à 
l'épidichlorhydrine  de  M,  Berthelot. 

><  Il  s'obtient  en  chauffant  à  la  température  de  i4o  degrés,  pendant  un 
grand  nombre  d'heures,  parties  égales  de  glycérine  et  d'acide  tartrique. 

»  L'analyse  du  sel  calcaire  donne  :  C^^  H"  CaO**. 

»  I^'analyse  du  sel  barytique  :  C^'H^BaO"*. 

IV.    —  Acide  glycéritritartrique. 

C">H"0'''=3C«H''0'='  +  C»H»0'  -4 HO,  quadribasique. 

»  Dans  la  formation  de  ce  composé,  la  proportion  d'eau  éliminée  est 
inférieure  à  la  proportion  jiormale  de  6  équivalents  d'éau,  et  une  portion 
correspondante  de  la  basicité  de  l'acide  tartrique  demeure  conservée. 

»  On  l'obtient  en  chauffant  l'acide  glycériditartrique  avec  quinze  fois 
son  poids  d'acide  tartrique,  ou  bien  une  partie  de  glycérine  avec  vingt  par- 
ties d'acide,  et  maintenant  la  température  à  \{\o  degrés  pendant  trente 
heures. 

»  I^e  sel  de  chaux  correspond  à  la  formule  :  C'°  H"  Ca*  O'*. 

M  On  a  pour  le  sel  de  baryte:  C'H^'Ba'O**. 

»  J'ai  contrôlé  ces  formules  par  des  saponifications.  » 

G.  R.,  1859,  2"«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  S.)  -29 


(  a.8  ) 

CHIMIE  MINÉRALE.  —   Sur  ta  production  de  tazurite;  par  M.   H.    Debkay. 

«  J'ai  pu  reproduire  assez  facilement  l'azurite  en  mettant  en  présence 
de  l'azotate  de  cuivre  dissous  et  de  la  craie  dans  des  tubes  scellés  à  la 
lampe.  La  réaction  s'opère  à  la  température  ordinaire  et  sous  une  pression 
assez  faible.  Dans  mes  expériences  elle  n'a  jamais  dépassé  sept  à  huit  atmo- 
sphères, et  elle  est  parfois  descendue  jusqu'à  trois. 

«  J'indiquerai  rapidement  comment  on  dispose  l'expérience.  On  prend  un 
tube  ayant  environ  ao  à  ^5  millimètres  de  diamètre,  fermé  à  un  bout;  on 
y  introduit  des  bâtons  de  craie  et  des  cristaux  d'azotate  de  cuivre,  pesés  à 
l'avance,  de  manière  à  fournir  un  dégagement  de  gaz  dont  la  pression  rap- 
portée au  volume  que  l'on  donne  au  tube  en  le  fermant  ne  dépasse  pas  un 
nombre  déterminé  d'atmosphères.  On  met  toutefois  un  excès  de  craie  par 
rapport  à  l'azotate  de  cuivre.  Cela  fait,  on  étrangle  le  tube  à  peu  prés  à  la 
hauteur  calculée,  après  y  avoir  introduit  un  manomètre  à  mercure,  et  l'on 
y  verse  de  l'eau  par  un  entonnoir  effilé;  la  dissolution  de  l'azotate  se  fait 
avec  assez  de  lenteur  pour  que  l'on  ait  tout  le  temps  de  fermer  le  tube  sans 
craindre  l'effet  de  la  pression  intérieure.  On  peut  aussi  fermer  le  tube  après 
y  avoir  rais  les  substances  sèches  qui  doivent  réagir,  ainsi  qu'un  autre  tube 
contenant  de  l'eau;  en  renversant  l'appareil,  l'eau  s'écoule  et  la  réaction  se 
produit. 

o  On  voit  d'abord  la  craie  se  couvrir  d'une  matière  verdâtre;  peu  à 
peu  et  après  que  la  liqueur  a  été  décolorée,  cette  ntratière  verte  se  transforme 
en  cristaux  mamelonnés  d'azurite.  Les  réactions  qui  se  produisent  dans  le 
tube  sont  simples.  Au  contact  de  l'azotate  de  cuivre  la  craie  se  transforme 
lentement  en  azotate  tribasique  de  cuivre  : 

3(CuO,  AzO')  +  2(CaOCO*)  =  3CuO,  AzO' +  a(CaOAzO»)+  aCO'. 

»  L'azotate  neutre  de  cuivre  une  fois  disparu,  il  reste  en  présence  l'azo- 
tate tribasique  et  du  carbonate  de  chaux  dissous  dans  l'acide  carbonique, 
il  y  a  alors  production  d'azurite  par  la  réaction  suivante  : 

3CuO,  A.zO'+CaO,2CO*HO  =  3CuO,aCO^HO-^CaO.AzO^ 

»  On  ne  peut  remplacer  le  carbonate  de  chaux  par  les  carbonates  alca- 
lins. Voici  en  effet  les  résultats  de  quelques  expériences  faites  à  ce  sujet.  Si 
l'on  mélange  de  l'azotate  tribasique  de  cuivre  avec  du  bicarbonate  de  soude 
en  excès,  que  l'on  fasse  une  pâte  du  mélange  avec  un  peu  d'eau,  puis  que 
l'on  chauffe  le  tout  dans  un  tube  scellé,  à  la  température  de  i6o  degrés 
environ,  on  obtient  une  substance  bien  cristallisée,  d'une  belle  couleur 


(  219  ) 
bleue  et  que  l'on  pourrait  prendre  au  premier  abord  pour  de  l'azurite.  On 
la  sépare  du  reste  de  la  matière  par  des  lavages  à  l'eau  froide  qui  ne  l'al- 
tèrent en  aucune  façon.  Sa  composition  se  représente  par  la  formulesuivante: 

CuO,CO»  +  NaO,CO». 

C'est  le  premier  exemple  de  carbonate  double  de  cuivre  anhydre  et  indé- 
composable par  l'eau. 

»  Le  bicarbonate  de  potasse  donne  également  un  produit  bleu  cristallisé, 
mais  l'eau  le  décompose  avec  une  extrême  facilité. 

»  Dans  ces  dernières  expériences,  on  peut  remplacer  l'azotate  tribasique 
de  cuivre  par  tout  autre  sel,  par  le  carbonate  de  cuivre  par  exemple;  il  faut 
seulement  mettre  le  bicarbonate  alcalin  en  excès. 

»  Les  essaisque  j'ai  tentés  pour  reproduire  l'azurifeen  faisant  agir  l'acide 
carbonique  à  haute  pression  (lo  à  i4  atmosphères)  sur  le  carbonate  de 
cuivre  ordinaire  ou  sur  la  malachite,  mélangés  ou  non  de  carbonate  de 
chaux,  ne  m'ont  donné  aucun  résultat.  Ces  carbonates  ne  se  sont  ni  dissous 
ni  altérés. 

»  Je  dois  dire  en  terminant  qu'il  y  a  environ  deux  ans  M.  Becquerel  a 
annoncé  à  l'Académie  qu'entre  autres  espèces  minérales  il  avait  reproduit 
l'azurite;  mais  le  procédé  qu'il  a  employé  et  qu'il  n'a  indiqué  que  d'une 
manière  très-générale,  diffère  essentiellement  du  mien.   » 

MÉDECINE.  —  Méthode  générale  de  traitement  de  l'hypertrophie  prosta- 
tique simple  et  des  flexions  utérines  par  l'électrisation  localisée;  par 
M.  A.  Tripier. 

«  L'électrisation  localisée  n'a  été  appliquée  jusqu'ici  que  d'une  façon 
tout  à  fait  empirique  au  traitement  des  affections  du  système  musculaire  à 
6bres  lisses  de  la  vie  organique.  Aussi  n'a-t-on  pas  songé  à  utiliser  ce  moyen 
curatif  contre  certaines  affections  dans  lesquelles  il  est  appelé  à  rendre  des 
services  d'autant  plus  importants,  qu'on  n'a  à  leur  opposer  aujourd'hui  que 
des  moyens  reconnus  à  peu  près  complètement  inefficaces  par  tous  les  chi- 
rurgiens. La  médication  électrique  nous  paraît  notamment  devoir  consti- 
tuer le  moyen  de  traitement  principal  des  altérations  atrophiques  du  système 
musculaire  à  fibres  lisses  avec  hyperplasie  conjonctivo-adipeuse.  L'excita- 
tion électrique  atteint  ici  le  double  but  de  rendre  à  l'élément  musculaire  le 
libre  exercice  de  ses  propriétés  en  même  temps  qu'elle  arrête  la  production 
anormale  du  tissu  conjonctif.  Les  hypertrophies  simples  de  la  prostate  étant 
caractérisées  anatomiquement  par  l'altération  de  texture  indiquée  plus  haut, 

29.. 


(    320    ) 

altération  qui  se  rencontre  également,  quoique  dans  des  conditions  un  peu 
différentes,  dans  les  flexions  utérines,  nous  avons  songé  à  leur  opposer  la 
faradisation  locale. 

»  Les  recherches  de  M.  Kolliker,  postérieures  aux  travaux  publiés  en 
France  sur  les  maladies  de  la  prostate,  ont  établi  que  le  tiers  au  moins  du 
parenchyme  de  cet  organe  est  constitué  par  du  tissu  musculaire  :  de  là 
ressort  très-nettement  l'indication  de  combattre  son  hypertrophie  simple 
par  la  gymnastique  électrique.  (Suit  l'indication  du  procédé  opératoire.) 

»  Dans  les  flexions  utérines,  l'électrisation  est  destinée  non-seulement  à 
rendre  aux  tissus  leur  texture  normale,  mais  encore  à  tirer  parti  de  leur  con- 
tractilité  pour  en  opérer  le  déplacement  et  faire  cesser  des  rapports  anor- 
maux. (Suit  l'indication  du  procédé  opératoire.)  » 

M.  Bally,  qui  dans  de  précédentes  nominations  de  Correspondants  pour 
la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  avait  été  compris  dans  le  nombre 
des  candidats,  annonce  que  pour  la  place  aujourd'hui  vacante  il  retire  sa 
candidature  en  présence  de  celle  de  M.  Lordat  :  cette  candidature  ne  lui 
était  pas  encore  connue  lorsqu'il  a  de  no\iveau  exprimé  le  désir  de  voir  son 
nom  inscrit  sur  la  liste  que  doit  présenter  la  Section. 

M.  jX.  Bocbée  adresse  une  Note  «  sur  les  moyens  de  remédier  à  l'infec- 
tion de  la  Tamise  ». 

L'auteur  annonce  qu'il  a  écrit  cette  Note  dans  l'intention  de  l'adresser 
au  lord-maire  de  Londres,  mais  qu'il  a  cru  devoir  en  transmettre  une  copie  à 
l'Académie  des  Sciences,  attendu  que  ce  nouveau  travail  se  lie  à  celui  qu'il 
a  précédemment  présenté  sous  le  titre  de  «  Conditions  géologiques  du 
choléra  ».  Il  fait  intervenir  en  effet  comme  une  des  causes  principales  de 
l'infection  de  la  Tamise  la  nature  du  terrain  qui  forme  le  fond  de  la  rivière 
dans  la  traversée  de  Londres,  et  c'est  de  cette  considération  qu'il  part  pour 
proposer  un  remède. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Chevreul.) 

M.  Latz,  médecin  à  Borbeck  (Prusse  rhénane),  adresse  une  Note  con- 
cernant une  méthode  médicale  de  son  invention,  qu'il  ne  fait  pas  connaître, 
mais  qu'il  déclare  remplir  toutes  les  conditions  nécessaires  pour  mériter  le 
prix  de  100,000  francs  du  legs  Bréant.  En  effet,  suivaat  lui,  cette  mé- 
thode de  traitement  serait  efficace,  non-seulement  contre  le  choléra-morbus, 
mais  encore  contre  un  certain  nombre  d'autres  maladies  dont  il  indique 


{ "•  ) 

plusieurs.  Il  offre  de  prouver  ce  qu'il  avance  par  des  expériences  faites  au 
lit  des  malades. 

On  fera  savoir  à  M.  Latz  que  l'Académie  regarde  comme  non  avenue 
toute  proposition  de  ce  genre.  S'il  veut  que  sa  méthode  de  traitement 
soit  jugée,  il  faut  qu'il  commence  par  la  faire  connaître  au  moyen  d'une 
description  suffisante  ;  c'est  alors  seulement  qu'elle  pourra  être  soumise  à 
la  Commission  chargée  de  juger  le  concours.  '^ 

M.  Lagout,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de  l'Académie 
une  Note  sur  l'emploi  k  de  matelas  d'algues  marines  pour  obtenir  la  salu- 
brité des  habitations  o,  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre 
cette  Note,  qu'il  se  propose  de  présenter  avec  des  modifications  nécessitées 
par  les  perfectionnements  qu'il  a  annoncé  avoir  apportés  à  sa  première 
invention. 

M.  Laignel  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  laquelle  ont  été  soumises  ses  dernières  communications  sur 
les  chemins  de  fer. 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  :  MM.  Morin,  Combes,  Clapeyron.) 

LeGoivseil  mcnicipal  de  la  ville  deGray  (Haute-Saône)  prie  l'Académie 
de  vouloir  bien  comprendre  la  bibliothèque  de  cette  ville  dans  le  nombre 
des  établissements  auxquels  elle  fait  don  de  ses  Comptes  rendus. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  C.  Gary  présente  un  Mémoire  sur  diverses  questions  de  géologie  et 
de  physique  du  globe. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  d'Archiac.)  ,h 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


(    222    ) 
BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i"  aoi^t  iSSg  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Mémoire  sur  la  densité  de  l'alcool,  sur  celle  des  mélanges  alcooliques  et 
sur  un  nouveau  mode  de  graduation  de  l'aréomètre  à  degrés  égaux;  par 
M.  PouiLLET.  Paris,  iSjg;  in-4°.  (Extrait  du  t.  XXX  des  Mémoires  de 
l'Académie  des  Sciences.) 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  DecaisNE;  26*  liv.,  in-4°. 

Cours  d  Analyse  de  l'Ecole  Polytechnique  ;  par  M.  Sturm,  publié  d'après  le 
vœu  de  l'auteur,  par  M.  E.  Prouhet;  t.  II.  Paris,  1869;  in-8°. 

Notes  sur  quelques  points  d' analyse  ;  par  M.  E.  Prouhet;  br.  in-8°.  (Extrait 
du  Cours  d'Analyse  de  M.  Sturm,  IP  vol.) 

De  la  pesanteur  terrestre;  par  F. -E.-A.  Charpentier.   Paris,  iSSg;  in-8°. 

Traité  des  frictions  quiniques  chezles  enfants  ;  par  P.  F.  Semanas.  Paris-Lyon, 
1859;  in-8°. 

Etudes  chimiques  sur  la  composition  des  eaux  du  canal  de  Bretagne  dans  la 
traverse  de  Nantes;  par  Adolphe  Bobierre.  Nantes,  iSSg;  br.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  d'Angers  et  du  département  de  Maine-et- 
Loire.  Année  i858;  in-8°. 

Astronomical.  . .  .  Observations  astronomiques  faites  à  [Observatoire  naval 
de  Washington  durant  les  années  1849  et  i85o;  par  M.  F.  Maury;  vol.  V. 
Washington,  1859;  in-4°. 


PUBLICATIONS     péniODIQUES     REÇUES      PAR     l'aCAD^MIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    JUILLET    18S9. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique  ;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BoussiNGAULT,  Regnault,  DE  Senarmont,  avec  une  Bévue  r/es  travaux 
de  Chimie  et  de  Physique  publiés  à  l'étranger;  par  MM.  WuRTZ  et  Verdet  ; 
3"  série,  t.  XLIV;  juin  1859;  in-8''. 

Annales  de  l'Agriculture  française;  t.  XIII,  n°  12;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques;  mai  1859;  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France;  juin  1859;  in-8°. 

Astronomical...   Notices  astronomiques  ;  n°  7;  in-8°. 

Atti...  Actes  de  [Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei;  12*  année,  3*  ses- 
sion, 6  février  iSSg;  in-4°. 


(  "3  ) 

Bullelhi  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  BeauX'Arls  de- 
Belgique;  2"  série,  t.  VII,  n°'  5  et  6  ;  in-S". 

Bulletin  de  [Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  a*  série,  t.  II,  n"'  8 
et  9;  in-8°. 

Bulletin  de  [Académie  impériale  de  Médecine  ;  t.  XXIV;  n°'  16-19;  ^"-8°- 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  mai  et  juin  iSSg;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  [industrie  nationale;  juin  1 869  ; 
in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  médicale  des  Hôpitaux  de  Paris  ;  t.  IV,  n°  i  ;  in-8". 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  [Académie  des  Sciences  ;  2*  se- 
mestre 1859;  n""  i-4;in-4°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XV,  i"-5*  livraisons; 
in-8°.  ! 

Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées; 
mai  et  juin  iSSg;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique ,- nou\e\le  période;  t.  I,  n°'  i3  et  i/j;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie;  juillet  1869; 


in- 8°. 


Journal  de  l'âme;  juin  1839;  in-8°. 

Journal  de  la  Section  de  Médecine  de  la  Société  académique  du  département 
de  la  Loire-Inférieure;  182  et  i83*  livraisons;  in-8°. 

Journal   de   la  Société   impériale  et   centrale  d' Hortiadture ;  juin    iSSg; 
in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  C/jim/e;  juillet  1859;  in-8°. 

Journaldes  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n°'  28-3o;  in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  juin  1869;  in-8°. 

La  Bourgogne.  Revue  œnologique  et  viticole;  7*  livraison;  in-8*'. 

La  Correspondance  littéraire  ;  n^"  1 5  et  t6;  in-8°. 

La  Culture;  n°'  i  et  2  ;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  n°*  19  et  20;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XIII, 
n"»  i3  et  i4;  in-8°. 

L'^rfmec^ica/;  juillet  1869;  in-8°. 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  t.  VI,  n"'  9-i3;  in-8'*. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  etdu  manufacturier;  61*  et  62*  livraisons; 
in-4°. 


(    224    ) 

Le  Progrès;  Journal  des  Sciences  et  de  la  profession  médicale  ;  n°'  26  et  27  ; 
in-8°. 

Le  Tecfmologiste ;  juillet  iSSg;  in-S". 

Magasin  pittoresque  ;  iuïWet  iSSg;  in-8°. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  juillet  iSSp;  in-8°. 

Nachrichten.. .  Nouvelles  de  l' Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Gollingue;  n°'  \i-\l\;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de   Londres;  a*  série,  vol.  I, 
n°  I  ;  in-8". 

Répertoire  de  Pharmacie;  juillet  1 869  ;  in-S". 

Revista...  Revue  des  travaux  publics  ;  7*  année;  n°'  i3et  i4;in-4''. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-  chirurgicale  ;  n*"  i3et  i4;  in-8°. 

Royal  astronomical...  Société  royale  Astronomique  de  Londres;  vol.  XIX; 
n"  8;  in-S". 

Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture;  Bulletin  des  séances;  a*  série, 
t.  XIV,  n°  4  ;  in-8^ 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n°'  77-89. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n°'  a6-3o. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°'  27-31. 
•   L'Abeille  médicale;  n°'  29  et  3o. 

La  Coloration  industrielle;  n"'  1 1  et  12. 

La  Lumière.  Revue  He  la  Photographie;  n°'  27- 

L'Ami  des  Sciences;  n"*  27-31. 

La  Science  pour  tous;  n°'  3i-34. 

Le  Gaz;  n""  16-iS. 

Le  Musée  des  Sciences,  n°^  \o-i5. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  8  AOUT  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MÉMOIRES  ET  CO»IMU]\ICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  la  dure-mère  ou  périoste  interne  des  os  du  crâne; 

par  M.  Flourens. 

«  Dès  1 829,  étudiant  la  régénération  des  os  du  crâne  à  l'occasion  de  mes 
expériences  sur  le  cerveau,  je  m'exprimais  ainsi  : 

1/  Si  on  enlève  le  périoste  d'un  os  du  crâne,  la  lame  externe  de  cet  os 
»  seule  se  nécrose  et  tombe;  mais,  au  bout  d'un  certain  temps,  il  se  forme 
»  un  nouveau  périoste  et  une  nouvelle  lame  externe. 

»  Si  on  enlève  le  périoste,  l'os  et  la  dure-mère,  il  se  forme  d'abord  un 
»  nouveau  périoste  et  une  nouvelle  dure-mère,...  et  puis  un  nouvel  os  entre 
»  ces  deux  membranes  (i).  » 

»  Je  disais  de  plus  :  «  Toute  la  portion  de  dure-mère  enlevée  est  repro- 
»  duite;  le  périoste  est  complètement  reproduit  aussi  ;  et  dans  le  point  où 
»  le  nouvel  os  manque  encore,  ces  deux  membranes,  le  périoste  et  la 
»  dure-mère,  adhèrent  l'une  à  l'autre  et  semblent  se  continuer  l'une  avec 
>•  l'autre  (2).   » 

(  I  )  Analyse  des  travaux  de  l'Académie  des  Sciences,  année  1829,  p.  78. 
(  2  )  Recherches  expérimentales  sur  les  propriétés  et  les/onctions  dusystème  nerveux,  p.  167 
(a"  édition). 

C.  R,  1869,  a«"  5eme«<re.  (T.  XLIX    N'C.)  3o 


(    2l6    ) 

u  Dix  ans  plus  tard,  et  dès  mes  premières  expériences  sur  la  formation 
des  os,  je  constatais  l'identité  de  nature  et  d'action  des  deux  périostes  : 
l'interne  et  l'externe. 

«  Deux  forces,  disais-je  alors,  concourent  à  la  formation  de  l'os,  la 
»   force  du  périoste  externe  et  la  force  du  périoste  interne  (i).   » 

»  Enfin  je  terminais  l'explication  de  l'une  des  planches  de  mon  livre 
par  cette  phrase  :  «  I.a  figure  1 3  de  la  planche  XI  est  une  portion  de  crâne. . . 
»  montrant  la  continuité  du  périoste  externe  avec  la  dure-mèrè...  Ce  fait 
»  est  précieux  :  il  montre  nettement  la  continuité  des  périostes  :  externe  et 
»   interne  (2).    » 

»  Je  prie  l'Académie  de  me  permettre  de  faire  passer  sous  ses  yeux  quel- 
ques pièces  (3)  qui  justifient  ces  assertions. 

»   J'ai  fait,  de  ces  pièces,  trois  séries. 

»  La  première  montre,  sur  des  frontaux  et  des  pariétaux  de  chien  et  de 
cochon  d'Inde,  la  manière  dont  s'opère  l'occlusion  des  ouvertures  faites  au 
crâne  au  moyen  d'une  couronne  de  trépan. 

»  Ce  qui  se  passe  après  une  telle  opération,  c'est  d'abord  la  reproduction 
du  périoste  et  de  la  dure-mère,  s'ils  ont  été  retranchés;  c'est  ensuite  la 
réunion,  l'adhésion  réciproque  de  ces  deux  membranes;  c'est  enfin  l'ossi- 
fication de  ces  deux  membranes  ainsi  réunies,  la  formation  de  l'os. 

»  On  voit,  sur  les  pièces  de  cette  série,  tous  les  progrès  du  travail  que 
j'indique  ici  :  la  part  évidente  qu'y  prend  le  périoste,  et  la  part  non  moins 
évidente  qu'y  prend  la  dure-mère. 

»  Cependant  j'ai  voulu  isoler,  d'une  manière  plus  complète  encore,  le 
rôle  de  la  dure-mère. 

»  J'ai  placé,  dans  l'ouverture  faite  au  crâne,  une  lame  métallique.  Cette 
lame,  ainsi  placée,  se  trouvait  interposée  entre  le  périoste  et  la  dure-mère. 

»  Sur  la  pièce  n°  i  de  la  seconde  série,  se  voit  la  lame  de  métal,  restée 
à  sa  place  ;  et,  sous  la  lame  de  métal^  toute  la  lame  d'os  restituée  par  la 
dure-mère. 

M  A  cette  lame  d'os  restituée  par  la  dure-mère,  et  séparée  du  périoste 
par  la  lame  métallique,  le  périoste  n'a  contribué  pour  rien. 

»  Il  n'a  contribué  pour  rien,  non  plus,  dans  toutes  les  autres  pièces  de  la 
même  série  où  il  a  été  tenu  séparé,  éloigné  de  la  dure-mère  par  un  anneau 

(  I  )  Recherches  sur  le  développement  des  os  et  des  dents,  p.  80  (  1842). 

(2)  Ibid.,  p.  147. 

(3)  Elles  datent  de  1842  et  1843. 


(    227    ) 

métallique  interposé  entre  ces  deux  membranes,  et  où  la  lame  interne  fie 
l'os,  la  lame  reproduite  par  la  dure-mère,  s'est  formée  sous  l'anneau. 

»  La  pièce  n"  a  de  cette  série  mérite  surtout  l'attention.  On  y  voit,  admi- 
rablement séparée,  la  part  de  chacun  des  deux  périostes;  car  l'anneau  inter- 
posé entre  ces  deux  membranes  est  complètement  recouvert  du  côté  de  la 
cavité  du  crâne  par  une  lame  osseuse  donnée  par  la  dure-mère,  et  du  côté 
extérieur  du  crâne  par  une  lame  osseuse  donnée  par  le  périoste. 

»  Chacun  des  deux  périostes  donne  donc  la  lame,  la  lable  des  os  du  crâne 
qui  lui  répond  :  le  périoste  externe,  la  tabte  externe,  et  \e  périoste  interne,  la 
lable  interne. 

»  Enfin,  surja  troisième  série  des  pièces  que  je  présente,  se  voient  des 
portions  d'os  enlevées  par  des  couronnes  de  trépan,  et  transportées  d'un 
animal  sur  un  autre. 

»  On  a  enlevé,  par  exemple,  sur  deux  cochons  d'Inde,  au  moyen  d'une 
couronne  de  trépan,  une  portion  d'os,  et  puis  on  a  transporté  l'os  de  l'un 
sur  le  crâne  de  l'autre,  et  réciproquement. 

»  On  voit,  sur  les  pièces  de  cette  troisième  série,  les  os  artificiellement 
rapprochés,  les  os  étrangers,  se  joindre  entre  eux,  d'abord  par  leurs  périostes 
interne  et  externe,  et  puis  par  eux-mêmes.  » 

THÉRAPEUTIQUE. — ^application  au  traitement  des  plaies ,  du  mélange  désinfectant 
de  MM.  Corne  et  Demeaux  :  exp^f^ences  faites  à  l! hôpital  de  Milan.  (^Lettre 
de  M.  LE  Maréchal  Vaillant  à  M.  le  Président  de  l'Académie.) 

«  Milan,  le  3  Août  i85g. 

»  En  apprenant  la  magnifique  découverte  de  M.  Corne,  je  me  suis  em- 
pressé de  communiquer  le  journal  qui  me  donnait  cette  nouvelle  à  M.  le  ba- 
ron Larrey,  médecin  en  chef  de  notre  armée  d'Italie,  et  de  le  prier  de  faire, 
avec  toute  la  prudence  possible,  quelques  expériences  en  vue  de  soulager 
nos  blessés.  Te  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  combien  M.  le  D"^  Larrey  s'est 
montré  heureux  de  s'associer  à  mon  désir  et  d'avoir  une  nouvelle  occasion 
de  se  rendre  utile.  Par  ses  ordres,  un  millier  de  kilogrammes  du  remède 
Corne  ont  été  préparés  avec  le  plus  grand  soin.  Restait  à  faire  les  expé- 
riences. 

»  M.  Larrey  ayant  été  appelé  à  Gênes  par  son  service,  ces  expériences  ont 
été  confiées  à  M.  Cuvellier,  médecin  en  chef  de  nos  hôpitaux  militaires  de 
Milan.  J'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  copie  du  Rapport  que  cet  habile  et 
zélé  docteur  vient  de  me  remettre  à  l'instant  :  ce  Rapport,  vous  le  verrez, 

3o.. 


(   2a8  ) 

autorise  à  concevoir  des  espérances  sur  l'efficacité  du  remède.  J'ajoute  que 
*le  docteur  m'a  paru,  en  me  parlant,  porter  ces  espérances  bien  plus  haut 
qu'il  ne  l'a  fait  dans  son  Rapport  écrit,  et  qu'il  m'a  dit  aussi  que  dans  le 
monde  entier  on  ne  trouverait  pas  vingt  autres  plaies  aussi  hideuses,  aussi 
infectes  que  celles  sur  lesquelles  les  expériences  viennent  d'être  entreprises. 

Rapport  médical  sur  le  topique  désinfectant  Corne  et  Demeaux. 

a  Milan,  le  3  Août  iSS^. 

»  Parmi  les  blessés  autrichiens  traités  à  l'hôpital  San  Francisco,  de  Milan, 
»  vingt  d'entre  eux  présentaient  des  plaies  dégénérées  et  répandant  utie 
»  odeur  très-fétide.  D'après  les  intentions  de  M.  le  baron  Larrey,  c'est  à  ces 
»  vingt  blessés,  divisés  en  quatre  groupes,  que  quatre  chirurgiens  français 
»  appliquent,  depuis  trois  jours,  le  topique  Corne.  Le  résultat  obtenu 
»  depuis  trois  jours,  comme  désinfectant,  est  incontestable.  A  chaque  pan- 
i)  sèment,  la  putridité  est  modifiée,  et  l'état  des  plaies  paraît  amélioré. 
»  Les  observations  seront  recueillies  en  détail  par  les  quatre  médecins 
"  chargés  personnellement  de  panser  lesdits  blessés.  Je  les  visite  moi-même 
»  chaque  jour.  L'état  plus  satisfaisant  des  plaies  des  autres  blessés,  dans 
>>  les  divers  hôpitaux  français,  n'a  pas  encore  nécessité  l'emploi  du  désin- 
»   fectant  Corne.  » 

»  Je  vous  promets.  Monsieur  le  Président,  de  vous  tenir  au  courant  de 
la  suite  qu'auront  des  expériences  si  heureusement  commencées.  « 

«  M.  DuMÉRiL  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  grand  tableau  imprimé 
qui  a  pour  titre  :  Classification  naturelle  des  Insectes  d'après  la  méthode  analy- 
tique. Les  bases  de  ce  travail  datent  de  l'année  1799,  car  elles  sont  déposées 
dans  le  premier  volume  de  VÀnatomie  comparée  de  Cuvier.  Cette  classifica- 
tion a  iubi  les  modifications  qu'ont  exigées  les  progrès  de  la  zoologie.  Ce 
tableau,  qui  comprend  tous  les  ordres,  les  sous-ordres  et  les  familles^  fait 
partie  du  grand  ouvrage  intitulé  Entomologie  analytique  que  l'Académie  a 
bien  voulu  admettre  dans  l'un  des  volumes  de  ses  Mémoires.  L'impression 
en  est  fort  avancée;  elle  contient,  dans  le  texte,  les  figures,  gravées  sur  bois, 
qui  représentent  l'une  des  espèces  de  tous  les  genres  observés  en  France 
et  qui  sont  décrits  dans  cette  histoire  générale  des  insectes.  » 

M.  d^Akchiac  présente,  au  nom  de  M.  Miircliison,  un  exemplaire  du 
Discours  prononcé  par  ce  savant  en  qualité  de  Président  de  la  Société  royale 
géographique  de  Londres,  à  la  séance  annuelle  du  a3  mai  iSSg. 


(    229    ) 

En  faisant  hommage  à  i'Académie  de  son  Résumé  géodcsique  des  positions 
déterminées  en  Etliiojne,  M.  d'Abbadie  ajoute  ces  mots  :  «  Mon  résumé  con- 
tient la  liste  déplus  de  800  positions  liées  et  dont  j'ai  déterminé  mathéma- 
tiquement les  coordonnées  en  latitude,  en  longitude  et  en  altitude,  cette 
dernière  étant  ici  donnée  en  mètres.  J'ai  nommé  géodésie  cxpédilive  la  mé- 
thode d'observation  que  j'ai  suivie  et  qui  ne  me  paraît  pas  avoir  été  employée 
jusqu'ici;  elle  consiste  surtout  dans  l'emploi  des  signaux  naturels  et  dans 
l'usage  de  stations  non  choisies  d'avance,  mais  indiquées  par  les  hasards 
du  Voyage  et  dont  on  peut  tirer  un  parti  bien  meilleur  qu'il  ne  semble  au 
premier  abord.  La.  géodésie  expéditive,  fort  utile  aux  voyageurs,  servira 
encore  aux  officiers  d'état-major  pour  fixer  des  positions  dans  un  pays 
ennemi  et  peu  abordable.  » 

RAPPORTS. 

GÉOLOGIE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.   Albert  Gaudrt,  intitulé 
Géologie  de  l'île  de  Chypre. 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  Ch.  Sainte-Claire  T)eville, 
d'Archiac  rapporteur.  ) 

«  L'Académie  nous  a  chargés,  MM.  Cordier,  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et 
moi,  de  lui  faire  un  Rapport  sur  un  Mémoire  que  lui  a  présenté  M.  Albert 
Gaudry,  dans  la  séance  du  aS,  avril  dernier,  et  intitulé  Géologie  de  l'île  de 
Chypre.  Ce  travail  est  le  résultat  d'une  mission  scientifique  confiée  à  l'auteur 
et  à  M.  Amédée  Damour  en  1 853  par  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du 
Commerce  et  par  le  Muséum  d'histoire  naturelle. 

»  Par  sa  position  géographique  on  pouvait  présumer  que  l'île  de  Chypre 
offrirait  au  géologue  un  vif  intérêt.  Son  voisinage  des  côtes  de  la  Palestine, 
de  la  Syrie  et  de  l'Asie  Mineure,  à  l'est  et  au  nord,  permettait  d'espérer  qu'on 
y  retrouverait,  au  moinsen  partie,  les  formations  sédimentairesdéjà  signalées 
par  MM.  Botta,  Russegger,  Gaillardot,  Williamson,  Lanneau,  Blanche  et 
Lynch  dans  les  chaînes  du  Liban  et  les  montagnes  de  Naplouse  ;  par 
MM.  Ainsworth,  Hamilton,  de  Tchihatcheff,  Ed.  Forbes  et  Spratt  sur  la 
pente  méridionale  du  Taurus,  dans  la  Cilicie,  la  Pamphylie,  la  Lycie  et  la 
Carie;  par  MM.  Hamilton,  Strickland  et  Spratt  à  l'ouest  dans  l'île  de  Rhodes 
et  les  îles  voisines;  enfin  par  M.  V  Raulin  dans  l'île  de  Candie.  L'éloigne- 
ment  de  l'Egypte  au  sud  et  les  caractères  du  pays  qu'arrose  le  Nil,  dans  la 
partie  inférieure  de  son  cours,  ne  donnaient  pas  lieu  d'attendre  des  rap- 
prochements aussi  intéressants  de  ce  côté.  Voyons  jusqu'à  quel  point  les 


(  23o  ) 
recherches  de  M.  Gaudry  sont  venues  réaliser  ces  présomptions  et  si  cette  île, 
déjà  célèbre  à  tant  de  titres,  sera  aussi,  pour  le  bassin  oriental  de  la  Méditer- 
ranée, un  de  ces  types  géologiques  bien  caractérisés  auxquels  viennent  se 
rattacher  des  faits  isolés  jusque-là,  ou  restés  sans  explication. 

»  Chypre,  dont  le  nom  rappelle  les  plus  gracieuses  fictions  de  la  my- 
thologie, fut,  depuis  l'antiquité  jusqu'au  temps  des  croisades,  une  source 
féconde  de  richesses  tirées  du  règne  minéral.  Les  auteurs  grecs,  en  re- 
montant jusqu'à  Homère,  et  après  lui  Hippocrate,  Aristote  et  Théophraste, 
ont  parlé  de  plusieurs  des  minéraux  qu'on  y  rencontre  et  des  industmes 
auxquelles  ils  donnaient  lieu.  Plus  lard,  Strabon,  Dioscoride,  Pline,  Galien 
et  Florus  nous  ont  transmis  beaucoup  de  détails  sur  ce  sujet.  Quelques 
historiens  voyageurs  de  l'époque  de  la  renaissance,  tels  qu'Etienne  de 
Lusignan  et  d'autres  plus  rapprochés  de  nous,  avaient  aussi  recueilli  des 
faits  plus  ou  moins  importants;  mais  on  peut  dire  que  sous  le  rapport  géo- 
logique, c'est-à-dire  sous  celui  de  la  connaisance  des  roches  et  des  terrains 
qui  composent  cette  île,  tout  y  était  encore  à  faire. 

»  Le  Mémoire  fort  étendu  de  M.  Gaudry  se  divise  en  trois  parties  :  la 
première  traite  de  l'orographie  et  de  la  géologie,  ou  de  la  description 
physique  du  sol  et  des  terrains,  la  seconde  des  susbtances  minérales  em- 
ployées dans  l'industrie,  et  la  troisième  comprend  le  catalogue  raisonné 
des  échantillons  recueillis  pendant  son  voyage,  les  listes  de  fossiles,  etc.  C'est 
de  la  première  de  ces  divisions  que  nous  entretiendrons  plus  particulière- 
ment l'Académie. 

u  L'île  de  Chypre,  allongée  généralement  de  l'est-nord-est  à  l'ouest-sud- 
ouest,  doit  son  principal  relief  à  deux  chaînes  de  montagnes,  celle  de  Cé- 
rines  au  nord,  celle  de  l'Olympe  au  sud.  Ces  chaînes  laissent  entre  elles  une 
vaste  dépression  à  fond  plat  qui  est  la  plaine  de  Nicosie.  La  chaîne  de  Cé- 
rines,  dirigée  d'abord  de  l'ouest  lo  degrés  nord  à  l'est  lo  degrés  sud,  se 
recourbe  ensuite  vers  l'est-nord-est,  pour  former  une  langue  de  terre  fort 
étroite  appelée  le.Carpas.  Sa  longueur  totale  est  de  a6  lieues  et  sa  largeur 
varie  de  a  à  3  lieues.  Vue  de  loin,  elle  offre  l'aspect  d'une  immense  niuraille 
bordant  la  partie  nord  de  l'île.  Son  point  le  plus  élevé,  le  mont  Saint-Hila- 
rion,  est  à  1018  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

»  Les  monts  Olympes  constituent  au  contraire  un  vaste  massif  à  pentes 
adoucies,  dirigé  de  l'ouest  i3  degrés  nord  à  l'est  i3  degrés  sud,  presque 
parallèlement  à  la  portion  occidentale  de  l'autre  chaîne.  Ils  sont  découpés 
par  des  vallées  transversales,  généralement  dirigées  du  nord-nord-ouest 
au  sud-sud-est.  Leurs  altitudes  atteignent  i44i  mètres  au  mont  Mâchera, 


(  a3i  ) 
1639  au  mont  Adelphe  et  2007  au  Troodos  (i).  Les  monts  Acamantides, 
situés  à  la  partie  occidentale  de  l'Ile  et  qui  se  terminent  au  cap  Saint- 
Epiphane  (  Acamas  des  anciens),  quoique  dirigés  du  nord  3o  degrés  ouest  au 
sud  3o  degrés  est,  semblent  encore  se  rattacher  aux  monts  Olympes.  Enfin 
sur  la  côte  orientale  de  petites  collines,  alignées  du  nord  45  degrés  ouest  au 
sud  45  degrés  est,  forment  le  cap  Grec. 

»  Après  un  exposé  sommaire  de  la  composition  de  ces  montagnes  et  des 
plaines  qui  les  séparent,  ce  qui  lui  permet  de  présenter  d'abord  son  sujet 
dans  son  ensemble,  M.  Gaudry  passe  à  l'étude  plus  détaillée  des  divers  ter- 
rains. Dans  chaque  chapitre  il  sépare  avec  soin  la  partie  descriptive  de  la 
partie  théorique  :  l'une  contenant  les  faits  qui  peuvent  rester  comme  ac- 
quis à  la  science,  l'autre  des  appréciations  que  les  recherches  ultérieures 
pourront  modifier.  Les  limites  dans  lesquelles  ce  Rapport  doit  se  renfermer 
nous  obligent  à  passer  rapidement  sur  cette  dernière,  malgré  l'intérêt  qui 
s'attache  aux  considérations  spéculatives. 

»  Commençant  par  l'examen  des  roches  sédimentaires  les  plus  anciennes 
du  pays,  l'auteur  décrit  des  calcaires  compactes  noirs,  gris  ou  blancs,  quelque- 
fois rouges  à  la  surface,  dégageant  par  le  choc  une  odeur  bitumineuse  et  ne 
renfermant  aucune  trace  de  restes  organiques.  Ces  calcaires,  rapportés  à  la 
formation  crétacée,  constituent  l'axe  de  la  chaîne  septentrionale  ou  de  Cé- 
rines,  sur  une  longueur  de  24  lieues  et  une  largeur  d'à  peine  i  lieue.  Ils  sont 
verticaux,  flanqués  de  chaque  côté  par  les  strates  du  macigno  tertiaire,  éga- 
lement redressés.  Leur  crête  découpée,  vue  de  loin,  se  dessine  avec  une  ad- 
mirable netteté  sur  le  fond  du  ciel,  et  trois  de  leurs  cimes  les  plus  élevées 
sont  couronnées  par  les  ruines  des  châteaux  deCantara,  de  Buffavent  et  de 
Saint-Hilarion.  L'épaisseur  de  ces  assises  est  d'environ  2000  mètres  et  leur 
stratification  est  fort  obscure.  Contre  les  massifs  ignés  des  monts  Olympes  et 
Acamantides,  certaines  roches ,  dont  les  caractères  généraux  rappellent  les 
précédentes,  pourraient  encore  être  du  même  âge. 

))  Les  motifs  qui,  en  l'absence  de  fossiles,  ont  engagé  M.  Gaudry  à  placer 
ces  calcaires  dans  la  période  crétacée,  sont  pris  dans  des  vues  d'ensemble 
dont  il  ne  se  dissimule  pas  la  faible  importance:  aussi  ne  lui  paraît-il  pas  im- 
possible qu'après  de  nouvelles  recherches  ils  puissent  être  considérés  comme 


(1)  Ces  altitudes  sont  celles  indiquées  dans  le  texte  et  par  l'auteur  dans  ses  Recherches 
.icientifiques  en  Orient,  partie  agricole,  p.  120,  d'après  les  mesures  des  officiers  de  la  marine 
anglaise;  mais  sur  la  carte  de  M.  de  Mas-Latrie,  qui  accompagne  le  Mémoire,  on  trouve  les 


suivantes  :  i443)  1640  et  2010  mètres. 


{    23a    ) 

un  des  groupes  les  plus  anciens  de  la  série  tertiaire,  dont  les  macignos  qui 
les  recouvrent  immédiatement  représenteraient  un  terme  plus  élevé. 

»  Ces  macignos,  également  sans  fossiles,  sont  des  grès  de  structure  tabu- 
laire, dont  la  composition  est  Irès-variée.  Tantôt  calcarifères,  tantôt  à  ciment 
plus  ou  moins  argileux,  ils  jiassent  au  psammite  par  la  présence  du  mica. 
Ils  sont  à  grain  fin,  grisâtres,  jaunâtres,  bruns  ou  verts;  très-durs  dans  les 
parties  redressées,  partout  ailleurs  tendres,  peu  résistants  ou  contenant  des 
bancs  solides  qui  alternent  avec  des  couches  presque  meubles  et  facilement 
désagrégées.  Ces  roches  forment  dans  la  partie  nord  de  l'île  deux  séries  de 
collines  peu  élevées,  à  pentes  douces,  bordant  de  part  et  d'autre  l'axe  cen- 
tral des  calcaires  compactes  secondaires.  Leur  puissance  est  d'environ 
2000  mètres;  leur  direction  est  la  même  que  celle  des  calcaires,  mais  leur 
inclinaison  est  très-variable.  Quelques  lambeauK  de  ces  macignos  s'obser- 
vent dans  la  partie  sud-ouest  de  l'île,  sur  le  versant  nord  de  l'Olympe,  sur 
les  flancs  des  monts  Acamantides  où  le  sol  a  été  le  plus  bouleversé  et  où  ils 
ont  été  plus  modifiés  qu'au  nord. 

»  Les  marnes  blanches,  qui  viennent  ensuite,  donnent  à  la  moitié  de  l'île 
de  Chypre  qu'elles  recouvrent  une  physionomie  parliculière  qu'on  re- 
trouve sur  le  littoral  de  la  Syrie  et  de  l'Asie  Mineure  où  elles  se  présentent 
avec  les  mêmes  caractères.  Elles  passent  insensiblement  à  une  craie  pure, 
quelquefois  ressemblent  aux  marnes  du  groupe  gypseux  tertiaire  des 
bassins  de  la  Seine  et  de  la  Provence.  Elles  sont  ordinairement  tendres, 
friables,  poreuses,  tachantes,  ou  endurcies  par  places  (cap  Grec).  Les  fos- 
siles, rares  encore,  sont  Y Astrœa  Guctlardi,  Defr.,  \e  Clienopm  pes-graculi, 
Phill.,  le  Toxobrissiis  crescenticus,  Des.,  etc.  Des  lits  de  silex  gris-verdâtre 
ou  jaunâtre  s'y  remarquent  çà  et  là,  et  la  silice  a  parfois  pénétré  et  imprégné 
toute  la  masse.  Le  gypse  y  est  encore  plus  répandu  en  assises  puissantes 
dans  la  partie  orientale  de  l'île,  à  Camarès  et  à  Neta,  dans  sa  partie  occi- 
dentale, à  Drimou,  dans  le  sud,  près  d'Avdimou,  d'Hai-Theodora  et  de  Pyla, 
au  centre  même  près  d'Athienau,  et  surtout  en  avant  de  la  limite  occi- 
dentale des  monts  Olympes  où  sont  ouvertes  les  carrières  d'Aradippo.  Le 
gypse  est  blanc,  grenu,  compacte,  tabulaire,  ou  bien  cristallin,  lamellaire, 
fibreux,  avec  des  cristaux  en  fer  de  lance  :  ces  diverses  variétés  sont  quelque- 
fois réunies  sur  le  même  point,  comme  à  Camarès. 

»  Après  avoir  donné  de  nombreuses  coupes  destinées  à  faire  connaître 
le  gisement  et  les  caractères  de  ces  marnes,  là  où  elles  sont  concordantes 
avec  le  macigno  soiis-jacent,  dont  elles  semblent  n'être  alors  que  la  continua- 
tion, puis  sur  les  pentes  de  l'Olympe  où  elles  plongent  vers  les  roches  ignées 


(  ^33  ) 
qui  les  ont  disloquées  et  soulevées,  M.  Gaudry  fait  voir  que,  suivant  les  ob- 
servations de  M.  de  Tchihatcheff  en  Asie  Mineure,  de  M.  Abich  en  Arménie, 
et  les  siennes  propres  sur  le  littoral  de  la  Cilicie  et  de  la  Syrie,  tout  concourt 
à  placer  dans  la  période  tertiaire  moyenne  (miocène)  les  marnes  blanches 
signalées  sur  ces  divers  points  et  à  les  regarder  comme  contemporaines  de 
celles  de  Chypre  (i). 

)i  Ici  l'auteur  interrompt  la  description  des  roches  sédimentaires  pour 
suivre  les  autres  phénomènes  géologiques  dans  l'ordre  des  temps,  et  se  livrer 
à  l'examen  des  roches  ignées.  Celles-ci  occupent  à  peu  près  un  quart  de  la 
surface  de  l'île,  et  constituent  les  monts  Olympes  qui  s'élèvent  graduelle- 
ment en  coupoles  et  en  dômes  arrondis  déjà  mentionnés  par  Strabon. 
Parmi  elles  dominent  les  roches  ophitiques  et  serpentineuses.  Ces  dernières, 
qui  forment  le  ïroodos,  la  région  la  plus  élevée  de  tout  le  massif,  sont  rem- 
placées au  sud  par  les  premières.  Elles  comprennent  des  eupholites,  des  gra- 
nitones  et  des  serpentines  proprement  dites,  qui  forment  en  grande  partie 
la  cime  de  la  montagne  et  renferment  du  nickel.  Les  eupholites,  qui,  d'après 
les  études  d'un  de  vos  Commissaires,  sont  intermédiaires  entre  les  précé- 
dentes et  les  granitones,  abondent  du  côté  du  Prodromo.  Quant  aux  gra- 
nitones,  semblables  à  ceux  de  la  Toscane,  on  les  observe  sur  les  pentes  sud 
et  nord  du  massif  où  ils  contiennent  les  substances  habituelles  :  la  kryolithe, 
l'asbeste,  la  grammatite,  la  kératite^  le  quartz  laiteux,  etc.,  mais  le  diallage 
en  lamelles  distinctes  y, paraît  être  fort  rare. 

»  Parmi  les  roches  ophitiques,  l'ophitone  est  la  plus  répandue,  et,  par 
l'atténuation  du  grain,  passe  à  l'aphanite.  Souvent  altérées  à  la  surface,  ces 
roches  donnent  lieu  à  des  wackes,  et  les  parties  restées  intactes  affectent 
les  formes  les  plus  variées,  tandis  que  les  autres,  modifiées  dans  leur  cou- 
leur et  leur  texture,  deviennent  friables,  rouges,  vertes,  jaunes,  etc.  Dans 
ces  masses  décomposées  on  trouve  aussi,  de  même  qu'en  Toscane,  et  sous 
forme  de  filons,  de  nids,  de  poches,  ou  disséminés  en  parties  très-ténues, 
le  fer  oligiste  rouge,  écailleux,  le  fer  hydraté  noir,  cuprifère,  du  sulfure  et 
du  sulfate  de  fer,  des  sulfures  et  des  carbonates  de  cuivre,  du  peroxyde  de 
manganèse,  etc.  La  présence  de  ces  minéraux  est  toujours  en  rapport  avec 

(i)  Les  vignes  qui  donnent  les  vins  de  Chypre  les  plus  renommés,  dits  vins  de  comman- 
derie,  sont  cultivées  en  général  sur  les  marnes  blanches,  non  loin  de  leur  contact  avec  les 
roches  ignées,  sur  les  pentes  est  et  sud  des  monts  Olympes  (Alb.  Gaudry,  Recherches  scienti- 
■fiques  en  Orient,  partie  agricole,  p.  338,  in-8°,  i855). 

C.   R.,  1839,  2™»  Sem«ire.  (T.  XLIX,  NO60  3l 


(  234  ) 
l'altération  profonde  de  la  roche  et  avec  l'existence  de  la  silice  à  l'état  de 
jaspe  ronge,  vert,  noir,  jaune,  ou  de  silex  carié.  L'henlandite  et  la  stilbite 
sont  les  zéolithes  habituelles  de  ces  mêmes  gisements.  A  Pyrgo,  dans  la  partie 
occidentale  de  l'île  se  trouve  un  gisement  remarquable  d'analcime,  dans  une 
wacke  non  métallifère.  L'hydrolithe  ou  gmélinite  qui  lui  est  associée  ainsi 
qu'à  Forni,  a  été  l'objet  d'iui  travail  intéressant  de  M.  Alexis  Damour  ;  enfin 
la  niézotype  et  la  chaux  carbonatée  y  sont  répandues  sur  luie  infinité  de 
points. 

»  Les  modifications  éprouvées  par  les  calcaires  compactes,  les  macignos 
et  les  marnes  blanches,  au  contact  même  ou  dans  le  voisinage  des  roches 
ignées,  ont  aussi  fixé  l'attention  de  M.  Gaudry.  Sans  prétendre  résoudre  les 
nombreuses  questions  auxquelles  cet  ordre  de  faits  peut  donner  lieu,  il  a 
réuni  beaucoup  de  documents  utiles  à  la  science,  et  dont  lui-même  a  su 
tirer  parti  dans  les  considérations  théoriques- dont  il  les  a  fait  suivre.  Ces 
changements  attribués  à  l'élévation  de  la  température,  à  des  émanations  de 
vapeurs  et  de  gaz,  ne  se  sont  d'ailleurs  jamais  étendus  à  plus  d'un  kilomètre 
des  masses  ignées,  de  sorte  que,  malgré  le  grand  développement  de  ces  der- 
nières, on  n'a  encore  ici  en  quelque  sorte  qu'un  métamorphisme  de  contact. 

»  Après  l'étude  des  actions  physiques  et  chimiques  exercées  par  les  pro- 
duits ignés  sur  les  dépôts  sédimentaires,  se  présentent  naturellement  à  l'ob- 
servateur celle  des  phénomènes  dynamiques  auxquels  les  uns  et  les  autres 
ont  été  soumis,  celle  de  leur  influence  réciproque  et  celle  de  leur  chrono- 
logie ou  l'ordre  dans  lequel  ils  se  sont  manifestés.  L'auteur  du  Mémoire  ne 
se  prononce  pas  d'une  manière  absolue  sur  l'époque  du  soulèvement  de  la 
chaîne  septentrionale  ou  de  Cérines.  Les  calcaires  compactes  et  les  macignos 
ont  bien  été  soulevés  en  même  temps,  mais  il  est  douteux  pour  lui  que  les 
marnes  blanches  aient  participé  à  ce  mouvement,  au  moins  d'une  manière 
générale,  et  quelques  dislocations  particulières  semblent  prouver  une  pos- 
tériorité qu'on  peut  admettre  provisoirement,  tandis  que  le  terrain  tertiaire 
supérieur  (pliocène)  dont  nous  allons  parler  est  certainement  plus  récent  et 
répose  trangressivement  sur  les  couches  inclinées  de  marnes  blanches. 

»  Dans  le  massif  de  l'Olympe  on  a  la  certitude  que  ces  dernières  ont  été 
soulevées,  et  l'horizontalité  des  dépôts  tertiaires  supérieurs  prouve  que  le 
massif  a  surgi  entre  les  deux  périodes.  Si  d'un  autre  côté  on  cherche  la 
relation  de  ce  soulèvement  avec  l'apparition  des  roches  ignées,  on  reconnaît 
que  l'épanchement  de  celles-ci  et  l'élévation  des  produits  sédimentaires  qui 
les  entourent,  résultent  d'un  seul  et  même  phénomène.  Ici  les  roches  py- 
rogènes sont  telles  qu'elles  sont  arrivées  au  jour  ;  leurs  formes  mamelonnées 


(  235  ) 
sont  dues  à  leur  mode  d'épanchement,  de  même  que  l'aspect  particulier  des 
roches  stratifiées  qui  les  avoisinent  provient  du  métamorphisme  qu'elles 
ont  subi. 

»  L'arrivée  de  ces  produits  ignés  de  l'île  de  Chypre  serait^  suivant  l'au- 
teur, contemporaine  de  la  seconde  éruption  des  roches  serpentineuses  delà 
Toscane,  telles  que  les  ont  décrites  MM.  Savi  et  Scarabelli,  et  aussi  du  sou- 
lèvement de  l'Apennin  central  queM.Ponzi  place  entre  les  périodes  tertiaires 
moyenne  et  supérieure.  Dans  l'île  de  Crète  au  contraire,  suivant  M.  V  Rau- 
lin,  l'arrivée  des  serpentines  serait  antérieure  aux  calcaires  crétacés  à  Hip- 
purites  du  pays. 

))  Reprenons  actuellement  avec  M.  Gaudry  l'examen  de  la  série  sédimen- 
taire  que  nous  avons  interrompue  un  instant.  Dans  une  grande  partie  de 
l'île  de  Chypre  on  voit,  s'étendant  sur  les  marnes  blanches,  des  sables 
jaunes,  des  calcaires  de  texture  grossière,  en  couches  généralement  peu  in- 
clinéeSj  différant  par  leurs  fossiles  de  tout  ce  qui  précède  et  dont  la  forma- 
tion se  serait  continuée,  sans  interruption  sensible,  jusqu'à  l'époque  actuelle. 
Néanmoins  l'auteur  a  essayé  de  tracer  plusieurs  divisions  dans  cette  suite  de 
dépôts.  Les  plus  anciens,  qu'il  rapporte  à  la  période  tertiaire  supérieure 
(pliocène),  sont  surtout  développés  dans  les  plaines  du  centre,  dans  le  Car- 
pas,  le  long  de  la  chaîne  de  Cérines  et  sur  la  côte  méridionale  de  l'île.  Les 
fossiles  qui  manquaient  complètement  dans  les  couches  crétacées  et  tertiaires 
inférieures,  que  nous  avons  vus  très-rares  encore  dans  la  formation  tertiaire 
moyenne,  circonstance  qui  aurait  été  en  rapport  avec  une  grande  profon- 
deur des  eaux,  se  montrent  très-nombreux  au  contraire  dans  les  sédiments 
tertiaires  supérieurs,  alors  que  cette  profondeur  avait  dû  diminuer  par  les 
soulèvements  et  l'accumulation  successive  des  dépôts. 

»  M.  Gaudry  croit  pouvoir  distinguer  ici  deux  étages  caractérisés  par 
des  fossiles  différents  :  le  plus  ancien,  développé  autour  de  Platanisso,  de 
Ghilanemo,  de  Calebournou,  le  plus  récent  présentant  ses  calcaires  et  ses 
sables  aux  environs  de  Nicosie,  de  Pira,  de  Bogasi,  de  Pyla  et  de  Mavros- 
pilios.  Les  restes  organiques  de  cette  dernière  partie  de  l'île  sont  plus  voi- 
sins des  espèces  actuelles  que  ceux  du  Carpas  où  quatre  espèces  sur  treize 
ont  leurs  analogues  vivants,  tandis  qu'il  y  en  aurait  ici  vingt-neuf  sur  qua- 
rante-trois. 

»  L'émersion  du  Carpas  et  des  plaines  centrales  a  mis  fin  aux  dépôts  ter- 
tiaires supérieurs  très-faiblement  inclinés  par  places,  et  les  sédiments  qua- 
ternaires qui  leur  ont  succédé  n'occupent,  sur  le  pourtour  de  l'île,  qu'une 
zone  étroite  ou  s'éloignant  peu  de  la  côte.  Ces  derniers  comprennent  des 

3i.. 


(  236  ) 
calcaires  jaunâtres  ou  brunâtres,  à  texture  grossière,  dessables  gris  ou  jau- 
nes et  des  conglomérats  meubles  ou  solides.  Au  pied  des  collines  ce  cordon 
s'étend  rarement  à  quelques  centaines  de  mètres  de  la  plage;  au  bord  des 
plaines  il  s'élargit  et  s'avance  d'autant  plus  loin,  que  le  sol  s'élève  moins 
brusquement.  Ces  dépôts  recouvrent  transgressivement  les  couches  tertiaires 
supérieures  dont  ils  se  distinguent  aussi  par  leur  moindre  solidité  et  par  les 
coquilles  qu'on  y  trouve.  Celles-ci  ont  conservé  une  partie  de  leurs  couleurs 
et  sont  pour  la  plupart  identiques  avec  celles  qui  vivent  encore  dans  la  Mé- 
diterranée. Ces  roches,  quoique  comparativement  bien  récentes,  ont  sou- 
vent acquis  une  solidité  telle,  qu'on  a  pu  les  employer  dans  des  construc- 
tions importantes.  Ainsi  les  églises,  les  palais  et  les  murailles  de  Famagouste, 
ville  maritime  de  la  côte  orientale,  aujourd'hui  ruinée,  mais  très-florissante 
au  moyen  âge,  ont  été  bâtis  avec  les  calcaires  quaternaires  des  environs. 
Il  en  est  de  même  de  la  plupart  des  monuments  élevés  par  les  Lusignans  et 
les  Vénitiens  et  des  temples  antiques  de  Paphos. 

))  Cette  consolidation  des  dépôts  quaternaires  et  même  de  ceux  de  l'épo- 
que actuelle  est,  comme  on  sait,  un  caractère  delà  région  méditerranéenne, 
plus  prononcé  encore  entre  les  tropiques,  tandis  qu'il  est  presque  nul  dans 
les  zones  tempérées  et  septentrionales.  M.  Gaudry,  rappelant  les  hypothèses 
émises  depuis  Strabon  jusqu'à  nous  sur  l'abaissement  prétendu  des  eaux 
de  la  Méditerranée,  déduit  de  l'examen  de  ces  couches,  conclut  de  l'en- 
semble des  faits,  que  si  d'une  part  la  généralité  des  phénomènes  semble 
appuyer  l'idée  du  géographe  d'Amasia,  reproduite  et  développée  par  les 
naturalistes  de  notre  temps,  de  l'autre,  des  inclinaisons  observées  sur  divers 
points  du  périmètre  du  bassin  et  en  sens  inverse  de  la  pente  du  sol  vers  la 
mer,  ainsi  que  la  différence  des  niveaux  auxquels  on  rencontre  aujourd'hui 
les  dépôts  quaternaires,  prouvent  des  oscillations  locales  du  sol  et  des  sou- 
lèvements partiels  indépendants  de  la  cause  générale  à  laquelle  on  attribue- 
rait leur  émersion  complète. 

»  Quant  aux  effets  des  agents  physiques  de  l'époque  moderne  à  la  surface 
de  l'île  de  Chypre,  ils  ne  paraissent  avoir  donné  lieu  qu'à  des  dépôts  d'une 
très-faible  importance  relative.  Cette  île,  au  rapport  de  tous  les  historiens, 
a  été  le  siège  de  fréquents  tremblements  de  terre  dont  l'auteur  du  Mémoire 
a  recherché  avec  soin  les  indications  partout  où  il  a  cru  en  trouver  quelques 
traces. 

»  La  seconde  partie  du  travail  de  M.  Gaudry  est  consacrée  à  l'examen 
des  substances  minérales  employées  dans  les  arts,  tels  que  les  métaux  pro- 
prement dits,  les  pierres  de  construction,  les  pierres  d'ornement,  etc.  Ce 


(t»37  ) 
géologue  y  fait  preuve  d'une  connaissance  approfondie  des  nombreux  écri- 
vains qui  en  ont  traité  depuis  la  plus  haute  antiquité  jusqu'aux  voyageurs 
modernes.  Il  a  vu  attentivement  les  localités  et  les  gisements  exploités  par 
les  anciens,  apprécié  l'étendue  et  l'importance  de  leurs  travaux,  etc.  Mais 
nous  ne  le  suivrons  pas  dans  ses  recherches  à  la  fois  d'érudition  et  d'obser- 
vation, où  la  discussioh  des  textes  grecs  et  latins,  leur  interprétation  presque 
toujours  heureuse  ou  probable,  viennent  compléter  la  partie  historique  de 
ces  études.  Nous  nous  bornerons  à  rappeler  l'existence  des  mines  importan- 
tes de  cuivre,  métal  si  employé  dans  l'antiquité,  et  qui  chez  les  Romauis 
reçut  son  nom  de  celui  de  l'île  même  qui  le  leur  fournissait.  Le  zinc,  le  fer 
et  le  manganèse  étaient  aussi  l'objet  d'industries  assez  développées.  Le 
gypse  ou  pierre  à  plâtre  est  cité  par  Théophraste  comme  le  plus  abondant 
et  le  plus  beau  que  l'on  connût  de  son  temps.  Les  pierres  dures  employées 
dans  la  joaillerie  étaient  le  quartz  hyalin,  le  jaspe,  l'agate,  l'opale,  diverses 
zéolithes,  l'émeraude  et  d'autres  gemmes  désignées  par  les  auteurs  sous  des 
noms  que  M.  Gaudry  s'est  attaché  à  mettre  en  rapport  avec  la  terminologie 
de  la  science  moderne. 

»  La  troisième  et  dernière  partie  de  son  Mémoire  comprend  :  i°  le  cata- 
logue des  échantillons  de  roches  recueillis  dans  l'île  de  Chypre,  au  nombre 
de  1696,  déposés  dans  les  galeries  du  Muséum  d'histoire  naturelle  où  ils 
ont  été  examinés  par  un  de  vos  Commissaires;  a°  le  catalogue  des  fossiles 
déposés  dans  le  même  établissement;  3°rexplication  de  soixante-dix  profils, 
vues  ou  coupes  de  terrain,  insérés  dans  le  courant  du  texte,  qui  en  facili- 
tent l'intelligence,  et  sont  comme  la  contre -épreuve  des  faits  décrits, 
toujours  essentiels,  nous  dirons  même  indispensables  dans  la  description 
géologique  d'une  contrée.  Enfin  la  carte  annexée  à  ce  travail,  dressée  à 
l'échelle  de  ^so'ooo  par  M.  de  Mas-Latrie  et  coloriée  géologiquement,  est  à 
la  fois  l'expression  graphique  et  le  résumé  le  plus  facile  à  saisir  des  recher- 
ches faites  en  commun  par  MM.  Albert  Gaudry  et  Amédée  Damour  sur 
les  caractères  physiques  de  l'île  de  Chypre. 

))  D'après  le  travail  dont  nous  venons  d'exposer  les  principaux  résultats 
à  l'Académie,  il  semble  donc  que  cette  île  n'offre  pas,  sous  le  rapport  géo- 
logigwe,  tout  l'intérêt  que  sa  position  géographique  faisait  présumer.  Si 
d'fine  part  ses  dépôts  marins  quaternaires,  tertiaires  supérieurs  ou  moyens 
ont  des  représentants  sur  le  littoral  de  l'Egypte,  de  la  Palestine,  delà  Syrie 
autour  d'Antioche,  sur  les  pentes  du  Taurus  dans  le  pachalik  d'Adana  et 
aux  environs  de  Tarsus  où  des  roches  diallagiques  et  pyroxéniques  les  ont 
aussi  dérangés,  puis  dans  la  Lycie  où  ils  ont  été  portés  à  1800  mètres  d'alti- 


(  238  ) 
tnde,  et  enfin  dans  l'île  de  Rhodes,  de  l'autre  nous  n'y  voyons  aucune  trace 
de  ces  assises  lacustres  si  puissantes  dans  le  bassin  inférieur  de  l'Oronte  à 
l'est,  et  qui  occupent  au  nord-ouest  les  vallées  du  Xanthus  et  du  Cibyra, 
dans  la  Lycie  et  la  Carie,  ainsi  que  les  îles  de  Chic,  de  Cos  et  de  Samos; 
nous  n'y  apercevons  point  non  plus  ces  couches  nummulitiques  si  dévelop- 
pées au  sud,  dans  le  bassin  du  Nil,  de  la  chaîne  Lybique  à  la  côte  orientale 
du  golfe  de  Suez,  qui  constituent  à  l'est  les  chaînons  extérieurs  du  Liban, 
qu'on  retrouve  au  nord  dans  la  Cilicie  et  à  l'ouest  dans  l'île  de  Crète;  enfin  la 
formation  crétacée  inférieure  si  bien  caractérisée  dans  les  chaînes  de  Na- 
plouse  et  du  Liban,  de  même  que  les  calcaires  à  Hippurites  de  la  Crète,  de 
l'Attique  et  du  Péloponèse,  n'ont  pas  encore  d'analogues  certains  dans  l'île 
de  Chypre. 

»  Il  est  vrai  que  pour  la  connaissance  de  cette  dernière  île  quelques  lacunes 
restent  encore  à  combler.  Ainsi  l'âge  des  calcaires  compactes  de  la  chaîne  de 
Cérines  et  celui  des  macignos  qui  les  recouvrent,  sont  à  déterminer  plus  ri- 
goureusement ;  la  place  des  marnes  blanches  dans  la  série  tertiaire  moyenne 
laisse  quelque  incertitude,  et  les  relations  des  diverses  roches  ignées  entre 
elles  ou  la  chronologie  des  phénomènes  qui  ont  accompagné  leur  appari- 
tion, car  il  est  difficile  de  concevoir  qu'elles  soient  toutes  contemporaines, 
sont  des  points  essentiels  qui  réclament  ini  sérieux  examen. 

»  Mais  hâtons-nous  d'ajouter  que  ces  lacunes  semblent  tenir  beaucoup 
plus  à  la  nature  même  des  choses  qu'à  l'inattention  des  observateurs,  et, 
dans  un  pays  où  tout  était  à  faire,  on  ne  pouvait  attendre  davantage  d'une 
première  exploration.  La  description  géologique  complète  d'une  région  ne 
se  fait  pas  d'un  seul  coup;  une  multitude  d'observations  ont  besoin  d'être 
vérifiées,  contrôlées  et  discutées,  surtout  lorsqu'il  s'agit,  comme  ici,  d'une 
contrée  où  l'explorateur  ne  rencontre  aucun  aide,  aucun  auxiliaire  pour 
préparer  ou  faciliter  ses  recherches;  où  il  trouve  au  contraire,  dans  les  con- 
ditions du  climat  et  la  difficulté  des  communications,  des  obstacles  qui  eu' 
travent  ces  mêmes  recherches  en  les  rendant  plus  longues  et  plus  pénibles. 

»  Aussi  votre  Commission  a-t-elle  pensé  qu'il  serait  à  désirer  que  M.  Gau- 
dryfût  mis  à  même  de  compléter  ses  études,  soit  en  visitant  de  nouveau 
les  parties  de  l'île  de  Chypre  qu'il  croirait  devoir  lui  offrir  la  solution  de 
Cf^rfaines  questions,  suit  par  l'examen  comparatif  des  côtes  voisines  de  l'Asie 
Mineure,  et  mieux  encore  de  la  Syrie  et  de  laPalestinequ'ila  déjà  parcourues 
rapidement.  Leurs  roches  sédimentaires,  bien  caractérisées,  permettraient 
sans  doute  de  coordonner  tous  les  éléments  géologiques  des  côtes  orien- 
tales de  la  Méditerranée  avec  ceux  des  grandes  îles  qui  les  avoisinent. 


(  '-^39  ) 
»  En  résumé,  nous  croyons  que  le  travail  de  M.  Albert  Gaudry  apporte 
dans  la  science  beaucoup  de  faits  nouveaux  et  bien  observés;  il  nous  révèle 
-la  constitution  physique  d'une  des  îles  les  plus  importantes  du  bassin  mé- 
diterranéen, et  il  aura  contribué  au  progrès  de  la  géologie  descriptive; 
aussi  le  jugeons-nous  digne  à  la  fois  des  encouragements  et  de  l'approba- 
tion de  l'Académie;  nous  lui  en  proposerions  même  l'insertion  dans  le  Re- 
cueU  des  Savants  étrangers,  si  nous  ne  savions  que  l'auteur  a  l'intention  d'en 
faire  l'objet  d'une  publication  particulière.» 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MEMOIRES  LUS. 

CHIMIE  MINÉRA.LE.  —  Mémoire  sur  les  densités  de  vapeur  à  des  températures  très- 
élevées;  par  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  L.  Troost. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Regnault,  Despretz.) 

«  La  détermination  de  la  densité  de  vapeur  des  corps  réfractaires  est  une 
opération  à  peu  près  impossible  aujourd'hui  avec  les  moyens  de  mesure  que 
nous  fournit  la  physique  :  cependant  elle  intéresse  au  plus  haut  point  les 
chimistes,  en  leur  donnant  des  preuves  à  l'appui  des  grandes  lois  de  la 
science,  dont  on  admet  aujourd'hui,  par  induction  seulement,  mais  d'une 
manière  bien  légitime,  que  l'application  aux  phénomènes  chimiques  est 
indépendante  de  la  température  à  laquelle  ceux-ci  peuvent  se  passer.  Les 
plus  hautes  températures  auxquelles  on  ait  opéré  jusqu'ici  ne  dépassent  pas 
beaucoup  5oo  degrés.  On  les  trouve  employées  par  M.  Dumas  dans  son 
grand  Mémoire  sur  la  loi  de  Gay-Lussac  et  par  M.  Mitscherlich  (*).  Nous 
avons  réussi,  après  de  très-nombreuses  expériences,  à  vaincre  les  trois 
grandes  difficultés  qui  ont  arrêté  tous  nos  devanciers  dans  cette  voie  et  qui 
résultent  de  la  nature  des  vases  à  employer,  de  la  constance  de  la  tempé- 


(*)  Nous  lisons  dans  le  Traité  de  Chimie  de  M.  Malagulique  M.  Bineau  a  trouvé  pour  la 
densité  de  vapeur  du  soufre  à  looo  degrés  le  nombre  2,218.  Nous  avons  cherché  dans  presque 
tous  les  recueils  scientifiques  et  dans  ce  livre  lui-même  la  description  des  appareils  et  des 
méthodes  employés  par  M.  Bineau.  Nous  n'avons  rien  trouvé  nulle  part.  Nous  regrettons 
donc  sincèrement  de  ne  pouvoir  parler  ici  d'un  travail  dont  le  nom  de  l'auteur  garantit 
l'exactitude  ;  nous  avons  même  supposé  que  c'était  par  une  interprétation  de  résultats  numé- 
riques obtenus  à  basse  température  que  M.  Bineau  était  arrivé  à  ces  nombres  exacts  de  2,218 
et  de  1000  degrés. 


(  a4o  ) 

rature  pendant  la  durée  de  l'expérience,  enfin  de  l'estimation  de  la  tempé- 
rature elle-même. 

»  Le  vasedont  nous  nous  servons  est  en  porcelaine  façonnée  sous  forme  de 
ballons  de  a8o  centimètres  cubes,  à  col  étroit,  que  M.  Gosse,  de  Bayeux,  a 
mis  la  plus  grande  complaisance  à  nous  faire  fabriquer  avec  un  soin  extrême. 
Ce  ballon  est  fermé  d'une  manière  imparfaite  par  un  petit  cylindre  de  por- 
celaine de  I  à  a  millimètres  de  diamètre  et  qui  entre  à  frottement  dans  le 
cqI  étroit  du  ballon.  A  la  fin  de  l'expérience,  on  fond  ce  cylindre  avec  le 
chalumeau  à  gaz  tonnants  sur  une  petite  épaisseur,  ce  qui  le  fixe  à  la  partie 
béante  du  col  en  produisant  une  fermeture  hermétique  gardant  très-bien  le 
vide. 

»  Ce  vase  est  enfermé  dans  un  vase  distillatoire  en  fer  que  nous  avons  déjà 
décrite),  dans  lequel  on  emploie  des  vapeurs  métalliques  à  produire  une 
températureconstante,  exactement  comme  s'il  s'agissait  de  portera  loo  degrés 
un  espace  clos  au  moyen  de  la  vapeur  d'eau  bouillante,  ou  même,  comme 
nous  l'avons  déjà  fait  (**),  d'obtenir  avec  les  vapeurs  de  mercure  ou  de 
soufre  bouillants  des  températures  invariables  de  35o  et  de  440  degrés.  Dans 
les  expériences  que  nous  publions  aujourd'hui,  nous  nous  sommes  servis  des 
vapeurs  de  cadmium  (860  degrés)  ou  de  zinc  (  io4o  degrés)  bouillants.  C'est 
ainsi  que  nous  obtenons  dans  la  température  une  constance  que  nous  avons 
vérifiée  par  les  moyens  les  plus  délicats. 

))  Quanta  la  température,  nous  nous  sommes  affranchis  des  difficultés  desa 
détermination  précise,  en  opérant  toujours  dans  des  vases  de  même  matière, 
de  même  capacité,  dans  lesquels  nous  enfermons  successivement  de  la  vapeur 
d'iode  (***),  et  la  vapeur  du  corps  que  nous  expérimentons.  Nous  obtenons 
ainsi  avec  une  grande  rigueur  le  rapport  des  densités  de  ces  deux  vapeurs, 
dont  l'une,  celle  de  l'iode,  a  été  fixée  par  nos  devanciers  et  par  nous-mêmes 
avec  une  grande  exactitude.  La  détermination  de  la  température  devient 
complètement  inutile  par  ce  moyen. 

»  Nous  ne  pouvons  dans  ce  court  extrait  ni  décrire  nos  appareils  ni  exposer 
le  mode  opératoire  que  nous  avons  adopté  :  nous  dirons  seulement  que  nous 
nous  sommes  tenus  le  plus  près  possible  des  procédés  de  M.  Dumas,  modi- 

(*)  Yoyez'Comptes  rendus,  t.  XLV,  p.  821,  la  description  de  cet  appareil. 
(**)  Loco  citato. 

(***)  La  vapeur  d'iode  est  substituée  à  l'air  dans  cette  sorte  de  détermination  thermomé- 
trique, simplement  parce  que,  la  vapeur  d'iode  étant  neuf  fois  environ  plus  lourde  que  l'air,  les 
•  erreurs  de  pesée  sont  moins  importantes. 


(  24r   ) 
fiant  se'jlemenl  ce  que  la  nature  des  opérations  rendait  irnpralic;djle  dans  les 
circonstances  que  nous  avions  choisies  et  nous  nous  sommes  toujours  très- 
bien  trouvés  de  cette  prudence.   Nous  donnerons  ici  à   l'appui  de  notre 
méthode  quelques-unes  de  nos  déterminations  principales. 

»  Soufre.  —  A  la  température  de  860  degrés  (*),  sa  densité  de  vapeur  est 
déjà  2,2;  mais  il  fallait,  pour  que  ce  nombre  fût  définitif,  qu'il  fut  inva- 
riable à  partir  de  cette  température  (**).  C'est  en  effet  ce  qui  arrive,  car  à 
io4o  degrés  nous  avons  retrouvé  encore  le  même  nombre,  dont  la  fixation 
repose  sur  plus  de  douze  expériences  concordantes.  On  peut  donc  admettre 
avec  toute  sécurité  que  l'équivalent  du  soufre  (ifi)  représente  i  volume  de 
vapeur  comme  l'oxygène  (8). 

»  Sélénium.  —  La  vapeur  de  sélénium  présente  les  mêmes  anomalies  que 
la  vapeur  de  soufre.  A  860  degrés,  sa  densité  est  8,2  ;  à  io4o  degrés,  elle 
n'est  plus  que  6,37.  Ce  n'est  qu'à  partir  de  1200  ou  i4oo  degrés  que  nous 
espérons  la  trouver  constante.  D'autres  appareils  fondés  sur  d'autres  prin- 
cipes, fonctionnant  aux  températures  les  plus  élevées,  et  que  nous  prépa- 
rons actuellement,  nous  permettront  sans  nul  doute  d'arriver  au  nombre 
5,44  qu'indiquent  la  théorie  et  l'analogie  du  soufre  avec  le  sélénium. 

i>  Phosphore.  —  Sa  densité,  prise  à  io4o  degrés,  est  4,5  =  i  volume  (cal- 
culée =:  4»4)>  correspondant  à  l'équivalent  de  ce  corps  généralement 
adopté. 


(*)  Ces  nombres  sont  calculés  au  moyen  de  la  dilatation  apparente  de  l'air  on  de  l'iode 
gazeux  dans  la  porcelaine,' qui  augmente  à  peine  de  volume  aux  plus  hautes  tempéra- 
tures. 

(*'')  Nous  concluons  ainsi,  des  belles  expériences  de  M.  Cahours,  qu'on  ne  pourra  consi- 
dérer désormais  comme  définitive  une  détermination  de  densité  de  vapeur  qu'autant  que  deux 
expériences  effectuées  à  des  températures  suffisamment  distantes  donnent  les  mêmes  résul- 
tats. Ainsi  une  seule  expérience  est  insuffisante  :  ce  qui  veut  dire  que  l'on  ne  peut  compter 
sur  une  densité  de  vapeur  que  lorsqu'elle  a  été  obtenue  au-dessus  de  la  température  à  partir 
de  laquelle  cette  vapeur  suit  la  loi  de  la  dilatation  des  gaz  et  jMJSsède  Ir-  coefficient  0,00867. 
C'est  alors  seulement  que  les  nombres  sont  comparables  et  peuvent  servir  de  vérification  à  la 
loi  des  volumes  de  Gay-Lussac.  Nous  devons  cependant  mentionner  ici  des  expériences  nom- 
breuses, affectées,  il  est  vrai,  d'une  cause  de  perturbation  constante,  mais  qui  nous  monirent 
pour  le  mercure  une  singulière  exception  à  cette  règle.  Obligés  de  suspendre  muuientanomenl 
nos  expériences,  nous  tenons  à  constater  ce  fait,  qui  ne  se  vérifiera  peut-être  pas  par  la  suite, 
pour  nous  faire  pardonner  de  n'avoir  pas  encore  donné  de  chiffres  relativement  à  ce  corps  si 
important.  Nous  nous  réservons  de  reprendre  cette  étude  importante  très-prochainement. 
C.   R.,   1809,  2""  Scm,:sue.  (T.  XUX,  m  6.)  ^2 


(  24a  ) 

»  Cadmium.  —  Sa  densité,  prise  à  io4o  degrés,  est  3,94  =  2  volumes 
(calculée  dans  cette  hypothèse,  elle  serait  3,87). 

»  5e/  ammoniac.  —  Observée  à  i  o4o  degrés,  sa  densité  est  i  ,0 1  =8  vo- 
liimes  (calculée  =  0,92). 

»  Bromure  d'' aluminium.  —  Densité  observée,  18,62  =  2  volumes  (calcu- 
lée =  i8,5i). 

»  lodure  d'aluminium.  —  Densité  observée,  27,0  =  2  volumes  (calculée 
=  27,8). 

»  Ces  deux  derniers  nombres  sont  calculés  d'après  des  expériences  faites 
dans  la  vapeur  de  soufre.  L'iodure  d'aluminium  possède  une  singulière  pro- 
priété, indiquant  que  les  deux  éléments  qui  entrent  dans  sa  composition 
sont  unis  par  une  bien  faible  affinité.  Cet  iodure  fond  à  i25  degrés,  bout 
à  35o  degrés.  A  cette  température,  sa  vapeur  se  conduit  comme  si  elle 
était  composée  d'aluminium  pur  à  un  état  particulier  d'isolement  ;  elle 
brûle  à  l'air  au  contact  d'iui  corps  enflammé,  en  donnant  de  l'iode  et  de 
l'alumine.  Mêlée  d'oxygène  dans  un  vase  résistant,  elle  détone  vivement 
sous  l'influence  de  l'étincelle  électrique  ou  à  l'approche  de  la  flamme  d'une 
bougie,  comme  le  ferait  un  mélange  de  gaz  combustible  et  d'oxygène.  Il  est 
clair  que  les  éléments  de  l'iodure  d'aluminium  sont  amenés  à  cet  état  par- 
ticulier auquel  arrivent  tous  les  corps  complexes  que  l'on  soumet  à  l'action 
d'une  température  suffisamment  élevée,  ce  qui  constitue  ce  que  l'un  de  nous 
a  appelé  le  phénomène  de  la  dissociation  des  corps  composés.   » 

THÉRAPEUTIQUE  CHIRURGICALE.  —  Note  sur  l'emploi  de  l'iode  comme 
désinfectant  et  comme  antiseptique;  par  M.  Marchal  de  Calvi. 

(Commissaires  désignés  pour  de  précédentes  communications  sur  les 
mélanges  désinfectants  :  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 


MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  De  [application  du  coke  de  boghead  en  poudre  à  la 
conservation  et  à  In  désinfection  des  matières  animales  et  végétales;  par 
M.  MoRmE   (Extrait.) 

a  Le  boghead  est,  on  le  sait,  une  substance  particulière,  de  la  nature  des 
produits  charbonneux  qui  ont  subi  une  faible  pression  et  une  température 
moindre  que  les  charbons  de  terre  et  les  anthracites.  Ce  produit  tire  son  nom 


i 


(  M3  ) 
d'une  petite  localité  d'Ecosse  où  il  est  exploité  sur  une  grande  échelle  ;  il 
^ient  le  milieu  entre  les  lignites  et  les  schistes,  sans  être  ni  l'un  ni  l'autre. 
On  retire  du  boghead,  par  la  distillation,  4o  à  60  pour  100  de  produits  vo- 
latils, parmi  lesquels  on  doit  noter  la  parafine  avec  laquelle  on  fabrique  des 
bougies  aussi  belles  que  celles  de  cire  et  de  stéarine,  du  gaz  d'éclairage 
d'un  effet  remarquable,  de  la  benzine,  des  goudrons,  enfin  un  résidu 
noir,  poreux,  d'une  grande  légèreté,  qui  jouit,  au  plus  haut  point,  de  pro- 
priétés absorbantes  et  désinfectantes.  Ce  coke  est  composé  de  charbon  et 
d'un  silicate  d'alumine;  légèrement  ferrugineux,  son  action  désinfectante 
est  due  non-seulement  au  charbon  qu'il  contient,  mais  encore  au  fer  et  à 
l'alumine. 

•>  M.  le  D''  Barry,  qui  longtemps  a  exploité  les  schistes  d'Autun ,  fut  un 
des  premiers  à  tirer  un  parti  avantageux  du  boghead  que  le  hasard  lui  avait 
fait  connaître.  Plus  tard,  IVIM.  Rnab  et  Darcet  l'imitèrent,  mais  en  variant  le 
procédé  de  travail,  c'est-à-dire  en  distillant  le  boghead  au  bain  de  plomb  ; 
enfin  M.  Hugon  l'emploie  encore  à  la  fabrication  du  gaz  portatif. 

»  Par  suite  de  l'installation  de  ces  usines  importantes  à  Paris,  d'immenses 
amas  de  coke  de  boghead  furent  entassés  çà  et  là  ou  utilisés  comme  rem- 
blais. Un  premier  essai  fait  en  1867,  pour  l'utiUser  en  l'associant  aux  no- 
dules de  phosphates  calcique  demeura  sans  succès.  Les  choses  en  étaient 
là,  quand  nous  découvrîmes  dans  cette  espèce  de  coke  les  propriétés  désin- 
fectantes et  conservatrices  des  matières  végétales  et  animales.  De  concert 
avec  M.  J.  B.  Couy,  nous  nous  sommes  fait  breveter  en  France,  en  Bel- 
gique et  en  Angleterre.  Depuis  lors,  nous  avons  exploité  nos  procédés  sui- 
une  grande  échelle. 

»  Au  moyen  de  notre  poudre  de  coke  de  boghead ,  nous  absorbons, 
désinfectons  et  réduisons  à  l'état  pulvérulent,  des  urines,  des  matières  fé- 
cales, des  détritus  provenant  du  travail  des  abattoirs  et  des  tripiers,  qu'on 
peut  ensuite  transporter  au  milieu  des  villes  dans  des  tombereaux  décou' 
verts  et  cela  sans  aucuns  inconvénients.  Depuis  plusieurs  mois,  à  notre  usine 
de  Charlebourg,  près  Courbevoie,  nous  opérons  en  grand  la  solidification 
et  la  désinfection  de  plusieurs  milliers  d'hectolitres  de  sang  provenant  des 
abattoirs  de  Paris.  Ils  nous  sont  ensuite  expédiés  en  Bretagne,  pour  fabri- 
quer des  engrais  azotés  et  phosphatés,  très-prises  du  commerce  et  des  agri- 
culteurs. Le  dosage  du  boghead  et  la  manière  de  l'employer  ne  sont  point 
indifférents  à  la  réussite  de  l'opération.  Ainsi  100  kilogrammes  de  poudre  de 
boghead  absorbent  et  désinfectent  parfaitement  90  à  100  kilogrammes  de 

3a.. 


(  244  ) 

s;iiig  en  caillots,  de  matières  fécales  épaisses,  mais  seulement  ^5  à  80  kilo- 
graniines  de  sérum,  de  sang  liquide,  d'urine,  bouillons  de  tripiers,  etc.  En 
agissant  sur  du  sang  frais  et  en  introduisant  dans  le  boghead  la  quantité  stric- 
tement nécessaire  pour  en  obtenir  une  masse  légèrement  humide  qu'on  fait 
sécher  tout  de  suite  à  l'air  et  au  soleil,  on  a  pour  résultat  une  poudre  sans 
odeur  (et  l'Académie  peut  en  juger  par  l'échantillon  adressé)  qui  jouit  de  la 
j»i'opriété  singulière  de  consciver  toutes  les  propriétés  du  sang  et  l'albumine 
à  l'état  frais,  c'est-à-dire  qu'en  délayant  celte  poudre  avec  de  l'eau  froide, 
on  peut  se  servir  avec  avantage,  dans  les  raffineries,  de  ce  liquide  pour 
clarifier  les  sirops,  en  le  substituant  au  sang  corrompu,  infect,  dont  on  fait 
usage  ordinairement. 

o  En  s'en  servant,  on  n'observe  rien  de  particulier  dans  le  rnow/at/e,  la  cla- 
rification et  la  filtiation,  qui  alors  s'effectuent  aussi  bien  que  par  les 
moyens  ordinaires.  Ees  résidus  qui  proviennent  de  ce  travail  sont,  comme  les 
iioirs.de  raffinerie,  d'excellents  engrais,  surtout  si  on  a  le  soin  d'y  ajouter 
du  phosphate  de  chaux. 

»  Je  suis  parvenu,  en  broyant  le  boghead  avec  des  foies  et  des  entrailles 
de  poissons,  de  squales  par  exemple,  à  fabriquer  des  huiles  d'un  jaune 
doré,  d'un  goût  et  d'une  odeur  qui  en  rendent  l'usage  facile  en  médecine. 
J'ai  voulu  utiliser  ma  poudre  désinfectante  à  l'assainissement  des  amphi- 
théâtres; mais,  je  l'avoue,  je  n'ai  pas  eu  l'heureuse  idée  de  l'appliquer  à 
la  désinfection  du  pus  et  des  plaies  d'hôpital.  Depuis  la  séance  de  l'Aca- 
démie du  18  juillet,  j'ai  dû  entrer  dans  la  série  d'expérimentations  ouverte 
par  MM.  Corne  et  Demeaux;  leur  poudre,  composée  de  plâtre  et  de  coal- 
tar, serait,  d'après  mes  expériences,  de  4o  pour  100  moins  absorbante  que 
la  poudre  de  coke  de  boghead.  Je  désire  donc  que  dans  les  mêmes  circon- 
stances où  on  a  employé  la  poudre  de  M.  Corne  on  expérimente  le  coke  de 
boghead  pulvérisé  et  additionné  de  coal-tar,  espérant  que  cette  poudre 
charbonneuse  rendra,  elle  aussi,  des  services  à  la  salubrité,  peut  être  même 
à  la  médecine.   » 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés  pour 
les  communications  concernant  les  mélanges  désinfectants  :  MM.  Chevreul, 
Velpeau,  J.  Cloquet,  auxquels  sont  adjoints  MM.  Paycn  et  Bussy. 


(  M5  ) 

CHIMIE  APPLIQUEE.  ~  Des  moyens  jiropves  à  (iéler miner  T existence  du  chlorure 
rie  soufre  ou  de  ses  éléments  dans  le  caoutchouc;  par  M.  Gaultier  de 
Claubky.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Paye»,  Balard.) 

n  Des  objections  ayant  été  faites  relativement  au  procédé  que  j'ai  eu 
riionneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie,  pour  reconnaître  si  le 
caoutchouc  a  été  vulcanisé  par  le  chlorure  de  soufre;  je  dois  ajouter  quel- 
ques détails  aux  indications  générales  que  j'avais  données. 

»  Gay-Lussac  ayant  prouvé  qu'à  une  température  élevée  la  vapeur  d'eau 
dégage  de  l'acide  chlorhydrique  d'un  mélange  de  chlorure  de  sodium  et  de 
silice,  celle  qui  se  rencontre  naturellement  ou  accidentellement  dans  le 
caoutchouc,  ne  pourrait-elle  pas  donner  naissance,  sous  l'influence  de  la 
vapeur  d'eau  qui  se  produit  dans  la  distillation  de  ce  corps,  surtout  dans 
un  courant  d'air,  à  la  minime  proportion  dont  le  nitrate  d'argent  décèle  la 
présence  dans  l'eau  qu'ont  traversée  les  gaz?    . 

»  La  réponse  est  facile  :  il  est  inutile  d'élever  la  lempératiu'e  jusqu'au 
rouge  dans  le  cours  de  l'opération,  parce  qu'il  l'est  de  décomposer  en  en- 
tier le  caoutchouc,  les  composés  chlorés  se  dégageant  principalement  au 
commencement  de  la  distillation.  La  faible  proportion  d'acide  chlorhy- 
drique produite,  se  trouvant  mélangée  avec  une  grande  quantité  de  gaz  ou 
de  vapeurs  insolubles,  peut  n'être  pas  absorbée  par  l'eau.  Cela  est  vrai,  au 
moins  pour  une  portion  de  l'acide  chlorhydrique,  mais  en  ajoutant  à  l'eau 
un  peu  d'ammoniaque,  on  facilite  l'absorption,  et  dans  tous  les  cas  trouver 
du  chlore  dans  le  liquide,  est  la  seule  chose  nécessaire,  puisqu'il  ne  s'agit 
pas  de  proportions 

»  Les  moyens  que  j'avais  mis  en  usage  ne  pouvaient  donc  laisser  aucun 
doute  relativement  à  la  question;  mais  la  proportion  de  chlore  pouvant  être 
très-taible,  comme  dans  le  procédé  indiqué  on  n'en  peut  recueillir  qu'une 
portion,  si  l'opération  n'avait  pas  été  conduite  avec  tous  les  soins  nécessai- 
res, ou  qu'on  eût  opéré  sur  des  produits  très-faiblement  vulcanisés,  les  ré- 
sultats pourraient  être  négatifs  ou  incertains.  J'ai  donc  dû  chercher  des 
moyens  de  prononcer  avec  plus  de  certitude  encore,  et  même  de  doser, 
s'il  était  possible,  le  chlore  et  le  soufre  aux  deux  états  sous  lesquels  ils  peu- 
vent se  trouver  dans  le  caoutchouc  :  à  celui  de  chlorure  de  sodium  et  de 


(  a46  ) 

sulfate  de  potasse  naturels,  de  chlore  et  de  soufre  introduits.  On  parvient 
facilement  à  ce  résultat  en  opérant  de  la  manière  suivante  : 

»  De  deux  quantités  égales  de  caoutchouc,  l'une  est  détruite,  soit  par  le 
nitrate  de  potasse  ou  de  soude,  soit  par  un  mélange  de  l'un  de  ces  sels  avec 
le  carbonate  de  potasse,  de  la  pureté  desquels  on  s'est  assuré,  et  l'on  y  dé- 
termine, par  les  procédés  ordinaires,  les  proportions  de  chlore  et  de  soufre 
qui  proviennent  à  la  fois  du  chlorure  de  sodium  et  du  sulfate  de  potasse 
appartenant  au  caoutchouc  :  du  chlore  et  du  soufre  du  chlorure  de  soufre. 
L'autre  est  incinérée  avec  les  précautions  accoutumées  :  les  cendres  fournis- 
sent seulement  le  chlore  et  le  soufre  des  sels  existant  dans  le  caoutchouc. 
La  différence  entre  les  quantités  obtenues  donne  celle  du  chlorure  de 
soufre. 

»  Tant  qu'on  opère  sur  du  caoutchouc  auquel  il  n'a  été  rien  ajouté  que 
du  chlorure  de  soufre,  le  résultat  ne  lai-sse  rien  à  désirer  :  mais  l'industrie 
fait  entrer  dans  ses  produits  une  foule  de  substances  dont  plusieurs  sont 
aptes  à  retenir  du  chlore  et  du  soufre,  et  c'est  à  leiu*  présence  qu'est  due  une 
partie  considérable  de  la  perte  de  ces  deux  corps,  quand  on  détermine 
leur  existence  par  la  distillation,  en  opérant  sur  des  produits  commer- 
ciaux. 

'  »  Les  principales  substances  mélangées  au  caoutchouc  sont  :  la  craie  de 
Briançon  ,  le  blanc  de  Meudon  ,  le  carbonate  de  plomb  ,  la  terre  de  Sienne 
ou  d'autres  ocres  jaunes. 

»  On  comprend  facilement  que  le  soufre  et  le  chlore  du  chlorure  de 
soufre,  puissent,  à  une  température  élevée,  se  fixer  sur  quelqu'une  d'entre 
elles  et  rendre  plus  ou  moins  difficile  à  reconnaître  la  présence  du  chlo- 
rure de  soufre,  impossible  à  déterminer  leurs  proportions. 

»  Si  la  craie  seule  a  été  mélangée  au  caoutchouc,  on  trouve  dans  la 
cendre  du  chlorure  de  calcium  et  peut-être  du  sulfate  de  chaux  ;  si  le  mé- 
lange renfermait  du  carbonate  de  plomb,  du  chlorure  et  du  sulfure  ou  du 
sulfate  de  plomb. 

»  Dans  le  cas  ou  quelque  ocre  a  été  employée,  on  peut  rencontrer  aussi 
du  chlorure  et  peut-être  du  sulfate  de  fer. 

»  Si,  comme  cela  se  présente  assez  fréquemment,  on  a  mélangé 
au  caoutchouc  ces  divers  corps  à  la  fois,  on  trouve  dans  les  cendres 
les  divers  composés  de  chlore  et  de  soufre  signalés.  L'analyse  de  la 
cendre  exige  alors  l'application  des  procédés  connus  pour  de  semblables 
mélanges.    » 


(=^47) 

MINÉRALOGIE.    —  Sur  l'oérolithe  de  Monlrejeau;  remarques  présentées  à 
l'occasion  d'une  communication  récente,  par  M.  Leymerie.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Fremy,  Delafosse.) 

« Il  n'y  a  réellement  dans  cet  aérolithe  que  deux  matières  pierreuses 

bien  distinctes.  L'une  constitue  une  pâte  générale:  c'est  un  véritable  magma, 
tout  au  plus  comparable  à  ces  roches  mélangées  qui  constituent  certains 
trachytes,  grûnstein,  etc.,  et  dont  la  composition  doit  être  assez  variable, 
si  l'on  en  juge  par  les  différences  qu'ont  offertes  les  analyses  de  plusieurs 
morceaux  distincts.  Cette  matière,  je  ne  dis  pas  ce  minéral,  est  peu  con- 
sistante; il  serait  impossible  de  lui  assigner  une  dureté  ni  un  poids  spécifi- 
que constants;  sa  couleur  est  grisâtre  et  tout  à  fait  insignifiante;  du  reste 
elle  paraît  très-homogène  dans  son  ensemble.  L'autre  matière,  qui  se  pré- 
sente sous  une  forme  globuleuse  parfaite  et  qui,  en  général,  peut  être  déta- 
chée nettement  et  facilement  de  la  masse,  est,  au  contraire,  si  bien  caracté- 
risée sous  le  rapport  minéralogique,  qu'à  la  première  vue  on  reconnaît  qu'en 
la  formant,  la  nature  a  voulu  isoler,  au  milieu  du  chaos,  une  véritable  espèce. 
Cependant  M.  Damour,  se  fondant  sur  une  analyse  qui  a  dû  être  faite 
sur  des  globules  incrustés  et  imprégnés  de  gangue  (car  il  faut  être  dans  des 
circonstances  favorables  pour  pouvoir  se  procurer  des  individus  purs), 
a  considéré  ces  globules  comme  lui  mélange  de  pyroxène  et  d'albite,  tandis 
qu'il  n'hésite  pas  à  donner  le  nom  de  péridot,  c'est-à-dire  le  nom  d'une 
des  espèces  minérales  des  mieux  caractérisées,  au  magma  dont  j'ai  parlé  en 
commençant.  MM.  Chancel  et  Moitessier  étaient  également  loin  du  vrai 
en  signalant  dans  la  même  pierre,  considérée  en  masse,  du  péridot,  de 
l'hornblende  et  du  labrador,  qui  certes  n'y  existaient  pas.  Je  ferai  remar- 
quer, à  cet  égard,  qu'il  serait  très-facile,  en  parcourant  le  tableau  des  ana- 
lyses des  silicates  pierreux,  de  former  des  combinaisons  qui  conduiraient  à 
d'autres  espèces  tout  aussi  imaginaires  ou  virtuelles  que  celles  qui  vien- 
nent d'être  citées 

»  A  l'égard  du  minéral  verdâtre  globuleux  dont  j'ai  donné  la  description 
minéralogique  dans  le  Compte  rendu  du  28  février  dernier,  je  suis  obligé  de 
maintenir  que,  dans  les  circonstances  ordinaires,  il  résiste  au  feu  du  chalu- 
meau et  qu'il  est  susceptible  de  se  dissoudre  en  partie  dans  l'acide  chlorhv- 
drique  bouillant.  Tous  ses  caractères  d'ailleurs  tendent  à  le  rapprocher  du 
péridot,  et  je  le  répète,  s'il  y  a  du  péridot  dans  notre  pierre  météorique,  ce 
minéral  seul  pourrait  le  représenter.  L'analyse  de  M.  Damour  y  indique 


(  248  ) 
couune  principes  essentiels  la  silice,  la  magnésie  et  l'oxyde  ferrenx,  comme 
dans  1  es[)éce  péridot  ;  mais  la  proportion  de  silice  est  ici  tellement  supé- 
rieure à  ce  qu'elle  devrait  êlre  dans  le  cas  où  notre  minéral  se  rapporterait 
à  cette  dernière  espèce,  que  je  serais  porté  à  le  considérer,  au  moins  provi- 
soirement, comme  constituant  une  espèce  nouvelle  que  je  proposerais  d'ap- 
peler pisile.  Cependant,  comme  j'en  ai  fait  déjà  la  remarque,  il  est  probable 
que  l'analyse  de  M.  Damour  a  porté  sur  des  globules  mélangés  de  gangue, 
et  il  se  peut  que  cette  matière  étrangère  ait  fourni  une  portion  de  la  silice 
excédante,  peut-être  aussi  l'alumine  et  la  chaux  que  l'on  remarque  parmi 
les  substances  inscrites  dans  cette  analyse.  « 

CHlRURGIli  —  ÀuloplaUie  par  transformation  inodulaire ;  nouvelle  méthode 
opératoire  pour  achever  la  cjuérison  des  anus  contre  nature,  après  l'entéro- 
tomie;  par  M.  Jj.waiER. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Cl.  Bernard,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

«  Un  but  ordinaire  de  l'autoplastie  et  sans  aucun  doute  le  plus  difficile 
à  atteindre,  est  de  boucher  l'ouverture  accidentelle  et  permanente  d'un  ré- 
servoir ou  d'un  conduit  excréteur. 

»  Le  procédé  le  plus  habituel  de  l'art  est  de  rafraîchir  les  bords  de  la 
solution  de  continuité  et  de  les  réunir,  soit  entre  eux  sans  intermédiaire, 
soit  aux  bords  ou  au  contour  d'un  lambeau  emprunté  à  une  région  le  plus 
souvent  voisine,  et  amené  de  diverses  manières  à  leur  niveau. 

»  La  méthode  nouvelle  que  je  propose  au  jugement  de  l'Académie  est  là 
transformation  d'im  organe  ou  d'une  portion  d'organe  déjà  engagé,  par  le 
fait  de  la  maladie,  à  travers  l'orifice  de  la  fistule  et  qui  se  continue  avec  la 
lèvre  interne  des  bords  de  cet  orifice;  ainsi  transformé,  cet  organe  devient 
un  obturateur  permanent. 

»  Chez  une  malade  de  6 1  ans,  que  je  traite  encore  à  l'Hôtel-Dieu,  il  s'agissait 
de  fermer  un  anus  contre  nature  suite  de  hernie  ombilicale  gangrenée,  sans 
infundibulum.  L'entérotomie  avait  fait  communiquer  les  deux  bouts  de 
l'intestin,  et  toutes  les  matières  passaient  par  l'anus  naturel,  pourvu  qu'une 
compression  exacte  fût  faite  sur  l'anus  anormal.  Mais,  sans  cette  compres- 
sion, la  totalité  des  fèces  passait  par  la  fistule.  Celle-ci  avait  4  centimètres 
au  moins  de  longueur,  sur  3  centimètres  de  largeur.  Depuis  l'application 
de  l'entérotomie,  ce  large  orifice  était  conunun  aux  deux  bouts,  c'est-à-dire 
au  cloaque  dans  lequel  ils  s'abouchent.  Il  était  rempli  par  un  bourrelet  mU' 


(  ^49) 
queux  très-saillant,  mais  réductible  par  l'introduction  du  doigt;  il  reparais- 
sait quand  cette  pression  avait  cessé. 

»  On  aurait  pu  tenter  de  le  décoller  circulairement  sur  tout  le  contour 
de  l'anus  anormal,  pour  appliquer  ensuite  la  suture  des  surfaces  saignantes. 
De  l'aveu  de  celui  qui  a  fait  le  premier  cette  opération  hardie,  le  succès  n'a  été 
dû  qu'à  un  hasard  heureux  de  la  dissection.  Il  faudrait  en  effet,  pour  la  ré- 
péter avec  quelque  sécurité,  connaître  à  l'avance  1  étendue  des  adhérences 
péritonéales,  qui  unissent  l'intestin  à  la  paroi  abdominale.  Or  on  ne  les  con- 
naît point.  J'ai  proposé,  cette  année  même,  de  suppléer  à  celte  ignorance, 
en  accroissant  l'étendue  de  ces  adhérences  par  une  opération  préalable  ana- 
logue aux  procédés  de  l'entérotomie,  et  cette  opération  préalable,  je  l'ai 
faite  avec  succès  sur  ma  malade  (i).  Elle  est  un  préliminaire  indispensable 
de  la  suture  par  introversion.  J'avais  formé  d'abord  le  projet  de  recourir  à 
cette  suture.  Mais  la  vue  de  ce  bourrelet,  qui  remplissait  l'anus  anormal, 
me  donna  l'idée  de  le  convertir  en  un  véritable  bouchon  inodulaire,  et  je 
choisis  pour  opérer  cette  transformation,  le  cautère  actuel. 

»  Il  ne  s'agissait  point,  en  effet,  ici  d'attirer  vers  un  centre  des  bords 
cutanés  ou  muqueux  mobiles,  comme  dans  les  fissures  ou  perforations  du 
voile  du  palais,  ou  de  la  voûte  palatine,  mais  de  combler  un  espace  large  à 
contour  aponévrotique  et  peu  mobile.  Il  fallait  d'ailleurs  détruire  un  des 
principaux  obstacles  à  la  guérison,  la  membrane  muqueuse  elle-même. 
Le  cautère  actuel  en  olive  fut  porté  hardiment  sur  toute  la  surface  du 
bourrelet  muqueux.  Je  revins  plusieurs  fois  à  cette  opération,  la  variant 
quant  à  la  profondeur  et  la  durée.  Le  cautère  fut  engagé  à  diverses  reprises 
dans  l'intestin  lui-même,  pour  atteindre  la  membrane  muqueuse  du  cloaque 
au  voisinage  de  l'anus  anormal.  Cette  brûlure  profonde  du  bourrelet  mu- 
queux fut,  après  la  chute  des  escarres,  suivie  d'adhérences  intimes  entre 
ses  deux  moitiés.  Elles  constituent  aujourd'hui  une  sorte  de  plancher  solide, 
qui  dispensera  peut-être  la  malade  de  porter  un  bandage  ombilical.  Aucun 
accident  n'a  suivi  l'application  du  cautère  actuel  :  la  malade  n'a  pas  cessé 
un  seul  jour  de  prendre  des  aliments,  et  en  même  quantité. 

»  Aujourd'hui  existe  encore  à  l'angle  supérieur  de  l'ancienne  solution 
de  continuité  une  ouverture  étroite  en  entonnoir,  à  peine  capable  de  rece- 
voir une  très-petite  sonde  de  femme.  Elle  ne  laisse  plus  échapper  qu'une 

(i)  Paquet  cacheté  déposé  ea  iSSg  à  l'Académie  des  Sciences. 

C.  R.,  1859,  a°»«  Semestre.  (  T.  XLIX,  N»  6.)  33 


(  a5o  ) 
sérosité  verdâtre  et  mousseuse,  parfois  encore  abondante.  Il  est  déjà  arrivé 
que  pendant  vingt-quatre  et  quarante-huit  heures  tout  écoulement  a  été 
suspendu.  Je  regarde  la  guérison  comme  prochaine;  l'état  actuel  n'est  plus 
qu'une  légère  incommodité. 

»  Le  succès  obtenu  jusqu'ici  suffit  d'ailleurs  pour  caractériser  la  méthode 
et  pour  autoriser  à  formuler  les  propositions  suivantes  : 

»  1°.  Un  organe  saillant  à  travers  une  large  fistule,  adhérent  à  sa  lèvre 
interne  dans  tout  son  contour,  a  été  transformé  en  bouchon  inodulaire 
ferme  et  épais,  et  est  devenu  ainsi  l'agent  de  la  guérison,  tandis  que  sa 
nature  muqueuse,  avant  l'opération,  en  faisait  une  complication  de  la  fis- 
tule. Il  est  donc  désormais  indispensable  de  compter  au  nombre  des  mé- 
thodes autoplastiques  la  transformation  inodulaire  d'un  organe  placé  dans 
les  mêmes  conditions. 

»  2°.  Ce  mode  de  guérison  devient  une  ressource  précieuse  dans  le  trai- 
tement des  anus  contre  nature  les  plus  larges,  privés  d'infundibulum,  et 
même  ombilicaux. 

»  On  entrevoit,  sansque  j'y  insiste  en  ce  moment,  les  applications  et  la 
portée  de  ces  transformations,  qui  diffèrent  du  simple  avivement  des  bords 
d'un  orifice  fistuleux;  j'ajouterai  que  j'ai  tenté  à  l'Hôtel-Dieu,  depuis  une 
quinzaine  de  jours,  une  nouvelle  cure  d'anus  anormal  inguinal,  et  je  puis 
certifier,  ce  qu'il  est  d'ailleurs  facile  de  vérifier,  que  deux  applications  pro- 
fondes du  cautère  actuel  ont  suffi  pour  réduire  au  quart  l'écoulement  des 
matières,  et  changer  la  nature  de  l'écoulement. 

»  Je  dois  dire  aussi  que  dans  ce  dernier  cas,  déterminé  d'avance  à  em- 
ployer le  cautère  actuel  pour  former  le  bouchon  inodulaire,  je  me  suis  dis- 
pensé des  procédés  opératoires,  qui  ont  pour  but,  comme  je  l'ai  indiqué 
plus  haut,  d'étendre  préalablement  les  adhérences  péritonéales,  accroisse- 
ment préliminaire  qui  conserve  sa  valeur  s'il  s'agissait  d'opérer  la  suture 
de  Gély  dans  la  méthode  par  introversion  intestinale.  « 

M.  Mène  adresse  la  première  partie  d'un  Mémoire  ayant  pour  litre  : 
o  Recherches  sur  l'existence  de  l'iode  dans  les  plantes,  les  animaux  ter- 
restres, l'air  atmosphérique,  etc.  » 

C'est  à  la  recherche  de  l'iode  dans  l'air  qu'est  presque  exclusivement 
consacrée  cette  première  partie  du  travail,  dans  laquelle  l'autei/r  fait  con- 
naître les  résultats  d'une  série  d'analyses  commencées  au  Creuzot  et  pour- 
suivies à  Lyon.  Des  vingt  analyses  dont  les  résultats  sont  indiqués,  il  n'en 


(  25'  ) 
est  pas  une  qui  ne  constate  d'une  part  l'absence  de  l'iode,  de  l'autre  la 
présence  de  corps  étrangers  qu'on  ne  songera  pas  pour  cela  à  donner 
comme  composants  essentiels  de  l'air;  ce  sont,  outre  du  charbon,  des  traces 
de  fer,  de  silice,  de  chaux,  matières  sans  doute  entraînées  par  le  vent  et 
tenues  en  suspension  par  l'agitation  de  l'atmosphère.  L'iode  pourrait  être 
trouvée  de  même,  mais  ce  sera  toujours  un  cas  accidentel.  A  la  vérité  quel- 
ques chimistes,  qui  considèrent  son  existence  dans  l'air  comme  le  cas  normal 
ou  du  moins  général,  l'expliquent  en  faisant  intervenir  des  causes  constantes, 
comme  l'action  des  vents  sur  les  eaux  de  la  mer.  Si  cette  action  est  telle  qu'ils 
la  conçoivent,  ce  ne  serait  pas  seulement  un  peu  d'iode  qu'on  trouverait 
dans  l'air,  mais  beaucoup  de  chlorures,  de  bromures,  de  sulfates,  etc. 

(Commi«saires,  MM.  Peloiize,  Balard,  Fremy.) 

M.  BiLLiARD  adresse  de  Corbigny  (Nièvre),  comme  supplément  à  un  pré- 
cédent Mémoire  sur  l'hématose,  deux  Notes  qui  sont  renvoyées  à  l'examen 
des  Commissaires  nommés  pour  cette  première  communication,  MM.  Ber- 
nard et  Pelouze. 

M.  PiLARSKi,  qui  avait  précédemment  présenté  une  Note  sur  le  traite- 
ment du  choléra-morbus  et  donné  la  formule  d'une  potion  qu'il  administre 
en  pareil  cas,  envoie  une  rectification  à  cette  formule  qu'il  avait  inexacte- 
ment transcrite  dans  sa  première  communication. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant,  déjà  saisie  de  la  première  Note.  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  R.  C.  Christie,  secrétaire  de  la  Société  littéraire  et  philosophique  de 
Manchester,  transmet  une  Note,  sous  pli  cacheté,  en  priant  l'Académie  d'en 
accepter  le  dépôt  jusqu'à  l'époque  où  sera  connu  le  jugement  de  la  Commis- 
sion chargée  de  décerner  le  grand  prix  de  Mathématiques  pour  1860.  — 
L'auteur  de  cette  Note  ne  peut  se  faire  connaître,  puisqu'il  se  propose  de 
concourir  pour  le  prix  en  question.  Son  Mémoire,  dont  la  rédaction  n'est 
pas  terminée,  doit  être  présenté  avant  le  tei*me  fixé  pour  la  clôture  du  con- 
cours. Mais  voulant  établir  ses  droits  à  la  priorité,  si  elle  hii  appartient, 
comme  il  le  suppose,  il  donne  dès  à  présent  ses  principaux  théorèmes  et  les 
adresse  sous  une  enveloppe  portant  la  devise  qui  sera  reproduite  sur  son 
Mémoire. 

Le  dépôt  de  la  Note  cachetée  est  accepté. 

33.. 


(    252    ) 

.MÉTÉOROLOGIE.  —  Obsewcitions  sur  ta  division  des  éclairs  en  plusieurs  hranches; 

par  M.  Emm.  Liais. 

ic  La  division  des  éclairs  de  la  première  classe  en  plusieurs  branches  est 
un  fait  tellement  rare,  que  dans  son  importante  Noti<^e  sur  le  tonnerre 
Arago  n'a  pu  citer  que  deux  cas  declairs  fourchus.  Dans  la  première  édi- 
tion de  cette  Notice,  en  1837,  il  ne  mentionna  qu'un  seul  cas  de  trisection 
dans  un  orage  ordinaire  relaté  par  William  Borlux.  En  feuilletant  tous  les 
recueils  académiques,  il  ne  put  trouver  un  second  cas  de  trisection  dans  les 
orages  ordinaires,  et  fut  obligé,  pour  obtenir  une  nouvelle  citation,  de 
recourir  aux  nuées  volcaniques  et  de  mentionner  l'orage  du  18  juin  1763 
sur  le  revers  méridional  de  l'Etna,  où  Ferrara  rapporte  que  d'immenses 
globes  de  fumée  noire  mêlée  de  cendres  et  de  poussières  eiiflammées  étaient 
sans  cesse  traversés  par  des  éclairs  à  trois  pointes.  Dans  la  nouvelle  édition 
de  sa  Notice  seulement,  il  put  ajouter  un  second  cas  de  trisection  dans  un 
orage  ordinaire  :  c'est  un  éclair  observé  le  25  juin  1794,  dont  la  relation, 
provoquée  par  sa  première  édition,  lui  fut  adressée  par  M.  Jean  de  Char- 
pentier. Jusqu'ici  l'existence  d'éclairs  à  plus  de  trois  branches  n'a  pu  être 
constatée. 

»  Ayant  été  témoin,  à  San  Domingos  (Brésil),  dans  la  soirée  du  3o  janvier 
dernier,  d'un  orage  extrêmement  curieux,  où  plus  du  tiers  des  éclairs  étaient 
fourchus,  où  des  éclairs  extrêmement  nombreux  à  trois,  quatre,  cinq  bran- 
ches ont  été  remarqués,  où  enfin  il  a  paru  quelques  éclairs  à  une  telle 
quantité  de  branches,  qu'il  n'a  pas  été  possible  de  les  nombrer,  je  crois 
donc  devoir  en  relater  la  description. 

»  La  journée  du  3o  janvier  fut  très-chaude.  Il  résulte  des  observations  de 
l'Observatoire  de  Rio-Janeiro  que  la  température  était,  à  7  heures  du  matin, 
de  29°, 4;  à  I  heure  du  soir,  de  33°, 3,  et  à  5  lieures,  de  3i°,2.  Le  baro- 
mètre était  au-dessous  de  son  niveau  moyen  et  marquait  à  l'Observatoire, 
élevé  de  67  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  à  7  heures  du  matin, 
752°, 20;  à  I  heure,  75i",96,  et  à  5  heures,  751°, 60.  Il  était  donc  presque 
fixe,  un  peu  descendant  cependant;  mais  la  plus  grande  partie  de  son 
mouvement  apparent  provenait  de  la  variation  diurne.  L'hygromètre  de 
Saussure  marquait,  aux  mêmes  heures,  95°  et  96°, 5. 

»  Pendant  la  journée,  le  vent  souffla  très-faiblement  du  sud-est;  dans  la 
matinée,  l'air  était  pur  et  un  soleil  ardent  tombait  sur  le  sol  encore  un  peu 
humide  de  la  pluie  des  orages  du  soir  des  jours  précédents.  Dans  l'après- 


(  a53  ) 
luidi,  il  y  avait  quelques  cirrus.  En  approchant  du  soir,  d'autres  nuages, 
espèce  de  cumulo-stratus,  se  formèrent  au  coucher  du  soleil;  le  ciel  était  à 
peu  près  couvert. 

»  A  7  heures  quelques  éclairs  commencèrent  à  paraître  dans  l'est,  et  à 
7*'  To™  l'orage  avait  acquis  toute  son  intensité.  En  cet  instant  partaient  con- 
tinuellement, à  un  intervalle  d'une  à  deux  secondes,  des  éclairs  en  zigzag 
dont  plus  du  tiers  se  bifurquaient.  Ces  éclairs  étaient  blancs  et  très-vifs. 
Quelquefois  ils  semblaient  tendre  légèrement  vers  une  teinte  un  peu  bleuâtre, 
d'autres  fois  un  peu  orangée.  Ils  ne  formaient  pas  des  zigzags  avec  inter- 
ruptions, comme  cela  se  voit  dans  beaucoup  d'orages,  mais  des  lignes  bri- 
sées continues  présentant  parfois  des  courbes,  et  de  plus  chacune  de  ces 
lignes  était  sinueuse,  comme  en  général  une  ligne  tracée  par  une  main  trem- 
blante. Les  éclairs  ne  se  terminaient  pas  en  pointe,  mais  ils  présentaient 
généralement  à  l'extrémité  où  ils  s'arrêtaient  une  forme  un  peu  arrondie. 
Quoique  ces  éclairs  fussent  très-rapides,  il  m'a  paru  qu'on  suivait  leur  déve- 
loppement et  le  sens  de  leur  propagation  avec  une  facilité  plus  grande  que 
dans  les  orages  ordinaires.  On  voyait  très-rarement  deux  éclairs  à  la  fois, 
et  jamais  je  n'ai  aperçu  plusieurs  éclairs  consécutifs  à  une  fraction  de  se- 
conde d'intervalle,  comme  cela  se  voit  dans  un  grand  nombre  d'orages. 
Leur  émission  avait  une  certaine  régularité.  Leur  intervalle  était  rarement 
notablement  inférieur  à  une  seconde.  Il  n'y  avait  pas  d'éclairs  dans  la  di- 
rection du  zénith,  et  le  siège  de  l'orage  était  du  côté  est  du  ciel  et  renfermé 
dans  une  région  comprise  entre  4oet  70  degrés  environ  du  zénith.  La  plupart 
des  éclairs  n'étaient  accompagnés  d'aucun  bruit.  De  temps  en  temps  on  en- 
tendait un  léger  roulement  dans  le  lointain^  mais  sans  pouvoir  distinguer, 
vu  la  fréquence,  à  quel  éclair  il  se  rapportait.  Aucun  éclair  diffus  n'a  été 
remarqué.  Ils  paraissent  donc  avoir  été  inférieurs  à  la  couche  supérieure  de 
nuages  sur  laquelle  ils  se  projetaient.  Beaucoup  d'entre  eux  semblaient 
partir  d'une  sorte  de  cumulus  très-petit  situé  à  peu  de  hauteur  au-dessus 
de  l'horizon  et  se  propager  avec  ui>  mouvement  ascendant  apparent. 
D'autres  semblaient  sortir  de  la  couche  supérieure  et  se  projeter  avec  un 
mouvement  apparent  inverse.  L'orage  n'était  pas  accompagné  de  pluie.  Au 
commencement  seulement,  il  est  tombé  quelques  larges  gouttes.  Le  nuage 
supérieur  sur  lequel  se  projetaient  les  éclairs  ne  couvrait  pas  le  ciel  entier,  et 
quelques  étoiles  se  montraient. 

»  Je  passe  maintenant  à  la  partie  la  plus  curieuse  du  phénomène.  Outre 
les  éclairs  bifurques  et  les  éclairs  à  trois  ou  quatre  branches,  qui  étaient 
aussi  très-fréquents,  il  ne  s'écoulait  pas  de  minute  sans  que  l'on  vît  ce  que 


(  ^54  ) 
l'on  pourrait  appeler  des  éclairs  arborescents.  C'étaient  des  éclairs  qui  se  di- 
visaient en  plusieurs  branches  principales,  lesquelles  se  ramifiaient  à  leur 
tour  en  une  multitude  de  rameaux,,  qui  présentaient  d'ailleurs  les  mêmes 
sinuosités  et  les  mêmes  terminaisons  arrondies  que  les  autres  éclairs.  Il  n'y 
avait  d'autre  moyen  de  compter  ces  branches  que  de  reproduij'e  immédia- 
tement sur  le  papier  l'impression  laissée  sur  !a  rétine.  L'un  de  ces  éclairs, 
que  j'ai  remarqué  particulièrement,  ot  qui  paraissait  se  propager  en  descen- 
dant, se  divisait  d'abord  en  trois  branches,  qui  se  subdivisaient  à  leur  tour 
de  manière  à  former  en  tout  quinze  rameaux.  ]'ai  remarqué  même  des  éclairs 
à  un  nombre  de  branches  plus  grand  encore,  tellement  nombreux,  que  la 
totaUté  des  détails  ne  pouvait  se  graver  dans  l'esprit.  Le  plus  remarquable 
de  ces  éclairs  était  rayonnant,  et  non  arborescent,  c'est-à-dire  que  sa  pro- 
pagation se  fit  en  tous  sens,  en  partant  d'un  centre,  d'où  jaillirent  six  bran- 
ches se  subdivisant  en  une  multitude  de  rameaux.  J'ai  aussi  remarqué  des 
éclairs  arborescents  qui  semblaient  s'élever  de  derrière  le  cumulus  dont  j'ai 
parlé,  et  les  éclairs  rayonnants  furent  assez  nombreux  de  leur  côté.  M.  Félix 
Taunay,  qui  a  vu  l'orage,  non  pas  seulement  à  San  Domingos,  mais  à  Ti- 
juca,  a  remarqué  les  mêmes  apparences.  Au  jardin  Botanique,  M.  Candido 
Baptista  d'Oliveira  a  noté  la  fréquence  des  subdivisions  des  éclairs  et  leur 
multiplicité. 

M  L'orage  sembla  rester  immobile.  Au  bout  de  dix  minutes  environ,  la 
fréquence  des  éclairs  diminua  ;  les  intervalles  doublèrent  environ  et  s'éle- 
vèrent à  trois  ou  quatre  secondes,  et  à  S**  i  S"  les  éclairs  avaient  cessé,  le  grand 
nuage  ayant  paru  diminuer  et  se  porter  un  peu  vers  le  sud.  Enfin,  à  8''3o'", 
le  ciel  était  presque  découvert;  à  9  heures  la  lumière  zodiacale  se  voyait  à 
J 'ouest  et  à  l'est  au-dessous  de  la  voie  lactée,  faisant  le  tour  entier  du  ciel, 
comme  je  l'ai  noté  antérieurement  et  signalé  dans  une  de  mes  précédentes 
communications. 

»  Il  est  bon  de  mentionner  peut-être  que  là  veille  de  cet  orage  la  mer 
était  d'une  phosphorescence  extraordinaire  et  comme  je  ne  l'avais  pas  en- 
core vue.  Le  soir  de  l'orage,  au  contraire,  elle  avait  la  physionomie  habi- 
tuelle entre  les  tropiques. 

i>  Depuis  l'orage  que' je  viens  de  décrire,  j'ai  fait  une  attention  spéciale 
aux  éclairs  dans'la  baie  de  Rio-Janeiro,  et  j'ai  pu  me  convaincre  que  la  bis- 
section  des  éclairs  y  est  un  fait  très-fréquent.  J'ai  noté  ce  phénomène  plu- 
sieurs fois  dans  les  orages  des  18,  ig,  20,  22  et  27  février.  Les  18,  22  et 
27  février,  il  a  apparu  plusieurs  éclairs,  les  uns  arborescents,  les  autres 
rayonnants,  à  un  grand  nombre  de  branches,  et  qui  présentaient  d'ailleurs 


(  a55  ) 
le  même  caractère  que  ceux  du  3o  janvier;  leur  fréquence  était  toutefois 
beaucoup  moindre.  Le  27  février,  la  tendance  de  quelques-unes  des  bran- 
ches à  se  terminer  eu  boule  était  assez  marquée.  Je  n'ai  toutefois  vu  d'éclairs 
réellement  en  boule  que  le  22  février.  Ce  phénoipène  s'est  reproduit  trois  fois. 
Il  semblait  voir  une  boule  de  feu  courant  sur  les  nuages  en  laissant  une 
sorte  de  traînée  comme  un  bolide,  mais  dans  laquelle  on  ne  distinguait  pas 
de  particules  distinctes,  et  parcourant  un  angle  de  10  à  i5  degrés  dans  un 
temps  compris  de  ^  à  -|^  seconde.  Dans  cette  même  soirée,  j'ai  noté,  un  peu 
plus  tard,  à  San-Domingos,  une  chute  assez  forte  de  grêle.  Quoique  les 
orages  aient  lieu  tous  les  soirs  dans  la  saison  chaude,  c'est  la  seule  fois  que 
j'ai  vu  de  la  grêle  au  Brésil,  et  il  paraît  que  cela  n'arrive  guère  que  tous 
les  trois  ou  quatre  ans.  Le  20  février,  j'ai  vu  un  éclair  partir  d'un  nuage 
situé  sur  l'horizon  sud  et  se  diriger  sur  une  masse  de  nuages  à  45  degrés  en- 
viron de  hauteur,  en  traversant  un  vaste  espace  de  ciel  bleu  qui  séparait 
ces  deux  nuages.  Cet  éclair  n'a  fait  entendre  qu'un  très-léger  bruit.  Sa  lon- 
gueur devait  donc  être  immense.  Le  19  février,  j'ai  observé  un  éclair  qui  a 
couru  presque  parallèlement  à  l'horizon,  dans  une  amplitude  que  j'ai  notée 
par  alignements  pris  à  terre,  et  que  j'ai  trouvée  de  1^1  minutes.  L'intervalle 
entre  l'éclair  et  le  commencement  du  bruit  a  été  de  vingt-quatre  secondes, 
ce  qui  donne  1 5  kilomètres  pour  longueur  minimum  de  cet  éclair.  <> 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  chimiques  sur  les  vins  de  la  Toscane  ; 
par  MM.  O.  Silvesthi  et  C.  Giannelli.  (Extrait.) 

«  Ce  travail  comprend  le  dosage  de  l'alcool,  de  l'eau,  des  matières  orga- 
niques et  minérales,  comme  aussi  la  constatation  de  la  glycérine  sur  les 
vins  toscans  de  l'année  1857  (i). 

»  On  a  dosé  l'alcool  par  le  procédé  Gay-Lussac.  La  quantité  d'alcool 
contenue  dans  les  vins  toscans  varie  entre  4  et  i4  pour  100.  La  moyenne 
déduite  de  67  déterminations,  faites  sur  un  pareil  nombre  de  variétés  de 
vins,  est  d'environ  9  pour  100.  Une  seule  variété  de  vin  rouge,  provenant 
d'une  localité  dite  Ferrajolo,  près  de  Sienne, a  fourni  en  alcool  17,5  pour  100 
à  la  température  de  10°, 5.  Il  est  à  remarquer  que  le  vin  Monte  Pulciano, 
que  Redi  déclarait  «  le  roi  de  tous  les  vins  >»,  ne  contient  que  9311  pour 
100  d'alcool,  et  il  n'est  pas  maintenant  le  meilleur  des  vins  toscans. 

»  Tous  les  vins  toscans,  sans  exception,  contiennent  de  l'acide  acétique 
libre,  qui  sans  doute  est  un  des  produits  de  l'oxydation  de  l'alcool. 

(i)  Nos  recherches  ont  été  faites  dans  le  laboratoire  de  chimie  de  l'Université  de  Pise,  sous 
la  direction  de  M.  de  Luca. 


(  256  ) 

»  La  moyenne  des  matières  organiques  dosées  dans  les  vins  toscans  cor- 
respond, sur  loo  parties,  à 2,62 

Les  substances  minérales  ou  cendres,  à.  .   .       o,  24 

L'eau,  à.    . 88,00 

Et  l'alcool,  à 9?24 

100,00 
»  Conformément  aux  belles  recherches  de  M.  Pasteur  sur  la  fermentation 
alcoolique,  les  vins  doivent  contenir,  comme  produit  constant  du  dédou- 
blement du  sucre  de  raisin,  une  certaine  quantité  de  glycérine.  Cette  re- 
cherche a  été  faite  par  M.  Ubaldini  sur  deux  variétés  de  vins  :  on  a  obtenu 
une  petite  quantité  d'un  liquide  sirupeux,  légèrement  sucré,  capable  de  se 
volatiliser  par  la  chaleur  en  répandant  des  fumées  blanches  et  une  odeur 
particulière  fade.  Ce  liquide  ne  fermente  pas  par  la  levure  de  bière,  mais 
donne,  par  l'action  de  l'iodure  de  phosphore,  du  propylène  iodé  C  H*  I, 
qui  à  son  tour  dégage  du  gaz  propylène  au  (lontact  de  l'acide  chlorhydrique 
et  du  mercure.  Tous  ces  caractères  sont  ceux  de  la  glycérine  qu'on  retire 
des  corps  gras.  » 

CHIRURGIE.  —  Note  sur  la  cure  radicale  de  la  tumeur  et  de  la  fistule  lacrjmales 
par  Cocclusion  des  conduits  lacrymaux  ;  par  M.  Tavignot.  (Extrait.) 

«  ....  Notre  nouveau  procédé  est  plus  simple  que  l'excision  palpébrale  que 
nous  avons  longtemps  employée  avec  succès,  mais  qu'il  fallut  dans  quel- 
ques cas  répéter  jusqu'à  deux  et  trois  fois.  Il  consiste  à  introduire  dans 
chaque  conduit  lacrymal  un  stylet  de  platine  pénétrant  jusqu'au  sac  lacry- 
mal, et  à  chauffer  à  blanc,  avec  une  pile  de  Bunsen,  les  deux  petits  corps 
métalliques  qui  agissent  dès  lors  comme  cautères  actuels  et  en  détruisant 
dans  une  grande  étendue  la  trame  organique  qui  forme  les  conduits.  L'es- 
carre qui  obstrue  les  conduits  s'oppose  immédiatement  au  passage  des 
larmes,  et  lorsque  celle-ci  est  éliminée,  la  cicatrice  qui  s'est  formée  a  obli- 
téré déjà  ces  mêmes  conduits  lacrymaux.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


ERRAT J. 

(Séance  du  i"  août  iSSg.) 
Page  187,  dans  la  note ,  ligne  6  d'en  bas,  au  lieu  du  i"  mars  1857,  lisez  du  1"  mars  1847. 


i»9Q0< 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  MARDI  16  AOUT  i859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

« 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  les  oxydes  de  fer  et  de  manganèse  et  certains  sulfates 
considérés  comme  moyen  de  transport  de  l'oxjgène  de  l'air  sur  les  matières 
combustibles;  par  M.  Fréd.  Kuhlimann.  (Première  partie.) 

«  Dans  l'étude  des  phénomènes  qui  s'accomplissent  dans  les  couches 
superficielles  du  globe,  il  ne  faut  négliger  aucune  source  d'action  ;  car,  si 
faible  qu'elle  puisse  être,  lorsqu'elle  est  aidée  par  la  succession  des  siècles, 
elle  peut  amener  dans  la  constitution  du  globe  les  plus  importantes  modi- 
fications. 

a  Les  sources  d'action  qu'il  est  surtout  important  d'approfondir  sont 
celles  où  l'agent  principal  intervient,  non  par  ses  principes  constitutifs, 
mais  seulement  comme  une  sorte  de  navette,  pour  transporter  certains  corps 
et  les  placer  dans  des  conditions  favorables  à  leur  combinaison  avec 
d'autres. 

»  Lorsque,  dans  nos  fabriques,  nous  faisons  intervenir  le  deuloxyde 
d'azote  pour  transporter  l'oxygène  de  l'air  sur  l'acide  sulfureux  et  faire 

C.  R.,  i859,  a°>«  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  7.  ;  34 


(  258  ) 
passer  ce  dernier  à  un  état  d'oxydation  plus  avancé,  ou  lorsque  nous  em- 
ployons l'acide  acétique  comme  intermédiaire  pour  fixer  sur  le  plomb  l'oxy- 
gène et  l'acide  carbonique  de  l'air,  nous  faisons  usage  d'un  de  ces  leviers 
qui,  dans  la  nature,  donnent  lieu  spontanément  aux  phénomènes  les  plus 
variés. 

»  Depuis  de  longues  années,  j'ai  porté  mon  attention  sur  ces  actions  suc- 
cessives et  lentes,  et  j'ai  mis  en  relief  toute  leur  importance  dans  divers 
Mémoires  qui  figurent  dans  le  Recueil  des  travaux  de  la  Société  Impériale  des 
Sciences  de  Lille,  et  dont  quelques-uns  ont  eu  l'honneur  de  l'insertion  dans 
les  Comptes  rendus  de  l'Académie. 

»  Ainsi  j'ai  appelé  l'attention  des  chimistes  sur  le  rôle  que  joue  l'oxvgène 
dans  les  phénomènes  de  coloration  des  végétaux  et  dans  leur  décoloration 
par  l'acide  sulfureux  et  par  la  fermentation  putride. 

»  J'ai  examiné  la  propriété  de  certains  corps  pouvant  servir  de  réservoir 
d'oxygène  pour  le  transporter  sur  les  corps  oxydables,  ajoutant  quelques 
faits  aux  importantes  observations  de  M.  Schœnbein. 

))  Mes  recherches  sur  les  eftlorescences  des  murailles  m'ont  conduit  à 
faire  une  étude  approfondie  de  la  nitrification,  où  les  transformations  lentes 
et  successives  jouent  un  si  grand  rôle. 

»  Cette  étude,  qui  comprend  l'action  de  l'éponge  de  platine  sur  divers 
mélanges  gazeux,  m'a  conduit  dès  1846  à  constater  qu'il  existe  une  relation 
intime  entre  la  nitrification  et  la  fertilisation  des  terres. 

»  J'ai  expliqué  dès  lors  comment  l'ammoniaque,  produit  immédiat  de 
la  décomposition  des  matières  animales,  passait,  sous  l'influence  de  l'eau 
aérée  et  des  corps  poreux,  à  l'état  d'acide  nitrique  ou  de  nitrate  d'ammo- 
niaque, et  comment,  dans  les  parties  inférieures  du  sol,  l'acide  nitrique 
formé,  désoxygéné  par  la  fermentation  putride,  était  ramené  à  l'état  d'am- 
moniaque. 

■»  J'ai  expliqué  encore  comment  l'ammoniaque  intervient,  sans  décom- 
position, pour  transporter  l'acide  nitrique  sur  la  chaux  et  la  magnésie, 
lorsque  les  carbonates  de  ces  bases  font  partie  constituante  des  terres  ara- 
bles^ de  même  que  le  carbonate  d'ammoniaque  intervient  pour  déplacer 
la  silicedes  silicates  alcalins,  en  donnant  naissance  aux  pétrifications  sili- 
ceuses. 

»  Enfin,  dans  l'ordre  des  applications  industrielles,  j'ai  expliqué  com- 
ment une  quantité  limitée  de  carbonate  de  potasse  ou  de  soude  pou- 
vait servir  à  précipiter  indéfiniment  du  carbonate  de  chaux  à  l'état  pul- 


vérulent,  de  l'eau  crayeuse  qui  sert  à  alimenter  les  chaudières  à  vapeur, 
en  empêchant  les  incrustations  si  nuisibles  à  la  conservation  de  ces  chau- 
dières, (t 
»  Une  circonstance  particulière  a  ramené  dans  ces  derniers  temps  mou 
attention  sur  ces  phénomènes  lents  et  successifs  où  interviennent  d^  aj^ents 
de  transport. 

Altération  du  bois  de  bordage  des  navires. 

»  En  parcourant  les  chantiers  de  construction  de  Dunkerque,  j'ai  eu 
l'occasion  d'examiner  les  débris  d'un  navire  en  démolition,  et  j'ai  constaté 
avec  un  vif  intérêt  une  altération  profonde  des  planches  de  bordage  sur 
tous  les  points  où  le  bois  avait  été  traversé  par  des  clous  ou  des  chevilles 
de  fer. 

»  A  quelques  centimètres  de  distance  de  ces  points,  le  bois  était  à  demi 
charbonné  par  une  sorte  d'érémacausie;  les  parties  ainsi  brûlées  se  déta- 
chaient sous  un  faible  effort,  la  fibre  du  bois  ayant  perdu  toute  son  élas- 
ticité. - 

»  Rien  de  pareil  ne  s'était  produit  là  où  le  bois  avait  été  fixé  au  moyen 
de  chevilles  en  cuivre  ou  en  bois. 

»  J'ai  appris  depuis  de  M.  de  Frémi n ville,  l'habile  professeur  de  construc- 
tion navale  à  l'Ecole  impériale  de  la  Marine,  que  ce  phénomène  était  géné- 
ral ;  qu'il  était  une  cause  avérée  de  la  prompte  destruction  de  la  coque  des 
navires  en  bois,  et  qu'à  ce  titre  il  méritait  d'être  l'objet  d'une  étude  appro- 
fondie. 

»  L'explication,  qui  tout  d  abord  se  présenta  à  mon  esprit,  consistait  à 
admettre  que  le  fer,  sous  l'influence  continue  de  l'eau  de  mer  et  de  l'air,  se 
rouille  rapidement  et  que  l'oxyde  formé,  en  contact  avec  le  bois,  subit  une 
action  contraire  et  passe,  sous  cette  influence  désoxydante,  de  l'état  de 
sesquioxyde  à  l'état  de  protoxyde, 

»  Le  protoxyde  reprend  à  l'air  de  l'oxygène,  le  transporte  de  nouveau 
sur  le  bois  en  lui  faisant  subir  d'une  manière  continue  les  altérations  dont 
j'ai  parlé. 

»  Ainsi  le  fer  jouerait  à  l'égard  du  bois  et,  par  suite,  des  matières  combus- 
tibles en  général,  le  rôle  du  deutoxyde  d'azote  dans  la  fabrication  de  l'acide 
sulfurique,  celui  du  vinaigre  dans  la  fabrication  de  la  céruse,  celui  que  j'ai 
attribué  au  carbonate  de  soude  dans  le  service  des  chau)[lières  à  vapeur, 
au  carbonate  d'ammoniaque   dans  les  pétrifications  siliceuses.  Le  sesqui- 

34.. 


(  26o  ) 

oxyde  de  fer  subirait  des  modifications  analogues  à  celles  que  subit,  dans 

les  terres  arables,  l'acide  nitrique  qui,  sous  l'influence  de  la  putréfaction 

dgs  matières  organiques,  passe  à  l'état  d'ammoniaque  pour  se  régénérer  en- 

'suite  aux  dépens  de  l'oxygène  de  l'air  ou  des  coi'ps  oxygénants. 

»  Il  ^st  d'ailleurs  facile  de  se  convaincre  que  c'est  dans  les  propriétés^u 
fer  qu'il  faut  chercher  la  cause  de  l'altération  du  bois;  car  cette  altération 
a  lieu  sur  tous  les  points  où  se  présente  l'oxyde;  elle  s'étend  parallèlement 
aux  fibres  du  bois  aussi  loin  que  le  fer  a  pu,  par  quelque  dissolvant,  être 
transporté  dans  son  épaisseur. 

»  Si  l'altération  du  bois  se  bornait  au  bois  de  chêne,  on  aurait  à  se  de- 
mander si  le  tanin  n'a  pas  pu  exercer  une  certaine  influence  dans  la  réac- 
tion ;  mais  les  mêmes  phénomènes  se  présentent  pour  le  bois  de  sapin.  C'est 
donc  dans  l'oxyde  de  fer  seul,  quelle  que  soit  la  cause  de  son  développe- 
ment, qu'il  faut  chercher  la  clef  des  altérations  observées. 

»  .T'ai  constaté  d'ailleurs  que  l'oxyde  de  fer  engagé  dans  le  bois  n'est  pas 
au  même  degré  d'oxydation  dans  toute  la  masse.  Il  est  à  l'état  de  sesqui- 
oxyde  en  plus  grande  partie  dans  les  couches  superficielles  du  bois  que  dans 
le  centre,  où  la  présence  du  protoxyde  a  été  facilement  constatée  par  le 
ferrocyanide  de  potassium. 

))  L'explication  précédente  suppose  que  le  sesquioxyde  de  fer  peut  être 
réduit  partiellement  par  le  seul  contact  de  matières  organiques  non  encore 
arrivées  à  leur  décomposition  putride  :  voici  à  ce  sujet  le  résultat  de  quel- 
ques expériences  confirmatives. 

»  I.  Le  sesquioxyde  de  fer  hydraté  agité  à  froid  avec  des  dissolutions 
diversement  colorées,  en  opère  la  décoloration  d'une  manière  très-éner- 
gique par  la  formation  de  laques.  Ces  laques  le  plus  souvent  contiennent 
du  fer  au  minimum  d'oxydation,  la  réduction  partielle  du  sesquioxyde  ayant 
lieu  par  oxydation  de  la  matière  colorante. 

»  Les  couleurs  sur  lesquelles  l'action  du  sesquioxyde  de  fer  a  été  la 
plus  énergique  sont  celles  du  bois  de  campêche,  du  bois  de  Brésil,  de  la 
cochenille,  du  curcuma,  du  bois  d'acajou. 

»  La  désoxydation  a  été  presque  nulle  par  l'indigo  et  le  tournesol. 

))  Ces  résultats  pouvant  s'expliquer  par  la  grande  affinité  qu'ont  pour 
l'oxygène  certaines  matières  colorantes  dans  l'état  où  elles  se  rencon- 
trent dans  les  plantes,  j'eus  recours  pour  d'autres  essais  à  des  matières 
organiques  placées,  par  leur  composition  et  leurs  propriétés,  dans  des 
conditions  plus  rapprochées  du  ligneux. 


(  a6,   ) 

»  II.  Des  dissolutions  de  sucre  de  canne,  de  glucose,  de  gomme  ont 
été  soumises  à  l'ébuUition  en  présence  de  l'hydrate  de  sesquioxyde  de 
fer.  A 

»  La  réduction  a  été  des  plus  énergiques  par  le  glucose,  moindre  par 
le  sucre  de  canne,  et  faible  par  la  gomme.  Avec  le  glucose,  la  réaction  est 
déjà  sensible  à  froid. 

»  m.  J'ai  essayé  enfin  l'action  de  l'essence  d'amandes  amères  sur  de 
l'hydrate  de  sesquioxyde  de  fer  séché  à  loo  degrés.  La  réaction  a  eu  lieu 
dans  un.  tube  de  verre  fermé  à  la  lampe,  lequel  a  été  maintenu  à  la  tempé- 
rature de  loo  degrés  pendant  di^t  heures. 

»  Dans  cette  expérience,  il  s'est  produit  une  grande  quantité  de  benzoate 
de  protoxyde  de  fer.  Une  partie  de  l'oxyde  non  dissous  était  à  l'état  de 
protoxyde. 

»  Ajoutons  que  des  phénomènes  de  destruction  de  la  matière  organique 
au  contact  de  l'oxyde  de  fer,  sans  l'intervention  des  gaz  désoxydanffe  de  la 
fermentation  putride,  se  produisent  tous  les  jours  sous  nos  yeux.  Il  n'est 
personne  qui  n'ait  été  à  même  de  constater  qu'après  un  ou  deux  lessivages 
des  tissus  de  lin  ou  de  coton,  les  taches  d'encre  sont  remplacées  par  des 
trous.  Les  impressions  en  rouille  présentent  les  mêmes  inconvénients,  et  trop 
souvent  les  étoffes  teintes  en  noir  prennent  une  teinte  brune;  et  comme 
elles  perdent  de  leur  solidité,  on  les  soupçonne  d'avoir  été  brûlées  en  tein- 
ture, pour  me  servir  de  l'expression  consacrée. 

»  J'ajouterai  encore  les  faits  suivants  observés  dans  une  longue  pratique 
du  blanchiment  par  un  de  mes  élèves,  M.  Dietz. 

»  I.  Lorsque  les  parois  intérieures  des  cuves  de  lessivage  en  tôle,  par  la 
réparation  des  inscrustations  calcaires  qui  les  recouvrent  habituellement, 
sont  mises  à  nu,  et  que  le  fer  se  trouve  en  contact  immédiat  avec  les  tissus, 
ces  derniers,  dans  les  parties  supérieures  où  l'air  a  un  facile  accès,  se  cou- 
vrent de  rouille,  et,  dans  toutes  les  parties  tachées,  leur  altération  devient 
inévitable. 

»  IL  Lorsque  dans  les  tissus  communs  fabriqués  avec  des  déchets  de 
coton  il  se  trouve  des  paillettes  de  fer  provenant  des  cardes  ou  autres  appa- 
reils mécaniques,  ce  fer  se  rouille  pendant  les  opérations  du  blanchiment, 
et  en  quatre  ou  cinq  jours  l'étoffe  est  trouée  sur  les  points  où  la  rouille  a 
été  déposée  (i). 

4 

(i)  M.  Edouard  Schwartz,  qui  a  porté  son  attention  sur  les  causes  des  altérations  que  j'ai 
signalées,  prétend  que  dans  la  teinture  les  protoxydfs  de  fer  et  de  manganèse,  qu'on  dépose 


(    202    ) 

»  Il  me  paraît  évident  que  cette  action  si  énergique  du  sesqiiioxyde  de 
fer  n'est  pas  étrangère  aux  causes  qui  déterminent  les  inflammations  spon- 
tanées si  fréquentes  dans  les  déchets  de  coton  ou  de  laine.  Si  l'oxydation 
des  huiles  qui  imprègnent  souvent  ces  matières  est  une  circonstance  favo- 
rable à  ces  inflammations,  la  place  où  l'oxyde  de  fer  a  été  déposé  est  pro- 
bablement le  point  de  départ  de  l'incendie. 

»  Les  résultats  de  mes  expériences  et  tous  ces  faits  journellement  obser- 
vés paraissent  concluants  pour  faire  admettre  par  les  chimistes  que  le  ses- 
quioxyde  de  fer  peut  servir  à  transporter  l'oxygène  de  l'air  sur  les  matières 
organiques  et  en  hâter  la  destruction.  Cet  oxyde  fait  en  quelque  sorte  fonc- 
tion de  réservoir  d'oxygène  se  remplissant  aux  dépens  de  l'air  au  fur  et  a 
mesure  qu'il  se  vide  au  profit  de  la  combustion  des  corps  combustibles. 

»  En  ce  qui  concerne  l'altération  du  bois  de  bordage  des  navires,  aujour- 
d'hui que  les  causes  de  cette  altération  sont  mises  en  évidence,  il  suffira 
sans  doute  pour  l'éviter  d'étamer  ou  de  zinguer  les  clous  et  chevilles  en 
fer  ou  de  les  remplacer  par  des  clous  ou  des  chevilles  en  cuivre. 

»  J'aborderai  dans  la  seconde  partie  de  ce  travail  les  considérations 
agronomiques  et  géologiques  qui  s'y  rattachent.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

,  CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Note  iur  temptoi  du  coal-tar  en  médecine;  par  M.  J.-C. 
Calvert.  (Présentée  par  7Ï/.  Clievreul.) 

(Commissaires  nommés  pour  les  précédentes  communications  sur  les 
mélanges  désinfectants  :  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquel.) 

«  Je  viens  de  lire  dans  le  Compte  rendu  du  2 5  juillet  dernier  l'intéres- 
sante communication   de  M.  Velpeau  et  les  savantes  remarques  de  mon 

sur  les  tissus  et  qu'on  oxyde  en  vue  d'obtenir  le  sesquioxyde  de  fer  et  le  bioxyde  de  man- 
ganèse, déterminent  souvent  «  l'oxydation  du  tissu  lui-même  sur  lequel  ils  sont  appliques, 
"  et  il  établit  cette  proposition  :  qu'une  substance  en  s'oxydant  détermine  aussi  l'oxydation 
»  du  corps  en  présence  duquel  elle  se  trouve,  alors  même  qu'à  l'état  d'isolement  ce  dernisf 
»   n'est  pas  oxydable.  »  (Persoz,  Traité  de  l'impression  des  tissus,  vol.  I,  p.  3ii.) 

.le  pense  que  les  considérations  dans  lesquelles  je  suis  entré  ne  laisseront  dans  l'esprit  des 
chimistes  aucun  doute  sur  la  cause  réelle  de  raltcration  des  tissu^r  A  l'oxydation  par  entraî- 
nement que  suppose  M.  Schvvartz,  je  substitue  une  succession  de  réactions  qui  n'a  de  limite 
que  la  destruction  de  la  matière  combustible.- 


(  2G3  ) 

maître  M.  Chevreul,  au  sujet  de  la  pâte  désinfectante  de  MM.  Demeaux  et 
Corne.  En  conséquence  des  laits  (]iii  prouvent  que  le  coal-tar  agit  comme 
antiseptique,  en  empêchant  la  putréfaction  des  produits  rejetés  par  la  plaie, 
il  est  probable  que  cette  pâte  sera  employée  dans  divers  pays.  Je  crois 
n'être  pas  trop  présomptueux,  en  appelant  l'attention  de  l'Académie  sur  les 
faits  suivants,  qui  montrent  combien  on  doit  attacher  d'importance  à  bien 
connaître  la  composition  du  goudron  à  employer. 

»  La  composition  du  coal-tar  varie  énormément.  Ainsi,  celui  obtenu 
avec  des  houilles  de  Newcaslle  est  composé  presque  exclusivement  de  naph- 
taline, celui  du  boghead  de  paraffine,  et  celui  du  Wigan-cannel-coal  de 
benzine  et  acide  carbolique,  celui  des  houilles  du  Staffordshire  de  peu  de 
benzine,  d'acide  carbolique  et  de  beaucoup  d'huile  lourde  ou  de  carbures 
d'hydrogène  neutres,  ainsi  que  le  prouvent  les  résultats  suivants  : 

Produits  volatils.           Acido  Carbure 

Benzine.  carbolique.  H  neutre.  Paraffine.  Naphtaline.  Pitcli. 

Boghead 12                        3  3o  4'                  <*              '4 

Cannel g                      i4  4°  o                '5             22 

Newcastle 2                       5  12  o               58             23 

Staffordshire 5                        9  35  o                22              2g 

»  D'après  les  nombreuses  expériences  que  j'ai  faites  pour  connaître  quel 
était  dans  le  goudron  le  produit  qui  empêche  la  putréfaction  des  matières 
organiques  animales  lorsqu'on  les  met  en  contact  avec  eux,  j'ai  trouvé  que 
la  paraffine,  la  benzine,  la  naphtaline  et  l'huile  lourde  de  houille  n'avaient 
que  peu  de  pouvoir  antiseptique,  mais  que  l'acide  carbolique  possédait  cette 
propriété  au  plus  haut  degré. 

»  Ainsi,  en  t85i,  à  l'école  de  médecine  de  Manchester,  des  cadavres  in- 
jectés avec  une  dissolution  faible  de  cet  acide  se  sont  parfaitement  conser- 
vés pendant  plusieurs  semaines;  à  la  même  époque,  un  morceau  de  chair 
de  cheval,  trempé  dans  l'acide  et  exposé  aux  intempéries  des  saisons,  s'est 
conservé  plus  de  trois  ans  sans  décomposition. 

»  Un  millième  d'acide  carbolique,  ajouté  pendant  l'été  à  de  l'urine,  la 
conservait  fraîche  pendant  trois  à  quatre  semaines,  fait  dont  j'ai  tiré  avan- 
tage lors  de  mes  recherches  sur  la  présence  de  l'acide  carbâzotique  dans 
les  urines  ;  et  je  me  permettrai  d'appeler  spécialement  l'attention  des  méde- 
cins sur  cette  propriété  de  l'acide  carbolique,  qui  peut  être  de  la  plus  grande 
utilité.  Enfin,  des  peaux  d'animaux,  frottées  intérieurement  avec  cet  acide, 
se  sont  conservées  sans  vermine  pendant  plusieurs  années. 

»  J'ai  publié  en   i855,  dans  Edinburg  new  PhilosophicalJournal,  xm  petit 


(  a64  ) 
Mémoire  sur  l'application  de  l'acide  carholique  ajouté  en  minime  quantité, 
o,ooi,  pour  empêcher  la  fermentation  gallique  ou  la  conversion  de  l'acide 
tannique  en  acide  gallique  dans  les  extraits  de  matières  tannantes  livrées 
au  commerce,  tels  que  sumac,  dividivi,  etc.,  ce  qui  a  permis  depuis  lors 
aux  fabricants  d'extraits  de  matières  tannantes  de  les  conserver  pendai>t 
plusieurs  mois.  » 

Remarques  de  M.  Chevreul  à  [occasion  de  la  communication  de  M.  Calvert. 

«  A  l'occasion  de  la  Note  de  M.  Calvert,  je  ferai  remarquer  les  inconvé- 
nients résultant  de  l'absence  de  toute  règle  de  nomenclature.  Mais  recon- 
naissons avant  tout  l'à-propos  de  cette  Note  indiquant  la  diversité  de  com- 
position d'une  matière  portant  un  nom  unique,  coal-tar.  Effectivement  la 
composition  immédiate  du  coal-lar  étant  indéfinie,  il  pourrait  arriver,  si 
réellement  le  bon  effet  de  la  poudre  de  MM.  Demeaux  et  Corne  tient  à  un 
certain  principe  immédiat,  par  exemple  à  l'acide  carbolique  comme  le  croit 
M.  Calvert,  que  ce  principe  manquant  dans  un  tel  échantillon  de  coal-tar,  la 
poudre  dans  laquelle  cet  échantillon  entrerait  serait  inefficace.  Voilà  une 
conséquence  possible  de  l'emploi  d'une  matièr.e  dont  la  composition  est 
indéfinie,  et  le  nom  unique. 

•>  Maintenant  qu'est-ce  que  Y  acide  carbolique  préconisé  par  M.  Calvert? 
C'est  un  solide  cristallisable,  obtenu  de  la  distillation  d'un  assez  grand 
nombre  de  matières  d'origine  organique  eten  particulier  de  certaines  houilles. 
La  connaissance  de  ce  corps,  dont  la  découverte  appartient  à  M.  Runge, 
remonte  à  l'année  i834;  il  n'a  pas  reçu  moins  de  cinq  noms,  acide  carbo- 
lique^ phénol,  acide  phénique,  alcool pliénique,  lijdrate  de  phényle ,  tous  noms 
ayant  chacun  une  signification  relative  à  une  certaine  composition  qu'on  at- 
tribue au  corps  auquel  on  donne  ce  nom. 

»  Ceux  qui  pensent  que  les  difficultés  inhérentes  aux  sciences  naturelles 
sont  assez  grandes  pour  ne  pas  les  augmenter,  n'hésiteront  pas  à  blâmer  les 
dénominations  irréfléchies  données  à  un  même  corps. 

»  J'ai  l'honneur  d'annoncer  à  l'Académie  que  je  poursuis  mes  expé- 
riences sur  les  saveurs  et  les  odeurs,  et  que  je  ne  tarderai  point  à  lui  commu- 
niquer la  solution  de  plusieurs  questions  qui  m'ont  occupé  depuis  la  publi- 
cation de  mes  Considérations  générales  sur  l'analyse  organique  et  sur  ses 
applications  (1824). 

»  D'anciennes  expériences  sur  les  saveurs  de  plusieurs  acides  organiques 
ont  été  répétées,  et  j'ai  pu  constater  la  modification  que  ces  acides  reçoivent 


f  265  ) 
dans  leur  manière  d'agir  sur  le  goût  de  leur  union  avec  une  matière  orga- 
nique neutre  qui  neutralise  ou  atténue  quelques-unes  de  leurs  propriétés 
organoleptiques,  notamment  la  saveur,  sans  pourtant  neutraliser  leur  pou- 
voir de  saturer  les  bases  salifiables. 

»  J'ai  constaté  que  Vastriclion  ou  la  stjpticilé,  conformément  à  ma  ma- 
nière de  penser  déjà  ancienne,  n'est  point  à  proprement  parler  une  saveur, 
parce  qu'il  est  possible,  en  mettant  dans  la  bouche  une  matière  astringente 
douée  en  même  temps  d'une  saveur  sucrée  ou  amère,  de  ne  percevoir  que 
la  sensation  de  Vastriclion  ou  de  la  stypticité  sans  aucune  sensation  de  sucré 
ou  d'amer. 

M  La  saveur  sucrée,  la  saveur  amère  ....  existent  certainement. 

»  La  difficulé  réelle  de  mes  recherches  actuelles  concerne  les  goûts  ou 
odeurs  dites  métalliques.  Si  les  expériences  que  j'ai  tentées  ne  me  donnent 
])as  bientôt  un  résultat  satisfaisant,  je  me  déciderai  à  les  ajourner  et  à  pu- 
blier mes  recherches  sur  les  saveurs.  Enfin  j'espère  être  bientôt  en  mesure 
de  donner  plus  de  précision  à  quelques  considérations  générales  relatives 
aux  sens  de  l'ouïe,  de  la  vue,  de  l'odorat  et  du  goût.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Emploi  du  perchlorure  de  fer  dans  le  traitement  des 
plaies  dites  purulentes  ;  par  M.  A.  Terreil. 

(  Commissaires  nommés  pour  les  précédentes  communications  sur  les 
mélanges  désinfectants  :  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

«  Au  moment  où  l'attention  des  savants  est  fixée  sur  l'action  désinfec- 
tante que  le  mélange  de  plâtre  et  de  goudron  de  houille  de  MM.  Corne  et 
Demeaux  exerce  sur  les  matières  organiques  animales  en  putréfaction,  j'ai 
l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  par  quelques  observations  relatives 
au  même  phénomène,  l'action  que  le  perchlorure  de  fer  exerce  sur  les 
liquides  de  l'économie  animale  en  général,  et  en  particulier  sur  les  liquides 
albumineux  purulents  qui  s'écoulent  des  plaies  de  mauvaise  nature. 

»  Le  perchlorure  de  fer,  en  dissolution  bien  neutre  et  très-concentrée,  a 
la  propriété  non-seulement  de  coaguler  les  liquides  albumineux  quelle 
qu'en  soit  la  nature,  mais  encore  d'en  arrêter  la  putréfaction  et  même  d'en 
opérer  la  désinfection  lorsqu'ils  répandent  une  mauvaise  odeur.  De  l'albu- 
mine de  l'œuf,  du  sang  et  d'autres  liquides  albumineux  ont  été  conservés 
pendant  plusieurs  mois,  sans  donner  trace  de  décomposition,  après  avoir  été 
coagulés  de  cette  manière. 

C.  R.,  i859,  2'""  Semestre.  (T.  XLIX,  K»  7.)  35 


(  266  ) 

»  Il  est  facile  d'expliquer,  dans  ce  cas,  la  manière  d'agir  du  perchlorure 
de  fer,  puisqu'on  sait  que  ce  composé  contracte  une  combinaison  avec  l'al- 
bumine; combinaison  imputrescible  dans  laquelle  l'albumine  est  modifiée 
par  du  chlore  que  lui  cède  le  perchlorure  de  fer  qui  passe  à  l'état  de  pro- 
tochlorure comme  l'indiquent  les  réactifs. 

»  Le  coagulum  produit  par  le  perchlorure  de  fer,  dans  les  liquides  albu- 
mineux,  est  soluble  dans  un  excès  de  perchlorure  de  fer  lorsque  celui-ci 
est  peu  concentré  :  un  excès  du  liquide  albumineux  le  redissout  égale- 
ment; il  est  très-soluble  dans  une  eau  légèrement  ammoniacale;  enfin, 
soumis  à  l'action  des  acides  minéraux  concentrés,  il  se  divise  en  grumeaux 
noirâtres  qui  n'ont  plus  d'adhérence  et  qui  dégagent  une  odeur  particu- 
lière. 

»  Je  dirai  en  terminant  que  l'emploi  du  perchlorure  de  fer  dans  les 
hôpitaux,  quoique  bien  généralisé  aujourd'hui  comme  hémostatique,  n'a 
])as  rendu  encore  tous  les  services  qu'on  doit  attendre  de  ce  réactif, 
parce  que  le  perchlorure  de  fer  dont  on  fait  usage  dans  les  hôpitaux  est 
toujours  mélangé  à  une  grande  proportion  d'acide  libre,  qui,  tout  en 
détruisant  l'efficacité  du  perchlorure  de  fer,  apporte  son  action  corrosive 
sur  les  parties  organiques  mises  en  contact  avec  lui.  Je  crois  donc  impor- 
tant d'indiquer  ici  la  composition  d'une  dissolution  de  perchlorure  de  fer, 
que  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  de  Médecine,  et 
qui  présente  tous  les  avantages  qu'on  peut  tirer  du  perchlorure  de  fer  : 

Perchlorure  de  fer  anhydre  cristallisé 20  grammes  ou  i  partie, 

.  Eau  distillée 80  grammes  ou  4  parties. 

»  Cette  dissolution,  composée  comme  hémostatique,  employée  dans  cet 
état  déconcentration,  ou  étendue  de  son  volume  d'eau,  opère  la  coagulation 
et  la  désinfection  des  liquides  purulents  qui  s'écoulent  des  plaies  de  mau- 
vaise nature,  et  peut  être  la  guérison  de  celles-ci  serait-elle  la  consé- 
quence de  l'emploi  longtemps  soutenu  du  perchlorure  de  fer,  comme  je  le 
propose.   » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Des  phosphates  fossiles  employés  en  agriculture  ;  extrait 

d'une  Lettre  de  M.  Delanode. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cordier,  Berthier, 
Boussingault,  Payen,  de  Senarmont,  Passy.) 

«  ...  Ce  ne  sont  pas  les  phosphates  plus  ou  moins  ferriques,  mais  bien  les 


(  ^67  ) 
industriels  et  les  agriculteurs  français  qu'on   doit  accuser  d'impuissance 
pour  l'amendement  des  terres;  car  les  Anglais  nous  prouvent  expérimen- 
talement, depuis  une  quinzaine  d'années,  qu'on  peut  féconder  parfaitement 
les  sols  stériles  avec  ces  mêmes  phosphates  minéraux. 

»  Quant  à  l'efficacité  du  phosphate  ferrique  simple  pour  la  fertilisation 
du  sol,  loin  de  la  nier,  je  voudrais,  au  contraire,  la  proclamer;  car  j'ai 
trouvé,  comme  M.  Paul  Thenard,  l'acide  phosphorique  toujours  combiné 
au  fer  dans  les  bonnes  terres  arables.  Il  est,  du  reste,  parfaitement  superflu 
de  chercher  quels  agents  pourraient  vaincre  l'insolubilité  naturelle  du  phos- 
phate ferrique  pour  le  transmettre  aux  graines  des  céréales,  par  la  raison 
bien  simple  qu'il  n'y  arrive  jamais. 

»  C'est  le  phosphore,  et  non  le  fer,  qui  est  un  élément  indispensable  de 
l'organisme  des  semences  de  tous  les  êtres  vivants.  Aussi  est-ce  à  l'état  de 
phosphates  alcalins,  et  non  ferrique,  qu'on  le  retrouve  si  abondamment  dans 
les  cendres  de  toutes  les  semences  végétales  ou  animales  quelconques.  Il  est 
même  probable  qu'il  existe  comme  le  soufre  dans  les  plantes  et  les  animaux 
à  l'état,  non  d'acide,  mais  de  combinaison  organique.  Quoi  qu'il  en  soit, 
cette  décomposition  du  phosphate  de  fer  par  la  potasse  du  sol  n'offre  rien 
d'étonnant,  puisque  nous  voyons  dans  nos  laboratoires  la  potasse  et  la 
soude  en  dissolution  enlever  au  phosphate  ferrique  une  bonne  partie  de 
son  acide.  Le  fer,  comme  l'a  très-bien  dit  M.  Paul  Thenard,  joue  dans  le 
sol  le  rôle  d'agent  conservateur  de  l'acide  phosphorique,  qu'il  fixe  et  em- 
magasine à  l'état  de  phosphate  très-insoluble  :  tandis  que  la  potasse  et  autres 
agents  assimilateurs  l'enlèvent  et  le  livrent  aux  plantes  à  l'état  de  phosphate 
soluble,  au  fur  et  à  mesure  de  leurs  besoins. 

»  C'est  l'efficacité  et  l'abondance  de  ces  minéraux  qui,  employés  conve- 
nablement, peuvent  fertiliser,  quand  on  le  voudra  en  France  comme  en 
Angleterre,  d'immenses  étendues  de  sols  stériles  ou  épuisés.  Voilà  ce  qu'on 
ne  saurait  trop  répéter,  car  cela  touche  aux  questions  les  plus  vitales  de 
l'agronomie  et  même  de  l'économie  politique.   » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Note  sur  la  résolution  des  équations 
du  cinquième  degré;  par  M.  Emm.  Fergola,  de  Naples. 

«  On  sait,  dit  l'auteur,  qu'une  équation  quelconque  du  cinquième  degrè 
peut  se  réduire  à  la  forme  très-simple  x*  —  x  —  a  =  o  au  moyen  de  trans- 
formations qui  dépendent  de  radicaux  carrés  et  cubiques.  D'après  ce  théo- 
rème remarquable,  dû  au  géomètre  anglais  Jerrard,  le  problème  de  la  réso- 

35.. 


"■^ 


(  268  ) 
lution  générale  de  l'équation  du  cinquième  degré  se  réduit  à  celui  de  la 
résolution  de  la  transformée  qu'on  vient  de  rappeler  et  l'on  doit  à  M.  Her- 
niite  la  découverte  remarquable  des  fonnules  qui  expriment  les  racines  de 
cette  transformée  à  l'aide  de  fonctions  elliptiques.  En  cherchant  à  résoudre 
la  même  question  sous  un  point  de  vue  entièrement  différent,  et  par  des 
moyens  plus  élémentaires,  j'ai  pu  exprimer  les  racines  de  l'équation  de 
Jerrard  au  moyen  de  séries  qui  doivent  être  nécessairement  convergentes. 
La  déduction  de  ces  séries  est  l'objet  de  la  Note  que  j'ai  l'honneur  de  sou- 
mettre aujourd'hui  au  jugement  de  l'Académie.  » 

(Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  M.  Hermite.) 

OPTIQUE  MÉTÉOROLOGIQUE.  —  Loi  de  la  coloration  et  décoloration  des  images 
dilatées  des  étoiles  et  des  planètes  et  de  leurs  trous  centraux  dans  leur  ascen- 
sion et  déclinaison  de  l'horizon  au  zénith  et  vice  versa;  par  M.  Poey. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Faye,  Delaunay.) 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Expériences  concernant  Cemptoi  en  chirurgie  de  l'alcool  et 
des  composés  alcooliques  ;  par  MM.  Batailiié  et  Gcillet. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  J.  Cloquet.) 

M.  J.  Berthaux  soumet  aujugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Projet  d'un  aérostat  dirigeable  basé  sur  l'emploi,  comme  locomo- 
tive, d'un  aérostat  héliçdide.    » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  aérostats.) 

CORRESPONDANCE. 

GÉOGRAPHIE.  —  Envoi  de  cartes  dressées  par  le  Prince  rojal,  aujourd'hui  Roi 
de  Suède  et  deNorwége;  Lettre  de  M.  le  baron  Adelsward  à  M.  le  Secré- 
taire perpétuel. 

«  Le  Roi,  mon  auguste  souverain,  ayant  lui-même,  lorsqu'il  n'était  pas 
encore  monté  sur  le  trône,  dressé  des  cartes  indiquant  l'emplacement  et  la 
nature  diverse  des  bois  et  forêts,  des  mines  et  forges,  ainsi  que  de  la  con- 
figuration du  sol  en  Suède,  m'a  chargé  d'offrir  de  sa  part  l'exemplaire  ci- 
joint  à  l'Institut  impérial  de  France.  En  m'acquittant  de  cette  agréable  com- 


(^69) 
mission,  je  crois  devoir  faire  observer  que  le  nombre'  imprimé  de  ces  cartes 
est  fort  restreint.  » 

M.  LE  SECRÉTAIRE  perpétdel  met  sons  les  yeux  de  l'Académie  deux  vo- 
lumes accompagnés  d'un  Atlas,  adressés  par  Sir  W.  Logan,  directeur  de  la 
Commission  géologique  du  Canada,  Rapports  sur  les  travaux  exécutés  par 
la  Commission  de  i853à  1 856  et  pendant  l'année  1857. 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  est  invité  à  prendre  connaissance  de 
cette  importante  publication  et  à  la  faire  connaître  à  l'Académie  par  un 
Rapport  verbal. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  donne  communication  d'une  Lettre  de  M.  le 
Secrétaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Prusse,  accompagnant  l'en- 
voi de  plusieurs  nouveaux  volumes  des  Mémoires. de  cette  Académie  et  de 
ses  comptes  rendus  pour  l'année  1 858. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  communique  également  deux  Lettres  de 
M.  le  Secrétaire  de  l^'Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière,  en  date  du 
i5  mai  et  du  12  juillet  1859,  accompagnant  divers  volumes  publiés  par 
l'Académie  ou  sous  ses  auspices.  (Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

M.  J.  Cloquet  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  ÏVatson,  de  Stockton- 
on-Tees,  deux  cartes  des  chemins  de  fer  qui  mettent  en  communication 
directe  les-  houillères  du  comté  de  Durham  avec  les  riches  gisements  de 
mines  de  fer  trouvés  dernièrement  dans  le  Yorkshire  et  qui  sont  actuelle- 
ment en  pleine  exploitation.  M.  Cloquet  présente  à  l'Académie  des  échan- 
tillons de  la  mine  d'Eton  qu'il  a  visitée  il  y  a  peu  de  jours;  parmi  ces 
échantillons  se  trouvent  des  coquilles  et  des  bois  pétrifiés  et  convertis  en 
minerai  de  fer. 

(Renvoyées  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  pour  un  Rapport  verbal.) 

M.  FoRGET,  professeur  de  clinique  médicale  à  la  Faculté  de  Stras- 
bourg, prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le  nombre 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de  Correspondant  de  la  Sec- 
tion de  Médecine  et  de  Chirurgie.  Il  rappelle  qu'il  a  eu  déjà  l'honneur, 
dans  une  précédente  élection  (26  février  i856),  de  voir  son  nom  placé  sur  la 
liste  et  qu'à  cette  époque  il  avait  adressé  une  liste  complète  de  ses  travaux; 


(  270  ) 

aujourd'hui  il  se  contente  de  mentionner  ceux  qui  lui  semblent  les  princi- 
paux titres  à  la  distinction  qu'il  sollicite. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Note  sur  te  changement  de  la  variable  indépen- 
dante; par  M.  Simon  Spitzer.   (Suite.) 

«   L'équation  qui  suit  offre  un  autre  exemple  tout  aussi  remarquable   et 
qui  renferme  le  précédent  comme  cas  spécial  : 

A„  (a  +  bx)"'^  +  A„_.  [a  +  ba:)-'  ^  [^,7,] 

qu'on  peut  écrire  ainsi 

r- 

(«) 

p- 

et  dans  laquelle  a,  b,  a,,  b,  sont  des  nombres  constants.  Soit 

J=(<ï, +^,jî)"-'z, 

on  trouve 

p  —  " 


^^"i  d"-P   r  y         "t 


SJA„_,(«  +  *:c)"-^[(«.-+-^x)"-^-'^]j  =  o, 

p  =  o 

et  en  multipliant  par  «,  4-  b,x,  on  peut  écrire 


p= 


Cette  équation  peut  être  simplifiée  en  introduisant  une  nouvelle  variable 
indépendante 

a  -r-  br 

K  =  1 ' 


(  271  ) 


car  on  a 


et,  par  conséquent,  l'équation  (a)  se  transformera  en 

S[A„_,(a.i_a^)'-r-l!Z^l  =  o, 

p  =  o  -• 

dont  l'intégration  est  facile  quand  A„_p  est  constant.  Dans  le  cas  spécial  où 

a,  6  —  ab,  =  0, 

l'analyse  doit  être  changée,  car  alors  la  fraction  ^jLÈf.  est  constante,  et 
si  l'on  désigne  sa  valeur  par  a,  on  trouve  au  lieu  de  l'équation  (2) 


p="l 


l 


p  =  o'  \ 

Quand  on  pose 


1= V-' 

«1  +  6,0: 


et  qu'on  se  rappelle  que 


('^'^^•^)""'"'^C(«'-^*<^r-'^j  =  ^'-^:, 


on  arrive  à  l'équation 


p  =  nl 


p=o[  "         J 

dans  laquelle,  quand  A„_^  est  constant,  tous  les  coefficients  sont  constants 
et  dont  l'intégration  est  facile. 

»  Si  les  coefficients  A„_p  n'étaient  pas  constants,  mais  de  la  forme 


an-p  +  b„. 


.pX, 


ou  rt„_p  et  b„-p  sont  constants,  on  pourrait  arriver  par  la  même   voie  à 


■"-iî 


(  27a  ) 

des  équations  de  la  forme 

+  (a,  -+-  /3, ?}?  ^  +  («0  +  i3ol)z  =  o, 

\.  +(a,+p,?)^  +  (ao  +  PoS)z  =  o, 

où  a  et  ]S  sont  des  nombres  constants. 

»  Je  vais  maintenant  prouver  les  quatre  formules  suivantes  : 


(3) 


df  ^ 


=  a''  t/^ 

df 

dans 

lesquelles 

(B) 


-+:^)      ^/    ,     ■•,■    ,A  ['  (D) 


ael  b  désignant  des  nombres  constants.  Dans  le  cas  spécial,  où 

rt  =  è  =  o, 

ces  formules  ont  été  données  et  prouvées  pour  chaque  valeur  de  fi  par 
M.  Liouville.  J'établirai  l'exactitude  des  formules  (3)  en  supposant  que 
les  indices  de  différentiation  qui  y  paraissent  sont  des  nombres  entiers,  et 
je  choisis  pour  cela  la  méthode  d'induction.  Quand  on  différentie  les  quatre 


(  ^73  ) 
équations  par  rapport  k  x  et  qu'on  observe  que 


d^  I 


Ax        2  Ç  +  a 


,y/^+- 


•  4* 


on   trouve,  en    multipliant  par  2  i/jr  +  —     ^ 


4 


(4) 


rfS 


/«+I 


=  2''+'(x  +  "—    4* 


4 


«' — 4*\  "  '^V 


-1  /f  "1 


(-"-v^r^ 


de-^'~        \  4     J^EIM 

^»  L 


/i-t 


'       'J^li/^H-''^-^* 


4 


46 


/'-(-i  £ 


j',_46\      2         ^2 


rf^»\v/"^~ 


-46 


4 


'] 


»  La  deuxième  et  la  troisième  de  ces  dernières  équations  peuvent  être 
simplifiées,  car  on  a 

C.  R.,  1859,  a""  SemeK/e.  (T.  XLIX    N»  7.)  36 


(  274  ) 
ce  qui  donne,  à  la  place  de  ces  deux  équations,  les  suivantes  : 


] 


-(fi  +  1)2 


d^ 


+1 


-^  =  2''+' 


rfï'^ 


rfx 


/x+3i  \  4    y         £^ 


-(fi+  2)2'' 


»  Celles-ci  peuvent  s'écrire 


dl 


■  dx-^\      L  ''•^'' J 


4 


2     jâ, 


„>_4è\     2     rfV 


./JT^ 


dx 


et  donnent,  en  les  réduisant, 


f/r 


/t+i 


dz^  L  '^•^'    J 


(  275  ) 

On  obtient  donc  par  la  différentialion  des  équations  (3)  par  rapport  à  x  les 
formules  suivantes  : 


(4) 


ci'- 


qui,  comme  on  voit,  sont  de  la  même  forme,  mais  non  dans  le  même  ordre 
que  les  équations  (3)  desquelles  on  est  parti. 

»  Quand  on  différentie  par  rapport  à  x  ces  dernières  équations,  on  par- 
vient aisément  aux  équations  suivantes  : 


^^. 


df-^' 


dx   '^      \_  f/^    2    J 

dx^    L  rfx^^  J 


j»H-a 


-  +1 


d y  _     ^^-2  rf" 


(--^^')  ^57.(7:^.)] 


'36, 


(  a76  ) 
qui  ne  se  distinguent  des  équations  (3)  qu'en  ce  que  à  la  place  de  pi,  il 
y  a  fji,  +  2.  Alors  les  équations  (A)  et  (C)  sont  exactes  pour  fi  =  i;  donc 
elles  le  sont  aussi  pour  toutes  les  valeurs  impaires  de  pt,.  De  même  les  équa- 
tions (B)  et  (D)  sont  exactes  pour  fA  =  o;  donc  elles  le  sont  aussi  pour  toutes 
les  valeurs  paires  de  fjL.  Il  est  donc  prouvé  que  les  équations  (3)  sont  exactes 
pour  toules  les  valeurs  de  pi  auxquelles  correspondent  des  nombres  entiers 
pour  les  indices  de  différentiation.  « 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Examen  chimique  de  lajraise,  et  analyse  comparée  de 
ses  diverses  espèces  ;  par  M.  H.  Buivnet. 

«  Les  espèces  de  fraises  sur  lesquelles  a  porté  l'examen  chimique,  sont  : 
la  fraise  des  bois  [Fragaria  vesca),  L.;  la  fraise  des  Alpes  {Fragaria  vesca 
semper  Jlorens);  la  fraise  deBargemon  [Fragaria  bifera),  Duchesne;  la  fraise 
CoUina  [  Fragaria  Coltina),  Ehrliardt  ;  la  fraise  Caperon  [Fragaria  etatior), 
Ehrhardt;  la  fraise  de  Virginie  [Fragaria  Virginiana),  Duchesne;  la  fraise 
du  Chili  (  Fragaria  Chiloensis),  Linné.  J'ai  examiné  en  outre  les  variétés  de 
fraises  comestibles  qui  n'appartiennent  pas  à  des  espèces  botaniques  défi- 
nies, mais  qui  proviennent  d'espèces  douteuses  ou  du  croisement  des  es- 
pèces précédentes.  De  ce  nombre  sont  les  fraises  Princesse  Royale  et  Elton, 
qui  sont  si  abondamment  répandues  sur  le  marché  de  Paris. 

»  Les  méthodes  d'analyse  auxquelles  toutes  ces  fraises  ont  été  soumises 
ont  eu  pour  objet  les  déterminations  suivantes  :  i°  proportion  d'eau;  2°  na- 
ture et  proportion  de  l'acide  libre;  3°  nature  et  proportion  des  sucres; 
4"  nature  et  proportion  de  la  matière  grasse  ;  5°  proportion  de  la  matière 
azotée  dans  la  partie  soluble  et  dans  la  partie  insoluble  des  fraises;  6°  pro- 
portion du  marc  ou  partie  insoluble  des  fraises,  et  proportion  du  paren- 
chyme non  azoté;  7°  essais  sur  la  recherche  des  principes  divers,  tels  que  la 
pectine,  le  principe  odorant,  le  principe  colorant;  8°  nature  et  proportion 
de  matière  minérale,  tant  dans  la  fraise  entière  que  dans  le  marc. 

))  Le  défaut  d'espace  ne  me  permettant  pas  de  relater  ici  tous  les  résultats 
généraux  auxquels  je  suis  arrivé,  je  me  bornerai  à  citer  ceux  qui  se  rappor- 
tent à  l'acide  libre  et  aux  sucres. 

u  J'ai  constaté  que  l'acide  qui  existe  à  l'état  de  liberté  dans  la  fraise,  est 
de  l'acide  malique.  Sa  proportion  varie,  suivant  les  espèces,  depuis  o,5o 
jusqu'à  1  pour  100  du  poids  des  fraises.  L'acidité  moyenne  est  donc 
moindre  que  dans  la  framboise  (i,5o  pour  100)  et  dans  la  mûre  (1,90 
pour  100).  Elle  est  comprise  dans  l'ordre  de  grandeur  de  l'acidité  de  la 


(  277  ) 
pomme  (0,75  pour  100);  de  la  cerise  douce  (0,60  pour  100),  delà  pèche 
(0,70  pour  100),  du  raisin,  de  la  prune,  de  l'abricol  (1,10  pour  100),  tel 
qu'il  a  été  déterminé  par  Frésénius.  La  poire  seule  est  douée  d'une  acidité 
beaucoup  moindre. 

»  Quant  aux  sucres  que  l'on  rencontre  dans  la  fraise,  en  combinant  en- 
semble lesindications  fournies  par  la  fermentation,  par  la  liqueur  de  Fehling, 
et  par  l'action  sur  la  lumière  polarisée,  je  suis  arrivé  à  conclure  qu'ils  sont 
constitués  par  un  mélange  de  sucre  de  canne,  de  sucre  de  raisin  et  de  sucre 
iévogyre,  ces  deux  derniers  sucres  se  trouvant  dans  les  proportions  nor- 
males du  sucre  de  canne  interverti.  La  présence  du  sucre  de  canne  dans  un 
fruit  acide  est  très-digne  de  remarque  :  d'après  des  essais  que  j'ai  faits,  j'ai 
reconnu  qu'elle  n'est  pas  spéciale  à  la  fraise,  mais  qu'elle  peut  être  constatée 
dans  divers  autres  fruits  acides. 

»  La  proportion  moyenne  du  sucre  total  varie  depuis  6  jusqu'à  i  2  pour  100 
du  poids  des  fraises.  En  la  rapportant  au  poids  des  matériaux  solubles,  on 
arrive  à  cette  remarque  importante,  que  les  fraises  sont,  de  tous  les  fruits 
jusqu'ici  analysés,  ceux  dont  le  jus  est  le  plus  riche  en  sucre.  Le  raisin  seul 
rivalise  avec  elles  ;  et  encore  le  maximum  de  sucre  trouvé  dans  ce  cas  par 
Frésénius  ne  s'élève-t-il  qu'à  84  pour  100  du  poids  des  matériaux  solubles, 
tandis  que  j'ai  trouvé  une  proportion  notablement  supérieure  pour  plusieurs 
des  variétés  de  fraises  analysées. 

»  En  rapprochant  les  résultats  fournis  par  l'observation  optique  de  ceux 
qui  ont  été  obtenus  par  l'analyse  des  jus  faite  immédiatement,  et  qui  m'a 
indiqué  inie  proportion  souvent,  considérable  de  sucre  de  canne;  en  ayant 
égard  à  la  disparition  rapide  de  ce  sucre  de  canne  sous  l'influence  des  sub- 
stances qui  l'accompagnent  dans  le  jus,  et  à  l'identité  du  sucre  final  avec 
le  sucre  interverti;  en  considérant  enfin  que  les  fraises  qui  renferment  le 
moins  d'eau  sont  celles  qui  renferment  le  plus  de  sucre  de  canne,  et  que 
les  fraises  les  plus  aqueuses  n'en  contiennent  pour  ainsi  dire  aucune  trace, 
alors  même  qu'elles  contiennent  aussi  peu  d'acide  libre  que  les  premières, 
je  me  suis  trouvé  conduit  à  expliquer  ces  faits  avec  quelque  probabilité  par 
les  hypothèses  suivantes  : 

»  1°.  I,.e  sucre  de  canne  qui  existe  dans  la  fraise  se  trouve  contenu  dans 
des  cellules  ou  vaisseaux  distincts  de  ceux  qui  contiennent  l'acide  malique. 
On  ne  concevrait  guère  en  effet  qu'il  put  coexister  en  présence  de  cet  acide, 
lorsqu'on  le  voit  s'intervertir  si  rapidement  dans  le  jus. 

»  a°.  Le  liquide  sucré  et  le  liquide  acide  se  mélangent  peu  à  peu  sous  l'in- 


(.78) 
fluoiice  de  l'endosmose  avec  une  rapidité  d'autant  plus  grande  que  la  fraise 
est  plus  aqueuse;  d'où  résulte  que  le  changement  du  sucre  de  canne  pri- 
mitif en  sucre  interverti  est  en  raison  composée  de  l'acidité  du  jus  et  de  la 
vitesse  du  mélange. 

»  3°.  Le  sucre  de  canne  semble  être  le  véritable  sucre  primordial  de  la 
fraise,  c'est-à-dire  le  seul  qui  se  produise  originairement  dans  l'élaboration 
de  son  suc.  Les  autres  sucres  que  l'on  peut  y  trouver  en  même  temps  ré- 
sulteraient du  mélange  inévitable  qui  vient  d'être  indiqué. 

»  A  côté  de  ces  résultats  généraux,  j'en  ai  obtenu  d'autres  qui  appar- 
tiennent plus  spécialement  aux  diverses  espèces  de  fraises  et  qui  peuvent 
servir  à  les  différencier.  Je  ne  puis  rapporter  ici  le  tableau  complet  de  ces 
résultats,  mais  je  résumerai  en  quelques  mots  les  caractères  qu'ils  assignent 
aux  espèces  les  plus  ordinaires. 

»  Les  fraises  Princesse  Royale  et  Elton,  qui  sont  les  variétés  comestibles 
de  beaucoup  les  plus  répandues,  constituent  un  groupe  de  fraises  très- 
aqueuses,  très-acides  et  peu  sucrées.  Ce  sont  certainement  les  espèces  les 
moins  agréables. 

»  La  fraise  des  bois  et  la  fraise  des  Alpes  sont  caractérisées  par  la  grande 
quantité  de  graines  qui  recouvrent  leur  surface  et  qui  les  rend  très-riches 
en  matière  insoluble.  Elles  sont  d'ailleurs  beaucoup  plus  sucrées  que  les 
précédentes,  peu  aqueuses  et  moyennement  acides. 

»  Enfin  les  fraises  Caperon,  Collina  d'Ehrhard  et  Bargemon  constituent 
un  groupe  de  fraises  très-peu  aqueuses,  très-peu  acides  et  très-riches  en 
sucre.  On  remarque  surtout  qu'une  proportion  considérable  de  ce  sucre  se 
trouve  à  l'état  de  sucre  de  canne  (le  tiers  environ  pour  les  fraises  Bargemon 
et  Caperon ,  la  moitié  et  même  davantage  pour  la  fraise  Collina  d'Ehrhard). 
Ces  trois  espèces  sont  inconstestablement  les  meilleures. 

»  En  terminant,  je  dois  remercier  M.  Vilmorin  du  généreux  empresse- 
ment avec  lequel  il  m'a  offert  toutes  les  fraises  nécessaires  à  mes  expé- 
riences, et  M.  Berthelot,  de  l'obligeance  qu'il  a  mise  à  m'aider  de  ses  con- 
seils dans  le  choix  des  méthodes  d'analyse.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Résultai  d'observations  cT étoiles  filantes  obtenues  du  ^5  juillet 
.  au  i3  août  1859  (extrait  d'une  Note  de  M.  Coulvier-Gkavier). 

«  On  savait  que  la  présence  de  la  lune  devait  contrarier  les  observations 
des  g,  10,  II  aoijt-,  on  pouvait  néanmoins  espérer  observer  encore  durant 


(  279  ) 
ces  trois  nuits.  Il  n'en  a  pas  été  ainsi,  car  le  ciel,  excepté  le  lo,  pendant  trois 
quarts  d'heure,  a  été  entièrement  couvert.  Cependant  d'après  le  tableau 
que  je  donne  un  peu  plus  loin,  dont  les  résultats  ont  été  corrigés  de  la 
présence  des  nuages  et  de  la  lune,  et  ramenés  au  nombre  horaire  de  mj;iui7, 
par  un  ciel  serein ,  on  trace  une  courbe  parfaitement  régulière  en  prenant 
la  moyenne  de  3  en  3  observations,  jusqu'au  g  août;  puis,  en  se  servant  des 
nombres  obtenus  les  lo,  la  et  i3,  on  a,  suivant  moi,  les  résultats  de  ces 
derniers  jours,  comme  si  le  ciel  avait  été  parfaitement  clair. 


Durée 

Nombre 

Heures  moyennes 

Korabre 

Moyennes 

Ciel 

de 

des 

des 

horaire 

de 

Année. 

Mois. 

Dates. 

visible. 

l'Observation. 

Étoiles. 

Observations, 
h 
1 1  ,  l5 

à  minuit. 

3  en  3. 

.859- 

Juillet. 

25 

9.0 

h 

1 ,5o 

16 

11,2 

26 

5,0 

1 ,00 

6 

2,l5 

4,0 

6,5 

27 

9.0 

1 ,00 

4 

1 1  ,i5 

4,3 

28 

9.0 

1,25 

26 

I  ,52 

i5,4  ] 
.6,8 

7.7  ) 

3o 

9.0 

1 ,5o 

33 

.,45 

.3,3 

Août. 

,er 

3,0 

o,5o 

3 

12,45 

2 

9,0 

0,75 

24 

2,37 

'9'2    j 

3 

9,0 

3,5o 

28 

10,45 

.4,0 

l3,7 

5 

2,0 

o,5o 

2 

9>45 

8,0  ) 

** 

6 

8,0 

2,00 

39 

I3,3o 

>9»'  ] 

7 

8,0 

2,00 

43 

1 ,00 

16,2  1 

'94 

8 

4,0 

1 ,00 

'9 

12,45 

22,8  ) 

10 

Lune. 

0,75 

18 

10,07 

42,0 

, 

12 

Lune. 

1,75 

■4 

9,52 

23,5 

i3 

Lune. 

1 ,5o 

10 

10, i5 

'9.3 

»  D'après  les  moyennes  prises  de  3  en  3  observations,  on  trouve  que  le 
nombre  horaire  à  minuit  est  successivement  6,5  étoiles;  i3,3;  13,7;  19,4: 
puis  en  prenant  le  relevé  de  la  courbe,  on  trouve  pour  le  9  août  35  étoiles; 
pour  le  10,  4'^;  pour  le  11,  34;  et  pour  la  moyenne  générale  des  9,  10, 
II  août,  38,3;  pour  le  12,  23,5;  pour  le  i3,  19,3.  Ces  nombres  mon- 
trent bien  la  marche  ascendante  et  descendante  de  l'apparition  du  phé- 
nomène. 

»  L'année  dernière,  le  nombre  horaire  moyen  des  9,  10,  1 1  août,  a  été 
de  39,3  étoiles;  cette  année  nous  avons  38,3.  Il  en  résulte  que  le  maximum 
d'août  est  resté  à  peu  près  stationnaire;  on  ne  peut  donc  encore  prévoir 
s'il  reprendra  une  marche  ascendante,  ou  s'il  continuera  sa"  marche  décrois- 
sante.  » 


(  28o  ) 
M.  ScnwADEFEYER  phc  l'Académic  de  vouloir  bien  lui  fixer  un  jour  pour 
qu'il  puisse  faire  sous  ses  yeux  l'expérience  de  son  procédé  pour  préserver 
le  blé  de  l'attaque  du  charançon. 

Ce  n'est  point  devant  l'Académie  que  cette  expérience  devrait  être  faite, 
mais  devant  la  Commission  qui  a  été  chargée  de  s'en  occuper.  M.  Payen, 
Commissaire  désigné,  a  d'ailleurs  déjà  déclaré  qu'il  ne  pourrait  s'occuper 
de  ce  procédé  que  lorsque  l'auteur  l'aurait  fait  connaître  par  une  descrip- 
tion suffisamment  détaillée,  et  en  cas  que  le  procédé  diffère  de  celui  que 
M.  Schwadefeyer  avait  précédemment  indiqué  et  qui  a  été  jugé  insuffisant. 

On  le  fera  savoir  à  M.  Schwradefeyer. 

La  séance  est  levée  à  l\  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


BCLLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  8  août  iSSg  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Résumé  géodésique  des  positions  déterminées  en  Ethiopie;  par  Antoine 
d'Abbadie;  br.  in-8°. 

Français  de  Nantes.  Fie  morale.,  politique  et  littéraire.  Première  période; 
par  V.Bally.  Paris,  1859;  br.  in-8°. 

La  navigation  atmosphérique;  par  E.  Farcot.  Paris,  1869;  in- 12. 

Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  t.  XXXI.  Bruxelles,,  1859;  m-(\°. 

Mémoires  couronnés  et  Mémoires  des  Savants  étrangers,  publiés  par  l'Aca- 
démie royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique  ;  t.  XXIX, 
1856-1 858.  Bruxelles,  i858;  in-4°. 

Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires,  publiés  par  l'Académie  royale  des 
Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique;  t.  VIII.  Bruxelles,  1859; 
in-8°. 


!(    28l    ) 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  2*  série,  t.  IV  à  VI.  Bruxelles,  i858  et  iSSg;  in-8". 

Tables  générales  et  analytiques  du  recueil  des  Bulletins  de  r Académie  royale 
des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beciux-Arts  de  Belgique;  i'^  série,  t.  1  à  23 
(i832à  i856).  Bruxelles,  i856;  i  vol.  in-B". 

Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique.  Année  1859;  in-ia. 

Observations  des  phénomènes  périodiques  ;  br.  m-^°.  (Extrait  du  t.  XXXI 
des  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Belgique.) 

Annales  de  [Observatoire  rojal  de  Bruxelles,  publiées  aux  frais  de  l'Etat;  par 
le  directeur  A.  Quetelet;  t.  XIV.  Bruxelles,  iSSg;  in-4°. 

Annuaire  de  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles  ;  par  A.  Quetelet.  Année 
1859; io-i^. 

Sur  les  travaux  récents  des  géomètres  et  des  astronomes  relatifs  à  la  théorie  des 
mouvements  de  la  lune;  par  M.  le  professeur  Gautier  ;  br.  in-8°.  (Extrait  des 
Archives  des  Sciences  de  la  Bibliothèque  universelle,  juillet  1859. 

Compte  rendu  de  la  Société  impériale  géographique  de  Bussie  pour  l'année 
i858.  Saint-Pétersbourg,  1869;  t>r.  in-8°. 

Address. . . .  Discours  prononcé  à  l' assemblée  annuelle  de  la  Société  royale 
géographique  de  Londres  le  aS  mai  1 859  ;  par  le  président  sir  R.-I.  MuRCHiSON. 
Lodres,  1869;  in-8°. 

Annual  report.  .  .  .  Rapport  annuel  du  directeur  général  de  la  carte  géologique 
du  rojaume-Uni  (M.  R.-I.  MurCHISOn),  etc.,  etc.  ;  br.  in-S". 

Anwendung. .  .  .  Application  du  calcul  des  variations  aux  doubles  et  triples 
intégrales;  par  M.  le  D'  G.-W.  Strauch.  Vienne,  i858;in-4''. 

Actes  divers  de  l'Académie  d'Helsingfors,  publiés  en  i858  et  1859; 
28  br.  in-8°  et  in-4°. 


C.  R.,  1859,  a™»  Semestre.  (T.  XLIX,  N<>  7.) 


37 


(  282  ) 

L'Académie  à  reçu  dans  la  séance  du  16  août  1869  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Traité  général  pratique  des  eaux  minérales  de  la  France  et  de  [étranger;  par 
J.-E.  PÉTREQUiN  et  A.  SocQUET.  Lyon,  iSSg;  1  vol.  in-8°. 

A  tous  et  pour  tous  les  agriculteurs,  industriels,  commerçants,  travailleurs,  et 
des  abus  dont  ils  sont  frappés.  Du  travail,  son  influence  sur  le  présent  et  sur  l'ave- 
nir ;  par  C.  Ancellin,  ancien  directeur  de  filature.  Lille,  iSSg;  in-8". 

Notice  biographique  sur  J.-D.  Gergonne,  ancien  recteur  de  [  Académie  de 
Montpellier  ;  par  F.  BouiSSON,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine.  Mont- 
pellier, iSSg;  br.  iii-8°. 

Le  professeur  Bégin.  Notice  historique  lue  à  In  réunion  générale  de  la  Société 
(le  Médecine  de  Strasbourg  du  •]  juillet  iSSg;  /)arM.  F.-J.  Herrgott,  profes- 
seur agrégé  à  la  Faculté  de  Médecine.  Strasbourg,  i85g;  br.  in-S". 

Faculté  des  Sciences  de  Montpellier,  So"  anniversaire  de  la  nomination  de 
M.  Marcel  de  Serres  au  professorat;  ^  feuille  in-4°. 

Principes  de  musique  avec  l'échelle  zonoïde  et  linéaire  et  les  notes  nouvelles  ; 
/->flr  Jean-David  FONVIEILLE.  Nîmes,  iSSg;  in- 12. 

Géologie.  Etudes  nouvelles  sur  la  formation  de  la  terre;  par  M.  Carret, 
pharmacien  à  Chambéry.  ^  feuille  autograpliiée  in-S". 

Du  rouissage  du  lin,  du  chanvre,  de  l'ortie  de  Chine  et  autres  textiles,  rendu 
manufacturier  et  salubre,  Mode  français,  procédés  brevetés   de  Louis  Ter- 
WANGME,  à  Lille  (Nord);  |  feuille  in-8°. 
Carte  h/psographique  du  royaume  de  Suède. 

Carte  indiquant  la  position  et  la  nature  des  bois  et  forêts  de  la  Suède  par 
rapporta  leur  destination. 

Carte  des  mines,  hauts-fourneaux  et  forges  du  royaume  de  Suède . 
Ces  trois  Cartes  ont  été  dressées  par  S.  A.  R.  Charles-Louis-Eugène, 
prince  royal  de  Suède  et  de  Norwége. 

Sulla. .  .  Sur  la  vie  et  les  œuvres  d'Alexandre  de  Humboldt.  Discours  de 
Catherine  Scarpellini.  Rome,  iSSg  ;  |  feuille  in-4". 


% 


(  ^«3) 

Geological . .  .  Description  géologique  du  Canada  pour  tes  années  1 853- 1 85^ . 
Toronto,  185;  ;  a  vol.  in-8°  avec  atlas  in-fol°, 

A  paper...  Sur  un  système  uniforme  d'observations  météorologiques  sur 
tout  le  continent  américain;  par  le  major  R.  Lachlan.  Cincinnati,  1859; 
br.  in-8°. 

Cleveland-railway,  1869;  1  feuilles  grand  in-8°. 

Monumenta  seciilaria  :  publications  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de 
Bavière  pour  la  Jeté  du  100^  anniversaire  de  sa  fondation,  28  mars  1869.  Mu- 
nich, 1859;  in-4°. 

A.tlas  .  .  .  Atlas  pour  l'histoire  de  la  découverte  de  l' Amérique,  publié  d après 
les  originaux;  par  MM.  F.  RuNSTMANN,  Ch.  DE  Spruner  et  G. -M.  Thomas, 
accompagnant  les  Monumenta  secularia;  grand  in-fol. 

Rede . .  .  Discours  prononcé  à  l'occasion  du  1 00^  anniversaire  de  la  fondation 
de  l'Académie  de  Munich,  le  28  mars  i85ç);parM.  G.-L.  DE  Maurer.  Munich, 
1859;  br.  in-4°. 

Magnetische .  .  .  Recherches  magnétiques  dans  l'Allemagne  septentrionale, 
la  Belgique,  ta  Hollande  et  te  Danemarck ,  par  M.  le  D'  J.  Lamont.  Munich, 
i858;  in-4°. 

Erinnerung.  ..  Eloges  des  membres  delà  classe  des  Sciences  physiques  et 
mathématiques,  prononcés  te  29  mars  1859  par  le  D'  Martius.  Munich, 
3809;  in-4°. 

Almanach...  Almanach  de  t^ Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière  pour 
l'année  1809;  ifi-iS. 

Uebersicht .  .  .  Aperçu  des  résultats  des  observations  atmosphériques  recueil- 
lies à  l'Institut  météorologique  de  Berlin,  pour  l'année  i855;  in-4''. 

Uebersicht . .  .  Tableau  de  la  température  de  l' Allemagne  septentrionale 
d'après  tes  observations  de  l'Institut  météorologique  de  Berlin,  pour  les  années 
1 856-1 858  ;  in-4». 

Magnetische...  Observations  magnétiques  et  météorologiques  de  Prague; 
année  i858.  Prague,  1859;  in-4'*. 

Untersuchungen .  .  .   Recherches   d'Instoire    naturelle  de   l'homme  et   des 


(  284  ) 
animaux;  par[U.    J.  MOLESCHOTT;  V«  vol.,    2«  et  3«  cahiers;  VI*  vol., 
i"  cahier;  3'  livr.  in-S". 

Bericht...  Rapport  sur  la  première  assemblée  des  Ingénieurs  des  Mines  à 
Vienne,  du  lo  au  iB  mai  i858.  Vienne,  iBSg;  in -8°. 

Jahrbuch.  . .  Compte  rendu  annuel  de  t établissement  géologique  de  Vienne, 
année  i858;  n°4;in-8<'. 


■-»<»»< 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉmE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  AOUT  1859 

PRÉSIDENCE  DE  M.  CHASLES. 


^lÊMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Nouvelles  observations  recueillies  dans  les  hôpitaux  de  Milan 
sur  l'utile  emploi  du  mélange  désinfectant  de  MM.  Corne  et  Demeaux;  Lettre 
de  M.  le  Maréchal  Vaiixant  à  M.  le  Président  de  l'Académie. 

«  Quartier  général  de  Milan,  le  i6  août  1859. 

I)  .Te  vous  ai  demandé  la  permission  de  vous  tenir  au  courant  des  expé- 
riences tentées  sur  les  blessés  autrichiens  restés  à  Milan,  à  l'aide  du  topique 
Corne-Demeaux.  Voici  ce  que  m'écrit,  en  date  du  i6  courant,  M.  le  doc- 
teur Cuveiller,  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  envoyer  un  premier  Rajiport 
le  3  de  ce  mois. 

«   Monsieur  le  Maréchal, 

»  D'après  vos  ordres,  et  conformément  aux  instructions  laissées  par  M.  le 
)>  baron  Larrey,  la  poudre  de  coal-tar  a  été  employée  dans  les  hôpitaux  de 
»  Milan,  où  se  trouvaient  des  blessés  atteints  de  plaies  frappées  de  gangrène 
»  et  de  pourriture  d'hôpital.  Les  premières  applications  du  topique,  soit  en 
))  poudre,  .soit  en  pommade,  ont  commencé  le  i"  août  :  les  résultats  immé- 

C.  R.,  iSâOia"»*  Semestre.  (T.  XLIX,    N"  8.)  38 


(  a86  ) 
»  diats  ont  été  très-favorables,  et  les  propriétés  désinfectantes  du  topique 
»  ont  été  constatées  sur  plus  de  vingt  blessés  traités  par  plusieurs  médecins. 
»  Il  a  été  en  outre  constaté  que,  sous  l'influence  de  cette  préparation  et  d'un 
»  bon  régime,  les  plaies,  d'abord  désinfectées,  se  sont  ensuite  modifiées,  et 
»  que  l'aspect  de  la  plupart  d'entre  elles  s'est  amélioré  en  peu  de  jours. 
»  L'on  n'a  dû  cesser  de  faire  usage  du  topique  désinfectant  que  lorsque  les 
»  plaies,  ramenées  dans  des  conditions  normales,  ont  pu  ressentir  l'action 
»  des  médicaments  ordinairement  employés  pour  favoriser  la  marche  de  la 
»  cicatrisation. 

»  Vingt  observations  recueillies  dans  lès  hôpitaux  de  Milan  mettent  ces 
»  conclusions  hors  de  doute.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  De  la  présence  de  i acide  butyrique  dans  plusieurs  sub- 
stances oh  l'on  n'avait  pas  encore  signalé  son  existence,  et  notamment  dans  les 
terres,  dans  les  eaux  de  mares  et  dans  le  jus  de  fumier;  par  M.  Isidore  Pierre. 
(  Présentée  par  M.  Chevreul.  ) 

a  Depuis  l'époque  où  M.  Chevreul  publia  .les  résultats  de  ses  belles  re- 
cherches sur  les  corps  gras,  l'acide  butyrique  avait  peu  fixé  l'attention  des 
chimistes  jusqu'au  moment  où,  dans  un  travail  remarquable,  MM.  Pelouze 
et  Gélis  ont  montré  que  l'acide  butyrique  peut  se  former  en  abondance  aux 
dépens  du  sucre  en  présence  de  matières  organiques  en  putréfaction.  Vers 
la  même  époque,  le  prince  Charles  Bonaparte  constatait  la  présence  de  ces 
mêmes  acides  dans  les  eaux  des  tanneries.  Chargé,  il  y  a  quatre  ans,  de 
l'examen  d'un  cidre  gâté  qui  avait  occasionné  d'assez  graves  désordres  dans 
la  santé  des  personnes  qui  en  faisaient  usage,  j'ai  pu  facilement  y  constater 
la  présence  d'une  proportion  très-notable  d'acide  butyrique,  et  c'était  la  seule 
substance  à  laquelle  il  fût  rationnel  d'attribuer  les  accidents  qu'on  avait  ob- 
servés chez  les  consommateurs.  Depuis  cette  époque,  j'ai  été  à  même  de  con- 
stater de  nouveau  cette  production  d'acide  butyrique  dans  le  cidre,  et  j'ai 
vu  jeter  sur  la  voie  publique  des  lies  de  cidre  rendues  tellement  infectes  par 
la  présence  de  cet  acide,  qu'elles  auraient  pu  facilement  servir  à  une  abon- 
dante préparation  de  ce  désagréable  produit,  dont  l'odeur  poursuit  pendant 
si  longtemps  ceux  qui  l'ont  manié.  On  retrouve  encore  bien  souvent  l'acide 
butyrique  dans  le  sol  des  celliers  à  cidre,  surtout  dans  la  terre  située  au- 
dessous  des  canelles,  et  qui  absorbe  les  égouttures  qui  tombent  chaque  fois 
que  l'on  va  faire  sa  provision  aux  gigantesques  tonneaux  de  notre  basse 
Normandie.  Enfin  j'avais  encore  constaté,  il  y  a  six  à  sept  ans,  la  présence 
de  l'acide  butyrique  dans  les  eaux  provenant  du  lessivage  de  deux  échantilr 


(  ^87  ) 
Ions  de  terre  qui  n'avaient  pas  reçu  d'engrais  depuis  au  moins  quatre  ans  :  le 
premier  de  ces  deux  échantillons  avait  été  pris  dans  la  couche  du  champ 
comprise  entre  la  surface  et  une  profondeur  de  20  centimètres,  à  huit  places 
différentes;  le  second  échantillon,  aux  mêmes  stations,  mais  à  une  pro- 
fondeur plus  grande,  comprise  entre  20  et  4o  centimètres.  J'avais  été  obligé 
d'ajourner,  faute  de  temps,  les  recherches  plus  étendues  que  je  me  propo- 
sais d'entreprendre  sur  ce  sujet.  Dans  le  courant  de  mars  i  SSg,  M.  Coillieux, 
médecin  vétérinaire  distingué  de  notre  ville,  appela  d'une  manière  toute 
particuHère  l'attention  de  la  Société  d'Agriculture  de  Caen  sur  les  accidents 
graves  qui  s'étaient  manifestés  chez  un  cultivateur  des  environs  à  la  suite 
de  l'usage  d'eaux  malsaines  :  un  assez  grand  nombre  de  chevaux  avaient 
été  sérieusement  malades,  et  deux  d'entre  eux  avaient  succombé.  Ij'auteur 
de  cette  communication  ajoutait  qu'il  lui  était  impossible  de  reconnaître 
d'autre  cause  de  ces  accidents  que  l'emploi,  pour  abreuver  ces  animaux, 
de  l'eau  de  la  mare  située  dans  la  cour  de  la  ferme,  et  il  rappelait  à  cette 
occasion  des  accidenls  analogues  qu'il  avait  été  à  même  d'observer  dans  sa 
longue  pratique.  L'analyse  des  eaux  de  cette  mare  m'y  fit  reconnaître  faci- 
lement  la  présence  d'une  assez  forte  proportion  d'acide  butyrique  à  l'état 
salin  :  la  constatation  fut  d'autant  plus  facile,  que  j'avais  cru  devoir  opérer 
sur  I  hectolitre  d'eau,  et  que  j'ai  pu  retirer  une  quantité  notable  d'acide 
en  n'opérant  que  sur  2  décilitres  d'eau.  Je  me  suis  d'abord  demandé  d'où 
pouvait  provenir  cet  acide  butyrique  ;  mais  une  information  plus  complète 
m'apprit  bientôt  que  l'on  avait  jeté  sur  le  fumier,  à  peu  de  distance  de  la 
mare  qui  servait  d'abreuvoir,  une  quantité  considérable  de  betteraves 
gelées,  qui  avaient  dû,  sous  l'influence  des  pluies,  fournir  à  la  mare  une 
partie  de  leurs  jus  altérés.  L'examen  du  jus  pressé  de  quelques-unes  de  ces 
betteraves  y  a  fait  également  réconnaître  la  présence  de  l'acide  butyrique. 
Les  jus  de  fumier  qui  coulaient  dans  la  mare  contenaient  donc  les  éléments 
de  la  production  de  cet  acide,  du  sucre  et  des  matières  en  voie  de  décom- 
position avancée  susceptibles  de  jouer  le  rôle  de  ferment  butyrique,  et  cet 
acide  a  pu  ainsi  se  former  en  proportion  notable. 

»  L'examen  de  l'eau  de  cette  mare  ne  m'y  a  fait  d'ailleurs  constater  la 
présence  d'aucune  autre  substance  assez  malfaisante  pour  qu'il  fût  permis 
de  leur  attribuer  la  cause  des  accidents  qui  m'avaient  été  signalés.  J'ai  été  à 
même  de  constater  depuis,  dans  toutes  les  eaux  brunes  des  matées  de  cows  de 
ferme  que  j'ai  examinées,  la  présence  de  l'acide  butyrique,  et  elles  en  ren- 
fermaient en  proportion  d'autant  plus  forte,  que  les  purins  y  avaient  un 
plus  facile  accès.  Les  purins  eux-mêmes  en  contiennent  souvent  une  assez 

38.. 


(  288  ) 
forte  proportion,  et  cela  sans  qu'aucune  addition  apparente  de  matière 
sucrée  soit  venue  en  favoriser  la  production, 

»  Le  fait  de  l'existence  de  cet  acide  une  fois  constaté,  sa  production  peut 
aisément  s'expliquer.  En  effet,  on  a  trouvé  des  matières  sucrées  dans  presque 
tous  les  végétaux,  dans  les  pailles  des  céréales  et  dans  les  fourrages  con- 
sommés dans  les  fermes.  Une  partie  de  ces  matières  sucrées  des  fourrages 
échappe  à  l'assimilation  et  est  restituée  par  les  déjections  du  bétail;  il  doit 
donc  s'en  trouver  en  proportions  notables  dans  les  fumiers,  et  les  expé- 
riences de  MM,  Verdeil  et  Risler  en  ont  constaté  la  présence  jusque  dans  les 
terres  de  l'Institut  agronomique  de  Versailles.  Ces  matières  sucrées,  trouvant 
dans  les  engrais  du  sol  et  dans  les  fumiers  le  ferment  convenable,  peuvent 
être  transformées  plus  ou  moins  complètement  en  acide  butyrique. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  l'explication,  le  fait  est  constant,  I'acide  buty- 
rique a  été  trouvé  dans  des  cidres,  dans  des  mares  servant  d'abreuvoir,  dans  les 
purins  ou  jus  de  fumiers,  dans  des  terres  en  culture.  Il  est  probable  que  des 
recherches  ultérieures  plus  nombreuses  et  plus  variées  viendront  montrer 
que  la  production  de  cet  acide  a  lieu  plus  souvent  qu'on  ne  le  pense  dans 
les  fermentations  mal  soignées  des  jus  sucrés  destinés  à  la  préparation  des 
boissons  alimentaires,   et  en  particulier  dans  la  préparation  des  cidres. 

»  C'e.st  ici  le  cas  de  rappeler,  pour  en  signaler  les  dangers,  une  pratique 
beaucoup  trop  répiindue  en  Normandie  dans  la  fabrication  des  cidres.  Pour 
faciliter  l'extraction  du  jus  de  la  pomme,  et  surtout  pour  préparer  l«s  cidres 
destinés  à  l'abondante  consommation  journalière  des  employés  de  la  ferme, 
on  ajoute  pendant  le  brassage  une  quantité  d'eau  plus  ou  moins  considéra- 
ble, suivant  le  degré  de  force  qu'on  se  propose  de  donner  à  la  boisson  qu'on 
veut  préparer;  or  on  a  longtemps  prétendu,  et  l'on  prétend  encore  dans 
beaucoup  de  pays  à  cidre,  que  les  eaux  de  mares  sont  préférables  pour  cet  usage 
aux  eaux  de  sources  claires  et  limpides.  On  peut  jusqu'à  un  certain  point 
comprendre  que  l'emploi  d'eaux  un  peu  brunes  puisse  donner  un  cidre 
plus  coloré  ;  mais  cette  pratique  n'est  pas  sans  danger  pour  la  conservation 
du  cidre  et  pour  la  santé  des  personnes  qui  doivent  le  consommer.  En  effet, 
nous  avons  en  présence  dans  cette  boisson  du  sucre  et  des  substances  en 
voie  de  putréfaction,  et,  pour  peu  que  la  température  favorise  la  réaction, 
il  peut  y  avoir  production  d'acide  butyrique,  c'est-à-dire  production  d'une 
substance  malsaine,  d'une  boisson  déte.stable  par  son  mauvais  goût,  et  dont 
l'usage  quotidien,  en  aussi  grande  abondance  qu'on  le  pratique  en  basse 
Normandie,  peut  occasionner  des  accidents  sérieux. 

»  Prochainement  j'espère  pouvoir  donner  quelques  détails  sur  la  mesure 


(  a89  ) 
de  l'insalubrité  des  boissons  qui  contiennent  de  l'acide  butyrique  libre  ou 
combiné  dans  des  proportions  déterminées,  et  j'espère  que  la  connaissance 
de  ces  faits  conduira  les  cultivateurs  à  prendre  à  l'avenir  plus  de  précautions 
en  vue  d'éviter  l'emploi  pour  leur  bétail  de  ces  eaux  réellement  malsaines, 
et  pour  eux  et  leurs  domestiques  de  ces  boissons  antihygiéniques.  » 

M.  Cl.  Benbard  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Virchow,  de  Berlin, 
une  Note  sur  le  Trichina  spiralis. 

MÉMOIRES  LUS 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Considérations  sur  la  formation  de  l'acide  nitrique  dans  le  sol; 
^arM.P.THENAHD.  (Ouverture  d'un  paquet  cacheté  déposé  legmai  iSSg.) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Boussingault.) 

a  Dans  le  dernier  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Aca- 
démie, j'ai  dit  que  sous  l'influence  de  l'oxygène  ozone,  du  carbonate  de  chaux 
et  de  l'eau,  le  fumate  de  chaux,  dont  une  des  propriétés  est  d'être  très-peu 
soluble,  se  transformerait  après  la  combustion  d'une  partie  de  son  carbone 
et  de  son  hydrogène  et  la  fixation  simultanée  d'une  certaine  quantité  d'oxy- 
gène, en  un  sel  de  chaux  très-soluble  et  toujours  du  genre  fumique. 

»  J'ai  dit  encore  que  j'avais  fait  cette  expérience  dans  l'espoir  d'arriver 
à  la  combustion  et  par  suite  à  l'élimination  complète  du  carbone  et  de 
l'hydrogène,  et  à  l'oxydation  également  complète  de  l'azote;  mais  que  mes 
espérances  avaient  été  trompées,  et  qu'au  lieu  de  l'acide  nitrique  sur  lequel 
je  comptais  en  dernière  analyse,  je  n'avais  obtenu  qu'un  acide  fumique  plus 
oxydé  et  qui  semblait  être  le  dernier  terme  de  l'action  de  l'ozone  sur  les 
fumâtes. 

m^ependant  quoique  l'expérience  eût  semblé  prononcer,  quoique  après 
un  très-long  traitement  et  une  certaine  déperdition  d'ozone  elle  ne  m'eût 
donné  qu'une  oxydation  de  l'acide  fumique,  qu'on  me  permettra  d'appe- 
ler momentanément,  et  pour  faciliter  le  langage,  acide  peifumique,  il  me 
restait  encore  des  doutes  sur  cette  impuissance  de  l'ozone,  je  m'outillai 
donc  mieux,  je  repris  le  travail,  et  cette  fois  je  réussis  :  après  vingt-cinq 
jours  d'une  action  continue,  aidé  de  vingt-cinq  grands  éléments  de  Bunsen 
fortement  chargés  (les  zincs  furent  renouvelés  trois  fois  et  ils  pesaient 
a, 5  kilogrammes  en  commençant)  et  agissant  sur  un  mélange  de  8  litres 
d'acide  sulfurique  saturé  d'acide  chromique,  je  finis  par  nitrifier  complète- 
ment 3  grammes  de  fumate  de  chaux  sec. 


(  ago  ) 

»  Le  but  était  donc  atteint  :  cependant  avant  d'obtenir  ce  résultat  et 
pendant  que  je  croyais  encore  à  l'impuissance  de  l'ozone,  guidé  d'ailleurs 
par  les  expériences  si  précises  de  M.  Boussingault,  qui  avait  démontré  que 
dans  une  terre  fumée,  dans  le  terreau  et  dans  certains  composts  il  se  forme 
spontanément  des  nitrates,  je  recherchai  si  par  une  autre  voie  que  celle  de 
l'ozone  on  ne  pouvait  pas  expHquer  cet  important  phénomène  :  c'est  au 
peroxyde  de  fer  dont  certains  sels  abondent  et  dont  la  plupart  contiennent 
des  proportions  importantes,  que  je  me  suis  adressé  comme  agent  de  nitri- 
fication,  comme  le  prouve  le  dépôt  cacheté  que  l'on  peut  consulter,  et  que 
j'ai  envoyé  à  l'Académie  dès  le  commencement  de  mai. 

»  Cette  fois  dès  la  première  expérience,  et  nombre  de  fois  depuis,  mes 
vues  se  sont  entièrement  vérifiées. 

»  En  effet,  quand  dans  un  ballon  de  a  litres  on  introduit  8  à  lo  gram- 
mes de  fumate  de  chaux  hydratée,  autant  de  carbonate  de  chaux,  4o  à 
5o  grammes  de  peroxyde  de  fer  et  i  |  litre  d'eau;  quand  on  entretient  pen- 
dant quinze  jours  le  tout  à  une  ébullition  très-modérée,  et  sans  permettre 
à  l'air  de  rentrer  dans  le  ballon,  on  obtient  : 

»  1°.  Une  transformation  du  fumate  de  chaux  insoluble  en  perfumate 
soluble  ; 

»   a".  Une  réduction  du  peroxyde  de  fer  en  protoxyde; 

»  3°.  Une  formation  d'acide  carbonique; 

»  4**'  Et  dans  les  derniers  jours  des  quantités  très-notables  d'acide  azo- 
tique. 

))  Maissi,  au  lieu  d'empêcher  l'air  de  rentrer  dans  le  ballon,  on  en  facilite 
l'accès  en  en  injectant  perpétuellement  au  milieu  du  liquide,  l'opération 
s'active  et  la  réduction  du  peroxyde  de  fer  est  bien  moins  complète. 

»  Après  avoir  reconnu  cette  action  spéciale  de  l'oxyde  de  fer  sur  des  pro- 
duits et  par  des  moyens  exclusivement  de  laboratoire,  j'ai  essayé  de  m^rap- 
procher  davantage  de  la  nature.  Dans  une  première  série  d'expériences  où  j'ai 
ajouté  du  fumate  de  chaux  à  une  terre  artificielle  et  humide,  composée  de 
grès  épuré,  de  carbonate  de  chaux  et  de  peroxyde  de  fer,  j'ai  reconnu,  au  bout 
de  trois  semaines  à  un  mois,  la  présence  d'importantes  quantités  d'acide 
azotique  :  mais  si  à  ce  mélange  on  ajoute  encore  de  l'argile  et  si  on  laisse 
intervenir  l'air  et  la  lumière  en  ayant  soin  d'humecter  de  temps  en  temps, 
l'opération  marche  plus  vite  encore,  mais  alors  on  ne  trouve  plus  de  pro- 
toxyde de  fer,  il  s'est  oxydé  aux  dépens  de  l'air  au  fur  et  à  mesure  de  sa  for- 
mation. 

»  Je  devrais  donner  ici  les  résultats  obtenus  dans  les  mêmes  circonstances; 


(    291     ) 

mais  en  supprimant  le  peroxyde  de  fer;  une  maladresse  et  un  voyage  urgent 
ont  retardé  mes  recherches;  cependant,  sans  vouloir  me  prononcer  aujour- 
d'hui, j'ai  tout  ïieu  de  croire  qu'ils  marcheront  dans  le  même  sens. 

»  Dans  la  deuxième  série  des  expériences  j'ai  tenu  à  constater  que,  dans 
l'ébuUition  prolongée  de  terres  arables  dans  l'eau  et  sans  le  concours  de 
l'air,  il  se  formait  d'autant  plus  de  perfumate  et  d'azotate,  que  ces  mêmes 
terres  contenaient  plus  de  peroxyde  de  fer,  et  que  dans  cette  même  ébullition 
le  peroxyde  de  fer  subissait  une  réduction  :  les  expériences  ont  encore 
répondu  à  ces  données. 

»  En  résumé,  d'après  toutes  ces  observations  il  mesemble  permis  de  con- 
clure que  le  peroxyde  de  fer,  en  contact  avec  certaines  matières  organiques 
azotées,  de  même  que  l'ozone,  est  un  puissant  agent  d'oxydation  et  même  de 
nitrification,  et  comme  il  a  cet  avantage  qu'une  fois  devenu  protoxyde  il  se 
suroxyde  spontanément  à  l'air,  il  en  résulte  que  son  action  sur  les  sels  est 
d'autant  plus  grande,  qu'ils  sont  en  plus  grande  quantité  et  qu'ils  sont  plus 
perméables.  Le  peroxyde  de  fer  serait  une  espèce  de  rouage  intermédiaire 
dont  la  nature  se  servirait  pour  transmettre  aux  fumâtes  insolubles,  et  par 
suite  non  assimilables,  l'air  dont  ils  ont  besoin  pour  se  transformer  en  per- 
fumates  solubles  et  assimilables.  Ainsi  que  les  silicates  et  l'ozone,  ce  serait 
un  nouvel  et  puissant  assirailateur.  Que  de  plus,  pour  qu'il  y  ait  forma- 
tion de  perfumates  et  surtout  d'azotates,  il  faut  que  le  milieu  où  ils  se 
produisent  soit  absolument  privé  d'acides  :  car  du  moment  où  l'on  sup- 
prime le  carbonate  de  chaux,  la  réaction  s'arrête  pour  reprendre  aussitôt 
qu'on  en  remet  un  excès. 

»  Maintenant  à  un  point  de  vue  purement  abstrait,  pour  le  moment  du 
moins,  le  peroxyde  de  fer  en  agissant  sur  les  acides  fumique  et  perfumique 
tranforme-t-il  leur  charbon  et  leur  hydrogène  en  acide  carbonique  et  en  eau 
seulement,  ou  bien  la  réaction  est-elle  plus  complexe?  J'inclinerais  à  le 
croire,  car  en  même  temps  que  l'acide  azotique  se  forme,  il  se  produit  des 
traces  non  équivoques  d?une  matière  très-odorante  et  ressemblant  tout  à 
fait  sous  ce  rapport  au  baume  de  Tolu.  Or,  d'où  viendrait  cette  matière 
puisque  aucune  des  substances  mises  en  présence  n'ont  d'odeur  ou  de  réac- 
tions énergiques?  il  est  donc  à  croire  que  c'est  un  dédoublement  qui  la 
produit. 

»  J'espère  que  la  suite  de  mes  recherches  sur  ce  sujet,  et  les  récentes 
observations  que  M.  Ruhlmann  vient  de  faire  lui-même  sur  l'oxydation  des 
matières  organiques  sur  le  peroxyde  de  fer,  élucideront  bientôt  la  question. 

»  Quoiqu'il  en  soit,  j'étudie  dans  ce  moment  le  produit,  sans  doute  très- 


(  292  ) 
complexe,  que  j'appelle  acide  perfumique;  je  suis  parvenu  à  m'en  procurer 
d'importantes  quantités,  et  j'ai  déjà  reconnu  qu'agent  assimilable  lui-même 
il  était  en  outre  un  puissant  agent  assimilateur  des  phosphates;  ce  qui  vient 
encore  à  l'appui  de  cette  idée  :  qu'un  même  corps  peut  dans  le  sol  remplir 
plusieurs  des  fonctions  que  j'ai  précédemment  indiquées.  » 

Le  paquet  cacheté,  déposé  par  M.  Thenard  au  mois  de  mai  iSôg  et  ou- 
vert aujourd'hui  sur  sa  demande,  renferme  une  Note  contenant  dans  ses 
propositions  l'exposé  des  résultats  qu'il  avait  dès  lors  obtenus  sur  le  rôle 
du  peroxyde  de  fer  comme  agent  de  nitrification. 

CHIRURGIE.  —  Note  sur  un  nouveau  procédé  pour  l'extirpation  des  polypes 
naso -pharyngiens ;  par  M.  Maisoxneuve. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

«  La  position  profonde  des  polypes  na.so-pharyngiens,  la  presque  impossi- 
bilité de  les  saisir  par  les  voies  naturelles,  a  depuis  longtemps  inspiré  aux 
chirurgiens  l'idée  de  créer,  à  travers  les  tissus  de  la  face  ou  du  palais,  une 
voie  artificielle  qui  permît  d'arriver  au  siège  de  leur  implantation. 

p  C'est  ainsi  que  Manne,  en  1747;  incisait  le  voile  du  palais  dans  toute 
sa  longueur;  qu'en  i84o  M.  Flaubert  fils  pratiquait  l'extirpation  de  l'os 
maxillaire  supérieur  tout  entier;  qu'en  1849,  ^-  Nélaton,  prenant  le  milieu 
entre  ces  deux  méthodes,  combinait  l'incision  de  Manne  avec  l'excision  de 
la  voûte  palatine.  Toutes  ces  opérations,  que  j'ai  moi-même  eu  plusieurs 
fois  l'occasion  d'exécuter  avec  succès,  ont  certainement  rendu  et  rendront 
encore  de  grands  services.  Mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  par  elles- 
mêmes  elles  constituent  des  opérations  graves,  susceptibles  parfois  de  com- 
promettre la  vie  ou  d'entraîner  des  difformités  pénibles.  En  effet,  chacun 
sait  que,  malgré  les  progrès  remarquables  de  la  médecine  opératoire,  la  ré- 
section de  l'os  maxillaire  supérieur  est  loin  d'être  chose  indifférente,  et  que, 
dans  la  division  complète  du  voile  du  palais,  la  staphyloraphie  ne  parvient 
pas  toujours  adonner  des  résultats  irréprochables. 

»  Frappé  de  ces  considérations,  j'ai  pensé  qu'il  était  des  circonstances 
nombreuses  où  une  opération  beaucoup  plus  simple  et  beaucoup  plus  inno- 
cente, que  je  désignerai  sous  le  nom  de  boutcMnière  palatine,  pourrait  par- 
faitement suffire  pour  remplir  toutes  les  indications. 

»  En  effet,  en  bornant  l'incision  du  voile  du  palais  à  une  simple  bouton- 
uière,  qui  de  la  voûte  osseuse  se  prolonge  plus  ou  moins  près  de  la  base  de 


(  =^93) 
la  luette,  on  a  une  ouverture  très-suffisante  pour  saisir  les  tumeurs  poly- 
peuses,  et  pour  les  entraîner,  en  tout  ou  en  partie,  dans  l'intérieur  de  la 
bouche,  où  il  devient  alors  facile  d'en  faire  l'excision  ou  la  ligature.  La 
grande  élasticité  des  tissus  qui  forment  le  pourtour  de  la  boutonnière  se 
prête,  à  cet  égard,  à  toutes  les  exigences.  D'un  autre  côté,  quand  l'extirpa- 
tion de  la  tumeur  est  terminée,  le  voile  du  palais,  dont  le  bord  inférieur  est 
resté  intact,  a,  par  ce  seul  fait,  une  tendance  naturelle  à  reprendre  sa  forme, 
et  c'est  à  peine  si  pour  clore  l'ouverture  artificielle  il  est  besoin  de  pratiquer 
un  point  de  suture. 

i>  Avant  d'avoir  vu  pratiquer  cette  opération,  il  est  difficile  d'avoir  luie 
idée  nette  de  sa  promptitude  et  de  sa  facilité.  On  ne  peut  vraiment  rien 
voir  de  plus  simple,  ainsi  que  cela  ressort  de  l'observation  suivante  : 

»  Parain  (Nicolas),  âgé  de  vingt  et  un  ans,  couvreur,  entra  le  12  août 
iSSg  à  l'Hôpital  de  la  Pitié  pour  y  être  traité  d'un  polype  naso-pharyngien, 
dontil  souffrait  depuis  deux  ans.  Ce  polype,  dont  un  prolongement  pénétrait 
dans  la  fosse  nasale  droite,  déprimait  assez  fortement  le  voile  du  palais  et 
proéminait  dans  l'arrière-gorge,  où  on  pouvait  l'apercevoir  quand  le  malade 
ouvrait  fortement  la  bouche.  En  explorant  avec  le  doigt,  on  reconnaissait 
que  la  tumeur  était  libre  en  arrière,  ainsi  que  du  côté  gauche,  et  que  l'in- 
sertion de  son  pédicule  avait  lieu  sur  la  paroi  latérale  droite  du  pharynx. 
Dans  ces  conditions,  il  était  évident  que  l'extirpation  par  les  fosses  nasales 
était  à  peu  près  impossible;  d'une  autre  part,  la  tumeur  était  trop  profondé- 
ment située  dans  la  partie  supérieure  du  pharynx,  pour  que  l'on  pût  songer 
à  la  saisir  directement  derrière  le  voile  du  palais.  Il  ne  restaitdonc  plus  qu'à 
recourir  au  procédé  de  Manne,  lequel  consiste,  comme  on  ^ait,  à  fendre  ce 
voile,  dans  toute  sa  hauteur,  pour  mettre  la  tumeur  à  découvert  et  la  saisir 
plus  facilement. 

»  C'est  en  effet  à  ce  procédé  que  je  me  proposais  d'avoir  recours,  tout  en 
regrettant  l'inconvénient  assez  grave  de  la  mutilation  qu'il  entraîne,  quand 
l'idée  me  vint  de  substituer  à  cette  division  complète  une  simple  bouton- 
nière verticale.  Portant  donc  la  pointe  de  mon  bistouri  sur  la  partie  la  plus 
antérieure  du  voile  du  palais,  j'incisai  d'un  seul  trait  cette  cloison,  jusqu'à 
un  demi-centimètre  de  la  base  de  la  luette  ;  puis  avec  des  pinces  de  Museux, 
j'allai  saisir  le  polype,  et  l'attirai  doucement  à  travers  l'ouverture,  dont  le 
pourtour,  élastique  et  souple,  se  prêta  facilement  à  cette  manœuvre.  Le 
polype  se  trouvait  donc  ainsi  transporté  du  pharynx  dans  la  bouche,  et  pé- 
dicule pour  ainsi  dire  par  l'anneau  musculaire  que  formait  le  voile  du  palais. 
J^  reste  de  l'opération  devenait  dès  lors  d'une  extrême  simplicité.  En  effet, 

C.   R.,  1859,  2n>«  Semeslre.  (T.  XLIX,  N»  8.)  ^9 


(  294  ) 
prenant  mon  constricteur  de  trousse,  lequel  est  armé  d'un  simple  fil  de  fer 
d'un  millimètre  et  demi  de  diamètre,  je  disposai  celui-ci  en  forme  d'anse  et 
je  saisis  le  polype.  Après  quelques  tours  donnés  à  la  vis  pour  diminuer  la 
largeur  de  l'anse,  celle-ci  fut  poussée  doucement  à  travers  l'ouverture  pala- 
tine, de  manière  à  venir  saisir  le  pédicule,  à  son  point  d'insertion  dans  le 
pharynx,  puis  la  constriction  étant  portée  à  l'extrême,  la  tumeur  se  détacha 
sans  écoulement  de  sang. 

»  Après  cette  opération,  qui  dura  à  peine  quelques  minutes,  je  me  bornai 
à  pratiquer  sur  le  milieu  de  la  boutonnière  un  simple  point  de  suture,  sans 
autre  instrument  qu'une  aiguille  courbe  de  petite  dimension,  et  la  nouvelle 
pince  à  anneaux  de  M.  Charrière,  laquelle  est  sans  contredit  le  meilleur 
des  porte-aiguilles. 

»  Aucun  accident  ne  suivit  cette  opération.  Dès  le  premier  jour  le  ma- 
lade put  facilement  manger  des  potages  et  des  soupes,  et  le  quatrième  jour, 
17  août,  la  cicatrisation  étant  complète,  le  malade  sortit  de  l'hôpital. 

»  Examen  de  la  tumeur.  —  I^a  tumeur,  de  nature  fibro-vasculaire,  repré- 
sente assez  bien  la  forme  d'une  main  d'enfant,  dont  le  pouce  et  les  deux 
derniers  doigts  seraient  fermés.  La  partie  la  plus  épaisse  était  celle  qui 
adhérait  à  la  paroi  latérale  du  pharynx.  La  plus  mince,  de  couleur  violacée, 
pendait  derrière  le  voile  du  palais.  « 

M.  HoRARiNow  lit  un  Mémoire  sur  plusieurs  questions  d'histoire  natu- 
relle et  de  médecine  avec  l'indication  de  ses  travaux  antérieurs  et  de  ses 
publications  sur  ces  différents  sujets. 

Ce  Mémoire,  trop  étendu  pour  être  reproduit  in  extenso  et  peu  suscep- 
tible d'être  analysé,  a  été  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée 
de  MM.  Duméril,  Serres,  Dumas,  Andral  et  Rayer. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Mémoire  sur  la  composition  anatomique  de  la  bouche 
ou  rostre  des  Arachnides  de  la  famille  des  Sarcoptides ;  par  M.  Ch.  Robix. 
(  Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Milne  Edwards, 

Moquin-Tandon.  ) 

a  Le  but  de  ce  Mémoire  est  de  faire  connaître  la  constitution  de  la  bouche 
des  Sarcoptides  comparativement  à  celle  des  autres  groupes  d'Acariens. 


(  ^95  ) 
Très-nombreuse  en  espèces,  la  famille  des  Sarcoptides  ne  contient  que  des 
animaux  d'un  petit  volume.  Rien  pourtant  de  plus  nettement  déterminé 
que  la  forme  et  la  structure  des  parties  dures  de  leur  corps,  et  que  celle  de 
leurs  organes  buccaux.  On  peut  dire,  au  contraire,  presque  sans  exagération, 
que  rien  n'est  aussi  confus  que  la  description  de  ces  organes  dans  les  au- 
teurs, lorsque  toutefois  ils  en  font  mention. 

»  Si  l'on  excepte  ce  qui  concerne  les  mâchoires  on  maxilles,  M.  Dujardiii 
a  déjà  donné  unedéterminationexacte  de  la  nature  des  organes  de  la  bouche 
des  Acariens  les  plus  élevés,  tels  que  les  Cheylètes,  les  Trombidiés,  les 
Argas,  etc.  M.  Nicolet  en  a  fait  autant  pour  les  Oribates.  Ce  travail  a  pour 
but  de  combler  une  lacune  existant  encore  sous  ce  rapport  à  l'égard  de  la 
famille  des  Sarcoptides.  Rien  de  plus  varié  dans  celte  nombreuse  famille  que 
les  dispositions  des  mandibules,  selon  qu'elles  offrent  la  forme  de  pinces, 
de  lancettes  perforantes,  ou  de  simples  onglets  sans  dentelures;  rien  de 
plus  varié  aussi  que  la  forme  et  la  grandeur  relative  et  absolue  des  mâchoires 
et  des  palpes. 

»  Rien  au  contraire  de  plus  constant  que  la  situation  relative  et  le  mode 
de  connexion  de  ces  divers  organes.  On  reste  profondément  frappé  de  cette 
uniformité  lorsqu'on  a  examiné  quelques  espèces  dans  chaque  genre  suc- 
cessivement. 

»  Ne  pouvant  entrer  ici  dans  les  détails  qu'entraînerait  la  description  des 
organes  dans  chaque  genre,  je  me  bornerai  à  insister  sur  les  faits  communs 
au  plus  grand  nombre.  Dans  un  travail  postérieur,  je  ferai  connaître  des 
faits  analogues  relatifs  à  la  constitution  des  pattes,  qui  offrent  aussi  une 
remarquable  uniformité  d'organisation  au  milieu  de  variétés  sans  nombre 
de  forme  et  de  volume.   » 

ALGÈBRE.  —  Note  sur  une  solution  abrégée  des  équations  du  troisième  et  du 
quatrième  degré  dans  un  cas  particulier  ;  par  M.  Henri  Montucci.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

«  La  solution  de  l'équation  bicarrée  n'est  qu'un  cas  particulier  d'un 
théorème  beaucoup  plus  étendu. 
»  Soit  l'équation  proposée  : 

jc*  -H  px^  ■+■  gx'  -h  rx  -h  (ù  =  o. 
S'il  existe  entre  les  coefficients  la  relation 

p^  —  ^pq  -\-  8r=  o, 

39.. 


(  29(>  ) 
la  solution  sera  donnée  par  l'expression  suivante  : 

Si  /j  =  o ,  on  a  r  =  o ,  et  l'équation  devient  bicarrée. 

»  Dans  un  cas  semblable,  l'équation  du  troisième  degré  peut  se  résoudre 
très-rapidement. 

»  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  à  l'Académie 
contient  la  démonstration  elle  développement  de  ce  théorème.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Hermite.) 

PHYSIQUE.  —  Des  réactions  exercées  par  les  aimants  sur  l'atmosphère  lumineuse 
qui  entoure  l'étincelle  d induction;  par  M.  du  Moncel.  (Extrait  par  l'au- 
teur.) Réclamation  de  priorité  à  l'occasion  dune  Note  récente  de  M.  Perrot. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Pouillet.) 

a   Les  conclusions  de  mon  travail,  dit  M.  du  Moncel,  sont  : 

»  1°.  Que  l'action  des  aimants  sur  l'étincelle  d'induction  provoquée  à 
l'air  libre  ne  s'exerce  que  sur  l'atmosphère  lumineuse  qui  entoure  les 
traits  de  feu  constituant  la  décharge  ; 

»  2°.  Que  cette  action  se  traduit  par  la  projection  de  cette  atmosphère 
lumineuse  sous  la  forme  d'une  nappe  de  feu  assez  développée,  circonscrite 
par  une  courbe  très-régulière  et  qui  est  d'ailleurs  analogue  à  la  nappe  de 
feu  résultant  d'une  forte  insufflation  sur  la  même  atmosphère  ; 

»  3".  Que  la  direction  de  cette  nappe  de  feu  dépend  non-seulement  de 
la  position  de  l'axe  de  la  décharge  par  rapport  aux  pôles  de  l'aimant,  mais 
encore  du  sens  du  courant  induit  :  ainsi,  quand  la  décharge  s'effectue  entre 
les  pôles  d'un  électro-aimant  suivant  la  ligne  équatorialede  celui-ci,  la  nappe 
de  feu  est  projetée  dans  le  plan  équatorial  lui-même,  soit  au-dessus,  soit  au- 
dessous  des  surfaces  polaires,  suivant  le  sens  du  courant  induit;  quand  la 
décharge  s'effectue  suivant  la  ligne  axiale  de  l'électro-aimant,  la  nappe  de 
feu  se  contourne  et  forme  une  espèce  d'hélice  dont  la  direction  dépend  de 
celle  du  courant  induit;  enfin  quand  la  décharge  est  effectuée  sur  l'un  ou 
l'autre  des  pôles  de  l'électro-aimant,  la  nappe  de  feu  se  dirige  toujours  vers 
celui  des  éléments  du  courant  magnétique  qui  marcfie  parallèlement  et  dans 
le  même  sens  avec  la  décharge; 

»  /i°.  Qu'il  résulte  de  ces  différents  effets  qui  s'expliquent  parfaitement 


(^97) 
avec  la  théorie  d'Ampère,  que  l'action  des  aimants  sur  l'étincelle  d'induction 
n'est  qu'une  action  de  courants  à  courants; 

»  5°.  Que  tous  les  effets  produits  sur  la  lumière  d'induction  dans  le  vide 
peuvent  se  répéter,  dans  de  plus  petites  proportions,  il  est  vrai,  mais  exac- 
tement de  la  même  manière  avec  l'atmosphère  lumineuse  qui  entoure  l'étin- 
celle d'induction  à  l'air  libre  ; 

»  6°  Que  conséquemment  celle  atmosphère  lumineuse  représente  exac- 
tement la  lumière  dans  le  vide,  comme  le  démontre  d'ailleurs  de  la  façon  la 
|)lus  frappante  son  apparence  dans  le  microscope.    » 

Avec  la  Note  dont  nous  venons  de  donner  le  résumé,  l'Académie  a  reçu 
du  même  auteur  la  lettre  suivante  relative  à  une  communication  récente  de 
M.  Perrot  : 

«  En  adressant  à  l'Académie  mon  nouveau  travail,  qu'il  me  soit  permis 
de  lui  rappeler  que  j'ai  le  premier  signalé  en  février  i855  [Comptes 
rendus,  t.  XL,  p.  3i3)  la  présence  de  cette  atmosphère  lumineuse  et  les 
moyens  de  la  déplacer  par  un  courant  d'air  ou  de  gaz.  Ce  phénomène  avait 
à  cette  époque  attiré  l'attention  des  physiciens,  car  il  ne  se  retrouve  pas 
avec  l'étincelle  des  machines  à  frottement  et  nécessite  pour  se  produire  à  la 
fois  de  l'électricité  de  quantité  et  de  l'électricité  de  tension.  Dès  cette  époque 
(février  i855),  j'avais  constaté  que  cette  atmosphère  lumineuse  et  les  jets  de 
fer  qui  la  traversent  n'avaient  pas  les  mêmes  propriétés  physiques,  que 
l'atmosphère  fournissait  des  phénomènes  calorifiques  beaucoup  plus  intenses 
que  les  jets  de  feu  qui  étaient  pourtant  les  plus  brillants,  et  je  rendais 
compte  du  phénomène  en  disant  que  l'atmosphère  lumineuse  servant  de 
conducteur  secondaire  à  la  décharge  contenait  l'électricité  de  quantité, 
tandis  que  les  filets  lumineux  n'étaient  qu'une  dérivation  de  la  décharge 
dans  laquelle  l'électricité  se  trouvait  à  l'état  de  haute  tension. 

»  Je  rappelle  ces  recherches,  parce  que  l'auteur  d'un  travail  sur  la 
même  question,  récemment  présenté  à  l'Académie,  M.  Perrot,  semble  ne 
pas  avoir  connaissance  de  mes  travaux,  de  beaucoup  antérieurs  aux  siens. 
Je  le  fais  aussi  pour  montrer  que  depuis  longtemps  (cinq  ans)  ces  effets  si 
curieux  au  point  de  vue  physique  ont  été  l'objet  de  ma  préoccupation 
constante,  car  ils  ont  provoqué,  de  ma  part,  trois  communications  à  l'Aca- 
démie. Dans  la  première,  je  démontre  les  effets  de  l'insufflation  sur  l'atmo- 
sphère de  l'étincelle  d'induction  suivant  la  nature  des  rhéophores  et  le 
genre  de  l'insufflation.  Dans  la  seconde,  je  démontre  que  cette  atmosphère, 
vue  au  microscope,  représente  exactement  l'air  raréfié  devenu  lumineux  par 


(  298  ) 
le  passage  de  l'étincelle  dans  un  ballon  où  l'on  a  fait  le  vide.  Enfin  je  dé- 
montre dans  la  troisième  que  le  magnétisme  réagit  sur  cette  atmosphère 
absolimient  comme  «ur  la  lumière  d'induction  au  sein  du  vide  et  d'après  les 
lois  des  réactions  dynamiques  des  courants.  » 

M.  BcRDET  adresse,  de  Vierzon,  une  Note  concernant  l'essai  qu'il  a  fait 
de  divers  mélanges  désinfecla7its  au  point  de  vue  tant  de  la  thérapeutique 
chirurgicale  que  de  l'hygiène  publique  et  de  l'économie  rurale. 

Après  avoir  constaté,  dans  de  premières  expériences,  les  bons  effets  obte- 
nus du  mélange  proposé  par  MM.  Corne  et  Demeaux,  l'auteur  de  la  Note 
a  essayé  d'autres  mélanges  et  a  été  conduit  à  reconnaître  qu'on  peut  obte- 
nir une  action  désinfectante  au  moyen  de  toute  poudre  absorbante  unie  en 
proportions  convenables  à  une  huile  empyreumatique.  Le  mélange  qui  lui 
a  semblé  réunir  le  plus  complètement  les  qualités  désirées  est  celui  qu'il 
a  préparé  avec  de  la  marne  pulvérisée  et  du  goudron  végétal. 

La  Note  de  M.  Burdet  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  nommée 
pour  les  diverses  communications  relatives  aux  mélanges  désinfectants. 

M.  BoiNE,  à  l'occasion  d'un  Mémoire  récent  de  M.  Marchai  de  Calvi  sur 
temploi  de  l'iode  comme  désinfectant  et  antiseptique,  rappelle  qu'il  a  depuis 
bien  des  années  appelé  l'attention  des  médecins  sur  ce  sujet.  «  On  trou- 
vera, dit-il,  dans  plusieurs  de  mes  publications  et  particulièrement  dans 
mon  Traité  d'Iodotliérapie,  la  preuve  que  depuis  i84o  j'ai  signalé  d'aine 
manière  toute  spéciale  les  propriétés  antiseptiques  de  l'iode,  que  j'ai  montré 
que  ce  métalloïde,  soit  en  poudre,  en  teinture  ou  en  solution  aqueuse,  avait 
la  puissance  d'enlever  instantanément  la  mauvaise  odeur  du  pus,  de  rendre 
louable  et  de  bonne  nature  celui  qui  était  sanieux  et  fétide,  de  favoriser  la 
cicatrisation  des  ulcères,  de  modifier  les  sécrétions  contagieuses  et  d'y 
détruire  le  virus,  etc.  » 

(  Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  le  Mémoire  de 
M.  Marchai  de  Calvi  :  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

M.  Latz  adresse  de  Borken  (Prusse)  une  Note  sur  le  choléra-morbus. 
(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  constituée 
en  Commission  spéciale  pour  le  concours  du  legs  Bréant.  ) 

M.  Lassie  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  une  question 
relative  à  la  navigation  aérienne. 

(Commission  des  Aérostats.) 


(  299  ) 

CORRESPONDANCE . 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  AUumelles  phospitorées;  Lettre  de  M.  le  Mixistre 

DE  LA  Guerre. 

«  Paris,   le  lo  août  iSSg. 

■  »  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  par  mesure  de  sûreté,  j'ai  cru  devoir 
interdire  dans  tous  les  établissements  militaires  l'usage  des  allumettes  chi- 
miques qui  ne  sont  pas  préparées  au  phosphore  amorphe  (système  de 
MM.  Coignet  frères  et  C'*). 

»  Cette  disposition  devait  nécessairement  faire  surgir  de  nouvelles  inven- 
tions. C'est  ainsi  que  MM.  L.  Bombes,  De  Villiers  et  Dalemagne,  de  Lyon, 
m'adressent  aujourd'hui  des  échantillons  d'allumettes  dites  androgynes, 
qu'ils  prétendent  fabriquées  de  telle  sorte,  qu'elles  ne  peuvent  prendre  feu 
accidentellement,  de  même  qu'elles  ne  peuvent  être  cause  d'empoisonne- 
ment. Ils  me  prient  donc  d'en  autoriser  la  consommation  dans  les  établis- 
sements militaires,  concurremment  avec  les  allumettes  Coignet. 

»  Les  allumettes  Bombes  ne  diffèrent  guère,  je  crois,  des  allumettes 
Coignet,  la  matière  qui  sert  à  les  enflammer  doit  être  la  même,  puisque  les 
premières  prennent  feu  lorsqu'elles  sont  frottées  sur  des  boîtes  Coignet. 

»  Néanmoins,  j'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  ci-joint,  avec  la  Lettre 
de  l'inventeur,  une  boîte  de  ces  allumettes,  en  vous  priant  de  me  faire  con- 
naître si  elles  offrent  les  mêmes  garanties  de  sûreté  que  celles  préparées  au 
phosphore  amorphe,  u 

Une  Commission,  composée  de  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Pouillet,  Payen 
et  J.  Cloquet,  est  chargée  de  préparer  un  Rapport  en  réponse  à  la  question 
posée  par  M.  le  Ministre. 


PHYSIOLOGIE. — Pièce  osseuse  développée  entre  les  deux  feuillets  de  la  faux  du 

cerveau  ;  Lettre  de  M.  Molas. 

«  Je  viens  de  lire  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  de  l'Académie  des 
Sciences  du  5  de  ce  mois,  donné  par  le  journal  l'Union  médicale^  n"  92, 
que,  d'après  les  expériences  de  M.  Ollier,  la  dure-mère  est  d'autant  moins 
apte  à  la  reproduction  des  os  (et  sans  doute  aussi  à  leur  production),  que 


(  3oo  ) 
cette  membrane  périostique  se  trouve  plus  éloignée  des  os,  à  tel. point  que 
les /«MX  /  seraient  tout  à  fait  impropres. 

»  Permettez-moi  de  vous  dire  que  cette  dernière  proposition  n'est  pas 
tout  à  fait  exacte;  car,  dans  le  cadavre  d'un  dément  dont  j'ai  fait  l'an 
dernier  l'autopsie  avec  l'assistance  d'un  de  mes  confrères  (le  D'  Caire), 
j'ai  trouvé  une  pièce  osseuse  d'une  assez  grande  dimension  développée 
entre  les  deux  feuillets  de  la  faux  du  cerveau,  vers  le  milieu  de  son  étendue 
et  avoisinant  le  corps  calleux. 

»  Je  conserve  cet  os  composé  de  deux  lames  séparées,  ou  unies,  par  un 
diploé.  Je  le  tiens  à  votre  disposition,  si  vous  le  désirez.  » 


Remarques  de  M.  Flourens  à  l'occasion  de  la  Lettre  de  M.  Molas. 

o  Je  dois  faire  sur  cette  Lettre,  trois  remarques  : 

»  1°  Le  fait  signalé  par  M.  Molas  n'est  point  nouveau.  Il  est  peu  d'ana- 
tomistes  qui  n'aient  eu  occasion  de  voir  des  ostéites,  ou  noyaux  osseux,  soit 
dans  la  faux  du  cerveau,  soit  dans  la  tente  du  cervelet,  faux  et  tente  qui  ne 
sont,  comme  chacun  sait,  que  des  replis  de  la  dure-mère.  U ostéite,  vu  par 
M.  Molas,  est  surtout  intéressant  par  le  grand  développement  qu'il  paraît 
avoir  acquis. 

»  2°.  Il  ne  s'agit  point  à'osléites  dans  la  Note  de  M.  Ollier,  mais  d'un  fait 
très-différent,  savoir  de  la  transplantation  de  la  dure-mère,  transplantation 
qui  réussit  mieux  pour  certaines  parties  de  la  dure-mère  que  pour 
d'autres  (i). 

»  3*.  Il  n'est  pas  d'anatomiste  qui  se  soit  un  peu  occupé  d'anatomie 
comparée  qui  ne  sache  que,  dans  le  crâne  de  plusieurs  quadrupèdes  (dans 
le  crâne  des  Chats,  des  Chiens,  de  la  plupart  des  Carnassiers,  du  Phoque,  du 
Morse,  du  Cheval,  de  Vjdne,  du  Daw,  etc.  )  le  repli  de  la  dure-mère,  nommé 
tente  du  cervelet,  contient  toujours  une  véritable  production  osseuse,  un  os 
complet  en  son  genre.  Pour  la  formation  de  cette  production,  de  cette  lame 
osseuse,  de  cet  os,  la  dure-mère  sert  tout  à  la  fois  de  périoste  interne  et  de 
périoste  externe  (a).  » 


(i)  Compte  rendu  de  la  séance  du  i"  août,  j).  206. 

(2)  Voyez,  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  8  de  ce  mois,   p.  225,  ma  Note  sur  la 
dure-mère  ou  périoste  interne  des  os  du  crdne. 


(  3oi  ) 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  présence  du  vanadium  dans  l'argile  de  Gentilly ; 

par  M.  P.  Beauvallet. 

«  M.  H.  Sainte-Claire-Deville,  dans  une  communication  faite  le  i"  août 
à  l'Académie  des  Sciences,  a  annoncé  avoir  trouvé  du  vanadium  dans 
un  minerai  de  fer  du  midi  de  la  France.  La  Note  de  M.  Deville  se  termine 
ainsi  :  «  Du  reste,  j'ai  entendu  dire,  à  propos  de  recherch?s  qui  ne  m'appar- 
»  tiennent  pas,  que  le  vanadium  serait  encore  plus  commun  qu'on  ne  pour- 
»  rait  le  penser,  même  d'après  ce  qui  précède.  » 

a  En  effet,  vers  la  tin  de  l'année  i858,  j'avais  constaté  la  présence  du 
vanadium  dans  l'argile  de  Gentilly,  et  c'est  à  cette  découverte  que  M.  De- 
ville  fait  allusion.  En  fondant  cette  argile  avec  du  carbonate  de  soude, 
j'obtins  une  masse  colorée  en  vert  bleuâtre.  Je  crus  d'abord  celle  coloration 
produite  par  du  manganèse,  mais  l'analyse  me  démontra  qu'elle  était  due  à 
du  vanadium. 

»  Je  me  suis  alors  occupé  de  rechercher  une  méthode  facile  pour  ex- 
traire le  vanadium  de  l'argile  ;  je  me  suis  arrêté  à  la  suivante. 

»  On  fait  bouillir  l'argile  cuite  concassée  (i)  avec  3  pour  loo  de  carbonate 
de  soude  et  une  quantité  d'eau  suffisante.  Après  quelques  heures  d'ébul- 
lition,  on  filtre;  le  liquide  filtré  renferme  de  la  silice,  de  l'alumine  et  la 
presque  totalité  de  l'acide  vanadique.  On  le  sursature  par  l'acide  sulfu- 
rique,  puis  par  l'ammoniaque,  et  l'on  ajoute  du  sulfhydrate  d'ammoniaque. 
Après  deux  heures  de  digestion,  on  filtre  pour  séparer  le  précipité  d'alu- 
mine et  de  silice.  Dans  la  liqueur  filtrée,  qui  renferme  le  vanadium  à 
l'état  de  sulfovanadate  d'ammoniaque,  on  verse  un  excès  d'acide  acétique, 
qui  précipite  le  sulfure  de  vanadium,  surtout  en  portant  la  liqueur  à  l'ébul- 
lition.  Ce  sulfure,  grillé  au  rouge,  doinie  l'acide  vanadique. 

«  On  peut  aussi  employer  le  procédé  suivant  pour  séparer  le  vanadium  de 
la  solution  sodique.  On  fait  bouillir  cette  solution  avec  un  excès  de  chlorhy- 
drate d'ammoniaque  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  dégage  plus  d'ammoniaque  ; 
on  filtre  pour  séparer  la  silice  et  l'alumine,  et  dans  la  liqueur  filtrée  on  verse 
une  dissolution  de  tanin,  qui  détermine  la  formation  d'un  volumineux 
précipité  de  tannate  vanadique,  d'un  beau  bleu  noir,  qui,  calciné  au 
rouge,  au  contact  de  l'air,   laisse  un  résidu  d'acide  vanadique. 

(i)  Je  me  suis  servi  des  pots  à  fleurs  que  M.  Lécuyer  fournit  au  Muséum.  Les  pots  rouges 
contiennent  plus  d'acide  vanadique  que  les  pots  jaunes.  Lorsqu'ils  ont  été  exposés  pendant 
quelque  temps  à  l'action  de  l'eau,  ils  n'en  fournissent  presque  plus. 

C.  R.,  iSâg,  a-ne  Semestre.  (T.  XLIX,  No  8.)  4° 


(    302    ) 

«  M.  Terreil,  du  Muséum,  en  traitant  par  ma  méthode  différentes  argiles 
des  environs  de  Paris,  n'y  a  pas  trouvé  de  vanadium,  mais  il  en  a  extrait  de 
l'acide  titanique  et  de  l'acide  tantalique.  » 

Remarques  de  M.  Elie  de  Beaumont. 

M.  Élie  de  Beaumont  rappelle  à  l'occasion  de  cette  communication  que 
les  minerais  de  fer  du  midi  de  la  France,  dans  lesquels  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville  a  signalé  la  présence  du  vanadium,  appartiennent,  de  même  que 
l'argile  de  Gentilly,  aux  terrains  tertiaires.  L'existence  du  vanadium  dans 
des  terrains  récents  déjà  constatée  sur  deux  points  aussi  éloignés  que  Gen- 
tilly et  les  Beaux,  lui  paraît  être  un  fait  nouveau  en  géologie  et  mériter 
l'attention  des  savants. 

CHIMIE  AGRICOLE.    —   Réflexions  de   M.    Ghevkeul  relatives   aux   Notes  de 
MM.  Isidore    Pierre  et  Beauvallet. 

«  Le  travail  de  M.  Is.  Pierre  et  celui  de  M.  Beauvallet,  que  je  viens  de 
présenter  à  l'Académie,  me  suggèrent  quelques  réflexions  relatives  aux 
travaux  de  chimie  appliquée  à  l'agriculture. 

»  J'applaudis  à  la  direction  que  M.  Isidore  Pierre  donne  à  ses  travaux, 
en  s' occupant  de  l'analyse  immédiate  des  engrais;  car  sans  cet  examen  la  con- 
naissance qui  distingue  les  propriétés  respectives  de  ces  matières,  si  utiles  à 
l'agriculture,  est  impossible  à  acquérir,  et  sans  lui  il  faut  renoncer  à  établir 
d'une  manière  certaine  et  les  différences  et  les  analogies  des  divers  engrais. 
Les  meilleurs  ne  sont  pas  toujours  des  matières  très-rapprochées  de  l'état  de 
matières  inorganiques  par  suite  de  la  simplification  que  leur  ont  fait  subir 
des  fermentations  et  même  des  altérations  profondes. 

»  D'un  autre  côté,  si  on  veut  bien  se  rappeler  la  distinction  que  j'ai  éta- 
blie entre  Vanal/se  minérale  et  Vanal/se  organique  immédiate  (i),  et  mon  insis- 
tance à  montrer  que  celle-ci  n'atteint  son  but  qu'à  la  condition  de  respecter 
l'arrangement  des  éléments  qui  constituent  les  principes  immédiats  qu'il 
s'agit  de  séparer,  tandis  que  le  but  de  l'analyse  minérale  est  atteint  lors- 
qu'elle a  déterminé  la  nature  et  la  proportion  des  éléments  constituant  une 
matière  donnée,  on  verra  que  rationnellement  l'analyse  organique  dite  élé- 
mentaire., dont  l'objet  est  de  connaître  les  éléments  d'un  composé  d'origine 
organique,  est  une  analyse  minérale.  C'est  à  elle  qu'on  a  soumis  jusqu'ici 
presque  exclusivement  la  nature  des  engrais. 


(i)   Comptes  rendus,  t.  XLIV,  p.  889  et  suivantes. 


(  3o3  ) 

»  Assurément  je  n'élèverai  pas  de  doute  sur  l'utilité  de  ces  analyses  élé- 
mentaires; mais  je  dirai  il  faut  aller  en  avant,  en  consultant  l'analyse  immé- 
diate pour  se  faire  des  idées  justes  de  la  manière  d'agir  des  engrais.  Après 
avoir  reconnu  leur  composition  immédiate  respective,  il  faut  rechercher 
dans  la  nature  de  leurs  principes  immédiats  les  causes  de  leurs  altérations 
plus  ou  moins  rapides,  plus  ou  moins  lentes,  dans  des  sols  déterminés  et  rela- 
tivement à  des  cultures  pareillement  déterminées. 

»  Si  je  n'avais  pas  la  conviction  que  j'ai  de  l'utilité  de  Y  analyse  organique 
immédiate,  je  n'aurais  pas  consacré  à  cette  branche  de  la  chimie  le  temps 
que  je  lui  ai  donné,  je  ne  poursuivrais  pas  avec  autant  d'ardeur  que  je  le 
fais  y  examen  du  suint:  ]&  le  cite  à  dessein  pour  en  montrer  la  relation  avec  la 
chimie  agricole. 

»  Parquer  des  moutons  pendant  la  nuit  sur  une  terre  arable,  une  jachère 
morte,  une  prairie,  c'est  un  moyen  de  la /umer,  comme  l'on  sait.  Suffit-il, 
pour  apprécier  l'effet  de  cett«  pratique,  de  ne  prendre  en  considération  que 
les  déjections  de  l'animal?  Je  ne  le  pense  pas  :  le  mouton  ne  peut  être  en  con- 
tact avec  la  terre  sans  qu'une  portion  de  sa  transpiration,  de  son  suint,  ne 
pénètre  le  sol  ;  la  toison  ne  peut  être  exposée  à  la  pluie  ou  à  la  simple  rosée 
sans  qu'une  portion  du  suint  soluble  ne  soit  entraînée  dans  la  terre,  et  il 
est  certain  que  tous  les  corps  essentiels  au  suint  peuvent  la  fertiliser  et  être 
absorbés  par  elle,  celle-ci  agissant  par  affinité  capillaire. 

»)  Si  j'ajoute  que  l'analyse  immédiate  du  suint  présente  les  plus  grandes 
difficultés,  et  que  s'il  n'est  pas  donné  à  un  seul  homme  de  les  surmonter 
toutes,  celles  dont  il  aura  triomphé  cesseront  de  mettre  obstacle  à  des  pro- 
grès désirables  ;  car  pour  se  livrer  à  des  recherches  indispensables,  selon 
moi,  à  l'avancement  de  toutes  les  branches  de  la  science  des  êtres  vivants,  il 
faut  d'abord  des  méthodes,  et  ensuite  des  applications  de  ces  méthodes  à 
l'examen  d'un  certain  nombre  de  matières  organiques.  Par  exemple,  pourrait- 
on  constater  dans  un  sol  fumé  par  le  parcage  des  moutons  la  présence  des 
principes  immédiats  qu'on  sait  aujourd'hui  constituer  le  suint?  Avant  la 
découverte  de  l'acide  butyrique  dans  les  corps  gras,  l'étude  de  ses  propriétés 
et  de  sa  composition,  eût-il  été  possible  de  le  découvrir  où  M.  Isidore  Pierre 
en  a  constaté  la  présence?  et,  sans  me  prononcer  sur  l'influence  que  cet 
acide  peut  exercer  dans  l'économie  organique,  il  n'en  est  pas  moins  fort 
intéressant  de  savoir  qu'il  existe  où  M.  Isidore  Pierre  l'a  signalé ,  et  pour 
ma  part  je  ne  puis  trop  encourager  ce  savant  distingué  à  persévérer  dans  la 
voie  où  il  s'est  engagé. 

»)  Quant  à  l'existence  del'acide  butyrique  dans  certaines  eaux,  j'ajouterai 

/|0,. 


(  3o4  ) 
qu'un  Rapport  que  j'adressai  Je  20  d'avril  1 858  à  S.  Ex.  le  Ministre  de  l'Agri- 
culture, du  Commerce  et  des  Travaux  publics,  au  nom  d'une  Commission  (1) 
chargée  d'examiner  des  cours  d'eaux  corrompues  par  les  vinasses  provenant 
de  la  distillation  de  plusieurs  produits  fermentes,  la  présence  du  butyrate  de 
chaux  dans  l'eau  du  Cojeul  est  signalée  en  ces  termes,  p.  10  du  Rapport  im- 
primé :  «  L'eau  que  nous  examinâmes  en  amont  d'un  pont  situé  sur  la  route 
»  de  Bapaume,  à  plusieurs  kilomètres  en  aval  de  Noyelles,  quoique  couverte 
»  d'une  couche  de  glace  de  2  à  3  centimètres  d'épaisseur,  était  très-fétide, 
>'  à  peu  près  neutre;  elle  tenait  en  suspension  une  matière  noire,  probable- 
»  ment  du  sulfure  de  fer;  enfin,  elle  renfermait  une  proportion  assez  forte 
»  de  butyrate  de  chaux.  »  Cette  eau  provenait  de  la  distillerie  de  Noyelles.  » 

»  D'un  autre  coté,  si  l'utilité  de  la  chimie  est  universellement  reconnue 
pour  toute  recherche  tendant  à  expliquer  les  effets  qui  naissent  du  contact 
des  corps  divisés  à  l'extrême,  et  surtout  de  ceux  qui  peuvent  pénétrer  dans 
l'économie  des  corps  vivants,  la  découverte  dij  vanadium,  de  ce  corps  dont 
le  nom  rappelle  une  divinité  Scandinave,  trouvé  par  M.  Beauvallet  dans  l'ar- 
gile de  Gentilly,  et  reconnu  dans  les  pots  à  fleur  fabriqués  avec  cette  argile, 
ne  prouve-t-elle  pas  la  nécessité,  dans  des  recherches  relatives  aux  corps 
vivants,  de  connaître  parfaitement  la  composition  de  tout  corps  qui  peut  se 
trouver  en  contact  avec  eux?  Ne  convient-il  pas  de  rechercher  si  l'argile  de 
Gentilly  agira  sur  la  végétation,  par  exemple  comme  les  argiles  des  environs 
de  Paris,  dans  lesquelles  M.  Terreil  a  constaté  l'absence  de  ce  même  métal? 

»  La  science  ne  gagnera-t-elle  pas  à  ces  travaux  entrepris  par  des  hommes 
qui,  familiarisés  avec  les  procédés  d'une  analyse  savante  et  précise,  sont 
aptes  à  découvrir,  dans  une  argile  par  exemple,  autre  chose  que  de  la 
silice,  de  l'alumine,  de  la  chaux  et  de  l'oxyde  de  fer?  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  l'acide  subérique;  par  M.  A.  Riche. 

«  La  baryte  ne  réagit  pas  à  froid  sur  l'acide  subérique  ;  mais  lorsqu'on 
chauffe  cet  acide  avec  un  excès  de  baryte,  une  réaction  très-vive  se  déclare 
vers  80  degrés,  des  fumées  blanches  se  dégagent,  et  il  se  condense  dans  le 
récipient  un  liquide  incolore  ou  légèrement  jaunâtre. 

»  Si  on  le  soumet  à  la  distillation,  la  majeure  partie  du  produit  bout  à 
76  degrés;  celui-ci,  soumis  à  l'analyse,  présente  la  composition  du  carbure 

(i)  Elle  était  composée  de  MM.  Chevreul,  président;  C.  Feburier,  D''  Mélier  et  F.  Wurtz. 
Ce  Rapport  fut  imprimé  en  mai  1 858. 


(  3o5  ) 
d'hydrogène, 


ÎTTM 


Cette  formule  correspond   à  4  volumes  de  vapeur;  la  densité  de  vapeur 
trouvée  est  de  3, 1 7,  la  densité  théorique  est  2,97. 

»  La  formation  de  ce  carbure  s'exprime  aisément  par  l'équation  sui- 
vante : 

C'»H'»0%  2HO  +  4BaO  =  C'*H'*  -f-  4BaO,  CO*. 

»  Ce  composées!  très-mobile  et  très-réfringent;  sa  densité,  déterminée  à 
la  température  de  26  degrés,  est  de  0,67 1 . 

».  Il  possède  une  odeur  faiblement  aromatique;  il  est  insoluble  dans 
l'eau,  mais  il  se  dissout  très-bien  dans  l'alcool  et  dans  l'éther.  Quand  on 
en  approche  un  corps  enflammé,  il  brûle  avec  une  flamme  éclairante  bordée 
de  bleu.  Quand  on  y  dirige  un  courant  de  chlore  sec,  il  s'échauffe,  dégage 
de  l'acide  chlorhydrique  et  devient  visqueux;  le  brome  et  l'iode  l'attaquent 
de  la  même  façon.  L'acide  nitrique  concentré  réagit  sur  lui  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  en  dégageant  des  vapeurs  rutilantes  ;  mais  les  deux  liquides 
ne  se  mêlent  pas,  comme  lorsqu'on  attaque  la  benzine  par  l'acide  azotique  : 
le  carbure  reste  à  la  surface.  L'acide  sulfurique  le  colore  faiblement  en 
violet. 

»  La  formule  de  ce  carbure  semble  le  rattacher  à  la  série  des  carbures 
dont  le  gaz  des  marais  est  le  point  de  départ;  mais  il  est  probable  qu'il  n'en 
fait  pas  partie  et  qu'il  se  relie  à  une  famille  isomérique  de  la  précédente. 
En  effet,  le  composé  C'^H'*,  qui  est  le  terme  immédiatement  inférieur^ 
bout  à  3o  degrés;  par  conséquent,  le  carbure  C'^H'*  devrait  entrer  en 
ébuUition  vers  5o  degrés.  Or  nous  avons  vu  qu'il  bout  aux  environs  de 
80  degrés. 

))  J'ai  d'ailleurs  constaté  directement  que  l'acide  œnanthyliqueC**H**0', 
chauffé  avec  un  excès  de  baryte,  ne  fournit  pas  de  produit  bouillant  vers 
75  à  80  degrés,  mais  un  liquide  dont  le  point  d'ébullition  reste  constant  à 
55  degrés  environ  et  dont  l'étude  m'occupe  en  ce  moment. 

»  Ce  corps  n'est  pas  davantage  identique  avec  l'éthylbutyle, 

C«H»i-^    "    ' 
que  M.  Wurtz  a  obtenu  en  attaquant  par  le  sodium  un  mélange  d'iodure 
d'éthyle  et  d'iodure  de  tétryle  ;  car  ce  dernier  composé  bout  à  62  degrés. 


(  3o6  ) 
w  II  est  donc  vraisemblable  (et  c'est  ce  que  je  cherche  a  vérifier)  que  la 
série  des  acides  bibasiques  dont  les  termes  connus  sont  : 

L'acide  oxalique C  0%     a  HO , 

L'acide  succinique G*  H'  0%  2  HO , 

L'acide  pyrotartrique C'°H'0%  2 HO, 

L'acide  adipique CH'^O»,  2HO, 

L'acide  pimélique C"H''0%  2HO, 

L'acide  subérique C'«H"0%  2HO, 

L'acide  sébacique C»H"OS  2HO, 

donne,  sous  l'influence  de  la  baryte  en  excès,  des  carbures  d'hydrogène 
isomériques  et  non  identiques  à  ceux  que  fournit  la  série  des  acides  gras, 
dont  l'acide  formique  est  le  premier  terme.  » 

CHIMIE.  —  Action  de  différents  réactifs  sur  l'iodwe  de  potassium;  par 

M.  G.  Ubaldim  (i). 

«  Lorsqu'on  mélange  intimement,  à  la  température  ordinaire  et  à  l'air 
libre,  du  nitrate  d'ammoniaque  et  de  l'iodure  de  potassium  neutre,  la  masse 
se  colore  en  jaune,  et  la  colle  d'amidon,  qui  prend  une  teinte  bleue,  indi- 
que dans  le  mélange  de  l'iode  libre.  L'acide  borique  du  commerce  agit  de 
la  même  manière.  Ces  deux  réactifs,  le  nitrate  d'ammoniaque  et  l'acide  bo- 
rique, agissant  sur  une  solution  concentrée  d'iodure  de  potassium  à  la  teni- 
pérature  de  l'ébuUition,  peuvent  mettre  en  liberté  de  l'iode. 

»  Si  à  l'action  du  contact  on  ajoute  celle  de  la  chaleur,  en  opérant  avec 
des  substances  sèches  dans  un  tube  de  verre  fermé  par  un  bout,  non-seu- 
lement le  nitrate  d'ammoniaque  et  l'acide  borique  décomposent  l'iodure  de 
potassium  en  dégageant  des  vapeurs  violettes  d'iode,  mais  la  même  décom- 
position et  le  même  dégagement  se  produisent  lorsqu'on  chauffe,  en  pré- 
sence de  l'iodure  de  potassium,  du  sulfate,  de  l'oxalate,  du  carbonate  ou  du 
chlorhydrate  d'ammoniaque,  du  sel  de  phosphore,  du  sulfate,  de  l'azotate, 
du  phosphate  ou  du  borate  de  soude,  du  sel  marin  du  commerce,  du  chlo- 
rure de  potassium  ou  de  calcium,  du  sulfate  de  potasse  ou  de  magnésie,  de 
l'azotate  de  chaux  et  de  l'acide  silicique. 

»  La  décomposition  de  l'iodure  de  pot.assium,  par  l'action  des  substan- 
ces indiquées,  n'a  pas  lieu  toujours  à  la  même  température  :  ainsi,  tandis 

(i)  Ce  travail  a  été  exécuté  dans  le  laboratoire  de  chimie  de  l'Université  de  Pise,  sous  h 
direction  de  M.  de  Luca. 


(  3o7  ) 
que  l'acide  silicique  décompose  l'iodure  à  la  température  de  la  fusion  du 
verre,  l'acide  borique,  le  sel  marin,  le  nitrate  d'ammoniaque  et  le  nitrate  de 
soude  dégagent  avec  le  même  iodure  des  vapeurs  violettes  à  l'aide  d'une 
légère  chaleur.  L'oxalate  d'ammoniaque  décompose  l'iodure  lorsqu'il  com- 
mence à  se  décomposer  lui-même;  le  carbonate  et  le  chlorhydrate  d'ammo- 
niaque, à  l'aide  d'tme  faible  chaleur,  entrent  en  fusion  avec  l'iodure  de  potas- 
sium et  produisent  une  liqueur  jaune  qui  dégage  des  vapeurs  violettes  d'iode 
au  contact  de  l'air  ;  enfin,  le  sel  de  phosphore,  l'azotate  de  chaux,  le  chlo- 
rure de  calcium,  le  sulfate  d'ammoniaque  ou  de  magnésie,  le  sulfate,  le 
phosphate  ou  le  borate  de  soude,  décomposent  l'iodure  à  une  température 
élevée,  et  c'est  presque  an  rouge  que  l'on  voit  apparaître  des  vapeurs  vio- 
lettes d'iode. 

»  Le  sulfate,  le  phosphate  et  le  carbonate  de  chaux,  par  l'action  de  la 
chaleur  et  de  l'air,  décomposent  partiellement  l'iodure  de  potassium;  mais 
le  bioxyde  de  manganèse,  par  la  simple  action  de  la  chaleur,  élimine  com- 
plètement tout  l'iode  de  l'iodure  de  potassium. 

»  Le  carbonate  et  l'azotate  de  potasse,  comme  aussi  le  carbonate  de 
soude,  n'exercent  aucune  action  décomposante  sur  l'iodure  de  potassium. 

»  Cautù  avait  annoncé  la  décomposition  de  l'iodure  de  potassium  à  une 
température  élevée  et  dans  un  courant  sec  d'azote,  mais  cette  expérience, 
répétée  plusieurs  fois,  n'a  pas  fourni  le  moindre  dégagement  de  vapeurs 
violettes.  » 

M.  Olmer  signale  une  faute  qui  aurait  été  commise  en  imprimant  au 
Compte  rendu  de  la  séance  du  i*'  août  sa  Note  sur  la  transplantation  de  la 
dure-mère,  mais  qui,  vérification  faite,  a  été  commise  par  lui,  et  se  trouve 
dans  son  manuscrit  où  on  lit,  comme  dans  l'imprimé  (p.  206): 

«  Nous  avons  déjà  démontré  dans  nos  précédentes  communications 
»  qu'il  était  possible  de  faire  développer  des  os  dans  toutes  les  régions  où 
»  l'on  réussissait  à  greffer  du  périoste  provenant  du  même  animal  ou  d'un 
»   animal  d'espèce  différente.    « 

Au  lieu  de  :  un  animal  d'espèce  différente;  il  faut  lire  :  un  animal  de  la 
même  espèce. 

«  Quelquefois,  remarque  M.  Ollier,  on  obtient  bien  du  tissu  osseux  avec 
du  périoste  d'un  animal  d'espèce  différente  ;  mais  ce  fait,  que  nous  n'avons 
pu  constater  que  pour  certaines  espèces,  nous  paraît  encore  exceptionnel. 
Le  plus  généralement  dans  ces  cas-là,  quand  la  greffe  réussit,  le  périoste 


(  3o8  ) 
reste  fibreux  ou  bien  finit  par  être  résorbé.  Ce  n'est  qu'entre  animaux  de 
la  même  espèce  que  l'ossification  des  lambeaux  de  périoste   est  un  fait 
général  et  facile  à  vérifier.   » 

M.  J.  Maurice  adresse,  de  Tours,  une  Note  concernant  V emploi  de  l'acide 
oxalique  dans  les  piles  à  auges.  Il  a  constaté  qu'en  substituant  dans  une  piJc 
de  Bunsen  ou  de  Grovecet  acide  à  ceux  qu'on  emploie  d'ordinaire,  on  a  des 
effets  notablement  plus  rapides  et  plus  énergiques.  D'ailleurs,  comme  il  est 
aisé  de  le  concevoir,  la  dépense  des  matières  augmente  en  raison  de  cette 
énergie  et  les  caisses  métalliques  sont  d'une  moindre  durée. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  aa  août  iSSg  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne;  27*  liv.  in-4''. 

Monographie  de  l'étage  kimméridien. —  De  l'espèce  en  général  et  de  quelques 
espèces  nouvelles  de  l'étage  kimméridien  :  Thèses  présentées  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Besançon  pour  obtenir  le  grade  de  docteur  es  sciences  naturelles; 
par  M.  Ch.  Contejean.  Montbéliard,  iSSg;  in-4".  (Présentées  au  nom 
de  l'auteur  par  M.  Pouillet.) 

Des  altérations  que  les  coquilles  éprouvent  pendant  la  vie  des  animaux  qui  les 
habitent  et  même  après  leur  mort;  par  M.  Marcel  DE  Serres  ;  br.  in-4''. 

Des  houilles  sèches  ou  maigres  nommées  stipites,  des  terrains  jurassiques  du 
plateau  du  Larzac ;  par  \e  même;  br.  in-4''.  (Présenlés  au  nom  de  l'auteur 
par  M.  Moquin-Tandon.) 

Note  sur  l'usage  des  canules  en  ivoire  ramolli  dans  le  traitement  des  abcès 
sinueux  ou  profonds;  par  M.  le  D'  GlROU  DE  BUZAREINGUES.  Paris,  iSSq; 
br.  in-8°. 

Note  sur  [usage  dts  moules  en  plâtre  dans  le  traitement  des  fractures  des  mem- 
bres inférieurs  par  les  armes  à  jeu  ;  par  le  même.  Paris,  iSSg;   br.  in-S". 

(Ces  deux  opuscules  sont  offerts  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Jules  Cloquet.) 

Introduzione. . .  Introduction  à  la  mécanique  et  à  la  philosophie  de  la  nature; 
parM.  G.  Gallo.  Vol.  II,  fasc.  12,  i3  eti4.  Turin,  iSSg;  iu-8°.  (Renvoyé, 
ainsi  que  l'avait  été  le  premier  volume,  à  M.  Babinet  pour  un  Rapport 
verbal.) 


COMPTE  RENDU  ♦ 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  29  AOUT  1859 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MEMOIRES  ET  C03IMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Calcul  des  variations  séculaires  des  moyens  mouvements 
du  périgée  et  du  nœud  de  iorbite  de  la  lune;  par  M.  Delaunat. 

«  Dans  la  séance  du  ^5  avril  dernier,  j'ai  fait  connaître  à  l'Académie  le 
résultat  auquel  je  suis  parvenu  relativement  à  l'accélération  séculaire  du 
moyen  mouvement  de  la  lune.  Cette  accélération  est  due,  comme  l'on  sait, 
à  ce  que  l'excentricité  de  l'orbite  de  la  terre  diminue  de  siècle  en  siècle. 
L'illustre  Laplace,  en  faisant  cette  importante  découverte,  a  vu  en  même 
temps  que  les  moyens  mouvements  du  périgée  et  du  nœud  de  l'orbite  de 
la  lune  sont  soumis  à  des  variations  séculaires  provenant  de  la  même  cause. 
Les  valeurs  de  ces  variations  séculaires  ont  été  déterminées  à  divers  degrés 
d'approximation  par  lui  et  par  le.s  savants  qui,  après  lui,  se  sont  occupés  de 
la  théorie  de  la  lune.  J'ai  dû,  moi  aussi,  effectuer  cette  détermination,  et  je 
viens  aujourd'hui  présenter  à  l'Académie  les  résultats  auxquels  je  suis 
parvenu. 

»  En  représentant  par 

^Bne'^e' 


I' 


C.  U.,  iSôg,  2"'«  Semeslre.  (T.  XLIX,  N»  9.)  4« 


(  3.0  ) 
la  partie  de  la  longitude  moyenne  du  périgée  lunaire  qui  provient  de  la 
variation  séculaire  ùe'  de  l'excentricité  e'  de  l'orbite  de  la  terre  [n  est  le 
moyen  mouvement  de  la  lune),  j'ai  trouvé 

B  -  /'s  -  9  '.='_  9  p2_^  4^  e'»+  ^  y+  ^v»e«-  -§-  e*^  w» 


\  i6  i6  '  32  / 

/6462_3^    ._  476343  ^,\,„, 

\     128  64        '  012  / 

,    ^126949^,,    549961893  _,,     875,^3  a' 
5i2  2457D  64         « 

Dans  cette  formule,  les  lettres  a,  e,  7,  m,  ont  les  mêmes  significations  que 
dans  la  théorie  de  M.  Plana.  On  voit  que  j'ai  calculé  la  quantité  B  jusqu'aux 
termes  du  sixième  ordre  inclusivement.  M.  Plana  s'est  arrêté  aux  termes 
du  cinquième  ordre,  et  a  trouvé 

«=(f-fv'-i<"+f  «■■)"•" 

ôitSS      .       i8iio4q     . 

H V-  '«H E — —m*. 

120  01  a 

Ma  formule  ne  diffère  donc  de  la  sienne  que  par  les  termes  en  m*  et  en  m^, 
et  la  différence  est 

4  120 

Si  l'on  adopte,  comme  je  l'ai  déjà  fait  précédemment,  —  635"^"  pour  la 

valeur  de  l'intégrale   1  ne'de'  réduite  à  son  terme  en  <*,  le  siècle  étant  pris 

pour  unité  de  temps,  on  trouve  que  cette  différence  entre  nos  deux  valeurs 

de  B  en  produit  une  de  —  o",%']2  t^  dans  les  valeurs  de  l'intégrale  1  B«e'c?e'. 

D'ailleurs,  en  calculant  les  diverses  parties  du  coefficient  de  t'^,  dans  la  va- 
leur de  cette  intégrale,  qui  proviennent  des  différents  termes  de  la  formule 
que  j'ai  obtenue  pour  B,  on  arrive  aux  résultats  contenus  dans  le  tableau 
suivant  : 


(3i,  ) 


PARTIES    INTRODUITES 

PARTIES  INTRODUITES 

TERMES   DE   B 

dans  le  coefficient 
de  t'  de  l'intégrale 

TERHBS   DE   B 

dans  le  coefficient 
de  1'  de  l'intégrale 

fhne'Se'. 

f  h  ne' Se'. 

en   m' 

—    7"994 

en  w'e' 

Il 
+    0,062 

m'f' 

-f-     o ,  1 3o 

m'e" 

—   0,017 

m'e' 

+       0,OI3 

m' 

-    9,546 

m^e" 

—     0,006 

m'y' 

4-  0,081 

m'y^e^ 

—     0,001 

m>e' 

+  o,o56 

m> 

—  i3,7o3 

m' 

-  6,177 

m'y' 

4-     o,og3 

m' 

-  2,489 

Les  autres  termes  de  B  n'introduisent  dans  le  coefficient  de  t^  de  l'inté- 
grale JBne'i^e'  que, des  quantités  inférieures  à  un  demi-millième  de  se- 
conde.  On  voit  par  ce  tableau  que  les  termes  de  B  qui  ont  le  plus  d'in- 
fluence sur  la  valeur  de  l'intégrale  j Bne'â^  sont  ceux  qui  ne  dépendent 

que  de  m;  en  ne  considérant  que  les  parties  du  coefficient  de  <*  qui  pro- 
viennent de  ces  termes,  on  obtient  la  série  suivante  : 


m' 


-7%  994 


m'  m* 

i3",7o3        -9",  546 


m' 


m' 


6",  177       -2",489 


dans  laquelle  les  termes  décroissent  assez  rapidement  à  partir  du  second. 
En  réunissant  toys  les  résultats  numériques  qui  viennent  d'être  donnés,  on 
trouve 

—  39",  499 

pour  le  coefficient  de  <*  dans  la  valeur  de  l'intégrale  JBne'&e';  et  si  l'on 

remarque  que,  d'après  le  mode  de  décroissement  des  termes  de  la  série 
précédente,  le  terme  en  m'  introduirait  dans  le  coefficient  de  t"  une  partie 
qui  ne  différerait  probablement  pas  beaucoup  de  —  o",  5,  on  est  autorisé  à 
porter  à 

-40" 

la  valeur  de  ce  coefficient  de  f*  :  c'est  cette  valeur  que  j'adopterai  comme 
conséquence  de  mes  calculs.  Elle  peut  être  regardée  comme  obtenue  avec 

4i.. 


(3iO 
une  approximation  d'un  ou  deux  dixièmes  de  seconde.  Damoiseau  avait 
trouvé  pour  ce  coefficient  —  '^<^',']-  M.  Hansen  lui  a  successivement  attri- 
bué les  valeurs  suivantes  : 

—  39",  18  [Astr.  Nach.,  tome  XIX,  ma:.".  1842), 
-36",3i   (        Ibid.        tome  XXV,  mai  1847), 

—  37";  25  (Préambule  de  ses  Tables  de  la  lune). 

»  En  représentant  de  même  par 

^Cne'âe' 


f^ 


la  partie  de  la  longitude  moyenne  du  nœud  de  la  lune  qui  provient  de  la 
variation  séculaire  de  l'excentricité  de  l'orbite  de  la  terre,  j'ai  trouvé 

^V 128     5i2^     "64  ^  ;'" 

012  24070  04  a" 

Cette  quantité  C  est  calculée  jusqu'aux  termes  du  sixième  ordre  inclusive- 
ment. M.  Plana  n'est  pas  allé  au  delà  des  termes  du  cinquième  ordre; 
d'après  lui,  on  a 


u 

8  ' 

2 

P') 

m' 

/33 
V.6- 

99, 

32 

f-^' 

'"4- 

9e-), 

2685 
128 

m*  -+- 

5l2 

La  différence  entre  nos  deux  formules  ne  porte  encore  que  sur  les  termes 
en  m*  et  en  m'  et  est  égale  à 


9     *       81 


+r"-Ti8'"' 

ce  qui  fait  seulement  —  o",o44  ^^  pour  la  différence  des  valeurs  de  l'inté- 


(3.3) 

grale  /  Cne'  âe'.  En  calculant  les  diverses  parties  du  coefficient  de  <*,  dans 

la  valeur  de  cette  intégrale,  qui  proviennent  des  différents  termes  de  la 
formule  que  j'ai  obtenue  pour  C,  on  trouve  les  nombres  suivants  : 


PARTIES    ISTRODIITES 

PARTIES  INTRODLMTES 

TERMES    DE    C 

dans  le  coeflicient 
de  t'  de  l'intégiale 

TERMES    DE   C 

dans  le  coeflicient 
de  ('  de  l'intégrale 

/Cne'cJe'. 

/Cne'Je'. 

en  m' 

-+-  7 ''994 

en  m'e" 

—   0,001 

m'y' 

—    0,082 

m' 

—    0,462 

m'é 

-4-   0,048 

m'y' 

+    0,002 

m'e" 

+   0,006 

m'e' 

+    0,029 

m> 

—   0,548 

m" 

—    0,216 

m'y' 

+  0,007 

m" 

+    0,084 

m'e' 

4-  o,o35 

Les  autres  termes  de  C  n'introduisent  dans  le  coefficient  de  t^  de  l'inté- 
grale /  Cne'âe'  que  des  quantités  inférieures  à  un  demi-millième  de  seconde. 

La  petitesse  des  résultats  fournis  par  les  divers  termes  du  sixième  ordre 
montre  qu'il  serait  complètement  inutile  de  chercher  à  obtenir  les  termes 
d'un  ordre  plus  élevé.  En  réunissant  tous  ces  nombres,  on  trouve 

+  6",778 

pour  le  coefficient  de  t^  dans  la  valeur  de  l'intégrale  de  fcne'âe'.On  pourra 

donc  prendre 

+  6",  8 

pour  ce  coefficient  et  regarder  cette  valeur  comme  approchée  à  moins 
de  -^  de  seconde.  Damoiseau  l'avait  trouvé  égal  à 

+  6",56. 
M.  Hansen  a  de  son  côté  obtenu  les  valeurs  suivantes  : 

4-6",48  {Jstr.  Nach.,  t.  XTX,  mars  1842), 
-f-  7",07  (Préambule  de  ses  7^6/65  de  la  lune). 

»  On  voit  par  ce  qui  précède,  que  les  résultats  auxquels  je  suis  parvenu, 


(3.4) 
relativement  aux  variations  séculaires  des  moyens  mouvements  du  périgée 
et  du  nœud  de  l'orbite  de  la  lune,  ne  diffèrent  pas  beaucoup  de  ceux  qui 
ont  été  obtenus  avant  moi  par  MM.  Plana,  Damoiseau  et  Hansen.  Cela  est 
d'autant  plus  remarquable,  que  cet  accord  n'existe  nullement  entre  les 
valeurs  qu'ils  attribuent  à  l'accélération  séculaire  du  moyen  mouvement 
de  la  lune,  et  celle  que  M.  Adams  et  moi  avons  obtenue  pour  cette  accélé- 
ration séculaire.  On  doit  en  conclure  que  la  cause  de  notre  divergence  sur 
cette  dernière  question,  c'est-à-dire  la  variabilité  de  la  vitesse  aréolaire 
moyenne  de  la  lune,  que  MM.  Plana  et  Damoiseau  ont  regardée  à  tort 
comme  constante,  n'a  que  peu  ou  point  d'influence  sur  les  variations  sécu- 
laires des  mouvements  du  nœud  et  du  périgée  de  la  lune.  Du  reste,  les  for- 
mules que  j'ai  obtenues  pour  les  quantités  B  et  C,  et  celle  que  j'ai  fait 
connaître  précédemment  pour  la  quantité  A  d'où  dépend  l'accélération 
séculaire  du  moyen  mouvement  de  la  lune,  sont  liées  entre  elles  par  cette 
circonstance  qu'elles  sont  formées  toutes  trois  de  certaines  combinaisons 
des  dérivées  partielles  d'une  même  fonction.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Mélanges  désinfectants. 

«  M.  Dumas,  désirant  qu'il  ne  reste  aucun  doute  sur  ce  qu'il  a  dit  à  l'Aca- 
démie, dans  une  séance  précédente,  touchant  les  droits  de  M.  Siret  à  la 
découverte  des  propriétés  désinfectantes  des  huiles  de  goudron,  met  sous 
les  yeux  de  ses  confrères  le  passage  suivant  du  Rapport  fait  en  i843  par 
M.  Boussingault  [Comptes  rendus,  t.  XVII,  p.  69). 

«  M.  Siret  a  reconnu  qu'un  mélange  de  charbon  et  de  sulfates  métalli- 
»  ques,  dans  lesquels  domine  le  sulfate  de  fer,  agit  dans  toutes  les  circon- 
»  stances  comme  un  désinfectant  des  plus  efficaces.  Déjà  le  sulfate  de  fer 
I)  a  été  employé  dans  un  but  semblable  de  désinfection  ;  mais  ce  qui  nous 
»  a  paru  un  perfectionnement,  c'est  l'intervention  d'un  charbon  rendu  plus 
»  léger  par  l'adjonction  dune  substance  bitumineuse.  En  effet,  la  poudre 
»  désinfectante  acquiert  par  là  une  énergie  toute  particulière;  elle  reste 
»  plus  longtemps  en  suspension  au  milieu  des  liquides  infectés;  elle  les 
»  recouvre  même  d'une  pellicule  huileuse,  qui  gène,  si  elle  ne  l'intercepte 
»   pas  totalement,  leur  communication  avec  l'air  ambiant.  « 

))  Mon  confrère  et  ami  M.  Boussingault  m'ayant  invité  à  assister  à  quel- 
ques-unes des  expériences  dont  cette  poudre  fut  l'objet  alors,  nous  res- 
tâmes d  accord  sur  ce  que  ses  effets  avaient  d'excellent  et  sur  l'impossibilité 
où  l'on  était  dans  l'état  de  la  science  d'expliquer  à  cette  époque  l'effet  utile 
de  la  matière  huileuse.  ». 


(3i5) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  certains  composés  organiques  à  base  de  fer,  comme 
moyen  de  transport  de  l'oxygène  sur  les  matières  combustibles  ;  par  M .  Hervé 
Mangon. 
(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Boussingault,  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  M.F.Ruhlmann  vient  de  signaler  l'altération  profonde  éprouvée  par  des 
planches  de  bordages  de  navires,  traversées  par  des  clous  ou  par  des  che- 
villes en  fer.  Le  bois,  autour  de  ces  clous,  se  charbonne  et  devient  friable. 
M.  Kuhlmann  pense  que  le  fer,  sous  l'influence  de  l'eau  de  mer  et  de  l'air, 
se  rouille  sans  cesse,  tandis  que  l'oxyde  ainsi  formé  se  réduit  sans  cesse  au 
contact  avec  le  bois.  Le  protoxyde  de  fer  reprend  donc  à  l'air  de  l'oxygène, 
le  transporte  sur  le  bois  et  lui  fait  subir  d'une  manière  continue  une  com- 
bustion lente  qui  le  désagrège. 

»  De  son  côté,  M.  P.  ïhenard  annonceque  le  peroxyde  de  fer,  encontact 
avec  certaines  matières  organiques  azotées,  se  comporte  comme  un  puissant 
agent  d'oxydation.  Or  comme,  une  fois  converti  en  protoxyde,  ilse  peroxyde 
spontanément  à  l'air,  le  peroxyde  de  fer  peut  constituer  un  rouage  intermé- 
diaire employé  par  la  nature  pour  produire  les  phénomènes  d'oxydation  in- 
dispensables au  bon  emploi  des  fumiers. 

M  Que  se  passe-t-il,  en  réalité,  pendant  cette  réduction  ou  cette  oxydation 
du  fer  en  présence  de  matières  organiques?  Peut-on  admettre  que  l'oxyde 
de  fer  agisse,  comme  semblent  le  penser  MM.  Kuhlmann  et  Thenard,  par 
une  sorte  de  cémentation  également  applicable  à  la  combustion  d'une  ma- 
tière organique  quelconque,  ou  bien  se  trouve-t-il  engagé  dans  un  composé 
organique  particulier,  plus  spécialement  capable  de  subir  ces  oxydations  et 
réductions  successives,  qui  en  font  de  véritables  navettes  à  oxygène?  Ce  der- 
nier point  de  vue  me  semble  le  plus  probable.  En  effet,  comme  je  l'ai  fait 
voir  dans  quelques  publications  récentes,  on  trouve  dans  les  terrains  agri- 
coles des  produits  organiques  contenant  du  fer  qui  rappellent  certaines 
propriétés  des  acides  ciéniques  et  apocréniques  de  Berzelius  et  qui  présentent 
au  point  de  vue  de  l'oxydation  ou  de  la  réduction  de  ce  métal  des  propriétés 
vraiment  dignes  d'intérêt. 

»  Lorsque  le  fer  est  à  l'état  de  protoxyde  dans  ces  composés,  ils  sont  so- 
lubles  dans  l'eau.  Cette  dissolution,  exposée  à  l'air,  absorbe  l'oxygène  et 
laisse  déposer  d'abondants  flocons  d'un  rouge  ocreux.  Le  précipité,  mis 
à  l'abri  du  contact  de  l'air,  se  réduit  spontanément,  repasse  au  bleu  noi- 


(3i6) 
râtre,  redevient  en  partie  soluble,  et  fournit  une  liqueur  sur  laquelle  les 
mêmes   phénomènes  peuvent  se    reproduire  un  certain   nombre  de  fois 
[Compte  rendu,  2$  août  i856). 

»  Des  pieux  de  fondation  d'un  pont  sur  la  Gélisse,  affluent  de  la  Baïse, 
ont  été  trouvés  complètement  carbonisés,  il  y  a  quelques  années,  et  l'eau 
puisée  au  fond  de  la  fouille  où  l'on  enlevait  ces  pieux  renfermait  une  quan- 
tité très-notable  du  produit  dont  il  s'agit. 

»  Dans  ceux  des  tuyaux  de  drainage  où  les  eaux  laissent  déposer  parfois 
des  dépôts  ocreux  qui  les  obstruent,  j'ai  fait  voir  que  ces  dépôts  étaient 
dus,  non  pas  à  du  carbonate  de  fer,  mais  à  ce  sel  de  fer  à  acide  organique 
dont  je  viens  de  parler.  Aussi  m'a-t-il  suffi  de  boucher  l'orifice  de  sortie  des 
drains  et  d'y  retenir  l'eau  pendant  quelques  jours  pour  les  débarrasser  de 
ces  obstructions  ferrugineuses.  I.e  sel  de  fer  insoluble,  redevenu  spontané- 
ment soluble,  s'est  écoulé  avec  l'eau. 

»  Ebelmen  a  signalé  l'oxydation  du  protoxyde  de  fer  provenant  des  roches 
qui  se  désagrègent  comme  une  des  causes  de  l'appauvrissement  en  oxygène 
de  notre  atmosphère.  N'est-ce  pas  à  l'aide  des  propriétés  de  ce  sel  crénique 
de  fer  que  la  nature  nous  restitue  cet  oxygène?  Partout  où  le  protoxyde  de 
fer  rencontre  des  matières  organiques  en  décomposition,  le  composé  créni- 
que se  produit  et  la  réduction  du  peroxyde  de  fer  peut  se  réaliser  avec  dé- 
gagement d'acide  carbonique  qui,  réduit  par  les  plantes,  restitue  à  l'air  son 
oxygène. 

»  Ainsi,  parmi  les  produits  habituels  et  nécessaires  de  l'altération  à  l'air 
des  matières  organiques,  il  faut  compter  un  acide  qui,  par  lui-même  ou  en 
se  modifiant,  forme  avec  le  protoxyde  de  fer  lui  sel  soluble  bleu-noirâtre, 
et  avec  le  peroxyde  de  fer  un  sel  insoluble  ocreux.  A  l'abri  de  l'air,  le  sel 
bleu-noirâtre  se  reproduit  toujours;  c'est  le  sel  ocreux  qui,  à  l'air  libre, 
prend  toujours  naissance.  Comme  si,  dans  les  couches  perméables  du  sol, 
on  voyait  se  réaliser  sur  la  surface  entière  du  globe  ces  phénomènes  carac- 
téristiques de  la  circulation  et  de  la  respiration  des  animaux. 

y>  De  même  que  partout  où  le  sang  s'arrête  et  séjourne  dans  la  profondeur 
des  organes  il  se  forme  un  sang  noir,  dont  la  matière  colorante  est  plus  so- 
luble, et  il  se  produit  de  l'acide  carbonique,  partout  aussi,  dans  les  profon- 
deurs du  sol,  le  composé  ferrugineux  qui  m'a  occupé,  pénètre  et  séjourne, 
il  se  réduit,  devient  soluble,  bleu-noir  et  dégage  de  l'acide  carbonique. 

»  De  même  encore  que  partout  où  le  sang  retrouve  le  contact  de  l'air,  il 
se  forme  un  sang  rouge,  dont  la  matière  colorante  est  moins  soluble,  par- 
tout aussi  à  la  surface  du  sol,  quand  le  composé  ferrugineux  qui  m'a  oc- 


(  3.7  ) 
cupé  retrouve  l'air  libre,  il  redevient  ocreux  et  insoluble.  A  l'élat  soluble,  il 
transporte  l'azote  qu'il  renferme  partout  où  il  pénètre;  redevenu  insoluble, 
il  oxyde  les  matières  organiques  pour  les  transformer  en  composés  assimi- 
lables par  les  plantes. 

»  Il  y  aurait  donc,  pour  continuer  l'emploi  de  la  même  image,  à  la  faveur 
de  ce  composé  ferrugineux,  une  véritable  circulation  et  une  véritable  res- 
piration du  sol  arable,  artérielle  à  la  surface,  veineuse  au  fond.  Le  drainage 
augmenterait  la  puissance  du'système  artériel. 

»  Ainsi  ce  ne  serait  pas  tout  à  fait,  à  mon  avis,  parce  que  le  peroxyde  de 
fer  peut  être  réduit,  en  général,  par  des  matières  organiques,  que  ce  corps 
joue  un  si  grand  rôle  dans  les  phénomènes  en  question,  mais  surtout  parce 
que  ces  phénomènes  utiliseraient  un  certain  sel  produit  par  un  acide,  pro- 
bablement identique  avec  l'acide  crénique,  lequel  réduit  spontanément  le 
peroxyde  de  fer,  tandis  que  celui-ci,  reprenant  son  oxygène  à  l'air  libre,  on 
verrait  reparaître  alternativement  ces  phénomènes  de  réduction  et  d'oxy- 
dation capables  de  brûler  en  définitive  la  matière  organique  mouillée  et  à 
froid . 

»  Les  chimistes  que  cette  classe  de  réactions  ont  récemment  occupés  me 
pardonneront  si  je  continue,  en  présence  de  leurs  travaux,  les  expériences 
qui  m'ont  occupé  déjà  et  qui  sont  nécessaires  pour  lever  les  doutes  qui  me 
restent  sur  la  nature  précise  de  l'acide  uni  au  fer  et  sur  la  nécessité  de  son 
intervention  générale.    » 

GÉOLOGIE.  —Puits  artésien  récemment  foré  à  Louisville  {Kentucky);  extrait  dure 

Note  de  M.  L.  Moissenet. 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  de  Verneuil.) 

«  Dans  le  mois  d'avril  1837,  ^-  Dupont,  propriétaire  de  la  papeterie  de 
Louisville,  commença  à  forer  un  puits  artésien  dans  la  cour  de  son  usine.  Les 
puits  ordinaires  étaient  insuffisants  pour  les  besoins  de  sa  fabrication,  et,  en 
cas  de  succès,  il  espérait  avoir  à  la  fois  l'eau  en  abondance  etau  niveau  des 
ateliers.  Après  seize  mois  de  travail,  le  puits  avait  atteint  2086  pieds  anglais 
(636mètresenviron)et  l'eau  jaillissait  à  170  pieds  anglais  (5 1™, 82)  au-dessus 
du  sol  ;  mais  elle  était  si  fortement  minéralisée  et  sulfureuse,  que  son  emploi 
pour  la  papeterie  était  entièrement  impossible.  Aussi  dès  le  principe  songea-t- 
on à  en  tirer  parti  au  point  de  vue  médicinal,  et  aujourd'hui  un  établissement 
de  bains  est  presque  entièrement  construit,  tandis  que  l'eau  en  barils  et  en  bou- 
teilles est  vendue  aux  environs,  et  expédiée  dans  tout  le  sud  des  États-Unis. 

C.  R.,  iSia,^'"'  Semestre.  (T.  XLIX,   N"  9.)  4^ 


(3.8) 

»  La  roche  traversée  par  la  sonde  est  principalement  calcaire  ;  vers  le 
fond  seulement  on  a  pénétré  les  grès  d'où  l'eau  a  jailli.  Louisville  est  bâtie 
au-dessus  du  calcaire  dévonien  des  chutes  de  l'Ohio;  les  couches  plongent 
légèrement  vers  le  sud-ouest  et  reposent  sur  le  grand  massif  silurien,  dont 
Cincinnati  occupe  à  peu  près  le  centre. 

»  Le  tableau  suivant  montre  la  série  des  couches  traversées  par  la  sonde  : 

Terrain  récent.   Diluvium  (drift  de  la  vallée  de  l'Ohio) ^6'"' 

Calcaire  fossilifère  dévonien  ( assez  pur) loo 

Calcaire  tendre  et  argile. i: 


409 


Silurien. 


Calcaire  fossilifère 52 

Calcaire  et  argile  ferrugineuse 5 

Calcaire  gris ,. 81 

Calcaire  avec  lits  d'argile 110 

Calcaire  assez  pur,  avec  parties  presque  blanches i49 

Argile  schisteuse 1 3 

Calcaire  avec  un  peu  d'argile  schisteuse  bleue 207 

Calcaire  avec  un  peu  de  schiste  plus  foncé 33 

Alternances  de  calcaire  fossilifère  blanc  et  calcaire  très-noir, 

avec  schistes  foncés 94 

Calcaire  schisteux 26 

Calcaire  de  couleur  claire  dur /je 

Argile  blanche 

Calcaire  gris ,  alternativement  dur  et  tendre 

Grès  blanc 4  ' 

Grès  blanc  très-dur,  grain  très-fin  (avec  du  calcaire  provenant  pro- 
bablement des  parois  supérieures  du  trou) 444 

Calcaire  magnésien  très-dur 6 

Grès 5o 


400 


I 

546 


Profondeur  totale. .  . .  2086''' 
»  La  comparaison  de  ce  tableau  avec  celui  qui  représente  la  division 
des  terrains  dans  le  Kentucky  (i),  montre  que,  outre  le  terrain  diluvien,  le 
sondage  a  traversé  l'entière  épaisseur  du  calcaire  corallien  dévonien  et  a 
pénétré  dans  la  formation  silurienne  jusqu'à  l'intérieur  des  couches  degrés, 
probablement  équivalentes  au  grès  de  Caradoc.  D'après  M.  le  professeur 
Smith,  ces  couches  affleurent  près  du  ruisseau  appelé  Dick's  Creek  dans  les 
comtés  de  Mercer,  3essamine  et  Goward.  Ces  localités  étant  de  5oo  pieds 
anglais  (i52  mètres)  plus  élevés  que  Louisville  et  aune  distance  d'environ 
75  milles  (au  sud-est),  c'est  probablement  là  qu'il  faut  chercher  l'origine 
des  eaux  artésiennes.  M.  Owen  indique  en  effet  vers  cette  région  l'exis- 

(i)  L'auteur  donne  ce  Tableau  que  l'étendue  du  présent  extrait  ne  nous  permet  pas  de  re- 
produire. 


(3.9) 
tence  d'une  faille  considérable,  dirigée  du  nord-est  au  sud-ouest,  formant  la 
limite  sud-est  d'un  grand  soulèvement  qui  a  relevé  les  couches  les  plus 
anciennes  du  Kentucky  central.  Au  sud  de  cette  faille  les  assises  du  calcaire 
bleu  (silurien)  sont  entièrement  brisées,  tandis  qu'au  nord  les  roches  de 
marbre  ont  conservé  leur  solidité.  De  ce  côté  a  eu  lieu  le  relèvement,  et  là 
aussi  se  manifeste  l'inclinaison  nord-ouest  du  bord  du  bassin  artésien.  La 
nature  des  eaux  rencontrées  dans  le  voisinage  se  rapproche  de  celle  des 
puits  sous  assez  de  rapports  pour  augmenter  encore  la  probabilité  de  l'hypo- 
thèse précédente. 

»  Le  diluvium  est  essentiellement  formé  de  sables  plus  ou  moins  argi- 
leux; il  contient  de  petits  cailloux  roulés  de  quartz  et  de  roches  éruptives, 
notamment  des  cornéennes  très-dures.  A  la  surface  du  sol,  mais  surtout  dans 
le  lit  de  l'Ohio,  on  trouve  des  galets  de  même  nature  assez  gros  pour  être 
utilisés  au  pavage  de  Louisville. 

»  Vers  le  milieu,  le  dépôt  sableux  est  interrompu  par  une  couche  de 
marne  argileuse  bleuâtre,  qui  suffit  à  retenir  les  eaux  d'infiltration  et  con- 
stitue le  fond  du  bassin  d'alimentation  des  puits  et  pompes  domestiques.  Il 
ne  faudrait  cependant  pas  croire  que  l'épaisseur  du  diluvium  est  régulière  ; 
la  surface  est  sensiblement  plane,  sauf  une  pente  aux  abords  du  fleuve;  la 
bouche  du  puits  artésien  se  trouve  ainsi  à  35  pieds  anglais  (i  i  mètres)  seu- 
lement au-dessus  de  l'étiage;  tandis  que  la  majeure  partie  du  plateau  occupé 
par  Louisville  en  est  à  60  pieds  anglais  (18  mètres)  ;  mais  l'irrégularité  pro- 
vient principalement  des  accidents  du  calcaire  dévonien  recouvert,  et  sur- 
tout, dans  cette  région,  de  la  dénivellation  souterraine  notable,  mise  à  nu. 
très-clairement  aux  chutes  du  fleuve. 

»  L'Ohio  descend,  sur  un  mille  et  demi,  environ  20  pieds  anglais 
(6  mètres),  par  une  série  de  rapides;  vers  le  milieu  les  roches  dévoniennes 
sont  relevées  d'environ  3o  pieds  anglais  (9  mètres);  la  chute  est  donc 
produite  par  la  traversée  d'un  vrai  barrage  calcaire,  oblique  sur  la  di- 
np  V  uo  uaisaiJB  S4ind  ne  4uaujuioo  anbijdxa  inb  ao  \S3  0  tiuBanoo  np  uoipaa 
percer  76  pieds  anglais,  épaisseur  du  diluvium  eu  amont  des  chutes,  tandis 
qu'à  l'opposé  sur  la  rive  droite  à  la  tête  des  chutes  on  n'a,  près  du  moulin, 
que  35  pieds  anglais  de  sables  et  graviers. 

»  Le  sondage  a  été  commencé  au  fond  d'un  puits  ordinaire;  dans  celui-ci 
l'eau  se  maintenait  à  20  pieds  anglais  de  l'orifice,  et  la  couche  marneuse  a  été 
rencontrée  à  3o  pieds  anglais;  une  galerie  d'écoulement  percée  jusqu'à  la  rive 
du  fleuve  a  montré  que  la  marne  bleue  se  relevait  dans  cette  direction,  de 
manière  à  interrompre  toute  communication  entre  les  eaux  de  la  ville  et 
la  rivière;  ce  fait  est  d'ailleurs  prouvé  par  le  régime  des  puits. 

4^.. 


(  3ao  ) 

»  On  enfonça  d'abord  par  simple  pression  un  tube  en  tùle  de  i4  pouces 
anglais  (o'",35)  de  diamètre,  en  retirant  à  mesure  les  matières  par  une 
cloche  à  soupape.  Le  calcaire  dévonien  fui  rencontré  avec  une  certaine  in- 
clinaison, qui  rendit  très-difficile  l'installation  d'un  joint  hermétique  entre 

les  tubes  et  la  roche. 

»  En  effet,  après  avoir   percé   au  trépan    un  trou  de  6  pieds  anglais 

de  profondeur  et  de  6  pouces  anglais  de  diamètre  dans  la  roche  solide, 
on  reconnut  que,  par  suite  de  la  pente  du  fond,  l'outil  avait  dévié  de 
telle  sorte,  que  le  trou  de  6  pouces  anglais  était  tout  à  fait  vers  un 
xm  des  côtés  du  tube  de  i4  pouces  anglais.  Après  divers  tâtonnements,  on 
réussit  par  une  disposition  particulière  représentée  dans  la  planche  annexée 
à  cette  Note.  Un  tube  en  tôle  de  5  pouces  anglais  de  diamètre  fut  descendu 
à  l'intérieur  du  premier;  son  extrémité  inférieure  était  garnie  d'une  enve- 
loppe de  caoutchouc  de  i4  pouces  anglais  de  longueur  et  d'un  demi-pouce 
anglais  d'épaisseur,  maintenue  par  un  collier  en  fer  (serré  à  chaud  sur  le 
tube),  et  reposant  sur  un  sabot  de  bronze  dans  lequel  glissait  le  bout  du 
tube  en  tôle  ;  le  sabot  n'étant  relié  à  ce  dernier  que  par  trois  goupilles  avec 
un  jeu  vertical  de  2  pouces  anglais,  lorsque  le  sabot  s'appuya  au  fond  du 
trou,  le  poids  du  tuyau  porta  sur  l'anneau  de  caoutchouc  qui  se  trouva 
fortement  serré  contre  la  paroi.  Le  joint  ainsi  établi  a  très-bien  résisté,  et, 
à  partir  de  ce  point  jusqu'au  fond  du  puits,  le  sondage  a  été  conduit  sur 
3  pouces  anglais  (o^jOyS)  de  diamètre  sans  exiger  aucun  autre  tubage.  « 

GKOLOGlE.  —  Sur  l'origine  de  certains  filons;  extrait  d'une  Note  de  M.  Meugy. 

(Commissaires,  MM.  Elie  de  Beaumont^  de  Senarmont,  Passy.) 

«  J'ai  observé  dans  les  anciennes  carrières  sous  Paris  un  fait  assez 
curieux,  qu'il  me  paraît  utile  d'enregistrer  comme  pouvant  jeter  quelque 
limiière  sur  l'origine  de  certains  filons.  Je  veux  parler  de  fontis  qui  se  pro- 
duisent souvent  à  la  limite  des  exploitations  abandonnées  et  qui  rappel- 
lent quelquefois  par  leurs  formes  assez  régulières  les  fentes  remplies  de 
substances  cristallines  ou  métallifères  dont  la  plupart  des  terrains  sont 
traversés.  C'est  un  fait  qui  a  surtout  été  remarqué  sous  le  cimetière  Mont- 
Parnasse  et  à  proximité  de  la  rue  Vavin,  où  la  couche  dé  calcaire  grossier 
dont  l'épaisseiu-  est  de  2",5o  environ,  a  été  exploitée  par  pihers  à  bras, 
haques  et  remblais.  Le  vide  qui  en  est  résulté  et  qui  de  prime  abord  avait  une 
hauteur  égale  à  l'épaisseur  de  la  couche,  a  été  comblé  au  moyen  de  déchets 
de  moellons,  et  de  matières  meubles  qui  se  sont  tassées  avec  le  temps.  Les 
piliers  de  pierre  sèche  se  sont  écrasés  et  les  terres  se  sont  comprimées  sous 


(  3.1  ) 

la  pression  des  terrains  supérieurs  dont  la  puissance  atteint  une  vingtanie 
de  mètres;  de  telle  sorte  qu'aujourd'hui  le  ciel  ,et  le  sol  de  l'ancienne  car- 
rière, au  lieu  de  comprendre  2™,5o  de  remblais  comme  dans  l'origine,  ne 
sont  plus  séparés  que  par  un  intervalle  de  i'",5o.  Il  s'est  donc  produit  un 
tassement  de  i  mètre  environ,  qui  n'a  pu  avoir  lieu  sans  que  les  couches 
supérieures  participent  au  mouvement  général  et  sans  qu'une  fente  se  dé- 
clare au  contact  de  la  masse  vierge.  Près  de  cette  fente,  les  couches  pier- 
reuses et  terreuses  se  sont  brisées  et  il  est  résulté  de  leur  désagrégation  une 
cloche  longitudinale  remplie  de  leurs  débris. 

»  C'est  après  le  déblayement  de  ces  matériaux,  qui  n'offrent  aucune  cort' 
sistance,  qu'on  peut  se  rendre  compte  de  la  forme  des  vides  formés  par 
l'éboulement.  Le  plus  souvent  la  cassure  se  prolonge  jusqu'au  sol  et  le 
tassement  intérieur  se  traduit  à  la  surface  à  partir  de  cette  cassure  par  une 
dénivellation  équivalente.  Ces  sortes  de  cloches  sont  interrompues  soit  à  la 
limite  des  carrières,  soit  à  la  rencontre  des  piliers  de  masse  laissés  par  les  an- 
ciens. On  conçoit  d'ailleurs  que  les  conditions  dans  lesquelles  elles  se  pré- 
sentent, dépendent  essentiellement  de  la  puissance  de  la  couche  exploitée 
et  de  la  direction  donnée  aux  travaux. 

»  Les  faits  qu'on  observe  dans  les  anciennes  carrières  exploitées  par 
piliers  tournés  sont  tout  différents.  Dans  ce  cas,  le  terrain  présentant  une 
résistance  pour  ainsi  dire  indéfinie  à  l'aplomb  des  piliers  épais  réservés 
dans  la  masse,  il  arrive  toujours  qu'au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long 
le  ciel  cède  entre  ces  piliers  et  donne  lieu  à  une  calotte  qui,  en  s'agrandis- 
sant  successivement,  finit  par  atteindre  le  niveau  du  sol  .et  se  transforme 
alors  en  un  véritable  fontis  dont  les  parois  prennent  le  talus  propre  aux 
terres  de  recouvrement.  Il  n'y  a  donc  point  ici  de  cassures  affectant  des 
directions  déterminées  comme  dans  le  cas  précédent,  maïs  au  contraire  des 
espèces  d'entonnoirs  isolés,  comme  on  en  a  vu  encore  tout  récemment  des 
exemples  à  Montmartre  au-dessus  d'anciennes  carrières  qui  remontaient  à 
plus  d'un  demi-siècle. 

»  Toutefois  les  deux  systèmes  d'accidents  peuvent  se  présenter  à  la  fois 
dans  les  localités  où  l'exploitation  a  eu  lieu  partie  par  piliers  tournés,  partie 
par  remblais. 

»  Des  effets  semblables  à  ceux  que  nous  venons  de  décrire  ne  peuvent- 
ils  pas  s'être  produits  à  diverses  époques  à  la  suite  des  commotions  qui  ont 
profondément  ébranlé  la  croûte  terrestre?  Et  ne  peuvent-ils  pas  avoir  été 
déterminés  par  des  érosions  souterraines  dues  à  l'action  des  eaux  ou  par  la 

destruction  de  couches  combustibles? Admettons  qu'une  ou  plusieurs 

fentes  naissent  sous  leur  influence.  Les  eaux  de  la  surface  vont  trouver 


(  3.^  ) 
à  l'intérieur  un  facile  accès  et  pourront  dissoudre  ou  désagréger  certaines 
roches,  surtout  avec  le  concours  de  l'air  qui  par  son  oxygène  et  son 
acide  carbonique  opère  tant  d'allérations  et  de  décompositions.  Or,  ces 
altérations  et  ces  décompositions  produiront,  suivant  la  nature  des  roches 
et  leur  degré  d'homogénéité,  des  vides  plus  ou  moins  étendus  dans  le 
sens  des  couches  qui  simuleront  jusqu'à  un  certain  point  ceux  que  la 
main  de  l'homme  a  produits  dans  nos  carrières  et  dont  nous  pouvons 
sûrement  apprécier  les  conséquences.  Ne  peut-il  pas  arriver  aussi  que  des 
courants  d'eau  intérieurs  aient  préludé  aux  ébranlements  qui  ont  signalé  la 
production  de  certaines  fentes?  Il  existe  entre  les  terrains  bouleversés  de 
notre  globe  et  les  sources  minérales  une  telle  connexité,  que  les  phéno- 
mènes de  dislocation  qu'ils  présentent  peuvent  être  attribués  à  l'une  ou 
à  l'autre  de  ces  causes  agissant  isolément  ou  consécutivement.  » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Du  goémon  dans  la  culture  des  polders  ; 
par  M.   Hervé  Mangon.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Payen,  Peligot.) 

o  I.e  varech  ou  goémon  est  le  seul  engrais  employé  dans  les  terrains  de 
l'île  de  Noirmoutiers  (Vendée  ).  On  l'emploie  aujourd'hui  à  la  même  dose 
qu'il  y  a  un  siècle  ;  d'anciens  documents  prescrivent  aux  tenanciers  de  cer- 
taines terres  le  transport  d'un  nombre  de  charges  d'âne  de  goémon  précisé- 
ment égal  à  celui  que  l'on  met  aujourd'hui  dans  les  mêmes  parcelles.  Evi- 
demment, la  composition  de  ce  produit  est  la  même  qu'à  cette  époque,  et 
comme  le  rendement  moyen  des  terres  est  à  peu  près  le  même  aussi,  d'après 
les  livres  de  dîmes  que  l'on  possède  encore,  on  va  comprendre  avec  quel 
intérêt  j'ai  examiné  les  circonstances  que  je  vais  indiquer,  lorsque  des 
études  de  travaux  de  polders  m'ont  amené  dans  ce  pays  il  y  a  quelques 
années. 

»  Par  suite  d'une  singularité  que  l'on  ne  rencontrerait  probablement 
nulle  autre  part,  les  terres  de  l'île  de  Noirmoutiers,  comme  si  on  avait  voulu 
les  consacrer  à  une  grande  expérience  agricole,  ne  reçoivent  jamais  d'en- 
grais d'origine  animale.  Le  bétail,  assez  peu  nombreux  dans  l'île,  est  pres- 
que toujours  renfermé.  Le  fumier  qu'il  produit  et  ses  déjections,  soigneuse- 
ment recueillis  dans  les  étables,  dans  les  cours,  et  jusque  sur  les  chemins, 
pétris  ensemble,  servent  à  façonner  des  espèces  de  galettes,  semblables  à  de 
grandes  bouses  de  vache  que  l'on  fait  sécher  au  soleil  et  à  l'air.  Ces  galettes 
forment  pour  l'hiver  un  combustible  grossier.  La  cendre  entassée  près  de  la 
chaumière  est  achetée  parles  cultivateurs  du  Bocage  vendéen  qui  apportent 
en  échange  du  bois  de  chauffage  et  des  fagots. 


(  323  ) 

»  Ce  commerce  singulier  est  mis  en  pratique  de  temps  immémorial  dans 
l'île  de  Noirmoutiers.  On  est  donc  bien  certain  que  les  engrais  d'origine 
animale  n'ont  point  compliqué  les  résultats  donnés  par  son  agriculture. 
Pour  en  étudier  les  éléments,  j'ai  choisi  les  champs  de  la  paroisse  de  Bar- 
bâtre,  situés  dans  la  partie  la  plus  étroite  de  l'île,  qui  ne  reçoivent  que  l'eau 
de  pluie  qui  tombe  à  leur  surface.  Ces  terrains  forment  de  véritables  polders 
conquis  sur  la  mer  par  des  endiguements  depuis  fort  longtemps. 

»  Le  système  de  culture  adopté  pour  ces  terres  est  celui-ci.  On  laisse  le 
champ  en  herbe  pendant  quatre  ou  cinq  ans.  On  obtient,  sans  fumure, 
2,000  à  3,000  kilogrammes  de  foin  par  an  et  par  hectare.  On  défonce  cette 
espèce  d'herbage  en  décembre  et  janvier.  On  y  sème  des  fèves  qui  sont  re- 
cueillies en  juillet  ou  août.  En  août  et  septembre,  on  donne  un  labour 
léger,  on  apporte  3o,ooo  kilogrammes  de  varech  frais,  que  l'on  dé- 
pose en  petits  tas,  pour  le  répandre  à  la  fourche  et  l'enfouir  le  plus  rapide- 
ment possible  par  un  labour  léger,  et  enfin  on  sème  du  froment.  Pendant 
trois  ou  quatre  ans,  on  répète  chaque  année  cette  fumure  et  ces  semailles, 
puis  on  fait  une  année  de  fèves  sans  fumure;  puis  on  revient,  pendant  trois 
ou  quatre  ans,  au  froment  fumé  à  3o,ooo  kilogrammes  de  goémon,  et  ainsi 
de  suite.  Tous  les  quinze  ou  vingt  ans  on  remet  en  herbe,  comme  on  l'a  dit 
d'abord. 

o  Le  produit  est  de  dix-huit  à  vingt  hectolitres  de  froment  par  an.  Tous 
les  cultivateurs  n'emploient  pas  une  aussi  forte  fumure,  mais  leurs  récoltes 
décroissent  au  moins  proportionnellement  à  la  réduction  d'engrais.  Dans 
les  terres  plus  douces,  le  système  de  culture  est  un  peu  différent,  mais  il  n'y 
a  pas  à  s'en  occuper  ici. 

»  La  proportion  d'azote  dans  le  sol  cultivé  depuis  plus  ou  moins  long- 
temps est  essentiellement  égale,  d'après  mes  analyses,  à  celle  de  ce  corps 
dans  le  terrain  vierge  de  l'alluvion  avant  l'endiguement.  Le  régime  de 
culture  et  de  fumure  que  l'on  vient  d'indiquer  entretient  donc,  sans  l'aug- 
menter ni  la  diminuer,  la  fertilité  du  sol  des  polders. 

»  La  quantité  des  sels  solubles,  qui  à  l'origine  provenait  de  l'eau  de  mer 
dont  le  sol  avait  été  imprégné,  décroît  naturellement  avec  la  durée  de  la 
culture.  Cette  décroissance  continue  jusqu'à  ce  qu'il  s'établisse  un  état  d'é- 
quilibre entre  les  matières  solubles  entraînées  parles  eaux  et  apportées  par 
les  engrais.  Par  l'effet  d'une  très-longue  culture,  la  proportion  de  calcaire 
dimiiuie  beaucoup,  soit  parce  qu'il  est  enlevé  par  les  récoltes,  soit  parce 
qu'il  est  entraîné  par  les  eaux.  On  conçoit  que  sa  proportion  devienne  in- 
suffisante avec  le  temps,  et  que  Ton  soit  obligé  d'ajouter  à  des  terrains  de 


(  3a4  ) 
cette  espèce  du  sable  calcaire,  comme  on  le  pratique  sur  une  si  grande 
échelle  avec  les  tangues  dans  les  bas  pays  de  la  Manche  et  du, Calvados. 
Tanguer  ces  anciens  polders,  c'est,  pour  le  dire  en  passant,  les  rajeunir  de 
tout  le  temps  écoulé  depuis  que  la  mer  les  a  abandonnés,  en  les  ramenant 
à  leur  composition  à  cette  époque. 

«  Le  goémon  qui  sert  à  fumer  les  terres  de  l'île  de  Noirmoutiers  est  un 
mélange  d'un  assez  grand  nombre  de  plantes  marines  communes.  J'ai  exa- 
miné aussi,  mais  seulement  à  titre  de  renseignement,  la  composition  du 
Bytiphlœa  pina&troides,  plante  malheureusement  assez  rare  à  Noirmoutiers, 
mais  que  les  habitants  regardent  comme  l'engrais  le  plus  puissant  de  la  côte 
et  qu'ils  recueillent  avec  le  plus  grand  soin.  Les  chiffres  fournis  par  l'ana- 
lyse expliquent  parfaitement  du  reste  la  préférence  que  la  pratique  attribue 
à  cet  engrais. 

»  En  nous  occupant  seidement,  dans  cet  extrait,  de  la  grande  culture 
et  du  goémon  frais,  nous  trouvons  les  résultats  suivants  : 

I.  II. 

Mélange  moyen  de  varechs  Rytiphiaea 

communs  pris  sur  pinastroides 

le  champ  au  moment  pris  à  la 

du  transport.  grande  côte, 

i".  Matières  volatiles. 

Eau  perdue  à  100  degrés 78,820  56,090 

Matière  organique  non  compris  l'azote.  . .        8,272  22,484 

Azote 0,16447     81,75647  1,08754     79,61154 

2°.  Cendres. 

Sels  minéraux  solubles  dans  l'eau i  ,992  9i9o6 

Résidu  siliceux  insoluble  dans  les  acides. .       8,366  3,4a6 
Alumine, peroxyde  de  fer  et  tracesde  phos- 
phates        o,4ïo  0)844 

Chaux 3 ,  934  3 , 4 1 2 

Magnésie,  acide  carbonique  et  autres  pro- 
duits non  dosés 3, 54153     18,24353  2,80046     20,88846 

100,00000  100,00000  100,00000  IOO,OOOOf» 

Dont  sable  mélangé  mécaniquement 1 1 ,66  3 ,  79 

»  Comparons  maintenant  la  proportion  d'azote  introduite  dans  le  sol 
par  la  fumure  avec  l'engrais  n"  i  à  la  quantité  de  ce  corps  enlevée  par  les 
récoltes. 

»  Le  goémon  employé  à  la  dose  de  3o,ooo  kilogrammes  par  hectare 
apporte    aux  champs  chaque  année  49''i34  d'azote.    Or  la    production 


(  325  ) 
moyenne  est  de  19  hectolitres  de  froment  par  an.  Cette  récolte  représente 
à  peu  près  1482  kilogrammes  de  grain  et  un  poids  double  de  paille,  soit  en 
tout  4446  kilogrammes  de  récolte  totale  exportée,  dosant  i  pour  100 
d'azote  en  moyenne,  soit  44''»46  d'azote  par  an.  L'azote  exporté  par  l'a  ré- 
colte de  froment,  paille  et  grain,  est  donc  sensiblement  égal  à  l'azote  im- 
porté par  le  goémon.  La  récolte  de  fèves  obtenue  sans  fumure  tous  les 
quatre  ou  cinq  ans,  et  les  récoltes  de  foin  faites  tous  les  dix-huit  ou 
vingt  ans  sont  prélevées  sur  le  petit  excès  de  l'azote  du  fumier,  sur  celui  de 
la  récolte  et  sur  les  éléments  de  fertilité  qu'un  sol  en  culture  tire  toujours 
de  l'atmosphère. 

11  En  résumé,  la  terre  d'un  polder  est  aussi  riche  en  azote  après  plusieurs 
siècles  d'une  culture  convenable  que  le  sol  d'alluvion  qui  le  constituait  au 
moment  même  de  son  endiguement.  Les  craintes  relatives  à  la  décroissance 
rapide  de  la  richesse  de  ces  terrains,  souvent  conquis  à  grands  frais  par 
des  travaux  difficiles,  ne  sont  point  fondées. 

•  •>  Le  varech  employé  comme  engrais  exclusif  à  Noirmoutiers  offre  un 
exemple  remarquable  de  la  transformation  les  unes  dans  les  autres  des  ma- 
tières organiques  nécessaires  aux  besoins  de  l'homme  sous  l'influence  de 
la  végétation.  L'habitant  de  Noirmoutiers  qui  mange  1  kilogramme  de  pain 
consomme  en  réalité  sous  une  autre  forme  12  à  i3  kilogrammes  de  ces  va- 
rechs que  la  mer  produit  en  si  grande  quantité  autour  de  lui,  et  qui  ne 
pourraient  directement  lui  offrir  aucun  aliment  utile.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Note  sur  l'intégration  des  équations  de  la  forme 

d"  Y 

x'"  -y—  =  aj  par  des  intégrales  définies,  x  désignant  un  nombre  constant 
et  n  un  nombre  entier  el  positif  soumis  à  la  condition  m<,n;  par  M,  Spitzek. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Hermite.) 

CHIRURGIE.   —  Guérison  d'une  division  congéniale  du  voile  du  palais  par  la 

cautérisation;  par  M.  Benoit. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  J.  Cloquet.) 

Ce  Mémoire  devant  être  prochainement  l'objet  d'un  Rapport,  nous  nous 
bornons  aujourd'hui  à  mentionner  sa  présentation. 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  la  vision  et  spécialement  sur  la  perception  des  reliefs 

dans  le  stéréoscope  et  dans  la  nature;  par  M.  Doumot. 

(Commissaire,  M.  Pouillet.) 

C.  R.,  1809,  i^"  Semestre.  (  T.  XLIX,  N»  9.)  4^ 


{  326  ) 

MKDECINE.  —  Sur  h  température  du  corps  humain  dans  l'état  physiologique  et 
pathologique  et  sur  l'emploi  thérapeutique  du  froid  spécialement  dans  le  trai- 
tement des  fièvres  typhoïdes;  par  M.  Wanner. 

(Commissaires,  MM.  Rayer,  Cl.  Bernard.) 

MM.  Paignon  et  Vacdaux,  propriétaires  des  brevets  de  M.  Canouil  pour 
la  préparation  d'allumettes  chimiques  sans  phosphore,  demandent  que  cette 
invention,  qui  a  été  soumise  l'an  passé  au  jugement  de  l'Académie  et  ren- 
voyée à  l'examen  de  la  Commission  du  prix  des  Arts  insalubres  pour  iSSg, 
soit  prise  en  considération  par  la  Commission  chargée,  dans  la  précédente 
séance,  de  préparer  un  Rapport  en  réponse  à  une  question  concernant  cette 
sorte  de  produits  posée  par  M.  le  Ministre  de  la  Guerre. 

M.  Gaultier  de  Glaubry,  à  l'occasion  de  la  question  soulevée  par  M.  I« 
Ministre  de  la  Guerre  et  des  recherches  dont  elle  doit  être  l'objet  de  la  part 
de  la  Commission  qui  a  été  désignée  à  cet  effet,  adresse  une  copie  d'un 
Mémoire  sur  les  allumettes  chimiques,  avec  ou  sans  phosphore,  qu'il  a  pré- 
-senté  l'an  passé  à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Tra- 
vaux publics. 

Ces  deux  pièces  sont  renvoyées  à  l'examen  des  Commissaires  nommés 
dans  la  précédente  séance  :  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Pouillet,  Payen,  3. 
Cloquet. 

M.  Legendre,  auteur  d'un  Mémoire  sur  quelques  cas  rares  de  hernies 
crurales,  précédemment  présenté  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie,  adresse,  pour  se  conformer  à  une  des  conditions  imposées 
aux  concurrents,  une  indication,  en  double  exemplaire,  de  ce  qu'il  consi- 
dère comme  neuf  dans  son  travail. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  Chirurgie.) 

M.  FicHET  soumet  au  jugement  de  l'Académie  deux  Notes  sur  de  nou- 
velles dispositions  qu'il  a  imaginées  pour  les  bandages  herniaires  et  pour 
une  autre  sorte  de  bandages. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 


(  3^7  ) 

CORRESPONDAJVCE . 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance un  opuscule  adressé  par  M.  Baudrimonl,  professeur  à  la  Faculté 
des  Sciences  deBordeaux  :  «  Instruction  relative  à  la  vérification  des  engrais 
duidépartement  de  la  Gironde.  » 

dette  Notice  a  été  rédigée  à  la  demande  de  M.  le  Préfet  de  ce  département 
pour  faire  connaître  aux  agriculteurs  les  avantages  qu'ils  peuvent  tirer  de 
la  vérification  des  engrais  qu'il  a  établie  depuis  la  fin  de  i854-  H  serait 
à  désirer,  dit  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  qu'il  y  eût  pour  chacun  de  nos 
départements  quelque  chose  de  semblable,  puisque  les  engrais,  qui  sont 
partout  aujourd'hui  l'objet  d'un  commerce  considérable,  donnent  lieu  à 
des  fraudes  très-dommageables  à  nos  agriculteurs. 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  hauteurs  du  mont  Vélan  et  du  mont  Combina 
en  Valais,  conclues  d'un  nivellement  barométrique,  les  i4  et  3o  juillet  iSSg; 
Lettre  de  M.  Plantamour,  directeur  de  l'observatoire  de  Genève,  à 
M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Voici  la  Note  que  vous  m'avez  demandée  sur  les  résultats  des  compa- 
raisons de  vos  baromètres  avec  ceux  de  l'observatoire  de  Genève  et  de 
l'hospice  du  grand  Saint-Bernard  (i). 

«  Moyenne  de  1 1  comparaisons  faites  le  8  juillet  avant  le  départ  pour  le 
Saint-Bernard  : 

Barom.  Observât.  Barom.  Tonnelot.  Barom.  Fastré  5G. 

■j32°'"',793-H24',57        733'"'°,525-l-23%97        733"'", 480  4- 24", 80. 


(i)  Pendant  un  séjour  que  M.  L.  Grandeau  et  moi  avons  fait  au  mois  de  juillet  dernier  à 
l'hospice  du  Saint-Bernard,  nos  études  nous  ayant  fait  désirer  d'atteindre  la  cime  de  quelques- 
unes  des  hautes  montagnes  qui  le  dominent,  deux  ascensions  ont  été,  en  effet,  entreprises 
et  exécutées  avec  un  plein  succès,  grâce  au  temps  exceptionnellement  favorable  de  cet  été  : 
le  i4  juillet  au  mont  Vélan,  et  le  3o  juillet  au  mont  Combin,  tous  deux  situés  sur  les  limites 
du  Valais  et  du  Piémont.  Cette  dernière  ascension  présente  quelque  intérêt,  parce  que  c'était 
la  première  fois  qu'on  atteignait  la  cime  du  Combin,  élevée  de  433i  mètres,  ainsi  qu'il  résulte 
des  comparaisons  et  des  calculs  que  M.  Plantamour  a  bien  voulu,  sur  ma  demande,  appliquer 
aux  résultats  de  nos  observations  barométriques  et  dont  le  détail  est  contenu  dans  la  Lettre 

ci-jointe. 

(  Note  de  M.  Ch.  Saiicte-Claire  Deville.  ) 

43.. 


"'^. 


(  3c»8  ) 
Ces  observations  ont  été  réduites,  en  ajoutant  au  baromètre  de  l'observa- 
toire la  correction  •+-  i"°',o3  adoptée  jusqu'à  présent  (+  o°"",  a4  pour  la 
capillarité,  et  +  o^^j^g  pour  l'erreur  de  l'instrument)  et  en  n'ayant  égard 
pour  le  baromètre  de  l'observatoire,  dont  la  monture  est  en  bois,  qu'à  la 
dilatation  du  mercure. 

»   On  trouve  alors  les  équations  suivantes  : 

Barotn.  Observatoire  =  Baroni.  Tonnelot  —  o°"",o92 
»  =  Barom .  Fastré  56  +  o"""" ,  o43 . 

»  Moyenne  de  lo  comparaisons  faites,  du  ii  au  i3  juillet,  pendant  le 
premier  séjour  au  Saint-Bernard  : 

Barom.  St-Bernard.  Barom.  Tonnelot.  Barom.  Fastré  56. 

5'77""",oi7 +i8%24        576""", 325  4-16', 22        576""",  102  + 1 5', 20. 

»  Ces  observations  ont  été  réduites,  en  ajoutant  au  baromètre  du  Saint- 
Bernard  la  correction  —  o°"",35  adoptée  jusqu'à  présent  (4-  o""",35  pour  la 
capillarité  et  —  o'"'",']o  pour  l'erreur  de  l'instrument).  La  monture  du  ba- 
romètre du  Saint-Bernard  étant  également  en  bois,  la  réduction  à  zéro  s'est 
faite  en  ne  tenant  compte  que  de  la  dilatation  du  mercure.  On  trouve  alors 
les  équations  suivantes  : 

Barom.  Saint-Bernard  =  Barom.  Tonnelot  —  o""",  o33 
=  Barom.  Fastré  56  -1-  o""",o95. 

B  De  nouvelles  comparaisons  ont  été  faites  dans  les  séjours  subséquents 
au  Saint-Bernard;  réduites  de  la  même  manière,  elles  fournissent  les  équa- 
tions suivantes  : 

7  comp.  du  i5  au  22  juillet  :  Barom.  Saint-Bernard  =  Barom.  Tonnelot  —  o""",o6o 
9  comp.  du  i5  au  28  juillet  :  »  =  Barom.  Fastré  56  +  o""",  060 

»  Ces  résultats  montrent  que  les  baromètres  de  l'observatoire  de  Genève 
et  du  grand  Saint-Bernard  sont  sensiblement  d'accord  avec  les  corrections 
adoptées;  on  a  en  effet,  par  l'intermédiaire  du  baromètre  Tonnelot, 

Barom.  Observatoire  =  Barom.  Saint-Bernard  —  o°'"',o46, 

et  par  l'intermédiaire  du  baromètre  Fastré  56, 

Barom.  Observatoire  :i:  Barom.  Saint-Bernard  —  o'""',o34- 

»  Lorsque  M.  Grandeau  a  passé  par  Genève  le  24  juillet  à  son  retour  du 
Saint-Bernard,  le  baromètre  Tonnelot  a  été  de  nouveau  comparé  à  celui  de 


^ 


(  3^9) 
l'observatoire,   mais  on  a  obtenu  des  résultats  un  peu  différents  de  ceux 
que  l'on  avait  trouvés  à  son  premier  passage.  La  moyenne  de  i3  compa- 
raisons non  réduites  donne  : 

liarom.  Observât.  Barom.  Tonnelot. 

'j29""",8o5  4- 22»,59,        •j3o"'",255  +  2i»,92, 

d'où  l'on  tire  l'équation 

Barom.  Observatoire  =  Barom.  Tonnelot  +  o""",  200, 

résultat  qui  diffère  de  o°"°,3  environ  de  celui  que  les  comparaisons  du  8  juil- 
let avaient  donné. 

»  J'ai  calculé,  d'après  vos  observations,  la  hauteur  des  sommités  situées 
dans  le  voisinage  du  Saint-Bernard,  dont  vous  avez  fait  l'ascension  ;  ce  calcul 
a  été  fait  d'après  mes  tables  hypsométriques,  en  prenant  pour  station  infé- 
rieure le  Saint-Bernard,  dont  la  position  est  très-favorable  pour  cette  déter- 
mination et  dont  la  hauteur  est  exactement  connue.  (D'après  mon  nivelle- 
ment, la  hauteur  de  la  cuvette  au-dessus  de  la  mer  est  de  2478"",  34).  N'ayant 
pas  (le  données  sur  l'humidité  de  l'air  pour  l'une  cTh  pour  l'autre  des  stations, 
j'ai  supposé  partout  la  fraction  de  saturation  égale  à  0,75.  Cette  évaluation 
arbitraire  (par  exemple  un  peu  trop  forte  vu  les  circonstances  météorolo- 
giques) ne  peut  du  reste  agir  que  d'une  manière  insensible  sur  l'exactitude 
du  résultat;  en  effet,  si  on  négligeait  entièrement  le  terme  dû  à  l'humidité 
de  l'air  et  si  on  égalait  à  zéro  la  fraction  de  saturation  pour  la  station  supé- 
rieure et  pour  la  station  inférieure,  la  hauteur  du  Vélan  serait  diminuée 
de  5"",  8,  et  celle  du  Combin  de  8"",  2. 

Hauteur  au-dessus  du      Hauteur  au-dessus 
■SSg.  mont  Ë^intBernard.  de  la  mer. 

14  juillet       midi       Premier  sommet  du  Vélan 1213,7  8692,0 

3" 45"   Cime  du  Vélan 1281,9  3760,2 

28  »             10.06      Sommet  de  la  Clienaletle 4''7>4  2895,7 

»            11.00  Sommet  de  la  pointe  de  Dronaz.  ^^5,2  2953,5 

3o  >>          midi3o      Sommet  du  Combin i853,i  4^3 1, 4 

»  Dans  mon  ascension  du  Vélan,  le  7  août  i855,  j'avais  trouvé  i286'",o 
pour  la  hauteur  de  la  cime  au-dessus  du  mont  Saint-Bernard,  soit  3764'", 3 
pour  la  hauteur  au-dessus  de  la  mer,  résultat  qui  s'accorde  à  3  mètres 
près  avec  celui  qu'ont  obtenu  les  ingénieurs  suisses  chargés  de  la  triangula- 
tion pour  la  carte  topographique  de  la  Confédération.  Il  est  de  plus  à 
remarquer  que  la  cime  du  Vélan  étant  recouverte  d'une  couche  de  neiges 


(  33o  ) 

éternelles,  l'épaisseur  de  cette  couche  peut  varier  d'année  en  année.  En  par- 
ticulier, il  est  probable  que  ces  dernières  années  elle  a  dû  diminuer  en  rai- 
son de  la  quantité  comparativement  très-faible  de  neige  tombée  sur  les 
montagnes  dans  le  cours  des  trois  derniers  hivers.  Eu  égard  à  cette  cir- 
constance, l'accord  entre  nos  résultats  peut  être  considéré  comme  com- 
plet. 0 

MÉDECJNE,   —  Emploi  du  curare  dans  le  Irailement  du  tétanos; 
par  M.  L.  Vejlla  (de  Turin). 

«  Partant  des  expériences  faites  par  M.  Claude  Bernard  depuis  i85o, 
et  des  résultats  qu'il  avait  obtenus  avec  le  curare,  qu'il  avait  montré  comme 
un  agent  paralysant  l'action  du  système  nerveux  moteur,  j'ai  entrepris  au 
mois  de  décembre  i856,  avec  mes  amis  les  professeurs  Ercolani  et  Tommasi, 
une  longue  série  d'expériences  que  j'ai  communiquées  à  la  Société  des 
Sciences  biologiques  de  Turin.  Les  résultats  de  ces  expériences  peuvent 
être  résumés  en  disant  que  j'ai  vérifié  l'action  physiologique  antagoniste 
sur  le  système  nerveux,  qui  existe  entre  le  curare  et  la  strychnine,  et  que  " 
j'ai  pu,  chez  les  animaux,  en  agissant  avec  les  précautions  nécessaires,  neu- 
traliser les  effets  toxiques  des  deux  substances  l'une  par  l'autre. 

»  Cela  posé,  ayant  observé  plusieurs  cas  de  tétanos,  dans  l'hôpital  mili- 
taire français  de  Turin  (où  j'étais  médecin  traitant  de  la  première  division 
des  blessés),  et  dans  lesquels  l'emploi  des  opiacés,  de  l'éther,  etc.,  etc., 
avait  échoué,  il  me  vint  à  l'idée  de  faire  sur  l'homme  l'application  de  mes 
expériences  de  i856. 

«  M.  Salleron,  médecin  en  chef  de  l'hôpital,  à  qui  j'avais  communiqué 
les  résultats  ci-dessus  mentionnés,  non-seulement  ne  mit  pas  d'empêchement 
à  mon  projet,  mais,  au  contraire,  voulut  bien  m'encourager  et  m'aider  de 
ses  lumières  en  dirigeant  lui-même  mes  tentatives. 

»  Les  premiers  essais  furent  faits  sur  deux  individus  attaqués  du  tétanos, 
l'un  depuis  quatre,  l'autre  depuis  cinq  jours,  à  la  suite  de  blessures  par 
coups  de  feu.  Ils  se  trouvaient  dans  un  état  de  demi-asphyxie  et  dans  des  con- 
ditions tout  à  fait  désespérées.  Même  dans  cette  circonstance,  l'application 
du  curare  amenait  un  calme  et  un  relâchement  musculaire  qui  soulageait 
beaucoup  les  malades.  Cependant  ils  nepurentêtresauvés.  Dans  le  troisième 
cas  dont  je  me  propose  d'entretenir  l'Académie,  le  résultat  de  mes  tentatives 
fut  complet,  et  le  malade  a  été  entièrement  guéri. 

))   Le  sujet  était  un  sergent  au  4'*  de  ligne,  nommé  Alexis  Thomas,  âgé 


{  33.  ) 
de  trente-cinq  ans,  blessé  le  4  juin»  à  la  bataille  de  Magenta,  par  un  coup  de 
balle  au  pied  droit,  qui  avait  produit  une  fracture  incomplète  du  premier 
métatarsien,  avec  lacération  des  tendons  et  des  parties  environnantes. 

»  Le  malade  entrait  à  l'hôpital  le  lo  juin,  n'ayant  encore  reçu  d'autres 
soins  que  de  simples  pansements  avec  de  l'eau  fraîche;  mais  il  se  trouvait 
du  reste  dans  les  meilleures  conditions  possibles.  Le  i3,  on  fit  l'extraction  de 
la  balle,  et  le  malade,  qui  commençait  à  souffrir  davantage,  en  fut  telle- 
ment soulagé,  que  le  lendemain,  on  lui  accorda  les  trois  quarts  de  portion. 

»  Le  i6  (douze  jours  après  avoir  été  blessé),  il  éprouva  un  peu  de  rai- 
deur au  cou,  avec  difficulté  de  mouvoir  la  mâchoire  et  la  tète,  ainsi  que 
quelques  convulsions  passagères. 

»  I^  17,  la  mâchoire  est  fortement  serrée,  et  il  lui  est  impossible,  par 
moments,  d'ouvrir  la  bouche. 

»  Sans  m'arréter  maintenant  à  décrire  en  détail  l'apparition  successive 
des  symptômes  produits  par  le^trismus,  l'opisthotonos,  etc.,  je  me  bornerai  à 
dire  que  le  matin  du  18,  lorsque  je  visitai  pour  la  première  fois  le  malade, 
je  reconnus,  avec  tous  les  médecins  de  l'hôpital,  qu'il  était  atteint  d'iln 
tétanos  général  bien  caractérisé. 

application  du  curare. 

»  L'état  du  malade  était  si  grave,  que  je  crus  d'abord  devoir  le  saigner 
pour  combattre  l'asphyxie  dont  il  était  menacé.  Ensuite,  après  avoir  dé- 
bridé la  plaie,  je  lui  administrai  une  potion  fortement  laudanisée  qui  ne 
produisit  aucun  effet. 

»  Dans  l'après-midi,  je  me  décidai  à  l'application  du  curare  sur  la  plaie. 

))  La  dose  fut  d'abord  de  10  centigrammes  sur  4o  grammes  d'eau  ;  mais 
je  la  portai,  en  l'augmentant  successivement,  jusqu'à  i  gramme  sur 
80  grammes  d'eau. 

»  Après  trois  quarts  d'heure  et,  quand  la  quantité  du  curare  était  plus 
forte,  une  demi-heure,  chaque  application  était  suivie  d'une  diminution 
dans  la  rigidité  tétanique,  ensuite  d'un  relâchement  musculaire  si  com- 
plet, que  le  malade  pouvait  immédiatement  boire,  prendre  quelques  soupes, 
uriner,  s'asseoir  sur  son  lit,  etc. 

»  Quand  l'action  du  curare  était  finie,  la  jambe  droite  (la  blessée)  était 
toujours  la  première  à  éprouver  les  secousses  tétaniques  qui,  dans  le  com- 
mencement, reparaissaient  avec  toute  leur  vioJence.  Dans  les  trois  premiers 
jours  de  ce  traitement  extraordinaire,  l'absorption  par  la  plaie  suffisait 
pour  produire  le  relâchement  musculaire  et  le  calme  général  dont  je  viens 


(  33.  ) 
de  parler.   Après  cette  époque,  je  dus  poser  un  premier  vésicatoire  à  la 
cuisse,  et  le  huitième  jour,  le  répéter  afin  d'avoir  une  large  surface  absor- 
bante. 

»  Pendant  quatre  jours,  les  pansements  étaient  renouvelés  toutes  les 
trois  heures,  ensuite  toutes  les  cinq  heures  jusqu'au  douzième  jour  où  je 
les  réduisis  à  trois  fois,  et  même  deux  fois  dans  les  vingt-quatre  heures. 

»  J'ai  remarqué  que  la  blessure  du  pied  elles  plaies  des  vésicatoires  ne 
souffraient  nullement  de  l'application  du  curare;  au  contraire,  leur  cicatri- 
sation marcha  très-vite. 

»  Je  ne  crois  pas  devoir  décrire  maintenant  les  modifications  successives 
du  régime  ni  parler  des  petits  soins  ordinaires  que  je  donnai  au  malade,  ce 
qui  serait  inutile  pour  le  but  que  je  me  suis  proposé  dans  cette  Note.  Je 
dirai  seulement  que  le  curare,  qui  pendant  les  premiers  huit  jours  parve- 
nait constamment  à  éloigner  les  accès,  en  en  diminuant  progressivement 
l'intensité,  a  fini  par  les  faire  disparaître  entièrement;  et  le  lo  juillet  le 
malade  quittait  pour  la  première  fois  le  lit  sans  éprouver  aucune  secousse 
convulsive. 

»  J^e  I  5  il  sortit  pendant  une  heure,  et  le  25  il  quitta  l'hôpital,  se  ren- 
dant en  France  complètement  guéri. 

»  Or,  quelle  que  soit  l'action  spécifique  du  curare  sur  les  centres  nerveux, 
il  est  certain  qu'il  paralyse  l'action  des  nerfs  moteurs  de  la  vie  animale, 
action  qui  procède  par  l'intermédiaire  des  ceEftres  nerveux. 

»  En  conséquence  l'emploi  du  curare  était  logiquement  indiqué,  et, 
m'appuyant  sur  ces  données  physiologiques,  je  l'ai  expérimenté. 

»  Je  désire  vivement  que  mes  tentatives  soient  répétées  dans  des  cas 
semblables.  Cependant  il  faut  que  le  tétanos  n'ait  pas  lésé  trop  profondé- 
ment les  organes  vitasx,  ni  surtout  le  poumon. 

»  Je  désire  aussi  que  l'emploi  du  curare  soit  tenté  dans  le  traitement  de 
l'hydrophobie,  but  que  je  m'étais  proposé  depuis  longtemps  et  que,  par  le 
manque  d'occasion,  je  n'ai  pas  encore  pu  atteindre.  » 

Remarques  de  M.  Velpeac  à  l'occasion   de  Vanaljie  de  la  précédente  Noie 
donnée  de  vive  voix  par  M  Cl.  Bernard. 

«  Sans  contester  l'intérêt  du  fait  que  vient  de  raconter  M.  Cl.  Bernard,  j« 
crois  cependant  devoir  faire  remarquer  qu'd  doit  être  accueilli  avec  réserve. 
Le  curare  est  un  agent  si  actif,  un  poison  si  dangereux,  qu'avant  de  l'ac- 
cepter comme  remède  il  importe  d'en  avoir  bien  constaté  l'efficacité. 


(  333  ) 
»  Il  est  vrai  que  le  tétanos  est  assez  redoutable  de  son  côté  et  si  réfrac- 
taire  aux  médications  connues,  que  tout  est  en  quelque  sorte  permis  à  son 
occasion.  On  aurait  tort  néanmoins  de  le  regarder  comme  absolument 
mortel,  même  quand  il  est  aigu  et  traumatique.  Ainsi,  on  en  a  guéri  plu- 
sieurs malades  avec  l'opium,  avec  l'éther,  avec  le  musc,  avec  le  camphre, 
avec  l'eau  froide  comme  avec  le  chloroforme,  ce  qui  ne  l'empêche  pas 
d'avoir  presque  toujours  une  terminaison  fatale,  même  quand  on  le  traite 
par  ces  divers  moyens. 

»  L'auteur  dit  qu'il  y  a  eu  beaucoup  de  tétaniques  parmi  les  blessés  de 
l'armée  d'Italie.  Or  je  tiens  de  plusieurs  chirurgiens,  de  M.  Larrey  en  par- 
ticulier, lui  le  chirurgien  en  chef  de  cette  armée,  qu'il  y  en  a  eu  très-peu  au 
contraire.  Puis,  ce  tétanos  qu'on  arrête,  qui  renaît,  qu'on  arrête  de  nou- 
veau et  pour  ainsi  dire  à  volonté  pendant  près  de  quinze  jours,  m'inspire, 
je  l'avoue,  quelque  défiance!  Il  s'agit  dans  la  Note  de  trois  cas,  deux  morts 
après  les  traitements  ordinaires  et  le  troisième  guéri  par  l'usage  du  curare. 
Eh  bien,  j'ai  eu  à  la  Charité  trois  cas  de  tétanos  aussi  dans  le  courant  des 
années  1857  et  i858.  Deux  de  mes  malades  ont  succombé,  et  le  troisième 
est  guéri  comme  à  l'hôpital  de  Tiu-in.  Cependant  celui-ci,  jeune  fille  que 
j'avais  opérée  d'une  énorme  tumeur  au  cou,  n'avait  pas  été  traité  autrement 
que  les  autres  et  qu'une  foule  d'autres  que  j'ai  perdus  auparavant. 

»  Ce  sont  ces  quelques  cas  de  guérison  spontanée  et  exceptionnelle  qui 
ont  toujours  fait  la  vogue  jusqu'ici  des  nombreux  moyens  vantés  tour  à 
tour  comme  remède  efficace  du  tétanos,  et  qui,  finalement,  n'ont  point 
empêché  le  tétanos  de  rester  presque  constamment  une  maladie  mortelle. 

»  En  thérapeutique  surtout,  un  seul  fait  ne  permet  jamais  de  conclure, 
et  comme  je  n'en  vois  qu'un  ici  et  que  ce  seul  fait  me  paraît  entouré  de 
causes  d'erreur  variées,  je  dis  que,  sans  le  repousser  et  avant  d'en  donner 
l'explication,  d'en  tirer  des  conséquences,  il  est  prudent  d'en  attendre  la 
confirmation.  » 

Réponse  de  M.  Claude  Berivard  aux  remarques  de  M.  Velpeau. 

o  Je  puis  rassurer  M.  Velpeau  à  l'égard  des  appréhensions  qu'il  vient  de 
manifester  relativement  au  danger  que  pourrait  présenter  l'emploi  du  curare 
dans  le  traitement  du  tétanos.  On  a  en  effet  entouré  l'histoire  du  curare  de 
récits  merveilleux  sur  son  action  terrible.  Cela  vient  sans  doute  de  ce  que 
cette  substance  sert  aux  Indiens  à  empoisonner  leurs  flèches  et  de  ce  qu'elle 
a  le  singulier  privilège  de  pouvoir  être  avalée  à  forte  dose  sans  aucun  incon- 

C.  «.,  1809,  2"'"  Semestre.  (T.  XLIX    N«9.)  44 


(  334  ) 
vénient,  tandis  que  par  une  simple  piqûre  elle  peut  produire  la  mort.  Mais 
toutes  les  expériences  extrêmement  nombreuses  qu'on  a  faites  récemment 
pour  étudier  les  propriétés  physiologiques  de  ce  poison,  ont  prouvé  que 
l'activité  du  curare  n'a  rien  qui  puisse  le  faire  exclure  de  la  thérapeutique. 
On  emploie  tous  les  jours  avec  prudence  et  comme  médicaments,  l'acide 
prussique,  la  strychnine,  l'atropine,  etc.,  qui  sont  des  poisons  plus  éner- 
giques et  par  conséquent  plus  dangereux  que  le  curare.  Cela  se  prouve  par 
des  expériences  sur  les  animaux,  et  on  peut  le  voir  pour  l'homme  en  com- 
parant les  doses  de  curare  dont  a  dû  faire  usage  M.  Vella,  et  qui  sont  rela- 
tivement considérables. 

»  Maintenant,  quant  à  l'efficacité  du  curare  dans  le  traitement  du  cas  de 
tétanos  cité  par  M.  Vella,  elle  me  paraît  évidente.  Il  s'agit  d'un  cas  de  téta- 
nos traumatique  bien  caractérisé.  L'intermittence  des  accès  que  M.  Velpeau 
regarderait  comme  pouvant  faire  penser  que  ce  cas  n'était  pas  des  plus 
graves,  n'est  pas  une  forme  qui  appartînt  primitivement  à  la  maladie,  mais 
au  contraire  une  résultat  direct  de  l'application  du  curare.  En  effet,  chaque 
application  de  cette  substance  a  toujours  fait  cesser  l'accès  tétanique,  et  le 
phénomène  s'est  reproduit  assez  souvent  pour  qu'il  me  semble  qu'on  doive 
exclure  l'idée  d'une  pure  coïncidence.  Ici  le  curare,  en  modifiant  l'action 
des  nerfs  moteurs  sur  les  muscles,  a  calmé  la  rigidité  musculaire  tétanique 
consécutive  à  une  blessure  par  armes  à  feu,  absolument  comme  il  calme 
aussi  la  rigidité  musculaire  tétanique  due  à  l'action  de  la  strychnine. 

»  Il  faut  sans  doute  un  plus  grand  nombre  de  faits  pour  établir  défini- 
tivement la  valeur  d'un  médicament  nouveau  dans  le  traitement  d'une 
maladie.  Mais  je  crois  que  ce  cas  de  tétanos  traumatique,  traité  avec  succès 
par  le  curare,  est  de  nature  à  engager  les  médecins  et  les  chirurgiens^à  tenter 
le  même  moyen.  J'ajouterai  en  outre  qu'on  peut  y  être  encore  engagé  théo- 
riquement, parce  qu'ici  les  données  physiologiques  sont  tout  à  fait  d'accord 
avec  les  résultats  thérapeutiques.  M.  Vella  est  un  physiologiste  distingué; 
en  appliquant  les  propriétés  physiologiques  du  curare  dans  le  traitement 
du  tétanos,  il  a  montré  qu'il  cherche  à  appuyer  la  médecine  sur  la  physio- 
logie et  à  en  déduire  des  indications  pratiques.  Cette  tendance  a  produit 
ici  une  tentative  heureuse,  et  c'est  une  raison  pour  qu'elle  soit  encouragée 
par  tous  ceux  qui  sont  jaloux  de  voir  la  médecine  marcher  dans  la  voie 
scientifique.  » 

Remarques  de  M.  Serres  à  l'occasion  de  la  même  communication. 
«   L'observation  que  vient  de  présenter  M.  Cl.  Bernard  sur  l'emploi  du 


(  335  ) 
curare  contre  le  tétanos  traumatique  me  paraît  de  nature  à  pouvoir  servir  de 
point  de  départ  pour  le  traitement  de  cette  affection  si  grave. 

«  Le  tétanos  est  caractérisé,  en  effet,  parune  contraction  fixe  du  système 
musculaire  qui,  parvenue  aux  muscles  delà  respiration,  détermine  la  mort 
par  une  sorte  d'asphyxie.  Physiologiquement,  on  peut  établir  que  la  cause 
qui  le  produit  semble  affecter  plus  particulièrement  les  nerfs  moteurs. 

»  Or  le  fait  que  renferme  cette  observation  consiste  à  établir  que  ce 
poison  agit  sur  ces  nerfs  et  fait  cesser  la  contraction  des  muscles. 

V  L'observation  contient,  en  effet,  plusieurs  expériences  sous  ce  rapport; 
car,  chaque  fois  qu'un  paroxysme  tétanique  s'est  manifesté,  l'emploi  du 
■curare  l'a  fait  cesser  d'une  manière  d'autant  plus  efficace,  que  l'intensité  du 
paroxysme  allait  toujours  en  décroissant. 

»  Les  expériences  analogues  faites  par  l'auteur  pour  amener  la  cessation 
des  contractions  musculaires  produites  par  l'action  de  la  strychnine,  sont 
de  nature  d'ailleurs  à  ajouter  une  confiance  nouvelle  dans  les  essais  à  faire 
de  ce  moyen  pour  combattre  le  tétanos  traumatique;  affection,  nous  le 
répétons,  presque  toujours  mortelle,  et  contre  laquelle  la  médecine  est 
impuissante. 

»  Quant  au  danger  que  paraît  craindre  M.  Velpeau  de  l'usage  d'un 
poison  si  actif,  on  peut,  avec  toute  assurance,  s'en  rapporter  à  la  prudence 
des  médecins.  » 

Remarques  de  M.  J.  Cloquet. 

«  M.  Jules  Cloquet  trouve  l'observation  communiquée  par  M.  Cl.  Ber- 
nard très-intéressante  sous  les  rapports  tout  à  la  fois  physiologique  et  théra- 
peutique. Il  a  employé  ou  vu  employer  presque  tous  les  moyens  préconisés 
contre  le  tétanos,  et  sur  plus  de  cinquante  cas  qui  ont  été  soumis  à  son 
observation,  il  n'a  pas  souvenance  d'un  seul  exemple  de  guérison.  Or-chaque 
agent  thérapeutique  en  a  d'autres  qui  modifient  ou  neutrahsent  son  action. 
Il  en  est  de  même  pour  beaucoup  de  principes  morbifiques  qui  sont  neutra- 
lisés par  certains  médicaments.  Que  le  tétanos  soit  traumatique  ou  la  suite 
d'un  violent  empoisonnement  par  la  strychnine  ou  la  noix  vomique,  les 
symptômes  et  les  résultats  sont  les  mêmes.  Ces  symptômes  dénotent  une 
contraction  violente,  une  rigidité  remarquable  des  muscles,  rigidité  qui 
peut  persister  après  la  mort.  L'esprit  conçoit  qu'un  poison  très-actif,  le 
curare,  qui  produit  des  effets  contraires  à  ceux  de  la  strychnine  sur  les 
systèmes  nerveux  et  musculaire,  une  sidération  complète  des  muscles, 
puisse  neutraliser  la  cause  du  tétanos  et  le  guérir.  Le  café  n'est-il  pas 

44- 


(  336  ) 

l'antidote  dans  les  cas  d'empoisonnement  par  l'opium?  Le  quinquina  n'est-il 
pas  l'agent  qui  neutralise  le  principe  des  fièvres  et  de  beaucoup  de  mala- 
dies intermittentes?  etc. 

»  Dans  l'observation  de  M.  Cl.  Bernard,  on  peut  suivre  pour  ainsi  dire 
pas  à  pas  les  effets  salutaires  des  applications  de  curare  lors  de  l'apparition 
rapide  de  la  maladie  et  à  chacun  des  accès  qui  se  sont  succédé  à  divers 
intervalles  après  la  disparition  momentanée  des  accidents  de  la  première  in- 
vasion. On  a  peut-être  exagéré  faction  toxique  du  curare?  On  sait  d'ailleurs 
,  que  l'action  des  médicaments  est  différente  sur  l'homme  dans  l'état  de  santé 
et  dans  celui  de  maladie.  Dans  l'observation  dont  il  est  question,  le  curare 
n'a  été  employé  qu'à  faibles  doses,  en  solution,  sur  la  plaie  débridée  et  sur 
les  vésicatoires  qu'on  avait  appliqués  pour  augmenter  son  absorption  par 
la  méthode  endémique. 

»  M.  Jules  Cloquet,  tout  en  reconnaissant  l'intérêt  qui  se  rattache  à  l'ob- 
servation présentée  par  M.  Cl.  Bernard,  voudrait  cependant  qu'on  en  re- 
nouvelât les  essais,  qu'on  confirmât  ou  infirmât  les  résultats  obtenus  une 
première  fois,  qu'on  fît  surtout  des  expériences  sur  des  animaux  chez  les- 
quels on  aurait  produit  le  tétanos  par  des  plaies  empoisonnées  par  la 
strychnine,  et  que  l'on  traiterait  ensuite  par  le  curare.  » 

Observations  de  M.  Rayer. 

«  Je  ferai  remarquer  que  M.  Velpeau  vient  de  citer  un  fait  très-excep- 
tionnel, en  disant  que  sur  trois  cas  de  tétanos  traumatique  qu'il  a  observés 
l'année  dernière,  un  s'est  terminé  parla  guérison.  En  opposant  ce  fait  à  celui 
qui  est  communiqué  par  M.  Cl.  Bernard,  M.  Velpeau  pourrait,  contre  sa 
pensée,  faire  supposer  aux  personnes  étrangères  à  la  pratique  de  la  méde- 
cine et  de  la  chirurgie  que  la  proportion  d'un  cas  de  guérison  sur  trois  cas 
de  tétanos  traumatique  n'est  pas  rare,  et  faire  douter  ainsi  de  l'efficacité  du 
curare  dans  le  cas  rapporté  par  M.  Vella. 

»  M.  Velpeau  sait  mieux  que  personne  que  les  cas  de  guérison  de  tétanos 
traumatique  sont  excessivement  rares.  Je  me  rappelle  avoir  entendu  dire  à 
Dupuytren  que  sur  quarante  cas  de  tétanos  traumatique,  il  ne  pouvait  en 
citer  qu'un  qui  ne  se  fût  pas  terminé  par  la  mort.  Si  M.  Velpeau  eût  donné 
le  résultat  de  sa  pratique  entière,  l'heureuse  tentative  de  M.  Vella  eiit  été 
Hiieux  et  plus  facilement  appréciée.  Elle  me  paraît  mériter  l'attention  la  plus 
sérieuse  de  la  part  des  chirurgiens. 

»  Quant  aux  guérisons  de  tétanos  qu'on  dit  avoir  été  obtenues  à  l'aide  de 


(  ^3?  ) 
inédicamenls  très-divers,  elles  sont  généralement  relatives  à  des  cas  de  téta- 
nos spontané,  maladie  beaucoup  moins  grave  que  le  tétanos  Iraumatique.  » 

Observations  de  M.  Jobert  de  Lamballe. 

«  La  communication  de  M.  Cl.  Bernard  offre  de  l'intérêt  sous  le  rap- 
port de  la  pathologie,  de  la  thérapeutique  et  du  résultat  heureux  qui  a 
couronné  l'application  du  curare. 

«  Disons  d'abord  qu'il  s'agit  bien,  dans  le  fait  rapporté,  d'un  tétanos 
aigu  Iraumatique,  de  la  forme  la  plus  grave  et  qui  est  presque  toujours  sui- 
vie de  la  mort.  Notre  confrère  M.  Velpeau  sait  parfaitement  que  les  exem- 
ples de  guérison  de  tétanos  survenu  à  la  suite  de  plaies  d'armes  à  feu  se 
comptent,  et  l'on  ne  peut,  en  effet,  le  comparer  avec  le  tétanos  spontané, 
qui  ne  ressemble  au  premier  ni  par  la  cause  ni  par  les  résultats  qui  sont 
souvent  si  essentiellement  différents. 

»  Il  faut  donc  prendre  en  sérieuse  considération  la  communication  faite 
par  M.  Cl.  Bernard;  car,  il  est  bien  démontré  pour  moi  que  le  tétanique  dont 
il  est  question  doit  sa  guérison  à  l'usage  du  poison  énergique  qui,  en  cette 
circonstance,  mérite  le  nom  de  médicanient.  Pourquoi  n'en  serait-il  pas  de 
ce  poison  violent,  relativement  à  son  usage,  comme  de  l'acide  prussique, 
de  la  strychnine,  etc.,  dont  on  s'est  servi  avec  avantage  pour  combattre  des 
maladies  diverses?  La  strychnine  est  un  poison  aussi  énergique  que  le  cu- 
rare, et  cependant  on  s'en  sert  comme  d'un  médicament  précieux.  On  ne 
doit  pas  plus  s'effrayer  de  l'emploi  du  curare  que  de  l'usage  que  l'on  a  fait 
prudemment  des  préparations  de  morphine,  d'acide  hydrocyanique,  etc. 

»  On  s'est  demandé  si  l'on  ne  pouvait  pas  élever  de  doutes  sur  le  mode 
d'action  du  curare  et  sur  son  action  directe  contre  ce  tétanos.  D'après 
nous,  il  ne  peut  y  avoir  de  doute  à  cet  égard  ;  car,  si  nous  nous  reportons 
au  moment  de  l'administration  du  médicament,  on  voit  que  son  efficacité 
a  été  toute-puissante.  Ne  voit-on  pas  immédiatement  après  l'application  du 
curare  les  violentes  contractions  musculaires  cesser,  se  renouveler  et  dispa- 
raître après  de  nouvelles  applications? 

»  Quoique  ce  fait  de  l'emploi  du  curare  soit  unique,  il  emprunte  des 
bases  si  solides  aux  expériences  physiologiques  de  M.  Cl.  Bernard,  et  parle 
si  haut,  qu'on  ne  peut  trop  le  conseiller  et  engager  les  chirurgiens  à  en 
faire  usage  dans  des  circonstances  graves  et  difficiles.  » 


(  338  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Aurore  boréale  observée  dans  la  nuit  du  zS  nu  29  août  ; 
extrait  d'une  Note  de  M.  Govlviek-Gravier. 

H  Vers  2  heures  du  matin,  en  montant  observer,  je  vis  qu'il  existait 
une  aurore  boréale.  Do  a'^iS"'  à  a''3o'°,  elle  commença  à  s'étendre  et  à  s'éle- 
ver à  une  grande  hauteur  au-dessus  de  l'horizon.  De  a''3o"  à  a^^6"'  le 
sommet  du  grand  arc  atteignait  le  trapèze  de  la  Baleine.  Son  étendue  était 
depuis  la  Licorne  jusqu'à  10  degrés  S.  B  Aigle,  ce  qui  donnait  à  cet  arc 
une  amplitude  de  plus  de  aoo  degrés,  et  une  altitude  de  i  5o  degrés.  Le 
sommet  du  petit  arc  s'élevait  jusqu'à  /j  Dragon  ou  26  degrés;  son  étendue, 
depuis  Cerbère  jusqu'au  petit  Lion,  ou  un  peu  plus  de  100  degrés. 

»  Cette  aurore  boréale  est  la  plus  belle  que  j'aie  vue  jusqu'ici,  surtout 
sous  le  rapport  de  l'espace  qu'elle  occupait  dans  le  ciel,  car  tout  son  con- 
tenu était  visible  et  par  l'absence  de  la  lune  et  par  l'absence  de  nuages 
importants.  Aussi,  si  le  ciel  a  été  favorable  dans  les  régions  situées  plus  au 
Sud,  on  a  dû  l'apercevoir  jusque  dans  l'Afrique  et  une  partie  de  l'Asie. 

»  Le  mouvement  de  translation,  quoique  peu  rapide,  de  cette  aurore, 
était  de  rO.-S.-O.  à  TE.-N.-E.  Dans  les  moments  où  le  phénomène  a  paru 
dans  tout  son  éclat,  la  matière  donnant  naissance  aux  aurores  boréales  et 
australes  était  dans  une  grande  agitation.  Dans  les  instants  où  cette  matière 
se  réunissait  le  plus  en  masse,  les  rayons  paraissaient  d'une  couleur  rouge- 
sang,  ou  mieux  semblable  à  du  fer  chauffé  au  rouge.  Puis,  pour  peu  que  la 
condensation  continuât,  les  rayons  et  segments  devenaient  semblables  à 
du  fer  chauffé  à  blanc. 

))  L'espace  occupé  par  le  petit  arc  était  comme  toujours  d'une  couleiu- 
verdâtre  devenant  d'un  vert  noir  au  centre  près  de  l'horizon,  le  tout  parais- 
sant sans  aucuns  rayons.  De  3''r5"'  à  4  heures  du  matin  la  majesté  de  ce 
curieux  et  mystérieux  phénomène  s'affaiblit  de  plus  en  plus,  et  disparut 
un  peu  plus  tôt  à  cause  de  l'arrivée  du  jour.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  propriétés  autoplastiques  de  la  dure-mère  et  sur  les 
ostéoph)'tes  cérébrales  ;  extrait  d'une  Note  de  M.  Fonssagrives 

«  La  communication  faite  à  l'Académie  des  Sciences  par  M.  le  docteur 
Molas,  d'Auch,  à  propos  du  dernier  travail  de  M.  Ollier  sur  les  propriétés 
ostéoplastiques  de  la  dure-mère,  tendrait  à  faire  considérer  certaines  pro- 
ductions osseuses,  déposées  dans  le  voisinage  de  la  faux  cérébrale,  comme 


(  339  ) 
une  émanation  de  celle-ci,  ce  qui  infirmerait  la  remarque  de  M.  Ollier  rela- 
tivement à  l'inaptitude  de  ce  repli  à  reproduire  du  tissu  osseux.  Mais  la 
production  osseuse  que  M.  le  docteur  Molas  fournit  comme  preuve  à  l'appui 
de  sa  manière  de  voir,  est  d'une  nature  toute  différente  de  celles  obtenues 
dans  les  ingénieuses  expériences  de  M.  Ollier.  Elle  appartient  à  la  catégorie 
des  ostéoph/tes  cérébrales  qui  n'ont  aucune  connexion,  si  ce  n'est  une  con- 
nexion de  voisinage,  avec  la  dure-mère,  et  qui  se  développent  primitive- 
ment entre  la  pie-mère  et  le  feuillet  cérébral  de  l'arachnoïde.  Un  hasard 
singulier  m'a  fait  rencontrer,  en  moins  d'un  an,  deux  cas  d'ostéophytes 
cérébrales.  I/une  reposant  sur  la  partie  antérieure  du  corps  calleux,  entre 
la  partie  plane  de  l'hémisphère  gauche  et  la  faux  ;  l'autre  logée  dans  une 
excavation  de  la  face  convexe  de  l'hémisphère  droit  :  toutes  les  deux  étaient 
libres,  n'avaient  aucune  adhérence  avec  la  dure-mère,  et  leur  apparence, 
comme  leur  constitution  chimique,  les  assimilait  complètement  au  tissu 
osseux  compacte.  » 

M.  Dei.frayssé  adresse  une  Note  concernant  les  corpuscules  qu'on  voit 
flotter  dans  la  portion  de  l'air  éclairée  par  le  soleil  qui  pénètre  à  travers  un 
étroit  orifice  dans  un  espace  sombre.  Il  pense  qu'il  serait  possible  d'étu- 
dier ces  petits  corps,  parmi  lesquels  il  est  disposé  à  croire  qu'il  y  a  des  êtres 
animés. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Milne  Edwards.) 

M.  Bouquet  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  faire  connaître  le  juge- 
ment qui  aura  été  porté  sur  un  travail  qu'il  lui  a  précédemment  adressé 
concernant  la  résolution  des  équations. 

Ce  travail,  qui  avait  été  renvoyé  à  l'examen  de  MM.  Liouville  et  Ber- 
trand, n'a  pas  encore  été  l'objet  d'un  Rapport.  On  le  fera  savoir  à  l'auteur. 

M.  Hekvet  prie  l'Académie  de  faire  examiner  un  appareil  qu'il  a  imaginé 
pour  modérer  les  mouvements  d'une  voiture  dont  les  chevaux  sont  em- 
portés. 

L'auteur  n'ayant  point  adressé  la  description  de  son  appareil,  la  de- 
mande ne  peut,  pour  le  présent,  être  prise  en  considération. 

I^a  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  E.  D.  B. 


(  34o  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPIIIQI'E. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  22  août  iSôg  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Etude  sur  la  variole,  la  vaccine  et  les  revaccinations,  etc.  ;  par  le  D""  Marx 
D'ESPINE;  br.  in-8°. 

Mémoire  sur  l'action  curative  et  prophylactique  du  brome  contre  les  affections 
pseudo-membraneuses  ;  par  leD'Ch.  Ozanam.  Paris,  iSSg;  br.  in-8°. 

Dictionnaire  général  des  eaux  minérales  et  d'hydrologie  médicale;  par 
MM.  Dukand-Fardel,  Eugène  Le  Bret,  J.  Lefort,  avec  la  collaboration 
de  M.  Jules  François;  2*  liv.  in-8°. 

Société  impériale  de  Médecine,  Chirurgie  et  Pharmacie  de  Toulouse.  Compte 
rendu  des  travaux  depuis  le  10  mai  iSbS  jusqu'au  i5  mai  1869  (Sg*  année}. 
Toulouse,  i859;in-8°. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Observatoire  du  Collège  romain;  nouvelle  série, 
11°  5;  in  4°. 

Memoria...  Sur  un  cas  de  surdité  complète  pendant  dix  années,  guéri  par  la 
perforation  de  la  membrane  du  tympan;  par  M.  E.  GlAMPiETRO;  br.  in-8°. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  29  août  1869  '^^  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Instruction  relative  à  la  vérification  des  engrais  du  département  de  la  Gironde: 
par  M.  Baudrimont.  Bordeaux,  1859;  in-8°. 

Description  de  deux  espèces  de  galles  trouvées  sur  le  Quercus  pedimculata  ; 
parJ.  Léon  SOUREIRAN.  {feuille  in-8°. 

Hôpital  Saint-Louis  à  Turin;  par  M.  H.  Gaultier  DE  Claubry.  |  feuille 
in-S". 

ERRATA. 

(Séance  du  16  août  1859.) 
Page  Î69,  ligne  23,  au  lieu  de  la  mine  d'Eton,  lisez  la  mine  d'Eston. 

(Séance  du  22  août  iSSg.) 

Pages  290,  ligne  ■;,  et  291,  ligne  i4,  eu  lieu  de  sels,  lisez  sols. 

Page  298,  ligne  5,  au  lieu  de  Burdet,  lisez  Burdel.  Et  ligne  17,  au  lieu  de  Boike,  lisez 

BOINET. 

nr-n»»-»»fr« 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  S€IEX€ES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  SEPTEMBRE  1859 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Formation  artificielle  de  l'acide  tartrique. 

«  M.  Pelouze  annonce  à  l'Académie  la  découverte  importante  de  la 
formation  artificielle  de  l'acide  tartrique  faite  par  M.  J.  Liebig ,  en  traitant 
le  sucre  de  lait  et  les  gommes  par  l'acide  nitrique. 

>'  L'examen  approfondi  des  propriétés  et  de  la  composition  de  l'acide 
tartrique  artificiel  n'a  laissé  à  M.  Liebig  aucun  doute  sur  sa  parfaite  iden- 
tité avec  l'acide  tartrique  du  raisin. 

»  L'acide  tartrique,  qui  se  forme  comme  il  vient  d'être  dit,  est  accom- 
pagné d'un  second  acide  isomérique  avec  l'acide  oxalhydrique  de  Guérin- 
Varry.  « 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Résumé  de  plusieurs  Mémoires,  et  d'un  ouvrage 

présenté;  par  M.  Lamé. 

"  En  faisant  hommage  à  l'Académie  d'une  publication  intitulée  :  Leçons 
SUT  les  coordonnées  curvilignes,  je  suis  obligé  d'entrer  ici  dans  quelques  dé- 
veloppements, car  diverses  parties  de  l'ouvrage,  que  je  dois  définir  suc- 
cinctement, tiennent  de  plusieurs  Mémoires  que  je  n'ai  pas  pu  présenter. 

»  Il  s'agit  d'un  instrument  analytique,  dont  j'expose  la  théorie  et  les 

C.  &.,  i859,  î'""  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  10.)  45 


(  342  ) 
diverses  applications.  Les  titres  de  sept  chapitres,  concentrant  chacun  phi- 
sieiirs  leçons,  peuvent  résumer  cette  exposition,  et  un  article  à  la  suite  de 
chaque  titre  suffira  pour  indiquer  les  points  de  vue  nouveaux  qui  lui  cor- 
respondent, et  qui  résultent  de  recherches  inédites. 

I.   Définition  des  coordonnées  curvilignes.  —  Paramètres  différentiels. 
—  Formules  de  transformation. 

»  Dès  ce  dehut,  il  m'a  paru  indispensable  d'introduire  une  expression 
nouvelle,  pour  désigner  toute  quantité  qui  a  une  valeur  déterminée  en 
chaque  point  d'un  espace  limité  ou  indéfini,  laquelle  valeur  change  d'un 
point  à  un  autre.  Je  l'appelle  une  fonction- de -point.  Cette  dénomination 
embrasse  :  le  potentiel  dans  la  théorie  de  l'attraction;  la  pression  dans  un 
fluide  en  repos  ou  le  paramètre  des  surfaces  de  niveau;  la  température 
dans  un  milieu  en  équilibre  de  chaleur  ou  le  paramètre  des  surfaces  iso- 
thermes; la  projection,  sur  un  arc  fixe,  du  déplacement  moléculaire  dans 
la  théorie  de  l'élasticité;  enfin,  et  plus  généralement,  le  paramètre  de  toute 
famille  de  surfaces.  D'après  sa  définition,  une  certaine  fonction-de-point 
particularise  l'étendue  à  trois  dimensions,  comme  une  certaine  surface,  ou 
comme  une  certaine  courbe,  particularise  l'étendue  à  deux  dimensions, 
ou  à  une  seule  dimension.  De  même  que  la  surface  ou  la  courbe,  cette  fonc- 
tiou-de-point  peut  être  rapportée  à  une  infinité  de  systèmes  coordonnés 
différents.  Mais  lorsqu'on  passe  d'un  système  à  un  autre,  certains  éléments 
caractéristiques  restent  invariables.  Tels  sont,  pour  la  fonction-de-point, 
ses  paramètres  différentiels  du  premier  et  du  second  ordre  ou  ses  dérivées 
naturelles  qui,  définissant  ses  propriétés  géométriques  ou  physiques,  con- 
servent les  mêmes  formes  et  les  mêmes  valeurs  numériques  en  chaque 
point,  quel  que  soit  le  système  coordonné.  (Mémoire  sur  tes  paramètres  diffé- 
rentiels des  fonctions-de-point.  ) 

II.    Théorème  fondamental  de  M.  Dupin.  —  Courbures  des  surfaces  orthogonales 
et  de  leurs  arcs  d'intersection. 

»  Lorsque  les  équations  de  la  Dynamique,  ou  celles  de  la  Physique  ma- 
thématique, sont  transformées  en  coordonnées  curvilignes,  les  formules  de 
ce  second  chapitre  permettent  de  les  exprimer  sans  paramètres  d'aucune 
espèce,  à  l'aide  des  courbures  des  surfaces  conjuguées  et  des  variations 
suivant  les  arcs  d'intersection.  De  telle  sorte  que  les  nouvelles  expressions 
analytiques  énoncent  elles-mêmes  leur  interprétation  géométrique.  Mais, 
afin  que  ce  but  soit  toujours   atteint,  il  est  essentiel  d'introduire  pour 


(  343  ) 

chaque  famille  de  surfaces,  outre  ses  deux  courbures  classiques,  une  troi- 
sième courbure,  que  j'ai  appelée  paramétrique  parce  qu'elle  dépend  du 
paramètre  choisi,  et  qui  se  confond  avec  la  courbure  sphérique  de  Gauss 
quand  il  s'agit  d'une  famille  de  surfaces  isothermes  rapportée  à  son  para- 
mètre thermométrique.  Par  suite  de  cette  addition,  le  système  orthogonal 
présente  neuf  courbures,  lesquelles  sont  les  projections,  sur  les  trois  nor- 
males, de  trois  courbures  résultantes,  dont  les  directions  et  les  grandeurs  sont 
toujours  assignables.  {Mémoire  sur  les  courbures  des  surfaces  orthogonales.) 

III.  Equations  aux  différences  partielles,  vérifiées  par  les  paramètres  différentiels  du 
premier  ordre  des  surfaces  orthogonales. 

»  Les  équations  dont  il  s'agit  donnent,  par  seconde  transformation,  toutes 
les  lois  géométriques  qui  régissent  les  variations  des  courbures  des  surfaces 
conjugées.  Le  seul  exemple  de  leur  intégration  que  l'on  puisse  citer  aujour- 
d'hui, est  la  méthode  qui  m'a  conduit  aux  coordonnées  elliptiques.  Malgré 
tous  mes  efforts  pour  édifier,  après  la  réussite  de  celte  première  méthode, 
Tuie  autre  méthode  analytique  qui  conduisît  plus  rapidement  aux  résultats 
trouvés,  je  n'ai  jamais  pu  donner  à  cette  dernière  l'apparence  complète 
d'un  procédé  d'invention.  J'ai  donc  saisi  l'occasion  qui  se  présentait  si  na- 
turelle;nent  d'exposer  pour  la  première  fois  la  véritable  méthode.  Cette 
exposition  suppose  que  le  problème  de  la  recherche  des  systèmes  ellipsoï- 
daux soit  à  résoudre  ;  elle  introduit  successivement  les  idées  primitives  et 
toutes  les  idées  subséquentes;  elle  analyse  les  difficultés  qui  s'offrent  à 
chaque  pas,  imagine  les  procédés  d'intégration  qui  doivent  les  surmonter. 
C'est  en  quelque  sorte  un  exemple  de  la  marche  que  suit  tout  géomètre  pour 
atteindre  le  but  qu'il  s'est  proposé.  [Mémoire  sur  la  méthode  de  recherche 
des  coordonnées  elliptiques.) 

IV.   Equations,  en  coordonnées  curvilignes,  du  mouvement  (Tun  point  matériel. 

»  Ces  équations,  primitivement  données  par  la  transformation  ,  et  expri- 
mées à  l'aide  des  six  courbures  effectives  du  système  orthogonal,  peuvent 
être  établies  directement,  par  une  certaine  décomposition  du  mouvement 
total  en  plusieurs  mouvements  simultanés,  décomposition  aussi  simple  et 
plus  immédiatement  applicable  que  celle  inaugurée  par  Coriolis  dans  sa 
théorie  des  mouvements  relatifs.  Mais,  lorsqu'on  introduit  les  courbures 
paramétriques,  les  mêmes  équations,  d'abord  assez  compliquées,  acquièrent 
une  simplicité  et  une  symétrie  telles,  qu'on  peut  les  énoncer  presque  aussi 
facilement  qu'avec  les  coordonnées  rectilignes.  Prises  sous  leur  forme  primi- 

■45.. 


(  344  ) 
tive, elles  reproduisent  aisément  le  théorème  des  forces  vives.  En  les  appli- 
quant à  la  théorie  du  potentiel  ordinaire,  et  à  celle  du  potentiel  cylindrique, 
on  est  conduit  à  des  conséquences  nouvelles  et  remarquables  sur  le  travail 
des  forces.   [Mémoire  sur  [emploi  des  coordonnées  curvilignes  en  Dyrnamique.) 

V.  Systèmes  cylindriques  isothermes. 

»  Lorsque  deux  familles  de  cyUndres  se  coupentàangle  droit,  si  les  cylin- 
dres de  l'une  sont  isothermes,  ceux  de  l'autre  le  sont  nécessairement,  et,  en 
leur  adjoignant  une  famille  de  plans  parallèles,  on  complète  un  système 
orthogonal,  que  l'on  peut  appeler  système  cylindrique  isotherme.  On  par- 
vient à  résoudre  une  des  questions  principales  de  la  théorie  analytique  de  la 
chaleur,  celle  des  températures  stationnaires,  pour  tous  les  prismes  curvi- 
lignes indéfinis,  que  limitent  latéralement  des  systèmes  cylindriques  iso- 
thermes, essentiellement  rapportés  à  leurs  paramètres  thermométriques.  La 
série  qui  exprime  la  température  est  alors  identiquement  la  même  pour  tous 
ces  systèmes:  de  telle  sorte  que  la  loi  intégrale  du  phénomène  a  la  même  gé- 
néralité que  sa  loi  différentielle,  concordance  très-rare  dans  les  diverses 
branches  de  la  physique  mathématique.  Lorsqu'on  veut  appliquer  la  série 
générale  à  un  système  particulier,  il  faut  d'abord  étudier  tout  ce  qui  con- 
cerne les  signes  et  les  limites  de  ses  paramètres  thermométriques.  Comme 
exemple  de  cette  étude  préliminaire  et  de  l'application  subséquente,  j'ai  con- 
sidéré spécialement  le  système  formé  par  deux  familles  de  cylindres  à  bases 
circulaires  excentriques,  et  le  système  des  cylindres  ayant  pour  bases  des 
lemniscates,  associées  à  des  hyperboles  équilatères  divergentes.  [Mémoire 
sur  l'équilibre  des  températures  dans  tes  systèmes  c/lindriques.) 

VI.  Systèmes  orthogonaux,  transformés  par  rayons  vecteurs  réciproques. 

»  Lorsqu'on  applique  le  mode  de  transformation  conique,  par  rayons  vec- 
teurs réciproques,  aux  trois  familles  de  surfaces  d'un  système  orthogonal, 
on  obtient  trois  nouvelles  familles  de  surfaces,  dont  on  démontre  facile- 
ment l'orthogonalité.  De  là  résulte  immédiatement  que  dans  la  transforma- 
tion générale  chaque  surface,  chaque  arc  d'intersection  ou  chaque  ligne 
de  courbure  du  premier  système,  donne  une  surface,  un  arc  d'intersec- 
tion ou  une  ligne  de  courbure  du  second.  Considérant  deux  fonctions-de- 
point,  respectivement  rapportées  aux  deux  systèmes,  et  liées  entre  elles  par 
une  certaine  proportion,  on  démontre  que  leurs  paramètres  différentiels  du 
second  ordre,  exprimés  chacun  dans  le  système  correspondant,  sont  aussi 
liés  par  une  simple  proportion.  On  déduit  de  ce  théorème  que  si  l'on  par- 


(345) 
vient  à  résoudre  le  problème  des  températures  stationnaires,  pour  une  en- 
veloppe solide,  limitée  par  deux  surfaces  appartenant  à  l'une  des  trois  fa- 
milles d'un  système  orthogonal  nouveau,  on  aura  immédiatement  la  solution 
du  même  problème  pour  une  infinité  d'autres  enveloppes,  résultant  de  la 
première  transformée  par  rayons  vecteurs  réciproques;  soit  en  plaçant 
successivement  le  point  pris  pour  origine  dans  toutes  les  positions  admissi- 
bles: soit  en  donnant  au  produit  constant  des  rayons  vecteurs  de  même  di- 
rection toutes  les  grandeurs  finies.  Quand  on  considère  le  très-petit  nombre 
de  corps  que  l'on  savait  traiter,  il  y  a  peu  d'années,  dans  la  théorie  analy- 
tique de  la  chaleur,  on  est  émerveillé  de  la  puissance  de  généralisation  du 
nouvel  instrument  que  je  viens  d'indiquer.  Gloire  en  soit  rendue  aux  géo- 
mètres qui  l'ont  inauguré  et  cultivé.  L'emploi  des  coordonnées  curvilignes 
ne  fait  ici  que  généraliser  et  simplifier  la  théorie  ainsi  que  les  applications 
de  cette  découverte.  Dans  une  autre  transformation,  qu'on  peut  appeler  cy- 
lindrique, les  rayons  vecteurs  réciproques,  au  lieu  de  partir  d'un  point  pris 
pour  origine^  sont  menés  perpendiculairement  à  une  droite  fixe  ;  ce  second 
mode  conduit  aux  mêmes  conséquences  que  le  premier,  et  à  des  généralisa- 
tions analogues.  {Mémoire  sur  l'équilibre  des  températures  dans  les  systèmes 
orthogonaux  transformés.) 

VU.  Equations  générales  de  l'élasticité  en  coordonnées  curvilignes. 

»  Ce  dernier  chapitre  est  et  devait  être  le  plus  étendu  :  car  l'idée  des  coor- 
données curvilignes  vient  de  la  théorie  mathématique  de  l'élasticité,  et  c'est 
surtout  dans  cette  théorie  que  les  expressions  analytiques  obtenues  à  l'aide 
des  courbures  du  système  orthogonal,  et  des  variations  suivant  les  arcs  d'in- 
tersection, rencontrent  le  plus  grand  nombre  d'applications.  D'ailleurs, 
parvenues  à  cette  forme  qu'on  peut  dire  géométrique,  les  équations  de  l'é- 
quilibre intérieur  d'un  solide  homogène,  et  quelconque,  ont  conduit  à  des 
lois  très-générales  et  d'une  grande  simplicité,  que  l'analyse  eût  difficilement 
découvertes  en  continuant  à  n'employer  que  les  coordonnées  rectilignes. 
Telle  est  la  loi  qui  régit  les  variations  des  forces  élastiques  principales,  sui- 
vant leurs  propres  directions.  Cette  loi  résout,  d'une  manière  élémentaire, 
plusieurs  questions  posées  par  les  praticiens,  sur  les  résistances  des  parois, 
planes,  cylindriques,  sphériques  et  même  ellipsoïdales;  elle  donne,  pour 
ces  cas  divers,  des  formules  suffisamment  approchées,  réductibles  en  nom- 
bre, et  qui  sont  à  la  fois  plus  exactes  et  plus  simples  que  les  formules  empi- 
riques dont  on  se  sert  habituellement.  (  Mémoire  sur  les  résistances  des  pa- 
rois. ) 


(  346  ) 
»  Le  seul  exemple  que  l'on  pût  donner  aujourd'hui,  delà  marche  à  suivre, 
lorsqu'on  se  propose  d'intégrer  complètement  les  équations  de  l'élasticité, 
pour  un  corps  de  forme  définie,  est  celui  qui  concerne  l'équilibre  intérieur 
d'une  enveloppe  sphérique,  dont  les  parois  sont  soumises  à  des  pressions 
ou  à  des  tractions,  différant  d'un  point  à  un  autre  de  ces  parois.  J'ai  donc 
reproduit  ici  la  solution  exposée  dans  mon  dernier  Mémoire,  avec  les  dé- 
veloppements qui  résultent  de  nouvelles  études.  Toute  particulière  qu'elle 
soit,  cette  solution  a  mis  à  l'abri  du  doute,  l'extension,  à  toute  la  physique 
mathématique,  de  la  méthode  d'intégration  par  termes  simples,  employée 
dans  la  théorie  du  potentiel  ou  de  l'attraction  des  sphéroïdes.  En  effet,  la 
même  marche,  le  même  concours  toujours  efficace  des  termes  simples,  pour 
introduire  les  fonctions  données,  se  retrouvent  :  dans  la  théorie  analytique 
de  la  chaleur  lors  du  refroidissement;  dans  la  question  de  l'équilibre  des 
températures;  dans  la  théorie  mathématique  de  l'élasticité,  lors  des  vibra- 
tions, et  aussi  lors'de  l'équilibre  intérieur  d'un  corps  solide,  comme  le  con- 
state enfin  le  cas  actuel  des  enveloppes  sphériques.  L'exception  a  disparu. 
Ce  n'est  donc  plus  là  une  simple  analogie,  c'est  une  véritable  loi  analytique, 
qui  embrasse  toutes  les  branches  des  mathématiques  appliquées.  Et,  de 
cette  concordance  même,  doit  rejaillir  une  loi  physique,  s'étendant  à  tous 
les  phénomènes  étudiés.  » 

ASTRONOMIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  de  la  planète  Mars.  — 
Le  tremblement  de  terre  de  Norcia  ressenti  à  Rome.  —  Aurore  boréale  de 
la  nuit  du  1%  au  29  août;  Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  trois  autres  numéros  de  nos  Mémoires 
de  l'Observatoire,  en  vous  priant  de  les  présenter  à  l'Académie.  Le  premier 
numéro  contient  une  Introduction  générale  avec  la  description  de  l'obser- 
vatoire magnétique  et  des  instruments.  Le  troisième  contient  une  suite  de 
dessins  de  Mars  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  en  origi- 
naux le  3o  août  i858.  A  ce  que  j'ai  dit  alors,  je  n'ai  qu'à  ajouter  que  le 
temps  de  rotation  qui  satisfait  à  une  période  assez  longue  d'années  est 
a4''  37"  35'.  L'opposition  de  1860  rendra  ces  dessins  très-utiles  pour  con- 
naître les  variations  physiques  de  la  planète  et  sa  constitution  superficielle. 
Le  n°  6  contient  la  suite  des  étoiles  doubles  (i). 


(i)  Je  prends  cette  occasion  pour  corriger  une  faute  qui  s'était  glissée  dans  l'extrait  insère 
aux  Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  p.  SyG,  lig.  24»  et  p.  282  en  liote  :  au  lieu  de  l'étoile  «le 


(  347  ) 

»  Le  aa  août,  à  a''  33%  nous  avons  eu  une  petite  secousse  de  tremble- 
ment de  terre  que  nous  avons  su  depuis  être  correspondante  au  grand 
tremblement  de  terre  qui  a  détruit  la  ville  de  Norcia  dans  les  Apennins.  Les 
détails  recueillis  jusqu'à  présent  n'ont  appris  rien  de  bien  intéressant  au 
point  de  vue  scientifique,  sinon  que,  de  l'autre  côté  d'une  petite  rivière  qui 
coule  près  de  Norcia,  entre  deux  montagnes,  le  tremblement  a  été  presque 
sans  bruit  et  n'a  pas  causé  de  dégâts,  pendant  que  vi.s-à-vis  de  ces  mêmes 
lieux,  du  côté  de  Norcia,  tout  a  été  détruit.  Cela  tient  évidemment  à  quelque 
solution  de  continuité  du  sol  des  montagnes  correspondant  à  la  ravine  où 
coule  la  rivière,  et  paraît  prouver  que  le  siège  est  superficiel.  La  secousse  a 
été  forte  à  Spoleto,  place  aussi  sujette  aux  tremblements.  On  a  déjà  retiré 
plus  de  160  cadavres,  et  plusieurs  restent  encore  non  découverts.  Du  reste, 
Norcia  a  été  presque  détruite  autrefois  par  les  tremblements  de  terre. 

»  Le  ag,  à  2  heures  après  minuit,  nous  avons  vu  une  superbe  aurore 
boréale  :  le  ciel  était  couvert  d'un  voile  rouge  et  sillonné  par  des  rayons 
très-brillants  en  forme  de  colonnes  lumineuses.  Ce  phénomène  est  très-rare 
chez  nous,  et  à  l'ordinaire  il  est  borné  à  une  lueur  rouge.  Cette  fois  nous 
avons  eu  aussi  les  streamers  de  lumière  (i). 

»  Les  instruments  magnétiques  étaient  dans  une  perturbation  extrême  : 
lès  oscillations  étaient  de  10  à  12'  dans  le  déclinomètre,  et  cet  instrument  a 
dévié  jusqu'à  34'  de  sa  position  normale.  L'inclinaison  a  varié  de  42'.  Pour 
la  force  horizontale  et  verticale,  il  a  été  impossible  de  fixer  la  variation,  car 
tous  ces  instruments  sont  sortis  de  leurs  échelles;  ainsi,  elle  ne  peut  être 
moindre  de  0,01 35  pour  l'horizontale,  et  de  0,0075  pour  la  verticale.  La 
perturbation  magnétique  a  continué  longtemps  dans  la  matinée,  et,  chose 
très -remarquable,  avant  midi  le  vertical,  qui  était  hors  d'échelle  par 
élévation  du  pôle  nord,  s'est  trouvé  à  i  heure  après  midi  sorti  par  dépres- 
sion de  l'autre  côté,  ce  qui  prouve  un  énorme  changement  et  très-brusque 
dans  la  force.  » 


Struve  3o56,  on  doit  lire  3062,  et  l'orbite  de  cette  étoile  est  connue  et  calculée  par  Maidler. 
La  faute  résulte  d'une  erreur  de  transcription  dans  les  observations  de  ces  étoiles.  On  doit 
aussi  lire,  lig.  3  en  montant,  p.  382  :  l'angle  de  position  254''2i,  au  lieu  de  i54°2i;  et 
p.  383,  lig.  8  en  montant  :  l'angle  de  position  335°  i5,  au  lieu  de  35»  i5.  Ceux-ci  sont  des 
erreurs  typographiques. 

(i)  On  observait  qu'au  moment  où  la  lumière  pâlissait,  de  nombreux  nuages.de  forme 
comme  réticulée  couvraient  le  ciel,  et  lorsque  ceux-ci  se  dissipaient,  la  lumière  reparaissait. 


(  348  ) 

M.  Texier  lit  une  Note  sur  un  moulin  à  farine  offrant  une  disposition 
nouvelle  destinée  à  modérer  réchauffement  des  farines. 


MEMOIRES  LUS. 

THÉRAPEUTIQUE.  — Expériences  faites  à  C  infirmerie  de  Phàlel  impérial  des  Inva- 
lides, avec  In  poudre  désinfectante  de  coal-tar  et  de  plâtre,  dans  le  service  des 
blessés;  par  M.  Bonnafont. 

(Commission  des  désinfectants  :  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

«  Sur  l'invitation  de  M.  Faure,  médecin  en  chef  de  l'hôtel  impérial  des 
Invalides,  la  poudre  de  coal-tar  et  de  plâtre,  préparée  par  les  soins  de 
M.  Langlois,  pharmacien  en  chef,  selon  la  formule  donnée  par  M.  Velpeau, 
a  été  expérimentée  à  la  salle  de  la  Valeur  sur  plusieurs  blessés,  dont  deux 
seulement  sont  l'objet  des  réflexions  qui  suivent.  Le  premier  est  un  inva- 
lide atteint  d'un  vaste  ulcère  au  pied  gauche,  résultant  d'une  gangrène 
sénile  qui  a  détruit  toutes  les  parties  molles  des  phalanges,  une  grande  éten- 
due de  celles  de  la  région  plantaire,  en  mettant  à  nu  toutes  les  phalanges  et 
la  moitié  des  métatarsiens;  la  suppuration,  entretenue  par  des  lambeaux 
d'aponévrose  et  de  tendons,  ainsi  que  par  des  os  sphacélés,  était  très- 
abondante  et  d'une  fétidité  extrême.  Le  second  malade  présentait  une  vaste 
escarre  gangreneuse ,  également  sénile,  qui  embrassait  toute  la  région  méta- 
tarso-phalangienne  du  pied  gauche  d'où  s'échappait  une  odeur  très-infecte, 
mais  donnant  peu  de  suppuration. 

»  Afin  de  donner  à  ces  expériences  les  garanties  de  vérité  que  M.  Faure 
et  moi  désirions,  il  fut  prescrit  à  tous  les  chirurgiens  de  garde  d'inscrire  sur 
leur  rapport  les  résultats  des  pansements  du  soir,  ainsi  que  les  phénomènes 
qu'ils  auraient  observés.  Ces  observations  prises  successivement  par  tous  les 
médecins  de  l'hôtel,  jointes  à  celles  que  je  prenais  moi-même  à  chaque 
pansement  du  matin,  durant  une  période  de  trente-deux  jours,  nous  ont 
paru  suffisantes  pour  formuler  un  jugement  sur  ce  mélange  ;  mais  afin 
d'abréger  et  pour  ne  pas  répéter  ce  quia  été  dit  à  ce  sujet  depuis  l'intéres- 
sante communication  de  M.  Velpeau,  nos  croyons  pouvoir  résumer  les 
expériences  faites  dans  notre  service  par  les  conclusions  suivantes  : 

»  1°.  La  poudre  de  coal-tar  et  déplâtre  a  la  propriété  incontestable  de 
détruire  ou  de  masquer  l'odeur  qui  s'exhale  des  plaies. 


(349) 

»  2".  Le  degré  d'action  de  ce  mélange  est  en  raison  inverse  de  la  quan- 
tité de  suppuration  produite  d'un  pansement  à  l'autre. 

»  3°.  Cette  poudre  ne  possède  que  peu  ou  point  de  propriétés  absor- 
bantes. La  preuve  en  est  que  si  on  en  applique  une  couche  un  peu  épaisse 
sur  une  plaie  ou  ulcère  fournissant  une  suppuration  abondante,  celle-ci, 
après  avoir  imbibé  la  couche  de  poudre  le  plus  immédiatement  en  contact 
avec  elle,  rend  le  mélange  imperméable,  et  le  reste  du  pus  sécrété  demeure 
ainsi  cloîtré  dans  la  plaie.  Pendant  que  ce  phénomène  se  passe  à  l'intérieur, 
le  restant  de  la  poudre  et  le  linge  à  pansement  qui  la  recouvre  conservent  leur 
sécheresse. 

»  4°.  Quand  on  renouvelle  le  pansement  dans  les  conditions  qui  précè- 
dent, l'odeur  du  coal-tar  est  la  seule  qui  domine  d'abord  ;  mais  aussitôt  que 
la  poudre  est  enlevée,  la  suppuration  qu'on  trouve  accumulée  sur  la  plaie 
n'a  perdu  que  peu  ou  point  de  son  odeur.  Cette  observation  a  pu  être  faite 
et  vérifiée  plusieurs  fois,  mais  beaucoup  mieux  au  pansement  du  matin 
qu'à  celui  du  soir.  Cette  différence  s'explique  par  l'intervalle  qui  existe  entre 
chacun  d'eux. 

»  5°.  Si  on  n'a  pas  mis  une  couche  suffisante  de  poudre,  ou  que  la  sup- 
puration soit  assez  abondante  pour  la  traverser  et  pour  imbiber  la  charpie  et 
le  linge  du  pansement,  il  y  a  cela  de  remarquable  que  le  pus  qui  a  traversé 
la  couche  de  coal-tar  n'a  perdu  que  fort  peu  son  odeur  spécifique,  laquelle 
domine  celle  de  la  poudre  tant  que  celle-ci  n'a  pas  été  mise  à  découvert. 

»  6°.  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  l'odeur  du  pus  n'est  nullement  dé- 
truite, mais  seulement  masquée  par  celle  du  coal-tar;  ces  deux  odeurs  ne 
seraient  donc,  s'il  est  permis  de  s'exprimer  ainsi,  que  juxtaposées. 

«  7°.  Tout  mode  de  pansement  d'une  plaie  qui  suppure  abondamment, 
et  qui  ne  réunit  pas  les  conditions  essentielles  d'absorber  le  pus  au  fur  et  à 
mesure  qu'il  est  sécrété,  est  essentiellement  vicieux  et  difficilement  appli- 
cable à  un  grand  service  de  blessés,  à  cause  de  la  nécessité  de  renouveler 
trop  souvent  les  pansements.  Or,  on  sait  combien  dans  un  grand  service 
militaire,  et  en  campagne  surtout,  il  est  difficile  de  panser  deux  fois  seule- 
ment les  blessés  dans  les  vingt-quatre  heures. 

»  8°.  Comme  toutes  les  poudres,  celle  de  coal-tar  exige  en  outre  un  certain 
temps  pour  être  enlevée  des  surfaces  de  la  plaie,  et  rend  ainsi  les  pansements 
plus  longs;  c'est  encore  là  un  inconvénient  qui  mérite  d'être  pris  en  sérieuse 
considération  pour  le  cas  surtout  où  le  médecin  a  plusieurs  malades  à  panser 
dans  un  temps  donné:  il  faut  noter  cependant  que  le  mélange  de  coal-tar 

0.  R   ,  iBîg,    Semestre.  (T.  XLIX,  N»  iO  ;  46 


(  35o  ) 

et  de  plâtre  s'enlève  bien  plus  facilement  que  les  autres  mélanges  pulvéru- 
lents. 

»  9°.  La  poudre  de  coal-tar  a  cela  de  commun  encore  avec  toutes  les 
poudres  carbonifères,  qu'elle  salit  ce  qu'elle  touche,  et  enlève  ainsi  aux  pan- 
sements tout  caractère  de  propreté.  Il  y  aurait  peut-être  avantage,  si  cela 
n'était  si  coiiteux,  d'imiter  MM.  Poinçot  et  Malapert  de  Poitiers,  en  renfer- 
mant, comme  ils  l'ont  fait  pour  leur  poudre  désinfectante,  celle  de  coal-tar, 
dans  (les  sachets  en  gaze  de  dimensions  diverses;  ces  sachets  ont  l'avantage 
den  simplifier  l'application,  de  rendre  la  poudre  plus  perméable  au  pus,  et 
de  l'empêcher  surtout  de  se  répandre. 

»  io°.  Quanta  l'action  de  ce  topique  sur  les  surfaces  ulcérées,  blafardes, 
elle  est  incontestablement  salutaire;  mais  il  serait  difficile,  d'après  les  essais 
faits  aux  Invalides,  d'assurer  que  cette  propriété  fût  supérieure  à  celle  des 
poudres  simples  ou  composées,  employées  depuis  longtemps  dans  les  mêmes 
cas. 

»  Ces  conclusions  ont  été  rédigées  d  après  les  observations  prises  en 
commun  par  MM.  Ossian  Henry,  chef  de  clinique,  Drouet,  Daussure  et 
Harmand,  attachés  au  service  des  blessés.  » 

THÉORIE  DES  NOMBRES.  —  Recherches  nouvelles  sur  les  nombres  premiers  ; 

par  M.  A.  de  Polignac. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Hermite.) 

«  Nous  appellerons  premier  terme  d'une  fonction  quelconque  de  x, 
composé  d'un  nombre  fini  ou  infini  de  termes,  le  terme  par  rapport  auquel 
tous  les  autres  deviennent  nuls  pour  jr  infini. 

»  Cela  posé,  soit/(ar)  une  fonction  continue  et  continuellement  crois- 
sante ou  décroissante;  si  nous  remplaçons  x  dans  J  [x)  par  les  nom- 
bres premiers  consécutifs  2,  3,  5,  7,  11,  ...  ,  jusqu'au  nombre  premier 
immédiatement  inférieur  à  x,  nous  aurons  une  sérié  de  termesy(a),  /(S), 
y(5), .  . . ,  dont  nous  nous  proposons  de  trouver  la  somme,  que  nous  dé- 
signerons par  s[x);  ou,  plutôt,  nous  nous  proposons  de  trouver  le  premier 
terme  de  cette  somme 

»  En  s'appuyant  sur  nos  recherches  antérieures,  ou  trouve  assez  simple- 
ment la  règle  suivante  pour  déterminer  le  premier  terme  de  la  somme 

six)  =/(2)  -t-/(3)-^-/(5)  4-/(7)  -h/(.  I)  +  ...  +/{p): 
Divisez  y  (j?)  par  loga:,  multipliez  le  quotient  par  cix  et  prenez  l'intégrale  : 


(  35i  ) 

/fix) 
^~dx  sera  eo  général  le  même  que  celui  de  s{x). 

n  Cela  revient  à  dire  que  la  somme  des  valeurs  que  prend  f{x),  quand 
on  y  remplace  x  par  tous  les  nombres  premiers  inférieurs  à  x,  est  égale  à 

la  somme  de  toutes  les  valeurs  que  prend  '^—^ —  en  donnant  à  x  toutes 

les  valeurs  depuis  2  jusqu'à  x. 

»  On  voit  qu'il  y  a  au  fond  de  cette  théorie  cette  grande  question  des 
valeurs  mojennes  dont  l'illustre  et  regrettable  Lejeune-Dirichiet  avait  déjà 
tiré  de  belles  conséquences.  *■ 

»  L'étude  approfondie  de  cette  question  semble  être  indispensable  à 
l'avancement  et  à  la  liaison  des  recherches  qui  nous  occupent.  Aussi  doit- 
elle  être  recommandée  à  tous  ceux  qui  voudraient  étudier  les  nombres  pre- 
miers. 

»  On  conçoit  que  la  règle  que  nous  venons  d'énoncer  pour  trouver  le 
premier  terme  de  s{x)  peut  donner  un  nombre  indéfini  de  théorèmes  sur 
les  nombres  premiers.  Nous  choisirons  quatre  exemples  : 

»  1°.  Trouver  le  premier  terme  de  la  somme  des  inverses  des  nombres 
premiers.  Ici 

/(x)  =  i;     donc       fÇfldx=f-^=  f^^  =  \og{]ogx). 

Ce  résultat  avait  déjà  été  trouvé  par  Euler  {Introduction  à  l'Analyse  infinité- 
simale, traduction  de  Labey,  t.  F'',  p.  218). 

a  a°.  Trouver  le  premier  terme  de  la  fonction  qui  exprime  le  nombre  des 
nombres  premiers  inférieurs  à  x.   Ici 

f{x)  =  i;      donc       Çùfldx=  fr^. 

J    ~      I  ■>  J    logx  J    logj: 

/dx 
que  M.  Tche- 

bychef,  dans  un  de  ses  excellents  Mémoires,  donne  comme  représentant 
assez  bien  le  norijbre  cherché  [Journal  de  Mathématiques,  t.  XVII).  Mais 
déjà  en  septembre  18 10  on  trouve,  dans  la  correspondance  de  Bessel  et 

à  très-peu  près  égal  au  nombre  des  nombres  premiers  inférieurs  à  x;  aussi 
désirait  il  la  continuation  de  la  Table  donnant  les  valeurs  numériques  de 
cette  intégrale. 

46.. 


(  352  ) 
»  3°.    Trouver  te  premier  terme  de  la  somme  de  tous  les  nombres  premiers 
jusquà  a  .   Ici 

fix]  =  3c  ;      donc       /  ,--—  <^ix  —   I  r~-  =  — r h  . .  . . 

■^  ^     '  J   logx  J   log.r        2logx 

Ainsi,  dans  ce  cas,  le  premier  terme  de  s  (x)  est  — ; 

»  4°-  Trouver  le  premier  terme  de  la  somme  des  logaritlimes  des  nombres 
premiers  inférieurs  à  x.  Ici 

f{x)  =  logx,       J-^dx=z  jdx  =  x^^ 

donc,  dans  ce  cas,  le  premier  terme  de^(a?)  est  x,  résultat  auquel  nous 
étioiis  déjà  parvenus  par  une  autre  voie.  » 

M.  Grimacd,  d'Angers,  lit  un  Mémoire  sur  le  tétanos,  son  siège  et  son 
traitement. 

(Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Serres,  Cl.  Bernard,  J.  Cloquet.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Paye»,  à  qui  avait  été  renvoyé  un  Mémoire  sur  la  composition  des 
blés,  présenté  par  M.  Poggiale  à  la  séance  du  1 8  juillet  dernier,  demande 
que  deux  autres  chimistes  lui  soient  adjoints  pour  l'examen  de  ce  travail. 

MM.  Pelouze  etFremy  sont  désignés  à  cet  effet. 

MÉCANIQUE  ANALYTIQUE.   —  Sur  (es  intégrales  algébriques  des  équations 
différentielles  de  la  mécanique;  par  M.  M  assied. 

(Commissaires,  MM.   Liouville,   Lamé,  Bertrand.) 

«  M.  Bertrand,  dans  un  Mémoire  inséré  au  Journal  de  Mathématiques 
pures  et  appliquées  pour  l'année  iSS'j,  s'est  proposé  de  rechercher  quelques- 
unes  des  formes  les  plus  simples  que  puisse  admettre  les  intégrales  des  équa- 
tions différentielles  du  mouvement  d'un  point  dans  un  plan. 

»  .T'ai  continué  ces  recherches  en  me  bornant  au  cas  des  intégrales  algé- 
briques et  entières  par  rapport  aux  composantes  des  vitesses,  et  en  les  éten- 


(  353  ) 
dant  au  mouvement  d'un  point  libre  dans  l'espace  on  assujetti  à  rester  sur 
une  surface  donnée. 

»  J'établis  d'abord  quelques  principes  généraux  qui  simplifient  beaucoup 
les  calculs  ;  je  suppose  toujours  l'existence  du  principe  des  forces  vives  et  je 
ne  considère  que  les  intégrales  ne  contenant  pas  explicitement  le  temps. 

»  Supposons  que  dans  un  problème  quelconque  on  ait  exprimé  les  coor- 
données des  points  mobiles  en  fonction  du  plus  petit  nombre  possible  de 
variables. 

»  Soient  q,,  q^,.  .  . ,  q„  ces  variables  ;  q\,  q\,  .  .  . ,  q'„  leurs  dérivées  par 
rapport  au  temps;  y»,,  p^j  ■  ■  •>  fn  leurs  variables  conjuguées,  obtenues  en 
posant 

rfT 

T,  la  demi-force  vive,  est  homogène  et  du  second  degré  en  7i,  Çj»  •  •  •  >  9,., 
ou  en  p,,  P2,... ,  p„;  soient  U  la  fonction  des  forces  et 

U  -  T  :=  H 

l'équation  des  forces  vives. 

j>  Si  l'on  suppose  U  =  o,  en  conservant  pour  T  la  même  forme,  on  a  un 
nouveau  problème  que  j'appelle  problème  dérivé  du  premier. 

»  Soit  maintenant  a  une  intégrale  algébrique  entière  et  rationnelle  par 
rapport  k  q\,  q'^, .  . . ,  q'„,  elle  sera  aussi  entière,  rationnelle  et  du  même 
degré  par  rapport  k  p,,  ^j, . . . ,  p„. 

»  On  doit  avoir,  en  vertu  du  théorème  de  Poisson, 

i  =:  7J' 

V^  \da.  f/H         da.   dE)         ,       ,,  > 


:  I 


'  f//i,  d(ji         dqi  dpi 


»  En  partant  de  cette  équation,  je  fais  voir  : 

»  1°.  Que  a  ne  peut  contenir  des  termes  de  parité  différente,  c'est-à-dire 
les  uns  pairs  et  les  autres  impairs  quant  à  leur  degré  en  p,,  p^, . . . ,  p„; 

»  2°.  Que  le  terme  de  degré  le  plus  élevé  dans  a  est  une  intégrale  du 
problème  dérivé,  ce  qui  donne  un  moyen  de  rechercher  ce  terme  indépen- 
dant des  forces  qui  sollicitent  les  points  mobiles; 

»  3°.  Que  si  a  est  du  premier  degré,  celte  intégrale  sera  homogène  et 
commune  à  une  infinité  de  problèmes  ne  différant  que  par  la  fonction  de» 
forces  : 


^. 


(354  ) 

»  4°-  Qu*'  si  cette  intégrale  a  est  du  second  degré,  elle  sera  de  la  même 
forme  que  celle  des  forces  vives,  c'est-à-dire  a  =  U,  — T,,  U,  étant  indé- 
pendant de  /?,,  pa  1  •  •  •  1  Pn  >  6t  T,  homogène  et  du  second  degré  par  rapport 
à  ces  variables. 

»  T,  se  déterminera  par  la  condition  (T,  T,)  =  o,  et  je  donne  ensuite 
une  méthode  générale  pour  trouver  U  et  U,  quand  cela  est  possible. 

»  Appliquant  les  théories  précédentes  au  mouvement  d'un  point  dans  un 
plan,  je  trouve  pour  intégrale  du  premier  degré  uniquement  celle  des  aires, 
et  pour  intégrale  générale  du  second  degré  une  intégrale  qui  peut  se  ra- 
mener à 

i  (M=  —  NM  ([x'—  b')  (b'—v')  -f-  (pt'  —  é')/(v)  -+-  (6^  -  V»)  F(» 

a  =  ; ; ; 

elle  correspond  à  U  =     ^^       ,      ?  /  et  F  étant  des  fonctions  arbitraires, 

fi  et  V  les  coordonnées  elliptiques  du  point  mobile,  et  2^  la  distance  des 
foyers  du  système,  M  et  N  les  variables  conjuguées  de  /x  et  v. 

»  Pour  le  cas  où  le  point  se  meut  sur  une  surface,  j'emploie  pour  coor- 
données les  paramètres  q,  et  q^  de  deux  systèmes  de  courbes  orthogonales 
tels,  que  l'on  ait,  ce  qui  est  possible  d'une  infinité  de  manières, 

X  étant  une  fonction  de  q,  et  Çj.  Je  pose  ensuite 

7.  +  7W— 1  =  -^»    q<  —  q2\  —  i=f; 

d'où 

ds'^  =  \clxdf. 

Cette  forme,  due  à  M.  Liouville,  a  l'avantage  qu'elle  ne  change  pas  quand 
on  y  remplace  x  par  une  fonction  de  x  et  j-  par  une  fonction  de  j.  J'arrive 
aux  résultats  suivants,  u  et  i'  désignant  deux  variables  nouvelles,  fonctions 
des  précédentes  : 

»  1°.  Pour  qu'il  ait  une  intégrale  du  premier  degré,  il  faut  qu'on  puisse 
ramener  ds^  à  la  forme 

(0  ds'=/{i>){du'-hd^''), 

c'est-à-dire  que  la  surface  soit  développable  sur  une  surface  de  révolution. 


(  355  ) 
«  L'intégrale  est  alors,  /  et  F  étant  des  fonctions  quelconques, 

(2)  a=J(v)—     correspondant  à     U  :=  F(f). 

Pour  que  l'intégrale'  (2)  soit  la  plus  générale  du  premier  degré,  il  faut  que 
l'on  ait  employé  la  manière  la  plus  générale  pour  ramener  ds*  à  la  forme  (i). 
2°.  Pour  qu'il  y  ait  une  intégrale  du  second  degré,  yj  F,  g;  et  ij;  étant  des 
fonctions  quelconques,  il  faut  que  l'on  puisse  ramener  ds'  à  la  forme 

ds'  =  [J{v)  -  ¥(u)]{du^  +  dv^), 
le  problème  admettra,  si  U  =^  4r\ ^7—!'  l'intégrale 


_       y(p)F(«)-/(.H(«) 

/('')-F(«) 


[/H -F(«)l  [/(.)(  J)Vf(«)(|)^-]. 


Cette  intégrale  devient  commune  lorsque/ ou  F  est  nulle. 

»  J'applique  ensuite  ces  résultats  au  cas  de  l'hélicoide  gauche,  qui  est  dé- 
veloppable  sur  une  surface  de  révolution  ayant  pour  méridienne  une  chaî- 
nette. 

»  Enfin,  j'étabhs  que  lorsque  le  point  (  j:,  j,  z)  se  meut  librement  dans 
l'espace,  l'intégrale  la  plus  générale  du  premier  degré  peut  se  ramener  à  la 
forme 


/      dy  dx\  ,  dz 


a  =  I  X 

k  étant  une  constante  quelconque,  et  je  termine  en  montrant  que  les  cas  où 
il  existe  des  intégrales  du  second  degré  sont  très-étendus,  ainsi  qu'il  résulte 
des  remarquables  recherches  de  M.  Liouville  sur  la  dynamique.  » 

PHYSIQUE.  —  Réponse  à  une  réclamation  récente  de  M.  du  Moncel.  Faits 
nouveaux  relatifs  à  la  non-homogénéité  de  t étincelle  d'induction  ;  par 
M.  Ao.  Perrot. 

«  La  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  sur  la  non- 
homogénéité  de  l'étincelle  d'induction  a  été  l'objet  d'une  réclamation  que 
je  ne  crois  pas  fondée.  Ce  n'est  pas  sans  motif  que  j'avais  passé  sous  silence 
certaines  recherches  qui  ont  précédé  les  miennes. 

»  M.  du  Moncel  n'a  jamais  séparé  en  rfeujc  l'étincelle  d'induction,  il  l'a 


(  356  ) 
déformée  par  un  courant  d'air,  mais  sans  queni  le  traitdefeu,  ni  l'atmosphère 
qui  l'entoure  cessassent,  en  définitive,  d'aboutir  aux  mêmes  pôles  ;  de  sorte 
que  M.  du  Moncel  a  toujours  regardé  le  trait  de  feu  et  l'atmosphère  lumi- 
neuse comme  aussi  inséparables  que  l'effet  et  la  cause  ;  cette  atmosphère 
était  même,  suivant  lui,  de  l'air  échauffé  par  son  contact  avec  l'étincelle. 

»  J'ai  prouvé,  au  contraire,  que  le  trait  de  feu  et  l'atmosphère  lumineuse 
étaient  deux  parties  séparables  d'un  même  tout;  j'ai  constaté  que  le  trait 
de  feu  pouvait  être  déplacé  à  l'aide  d'un  corps  solide  avec  lequel  il  con- 
tracte en  quelque  sorte  de  l'adhérence,  que  ce  déplacement  était  sans  ac- 
tion sur  l'atmosphère  lumineuse,  et  j'ai  démontré  par  là  que  cette  atmo- 
sphère avait  une  existence  propre,*  indépendante  du  traitdefeu. 

»  Pour  venir  en  aide  à  la  faible  tension  de  la  partie  la  moins  lumineuse 
et  pour  donner  à  cette  portion  de  l'étincelle  une  direction  constante^  j'ai  eu 
recours  à  un  fort  courant  d'air;  en  présentant  ensuite  au  trait  de  feu  un 
conducteur,  je  l'ai  séparé  du  reste  de  l'étincelle.  Par  ces  moyens  j'ai  par- 
tagé l'étincelle  d'induction  en  deux  parties  formant  en  quelque  sorte  deux 
branches  hétérogènes;  d'un  courant  complexe  j'ai  tiré  deux  courants  déri- 
vés aboutissant  à  deux  pôles  dijférenls,  jouissant  de  propriétés  différentes, 
indépendants  et  ne  pouvant  par  conséquent  pas  être  liés  par  une  relation 
de  cause  à  effet. 

1)  Ce  ne  sont  là  ni  les  faits  ni  les  explications  énoncées  par  M,  du  Moncel  : 
celles-ci  seraient  absolument  inapplicables  aux  faits  que  j'ai  découverts  (je 
ne  parle  pas  de  la  dernière  communication  de  M.  du  Moncel  :  elle  est 
postérieure  à  la  mienne). 

»  Je  puis  communiquer  aujourd'hui  des  résultats  nouveaux  tout  à  fait 
concordants  avec  ceux  que  j'ai  déjà  découverts.  I^'action  chimique  du 
courant  dérivé  par  la  partie  la  moins  lumineuse  est  égale  à  celle  due  au 
courant  principal.  Le  passage  du  courant  dérivé  par  le  trait  de  feu  n'est 
pas  accompagné  d'actions  chimiques.  Une  interruption  faite  dans  cette 
portion  du  circuit  donne  lieu  à  un  trait  de  feu  qui  n'est  pas  entouré  d'une 
atmosphère  lumineuse,  nouvelle  preuve  que  cette  portion  de  l'étintelle  est 
sans  action  apparente  sur  l'air  qui  l'environne.  Lorsqu'on  interrompt  le  cir- 
cuit du  courant  dérivé  parla  partie  la  moins  lumineuse,  on  n'aperçoit  jamais 
de  trait  de  feu,  mais  seulement  une  lueur  semblable  à  celle  qui  caractérise 
cette  portion  de  l'étincelle.  La  tension  de  ce  courant  étant  très-faible,  on 
voit  au  moment  de  l'interruption  la  portion  de  l'étincelle  qui  lui  correspond 
qxiitter  la  direction  du  courant  d'air  pour  venir  se  terminer  sur  l'autre 
rhéophore  et  reparaître  partout  où  ce  conducteur  est  interrompu  ;  elle  prend 


(  357  ) 
sous  l'influence  du  courant  d'air  la  forme   d'un   arc  que  sous- tend  le 
trajet  rectiligne  du  trait  de  feu.  En  forçant  alors  le  courant  d'air,  on  peut 
rompre  cet  arc;  ce  phénomène  est  accompagné  d'un  bruit  analogue  à  celui 
causé  par  la  rupture  de  l'arc  voltaïque. 

»  Lorsque,  sans  rien  changer  à  l'appareil  d'induction,  on  approche  ou 
on  éloigne  les  conducteurs  entre  lesquels  jaillit  l'étincelle,  on  diminue  ou 
on  augmente  le  trait  de  feu;  à  une  petite  distance,  cette  portion  disparaît 
complètement  :  la  partie  la  moins  lumineuse,  au  contraire,  augmente  lors- 
que cette  distance  diminue.  Le  trait  de  feu  peut  donc  dans  certain  cas  ne 
pas  être  distingué  de  la  partie  moins  lumineuse. 

»  Le  travail  chimique  d'un  courant  d'induction  devient  maximum  lorsque 
la  partie  la  moins  lumineuse  atteint  un  volume  donné  ;  à  partir  de  ce  moment 
l'accroissement  de  cette  portion  n'est  pas  suivi  d'une  augmentation  dans  le 
travail  chimique  du  courant.  La  partie  moins  lumineuse  paraît  donc  servir  de 
conducteur  à  l'électricité  de  quantité  :  toute  étincelle  dépouillée  de  cette 
partie  donnera  lieu  àun  courant  dépourvu  de  propriétés  électrochimiques. 
C'est  ce  que  j'ai  constaté  pour  le  courant  dérivé  par  l'étincelle  qu'on  obtient 
en  présentant  au  pôle  extérieur  de  l'appareil  Ruhmkorf  un  conducteur  en 
communication  avec  le  sol.  M.  du  Moncel  avait  observé  que  cette  étincelle 
n'était  pas  entourée  d'une  atmosphère  lumineuse  ;  mais  l'explication  qu'il 
a  donnée  de  ce  phénomène  ne  lui  pertnettait  pas  de  prévoir  le  résultat 
que  j'annonce.  » 

(Renvoià  l'examen  de  M.  Pouillet,  déjà  chargé  de  prendre  connaissance  de 
la  réclamation  à  laquelle  se  rapporte  cette  Note.) 

CHIMIE  ORGANIQUE,   —   Etude  sur  la  composition  de  quelques  essences; 
par  M.  A.  Lallesiand.   (Extrait.) 

■(Commissaires,  MM.  Pelouze,  de  Seuarmont..  Fremy.) 

«  Il  y  a  déjà  quelques  années,  M.  Biot  a  bien  voulu  me  confier  l'examen 
de  deux  produits  végétaux,  dont  l'un,  l'huile  du  Dijobalanops  camphora, 
avait  été  recueilli  par  le  docteur  hollandais  Junghun  dans  un  voyage  au 
nord-ouest  de  l'île  de  Sumatra  ;  l'autre,  déjà  connu  sous  le  nom  d'huile  de 
camphre,  était  extrait  du  Laurus  camphora,  qui  fournit  en  même  temps  le 
camphre  du  Japon.  Les  résultats  auxquels  je  suis  arrivé  diffèrent  de  ceux 
qui  sont  consignés  depuis  longtemps  dans  les  ouvrages  de  chimie,  ce  qui 
rend  très-probable  la  supposition  que  le  produit  analysé  par  M.  Pelouze, 

C.  R.,  i»59,  2""  Semestre.  (T.   XLIX,  N»  10,;  4? 


(  358  ) 
sous  le  nom  d'essence  de  Bornéo,  ne  provenait  pas  du  Diyobalnnoi)s  cam- 
pliora  (0  et  avait  sans  doute  une  autre  origine. 

1)  Les  recherches  exposées  dans  ce  Mémoire  montrent  que  l'huile  du 
Dryobalanops  est  un  mélange  complexe  analogue  à  la  térébenthine  des 
Pins.  Son  origine  devait  y  faire  supposer  l;i  présence  du  camphre  de  Bor- 
néo :  il  n'en  renferme  cependant  aucune  trace  appréciable.  L'huile  qui 
découle  de  l'arbre  par  incision  ne  paraît  pas  différer  sensiblement  de  celle 
qui  est  obtenue  par  la  coction  :  elle  a  le  même  pouvoir  rotatoire  et  la  même 
viscosité.  L'échantillon  sur  lequel  je  pouvais  opérer  était  trop  exigu  pour 
tenter  quelques  essais. 

"  L'huile  de  camphie  extraite  du  Laiirus  cainpliora  a  déjà  été  analysée 
par  Marlius  et  Ricker,  qui  l'ont  envisagée  comme  un  premier  degré  d'oxyda- 
tion du  camphre,  et  l'ont  représentée  par  la  formule  C*'*H"'0.  Gerhardt 
suppose  qu'elle  est  un  mélange  de  camphre  et  d'hydrocarbure,  et  mes  re- 
cherches confirment  pleinement  cette  supposition. 

»  Sa  me  suis  aussi  occupé  de  déterminer  la  composition  de  quelques 
essences  de  Labiées  beaucoup  plus  répandues,  que  j'avais  eu  jadis  occasion 
d'observer  à  l'état  de  pureté  et  que  j'ai  étudiées  de  nouveau.  Les  essences  de 
Romarin,  d'Aspic  [Lavanduln  spica)  et  de  Lavande  (espèce  cultivée)  con- 
stituent des  mélanges  semblables  à  l'huile  de  camphre  et  nous  montrent  à 
quel  point  est  répandue  dans  le  règne  végétal  la  molécule  C'^H'*  et  ses 
dérivés  immédiats.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Reclieiclies  chimiques  sur  te  calcaire  dAvane,  en 
Toscane  [ridolfUe  (2)];  par  M.  S.  de  Litca.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Fremy,  Ch.   Sainte-Claire  Deville.) 

«  Les  montagnes  de  Pise  [inonti  Pisani),  parmi  lesquelles  il  y  en  a  une  qui 
porte  le  nom  à'Avane,  sont  constituées,  en  grande  partie,  d'une  couche  su- 
périeure de  calcaire  plus  ou  moins  blanc,  et  d'une  couche  inférieure  formée 
par  un  calcaire  compacte  dont  la  couleur  est  gris  foncé  :  c'est  sur  ce  der- 
nier que  j'ai  fait  quelques  recherches  chimiques  dans  le  but  d'en  connaître 
la  nature  et  d'en  fixer  la  composition. 

(1)  Le  ciimplirier  de  Sumatra,  que  les  indigènes  de  l'île  appellent  Copiera,  et  auquel  les 
botanistes  ont  donné  le  nom  de  Dryobalanops  campltorn,  est  un  végétal  de  la  famille  des  Dip- 
téi'ocarpées,  voisine  des  Gutlifères.  C'est  le  plus  grand  arbre  de  l'archipel  Malaisicn. 

(9.)  Du  nom  de  M.  Ridolfi,  Correspondant  de  l'Académie  des  Sciences. 


(  359  ) 

»  Ce  calcaire  se  distingue  des  autres  espèces  du  même  genre  par  sa  dureté  : 
il  est  en  effet  plus  dur  que  les  calcaires  ordinaires,  les  marbres,  les  dolomies 
et  les  arragoniles;  sa  couleur,  est  gris  foncé  sans  éclat  et  avec  un  aspect 
sensiblement  gras;  sa  structure  est  unie  et  com|)acte;  sa  cassure  est  nette, 
et  on  observe  dans  les  parties  mises  à  découvert  quelques  rares  parcelles 
de  pyrite  de  fer;  sa  densité,  déterminée  à  la  température  de  i g  degrés,  est 
de  2,777  î  P^*"  '^  frottement  ce  calcaire  développe  une  odeur  légèrement 
bitumineuse  et  les  parties  mises  à  nu  happent  faiblement  à  la  langue;  une 
pointe  en  acier  produit  sur  ce  minéral  des  traits  blancs  et  sa  poudre  est 
aussi  blanchâtre;  par  l'action  de  la  chaleur  il  développe  une  odeur  empy- 
reumatique,  dégage  des  gaz  inflammables  et  en  même  temps  il  se  sublime 
une  petite  quantité  de  soufre^  provenant  sans  doute  de  la  décomposition  du 
bisulfure  de  fer,  et  il  se  condense  un  peu  de  vapeur  d'eau;  parmi  les  gaz  dé- 
gagés on  constate  l'acide  carbonique,  l'oxyde  de  carbone,  des  traces  de  car- 
bures d'hydrogène,  de  l'hydrogène  et  de  l'azote  ;  ce  calcaire  perd  par  la  cal- 
cination  environ  33  ,'5  pour  loo  de  son  poids,  et  cette  perte  est  représentée 
par  l'acide  carbonique,  l'eau  et  les  autres  matières  volatiles;  les  acides  éten- 
dus d'eau,  azotique  et  chlorhydrique,  l'attaquent  en  dégageant  de  l'acide 
carbonique  et  une  trace  d'hydrogène  sulfuré,  et  en  laissant  comme  résidu 
un  squelette  ayant  la  forme  et  presque  le  volume  primitif  du  minéral  atta- 
qué, qui  à  son  tour  a  cédé  aux  acides  et  dégagé  dans  l'atmosphère  les 
75  pour  100  de  son  poidset  qui  lui-même  en  représente  les  a5  pour  100  (i)  ; 
ce  résidu,  inattaquable  par  les  acides,  est  d'un  gris  peu  foncé,  très-léger, 
laisse  des  traces  grisâtres  sur  le  papier  à  la  manière  de  la  plombagine,  et  n'a 
qu'une  faible  dureté,  si  bien  qu'on  peut  le  réduire  en  poudre  entre  les 
doigts,  s'il  est  sec,  ou  le  modeler  à  volonté  lorsqu'il  est  humide. 

»  Ce  résidu  est  formé  presque  entièrement  d'argile  et  d'une  trace  de  ma- 
tière bitumineuse  :  brûlé  dans  un  courant  d'oxygène,  il  produit  de.l'acide 
carbonique  et  de  l'eau;  en  outre,  chauffé  avec  de  la  chaux  sodée,  il  donne 
de  l'ammoniaque;  le  même  résidu  sec,  calciné  au  contact  de  l'air,  perd  toute 
sa  matière  bitumineuse  et  acquiert  une  teinte  blanchâtre. 

»  Les  acides  qui  ont  servi  pour  attaquer  ce  calcaire  contiennent  de  la 
chaux,,  de  la  magnésie  et  du  fer. 

(i)  M.  Élie  de  Beaumont  a  eu  l'obligeance  de  m'indiquer,  comme  casa  peu  près  analogue, 
que  le  quartz  neclique,  après  avoir  perdu  ses  éléments  calcaires  par  l'action  des  agents  atmo- 
sphériques, conserve  sa  forme  primitive,  mais  est. devenu  si  poreux  et  si  léger,  qu'il  nage 
sur  l'eau. 

47- 


(  36o  ) 

»  De  fout  ce  qui  précède,  on  déduit  facilement  que  le  calcaire  d'Avane 
est  constitué  de  carbonate  de  chaux  et  de  magnésie,  formant  une  espèce  de 
dolomie  qui  tient  dans  sa  masse,  uniformément  distribuée,  le  quart  de  son 
poids  d'argile  :  les  autres  matières  qu'on  y  constate  doivent  être  consi- 
dérées comme  accidentelles. 

»  Voici  maintenant  la  composition  centésimale  de  ce  calcaire  déduite  de 
plusieurs  déterminations  : 

Eau 1 .85 

Chaux 27,86 

Magnésie 9»  '^ 

Acide  carbonique 31,78 

Matières  argileuses ^5 ,96 

Oxydeset  sulfures  de  fer i  ,94 

Matières  bitumineuses 0,62 

99. '5 

MINÉRALOGIE.  —  Su7'  quelques  minéraux  du  Chili;  extrait  d'une  Lettre 

de  M.  Pissis. 

(i  Dans  la  dernière  excursion  que  je  viens  de  faire  au  désert  d'Atacama, 
j'ai  rencontré  quelques  minéraux  qui  m'ont  paru  assez  peu  connus  pour 
penser  qu'ils  pouvaient  manquer  aux  collections  de  l'École  des  Mines,  et  je 
profile  du  départ  de  t Eurydice  pour  vous  les  faire  parvenir.  Les  uns  sont 
des  sulfates  qui  forment  la  partie  supérieure  d'un  filon  de  cuivre  pyrileiix 
que  1  on  exploite  dans  les  environs  de  Copiapo;  les  autres  des  silicates  hy- 
dratés se  rapprochant  par  leur  aspect  du  pecktolite,  mais  qui  en  diffèrent 
par  la  petite  proportion  de  chaux  qu'ils  contiennent  et  parce  qu'ils  résis- 
tent à  l'action  des  acides.  Ces  derniers  forment  des  veines  ou  des  amas  dans 
des  roches  à  base  de  labrador  et  d'hypersthène  situées  près  du  port  de 
Caldera.  Parmi  les  sulfates,  il  y  a  une  espèce  remarquable  par  sa  belle  cou- 
leur améthyste  :  c'est  un  sulfate  acide  de  peroxyde  de  fer  sans  aucune  trace 
de  manganèse  que  sa  couleur  violette  pouvait  faire  soupçonner  ;  elle  est 
fort  rare  et  ne  forme  que  de  tout  petits  amas  enclavés  dans  un  sulfate  brun 
qui  m'a  paru  être  de  la  coquimbite.  Comme  ces  sulfates,  parmi  lesquels  se 
trouve  aussi  la  copiapite  ne  forment  qu'une  petite  masse  exploitée  pour 
l'amalgamation  des  minerais  d'argent,  il  est  très-probable  qu'avant  peu  ils 
auront  entièrement  disparu  ;  j'ai  donc  pensé  que,  dans  le  cas  même  où  l'É- 


(  36.  ) 

cole  des  Mines  aurait  déjà  ces  espèces,  ces  quelques  doubles  ne  seraient  pas 
de  trop.   » 

M.  Pissis  donne  ensuite  sur  ses  travaux  géologiques  et  géodésiques 
des  détails  qui  permettent  d'attendre  de  sa  part  des  communications  ulté- 
rieures. 

Les  minéraux  adressés  par  lui  seront  soumis  à  l'examen  d'une  Com- 
mission composée  de  MM.  de  Senarmont,  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et 
Fremy. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  addition  à  la  recherche  du  chlore  dans  le  caoutchouc 
vulcanisé  par  le  chlorure  de  soufre  ;  par  M.  Gaultier  de  Glavbry. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Payen,  Balard.) 

«  J'avais  fréquemment  remarqué  qu'en  traitant  par  l'acide  nitrique  le 
produit  de  la  combustion  du  caoutchouc  par  un  nitrate  alcalin,  il  se  déga- 
geait une  forte  odeur  d'acide  cyanhydrique  également  sensible  quand  on 
fait  bouillir  avec  le  même  acide  le  précipité  obtenu  par  le  nitrate  d'argent 
dans  l'eau  qu'ont  traversée  les  gaz  et  vapeurs  provenant  de  la  distillation  du 
caoutchouc  conduits  avec  ou  sans  air  dans  un  tube  porté  au  rouge  le  plus 
intense.  Quelques  chimistes  ayant  cru  que  le  caoutchouc  naturel  fournissait 
du  chlore  à  la  distillation  et  regardé  comme  impropre  à  démontrer  sa  vul- 
canisation au  moyen  du  chlorure  de  soufre  le  procédé  que  j'ai  eu  l'honneur 
de  communiquera  l'Académie  le  1 1  août  dernier,  j'ai  dû  rechercher  à  quelle 
cause  pouvaient  être  attribués  des  résultats  si  opposés  à  ceux  que  j'avais 
vérifiés  à  un  grand  nombre  de  reprises. 

»  J'avais  signalé  dans  le  précipité  l'existence  du  chlorure  et  du  sulfure 
d'argent  et  de  l'argent  métallique  ;  je  dois  y  ajouter  le  cyanure  qui  se  décom- 
pose lors  du  traitement  par  l'acide  nitrique  à  l'ébullition,  comme  je  l'avais 
recommandé.  On  en  constate  facilement  la  présence  en  traitant  celui-ci  à 
froid  par  l'acide  nitrique  qui  laisse  le  cyanure  et  le  chlorure  s'il  existe.  Le 
précipité  lavé  et  desséché^  traité  par  l'acide  nitrique  à  l'ébullition,  dégage  de 
l'acide  cyanhydrique  et  se  dissout  en  totalité  s'il  ne  renferme  pas  de 
chlorure. 

»  MM.  Ossian  Henry  et  Humbert  ont  indiqué  un  procédé  qui  permet  de 
constater  l'existence  du  cyanogène,  en  opérant  même  sur  un  demi-milli- 
gramme de  cyanure  d'argent.  Soumis  à  ce  traitement,  le  précipité  argentique 
provenant  du  caoutchouc  fournit  du  cyanure  d'iode,  qui  ne  peut  laisser  de 


(  362  ) 

doute  sur  sa  véritable  nature.  Cinquante  grammes  de  caoutchouc  de  Para, 
ou  des  diverses  provenances  commerciales,  ne  donnent  pas  de  trace  de 
chlorure  d'argent.  Cinq  grammes  de  caoutchouc  vulcanisé  à  5  grammes 
seulement  de  chlorure  de  soufre  par  kilogramme  de  sulfure  de  carbone  en 
fournissent  des  quantités  très-appréciables.  Le  procédé  que  j'ai  indiqué 
permet  donc,  quand  on  s'est  préservé  de  la  cause  d'erreur  provenant  de 
la  présence  du  cyanure  d'argent,  de  prononcer  sur  le  procédé  suivi  dans 
la  vulcanisation  du  caoutchouc.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Expériences  utr  les  ombres  prismatiques  observées  à  la 
Havane,  en  rapport  avec  la  déclinaison  du  soleil  et  l'état  atmosphérique  ;  par 
M.  PoEY.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Faye,  Delaunay.) 

«  Dès  le  mois  de  janvier  dernier,  j'avais  entrepris  une  longue  série  de 
recherches  sur  les  ombres  colorées  des  corps  opaques.  Les  deux  dernières 
communications  que  l'Académie  a  reçues,  l'une  de  M.  Babinet  au  sujet  des 
ombres  bleues  observées  lors  du  brouillard  à  Paris  du  27  mai,  et  l'autre  de 
M.  Fournet,  m'ont  engagé  à  lui  soumettre  mes  propres  recherches  entre- 
prises sous  une  autre  latitude  et  dans  des  conditions  climatologiques  bien 
différentes.   » 

La  Note  étant  trop  étendue  pour  être  reproduite  dans  son  entier,  nous 
en  extrayons  les  paragraphes  suivants,  sur  lesquels  M.  Poey  semble  appeler 
plus  particulièrement  l'attention. 

«  Les  ombres  se  colorent  de  teintes  plus  réfrangibles  lorsque,  le  soleil  .se 
trouvant  àl'horizon,  l'atmosphère  absorbe  une  plus  grande  quantité  de  ces 
rayons.  Au  contraire,  elles  se  colorent  des  teintes  moins  réfrangibles  lorsque 
l'atmosphère  donne  passage  aux  rayons  plus  réfrangibles  quand  le  soleil 
atteint  le  zénith  (i).  Par  exemple,  les  ombres  bleues-violacées  ou  verdâtres 
dans  le  premier  cas,  ont  une  tendance  à  devenir  rougeâtres-orangées  quand 
l'astre  se  trouve  au  zénith.  Dans  l'altitude  intermédiaire,  les  ombres  se  re- 
vêtent avec  plus  de  facilité  des  sept  couleurs  prismatiques.  J'ai  déjà  signalé 


(i)  En  d'autres  termes,  la  couleur  de  l'ombre  est  toujours  complémentaire  à  la  teinte  trans- 
mise par  l'atmosphère,  ou  de  même  nature  à  celle  qu'elle  absorbe,  laquelle  en  outre  varie 
l)lus  ou  moins  suivant  l'altitude  du  soleil. 


(  363  ) 
b  même  loi  pour  la  coloration  des  étoiles  par  scintillation,  des  arcs  du 
soleil,  de  la  lune  et  des  planètes. 

»  Pendant  le  jour,  la  lumière  diffuse  et  même  le  peu  de  lumière  répandu 
dans  une  salle  complètement  fermée  suffit  à  la  production  des  ombres  co- 
lorées à  l'aide  d'une  lueur  artificielle.  C'est  ainsi  qu'à  la  distance  de  87  mè- 
tres dans  une  grande  salle  du  bâtiment  de  l'Observatoire,  j'ai  pu  encore 
distinguer  les  ombres  colorées  avec  la  lumière  d'une  bougie.  A  cette  dis- 
tance, l'ombre  bleue  était  tellement  intense,  que  si  l'espace  me  l'eût  permis, 
j'a'urais  pu  probablement  les  apercevoir  dans  un  rayon  double. 

»  Sur  la  grande  terrasse,  élevée  et  isolée,  de  l'Observatoire,  j'ai  pu  encore 
distinguer  l'ombre  bleue  à  20  mètres  de  distance  produite  par  les  rayons 
lunaires  et  une  simple  bougie,  presque  au  contact  de  la  feuille  de  papier 
qui  la  recevait.  Mais  c'est  qu'alors  le  disque  lunaire  était  légèrement  couvert 
par  le  passage  d'un  nuage;  car  si  la  lune  rayonnait  dans  son  plein,  l'ombre 
colorée  n'était  plus  visible  qu'à  i4  mètres.  A  partir  de  4  mètres,  l'ombre 
jusque-là  intense  commençait  à  s'affaiblir  rapidement.  De  sorte  que  les 
vésicules  des  nuages  agissaient  comme  la  vapeur  d'eau  disséminée  dans 
l'atmosphère,  et  par  sa  plus  ou  moins  grande  densité  elles  augmentaient  ou 
elles  diminuaient,  non-seulementi'intensité desombres  colorées,  maisencore 
la  nature  de  leurs  teintes.  Car  l'ombre  bleue  de  la  lune  radiante  visible  à 
14  mètres  devenait  bleue-violette  à  20  mètres,  lorsque  sa  lumière  s'affaiblissait 
par  le  passage  du  nuage.  J'ai  encore  indiqué  un  effet  analogue  dans  la  colo- 
ration des  étoiles  au  passage  d'un  nuage.   » 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Sur  l'action  désinjectante  de  la  solution  de  perchlorure  de 
fer;  extrait  d'une  Lettre  de  M.  Deleau. 

«  M.  le  D'Terreil  a  communiqué  à  la  séance  du  16  août  i85g  une  série 
de  faits  pratiques  sur  l'emploi  du  perchlorure  de  fer  dans  le  traitement  des 
plaies  dites  suppurantes.  Je  suis  loin  de  lui  faire  un  reproche  de  ne  pas  con- 
naître mes  expériences,  publiées  depuis  longtemps  dans  l'Union  médicale  de 
la  Gironde,  sur  l'action  désinfectante  de  la  solution  du  perchlorure  de  fer 
contre  l'excrétion  purulente  des  plaies  de  toute  nature  et  d'ignorer  la  puis- 
sance antiputride  de  cet  agent  précieux  sur  le  pus  ingéré  dans  les  voies 
digestives  des  animaux.  Mais  je  ne  puis  garder  le  silence  sur  l'injustice 
commise  à  l'égard  de  la  solution  normale  préparée  par  feu  M.  Soubeiran, 
et  utilisée  journellement  avec  succès  dans  les  hôpitaux  et  les  prisons  de  la 
Seine.  Elle  a  toute  l'efficacité  du  perchlorure  de  fer  sans  qu'elle  apporte 


(  36/»  ) 
une  action  corrosive  sur  les  parties  organiques  mises  en  contact  avec  .elle. 
Ma  solution  rivalise  d'action  avec  cette  dernière  dans  son  efficacité;  mais 
je  ne  puis  avoir  confiance  dans  les  solutions  normales  perchloroferriques 
préparées  généralement  dans  le  commerce.  » 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment 
désignés  pour  la  question  des  désinfectants  :  MM.  Chevreul,  Velpeau, 
J.  Cloquet. 

M.  Étiexne  adresse  une  Note  concernant  les  divers  mélanges  désinfec- 
tants proposés  depuis  quelques  années  et  qui  présentent  dans  leur  compo- 
sition plus  ou  moins  de  rapport  avec  celui  de  MM.  Corne  et  Demeaux.  Il 
cite  en  particulier  celui  que  M.  Bayard  avait  soumis  en  1844  à  la  Société 
d'Encouragement,  mélange  en  proportions  déterminées  de  sulfate  de  fer, 
d'argile  ferrugineuse  et  de  sulfate  de  chaux,  avec  addition  de  goudron  de 
houille  en  quantité  variable  suivant  les  cas. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

M.  ZiMMEBMAN  soumet  au  jugement  de  ^Académie  une  série  de  planches 
accompagnées  de  légendes  relatives  à  l'art  du  facteur  d'orgues, 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Pouillet, 

Duhamel,  Despretz.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Directeur  GÉNÉRAL  DES  Douanes    et   des  Contributions  indirectes 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  du  Tableau 
général  du  commerce  de  la  France  avec  ses  colonies  et  avec  les  puissances 
étrangères  pendant  l'année  i858. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  delà  Cor- 
respondance les  Statuts  d'une  nouvelle  Société  d'Histoire  naturelle  qui 
vient  de  se  former  dans  la  Nouvelle-Grenade  et  qui  a  son  siège  à  Bogota. 
Dans  la  circulaire  qui  accompagne  cette  pièce,  le  Président  de  la  Société, 
M.  E.  Vricoecliea,  émet  le  vœu  que  les  sociétés  savantes  de  l'Europe  vien- 
nent en  aide  à  la  nouvelle  Institution,  en  enrichissant  de  leurs  publications 
la  bibliothèque  qu'elle  va  s'occuper  de  former. 


(  3G3  ) 

PHYSIQUE  nv    GLOBE.    —   Itijlueiice   d'une  aurore  boréale  sur   les   liijnes'  ' 
télégrapfiiques;  Lettres  de  M.  Bekgon. 

«   Paris,   !"■  septembre  i85g. 

»  J'ai  peiisé  que  l'Académie  apprendrait  avec  intérêl  quelle  a  été,  sur 
nos  lignes  télégraphiques,  rinfliience  de  l'aurore  boréale  observée  dans  la 
nuit  du  28  au  29  août.  Voici  un  aperçu  de  ce  qui  s'est  passé. 

»  Le  29,  vers  io''3o"  du  soir,  au  bureau  central  de  Pi\ris,  les  soiuicries 
des  fils  inoccupés  pendant  la  nuit  se  sont,  presque  toutes  au  même  instant, 
mises  en  mouvement.  La  transmission,  déjà  un  peu  embarrassée  sur  plu- 
sieurs points,  a  été  interrompue  sur  les  fils  occupés,  et  les  appareils  ont 
accusé  le  passage  d'un  courant  permanent. 

»  Les  galvanomètres  déviaient  fortement,  tantôt  à  droite,  tantôt  à  gauche. 
Les  aiguilles,  parties  de  zéro,  montaient  assez  rapidement  jusqu'à  10  et 
ao  degrés,  selon  les  lignes,  stationnaient  là  un  temps  plus  ou  moins  long  et 
très-variable,  dépassaient  ce  point  et  atteignaient  assez  brusquement  3o  et 
5o  degrés;  puis  elles  redescendaient,  et,  après  être  passées  par  zéro,  se  con- 
duisaient de  la  même  manière  de  l'autre  côté. 

»  L'effet  a  été  plus  continu  et  plus  énergique  sur  les  lignes  du  centre,  de 
Bordeaux,  de  Marseille  et  du  Nord  que  sur  celles  de  l'Est  et  de  l'Ouest. 
Ainsi  on  a  pu  avoir  pendant  la  nuit  quelques  mots  intelligibles  de  Stras- 
bourg, et  notamment  une  demande  que  Dijon  l'a  prié  de  faire  à  Paris, 
ne  pouvant  lui-même  rien  obtenir  par  la  ligne  directe.  Les  lignes  de 
Paris  et  des  gares  n'ont  été  que  très-faiblement  influencées  vers  2  heures 
du  matin. 

»  A  l'ouverture  du  service  de  jour,  à  7  heures  du  matin,  on  a  pu  com- 
muniquer passablement  de  tous  les  côtés  jusqu'à  3o  ou  4o  lieues.  Ce  n'est 
que  quelques  heures  plus  tard,  entre  9  et  1 1  heures,  qu'il  a  été  possible 
d'aller  plus  loin;  mais,  pendant  presque  toute  la  journée,  il  est  encore  sur- 
venu de  temps  à  autre  des  interruptions  durant  lesquelles  les  galvanomètres 
donnaient  les  mêmes  indications  que  pendant  la  nuit;  néanmoins  les  station- 
nements à  zéro  étaient  longs,  et  on  a  pu  travailler  la  plus  grande  partie  du 
temps. 

»  L'intensité  des  effets  n'a  pas  tenu  seulement  à  l'orientation  de  la  ligne, 
elle  a  paru  varier  aussi  et  beaucoup  en  raison  de  la  longueur  du  conducteur 
auquel  on  avait  affaire. 

<:.  R  ,  1859,  a"»"  Semestre.  (T.  XLIX  ,  N»  10.)  48 


(  366  ) 

»  L'influence  perturbatrice  n'a  complètement  disparu  dans  toutes  les 
directions  que  vers  5  heures  du  soir. 

»  La  veille,  les  communications  avaient  déjà  été  troublées  de  la  même 
manière  sur  Londres,  Bruxelles,  Marseille,  Toulouse  et  Bordeaux,  mais 
plus  rarement,  et  avec  moins  d'intensité. 

»  P.  S.  2  septembre  à  8  heures  du  malin.  Les  mêmes  phénomènes  se  pro- 
duisent depuis  4  heures  du  matin;  ils  sont  encore  très-intenses  à  l'heure 
qu'il  est.  » 

«  Paris,  5  septembre  iSSg. 

»  Dans  ma  Lettre  du  i"  courant,  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  en- 
voyer le  1  au  matin,  j'ai  ajouté  une  Note  pour  vous  signaler  que  les 
phénomènes  qui  avaient  accompagné  l'apparition  de  l'aurore  boréale  du 
ag  août  se  reproduisaient  depuis  quelques  heures  avec  luie  intensité  con- 
sidérable. Je  viens  vous  rendre  compte  aujourd'hui  de  celte  deuxième 
série  d'effets. 

»  Le  i*"",  dans  l'après-midi,  nous  avions  eu  quelques  difficultés  de  trans- 
mission semblables  à  celles  qui  s'étaient  manifestées  dans  la  journée 
du  a6  août.  Le  a,  à  4'''^o™  du  matin,  les  sonneries  se  sont  ébranlées  : 
d'abord  celles  de  Bordeaux,  Toulouse,  Marseille,  Londres  et  Bruxelles, 
et  ensuite,  à  quelques  minutes  d'intervalle,  celles  de  Bâle,  Strasbourg,  le 
Havre  et  Brest.  ' 

»  Les  galvanomètres  ont,  comme  le  29,  accusé  des  courants  qui  variaient 
de  sens  et  d'intensité,  tantôt  brusquement,  tantôt  avec  lenteur  et  qui  dis- 
paraissaient un  moment  pour  reparaître  soit  dans  le  même  sens,  soit  en  sens 
contraire. 

»  Le  fait  que  les  ligues  sont  d'autant  plus  influencées  qu'elles  sont  plus 
longues  a  été  démontré  cette  fois  encore  et  de  la  manière  la  plus  évi- 
dente. Par  les  fils  omnibus,  on  prévenait  un  bureau  voisin  de  couper 
un  fil  direct  et  de  s'en  servir,  et  le  plus  souvent  la  communication  im- 
possible sur  le  long  conducteur  devenait  praticable  sur  ce  même  conduc- 
teur raccourci. 

»  Les  lignes  les  plus  influencées  ont  encore  été  celles  de  Bordeaux,  Tou- 
louse et  Marseille.  Vers  7  heures  du  matin  on  a  eu  de  vives  étincelles  sur 
les  paratonnerres  des  deux  premières.  La  ligne  de  Strasbourg,  si  on  la  com- 
pare aux  lignes  de  même  longueur,  paraît  avoir  subi  les  moindres  atteintes  : 
c'est  celle  sur  laquelle  on  a  pu  travailler  le  plus  souvent. 

»  Il  y  a  deux  effets  maximums  bien  caractérisés  :  à  7  heures  du  matin 


(  367  ) 
et  à  midi  et  déni.  Us  paraissent  avoir  eu  lieu  en  même  temps  sur  toutes  les 
lignes  sans  exception. 

»  Les  transmissions  ont  repris  leur  allure  habituelle  de  3  heures  à  3'^3o"' 
dans  toutes  les  directions.  Mais  le  soir,  la  nuit  et  le  lendemain,  il  y  a  encore 
eu,  de  loin  en  loin,  plusieurs  moments  de  travail  difficile. 

B  En  prenant  quelques  dispositions  matérielles  et  en  donnant  aux  em- 
ployés des  instructions  propres  à  diriger  leurs  observations,  on  aurait 
probablement  obtenu  des  résultats  plus  précis  et  plus  complets;  mais  nous 
avons  été  pris  au  dépourvu.  C'est  la  première  fois  que  nous  constatons  des 
effets  pareils  dans  des  proportions  aussi  considérables.  » 

MÉTÉonoLOGlE.  —  Aurore  boréale  observée  dans  In  nuit  du  28  au  29  août  iSSg, 
à  Noy  elles -sur- Mer,  près  de  Saint- Faler^-sur-Somme  {longit.,  0°  36'  O., 
latit.,  So^io'  N.);  par  M.  H.  Lartigue,  contrôleur  du  service  télégra- 
phique du  chemin  de  fer  du  Nord  (i). 

«  J'ai  observé  à  Noyelles-sur-Mer  (Somme)  la  belle  aurore  boréale  qui 
a  paru  dans  la  nuit  du  28  au  2g  août  dernier.  Le  ciel  était  parfaitement 
pur;  seulement  de  l'ouest  au  nord-est,  c'est-à-dire  du  côté  de  la  mer, 
des  vapeurs  occupaient  à  l'horizon  une  zone  de  5  à  8  degrés  de  hauteur. 
A  1 1*"  40"",  le  28,  j'ai  remarqué  an-dessus  de  ces  vapeurs  une  lueur  blanche 
assez  vive.  De  cette  partie  lumineuse  s'élevait  presque  jusqu'au  zénith,  dans 
la  direction  nord-nord-ouest,  une  bande  rouge  à  bords  à  peu  près  paral- 
lèles, de  4  à  5  degrés  de  largeur.  Au  bout  de  quelques  minutes  cette  bande 
s'est  effacée. 

»  Vers  la*"  10™,  la  lumière  blanche  de  l'horizon  a  augmenté  d'intensité; 
une  large  portion  du  ciel  s'est  colorée  en  rouge,  et  à  la*"  20"  le  phénomène 
était  dans  tout  son  éclat.  Des  bandes  magnifiques  et  des  rayons  très-lumi- 
neux, passant  du  rouge  au  vert  et  au  blanc,  s'élevaient  jusqu'au  zénith,  le 
dépassaient  quelquefois  et  occupaient  en  largeur  tout  l'espace  compris 
entre  V Aigle  et  le  méridien  d'abord,  puis,  quelques  instants  après,  attei- 
gnaient la  constellation  du  Cocher.  A  l'ouest  et  à  l'est  il  y  avait  de  grandes 
lueurs  rouges.  La  lumière  était  assez  vive  pour  permettre  d'apercevoir  des 


(i)  T'oyez,  relativement  au  même  phénomène,  la  Lettre  du  P.  Secchi,  p.  346  du  Compte 
rendu  (\e  la  présente  séance;  et  dans  le  précédent  numéro,  p.  338,  la  communication  de 
i\l.  Conlvitr-Gravier. 

.48.. 


(  368  ) 
objets  éloignés  d'environ  2000  mètres,  comme  pendant  les  belles  nuits  de 
pleine  lune. 

»  La  largeur  de  la  portion  éclairée  du  ciel  a  augmenté  jusqu'à  ia''4o", 
moment  de  la  plus  grande  étendue.  Les  bandes  dépassaient  alors  de  plu- 
sieurs degrés  à  l'ouest  ÏJigle,  et  à  l'est  le  Cocher.  Ensuite  l'éclat  a  diminué 
dans  la  partie  centrale,  et  principalement  sur  les  points  les  plus  rapprochés 
du  méridien.  Les  deux  extrémités  ouest  et  est  sont  restées  rouges. 

»  A  i""  1 5™,  les  bandes  verticales  ont  commencé  à  reparaître  très-bril- 
lantes sur  une  étendue  presque  aussi  considérable  qu'à  lu''  4o'",  puis,  après 
tui  temps  assez  court,  elles  se  sont  effacées  successivement.  La  lueur  rouge 
elle-même  s'est  affaiblie  et  a  fini  par  disparaître  complètement  à  2  heures, 
le  ciel  étant  toujoius  très-beau.  La  lumière  blanchâtre  qui  avait  signalé  le 
commencement  du  phénomène  a  seule  persisté  durant  environ  trois  quarts 
d'heure. 

»  Pendant  cette  aurore  boréale  je  n'ai  perçu  aucun  bruit,  et  je  n'ai  vu 
que  deux  étoiles  filantes  de  troisième  ou  quatrième  grandeur;  parties  du 
zénith,  elles  ont  disparu  vers  la  constellation  du  Taureau. 

»  L'aurore  boréale  ne  m'a  paru  exercer  aucune  influence  sur  les  appa- 
reils télégraphiques.  J'ai  eu  à  me  servir  de  ceux  de  la  station  de  Noyelles 
peu  de  temps  avant  le  moment  de  son  plus  grand  éclat  :  une  dépêche  a  été 
reçue  de  Rue,  station  située  dans  la  direction  nord,  et  deux  autres  ont  été 
passées  à  Abbeville,  c'est-à-dire  vers  le  sud  du  point  où  j'observais.  La 
transmission  de  ces  dépêches  entre  des  stations  à  la  vérité  peu  éloignées 
ne  m'a  présenté  aucune  anomalie.  » 

IIÉLIO-CHIMIE,  —  De  la  fécule  végétale  et  animale  sous  le  rapport  de  l'influence 
transformatrice  qu  exerce  sur  elle  la  lumière  solaire  ;  de  la  dexlrine,  du  sucre 
de  canne,  del'acide  oxalique  sous  le  même  rapport;  de  quelques  substances  qui 
annihilent  ou  accroissent  cette  action  solaire;  par  M.M.  Niepce  de  Saint- 
Victor  et  là.  CORVISART. 

"  Nous  avons  institué  (1)  en  commun  et  exécuté  une  série  d'expériences, 
qui  nous  ont  conduits  à  formuler  les  propositions  suivantes,  et  quelques-unes 
de  leurs  conséquences  : 


(1)  Les  conditions  duns  lesquelles  on  se  met  pour  faire  lesexpériences  comparatives  influant 
Ijcaiiconp  sur  les  résultats,  nous  renvoyons  à  notre  Mémoire,  où  elles  sont  déterminées 


(  369  ) 

»  1°.  La  lumière  solaire,  par  une  action  à  elle  propre,  modifie  et  trans- 
forme certaines  substances  amyloïdes  et  quelques-uns  de  leurs  dérivés. 

»  1°.  L'action  seule,  mais  prolongée,  de  la  lumière  transforme  la  fécule 
pure  et  soluble  à  l'état  de  dextrine  et  surtout  de  sucre;  mais,  tout  d'abord, 
la  lumière  modifie  profondément  l'amidon  dans  sa  nature  et  le  change  en 
un  corps  nouveau  se  rapprochant  de  l'inuline  (telle  qu'on  la  trouve  dans  le 
dahlia,  le  colchique)  en  ce  qu'd  est  à  froid  entièrement  iiisensil)le  à  l'iode, 
mais  qui  toutefois  en  diffère  en  ce  qu'il  ne  réduit  point  les  sels  de  cuivre  et 
d'argent  en  présence  de  l'ammoniaque.  Il  ne  dévie  point  le  plan  de  polari- 
sation. 

M  Dans  une  solution  d'amidon  au  millième,  ce  changement  peut  être 
opéré  après  six  heures  d'une  belle  insolation  de  juillet  ou  d'août.  Mais  plus 
souvent  il  faut  douze  à  dix-huit  heures  d'insolation  pour  avoir  un  effet  com- 
plet. Bien  qu'exposé  au  même  lieu,  dans  le  même  temps,  à  la  même  tempéra- 
turt',  mais  protégé  par  l'obscurité,  l'amidon  reste  sans  changement,  si  bien 
que  quelques  gouttes  de  cette  dernière  solution  peuvent  faire  passer  au  bleu 
foncé  le  mélange  précédent  resté  dans  l'autre  expérience  obstinément  incolore. 

»  3°.  Cette  action  transformatrice  est  entravée  par  les  lactate,  citrate  de 
fer  en  dilution  au  centième  et  entièrement  empêchée  par  le  deutochlorure 
de  mercure. 

»  Le  taftrate  ferrico-potassique  (,5-5)  augmente  la  transformation  soit  à 
l'obscurité,  soit  à  la  lumière,  mais  au  moins  un  tiers  plus  à  la  lumière. 

»  L'azotate  d'urane(Y^)  favorise  puissamment  l'action  de  la  lumière  so- 
laire, action  qui  devient  alors  cinq,  six  et  sept  fois  plus  intense,  elle  est  plus^ 
rapide  et  la  quantité  d'amidon  transformé  est  plus  considérable;  les  trois 
sortes  de  transformations  de  l'amidon  plus  haut  signalées  ont  lieu.  D'abord 
l'iode  cesse  décolorer  l'amidon  à  froid,  mais  il  n'y  a  nulle  déviation  pola- 
rimétrique,  puis  apparaissent  le  sucre  et  un  peu  de  dextrine. 

»  Les  mêmes  solutions  amylacées,  protégées  par  l'obscurité  bien  qu'ex- 
posées au  même  lieu,  restent  immobiles. 

"  4"-  Les  acides  des  sels  précédents  en  solution  faible  (au  7^),  c'est-à- 
dire  les  acides  nitrique,  tartrique,  empêchent  la  lumière  d'exercer  son  ac- 
tion transformatrice  habituelle.  Tout  se  passe  comme  s'il  y  avait  eu  obscu- 
rité. 

u  L'acide  oxalique  jouit  de  la  propriété  d'accélérer  et  de  rendre  plus 
intense  l'altération  de  l'amidon  décelée  par  l'impuissance  de  l'iode  ;  son 
action  comparée  est  au  contraire  nulle  à  l'obscurité. 

»   5°.  Les  substances  azotées  solubles,  albumine,    pepsine,  pancréatine 


•  ^  (  370  )  • 

même,  ne  nous  ont  point  paru  exercer  une  influence  moins  intense  à  l'ob- 
scurité qu'à  la  lumière. 

1)  6°.  Quelle  qu'elle  soit,  unique  ou  seulement  primordiale,  primitive 
ou  secondaire,  la  cause  des  changements  que  nous  avons  décrits  est  la  lu- 
mière. 

»  7°.  La  dextrine  et  le  sucre  de  canne  se  comportent  très-différemment 
de  l'amidon  en  présence  de  la  lumière.  L'action  de  la  lumière  n'est  point 
aidée  sur  elle  par  l'influence  de  substances  qui,  à  l'obscurité  même  ou  avec 
l'aide  de  la  chaleur,  sont  capables  de  les  transformer. 

1)  8".  L'acide  oxalique  mélangé  à  une  petite  proportion  de  sel  d'urane 
reste  indécomposé  malgré  l'ébullition  ou  une  chaleur  de  5o  degrés,  pro- 
longée trente  heures,  si  cela  a  lieu  à  l'obscurité.  Dès  que  le  mélange 
voit  la  lumière,  fût-ce  une  lumière  de  nuées,  la  décomposition  com- 
mence. Le  dégagement  du  gaz  oxyde  de  carbone  est  très-rapide  si  la  lu- 
mière solaire  est  directe;  la  quantité  de  gaz  devient  considérable  en  moins 
d'une  heure. 

»  9".  Le  sucre  animal  que,  depuis  la  découverte  de  M.  Cl.  Bernard,  on 
tend  avec  juste  raison  à  considérer  comme  jouant  un  rôle  aussi  important 
dans  l'économie  que  le  sucre  dans  les  plantes,  vient  d'un  amidon  animal. 

»  [0°.  Suivant  les  expériences  directes  que  nous  avons  tentées,  la  fécule 
animale  (matière  glycogène)  s'use  et  se  transforme  en  sucre  plus  rapide- 
ment et  plus  abondamment  sous  l'influence  de  la  lumière  qu'à  l'obscuritéj 
mais  l'azotate  d'urane  entrave  et  n'active  pas  l'influence  solaire  sur  la 
fécule  animale. 

»  11°.  La  fécule  animale  reste  dans  le  foie  sans  devenir  sucre  pendant 
l'hiver  chez  les  grenouilles.  La  plus  haute  richesse  du  sucre  de  foie  chez 
elles  coïncide  avec  l'époque  de  la  maturation  des  fruits,  fin  juin,  juillet,  août. 
(Recherches  propres  de  M.  le  professeur  Schiff,  entreprises  à  un  autre  point 
de  vue  que  le  nôtre,  mais  qui  nous  fournissent  de  précieux  éléments  de  ju- 
gement.) La  matière  glycogène  peut  être  immobilisée  dans  le  foie,  comme 
l'amidon  végétal  dans  les  tubercules  ou  les  graines,  si  les  grenouilles  sont 
entièrement  soustraites  à  la  lumière;  il  ne  se  produit  point  alors  de  sucre. 
On  pourrait  expliquer  comment  l'abondante  présence  de  la  matière  glyco- 
gène dans  le  tissu  cutané  du  fœtus  disparaît  de  ce  tissu  aussitôt  après  la 
naissance  par  un  brusque  passage  de  l'obscurité  à  la  lumière. 

»  12°.  On  doit  rappeler  néanmoins,  soit  qu'il  ne  soit  nécessaire  que 
d'une  lumière  faible,  ou  que  l'action  de  celle-ci  soit  corroborée  par  la 
présence  de  certains  sels  ou  de  certains  ferments,  que,  chez  la  plupart  des 


(  37.  ) 
animaux  et  chez  l'homme,  les  fonctions  amylogéniques  comme  les  glyco- 
géniques  n'éprouvent  jamais  l'intermittence  hivernale. 

»  i3°.  Les  actions  de  la  lumière  que  nous  avons  ébauchées  sont  généra- 
lement lentes.  On  sait  d'ailleurs  combien  cette  action  de  lumière,  journel- 
lement faible,  met  de  temps  à  concourir  à  la  formation  du  blé,  à  la  matu- 
ration des  fruits,  etc.,  et  cependant  combien  en  somme  elle  est  puissante. 
Donc  si,  sans  augmentation  de  lumière,  certaines  substances  d'iui  côté 
doublent,  triplent  ou  sextuplent  les  effets  de  l'action  solaire,  par  exemple 
sur  la  formation  du  sucre  animal  ou  végétal;  si,  de  l'autre,  sans  diminu- 
tion de  l'intensité  solaire,  d'autres  substances  annihilent  ou  entravent  l'usure, 
par  exemple  de  l'amidon  sous  l'action  solaire,  on  ne  peut  se  dissimuler 
que  des  éludes  très-analytiques  dirigées  dans  cette  voie  ne  soient  fort  utiles 
tant  pour  la  physiologie  végétale  que  pour  l'agriculture,  et  peut-être  tout 
autant  pour  la  médecine.  Il  suffit  de  rappeler  le  diabète  et  l'influence  de 
l'insolation  sur  la  scrofule.  Los  actes  intimes  de  nutrition  sont  en  effet  bien 
peu  connus.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  chlorures  organiques  sur  le  sulfhydrate  et  sur 
le  sulfure  potassique;  /^flr  MM.JE.  Jacquemin  ef  Vosselmann. 

«  M.  Kékulé,  en  faisant  agir  le  sulfide  phosphoreux  ou  le  sulfide  phos- 
phoriquesur  l'acide  acétique  monohydralé,  a  obtenu  en  i85.4  l'acide  thia- 
cétique  ou  sulfhydrate  d'acétyle.  Par  l'action  du  sulfide  phosphorique  sur 
l'acide  acétique  anhydre,  cet  habile  chimiste  a  produit  l'acide  thiacétique 
anhydre  ou  sulfure  d'acétyle. 

»  Nous  sommes  arrivés  aux  mêmes  résultats  par  l'emploi  d'une  autre  mé- 
thode entièrement  susceptible  de  généralisation,  méthode  qui  permet  d'ob- 
tenir les  correspondants  sulfurés  de  tous  les  acides  monohydratés,  en  traitant 
le  sulfhydrate  ou  le  monosulfure  potassique  par  un  chlorure  organique.  En 
effet, 


C=''H*"-'0%  Cl-+-^!s*  =  KCl 


H     r  ' 


ou  encore, 


.C-H--  0%  Cl  +  1\S^  =  aRCl  -^  ^,„J;,„_,^,  js». 
»  Sulfhydrate  d'acét/le.  —  Ijorsque  l'on  amène  goutte  à  goutte  par  un  tube 


(  ^72  ) 
<>ffilé  1  équivalent  de  chlorure  d'acétyle  sur  une  même  quantité  proportion- 
nelle de  sulfhydrate  potassique  placé  dans  une  cornue  munie  de  son  réci- 
pient, la  température  s'élève  et  devient  suffisante  pour  volatiliser  une  partie 
du  clilorure  employé.  En  recoliobant  à  plusieurs  reprises  et  distillant,  on 
finit  par  obtenir  lui  liquide  jaunâtre  qui  ne  renferme  plus  que  des  traces 
de  chlorure  d'acétyle.  Ce  liquide  rectifié  distille  en  presque  totalité  entre 
90  et  100  degrés,  et  en  fractionnant,  on  arrive  à  un  produit  bouillant 
à  93  degrés.  Il  présente  toutes  les  propriétés  du  sulfhydrate  d'acétyle  : 
il  est  incolore,  d'une  odeur  qui  rappelle  à  la  fois  celle  de  l'hydrogène  sul- 
furé et  celle  de  l'acide  acétique,  soluble  dans  l'eau,  et  précipitant  en  blanc 
l'acétate  de  plomb. 

»  Sulfure  d'acétyle  et  de  plomb.  —  Ce  sel  s'obtient  aisément  en  précipitant 
l'acétate  de  plomb  par  le  produit  brut  de  la  préparation  précédente. 

»  Sulfure  dacétjle.  —  Nous  le  préparons  en  chauffant  des  équivalents 
égaux  du  sulfure  potassique  et  de  chlorure  d'acétyle.  En  effet, 

K  \  C*H'  n*  \ 

.C*H'0^  Cl  +  ^JS»  =  aKCl -^  ^,jj3Q,  JS=. 

C'est  un  liquide  incolore,  d'iuie  odeur  alliacée  et  acétique,  bouillant  de 
1 20  à  121  degrés,  insoluble  dans  l'eau  d'abord,  puis  disparaissant  lente- 
ment par  l'influence  de  ce  milieu  qui  le  transforme  en  acide  acétique  et  en 
sulfhydrate  d'acétyle.   « 

M.  L.  Appia  annonce  l'intention  de  présenter  au  concours  pour  les  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  un  ouvrage  qu'il  vient  de  faire  paraître  sous  le 
titre  suivant  :  «  I.e  Chirurgien  à  l'ambulance,  ou  Études  pratiques  sur  les 
plaies  par  armes  à  feu  »  ;  il  demande  quelles  sont  les  formalités  à  suivre  pour 
faire  comprendre  ce  livre  parmi  les  pièces  du  concours. 

L'ouvrage,  qui  ne  pourra  être  admis  qu'au  concours  de  l'année  1860, 
devra  être  déposé  au  Secrétariat  avant  le  i*^'  avril  prochain  et  accompagné 
d'une  indication  précise  de  ce  que  l'auteur  considère  comme  neuf  dans  son 
travail.  On  le  fera  savoir  à  M.  Appia. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  É.  D.  B. 


(  373) 


BULLETO    BIBLIOGRAPHIQCË. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  29  août  iSSg  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Le  code  des  jeunes  mères,  traité  théoricfue  et  pratique  pour  l'éducation  phy- 
sique des  nouveau-nés,  destiné  aux  personnes  qui  désirent  élever  elles-mêmes 
leurs  enfants;  par  le  D"  A.  CAm^.VâVïs,  iSSg;  iu-S**. 

Nouvelles  éludes  de  perspective  ;  par  J.  Adhémar.  Suppléineut  au  Traité. 
Paris,  1859;  br.  in-8<*. 

Note  sur  les  pompes  et  les  machines  d'épuisement  établies  dans  le  bassin  de 
la  Loire;  par  M.  Lo^hARD.  Saint-Étienne,  1859;  ^^-  '"'S"- 

Etudes  des  vibrations  longitudinales  des  verges  prismatiques  libres  aux  deux 
extrémités.  —  Propositions  de  chimie  données  par  la  Faculté.  Thèses  présentées  à 
la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  pour  obtenir  le  grade  de  docteur  es  sciences; 
par  M.  Alfred  Terquem.  Paris,  1859;  br.  in-4°.  (Présenté,  au  nom  de  l'au- 
teur, par  M.  Pouillet.) 

Dictionnaire  français  illustré  et  encj^clopédie  universelle,  81®,  82*  et  83*  livr. 
in-4°. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  5  septembre  1869  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Leçons  sur  les  coordonnées  curvilignes  et  leurs  diverses  applications  ;  par 
M.  G.  Lamé.  Paris,  18J9;  t  vol.  in-S". 

Direction  générale  des  douanes  et  des  contributions  indirectes.  Tableau 
général  du  commerce  de  la  France  avec  ses  colonies  et  les  puissances  étrangères 
pendant  l'année  i858.  Paris,  1859;  in-folio. 

Manuel  théorique  et  pratique  de  photographie  sur  collodion  et  sur  albumine; 
par  E.  ROBIQDET.  Paris,  1859;  1  vol.  in-12.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur, 
par  M.  Bussy.) 

Méthodes  photographiques  perfectionnées .  Papier  sec.  —  Albumine.  —  Collo- 
dion sec.  —  Collodion  humide;  par  MM.  A.  CiVlALE,  DE  Bbébisson,  Bailleu 
d'Avrincourt,  de  NosTiTZ,  E.  Bacot,  Adolphe  Martin,  Niepce  de  Saint- 
Victor,  etc.  —  Optique  photographique  et  stéréoscope;  par  Ch.  CHEVALIER, 
Paris,  1859;  in-8°. 

C.  R.,  1859,  a-"»  Semestre.  (  T.  XLIX,  N»  10.)  49 


(  374  ) 

Instructions  pratiques  à  l'usage  des  inventeurs;  par  MM.  Armengaud  aîné 
et  J.  Mathieu.  Paris,  iSSg;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  impériale  d  Agriculture,  Sciences  et  Arts  d^ Angers^ 
Nouvelle  période.  T.  II,  second  cahier;  in-8°. 

Trabalhos...  Travaux  de  [Observatoire  météorologique  de  l'infant  don  Luiz 
à  l'Ecole  Polytechnique  de  Lisbonne  (4*  année,  i858).  Lisbonne,  1859; 
in-folio. 

Sociedad...  Société  des  naturalistes  de  la  Nouvelle-Grenade.  Statuts  de  la 
Société  arrêtés  en  juin  1859.  Bogota,  1859;  \  de  feuille  in-12. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Observatoire  du  Collège  Romain.  Nouvelle  série. 
N°'3,  5et6;  in-4". 

On  the...   Sur  la  structure  géologique  du  nord  de  l'Ecosse;  par  sir  R.   I 
MURCHISON.  Londres,  iSSg;  br.  in-8°. 


PCBLICATIONS      PÉRIODIQUES     REÇUES      PAR     l'aCADÉMIE     PENDANT 
LE    MOIS    d'août  1859. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique ,  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINGAULT,  Regnault,  DE  Senarmont,  avec  une  Revue  des  travaux 
de  Chimie  et  de  Physique  publiés  à  [étranger;  par  MM.  WuRTZ  etVERDET; 
3"  série,  t.  XLIV;  juillet  iSSg;  in-8°. 

Annales  de  V Agriculture  française  ;  t.  XIV,  n°  3;  in-8". 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  Zoologie,  la  Botanique,  l'Ana- 
lomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  r  Histoire  des  corps  orqanisés 
fossiles;  t\^  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MiLNE  Edwards;  pour 
la  Botanique,  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  J.  Decaisne;  t.  X,  n°  6;  in-S". 

Annales  forestières  et  métallurgiques;  juillet  iSSg;  in-8°. 

Annales  télégraphiques  ;  ]vi\\\&\.-AO\il  iBSg;  in-8°. 

Astronomical...   Notices  astronomiques  ;  i\°    8;in-8''. 

Bibliothèque  universelle.  Revue  suisse  et  étiYtngère,  nouvelle  période  ;  t.  V, 
n"  20;  in-8°. 

,    Boletin...   Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Faïence;  mars-juillet    1869, 
in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  2*  série,  t.  VII,  n°  7  ;  in -8°. 

Bulletin  de  [Académie  impériale  de  Médecine  ;  t.  XXIV;  n"  20  ;  in-8°. 


(  375  ) 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  juillet  iSSg;  in-8°. 

Bulletin  de  ta  Société  de  t Industrie  minérale;  t.  IV,  3^  livraison,  i*'  tri- 
mestre, iSSg;  in-8°;  avec  atlas  in-fol. 

Bulletin  delà  Société  française  de  Photographie  ;  juiUel  et  août  1869;  in-8". 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  t  académie  des  Sciences  ;  2*  se- 
mestre 1859;  n°'  5-9;  in-4°- 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XV,  6^-9*  livraisons* 
in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  ;  nou\e\\e  période;  t.  I,  n°'  i5et  16;  in-8''. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie;  août   i85q; 


in-8°. 


Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d' Horticulture  ;  juiMet  i85q; 
in-8''. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de  Mé- 
moires sur  les  diverses  parties  des  mathématiques,  publié  par  M.  Joseph 
LiOUViLLE;  2*  série,  mai  1869;  in-4". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  août  1859;  in-8°. 

Journaldes  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n'"3i-33;  in-8''. 

Journal  du  Progrès  des  sciences  médicales  ;  n"*  i-4;  in-S". 

La  Bourgogne.  Revue  œnologique  et  viticole;  8*  livraison;  in-8°. 

La  Correspondance  littéraire;  n"'  17  et  18;  in-8''. 

La  Culture;  n<"  3  et  4  ;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  n°'  21  et  22;  in-S". 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier  ;  t.  XIII, 
n"»  i5  et  16;  in-S". 

L'Art  dentaire;  juillet  et  août  iSSq;  in-S". 

L'Art  médical;  août  1869;  in-S". 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  t.  VI,  n"'  14-17;  in-S". 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  63*  et  64*  livraisons; 
in-4''. 

Le  Technologiste ;  août  1869  ;  10-8". 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  rojale  des 
Sciences  de  Berlin;  avril  et  mai  iSSg;  in-8''. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  août  1859;  in-S". 

Nachrichten . . .  Nouvelles  de  l' Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Gôtlingue;  n"'  i5  et  16;  in-8''. 


(  376  ) 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  des  Candidats  aux  Ecoles 
Polytechnique  et  Normale  ;  juillet  i85g;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  a*  série,  vol.  I, 
11°  2;  m-^". 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  royale  de  Londres;  vol.  X, 
II"  35  ;  in-8». 

Proceedings.  .  .  Procès-verbaux  de  la  Société  Géographique  de  Londres  ; 
vol.  III;  n°»  4  et  5;  in- 8". 

Répertoire  de  Pharmacie;  Aoùt  1859;  in-8°. 

Revista.,.   Revue  des  travaux  publics  ;  7*  année;  n°'  i3-i7;  in-4''- 

Revue  de  Thérapeutique  médico- chirurgicale;  n°'  i5et  16;  in-8°. 

Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille.  Bulletin  des  travaux  ;  juillet 
1859;  in-8°. 

The  Atlantis...  L' Atlantide,  Recueil  de  Littérature  et  de  Sciences;  n"  Zjj 
juillet  1859;  in-S". 

The  Quarterly...  Journal  trimestriel  de  la  Société  Géologique  de  Londres; 
vol.  XV,  part.  3;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n°'  90- 1  o  i . 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n"'  3i-34. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°*  32-35. 

Gazette  médicale  d'Orient;  août  iSSg. 

V Abeille  médicale;  n°'  3i-35. 

La  Coloration  industrielle;  n°'  i3et  14. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n°'  32-35. 

L  Ami  des  Sciences;  n°'  32-35. 

La  Science  pour  tous;  n°'  35-38. 

Le  Gaz;  n°'  19-21 . 

Le  Musée  des  Sciences,  n°'  14-18. 


ERRATA. 

(Séance  du  29  aoiit  1859.) 

Page  326,  4'  l'gn«  en  remontant,  au  lieu  de  Fichet,  lisez  Fichot. 
Page  339,  6*  ligne  en  remontant,  au  lieu  de  Heuvet,  lisez  Herv^. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCMCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  SEPTEMBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M,  DE  SENARMONT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  de  M.  BiOT  sur  la  formation  artificielle  de  l'acide 

tarlrique  parM.  Liebig. 

»  J'ai  partagé,  avec  tous  les  amis  des  sciences,  la  satisfaction  que  l'Aca- 
démie a  éprouvée  en  apprenant  cette  nouvelle  découverte  de  M.  Liebig. 
Au  nombre  des  épreuves  par  lesquelles  l'habile  chimiste  a  constaté  l'iden- 
tité de  son  acide  artificiel  avec  l'acide  tartrique  naturel,  il  n'a  sans  doute 
pas  omis  l'observation  du  pouvoir  rotatoire  moléculaire,  et  je  crois  savoir  que 
notre  confrère  M.  Pelouze  a  mentionné  ce  caractère,  dans  sa  communica- 
tion orale.  C'est  pour  cela  que  je  désire  appeler  l'attention  de  M.  Liebig  sur 
quelques  particularités  de  ce  phénomène  qui  me  sembleraient  devoir  ap- 
porter un  accroissement  d'intérêt  à  sa  découverte,  dans  le  cas  possible  où 
elles  ne  se  seraient  pas  présentées  d'elles-mêmes  à  son  esprit. 

»  L'acide  tartrique  naturel,  droit  ou  gauche,  étant  mis  en  solution  dans 
l'eau,  manifeste  deux  propriétés  moléculaires,  que  l'on  n'a  jusqu'ici  ren- 
contrées dans  aucun  autre  corps,  en  sorte  qu'elles  sont  deux  de  ses  carac- 
tères distinctifs. 

C.   R.,  i859,  î»»  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  11.)  5o 


(378) 

»  1°.  La  première  consiste  dans  l'ordre  et  la  grandeur  relative  des  dévia- 
tions qu'il  imprime  aux  plans  de  polarisation  des  rayons  lumineux  de 
refrangibilités  diverses.  Pour  tous  les  autres  corps  connus,  sans  exception, 
ces  grandeurs  croissent  continûment  avec  la  réfrangibilité,  et  la  loi  de  leur 
dispersion  est  si  approximativement  pareille,  qu'il  faut  employer  des  moyens 
d'appréciation  très-délicats  pour  y  reconnaître  des  différences.  C'est  pour- 
quoi, alors,  la  succession  des  images  colorées  qui  se  voient  à  travers  le  prisme 
analyseur  est  toujours  à  peu  près  semblable  à  celle  que  donne  le  quartz 
taillé  perpendiculairement  à  l'axe,  quelle  que  soit  la  substance  active  em- 
ployée. 

»  Avec  l'acide  tartrique  naturel,  c'est  tout  autre  chose.  A  quelque  degré 
de  dilution  que  l'on  puisse  l'observer,  les  plans  de  polarisation  les  plus 
déviés  appartiennent  aux  rayons  verls,  les  moins  déviés  aux  rayons  violets; 
et  les  autres  se  répartissent  entre  ces  deux  limites  dans  un  ordre  qui  varie 
avec  le  dosage.  Cela  donne,  à  travers  le  prisme  analyseur,  des  images  colo- 
rées, qui,  au  simple  aspect,  se  distinguent  aussitôt  de  celles  qiié  toutes  les 
autres  substances  actives  produisent.  L'acide  tartrique  naturel  se  reconnaît 
indubitablement  par  cette  observation,  en  moins  de  temps  que  je  n'en  ai 
mis  à  la  décrire. 

»  2°.  La  seconde  propriété  que  je  veux  signaler  est  encore  plus  surpre- 
nante. x\yant  formé  une  solution  d'acide  tartrique  naturel,  et  observé  les 
phénomènes  de  dispersion  qui  lui  sont  propres,  introduisez-y  une  très- 
petite  proportion,  seulement  quelques  millièmes,  d'acide  borique,  lequel, 
par  lui-même,  ne  possède  pas  le  pouvoir  rotatoire.  A  l'instant  tout  le  sys- 
tème moléculaire  est  changé.  La  loi  de  dispersion  des  plans  de  polarisation 
qui  est  propre  à  l'acide  tartrique  pur  a  disparu.  Elle  est  remplacée  par  la  loi 
générale.  En  même  temps,  la  grandeur  absolue  des  déviations  se  trouve 
accrue  dans  une  énorme  proportion.  Cette  métamorphose  soudaine  ne  peut 
se  voir  sans  étonnement.  Elle  est  si  frappante,  que  M.  Regnault  a  pu  en 
donner  le  spectacle  dans  ses  cours  publics  du  Collège  de  France,  il  y  a 
bien  des  années. 

»  Les  deux  épreuves  que  je  viens  de  signaler  ne  demandent  qu'un  petit 
nombre  de  minutes,  et  les  appareils  de  polarisation  rotatoire  les  plus  ordi- 
naires suffisent  pour  les  réaliser.  Si  M.  Liebig  n'a  pas  songé  à  les  tenter,  ou 
s'il  n'a  paseu  encore  le  temps  et  l'occasion  de  le  faire,j'ose  l'engager  à  y  sou- 
mettre le  produit  qu'il  a  formé.  Et  je  mets  d'autant  plus  d'insistance  à  les 
lui  demander,  que  l'issue,  quelle  qu'elle  soit,  ajoutera  un  nouvel  intérêt  à  sa 


(  379  ) 
découverte.  Car,  si  elles  lui  présentent  les  deux  phénomènes  que  j'ai  décrits, 
il  aura  la  certitude  d'avoir  formé  un  produit  complètement  identique  à 
l'acide  tartrique  naturel;  si,  au  contraire,  ces  phénomènes  ne  s'y  réalisent 
point,  il  aura  formé  un  produit,  chimiquement  et  cristallographiqiiement 
semblable  à  l'acide  tartrique  naturel,  mais  qui  en  différera  dans  sa  consti- 
tution moléculaire,  et  ce  second  résultat  ne  serait  pas  moins  remarquable 
que  le  premier.  Dans  tous  les  cas,  ces  deux  épreuves  sont  indispensables. 
Deux  corps  ne  peuvent  être  appelés  identiques  s'ils  ne  sont  reconnus  tels 
dans  toutes  leurs  propriétés  sensibles  ;  et  l'identité  de  constitution  molécu- 
laire est  de  ce  nombre,  quand  l'observation  précise  et  détaillée  des  pouvoirs 
rotatoires  nous  permet  de  la  constater.   >> 

ASTRONOMIE.  —I,e</re  de  M.  Le  Verrier  à  M.  Faye  sur  la  théorie  de  Mercure 
et  sur  le  mouvement  du  périhélie  de  cette  planète. 

«  Vous  n'avez  peut-être  pas  oublié  combien,  dans  mes  études  sur  les 
mouvements  de  notre  système  planétaire,  j'ai  rencontré  de  difficultés  à  faire 
concorder  d'une  manière  complète  la  théorie  avec  les  observations.  Cet 
accord,  disait  Bessel  il  y  a  trente  ans,  est  toujours  affirmé,  mais  sans 
qu'on  l'ait  jusqu'ici  vérifié  d'une  manière  assez,  sérieuse. 

»  Les  écarts  reconnus  dans  le  mouvement  d'Uranus  ont  été  expliqués 
par  la  découverte  de  Neptune. 

»  L'étude  des  difficultés  offertes  par  le  Soleil  a  été  longue  et  complexe. 
Il  a  fallu  d'abord  réviser  le  catalogue  des  étoiles  fondamentales  pour  n'y 
laisser  aucune  erreur  systématique.  J'ai  repris  ensuite  toute  la  théorie  des 
inégalités  de  la  Terre;  après  quoi  j'ai  été  successivement  conduit  à  discuter 
jusqu'à  9,000  observations  du  Soleil  faites  dans  divers  observatoires.  Ce 
labeur  a  montré  que  les  observations  méridiennes  n'avaient  peut-être  pas 
toujours  eu  la  précision  qu'on  leur  avait  attribuée,  et  qu'ainsi  les  écarts 
signalés  d'abord  comme  appartenant  à  la  théorie  devaient  finalement  être 
rejetés  sur  l'incertitude  des  observations. 

»  La  théorie  du  Soleil  une  fois  mise  hors  de  cause,  il  devenait  possible 
de  reprendre  avec  utilité  l'étude  des  mouvements  de  Mercure.  C'est  ce  tra- 
vail dont  je  désire  vous  entretenir  aujourd'hui. 

M  Tandis  qu'on  ne  possède  sur  le  Soleil  que  des  observations  méridiennes 
sujettes  à  de  grandes  objections,  on  dispose,  dans  l'espace  d'un  siècle  et 
demi,   d'un  certain  nombre  d'observations  de  Mercure  jouissant  d'une 

5o.. 


(  38o  ) 
grande  précision  :  je  veux  parler  des  contacts  internes  du  disque  de  Mer- 
cure avec  le  disque  du  Soleil,  lorsque  la  planète  vient  à  passer  devant  cet 
astre.  Pourvu  que  le  lieu  où  l'observation  a  été  faite  soit  bien  connu, 
pourvu  que  l'astronome  ait  été  muni  d'une  lunette  passable  et  que  son 
horloge  ait  été  réglée  à  quelques  secondes  près,  la  connaissance  de  l'ins- 
tant où  le  contact  interne  a  eu  lieu  doit  permettre  d'estimer  la  distance  des 
centres  de  la  planète  et  du  Soleil  sans  erreur  de  plus  d'une  seconde  d'arc. 
On  possède,  depuis  1697  jusqu'en  1848,  vingt  et  une  observations  de  ' 
cette  espèce,  auxquelles  on  doit  pouvoir  satisfaire  de  la  manière  la  plus 
étroite  si  les  inégalités  des  mouvements  de  la  Terre  et  de  Mercure  ont 
été  bien  calculées,  et.  si  les  valeurs  attribuées  aux  masses  perturbatrices 
sont  exactes. 

»  Dans  mes  premières  études  sur  Mercure,  données  en  1842,  les  ob- 
servations des  passages  n'avaient  point  été  représentées  avec  une  aussi 
grande  précision.  On  pouvait  remarquer  entre  autres,  relativement  aux 
passages  du  mois  de  mai,  une  erreur  progressive  assez  notable  qui  s'éle- 
vait jusqu'à  9  secondés  d'arc  en  1753.  De  tels  écarts  ne  pouvaient  être 
attribués  aux  erreurs  de  l'observation.  Mais,  n'ayant  point  encore  revu 
la  théorie  du  Soleil,  j'avais  cru  devoir  m'abstenir  d'en  tirer  aucune  con- 
séquence. 

»  L'emploi  des  Tables  du  Soleil  rectifiées  n'a  point  fait,  dans  mon  nou- 
veau travail,  disparaître  immédiatement  les  erreurs  précédemment  signa- 
lées :  erreurs  systématiques  qu'on  n'eût  pu  rejeter  sur  les  observations 
qu'en  admettant  que  des  astronomes,  tels  que  Lalande,  Cassini,  Bou- 
guer,  etc.,  eussent  commis  des  erreurs  de  plusieurs  minutes  de  temps 
et  variant  même  progressivement  d'une  époque  à  l'autre,  chose  impos- 
sible ! 

»  Mais,  ce  qui  est  remarquable,  c'est  qu'il  a  suffi  d'augmenter  de  38  se- 
condes le  mouvement  séculaire  du  périhélie  pour  représenter  toutes  les 
observations  des  passages  à  moins  d'une  seconde  près,  et  même  la  plupart 
d'entre  elles  à  moins  d'une  demi-seconde.  Ce  résultat  si  net,  qui  donne 
immédiatement  à  toutes  les  comparaisons  une  exactitude  supérieure  à  celle 
qu'on  a  obtenue  jusqu'ici  dans  les  théories  astronomiques,  montre  claire- 
ment que  l'accroissement  du  mouvement  du  périhélie  de  Mercure  est  indis- 
pensable, et  qu'à  cette  condition  les  Tables  de  Mercure  et  du  Soleil  jouissent 
de  toute  la  précision  désirable. 

»  La  nécessité  d'ajouter  38  secondes  au  mouvement  séculaire  du  péri- 


(  38.  ) 
hélie  de  Mercure  une  fois  reconnue,  voyons  à  quelles  conséquences  elle 
nous  conduit.  Comme  le  mouvement  primitivement  adopté  pour  le  péri- 
hélie résultait  des  valeurs  reçues  pour  les  masses  des  planètes  perturbatrices, 
on  doit  d'abord  examiner  quels  changements  il  faudrait  apporter  à  ces 
masses  pour  augmenter  de  38  secondes  le  mouvement  calculé.  Or  on  re- 
connaît que  cela  ne  serait  possible  qu'à  une  condition,  savoir  :  accroître 
la  masse  attribuée  à  Vénus  du  dixième  au  moins  de  sa  valeur.  Ce  changement 
est-il  admissible? 

»  Lorsqu'on  déduit  la  masse  de  Vénus  des  perturbations  périodiques 
qu'elle  fait  éprouver  au  mouvement  de  la  Terre,  on  trouve,  par  la  discus- 
sion des  nombreuses  observations  méridiennes  du  Soleil,  faites  depuis  i  ySo 
jusqu'en  1810,  que  cette  masse  est  la  quatre-cent-mitlième  partie  de  celle  du 
Soleil.  On  arrive  encore  au  même  résultat  par  la  considération  des  obser- 
vations faites  depuis  18 10  jusqu'en  i85o.  C'est  celui  que  nous  avons  adopté 
et  qui  devrait  être  augmenté  d'un  dixième  d'après  la  discussion  des  obser- 
vations des  passages  de  Mercure  sur  le  Soleil. 

»  L'action  perturbatrice  de  Vénus  se  fait  encore  sentir  dans  la  variation 
séculaire  de  l'obliquité  de  l'écliptique,  et  lorsqu'on  déduit  cette  variation 
des  sept  solstices  observés  le  plus  exactement  depuis  Bradley  jusqu'à  nos 
jours,  on  trouve  que  la  masse  de  Vénus,  que  nous  venons  de  citer,  est  un 
peu  tropjorte,  résultat  contraire  à  celui  donné  par  Mercure.  Cette  contradic- 
tion est  le  point  sur  lequel  nous  devons  fixer  noire  attention. 

»  Si  l'on  examine  comment  les  sept  solstices  observés  depuis  Bradley 
pourraient  être  représentés,  en  acceptant  la  variation  d'obliquité  de  l'écUp- 
tique  qui  correspondrait  à  une  masse  de  Vénus  plus  forte  de  un  dixième,  on 
voit  qu'il  est  impossible  d'éviter  des  erreurs  de  deux  secondes  et  demie  dans 
la  valeur  mesurée  de  l'obliquité.  Ce  résultat  paraît  difficile  à  admettre,  sur- 
tout parce  que  les  erreurs  varieraient  progressivement  depuis  Bradley  jus- 
qu'à notre  époque,  ce  qui  constituerait  en  réalité  une  différence  de  5  se- 
condes entre  les  observations  extrêmes. 

»  Un  embarras  sérieux  résulte  donc  de  la  comparaison  des  théories  de 
la  Terre  et  de  Mercure  qui  paraissent  impliquer  des  valeurs  différentes 
pour  la  masse  de  Vénus.  Si  l'on  admet  la  masse  donnée  par  les  observa- 
tions de  Mercure,  il  faudra  conclure,  ou  bien  que  la  variation  séculaire  de 
l'obliquité  de  l'écliptique,  déduite  des  observations,  comporterait  des 
erreurs  peu  vraisemblables  ;  ou  bien  que  cette  obliquité  changerait  par 
d'antres  causes  qui  ne  nous  sont  point  encore  connues.   Si",  au  contraire, 


(  382  ) 

on  regarde  la  variation  de  l'obliquité  et  les  causes  qui  la  produisent 
comme  bien  établies,  on  sera  conduit  à  penser  que  l'excès  du  mouvement 
du  périhélie  de  Mercure  est  dû  à  quelque  action  encore  inconnue,  «  cui 
theoriae  lumen  nundum  accesserit.   » 

»  Je  n'ai  nullement  l'intention  de  décider  d'une  manière  absolue  entre 
ces  hypothèses.  J'ai  voulu  seulement  établir  qu'il  y  a  là  une  grave  diffi- 
culté, digne  de  fixer  l'attention  des  astronomes,  de  devenir  l'objet  de  leurs 
méditations  et  de  fournir  matière  à  une  sérieuse  discussion.  Pour  faire 
lui  premier  pas  dans  cette  voie,  je  dirai  qu'on  ne  voit  pas  quelle  cause 
perturbatrice  pourrait  troubler  l'obliquité  de  l'écliptique  sans  produire 
en  même  temps,  dans  les  variations  séculaires  des  éléments  du  mouve- 
ment des  planètes,  des  effets  très-notables,  effets  qui  n'ont  pas  été  aper- 
çus :  tandis  qu'il  serait  possible  de  concevoir  une  cause  capable  d'im- 
primer au  périhélie  de  Mercure  les  38  secondes  de  mouvement  séculaire 
voulues,  et  qui  ne  produirait  dans  le  système  planétaire  aucun  aulre  effet 
sensible. 

»  Considérons,  pour  fixer  nos  idées,  une  planète  qui  serait  située  entre 
Mercure  et  le  Soleil,  et,  comme  nous  n'avons  point  remarqué  dans  le  mou- 
vement du  nœud  de  l'orbite  de  Mercure  une  variation  pareille  à  celle  du 
périhélie,  imaginons  que  la  planète  supposée  se  meuve  dans  une  orbite  peu 
inclinée  à  celle  de  Mercure.  Admettons  même,  vu  l'indétermination  du 
problème,  que  l'orbite  soit  circulaire. 

»  La  planète  hypothétique  devant  imprimer  au  périhélie  de  Mercure  un 
mouvement  séculaire  de  38  secondes,  il  en  résulte,  entre  sa  masse  et  sa  dis- 
tance au  Soleil,  une  relation  telle  qu'à  mesure  qu'on  supposera  une  distance 
plus  petite,  la  masse  augmentera,  et  inversement.  Pour  une  distance  un  peu 
inférieure  à  la  moitié  de  la  distance  moyenne  de  Mercure  au  Soleil,  la 
masse  cherchée  serait  égale  à  celle  de  Mercure. 

»  Mais  se  pourrait-il  qu'un  tel  astre  existât  sans  avoir  jamais  été  aperçu? 
Assurément  il  serait  doué  d'un  très-vif  éclat  :  doit-on  croire  qu'en  raison  de 
sa  faible  élongation  il  se  fût  toujours  perdu  dans  la  lumière  diffuse  du  So- 
leil? Comment  admettre  qu'on  n'eût  point  été  frappé  de  sa  vive  lumière 
durant  quelqu'une  des  éclipses  totales  de  Soleil?  D'où  vient  qu'on  ne  l'ait 
jamais  découvert  passant  sur  le  disque  de  cet  astre? 

B  Toutes  les  difficultés  disparaîtraient  en  admettant,  au  lieu  d'une  seule 
planète,  l'existence  d'une  série  de  corpuscules  circulant  entre  Mercure  elle 
Soleil. 


(  383  ) 

»  Sous  le  rapport  mécanique,  les  actions  de  tous  ces  corpuscules  s'ajou- 
teraient les  unes  aux  autres  pour  produire  le  mouvement  demandé  du  péri- 
hélie de  Mercure,  et  en  admettant  toujours  qu'ils  se  meuvent  dans  des  cercles, 
ils  ne  produiraient  rien  sur  l'excentricité  de  l'orbite  de  cette  planète.  Comme 
ils  seraient  distribués  sur  toutes  les  parties  de  l'anneau  qu'ils  formeraient, 
les  actions  périodiques  que  chacun  d'eux  exercerait  sur  Mercure  se  détrui- 
raient les  unes  les  autres. 

»  Sous  le  rapport  physique^  il  n'y  aurait  rien  d'étonnant  à  c«  que  les  ré- 
gions qui  avoisinent  le  Soleil  se  trouvassent  moins  pures  que  le  reste  du 
système  planétaire.  Lorsqu'il  circule  entre  Jupiter  et  Mars  un  anneau  de 
petits  corps  dont  les  plus  gros  ont  seuls  été  aperçus  dans  nos  lunettes, 
lorsque  tout  nous  porte  à  croire  que  les  environs  de  l'orbite  de  la  Terre  sont 
sillonnés  par  des  groupes  innombrables  d'astéroïdes,  il  est  tout  naturel  de 
penser  que  la  même  constitution  peut  se  reproduire  au-dessous  de  l'orbite  de 
Mercure.  Puissent  quelques-uns  de  ces  corps  être  assez  notables  pour  être 
aperçus  lors  de  leurs  passages  devant  le  disque  du  Soleil!  Les  astronomes, 
déjà  si  attentifs  à  tous  les  phénomènes  qui  se  manifestent  sur  la  surface  de 
cet  astre,  trouveront  sans  doute,  dans  ces  réflexions,  un  motif  de  plus  pour 
suivre  attentivement  les  taches  les  plus  petites  et  les  mieux  définies.  Quel- 
ques minutes  d'observation  seront  utilement  employées  à  déduire  leur  na- 
ture de  l'observation  de  leur  mouvement. 

»  Voilà  donc,  mon  cher  confrère,  une  nouvelle  complication  qui  se  ma- 
nifeste dans  les  environs  du  Soleil,  là  où  M.  Encke  nous  en  a  déjà  signalé 
une  si  importante  au  sujet  de  sa  comète  à  courte  période.  Cela  me  donne 
l'espoir  que  vous  et  lui  voudrez  bien  prêter  quelque  attention  à  mes  conclu- 
sions et  y  porter  les  lumières  de  la  discussion.   « 


ASTRONO.MiE.  —  Remarques  de  M..  Faye  à  C occasion  de  la  Lettre  de 

M.  Le  Verrier. 

«  Le  résultat  inattendu  de  ces  profondes  recherches,  reprises  pour  la 
seconde  fois  avec  des  éléments  nouveaux,  ne  saurait  manquer  de  pro- 
duire une  vive  impression  sur  les  astronomes  et  de  provoquer  les  explo- 
rations nouvelles  que  M.  Le  Verrier  suggère  lui-même  avec  une  insistance 
si  fortement  motivée.  Comme  une  des  hypothèses  auxquelles  le  savant  au- 
teur paraît  s'arrêter,  pour  rendre  compte  du  mouvement  du  périhélie  de 


(  384  ) 
Mercure,  conduit  à  une  vérification  presque  immédiate,  à  laquelle  les  ob- 
servateurs s'attacheront  tout  d'abord,  je  demanderai  à  l'Académie  la  per- 
mission de  lui  soumettre  dès  à  présent  une  sorte  de  plan  d'opération.  Je 
veux  parler  de  l'existence  probable  d'une  série  de  petites  planètes  au  delà 
de  l'orbite  de  Mercure. 

»  On  a  souvent  cherché  quelque  planète  nouvelle  dans  ces  régions 
éblouissantes,  mais  au  hasard  et  toujours  en  vain.  L'insuccès  ne  prouve  rien, 
car  ces  recherches  étaient  de  pure  fantaisie.  Sous  l'impulsion  d'une  probabi- 
lité sérieuse,  le  résultat  pourra  être  tout  différent,  à  la  condition  d'opérer 
d'après  un  plan  rationnellement  conçu.  Et  d'abord  il  est  évident  que  l'éclat 
du  ciel  dans  la  région  circumsolaire  n'aurait  permis  de  trouver  ainsi  qu'un 
astre  de  l'ordre  de  Mercure  lui-même,  et  non  les  petites  planètes  que  désigne 
M.  Le  Verrier.  Nous  sommes  donc  conduits  tout  d'abord  à  mettre  à  profit 
l'obscurité  des  éclipses  totales  et  particulièrement  celle  du  mois  de  juillet 
prochain  qui  va  nous  permettre  de  tenter  une  première  épreuve.  On  sait,  il 
est  vrai,  que  pendant  la  plupart  de  ces  éclipses  on  n'aperçoit  guère  à  l'œil 
nu  que  les  planètes  et  les  étoiles  les  plus  brillantes.  Mais  ce  fait  s'ex- 
pliqueen  grande  partie  parla  persistancede  l'éblouissement.  Si  l'observateur, 
au  lieu  de  suivre  le  Soleil  jusqu'au  dernier  moment,  se  tenait  dans  l'obscu- 
rité un  quart  d'heure  avant  l'éclipsé  totale,  son  œil  serait  beaucoup  plus  sen- 
sible au  moment  décisif.  Supposons  donc  qu'un  astronome  se  charge  de  cette 
recherche  dans  l'une  des  stations  d'Espagne  (i)  ou  d'Algérie  où  nous  irons 
observer  l'an  prochain  ce  magnifique  phénomène  ;  supposons  de  plus  qu'il 
soit  muni  d'un  bon  chercheur  monté  comme  un  équatorial  ou  un  théodo- 
lite, de  manière  à  fixer  au  besoin  une  direction  avec  une  certaine  exactitude; 
admettons  enfin  qu'il  renonce  au  plaisir  d'observer  les  phases  les  plus  cu- 
rieuses et  qu'il  se  tienne  pendant  quelque  temps  dans  une  obscurité  à  peu 
près  complète  :  il  sera  tout  préparé  à  saisir  la  moindre  étincelle  dans  la  ré- 
gion circumsolaire,  au  delà  de  l'auréole;  et  les  quelques  minutes  de  durée 
de  l'échpse  totale  lui  suffiront  pour  explorer  une  grande  partie  de  la  région 
désignée  par  M.  Le  Verrier. 

»  Les  éclipses  totales  sont  assez  fréquentes  pour  qu'une  observation  heu- 
reuse ne  reste  pas  longtemps  isolée  ;  si  donc  le  résultat  de  l'éclipsé  prochaine 


(i)  La  station  de   Campvey,  déjà  célèbre  par  les  travaux  géodésiques  de  MM.  Biot  et 
Arago,  présenterait  ici  quelque  avantage. 


(  385  )  . 

n'est  pas  négatif,  je  ne  doute  pas  qu'on  ne  parvienne  à  obtenir  bientôt  quel- 
ques notions  précises  sur  les  corps  qu'on  aura  découverts  dans  ces  circon- 
stances exceptionnelles. 

M  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  espérance,  j'ai  cru  devoir  insister  sur  une 
condition  de  succès  que  l'on  a  toujours  négligée,  celle  d'éviter  la  persistance 
de  l'éblouissement  causé  par  l'observation  directe  du  soleil,  ou  même  par 
le  simple  effet  de  la  lumière  du  jour. 

»  Le  savant  directeur  de  l'Observatoire  indique  lui-même  une  autre  mé- 
thode tout  aussi  efficace  peut-être. .Elle  consiste  à  suivre  avec  soin  les  petites 
taches  dont  le  Soleil  est  fréquemment  parsemé.  Des  planètes  dont  l'orbite 
serait  très-peu  inclinée  sur  celle  de  Mercure  auraient  en  effet,  comme  cette 
planète  même,  leurs  passages  sur  le  Soleil  :  passages  qui  pourraient  échapper 
longtemps  à  l'attention  des  astronomes  non  prévenus,  tout  comme  certain 
satellite  de  Saturne  récemment  découvert  dans  une  région  bien  plus 
étroite  et  non  moins  explorée.  Mais  la  difficulté  même  de  ces  recherches 
m'engage  à  revenir  sur  une  suggestion  de  sir  J.  Herschel  que  j'ai  bien  sou- 
vent rappelée  ici.  Si  dans  plusieurs  observatoires  convenablement  choisis, 
on  s'attachait  à  photographier  le  Soleil  plusieurs  fois  chaque  jour  à  l'aide 
d'un  grand  instrument,  on  obtiendrait  une  histoire  presque  continue  du 
disque  de  cet  astre,  et  pas  un  des  phénomènes  auxquels  M.  Le  Verrier  vient 
de  faire  allusion  n'échapperait  à  l'observateur.  J'ai  moi-même  indiqué 
comment  on  donnerait  à  ces  photographies  la  valeur  d'une  observation  astro- 
nomique, indépendamment  de  tout  appareil  de  mesure,  en  prenant  deux 
empreintes  sur  la  même  plaque,  à  deux  minutes  d'intervalle.  Les  belles 
épreuves  de  l'éclipsé  du  i5  mars  ont  donné  d'avance  la  certitude  du  suc- 
cès. Il  suffirait  de  superposer  des  négatifs  transparents  de  cette  grandeur, 
pris  à  un  quart  d'heure  d'intervalle,  pour  distinguer  aussitôt  la  projection 
mobile  d'un  astéroïde  au  milieu  des  groupes  les  plus  compliqués  de  petites 
taches.  Ce  travail  n'exclurait  en  aucune  façon  les  études  accoutumées  sur 
le  disque  solaire,  et  conserverait,  même  s'il  devait  échouer  pour  les  pla- 
nètes intra-mercurielles,  une  immense  valeur  pour  l'histoire  physique  du 
Soleil  lui-même.  »  . .  : ,      /'i  ,\  ....       *        ■ 


C.  R.,  (8.59,  a""»  Sem<-itre.{T.  Xl.lX,  N»  H.) 


5l 


(  386  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

THÉORIE  DES  NOMBRES.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  nombres  premiers; 
par  M.  A.  de  Polignac.  (Suite.) 

(Commissaires   précédemment  nommés  :  MM.  Liouville,  Lamé, 

Hermite.) 

«  Il  n'est  pas  difficile  de  conclure  d'une  formule  que  j'ai  déjà  donnée 
{Comptes  rendus,  séance  du  23  novembre  1857)  un  théorème  énoncé  par 
M.  Tchebychefen  i853,  mais  dont  la  démonstration  n'a  pas  été  publiée, 
que  je  sache. 

»  Ce  théorème  consiste  à  dire  que,  pour  jt  très-grand,  le  premier  terme 
de  la  différence  des  nombres  premiers  de  la  forme  4«+3  et  4"  +  ! 
est  : 

»  Voici  la  formule  dont  je  viens  de  parler;  on  a 

(X)  2'«g(^-+'")=i:2:iog?cw(j^)' 

où  m  reçoit  toutes  les  valeurs  i,  2,  3, .  . . ,  où  A  est  un  nombre  entier  pair 
donné,  r*  un  nombre  premier  et  inférieur  k  k  et  r  un  autre  nombre  quel- 
conque premier-et-inférieur  à  A,  tel  que  : 

r.c{r)^r'     (modA); 

l'équation  (1)  en  contient  M,  M  étant  le  nombre  des  nombres  premiers-et- 
inférieurs  à  k;  d'ailleurs,  en  désignant  par  0,{jc),  $r{^)t  ^r'{^)f  ■  •■,  '^ 
produit  de  tous  les  nombres  premiers  de  la  forme  mk  -+-  i ,  mk  ■+-  r, 
mk-h  r',. . .;  r,  r',  r", ...  étant  tous  les  nombres  premiers-et-inférieurs  à 
k,  on  a  : 

]og(p^(j:)  =  loge^(x)  +  £(j:), 

e{x)  étant  de  degré  inférieur  à  \/x.  D'ailleurs,  dans  chaque  cas  particulier, 
e(x)  est  facile  à  écrire.  Faisons  dans  (i)  :  A  =:  4;  alors  nous  aurons  les  deux 


(  387  ) 
équations  : 


log?3('^ 


logy      ■^ 


+  log9,  (^)+log9,(î^ 
et  : 

(4)  l0g9,  (j:)  =  loge,  (X)  +  logfx'  (j?^)  +  loge,  (x^)  +  log/Jl'  (x^) 

+  log9,  \xt)  +  ... 

(5)  Iogç3(jr)  =  loge3(x)  +  o+  \ogQt(x'^}  +o  +  logÔ3(.rV+  ••. 

d'ailleurs 

/x'(a:)  =  !^  =  3. 5.7. II. 13.17.... 

On  sait  de  plus  que  la  différence^  log  (4'«  -h  i)  — 2  '°S(4'"  —  0  ^^^ 

2 

»  Faisant  la  différence  (2)  — (3)  et  tenant  compte  de  (4)  et  (5),  on 

trouve  que  le  terme  log/x'(.r^)  amène  le  terme  s/x,  qui  n'apparaît  explici- 
tement que  dans  le  développement  de  \og(p,{x),  et  non  dans  celui  de 
log(]jj  (x).  Du  théorème  relatif  à  la  somme  des  logarithmes  on  passe  par  une 
simple  différentiation  à  celui  qui  a  rapport  au  nombre  des  nombres  pre- 
miers des  deux  classes,  et  l'on  retrouve  le  théorème  de  M.  Tchebychef. 
Quant  aux  premiers  termes  de  log, (or)  et  logOslx),  ils  sont  égaux  pour 
X  infini. 

»  Lorsqu'on  veut  généraliser  ces  résultats  si  simples,  on  se  trouve  arrêté 
par  de  grandes  difficultés  provenant  surtout  de  la  complication  des  termes 
de  l'expression  (i).  L'introduction  des  nombres  complexes  dans  mes  for- 

5i.. 


(  388  ) 
mules,  introduction  que  j'ai  essayée,  donne  une  grande  rigueur  à  certaines 
démonstrations  ;  alors  on  retombe  sur  le  mode  de  démonstration  employé 
par  Lejeune-Dirichlet  dans  son  Mémoire  sur  la  progression  arithmétique. 
Mais  les  expressions  qu'on  trouve  sont  en  général  plus  difficiles  à  manier 
que  celles  qui  ont  été  données  par  cet  illustre  géomètre;  car  il  ne  s'agit 
plus  de  reconnaître  si  telle  ou  telle  série  est  infinie  ou  non,  mais  on 
demande  de  déterminer  leurs  premiers  termes. 

»  Toutefois,  comme  il  se  passera  longtemps  avant  que  j'aie  pu  ache- 
ver ce  travail,  si  j'y  parviens,  j'ai  voulu  dès  à  présent  indiquer  certains 
résultats  infiniment  probables,  bien  qu'ils  ne  soient  pas  complètement 
démontrés,  parce  que  (lorsqu'on  n'emploie  pas  les  nomlires  complexes) 
il  faut  admettre  que  la  fonction  F(x)qui  exprime  la  valeur  de  logô  {x)  tend 
vers  une  forme  continue  unique  pour  a?  suffisamment  grand. 

»  Alors  on  conclut  de  (i)  que  le  premier  terme  de  la  somme  des  lor/a- 
rithmes  de  tous  les  nombres  premiers  d'une  classe  quelconque  pur  rapport  à  un 

nombre  pair  quelconque  k  ^^t  ~,  M  étant  le  nombre  des  nombres  premiers-et- 

inférieurs  à  k. 

»   On  arrive  à  cette  conclusion  en  posant 

i[x)  étant  de  degré  inférieur  à  j:  et  a;,  étant  un  nombre  constant.  Combi- 
nons les  M  équations  qu'on  tire  de  (i)  et  posons  : 

.r,  =  a,  —  «;.,     Xi=  cLi  —  ar',     x^—  a.^  —  a^-, .  . . ,     •ï'^_,  =  a,  — a^_,, 

r,  r\  r", .  .  . ,  étant  tous  les  nombres  premiers-et-inférieurs  à  k,  nous  aurons, 
pour  déterminer  les  valeurs  de  x,,  x^,  x^,  .  .  .,  Xf._^,  M  —  i  équations  de 
la  forme  suivante  : 

AXf     '     -i-hXj  -t-CXj  -|-...=:0, 

A,x,      H-B.Tj      -t-C,  a-3      -+-...  =  o, 
AjX,      -hB^x^      -hC^x^      4-...  =  o, 

A„_^J' ,  +  B^_.,x,+  C^_^x,  +  ...  =  o, 


(389) 
A,  B, . . .,  A,,  B,, . . .  sont  des  nombres  constants  positifs  ou  négatifs  ne  dé- 
passant pas  certaines  limites  faciles  à  assigner.  On  s'assure  facilement  que 
le  déterminant  ne  peut  pas  étr.e  ni]!.;  donc  ce  système  n'admet  que  la  solu- 
tion ■ 


jr,  =  o, 

Xj=0, 


-^A-.^"' 


et  comme  à  ce  système  il  faut  joindre 

«,  4-  aj  +  a/  +  a.r"  -h  .  ■  ■  +  «^._,  =  » , 


Il  s  ensuit 


(X.,~0:.r=:  Ur'  —  a-r".  .  .  =  -■> 


et  comme,  de  plus,  le  premier  terme  de  log(pr('^)  est  le  même  que  celui  de 
logS,(a:),  le  théorème  se  trouve  établi.  Quant  à  la  différence  de  logôr(a:) 
et  logô/{j?),  elle  n'est  généralement  pas  nulle.  Quel  que  soit  A-,  cette  diffé- 
rence pour  logS,  (a^)  et  logô^.,  (j^)  paraît  être  \lx,  M  étant  le  nombre  des 
nombres  premiers  et  M  —  i  inférieur  à  k,  en  sorte  qu'il  y  aurait  infi- 
niment plus  de  nombres  premiers  de  la  forme  mk  —  i  que  de  la  forme 
mk+  i.  En  général,  la  forme  mk  -+■  r,  r  n'étant  égal  ni  à  +i  ni  à  —  i, 
paraît  plus  riche  en  nombres  premiers  que  la  forme  mk  +  i  ou  la  forme 
mk  —  I . 

n  Si  j'indique  ces  résultats  sans  pouvoir  les  affirmer,  c'est  dans  le  but 
de  diriger  ceux  qui  s'occuperaient  de  ces  recherches;  car  il  est  souvent 
plus  facile  de  vérifier  un  théorème  que  de  le  trouver  à  priori. 

»  Tl  peut  encore  rester  quelques  doutes  dans  l'esprit  relativement  à 
la  manière  d'exprimer  log(p;.(a:)  en  fonction  de 

»  Bien  que  la  formule  générale  soit  difficile  à  désigner,  il  sera  aisé  de 
trouver  cette  expression  dans  chaque  cas  particulier.   Nous  donnerons  ici 


(390) 
un  exemple  pour  k  =  io,  afin  de  fixer  les  idées  ;  nous  aurons  alors  : 


2)_log(io/ra4-i)=2)log'p, 
2^  log  {lom  +3)  =]^  logipa 

2"log(iom4-7)=2'og?' 
2'log(iom-i- 9)  =21log9, 


(  "  "l 

\io/n  +  iy 

/   .  \ 

\iom-4-']J 

i       '       "l 

\iom+iJ 

/         X         \ 

\io/n-i-7y 

/       .      \ 

\ïom+iJ 

(      "      "i 

\lOOT  +  7/ 

f  "  "l 

\io/n  +1  ) 

(  "  ^ 

\iQm+']J 

10/?;  + 3 


:) 


10  m  +9 

_fL_\ 

I07/!  +3/ 


lom  +  9 


i0  7n  +  3J 


iom4-3; 


10/71 -4-9^ 


et 


iîn-t-J_^vi«ofl.   .r-».)V2"W.,_vi^„fl        ^^A^-t-y 


■211oge(,.,,,,,)(x)^ 


log93(j:)=2log53(^) 
log?,(x)=2log9T(a:) 


\2n4-iy 


iog?.w=2:ioge.(x)(^"+')+2He(3,.,(^)^"-"^'^. 

1)  D'ailleurs,   on  a  en  général  : 

logô(„,i,,.<i....,(j:)  =  log9„(x)  +  \oget{x)  +  \ogÔ,{x)  +  logôrf(x)  4- . . . . 

»  Nous  terminerons  ici  la  première  partie  de  ces  recherches,  celle  qui 
ne  nécessite  pas  l'emploi  des  nombres  complexes,  ou,  si  l'on  veut,  de  la 
considération  des  quantités  imaginaires.  Peut-être  ces  premiers  essais  en- 
gageront-ils quelques  géomètres  à  s'occuper  plus  spécialement  de  l'étude  si 
intéressante  des4iombres  premiers.  » 


(  39'  )  ; 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Proportions  de  Cozone,  avant,  pendant  et  après  la 
période  de  l'influence  de  l'aurore  boréale  du  28  au  29  août;  Note  de 
M.  A.  Rerigny. 

(  Commissaires  précédemment  nommés  pour  d'autres  communications  de 
l'auteur  relatives  à  l'ozonométrie  :  MM.  Pelouze,  Pouillet,  Maréchal 
Vaillant.) 

o  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  les  sommes 
d'ozone  obtenues  à  l'observatoire  météorologique  de  Versailles,  avec  le 
papier  Jame  (de  Sedan)  pendant  la  période  de  l'aurore  boréale  qui  a  com- 
mencé dans  la  nuit  du  28  au  29  du  mois  dernier  et  dont  les  effets  se  sont 
fait  sentir  jusqu'au  2  de  ce  mois. 

»  Il  n'était  pas  sans  intérêt  de  rechercher  si  les  papiers  ozonométriques, 
tout  imparfaits  qu'ils  sont  comme  réactifs  de  l'ozone,  ne  seraient  pas  in- 
fluencés par  la  grande  quantité  d'électricité  dont  la  présence  a  été  constatée 
sur  les  lignes  télégraphiques. 

»  Pour  mieux  faire  ressortir  les  sommes  d'ozone  recueillies  pendant  la 
période  de  l'aurore  boréale,  période  qui  a  duré  six  jours,  j'ai  divisé,  en  pre- 
nant cette  période  pour  point  de  départ  et  en  remontant  jusqu'au  ro,  le 
mois  d'août  en  série  de  six  jours  et  j'ai  fait  une  autre  série  depuis  le  2  jus- 
qu'au 8  de  ce  mois.  De  cette  manière  on  peut  comparer  les  différences 
qui  existent  entre  les  sommes  de  chacune  de  ces  séries  que  j'ai  l'honneiu' 
de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie. 


Observations 

ozonométriques. 

AoiU. 

Matin. 

Soir. 

Du     4  '^^  '0 

64,0 

55,0 

Du  10  au   16 

87,0 

59,0 

Du   16  au  22 

82,0 

60,0 

Du  22  au  28 

65, 0 

55,0 

Du  28  au     2 

septembre 

97.0 

64,0  période  de  l'aurore  boréale 

Du     2  au     8 

A 

81,0 

58, 0 

»  Il  résulte  évidemment  de  ce  tableau  : 

»   1°.  Que  non-seulement  le  maximum  d'ozone, a  été  atteint  dans  la  série 


{  39^  ) 
(lu  28  août  au  2  septembre,  période  de  l'aurore  boréale,  mais  encore  que 
ce  maximum  dépasse  notablement  les  sommes  des  autres  séries  ; 

n  2°.  Que  la  quantité  d'électricité  a  été  beaucoup  plus  considérable  la 
nuit  que  le  jour,  fait  qui  s'explique  par  les  conditions  météorologiques 
particulières  à  la  nuit,  conditions  parmi  lesquelles  on  signale  entre  au- 
tres l'élat  hygrométrique  de  l'air  qui  est  plus  considérable  et  l'abais- 
sement de  température  qui,  sur  le  papier  ozonométrique,  a  une  grande 
influence  parce  qu'elle  s'oppose  à  l'évaporation  du  réactif  appliqué  sur 
ce  papier. 

»  Enfin  il  y  a  une  conséquence  à  tirer  du  résultat  obtenu  par  le  papier 
ozonométrique  pendant  la  période  de  l'aurore  boréale,  c'est  que,  si  faillible 
q-ue  soit  ce  papier,  il  peut  attester  la  plus  ou  moins  grande  quantité  d'élec- 
tricité contenue  dans  l'air  et,  par  conséquent,  rendre  des  services  à  la 
science.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  non -homogénéité  de  l' étincelle  d'indtiction  ;  nouvelle  Noie 

de  M.    DC    MoNCEL. 

L'auteur  revenant  sur  la  question  de  priorité  qu'il  avait  soulevée  dans  sa 
communication  du  22  août  dernier,  soutient  que  sa  réclamation  n'est  point 
infirmée  par  la  réponse  de  M.  Perrol.  «  Je  ferai  remarquer,  dit-il,  quant  au 
fond,  que  j'étais  parvenu  à  séparer  assez  les  deux  jets  lumineux  pour 
m'assurer  de  leur  inégal  pouvoir  calorifique;  quant  à  la  disposition  de 
l'expérience,  la  seule  différence  est  que,  au  lieu  d'avoir  comme  moi  une 
dérivation  opérée  au  sein  même  de  la  solution  de  continuité,  il  l'étend  au 
delà  au  moyen  de  deux  conducteurs  « . 

(Renvoi  à  M.  Pouillet,  déjà  chargé   de  l'examen  des  précédentes 

communications.) 

MM.  Batailhé  et  Gijillet,  qui  avaient  précédemment  soumis  au  juge- 
ment de  l'Académie  des  expériences  sur  l'emploi  en  chirurgie  de  l'alcool  et 
des  alcooliques,  lui  adressent  aujourd'hui  un  opuscule  qu'ils  viennent  de 
publier  sur  le  même  sujet,  et  y  joignent  copie  d'une  Note  de  M.  Lecœur, 
concernant  les  bons  effets  que  ce  médecin  a  obtenus  dans  le  traitement  de 
diverses  sortes  de  plaies  au  moyen  de  la  teinture  alcoolique  d'aloès. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Chevreul,  J.  Cloquet,  désignés  dans  la  séance 
du  16  août  dernier  pour  le  Mémoire  de  MM.  Batailhé  et  Guillet.) 


(  393  ) 

M.  Bbrtuadt  adresse  deux  Notes  ayant  pour  titres  :  l'iuie,  «  Chaîne  vol- 
taique  »;  l'autre,  «  Emploi  de  l'air  comprimé  pour  arrêter  les  voies  d'eau 
et  empêcher  les  navires  de  sombrer  » . 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Pouillet.) 

M.  G.  PoMMERET  présente  une  Note  concernant  an  moyen  qu'il  dit  em- 
ployer avec  succès  pour  faire  tomber  les  verrues. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Serres.) 

M.  Laignel  adresse  une  nouvelle  Note  sur  l'importance  de  ses  inven- 
tions relatives  aux  chemins  de  fer. 

(Renvoi  aux  Commissaires  précédemment  nommés.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  des  auteurs  M.  L.-L. 
Vallée,  inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées,  et  M.  E.  Vallée,  in^é- 
nieur  ordinaire  au  même  corps,  un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Des  eaux, 
des  travaux  publics,  et  du  barrage  de  Genève  ».  L'Académie  se  rappel- 
lera, dit  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  que  M.  L.-L.  Vallée  l'a  déjà  entre- 
tenue de  cette  question,  il  y  a  quelques  années  :  dans  sa  nouvelle  publi- 
cation, il  a  consigné  les  résultats  d'études  plus  récentes  faites  dans  le  cours 
d'une  mission  spéciale  dont  il  avait  été  chargé  par  l'Administration  à  la  fin 
de  Tannée  i856. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore,  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  séance,  trois  ouvrages  dont  M.  le  D'  Martyn  Paine,  professeur  de  no- 
sologie et  de  matière  médicale  à  l'Université  de  New-York,  fait  hommage  à 
l'Académie.  (  Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

CHIRURGIE.  —  Tétanos  traumatique  traité  sans  succès  parle  curare; 
Lettre  de  M.  Manec. 

M  Un  cas  de  tétanos  traumatique  vient  de  se  présenter  dans  mon  service 
à  l'hôpital  de  la  Charité,  et  j'ai  cru  devoir  essayer  le  curare,  recommandé 

C.  R.,  i859,  2>n«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  11.)  Sa 


(  394  ) 
dans  une  récente  communication  faite  à  l'Académie.  Dans  ma  longue  pra- 
tique chirurgicale  n'ayant  jamais  vu  guérir  de  malade  affecté  de  cette  espèce 
de  tétanos,  je  me  suis  attaché  à  employer  ce  nouveau  moyen  avec  d'autant 
plus  de  prudence,  que  l'observation  de  M.  Vella,  qui  a  servi  de  base  à  la  sa- 
vante discussion  qui  a  eu  lieu  dans  l'Académie,  laisse  beaucoup  à  désirer  re- 
lativement à  la  dose  du  médicament  employé. 

>•  L'absence  de  M.  Claude  Bernard  ne  me  permettant  pas,  pour  cette 
tentative  sur  l'homme,  de  recourir  à  son  expérience  sur  les  effets  du  curare, 
je  me  suis  adressé  à  un  de  mes  collègues  des  hôpitaux,  M.  Vulpian,  qui,  lui 
aussi,  a  beaucoup  expérimenté  ce  poison  sur  les  animaux.  C'est  avec  son 
concours  que  j'ai  fait  cet  essai  qui  malheureusement  a  complètement  échoué 
sur  notre  malade,  qui  a  succombé  samedi  dernier  dans  la  nuit,  trente  heures 
après  l'invasion  du  tétanos  traumalique. 

»  J'ai  fait  recueillir  avec  soin  cette  observation,  que  j'aurai  l'honneur  de 
communiquer  lundi  prochain  à  l'Académie  avec  tous  les  détails  que  son  im- 
portance actuelle  exige.    » 

OPTIQUE.  — Noie  sur  un  procédé  nouveau  pour  la  mesure  de  l'indice  de  réfraction 
des  liquides;  par  M.  Forthomme.  (Extrait.) 

L'instrument  très -simple,  mais  qu'il  est  impossible  de  décrire  sans 
figure,  permet  de  mesurer  facilement  l'angle  de  réflexion  totale.  L'auteur 
en  fait  l'application  à  diverses  dissolutions  salines  et  à  des  mélanges  de  ces 
dissolutions.  Il  prouve  qu'on  peut  à  l'avance  calculer  les  indices  au  moyen 
de  la  formule  empirique 

N—  I  _/'(^— ')•+•;''("  — ')  +  ••■ . 
P+P'-+--.. 

n,  n\  etc.,  représentent  les  indices  des  sels  dissous  et  du  dissolvant;  p,  p',  etc. 
leurs  poids  relatifs.  Il  tire  de  là  des  moyens  de  dosage  vérifiés  par  diverses 
expériences  synthétiques.  Les  expériences  n'ont  porté  jusqu'ici  que  sur 
des  sels  monoréfringents.  L'auteur  a  commencé  des  expériences  sur  divers 
sels  biréfringents  pour  essayer  de  les  soumettre  à  une  formule  du  même 
genre. 

L?i  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart.  E.  D.  B. 


(395  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQCE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  12  septembre  1869  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  DecaiSNE;  a8*  liv.  ;  in-4''. 

De  C Espèce  et  des  Races  dans  les  êtres  organisés,  et  spécialement  de  l'unité  de 
r espèce  humaine;  par  D.- A.  GODRON.  Paris,  1869;  a  vol.  in-8°.  (Présenté, 
au  nom  de  l'auteur,  par  M   Brongniart.) 

Des  Eaux,  des  Travaux  publics  et  du  Barrage  de  Genève;  par  MM.  L.L. Vallée 
etE.  Vallée.  Paris^  '859;  1  vol.  in-8°. 

Observations  météorologiques  faites  à  Lille  pendant  l'année  i857-i858;  par 
Victor  Meurein.  Lille,  iSSg;  br.  in-8°. 

Un  nouveau  chapitre  aux  Etudes  sociales,  hygiéniques  et  médicales  sur  les 
ouvriers  employés  aux  travaux  du  port  du  Havre;  par  M.  le  D'  Lecadre; 
br.  in-8°. 

Nécrologie.  Le  docteur  Lucas-Championnière,  fondateur  et  rédacteur  du 
Journal  de  Médecine  et  de  Chirurgie  pratiques;  par  le  même.  Havre,  1869; 

br.  in- 8°. 

De  l'alcool  et  des  composés  alcooliques;  de  leur  influence  sur  la  réunion  immé- 
médiate  et  sur  les  accidents  graves  ou  mortels  des  plaies  et  des  opérations ,  etc.  ; 
par  M.  J. -F.  Batailhé  ef  Ad.  GuiLLET.  Paris,  iSSg;  br.  in-8°. 

Lettre  à  l'Académie;  par  M.  Zaliwski  ;  \  de  feuille  in-8''. 

Passe- temps  ophthalmologiques  maritimes,  ou  Histoire  des  affections  morbides 
de  [œil  et  de  ses  annexes,  provoquées  et  entretenues  par  les  atteintes  ou  le  séjour 
d'animaux  vivants;  par  le  D"'  Ch,  J.-F.  Carron  du  Villards;  fascicule  pre- 
mier. Rio-de-Janeiro,  iSSg;  br.  in-8°. 

The...  Institutes  de  médecine;  par  Martyn  Paine  ;  4*  édition  ;  New- York, 
i858;  i  vol.  in-8°. 

Médical...  Mémoires  de  médecine  et  de  physiologie  ;  parle  même.  New- 
York,  1840;  3  vol.  in-8". 

Memoir...  Biographie  de  Robert  Troup  Paine;  par  ses  parents;  New- 
York,  r852;  I  vol.  in-4°. 


»»aa« 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉmE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  l\)  SEPTEMBRE  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MEMOIRES  ET  C03IMUNICATI0IVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉJIIE. 

M.  LE  Président  de  l'Institut  rappelle  que  la  quatrième  séance  tri- 
mestrielle de  cette  année  aura  lieu  le  5  octobre  prochain,  et  invite  l'Aca- 
démie des  Sciences  à  lui  faire  connaître  en  temps  opportun  le  nom  de 
celui  de  ses  Membres  qui  aura  été  désigné  pour  faire  une  lecture  dans  cette 
séance. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Plana,  un 
Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Réflexions  nouvelles  sur  deux  Mémoires  de 
Lagrange  publiés  en  1769  ». 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel,  à  l'occasion  de  pièces  qui  lui  ont  été  adres- 
sées de  Milan,  lit  un  passage  de  la  Lettre  d'envoi  dans  laquelle  M.  le  Ma- 
réchal Vaillant  manifeste  l'intérêt  qu'il  prend,  de  loin  comme  de  près,  aux 
travaux  de  l'Académie. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Aperçus  méléowlogiques  relatifs  aux  aurores  boréales  du 
29  août  1859  et  du  17  novembre  i848;  par  31.  Fournet,  Correspondant 
de  l'Institut. 

«   La  réunion  des  divers  détails  concernant  l'aurore  boréale  du  29  août 
iBSg  ayant  paru  de  nature  à  présenter  un  certain  intérêt,  je  crois  devoir 

C.  R.,  1859,  a"»»  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  ISJ.)  53 


-.-     -     -■  -^  rr{  398  ) 
apporter  le  contingent  de  mes  observations,  bien  qu'elles  n'aient  pas  le  ca- 
ractère de  précision  qu'il  faut  désirer  en  pareille  matière. 

u  Au  moment  de  son  apparition,  j'étais  dans  la  patrie  des  de  Jussieu,  à 
Montrolier,  bourg  placé  à  l'altitude  de  6^5  mètres,  sur  le  revers  sud  d'un 
chaînon  transversal,  qui,  se  détachant  de  la  partie  occidentale  de  nos  mon- 
tagnes lyonnaises,  près  de  Tarare,  aboutit  à  Sain-Bel.  Les  culminancesde 
cette  arête  sont  le  Boucivre  (  altitude  i  io3  mètres),  le  Pelerat,  ancien  signal 
de  Cassini  (altitude  860  mètres)  et  Arjoux  (altitude  817  mètres).  J'en  par- 
courais quelques  parties  afin  d'y  vérifier  d'anciennes  déterminations 
avant  l'installation  du  congrès  géologique  qui  devait  tenir  prochainement 
ses  séances  à  Lyon.  D'ailleurs  peu  disposé  à  veiller,  après  les  marches  de  la 
journée,  le  phénomène  s'était  produit  à  mon  insu,  bien  que  j'eusse  entrevu, 
pendant  un  instant,  une  légère  rougeur  dont  j'attribuai  la  cause  à  un  feu 
réfléchi  par  le  brouillard  de  la  nuit. 

»  Quelques  instants  avant  le  lever  du  soleil,  voulant  prendre  les  direc- 
tions des  massifs  environnants  à  l'aide  de  ma  boussole  de  poche,  il  me 
fut  impossible  d'arriver  à  un  résultat,  car  l'aiguille,  d'environ  87  milli- 
mètres de  longueur,  tiraillée  d'un  côté  ou  de  l'autre,  hors  de  sa  direction 
normale,  n'était  pour  ainsi  dire  jamais  en  repos;  d'ailleurs  je  n'eus  pas 
lieu  d'être  beaucoup  plus  satisfait  de  mon  instrument  durant  une  partie 
de  la  matinée,  lorsque,  après  avoir  quitté  Montrotier,  j'eus  atteint  le  som- 
met du  Pelerat. 

»  Les  forces  qui  agissaient  alors  devaient  être  très-énergiques  ;  mais  il  ne 
m'était  pas  permis  d'attribuer  une  part  d'action  marquée  aux  roches  de 
Montrotier  qui  appartiennentà  la  classe  desgranitssyénitiqueset  des  porphy- 
res quartzifères.  Toutefois  les  épaisses  plaques  de  mélaphyres,  des  schistes 
chloriteux  et  amphiboliques,  masses  essentiellement  ferrugineuses,  étalées 
à  diverses  distances  dans  les  environs,  contribuèrent  peut-être  à  l'exaltation 
des  causes  perturbatrices  dont  provenait  l'affolement.  En  tous  cas,  on  re- 
marquera que  je  cheminais  entre  les  lignes  télégraphiques  de  Marseille  et 
du  Centre,  qui,  d'après  M.  Bergon,  hirent  très-vivement  influencées  par 
l'aurore  boréale. 

»  Dès  que  je  pus  connaître  la  cause  des  perturbations  magnétiques  dont 
j'avais  subi  les  conséquences,  j'observai  que  l'ensemble  de  la  période  était 
également  très-accidenté  au  point  de  vue  météorologique,  point  de  vue 
sur  lequel  j'ai  principalement  à  insister.  A  partir  du  a4  août,  le  trouble 
aérien  débutait  à  Graetz  (Styrie)  par  un  terrible  orage,  durant  lequel  la 
bourrasque  déracinait  de  très-gros  arbres.  Dans  la  nuit   suivante,  Port- 


(399) 
Louis  (Morbihan)  recevait  les  vents  occidentaux  avec  le  tonnerre,  et  depuis 
ce  moment  les  grains  se  succédèrent  d'une  manière  soutenue  sur  le  littoral 
atlantique  de  la  France.  Le  a5,  les  vents  du  sud  et  sud-ouest  renforcés  ame- 
naient à  Lyon  les  nuées  plus  ou  moins  pluvieuses  qui  devaient  mettre  fin  aux 
grandes  chaleurs  de  l'été.  Le  26,  les  régions  pyrénéennes  de  Mirande,  Tar- 
bes,  Mont-de-Marsan,  Auch  furent  exposées  à  des  orages  d'une  violence 
extraordinaire.  La  foudre  était  accompagnée  de  grêles,  d'averses  à  faire  dé- 
border les  rivières,  et  surtout  d'une  tempête  qui  fit  plier  les  arbres  et  ren- 
versa une  maison  en  construction.  Une  trombe  sud-ouest  répandait  la  dé- 
vastation dans  Saint-André  (Eure),  et  à  Lyon  ce  coup  de  vent  fut  suivi 
d'une  pluie.  Dans  la  journée  du  27,  le  sud-ouest  était  plus  calme;  cepen- 
dant la  pluie  reprenait  à  Lyon,  tandis  qu'à  Sames,  près  de  Bayonne,  l'orage 
conservait  sa  violence  et  la  foudre  frappait  une  maison.  Enfin,  la  journée 
du  28  se  montra  assez  belle  autour  de  Lyon  avec  des  nuées  sud-ouest,  et 
une  brise  faible  également  sud-ouest;  mais,  dans  la  soirée,  vers  8  heures, 
j'apercevais,  de  Monfrotier,  des  éclairs  très-lointains  et  diffus. 

»  Tels  sont  les  prodromes  du  phénomène.  Voyons  actuellement  ses 
suites. 

»  Dans  la  nuit  du  28  au  29,  à  Londres  sévissait  un  ouragan  terrible,  du- 
rant lequel  des  éclairs,  violets  comme  la  partie  nord  et  nord-ouest  de  l'au- 
rore boréale,  éclataient  d'un  bout  du  ciel  à  l'autre.  En  même  temps  les 
orages  continuaient  à  se  manifester  du  côté  des  Pyrénées,  à  Luz,  à  Saint- 
Sauveur,  et  ce  mauvais  temps  y  persistait  le  lendemain.  Le  29,  à  Montrotier, 
pendant  que  je  cherchais  à  prendre  les  directions,  la  matinée  était  pure; 
mais,  à  2  heures  du  soir,  quand  j'eus  quitté  le  Pelerat,  je  fus  accueilli 
par  des  ondées  accompagnées  de  traits  de  foudre  d'une  longueur  démesu- 
rée; en  même  temps  le  calme  de  la  matinée  passait  rapidement  à  une  tem- 
pête sud-ouest.  Alors  Avignon  subissait  les  effets  d'un  grand  orage;  les  pre- 
mières neiges  blanchirent  les  Alpes  des  Grisons;  puis,  durant  la  nuit,  les 
Arabes  d'Alger  étaient  effrayés  à  l'aspect  insolite  des  nombreux  éclairs  en 
zigzag  qui  passaient  au-dessus  de  la  ville. 

»  Le  3o,  à  Lyon,  les  nuages  cheminaient  encore  rapidement  du  sud-ouesf, 
mais  une  brise  inférieure  du  nord-ouest  ramenait  la  pluie  dans  la  soirée. 
A  Fécamp,  les  rafales  de  ce  nord-ouest  faisaient  tomber  une  grêle  de  la  gros- 
seur d'une  petite  noix^  pendant  un  orage.  Le  3 1,  ce  même  nord-ouest  infé- 
rieur chassait  vivement  des  nuages  qu'amenait  l'ouest-sud-ouest  supérieur, 
et  le  I"  septembre  la  mer,  après  la  grande  marée  du  3o,  étant  d'une  fureur 
extraordinaire,  rompit  la  digue  de  Ouistrehem  (Calvados).  Après  quelques 

53.. 


-      (  4oo  ) 
journées  paisibles,  survint  à  Lyon,  entre  7  et  8  heures  du  soir,  un  coup 
de  vent  subit,   effréné,  escorté  de  vifs  éclairs  et   d'une  averse  mêlée  de 
grêle.  Celle-ci  sévit  surtout  à  Reilleux  (Ain).  Le  sud-ouest  régnait  encore 
en  haut,  tandis  que  le  nord-ouest  soufflait  en  bas. 

»  On  sera  sans  doute  frappé  de  la  coïncidence  des  effets  de  l'électricité 
sur  les  lignes  télégraphiques  avec  ceux  que  produisaient  ces  vents  du  sud- 
ouest  habituellement  orageux.  Cependant  un  autre  détail  doit  encore  fixer 
l'attention  :  c'est  que  l'aurore  boréale  semblait  se  déplacer  dans  leur  sens, 
de  l'ouest  à  l'est,  d'après  le?  observations  faites  à  I>yon  par  le  rédacteur  du 
Courrier  ei  à  Paris  par  M.  Coulvier-Gravier.  J'insiste  d'ailleurs  à  dessein  sur 
ces  rapprochements  divers,  parce  que  je  trouve  une  Note  extraite  des 
Trans.  Philos.,  t.  LXV,  p.  i,  d'après  laquelle  un  navigateur  anglais  juge  à 
propos  d'avertir  ses  confrères  qu'il  résulte  de  ses  remarques  que  l'on  est 
exposé  à  recevoir  un  coup  de  vent  du  sud-ouest  deux  ou  trois  jours  après 
l'apparition  du  phénomène.  Il  faut  donc,  suivant  lui,  que  les  marins,  prêts 
à  entrer  dans  la  Manche,  prennent  les  précautions  nécessaires  pour  parer  à 
cette  éventualité. 

»  Les  détails  précédents  venant  à  l'appui  du  pronostic,  j'ai  voulu  m'as- 
surer  de  la  répétition  des  faits  à  l'occasion  de  la  belle  aurore  boréale  du 
17  novembre  1848. 

»  Eh  bien,  à  Lyon,  durant  la  veille  du  jour  critique,  la  brise  inférieure 
était  incertaine,  nord  et  sud,  les  nuées  cheminant  du  nord.  Au  Havre,  les 
vents  tournaient  décidément  au  sud-ouest.  Le  17,  le  calme  général  persis- 
tait avec  des  vents  variables.  Ainsi,  à  Camaret,  ils  soufflaient  du  sud  le  matin 
et  du  nord-ouest  dans  la  soirée;  aux  Sorlingues  dominait  le  nord-ouest  ;  à 
Berlin,  la  pluie  et  la  neige  tombaient  constamment  depuis  quelques  jours.  A 
Port-Louis,  les  nuages  cheminaient  très-vite  de  l'ouest-sud-ouest,  tandis 
qu'à  Lyon  régnait  une  faible  brise  sud;  mais  sur  le  ciel  de  légères  vapeurs 
s'étendaient  en  écheveaux  étirés  par  le  sud-ouest.  Le  18,  sud  encore  calme 
malgré  un  ciel  couvert  et  une  pluie  du  soir  par  un  vent  d'ouest  établi  dans 
les  régions  supérieures  de  l'atmosphère. 

»  Les  19  et  20,  les  vents  nord  et  nord-ouest  à  Lyon  ainsi  qu'au  Havre, 
sud-o,uest  et  ouest-sud-ouest  à  Margate,  à  Portsmouth  devinrent  plus  forts; 
des  grains,  des  temps  froids,  humides  furent  les  conséquences  de  cette  recru- 
descence d'intensité.  Mais,  pendant  les  journées  des  21,  22  et  23  novembre, 
luie  lutte  du  sud-ouest  se  décelait  parles  coups  de  vent  violents  de  Royan, 
du  Conquet,  de  Belle-Isle,  de  Margate,  de  Starpoint.  Un  temps  affreux 
s'établit  sur  la  Manche.  A  Lyon,  la  tempête  brisait  des  vitres,  renversait  des 


(  4ot  ) 

cheminées;  des  effets  du  même  genre  se  manifestèrent  à  Cette,  à  Montpel- 
lier. A  Toulon  ainsi  qu'à  Marseille,  l'est  et  le  sud-est  s'ajoutèrent  au  sud- 
ouest,  suivant  la  règle  des  temps  désastreux  ;  les  pluies  tombèrent  sur  divers 
points.  Enfin,  dans  la  soirée  et  dans  la  nuit  du  a3,  l'extrême  désordre  fit 
place,  dans  nos  pays,  aux  temps  ordinaires  de  l'arrière-saison,  qui  fut  suivie 
d'un  hiver  très-doux. 

»  Cet  accord  entre  les  aurores  boréales  et  les  tempêtes  plus  ou  moins, 
orageuses  du  sud-ouest  est  certainement  assez  digne  d'attention  pour  déter- 
miner à  multiplier  des  recherches  capables  de  ramener  à  sa  juste  valeur  le 
pronostic  du  marin  anglais.  Du  reste,  sans  insister  davantage  sur  des  rappro- 
chements aussi  simples,  je  vais  passer  à  des  aperçus  plus  complexes  et  plus 
hasardés,  car  il  s'agit  d'examiner  s'il  ne  serait  pas  possible  dégrouper  en- 
semble les  aurores  boréales  démesurées,  le  vent  électrique  et  les  étoiles 
filantes. 

»  L'apparition  du  17  novembre  1848  fut  accompagnée  d'une  volée  de 
ces  petits  météores.  M.  Matteucci  les  observait  à  Pise.  Un  ancien  élève  de 
l'École  Polytechnique,  maître  de  forges  à  Saint-Laurent-du-Pont  (Drôme), 
M.  Duval,  me  fit  part  de  la  surprise  qu'il  ressentit  à  la  vue  du  nombre  de 
ceux  qu'il  put  compter  de  sa  station  ;  l'un  d'eux  parut  tomber  à  terre  ;  il  étai 
blanc,  contrairement  aux  autres  dont  la  couleur  était  rouge.  De  son  côté, 
M.  Barbier,  garde  du  génie,  correspondant  de  la  commission  hydromé- 
trique de  Lyon,  signalait  à  Dôle  deux  passages  de  globes  de  feu  :  le  premier 
eut  lieu  le  i5  à  5  heures  du  soir,  et  le  second  s'effectuait  pendant  le  dé- 
ploiement de  l'aurore.  Ces  deux  dates  se  confondent,  du  reste,  dans  la 
grande  période  assignée  à  ces  étoiles. 

»  Pendant  le  phénomène  du  29  août  iSSg,  M.  Coulvier-Gravier  les  vit  de 
même  filer  constamment  plus  haut  que  les  rayons  et  les  segments  composant 
l'aurore  boréale.  Il  en  conclut  que  la  région  où  elles  s'enflamment  est  située 
au-dessus  de  l'espace  occupé  par  le  météore  électrique,  espace  qui  lui-même 
surmonte  celui  qu'envahissent  les  cirrus. 

»  Or,  le  patient  observateur  arrivant  à  admettre  que  la  direction  des 
étoiles  filantes  trahit  celle  des  courants  supérieurs,  et  qu'elle  permet  de 
prévoir  certains  changements  de  temps,  ne  serait-on  pas  en  droit  de  suppo- 
ser que  l'aurore  boréale  établie  plus  bas  et  filant  en  masse  de  l'ouest  à  l'est 
peut  pareillement  être  un  des  symptômes  de  l'abaissement  plus  ou  moins 
immédiat  du  vent  qui  semble  la  pousser  durant  certaines  nuits.  En  cela  les 
choses  se  passeraient  à  peu  près  comme  à  l'yard  des  nuages  dont  la  marche 
décèle  l'existence  d'un  mouvement  atmosphérique  qui,  dans  la  plupart  des 


(    402    ) 

cas,  descendant  des  hautes  régions,  doit  bientôt  déplacer  celui  qui  dominait 
jusqu'alors  sur  les  bas-fonds  de  l'océan  aérien.  Au  surplus,  des  calculs  rela- 
tifs aux  allures  des  vents-nuages,  pour  me  servir  d'une  heureuse  expression 
de  M.  Bertrand  de  Doue,  devront  nécessairement  préciser  les  assertions  des 
cultivateurs.  Mettant  en  évidence  les  chances  en  faveur  du  pronostic,  ils 
pourront  peut-être  ajouter  leur  appui  aux  déductions  de  M.  Coulvier-Gra - 
.  vier,  et  dans  tous  les  cas  on  admettra  sans  peine  que  la  météorologie  doit 
infailliblement  acquérir  quelques  nouvelles  connaissances  au  milieu  de  ces 
sortes  de  recherches.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  la  polarisation  voltaïque  ;  par  M.  G.  Planté. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Despretz.) 

«  La  plupart  des  physiciens  qui  se  sont  occupés  du  phénomène  de  la 
polarisation  voltaïque  ont  trouvé  jusqu'à  présent  des  résultats  tout  à  fait 
contradictoires.  D'après  les  uns,  l'action  (i)  de  l'oxygène  serait  supérieure 
à  celle  de  l'hydrogène;  d'après  les  autres,  ces  actions  seraient  parfaitement 
égales;  d'après  d'autres  enfin,  celle  de  l'hydrogène  l'emporterait  notable- 
ment sur  celle  de  l'oxygène.  Ce  désaccord  s'explique  d'une  manière  très- 
simple.  On  s'est  livré  à  des  expériences  de  mesure  sur  un  phénomène  avant 
de  le  bien  connaître;  de  plus,  on  a  employé  des  méthodes  indirectes  basées 
sur  les  vagues  idées  que  l'on  se  faisait  de  son  origine.  J'ai  donc  pensé  qu'il 
était  essentiel  d'en  faire  une  étude  approfondie.  De  nombreuses  expériences 
m'ont  permis  d'arriver  aux  conclusions  suivantes  : 

Pkemièbe  série.  —  foltamètres  à  eau  acidulée. 

»  1°.  Les  effets  de  diminution  que  l'interposition  d'un  voltamètre  à  fils 
de  même  métal  et  à  eau  acidulée  fait  subir  à  un  courant  électrique,  ne 
proviennent  pas  seulement  de  la  résistance  nouvelle  à  franchir  et  du  cou- 
rant secondaire  inverse  qui  peut  prendre  naissance,  mais  ils  sont  produits 
aussi  et  souvent  en  plus  grande  partie  par  la  mauvaise  conductibilité  de 
l'oxyde  formé  et  par  la  couche  de  liquide  salin  accumulée  autour  du  même 


(i)  C'esl  à  dessein  que  je  n'emploie'pas  l'expression  de  force  polarisante.  De  même,  je  ne 
dirai  pas  courant  de  polarisation,  mais  courant  secondaire  ou  courant  inverse..:- 


(  4o3  ) 

fil,  laquelle  agit  à  la  fois  par  sa  résistance  plus  grande  que  celle  de  l'eau 
acidulée  et  par  la  difficulté  qu'elle  oppose  à  l'action  du  courant  sur  de  nou- 
velles portions  du  liquide. 

»  L'intensité  du  courant  principal  dépend  encore  du  degré  de  solubilité 
de  l'oxyde  formé.  Si  l'oxyde  se  dissout  aisément  dans  l'eau  acidulée,  le 
courant  qui  avait  diminué  au  moment  de  sa  formation  reprend  aussitôt  que 
la  dissolution  commence. 

»  Si  l'oxyde  est  insoluble  et  mauvais  conducteur,  le  courant  est  presque 
entièrement  arrêté.  C'est  ce  que  l'on  observe  très-nettement  avec  l'alumi- 
nium dans  Teau  acidulée. 

»  Ces  diverses  causes  d'affaiblissement  se  manifestent  dans  presque  tous 
les  métaux,  les  uns  après  les  autres,  et  on  en  apprécie  aisément  l'influence 
•  par  les  variations  d'intensité  du  courant  principal.  Les  métaux  avec  lesquels 
on  distingue  mieux  ces  effets  sont  :  l'étain,  le  cuivre  et  l'argent. 

o  1°.  Le  courant  secondaire  inverse  qui  s'ajoute  aux  causes  d'affaiblisse- 
ment qui  précèdent  ne  provient  point  de  l'adhérence  ou  simple  présence  de 
couches  gazeuses  autour  des  électrodes,  mais  de  l'action  chimique  produite 
par  ces  gaz,  oxydation  d'une  part,  réduction  ou  conservation  de  l'état  mé- 
tallique par  l'hydrogène,  d'autre  part. 

»  3°.  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  le  courant  secondaire  est  d'autant 
plus  fort,  que  l'oxyde  formé  est  plus  électro-négatif  par  rapport  au  métal. 
C'est  dans  l'argent  que  cette  propriété  se  trouve  au  plus  haut  degré.  L'oxyde 
de  ce  métal,  produit  par  la  pile,  est  plus  électro-négatif  que  le  platine  lui- 
même. 

■  4°-  Le  courant  secondaire  le  plus  intense,  dans  la  décomposition  de 
l'eau  acidulée,  est  donné  par  des  électrodes  d'argent  ;  après  l'argent  vien- 
nent le  plomb,  l'étain,  le  cuivre,  l'or,  le  platine  et  l'aluminium. 

»>  Quant  au  courant  principal,  c'est  avec  un  voltamètre  à  fils  de  platine 
qu'il  est  maximum,  si  on  emploie  plus  d'un  couple  de  Grove  ou  de  Bunsen. 
Après  le  platine  viennent  l'or,  l'argent,  le  cuivre,  le  plomb,  l'étain,  l'alu- 
minium. 

«  La  comparaison  de  ces  deux  séries  montre  bien  que  d'autres  causes 
que  le  courant  secondaire  influent  sur  la  diminution  du  courant  principal 
dans  un  voltamètre  à  eau  acidulée  ;  car  si  le  courant  secondaire  était  la 
seule  cause  d'affaiblissement,  l'ordre  de  la  deuxième  série  serait  exactement 
inverse  de  celui  de  la  première.  L'argent,  par  exemple,  devrait  donner  le 
courant  principal  le  plus  faible  ;  car  c'est  lui  qui  donne  le  plus  fort  courant 


(  4o4  )       • 

secondaire.  Or  il  n'en  est  rien  ;  il  existe  donc  des  causes  de  diminutioii  plus 
influentes,  et  ce  sont  celles  que  j'ai  mentionnées  plus  haut. 

»  5°.  L'agitation  du  fil  positif  produit  généralement  une  augmentation 
du  courant  principal,  car  elle  élimine  la  cause  de  diminution  provenant  de 
la  couche  de  liquide  formée  autour  de  ce  fil;  mais  comme  il  en  résulte  en 
même  temps  le  mélange  d'un  sel  métallique  à  l'eau  acidulée,  le  fil  négatif 
se  recouvre  d'iai  dépôt  de  métal  pulvérulent,  et  le  courant  secondaire  essayé 
après  cette  agitation  est  beaucoup  plus  fort  qu'auparavant.  Le  défaut  d'es- 
pace ne  me  permet  pas  de  donner  ici  l'explication  de  ce  phénomène. 

»  6°.  Avec  presque  tous  les  métaux,  on  observe  après  l'interruption  du 
courant  principal,  pendant  que  le  courant  secondaire  passe  et  quelquefois 
même  sans  que  ce  dernier  circuit  soit  fermé,  un  dégagement  de  gaz  peu 
abondant,  mais  néanmoins  très-net  au  pôle  positif.  Ce  dégagement  est  dû  à 
l'oxyde  produit  qui,  étant  très-électro-négatif,  forme,  soit  avec  le  métal  sur 
lequel  il  est  déposé,  soit  avec  l'autre  fil  qui  est  parfaitement  réduit  par  l'hy- 
drogène, un  couple  assez  énergique  pour  décomposer  l'eau.  C'est  avec  l'ar- 
gent, le  plomb  et  l'or  que  ce  phénomène  est  le  plus  marqué. 

Deuxième  série.  —  Foltamctre  à  eau  acidulée  saturée  de  bichromate  de  potasse. 

»  1°.  L'eau  acidulée  saturée  de  bichromate  de  potasse  jouit  delà  pro- 
priété d'attaquer  ou  de  dissoudre  la  plupart  des  métaux.  Elle  altère  très- 
rapidement  l'argent  et  le  mercure.  Elle  dissout  avec  une  grande  facilité  et 
sans  dégagement  de  gaz  le  zinc  amalgamé,  le  cuivre  et  l'étain.  Le  dépôt 
rouge  formé  à  la  surface  de  l'argent  rend  ce  métal  électro-négatif  par  rap- 
port au  platine  dans  l'eau  acidulée. 

»  2°.  Deux  fils  d'un  métal  soluble  dans  ce  liquide  y  étant  plongés,  l'agi- 
tation de  l'un  d'eux  produit  un  courant  d'une  certaine  intensité.  Le  fil  agité, 
qui  se  trouve  être  aussi  le  plus  rapidement  dissous,  manifeste  l'électricité 
positive. 

»  3".  Si  deux  fils  d'un  même  métal  plongés  dans  le  bichromate  acide 
sont  traversés  par  un  courant,  l'agitation  du  fil  positif  est  en  général  sans 
influence  sur  l'intensité  du  courant;  mais  celle  du  fil  négatif  produit  une 
forte  augmentation.  Ce  phénomène  est  dû,  comme  le  précédent,  à  l'écar- 
fement  de  la  couche  de  liquide  salin  formée  autour  du  fil.  Cette  couche 
n'agit  que  comme  obstacle  au  passage  du  courant;  elle  ne  produit  point  par 
elle-même  de  courant  secondaire. 

»   4°«  Malgré  l'absorption  de  l'hydrogène  au  pôle  négatif,  on  observe 


(  4o5  ) 
avec  les  divers  métaux  des  courants  secondaires  parmi  lesquels  il  en  est  de 
très-intenses.  L'ordre  suivant  lequel  les  métaux  se  classent  pour  l'énergie 
de  ces  courants  est  à  peu  près  le  même  qu'avec  l'eau  acidulée,  excepté  pour 
l'argent  qui,  se  recouvrant  immédiatement  d'un  sel  non  conducteur,  arrête 
presque  totalement  le  courant  principal. 

»  Les  phénomènes  qu'on  observe  avec  le  bichromate  de  potasse  acidulé 
montrent  surtout  l'influence  des  couches  de  liquide  formées  autour  des 
électrodes  sur  l'intensité  du  courant. 

»  De  l'ensemble  des  faits  observés  avec  l'eau  acidulée  il  résulte  que 
l'oxydation  joue  un  rôle  très-important  dans  les  voltamètres  et,  par  consé- 
quent, dans  les  couples  voltaïques.  Si  raffinité  du  métal  pour  l'oxygène 
détermine  la  production  du  courant  électrique,  la  formation  de  l'oxyde 
constitue  la  principale  cause  d'affaiblissement  de  ce  même  courant;  car 
l'oxyde  peut  être,  comme  je  l'ai  dit,  mauvais  conducteur,  peu  soluble  et 
susceptible  de  donner  un  courant  secondaire. 

)>  Quant  à  l'hydrogène,  quoiqu'il  contribue,  pour  une  certaine  part,  à  la 
production  du  courant  inverse  par  son  action  réductrice  sur  l'électrode  né- 
gatif, il  a  une  influence  beaucoup  moindre  que  celle  qu'on  lui  attribue.  On 
croit  que  sa  présence  à  l'état  gazeux  autour  de  l'élément  négatif  d'un  couple 
est  une  cause  puissante  d'affaiblissement,  et  l'énergie  des  piles,  dans  les- 
quelles l'hydrogène  est  absorbé,  semble  le  prouver.  Mais  ce  n'est  là 
qu'une  apparence.  Dans  les  couples  à  deu'x  liquides,  dans  celui  de  Grove 
par  exemple,  il  y  a  en  jeu  une  double  affinité,  celle  du  zinc  pour  l'oxygène, 
et  celle  de  l'acide  nitrique  pour  l'hydrogène.  L'énergie  du  courant  n'est 
point  due  à  la  simple  disparition  de  l'hydrogène,  mais  au  rôle  actif  qu'il 
joue,  à  l'action  chimique  qu'il  produit.  » 

CHiRURGrE.   —   Observation  de  tétanos  traumatique  ;    emploi  du  curare  sans 
€ffet  sensible  ;  mort  trente  heures  après  l'invasion  de  la  maladie;  Mémoire  de 
■    M.  Manec. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Cl.  Bernard,  J.  Cloquet.) 

o  Le  nommé  Belleville,  âgé  de  trente-neuf  ans,  d'une  constitution  assez 
forte  et  d'un  tempérament  sanguin,  est  entré  à  l'hôpital  de  la  Charité,  salle 
Sainte-Vierge,  le  7  septembre  iSSg.  Ce  malade  avait  reçu  la  veille  un  coup 
de  timon  de  voiture  qui  avait  fracturé  l'omoplate  droite  et  occasionné  une 

.     C.  R.,   iSâg,  2n«  Semestre.  (T.   XLIX,  Nol2.;  54 


(  4o6  ) 
chute  suivie  delà  fracture  de  l'avant-bras  du  même  côté.  Son  état  général 
est  assez  satisfaisant,  peu  de  fièvre,  langue  bonne.  L'avant-bras  est  placé 
sur  un  plan  incliné.  Le  malade  accuse  de  vives  douleurs.  Résolutifs  lauda- 
nisés  sur  les  parties  contuses. 

»  Le  9  au  matin  la  doulenr  est  toujours  vive,  surtout  à  l'épaule  et  au 
côté  droit  de  la  poitrine.  Même  prescription. 

»  Le  soir,  vers  5  heures,  le  malade  se  plaint  de  n'avoir  pu  boire  sa 
tisane  et  prendre  son  bouillon  qu'avec  difficulté.  Il  éprouve  des  crampes,  de 
la  roideur  dans  les  mâchoires.  Douleur  assez  vive  dans  les  régions  frontale 
et  pariétale.  A  8  heures,  l'interne  de  garde  est  appelé.  Le  malade  est  pris 
d'un  trismus  violent.  Potion  avec  dix  gouttes  de  chloroforme. 

»  Pendant  la  nuit  du  9  au  10,  la  maladie  a  marché  :  tous  les  symptômes 
du  tétanos  sont  au  complet.  La  tète  est  fortement  portée  en  arrière,  la  région 
antérieure  du  cou  est  tendue,  les  muscles  sterno-mastoïdiens  font  une  saillie 
considérable.  Tous  les  muscles  du  cou  sont  douloureux,  surtout  ceux  de  la 
région  postérieure  ;  cette  douleur  s'étend  dans  les  lombes.  Impossible  au 
malade  de  fléchir  le  cou  et  la  région  dorsale.  La  bouche  est  entr'ouverte, 
les  mâchoires  contractées,  impossibilité  d'avaler.  La  respiration,  anxieuse, 
est  toute  diaphragmatique;  le  pouls  varie  de  go  à  100  pulsations  par  mi- 
nute ;  la  face  est  couverte  de  sueur.  A  des  intervalles  irréguliers  et  assez 
éloignés,  le  malade  pousse  des  cris  :  c'est  lorsque  les  muscles  se  contractent. 
Ces  contractions  involontaires  "sont  quelquefois  provoquées  lorsqu'on  le 
touche  ;  aussi  demande-t  il  en  grâce  qu'on  ne  le  touche  pas.  Il  est  prescrit 
une  potion  fortement  opiacée,  qui  n'est  reçue  qu'avec  la  pins  grande  diffi- 
culté et  ne  peut  être  avalée. 

»  Dans  cette  grave  circonstance,  nous  avons  jugé  que  c'était  le  cas 
d'essayer  le  curare,  tout  récemment  préconisé  par  M.  Vella.  Mais  le  curare 
est  une  substance  si  énergique,  et  l'observation  de  M.  Vella  si  obscure  en  ce 
ce  qui  concerne  les  quantités  employées,  qu'avant  de  l'appliquer  à  l'homme 
nous  aurions  été  bien  heureux  d'avoir  les  conseils  de  M.  Cl.  Bernard.  A  son 
défaut,  M.  Vulpian,  médecin  des  hôpitaux,  que  ses  recherches  ont  rendu 
si  habile  dans  le  maniement  de  ce  toxique,  a  bien  voulu  nous  aider  de  son 
expérience.  C'est  avec  son  concours  que  tout  ce  que  nous  allons  rapporter 
a  été  prescrit  et  exécuté.  L'observation  qui  suit  a  été  rédigée  d'après  les 
notes  prises  d'heure  en  heure  au  lit  du  malade  par  M.  Beaumets,  élève 
très-instruit,  interne  de  la  division. 

»  On  fait  une  incision  de  i  |  centimètre  avec  une  lancette  à  la  partie 
moyenne  du  bras  gauche,  et  à  2''45"',  lorsque  le  sang  est  à  peu  près  arrêté^ 


(  4o7  ) 
on  laisse  tomber  dans  la  plaie  deux  gouttes  d'une  solution  aqueuse  de 
curare  contenant  |  milligramme  par  goutte.  —  A  2.^55'",  deux  nouvelles 
gouttes  de  la  même  solution  sont  introduites  dans  la  plaie  :  pas  de  résultat. 

—  A  3  heures,  on  fait  une  nouvelle  plaie  de  i  ^  centimètre  à  la  région  an- 
téro-supérieur  du  thorax,  à  3  centimètres  au-dessous  de  la  clavicule  gauche. 

—  A  S**  iS™,  on  introduit  dans  cette  nouvelle  plaie  une  goutte  d'une  solu- 
tion contenant  1^  centigramme  de  curare  par  goutte.  —  A  3*^25"',  une  goutte 
de  la  dernière  solution  est  placée  dans  la  plaie  du  bras.  —  A  3'' 32™,  une 
goutte  de  la  même  solution  est  introduite  de  nouveau  dans  la  plaie  thora- 
cique. 

»  Depuis  l'administration  des  premières  gouttes  de  curare  le  pouls  a  été 
compté  de  5  à  5  minutes,  les  limites  extrêmes  ont  été  1 3o  et  96.  Les  mouve- 
ments respiratoires  ont  varié  de  3a  à  40  par  minute.  Il  n'y  a  aucune  amé- 
lioration dans  l'état  du  malade. 

»  A  3''4o'",  dans  la  plaie  du  bras  on  place  une  petite  boulette  pe- 
sant 2  i  centigrammes  de  curare  pur.  Pas  de  changement.  —  A  4'' 20™, 
le  malade  est  pris  d'un  accès  convulsil  assez  violent.  —  A  4''37'",  nou- 
vel accès.  Les  accès  se  multiplient  et  se  rapprochent.  —  A  ^''SS™,  un 
granule  de  2  ^  centigrammes  est  placé  dans  la  plaie  thoracique.  Pas 
d'amélioration.  Les  accès  continuent.  —  A  5''i2™,  avec  la  seringue  à 
injections  sous-cutanées  on  introduit  dans  le  tissu  cellulaire  de  la  région 
sus-claviculaire  droite  cinq  gouttes  d'une  solution  aqueuse  de  ao  centi- 
grammes de  curare  dans  i  gramme  d'eau.  ^-  A  5''53°',  on  injecte  cinq 
gouttes  de  la  même  solution  dans  la  région  sus-claviculaire  gauche.  Il  n'y  a 
aucune  amélioration.  L'opisthotonos  est  de  plus  en  plus  prononcé,  toute  la 
région  lombaire  est  prise,  les  accès  se  multiplient  de  plus  en  plus.  Depuis 
le  commencement  du  traitement,  il  n'y  a  eu  aucune  rémission  dans  les 
convulsions  tétaniques  des  muscles  du  cou.  —  A  8  heures,  injection  sous- 
cutanée  dans  la  région  sus-claviculaire  droite  de  dix  gouttes  de  la  der- 
nière solution.  —  De  8  à  9  heiu'es,  les  accès  ne  cessent  pas;  de  i5  minutes 
en  i5  minutes  il  y  a  des  crises  beaucoup  plus  violentes.  —  A  lo*"  iS",  le 
malade  meurt. 

>y  En  somme,  depuis  2'"45°'  jusqu'à  8  heures,  on  a  donné  au  malade 
27  centigrammes  de  curare,  mais  toute  cette  quantité  n'a  pas  été  absorbée. 
Il  faut  compter  au  moins  de  8  à  10  centigrammes  de  perte;  et  pendant  toute 
la  durée  du  traitement  on  n'a  pu  constater  aucune  amélioration. 

))  Le  12,  à  7  heures  du  matin,  on  fait  l'autopsie;  elle  ne  donne  aucun 
résultat,   seulement   elle  permet  de  constater  une   fracture  multiple  de 

54.. 


(4o8  ) 
l'omoplate.  La  fosse  sous-épineuse  est  divisée  en  trois  portions.  Rien  dans 
le  cerveau. 

»  En  présence  de  tels  faits,  que  faut-il  penser?  Nous  avons  cru  d'abord 
que  le  curare  employé  pouvait  être  altéré,  qu'il  pouvait  avoir  perdu  de  son 
énergie.  M.  Vnlpian  nous  a  assuré  l'avoir  trouvé  parfait  quelques  jours 
auparavant.  Pour  plus  de  certitude,  de  nouvelles  expériences  ont  été  faites 
avec  cette  substance  prise  dans  le  même  flacon,  et  ont  prouvé  qu'elle  pos- 
sédait toute  sa  puissance. 

»   Nous  rapporterons  les  suivantes  : 

»  Première  expérience.  —  Sur  un  chien  de  forte  taille,  du  poids  de 
5i  livres,  M.  Vulpian  insinue  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  de  la 
nuque  2  centigrammes  de  curare  en  solution  dans  trois  ou  quatre  gouttes 
d'eau  ;  quelque  temps  après,  l'animal  était  chancelant,  comme  ivre  :  il  était 
alors  la*"  45™;  à  2  heures,  cet  état  était  tout  à  fait  dissipé. 

»  A  2''  55™,  dans  une  nouvelle  plaie  du  cou,  on  introduit  5  centigrammes 
de  curare  dans  quelques  gouttes  d'eau.  A  3'' 6™,  l'animal  est  couché  sur  le 
flanc;  à  S*"  25",  il  est  mort. 

»  Deuxième  expérience.  —  Sur  un  chien  vigoureux  du  poids  de  9  livres, 
on  incise  la  peau  de  la  région  supérieure  du  cou,  on  écarte  le  tissu  cellulaire 
de  façon  à  faire  une  petite  cavité,  dans  laquelle  on  introduit  un  granule  du 
même  curare,  de  j  |^  centigramme,  il  était  2^  11™.  Pendant  7  à  8  minutes 
l'animal  n'offre  aucun  phénomène  morbide  ;  à  2^  20",  il  est  couché  sur  le 
flanc,  et  à  2^  25"  il  est  mort. 

»  Puisque  l'agent  employé  n'avait  rien  perdu  de  sa  force,  faut-il  admettre, 
pour  expliquer  son  inefficacité  sur  notre  malade,  que  l'état  tétanique  rend 
l'organisme  réfractaire  à  l'action  du  curare  comme  à  celle  de  l'opium  ?  » 

HïGIÈNE  PUBLIQUE.  —  De  la  pOudre  Corne  et  Demeaux  considérée  au  point  de 
vue  de  [hygiène  publique;  extrait  d'une  Note  de  M.  Bubdel  (i). 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

0  M.  Dumas,  dans  la  séance  du  26  juillet  dernier,  pour  expliquer  le  phé- 
nomène qui  se  produit  dans  la  désinfection  des  matières  par  la  poudre 
Corne  et  Demeaux,  faisait  remarquer  que  si  Fon  admettait  «  que  les  vapeurs 


(i)  Écrit,  par  suite  d'une  signature  peii  lisible,  Burdet  dans  une  préeédcnte  communicar- 
tion  insérée  par  extrait.au  Compte  rendu  de  la  séance  du  2a  août,  p.  ag^. . 


(4o9) 
du  goudron  ozonisent  l'air,  il  ne  faudrait  pas  chercher  ailleurs  que  dans 
h  combustion  prompte  des  miasmes  odorants  produite  par  cet  oxygène 
ozonisé,  la  cause  de  la  destruction  de  l'odeur  putride  des  matières  animales 
en  décomposition.  » 

»  J'ai  désiré  expérimenter  et  vérifier  l'explication  donnée  par  l'éminent 
chimiste.  Voici  le  résultat  de  mes  expériences.  L'ozone,  qui  en  effet  dispa- 
raît toujours  là  où  sont  accumulées  des  matières  en  putréfaction,  reparaît 
lorsque  ces  matières  sont  recouvertes  ou  mélangées  en  quantité  notable 
avec  de  la  poudre  désinfectante.  L'ozonomètre  de  Schoenbein  m'a  démon- 
tré la  vérité  de  cette  assertion  en  passant  successivement  de  o  jusqu'à  7 
et  8  degrés. 

»  Ainsi  dans  le  curage  d'un  canal  d'où  l'on  venait  d'extraire  une  grande 
quantité  de  vase  fangeuse  et  extrêmement  fétide,  et  auprès  de  laquelle  l'ozo- 
nomètre .ne  révélait  aucune  trace  d'ozone,  j'ai  fait  mélanger  et  recouvrir 
cette  vase  de  marne  préparée  au  goudron.  A  l'instant  même  toute  odeur 
marécageuse  disparut,  et  l'ozonomètre,  après  douze  heures,  marqua 
7  degrés. 

»  En  appliquant  cette  opération  au  curage  des  rivières,  des  canaux,  des 
bassins,  ainsi  qu'aux  défrichements  des  étangs  et  des  terrains  marécageux, 
sera-t-il  possible  par  ce  moyen  d'anéantir  et  neutraliser  les  effets  délétères 
toujours  dangereux  qui  sont  la  conséquence  de  l'évaporation  et  de  la  dessic- 
cation des  matières  humides  en  décomposition  qui  reposent  sur  le  sol  ?  Je 
le  crois.  Aidé  de  plusieurs  propriétaires  dont  quelques-uns  habitent  la  So- 
logne et  d'autres  la  partie  du  Berry  où  les  fièvres  paludéennes  sont  endé- 
miques, je  me  propose  de  poursuivre  ces  expérimentations  sur  une  vaste 
échelle,  et  de  faire  part  à  l'Académie  des  Sciences  des  résultats  que  j'ob- 
tiendrai. » 

M.  BoNNAFONT  adrcssc  une  Lettre  ayant  pour  titre  :  «  Sur  le  mélange 
désinfectant  de  pjâtre  et  de  coal-tar,  improprement  nommé  poudre  Corne 
et  Demeaux  » . 

L'auteur  rappelle,  comme  l'avait  déjà  Tait  M.  Etienne  dans  une  Lettre 
mentionnée  au  Compte  rendu  de  la  séance  du  5  de  ce  mois,  la  grande  con- 
formité de  ce  mélange  avec  celui  que  proposait  en  i844  M.  Bayard,  qui 
d'ailleurs  n'avait  point  eu  l'idée  de  l'appliquer  au  pansement  des  plaies. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Velpeau,  J.  Cloqiiet.) , 


(4«o) 

M.  Laignel  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  les  accidents  des 
chemins  de  fer  et  les  deux  principales  causes  auxquelles  il  les  attribue, 
savoir  :  la  préférence  qui  serait  accordée  à  des  freins  d'une  efficacité  in- 
suffisante, et  l'exclusion  trop  absolue  de  petites  courbures  dans  le  tracé 
de  la  voie. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés.) 

CORRESPOND  AIN  CE . 

M.  LE  Ministre  de  la  Guerre  consulte  l'Académie  pour  savoir  si  les 
allumettes  fabriquées  par  le  procédé  de  M.  Canoiiil  n'exposent  pas  à  plus 
de  dangers  que  les  allumettes  au  phosphore  amorphe,  les  seules  dont  en 
ce  moment  l'introduction  dans  les  établissements  mifitaires  ne  soit  pas 
mterdite. 

La  Commission  qui,  d'après  la  demande  de  M.  le  Ministre,  a  été  char- 
gée de  préparer  un  Rapport  sur  cette  question,  a  eu  déjà  occasion  de 
s'occuper  du  procédé  de  M.  Canonil  (Lettre  de  MM.  Paignon  et  Vaudoux, 
séance  du  29  août)  ;  elle  espère  être  très-prochainement  en  mesure  de  sou- 
mettre ce  Rapport  à  l'Académie. 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  le  calcaire  fossilifère  du  fort  de  l'Esseillon,  près  Modane, 
en  Maurienne.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  le  professeur  Ange  Sismonda* 
à  M.  Etie  de  Beaiimont.) 

a  Turin,  le  i5  septembre  iSSg. 

»  J'ai  profité  de  mon  court  séjour  au  fort  de  l'Esseillon  pour  étudier  le 
gisement  du  calcaire  fossilifère  qu'y  a  découvert  M.  de  Vignet,  capitaine  du 
génie  militaire.  M.  Mella,  ingénieur,  directeur  des  travaux  du  tunnel  à  Mo- 
dane,  a  eu  l'obligeance  de  me  faire  voir  le  banc  fossilifère.  Vous  connaissez 
parfaitement  la  contrée ,  cependant  je  me  permettrai  de  vous  rappeler 
quelques  faits  que  nous  y  avons  observés  ensemble,  d'abord  en  i838,  en 
nous  rendant,  avec  notre  savant  ami  M.  Fournet,  de  la  Tarantaise  à  Brian- 
çon  par  Valmeinier  et  le  Tabor;  ensuite,  en  iSSy,  lorsque,  en  allant  au  col 
des  Encombres,  nous  avons  commencé  par  visiter  les  environs  de  Modane 
et  les  préparatifs  pour  la  percée  des  Alpes  de  Modane  à  Bardonnèche, 
dite  perche  dumont  Cehis. 

))  Comme  vous  le  savez  déjà,  les  montagnes  entre  Termignon  et  Modane 


(  4'i  )     ■ 

sont  essentiellement  composées  de  gypse  blanc,  saccaroïde,  en  petites 
couches  très-souvent  contournées  ou  pliées  en  zigzag.  Au  fort  de  l'Esseillon, 
chacune  des  deux  chaînes  de  la  vallée  s'arrange  en  demi-cercle,  de  manière 
à  laisser  un  emplacement  circulaire  comparable  à  un  cratère.  Au  milieu  de 
cette  espèce  d'entonnoir,  se  trouve  le  fort,  bâti  sur  un  monticule  composé  de 
calcaire  cristallin  noirâtre,  mêlé  à  des  couches  de  la  même  substance  de  cou- 
leur cendrée  :  l'un  et  l'autre  calcaire  sont  traversés  par  de  nombreuses  veines 
spathiques.  Une  profonde  et  étroite  fissure,  dans  laquelle  court  l'Arc,  sépare 
ce  monticule  de  la  chaîne  gypseuse  située  à  la  gauche  de  ce  torrent;  mais  il 
est  uni  par  la  base  à  la  chaîne  également  gypseuse  placée  à  la  droite  du 
même  torrent,  de  sorte  que  l'on  voit  clairement  l'union  des  couches  cal- 
caires aux  gypseuses.  S'il  m'était  permis  ici  de  faire  im  rapprochement,  je 
dirais  que  ce  monticule  de  calcaire  est  aux  chaînes  gypseuses  parmi  les- 
quelles il  se  trouve  enclavé,  ce  que  sont  les  nombreux  rognons  et  noyaux 
de  calcaire  aux  couches  gypseuses  qui  les  renferment;  ou,  en  d'autres 
termes,  que  le  calcaire  du  fort  a  échappé  à  l'action  des  agents  métamorpho- 
sants tout  comme  en  furent  respectés  les  noyaux  de  calcaire  et  de  dolomie 
qu'on  remarque  en  abondance  dans  le  gypse  alpin. 

»  Or  c'est  précisément  dans  le  calcaire  dont  est  composé  ce  monticule 
que  M.  de  Vignet  a  trouvé  des  fossiles.  Us  sont  comme  fondus  dans  la 
roche,  de  sorte  qu'on  les  distingue  à  peine  et  presque  uniquement  sur  les^ 
parties  où  elle  a  été  corrodée  par  les  agents  atmosphériques.  Il  est  par  con- 
séquent impossible  d'en  déterminer  les  espèces,  ainsi  que  vous  pourrez  vous 
en  convaincre  par  les  échantillons  que  je  vous  ai  expédiés,  et  qiu  ont  été 
choisis  parmi  ceux  dont  les  empreintes  sont  les  plus  apparentes  et  les  moins 
imparfaites.  Cette  découverte  est  cependant  du  plus  grand  intérêt  pour  la 
science;  car  maintenant  on  est  sûr  que  le  gypse  des  environs  de  l'Esseillon 
est  ce  même  calcaire  métamorphosé,  tandis  que  d'autres  faits  relatifs  à  la 
nature  de  la  roche  et  à  la  stratification  générale  des  montagnes  de  la  vallée 
relient  ce  calcaire  à  celui  du  col  des  Encombres,  dont  l'âge  liassique  est  dé- 
voilé par  une  foule  d'espèces  organiques  dans  un  parfait  état  de  conser- 
vation. 

»  Selon  moi,  on  ne  peut  pas  séparer  la  masse  calcaire  et  gypseuse  des 
montagnes,  entre  Modane  etTermignon,  de  celle  de  l'ouest  de  Saint-Michel, 
quoique  entre  l'une  et  l'autre  existent  les  grès  et  les  conglomérats  avec  an- 
thracite; car,  comme  nous  l'avons  vu  les  deux  fois  que  nous  avons  parcouru 
ensemble  la  Maurienne,  toutes  les  roches,  entre  Saint-Jean-de-Maurienne 
et  le  mont  Ceiiis,  forment  une  voûte  renversée  ou  un  fond  de  bateau^  dont  k? 


(  4ia  ) 
bas  de  courbure  (le  point  synclinal)  est  à  7  kilomètres  environ  à  l'est 
de  Saint-Michel.  Continuant  de  ce  point  à  marcher  vers  l'est  jusqu'à  Mo- 
dane,  on  a  constamment  sous  les  yeux  les  grès  de  l'assise  anthraciteuse 
supérieure,  qui  remplissent  le  fond  de  bateau.  Puis  à  Modane  on  les  voit 
appuyés  contre  le  gypse,  lequel  continue  jusqu'au  fort  de  l'Esseillon,  et 
même  jusqu'au  delà  de  Bramant,  sauf  sur  quelques  points  où  il  est  remplacé 
par  du  calcaire  échappé  au  métamorphisme.  Un  peu  au  delà  de  Termignon 
sort  de  dessous  le  gypse  le  calcaire  schisteux  alternant  avec  le  schiste 
ardoisier. 

»  Si  au  contraire  on  descend  la  vallée,  depuis  le  point  synclinal,  ci-dessus 
mentionné,  jusqu'à  Saint-Jean-de-Maurienne,  on  retrouve  d'abord  les  giès 
anthraciteux  supérieurs,  puis,  à  partir  de  Saint-Michel,  où  finissent  ces  grès, 
le  calcaire  de  temps  à  autre  changé  en  gypse,  et  ensuite  le  calcaire  schisteux 
alternant  avec  l'ardoise;  c'est-à-dire  qu'on  trouve  les  mêmes  roches  qu'entre 
le  point  synclinal  et  le  mont  Cenis,  mais  inclinées  en  sens  opposé.  A  Saint- 
Jean-de-Maurienne  le  calcaire  schisteux  repose  sur  des  roches  cristallines, 
qui  m'ont  paru  être  des  grès,  et  autres  roches  sédimentaires  métamorpho- 
sées. Si  cela  est,  leur  gisement  entre  le  calcaire  liassique  et  le  granité  les 
fait  supposer  du  même  âge  que  les  roches  de  même  nature  qu'on  trouve 
à  Valorcine,  à  Petit-Cœur,  àUgine,  etc.,  etc. 

»  On  observe,  dans  les  deux  parties  ou  branches  de  la  voiite  renversée,  du 
calcaire  métamoiphosé  en  gypse  ;  mais  cette  roche  abonde  cependant  davan- 
tage dans  la  partie  de  la  voûte  relevée  vers  la  chaîne  du  mont  Cenis.  11  est 
vraisemblable  que  cela  tient  au  voisinage  de  la  grande  ligne  de  serpentine 
qui  existe  dans  la  chaîne  centrale  des  Alpes,  roche  qui,  au  fort  de  l'Esseil- 
lon, est  représentée  par  une  espèce  de  butte  d'euphotide,  et  qui  ressort  au- 
dessous  du  col  de  Fréjus,  dans  la  vallée  de  Bardonnèche. 

1)  On  pourrait  conserver  des  doutes  sur  l'intervention  de  cette  roche  dans 
la  métamorphose  du  calcaire  en  gypse;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  quant 
à  son  a<;tion  mécanique,  car  en  bien  des  endroits  elle  a  bouleversé  les  cou- 
ches qu'elle  a  rencontrées  sur  son  passage.  Cela  explique  comment  à  l'Es- 
seillon, autour  de  l'euphotide,  les  couches  du  gypse  et  du  calcaire,  au  lieu 
d'être  relevées  vers  resf,rComme  le  réclamerait  la  place  que  ces  roches  occu- 
pent dans  le  fond  de  bateau,  sont,  suivant  les  endroits,  verticales,  contour- 
nées ou  doucement  relevées  vers  l'oue^/.  Cet  état  de  choses  singulier  cesse 
bientôt,  car  au  delà  de  Bramant,  où  les  deux  chaînes  de  montagnes  se  res- 
serrent et  se  rapprochent,  le  calcaire,  ainsi  que  les  roches  qui  lui  succèdent, 
se  relèvent  de  nouveau  vers  la  chaîne  du  mont  Cenis. 


'     (4'3) 

»  De  tout  ce  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  exposer,  mon  cher  ami,  dans 
cette  trop  longue  Lettre,  il  me  paraît  qu'on  doit  conclure  : 

»  i".  Qu'au  fort  de  l'Esseillon  le  calcaire  est  partiellement  métamorphosé 
en  gypse  ; 

»  2°.  Que  ce  gypse  et  ce  calcaire  ressortent  au  coi  des  Encombres,  où  le 
calcaire  est  très-riche  en  fossiles  liassiques  ; 

M  3".  Que  la  différence  dans  la  proportion  des  fossiles  qu'on  remarque 
entre  les  calcaires  des  susdites  localités  tient  probablement  aux  plus  grandes 
altérations  que  celui  de  l'Esseillon  a  subies,  comme  paraissent  l'indiquer  sa 
structure  et  les  nombreux  noyaux  laminaires,  d'une  forme  rappelant  celle 
de  corps  organisés,  que  l'on  y  remarque  et  qui  manquent  dans  celui  des 
Encombres,  où  les  fossiles  sont  généralement  dans  un  état  de  conservation 
parfait. 

»  En  définitive,  il  me  paraît  que  tous  ces  faits  confirment  de  plus  en  plus 
ce  que  vous  avez  dit  vous-même,  que  dans  les  Alpes  de  la  Savoie  les  terrains 
sédimentaires  supérieurs  aux  conglomérats  de  Valorcine,  d'Ugine,  etc.,  ne 
remontent  pas  à  une  époque  antérieure  au  lias.  » 

ZOOLOGIE.  —  Abondance  des  tigres  dans  l'île  de  Singapore;  extrait  d'une  Lettre 

de  M.  F.  DE  Castei-nau. 

«  Les  grands  Carnassiers  appartenant  au  genre  Felis  sont  devenus,  en 
général,  fort  rares  sur  la  surface  du  globe.  Ainsi  pendant  mon  expédition 
dans  l'Amérique  du  Sud,  qui  a  duré  cinq  ans,  et  qui  m'a  fait  traverser 
deux  fois  ce  continent,  je  n'ai  rencontré  et  vu  que  deux  jaguars,  bien  que 
j'en  aie  entendu  plusieurs  autres.  Dernièrement,  dans  mes  voyages  dans  l'in- 
térieur du  cap  de  Bonne-Espérance  et  en  Cafrerie,  je  n'ai  vu  ni  entendu 
aucun  iion.  Dans  toutes  ces  régions  l'on  n'entend  presque  jamais  parler 
d'accidents  causés  par  ces  animaux,  mais  il  en  est  autrement  du  tigre  royal 
à  Singapore  et  dans  l'Indo-Chine. 

»  Dans  la  petite  île  que  je  viens  de  citer  et  d'où  j'écris  cette  Lettre,  la  sta- 
tistique de  la  police  constate  qu'en  moyenne  un  homme  est  dévoré  chaque 
jour  par  ces  terribles  animaux,  et  comme  les  Chinois  et  les  Malais,  qui  sont 
presque  les  seules  victimes,  ne  rapportent  que  très-rarement  aux  magistrats 
la  disparition  de  leurs  camarades,  on  peut,  sans  crainte  d'exagération,  présu- 
mer qu'environ  sept  cents  personnes  sont  dévorées  chaque  année  dans  une 
seule  île  qui  n'a  que  quelques  lieues  de  superficie. 

C.«.,  iSôg,  2'»«  Semejlr*.  (T.XUX,  N»12.)    •    ^liiq    ::  55 


(  4i4  ) 

»  Le  fait  le  plus  curieux  est  que  lorsque  les  Anglais  s'établirent  à  Singa- 
pore,  il  y  a  environ  quarante  ans,  il  passait  pour  constant  parmi  les  pé- 
cheurs malais  qui  l'habitaient  qu'aucun  tigre  n'y  avait  jamais  été  vu,  et  en 
f'ffet  pendant  les  cinq  ou  six  premières  années  aucun  ne  parut;  mais,  con- 
trairement à  ce  que  l'on  aurait  dû  supposer,  à  mesure  que  l'île  obtint  une 
population  considérable,  elle  reçut  en  même  temps  une  nombreuse  émigra- 
tion de  tigres  qui  traversent  à  la  nage  le  détroit  de  Malacca.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Effets  produits  par  une  trombe  aux  environs  de 
Coutances  [Manche);  extrait  d'une  Lettre  de  M.  l'abbé  Ginard. 

«  Un  coup  de  vent  extrêmement  violent  et  tout  à  fait  extraordinaire  dans 
ses  effets,  a  eu  lieu  lundi  dernier,  la  septembre,  sur  la  commune  d'Agon 
et  de  Tourville,  près  Coutances  (  Manche  ),  et  je  crois  devoir  vous  en  écrire 
avec  quelques  détails,  surtout  à  cause  des  conséquences  qui  paraissent  en 
résulter.  Le  temps  était  très-couvert;  les  nuages  paraissaient  fort  agités  : 
tout  à  coup,  vers  1 1  heures  du  soir,  un  courant  d'une  violence  inouïe, 
partant  de  la  mer  dans  une  largeur  d'environ  i5o  mètres,  se  dirige  vers  l'est 
dans  une  longueur  de  4  à  5,ooo  mètres.  Il  brise  et  enlève  tout  ce  qu'il  ren- 
contre sur  son  passage.  Un  grand  nombre  d'arbres  sont  déracinés,  et  ce 
qu'il  y  a  de  plus  étonnant,  c'est  qu'ils  ont  été  enlevés  ou  du  moins  parais- 
sent avoir  été  enlevés  par  une  force  venant  d'en  haut,  par  une  espèce  de 
palan  placé  directement  au-dessus  de  leurs  cimes,  et  qu'ils  ont  été  trans- 
portés, probablement  dans  cette  position  ou  situation,  les  uns  à  lo,  les 
autres  à  ao,  les  autres  à  5o,  et  quelques-uns  même  peut-être  à  loo  mètres 
du  lieu  où  ils  étaient  plantés,  en  suivant  toutefois  la  direction  du  nuage 
de  l'ouest  à  l'est.  Je  viens  de  visiter  ces  désastres  :  quelques-uns  des  arbres 
paraissent  comme  sciés  à  quelques  décimètres  du  sol,  ou  comme  ayant  leurs 
filaments  désemboîtés  et  absolument  comme  si  une  force  d'une  puissance 
immense  les  avait  attirés  impérieusement  par  l'espèce  de  palan  dont  je  vous 
ai  déjà  parlé.  Un  mur,  se  trouvant  sur  le  passage  de  cette  espèce  de  trombe 
ou  coup  de  vent,  avait  plusieurs  piliers  en  pierres  de  taille  fort  pesants,  ter- 
minés par  un  chapiteau  plat,  parfaitement  horizontal,  et  ces  piliers  ont  été 
enlevés  comme  les  arbres  dont  je  viens  de  vous  parler,  et  transportés  assez 
loin  du  lieu  où  ils  se  trouvaient.  Il  faut  remarquer  qu'entre  ces  piliers  se 
trouvaient  des  balustrades  dont  les  barreaux  se  terminaient  en  pointe, 
balustrades  que  le  moindre  effort  pourrait  enlever  et  qu'elles  n'ont  nulle- 
ment été  dérangées  de  leur  place.  Une  maison  se  trouvant  également  dan» 


(4.5) 

la  direction  du  coup  de  vent,  a  eu  sa  toiture  complètement  enlevée  d'un 
côté  et  transportée  avec  toute  sa  boisellerie,  ou  du  moins  la  plus  grande 
partie  de  sa  boisellerie  toute  couverte,  à  plusieurs  centaines  de  mètres  de 
distance.  Il  faut  remarquer  que  la  côtière,  qui  se  trouvait  dans  la  direction 
du  vent  et  qui  recevait  une  pluie  battante  sur  sa  couverture  en  paille, 
n'a  nullement  été  attaquée,  tandis  que  celle  qui  était  au  côté  opposé  et  qui 
n'avait  presque  pas  reçu  de  pluie,  a  été,  comme  je  vous  l'ai  dit,  complè- 
tement enlevée. 

»  En  examinant  attentivement  ces  résultats  si  extraordinaires,  je  suis 
convaincu  que  l'électricité  a  joué  ici  le  principal  rôle,  et  je  prends  la  har- 
diesse de  vous  soumettre  la  manière  dont  j'ai  expliqué  déjà  plusieurs  fois 
des  faits  pareils.  Un  nuage  chargé  d'une  espèce  d'électricité,  avec  luie  ten- 
sion extrêmement  puissante,  se  trouve  tout  près  de  la  terre  et  marche  avec 
une  très-grande  vitesse;  il  décompose  l'électricité  naturelle  qui  se  trouve 
dans  les  objets  sur  lesquels  il  passe  ;  ceux  de  ces  objets  qui  sont  terminés 
par  des  pointes  ou  qui  sont  assez  humides  pour  lui  fournir,  au  moyen  de 
ces  mêmes  pointes  ou  de  leur  humidité,  l'électricité  qui  lui  manque  ou  dont 
il  a  besoin  pour  redevenir  à  l'état  naturel,  restent  à  leur  place  et  n'éprou- 
vent aucun  de  ces  terribles  effets,  tandis  que  ceux  qui  sont  terminés  par  une 
espèce  de  plate-forme,  comme  les  piliers  dont  je  vous  ai  parlé,  ou  ceux 
qui  n'ont  pas  assez  d'humidité  pour  laisser  couler  l'électricité  dont  le  nuage 
a  besoin,  sont  enlevés  ou  aspirés  par  ce  même  nuage  et  transportés  d'une 
manière  tout  à  fait  extraordinaire.  Si  mon  explication  était  vraie,  on  en 
pourrait  peut-être  même  tirer  des  conséquences  utiles  et  propres  à  prévenir 
quelquefois  d'aussi  terribles  effets,  o 

M.  Smyth  (Peter)  adresse  de  Dublin  luie  Lettre  concernant  un  système  de 
navigation  aérienne  qu'il  désirerait  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
des  Sciences,  mais  sur  lequel  il  ne  donne,  cette  fois,  aucun  détail. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats  qui  jugera  s'il  y  a  lieu  de 
demander  à  l'auteur  de  plus  amples  renseignements.) 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


(4i6  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  19  septembre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Réflexions  nouvelles  sur  deux  Mémoires  de  Lagrange  publiés  en  i  ^69  dans 
le  tome  IV  des  Miscellanea  Taurinensia;  par  Jean  Plana.  Turin,  iSSg; 
br.  in-4°. 

Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  de  Physique  et  d Histoire  naturelle  de 
Genève,  de  juillet  i858  à  juin  iSSg,  lu  à  ta  séance  de  cette  Société  du 
Zo  juin  1859;  par  M.  Je  prof.  De  La  Rive,  président.  Genève,  iSSg;  br. 
in -4°. 

Mémoire  sur  la  glycérine  et  ses  applications  à  la  chirurgie  et  à  la  médecine; 
par  M.  Demarquay.  Paris,  1859;  br.  in-8°. 

De  l'alcool  et  des  composés  alcooliques  en  chirurgie  ;  par  MM.  J.-F.  Bathailhe 
et  Ad.  GuiLLET,  a*  édit.  contenant  une  Lettre  de  M.  Le  Cœur.  Paris,  1869; 
br.  in-8". 

Annales  de  la  Société  d' Emulation  du  département  des  Vosges  ;  t.  X,  1"  cahier, 
i858.  Épinal,  iSSg;  br.  in-8°. 

Rapport  sur  les  travaux  du  conseil  central  de  salubrité  et  des  conseils  d'arron- 
dissement du  département  du  Nord  pendant  Cannée  i858;  n"  17.  Lille,  i85g; 
I  vol.  in-B". 

Répertoire  des  travaux  de  la  Société  de  Statistique  de  Marseille ,  publié  sous  la 
direction  de  M.  P. -M.  Roux,  secrétaire  perpétuel  ;  t.  XX  (5*  de  la  5''  série). 
Marseille,  1867;  in-8°. 

Nuovi. . .  Nouveaux  principes  de  physiologie  végétale  appliqués  à  [agriculture; 
par  le  D'  G.  Cantoni.  Milan,  1869;  b.  in-8°. 

Atlas...  Atlas  céleste  dressé  pour  le  commencement  de  [année  i855,  d'après 
les  observations  de  l'observatoire  royal  de  Ronn,  par  M.  ArGELANDER;  2*,  3* 
et  4"  livraisons;  in-folio  oblong. 

Verhandlungen. . .  Travaux  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Bâle; 
\Y  vol.,  3«  et  IC  livraisons.  Bâle,  iSSg;  in-S". 


COMPTE  RENDU 


DES  SÉANCES 


DE  L'ACADÉMIE  DES  SCMCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  SEPTEMBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  CHASLES. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


NÉCROLOGIE.  —  Constatation  de  la  mort  de  sir  3.  Franklin^  Correspondant  de 
l'Académie  (Section  de  Géographie  et  de  Navigation);  Note  adressée 
par  M.  DuPERKEY,  doyen  de  la  Section. 

«  Le  capitaine  M'Clintock,  de  la  marine  royale,  commandant  le  Fox, 
yacht  à  vapeur  armé  par  lady  Franklin  en  i858,  est  de  retour  en  Angleterre. 
Ce  capitaine  écrit  à  l'Amirauté,  sous  la  date  du  22  septembre  iSSg,  que  l'un 
de  ses  lieutenants,  M.  Hobson,  a  trouvé  à  la  pointe  Victory,  sur  la  côte 
nord-ouest  de  l'île  du  roi  Guillaume  IV,  un  Mémoire,  en  date  du  aS  avril 
1 84B,  signé  des  capitaines  Crozier  et  Fitz-James.  Ce  Mémoire  annonce,  entre 
autres  faits  qui  seront  très-incessamment  publiés,  que  sir  John  Franklin  est 
mort  le  1 1  juin  1847,  que  les  bâtimentsde  S.  M.  Erebus  et  Terror  avaient  été 
abandonnés  dans  les  glaces  le  22  avril  1848,  à  cinq  lieues  dans  le  nord- 
nord-ouest  de  la  pointe  Victory,  et  que  les  personnes  survivantes  à  cette 
époque  au  nombre  de  io5,  sous  les  ordres  du  capitaine  Crozier,  se  diri- 
geaient vers  la  grande  rivière  des  Poissons. 

»  Sir  John  Franklin  avait  été  élu  Correspondant  de  l'Académie  (Section 
de  Géographie  et  de  Navigation)  le  26  janvier  i846.  » 

C.   R.,   1859,  jme  Semestre.  (T.    XI.IX,   N»  13.)  56 


(4i8) 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  courbure  des  surfaces;  par  M.   Babinet. 

«  Si,  sur  un  cercle,  à  partir  d'un  point  quelconque,  on  prend  un  arc  s, 
la  courbure  de  cet  arc  sera  mesurée  par  l'angle  (p  que  font  entre  elles  les 
deux  tangentes  extrêmes,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  à  l'angle  égal  que 
font  entre  eux  les  rayons  menés  aux  deux  extrémités  de  l'arc  de  cercle.  I.a 
mesure  trigonométrique  de  cet  angle  pour  le  rayon  i  sera 


r  étant  le  rayon  du  cercle.  S'il  s'agit  d'une  courbe  quelconque  dont  /•  soit 
le  rayon  du  cercle  osculateur  au  point  que  l'on  considère,  on  aura 

,  (is 

ou  bien 

rftp I 

ds        r 

Ainsi  la  courbure  '-^  sera  mesurée  par  la  réciproque  du  rayon  du  cercle 

osculateur.  Il  n'y  a  rien  de  nouveau  dans  cela. 

i>  Si  l'on  réfléchit  à  ce  qui  fait  que  le  cercle  diffère  de  la  tangente,,  on  sera 
conduit  à  en  mesurer  la  courbure  par  l'espace  de  contingence  compris  entre 
le  cercle  et  la  tangente,  en  limitant  cet  espace  à  une  distance  très-petite  £  à 
partir  du  point  de  contact.  Cet  espace  ayant  une  base  très-petite  £  et  une 

hauteur  maximum  —  sera  évidemment  une  quantité  petite  du  troisième  or- 
dre. Soit  X  une  distance  petite  prise  à  partir  du  point  de  contact,  l'élément  de 
la  surface  de  contingence  aura  pour  mesure  dx  multiplié  par  la  hauteur  — , 

qui  est  la  distance  du  cercle  à  la  tangente,  et,  en  intégrant  de  o  à  s  l'ex- 
pression 

dxx—i 

2r 


on  aura 


e      I 
«  X  - 

O  r 


La  courbure  ainsi  définie  serait  doTic,  comme  à  l'ordinaire,  mesurée  par  la 


^ 


(  4i9  ) 
réciproque  du  rayon,  si  c'est  un  cercle,  ou  par  la  réciproque  du  rayon  du 
cercle  osculateur,  si  c'est  une  courbe  quelconque. 

u  On  prend  aussi  pour  mesure  de  la  courbure  d'une  sphère  l'expres- 
sion ^5  S  étant  le  rayon  de  cette  sphère  ;  car,  quel  que  soit  le  nombre  des 

sections  normales,  toutes  ont  la  même  courbure  -• 

»  Si  dans  une  surface  quelconque  on  fait  deux  sections  normales  par 
des  plans  rectangulaires  entre  eux,  tout  le  monde  sait  que  l'on  a 

I       I        I        I 

ret  r'  étant  les  rayons  de  courbure  des  sections  ainsi  opérées,  et  R  et  R'  les 
rayons  maxima  et  minima  de  courbure  pour  des  sections  normales  dont 
les  plans  sont  de  même  rectangulaires  entre  eux. 

»  J'ai  trouvé  que  si  l'on  fait  trois  sections  normales  dont  les  plans  soient 
à  120  degrés  l'un  de  l'autre  et  divisent  ainsi  en  trois  parties  l'espace  qui 
entoure  la  normale,  on  a 


i{y^p-^7)  =  '^{k-^w)' 


r,  r',  r"  étant  les  rayons  de  courbure  des  trois  sections  dont  les  plans  sont 
équidistants.  ■;  -:  >  ■-;•  • 

»  Si  autour  de  la  normale  on  mène  m  plans  équidistants  donnant  m 
sections  ayant  pour  rayons  de  courbure  r,  r',  r",  r'",  . ..,  r'""'',  on  a  de 
même 

c'est-à-dire  que  la  moyenne  d'un  nombre  quelconque  de  réciproques  des 
rayons  de  courbure  de  m  sections  à  plans  équidistants  autour  de  la  normale 
est  toujours  égale  à  la  moyenne  des  deux  réciproques  des  rayons  princi- 
paux de  courbure.  Pour  une  sphère  de  rayon  S,  on  a  ,  . 

puisque  R  =  R'  =  S. 

»  Si  la  surface  a  deux  courbures  opposées,  il  faut  substituer  „  ~  ^ 


»5+r 


56. 


(  4ao  ) 

»  Je  dois  à  notre  confrère  M.  Duhamel  de  m'avoir  fourni  la  démonstra- 
tion de  ce  théorème. 

»  En  suivant  les  mêmes  inductions  que  pour  la  sphère,  on  sera  conduit 
à  mesurer  la  courbure  d'une  surface  convexe  par 


ou  bien  par 


s'il  s'agit  d'une  surface  à  deux  courbures  opposées,  comme,  par  exemple,  la 
surface  d'un  tore  le  long  de  son  cercle  de  gorge. 

»  On  arrivera  pour  la  sphère  à  la  même  mesure  si  l'on  veut  prendre 
pouV  définition  de  sa  courbure  l'espace  de  contingence  compris  entre  la 
sphère  et  son  plan  tangent,  d'après  l'idée  que  cet  espace  constitue  la  diffé- 
rence qu'il  y  a  entre  un  plan  et  celte  surface.  Cet  espace,  étant  limité  à 
une  petite  distance  e  du  point  de  contact,  aura  pour  base  un  cercle  na*  et 

une  hauteur  maximum  égale  à  —  (S  étant  le  rayon  de  la  sphère).  Il  sera 

donc  une  quantité  petite  du  quatrième  ordre. 

»  Un  élément  différentiel  de  ce  volume,  pris  à  une  distance  x  du  point  de 

contact, aura  pour  base  inxdx,  et  pour  hauteur  — ;  sa  solidité  sera  donc 
nx^  dx  -•  Cette  expression  intégrée  de  zéro  à  s  est 

'  4    ' 

»  La  courbure  de  la  surface  ainsi  mesurée  est  donc,  comme  à  l'ordinaire, 

proportionnelle  à  la  réciproque  ^  du  rayon  de  la  sphère. 

M  II  reste  à  faire  voir  que  pour  une  surface  quelconque  l'espace  de  con- 
tingence est  proportionnel  à 

2  \R  "*"  R' 

))  Si  la  courbure  était  constante  tout  autour  du  point  de  contact,  on  aurait 
comme  tout  à  l'heure  pour  l'élément  de  ce  volume  de  contingence 

znxdx  — 

2r 


(  4^1  ) 

Pour  lie  prendre  ce  voliiine  qu'entre  deux  plans  normaux  faisant  un  petit 
angle  da.  entre  eux,  il  faut  diminuer  cette  expression  dans  le  rapport  de 
da.  à  2  7T,  et  l'on  obtient 


Mais  on  sait  que  l'on  a 


daxdcc  ^• 


—  cos''a  +  ^7  sur  a 


(  a  étant  l'angle  qu'une  section  normale  quelconque  fait  avec  le  plau  qui 
donne  la  section  dont  R  est  le  rayon  de  courbure),  il  faudra  donc  intégrer 
depuis  X  =  o  jusqu'à  x  =  J^  et  depuis  a  =  o  jusqu'à  a  =  a  n.  La  première 

intégration  donne  ^  —  >  ou  bien  -s  ^^  il.  cos"  «  +  g7  sin"  a  ) • 

»  L'intégrale  complète  par  rapport  à  a  est 

8     5  ~  (  û'  +  sin  a  cos  a  j  +  ^/  -  \'^~  si"  «  cos  a  )  U 

l'intégrale  prise  dea  =  oàa=2nse  réduit  à 

ou  bien 

En  y  faisant  R=  R'  =  S  pour  retrouver  la  sphère,  on  retombe  sur 


comme  précédemment. 

»  Nota.  Indépendamment  de  toute  application  à  la  mesure  de  la  cour- 
bure des  surfaces,  le  théorème  qui  résulte  de  cetle  Note  est  le  suivant  : 

»  L'espace  de  contingence  compris  entre  une  surface  et  son  plan  tangent  est 
proportionnel  à  la  moyenne  des  réciproques  des  deux  rayons  de  courbure  de 
deux  sections  normales  à  plans  rectangulaires  entre  eux. 

»  En  général, une  surface  n'admet  point  de  sphère  osciilatriee  en  un  point 
quelconque,  mais  si  l'on  ehercUe  les  deux  sections  conjuguées  qui  auraient 
deux  rayons  de  courbure  égaux,  on  pourra  faire  passer  une  sphère  par  les 


(  4"  ) 

deux  cercles  ainsi  déterminés,  et  cette  sphère  aura  la  même  courbure  que  la 

surface. 

»  Soit  r'  —  r,  et  par  suite 


ou 


bien 


III  I 

7  +  7  =  R  "^  R'' 


7-i  (r+r')' 


r  ainsi  déterminé  sera  le  rayon  de  la  sphère  d'égale  courbure. 
»  Pour  un  cylindre  d'égale  courbure  on  aurait 


2  \f  "^  00  j       2  VR  "*"  ^, 


d'où 

I        I         I 
7  ~  R  "^  R^ 


Ce  qui  est  plus  curieux,  c'est  de  voir  comment  est  placé  le  système  rectan- 
gulaire des  sections  normales  qui  donnent  deux  rayons  de  courbure  égaux. 
On  a  alors 


mais 


2  1  1 

7  ~  r"^  R^' 


I  I  ,  1-3 

-  =  —  cos*  a  4-  ^,  sin"  a  -, 


donc 
ou  bien 

II  II  a      /"  I  '  \ 

2  R        a  R'  \R       R'; 

d'où 

cos*a=  -    et    a  =  45°- 

2 

Ainsi,  dans  une  surface  convexe,  les  deux  sections  qui  donnent  des 
rayons  de  courbure  égaux  sont  intermédiaires  aux  deux  sections  princi- 
pales. 


(  4ti3  ) 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  surfaces  k  courbures  opposées.  Dans 
la  direction  où  la  surface  coupe  son  plan  tangent  on  a 


I 


r=co     et     -  z=  o  =  :^cos'cx.  — —.sin^a., 

r  R]  R'  ' 

ou  bien 


R' 

tang«a  =  ^, 


d'où 

ta 


lautre  section  rectangulaire- aurait  un  rayon  de  courbure  /-'  donné  par 
^  =  :^cos''(9o<>  +  a)  -^sin»(9o''  +  a), 


ou  bien 


1  1-2  '  i 

;;7  =  B;sui»a  — -cos^'a. 


Cette  équation,  jointe  à  la  précédente 


donne 


o  =  —  cos*  a  —  ît;  sni*  a  > 


I   1  1 

/~R  ~  r7' 


OÙ  r'  n'est  pasinfini,  excepté  pour  R=  R'.  Ainsi  les  deux  sections  à  cour- 
bure nulle  ne  sont  pas  rectangulaires  entre  elles. 

»  Si  l'on  voulait  l'angle  a'  que  la  deuxième  section  à  courbure  nulle  fait 
avec  la  section  principale  ayant  R  pour  rayon  de  courbure,  on  aurait 


I 


j^„„s=a'      j^,-" 


o  =  —  cos  a:  ~—, %\\r a  , 


ce  qui  donnerait 


R' 
tang'a'  =  — ?     d'où     a' ^  a. 


La  surface  couperait  donc  son  plan  tangent  suivant  deux  directions  faisant  de 
part  et  d'autre  de  la  section  principale  qui  don  ne  R  des  angles  égaux  +  a  et  —  a, 

ayant  pour  tangentes  ±:  i/-jr*  Elle  serait  du  même  côté  du  plan  tangent 


(  424  ) 

que  le  centre  du  rayou  de  courbure  R  depuis  la  section  principale  qui  donne 
ce  rayon  de  courbure  jusqu'à  des  angles  a  de  part  et  d'autre  de  cette  section, 
et  depuis  l'angle  180"  —  a.  jusqu'à  180°  4-  a  à  partir  de  la  même  direction. 
Dans  les  directions  intermédiaires,  savoir  depuis  a  jusqu'à  180°  —  a,  et 
depuis  180"  +  a  jusqu'à  36o°  —  a,  la  surface  serait  de  l'autre  côté  du  plan 
tangent.  Ces  quatre  espaces  angulaires  ne  sont  égaux  que  pour  R  =:  R'  qui 
donne  a  =  45°-  C'est  le  cas  d'un  tore  engendré  par  un  cercle  tournant 
autour  d'un  cercle  de  même  rayon.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Auwre  boréale  du  29  août  1 85g  ;  Lettre  de  M.  Auc.  de  la 

Rive  à  M.  de  Senarmont. 

«  Les  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  du  29  aoiàt  et  du  5  sep- 
tembre contiennent  des  observations  intéressantes  de  M.  Coulvier-Gravier 
et  de  M.  Bergon  sur  l'aurore  boréale  qui  s'est  montrée  dans  la  nuit  du  28  au 
29  août,  et  sur  les  circonstances  qui  l'ont  accompagnée.  Permettez-moi  de 
faire  remarquer  à  l'Académie  l'accord  frappant  qui  existe  entre  les  phéno- 
mènes observés  et  la  théorie  électrique  de  l'aurore  boréale  que  j'ai  donnée 
en  1849  pour  la  première  fois  (r),  et  plus  tard  dans  mon  Traité  d'Électri- 
cité (2),  et  dont  j'ai  eu  encore  l'occasion  d'entretenir  récemment  l'Acadé- 
mie dans  sa  séance  du  3o  mai  dernier  (3). 

»  Dans  cette  théorie,  dont  je  résume  ici  les  principaux  traits,  les  vapeurs 
qui  s'élèvent  constamment  des  mers  et  principalement  des  mers  équatoriales, 
emportent  avec  elles  dans  les  régions  supérieures  de  l'atmosphère  une 
quantité  considérable  d'électricité  positive  à  laquelle  elles  servent  de  véhi- 
cule, laissant  dans  la  partie  solide  du  globe  l'électricité  négative.  J'ai  indi- 
qué, dans  mon  Traité,  l'origine  probable  de  cette  électricité;  je  me  borne 
ici  à  constater  son  existence  qui  est  un  fait  acquis  à  la  science.  Chassées  vers 
les  pôles  boréal  et  austral  par  les  vents  alizés  qui  régnent  constamment  de 
l'équateur  aux  pôles  dans  les  parties  de  l'atmosphère  les  plus  éloignées  de 
la  terre,  ces  vapeurs  y  portent  avec  elles  leur  électricité  positive,  et  consti- 
tuent ainsi  toute  l'atmosphère  dans  un  état  électrique  positif  qui  va  en  dimi- 
nuant de  haut  en  bas.  Il  y  a  une  tendance  constante  à  la  neutralisation  entre 
cette  électricité  positive  de  l'atmosphère  et  la  négative  de  la  terre  ,  neutrali- 


(i)   Comptes  rendus  àe  l'Acaclomio  des  Sciences  (1849),  t.  XXIX,  p.  \il. 

(2)  Traite  de  l'Electrieité  théorique  et  appliquée,  t.  III,  p.  281  et  suiv. 

(3)  Comptes  rendus  de  l'Acaticmie  des  Sciences  (iSSg),  t.  XLIX,  p.  101 1. 


(  4^5  ) 
sation  qui  s'opère,  soit  directement  à  travers  la  couche  d'air  elle-même, 
soit  surtout  aux  deux  pôles  où  viennent  converger  et  se  condenser  les  cou- 
rants de  vapeurs  entraînés  par  les  vents.  Le  premier  mode  de  neutralisation 
est  plus  ou  moins  actif  suivant  le  degré  plus  ou  moins  grand  d'humidité 
de  l'air,  et  il  se  manifeste  souvent  sous  forme  d'orages  et  par  la  chute  de  la 
foudre.  Le  second,  qui  est  le  mode  normal,  donne  lieu  aux  aurores,  qui  ne 
sont  en  général  visibles  que  dans  les  régions  polaires.  L'aurore  boréale  n'est 
donc  que  la  décharge  électrique,  conséquence  de  ce  mode  de  neutralisation, 
assez  intense  pour  être  lumineuse  et  affectant  une  forme  et  un  mouvement 
particuliers  sous  l'influence  du  pôle  magnétique  de  la  terre. 

»  L'aurore  boréale  du  29  août  a  ceci  de  remarquable,  c'est  qu'elle  est 
un  exemple  excessivement  rare  de  l'apparition,  à  une  époque  encore  peu 
avancée  de  l'année,  d'une  aurore  aussi  considérable.  C'est  une  conséquence 
naturelle  de  la  sécheresse  exceptionnelle  qui  a  régné  cet  été  dans  toute 
l'Europe.  L'absence  presque  complète  d'humidité  dans  l'air  a  empêché  que 
l'électricité  positive,  constamment  apportée  par  les  vapeurs  dans  les  régions 
supérieures  de  l'atmosphère,  pût  se  neutraliser  directement  dans  une  pro- 
portion un  peu  considérable  avec  l'électricité  négative  de  la  terre,  et  s'écou- 
ler ainsi  verticalement,  pour  ainsi  dire.  Il  en  est  résulté  que  cette  électricité 
accumulée  a  produit  une  décharge  vers  le  pôle  boréal  beaucoup  plus 
intense  et  beaucoup  plus  hâtive  qu'à  l'ordinaire. 

»  Maintenant,  si  nous  rapprochons  les  détails  de  la  description  donnée  par. 
M.  Coulvier-Gravier,  de  ce  qui  se  passe  dans  de  l'air  très-raréfié  où  l'on  fait 
arriver  une  succession  de  décharges  électriques  sous  l'influence  d'un  fort 
pôle  magnétique  central,  il  est  impossible  de  ne  pas  voir,  dans  le  phénomène 
artificiel,  une  représentation  en  miniature,  il  est  vrai,  mais  parfaitement 
exacte,  du  phénomène  naturel.  Formes,  couleurs,  mouvements  de  la  nappe 
lumineuse,  variations  dans  son  apparence,  tout  est  identique.  Le  mouve- 
ment de  l'ouest-sud-ouest  à  l'est-nord-est,  observé  par  M.  Coulvier-Gra- 
vier, est  exactement  celui  que  doivent  imprimer  à  des  coiu'ants  électriques 
dirigés  du  sud  au  nord,  dans  de  l'air  raréfié,  le  pôle  magnétique  nord  du 
globe  ou  des  courants  terrestres  cheminant  de  l'est-nord-est  à  l'ouest-sud- 
ouest,  comme  on  les  admet  dans  la  théorie  d'Ampère.  Rien  de  plus  facile 
que  de  reproduire  artificiellement  en  petit  le  phénomène  naturel  jusque 
dans  ses  moindres  détails,  ainsi  que  j'ai  eu  l'occasion  de  le  montrer  à  quel- 
ques Membres  de  l'Académie,  le  printemps  dernier. 

»  Les  effets  observés  sur  les  télégraphes  électriques  ne  sont  pas  une  con- 

C.  R.,  1859,  2""'  Semestre.  (T.  XLIX ,  N»  15.)  Sy 


(  4^6  ) 
séquence  moins  rigoureuse  de  la  théorie.  Quand  la  décharge  a  heu  au  pôle 
entre  l'atmosphère  positive  et  la  terre  négative,  deux  courants  doivent  né- 
cessairement se  manifester,  l'un  dans  les  régions  supérieures  de  l'atmos- 
phère, visible  vu  la  nature  du  milieu  dans  lequel  il  se  propage,  l'autre  dans 
la  croûte  solide  de  notre  globe,  qui  ne  peut  pas  donner  naissance  à  aucune 
apparence  lumineuse,  mais  qui  peut  être  rendu  sensible  par  son  action  sur 
l'aiguille  aimantée,  comme  cela  résulte  des  nombreuses  observations  d'Arago. 
Les  fils  télégraphiques  ont  fourni  un  nouveau  moyen  d'accuser  la  présence 
de  ce  second  courant  :  en  effet,  un  long  fil  métallique  en  communication  par 
ses  deux  extrémités  avec  le  sol  doit  en  dériver  une  portion  ;  et  si  dans  le 
circuit  de  ce  fil  se  trouve  un  appareil  capable  d'accuser  la  présence  de  l'élec- 
tricité en  mouvement,  comme  le  sont  les  appareils  télégraphiques,  il  est 
évidentque  cet  appareil  sera  mis  en  action,  ainsi  que  cela  a  été  générale- 
ment observé  pendant  l'apparition  de  l'aurore.  Il  y  a  plus  :  M.  Bergon  à 
remarqué  que  le  courant  perçu  était  d'autant  plus  fort,  que  le  fil  télégra- 
phique était  plus  long,  c'est-à-dire  qu'il  y  avait  plus  d'espace  entre  les  deux 
points  de  dérivation,  ce  qui  est  parfaitement  d'accord  avec  la  loi  des  cou- 
rants dérivés.  11  a  encore  observé  que  c'était  dans  les  fils  télégraphiques 
ayant  la  direction  générale  du  sud  au  nord  que  l'effet  était  de  beaucoup  le 
plus  prononcé,  tandis  qu'il  était  peu  sensible  dans  ceux  dirigés  de  l'est  à 
l'ouest;  ce  qui  doit  être  en  effet  le  cas,  puisque  les  courants  que  perçoi- 
vent les  fils  cheminent  dans  la  terre  de  l'équateur  aux  pôles,  et  par  consé- 
quent du  sud  au  nord  dans  notre  hémisphère.  Cela  n'empêche  pas,  vu 
l'irrégularité  de  la  conductibilité  électrique  des  différentes  parties  de  la 
couche  terrestre,  qu'on  ne  puisse  percevoir  quelques  traces  de  courants 
dérivés  par  des  fils  dirigés  de  l'est  à  l'ouest,  d'autant  plus  que  celte  direc- 
tion n'est  jamais  parfaitement  rigoureuse;  mais  du  reste  ces  courants  sont 
très-faibles. 

»  Malheureusement  le  sens  des  courants  transmis  par  les  fils  télégraphi- 
ques n'a  pu  être  indiqué  exactement;  il  résulte  seulement  des  observations 
de  M.  Bergon  que  ce  n'étaient  pas  de  simples  décharges  instantanées,  mais 
bien  de  véritables  courants  continus  qui  étaient  perçus.  C'est  déjà  la  remar- 
que qu'avaient  faite  M.  Matteucci  en  Toscane  et  M.  Highton  en  Angle- 
terre, qui  avaient  signalé,  il  y  a  quelques  années,  laperturbafion  considérable 
dans  le  jeu  des  télégraphes  électriques  qui  accompagne  l'apparition  de 
l'aurore  boréale ,  perturbation  dont  la  nature  indique  la  présence  dans  les 
fils  télégraphiques  d'un  courant  électrique  étranger  et  continu.  Ce  caractère 
du  phénomène,  généralement  observé,  constitue  une  différence  essentielle 


(  427  ) 
entre  l'action  de  l'aurore  et  celle  qui  est  exercée  par  de  simples  orages,  la- 
quelle n'est  que  locale  et  instantanée.  Ainsi  il  a  été  généralement  remarqué 
dans  toutes  les  lignes  télégraphiques  suisses  que,  tandis  que  l'influence  d'un 
orage  fait  marquera  l'appareil  de  Morse  de  simples  points,  celle  de  l'aurore 
du  29  août  lui  faisait  tracer  des  traits  plus  ou  moins  longs  :  preuve  de  la  plus 
longue  durée  du  passage,  dans  les  fils,  de  la  décharge  électrique. 

»  M.  Bergon  a  observé  encore  que,  tout  en  étant  continus,  les  courants 
éprouvaient  d'assez  fortes  oscillations  dans  leur  intensité,  et  changeaient 
quelquefois  de  sens  après  être  devenus  nuls.  Or  ces  variations  d'intensité 
tiennent  à  la  nature  d'une  portion  du  milieu  conducteur,  savoir  la  portion 
formée  par  l'atmosphère,  laquelle,  surtout  dans  le  voisinage  de  la  terre, 
varie  à  chaque  instant  de  densité,  d'humidité  et  même  de  température,  et  ne 
peut,  par  conséquent,  propager  l'électricité  à  la  ïaçou  d'un  conducteur  par- 
fait. Il  doit  donc  y  avoir  de  grandes  oscillations  et  même  des  intermittences, 
ainsi  que  l'indiquent  les  amplitudes  variables  des  déviations  du  galvano- 
mètre et  le  retour  momentané  de  l'aiguille  au  zéro.  Quant  à  sa  déviation 
en  sens  contraire,  qui  suit  immédiatement  son  retour  au  zéro,  elle  est  la 
conséquence  nécessaire  de  la  polarisation  qu'acquièrent  les  extrémités  du 
fil  télégraphique  plongées  dans  le  sol,  quand  il  vient  de  transmettre  un  cou- 
rant ;  c'est  du  reste  ce  que  je  pus  constater  directement  dans  des  expériences 
que  je  fis  en  Angleterre  en  1849  ^"''  ^^  longs  fils  télégraphiques,  expé- 
riences que  je  publiai  dans  le  temps. 

»  La  prolongation  signalée  par  M.  Bergon  dans  la  durée  des  effets  qui 
se  manifestèrent  encore  les  jours  qui  suivirent  l'apparition  de  l'aurore, 
prouve  seulement  que  tout  en  n'étant  plus  visible  dans  nos  latitudes,  la  dé- 
charge électrique  continuait  encore  à  s'opérer,  mais  en  s' affaiblissant,  ce  qui 
est  d'accord  avec  ce  qu'on  a  généralement  observé  après  les  aurores  bo- 
réales d'une  grande  intensité. 

«  Les  détails  que  je  viens  de  donner  me  paraissent  démontrer  de  la  ma- 
nière la  plus  évidente  que  les  effets  observés  sur  les  télégraphes  électriques 
proviennent  de  l'électricité  qui  chemine  dans  la  terre  et  non  de  celle  qui  se 
propage  dans  le  haut  de  l'atmo.sphère.  La  distance  énorme  à  laquelle  se 
trouve  cette  dernière,  lors  même  qu'elle  ne  dépasse  pas  les  hmites  atmos- 
phériques, exclurait  d'ailleurs  toute  possibilité  d'une  action  directe  sur  les 
fils  télégraphiques  ou  sur  les  aiguilles  aimantées. 

»  Je  m'arrête  ;  je  crois  en  avoir  assez  dit  pour  montrer  avec  quelle  faci- 
lité tous  les  détails  des  observations  ftiitcs  sur  l'aurore  boréale  du  28  au 
29  aoiit  se  prêtent  à  l'interprétation  que  j'ai  donnée  de  ce  beau  phéno- 

57.. 


(  4a8  ) 
mène,  interprétation  qui  lie  ensemble  un  grand  nombre  des  actions  qui  se 
passent  sur  notre  globe  terrestre  et  explique  en  particulier  comment  se  réta- 
blit incessamment  l'éqTiilibre  électrique  constamment  rompu  par  plusieurs 
de  ces  actions.  Qu'il  me  soit  permis,  en  terminant,  tout  en  témoignant  ma 
vive  reconnaissance  à  M.  Bergon  pour  ses  précieuses  observations,  d'ap- 
puyer le  vœu  qu'il  forme  implicitement  pour  que  Messieurs  les  employés  des 
lignes  télégraphiques  soient  pourvus  d'instructions  qui  leur  permettent  à 
l'avenir,  dans  de  semblables  occasions,  d'obtenir  des  résultats  encore  plus 
précis  et  plus  nombreux.    » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Des  oxjrdes  de  fer  et  de  manganèse  et  de  certains  sulfates 
considérés  comme  moyens  de  transport  de  l'oxygène  de  l'air  sur  les  matières 
combustibles  ;  par  M. •¥rèd.  Kijhlmakn.  (Seconde  partie.  ) 

Considérations  agronomiques  et  géologiques. 

«  En  présentant  la  première  partie  de  ce  travail  à  l'Académie  dans  sa 
séance  du  iGaoût  dernier,  j'ai  fait  suivre  ma  lecture  d'explications  verbales 
sur  les  conclusions  à  tirer  de  mes  observations  au  point  de  vue  de  l'agricul- 
ture et  de  la  géologie.  J'ai  indiqué,  àl'appui  de  mes  appréciations,  les  résul- 
tats de  mes  précédentes  recherches  sur  la  nitri6cation  et  un  travail  de 
M.  Daubrée,  sur  la  formation  du  minerai  de  fer  des  marais. 

»  Ces  développements  pouvaient  me  faire  espérer  de  n'avoir  à  présenter 
à  l'Académie  un  exposé  écrit  des  considérations  agronomiques  et  géologiques 
en  question ,  qu'après  m'être  mis  en  mesure  de  les  appuyer  par  des  expériences 
agricoles  toujours  longues  à  réaliser;  j'avais  d'ailleurs  déjà,  dans  sa  séance 
du  2  août  dernier,  présenté  à  la  Société  Impériale  des  Sciences  et  de  l'Agri- 
culture de  Lille  l'exposé  de  mes  opinions  dans  l'état  actuel  des  études  théo- 
riques. Mais  les  communications  de  M.  P.Thenard  et  de  M.  Hervé  Mangon, 
dans  les  séances  de  l'Académie  du  aa  et  du  29  août,  m'ayant  fait  connaître 
que  ces  deux  savants  étaient  entrés  dans  la  même  voie  d'expérimentation 
que  moi,  j'ai  cru  nécessaire  de  présenter  à  l'Académie  mon  travail,  bien 
qu'incomplet  encore,  afin  de  rappeler  les  recherches  antérieures  relatives 
aux  questions  soulevées,  et  faire  arriver  plus  promptement  nos  efforts  com- 
muns à  un  résultat  utile  à  la  science. 

Production  <f acide  nitrique. 

»  Dans  la  première  partie  de  ce  travail,  j'ai  voulu  appuyer  de  preuves 
expérimentales,  au  point  de  vue  théorique,  la  proposition  dans  laquelle  j'ad- 


(  4^9  ) 
mets  que  le  sesquioxyde  de  fer,  en  contact  avec  les  matières  organiques, 
agit  comme  oxydant,  tandis  que  ces  dernières  jouent  le  rôle  de  réducteurs. 
De  cette  démonstration  découlait  un  fait  d'une  grande  importance  pour  la 
physiologie  végétale  en  même  temps  que  la  confirmation  de  quelques  points 
relatifs  à  mes  observations  déjà  anciennes  sur  l'intervention  de  certains 
oxydes  métalliques  dans  la  formation  nitrière. 

n  En  1846,  dans  un  Mémoire  sur  la  relation  entre  ta  nitrification  et  la  ferti- 
lisation des  terres,  après  avoir  parlé  de  la  formation  de  l'ammoniaque,  je 
disais  (i)  :  «  J'ai  une  profonde  conviction  que  la  fertilité  du  sol  dépend 
0  aussi  de  la  réaction  inverse  à  celle  qui  transforme  les  nitrates  en  sels  am- 
»  inoniacaux;  je  veux  dire  de  la  transformation  de  ces  mêmes  sels  ammo- 
»  niacaux  en  nitrates,  transformation  qui  a  lieu  dans  les  parties  superfi- 
»  cielles  des  terrains  d'une  composition  chimique  et  dans  des  conditions 
»  d'humidité  et  de  température  convenables. 

»  Il  y  a  donc,  dans  mon  opinion,  à  envisager  deux  actions  distinctes, 
»  l'une  superficielle  qui,  sous  l'influence  de  l'oxygène  de  l'air,  tend  à  fixer 
"  l'élément  fertilisant  par  la  nitrification,  l'autre  résulte  de  la  réaction  que 
»  subissent  les  nitrates  à  une  certaine  profondeur  dans  le  sol  par  la  puis- 
»  sance  de  désoxygénation  de  la  fermentation  putride.   » 

»  A  l'appui  de  l'intervention  des  oxydes  métalliques  facilement  réducti- 
bles dans  la  formation  de  l'acide  nitrique,  j'ai  rappelé  dans  le  même  travail 
de  nombreux  résultats  d'expériences  publiés  dès  1 838  et  dont  le  résumé  se 
trouve  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  de  l'Académie  des  Sciences  du 
20  novembre  1846. 

»  On  y  lit  : 

«  En  étudiant  la  transformation  du  gaz  ammoniac  en  acide  nitrique  par 
»  son  contact,  à  une  température  élevée,  avec  le  peroxyde  de  manganèse, 
»  j'ai  reconnu  qu'on  peut  trouver  dans  cet  oxyde  un  agent  précieux  pour 
»  transporter  indéfiniment  l'oxygène  de  l'air  sur  l'ammoniaque.  MnO*, 
»  par  une  première  oxydation  de  l'ammoniaque,  passe  à  l'état  de  Mn  O  que 
»  le  contact  de  l'air  transforme  aussitôt  en  Mn'O*,  lequel  est  susceptible  de 
w  servir  encore  à  l'oxydation  de  l'ammoniaque. 

»  En  chauffant  un  mélange  de  bioxyde  de  manganèse  ou  de  bioxyde  de 
»  plomb,  ou  enfin  de  minium  et  d'acide  sulfurique  faible  en  présence  du 
"  sulfate  d'ammoniaque,  l'ammoniaque  du  sulfate  est  transformée  en  acide 
»   nitrique  qui  distille.  » 

(i)  Expériences  chimiques  et  agronomiques,  p.  io3,  in-8"  (V.  Masson,  Paris). 


(  43o  ) 

))  Abordant  à  cette  occasion  d'autres  moyens  d'oxydation,  j'ajoute  : 

»  Lorsqu'on  chauffe  dans  une  cornue  un  mélange  de  bichromate  de  po- 
»  tasse,  d'acide  sulfurique  et  de  sulfate  d'ammoniaque,  il  distille  une  grande 
»  quantité  d'acide  nitrique.    » 

»  Ces  derniers  résultats  ont  lieu  en  remplaçant  le  sulfate  d'ammo- 
niaque par  toute  autre  matière  azotée,  albumine,  gélatine,  etc.,  pourvu 
qu'il  y  ait  assez  de  bioxyde  de  manganèse  ou  d'acide  chromique  pour 
brûler  non-seulement  l'hydrogène  et  le  carbone,  mais  encore  pour  oxyder 
l'azote. 

»  D'un  autre  côté,  j'ai  constaté  dans  mes  recherches  de  i838  «  que  lors- 
«  qu'on  conserve  à  une  douce  chaleur  du  protoxyde  hydraté  de  fer  ou 
»  d'étain  en  contact  avec  une  dissolution  faible  de  nitrate  de  potasse,  il  se 
D  forme  une  quantité  notable  d'ammoniaque  aux  dépens  de  l'azote  de  l'acide 
u  nitrique.    » 

»  Si  l'on  considère  le  rôle  que  joue  dans  ce  dernier  cas  le  protoxyde  de 
fer,  rôle  en  tout  analogue  à  celui  qu'il  joue  dans  la  décoloration  de  l'in- 
digo des  cuves  bleues  de  nos  teinturiers,  et  celui  qu'il  convient  d'attribuer 
à  ce  même  oxyde  au  maximum  d'oxydation,  lorsqu'il  détruit  la  couleur 
de  l'indigo  par  oxydation,  on  sera  frappé  de  l'analogie  des  faits  observés 
d'ancienne  date  avec  ceux  signalés  dans  ma  dernière  communication  à 
l'Académie. 

a  Lorsqu'on  soumet  à  une  température  de  i5o  degrés  ime  dissolutioi; 
bleue  d'indigo  à  l'action  du  sesquioxyde  de  fer  hydraté,  la  destruction  de  la 
couleur  par  cet  oxyde  est  presque  immédiate  et  aussi  complète  qu'elle  l'est 
par  le  chlore.  Je  suis  arrivé  au  même  résultat  avec  un  grand  nombre  de 
matières  colorantes,  ce  qui  doit  faire  considérer  le  sesquioxyde  de  fer 
comme  un  de  nos  agents  de  décoloration  les  plus  énergiques. 

«  Lorsque,  indépendamment  des  faits  consignés  dans  la  première  partie 
de  ce  travail  et  des  résultats  que  je  viens  de  rappeler,  on  envisage  qu'il  suffit 
de  chauffer  un  mélange  d'ammoniaque  et  d'air  pour  déterminer  la  forma- 
tion de  l'acide  nitrique,  et  qu'il  suffit  de  laisser  des  matières  animales  se 
pourrir  au  contact  de  l'air  pour  y  voir  se  développer  du  nitrate  d'ammo- 
niaque, ainsi  que  je  l'ai  indiqué  dans  mon  premier  Mémoire  sur  la  nitrifica- 
tioU;  publié  en  décembre  i838;  enfin,  lorsqu'au  dire  de  M.  Collard  de 
Martigny,  de  l'acide  nitrique  se  forme  par  le  seul  contact  de  l'air  avec  un 
mélange  de  chaux  hydratée  et  d'un  sel  ammoniacal,  peut-il  rester  le  moin- 
dre doute  sur  le  concours  du  sesquioxyde  de  fer  pour  transformer  en  acide 
citrique  l'azote  des  matières  animales  qui  font  partie  des  engrais?  L'action, 


(  43.  ) 
quoique  moins  énergique,  n'est-elle  pas  aussi  certaine  que  la  transforma- 
tion du  carbone  en  acide  carbonique? 

»  M.  Liebig  a  constaté  que  le  peroxyde  de  fer  chauffé  à  une  haute  tem- 
pérature peut  transformer  l'ammoniaque  en  acide  nitrique  {Gmelin's 
Handbuch  der  Cliemie,  t.  VI,  p.  8 1 7,  5*  édit.).  J'ai  été  à  même  de  reconnaître 
que  cette  transformation  ne  se  faisait  pas  avec  la  même  facilité  que  lors- 
qu'on fait  intervenir  le  bioxyde  de  manganèse. 

»  Jusqu'ici  on  a  généralement  considéré  l'oxyde  de  fer  comme  n'exerçant 
d'autre  influence  sur  la  fertilisation  des  terres  que  celle  de  les  rendre  plus 
aptes  à  absorber  les  rayons  solaires  ou  à  condenser  l'ammoniaque  de  l'air 
ou  des  engrais  ;  on  a  admis  aussi  qu'au  moment  de  l'oxydation  du  fer,  il 
pouvait  se  produire  de  l'ammoniaque  aux  dépens  de  l'eau  et  de  l'air. 

»  Si  des  expériences  pratiques  viennent  confirmer  les  conclusions  théo- 
riques que  je  crois  pouvoir  tirer  de  mes  expériences,  si  l'efficacité  des  oxydes 
de  fer  et  de  manganèse  vient  à  être  mise  hors  de  toute  contestation,  l'indus- 
trie des  produits  chimiques  pourrait  offrir,  sans  grands  frais,  à  l'agriculture 
ces  oxydes  à  l'état  d'hydrates,  et  par  conséquent  dans  des  conditions  où, 
après  une  exposition  suffisante  à  l'air,  leur  action  serait  des  plus  énergi- 
ques (i).  En  effet,  les  résidus  de  la  fabrication  du  chlore  qui  sont  le  plus 
souvent,  malgré  les  applications  diverses  dont  ils  ont  été  l'objet,  des  sujets 
d'embarras  dans  nos  fabriques,  peuvent  être  décomposés  par  la  chaux,  et 
les  oxydes  après  leur  exposition  à  l'air  pourraient  être  livrés  aux  culti- 
vateurs à  l'état  d'une  pâte  sèche  facile  à  répandre  sur  les  terres  ou  à  mêler 
aux  engrais.  Mais,  hàtons-nous  de  le  dire,  une  longue  expérience  peut  seule 
prononcer  d'une  manière  définitive  sur  l'application  nouvelle.  En  agricul- 
ture surtout,  les  innovations  ne  doivent  être  proposées  qu'avec  la  plus 
grande  circonspection. 

Production  d'acide  carbonique. 

»  J'ai  mis  hors  de  doute  l'action  des  oxydes  de  fer  et  de  manganèse  sur 
le  carbone  des  matières  organiques.  Si  avant  mes  expériences  cette  action 
n'a  pas  encore  fixé  l'attention  des  chimistes,  lorsque  ces  matières  sont  dans 
leur  état  naturel,  il  n'en  est  pas  de  même  lorsqu'elles  sont  à  l'état  de  putré- 
faction. 

»  La  première  observation  qui  ait  été  publiée  sur  ce  dernier  point  est 

(i)  Il  en  serait  de  même  des  oxydes  de  fer  et  de  manganèse  qui  seraient  utilisés  comme 
agents  décolorants  ou  désinfectants. 


(  43-2  ) 
de  M.  Rindler,  et  se  trouve  consignée  dens  les  annales  de  Phjsique.  et  de 

Chimie  de  Pocjgendorjf,  vol.  XXXVII,  p.  2o3. 

»  M.  Rindler  a  remarqué  que  des  racines  d'arbres  pourries,  et  qui  se 
trouvaient  engagées  dans  un  sable  ferrugineux,  avaient  graduellement  en- 
levé le  fer  de  ce  sable,  de  sorte  que  celui-ci,  au  bout  de  quelque  temps,  était 
devenu  incolore  à  une  distance  de  a  à  3  centimètres  de  la  racine.  Dans  son 
travail,  cet  auteur  pense  qu'il  s'est  formé  un  acide  organique  qui  a  réduit 
le  fer  et  l'a  dissous  à  l'étal  de  protoxyde.  Puis  ce  sel  soluble  se  trouvant  dans 
son  parcours  sous  l'influence  de  l'air,  se  transforme  en  sel  basique  insoluble 
qui  se  précipite  et  qui  s'accumule  sur  le  sol  des  marais  et  des  prairies  où 
l'eau  séjourne  (i). 

»  En  1846,  M.  Daubrée,  doyen  delà  Faculté  des  Sciences  de  Strasbourg, 
ayant  observé  les  mêmes  phénomènes  dans  la  plaine  du  Rhin ,  et  se  fon- 
dant sur  cette  désoxydation  et  réoxydation  du  fer,  s'en  est  servi  pour  expli- 
quer la  formation  du  minerai  de  fer  des  marais  et  des  lacs  (2). 

»  Ce  savant  géologue,  pour  fixer  le  rôle  que  joue  l'oxyde  de  fer  dans 
ces  circonstances,  s'exprime  ainsi  :  «  Les  eaux  qui  découlent  de  la  surface 
»  du  sol,  le  long  des  racines  en  voie  de  décomposition,  se  chargent  dans 
»  leur  trajet  d'un  acide  capable  de  dissoudre  l'oxyde  de  fer.  » 

»  M.  BerzeUus,  dans  l'analyse  qu'il  a  faite  de  l'eau  minérale  de  Porla, 
avait  découvert  les  acides  crénique  et  apocrénique.  Ce  fait  acquis  à  la 
science,  M.  Daubrée  estime  «  qu'il  est  probable  que  dans  ces  divers  cas  le 
>)  fer  se  trouve  combiné  en  partie  à  ces  mêmes  acides  et  tenu  en  dissolution 
»  par  l'acide  carbonique.  » 

»  M.  BerzeUus  avait  constaté  d'ailleurs  que  le  crénate  de  protoxyde  de 
fer  passait,  au  contact  de  l'air,  à  l'état  de  sous-crénate  de  sesquioxyde  de 
fer  avec  dégagement  d'acide  carbonique. 

»  Enfin,  en  i856,  M.  Hervé  Mangon,  dans  un  intéressant  travail  sur  le 
drainage  (3),  attribue  l'obstruction  fréquente  des  drains  par  des  dépôts  fer- 
rugineux à  une  cause  analogue  à  celle  assignée  par  M.  Daubrée  à  la  forma- 
tion du  minerai  de  fer  des  marais. 

»  En  résumé,  mes  recherches  sur  l'altération  du  bois  des  navires  en  con- 
tact avec  le  fer,  les  résultats  de  mes  nombreuses  expériences,  tendant  à  ap- 
puyer mon  opinion  sur  la  cause  de  cette  altération,  sans  même  qu'il  soit 

(i)  Le  phénomène  s'expliquerait  tout  aussi  facilement  en  admettant  la  transformation  du 
sesquioxyde  de  fer  en  carbonate  de  protoxyde  dissous  par  un  excès  d'acide  carbonique.  (  F.  K.) 

(2)  Annales  des  Mines,  4"  série,  t.  X. 

(3)  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  25  août  1 856. 


(  433  ) 
nécessaire  du  faire  intervenir  lafermentalioi)  putride,  enfin  les  observations 
de  MM^  Kindier,  Daubrée  et  Mangon  sur  la  désoxydation  du  sesquioxyde  de 
fer  par  la  putréfaction  des  matières  organiques,  mettent  hors  de  doute  l'ac- 
tion de  cet  oxyde  pour  hâter  la  combustion  du  carbone  des  engrais  en  four- 
nissant ainsi  aux  plantes  l'acide  carbonique  qui  leur  est  nécessaire. 

u  II  est  inutile  d'ajouter  que  cet  oxyde  est  sans  action  sur  les  terrains  où 
il  ne  se  trouve  pas  en  présence  des  matières  organiques,  tandis  que  son 
emploi  promet  d'excellents  résultats  dans  les  terres  récemment  défrichées 
et  chargées  de  beaucoup  de  débris  de  végétaux. 

M  On  ne  saurait  contester  que  l'oxyde  de  manganèse  ne  joue  un  rôle  ana- 
logue. Dans  maintes  circonstances  nous  trouvons  cet  oxyde  isolé  et  dans  des 
conditions  d'hydratation  où  il  peut  servir  de  moyen  de  transport  de  l'oxy- 
gène sur  les  matières  organiques  (i). 

j»  J'ai  réuni  dans  ce  travail  tout  ce  que  j'ai  pu  trouver  de  documents 
étrangers  à  mes  propres  observations,  et  j'ai  l'espoir  qu'en  présence  des  faits 
que  j'ai  constatés  et  des  opinions  des  auteurs  qui,  avant  moi,  se  sont  occu- 
pés des  questions  soulevées,  l'influence  des  oxydes  de  fer  et  de  manganèse 
occupera  une  place  plus  importante  dans  les  études  de  nos  physiologistes  et 
de  nos  géologues,  et  qu'elle  fixera  plus  particulièrement  l'attention  de 
nos  agronomes. 

»  Au  point  de  vue  philosophique  on  reconnaîtra,  j'espère,  que  ces  agents 
concourent  puissamment  à  la  destruction  de  la  matière  organisée  et  à  sa 
transformation  en  aliments  appropriés  au  développement  d'une  organisation 
nouvelle,  ce  cercle  éternel  où  se  meut  la  matière. 

a  Je  me  réserve  de  compléter  les  considérations  précédentes  par  l'exposé 
du  rôle  que  jouent  dans  l'agriculture  certains  sulfates,  et  en  particulier  ceux 
de  chaux  et  de  fer.  Les  belles  recherches  géologiques  de  M.  Ebelmen  ont 
d'avance  mis  cette  question  hors  de  doute,  en  ce  qui  concerne  le  sulfate  de 
fer  ;  je  n'aurai  pas  de  peine  à  démontrer  que  le  plâtre  agit  d'une  manière 
analogue.  On  sait  la  facilité  avec  laquelle  ces  sels  se  décomposent  au  contact 
des  corps  en  putréfaction  pour  reprendre  ensuite  à  l'air  l'oxygène  perdu.  Ils 
peuvent  donc  au  même  titre  que  les  oxydes  de  fer  et  de  manganèse  hâter  la 
combustion  des  matières  organiques  dans  les  terres  arables,  et  en  augmenter 
la  fertilité.   » 

«  M.  d'Arcuiac  fait  hommage  à  l'Académie  des  Notes  suivantes  qu'il 
vient  de  publier  : 

»  1°.  Notesur  la  troisième  édition  de  l'ouvrage  de  sir  ^.  T.  Miirchisori,  Intitulé 

C.  R.,  i859,  a-ne  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  13.)  58^ 


(43n 

Siluria;  suivie  d'un  tableau  numérique  de  ta  faune  silurienne  d'Angleterre. 

n  Le  but  de  ce  tableau  est  de  mettre  en  évidence  le  développement  et  les 
oscillations  du  mouvement  vital  pendant  cette  période  où  il  présente  deux 
minimn  et  deux  maxinxa,  en  même  temps  que  les  relations  biologiques  qui 
unissent  les  divers  termes  de  la  série.  Les  conclusions  déduites  des  chiffres 
sont  conformes  à  celles  que  l'auteur  avait  obtenues  pour  les  dépôts  secon- 
daires du  même  pays. 

»  1°.  Note  sur  les  fossiles  recueillis  par  M.  Pouech  dans  le  terrain  tertiaire 
du  département  de  l'Ariége. 

»  L'examen  de  ces  fossiles  a  prouvé,  comme  l'étude  stratigraphique  qui 
l'a  précédé,  que  la  zone  tertiaire  inférieure  du  département  de  l'Ariége  est  la 
continuation  exacte  de  celle  du  département  de  l'Aude,  et  que  les  trois  grou- 
pes établis  dans  ce  dernier  s'y  retrouvent  avec  les  mêmes  caractères  généraux. 
Il  confirme  en  outre  l'assertion  depuis  longtemps  émise  de  la  différence  qui 
existe  entre  les  faunes  tertiaires  marines  contemporaines  à  l'est  et  à  l'ouest 
duplateau  de  Lannemezan,  d'une  part  vers  la  Méditerranée,  de  l'autre  vers 
l'Atlantique.  Enfin  il  résulte  de  la  comparaison  des  bassins  que,  des  trois 
groupes  tertiaires  inférieurs  des  départements  de  l'Aude  et  de  l'Ariége,  un 
seul,  le  second  ou  groupe  nummulitique,  se  représente  à  l'ouest,  dans  le 
bassin  de  l'Adour,  reposant  directement  sur  les  couches  crétacées  et  recou- 
vert par  les  dépôts  tertiaires  moyens. 

»   3°.   iVo/e  sur /e  gienreOTOSTOM A. 

»  Ce  genre,  proposé  pour  des  coquilles  fossiles  voisines  des  Natices,  des 
Sigarets  et  des  Stomates,  ne  comprend  encore  que  des  espèces  de  la  craie 
supérieure  et  du  groupe  tertiaire  nummulitique.  » 

RAPPORTS. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Rapport  sur  les  allumettes  chimiques  dites  hygiéniques 
et  de  sûreté,  les  allumettes  androgynes ,  et  les  allumettes  chimiques  sans  phos- 
phore ni  poison. 

(Commissaires,^  MM.  Pelouze,  Pouillet,  Payen,  J.  Cloquet(i), 
Chevreul  rapporteur.) 

«  M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  frappé  des  graves  inconvénients  de  l'usage 
des  allumettes  chimiques  à  pâte  de  phosphore  blanc  qui  prennent  feu  par 

(i)  M.  Cloquet,  absent  de  Paris,  n'a  pas  eu  connaissance  de  ce  Rapport. 


(  435  ) 
un  léger  frottement,  une  température  peu  élevée,  et  portent  avec  elles  un 
poison  comparable  à  l'arsenic,  a  décidé  que  l'usage  en  serait  interdit  dans 
les  établissements  dépendants  de  son  Ministère,  et,  en  outre,  qu'on  ferait 
usage  des  allumettes  hygiéniques  et  de  sûreté  au  phosphore  amorphe  de  Coignet 
frères  et  C'*. 

»  MM.  Bombes  de  Villiers  el  Dalemagneont  adressé  à  M.  le  Ministre  une 
Lettre  à  la  date  du  lo  d'août  dernier  par  laquelle  ils  demandent  que  l'em- 
ploi de  leurs  allumettes,  qu'ils  qualifient  à^androqynes,  soit  autorisé  dans  les 
établissements  dépendant  an  Ministère  de  la  Guerre,  concurremment  avec 
les  allumettes  de  Coignet  frères. 

»  M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  par  une  Lettre  datée  du  20  d'août  consulte 
l'Académie  sur  ce  qu'elle  pense  de  cette  demande  de  MM.  Bombes  de 
Villiers  etDalemagne;  enfin  par  une  seconde  Lettre  à  la  date  du  17  de  septem- 
bre courant,  il  la  consulte  encore  sur  l'usage  d'allumettes  que  fabriquent 
MM.  Paignon  el  Vaudaux  d'après  un  procédé  de  M.  Canouil. 

M  Déjà,  par  une  Lettre  datée  du  iB  d'août,  MM.  Paignon  et  Vaudaux, 
comme  propriétaires  des  brevets  de  M.  Canouil,  sollicitaient  un  Rapport 
de  l'Académie  sur  les  allumettes  préparées  d'après  le  procédé  décrit  dans 
ces  brevets,  et  mises  dans  le  commerce  sous  la  dénomination  d'allumettes 
chimiques  sans  phosphore  ni  poison.  En  effet,  M.  Canouil  avait  adressé  le  28  de 
juin  i858  un  Mémoire  sur  son  procédé  pour  le  concours  du  prix  Montyon 
relatif  aux  auteurs  de  procédés  qui  ont  rendu  des  arts  moins  insalubres. 
La  Commission  des  Arts  insalubres  de  l'année  dernière  avait  distingué  d'une 
manière  particulière  le  procédé  de  M.  Canouil,  mais  s'étant  fait  un  principe 
de  n'accorder  de  prix  qu'à  des  procédés  sanctionnés  par  une  pratique  en 
grand,  elle  avait  ajourné  son  jugement  à  cette  année  iBSg,  dans  l'espérance 
qu'elle  aurait  des  renseignements  qui  lui  manquaient.  En  attendant  le  Rap- 
port de  la  Commission  du  prix  Montyon  relatif  aux  arts  insalubres,  et  sans 
rien  préjuger  sur  les  propositions  qu'elle  fera  à  l'Académie,  nous  sommes 
en  mesure  de  répondre  à  ce  que  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  veut  savoir 
relativement  à  l'usage  de  l'allumette-Canouil. 

§  I.  —  Examen  des  allumettes  androgynes  au  point  de  vue  de  la  sûreté, 

»  Le  allumettes  de  Coignet  frères  sont  essentiellement  formées;  1°  d'une 
pâte  de  chlorate  de  potasse,  de  sulfure  d'antimoine  et  d'une  matière  glu- 
tineuse,  appliquée  à  l'extrémité  de  la  partie  soufrée  de  l'allumette  ;  2°  d'un 
frottoir  ou  ijrattin  enduit  d'une  couche  mince  de  matière  glutineuse  et 
de  phosphore  rouge  rendue  rugueuse  par  de  la  poudre  de  verre. 

58.. 


(  436  ) 

»  Un  léger  frottement  de  l'ainorxe  de  ralliimette  contre  le  frottoir  suffit 
pour  mettre  celle-ci  en  ignition . 

»  L'allumette  androgrne  ne  diffère  essentiellement  de  l'allumette  hygié- 
nique, qu'en  ce  que  le  phosphore  rouge  ou  amorphe  a  été  appliqué  à  l'ex- 
trémité non  soufrée  de  raliumette,  au  lieu  de  l'avoir  été  sur  un  frottoir  dis- 
tinct de  celle-ci.  Il  y  a  donc  cet  avantage  que  l'allumette  porte  avec  elle  ce 
qu'il  faut  pour  lui  faire  prendre  feu.  En  effet,  il  suffit  de  rompre  l'allumette 
en  deux  morceaux  inégaux,  d'appliquer  le  petit  dont  l'extrémité  est  impré- 
gnée de  phosphore  rouge  contre  l'extrémité  amorcée  du  grand  .morceau, 
puis  de  frotter  convenablement  pour  enflammer  l'allumette. 

»  L'allumette  androgyne  au  point  de  vue  de  l'hygiène  présente  le 
même  avantage  dans  l'usage  que  l'allumette  de  Coignet,  et  si  elle  paraît 
préférable  à  celle-ci  parce  qu'on  n'a  pas  recours  à  un  frottoir  séparé,  et 
que  plusieurs  personnes  ont  remarqué  qu'une  boite  de  Coignet  renferme 
plus  d'allumettes  qu'on  n'en  peut  enflammer  sur  le  frottoir  annexé  à  la 
boîte,  soit  que  le  phosphore  de  ce  frottoir  s'use  ou  s'altère,  l'allumette  an- 
drogyne exige  un  certain  tact  pour  ne  pas  rater,  surtout  quand  on  s'en 
sert  dans  l'obscurité.  On  comprend,  eu  effet,  que  le  frottement  nécessaire 
pour  l'enflammer  n'est  pas  facde,  lorsqu'on  voit  combien  la  surface  plane 
de  la  partie  garnie  de  phosphore  est  petite,  et  la  difficulté  de  la  frotter 
convenablement  contre  l'extrémité  arrondie  de  la  partie  garnie  du  mélange 
inflammable. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  des  différences  que  peuvent  présenter  les  allumettes 
Coignet  d'une  part  et  les  allumettes  androgynes  d'une  autre  part  dans 
l'emploi,  et  de  l'économie  qu'il  peut  y  avoir  dans  l'usage  à  user  des  unes  au 
lieu  des  autres,  nous  laissons  aux  consommateurs  à  les  apprécier.  En  les  con- 
sidérant au  point  de  vue  de  l'hygiène,  elles  ont  toutes  les  deux  un  avantage 
réel  sur  les  allumettes  à  phosphore  blanc,  et  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  a 
fait  une  chose  utile  sans  contredit  en  excluant  l'emploi  de  ces  dernières  allu- 
mettes des  établissements  dépendants  de  son  Ministère. 

»  Mais  quoi  qu'il  en  soit  de  la  préférence  que  nous  donnons  aux  allumettes 
à  phosphore  rouge  sur  les  allumettes  à  phosphore  blanc,  nous  recomman- 
dons toujours  dans  l'usage  la  prudence  qu'exige  tout  corps  qui  est  facile- 
ment inflammable,  et  à  cet  égard  il  importe  de  savoir  que  l'allumette- 
Coignet  et  l'allumette  androgyne  peuvent  prendre  feu  sur  des  frottoirs 
ilépoiu'vus  de  phosphore  rouge,  quoique  plus  difficilement,  nous  le  recon- 
naissons, que  sur  le  frottoir  qui  en  est  pourvu. 


(  437  ) 

§  II,  —  Examen  des  allumettes  ehimiques  sans  phosphore  ni  poison  de  M.  Canouil. 

»  Ayant  de  parler  de  ralliimelte  sans  phosphore  ni  poisoii,  commençons 
par  constater  une  méprise  commise  par  MM.  Paignon  etVaudaux  dans  leur 
Lettre  à  l'Académie,  Lettre  qui  fut  renvoyée  à  la  Commission  avant  que 
M.  le  Ministre  de  la  Guerre  eût  demandé  l'opinion  de  l'Académie  sur  l'usage 
de  ces  allumettes. 

«   On  lit  dans  la  Lettre  de  MM.  Paignon  et  Vaudaux  : 

«  Nous  venons  solliciter  le  i)envoi  de  notre  Mémoire  du  0.%  juin  i858  par- 
>»  devant  la  Commission  chargée  de  faire  le  Rapport  demandé  par  M.  le  Mi- 
»  nistre  de  la  Guerre  sur  l'allumette  qui  réunira  les  conditions  du  programme 
))   posé  par  l'Administration.   » 

»   Nous  ferons  deux  remarques  sur  celte  phrase  : 

M  1°.  C'est  que  le  Mémoire  envoyé  à  la  Commission  du  prix  Montyoïi 
était  accompagné  d'une  Lettre  à  la  date  du  a8  de  juin  i858,  signée  Canouil. 
Or,  afin  de  prévenir  dès  à  présenttout  malentendu  qui  plus  tard  pourrait  être 
le  résultat  du  silence  que  nous  garderions  maintenant,  nous  ferons  remar- 
quer que  le  Mémoire  envoyé  à  l'examen  de  la  Corpmission  du  prix  Montyon 
pour  les  arts  insalubres  est  l'œuvre  de  M.  Canouil  et  non  celle  de  MM.  Pai- 
gnon et  Vaudaux. 

»  2°.  C'est  que  la  Commission  à  laquelle  la  Lettre  de  M.  le  Ministre  de 
la  Guerre  a  été  renvoyée,  n'est  point  chargée  défaire  un  Rapport  sur  une  al- 
lumette qui  réunirait  les  conditions  du  programme  posé  par  l'Administration. 
Nous  l'avons  dit,  la  première  Lettre  de  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  ne  de- 
mande pas  autre  chose  que  l'avis  de  l'Académie  sur  la  sûreté  que  présente 
l'usage  de  l'allumette  androgyue,  et  la  deuxième  Lettre  ce  qu'elle  pense  de 
l'allumette-Canouil  sous  le  même  rapport. 

»  Les  allumettes  préparées  par  la  Compagnie  générale  au  moyen  du  pro- 
cédé de  M.  Canouil  ne  sont,  comme  les  allumettes  hygiéniques  de  Coig  net  frères, 
nullement  délétères,  mais  à  nos  yeux  elles  possèdent  l'avantage  de  ne  pouit 
contenir  de  phosphore,  ni  blanc  ni  rouge;  et  si  le  phosphore  rouge  n'a  pas 
la  propriété  délétère  du  phosphore  blanc,  quoiqu'il  en  soit,  sa  préparation 
exige  beaucoup  de  précautions,  et  dès  lors  un  défaut  de  surveillance  ou 
d'attention  pouvant  avoir  des  dangers,  il  est  préférable  de  s'en  passer  dès 
que  cela  est  possible  ;  et  le  procédé  de  M.  Canouil  prouve  effectivement  qu'on 
le  peut. 

»  Les  corps  employés  par  M.  Canouil  sont  principalement  le  chlorate  de 
potasse,  le  sulfure  d'antimoine,  le  minium  ou  un  autre  oxyde  métallique  et 


(  438  ) 
de  la  gomme,  de  la  dexirine  ou  de  la  gélatine.  Cette  composition  est  ana- 
logue à  celle  de  MM.  Coignet  frères,  mais  la  matière  appliquée  sous  le  nom 
de  grattin  sur  le  frottoir  de  M.  Canouil,  ne  renfermant  ni  phosphore  rouge, 
ni  matière  déliquescente  ou  susceptible  de  le  devenir,  elle  se  conserve  aussi 
longtemps  qu'elle  reste  adhérente  au  frottoir. 

»  Ces  avantages  sont  incontestables,  elles  consommateurs  des  allumettes 
de  la  Compagnie  générale  les  reconnaîtront  sans  doute  ;  cependant  nous 
ferons  quelques  remarques  relatives  aux  accidents  possibles  lorsque  les 
allumettes  tombent  entre  les  mains  des  enfants,  alors  qu'ils  ne  sont  pas 
surveillés. 

j»  Les  allumettes  de  la  Compagnie  générale  exigent  un  frottoir  comme  les 
allumettes  de  Coignet  frères,  mais  le  frottement  doit  être  plus  fort  que  cela 
n'est  nécessaire  sur  le  frottoir  de  Coignet  à  phosphore  rouge,  et  il  est  cer- 
tain que  la  plupart  des  jeunes  enfants  n'enflammeront  pas  les  allumettes  de 
la  Compagnie  générale,  quand  ils  parviendront  sans  peine  à  enflammer  les 
allumettes  Coignet  et  les  allumettes  androgynes  en  les  passant  sur  un 
frottoir  à  phosphore  rouge. 

)>  Ici  se  présente,  en  fait,  l'habitude  du  plus  grand  nombre  des  consom- 
mateurs en  opposition  absolue  à  l'usage  d'un  frottoir  spécial  comme  géné- 
ralement à  tout  procédé  qui  rend  l'allumette  moins  inflammable  par  le  frot- 
tement. Cette  habitude  est  si  forte,  que  la  Compagnie  générale  fabrique  des 
allumettes  d'une  inflammabilité  plus  ou  moins  difficile,  ou  plus  ou  moins 
facile.  Conséquemment,  pour  que  la  sécurité  fût  aussi  grande  que  possible, 
il  faudrait  que  l'acheteur  eût  toujours  la  certitude  de  trouver  dans  le  com- 
merce les  allumettes  qu'il  désire,  et  à  cet  égard  il  faudrait  que  les  allumettes 
d'une  inflammabilité  différente  fussent  toujours  distinctes  les  unes  des 
autres,  ce  qui  ne  présenterait  aucune  difficulté,  puisqu'à  présent  même  on 
en  colore  différemment  la  pâte;  mais  comme  on  le  fait  arbitrairement,  il 
faudrait  arrêter  que  la  couleur  rouge,  par  exemple,  appartiendrait  aux  allu- 
mettes les  plus  inflammables,  la  couleur  verte  à  celles  qui  le  sont  moins,  et 
enfin  la  couleur  marron  à  celles  qui  présentent  le  plus  de  sécurité;  la  cou- 
leur des  bandes  d'empaquetage  et  celle  des  boîtes  correspondrait  à  celle  de 
la  pâte.  Peut-être  satisferait- on  à  toutes  les  exigences  en  ne  faisant  que 
des  allumettes  de  deux  classes,  par  exemple  à  pâte  rouge  et  à  pâte  marron. 

M  MM.  Coignet  ont  écrit  aux  Membres  de  la  Commission  pour  répondre 
à  quelques  reproches  faits  à  leur  fabrication,  particulièrement  aux  dangers 
de  la  préparation  du  phosphore  rouge  et  à  l'inconvénient  du  frottoir  à  phos- 


{  439  ) 
phore  ronge  qui  est  hors  de  service  avant  qu'on  ait  consommé  toutes  les 
allumettes  de  la  boîte  à  laquelle  est  annexé  ce  frottoir. 

»  Ils  disent  préparer  le  phosphore  rouge  sans  que  la  santé  des  ouvriers 
en  souffre,  et  que  le  frottoir,  tel  qu'ils  le  confectionnent  aujourd'hui,  peut 
servir  à  l'inflammation  d'une  quantité  double  d'allumettes  que  celle  qui  est 
contenue  dans  une  boîte.  Nous  n'avons  aucun  motif  de  mettre  en  doute  les 
allégations  de  MM.  Coignet;  M.  le  Ministre  a  adopté  leurs  allumettes,  et  nous 
ne  proposons  pas  de  leur  faire  ôter  cet  avantage  :  conséquemment  nous 
n'ajouterons  rien  à  ce  qui  précède. 

Conclusions. 

»  i".  Au  point  de  vue  de  l'hygiène,  les  allumettes  androgynes  ont  sur  les 
allumettes  à  phosphore  blanc  l'avantage  des  allumettes  Coignet,  puisque  le 
principe  actif  et  chimique  du  frottoir  est  comme  pour  celles-ci  le  phosphore 
rouge. 

»  2°.  La  Commission,  après  avoir  pris  connaissance  de  la  fabrication  des 
allumettes  chimiques  sans  phosphore  ni  poison,  et  avoir  suivi  la  plupart  des 
opérations  composant  leur  préparation  sous  la  direction  d'un  jeune  chimiste 
M.  Paul  Meyer,  et  s'être  assurée  qu'elles  s'exécutent  sans  danger  pour  les  ou- 
vriers, pense  que  ces  allumettes  mises  dans  le  commerce  par  la  Compagnie 
générale,  actuellement  propriétaire  des  brevets  de  M.  Canouil,  sont  d'un  bon 
usage. 

»  En  conséquence,  la  Commission  a  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  : 

»  i".  Qu'en  réponse  à  la  première  Lettre  de  M.  le  Ministre  delà  Guerre, 
il  lui  soit  écrit  que  les  allumettes  androgynes,  comme  les  allumettes  Coignet, 
ont  l'avantage  sur  les  allumettes  à  phosphore  blanc  de  n'être  pas  délétères; 
toutes  les  fois,  bien  entendu,  qu'il  n'entre  que  du  phosphore  rouge  pur  dans 
leur  préparation  ; 

»  2°.  Qu'en  réponse  à  la  deuxième  Lettre  de  M.  le  Ministre  de  la  Guerre, 
il  lui  soit  écrit  que  les  allumettes-Canouil,  mises  dans  le  commerce  par  la 
Compagnie  générale,  ne  contenant  ni  phosphore  blanc  ni  phosphore  rouge, 
sont  d'un  bon  usage;  que  conséquemment  l'emploi  de  ces  allumettes  peut 
être  autorisé  concurremment  avec  celui  des  allumettes  à  phosphore  rouge.  » 

Le  Rapport  est  mis  aux  voix  et  approuvé  par  l'Académie,  qui  en  adopte  les 
eonclusions. 


(  44o  ) 

MÉMOIRES  LIJS. 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Recherches  sur  les  atmosphères  des  comètes; 

par  M.  En.  Roche. 

(Commissaires,  MM.  Biot,  Le  Verrier,  Faye,  Delaunay,  Bertrand.) 

«  Dans  un  Mémoire  sur  la  théorie  des  atmosphères  présenté  à  l'Acadé- 
mie le  20  octobre  ]  85 1 ,  j'ai  cherché  la  figure  que  tend  à  prendre  une  massé 
gazeuse  recouvrant  un  noyau  qui  se  meut  vers  le  soleil  :  c'est  à  peu  près 
le  cas  d'uue  comète.  Les  forces  en  jeu  sont  l'attraction  du  noyau  et  celle  du 
soleil.  En  étudiant  là  formé  de  cette  atmosphère  et  de  ses  couches  de  ni- 
veau, j'ai  trouvé  qu'elle  est  limitée  par  une  surface  hors  de  laquelle  l'équi- 
libre est  impossible,  et  qui  jouit  de  propriétés  importantes.  Cette  surface 
limite  a  pour  axe  de  révolution  la  droite  qui  va  du  soleil  au  centre  du 
noyau;  elle  se  termine  en  pointe  aux  extrémités  de  l'axe.  Les  surfaces  de 
niveau  extérièfires  à  celle-là,  au  lieu  d'être  fermées,  s'ouvrent  au  deux  bouts 
et  se  développent  crt  nappes  indéfinies.  Ces  diverses  surfaces  ne  sont  pas 
seulement  symétriques  par  rapport  au  rayon  vecteur  du  soleil,  ftiais  aussi 
par  rapport  au  centre  de  la  comète. 

»  Il  résulte  de  ces  propriétés  que,  si  le  fluide  qui  constitue  l'atm  osphère 
cométaire  se  trouve  en  excès,  en  d'autres  termes,  s'il  vient  à  dépasser  la  sur- 
face limite,  le  fluide  excédant  se  répandra  le  long  des  surfaces  de  niveau 
extérieures  et  s'écoulera  par  les  extrémités  coniques  dont  je  viens  de  par- 
ler, formant  ainsi  deux  jets  opposés,  dirigés  l'un  vers  le  soleil,  l'autre  en 
.sens  contraire.  Or  cette  circoriSlance  peut  se  présenter  de  deux  manières  : 
d'abord  à  cause  de  la  dilatation  progressive  due  à  l'accumulation  de  la  cha- 
leur solaire  sur  la  comète  dans  le  voisinage  du  périhélie;  en  second  lieu, 
parce  que  les  dimèi'isions  de  la  surface  limite  dépendent  de  la  distance  de 
l'astre  au  soleil  et  diminuent  avec  elle.  En  effet,  l'axe  D  de  cette  surface  est 
lié  par  l'équation 

'i^  , 

(1)  D  =  aV4/Ji> 

au  rayon  vecteur  a  et  à  la  masse  ^i  de  la  comète  rapportée  au  soleil. 

»  Lorsqu'on  vient  à  comparer  les  faits  avec  les  conséquences  de  l'analyse 
que  je  rappelle  ici,on  reconnaît  que  cette  analyse  est  incomplète,  puisqu'elle 
indique  dans  les  comètes  une  symétrie  qui  n'existe  pas  réellement  :  toute 
comète  devrait  posséder  deux  queues  diamétralement  opposées,  et  cela  n'a 


.(44') 

pas  lien.  Il  reste  donc  à  trouver  la  cause  qui  empêche  cette  symétrie,  la 
force  qu'il  faut  joindre  à  la  gravité  pour  mettre  d'accord  la  théorie  avec 
l'observation.  J'ai  cherché  si  la  supposition  d'une  force  répulsive  émanant 
du  soleil  et  réciproque  au  carré  de  la  distance,  telle  que  l'admettent  Bessel 
et  M.  Faye,  permettrait  de  représenter  plus  exactement  la  constitution  phy- 
sique des  comètes.  Voici  le  résultat  de  mon  travail  : 

»  Par  l'introduction  de  cette  force  répulsive,  la  figure  des  couches  de  ni- 
veau dans  l'atmosphère  cométaire  est  profondément  modifiée  :  sa  surface 
limite,  au  lieu  de  deux  points  saillants,  n'en  présente  plus  qu'un,  à  l'oppo- 
site  du  soleil  ;  les  surfaces  de  niveau  extérieures,  fermées  du  côté  du  soleil, 
s'ouvrent  de  l'autre  côté,  et  c'est  seulement  par  cette  ouverture  que  s'échap- 
pera, sous  forme  de  queue,  le  fluide  cométaire.  rcia  ini    fie 

»  La  figure  des  surfaces  de  niveau  présente  encore  certains  détails  inté- 
ressants, tel  qu'un  aplatissement  du  côté  du  soleil  et  une  inflexion  très- 
caractéristique,  tout  à  fait  analogue  à  celle  que  l'on  remarque  dans  les  des- 
sins de  la  comète  de  Donati  publiés  par  M.  G.  Bond.  Je  signalerai  aussi  une 
disposition  particulière  de  ces  surfaces  comme  paraissant  se  rattacher  au 
phénomène  du  secteur  de  la  raie  obscure,  si  remarquable  dans  la  comète 
de  Donati.  J'indiquerai  enfin  la  relation  approchée 

(2)  .  T>  =  aJ^niA  -Ay. 

qui  existe  entre  l'axe  D  de  l'atmosphère,  sa  distance  a  au  soleil,  la  masse  fi 
de  la  comète  et  la  force  répulsive  ip  ou  plus  exactement  son  rapport  à  la  pe- 
santeur solaire.  L'équation  des  surfaces  de  niveau  est 

(3)  (I  -  y)  -  (3cos=(?  -  ,)  +  -li  _  ç  -—^  =  const.  ; 

r  et  â  étant  des  coordonnées  polaires  dont  l'origine  est  au  centre  du  noyau. 
>•  La  formule  (2)  permet  d'expliquer  la  diminution  de  volume  qu'éprouve 
ordinairement  une  comète  qui  approche  du  périhélie,  car  elle  montre  que 
les  dimensions  de  la  comète  diminuent  proportionnellement  à  sa  distance 
au  soleil.  Mais  la  diminution  de  D  est  souvent  plus  rapide  que  celle  de  a  : 
c'est  qu'en  même  temps  que  la  comète  est  plus  voisine  du  soleil,  l'action 
calorifique  de  cet  astre,  agissant  sur  les  couches  atmosphériques,  augmente 
la  grandeur  de  la  force  répulsive  cp.  Enfin,  la  portion  de  la  nébulosité  qui, 

C.  R.,  1859,  2™«  Semestre.  {T.  XLIX,  N»  15.)  Sq 


(  442  ) 

par  la  diminution  de  D,  se  trouve  en  dehors  de  l'atmosphère,  réduit  encore 
la  masse  [x  de  la  comète  proprement  dite  :  de  sorte  que  trois  causes  con- 
courent à  produire  la  contraction  observée. 

»  La  répulsion  qui  se  manifeste  si  énergiquement  dans  la  production  des 
queues  pourrait  /être  attribuée,  conformément  aux  idées  de  Newton,  à 
l'existence  d'un'milieu  pesant  et  très-peu  résistant  que  la  comète  traverse. 
Cette  hypothèse  rend  compte,  au  moins  dans  un  premier  aperçu,  des  prin- 
cipaux phénomènes  ;  en  sera-t-il  de  même  si  on  la  pousse  jusqu'à  ses  der- 
nières conséquences?  Pour  m'en  assurer,  j'ai  repris  le  problème  de  la  figure 
des  couches  atmosphériques,  en  ayant  égard  actuellement,  non  plus  à  la 
force  régulière,  mais  à  l'action  d'un  milieu  pesant.  Les  nouvelles  formules 
sont  un  peu  différentes.  Cependant  elles  expliquent  encore  l'absence  de 
symétrie  delà  comète,  et  l'existence  d'une  queue  unique  opposée  au  soleil. 
Mais  elles  conduisent  à  un  résultat  inadmissible,  dès  qu'on  suppose  la  den- 
sité du  milieu  égale  ou  supérieure  à  celle  des  molécules  atmosphériques  :  on 
ne  trouve  plus  de  figure  d'équilibre  pour  les  couches  de  niveau,  qui  ne  pourr 
raient  dès  lors  sous  aucune  forme  se  maintenir  autour  du  noyau .  Or  les  calculs 
de  Bessel  sur  la  comète  de  Halley  lui  ont  donné  pour  les  particules  de  la  queue 
une  densité  deux  fois  moindre  que  celle  du  milieu  ambiant;  et  c'est  préci- 
sément vers  le  périhéUe,  lorsque  l'accroissement  rapide  de  la  queue  dénote 
une  très-grande  valeur  de  la  répulsion  apparente,  c'est  alors  que  la  forme 
réguhère  de  la  comète  paraît  plus  nette  et  plus  persistante.  11  y  a  dans  ce 
désaccord  une  objection  à  la  supposition  d'un  milieu  interplanétaire. 

•  Si  au  contraire  on  compare  les  figures  théoriques  qui  résultent  de  l'hy- 
pothèse de  la  force  répulsive  avec  les  dessins  de  la  comète  de  Donati,  on  y 
trouve  des  analogies  fréquentes.  L'étude  analytique  de  la  figure  des  comètes 
amènerait  donc  à  préférer,  pour  l'explication  des  phénomènes  cométaires, 
l'hypothèse  de  la  force  répulsive,  quelle  qu'en  soit  d'ailleurs  la  cause  réelle, 
à  l'hypothèse  du  milieu  pesant.  » 

CHIRURGIE.  —  Nouvel  instrument  pour  ta  suture  de  la  fistule  vésico-vaginale  ou 
uléro-vésico-vaginale ;  extrait  d'un  Mémoire  de  M.  T.  Riboli,  de   Turin. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Jobert  de  Lamballe,  Ctviale.) 

a  Cet  instrument,  dont  j'ai  conçu  l'idée  il  y  a  trois  ans  en  assistant,  dans 
une  opération  de  la  suture  de  la  fistule  vésico-vaginale,  un  de  vos  chirur- 
giens, M.  le  docteur  Cusco,  a  d'abord  été  exécuté  à  Parme  par  M.  Bordini, 


(  443  ) 
habile  fabricant  d'instruments  chirurgicaux  ;  je  l'ai  depuis  légèrement  modi- 
fié; voici  aujourd'hui  en  quoi  il  consiste  : 

»  1°.  En  un  cathéter  fenêtre  bilatéralement  à  sa  partie  inférieure  dans 
une  étendue  de  7  centimètres;  ailé  à  la  partie  supérieure  pour  fixer  la  main 
qui  l'emploie. 

»  a".  En  un  mandrin  pourvu,  à  son  extrémité  libre,  d'un  anneau  destiné 
à  recevoir  le  pouce  de  l'opérateur  ;  ce  mandrin,  à  i  centimètre  au-dessus  de 
l'anneau,  est  divisé  en  20  millimètres,  et  va  se  fixer,  dans  l'intérieur  du  ca- 
théter, à  l'extrémité  de  deux  lames  brisées^  lesquelles  ont  elle-mémes  un 
autre  point  d'attache  au  bout  du  cathéter  ;  le  premier,  par  un  mouvement 
de  va-et-vient,  fait  dilater  en  losange,  ou  rentrer  dans  le  cathéter,  à  travers 
les  espaces  fenêtres,  les  lames  brisées  dont  il  est  question. 

»  3°.  En  une  rondelle,  percée  à  vis,  à  son  centre,  qui  parcourt  tout 
l'espace  supérieur  et  gradué  du  mandrin  pour  régler  à  volonté  la  marche 
de  l'écartement  du  losange,  et  une  vis  aussi,  un  peu  plus  bas,  pour  arrêter 
à  volonté  la  même  marche  et  la  fixer. 

»  Quant  à  l'application,  il  est  inutile  de  dire  qu'elle  se  fait  par  l'u- 
rètre et  que  sur  le  trigone  de  la  vessie  (en  écartant  le  losange)  on  a,  au 
milieu  de  la  fistule,  un  point  d'appui,  soit  pour  le  ravivement  et  rappro- 
chement des  bords,  soit  pour  s'assurer  de  la  suture  transversale  ou  lon- 
gitudinale qu'on  aura  pratiquée.  Cet  instrument  a  déjà  servi  dans  trois 
opérations. 

•»  La  première  a  été  sur  une  jeune  femme  à  la  suite  d'un  accouchement 
laborieux  avec  application  du  forceps.  La  fistule  était  petite  et  longitudi- 
nale; toutes  les  parties  étaient  relâchées  ;  je  n'ai  retrouvé  aucune  difficulté. 
J'ai  fait  l'opération  trente-huit  ou  quarante  jours  après  l'accouchement, 
pensant  que  le  retour  des  règles  pouvait  favoriser  la  cicatrisation.  Les  fils 
ont  été  enlevés  au  commencement  du  quatrième  jour. 

M  La  seconde  s'est  passée  un  peu  différemment.  La  malade  était  à  la  cli- 
nique de  M.  le  professeur  Borelli,  à  l'hôpital  des  Chevaliers  à  Turin.  M.  Bo- 
relli  lui-même  opérait,  moi  je  ne  faisais  que  l'aider  avec  mon  instrument. 
La  fistule  était  ancienne,  transversale  et  tellement  grande,  que  mon  in- 
strument, complètement  ouvert,  avait  peine  à  y  maintenir  les  bords  de  la 
solution  de  continuité.  Néanmoins,  à  l'aide  de  deux  incisions  latérales 
suivant  la  méthode  de  M.  Simpson  et  de  M.  Jobert  de  Lamballe,  inci- 
sions pratiquées  d'après  mon  conseil,  le  seul  instrument  a  suffi  pour  per- 
mettre d'abaisser  la  fistule  et  de  l'opérer. 

59.. 


(  444  ) 

»  La  guérison  complète  se  fit  un  peu  attendre  par  le  retard  apporté,  à 
l'enlèvement  des  fils  qui  donna  lieu  à  de  très-petits  pertuis  qu'il  nous  a  fallu 
cicatriser  en  employant  la  cautérisation. 

»  La  troisième  opération,  entreprise  sans  espoir  de  succès  et  dans  les 
conditions  les  plus  défavorables,  n'a  pas  réussi.  » 

M.  RiBou  dépose  sur  le  bureau  un  deuxième  Mémoire  concernant  un 
cas  de  grossesse  extra-utérine  dont  il  a  suivi  le  développement  et  la  termi- 
naison funeste  chez  une  femme  qui  avait  eu  auparavant  deux  grossesses 
naturelles. 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Serres,  Flourens  et  Velpeau. 

MÉMOIRES  PRÉSEÎ^ïTÈS. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instrictioa  publique  transmet  une  Lettre  de 
M.  Pickeriny,  médecin  à  York,  concernant  un  remède  qu'il  dit  employer, 
avec  un  succès  complet,  contre  le  choléra-morbus. 

M.  Pickering  a  déjà  adressé  à  ce  sujet  plusieurs  Lettres  qui  ont  été  exa- 
minées par  la  Commission  permanente  du  concours  pour  le  prix  du  legs 
Bréant;  aujourd'hui  il  s'adresse  à  l'Empereur,  qui  demande  à  être  renseigné 
an  sujet  de  cette  réclamation. 

Les  faits  allégués  dans  la  Lettre  sont  exacts  au  fond;  c'est-à-dire  que 
M.  Pickering,  après  avoir  annoncé  qu'il  avait  un  remède  efficace  contre  le 
choléra,  a  été  invité  à  le  faire  connaître.  Au  lieu  d'envoyer  un  Mémoire  dans 
lequel  il  donnât  la  composition  de  ce  remède  et  la  manière  de  l'adminis- 
trer, il  se  contenta  d'envoyer  une  certaine  quantité  du  médicament  tout  pré- 
paré, avec  l'indication  des  doses.  On  lui  fit  savoir  que  l'Académie  considérait 
comme  non  avenue  toute  communication  relative  à  un  remède  dont  on  ne 
lui  faisait  pas  connaître  d'avance  la  formule.  M.  Pickering  ayant  manifesté 
l'intention  de  ne  pas  dévoiler  son  secret  sans  un  dédommagement  pécu- 
niaire, l'Académie  n'avait  plus  à  s'en  occuper. 

La  Lettre  de  M.  Pickering  est  renvoyée  à  la  Section  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  constituée  en  Commission  spéciale  pour  le  concours  du  prix 
Bréant,  avec  invitation  de  préparer  le  plus  promptement  possible  un  Rap- 
port en  réponse  aux  renseignements  demandés  par  M.  le  Ministre. 


(  445  ) 

HYGIÈlSE  PUBLIQUE.  —  La  déshifeclion  appliquée  à  la  voirie  de  la  ville  de 
Béziers.  Substilulion  de  la  terre  au  plaire  dans  le  mélange  désinfectant  ;  par 
M.  Cabanes. 

(Commissaires,  MM.  Chevreiil,  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

«  J'ai  constaté  que  la  poudre  de  MM.  Corne  et  Demeaux  désinfecte  avec 
une  grande  puissance  la  matière  des  vidanges;  un  litre  de  ces  matières,  so- 
lides et  liquides  réunis,  est  désinfecté  par  un  demi  ou  un  tiers  de  litre  de 
cette  poudre  ou  par  4oo  à  5oo  grammes,  suivant  l'intensité  plus  ou  moins 
grande  de  la  putréfaction  de  ces  matières.  Cette  désinfection  est  complète, 
définitive,  si  les  matières  ont  été  préalablement  remuées  après  l'addition  du 
désinfectant.  Cette  poudre  désinfecte  provisoirement  les  cabinets  de  latrines 
et  les  salles  infectes  avec  des  quantités  très-minimes,  quelques  poignées  par 
exemple.  Mais  le  plâtre  plonge  au  fond  des  matières  des  vidanges,  il  se  coa- 
gule, il  durcit,  adhère  aux  vases,  aux  tonneaux,  aux  fosses,  aux  tuyaux 
de  décharge  des  latrines,  et  fait  corps  avec  eux,  au  point  qu'il  n'est  guère 
possible  de  continuer  longtemps  l'usage  de  cette  poudre.  Pour  cette  raison, 
elle  est  peu  propre  à  faire  de  la  poudrette.  Au  moment  où  l'on  projette  le 
plâtre  dans  les  liquides,  il  fuse  presque  comme  la  chaux,  ce  qui  rend  l'odeur 
du  bitume  très-forte,  désagréable  pour  l'odorat  et  irritante  pour  les  yeux 
des  vidangeurs.  Enfin,  si  ce  désinfectant  n'est  pas  cher  qtiau(l  il  s'agit  des 
applications  à  la  chirurgie,  il  nen  est  pas  de  même  des  grandes  quantités 
exigées  par  les  vidanges. 

»  Convaincu,  d'après  ces  inconvénients,  que  la  poudre  de  MM.  Corne  et 
Demeaux  serait  inapplicable  à  la  désinfection  usuelle  des  latrines,  des 
fosses,  des  vidanges  et  peu  propre  à  la  confection  de  la  poudrette,  j'ai 
cherché  un  moyeu  qui,  tout  en  possédant  les  avantages  de  cette  poudre, 
iùt  dépourvu  de  ses  inconvénients. 

»  Si  l'on  passe  au  crible  une  poudre  ou  une  terre  quelconque  végétale 
ou  non  végétale,  et  que  l'on  mêle  5o  grammes  de  coal-tar  à  cette  poudre, 
celle-ci  noircit,  elle  acquiert  une  forte  odeur  de  bitume  et  devient  propre 
à  la  désinfection.  Un  litre  de  matières  des  vidanges  est  désinfecté  par  un 
septième  à  un  dixième  de  litre  ou  par  loo  à  i5o  grammes  de  cette  poudre. 
Même  résultat  pour  les  farines  de  blé,  de  graine  de  lin,  etc.  Un  litre  de  vi- 
dange est  désinfecté  par  aoo  à  aSo  grammes  de  ma  poudre  à  5  p.  loo  de 
coal-tar.  Pour  obtenir  le  même  résultat,  il  faut  un  demi  ou  un  tiers  de  litre 
ou  4oo  à  5oo  gramuies  de  la  poudre  Corne  et  Deiaoaux. 


(446) 

»  Le  mélange  préparé  d'après  ce  procédé  a  été  expérimenté  pour  la 
désinfection  des  cabinets  de  latrines  et  des  salles  infectées,  pour  la  désin- 
fection de  toutes  les  vidanges  et  de  la  voirie  de  la  ville  de  Béziers. 

»  Pour  la  désinfection  provisoire  des  cabinets  de  latrines  et  des  salles  in- 
fectées, ce  mélange  se  comporte  comme  le  mélange  Corne-Demeaux,  la 
désinfection  a  lieu  avec  la  même  rapidité,  la  durée  de  son  action  est  la 
même  ;  mais  comme  la  terre  ne  fuse  pas  comme  le  plâtre,  l'odeur  de  bi- 
tume est  moins  désagréable.  La  désinfection  des  salles  adjacentes  aux  cabi- 
nets a  toujours  eu  lieu  immédiatement  par  le  seul  fait  de  la  désinfection  du 
cabinet. 

w  La  désinfection  des  vidanges  a  été  obtenue  par  la  terre  avec  coal-tar, 
comme  par  le  plâtre  avec  coal-tar,  tnais  avec  une  puissance  trois  fois  plus 
grande  ou  par  une  quantité  trois  fois  moindre.  Les  vidangeurs  n'ont  pas 
éprouvé  d'irritation  dans  les  yeux  comme  avec  le  plâtre,  et  ils  ne  se  sont  pas 
plaints  de  l'odeur  du  bitume  comme  auparavant.  Jamais  la  terre  n'a  adhéré 
aux  vases,  aux  tonneaux,  aux  latrines  comme  le  plâtre,  et  les  vidangeurs 
n'ont  trouvé  aucun  obstacle  à  l'emploi  de  la  terre. 

))  Les  vidanges  inodores  ont  été  transformées  rapidement  en  poudrette 
qui,  sous  forme  de  mottes,  est  d'un  emploi  commode  pour  l'agriculture.  La 
désinfection  des  vidanges  de  la  ville  par  la  terre  coaltée  a  déterminé  la  dés- 
infection des  bassins  de  la  voirie  qui  ont  reçu  ces  vidanges.   » 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  expérimentales  sur  l'immunité  relativement  à 
différents  virus;  par  M.  F.  C.  Faye,  médecin  du  Roi  de  Suède. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Flourens,  Andral,  Velpeau,  Rayer.) 

Une  discussion  soulevée  dans  une  Société  médicale  sur  la  comparaison 
entre  les  effets  de  la  vaccination  et  ceux  de  la  syphilisation  ayant  ranimé, 
relativement  à  la  première  opération,  un  débat  qui  était  plutôt  suspendu 
que  terminé,  l'auteur,  qui  avait  pris  part  à  la  discussion,  a  été  conduit  à 
penser  qu'on  n'arriverait  à  rien  de  concluant  tant  qu'on  se  bornerait  à  la 
méthode  d'observation,  et  qu'il  était  indispensable  d'en  appeler  à  la  méthode 
expérimentale,  méthode  dans  laquelle  on  était  en  quelque  sorte  maître  des 
conditions  et  certain  de  ne  rapprocher  que  des  faits  similaires,  des  faits 
rigoureusement  comparables.  Comme  il  était  bien  évident  que  si  une  pre- 
mière vaccination  n'assurait  pas  l'immunité  à  l'égard  d'une  seconde,  elle 
l'assurerait  encore  bien  moins  à  l'égard  de  la  variole,  la  première  chose 


(  447  ) 

à  faire  était  d'arriver  à  quelque  résultat  positif  relativement  à  la  question 
des  revaccinations.  Or,  les  expériences  que  l'auteur  a  entreprises  dans  ce 
but,  lui  ont  montré  que  les  divergences  d'opinion  tiennent  à  ce  fait  qu'une 
vaccination  incomplète  peut  bien  donner  une  demi-immunité,  mais  que 
l'immunité  absolue  ne  résulte  que  d'une  vaccination  complète,  c'est-à-dire 
dans  laquelle  le  virus  vaccin  a  été  introduit  dans  l'organisme  en  quanlité 
sM^scrnfe;  cela  résulte  d'expériences  très-nombreuses  faites  sur  des  enfants 
de  huit  jours  à  huit  ans,  et  aussi  sur  beaucoup  d'adultes.  Ce  qui  est  curieux, 
c'est  qu'une  fois  le  virus  absorbé  en  quantité  suffisante,  le  développement 
des  pustules,  si  on  l'arrête  artificiellement  au  moyen  de  cautérisations, 
n'empêche  pas  l'effet  de  l'inoculation,  quant  à  l'immunité.  C'est  un  point 
cependant  sur  lequel  l'auteur  sent  qu'il  y  a  encore  quelque  chose  à  de- 
mander aux  expériences,  et  il  indique  le  plan  sur  lequel  il  en  doit  faire  de 
nouvelles. 

Les  rapprochements  entre  la  syphilisation  et  la  vaccination  ont  fait  sup- 
poser aussi  pour  cette  dernière  ce  qu'on  nomme  une  immunité  locale. 
M.  Faye  montre  que  cette  opinion  repose  sur  des  faits  qui  ne  sont  pas  de 
nature  à  faire  illusion  à  un  physiologiste  digne  de  ce  nom.  Il  présente  à 
cette  occasion  quelques  remarques  sur  le  plus  ou  moins  de  facilité  avec  la- 
quelle on  obtient  l'absorption  d'un  virus,  suivant  les  régions  par  lesquelles 
on  veut  le  faire  pénétrer,  et  il  indique  les  précautions  de  diverses  natures  au 
moyen  desquelles  on  peut  assurer  cette  absorption.  Nous  avons  omis  presque 
tout  ce  qui,  dans  la  Note  de  M.  Faye,  se  rapporte  à  la  syphilisation.  Nous 
ajouterons  en  terminant  qu'il  semble  peu  favorable  à  cette  pratique  consi- 
dérée au  point  de  vue  médical,  et  qu'en  tant  que  sujet  de  recherches  phy- 
siologiques, il  a  grand  soin  d'en  restreindre  le  champ  par  des  conditions  que 
le  sentiment  moral  indique  suffisamment. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  certaines  circonstances  que  présentent  tes  huîtres 
obtenues  par  reproduction  artificielle;  extrait  dune  Note  de  M.  Garbonnel. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.    Milne  Edwards,   Coste , 

Yalenciennes.) 

o  Le  2  août  i858,  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  clayon 
des  reproductions  artificielles  d'huîtres,  obtenues  d'une  manière  rationnelle 
dans  l'établissement  modèle  d'huîtriculture  deRegneville  (Manche)  que  j'ai 
fondé  et  que  je  dirige  depuis  cinq  ans.  Les  huîtres  qui  adhéraient  à  ce 


(  448  ) 

clayon  étaient  âgées  de  deux  ans  et  par  conséquent  de  la  iiproduction  de 
1857.  Continuant  mes  études  expérimentales,  qui  se  font  sur  une  grande 
échelle,  puisque  cet  établissement  compte  quarante  parcs  dont  quelques- 
luis  ne  présentent  pas  moins  de  dix  mille  mètres  de  superficie,  j'avais  con- 
servé une  portion  de  ce  même  clayon  de  1857,  que  j'ai  observé  avec  soin 
et  que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Ces  huîtres,  quoique  par  leurs  formes  elles  ne  soient  pas  entièrement  sem- 
blables aux  autres,  n'en  ont  pas  moins  atteint  un  développement  aussi 
rapide  que  celles  provenant  des  meilleurs  fonds  de  mer. 

»  En  1845  (10  août)  dans  mon  Mémoire  «  sur  la  formation  de  bancs 
d'huîtres  artificiels  et  la  certitude  de  repeupler  les  côtes  de  France,  »  j'in- 
diquais l'âge  des  huîtres  et  les  moyens  de  le  reconnaître.  Je  disais  aussi  : 
«  On  appelle  huîtres  nourrices  celles  qui,  parvenues  à  l'âge  de  trois  ans, 
))  cessent  d'être  propres  à  entrer  dans  l'alimentation  pendant  les  mois  de 
u  mai,  juin,  juillet  et  août  ;  ce  n'est  d'ailleurs  qu'à  l'âge  de  trois  ans  qu'elles 
»  deviennent  huîtres  mangeables.  »  Or  celles-ci  sont  âgées  de  trois  ans  et 
sont  parvenues  à  l'état  d'huîtres  nourrices  ;  espérant  en  obtenir  des  germes 
reproducteurs,  mon  espoir  était  d'autant  plus  fondé,  que  cet  été  les  chaleurs 
ont  été  très-fortes.  Je  les  ai  donc  suivies  avec  le  plus  grand  soin  et  j'ai  pu  re- 
marquer que  non-seuleînent  elles  ne  se  reproduisent  pas,  mais  encore 
qu'elles  ne  subissaient  pas  l'influence  de  la  fécondation,  influence  qui  se 
riianifeste  cependant,  dans  les  parcs  ordinaires,  sur  les  huîtres  provenant 
de  la  pêche  en  mer.  Il  arrive  parfois  que  quelques-unes  de  ces  dernières 
se  reproduisent,  mais  c'est  fort  rare  :  encore  faut-il  que  l'été  soit  très- 
chaud. 

»  Or  il  semble  résulter  de  ce  fait  que  les  huîtres  des  reproductions  arti- 
ficielles sont  attardées  probablement  dans  leur  développement  naturel  par 
des  causes  provenant  des  lieux  où  elles  sont  nées.  J'ai  dû  rechercher  quelles 
pouvaient  être  ces  causes  et  ce  qui  pouvait  les  faire  naître.  Comme  ce  tra- 
vail, qui  se  relie  à  ce  que  j'ai  déjà  indiqué  dans  mon  Mémoire  de  i845  et 
aux  essais  qui  se  font  actuellement  sur  nos  côtes  maritimes,  aura  besoin 
d'assez  grands  développements,  je  me  réserve  de  le  soumettre  à  l'Académie 
dans  une  de  ses  prochaines  séances. 

»  Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  en  terminant  que  depuis  i845  j'ai 
fait  à  l'Académie,  relativement  à  la  propagation  des  huîtres  sur  nos  côtes, 
diverses  communications  dont  aucune  n'a  encore  été  l'objet  d'un  Rapport.  » 


(  449  ) 

PHYSIQUE.  —  Nouveau  procédé  appliqué  à  l'élude  des  forces  électro-motrices  ; 

par  M.  Raoult. 

Cette  Note,  qui  fait  suite  à  deux  communications  précédentes  de  l'auteur 
(21  février  et  11  juillet  iSSg),  est  renvoyée  à  l'examen  des  Commissaires 
déjà  nommés,  MM.  Pouillet,  Babinet. 

PHYSIQUE.    —   Mécanisme  des  effets  physiologiques  de   l'électricité; 

par  M.  Chouveac. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Rayer,  Cl.  Bernard.) 

MÉDECINE.  —  De  la  médication  électrique  dans  certaines  affections  de  l'appareil 

oculaire;  par  M.  Boulu. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  Despretz.») 

m.  Hervé  adresse  la  figure  et  la  description  du  frein  dont  il  avait  fait 
l'objet  d'une  précédente  communication  dans  la  séance  du  29  août  dernier. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Combes.) 

M.  Debrat  envoie  de  Fougères  un  Mémoire  sur  la  fabrication  du  sucre 
de  betterave  au  moyen  de  l'extrait  de  Saturne. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Payen,  Peligot.) 

M.  Manificat,  qui  avait  précédemment  présenté,  puis  repris  pour  le 
modifier,  un  Mémoire  sur  un  nouveau  système  de  voilures,  soumet  de  nou- 
veau au  jugement  de  l'Académie  son  invention  qu'il  pense  avoir  notable- 
ment améliorée. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  la  première  communi- 
cation :  MM.  Duperrey  et  Du  Petit-Thouars.) 

M.  Lecoq  adresse  de  Nemours  ime  Note  sur  la  maladie  de  la  vigne  et  sur 
les  moyens  propres  à  en  prévenir  le  développement. 

(Commission  des  plantes  utiles.) 

C.   R.,  1859,  2™'  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  15.)  6o 


(  45o  ) 

CORRESPONDANCE. 

L'Institution  Smithsonienne  adresse  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut  un 
nouveau  volume  de  ses  publications  avec  son  Rapport  annuel  pour  1857, 
ainsi  que  sept  autres  volumes  publiés  par  des  savants  américains. 

L'Académie  des  Sciences  de  Vienne  remercie  l'Académie  d'une  nouvelle 
série  des  Comptes  rendus  hebdomadaires  et  envoie  de  nouveaux  numéi'os  de 
ses  propres  Comptes  rendus,  ainsi  que  deux  volumes  de  ses  Mémoires  (Scrences 
mathématiques  et  Sciences  naturelles). 

M.  LE  Secrétaiiie  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Teissier, 
une  Biographie  du  botaniste //.   Gérard. 

Et  au  nom  de  M.  Bouché^  une  épreuve  photographique  d'une  nouvelle 
Table  de  logarithmes  à  cinq  décimales. 

('  L'épreuve  dont  j'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie,  dit  l'au- 
teur dans  la  Lettre  d'envoi,  montre  que  dans  un  très-petit  espace  on  peut 
renfermer  les  nombres  entiers  de  1000  à  10000.  » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées 
delà  Correspondance  un  opuscule  de  MM.  Gluge  et  Thiernesse  sur  la  réu- 
nion des  fibres  nerveuses  sensibles  avec  les  fibres  motrices. 

L'existence  des  deux  sortes  de  fibres  ayant  été  bien  établie  par  l'expé- 
rience, il  devait  nécessairement  se  présenter  la  question  suivante  :  Les  fonc- 
tions si  différentes  des  fibres  nerveuses  sont-elles  inhérentes  à  l'organisation 
de  ces  dernières,  ou  les  effets  si  variés  que  produisent  l'action  des  nerfs  dé- 
pendent-ils uniquement  des  centres  où  ils  naissent  et  des  organes  où  ils  se 
rendent?  Plusieurs  physiologistes  se  sont  occupés  de  résoudre  cet  intéressant 
problème.  Parmi  les  expériences  entreprises  dans  ce  but  ou  y  tendant  plus 
ou  moins  directement,  il  faut  citer  en  première  ligne  celles  qui  font  l'objet 
d'un  Mémoire  présenté  par  M.  Flourens  eu  1827  à  l'Académie  des  Scien- 
ces. Ces  expériences  n'étaient  pas  faites  pour  nier  ou  pour  affirmer  l'identité 
des  fibres  nerveuses,  mais  elles  prouvaient  incontestablement  la  réunion 
par  une  cicatrice  formée  de  fibres  nerveuses,  de  nerfs  de  nature  différente, 
quant  à  leur  fonction.  Elles  fournissaient  encore  d'autres  données  précieu- 
ses sur  les  conditions  qui  président  à  l'intégrité  des  fonctions  d'un  nerf. 


(450 

Ce  fut  M.  Schwanii  qui  le  premier  posa  nettement  la  question,  mais  il  ne 
la  résolut  pas.  D'autres  expériences  entreprises  postérieurement  ne  se  trou- 
vèrent jamais  pleinement  concluantes;  c'est  dans  cet  état  de  choses  que 
MM.  Gluge  et  Thiernesse  firent  à  l'école  de  médecine  vétérinaire  de  Bruxelles 
les  expériences  exposées  dans  le  présent  opuscule.Dans  ces  expériences,  faites 
sur  des  chiens,  ils  constatent  les  résultats  obtenus  seulement  au  moyen  de  la 
contraction  musculaire,  ayant  reconnu  depuis  longtemps  combien  on  est 
exposé  à  être  induit  en  erreur  quand  on  prend  ses  indices  dans  la  sensibi- 
lité de  l'animal,  certains  chiens  n'en  donnant  aucun  signe  quand  ils  sont 
soumis  à  des  lésions  qui  ne  peuvent  manquer  d'être  très-douloureuses, 
tandis  qu'à  d'autres  la  plus  légère  secousse  arrachera  des  cris. 

Nous  ne  pouvons  suivre  les  deux  physiologistes  dans  le  détail  de  ces  ex- 
périences, qui  sont  au  nombre  de  dix,  et  nous  nous  bornerons  à  reproduire 
leurs  conclusions,  qui  sont  : 

'<  1°.  Que  les  fibres  sensibles  ne  peuvent  être  transformées  en  fibres  mo- 


trices ; 


»  a".  Que  le  mouvement  organique  dans  les  fibres  nerveuses  qui  détermine 
la  sensation  doit  être  différent  de  celui  qui  produit  la  contraction  mus- 
culaire. » 

M.  lE  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  le  professeur  Tigri, 
de  Sienne,  des  observations  istologiques  sur  un  fragment  osseux  adhérent  à  la 
grande  faux  de  la  dure-mère. 

L'auteur,  à  l'occasion  des  communications  faites  récemment  à  l'Académie 
sur  le  rôle  du  périoste  dans  la  production  des  os,  et  sur  le  rôle  de  la  dure- 
mère  relativement  à  la  formation  de  la  table  interne  des  os  du  crâne,  adresse 
ces  observations  faites  au  mois  de  mars  de  cette  année  après  la  nécropsie 
d'un  individu  atteint  de  lipomanie  et  mort  dans  l'asile  des  aliénés  de  Sienne. 
M.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  donnant  une  brève  analyse  de  cette  observa- 
tion, fait  remarquer  que  cette  communication,  de  même  que  celle  de 
M.  Molas,  montre  comment  l'anatomie  pathologique  et  l'anatomie  comparée 
se  complètent  souvent  mutuellement  pour  mettre  en  évidence  certaines  vé- 
rités physiologiques.  Ici  pour  établir  la  nature  de  la  dure-mère  et  son  iden- 
tité avec  le  périoste,  les  observations  faites  sur  les  animaux  dont  la  tente  du 
cervelet  est  ossifiée,  offraient  déjà  un  fait  bien  concluant  pour  le  rôle  attri- 
buable  à  la  dure- mère  dans  la  formation  de  la  table  interne  du  crâne,  mais 
la  formation  pathologique  de  productions  osseuses  dans  la  faux  du  cerveau 
ferait  disparaître  les  derniers  doutes  s'il  en  pouvait  rester  encore. 

60.. 


(452  ) 

ZOOLOGIE.  —  Observations  relatives  à  ta  reproduction  de  divers  zoophytes  et 
à  la  transformation  du  Trichina  spiralis  en  Trichocephalus;  extrait  d'une 
Lettre  de  M.  Van  Beneden,  en  date  du  23  août,  adressée  à  M.  Milne 
Edwards. 

«  Il  y  a  plusieurs  phénomènes  qui  se  rattachent  à  la  conservation  de 
l'espèce,  dont  les  rapports  ne  me  semblent  pas  avoir  été  bien  appréciés, 
et  qui  se  montrent  régulièrement  dans  les  aquariums. 

»  Vous  avez  vu  la  discussion  qui  a  eu  lieu  à  l'Association  britannique  au 
sujet  de  la  reproduction  des  actinies.  — Cette  discussion  m'a  étonné.  —  J'ai 
vu  très-souvent  des  actinies  se  déplacer  sur  les  parois  du  verre  de  l'aqua- 
rium, en  abandonnant  des  traînées  de  leur  masse  charnue,  et  celle-ci  donner 
naissance  à  autant  de  petites  actinies  qu'il  y  avait  de  masses  isolées.  On  a 
demandé  si  ces  jeunes  actinies  ne  sont  pas  le  résultat  du  développement 
d'œufs  logés  dans  les  tissus?  Cela  n'est  évidemment  pas.  —  11  ne  faut  pas 
d'œufs  pour  cette  multiplication. 

»  J'ai  vu  dans  plusieurs  annélides  et  polypes  des  phénomènes  analogues. 
»  En  mettant  une  touffe  de  tubulaires  bien  vivantes  dans  l'aquarium,  on 
voit  souvent  les  têtes  tomber  successivement  ;  on  croit  la  colonie  perdue,  et 
au  bout  d'un  certain  temps  on  est  tout  étonné  de  voir  revenir  les  têtes  avec 
leur  double  couronne  de  tentacules.  —  Celles-ci  sont  ordinairement  plus 
pâles  que  les  premières.  Cette  seconde  tête  tombe  de  nouveau  et  bientôt 
une  nouvelle  la  remplace.  —  Je  ne  sais  combien  de  fois  cela  peut  se 
répéter. 

«  J'ai  eu  des  tubulaires  d'eau  douce,  des  cordylophores,  qui  ont  présenté 
le  même  phénomène.  —  Tous  les  corps  de  ces  polypes  avaient  disparu  à  leur 
arrivée  à  Louvai».  Ils  me  sont  arrivés  à  Schleswig,  et  j'ai  appris  tout  récem- 
ment que  Retzius  vient  de  trouver  les  cordylophores  à  Stockholm.  Je  ne  les 
ai  pas  moins  placés  avec  soin  dans  un  aquarium  d'eau  douce,  et  j'ai  eu  la  sa- 
tisfaction de  voir  de  nouveaux  polypes  surgir  bientôt  au  bout  des  anciens 
tubes.  —  En  hiver  je  les  ai  perdus  de  nouveau;  mais  j'ai  eu  soin  de  laisser 
l'aquarium  qui  les  renfermait  dans  le  même  état,  et  au  printemps  de  nou- 
veaux cordylophores  couronnaient  le  haut  des  tubes  et  s'étalaient  sur  les 
parois. 

»  J'ai  vu  souvent  la  même  chose  chez  des  sertulaires  que  l'on  aurait  crues 
complètement  perdues. 

>'  Enfin  cela  s'est  présenté  encore  chez  deux  annélides  cëphalobranches.— 


(453  ) 

Les  crepina, qui,  par  parenthèse,  sont  synonymes  de  phoronis  de  M.  Wright, 
avaient  complètement  disparu  de  la  pierre  sur  laquelle  je  les  avais  observés 
en  i858  et  en  iSSg  sur  la  même  pierre,  sans  avoir  pu  découvrir  des  orga- 
nes sexuels,  un  grand  nombre  de  crépines  avaient  reparu  portant  un  nou- 
veau panache  céphalique.  Des  serpules  m'ont  présenté  encore  les  mêmes 
particularités  :  des  tubes,  veufs  en  apparence  depuis  longtemps  de  leur 
hôte,  et  ne  renfermant  plus  qu'une  faible  portion  du  ver,  ont  souvent 
montré  tout  d'un  coup  de  nouveaux  individus  vivants,  en  tout  semblables  à 
ceux  qui  les  avaient  précédés. 

s  II  est  vrai,  s'il  y  a  une  grande  analogie  entre  ces  phénomènes  des  po- 
lypes et  des  vers,  dans  ces  derniers  ce  ne  sont  que  les  individus  qui  regagnent 
les  parties  du  corps  qu'ils  avaient  perdues. 

»  Dans  un  autre  ordre  de  faits,  voici  une  observation  de  Leuckart  qui 
vous  intéressera. —  Il  me  prie  d'en  faire  part  à  notre  Académie,  mais  nous 
n'avons  plus  de  séance  avant  le  mois  d'octobre. 

»  Le  Trichina  s/Jirn/îs  de  l'homme,  dont  on  ne  connaissait  pas  encore  la 
forme  sexuelle,  devient  le  Trichocephalus  dispar  (Tr.  crenatus].  Il  s'en  est 
assuré  directement  par  l'expérience.  Il  a  nourri  un  jeune  cochon  avec  des 
trichines  enkystés  encore  dans  les  chairs,  et  au  bout  de  cinq  semaines  il  a 
trouvé  un  millier  de  trichocéphales  sexués  dans  les  intestins  de  cet  animal.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Os  de  cheval  et  de  hœuj  appartenant  à  des  espèces  perdues, 
trouvés  dans  la  même  couche  de  diluvium  d'où  l'on  a  tiré  des  haches  en  pierre; 
extrait  dune  Lettre  de  M.  A.  Gaudry  à  M.  Flourens. 

«  Vous  savez  qu'on  avait  généralement  attaché  peu  de  foi  aux  an- 
nonces de  haches  trouvées  en  Picardie  dans  le  même  diluvium  où  l'on 
rencontre  des  débris  (ÏElephas  primigenius,  de  Rhinocéros  tichorhinus,  etc.; 
on  objectait  que  nul  géologue  n'avait  vu  ces  haches  en  place.  Au  printemps 
dernier  une  réunion  de  savants  anglais  s'est  organisée  sous  la  direction  de 
M.  Prestwich  pour  étudier  le  gisement  des  haches;  M.  Prestwich  n'a  pas 
lui-même  trouvé  de  ces  instruments;  mais  un  de  ses  compagnons, 
M.  Flower,  a  assuré  en  avoir  hù-mêine  vu  en  place  dans  le  diluvium.  J'ai 
désiré  définitivement  résoudre  la  question  :  j'ai  fait  creuser  une  profonde 
excavation  sans  quitter  un  seul  instant  les  ouvriers;  j'ai  trouvé  neuf  haches 
parfaitement  en  place  dans  le  diluvium,  associées  avec  desdentsd'jE'^uws/os- 
silis  et  d'une  espèce  de  Bos  différente  des  espèces  actuellement  vivantes  et 


(  454  ) 

semblable  à  celle  du  diliivium  et  des  cavernes.  La  détermination  précise  du 
gisement  des  haches  prouve  définitivement  que  l'homme  a  été  contemporain 
de  plusieurs  des  grands  animaux  fossiles  détruits  de  nos  jours.    « 

CHIMIE.  —  Action  des  sets  solubles  sur  les  sels  insolubles;  affinité  spéciale  de 
l'acide  phospliorique  pour  les  sesquioxydes  ;  par  M.  E.  Guujnet. 

«  Les  travaux  déjà  anciens  de  Dulong,  et,  plus  récemment,  les  belles 
recherches  de  M.  Henri  Rose  et  de  M.  Malaguti,  ont  fait  connaître  un 
certain  nombre  de  phénomènes  curieux  relatifs  à  la  décomposition  des  sels 
solubles  par  les  sels  insolubles.  Néanmoins  les  doubles  décompositions  de 
ce  genre  se  présentent  en  quelque  sorte  comme  des  exceptions,  si  on  les 
compare  aux  innombrables  réactions  entre  composés  solubles,  en  usage 
dans  les  laboratoires  et  dans  l'industrie.  C'est  pourquoi  je  pense  qu'il  n'est 
pas  sans  intérêt  de  faire  connaître  toute  une  classe  nouvelle  de  doubles 
décompositions  entre  un  sel  soluble  et  un  sel  insoluble  ;  d'autant  plus  que 
ces  réactions  s'effectuent  presque  toujours  avec  une  facilité  remarquable, 
souvent  même  à  la  température  ordinaire  et  par  conséquent  bien  plus  aisé- 
ment que  la  décomposition  des  sulfates  insolubles  par  les  carbonates 
alcalins. 

»  On  peut  donc  présumer  que  l'analyse  chimique  pourra  tirer  parti  de 
ces  réactions,  que  je  n'ai  vues  mentionnées  nulle  part,  et  qui  peuvent 
s'énoncer  ainsi  d'une  manière  générale  : 

»  Un  phosphate  insoluble  formé  par  un  protoxyde  est  complètement  dé- 
composé par  un  sel  soluble  à  base  de  sesquioxyde  soit  à  froid,  soit  à  l'aide 
de  l'ébullition, 

»  Il  se  forme  un  phosphate  de  sesquioxyde  insoluble  et  il  reste  en  disso- 
lution un  sel  de  protoxyde. 

1)  Je  citerai  quelques  exemples  choisis  parmi  les  sels  colorés,  afin  qu'on 
puisse  les  vérifier  plus  aisément. 

»  Pour  avoir  des  sels  de  sesquioxydes  parfaitement  neutres,  il  est  com- 
mode de  prendre  les  aluns,  à  base  de  potasse,  d'ammoniaque  ou  autres. 

M  1°.  Phosphate  de  cobalt  et  alun  de  potasse  ordinaire.  —  La  réaction  est 
complète  en  moins  d'une  heure  d'ébuUition.  Le  phosphate  de  cobalt,  qui  est 
d'un  rose  violacé,  se  transforme  en  phosphate  d'alumine  blanc  et  insoluble. 
La  liqueur  contient  du  sulfate  double  de  potasse  et  de  cobalt  qui  cristallise 
le  premier  par  l'évaporation,  et  du  sulfate  de  cobalt  qui  se  dépose  en  dernier 
lieu. 


(  455  ) 

»  Afin  de  m'assurer  que  la  décomposition  était  bien  complète,  j'ai  fait 
bouillir  du  phosphate  de  cobalt  avec  un  grand  excès  d'alun,  et  je  l'ai  changé 
complètement  en  phosphate  d'alumine  ;  puis  j'ai  fait  bouillir  la  liqueur 
avec  un  excès  de  phosphate  de  cobalt,  et  j'ai  constaté  qu'elle  ne  contenait 
plus  d'alumine. 

»  2°.  Même  phosphate  et  alun  de  chrome.  —  IjB  réaction  est  encore  plus  ra- 
pide ;  la  liqueur  verte  devient  rose  après  quelques  instants  d'ébullition,  et  il 
se  forme  un  phosphate  de  chrome. 

))  3°.  Même  phosphate  et  alun  de  sesquioxyde  de  fer.  —  La  décomposition 
s'opère  complètement  à  froid  et  en  quelques  minutes. 

»  An  lieu  des  aluns  on  peut  prendre  tout  autre  sel  de  sesquioxyde.  J'ai 
opéré  sur  des  sels  très-différents  au  point  de  vue  de  la  composition  chimi- 
que, par  exemple  sur  l'azotate  neutre  de  sesquioxyde  de  fer,  le  tartrate  de 
fer  et  de  potasse,  etc. 

"  Les  phosphates  de  nickel,  d'argent,  etc.,  se  comportent  comme  celui 
de  cobalt.  Il  en  est  de  même  du  phosphate  de  cuivre;  mais  avec  ce  dernier 
phosphate  les  décompositions  s'opèrent  plus  lentement. 

»  Je  n'ai  fait  aucune  analyse  quantitative  des  produits  que  j'ai  obtenus; 
j'ai  voulu  seulement  appeler  l'attention  des  chimistes  sur  des  réactions  qui 
semblent  prouver  que  l'acide  phosphorique  possède  une  affinité  toute  spé- 
ciale pour  les  sesquioxydes.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  un  phénomène  de  magnétisme  qui  s'est  produit 
sous  l'injhience  de  [aurore  boréale  du  21  août  dernier;  Lettre  de  M.  L. 

GiRAlID. 

«  Dans  la  soirée  du  19  août,  c'est-à-dire  deux  jours  avant  l'apparition  de 
l'aurore,  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  quelques  expériences  de  magnétisme, 
et,  pour  ce  faire,  je  me  suis  servi  d'une  barre  d'acier  que  j'ai  soumise  plu- 
sieurs fois  à  l'action  de  l'aiguille  aimantée,  et  qui  ne  m'a  pas  offert  la  plus 
légère  trace  d'aimantation. 

»  Il  y  a  quelques  jours,  mardi  dernier,  j'ai  voulu  continuer  les  expé- 
riences que  j'avais  forcément  abandonnées;  j'ai  repris  la  barre  d'acier  qui 
déjà  m'avait  servi,  et  je  me  disposais  à  expérimenter,  lorsque  je  m'aperçus 
que  la  barre  placée  sur  mon  bureau  avait  attiré  et  fixé  deux  plumes  métal- 
liques. Le  morceau  d'acier  était  devenu  un  aimant  parfait,  régulier,  sans 
aucun  point  conséquent.  Je  fus  d'abord  très-surpris  de  ce  fait,  mais  ma 
conviction  ne  tarda  pas  à  se  former  que  l'aimantation  avait  àù  nécessaire- 


(  456  ) 
ment  se  produire  sous  l'influence  de  l'aurore  boréale  qui  s'était  manifestée 
quelques  jours  auparavant.  Il  me  reste  à  exposer  les  faits  qui  déterminent 
mon  opinion. 

»  Pendant  l'intervalle  de  mes  deux  séries  d'expériences,  la  barre  d'acier 
resta  exposée  à  l'air,  sur  mon  balcon  qui  est  orienté  du  sud  au  nord  envi- 
ron. Elle  était  appuyée  contre  l'extrémité  du  balcon,  etfaisait  à  peu  près  un 
angle  de  65  à  70  degrés  avec  l'horizon,  c'est-à-dire  qu'elle  se  trouvait  ap- 
proximativement dans  la  direction  de  j'aiguille  d'une  boussole  d'inclinaison 
orientée.  D'autre  part,  les  quelques  observations  qui  ont  été  faites  sur  l'aur 
rore  boréale  ont  établi  qu'elle  commença  à  l'ouest,  et  s'éleva  par  un  mou- 
vement de  translation  assez  lent  au-dessus  de  l'horizon,  se  dirigeant  vers 
l'est.  Ainsi,  pendant  l'aurore  boréale,  la  barre  d'acier  était  exposée  à  l'air 
et  se  trouvait  dans  le  méridien  magnétique  faisant  avec  la  direction  du  mou- 
vement du  phénomène  météorologique  un  angle  de  90  degrés.  Dans  ces 
circonstances,  est-il  téméraire  d'admettre  que  l'aurore  boréale  a  développé 
et  fixé  l'électricité  dans  la  barre  d'acier,  à  la  manière  d'un  solénoïde?  Je 
regrette  vivement  de  n'avoir  pas  remarqué  la  disposition  des  pôles?  je  m'at- 
tendais si  peu  au  résultat  que  le  hasard  m'a  fait  connaître,  que  je  n'ai  pas 
fait  cette  observation.   » 

M.  Payebse  adresse  deFécamp  une  Note  relative  à  un  bolide  qu'il  a  ob- 
servé dans  cette  ville  le  23  septembre  à  S*"  lo™  dans  la  direction  du  nord- 
ouest.  Ce  météore,  très-remarquable  par  son  éclat,  était  élevé  d'environ 
23  degrés  au-dessus  de  l'horizon  quand  il  a  frappé  les  yeux  de  l'observateur 
et  est  disparu  après  un  parcours  oblique  de  12  à  1 5  degrés,  sans  laisser 
après  lui  d'étincelles. 

M.  GciLLON  annonce  qu'il  vient  de  faire  exécuter  un  brise-pierre  sécateur 
propre  à  morceler  rapidement,  pour  les  pidvériser  ensuite,  les  volumineux 
calculs  vésicaux  qui  nécessitent  habituellement  l'opération  de  la  tadle. 
M.  Guillon  se  propose  de  le  présenter  pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  de  1860. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


>■«-»»« 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉIUIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  3  OCTOBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Elie  DE  Beaoiont  fait  hommage,  au  nom  de  l'auteur  M.  Plana,  d'un 
«  Mémoire  sur  le  mouvement  du  centre  de  gravité  d'un  corps  solide  lancé 
vers  la  terre  entre  les  centres  de  la  lune  et  de  la  terre  supposés  fixes  immé- 
diatement après  l'impulsion  » 

■  o  M.  MiLNE  Edwards  donne  quelques  nouveaux  détails  relatifs  à  latrans- 
fornjation  de  la  Trichina  spiralis  en  Trichocéphale.  Ce  phénomène  avait  déjà 
été  annoncé  par  un  des  helminthologistes  les  plus  célèbres  de  l'Allemagne, 
M.  Kûchenmeister,  et  admis  par  M.  Wienland  ainsi  que  par  notre  savant 
confrère  M.  MoquinTandon,  mais  n'était  pas  suffisamment  démontré,  et 
les  expériences  nouvelles  de  M.  Leuckart  offrent  beaucoup  d'intérêt  à  cause 
de  la  netteté  des  résultats  obtenus.  » 

a  M.  Moquin-Tandon  ajonte  que  la  démonstration  du  fait  dont  il  s'agit 
est  de  la  plus  grande  importance.  La  Trichine  était  le  seul  genre  d'Ento- 
zoaires  cylindriqnes  [ISématoïdes  ou  Cavitaires)  qui  n'offrait  pas  d'organes 
sexuels.  Cette  exception  n'existe  plus.  »  '■' 

G.  R.,  i859,  2™«  Semestre.  (T.   XLIX,  N»  14.  J  6l 


(458  ) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  perlurbalions  magnétiques  observées  à  Rome 
le  2  septembre  iSSg.  (Lettre  du  R.  P.  Secchi  à  M.  Le  Verrier.) 

«  Rome,  21  septembre  1859.    ' 

»  Le  2  septembre  a  été  remarquable  par  la  grande  perturbation  électri- 
que qui  s'est  manifestée  dans  les  fils  télégraphiques.  Le  P.  Pietro  Monte  a 
déjà  fait  connaître  la  perturbation  magnétique  observée  k  Livoiirne;  je 
crois  que  quelquesdétails  sur  les  observations  faites  alors  au  Collège  Romain 
ne  seront  pas  sans  intérêt,  car  il  y  a  quelques  particularités  qui  ont  été  re- 
marquées et  qui  paraissent  avoir  échappé  aux  autres  observateurs. 

»  La  perturbation  commença  déjà  à  se  montrer  le  i*"^  septembre.  Ce 
jour,  le  magnétomètre  vertical  se  trouva  hors  d'échelle  à  4  heures  du 
soir,  indiquant  une  diminution  de  force  verticale.  Le  lendemain  2  septem- 
bre, à  7  heures  du  matin,  on  trouva  les  barreaux  extrêmement  agités; 
leurs  oscillations  étaient  de  10  et  3o  divisions  de  l'échelle.  A  7''  10™  la 
position  extrême  du  déclinomètre  vers  l'ouest  fut  observée  à  2°So'  au  delà 
de  la  position  ordinaire.  A  partir  de  ce  moment  le  barreau  revint  ra- 
pidement vers  l'est  jusqu'à  excéder  la  position  moyenne  de  i^aS'  où  il  ar- 
riva à  7''  3o™,  en  parcourant  4°i3'  en  moins  d'une  demi-heure.  Cette  per- 
turbation est  étonnante  pour  nous,  la  plus  grande  observée  jusqu'alors 
étant  de  45  ou  5o  minutes.  Le  bifilaire  était  sorti  de  son  échelle;  mais  à 
l'aide  d'une  échelle  auxiliaire  on  trouva  — 55  divisions;  c'est-à-direqu'il  avait 
dévié  de  2"|^  en  moins,  et  comme  peu  après  il  monta  jusqu'à  1 1 5  divisions, 
toute  la  vibration  réduite  en  parties  de  la  force  équivaut  à  une  diminution 
dans  la  composante  horizontale  de  0,129  '^^^  presque  de  |. 

»  A  8  heures  le  déclinomètre  marquait  181  divisions,  c'est-à-dire  était  de 
60  divisions  à  Test  de  la  position, moyenne;  le  bifilaire  était  encore  au  des- 
sous de  sa  position  moyenne,  qui  est  environ  ï  10  divisions,  et  marquait 
40  divisions.  A  cet  instant  on  observa  l'état  du  ciel  et  on  remarqua  que  du 
côté  du  nord  tout  l'horizon  était  encombré  d'un  épais  brouillard  d'où  par- 
taient de  nombreux  cirri  dans  la  direction  du  nord-ouest,  arrivant  jusqu'au 
delà  du  zénith.  Cet  état  dura  jusqu'à  9  heures.  Ces  nuages  étaient  déchi- 
quetés sur  les  bords  et  variaient.  Le  vent  du  nord  était  faible. 

»  De  8'' 3o™  à  S**  46™,  on  observa  le  déclinomètre,  oscillant  entre  i38 
et  i53  divisions,  et  127  et  170  divisions,  et  le  bifilaire  de  44  à  70  divisions. 
A  S*"  46"",  le  déclinomètre  marqua  170  divisions,  et  le  bifilaire  sauta  de  3o 
à  1 1 5  divisions.  Le  vertical,  qui  était  resté  hors  d'échelle,  rentra  un  instant 


.  (  459  ) 
et  sortit  de  l'autre  côté.  Les  mouvements  brusques  indiquaient  une  augmen- 
tation considérable  de  force. 

»  Après  plusieurs  oscillations  assez  grandes,  les  instruments  commen- 
cèrent à  se  tranquilliser  un  peu. 

A    g*»  So"",  la  position  du  déclinomètre  était  1 16,5,  du  bifilaire  82,0,  du  vertical  22,0  div. 
Aio''2o"",  .  117.4»         »  56, G,  »  12,0    . 

le  déclinomètre  étant  à  peu  près  à  sa  place  normale,  mais  les  autres  indi- 
quant une  variation  d'inclinaison  notable  et  d'intensité. 
»  A  3  heures  du  soir  la  perturbation  augmenta  : 

h    m  Div.  Div.                               Div. 

2.3o  Déclinomètre     94  Bifihiire  126  Vertical   18  à  27 

3.00              »  106          »  72  à  81          »         3o 

3.3o              »  m          »  0,0               »        35 

4i5              »  ii5          »  72                   »        sorti  d'échelle. 

»  A  9  heures  du  soir  tout  se  tranquillisait,  et  à  minuit  tout  était  presque 
dans  im  état  normal  . 

12''     Déclinomètre  116,2  div.     Bifilaire  99,1   div.     Vertical     43,5o  div. 

»  L'effet  produit  par  cette  perturbation  a  été  d'augmenter  la  compo- 
sante verticale  notablement.  Elle  avait  diminué  de  beaucoup  pendant  le 
mois  d'août,  surtout  dans  les  premiers  quinze  jours  dans  lesquels  la 
température  très-élevée  ici  donna  comme  moyenne  des  maxima  35°,o8. 
La  position  du  vertical  n'avait  pas  sensiblement  changé,  quoique  la  tem- 
pérature ait  diminué,  et  que  la  moyenne  des  maxima  fût  descendue 
à  27°, 35.  Après  la  perturbation,  la  force  verticale  se  trouva  augmentée 
de  o,oo37  ;  mais  il  semble  que  peu  à  peu  elle  va  en  diminuant  de 
nouveau. 

»  Je  finirai  avec  quelques  remarques  sur  cette  intéressante  perturbation 
magnétique. 

»  1°.  Les  variations  des  trois  instruments  n'ont  pas  été  simultanées, 
mais  les  vibrations  maxima  sont  arrivées  en  temps  différents  pour  cha- 
cun d'eux.  Pour  le  déclinomètre,  la  déviation  à  l'ouest  a  été  plus  forte  que 
celle  à  l'est,  et  il  en  est  résulté  même  une  augmentation  vers  l'ouest  de 
1 1  minutes  environ. 

»  2°.  Ces  grandes  vibrations  sont  contemporaines  avec  les  courants  ob- 
servés sur  les  lignes  télégraphiques. 

x  3°.  Les  nuages  observés  dans  le  ciel  avaient  tout  l'aspect  de  ceux  de 

61.. 


(46o) 
l'aurore  boréale  lorsque  ce  phénomène  arrive  de  jour,  et  comme  on  le  cons- 
tata le  29  août  même  à  Rome. 

»  4°.  Il  est  très-remarquable  que  ces  grandes  perturbations  ont  coïncidé 
avec  l'époque  d'un  maximum  de  taches  solaires,  et  précisément  lorsqu'une 
grande  tache  était  visible  sur  le  disque,  même  sans  instruments.  Je  vous 
envoie  un  dessin  de  cette  tache  qui  est  très-remarquable  par  l'aspect  des 
filaments  et  courants  dont  elle  est  formée,  ce  qui  montre  une  grande  agi- 
tation. 

»  5°.  La  grande  élévation  de  température  que  nous  avons  eue  cette 
année  dans  les  mois  de  juillet  et  d'août,  n'est  peut-être  pas  étrangère  à  ces 
vicissitudes  solaires.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  phénomènes  qui  se  sont  manifestés  dans  les  fils 
télégraphiques  de  la  Toscane  après  Caurore  boréale  observée  dans  la  nuit  du 
28  au  ag  août;  Note  de  M.  Cu.  Mattehjcci. 

n  c'est  M.  Arago  qui  a  établi  premièrement  par  un  grand  nombre  d'ob- 
servations l'existence  d'une  relation  entre  l'aurore  boréale  et  la  force 
magnétique  de  la  terre.  Cette  relation  n'était  connue,  jusqu'à  l'année  1847, 
que  par  des  perturbations  plus  ou  moins  grandes  qui  avaient  lieu  dans  la 
déclinaison  magnétique  pendant  l'aurore.  C'est  dans  cette  année,  et  préci- 
sément dans  la  nuit  du  17  novembre,  qu'une  belle  aurore  a  été  visible  à 
Pise  et  dans  toute  l'Italie  ;  cette  aurore  était  accompagnée  par  des  effets 
dans  les  fils  télégraphiques  que  j'ai  décrits  dans  une  lettre  à  M.  Arago, 
lettre  reproduite  dans  le  tome  I"  de  ses  Notices  scientifiques.  Ces  effets 
consistaient  dans  des  courants  temporaires  qui  circulaient  dans  les  fils  télé- 
graphiques, et  qui  étaient  assez  forts  pour  faire  agir  les  électro-iimants  et 
empêcher  la  marche  des  appareils.  A  mesure  que  les  lignes  télégraphiques 
se  sont  étendues  sur  la  surface  du  globe,  cette  observation  a  été  partout 
confirmée.  Des  phénomènes  semblables,  mais  plus  intenses  et  plus  persis- 
tants que  ceux  qu'on  avait  observés  jusqu'ici,  se  sont  reproduits  cette 
année  dans  les  derniers  jours  du  mois  d'août,  à  la  suite  d'une  aurore 
boréale,  et  l'Académie  a  déjà  reçu  plusieurs  observations  importantes  à 
ce  propos. 

»  L'obscurité  qui  règne  encore  sur  la  cause  physique  de  cette  relation, 
malgré  les  vues  très-ingénieuses  avancées  par  M.  de  la  Rive,  nous  fait  un 
devoir  de  recueillir  et  de  consigner  dans  les  annales  de  la  science  tous  les 
résultats  qui  s'y  rapportent. 


(46.  ) 

»  Dans  la  nuit  du  28  au  29  août,  l'aurore  boréale  a  été  observée.  C'est 
vers  les  6  heures  du  matin  du  29  que  le  trouble  dans  la  marche  des 
lignes  télégraphiques  de  la  Toscane  est  devenu  sensible  :  vers  10  heures, 
un  courant,  qui  marquait  2?  degrés  à  la  boussole  du  bureau  télégraphique, 
comme  l'aurait  fait  à  peu  près  le  courant  de  trente  éléments  faibles  à  la 
Daniell  dans  le  même  circuit,  traversait  le  fil  supérieur  de  nos  lignes  télé- 
graphiques, dirigé  de  Pise  à  Florence  dans  le  fil.  Le  courant  augmentait 
lentement,  et  c'est  à  peu  près  dans  l'espace  de  cinq  minutes  qu'il  attei- 
gnait son  maximum  pour  s'éteindre  ensuite  brusquement.  Ces  périodes  se 
sont  renouvelées  un  grand  nombre  de  fois,  et  dans  les  intervalles  les  com- 
munications télégraphiques  pouvaient  se  faire  régulièrement.  Vers  3  heures 
après  midi,  les  effets  de  l'orage  magnétique  sur  nos  fils  télégraphiques 
étaient  passés. 

»  Je  consignerai  ici  deux  résultats  qui  ont  été  vérifiés  sur  toutes  nos 
lignes  télégraphiques  pendant  la  durée  de  ces  phénomènes  : 

»  1°..  Dans  toutes  les  lignes,  où,  comme  d'habitude,  il  y  a  plusieurs  fils 
suspendus,  isolés  les  uns  sur  les  autres  dans  le  même  plan  vertical,  le  cou- 
rant extraordinaire  le  plus  intense  a  été  observé  constamment  dans  le  fil 
supérieur,  tandis  que  dans  le  fil  le  plus  rapproché  du  sol  ce  courant  a  été 
faible  ou  nul . 

»  2°.  Le  courant  extraordinaire  était  d'autant  plus  intense,  que  le  fil  mé- 
tallique dans  lequel  il  circulait  était  plus  long. 

»  Pendant  que  ces  phénomènes  se  produisaient,  le  ciel  était  pur  et  un 
léger  vent  d'est  a  soufflé  toute  la  journée. 

»  Je  me  garderai  bien  d'entrer  dans  des  longues  considérations  hypothé- 
tiques pour  essayer  d'expliquer  les  effets  obtenus  dans  les  fils  télégraphiques, 
et  qui  accompagnent  l'apparition  de  l'aurore  boréale.  Je  remarquerai  seu- 
lement que  ces  phénomènes  se  sont  produits  le  plus  souvent  sans  qu'il  y 
eût  des  orages  dans  l'air  et  sans  l'apparition  de  ces  lumières  électriques  sur 
les  croix  des  clochers  et  sur  les  pointes  des  paratonnerres  qui  a  lieu  presque 
toujours  dans  les  grands  orages;  cela  me  paraît  exclure  l'influence  de  l'élec- 
tricité atmosphérique  ordinaire  dans  les  phénomènes  en  question.  On  doit 
remarquer  encore  que  la  déviation  de  l'aiguille  du  galvanomètre  a  aug- 
menté lentement  et  est  restée  fixe  pendant  quelques  secondes;  cela  ne 
pourrait  pas  être  si  ces  courants  étaient  développés  par  induction  à  la  suite 
des  variations  de  la  force  magnétique  de  la  terre. 

»  Tous  les  physiciens  se  rappellent  certainement  les  belles  observations 
sur  l'électricité  atmosphérique  de  Saussure  et  de  Ermann,  vérifiées  par 
M.  Biot  dans  sa  célèbre  ascension  et  qui  ont  été  plus  tard  reprises  par  Pel- 


(  46a  ) 
tier  avec  des  appareils  plus  délicats.  J'ai  deux  fois  dans  l'hiver  passé  répété 
ces  expériences  sur  le  sommet  d'une  montagne,   haute    à   peu   près  de 
4oo  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  qui  est  célèbre  par  la  défini- 
tion qu'en  a  donnée  notre  grand  poète  : 

Perché  i  P isan  veder  Lucca  non  ponno  (i). 

»  J'ai  trouvé  qu'un  fil  de  cuivre  tenu  par  un  manche  parfaitement  iso- 
lant, communiquant  par  l'extrémité  inférieure  avec  le  sol  et  par  l'extrémité 
supérieure  avec  la  boule  de  l'électroscope,  donnait  à  cette  boule  une  charge 
électrique  négative,  et  cela  sans  donner  aucun  mouvement  au  fil  et  en  le 
laissant  en  contact  avec  l'électroscope.  Dans  une  journée  d'air  froid  et  pur, 
en  laissant  le  fil  en  repos,  je  voyais  la  feuille  de  l'électroscope  renouveler 
plusieurs  fois  les  mêmes  mouvements,  c'est-à-dire  dévier  plusieurs  fois  vers 
la  pile  à  sec,  toucher  cette  extrémité,  tomber  brusquement,  et  ainsi  de  suite. 
J'ai  alors  préparé  un  grand  parasol  couvert  de  lames  minces  d'étain,  et  j'ai 
recouvert  avec  ce  parasol  l'électroscope  et  le  fil  métaUique  dont  j'ai  parlé.  Je 
faisais  les  expériences  tantôt  avec  le  parasol  en  communication  avec  le  sol, 
tantôtsoutenuparson  manche  de  bois,  c'est-à-dire  communiquant  imparfaite- 
ment avec  la  terre.  Les  phénomènes  électriques  ont  disparu,  ou  du  moins  les 
mouvements  de  la  feuille  d'or  sont  devenus  plus  rares  et  à  peine  on  pouvait 
les  apercevoir.  Il  résulte  de  ces  expériences  que  l'état  électrique  négatif  de  la 
surface  terrestre  n'existe  plus  sur  une  partie  de  cette  surface  lorsqu'elle  est 
récouverte  par  un  corps  conducteur,  et  il  en  est  de  cette  expérience  comme 
de  celle  qu'on  fait  depuis  longtemps  dans  l'intérieur  de  la  sphère  de  Cou- 
lomb ou  de  la  chambre  métallique  de  Faraday.  Cet  état  négatif  de  la  surface 
terrestre  a  nécessairement  un  état  électrique  positif  correspondant  dans  les 
hautes  régions  de  l'atmosphère  :  il  est  probable  que  l'état  électrique  de  la 
terre  n'a  pas  la  même  tension  dans  tous  les  points,  que  cette  tension 
est  plus  forte  sur  les  points  proéminents  et  qu'elle  varie  au  moment  des 
aurores  boréales.  Les  fils  télégraphiques  seraient  en  quelque  sorte  des 
conducteurs  appliqués  sur  deux  points  d'un  corps  électrisé,  doués  d'une 
tension  électrique  différente  ;  les  courants  dérivés  deviendraient  sensibles 
lorsque  ces  états  auraient  acquis  une  grande  intensité,  et  augmenteraient 
avec  la  longueur  du  conducteur  :  on  pourrait  également  concevoir,  ce  qui 
est  arrivé  dernièrement  dans  les  fils  télégraphiques  de  la  Toscane,  com- 
ment la  tension  la  plus  forte  existe  sur  le  fil  placé  le  plus  extérieurement  à  la 
surface  du  corps  électrisé.  » 

(i)  Montagne  par  laquelle  les  gens  de  Pise  ne  peuvent  voir  la  ville  de  Lucques. 


(  463  ) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Présence  de  l'argent  dans  Peau  de  mer. 

M.  Élie  de  Beaumont  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  de 
M.  Malaquti  en  réponse  à  des  renseignements  demandés  sur  les  recherches 
faites  à  l'étranger  relativement  à  cette  question.    . 

»  1°.  M.  Boussingault  a  inséré  dans  le  XLVIIIe  volume  des  Annales  de 
Chimie  et  Physique,  3«  série  (octobre  i856)  un  Mémoire  sur  la  variation  que 
l'eau  de  la  mer  Morte  parait  subir  dans  sa  composition.  A  la  page  i65  on  y  lit 
le  passage  suivant  :  «  Par  une  série  d'expériences  des  plus  intéressantes, 
»  MM.  Malaguti,  Durocher  et  Sarzeau  ont  prouvé  que  l'eau  de  l'Océan 
«  renferme  du  chlorure  d'argent... .  Un  savant  des  plus  distingués,  M.  For- 
»  chammer  de  Copenhague,  a  confirmé  le  fait  en  ce  qui  concerne  l'eau  de 
»   la  Baltique.   » 

»  2°.  Voici  ce  qu'on  lit  dans  le  XXXl^  volume  du  Journal  de  Pharmacie, 
à  la  page  3i6  :  «  M.  Field  a  confirmé,  d'une  manière  Fort  intéressante,  le  fait 
»  constaté,  il  y  a  quelques  années,  par  MM.  Malaguti,  Durocher  et  Sarzeau, 
»  de  la  présence  de  l'argent  dans  l'eau  de  la  mer.  5e  fondant  sur  l'action 
»  réductrice  qu'une  lame  de  cuivre  exerce  sur  le  chlorure  d'argent  dissous 
»  dans  le  chlorure  de  sodium,  l'auteur  pensa  que  le  cuivre  et  le  laiton  (yel- 
»  low  métal)  qui  servent  à  protéger  les  vaisseaux  et  qui  ont  séjourné  dans 
»  la  mer  doivent  contenir  plus  d'argent. 

»  M.  Field  a  en  effet  constaté  qu'il  en  est  ainsi  d'un  cuivre  de  doublage 
»  ayant  servi  à  un  bâtiment  qui  avait  croisé  pendant  sept  ans  dans  l'océan 
1)  Pacifique.  Ce  cuivre  était  tellement  friable,  qu'on  pouvait  le  pulvériser 
i>  entre  les  doigts.  Il  contenait  plus  d'un  demi  pour  cent  d'argent. 

u  Une  autre  expérience  a  été  faite  avec  deux  échantillons  de  cuivre  de 
»  doublage,  l'un  ayant  servi  pendant  trois  ans  dans  l'océan  Pacifique, 
»  l'autre  n'ayant  jamais  vu  la  mer.  Le  premier  métal  contenait  huit  fois  plus 
»  d'argent  que  le  second.   »  {Globe,  i4  janvier  1857.) 

»  3°.  Ala  page  59  duXIPvolumedu  Cosmos  (livraison  du  1 5  janvier  i858) 
»  on  lit  :  a  On  sait  que  MM.  Durocher  et  Malaguti  avaient  constaté  l'exis- 
»  tence  dans  l'eau  de  mer  d'ime  quantité  appréciable  d'argent...  M.  Field  en 
»  Amérique  a  répété  l'expérience  des  savants  français,  et  il  est  arrivé,  de 
«  son  côté,  à  cette  conclusion  que  l'Océan  contient  au  moins  2  millions  de 
»  tonnes  ou  2  billions  de  kilogrammes  d'argent.   » 

«  A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Ghevreul  rappelle  que  la  pré- 
sence de  l'argent  et  d'autres  métaux  dans  l'eau, de  la  mer  avait  été  indi- 


(  464  ) 

quée  comme  probable  par  Proust,  il  y  a  plus  de  soixante  et  dix  ans.  Dans  une 
Lettre  écrite  de  Madrid  en  date  du  4  avril  1787,  par  ce  savant  chimiste,  et 
adressée  à  La  Metherie,  qui  la  publia  dans  le  Journal  de  Physique  de  la 
même  année,  on  lit  le  passage  suivant  :  «  De  l'action  des  eaux  de  la  mer  sur 
»  l'argent.  —  Si  le  lit  sur  lequel  reposent  les  eaux  de  l'Océan  devient  un 
»  jour  terre  habitable,  les  hommes  qui  fouleront  alors  ce  continent  nou- 
»  veau  parviendront  sans  doute  à  retrouver  ces  immenses  trésors  que  la 
»  voracité  des  mers  ne  cesse  d'engloutir  depuis  que  le  nouveau  monde  est 
»  fréquenté  de  l'ancien.  L'événement  du  naufrage  que  le  vaisseau  le  Saint- 
»  Pierre  d'Alcantara  a  fait  sur  les  côtes  de  Portugal  vient  de  nous  mettre  à 
»  portée  de  prédire  la  métamorphose  sous  laquelle  l'argent  se  montrera 
»  dans  les  temps  à  venir.  L'acide  marin,  ce  premier  élément  de  la  salure 
»  des  mers,  dérogeant  à  l'attraction  qui  le  fixe  à  sa  base,  aura  changé  ce 
»  métal  en  mine  d'argent  corné.  Le  court  espace  de  temps  écoulé  depuis 
»  le  moment  du  naufrage  à  celui  où  l'on  a  pu  relever  les  espèces  mon- 
»  nayées  a  suffi  pour  en  attaquer  la  surface  à  un  quart  de  ligne  de  pro- 
»  fondeur.  Ces  pièces  sont  sorties  de  la  mer  recouvertes  d'une  couche 
»  noire  qui  s'en  sépare  par  écailles,  et  que  j'ai  reconnue  pour  de  l'ar- 
»  gent  corné.  » 

»  Une  autre  Note  de  date  peu  postérieure,  mais  qui  ne  fut  publiée  qu'en 
1799  dans  le  Journal  de  Physique,  a  principalement  trait  aux  indices  de 
mercure  dans  l'eau  de  la  mer  et  le  sel  marin,  et  se  termine  par  les  lignes 
suivantes  qui  ne  peuvent  que  contribuer  aussi  à  donner  plus  d'intérêt  à  la 
communication  de  M.  Malaguii  : 

«  Si  quelqu'un,  après  avoir  lu  ceci,  prenait  la  peine  d'observer  si  le  dou- 
»  blage  d'un  vaisseau  nouvellement  mis  en  mer  s'argentait  dans  quelque 
»  partie,  surtout  lorsqu'il  commence  à  sillonner  pour  la  première  fois  les 
»  mers  ;  s'il  prenait  la  peine  de  suspendre  dans  leurs  eaux  une  plaque 
»  d'or  pour  en  observer  les  changements,  il  pourrait  se  flatter  peut-être  de 
»  fournir  à  son  retour  un  article  de  plus  à  l'histoire  naturelle  du  sel  marin  ? 
»  Qui  sait  si  la  destruction  des  doublages,  quelquefois  si  rapide,  et  encore 
»  si  inconnue  dans  sa  cause,  ne  dépendrait  point  de  l'existence  du  mercure, 
»  plus  abondante  dans  certaines  mers  que  dans  d'autres.  » 

M.  DE  Baer  fait  hommage  à  l'Académie  de  deux  ouvrages  qu'il  a  récem- 
ment publiés  :  l'un  contenant  la  description  et  la  figure  de  crânes  du  Musée 
de  l'Université  impériale  de  Saint-Pétersbourg;  l'autre  dans  lequel  il  déve- 
loppe ce  qui  dans  le  premier  se  rapporte  aux  Papous  et  aux  Alfourous. 
(  Voir  au  bulletin  Bibliographique.) 


(  465  ) 

•  -  "il 

M.  Isidore  Pierre  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  ses 
«  Études  comparées  sur  la  culture  des  céréales,  des  plantes  fourragères  et 
des  plantes  industrielles,  résumé  des  leçons  faites  à  la  Faculté  des  Sciences 
de  Caen  pendant  l'année  scolaire  1 858- 1869  ». 


MEMOIRES  LUS. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  résuUals  de  fouilles  géologiques  entreprises  aux  environs 
d'Amiens;  par  M.  A.  Gacdry.  (Extrait.  ) 

(Commissaires,  MM.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  d'Archiac,  de  Verneuil.) 

Après  avoir  rappelé,  dans  la  première  partie  de  ce  Mémoire,  ce  qu'il 
avait  dit  dans  sa  Lettre  du  26  septembre,  relativement  aux  motifs  qui  le 
portèrent  à  chercher  dans  le  diluvium  des  produits  de  l'art  humain, 
M.  Gaudry  continue  dans  les  termes  suivants  : 

«  M.  Buteux,  savant  géologue  de  Picardie,  voulut  bien  me  guider  aux 
environs  d'Amiens  et  d'Abbeville.  Comme  les  carrières  d'Abbeville  sont 
beaucoup  plus  restreintes  que  celles  d'Amiens,  et  que  par  conséquent  les 
relations  des  couches  y  sont  plus  difficiles  à  préciser,  nous  jugeâmes 
Amiens  plus  favorable  pour  des  fouilles  et,  un  mois  après  nos  premières 
explorations,  je  revins  dans  celte  ville. 

»  Le  diluvium  est  très-dé  vélo  ppé  dans  les  faubourgs  de  Monlières,  de 
Saint-Roch  et  à  Boves,  mais  c'est  particulièrement  près  du  faubourg  de 
Saint-Acheul  que  les  haches  ont  été  signalées.  Les  carrières  de  Saint-Acheul 
surmontent  une  basse  colline;  elles  sont  à  3o  mètres  environ  au-dessus  du 
niveau  de  la  Somme.  Les  excavations  permettent  de  suivre  les  couches  sur 
un  espace  d'au  moins  60  mètres  ;  par  conséquent  on  peut  facilement  s'assu- 
rer qu'elles  sont  dans  leur  position  normale  et  qu'elles  n'ont  pas  été  rema- 
niées par  les  hommes.  Je  fis  creuser  le  terrain  sur  7  mètres  de  longueur  dans 
la  carrière  du  sieur  Fréville.  D'abord  on  abattit  les  bancs  de  limon  et  de 
conglomérat  brun  qui  recouvrent  le  diluvium;  ces  bancs  ont  a  mètres  envi- 
ron de  hauteur;  si  on  ajoute  i  mètre  et  demi  de  terre  à  brique  enlevée  pré- 
cédemment, on  aura  une  hauteur  totale  de  3  mètres  et  demi  entre  la  surface 
du  sol  et  le  diluvium  blanc  où  les  haches  ont  été  signalées.  Je  n'ai  décou- 
vert dans  ces  couches  supérieures  aucun  silex  taillé,  et  les  ouvriers  m'ont 
assuré  n'en  avoir  jamais  trouvé  ;  ceci  est  essentiel  à  noter,  car  on  a  souvent 
objecté  que  les  haches  devaient  provenir  des  couches  supérieures  au  dilu- 

C.  R.,  1859,  2™^  Semestre.  (  T.  XUX,  N»  14.)  6a 


(  466  ) 
vium.  Les  limons  et  le  conglomérat  brun  une  fois  enlevés,  on  attaqua  le 
diluvium  blanc.  Cette  assise  a  3  mètres  et  demi  d'épaisseur  ;  elle  repose  sur 
la  craie  blanche;  je  l'ai  fait  fouiller  dans  toute  sa  hauteur.  Le  point  capital 
était  de  ne  pas  quitter  les  ouvriers  un  seul  moment  et  de  s'assurer  par  ses 
propres  yeux  si  on  trouvait  les  haches  en  place. 

»  J'ai  découvert  neuf  haches;  je  les  ai  vues  engagées  dans  la  roche;  j'ai 
eu  pour  témoins,  outre  M.  Hittorff,  M.  Pinsard,  architecte  des  hospices 
d'Amiens,  et  M.  Garnier,  directeur  de  la  bibliothèque  et  du  musée  de  cette 
même  ville.  La  plupart  des  haches  que  j'ai  trouvées  étaient  sensiblement  au 
même  niveau,  enfoncées  à  i  mètre  de  profondeur  dans  l'assise  du  diluvium, 
par  conséquent  à  4°',5o  au-dessous  de  la  surface  du  sol  ;  elles  étaient  dans 
un  banc  très-caillouteux  superposé  à  une  veine  de  sable  blanc  fin  de  2  déci- 
mètres de  puissance.  Les  sables  blancs  alternent  avec  les  conglomérats.  Les 
haches  n'ont  pas  été  sans  doute  transportées  debien  loin,  car  leurs  tranchants 
sont  peu  émoussés;  dans  la  couche  et  sur  le  point  même  où  elles  se  trouvent, 
mes  ouvriers  ont  abattu  un  bloc  de  grès  long  de  près  de  1  mètre,  d'origine 
sans  doute  éocène. 

»  J'ai  recueilli  aussi  dans  la  même  assise  plusieurs  coquilles  et  quelques 
ossements  fossiles  :  des  dents  d'£'<jfuus  et  d'une  espèce  de  Bos  plus  grande  que 
les  bœufs  actuellement  vivants.  Ces  dents  sont  munies  d'une  colonnette 
dont  le  fût  est  plus  détaché  que  dans  les  diverses  espèces  actuelles,  elles 
sont  parfaitement  semblables  à  des  dents  de  boeufs  fossiles  déterminées  au 
Muséum  comme  venant  des  cavernes  et  du  diluvium;  elles  appartiennent 
probablement  au  bison  priscus.  Près  de  Saint-Acheul,  à  Saint-Roch,  on  re- 
trouve dans  le  diluvium  ces  mêmes  dents  associées  avec  des  débris  de  Rhino- 
céros tichorhinus,  d'Elephas  pritnigenius  et  d'hippopotame.  T^ors  des  creuse- 
ments qui  ont  été  faits  il  y  a  plusieurs  années  pour  l'établissement  du  che- 
min de  fer  d'Amiens  à  Boulogne,  M.  Buteux  a  constaté  la  continuation  des 
couches  de  diluvium  entre  Saint-Acheul  et  Saint-Roch.  Il  a  même  signalé  la 
présence  de  dents  d'Elephas  primigenius  dans  l'espace  qui  sépare  ces  deux 
localités.  Enfin  au  sein  de  la  couche  même  où  j'ai  recueilli  dans  la  carrière 
du  sieur  Fréville  des  os  d'Equus  et  de  Bos  mêlés  aux  haches  taillées,  on  a 
découvert  il  y  a  peu  de  temps  une  molaire  d'éléphant  qui  a  été  remise  à 
M.  Pinsard. 

»  On  rencontre  encore  dans  le  diluvium  de  petites  boules  rondes  percées 
d'un  trou.  M.  RigoUot  a  pensé  que  ce  trou  était  artificiel  et  que  les  boules 
étaient  des  grains  de  colliers  ayant  appartenu  à  des  peuples  sauvages.  Ces 
boules  sont  de  petites  éponges  fossiles  provenant  de  terrains  de  craie.  Elles 


(  4fi7  ) 

ont  élé  décrites  par  Phillips  et  par  Woodward  sous  le  nom  de  Millepora 
globularis,  par  Reuss  sous  celui  de  Tracjos  globularis;  c'est  par  inadvertance 
certainement  que  M.  d'.Orbigny  les  a  classées  dans  son  Prodrome  parmi  les 
Coscinopora,  car  elles  n'appartiennent  nullement  à  ce  genre,  et  dans  la  col- 
lection de  M.  d'Orbigny  ellesne  portent  point  cette  désignation.  Les  ouvriers 
ne  ramassent  que  les  boules  percées  d'un  trou,  mais  j'ai  recueilli  toutes  celles 
qui  se  sont  trouvées  dans  mes  fouilles,  et  j'ai  observé  que  la  plupart  ne  sont 
point  perforées;  plusieurs  sont  percées  à  moitié.  Je  les  ai  comparées  avec 
des  Tragos  çjlobularis  pris  dans  les  terrains  de  craie  blanche  d'où  les  échan- 
tillons du  diluvium  sont  originaires  :  j'ai  constaté  que  plusieurs  d'entre  eux 
sont  également  perforés  :  ceci  n'a  rien  de  surprenant,  puisque  la  partie  cen- 
trale des  éponges  est  généralement  celluleuse  :  c'est  là  qu'affluent  les  canaux. 
On  ne  peut  supposer  que  des  fossiles  en  place  dans  la  craie  aient  été  travaillés 
par  la  maiu  des  hommes;  si  des  Tragos  trouvés  dans  un  dépôt  formé  au  sein 
d'une  mer  tranquille  sont  perforés,  ils  le  seront  à  plus  forte  raison  sur  les 
points  où  ils  ont  été  transportés  par  des  courants  violents  avec  les  cailloux 
du  diluvium.  D'ailleurs,  j'ai  étudié  au  microscope  les  parois  des  trous  des 
prétendus  grains  de  collier,  je  n'y  ai  vu  aucune  trace  d'instrument  perfo- 
rant ;  on  y  aperçoit  seulement  de  petites  cavités  allongées  qui  dépendent  de 
la  structure  intime  des  Tragos  globularis.  Ainsi  les  boules  percées  de  Saint- 
Acheul  (celles  du  moins  que  j'ai  examinées)  ne  sont  pas  une  preuve  de  l'in- 


dustrie humaine.   » 


MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 


M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Comsierce  et  des  Travaux  publics 

transmet  deux  nouveaux  documents  à   titre  de  pièces  à  consulter  pour  la 
question  des  alcoomètres. 

M.  le  Ministre  exprime,  à  cette  occasion,  le  désir  de  connaître  le  plus  tôt 
qu'il  sera  possible  l'opinion  de  l'Académie  sur  cette  question  qu'il  a  sou- 
mise à  son  examen. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

L'Académie  a  reçu  depuis  sa  dernière  séance,  mais  avant  le  i''  octobre, 
un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  prix  Bordin  de  iSSget  intitulé 
«  Études  sur  le  Métamorphisme  ». 

Ce  Mémoire,  qui  a  été  inscrit  sous  le  n"  i ,  sera  réservé  pour  la  future  Com- 
mission. •■•!  r-i-î  -i'j.r.,    MT     ..   î.;; 

oa.. 


(  468  ) 

ÉCONOMIE  RUKALE.  —  Noie  sur  les  résultats  obtenus  de  l'emploi  en  agriculture 
des  phosphates  fossiles;  par  M.  de  Molon. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.   Élie  de  Beaumoiit, 

Payen,  Passy.) 

«  Dans  la  dernière  communication  que  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à 
l'Académie,  j'ai  avancé  que,  depuis  trois  années,  la  pratique  agricole  avait 
reconnu  la  supériorité  constante  des  résultats  produits  sur  la  végétation  par 
l'emploi  du  phosphate  fossile  simplement  réduit  à  l'état  de  poudre  fine, 
sur  ceux  qu'on  obtient  avec  le  phosphate  des  os.  Sachant  que  ce  tait  a  été 
vivement  contesté  par  un  grand  nombre  de  théoriciens  dont  il  renversait 
toutes  les  prévisions,  j'ai  voulu  vérifier  de  nouveau  et  par  moi-même  si  les 
mêmes  effets  s'étaient  reproduits  dans  les  expériences  très- nombreuses  qui 
ont  été  faites  sur  les  dernières  récoltes. 

»  Je  viens  en  conséquence  de  visiter  douze  départements  dans  lesquels 
le  phosphate  minéral  a  été  employé  par  quantités  importantes,  savoir  : 

»  La  Seine-Inférieure,  l'Eure,  le  Calvados,  la  Mayenne,  l'Ille-et-Vilaiiie, 
les  Côtes- du-Nord,  le  Finistère,  le  Morbihan,  la  Loire-Inférieure,  le  Maine- 
et-Loire,  le  Loiret,  le  Loir-et-Cher. 

»  Or,  partout  où  le  phosphate  fossile  a  été  appliqué  comparativement 
avec  le  noir  animal  à  l'état  pur,  j'ai  vu,  et  il  m'a  été  déclaré  par  plusieurs 
centaines  d'agriculteurs  dont  je  tiens  les  noms  à  la  disposition  de  l'Acadé- 
démie,  que  les  résultats  obtenus  sur  blés,  sarrasins,  racines,  colzas,  choux 
et  herbages,  avaient  été  constamment  très-;supérieurs. 

»  Dans  certaines  contrées,  et  notamment  dans  le  Finistère,  la  différence 
entre  les  produits  du  même  sol,  sur  les  mêmes  récoltes  et  dans  des  condi- 
tions de  culture  rigoureusement  identiques,  a  été  souvent  plus  que  double 
en  faveur  du  phosphate  fossile  employé  à  poids  égal  concurremment  avec 
le  noir  animal,  bien  que  celui-ci  dosât  64  pour  loo  de  phosphate  dechaux, 
tandis  que  la  poudre  de  nodules  n'en  contenait  en  moyenne  que  48  pour 

lOO. 

1)  Lorsque,  pour  la  première  fois,  j'osai  prédire  un  pareil  résultat,  il  parut 
tellement  impossible,  que  certains  chimistes  allèrent  jusqu'à  affirmer  que, 
sans  l'intervention  des  agents  chimiques,  l'agriculture  ne  pourrait  tirer 
aucun  parti  du  phosphate  minéral. 

■>  Il  me  semble  cependant  qu'il  suffit  de  se  rendre  compte  de  l'état  phy- 
sique des  deux  phosphates  pour  expliquer  ce  curieux  phénomène. 


(469) 

))  S'il  est  vrai,  en  effet,  que  les  sels  minéraux  soumis  à  une  température 
élevée  éprouvent  un  changement  moléculaire  qui  ralentit  et  peut  même  dé- 
truire parfois  leur  solubilité,  il  est  évident  que  le  noir  animal,  après  sa  cal- 
cination,  doit  présenter  le  phosphate  de  chaux  qu'il  contient  dans  un  état 
beaucoup  moins  soluble  que  celui  des  nodules. 

a  Le  phosphate  fossile,  au  contraire,  non-seulement  est  divisé  par  le  fait 
de  son  association  avec  des  matières  organiques  et  inorganiques,  mais  en- 
core, étant  de  formation  humide,  il  est  combiné  avec  une  certaine  quantité 
d'eau  et  se  trouve  par  conséquent  dans  les  conditions  les  plus  favorables  à 
sa  solubilité  et  à  son  assimilation  par  les  végétaux. 

M  Qu'il  me  soit  permis,  avant  de  terminer  cette  Note,  d'appeler  l'atten- 
tion de  l'Académie  sur  une  autre  application  du  phosphate  minéral  qui 
pourrait  avoir  aussi  une  très-haute  importance  :  je  veux  parler  de  son 
introduction  dans  le  régime  alimentaire  des  animaux. 

»  Dans  un  travail  couronné  en  i854  par  l'Académie  des  Sciences, 
M.  Mège-Mouriès  a  établi  que  le  phosphate  de  chaux  agissait  d'une  ma- 
nière analogue  sur  les  plantes  et  sur  les  animaux ,  c'est-à-dire  en  excitant 
l'irritabilité  vitale,  et  en  favorisant  l'assimilation  des  aliments  proprement 
dits  et  des  engrais  organiques. 

»  Des  essais  d'application  de  cette  théorie  que  j'ai  tentés  l'année  dernière 
m'ayant  paru  satisfaisants,  j'ai  voulu  continuer  mes  expériences  cette  année 
sur  une  plus  grande  échelle.  A  cet  effet,  je  me  suis  entendu  avec  divers 
agriculteurs  de  contrées  différentes  pour  faire  ajouter  de  la  poudre  naturelle 
de  phosphate  minéral  aux  aliments  des  animaux  de  la  ferme,  notamment 
aux  racines  et  aux  pulpes  provenant  delà  distillation  des  betteraves  qui  n'en 
contiennent  que  des  quantités  insuffisantes. 

»  Aussitôt  que  les  résultats,  quels  qu'ils  soient,  auront  été  régulièrement 
constatés^  j'aurai  l'honneur  de  les  porter  à  la  connaissance  de  l'Académie 
des  Sciences.  » 


CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Dissimulation  de  l'arsenic  par  la  présence  de  l' hydrogène 
iulfuré  dans  l'appareil  de  Marsh;  par  M.  C.  Leboy. 

(Commissaires,    MM.    Chevreul ,    Pelouze ,   Regnault.) 

«  J'ai  déjà  eu  l'occasion  de  publier  quelques  Notes  sur  l'appareil  de 
Marsh  :  elles  avaient  surtout  pour  objet  la  comparaison  des  taches  arseni- 
cales et  des  taches  antimoniales  par  quelques  réactions  nouvelles.  Aujour- 


(  470  ) 
d'hui,  je  viens  appeler  l'attention  des  chimistes  sur  des  circonstances  qui 
seraient  de  nature,  si  on  n'y  prenait  garde,  à  dissimuler  la  présence  réelle  de 
l'arsenic  particulièrement  dans  les  matières  soumises  aux  expertises  médico- 
légales.  Les  résultats  de  mes  recherches,  exposés  dans  le  Mémoire  que  j'ai 
l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  au  jugement  de  l'Académie,  peuvent 
être  résumés  par  les  propositions  suivantes  : 

»  1°.  L'arsenic  qui  existe  dans  une  liqueur  soumise  à  l'épreuve  de  l'ap- 
pareil de  Marsh  est  plus  ou  moins  complélement  dissimulé,  toutes  les  lois 
qu'il  y  a  dans  l'appareil,  ou  qu'il  peut  se  rencontrer  dans  les  matières  qui  y 
sont  soumises,  un  élément  ou  un  composé  sulfuré  pouvant  donner  lieu  di- 
rectement ou  indirectement  à  la  formation  ou  au  dégagement  d'une  quantité 
quelconque  d'acide  sulfhydrique. 

»  2°.  Cette  dissimulation,  qui  est  le  résultat  de  la  transformation  des 
composés  arsenicaux  solubles  en  sulfures  d'arsenic  insolubles,  est  plus  ou 
moins  absolue.  Elle  est  complète  lorsque  les  composés  sulfurés  sont  en 
excès  par  rapport  aux  substances  arsenicales  et  qu'ils  ont  été  introduits  dans 
l'appareil  avant  ou  en  même  temps  que  celles-ci  :  la  capsule  ne  recueille 
alors  que  des  taches  de  soufre,  et  rien  ne  fait  soupçonner  la  présence  de 
l'arsenic.  Elle  est  partielle  lorsque  les  substances  arsenicales  sont  en  excès 
ou  bien  lorsque  les  composés  sulfurés  n'ont  été  introduits  qu'en  second 
lieu,  de  façon  que  ceux-ci  n'interviennent  que  lorsque  l'appareil  renferme 
déjà  de  l'hydrogène  arsénié. 

»  3".  Dans  ce  dernier  cas,  la  capsule  recueille  des  taches  mixtes  compo- 
sées en  proportions  variables  d'arsenic,  de  soufre  et  de  sulfure  d'arsenic. 
Le  sulfure  d'arsenic  qui  leur  donne  un  aspect  particulier  ne  se  forme  donc 
qu'à  la  condition  qu'il  y  ait  dans  l'appareil  un  dégagement  simultané  d'hy- 
drogène arsénié  et  d'hydrogène  sulfuré.  L'aspect  des  taches  mixtes  est  tout 
autre  que  celui  des  taches  pures  d'arsenic  ou  de  soufre  ;  mais  par  leurs 
caractères  physiques  et  chimiques,  elles  annoncent  l'arsenic,  et  on  peut  s'en 
servir  pour  constater  la  présence  du  poison  dans  les  matières  suspectes. 

»  4°.  Toutefois  il  importe  d'éviter  la  formation  de  ces  taches,  parce  que, 
outre  que  l'arsenic  n'y  offre  pas  ses  caractères  habituels,  ce  qui  peut  prêter 
au  doute,  elles  ne  se  produisent  jamais  qu'au  milieu  de  circonstances  qui 
amènent  la  dissimulation  de  quantités  plus  ou  moins  grandes  d'arsenic. 
Ces  circonstances  agissant  par  l'acide  sulfhydrique,  il  faut  éviter  tout  ce 
qui  peut  donner  lieu  à  un  dégagement  de  ce  gaz.  Il  y  a  donc  à  se  méfier 
des  matières  qui  contiennent  du  soufre  et  qui,  par  la  putréfaction,  dégagent 
de  l'hydrosulfate  d'ammoniaque.  La  carbonisation  par  l'acide  sulfurique 


(  470  "         ■ 

pouvant  laisser  des  sulfures  dans  le  charbon  ou  l'imprégner  d'acide  sulfu- 
reux, c'est  aussi  une  raison  de  préférer  dans  bien  des  cas  l'emploi  de  l'acide 
azotique  ou  de  l'azotate  de  potasse. 

»  5°.  Les  liqueurs  antimoniales  se  comportent  comme  les  liqueurs  arse- 
nicales. Les  taches  mixtes  de  l'antimoine  sont  encore  plus  faciles  à  recon- 
naître que  celles  de  l'arsenic,  de  sorte  que  dans  un  cas  où  les  indications  de 
l'appareil  de  Marsh  laisseraient  du  doute  sur  la  présence  de  l'un  ou  l'autre 
de  ces  deux  corps,  on  aurait  un  nouveau  moyen  de  lever  l'incertitude  en 
ajoutant  à  la  liqueur  un  sulfure  alcalin  et  observant  les  taches  mixtes  qui  se 
produiraient  alors.  » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  De  la  destruction  absolue  de  l'odeur  de  gangrène  an 
moyen  du  chlorate  de  potasse;  par  M.  Billiard,  de  Corbigny. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Velpeau,  Cloquet.) 

Ayant  été  appelé  à  donner  des  soins  à  une  personne  qui,  par  suite  d'une 
blessure  d'arme  à  feu,  avait  un  pied  en  partie  gangrené  et  répandant  une 
odeur  infecte,  M.  Billiard,  suivant  des  idées  qu'il  avait  émises  dans  de  pré- 
cédentes communications,  fut  conduit  à  essayer  l'emploi  d'un  mélange 
composé  de  i  partie  de  chlorate  de  potasse  sur  g  de  terre  argileuse  blanche. 
Ce  mélange  fut  appliqué  à  l'état  pulvérulent  sur  la  partie  gangrenée,  et  la 
charpie  employée  pour  le  pansement  fut  roulée  dans  la  même  poudre. 
Quelques  heures  après,  on  constatait  que  l'odeur,  qui  auparavant  incom- 
modait beaucoup  les  malades  placés  dans  la  même  salle,  avait  complètement 
disparu.  Dans  le  pansement  qui  suivit,  l'odeur,  qui  ne  s'était  point  remon- 
trée quand  on  avait  enlevé  les  premières  pièces  de  l'appareil,  ne  se  manifesta 
que  lorsqu'on  enleva  la  charpie;  elle  était  d'ailleurs  assez  faible,  de  toute 
autre  nature  et  comme  ammoniacale,  bien  moins  répugnante  que  l'odeur  de 
gangrène.  En  substituant  à  l'argile  d'autres  poudres  absorbantes,  les  effets 
furent  les  mêmes.  Cependant  un  essai  avec  la  poudre  d'iris  ne  réussit  nulle- 
ment; l'odeur  ne  fut  point  atténuée  ni  changée  pour  le  mieux. 

»  Sous  l'influence  de  la  poudre  désinfectante,  les  parties  mortifiées  ont 
été  éliminées  assez  promptement,  et  la  plaie  est  au  moins  aussi  avancée 
dans  la  voie  de  guérison  qu'elle  l'eût  été  traitée  à  la  manière  ordinaire.  » 

M.  Garcih  adresse  d'Oran  une  Note  sur  un  système  de  pompes  de  son 
invention. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Combes.) 


(47^»  ,) 

M.  Armand  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  papier  de  sûreté  dont 
il  croit  l'emploi  préférable  pour  certain  cas  à  celui  de  tous  les  papiers  pro- 
posés jusqu'à  présent. 

(Commission  des  papiers  de  sûreté  composée  de  MM.  Pelouze,  Regnault^ 

Balard.) 

CORRESPONDANCE 

M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  un  exemplaire  du  tome  XXXll  des 
brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  i844- 

Le  Bureau  hydrographique  de  Londres  annonce,  en  date  du  24  août, 
l'envoi  fait  par  ordre  de  l'Amirauté  britannique  d'une  nouvelle  série  de 
cartes  marines  publiée  dans  le  cours  de  l'année  i858  :  73  cartes  nouvelles 
et  3  corrigées,  avec  18  volumes  d'instructions  nautiques  et  publications 
analogues. 

En  mettant  ces  cartes  sous  les  yeux  de  l'Académie,  M.  le  Secrétaire  per- 
pétuel annonce  qu'on  s'occupera  de  savoir  à  quoi  tient  le  retard  qu'a 
éprouvé  cet  envoi  qu'on  pouvait  croire  perdu,  plus  d'un  mois  s'étanf  écoulé 
entre  le  départ  et  l'arrivée.  n' 

M.  Encke,  au  nom  de  la  Commission  des  Caries  célestes,  publiées  sous 
les  auspices  de  l'Académie  de  Berlin,  adresse  le  titre  pour  la  collection  des 
Cartes  et  la  préface  avec  le  titre  pour  le  volume  des  24  catalogues;  il 
annonce  que,  par  cette  dernière  publication,  l'ouvrage  se  trouve  mainte- 
nant terminé. 

Les  Curateurs  de  l'Université  de  Leyde  adressent,  au  nom  des  Univer- 
sités Néerlandaises  et  des  Athénées  d'Amsterdam  et  de  Deventer,  un  exem- 
plaire de  leurs  Annales  pour  l'année  1 854- 1 855. 

La  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Most:ou  adresse  deux  nouvelles 
livraisons  de  son  J?w//efm. 


(  473  ) 

J'HYSlQUE  DU   GLOBE.  —  Perlurbalions  magnétiques  observées  les  29  août  el 
2  septembre,  par  MM.  Desaixs  et  Chabaclt. 

«  La  direction  et  l'intensité  de  l'action  magnétique  terrestre  ont  éprouvé, 
dans  les  journées  du  29  aoîit  et  du  2  septembre  dernier,  des  perturbations 
extraordinaires. 

»  Ces  perturbations  ont  été  remarquées  en  un  grand  nombre  de  points 
de  l'Europe,  et  plusieurs  de  nos  correspondants  nous  ont  transmis  les  ré- 
sultats des  observations  qui  leur  avaient  permis  d'en  déterminer  la  nature 
et  l'étendue.  Ils  ont  été  immédiatement  insérés  au  Bulletin  de  l'Observatoire 
impérial.  Nous  avons  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie  un 
exposé  de  nos  propres  observations. 

»  T.e  26  du  mois  d'aoïJt,  une  première  anomalie  se  manifesta  à  l'Observa- 
toire de  Paris  dans  la  marche  de  l'aiguille  de  déclinaison.  La  variation 
diurne  fut  considérable  et  le  déplacement  de  l'aiguille  très-rapide  entre 
9''3o™  du  matin  et  midi;  pendant  ce  court  intervalle  de  temps  il  s'éleva 
à  22'  1 1".  Toutefois  les  variations  des  autres  éléments  restèrent  dans  les  li- 
mites ordinaires,  et  aucune  autre  particularité  ne  se  présenta  jusqu'au 
a8  août  à  5  heures  du  soir. 

i>  A  cet  instant,  la  courbe  du  bifilaire  et  celle  du  déclinomètre  commen- 
cent à  accuser  des  perturbations  irrégulières.  A  minuit  la  courbe  du  décli- 
nomètre disparaît  :  et  quelques  minutes  après,  celle  du  bifilaire  indique 
une  diminution  considérable  et  presque  instantanée  dans  la  composante 
horizontale.  Au  lieu  de  conserver  une  direction  générale  peu  inclinée  sur  la 
ligne  de  foi,  la  courbe  se  porte  presque  perpendiculairement  à  cette  ligne 
vers  un  premier  sommet  qu'elle  atteint  à  i  heure  du  matin. 

n  En  mesurant  la  distance  de  ce  premier  sommet  au  point  de  la  courbe 
correspondant  à  l'heure  de  minuit,  on  trouve  qu'entre  ces  deux  époques 
l'intensité  horizontale  a  éprouvé  une  variation  égale  aux  0,0074  de  la  valeur 
qu'elle  avait  à  minuit. 

»  A  partir  de  i''3o'"  du  matin  la  courbe  n'est  plus  continue.  Elle 
se  trouve  remplacée  par  une  succession  de  dentelures  profondes,  formées 
de  lignes  droites  presque  perpendiculaires  à  l'axe,  et  dont  les  points 
d'intersection  manquent  le  plus  souvent.  Ces  interruptions  brusques  indi- 
quent que  pendant  les  intervalles  de  temps  qui  leur  correspondent  une  dé- 


C.  K  ,  1859,  a'»»  SemeUre.  (T.  XLIX,  N»  14.) 


63 


(  474  ) 

viation  violente  du  barreau  a  porté  presque  instantanément  l'image  lumi- 
neuse hors  de  la  surface  du  papier  photographique. 

n  Le  29,  à  9  heures  du  matin,  l'intensité  horizontale  était  inférieure  de 
0,01  à  la  valeur  qu'elle  avait  un  peu  avant  le  développement  des  per- 
turbations. A  ce  moment,  la  composante  verticale  se  trouvait  notable- 
ment plus  forte  que  les  jours  précédents.  Comparée  à  celle  que  l'on  avait 
déterminée  le  26,  elle  se  trouvait  supérieure  à  cette  dernière  de  0,001 33 
de  sa  valeur. 

»  L'accroissement  de  la  force  verticale  et  la  diminution  de  la  compo- 
sante horizontale  devaient  naturellement  entraîner  une  augmentation  cor- 
respondante dans  l'inclinaison.  Aussi  le  29,  à  9  heures  du  matin,  l'incli- 
naison fut-elle  trouvée  de  20'  29"  supérieure  à  ce  qu'elle  était  le  27  à  la 
même  heure. 

»  Pendant  toute  la  matinée  du  29  l'aiguille  de  déclinaison  fut  très-agitée. 
A  1 1  heures  elle  accomplissait  des  oscillations  de  4i'  ^4"  de  part  et  d'autre 
de  sa  position  moyenne.  Du  reste,  la  valeur  absolue  de  la  déclinaison  était 
forte.  —  A  9  heures  du  matin  elle  dépassait  d'une  quinzaine  de  minutes  la 
moyenne  de  celles  qu'elle  présenta  à  la  même  heure  du  i5  août  au  i5  sep- 
tembre. 

»  Vers  le  soir  les  perliubations  diminuèrent  et  disparurent. 

»  Le  3o,  la  variation  diurne  en  déclinaison  fut  très-faible.  Le  minimum 
fut  observé  à  1  heure  du  matin,  le  maximum  à  i  heure  du  soir,  les  deux 
positions  extrêmes  différaient  à  peine  de  10  minutes. 

»  Le  3j,  l'état  de  calme  se  continua,  seulement  l'inclinaison  était  demeu- 
rée toujours  un  peu  forte. 

»  Au  moment  où  se  manisfesta  la  grande  perturbation  magnétique  dont 
nous  venons  de  rendre  compte,  c'est-à-dire  le  29  août,  un  peu  après  minuit, 
une  brillante  aurore  apparut;  vers  i''3o"  du  matin,  elle  était  dans  tout  son 
éclat. 

»  Presque  toutes  les  dépêches  que  nous  avons  reçues  des  observatoires 
étrangers  signalent  ce  phénomène,  toutes  accusent  la  violente  agitation  des 
aiguilles  aimantées. 

»  Après  deux  jours  et  demi  de  calme,  une  nouvelle  perturbation  s'annonça 
le  i"  septembre  dans  la  matinée.  Vers  ii''3o'"  du  matin  une  variation 
brusque  dans  l'intensité  horizontale  amena  tout  à  coup  la  courbe  du  bifi- 
laire à  se  changer,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  en  une  ligne 
droite  presque  perpendiculaire  à  l'axe.  D'après  l'étendue  de  cette  première 
sinuosité,  la  grandeiu'  de  la  variation  correspondante  fut  d'environ  0,0026 


(  475  ) 
de  la  composante  horizontale  totale.  Mais  après  ce  dérangement  de  peu 
de  durée,  la  courbe  reprit  sa  marche  ordinaire  jusque  vers  4  heures  du 
matin. 

»  A  ce  moment  commence  à  se  développer  un  nouvel  orage  magnétique 
plus  violent  peut-être  que  celui  du  aç)  août.  La  courbe  n'est  plus  repré- 
sentée que  par  une  série  de  lignes  presque  perpendiculaires  à  l'axe  et  se 
terminant  brusquement  aux  heures  où  des  secousses  violentes  portaient 
instantanément  le  barreau  dans  une  nouvelle  position,  ou  même  le  lançaient 
hors  des  limites  du  champ  photographique  ;  la  distance  des  points  visibles 
extrêmes  de  ces  droites  fragmentées  correspond  à  o,oi4  de  variation  dans 
l'intensité  horizontale,  mais  rien  n'indique  que  cette  limite  n'ait  pas  été 
dépassée. 

»  Pour  arriver  à  quelque  conclusion  certaine  sur  ce  point,  il  faudrait 
savoir  si,  dans  le  voisinage  des  limites  extrêmes  de  son  déplacement,  l'ai- 
guille, malgré  son  continuel  état  d'agitation,  a,  pendant  quelques  minutes  au 
moins,  oscillé  régulièrement  autour  d'une  position  moyenne  à  peu  près  fixe. 
Les  dimensions  possibles  des  cylindres  de  l'appareil  inscripteur  ne  se  sont 
pas  trouvées  assez  grandes  pour  donner  la  réponse  à  cette  question. 

»  D'après  le  R.  P.  Secchi,  qui  observait  directement  l'aiguille  à  Rome,  la 
vibration  totale  du  bifilaire  fut  telle,  que,  réduite  en  parties  de  la  force,  elle 
équivaudrait  à  une  diminution  dans  la  composante  horizontale  de  o,  1 29  ou 
presque  de  ^.  Seulement  nous  n'avons  encore  aucun  détail  sur  l'état  de  l'ai- 
guille au  moment  où  elle  atteignit  ses  limites  extrêmes. 

»  A  l'heure  où  se  manifestaient  ces  mouvements  extraordinaires  du 
barreau  du  bifilaire,  c'est-à-dire  entre  7  et  8  heures  du  matin,  l'aiguille 
de  déclinaison  à  Rome  s'avança  vers  l'ouest  de  2",5o  au  delà  de  sa  position 
moyenne,  et  rétrograda  ensuite  pendant  quelques  instants  jusqu'à  venir  se 
placera  i°23',  à  l'est  de  cette  même  position.  En  un  mot,  une  variation  de 
4°,  1 3  en  déclinaison  accompagna  à  Rome  les  grandes  perturbations  des  com- 
posantes horizontales  et  verticales  de  l'intensité. 

»  Vers  cette  même  heure  de  7''3o™,  les  oscillations  de  l'aiguille  de  décli» 
naison  à  Livourue  étaient  si  considérables,  que  le  R.  P.  Monte,  barnabite, 
n'a  pas  donné,  dans  la  Lettre  qu'il  nous  a  écrite,  la  valeur  de  la  déclinaison  à 
cette  époque  de  la  journée;  mais  il  nous  indique  qu'à  6^  3o™  du  matin  la  dé- 
clinaison, qui  allait  en  croissant,  se  trouvait  de  iS",  10,  tandis  qu'à6''3o™  du 
soir  elle  n'était  plus  que  de  1 4°,  18. 

»  Les  observations  de  Livourne  marquent  aussi  que  dans  la  soirée  du 

63.. 


(  476  ) 
2  septembre  l'inclinaison  augmenta  notablement;  nous  avons  suivi  un  effer 
de  ce  genre  pendant  toute  la  journée. 

»  L'époque  des  grandes  perturbations  du  i  septembre  ayant  presque 
coïncidé  avec  celle  du  lever  du  soleil,  l'aurore  boréale  aura  échappé  à  la 
plupart  des  observateurs.  LeR.  P.  Secchi  néanmoins  ne  doute  aucunement 
que  ce  météore  n'ait  eu  lieu  ;  et,  suivant  lui,  «  les  nuages  observés  au  ciel 
avaient  l'aspect  de  ceux  de  l'aurore  boréale  lorsque  ce  phénomène  se  pré- 
sente de  jour.    » 

»  Depuis  cette  époque  les  aiguilles  ont  repris  graduellement  leur  marche 
habituelle.  L'intensité  horizontale,  qui  avait  d'abord  éprouvé  après  les 
grandes  connnotions  du  2  septembre  une  légère  augmentation,  est  revenue  à 
s,a  valeur  normale  dans  la  soirée  du  1 3. 

»  Deuxfiùts  pourtant  méritent  encore  d'être  remarqués. 

»  La  courbe  tracée  le  24  septembre  par  le  déclinomètre  de  l'appareil  en- 
registreur nous  a  présenté  à  9''  10"  du  soir  une  de  ces  chutes  rapides  qui  ré-  . 
pondent  à  un  changement  presque  instantané  dans  la  valeur  de  l'élément 
qu'on  mesure.  Or  nous  avons  appris  que  le  même  jour,  à  la  même  heure, 
une  aurore  boréale  a  été  vue  à  Dijon. 

»  Enfin  le  2  octobre,  à  1 1  heures  du  soir,  une  aurore  boréale  a  été  obser- 
vée à  Madrid.  Le  même  jour  à  Paris,  entre  g'^So™  et  io''3o™  du  soir,  une 
forte  lueur  rouge  se  développa  au  ciel  entre  le  N.-O.  et  le  N.-E.,  le  siège 
principal  était  dans  la  grande  Ourse.  I.,es  courbes  tracées  dans  notre  pavillon 
magnétique  par  le  déclinomètre  et  le  bifilaire  indiquent  très-nettement  des 
perturbations  survenues  entre  9  heures  et  1 1  heures  du  soir  et  dans  la  direc- 
tion et  dans  l'intensité  de  la  force  magnétique  terrestre. 

»  L'ensemble  des  observations  précédentes  est  de  nature  à  montrer  quels 
sont  les  avantages  que  l'on  peut  retirer  des  procédés  inscripteurs  dans 
l'étude  du  magnétisme  terrestre.  Lorsqu'une  perturbation  magnétique  se 
manifeste,  la  marche  des  courbes  indique  toujours,  et  d'une  manière  sûre, 
la  manière  dont  le  phénomène  débute  ;  elle  montre  dans  quel  sens  com- 
mencent à  varier  les  différents  éléments  de  la  force  totale.  Or  il  est  évident 
que  des  observations  directes,  quoique  faites  à  des  intervalles  rapprochés,, 
d'heure  en  heure  par  exemple,  ne  peuvent  donner  aucun  renseignement 
certain  sur  cette  partie  importante  du  phénomène,  puisque  dans  ces  mo- 
ments de  trouble,  en  moins  d'un  quart  d'heure,  on  voit,  à  une  diminution 
considérable  dans  l'intensité,  succéder  un  accroissement  tout  aussi  fort 
dans  le  même  élément. 


(  477  ) 

»  Enfin,  le  rapprochement  des  courbes  obtenues  en  deux  localités  diffé- 
rentes permet  de  comparer  dans  leurs  moindres  détails  toutes  les  particula- 
rités du  phénomène  survenues  en  ces  deux  localités. 

"  L'identité  est  souvent  frappante  même  quand  les  points  où  les  observa- 
tions ont  été  faites  sont  à  des  distances  considérables. 

»  Il  nous  suffira,  pour  l'établir,  de  reproduire  ici  les  courbes  obte- 
nues aux  déclinomètres  de  Paris  et  de  Londres  au  moment  d'une  pertinba- 
tion  magnétique  survenue  le  25  juin  dernier  et  qui  se  fit  sentir  à  Lisbonne 
au  même  instant  (i).  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Note  sur  quelques  phénomènes  électriques  observés 
pendant  l'orage  atmosphérique  du  28  septembre;  par  MM.  Characlt  et 
Descroix. 

«  Un  des  effets  les  plus  curieux  qui  aient  été  observés  pendant  les  jour- 
nées du  29  août  et  du  2  septembre  est,  sans  contredit,  le  développement  de 
courants  électriques  très-intenses  dans  tous  les  fils  télégraphiques  de  France 
et  des  pays  voisins. 

»  Le  3o  août,  on  nous  mandait  de  Bruxelles  que  le  câble  sous-ma- 
rin d'Ostende  à  Douvres  était  resté  chargé  de  fluide  pendant  toute  la 
matinée  du  29,  et  que  le  service  s'était  trouvé  presque  impossible  sur 
cette  voie. 

»  Les  observations  faites  sur  les  lignes  françaises  ont  été  exposées  et  dis- 
cutées dans  des  articles  spéciaux.  Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  ces 
points;  mais  nous  rapprocherons  des  détails  si  importants  que  l'on  trouve  en 
ces  articles,  le  récit  de  phénomènes  que  MM,  Charault  et  Descroix  ont  ob- 
servés pendant  l'orage  atmosphérique  du  28  septembre  en  faisant  commu- 
niquer avec  un  long  fil  aérien  isolé,  l'un  des  pôles  d'un  galvanomètre  sensible 
et  dont  l'autre  pôle  était  à  la  terre. 

»  Au  moment  où  l'orage  s'approcha,  on  observa  un  courant  continu 
dirigé  du  fil  à  la  terre.  Tant  que  l'orage  fut  voisin,  ce  courant  conserva 
presque  toujours  le  même  sens,  quelquefois  seulement  on  observait  des 
inversions  de  peu  de  durée,  dues  sans  doute  au  passage  d'un  nuage  négatif 
dans  le  voisinage  du  fil. 

»  Avant  chaque  éclair,  le  courant  dirigé  du  fil  à  la  terre  allait  crois- 
sant rapidement;  mais  au  moment  du  coup  de  foudre,  l'aiguille  était  lancée 

(1)  Les  courbes  ont  été  mises  sous  les  yeux  de  l'Académie. 


(  478  ) 
violemment  en  sens  inverse.  Presque  toujours  alors  les  pôles  étaient  inter- 
vertis. 

))  Lorsque  l'orage  était  très-proche,  on  vit  plus  d'une  fois  des  étincelles 
jaillir  au  moment  des  éclairs  entre  les  diverses  pièces  de  l'appareil  galvano- 
métrique. 

»  Quand  l'orage  s'écarta,  le  courant  dans  le  galvanomètre  s'établit  de  la 
terre  au  fil  ;  et  l'influence  des  éclairs,  bien  qu'allant  en  s' amoindrissant 
rapidement,  était  encore  sensible  lorsque  l'on  comptait  déjà  vingt-deux  se- 
condes entre  le  moment  où  on  les  voyait  briller,  et  celui  où  l'on  entendait 
le  coup  lointain  qui  leur  correspondait,  b 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  magnétiques  faites  au  lycée  de  Livourne  le 
29  août  1 859.  (Lettre  du  R.  P.  Pietro  Monte,  Barnabite,  à  M.  Le  Verrier.) 


Déclinaison  et 

amplitude 

des 

oscillations. 

Heure». 

Déclinaison. 

Amplitude. 

Heures. 

Déclinaison. 

Amplitude. 

matin  6 

14»  4.3' 00" 

0'  20'  00" 

soir 

ï 

i4«42'3o" 

o«: 

25'  00" 

6^ 

» 

» 

•i 

4i  .00 

12.00 

7 

45.00 

54.00 

2 

4i  .oo 

10.00 

7t 

35.30 

i5.oo 

2t 

39  00 

8.00 

8 

25.00 

5o.oo 

3 

40. 3o 

7.00 

8i 

26.30 

27.00 

3i 

.39.30 

6.00 

9 

34.00 

32.00 

4 

29.00 

5.00 

9i 

35.00 

5o.oo 

4i 

3i.3o 

12  00 

10 

43.00 

46.00 

5 

3o.3o 

6.00 

107 

53.00 

18.00 

5i 

3i.3o 

4.00 

II 

44- 00 

12.00 

6 

3o.3o 

2.00 

1  i-j 

43.00 

4i  .00 

6i 

12 

42.00 

20.00 

7 

\i\ 

40.00 

26.00 

1\ 

/  34.30 

/  I.OO 

8 

0 

[32.45 

S 

l      3o 

8i 

34.15 

0 
c 

)      3o 

9 

0 

34-00 

0 

3o 

9i 

34.00 

ed 

3o 

TO 

1 

33. 3o 

1 

3o 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Observation  de  l'aurore  boréale  du  i"  octobre; 
Lettre  de  M.  A.  Lapssedat. 

«  Yzeure,  près  Moulin»  (Allier),  le  1  octobre  lâSy. 

»  J'ai  été  témoin  hier  soir,  i"  octobre,  d'une  aurore  boréale  qui  a  dû 
être  observée  par  un  grand  nombre  de  pei-sonnes  qui  ne  manqueront  pas 


(  489  ) 
d'en  entretenir  l'Académie.  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  les  notes  que 
■g'ai  prises  de  mon  côté,  pendant  tout  le  temps  que  j'ai  pu  suivre  ce  brillant 
phénomène;  vous  jugerez  si  elles  peuvent  intéresser  les  météorologistes  et 
vous  en  ferez  tel  usage  qu'il  vous  conviendra.  I^eur  seul  mérite  est  d'avoir 
été  faites  consciencieusement  dans  un  lieu  où  je  fais  assez  fréquemment  des 
observations  astronomiques  pendant  les  vacances  et  où  je  suis  par  consé- 
quent assez  bien  installé  et  parfaitement  orienté.  J'ai  regretté  seulement  de 
n'avoir  pas  d'instruments  magnétiques,  pas  même  une  simple  aiguille  ai- 
mantée pour  en  observer  les  perturbations.  Voici  la  copie  presque  textuelle 
de  mes  notes  : 

Position  géographique  du  lieu  de  l'observation. 

Latitude 46°  34'    o", 

Longitude 1°    o' 20"  E. 

»  I*''  octobre  iSSg.  —  La  journée  a  été  belle;  il  a  fait  très-chaud  pour 
l'époque  de  l'année;  un  peu  de  vent  par  intervalles;  quelques  nuages  dans 
l'après-midi. 

»  '7*'  So"  du  soir.  —  Temps  découvert;  quelques  cumulus  à  l'horizon 
du  côté  du  sud  d'abord,  puis  à  l'ouest,  au  zénith  et  au  nord  ;  éclairs  fré- 
quents, d'abord  au  sud,  puis  à  l'est. 

»  S**  10™.  —  L'horizon  s'illumine  et  prend  une  teinte  légèrement  purpu- 
rine du  côté  du  nord.  Cette  teinte  se  renforce  et  s'affaiblit  alternativement 
à  deux  ou  trois  reprises.  Le  centre  de  l'illumination  est  évidemment  situé 
au-dessous  de  l'horizon  et  à  l'ouest  du  méridien  astronomique,  très-prés 
du  méridien  magnétique.  Au  commencement,  la  lueur  est  accompagnée  du 
reflet  des  éclairs  qui  se  produisent  presque  exactement  au  point  opposé  de 
l'horizon  et  semble  en  être  la  répercussion  ;  mais  sa  persistance,  sa  colora- 
tion et  l'apparition  de  plusieurs  aigrettes  rayonnantes  ne  laissent  plus  de 
doute  sur  la  nature  du  phénomène. 

»  8''  25"";  —  La  lueur  s'affaiblit  considérablement.  Pendant  ce  premier 
intervalle  de  temps  on  a  vu  une  seule  aigrette  à  la  fois,  mais  dans  trois  ré- 
gions différentes,  d'abord  à  l'est  du  méridien  magnétique,  puis  dans  le  plan 
de  ce  méridien,  puis  un  peu  plus  à  l'ouest.  La  largeur  apparente  de  l'ai- 
grette est  de  \  de  degré  environ  ;  elle  part  de  l'horizon  et  s'élève  à  iS  degrés 
à  peu  près,  plutôt  plus  que  moins;  son  éclat  et  sa  largeur  vont  en  dimi- 
nuant de  la  base  au  sommet,  quoique  d'une  manière  peu  sensible.  ■•. 

»  S*"  3o™.  —  La  lueur  reprend  de  l'intensité;  la  zone  illuminée  a  une 
amplitude  de  100  à  120  degrés  dans  le  sens  de  l'horizon,  et  au  milieu  elle 


(  48o  ) 
s'élève  à  20  degrés  au  moins;  l'aigrette  apparaît  4  ou  5  minutes  après.  Au 
moment  où  la  lueur  s'affaiblit^  elle  est  blanche,  de  même  dimension  que 
les  précédentes  et  partant  d'un  point  de  l'horizon  qui  est  voisin  du  méridien 
magnétique,  elle  arrive  jusque  entre  les  étoiles  de  la  Couronne  boréale  et 
celles  de  la  queue  de  la  petite  Ourse,  vers  ^  du  Bouvier  à  peu  près. 

»  9  heures. . —  L'horizon  s'illumine  assez  vivement  et  se  colore,  puis  re- 
devient sombre  sans  qu'il  se  forme  d'aigrette. 

"  g*"  20™.  —  Illumination  très-vive;  on  dirait  un  vaste  incendie  à  l'ho- 
rizon; la  zone  d'illumination  est  plus  étendue  que  précédemment;  les 
étoiles  qui  s'y  trouvent  contetiues  perdent  leur  éclat  comme  à  l'aurore  ou 
au  crépuscule  solaires  ;  plusieurs  étoiles  fdantes  traversent  la  zone;  éclairs 
nombreux  remorftant  de  l'est  au  nord  ;  aigrette  brillante  blanche,  un  peu 
rosée,  partant  du  méridien  magnétique  (point  de  l'horizon)  et  s'élançant 
jusqu'entre  s  et  Ç  de  la  grande  Ourse. 

»  g^  4o'°-  —  Toute  coloration  cesse,  mais  il  y  a  encore  une  légère  illumi- 
nation; nombreux  stratus  au  nord-est  et  au  nord-ouest;  toujours  des 
éclairs. 

»  g^  54*"-  —  Étoile  filante  dans  la  constellation  d'Hercule,  près  de  celle 
de  la  Couronne  boréale. 

»    10  heures.  —  Étoile  filante  entre ^  et  z  de  la  grande  Ourse. 

))  lo*"  45".  —  L'horizon,  resté  assez  obscur  (mais  non  couvert)  depuis 
plus  d'une  heure,  semble  s'éclaircir  ;  les  nuages  légers  que  j'ai  signalés  plus 
haut  disparaissent  peu  à  peu;  le  ciel  est  magnifique,  plus  d'éclairs;  l'atmo- 
sphère est  d'un  calme  parfait;  les  étoiles  scintillent  fortement. 

M  1 1*"  3o™.  —  La  lueur  aperçue  il  y  a  trois  quarts  d'heure  s'est  presque 
éteinte. 

»  2  octobre.  —  Minuit  exactement  à  ma  montre,  qui  a  été  réglée  dans 
la  journée  de  la  veille  sur  le  temps  moyen.  —  Des  rayons  blancs  de  i  à 
a  degrés  de  largeur  s'épanouissent  tout  à  coup  du  centre  d'illumination 
situé,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  au-dessous  de  l'horizon.  J'en  compte  cinq  à  la 
fois  à  peu  près  ainsi  disposés.  La  zone  d'illumination  embrasse  près  de 
i5o  degrés;  elle  enveloppe  presque  la  grande  Ourse,  la  tète  du  Dragon, 
effleure  la  Lyre;  la  teinte  pourpre  de  cette  zone  n'est  pas  uniforme; 
elle  a  une  intensité  telle,  dans  cerlains  endroits,  que  l'on  croirait  voir 
des  nuages  roses  flotter  dans  une  atmosphère  lumineuse,  comme  cela 
arrive  quelquefois  au  coucher  du  soleil.  La  coloration  est  d'ailleurs  in- 
termittente, ainsi  que  la  lumière.  Le  phénomène  semble  avoir  atteint  son 
maximum  d'éclat. 


(48.  ) 

»  Minuit  7".  —  Cet  éclat  s'affaiblit  très-rapidement;  les  rayons  ou  ai- 
grettes reparaissent,  mais  moins  intenses  et  pas  tous  à  la  fois;  la  teinte  rouge 
se  renforce  vers  minuit  lo"  pour  un  instant,  puis  tout  disparaît. 

»  Minuit  lo"".  —  L'horizon  boréal  a  repris  la  teinte  qu'il  avait  avant  mi- 
nuit Il  n'y  a  plus  qu'une  lueur  assez  faible  pour  qu'on  ne  la  remarquât  pas 
dans  un  autre  moment. 

»  1  heure  du  matin.  —  L'horizon  semble  avoir  repris  sa  teinte  ordinaire; 
la  lueur  n'est  pour  ainsi  dire  qu'un  souvenir,  et  je  pense  que  le  phénomène 

ne  se  reproduira  plus. 

* 

Remarques  générales. 

»  Les  aigrettes  ne  m'ont  pas  paru  partir  toujours  exaetement  du  même 
centre,  mais  il  peut  y  avoir  là  une  erreur  de  perpective. 

»  Les  évaluations  en  degrés  qui  sont  données  dans  ces  notes  ne  sont 
qu'approximatives,  mais  cependant  pas  arbitraires.  Je  me  suis  servi  de  re- 
pères qui  me  sont  familiers  à  l'horizon  pour  l'amplitude  de  l'illumination, 
et  j'ai  pris  des  mesures  de  jour  entre  ces  repères  au  moyen  d'un  cercle  divisé. 
Pour  les  hauteurs,  je  me  suis  référé  aux  étoiles  brillantes  des  constellations 
boréales,  et  j'ai  fait  les  évaluations  sur  une  carte  céleste.   » 

<'  A  l'occasion  des  communications  dont  vient  de  rendre  compte  M.  le 
Secrétaire  perpétuel,  M.  Chasles  fait  connaître  à  l'Académie  les  notes  sui- 
vantes extraites  d'une  Lettré  de  notre  confrère  M.  Bienaymé,  qui  a  vu  la 
même  aurore  boréale  dans  le  département  du  Loiret  (au  Bois-des-Fossés, 
arrondissement  de  Montargis),  dans  la  nuit  de  samedi  à  dimanche  (i-a  oc- 
tobre). 

»  A  8  heures  petite  aurore  boréale; 

))  A  minuit  passé  elle  subsistait;  crépuscule  bien  décidé;  puis  des  lueurs 
rougeâtres  peu  élevées,  tantôt  à  une  place,  tantôt  à  une  autre,  comme  à 
8  heures,  au-dessous  de  la  grande  Ourse. 

»  La  lumière  des  étoiles  était  affaiblie  par  les  rougeurs  et  reparaissait 
après. 

«  J'ai  vu  de  plus  belles  aurores  boréales,  ajoute  >L  Bienaymé,  et  surtout 
de  plus  hautes,  mais  rarement  d'aussi  longue  durée* 

»  Il  faisait  très-chaud,  malgré  un  vent  violent;  17  degrés  centigrades.  » 


C.    R.,  iSâg,  7"''  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  14.) 


64 


(482  ) 

ASTRONOMiii.  —  Observation  des  taches  du  soleil,  de  la   lumière  zodiacale: 
aurore  boréale  du  i"  octobre;  Lettre  de  M.  H.  Goldsciimidt. 

«  J'ai  1  honneur  de  vous  informer  que  les  recherches  que  j'ai  faites  dans 
le  dernier  temps  sur  les  taches  du  soleil,  m'ont  fait  voir  leur  rotation,  dé- 
placement, etc.  Ces  faits  appartiennent  déjà  à  la  science;  mais  je  ne  trouve 
aucun  fait  qui  donne  quelques  détails  positifs  à  ce  sujet.  L'illustre  savant 
de  Rome,  le  R.  P.  Secchi ,  affirme  dans  les  Nouvelles  astronomiques  du 
i6  septembre  dernier,  la  rotation  de  l'est  à  l'ouest  par  le  sud  sur  l'hémi- 
sphère boréal;  j'ai  trouvé  le  mouvement  en  direction  inverse,  ou  de  l'est 
à  l'ouest  par  le  nord  sur  l'hémisphère  boréal,  sans  pouvoir  dire  pour  le 
moment  s'il  n'y  en  a  pas  qui  tournent  dans  la  direction  indiquée  par  le 
P.  Secchi.  J'aurai  l'honneur  de  doiuier  prochainement  tous  les  détails  à 
ce  sujet,  et  je  me  borne  pour  aujourd'hui  à  indiquer  la  valeur  considérable 
<lu  déplacement  de  i4,  20,  3o,  33  degréspar  jour  entre  des  centres  de  mou- 
vements, etc. 

Lumière  zodiacale.  —Le  i5  septembre,  à  4''45'"  du  matin,  j'ai  pu  obser- 
ver ce  phénomène.  Le  sommet  du  cône  allait  jusque  vers  Saturne,  ce  qui 
donne  une  distance  de  45  degrés  du  soleil.  A  partir  du  sommet,  j'ai  pti 
encore  distinguer  un  faisceau  lumineux  très-faible,  s'étendant  encore  de 
i5  degrés  plus  loin;  il  m'a  semblé  voir  la  branche  boréale  d'un  second 
anneau  zodiacal.  Ce  matin  3  octobre,  j'ai  encore  pu  voir  la  lumière  zodia- 
cale, dont  le  sommet  était  bien  visible  jusque  vers  a  du  Lion  ;  la  limite 
boréale  passait  par  ç  et  j3  du  Lion  et  s  de  la  Vierge,  ce  qui  donne  la  latitude 
de  la  moitié  de  la  base  de  16  degrés  environ. 

»  L'aurore  boréale  que  j'ai  observée  samedi  soir  1*'  octobre,  était  assez 
belle,  et  je  me  propose  d'en  envoyer  à  l'Académie  la  description  pour  la 
prochaine  séance.  » 

ASTROINOMIE.  —  Découverte  d\me  nouvelle  plnnèle  @  Jaitc  à  l'obseivatoire  de 
Bilk  le  aa  septembre  par  M.  Robert  Luther;  extrait  d'une  Lettre  à  M.  Élie 
de  Beau  mont. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer,  en  vous  priant  d'en  faire  part  à  l'Insti- 
tut impérial  de  France,  une  nouvelle  découverte  planétaire  faite  par  moi  à 
cet  observatoire  le  22  septembre,  à  S*"  3o™. 


(  4«3  ) 

»  Voici  deux  observations  de  cette  planète,  qui  est  de   la    lo''   gran- 
deur (67). 


1859.                      T.  m.  (lo  Bilk 
Sept.  22                g^    6'"  49',  o 
22                I  o''  28°'  22»,6 
Mouvement  diurne 


Ascension  droite 
en  temps. 

o''5"'  i5%3i 


39S4 


ISomliro 
Déclinaison  boréale.       de  conipai-, 

4-   8°  l2'48",o  12 

-+-  80  12'  iY'4  6 

-9' 


Par  une  deuxième  Lettre,  en  date  du  39  septembre,  M.  Robert  Luther 
annonce  que  la  plabète  @,  découverte  par  lui  le  22  septembre,  a  reçu 
le  nom  de  Mnémosyne. 

a  Voici  deux  observations  faites  à  Berlin  : 


i85g. 

T.  m.  de  Berlin. 

Ascension  droite  en  temps. 

Déclinaison. 

Sept.  2.5 

i3''52"'36S7 

o''3"'ll%8l 

4-  7<'43'5i",5 

26 

,,h     5m^,»^6 

8''2"37»,i5 

+  ,<>35'42",5 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  Mnémosyne  (57)  faites  à  l'équatoriat  de  la  tour 
de  l'ouest,  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris.  (Communiquées  par  M.  Le 
Verrier) 


Dates. 

1859.  Gel.  2 
3 
3 

4 
4 


T.  M.  de  Paris. 


X@ 


D.P.N.  (57) 


Etoiles    Nombre  des  compar 

de 
compar.     en  cTo- 

a 


h        m         s  11        m        s  ^          t          it 

10.  6.26,8  23.58.44>'9  83.20.13,7  "  7 

8.43.   2,2  58.  8,43  83.29  t4, 3  ^  6 

10.   o.5o,3  58.  6,99  83.29,44>o  h  5 

9.46.12,0  57.29,47  83.39.  9''  '  ^ 

il. 50.57, 2  57.26,57  83.40.   0,6  <■•  5 


en  D.  V. 

5 

6 
5 
5 
5     . 


Observateurs 

Lépissier. 
Lépissier. 
Folain. 
Lépissier. 
Folain . 


Observations  méridiennes  de  l'étoile  de  comparaison. 


Grandeur. 

9= 
g-io" 

'  r 


23  .'54  "48  ,"42 

23.54.43)90 
23.47.59,30 


D.P.N. 

83.20. 16,2 
83.25.22,5 
83.41.28,6 


Anonyme. 
Anonyme. 
Anonyme. 


64. 


(  484  ) 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  de  Tempel,  faites  à  l'équalorial 
de  ta  tour  de  louest,  à  V Observatoire  impérial  de  Paris  ;  par  M.  Yvox 

ViLL ARCEAU. 


Mai 


T.  m.  de  Paris. 

Ascension  droite. 

Etoiles 
Distance  polaire  nord.           de 

conipar. 

Nombre 

des            Observateurs. 
corn  par. 

26 

b      m     s 
9.16.   3,1 

m      s 

A^-i  36,20H-(T,8io):A 

N^+4'24"3-(o,347):A 

a 

5 

Lépissier. 

28 

9  36  35,6 

A^-3.i6,63+(T,786):A 

N^-h3,44,4-(o,527):A 

b 

5 

Lépissier. 

29 

9  42-  9.0 

A^-4-  3,47+(f,772):A 

N^-i.ifi,7-(o,580:A 

c 

5 

"ïvon  Villarceau. 

2 

10.35.53,3 

6''i5.28,944-(T,7ii):A 

45° 6.  4,5-(o,75o):a 

d 

7 

Yvon  Villarceau. 

6 

9.  9-37,0 

A^— 2.  0, 56-1- (T, 680): A 

N^-t-2.54,4-(o,7ii):A 

e 

5 

Lépissier. 

'7 

9  ia.10,1 

A^-2.43,78h-(t,67o):A 

N^-i.43,7-(o,73.):a 

f 

6 

ïvon  Villarceau. 

7 

10.  0.1 1 ,8 

,5»'59.54,74-t-(T,655):A 

53'>5i.57,6-;o,784):A 

S 

6 

Isniaïl  EfTendi. 

8 

10. a6.  3,4 

5.56. 58,25-1- (T,623):  A 

55.35.j5,i-(o,8i8)rA 

h 

6 

Yvon  Villarceau. 

9 

9.  0  36 ,0 

5.54.i8.o6-h(t,653):A 

57.  9.32,g-(o,7^9):A 

i 

6 

Yvon  Villarceau. 

9 

9  48.40,0 

5.54.i2,29-i-(T,636):A 

57.13.49,6— (o,796);A 

i 

6 

Ismaïl  Effendi. 

N.  B.   Aj<.  et  N^  désignent  ici  les  ascensions  droites  et  distances  polaires 
nord  moj'ennes  au  i"  janvier  iSSg. 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  le  i"  janvier  iSSg. 

Étoiles.    Grandeur.     Ascensions  droites.     Distances  au  pôle  nord.     N<"  du  catalogue. 


a 

» 

h       m       s 

6.43.   3 

0     /      » 
33.56.     . 

Anonyme. 

b 

» 

6.34.46 

37.42      » 

Anonyme. 

c 

7-8' 

6.3o  54 

39.34      » 

Anonyme. 

d 

7-8- 

6.16.25,76 

45.  6.49,4 

i2i79Lal. 

e 

tt 

6.  4.37 

52,  5      • 

Anonyme. 

f 

7-8-= 

6.  2.45 

53. 5i       » 

Anonyme. 

S 

6» 

5. 58. 25, 06 

53.55.22,3 

11528  Lai. 

h 

r 

5.54.40,47 

55.37.37,2 

r  i4o8  Lai. 

i 

e-r 

5.53.17,18 

57.13.56,4 

ii36i  Lai. 

M.  Spiegler  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyée  sa  Note  «  sur  un  moyen  de 
calculer  rapidement  le  logarithme  d'un  nombre  quelconque  «. 

(Commissaires  précédemment  nommés,  MM.  Mathieu,  Delaunay, 

Bertrand.) 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts. 

É.  D.  B. 


(  485  ) 

BULLETIN    BIBLIOURAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  26  septembre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Note  sur  les  fossiles  recueillis  par  M.  Pouech  dans  le  terrain  tertiaire  du  dé- 
partement de  l'Àriége; parM..  d'Archiac;  br,  in-S". 

Note  sur  le  genre  Otostoma;  par  le  même  ;  br.  in-S". 

Note  sur  la  troisième  édition  de  Siluria  ;  par  le  même  ;  br.  in-8°. 

Etude  biographique  sur  L.  Géraid,  botaniste;  par  M.  Octave  Teissier. 
Toulon,  1859;  br.  in-8". 

Sur  la  réunion  des  fibres  nerveuses  sensibles  avec  les  fibres  motrices;  par 
M.  G.  Gluge  et  M.  A.  Thiernesse;  br.  in-8". 

Relation  historique  et  médicale  de  l'épidémie  cholérique  qui  a  régné  à  Mar- 
seille pendant  f  année  i854;  parle  D'  SlRUS-PlRONDl.  Paris,  1869;  ^^-  '"-8°. 

Sur  le  Seguvia;  parM.  Aristide  DuPUlS;  -j  feuille  in-8°. 

Notice  sur  un  nouveau  système  de  Tables  de  Logarithmes  à  cinq  décimales; 
par  A.  Bouché.  Angers,  iSSg;  br.  in-8°,  accompagnée  d'une  table  photo- 
graphiée, in-folio. 

Dictionnaire  français  illustre  et  Encyclopédie  universelle,  84*  livr.  ;  in-4''. 

Travaux  du  Conseil  d hygiène  publique  et  de  salubrité  du  département  de  la 
Gironde,  depuis  le  i6juin  \ 8 5-]  jusqu'au  i6juin  1859  ,  t.  V.  Bordeaux,  1869; 
in-8^ 

De  interiori  sermonis  organo  comentarius  elucubrabat  Aloysus  Profumo. 
Parisiis,  1859;  ^^-  i"-8"- 

Denkschriften. . .  Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne^ 
Sciences  physiques  et  mathématiques,  t.  XV  et  XVI,  i858  et  1869;  in-4°. 

Sitzungsberichte. . .  Comptes  rendus  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences 
de  Fienne;  décembre  1857;  année  i858,  n°'  16-29,  et  année  1869,  n"'  i  à  9; 
in-8^ 

Neue  Untersuchungen...  Nouvelles  recherches  sur  la  structure  intime  des 
centres  nerveux;  par  M.  Lenhossek,  i"  partie.  Vienne,  i858;  in-8°. 


(■486) 

Anleitimg. . .  Obserualions  sur  les  observations  magnétiques  ;  par  M.  RiŒiLL, 
directeur  de  l'observatoire  central  de  météorologie  et  de  magnétisme  ter- 
restre; 2*  édition.  Vienne,  i858;  in-8°. 

Smitlisoiiian  contribution  to  knowledge ,-  vol.  X,  i858;  in-4°. 

Anniial  report. . .  Rapport  annuel  des  régents  de  l'Institution  Smitlisonienne  : 
opérations,  dépenses  et  état  de  l'Institution  pour  l'année  1857.  Washington, 
i858;  in-8°. 

Reports...  Rapport  sur  les  ea:plorations  entreprises  pour  déterminer  le  tracé 
le  plus  convenable  pour  un  chemin  de  fer  entre  le  Mississipi  et  t océan  Pacifique. 
Vol.  IX,  partie  2;  rapport  sur  la  zoologie  des  lieux  parcourus  par  l'expédi- 
tion; a*  partie  :  Oiseaux,  par  M.  Spencer  Baird,  i858;  i  vol.  10-4°  (adressé 
par  le  Ministre  de  la  Guerre);  —  4*  partie,  Poissons,  par  M.  Ch.  Girard 
(adressé  par  l'auteur);  i  vol.  in-4". 

A  List...  Liste  des  Poissons  recueillis  en  Californie;  par  M.  Samuels,  avec 
description  des  nouvelles  espèces,  par  M.  Ch.  Girard;  br.  in-8°. 

Journal...  Journal  de  l'Académie  des  Sciences  naturelles  de  Philadelphie; 
nouvelle  série  ;  vol.  IV,  partie  1",  i858;in-4°. 

Observations...  Observations  sur  le  genre  \]nio',  par  M.  J.  Lea,  président 
de  l'Académie  des  Sciences  naturelles  de  Philadelphie;  in-4''. 

Procedings  . . .  Procès-verbaux  de  l'Académie  des  Sciences  naturelles  de  Phi- 
ladelphie, juin  à  décembre  i858;  in-8°,  avec  des  tirages  à  part  de  plusieurs 
des  Mémoires  contenus  dans  ces  livraisons. 

Defence. . .  Défense  du  docteur  Gould  par  les  membres  du  conseil  scientifique 
fie  r Observatoire  Dudley  ;  3^  édition.  Albany,  i858;in-8°. 

Reply...  Réponse  de  M.  B.-A.  Gould,  à  l'exposé  des  curateurs  de  l Obser- 
vatoire Dudley.  Albany,  iSôg;  in-8°. 

Researches. . .  Recherches  sur  la  pathologie  primaire  et  l'origine  et  les  lois  des 
épidémies;  par  M.  L.  Knapp.  Phdadelphie,  i858;  a  vol.  in-8°. 

Stona. . .  Histoire  d'un  cas  de  trépan  exécuté  pour  une  douleur  fixe  au  verlex  , 
pur  M.  T.  RlBOlXl  ;  br.  in-8°. 

Nuovi . . .   Nouvelles  études  anthropologiques ,  par  le  même  :  in-8°. 

Pronco. . .   Rroncho-pulnjonie  puerpérale,  etc.  ;  par  le  même  ;  br.  in-S". 


(  487  ) 

Congresso  d'Auxerre...   Congrès  scientifique  d' À  uxerre  :  coup  d'œil  sur  les' 
travaux  de  In  section  de  médecine  et  de  chirurgie;  par  le  même;  br.  in-8°. 

L'élogio . . .  Eloge  de  l'Agriculture;  par  M.  le  D''  V.  Fusco  ;  in-32. 

Abbozo...  Esquisse  d'une  nouvelle  théorie  sur  tes  fonctions  des  parties   du 
cerveau;  par  M.  L.  Maschi,  de  Parme.  Turin,  iSSy;  in-S". 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  3  octobre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Rapport  fait  à  la  Société  impériale  et  centrale  d'agriculture  sur  un  Mémoire 
de  M.  Lagrèze-Fossat,  ayant  pour  objet  le  parasitisme  des  Rhinanthacées  sur  les 
racines  du  froment  ;  par  M.  C.  MONTAGNE;  ^  feuille  in-8°. 

Mémoire  sur  te  mouvement  du  centre  de  gravité  d'un  corps  solide  lancé  vers 
la  terre,  entre  les  centres  de  la  lune  et  de  la  terre  supposés  fixes  immédiatement 
après  [impulsion;  par  Jean  Plana.  Turin,  iSSg;  in-4*'. 

Etudes  comparées  sur  la  culture  des  céréales,  des  plantes  fourragères  et  des 
plantes  industrielles,  résumé  des  leçons  faites  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Caen, 
pendant  l'année  scolaire  iBSS'iSSg;  par  J.  Isidore  Pierue  Paris,  iBSg; 
in-ia. 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  i  844j  publiée  par  les  ordres  de  M.  le 
Ministre  de  l' Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics;  t.  XXXll. 
Paris,  1859;  in-4'*. 

antiquités  antédiluviennes.  Réponse  à  MM.  les  antiquaires  et  géologues  pré- 
sents aux  assises  archéologiques  de  Laon;  par  M.  BOUCHEU  de  Perthes.  Amiens, 
1859;  br.  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Isid.  Geoffroy-Saint- 
Hilaire.) 

Riographie  de  M.  Cartier  [Nicolas- Guillaume),  ancien  mécanicien,  construc- 
teur de  moulins  à  blé  à  Paris;  par  M.  Armengaud  aîné;  i  feuille  in-S". 

Rulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  publié  sous  la  rédac- 
tion duB'  Renard, année  i858;  n"  4;  année  1859,  n"  i  ;  2  liv.  in-S", 


(  488  ) 

Comptes  rendus  des  séances  et  Mémoires  de  la  Société  de  Biologie,  t.  V  de 
la  2*  séné;  in-8°.  (Présenté  au  nom  du  président  de  la  Société  par 
M.  Flourens.) 

Exposé  des  travaux  de  la  Société  des  Sciences  médicales  du  département  de 
la  Moselle,  i858.  Metz,  1809;  in-S". 

Becueil  des  publications  de  la  Société  Havraise  d'études  diverses  de  la  24*  et 
de  la  tS' année.  i857-i858.  Havre,   1859;  in-8". 

Annales  academici,  i854-i855.  Lugduni-Batavorum,  1859;  in-4°-  i^"" 
nales  des  Universités  Néerlandaises  et  des  Athénées  d' Amsterdam  et  de  Deventer.) 

Charts...  'j'5  Cartes  marines  nouvelles  et  3  Cartes  corrigées,  publiées  dans  le 
cours  de  l'année  i858  par  le  Bureau  hydrographique  et  envoyées  au  nom  des 
Lords  Commissaires  de  i Amirauté;  accompagnées  de  18  volumes  et  brochures 
d'instructions  nautiques,  pilotes,  phares,  etc. 

The  nautical...  Almanach  nautique  et  éphémérides  astronomiques  pour 
[année  1 863 ,  publié  par  l'ordre  des  Lords  Commissaires  de  l'Amirauté.  Londres, 
1859;  in-8''. 

Observation...  Observation  faite,  dans  différentes  localités,  de  produits  de 
l'art  humain  au  milieu  d'os  d'animaux  d'espèces  perdues;  par  M.  Babbage; 
br.  in-8°. 

The  simplicity...  Nouvelle  théorie  du  système  solaire;  par  M.  W.  Adolph. 
Londres,  iSSg;  in-12. 

Crania  selecta  ex  thesauris  anthropologicis  Academiœ  imperialis  Petropolitanœ 
iconibus  et  descriplionibus  illustravit  C.  E.  DE  Baer.  Petropoli,  1859; 
br.  in-4°. 

Uber. . .  Sur  les  Papous  et  les  Alfourous  :  Développement  de  deux  des  sections 
comprises  dans  le  précédent  Mémoire;  par  le  même.  Saint-Pétersbourg,  1859; 
br.  10-4". 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉATnCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  10  OCTOBRE  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHASLES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

«  M.  Le  Verrier,  à  la  suite  de  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  fait  remarquer  que  deux  articles  sur  la  physique  du  globe,  insérés 
aux  pages  47^  et  477  des  Comptes  rendus,  ne  constituent  réellement  qu'un 
seul  et  même  article,  lu  par  M.  Le  Verrier.  Ainsi  coupée,  sa  communication 
devient,  sur  plus  d'un  point,  et  notamment  dans  la  seconde  partie,  peu 
claire  et  même  incomplète.  Il  demande  donc  que  les  lecteurs  des  Comptes 
rendus  veuillent  bien  considérer  les  deux  articles  ci-dessus  désignés  comme 
n'en  faisant  qu'un,  ainsi  que  cela  avait  lieu  dans  le  manuscrit  remis  pour 
l'impression,  et  portant  pour  titre  : 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observatoire  impérial  de  Paris.  —  Perturbations 
magnétiques  observées  les  29  août  et  1  septembre  par  MM.  Charault  et 

[  Desains,  et  phénomènes  électriques  observés  pendant  Vorage  atmosphérique 
du  28  septembre  par  MM.  Charault  et  Descroix;  communiqués  par 
M.  Le  Verrier. 

»  Pareillement  l'article  astronomie,  inséré  à.  la  page  484»  au  Heu  du 

titre  :  Observations  de  la  comète  de  Tempel par  M.  Yvon  Villarceau, 

doit,   conformément  au  manuscrit  remis  pour   l'impression,  recevoir  le 

G.  R.,  iSJg,  2">«  Semestre.  (T.   XUX,  «<>  18.)  65 


(  490  ) 

titre  :  Observations  de  ta  comète  de  Tempel ;  communiquées  par  M.  Le 

Verrier.  Il  s'y  trouve  des  déterminations  dues  à  trois  astronomes  diffé- 
rents. )' 

«  M.  Eue  de  Beacmont  fait  observer  qu'en  effaçant  les  mois  communiqué 
par  M.  Le  Verrier,  écrits  en  tète  des  articles  précités,  il  n'a  fait  que  se 
conformer  à  une  décision  de  l'Académie.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Aurore  boréale;  Note  de  M.  Duperret. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  la  Lettre  suivante  qui 
m'a  été  adressée  de  la  Guadeloupe,  sous  la  date  du  12  septembre  dernier, 
par  M.  Mercier,  président  du  tribunal  de  la  Basse-Terre,  chef-lieu  de  cette 
colonie. 

Latitude  16°  N,,  longitude  64°5',  ou  4*"  iS"  à  l'O.  de  Paris. 

«  Monsieur, 

»  Je  n'ai  pas  oublié  les  instructifs  entretiens  que  vous  vouliez  bien  m'ac- 
»  corder  à  l'époque  déjà  éloignée  où  j'habitais  Paris,  et  j'ai  souvent  sous  les 
M  yeux  le  document  précieux  que  j'en  ai  rapporté  :  la  carte  qui  résume  vos 
»   travaux  sur  le  magnétisme  terrestre. 

»  Permettez  que,  m'autorisant  de  ces  souvenirs,  je  vous  dise  quelques 
»  mots  de  l'aurore  boréale  qui  a  éclairé  la  Guadeloupe  dans  la  nuit  du 
»   1*"^  au  2  septembre  de  cette  année. 

»  Ma  surprise  a  été  grande,  je  l'avoue,  de  voir  pour  nos  latitudes  un 
»  phénomène  des  régions  polaires.  Ce  n'était  pas  le  bord  supérieur  seule- 
»  ment  de  l'aurore,  mais  bien  l'aurore  dans  toute  sa  plénitude.  Sa  clarté 
»  rougeâtre  se  projetait  dans  l'intérieur  des  appartements.  La  population 
»  fut  vivement  émue  de  ce  spectacle  tout  nouveau  pour  elle.  Au  centre  de 
))  ce  vaste  embrasement  se  distinguaient  comme  deux  rayons  de  lumière 
r  blanchâtre  qui  s'élevaient  parallèlement  en  passant  un  peu  à  gauche  de 
»  l'étoile  polaire,  direction  qui  ne  diffère,  je  pense,  que  de  quelques  de- 
»  grés  de  celle  de  notre  méridien  magnétique. 

»  Je  n'ai  observé  cette  magnifique  aurore  qu'à  partir  de  3  heures  du 
»  matin,  alors  qu'elle  était  dans  tout  son  éclat,  mais  il  paraît  qu'elle  s'était 
»  annoncée  dès  i''3o'".  Je  l'ai  vue  finir,  ou  plutôt  s'effacer  aux  approches 
«   du  soleil.   B 

»  J'ajouterai  à  cette  intéressante  communication    les  remarques   sui- 
vantes : 


(  490     . 

»  L'aurore  boréale  dont  il  s'agit  n'a  pas  été  vue  à  Paris  par  la  raison  que 
la  Guadeloupe  étant  à  4''  iS"  de  longitude  à  l'ouest  de  notre  méridien,  nous 
comptions  respectivement  5''46'"  et  7''  iG"  du  matin  aux  deux  indications 
horaires  signalées  par  M.   Mercier  ;  qu'en   conséquence,  et  de  ce  que  le 
soleil  se  lève  à   Paris,  le  1   septembre,  à  b^  19™,   nous  étions  en   plein 
jour  lorsque  l'aurore  boréale,   si  brillante  pendant  la  nuit  à  la  Guade- 
loupe, planait  sur  notre  horizon.  Mais,  si  nous  avons  été  privés  de  la  vue 
de  ce  magnifique  phénomène,  les  perturbations  qu'il  a  occasionnées  sur 
toutes  nos  lignes  télégraphiques  dans  la  matinée  du  1  septembre,  n'en  accu- 
sent pas  moins  sa  large  extension  sur  toute  la  surface  de  la  France  et  pro- 
bablement aussi  de  l'Europe  entière.  En  effet,  dans  une  première  Lettre 
adressée  à  l'Académie  des  Sciences  (i),  M.  Bergon,  après  avoir  parlé  de 
l'influence  exercée  par  l'aurore  boréale  de  la  nuit  du  28  au  ag  août  der- 
nier, sur  les  lignes  télégraphiques,  termine  en  disant  que  le  2  septembre  les 
mêmes  phénomènes  se  produisaient  depuis  4  heures  du   matin  et  qu'ils 
étaient  encore  très-intenses  à  8  heures.  Remarquons  que  ces  deux  indi- 
cations sont  respectivement  minuit  et  3''44'"di'  matin  à  la  Guadeloupe. 
»  Dans  une  seconde  Lettre  (2),  M.  Bergon  s'exprime  ainsi  : 
o  Le  2  septembre,  à  4*"  So"  du  matin,  les  sonneries  se  sont  ébranlées  : 
»  d'abord  celles  de  Bordeaux,  Toulouse,  Marseille,  Londres  et  Bruxelles,  et 
»  ensuite,  à  quelques  minutes  d'intervalle,  celles  de  Bâle,  Strasbourg,  le 
»  Havre  et  Brest,  etc.  » 
»  Et  plus  loin  il  ajoute  : 

a  Vers  7  heures  du  matin  on  a  vu  de  vives  étincelles  sur  les  paraton- 
»  nerres  des  lignes  de  Bordeaux  et  de  Toulouse,  etc.  « 

»  Enfin,  il  signale  durant  cette  même  journée  deux  effets  maxima  bien 
caractérisés,  l'un  à  7  heures  du  matin,  l'autre  à  12'' So™,  qui  paraissent 
avoir  eu  lieu  en  même  temps  sur  toutes  les  lignes.  Nous  retrouvons  encore 
dans  ces  diverses  citations  l'instant  de  7  heures,  qui  répond  à  la  Guade- 
loupe à  3  heures,  moment  où  M.  Mercier  a  vu  l'aurore  boréale  dans  toute 
sa  plénitude. 

»  La  Lettre  que  le  R.  P.  Secchi  vient  d'adresser  de  Rome  à  notre  confrère 
M.  Le  Verrier  (3),  confirme  parfaitement  ce  qui  précède,  puisque  les  plus 

(1)  Comptes  rendus  de  l'académie  des  Sciences,  2  septembre  iSSg,  p.  366. 

(2)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  2  septembre  iSSg,  p.  366. 

(3)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  3  octobre  iSSg,  p.  458. 

65.. 


(490 

grandes  perturbations  observées  sur  les  magnétomètres  au  Collège  Romain 
ont  eu  lieu  le  a  septembre  entre  7''jo"  et  S""  46"  du  matin,  ce  qui,  eu 
égard  à  la  différence  en  longitude  entre  la  Guadeloupe  et  Rome,  qui  est  de 
4''  57"",  nous  fait  encore  retomber,  en  moyenne,  sur  3  heures,  c'est-à-dire 
sur  l'instant  précis  où  le  phénomène  perturbateur  s'est  présenté  avec  un 
si  grand  éclat  aux  yeux  étonnés  des  habitants  de  notre  colonie.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Nouvelles   expériences  sur  les  animaux  pseudo -ressuscitants  ; 

par  M.  F. -A.  Podchet. 

«  Le  phénomène  de  la  reviviscence  de  certains  animaux  microscopiques, 
qui  a  été  considéré  comme  si  extraordinaire,  doit  rentrer  dans  le  cadre  de 
la  physiologie  normale.  Il  est  actuellement  bien  connu  qu'un  grand  nom- 
bre d'animaux  d'un  type  plus  élevé,  et  en  particulier  certains  Mollusques, 
peuvent  rester  plusieurs  années  contractés,  immobiles,  et  ayant  tout  à  fait 
les  apparences  de  la  mort L'humidité  les  ranime. 

»  Des  animaux  secs  et  absolument  momifiés  ne  peuvent  être  ressuscites  par 
i hjdratalion .  Les  traditions  rationnelles,  l'observation  et  l'expérience  se 
réunissent  pour  le  démontrer. 

»  Nos  expériences  sur  ce  sujet  ont  été  faites  avec  du  terreau  très-abon- 
dant en  Rotifères,  en  Tardigrades  et  en  Anguillules  réviviscibles,  et  elles 
nous  ont  convaincu  que  jamais,  quand  ces  animaux  sont  réellement  secs,  on 
ne  peut  les  ranimer.  Une  expérience  aussi  simple  que  facile  à  exécuter  le 
démontre  immédiatement. 

»  Les  Rotifères  et  les  Tardigrades  peuvent  se  conserver  plusieurs  années 
sans  se  dessécher,  dans  du  terreau,  à  cause  de  sa  grande  hygroscopicité  ; 
mais  si  l'on  parvient  à  les  isoler  de  celui-ci,  leur  dessiccation  et  la  mort 
qui  s'ensuit  sont  rapides. 

»  Si,  à  l'aide  d'un  tamis  de  soie,  on  étale  une  couche  excessivement  mince 
de  terreau  à  la  surface  d'une  lame  de  verre,  et  si  ses  grains  sont  tellement 
rares,  qu'ils  se  trouvent  généralement  à  distance,  en  exposant  cette  lame  de 
verre  au  soleil,  en  été,  où  elle  subit  souvent  une  température  de  5o  à  55  de- 
grés, après  six  semaines,  les  Rotifères,  les  Tardigrades  et  les  Anguillules  sont 
profondément  secs  et  absolument  morts.  Une  hydratation  de  quatre  jours 
n'en  ranime  aucun.  Cette  expérience,  si  élémentaire,  si  simple,  et  que  j'ai 
répétée  nombre  de  fois,  ne  suffirait-elle  pas  à  elle  seule  pour  renverser  tout 
ce  qu'on  a  écrit  sur  la  résurrection  des  animalcules  ? 

»  Si  l'on  expérimente  sur  des  Rotifères  et  des  Tardigrades  vivants,  et  non 


(  493  ) 
sur  des  animalcules  contractés,  la  pseudo-résurrection  perd  encore  de  son 
extension.  Des  Rotifères,  des  Tardigrades  et  des  Anguillules,  desséchés  avec 
la  plus  grande  lenteur  entre  des  verres  de  montre,  avec  du  sable  ou  à  nu,  et 
exposés  à  l'ombre  à  une  température  moyenne  de  aS  degrés,  n'ont  jamais 
vécu  vingt  jours  durant  aucune  de  nos  expériences.  Pour  la  plupart  ils 
meurent  avant  le  douzième.  H  y  a  loin  de  là  à  la  prétendue  immortalité 
dont  on  avait  doté  ces  animalcules. 

))  Ceux-ci  ont  cependant  une  beaucoup  plus  robuste  résistance  vitale 
qu'on  ne  le  suppose  généralement.  5o  centigrammes  de  terreau  rempli 
d'animalcules  ressuscitants  furent  plongés  dans  un  mélange  frigorifique  et 
y  subirent  pendant  une  heure  une  température  de  20  degrés  au-dessous  de 
zéro.  En  sortant  de  ce  mélange,  on  les  jeta  subitement  sur  la  boule  d'un 
thermomètre  marquant  80  degrés  dans  une  étuve,  et  on  les  y  laissa.  L'étuve 
dans  laquelle  celui-ci  était  placé  fut  fermée,  et  la  poussière  y  fut  maintenue 
durant  quinze  minutes.  Après  cette  seconde  épreuve,  le  terreau  fut  immé- 
diatement plongé  dans  de  l'eau,  et  bientôt  tous  les  animalcules  s'y  rani- 
mèrent. 

»  En  voyant  ainsi  ces  animalcules  brusquement  franchir  100  degrés  de 
température,  et  en  les  trouvant  tous  parfaitement  vivants  dans  l'eau  avec 
laquelle  on  les  met  subitement  en  contact,  que  doit-on  penser  des  précau- 
tions infinies  que  les  partisans  des  résurrections  réclament  pour  leurs  expé- 
riences? 

»  Dans  plusieurs  expériences,  en  employant  du  terreau  rempli  d'animal- 
cules réviviscibles,  c'est-à-dire  imparfaitement  desséchés,  et  en  le  plongeant 
dans  une  étuve  dont  la  température  dépassait  de  beaucoup  le  maximum 
auquel  les  savants  ont  fixé  la  coagulation  de  l'albumine  hydratée,  j'ai 
toujours  vu  les  Tardigrades  et  les  Rotifères  s'y  ranimer  tant  que  je  n'at- 
teignais pas  le  degré  où  ils  se  dessèchent  réellement.  Du  terreau  conservé 
à  l'ombre  ayant  été  déposé  sur  la  boule  d'un  thermomètre  marquant 
78  degrés  dans  une  étuve,  et  l'ayant  laissé  là  pendant  une  demi-heure, 
après  ce  temps  ce  terreau  possédait  encore  tous  ses  animaux  parfaitement 
vivants.  Cependant  ils  ont  supporté  durant  plus  de  temps  qu'un  œuf  ne 
met  à  cuire,  une  température  qui  dépasse  de  a8,  ou  au  moins  de  18  de- 
grés, le  terme  assigné  pour  la  coagulation  de  l'albumine.  En  présence  d'un 
fait  si  tranché,  si  fondamental,  que  devient  la  théorie  à  l'aide  de  laquelle 
on  a  essayé  d'expliquer  comment  les  Tardigrades  et  les  Rotifères  pouvaient 
supporter  des  températures  élevées  ? 

»  Dans  de  nouvelles  expériences,  j'ai  voulu  aussi  m'assurer  quelle  était 


(  ''194  ) 
positivement  la  résistance  des  animaux  pseudo-ressuscitants  à  ces  mêmes 
températures  élevées.  Mes  expériences  sur  ce  sujet  ont  été  aussi  nombreuses 
que  variées,  et,  pour  éviter  toute  objection,  je  me  suis  conformé  à  tous  les 
procédés  qui  ont  été  indiqués,  même  ceux  qui,  tels  que  le  vide  sec  de  la 
machine  pneumatique,  me  paraissent  moins  précis  que  d'autres  (i). 

»  Dans  mes  expériences  sur  ce  sujet  j'emploie  l'étuve  sèche  ou  le  bain- 
marie.  Je  chauffe  lentement  l'appareil  jusqu'à  ce  qu'il  ait  atteint  5o  degrés. 
A  compter  de  ce  point,  je  n'élève  la  température  que  de  5  degrés  par 
heure.  Ainsi  l'appareil  n'atteint  loo  degrés  qu'après  dix  heures  de  soins  : 
alors  je  maintiens  cette  température  une  demi-heure.  C'est  en  prenant  de 
telles  précautions  que  je  suis  arrivé  à  préciser  le  maximum  de  chaleur  que 
peuvent  supporter  les  animalcules.  Aucun  de  ceux-ci  ne  résiste  à  loo  de- 
grés. J'ai  toujours  vu  que  les  Rotifères,  qui  sont  les  plus  vivaces  des  ani- 
malcules pseudo-ressuscitants,  périssent  constamment  vers  85  à  90  degrés 
centigrades  ;  les  Tardigrades,  qui  résistent  moins  qu'eux,  meurent  tous  à 
la  température  de  80  à  85  degrés  ;  enfin  les  Anguillules  vers  75  degrés. 

»  En  présence  de  telles  expériences,  fréquemment  répétées  au  Muséum 
de  Rouen,  comment  est-il  possible  d'admettre  avec  certains  expérimenta- 
teurs que  les  animaux  réviviscibles  peuvent  résister  à  des  températures  de 
120  et  même  de  i5o  degrés?  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Delesse  adresse  les  travaux  qu'il  a  publiés  concernant  la  question 
du  métamorphisme  des  roches,  et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  les  ad- 
mettre comme  pièces  de  concours  pour  le  prix  Rordin. 

(Renvoi  à  la  future  Commission.) 

ASTRONOMIE.   —    Sur  la  valeur  relative  des  divers  modes  de  pointé  avec  le 
théodolite,  et  sur  les  équations  personnelles;  par  M.  Emm.  Liais. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Laugier,  Faye,  Delaunay.) 

ce  II  existe  deux  procédés  pour  le  pointé  azirautal  des  astres  avec  le  théo- 
dolite. On  peut,  laissant  libre  le  cercle  de  hauteur,  caler  l'instrument  en 

(i)  Les  animalcules  sont  restés  jusqu'à  quinze  jours  dans  le  vide,  et  l'hydratation  a  été 
prolongée  trois  et  quatre  jours. 


(  495  ) 
azimut  dans  le  voisinage  de  l'étoile,  et  attendre  que  cette  dernière,  en  vertu 
de  son  mouvement  apparent,  vienne  se  placer  sous  le  fil  de  l'instrument. 
L'observation  se  réduit  alors  à  apprécier  l'instant  de  ce  passage  derrière  le 
fil  comme  avec  l'instrument  des  passages.  Le  second  procérié  consiste  à 
amener,  au  moyen  de  la  vis  de  rappel,  le  fil  de  la  lunette  à  bissecter  l'étoile 
et  à  noter  l'instant  de  cette  bissection.  Cette  deuxième  partie  de  l'opération, 
c'est-à-dire  l'appréciation  de  l'instant  de  la  bissection,  est  plus  difficile  dans 
le  cas  de  ce  second  procédé  que  dans  lé  premier,  et  comporterait  des  erreurs 
très-notables  si  l'observateur  ne  s'arrangeait  de  façon  à  opérer  la  bissection 
a  la  fin  d'une  seconde  entière. 

»   On  sait  que  dans  l'emploi  combiné  des  sens  de  la  vue  et  de  l'ouïe  pour 
l'appréciation,  au  moyen  des  battements  d'une  horloge,  de  l'instant  phy- 
sique d'un  phénomène  perçu  par  l'œil,  il  se  produit  des  erreurs  très-notables 
appelées  équations  personnelles,  et  qui  consistent  en  ce  que  deux  observa- 
teurs, dont  pour  chacun  les  observations  consécutives  s'accordent  entre 
elles  avec  une  précision  de  généralement  —  de  seconde  de  temps,  jugent 
d'une  manière    très-diverse  l'instant  d'un    même  phénomène.    Les  diffé- 
rences d'appréciation  entre  deux  observateurs  habiles  peuvent  atteindre- 
et  même  dépasser  une  seconde  entière.  Ce  genre  d'erreur  affecte  complète- 
ment le  premier  procédé  de  pointé  que  nous  venons  d'indiquer.  Le  second 
moyen  en  est-il  exempt?  Au  premier  abord,  il  semble  que  oui.  En  effet,  il 
est  facile  de  vérifier,  à  l'aide  d'une  horloge  qui  avance  sur  une  autre  de 
i  seconde  en  loo  secondes,  qu'il  arrive  toutes  les  loo  secondes  un  batte- 
ment qui  se  confond  pour  nous  avec  celui  de  la  première  horloge.  Le  bat- 
tement précédent  et  le  battement  suivant  sont  distincts.  Cette  expérience 
nous  apprend  qu'une  différence  de  j^  de  seconde  de  temps  entre  deux 
bruits  semblables  suffit  pour  les  faire  distinguer.  Or  il  est  parfaitement 
connu  que  toute  personne  qui  a  le  sentiment  du  rhythme  peut  frapper  luie 
série- de  coups  de  façon  que  le  bruit  coïncide  exactement  avec  le  battement 
d'une  horloge.  Sans  cette  faculté,  au  reste,  il  n'y  aurait  pas  d'accord  pos- 
sible entre  les  divers  musiciens  d'un  orchestre.  Cette  remarque  fait  donc 
voir  que  si  l'observateur  maintient  par  le  mouvement  de  la  vis  de  rappel 
une  étoile  bissectée  par  le  fil  de  sa  lunette,  et  s'arrange  de  manière  à  cesser 
le  mouvement  de  cette  vis  de  rappel  en  retirant  la  main  exactement  d'ac- 
cord avec  le  battement  de  l'horloge,  il  n'y  aura  pas  d'équation  personnelle 
affectant  l'instant  du  pointé  et  qvii  puisse  être  supérieure  à  7^  de  seconde. 
Si  donc  il  n'y  a  pas  d'équation  personnelle  dans  l'opération  de  la  bissection,, 
l'observation  ne  sera  pas  entachée  d'erreurs  personnelles. 


(  496  ) 

»  Dans  le  pointé  des  astres  en  hauteur,  de  très-petites  équations  person- 
nelles ont  été  remarquées.  La  cause  en  provient  pour  une  grande  partie  du 
défaut  de  symétrie  des  images  dans  ce  sens  par  suite  de  la  dispersion  qui 
accompagne  la  réfraction  atmosphérique.  Mais  rien  de  semblable  ne  se  pro- 
duit dans  le  sens  horizontal,  où  il  est  parfaitement  connu  que  tous  les  ob- 
servateurs bissectent  une  mire  symétrique  de  la  même  manière.  Ainsi  donc 
il  ne  semble,  au  premier  abord,  devoir  exister  aucune  équation  personnelle 
dans  le  second  mode  de  pointé  que  nous  avons  décrit.  Mais,  en  réfléchis- 
sant avec  plus  d'attention,  on  aperçoit  une  cause  d'erreurs  de  ce  genre  que 
les  observations  semblent  en  effet  manifester. 

»  Il  résulte  de  la  disposition  même  des  vis  de  rappel  des  instruments  que 
la  main  ne  peut  faire  suivre  l'astre  au  fil  de  la  lunette  d'un  mouvement 
continu,  mais ,  au  contraire,  que  le  mouvement  est  saccadé.  Par  suite,  le 
pointé  doit  être,  pour  ainsi  dire,  instantané,  puisque  l'observateur  ne  peut 
faire  suivre  l'astre  par  le  fil  de  l'instrument  que  pendant  une  petite  fraction 
de  seconde.  On  conçoit  dès  lors  que  chaque  observateur  peut  avoir  une 
prédisposition  à  donner  à  la  vis  un  mouvement  soit  trop  grand,  soit  trop 
petit.  Cette  prédisposition  à  des  erreurs  de  même  sens  conduit  donc  à  une 
équation  personnelle. 

»  On  pourrait  faire  disparaître  cet  inconvénient  par  une  disposition 
convenable  des  vis  de  rappel,  auxquelles  il  suffirait  d'ajouter  une  sorte  de 
petite  manivelle  permettant  de  leur  donner  pendant  un  instant  un  mouve- 
ment continu.  Dans  ce  cas,  l'observateur,  après  avoir  placé  le  fil  sur  l'astre, 
pourrait  l'y  maintenir  un  instant  à  l'aide  d'un  mouvement  sensiblement 
uniforme  de  la  vis,  dont  il  aurait  la  mesure  au  bout  de  deux  ou  trois  se- 
condes. Alors,  en  lâchant  la  vis  à  la  fin  d'une  seconde  précise,  le  pointé 
serait  exempt  de  toute  équation  personnelle.  Ce  procédé  exigerait  toutefois 
qu'on  annulât  l'inclinaison  du  fil  vertical  de  la  lunette  ou  qu'on  en  tint 
compte,  ce  qui,  d'une  manière  ou  de  l'autre,  ne  présente  aucune  diffi- 
culté. 

»  A  défaut  de  la  disposition  dont  je  viens  de  parler,  je  me  suis  proposé 
de  rechercher  et  d'étudier  un  système  de  pointé  qui  permît  d  anéantir  à  peu 
près  complètement  les  équations  personnelles,  en  faisant  disparaître  la  pré- 
disposition de  l'observateur  à  donner  à  la  vis  de  rappel  un  mouvement 
trop  grand  ou  trop  petit.  Pour  cela,  j'ai  remarqué  que  si  l'on  pointe  une 
même  étoile  à  la  fin  de  chaque  seconde  pendant  une  série  de  secondes  con- 
sécutives, on  arrive,  à  partir  de  la  quatrième  ou  cinquième  seconde,  à 
connaître  parfaitement  le  mouvement  que  doit  faire  la  main  pour  que  l'astre 


(  497  ) 
pointé  à  la  tin  d'une  seconde  se  trouve  pointé  à  la  seconde  suivante,  en 
même  temps  qu'on  règle  avec  soin  ses  mouvements  sur  le  battement  de 
l'horloge.  A  partir  de  ce  moment,  toute  précipitation  disparaît,  et  l'atten- 
tion de  l'observateur  se  concentre  exclusivement  à  juger  de  la  valeur  des 
divers  pointés  qu'il  opère,  au  lieu  de  porter  sur  la  grandeur  du  mouvement 
à  donner  à  la  vis,  lequel  mouvement  est  connu  et  est  fait,  pour  ainsi  dire, 
mécaniquement.  I^ien  alors  de  plus  facile  que  de  reconnaître  si  l'on  a  une 
tendance  à  pointer  trop  en  avant  ou  en  arrière  de  l'astre,  et,  avec  un  peu 
d'habitude,  on  a  de  cette  façon  un  pointé  très-régulier.  L'observateur  s'ar- 
rête alors  quand  il  rencontre  une  bissection  qui  lui  paraît  très-bonne  et  note 
le  numéro  de  la  seconde  correspondante,  lequel  lui  donne  l'heure  très- 
précise  de  son  observation  à  la  pendule  ou  au  chronomètre.  Cette  précision 
de  l'heure  est  rendue  très-sûre  par  suite  de  la  précaution  de  rendre  pendant 
lui  instant  les  mouvements  de  la  main  synchrones  avec  les  battements  de 
l'horloge. 

»  Après  avoir  acquis  une  grande  habitude  dans  le  mode  de  pointé  que 
je  viens  de  décrire,  je  me.  suis  proposé  de  le  comparer  par  expérience  avec 
la  méthode  des  passages  derrière  le  fil  de  l'instrument  rendu  fixe.  Pour 
cela,  j'ai  déterminé  par  cinq  séries  d'observations  aziiiiutales  d'étoiles  voi- 
sines du  méridien  l'état  de  mon  chronomètre  en  faisant  immédiatement  une 
observation  par  la  méthode  des  passages  et  une  observation  par  le  système 
de  pointé  que  je  voulais  étudier,  en  commençant  alternativement  par  l'une 
et  l'autre  méthode.  Chaque  série  comprenait  vingt  observations  par  chaque 
méthode.  J'ai  pris  toutes  les  précautions  voulues  pour  éliminer  les  erreurs 
de  l'instrument  et  déterminer  le  mieux  possible  l'azimut  de  la  mire,  encore 
bien  que  les  erreurs  qui  en  pouvaient  résulter  affectassent  exactement  de  la 
même  manière  les  deux  observations  consécutives  laites  avec  chaque  mé- 
thode, et  même  sensiblement  de  la  même  manière  toutes  les  observations 
d'une  série.  En  comparant  ces  observations,  j'ai  trouvé  : 

»  i°.  Que  dans  une  même  série  les  différences  des  états  du  chronomètre 
obtenus  ont  été  plus  grandes  par  la  méthode  des  passages  que  par  l'autre 
procédé.  Cela  indique  que  les  observations  sont  plus  précises  par  ce  dernier 
que  par  la  méthode  des  passages.  En  ayant  égard  à  la  part  des  erreurs  de' 
lecture  du  limbe  qui  ont  dû  augmenter  ces  différences  de  la  même  quantité 
à  peu  près  pour  chaque  méthode,  les  erreurs  maximum  de  pointé  semblent 
être  à  très-peu  près  dans  le  rapport  de  a  à  i,  suivant  qu'on  emploie  la  mé- 
thode des  passages  ou  l'autre  procédé. 

C.    K.,  18.Î9,  2™=  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  13.)  G6 


(498) 
»  1°.  Les  états  du  chronomètre  déterminés  par  chaque  méthode  ont  été 
un  peu  différents,  et  les  différences  ont  gardé  le  même  signe  dans  chaque 
série,  l'avance  du  chronomètre  déterminée  par  la  méthode  des  passages 
ayant  été  toujours  un  peu  moindre  que  par  la  méthode  du  pointé.  Ces  dif- 
férences sont  : 

Première  série o ,  1 3 

Deuxième  série , . .  .  o  ,07 

Troisième  série 0,27 

Quatrième  série o,  i5 

Cinquième  série o  ,09 

Moyenne o ,  1 4 

»  Cette  comparaison  met  en  évidence  l'équation  personnelle  qui  existe 
dans  la  méthode  des  passages,  et  fait  voir  que  si,  comme  cependant  on  serait 
eu  droit  de  le  supposer  d'après  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut,  l'équation 
personnelle  n'est  pas  complètement  détruite,  elle  est  au  moins  très-nota- 
blement diminuée  dans  la  méthode  du  pointé. 

»  La  dernière  méthode  est  aussi  bien  applicable  avec  les  micromètres  à 
fil  mobile  des  lunettes  fixées  dans  im  azimut  donné  qu'avec  les  vis  de  rappel 
des  théodolites.  Pour  ces  derniers  instruments,  elle  peut  également  être 
employée  pour  les  hauteurs  extra-méridiennes,  au  lieu  de  la  méthode  des 
passages  par  une  hauteur  donnée. 

»  Dans  un  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  en 
janvier  i858,  j'ai  déjà  indiqué  un  moyen  de  faire  disparaître  les  équations 
personnelles  dans  l'emploi  des  instruments  azimutaux.  Ce  procédé  exige 
que  la  lunette  suive  le  mouvement  du  ciel  à  l'aide  d'un  mécanisme  d'hor- 
logerie, et  j'ai  indiqué  les  dispositions  à  prendre  pour  obtenir  ce  résultat 
avec  les  instruments  azimutaux.  Mais  comme  ces  dispositions  ne  laissent 
pas  que  d'être  assez  compliquées,  j'ai  cherché  à  simplifier  ce  procédé  et  j'y 
suis  parvenu  de  la  manière  suivante. 

»  La  lunette  de  l'alt-azimut  ne  suit  plus  le  mouvement  du  ciel  ;  on  la  cale, 
au  contraire,  quand  l'astre  que  l'on  veut  observer  est  dans  le  champ.  On 
pointe  ensuite  à  l'aide  d'un  micromètre  à  fil  vertical  mobile.  Le  mouvement 
de  la  vis  de  ce  micromètre  est  donné  par  une  manivelle,  à  l'aide  de  laquelle 
on  peut  maintenir  l'astre  sous  le  fil  par  un  mouvement  continu  de  la  main. 
La  tête  de  vis  du  micromètre  est  grande,  et,  au  lieu  de  traits  pour  marquer 
les  divisions,  elle  porte  des  butoirs  en  saillie  qui  n'occupent  qu'un  dixième 
ou  un  vingtième  de  la  largeur  d'une  division.  Dans  le  mouvement  de  rota- 


(499) 
tion  de  cette  vis,  ces  butoirs  établissent  un  courant  électrique  en  rencontrant 
un  petit  ressort. 

))  Une  horloge  qui  ferme  un  courant  électrique  à  chaque  seconde  ditise 
en  secondes,  par  le  tracé  d'une  pointe  métallique,  une  bande  de  papier 
électrochiraique  qui  se  déroule  d'une  manière  continue  par  l'effet  d'un 
mouvement  d'horlogerie.  Une  seconde  pointe  marque  sur  ce  papier  les  mi- 
nutes de  l'horloge  parallèlement  aux  secondes.  Une  troisième  pointe  inscrit 
alors  dans  la  rotation  delà  vis  du  micromètre  l'instant  où  chacune  des  divi- 
sions de  cet  instrument  passe  sous  le  ressort  et  établit  le  courant,  et  une 
quatrième  pointe  est  destinée  à  marquer  de  même  les  tours  entiers  de  la  vis. 
Enfin,  sur  le  même  papier,  une  cinquième  pointe  trace  à  la  volonté  de 
l'observateur,  qui,  au  moyen  d'une  touche,  peut  établir  un  courant  élec- 
trique. 

»  On  comprend  maintenant  facilement  comment  se  fait  l'observation. 
L'observateur  amène  le  fil  du  micromètre  à  bissecter  l'astre  et  l'y  maintient 
par  un  mouvement  continu  et  régulier  de  la  manivelle.  Chaque  fois  qu'il 
juge  son  pointé  bon,  et  tant  qu'il  trouve  l'astre  bien  bissecté,  il  établit  le 
courant  électrique  de  la  cinquième  pointe.  11  ne  reste  plus  alors  qu'à  re- 
chercher sur  la  bande  de  papier  quelles  étaient  les  divisions  du  micromètre 
qui,  pendant  ce  temps,  passaient  sous  l'index,  et  les  heures  précises  de  ce 
passage. 

«  Ce  procédé  a  sur  celui  que  j'ai  antérieurement  décrit,  outre  l'avantage 
d'une  plus  grande  simplicité  de  l'instrument,  celui  de  permettre  de  faire  un 
plus  grand  nombre  de  pointés  en  très-peu  de  temps.  L'élimination  des 
équations  personnelles  est  ici  complète,  puisque  l'observateur  n'a  plus  à 
s'occuper  de  la  mesure  du  temps,  et  puisqu'un  petit  retard  sur  l'instant  où 
il  marque  que  son  pointé  est  bon  n'influe  pas  sensiblement  sur  l'observation, 
à  cause  du  mouvement  du  micromètre  qui  se  continue  régulièrement,  avan- 
tage que  n'a  pas  l'emploi  des  chronographes  électriques  pour  l'enregistre- 
ment des  passages  avec  la  lunette  méridienne  ordinaire. 

»  Le  clironographe,  au  lieu  d'être  électrochimique,  pourrait  être  méca- 
nique, c'est-à-dire  électromagnétique.  Quant  aux  retards  de  tracé  et  de 
pointage  auxquels  il  pourrait  donner  lieu,  il  est  très-aisé  de  les  mesurer 
directement  de  la  même  manière  que  je  l'ai  fait  avec  le  chronographe  électron 
chimique  que  j'ai  disposé  en  i856  pour  déterminer  la  différence  des  longi- 
tudes de  Bourges  et  de  l'Observatoire  de  Paris.  » 

66.. 


(  5oo  ) 

utR'iltiO'Xj'i'i  afi^vpl 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Réclamation  de  priorité  à  l'occasion  d'une  conimunica- 
lion  récente  sur  le  rôle  des  oxydes  de  fer  et  de  manganèse  et  de  quelques 
sulfates  comme  moyens  de  transport  de  l'oxygène  de  l'air;  extrait  d'une  Note 
de  M.  EDOUARD  Robin. 


n: 


'"(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Balard,  Peligot,  Bussy.) 

«  Dans  la  séance  du  a6  septembre,  M.  F.  Ruhlmann  a  rappelé,  d'une 
part,  la  facilité  avec  laquelle  le  sesquioxyde  de  fer,  les  oxydes  supérieurs  de 
manganèse,  les  sulfates  de  chaux  et  de  sesquioxyde  de  fer,  sont  désoxydés, 
surtout  dans  les  temps  chauds,  par  les  matières  organiques  humides  et 
très-divisées,  par  ces  matières  en  putréfaction  par  exemple  ;  d'autre  part, 
la  facilité  non  moins  grande  avec  laquelle  les  produits  désoxygénés  repren- 
nent l'oxygène  quand  ils  viennent  en  contact  avec  ce  gaz  humide  et  en  excès. 
M.  Kuhlmann  a  apporté  dans  la  question  quelques  faits  nouveaux;  mais 
un  grand  nombre  de  faits  anciens  montrent  nettement  que  les  choses  sont 
ainsi.  Considérant  ces  faits,  M.  Ruhlmann  a  pensé  que  les  produits  oxygé- 
nés dont  il  est  question  étaient  propres  à  jouer  en  agriculture  un  rôle 
fort  différent  de  celui  qu'on  leur  assigne,  en  général,  dans  les  Traités  de 
Chimie  et  dans  ceux  d'Agriculture.  Ils  servaient,  disait-on,  à  absorber  la  cha- 
leur solaire,  à  condenser  et  à  faire  naître  l'ammoniaque,  etc.  M.  Ruhlmann 
ne  nie  pas  ces  usages;  mais,  ajoute-t-il,  cédant  avec  facilité  l'oxygène  aux 
corps  organisés,  surtout  en  putréfaction,  ces  matières  minérales  oxygénées 
sont  très-propres  à  le  transporter  dans  les  terres.  Elles  peuvent  ainsi,  comme 
l'oxygène  hiuiiide  lui-même,  hâter  les  phénomènes  de  combustion  lente 
nécessaires  à  la  destruction  des  engrais  et  à  leur  transformation  en  aliments 
des  végétaux. 

»  Si,  comme  je  le  pense,  cette  application  est  rationnelle,  elle  fournit  un 
appui  à  l'une  de  ces  nombreuses  applications  de  la  chimie  que  j'ai  soumises 
à  l'Académie  des  Sciences  il  y  a  plusieurs  années.  Frappé  alors  des  mêmes 
faits  et  de  l'importance  qu'ils  tirent  du  rôle  nouveau  que  j'ai  assigné  à  l'oxy- 
gène dans  la  végétation;  ayant  d'ailleurs  établi,  comme  règle,  que  toute 
décomposition,  toute  combinaison  qui  peut  se  produire  à  une  température 
élevée  entre  les  corps  pondérables,  peut  aussi  généralement  se  produire  à 
froid,  quand  à  froid  les  matières  réagissantes  sont  en  contact  à  im  état  de 
division  convenable  et  dans  des  conditions  où  les  produits  de  la  réaction 
peuvent  aisément  se  séparer,  je  présentai,  en  i85i,  à  l'Académie  l'appli- 


(  5oi  ) 
cation  donnée  aujourirhui  comme  nouvelle.  Les  Comptes  rendus  contien- 
nent un  résumé  de  mon  travail,  publié,  du  reste,  en  entier  depuis  i85a. 
Dans  un  premier  Mémoire,  après  avoir  fait  voir  que,  contrairement  à  ce 
qu'on  admettait  en  général,  la  respiration  des  végétaux  consiste  essentiel- 
lement, comme  celle  des  animaux,  en  un  phénomène  de  combustion  lente 
exercé  par  l'air  humide  ;  après  avoir  prouvé,  dans  un  second  Mémoire,  que 
les  végétaux,  comme  les  animaux,  offrent  un  rapport  constant  entre  l'acti- 
vité de  leur  vie  et  l'activité  des  phénomènes  de  combustion  dont  ils  sont 
le  siège,  je  terminais  en  disant  :  «  Le  rôle  essentiel  et  général  de  la  chaleur 
»  dans  la  végétation  se  réduisant  à  celui  d'agent  directeur  de  la  combustion 
»  lente,  tout  porte  à  croire  que,  par  un  emploi  intelligent  des  substances 
»  capables  d'activer  ou  de  modérer  la  combustion  dans  les  matières  orga- 
»  nisées,  c'est-à-dire  par  des  moyens  chimiques  toujours  à  la  disposition  de 
»  l'homme,  il  sera  possible  de  remplacer  dans  certaines  limites  l'influence 
»  naturelle  qu'exerce  dans  la  végétation  la  chaleur  solaire,  cette  force 
M   aveugle  dont  la  direction  n'appartient  qu'à  la  nattu'e.  »  '  ' 

PALÉONTOLOGIE.  —  Hache  de  pierre  trouvée  dans  le  diluvium;  extrait  d\ine 

Note  de  M.  G.  Pouchet. 

(Commissaires,  MM.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  d'Archiac,  de  Verneuil,)^.:; 

''fi'iD  ,;»/u(nî  è)'j  H  f  li'<i  ;>ijn  t'j  (^/i>7Jfif!B  ;i'^>f(i  iiisî  iii'r  ùo  /noil  ^n  il  ;-i)fJi 
«  Les  deilx  communications  récentes  de  M.  A.  Gaudry  sur  les  instruments 

en  silex  dits  à  tort  ou  à  raison  haches,  et  qu'on  rencontre  actuellement  en 
si  grande  abondance  dans  le  diluvium  de  Saint-Acheul,  près  Amiens,  me 
déterminent  à  adresser  à  l'Académie  les  résultats  d'une  excursion  que  j'ai 
faite  moi-même  dès  le  i5  aoiît  dernier  à  Saint-Acheid,  où  j'étais  envoyé 
par  M.  le  maire  de  Rouen,  afin  d'enrichir  la  collection  municipale  de  quel- 
ques-uns de  ces  débris  qui  commencent  à  préoccuper  si  vivement  l'at- 
tention publique.  Pendant  cette  excursion,  j'ai  moi-même  extrait  de  mes 
mains  une  hache  encore  engagée  aux  trois  quarts  dans  le  terrain,  et  que 
j'ai  pu  enlever  tout  à  Taise,  en  m'entourant  des  précautions  les  plus  minu- 
tieuses. M.  Ch.  Lyell,  que  j'avais  aussitôt  informé  de  cette  bonne  fortune, 
en  a  même  entretenu  ces  jours  derniers  le  meeting  d'Aberdeen.  J'ai  mis  aussi 
à  profit  mon  séjour  aux  carrières  pour  étudier  le  gisement  de  ces  curieux 
débris  d'une  antiquité  si  reculée.  J'ai  reconnu  d'ailleurs  que  ces  instru- 
ments portent  pour  la  plupart  sur  eux-mêmes  des  caractères  qui,  en  dehors 


(    502    ) 

du  témoignage  de  ceux  qui  les  ont  trouvés,  affirment  leur  existence 
dans  le  diluviuni.  Ces  caractères  sont  d'abord  des  dendrites,  et  surtout 
une  couche  de  carbonate  de  chaux  déposée  par  sublimation  et  qui, 
quand  elle  existe,  se  rencontre  toujours  sur  la  face  du  caillou  qui  re- 
garde eu  bas.  Ces  dendrites  et  la  même  incrustation  calcaire  se  retrou- 
vent sur  les  galets  et  les  fragments  de  silex  qui  composent  en  grande 
partie  le  terrain.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherche  de  [iode  dans  les  plantes j  les  animaux, 
les  eaux  et  l'air  atmosphérique;  par  M.  Mène. 

Dans  cette  Note,  qui  fait  suite  à  une  précédente  communication  insérée 
par  extrait  au  Compte  rendu  de  la  séance  du  8  août  dernier,  l'auteur  com- 
mence par  exposer  les  résultats  de  ses  recherches  sur  la  solubilité  de 
riodure  d'argent  dans  l'ammoniaque,  puis,  revenant  à  la  question  de  la 
diffusion  de  l'iode  dans  l'air  et  aux  analyses  instituées  dans  ce  dessein, 
il  rend  compte  de  deux  expériences  qui  ont  marché,  l'une  du  5  au 
25  août,  l'autre  du  i3  au  26  septembre.  La  Note  se  termine  par  le  para- 
graphe suivant  : 

cf  L'ensemble  de  toutes  mes  recherches  sur  la  diffusion  de  l'iode  me 
porte  à  conclure  que  normalement  l'iode  n'existe  pas  dans  l'air  (du  moins 
dans  les  lieux  où  j'ai  fait  mes  analyses)  et  que  s'il  y  a  été  trouvé,  ce  n'était 
qu'accidentellement  ou  par  suite  de  l'emploi  de  réactifs  impurs.  » 

( Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Pelouze, 

Balard,  Fremy.  ) 

CHIMIE.  —  JYote  sur  im  nouveau  procédé  pour  l'analyse  des  mélanges  de 
potasse  et  de  soude;  par  M.  Maumexé. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Regnault.) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Mémoire  sur  la  xjloïdine  et  sur  de  nouveaux  dérivés 
nitriques  de  la  fécule;  par  M.  Béchamp. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Balard,  Peligot.) 


(  5o3  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaibe  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  le  prince 
Galitzin,  un  exemplaire  de  la  publication  qu'il  vient  de  faire  en  langue 
russe  des  Lettres  du  czar  Pierre  le  Grand  à  l'ancienne  Académie  des 
Sciences. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  correspondance  une  Note  de  M.  C.  Baillet,  intitulée  :  «  Expériences 
sur  le  tournis  de  la  chèvre  et  du  bœuf  ». 

Et  un  opuscule  de  M.  Ch.  Girard,  ayant  pour  titre  :  «  La  vie  au  point  de 
vue  physique,  ou  physiogénie  philosophique  ». 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Emploi  du  curare  dans  le  tétanos  ;  Lettre  de  M.  Brodie 

à  M.  Flourens. 

«  Ayant  eu  connaissance  par  les  journaux  des  essais  faits  en  France  avec 
le  poison  Woorara  (ou  Urare)  comme  remède  dans  des  cas  de  tétanos,  j'ai 
pensé  qu'il  pouvait  y  avoir  quelque  intérêt  à  vous  communiquer  les  détails 
suivants  : 

»  Quelque  temps  après  que  j'eus  fait  paraître  dans  les  Transactions  philo- 
sophiques (1811-1812)  un  compte  rendu  d'expériences  dans  lesquelles  des 
animaux  morts  en  apparence  par  suite  d'inoculation  du  Woorara  étendu 
d'huile  essentielle  d'amande  amère  avaient  été  rappelés  à  la  vie  au  moyen  de 
la  respiration  artificielle,  on  m'engagea  à  reproduire  les  mêmes  expériences 
sur  des  animaux  de  plus  grande  taille  que  ceux  qui  avaient  servi  dans 
tous  ces  essais;  je  priai  alors  mon  ami  feu  M.  le  professeur  Sewell  de  me 
permettre  de  faire  au  Collège  Vétérinaire  l'expérience  désirée  sur  un  âne 
qu'avait  donné  dans  ce  dessein  le  feu  duc  de  Northumberland,  alors  Lord 
Percy.  L'expérience  réussit  de  même,  et  l'animal  fut  donné  à  M.  Waterton 
dans  les  terres  duquel  il  a  vécu  encore  plusieurs  années. 

»  Le  professeur  Sewell,  considérant  que  sous  l'influence  du  Woorara  il  y 
avait  relâchement  complet  de  tous  les  muscles  du  mouvement  volontaire, 
eut  l'idée  que  l'on  pourrait,  dans  des  cas  de  tétanos  chez  des  chevaux,  em- 
ployer avec  avantage  ce  poison  ,  puisqu'au  moyen  de  la  respiration  artifi--' 


(  5o4  ) 
cielle  on  rappelait  à  la  vie  l'animal  empoisonné.  En  conséquence  il  en'fit 
l'essai  et  même,  autant  que  je  crois,  à  plusieurs  reprises.  Mais  à  l'époque  où 
j'en  ai  entendu  parler  pour  la  dernière  fois,  il  n'avait  pas  obtenu  un  seul 
succès. 

»  Il  est  évident  qu'on  ne  peut  attacher  une  grande  valeur  à  une  ou 
deux  guérisons  survenues  à  la  suite  de  ce  traitement,  puisque  sur  les  sujets 
atteints  du  tétanos  il  y  en  a  un  nombre,  à  la  vérité  assez  petit,  qui  en  échap- 
pent quel  qu'ait  été  le  traitement  employé.    » 

Remarques  de  M.  Serres  par  suite  de  la  précédente  communication. 

«  A  l'occasion  de  la  Lettre  du  célèbre  chirurgien  de  Londres,  je  crois 
devoir  rappeler  les  observations  qui  ont  été  déjà  faites  dans  cette  enceinte 
sur  l'emploi  du  curare  dans  le  traitement  du  tétanos  traumatique. 

»  Une  première  application  de  ce  poison,  faite  par  le  chirurgien  distingué 
de  la  Charité,  M.  Manec,  secondé  par  son  collègue  M.  Vulpian,  a  complè- 
tement échoué.  La  marche  du  tétanos  traumatique  n'a  pas  été  enrayée;  les 
symptômes  si  graves  du  tétanisme  n'ont  même  pas  été  modifiés.  L'action  du 
curare  a  paru  aux  observateurs  si  peu  manifeste  chez  le  malade,  qu'ils  ont 
dû  s'assurer  par  des  expériences  sur  des  animaux  si  le  curare  qu'ils  avaient 
employé  jouissait  des  propriétés  si  dangereuses  qui  lui  sont  propres  :  la 
mort  des  animaux  a  promptement  répondu  à  ce  sujet. 

»  Nul  doute  donc  ;  ce  premier  fait  est  de  nature  à  faire  mettre  en  doute 
l'efficacité  du  curare  dans  le  traitement  du  tétanos  traumatique,  efficacité 
qu'avait  fait  espérer  l'observation  de  M.  Vella,  qui  est  devenue  le  point  de 
départ  de  cette  médication. 

»  Mais  doit-on  se  laisser  décourager  par  cet  insuccès?  En  présence  d'une 
maladie  si  grave  et  presque  toujours  mortelle,  faut-il  renoncer  sitôt  à  l'espé- 
rance qu'avait  fait  naître  le  succès  du  chirurgien  de  Turin?  Je  ne  le  pense 
pas. 

»  Sur  un  sujet  si  délicat,  et  qui,  théoriquement,  s'appuie  sur  une  appré- 
ciation encore  douteuse  d'un  point  de  physiologie  expérimentale,  la  réserve 
est  sans  doute  de  rigueur  ;  mais  cette  réserve  ne  doit  pas  aller  jusqu'à  nous 
faire  abstenir  de  continuer  avec  prudence  les  essais  des  effets  du  curare 
contre  le  tétanos  traumatique. 

»  Et  c'est  aussi  de  cette  manière  qu'en  a  jugé  un  des  membres  distingués 
du  corps  des  chirurgiens  de  nos  hôpitaux,  M.  Chassaignac.  Appelé  par  deux 


(  5o5  ) 
confrères,  MM.  Tahère  et  André,  pour  partager  avec  eux  la  responsabilité 
de  l'administration  du  curare  dans  un  cas  Ae  formidables  accidents  tétaniques, 
survenus  le  19  septembre,  à  la  suite  d'une  blessure  assez  légère  faite  au  pied 
par  un  coup  de  feu,  M.  Chassaignac  n'hésita  pas.  Le  malade,  au  moment 
où  il  fut  appelé,  était  déjà  à  un  degré  très-avancé  de  la  période  asphyxique  ; 
la  respiration  se  faisait  sans  doute  encore,  mais  on  ne  la  vo3'ait  pas  s'exécu- 
ter. Tous  les  muscles  du  tronc  et  des  membres  avaient  la  rigidité  du  bois; 
les  dents  ne  purent  être  écartées  de  quelques  millimètres  qu'avec  un  coin  en 
bois  introduit  avec  une  grande  force.  La  plaie  était  extrêmement  irritable, 
le  malade  près  du  dernier  moment.  Le  curare  fut  administré  intiis  et  exIià: 
à  l'intérieur,  à  la  dose  de  20  centigrammes  dans  une  potion  de  1 20  grammes, 
à  prendre  par  cuillerées  toutes  les  deux  heures;  en  topique,  à  la  dose  de 
25  centigrammes  sur  i5o  grammes  de  véhicule;  avec  ordre  de  renouveler 
les  applications  toutes  les  deux  heures  également. 

»  Huit  heures  après  la  première  application,  le  malade  put  plier  les  bras 
et  desserrer  lui-même  les  dents  pour  renfoncer  le  coin  de  bois.  La  respira- 
tion se  faisait  de  nouveau  sentir,  le  malade  revenait  à  la  vie.  Les  progrès 
n'ont  pas  cessé  depuis  un  seul  instant,  et  depuis  bien  des  jours  le  mal 
marche  vers  sa  terminaison. 

))  Au  reste,  un  fait  important  ressort  nettement  des  trois  essais  déjà 
tentés  :  ce  fait  est  celui  de  l'innocuité  du  curare  chez  l'homme  sous  l'in- 
fluence du  tétanisme.  Un  tel  résultat,  abstraction  faite  de  toute  autre  con- 
sidération, nous  paraît  de  nature  à  devoir  recommander  son  emploi  dans 
le  traitement  du  tétanos  traumatique. 

»  Après  la  communication  de  notre  confrère  M.  Cl:  Bernard  dans  la 
séance  du  29  août  dernier,  un  des  premiers  j'ai  pris  la  parole  pour 
recommander  avec  lui  ce  nouveau  traitement  contre  une  maladie  si 
terrible,  et  aujourd'hui  je  l'ai  prise  encore  pour  encourager  ces  judicieux 
essais.  » 

Remarques  de  M.  Velpeac  à  l'occasion  de  la  même  communication. 

K  La  Lettre  de  M.  Brodie,  le  chirurgien  le  plus  autorisé,  l'un  des  deux 
chirurgiens  actuels  les  plus  célèbres  de  l'Angleterre,  confirme  sur  tous  les 
points,  comme  on  le  voit,  ce  que  j'ai  dit,  il  y  a  cinq  semaines  (1),  du  curare 

[i). Compte  rendu  de  la  séance  du  2g  août. 

C.  R  ,  1859,  î"»"  Semej(;f.  (T.XLIX,  N<»18.}  "7 


(  5o6  ) 

dans  le  traitement  du  tétanos  à  l'occasion  de  l'observation  de  M.  Vella;  et 
les  remarques  de  M.  Serres  ne  l'infirment,  il  me  semble,  en  aucune  façon. 

»  En  effet,  je  n'ai  point  blâmé  les  essais  en  question,  je  me  suis  borné  à 
prévenir  que  le  fait  annoncé  n'était  point  concluant,  qu'il  laissait  beaucoup 
à  désirer  sous  une  foule  de  rapports,  et  que  je  croyais  prudent,  en  regard 
d'un  agent  aussi  dangereux,  de  faire  des  réserves  positives. 

»  Que  vois-je  aujourd'hui?  Un  nouveau  cas  de  tétanos  (celui  de 
M.  Manec)  bien  caractérisé,  traité  par  le  curare  et  dans  lequel  les  observa- 
teurs ont  pris  toutes  les  précautions  scientifiques  nécessaires.  Le  malade 
n'en  a  pas  moins  succombé  sans  que  le  remède  ait  paru  troubler  en  quoi 
que  ce  soit  la  marche  habituelle  de  la  maladie  ni  l'état  physiologique  du 
malade. 

»  Puis  lui  troisième  fait  dû  à  M.  Chassaignac,  chirurgien  distingué  des 
hôpitaux  de  Paris;  celte  fois  le  malade  est  guéri  ou  à  peu  pi'ès.  Mais  ici 
encore  des  éléments  nombreux  de  conviction  manquent.  D'abord  le  tétanos, 
quoique  traumatique,  n'a  point  eu,  dès  le  début  ni  dans  la  suite,  les  carac- 
tères du  tétanos  franchement  aigu,  ni  complet;  ensuite,  le  curare  a  élé  donné 
surtout  à  l'intérieur;  or  on  sait  que  par  la  bouche  ce  poison  est  en  quelque 
sorte  inerte;  sur  la  plaie,  qui  était  petite,  au  dix-neuvième  jour  et  gan- 
greneuse, rien  ne  prouve  qu'il  ait  été  absorbé;  enfin,  on  ne  s'est  point 
assuré  au  préalable,  par  des  expériences  sur  des  animaux,  que  le  curare  rais 
en  usage  avait  bien  toute  son  activité;  d'où  il  suit  que  cette  observation  ne 
réunit  point  non  plus  les  conditions  d'un  fait  démontré  :  elle  autorise  de 
nouveaux  essais,  mais  elle  ne  permet  pas  de  conclure. 

»  Autant  que  qui  que  ce  soit  je  serais  heureux  d'avoir  un  spécifique  contre 
le  tétanos  :  par  malheur  chacun  sait  qu'il  ne  suffit  pas  de  désirer  les  choses 
pour  qu'elles  arrivent.  Tant  de  moyens  de  ce  genre  ont  déjà  été  vantés  et 
tant  de  succès  semblables  ont  été  indiqués,  sans  que  la  maladie  ait  pour 
cela  cessé  de  faire  des  victimes,  qu'il  est  sage  d'y  regarder  à  deux  fois 
avant  d'accorder  aux  nouveaux  venus  droit  de  domicile  dans  le  cadre  des 
faits  acquis  ou  réels. 

))  Qu'on  me  permette  de  rappeler  encore  une  fois  en  finissant,  pour  jus- 
tifier mes  réserves,  que,  malgré  sa  gravité  extrême,  le  tétanos,  même  aigu 
et  traumatique,  guérit  parfois  seul,  que  les  annales  de  la  science  renferment 
un  assez  grand  nombre  de  ces  guérisons  attribuées  tantôt  à  l'opium,  tantôt 
au  musc,  à  l'éther,  aux  saignées,  aux  vésicatoires,  tantôt  aux  bains,  au 
chlorofoime,  etc.,  et  que,  au  début,  il  est  difficile  de  savoir  si  le  mal  aura  la 
forme  chronique  ou  aiguè.  » 


(  5o7  )  .       ■ 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  des  expériences  démonlranl  que  des  nerfs  séparés 
des  centres  nerveux  peuvent^  après  s'être  altérés  complètement,  se  régénérer 
tout  en  demeurant  isolés  de  ces  centres,  et  recouvrer  leurs  propriétés  physio- 
logiques (i);  par  WM.  J.  M.  Phimpeaix  et  A.  Vulpian. 

«  Après  avoir  fait  de  nombreuses  recherches  sur  la  réunion  des  nerfs 
d'origine  différente,  en  suivant  ainsi,  de  même  que  pkisieurs  physiologistes, 
la  voie  ouverte  par  M.  Flourens,  nous  avons  été  amenés  à  reprendre  l'étude 
d'une  question  qui  paraissait  avoir  depuis  longtemps  reçu  une  réponse 
définitive. 

»  On  sait  que  lorsqu'un  nerf  a  été  séparé  des  centres  nerveux  au  delà  du 
ganglion  spécial  par  luie  section  complète,  il  subit,  dans  sa  partie  péri- 
phérique, une  altération  progressive  bien  connue  (2),  par  suite  de  laquelle 
la  substance  médullaire  des  tubes  disparait  entièrement.  Si  le  segment  péri- 
phérique se  réunit  au  segment  central,  ce  segment  passe  par  une  nouvelle 
série  de  modifications  qui  le  ramènent  peu  à  peu  à  la  structure  normale  et 
lui  restituent  ses  propriétés  physiologiques. 

»  Mais  est-il  bien  certain  que,  suivant  l'opiriion'tiniverSellement  adoptée, 
la  partie  périphérique  d'un  nerf,  séparée  du  centre  nerveux,  reste  altérée, 
tant  qu'une  réunion  ne  s'est  point  faite  entre  les  deux  segments  disjoints 
par  l'expérience  ?  Doit-on,  par  conséquent,  s'empresser  de  considérer  comme 
une  preuve  de  réunion  physiologique  entre  le  segment  périphérique  d'vui 
nerf  et  le  segment  central  d'un  autre  nerf  qu'on  a  rapprochés  artificielle- 
ment, soit  même  entre  les  deux  segments  correspondants  d'un  même  nerf, 
la  régénération  des  tubes  nerveux  dans  le  segment  périphérique? 

»  Des  expériences  faites  avec  la  plus  scrupuleuse  attention  nous  ont 


(i)  Ces  expériences  ont  été  faites  dans  le  laboratoire  de  M.  Flourens. 

(2)  Cette  altération  n'est  pas  la  mort  du  nerf.  Comme  l'a  dit  M.  Flourens,  «  les  diverses 
n  parties  du  système  nerveux  peuvent  être  plus  ou  moins  complètement  séparées  du  reste 
»  du  système,  et  conserver  encore  un  certain  degré  dévie  ou  d'action.  C'est  par  ce  degré  de 
»  vie  ou  d'action  qui  leur  reste  que  ces  parties  sont  susceptibles  de  se  rapprocher  des  par- 
»  ties  dont  on  les  a  séparées,  de  se  réunir  avec  elles,  et  de  recouvrer  ainsi,  dans  certains 
»  cas  ,  par  cette  réunion  ,  et  la  plénitude  de  leur  vie  et  le  plein  exercice  de  leurs  fonctions.  » 
Recherches  expérimentales  sur  les  propriétés  et  les  fondions  du  système  nerveux,  7."  édition  , 
1842 ,  p.  266  :  Expériences  sur  la  réunion  des  nerfs. 

67.. 


(  5o8  ) 
tlonné  des  résultats  tout  à  fait  opposés  à  ceux  qui  ont  cours  dans  la  science. 

•>  Nous  avons  vu  chez  des  chiens,  des  cochons  d'Inde  et  des  poules,  des 
segments  périphériques  de  nerfs,  tout  à  fait  séparés  du  segment  central, 
devenir  le  siège  d'une  régénération  très -étendue,  après  avoir  subi,  comme 
nous  nous  en  sommes  assurés,  une  altération  complète. 

»  Nos  expériences  ont  été  faites  sur  des  nerfs  mixtes  (sciatique,  chez  des 
cochons  d'Inde;  médian^  sur  des  poules),  sur  des  nerfs  moteurs  {^hypoglosse, 
chez  des  chiens),  et  sur  des  nerfs  sensitifs  [lingual,  chez  des  chiens). 

»  1°.  (a)  Nerf  scialique.  —  Sur  un  jeune  cochon  d'Inde,  on  a  réséqué 
une  portion  du  nerf  sciatique.  Dix  mois  après,  on  trouve  encore  i  centi- 
mètre de  distance  entre  les  deux  bouts  séparés.  Régénération  du  bout  pé- 
riphérique. 

»  (b)  Nerf  médian.  —  Résection  de  plus  d'un  centimètre  de  ce  nerf  sur 
des  poulets  très-jeunes  le  28  juin  iBSg.  Le  4  octobre,  sur  l'un  d'eux,  quoi- 
qu'il n'y  ait  pas  de  vraie  réunion  ,  il  y  a  régénération  du  bout  péri- 
phérique. 

»  2".  Nerf  hypoglosse.  —  Sur  quatre  très-jeunes  chiens,  qui  ne  sont  plus 
à  la  mamelle,  on  résèque  i  centimètre  du  nerf  hypoglosse,  le  19  jan- 
vier iBSg.  Chez  l'un  d'eux,  le  12  juin,  on  trouve  un  intervalle  de  12  milli- 
mètres entre  les  deux  segments  du  nerf.  Le  segment  phériphérique  est  en 
grande  partie  régénéré. 

»  3".  Nerf  lingual.  —Sur  des  chiens  de  trois  à  quatre  mois,  on  a  réséqué 
I  centimètre  du  nerf  lingual  le  8  août  iSSg.  Le  28  septembre,  il  n'y  a  pas 
de  réunion.  Le  bout  phériphérique  contient  de  nombreux  tubes  nerveux 
restaurés. 

»  Dans  tous  ces  cas,  les  tubes  restaurés  étaient  grêles  et  prenaient  en 
grand  nombre  l'aspect  variqueux.  Nous  décrirons  ailleurs  les  caractères  de 
cette  régénération,  au  début  et  dans  les  périodes  consécutives. 

»  Non-seulement  le  segment  périphérique  d'un  nerf  peut  se  régénérer 
sans  s'être  réuni  au  segment  central  correspondant,  mais  encore  un  segment 
séparé  par  deux  résections  de  la  j)ériphérie  et  du  centre  peut,  en  demeu- 
rant isolé,  offrir  une  régénération  plus  ou  moins  complète.  {Nerf  lingual, 
examen  fait  trente-huit  jours  après  l'expérience  :  chien  âgé  de  six  mois  au 
moment  de  l'examen.) 

»  Lorsque  le  segment  périphérique  d'im  nerf  divisé  s'est  régénéré  sans 
réunion  avec  le  bout  central,  si  l'on  fait  une  nouvelle  section  sur  ce  seg-- 
ment,  il  y  a  de  nouveau  altération  dans  toute  la  périphérie.  (Effet  constaté 


(  5o9  ) 
au  bout  de  dix  jours,  chez  un  chien,  sur  le  neif  Uiicjual  qui  s'était  régénéré 
en  partie  après  cinquante  jours.) 

>i  En  même  temps  que  les  tubes  nerveux  se  montrent  avec  tous  leurs 
.caractères  dans  le  segment  périphérique  d'un  nerf  moteur  ou  mixte  séparé 
du  segment  central  correspondant,  et  par  conséquent  du  centre  nerveux,  la 
motricité  reparaît  aussi.  On  voit  ainsi  renaître  la  fonction  en  même  temps 
que  l'organe.  Quant  aux  nerfs  sensitifs  {lingual),  l'inductionjjermet  desup- 
poser  que  leur  propriété  se  rétablit  à  l'état  virtuel. 

»  D'après  ces  recherches,  il  faudrait  bien  se  garder  d'affirmer  qu'il  y  a 
réunion  fonctionnelle  entre  deux  segments  d'un  nerf  ou  de  deux  nerfs  diffé- 
rents, en  se  fondant  uniquement  sur  la  restauration  des  tubes  de  la  partie 
périphérique.  Le  rétablissement  des  fonctions,  comme  l'a  observé  M.  Flou- 
fens,  ou  bien  le  passage  des  excitations  soit  électriques,  soit  surtout  méca- 
niques, à  travers  la  réunion,  telles  sont  les  preuves  décisives  que  l'on  doit 
invoquer. 

»  C'est  parce  que  les  faits  que  nous  indiquons  aujourd'hui  n'étaient  pas 
connus,  que  MM.  Gluge  et  Thiernesse,  dans  le  Mémoire  qu'ils  ont  récem- 
ment présenté  à  l'Académie,  ont  admis  que  «  les  nerfs  isolés  de  leurs  cen- 
»  très  nerveux  conservent  encore,  pendant  quatre  mois,  la  faculté  de 
»  produire  de  fortes  contractions  musculaires  ».  Ces  nerfs  s'étaient  certai- 
nement altérés  dans  toute  leur  longueur,  puis  régénérés,  pendant  le  temps 
qui  a  séparé  le  jour  de  la  section  de  celui  de  l'examen  des  nerfs. 

»  Enfin,  nous  ferons  remarquer  que  les  abimàux  qui  ont  servi  à  nos 
expériences  étaient  tous  très-jeunes;  et  c'est  là  une  circonstance  dont  il  faut 
tenir  le  plus  grand  compte.  Quant  à  ce  qui  concerne  les  animaux  adultes, 
nous  n'avons  pas  fait  d'expériences  sur  eux  dans  ces  derniers  temps;  et,  bien 
que  les  résultats  que  nous  consignons  dans  cette  Note  nous  portent  à  con- 
cevoir quelques  doutes  sur  les  conclusions  qu'on  a  admises  jusqu'ici,  cepen- 
dant elles  sont  dues  à  des  observateurs  assez  haut  placés  dans  la  science 
pour  que,  en  l'absence  de  faits  personnels,  nous  soyons  tenus  à  la  plus 
grande  réserve.  » 

PATHOLOGIE.  —  Nouveau  cas  d'hémorragie  cérébelleuse  terminée  par  la  gué- 
rison;  —  plus  tard,  attaque  dhémorragie  cérébrale;  —  mort;  —  confirmation 
du  diagnostic  porté  à  l'époque  de  la  première  attaque;  extrait  d'une  Note  de 

M.   Hir.LAIRET. 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  pour 


(5io) 
le  concours  des  prix,  j'ai  été  conduit,  par  l'étude  des  faits  cliniques  que 
j'avais  observés,  à  poser  des  conclusions  parfaitement  semblables  à  celles 
que  M.  Flourens  a  déduites  il  y  a  déjà  longtemps  de  ses  expérimentations 
sur  les  animaux  vivants,  et  que  d'autres  observateurs,  parmi  lesquels 
M.  Bouillaud,  ont  corroborées  par  des  recherches  nouvelles  et  nom- 
breuses. 

»  Un  vieillard  de  soixante-dix-neuf  ans,  d'une  très-bonne  constitution, 
grand,  maigre  et  se  portant  toujours  bien,  fut  pris  au  milieu  dé  la  nuit  du 
i6  janvier  iSSg  d'une  attaque  violente.  Il  se  redressa  sur  son  lit  et  retomba 
incliné  sur  le  côté  droit  en  poussant  des  cris  plaintifs  et  fut  pris  de  vomis- 
sements incoercibles  qui  durèrent  pendant  quatre  ou  cinq  jours,  durant 
lesquels,  malgré  l'état  comateux,  son  intelligence  resta  intacte.  Il  accusa, 
dès  les  premiers  jours,  de  la  céphalalgie  générale,  principalement  dans  tout 
le  côté  droit  de  la  tête;  il  resta  dans  le  décubitus  sur  le  côté  droit,  le  corps 
subissant  une  espèce  de  mouvement  de  rotation;  si  on  le  remuait  pour  le 
mettre  sur  le  dos,  les  vomissements  ou  seulement  des  nausées  se  mon- 
traient. 

o  Le  malade  pouvait  agiter  tous  ses  membres,  les  porter  dans  la  direc- 
tion qu'on  lui  indiquait  et  les  soutenir  élevés  au-dessus  de  son  lit,  mais  il 
lui  était  itnpossible  de  rester  même  sur  son  séant.  La  sensibilité  était  con- 
servée, elle  fut  passagèrement  exaltée  quelques  jours  plus  tard. 

»  Le  visage  avait  un  air  d'hébétude  tout  particulier.  Plus  tard,  la  cépha- 
lalgie se  limita  à  la  région  occipitale  droite  et  disparut  au  bout  de  quinze 
jours;  les  vomissements  et  les  nausées  cessèrent  ainsi  que  l'état  comateux. 
Je  voulus  alors  faire  lever  le  malade;  mais,  bien  qu'il  agitât  parfaitement  ses 
membres  dans  le  décubitus  dorsal,  il  ne  put  se  tenir  seul  debout,  il  tombait 
en  avant  et  sur  le  côté  droit.  S'il  voulait  essayer  de  faire  lui  pas  étant  sou- 
tenu, ses  membres  inférieurs  se  portaient  dans  des  directions  tout  autres 
que  celles  qu'il  voulait  leur  donner. 

»  Peu  à  peu  cependant  tous  ces  phénomènes  disparurent,  et  la  station, 
l'équilibration  et  la  progression  purent  s'effectuer  assez  bien,  puisque  le 
malade  partit  après  deux  mois  de  l'infirmerie  de  l'hospice  des  Incurables 
(hommes)  pour  rentrer  dans  sa  salle. 

»  Dès  le  début  des  accidents  j'avais  diagnostiqué,  en  présence  des  élèves 
du  service,  une  hémorragie  cérébelleuse. 

«  En  septembre  dernier,  le  malade  fut  atteint  d'une  hémorragie  céré- 
brale violente  qui  l'enleva  en  quelques  jours.  Il  fut  paralysé  du  côté  droit, 


(  5i.  ) 
et  à  l'autopsie,  outre  un  vaste  foyer  hémorragique  récent,  siégeant  clans 
la  couche  optique  gauche,  j'ai  pu   constater  un  ancien  foyer  hémorra- 
gique cicatrisé  dans  le  centre  de  la  substance  blanche  de  l'hémisphère 
cérébelleux  droit. 

»  Je  borne  cette  communication  à  la  simple  analyse  des  principaux  phé- 
nomènes survenus  chez  ce  malade.  On  remarquera  que  ce  fait  confirme  de 
tout  point  les  savantes  recherches  de  M.  Flourens  et  les  assertions  que  j'ai 
émises  dans  mon  précédent  Mémoire.  « 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  une  espèce  de  Porc-épic  fossile  dans  les  brèches  osseuses 
de  l'île  de  Raloneau,  près  Marseille;  par  M.  Paul  Gervais. 

«  M.  Jules  Itier  a  recueilli  des  fragments  de  la  brèche  de  l'île  de  Rato- 
neau,  près  Marseille,  qui  renferment  des  ossements  et  des  dents  de  quelques 
animaux  mammifères  dont  il  a  bien  voulu  me  confier  l'examen.  La  plupart 
de  ces  ossements  sont  fracturés  en  esquilles  et  par  cela  même  d'une  déter- 
mination assez  difficile  ;  j'ai  cependant  réussi  à  en  isoler  de  la  roche  quel- 
ques-uns qui  sont  moins  mutilés  que  les  autres,  et  j'ai  pu  déterminer  le 
genre  dont  plusieurs  d'entre  eux  proviennent. 

»  Je  signalerai,  indépendamment  d'un  mammifère  de  la  taille  du  cerf  ou 
de  l'âne,  dont  le  genre  ne  saurait  encore  être  précisé,  trois  espèces  qui  peu- 
vent, au  contraire,  être  classées  d'une  manière  certaine;  ce  sont  : 

»  i".  Un  Renard  (g.  Fu/pes)  dont  j'ai  vu  une  dent  molaire  carnassière, 
presque  entière,  provenant  de  la  mâchoire  supérieure; 

«  1°.  Un  Lagomys,  indiqué  par  trois  molaires  et  par  une  incisive  infé- 
rieure ; 

»  3°.  Un  Porc-épic  (/T/sinx)  que  des  dents  et  plusieurs  os  des  membres 
doivent  faire  regarder  comme  étant  de  près  d'un  tiers  supérieur  en  dimen- 
sions aux  plus  grands  Porcs-épics  actuels  de  l'Afrique  et  de  l'Inde. 

»  M.  Itier  et  moi  en  avons  dégagé  des  parties  très-caracléristiques  dont 
voici  rénumération. 

»  Plusieurs  fragments  de  dents  incisives,  dont  l'un,  qui  est  long  de 
o'",o85  et  large  de  o",oo6,  montre  encore  sur  une  partie  de  son  étendue  la 
coloration  jaune  pâle  qui  distingue  la  partie  antérieure  des  mêmes  dents  chez 
les  Rongeurs  de  ce  genre,  on  y  voit  l'indice  d'un  très-laiblc  sillon.  —  Une 
extrémité  d'incisive  supérieure  est  large  de  o'°,oo7  ;  on  n'y  remarque  pas  le 
caractère  dont  il  vient  d'être  question. 


(  5i2  ) 

»  Des  molaires  à  différents  degrés  d'usure,  laissées  par  plusieurs  su- 
jets. Le  fût  et  les  caractères  de  la  couronne  sont  semblables  à  ce  que  l'on 
voit  chez  les  Porcs-épics,  mais  le  voliune  est  sensiblement  plus  considé- 
rable. 

»  Diverses  portions  d'os  des  membres  montrant  les  mêmes  analogies 
de  forme  associées  à  des  dimensions  également  supériein-es  à  celles  des 
mêmes  parties  dans  les  Porcs-épics  actuels  :  il  y  a  parmi  elles  une  moitié 
supérieure  d'humérus  ;  une  extrémité  également  supérieure  de  fémur  ;  une 
extrémité  inférieure  de  tibia  ;  un  métacarpien  médian  long  de  0,008  et  une 
première  phalange  également  plus  forte  que  celles  des  Porcs-epics  de  nos 
collections. 

»  L'extrémité  supérieure  du  fémur  était  surtout  intéressante  à  étudier, 
parce  qu'elle  permettait  de  distinguer  nettement  le  gros  Rongeur  fossile  à 
Ratoneau  d'avec  les  espèces  de  la  division  des  Castors  dont  les  dents  mo- 
laires, du  moins  dans  certaines  formes  éteintes,  ont  assez  de  re.ssemblance 
avec  celles  des  Hystricidés.  La  direction  du  col  dans  le  fémur  trouvé  à  Rato- 
neau, l'échancrure  qui  sépare  sa  tête  d'avec  le  grand  trochanter,  la  profon- 
deur de  la  cavité  digitale ,  la  position  tout  à  fait  postérieure  du  petit  tro- 
chanter, et  l'absence  de  troisième  trochanter,  montrent  bien  que  cetosvient 
d'un  Porc-épic  et  non  d'un  Castor. 

i>  Le  genre  Porc-épic  n'avait  point  encore  été  observé  dans  les  brèches 
à  ossements.  On  pourrait  jusqu'à  plus  ample  informé  donner  à  l'espèce 
dont  les  ossements  sont  enfouis  dans  l'île  de  Ratoneau,  le  nom  à'Hyslrix 
major.  » 

ACOUSTIQUE.  —  Note  sur  les  sons  ronflants  des  cordes;  par  M.  Maurat. 

«  Chladni  a  appelé  son  ronflant  le  son  qu'on  obtient  en  pinçant  avec 
les  doigts  une  corde  tendue  sur  un  sonomètre,  et  la  laissant  retomber  sur 
un  chevalet  placé  en  son  milieu.  D'après  cet  auteur,  le  son  ronflant  serait 
d'une  quinte  plus  grave  que  le  son  fondamental. 

•)  L'explication  qu'il  donne  de  cette  expérience  m'ayant  paru  inexacte, 
j'ai  voulu  la  répéter  en  m'attachant  à  obtenir  des  sons  aussi  nets  et  aussi 
prolongés  que  possible.  J'ai  trouvé  préférable  pour  cela  d'employer,  au 
lieu  de  chevalet,  une  lame  métallique  à  tranchant  un  peu  émoussé.  Cette 
lame  est  maintenue  verticale  par  une  pince  qui  peut  elle-même,  au  moyen 
d'une  vis  de  rappel,  se  mouvoir  le  long  du  bras  horizontal  d'un  support 


(5i3) 
métallique  placé  auprès  du  sonomètre.  Avec  ce  petit  appareil,  on  met  très- 
exactement  la  lame  en  contact  avec  le  milieu  de  la  corde  dans  sa  position 
d'équilibre;  en  produisant  alors  des  vibrations  horizontales,  on  obtient  un 
son  d'une  assez  longue  durée  et  parfaitement  distinct,  surtout  si  l'on  se 
sert  de  cordes  métalliques  d'un  petit  diamètre,  ou,  mieux  encore,  de  cordes 
à  boyau.  On  reconnaît  immédiatement  que  le  son  ronflant  est  la  (juarlc  aUjiié 
du  son  fondamental. 

»  Cette  erreur  d'une  octave  dans  la  détermination  numérique  faite  par 
Chiadni  peut  être  attribuée  à  ce  qu'il  n'a  sans  doute  pas  obtenu  avec 
toute  la  netteté  possible  le  son  ronflant  (qu'il  appelle  rauque  et  désagréable), 
ou  encore  à  l'inexactitude  de  l'explication  qu'il  donne  de  l'expérience.  Il 
est  facile,  en  effet,  de  calculer  l'intervalle  de  deux  chocs  successifs  de  la 

corde  sur  le  chevalet,  en  prenant  pour  unité  la  durée  d'une  vibration  simple 

3 
de  cette  corde  supposée  parfaitement  libre.  On  trouve  ainsi  le  nombre  -; 

mais  il  faut  remarquer  que  l'intervalle  de  deux  chocs  représente  la  durée 
d'une  vibration  double  de  Ja  corde,  et  qu'il  faut  comparer  entre  elles  les 
durées  de  deux  vibrations  doubles  ou  de  deux  vibrations  simples,  mais 
non  pas  la  durée  d'une  vibration  simple  dans  l'un  des  cas  avec  celle  d'une 
vibration  double  dans  l'autre.  Il  résulte  de  là  que  le  rapport  de  ces  durées 

de  vibrations  est  -,  au  lieu  de  -;  le  son  ronflant  doit  donc  être  les  %  ou  la 
42  o 

quarte  aiguë  du  son  fondamental  de  la  corde. 

2  3 

u  Si  l'on  place  le  chevalet  aux  :r  ou  aux  j  de  la  corde,  on  obtient  en- 
core, d'après  Chiadni,  des  sons  plus  graves  que  le  son  fondamental  :  mes 
expériences  ne  confirment  pas  ce  résultat.  J'ai  trouvé  des  sons  voisins  de  ^ 

dans  le  premier  cas,  et  de  -  dans  le  second.  Mais  en  réalité  ces  deux  sons 

n'ont  aucune  netteté;  ils  ne  peuvent  être  déterminés  rigoureusement;  je  les 
regarde  même  comme  résultant  de  mouvements  non  isochrones  ;  la  loi  sui- 
vant laquelle  varient  les  intervalles  des  chocs  me  paraissant  d'ailleurs  fort 
difficiles  à  calculer. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  si  par  deux  ou  trois  chevalets  on  partage  la 
corde  en  trois  ou  quatre  parties  égales.  Le  calcul  indique  qu'il  doit  alors 

o  Q 

se  produire  les  sons  -  et  v>  et  l'expérience  vérifie  parfaitement  cette  con- 
clusion. 

C.  R.,  1859,  »"«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  IS)  68 


{  5.4  ) 
»  On  ne  saurait  donc  voir  dans  le  procédé  qui  sert  à  obtenir  les  sons 
ronflants  un  moyen  de  faire  rendre  à  une  corde  un  son  plus  grave  que  le 
son  fondamental.  » 

PATHOLOGIE.  —  Périostoses  observés  sur  les  phalanges  d'un  moiiflon  sauvage  de 
l'Algérie;  Note  de  M.  Marcel  de  Serres. 

«  Les  os  des  animaux  domestiques  sont  affectés  d'un  plus  grand  nombre 
de  maladies  que  ceux  des  animaux  sauvages  et  surtout  que  les  os  des  espè- 
ces des  temps  géologiques.  En  effet,  malgré  toutes  nos  recherches,  nous 
n'avons  pu  observer  que  trois  genres  d'affections  morbides  chez  les  der- 
nières races.  Elles  se  rapportent  aux  périostoses,  aux  exostoses  et  aux  né- 
croses. Ce  petit  nombre  ne  saurait  être  comparé  à  la  grande  quantité  d'affec- 
tions maladives  qui  altèrent  le  tissu  osseux  des  espèces  que  nous  avons  sou- 
mises à  la  domestication.  Mais  ce  qui  nous  étonne,  c'est  de  n'avoir  pu 
découvrir  la  moindre  trace  de  maladie  des  dents  chez  les  espèces  sauvages 
ou  de  l'ancien  monde,  qui  se  nourrissaient  de  substances  ligneuses  de  la 
plus  grande  dureté,  comme,  par  exemple,  les  grands  ours  des  cavernes.  La 
gloutonnerie  de  ces  animaux  était  telle,  que  la  plupart  de  leurs  molaires 
sont  brisées  et  fracturées  jusqu'à  la  racine  et  cela  de  la  manière  la  plus  irré- 
gulière. Cependant  aucune  de  ces  dents  usées,  ainsi  que  celles  des  espèces 
des  terrains  tertiaires  et  secondaires,  qui,  à  la  vérité,  le  sont  beaucoup 
moins,  ne  nous  a  présenté  la  moindre  trace  de  carie  ni  d'aucun  autre  genre 
d'affection  morbide. 

»  Les  maladies  des  os,  aussi  bien  que  des  dents,  sont  d'autant  plus  nom- 
breuses et  d'autant  plus  profondes,  que  les  espèces  animales  éprouvent 
depuis  plus  longtemps  les  effets  de  la  domestication.  L'homme  lui-même, 
selon  qu'il  est  civilisé  ou  qu'il  est  sauvage,  parait  ressentir  les  effets  des 
mêmes  influences. 

»  Nous  avons  eu  l'occasion  d'observer  récemment  des  périostoses  chez 
un  individu  sauvage  du  mouflon  à  manchettes  de  l'Algérie,  dont  M.  Mares 
a  fait  cadcîau  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier.  Ces  périostoses  ont 
attaqué  les  phalanges  et  phalangins  internes  de  l'extrémité  postérieure  du 
côté  droit.  Ces  sortes  de  végétations  osseuses  stalactiformes  irrégulières 
couvrent  une  partie  de  la  surface  iriterne  des  os  du  pied.  Si  nous  em- 
ployons le  mot  de  végétations,  c'est  parce  qu'il  donne  plutôt  l'idée  de  ces 
excroissances  osseuses  que  ne  pourrait  le  faire  toute  autre  expression. 


(5i5) 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  tumeurs  saiHantes  présentent  quelques  diffé- 
rences de  position,  selon  qu'elles  se  trouvent  sur  les  phalanges  ou  sur  les 
phalangins.  Ainsi  elles  recouvrent  chez  les  premières  les  faces  latérales  in- 
ternes du  corps  de  l'os,  sans  atteindre  la  partie  moyenne,  quoiqu'elles  en 
soient  extrêmement  rapprochées.  Ces  tumeurs  solides  se  rencontrent  aussi 
bien  chez  les  os  des  extrémités  antérieures  que  sur  ceux  des  extrémités 
postérieures.  Quant  aux  périostoses  des  phalanges  ou  des  phalangins,  les 
excroissances  qui  les  signalent  existent  non-seulement  sur  les  faces  dorsales 
et  latérales,  mais  sur  les  parties  supérieures.  La  face  plantaire  qui  repose 
sur  le  sol  est  la  seule  partie  qui  en  soit  dépourvue. 

»  Ce  genre  de  maladie  affecte  principalement  les  os  des  jeunes  individus, 
mais  toujours  par  suite  de  causes  accidentelles.  Il  attaque  principalement 
les  faces  internes  des  os  du  pied,  surtout  les  métacarpiens  et  les  métatar- 
siens, et  à  tel  point,  que  sur  vingt  individus  malades  de  ce  genre  d'affection, 
il  y  en  a  au  moins  dix-huit  dont  les  faces  internes  sont  à  peu  près  seules 
altérées. 

»  Nous  nous  sommes  convaincu  que  les  espèces  de  végétations  osseuses 
dont  nous  venons  de  donner  une  idée,  étaient  bien  de  véritables  périostoses, 
car,  après  les  avoir  enlevés  avec  la  pointe  du  scalpel,  nous  avons  reconnu 
que  l'os  qu'elles  recouvraient  d'une  croûte  fort  épaisse  était  parfaitement 
sain  au-dessous.  Il  s'agit  donc  ici  d'une  nouvelle  formation  du  tissu  osseux, 
formation  plus  récente  que  l'os  lui-même,  lequel  tissu  s'est  substitué  au 
périoste.  Comme  ce  genre  d'affection  est  assez  rare  chez  les  espèces  sau- 
vages, nous  avons  cru  devoir  le  signaler  à  l'attention  de  l'Académie,  tout 
en  faisant  remarquer  son  importance  dans  le  cas  particulier  qui  fait  le 
sujet  de  cette  observation.  » 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  F. 


68. 


(5.6) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQCE. 

L'Aciidémie  a  reçu  dans  la  séance  du  lo  octobre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Institut  impérial  de  France  :  Académie  des  Beaux-Arts,  séance  publique 
annuelle  du  samedi  \"  octobre  1809  présidée  par  M.  Gatteaux,  président. 
Paris,  1859;  in-4°. 

Etudes  sur  le  métamorphisme  des  roches;  par  M.  A.  Delesse.  Paris,  i858; 
1  vol.  in-S". 

Recherches  sur  l'origine  des  roches;  par  le  même;  br.  in-8°. 

Sur  les  variations  des  roches  granitiques;  par  le  même;  br.  in-S". 

(Ces  trois  ouvrages  sont  adressés  pour  le  concours  du  prix  Bordin,  ques- 
tion concernant  le  métamorphisme  des  roches.  ) 

Lettres  du  czar  Pierre  le  Grand  à  l'ancienne  Académie  des  Sciences,  publiées 
en  langue  russe  par  le  prince  Galitzin  ;  in-4''. 

Histoire  des  Bourguignons  et  de  leur  établissement  dans  le  Lyonnais;  par 
M.  Alphonse  Gacogne.  Lyon,  iSSg;  br.  in-8°. 

Expériences  sur  le  tournis  de  là  chèvre  et  du  bœuf;  par  M.  G.  Baillet; 
br.  in-8». 

La  vie  au  point  de  vue  physique ,  ou  Phj'siogénie  philosophique  ;  par 
M.  Charles  Girard.  Paris,  1859;  br.  in- 12. 

Notice  biographique  sur  Balthazar  Romano;  par  Marianne  Angulia 
Desmonceaux.  Naples,  1859;  br.  in-S". 

Expédition  dans  tes  parties  centrales  de  l'Amérique  du  Sudj  de  Rio  de  Janeiro 
à  Lima,  et  de  Lima  au  Para;  exécutée  pendant  les  années  i843  à  .847, 
sous  la  direction  du  comte  Francis  deCastelnau.  6*  partie:  Botanique,  10*  et 
1 1"  livraisons.  7*  partie  :  Zoologie,  29®  et  3o*  livraisons;  in-4". 


(5,7  ) 


PUBLICATIONS     PÉRIODIQUES     REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    SEPTEMBRE  18S9. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique  ;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINGAULT,  Regnault,  DE  Senarmont,  avec  une  Revue  des  travaux 
de  Chimie  et  de  Physique  publie's  à  [étranger;  par  MM.  WuRTZ  etVERDET; 
■3"  série,  t.  XLIV;  août  iSSg;  in-8°. 

Annales  de  V  Agriculture  française  ;  t.  XIV,  n°'  4  et  5;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  septembre  iSSg;  n"  i86;  in-8". 

Bibliothèque  universelle.  Revue  suisse  et  étrangère,  nouvelle  période  ;  t.  VI, 
n'ai  ;  in-S». 

Boletin...  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Faïence;  août  i85g,  in-S". 

Bulletin  de  {Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  n°'  lo  et  1 1  ;  in-8'^. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de. 
Belgique;  2'  série,  t.  VII,  n°  8  ;  in-8°. 

Bulletin  de  C Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXIV;  n"*  a  i  -a3  ;  in-S". 

Bulletin  delà  Société  académique  d'Agriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers;  1*' semestre  iSSg;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  août  1869;  in-8''. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale;  juillet 
1859;  in-4"'. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France  ;  août  1839;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  n°  i48;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  ;  a*  se- 
mestre iSSg;  n°'  io-i3;  in-4''. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XV,  io*-i4*  livraisons; 
in-8°. 

Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées; 
juillet  et  août  iSSg;  in-8°. 


(5i8) 

Journal  d' Agriculture  de  la  Côte-d'Or;  juin  et  juillet  iSSg;  in-8°. 

Journal  d' Agticullure  pratique  ;  nonv^We  période;  t.  I,  n"'  1 17  et  18;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie;  septembre 
1859;  in-8°. 

Journal  de  i  âme  ;  4'  année,  i"  livraison,  1859;  in-S". 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de  Mé- 
moires sur  les  diverses  parties  des  mathématiques ,  publié  par  M.  Joseph 
Ll  OU  VILLE;  2*  série,  juin  iSSg;  in-4°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  ;  seplemhre  iSSg;  in-8°. 

Journaldes  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n°' 34-36;  in-8°. 

Journal  du  Progrès  des  sciences  médicales  ;  n°*  S-g;  in-S". 

La  Bourgogne.  Revue  œnologique  et  viticole;  9*  livraison;  in-8°. 

La  Culture;  n°'  5  et  6  ;  in-8°. 

L Agriculteur  praticien;  n"'  ^3  et  24  ;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XIII, 
n"  18;  in-8''. 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  t.  YI,  n°'  i8-ai  ;  in-8°. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  65*  et  66*  livraisons  ; 
in-4''. 

Le  Technologiste ;  septembre  1859;  in-8°. 

L' Hjdrolérapie ;  i"  et  2*  fascicules;  in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  septembre  1 869  ; 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  rojale  des 
Sciences  de  Berlin;  juin  iSSg;  in-8°. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine  ;  septembre  i  SSg  ;  in-8". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques.  Journal  des  Candidats  aux  Ecoles 
Polytechnique  et  Normale  ;  aoi^it  et  septembre  iSSg;  in-8°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  rojrale  de  Londres;  vol.  X, 
n°  36;  in-8". 

Recueil  des  Actes  de  V Académie  impériale  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts 
de  Bordeaux;  i"  trimestre  iSSg;  in-8°. 


(5i9) 

Répertoire  de  Pharmacie;  septembre  iSSg;  in-8°. 

Revista.,.   Revue  des  travaux  publics  ;  7*  année;  n°   i8;in-4". 

Revue  de  Thérapeutique  médico- chirurgicale;  n°'  17  et  18;  in-8°- 

Royal  astronomical...  Société  royale  Astronomique  de  Londres;  vol.  XIX; 
n^g;  in-8°. 

Société  impériale  et  centrale  d'agriculture;  Bulletin  des  séances;  t.  XIV, 
n°  5  ;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n°*  1 02- 1 1 4- 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n°'  35-39. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°'  36-39. 

L'Abeille  médicale;  n°'  36-39. 

La  Coloration  industrielle  ;  n°'  1 5  et  16. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n°'  36-39- 

L'Ami  des  Sciences;  n°'  36-39. 

La  Science  pour  tous  ;  n°'^ 'ig-^3 . 

Le  Gaz  ;  n"'  22-24. 

Le  Musée  des  Sciences,  n"'  19-22. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  17  OCTOBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  CHASLES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  ta  gélose  et  les  nids  de  salangane;  par  M.  Payen. 

«  Dans  les  premiers  jours  de  l'année  1 856,  un  voyageur,  M.  de  Montra- 
vel,  venant  de  Chine,  remettait  au  général  Morin  une  substance  commer- 
ciale, sous  forme  de  longues  et  très-minces  lanières  blanches,  réunies  par 
deux  ligatures  en  petites  bottes  désignées  sous  le  nom  de  mousse  de  Chine,  et 
qu'on  avait  dite  extraite  d'un  lichen  attaché  aux  arbres,  dans  le  sud  de  la 
Chine,  très-abondant  aux  îles  méridionales  de  l'archipel  des  Philippines'(i). 

»  En  examinant  dans  mon  laboratoire  un  échantillon  que  je  dus  à  l'obli- 
geance de  notre  confrère,  je  reconnus  dans  cette  matière,  dépourvue  de 
structure  organique,  la  présence  de  plusieurs  principes  immédiats  solubles 
dans   l'eau  (0,0607),   ^^  ""^  faible  quantité  dans  l'alcool  (0,007);  ^^  P'"** 

(i)  Une  de  ces  petites  bottes  légères,  de  forme  irrégulièrement  prismatique,  ayant  34  centi- 
mètres de  longueur,  7  de  largeur  et  5  d'épaisseur,  pèse,  avec  ses  deux  ligatures,  1 3o  grammes, 
et  net  122  grammes.  La  densité  relative  à  la  substance  utile  est  donc  de  o,io25;  on  rédui- 
rait facilement  le  volume  de  moitié  par  une  compression  analogue  à  celle  qu'on  fait  subir 
à  certains  produits  agricoles  (foins,  houblon,  etc.)  destinés  à  l'exportation  ou  à  de  longs 
voyages. 

C.  It.,  1859,  3""=  Semestre.  (  T.  XLIX,  N"  IC}  % 


(    522   ) 

grande  partie,  insoluble  dans  l'eau  froide,  s'y  gonflait  beaucoup,  prenant 
alors  par  degrés  les  formes  de  prismes  rectangulaire»  qui  paraissaient  obtenus 
à  l'aide  d'une  sorte  de  moulage.  Cette  substance  pouvait  être  dissoute  par 
l'acide  acétique  à  8  degrés,  chauffé  à  98  degrés  centésimaux,  laissant  inso- 
lubles 2  à  3  centièmes  de  son  poids  de  corpuscules  azotés.  L'acide  chlor- 
hydrique  étendu  de  10  parties  d'eau  la  dissolvait  également  à  la  même 
température,  tandis  qu'à  froid  ces  deux  acides  n'enlevaient  guère  que 
les  parties  solubles  dans  l'eau. 

»  Mais  la  propriété  la  plus  remarquable  de  la  substance  insoluble  dans 
l'eau  froide  était:  i°de  se  dissoudre  dans  l'eau  bouillante,  laissant  indis- 
sous les  corpuscules  azotés  et  des  traces  d'autres  corps  étrangers;  2"  de 
donner  à  chaud  une  solution  qui  se  prenait  en  gelée  incolore  et  diaphane 
par  le  refroidissement,  donnant  ainsi  une  consistance  gélatineuse  à  5oo  fois 
environ  son  poids  d'eau  pure,  ou  formant,  à  poids  égal,  10  fois  plus  de 
gelée  que  la  meilleure  gélatine  animale.  La  préparation  des  gelées  légères 
est  en  effet  la  destination  de  cette  substance  et  le  but  de  sa  fabrication  chez 
les  Chinois.  On  l'emploie  au  même  usage  dans  nos  colonies,  notamment  à  la 
Réunion,  ainsi  que  nous  l'a  fait  savoir  M.  Morin  fils. 

»  Ce  produit  gélatiniforme  pur  constitue  un  principe  immédiat  particu- 
lier, insoluble  dans  les  solutions  alcalines  de  soude,  de  potasse,  d'ammo- 
niaque, comme  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther  et  les  acides  étendus. 

»  Un  de  ses  caractères  distinctifs,  tout  spécial  encore,  consiste  à  se  dis- 
soudre lentement  dans  une  très-petite  quantité  des  acides  suKurique  et 
chlorhydrique  concentrés,  de  se  colorer  en  brun  sous  leur  influence,  puis 
de  former  avec  l'un  et  l'autre  un  composé  brun  qui  par  degrés  se  prend  en 
masse,  résiste  aux  lavages  dans  l'eau  froide  et  chaude  et  même  dans  les  solu- 
tions alcalines  caustiques. 

»  On  ne  pouvait  confondre  le  nouveau  principe  immédiat  avec  aucun 
autre,  et  je  lui  ai  donné  le  nom  de  gélose.  Son  analyse  élémentaire  a  pré- 
senté les  résultats  suivants  : 

I, 

Carbone 42j8i 

Hydrogène  ....  5,71 

Oxygène 5 1 ,  48 

100,00 

»  Il  n'a  pas  été  possible  de  l'engager  dans  une  combinaison  délinie,  d'où 
l'on  pût  déduire  son  poids  équivalent  ou  sa  formule  rationnelle;  on  peut 


ri. 

Moyenne. 

42,73 

42,77 

5,84 

5,775 

5i,43 

5i,445 

100,00 

1 00 , 000 

(  5u3  ) 
seulement  remarquer  qu'il  doit  être  rangé  parmi  les  principes  immédiats, 
offrant  un  excès  d'oxygène  relativement  aux  proportions  nécessaires  j)Our 
former  de  l'eau  avec  l'hydrogène  qu'ils  renferment. 

»  Quant  à  l'intérêt  que  pourrait  offrir  ce  principe  immédiat  au  point 
de  vue  économique,  il  est  évident,  car,  pour  produire  des  gelées  d'une 
égale  consistance,  il  suffirait  d'en  employer  la  dixième  partie  de  ce  qui 
est  nécessaire  lorsqu'on  fait  usage  de  la  colle  de  poisson  (ichthyocolle),  et  il 
n'est  sujet  ni  à  l'odeur  spéciale  de  ce  dernier  produit,  ni  à  l'odeur  plus  ou 
moins  putride  que  contracte  souvent  la  gélatine  par  ses  faciles  altératioHS 
spontanées. 

»  Il  restait  à  découvrir  l'origine  de  celte  substance;  aucun  lichen  soumis 
aux  expériences  qui  auraient  pu  l'extraire  n'en  a  donné  de  traces,  mais  je  l'ai 
rencontré  dans  ime  plante  marine  connue  sous  les  noms  d'algue  de  Java, 
Getidium  corneum,  dont  j'obtins  un  échantillon  de  M.  le  D'^  Gubler,  par 
l'obligeante  entremise  de  M.  le  D' Montagne. 

»  Voici  le  procédé,  fondé  sur  les  observations  précédentes,  qui  m'a 
réussi  pour  extraire  ce  principe  immédiat,  et  reconnaître  qu'il  se  trouve 
contenu  dans  les  cellules,  sans  faire  lui-même  partie  des  tissus.  Ce  procédé 
pourra  servir  à  rechercher  la  gélose  dans  d'autres  plantes  ;  je  l'ai  déjà  ren- 
contrée dans  plusieurs  de  nos  algues,  mais  en  faibles  proportions. 

))  Le  Gelidium  corneum,  traité  successivement  à  froid  par  l'acide  acétique 
ou  chlorhydrique  étendus,  l'eau,  l'ammoniaque  faible  (à  o,o3)  et  d'abon- 
dants lavages,  a  laissé  dissoudre  53  centièmes  de  son  poids  d'incrustations 
calcaires,  de  sels,  de  matières  colorables  et  d'autres  substances  organiques 
étrangères  à  la  gélose;  ce  principe  immédiat  était  contenu  dans  le  tissu 
résistant;  on  l'en  extrait  à  l'aide  de  l'ébuUition  dans  l'eau  et  san$, disloca- 
tion de  ce  tissu  :  le  liquide,  décanté  bouillant,  s'est  pris  en  gelée  diaphane 
par  le  refroidissement;  on  a  pu  de  nouveau  et  à  plusieurs  reprises  le  liqué- 
fier par  la  température  de  l'ébuUition  et  le  laisser  prendre  en  gelée  par  le 
refroidissement. 

»  Après  avoir  soumis  à  la  dessiccation  cette  substance  gélatiniforme,  il  a 
été  facile  de  constater  son  identité  avec  le  principe  immédiat  extrait  du  pro- 
duit commercial  venu  de  Chine. 

»  Le  Gelidium  corneum,  débarrassé  des  substances  étrangères  que  peuvent 
enlever  les  acides  étendus,  l'eau  ammoniacale  et  les  lavages  à  l'eau  pure, 
cède  à  l'eau  bouillante  58  centièmes  de  son  poids  de  gélose. 

»  Des  recherches  ultérieures  pourrontapprendre  si  l'on  trouverait  parmi 
les  algues  de  nos  côtes  la  matière  première  de  la  gélose,  susceptible  de 

69.. 


I 


(    524    ) 

remplacer  dans  plusieurs  applications  lo  fois  son  poids  d'ichthyocolle,  dont 
le  prix  s'élève  souvent  à  34  francs  le  kilogramme. 

Nids  de  salangane  (i). 

»  Après  avoir  décrit  le  principe  immédiat  nouveau  extrait  du  GeUdiuin 
corneum,  je  ne  ppuvais  guère  me  dispenser  dédire  un  mot  des  nids  de  salan- 
ganes (2). 

)>  Plusieurs  auteurs  en  effet  ont  attribué  à  certains  fucus  :  au  Ptocaria 
lichenoïdes,  au  GeUdium  corneum,  etc.,  la  substance  comestible  de  ces  nids; 
quelques-uns  ont  supposé  dans  ces  algues  la  présence  de  la  gélatine  :  telles 
furent  en  somme  les  opinions  émises  ou  reproduites  par  Buffon,  Lamouroux, 
Cuvier  (3),  Lesson,  Ruhl,  Meyen,  Guillemin,  Virey  et  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre. 

»  Willughby  [Omilh.,  1676,  p.  157)  affirme  que  les  salanganes  ramassent 
sur  les  rochers  une  écume  de  mer  irès-tenace  qui  est  la  semence  de  la  baleine  ou 
des  autres  poissons. 

»  [Ex  spuma  maris  basin  scopulorum  alluentis  tenacem  quandam  materiam 
colligunt,  sive  ea  balœnarum  seu  aliorum  piscium  sit  semen,  ex  qua  nidos  suas 
œdificant.  ) 

»  Raempfer  [Àmœn.,  833  )  dit  que  ces  nids  sont  faits  avec  des  mollusques. 

»   Linné  [S/st.  nat.,  édit.  XII,  1766,  p.  343),  même  assertion. 

»  Dès  1781,  leRév.Hooyman,  dans  un  Mémoire  détaillé,  déclarait  que  la 
substance  glutineuse  des  nids  de  salangane  ne  venait  ni  des  mollusques,  ni 
des  fucus  [Trans.  Soc.  de  Batavia,  t.  III,  1781).  Il  a  le  premier  émis  l'idée 
que  les  salanganes  font  leur  nid  avec  une  humeur  muqueuse  sécrétée  en 
grande  abondance  à  l'époque  des  amours.  Le  prince  Charles  Bonaparte 
adopta  cette  manière  de  voir. 

«  C'est,  a  dit  Hooyman,  grâce  à  leurs  glandes  salivaires  excessive- 
ment développées  que  les  salanganes  sécrètent  ou  durcissent  les  matières 


(i)  En  anglais  :  bird's-nets; 

hollandais  :  indicansche  Vogelnestjes  ; 
italien  :  nidi  di  Tunchino; 
espagnol  :  nidos  de  la  China. 

(2)  Bontius  en    i656   mentionnait  l'emploi  de  ces  nids  comme  substance  alimentaire  j 
5o  ans  plus  tard  Rumphius  et  Valentin  en  ont  parlé,  puis  Poivre  en  i^Si. 

(3)  Cuvier  s'exprime  ainsi  :  «  Faits  avec  une  espèce  particulière  de  fucus  qu'elle  macèr« 
et  broie  avant  de  l'employer.  » 


(  5^5  ) 

qui  composent  leurs  nids  si  vantés.  Quelle  que  soit  la  nature  de  ces  matières 
trop  peu  étudiées,  les  naturalistes  sont  du  moins  en  mesure  d'assurer  qu'elles 
ne  sont  ni  végétales  ni  empruntées  à  la  mer.  »  (Comptes  rendus;  décem- 
bre i855,  p.  978.) 

»  II  en  est  de  même  de  MM.  P.  Gervais  et  Van  Beneden  [Zool.  mëd.,  t.  I, 
p.  117). 

w  Everard  Home  l'a  considérée  comme  une  sécrétion  animale,  préten- 
dant que  l'organe  sécréteur  se  trouve  dans  le  jabot.  Blyter  et  Laidley  ont  ap- 
puyé cette  opinion  par  des  recherches  faites  au  Bengale  {Journal  Soc.  Beng., 
t.  XIV,  p.  210).  Itier  assvire  que  la  substance  de  ces  nids  est  du  suc  gastrique 
pur  et  concret.  Mulder  y  signalait  o,gi^  de  matière  azotée,  et  Doebereiner 
l'a'présentée  comme  analogue  au  mucus.  Proust  en  1806,  ainsi  que  l'a  rap- 
pelé M.  Chevreul,  compara  la  matière  de  ces  nids  à  un  cartilage  uniforme 
dans  son  tissu  (i).  M.  Milne  Edwards  a  exprimé  l'opinion  que  cette  sub- 
stance se  rapprochait  beaucoup  des  matières  animales.  M.  le  D'  Montagne, 
en  1847,  constatait  par  l'observation  directe  que  la  substance  agglutinative 
des  nids  de  salangane  est  dépourvue  de  toute  organisation  celluleuse. 
M.  Trécul  y  retrouvait  ce  caractère  en  i855,  montrait  que  l'action  de  l'eau 
chaude  n'y  pouvait  indiquer  les  propriétés  de  la  gélatine,  que  la  calcination 
y  décelait  le  caractère  des  matières  animales,  et  la  distinguait  des  fucus  en 
la  rapprochant  du  mucus  animal. 

»  Cependant  plus  récemment  encore,  en  i856,  M.  Simonet  de  Maison- 
neuve,  qui  commandait  alors  une  frégate  dans  les  mers  de  Chine,  envoyait 
comme  le  produit  épuré  des  nids  de  salangane  une  substance  blanchâtre  en 
longues  bandelettes,  dans  laquelle  M.  J.  Cloquet  constatait  la  propriété  de 
former  une  gelée  légère  et  qui,  sous  ce  rapport,  pouvait  se  rapprocher^  soit 
de  l'ichthyocolle,  soit  d'une  substance  provenant  de  certaines  algues  (2). 

(1)  «  J'ai  fait  cuire  un  de  ces  nids  dans  l'eau  (dit  l'auteur),  il  s'est  ramolli  et  a  pris  l'appa- 
rence d'une  partie  blanche  aponévrotique;  il  n'a  perdu  que  4  pour  100  de  son  poids.   » 

(3)  On  trouve  de  nouveaux  détails  et  un  complément  de  cet  historique  dans  l'ouvrage  inti- 
tulé :  Eléments  de  Zoologie  médicale,  par  M.  Moquin-Tandon,  et  dans  les  Notes  ornitholo- 
giques  du  même  auteur  ;  en  voici  de  courts  extraits  : 

«  On  peut  rapprocher  de  l'ichthyocolle,  dont  ils  ont  tout  à  fait  l'apparence,  les  nids  des 
salanganes,  petits  oiseaux  de  l'ordre  des  Chélidons,  et  de  la  famille  des  Hirondinides. 

»  On  connaît  cinq  espèces  de  salanganes,  qui  se  trouvent  presque  toutes  dans  l'archipel  des 
Indes. 

»  Plusieurs  naturalistes  ont  regardé  ces  nids  comme  composés  avec  le  frai  de  certains 
poissons  ou  avec  le  mélange  de  divers  zoophytes;  d'autres  ont  cru  que  l'oiseau  les  construi- 


(  5a6  ) 

»  Amené  ainsi  à  intervenir  au  milieu  de  ces  opinions  divergentes,  j'ajou- 
terai quelques  faits  nouveaux,  de  nature,  je  le  crois,  à  éclaircir  la  ques- 
tion. 

»  On  vient  de  voir  quelles  sont  les  propriétés  caractéristiques  et  la  compo- 
sition élémentaire  de  la  gélose  extraite  du  Gelidium  corneum  ;  elles  diffèrent 
non  moins  que  la  plante  elle-même,  des  propriétés  essentielles  de  la  matière 
des  nids  de  salangane  dans  leur  plus  grand  état  de  pureté  (i),  telle  que  j'avais 
pu  me  la  procurer  blanchâtre  et  translucide,  dans  le  département  anglais 
des  possessions  de  l'Inde,  à  l'exposition  internationale  de  I.ondres,  en  i85i . 
En  effet,  cette  substance  est  peu  soluble  dans  l'eau  froide  qui  en  extrait  faci- 


sait  avec  le  suc  d'un  arbre,  avec  les  lanières  d'un  lichen  ou  avec  des  algues  gélatineuses 

»  Il  est  reconnu  aujourd'hui  que  les  salanganes,  à  l'époque  de  la  nidification,  dégorgent 
une  humeur  muqueuse,  sécrétée  par  leurs  glandes  salivaires  ou  par  les  cryptes  de  leur  jabot 
(Ev.  Home,  Blyt,  Laidley,  Itier),  humeur  analogue  à  celle  dont  se  servent  les  hirondelles  de 
l'Europe  pour  Jiétrir  et  rendre  solide  la  terre  de  leur  maçonnerie.  (D'après  un  médecin  chinois, 
ces  nids  sont  formés  de  suc  gastrique  pur  et  concret.  Itier.  ) 

»  On  fait  cha(|ue  année  trois  récoltes  de  ces  nids.  Ceux  de  la  première  ponte  sont  les  plus 
purs  et  les  plus  estimés;  ceux  de  la  dernière  sont  mêlés  à  des  plumes  et  à  des  brins  d'herbes. 

»  Dans  certains  cas  on  a  observé  des  fragments  d'algues  et  de  lichen  :  Alectoria  crinalis, 
Ach.  ;  Gelidium  corneum,  Lamx.  ;  Spongodiam  bursa,  Lamx.  ;  Gracilaria  Lichenoïdes  et 
G.  compressa,  Gr.  (Guibourt). 

»   Il  est  probable  que  les  nids  des  cinq  espèces  ne  se  ressemblent  pas. 

"  La  substance  des  nids  des  salanganes  est  insoluble  dans  l'eau  froide,  elle  se  ramollit 
par  l'humidité  ;  elle  se  dissout  dans  l'eau  bouillante  à  la  manière  de  la  gélatine. 

»  En  i855,  j'observai  un  certain  nombre  d'hirondelles  de  fenêtre,  qui  s'abattaient  réguliè- 
rement au  bord  d'une  petite  mare,  et  emportaient,  chaque  fois,  un  plein  bec  de  terre  mouillée. 
Toutes  les  becquées  laissaient  une  empreinte  sur  la  rive.  Je  recueillis  une  petite  quantité  de 
cette  terre;  je  la  fis  sécher  sur  une  feuille  de  papier  à  l'ombre.  Par  la  dessiccation,  elle  prit 
un  peu  de  consistance;  mais,  l'ayant  comparée  à  la  paroi  d'un  nid  construit  par  ces  mêmes 
hirondelles,  je  constatai  que  cette  dernière  était  sensiblement  plus  dure  et  moins  friable.  Il 
y  avait  donc,  dans  la  maçonnerie  du  nid,  autre  chose  que  la  terre  humide  de  la  mare.  C'est 
à  la  salive  de  l'oiseau,  devenue  plus  abondante  à  l'époque  de  la  nidification,  qu'il  faut  attri- 
buer ce  changement,  j'allais  dire  ce  perfectionnement. 

»  Les  hirondelles  se  servent  de  leur  bec  non-seulement  pour  recueillir  et  pour  transporter 
la  terre  mouillée  dont  elles  ont  besoin  et  pour  y  ajouter  le  lien  nécessaire,  mais  encore  pour 
mêler  et  gâc  her  cette  espèce  de  mortier.    « 

(i)  Ces  nids  ne  contiennent  parfois  que  des  quantités  très-faibles  de  la  substance  amorphe 
qui  semble  avoir  manqué  aux  oiseaux  et  n'avoir  pu,  dans  ce  cas,  servira  réunir  ou  agglutiner 
des  débris  de  plantes,  déplumes  et  d'autt  es  matériaux,  à  moins  qu'ils  n'aient  été  construits 
par  des  hirondelles  d'espèces  voisines,  mais  distinctes  de  l'alcyon. 


(  5^7) 
loment  plusieurs  sels  alcalins,  lo  centièmes  environ,  dont  le  chlorure  de 
sodium  constitue  sa  plus  grande  partie. 

»  La  substance  normale  desséchée  à  loo  degrés  dans  le  vide  a  donné  pour 
cent  1 4, 12  de  cendres  contenant  des  chlorures,  sulfates,  phosphates  solubles, 
plus  du  phosphate  et  du  carbonate  de  chaux  ;  elle  répand  par  la  calcination 
des  vapeurs  ammoniacales,  ne  se  putréfie  pas  rapidement  et  son  incinéra- 
tion est  plus  facile  que  celle  de  la  plupart  des  autres  matièies  azotées. 

»  La  substance  des  nids  de  salangane  pulvérisée,  desséchée,  se  gonfle 
dans  l'eau  froide  au  point  que  son  volume  .augmente  de  i  à  8,5.  Soumise 
sans  broyage  à  l'action  de  85  fois  son  poids  d'eau  maintenue  bouillante  et 
une  fois  renouvelée  pendant  trois  heures,  puis  lavée  par  un  égal  volume 
d'eau  froide,  elle  a  laissé  dissoudre  0,6077  '^^  ^^"  poids  (à  l'état  normal  ou 
contenant  0,1975  d'eau  hygroscopique),  la  portion  non  dissoute  (19,48 
pour  100)  retenait  égouttée  et  refroidie  38  fois  4  son  poids  d'eau  interposée. 
La  portion  ainsi  gonflée  à  100  degrés  conservait  son  volume  considérable  à 
chaud  et  à  froid.  En  réduisant  en  poudre  cette  substance,  puis  la  traitant 
trois  fois  de  suite  par  100  fois  son  poids  d'eau  bouillante  durant  une  heure 
chaque  fois,  il  n'est  plus  resté  que  7,22  pour  100  de  matière  insoluble  sèche. 
Celle-ci,  complètement  égouttée  pendant  douze  heures  sur  un  filtre,  rete- 
nait 54  fois  son  poids  d'eau  (i).  Les  solutions  aqueuses  faites  à  froid,  celles 
obtenues  ensuite  à  chaud,  ainsi  que  le  liquide  demeurant  interposé  dans  la 
substance  gonflée  par  l'eau  bouillante,  ont  une  réaction  alcaline. 

»  La  substance  normale  est  dissoute  à  chaud  par  les  solutions  alcalines,, 
même  faibles,  de  potasse  et  de  soude,  qui  permettent  d'y  reconnaître  la 
présence  du  soufre  (ainsi  que  dans  chacinie  de  ses  parties  solubles  ou  inso- 
lubles). La  réaction  de  l'iode  la  colore  en  jaune  orangé;  elle  offre  divers 
autres  caractères  généraux  des  principes  neutres  azotés  :  soumise  à  des  lava- 
ges qui  ont  réduit  à  0,0475  les  matières  minérales,  elle  donna  par  l'analyse, 

(i)  La  portion  soluble  àchaïul,  desséchée  puis  redissoute  à  froid,  donna  lieu  aux  observa- 
tions suivantes,  mise  en  contact  avec  divers  réactifs. 

L'acétate  de  plomb,  le  tanin,  l'iode,  l'eau  de  chaux,  la  solution  de  baryte,  les  acides  sul- 
furique,  chlorhydrique,  azotique  étendus,  n'ont  produit  aucun  précipité  ni  réaction  directe- 
ment appréciable.  L'acide  acétique  en  faible  dose  la  précipite  ;  un  excès  du  même  acide 
dissout  le  précipité  qui  se  reproduit  par  une  nouvelle  addition  de  la  substance  organique  dis- 
soute. Après  la  dissolution  dans  la  potasse,  Cet  acide  ne  la  précipite  plus. 

L'alcool  en  excès  précipite  la  plus  grande  partie  de  la  substance  organique;  l'eau  même 
alcoolisée  redissout  le  précipité  ;  facétate  de  plomb  tribasique  précipite  la  substance  en  com- 
binaison insoluble. 


(  5^8  ) 
sur  loo  parties  9,5a  d'azote  à  l'état  sec  et  9,99  à  l'état  pur  ou  cendres 
déduites.  La  portion  dissoute  dans  le  traitement  de  la  substance  pulvérisée 
donna  sensiblement  la  même  proportion  d'azote,  9,81  :  les  parties  solubles 
et  insolubles  à  100  degrés  ne  diffèrent  sans  doute  que  par  une  cohésion 
graduellement  détruite  et  la  solubilité  acquise  dans  l'eau  bouillante;  cette 
substance  présente  en  un  mot  les  principaux  caractèresd'un  mucus  animal 
concrète,  qui  provient  probablement  d'une  sécrétion  spéciale  au  temps  des 
amours,  comme  quelques  auteurs  l'ont  avancé.  Mais  l'azote  s'y  rencontre 
en  moindres  proportions  et  elle  offre  plusieurs  propriétés  distinctes  très- 
remarquables  (i). 

»  Les  nids  d'hirondelles,  parmi  les  peuples  de  l'Orient  surtout,  sont 
l'objet  d'un  commerce  assez  considérable;  depuis  longtemps  ils  les  considè- 
rent comme  doués  de  si  précieuses  vertus  nutritives  et  aphrodisiaques,  qu'ils 
constituent  pour  eux  un  aliment  de  luxe,  d'un  prix  très-élevé. 

»  On  évalue  à  242400  livres,  poids  anglais,  la  quantité  de  nids  anuelle- 
ment  exportée  du  grand  archipel  Indien,  et  dont  la  valeur  est  d'environ 
1 5o  francs  la  livre  relativement  à  la  première  qualité,  1 00  francs  la  deuxième 
et  70  francs  la  troisième.  La  dépense  pour  la  récolte  dans  les  cavernes, 
le  séchage  et  l'emballage  ne  s'élève  pas  aux  1 1  centièmes  du  prix  de  la 
vente.  Les  nids  d'hirondelles  se  vendent  aussi  à  Paris  (en  petite  quantité 
sans  doute),  mais  au  prix  de  800  francs  le  kilogramme  ou  6'^''4o"  le  nid 
pesant  8  grammes  (a). 


(i)  Si,  comme  je  suis  disposé  à  le  croire,  il  demeure  constant  que  c'est  une  sécrétion  par- 
ticulière, on  pourrait  la  désigner  sous  le  nom  de  cubilose,  qui  rappellerait  à  la  fois  son  origine 
(du  mot  latin  cubile)  et  sa  forme  représentant  un  petit  nid  évasé,  formé  d'assises  en  cordons 
agglutinés  et  superposés  horizontalement  ou  parallèlement  aux  bords,  relevés  seulement  de 
chaque  côté  pour  former  deux  attaches  latérales.  Ces  cordons  se  séparent,  graduellement  gon- 
flés dans  l'eau  bouillante,  par  une  ébullition  durant  deux  heures. 

(2)  Plusieurs  des  nids  formés  de  la  plus  pure  cubilose,  blanchâtres,  demi-transparents,  que 
j'ai  eu  l'occasion  de  voir  et  de  peser,  offraient  un  poids  de  7  grammes  à  9  grammes. 

Voyez  aussi  la  Description  de  l'archipel  Indien,  par  Crawford ,  l'ouvrage  intitulé  Coup  d'œil 
sur  tile  de  Java,  par  le  comte  de  Hogendorp  ;  et  le  Dictionnaire  du  Commerce,  publié  par 
Guillaiimin,  article  Nids  d'Oiseaux,  par  Mac-Culloch. 

Je  tiens  d'un  infatigable  voyageur  dans  ces  contrées,  M.  Casimir  Lecomte,  les  détails 
suivants  : 

«  Les  nids  d'hirondelles  importés  bruts  des  îles  de  la  Sonde  en  Chine  sont,  à  Canton 
notamment,  l'objet  d'un  minutieux  nettoyage  à  la  main  :  après  les  avoir  humectés,  on  enlève 
un  à  un  avec  une  pince  tout  corps  étranger  non  comestible;  puis  ou  les  classe  par  ordre  de 


(529) 


Conclusions. 


»  Les  faits  qui  précèdent  démontrent  que  la  substance  agglutinative  et 
alimentaire  des  nids  de  salangane,  formant  parfois  la  totalité  de  ces  nids, 
est  une  sécrétion  particulière,  azotée,  analogue  au  mucus  des  animaux, 
admettant,  comme  celui-ci,  le  soufre  dans  sa  composition  intime,  dépour- 


pureté.  Au  mois  de  décembre  dernier,  il  y  avait  sur  le  marché  de  cette  ville  quatre  qualités 
vendues  le  catty  (  100*  partie  du  picul)  de  601  grammes,  28,  i6,  12  et  ^  piastres  mexicaines, 
ce  qui  équivaut  à  3ii  francs  le  kilogramme  pour  la  première  qualité,  y  compris-^  repré- 
sentant les  frais  de  transport,  commission,  etc.  I.e  nombre  des  nids  étant  de  82  à  84  par 
catty,  la  moyenne  serait  de  7'%24  par  nid;  un  nid  et  demi  représente  la  ration  d'une 
personne.  On  les  prépare  entiers,  maintenus  en  ébullition  dans  l'eau  ou  un  liquide  alimen- 
taire pendant  deux  heures  ;  ils  se  trouvent  alors  réduits  en  filaments  translucides  disséminés 
dans  la  solution  mucilagineuse. 

»  Il  paraît  qu'une  variété  d'une  blancheur  tout  exceptionnelle,  mais  très-rare,  se  vend 
70  piastres  le  catty,  ce  qui  porterait  le  prix  du  kilogramme  de  nids  à  778  francs  importés  à 
Paris,  en  y  comprenant  les  frais  de  transport  et  autres.  Cette  substance  alimentaire  est  con- 
sommée chez  nous  en  trop  faibles  quantités  pour  qu'il  en  soit  tenu  compte  dans  les  importa- 
tions ni  dans  les  tarifs  de  la  douane.  » 

Je  dois  encore  à  l'extrême  obligeance  de  M.  Lecomte  l'échantillon  d'une  algue  récoltée  sur 
les  côtes  de  l'île  Maurice,  dans  laquelle  j'ai  retrouvé  la  présence  de  la  gélose  en  fortes 
proportions  et  dont  j'ai  demandé  à  M.  Montagne  la  détermination;  voici  la  réponse  très- 
précise  que  j'ai  reçue  de  notre  savant  confrère  : 

Mon  cher  confrère, 

o  L'algue,  dont  vous  m'avez  envoyé  des  fragments  pour  en  savoir  le  nom  scientifique,  est 
justement  celle  que  je  vous  ai  fait  ajouter,  dans  votre  manuscrit,  à  celles  que  l'on  donne  géné- 
ralement comme  servant  à  la  confection  des  nids  de  salangane. 

»  C'est  la  Plocaria  lichenoides  (|L.),  Montag.  [Plocaria  candida,  Nées d'Esserabeck,  in  Horœ 
physicœ  Berolinenses,  p.  42,  tab.  VI).  Il  était  juste  de  donner  la  préférence  au  nom  spécifique 
de  Turner  qui  a  i3  ans  de  priorité,  de  même  qu'au  nom  générique  de  Nées,  qui  en  a  iB  sur 
celui  de  Gracilaria,  Greville,  qu'adoptent  quelques  phycologues.  Je  suis  heiireux  de  pou- 
voir vous  donner  un  nom  sûr,  et  vous  prie,  mon  cher  collègue,  d'agréer  en  même  temps  mes 
civilités  amicales  les  plus  affectueuses  et  les  plus  dévouées. 

»   Signé  Montagne.  » 

Voici  l'observation  d'Agardh  qui  suit  sa  description  : 

Haec  species  est,  quae  in  India  pro  cibo  adhibetur,  et  forsan  etiam  ad  nidos  hirundinum 
aesculentos  comparandos  quoad  partem  inservit.  Voyez  encore  Tlumphius,  Jmboine.  VI, 
p.  181,  t.  LXXVI,  A,  B,  C,  et  t.  LXXIV,  f.  3. 

C.  R.,   1809,  2""  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  16.)  7^ 


(  53o  ) 
vue  de  toute  organisation,  se  gonflant  dans  l'eau  froide  et  beaucoup  plus 
dans  l'eau  bouillante  qui  peut  en  dissoudre  la  plus  grande  partie,  incapable 
de  produire  une  solution  coagulable  par  le  refroidissement,  offrant  plu- 
sieurs caractères  distinctifs  dignes  d'intérêt. 

»  Son  origine  ainsi  que  plusieurs  caractères  propres  justifieraient,  ce  me 
semble,  le  nom  de  cubilose  indiquant  la  destination  et  l'état  naturel  de  cette 
sécrétion  animale. 

»  Une  distinction  profonde  existe  entre  cette  substance  amorphe  et  les 
algues  qui  sont  caractérisées  non  moins  par  leur  organisation  que  par  leur 
composition  immédiate  complexe,  comprenant  diverses  matières  azotées  et 
non  azotées,  grasses  et  salines  des  végétaux. 

»  La  distinction  n'est  pas  moins  tranchée  entre  la  cubilose  qui  forme  les 
nids  des  salanganes  et  le  nouveau  principe  immédiat  extrait  pur  de  l'inté- 
rieur des  tissus  du  Gelidium  corneum  et  de  la  Plocaria  liclienoïdes.  Ce  principe 
étant  très-nettement  caractérisé  par  sa  composition  ternaire  dépourvue  d'a- 
zote, sa  solubilité  complète  dans  l'eau  bouillante,  son  pouvoir  remarquable 
de  former  par  le  refroidissement  luie  gelée  incolore  et  diaphane  en  coagulant 
sous  cet  aspect  5oo  fois  son  poids  d'eau;  qui,  d'ailleurs,  exempt  de  soufre 
et  se  distinguant  aussi  des  composés  pectiques,  j)eut  être  désigné  par  le  nom 
spécial  de  gélose,  qui  rappelle  à  la  fois  son  origine,  ses  applications  et  sa  plus 
intéressante  propriété.  « 

Remarques  sur  les  nids  des  salanganes,  à  roccasion  de  la  communication  de 
M.  Payen;  par  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire. 

«  Je  crois  devoir  faire  remarquer  que  la  diversité  des  opinions  qui 
viennent  d'être  rappelées  ne  s'explique  pas  seulement  par  les  erreurs  qu'ont 
pu  commettre  les  auteurs,  mais  par  l'existence  de  différences  très-notables 
dans  la  composition  des  nids  qu'ils  ont  eus  sous  les  yeux.  I^a  question, 
controversée  depuis  deux  siècles,  que  M.  Payen  vient  d'aborder  à  son  tour 
d'une  manière  si  profitable  à  la  science,  a  presque  toujours  été  posée  comme 
si  la  salangane  était  une  espèce  unique,  construisant  toujours  son  nid  par 
les  mêmes  procédés  «t  avec  les  mêmes  matériaux.  Il  s'en  faut  de  beaucoup 
qu'il  en  soit  ainsi.  Les  nids  de  salanganes  qu'on  rapporte  si  communément 
de  la  Chine,  de  l'Inde,  de  l'Océanie  et  d'un  grand  nombre  d'autres  con- 
trées orientales,  appartiennent  à  plusieurs  espèces  très-distinctes  (quatre  au 
moins),  composant  ensemble  un  genre  que  j'ai  établi  dès  mes  premiers  Ira- 
vaux  ornithologiques,  et  que  caractérise  surtout  la  conformation  de  ses  pattes, 


(  53r   ) 

très-différentes  de  celles  des  vraies;  hirondelles  (i).  Il  est  certain  qn'aiix  diver- 
sités organiques  qui  séparent  les  espèces  dti  genre  Salangane  correspondent 
des  différences  de  mœurs  qui,  s' ajoutant  à  la  variété  des  matériaux  que  ces 
oiseaux  rencontrent  selon  les  pays,  doivent  amener  mie  grande  diversité 
dans  la  composition  des  nids  qu'ils  fabriquent.  C'est,  en  effet,  ce  qui  a 
lieu,  et  même  au  delà  de  ce  qu'on  pouvait  prévoir.  H  y  a  certainement  des 
salanganes  qui  se  servent  de  fucus  pour  la  construction  de  leurs  nids,  comme 
l'ont  dit  tant  d'auteurs,  et  entre  autres,  pour  citer  un  voyageur  dont  le  nom 
est  resté  trop  oublié  jusqu'à  ce  jour,  feu  M.  Bitsseuil,  médecin  et  natura- 
liste d'une  des  expéditions  autour  du  monde.  M.  Payen  vient,  à  son  tour, 
de  confirmer  ce  fait  par  des  preuves  nouvelles.  Mais  les  salanganes:  peuvent 
aussi  se  servir  de  matériaux  tout  différents,  par  exemple  de  lichens, de  petits 
brins  ligneux,  ou  encore  de  petites  plumes  (2). 

«  Ces  matériaux,  très-divers,  sont  ordinairement  reliés  à  l'aide  d'une  ma- 
tière sécrétée  par  l'oiseau  lui-même;  cette  même  matière  dont  les  nids  de 
salanganes  seraient  entièrement  composés,  selon  les  auteurs  qui  regardent 
ces  nids  comme  entièrement  de  nature  animale,  et  non  végétale.  Je  suis  loin 
de  prétendre  que  ce  fait,  explicable,  selon  ces  auteurs,  par  l'énorme  déve- 
loppement des  glandes  salivaires  chez  les  salanganes,  ne  puisse  être  vrai 
de  quelques  nids  (3);  mais  ce  qui  est  certain,  c'est  qu'il  ne  l'est  ni  de 
fous,  ni  même  de  la  plupart  de  ces  nids.  Le  plus  souvent  du  moins,  les 
salanganes  ne  font  qu'agglutiner,  à  l'aide  de  la  matière  animale  qu'elles 
excrètent,  des  matériaux  étrangers,  et  surtout  des  fucus  (4)  :  fait  qui  n'est 


(i)  Ce  genre  est  appelé  par  les  ornithologistes  tantôt  Salangane,  Salangana,  selon  le  nom 
que  je  lui  ai  donné  [voy.  le  Résumé  du  cours  d'ornithologie  du  Muséum,  dans  VÉcho  du 
monde  savant,  t.  II,  i836),  tantôt  Collocalie,  Collocatia,  d'après  M.  G.-R.  Gray  (A  list  of 
Gênera  of  Birds,  i84o). 

(2)  On  voit  dans  les  collections  des  nids  composés,  par  places,  de  matériaux  très-diffé- 
rents. Le  même  individu  varie  donc  son  travail  selon  les  substances  qu'il  rencontre  et  les 
circonstances  au  milieu  desquelles  il  opère.  j.,  ., 

(3)  Notre  savant  confrère  M.  Montagne  a  soumis  des  nids  de  salanganes  à  de  très-forts 
grossissements,  sans  y  découvrir  aucune  trace  de  substance  végétale.  [Voy.  son  article  général 
sur  la  Phyeologie  dans  le  Dictionnaire  universel  d' Histoire  naturelle,  t.  X,  p.  49!  1847.  ) 

(4)  M.  Valenciennes  a ,  pour  ainsi  dire,  pris  la  nature  sur  le  fait  :  une  salangane  ouverte 
par  lui  il  y  a  quelques  années,  se  trouvait  avoir  encore  dans  le  gosier  un  brin  de  fucus. 

Ce  sont  des  faits  analogues,  mais  mal  appréciés  par  les  auteurs  ,  qui  ont  fait  donner  à  une 
des  espèces  les  plus  communes  du  genre  Salangane  le  nom  A^Hirundo  (aujourd'hui  Salan- 
gana )fuciphaga. 

70,. 


(  532  ) 
pas  sans  analogie,  comme  l'a  déjà  fait  remarquer  M.  Moquin-Tandon  (i), 
avec  ce  qui  a  lieu  chez  presque  toutes  les  vraies  hirondelles,  et  en  parti- 
culier chez  les  nôtres  (i).  Tout  le  monde  sait,  en  effet,  que  ces  oiseaux 
relient  et  consolident,  à  l'aide  d'une  sécrétion  qui  leur  est  propre,  la  terre 
et  les  autres  matériaux  dont  ils  forment  si  industrieusement  leurs  nids.  » 


«  Répondant  aux  remarques  de  M.  Geofjroy-Saint-Hilaire,  M.  Payes 
déclare  qu'il  se  serait  empressé  de  citer  les  observations  de  M.  Busseuil, 
s'il  avait  pu  les  connaître;  il  donne  lecture  d'une  des  Notes  qu'il  avait 
passées  sous  silence  afin  de  ménageries  moments  de  l'Académie.  Cette  Note 
signale  des  différences  dans  les  matériaux  des  nids  dépendantes  des 
espèces  distinctes  qui  les  emploient,  dues  parfois  peut-être  à  l'insuffisance 
de  la  sécrétion  muqueuse;  il  présente  un  échantillon  qui,  formé  principale- 
ment de  plumes  agglutinées  par  la  cubilose,  semble  devoir  être  classé 
dans  cette  dernière  catégorie.  M.  Payen  ajoute  qu'à  son  point  de  vue  l'étude 
attentive  et  comparée  de  la  substance  des  nids  en  question  était  indispen- 
sable pour  la  distinguer  soit  des  divers  produits  végétaux,  soit  des  variétés 
connues  de  la  gélatine,  de  l'ichthyocolle,  du  suc  gastrique,  des  mélanges 
de  zoophytes,  des  cartilages,  du  frai  de  poisson,  d'une  matière  spumeuse 
provenant  de  la  baleine,  indiqués  par  différents  auteurs,  soit  même  des 
différents  mucus  des  organismes  animaux,  ces  caractères  distinctifs  mon- 
trant dans  celui-ci  une  nature  à  part  correspondante  à  une  sécrétion  parti- 
culière, comme  à  une  destination  toute  spéciale.  » 

PHYSIQUE  VÉGÉTALE.  —  Quatrième  Mémoire  sur  la  température  des  végétaux 
dans  les  différentes  saisons;  par  M..  Becquerel.  (Extrait.) 

«  J'ai  exposé  déjà  dans  trois  Mémoires  le  résultat  de  mes  recherches  sur 
les  températures  moyennes  diurnes,  mensuelles  et  annuelles,  de  l'air  et  des 


(i)  Notes  ornithologiques,  dans  le  Magasin  de  Zoologie  de  M.  Guérin-Méneville,   i85g. 

M.  Moquin-Tandon  vient  de  donner,  dans  sa  Zoologie  médicale,  p.  157,  un  très-court, 
mais  très-exact  résumé,  de  ce  qu'on  sait  des  nids  de  salanganes. 

(  a  )  Et  aussi,  comme  le  fait  remarquer  M.  Trécul  (  Comptes  rendus,  t.  XLI ,  p.  882  ),  chez 
les  martinets ,  dont  les  salanganes  se  rapprochent  par  ceux  de  leurs  caractères  qui  les  dis- 
tinguent des  vraies  hirondelles. 


{  533  ) 
végétaux,  en  faisant  concourir  mes  observations  avec  celles  qui  ont  été 
faites  à  Genève,  de  1796  à  1800,  par  MM.  Pictet  et  Maurice.  Ces  recherches 
ont  conduit  à  cette  conséquence  importante  que  les  températures  moyennes 
annuelles  de  l'air  et  des  végétaux  sont  égales,  et  fréquemment  aussi  les 
températures  mensuelles  et  diurnes. 

»  Depuis  la  publication  de  ces  trois  Mémoires,  j'ai  continué  mes  obser- 
vations et  repris  leur  discussion,  de  laquelle  il  résulte  que  la  chaleur  déga- 
gée dans  les  organes  et  les  tissus  des  végétaux  n'intervient  pas  sensiblement 
sur  la  température  propre  des  végétaux,  et  qu'il  faut  chercher  la  cause  de 
celle-ci  dans  l'état  calorifique  de  l'air. 

»  Dans  le  nouveau  travail  que  je  présente  aujourd'hui  à  l'Académie,  je 
me  suis  attaché  particulièrement  aux  variations  diurnes  de  température 
dans  les  végétaux,  question  qui  intéresse  vivement  la  physiologie  végétale. 
Ces  variations  ont  lieu  dans  des  limites  plus  ou  moins  étendues,  suivant  le 
diamètre  des  tiges,  la  nature  des  tissus  et  celle  des  enveloppes  corticales 
ou  autres. 

o  Wells,  au  commencement  du  siècle,  avait  remarqué  que  dans  une 
prairie,  lorsque  le  ciel  était  sans  nuage  et  le  temps  calme,  des  thermomètres 
placés  sur  l'herbe  indiquaient  des  températures  de  plusieurs  degrés  au- 
dessous  de  celle  de  l'air  à  une  certaine  hauteur;  l'abaissement  de  tempé- 
rature était  quelquefois  de  7  à  8  degrés. 

»  Melloni  reconnut  que  dans  l'explication  du  phénomène  il  fallait  avoir 
égard  au  grand  pouvoir  émissif  du  verre,  qui  était  également  une  cause  de 
refroidissement,  dont  on  évitait  les  effets  en  recouvrant  le  réservoir  du  ther- 
momètre d'une  enveloppe  d'argent  ou  de  laiton  possédant  un  pouvoir  réflec- 
teur considérable.  Un  thermomètre  ainsi  revêtu  perd  presque  en  totalité  son 
pouvoir  émissif  et  donne  ainsi  avec  assez  d'exactitude  la  température  de 
l'air.  En  opérant  de  cette  manière,  Melloni  a  reconnu  que  l'abaissement  de 
température  dans  les  plantes  herbacées  n'allait  jamais  au  delà  de  i  à  a  de- 
grés, et  rarement  à  3  degrés  au-dessous  de  celle  de  la  couche  d'air  ambiante. 
Ainsi,  quand  les  plantes  se  refroidissent  de  i  degré,  par  exemple,  l'air  qui 
les  entoure  ne  tarde  pas  à  se  refroidir  également  de  i  degré.  Un  nouvel 
abaissement  de  température  a-t-il  lieu,  l'air  ambiant  y  participe  également; 
ainsi  de  suite.  Les  plantes  finissent  de  cette  manière  par  éprouver  un  abais- 
sement de  température  de  7  à  8  degrés  au-dessous  de  celle  des  végétaux  à 
une  certaine  hauteur. 

»  Au  lieu  de  végétaux  herbacés,  si  l'on  considère  les  feuilles  des  arbres 


(  534  ) 
et  les  jeunes  rameaux,  on  trouve  avec  le  thermomètre  électrique  que  leur 
température,  dans  les  mêmes  conditions  atmosphériques,  est  dans  un  état 
d'équilibre  instable,  tant  que  dure  le  rayonnement  nocture.  Mais  il  n'en  est 
pas  de  même  en  expérimentant  sur  des  tiges  et  des  troncs  d'arbres  d'un 
certain  diamètre  recouverts  d'écorce.  J'arrive  aux  variations  de  tempé- 
rature. 

»  La  variation  diurne  de  la  température  de  l'air  est  la  différence  entre  la 
température  maximum  et  la  température  minimum  de  la  journée;  ces  deux 
températures  sont  données  aujourd'hui  par  les  thermomètres  à  maxima  et 
à  minima;  il  n'est  pas  facile  de  les  obteiïir  directement  dans  l'arbre,  vu  la 
difficulté  d'y  introduire  ces  deux  instruments.  Néanmoins  il  y  a  possibi- 
lité d'avoir  ces  deux  éléments  avec  un  cerlain  degré  d'approximation.  En 
effet  : 

»  Les  observations  de  Genève  ont  été  faites  au  lever,  au  coucher  du 
soleil  et  à  2  heures  après  midi,  dans  l'air  et  dans  un  marronnier  d'Lide  de 
o^iG  de  diamètre;  on  n'a  pas  recueilli  les  maxima  et  les  minima,  par  la 
raison  que  les  instruments  qui  pouvaient  les  donner  n'existaient  pas  à  cette 
époque.  On  peut  avoir  néanmoins  des  valeurs  qui  en  approchent.  La  tem- 
pérature observée  à  2  heures  après  midi  représente  à  peu  près  le  maximum 
de  la  température  de  l'air  pendant  la  journée,  et  la  température  au  lever  du 
soleil  le  minimum.  On  sait,  en  effet,  que  la  température  maximum  a  lieu 
entre  2  et  3  heures  de  l'après-midi,  un  peu  plus  tôt  en  hiver,  un  peu  plus 
tard  en  été,  et  que  le  minimum  se  montre  peu  après  le  lever  du  soleil. 
On  ne  commet  donc  pas  d'erreur  bien  sensible  en  agissant  comme  on 
l'a  fait. 

>'  Quant  aux  maxima  et  aux  minima  dans  l'arbre,  on  les  obtient  comme 
il  suit  :  Si  l'on  compare  ensemble  les  observations  faites  à  Genève  au  lever  et 
au  coucher  du  soleil  pendant  les  années  1796,  1797  et  1798,  on  voit  que 
leur  moyenne  mensuelle  et  annuelle  est  sensiblement  la  même  que  la 
moyenne  mensuelle  et  annuelle  à  2  heures.  Pendant  ces  trois  années,  la 
moyenne  des  observations  au  lever  et  au  coucher  du  soleil  est  égale  à  7°,  55 
La  moyenne  à  2  heures 7°,  52 

Différence o'*,o3 

»  La  différence  est  donc  inappréciable.  On  peut  inférer  de  là  que  les 
températures  dans  l'arbre  au  lever  et  au  coucher  du  soleil  "sont  l'une  le  mini- 
mum, l'autre  le  maximum  de  la  journée,  du  moins  des  valeurs  qui  en  appro- 
chent beaucoup. 


(  535  ) 

»  Les  observations  faites  dans  l'arbre  avec  le  thermomètre  électrique  de 
juillet  i858  à  juillet  iSSg,  justifient  jusqu'à  un  certain  point  cette  méthode 
de  supputer  les  maxima  et  les  minima  ;  car  j'ai  trouvé  avec  les  observations 
horaires  que  le  maximum  dans  l'arbre  a  lieu  quelques  heures  après  le  cou- 
cher du  soleil,  et  comme  depuis  ce  moment  jusqu'à  l'instant  du  maximum 
la  différence  est  assez  faible,  on  ne  commet  pas  d'erreur  bien  sensible  en 
prenant  pour  le  maximum  l'observation  faite  au  coucher  du  soleil.  D'un 
autre  côté,  la  diminution  de  températurecontinuant  jusque  vers  le  lever  du 
soleil  et  la  diminution  étant  très-lente,  rien  ne  s'oppose  donc  à  ce  que  l'on 
prenne  pour  minimum  la  température  observée  à  cet  instant.  En  partant  de 
ces  bases  on  trouve  que  la  variation  moyenne  de  l'air  pendant  les  trois  années 
sus-mentionnées  a  été  à  Genève  de  5°,  lo,  tandis  que  dans  le  marronnier  elle 
ne  s'est  élevée  qu'à  o°,88;  les  deux  variations  sont  donc  dans  le  rapport  de 
5,90  à  I. 

»  Les  observations  faites  dans  l'arbre  de  i858  à  iSSg,  avec  le  thermo- 
mètre électrique,  donnent  pour  le  rapport  des  variations  dans  l'air  à  celles 
dans  l'arbre  4>7'.  '  • 

»  Les  tracés  graphiques  mettant  bien  en  évidence  la  grande  différence 
existant  entre  les  variations  de  température  dans  l'air  et  celles  dans  l'arbre. 

»  Il  n'y  a  rien  d'absolu  dans  ces  limites,  attendu  qu'elles  varient  avec  le 
diamètre  des  arbres. 

»  On  voit  en  outre,  dans  le  tableau  des  observations  de  Genève,  que  les 
plus  grandes  variations  de  température  dans  l'arbre  ont  eu  lieu  dans  les  mois 
de  mars,  avril  et  mai  et  dans  le  mois  de  septembre,  c'est-à-dire  à  l'époque 
des  équinoxcs. 

»  Des  faits  qui  précèdent,  on  peut  tirer  les  conséquences  suivantes.  Les 
variations  de  température  dans  les  arbres  étantbeaucoup  moindres  que  dans 
l'air,  il  en  résulte  que  lorsque  la  température  de  l'air  varie  dans  des  limites 
étendues  et  que  les  variations  sont  de  courte  durée,  l'état  calorifique  de 
l'arbre  est  peu  affecté;  il  n'en  est  pas  de  même  dans  le  cas  contraire,  l'air 
et  l'arbre  finissent  par  se  mettre  en  équilibre  de  température. 

»  L'atmosphère  est  donc  la  source  où  tous  les  végétaux  puisent  la  chaleur 
dont  ils  ont  besoin  pour  naître,  se  développer  et  compléter  toutes  les  phases 
de  leur  existence.  La  température  moyenne  d'un  lieu  qui  est  celle  du  végé- 
tal, ainsi  que  les  variations  extrêmes  de  température  et  leur  durée,  sont  les 
éléments  calorifiques  à  prendre  en  considération  dans  les  phénomènes  calo- 
rifiques de  la  vie  végétale,  la  chaleur  résultant  des  élaborations  diverses  qiii 


(  536  ) 
ont  lieu  dans  les  tissus  n'intervenant  pas  sensiblement  sur  la  température 
des  végétaux  qui  est  toute  d'emprunt,  à  l'exception  de  certains  cas  de  flo- 
raison dont  je  n'ai  pas  eu  occasion  de  m'occuper. 

»  Tels  sont  les  résultats  généraux  obtenus  dans  la  dernière  partie  de 
mes  recherches  sur  la  température  des  végétaux.   » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  relatives  à  ta  présence  de  l'argent  dans 
l'eau  de  la  mer;  par  MM.  Malagcti  et  Dukocher. 

«  Nous  croyons  devoir  rectifier  une  erreur  qui  s'est  glissée  dans  l'im- 
pression de  la  p.  463  du  t.  XLIX  des  Comptes  rendus  de  l'Académie  :  c'est 
M.  Tuld  et  non  M.  Field  qui,  répétant  nos  expériences  en  Amérique,  a 
vérifié  l'existence  de  l'argent  dans  l'eau  de  la  mer  qui  baigne  le  nouveau 
continent. 

»  Qu'il  nous  soit  permis,  à  ce  sujet,  d'ajouter  quelques  remarques  con- 
cernant la  citation  intéressante  qu'a  faite  M.  Chevreul  {ibidem,p.  463)  d'une 
Lettre  écrite  par  Proust  à  La  Métherie  et  insérée  dans  le  Journal  de  Physique 
de  1787.  Il  nous  semble  résulter  de  cette  Lettre  que  Proust  a  voulu  conclure, 
non  point  que  de  l'argent  devait  exister  en  dissolution  dans  l'Océan,  mais 
bien  que  l'argent  abandonné  par  des  navires  naufragés  au  fond  de  la  mer,  ne 
s'y  conserve  point  à  l'état  métallique,  mais  qu'il  y  passe  à  l'état  de  mine  d'ar- 
gent corné;  et  que,  si  le  fond  de  la  mer  venait  à  se  changer  en  continent,  on 
y  retrouverait  à  cet  état  le  métal  précieux  (i). 

w  D'ailleurs,  on  comprend  que  l'argent  qui  peut  être  amené  en  dissolu- 
tion dans  les  eaux  marines  par  la  chloruration  de  lingots  ou  monnaies  per- 
dus dans  des  naufrages  doit  s'y  trouver,  vu  la  grande  étendue  des  mers,  en 
quantité  trop  minime  pour  être  perceptible.  Aussi  c'est  un  tout  autre  point 
de  vue  qui  nous  a  guidés  dans  nos  recherches  :  voici  en  effet  ce  qu'on  lit 
dans  notre  Mémoire  [Annales  des  Mines,  4*  série,  t.  XVII,  p.  94)  :  «  La  dif- 


(i)  La  Lettre  de  Proust  n'a  pu  être  reproduite  en  entier;  mais  si  les  passages  cités  ont  pu 
être  interprétés  dans  ce  sens,  il  résulte  de  l'ensemble  de  cette  Note  et  d'autres  qui  se  trou- 
vent également  dans  le  Journal  de  Physique,  que  l'illustre  chimiste,  qui  mentionne  dans  un 
autre  endroit  l'existence  du  mercure  dans  certains  échantillons  de  sel,  n'avait  nullement  l'idée 
de  chercher  dans  les  naufrages  la  source  unique  ou  même  principale  des  métaux  contenus 
dans  les  dépôts  ou  précipités  marins. 


(  537  ) 
»  fusion  de  l'argent  dans  les  minéraux  métalliques  étant  pour  nous  un  fait 
M  bien  établi,  nous  avons  pensé  que  ce  métal  devait  aussi  se  trouver  dans 
»  l'eau  de  la  mer.  En  effet,  par  des  expériences  multipliées  nous  l'avons 
»  constaté  dans  l'eau  de  l'Océan,  et  même  nous  sommes  parvenus  à  en 
»  déterminer  approximativement  la  quantité,  qui  s'élève  à  i  milligramme 
»  pour  loo  kilogrammes  d'eau.  Nous  avons  aussi  reconnu  l'existence  d'une 
»  petite  quantité  d'argent  dans  du  sel  gemme,  provenant  des  mines  du 
»  département  de  la  Meurthe,  où  il  constitue,  comme  on  le  sait,  des  couches 
»  régulières,  intercalées  dans  la  formation  des  marnes  irisées,  qui  est  un 
»  dépôt  marin;  aussi  nous  ne  doutons  pas  que  l'argent  ait  existé  dans  les 
»  anciennes  mers  aussi  bien  que  dans  les  mers  actuelles.   » 

»  Un  peu  plus  loin  (p.  gS)  nous  ajoutons  que  l'argent  contenu  en  disso- 
lution dans  l'eau  des  mers  représente  une  masse  plus  considérable  que 
celle  qui,  depuis  l'origine  de  l'époque  actuelle,  a  pu  être  extraite  par 
l'homme  du  sein  de  la  terre.  C'est  à  des  causes  inhérentes  aux  éléments 
physiques  du  globe  et  tout  à  fait  indépendantes  de  l'existence  de  l'homme, 
que  nous  avons  attribué  l'introduction  de  l'argent  dans  les  eaux  de  l'Océan; 
nous  avons  fait  voir  qu'il  a  pu  y  être  amené  de  deux  manières,  ou  par  des 
émanations  de  chlorure  d'argent  sorties  du  sein  de  la  terre,  ou  plus  simple- 
ment encore  par  l'action  lente  qu'exerce  l'eau  salée  sur  les  sulfures  argen- 
tifères de  la  partie  supérieure  des  gîtes  existant,  soit  à  la  surface  des  conti- 
nents, soit  au  fond  des  mers.   » 

«  M.  I.  Geoffroy-Saint-Hilaire  dépose  sur  le  bureau  une  Notice  impri- 
mée sur  les  mesures  prises,  par  la  Société  impériale  d'Acclimatation,  pour 
V introduction  du  dromadaire  au  Brésil,  et  particulièrement  dans  les  provinces 
sablonneuses  du  Ceara  et  du  Piauhy.  Sur  la  demande  du  gouvernement 
brésilien,  i4  chameaux,  et  avec  eux  i3  chevaux  barbes,  viennent  d'être 
transportés  sur  un  navire  frété  par  la  Société,  et  avec  des  précautions  qui 
heureusement  ont  obtenu  un  plein  succès;  car  on  n'a  pas  même  eu  à 
regretter  une  seule  perte  parmi  les  27  animaux  embarqués  à  Alger.  Les  cha- 
meaux sont  destinés  à  établir  un  service  régulier  de  transport  dans  des  pays 
où  l'extrême  sécheresse  rend  l'emploi  des  chevaux  et  des  mulets  très- 
difficile  ou  même  impossible  pendant  plusieurs  mois  de  l'année.  » 


C.  R.,  1859,3""  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  16.)  7I 


(  538  ) 


MÉMOIRES  PRESENTES. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Composition  des  eaux  courantes  en  Lombardie,  considé- 
rées relativement  à  [influence  qu'on  peut  lui  attribuer  sur  la  production  du 
goitre.  Recherches  de  M.  Demortain,  transmises  par  M.  le  Maréchal 
Vaillant. 

Lettre  de  M.   le  Maréchal  Vaillant  à  M.  le  Président  de  l'Académie. 

«  M.  Demortain,  pharmacien  en  chef  de  l'armée  d'Italie,  m'a  fait  parve- 
nir un  travail  sur  les  eaux  des  fleuves  et  rivières  que  nous  avons  rencon- 
trés dans  notre  campagne.  Ce  travail  a  pour  objet  l'analyse  de  ces  eaux 
au  point  de  vue  de  leur  action  sur  la  production  des  goitres,  affection  si 
commune  en  Lombardie. 

»  J'ai  pensé  que  les  recherches  auxquelles  M.  le  D'  Demortain  s'est  livré 
pourraient  avoir  leur  utilité  pour  la  solution  d'une  question  souvent 
traitée,  mais  peut-être  encore  un  peu  obscure  :  je  prends  la  liberté  de  vous 
adresser  le  travail  que  j'ai  reçu,  et  auquel  vous  donnerez  telle  destination 
que  vous  jugerez  convenable.  » 

Extrait  de  la  Note  de  M.  Demortain. 

«   J'ai  pensé  que  la  pharmacie  militaire  pourrait,  en  Lombardie,  comme 

»  elle  l'avait  fait  dans  la  campagne  de  Crimée,  payer  son  tribut  à  la  science, 

»  et  avancer  peut-être  la  solution  d'une  question  d'étiologie,  grosse  de  dis- 

»  eussions  déjà,  mais  toujours  indécise.  Comme  la  qualité  des  eaux  a 

»  toujours  fait  une  grande  partie  des  frais   des  discussions  sur    l'étiolo- 

»  gie  du  goitre,  je  voulais,  aidé  du  secours  de  l'appareil  hydrotimélriqiie 

»  de  Boulron  et  Boudet,  faire  déterminer  la  nature  et  la  qualité  des  eaux 

»  de  toute  la  Lombardie,  et  particulièrement  de  celles  de  ces  pays  que 

»  nous  avons  parcourus,  et  où  le  goitre  est  endémique. 

»  La  rapidité  des  marches  et  les  exigences  toujours  pressées  de  notre 

»  service  ont  mis  obstacle  à  tout  travail  d'analyse,  mais  elles  nous  ont 

»  laissé  le  temps  de  récolter  les  eaux  des  rivières,  des  sources  et  des  puits. 

»  Nous  sommes  revenus  de  Valleggio  à  Milan  riches  de  trente  échantillons 

»  pris  sur  notre  route,  et  depuis  notre  séjour  ici  toutes  ces  analyses  ont  été 

»  faites,  plusieurs  sous  mes  yeux,  par  deux  de  mes  camarades,  MM.  Brau- 

»  wers  et  Villard,  tous  deux  attachés  à  l'ambulance  du  grand  quartier  gé- 

»  néral.  C'est  le  résultat  de  ce  travail  que  j'ai  l'honneur  de  vous  adresser 


(  539) 
»  aujourd'hui.  Ce  n'est  qu'une  série  d'analyses  faites   par  les  procédés 
»   ordinaires  de  l'hydrotimétrie,  mais  faites  avec  un  grand  soin  ;  et  cette 
«   échelle  de  composition  des  eaux  qui  servent  aux  usages  des  populations 
»   parmi  lesquelles  le  goitre  est  endémique  offrira  peut-être  de  l'intérêt. 

M  Le  tableau  qui  résume  toutes  ces  analyses  est  destiné  à  la  Société  d'Hy- 
»  drologie  médicale  de  Paris.  J'ose  espérer,  Monsieur  le  Maréchal,  que 
»  vous  ne  verrez  pas  d'indiscrétion  dans  la  pensée  qui  me  dirige  en  le  sou- 
»  mettant  tout  d'abord  à  votre  savante  appréciation.  Deux  faits  vous  frap- 
»  peront  dans  ce  tableau  :  le  premier,  l'absence  absolue  de  sels  de  magné- 
»  sie  dans  les  eaux  des  localités  où  nous  avons  observé  le  plus  de  goî- 
»  treux  :  Cassano,  Gorgonzasa,  Crescenzago,  etc.  ;  le  deuxième,  l'absence 
»  simultanée  du  chlore.  Il  y  a  dans  ces  eaux  si  peu  de  chlorures,  que  pour 
»  en  découvrir  des  traces  j'ai  été  obligé  de  faire  recommencer  plusieurs 
»  expériences,  et  d'agir  sur  de  grandes  quantités.  Ici,  comme  nous  atta- 
»  chionsune  grande  importance  à  cette  constatation,  nous  ne  nous  sommes 
»  plus  bornés  à  l'emploi  des  agents  hydrotimétriques,  mais  nous  avons 
»  opéré,  comme  on  le  fait  d'ordinaire  pour  la  recherche  du  chlore,  avec 
»  l'azotate  d'argent  et  l'acide  azotique. 

»  Par  contre,  toutes  ces  eaux  sont  dures,  et,  nous  le  savions  d'avance, 
»  elles  cuisaient  mal  nos  légumes  et  ne  savonnaient  pas.  Toutes,  en  effet, 
»  accusent  de  notables  proportions  de  carbonate  et  de  sulfate  de  chaux, 
»  et  plusieurs,  dépouillées  de  ces  sels  et  d'acide  carbonique,  semblent  en 
»  vérité  de  l'eau  pure,  de  l'eau  distillée;  enfin,  Monsieur  le  Maréchal,  je 
»  dois  ajouter  que  beaucoup  d'entre  elles,  celles  de  Brescia  par  exemple, 
»  n'ont  donné  qu'un  très-faible  volume  d'air.  » 

Ce  travail  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Serres,  Dumas,  Pelouze,  Velpeau. 

PALÉONTOLOGIE  ET  MINÉRALOGIE.  —  Notice  sur  divers  fossiles  et  minéraux 
envoyées  du  Chili  pour  l'Ecole  des  Mines;  p»r  M.  Domeyko. 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  de  Senarmont,  Valenciennes.) 

«  1.  Ossements  fossiles  de  Taguataçjua.  —  Ces  ossements  proviennent  d'une 
localité  qui  a  fourni  jusqu'à  présent  plus  d'ossements  fossiles  que  tout  le  reste 
du  Chili.  M.  Gay  la  cite  dans  son  grand  ouvrage  sur  l'histoire  du  Chili 
{Historia  fska  i  politica  de  Cfiile  :  —  Zoolagia,  1. 1.  p.  i38  et  146),  et  il  donne 


(  54o  ) 
les  dessins  de  divers  ossements,  appartenant  aux  genres  Mastodon  et  Equus, 
extraits  du  même  endroit. 

»  Le  terrain  où  se  trouvent  enfouis  ces  ossements  est  le  fond  d'un  ancien 
lac  qui  a  été  desséché  par  le  propriétaire,  il  y  a  vingt  ans,  pour  les  besoins  de 
l'agriculture  et  dont  les  eaux  couvraient  un  petit  bassin  très-évasé,  situé  dans 
une  ramification  de  la  grande  plaine  intermédiaire  du  Chili.  Cette  plaine, 
comme  on  le  sait,  s'interpose  entre  les  Cordillères  de  la  côte  et  la  chaîne  des 
Andes;  elle  s'étend  depuis  Chaeabuco  (33"  de  lat.)  jusqu'au  golfe  de  Reton- 
cavi  (41°  3o'  de  lat.),  sur  une  longueur  de  8  à  9  degrés  de  latitude,  et  il 
est  rare  qu'elle  atteigne  plus  de  6  à  7  lieues  en  largeur.  Elle  s'élève  à 
56o  Tnètres  de  hauteur  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  à  Santiago  non  loin 
de  son  origine,  et  s'abaisse  insensiblement  à  mesure  qu'elle  avance  vers  le 
midi:  de  manière  qu'elle  n'a  qu'une  vingtaine  de  mètres  d'altitude  là  où 
elle  descend  dans  le  golfe  que  je  viens  de  citer.  Ce  golfe  n'est  que  le  prolon- 
gement de  la  même  plaine  et  s'interpose  entre  une  série  d'îles  qui  forment 
le  prolongement  des  Cordillères  de  la  côte  et  les  Andes. 

»  Le  sol  de  cette  plaine  intérieure  du  continent  chilien  est  composé  de 
sables  et  couches  argileuses  appartenant  à  l'époque  quaternaire,  recouverts 
par  des  alluvions  modernes;  et,  d'après  ce  que  je  viens  de  dire,  toute  la 
plaine  est,  du  côté  de  l'est,  entièrement  séparée  des  provinces  Argentines  par 
les  Andes.  On  la  voit  aussi  limitée  du  côté  du  nord  par  quelques  chaînons, 
qui  se  détachentde  la  masse  principale  des  Andes,  et  du  côté  de  l'occident  par 
les  basses  montagnes  et  le  terrain  granitique  de  la  côte. 

»  C'est  dans  cette  plaine  étroite  et  de  200  a  3oo  lieues  de  longueur  qu'on 
rencontre  des  ossements  de  Pachydermes,  enterrés  dans  des  couches  argi- 
leuses de  peu  de  profondeur;  on  n'en  a  pas  trouvé  jusqu'à  présent  dans  la 
partie  septentrionale  du  Chili,  où  le  pays,  par  suite  de  la  rareté  des  pluies, 
commence  à  prendre  le  caractère  physique  et  l'aspect  du  désert  d'Atacama. 
Les  provinces  qui  paraissent  être  les  plus  riches  en  ces  dépôts  de  débris  de 
l'ancien  monde,  sont  celles  de  Colchagua  et  de  Talca,  situées  entre  34  et  35° 
de  lat.  S.,  et  c'est  dans  la  première  de  ces  deux  provinces,  vers  les  34°  20'  E. 
que  se  trouvait  le  lac  aujourd'hui  desséché  de  Taguatagua.  La  plaine  inter- 
médiaire, sous  cette  latitude,  est  interceptée  par  un  chaînon  des  porphyres 
stratifiés  qui  descendent  de  la  grande  Cordillère  des  Andes  et  qui  font 
détourner  la  plaine  vers  le  sud-ouest,  où  elle  s'unit  avec  l'emplacement  de 
l'ancien  lac,  dont  les  contours  arrondis  paraissent  indiquer  l'endroit  d'une 
espèce  de  golfe  entouré  de  montagnes.  Ces  montagnes,  qui  dans  la  nouvelle 
carte  géologique  de  M.  Pissisfont  partie  du  terrain  cambrien,  interceptaient 


(  54r  ) 
les  courants  des  eaux  qui  venaient  du  nord,  et  qui  déposaient  dans  ce 
golfe  le  limon  avec  les  débris  des  animaux  qu'on  en  retire.  La  surface  de 
la  partie  desséchée  du  lac  se  trouve  à  peu  près  à  200  mètres  de  hauteur 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  » 

Parmi  les  ossements  fossiles  provenant  du  lac  de  Taguatagua,  nous 
citerons  un  fragment  de  mâchoire  d'éléphant  avec  une  molaire,  plusieurs 
fragments  de  cornes  ramifiées  appartenant  à  une  grande  espèce  de  cerf,  une 
vertèbre  et  d'autres  ossements  non  déterminés,  une  dent  molaire  de  Masto- 
donte. 

Une  deuxième  partie  de  la  Note  est  relative  au  terrain  lignifère  de  la 
Conception  auquel  se  rapportent  des  échantillons  de  roches  avec  impres- 
sions de  plantes,  qui  font  partie  du  même  convoi. 

CHIMIE  LÉGALE.   —  Recherche  de  l'arsenic;  remarques  présentées  à  l'occasion 
d'une  communication  récente,  par  M.  Gaultier  de  Claubry. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pelouze,  Regnault.) 

«  Dans  une  Note  insérée  par  extrait  au  Compte  rendu  de  la  séance  du 
3  octobre,  M.  Leroy  signale  la  production  depuis  longtemps  bien  connue  de 
taches  de  soufre  et  de  sulfures  métalliques  dont  on  sait  parfaitement  se 
délivrer  dans  les  recherches  de  chimie  légale  par  l'addition  de  l'acide  nitrique 
ou  de  l'eau  régale  au  produit  de  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  les 
matières  suspectées.  Plus  loin  il  remarque  que  la  carbonisation  par  l'acide 
sulfurique  pouvant  laisser  des  sulfures  dans  le  charbon,  ou  l'imprégner 
d'acide  sulfureux,  c'est  aussiune  raison  de  préférer  dans  bien  des  cas  l'em- 
ploi de  l'acide  nitrique  ou  du  nitrate  de  potasse.  Ces  deux  derniers  procédés 
offrent  des  inconvénients  que  j'ai  discutés  dans  mon  Traité  de  Chimie  lé- 
gale, dont  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie.  Le  premier  sur- 
tout est  jugé  et  repoussé  par  tous  les  chimistes. 

»  Quant  à  l'existence  de  l'acide  sulfureux  dans  le  produit  du  trait,ement 
par  l'acide  sulfurique,  j'ai  prouvé,  dans  une  discussion  avec  Orfila,  relative 
à  ce  dernier  procédé  qu'il  repoussait  sous  le  même  prétexte,  que  sa  suppo- 
sition était  entièrement  gratuite  et  que  les  réactifs  les  plus  sensibles  ne 
pouvaient  la  démontrer.  Ces  résultats  ont  été  publiés  dans  le  n°  de  juillet, 
année  i843,  p.  i63,  des  Annales  d'Hygiène  et  de  Médecine  légale.  » 


(  54â  ) 

GÉOMÉTRIE.  —  Mémoire  sur  les  courbes  à  double  courbure  de  tous  tes  ordres 
faisant  connaître  un  mode  uniforme  de  génération  de  ces  courbes  par  le  mo/en 
des  intersections  mutuelles,  dans  l'espace,  de  deux  droites  qui  pivotent  autour 
de  deux  points  fixes  et  qui  se  correspondent  suivant  une  loi  connue;  par 

M.  DE  JONQUIÈRES. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Liouville,  Chasles,  Bertrand.) 

«  Ce  Mémoire,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  est  précédé  d'une 
introduction  où  je  cherche  à  préciser  l'état  actuel  de  la  question  ;  il  se  divise 
en  deux  parties. 

»  Dans  la  première  partie  je  présente,  sous  plusieurs  points  de  vue,  la 
théorie  de  figures  correspondantes  d'un  nouveau  genre,  tracées  sur  le  plan, 
où  des  points  correspondent  à  des  points,  et  des  droites  à  des  courbes  de 
l'ordre  m,  douées  d'un  point  multiple  de  l'ordre  de  [in  —  i)  qui  leur  est 
commun  à  toutes.  Cette  théorie  me  paraît  offrir  quelque  intérêt  par  elle- 
même;  mais  elle  en  acquiert  surtout  par  l'application  que  j'en  fais  à  la 
construction  des  courbes  à  double  courbure.  Ce  sont,  en  effet,  les  points 
homologues  de  ces  figures,  désignées  par  moi  sous  le  nom  défigures  isogra- 
phiques, qui  servent  à  guider  les  rayons  vecteurs  rectilignes,  au  moyen  des- 
quels s'engendre  la  courbe  à  double  courbure  de  l'ordre  [m -h  2).  Cette 
application  fait  le  sujet  de  la  seconde  partie  du  Mémoire.  J'explique  com- 
ment on  peut  construire  ainsi  une  courbe  à  double  courbure  d'un  degré 
quelconque,  et  je  termine  en  indiquant  le  moyen  d'obtenir  la  tangente  en 
im  point  quelconque  de  la  courbe.  » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  les  causes  qui  peuveiit  produire  In  formation  de  l'atmo- 
sphère lumineuse  de  C étincelle  d'induction  et  sa  disposition;  par  M.  i>v 
MoïfCEL.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  La  formation  de  l'atmosphère  lumineuse  qui  entoure  l'étincelle  d'induc- 
tion est,  conformément  à  ce  que  j'avais  avancé  il  y  a  cinq  ans,  principale- 
ment due  à  réchauffement  ou  plutôt  à  la  dilatation  de  l'air  dans  le  voisinage 
de  l'étincelle,  lequel  échauffement  a  pour  efïet  de  créer  un  conducteur 
secondaire  et  aériforme  à  travers  lequel  peut  passer  Télectricité  en  assez 
grande  quantité  pour  l'illuminer  et  le  rendre  susceptible  de  fournir  les 
effets  do  l'électricité  de  quantité. 

»  La   réaction  réciproque  des  deux  parties  de  l'étincelle  d'induction 


(  543  ) 
fiine  sur  l'autre  contribue  puissamment,  comme  celle  exercée  entre  deux 
décharges  voisines,  à  faciliter  le  passage  de  la  décharge  à  travers  le  conduc- 
teur secondaire  formé  par  l'air  dilaté. 

»  Si  par  un  moyen  quelconque  on  peut  empêcher  la  formation  de  ce 
conducteur  secondaire,  l'atmosphère  lumineuse  de  l'étincelle  ne  peut  se 
constituer.  L'absorption  de  la  chaleur  dégagée  aux  pôles  du  circuit  par  la 
volatilisation  de  substances  susceptibles  de  s'évaporer  sans  brûler,  ou  le  dé- 
tournement de  la  décharge  (par  une  dérivation  métallique  ou  liquide  très- 
constante)  du  conducteur  secondaire  fourni  par  l'air  dilaté  sont  des  moyens 
de  ce  genre . 

»  Si  par  un  moyen  quelconque,  soit  l'interposition  de  la  flamme  d'une 
bougie,  soit  un  effet  d'aspiration  tendant  à  produire  une  dilatation  par- 
tielle de  la  couche  d'air  interposée  dans  la  décharge,  on  parvient  à  créer 
un  conducteur  secondaire  aériforme,  l'atmosphère  lumineuse  manquant  à 
une  étincelle  peut  reparaître  de  nouveau. 

»  L'étincelle  d'induction  échangée  entre  deux  rhéophores  liquides  ou 
au  pôle  extérieur  de  l'appareil  de  Ruhmkorff  n'a  pas  d'atmosphère  lu- 
mineuse pas  plus  que  l'étincelle  produite  sur  une  dérivation  établie  sur  un 
circuit  continuel  celle  qui  est  engendrée  par  le  filet  lumineux  d'une  pre- 
iniàre  étincelle  séparée  de  sou  atmosphère  lumineuse. 

»  L'étincelle  d'induction  à  travers  les  liquides  non  combustibles  n'est 
jamais  entourée  d'une  atmosphère  lumineuse,  et  celle  qu'on  remarque 
autour  des  extrémités  seulement  des  rhéophores  dans  l'huile,  l'alcool,  etc., 
ne  provient  que  d'un  effet  de  combustion. 

»  Pour  l'étude  de  ces  différents  effets,  le  microscope  présente  des  avan- 
tages incomparables  en  montrant  comme  indice  certain  de  la  présence  de 
l'atmosphère  de  l'étincelle  les  couleurs  rouge  et  bleue  qui  en  sont  la  con- 
séquence inséparable  et  qu'on  ne  peut  apercevoir  à  l'œil  nu. 

»  Il  semblerait  résulter  des  différentes  expériences  de  M.  Perrot  et  des 
miennes  que  deux  mouvT>m?nts  électriques  différents  seraient  produits  à  la 
Ibis  dans  les  courants  induits  et  qu'on  pourrait  peut  être  en  rendre  compte 
en  les  attribuant  aux  deux  sortes  de  conductibilités  des  corps  (conductibilité 
extérieure  et  conductibilité  intérieure)  dont  M.  Gaugain  a  déterminé  derniè- 
re ment  les  lois. 

»  On  peut  conclure  d'une  manière  générale  que  l'étincelle  électrique 
subissant  les  réactions  des  effets  qu'elle  produit  doit  fournir  :  i"  quand 
!('s  fluides  qui  la  déterminent  sont  en  quantité,  un  effluve  lumineux  sans 
jet  lumineux  provenant  de  la  conduction  de  l'iiir  très-échauffé  :  c'est  le 


(  544  )  ■ 
cas  de  la  lumière  électrique  fournie  par  une  pile  énergique  ;  2°  quand  les 
fluides  n'ont  que  de  la  tension,  un  trait  de  feu  sans  effluve  lumineux,  du 
moins;  la  disposition  des  rhéophores  ne  favorise  pas  leur  écoulement  . 
c'est  le  cas  de  l'étincelle  des  machines;  3°  quand  les  fluides  sont  à  la  fois  en 
quantité  et  en  tension,  un  trait  de  feu  acccompagné  d'une  atmosphère 
lumineuse,  ce  qui  est  le  cas  de  l'étincelle  d'induction.   » 

Cette  Note  et  une  autre  Note  «  sur  un  nouvel  appareil  d'induction 
propre  à  démontrer  l'origine  des  différentes  sortes  d'inductions  électro  ma- 
gnétiques'», sont  renvoyées  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  de 
précédentes  communications  du  même  auteur,  MM.  Pouillet,  Despretz. 

PHYSIQUE.  —  Pile  thermo-éleclrique  et  explication  du  phénomène  de  [absorption 
de  l'acide  carbonique  par  les  plantes;  par  M.  de  la  Motte-Farchaud. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Moquin-Tandon.) 

PHYSIOLOGIE.  —  De  l'identité  du  fluide  électrique  et  de  l'agent  qui  détermine 
*  la  contraction  musculaire;  parM..  Moilin. 

Ce  travail,  qui  est  fort  étendu,  étant  peu  susceptible  d'analyse,  nous 
devons  nous  borner  à  en  reproduire  le  titre,  qui  lait  connaître  suffisamment 
la  conclusion  à  laquelle  est  arrivé  l'auteur. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Rayer,  Bernard.) 

CHIRURGIE.  —  Addition  à  un  précédent  Mémoire  sur  le  traitement  par  la  méthode 
hephestoraphique  du  prolapsus  de  [utérus;  par  M.  Gaillabd. 

L'auteur  avait  précédemment  adressé  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  de  1860  un  premier  travail  sur  ce  sujet  :  son  nou- 
vel envoi  contient  quatre  observations  nouvelles,  dont  deux  lui  doinient 
occasion  de  faire  remarquer  que  dans  certains  cas  il  y  a  double  indication 
à  remplir,  de  sorte  que  l'on  ne  doit  songer  à  l'opération  destinée  à  contenir 
le  prolapsus  qu'après  avoir  combattu  la  phlegmasie  chronique  et  l'hyper- 
trophie de  l'organe  qui  en  est  souvent  une  conséquence. 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 

CHIRURGIE.  —  De  la  méthode  galvano-caustique appliquée  à  laguérison 
de  la  cataracte;  par  M.  Ta  vignot. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Velpeau,  Cloquet.) 


(  545  ) 

PHYSIQUE.  —  Expériences  relatives  à  une  préletidue  variation  de  la  pesanteur; 

par  M.  Lamy. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Combes,  Morin.) 

Ce  travail  a  été  entrepris  dans  le  but  de  reconnaître  ce  qui  avait  pu 
induire  en  erreur  M.  de  Boucheporn  dans  une  série  d'expériences  commu- 
niquées à  l'Académie  àla  séance  du  i4  décembre  iSSy  postérieurement  à  la 
mort  de  l'auteur,  expériences  dont  la  conclusion  était  que  la  pesanteur 
varie  d'une  quantité  considérable  dans  le  court  espace  de  six  mois.  En 
prenant  certaines  précautions  que  M.  de  Boucheporn  avait  négligées, 
M.  Lamy,  qui  a  poursuivi  ses  expériences  pendant  une  année  entière,  a 
obtenu  de  tout  autres  résultats,  et  s'est  assuré  que  les  variations  insigni- 
fiantes qu'on  en  prétendait  déduire,  rentrent  largement  dans  les  limites 
d'erreurs  auxquelles  est  sujet  le  procédé  d'investigation. 

GÉOMÉTRIE.  —  Note  sur  la  courbure  des  surfaces;  par  M.  Roger. 

Cette  Note,  qui  est  adressée  à  l'occasion  d'une  communication  récente 
de  M.  Babinet,  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Liouville,  Lamé,  Bertrand. 

M.  AvENiER  DE  LA  Grée  soumct  au  jugement  de  l'Académte  un  Mémoire 
intitulé  :  «  Description  et  plan  d'une  nouvelle  machine  à  gaz  chauds  et  à 
vapeur  d'eau,  propre  à  produire  environ  dix  fois  plus  de  travail  que  la 
meilleure  machine  à  vapeur.  « 

(  Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Poncelet,  Regnault,  Combes.) 

M.  Beghin  adresse  de  la  Guadeloupe  une  Note  sur  les  piles  galvaniques 
et  sur  certaines  dispositions  au  moyen  desquelles  il  lui  semble  qu'on 
pourrait  augmenter  notablement  l'énergie  de  ces  appareils. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Despretz.) 


C.   R.,  1859,  3""  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  16.)  7* 


I 


(  546  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Président  fait,  au  nom  des  auteurs,  hommage  à  l'Académie  des 
ouvrages  suivants  : 

Mémoire  sur  la  courbure  d'une  série  de  surfaces  et  de  lignes;  par 
M.  T.-A.  Hirst. 

Notice  sur  le  mathématicien  louvaniste  Adrianus  Romanus,  professeur 
à  l'ancienne  Université  de  Louvain  ;  par  M.  P.  Gilbert. 

M.  Jaubert,  en  déposant  sur  le  bureau  un  exemplaire  de  l'éloge  de  M.  de 
Humboldl  par  M.  Schœnefeld,  s'exprime  de  la  manière  suivante  : 

«  Dans  le  sein  de  la  Société  Botanique  de  France,  il  a  été  rendu  un 
solennel  hommage  à  la  mémoire  d'Alexandre  de  Humboldt.  Le  Secrétaire 
M.  de  Schœnefeld,  élève  de  Kunth,  l'un  des  plus  célèbres  collaborateurs 
d'Alexandre  de  Humboldt,  a  été  dans  cette  circonstance  le  digne  interprète 
des  sentiments  de  la  Société  Botanique  de  France  et  des  naturalistes  de  tous 
les  pays.  Je  suis  chargé  d'offrir  à  chacun  de  MM.  les  Membres  de  l'Acadé- 
mie un  exemplaire  de  cette  publication.   » 

M.  Eue  de  Reaumont  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur 
M.  Zanledescfîi,  de  deux  opuscules  sur  les  travaux  et  les  découvertes  en 
physique  des  Italiens  pendant  l'année  i858. 

Ces  deux  opuscules  sont  écrits  en  allemand  et  imprimés  à  ^'ienne  : 
M.  Regnault  est  invité  à  en  faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

M.  Elie  de  Reaumont  signale  encore,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance,  une  Notice  de  M.  Gueymard  sur  la  verse  des  blés,  et  appelle 
l'attention  de  la  Section  d'Économie  rurale  sur  les  idées  émises  par  l'auteur 
relativement  à  ce  sujet. 

La  question,  en  effet,  serait  d'une  grande  importance  si  l'on  admettait, 
avec  certaines  personnes  qu'on  a  lieu  de  croire  bien  informées,  que  c'est  à  la 
verse  des  blés  qu'est  dû  en  grande  partie  l'énorme  déficit  qui,  en  1 846  et 
i853,  causa  tant  de  sacrifices  à  la  France. 

La  verse  des  blés  était  beaucoup  plus  rare  autrefois,  fessier,  John  Sin- 
clair, Matthieu  Dombasie,  ne  parlent  presque  point  de  ce  terrible  fléau,  qui 


(  547  ) 
peut  dépendre  de  plusieurs  causes,  et  qu'on  peut  par  conséquent  chefcher 
à  prévenir  de  diverses  manières.  Plusieurs  de  ces  causes  ont  été  indiquées; 
mais  il  en  une  sur  laquelle  on  n'a  encore  rien  dit,  et  qui  semble  très- 
importante,  très-digne  d'être  prise  en  considération,  car  il  ne  s'agit  point  ici 
d'une  cause  passagère,  mais  d'une  cause  constante  et  progressive. 

On  sait  ce  qui  arrive  à  des  poules  tenues  en  cage  et  qui  continuent  à 
pondre  sans  trouver  dans  les  aliments  qu'on  leur  fouruit  la  quantité  suffi- 
sante des  éléments  de  la  coquille  de  l'œuf.  Elles  pondent  des  œufs  à  enve- 
loppe molle.  Quelque  chose  de  semblable  doit  arriver  pour  le  blé  s'il  ne 
trouve  pas  dans  le  sol  la  proportion  de  silice  suffisante  pour  donner  au 
chaume  la  résistance  nécessaire.  La  paille  d'avoine  en  effet  doit  contenir 
normalement  4»  pour  loo  de  silice;  la  paille  d'orge,  67;  la  paille  de  seigle, 
64;  la  paille  de  froment,  68. 

La  silice,  sans  doute,  se  trouve  partout,  mais  toujours  combinée  avec  des 
bases  et  constituant  des  silicates  nombreux,  dans  la  plupart  desquels  la 
silice  n'est  pas  assimilable  immédiatement,  et  ne  peut  l'être  que  très-len- 
tement avec  le  concours  de  la  pluie  et  de  l'acide  carbonique  de  l'atmo- 
sphère qu'elle  entraîne. 

Il  y  a  donc  évidemment  bien  des  cas  où  le  sol  s'épuisera  de  silice  assimi- 
lable si  on  ne  lui  en  fournit  pas  au  moyen  d'amendements  convenables  ;  or 
la  matière  de  ces  amendements  ne  manque  pas,  car  dans  le  traitement  des 
minerais  de  fer  il  se  produit  une  quantité  de  silicates  divers  connus  sous  le 
nom  de  laitiers,  qu'on  peut  amener,  pour  la  plupart,  aux  conditions  voulues 
pour  leur  emploi  agronomique. 

Les  laitiers  fournis  par  les  hauts  fourneaux  marchant  au  charbon  de  bois 
sont  des  silicates  semblables  à  ceux  du  sol  agraire,  et  comme  ceux-ci  inu- 
tiles en  tant  que  réfractaires.  Les  laitiers  au  coke,  au  contraire,  sont  des 
silicates  basiques,  décomposables  par  les  acides  les  plus  faibles,  à  froid  et 
presque  instantanément.  Ces  laitiers  contiennent ,  en  moyenne,  4o  pour  100 
de  silice.  C'est  une  mine  qu'on  peut  exploiter  avec  grand  avantage  pour 
toutes  les  plantes  auxquelles  il  faut  donner  beaucoup  de  silice  gélatineuse, 
et  c'est  une  mine  presque  inépuisable,  car  les  hauts  fourneaux  au  coke 
sont  nombreux  en  France.  Les  maîtres  de  forge,  très-embarrassés  de  ces 
laitiers,  sont  obligés  de  les  faire  transporter  au  loin  avec  des  dépenses 
plus  ou  moins  grandes  ;  aux  usines  donc  cette  matière  n'a  qu'une  valeur 
négative.  A  la  vérité  on  ne  peut  employer  les  laitiers  à  l'état  brut  en  agri- 
culture :  il  faut  qu'ils  soient  broyés  et  tamisés;  mais  il  en  coûtera  peu  pour 
les  réduire  en  cet  état,  car  ils  sont  très-cassants  et  faciles  à  pulvériser. 

72.. 


k 


(  548  ) 

Cette  opération  n'atteindrait  pas  le  chiffre  de  5o  centimes  les  loo  kilo- 
grammes. 

Outre  les  laitiers  des  hauts  fourneaux,  nous  avons  les  scories  des  forges, 
qui  sont  des  silicates  basiques,  et  la  base  qui  y  domine  est  le  proloxyde  de 
fer;  les  autres  bases  sont  la  chaux,  l'alumine,  la  magnésie  et  le  protoxyde 
de  manganèse.  Tous  ces  silicates  sont  également  attaquables  par  les  acid.es 
les  plus  faibles.  Ils  donneront  aussi,  en  moyenne,  4°  pour  loo  de  silice 
gélatineuse. 

«  M.  I.  Geoffroy-Saint-Hilaire  fait  hommage  à  l'Académie,  aji  nom  de 
M.  le  colonel  du  génie  Valdès,  d'un  Traité  de  la  science  et  de  l'art  de 
l'ingénieur  [voir  au  Bulletin  bibliographique),  qui  renferme  des  recherches 
nouvelles  sur  plusieurs  questions  importantes,  et  qu'accompagne  un  Atlas 
de  io3  planches,  toutes  dessinées  par  l'auteur.  Il  demande  que  l'Académie 
veuille  bien  se  faire  rendre  compte  de  cet  ouvrage,  qui  est  écrit  en  langue 
espagnole.  » 

M.  Morin  est  invité  à  examiner  l'ouvrage  de  M.  Valdès,  et  à  en  faire 
l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  l' aurore  boréale  du  i"  octobre; 
Note  de  M.  H.  Goldschmidt. 

«  Il  est  probable  que  ce  phénomène  avait  déjà  commencé  avant  que  je 
l'aie  aperçu.  A  9*"  25",  je  voyais  l'espace  du  grand  quadrilatère  de  la  grande 
Ourse  rempli  d'une  lumière  couleur  de  feu,  de  forme  ronde  et  exactement 
au  centre  de  ces  quatre  étoiles  de  la  constellation.  Trois  minutes  plus  tard, 
je  vis  -naître  un  rayon  lumineux  couleur  rose,  traverser  cette  rougeur  dans 
la  direction  nord,  parallèle  aux  étoiles  a  et  ^  de  la  grande  Ourse  et  à  un 
degré  à  gauche  de  ces  étoiles.  Une  minute  après  j'ai  vu  ce  rayon  s'étaler 
subitement  de  droite  à  gauche  jusqu'au  milieu  du  quadrilatère,  et  dispa- 
raître immédiatement  après.  La  largeur  de  ce  rayon  était  environ  d'un 
degré,  et  de  deux  degrés  un  quart  après  l'élargissement.  La  lumière  rouge 
du  quadrilatère  avait  disparu  à  g**  35"",  et  à  g**  5o™  une  lumière  blanche  était 
visible  à  droite,  et  un  peu  au-dessous  du  quadrilatère  à  i5  degrés  au-dessus 
de  l'horizon.  Ce  qu'il  importe  de  rechercher  par  des  observations  faites  à 
d'autres  endroits,  c'est  si  ce  rayon  lumineux  n'avait  pas  de  parallaxe,  ou 
s'il  a  été  vu  à  la  même  place.  J'ai  porté  toute  mon  attention  sur  ce  point, 
et  puisque  dans  l'intervalle  d'une  heure  il  ne  se  montrait  pas  d'autres  rayons 


(  549  ) 
dans  le  quadrilatère,  il  serait  à  désirer  que  des  observations  simultanées 
vinssent  éclaircir  ce  fait  important.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Aurore  boréale  observée  à  Amiens  le  12  octobre; 

par  M..  C.  Décharnés. 

«  Le  12  octobre,  vers  8''45'°  du  soir,  à  Amiens,  une  lueur  d'un  rouge  vif 
se  faisait  remarquer  à  la  fois  par  son  étendue  et  son  intensité,  malgré  la 
présence  de  la  lune,  et  malgré  de  nombreux  nuages.  L'horizon,  vers  la  par- 
tie septentrionale,  était  en  ce  moment  couvert  de  gros  nimbus  au-dessus 
desquels  on  voyait  de  long  traits  de  lumière  rouge  dardés  par  intervalles 
dans  la  direction  du  méridien  magnétique,  jusqu'à  la  hauteur  de  l'étoile 
Véga  de  la  Lyre  et  au  delà.  En  même  temps  une  nappe  rouge  immense  se 
déployait  comme  un  vaste  nuage  à  l'ouest. 

»  L'arc  oriental  était  loin  d'être  aussi  lumineux,  aussi  nettement  accusé, 
sans  doute  à  cause  de  la  lune  qui  brillait  alors  de  tout  son  éclat.  Il  a  été 
aussi  moins  durable  (vingt  minutes  environ),  tandis  que  l'arc  occidental 
persistait  encore  à  8''45'",  heure  à  laquelle  les  cirrus  qui  accompagnaient  le 
météore  furent  suivis  de  gros  cumulus  et  de  stratus  qui  à  9  heures  envahis- 
saient tout  le  ciel  de  notre  cité.  Entre  ces  deux  arcs  il  existait  un  grand 
intervalle  obscur,  occupé  par  des  amas  de  nuages  qui  donnaient  à  la  partie 
inférieure  du  météore  un  caractère  très-indécis. 

»  La  zone  lumineuse,  dans  son  ensemble,  au  moment  de  son  maximum 
d'éclat,  vers  8''5",  embrassait  une  étendue  de  i3o  degrés  comptés  sur  l'ho- 
rizon. En  ce  moment  les  rayons  météoriques  s' élançaient,  comme  je  l'ai  dit,  au 
delà  de  Véga,  jusqu'au  zénith.  Des  jets  latéraux  parallèles  à  ceux-ci  traver- 
saient en  même  temps  les  constellations  du  Bouvier,  delà  grande  Ourse,  de 
la  Couronne  boréale,  et  atteignaient  la  petite  Ourse.  Par  intervalles,  les 
étoiles  de  troisième  et  quatrième  grandeur  disparaissaient  sous  les  masses 
rouges,    de  teinte   non   uniforme,   situées   à  l'ouest. 

»  Les  rayons  lumineux,  groupés  par  faisceaux  de  quatre  ou  cinq,  alter- 
nativement rouges  et  blanchâtres,  avaient  environ  4  à  5  degrés  de  largexir 
et  20  à  3o  de  longueur.  Ces  aigrettes  brillaient  tout  à  coup  d'un  éclat  très- 
vif,  durant  deux  ou  trois  minutes;  puis  les  bandes  s'effaçaient  peu  à  peu 
pour  faire  place,  dix  minutes  après,  à  d'autres  qui  surgissaient  subitement 
dans  le  voisinage:  apparences  indiquant  que  l'orage  magnétique,  dans  son 
ensemble,  avait  un  mouvement  de  translation  de  l'est  à  l'ouest. 


(  55o  ) 

»  La  durée  totale  du  phénomène  apparent  a  été  pour  Amiens  d'une 
heure  dix  minutes  environ  (depuis  7*" 4o™  jusqu'à  8''5o™). 

«  Quant  aux  circonstances  atmosphériques  corcomitantes,  on  peut  dire 
que  la  température,  pendant  la  durée  du  phénomène,  était  relativement 
basse,  i3°,6,  ainsi  que  la  pression  barométrique,  754"'",i-  Le  vent  était 
d'ouest  et  fort  doux.  La  veille  il  avait  été  violent;  le  lendemain,  l'air  n'était 
pas  plus  agité  que  le  jour  du  phénomène.   » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Description  de  deux  aurores  boréales  observées  à  la 
Havane;  Lettre  de  M.  Axdrés  Poey  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  L'apparition  d'une  aurore  boréale  sous  cette  latitude  de  a3  degrés  nord 
est  un  fait  très-rare.  En  effet,  nos  recueils  et  nos  traditions  n'offrent  que  six 
cas  d'aurores  boréales  aperçues  à  Cuba.  La  première,  au  dire  des  habi-^ 
tants,  fut  visible  le  i3  novembre  1784,  la  seconde  le  i4  novembre  1789, 
la  troisième  en  i833,  la  quatrième  le  17  novembre  1848,  et  enfin  la  cin- 
quième et  la  sixième  dernièrement  observées. 

»  Première  aurore  de  la  nuit  du  28  au  29  août  dernier.  —  A  9''5o™  du  soir 
j'aperçus  pour  la  première  fois  une  lueur  rougeâtre  qui  s'élevait  rapide- 
ment au-dessus  de  l'horizon  exactement  au  nord  et  qui  s'étendait  en  même 
temps  de  part  et  d'autre  jusqu'à  embrasser  l'espace  compris  entre  le  nord- 
est  et  le  nord-ouest.  Sa  hauteur  de  a3  degrés  environ  atteignait  la  Polaire. 
Au  dire  de  quelques  personnes,  elle  aurait  été  antérieurement  visible  durant 
dix  minutes  à  8''45".  Son  coloris  s'accrut  de  plus  en  plus  jusqu'à  g''  i5™,  et 
à  partir  de  cette  heure,  il  s'affaiblit  jusqu'à  sa  complète  disparition  à 
dix  heures.  Une  teinte  blanchâtre  et  légèrement  lumineuse  couvrit  ensuite 
cette  partie  du  ciel.  Cependant  à  1  heure  elle  reparut  de  nouveau  jusqu'à  la 
même  hauteur  de  la  Polaire.  De  4  à  4'' 10",  elle  atteignit  son  maximum 
d'éclat,  sa  base  étant  d'un  beau  rouge  carminé,  d'où  partaient  des  rayons 
divergents  d'un  diamètre  variable,  les  uns  couleur  de  feu  et  les  autres  blan- 
châtres qui  s'élevaient  jusqu'au  zénith,  ainsi  que  la  teinte  rougeâtre  et  em- 
brassant i8o  degrés  compris  entre  le  nord-est  et  le  nord-ouest.  A  4*"  ^o" 
l'aurore  disparut  entièrement. 

»  Deuxième  aurore  de  la  nuit  du  1"  au  2  septembre.  —  Cette  seconde 
aurore  ayant  été  incomparablement  plus  brillante,  plus  étendue  et  plus 
permanente  que  la  première ,  il  me  semble  utile  de  consigner  les  moindres 
détails  de  son  évolution,  afin  qu'ils  puissent  servir  de  point  de  comparaison 
avec  les  caractères  qu'elle  auraofferts  dans  les  hautes  latitudes.  Cette  aurore 


(551  ) 

ne  fut  point  visible  avant  ii^'io'",  et  dès  cet  instant  jusqu'à  5  heures  du 
matin  j'ai  pu  suivre  chacune  de  ses  phases,  que  je  résume  ainsi  :  de  ia''3o'° 
à  i2''45'"  elle  se  propage  vers  l'est,  et  ensuite  vers  l'ouest  ;  puis  elle  s'étend 
encore  plus  vers  l'est  avec  des  rayons  blanchâtres,  tandis  qu'elle  pâlit  vers 
l'extrémité  de  l'ouest.  De  i2''45™  à  i  heure,  après  l'extinction  des  rayons 
blanchâtres,  la  portion  de  l'est  apparaît  d'un  beau  rouge  de  feu.  La  partie  de 
l'ouest  devient  aussi  plus  flamboyante  et  la  sommité  de  l'arc  mal  défini 
atteint  presque  la  Polaire,  avec  un  mouvement  de  translation  vers  l'est.  A 
I  heure  on  remarque  une  clarté  qui  s'élève  du  nord,  puis  se  porte  vers  le 
nord- nord-est,  jusqu'à  rendre  visibles  les  contours  des  nuages  (cumulus), 
l'horizon  de  la  mer,  l'entrée  du  port,  etc.  A  mesure  que  cette  lueur  aug- 
mente d'éclat  et  s'élève  au-dessus  de  l'horizon,  elle  prend  une  teinte  passa- 
gère légèrement  bleuâtre,  puis  la  portion  rougeâtre  du  nord-est  et  proche 
d'elle  commence  à  s'éteindre.  Le  segment  supérieur  rougeâtre  s'élève  aussi 
très-sensiblement  jusqu'à  dépasser  la  Polaire.  La  clarté  décline  vers  le  nord- 
ouest  de  manière  à  embrasser  la  totalité  de  la  base  de  l'aurore,  ensuite  elle 
s'élève  encore  jusqu'à  lahauteur  de  12  degrés.  On  aperçoit  alors  des  rayons 
blanchâtres,  rougeâtres  et  bleuâtres  versl'ouest  qui  se  dilatent  longitudina- 
lement,  vacillent  latéralement,  s'éteignent  etse  rallument  par  degrés.  L'in- 
tensité de  la  clarté  augmente  vers  l'est,  et  le  segment  rouge  vers  l'ouest  de- 
vient plus  brillant  et  plus  étendu,  tandis  qu'à  l'est-nord-est  la  clarté  atteint 
son  maximum  d'éclat.  A  i''  iS™,  des  rayons  se  sont  produits  sur  toute  l'éten- 
due de  l'aurore.  La  clarté  s'éteint  à  l'est-nord-est  au  bout  de  trois  minutes, 
puis  elle  s'étend  au  nord-nord-ouest.  L'est  et  bien  plus  l'ouest  deviennent 
très-rouges.  La  clarté  reparaît  à  l'est.  Toute  l'aurore  est  très-rougeâtre  avec 
des  rayons  au  nord  et  à  l'ouest.  Cette  nuance  atteint  presque  le  zénith.  Le 
foyer  rougeâtre  de  l'ouest  n'éprouve  aucune  variation.  Le  fond  général 
de  l'aurore  pâlit,  et  les  rayons  blanchâtres,  rougeâtres  sont  plus  éclatants. 
Mais  c'est  surtout  de  i*"  3o"  à  S*"  15""  que  le  demi-hémisphère  du  nord  depuis 
l'est  jusqu'à  l'ouest  se  trouve  complètement  recouvert  d'une  riche  teinte 
rougeâtre  orangée  plus  ou  moins  carminée,  dont  la  sommité  légèrement 
arquée  dépasse  le  zénith  vers  le  nord-est  atteignant  une  hauteur  de  100  de- 
grés environ,  avec  des  rayons  blanchâtres  et  d'autres  rougeâtres  plus  vifs 
que  le  ton  général  du  segment  et  qui  s'élèA'ent  jusqu'au  zénith  sans  cepen- 
dant le  dépasser.  Enfm  à  2  heures  l'aurore  avait  atteint  sa  plus  grande  ma- 
gnificence, et  alors  le  ciel  paraissait  teinté  de  sang  et  dans  im  état  complet  de 
conflagration.  Au-dessous  du  segment  supérieur  rougeâtre,  on  aperçoit  un 
vaste  espace  ou  second  segment  blanchâtre  qui  s'est  élevé  jusqu'à  aS  degrés 


(  552  ) 

au-dessus  de  l'horizon,  taudis  que  le  segment  supérieur  rougeâtre  dépassait 
de  ibo  degrés  au  nord-est  et  vers  la  constellation  d'Orion.  La  clarté  dont  j'ai 
suivi  les  différentes  phases  s'était  donc  constituée  en  segment  ou  arc  blan- 
châtre central  et  base  visible  de  l'aurore  au-dessus  d'une  couche  de  cumu' 
/us  qui  s'élevait  de  8  degrés  sur  l'horizon.  A  2''45™,  les  deux  segments  ou 
arcs  de  l'aurore  se  dépriment  vers  l'horizon  ;  l'inférieur  blanchâtre  disparaît 
le  premier  à  S""  1 5™.  De  S*"  So™  à  4  heures  la  teinte  générale  rougeâtre  s'éteint 
en  partie  et  reparaît  à  plusieurs  reprises ,  mais  restant  plus  intense  vers  le 
nord-ouest.  De  4  à  5  heures,  elle  s'affaiblit  graduellement  à  mesure  que  les 
rayons  du  soleil  levant  commencent  à  se  réfléchir  dans  les  hautes  couches 
de  l'atmosphère.  Enfin  l'aurore  disparaît  entièrement  à  5  heures  du  matin 
dans  le  prolongement  du  méridien  magnétique,  où  elle  avait  fait  sa  première 
apparition.  La  portion  de  l'ouest  depuis  i''3o"'  a  constamment  été  plus 
flamboyante  que  celle  de  l'est. 

»  Ainsi  ces  deux  aurores  ont  manifesté  les  caractères  suivants  dignes  de 
remarque  :  i°  sa  réapparition  à  la  troisième  nuit  et  pas  avant;  2°  sa  magni- 
ficence, sa  hauteur  considérable  de  plus  de  100  degrés,  son  étendue  au  delà 
de  180  degrés,  et  sa  longue  durée  jusqu'au  jour,  tout  cela  sous  cette 
latitude  de  23  degrés  ;  3°  l'absence  du  segment  obscur  inférieur,  bien  qu'il 
se  puisse  qu'il  fîit  couvert  par  les  cumulus  qui  s'élevaient  jusqu'à  8  degrés 
au-dessus  de  l'horizon  sur  toute  l'étendue  de  l'aurore;  4°  'a  grande  éléva- 
tion de  23  degrés  de  l'arc  ou  segment  lumineux  et  blanchâtre  inférieur, 
seul  visible  dans  la  seconde  aurore  ;  5*  les  rayons  ou  jets  de  lumière  qui 
s'élevaient  en  divergeant  vers  le  zénith  d'un  point  placé  très-bas  au-dessous 
de  l'horizon;  d'autres,  au  contraire,  situés  au  centre  de  l'aurore  paraissaient 
converger  légèrement  au  zénith.  En  outre,  ils  s'évanouissaient  un  instant 
après  pour  reparaître  sur  d'autres  points,  les  uns  d'un  rouge  éclatant,  les 
autres  d'une  blancheur  mate,  avec  une  faible  vacillation  latérale  et  un  allon- 
gement et  raccourcissement  longitudinal.  Parfois  les  pieds  des  rayons 
offraient  la  plus  vive  lumière,  et  la  plus  forte  coloration  en  rouge,  tantôt 
c'étaient  au  contraire  leurs  extrémités  supérieures;  6°  les  mouvements  réi- 
térés de  translation  de  l'ensemble  de  l'aurore  de  l'est  à  l'ouest,  puis  de 
rétrogradation  en  sens  inverse,  mouvements  signalés  comme  étant  rare- 
ment observés. 

)>  L'espace  me  fait  faute  pour  signaler  les  phénomènes  concomitants  qui 
se  sont  produits;  mais  vu  leur  importance  ce  sera  l'objet  d'une  prochaine 
Note  que  j'aurai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie.  Voici  toutefois  l'énu- 
mération  des  principaux  faits  :  i"  point  de  bruit  dans  l'aurore  ;  2"  l'aiguille 


(  553  ) 
aimantée  librement  suspendue  du  ré-élecfromètre  de  Marianini  n'éprouva  la 
moindre  légère  oscillation  ;  3"  la  feuille  d'or  de  l'électroscope  de  Bohnem- 
berger  ne  donna  aucun  signe  d'électricité  :  cette  neutralité  de  la  force  élec- 
tro-magnétique en  présence  d'une  si  magnifique  aurore  boréale  est  digne  de 
remarque;  car  ces  deux  appareils,  construits  par  M.  Rulunkorff,  sont  d'une 
très-grande  sensibilité;  !f  aucune  trace  de  polarisation  dans  la  lumière  de 
l'aurore,  mais  très-sensible  dans  ses  reflets  à  la  surface  de  la  mer  et  sur  les 
nuages  opposés  ;  5°  calme  parfait  ;  6°  température  et  pression  barométrique 
usuelles;  7°  deux  jours  après,  le  baromètre  remonta  d'un  demi  à  un  milli- 
mètre suivant  la  hauteur  de  la  marée  diurne,  et  une  brise  du  nord-est 
s'établit,  etc.,  etc.  « 

MINÉRALOGIE.  —  Minerais  de  zinc  sous  forme  ooUthique  ;  par  M.  A.  Terreil. 

«  On  a  découvert  dans  une  mine  de  calamine  en  exploitation,  située  à 
Udias,  dans  la  province  de  Santander  (Espagne),  deux  cavités  formant 
géodes,  dont  l'une  était  remplie  d'une  bouillie  assez  claire  d'un  composé  du 
zinc,  et  dont  l'autre  contenait  plusieurs  litres  d'un  minerai  de  zinc  sous 
forme  oolithique.  I^es  grains  les  plus  petits  de  ce  minerai  sont  de  la  grosseur 
d'un  pois;  les  plus  gros  dépassent  le  volume  d'un  œuf  de  poule. 

»  Arrivé  sur  les  lieux  de  l'exploitation  longtemps  après  ces  découvertes,  je 
n'ai  pu  mè  procurer  de  la  bouillie  claire  trouvée  dans  une  des  cavités; 
malheureusement  cette  matière  avait  été  rejetée  comme  une  chose  insigni- 
fiante; cependant  il  eût  été  très-intéressant  d'examiner  surtout  le  liquide 
qui  tenait  en  suspension  le  carbonate  ou  le  silicate  de  zinc,  peut-être  les 
deux  ensemble.  Le  minerai  oolithique  avait  été  conservé,  et  je  dois  à 
M.  Tornos,  ingénieur  des  mines  à  Santander,  l'échantillon  qui  me  permet 
de  donner  ici  les  caractères  et  la  composition  de  ce  minerai. 

)>  Chaque  grain  de  ce  minerai  est  formé  de  couches  concentriques  qui  se 
séparent  quelquefois  d'une  manière  parfaite  en  feuillets  minces  lorsqu'on 
veut  casser  le  minerai.  Les  premières  couches  extérieures  sont  opaques  et 
d'un  blanc  de  lait;  les  couches  intérieures  sont  vitreuses  et  même  transpa- 
rentes, ce  qui  fait  que  ces  grains  oolithiques  ressemblent  au  cristallin  des 
yeux  de  poissons. 

»  Un  fait  des  plus  remarquables  est,  sans  aucun  doute,  le  suivant  :  c'est 
que,  trouvés  en  masse  dans  une  même  géode,  tous  ces  grains  oolithiques 
n'ont  pas  la  même  composition  ;  les  uns  sont  formés  d'un  carbonate  de  zinc 

C.  R.,  iSSg,  a"«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  16.)  73 


(  554  ) 
basique  hydraté  presque  pur,  et  les  autres  de  silicate  hydraté  du  même 
métal. 

»  Après  avoir  séparé  les  grains  carbonates  des  grains  silicates  pour  en 
faire  l'analyse,  j'ai  constaté  que  la  densité  du  carbonate  est  de  2,042,  et 
que  celle  du  silicate  est  de  2,762. 

»  Lorsqu'on  chaulfe  ces  deux  minerais  dans  le  tube  bouché,  il  s'en  dé- 
gage une  eau  légèrement  ammoniacale  et  une  odeur  de  matière  organique 
en  combustion.  Le  carbonate  se  dissout  dans  les  acides  avec  effervescence 
sans  laisser  de  résidu  ;  le  silicate  se  dissout  également  dans  les  acides,  mais 
lentement,  sans  effervescence  apparente  et  en  formant  une  gelée  transpa- 
rente de  silice  gélatineuse. 

))  L'analyse  des  grains  oolithiques  carbonates  m'a  fourni  pour  la  compo- 
sition en  centièmes  de  ce  minéral  les  nombres  qui  suivent  : 


Composition  analytique. 

Oxyde  de  zinc.    68,65 

Acide  carbonique i3, 17 

Chaux 1 ,60 

Alumine  et  oxyde  de  fer o  ,80 

Eau  de  combinaison i2,4o 

Eau  hygrométrique  (de  1 00  à  200°) .  3 , 1 3 

Matières  organiques  azotées traces. 

99»% 


Composition  équivalente. 

Oxyde  de  zinc 58 ,  39 

Carbonate  de  zinc  neutre 34,72 

Carbonate  de  chaux 2,85 

Alumine  et  oxyde  de  fer o ,  80 

Eau  hygrométrique  (de  1 00  à  200") .  3 , 1 3 

Matières  organiques  azotées traces. 

99-89 


»  Ces  grains  oolithiques  carbonates  sont  identiques  par  leur  composition 
avec  le  minéral  connu  sous  le  nom  à' hydrocarbonate  de  zinc,  et  auquel  les 
minéralogistes  donnent  la  formule 

(ZnOHO)»  +  (ZnOCO'')*. 

Mais  cette  formule  est  douteuse,  attendu  qu'on  n'a  pas  encore  dosé  d'une 
manière  exacte  l'eau  combinée  dans  l'hydrocarbonate  de  zinc,  minéral  qui 
peut  absorber,  comme  l'on  sait,  jusqu'à  un  tiers  de  son  poids  d'eau.  J'ai 
donc  cherché  à  doser  d'une  manière  exacte,  dans  le  minerai  dont  il  est 
question  ici,  l'eau  de  combinaison,  et  j'y  suis  arrivé  après  avoir  reconnu 
qu'à  200  degrés  même  l'eau  hygrométrique  seule  se  dégage,  tandis  que 
l'eau  de  combinaison  ne  peut  être  recueillie,  dans  un  appareil  convenable, 
qu'en  élevant  au  rouge  sombre  la  températiu'e  du  minéral. 

»  La  véritable  formule  du  carbonate  dont  je  viens  de  donner  l'analyse 
est  donc 

(ZnOHO)=4-ZnO,CO% 


(  555  ) 

formule  qui  donne  i3,6i  pour  loo  d'acide  carbonique  et  ii,i5  d'eau  de 
combinaison. 

»  Avec  l'équation  (ZnO  H0)'+ (ZnO  CO*)',  on  obtient  i6,oppour  loo 
d'acide  carbonique  et  9, 88  d'eau  combinée,  ces  derniers  nombres  ne  s'ac- 
cordant  nullement  avec  ceux  que  l'analyse  de  l'hydrocarbonate  de  zinc  a 
fournis  à  MM.  Smithson,  Berzelius,  Berthier,  etc. ,  ces  savants  n'ayant  obtenu 
en  moyenne  que  i3,5o  d'acide  carbonique  et  12,  21  à  1 5, 10  pour  1 00  d'eau. 

>>  Quant  à  l'analyse  des  grains  oolithiques  silicates,  elle  nous  a  fourni 
pour  la  composition  en  centièmes  de  ce  minéral  les  nombres  suivants  : 


Composilion  analytique. 

Oxyde  de  zjnc 66,26 

Silice 16,62 

Acide  carbonique 3 ,66 

Chaux,  alumine  et  oxyde  de  fer..  .  o,45 

Eau  de  combinaison 7 .  76 

Eau  hygrométrique  (de  1 00  à  200") .  5, 16 

Matières  organiques  azotées traces. 

99»9' 


Composition  équivalente. 

Silicate  de  zinc  hydraté 83,98 

Carbonate  de  zinc  hyraté 10, 36 

Carbonate  de  chaux ,    alumine  et 

oxyde  de  fer o  ,46 

Eau  hygrométrique  (de  1 00  à  200°) .  5 ,  16 

Matières  organiques  azotées traces. 

99»9i 


»  Je  me  suis  assuré  que  le  carbonate  de  zinc  que  contient  ce  minerai  s'y 
trouve  combiné  au  silicate,  puisque  l'acide  acétique  très-étendu  d'eau  ne 
peut  dissoudre  ce  carbonate  sans  attaquer  en  même  temps  le  silicate  de 
zinc  qui  donne  de  la  silice  gélatineuse;  et  en  donnant  à  ce  deuxième  mi-r 
nerai  oolithique  la  formule 

[ZnO,SiO%(ZnOHO)']«  +  ZnOCO», 

on  obtient  par  le  calcul  les  mêmes  chiffres  que  ceux  que  j'ai  trouvés  par 
l'analvse.  » 


ORGANOGRAPHIE  VÉGÉTALE.  —  Observations  sur  la  Jleur  des  Marantées; 

par  M.  Arthur  Gris. 

«  Occupé  depuis  quelque  temps  de  l'étude  de  la  famille  des  Marantées, 
je  désire  soumettre  à  l'Académie  le  résumé  le  plus  succinct  possible  de  mes 
dernières  observations  sur  la  fleur  de  ces  végétaux.  Chez  ces  plantes,  les 
enveloppes  florales  sont,  comme  on  sait,  doubles  et épigynes.  Cinq  organes 
au  plus  disposés  en  deux  verticilles  et  la  plupart  transformés  en  staminodes 
constituent  l'androcée.  Au  verticille  interne  appartient  l'éfamine  fertile 
unique  qu'accompagnent  deux  staminodes  :  deux  autres  staminodes  au  plus 

73..     . 


(  556  ) 
forment  le  verticille  externe.  Des  deux  staminodes  internes  il  en  est  un  dont 
le  sommet  façonné  en  forme  de  capuchon  est  appliqué  sur  le  stigmate  au 
moment  de  l'épanouissement  de  la  fleur,  c'est  le  stigmate  cucuUé.  Il  présente 
toujours  un  appendice  latéral  sur  lequel  on  a  récemment  insisté  et  dont  la 
forme  et  la  direction  peuvent  offrir  de  bons  caractères  distinctifs.  De  plus 
chez  les  espèces  de  Maranta,  de  Stromanthe,  de  Thalia,  que  j'ai  étudiées 
vivantes,  le  capuchon  étant  formé  presque  exclusivement  par  le  développe- 
ment et  le  reploiement  de  l'un  seulement  des  bords  supérieurs  du  stami- 
node  cucullé,  le  stigmate  n'est  qu'incomplètement  couvert,  tandis  que  chez 
les  Calalhea,  les  deux  bords  concourent  à  la  formation  d'une  cavité  dont  les 
parois  membraneuses  enveloppent  complètement  le  stigmate.  Le  deuxième 
staminode  interne  est  ordinairement  muni  d'un  calus,  dont  le  développe- 
ment et  la  forme  varient  non-seulement  d'un  genre  à  l'autre,  mais  même 
dans  un  même  genre,  et  vers  lequel  le  style  porte  brusquement  le  stigmate 
à  l'époque  de  la  fécondation  :  c'est  le  staminode  calleux.  L'étamine  fertile, 
dont  l'anthère  uniloculaire  se  divise  dans  sa  jeunesse  en  deux  logettes,  est 
accompagnée  d'un  appendice  membraneux  tantôt  pétaloïde,  tantôt  seule- 
ment marginiforme  et  qui,  se  soudant  à  des  hauteurs  variables  soit  au  filet 
seulement,  soit  à  l'anthère  et  au  filet,  présente  des  caractères  essentiels  dont 
on  a  dernièrement  signalé  l'importance.  Les  trois  carpelles  qui  entrent  dans 
la  constitution  du  gynécée   semanifestent  seulement  à  l'ovaire   que  sur- 
montent un  seul  style  et  un  stigmate  unique.  On  a  récemment  considéré 
comme  stigmate  un  appareil  glanduleux  spécial  dont  j'ai  reconnu  la  pré- 
sence dans  toutes  les  espèces  soumises  à  mon  examen,  mais  c'est  là  une 
erreur.  Cette  glande  est  un  organe  accessoire   probablement  analogue  à 
la  glande  stigmatique  des  Orchidées.  Le  véritable  stigmate  est  l'infundi- 
bulum  qui  résulte  de  la  dilatation  du  style  à  son  sommet.  J'ai  en  effet  ren- 
contré très-souvent  des  grains  de  pollen  dans  cette  cavité;  j'ai  même  pu 
V  constater  leur  développement  en   tubes   poUiniques  [MOranla  indica  (?), 
Calatliea  Jlavescens,  Calalhea  villosa).  Les  formes  de  ce  stigmate  n'ont  été 
étudiées  que  très-vaguement  et  d'une  manière  insuffisante  par  les  auteurs. 
Comme  elles  varient  avec   les  genres,  elles  ne  me  semblent  pas   devoir 
être  négligées  :  ainsi,  parmi  les  espèces  que  j'ai  étudiées,  les  lèvres  stigma- 
tiques  sont  courtes  et  comme  tronquées  chez  les  Maranta  et  les  Stromanthe; 
chez  les  Calathea  la  lèvre  inférieure  est  en  général  plus  courte  que  la  supé- 
rieure; chez  le  Thalia  dealbnta  la  lèvre  inférieure  est  très-allongée,  pendante. 
Le  style  m'a  présenté  un  caractère  qui,  s'il  est  généi'al,  servira  aisément  à 
distinguer  les  groupes.  Ainsi  son  volume  est  sensiblement  égal  dans  toute 


(  557  ) 
sa  longueur  chez  les  Stromanthe  et  le  Thatia  dealbnta  ;  il  est  atténué  infé* 
rieurement  chez  les  Maranta  ;  enfin  le  style  se  confond  inférieurement  avec 
le  tissu  du  tube  du  périanthe  chez  les  Calathea.  Quant  à  l'ovaire,  il  est  tou- 
jours triloculaire,  Tousles  auteurs  se  sont  trompés  sur  la  structure  de  l'ovaire 
des  Maranta,  Thalia,  Stromanthe,  en  le  considérant  comme  uniloculaire. 
Il  y  a  dans  ces  genres  deux  loges  stériles  représentées  par  deux  fentes  tou- 
jours ouvertes  :  trois  glandes  septales  sont  régulièrement  placées  dans  les 
intervalles  ou  cloisons  des  trois  loges.  Les  ovules  basilaires  et  dressés  pa- 
raissent souvent  plus  ou  moins  anatropes  dans  leur  jeunesse  et  subissent 
plus  tard  une  inégalité  de  développement  telle,  qu'ils  se  rapprochent  de 
la  forme  campylotropique.  Je  n'ai  jusqu'ici  pu  étudier  la  graine  que  dans  le 
Thalia  dealbata  et  \e  Maranta  indica  (^?),  où  elle  m'a  présenté  des  particularités 
de  structure  toutes  spéciales.  On  a  déjà  signalé  dans  l'albumen  de  la  pre- 
mière l'existence  de  trois  canaux,  sensiblement  parallèles,  en  forme  de  cro- 
chet dont  le  central  renferme  l'embryon.  Dans  la  seconde  il  n'y  a  qu'un  seul 
canal  droit  qui  s'élève  entre  les  deux  entra  de  l'embryon  replié.  Ces  canaux, 
qui  semblent  résulter  du  développement  de  la  chalaze,  ne  sont  pas  vides 
comme  on  l'avait  cru.  Ils  renferment  au  contraire  im  tissu  très-richement 
organisé,  dont  je  ne  sache  pas  que  la  curieuse  organisation  ait  jamais  été 
signalée.  Il  se  compose,  en  effet,  de  cellules  présentant  des  épaississements 
pariétaux,  disposés  en  une  sorte  de  réseau  et  formant  une  enveloppe  dense 
et  obscure;  en  dedans,  d'un  tissu  cellulaire  à  parois  minces,  traversé  par  luî 
nombre  limité  de  faisceaux  vasculaires  rangés  en  cercle  et  formés  essen- 
tiellement de  trachées;  enfin  {Thalia  dealbata)  d'nn  système  de  cellules  reliées 
entre  elles  par  des  branches  de  communication  souvent  très-fines  et  qui  ne 
sont  pas  sans  quelque  ressemblance  avec  des  laticifères. 

»  On  peut  se  demander,  après  avoir  décrit  les  formes  singulières  que 
})résentent  les  staminodes  dans  ces  plantes,  si  elles  ont  un  rapport  direct 
avec  les  phénomènes  de  la  fécondation,  ce  qij,e  les  observations  suivantes 
semblent  confirmer. 

»  De  très-bonne  heure  l'anthère  est  appliquée  sur  une  des  faces  laté- 
rales du  stigmate  et  demeure  dans  cette  position  jusqu'à  sa  déhiscence,  rete- 
nue qu'elle  est  parle  staminode  cucuUé.  Le  pollen  est  versé  confusément  sur 
le  sommet  recourbé  du  style  qui  est  une  sorte  de  plate  forme,  et  plus  fard 
cette  même  partie,  en  pressant  le  fond  du  capuchon  par  suite  de  l'allonge-  - 
ment  du  style,  détermine  le  nivellement  deâ  grains  de  pollen  en  un  disque 
très-régulier.  Au  moment  de  l'épanouissement,  le  style,  déjà  courbé  à  son 
sommet,  s'infléchit  brusquement  en  avant  et  porte  le  stigmate  qui  se  dégage 


(  558  ) 
de  son  capuchon  dans  l'oreillette  du  staminode  calleux  ou  dans  le  voisinage 
du  calus.  La  plate-forme  du  style  s'applique  avec  tant  de  force,  que  les  élé- 
ments du  disque  pollinique  se  séparent  et  débordent  detouscôtés.  N'est-ce 
pas  à  ce  moment  que  les  grains  de  pollen  ont  le  plus  de  chance  de  pénétrer 
dans  la  cavité  stigmatique?  C'est  au  moins  après  le  brusque  enroulement  du 
style  et  son  application  sur  le  staminode  calleux  que  j'ai  vu  des  grains  de 
pollen  et  des  tubes  poUiniques  dans  le  stigmate  de  plusieurs  espèces.  Dès 
lors  la  forme  et  la  présence  des  deux  staminodes  internes  s'expliqueraient 
par  leur  rôle  physiologique  :  il  concourraient  également  à  l'acte  de  l'impré- 
gnation, l'un  en  assurant  le  dépôt  du  pollen  sur  la  plate-forme  stylaire, 
l'autre  en  favorisant  la  pénétration  de  ce  pollen  dans  la  cavité  stigma- 
tique.  » 

M.  Fargeacd  adresse,  à  l'occasion  des  communications  récentes  sur  les 
haches  en  pierre  trouvées  à  Saint-Acheul,  un  Mémoire  qu'il  a  publié  en 
1828,  concernant  l'influence  du  temps  sur  les  actions  chimiques  et  des 
changements  qui  peuvent  en  résulter  dans  certains  fossiles.  Dans  la  Lettre 
qui  accompagne  cet  envoi,  l'auteur  émet  l'idée  que  les  silex  qui  ont  été 
placés  sous  les  yeux  de  l'Académie  et  que  lui-même  n'a  pas  vus,  pourraient 
bien  ne  pas  être  façonnés  par  la  main  de  l'homme. 

('  Mes  nombreuses  courses  dans  la  Franche-Comté  ont,  dit-il,  fait  passer 
par  mes  mains  une  très  grande  variété  de  fossiles  organiques,  siliceux  ou 
calcaires,  et  même  de  jeux  de  la  nature,  plus  ou  moins  rapprochés  de  ceux 
dont  il  est  question.  Je  citerai,  par  exemple,  des  silex  noirs  ou  bruns,  iso- 
lés, aplatis  et  boursouflés  au  milieu,  souvent  creux,  remplis  d'eau  avec  un 
noyau  mobile  incrusté  de  paludines,  disposés  sur  le  même  plan,  entre  les 
couches  d'un  calcaire  d'eau  douce;  je  dirai  la  même  chose  des  silex  pyro- 
maques  suljurifères,  qui  se  trouvent  dans  une  localité  très-rapprochée  et 
qui  ont  le  plus  souvent  la  forme  d'un  champignon,  avec  ou  sans  pied;  je 
citerai  encore  les  nombreuses  boules  connues  maintenant  sous  le  nom  de 
chailles  et  renfermant  des  crustacés,  des  oursins,  etc.  » 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  pour  s'occuper  du  Mé- 
moire de  M.  Albert  Gaudry,  Commission  composée  de  MM.  d'Archiac, 
de  Verneuil.) 

M.  DE  LucA,  Secrétaire  perpétuel  de  la  Société  royale  de  Naples,  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des  concurrents 
pour  le  prix  qui  sarn  décerné  en  août  1860  à  la  découverte  ou  à  la  publi- 


\  559  ) 

cation  la  plus  importante  qui  aura  été  faite  dans  les  six  années  précédentes. 
Il  adresse  comme  pièces  de  concours  deux  ouvrages  :  un  Nouveau  système 
d'études  géométriques  et  un  Nouveau  système  d'études  géographiques. 

(  La  Lettre  et  Tes  ouvrages  sont  réservés  pour  la  future  Commision.  ) 

MM.  Bombes  Devilliers  et  Dalemagne  adressent  des  remarques  sur  la 
partie  qui  les  concerne  dans  le  Rapport  sur  les  allumettes  chimiques  ap- 
prouvé par  l'Académie  dans  la  séance  du  26  septembre  dernier.  A  cette 
Lettre  sont  joints  plusieurs  exemplaires  d'une  description  du  procédé  de  fa- 
brication de  leurs  allumettes  androgynes. 

(Renvoi  à  la  Commission  qui  a  fait  le  Rapport.) 

M.  Thomas  adresse  une  nouvelle  Lettre  faisant  suite  à  ses  communica- 
tions sur  les  pèse-liquides  métriques. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  alcoomètres  composée  de  MM.  Chevreul, 

Pouillet,  Despretz,  Fremy.) 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  *  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  17  octobre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  :       _ 

Envoi  d'une  troupe  de  dromadaires  fait  au  gouvernement  brésilien,  sur  sa 
demande,  par  la  Société  impériale  d'Acclimatation.  Compte  rendu  des  mesures 
prises  par  le  Bureau,  (a  Commission  spéciale  et  MM.  les  Délégués  à  Marseille 
et  à  Alger;  par  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Président;  br,  in-8°. 

Société  Botanique  de  France.  Hommage  rendu  à  la  mémoire  de  M.  Alexandre 
de  Humboldt  dans  la  séance  du  x3  mai  iSSg;  par  M.  DE  Schoenefeld,  Secré- 
taire; br.  in-S". 

Sur  la  courbure  d'une  série  de  surfaces  et  de  lignes;  par  T. -A.  Hirst.  Rome, 
1859;  br.  in-4''. 

Notice  sur  le  mathématicien  louvaniste  Adriamis  Bomanus ,  professeur  à  l'an- 
cienne Université  de  Louvain  (i56i-i625);  par  Philippe  GILBERT.  Louvain, 
1859,  br.  in-8». 


(  56o  ) 

De  [influence  du  temps  sur  tes  actions  chimiques  et  chcmgements  qui  peuvent 
en  résulter  dans  certains  fossiles.  Thèse  de  chimie  j:résentée  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Strasbourg  le  8  aoiit  1828;  par  A.  Fargeaud.  Strasbourg,  1828; 
br.  in-4°.  • 

Expériences  djnamométriques  de  1 848  ;  par  M.  Taurines  ;  br.  autographiée 
in-4°. 

Description  de  la  fabrication  des  allumettes  androgynes,  inventées  par 
L.  Bombes  Devilliers  et  L.  Dalemagise;  2  pages  10-4". 

Manual...  Manuel  de  l'Ingénieur;  par  Don  Nicolas  ValdèS.  Paris,  1859; 
I  vol.  in-8°.  avec  atlas  in-4'*.  (Renvoi  à  M.  Morin,  avec  invitation  d'en  faire 
l'objet  d'un  Rapport  verbal.) 

Nuovo...  Nouveau  système  d'études  géométriques  déduites  analytiquement 
du  développement  successif  d'une  seule  équation;  par  M.  F.  DE  LuCA.  Naples, 
1857;  in-8''. 

Nuovi  elementi...  Nouveaux  éléments  de  géographie  :  Etudes  élémentaires 
de  géographie  ancienne  ;  parle  même;  7*  édition.  Naples,  iSSg;  in-8". 

Tnstituzioni...  Institutions  élémentaires  de  géographie;  par  le  même; 
19*  édition.  Naples,  iS^g;  in-8°. 

Inquiries...  Recherches  sur  la  température  terrestre,  suivies  d'un  index  pour 
les  cinq  Mémoires  de  M.  Dove  sur  la  température  du  globe;  par  M.  J.-D.  FORBES. 
Edimbourg,  1869;  br.  in-4°. 

Ûber  die...  Sur  les  formes  cristallines  de  la  cordiérite  de  Bodenmais  en 
Bavière; par  M.  J.-F.-L.  Hausmann.  Gottingue,  iSjg;  br.  in-4°. 

Ueber  die...  Sur  les  travaux  et  les  découvertes  des  Italiens  en  physique  dans 
le  cours  de  Cannée  .1 858;  par  M.  Zantedeschi  ;  2  br.  in-8°.  (Renvoi  à 
M.  Regnault  avec  invitation  d'en  faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal.) 


■-»»«« 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  24  OCTOBRE  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 
CHIMIE   APPLIQUÉE   A   LA    PHYSIOLOGIE   VÉGÉTALE.  —  ÂCÙon  de  la  chauX  sur 

te  tissu  utriculaire  des  végétaux  ;  par  M..  E.  Fhejwy. 

«  J'ai  annoncé  dans  une  communication  précédente  qu'en  soumettant  à 
l'action  de  la  chaux  certaines  membranes  utriculaires  des  végétaux,  et 
principalement  celles  qui  existent  dans  les  fruits  et  les  racines,  je  produisais 
un  acide  soluble  dans  l'eau,  dont  l'énergie  pouvait  être  comparée  à  celle 
des  acides  malique,  citrique  et  tartrique. 

»  J'avais  donné  d'abord  à  cet  acide  le  nom  d'acide  celtulique,  en  remet- 
tant son  étude  complète  à  une  époque  où  il  me  serait  possible  d'opérer  sm- 
une  quantité  considérable  de  membranes  végétales. 

»  C'est  cette  condition  que  j'ai  pu  réaliser  récemment,  grâce  à  l'obli- 
geance d'un  agriculteur  distingué,  M.  Rabourdin,  qui  a  bien  voulu  mettre  à 
ma  disposition  toute  la  quantité  de  pulpes  de  betteraves  qui  m'était  utile 
pour  terminer  mon  travail. 

»  Je  viens  donc  soumettre  à  l'Académie  le  résumé  des  dernières  expé- 
riences que  j'ai  faites  sur  l'acide  qui  prend  naissance  dans  la  réaction  de 
la  chaiix  sur  les  tissus  des  végétaux.  .    %'  ■ 

C.  R,  1809,  2"'«  Semeifre.  (T.  XLIX,  N»  17.)  '..'  74  ' 


(  562  ) 

»  Je  me  suis  assuré  d'abord  que  toutes  les  membranes  utriculaires  des 
végétaux  ne  produisent  pas  de  sel  soluble  quand  on  les  traite  par  la 
chaux  :  celte  propriété  n'appartient  qu'à  celles  qui  contiennent  de  la 
pectose. 

»  Lorsque  les  membranes  végétales  ont  été  soumises  à  l'action  des  alcalis 
ou  à  celle  des  acides,  et  qu'elles  ont  produit  ainsi,  soit  de  la  pectine,  soit 
de  l'acide  pectique,  elles  ont  perdu  la  faculté  d'engendrer  le  sel  de  chaux 
soluble. 

»  Ces  faits  établissaient  nettement  les  rapports  qui  existent  entre  les 
substances  gélatineuses  des  végétaux  et  l'acide  que  je  voulais  caractériser  : 
ils  démdntrent  que  ces  corps  dérivent  du  même  principe  immédiat. 

»  Agissant  donc  sur  des  membranes  végétales  très-riches  en  pectose, 
comme  les  pulpes  de  betteraves,  j'ai  pu,  par  la  méthode  suivante,  préparer 
de  grandes  quantités  d'acide  à  l'état  de  pureté.  Les  pulpes  sont  lavées  à  l'eau 
distillée  et  traitées  pendant  une  heure  par  un  lait  de  chaux  bouillant  :  la 
masse  est  soumise  ensuite  à  la  presse  ;  les  eaux  sont  évaporées  à  consistance 
de  sirop  et  mélangées  avec  de  l'alcool,  qui  précipite  le  sel  de  chaux  :  ce 
dernier  corps  est  décomposé  par  l'acide  oxalique  :  l'acide  brut  ainsi  obtenu 
est  saturé  par  l'ammoniaque;  le  sel  ammoniacal  est  soumis  d'abord  à  l'ac- 
tion de  l'acétale  neutre  de  plomb,  qui  précipite  des  traces  de  matière  colo- 
rante, d'acide  phosphorique,  etc.  La  liqueur,  filtrée,  est  rendue  ammo- 
niacale; il  se  fait  un  précipité  blanc  très-abondant,  qui,  décomposé  par 
l'acide  sulfhydrique,  donne  l'acide  à  l'état  de  pureté. 

»  Ce  corps  présente  alors  les  propriétés  suivantes  :  il  est  soluble  dans 
l'eau  en  toutes  proportions;  sa  saveur  est  franchement  acide;  il  décompose 
tous  les  carbonates  en  saturant  les  bases  les  plus  énergiques;  les  sels  alca- 
lins qu'il  forme  ne  sont  pas  précipités  par  les  dissolutions  de  chaux,  de 
baryte,  de  slrontiane,  de  cuivre,  etc.  ;  ils  réduisent  à  chaud  les  sels  d'ar- 
gent et  le  réactif  de  Frommherz;  ils  produisent  dans  l'acétate  neutre  de 
plomb  et  dans  l'acétate  de  plomb  basique  des  précipités  qui  sont  solubles 
dans  un  excès  de  réactif. 

»  A  tous  ces  caractères  il  m'était  impossible  de  méconnaître  un  acide 
que  j'ai  décrit  dans  un  Mémoire  précédent  sous  le  nom  d'acide  méta- 
pectiqice. 

»  L'analyse  élémentaire  et  la  capacité  de  saturation  de  l'acide  sont  venues 
confirmer  cette  identité, 

»  Ainsi  l'acide  qui  prend  naissance  dans  l'action  de  la  chaux  sur  les 
pulpes  de  fruits  et  de  racines  est  un  dérivé  de  la  pectine  ;  c'est  le  der- 


(563) 
nier  terme  de  la  série  des  corps  gélatineux  des  végétaux  ;  il  a  pour  formule 

C«H'0',2H0. 

M  La  production  de  l'acide  métapectique  dans  les  circonstances  que  je 
viens  de  faire  connaître  me  paraît  intéressante  sous  plusieurs  points  de 
vue,  et  conduit  à  des  conséquences  que  je  ferai  ressortir  en  quelques  mots. 

»  Jusqu'à  présent  l'acide  inétapeclique,  qui,  parla  simplicité  de  sa  for- 
mule et  ses  propriétés  générales,  peut  être  comparé  aux  acides  organiques 
les  plus  importants,  tels  que  les  acides  lactique,  malique,  citrique,  etc.,  ne 
pouvait  être  préparé  que  difficilement  :  dans  mes  recherches  sur  les  ma- 
tières gélatineuses  des  végétaux,  je  n'ai  obtenu  que  quelques  grammes  de 
métapectates,  qui  m'ont  servi  à  fixer  la  composition  de  l'acide  métapectique. 

»  Aujourd  hui  cet  acide  pourra  se  produire  rapidement  et  à  volonté,  en 
soumettant  les  pulpes  de  betteraves  à  l'action  de  la  chaux  et  en  décompo- 
sant par  l'acide  oxalique  le  sel  de  chaux  soluble  qui  s'est  formé  dans  cette 
réaction. 

»  J'ai  démontré  précédemment  que  l'acide  métapectique  prenait  nais- 
sance dans  l'action  des  bases  et  des  acides  sur  la  pectine  et  l'acide  pectique, 
mais  j'étais  loin  de  penser  que  de  tous  les  composés  qui  forment  cette  série 
de  corps  organiques,  la  pectose,  qui  en  est  le  premier  terme,  fût  précisé- 
ment celui  qui  eût  le  plus  de  tendance  à  produire  l'acide  métapectique,  qui 
se  trouve  le  dernier  dans  la  série  des  composés  pectiques. 

»  Il  faut  une  ébuUition  prolongée  pendant  plusieurs  heures  pour  trans- 
former l'acide  pectique  en  acide  métapectique  par  l'action  de  la  chaux, 
tandis  que  la  pectose  se  change  presque  instantanément  en  acide  métapec- 
tique sous  l'influence  des  bases. 

»  Ces  modifications  si  rapides  des  composés  pectiques  m'ont  lait  penser 
que  la  disparition  des  principes  gélatineux  qui  existent  à  une  certaine  épo- 
que dans  les  tissus  des  végétaux  devait  être  due  à  la  transformation  de  la 
pectose  en  métapectates,  et  que  ces  sels  se  retrouveraient  en  quantité  nota- 
ble dans  les  sucs  végétaux  :  l'analyse  immédiate  est  venue  confirmer  cette 
prévision;  j'ai  constaté  en  effet  la  présence  des  métapectates  alcalins  ou 
calcaires  dans  tous  les  liquides  qui  se  trouvent  eu  rapport  avec  les  tissus 
contenant  de  la  pectose  :  il  faudra  donc  dorénavant  mettre  les  métapectates 
au  nombre  des  sels  contenus  dans  les  liquides  que  l'on  peut  extraire  des 
végétaux. 

»  L'industriç  elle-même  doit  tenir  compte  de  la  formation  des  méta- 
pectates dans  l'action  des  bases  sur  les  tissus  organiques  :  en  effet,  je  dois 

74.. 


(  564  ) 
rappeler  ici  que  ces  nouvelles  recherches  sur  l'acide  métapectique  ont  été 
surtout  entreprises  à  la  suite  des  difficultés  qu'un  fabricant  de  sucre  de 
betterave  a  éprouvées  dans  le  traitement  d'un  jus  qui  avait  été  produit  par 
un  nouveau  mode  de  fabrication,  dans  lequel  les  pul[)es  de  betteraves  sont 
soumises  à  l'action  de  la  chaux  avant  d'être  exprimées  ;  on  obtient  dans 
ce  cas  des  pulpes  qui  se  laissent  presser  avec  facilité,  des  liqueurs  qui 
donnent  rapidement  les  cristaux  de  sucre,  mais  aussi  des  mélasses  qui 
retiennent  une  quantité  considérable  de  chaux,  que  l'acide  carbonique  ne 
précipite  plus. 

»  Ces  accidents  s'expliquent  aujourd'hui  avec  facilité  :  c'est  la  pectose 
qui  forme  le  métapectate  de  chaux  que  l'on  retrouve  en  si  grande  quan- 
tité dans  les  mélasses  :  on  pourra  jusqu'à  un  certain  point  éviter  la  produc- 
tion de  ce  sel  en  ne  faisant  agir  la  chaux  sur  la  pulpe  que  pendant  un  temps 
assez  court  et  à  une  température  peu  élevée. 

»  En  résumé,  l'acide  que  je  viens  d'examiner  de  nouveau  est  comparable 
à  ceux  qui  existent  dans  les  fruits;  on  le  trouve  dans  le  suc  de  presque  tous 
les  végétaux,  on  connaît  son  origine,  on  sait  qu'il  dérive  d'un  corps  neutre, 
la  pectose,  comme  l'acide  lactique  dérive  des  sucres;  on  peut  le  reproduire 
à  volonté  en  modifiant  les  composés  pectiques  par  l'action  des  ferments,  par 
l'eau  bouillante,  par  l'influence  des  acides  ou  celle  des  bases;  il  prend 
naissance  dans  certaines  opérations  industrielles. 

»  Pourrait-on  citer  dans  la  chimie  organique  beaucoup  de  principes 
immédiats  se  rattachant  à  des  questions  plus  intéressantes  et  plus  variées? 
Je  ne  le  pense  réellement  pas;  et  c'est  cette  conviction  qui  m'a  fait  revenir 
sur  un  sujet  que  j'avais  déjà  traité  devant  l'Académie.   » 

ASTRONOMIE-  —  Sur  l'éclipsé  totale  du  ï8  juillet  prochain;  par  M.  Faye. 

«  Déjà  en  janvier  dernier  la  Commission  que  vous  aviez  chargée  de  vous 
rendre  compte  des  résultats  de  la  brillante  expédition  Brésilienne  pour 
l'éclipsé  totale  de  1 858,  signalait  à  l'Académie  l'importance  del'éclipsc  qui 
sera  visible  au  mois  de  juillet  prochain  en  Espagne  et  en  Algérie  (i).  Vers 
la  même  époque,  le  savant  directeur  de  l'observatoire  russe  de  Dorpat, 
M.  Mtidler,  prévoyant  que  les  astronomes  se  dirigeraient  principalement  sur 
l'Espagne,  calculait  avec  soin  toutes  les  circonstances  de  l'éclipsé  pour  un 
grand  nombre  de  points  de  ce  pays.  Le  premier,  je  crois,  il  a  fait  remar- 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  p.  174»  séance  du  17  janvier  iSSg. 


(  565  ) 

quer  qu'au  moment  de  l'obscurité  totale,  Vénus,  Mercure,  Jupiter  et 
Saturne  se  trouveraient  réunis  près  du  soleil  éclipsé,  combinaison  si  rare 
que  bien  des  siècles  s'écouleront  avant  qu'une  semblable  se  reproduise. 
Heureux,  dit  M.  Madler,  ceux  qui  pourront  admirer  un  si  magnifique  spec- 
tacle. 

»  Le  même  auteur  insiste  encore  sur  plusieurs  particularités  bien  capables 
défaire  ressortir  l'importance  du  phénomène.  En  effet  notre  siècle  n'offrira, 
jusqu'à  la  fin,  aucune  éclipse  qui  puisse  être  comparée  à  celle  de  1860.  La 
[)lupart  n'atteignent  pas  l'Europe,  pu  ne  la  touchent  qu'au  coucher  du 
soleil,  et  la  seule  qui  promette  des  observations  tolérables  est  celle  de  1887. 
Tout  favorise  au  contraire  l'éclipsé  de  1860.  Je  n'étonnerai  donc  personne 
en  affirmant,  d'après  mes  renseignements  particuliers  et  ce  qui  s'est  passé  en 
Suède  pour  l'éclipsé  de  i85i,  que  trente  ou  quarante  astronomes  de  tous 
pays  se  trouveront  réunis  en  Espagne  le  18  juillet  prochain.  Ne  serait-il  pas 
à  désirer  qu'en  s'entendît  d'avance  sur  le  choix  des  stations? 

»  Il  y  a  plus  :  pour  tirer  de  ce  magnifique  phénomène  tous  les  résultats 
qu'il  offre  à  la  science,  ce  n'est  pas  en  Espagne  seulement  qu'il  faut  obser- 
ver. Assurément  la  facilité  des  communications  est  une  condition  déter- 
minante pour  les  observateurs  isolés,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les 
grands  établissements  astronomiques.  Grâce  à  la  libéralité  éclairée  des  gou- 
vernements, les  observatoires  possèdent  de  grandes  ressources;  en  les 
combinant  d'après  un  plan  arrêté  d'avance,  il  leur  serait  possible  d'éche- 
lonner quelques  stations  principales  sur  tout  le  parcours  de  l'éclipsé  et  de 
les  répartir  entre  eux  d'après  les  facilités  géographiques  propres  à  chaque 
nation.  Avant  d'indiquer  le  plan  des  opérations  que  je  propose,  je  vais 
tâcher  d'en  formuler  nettement  le  but,  afin  de  donner  à  juger  jusqu'à  quel 
point  son  importance  répond  à  la  grandeur  des  moyens. 

»  1°.  Soumettre  les  nouvelles  tables  de  la  lune  à  une  épreuve  rigoureuse.. 
Plus  que  jamais  l'exactitude  de  sa  théorie  et  des  tables  qui  en  dérivent 
importe  à  la  navigation  dont  la  rapidité  actuelle,  au  lieu  de  diminuer  les 
exigences  en  fait  de  précision  astronomique,  ne  fait  que  rendre  ces  exigences 
encore  plus  impérieuses.  Les  progrès  considérables  que  la  théorie  de  notre 
satellite  doit  à  la  publication,  des  tables  de  Hansen,  ceux  qu'elle  attend  en- 
■  core  des  travaux  ultérieurs  de  MM.  Airy,  Plana,  Pontécoulant,  Adams,  et 
surtout  de. ceux  de  M.  Delaunay,  appellent  et  provoquent  à  leur  tour  les 
progrès  de  l'observation  elle-même. 

»  Or  on  sait  combien  l'observation  des  passages  des  planètes  inférieures 
sur  le  soleil  l'emporte  en  précision  sur  les  observations  méridiennes;  il  eu 


(  566  ) 
est  de  même  ici,  car  les  éclipses  de  soleil  ne  sont  antre  chose  que  les  passages 
de   la  lune;    c'est  donc  à  ces  phénomènes,  susceptibles  d'une  précision 
presque  absolue,  que  les  recherches  théoriques  doivent  avant  tout  satis- 
faire. 

»  2".  Contrôler  les  résultats  acquis  par  la  géographie  sur  les  points  princi- 
paux du  globe  terrestre  etla  situation  relative  des  continents.  En  attendant  que 
la  télégraphie  électrique  s'étende  effectivement  aux  distances  énormes  qu'elle 
a  tenté  de  franchir  dans  ces  derniers  temps,  c'est  aux  éclipses  qu'il  faut 
s'adresser  pour  rattacher  les  uns  aux  autres  les  points  séparés  par  l'immensité 
des  mers,  et  pour  établir  les  bases  de  cette  haute  géographie  que  notre  con- 
frère M.  Daussy  tient  si  bien  au  courant  de  la  science  dans  la  Connaissance 
des  Temps.  La  carte  ci-jointe,  où  j'ai  tracé  la  marche  de  l'éclipsé  centrale 
d'après  les  calculs  de  M.Hansen,  est  l'illustration  la  plus  complète  de  ce  que 
je  viens  dire. 

»  3°.  On  sait  que  plusieurs  des  éléments  fondamentaux  de  l'astronomie 
exercent  une  influence  prépondérante  sur  les  éclipses  ;  ils  en  modifient 
profondément  l'étendue  et  le  parcours.  Tels  sont  les  parallaxes  du  soleil  et  de 
la  lune  et  l'aplatissement  de  notre  propreglobe.  Réciproquementles  éclipses, 
pourvu  qu'elles  soient  convenablement  observées,  serviront,  quand  on  le 
voudra  fermement,  à  déterminer  ces  éléments  avec  une  grande  exactitude  ou 
du  moins  à  soumettre  les  résultats  acquis  à  une  vérification  précieuse. 
A  l'aplatissement  qui  résulte  des  grandes  opérations  géodésiques  de  ce  siècle, 
exécutées  en  Europe  et  en  Asie,  ne  serait- il  pas  du  plus  haut  intérêt  de 
comparer  l'aplatissement  que  fournirait  l'éclipsé  prochaine  pour  les  deux 
autres  continents,  surtout  après  les  travaux  les  plus  récents  (Russie)  où  le 
globe  terrestre  est  présenté  comme  un  ellipsoïde  à  trois  axes  inégaux  ? 

N  /^°.  Enfin  les  éclipses  totales  nous  offrent  le  meilleur,  peut-être  même 
l'unique  moyen  de  résoudre  certaines  questions  importantes  sur  la  consti- 
tution physique  du  soleil  et  sur  celle  de  l'espace  qui  l'environne.  Une  com- 
munication toute  récente  a  fortement  appelé  l'attention  du  monde  savant 
sur  l'un  de  ces  problèmes.  Quant  à  la  fameuse  question  des  protubérances, 
depuis  la  belle  expédition  de  M.  Piazzi  Smyth  au  Pic  de  Ténériffe,  tout 
espoir  s'est  évanoui  de  pouvoir  les  étudier  en- dehors  des  éclipses  totales. 
D'ailleurs  l'ordre  entier  des  idées  sur  ce  mystérieux  sujet  a  été  bouleversé 
dans  ces  derniers  temps,  par  la  comparaison  des  résultats  obtenus  l'an  der- 
nier au  Brésil  et  au  Pérou,  et  j'ose  dire  qu'au  lieu  de  s'efforcer,  comme  on 
la  fait  jusqu'ici,  mais  toujours  en  vain,  d'identifier  les  apparences  relatives  à 
clés  stations  différentes,  il  faudra  désormais  s'attacher  à  mettre  les  désac- 


(  567) 
cords  en  évidence,  afin  d'étudier  les  variations  que  le  phénomène  subit 
incontestablement  d'une  station  à  l'autre  (i). 

»  L'éclipsé  prochaine  se  prête-t-elle  à  l'étude  de  ces  quatre  ordres  de 
questions?  On  en  jugera  par  le  tableau  suivant  de  son  parcours.  Elle  com- 
mence, elle  finit  sur  la  terre  ferme,  et,  chose  remarquable,  en  des  lieux  où 
l'activité  humaine  semble  se  porter  de  plus  en  plus.  L'un  est  la  Californie, 
l'autre  les  bords  de  la  mer  Rouge.  Pour  la  Californie,  ou  plutôt  pour  le 
territoire  de  l'Orégon,  il  serait  permis  d'invoquer  la  puissante  initiative  des 
Etats-Unis.  En  Ethiopie,  on  pourrait  espérer  le  concours  du  gouvernement 
Égyptien  qui  a  voulu  avoir  des  astronomes  et  qui  a  réussi.  D'ailleurs  l'éclipsé 
finit  précisément  au  milieu  des  stations  géodésiques  dont  M.  d'Abbadie  vient 
de  publier  le  tableau  (2),  en  attendant  l'apparition  de  son  grand  ouvrage, 
que  le  monde  savant  appelle  de  tous  ses  vœux.  Entre  ces  deux  points  extrê- 
mes, le  Pacifique  et  la  mer  Rouge,  l'éclipsé  parcourt  l'Amérique  du  Nord, 
vers  le  60*  degré  de  latitude;  elle  la  quitte  au  détroit  d'Hudson  où  l'Angle- 
terre seule  pourrait  établir  une  station;  franchit  l'Atlantique,  traverse 
l'Espagne  le  long  du  cours  de  l'Ebre,  sur  une  étendue  de  plus  de  1 3o  lieues, 
obscurcissant  pendant  quelques  minutes  près  du  quart  de  son  territoire; 
coupe  à  Iviça  la  méridienne  de  France,  prolongée  par  MM.  Biot  et  Arago, 
rencontre  en  Algérie  la  civilisation  au  lieu  de  la  barbarie  qui  a  imposé  son 
nec  plus  ullrà  à  l'ardeur  de  ces  savants  illustres,  et,  après  avoir  franchi  le 
Nil  au  nord  de  Dongolah,  va  finir  en  Ethiopie,  au  milieu  des  hardis  travaux 
géodésiques  de  M.  d'Abbadie  et  des  pays  visités,  il  y  a  vingt  ans,  par  deux 
de  nos  officiers  d'état-major,  MM.  Galinier  et  Féret. 

»  De  la  résulte  immédiatement  le  choix  des  stations  principales  : 

1°.  Dans  l'Orégon,  entre  le  Pacifique  et  les  Montagnes  Rocheuses.  États-Unis. 

2".  Labrador,  par  Sg  degrés  de  latitude? Angleterre. 

3°.  Espagne ,  rive  de  l'Atlantique.  •  •  •  ]  j  Espagne  et  autres  pays 

4".  Espagne  ,  rive  de  la  Méditerranée.  ) '  '  *  (      de  l'Europe. 

5°.  Iles  Baléares  (  Campvey  ) ,  méridienne  de  France France. 

6°.  Algérie,  en  pleine  Kabylie,  au  fort  Napoléon France. 

7°.  Dongolah ,  sur  le  Nil Egypte. 

»  Les  Stations  d'Espagne,  des  îles  Baléares  et  de  la  Kabylie  méritent  une 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  p.  169  et  170. 

(2)  Résumé  gêodésique  des  positions  déterminées  en  Ethiopie,  par  A.  d'Abbadie,  Correspon- 
dant de  l'Institut,  1 859.  ,         / . 


(  568  ) 
attention  particulière  :  celles  de  l'Espagne,  à  cause  des  ressources  locales  et 
de  l'affluence  des  observateurs;  celle  de  Campvey,  à  cause  de  son  altitude 
et  de  son  isolement  au  milieu  de  la  mer;  celle  du  fort  Napoléon,  à  cause 
de  la  pureté  du  ciel  algérien.  C'est  là  surtout  qu'il  convient  d'étudier  la 
partie  physique  du  phénomène.  Je  vais  les  examiner  successivement. 

Espagne. 

»  La  bande  noire  de  l'éclipsé  totale  régnera  sur  une  largeur  de  5o  lieues 
(de  4>ooo  mètres),  depuis  Bilbao,  Santander  et  Oviedo,  jusqu'à  Tortose, 
Oropesa  et  Valence;  elle  s'étend  sur  i33  lieues  de  longueur.  A  première 
vue,  ou  pourrait  répartir  comme  il  suit  les  stations  principales  et  secon- 
daires : 

I".  Station  principale,  entre  Potès  et  Santillane. 
2°.  Station  secondaire,  entre  Reynosa  et  Espinosa. 


3°. 

id. 

id. 

à  Cuba. 

4"- 

id. 

id. 

au  sud-est  de  Calzada. 

5°. 

id. 

id. 

entre  Soria  et  Cervera. 

6". 

id. 

id. 

à  Caiatayud. 

7°- 

id. 

id. 

à  Montai  van. 

8°.  Station  principale,  à  Oropesa. 

»  On  sait  que  l'Espagne,  où  tant  de  progrès  se  réalisent  aujourd'hui, 
s'occupe  actuellement  de  sa  carte  militaire  et  des  travaux  publics,  analogue 
à  celle  que  nous  devons  aux  corps  des  ingénieurs-géographes  et  de  l'état- 
major.  Supposons  que  les  ingénieurs  espagnols  adoptent  le  cours  de  l'Ebre 
pour  diriger  une  de  leurs  chaînes  de  triangles.  Supposons  en  outre  que  les 
lignes  télégraphiques  qui  vont  de  Madrid  à  Bilbao,  àSaragosse  et  à  Valence 
soient  réunies  temporairement  par  leurs  extrémités,  ou  prolongées  du 
moins  vers  les  stations.  Admettons  enfin ,  et  c'est  là  l'essentiel,  que  les  grands 
observatoires  européens  se  concertent  pour  opérer  en  commim  aux  deux 
stations  extrêmes.  Voici  l'idée  qu'on  se  pourrait  faire  de  l'ensemble  des 
opérations  : 

»  D'abord  les  observateurs,  à  leur  arrivée  en  Espagne,  n'auraient  point 
à  se  préoccuper  de  leurs  coordonnées  locales,  car  leurs  stations,  grâce  au 
concours  des  ingénieurs  espagnols,  seraient  d'avance  réunies  dans  un 
même  réseau  géodésique  avec  la  méridienne  de  Paris.  De  même  la  télégra- 
phie électrique,  complétée,  en  cas  de  lacune,  par  des  signaux  héliotru- 
piques,  transmettrait  sur  toute  la  ligne  l'heure  déterminée  aux  deux  extré- 
mités, ou  mieux  encore  l'heure  de  l'obsei-vatoire  de  Madrid.  Grâce  à  cette 


(  569  ) 
liaison,  les  observations  faites  en  Espagne  pourraient  être  condensées  en  un 
résultat  unique,  comme  si  elles  avaient  été  faites  en  un  seul  et  même  point 
avec  une  perfection  supérieure,  et,  en  les  combinant  ensuite  avec  les  obser- 
vations faites  soit  en  Amérique,  soit  en  Afrique,  à  une  heure  ou  deux  heures 
d'intervalle,  on  obtiendrait  les  équations  de  condition  nécessaires  pour 
déterminer  les  éléments  astronomiques  on  les  corrections  géographiques 
dont  nous  avons  plus  haut  signalé  la  valeur. 

»  L'Académie  me  pardonnera  de  revenir  ici,  pour  la  dixième  fois  peut- 
être,  sur  une  suggestion  dont  elle  a  pu  constater  le  succès  à  l'occasion  de 
l'éclipsé  du  i5  mars  de  l'année  dernière,  et  de  dire  qu'aux  deux  stations 
principales,  supposées  munies  de  ressources  considérables  en  personnel  et 
en  instruments,  on  devrait  supprimer  l'observation  directe  et  la  remplacer 
par  la  photographie  (i).  Dans  mon  opinion  il  faudrait  employer  des  lunettes 
à  grands  objectifs  et  à  longs  foyers  ,  et  prendre  une  nombreuse  série 
d'épreuves  instantanées  entre  le  premier  et  le  dernier  contact,  en  ayant 
soin  de  dresser  horizontalement  le  bord  de  la  plaque  collodionnée.  A 
l'heure  de  la  totalité,  on  découvrirait  entièrement  l'objectif,  et  on  emploie- 
rait les  plaques  les  plus  sensibles,  afin  d'obtenir  des  épreuves  à  grande 
échelle  de  l'auréole  et  des  flammes  solaires,  tandis  que  des  astronomes 
munis  de  lunettes  plus  maniables,  les  yeux  garantis  d'avance  de  tout 
éblouissement,  étudieraient  à  loisir  les  seules  circonstances  sur  lesquelles 
l'art  du  photographe  n'ait  point  de  prise  :  telles  sont  les  colorations  et  cer- 
tains détails  observés  avec  succès  au  Brésil  par  M.  Liais  et  répondant  à 
de  précieuses  indications  de  l'un  d€s  secrétaires  de  la  Société  royale 
astronomique  de  Londres,  M.  Carrington.  L'heure  elle-même  serait  déter- 
minée photographiquement  à  l'aide  des  passages  méridiens  du  soleil  ; 
quant  à  l'instant  des  contacts  intérieurs,  partie  principale  de  l'observation 
d'une  éclipse,  je  fais  construire  en  ce  moment  un  appareil  qui  sera  chargé 
de  l'enregistrer  de  lui-même,  conformément  à  un  plan  déjà  soumis  par  moi 
à  l'Académie  (2),  et  je  compte  présenter  cet  appareil  dans  la  séance  de 
lundi   prochain. 

»  Restent  les  phénomènes  météorologiques.  Il  faudrait,  à  mon  avis, 
adjoindre  le  sympiézomètre  au  baromètre  ordinaire,  dont  l'inertie  dissimule 

(i)  Indications  soumises  aux  photographes  relativement  à  l'éc/ipse  du  i5  mars  (Comptes 
rendus,  t.  XLVI;  séance  du  8  mars  i858). 

(2)  Comptes  rendus,  t.  XLVI,  p,  i4;  séance  du  25  janvier  i858. 

C.   R.,  1859,  2""  Semestre. ir.  \LIX,  N»  17.)  7^      •, 


(570) 
les  fluctuations  rapides  de  l'atmosphère.  Au  thermomètre  à  mercure  observé 
près  du  sol,  il  faudrait,  je  crois,  substituer  le  thermomètre  métallique  de 
Brégiiet,  porté  dans  les  airs  par  un  ballon  captif  et  enregistrant  lui-même 
ses  indications  sur  un  disque  mobile.  La  direction  du  vent  s'obtiendrait 
aisément  à  l'aide  d'une  combinaison  analogue.  Enfin  il  serait  bon  ])eut-ètre 
d'observer  les  variations  magnétiques,  car,  s'il  est  vrai  que  le  magnétisme 
terrestre  soit  en  relation  avec  les  taches  qui  obscurcissent  périodiquement 
le  disque  solaire,  pourquoi  ne  serait-il  pas  influencé  par  l'obscuration  plus 
rapide,  miisplus  complète  du  soleil  par  la  lune?  Qui  sait  d'ailleurs  si  les 
fils  télégraphiques,  dirigés  à  peu  près  dans  le  sens  de  l'éclipsé,  ou  vers 
l'éclipsé,  n'accuseraient  pas,  dans  les  courants  atmosphériques,  des  pertur- 
bations trop  fugitives  pour  nos  barreaux  aimantés  (i)? 

Station  d'iviça. 

M  A  l'avantage  d'être  un  point  géodésique  de  la  grande  méridienne  de 
France,  la  station  du  mont  Campvey  réunirait  ceux  que  le  directeur  de 
l'observatoire  d'Edimbourg,  M.  Piazzi  Smyth,  est  allé  chercher  récem- 
ment au  Pic  de  Ténériffe.  C'est  là  surtout  qu'il  faut  examiner  la  forme  et 
les  prolongements  de  l'auréole,  étudier  la  nature  et  l'intensité  de  sa  lu- 
mière, rechercher  minutieusement  auprès  du  soleil  éclipsé  les  traces  de  l'ap- 
parition zodiacale,  à  qui  l'on  fait  aujourd'hui  jouer  des  rôles  si  variés  dans 
la  science,  depuis  celui  de  milieu  résistant  jusqu'à  la  fonction  d'alimen- 
ter la  chaleur  et  la  lumière  solaires.  C'est  là  enfin  qu'il  conviendrait  de 
chercher  l'anneau  de  petites  planètes  dont  notre  savant  confrère  M.  Le 
Verrier  nous  laissait  dernièrement  pressentir  l'existence,  si  bien  accusée 
parle  mouvement  du  périhélie  de  Mercure.  Peut-être  encore  sera-t-il  pos- 
sible d'y  percevoir  nettement  le  mouvement  du  cône  d'ombre  lunaire  dont 
la  base  inférieure  doit  courir  sur  la  mer  avec  une  vitesse  de  900  mètres  par 
seconde,  tandis  que  la  base  supérieure,  si  elle  est  visible,  occupera  par  sa 
distance  au  zénith  la  hautetir  des  couches  les  plus  élevées  de  l'atmosphère. 

'  Station  de  l'Algérie. 

»  Le  prince  Napoléon,  pendant  son  court  ministère,  eut  l'heureuse  idée 
de  fonder  à  Alger  un  observatoire  astronomique.  Cette  institution  naissante 
est  appelée  à  prouver  dès  le  début  son  utilité  en  concourant  à  l'observation 

(1)  Cf.  les  pages  528-53 1  du  tome  P'  des  Notices  scientifiques  de  M.  Arago. 


(  57»  ) 
d'un  grand  phénomène  (i).  Mais,  quoique  la  ville  d'Alger  soit  comprise  dans 
les  limites  de  l'éclipsé  totale,  elle  est  trop  éloignée  de  la  centralité  pour 
servir  de  station  principale.  Il  tne  paraît  donc  nécessaire  d'en  former  une 
autre  dans  un  lieu  plus  favorable,  tel  que  le  fort  Napoléon  ou  les  environs 
de  Bougie.  La  pureté  du  ciel  s'y  prêtera  à  toutes  les  recherches  que  je  viens 
d'indiquer  pour  la  station  précédente. 

»  Il  me  reste  à  parler  des  stations  secondaires  de  l'Espagne,  c'esl-à-dire 
de  celles  où  les  astronomes  livrés  à  leurs  propres  ressources  s'efforceront 
de  faire  quelques  observations  utiles.  Comme  je  serai  un  de  ces  volontaires, 
je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  soumettre,  dans  sa  pro- 
chaine séance,  le  programme  que  je  me  suis  tracé  et  les  instruments  que  je 
fais  construire  en  ce  moment  pour  mon  usage.  Ce  sera  le  meilleur  moyen 
d'obtenir  les  conseils  dont  j'ai  besoin,  et  de  provoquer  peut-être,  entre 
les  observateiu's  de  cette  catégorie,  une  entente  analogue  à  celle  que  je 
viens  de  proposer  entre  les  grands  observatoires  pour  les  stations  prin- 
cipales. » 

ASTRONOMIE  INDIENNE.  —   N Ole  de  M.  BlOT. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  série  d'études  sur  l'astro- 
nomie indienne,  qui  m'ont  occupé  depuis  le  commencement  de  cette 
année,  et  que  j'ai  successivement  publiées  dans  le  Journal  des  Savants.  Je 
demande  la  permission  de  dire  en  peu  de  mots  à  l'Académie,  sur  quels 
documents  je  les  ai  établies,  et  quels  résultats  elles  m'ont  donnés. 

»  Plusieurs  circonstances  favorables  se  sont  réunies  pour  me  faire  entre- 
prendre aujourd'hui  ce  sujet  de  recherches,  que  j'avais  depuis  longtemps  le 
désir  d'aborder.  Il  y  a  une  vingtaine  d'a^nnées,  qu'à  la  suite  d'un  long  tra- 
vail sur  l'ancienne  astronomie  chinoise,  qui  a  été  publié  en  entier  dans 
le  Journal  des  Savants,  je  fus  conduit  à  reconnaître  que  les  28  divisions 
stellaires,  appelées  par  les  Hindous  nakshatrâs,  ou  mansions  de  la  lune,  qui 
ont  été  admises  par  tous  les  savants  européens  comme  constituant  un  Zo- 
diaque lunaire  propre  à  l'Inde,  ne  sont,  en  réalité,  que  les  28  divisions 
stellaires  des  anciens  astronomes  chinois,  détournées  de  leur  application 
astronomique,  et  transportées  par  les  Hindous  à  des  spéculations  d'astro- 
logie qui  seraient  géométriquement  incompatibles  avec  les  inégalités  de  leurs 
intervalles,  s'ils  ne  les  y  adaptaient,  tant  bien  que  mal,  au  moyen  de  con- 

(i)  II  s'agit  ici  de  l'observatoire  dont  l'érection  était  annoncée  dans  le  Rapport  sur  l'expé- 
dition hréiihenne  (Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  p.  174»  séance  du   17  janvier  i85g). 

75..        , 


(57.  ) 
ventions  artificielles  suffisamment  satisfaisantes  pour  la  crédulité  populaire. 
Cela  m'avait  fait  soupçonner  que  toute  cette  science  astronomique,  dont  les 
brahmes  disent  être  en  possession  depuis  des  millions  d'années,  pourrait 
bien  n'être  ni  si  ancienne,  ni  si  purement  indienne,  qu'on  l'avait  cru  sur  leur 
parole,  et  je  souhaitais  fort  de  pouvoir  m'en  éclaircir  en  étudiant  les  Traités 
d'Astronomie  indiens  de  diverses  époques,  à  commencer  par  celui  qui  est 
considéré  comme  un  texte  sacré  dont  tous  les  autres  dérivent,  et  que  l'on 
appelle  le  Sûrya-Siddhânla. 

»  C'est  ce  projet  que  je  viens  d'accomplir,  grâce  à  l'assistance  que  m'ont 
prêtée  mes  savants  confrères  de  l'Académie  des  Inscriptions.  D'abord,  pour 
les  temps  modernes,  vers  la  fin  de  l'année  dernière,  M.  Mohl  me  fit  connaître 
et  me  mit  dans  les  mains  un  Traité  usuel  d'Astronomie  indienne,  que  les  mis- 
sionnaires américains  établis  dans  l'île  de  Ceylan  avaient  traduit  du  sanscrit 
en  tamul  pour  l'instruction  de  leurs  élèves,  et  qu'ils  ont  publié  depuis  peu 
d'années  à  Ceylan  même,  en  l'accompagnant  d'une  version  anglaise.  C'est 
un  cadre  très-utile  à  explorer,  et  beaucoup  plus  que  ne  le  serait  un  ouvrage 
du  même  ordre  dans  notre  Europe.  Car,  d'après  les  analyses  des  Traités 
d'Astronomie  propres  à  l'Inde,  que  l'on  trouve  dans  les  Mémoires  de  la  So- 
ciété de  Calcutta,  tous,  les  plus  anciens  comme  les  plus  modernes,  sont  iden- 
tiques, pour  le  fond,  les  uns  aux  autres.  Tous  se  composent  uniquement 
de  règles  abstraites,  je  dirais  volontiers  de  recettes,  exprimées  en  stances 
versifiées,  indiquant  de  certaines  suites  d'opérations  numériques  qu'il  faut 
successivement  effectuer  pour  obtenir  les  positions  apparentes  du  soleil,  de 
la  lune,  et  des  cinq  planètes  principales  :  tout  cela  sans  aucune  intervention 
•  quelconque  de  démonstrations  ou  de  raisonnements  théoriques,  ni  d'ob- 
servations justificatives,  ni ,  au  moins  en  apparence,  de  doctrines  ou  de 
déterminations  étrangères  à  l'Inde;  de  sorte  que  c'est  uniquement  dans  ces 
recettes  mêmes  qu'il  faut  chercher  et  découvrir  les  théories  astronomiques 
qu'elles  représentent,  et  les  sources,  indigènes  ou  étrangères,  d'où  elles 
sont  dérivées.  Les  savantes  études  ^des  ouvrages  sanscrits  que  l'on  doit  à 
Colebrooke,  à  Davis,  à  Bentley,  tout  étendues  et  consciencieuses  qu'elles 
sont,  ne  fournissent  pas  de  données  suffisantes  pour  remonter  à  ces  origines. 
Elles  ont  pour  objet  spécial  d'exposer  les  procédés  numériques  de  l'astro- 
nomie indienne,  non  pas  d'eu  sonder  les  fondements-,  ce  qu'ils  sont  d'autant 
moins  portés  à  faire,  qu'avec  tous  les  savants  européens  du  xvili"  siècle  ils 
admettent  comme  indubitable  la  haute  antiquité  des  connaissances  astro- 
nomiques dont  les  Hindous  se  vantent,  et  que,  n'étant  pas  eux-mêmes  des 
astronomes  pratiques,  ils  n'ont  pas  le  sentiment  des  difficultés,  des  impossi- 


■'^' 


(  573  ) 

bilités,  que  présentent  certaines  déterminations  phénoménales  qni  se  trou- 
vent consignées  et  employées  dans  les  livres  qu'ils  analysaient. 

»  Si  l'on  veut  voir  avec  quelle  force  cette  confiance  absolue  dans  les 
assertions  des  brahmes  était  alors  établie,  on  n'a  qu'à  lire  dans  ï Histoire  de 
l'Astronomie  ancienne  de  Delambre  l'analyse  détaillée  du  Traité  de  Bailly 
sur  l'astronomie  indienne,  et  des  Mémoires  de  la  Société  de  Calcutta  sur  le 
même  sujet.  Partout,  dans  cette  analyse,  Delambre  confesse  avec  hésitation 
les  doutes,  les  invraisemblances,  que  présentent  à  son  sens  pratique  l'im- 
mense antiquité  attribuée  à  la  science  indienne  et  l'originalité  d'invention 
qu'on  lui  suppose  ;  mais  il  n'ose  déclarer  ouvertement  ce  qu'on  voit  qu'il 
en  pense,  craignant  de  heurter  de  front  un  préjugé  trop  puissant.  Aujour- 
d'hui la  critique  érudite  est  plus  libre,  et  elle  ne  redoute  pas  les  opinions 
nouvelles  quand  elle  peut  les  appuyer  sur  la  discussion  des  documents  ori- 
ginaux. C'est  l'avantage  que  j'ai  dû  à  l'assistance  bienveillante,  dévouée, 
infatigable,  que  m'a  prêtée  notre  savant  indianiste  M.  Adolphe  Régnier.  Par 
lui,  j'ai  pu  pénétrer  dans  les  textes  sanscrits  comme  s'ils  m'étaient  directe- 
ment accessibles.  J'ai  pu  ainsi  vérifier  les  citations,  les  traductions  qu'en 
avaient  données  les  membres  de  la  Société  de  Calcutta,  connaître  et  mettre  à 
profit  les  indications  d'origine  étrangère  aperçues  par  d'autres  savants  india- 
nistes, puiser  enfin  dans  le  Sûrja-Siddhânta  lui-même  les  détails  qui  m'étaient 
nécessaires  pour  apprécier  les  procédés  d'observation,  ainsi  que  les  prati- 
ques qu'on  y  voit  mentionnées  :  toutes  choses  sans  lesquelles  je  n'aurais 
jamais,  non-seulement  effectué,  mais  tenté  d'effectuer  ce  travail.  J'ai  reçu 
encore  d'autres  secours.  M.  Munk  m'a  traduit  de  l'arabe  deux  passages 
d'aslrcnomes  hindous  fort  renommés,  Varahmihira  et  Bramagupta,  qui  ont 
été  rapportés  par  Albirouni,  et  qui  ont  une  importance  capitale  dans  la 
question  qui  m'occupait.  D'autres  m'ont  été  fournis  par  le  savant  Mémoire 
de  M.  Reinaud  sur  l'Inde.  Tout  récemment  encore,  M.  Stanislas  Julien 
m'a  fait  connaître  un  document  chinois,  dans  lequel  les  28  divisions  stel- 
laires  qui  servent  de  fondement  à  l'astronomie  chinoise  sont  présentées 
en  correspondance  avec  les  28  nakshatrâs  des  Hindous.  Or  ce  tableau, 
composé  en  Chine  il  y  rf  je  ne  sais  combien  de  siècles,  s'est  trouvé  absolu- 
ment identique,  dans  son  ensemble  comme  dans  ses  détails,  avec  celui  que 
j'avais  construit  moi-même,  il  y  a  vingt  ans,  d'après  mes  propres  études,  et 
publié  alors  dans  le  Journal  des  Savants,  ce  qui  m'a  donné  confiance  dans 
les  vues  que  j'avais  émises.  Cet  ensemble  de  secours,  qui  est  venu  si  heureu- 
sement en  aide  à  mon  insuffisance,  m'a  fait  apprécier  une  fois  de  plus  l'utilité 
des  relations  intellectuelles  que  l'Institut  de  France  établit  entre  les  mem- 


(  574  ) 
bres' des  diverses  académies  qui  le  composent,  relations  qui  rendent  exécu- 
tables des  travaux  mixtes  que,  sans  elle,  on  ne  pourrait  pas  aborder.  Si,  dans 
cette  circonstance,  elles  m'ont  conduit  à  me  faire  sur  l'antiquité  et  l'origi- 
nalité de  la  science  astronomique  des  Hindous,  une  opinion  toute  contraire 
à  celle  qu'on  en  avait  eue  jusqu'ici,  je  ne  me  la  suis  pas  faite  sans  preuves 
et  sans  l'avoir  longtemps  méditée.  Je  réclame  donc  de  l'équité  des  india- 
nistes et  des  astronomes  qu'ils  veuillent  bien  examiner  et  peser  ces  preuves, 
avant  de  rejeter  les  conclusions  auxquelles  je  suis  parvenu,  tout  étranges 
qu'elles  puissent  leur  paraître.  » 

«  M.  Le  Verrier  fait  hommage  à  l'Académie  du  VP  volume  (Tome  II 
des  Observations)  des  annales  de  t Observatoire  impérial  de  Paris. 

»  Ce  volume  est  consacré  à  la  réduction  des  observations  faites  aux 
msfruments  méridiens  en  1837  et  i838,  sous  la  Direction  de  M.  Arago. 
On  trouve  dans  le  préambule  un  examen  de  l'état  de  l'instrument  des 
passages  pour  toute  la  période  1 837-1 853,  ainsi  que  la  discussion  des 
observations  des  passages  de  la  Polaire  durant  la  même  période  et  les  con- 
séquences qui  en  résultent  relativement  à  l'ascension  droite  de  cette  étoile 
fondamentale.    » 

CHIRURGIE.  —  De  quelques  perfectionnements  à  apporter  aux  opérations 
durélroplastie;  par  M.  C.  Sédillot.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  La  facilité  avec  laquelle  on  remédie,  aujourd'hui  aux  rétrécissements 
de  l'urètre,  par  des  incisions  longitudinales  dont  nous  avons  expliqué  l'ef- 
ficacité [voir  notre  Mémoire  sur  l'urétrotomie  interne,  i858),  permet  de 
poursuivre  l'occlusion  des  fistules  sus-scrotalcs  par  une  simple  suture  ou 
par  un  des  nombreux  procédés  autoplastiques  dont  la  chirurgie  s'est  enri- 
chie, et  les  lambeaux  soit  latéraux,  soit  supérieurs,  ou  inférieurs  à  la  fistule 
ramenés  au-devant  d'elle  par  glissement  ou  transport,  suffisent  habituelle- 
ment à  la  guérison , 

»  La  condition  principale  du  succès  est  de  bien  aviver  la  circonférence 
de  l'ouverture  fistuleuse,  afin  d'en  obtenir  l'adhésion  à  la  surface  sanglante 
et  superposée  du  lambeau  oblitérateur. 

»  Si  le  canal  paraît  trop  étroit  après  la  cicatrisation,  on  le  fend  de  côté 
avec  un  de  nos  urétrotomes  internes  et  l'on  rétablit  ainsi  le  diamètre  de 
l'urètre. 

»  Dans  les  cas  compliqués  et  réfractaires  aux  moyens  curatifs  ordinaires, 
les  règles  générales  du  traitement  paraissent  assez  bien  tracées.  S'il  existe 


(575) 
une  fistule  urinaire  au  périnée,  on  la  dilate  et  on  l'agrandit  (Ségalas),  pour 
V  engager  une  sonde,  dont  l'extrémité  est  maintenue  dans  la  vessie.  Si  le 
périnée  est  intact,  on  le  fend  (Ricord),  on  incise  l'urètre,  et  une  sonde  sert, 
comme  dans  le  cas  précédent,  à  détourner  le  cours  de  l'urine  et  à  en  em- 
pêcher le  contact  sur  les  points  à  réparer. 

»  L'urétroplastie  est  alors  pratiquée  par  la  méthode  à  double  lambeau 
superposé  (  Bach  de  Strasbourg,  1841)5  O"  ayant  ou  non  recours  à  des  fils 
métalliques  pour  les  sutiu-es  (méthode  dite  américaine  de  MM.  Pancoast  et 
Bozemann),  et  la  plaie,  préservée  du  contact  de  l'urine,  est  recouverte  en 
dehors  par  la  couche  épidermique  de  la  peau,  et  en  dedans,  ou  du  côté  du 
canal,  par  la  même  membrane  ou  par  du  tissu  cicatriciel,  sans  tension  ni 
étranglement  des  parties. 

1)  Dès  que  la  guérison  de  la  fistule  est  obtenue,  on  retire  la  sonde 
périnéale,  on  la  remplace  par  une  sonde  ordinaire  introduite  par  le  gland, 
et  en  deux  ou  trois  semaines  la  plaie  du  périnée  est  cicatrisée. 

»  Malgré  des  conditions  opératoires  aussi  natuielles,  on  ne  saurait 
méconnaître  la  rareté  des  succès  immédiats  ou  primitifs  de  l'urétroplastie. 

»  La  réunion  par  première  intention  est  presque  constamment  incomplète 
et  ce  n'est  qu'à  la  suite  de  suppurations  prolongées,  après  de  nouvelles 
sutures,  des  applications  de  substances  excitantes-ou  caustiques,  du  feu  et 
parfois  de  la  ténotomie  que  l'on  parvient  à  la  cicatrisation  de  la  fistule. 

»  11  y  a  donc  des  causes  d'insuccès  à  faire  disparaître,  et  nous  nous 
sommes  efforcé  d'y  parvenir. 

»  Deux  indications  dépendent  des  dispositions  de  la  fistule  :  tantôt  a)  la 
muqueuse  est  unie  à  la  peau;  tantôt  b)  ces  deux  membranes  sont  séparées 
l'une  de  l'autre  par  une  large  cicatrice. 

»  a).  Si  les  adhérences  du  tégument  externe  à  la  membrane  muqueuse 
sont  intimes,  il  faut  diviser  la  peau  à  quelques  millimètres  en  dehors  et  de 
chaque  côté  de  la  solution  de  continuité,  par  des  incisions  droites  et  paral- 
lèles dont  les  extrémités  sont  coupées  à  angle  droit  au  niveau  de  la  fistule, 
ou  bien  l'on  termine  les  incisions  latérales  par  des  angles  légèrement  arron- 
dis. On  obtient  ainsi,  sur  les  côtés  de  la  fistule,  une  sorte  d'encadrement 
de  peau  dont  les  deux  moitiés,  en  forme  de  valves,  sont  partiellement  dissé- 
quées de  dehors  en  dedans,  puis  renversées  dans  le  même  sens  sur  elles- 
mêmes,  pour  en  tourner  en  arrière  la  face  épidermique  et  former  l'ouver- 
ture accidentelle  de  l'urètre.  On  fixe  les  lambeaux  dans  cette  position;  par 
quelques  points  de  suture  entrecoupés,  dont  les  anses  regardent  en  dehors, 
et  les  fils  noués  du  côté  du  canal  sont  entraînés  par  l'urètre  au  delà  de 


(576) 
l'orifice  du  gland,  au  moyen  d'un  petit  stylet  fenêtre  d'argent  flexible. 

»  L'urètre  se  trouve  ainsi  fermé  par  le  renversement  et  l'accolement  de 
la  peau,  et  l'on  a  sous  les  yeux  une  assez  vaste  plaie  que  doit  recouvrir  un 
second  plan  de  lambeaux.  On  arrive  à  ce  résultat  par  plusieurs  procédés  : 
on  peut  disséquer  les  téguments  vers  le  prépuce.  On  a  de  cette  manière  un 
grand  lambeau  transversal  abaissé  au-devant  de  la  fistule  déjà  fermée  et  les 
points  de  suture  extérieurs  n'ont  aucun  rapport  avec  ceux  des  premiers 
lambeaux,  condition  essentielle  et  des  plus  favorables  au  succès  de  l'opéra- 
tion. Lors  même  qu'un  peu  de  suppuration  aurait  lieu,  autour  des  fils,  la 
solidité  des  deux  plans  de  lambeaux  n'en  serait  pas  affectée,  puisque  le  pus 
serait  isolé  et  trouverait  une  libre  issue,  du  côté  du  canal  de  l'urètre  pour 
les  lambeaux  profonds,  et  en  dehors  des  téguments  de  la  verge  poiu'  les 
lambeaux  superficiels,  et  qu'aucun  corps  étranger  communiquant  de 
l'urètre  à  la  peau  ne  favoriserait  la  persistance  de  pertiiis  fistuleux. 

»  On  peut  en  outre  soumettre  la  verge  à  une  légère  pression  pour  mieux 
assujettir  les  lambeaux,  en  déterminer  l'immobilité  et  empêcher  le  gonfle- 
ment œdémateux,  qui  est  à  peu  près  constant,  lorsque  les  plaies  sont  aban- 
données à  elles-mêmes. 

»  b).  Si  des  surfaces  cicatricielles  séparent  la  peau  de  la  membrane  mu- 
queuse de  l'urètre,  on  doit  les  exciser  en  totalité,  à  l'exception  des  points  les 
plus  rapprochés  du  canal  dont  on  forme  deux  lambeaux,  en  suivant  les 
procédés  précédemment  décrits. 

»  Telles  sont  les  règles  que  nous  avons  adoptées  et  l'observation  sui- 
vante paraît  en  confirmer  la  valeur. 

»  M***  portait  une  large  perte  de  substance  de  2  à  3  centimètres  de 
hauteur  à  la  portion  sus-scrotale  de  l'urètre,  et  le  pourtour  de  cette  ouverture 
était  formé  à  une  assez  grande  distance  en  tous  sens,  par  une  cicatrice 
mince,  sèche  et  non  adhérente.  Une  ulcération  phagédénique  avait  été  la 
cause  de  cette  infirmité  dont  la  date  remontait  à  un  grand  nombre  d'années. 

»  L'urétroplastie  fut  pratiquée  le  3  novembre  i858,  en  présence  de 
MM.  les  docteïirs  Leuret,  médecin  principal,  Hergott  et  Boeckel,  profes- 
seurs à  la  Faculté,  et  d'autres  médecins  militaires  attachés  a  l'hôpital  mili- 
taire. 

»  Le  malade  couché  en  décubitus  dorsal,  et  chloroformé,  une  sonde  fut 
portée  dans  la  vessie  ;  le  périnée  et  l'urètre  furent  fendus  au  niveau  du  bulbe 
par  une  incision  longitudinale  ;  la  sonde  fut  retirée  et  une  autre  sonde  du 
même  calibre,  dirigée  entre  deux  stylets  conducteurs  par  la  plaie,  fut  con- 
duite jusque  dans  l'intérieur  de  la  vessie  (voir  pour  plus  de  détails  mon 


(  577  ) 
Mémoire  sur  l'urétrolomie  externe  ou  périnéale).  La  membrane  cicatri- 
cielle séparée  du  pourtour  de  la  fistule  forma  deux  lambeaux  latéraux  dont 
le  renverseineiit  de  dehors  en  dedans  devait  servir  à  fermer  l'urètre.  Les 
bords  excédants  de  ces  lambeaux  furent  excisés,  et  lorsque  les  dimensions 
en  furent  convenables,  on  les  réunit  sur  la  ligne  médiane  par  trois  points 
de  suture  entrecoupés.  lia  |)eau  fut  ensuite  largement  disséquée  du  côté  du 
prépuce  et  ramenée  de  haut  en  bas  au-devant  des  lambeaux  profonds.  Un 
des  fils  des  sutures  fut  coupé  près  des  noeuds  et  les  fils  restant  dirigés  au 
dehors  de  la  plaie. 

.  »  Aucun  accident  grave  ne  survint,  mais  la  cicatrisation  ne  fut  pas  com- 
plète. Un  peu  de  suppuration  suivit  un  gonflement  oedémateux  assez  mar- 
qué, et  à  la  chute  des  fils  du  quatrième  au  huitième  jour,  un  pertuis  de 
4  à  5  millimètres  persista  et  laissa  passer  les  liquides  injectés  par  le  gland. 

»  Nous  essayâmes  à  plusieurs  reprises  de  fermer  ce  pertuis  avec  une  épin- 
gle et  la  suture  entortillée.  Les pansementsà  plat  et  la  cautérisation  au  nitrate 
d'argent  échouèrent  également,  et  le  5  décembre  j'eus  recours  à  un  nouvel 
avivement  avec  deux, points  de  suture  dont  les  fils  profonds  furent  ramenés 
par  l'urètre,  mais  le  moment  opportun  de  cet  utile  procédé  était  passé  et 
nous  ne  réussîmes  pas.  La  sonde  périnéale  était  changée  de  temps  à  autre 
sans  difficulté  et  donnait  passage  à  l'urine. 

»  Je  fis  quelques  cautérisations  au  fer  rouge  qui  réduisirent  le  pertuis 
aux  dimensions  d'une  tête  d'épingle.  Des  applications  de  teinture  d'iode 
concentrée  le  fermaient  pendant  deux  ou  trois  jours,  sans  l'oblitérer  défini- 
tivement. Je  divisai  par  quelques  sections  sous-cutanées  des  brides  qui 
fixaient  les  téguments  aux  parties  profondes  et  ne  leur  laissaient  pas  toute 
la  laxité  désirable.  Le  prépuce  remonta  après  cette  opération  d'une  manière 
assez  notable,  mais  un  second  pertuis  presque  imperceptible  s'ouvrit  dans 
le  trajet  delà  cicatrice,  disparut,  puis  se  reproduisit  de  nouveau. 

»  Le  1^"^  mars  1869  je  retirai  la  sonde  du  périnée,  dont  la  plaie  était 
entièrement  cicatrisée  le  vingtième  jour.  Pendant  ce  temps  le  malade  avait 
gardé  une  autre  sonde  introduite  par  le  gland  dans  la  vessie.  Le  5  avril  il 
retira  définitivement  cet  instrument  et  continua  à  uriner  librement  et  à  gros 
jets  sans  éprouver  aucun  inconvénient  de  la  persistance  des  pertuis  qui 
étaient  à  peine  humides  pendant  la  miction. 

»  Nous  pensâmes  que  le  changement  de  régime,  l'exercice  et  le  grand 
air  amèneraient  dans  la  constitution  lymphatique  du  malade  des  modifica- 
tions avantageuses  et  nous  l'engageâmes  à  quitter  l'hôpital  ;  peu  de  temps 
après  ce  militaire  était  en  effet  guéri. 

C.  &.,  i85ç),  2'"»  Semestre,  (T.  XLIX,  JS"  17.)  7^ 


(  578  ) 

»  Cependant  nous  ne  pouvons  nous  dissimuler  que  le  traitement  a  été 
long,  et  nous  sommes  convaincu  qu'on  l'abrégerait  beaucoup  en  adoptant 
le  procédé  que  nous  avons  proposé  et  qui  consiste  à  faire  sortir  par  l'urètre 
les  fils  des  sutures  des  lambeaux  profonds,  et  en  dehors  de  la  plaie  tégu- 
mentaire  ceux  des  lambeaux  extérieurs. 

»  Aucun  corps  étranger  interposé  entre  les  surfaces  des  lambeaux  ne 
compromettrait  la  réunion,  et  l'on  pourrait  obtenir  en  quelques  jours  la 
guérison  d'une  infirmité  dont  la  cure  a  exigé  jusqu'ici  plusieurs  mois  de 
traitement,  en  ayant  surtout  la  précaution  de  faire  les  lambeaux  profonds 
très-courts  pour  empêcher  la  formation  de  cavités  ou  poches  secondaires, 
dans  lesquelles  quelques  gouttes  d'urine  restent  parfois  accumulées  et 
gênent  un  peu  la  miction. 

»  La  guérison  spontanée  de  la  plupart  des  fistules  urinaires,  après  le  libre 
rétablissement  du  cours  des  urines,  autoriserait  à  tenter  l'urétroplastie  par 
notre  nouveau  procédé  sans  recourir  à  l'incision  périnéale,  et  ce  serait  évi- 
demment un  grand  progrès,  puisque  l'opération  deviendrait  plus  simple  et 
qu'on  pourrait  en  espérer  un  succès  plus  prompt.    « 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE.  —  Du  rôle  de  [alcool  dans  [organisme  ;  Mémoire  de 
MM.  DuROY,  L.  Lallemand  et  M.  Perrin.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Pelouze,  Rayer,  Cl.  Bernard.) 

«  D'après  les  idées  communément  admises,  l'alcool  introduit  par  l'absorp- 
tion digestive  dans  le  torrent  circulatoire  est  rapidement  détruit  sous 
l'action  comburante  de  l'oxygène  amené  par  la  respiration.  Cette  oxydation 
de  l'alcool  dans  le  sang  peut  donner,  comme  résultat  immédiat,  de  l'acide 
carbonique  et  del'eau,  ou,  comme  il  est  généralement  admis,  elle  fait  passer 
l'alcool  par  une  série  de  transformations  représentant  des  dérivés  de  ce 
corps  de  plus  en  plus  oxygénés  :  aldéhyde,  acide  acétique,  acide  oxalique, 
et  aboutissant  à  l'acide  carbonique,  dernier  terme  de  la  série.  Comme  les 
matières  amylacées  sucrées  et  grasses  que  la  digestion  introduit  dans  l'éco- 
nomie subissent  une  destruction  analogue,  les  boissons  spiritueuses,  eau- 
de-vie,  vin,  bière,  cidre,  etc.,  se  trouvent  ainsi  rangées  au  nombre  des  ali- 
ments respiratoires. 

«Cette  théorie,  appuyée  sur  des  expériences  qui  paraissent  irréprochables, 
explique,  d'une  manière  satisfaisante  pour  l'esprit,  pourquoi  on  n'a  pas 


(  579  5 
trouvé  d'alcool  dans  le  sang,  pourquoi  on  n'en  a  rencontré  que  des  traces 
insignifiantes;   elle   explique  aussi  pourquoi  on   n'en  a   pas  trouvé  dans 
l'urine. 

M  Les  résultats  des  recherches  qui  font  l'objet  du  Mémoire  que  nous 
avons  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  au  jugement  de  l'Académie  sont 
pour  la  plupart  en  désaccord  à  peu  près  complet  avec  cette  théorie,  puis- 
qu'elles nous  conduisent,  d'une  part,  à  constater  que  l'alcool  n'est  pas 
détruit  dans  le  sang ,  car  on  le  trouve  dans  tous  les  hquides  et  dans  tous 
les  tissus,  et  on  ij'y  trouve  pas  les  produits  de  sa  combustion  ;  d'autre  part, 
à  prouver  qu'il  sort  de  l'économie  par  diverses  voies  d'éliminations,  par 
les  ponmons,  la  peau  et  surtout  par  les  reins.  » 

Ces  recherches,  irop  étendues  pour  être  reproduites  en  totalité,  ne  se 
prêtant  guère  à  une  analyse,  nous  nous  bornerons  à  indiquer  les  principales 
conclusions  auxquelles  arrivent  les  auteurs  et  qu'ils  formulent  dans  les 
termes  suivants  : 

«  1°.  L'alcool  n'est  pas  un  aliment  :  il  n'agit  que  comme  modificateur 
du  système  nerveux  ; 

»   i'\  L'alcool  n'est  ni  détruit,  ni  transformé  dans  l'organisme  ; 

»   3°.   L'alcool  se  concentre  surtout  dans  le  foie  et  dans  le  cerveau  ; 

»  4°-  Ces  faits  éclairent  la  pathogénie  de  certaines  altérations  organiques 
et  fonctionnelles  du  foie,  du  cerveau  et  des  reins.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.    —   Note  sur  les  stratifications  de  l'atmosphère  lumineuse  qui  entoure 
l'étincelle  d'induction  à  l'air  libre;  par  M.  Th.  duMoncel. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet,  Despretz.  ) 

«  Dans  la  première  édition  de  ma  Notice  sur  l'appareil  d'induction  de 
Ruhmkorff  qui  a  été  publiée  il  y  a  cinq  ans,  j'avais  consigné  et  même  des- 
siné la  forme  que  prend  l'atmosphère  de  l'étincelle  d'induction  quand  celle- 
ci  est  produite  au  milieu  de  la  flamme  d'une  bougie.  J'avais  reconnu  qu'elle 
s'épanouissait  sous  la  forme  d'un  globe  de  lumière  blanche  traversé  par  un 
trait  de  lumière  bleue  qui  représentait  les  traits  brillants  de  l'étincelle  à 
l'air  libre.  En  répétant  dansdiverses  conditions  cette  expérience  dans  le  but 
de  voir  si  l'analogie  que  j'avais  déjà  remarquée  entre  cette  atmosphère  et  la 
lumièic  d'induction  au  sein  du  vide  pourrait  se  retrouver  au  point  de  vue 

76.. 


(  58o  ) 
des  stratifications  qui  traversent  cette  dernière  lumière,  j'ai  reconnu  plu- 
sieurs effets  assez  curieux  que  je  crois  important  cie  signaler. 

M  J'ai  d'abord  constaté  que  l'atmosphère  lumineuse  de  l'étincelle  n'affec- 
lait  au  sein  de  la  flamme  la  forme  sphérique  que  quand  l'étincelle  est  très- 
peu  longue  et  que  la  flamme  est  fixe;  par  conséquent,  c'est  la  flamme  d'une 
bougie  stéariqne  qui  doit  être  choisie  de  préférence  pour  celte  expérience. 
En  second  lieu,  j'ai  reconnu  qu'avec  une  étincelle  un  peu  longue  il  se  for- 
mait deux  noyaux  lumineux  dont  les  formes  étaient  peu  stables  ;  enfin  entre 
ces  deux  limites  de  la  longueur  de  l'étincelle,  j'ai  retrouvé  le  curieux  phéno- 
mène de  la  gratification  de  la  lumière  de  l'atmosphère  que  j'avais  vaine- 
ment cherché  jusque-là  à  retrouver  avec  le  microscope  dans  la  lumière 
rouge  de  l'étincelle  à  l'air  libre.  Avec  une  distance  convenable  entre  les 
îhéophores,  le  phénomène  est  tellement  net  et  arrêté,  que  j'ai  pu  distinguer 
la  nature  polaire  des  rhéophores  rien  que  par  le  sens  de  la  courbure  des 
bandes  stratifiées  qui  paraissent  à  la  vue  simple  d'une  largeur  égale  à  envi- 
ron un  demi-millimètre.  Du  reste  le  phénomène  est  complètement  identique 
pour  la  couleur  et  l'effet  à  celui  que  présente  la  lumière  d'induction  au  sein 
d'un  vide  fait  sur  de  l'hydrogène;  ainsi  la  lumière  blanche  stratifiée  s'arrêie 
brusquement  avant  d'attendre  le  rhéophore  négatif  qui  fournirait  de  la  lu- 
mière bleue  s'il  n'était  recouvert  d'une  couche  de  noir  de  fumée,  mais  qui, 
grâce  à  cette  circonstance  et  à  la  chaleur  dégagée  à  ce  pôle,  présente  un 
point  brillant  d'un  grand  éclat.  Quand  la  flamme  vacille,  les  stratification 
dont  nous  parlions  vacillent  avec  elle  et  il  faut  beaucoup  de  soin  pour  ob- 
tenir le  phénomène  avec  toute  sa  régularité.  Ou  ne  peut  réussir  qu'eu  se 
mettant  à  l'abri  des  courants  d'air,  en  retenant  son  haleine  et  en  maintenant 
les  rhéophores  dans  la  partie  la  moins  lumineuse  de  la  flamme.  Ce  phéno- 
mène démontre  donc  définitivement  l'identité  complète  de  l'atmosphère 
lumineuse  de  l'étincelle  d'induction  avec  la  lumière  de  cette  même  étin- 
celle produite  au  sein  du  vide. 

»  Voulant  m'assurer  des  variations  d'intensité  du  courant  induit  sons 
l'influence  des  différentes  réactions  extérieures  opérées  sur  l'étincelle,  j'ai 
interposé  un  galvanomètre  dans  le  circuit  et  je  me  suis  assuré  :  i**  que  le 
courant  s'affaiblit  assez  rapidement  à  mesure  que  l'écart  entre  les  rhéo- 
phores augmente;  2"  que  l'insufflation  de  l'étincelle  affaiblit  également  ce 
courant  dans  une  proportion  considérable  et  qui  dépend  de  l'énergie  de 
l'insufflation;  3"  que  le  même  effet  se  produit,  mais  à  ini  degré  moindre, 
avec  l'insufflation  par' les  aimants  énergiques;  4°  que  les  circuits fornjés  par 
un  bon  conducteur  laissant  passer  les  courants  inverses  et  directs,  le  galva- 


(  58.  ) 
notnètre  reste  toujours  à  zéro;  5"  qu'il  suffit  de  la  plus  petite  solution  de 
continuité  (du  moins  quand  les  cotu-antssont  faibles)  pour  que  le  galvano- 
mètre passe  de  zéro  au  maximum  de  déviation  ;  6"  que  l'interposition  de  la 
flamme  dans  une  décharge  augmente  dans  un  rapport  très-grand  l'énergie 
du  courant  induit;  7"  qu'une  étincelle  dépouillée  d'atmosphère  dévie  à 
peine  le  galvanomètre.  » 

«ÉOLOGIE  ET  PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  les  silex  taillés  des  bancs  diluviens  de  la 
Somme i  par  M.  Boucher  de  Pertiies.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Geoffroy -Saint-IIilaire,  d'Archiac,  de  Verneuil.) 

a  M.  Boucher  de  Perthes  communique  à  l'Académie  une  suite  de  silex 
taillés,  provenant  de  fouilles  faites  à  Abbeville,  et  faisant  partie  de  la  collec- 
tion qu'il  a  formée  depuis  vingt  ans,  en  vue  d'établir  l'existence  de  l'homme 
à  une  époque  contemporaine  de  la  formation  des  bancs  diluviens  de  la 
Somme.  De  semblables  objets,  également  trouvés  par  M.  de  Perthes,  avaient 
déjà  étéprésentésà  l'Académie  par  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire  en  mai  i858  (i). 

»  Dans  une  Note  adressée  en  même  temps  que  ces  objets,  M.  Koucher  de 
Perthes  rappelle  les  vues  qui  l'ont  dirigé  dans  ses  longues  recherches,  et  les 
diverses  vérifications  des  résultats  annoncés  par  lui,  qui  viennent  d'être 
faites  par  plusieurs  géologues  et  naturalistes  français  et  anglais.  Parmi  ces 
derniers,  MM.  Prestwich,  G.  Lyell  et  d'autres  membres  de  la  Société  royale 
et  de  la  Société  géologique  de  Londres,  après  quatre  vérifications  indépen- 
dantes les  unes  des  autres  et  faites  sur  la  plus  grande  échelle,  ont  pleine- 
ment reconnu  la  vérité  des  faits  annoncés  par  M.  de  Perthes. 

»  M.  Prestwich,  à  son  retour  d'Abbeville,  ayant  fait  fouiller  à  Hoxne  en 
Suffolk  des  bancs  analogues,  y  a  trouvé  aussi  des  silex  taillés  associés  à  des 
ossements  fossiles  d'éléphants,  et  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que,  l'attention  des 
géologues  étant  maintenant  fixée  sur  les  faits  de  cet  ordre,  ils  ne  tarderont 
pas  à  se  multiplier  dans  la  science.    « 

M.  Eue  de  Beaumont  annonce  cpie  de  son  côté  il  a  reçu  une  Lettre  de 
M.  Bouclier  de  Perllies,  dans  laquelle  le  savant  auteur  des  Anliquilés  celtiques 
et  antédiluviennes  lui  exprime  son  chagrin  de  ce  qu'on  n'a  mentionné  ni 
son  nom  ni  son  livre  dans  les  communications  insérées  dernièrement  dans 


(i)  Vuir  les  Comptes  rendus  de  C Académie,  t.  XLVI,  p.  908. 


(  582  ) 

les  Comptes  rendus  relativement  aux  haches  en  silex  découvertes  dans  les 
terrains  meubles  de  la  vallée  de  la  Somme. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  rappelle  à  ce  sujet  que  le  Mémoire  lu  par 
M.  Albert  Gaudry  dans  la  séance  du  3  octobre  dernier  renfermait  un  para- 
graphe relatif  aux  haches  en  silex  trouvées  à  Abbeville,  dans  lequel  le 
nom  et  l'ouvrage  de  M.  Boucher  de  Perthes  étaient  mentionnés,  ainsi  que 
la  justice  l'exigeait.  La  nécessité  d'abréger  pour  le  Compte  rendu  l'extrait  de 
ce  Mémoire  l'a  fait  réduire  à  ce  qui  se  rapportait  à  son  objet  principal, 
c'est-à-dire  aux  fouilles  faites  près  d'Amiens.  Le  paragraphe  relatif  aux 
haches  d' Abbeville  a  été  omis  comme  étant  moins  nouveau,  en  ce  qu'il  no 
faisait  que  confirmer  les  faits  annoncés  il  y  a  treize  ans  par  M.  Boucher  de 
Perthes,  faits  bien  connus  de  l'Académie,  et  mentionnés  en  même  temps 
que  son  ouvrage  De  l'industrie  primitive,  ou  Des  antiquités  celtiques  et  antédi- 
luviennes, dans  plusieurs  endroits  des  Comptes  rendus,  et  particulièrement 
t.  XXIII,  p.  355  (séance  du  17  août  1846),  t.  XXIII,  p.  5^7  et  io4o; 
t.  XXIV,  p.  1062;  t.  XXV,  p.  127  et  223,  et  t.  XLVI,  p.  903  (séance  du 
10  mai  i858). 

Le  retranchement  du  paragraphe  relatif  aux  motifs  qui  avaient  porté 
M.  Gaudry  à  chercher  dans  le  diluvium  des  produits  de  l'art  humain, 
était  au  fond  un  hommage  tacite  rendu  aux  droits  de  priorité  si  notoires 
de  M.  Boucher  de  Perthes;  mais  le  Secrétaire  l'aurait  laissé  subsister  s'il 
avait  pensé  un  seul  instant  que  cette  abréviation  eût  pu  causer  le  moindre 
regret  à  un  savant  dont  il  honore  également  les  travaux  et  le  caractère. 

M.  J.  Tardy  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  «  De  la  physiologie  de  l'homme  en  particulier  et  de  la  physiologie 
universelle  ». 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Flourens,  Rayer.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  la  Guerre  accuse  réception  du  Rapport  fait  sur  sa  de- 
mande sur  divers  procédés  de  fabrication  des  allumettes  chimiques,  et 
remercie  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  dfl  l'empressement  qu'ils  ont  mis 
à  lui  faire  connaître  le  résultat  du  travail  de  la  Commission. 

M.  LE  Chargé  d'Affaires  du  Mexique  transmet  ampliation  d'un  décret 
du  Président  par  intérim  de  la  république  mexicaine,  M.  B.  Juares,  décret 


I 


(  583  ) 
qui,  après  avoir  rappelé  ce  que  cette  partie  du  nouveau  monde  doit  à 
Alexandre  de  Humboldt,  décide  qu'une  statue  sera  érigée  aux  frais  de  l'État 
à  cet  homme  illustre  comme  un  témoignage  de  la  reconnaissance  publique, 
et  placée  dans  l'École  des  Mines  de  Mexico. 

L'Académie  Stanislas  de  Nancy  adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Ins- 
titut, le  volume  de  ses  Mémoires  pour  l'année  i858. 

M.  LE  Secriétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  O.  Henrj  fils, 
deux  opuscules  concernant  :  l'un,  le  traitement  de  la  scrofule  par  les  eaux 
minérales;  l'autre,  les  désinfectants  considérés  au  point  de  vue  de  l'hygiène 
et  de  la  thérapeutique. 

Et  au  nom  de  M.  Cornalia,  les  deux  premières  livraisons  d'une  mono- 
graphie des  Vertébrés  fossiles  de  Lombardie.  (Ces  livraisons  appartiennent 
à  la  seconde  partie  de  la  «  Paléontologie  lombarde  »,  publiée  par  l'abbé 
A.  Stoppani.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  série  de 
portraits  photographiés  de  grandes  dimensions,  et  qui,  comme  l'apprend 
une  Note  de  M.  Komarofj,  ont  été  obtenus  directement  de  cette  taille,  et 
non  amplifiés  après  coup.  Ils  ont  été  exécutés  à  Saint-Pétersbourg  par  un 
habile  photographe,  H.  Denier,  au  moyen  d'un  instrument  construit  d'après 
ses  indications  par  M.  Foigllànter.  «  Cet  appareil,  ajoute  l'auteur  de  la  Note, 
permet  d'obtenir  des  images  d'une  grandeur  exceptionnelle  sans  traces  sen- 
sibles d'aberration  de  sphéricité.  » 

«  M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique  l'extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Thjri,  relativement  à  un  fait  qui  a  été  de  la  part  du  savant  Siennois  l'objet 
d'une  précédente  communication.  La  Note,  mentionnée  au  Compte  rendu  de 
la  séance  du  26  septembre  dernier,  avait  pour  titre  :  «  Observations  istologiques 
»  sur  un  fragment  osseux  adhérent  à  la  grande  faux  de  la  dure- mère.  »  Comme 
cette  Note  avait  été  adressée  à  l'occasion  de  celle  de  M.  Molas  (22  août) 
«  Sur  une  pièce  osseuse  développée  entre  les  deux  feuillets  de  la  faux  du  cer- 
veau »,  on  a  pu,  mais  à  tort,  supposer  qu'il  s'agissait  d'un  cas  analogue.  La 
pièce  observée  par  M.  Tigri,  bien  qu'adhérente  à  la  faux  de  la  dure-mère, 
n'était  point  un  produit  anormal  de  cette  lame  membraneuse,  mais  une 


(  584  ) 
portion  d'os  régulièrement  formé,  occupant  par  suite  d'une  lésion  ex- 
terne une  position  anormale.  En  examinant  cette  pièce,  dont  le  diamètre 
(ist  à  peu  près  ceini  d'une  pièce  de  So  centimes,  mais  dont  le  contour  est 
irrégulier,  l'auteur  de  la  Note  lui  a  reconnu  une  face  lisse  comme  celle  de 
la  surface  des  os  plats,  tandis  que  la  face  opposée  rugueuse  semblait  indi- 
quer qu'elle  avait  été  séparée  du  diploé.  M.  Tigri,  en  effet,  croit  que  c'est 
une  écaille  détachée  de  la  voûte  interne  du  crâne,  et  qui,  après  avoir  traversé 
la  dure-mère,  avait  pénétré  entre  les  deux  lobes  du  cerveau.  La  séparation 
de  ce  fragment  écailleux  aurait  été  le  résultat  d'un  coup  violent  qui,  laissant 
intacte  la  lame  externe  de  la  boîte  osseuse,  aurait  fait  sauter  une  portion 
correspondante  de  la  lame  interne.  C'est,  à  ses  yeux,  un  cas  curieux  à 
ajouter  à  ceux  qui  sont  signalés  dans  l'histoire  chirurgicale  des  contre- 
coups.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Effusion  par  suite  de  violences  externes  du  liquide  céphalo- 
rachidien;  observation  de  M.  Pirondi.  (Communiquée  par  M.  Johert 
de  Lamballe.) 

«  M.  le  D""  Pirondi  (Sirus),  chirurgien  en  chef  des  hôpitaux  de  Marseille, 
m'a  prié  de  communiquer  à  l'Académie  un  fait  observé  par  lui  en  i85i. 
Il  s'agit  d'une  plaie  intéressant  le  canal  vertébral  et  la  moelle  épinière. 
Il  s'écoula  par  la  blessure  une  grande  quantité  d'un  liquide  transparent 
qui  n'a  pas  été  analysé. 

»  A  l'autopsie,  on  a  constaté  que  l'instrument  du  crime  avait  pénétré 
entre  l'axis  et  l'atlas,  et  qu'il  avait  intéressé  la  dUre-mère  sur  la  ligne 
médiane. 

»  La  moelle  épinière  était  percée  de  part  en  part,  et  le  cordon  posté- 
rieur gauche  était  peu  intéressé,  mais  le  droit  l'était  tout  à  fait. 

))  Cette  observation,  quoique  bien  présentée,  ne  peut  pas  éclairer  la 
science  sur  les  usages  du  liquide  céphalo-rachidien,  et  ne  peut  infirmer  ni 
confirmer  les  expériences  de  Magendie  et  de  M.  Longet.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  — Aurore  boréale  du  1 2  octobre  observée  à  Saint- Amé  (  Voscjes  ; 
Lettre  o^eM.  P.  Laurent  à  M.  le  Président. 

«  Le  mercredi  1 2  octobre,  vers  8  heures  du  soir,  en  sortant  de  chez  un 
de  mes  voisins,  j'ai  été  fort  étonné  de  voir  le  ciel  vivement  lumineux,  vers 
le  sud-ouest.  Il  y  avait,  à  l'horizon  surtout,  une  lumière  brillante  et  du  plus 


(  585  ) 

beau  rouge  du  prisme,  et  elle  semblait  comme  la  flamme  d'un  vaste  incen- 
die. A  mesure  d'ailleurs  que  les  regards  parcouraient  la  voùle  du  ciel, 
jusqu'à  l'horizon  vers  le  nord-est,  l'intensité  lumineuse  s'évanouissait,  sauf 
sur  certains  nuages  errants  çà  et  là. 

»  Le  vent  et  par  conséquent  les  nuages  qu'il  poussait,  marchaient  du 
sud-ouest  au  nord-ouest,  comme  l'intensit*^  lumineuse.  Ces  nuages  étaient 
d'abord  presque  tous  lumineux;  mais  le  phénomène  général  venant  à 
perdre  de  son  intensité,  un  bon  nombre  d'entre  eux  prirent  une  teinte 
rouge-brun  foncé,  et  je  pus  remarquer  qu'ils  se  suivaient,  en  grande  partie, 
en  lignes  parallèles  à  la  direction  du  vent. 

»  Je  supposais  que  tout  allait  finir  insensiblement;  or  il  n'en  fut  pas 
ainsi,  car  je  remarquai  bientôt  que  les  nuages  obscurs  qui  s'étaient  ren- 
contrés par  les  têtes  des  bandes  parallèles  de  petits  nuages  dont  nous  venons 
de  parler,  s'illuminaient  tout  à  coup  au  moment  du  contact  et  même  un 
peu  avant.  Ils  affectaient  alors  une  teinte  du  plus  beau  rouge  cerise;  puis 
un  peu  plus  tard  passaient  au  brun  foncé  :  c'était  un  beau  spectacle  que 
celui  de  ces  clartés  subites  répandues  çà  et  là  dans  l'atmosphère  ;  on 
aurait  dit  qu'une  décharge  électrique,  sans  tonnerre,  avait  lieu  à  l'approche 
des  deux  nuages  et  causait  leur  embrasement.  Au  bout  d'une  demi-heure 
tout  était  rentré  dans  l'ombre  ;  mais  je  n'avais  pas  assisté  au  commencement 
de  la  scène.    » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Aw'ore  boréale  observée  à  Yzeure  [Allier)  le  12  octobre; 
extrait  d'une  Lettre  de  M.  Lacssédat  à  M,  le  Président. 

«  Dans  une  Lettre  que  je  vous  ai  adressée  au  commencement  de  ce  mois, 
j'ai  donné  quelques  détails  sur  l'apparition  d'une  aurore  boréale  à  la  date  du 
1".  Hier  soir,  à  peu  près  à  la  même  heure  que  la  preu)ière  fois,  j'ai  été 
témoin  du  même  phénomène.  Voici  l'extrait  des  notes  que  j'ai  prises  sur-le- 
champ. 

»  S*"  10™,  la  région  nord-est  du  ciel  s'empourpre  sensiblement.  Traînées 
lumineuses  rayonnantes  d'un  blanc  qui  passe  à  l'orangé  et  à  la  nuance 
purpurine  ordinaire  ;  six  à  sept  rayons. 

»  8''  iS",  le  phénomène  s'étend  à  une  grande  distance  à  l'ouest,  où  l'ho- 
rizon paraît  en  feu.  Il  se  forme  comme  deux  amas  distincts  très-lumineux, 
l'un  assez  élevé  au-dessus  de  l'horizon  entre  la  queue  de  la  grande  Ourse  et 
latêle  du  Dragon,  l'autre  enveloppant  la  Couronne  boréale  et  s'élevant  par 

C.  R.,  i85ij,  a""  Semestre.  (  T.  XLIX,  IN»  17.)  77 


(  586  ) 
fiioments  presque  jusqu'à  la  Lyre  ;  l'intensité  lumineuse  de  ces  deux  amas  est 
très-variable  et  semble   s'accroître  dans   l'un    quand   elle   diminue   dans 

l'autre. 

»  A  8^  20™,  un  rayon  blanc  assez  étroit,  mais  d'une  hauteur  considérable, 
s'élance  à  travers  l'amas  voisin  de  la  grande  Ourse.  Plus  au  nord  et  à  l'est, 
une  teinte  légère  apparaît  toujours  à  une  grande  hauteur  au-dessus  de 
l'horizon,  qui  ne  présente  aucune  coloration.  Le  voisinage  de  la  lune  au 
plein  fait  sans  doute  pàUr  la  partie  de  l'aurore  qui  peut  s'étendre  plus  à 
l'est. 

»  A  8'"  40",  le  phénomène  s'affaiblit  et  cesse  d'être  sensible  en  très-peu 
de  temps.  Je  n'ai  pas  remarqué  d'étoiles  filantes  pendant  toute  cette  période. 
Le  ciel  est  très-pur,  sauf  à  l'horizon  sud  où  il  se  forme  quelques  cumulus, 
le  temps  très-calme,  l'air  doux,  la  rosée  est  très-abondante. 

»  Les  rayons  qui  se  sont  formés  à  plusieurs  reprises  paraissaient  venir 
d'un  centre  situé  au-dessous  de  l'horizon,  un  peu  plus  à  l'ouest  que  le  pôle 
magnétique.  L'éclat  de  l'aurore  a  été  tel,  que  tous  les  passants  en  ont  été 
frappés,  et  j'ai  su  qu'à  Moulins  tout  le  monde  sortait  pour  contempler  ce 
magnifique  météore,  que  l'on  comparait  au  reflet  d'un  vaste  incendie. 

»  9''4o™,  trois  amas  lumineux,  l'un  à  l' ouest-nord-ouest,  près  de  l'hori- 
zon dans  les  constellations  d'Hercule  et  du  Serpent,  un  autre  à  l'extrémité  de 
la  queue  de  la  grande  Ourse,  à  peu  près  dans  la  même  région  que  la  pre- 
mière fois,  et  le  troisième  à  l'est  des  gardes  de  la  grande  Ourse,  et  s'élevant 
dans  la  direction  de  l'étoile  polaire  dont  il  s'approche  beaucoup. 

?)  g*"  45™,  l'amas  de  l'ouest-nord-ouest  s'éteint,  les  deux  autres  augmen- 
tent d'intensité  et  encadrent  pour  ainsi  dire  la  grande  Ourse,  sans  pénétrer 
dans  cette  constellation;  celui  de  la  queue  est  de  beaucoup  le  plus  vif. 

»  9''48",  large  rayon  blanc  nuancé  d'orangé  partant  du  centre  de 
l'amas  de  la  queue  de  la  grande  Ourse  et  dépassant  la  tête  du  Dragon;  dispa- 
rition et  réapparition  alternatives  de  ce  rayon  qui  semble  parfois  se 
dédoubler.  Traces  de  rayons  dans  l'amas  des  gardes.  Étoile  filante  dans 
l'amas  de  la  queue. 

»  9**  55™,  l'amas  de  la  queue  s'affaiblit  et  disparaît  presque  entièrement. 

»    10  heures,  plus  de  traces  de  l'aurore  boréale. 

»  A  1 1  heures,  de  nombreux  cumulus  venant  du  sufl  envahissent  la  région 
de  l'aurore  boréale  et  empêchent  de  juger  si  elle  reparaît.  Temps  pommelé, 
vent  du  sud-sud-ouest.  J'ai  remarqué  un  mouvement  de  transport  sensible 
de  l'est  à  l'ouest  de  l'amas  lumineux  principal.   » 


(  587  ) 

Dans  une  seconde  Lettre,  en  date  du  i5,  M.  Laussédat  ajoute  : 

«  Je  lis  ce  matin  dans  la  Presse  que  ce  météore  a  été  observé  à  Nantes 
dès  7  heures  du  soir,  et  l'auteur  de  l'article  ajoute  que  la  lune,  au  plein, 
était  en  même  temps  entourée  d'un  magnifique  halo.  Je  n'ai  donc  vraisem- 
blablement observé  qu'une  deuxième  ou  peut-être  une  troisième  phase  du 
phénomène  à  S^'io™.  Plusieurs  personnes  de  ma  connaissance  m'ont  dit,  eu 
effet,  qu'elles  avaient  remarqué  l'illumination  extraordinaire  du  ciel  avant 
r^^o'"  à  MouUns,  c'est-à-dire  à  i  kilomètre  de  mon  jardin,  où  est  mon  ob- 
servatoire. 

»  Quant  au  halo  qui  enveloppait  la  lune,  il  persistait  encore  de  8  à 
lo  heures;  mais  il  n'avait  rien  de  bien  extraordinaire,  et  j'en  ai  observé 
souvent  de  beaucoup  plus  remarquables.  J'aurais  cependant  dû  l'indiquer 
dans  mes  notes,  et  c'est  une  omission  que  je  répare.  » 

CHIMIE.  —  De  l'emploi  de  l'acide  sulfureux  et  des  sulfites  alcalins,  comme  moyen 
de  réduire  tes  persels  de  fer  ;  par  ^l.  H.  Buignet. 

«  I.  Lorsqu'on  traite  i  équivalent  de  perchlorure  de  fer  pur  et  chimique- 
ment neutre  par  i  équivalent  de  sulfite  de  soude  en  dissolution,  on  voit  se 
produire,  au  moment  du  mélange,  une  coloration  rouge  de  sang  d'une 
merveilleuse  intensité.  Mais  cette  couleur,  qui  n'est  qu'éphémère,  disparaît 
bientôt,  emportant  avec  elle  la  teinte  propre  au  sel  ferrique,  et  le  mélange  ne 
présente  plus,  au  bout  de  quelque  temps,  que  la  nuance  verdâtre  claire  qui 
caractérise  les  sels  de  protoxyde  de  fer.  Si  le  rapport  des  équivalents  a  été 
bien  observé,  l'expérience  montre  que  la  réduction  est  complète  et  que  tout 
le  sulfite  alcalin  est  transformé  en  sulfate  : 

Fe»Cl'  -+-  NaOSO'  +  HO  =  Fe'Cl»  +  NaOSO'  -l-  HCI. 

»  IL  Si,  avant  d'ajouter  l'équivalent  de  sulfite  alcalin,  on  mêle  au  per- 
chlorure de  fer  des  quantités  variables  et  progressivement  croissantes  d'a- 
cide chlorhydrique,  on  remarque  que  le  phénomène  de  coloration  et  de 
décoloration  devient  de  moins  en  moins  marqué,  et  que  la  réduction  ne 
peut  plus  être  obtenue  d'une  manière  complète.  La  proportion  de  perchlo- 
rure qui  échappe  à  la  réduction  est  d'autant  plus  grande,  que  la  quantité 
d'acide  ajouté  est  elle-même  plus  considérable.  .. 

77.. 


(588  ) 

»  L'influence  exercée  par  l'acide  chlorhydrique  est  telle,  que,  quand  sa 
proportion  est  de  lo  équivalents,  c'est-à-dire  de  aS  centimètres  cubes  envi- 
ron pour  I  gramme  de  fer  à  l'état  de  perchlorure,  la  réaction  obtenue  n'est 
plus  guère  que  le  quart  de  ce  qu'elle  devrait  être  théoriquement. 

»  Quoique  ce  résultat  ne  s'applique  qu'au  cas  où  on  emploie  des  solu- 
tions très-concentrées,  il  n'en  est  pas  moins  important  à  connaître  pour  les 
essais  de  fer  par  le  procédé  de  M.  Margueritte ;  car  il  montre  la  nécessité 
d'étendre  les  liqueurs,  ainsi  que  cela  a  été  recommandé,  ou  de  saturer  l'acide 
libre,  si  l'on  ne  veut  s'exposer  à  des  erreurs  graves. 

»  ni.  La  couleur  rouge  qui  se  manifeste  avec  tant  d'intensité  dans  le 
mélange  des  dissolutions  neutres  est  due,  selon  toute  probabilité,  à  la  for- 
mation d'un  sulfite  de  fer,  Fe^O%  3(S0*).  J'ai  observé,  en  effet  : 

>)  1°.  Qu'on  peut  produire  les  mêmes  phénomènes  de  coloration  et  de 
décoloration  successives  par  l'action  directe  de  l'acide  sulfureux  en  disso- 
lution sur  l'hydrate  de  sesquioxyde  de  fer; 

»  2°.  Qu'en  mêlant  le  perchlorure  de  fer  et  le  sulfite  alcalin  à  la  tempé- 
rature d'un  bain  de  glace,  auquel  cas  on  donne  un  peu  plus  de  stabilité  au 
composé  rouge  produit,  le  mélange  ne  renferme,  au  moment  même  où  il 
vient  d'être  effectué,  ni  acide  sulfurique,  ni  protoxyde  de  fer. 

1)  IV.  Le  sulfite  de  protoxyde  de  fer  que  l'on  forme  directement  par 
l'union  de  l'acide  sulfureux  et  du  sesquioxyde  de  fer  hydraté,  perd  sponta- 
nément sa  couleur  rouge  et  se  réduit  en  équivalents  égaux  de  sulfate  et  de 
sulfite  de  protoxyde  de  fer,  en  même  temps  que  i  équivalent  d'acide  sul- 
fureux devient  libre 

Fe'O»,  3(SO')  =  FeOSO'-j-FeOSO*-f- SO». 

■>  En  admettant  que  ce  soit  sous  cette  forme  que  s'opère  la  réduction  des 
sels  ferriques  par  les  sulfites  alcalins,  on  s'explique  très-facilement  le  rôle 
de  l'acide  chlorhydrique  par  l'obstacle  qu'il  apporte  à  la  combinaison  de 
l'acide  sulfureux  avec  le  sesquioxyde  de  fer.  » 

ÉCONOMIE  RURALE.    —  Education  du  ver  à  soie  du  vernis  du  Japon; 

par  M.  Vallée. 

«  Quelques  cocons  du  ver  à  soie  du  vernis  du  Japon  ont  passé  l'hiver 
de  1858-1809  dans  la  ménagerie  des  reptiles  du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle, où  la  température  est  en  moyenne  à  i5  degrés  centigrades. 


(589) 

»  i"  éducation.  De  ces  cocons  sont  éclos  le  7  mai  iSSg;  n ne  paire  de 
papillons  se  sont  réunis  le  même  jour.  La  femelle  a  pondu  ses  œufs  le  8, 
l'éclosion  des  œufs  s'est  faite  le  20;  les  chenilles  ont  été  nourries  avec  le 
chardon  à  foulon  et  elles  ont  commencé  à  filer  le  12  juin  suivant. 

»  a*  éducation.  Les  papillons  sont  éclos  le  8  juillet.  La  ponte  s'est  faite 
le  9;  l'éclosion  des  œufs  le  ao;  les  chenilles  ont  été  nourries  avec  le  vernis 
du  Japon;  elles  ont  filé  le  i4  août. 

»  3*  éducation.  Les  papillons  sont  éclos  le  6  septembre.  La  ponte  a  eu 
lieu  le  7,  l'éclosion  des  œufs  le  19;  les  chenilles  sont  nourries  avec  le 
vernis  du  Japon;  elles  ont  commencé  à  filer  le  20  octobre.  Nous  avons 
quelques  chenilles  retardataires. 

»  Plusieurs  observations  ont  été  faites  en  plein  air  sur  des  vernis  du  Japon 
de  la  pépinière  du  Muséum  d'Histoire  naturelle;  elles  ont  parfaitement 
réussi,  malgré  la  pluie  et  les  matinées  fraîches,  quoique  la  température  soit 
descendue  à  4  degrés  au-dessus  de  zéro.  » 

M.  Lefebvre  adresse  de  Bouchevillers  (Eure)  une  Lettre  concernant 
l'avantage  qu'il  y  aurait  pour  la  science  à  ce  qu'une  Commission  scienti- 
fique fût,  dès  le  commencement,  adjointe  à  l'expédition  militaire  de  la 
Chine. 

M.  C.  Chappe  d'Hadteroche  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  donner 
communication  de  l'Éloge  de  l'abbé  Chappe  d'Hauteroche,  éloge  prononcé 
vers  1770  dans  le  sein  de  l'Académie  des  Sciences  par  M.  Grandjean  de 
Fouchy. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  delà  Lettre  que  l'Éloge  en  question  est  imprimé 
dans  les  Mémoires  de  l' Académie  pour  V année  1769  [Histoire  de  l'Académie , 
p.  163-172),  où  il  peut  en  prendre  connaissance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


(590) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  24  octobre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Etudes  sur  [aslronomie  indienne;  pcn-  M.  BiOT.  (Extrait  du  Journal  des 
Savants);  in-4°. 

Annales  de  l' Observatoire  impérial  de  Paris,  publiées  par  U.-J.  Le  Verrier, 
directeur  de  l'Observatoire.  Observations,  t.  IL  Paris,  iSSg;  in-4''. 

Notice  sur  l'appareil  d'induction  électrique  de  Ruhmkorff,  suivie  d'un  Mé- 
moire sur  les  courants  induits;  j;ar  le  V'*Th.  DU  MONCEL,  4*  édit.  Paris,  iSSg; 
I  vol.  in-8°. 

De  l'état  actuel  de  nos  connaissances  sur  l'emploi  des  eaux  minérales  dans  le 
traitement  de  la  scrofule  ;  par  le  D'O.  Henry  fils;  br,  in-8°. 

Des  désinfectants  utilisés  en  médecine  au  double  point  de  vue  de  l'hygiène  et 
de  la  thérapeutique;  par  le  même  ;  br.  in-8°. 

Principes  d'adénisation,  ou  Traité  de  l'ablation  des  glandes  nidoriennes  et 
Exposition  générale  des  règles  à  suivre  dans  i amélioration  de  la  chair  des  ani- 
maux ;  par  3 . -E.  CORNAY  (de  Rochefort).  Paris,  iSSg;  in-12. 

Paléontologie  lombarde  ;  par  l'abbé  Antoine  Stoppani.  2*  série:  Monogra- 
phie des  vertébrés  fossiles  ;  par  M.  Emile  Corn  ALI  A.  i'®  partie.  Mammifères^ 
i"^*  et  a*  livraisons;  petit  in-folio.  , 

Mémoire  de  l' Académie  impériale  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
de  Toulouse;  5^  série,  t.  IIL  Toulouse,  iSSg;  in-8". 

Mémoires  de  l' Académie  de  Stanislas  ;  i858,  Nancy,  iSSg;  i  vol.  in-S". 

Report...  Rapport  sur  la  28"  réunion  de  l'Association  britannique  pour 
l'Avancement  des  Sciences,  tenue  à  Leeds  en  septembre  i858.  Londres,  1869; 
I  vol.  in-S". 

Memoirs...  Mémoires  de  la  Société  rojale  astronomique  de  Londres; 
vol.  XXVn.  Londres,  i859;in-4°. 

Monthly  notices...   Journal  mensuel  de  la  Société  royale  astronomique  de 


(  59'  ) 
Londres,  novembre  iQB'j  à  juillet  i858,  vol.   XVIII.  Londres,   i858;  111-8°. 

The  Journal .  .  .  Journal  de  la  Société  royale  de  Géocjrapliie  de  Londres, 
vol.  XXVIII.  Londres;  in-8». 

On  the. . .  Sur  l'existence  d'instruments  en  silex  associés  avec  des  ossements  de 
Mammifères  d'espèces  perdues  dans  des  couches  vierges  de  la  dernière  période 
géologique;  par  M.  J,  Prestwich  ;  br.  in-8°. 

Pasigraphie...  Pasigraphie  au  moyen  des  chiffres  arabes;  par  M.  MOSES 
Paic.  Senilin,  1869;  br.  in-8°. 


ERRATA. 

(Séancedu  17  octobre  1869.) 
Page  529,  ligne  %  en  remontant,  au  lieu  de  aesculentos,  lisez  esculentos. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  51  OCTOBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE 

M.  LE  Président  rappelle  à  l'Académie  tontes  les  vacances  auxquelles 
elle  n'a  pu  pourvoir  jusqu'ici  par  suite  de  l'absence  obligée  d'im  grand 
nombre  de  ses  Membres  pendant  la  saison  d'été. 

ZOOLOGIE.    —   Sur  la  vipère  Jer  de  lance  de  la  Martinique; 
Note  de  M.  Duaiéril. 

«  M.  leD'  Rufz,  lorsqu'il  pratiquait  la  médecine  à  la  Martinique,  s'était 
efforcé  de  rassembler  tout  ce  qu'on  sait  dans  le  pays  sur  l'animal  si  redouté 
par  les  habitants  de  cette  île,  et  qu'on  y  désigne  sous  cette  simple  dénomi- 
nation :  le  Serpent.  De  nombreux  matériaux  lui  furent  fournis  touchant  les 
moeurs,  les  habitudes  etle  genre  dévie  de  cet  Ophidien,  qui,  souventnommé 
le  Fer  de  lance ,  est  devenu,  dans  les  classifications,  l'un  des  types  du  genre 
Bothrops  (Wagler).  Après  avoir  dépouillé  ces  matériaux  avec  un  judicieux 
esprit  de  critique,  il  n'a  négligé  aucun  des  documents  qu'il  a  pu  recueillir 
sur  les  accidents  causés  par  le  venin  de  cette  dangereuse  espèce  et  sur  les 
divers  modes  de  traitement  proposés  pour  les  combattre .  Les  résultats  de 

C.   R.,  i859,  î"»  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  18.)  78 


(594) 
cette  Enquête  furent  publiés,  il  y  a  une  quinzaine  d'années,  à  la  Martinique 
même  par  M.  Rufz. 

')  Rentré  aujourd'hui  en  France,  ce  médecin  se  prépare  à  donner  une 
nouvelle  édition,  fort  augmentée,  de  son  travail,  auquel  il  compte  joindre 
une  description  anatomique  très-détaillée  du  serpent  dont  il  aura  ainsi 
présenté  l'histoire  complète, 

»  En  raison  de  l'intérêt  que  comporte  ce  sujet,  il  m'a  semblé  utile  d'en 
entretenir  l'Académie.  L'auteur  s'empressera  d'ailleurs  de  lui  faire  hom- 
mage, aussi  promptement  que  possible,  de  cette  instructive  Enquête,  car 
c'est  là  le  titre  de  son  travail.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  l'écUpse  totale  du  iS  juillet  prochain  ;  pur  M.  Faye. 

(Deuxième  partie.) 

«  Il  me  reste  à  parler  des  stations  secondaires  où  s'établiront  des  observa- 
teurs isolés.  Ces  stations,  choisies  sur  la  ligne  centrale,  ne  doiventpas  être 
confondues  avec  les  postes  annexés  aux  stations  principales  et  placés  vers 
les  limites  de  l'ombre  (i).  Mais  avant  d'aborder  ce  sujet  et  de  décrire  les 
instruments  que  je  vais  montrer  à  l'Académie,  je  désire  ajouter  quelques 
détails  à  ma  première  Note. 

»  L'observation  ordinaire  des  contacts  intérieurs  soit  sur  la  ligne  centrale, 
soit  au  nord  et  au  sud  vers  les  limites  australe  et  boréale  de  l'ombre,  est 
susceptible  d'une  précision  extrême  ;  mais  cette  précision  est  souvent  mas- 
quée soit  par  l'inexactitude  de  l'heure,  soit  par  celle  des  coordonnées 
géographiques,  soit  par  la  difficulté  d'observer  des  contacts  trop  rappro- 
chés. On  sait,  en  effet,  qu'entre  deux  observateurs  différents,  et  en  vertu  de 
leurs  erreurs  personnelles,  la  différence  des  heures  déterminées  au  même 
endroit  par  cliacun  d'eux  peut  dépasser  une  seconde.  Le  seul  remède  est 
d  obtenir  l'heure  photographiquement  à  la  lunette  méridienne.  Les  épreuves 
de  l'éclipsé  du  1 5  mars  nous  ont  suffisamment  éclairés  à  cet  égard.  En 
second  lieu  les  erreurs  des  tables  ne  sauraient  être  déterminées  avec  exac- 
titude si  la  longitude  de  la  station  par  rapport  au  méridien  des  tables  n'est 
elle-même  connue  avec  la  dernière  précision.  Or  le  méridien  des  Tables  de 
la  Lune  de  M.  Hansen  est  le  méridien  de  Greenwich,  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  depuis  la  jonction  télégraphique  des  deux  principaux  observatoires 

(i)  Voir  les  dispositions  prises  en  Angleterre  paj-  l'Astronome  royal  et  au  Brésil  par  la  Com- 
inission  brésilienne  pour  les  deux  éclipses  centrales  de  l'an  dernier. 


(  595  ) 
de  France  et  d'Angleterre,  le  méridien  de  Paris.  Si  les  triangles  espagnols 
comprenaient  les  stations  de  1  éclipse,  celles-ci  se  trouveraient  géodésique- 
ment  rattachées  à  la  méridienne  de  France  prolongée  jusqu'à  Formentera, 
et  la  condition  que  je  viens  d'énoncer  serait  rigoureusement  remplie.  Les 
altitudes  ne  sont  pas  moins  nécessaires ,  surtout  pour  les  postes  annexés 
aux  stations  principales,  vers  les  limites  de  l'ombre. 

»  Quant  à  l'emploi  de  la  photographie,  il  est  facile  de  voir  qu'il  constitue 
un  système  tout  nouveau  et  bien  digne  de  figurer  à  côté  de  la  méthode 
ordinaire  qui  consiste  à  observer  les  contacts  à  chaque  station  principale, 
1°  sur  la  ligne  centrale  de  l'ombre;  a"  près  des  limites  australes  et  boréales. 
Considérons  en  effet,  pour  simplifier,  une  éclipse  annulaire  et  une  épreuve 
obtenue  à  l'aide  d'un  objectif  à  long  foyer  (i)  vers  l'instant  où  le  disque 
solaire  déborde  de  tout  côté  celui  de  la  lune.  On  mesurera  sur  cette  plaque 
les  coordonnées  du  centre  de  chaque  astre  par  rapport  à  deux  axes  arbi- 
traires, à  l'aide  d'un  appareil  micrométrique  dont  le  fil  mobile  sera  succes- 
sivement amené  au  contact  avec  les  bords  des  disques.  Comme  les  angles 
de  ces  axes  avec  l'horizontale  tracée  sur  l'épreuve  seront  connus,  on  pourra 
rapporter  cejs  .mesures  à  un  système  quelconque  de  coordonnées  célestes, 
et,  en  opérant  ainsi  sur  un  nombre  d'axes  suffisant,  on  aura  fait  intervenir 
dans  le  résultat  final  le  pourtour  tout  entier  de  chaque  disque,  de  manière 
a  en  éliminer  les  irrégularités. 

»  L'observation  des  contacts,  qui  n'est  pas  indépendante  au  même  degré 
de  ces  mêmes  irrégularités,  ne  permet  pas  d'isoler  ainsi  les  erreurs  des  tables 
lunaires  en  ^  et  en  D  :  elle  les  fait  connaître  par  des  équations  de  condi- 
tions où  figure  nécessairement  la  différence  des  rayons  des  deux  astres,  et 
ce  n'est  que  par  la  combinaison  des  postes  d'observateurs  qu'on  parvient  à 
éliminer  cette  inconnue.  On  remarquera  d'ailleurs  que  les  coordonnées  rela- 
tives des  centres  sur  la  plaque  photographique  sont  indépendantes  de  l'irra- 
diation qui  peut  affecter  les  mesures  des  diamètres. 

»  Je  passe  maintenant  au  programme  que  je  me  suis  tracé  pour  le 
i8  juillet  prochain,  et  à  la  description  des  instruments  dont  je  compte  me 
servir  en  Espagne. 

»  Si  l'on  songe  à  la  courte  durée  de  l'obscurité  totale,   durée  qui  ne 


(i)  La  grandeur  du  diamètre  de  l'objectif  est  ici  de  peu  d'importance.  Dans  l'opération  du 
i5  mars  i858,  l'ouverture  de  l'énorme  objectif  de  M.  Porro  (o™,52)  avait  été  considérable- 
ment réduite.  Mais  si  on  voulait  noter  aussi  photographiquement  les  détails  de  l'éclipsé  totale, 
je  suppose  qu'il  faudrait  au  moins,  à  ce  moment,  une  dizaine  de  pouces  à  l'objectif. 

78- 


{ 596) 

dépassera  pas  3'" 20',  on  sentira  combien  il  est  important  que  chaque  obser- 
vateur se  restreigne  à  un  genre  de  recherches  étroitement  limité.  Je  me 
propose  de  déterminer  par  des  mesures  effectives,  et  non  par  des  apprécia- 
tions vagues,  la  grandeur  et  la  position  des  protubérances  lumineuses  de 
leclipse,  parce  qu'il  m'a  semblé  que  là  était  le  nœud  d'une  question 
•débattue  vainement  depuis  l'éclipsé  de  iS/ja. 

"   Les  hypothèses  qui  ont  été  émises  à  ce  sujet  sont  au  nombre  de  quatre. 

»  La  première  consiste  à  supposer  une  vaste  atmosphère  autour  du  so- 
leil et  des  nuages  dans  cette  atmosphère.  Cette  explication  laisse  de  côté  la 
moitié  des  phénomènes;  en  outre  elle  est  contredite  par  les  variations  d'a.s- 
pect  qui  se  sont  constamment  présentées  pour  la  même  éclipse  d'une  station 
à  l'autre, 

»  La  deuxième  est  celle  des  nuages  planétaires  de  M.  Babinet.  Elle  donne 
lieu  à  moins  d'objections,  mais  elle  laisse  de  côté  les  lumières  aperçues  sur 
le  disque  de  la  lune,  les  protubérances  totalement  noires,  les  protubérances 
lumineuses  bordées  de  noir,  et  les  chaînes  de  collines  rougeâtres  qui  régnent 
sur  toute  l'étendue  du  pourtour  du  soleil  éclipsé. 

»  La  troisième  rapporte  ces  apparences  à  lui  effet  de  mirage  dû  à  la  con- 
stitution que  notre  propre  atmosphère  affecte  momentanément  sous  l'in- 
fluence du  cône  d'ombre.  Les  réfractions  extraordinaires  qui  s'y  produisent, 
favorisées  par  un  effet  de  diffraction,  amèneraient  à  l'œil  de  l'observateur 
des  rayons  solaires  qui  auraient  rasé  des  aspérités  de  la  lune  situées  près 
des  bords.  On  expliquerait  ainsi  la  constance  assez  ordinaire  de  ce  phé- 
nomène pour  des  stations  peu  éloignées.  Quant  aux  différences  qu'on  y 
signale  pour  des  points  très-distants,  elles  tiendraient  en  partie  à  la  libra- 
tion  parallactique  qui  amène  aw  bord  du  disque  apparent  de  la  lune  des 
aspérités  différentes  d'une  station  à  l'autre.  Mais  il  reste  encore  bien  des 
difficultés. 

»  La  quatrième  hypothèse,  celle  de  M.  Lauiont,  explique  les  protubé- 
rances par  des  amas  de  vapeurs  condensées  temporairement  dans  l'atmo- 
sphère par  suite  du  froid  de  leclipse.  On  objectera  que  dans  ce  système  il 
n'y  aurait  plus  rien  de  constant;  il  ne  s'applique  d'ailleurs  ni  aux  apparen- 
ces observées  au  Pérou  et  au  Brésil  en  i858,  ni  aux  lumières  projetées  sur 
le  disque  de  la  lune. 

»  On  pourrait  même  émettre  une  cinquième  hypothèse  et  rattacher  les 
protubérances  au  brillant  système  de  MM.  Thomson  etWathersou  sur  l'ori- 
gine de  la  lumière  et  de  la  chaleur  du  soleil.  En  effet,  si  des  matières  cos- 
mi(|ues  à  l'état  pulvérulent  tombent  incessamment  sur  le  soleil  avec  une  vi- 


(  597  ) 
hîsse  énorme,  on  conçoit  que  leur  choc  incessant  puisse  transformer  en 
chaleur  et  en  lumière  l'équivalent  de  la  force  vive  ainsi  absorbée,  et  rien 
ne  s'oppose  à  ce  que  cette  matière,  présentant  hors  du  soleil  quelques  traces 
(le  condensation,  nous  apparaisse  çà  et  là  avec  un  éclat  plus  vif  que  le  reste 
des  matériaux  dont  s'alimente  le  soleil.  On  réunirait  ainsi,  dans  la  même 
conception,  la  production  de  la  chaleur  et  de  la  lumière  solaires,  la  cou- 
ronne des  éclipses,  les  protubérances  rouges  ou  violettes,  la  lumière  zo- 
diacale, le  milieu  résistant,  l'éclat  des  étoiles  filantes,  l'incandescence  des 
aérolithes  (i).  , 

))  Ce  qu'il  y  a  de  mieux  à  faire,  en  face  de  tant  d'incertitudes,  c'est  de 
ramener  la  question  à  des  mesures  précises.  C'est  au  vague  des  évalua- 
tions publiées  jusqu'ici  qu'il  faut  attribuer  en  effet  celui  qui  règne  encore 
dans  cette  partie  de  la  science. 

»  Tâchons  de  faire  sentir  par  deux  exemples  l'utilité  d'une  mesure 
effective  substituée  à  une  estime  toujours  incertaine.  i°  Hauteur  :  en  i85i, 
M.  Dunkin,  M.  Adam  et  d'autres  observateurs  ont  eu  Heu  de  penser, 
après  l'inspection  assidue  d'une  protubérance  prise  en  particulier,  que 
cette  protubérance  n'avait  pas  changé  de  place  relativement  à  la  lune  pen- 
dant toute  la  durée  du  phénomène.  Evidemment  ces  observations  auraient 
une  importance  capitale  si  elles  étaient  accompagnées  de  véritables  me- 
sures. 2°  Angle  de  position  :  considérons  en  particulier  un  point  du  limbe 
(lu  soleil  situé  à  90  degrés  des  points  de  contact  (ligne  centrale),  et  suppo- 
sons-y une  protubérance.  En  3™ao',  le  centre  de  la  lune  aura  parcouru 
iVt5",  différence  des  deux  diamètres  (1860)  :  l'angle  de  position  de  la  pro- 
tubérance aura  varié  de  6  degrés  environ  si  la  tache  appartient  réellement 
au  soleil. 

»  il  est  facile  de  comprendre  qu'avec  les  moyens  généralement  employés 
jusqu'ici,  il  est  aussi  difficile  de  répondre  de  la  hauteur  des  protubérances 
que  de  leurs  angles  de  position.  Ces  moyensse  réduisent  à  estimer  les  an- 


(i)  Par  malheur  il  ne  suffit  pas  de  s'assurer  que  la  théorie  dynamique  de  la  lumière  et  de 
la  chaleur  solaires  ne  contredit  pas  l'invariabilité  sensible  du  diamètre  du  soleil  :  il  faudrait 
encore  qu'elle  respeclât  celle  des  moyens  mouvements,  base  de  toule  l'astronomie  planétaire. 
Or,  en  partant  des  calculs  de  ces  savants  physiciens  (système  de  M.  Thompson,  voir  sir  John 
llerschel,  Outlines,  p.  665),  je  trouve  que  le  soleil  absorberait  ainsi  chaque  siècle  une  niasse 
eijale  à  celle  de  g  terres.  Il  en  résulterait  pour  toutes  les  planètes  une  é(niation  séculaire  dans 
iiurs  moyens  mouvements.  On  sait  d'ailleurs  que  Laplace  a  démontré,  par  cette  considération, 
<|ue  la  masse  du  soleil  n'a  pu  varier  d'un  deux-millionième  en  2000  ans,  c'est-à-dire  d'une 
<l.nantilc  mille  fois  moindre  que  celle  dont  M.  Thompson  a  besoin  \)m\v  justifier  sa  théorie. 


(  598  ) 
gles  à  l'aide  d'un  cercle  intérieur  à  la  lunette  et  découpé  par  des  crans  de 
lo  degrés  en  lo  degrés,  et  à  évaluer  les  hauteurs  au  moyen  de  la  distance 
invariable  de   deux  fds  ou  de  deux  crans  éloignés  d'une  minute  l'un  de 
l'autre. 

»  Ce  système,  au  fond  très-simple  et  très-ingénieux,  me  semble  con- 
damné par  l'incertitude  des  résultats.  Il  a  en  outre  l'inconvénient  de  forcer 
l'observateur  à  maintenir  l'objet  qu'il  a  en  vue  sur  les  bords  du  champ, 
c'est-à-dire  dans  la  partie  la  moins  favorable;  il  faut  de  plus  renoncer  à 
l'usage  de  grossissements  un  peu  forts,  afin  de  conserver  au  champ  l'éten- 
due nécessaire.  Enfin  il  serait  impossible  d'observer  ainsi  les  protubérances 
avant  ou  après  la  fin  de  l'éclipsé,  car,  pour  les  voir  alors,  il  est  indispensa- 
ble d'exclure  de  la  lunette  la  partie  émergée  du  disque  solaire. 

»  Premier  instrument.  —  L'appareil  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'A- 
cadémie est  fondé  sur  la  remarque  suivante.  Pour  déterminer  exactement 
la  position  des  protubérances,  il  n'est  pas  nécessaire  de  connaître  la  direc- 
tion du  rayon  solaire  qui  y  aboutit  ;  il  suffit  de  mesurer  celle  de  la  tangente 
correspondante  au  disque  lui-même.  De  là  un  mode  d'opérer  qui  permet 
d'employer  les  forts  grossissements  et  de  placer  la  région  qu'on  étudie  au 
milieu  du  champ.  Ce  mode  consiste  à  adapter  à  une  lunette  un  micromètre 
de  position  mobile  autour  de  l'axe  de  la  lunette.  Le  réticule  se  compose  d'un 
fil  fixe  et  d'un  fil  mobile,  toujours  parallèle  au  premier.  L'origine  des  divi- 
sions sera  donnée  par  un  petit  niveau  fixé  au  tube  du  micromètre.  Il  sem- 
blera d'abord  que  ce  mode  soit  impraticable,  à  cause  du  temps  nécessaire 
pour  lire  la  position  de  l'alidade  sur  le  limbe  divisé,  mais  voici  conuuent 
j'élude  cette  difficulté.  Le  limbe  divisé  est  entouré  d'un  autre  limbe  en  étain; 
à  chaque  position  de  l'alidade,  au  lieu  de  lire  le  vernier,  je  pointe  sur  ce 
limbe  d'étain  avec  un  petit  ressort  muni  d'une  fine  aiguille,  et  j'enregistre 
ainsi  provisoirement  la  direction  observée.  Lorsque  l'éclipsé  est  finie,  rien 
de  plus  facile  que  de  ramener,  à  l'aide  d'une  petite  loupe,  la  pointe  de  l'ali- 
dade dans  toutes  les  marques  et  de  faire  alors  à  loisir  la  lecture  des  ver- 
niers.  Même  procédé  pour  enregistrer  sur  le  limbe  de  la  tête  de  vis  du  ré- 
ticule les  opérations  effectuées  à  l'aide  du  fil  mobile  qui  servira  à  mesurer 
la  hauteur  de  quelques  protubérances  remarquables.  Avec  un  peu  d'habi- 
tude, prise  sur  des  disques  artificiels,  j'espère  parvenir  ainsi  à  mesurer  deux 
fois,  avec  une  précision  qu'il  devait  sembler  impossible  d'atteindre,  la  posi- 
tion de  cinq  ou  six  protubérances,  et  de  garder  encore  assez  de  temps  pour 
examiner,  comme  l'ont  fait  les  observateurs  du  Brésil,  la  forme  et  les  cou- 
leurs de  ces  apparences,  ainsi  que  leurs  relations  de  position  avec  les  traits 


(  599  ) 
obscurs  ou  lumineux  dont  l'auréole  est  souvent  rayée  dans  certains  sens. 

i>  Le  micromètre  enregistreur  a  été  construit  par  M.  Porro,  qui  y  a  ajouté 
certaines  dispositions  extrêmement  ingénieuses  dans  le  but  d'éviter  la 
confusion  des  marques.  Je  citerai  entre  autres  un  appendice  qui  sert  à  ra- 
mener à  volonté  le  fil  mobile  au  fil  fixe  sans  altérer  la  situation  de  la  vis; 
grâce  à  ce  mécanisme,  les  mesures  des  protubérances  s'enregistreront 
successivement  sur  la  tête  de  vis  sans  empiéter  l'une  sur  l'autre,  et  il  sera 
facile  d'opérer  après  coup  les  lectures  de  chaque  série  de  mesures  dans 
l'ordre  même  où  elles  auront  été  faites.  J'ai  déjà  commencé  à  m'exercer  sur 
une  éclipse  artificielle  en  papier  noir,  et  j'ai  constaté  qu'on  arrive  aisément 
à  répondre  d'un  degré.  Peut-être  avec  plus  d'habitude  pourrai-je  pousser 
l'exactitude  plus  loin.  Mais  déjà  il  y  a  lieu  d'être  satisfait  de  ce  premier  ré- 
sultat. Le  même  appareil  me  servira  en  outre  à  mesurer  les  positions  des 
taches  solaires  voisines  du  bord  du  soleil,  et  surtout  à  préparer  l'observa- 
tion du  premier  contact  extérieur  que  l'on  manque  ordinairement. 

»  Deuxième  instrument.  —  Il  importe  de  le  remarquer  ici,  le  succès  de  ces 
mesures  délicates  exige  que  l'on  fasse  le  sacrifice  de  l'observation  des  con- 
tacts intérieurs.  En  effet  le  temps  nécessaire  pour  noter  l'instant  du  premier 
contact,  lire  et  inscrire  la  minute  et  l'heure  correspondante,  et  pour  diriger 
ensuite  la  lunette,  sera  d'au  moins  3o  secondes;  pour  le  second  contact,  il 
fautde  même  s'y  prendre  une  demi-minute  au  moins  à  l'avance  afin  de  cher- 
cher le  point  où  l'émersion  doit  avoir  lieu  et  dese  mettre  en  état  de  compter 
les  secondes.  La  durée  efficace  se  trouverait  ainsi  réduite  à  2  minutes,  ce 
ce  qui  serait  insuffisant.  Mais  d'autre  part  le  sacrifice  complet  de  la  par- 
tie astronomique  n'est  pas  admissible.  Je  me  suis  donc  efforcé  de  faire  dispa- 
raître ces  conditions  contradictoires  et  de  combiner  un  second  appareil  que 
l'on  puisse  charger  d'observer  automatiquement  l'instant  des  deux  phases 
importantes  dont  il  s'agit  ici. 

»  Qu'on  se  figure  un  appareil  photographique  ordinaireoù  la  plaque  sen- 
sible serait  remplacée  par  une  bande  de  papier  collodionné,  se  déroulant  à 
raison  de  a  centimètres  par  seconde.  Sur  ce  papier  l'image  du  soleil  trace 
une  bande  noire  qui  disparaît  à  l'instant  de  l'obscurité  totale  et  qui  reparaît 
en  même  temps  que  le  soleil.  Le  pendule  d'une  sorte  d'horloge  compteur, 
placée  au-dessus  du  papier,  vient  interrompre  à  chaque  seconde  l'impression 
photographique  et  marque  ainsi  les  temps  écoulés  sur  la  bande  elle-même. 
L'opération  terminée,  l'opérateur  n'a  plus  qu'à  faire  apparaître  l'image  par 
les  procédés  ordinaires  et  à  lire  sur  la  bande  la  position  des  points  où 
l'image  finit  et  recommence  :  il  obtient  ainsi,  avec  une  précision  extrême, 


(  6oo  ) 

les  instants  du  phénomène  astronomique.  Inutile  d'ajouter  que  i  horloge 
compteur  doit  être  comparée  avec  le  chronomètre,  par  la  méthode  des 
coïncidences,  immédiatement  avant  et  après  le  phénomène.  Une  fois 
l'appareil  en  marche,  l'observateur,  délivré  de  tout  souci  astronomique, 
peut  se  livrer  entièrement  à  l'étude  physique  dont  je  parlais  ci-dessus. 

»  Telle  est  l'idée  que  M.  Porro  s'est  chargé  de  réaliser  avec  le  concours 
d'un  artiste  bien  connu,  M.  H.  Robert,  pour  la  partie  d'horlogerie.  La  partie 
optique  est  déjà  terminée  et  j'éprouve  un  vif  plaisir  à  en  signaler  à  l'Aca- 
démie les  plus  ingénieuses  dispositions.  D'abord  M.  Porro  m'a  proposé  de 
prendre  l'empreinte  solaire  sur  le  papier  sensible,  non  pas  au  foyer  de 
l'objectif,  comme  je  le  voulais  d'abord,  mais  au  point  où  l'image  de  l'ob- 
jectif lui-même  vient  se  former  par  l'intermédiaire  d'un  oculaire.  Cette 
image,  à  laquelle  M.  Biot  a  doimé  le  nom  d'anneau  oculaire,  présente  des 
avantages  incontestables.  Ainsi  elle  n'est  pas  sensiblement  affectée  par  le 
petit  déplacement  horaire  du  soleil;  ensuite  elle  se  prête  parfaitement  a 
l'action  de  l'interrupteur  dont  il  va  être  question.  J'avais  pensé  à  charger 
de  cette  dernière  fonction  le  pendule  de  la  petite  horloge  que  M.  Robert 
construit  en  ce  moment;  mais  il  aurait  fallu  ,  dans  ce  cas,  tenir  compte  de 
la  différence  entre  le  jeu  de  l'échappement  et  le  passage  du  pendule  par  la 
verticale.  M.  Porro  supprime  la  difficulté  en  faisant  opérer  l'interruption 
par  le  marteau  du  compteur,  de  telle  sorte  que  la  lumière  solaire  est  in- 
terceptée au  moment  même  où  l'on  entend  frapper  la  seconde. 

»  Je  me  propose  de  soumettre  cet  appareil  à  des  épreuves  précises,  car 
c'est  surtout  sur  lui  que  je  compterais,  s'il  était  généralement  adopté,  pour 
donner  une  haute  précision  aux  observations  des  postes  situés  près  des  limites 
de  l'éclipsé.  Une  de  ces  épreuves  consistera  à  observer  des  occultations 
artificielles  du  soleil  à  l'aide  d'une  plaque  circulaire  placée  au  foyer  com- 
mun de  l'objectif  et  de  l'oculaire.  J'aurai  soin  d'en  présenter  les  résultats  à 
l'Académie  et  de  faire  ressortir  alors  avec  plus  de  détails  ce  que  je  dois 
à  l'habile  artiste  qui  a  bien  voulu  consacrer  son  temps  et  son  talent  bien 
connu  au  succès  de  mon  entreprise.   » 

MlKÉnALOGlE.  —  Sur  [oxyde de  chrome  de  Faymontdans  le  V al-d Ajol{Vosges); 

par  M.  J.  FouRNET. 

«  Les  gisements  de  l'espèce  minérale  désignée  par  quelques  minéralo- 
gistes sous  le  nom  à'oxyde  chromique  étant  jusqu'à  présent  peu  nombreux 
et  peu  connus,  je  suppose  que  de  nouvelles  données  à  leur  sujet  seront 


(  6oi  )  ^ 

accueillies  avec  quelque  intérêt.  Déjà  depuis  assez  longtemps,  il  est  vrai, 
j'avais  remarqué  que  les  filons  quartzeux  du  Lyonnais  renferment  parfois 
des  taches  vertes;  mais  je  me  contentai  de  les  noter  dans  ma  mémoire,  sans 
m'en  préoccuper  d'une  façon  sérieuse.  Tantôt  je  les  considérais  comme  étant 
produites  par  des  chlorites;  quelquefois  leur  nuance  plus  caractérisée  me 
portait  à  les  soupçonner  d'être  réellement  chromifères.  Cependant  ces  ma- 
tières étant  trop  fortement  noyées  dans  le  quartz,  j'imaginais  qu'à  moins 
d'essais  très-minutieux,  le  doute  planerait  toujours  sur  mes  indications  et, 
faute  de  temps,  je  n'allais  pas  plus  loin. 

»  Une  rencontre  plus  heureuse,  récemment  faite  dans  la  vallée  des 
Roches,  section  spéciale  du  Val-d'Ajol  dans  les  Vosges,  me  permet  actuelle- 
ment d'aborder  franchement  la  question.  L'oxyde  chromique  y  est  inclus, 
en  petites  parties,  dans  un  énorme  filon,  où  sa  présence  avait  été  soupçonnée 
par  M.  Puton.  Mais  ayant  consulté  à  cet  égard  M.  Berthier,  il  reçut  de  lui 
l'assurance  que  cette  matière  colorante  du  quartz  n'était  qu'un  silicate  de 
protoxyde  de  fer.  En  cela  je  suis  porté  à  admettre  que  notre  excellent  chi- 
miste fut  induit  en  erreur  par  un  échantillon  mal  choisi,  et  l'on  comprendra 
tout  à  l'heure  le  motif  de  ma  supposition. 

»  Les  pièces  recueillies  par  moi-même  sont  parfaitement  semblables  à 
celles  des  Ecouchets,  soit  qu'il  ne  s'agisse  que  du  quarizsimplement  coloré  par 
l'oxyde  vert,  soit  que  ce  dernier  se  montre  dégagé  sous  la  forme  de  croûtes 
ou  d'enduits  superficiels.  Quelques-unes  de  ces  lames  montrent  une  teinte 
plus  sombre  que  les  autres  et  passent  pour  ainsi  dire  au  noir.  Ces  déter- 
minations minéralogiques  devaient  nécessairement  être  soumises  au  con- 
trôle de  la  chimie.  Le  chalumeau  avec  le  borax  me  donnèrent  d'abord  des 
verres  qui  les  uns  étaient  d'une  belle  couleur  d'émeraude,  tandis  que  les 
autres,  présentant  une  nuance  équivoque,  trahissaient  la  présence  du  fer. 
Pour  sortir  de  ces  incertitudes,  je  priai  M.  Séeligmann,  chimiste  municipal, 
d'opérer  sur  une  plus  forte  quantité  du  minéral,  en  le  traitant  par  le  salpêtre 
et  le  carbonate  de  soude,  de  manière  à  obtenir  du  chromate  alcalin.  La 
dissolution  dans  l'eau  lui  procura  un  liquide  jaune  qui  avec  les  sels  de  plomb 
fit  naître  le  précipité  caractéristique  de  la  substance.  D'ailleurs  le  résidu 
contenant  une  petite  quantité  de  fer,  indépendamment  de  la  silice,  venait 
à  l'appui  de  mes  indications  pyrognostiques. 

»  J'ajoute  maintenant  que  les  analyses  de  MM.  Duflos,  Wolff  et  Zellner, 
faites  sur  les  oxydes  chromiques  de  Halle  en  Saxe,  ainsi  que  de  Walden- 
burgh  en  Silésie,  s'accordent  avec  nos  essais  pour  démontrer  le  fait  d'une 
association  assez  habituelle  des  deux  oxydes.  Peut-être  même  sont-ils  unis 

C.  R.,  i859,  a'n'Scmeilre.  (T.XLIX,  N"  18.)  79 


*• 


(    602    ) 

à  l'état  de  chromate  de  fer  noyé  dans  un  excès  d'oxyde  vert,  circonstance 
que  la  couleur  plus  ou  moins  noire  de  quelques  parties  tendrait  à  faire 
admettre.  En  tous  cas,  l'ensemble  des  résultats  précédents  explique  parfai- 
tement la  détermination  de  M.  Berthier.  Quant  à  ce  qui  concerne  les  combi- 
naisons de  l'oxyde  de  chrome  avec  la  silice  et  avec  diverses  bases,  combinai- 
sons admisespar  les  autres  chimistes  siis-nommés,  et  qu'ils  ont  représentées  par 
des  formules  plus  ou  moins  élégantes,  il  me  faut  déclarer  tout  de  suite  qu'il 
m'est  complètement  impossible  de  partager  leur  confiance  dans  les  résul- 
tats de  l'analyse.  En  ces  sortes  d'affaires,  la  géologie  a  un  droit  d'inter- 
vention dont  elle  ne  devrait  jamais  se  départir.  C'est  à  elle  à  décider 
d'après  l'ensemble  des  lieux,  et  pour  certains  cas,  s'il  faut  admettre  des 
combinaisons  ou  de  purs  mélanges.  De  simples  blocs  peuvent  conduire  aux 
aperçus  les  pins  erronés,  ce  qui  n'est  actuellement  que  trop  démontré  par 
une  foule  d'élucubrations  minéralogiques  des  plus  fantasques.  Aussi,  sans 
plus  tarder,  je  déclare  que  dans  ces  quartz  chromifères  l'oxyde  est  dissé- 
miné de  la  manière  la  plus  irrégulière,  ses  parties  excédantes  étant  refoulées 
à  l'extérieur  où  elles  forment  les  pellicules,  à  peu  près  pures,  déjà  men- 
tionnées. 

»  Je  termine  en  faisant  remarquer  que  ma  découverte  permettra  de  géné- 
raliser considérablement  la  classe  des  gisements  chromifères.  Il  suffira  aux 
géologues  qui  ont  quelque  connaissance  des  filons,  de  savoir  que  l'oxyde 
chromique  se  montre  dans  des  émissions  quartzeuses  à  Halle  en  Saxe,  à 
Waldenburgh  en  Silésie,  de  même  qu'aux  Écouchets,  au  Val-d'Ajol,  et  dans 
d'autres  masses  du  même  ordre,  éparses  à  la  surface  de  la  France.  Ces 
filons  ou  amas  étant  souvent  plombifères,  mes  indications  ont  en  outre 
l'avantage  de  rendre  raison  de  la  présence  de  l'acide  chromique  dans  divers 
minerais  de  plomb  à  poussière  jaune,  et  verdissant  au  feu,  tels  que  le  phos- 
phate analysé  par  Vernon,  les  phosphates  analogues  que  j'ai  reconnus  dans 
les  mines  de  l'Aveyron ,  le  plomb  phospho-arséniaté  de  Rosiers  et  de 
Labrousse  près  de  Bont-Gibaud  dont  j'ai  fait  connaître  la  singulière 
complication  dans  les  Annales  de  l'Auvergne  ((83o),  la  Vauquelinita,  les 
chromâtes  de  la  Sibérie  et  le  molybdate  de  Pamplona  analysé  par  M.  Bous- 
singault.  Dans  ces  localités,  les  minerais  étant  dispereés  svir  les  affleurements 
du  quartz,  on  voit  maintenant  de  quelle  manière  les  réactions  superficielles 
ont  pu  leur  procurer  le  principe  colorant  qui  les  rend  si  remarquables.  La 
théorie  de  leur  formation  est  donc  simplifiée,  en  même  temps  que  la  classe 
des  gîtes  chromifèi-es  acquiert  une  importance  qui  ne  leur  avait  guère  été 
attribuée  jusqu'à  préseut.   » 


(  6o3  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Aurore  boréale  du   \i  octobre;   extrait  dune  Lettre  de 
M.  FoiRXET  à   M.  Elle  de  Beaumont. 

«  Plus  nous  avançons,  plus  je  vois  qu'il  était  temps  de  faire  entrer  le 
phénomène  des  aurores  boréales  dans  le  cadre  purement  météorologique.  Les 
mauvais  temps  se  sont  accumulés  depuis  l'aurore  du  29  août,  car  à  chaque 
instant  on  en  voit  de  nouvelles.  Ce  qui  m'a  surtout  paru  remarquable,  c'est  la 
marche  de  celle  du  12  octobre  dont  j'ai  pu  suivre  parfaitement  les  évolutions. 
Dans  la  matinée  régnait  le  vent  du  sud:î>uest  avec  de  gros  nuages.  Après  midi 
nous  avions  simultanément  trois  vents,  savoir  le  sud  faible  en  bas,  l'ouest  plus 
haut  d'après  les  nuages,  et  le  nord  encore  plus  haut.  Le  ciel  était  alors  singu- 
lièrement pommelé  et  cirreux,  ces  nuelles  étant  allignées  est-nord-est  et 
ouést-sud-ouest.  A  7  heures  du  soir,  l'éclaircie  périodique  du  soir  dissolvait 
ces  masses,  mais  la  lune  se  levait  encore  trouble.  A  8  heures  l'aurore  boréale 
survint,  présentant  entre  ses'rayons  une  zone  rouge  avec  renflements  d'inten- 
sité qui  m'ont  mis  à  même  de  voir  que  celte  bande  cheminait  de  l'est  à  l'ouest, 
c'est-à-dire  en  sens  contraire  d?  celle  du  29  août.  L'éclaircie  était  alors  à  peu 
près  complète  et  la  lune  très-pure.  En  même  temps  une  légère  brise  nord 
s'établit  en  bas;  ce  n'était  d'ailleurs  qu'un  vent  dévié  par  nos  collines,  car 
en  demeurant  à  mon  poste,  j'ai  pu  voir,  après  la  disparition  de  l'aurore, 
s'établir  divers  flocons  nuageux  qui  eux-mêmes  prenaient  la  direction  de 
l'aurore,  c'est-à-dire  de  l'est  à  l'ouest.  Cette  similitude  dans  les  allures  res- 
pectives avait  donc  quelque  chose  de  vraiment  remarquable.  A  lo''  So™  du 
soir,  les  effets  changent  par  suite  du  retour  du  sud-ouest  de  la  matinée  et  le 
ciel  se  couvre  de  nouveau.  Au  moment  de  l'apparition  de  l'aurore,  le  temps 
s'est  refroidi  très-brusquement,  au  moins  comparativement  à  ce  qui  était 
arrivé  la  veille.  Ainsi 

o 

le  1 1    à    3  heures  du  soir  le  thermomètre  indiquait a3,6 

à  10  heures  du  soir  »  i8,o 

le  12    à    3  heures  du  soir  on  avait 21,1 

à  10  heures  du  soir  •  i3,5 

Cette  différence  de  5  degrés  pour  les  10  heures  du  soir  fut  vivement  sentie 
par  la  population,  et  elle  achève  de  caractériser  le  vent  d'est  qui,  à  Lyon, 
n'arrive  qu'après  avoir  passé  sur  les  Alpes. 

)•  Je  me  dispense  d'ailleurs  de  vous  donner  ici  la  liste  des  orages  survenus 
à  cette  époque.  » 

79- • 


(  6o4  ) 
CHIRURGIE.    —   De  la  régénération  des   os   après  l'évidement; 

pflirM.    C.   SÉDILLOT. 

0  J'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  (séances  du  i"  mars 
et  du  12  avril  i858)  l'histoire  de  dix  malades  opérés  par  la  méthode  de 
l'évidement. 

»  Sur  ce  nombre  sept  ont  guéri  et  trois  ont  succombé.  Parmi  les  premiers 
nous  avons  montré  cette  année  à  la  clinique  la  jeune  Klaulf  dont  les 
lésions,  d'une  grande  gravité,  avaient  nécessité  l'évidement  du  tiers  infé- 
rieur et  des  condyles  du  fémur,  et  que  M.  le  docteur  Wieger,  professeur 
agrégé  de  la  Faculté  et  médecin  de  l'hospice  des  Orphelins,  nous  avait 
ramenée  marchant  librement  et  parfaitement  rétablie. 

»  M.  le  baron  Tavernier,  docteur  à  Schelestadt,  nous  a  écrit  que  le  jeune 
homme  qu'il  nous  avait  confié,  se  livrait  sans  peine  aux  plus  rudes  travaux, 
et  nous  avons  eu  occasion  de  revoir  la  plupart  des  autres  malades,  dont 
plusieurs  ont  été  présentés  à  la  séance  publique  de  la  Société  médicale  de 
Strasbourg;  l'un  d'eux  (observation  III,  Csmptes  rendus  de  F  Académie  des 
Sciences,  p.  4^8,  année  i858)  avait  fait  à  pied  un  trajet  de  cinq  à  six 
lieues. 

»  Nous  pouvons  ajouter  que  M.  le  docteur  Marmy,  médecin  principal  à 
Lyon,  m'a  fait  connaître  un  nouveau  succès  d'évidement  pratiqué  sur  un 
de  ses  malades,  atteint  d'un  tubercule  enkysté  des  condyles  du  tibia,  et  M.  le 
docteur  Erhmann,  médecin-major  de  première  classe  à  Constantine,  a  été 
aussi  heureux  dans  une  application  de  l'évidement  à  une  carie  tibiale. 

»  Quant  aux  trois  malades  dont  nous  eûmes  à  regretter  la  mort,  nous  ne 
saurions  en  accuser  la  nouvelle  méthode. 

»  Le  premier  (observation  IV,  séquestre  et  ostéite  du  fémur  datant  de 
dix-neuf  ans)  se  levait  et  se  promenait  depuis  un  mois  à  l'aide  de  béquilles 
lorsqu'il  fut  frappé  d'érysipèle  gangreneux,  d'un  caractère  épidémique, 
auquel  il  succomba  six  semaines  plus  tard,  après  avoir  perdu  la  peau  du 
scrotum  et  une  partie  des  téguments  de  la  cuisse  saine. 

»  Le  second  malade  (observation  VL  résection  du  coude  avec  évidement) 
mourut  quelques  mois  après  des  suites  d'une  ostéite  avec  nécrose  de  la 
tète  de  l'humérus,  abcès  de  l'articulation  scapulo-humérale  et  épanchement 
pleurétique  :  accidents  dépendants  du  traumatisme  primitif,  et  de  la  consti- 
tution, mais  en  aucune  façon  de  l'évidement. 

»  Le  troisième  malade  (observation  V,  résection  de  la  tète  du  fémur  et 


(  6o5  ) 

évidement  du  tiers  supérieur  de  la  diaphyse),  opéré  le  17  mars  i858,  s'étei- 
gnit en  janvier  iSSp,  après  avoir  donné  de  grandes  espérances  de  guérison. 
La  plaie  extérieure  était  fermée,  à  l'exception  de  quelques  trajets  fistuleux 
entretenus  par  une  carie  du  bassin,  et  un  abcès  intra-pelvien  fit  périr  ce 
malheureux  qui  était  d'un  tempérament  lymphatique  et  depuis  longtemps 
considérablement  affaibli. 

»  La  régénération  osseuse  avait  eu  lieu  régulièrement  pendant  les  dix 
mois  écoulés  depuis  l'opération,  et  l'évidement  était  manifestement  resté 
étranger  aux  accidents.  L'examen  du  jnalade,  fait  avec  le  plus  grand  soin 
par  M.  le  docteurMorei,  professeur  agrégé  delà  Faculté,  chargé  du  service 
des  autopsies,  et  par  nous,  a  fourni  la  rare  occasion  de  comparer  les  effets 
de  la  régénération  des  osa  la  suite  des  opérations  si  différentes  de  l'ablation 
sous-périostale  et  de  l'évidement. 

»  Là  où  la  tête  du  fémur  et  le  grand  trochanter  avaient  été  réséqués, 
en  conservant  la  capsule  articulaire  et  le  périoste  d'enveloppe,  aucun 
travail  de  reproduction  osseuse  ne  paraissait  avoir  eu  lieu.  On  remarquait 
seulement  une  masse  compacte  et  arrondie  à  laquelle  adhéraient:  i"  im 
petit  fragment  du  grand  trochanter  donnant  encore  attache  à  l'obturateur 
externe,  a°  des  insertions  musculaires  en  voie  de  dégénérescence  grais- 
seuse. 

»  L'extrémité  du  fémur  offrait  au  contraire  la  preuve  d'une  régénération 
très-active,  mais  très-différente  selon  qu'on  l'étudiait  à  l'extérieur  ou  à  l'in- 
térieur de  l'os. 

»  A.  l'extérieur  et  particulièrement  en  arrière  du  tiers  supérieur  de 
la  diaphyse,  le  périoste  était  considérablement  épaissi,  et  ses  couches 
profondes  étaient  ramollies,  presque  gélatiniformes,  et  en  rapport  avec  une 
lamelle  osseuse  d'un  à  deux  millimètres  d'épaisseur  dont  la  surface,  légère- 
ment mamelonnée,  se  prolongeait  supérieurement  en  courtes  saillies  stalac- 
tiformes  fort  ir régulières. 

))  îV  l'intérieur,  le  fémur,  fendu  par  une  coupe  longitudinale,  ne  présen- 
tait pas  de  traces  de  la  cavité  de  l'évidement.  La  portion  excavée  de  l'os 
était  remplie  de  dehors  en  dedans  par  une  couche  osseuse  de  nouvelle  for- 
mation, de  neuf  millimètres  maximum  d'épaisseur,  aussi  régulière  du  côté 
du  périoste  que  du  côté  delà  moelle,  puis  par  lui  dépôt gélatiniforme sillonné 
de  nombreux  capillaires  et  parsemé  d'une  foule  de  noyaux  osseux  séparés 
les  uns  des  autres  et  variant  entre  le  volume  d'un  grain  de  millet  et  celui 
d'un  petit  pois.  > 

B  L'inspection    microscopique  confirma  les  travaux  de  M.  le  docteur 


(  6o6  ) 
Morel  sur  le  développement  des  os  (Précis  d'Histologie  humaine)  et  fit  voil- 
es méramorphoses  de  la  cellule  fibro-plastique  ou  plasmatique  en  cellule 
osseuse,  sans  intervention  d'une  membrane  médullaire  ou  d'un  fibro-carti- 
lage  transitoire  dont  l'existence  n'est  nullement  prouvée. 

»  Ces  faits  très-remarquables,  déjà  compris  dans  la  théorie  générale  du 
célèbre  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie ,  n'avaient  pas  été  aussi  nette- 
ment observés  sur  l'homme,  et  ils  confirment  hautement  les  avantages  de 
révidement;la  régularité  et  l'activité  de  la  régénération  osseuse  paraîtraient 
en  outre  démontrer  la  supériorité  de  cette  méthode  sur  les  excisions  ou 
ablations  osseuses  sous-périostales ,  dont  on  s'est  beaucoup  plus  occupé 
jusqu'ici,  qu'on  ne  les  a  réellement  pratiquées  d'une  manière  authentique 
et  sérieuse.  Les  expériences  sur  les  animaux,  quels  qu'en  soient  le  mérite  et 
l'intérêt,  n'ont  qu'une  valeur  restreinte  relativement  à  la  pathologie  hu- 
maine, et  la  clinique  seule  permet  de  juger  en  dernier  ressort  les  questions 
chirurgicales. 

»  Nous  voudrions  cependant  perfectionner  encore  noire  procédé  opéra- 
toire. La  plaie  extérieure  communiquant  avec  la  coque  osseuse  laisse  après 
Ja  guérison  une  cicatrice  généralement  étendue  et  adhérente  à  l'os  excavé  ; 
peut-être  serait-il  possible  de  réunir,  par  première  intention,  les  extrémités 
de  l'incision  des  p  vties  molles,  en  conservant  une  ouverture  centrale  pour 
les  injections  curatives,  l'écoulement  des  liquides  et  la  sortie  ou  l'extraction 
des  parcelles  osseuses  nécrosées.  La  plaie  et  la  cicatrice  seraient  ainsi 
réduites  à  de  moindres  dimensions  et  les  membres  largement  évidés  reste- 
raient plus  réguliers.    » 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  tes  raies  du  spectre  solaire  et  des  différents  spectres 
électriques;  parM.  E.  Robiqvet.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Regnault.) 

•'  Frauenhofer  pensait  que  les  raies  des  différents  spectres  dépendaient  de 
la  constitution  même  de  la  source  lumineuse  dans  laquelle  certaines  espèces 
de  rayons  manquaient  complètement.  Reste  à  connaître  la  cause  qui  pro- 
duit cette  absence  de  lumière.  On  ne  peut  l'attribuera  un  effetd'interférence, 
car  en  recevant  sur  un  écran  l'image  d'un  spectre  solaire  et  plaçant  très- 
près,  en  avant,  une  lame  de  mica  d'une  épaisseur  d'un  quart  d'onde,  au- 
cune des  raies  n'est  modifiée.  De  même,  si  avec  l'arête  verticale  de  la  même 


(6o7  ) 
lame  on  divise  en  deux  l'une  des  deux  raies  H,  il  n'y  a  aucune  illumination 
dans  la  partie  masquée.  L'existence  des  raies  du  spectre  est  due  à  une  tout 
autre  cause,  et  voici  par  quelle  suite  d'expériences  j'ai  été  amené  à  en  trou- 
ver l'explication. 

»  Si,  comme  l'a  fait  M.  Draper,  on  produit  un  spectre  avec  un  prisme 
de  flint  et  un  fil  de  platine  rendu  incandescent  par  tui  courant  électrique, 
ce  spectre  n'a  pas  de  raies;  mais  si  entre  le  fil  et  le  prisme  on  interpose  un 
cylindre  de  verre  ternjiné  par  des  plans  de  glaces  à  faces  parallèles  et  rem- 
pli de  vapeurs  d'acide  hypo-azotique,  aussitôt  les  raies  apparaissent.  Suppo- 
sons le  spectre  de  Frauenhofer  superposé  au  précédent  et  voyons  comment 
les  nouvelles  raies  sont  disposées. 

»  Rouc/e  extrême  (de  B  en  C).  —  Un  groupe  de  raies  très-fines,  très- 
nombreuses  et  à  peu  près  équidistantes. 

»   iîou(/e  (immédiatement  après  C).  —  Deux  raies  très-nettes. 

»  Limite  de  l'orangé  et  du  jaune  (un  peu  avant  D).  —  Quatre  raies  parfai- 
tement marquées,  surtout  la  troisième.  La  raie  D  se  retrouve  dans  le  nouveau 
spectre  et  c'est  la  seule  parmi  les  raies  de  Frauenliofer. 

»  Jaune  (entre  D  etE).  —  Trois  raies  équidistantes. 

»  Jaune  verdàtre  (un  peu  avant  E).  —  Deux  raies  très-fortes. 

»  Fert  (entre  E  et  F).  —  Deux  groupes  de  raies  fines  et  serrées  formant 
plutôt  deux  bandes  obscures. 

»  Fert  bleuâtre  (en  avant  et  très-près  de  F).  —  Un  groupe  de  raies  très- 
fines,  très-nombreuses  et  encore  assez  visibles. 

»  Bleu  violet  (de  F  en  G)  et  violet  (de  G  en  H).  —  Six  groupes  de  raies 
très-nombreuses  à  peine  visibles. 

»  En  remplaçant  la  vapeur  nitreuse  par  la  vapeur  d'iode  ou  de  brome,  les 
raies  changent  encore  de  nature.  Avec  le  chlore  sec  il  ne  se  produit  pas  la 
plus  petite  apparence  de  raies,  même  avec  un  tube  de  4'",5o  de  long  :  il  y 
a  seulement  une  légère  illumination  dans  la  partie  verte  et  surtout  dans  la 
partie  jaune  du  spectre. 

»  Ce  qui  a  lieu  pour  le  fil  de  platine  se  reproduit  également  avec  les  au- 
tres métaux,  du  moins  avec  ceux  que  j'ai  pu  observer  (fer,  argent,  or,  alu- 
minivim,  cuivre,  sodium,  potassium  et  chrome).  Tous  ces  métaux  ont  été 
fondus  et  volatilisés  par  le  courant  d'une  forte  pile,  puis  on  interrompait 
brusquement  les  communications  interpolaires,  et  l'incandescence  durait 
assez  longtemps  pour  qu'on  put  distinguer  le  phénomène,  sinon  l'analy- 
ser. Ces  observations  confirment  les  prévisions  de  M.  Foucault  qui,  en 
remarquant  que  le  spectre  des  charbons  polaires  amenés  au  rouge  blanc 


(  6o8  ) 
ne  présentaient  pas  de  raies,  en  avait  conclu  qu'il  devait  en  être  de  même 
de  tous  les  corps,  incandescents. 

»  Voici  encore  quelques  expériences  qui  concordent  parfaitement  avec 
les  précédentes.  Lorsqu'on  regarde  le  spectre  produit  par  le  jet  de  gaz  d'un 
bec-bougie  à  flamme  horizontale,  et  qu'au  moyen  d'un  écran  opaque,  muni 
d'une  fente  très-étroite,  on  s'arrange  de  manière  à  ne  faire  tomber  sur  le 
prisme  que  le  rayonnement  de  la  partie  bleue,  on  voit  très-distinctement 
apparaître  la  raie  D,  deux  belles  raies  vertes  séparées  par  une  bande  noire, 
trois  raies  bleues  et  enfin  quatre  raies  violettes.  Le  même  phénomène  se  re- 
produit, mais  d'une  manière  très-affaiblie  avec  la  partie  brillante  de  la 
flamme.  Vient-on  maintenant  à  répéter  la  même  expérience  avec  un  bec  de 
gaz  à  vingt  trous  muni  de  sa  cheminée  et  d'une  corbeille  à  fentes  symétri- 
ques, on  ne  distingue  plus  la  plus  faible  apparence  de  raies,  de  quelque 
manière  qu'on  se  place  et  qu'on  vise  la  partie  brillante  ou  la  partie  bleuâtre 
de  la  flamme. 

»  Les  apparences  que  présentent  les  spectres  produits  par  les  métaux 
volatilisés  sous  l'influence  d'iai  courant  électrique  sont  excessivement  cu- 
rieuses et  la  théorie  des  phénomènes  précédents  leur  est  entièrement  appli- 
cable. 

»  M.  Foucault,  dans  un  premier  Mémoire  publié  en  1849,  ^  étudié  ces 
spectres  d'une  manière  générale  et  est  arrivé  à  des  résultats  très-importants. 
J'ai  commencé  par  répéter  les  expériences  de  cet  ingénieux  physicien, 
non  pas,  bien  entendu,  pour  en  vérifier  l'exactitude,  mais  pour  m'habituer 
à  ces  observations  délicates  avant  d'étudier  les  arcs  métalliques  dont  les 
spectres  n'avaient  pas  encore  été  examinés.  Voici  les  apparences  que  m'ont 
présentées  les  arcs  des  métaux  suivants  : 

»  JPlatine.  —  Brûle  avec  une  lumière  blanche.  La  raie  D  existe.  Toutes 
les  parties  du  spectre  sont  couvertes  de  bandes  noires  très-étroites  laissant 
voir  entre  elles  les  diverses  couleurs  absolument  comme  les  lames  d'une 
jalousie  laissent  passer  la  lumière,  et  c'est  ainsi  que  ces  interstices  parais- 
sent autant  de  raies  brillantes  très-larges  parmi  lesquelles  on  distingue,  dans 
les  couleurs  suivantes  : 

»  Rouge,  six  raies;  rouge  orangé,  trois  raies;  vert,  quatre  groupes  de  raies 
très-fines;  indigo,  deux 'raies.  Toutes  ces  raies  sont  d'un  éclat  éblouissant. 
Enfin,  on  observe  dans  le  violet  bleu  une  absorption  presque  complète;  dans 
le  violet,  trois  larges  bandes  très-l'.imineuses,  et  enfin  dans  l'extrême  violet, 
deux  larges  raies  obscures  correspondant  aux  deux  raies  H  du  spectre 
solaire. 


(  ^«9  ) 

»  J'ai  égaletnenl  opéré  avec  raluminiiiin,  l'or,  le  chrome,  le  cuivre,  l'ar- 
gent, le  sodium,  le  potassium,  le  strontium,  et  je  donne  dans  mon  iVlémoire 
les  résultats  obtenus  dans  ces  expériences. 

»  La  reproduction  photographique  de  tous  ces  spectres  est  difficile, 
excepté  pour  l'argent  et  le  sodium  ;  l'arc  métallique  a  si  peu  de  fixité,  qu'on 
a  la  plus  grande  peine  à  obtenir  des  images  dans  lesquelles  les  raies  ne  se 
déplacent  pas  à  chaque  instant.  On  n'a  devant  soi,  pour  le  temps  d'exposi- 
tion du  collodion  ioduré,  que  cinq  ou  six  secondes,  et  on  ne  peut  songer  à 
obtenir  l'empreinte  de  là  magnifique  raie  D  du  sodium,  des  raies  bleues  de 
l'aluminium,  des  deux  raies  vertes  de  l'argent  et  des  magnifiques  bandes 
rouges  du  chlorure  de  strontium.  Toutes  ces  teintes  sont  fort  peu  photo- 
géniques malgré  leur  éclat  ;  mais,  à  partir  des  derniers  rayons  violets,  deux  ou 
trois  secondes  suffisent  pour  obtenir  un  négatif  satisfaisant,  et,  chose  bien 
remarquable,  on  observe  dans  ce  spectre  invisible  pour  nos  yeux,  mais 
impressionnant  si  fortement  l'iodure  d'argent,  des  raies  et  des  bandes  rap- 
pelant par  leurs  dispositions  la  partie  colorée  du  spectre  auquel  elles  appar- 
tiennent. 

»  Il  ne  faut  pas  confondre  les  raies  brillantes  des  spectres  électriques  pro- 
duits par  les  différents  arcs  métalliques  dont  il  vient  d'être  question  avec 
celles  des  spectres  engendrés  par  l'étincelle  électrique  et  qui  sont  dues,  ainsi 
que  l'a  démontré  M.  Masson,  aux  particules  matérielles  arrachées  par  le  flux 
électrique  à  l'état  d'incandescence  et  transportées  à  travers  l'espace  qui 
sépare  les  extrémités  des  conducteurs.  Je  ne  serais  même  pas  étonné  que  les 
raies  de  l'arc  du  charbon  ne  soient  que  des  raies  secondaires  dues  à  l'arra- 
chement des  particules  siliceuses  qui  existent  toujours  en  si  grande  quantité 
dans  les  crayons  les  mieux  préparés. 

»  Enfin  j'ai  obtenu  les  épreuves  photographiques  du  spectre  solaire 
produit  par  un  système  de  lentilles  et  de  prismes  :  i°  en  cristal  de  roche  ; 
2°  en  flint  ordinaire;  3°  en  flint  Faraday  (silicate  borico-plombique),  et  j'ai 
vu  que  dans  le  premier  cas  tous  les  rayons  obscurs  passaient,  que  dans  ie 
second  il  en  manquait  à  peu  près  la  moitié,  et  dans  le  troisième  la  presque 
totalité. 

Conclusions. 

»  Tout  corps  incandescent,  quelle  que  soit  sa  nature  chimique,,  donne 
un  spectre  sans  raies  :  si  ce  corps,  en  se  volatilisanl,  s'entoure  de  vapeurs 
incolores   et  transparentes,  les  raies   n'apparaissent   pas  encore;  mais  si 

C.   R,,  i859,  3""  Semcslre.  (T.  XLIX,  N"  18.)  ,8o 


(6.0) 

les  vapeurs  produites  sont  lourdes,  promptement  condensables  à  la  tem- 
pérature ambiante  et,  à  plus  forte  raison,  si  elles  sont  en  même  temps  colo- 
rées, elles  interceptent  une  partie  plus  ou  moins  considérable  du  rayonne- 
ment total. 

»  Pour  expliquer  l'action  de  ces  vapeurs,  on  ne  peut  mieux  les  comparer 
qu'à  un  écran  en  forme  de  grille,  dont  les  barreaux  inégalement  espacés 
seraient  tantôt  d'une  ténuité  extrême,  tantôt  d'un  diamètre  considérable. 
Dans  le  premier  cas,  l'ombre  projetée  se  traduit  par  des  raies  obscures  très- 
fines  (raies  du  spectre  solaire);  dans  le  second,  les  rayons  masqués  sont  en 
nombre  considérable  :  il  se  produit  de  véritables  bandes  obscures  dans  les 
interstices  desquelles  les  parties  lumineuses  et  colorées  apparaissent  comme 
autant  de  bandes  ou  de  raies  brillantes  (spectres  des  arcs  métalliques  pro- 
duits par  la  pile). 

»  Lorsque  le  spectre  est  formé  par  les  particules  incandescentes  trans- 
portées mécaniquement,  soit  par  le  flux  électrique  de  la  pile,  soit  par  l'étin- 
celle, il  apparaît  des  raies  brillantes  secondaires  bien  faciles  à  reconnaître 
à  leur  caractère  d'intermittence. 

»  La  partie  invisible  de  ces  différents  spectres  est  soumise  aux  mêmes 
effets  d'absorption  que  la  partie  visible,  et  on  peut  rendre  ces  effets  sensi- 
bles par  les  procédés  photographiques. 

»  Je  sais  mieux  que  personne  combien  ce  travail  laisse  de  lacune  à  com- 
bler, mais  je  compte  le  compléter  avec  tout  le  soin  que  réclame  une  étude 
qui  tient  de  si  près  à  la  nature  de  la  lumière  lorsque  les  circonstances  me 
permettront  de  les  reprendre  et  de  faire  construire  les  appareils  qui  nie 
sont  nécessaires  pour  compter  avec  précision  les  raies  des  différents  spec- 
tres, en  mesurer  les  distances  réciproques,  et  enfin  pour  obtenir,  par  des 
procédés  encore  plus  sensibles,  les  épreuves  photographiques  de  toutes  les 
parties  visibles  et  invisibles  des  spectres  produits  par  la  lumière  des  astres 
et  par  le  feu  électrique.  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Nole  Sur  l'emploi  d'une  contre-balterie  de  platine  aux 
lignes  électro-télégraphiques  ;  par  M.  M. -H.  Jacobi, 

«  Il  est  connu  que  la  transmission  des  dépêches  à  travers  les  fils  télégra- 
phiques rencontre  des  difficultés  en  deux  cas  bien  distincts.  Le  premier  est 
celui  des  conduits  imparfaitement  isolés.  C'est  dans  ce  cas  qu'une  partie 
du  courant  principal  est  dérivée  en  se  perdant  dans  le  sol  ;  en  outre,  les  fils 
conducteurs  reçoivent  par  le  passage  du  courant  même  une  certaine  pola- 


(  6.1  ) 
risation,  analogue  à  celle  des  électrodes  de  platine  servant  à  la  décompo- 
sition de  l'eau  acidulée.  Cette  polarisation  donne  lieu  à  un  courant  secon- 
'daire  souvent  très-énergique,  dirigé  dans  le  sens  du  courant  primitif  de  la 
batterie  et  subsistant  encore  longtemps  après  la  cessation  ou  l'interruption 
de  ce  dernier.  Le  courant  secondaire,  abandonné  à  lui-même,  diminue  d'in- 
tensité avec  le  temps;  cependant  on  le  voit  rarement  disparaître  entière- 
ment, à  moins  qu'on  ne  lui  oppose  un  courant  d'égale  intensité  et  de 
direction  contraire.  A  l'enfance  de  la  télégraphie  électrique  où  il  n'y  avait 
que  des  conduits  mal  isolés,  j'ai  étudié  la  phénoménologie  de  ces  courants 
de  polarisation  sur  des  conduits  souterrains  établis  dans  les  environs  de 
Saint-Pétersbourg  et  à  Saint-Pétersboiu'g  même.  Les  Bullelins  scientifiques  de 
C Académie  impériale  des  Sciences  contiennent  une  série  de  Mémoires  publiés 
à  ce  sujet.  Les  perfectionnements  faits  depuis  aux  conduits  électriques  ont 
beaucoup  diminué  l'intérêt  de  ces  recherches;  je  veux  mentionner  cepen- 
dant comme  un  fait  curieux,  que  plus  d'une  fois  on  a  réussi  à  décomposer 
des  solutions  de  nitrate  d'argent  aux  deux  extrémités  d'un  conduit  souter- 
rain de  aS  kilomètres  de  long,  sans  le  concours  actuel  d'un  courant  princi- 
pal, uniquement  par  le  courant  secondaire,  recueilli  longtemps  après  qu'une 
batterie  de  huit  grands  éléments  de  Daniel  avait  agi  sur  ce  conduit;  il  arrive 
également  que  dans  les  appareils  télégraphiques  les  armaturts  des  électro- 
aimants,  ou  ne  sont  pas  attirées  du  tout,  ou  adhèrent  si  fortement,  que  les 
ressorts  de  rappel  sont  impuisants  pour  ramener  les  armatures  à  leur  position 
normale.  Dans  une  Note  lue  à  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint- 
Pétersbourg,  il  y  a  douze  ans,  j'ai  indiqué  le  moyen  par  lequel  j'ai  réussi  à 
combattre  ces  difficultés,  jusque-là  jugées  insurmontables;  il  s'agissait  alors 
de  remplir  le  désir  de  mon  auguste  Monarque  et  de  continuer  la  trans- 
mission des  dépèches  à  travers  un  conduit  souterrain,  dont  l'isolement 
était  devenu  tellement  défectueux,  que  j'étais  plus  d'une  fois  tenté  de 
mettre  bas  les  armes  et  de  renoncer  entièrement  à  l'emploi  de  ce  conduit. 
On  sait  que  ce  moyen  consiste  dans  l'emploi  d'un  ou  de  plusieurs 
couples  de  larges  électrodes  de  platine,  plongeant  dans  un  vase  rempli 
d'acide  sulfurique  étendu  d'eau  et  interposés  dans  le  circuit  près  de  l'élec- 
tro-aimant  récepteur.  Il  est  évident  que,  par  l'action  du  courant  principal 
de  la  batterie,  ces  électrodes  étant  polarisés  dans  le  même  sens  que  le  fil 
conducteur,  ils  engendrent,  après  l'interruption  du  circuit  à  la  station 
opposée,  dans  la  bobine  de  l'électro-aimaut  un  courant  de  direction  con- 
traire à  celui  provenant  de  la  polarisation  du  conduit  souterrain.  Il  est  fa- 
cile de  se  rendre  compte  de  ces  effets  en  faisant  une  esquisse  de  la  combi- 

80.. 


(6,.) 
naison  menlionnée  dont  l'efficacité  a  pleinement  justifié  mes  prévisions;  en 
effet,  la  transmission  des  dépêches  n'était  devenue  possible  que  par  l'emploi 
des  électrodes  ou  de  cette  contre-batterie  de  platine.  En  la  mettant  hors 
d'activité,  la  réception  des  signaux  fut  subitement  arrêtée  par  l'attraction 
permanente  exercée  sur  l'armature  par  l'électro -aimant.  Il  est  curieux  d'ob- 
server les  effets  de  ces  courants  de  polarisation  opposés  en  remplaçant 
l'électro-aimant  par  quelque  multiplicateur  pas  trop  sensible.  En  rompant 
le  circuit  à  la  station  opposée,  on  voit  l'aiguille  lancée  subitement  vers  sa 
position  d'équilibre  qu'elle  dépasse  pour  prendre  une  déviation  dans  cette 
direction,  mais  la  polarisation  des  électrodes  de  platine,  quoique  plus 
forte  que  celle  du  circuit,  est  cependant  de  moindre  durée  que  cette  der- 
nière; c'est  donc  elle  qui  prend  de  nouveau  le  dessus  et  ramène  l'aiguille 
du  côté  de  sa  première  déviation.  Cette  succession  des  courants  opposés 
produit  l'effet,  dans  le  cas  d'un  électro-aimant,  d'en  détacher  l'armature.  Il 
ne  peut  pas  être  question  de  la  résistance  que  la  contre-batterie  ajoute  à 
celle  du  circuit  principal.  Pourvu  que  le  liquide  qu'on  emploie  soit  un  bon 
conducteur  et  que  les  électrodes  ne  soient  pas  trop  étroits,  cette  résistance 
n'entre  pas  en  ligne  de  compte  s'il  s'agit  d'un  circuit  télégraphique  d'une 
certaine  étendue. 

»  Je  me  permets  de  rendre  compte  à  l'Académie  de  quelques  expériences 
instituées  plus  tard  sur  un  conduit  de  3oo  kilomètres  faisant  partie  de  la  ligne 
souterraine  de  Saint-Pétersbourg  à  Moscou  et  dont  l'isolement  était  alors 
encore  le  plus  parfait  possible.  Ce  parfait  isolement  constitue  le  second  cas 
dans  lequel  la  transmission  des  dépêches  rencontre  des  difficultés.  On  sait 
qu'on  peut  considérer  les  lignes  souterraines  bien  isolées  comme  d'im- 
menses bouteilles  de  Leyde  dont  la  charge,  ne  s'écoulant  que  lentement 
après  la  cessation  du  courant  principal,  donne  lieu  à  des  courants  secon- 
daires d'un  autre  genre,  connus,  je  crois,  sous  le  nom  de  courants  de  retour 
et  qui  continuent  d'agir  sur  les  appareils  télégraphiques  après  l'interruption 
du  circuit.  Ce  sont  ces  phénomènes  des  conduits  souterrains  parfaitement 
bien  isolés  qui  présentent  une  analogie  frappante  avec  ceux  des  lignes  dé- 
fectueuses que  nous  venons  d'énoncer  :  analogie  qui  a  peut-être  souvent 
donné  lieu  à  des  interprétations  erronées,  en  confondant  les  causes  aux- 
quelles on  aurait  à  attribuer  les  retards  observés  dans  la  transmission  des 
signaux. 

»  Ayant  voulu  essayer  un  télégraphe  électro -chimique  d'une  construc- 
tion particulière  sur  la  ligne  souterraine  menlionnée  de  3oo  kilomètres,  et 
dont  l'isolement  était,  coinme  nous  l'avons  dit,  alors  encore  le  plusparfaif 


(6.3) 
possible,  je  fus  bien  étonné  de  ne  recevoir  sur  la  bande  de  |îapier,  au  lieu 
des  signaux,  qu'une  ligne  coloriée  d'iuie  continuité  parfaite.  Quoique  ce 
cas  fût  bien  différent,  et  même,  quant  à  ses  causes,  directement  contraire  à 
celui  dans  lequel  j'avais  employé  des  électrodes  de  platine,  j'eus  cependant 
recours  au  même  moyen,  savoir,  à  une  contre-batterie  consistant  en  trois 
couples  d'électrodes.  En  effet,  à  l'instant,  au  lieu  de  la  ligne  continue,  les 
signaux  transmis  de  la  station  opposée  parurent  sur  la  bande  de  papier  par- 
faitement distincts  et  lisibles.  L'application  de  la  contre-batterie  avait  donc 
reçu  une  extension  dont  à  peine  j'avais  présumé  la  possibilité.  Comme 
contre-épreuve,  ayant  exclu  la  contre-batterie,  je  vis  de  nouveau  les  signaux 
se  confondre  et  constituer  une  ligne  continue.  A  l'aide  de  ce  moyen,  j'ai  pu 
transmettre  des  signaux  électro-chimiques  se  succédant  rapidement,  en  me 
servant  d'une  petite  hélice  d'induction  activée  par  un  seul  couple  de  Daniel. 
En  employant  une  machine  magnéto-électrique  à  deux  aimants,  faisaiit 
1 1  tours  par  seconde,  on  a  également  réussi  à  produire  sur  la  bande  de  papier 
de  la  station  opposée  îi4  points  coloriés  par  seconde,  parfaitement  lisibles  et 
parfaitement  séparés  l'un  de  l'autre.  Le  télégraphe  électro-chimique  n'a  pas 
reçu  jusqu'à  présent  l'application  qu'il  mérite  incontestablement,  à  cause  de 
sa  sensibilité  et  sa  simplicité.  A  part  quelques  inconvénients  de  nature  pure- 
ment technique  et  qui  disparaîtront  dès  qu'on  s'en  occupera  sérieusement, 
ce  télégraphe  ne  peut  avoir  aucune  chance  de  succès,  à  moins  qu'on  ne  lui 
applique  l'indispensable  contre-batterie  de  platine;  c'est  alors  seulement 
qu'il  pourra  lutter  avantageusement  avec  les  télégraphes  de  toute  autre 
construction.  * 

»  Les  lignes  aériennes  ayant  reçu  dans  ces  derniers  temps  de  considé- 
rables perfectionnements,  on  pourra  objecter  que  l'emploi  de  la  contre- 
batterie  n'avancera  en  rien  la  transmission  des  dépêches  dont  la  rapidité, 
en  tenant  compte  de  la  nature  des  récepteurs,^  a  peut-être,  à  l'heure  qu'il 
est,  atteint  presque  son  maximum.  Je  n'ai  pas  eu  jusqu'à  présent  l'occasion 
de  faire  des  expériences  avec  la  contre-batterie  sur  des  lignes  de  quelque 
étendue  pour  étudier  les  effets  des  perturbations  atmosphériques  auxquelles 
ces  lignes  sont  exposées  de  temps  en  temps,  et  auxquelles  se  sont  jointes 
récemment  celles  qu'on  attribue  aux  aurores  boréales,  dont  les  effets  sont 
entourés  encore  d'un  certain  mystère.  Tout  me  porte  à  espérer  que  c'est  à 
l'aide  du  moyen  indiqué  qu'on  parviendra  également  à  combattre  ces  diffi- 
cultés et  à  faire  cesser  dans  la  tr-ansmission  des  dépêches  les  retards  aux- 
quels ces  perturbations  donnent  fréquemment  occasion. 

1»  Ayant  trouvé  en  France  l'Administration  des  Lignes  télégraphiques 


(6.4  ) 
admirablement  bien  organisée,  dirigée  avec  une  parfaite  connaissance  des 
besoins  de  la  télégraphie,  s'emparant  de  tous  les  perfectionnements  de  cette 
partie  avec  autant  de  discernement  que  d'impartialité,  prête  à  abandonner 
la  voie  de  la  routine  pour  se  transporter  sur  celle  des  progrès,  je  me  félicite 
de  pouvoir  espérer  que  les  expériences  dont  j'ai  parlé  et  que  j'avais  eues 
depuis  longtemps  en  vue,  seront  bientôt  instituées  sur  une  des  lignes  télé- 
graphiques de  la  France.  Ces  expériences  ne  manqueront  pas  d'avoir  un 
haut  intérêt,  quel  que  soit  du  reste  leur  résultat.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

l'HYSlOLOGlE  COMPARÉE.  —  Note  S w  des  globules  du  sang  colorés  chez  plusieurs 
animaux  invertébrés;  par  M.  Ch.  Rouget. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  de  Qualrefages.) 

«  C'est  une  opinion  généralement  admise  aujourd'hui  que  le  sang  des 
invertébrés  ne  renferme  que  des  globules  incolores,  analogues  aux  globules 
blancs  du  sang  des  vertébrés;  et  l'on  a  considéré  l'absence  de  corpuscules 
sanguins  colorés  comme  pouvant  servir  à  établir  une  nouvelle  distinction 
fondamentale  entre  les  deux  grandes  divisions  des  animaux.  Quelques  rares 
exceptions  à  la  loi  générale  qui  paraît  régir  la  composition  du  sang  des  ani- 
maux inférieurs,  ont  été  écartées,  comme  ne  se  rapportant  pas  au  sang  pro- 
prement dit  :  elles  se  rencontrent  presque  toutes  dans  la  classe  des  Annélides. 

))  Cette  Note  a  pour  objet  de  faire  connaître  que  chez  plusieurs  espèces 
de  Tuniciers  et  de  Radiaires  le  liquide  nourricier,  mù  par  l'impulsion  du 
cœur,  et  seul  analogue  au  sang,  offre  une  coloration  due,  non  pas  au 
sérum,  mais  à  des  corpuscules  cellulaires,  et  que  ceux-ci  possèdent,  dans 
certains  cas,  outre  la  teinte,  les  caractères  histologiques  essentiels  des  glo- 
bules rouges  du  sang  des  vertébrés. 

»  J'ai  vu  les  vaisseaux  de  deux  espèces  d'Ascidies  simples  du  genre 
Phallusin  presque  entièrement  remplis  parde  gros  corpuscules  d'un  rouge  vif 
de  o™'",oio  à  o^^jOiS  de  diamètre,  arrondis  ou  ovalaires,  à  surface  muri- 
forme,  et  constitués  par  une  agglomération  de  globules  enveloppés  dans  une 
membrane  cellulaire  commune.  La  coloration  n'est  altérée  ni  par  l'éther, 
ni  par  l'alcool  ;  les  acides  étendus  l'affaiblissent  ;  l'ammoniaque  et  une  solu- 
tion de  potasse  concentrée  la  détruisent.  On  aperçoit  quelquefois  dans 
les  corpuscules  un  globule  incolore,  analogue  à  un  noyau.  Chez  une 
autre  espèce,  le  sang,  d'un  blanc  laiteux,  était  très-riche  en  vésicules,  de 


(6.5) 
o'"",oio  renfermant  un  ou  deux  globules  nucléaires  colorés  en  jaune  clair. 
C'est  surtout  parmi  les  Ascidies  composées  que  la  présence  de  corpus- 
cules colorés  dans  le  sang  semble  très-fréquente  ;  je  l'ai  constatée  chez 
toutes  les  espèces  de  Botiylles  et  de  Poljclines,  au  nombre  de  sept,  que  j'ai 
observées.  La  teinte  des  corpuscules  colorés  varie  :  chez  certaines  es- 
pèces ils  sont  rouges,  chez  d'autres  jaune-orangé,  jaunes,  bleu-violet, 
violets  presque  noirs.  Un  fait  remarquable,  c'est  que  chez  les  Ascidies  sim- 
ples ou  composées,  certains  tissus,  et  en  particulier  la  membrane  pariétale 
du  sac  branchial,  sont  parsemés  de  corpuscules  pigmentaires,  semblables 
pour  la  coloration,  la  forme  et  les  dimensions,  à  ceux  du  sang. 

»  La  coloration  des  corpuscules  du  sang  n'est  pas  ime  particularité 
spéciale  aux  Tuniciers,  parmi  les  invertébrés.  On  peut  constater  le 
même  fait,  dès  la  première  apparition,  pour  ainsi  dire,  du  sang  et  de  la 
circulation,  chez  des  Radiaires. 

»  Nulle  part  le  sang  n'est  aussi  riche  en  globules  colorés;  nulle  part 
ceux-ci  ne  montrent  autant  d'analogie  avec  ceux  des  vertébrés  que  chez  les 
Siponcles.  Chez  les  Sipiinculus  nudiis,  S.  communis,  S.  clavatus,  S.  oxyurus, 
des  globules  rouges,  vésiculeux,  ovalaires  ou  arrondis,  quelques-uns  fusi- 
formes,  circulent  tellement  pressés  les  uns  contre  les  autres,  qu'ils  semblent 
constituer  toute  la  masse  du  sang,  bien  qu'en  réalité  ils  nagent  dans  un 
sérum  incolore.  Ces  globules  ont  de  o""",oio  à  o°™,020  de  diamètre.  Dans 
tous  on  aperçoit  un  point  brillant  très-réfringent;  mais  le  noyau,  qui  existe 
toujours,  n'est  quelquefois  visible  qu'après  l'action  de  l'eau  ou  des  réac- 
tifs. La  membrane  d'enveloppe  est  élastique,  épaisse»  à  double  contour  : 
elle  renferme  la  substance  colorante,  d'un  rouge  rosé,  homogène  et  trans- 
parente. 

»  J'ai  vu  enfin  circuler  dans  la  cavité  du  corps  et  dans  les  tentacules 
chez  des  Edwardsia  des  corpuscules  colorés  en  brun,  et  j'ai  observé  dans 
le  sang  des  Sjnaptes  quelques  cellules  colorées  par  un  pigment  rouge. 

»  Il  semble  résulter  de  ces  faits,  que  la  présence  ou  l'absence  de  glo- 
bules colorés  dans  le  sang  n'est  pas  en  relation  nécessaire  avec  la  place 
qu'un  animal  occupe  dans  l'une  ou  l'autre  des  grandes  divisions  zoologi- 
ques, et  qu'elle  paraît  dépendre  non  du  type  général,  mais  de  conditions 
particulières  à  l'individu  ou  à  l'espèce,  w 


(  6i6  ) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Observa linn  d'un  cas  d Uybridilé  disjoinie  entre  deux 
espèces  de  Datura;  par  M.  Ch.  Nakdin. 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Tulasne,  Moquin-Tandon.) 

«  Il  existe,  dans  l'histoire  des  hybrides  végétaux,  deux  faits  bien  connus 
qui  constatent  que  les  caractères  des  deux  espèces  productrices  de  l'hybride 
lie  se  répartissent  pas  toujours  d'une  manière  uniforme  sur  toutes  les  parties 
de  ce  dernier,  mais  que,  dans  certains  cas,  tantôt  ceux  de  l'un,  tantôt  ceux 
de  l'autre,  se  montrent  çà  et  là  isolément,  comme  si  les  deux  virtualités  spé- 
cifiques accidentellement  réunies  sur  le  même  individu  faisaient  effort  pour 
se  séparer.  Ces  deux  faits  sont,  d'une  part,  celui  de  l'oranger  bizarrerie,  hy- 
bride du  citronnier  et  de  l'oranger,  qui  a  été  si  bien  observé  par  Gallesio  et 
Poiteau  au  commencement  de  ce  siècle;  d'autre  part  celui  du  Cjtisus  Adami, 
hybride  stérile  du  C.  labmmim  et  C.  purpureus^  qui  émet  de  loin  en  loin  des 
rameaux  appartenant  exclusivement  à  l'iuie  ou  à  l'autre  de  ces  deux  espèces 
et  produisant  des  fleurs  fertiles.  Je  viens  d'observer  un  troisième  fait  du 
même  genre  et  qui  me  paraît  assez  intéressant  pour  être  porté  à  la  connais- 
sance de  l'Académie.  Il  s'est  présenté  sur  quelques  hybrides  du  Datura  levis 
fécondé  par  le  D.  stramonium,  deux  espèces  parfaitement  distinctes,  quoique 
assez  analogues,  et  qu'on  reconnaît  à  première  vue  à  la  différence  de  leurs 
irtnts,  plus  petits,  très-lisses  et  un  peu  blanchâtres  dans  le  premier,  plus  gros, 
d'un  vert  foncé  et  armés  de  forts  piquants  dans  le  second.  Voici  dans  quelles 
conditions  l'expérience  a  été  faite. 

»  Dans  les  premiers  jours  du  mois  d'août  i858,  quatre  fleurs  de  D.  levis 
ayant  été  castrées  dans  le  bouton  et  avant  l'ouverture  des  anthères,  leurs 
stigmates  furent  couverts,  au  moment  où  les  corolles  s'ouvrirent,  de  pollen 
de  D.  stramonium.  Les  quatre  ovaires  se  développèrent  et  je  récoltai  en  oc- 
tobre un  pareil  nombre  de  capsules  bien  développées  et  remplies  de  bonnes 
grauies.  Celles-ci  furent  semées  le  12  avril  i85g  et  levèrent  à  peu  près  toutes, 
mais  je  n'en  conservai  que  quarante  jeunes  plantes,  nombre  qui  me  parut 
suffisant  pour  juger  en  toute  certitude  des  résultats  du  croisement. 

»  Ces  quarante  plantes  prospérèrent;  mais  au  lieu  de  fleurir  dans  toutes  les 
dichotomies,  comme  le  font  les  Datura  stramonium  et  levis  de  race  pure,  elles 
perdirent  tous  leurs  boutons  dans  les  sept  ou  huit  premières  bifurcations, 
absolument  comme  cela  était  arrivé  en  i855  sur  les  cent  vingt  sujets  hy- 
brides de  D.  stramonium  et  de  D.  tatula,  ainsi  que  d'autres  provenant  des 
p.  stramonium  et  ceratocauUs,  dont,  il  y  a  quelque  temps,  j'ai  entretenu 


(6.7) 
l'Académie  [Comptes  rendus,  i856,  2*  semestre,  p.  ioo3).  En  même  temps, 
les  plantes  s'élevaient  beaucoup  plus  que  les  nombreux  échantillons  des 
deux  espèces  parentes  qui  croissaient  dans  leur  voisinage;  aujourd'hui  leur 
taille  est  en  moyenne  d'iui  tiers  jdIus  haute  que  celle  du  D.  stramonium  et 
environ  le  double  de  celle  du  D.  levis.  Ce  qui  n'est  pas  moins  remarquable, 
c'est  que  toutes  ont  exactement  l'aspect  et  le  port  du  D.  stramonium  de  race 
pure,  absolument  comme  si  elles  descendaient  uniquement  de  ce  dernier  : 
phénomène  du  reste  identique  avec  celui  que  j'ai  signalé  dans  les  hybrides 
du  D.  stramonium  et  du  D.  ceratocaulis,  chez  lesquels  toute  influence  de  cette 
dernière  espèce  paraissait  annihilée. 

»  Ce  n'est  qu'à  partir  des  dichotomies  des  huitième  et  neuvième  degrés 
que  les  hybrides  dont  il  est  question  aujourd'hui  commencèrent  à  fleurir; 
les  premières  fleurs  s'ouvrirent  sur  la  fin  du  mois  d'aoi!it  et  au  commence- 
ment de  septembre,  c'est-à-dire  à  une  époque  de  l'année  où  les  individus 
de  deux  espèces  parentes,  de  même  âge,  avaient  depuis  longtemps  mûri  des 
fruits  et  répandu  des  graines.  Les  capsules  qui  ont  succédé  à  ces  fleurs  et  qui 
au  3o  octobre  sont  encore  loin  de  la  maturité,  ne  présentent  aucune  diffé- 
rence appréciable  avec  celle  du  D.  stramonium,  si  ce  n'est  que,  chez  un  cer- 
tain nombre,  les  piquants  paraissent  un  peu  moins  développés  ou  un  peu 
moins  pressés  que  dans  ce  dernier.  Mais  sur  les  quarante  individus  qui  font 
l'objet  de  celle  observation,  il  s'en  trouve  trois  chez  lesquels  les  traits  du 
D.  levis  apparaissent  avec  des  caractères  tellement  accusés,  qu'il  n'est  pas 
possible  de  les  méconnaître,  et  cela  d'autant  mieux,  qu'au  lieu  d'être  dissé- 
minés et  comme  fondus  dans  cevix  de  l'autre  espèce,  ils  sont  tout  concentrés 
sur  les  fruits.  On  y  voit  effectivement  ces  derniers  se  partager  entre  les 
formes  si  nettement  tranchées  de  ceux  des  deux  espèces  parentes,  mais  de 
telle  manière,  qu'un  quart,  un  tiers,  une  moitié  ou  les  trois  quarts  d'un  même 
fruit  appartiennent  exclusivement  à  l'une  ou  à  l'autre,  présentant  ainsi  un 
côté  d'un  vert  foncé  et  hérissé  de  piquants,  comme  dans  le  D.  stramonium, 
tandis  que  l'autre,  entièrement  inerme,  revêt  la  teinte  grisâtre  des  capsules 
de  D.  levis.  Cette  séparation  des  deux  natures  alliées  va  même  quelquefois 
jusqu'à  se  manifester  par  l'inégalité  des  côtés  d'une  même  capsule,  ce  qui 
appartient  au  D.  stramonium  dépassant  notamment  ce  qui  est  du  D.  levis.  .^ 
Ainsi  l'influence  de  l'espèce  mère,  longtemps  latente,  finit  par  se  faire  jour 
dans  les  organes  de  la  fructification,  et  il  semblerait  qu'à  partir  de  ce  mo- 
ment elle  tend  à  son  tour  à  prédominersur  celle  de  l'espèce  conjointe,  car  à 
mesure  que  la  végétation  a  fait  des  progrès,  les  fruits  formés  postérieurement 

C.  R  ,  1859,  a""  Semestre.  (T.  XLIX,  N«  18  )  8l 


(6i8  ) 
se  sont  de  plus  en  plus  rapprochés  de  ceux  du  Û.  levis,  au  point  que  la 
plupart  de  ceux  qui  apparaissent  en  ce  moment  n'en  diffèrent  plus  du  tout. 
Il  y  aurait  certainement  de  l'intérêt  à  continuer  celte  expérience  pour  ob- 
server ce  qui  adviendrait  à  une  seconde  génération,  mais,  comme  je  l'ai  dit 
tout  à  l'heure  les  plantes  ont  fleuri  si  tardivement  et  la  saison  est  déjà  si  froide, 
qu'il  est  peu  probable  que  les  graines  d'aucune  d'entre  elles  parviennent  à 
mûrir. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  me  parait  bien  démontré  que,  dans  certaines  caté- 
gories d'hybrides,  divers  traits  du  père  ou  de  la  mère  peuvent  apparaître 
dans  toute  leur  pureté,  soit  sur  un  organe,  soit  sur  un  autre.  Dans  les  trois 
plantes  hybrides  dont  il  s'agit,  le  feuillage  appartient  exclusivement  au 
D.  stramonium,  tandis  que  le  fruit,  ou  au  moins  le  péricarpe,  revient  partiel- 
lement au  D.  levis,  absolument  comme  se  fait  dans  l'orange  bizarrerie  la  sé- 
paration de  ce  qui  est  orange  d'avec  ce  qui  est  citron.  Cette  forme  si  remar- 
quable d'hybridité  me  paraît  mériter  d'être  distinguée  de  l'hybridité  ordinaire 
générale  par  une  dénomination  propre;  je  la  nommerai,  en  conséquence, 
liybridité  disjointe. 

»  Un  fait  qui   est  encore  à   noter  ici,  c'est  l'énorme  prédominance  du 
D.  stramonium  dans  les  quarante  sujets  hybrides  issus  de  son  croisement 
avec  le  D.  levis.  Nous  l'avons  vu  prédominer  de  même  dans  le  produit  de 
son  croisement  avec  le  D.  ceratocautis,  mais  avec  cette  différence  essentielle 
que,  dans  ce  dernier  cas,  il  a  joué  le  rôle  de  mère,  tandis  qu'il  a  rempli  celui 
de  père  dans  le  premier.  Ceci  répond  une  fois  pour  toutes  aux  partisans  ex- 
clusifs de  la  prédominance  du  père  ou  celle  de  la  mère  dans  la  progéniture 
hybride.  Le  retour  plus  ou  moins  rapide  de  cette  progéniture  aux  types  des 
espèces  productrices  ne  tient  pas,  ainsi  que  j'ai  déjà  essayé  de  le  démontrer, 
au  rôle  de  père  ou  de  mère,  mais  à  une  certaine  supériorité  de  l'une  des 
deux  espèces  sur  l'autre,  supériorité  en  vertu  de  laquelle  elle  exerce  sur  la 
descendance  hybride  une  plus  grande  puissance  d'assimilation.  On  expri- 
merait la  même  idée  en  disant  que  dans  la  lutte  qui  s'établit  entre  les  es- 
pèces conjointes,  l'une  des  deux,  tantôt  le  père,  tantôt  la  mère,  est  vaincue 
et  finalement  éliminée  par  l'autre. 

»  On  saisit  sans  peine  le  lien  qui  existe  entre  l'hybridité  disjointe  et  le 
retour  graduel  de  hybrides  ordinaires  aux  types  spécifiques  de  leurs  parents. 
Au  fond  c'est  le  même  phénomène,  celui  du  dégagement  de  deux  espèces 
violemment  réunies.  Dans  le  premier  cas,  le  dégagement  s'effectue  locale- 
ment et  brusquement,  dans  le  second  il  se  fait  avec  lenteur  et  dans  l'ensemble 
des  organes;  mais  de  quelque  manière  qu'il  arrive,  il  est  le  critérium  de  l'au- 


(6i9) 
tonomie  spécifique  relative  des  deux  formes  qui  ont  concouru  à  la  produc- 
tion de  l'hybride.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Étiier  intermédiaire  du  qlycol;  par  M.  A.-V.  Locrenço. 
(Commissaires,  MM.  Dumas,  Balard.) 

«  Le  bromure  d'éthylène  et  le  glycol  chauffés  à  120  degrés,  pendant  quatre 
jours,  dans  un  matras  scellé  à  la  lampe,  réagissent  l'un  sur  l'autre  et  il  se 
forme  de  l'eau,  du  glycol  bromhydrique  et  un  liquide  oléagineux  comme 
la  glycérine,  sucré,  bouillant  vers  245  degrés  et  soluble  dans  l'eau,  l'alcool 
et  l'éther. 

»  La  composition  de  ce  liquide  a  été  déterminée  par  les  analyses  sui- 
vantes, faites  avec  des  produits  de  différentes  opérations  et  bouillant  entre 
240  et  a5o  degrés. 

En  centièmes, 
I  11  111  IV  Moyenne.  Théorie. 

c 44,83   45,18   45,18   45,43   45,16   45,28 

H 9.52     9,47     9,61     9,66     9,56     9,43 

o »      »      »      »      »     45 ,  29 

Ces  résultats  conduisent  à  la  formule 

€'HM 
C»H"a'    ou    €=H»[o% 
H') 

confirmée  par  la  densité  de  vapeur  prise  à  3i  i  degrés  et  pour  une  conden- 
sation de  quatre  volumes. 

Expérience.  Théorie. 

3,78  3,66 

»  On  peut  considérer  ce  corps  comme  un  éther  intermédiaire  du  glycol 
et  représenter  sa  formation  par  l'équation  suivante  : 

;€.H.,„.....„„.       («Tk'     '<=■»" 


'       **  '  (         Br      )      (      H») 

3  équivalents      i  éq.  de  bromure      aéq.deglycol  Ether  intermédiaire, 

de  glycol.  d'éthylène.  bromhydrique. 

81.. 


(  6.0  ) 
»  Cet  éther  présente  avec  le  glycol  des  rapports  analogues  à  ceux  qui- 
ient  l'acide  sulfurique  de  Nordhausen  à  l'acide  sulfuriqiie  monohydraté  : 


H'    ^ 

Glycol. 

A< 

;.  suif,  monobydi 

G'H'  ) 

S'OM 

€'H'   a' 

S'ô*    ô' 

H») 

H') 

Elher  iiilerniédiaire. 

Ac. 

suif,  de  Nordhau 

»  On  doit  à  M.  Jacquelain  la  découverte  d'un  sel  cristallisé  de  potasse, 
formé  par  l'acide  sulfurique  de  Nordhausen,  et  dont  la  composition,  repré- 
sentée par  la  formule 

S.'O'  \ 

met  hors  de  doute  que  cet  acide  est  une  combinaison  définie,  et  non  un 
mélange  comme  on  l'avait  prétendu. 

»  Ces  exemples  font  voir  qu'il  existe  dans  les  composés  diatomiques, 
alcools  ou  acides,  une  série  intermédiaire  formée  par  la  condensation  de 
deux  molécules  dans  une  seule,  avec  l'élimination  d'un  équivalent  d'eau, 
comme  le  montre  l'équation  suivante  : 


&'  +  H'ô. 


»  S'il  est  permis  d'étendre  par  analo'gie  le  fait  observé  à  d'autres  séries, 
on  peut  prévoir  pour  les  composés  triatomiques,  comme  la  glycérine  par 
exemple,  deux  séries  intermédiaires  representées  par  les  formules 


"h.  h' 

G'H' 

)  : 

=  e'H» 

"%   <*'i 

H' 

€'HM 

G^H» 

€'H»    ©' 

et 

G'H=* 

HM 

H» 

ON 


formées  par  la  condensation  de  deux  molécules  de  glycérine  en  une  seule 
avec  l'élimination  d'un  équivalent  ou  de  deux  équivalents  d'eau.  » 


(    621     ) 

PHYSIQUE   MOLÉCULAIRE.  —  Observations  sur  les  poids  spécifiques  des  fluides 
élastiques;  Lettre  et  Mémoire  de  M.  Baudrimont. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Boussingault,  Regnault.) 

«  Pendant  longtemps,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi  qui  accom- 
pagne son  Mémoire,  la  théorie  de  la  constitution  des  fluides  élastiques  a 
paru  être  d'une  simplicité  extrême,  et  les  lois  de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac 
ont  passé  pour  être  sans  exceptions;  cependant  quelques  physiciens  ont 
observé  des  anomalies,  et  Dnlong,  entre  autres,  admit  que  la  cohésion  se 
faisait  encore  sentir  dans  les  gaz.  Plus  tard,  les  travaux  de  M.  Regnault  sont 
venus  démontrer  des  inexactitudes  dans  la  loi  de  Mariofte  et  des  différences 
dans  les  coefficients  de  dilatation  de  quelques  gaz.  Ces  travaux  ne  pouvant 
laisser  aucun  doute  sur  la  réalité  des  résultats  obtenus,  on  était  conduit  à  se 
demander  comment  il  pouvait  se  faire  que  le  grand  nombre  des  poids  spé- 
cifiques de  fluides  élastiques  qui  ont  été  déterminés  jusqu'à  ce  jour  par  divers 
expérimentateurs  et  en  suivant  des  méthodes  différentes,  fussent  si  rappro- 
chés de  ceux  donnés  par  la  théorie?  Pour  donner  un  tel  résultat,  il  fallait 
que  la  loi  de  Mariotte,  et  surtout  celle  de  Gay-Lussac  relative  à  l'égalité  du 
coefficient  de  dilatation,  ne  subissent  que  des  modifications  insignifiantes, 
et  il  importait  de  savoir  quelle  était  la  limite  des  écarts  observés. 

»  J'ai  trouvé  une  méthode  générale  et  d'une  simplicité  extrême  qui 
permet  de  calculer  le  poids  spécifique  des  fluides  élastiques  en  ne  prenant 
pour  éléments  du  calcul  que  le  poids  spécifique  de  l'hydrogène,  l'équivalent 
du  corps  sur  lequel  on  opère  et  son  degré  de  condensation.  J'ai  apphqué 
cette  méthode  à  qnatre-vingts  des  fluides  élastiques  les  plus  connus,  et  j'ai 
trouvé  que  les  valeurs  ainsi  obtenues  s'éloignaient  fort  peu  de  celles  don- 
nées par  l'expérience.  » 

Le  Mémoire  auquel  la  Lettre  dont  nous  venons  de  donner  l'extrait  sert 
d'introduction,  étant  fort  étendu,  nous  devons  nous  borner  à  en  reproduire 
les  conclusions  que  l'auteur  formule  dans  les  termes  suivants  : 

Conclusions. 

«  La  relation  qui  existe  entre  les  équivalents  chimiques  et  les  poids  spé- 
cifiques des  fluides  élastiques  m'a  conduit  à  faire  les  observations  sui- 
vantes : 

»  Les  équivalents  chimiques  qui  entrent  dans  la  composition  des  corps 
organiques  suivent  rigoureusement  la  loi  de  Prout,  à  l'exception  du  chlore  : 


(    622    ) 

c'est-à-dire  qu'ils  sont  des  multiples  de  celui  de  l'hydrogène  par  des  nom- 
bres entiers. 

»  Les  poids  spécifiques  des  fluides  élastiques  sont  aussi  des  multiples  de 
celui  de  l'hydrogène. 

Il  Les  mêmes  lois  s'observent  à  l'égard  des  corps  composés,  puisque  les 
'équivalents  chimiques  de  ces  corps  sont  obtenus  en  faisant  la  somme  des 
équivalents  élémentaires  qui  entrent  dans  leur  constitution  et  qu'ils  y  en- 
trent un  nombre  entier  de  fois. 

»  Seulement  les  deux  séries  ,  celle  des  équivalents  et  celle  des  poids 
spécifiques,  offrent  des  divergences  :  i°  parce  que  la  définition  des  équiva- 
lents même  élémentaires  me  permet  d'admettre  qu'ils  soient  tous  représen- 
tés par  un  même  volume  de  fluides  élastiques,  et  a°  parce  que  les  fluides 
composés  admettent  des  fractions  de  volumes  dans  leur  composition. 

»  Ces  deux  ordres  de  considérations  conduisent  à  reconnaître  qu'un 
équivalent  chimique  comprend  toujours  i,  2  et  4  volumes  de  fluides  élas- 
tiques. 

a  II  résulte  de  ces  observations  qu'en  faisant  intervenir  les  facteurs 
1 ,  2  et  4  on  peut  rendre  les  deux  séries  parfaitement  comparables  et  n'ayant 
d'autre  différence  entre  elles  que  celle  de  leur  point  de  départ  ou  de  leur 
premier  terme. 

»  Considérés  sous  ce  point  de  vue,  les  fluides  élastiques  se  rapportent  à 
trois  groupes  :  1°  ceux  dont  l'équivalent  est  représenté  par  un  seul  volume; 
7."  ceux  dont  l'équivalent  est  représenté  par  deux  volumes  ;  3"  enfin  ceux 
dont  l'équivalent  est  représenté  par  quatre  volumes. 

)',  La  relation  très-simple  qui  vient  d'être  signalée,  permet  de  trouver  tous 
les  poids  spécifiques  des  fluides  élastiques  dont  on  connaît  l'équivalent,  ou 
l'équivalent  des  fluides  dont  on  connaît  le  poids  spécifique. 

»  Pour  opérer  de  la  manière  la  plus  simple,  il  convient  de  prendre  le 
demi-poids  spécifique  de  l'hydrogène  ou'o,o3465.  Cette  valeur  étant  /i,  la 
densité  d'un  fluide  élastique  â,  et  l'équivalent  chimique  qui  lui  correspond  E, 
on  a  les  relations  suivantes  : 

=  E     et     (i,2ou4)E=5. 


A(i,2ou4) 


»  Lorsque  l'on  emploie  le  demi-poids  spécifique  de  l'hydrogène  pour 
les  calculs  relatifs  à  cette  formule,  il  convient  d'observer  que  le  facteur  4 
convient  aux  fluides  élastiques  dont  l'équivalent  est  représenté  par  un  seul 
volume  ;  le  facteur  2  à  ceux  dont  l'équivalent  vaut  deux  volumes,  et  enfin 


(  6.'3  ) 
le  facteur  I ,  que  l'on  doit  supprimer,  convient  aux  fluides  élastiques  dont 
l'équivalent  vaut  quatre  volumes,  et  en  particulier  à  toutes  les  vapeurs  d'o- 
rigine organique. 

»  Si  l'on  prend  pour  terme  de  comparaison  le  poids  d'un  litre  d'hydro- 
gène ou  plutôt  celui  d'un  demi-litre  pour  se  conformer  à  ce  qui  a  été  fait 
précédemment,  ou  o,o448,  soit/;  si  l'on  désigne  par  L  le  poids  d'un  litre 
de  vapeur,  on  trouve  eu  outre  les  relations 

L 

/E  =  L     et      7=E. 

»  Ces  formules  conviennent  particulièrement  aux  produits  dont  les  équi- 
valents sont  représentés  par  quatre  volumes  et  à  tous  les  composés  organi- 
ques. Pour  les  autres  fluides  il  faudrait  faire  intervenir  les  facteurs  a  et  4> 
selon  qu'il  en  faudrait  deux  volumes  ou  un  seul  volume  pour  un  équivalent. 

»  On  obtient  par  les  moyens  qui  viennent  d'être  indiqués  trois  séries 
parallèles  ayant  toutes  l'hydrogène  pour  point  de  départ,  mais  dont  le 
premier  terme  varie.  Il  est  l'unité  pour  les  équivalents,  le  demi-poids  spéci- 
fique de  l'hydrogène  pour  les  poids  spécifiques,  et  le  poids  du  demi-litre  du 
même  gaz  pour  la  série  des  poids  des  litres  des  divers  gaz  ou  vapeurs. 

»  En  résumé  : 

»  L'unité  répétée  un  certain  nombre  de  fois  donne  la  série  des  équiva- 
lents. 

»  Le  poids  spécifique  de  l'hydrogène  répété  un  certain  nombre  de  fois 
pour  chaque  corps,  en  faisant  intervenir  les  facteurs  simples  2  et  l\,  donne  la 
série  des  poids  spécifiques. 

»  Le  poids  d'un  litre  d'hydrogène  soumis  à  ce  même  mode  de  calcul 
donne  le  poids  d'un  litre  de  chaque  fluide  élastique. 

»  Pour  ce  qui  concerne  les  deux  premières  séries,  si  l'on  prend  l'hydro- 
gène pourunitéetpour  premier  terme  de  chacune  d'elles,  on  trouve  :  i^que 
les  équivalents  occupant  un  seul  volume  à  l'état  de  fluide  élastique  sont 
exactement  la  moitié  des  poids  spécifiques  ;  2°  que  les  équivalents  repré- 
sentés par  deux  volumes  concordent  entièrement  avec  les  poids  spécifiques, 
et  '^°  que  les  équivalents  représentés  par  4  vohuues  sont  exactement  le 
double  des  poids  spécifiques. 

»  Ces  faits  seront  rendus  très-évidents  par  l'examen  du  tableau  annexé 
à  ce  Mémoire. 

»  Ayant  par  la  méthode  générale,  objet  de  ce  travail,  calculé  les  poids 
spécifiques  de  quatre-vingts  fluides  élastiques,  je  les  ai  comparés  à  ceux 


(  624  ) 
donnés  par  l'expérience.  Il  est  résulté  de  cet  examen  qu'il  existe  entre  eux 
un  accord  fort  remarquable. 

»  Les  poids  spécifiques  des  fluides  élastiques  ayant  été  déterminés  dans 
des  circonstances  très-variables,  j'ai  cru  pouvoir  en  déduire  que  tous  les 
fluides  élastiques  suivraient  rigoureusement  la  loi  de  Mariotte  et  celle  de 
Gay-Lu.ssac  relative  à  l'égalité  de  leur  coefficient  de  dilatation,  si  quelque 
cause  extérieure  ne  venait  troubler  l'équilibre  naturel  de  leurs  éléments. 

»  Pensant  que  cette  cause  réside  principalement  dans  l'action  que  les 
parois  des  vases  exercent  sur  les  fluides  élastiques,  j'ai  énoncé  cette  opi- 
nion, que  tous  les  fluides  élastiques  subiraient  rigoureusement  la  loi  de  Ma- 
riotte et  celle  de  l'égalité  de  coefficient  de  dilatation  si  l'on  pouvait  les  ob- 
server sans  les  renfermer  dans  des  vases. 

»  La  comparaison  des  poids  spécifiques  des  fluides  élastiques  calculés, 
à  ceux  obtenus  par  l'expérience,  a  permis  de  vérifier  les  équivalents  du 
chlore,  du  phosphore  et  du  silicium. 

))  Tous  les  poids  spécifiques  du  chlore  et  des  composés  chlorés  bien  dé- 
finis conduisent  à  un  équivalent  inférieur  à  36.  Une  partie  de  ces  poids  spé- 
cifiques donne  35,5  ;  l'autre  ne  donne  même  que  35. 

»  L'équivalent  du  phosphore  serait  plutôt  32  que  3i.  Celui  du  silicium 
serait  réduit  de  21  à  i4,  et  l'on  serait  ainsi  conduit  à  séparer  ce  corps  d'avec 
le  bore,  quoiqu'ils  présentent  entre  eux  les  plus  grandes  affinités  naturelles. 

»  Enfin,  il  me  paraît  résulter  de  l'er'semble  de  ce  travail  qu'il  y  aurait 
un  grand  avantage  à  prendre  le  poids  de  l'hydrogène  pour  unité  et  pour 
terme  de  comparaison  des  poids  spécifiques  des  fluides  élastiques.  Car,  in- 
dépendamment de  ce  que  l'air,  qui  sert  aujourd'hui  de  terme  de  comparai- 
son, a  une  composition  variable,  considération  qui  devrait  suffire  pour  en 
faire  rejeter  l'eiiiploi  d'une  manière  absolue,  les  nouveaux  poids  spécifiques 
se  confondraient  dans  la  plupart  des  cas  avec  les  équivalents  chimiques,  et 
il  en  résulterait  une  grande  simplification  et  un  avantage  réel  pour  l'étude 
delà  physique  générale.» 

THÉoniE  DES  NOMBRES.  —  Recherches  sur  les  tioniùres  premiers  :  extrait  d' une 
Lettre  adressée  à  M.  Hermite  par  M.  A.  de  Polignac. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liouvilie,  Lamé,  Hermite.) 

«  M.  Tchébychef  a  le  premier  prouvé  qu'entre  rt  et  an  il  y  a  toujours  un 
nombre  premier,  en  s'appuyant  sur  une  formule  que  nous  avons  trouvée 
presque  simultanément  lui  et  moi;  on  peut  aller  plus  loin  et  affirmer  (qu'à 


(  625  ) 

partir  de  c(  =  2)  il  y  a  toujours  entre  rt  et  4«  un  nombre  premier  de  la  forme 
4  «  +  I  et  un  nombre  premier  de  la  forme  4  «  +  3. 

»  La  démonstration  de  ce  théorème,  que  je  crois  nouveau,  est  assez 
simple.  Je  vous  rappelle  quelques  définitions  :  je  désigne  par  n  {x)  le  pro- 
duit de  tous  les  nombres  premiers  jusqu'au  nombre  premier  immédiate- 
ment inférieur  k  x;  (p  [x]  est  une  fonction  telle,  que 

log(p{x)—lo§li{x)  +  \ogi}.[x'^)-hlog[j.[x'^)  +\og[i{x*)  + 

Désignons  encore  par  ii'{x)  le  produit  des  nombres  premiers  impairs,  en 
sorte  que  fx'  [x)  =  ^^^,  et  par  ?'(ar)  une  fonction  telle,  que 

\og(j)'{x)  =  \ogiJ.'{x)  -h\og[j.'\x^)  -+-  log/x' (a?3  j  +  logp!,'(;c*j  +  .  .  .. 

Lorsque  x  est  donné,  la  série  des  termes  dont  la  somme  compose  log(p(x), 
est  limitée,  et  pour  trouver  le  dernier  de  ces  termes  il  suffira  de  poser 

X"  >  1,  .x""^'  <  2  ;  de  là  on  déduit  immédiatement 

log9(a:)  —  logip'(jr)  =  log.r  —  sloga         avec  js^  '5 

donc 

(i)  log9'(x)>  logî)(j?) -logx, 

(2)  log(jp'(j:)  <  logip(j:)  —  logj?  4- loga. 

Maintenant  on  trouve  aisément  deux  expressions  finies  ne  contenant  que 
des  valeurs  algébriques  ou  logarithmiques,  et  comprenant  log  ^[x);  si  l'on 
adopte  les  expressions  données  par  M.  Tchébychef  dans  son  excellent 
Mémoire  (publié  dans  le  Journal  de  Mathématiques)^  on  aura 

5 

(3)  \og<p{x)>J[x)     et     f{x)  =  kx-^\ogx-  \, 

et  K  ft 

(4)  •   \og(f{x)<¥{x)     et     Y{x)=^-^kx  +  j^^\og^x-\--^\ogx  +  i. 

D'ailleurs 

i   i    ' 
2  ^  3' 5 ' 

A  =  log T7"  =  0,92129202. 

3o»» 

C.  R.,  i85p,  2™«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  18.)  82 


(  626  ) 
Mais,  en  vertu  de  (i)  et  (a), 


(5)  log(f'{x)>A.x—Uogx—t, 

(6)  logy'(ar)<|Aa^+p^log^r  +  |logx+loga  +  l, 
ou  bien,  pour  rendre  les  calculs  suivants  plus  commodes, 


2 


(7)  Iog(p'(.T)>  Ax +Bloga:—  I,  ]b'  =  — 


6 


41og6' 


(8)  logf  (x)<^Ax  +  B'log»ar  +  C'logx  +  D'  , 

^D'  =  log2  +  r. 

»  Considérons  maintenant  le  produit  de  tous  les  nombres  de  la  forme 
(4«  +  i) ,  c'est-à-dire  i. 5. 9. 13.17. ai. aS.  ..(4«+i). 

»  Désignons  par  9{x)  le  produit  de  tous  les  nombres  premiers  de  la 
forme  ^n-h  i  jusqu'à  x,  et  par  v{x)  le  produit  de  tous  les  nombres  pre- 
miers de  la  forme  4  «  +  3  jusqu'à  x. 

»  En  examinant  attentivement  le  produit  de  tous  les  nombres  quelcon- 
ques de  la  forme  4«  +  i  »  on  voit  que  ce  produit  contient  comme  facteurs  : 
1°  tous  les  nombres  premiers  de  la  forme  4«  +  ',  pour\Ta  qu'ils  soient  plus 
petits  que  x  :  cela  amène  le  facteur  9  (x);  2°  tous  les  produits  de  ces  nom- 
bres premiers  par  5,  pourvu  que  5  p  (en  désignant  par  p  un  nombre  premier 
quelconque  de  la  forme  4«  +  i)  soit  plus  petit  que  x:  cela  amène  le  fac- 
teur $ 


»  3".  Le  produit  de  tous  les  nombres  premiers  de  la  forme  (4^^  +  0 
par  9,  pourvu  que  gp  <.x  ou  /)  <  -;  ce  qui  amène  le  facteur  Q  (- j.  On 

verrait  de   même   que  G[-^),S  (— ) ,   9(—\...  9  (7-^ — ]    s'introduisent 
comme  facteurs.  Nous  aurons  donc 

1. 5.9.13., 7.21.25.. .(4«+i)  =  ô(x).e(^).ô(^).ô(^).5(^)...XT(x:,. 

»  T  {x)  contient  encore  comme  facteurs  :  1°  les  carrés  de  tous  les  nom- 
bres premiers  impairs  et  tous  les  produits  de  ces  carrés  par  un  terme  de  la 


progression 


(6^7) 


5,  9,    i3,   17,  21,...,  (4«+  i); 


a"  les  cubes  de  tous  les  nombres  premiers  de  la  forme  (4«  +  i)  et  leurs  pro- 
duits par  un  des  termes  de  la  progression 

5,  9,  i3,  17,  21,...,  (4n+  0; 

3"  les  quatrièmes  puissances  de  tous  les  nombres  premiers  impairs  et  leurs 
produits  par  tous  les  termes  de  la  progression 

5,  9,   i3,   17,  21,...,  (4«+  i), 

et  ainsi  de  suite  pour  toutes  les  puissances;  donc,  en  se  rappelant  que 
^'{x)  désigne  le  produit  de  tons  les  nombres  premiers  impairs  jusqu'à  {x), 
on  a 


!  .5.7.13.17.21.25. .  .(4«  +  i)  =  > 


±  i_ 

x^(-)'-^(ffXi)'-; 

X/.'(x)^.fx'(î)\^>(^)'... 


■Xt'{x). 


X 
X 


On  s'assurerait,  par  une  analyse  tout  à  fait  semblable,  que 

Kf)-©-»(^)-(5)- 
'  (5)' -(^f  •»(#••(#•• 

[.v.:v::::.v:.y:.. 


r'{x)  = 


(  6a8  ) 
Si  donc  on  pose 

t|/(x)  =  eix).(j.'(x^).^(x^).ix'{jcT).6{x^).ij:(x^)...^ 
X(x)  =  v{x).v(x'^).v(x'^)..., 
on  aura,  en  prenant  les  logarithmes, 

(9)log[i.5.9.r3.i7.2i.25...(4«+  i)]  =  log<j;(xj  +  iog/ (^|j  +  log^  (||j 

En  supposant 

^n  -h   i  <i  X,     4«+5>a:, 

et 

1  J.  A  ' 

(lo)  logtj^(j:)  =  logiS(a:)  +  log|x'(a:)2  +  \og6{x)^  +  log/ji'(x)«  -f-..., 

(i  i)  log/  (:c)  =  logv(a:)  +  logv(jr)*  +  logv  [xy  +...-. 

Si  on  considère  la  progression 

3,   7,   rr,   i5,  ig,...,     4«  +  3, 

et  qu'on  fasse  le  produit  de  tous  ces  termes,  on  trouvera  d'une  manière 
analogue  : 

(i2)log[3.7.ii.i5.i9...(4«  +  3)]  =  logx(j:)+log<J.  (f)  +  log/ (g) 

+  log.J;(^)  +  logx('^)  +.... 

»  J'ai  déik  donné  il  y  a  deux  ans  des  formules  générales  analogues  aux 
formules  (9)  et  (12),  et  je  les  ai  rappelées  dans  le  Mémoire  que  j'ai  lu  il  y  a 
un  mois  à  l'Académie,  » 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Théorie  du  mouvement  de  la  terre  autour  de  son  centre 
de  gravité;  par  M.  J.-A.  Serret.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Le  Verrier,  Bertrand.) 

"  La  question  du  mouvement  de  la  terre  autour  de  son  centre  de  gravité 
est  une  des  plus  importantes  de  l'astronomie;  la  rotation  uniforme  de  notre 


(  6:^9  ) 
planète  autour  d'un  axe  sensiblement  fixe  dans  son  intérieur  nous  offre  de 
précieuses  ressources  pour  la  mesure  du  temps,  et  la  connaissance  des  mou- 
vements de  cet  axe  dans  l'espace  absolu,  combinés  avec  les  déplacements 
de  l'écliptique ,  permet  à  l'astronome  de  rapporter  le  mouvement  des 
astres  à. un  plan  fixe,  et  de  comparer  aux  observations  les  conséquences  de 
la  théorie. 

M  Laplace,  dans  le  Livre  V  de  la  Mécanique  céleste,  et  Poisson,  dans  le 
tome  Vil  des  Mémoires  de  l'Institut,  ont  traité  le  problème  du  mouvement  de 
rotation  de  la  terre.  Dans  le  Mémoire  étendu  que  j'ai  l'honneur  de  présen- 
ter à  l'Académie  et  qui  est  destiné  aux  Annales  de  l' Observatoire  impérial  dt 
Paris,  je  me  suis  proposé  de  reprendre  l'étude  de  ce  mouvement  et  d'en 
exposer  la  théorie  avec  détail  ;  la  solution  que  je  présente  aux  géomètres  et 
aux  astronomes  me  paraît  à  la  fois  plus  simple  et  plus  complète  que  celles 
des  savants  illustres  que  j'ai  cités. 

»  Ce  Mémoire  est  divisé  en  six  chapitres,  dont  je  présenterai  une  ana- 
lyse succincte.  Le  premier  chapitre  est  une  sorte  d'introduction  destinée  à 
faciliter  l'intelligence  des  développements  ultérieurs,  et  qui  en  même  temps 
doit  éviter  au  lecteur  l'obligation  de  recourir  à  d'autres  ouvrages  ;  j'ai  réuni 
dans  ce  chapitre  toutes  les  formules  générales  relatives  au  mouvement  de 
rotation  d'un  corps  solide  autour  d'un  point  fixe  ou  autour  de  son  centre 
de  gravité,  sur  lesquelles  est  basée  la  solution  du  problème  que  j'ai  en  vue. 

«  Le  deuxième  chapitre  est  consacré  à  l'évaluation  de  la  fonction  des 
forces  perturbatrices  du  mouvement  de  la  terre  autour  de  son  centre  de 
gravité,  forces  qui  proviennent  des  attractions  du  soleil  et  de  la  lune.  Dans 
le  calcul  de  cette  fonction,  j'ai  eu  égard,  à  l'exemple  de  Poisson,  aux  termes 
provenant  de  la  différence  qui  peut  exister  entré  l'aplatissement  de  l'hémi- 
sphère boréal  de  la  terre,  et  celui  de  l'hémisphère  austral,  ainsi  qu'aux 
termes  sans  doute  beaucoup  plus  petits  qui  proviennent  de  la  non-symétrie 
de  la  terre  autour  de  son  axe,  et  qui  contiennent  en  facteur  la  parallaxe  de 
la  lune  ou  celle  du  soleil.  Conformément  à  la  méthode  systématique  que 
j'ai  adoptée,  j'ai  réuni  dans  ce  chapitre  toutes  les  diverses  formules  qui  doi- 
vent concourir  à  la  solution  définitive  du  problème,  de  manière  à  dégager 
celle-ci  de  tout  ce  qu'elle  renferme  d'accessoire. 

»  Dans  le  troisième  chapitre,  je  considère  le  mouvement  de  l'axe  instan- 
tané de  rotation  de  la  terre,  relativement  aux  axes  principaux  d'inertie.  J'é- 
tablis d'une  manière  rigoureuse  la  permanence  presque  parfaite  des  pôles  à 
la  surface  de  notre  sphéroïde  et  l'invariabilité  de  la  vitesse  angulaire  de 
rotation  ;  enfin  je  démontre  que  la  durée  du  jour  sidéral   est  constante- 


*-''. 


(  63o  ) 
c'est-a-dire  qu'elle  n'est  affectée  que  d'inégalités  périodiques  qui  sont 
tout  à  fait  insensibles.  Poisson  est  le  premier  qui  ait  établi  ce  dernier 
point  d'une  manière  incontestable;  il  est  nécessaire  d'avoir  égard,  comme 
il  l'a  fait,  aux  termes  de  l'ordre  du  carré  des  forces  perturbatrices,  et  ce  que 
Laplace  avait  donné  antérieurement  à  ce  sujet  n'est  pas  suffisant.  La  mé- 
thode dont  j'ai  fait  usage  est  très-différente  de  celle  de  Poisson,  qui  a  pris 
pour  point  de  départ  les  formules  générales  de  la  variation  des  constantes 
arbitraires;  l'analyse  développée  par  ce  grand  géomètre  est  sans  doute  très- 
élégante,  mais  elle  me  paraît  offrir  des  complications  inutiles  que  je  crois 
avoir  évitées.  En  terminant  ce  troisième  chapitre,  j'établis  les  deux  équa- 
tions différentielles  qui  déterminent  l'inclinaison  de  l'équateur  sur  un  plan 
fixe  et  l'angle  que  forme  l'intersection  de  ces  deux  plans  avec  une  droite  fixe 
située  dans  le  plan  fixe. 

»  Toute  cette  analyse  suppose  la  terre  entièrement  solide;  or  jl  n'est  pas 
évident  que  les  oscillations  de  l'Océan  et  les  mouvements  de  l'atmosphère 
soient  sans  influence  sur  les  déplacements  de  l'axe  instantané  de  rotation. 
Laplace  a  établi  que  cette  influence  est  complètement  insensible;  je  renvoie 
pour  ce  point  au  Livre  V  de  la  Mécanique  céleste. 

n  Les  quatrième  et  cinquième  chapitres  sont  consacrés  à  la  recherche 
des  formules  de  la  précession  et  de  la  nulation.  J'ai  pris  pour  point  de  dé- 
part les  formules  du  mouvement  elliptique,  pour  )a  lune  comme  pour  le 
soleil,  mais  j'ai  discuté  avec  soin  l'influence  des  inégalités  de  la  longitude  de 
la  lune,  du  rayon  vecteur  et  des  éléments  de  l'orbite.  J'ai  conservé  dans  la 
nutation  de  la  longitude  deux  petits  termes  qui  ont  respectivement  pour 
arguments  l'anomalie  moyenne  du  soleil  et  celle  de  la  lune;  le  coefficient 
du  premier  de  ces  termes,  qui  est  à  peu  près  double  de  l'autre,  ne  dépasse 
guère  un  dixième  de  seconde.  Ces  deux  termes  sont  introduits  dans  l'expres- 
sion de  la  nutation  par  l'équation  du  centre  du  soleil  et  par  celle  de  la  lune, 
et  c'est  à  eux  que  j'ai  comparé  les  termes  introduits  par  les  diverses  inéga- 
lités des  coordonnées  de  la  lune.  Il  résulte  de  cette  discussion  que  toutes  ces 
inégalités  n'introduisent  dans  la  nutation  de  la  longitude  et  dans  celle  de 
l'obliquité  que  des  termes  inférieurs  aux  deux  que  j'ai  choisis  pour  points 
de  comparaison  et  que  les  astronomes  négligent  complètement  dans  leurs 
calculs.  A  la  vérité  l'inégalité  lunaire  connue  sous  le  nom  de  variation  et  qui 
a  pour  argument  deux  fois  la  longitude  moyenne  du  soleil  moins  deux  fois 
la  longitude  moyenne  de  la  lune,  introduit  dans  chacune  des  deux  formu- 
les de  nutation  un  terme  qui  dépend  du  double  de  la  longitude  du  soleil, 
,et  qui  doitètre  conservé  pour  être  réuni. au  terme  de  même  argument  dii  à 


(  63i  1 

l'action  directe  du  soleil  sur  la  terre.  Poisson  avait  fait  cette  remarque,  en 
ajoutant  que  le  terme  dont  il  s'agit  ne  devait  pas  être  pris  en  considération^ 
comme  étant  au-dessous  de  la  centième  partie  du  petit  terme  diî  à  l'action 
directe;  mais  cette  évaluation  est  inexacte,  la  vraie  valeur  du  terme  en  ques- 
tion est  au  moins  deux  fois  plus  considérable  que  celle  assignée  par  Poisson. 
Il  est  vrai  toutefois  qu'on  ne  doit  point  avoir  égard  aux  termes  dont  je  viens 
de  parler,  parce  qu'ils  sont  détruits  presque  complètement  par  les  termes 
qu'introduit  l'inégalité  du  rayon  vecteur  qui  dépend  du  même  argument 
que  la  variation. 

»  Pour  la  réduction  en  nombres  des  coefficients  de  mes  formules,  j'ai 
fixé  l'origine  du  temps  au  i""  janvier  i85o,  et  j'ai  admis  pour  l'obliquité 
moyenne  de  l'écliptique  à  cette  époque  la  valeur  employée  dans  le  tome  II 
des  Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  j'ai  adopté  également  les 
valeurs  données  par  M.  Le  Verrier  pour  les  inégalités  séculaires  des  élé- 
ments de  l'orbite  de  la  terre,  et  pour  la  constante  de  la  précession  ; 
enfin  j'ai  emprunté  à  M.  Peters  la  valenrde  la  constante  de  la  nutation.  Au 
moyen  de  toutes  ces  données,  j'ai  repris  le  calcul  de  la  masse  de  la  lune  que 
je  trouve  égale  à  ^  environ  de  la  masse  de  la  terre,  avec  un  coefficient  de 
correction  dépendant  des  corrections  qu'il  peut  y  avoir  lieu  de  faire  subir 
aux  valeurs  admises  pour  les  constantes  de  la  précession  et  de  la  nutation  ; 
j'ai  calculé  également  le  rapport  du  plus  grand  moment  principal  d'inertie 
de  la  terre  (relativement  au  centre  de  gravité)  à  la  moyenne  des  deux  autres 
et  j'ai  trouvé  que  ce  rapport  est  sensiblement  égal  à  celui  des  nombres  3o6 
et  3o5. 

»  Les  formules  de  nutation  auxquelles  je  me  suis  arrêté  n'offi'ent  que 
des  différences  insignifiantes  avec  celles  que  M.  Le  Verrier  a  calculées, 
d'après  les  données  numériques  de  M.  Peters,  dans  le  tome  II  des  Annales 
de  l'Observatoire.  Ces  formules  suffisent  et  au  delà  pour  les  besoins  ordi- 
naires de  l'astronomie;  cependant  dans  les  recherches  délicates  qui  se 
rapportent  à  l'aberration  et  à  la  parallaxe  annuelle  des  étoiles,  il  peut  être 
utile  de  connaître  les  principaux  des  termes  que  j'ai  négligés.  La  discussion  à 
laquelle  je  me  suis  livré  et  dont  j'ai  parlé  plus  haut  pouvait  aisément  donner 
tons  ces  termes,  et  j'en  ai  montré  un  exemple  en  calculant  ceux  qui  provien- 
nent de  la  variation  lunaire  et  de  l'inégalité  correspondante  du  rayon 
vecteur;  mais  ayant  spécialement  en  vue  l'exposition  théorique  du  mou- 
vement de  rotation  de  la  terre,  je  n'ai  point  insisté  sur  cet  objet  et  je  n'ai 
pas  cherché  à  reprendre  des  calculs  qui  ont  été  exécutés  par  M.  Peters  avec 
un  talent   remarquable.  Dans  son    célèbre  travail   sur  la  détermination 


(  632  ) 
de  la  constante  de  la  natation,  ce  savant  astronome  a  repris  le  calcul  de  la 
mUation  de  la  longitude  et  de  celle  de  l'obliquité;  il  n'a  point  admis  les 
formules  du  mouvement  elliptique  à  l'égard  de  la  lune,  et  il  a  pris  pour  les 
coordonnées  de  cet  astre  les  valeurs  qui  résultent  de  la  théorie  de  M.  Da- 
moiseau ;  je  n'ai  pas  cru  devoir  reproduire  les  calculs  de  M.  Peters,  mais 
j'ai  pensé  faire  une  chose  utile  en  indiquant  les  résultats  qu'il  a  obtenus. 
En  comparant  mes  formules  à  celles  de  M.  Peters  déduites  d'une  analyse 
différente,  on  ne  pourra  manquer  de  remarquer  la  coïncidence  parfaite 
qu'elles  présentent. 

"  Pour  terminer  cette  étude  du  mouvement  de  rotation  de  la  terre,  il 
restait  à  déterminer  les  inégalités  séculaires  de  la  durée  du  jour  moyen; 
cette  question  fait  l'objet  du  sixième  chapitre  de  mon  Mémoire.  La  solution 
se  réduit  au  calcul  de  l'ascension  droite  du  soleil  en" tenant  compte  du 
déplacement  de  l'écliptique  et  de  l'équateur;  on  en  déduit  ensuite  aisément 
l'angle  horaire  de  cet  astre  pour  un  méridien  terrestre  déterminé.  Le  temps 
pendant  lequel  cet  angle  s'accroît  de  quatre  angles  droits  est  la  durée  du 
jour  solaire;  le  calcul  de  l'inégalité  séculaire  dont  cette  durée  est  affectée 
n'offrf  aucune  difficulté;  on  reconnaît  que  la  durée  du  jour  solaire  moyen 
est  actuellement  décroissante,  mais  comme  sa  diminution  n'atteint  pas 
cinq  secondes  en  dix  mille  siècles,  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  préoccuper.    » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Note  SUT  les  moyens  de  corriger  les  régulateurs  à 
Jorce  centrifuge,  quine  maintiennent  pas  la  vitesse  des  moteurs  entre  des  limites 
suffisamment  étroites;  par  M   Mahistre. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Poncelet.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  VViNNECKE,  à  qui  dans  la  séance  publique  du  i4  mars  dernier  a  été 
décernée  une  des  médailles  de  la  fondation  Lalande,  pour  ses  découvertes  en 
astronomie  pendant  l'année  i858,  en  adressant  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie, exprime  le  regret  de  n'avoir  pu  le  faire  plus  tôt,  par  suite  de  circon- 
stances indépendantes  de  sa  volonté. 

M.  DE  JoNQiîrèREs  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un 
Mémoire  sur  la  génération  des  courbes  à  double  courbure,  qu'il  avait  pré- 
senté à  Tavant-dernière  séance  et  qui  lui  paraît  susceptible  de  recevoir  de 
nouveaux  développements. 


(  633  ) 

M.  Panizzi,  bibliothécaire  principal  du  British  Muséum,  remercie,  an  nom 
de  cet  établissement,  l'Académie  pour  l'envoi  de  quatre  nouveaux  volumes 
de  ses  publications. 

M.  LE  Vice-Président  offre,  au  nom  de  l'auteur  M.  Gilbert,  professeur  à 
l'Université  de  Louvain,  un  exemplaire  des  «  Recherches  sur  les  propriétés 
géométriques  des  mouvements  plans». 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  nou- 
velle carte  des  régions  arctiques  publiée  par  l'Amirauté  britannique,  et 
donne  lecture  de  la  Lettre  suivante  de  M.  Pentland,  qui  a  marqué  en  cou- 
leur sur  cette  carte  les  routes  de  sir  John  Franklin  et  du  capitaine  Mac- 
Clin  tock. 

«  Je  vous  envoie  la  carte  que  vient  de  publier  l'Amirauté,  après  les  der- 
nières découvertes  du  capitaine  Mac-Clintock,  envoyé  en  i  867  à  la  recher- 
che désir  John  Franklin,  en  grande  partie  aux  frais  de  sa  veuve. 

»  J'ai  marqué  en  rouge  les  terres  nouvellement  reconnues  par  Mac-Clin- 
tock, ou  découvertes  par  lui,  et  qui  complètent  une  grande  partie  de  ce 
que  nous  ignorions  encore  sur  les  côtes  septentrionales  du  continent  amé- 
ricains. 

»  Parti  d'Angleterre  dans  l'été  de  1857,  Mac-Clintock  a  été  pris  dans 
les  glaces  dans  la  baie  de  Baffin  pendant  l'hiver  de  cette  année,  pendant 
lequel  son  bâtiment  a  été  porté  de  près  de  1 200  milles  au  sud  vers  le  détroit 
de  Davies.  En  i858  il  a  pu  atteindre  Beechey  Island,  l'endroit  où  Franklin 
avait  hiverné  en  i845,  et  ensuite  arriver  au  détroit  de  Bellot  près  duquel  il 
a  hiverné  en  iSSS-iSSg.  Dans  le  printemps  de  l'année  actuelle,  il  a  fait  avec 
ses  deux  compagnons  les  capitaines  Young  et  Hobson  des  excursions  sur  la 
terre  de  Boothia,  Prince  of  Wales  Island  et  King  William  Island,  pendant 
lesquelles  ils  ont  découvert  des  documents  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur 
la  mort  de  sir  John  FranMin  au  mois  de  juin  1847,  ^  bord  de  son  bâtiment, 
non  loin  du  pôle  magnétique  de  sir  James  Ross. 

»  Il  paraît  qu'après  avoir  hiverné  en  i845-i84t)  à  Beechey  Island,  sir  T. 
Franklin  a  voulu  pénétrer  par  le  détroit  de  Wellington  dans  le  bassin  polaire, 
qu'ayant  atteint  le  77^  degré  de  latitude,  il  n'a  pas  pu  avancer  au  delà, 
qu'il  est  revenu  hiverner  à  Beechey  Island  en  1846-1847,  d'où  il  est  reparti 
dans  la  direction  sud-ouest  par  Peels  Sound,  qu'il  est  arrivé  près  du  Cap 

C.  R.,   1809,  2">«  Semcj/rc.  (T.  XLIX,  N»  18.)  •      83 


(  634  ) 
Félix  dans   le  mois  de  mai  1847,  ^^  9"'^  Y  ^^'  mort  le  11  juin  1847,  '^^ 
qu'enfin,  jpais  l'année  suivante  (1848)  seulement,  les  équipages  des  deux 
navires  ont  été  obligés  de  les  abandonner,  et  ont  péri  ensuite  de  faim  et  de 
fatigues  en  essayant  d'atteindre  la  rivière  de  Bach.  » 

GIÎOLOGIE.  —  Sur  la  découverte  d'instruments  en  silex  associés  à  des  restes  de 
mammifères  d'espèces  perdues  dans  des  couches  non  remaniées  d'une  forma- 
tion géologique  récente  (il;  Lettre  de  M.  Prestwicii  à  M.  Elie  de  Beau- 
mont. 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  des  Sciences  du  compte 
rendu  d'un  Mémoire  que  j'ai  lu  à  la  Société  royale  de  Londres  au  mois  de 
mai  dernier,  et  qui  a  rapport  à  une  découverte  très-importante  pour  la 
géologie,  faite  en  France  par  M.  Boucher  dePerihes,  comme  antiquaire,  et 
de  l'exactitude  de  laquelle  je  viens,  comme  géologue,  de  m'assurer  cet  été. 
C'est  presque  par  hasard  que  j'ai  eu  occasion  de  vérifier  ce  fait  si  intéres- 
sant. Depuis  quelques  années  que  je  m'occupe  des  terrains  tertiaires  et 
quaternaires  du  midi  de  l'Angleterre,  j'étudiais,  pour  en  faire  la  corrélation, 
vos  ouvrages  et  vos  terrains  de  l'autre  côté  de  la  Manche.  Entre  autres  la 
coupe  de  Menchecourt,  près  d'Abbeville,  par  M.  Ravin  et  M.  Buteux,  m'in- 
téressait vivement,  tant  à  cause  de  la  belle  collection  d'ossements  que  Cuvier 
y  avait  faite,  qu'à  cause  de  l'assemblage  de  coquilles  marines,  fluvialiles  et 
terrestres  qui  s'y  trouvaient;  mais  d'autres  objets  avaient  toujours  retardé 
cette  visite.  M.  Buteux,  dans  son  Esquisse  géologique  du  département  de  la 
Somme,  faisait  aussi  mention  dans  une  Note  que  M.  Boucher  de  Perthes 
annonçait  qu'il  y  avait  trouvé  des  instruments  taillés  en  silex.,  Et  puis  plu» 
tard,  le  D"^  Rijollot  a  publié  la  découverte  qu'il  en  avait  faite  à  Amiens. 

»  La  question  en  était  là  quand  le  D"'  Falconer  nousa  annoncé,  l'annéepassée, 
la  découverte  des  silex  taillés  de  main  d'homme  dans  la  caverne  de  Brixham, 
près  de  Torquay,  en  cours  d'exploration  par  suite  d'une  concession  de  la 
Société  royale^  et  dont  il  y  aura  en  peu  de  temps  un  Rapport  détaillé.  Ayant 
visité  la  caverne  de  Brixham  et,  d'après  les  données  que  j'ai  reçues,  étant 
convaincu  que  des  silex  taillés,  quoique  rares,  y  avaient  été  trouvés  parmi 


(i)  J  late  geologicat  period.  En  annonçant  au  Bulletin  bibliographique  de  la  précédente 
séance  ropuscule  en  question,  on  avait  lu,  par  suite  de  l'empâtement  d'une  partie  du  titre,, 
tlic  taie,  et  traduit  en  conséquence. 

P. 


(  635  ) 
les  ossements  fossiles,  j'ai  saisi  la  première  occasion  de  me  rendre  à  Abbe- 
ville  et  à  Amiens,  avec  la  pensée  nn  peu  moins  prévenue  qu'elle  ne  l'était 
un  an  plus  tôt,  pour  y  voir  ces  terrains  remarquables  de  la  France  où  le 
même  fait  avait  déjà  été  indiqué.  Le  compte  rendu  que  j'ai  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie  donne  tous  les  détails  essentiels  de  mes  recherches. 
Qu'il  suffise  ici  de  dire  que,  pour  bien  m'assurer  du  fait,  j'ai  fait  deux 
voyages  à  Abbeville  et  à  Amiens,  où  j'ai  été  reçu  de  la  manière  la  plus 
amicale  par  M.  Boucher  de  Perthes  et  par  plusieurs  membres  de  la  Société 
des  Antiquaires  de  Picardie.  A  Abbeville,  où  j'ai  faitfaire  plusieurs  tranchées, 
je  n'ai  pas  été  assez  heureux  pour  découvrir  moi-même  des  silex  taillés; 
mais,  d'après  les  indications  de  M.  Boucher  de  Perthes  qui  m'accompa- 
gnait sur  les  terrains,  le  témoignage  des  ouvriers,  l'état  des  silex  et  la  cer- 
titude du  fait  à  Amiens,  je  ne  peux  pas  avoir  de  doute  sur  l'exactitude  de 
la  découverte  de  M.  de  Perthes. 

»  Plus  heureux  à  Amiens,  je  me  suis  non-seulement  procuré  plusieurs 
échantillons  des  ouvriers,  mais  j'ai  aussi  détaché  moi-même  un  silex,  en 
partie  travaillé  en  hache,  enseveli  dans  le  gravier  à  une  profondeur  de 
5  mètres.  Cependant,  comme  je  n'étais  pas  présent  quand  cet  échantillon 
a  été  mis  au  jour,  et  voulant  avoir  une  pièce  de  conviction  plus  forte  pour 
im  tel  fait,  je  me  suis  rendu  de  nouveau  à  Amiens  au  mois  de  juin  avec 
plusieurs  de  mes  amis,  membres  de  la  Société  Géologique  de  Londres  et 
autres.  Après  une  recherche  de  quelque  durée,  un  de  ces  messieurs,  en 
exploitant  le  gravier  à  une  profondeur  de  6  mètres  et  dans  un  endroit 
où  nous  nous  étions  d'abord  assurés  que  le  terrain  était  vierge  et  nulle- 
ment dérangé,  a  trouvé  et  dégagé  avec  ses  propres  mains  une  belle  hache 
longue  de  ai  centimètres.  Nous  étions  à  côlé  et  témoins  du  fait.  Aussi, 
nous  étions  ce  même  jour  à  côlé  d'un  ouvrier  qui,  en  travaillant  à  une 
tranchée,  a  dégagé,  sans  les  voir,  deux  haches  un  peu  moins  grandes  et 
que  nous  avons  ramassées  parmi  le  gravier  rejeté.  Donc  d  ne  nous  restait 
plus  de  doute  sur  ce  fait  remarquable  Une  Notice  des  mollusques  et  des 
ossements  qui  ont  été  rencontrés  dans  cet  endroit  se  trouve  dans  le  Compte 
rendu. 

»  A  mon  retour  à  Londres  j'ai  eu  connaissance  d'un  fait  semblable  très- 
singulier.  Dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  pour  i8oose 
trouve  une  Note  par  un  M.  Frère,  détaillant  une  découverte  qu'il  avait  faite 
à  Hoxne  en  Suffolk  en  1797  de  silex  taillés  dans  un  gravier,  avec,  disait-il, 
des  ossements  des  animaux   inconnus   et  des  coquilles,  sous  une  argile 

83.. 


(  636  ) 
à   brique  épaisse  de  3  à  4  mètres.  M.  Frère  a  parfaitement  bien    reconnu 
que  le  terrain  était  vierge,   et  de  plus  il  a  indiqué  que  le   gravier   avec 
haches  et  ossements  avait  été  déposé  avant  que  le  pays  aux  environs  ait 
tout  à  fait  reçu  la  configuration  du  temps  actuel.  Je  me  suis  rendu  à  l'en- 
droit indiqué.  J'ai  reconnu  que,  il  y  a  quelques  années,  on  a  trouvé  beau- 
coup de  silex  taillés,  mais  qu'à  présent  ils  sont  rares.  Néanmoins  je  suis 
revenu  avec  deux  échantillons  bien  prononcés,  et  qui  sont  tout  à  fait  de  la 
forme  des  haches  de  Saint-Acheul,   mais  un  peu  plus  rude.  Les  ossements 
qui  y  ont  été  trouvés  sont  ceux  d'éléphant  et  de  bœuf,   et  les  coquilles 
sont  celles  des  mollusques  d'eau  douce  et  terrestres  des  espèces  vivantes.  Je 
viens  d'y  faire  une  autre  visite,  au  commencement  de  ce  mois  d'octobre, 
avec  plusieurs  géologues  et  antiquaires,    et    faisant  creuser  une  tranchée 
jusqu'au  fond  du  dépôt,  nous  avons  trouvé  une  seule  hache  dans  le  gravier 
à  une  profondeur  de  3  mètres. 

»  En  parlant  des  silex  taillés  de  tous  ces  terrains  je  veux  parler  seulement 
du  modèle  que  M.  Boucher  de  Perthes  appelle  hache  dont  à  Abbeville, 
tant  qu'à  Amiens  et  Hoxne,  la  forme  est  toujours  du  même  (ou  de  deux) 
type,  et  dont  le  travail  est  évident.  Je  ne  me  suis  pas  occupé  des  autres 
formes  de  silex  taillé.  Les  silex  taillés  de  nos  cavernes  sont  bien  moins 
grands  que  ces  autres  et  paraissent  plutôt  faits  pour  couteaux  et  pointes  de 
flèches. 

»  Ces  faits  inattendus  méritent,  il  me  semble,  toute  l'attention  de  l'Aca- 
démie et  ne  peuvent  pas  manquer  à  stimuler  les  géologues  de  tous  les  pays 
à  une  étude  encore  plus  approfondie  des  terrains  quaternaires,  surtout  des 
plus  récents,  où  ces  ouvrages  des  mains  d'hommes  se  trouvent  associés  avec 
les  ossements  des  espèces  perdues  de  mammifères  :  un  fait  qui  vient  de 
mettre  pour  la  première  fois  la  géologie  et  l'ethnologie  en  rapport  et  ne  peut 
pas  manquer,  par  les  questions  auxquelles  ça  donnera  lieu,  d'arriver  à 
résoudre  des  problèmes  en  géologie  très-compliqués,  et  à  établir  des  nou- 
velles vérités  dans  la  science.   » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de 
M.  Albert  Gaiidry,  d'un  exemplaire  du  Mémoire  lu  par  lui  dans  la  séance 
du  3  de  ce  mois,  sur  les  instruments  en  silex  du  diluvium  d'Amiens,  et  fait 
remarquer  que  dans  ce  Mémoire,  ainsi  qu'il  l'a  déjà  dit,  l'auteur  n'avait 
point  oublié  dénommer  M.  Boucher  de  Perthes.  {Foirle  Compte  rendu  de  ia 
séance  précédente,  p.  58i  du  pi'ésent  volume.) 


(637) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  appelle  encore  l'attention  de  l'Académie  sur 
deux  opuscules  adressés  par  M.  Ransome,  manufacturier  à  Ipswich,  concer- 
nant l'emploi,  pour  le  durcissement  des  pierres,  du  verre  soluble  avec  le 
chlorure  de  calcium. 

Un  échantillon  de  la  pierre  de  Caen  (calcaire  poreux)  traitée  par  ce 
procédé  est  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

Ces  pièces  sont  renvoyées,  à  titre  de  renseignements,  à  la  Section  de 
Chimie  que  l'Académie,  dans  sa  séance  du  16  mars  1857,  a  chargée  de  lui 
faire  un  Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Ruhlmann  concernant  l'emploi  des 
silicates  alcalins  pour  divers  usages  et  notamment  pour  l'endurcissement 
el  la  coloration  des  pierres. 

M.  Elie  de  Beavmont  présente  enfin,  au  nom  de  M.  Zantedeschi,  trois 
opuscules,  l'un  en  allemand,  concernant  l'histoire  de  l'électro- magnétisme 
et  les  découvertes  dues  à  /.  D.  Romagnosi;  les  deux  autres  en  italien,  mais 
imprimés  à  Vienne,  l'un  sur  le  calorique  rayonnant,  l'autre  sur  la  corré- 
lation des  forces  chimiques  avec  la  réfrangibilité  des  irradiations. 

Dans  la  Lettre  jointe  à  cet  envoi,  M.  Zantedeschi  rappelle^que  ses  publi- 
cations sur  l'acoustique  avaient  été  renvoyées  à  M.  Cagniard  de  Latour  pour 
en  faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal;  il  exprime  l'espoir  que  ce  Rapport, 
retardé  par  la  mort  du  célèbre  physicien,  pourra  être  demandé  à  un  autre 
Membre  de  la  Section. 

M.  Despretz  est  désigné  à  cet  effet. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Nouvelle  expérience  pour  rendre  manijesle  le  mouvement 
de  rotation  de  la  terre;  par  M.  Perrot. 

«  Je  me  sers  d'un  baquet  circulaire  de  grande  dimension,  plein  d'eau 
et  solidement  établi  sur  des  supports  bien  fixes.  Je  détermine  l'écoulement 
par  un  trou  circulaire  percé  en  mince  paroi  au  fond  et  au  centre  du  baquet, 

a  II  résulte  de  la  théorie,  que  les  particules  de  l'eau  eu  marchant  du  bord 
vers  le  centre,  au  lieu  de  suivre  le  rayon  allant  de  la  circonférence  à  ce 
même  centre  du  liquide,  doivent  se  porter  vers  la  droite. 

»  Maintenant,  si  je  répands  à  la  surface  suivant  un  des  rayons  une  ligne 


(  638  ■ 
de  poussières  flottantes,  j'observe  pendant  l'écoulement  que  ce  rayon,  d'ahord 
rectiligne,  se  courbe  suivant  luie  ligne  dont  les  parties  les  plus  voisines  <lu 
centre  se  portent  sensiblement  à  droite  de  la  position  qu'elles  auraient 
occupée  si  elles  eussent  suivi  exactement  le  rayon. 

»  Qnand  elles  arrivent  près  du  centre  d'écoulement,  elles  tournent  en 
spirale,  et  leur  mouvement,  vu  des  bords  du  baquet,  est  encore  à  droite.  Le 
mouvement  de  la  terre  se  manifeste  donc  par  cette  direction  que  prennent 
les  corpuscules  en  arrivant  vers  le  centre  d'écoulement. 

»  L'expérience,  répétée  un  grand  nombre  de  fois,  a  toujours  donné  le 
même  résidtat,  et  je  pense  qu'on  peut  l'ajouter  aux  brillantes  expériences 
par  lesquelles  M.  Foucault  a  rendu  sensible  ce  point  important  du  système 
dn  monde. 

u  Avant  de  déterminer  l'écoulement,  et  pour  éviter  tout  soupçon  de 
vitesse  acquise  dans  le  liquide,  je  laisse  l'eau  du  baquet  en  repos  pendant 
une  journée  entière,  et  je  m'assure,  par  l'inspection  attentive  des  petits  corps 
flottants  à  la  surface,  que  le  liquide  est  parfaitement  en  repos  avant  l'ouver- 
ture de  l'orifice  d'écoulement. 

u  Les  petits  corps  flottants  primitivement  disposés  suivant  un  rayon  du 
baquet  circulaire  sont  formés  par  U  cire  d'Amérique,  dite  carnauba,  réduite 
en  poudre  grossière.  Je  répète  qu'on  voitce  rayon  rectiligne  de  corpuscules 
s'infléchir  à  droite  et  tourner  ensuite  autour  de  la  verticale  qui  correspond 
au  centre  de  l'orifice  percé  au  fond  du  baquet  circulaire,  comme  l'indique 
la  théorie  du  mouvement  de  rotation  de  la  terre.  Cette  expérience  très-simple 
en  offre  donc  une  nouvelle  vérification,   » 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Influence  du  mouvement  de  rotation  de  la  terre  sur 
le  cours  des  rivières;  remarques  présentées  à  l'occasion  de  la  communication 
précédente,  par  M.  Babinet. 

«  L'expérience  curieuse  de  M.  Perrot  qui  a  constaté  l'influence  du  mou- 
vement de  rotation  de  la  terre  sur  l'écoulement  d'un  liquide  qui  s'opère 
par  un  mouvement  allant  des  bords  au  centre  d'un  vase  circulaire,  m'a 
rappelé  ce  fait  curieux  observé  d'abord  dans  le  cours  des  grands  fleuves 
de  Sibérie,  savoir,  que  l'Obi,  l'Iénisséi,  la  Lena,  qui  coulent  vers  le  nord, 
étant  arrivés  en  plaine,  rongent  continuellement  leur  rive  droite  sans  qu'au- 
cun obstacle,  aucune  pente  de  terrain,  aucune  résistance  inégale  du  ter- 
rain puisse  déterminer  ce  singulier  déplacement  du  lit  du  fleuve.  On   va 


(  639  ) 
voir  que  pour  notre  hémisphère  le  fait  est  général,  soit  pour  les  cours  d'eau 
dirigés  du  nord  au  sud  ou  du  sud  au  nord.  D'après  une  importante  re- 
marque de  M.  Foucault,  il  en  est  de  même  pour  les  rivières  allant  de  l'est 
à  l'ouest  ou  de  l'ouest  à  l'est  ou  même  dans  une  direction  quelconque. 
Jusqu'ici  dans  des  questions  analogues,  tout  le  monde  et  moi  le  premier 
nous  étions  complètement  dans  l'erreur.  Dans  l'autre  hémisphère  tous  les 
courants  constants  d'eau  ou  d'air  se  dirigent  vers  la  gauche.  Dans  les  cy- 
clones où  l'air  afflue  vers  un  centre,  les  masses  d'air  en  se  dirigeant  vers 
le  centre  prennent  à  droite  comme  l'eau  dans  l'expérience  de  M.  Perrot  si 
c'est  dans  notre  hémisphère,  et  si  c'est  dans  l'hémisphère  austral,  elles 
prennent  à  gauche.  A  l'équatenr  cet  effet  est  nul. 

»  Soit  une  rivière  marchant  vers  le  nord  comme  les  fleuves  de  Sibérie 
ou  le  Nil.  Alors  l'eau  qui  arrive  vers  l'embouchure  avec  une  vitesse  de  ro- 
lation  vers  l'est  plus  grande  que  la  vitesse  vers  l'est  de  la  région  de  l'em- 
bouchure, doit  gagner  vers  l'est,  c'est-à-dire  vers  la  droite  du  courant. 
C'est  ainsi  que  le  Nil  en  entrant  dans  la  Méditerranée  porte  à  l'est  vers  la 
Palestine  les  sables  et  les  troubles  qu'il  entraîne  dans  son  cours.  Le  Rhône, 
au  contraire,  va  du  nord  au  sud.  A  mesure  qu  il  descend,  son  eau  arrive  à 
des  points  de  son  lit  qui,  plus  voisins  de  l'équateur,  tournent  plus  vite  que 
cette  eau  vers  l'est.  Elle  doit  donc  se  porter  vers  l'ouest,  qui  tient  la  droite 
du  cours  du  fleuve.  Les  troubles  de  ce  fleuve  se  portent  à  l'occident  et  ses 
eaux  vont  avec  les  eaux  de  l'Èbre  dessaler  sensiblement  la  mer  aux  environs 
des  îles  Baléares.  De  même  les  eaux  de  la  mer  iN^oire  en  descendant  par  le 
Bosphore  dans  l'Archipel  restent  en  arrière  à  l'ouest,  et  le  courant,  dit  cou- 
rant de  Snt/m,  rase  la  côte  européenne.  J'en  puis  dire  autant  des  eaux  du  Pô 
qui,  s'écoulantausud  vers  les  bouches  de  Cattaro,  longent  la  cote  italienne  en 
évitant  celle  de  Dalmatie.  Enfin  le  grand  courant  océanique  qui  entre 
dans  la  Méditerranée  par  le  détroit  de  Gibraltar  et  va  du  sud-est  an  nord-est, 
s'empresse  de  prendre  à  droite  et  de  longer  les  rivages  de  l'Afrique  se[)- 
tentrionale.  On  pourrait  objecter  l'embouchure  du  Mississipi  dont  les  trou- 
bles sont  portés  vers  l'est,  à  gauche  du  cours  du  fleuve;  mais  c'est  le  puis- 
sant coiu'ant  du  golfe  du  Mexique  dirigé  vers  l'est  qui  renverse  ici  l'influence 
du  mouvement  de  la  terre.  Dans  le  reste  de  son  cours,  en  plaine,  le  Missis- 
sipi ronge  sa  rive  droite  comme  le  font  les  autres  fleuves  de  notre  hémisphère. 

»  Il  est  un  peu  plus  difficile  de  voir  comment  une  rivière  allant  vers 
l'ouest  ou  vers  l'est,  ainsi  que  la  Seine,  la  Ivoire,  le  Danube,  porte  ses  eaux 
contre  la  rive  droite.  Dans  l'explication  qu'on  a  donnée  de  la  loi  de  rota- 


(  64o  ) 
tion  des  vents  due  à  M.  Dove,  et  dans  celle  des  cyclones  due  à  M.  Taylor 
on  admettait  que  les  masses  d'air  allant  de  l'est  à  l'ouest  ou  de  l'ouest  à 
l'est,  marchaient  en  ligne  droite.  On  peut  voir  à  la  page  65o  du  recueil  où 
sir  John  Herschel  a  mis  tout  récemment  un  beau  travail  sur  la  météorolo- 
gie, les  explications  données  par  MM.  Dove  et  ïaylor.  Les  masses  d'air 
transportées  de  l'est  à  l'ouest  ou  de  l'ouest  à  l'est  y  sont  représentées  dans 
une  figure  très-nette  comme  suivant  la  ligne  droite  sans  se  dévier  comme 
celles  qui  marchent  suivant  le  méridien  dans  l'un  et  l'autre  sens,  et  qui  sont 
dessinées  se  portant  à  droite.  Je  réserve  pour  une  Note  spéciale  le  calcul 
mathématique  par  lequel  on  prouve,  comme  l'a  trouvé  M.  Foucault,  i°  qu'un 
mouvement  continu  quelconque  d'un  fluide  détermine  une  déviation  à 
droite  quelle  que  soit  la  direction  azimutale  de  ce  mouvement,  et  a"  que  la 
tendance  à  prendre  vers  la  droite  (dans  notre  hémisphère)  est  exactement 
de  la  même  intensité  pour  une  direction  quelconque  que  pour  les  courants 
venant  directement  du  nord  ou  du  sud. 

M  Cela  posé,  on  voit  pourqu&i  la  Seine,  dans  les  parties  de  son  lit  où  le 
sol  est  bien  de  niveau,  s'est  rapprochée  du  côté  droit  de  la  plaine  qu'elle 
traversait,  et  pourquoi  dans  la  partie  inférieure ^de  son  cours,  où  l'effet  de 
la  marée  prédomine,  c'est  vers  la  rive  gauche  que  s'est  porté  le  lit,  car  ce 
côté  est  le  côté  droit  pour  les  eaux  de  la  mer  entrant  dans  le  bassin  du 
fleuve. 

»  On  peut  cependant,  sans  l'aide  du  calcul,  pressentir,  sinon  mesurer 
l'effet  que  produit  sur  la  rive  droite  un  cours  d'eau  allant  par  exemple  vers 
l'ouest,  comme  la  Seine,  la  Loire,  la  Garonne,  et  en  général  toutes  les  ri- 
vières de  la  France  et  de  l'Espagne  occidentales.  Placez-vous  sur  le  bord  de 
la  rivière  en  faisant  face  au  midi,  observez  le  soleil  et  notez  les  points  de 
l'horizon  auxquels  il  correspond.  Vous  le  verrez  se  lever  à  l'est,  en  amont  de 
la  rivière,  c'est-à-dire  à  votre  gauche  ;  puis  il  arriver-a  au  méridien,  en  face 
de  vous,  marchant  ainsi  de  votre  gauche  à  votre  droite;  puis  il  se  couchera 
en  aval  du  courant  et  à  votre  droite.  Il  aura  donc  pour  vous  tourné  toute 
la  journée  de  gauche  à  droite,  indépendamment  de  son  élévation  pendant 
la  matinée  et  de  son  abaissement  dans  la  soirée.  Or  tout  le  monde  sait  que 
le  mouvement  diurne  des  astres  est  une  apparence  due  à  un  mouvement  de 
rotation  delà  terre  dirigé  précisément  en  sens  contraire.  Donc  si  le  soleil, 
rapporté  à  votre  horizon,  vous  a  paru  aller  à  droite  de  l'est  à  l'ouest,  en 
passant  par  le  midi,  c'est  que  le  mouvement  de  la  terre,  rapporté  aussi  à 
l'horizon,  était  de  l'ouest  à  l'est  en  passant  par  le   midi.  Donc  le  terrain 


(64i  ) 
qui  sert  de  lit  au  fleuve  en  aval  à  l'ouest  marchait  de  l'ouest  vers  le  midi, 
et  de  là  vers  l'est,  c'est-à-dire  de  votre  droite  à  votre  gauche.  Ce  mouve- 
ment tendait  à  faire  que  la  rive  droite,  qui  était  au  nord  du  courant, 
appuyât  contre  l'eau,  et  qu'au  contraire  la  rive  gauche,  qui  était  au  sud, 
s'éloignât  du  courant  dans  sa  rotation  vers  le  raidi.  Ainsi  le  courant 
devait  se  porter  vers  la  droite,  ce  qui  est  l'équivalent  du  transport  de  la 
rive  droite  vers  le  courant.  Un  raisonnement  analogue  s'applique  au  cas 
d'une  rivière  marchant  vers  l'est  conmie  le  Pô  ou  le  Danube.  11  y  aurait  un 
volume  à  écrire  là-dessus.  Je  me  bornerai  à  mentionner  que  ce  sont  ces 
courants  du  Rhône,  de  l'Ebre,  de  l'Océan,  qui  donnent  naissance  au  pre- 
mier circuit  de  la  Méditerranée,  qui  suit  l'Afrique,  le  nord  de  la  Sicile, 
l'Italie  occidentale,  les  rivages  méridionaux  de  la  France  et  de  l'Espagne 
orientale.  Les  vents  eux-mêmes,  de  quelque  côté  qu'ils  soufflent  sur  ce 
bassin  de  la  Méditerranée,  agissent  dans  le  même  sens  par  cela  seul  qu'ils 
prennent  à  droite  en  marchant.  Quant  à  l'autre  bassin  méditerranéen,  le  Pô, 
le  Nil  et  le  courant  du  Bosphore,  sans  compter  aussi  l'effet  des  vents,  y 
déterminent  un  circuit  qui  longe  l'Afrique,  l'Asie,  la  Grèce,  l'Italie  et  le 
sud  de  la  Sicile  et  qui  est  dans  le  même  sens  que  le  circuit  du  premier  bas- 
sin, en  sorte  que  dans  l'un  et  dans  l'autre  circuit  le  mouvement  des  eaux 
vu  de  la  terre,  qui  envoie  ses  fleuves  à  la  mer,  est  constamment  dirigé  vers 
la  droite.  On  observe  un  circuit  pareil  dans  la  mer  Noire  à  cause  des  im- 
menses fleuves  qui  s'y  déchargent.  Chaque  année  certains  poissons  suivent 
ce  courant  qui  va  du  Danube  au  Bosphore,  puis  longe  l'Asie,  arrive  aux 
versants  du  Caucase,  puis  à  la  Crimée  et  enfin  aux  provinces  russes  du  sud 
pour  revenir  à  la  côte  occidentale  de  cette  mer  déjà  dessalée  à  moitié  par 
les  rivières  qu'elle  reçoit  et  par  son  écoulement  dans  la  Méditerranée.    » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  et  sur  les 
équations  différentielles  du  calcul  des  variations;  extrait  d'une  Lettre  adressée 
à  M.  Hermite  par  M.  Ricuelot. 

n Soit  q  =  e'^",  0  (a:)  =  i  —  ■iqcoio.x  4-  iq*co%^x  —  .  .  . , 

€>,{x)  =  2q*  ninx  —  iq* s,in'ij(.  -h  .  .  .  ;  en  posant 

0(^)=/'o(«),    e(o)  =  /,(«),    0.(^)  =  />.(«), 

on  obtient,  en  traitant  directement  les  séries,  ou  à  l'aide  des  transforma- 

C.  R.,  i859,  a»»"  Semestre.  (T.   XLIX,  N»  18.;  84 


(  642  ) 
tions  générales  de  la  fonction  0,  le  tableau  suivant  des  formules  dont  le& 
vôtres  se  déduisent  (*)  : 


pU^'^)  =  ^~^^  p\2o,)=.p,p,  f,i^^^)  =  Pi^:£., 


/^o(4«)  =  ^,  P(4«)  =  ^(4^^  y..(4«)  =  ^. 

pl[l)  =  pl  +  ph  P^{l)  =  pl-p-i-  p'i[f)=''^PoP^. 

Poljj^'Po-i-p,,  p[j'j  =  po-p,,  P\[l)  =  ^PoP,{pl+P^)r 

Pi  {'^-)=P'^  'Pi  f  {'^)=Pl  -  'Pi  P\  (^-)  =  -'^'PP^^ 

P<>\^-J^)'=P-^^P^^  P[^^)  =  Po-e^Pn  P*[^^)=^eJpp,{p^-hip-,)^ 

Pl{-z!^)=-'i--^^)Pl      /''(-ri:7)  =  ("  +  ■)/'^         pi[-^)  =  -ii.-^.)pi, 
Pl{-^)  =  -'—(Pl-^'P'^hpi-;^)-e-Ti.^,)pp,,     /,.(__l_)  =  _.-^V-'>?), 

pi[^)=^'^i^^^)pp'^      pi^h-^'i'ipi^'p^)^  pi{^-^ip'-'pr^- 

»  Vous  faites  en  effet 

X(«)  =  v/^7^('-?)(>  +  '?*)('-'?')--- 
et  l'on  a,  comme  il  est  facile  de  le  voir, 


(*)  Pour  abréger,  il  a  été  écrit  dans  les  seconds  ineml)ros  jjo,  p,  pt,  au  lieu  de/5„(M), 
p{w)  et  pi  (m). 


(  643  ) 
par  conséquent  les  dernières  formules  donnent  réquation 

et,  en  examinant  le  cas  spécial  de  w  =  /,  on  obtient 

■  x(S)  =  \/îx-M. 

»  Si  l'on  met  à  la  place  des  indices  de  périodicité  qui  entrent  dans  w 
deux  autres  indices  conjugués,  et  à  la  place  de  l'argument  x  les  quatre  va- 
leurs fondamentales,  dont  une  seule  vient  d'être  employée,  on  obtient  les 
vingt-quatre  transformations  principales  des  fonctions  0,  et  à  l'aide  des  for- 
mules pour  la  duplication  on  déduit  de  celles-ci  des  formules  plus  géné- 
rales, dans  lesquelles  la  détermination  de  la  racine  huitième  de  l'unité  qui 
y  figure  ne  présente  aucune  difficulté. 

»  Jacobi  a  proposé,  dans  ses  leçons  orales,  deux  moyens  essentiellement 
différents  pour  parvenir  à  ces  transformations  de  la  fonction  0,  et  l'un  de 
mes  élèves,  M.  Fuhrmann,  les  a  complètement  effectuées  en  suivant  les  indi- 
cations que  j'avais  données  dans  mon  Cours;  il  s'en  est  servi  ensuite  pour 
démontrer  les  formules  que  vous  avez  publiées  il  y  a  quelque  temps  dans 
les  Comptes  rendus.  Seulement  il  a  admis,  entre  les  quatre  nombres  entiers 
7«,  n,  II,  V,  la  relation  /ra]x  —  nv  =  ±  i . 

» .  Désignons  dans  les  équations  différentielles  du  calcul  des 

variations  la  variable  indépendante  par  t,  et  les  variables  dépendantes  par 
X,  y,  .  .  .,  en  faisant 

d  -^  dr 

les  équations  relatives  à  l'intégrale 

J/(f,  X  x'x". . .  x^''\  rfj". .  ./^\  ...)dt 

seront 

(  /'(^)  -[/'(x')]'+[/'K)r-. . .+(-  ,)«f/'(xW)]«=  o, 


»  Introduisons  maintenant  à  la  place  des  dérivées  de  :r,  j,  les  variables 

84.. 


(  6',4  ) 

qui  sont  définies  par  les  équations  (i)  et  par  les  suivantes  : 

,     dx  ,     d£  ,_,.     rf>-^) 

x'=-3-»  x  =  —— i A'^    ')= ^ , 

dt  dt  dt 

l  ^f'{:r!..^\    ?,  =/'  (>-))  _  [/'  (»)]'..,     ?^_,  =/'  (x')  -  [/'  (.r")l'.  .  .  +  (-.)«-  [/'(xW)^-'^ 

-^      *         •^      A ■'^  rf/    ' 

.=/'(r(/^)),  v.=/'(//5-o)_[/'(//3))]'..,  .^3_.  =/'(/)-[/'(/')]'.. .4-(-o^-'[/'(y^))F-", 

etc.  etc.  etc. 

de  telle  sorte  que  les  quantités  x'^"'^ ,  j^\  . . . ,  soient  déterminées  par  les  re- 
lations 

(-)  5=/'U^"^),  v=/'(y^),..., 

et  que  les  variables  définitives  soient  les  suivantes  : 

7.  /,•••,  r^~'^     y,  y.,"-,  y/3-.- 

»  Je  dis  que  les  équations  différentielles  (i)  peuvent  être  transformées  en 
un  système  d'équations  différentielles  du  premier  ordre  et  du  premier  de- 
gré de  forme  canonique. 

o  En  effet,  que  l'on  introduise  dans  le  terme  suivant  : 

les  valeurs  de  x^'''\  jr''^\   fournies  par   les  équations  (2),    si  l'on    désigne 
par 

la  fonction  qui  en  résulte,  on  aura  les  équations  différentielles  transfor- 


J 


(  645  ) 


mees  : 


J  =  f(l.-.).      'i-  =  f(5.-,),...,       --5r-  =  f{l)> 
|  =  f(„,-,),       f  =  f(»,_,),...,       «:î^r.'=4,'(„), 

'-^,- =-*■(/).  '-^' =-♦■(/).-.  â^=-f(y^-). 

»  J'appelle  cette  forme  canonique,  parce  qu'elle  s'accorde  avec  les  formes 
analogues  de  la  dynamique;  elle  fait  voir  comment  de  deux  intégrales  don- 
nées de  ce  système  on  en  déduit  une  troisième  par  différentiation,  et  l'on  a 
obtenu  ainsi  une  extension  du  théorème  de  Jacobi  et  de  Poisson  relative 
aux  équations  différentielles  du  calcul  des  variations.  » 

PHYSIQUE.  —  Formules  éleclrométriques ;  Lettre  de  M.  Volpiceli.i. 

n  Ayant  continué  mes  recherches  sur  l'électrométrie  (*),  je  demande  à 
l'Académie  la  permission  de  lui  faire  part  des  formules  très-générales  que 
j'ai  obtenues,  relatives  à  mes  micro-électromètres  condensateurs  à  index 
soit  vertical  (**),  soit  horizontal. 

»  Quant  au  premier  de  ces  deux  instruments,  soient  : 

»  /   la  longueur  de  l'index; 

»  9  l'angle  que  cette  longueur  fait  par  la  répulsion  électrostatique  avec 
un  axe  vertical  et  fixe; 

»  r  le  rayon  de  la  section  transversale  du  même  index  et  du  même  axej 

»  m  un  coefficient  que  l'on  déterminera  par  l'expérience  ; 

»  p  le  poids  de  l'index; 

»  a  la  distance  entre  le  centre  de  gravité  de  l'index  et  sa  suspension  ; 

»  c  la  charge  induite  dans  le  plateau  inférieur  du  condensateur  ; 

M  .y  la  surface  totale  occupée  par  cette  charge  devenue  libre. 

»  Moyennant  une  double  intégration  entre  les  limites  o,  /,  et  après  les 
réductions  nécessaires,  on  aura 

2  7r/-.eoS  I  y 1 

(*)  Comptes  rendus,  t.  XLII,  p. -403,  séance  du  25  février  i856. 
(**)  Comptes  rendus,  t.  XLVI,  p.  533,  séance  du  i5  mars  i858. 


(  646  ) 
»  Si  ip  est  tellement  petit,  qu'on  puisse  le  négliger  par  rapport  à  n,  ce 
sera 


j .  sin  o      /a  pa 

c  — ^V/-S- 

»  En  outre,  puisqu'on  a 


C  _  I 

c    ~    p' 


c  étant  la  charge  induisante  communiquée  au  plateau  supérieur  du  con- 
densateur, et  fjt,  le  coefficient  de  la  condensation,  nous  pourrons  obtenir  la 
chargée  moyennant  les  équations  (i)  ou  (2).  Dans  le  cas  de  l'équation  (a), 
on  voit  que  les  charges  c  et  C  sont  l'une  et  l'autre  directement  proportion- 
nelles aux  sinus  des  divergences  ç  de  l'index  vertical. 

»  Quant  à  mon  second  instrument,  son  index  horizontal  rencontre  dans 
sa  rotation  deux  seules  résistances:  l'une,  celle  du  frottement  autour  de 
son  pivot,  l'autre  celle  du  milieu  ambiant;  ce  qui  permet  d'apprécier  avec 
la  plus  grande  exactitude  sa  divergence  sur  l'échelle  circulaire. 

w  Ayant  conservé  les  précédentes  dénominations,  soit  è  la  densité  du 
milieu  dans  lequel  l'index  tourne.  Moyennant  une  double  intégration  entre 
les  limites  o  et  /,  et  ayant  fait  toutes  les  espèces  de  réductions,  on  aura 


dans  laquelle 


-\_-'^i 


A,  =  ^m.^àrV' . 

»  En  faisant  le  vide  sous  la  cloche  de  ce  micio-électromètre,  on  aura 
Tw,  r=  o  et  A,  =  o,  d'où 


c  = ï-^ 


»  Les  coefficients  m,  /n,,  w^»  '"s  seront  déterminés  par  les  expériences.  » 
M.  Mi'NDO,  de  Naples,  auteur  d'un  Mémoire  intitulé  :  «  Moyens  d'utiliser 


(  647  ) 
l'hydrogène  de  l'eau  et  l'oxygène  de  l'air  comme  combustible  applicable  à 
tous  les  usages  où  le  développement  du  calorique  est  nécessaire  »,  annonce 
qu'il  est  en  mesure  de  faire  les  expériences  à  l'appui  de  ce  qu'il  a  avancé 
dans  ce  Mémoire,  et  demande  que  la  Commission  qui  a  été  désignée  pour 
l'examiner  veuille  bien  fixer  le  jour  où  il  pourra  répéter  en  sa  présence  ces 
expériences. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  :  MM.  Pelouze,  Balard, 

Fremy.) 

M.  Le  Pas  adresse  un  supplément  à  son  Mémoire  intitulé  :  «  Nouvelle 
théorie  du  système  musical  suivi  du  calcul  des  raisons  harmoniques  entre 
les  vitesses  et  les  distances  des  planètes  « . 

(Commissaires,  MM.  Laugier,  Delaunay.) 

M.  Thomas,  en  adressant  des  exemplaires  d'une  description  de  ses  pèse- 
liqiieurs  qui  figurent  maintenant  à  l'exposition  de  l'industrie  de  Rouen, 
insiste  sur  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  ce  que  ces  sortes  d'instruments  fussent, 
comme  les  autres  mesures,  soumises  à  un  contrôle  légal. 

Cette  Lettre  est  renvoyée  à  la  Commission  des  Alcoomètres. 

M.  J.  Oarc:hery  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  la  cause 
du  phénomène  de  la  capillarité. 

(Renvoi  à  M.  Babinet.) 
La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  '  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  3i  octobre  iSSg  les  ouvrages- 
dont  voici  les  titres  : 

Traité  des  maladies  inflammatoires  du  cerveau,  ou  Histoire  atiatomo-patho- 
logique  des  congestions  encéphaliques,  du  détire  aigu,  etc.;  par  le  D'' L.-F. 
Calmeil.  Paris,  iSSt);  2  vol.in-8°. 


(  G48  ) 

Précis  d' Histologie  humaine  ;  par  C.  MORUL.  Paris-Strasbourg,  1860;  in-8°, 
avec  atlas.  (Offert  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Sédillot.  ) 

Recherches  sur  les  propriétés  géométriques  des  mouvements  plans;  par 
M.  P.  Gilbert;  br.  in-4°.  (Offert  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Chasies.) 

Des  allumettes  chimiques  avec  et  sans  phosphore  ;  par  M.  GAULTIER  DE 
Claubry.  Paris,  iSSg;  br.  in-8°. 

Climatologie  de  la  Saulsaie  [Ain).  Résumé  de  neuf  années  d'observations; 
])ar  k.-¥.  POUBIAU.  Paris,  iSSg;  br.  'm-%°. 

Contemporanéité  de  l'espèce  humaine  et  de  diverses  espèces  animales  aujour- 
d'hui éteintes;  par  Aïhevt  G  auduy.  Paris,  iSSg;  |  feuille  in-8". 

Du  percement  de  l'isthme  de  Suez.  Nouvelles  considérations;  par  Frédéric  DE 
CONINCK.  Le  Havre,  1869;  br.  in-8°. 

Méthode  de  dactylologie,  de  lecture  et  d'écriture  à  l'usage  des  sourds-muets 
dans  leur  famille,  dans  les  écoles  primaires,  dans  les  institutions  et  dans  le  monde; 
par  M.  PiROUX,  directeur-fondateur  de  l'institution  des  sourds-muets  de 
Nancy.  Paris-Nancy,  1859;  in-18. 

Institution  des  sourds-muets  de  Nancy.  Distribution  des  prix  du  3i  aoiîl  1869. 
Discours  prononcé  par  M.  le  Directeur.  Idée  Je  la  méthode  nancéitnne.  Compte 
rendu  des  exercices.  Classement  des  élèves  en  trois  catégories.  Documents  divers. 
Nancy,  1869;  br.  in-8". 

Ces  deux  opuscules  sont  renvoyés  à  titre  de  renseignements  à  la  Com- 
mission des  sourds-muets.  • 

Dictionnaire  illustré  et  Encyclopédie  universelle  ;  85*-87*  livr.  in-4°. 

Mémoires  de  la  Société  d'Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  du 
département  de  l'Aube;  2"  série,  t.  X,  i"  semestre  i85f);  in-8''. 

Travaux  du  Conseil  d'hygiène  publique  et  de  salubrité  du  département  de  la 
Gironde,  depuis  le  i6juin  iSS"] jusqu'au  \6juin  1859;  t.  V.  Bordeaux,  1869; 
in-8°. 

Stato  nieteorologico...  Etat  météorologique  de  la  ville  de  Gènes  en  i858, 
d'après  les  observations  faites  à  l'Observatoire  de  l'Université.  Gènes,  iSSq; 
hv.  in-8°. 

Neuralgia...  Mémoire  sur  une  névralgie  intercostale  suivie  de  boulimie,  et  his- 


(  649  )  ■ 
toire  d'une  sueur  noire;  par  le  D''  F.  Verardin)..  Bologne,  i858;  br.  111-4". 

Case  di  nigrizie...  Cas  de  nigritie  ou  melnsma  avec  altération  grave  des 
capsules  atrabilaires  ;  par  le  même ',  Bologne,  iSSg;  br.  in-4°. 

Dell'  occlusione...  Observation  d'un  cas  d'occlusion  intestinale  guérie  par 
l'emploi  de  la  glace; par  le  même.  Bologne,  1857;  i  feuille  in-8°. 

Illiistrazione...  Examen  de  deux  pièces  pathologiques  ;  Etudes  sur  la  super- 
fétation i  par  le  même.  Bologne,  i858;  i  feuille  in-8". 

Trois  autres  articles  du  même  auteur,  extraits  de  journaux  de  médecine; 
in-8°. 

On  water-glass. ..  Sur  le  verre soluble  et  ses  applications  aux  arts  et  manujai- 
tures;  par  F.  Ransome;  br.  in-8°. 

Bicerche...  Recherches  sur  le  calorique  rayonnant;  par  le  prof.  Zantedeschi. 
Vienne,  1867;  br.  in-8°. 

Bericht...  Analyse  d'un  Mémoire  dans  lequel  le  professeur  Zantedeschi  a 
réclamé  pour  Jean-Dominique  Roraagnosi  et  pour  l'Italie  en  général  l'honneur 
de  la  découverte  des  influences  réciproques  des  courants  galvaniques  et  du  magné- 
tisme, Mémoire  lu  à  Trente  en  mai  1 8o3  ;  br.  in-8°. 


PUBLICATIONS      PÉKIODIQUES     REÇUES      PAR     L'ACAoélMiE     PENDANT 
LE    MOIS    d'octobre  18S9. 

Annales  dé  Chimie  et  de  Physique  ;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  PelouzE, 
BOUSSINGAULT,  Regnault,  DE  Senarmont,  avec  une  Revue  des  travaux 
de  Chimie  et  de  Physique  publiés  à  [étranger;  par  MM.  Wurtz  etVERDET; 
3*  série,  t.  XLIV;  septembre  1859;  in-8°. 

Annales  de  l' Agriculture  française  ;  t.  XIV,  n°  6;   in-S"." 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  Zoologie,  la  Rotanique,  l'Ana- 
tomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  V  Histoire  des  corps  organisés 
fossiles;  ^^  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MiLNE  Edwards;  pour 
la  Botanique,  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  J.  Decaisne;  t.  XI,  n"  3;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  septembre  1859;  in-S*^. 

C.  R.,  1859,  20  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  18.)  85 


(  65o  ) 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France  ;  septembre  iSSg;  iii-8°. 

Astronomical...   Notices  astronomiques  ;  n°  io;in-8°. 

Atti...  Actes  de  C Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei;  12*  année,  4*  ses- 
sion du  i3mars  iSSg;  in-4°. 

Bulletin  de  [Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXIV;  n°  1^;  t.  XXV, 
n"  I ,  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  septembre  iBSg;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  [industrie  nationale;  août 
1859;  10-4" 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie  ;  septembre  1859;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  paléontologique  de  Belgique;  t.  I,  feuilles  n°'  i  à  4; 
in-8", 

Bulletin  de  la  Société  Vaudoise  des  Sciences  naturelles;  t.  VI;  Bulletin  n"  44  ; 
in-8". 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  [Académie  des  Sciences  ;  2*  se- 
mestre  r859;  n°*  i4-'7;  iH-4°- 

Cosmos.  Bévue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XV,  i5*-i8*  livraisons; 
in-8". 

Journal  d'Agriculture  de  la  Côte-d'Or;  août  1869;  in-S*^. 

Journal  d'Agriculture  pratique;  nouvelle  période;  t.  I,  n"*  19  et  20; 
in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale ,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie;  octobre  1869; 
in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Becueil  mensuel  de  Mé- 
moires sur  les  diverses  parties  des  mathématiques,  publié  par  M.  Joseph 
LiOUViLLE;  2*  série,  juillet  1859;  in-4". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  ;  oclohre  i859;in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n**"  37-39;  in-B". 

Journal  du  Progrès  des  sciences  médicales  ;  n°*  10- 1 3;  in-B". 

Journal  of  the,..  Journal  de  la  Société  Américaine  de  Géographie  et  de 
Statistique  ; ']an\ier-miLrs  iBSg;  3  livraisons,  in-4''- 


{  65i  ) 

La  Bourgogne.  Revue  œnologique  et  viticole;  lo*  livraison;  in-8°. 

La  Culture;  n"'  7  et  8  ;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  2*  série,  n"'  i  et  2;  in-S". 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XllI, 
11"'  19  et  20;  in-8°. 

Lj4rt  dentaire;  septembre  et  octobre  iSSg;  in-8°. 

L'Art  médical;  octobre  1859;  in-8°. 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  t.  VI,  n°'  22-26;  in-8°. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  67*  et  68"  livraisons  ; 
in-4°. 

Le  Technologisle ;  octobre  1859;  in-8''. 

LHfdrotérapie;  [\^  ÏA?,c\cu\e;'\ry-%°. 

Magasin  pittoresque  ;  août  et  octobre  1 869  ; 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  rojale  des 
Sciences  de  Berlin;  juillet  1859;  in-8''. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine  ;  octobre  1 869  ;  in-8*. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  1"  série,  vol.  I, 
11°  4;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  octobre  iSSg;  in-8''. 

Revista...  Revue  des  travaux  publics  ;  7*  année;  n*"   19  et  20;  in-4°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-  chirurgicale  ;  n°'  19  et  20;  in-8°. 

Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille.  Bulletin  des  travaux;  n"  4; 
octobre  1859;  in-8°. 

Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture;  Bulletin  des  séances;  t.  XIV, 
u°e>;  in-8''. 

The  Journal...  Journal  de  la  Société  royale  de  Dublin  ;  n°  1 4,  juillet  1859; 
in-8". 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n°'  i  1 5-i  27. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n"'  4o-43. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°'  4o-44- 

L  Abeille  médicale;  n"'  4o-44- 


{  65a  ) 
La  Coloration  industrielle  ;  n°*  17  et  1 8. 
La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n"'  4o-44' 
L'Ami  des  Sciences;  n°'  4o-44' 
La  Science  pour  tous;  n°'  44-47  • 
Le  Gaz;  n°»a5  et  26. 
Le  Musée  des  Sciences,  n'^  23-26. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉAINCES 

DE  L'ACADÉME  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  NOVEMBRE  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Plan  de  l'ouvrage  m/itu/e  :  Entomologie  analytique; 

par  M.  DcméRiL. 

«  M.  Duméril  annonce  que  l'impression  de  son  ouvrage  sur  l'histoire 
complète  des  Insectes  est  terminée.  Ce  travail,  qui  a  pour  titre  :  Entomo- 
logie analytique,  formera  le  XXXP  volume  des  Mémoires  que  l'Académie 
des  Sciences  publie  parmi  ceux  de  ses  Membres  ;  il  est  composé  de  près  de 
i4oo  pages  in-4°  et  renferme,  dans  le  texte  même,  les  figures  de  quatre 
cents  Insectes  gravées  sur  bois. 

»  Voici  un  exposé  sommaire,  ou  une  sorte  d'analyse,  dont  l'auteur  donne 
lecture  à  l'Académie. 

»  Réaumur  disait,  il  y  a  plus  d'un  siècle  :  «  L'histoire  des  Insectes  n'a 
»  pas  assez  pris  la  forme  d'une  science  ;  on  n'est  pas  encore  arrivé  au  point 
»  de  vouloir  fatiguer  son  attention  et  sa  mémoire  pour  en  apprendre  les 
»  principes  (i).  »  Ce  qui  précisément  a  fait  défaut  à  ce  célèbre  natura- 
liste, comme  le  regrettent  les  admirateurs  de  ses  laborieuses  et  instruc- 

(i)  V^éaiumvxT,  Mémoires,  t.  II,  p.  14. 

C.   R.,  1859,  2»»  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  i9.)  86 


(  654  ) 

tives  observations,  d'est  un  procédé  qui  aurait  pu  lui  permettre  de  rassem- 
bler et  de  compnrer  entre  eux  tant  de  faits  nouveaux,  qu'il  étudiait  si  bien 
et  dont  il  cherchait,  avec  tant  de  succès,  à  découvrir  les  causes.  Ses  savantes 
investigations  nous  ont  initiés  à  un  très-grand  nombre  des  mystérieux 
prodiges  que  nous  offrent  certaines  séries  d'Insectes  dont  il  nous  a 
indiqué  les  formes,  la  structure  et  les  moeurs;  mais  ses  descriptions  nous 
laissent  encore  aujourd'hui  dans  la  plus  grande  incertitude  sur  l'identité 
des  espèces  dont  il  a  retracé  l'histoire  avec  tant  d'art  et  de  fidélité.  On  s'ex- 
plique aisément  cette  imperfection ,  puisqu'à  cette  époque  on  appelait 
encore  Mouches  tous  les  insectes  à  ailes  membraneuses  apparentes,  et  que 
l'on  nommait  Scarabées  les  espèces  dont  les  ailes  restent  cachées  et  recou- 
vertes par  des  élytres  ou  des  étuis. 

»  Heureusement  il  n'en  est  plus  de  même  aujourd'hui.  Une  science 
réelle  existe:  elle  a  ses  principes;  ses  éléments  sont  bien  fondés.  De  Geer, 
Linné,  Geoffroy,  Latreille  ont  posé  les  bases  d'une  classification.  Si,  à  la 
suite  de  ces  noms,  j'ose  inscrire  ici  le  mien,  avant  celui  d'un  grand  nombre 
d'autres  naturalistes  que  je  devrais  citer,  c'est  seulement  pour  indiquer  les 
ouvrages  qui  contiennent  l'histoire  de  la  classe  entière  des  Insectes,  où  sont 
employés  des  procédés  différents ,  mais  destinés  à  fournir  les  moyens  de 
réunir  les  observations  sous  une  forme  méthodique,  de  les  généraliser,  pour 
en  transmettre  les  résultats. 

»  L'ordre,  l'arrangement  et  le  rapprochement  des  êtres,  ainsi  considérés 
dans  leurs  rapports  mutuels,  constituent  certainement  l'un  des  procédés  les 
plus  propres  à  faciliter  et  à  diriger  l'observateur  pour  l'aider  à  tirer  de  ses 
recherches  des  déductions  utiles  dans  l'étude  de  l'histoire  naturelle  en  géné- 
ral. Ce  sont  des  préliminaires  indispensables  qu'il  faut  employer  dans 
toutes  les  sciences  exactes.  Les  idées  qui  se  lient  les  unes  aux  autres  par  le 
rapprochement  de  faits  semblables,  fournissent  les  moyens  de  comparer  ces 
faits,  de  les  étudier  dans  leur  ensemble.  C'est  là  le  but  de  la  science;  c'est 
aussi  la  meilleure  méthode  à  employer  dans  son  enseignement. 

»  Le  perfectionnement  de  la  classification  nous  a  toujours  préoccupé  : 
aussi  dans  l'ouvrage  que  nous  publions,  la  marche  suivie  jusqu'alors  se 
trouve-t-elle  un  peu  modifiée. 

»  Avant  de  passer  en  revue  la  série  des  phénomènes  de  la  vie  des  Insectes, 
nous  avons  cru  devoir  commencer  cette  étude  par  l'exposé  de  quelques 
principes  généraux. 

»  Un  premier  chapitre  nous  a  permis  d'indiquer  et  de  développer  les 
caractères  essentiels  des  Insectes,  et  nous  avons  pu  assigner  ainsi  le  véritable 


J 


(  655  ) 

i-ang  que  leurs  facultés  semblent  devoir  leur  faire  attribuer  quand  on  les 
compare  avec  les  autres  animaux. 

»  Un  second  chapitre  renferme  les  plus  grands  détails  sur  la  forme  géné- 
rale des  Insectes  et  sur  leurs  organes  extérieurs,  qui  sont  nécessairement  en 
rapport  avec  les  moeurs  et  les  habitudes,  en  annonçant,  tout  d'abord, 
quelques-unes  des  particularités  de  leur  genre  de  vie. 

»  Après  avoir  traité  de  la  configuration  générale  et  des  diverses  régions 
du  corps,  nous  essayons,  dans  un  troisième  chapitre,  de  donner  une  idée 
exacte  de  la  structure  intérieure.  Notre  but,  dans  ces  descriptions,  est  de 
chercher  à  expliquer  comment,  par  leurs  divers  organes,  ils  sont  mis  en  re- 
lation avec  tous  les  autres  corps  de  la  nature,  car  les  instruments  de  la  vie 
sont  constamment  et  réciproquement  subordonnés  aux  innombrables  varia- 
tions que  nousprésentent  les  différents  modes  de  l'existence  de  ces  animaux. 
Cette  organisation  n'était  connue  que  par  les  observations  auatomiques  iso 
lées  et  particulières  de  Leeuwenhoeck,  de  Swammerdam,  de  Lyonet  et  par 
les  recherches  de  quelques-uns  des  habiles  et  patients  anatomistes  contem- 
porains dont  nous  avons  constaté  la  précision  remarquable  par  nos  propres 
dissections  (i):  aussi  pouvons-nous  expliquer  aujourd'hui  comment  s'exer- 
cent, dans  les  Insectes,  presque  toutes  les  fonctions  de  la  vie. 

»  Dans  un  chapitre  spécial,  j'ai  traité  d'abord  des  mouvements  généraux 
et  particuliers;  puis  j'ai  fait  connaître  les  organes  par  lesquels  les  Insectes 
exécutent  et  transmettent  leurs  volontés,  et  comment  leurs  sensations  sont 
produites.  J'indique  ensuite  le  rôle  que  remplissent  les  divers  organes  de  la 
nutrition  et  les  modes  variés  par  lesquels  la  vie  se  transmet  et  se  perpétue. 

»  Cette  partie  de  noire  ouvrage  constitue  en  quelque  sorte  un  Traité 
sommaire  de  la  physiologie  des  Insectes,  où  se  trouvent  expliquées,  par 
l'anatomie  même,  les  causes  de  la  plupart  des  phénomènes  de  la  vie  chez 
ces  petits  animaux. 

»  Enfin,  il  nous  a  semblé  nécessaire  d'exposer  avec  de  plus  grands  détails 
qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici,  les  moyens  employés  pour  arriver  à  la  connais- 
sance des  Insectes  et  à  leur  classification.  Nous  attachons  beaucoup  d'im- 
portance à  ce  travail  didactique,  parce  que  nous  croyons  avoir  été  utile  à 
la  science  en  lui  appliquant,  à  l'aide  de  l'analyse,  un  procédé  facile  pour 
diriger  l'observateur  dans  le  but  souvent  essentiel  de  ses  recherches,  et  nous 

(i)  Je  n'ai  pas  l'intention  de  présenter  l'histoire  des  recherches  dont  l'anatomie  des  Insectes 
a  été  l'objet  dans  ces  derniers  temps  ;  je  ne  puis  cependant- laisser  passer  l'occasion  de  citer 
Jes  habiles  travaux  de  MM.  Léon  Dufour,  Straus,  Blanchard,  etc.,  dont  j'ai  proGté. 

86.. 


(  656  ) 
espérons  l'avoir  atteint  en  le  faisant  pai'venir  aussi  rapidement  que  possible 
à  la  détermination  d'une  espèce  quelconque  d'Insecte  qu'il  aura  sous  les 
yeux.  L'avantage  de  la  marche  que  nous  indiquons  est  de  rendre  plus  aisée, 
au  moyen  du  système,  l'application  de  la  méthode  naturelle  qui  s'appuie  sur 
les  caractères  fournis  par  l'organisation. 

»  Voilà  le  travail  qui  a  occupé  mes  loisirs  pendant  plus  de  soixante 
années  d'une  vie  active,  passée  dans  l'enseignement  de  l'histoire  natu- 
relle et  des  diverses  branches  de  la  médecine  théorique  et  pratique  (i). 
J'avais  regretté  longtemps  de  n'avoir  pu  transmettre  aux  autres,  par  écrit, 
tout  ce  que  les  livres  et  mes  propres  observations  m'avaient  appris,  et 
que  j'enseignais.  Je  fus  amené  à  insérer  mes  travaux  dans  plusieurs  ou- 
vrages, et  surtout  dans  le  grund  i  Dictionnaire  des  Sciences  naturelles  en 
soixante  volumes,  où  j'ai  seul  introduit  tout  ce  qui  concerne  l'entomologie  ; 
mais  malheureusement  cette  histoire  des  Insectes,  conçue  d'après  im  plan 
méthodique,  s'est  trouvée  disséminée,  par  suite  des  exigences  de  l'ordre 
alphabétique. 

»  Cette  circonstance  semble  avoir  annulé  la  méthode  réelle  que  j'ai  con- 
stamment suivie,  mais  qu'il  était  difficile  de  reconnaître  dans  une  série 
d'articles  fort  éloignés  les  mis  des  autres,  tant  par  la  forme  de  l'ouvrage 
que  par  les  époques  très-espacées  de  la  publication  de  chacun  des  volumes. 
J'y  avais  cependant  consciencieusement  déposé  tout  ce  que  je  savais  sur 
cette  branche  de  la  zoologie,  dont  je  m'occupais  avec  tant  de  charmes.  J'ai 
reconnu  avec  peine  que  mon  nom  n'était  jamais  inscrit  parmi  ceux  des 
principaux  classificateurs  en  entomologie  (2). 

o  Désireux  aujourd'hui  de  laisser  un  Traité  génërot  de  cette  partie  de  la 
science,  j'éprouve  le  bonheur,  dans  mon  âge  avancé,  de  jouir  de  mes  souve- 
nirs et  d'avoir  encore  si  présentes  à  la  pensée  mes  anciennes  études,  que 
j'ai  pu  en  déposer  ici  les  résultats. 

»  Je  me  suis  efforcé  de  compléter  mes  travaux,  eu  me  mettant  au  courant 
des  publications  nombreuses  qui  se  sont  succédé  depuis  l'époque  où   fut 


(1)  Mes  premières  publicutions  sur  l'histoire  naturelle  datent  de  1797. 

Exposition  d'une  Méthode  naturelle  pour  l'étude  et  la  classification  jies  Insectes  (Magasin 
Encyclopédique  de  Millin,  an  IV,  t.  I,  p.  289).  —  Dès  1799  j'avais  inséré,  dans  le  \"  vo- 
lume des  Leçons  d' Anatomie  comparée  de  Cnvier,  que  j'ai  rédigées,  un  tableau  général  de 
cette  classification. 

{2)  Qui  lit  les  dictionnaires?  m'a-t-on  dit  un  jour.  Ce  sont  d'ordinaire,  ajoutait-on,  des 
compilations  où  personne  ne  peut  songer  à  trouver  des  recherches  originales. 


(65;     ) 

fenniné  le  grand  Dictionnaire  (i83o)  ;  je  les  ai  mises  à  profit,  autant  que 
possible,  dans  la  rédaction  de  cette  Entomologie  analytique. 

»  Je  me  flatte  d'avoir  rendu  par  là  un  véritable  service  aux  jeunes  natu- 
ralistes qui  voudront  se  livrer  à  l'étude  si  intéressante  de  l'histoire  des 
Insectes;  ils  y  trouveront  non-seulement  un  procédé  facile  pour  apprendre 
à  les  connaître  d'après  leur  forme  extérieure,  et  à  les  nommer,  mais  tout 
ce  qui  peut  intéresser  dans  l'examen  de  leur  structure,  de  leiu-s  fonctions  et 
de  leurs  mœurs. 

»  A  l'époque  où  fut  publié  le  Dictionnaire,  j'avais  fait  peindre,  sur  la 
nature  même,  tous  les  genres  représentés  par  l'une  des  espèces  de  ma  col- 
lection, choisie  de  préférence  parmi  celles  qui  se  rencontrent  le  plus  fré- 
quemment aux  environs  de  Paris.  J'avais  eu  recours  alors  à  feu  M.  Prêtre, 
dont  le  talent  était  universellement  reconnu.  Ces  figures,  gravées  sur 
cuivre,  et  réunies  dans  un  ordre  méthodique,  formaient  soixante  plan- 
ches annexées  à  l'atlas  de  ce  Dictionnaire.  Je  regrettais  de  n'avoir  pu 
employer  ces  dessins  d'une  majiière  plus  profitable  à  la  science.  Voulant 
réparer  ce  fâcheux  inconvénient  dans  l'ouvrage  actuel,  j'ai  placé  chacun 
d'eux  en  tète  de  l'histoire  du  genre  dont  il  montre  un  des  types.  On  peut, 
de  cette  façon,  prendre  facilement  une  nolion  exacte  des  caractères  géné- 
riques. Je  me  suis  adressé  pour  l'exécution  de  ce  travail  à  un  Ires-habile 
artiste,  M.  E.  Bocourt,  qui  a  reproduit  les  figures  primitives,  lésa  souvent 
dessinées  de  nouveau,  d'après  les  animaux  eux-mêmes,  et  les  a  gravées  en 
relief  sur  bois  avec  une  élégante  précision;  j'espère  donc  avoir  atteint  le 
but  que  je  m'étais  proposé. 

»  En  raison  de  l'étendne  de  ce  volume,  je  me  suis,  vu  forcé,  pour  en  rendre- 
l'usage  moins  incommode,  de  le  diviser  en  deux  tomes  à  peu  prés  égaux, 
mais  à  pagination  continue.  Le  premier  renferme  les  généralités  dont  je 
viens  de  donner  un  aperçu,  et  il  comprend  toute  l'histoire  des  Insectes 
Coléoptères.  Le  tome  second  traite  des  sept  autres  ordres,  et  de  cette  façon 
se  trouve  complétée  l'histoire  de  tous  les  genres  de  la  classe  des  Insectes 
distribués  en  familles  naturelles. 

»  Comme  il  n'est  pas  possible  de  se  livrer  à  une  lecture  suivie  d'iui  ou- 
vrage devenu  nécessairement  très-volumineux,  il  u>'a  semblé  utile  d'y  appe- 
ler plus  particulièrement,  dans  une  Note,  l'attention  sur  quelques  articles 
principaux,  et  d'indiquer  ceux  où  je  traite  des  mœurs  et  de  tout  ce  qui  peut 
intéresser  dans  1  histoire  des  Insectes.  » 


(  658  ) 

MÉCANIQUE.  —  Note  relative  à  l'influence  de  la  rotation  de  la  terre  sur  ta 
direction  des  cours  d eau;  par  M.  J.  Bertrand. 

«  M.  Babinet  a  appelé  récemment  l'attention  de  l'Académie  sur  la  dé- 
viation constante  des  cours  d'eau  et  sur  l'influence  qu'il  faut  attribuer,  sui- 
vant lui,  à  la  rotation  de  la  terre  dans  la  production  de  ce  phénomène.  Il 
n'est  pas  contestable,  en  effet,  qu'un  fleuve  descendant  du  nord  au  sud  tra- 
verse des  parallèles  de  plus  en  plus  rapprochés  de  l'équateur,  et  que  les 
molécules  d'eau  pour  participer  au  mouvement  de  la  terre  doivent  acquérir 
une  vitesse  de  plus  en  plus  grande  dans  la  direction  de  l'ouest  vers  l'est. 
Cette  vitesse  est  produite  par  l'action  du  lit  des  fleuves,  et  la  réaction  des 
molécules  d'eau  doit  par  conséquent  repousser  la  rive  droite  vers  l'ouest. 
Si  le  fleuve  marche  du  sud  au  nord,  l'effet  à  produire  est  inverse,  les  molé- 
cules d'eau  doivent  être  retardées,  et  c'est  encore  la  rive  droite  qui  les 
poussant  vers  l'ouest,  est  à  son  tour  repoussée  vers  l'est. 

»  Mais  si  l'on  ne  se  borne  pas  à  ce  premier  aperçu  et  que  l'on  calcule  la 
force  mise  en  jeu,  il  ne  paraît  plus  possible  de  lui  accorder  un  rôle  appré- 
ciable dans  l'explication  des  faits  observés. 

»  Lorsqu'une  molécule  d'eau  se  dirige  du  nord  vers  le  sud  avec  une  vi. 
tessé  de  3  mètres  par  seconde,  la  force  qui  doit  la  solliciter  pour  accélérer 
sa  vitesse  de  rotation  et  la  maintenir  en  harmonie  avec  celle  des  régions 
qu'elle  traverse  est  d'autant  plus  petite,  que  la  molécule  se  rapproche  da- 
vantage de  l'équateur,  et  à  la  latitude  moyenne  de  45  degrés  sa  valeur  est 

'      du  poids  de  la  molécule,  c'est-à-dire  équivalente  à  la  force  centrifuge 

due  à  la  courbure  du  fleuve,  lorsque  le  rayon  de  la  courbe  dans  laquelle  il 
se  meut  est  égal  à  58  kilomètres.  Il  paraît  évident  qu'une  pareille  addition 
à  la  composante  horizontale  de  la  pression  du  fleuve  sur  ses  rives  n'est  pas 
dénature  à  en  modifier  sensiblement  les  effets. 

«  Quant  au  cas  où  le  fleuve  marche  de  l'est  vers  l'ouest,  ou  de  l'ouest 
vers  l'est,  il  me  semble  plus  difficile  encore  d'accorder  avec  la  théorie  les 
assertions  de  M.  Babinet.  Les  choses  devraient,  suivant  lui,  se  passer  dans 
ce  cas  comme  dans  le  précédent.  Or  on  aperçoit  tout  d'abord  une  diffé- 
rence notable.  Lorsqu'un  fleuve  va  du  nord  au  sud,  l'influence  très-minime 
de  la  rotation  de  la  terre  est  proportionnelle  à  la  vitesse  du  cours  d'eau  et 
devient  nulle  en  même  temps  que  celle-ci;  il  en  est  tout  autrement  pour  un 
fleuve  qui  se  dirige  en  ligne  droite  de  l'ouest  vers  l'est.  Dans  le  cas  extrême 


(659) 
où  la  vitesse  du  courant  peut  être  considérée  comme  nulle,  les  molécules 
d'eau  décrivant  un  petit  cercle  à  la  surface  de  la  terre,  doivent  être  poussées 
vers  le  centre  de  ce  petit  cercle,  et  comme  l'attraction  dirigée  vers  le  centre 
(le  la  terre  forme  avec  le  plan  de  ce  petit  cercle  un  angle  croissant  avec  la 
latitude,  il  faut  nécessairement  qu'une  force  dirigée  vers  le  nord  soit  pro- 
duite par  les  rives  du  fleuve.  La  composante  de  cette  force  dirigée  tangen- 
tiellement  à  la  surface  du  globe  a  pour  expression  sur  une  molécule  de 
poids  P, 

P  m'  R  sin  X  cos  X, 

w  étant  la  vitesse  do  rotation  de  la  terre,  R  son  rayon  et  X  la  latitude  du  lieu, 
il  est  clair  qu'une  force  qui  n'est  pas  nulle  en  même  temps  que  la  vitesse 
ne  peut  pas  changer  de  signe  avec  elle.  » 

Réponse  de  M.  Babinet. 

«  M.  Babinet  maintient,  comme  mathématiquement  démontré,  que  tout 
mobile  libre  qui  se  déplace  d'une  certaine  quantité  a  à  la  surface  de  la 
terre,  gagne  par  ce  déplacement  une  vitesse  azimutale  relative,  égale  à  la 
vitesse  par  seconde  d'un  point  de  l'équateur  terrestre  multipliée  par  le  sinus 
de  la  latitude  et  par  le  rapport  du  déplacement  a  au  rayon  de  la  terre.  Pour 
un  déplacement  de  r  degré  ce  serait  une  vitesse  de  plus  de  8  mètres  par 
seconde.  De  plus,  un  déplacements  vers  le  nord,  le  sud,  l'est,  l'ouest,  ou 
dans  un  azimut  quelconque,  produira  toujours  la  même  différence  de 
vitesse  quel  que  soit  l'azimut  suivant  lequel  a  lieu  le  déplacement  a.  •> 

Remarques  de  M.  Morin  concernant  la  même  question. 

«  M.  Morin  fait  remarquer  que  la  question  de  l'influence  que  le  mouve- 
ment de  rotation  de  la  terre  peut  exercer  sur  le  niveau  des  eaux  courantes 
ou  en  repos,  et  sur  l'action  qu'elles  produisent  sur  leurs  rives,  se  rattache 
à  un  ordre  de  faits  qui  a  été,  il  y  a  déjà  plus  de  vingt-cinq  ans,  l'objet  des 
recherches  de  M.  Poncelet.  En  étudiant  les  effets  de  l'eau  dans  les  roues 
hydrauliques  des  anciens  marteaux  de  forge,  marchant  à  grande  vitesse, 
l'illustre  géomètre  a  reconnu  que  la  surface  du  niveau  de  l'eau  contenue 
dans  chaque  auget,  au  lieu  d'être  sensiblement  plane  et  horizontale,  comme 
dans  les  roues  à  petite  vitesse,  affecte  une  courbure  cylindrique,  dont 
l'axe  parallèle  à  celui  de  la  roue,  et  situé  dans  le  plan  vertical  de  ce  der- 
nier, en  était  éloigné  d'une  quantité  d'autant  plus  petite,  que  la  vitesse  était 


(  66o  ) 
plus  grande,  et  qui  était  égale  à  la  valeur  que  prenait  l'expression  :—  ,  dans 

laquelle  g  =  9™, 8088  et  V,  exprime  la  vitesse  angulaire  de  la  roue. 

»  Partant  de  ce  théorème,  M.  Poncelet  a  donné  une  théorie  de  l'effet 
utile  des  roues  à  augets  à  grande  vitesse,  dont  M.  Morin  a  eu  l'occasion  de 
vérifier  directement  l'accord  avec  les  résultats  de  l'expérience. 

»  L'application  des  mêmes  considérations  avait  aussi  conduit  M.  Pon- 
celet à  plusieurs  conséquences  relatives  aux  surfaces  du  niveau  des  eaux  de 
la  mer,  et  il  n'est  pas  inutile  de  rappeler  ces  recherches  pour  montrer  que 
les  considérations  sur  lesquelles  M.  Babinet  se  base  pour  expliquer  l'action 
des  eaux  courantes  des  fleuves  sur  leurs  rives,  avaient  déjà  été  l'objet  des 
études  de  notre  savant  confrère.  » 


ZOOLOGIE.  —  Recherches  sur  le  développement  rfu  Trichina  spiralis; 
parM..  R.  Virchow,  de  Berlin.  (Traduites  par  M.  P.  Picard.) 

(I  Depuis  quelque  temps,  je  me  suis  spécialement  occupé  de  rechercher 
la  présence  du  Trichina  spiralis  dans  les  muscles  de  l'homme  ;  j'ai  pu  me 
convaincre  que  cet  animal  se  rencontrait  très-souvent  à  Berlin.  Depuis 
huit  mois,  j'ai  eu  l'occasion  d'en  observer  six  ou  sept  cas.  J'ai  trouvé  le  Tri- 
china spiralis  dans  presque  tous  les  muscles,  même  dans  les  muscles  du 
larynx,  de  la  langue,  de  l'œsophage  et  dans  le  diaphragme.  Je  ne  l'ai  trouvé 
qu'une  seule  fois  dans  le  cœur,  ce  qui  peut  s'expliquer  par  les  conditions 
chimiques  spéciales  dans  lesquelles  se  trouve  ce  muscle. 

it  Je  passe  sous  silence  les  divers  cas  dont  je  viens  de  parler  et  qui  ne 
présentent  aucun  intérêt  spécial,  pour  ne  m'occuper  que  de  la  dernière 
autopsie  qu'il  m'a  été  donné  de  faire.  Dans  ce  cas  fort  intéressant,  j'ai  trouvé 
un  nombre  incroyable  de  Trichina;  la  plupart  étaient  encore  en  vie  ;  je  pus 
voir  très-nettement  leurs  mouvements  intérieurs  et  extérieurs,  quand  je  les 
eus  retirés  du  kyste  qui  les  entourait  ;  j'ai  pu  aussi  les  observer  enveloppés 
dans  ce  dernier,  après  l'avoir  traité  par  la  soude. 

»  L'histoire  du  Tnc/ima  étant  peu  connue,  je  résolus  de  tenter  quelques 
expériences  et  d'en  faire  manger  à  un  chien.  MM.  Herbst,  Leuckart  et  Ziner 
ont  déjà  tenté  des  expériences  analogues  ;  la  plupart  n'ont  pas  obtenu  de  ré- 
sultats satisfaisants,  surtout  lorsque  les  Trichina  provenaient  de  l'homme. 
Leuckart  trouva  un  Trichina  vivant  dans  l'intestin  dune  souris  qu'il  avait 
nourrie  avec  cet  entozoaire;  Herbst  prétend  avoir  retrouvé  dans  les  muscles 
d'un  chien  un  Trichina  qu'il  avait  fait  manger  à  cet  animal. 


(  66i  ) 

»  Le  chien  aiiqiicl  je  fis  manger  un  grand  nombre  de  Tricldna  était  déjà 
malade  an  débnt  de  l'expérience;  ce  détail,  que  j'ignorais  malheureuse- 
ment, ne  nous  permit  pas  de  prolonger  longtemps  l'expérience;  trois  jours 
et  demi  après  avoir  mangé  le  Tricliina,  ce  chien  mourut  d'une  double 
pleurésie  hémorragique.  L'autopsie  fut  faite  peu  de  temps  après  la  mort; 
je  trouvai  dans  le  poumon  de  nombreuses  ecchymoses  peu  étondurs:  j'es- 
pérais déjà  rencontrer  des  Trichina  dans  ces  points,  mais  je  ne  pus  parvenir 
à  les  voir. 

»  Je  fus  plus  heureux  pour  l'intestin.  Outre  plusieurs  ténias  et  un  grand 
nombre  de  podrospermes  que  contenaient  les  villosités  intestinales,  je  ren- 
contrai dans  le  mucus  qui  remplissait  la  partie  supérieure  de  l'intestin  grêle, 
un  nombre  très-considérable  de  Trichinn  libres  et  vivants.  Je  ne  trouvai 
aucune  trace  de  leur  kyste  d'enveloppe;  la  plupart  étaient  entourés  de 
graisse  figée,  et  ressemblaient,  à  l'œil  nu,  à  de  petits  bâtonnets  blanchâtres; 
cette  disposition  n'était  pourtant  pas  constante.  Les  autres  Trichina  étaient 
si  petits,  qu'on  ne  pouvait  les  reconnaître  qu'après  les  avoir  débarrassés  du 
mucus  qui  les  entourait  :  ils  étaient  remarquables  par  leur  transparence. 

»  Ces  entozoaires  étaient  véritablement  àes,  Trichina:  d'abord  ils  se  trou- 
vaient en  grand  nombre;  puis  ils  ressemblaient  aux  autres  Trichina  par 
toutes  leurs  parties  ;  ils  étaient  cependant  plus  avancés  dans  leur  déve- 
loppement; à  côté  des  Trichina  développés  se  trouvait  un  nombre  assez 
considérable  de  Trichina  morts. 

»  Ces  animaux  étaient  trois  ou  quatre  fois  plus  longs,  deux  fois  seule- 
ment plus  larges  que  les  Trichina  primitifs  ;  ils  n'avaient  plus  la  forme 
spirale;  ils  étaient  étirés,  surtout  du  côté  de  la  tête.  L'extrémité  caudale, 
plus  volumineuse  que  d'habitude,  était  un  peu  recourbée.  A  l'intérieur  de 
leur  corps,  on  voyait  leur  appareil  génital  entièrement  développé;  j'ai  pu 
voir,  serrés  les  uns  contre  les  autres,  des  œufs,  d'un  aspect  pâleet  blanchâtre; 
j'ai  même  observé  des  cellules  spermatiques,  et  dans  quelcjues  cas,  des  sper- 
matozoïdes bien  formés.  Les  Trichina  avaient  une  grande  ressemblance  avec 
le  Trichocéphale,  ce  qui  viendrait  à  l'appui  des  idées  de  Kiichenmeister,  qui 
prétend  que  le  Trichina  ne  diffère  du  Trichocéphale  que  par  le  degré  de 
développement.  Les  recherches  de  M.  Davaine  sur  le  développement  des 
œufs  du  Trichocéphale  hors  du  corps  vivant  tendraient  aussi  à  étayer 
cette  manière  de  voir.  Je  n'ai  cependant  jamais  rencontré  dans  les  n)âles 
les  organes  génitaux  caractéristiques  du  Trichocéphale,  et  peut-être  le 
Trichina  eùt-il  pu  devenir  un  autre  entozoaire,  un  Strongle  intestinal  par 

.C.   R.,  iHSg,  î»"  SimKslre .  (T.  XI.1X,  N»  19.)  87 


(  662  ) 
exemple.  Ce  qui  est  démontré,  c'est  que  le  Trichina,  de  même  que  le  Cysti- 
cerque  ou  l'Ecchinocoque,  peut  continuer  son  développement  dans  l'intestin 
des  carnivores.   » 

PHYSIQUE.  —  .Sur  les  courants  électriques  observés  dans  les  liijnes  télégraphiques 
suisses  pendant  l'aurore  boréale  du  2  novembre  iSSg;  extrait  d'une  Lettre 
de  M.  Auguste  de  la  Rive. 

«  Genève  le  3  novembre  1859. 

»  Lorsque  dans  ma  Lettre  sur  l'aurore  boréale  du  28  au  29  août, 

insérée  dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  l'Académie  du  26  septembre, 
j'attribuais  l'intensité  et  l'apparition  hâtive  de  cette  aurore  à  la  sécheresse  et 
aux  chaleurs  exceptionnelles  de  l'été  de  iSSg,  qui  avaient  accumulé  une 
énorme  quantité  de  vapeurs  chargées  d'électricité  dans  les  régions  supé- 
rieures de  l'atmosphère,  je  ne  croyais  pas  que  celte  explication  trouverait 
si  promptement  sa  justification.  Le  nombre  considérable  d'aurores  boréales 
qui  ont  suivi  en  septembre  et  en  octobre  celle  du  29  août,  joint  à  la  chute 
extraordinaire  de  neige  qui  a  eu  lieu  du  22  au  24  octobre  dans  une  grande 
partie  de  l'Europe,  montrent  en  effet  que  la  partie  supérieure  de  l'atmos- 
phère était  remplie  de  ces  particules  glacées,  dont  la  présence  est  accusée 
par  les  légères  nuées  que  rendent  lumineuses  ces  décharges  électriques  et 
qui  sont  désignées  sous  le  nom  de  plaques  aurorales.  Ce  sont  es  mêmes  par- 
ticules, dont  la  température  excessivement  basse  a  été  prouvée  par  MM.  Bixio 
et  Barrai  lors  de  leur  ascension  en  ballon  en  i85o,  qui  donnent  naissance 
aux  halos  lunaires,  compagnons  fidèles  des  aurores  boréales,  comme  on  a 
pu  le  voir  dans  celle  du  1 2  au  1 3  octobre,  et  à  la  chute  de  neige  qui  suit  en 
général  l'apparition  consécutive  de  plusieurs  aurores  boréales,  ainsi  que 
cela  a  été  remarqué  par  la  plupart  des  observateurs  et  en  particulier  par 
M.  Necker  de  Saussure,  qui  a  observé  un  si  grand  nombre  d'aurores  à  l'île 
de  Sky  où  il  réside  depuis  plus  de  vingt  ans. 

M  Je  remarque  en  passant  que  ce  sont  ces  mêmes  particules  de  glace  si 
froides,  qui  donnent  naissance  à  la  grêle  quand  elles  traversent  des  nuages, 
c'est-à-dire  de  l'eau,  tandis  qu'elles  produisent  la  neige  quand  c'est  simple- 
ment l'air  humide  qu'elles  rencontrent  sur  leur  passage;  dans  les  deux  cas 
également  il  y  a,  comme  on  le  sait,  dégagement  d'électricité. 

»  Mais  ce  n'est  point  pour  exposer  les  réflexions  qui  précèdent  que  j'ai 
pris  la  plume  :  c'est  pour  communiquer  à  l'Académie  des  observations  très- 


(  663  ) 

bien  faites  sur  les  courants  électriques  qui  ont  circulé  dans  les  fils  des  lignes 

télégraphiques  suisses  pendant  l'aurore  boréale  du  2  septembre.  Cette  aurore, 

invisible  en  Europe  à  cause  de  la  présence  du  soleil  pendant  son  apparition, 

mais  qui  a  été  vue  à  la  Guadeloupe  et  à  la  Havane,  n'a   pas  été  moins 

remarquable  que  celle  du  o.g  août,  si  du  moins  on  en  juge  par   les  effets 

qu'elle  a  produits  sur  les  lignes  télégraphiques  et  par  les  perturbations 

qu'elle  a  occasionnées  dans  les  appareils  des  observatoires  magnétiques. 

M.  Hipp,  ingénieur  très-distingué  qui  est  à  la  tête  des  ateliers  de  construction 

des  appareils  télégraphiques  en  Suisse,  a  pu  suivre  à  Berne  la  marche  des 

courants  naturels  dans  les  fils  télégraphiques  qui  aboutissent  à  cette  ville. 

L'intensité  et  le  sens  de  ces  courants  étaient  déterminés  par  la  déviation 

d'ime  aiguille  aimantée,  entourée  d'un  fil  qui  fait  3o  circonvolutions  autour 

d'elle,  appareil  qui  constitue  la  boussole  dont  chaque  station  télégraphique 

en  Suisse  est  munie;  le  courant  normal  qui  sert  aux  communications   doit 

avoir  la  force  suffisante  pour  la  faire  dévier  de  3o  degrés.  J'ajoute  encore, 

pour  faciliter  l'interprétation  des  observations,  que  les  extrémités  des  fils 

télégraphiques  communiquent  avec  le  sol  au  moyen  de  plaques  en  cuivre 

de  quatre  pieds  carrés  de  surface,  immergées  à  huit  pieds  de  profondeur 

dans  de  l'eau  ou  du  moins  dans  un  terrain  très-humide. 

»   M.  Hipp  a  trouvé,  comme  les  autres  observateurs,  que  les  lignes  trop 
courtes  ne  donnaient  aucun  signe  de  courant  et  que  les  signes  les  plus  pro- 
noncés étaient  accusés  par  les  lignes  les  plus  longues  et  notamment  par 
celles  dirigées  du  nord  au  sud,  telles  en  particulier  que  la  ligne  Zurich, 
Berne, Fribourg, Lausanne.  H  aréussienoutreà  déterminer lesensducourant: 
ainsi  il  a  trouvé  qu'il  cheminait  en  même  temps  dans  le  même  sens  de  Zurich 
à  Berne  et  de  Berne  à  Lausanne  par  Fribourg,  comme  si  le  second  était  la 
continuation  du  premier.  En  suivant  de  1 5  en  1 5  secondes,  pendant  un  cer- 
tain temps,  la  marche  des  courants,  il  a  observé  que,  après  avoir  eu  une 
certaine  direction,  ils  en  chàngaient,  non  brusquement,  mais  après  avoir 
passé  par  une  intensité  d'abord  croissante,  puis  décroissante,  puis  nulle. 
Ainsi  le  courant  dirigé  de  Zurich  à  Berne-Lausanne  commençait  par  aug- 
menter de  force,  faisait  dévier  l'aiguille  jusqu'à  4^  degrés,  puis  diminuait,  et 
au  bout  de  2  à  3  minutes  arrivait  à  o  degré,  pour  changer  ensuite  de  sens 
et  cheminer  de  Lausane  à  Berne-Zurich,  atteignant  un  maximum  de  3o  de- 
grés, par  conséquent  moins  élevé  que  le  premier;  ce  dernier  courant,  après 
avoir   eu    une   durée  de  i  à  i^  minute,  c'est-à-dire  moitié  moindre  que 
le  premier,  redevenait  nui  pour  changer  encore  de  sens,  et  ainsi  de  suite. 

87.. 


(  6<34  ) 
11  résulte  de  ces  observations  que,  pendant  la  durée  de  l'aurore  boréale, 
deux  courants  se  succèdent  dans  les  fils  télégraphiques  ayant  la  direction 
générale  du  nord  au  sud,  l'un  deux  fois  plus  fort  environ  et  d'une  durée 
double;  c'est  celui  qui  chemine  du  nord  au  sud;  l'autre  plus  faible  et  d'une 
durée  moindre  et  allant  en  sens  contraire.  Le  premier  est  évidemment  une 
dérivation  du  courant  terrestre  dû  à  la  décharge  qui  produit  l'aurore  et  qui 
doit  cheminer  dans  la  terre,  comme  je  l'ai  démontré,  du  pôle  à  l'équateur, 
c'est-à-dire  du  nord  au  sud  dans  notre  hémisphère,  et  non  du  sud  au  norfl 
comme  on  l'a  imprimé  par  erreur  dans  ma  précédente  Notice  sur  l'aurore  du 
29  août.  Le  second  provient  des  polarités  secondaires  qu'ont  acquises  les 
plaques  de  cuivre  qui  plongent  dans  le  sol,  en  transmettant  le  cournnt 
principal  qu'elles  dérivent  comme  des  sondes  qui  vont  le  chercher. 

»  Je  ne  cite  pas  ici  tous  les  nombres  exprimant  les  déviations  des  bous- 
soles et  par  conséquent  les  intensités  des  courants  que  M.  Hipp  à  déterminés; 
ils  sont  variables  avec  la  direction  des  lignes  et  leur  longueur  et  le  moment 
de  l'observation  ;  il  a  obtenu  des  déviations  de  58  degrés  entre  Zurich  et 
Berne  et  même  de  64  degrés  entre  Berne  et  Bâle,  ce  qui  indique  des  courants 
d'une  bien  grande  intensité  et  au  moins  triples  du  courant  artificiel  normal 
qu'on  emploie  pour  les  communications  ordinaires,  puisque  ce  courant  ne 
fait  dévier  l'aiguille  que  de  3o  degrés  et  que  la  force  augmente,  comme 
on  le  sait,  dans  une  proportion  bien  plus  grande  que  les  angles  de  dévia- 
tion. 

»  Il  n'y  aurait  donc  véritablement  dans  le  sol,  pendant  l'apparition 
d'une  aurore  boréale,  que  des  courants  dirigés  du  pôle  à  l'équateur,  c'est- 
à-dire  du  nord  au  sud  dans  nos  latitudes;  ces  courants  seraient  seulement 
d'une  intensité  variable;  quant  aux  courants  inverses  et  d'une  durée 
moindre,  qu'indiquent  les  appareils,  ils  ne  seraient  que  l'effet  de  la  manière 
dont  on  perçoit  les  premiers  en  plongeant  dans  le  sol  humide  pour  les 
dériver  des  plaques  de  cuivre  qui  se  polarisent  bien  vite. 

»  Au  reste,  l'existence  dans  le  sol  de  ces  courants  dirigés  du  nord  au  sud 
se  trouve  confirmée  par  les  observations  faites  avec  les  magnétomèlres, 
soit  à  Rome  par  le  Père  Secchi,  soit  à  Livourne  par  le  R.  P.  Moure,  soit  à 
l'Observatoire  de  Paris  par  MM.  Charault  et  Desains.  Toutes  ces  obseiva- 
tions  ont  montré  que  les  perturbations  qui  ont  lieu  au  moment  de  l'appa- 
rition d'une  aurore  boréale,  consistent  dans  une  augmentation  d'intensité 
dans  la  composante  verticale  et  une  diminution  dans  la  composante  hori- 
zontale, ainsi  que  dans  une  augmentation  dans  l'inclinaison  et  dans  la  décli- 


(  665  ) 
liaison.  Or,  si  on  examine  quelle  doit  être,  d'après  les  lois  de  l'électrodyna- 
iniqiie,  l'action  sur  les  magiiétoniètres  d'un  ou  de  plusieurs  courants  dirigés 
du  nord  au  sud,  on  trouve  qu'elle  est  exactement  celle  que  démontre  l'ob- 
servation. Eu  effet,  remarquons  que  la  direction  des  courants  terrestres  doit 
être,  d'après  notre  théorie,  celle  du  méridien  terrestre,  faisant  un  angle 
avec  le  méridien  magnétique;  seulement  près  du  Nord  l'influence  du  ma- 
gnétisme terrestre  fait  dévier  ceux  des  courants  qui  sont  dans  l'atmosphère, 
et  qui,  étant  parfaitement  mobiles,  obéissent  facilement  à  l'action  d'une  force 
étrangère  :  c'est  pourquoi  le  centre  de  l'aurore  boréale  est  le  pôle  magné- 
tique et  non  le  pôle  terrestre.  Or,  si  on  décompose  chaque  élément  du  cou- 
rant terrestre,  dont  la  direction,  qui  est  à  peu  près  celle  du  nord  au  sud,  forme 
un  angle  avec  celle  du  méridien  magnétique,  en  deux  composantes,  l'une 
perpendiculaire,  l'autre  parallèle  à  ce  méridien,  la  première,  qui  agit  sous 
l'aiguille  comme  un  courant  dirigé  de  l'est  à  l'ouest,  augmentera  évidem- 
ment son  inclinaison  et  la  composante  verticale  du  magnétisme  terrestre; 
l'autre,  qui  agit  également  sous  l'aiguille,  mais  comme  un  courant  dirigé 
dans  le  méridien  magnétique  du  nord  au  sud,  la  fera  dévier  à  l'ouest  en  di- 
minuant la  composante  horizontale. 

»  Au  reste,  ces  courants  terrestres,  qui  dans  nos  latitudes  ne  se  manifes- 
tent d'une  manière  prononcée  que  lors  de  l'apparition  des  aurores  boréa les ,^ 
doivent  exister  à  un  beaucoup  moindre  degré,  d'une  manière  presque  per- 
manente, surtout  dans  les  régions  septentrionales,  car  la  décharge  entre 
l'électricité  positive  de  l'atmosphère  et  la  négative  de  la  terre  doit  avoir 
lieu  constamment  près  des  pôles,  seulement  avec  une  intensité  variable  sui- 
vant la  saison  et  suivant  l'état  de  l'atmosphère.  C'est  ce  que  prouve  au  reste 
l'apparition  presque  quotidienne  de  l'aurore  boréale  dans  les  stations  rap- 
prochées du  pôle  nord,  qu'ont  signalée  MM.  Lottin  et  Bravais  dans  leur 
séjour  à  Bossekop,  soit  plus  tard  les  observations  du  Canada  et  des  États- 
Unis.  Ainsi  il  résulte  des  obsei-vations  recueillies  par  M.  Henry,  professeur  à 
la  Smilhsonian  Institution,  que  dans  le  nord  des  États-Unis  l'aurore  a  été  vue 
pendant  261  nuits  en  i85o,  et  pendant  207  en  i85i,  c'est-à-dire  pendant 
presque  toutes  les  nuits  claires.  » 


(666  ) 


MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

L'Académie  reçoit  une  Note  destinée  au  concours  pour  le  grand  prix^le 
Mathématiques  de  iSSg,  question  concernant  la  théorie  mathématique  des 
marées.  Cette  Note  est  annoncée  comme  supplément  à  un  Mémoire  précé- 
denunent  envoyé.  Le  Mémoire  en  question  a  été  présenté  dans  la  séance  du 
a8  mars  dernier  et  inscrit  sous  le  n°  j  ;  mais,  par  suite  d'un  défaut  de  forme, 
il  n'a  pas  été  mentionné  dans  le  Compte  rendu  imprimé  de  cette  séance. 

Ces  deux  pièces  seront  réservées  pour  la  future  Commision. 

MÉDECINE.  —  De  la  narcotisation  localisée  pratiquée  à  [aide  d'injections  de 
sulfate  d'atropine  sur  le  nerf  pneumogastrique  comme  nouveau  moyen  derjuérir 
les  attaques  d'asthme  ;  par  M.  A  Courty.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Rayer,  J.  Cloquet. ) 

«  Madame  C....,  âgée  de  cinquante-quatre  ans,  encore  réglée,  d'une 
petite  taille,  d'une  constitution  sèche,  mais  assez  forte,  d'un  tempérament 
nerveux-sanguin,  depuis  l'âge  de  onze  ans,  n'a  jamais  souffert  la  moindre 
douleur  et  ne  se  rappelle  avoir  eu  aucune  maladie  nerveuse.  Seulement,  à 
l'âge  -de  huit  ans,  pendant  une  épidémie  de  dyssenterie,  elle  fut  atteinte 
comme  beaucoup  d'autres,  et  resta  deux  mois  malade.  Mariée  à  vingt- 
huit  ans,  elle  eut  un  enfant  qui  mourut  à  l'âge  de  six  mois. 

»  Il  y  a  quatre  ans,  à  la  suite  d'une  course  rapide  et  pénible,  qui  avait 
déterminé  une  transpiration  abondante,  elle  se  refroidit  et  éprouva  à 
l'instant  même  une  grande  difficulté  dans  la  respiration.  La  dyspnée  aug- 
menta peu  à  peu,  soit  par  défaut  de  soins,  soit  plutôt  par  suite  de  la  nature 
même  de  la  maladie  au  développement  de  laquelle  le  refroidissement  et  la 
suppression  brusque  de  la  transpiration  avaient  servi  de  cause  occasionnelle, 
et  bientôt  les  accès  d'asthme,  séparés  par  des  intermittences  plus  ou  moins 
longues,  mais  rarement  exemptes  d'oppression,  atteignirent  le  degré  de 
violence  que  je  leur  ai  reconnu  depuis  que  je  donne  mes  soins  à  cette 
malade. 

»  Plusieurs  médecins  avaient  déjà  donné  des  soins  à  madame  C...., 
et  essayé  vainement  de  la  soulager  par  l'usage  longtemps  prolongé  de  l'ipé- 
cacuanha,  de  la   belladone,  des  vésicatoires  et  des  autres  moyens  usités 


Mi. 


(  667  ) 
eu  pareille  circonstance,  même  des  inspirations  d'étber  et  de  chlorotornie 

«  Lorsque  je  fus  appelé  auprès  d'elle  pour  la  première  fois,  il  y  a  environ 
dix-huit  mois,  je  le  trouvai  en  proie  depuis  plusieurs  jours  à  un  de  ses 
violents  accès,  ne  pouvant  ni  dormir  ni  manger,  ayant  beaucoup  de  peine 
à  parler,  l'oppression  se  trouvant  par  moments  interrompue  par  des  quintes 
de  toux  très-fatigantes,  avec  état  vultueux  et  violacé  des  lèvres  et  de  la 
face  d'ailleurs  ordinairement  assez  pâle,  produisant  l'imminence  de  la  suffo- 
cation et  suivies  d'une  expectoration  muqueuse  qui  apportait  à  peine  un 
soulagement  de  quelques  minutes. 

»  L'auscultation  fait  constater  qu'il  n'existe  aucune  altération  organique 
du  cœur,  mais  qu'il  y  a  un  peu  d'emphysème  pulmonaire,  notamment  vers 
le  sommet  des  deux  poumons,  et  une  contraction  spasmodique  des  bron- 
ches, de  la  trachée  et  de  larynx  déterminant  un  râle  sibilant  des  plus 
intenses. 

»  Un  émétique,  un  purgatif,  des  frictions  sur  le  cou  avec  l'onguent 
napolitain  belladone,  des  pilules  antispasmodiques  composées  d'opium, 
d'extrait  de  valériane  et  d'extrait  de  belladone  à  parties  égales,  l'usage 
interne  du  chlorate  de  potasse,  et  des  sinapismes  promenés  sur  divers 
points,  me  parurent  successivement  appelés  à  remplir  les  principales  indi- 
cations et  finirent  par  produire  en  effet,  au  bout  d'une  quinzaine  de  jours, 
un  soulagement  marqué,  suivi  lui-même  de  la  fin  de  l'accès  et  d'une  amélio- 
ration notable  de  la  maladie  pendant  l'intermission,  notamment  de  la  possi- 
bilité pour  madame  G....  de  se  coucher  dans  son  lit.  Les  mêmes  moyens 
furent  employés  avec  la  même  efficacité  une  autre  fois  et  parurent  conjurer 
un  nouvel  accès,  sans  amener  d'ailleurs  un  résultat  suffisant  pour  per- 
mettre à  la  malade  de  sortir  de  son  appartement. 

»  Mais,  quelques  mois  après,  la  maladie  reparut  avec  une  violence  telle, 
que,  après  avoir  employé  de  nouveau  sans  succès,  pendant  trois  semaines, 
les  mêmes  moyens,  la  fumée  deDatura  stramonium,descigarettesEspic,  etc., 
je  crus  devoir  recourir  aux  lumières  d'un  confrère.  Mon  collègue  et  ami,  le 
professeur  Bouisson,  appelé  en  consultation,  après  avoir  examiné  attentive- 
ment la  malade,  partagea  mon  avis  sur  la  nature  de  l'affection,  et  nous  ar- 
rêtâmes ensemble  le  traitement  suivant  :  pilules  de Dupuy,  vésicatoires  pro- 
menés sur  la  poitrine  et  pansés  avec  l 'hydrochlorate  de  morphine,  usage 
des  Eaux-Bonnes. 

»  Malgré  l'usage  longtemps  continué  de  ces  moyens  et  de  plusieurs  au- 
tres, cette  nouvelle  crise  se  prolongea  plusieurs  semaines  encore.  Enfin  elle 


(  668  ) 
s'apaisa  par  degrés,  et  une   nouvelle  inlermission,  ramenant  un   peu    de 
calme,   permit  à  la   malade  de  prendre  haleine  pendant  trois  ou  quatre 
mois.  Madame  C —  ne  pouvait  pourtant  ni  sortir,  ni  se  livrer  à  ses  occu- 
pations ordinaires. 

»  Le  a8  août  j859,  je  fus  ap[)elé  poiu'  un  nouvel  accès,  en  tous, 
points  semblable  aux  plus  intenses  observés  déjà  sur  la  même  malade. 
Je  pris  aussitôt  le  parti  d'essayer  sur  madame  C...  l'influence  si  rem- 
arquable de  la  narcotisatiou  localisée.  En  conséquence,  le  même  jour 
à  3''3o'"  du  soir  je  pratiquai  une  première  injeclion  de  6  gouttes  de  la  solu- 
tion de  sulfate  d'atropine  au  centième,  équivalent  à  près  de  2  milligrammes 
de  ce  sel,  en  dedans  du  sterno-cléido-mastoïdien  gauche,  au  niveau  du 
cartilage  thyroïde,  sur  le  trajet  de  la  gaîne  des  vaisseaux  et  nerfs  du  cou, 
c'est-à-dire  du  pnetuno -gastrique.  Le  trois-quarts  (ut  enfoncé  de  7  à  8  milli- 
mètres seulement  de  peiu'  de  léser  les  organes  importants  de  la  région. 
Quelques  minutes  après  l'injection,  vertiges,  sécheresse  de  la  bouche  et  de 
la  gorge,  dilatation  des  pupilles,  fréquence  du  pouls,  impressionnabilité 
très-grande  à  la  voix  et  au  toucher.  A  5  heures,  nous  constatons  ces  divers 
symptômes  de  narcotisation.  En  même  temps  nous  remarquons  avec  plaisir 
<|ue  la  respiration  est  ini  peu  plus  aisée.  Sinapismes  aux  pieds. 

«  29  août.  Pendant  la  nuit,  il  y  a  eu  un  peu  d'agitation  et  même  de  dé- 
lire; à  2  heures  du  malin  une  quinte  de  toux.  Cependant  madame  C...  a 
pu  coucher  dans  son  lit  et  dormir  par  intervalles  assez  fréquents.  D'après 
nos  instructions,  elle  a  pris  une  pilule  de  o'^'.osSd'extraitgommeux  d'opium. 
Ce  matin  à  1 1  heures  l'oppression  est  moins  forte,  plus  de  céphalalgie,  de 
temps  à  autre  quelques  tournoiements  de  tête  et  des  quintes  de  toux  moins 
longues  que  précédemment.  Deuxième  injection  de  6  gouttes,  au  uième  ni- 
veau, du  côté  droit,  mais  à  une  profondeur  au  moins  double  :  le  trois-quarts 
ayant  fait  la  piqûre,  la  canule  seule  fut  enfoncée  peu  à  peu,  de  manière  à 
avancer  sans  danger  aussi  près  que  possible  du  pneumo-gastrique.  A  i  i''3o™ 
somnolence,  congestion  vers  la  tête,  la  malade  ne  se  plaint  de  rien.  Les 
symptômes  de  narcotisation  vont  en  augmentant.  A  3  heures  du  soir  ma- 
dame C se  trouve  encore  dans  l'état  de  stupeur  qui  l'a  pri.se,  nous  dit-on, 

après  ii''3o"';  elle  ne  nous  reconnaît  pas,  semble  effrayée  quand  ou  s'ap- 
proche d'ellr,  profère  des  mots  sans  suite,  revient  pourtant  à  elle-même  en 
peu  d'instants  et  répond  très-laconiquement  à  nos  questions;  céphalalgie, 
bouche  sèche,  sensation  de  brûlure  dans  le  pharynx  et  l'œsophage,  dilata- 
tion des  pupilles,  pouls  petit,  fréquent,  respiration  presque  normale.  (Sina- 


(  669  ) 
pismes  aux  pieds,  o^^io  extrait  gommeiix  d'opium,  divisés  en  4  pilules  éga- 
les à  prendre  de  demi-heure  en  demi-heure,  jusqu'à  diminution  notable  des 
symptômes.)  A  9  heures  les  symptômes  d'intoxication  sont  moindres;  mais 
comme  la  malade  n'a  pris  qu'une  pilule,  il  paraît  convenable,  pour  la  déli- 
vrer plus  vite,  de  mettre  des  sinapismes  aux  mollets  et  de  donner  une  nou- 
velle dose  d'opium. 

»  3o  août.  Pendant  la  nuit  le  sommeil  a  été  un  peu  agité  par  des  rêves, 
des  cauchemars.  La  respiration,  quoique  plus  aisée,  n'est  pas  tout  à  fait 
aussi  libre  qu'elle  l'était  hier  pendant  l'intoxication.  Nous  avions  remarqué, 
depuis  plusieurs  jours,  un  état  saburral  de  la  langue,  la  bouche  était  pâ- 
teuse, l'appétit  presque  nul,  la  constipation  opiniâtre  :  la  malade  a  rendu 
ce  matin  une  tasse  de  café.  En  conséquence  nous  prescrivons  un  purgatif 
(huile  de  ricin  5o  grammes,  eau  de  menthe,  sirop  de  limons,  aa  20  grammes. 
Mêlez.)  10  heures  du  soir.  Madame  C...  a  vomi  le  purgatif  et  tout  ce  qu'elle 
a  pris  après  (bouillon  aux  herbes,  tisanes,  etc.  Nous  prescrivons  un  lave- 
ment laxatif  qui  est  rendu  bientôt  sans  matières  fécales). 

»  3i  août.  La  nuit  a  été  très-bonne  :  il  y  a  longtemps,  nous  dit  ma- 
dame C ,  qu'elle  n'en  avait  passé  de  pareilles.   Sommeil  de  plusieurs 

heures.  La  langue  est  toujours  saburrale,  épaisse,  javinâtre,  la  bouche 
amère,  les  envies  de  vomir  sont  bien  manifestes  (5  centigrammes  tartre 
stibié,  à  répéter  si  les  vomissements  ne  sont  pas  assez  considérables). 
8  heures  du  soir,  la  malade  a  vomi  des  matières  jaunes-verdâtres,  après  la 
première  prise.  Elle  se  sent  fatiguée  après  la  première  prise.  Néanmoins  la 
respiration  devient  de  plus  en  plus  libre,  l'expectoration  est  facile  ;  il  n'y 
a  que  quelques  rares  quintes  de  toux.  Les  règles  arrivent  à  l'époque 
ordinaire. 

»  i"  septembre.  Moins  de  sommeil  que  la  nuit  précédente,  du  reste,  pas 
de  quintes  de  toux,  expectoration  facile,  respiration  aisée,  un  peu  sifflante. 
Ail  heures,  troisième  injeclion  de  7  gouttes,  au-dessus  du  dernier  point 
piqué  à  droite;  la  canule,  pénétrant  à  a  centimètres,  est  promenée  de  haut 
en  bas  de  manière  à  disperser  le  liquide  dans  une  plus  grande  étendue  sur 
le  trajet  du  nerf.  2  heures  du  soir.  Depuis  1 1''  So™,  la  malade  ne  connaît 
plus  personne,  elle  entend  pourtant  et,  à  chaque  parole,  elle  paraît  surprise 
des  sons  qu'elle  perçoit  ;  peu  de  dilatation  de  la  pupille,  tète  chaude,  pouls 
petit,  fréquent,  respiration  très-aisée  (sinapismes  aux  pieds,  pilules  de 
o^^oaS  d'extrait  gommeux  d'opium  à  prendre  de  3o  minutes  en  3o  minutes 
jusqu'à  cessation  des  phénomènes  d'intoxication).  7  heures  du  soir.  La 

c.  R.,  1859,  2''  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  19.)  88 


(670) 

malade  a  recouvré  ses  sens  depuis  4  heures,  après  avoir  pris  deux  pilules 
d'opium;  la  céphalalgie  a  diminué  progressivement,  il  y  a  encore  des  étour- 
dissementset  un  peu  de  sécheresse  dans  la  bouche;  pas  de  quintes  de  toux 
depuis  ce  matin,  la  respiration  est  très-facile. 

»  A  partir  de  ce  moment,  c'est-à-dire  quatre  jours  après  la  première 
injection,  l'accès  d'asthme  est  entièrement  terminé  et  la  malade  peut  être 
considérée  comme  guérie. 

»  I*'  octobre.  Madame  C...  est  entièrement  rétablie.  Elle  respire  facile- 
ment, digère  bien,  peut  se  promener  et  reprendre  les  soins  de  son  ménage. 

1"  novembre.  La  guérison  ne  s'est  pas  démentie.  Madame  C est  venue 

me  voir  plusieurs  fois  dans  mon  cabinet,  bien  que  son  logement  soit  très- 
éloigné  du  mien.  Elle  monte  l'escalier  sans  oppression,  la  respiration  est 
libre;  elle  ne  se  rappelle  pas  avoir  jamais  été  aussi  bien  portante  depuis 
quatre  ans,  époque  de  l'invasion  de  sa  maladie;  elle  se  regarde,  malgré  les 
craintes  que  nous  exprimons  à  cet  égard,  comme  délivrée  pour  toujours  de 
son  asthme  et  en  possession  de  sa  santé  d'autrefois.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  rage  véritable  des  poudingues  de  Nemours  et  des  sables 
coquilliers  d'Orinoy  ;  par  M.  Ch.  d'Orbigny.  (Extrait  par  l'auteur.)    • 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  d'Archiac,  Sainte-Claire-Deville.) 

«  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
a  pour  objet  :  1°  de  déterminer  exactement  l'âge  relatif  des  poudingues  de 
Nemours  (Seine-et-Marne)  ;  a"  de  prouver  que  la  couche  à  coquilles  marines 
découverte  à  Ormoy  (Seine-et-Oise)  doit  être  placée  à  la  partie  inférieure 
des  sables  de  Fontainebleau,  et  non  au-dessus  de  ces  sables,  comme  on  le 
prétend  ;  3"  de  signaler  dans  le  bassin  parisien  deux  nouvelles  assises  im- 
portantes de  poudingues,  l'une  subordonnée  aux  sables  dits  de  Fontaine- 
bleau, l'autre  placée  à  la  base  du  diluvium  erratique  du  chemin  de  fer  de 
Paris  à  Vincennes,  où  elle  forme  un  banc  continu  de  plus  d'un  mètre  de 
puissance  sur  une  étendue  d'environ  un  demi-kilomètre.  Je  me  bornerai 
dans  cet  extrait  à  indiquer  très-sommairement  les  pricipaux  résultats  aux- 
quels je  suis  arrivé  concernant  les  poudingues  de  Nemours  et  l'assise  marine 
d'Ormoy. 

»  I.  Poudingues  de  Nemours.  —  Aucune  formation  des  environs  de  Paris 
n'a  peut-être  été  l'objet  de  plus  de  discussions  et  d'une  plus  grande  diver- 
gence d'opinions.  M.  A.  Brongniart  a  cité  seulement  ces  poudingues  d'une 


(67r  ) 
manière  générale  comme  se  trouvant  entre  la  craie  et  le  calcaire  siliceux;  il 
en  faisait  une  formation  marine  littorale.  M.  d'Archiac  en  a  fait  un  dépôt 
synchronique  du  calcaire  grossier.  M.  Raulin  les  a  considérés  comme  une 
formation  marine,  représentant  à  la  fois  les  sables  du  Soissonnais,  le  calcaire 
grossier  et  les  sables  de  Beauchamp  qui,  aux  environs  de  Paris,  séparent 
l'argile  plastique  de  l'étage  gypseux.  Enfin  plus  récemment  M.  Hébert,  qui 
de  son  côté  a  étudié  d'une  manière  toute  spéciale  ces  mêmes  poudingues, 
a  résumé  son  Mémoire  par  les  conclusions  suivantes  :  «  Les  cailloux  et  pou- 
»  dingues  de  Nemours  ont  été  accumulés  dans  les  lieux  où  on  les  observe 
1)  aujourd'hui,  antérieurement  au  dépôt  de  l'argile  plastique,  à  laquelle  ils 
»  ne  se  lient  aucunement.   « 

»  Pour  expliquer  des  opinions  aussi  contradictoires,  je  dois  rappeler  en 
peu  de  mots  les  difficultés  qu'offre  l'étude  de  l'importante  assise  dont  il 
s'agit.  Cette  assise  se  présente  sous  forme  de  nombreux  galets  de  silex,  quel- 
quefois conglomérés  par  un  ciment  siliceux  qui  les  convertit  en  poudingues, 
mais  plus  souvent  isolés  et  non  agglutinés. 

»  Ces  galets  et  poudingues  siliceux  constituent  des  ilépôts  considérables 
dans  diverses  localités  de  la  partie  sud-est  du  bassin  parisien,  notamment 
sur  les  deux  rives  du  Loing,  de  Nemours  à  Château-Landon  (Seine-et- 
Marne).  Généralement  ils  sont  en  partie  éboulés  à  la  base  des  collines,  repo- 
sant alors  sur  la  craie  endurcie,  et  recouverts  d'une  manière  peu  distincte 
par  les  travertins  inférieurs  aux  sables  de  Fontainebleau.  Dans  quelques 
localités,  cette  formation  ne  semble  même  représentée  que  par  de  gros  blocs 
disséminés  à  la  surface  du  sol,  et  qui  d'ordinaire  reposent  sur  le  terrain  cré- 
tacé. C'est  par  suite  de  cette  apparence  anormale  que  les  poudingues  de 
Nemours  ont  été  si  longtemps  l'objet  de  discussions  relativement  à  leur  âge, 
à  leur  origine  marine  ou  lacustre,  et  indiqués  à  tort  comme  ne  constituant 
pas  de  banc  continu.  Plus  heureux  que  les  géologues  cités  ci-dessus,  et 
peut  être  aussi  grâce  à  un  concours  do  circonstances  favorables,  je  suis  en 
mesure  aujourd'hui,  non-seulement  de  prouver  que  ces  silex  et  poudingues 
forment  une  assise  régulière,  mais  encore  d'en  indiquer  d'une  manière  pré- 
cise la  position  relative  dans  l'échelle  géognostiqne  des  terrains  parisiens. 
(Suivent  des  coupes  réelles  et  la  description  détaillée  de  ce  terrain.) 

»  En  résumé,  il  résulte  de  tout  ce  qui  précède  que  la  formation  d'argile 
plastique  est  infiniment  plus  complète  et  plus  puissante  qu'on  ne  le  suppo- 
sait anciennement. 

»  Divers  sondages  faits  à  Grenelle,  à  Vincennes,  etc.,  ont  démontré 

88.. 


(67a) 

que  cette  formation  Jluvio-marine  atteint  parfois  jusqu'à  5o  mètres  d'é- 
paisseur. 

»  Aux  environs  de  Paris,  et  dans  la  partie  nord  du  bassin,  le  terrain 
d'argile  plastique  se  compose  de  couches  successives  ou  alternatives  très- 
variées,  telles  que  sables  et  grès  souvent  coquilliers,  marnes,  lignites,  argiles 
plastiques  plus  ou  moins  pures  et  de  diverses  couleurs;  puis,  à  la  partie  la 
plus  inférieure  de  tout  ce  système,  se  trouve  la  zone  de  conglomérat  à  débris 
de  Mammifères  que  j'ai  découverte  à  Meudon. 

»  Dans  la  région  méridionale  du  bassin  parisien,  cette  formation  a  une 
puissance  moins  grande,  ne  semble  pas  contenir  de  corps  organisés,  et  se 
présente  aussi  avec  des  caractères  et  des  allures  très-variables  d'une  contrée 
à  l'autre.  Les  grès  et  les  poudingues  de  l'argile  plastique  ne  se  voient  pas 
partout;  mais  lorsqu'ils  existent  réunis  à  l'argile,  le  banc  de  grès,  dont  la 
position  exacte  n'avait  pas  encore  été  indiquée,  se  trouve  à  la  partie  supé- 
rieure ;  les  galets  et  les  poudingues  siliceux  forment  au-dessous  une  assise 
très-distincte;  enfin  les  sables  et  l'argile  plastique  sont  placés  à  la  partie 
inférieure  du  dépôt. 

»  Par  conséquent  les  poudingues  de  Nemours  ne  doivent  plus  être  con- 
sidérés comme  une  formation  marine  synchronique  du  calcaire  grossier 
parisien.  Ils  ne  constituent  pas  non  plus,  ainsi  que  le  veut  M.  Hébert,  une 
formation  indépendante  intermédiaire  entre  l'argile  plastique  et  la  craie. 
Ces  poudingues  appartiennent  positivement  à  l'étage  de  l'argile  plastique, 
dont  ils  forment  l'une  des  assises  essentielles. 

»  Quant  à  l'origine  et  au  transport  de  ces  puissants  dépôts  de  silex  et  de 
poudingues,  dont  les  éléments  ont  été  arrachés  à  la  craie,  voici  l'explication 
que  je  propose  :  Tous  les  géologues  admettent  que  la  partie  supérieure  du 
terrain  crayeux  a  été  fortement  dénudée,  sillonnée,  ravinée  à  la  fin  de  la 
période  secondaire  ;  et  ce  fait  est  prouvé  par  les  grandes  inégalités  que  pré- 
sente partout  la  surface  de  ce  terrain.  Ne  pourrait-on  pas  admettre  aussi 
que,  durant  et  vers  la  fin  du  dépôt  de  l'argile  plastique,  une  nouvelle  dé- 
nudation  des  collines  crayeuses  a  eu  lieu;  que  la  craie  a  été  entraînée  et 
que  les  rognons  de  silex  ont  été  déposés,  accumulés  dans  les  vallées  à  la 
place  qu'ils  occupent  aujourd'hui.  Je  pense  que  plusieurs  dénudations  ana- 
logues plus  récentes  ont  eu  lieu  dans  le  bassin  parisien,  ainsi  que  le  prou- 
vent les  zones  de  silex  et  de  poudingues  que  j'ai  signalées  dans  les  sables  de 
Fontainebleau. 

»  II.  Jge  des  sables  coquilliers  d'Ormoj.  —  En  i85i,  M.  Hébert  a  an- 
noncé avoir  observé  à  la  côte  Saint-Martin,  près  Etampes,  et  à   Ormoy 


(  673  ) 

(Seine-et-Oise),  au-dessus  de  la  couche  regardée  jusqu'alors  comme  la  li- 
mite supérieure  des  sables  de  Fontainebleau,  un  banc  de  sable  rempli  de 
coquilles  marines  parfaitement  conservées,  et  recouvert  par  le  calcaire  la- 
custre de  la  Beauce. 

»  Cette  découverte  était  d'une  assez  grande  importance  pour  la  géologie 
parisienne,  d'abord  parce  que  ce  nouveau  gisement  fossilifère  pouvait  être 
assimilé  jusqu'à  un  certain  point  à  l'étage  des  faluns  qui  n'est  pas  représenté 
aux  environs  de  Paris  ;  puis  parce  que  toutes  les  couches  coquillières  ratta- 
chées jusque-là  aux  sables  de  Fontainebleau  avaient  été  trouvées  à  la  partie 
inférieure  de  ce  terrain  qui  a  parfois  jusqu'à  60  mètres  de  puissance.  Cepen- 
dant il  résulte  de  l'étude  approfondie  que  j'ai  faite  de  cette  prétendue  nou- 
velle assise,  comme  aussi  des  diverses  coupes  précises  et  détaillées  que  j'ai 
données  :  » 

»  1°.  Qu'il  n'existe  pas  de  fossiles  marins  à  la  côte  Saint-Martin,  près 
Etampes,  comme  l'a  supposé  M.  Hébert  ;  et  que  par  conséquent  aucune 
couche  n'y  est  assimilable  au  gîte  fossilifère  d'Ormoy; 

»  2°.  Que,  contrairement  à  l'opinion  émise  par  le  même  géologue,  le 
gite  d'Ormoy  ne  peut  être  placé  à  la  partie  supérieure  des  sables  dits  de 
Fontainebleau  ou  immédiatement  au-dessus; 

»  3°.  Enfin  que  par  l'ensemble  de  ses  caractères  paléontologiques  et 
stratigraphiques,  ce  nouveau  gîte  fossilifère  correspond  sans  le  moindre 
doute  aux  couches  coquillières  de  Jeurre,  d'Etréchy  etde  Morigny  (environs 
d'Etampes),  lesquelles  sont  incontestablement  situées  à  la  partie  inférieure 
des  sables  de  Fontainebleau.  Ces  couches  recouvrent  les  bancs  à  Ostrea  cya- 
thula  et  lomjirostris,  qu'on  retrouve  au  même  horizon  géologique  et  en 
grande  abondance  à  la  butte  Montmartre.   » 

GÉOMÉTRIE  —  Sur  les  cnrtes  géographiques  ;  par  M.  A.  Tissot. 
(Commissaires,  MM.  Babinet,  Daussy.) 

«  Quand  il  s'agit  de  la  construction  d'un  carte  géographique,  ou  plus 
généralement  de  la  représentation  d'une  surface  sur  une  autre,  on  choisit 
pour  chacune  de  ces  surfaces  deux  systèmes  de  courbes  qui  la  décomposent 
en  parallélogrammes  infiniment  petits  ;  à  chaque  ligne  ainsi  tracée  sur  la 
première,  on  fait  correspondre  une  des  lignes  de  la  seconde  ;  alors  l'inter- 
section de  deux  courbes  de  séries  différentes  sur  l'une,  et  l'intersection  des 
deux  courbes  correspondantes  siu' l'autre,  déterminent  deux  points  corres- 


(  674  ) 
pondants  ;  enfin  l'ensemble  des  points  de  la  seconde,  qui  correspondent 
aux  points  d'une  figure  donnée  sur  la  première,  constitue  la  représentation 
de  cette  figure. 

»  Il  y  a  habituellement  déformation  lorsqu'on  passe  ainsi  d'une  figure 
à  celle  qui  la  représente;  mais  autour  d'un  même  point  cette  déformation 
est  soumise  à  une  loi  qui  ne  dépend  ni  de  la  nature  des  surfaces,  ni  de  la 
position  du  point  que  l'on  considère,  ni  de  la  manière  dont  on  a  tracé  le 
canevas.  La  voici  énoncée  en  quelques  mots  : 

»  Toute  représentation  d'une  sur/ace  sur  une  autre  peut  être  remplacée  en 
chaque  point  par  une  projection  orthogonale  faite  à  une  échelle  convenable. 

»  Je  supprime  la  démonstration,  qui  est  d'une  grande  simplicité,  pour 
revenir  avec  plus  de  détails  sur  l'énoncé  de  cette  loi,  et  pour  donner,  égale- 
ment sans  démonstration,  les  résultats  auxquels  elle  conduit  relativement 
aux  altérations  d'angles,  de  distances  et  de  superficie. 

»  Quel  que  soit  le  mode  de  représentation,  il  existe  en  chaque  point  de 
l'une  des  surfaces  deux  tangentes  perpendiculaires  entre  elles,  et,  à  moins 
que  les  angles  ne  soient  tous  conservés,  il  n'en  existe  que  deux,  telles,  que 
les  directions  qui  leur  correspondent  sur  l'autre  surface  se  coupent  aussi  à 
angle  droit.  Convenons  de  leur  donner  le  nom  de  tangentes  principales. 

»  C'est  pour  ces  directions  que  le  rapport  des  longueurs  de  deux  éléments 
infiniment  petits,  qui  se  correspondent  sur  les  deux  surfaces,  atteint  sa  plus 
grande  et  sa  plus  petite  valeur.  Désignons  respectivement  ces  deux  valeurs 
par  a  et  h,  et  supposons  a  >  b. 

»  Après  avoir  superposé  les  plans  tangents  aux  deux  surfaces  de  manière 
que  les  tangentes  principales  coïncident,  faisons  tourner  le  premier  autour 
de  celle  à  laquelle  se  rapporte  le  maximum  a,  jusqu'à  ce  que  le  cosinus  de 

A 
l'angle  des  deux  plans  atteigne  la  valeur  -;  si  on  veut  obtenir  ensuite  la 

représentation  d'une  figure  infiniment  petite  préalablement  tracée  dans  le 
premier  plan  tangent,  il  suffira  de  la  projeter  orthogonalement  sur  le  second, 
puis  de  modifier  dans  le  rapport  de  a  à  l'unité  les  dimensions  de  la  projec- 
tion ainsi  obtenue,  en  prenant  le  point  considéré  comme  centre  de  simili- 
tude. 

»  Supposons  que  la  courbe  infiniment  petite  tracée  autour  de  ce  point 
soit  une  circonférence  dont  il  occupe  le  centre  ;  la  représentation  sera  une 
ellipse  qui  aura  pour  axes  a  et  b,  le  rayon  de  la  circonférence  étant  pris 
pour  unité.  De  plus,  après  avoir  fait  coïncider  les  tangentes  principales,  on 
obtiendra  le  point  de  l'ellipse  qui  correspond  à  un  point  donné  du  cercle 


(  675  ) 

en  cherchant  l'intersection  du  rayon  qui  passe  parce  point,  ou  bien  de  son 
prolongement,  avec  la  circonférence  décrite  sur  le  grand  axe  comme  dia- 
mètre, en  abaissant  de  cette  intersection  une  perpendiculaire  sur  cet  axe  et 
en  déterminant  le  point  où  la  perpendiculaire  rencontre  l'ellipse. 

»  Les  tangentes  principales  sont  bissectrices  des  mêmes  angles  sur  les 
deux  surfaces,  et  les  rapports  de  longueurs  sont  égaux  sur  les  côtés  de 
chacun  de  ces  angles. 

»  La  représentation  diminue  tous  les  angles  aigus  dont  l'un  des  côtés 
coïncide  avec  la  tangente  principale  qui  se  rapporte  au  maximums.  SI  on 
représente  par  u  l'un  de  ces  angles,  par  «,  l'angle  modifié  et  par  r  le  rapport 
de  longueurs  pour  son  second  côté,  il  viendra 

b  ,  y  (a  —  b)  sin  2 u 

tanerw,  = -tanefM,      tangfw  — m,)  = -. — ; — - — y-, > 

rcosM,  =  flcosM,     rsinw,  =  éisiuM,     r^=  «^cos^w -+- è^'sin'M. 

Le  maximum  de  l'altération  u  —  m,  est  l'angle  a,  pour  lequel  on  a 

a  —  b  2  \lab  .  a  —  h 

sina  = r»     cosa  = ri      tanea  =  — ==• 

a  +  6  a  +  0  ^  2\jab 

En  appelant  U  et  U,  les  valeurs  correspondantes  de  u  et  de  «,,  et  R  celle 
de  r,  on  trouve 

U  =  45°  +  ^,    U,  =  45"-|,    tangU  =  y/^,    tangU.  =  y/^,    R  =  v'^. 

»  L'angle  le  plus  altéré  est  celui  que  forme  la  direction  ainsi  obtenue 
avec  la  droite  qui  lui  est  symétrique  par  rapport  à  l'une  des  tangentes  prin- 
cipales. Cet  angle  se  trouve  remplacé  par  son  supplément  dans  la  représen- 
tation, et  l'altération  est  égale  à  2a. 

»  A  toute  autre  direction  il  en  correspond  une  seconde  seulement,  fai- 
sant avec  la  première  un  angle  qui  n'est  pas  modifié;  l'une  étant  donnée  par 
l'angle  u,  l'autre  le  sera  par  l'angle  90°  —  «, . 

»  Pour  tous  les  angles  non  modifiés,  le  produit  des  rapports  de  dis- 
tances r  et  r',  qui  conviennent  aux  deux  côtés,  est  le  même,  et  l'on  a 

rr'  =  ab. 


(  676  ) 

»  Si  l'on  représente  par  /et  r"  les  rapports  pour  deux  directions  à  angle 
droit,  et  parô  l'altération  de  cet  angle,  il  viendra 

r*  +  r"»  =  a*  +  b^,       rr"  cosS  —  ah. 

»  Lorsqu'on  passe  de  la  première  surface  à  la  seconde,  le  rapport  H", 
suivant  lequel  l'élément  superficiel  se  trouve  modifié,  est  donné  parle  rec- 
tangle des  deux  axes.  On  a 

H='=aZ',     H  =  R,     a  =  Htang(45''+ 0,     ^>  =  Htang(45<' -  ^V 

»  Si  les  aires  sont  conservées,  il  viendra 

H  =  R  =  rr'=  rr" cosô  =  I,     tanga  =  "  ~    ,     rt  =  tang(45°  +  -  )• 

Dans  ce  cas,  les  deux  éléments  de  longueur  dont  l'angle  est  le  plus  altéré 
n'éprouvent  pas  de  modification.  » 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  la  polarisation  voltaïque;  par  M.  Planté. 
(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  de  Senarmont.) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Mémoire  sur  l'intégration  des  équations 
différentielles  linéaires;  par  M.  David. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Bertrand.) 

ARITHMÉTIQUE.  —  Mémoire  sur  un  projet  de  Tables  de  logarithmes  à  neuf  et  à 
dix  décimales;  par  M.  H.  Montccci. 

(Commissaires,  MM.  Duhamel,  Bertrand,  Hermite.) 

M.  Mène  soumet  au  jugement  de  l'Académie  le  résultat  d'expériences 
qu'il  a  faites  concernant  la  réduction  du  peroxyde  de  fer  et  la  nitriftcation. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  de  précédentes 
communications  de  l'auteur  :  MM.  Pelouze,  Balard,  Fremy.  ) 


(  677  ) 

M.  Rauigufx  présente,  à  l'occasion  des  communications  de  M.  Gaudry, 
sur  le  terrain  de  transport  de  Saint-Acheul  où  se  trouvent  des  instruments 
en  silex,  une  Note  concernant  la  découverte  qu'il  a  faite  lui-même  «  dans  les 
terrains  de  transport  des  environs  de  Paris,  de  restes  nombreux  et  variés 
de  l'industrie  humaine,  appartenant  à  diverses  générations  d'hommes  qui 
ont  habité  successivement  le  bassin  de  la  Seine,  à  différentes  époques  de  son 
creusement.   » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de 
M.  Gaudry  :  MM.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  d'Archiac,  deVerneuil.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  Chfjsou,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Poitiers,  prie  l'Acadé- 
mie de  vouloir  bien  comprendre  cet  établissement  dans  le  nombre  de  ceux 
auxquels  elle  adresse  ses  Comptes  rendus. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

CHIMIE  LÉGALE.  —  Recherche  de  l'arsenic;    remarques  présentées^  à  l'occasion 
d'une  communication  récente,  par  M.  E.  Filhol.  (Extrait.) 

«  Le  Compte  rendu  de  la  séance  de  l'Institut  du  17  octobre  iSSq  ren- 
ferme une  Note  de  M.  Gaultier  de  Claubry  dans  laquelle  il  est  dit  que  le 
procédé  de  carbonisation  des  matières  organiques  qui  consiste  à  traiter  ces 
matières  par  l'acide  azotique  est  jugé  et  repoussé  par  tous  les  chimistes.  Cette 
assertion  me  paraît  trop  absolue,  et  je  me  vois  dans  la  nécessité  de  rappeler 
que  j'ai  proposé  en  1 848  [Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  t.  XIV,  p.  4o4  ) 
de  faire  subir  à  ce  procédé  une  modification  qui  fait  disparaître  les  inconvé- 
nients qu'on  lui  reprochait  avec  raison,  et  que  le  procédé  ainsi  modifié  a 
reçu  l'approbation  de  tous  ceux  qui,  à  ma  connaissance,  ont  essayé  de  l'em- 
ployer. C'est  ainsi  qu'en  iSSa  Orfila  [Traité  de  Toxicologie^  t.  I,  p.  495) 
ayant  répété  mes  expériences  déclara  qu'il  avait  constamment  obtenu  les 
meilleurs  résultats  de  l'emploi  de  la  carbonisation  par  un  mélange  d'acide 
azotique  et  d'acide  sulfurique  dans  la  proportion  de  100  grammes  du  pre- 
mier et  de  dix  à  douze  gouttes  du  second,  ce  dernier  n'étant  employé  que 
pour  éviter  la  déflagration  du  résidu.  » 

C.  R.,  1859,  2">«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  19.;  89 


(  678  ) 

A  la  suite  de  cette  communication,  MM.  Pelouze  et  Regnaull  font 
remarquer  que  le  procédé  dont  il  s'agit  dans  la  Lettre  de  M.  Filhol  doit 
réussir  sans  doute  quand  il  est  appliqué  par  un  chimiste  expérimenté, 
mais  que  hors  de  cela  il  pourrait  avoir  de  graves  inconvénients.  Ils  rap- 
pellent, en  terminant,  les  réflexions  qui  ont  été  présentées  sur  ce  sujet  dans 
le  Rapport  lu  à  l'Académie  le  i4  juin  i84i- 

PALÉONTOLOGIE.  —  Notes  sur  tes  brèches  osseuses  de  Cite  de  Raloneau  près  de 
Marseille;  par  M.  Marcel  de  Serres. 

«  La  découverte  récente,  faite  par  M.  Jules  Itier,  des  brèches  osseuses  de 
l'île  de  Ratoueau  près  de  Marseille,  est  venue  confirmer  deux  grands  faits  re- 
latifs à  l'histoire  de  ce  phénomène,  le  même,  du  reste,  que  celui  qui  a  comblé 
les  fentes  longitudinales  desterrainscalcairesd'une  très-grande  quantité  d'os- 
sements. Le  premier  est  relatif  au  rapprochement  de  ces  brèches  des  mers 
actuelles,  fait  signalé  par  Cuvier,  et  le  second  se  rapporte  à  la  présence  dans 
leur  limon  de  Mammifères  de  petite  dimension;  les  plus  grands  ne  dépassent 
guère  la  taille  de  nos  cerfs,  à  moins  que  les  brèches  ne  se  trouvent  réunies 
à  des  cavités  à  ossements  comme  cela  a  lieu  en  France  et  dans  la  Grande- 
Bretagne.  Il  résulte  également  des  observations  faites  jusqu'à  présent,  que 
le  plus  grand  nombre  des  espèces  que  l'on  y  rencontre  ont  appartenu  aux 
Rongeurs. 

»  Les  recherches  de  M.  Paul  Gervais,  toiit  en  prouvant  que  les  porcs- 
épics  ont  fait  partie  de  la  faune  des  brèches  osseuses,  ont  en  outre  une  tout 
autre  importance  :  elles  confirment  pleinement  les  deux  faits  dont  nous  ve- 
nons de  parler  etsont  un  motif  puissant  de  rechercher  le  genre  Hystrix  parmi 
les  animaux  des  cavernes  à  ossements. 

»  Nous  avons  constamment  soutenu,  depuis  que  nous  avons  porté  notre 
attention  sur  ces  deux  ordres  défaits,  que  le  remplissage  des  fentes  longitu- 
dinales etdes  fentes  verticales  oùse  sont  effondrées  les  brèches  osseuses,  était 
le  même  phénomène,  dépendant  des  mêmes  causes  et  de  la  même  date.  On 
sait  que  nous  avons  observé  dans  les  environs  de  Montpellier,  auprès  de  la 
métairie  de  Bourgade,  des  fentes  verticales  remplies  d'ossements  qui,  en 
s'élargissant  à  leur  base,  étaient  devenues  de  véritables  cavités  ossifères, 
analogues  à  celles  qui  sont  généralement  connues  sous  le  nom  de  cavernes 
à  ossements. 

»  La  même  circonstance  s'est  reproduite  en  Angleterre,  avec  toutefois 


(  679  ) 
cette  différence,  que  les  cavités  ossifères  précèdent  les  brèches  osseuses  et 
sont  terminées  par  des  fentes  verticales  dont  les  dimensions  sont  bien  moin- 
dres que  les  fentes  longitudinales  qui  les  surmontent.  Ces  faits,  quelle  que 
soit  la  différence  qu'il  y  ait  dans  la  position  de  ces  deux  ordres  de  fentes, 
n'en  prouvent  pas  moins  l'identité  du  phénomène  auquel  elles  se  rap- 
portent. 

1)  Mais  comment  se  fait  il  que  les  brèches  osseuses  soient  généralement 
plus  rapprochées  des  mers  actuelles  que  les  cavernes  ossifères?  Cette 
circonstance  paraît  tenir  à  ce  que  les  dernières,  plus  étendues  dans  le 
sens  des  couches  que  les  fentes  verticales  qui  les  coupent,  appartien- 
nent pour  la  plupart  à  des  formations  plus  anciennes.  Aussi  je  fus  fort 
étonné,  lorsque  je  découvris  les  cavernes  de  Lunel- Vieil,  de  les  voir  dans  des 
calcaires  d'une  date  aussi  récente  que  l'est  le  calcaire  moellon  ou  miocène. 
Cette  circonstance  s'est  renouvelée  sans  doute  plus  tard  dans  d'autres  loca- 
lités, mais  en  bien  petit  nombre.  En  effet,  nous  ne  connaissons  jusqu'à  pré- 
sent de  cavernes  ossifères  ouvertes  dans  le  calcaire  miocène  que  celles  du 
Gard  et  de  la  Gironde.  Le  nord  de  la  France  n'en  a  pas  offert,  du  moins 
jusqu'au  moment  actuel  (iSSg). 

»  On  se  demande  encore  pourquoi  les  fentes  verticales  ont  été  remplies 
par  des  dépôts  ossifères  plus  tard  que  les  cavernes  à  ossements.  S'il  en  est 
ainsi,  cette  circonstance  tient  à  ce  qu'elles  étaient  à  peu  près  les  seules  qui 
fussent  ouvertes  à  un  âge  aussi  récent  que  l'est  l'époque  miocène.  Il  se  peut 
également  que  la  position  de  leurs  ouvertures  y  ait  aussi  contribué.  Les 
fentes  verticales  ont  en  effet  leurs  ouvertures  au  niveau  du  sol,  tandis  que 
celles  des  cavernes  sont  placées  plus  ou  moins  obliquement,  relativement 
aux  terrains  où  on  les  observe. 

»  Cette  position  diverse  explique  assez  bien  les  circonstances  qui  ont  pu 
se  présenter,  lors  de  leur  remplissage;  car  il  ne  s'agit  pas  ici  d'autre  chose. 
Les  unes  de  ces  ouvertures  ont  dû  favoriser  l'entrée  des  alluvions  dans  ces 
fentes,  tandis  que  les  autres  ont  dû  rendre  l'accès  des  matériaux  d'alluvion 
plus  ou  moins  difficile. 

»  En  définitive,  lors  des  premiers  âges,  les  fentes  produites  par  un  pur 
effet  thermométrique,  ou  par  le  retrait  du  sol,  ont  été  remplies  par  les  filons 
métallifères,  et  celles  qui  étaient  restées  intactes  et  ouvertes  n'ont  pu  rece- 
voir que  des  dépôts  de  transport  ou  d'alluvion.  Seulement  ces  dépôts  ont 
pénétré  plus  facilement  dans  les  fentes  verticales  que  dans  les  longitudi- 
nales, ainsi  que  nous  l'apprennent  l'observation  et  les  faits.  » 

89.. 


■•  (  68o  ) 

PATHOLOGIE.    —  Mémoire  sur  la  glucosurie  dans  la  fièvre  paludéenne  ; 
par  M.  Ed.  Burdel  (de  Vierzon). 

L'auteur  en  terminant  son  Mémoire  résume  dans  les  termes  suivants  les 
résultats  de  ses  recherches  : 

«  i".  Il  existe  dans  les  fièvres  paludéennes  un  véritable  diabète  ou 
glycosurie  ; 

»  2°.  Cette  glycosurie  n'est  qu'éphémère,  c'est-à-dire  qu'étant  l'expres- 
sion des  troubles  survenus  dans  l'organisme,  elle  apparaît  avec  la  fièvre, 
persiste  autant  qu'elle  et  disparaît  aussi  avec  elle  ; 

»  3".  La  glycosurie  de  la  fièvre  paludéenne  révèle  bien  le  trouble  pro- 
fond et  spécial  qui  frappe  l'équilibre  existant  entre  le  système  cérébrospinal 
et  le  système  sympathique  ; 

»  4"-  Cette  explication  donnée  par  M.  Cl.  Bernard  se  trouve  confirmée 
par  ces  faits  ; 

»  5°.  Plus  l'accès  est  violent,  plus  les  frissons  intenses,  plus  aussi  la 
quantité  de  sucre  dans  les  urines  est  considérable; 

»  6°.  Plus  au  contraire  les  accès  ont  été  nombreux  et  ont  perdu  de  leur 
force,  plus  en  un  mot  la  cachexie  s'établit,  moins  la  quantité  de  sucre  est 
élevée.  » 

M.  Baudouin  adresse,  à  l'occasion  de  la  dernière  communication  de 
M.  Faje,  une  Note  concernant  divers  appareils  de  photographie  automa- 
tique destinés  à  rendre  plus  faciles  et  plus  sûres  les  observations  de  l'éclipsé 
totale  de  1 86o.  Il  rappelle  que  pour  l'éclipsé  de  1 858,  un  chronographe  élec- 
trique à  triple  action,  qu'il  avait  combiné  avec  le  concours  de  MM.  Digney 
frères,  put  être  employé  avec  avantage  et  fut  mentionné  en  termes  bienveil- 
lants dans  une  communication  faite  peu  de  temps  après  par  M.  Faye.  Les 
appareils  que  l'on  prépare  pour  la  prochaine  observation  seront,  M.  Bau- 
douin n'en  doute  pas,  d'une  grande  utilité;  mais,  outre  les  services  qu'on  en 
attend,  ils  pourraient  vraisemblablement,  au  moyen  de  quelques  additions 
et  modifications,  en  rendre  d'autres  qu'on  n'a  pas  encore  songé  à  leur 
demander.  C'est  dans  l'intention  de  satisfaire  à  ces  desiderata,  qui  ne  se 
révèlent  que  successivement  chaque  fois  qu'on  s'avance  dans  une  voie 
nouvelle,   qu'il  s'est  occupé  de  rechercher  les  solutions  pratiques  les  plus 


(  68i   ) 
simples  pour  faire  concourir  les  appareils  électriques,    objet  constant  de 
ses  études,  aux  observations  astronomiques. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  M.  Faye. 

M.  Jobard  adresse  une  Note  sur  les  heureux  résultats  obtenus  d'un 
procédé  qu'il  avait  recommandé  l'an  passé  pour  prévenir  l'incrustation  des 
chaudières  à  vapeur. 

«  Dans  le  numéro  du  1 5  septembre  1 858  de  mon  journal  «  l'Exposition 
de  Dijon  »,  et  à  l'occasion  des  belles  incrustations  des  eaux  du  Puy-de-Dôme 
déposées  dans  des  moules  par  M.  Laussedat,  j'engageai,  dit  l'auteur,  les  pro- 
priétaires de  chaudières  à  vapeur  à  placer  dans  le  fond  de  leurs  bouilleurs 
des  moules  en  fonte  dans  le  creux  desquels  viendraient  se  déposer  les  sels 
calcaires  qui  produiraient  des  bas-reliefs  en  pierre,  tout  en  préservant 
le  corps  de  la  chaudière  de  ces  incrustations  si  difficiles  à  enlever.  Je  puis 
annoncer  aujourd'hui  qu'en  suivant  ces  indications  un  industriel  liégeois, 

M.  Lambert-Ghaye  a  obtenu  des  résultats  vraiment  remarquables.  En 

plaçant  un  tablier  de  tôle  dans  sa  chaudière  déjà  chargée  d'incrustations  de 
plus  d'un  centimètre  d'épaisseur,  il  parvint  non-seulement  à  prévenir  la  for- 
mation de  nouvelles  couches,  mais  à  faire  disparaître  l'ancienne;  elle  se 
détacha  par  plaques,  qui  montèrent  sur  le  tablier,  où  elles  s'accumulèrent 
comme  des  glaçons  en  se  soudant  les  unes  aux  autres.  » 

M.  Jobard  regarde  ce  transport  des  précipités  déjà  formés  comme  dû  à 
des  courants  thermo-électriques,  et  pense  qu'il  aurait  eu  lieu  pour  des  sels  de 
soude  tout  aussi  bien  que  pour  des  sels  calcaires.  Des  essais  vont  être  entre- 
pris dans  cette  direction.  Sans  aller  même  au  delà  de  ce  que  l'expérience  a 
constaté,  l'emploi  du  procédé  de  M.  Lambert-Ghaye  lui  semble  déjà  digne 
d'attirer  l'attention  de  l'Académie,  qui  jugera  peut-être  que  cette  invention 
rentre  dans  l'ordre  de  celles  qu'elle  se  plaît  à  encourager  par  ses  récom- 
penses. 

M.  Jobard  lui-même  profite  de  cette  occasion  pour  prier  l'Académie  de 
vouloir  bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des  candidats  quand  elle  aura 
à  nommer  un  Correspondant  dans  la  Section  de  Mécanique. 

Quelques  Membres  font  remarquer,  à  l'occasion  de  cette  Lettre,  que  le 
procédé  proposé  pour  empêcher  l'incrustation  des  chaudières  n'a  pas  toute 
la  nouveauté  que  lui  attribue  M.  Jobard,  et  a  été,  à  diverses  reprises,  men- 
tionné plus  ou  moins  explicitement  dans  des  journaux  scientifiques. 


(  68a  ) 

M.  Lecoq,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de  l'Académie 
un  procédé  de  traitement  de  la  maladie  de  la  vigne,  annonce  dans  une 
Lettre  datée  du  i[\  octobre  l'intention  de  venir  à  Paris  pour  rendre  les 
Commissaires  à  l'examen  desquels  ses  précédentes  commimications  ont  été 
renvoyées,  témoins  de  sa  manière  d'opérer. 

La  Lettre,  par  suite  d'une  mauvaise  direction,  a  été  retardée  et  n'est  par- 
venue à  l'Académie  qu'après  le  jour  où  l'auteur  a  dii  quitter  Paris. 

M.  Castelin-Clichet  adresse  de  Fumay  (Ardennes)  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Moyen  proposé  pour  obtenir  du  roulis  de  la  mer  un  nouveau  mode 
de  propulsion  des  navires.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Daussy,  qui  jugera  si  cette  Note  est  de  nature 
à  devenir  l'objet  d'un  Rapport.) 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


(  68-i  ) 


BULLETIN    BlBLIOCiRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  7  novembre  1859  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Mémoire  sur  la  composition  chimique  des  gaz  rejetés  par  les  évents  volcaniques 
de  l'Italie  méridionale;  par  MM.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et  Félix 
Leblanc.  Paris,  iSSg;  br.  in-4°.  (Extrait  du  t.  XVI  des  Mémoires  présen- 
tés par  divers  savants  à  l'Académie  des  Sciences.  ) 

Système  de  guerre  moderne ,  ou  Nouvelle  tactique  avec  les  nouvelles  armes. 
—  Observations  relatives  à  la  brochure  de  M.  le  général  Jomini  sur  la  formation 
des  troupes  pour  le  combat.  —  Des  papiers  d'un  ancien  officier  général  de  [armée 
de  S.  M.  le  roi  de  Prusse,  Compte  rendu  par  M.  le  baron  d'Azémar,  colonel 
du  6^  régiment  de  lanciers;  2* partie.  Paris,  iSSg;  br.  in-8°. 

Combats  à  la  baïonnette;  théorie  adoptée  en  i85g  par  l'armée  d'Italie  com- 
mandée par  S.  M.  l'Empereur  Napoléon  III.  —  Extrait  du  Système  de  guerre 
moderne,  ou  Nouvelle  tactique  avec  tes  nouvelles  armes;  par  le  colonel  baron 
d'Azémar.  Paris,  rSSg;  br.  in-8°. 

Nouveau  système  de  chemins  de  fer  découlant  d'une  solution  simple  et  complète 
du  problème  des  pentes;  par  H,  Planavergne.  Marseille,  1859;  br.  in-8". 

Mémoire  sur  les  eaux  potables  d'Orléans;  par  M.  Rabourdin.  Orléans, 
1859;  br.  in-S". 

De  interiori  sermonis  organo  commentarius  elucubrabat  Aloysius  Profumo. 
Parisiis,  1869;  br.  in-8°. 

Mémoires  et  publications  de  la  Société  des  Sciences,  des  Arls  et  des  Lettres  du 
Hainaut;  2*  série,  t.  VL  Mons,  1859;  in-8''. 

Programme  des  prix  proposés  par  la  Société  industrielle  de  Mulhouse,  dans 
son  assemblée  générale  du  a5  mai  1859  pour  être  décernés  dans  l'assemblée 
générale  de  mai  1860;  br.  in-S". 

Sulle...  Note  sur  les  courants  de  lave  découverts  le  long  du  talus  du  chemin 
de  f er  d' A  Ibana;  parle  proiesseur  G.  ï'OTiiZl;  i  feuille  in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  14  NOVEMBRE  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


AIEMOIRES  ET  C03JMUNICAT10I\S 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  DU   GLOBE.    —   Seconde  Note  sur  l'influence  du  mouvement  de  la 
.    terre;  par  M.  J.  Bertranu, 

«  L'effet  qu'il  s'agit  d'apprécier  étant  extrêmement  petit,  il  est  indis- 
pensable dans  cette  question,  plus  encore  que  dans  aucune  autre,  de  bien 
préciser  le  problème  que  l'on  veut  résoudre  :  examiner  l'influence  de  la 
rotation  de  la  terre  sur  un  phénomène  quelconque,  c'est  chercher  les  dif- 
férences entre  ce  qui  arrive  réellement  et  ce  qui  arriverait  si  la  terre,  ralen- 
tissant graduellement  son  mouvement,  cessait  de  tourner  autour  de  ses 
pôles. 

)'  En  entendant  la  question  de  cette  manière,  il  ne  me  semble  pas  con- 
testable qu'un  mobile  lancé  vers  l'ouest  peut  être  dévié  vers  la  gauche  ou 
vers  la  droite,  suivant  la  vitesse  qu'on  lui  imprime  :  il  suffit  pour  s'en  con- 
vaincre d'un  raisonnement  extrêmement  simple,  sur  le  résultat  duquel  je 
ne  pense  pas  qu'il  puisse  y  avoir  discussion. 

')  Je  vois  du  reste,  par  les  explications  de  M.  Babinet,  que  si  nous  diffé- 
rons dans  nos  conclusions,  cela  tient  à  ce  qu'il  ne  se  pose  pas  le  problème 
comme  je  l'ai  énoncé  plus  haut.  Pour  M.  Babinet,  il  est  convenu,  à  priori,  et 
en  quelque  sorte  comme  définition,  que  le  mouvement  de  la  terre  est  sans 
action  sur  im  fluide  en  repos  relatif.  On  ne  peut  pas  contester  une  défini- 

C.  R.,  i85p,  a'""  Semestre.  (T.  XMX,  N»  20. )_  9" 


(  686  ) 
tion;  mais  si  l'on  admet,  comme  il  est  impossible  de  ne  pas  le  faire,  que,  la 
terre  venant  à  s'arrêter,  il  en  résulterait  pour  les  liquides  en  repos  une 
tendance  à  se  précipiter  vers  le  nord,  il  paraît  naturel  d'énoncer  ce  fait  en 
disant  au  contraire  que  sur  un  liquide  placé  en  repos  relatif,  la  rotation  de 
la  terre  exerce  une  action  qui  tend  à  le  précipiter  vers  le  sud.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  le  déplacement  vers  le  nord  ou  uers  le  sud  d'un 
mobile  nuise  meut  librement  dans  une  direction  perpendiculaire  au  méridien; 
par  M.  Babi\et. 

«  Je  me  suis  porté  garant  d'un  théorème  remarquable  de  M.  Léon  Fou- 
cault sur  le  déplacement  constant  vers  la  droite  (dans  notre  hémisphère) 
d'un  point  libre  qui  se  meut  dans  une  direction  horizontale  quelconque.  J'en 
ai  deux  démonstrations,  indépendamment  de  celle  qu'on  peut  tirer  de  cet 
autre  théorème  astronomique  qui  a  été  donné,  par  le  même  savant,  dans  sa 
théorie  du  gyroscope,  savoir  :  que  tout  astre  qui  se  lève  ou  se  couche, 
quelle  que  soit  sa  déclinaison  et  le  point  où  il  perce  l'horizon,  se  meut 
azimutaleraent,  ou  comme  on  dit  en  amplitude,  d'une  quantité  angulaire 
constante  et  égale  à  sa  vitesse  angulaire  autour  de  l'axe  du  monde  multi-' 
pliée  par  le  sinus  de  la  latitude  du  lieu  de  l'observateur. 

»  Ce  dernier  théorème  est  curieux  et  me  semble  tout  à  fait  nouveau  en 
astronomie.  Il  résulte  d'ailleurs  directement  des  formules  de  la  trigonomé- 
trie sphérique  (i). 

»  L'importance  du  théorème  de  M.  Léon  Foucault  relatif  au  déplace- 
ment constant  d'un  point  qui  se  meut  horizontalement  dans  une  direction 

(i)  Voici  la  démonstration  très-simple  de  ce  théorème  de  M.  Léon  Foucault.  Imaginez  un 
triangle  sphérique  rectangle  formé  par  le  pôle  P,  par  le  point  nord  N  de  l'horizon  et  par  le 
point  de  l'horizon  E  où  se  lève  l'étoile.  Le  triangle  PNE  sera  rectangle  en  N,  le  côté  PN  sera 
la  hauteur  du  pôle  ou  la  latitude  X,  le  côté  PE  sera  le  complément  de  la  déclinaison  tl  de 
l'étoile,  et  l'arc  NE  de  l'horizon  sera  l'amplitude  ortive  de  l'étoile  compléerà  partir  du  nord. 
Dans  ce  triangle,  l'opposition  des  sinus  donnera 

sin  ). 


sinPEN 


çosel 


Maintenant  le  petit  arc  du  parallèle  que  parcourt  l'étoile  pendant  l'unité  de  tenqjs  sera  égal 
à  wcosf/  (m  étant  le  mouvement  angulaire  de  rotation  de  la  terre).  Ce  petit  arc,  sensiblement 
rectiligne,  étant  perpendiculaire  à  PE,  (éra  en  E  avec  l'horizon,  du  côté  sud,  un  angle  com- 
plémentaire de  PEN,  et  le  cosinus  de  cet  angle  sera  le  sinus  de  PEN,  c'est-à-dire  ■  C'est 

'  °  cosc/ 


(  687  ) 
quelconque,  est  très-grande  dans  la  physique  du  globe  et  ailleurs.  Il  rectifie 
et  complète  plusieurs  théories  admises  et  professées  par  des  savants  du 
premier  ordre.  Je  pourrais  lui  laisser  le  soin  d'en  donner  la  démonstration, 
.le  le  ferai  cependant  dans  une  prochaine  Note.  Ici  je  me  borne  à  montrer 
qu'un  point  libre  marchant  vers  l'ouest,  par  exemple,  avec  une  vitesse  tf, 
acquiert  vers  le  nord,  c'est-à-dire  vers  la  droite,  une  vitesse  relative  égale  à 

a  a  sin  )i, 

(ù  étant  la  vitesse  angulaire  de  la  terre  autour  de  son  axe,  c'est-à-dire  -^i 

(1  =  86164,09).  Ainsi 


27r 
«  =  _. 


Or,  u  étant  la  vitesse  angulaire  de  rotation  d'une  sphère  autour  de  son 
axe,  la  vitesse  d'un  point  du  parallèle  dont  la  latitude  est  X,  sera 

wRcosX, 

R  étant  le  rayon  de  la  sphère;  et  tout  le  monde  sait  que  la  force  centrifuge 
dans  le  plan  de  ce  parallèle  est 

w^'RcosX, 
qui  peut  s'écrire  et  s'écrit  souvent  co  v,  car  on  a 

i'  =  wRcosX. 
Cette  force,  décomposée  suivant  l'horizon,  produit  une  composante 

w*  R  cos  X  sin  X  =  w  t' sin  X, 
dirigée  vers  le  sud  et  qui  est  l'origine  première  du  renflement  équatorial. 
Tant  que  cette  force  ne  varie  pas,  tant  que  v  reste  constant,  il  n'y  a  pour 
les  points  du  parallèle  aucune  tendance  au  déplacement  et  tout  reste  dans 


donc  par  cette  quantité  qu'il  faut  multiplier  le  petit  arc  w  cosd  pour  le  projeter  en  amplitude 
sur  l'horizon.  Cette  projection  est  donc 

usin).. 

Ainsi,  quel  que  soit  d,  le  mouvement  angulaire  de  l'astre  en  amplitude  sera  constant  et  égal 
au  mouvement  de  la  sphère  céleste  multiplié  par  le  sinus  de  la  latitude  du  lieu  de  l'observa- 
tion. On  sait  qu'on  a  la  vitesse  angulaire  de  rot.^tion  de  la  terre  w  égale  à  -— -  5  J  étant  le 

nombre   de   secondes  de  temps  solaire  moyen  que  contient   le  jour  sidéral,   c'est-à-dire, 
86164,09,  le  temps  d'une  révolution  complète  de  la  terre  étant  de  24'' 56"  4'»  '^9i- 

90.. 


(  688  ) 
un  état  stable.  Mais  il  n'en  sera  plus  de  même  si  la  vitesse  v  vient  à  dimi- 
nuer, comme,  par  exemple,  dans  le  cas  où  le  mobile  marche  vers  l'ouest 
avec  une  vitesse  a  en  sens  contraire  du  mouvement  de  la  terre  :  alors  la 
vitesse  v  n'est  plus  que  v  —  a  et  la  composante  de  la  force  centrifuge  diri- 
gée vers  le  sud  devient 

u(f  — fl)sinX, 

il  s'en  faudra  donc  d'une  vitesse 

u  a  sin  X 

que  le  point  mobile  ait  la  composante  vers  le  sud  qui  le  maintiendrait  en 
repos  relatif;  il  tendra  donc  vers  le  nord  (à  droite  de  sa  direction  qui  est 
vers  l'ouest)  avec  cette  même  vitesse 

ua  sin  X. 

»  Je  crois  qu'il  est  fort  inutile  de  faire  entrer  les  notions  de  la  force  cen- 
trifuge dans  cette  question;  mais  comme  c'est  le  point  de  vue  qui  paraît  avoir 
embarrassé  plusieurs  personnes,  j'ai  voulu  d'avance  lever  cette  petite  diffi- 
culté en  suivant  les  mêmes  considérations  qui  avaient  été  invoquées  contre  le 
théorème  de  M.  Léon  Foucault,  et  je  suis  heureux  que  l'attention  de  l'Aca- 
démie ait  été  ainsi  appelée  sur  les  grandes  théories  de  la  physique  du  globe, 
lesquelles  jusqu'ici  dans  cette  enceinte  avaient  été  un  peu  négligées.   > 

Observations  de  M.  Delaunay  sur  la  même  question. 

a  Je  regrette  de  me  trouver  en  désaccord  avec  M.  Bertrand,  au  sujet  des 
objections  qu'il  a  faites  à  M.  Babinet  dans  la  dernière  séance,  et  qu'il  vient 
de  reproduire  aujourd'hui  en  les  appuyant  de  nouveau.  M.  Babinet  avait  dit 
que,  par  suite  de  l'existence  du  mouvement  de  rotation  de  la  terre,  les  cours 
d'eau  de  notre  hémisphère  tendent  constamment  à  ronger  leur  rive  droite, 
tandis  que  ceux  de  l'autre  hémisphère  de  la  terre  doivent  tendre  de  même 
à  ronger  leur  rive  gauche,  et  cela  quelle  que  soit  l'orientation  de  leur  direc- 
tion. M.  Bertrand  admet  que  cette  tendance  des  cours  d'eau  de  notre 
hémisphère  à  ronger  leur  rive  droite  existe  bien  réellement  pour  ceux  qui 
sont  dirigés  suivant  le  méridien,  soit  du  nord  au  sud,  soit  du  sud  au  nord  ; 
il  ajoute  que  la  force  qui  les  porte  ainsi  vers  leur  rive  droite  est  trop  faible 
pour  produire  un  effet  sensible.  Je  suis  de  son  avis  sous  ce  rapport.  Mais  il 
conteste  l'existence  d'une  tendance  analogue  pour  les  cours  d'eau  dirigés  de 
l'est  à  l'ouest,  ou  bien  de  l'ouest  à  l'est  :  je  vais  essayer  d'établir  que  sur  ce 
dernier  point  il  n'est  pas  dans  le  vrai. 


(  689  ) 
»  Les  mouvements  que  nous  voyons  autour  de  nous,  sur  la  terre,  ne  sont 
pas  des  mouvements  absolus  ;  ce  ne  sont  que  des  mouvements  relatifs,  puis, 
que  la  terre  tourne  (nous  faisons  abstraction  ici  du  mouvement  de  transla- 
tion de  la  terre  dans  l'espace,  à  cause  de  son  peu  d'influence  sur  les  phéno-. 
mènes  dont  il  s'agit).  L'étude  de  ces  mouvements  relatifs,  la  recherche  des 
particularités  qu'ils  présentent  et  qui  peuvent  nous  les  faire  distinguer  des 
mouvements  absolus,  est  extrêmement  délicate.  La  marche  qui  me  semble 
la  plus  convenable  pour  y  arriver,  consiste  à  s'appuyer  sur  une  théorie  fort 
ingénieuse  que  nous  devons  à  Coriolis,  et  qui  a  été  tellement  simplifiée  dans 
ces  dernières  années,  qu'elle  a  pu  être  introduite  dans  l'enseignement  ordi- 
naire de  la  mécanique  rationnelle  :  je  veux  parler  de   la  théorie  des  forces 
apparentes  dans  les  mouvementés  relatifs. 

»  Les  mouvements  que  nous  voyons  s'effectuer  autour  de  nous,  sur  la 
terre,  peuvent-ils  être  traités  comme  les  mouvements  absolus?  Pouvons-nous 
leur  appliquer  ce  que  nous  savons  sur  la  manière  dont  les  mouvements 
absolus  sont  produits  et  modifiés  par  les  forces  auxquelles  les  mobiles  sont 
soumis?  Oui,  répond  la  théorie  de  Coriolis,  pourvu  qu'à  la  force  qui  agit 
sur  le  corps  dont  on  veut  étudier  le  mouvement  et  qui  n'est  autre  chose  que 
l'attraction  de  la  terre  sur  ce  corps,  on  joigne  deux  forces  fictives,  savoir  : 
1°  hjorce  centrifuge  due  à  la  rotation  de  la  terre;  a"  une  autre  force  que 
Coriolis  a  nommée  force  centrifuge  composée,  et  dont  il  a  complètement  dé- 
fini la  valeur,  la  direction  et  le  sens.  Ainsi  les  phénomènes  d'équilibre  et 
de  mouvement  à  la  surface  de  la  terre  ne  sont  pas  ce  qu'ils  seraient  si  la 
terre  était  immobile;  ils  sont  influencés  de  deux  manières  différentes  par  le 
mouvement  de  rotation  du  globe  terrestre  :  les  modifications  qu'ils  éprou- 
vent ainsi  peuvent  être  regardées  comme  les  effets  dus  aux  deux  forces  fictives 
dont  il  vient  d'être  question. 

o  La  première  de  ces  deux  forces  fictives,   la  force  centrifuge,  subsiste 
seule  dans  le  cas  où  le  corps  que  l'.on  considère  est  immobile  sur  la  terre, 
c'est-à-dire  est  en  équilibre  relatif;  parce  qu'alors  la  force  centrihige  com- 
posée est  nulle,  comme  on  le  voit  de  suite  par  l'expression  de  cette  force  que 
nous  donnerons  dans  un  instant.  C'est  la  résultante  de  l'attraction  de  la  terre 
sur  le  corps  et  de  cette  force  fictive  unique  (force  centrifuge)  que  nous  dési- 
gnons sous  le  nom  de  poids  du  cor|>s;  c'est  l'intensité  de  cette  résultante  que 
nous  obtenons  quand  nous  suspendons  le  corps  à  un  dynamomètre  ;  c'est  la 
direction  de  cette  même  résultante  qui  nous  est  fournie  par  le  fil  à  plomb. 
Cette  résultante  joue  pour  nous  le  même  rôle  que  si  elle  était  uniquement 
due  à  l'attraction  de  la  terre  sur  le  corps.  Rien,  dans  les  phénomènes  que 
nous  observons,  ne  peut  nous  faire  voir  directement  que  le  poids  d'un  corps. 


(  6^0  ) 
et  la  direclion  du  fil  à  plomb,  sont  l'intensité  et  la  direction  d'une  force  ob- 
tenue par  la  composition  de  l'attraction  de   la  terre  avec  une  force  fictive, 
plutôt  que  l'intensité  et  la  direction  de  cette  attraction  toute  seule. 

»  Mais  quand  nous  passons  de  l'équilibre  relatif  d'un  corp  sur  la  terre  au 
mouvement  relatif  de  ce  corps,  les  choses  changent  complètement.  La  force 
centrifuge  composée,  qui  n'est  plus  nulle,  vient  combiner  son  effet  avec 
celui  qui  est  dû  à  l'action  du  poids  du  corps;  et  il  en  résulte,  dans  le  mou- 
vement, des  modifications  qui  nous  révèlent  l'existence  de  la  rotation  de  la 
terre.  C'est  la  force  centrifuge  composée  qui  donne  lieu  à  la  rotation  du 
plan  d'oscillation  du  pendule,  dans  l'expérience  de  M.  Foucault;  c'est  elle 
qui  produit  les  mouvements  qu'on  observe  dans  le  gyroscope  du  même 
physicien  ;  c'est  elle  enfin  qui  intervient  dans  le  mouvement  des  cours  d'eau, 
et  qui  tend  à  porter  les  eaux  vers  la  rive  droite  de  leur  lit. 

»  Pour  définir  la  force  centrifuge  composée  dont  on  doit  tenir  compte 

dans  l'étude  du  mouvement  d'un  corps  sur  la  terre,  imaginons  que  nous 

menions  par  le  point  A,  où  se  trouve  le  corps  à  mi  instant  quelconque,  une 

droite  AB  parallèle  à  l'axe  de  rotation  delà  terre;  concevons  ensuite  que 

nous  fassions  passer  un  plan  par  AB  et  par  la  direction  de  la  vitesse  v  du 

corps  :  i°.la  force  centrifuge  composée  est  perpendiculaire  à  ce  plan  ;  2"  elle 

a  pour  expression 

amtùi'sina, 

m  étant  la  masse  du  corps,  w  la  vitesse  angulaire  de  la  terre,  et  a 
l'angle  que  la  direction  de  la  vitesse  v  fait  avec  AB;  3°  enfin  elle  agit  en  sens 
contraire  du  sens  dans  lequel  la  droite  qui  représente  la  vitesse  v  serait  en- 
traînée, si  cette  droite  tournait  autour  de  AB  dans  le  même  sens  que  la  terre 
autour  de  son  axe.  Voyons  ce  que  devient  cette  force  centrifuge  composée, 
dans  le  cas  du  mouvement  d'une  molécule  d'eau  dansun  cours  d'eau,  c'est- 
à-dire  dans  le  cas  où  la  vitesse  f  est  horizontale.  Si  la  vitesse  de  la  molécule 
est  dirigée  suivant  le  méridien,  et  du  nord  au  sud,  la  force  centrifuge  com- 
posée sera  dirigée  horizontalement,  de  l'est  vers  l'ouest,  et  aura  pour  va- 
leur 

amwi'sinX, 

X  étant  la  latitude  géographique  du  lieu,  car  alors  a  est  le  supplément  de  X. 
Si  la  molécule  marche  du  sud  au  nord,  la  force  centrifuge  composée  aura  la 
même  valeur,  et  sera  dirigée  horizontalement,  de  l'ouest  vers  l'est.  Si  la  mo- 
lécule marche  de  l'ouest  vers  l'est,  la  force  centrifuge  composée  sera  dirigée 
dans  le  plan  méridien  et  vers  le  sud  ;  mais  sa  direction,  au  lieu  d'être  horizon- 
tale comme  précédemment,  fera  avec  l'horizon  un  angle  égal  au  complé- 


(  69r  ) 
iiient  de  X  ;  d'ailleurs  l'angle  a  est  alors  de  90  degrés  :  la  composante  hori- 
zontale de  celte  force  sera  donc  encore  égale  à 

amui'sinX. 

Si  enfin  la  molécule  marche  de  l'est  vers  l'ouest,  la  force  centrifuge  com- 
posée sera  égale  et  contraire  à  celle  que  nous  venons  de  trouver  en  dernier 
lieu,  et  aura  par  conséquent  la  même  composante  horizontale  que  cette  der- 
nière force.  Dans  chacun  deces  quatre  cas,  la  force  centrifuge  composée  agit 
exactement  avec  la  même  énergie  pour  transporter  la  molécule  d'eau,  dans 
le  sens  horizontal,  à  droite  de  la  direction  de  sa  vitesse.  J'ajouterai  qu'il  est 
très-facile  de  s'assurer  que  la  même  chose  a  lieu  lorsque  la  direction  de  la 
vitesse  v  fait  un  angle  quelconque  avec  le  méridien.  Donc  M.  Babinet  a  eu 
raison  de  dire  que  les  cours  d'eau  (de  notre  hémisphère),  en  vertu  de  la  ro- 
tation de  la  terre,  tendent  tous  à  ronger  leur  rive  droite,  et  cela  avec  la 
même  énergie,  quelle  que  soit  leur  orientation  sur  la  surface  de  la  terre. 

»  M.  Bertrand,  dans  la  réponse  qu'il  a  faite  à  ce  qui  précède,  semble  répu- 
gner à  se  servir  des  forces  fictives  de  Coriolis  pour  arriver  à  l'explication 
des  phénomènes  réels  qui  nous  manifestent  l'existence  de  la  rotation  delà 
terre.  Je  n'ai  pas  la  prétention  de  dire  que  la  théorie  de  Coriolis  peut  seule 
en  rendre  compte.  Mais  je  viens  de  faire  voir  que  cette  théorie  conduit  très- 
facilement  à  une  idée  nette  et  précise  de  la  manière  dont  les  choses  doivent 
se  passer.  J'ajoute  que  de  quelque  manière  qu'on  raisonne,  en  suivant  ime 
autre  marche,  on  doit  arriver  identiquement  aux  mêmes  résultats;  qu'enfin 
si  certains  raisonnements  conduisent  à  des  conséquences  différentes,  ces 
raisonnements  sont  nécessairement  inexacts. 

»  En  parlant  de  ce  qui  arriverait  si  le  mouvement  de  rotation  de  la  terre 
venait  à  se  ralentir  ou  à  s'accélérer,  M.  Bertrand  change  la  nature  de  la 
question.  La  proposition  émise  par  M.  Babinet  me  semble  devoir  être  pré- 
sentée de  la  manière  suivante.  On  sait  que  la  terre  tourne;  son  mouvement 
lie  rotation  s'effectue  avec  une  vitesse  déterminée  :  il  doit  en  résulter  que  les 
cours  d'eau  tendent  tous  à  ronger,  soit  leur  rive  droite,  soit  leur  rive  gauche, 
suivant  qu'ils  sont  situés  sur  l'hémisphère  boréal  ou  bien  sur  l'hémisphère 
austral  de  la  terre,  et  cela  avec  une  énergie  qui  ne  dépend  en  aucune  manière 
de  l'orientation  de  ces  cours  d'eau  sur  le  globe.  Pour  préciser  davantage,  con- 
sidérons un  canal  parfaitement  régulier,  creusé  sur  l'hémisphère  boréal  de 
la  terre  dans  une  direction  quelconque,  en  ligne  droite,  ou  plutôt  suivant 
une  ligne  géodésique.  Imaginons  que  ce  canal  soit  plein  d'eau  et  fermé  à  ses 
extrémités,  de  manière  que  l'eau  y  reste  immobile  :  le  liquide  exercera  des 
pressions  égales  sur  les  deux  rives  du  canal.  Si  l'on  vient  à  déterminer  le 


(692) 

mouvement  de  l'eau  le  long  du  canal,  la  pression  diminuera  un  peu  sur  la 
rive  gauche  du  courant  et  augmentera  un  peu  sur  la  rive  droite,  et  cet  effet, 
dû  uniquement  à  la  rotation  de  la  terre,  ne  se  produirait  pas  si  la  terre  était 
immobile. 

»  Quant  à  l'intensité  de  la  force  qui  tend  ainsi  à  porter  l'eau  d'un  cours 
d'eau  vers  sa  rive  droite,  dans  notre  hémisphère,  je  répète  que  je  suis  d'ac- 
cord avec  M.  Bertrand  pour  croire  qu'elle  est  beaucoup  trop  faible  pour 
produire  des  effets  sensibles.  » 

Réponse  de  M.  Bertrand  à  M.  Delaunay. 

"  Je  ne  pense  pas  qu'il  soit  utile  d'introduire  dans  la  discussion  du  pro- 
blème les  forces  centrifuges  composées  de  Coriolis.  Ces  forces  fictives  con- 
duisent à  un  résultat  exact;  mais  précisément  parce  qu'elles  sont  fictives, 
elles  ne  paraissent  pas  de  nature  à  faire  bien  comprendre  le  mécanisme  du 
phénomène  en  donnant  l'analyse  des  causes  réelles  qui  le  produisent  et  de 
la  manière  dont  elles  sont  mises  enjeu. 

»  Cependant,  comme  le  fait  observer  avec  raison  M.  Delaunay,  le  théo- 
rème étant  exact,  il  faut  bien  que  les  conséquences  le  soient,  et  toute 
autre  méthode  rigoureuse  doit  conduire  aux  mêmes  Conclusions.  Cela  est 
incontestable,  pourvu  que  l'on  adopte  toujours  le  même  langage.  Or  la 
méthode  de  Coriolis  conduit  à  adjoindre  à  l'altraction  de  la  terre  deux 
forces,  dont  l'une  est  la  force  centrifuge  et  l'autre  la  force  centrifuge  com- 
posée; ces  forces  sont  l'une  et  l'autre  proportionnelles  à  la  vitesse  de  rota- 
tion de  la  terre,  et  je  les  regarde  pour  cette  raison  toutes  deux  comme  pro- 
duites par  cette  rotation.  M.  Delaunay,  au  contraire,  compose  la  première 
avec  l'attraction  terrestre,  et  leur  résultante  est  pour  lui  la  pesanteur  qu'il 
accepte  pour  telle,  soit  qu'il  étudie  les  phénomènes  tels  qu'ils  se  passent 
réellement,  soit  qu'il  cherche  ce  qui  arriverait  si  la  terre  ne  tournait  pas. 

»  Je  ne  conteste  pas  à  M.  Delaunay  le  droit  de  poser  la  question  de  cette 
manière,  mais  il  me  semble  plus  naturel  de  l'énoncer  autrement,  et  toutes 
les  fois  que,  sans  plus  ample  explication,  on  parlera  de  l'influence  exercée 
par  la  rotation  de  la  terre,  on  comprendra,  je  crois,  à  moins  d'avertisse- 
ment contraire,  qu'il  s'agit  de  comparer  les  phénomènes  observables  avec 
ceux  qui  les  remplaceraient  si  la  terre  ne  toiu-nait  plus. 

»  Je  termine  en  faisant  observer  que  quelle  que  soit  la  manière  d'énoncer 
la  question  théorique,  tout  le  monde  paraît  admettre  l'absence  de  toute 
mfluence  sensible  de  la  rotation  terrestre  sur  la  déviation  des  cours  d'eau.  » 


(  693  ) 

M.    PlOBERT. 

«  Une  partie  de  la  discussion  précédente  ayant  porté  sur  la  dévia- 
tion que  les  projectiles  éprouvent  dans  leur  trajectoire  par  suite  du  mouve- 
ment de  rotation  de  la  terre,  j'aurai  l'honneur  de  rappeler  à  l'Académie  que 
M.  Poisson  a  traité  cette  question,  il  y  a  vingt-deux  années,  avec  beaucoup 
de  développements;  il  est  arrivé  à  la  conclusion  suivante,  après  avoir  indiqué 
la  modification  apportée  dans  la  portée  :  «  Le  mouvement  diurne  fait,  en 
»  outre,  sortir  le  mobile  du  plan  vertical  où  il  a  été  projeté  ;  ce  qui  donne 
»  lieu  à  une  déviation  horizontale  dont  la  valeur  se  compose  de  deux  par- 
»  ties  distinctes,  exprimées  par  des  intégrales  doubles.  L'une  de  ces  dévia- 
»  tions  partielles  est  indépendante  de  la  direction  du  plan  vertical;  elle  a 
»  toujours  lieu  à  droite  (i)  de  l'observateur  au  point  de  départ  et  tourné 
»  vers  la  trajectoire.  »  Il  trouve  ensuite  que  pour  une  bombe  de  27  centi- 
mètres lancée  à  notre  latitude  à  une  distance  de  1 200  mètres  sous  l'angle 
de  45  degrés,  la  déviation  due  au  mouvement  de  la  terre  serait  comprise 
entre  o'°,90  et  i™,2o,  ce  qui  correspondrait  à  un  angle  de  déviation  d'en- 
viron 3  minutes.  Pour  une  vitesse  initiale  presque  horizontale  d'environ 
400  mètres  par  seconde  et  une  portée  de  200  mètres  «  les  déviations  hori- 
»  zontale  et  verticale  de  la  balle,  dues  au  mouvement  de  la  terre,  s'élè- 
o  veraient  à  peine  à  un  demi-centimètre.  » 

PATHOLOGIE.  —  Observations  sur  deux  cas  de  calculs  ùrinaires  vésicaux; 

par  M.  J.  Cloquet. 

PREMIÈRE  OBSERVATION.   —   Culcul  urinaire  chez  un  enfant  nouveau-né. 

•<  L'observation  de  ce  fait  pathologique,  qui  m'a  été  communiquée  par 
M",  le  docteur  Biirdel,  médecin  en  chef  de  l'hôpital  de  Vierzon,  m'a  paru 
devoir  intéresser  l'Académie  sous  plus  d'un  rapport  :  les  faits  de  ce  genre 
sont  très-rares,  bien  qu'on  en  possède  quelques  exemples,  auxquels  celui-ci 
vient  s'ajouter. 

»  M.  le  docteur  Burdel  a  extrait  ce  calcul  de  l'urètre  d'un  enfant  de 
cinq  mois.  Le  corps  étranger  venait  de  sa  vessie,  et  trop  volumineux  pour 
être  expulsé,  il  s'était  arrêté  dans  la  partie  inférieure  du  canal.  Arrivé  là,  il 
augmenta  graduellement  de  volume,  en  dilatant  la  partie  de  l'urètre  où  il 
s'était  engagé.  Les  parents  avaient  observé  que  peu  de  temps  après  sa  nais- 

(i)  Cela  se  rapporte  à  l'hémisphère  boréal;  la  déviation  aurait  lieu  à  gauche  dans  l'autre 
hémisphère. 

C.  R.,  1859,  3""  Semestre.  (  T.  XLIX,  N»  20.)  QI 


(  694  ) 
sance  l'enfant  n'urinait  que  rarement,  qu'il  criait  beaucoup,  était  inconso- 
lable, et  que  parfois  il  restait  3o  à  /|0  heures  sans  être  mouillé  ;    aussi  la 
vessie  avait-elle  pris  un  développement  énorme  et  dépassait  le  niveau  de 
l'ombilic  ;  l'urine  avait  une  acidité  très-marquée. 

»  Lorsque  l'enfant  fut  présenté  àM.  le  docteur  Burdel,  l'urine  ne  s'échap- 
pait que  goutte  à  goutte  et  la  vessie  faisait  fortement  saillie  au-dessus  du  pubis. 

»  Le  calcul  que  l'on  sentait  avec  le  doigt  formait  une  nodosité  sur  le  trajet 
du  canal.  Une  simple  incision  a  suffi  à  M.  Burdel  pour  le  saisir  et  l'extraire. 
Après  la  sortie  du  calcul,  la  plaie  fut  fermée  par  une  serre-fine  et  complète- 
ment cicatrisée  au  quatrième  jour. 

»  J'ai  examiné  le  calcul  qui  m'a  été  remis  avec  l'observation  par  mon  ho- 
norable confrère.  Il  est  irrégulièrement  allongé  et  arrondi,  plus  épais  à  l'une 
qu'à  l'autre  de  ses  extrémités.  Il  pèse  48  centigrammes.  Sa  couleur  est  d'un 
gris  verdâtre.  Sa  surface  rugueuse,  inégale,  est  couverte  de  petites  saillies  ma- 
melonnées qui  me  firent  reconnaître  à  la  première  vue  que  c'était  un  calcul 
mural  composé  d'oxalate  de  chaux,  bien  que  certains  calculs  d'acide  urique 
offrent  des  rugosités  mamelonnées  de  même  apparence;  mais  ces  dernières 
sont  moins  rudes,  plus  douces  au  toucher  que  celles  des  calculs  formés  par 
ce  sel  calcaire.  Mon  opinion  à  cet  égard  a  été  confirmée  par  l'analyse  que 
notre  confrère  M.  Fremy  a  bien  voulu  faire  de  cette  concrétion  urinaire. 
«  Le  calcul,  m'écrit  M.  Fremy,  est  formé  par  de  l'oxalate  de  chaux  ;  il  ne 
»  contient  que  des  traces  de  phosphate  de  chaux  et  de  substance  organique 
»  azotéede  nature  albumineuse;  il  ne  contient  ni  acide  urique,  ni  phosphate 
»  ammoniaco-magnésien.  Il  est  à  regretter  qu'on  n'ait  pas  analysé  l'urine 
»  de  l'enfant,  dont  on  a  seulement  constaté  l'extrême  acidité.  » 

DEUXIÈME  OBSERVATION.   —  Deujc  calculs  Unitaires  volumineux,  trouvés  dans  la  vessie  d'un 

sanglier.  , 

•>  Les  deux  calculs  que  je  présente  à  l'Académie  ont  été  trouvés  dans  la 
vessie  d'un  jeune  sanglier,  par  l'un  de  nos  Correspondants,  M.  Chevandier, 
à  Cirey  (Meurthe).  M.  Chevandier  avait  envoyé  ces  pierres  urinaires  à 
M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  qui  m'a  proposé  de  les  examiner,  et  d'en 
rendre  compte,  en  les  présentant  à  l'Académie  de  la  part  de  son  Correspon- 
dant à  Cirey. 

»  Voici  les  renseignements  qui  m'ont  été  fournis  : 

»  Le  sanglier  avait  deux  ans  et  demi;  il  était  très-gras  et  ne  paraissait 
nullement  se  ressentir,  dans  ses  allures,  de  la  maladie  dont  il  était  atteint. 

»  C'était,  à  la  connaissance  de  M.  Chevandier  et  de  tous  les  chasseursdes 
environs,  le  premier  exemple  d'une  semblable  affection  chez  un  sanglier. 


(  695  ) 

»  L'un  des  calculs  donl  il  est  question  pèse  6^^',']5,  et  l'autre 6i«',ao. 
Ils  sont  l'un  et  l'autre  d'une  couleur  fauve-jaunàlre,  tirant  sur  le  brnn. 
Leur  pesanteur  paraît  considérable  relativement  à  leur  volume. 

»  Le  plus  volumineux  de  ces  calculs  est  triangulaire,  et  chacune  des 
trois  faces  que  limitent  des  angles  obtus  sont  légèrement  convexes  et  d'un 
poli  remarquable,  comme  éburnées. 

»  Le  second  calcul,  d'un  volume  un  peu  moindre  que  le  précédent,  est 
d'une  forme  moins  régulière,  quoiqu'il  présente  aussi  trois  faces  polies,  une 
plus  large  que  les  deux  autres  et  qui,  au  lieu  d'être  convexe  comme  dans 
l'autre  concrétion,  sont  concaves  et  s'adaptent  exactement  aux  premières, 
ainsi  qu'on  le  voit  entre  les  surfaces  contiguès  des  os  dans  plusieurs  articu- 
lations diarthrodiales. 

M  L'aplatissement  en  facettes,  aux  points  de  contact,  des  calculs  multi- 
ples, ne  dépend  pas  seulement  de  l'usure  par  les  frottements  que  ces  corps 
solides  éprouvent  les  uns  contre  les  autres,  par  les  mouvements  du  corps  et 
ceux  que  leur  impriment  les  contractions  de  la  vessie,  ainsi  qu'on  l'a  admis 
assez  généralement;  il  est  bien  plus  le  résultat  de  la  diftîculté  qu'éprouve 
la  cristallisation,  l'incrustation  des  sels  urinaires  dans  les  parties  sous- 
jacentes  de  la  concrétion,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  dans  un  Mémoire  sur  les 
calculs  urinaires  que  l'Académie  a  couronné  en  1822.  La  cristallisation  des 
sels  de  l'urine  est  seulement  plus  lente  dans  les  points  de  contact  des  cal- 
culs multiples  que  sur  leurs  parties  libres  qui  baignent  continuellement 
dans  le  liquide  où  les  sels  sont  en  dissolution. 

i>  La  section  de  l'un  de  ces  deux  calcids,  faite  perpendiculairement  à 
ses  surfaces  de  contact,  prouve  la  vérité  du  mode  d'accroissement  que 
j'avais  indiqué  pour  les  couches  des  calculs  à  facettes  contiguès.  En  effet, 
au  lieu  d'être  détruites,  coupées,  interrompues,  comme  cela  arriverait  si  les 
facettes  étaient  dues  à  une  usure  par  frottement,  les  couches  concentriques 
sous-jacentes  existent  en  même  nombre  tout  autour  du  noyau  central,  seu- 
lement elles  sont  infiniment  plus  minces  au  niveau  de  ces  faces  de  contact 
dont  elles  ont  la  direction,  tandis  que  leur  épaisseur  et  leur  courbure  de- 
viennent d'autant  plus  marquées,  qu'elles  se  rapprochent  des  angles  ou  par- 
ties qui  sont  exemptes  de  contact  et  de  la  pression  d'un  autre  calcul. 

»  Le  centre  du  calcul  est  occupé  par  un  noyau  oblong,  formé  de  cristaux 
confus,  irrégulièrement  agglomérés,  d'une  couleur  jaune  fauve,  et  entouré 
découches  très-denses,  alternativemant  d'un  jaune  pâle  ou  foncé.  On  ob- 
serve que,  dès  leur  formation  autour  du  noyau  central,  les  couches  ont  pris 
la  disposition  qu'elles  ont  conservée  à  mesure  que  les  calculs  ont  augmenté 
de  volume. 

(ji.. 


'         (  696  ) 

•     B  Suivant  M.  Fremy,  qui  a  fait  l'analyse  de  ces  calculs,  ils  contiennent  : 

i".  Phosphate  ammoniaco-magnésien 93, 4* 

2°.  Phosphate  de  chaux  tribasique 2 ,04 

3°.  Matière  organique  azotée 4 .  ^4 

99>8o 

»  La  quantité  considérable  de  phosphate  ammoniaco-magnésien  trouvée 
dans  les  calculs  de  ce  sanglier  me  paraît  donner  quelque  intérêt  à  l'analyse 
qui  en  a  été  faite.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  [atmosphère  du  soleil;  par  M.  Faye. 

«  En  étudiant  les  travaux  de  l'un  de  nos  plus  éminents  physiciens,  M.  de 
la  Provostaye,  j'ai  été  très-frappé  des  conclusions  auxquelles  il  est  arrivé, 
avec  son  savant  collaborateur  M.  Desains,  lorsqu'il  a  voulu  contrôler,  à  l'aide 
de  l'expérience  et  de  l'analyse,  la  loi  admise  à  priori  par  les  géomètres  et  les 
physiciens  sur  l'émission  de  la  chaleur.  Comme  plusieurs  de  ces  lois  formu- 
lées à  priori,  indépendamment  de  toute  vérification,  figurent  encore  dans 
certaines  branches  de  l'astronomie  physique,  j'ai  pensé  qu'il  serait  bon  de 
les  soumettre  à  un  nouvel  examen,  et  je  me  suis  occupé  tout  d'abord  des 
idées  qui  ont  cours  aujourd'hui  sur  la  constitution  physique  du  soleil,  par- 
ticulièrement de  la  question  de  l'atmosphère  du  soleil. 

»  C'est  en  effet  la  conception  absolue  et  à  priori  d'une  loi  physique  qui 
a  donné  naissance  à  cette  hypothèse.  Voici  la  suite  bien  simple  des  idées. 

»  Si,  comme  il  est  naturel  de  le  penser,  dit  Laplace  (i),  chaque  point  de 
la  surface  du  soleil  envoie  une  lumière  égale  dans  tous  les  sens,  l'intensité  de 
chaque  élément  superficiel  sera  inversement  proportionnelle  au  sinus  de 
l'inclinaison  de  cet  élément  sur  la  direction  du  rayon  visuel,  ou,  à  très-peu 
prés,  au  cosinus  de  la  distance  angulaire  de  ce  point  au  centre  du  disque. 
Dès  lors  l'éclat  ira  en  croissant  du  centre  au  bord.  Telle  est  la  loi  admise  à 
priori,  indépendamment  de  toute  expérience,  et  parce  qu'il  est  naturel  de  le 
penser  ainsi. 

»  Mais,  ajoute  Laplace,  sur  le  soleil,  tel  que  nous  le  voyons,  l'éclat  va  au 
contraire  en  décroissant  du  centre  vers  les  bords;  cette  différence  s'expli- 
querait très-simplement  ati  moyen  d'une  atmosphère  qui  envelopperait  le 
soleil,  et  dont  la  substance  incomplètement  transparente  éteindrait  beau- 
coup plus  la  lumière  des  bords  que  celle  du  centre. 

»  La  théorie  de  l'extinction  produite  par  l'interposition  d'une  atmosphère 
a  été  traitée  par  ce  grand  géomètre  avec  sa  supériorité  habituelle.  En  l'ap- 

(i)  Mécanique  céleste,  t.  IV,  p.  3 18. 


(  697  ) 
pliquant  au  soleil,  il  trouve  que  l'intensité  d'un  point  du  disque,  défini  par 
sa  distance  angulaire  0  au  centre  du  disque,  serait  réduite  par  l'extinction 


QS6 

sinâ  , 


d'une  atmosphère  dans  le  rapport  de  e  ""  à  l'unité,  Q  étant  une  constante 
relative  à  la  constitution  physique  de  cette  atmosphère,  et  â9  la  réfraction 
au  point  considéré.  En  combinant  cette  expression  avec  celle  de  la  loi  pré- 
cédente, on  aura  évidemment 


cosfl 


I  siii  9 


pour  l'expression  de  l'intensité  d'un  point  quelconque  du  disque  solaire  : 
la  loi  hypothétique  de  l'émission  étant  représentée  par  le  premier  facteur,  et 
4'extinction  de  l'atmosphère  hypothétique  par  le  deuxième.  En  outre  on 

peut  simplifier  cette  formule  en  remplaçant  à^  par  -  tango,  expression  de  la 

réfraction  qui  suffit  jusqu'à  près  de  8o  degrés  (i).  Au  delà  il  faudrait  tenir 
compte  de  la  constitution  de  l'atmosphère,  et  revenir  à  une  expression  cor- 
respondante de  la  réfraction  pour  les  hauteurs  moindres  que  lo  degrés. 

»  Cette  formule  ne  contenant  qu'une  quantité  arbitraire,  une  seule 
mesure  d'intensité  suffira  pour  déterminer  f.  Laplace  s'est  servi  d'une 
mesure  de  Bouguer.  Bouguer  a  trouvé  qu'à  une  dislance  des  bords  égale 
au  quart  du  rayon  du  disque  solaire,  l'intensité  est  plus  petite  qu'au  centre 
dans  le  rapport  de  35  à  48  (2).  De  lày=  i,425.  L'atmosphère  correspon- 
dant à  cette  valeur  équivaudrait,  comme  puissance  d'extinction,  à  une  co- 

/_ 

(i)  Il  est  essentiel  de  faire  remarquer  que  la  formule  simplifiée  e  '"'**  est  indépendante  de 
toute  hyjjothèse  sur  la  constitution  de  l'atmosphère,  tandis  que  la  première  suppose  une 
température  uniforme. 

(2)  A  la  vérité,  M.  Arago  a  déclaré  que  la  mesure  de  Bouguer  était  complètement  erronée, 
«t  que  les  calculs  de  Laplace  devaient  être  recommencés  sur  de  nouvelles  bases.  Des  expé- 
riences que  j'ai  exécutéesà  ce  sujet,  dit  M.  Arago,  j'ai  conclu  qu'il  y  a  une  différence  d'inten- 
sité entre  le  bord  et  le  centre  égale  à  7^.  En  recourant  au  Mémoire  où  ces  expériences  ont 
été  publiées  l'an  dernier,  on  reconnaît  aisément  que  cette  évaluation  ne  résulte  pas  d'une 
mesure  effective.  Ses  expériences  n'accusant  aucune  différence  sensible  d'intensité  entre  le  bord 
et  le  centre,  le  célèbre  astronome  a  soutenu  longtemps  qu'il  n'y  en  avait  aucune.  Cédant 
à  la  fin  au  témoignage  unanime  des  observateurs  et  à  l'évidence  des  images  photographiques 
du  soleil,  M.  Arago  a  consenti,  par  une  sorte  de  concession,  à  accorder  au  bord  une  diminution 
■d'intensité  égale  à  l'incertitude  qu'il  attribuait  à  ses  méthodes,  c'est-à-dire  -^. 

Quoi  qu'il  en  soit,  une  assertion  de  M.  Arago  a  droit  à  un  examen  sérieux.  Je  vais  exposer 
avec  détails  les  raisons  qui  m'ont  conduit  à  la  rejeter,  bien  qu'elle  favorise  infiniment  mon 


(  698  ) 

lonue  d'air  homogène  de  Ô5ooo  mètres  de  hauteur  (air  pris  à  la  tempéra- 
ture de  o  degré  et  à  la  pression  de  o'",'76  de  mercure).  Notre  propre 
atmosphère,  ramenée  aux  mêmes  conditions,  n'aurait  pas  plus  de  8000  mè- 
tres. Une  couche  aussi  puissante  réduirait  à  i  l'intensité  du  centre  du 
disque  solaire  et,  si  le  soleil  en  était  dépouillé,  le  disque  entier  nous  parai- 
trait  12  fois  plus  brillant. 

»  Telle  est  l'origine  de  tout  ce  qui  a  été  dit  depuis  sur  l'atmosphère  du 
soleil.  C'est  dans  cette  atmosphère  qu'on  a  placé  des  nuages  pour  expli- 
quer les  protubérances  lumineuses  des  éclipses  totales;  c'est  cette  atmo- 
sphère qu'on  a  voulu  voir  dans  les  rayons  brillants  qui  entourent  le  soleil 
éclipsé. 

>'  Nous  allons  soumettre  cette  théorie  à  une  triple  épreuve  :  1"  en  re- 
cherchant si  le  but  que  se  proposait  Laplace  a  été  réellement  atteint  ;  2"  ei\ 
examinant  si  le  décroissement  d'intensité  qui  en  résulterait  pour  les  bords 
s'accorde  avec  l'observation;  3°  en  comparant  la  théorie  basée  sur  la  me- 
sure de  Bouguer  avec  les  mesures  du  P.  Secchi. 

»  Le  but  de  Laplace  a  été  déjà  été  indiqué.  La  loi  d'émission  — -  don- 
nerait un  très-rapide  accroissement  d'éclat  vers  les  bords  du  disque  solaire. 

/ 
En  la  combinant  avec  l'effet  de  l'atmosphère  e     <"'^s  ^   o„    oppose  à   cet 

opinion  particulière  sur  la  constitution  du  soleil,  puisqu'elle  ramènfc  son  atmosphère  hypo- 
thétique à  des  proportions  tout  à  fait  insignifiantes. 

D'abord  la  mesure  de  Bouguer  a  reçu  une  confirmation  remarquable  par  les  recherches 
récentes  du  P.  Secchi  sur  la  température  du  disque  du  soleil. 

En  second  lieu,  quand  on  considère  les  épreuves  photographiques  obtenues  en  un  temps  de 
pose  de  quelques  centièmes  de  seconde,  on  trouve  entre  les  bords  et  le  centre  une  différence 
d'intensité  très-considérable.  On  peut  objecter,  il  est  vrai,  que  le  décroissement  de  la  chaleur 
ou  de  l'énergie  photogénique  ne  suit  pas  nécessairement  celui  de  la  lumière;  mais  voici  une 
troisième  raison  qui  va  plus  directement  au  but.  Les  facules  dont  les  taches  se  montrent  sou- 
vent entourées,  ne  se  voient  que  sur  les  bords.  Arrivées  au  centre  par  l'effet  de  la  rotation  du 
soleil,  elles  disparaissent.  Ce  n'est  pas  à  dire  qu'elles  aient  cessé  d'exister,  car  elles  se  voient  de 
nouveau  lorsqu'elles  arrivent  au  bord  opposé.  Ce  qui  les  fait  disparaître  vers  le  centre,  c'est 
que  leur  éclat  ne  diffère  pas  beaucoup  de  celui  des  régions  centrales.  Or,  quand  on  considère 
ces  facules  vers  les  bords,  on  est  frappé  de  leur  éclat  supérieur,  et  personne  n'admettra  que 
l'excès  de  leur  lumière  sur  celle  des  bords  puisse  être  exprimé  par  ~^.  On  se  demande  com- 
ment les  méthodes  de  M.  Arago,  fondées  sur  l'emploi  des  propriétés  les  plus  délicates  de  la 
lumière,  ont  pu  rester  insensibles  à  de  telles  différences  entre  les  mains  d'un  expérimentateur 
aussi  habile.  Faut-il  attribuer  cette  insuffisance  à  l'extrême  petitesse  des  instruments  dont  il 
s'est  servi,  aux  défauts  des  images  dédoublées?  Je  ne  sais.  C'est  une  question  (jui  mériterait 
d'être  approfondie. 


(  699  ) 
accroissement    une    cause    d'extinction     beaucoup    plus    rapide    encore, 

/ 

car,    pour    9  =  90,     — -e    "'"*  =  o,  bien  que  -^  devienne  infini.  Mais 

•  •'  cos  9  '■        cos  9 

ici  l'illustre  auteur  oublie  que  si  la  formule  simplifiée  suffit  amplement 
au  calcul  qui  doit  faire  connaître  l'extinction  totale  produite  sur  le  soleil 
par  son  atmosphère,  elle  devient  tout  à  fait  inexacte  si  l'on  en  veut  tirer 
l'intensité   au  bord   lui-même.   Alors  il   faut   reprendre  l'expression  plus 

_Q££ 

exacte  - — -e    *'"'',  mais  alors  aussi  il  est  facile  de  voir  que  l'exposant  cesse 

de  tendre  vers  l'infini,  et  atteint  une  valeur  maximum  finie  correspon- 
dant à  celle  de  la  réfraction  horizontale,  en  sorte  qu'à  partir  d'une  cer- 
taine valeur  de  ô,  le  premier  facteur  l'emporte  sur  l'autre,  et  l'intensité, 
d'abord  décroissante,  va  ensuite  en  croissant  jusqu'au  bord.  Ainsi  donc, 
avec  la  loi  d'émission  admise  jusqu'ici,  aucune  atmosphère  ne  serait  capable 
d'éteindre  les  bords;  les  bords  de  l'astre  présenteraient,  à  partir  d'un  cer- 
tain point,  un  rapide  accroissement  de  lumière;  le  soleil  serait  bordé  d'un 

cercle  éclatant.  Concluons  que  la  loi  d'émission  formulée  par doit  être 

rejetée  ou  modifiée. 

»  Passons  à  la  seconde  épreuve  et  voyons  si  les  intensités  calculées 
représentent  au  moins  les  intensités  observées  à  quelque  distance  du  bord, 
à  3o  et  à  18  secondes,  par  exemple.  Je  trouve  pour  ces  points  les  nombres 

—  et  Q—    Ainsi  dans  ces  régions   l'intensité    paraîtrait  réduite    au   point 

d'être  19  fois  et  80  fois  plus  faible  qu'au  centre  du  disque.  Il  suffit 
de  jeter  les  yeux  sur  une  image  du  soleil  pour  se  convaincre  de  l'exa- 
gération. 

•'  La  troisième  épreuve  ne  donne  pas  de  meilleurs  résultats.  Le  savant 
Directeur  de  l'Observatoire  du  Collège  Romain  a  étudié,  avec  les  appareils 
les  plus  délicats,  l'intensité  de  la  chaleur  en  diverses  régions  du  disque 
solaire.  Ses  mesures  lui  ont  permis  de  vérifier  de  la  manière  la  plus  satisfai- 
sante celle  dont  Laplace  s'est  servi.  Ainsi,  en  interpolant  entre  ses  observa- 

35 
lions  pour  le  point  ou  Bouguer  avait  trouvé  l'intensité  égale  à  ^tj'  il  ^  obtenu 

le  rapport  à  peine  différent  -Â-  La  similitude  générale  des  faits  de  chaleur 

et  de  lumière  sur  le  soleil  porte  le  P.  Secchi  à  considérer  cette  coïnci- 
dence comme  une  vérification  de  la  mesure  de  l'académicien  français. 
Voici  le  tableau  de  quelques  résultats  du  P.  Secchi  comparés  à  ceux  du 


(  700  ) 


calcul 


DisWnce  au 

centre. 


oo 
43.55' 

48.34 

48.34 

68.49 


Intensités 
observées. 

1,0000 

O,85o6 
0,|J25o 
0,7290 

0,5586 


Intensités 
calculées. 

I ,0000 
0,7985 

0,7290 
0,223l 


Observateurs. 

Le  P.  Secchi. 
Le  P.  Secchi. 
Bouguer. 
Le  P.  Secchi. 


Ainsi,  dès  l'angle  68*'49'j  la  discordance  entre  la  théorie  et  l'observation 
prouve  que  les  hypothèses  de  Laplace  ne  sont  pas  conformes  à  la  nature, 
et  c'est  là  aussi  la  conclusion  à  laquelle  arrive  le  P.  Secchi. 

a  Ces  épreuves  me  paraissent  décisives.  Il  faut  donc  examiner  de  près  la 
loi  d'émission  admise  à  priori. 

«  Cette  loi  n'est  applicable,  et  encore  jusqu'à  un  certain  point,  qu'aux 
substances  gazeuses  à  l'état  d'incandescence,  telles  que  la  flamme  des  bou- 
gies, des  lampes,  des  becs  de  gaz,  à  cause  de  leur  transparence  partielle  (i). 
Supposons  une  nappe  plane  de  gaz  d'une  certaine  épaisseur;  l'intensité, 
sous  un  angle  d'émission  quelconque  ô,  sera  proportionnelle  à  l'épaisseur 

comptée  dans  le  sens  du  rayon  visuel,  c'est-à-dire  à  — ^-  Telle  est  la  seule 

raison  physique  qu'on  puisse  donner  en  faveur  de  cette  loi  ;  mais  cette  expli- 
cation même  va  nous  montrer  qu'elle  ne  s'applique  pas  au  soleil. 

»  D'abord  la  photosphère  n'est  pas  une  nappe  plane  de  matière  lumi- 
neuse, elle  est  sphérique.  La  loi  précédente  ne  peut  donc  plus  être  adoptée 
que  pour  la  partie  centrale  du  disque;  au  delà,  elle  s'écarte  rapidement  de 
l'expression  véritable,  à  moins  que  l'on  ne  veuille  assigner  à  la  photosphère 
une  épaisseur  infiniment  petite.  Sans  recourir  à  l'expression  exacte,  on  voit 

(i)  Une  expérience  célèbre  d'Arago  paraît  confirmer  cette  conclusion.  Vue  obliquement^ 
la  lumière  des  corps  solides  ou  liquides  chauffés  à  blanc  paraît  fortement  polarisée,  mais 
non  celle  des  flammes  du  gaz  ou  des  lampes  rendues  éclatantes  par  la  présence  des  particules 
de  carbone  incandescentes.  Or  M.  Arago  n'a  point  trouvé  de  traces  de  polarisation  au  bord  du 
soleil,  donc  la  photosphère  de  cet  astre  est  un  gaz  incandescent.  Un  des  Associés  étrangers  de 
l'Académie,  sir  J.  Herschel,  s'est  inscrit  dernièrement  en  faux  contre  cette  conséquence,  mais 
je  n'ai  pu  .saisir  la  portée  de  son  argumentation.  Je  tiendrai  pour  certain,  avec  M.  Arago,  que 
la  lumière  émanant  des  bords  du  soleil  est  vue  sous  une  incidence  générale  très-oblique  et 
que  cette  lumière  n'est  pas  polarisée,  du  moins  dans  la  limite  d'incertitude  assez  large  dont 
les  mesures  photométriques  nous  ont  plus  haut  donné  une  idée.  Mais  tout  en  accordant  ces 
prémisses,  que  faut-il  en  déduire?  Les  expériences  de  MM.  de  la  Provostaye  et  Desains  nous 
apprennent  que  le  noir  de  fumée  et  en  général  les  corps  doués  d'un  très-faible  pouvoir  ré- 
flecteur jouissent  de  la  même  propriété.  Je  me  bornerai  à  cette  conclusion. 


(701) 
facilement  que  l'épaisseur  de  la  photosphère,  dans  le  sens  du  rayon  visuel, 
présente  un  saut  brusque  à  partir  du  point  où  le  rayon  touche  l'enveloppe 
•  interne  de  la  photosphère.  Là  l'intensité  de  la  lumière  doublerait  subite- 
ment pour  décroître  ensuite  jusqu'au  bord.  Or,  d'après  les  mesures  du 
P.  Secchi,  l'épaisseur  delà  photosphère  serait  d'environ  17  secondes;  nous 
verrions  donc  un  redoublement  d'intensité  à  1 7  secondes  du  bord,  suivi  d'un 
affaiblissement  rapide.  Il  n'y  a  rien  de  pareil. 

X  Ce  raisonnement  suppose,  comme  la  loi  elle-même,  que  la  photosphère 
est  transparente,  comme  la  flamme  d'une  bougie,  d'une  lampe  ou  d'tm  bec 
de  gaz.  Le  soleil  reproduirait  ainsi  sur  ses  bords  cet  accroissement  presque 
brusque  d'intensitéqu'on  observe  si  facilementdans  nos  flammes  d'éclairage, 
surtout  quand  ou  en  affaiblit  l'éclat  par  une  réflexion  sur  une  glace  sans 
tain  :  mais  cette  tranàparence  de  la  photosphère  existe-t-elle?  Si  elle  existe, . 
est-elle  parfaite?  ou  du  moins  les  rayons  qui  nous  arrivent  viennent-ils  de 
toute  son  épaisseur,  ainsi  que  l'exige  le  raisonnement  précédent?  Il  suffit 
pour  répondre  négativement  de  se  reporter  à  l'épaisseur  de  la  photosphère. 
D'après  les  mesures  du  P.  Secchi,  elle  n'aurait  pas  moins  de  3ooo  lieues 
d'épaisseur,  le  diamètre  entier  du  globe  terrestre.  Que  deviendrait  sur  une 
pareille  échelle  le  phénomène  des  flammes  de  gaz?  Pour  moi,  je  crois  que  la 
loi  admise  par  Laplace  ne  s'y  vérifierait  plus.  Sous  toutes  les  incidences,  le 
rayon  visuel  trouverait  partout  la  même  épaisseur  efficace  de  la  photosphère; 
la  liunière émise  par  un  élément  de  la  surface  solaire  ne  dépendrait  plus  de 
l'étendue  de  sa  superficie,  mais  du  volume  constant  de  la  partie  efficace 
ayant  cet  élément  pour  base  plus  ou  moins  oblique.  L'éclat  serait  partout  le 
même  sur  les  bords  comme  au  centre,  et  nous  rentrerions  dans  la  loi  d'é- 
mission généralement  admise  pour  la  lumière  et  la  chaleur  (1). 

))  Substituons  donc  cette  loi  à  celle  de  la  sécante.  L'éclat  étant  alors  cons- 
tant sur  toute  l'étendue  du  disque  avant  l'intervention  d'une  atmosphère, 
l'intensité  totale  sera 

'90° 

insinQ.ci.&inO  =  n. 


f 


tandis  qu'avec  la  loi  d'émission  précédente  elle  était 

'900 


ansinô  .  — -  •  d.  sin  Q  =  27:. 
cosO 


(ij  Ce  raisonnement  suppose  un  pouvoir  réflecteur  négligeable  :  or  c'est  là  ce  que  nous 
déduisons  de  l'expérience  de  M.  Arago  rapprochée  de  celles  de  MM.  de  la  Provostaye  et 
De  ains  (voir  la  note  précédente). 

C.    K.,  iSJg,  2"''  Scmesire.  (T.  XLIX,  N»  'iO.)  9^ 


(  702  ) 
Par  celte  seule  rectification  nous  n'avous  déjà  plus  besoin  d'une  atmos- 
phère ix)ur  éteindre  ce  surcroît  d'intensité  que  l'on  attribuait  au  soleil 
et  qui  allait  jusqu'à  en  doubler  faussement  la  valeiu-.  Restituons  cependant 
l'atmosphère  afin  d'affaiblir  les  bords  du  disque,  et  nous  aurons  pour  l'in- 
tensité en  un  point  quelconque 

Qie  J_ 

e    *'"^    ou,  de  o  à  80  degrés  environ,    e    <=°^^' 

Quant  à  l'intensité  du  disque  entier,  elle  sera  réduite  à 

cosô.e    ""'^d.cosô. 
90» 

En  posant  x  =  cosÔ  et  en  intégrant  par  parties,  on  ramène  cette  intégrale 
à  celle  que  Laplace  a  traitée,  et  on  a 

e     —f.  j    e~'  .  dx. 

Si  on  adopte  le  développement  en  fraction  continue  donné  pour  cette 
dernière  intégrale  dans  la  Mécanique  céleste,  on  a  finalement,  pour  l'inten- 
sité du  disque  entier  après  l'extinction, 

e— / 

2 

.  +  Z 

I  -I-  etc.  .  . 
»  J'ai  calculé  d'après  ces  formules  l'extinction  atmosphérique  qui  ré- 
pond à  la  mesure  deBouguer,  et  j'ai  trouvé  les  résultats  suivants  que  je 
réunis  dans  un  même  tableau  avec  les  précédents,  afin  de  faciliter  la  com- 
paraison. 

Distance  i^"  loi                  2'  loi 

au  centre.          S  Sfesures.  Calcul.                 Calcul.        Observateurs, 

o             0°  1,0000  1,0000  1,0000 

\  43''55'  o,85o6  0,7985  0,8112     Le  P.  Secchi. 

f  48.34  0,7250  Le  P.  Secchi. 

f  48-35  0,7290  0,7290  0,7290     Bouguer. 

\  68,49  o,5586  o,223i  0,3357     Le  P.  Secchi. 

H-  75.38  o,o538  0,1952 

Intensité  au  centre 0,2406  0,5391    irapportceàl'iiilensi- 

Intensité  du  disque  entier -^  J         jtéavanH'cxtiiiciioii. 

Hauteur  de  l'atmosphère  ramenée  à  o'  55ooo'"         i5ooo"' 


i 


(  7o3  ) 

»  Ainsi  les  observations  sont  beaucoup  mieux  représentées.  Il  est  donc 
à  présumer  que  la  deuxième  loi  d'intensité  se  rapproche  bien  plus  de  la 
nature  que  celle  de  Laplace  (i). 

»  Mais  les  discordances  entre  la  deuxième  théorie  et  les  faits  sont  encore 
trop  palpables  pour  qu'on  soit  autorisé  à  s'en  tenir  à  l'hypothèse  de  l'atmo- 
sphère solaire.  Je  vais  dire  à  cet  égard  toute  ma  pensée,  et  montrer  que 
cette  hypothèse  doit  être  entièrement  rejetée. 

»  Du  moment  où  l'on  admet,  comme  nous  venons  de  le  faire,  que  l'é- 
mission dépend,  non  plus  de  l'épaisseur  entière  de  la  photosphère,  mais 
d'une  faible  partie  de  cette  épaisseur,  il  en  résulte  que  cette  photosphère 
devrait  présenter,  au  moins  dans  cette  épaisseur,  une  homogénéité  parfaite 
pour  que  l'émission  fût  partout  proportionnelle  au  cosinus  de  l'angle  6.  Si, 
par  exemple,  la  photosphère  affectait  une  structure  rayonnée  par  des  cou- 
rants ascendants  continuels,  comme  sir  W.  et  sir  J.  Herschel  inclinent  à  le 
croire,  il  pourrait  se  faire  que  l'émission  ne  se  fit  pas  avec  Tine  égale  facilité 
dans  toutes  les  directions.  Alors  il  se  produirait,  parce  fait  seul,  une  dimi- 
nution d'intensité  tout  à  fait  semblable  à  celle  qu'on  observe  rét^llement  sur 
les  bords.  Depuis  les  travaux  de  MM.  de  la  Provostaye  et  Desains  sur  la 
chaleur,  la  loi  d'émission  que  je  viens  de  substituer  à  celle  de  Laplace  a 
perdu  son  prestige  dans  ce  qu'elle  a  d'absolu.  Après  avoir  prouvé  par  des 
expériences  précises  que  le  rapport  des  pouvoirs  émissifs  de  deux  substan- 
ces peut  changer  beaucoup  avec  l'inclinaison  des  rayons,  M.  de  la  Provos- 
taye va  plus  loin  et  montre  que  cette  loi  ne  dérive  des  raisonnements  de 
Fourier  qu'autant  qu'on  attribue  aux  corps  un  pouvoir  réflecteur  constant, 
ou  même  absolument  nid.  Poser  ce  principe  en  thèse  absolue,  ce  serait 
admettre  une  contradiction  dans  les  termes.  Je  me  laisse  guider  par  ces 
vues  très-philosophiques  d'un  physicien  dont  les  travaux  ont  si  largement 

(i)  Si  on  voulait  appliquer  ces  règles  à  l'évaluation  de  M.  Arago,  il  faudrait  supposer  que 

le  rapport  y-   répond  à  une  certaine  distance  du  bord,  à  iJ\",6  par  exemple.  Alors  6  =  80°, 

/=  o,oo52,   e-f=.  o,gg48.  La  colonne  de  55 000  mètres  de  Laplace  se  trouverait  réduite 

à  199  mètres,  et  l'extinction  au  centre  du  disque  serait  de  •  Quant  à  l'extinction  totale, 

comme  la  convergence  de  la  fraction  continue  serait  d'une  lenteur  désespérante,  il  faut  réduire 
en  série  ordinaire  l'intégrale  définie  qu'elle  représente.  En  négligeant  les  puissances  de^supé- 
rieures  à  la  première,  on  obtient  ainsi  e~/(i  — /)  pour  l'intensité  totale,  ici  0,9893.  Ainsi 
cette  atmosphère  tout  entière  n'enlèverait  au  soleil  que  la  centième  partie  de  son  éclat  réel. 
En  se  plaçant  plus  près  du  bord ,  on  obtiendrait  des  résultats  plus  faibles  encore. 

9^- 


(  7o4  )  . 
contribué  à  constituer  sur  l'expérience  et  sur  les  déductions  mathématiques 
une  des  branches  principales  de  la  science,  et  après  avoir  critiqué  la  loi 
absolue  admise  à  priori  par  Laplace,  je  me  garderai  d'en  proposer  une  à  mon 
tour.  Mais  je  me  crois  autorisé,  par  la  discussion  précédente,  à  poser  ces 
conclusions  : 

»  La  loi  d'émission  de  Laplace  ( — -)  ne  s'applique  pas  au  soleil;  la  loi 

ordinaire  (cos9)  s'adapte  beaucoup  mieux  aux  circonstances  principales  du 
phénomène,  mais  alors,  par  la  nature  mèuie  des  considérations  qui  condui- 
sent à  cette  dernière  loi,  l'affaiblissement  des  bords  du  soleil  pourrait  résul- 
ter d'une  légère  modification  de  cette  loi  qui  deviendrait  sensible  pour  les 
incidences  extrêmes,  sans  qu'il  y  eût  lieu  de  recourir  à  l'hypothèse  d'une 
atmosphère  absorbante. 

»  Mais  ce  n'est  pas  assez  de  dire  que  l'hypothèse  d'une  atmosphère  so- 
laire n'est  pas  indiquée  par  la  nature  même  de  la  question.  En  dehors  de  la 
queslion  d'intensité,  cette  hypothèse  est  de  plus  en  contradiction  avec  les 
faits  les  mieux  établis  et  les  plus  faciles  à  vérifier. 

»  1°.  La  netteté  des  taches,  des  pénombres  au  bord  du  soleil.  Que  l'on 
compare  cette  netteté,  supérieure  à  celle  des  bords  de  la  lune  qui  n'a.  pas 
d'atmosphère,  avec  la  confusion  des  contours  et  des  formes  sur  les  bords 
des  planètes  entourées  d'une  atmosphère  non  équivoque,  comme  Jupiter 
et  Mars, 

»  2°.  L'identité  des  raies  du  spectre  au  centre  et  aux  bords,  constatée 
par  Forbes  en  i836,  à  l'occasion  d'une  éclipse  annulaire.  S'il  y  avait  autour 
du  soleil  une  de  ces  gigantesques  atmosphères  que  l'on  a  imaginées,  il  y 
aurait  aussi,  selon  toute  probabilité,  une  différence  considérable  entre  les 
raies  du  bord  et  celles  du  centre.  Voir  à  ce  sujet  les  expériences  de 
M.  PiazziSmyth,  directeur  de  l'Observatoire  royal  d'Edimbourg,  au  pied  et 
au  sommet  du  Pic  de  Ténériffe. 

»  Cependant  trois  faits  pourraient  être  invoqués  comme  preuves  indi- 
rectes à  l'appui  de  l'atmosphère  solaire  :  la  couronne  des  éclipses,  les 
facules,  et  l'accélération  de  la  comète  d'Encke. 

»  La  couronne  des  éclipses,  dans  son  ensemble,  ne  ressemble  nullement 
à  une  atmosphère  ;  pour  en  juger  sainement,  il  suffit  d'en  rassembler"  les 
descriptions  et  les  dessins. 

»  Les  facules  sont  attribuées  par  le  P.  Secchi  à  la  hauteur  de  certaines 
grandes  dénivellations  de  la  photosphère,  bien  constatées  par  M.  Dawes  et 
par  le  P.  Secchi  lui-même.  Grâce  à  cette  hauteur,  les  facules  se  trouveraient 
dégagées  des  couches  les  plus  basses  et  les  plus  absorbantes  de  l'atmosphère 


(  7o5  ) 
extérieure  du  soleil  ;  elles  brilleraient  donc  pour  nous  d'un  plus  vif  éclat 
que  les  régions  voisines.  Mais  on  peut  les  expliquer  plus  simplement  par 
l'inclinaison  même  de  leurs  faces.  Peu  sensible  au  centre  du  disque,  une 
différence  d'inclinaison  de  quelques  degrés  peut  en  produire  une  très-sen- 
sible vers  les  bords,  si  l'émission  décroît  avec  quelque  rapidité  pour  des 
obliquités  très-grandes,  comme  je  viens  de  dire. 

u  Quant  au  milieu  résistant  qui  affecterait  près  du  soleil  la  forme  et  la 
constitution  d'une  atmosphère,  j'ai  démontré  mathématiquement  que  le  fait 
unique  pour  lequel  cette  hypothèse  a  été  imaginée  peut  s'expliquer  d'une 
autre  manière  et  se  rattacher  simplement  à  la  force  qui  agit  incontestable- 
ment sous  nos  yeux  dans  la  production  des  queues  de  comètes  et  des 
particularités  les  plus  détaillées  de  leur  figure  (i). 

»  Je  ferai  remarquer  enfin  que  l'identité  des  raies  du  spectre  produit  par  - 
les  parties  centrales  ou  marginales  du  disque  soliiie,  identité  constatée  par 
Forbes  en  i836,  semble  confirmer  la  loi  que  j'ai  substituée  à  celle  de  La- 
place;  car,  admettre  que  la  lumière  émise  en  un  point  quelconque  du  dis- 
que provient  d'une  épaisseur  constante  de  la  photosphère,  c'est  dire  que 
l'absorption  de  certains  rayonnements  se  fera  partout  dans  des  condi- 
tions identiques.  Si  pourtant  l'émission  était  moins  abondante  sur  les  bords, 
il  pourrait  en  résulter  quelques  différences  entre  les  raies  des  deux  spectres, 
différences  trop  faibles  d'ailleurs  pour  altérer  leur  distribution  générale 
dont  l'identité  a  été  constatée.  Je  me  propose  d'étudier  spécialement  cette 
question  à  l'aide  d'objectifs  à  Irès-longs foyers,  et  je  la  recommande  aussi  à 
l'attention  des  observateurs  de  l'éclipsé  prochaine. 

»  Il  me  paraît  aussi  fort  utile  de  reprendre  dans  les  mêmes  conditions 
instrumentales  l'étude  de  l'intensité  lumineuse  du  disque  solaire,  afin  de 
contrôler  la  théorie  par  des  mesures  plus  nombreuses  que  celles  deBouguer, 
plus  directes  que  celles  du  P.  Secchi.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  — £'s5aî  de  résolution  des  équations  par  les  séries  el  les 

logarithmes;  par  M.  "B.  YAt'ï. 

«  Nous  avons  déjà  donné  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  du 
29  octobre  i855  un  moyeu  simple  de  résoudre  les  équations  par  l'abaisse- 

(i)  Foir  aussi  les  travaux  de  M.  Roche  sur  la  figure  des  noyaux  coinétaires.  La  répulsion 
exercée  par  les  surfaces  incandescentes,  qui  a  été  l'objet  des  belles  expériences  de  M.  Bouti- 
gny,  et  la  répulsion  simple  que  j'attribue  aux  astres  radieux,  semblent  être  des  manifestations 
analogues  d'une  force  unique,  jusqu'ici  peu  étudiée,  et  pourtant  presque  aussi  générale  que 
l'attraction. 


(  7o6  ) 
ment  de  puissance  des  racines,  qui  dispense  de  la  recherche  de  leurs  limites, 
de  l'équation  laborieuse  aux  carrés  de  leurs  différences,  et  des  fractions 
continues,  qui  exigent  déjà  la  résolution  d'un  plus  grand  nombre  d'équa- 
tions que  de  décimales  à  obtenir.  On  a  employé  avec  avantage  les  fonc- 
tions circulaires  à  la  résolution  des  équations  des  troisième  et  quatrième 
degrés,  et  c'est  la  plus  simple  et  la  plus  ordinairement  employée  ;  mais 
celle  du  quatrième  degré  devient  assez  laborieuse,  et  exige  même  la  réso- 
lution préalable  de  l'équation  du  troisième  degré,  pour  laquelle  on  doit 
distinguer  trois  cas  et  dix  formules  différentes.  Les  équations  du  cinquième 
degré  n'ont  pu  être  résolues  de  la  même  manière,  tandis  qu'elles  peuvent 
l'être  par  les  logarithmes,  comme  celles  du  troisiènte  degré.  Puisqu'on  n'a 
pas  encore  pensé  à  une  pareille  application,  nous  essayerons  d'y  avoir  re- 
cours, en  commençant  d'abord  par  le  troisième  degré;  et  pour  rendre  les 
formules  les  plus  simples,  nous  emploierons  les  transformations  suivantes  : 

j?'  =  g(j:-f- i),     h=jr{y''-hi),     z  =  k{x*  +  ï)y 

lorsque  x,/,  z  seront  supérieurs  à  l'unité,  ce  qu'on  reconnaîtra  prompte- 
ment,  et  l'on  aura 

aL.r  =  Lg  +  o,43429(i-^-+-3ij -...), 

L^  =  SLjr  +  0,43429  (p  -  ^  +  5P -+-.. .), 

2L2-+ LA +  0,43429  (^4- ^-h-^ -...), 

et  g^,  h^,  k  ^,  seront  des  valeurs  approchées  de  JC,  ^,  z,  qui,  substituées 
dans  les  séries,  donneront  ces  valeurs  plus  exactes,  et  successivement  de  plus 
en  plus  ;  mais  si  x,j',  z  étaient  moindres  que  l'unité,  on  ferait 

et  l'on  aurait 

3hx=  Ijg  ■+■  0,43429  (x  —-a:'+^a:*—...U 

LA  =  Lj  4- 0,43429  (j^-^j'+^j" -...), 

Lz  =  LA-  +  0,43429  (  z'  —  - 


r  +  ^2»-: 


(  707  ) 

Enfin  si  x,  j,  z  différaient  peu  de  l'unité,  on  ferait 
et  l'on  parviendrait  par  de  nouvelles  transformations  à 


i 


ce  qu'on  obtiendrait  aussi  plus  directement,  mais  plus  péniblement,  en 
chassant  le  troisième  terme  de  l'équation  complète.  Prenant  pour  exemple 
l'équation  de  Lagrange  a;'  —  7  (j?  -h  i)  =  o,  on  aura 

aLx  =  L7+  0,43429  (i  _  -i-  +  ^  _. . .). 

La  valeur  provisoire  de  J?=  v'7  =  a, 64  étant  évidemment  trop  faible,  on 
pourrait,  pour  abréger  et  simplifier  le  calcul,  essayer  d'abord  j:  =  3  ;  mais 
pour  montrer  la  progression  rapide  des  valeurs  successives,  on  prendra 
j?=  2,04,  qui  donnera  3, 1 1,  celle-ci  3,o4  et  cette  dernière  3, 049,  comme 
le  trouve  Lagrange  en  déterminant  onze  coefficients  pour  l'équation  aux 
carrés  des  différences  des  racines,  cherchant  ensuite  les  limites  de  ces  ra- 
cines, et  résolvant  après  plusieurs  équations  pour  obtenir  la  fraction  con- 
tinue qui  donne  la  valeur  de  la  racine. 

»  Euler  a  donne  le  développement  en  série  des  racines,  en  admettant  que 
leur  valeur  approchée  est  donnée  ;  mais,  sans  chercher  une  pareille  approxi- 
mation, on  peut  obtenir  par  le  retour  des  suites,  d'après  l'équation 
m  -\-  nx  +  px^  +  qx*  =  o,  la  valeur  de 

m         pm^         20  —  nq       ,  »'  —  npg  ^ 

x= Î-— K-..J.  m"  —  ^ — r-i-^  5  /»*—...  ; 


mais  pour  qu'elle  devienne  plus  convergente,  il  faudra  que  —  soit  aussi 


m 
n 

faible  qu'il  se  pourra.  Pour  cela,  avec  l'équation  z* -h  az^-h  bz-hc  =0, 
on  fera 

z  =  X  4-  A:, 


et  l'on  obtiendra 

x*-h{^k-h  a)x'-h{U^+  ^ak  +  b)  X -h  k' +  ak^ -h  M  +  c  =  o, 
et  en  substituant  pour  k  la  suite  des  nombres  naturels,  on  reconnaîtra  faci- 
lement celui  qui  rendra  —  le  plus  faible.  Soit,  pour  exemple,  une  autre  équa- 


(  7o8) 
tion  (JeLagrange,  x'—  ax  —  5  =  o.  Elle  donnera 


m 
n 


lk. 


3/' 


et  faisant  A"  :=  I,   a,   3,   on  a 


m 
n 


6»    -  — '    -  - 


25 


avec  k=^  T.,  on  obtient 

z'  4-  6  z^  +  I  o  z  —  I  =  o , 

et  avec  le  qnatre  premiers  termes  de  la  série, 

z  =  o,i — 0,006  +  0,00062 — 0,000078  :=  0,094552     et     X  =2,094552, 

et  .La grange,  ^ 

2,09455149, 

en  calculant  onze  coefficients,  la  limite  de  la  racine  et  dix  équations  diverses, 
ce  que  deux  ou  trois  termes  de  plus  de  la  série  donneraient. 
»  Voici  encore  une  autre  série  qui  pourra  être  aussi  employée  : 


z=  —  c^  —  ^a~ 


fl=-(-36         2a'  +  45«^'         ^a*  ->r\^la''b 


9f3 


27C3 


97= 


Maison  ne  poussera  pas  plus  loin  ces  développements  compliqués,  parce  que 
l'équation  à  trois  termes  x^  —jc  —  in=^o  nous  offrira  des  séries  plus  simples 
et  plus  convergentes,  telles  que  les  suivantes  : 


J-         I 


I  I 

H 


4 


3»i»        81/n^       243™'^       656i/«'' 
^  =  _,n-w=-3m'-i2m'-55/«»-273;?z"-i428/«"-686i//2'^-..., 

qui  ne  sera  assez  convergente  que  lorsque  m  ne  sera  qu'une  fraction  momdre 
que  ^-   En  faisant   «•  =  zv3  — y^    et   k  = — î 


on  aurait  encore 


,1       I  ,        5  ,â       ,,       23i   ..^       ''33  ,, 
28  120  to 


Si  pour  simplifier  on  prend  m  =  8,  les  Irois  premiers  termes  de  la  |)remiere 


(  '709  ) 


série  donneront 


comme  de  fait. 

»  On  pourrait  bien  encore  obtenir  d'autres  séries,  mais  elles  deviennent 
trop  compliquées  et  trop  pénibles  à  employer  au  calcul.  Pour  le  montrer, 
nous  reproduirons  seulement  la  suivante  : 

X  =  i 1 —  /n'  -f-  m*  4-  ^  m®  +  1 5  m'  +  . .  . 

2  2  6 

I        I     o       3      .       5     „       Il      « 
—  g  +  7  'w  +  g  m*  +  7  m"  +  —  7n'  + .  .  . 

I  On  Om  Oa  ?<In 

lO  lO  l6  8  8 

5.5, 5. 5.1 7Q. 
120       32  64  i6  128 

7           35  m'                  ÔQ/n"        245  ffj' 
—-' 1-0  +  -^  4-     ^ '- 


256   '     256   ^      ^  256  ^    256, 
21 


iof3 


»  Dans  l'équation  complète  du  quatrième  degré,  on  pourra  faire  dispa- 
raître à  volonté  le  deuxième,  troisième  ou  quatrième  terme,  ce  qui  offrira 
un  bien  plus  grand  nombre  de  transformations  logarithmiques  que  pour  le 
troisième  degré,  parmi  lesquelles  on  pourra  choisir  celles  qui  conviendront 
le  mieux,  et  nous  ne  mentionnerons  que  les  plus  simples  pour  x^i  et  mx^n, 
qui  seront  pour  l'équation  x^  -h  x^  =  mx  +  n, 

x^  (x^  4-  i)  =  mx  (  —  + 1  )  =  «  (  —  +  I 


et 

X 


'(?  +  ')  =  '"^(£+')  =  "(?'^')" 


»  La  série  générale  pour  x  sera  la  même  que  pour  le  troisième  degré,  en 
y  ajoutant  les  termes  pour  le  nouveau  coefficient  de  x*,  dont  on  trouvera  la 
longue  énumération  poussée  avec  une  extrême  précision  jusqu'à  soixante-sept 
termes  par  Rubliani,  dans  la  traduction  par  Chompré  de  la  Trigonométrie  de 
Cagnoli,  deuxième  édition,  p.  46>  et  dontLagrange  a  donné  la  loi  de  forma- 

C.  R , ,  1 809,  a"»  Semestre .  ( T .  XUX,  N»  20 . )  93 


(  7'o  ) 
tion  inconnue  jusqu'à  lui,  ce  qui  eût  dispensé  d'aussi  longs  et  pénibles  dé- 
veloppements. On  pourrait  bien  obtenir  d'autres  séries  plus  simples;  mais  il 
devient  assez  inutile  de  s'y  arrêter,  parce  que  M.  Hermite  ayant  réduit 
l'équation  du  quatrième  degré  à  trois  termes,  et  résoluble  comme  celle  du 
deuxième  degré,  il  sera  plus  court  et  plus  facile  de  recourir  à  cette  trans- 
formation. 

»  L'équation  du  cinquième  degré  offrira  l'avantage  d'être  employée  sous 
la  forme  remarquable  donnée  par  le  géomètre  anglais  Jerrard 

x^  —  X  —  m  =  o, 

qui  se  résoudra  par  logarithmes  en  faisant  jr(x*  —  j)  =  m  ou  autres  formes, 

comme  pour  le  troisième  degré,  sijr>i,  et  x  l—  —  i\  =  —  m  sij:<i, 

et  pour  simplifier  le  calcul,  faisant  m  =  lo,  on  aura 

5Lj:  =  I  -f-  0,43420  (— ^  -t-  5^ . .  .  )> 

•^  \io        200        3ooo  / 

d'après  x'^  =  x  y — h  i  \i  et  la  valeur  provisoire  de  x=  1,6  donnera  1 ,633, 

et  celle-ci  i  ,6336,  comme  c'est  en  effet.  , 

;)   Pour  employer  la  série  générale 

n  n?  «'  ri'  ' 

faisant  x  ■=  z  -\-  k,  on  aura,  au  lieu  de  l'équation  à  trois  termes, 

z*4-  5A-2*+  ioÂ:*z'  +  ioA'z'4-(5/t*  —  i)  z  +  A:»  -  yt  -  M  =  o, 

m  /■'  —  k  —  m      p  .  ,  ^ 

et  pour  —  =  — ^— 1  taisant  «=;  i,  2,  i,  on  aura 


m  I  -.     3o  —  M     240  —  M 

n  4       '  79  404 


Si  l'on  prend  M  =  20,  on  aura 


et 


et 


z^  +  1  o  z*  H-  4o  z'  +  8oz^  4-  79Z  +  10  =  o, 


10   8000   240000   i3oi 0000000      , ^ 
2= ■ — ; : =  o,  1452, 

79   79'     79'       79       '  ^  ' 


(711  ) 
et  X  =  1,8548  au  lieu  de  i,853  qu'on  aurait  avec  plus  de  quatre  termes. 
Mais  sans  pousser  aussi  loin  ces  développements  trop  complexes,  l'équation 
à  trois  termes  nous  offrira  des  séries  plus  simples,  telles  que 

^ 1 I I 21  78 


5m~^        25/72»        laS/n  »        i5625»2  *        78125/?*  ^ 
jc  =  —m  —  m'  —  Sm"—  35?ra*'—  285m*'  —  aSSo/n^'—  2335i  m»'  — . . , , 

qui  devra  être  employée   lorsque   /w<--    Si  comme  ci-dessus  m  =10, 

x=  1,5849  +  o,o5o2  —  0,0016  ■+-  0,000 1  —  . .  .  =  1,6336,  comme  par  lo- 
garithmes. 

»  L'équation  du  sixième  degré,  réduite  à  la  forme 

x"  +  X*  -+-  ax*  =  bx^  -h  ex  -h  ci, 

donnera  la  transformation 

^'  (^' + ^)  (.^. + 0 = ^*"' + ''""^  {^Â^^  ^  0 

ou 

..,         ,    ^        ,         ,,.        fx'-f-x         (.r'4-a;)'         {.r=-f-.r)»  l 

3L^  +  La  -^-  0,43429  [-^^  -  L__i.  +  ^__1  _  .  .  .J 

=  L«  +  0,434.9  [^^  -  ^^^^S^V  ^^^^^^ 

bien  plus  compliquée  que  les  précédentes;  mais  lorsqu'on  sera  parvenu  à 
la  réduire  à  trois  termes,  comme  pour  le  cinquième  degré,  ou  comme  pour 
le  quatrième,  le  calcul  en  deviendra  plus  court  et  les  séries  plus  simples.  Les 
degrés  présenteraient  naturellement  des  transformations  de  plus  en  plus 
complexes.  » 

CHIMIE  AGRICOLE,  —  Recherches  sur  les  proportions  d'azote  combiné  qui  peu- 
vent se  trouver  dans  tes  différentes  couches  du  sot,  soit  à  t' état  de  matières 
organiques,  soit  à  t'état  de  matières  azotées  diverses,  autres  que  tes  nitrates; 
par  M.  J. -Isidore  Pierre.  (Extrait.) 

.♦ 
«  Il  est  admis  généralement  aujourd'hui  que  les  matières  azotées  conte- 
nues dans  une  terre  jouent  un  rôle  important  dans  la  puissance  productive 
de  celte  terre,  exercent  une  influence  énergique  sur  les  récoltes  qui  lui  sont 
confiées.  Toute  recherche,  si  incomplète  qu'elle  soit,  qui  paraît  de  nature 

93.. 


(  7'^  ) 
à  jeter  quelque  jour  sur  l'abondance  et  sur  la  répartition  des  matières  azo- 
tées dans  un  sol  donné,  devra  donc  être  enregistrée  avec  soin,  parce  qu'elle 
pourra  fournir,  tôt  ou  tard,  à  l'agronomie  des  éléments  d'utiles  discussions, 
servir  de  point  de  départ  ou  de  contrôle  à  des  aperçus  nouveaux  et  à  des 
recherches  plus  complètes.  C'est  à  ce  titre  que  j'ai  l'honneur  de  présenter 
aujourd'hui  à  l'Académie  les  résultats  de  quelques  expériences  sur  la  pro- 
portion d'azote  combiné  qui  peut  se  trouver  dans  les  différentes  couches 
du  sol,  à  tout  autre  état  qu'à  l'état  de  nitrates.  Ces  expériences  ont  été 
faites  sur  la  terre  de  deux  champs  situés  dans  le  voisinage  de  Caen,  et  dis- 
tants l'un  de  l'autre  d'environ  5oo  à  600  mètres,  dans  un  sol  argilo-calcaire 
un  peu  siliceux,  profond,  où  viennent  parfaitement  bien  le  trèfle,  la  luzerne 
et  le  sainfoin. 

Première  série  d'analyses. 

»  Un  champ  d'environ  a  hectares  avait  porté,  pendant  deux  ans,  un 
mélange  de  trèfle  et  de  sainfoin  et  n'avait  pas  reçu  d'engrais  directement 
depuis  près  de  quatre  ans.  Environ  un  an  après  la  destruction  de  la  prairie 
artificielle,  on  y  a  pratiqué,  à  huit  places  différentes  régulièrement  distri- 
buées, des  trous  d'environ  5o  centimètres.  On  a  pris  à  la  bêche,  dans  chacun 
de  ces  trous,  deux  échantillons  de  terre  d'environ  5oo  à  600  grammes:  le 
premier,  dans  la  couche  supérieure,  correspondant  aux  vingt  premiers  cen- 
timètres; le  second,  au-dessous,  dans  la  couche  comprise  depuis  20  jusqu'à 
40  centimètres  de  profondeur.  On  a  mélangé  avec  soin,  d'une  part  les 
huit  échantillons  de  la  couche  supérieure,  et  d'autre  part  les  huit  échan- 
tillons de  la  couche  inférieure,  afin  d'obtenir  pour  chacune  de  ces  couches 
un  échantillon  moyen  qui  en  représentât  aussi  bien  que  possible  la  compo- 
sition chimique. 

»  La  terre  prise  dans  la  couche  supérieure,  c'est-à-dire  prise  aussi  unifor- 
mément que  possible  dans  la  couche  qui  s'étend  depuis  l'extrême  surface 
jusqu'à  20  centimètres  de  profondeur,  contenait,  par  kilogramme,  i^'.ôSg 
d'azote  à  l'état  de  combinaison  (non  compris  les  nitrates). 

»  La  terre  de  la  seconde  couche,  comprise  entre  20  et  [\o  centimètres 
de  profondeur,  renfermait  i^',i57  d'azote  par  kilogramme.  Elle  conte- 
nait, en  outre,  par  kilogramme,  a^SS  de  silice  soluble  dans  les  acides  très- 
étendus. 

»  Si  nous  calculons,  à  l'aide  de  ces  données,  la  proportion  d'azote  com- 
biné que  renferme  ainsi  par  hectare  chacune  des  deux  couches  de  terre  que 
nous  venons  d'examiner,  en  admettant  que  la  terre  tassée,  qui  n'a  pas  été 


(7'3) 
labourée  de  l'année,  pèse  autant  que  deux  fois  son  volume  d'eau,  c'est-à- 
dire  aooo  kilogrammes  le  mètre  cube,  nous  trouverons  qu'une  couche  de 
terre  de  loooo  mètres  carrés  (ou  i  hectare)  de  superficie^  sur  20  centi- 
mètres d'épaisseur,  représente  un  volume  de  2000  mètres  cubes,  pesant 
4000  kilogrammes;  par  conséquent,  elle  contiendrait  4ooo  fois  i^',659  °" 
6636  kilogrammes  d'azote. 

»  Un  raisonnement  et  un  calcul  semblables  nous  conduiraient  à  recon- 
naître que  la  deuxième  couche  doit  contenir  par  hectare  4628  kilogrammes 
d'azote  en  combinaison. 

Deuxième  série  d'analyses . 

»  J'ai  profité  de  l'existence  de  plusieurs  carrières  ouvertes  récemment 
dans  un  champ  situé,  comme  le  premier,  dans  le  voisinage  de  Caen,  à  une 
distance  d'environ  5oo  à  600  mètres  du  précédent.  Le  champ  dans  lequel 
se  trouvaient  ces  carrières  était  en  assez  mauvaise  façon  et  avait  été  un  peu 
négligé  depuis  un  ou  deux  ans.  J'ai  pris  sur  un  assez  grand  nombre  de 
points  de  chacune  de  ces  carrières,  et  en  procédant  avec  toutes  les  précau- 
tions possibles  pour  éviter  le  mélange  des  terres  appartenant  aux  diverses 
couches  que  je  me  proposais  d'examiner  séparément,  des  échantillons  des- 
tinés à  représenter,  dans  les  meilleures  conditions,  chacune  de  ces  cou- 
ches, et  j'en  ai  fait  ensuite  un  examen  séparé  dont  voici  les  résultats  : 

»  Première  couche  allant  depuis  l'extrême  surface  jusqu'à  25  centimètres 
de  profondeur. 

»  On  a  trouvé  dans  i  kilogramme  de  terre  brute  : 

Gravier  et  pierrailles 34  grammes. 

Terre  proprement  dite 966         « 

Cette  dernière  contenait  par  kilogramme  : 

Carbonate  de  chaux i4i  grammes. 

Argile  siliceuse  très-ferrugineuse 626         » 

Humus  et  sels  divers,  solubles  dans  l'acide  azotique  étendu.  233         >• 

Azote  combiné  par  kilogramme i2«'',732 

»  Deuxième  couche,  de  25  à  5o  centimètres  de  profondeur. 
»  L'échantillon  moyen  se  composait  par  kilogramme  de  : 

Gravier  et  pierrailles 16  grammes. 

Terre  proprement  dite. . ." 984         » 


(  7i4  ) 
Cette  dernière  contenait  par  kilogramme  : 

Carbonate  de  chaux 68  grammes. 

Argile  siliceuse  très-ferrugineuse  . 90g         » 

Humus  et  sels  divers,  solubles  dans  l'acide  azotique  étendu.        23  » 

Azote  en  combinaison  dans  chaque  kilogramme  de  terre.  . ..  l'^ooS 

»   Troisième  couche,  de  5o  à  ^5  centimètres  de  profondeur. 

»   L'échantillon   moyen,    pris   dans  cette  couche,   contenait   par  kilo- 


gramme 


Gravier  et  pierrailles 91  grammes. 

Terre  proprement  dite 909         » 

)>  La  composition  générale  de  cette  dernière  se  représentait,  sur  i  kilo- 
gramme de  terre  brute,  par 

Carbonate  de  chaux 76  grammes. 

Argile  siliceuse  très-ferrugineuse 906         » 

Humus  et  sels  divers,  solubles  dans  l'acide  azotique  étendu .  18 

Azote  en  combinaison  dans  chaque  kilogramme  de  terre  ....  o^^-jSSS 

))  Quatrième  couche,  de  75  centimètres  à  i  mètre  de  profondeur;  c'était 
à  peu  près  la  limite  de  la  profondeur  du  sol  au-dessus  de  la  première  couche 
de  pierres  plates  de  la  carrière . 

»  L'échantillon  pris  dans  cette  couche  s'est  trouvé,  sur  i  kilogramme, 
formé  de  : 

Graviers  et  pierrailles 827  grammes. 

Terre 678  » 

et  la  composition  de   cette  dernière  pouvait  se  représenter  ainsi,  pour 
1  kilogramme  : 

Carbonate  de  chaux gS  grammes. 

Argile  siliceuse  très-ferrugineuse 873         » 

Humus  et  sels  divers,  solubles  dans  l'acide  azotique  étendu .       32         » 

»  La  proportion  d'azote  combiné  contenue  dans  chaque  kilogramme 
de  cette  terre  s'élevait  à  0^^837,  c'est-à-dire  qu'elle  était  supérieure,  poids 
pour  poids,  à  celle  qu'on  avait  trouvée  dans  la  terre  de  la  couche  précé- 
dente. 

«  Comme  on  trouvait  encore,  au-dessous  de  cette  couche,  des  masses 
irrégulières  de  terre  disséminées  sur  certains  points,  entre  les  lits  fendillés 
des  pierres  plates  de  la  carrière,  depuis  la  profondeur  d'un  mètre  jusqu'à 


(7i5) 
celle  de  i  mètres,  j'ai   pensé  qu'il  serait  intéressant  d'en  faire  également 
l'examen. 

u  Cette  terre,  abstraction  faite  des  pierrailles,  était  composée  de  : 

Carbonate  de  chaux  très-légèrement  magnésien,  et  sels  divers  solubles 

dans  les  acides,  avec  très-petite  quantité  de  matières  organiques.  .  .      45'  grammes. 

Argile  siliceuse  très-ferrugineuse 548  » 

Elle  contenait  encore  par  kilogramme  o'''2865  d'azote  en  combinaison. 

»  Si,  comme  dans  la  première  série  d'analyses,  nous  admettons  que  la 
terre  examinée  pèse  2000  kilogrammes  le  mètre  cube,  ce  qui,  à  raison  du 
tassement  observé,  doit  être  bien  peu  éloigné  de  la  vérité,  nous  trouverons 
que  la  proportion  d'azote  combinée  contenue  dans  chacune  des  couches 
pourrait  être  ainsi  représentée  sur  un  hectare  : 

Azote  par  hectare  Azote  par  hectare 

de  terre  brute.  de  terre  débarrassée 

de  graviers  et  de  pierrailles. 

r«  couche  jusqu'à  o™, 25 8366  kil.  8660  kil. 

2"  couche  de  o^.aS  à  o"',5o 49^9  5o4o 

3°  couche  de  o'",5o  à  o"','j5 34^9  3827 

4°  couche  de  o'",75  à  i'" 2816  4'85 

Total 19620  21712 

»  Enfin  l'azote  contenu  à  l'état  de  cotnbinaison  dans  la  terre,  disséminé 
entre  les  lits  de  pierre,  à  une  profondeur  comprise  entre  i  et  2  mètres,  repré- 
senterait encore  i433  kilogrammes  par  hectare,  si  cette  terre  formait  à  elle 
seule  une  couche  de  26  centimètres  d'épaisseur.  Ces  résultats,  considérés 
dans  leur  ensemble,  nous  montrent  que,  sans  tenir  compte  des  nitrates 
qu'elle  contient,  une  couche  de  terre  d'un  mètre  d'épaisseur  peut  renfermer 
des  masses  considérables  de  matières  azotées,  destinées  par  la  Providence 
à  subvenir  à  l'entretien  et  au  développement  des  récoltes  à  venir. 

»  Nous  voyons  également  que  les  racines  des  plantes  fourragères  pivo- 
tantes, lorsqu'elles  pénètrent  à  des  profondetirs  considérables,  peuvent 
encore  y  trouver  en  proportions  assez  importantes  les  éléments  nécessaires 
à  leur  développement. 

»  Il  est  facile  de  comprendre,  en  présence  de  ces  résultats,  comment  le 
trèfle  peut,  sans  nuire  à  la  fertilité  des  couches  superficielles,  trouver  dans  le 
sol,  pendant  les  deux  années  de  sa  durée,  les  264  kilogrammes  d'azote,  né- 
cessaires à  la  production  de  ses  quatre  coupes  ;  comment  le  sainfoin  peut  y 


(  7'6  )  •     ■ 

trouver,  tout  en  enrichissant  par  ses  débris  la  couche  céréahfère,  les  335  ki- 
logrammes d'azote  dont  l'analyse  indique  la  présence  dans  le  produit  de  ses 
trois  années  d'existence;  comment  la  luzerne,  sans  affamer  la  couche  supé- 
rieure du  champ  qui  la  nourrit  pendant  cinq  ans,  peut  prélever  sur  celui-ci 
à  l'état  de  fourrage  près  de  800  kilogrammes  d'azote  en  combinaison  ;  com- 
ment enfin  les  racines  de  cette  plante  qui  cessent  de  se  développer  normale- 
ment dès  que  la  nourriture  leur  fait  défaut,  peuvent  encore  trouver,  à 
2  mètres  de  profondeur,  l'un  des  éléments  que  l'on  s'accorde  à  considérer 
aujourd'hui  comme  les  plus  indispensables  à  la  végétation. 

»  A  quel  état  de  combinaison  et  sous  quelle  forme  se  trouvent  ces  vingt 
mille  kilogrammes  d'azote  que  l'on  peut  trouver  sur  un  hectare  de  terre,  sans 
pénétrer  à  plus  d'un  mètre  de  profondeur?  C'est  ce  qu'il  serait  peut-être  assez 
difficile  de  préciser  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  malgré  les  tra- 
vaux remarquables  qui  ont  été  publiés  dans  ces  derniers  temps.  Toutefois 
si  nous  nous  rappelons  comment  sont  habituellement  appliqués  sur  le  sol 
les  engrais  de  toute  nature  qui  lui  sont  confiés,  si  nous  nous  rappelons  que 
ces  engraiiis  sont  ordinairement  incorporés  dans  la  couche  supérieure  à  une 
profondeur  qui  dépasse  rarement  20  à  aS  centimètres,  nous  serons  obligé 
de  reconnaître  que  cette  masse  d'azote  que  nous  trouvons  dans  le  sol,  à  une 
plus  grande  profondeur,  ne  doit  pas  y  avoir  été  introduite  par  l'homme 
directement. 

»  A  priori,  on  peut  attribuer  à  trois  sortes  de  causes  principales  les  ma- 
tières azotées  disséminées  actuellement  dans  les  couches  inférieures  du  sol 
qui  ne  sont  pas  entamées  par  les  instruments  aratoires  : 

»  1°.  Les  matériaux  constitutifs  du  sol  primitif  avant  toute  culture,  même 
avant  leur  désagrégation,  pouvaient  contenir  en  combinaison  une  portion 
plus  ou  moins  importante  de  l'azote  qui  s'y  trouve  aujourd'hui. 

»  2°.  L'atmosphère  apporte,  depuis  des  siècles,  un  notable  contingent  de 
matières  azotées  de  natures  diverses. 

»  3°.  Enfin  les  engrais  incorporés  dans  la  couche  arable  ont  pu  céder 
aux  couches  inférieures  une  partie  de  leurs  principes  fertilisants.  » 


(7'7) 


MEMOIRES  LUS. 


PHYSIQUli.  —  Sur  une  mélliode  propre  à  rechercher,  si  l'azimul  de  polarisclion 
du  rayon  réfracté,  est  influencé  jjctr  le  mouvement  du  corps  réfrin(jent.  Essai 
de  cette  méthode;  par  M.  H.  Fizeau.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

o   L'existence  de  l'éther  lumineux  paraît  aujourd'hui  si  hieu  étahiie,  et  le 
i'ôle  que  ce  milieu,  universellement  répandu,  peut  jouer  dans  la  nature, 
semble  devoir  être  si  considérable,  que  l'on  a  lieu  de  s'étonner  du  petit 
nombre  de  phénomènes  encore  connus,  dans  lesquels  il  se  révèle  avec  certi- 
tude. On  peut  entrevoir  cependant,  que  les  plus  grands  progrés  pour  les 
sciences  physiques,  seront  la  conséquence  probable  des  découvertes   qui 
viendront  successivement  ajouter  à  nos  connaissances  sur  ce  sujet.   Sous 
l'influence  de  cette  pensée,  j'ai  entrepris  diverses  recherches  dirigées  spé- 
cialement vers  le  but  que  je  viens  d'indiquer.  Les  premiers  résultats  positifs 
auxquels  je  suis  parvenu,  ont  été  le  sujet  d'un  précédent  Mémoire,  soumis 
en  i85i  au  jugement  de  l'Académie.  Dans  ce  Mémoire  on  examine  diverses 
hypothèses  faites  sur  les  rapports  de  l'éther  lumineux  avec  les  corps  en  mou- 
vement; on  montre  ensuite  que  ces  hypothèses  peuvent  être  soumises  à  une 
épreuve  décisive,  en  mesurant  la  vitesse  de  la  lumière  dans  les  corps  en 
repos  et  dans  les  corps  en  mouvement  ;  enfin  on  rapporte  les  résultats  des 
expériences  dans  lesquelles  on  a  pu  constater,  que  le  mouvement  d'un  corps 
change  réellement  la  vitesse  avec  laquelle  la  lumière  se  propage  dans  son 
intérieur.  C'est  en  chassant  avec  vitesse  une  colonne  d'eau  dans  le  double 
tube  d'Arago,  et  en  observant  le  déplacement  des  franges  d'interférences 
formées  par  les  rayons  qui  avaient  traversé  l'eau  en  mouvement,  que  ce 
phénomène  a  pu  être  constaté  et  mesuré. 

»  La  même  expérience  a  été  faite  avec  un  milieu  gazeux,  l'air,  égale- 
ment animé  d'une  grande  vitesse  ;  mais  le  déplacement  des  franges  dans 
cette  circonstance  a  été  insensible.  On  rapporte  dans  le  Mémoire  les  raisons 
qui  expliquent  ce  résultat  négatif,  et  l'on  montre  qu'il  doit  être  attribué  à  la 
faible  densité  de  la  matière,  et  qu'il  ne  contredit  nullement  le  fait  observé 
avec  l'eau.  *• 

«  Pour  compléter  et  étendre  les  résultats  des  recherches  que  je  viens  <Je 
rappeler,  il  était  important  d'étudier  sous  le  même  rapport  un  corps  solide 

C.  R.,  1859,  2'  Semestre.  (T.  XLIX,  K»  20.)  94 


{  7'8  ) 
comme  le  verre,  afin  de  constater  si  la  lumière  s'y  propage  aussi  avec  des 
vitesses  différentes,  lorsqu'il  est  en  repos  ou  en  mouvement.  C'est  dans  ce 
but   qu'ont  été  entreprises  les  recherches,   qui   font  le  sujet   du  nouveau 
Mémoire  que  je  soumets  aujourd'hui  au  jugement  de  l'Académie. 

»  Quant  au  mode  d'observation,  celui  qui  avait  été  précédemment  em- 
ployé pour  l'air  et  pour  l'eau,  pouvait  bien  s'appliquer  aux  autres  gaz  et  aux 
liquides  de  différente  nature,  mais  il  ne  permettait  pas  l'emploi  des  corps 
solides.  Il  a  donc  fallu  recourir  à  d'autres  principes  et  employer  une 
méthode  différente.  Voici  les  principes  sur  lesquels  on  s'est  appuyé  : 
On  sait  depuis  longtemps,  d'après  les  recherches  de  Malus,  de  M.  Biot 
et  de  sir  D.  Brewster,  que  lorsqu'un  rayon  de  lumière  polarisée  vient 
à  traverser  une  lame  de  verre  inclinée,  le  plan  de  polarisation  n'est  plus 
en  général  le  même  dans  le  rayon  transmis  que  dans  le  rayon  incident. 
Sous  l'influence  des  deux  réfractions  produites  par  les  deux  surfaces  de  la 
lame,  le  plan  de  la  polarisation  primitive  éprouve  une  certaine  rotation 
dont  la  valeur  dépend  simultanément  :  i"  de  l'inclinaison  du  rayon  sur  la 
lame  de  verre  ou  de  l'angle  d'incidence  ;  2°  de  l'azimut  du  plan  de  la  pola- 
risation primitive  rapportée  au  plan  de  la  réfraction;  3"  de  l'indice  de  ré- 
fraction de  la  matière  dont  la  lame  est  formée. 

»  C'est  surtout  l'influence  de  l'indice  de  réfraction  qu'il  convient  de 
considérer  pour  le  sujet  qui  nous  occupe.  L'angle  d'incidence  et  l'azimut 
restant  les  mêmes,  la  rotation  est  d'autant  plus  grande,  que  la  matière  dont 
la  lame  est  formée  possède  un  indice  de  réfraction  plus  élevé;  et  comme 
l'indice  de  réfraction  d'un  corps  est  inversement  proportionnel  à  la  vitesse 
de  la  lumière  dans  ce  milieu,  il  suit  de  là  que  la  valeur  de  la  rotation  est 
subordonnée  à  la  vitesse  avec  laquelle  la  lumière  se  propage  dans  la  sub- 
stance considérée,  cette  rotation  étant  d'autant  plus  grande,  que  la  vitesse 
de  la  lumière  y  est  plus  faible.  Si  donc  la  vitesse  de  la  lumière  vient  à 
varier  par  une  cause  quelconque  à  l'intérieur  de  la  substance,  on  peut  pré- 
voir que  la  rotation  subira  une  variation  correspondante,  et  l'étude  de  la 
vitesse  de  la  lumière  peut  être  ainsi  ramenée  à  l'observation  d'un  phéno- 
mène facile  à  constater,  comme  la  rotation  du  plan  de  polarisation. 

»  Examinons  maintenant,  comment  ce  principe  peut  être  appliqué  à  la 
recherche  des  petites  variations  de  vitesse,  que  peut  éprouver  la  lumière 
lorsqu'elle  traverse  un  corps  solide  en  mouvement. 

»  Avant  tout,  il  a  parii  nécessaire  de  déterminer  le  changement  apporté  à 
ta  valeur  de  la  rotation,  par  un  accroissement  ou  une  diminution  dans  la  valeur 
de  l'indice  de  réfraction.  Des  mesures  directes  et  comparatives  des  indices 


(  7'9  ) 
de  réfraction  et  des  rotations,  poiu'  le  fJintet  le  verre  ordinaire,  sont  rappor- 
tées dans  le  Mémoire;    elles  montrent  que  l'indice  venant  à  augmenter 
d'une  petite  fraction,  la  rotation  augmente  d'une  fraction  4  fois  et  demie 
plus  grande. 

»  Cherchons  maintenant  quel  est  le  cliangernenl  de  vitesse  que  l'on  peut 
attribuer  à  un  rayon  de  lumière,  dans  l'intérieur  du  verre,  lorsqiiion  suppose  ce 
corps  en  mouvement. 

»  Bien  qu'aucune  expérience  positive  n'ait  encore  décidé  la  question,  les 
probabilités  les  plus  grandes  autorisent  à  supposer,  que  le  mouvement  du 
milieu  doit  donner  lieu  pour  le  verre  à  un  changement  de  vitesse  du  rayon 
intérieur,  analogue  à  celui  que  l'expérience  a  constaté  pour  l'eau,  et  que  ce 
changement  doit  se  faire,  pour  l'un  comme  pour  l'autre  milieu,  suivant 
l'hypothèse  conçue  par  Fresnel,  comme  la  plus  propre  à  expliquer  à  la  fois 
le  phénomène  astronomique  de  l'aberration  de  Bradley  et  l'expérience  néga- 
tive d'Arago  sur  la  réfraction  de  la  lumière  des  étoiles  par  un  prisme  de 
verre  :  réfraction  que  ce  grand  physicien  avait  supposé  devoir  être  influen- 
cée par  le  mouvement  de  la  terre  dans  son  orbite,  et  que  l'expérience  a 
montré  être  parfaitement  constante. 

»  On  est  donc  autorisé  à  employer  la  formule  de  Fresnel,  pour  prévoir  la 
valeur  du  changement  de  vitesse  que  peut  éprouver  le  rayon  intérieur  du 
verre  sous  l'influence  du  mouvement. 

»  La  plus  grande  vitesse"d'un  corps  matériel  qu'il  nous  soit  donné  de 
faire  intervenir  dans  nos  expériences,  est  certainement  la  vitesse  de  trans- 
lation de  la  terre  dans  son  orbite ,  vitesse  que  notre  esprit  peut  à  peine 
concevoir  et  qui  n'est  pas  moindre  en  effet  de  3iooo  mètres  par  seconde. 
Ce  mouvement,  qui  est  insensible  à  nos  yeux,  parce  que  nous  en  sommes 
animés  simultanément  avec  tous  les  objets  qui  nous  entourent,  a  lieu  sui- 
vant une  direction  qui,  pour  nos  instruments,  varie  sans  cesse  et  avec  l'épo- 
que de  l'année,  et  avec  l'heure  du  jour,  mais  qu'il  est  toujours  facile  de 
déterminer.  A  l'époque  des  solstices,  par  exemple,  la  direction  de  ce  mou- 
vement se  trouve  être-horizontale,  et  de  l'est  à  l'ouest  à  l'heure  de  midi;  de 
sorte  que  dans  ces  circonstances,  une  lame  de  verre  recevant  un  rayon  de 
lumière  venant  de  l'ouest,  doit  être  considérée  comme  se  mouvant  réelle- 
ment d'une  vitesse  de  3iooo  mètres  par  seconde,  dans  un  sens  contraire  à 
celui  de  la  propagation  de  la  lumière.  Si  au  contraire  le  rayon  incident  vient 
de  l'est,  le  verre  doit  être  considéré  comme  se  mouvant  avec  cette  même 
vitesse,  dans  la  même  direction  que  la  lumière. 

»  Voici  pour  le  verre  le  changement  de  rotation  correspondant  au  chan- 

94-. 


(  720  ) 
gement  de  vitesse  du  rayon  produit  par  le  mouvement  terrestre.   T.e  calcul 
rapporté  dans  le  Mémoire  conduit  à   admettre  un  changement  probable 
de  -5-5*077  dans  la  rotation  produite  par  le  verre  sous  l'influence  du  mouvement 
annuel  considéré  dans  ses  deux  directions  opposées. 

»  nioycn  d'isoler  le  rayon  réf raclé  par  des  piles  de  glaces.  —  Los  premiers 
essais  ont  eu  pour  but  d'isoler  parfaitement  le  rayon  réfracté,  cpii  seul  devait 
être  observé,  des  autres  rayons  réfléchis  par  les  surfaces  du  verre. 

»  Des  dispositions  minutieuses  ont  été  reconnues  nécessaires  pour  isoler 
complètement  le  rayon  direct,  et  lui  conserver  en  même  temps  luie  direction 
sensiblement  parallèle  à  sa  direction  première. 

Disposition  optique  employée  pour  observer  les  rotations. 

»  Cet  appareil  décrit  dans  le  Mémoire,  permet  de  placer  une  série  de  piles 
de  glaces  sur  le  trajet  d'un  faisceau  de  lumière  polarisée  parallèle,  le  plan  de 
la  polarisation  primitive  étant  déterminé  par  un  cercle  divisé,  et  la  rotation 
de  ce  plan  par  l'action  des  piles  étant  mesurée  sur  un  second  cercle  divisé  au 
moyen  d'un  analyseur  convenable,  et  l'instrument  peut  être  orienté  dans 
différentes  directions,  de  manière  à  étudier  l'influence  du  mouvement  ter- 
restre sur  les  phénomènes. 

»  Pour  faire  commodément  et  rapidement  la  double  observation,  ou  a 
disposé  à  l'avance  deux  miroirs  fixes,  l'un  à  l'est,  l'autre  à  l'ouest  de  l'in- 
strument, et  au  moyen  d'un  héliostat  on  dirige  un  faisceau  de  lumière 
solaire  alternativement  sur  l'un  ou  l'autre  de  ces  miroirs,  d'où  il  est  réfléchi 
vers  l'instrument. 

»  Les  difficultés  résultant  de  la  tremj>e  des  verres  sont  les  plus  grandes 
qui  aient  été  rencontrées  dans  ces  recherches.  Un  nombre  considérable  de 
fragments  de  verres,  d'origines  et  de  natures  diverses,  ont  été  examinés 
avec  soin;  aucun  n'a  été  trouvé  complètement  exempt  de  trempe.  On  a  es- 
sayé de  recuire  de  diverses  manières  les  glaces,  et  l'on  est  parvenu  à  dimi- 
nuer seulement  la  trempe,  sans  la  détruire.  Des  essais  spéciaux  ont  été  faits 
dans  plusieurs  verreries,  sans  résultats  plus  complets.  Toutefois,  malgré 
ces  insuccès,  il  est  permis  d'espérer  que  de  nouveaux  essais,  conduits  avec 
persévérance,  permettront  de  résoudre  prochainement  cette  difficulté. 

»  Cependant,  en  employant  des  artifices  de  compensation  et  surtout  en 
profitant  d'une  propriété  remarquable  des  piles  de  glaces,  d'amplifier  pour 
certains  azimuts  les  variations  de  la  rotation,  on  est  parvenu,  avec  des  verres 
encore  imparfaits,  k  réaliser  plusieurs  dispositions  de  piles  au  moyen  des- 
quelles on  a  pu  faire  les  expériences  rapportées  dans  les  tableaux  suivants  : 


(  72' 


Disposition   (  A  ) 


DATES. 


Juin 


I 


Juillet 


NOMBRE 

des  observations 


Vers 
l'est. 


|6 


3o 
I 


i3 

1',: 


II 

3,'l 
■?'^ 

1.5 

i5 
20 
i5 

25 

3o 
3o 

'7 
20 
>-i 
12 
21 
'7 
'•7 
21 
40 
20 
10 


20 

2(i 
2/, 

i5 

25 

i5 
10 
16 
10 


10 
10 
10 


10 
10 

"4 
10 
10 
iti 

14 
10 
10 
10 

10 


Vers 
l'ouest. 


32 
35 

15 
15 

20 
i5 

25 

Ji 

•9 
22 
i3 
i5 
18 
21 

29 
i5 

41 
22 
10 
10 
10 
12 
20 

23 

20 
i5 
i5 
i5 
10 
16 
20 


10 
i5 

'4 
20 
20 


10 
10 
10 


10 

16 

>4 
10 
10 
10 
10 


EXCES 

(le  rotation 

potirlndiroction 

ouest. 


33 
45 
60 
6G 

90 
20 

l'A 

53 
38 

25 

54 

I  .21) 
l.l'S 
I  .  I 

4' 
57 

3i 

46 
—  7 
53 .  3o 

37 

23. 3o 
60 

32 

53. 3o 

49 

23. 3o 
39 
«9 

39 

9-3o 
56. 3o 
26 
55. 3o 

25 

23. 3o 

\l 
62 
5o 

43 

'9 
55. 3o 

59 
43 

i't 
59 
2S 

59 
^î 
5o 
3i 

43 

.',2 

3 

59 


.  HEURE 
MOYENNE. 


Il      m 

4 

2.3o 


1 1 .3o 

;<' 

1 1 .3o 
2.3o 
3.3o 


4 
1 1 .45 

2.  i5 

4 
3 


4 
1 2 . 1 5 


4 

i.3o 
3 

4 
12 
3.3o 

12.. ',5 

II  .3o 

4 

II .  |5 

4 
I 


12.  i5 
2.3o 


./|5 
.3o 


•( 


10.^5 

I  ■! .  .io 

2    /j5 

4 

10. 3o 
12. 3o 

4 
4 

12. 3o 

4 


3./|5 


REMARQUES. 


(Excès  calculé,  au  solstice  à  midi,  45' à  65'). 


Dans  CCS  trois  séries  on  a  introduit  ii  iJossein  une  er- 
reur constante  dans  l'appareil  en  inclin.int  l'axe  de  ro- 
tation ,  afin  d'observer  l'influence  de  l'heure  dans  des 
conditions  différentes  des  précédentes. 

A  partir  de  celte  série,  on  a  ajouté  .à  l'appareil  une  l(i  nette 
accessoire  destinée  à  assurer  l'identité  de  direction  du 
rayon  dans  les  deux  situations  de  l'appareil. 

Excès  inverse,  c"est-ii-dire  pour  la  direction  est. 

A  partir  de  cette  série  l'appareil  est  consolidé  avec  deux 
longs  tubes  de  verre  mastiqués  pour  éviter  les  flexions. 


Un  fil  à  plomb  est  ajouté  à  l'appareil  pour  maintenir 
l'axe  vertical  et  éviter  les  flexions. 


Un  des  miroirs  (celui  de  l'est)  ayant  paru  défectueux, 
l'autre  est  divisé  en  deux  parties,  la  première  ppur 
l'est,  la  seconde  pour  l'ouest. 


Amélioration  des  images   par  un  polit  changement  de 
direction  du  rayon  et  par  l'addition  d'un  écran. 


Observation3  alternées  de  deux  en  deux  pour  diminuer 
l'influence  des  changements  do  tempcrattiro. 


Série  de  '^  h.  faîte  avec  des  précautions  particulières. 


\  Le  i/(  on  a  interverti  les  positions  d-^s  miroirs;  une  pile 
(  est  de'.'omie  oscillante  sur  son  support  par  l'eiïet  de 
\       la  chaleur  sur  les  lièges. 


(    723    ) 


Disposition  (  B  ) , 

NOMBRE  DES  OBSERVATIONS 

EXCÈS 

de  rotation 

HEURE 

DATES. 

Vers 

Vers 

pour  la  di- 
rection 

moyenne. 

REMARQUES, 

l'est. 

l'ouest. 

ouest. 

Septemb.  18 

II 

i3 

81' 

h     m 

3. 

(Excès  calculé,  au  solstice  à  midi,   120' 
à  i4o'). 

io 

'4 

18 

i39 

2. 
i.i5 

Miroir   de   l'héliostat   remplacé  par  un 

24 

16 

16 

128 

prisme  à  réflexion    totale  :    observa- 

tions faites  avec  un  verre  jaune. 

Octobre      5 

10 

10 

120 

1 .3o 

Dispersion  des  plans  des  couleurs  com- 

6 

8 

4 

i55 

2.45 

pensée    par    un   flacon    d'essence   de 
citron. 

Disposition  (C) 

Octobre    1 7 

i5 

i5 

55' 

h     m 
i.3o 

(Excès  calculé,   au  solstice  à  midi,  5o' 

à  60') 

'7 

i3 

23 

3o 

2.45 

Azimut  de  polarisation  dans  une  posi- 

22 

12 

" 

38 

2.l5 

tion  défavorable. 
Azimut  de  polarisation   dans  une  posi- 

•7 

"7 

18 

33 

2. 

tion  défavorable. 

2/1 

23 

25 

45 

2. 

Autre  situation  de  l'azimut  de  polarisa- 
tion. 

1 

»  Tel  est  l'ensemble  des  résultats  obtenus  jusqu'ici  ;  on  les  a  rapportés  en 
totalité,  en  ne  supprimant  que  quelques  séries  évidemment  fautives^  par 
suite  d'accidents  constatés,  ou  faites  avec  un  nombre  d'observations  insuf- 
fisant, par  l'effet  des  interruptions  produites  par  les  nuages. 

»  On  a  du  reste  multiplié  le  plus  possible  les  mesures,  dont  le  nombre 
total  s'élève  à  plus  de  2000,  afin  que  les  moyennes  fussent  mieux  dégagées 
de  toutes  les  causes  d'incertitude. 

»  On  a  rapporté  les  nombres  obtenus  avec  l'indication  de  la  date  et  de 
l'heure  moyenne  des  observations;  il  eût  fallu,  pour  les  rendre  immédiate- 
ment comparables,  les  réduire  à  une  même  époque  et  à  une  même  heure  ; 
le  temps  a  manqué  pour  effectuer  ces  calculs,  mais  on  peut  apercevoir  dès 
maintenant  certaines  conséquences  qui  ressortent  naturellement  de  l'en- 
semble de  ces  déterminations. 


(  7^3  ) 

»  i".  Les  rotations  du  plan  de  polarisation,  produites  par  des  piles  de 
glaces  inclinées,  sont  constamment  plus  grandes  lorsque  l'appareil  est  di- 
rigé vers  l'ouest  que  lorsqu'il  est  dirigé  vers  l'est,  l'observation  étant  faite 
vers  le  milieu  du  jour. 

I)  2°.  L'excès  de  rotation  observé  paraît  décidément  maximum,  vers  midi, 
à  l'époque  du  solstice.  Il  est  plus  faible  avant  et  après  cette  heure,  et  vers 
4  heures  il  est  peu  sensible. 

»  3°.  Les  valeurs  numériques,  déduites  de  différentes  séries  d'observa- 
tiotis  très-multipliées,  présentent  des  différences  notables,  dont  on  peut 
soupçonner,  mais  non  déterminer  encore  les  causes  avec  certitude. 

»  f\°.  Les  valeurs  de  cet  excès  de  rotation,  calculées  au  moyen  de  rai- 
sonnements où  l'on  a  cherché  à  tenir  compte  de  l'influence  du  mouvement 
annuel  de  la  terre,  s'accordent  d'une  manière  assez  approchée  a^ec  la  plu- 
part des  nombres  déduits  de  l'observation. 

»  5°.  On  est  donc  conduit,  par  le  raisonnement  et  par  l'expérience,  à 
admettre  comme  très-probable,  que  l'azimut  de  polarisation  du  rayon  ré- 
fracté est  réellement  influencé  par  le  mouvement  du  milieu  réfringent,  et 
que  le  mouvement  qui  entraîne  la  terre  dans  l'espace,  exerce  une  influence 
de  cette  nature  sur  les  rotations  produites  dans  la  lumière  polarisée  par  des 
piles  de  glaces  inclinées. 

M  Ces  expériences  doivent  être  continuées  au  moyen  d'un  appareil  qui 
sera  prochainement  terminé,  et  dont  les  dispositions,  spécialement  appro- 
priées à  ces  recherches,  permettront  de  les  poursuivre  avec  tout  le  dévelop- 
pement que  réclame  l'importance  du  sujet.  » 

ÉCONOMIE  RURALE.   —  Grenier  conservateur  de  [invention  de  M.  E.  Pavy. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  MM.  Boussingault,  Morin,  Decaisne,  Maréchal  Vaillant.) 

«  Le  grenier  conservateur  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement 
de  l'Académie  et  dont  je  mets  sous  les  yeux  la  figure  accompagnée  d'une 
légende  explicative,  est  disposé  de  manière  à  remplir  les  indications  sui- 
vantes : 

»  Il  nettoie  et  emmagasine,  presque  sans  frais  supplémentaires,  le  blé  à 
sa  sortie  de  la  machine  à  battre,  quelle  qu'elle  soit,  dont  par  conséquent 
il  serait  le  complément. 

»   Il  applique  à  l'emmagasinage  des  blés  des  matières  qui,  par  leur  forme 


(  724  ) 
et  les  conditions  dans  lesquelles  elles  sont  employées  pour  la  première  fois, 
réduisent  le  prix  des  réservoirs  de  i  '■■  5o"  à  a  ''  /jo  "^  par  contenance  d'hecto- 
litre; suivant  la  matière  employée  qui  semble  devoir  être  principalement 
des  cylindres  de  poterie  de  5o  centimètres  de  diamètre  et  de  hauteur,  super- 
posés et  juxtaposés  comme  un  faisceau  de  gros  tuyaux  d'orgue,  par  lesquels 
le  blé  s'écoule  naturellement  dans  le  tarare  qu'Us  dominent  pour  passer  in- 
tégralement et  périodiquement  d'un  réservoir  dans  un  autre  réservoir  eu 
recevant  un  énergique  nettoyage,  qui  ne  revient  à  bras  d'homme  qu'à  i  cen- 
time par  hectolitre  et  à  mouis  d'un  ~  centime  lorsque  le  mouvement  vient 
de  l'excédant  de  force  d'une  machine  à  vapeur  ou  d'un  manège,  d'nne  chute 
d'eau  ou  des  ailes  d'un  moulin  à  vent. 

»  Ainsi  par  l'ensemble  des  combinaisons  de  cet  appareil,  quelques  minutes 
suffisent  pour  extraire  le  blé  de  la  gerbe,  le  nettoyer  deux  ou  trois  fois, 
l'emmagasiner  et  le  convertir  en  farine  de  plusieurs  qualités  sans  que  la 
meule  ou  la  main  du  meunier  s'en  mêlent,  avec  une  très-notable  économie 
de  force  et  de  personnel  ;  ou  le  livrer  au  commerce,  très-propre,  mis  dans 
les  sacs  pesés  et  comptés  sans  l'assistance  de  l'homme  et  ayant  dans  ces  dif- 
férentes opérations  économisé  lo  personnes.  Un  grenier  conservateur  de 
4ooo  hectolitres  coûterait  i5,ooo  francs  à  construire  ou  S''  75'  par  hec- 
tolitre.  » 

mëmoirës  présentés. 

THÉOBIE  DES  NOMBRES.  —  Recherches  sur  les  nombres  premiers:  extrait  d'une 
Lettre  adressée  à  M.  Hermite  par  M.  A.  de  Polignac.  (Suite.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liouville,  Lamé,  Hermite.) 

«  Si  nous  faisons  la  somme  de  (10)  et  (1 1),  nous  aurons 

logtp(jr)-»-  log;^(x)  =  [logÔ(x)4-logv(a?)]+logp.'(.r^) 
+  [logâ(j:»)  +  logv(j:)»j  +  \oqij:{x)*  +..., 

et  comme  \og6{jc)-+-  logv(x)=  \og^'{x), 

log<^[x)  -f-  logx(^t)  =  log^'  (x)  -f-  log|7.'(i^)  -^  \og[i'  (a-^)  +  log/ji'  (x~') 

=  ]og(p'{x). 


(  725  ) 
Ainsi  nous  connaissons  la  somme 

(i3)  log<i^{x)-^\ogx{x)~log<p'{x). 

n  Si  maintenant  nous  faisons  la  différence  (9)  —  (12),  nous  trouverons 
que  le  premier  nombre  sera  positif  ou  négatif,  suivant  que  le  nombre 
impair  immédiatement  inférieur  à  x  sera  de  la  forme  4"  H-  i  ou  4"  +  3; 
nous  verrons  encore  que  cette  différence  est  toujours  comprise  entre  +  log.r 
et  —  logx;  en  sorte  que  nous  aurons 

(i4)  +  \ogx>\og^{x)-  logx(^)  +  logx(|)  -logtj;(^) 

-rogx(f)  +  iogt(f  )-»-•••' 

(i5)        -loga:<log<j;(x)-logx(x)+logx(f)  -  H'^[l) 

+  log^(f)_logx(5).... 
Or,  par  la  nature  même  des  fonctions  (j;  et  x>  nous  savons  que 

log4-(x)>log+(-^)>log^(î)>log<}.(^)>log^(^)..., 

logx(^)  l  logX  (f  )  =  logx  (5)^  log<}.  (^)  >  log^j;  (£j.... 

L'inégalité  (i4)  peut  s'écrire 

+  logJC>  log<j;(a7)  -  logx(j:)  -  log(|;^^^ 

+  [logx(i)-logx(i)  +  ïogx(f)---] 
+  [log  <];  (^)  -  log  ^  (^)  +  log  (|;  (^)  . . .]. 

Or,  par  la  nature  même  des  fonctions  ij>  et  x,  les  quantités  entre  parenthèses 
sont  positives;  donc 


-h\o^x>log<i^{x)  -  logx(.x^)-log<j;(jj: 
-  logj:  <  \og^{x)  -  logx(J?)  -I-  logx(f)  ; 


(.5) 

de  même 

(16) 

G.  R.,  1859,  2""  Semeslre.  (T.   XLIX,  N«20.; 


95 


(  7^6  ) 
mais,"en  vertu  de  (i3), 

et  à  cause  de  (7)  et  (8), 

log(|;(x)  H-  \ogy^{a:)>  Ax  —  Blogx  —  i, 
,6 

5 

d'où 


log(J^(j:)  +  \ogx{^)  <-s^^  +  B'iog^x  +  C'ioga:  +  D', 


(17)  logx(jr)  >  —  logt^j:)  +  Ax  -  Blogj?  —  i, 

(18)  ]ogx{^)<  —  logtj/(a:)-h|A^H-B'log»a^-f-C'loga--4-D'. 

Remplaçant  dans  (16)  log;((a:)  par  le  second  membre  de  l'inégalité  (17)  on 
aura  à  fortiori 

—  loger  <  2.\ogi^{x)  —  Ax  +  Blogx  +  I  +  logX  (3)' 

et  remplaçant  log;((^j   par  le  second  membre  de  l'inégalité  (18),  nous 

aurons 

3 
—  loga:  <  2logi|^(a,)  —  --Ax  +  B'iog' j: 

+  [B  —  2  B' log  3  +  C]  loga:  +  B'  iog*  3  -  C log 3  +  D'  -+- 1 , 

ou,  pour  abréger, 

(19)  logtj;(a-)>^Aa:-B''log''a-  — C"loga--D". 

Si  maintenant,  dans(i5)  nous  remplaçons  log;((x)  par  le  second  mem- 
bre de  (18),  nous  aurons 


log  (j; {x)  -  log  ^  (f  \  <  I  Aa:  +  B'iog'j:  +  (C  -f- 1)  logo:  +  D', 
iori 
alog«j^(j:)-  2log(|-(|j  <|Ajr+B'log^^  +  (C'+i)logjr  +  D', 

(ao)     log<|;(jr)-log|^j)  <AAar  +  |log=x-4-^^^^logj:;  +  5.. 


ou  à  fortiori 


d'où 


(  7^7  )    , 
mais,  puisque  x  est  quelconque,  on  a  de  même  : 

iog+(f.)- iog+(5^)  <^A|  +  |:iog'x+(<i')iogx+2:. 

En  faisant  la  somme  de  ces  deux  inégalités  membre  à  membre,  nous  trou- 
verons 

'3  — i' 


(ai) 


logif(x)  -  logtj;^^^)  <:^Aj?( 


2.3" 


nB',      ,,  /C'-(-i\,  «D' 

+  —  log^X+«     — —     log^4-— - 


Or,  si  nous  prenons  ?i  de  façon  à  ce  que 

—  ^  'i—  <^  ^ 


3»+. 


log  ij;  (  ^^^  J  sera  nul  et  nous  aurons 


logor  — log5  '.og.r  —  logS 

"< — bp~~'    ""^ — i^p '5 

l'inégalité  (ai)  deviendra  alors 

(22)      logi^x)  <  -^  Aa:  +  B"'log»  j:h-  C"'log»x  +  D"'logx  +  E". 

»  D'ailleurs,  les  valeurs  numériques  de  B"',  C",  D'",  E'"sont  bien  faciles  à 
déterminer;  je  les  omets  pour  simplifier. 

»  Nous  sommes  donc  parvenus  à  déterminer  deux  expressions  continues 
qui  comprennent  l'expression  \o^^{cc'). 

»  Il  nous  sera  maintenant  facile  de  trouver  deux  expressions  analogues 
comprenant  log  Q{x)^  ^("^)  désignant,  comme  on  sait,  le  produit  de  tous  les 
nombres  premiers  de  la  forme  4  «  +  i  jusqu'à  ,r . 

»  En  effet,  en  vertu  de  (  i  o),  on  a 

logif  (x)  =  logô(j:)  +  log/(jc"2)  +  log^lxâ)  +log/Ji'(jî*)4-  ..., 

95.. 


(  728  ) 
et  en  vertu  de 

log  <p'  (x)  =  log  fjL'  {x)  +  log  ij.'  (cr * j  4-  log  n.'  {x^J  -+-  log  ix'  \x^)  ■+■ . . 
on  -dix  étant  quelconque) 

log  9'  (:c  V  =  log  F'  (•^  V  +  log  1^'  ("^^V  +  'og  F-'  (-a?^)  +  log  II'  («r»)  + 
donc 
logt|-(ar)  -  logy'(j?'^)=logÔ(j:)+  \og6(x^)  ■+■  \ogô{x^)  +  ..., 

d'où 

(^3)  loge{x)<ïog<i^{x)-log<p'(x^); 

on  trouverait  aussi 

[iogiJ.ix)^-\oge{x^)] 

[+  [logj:jL'(j:*)-  logÔ  (a:^)]  +  . 
Or  la  quantité  entre  parenthèses  est  essentiellement  positive,  car 

log^'  (x^)  >  log  e  (x^);     logfi'  {x^)  >  logÔ  (x^)...; 


log({;(x)-  2log9'(a:V  =  logÔ(a:}  -■ 


donc 

(^4) 

d'où 

(25) 

et 

(.6) 


logô(x)  >logij>(x)  —  2log9'(x2), 

\oge{x)<-^Ax  +  B"'log'x+  C"  log^r  +  D'"  logx  +  E'" 
—  \  \/x  -h  Blog  \/x  -h  i  =  t [x), 


\oge{x)>  -^Ax-B"log-^x-C"logx 
-D"a-  (^Aylx-^B'\og'\Jx  +  C\og\/x+D')=t'{x). 

»   Maintenant,  au  moyen  des  inégalités  (aS)  et  (26),  nous  pouvons  faire 
voir  qu'à  partir  d'un  certain  nombre  facile  à  déterminer, 

loge(4j:^)-loge(x)>o, 

et  qu'on  n'aura  jamais  log 5(4-^)  —  log(a:)  =  o  (pour  x  >  2);  i\[  s'ensuit 
qu'il  y  a  au  moins  un  nombre  premier  de  la  forme  4«+  '  compris  entre 
4x  et  x. 


(  7^9  ) 
»  En  effet, 

(a7)  loge(4^)-log9(x)><'(4:c)-<(jr), 

et  , 

f{^x)  —  t{x)  =  —Ax—  •^Av/^4-i'log»a: 

-4-  clog*  X  ■+-  dlogx  ■+■  e  log*  s/x  -+-/log  \/x  -t-  g, 

b,  c,  d,  e,J\  g  sont  des  valeurs  numériques  qu'on  détermine  immédiate- 
ment et  qui  sont  positives  ou  négatives;  A  est  essentiellement  positif.  Po- 
sons t'  {/ix)  —  t{x)  =  \J{x).  Si  nous  désignons  par  x'  un  nombre  positif 
immédiatement  supérieur  à  la  plus  grande  racine  de  U  {x)  =  o,  nous  au- 
rons U  {x')  >  o,  et  pour  toute  valeur  x"  >  x',  on  aura  toujours  U"(jc)  >  o. 
Donc,  à  partir  de  x',  il  y  aura  toujours  entre  x  et  ^x  un  nombre  premier 
de  la  forme  ^n  -h  i  ',  en  remplaçant  dans  U  [x)  les  coefficients  par  leurs  va- 
leurs numériques,  on  trouve  que  looo  est  supérieur  à  la  plus  grande  racine 
deJ]  {x)  =  o;  le  théorème  est  donc  démontré  à  partir  de  a:  =  i  ooo  ;  jusque- 
là  on  le  vérifie  directement  au  moyen  des  tables. 

»  Des  raisonnements  semblables  et  des  calculs  presque  identiques  servi- 
raient à  faire  voir  que  log  v(^x)  —  log  v  (a;)  >  o,  ce  qui  prouve  qu'entre 
J^x  et  X  i[  y  a  toujours  un  nombre  premier  de  la  forme  4  «  -+-  3.  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Des  propriétés  communes  à  un  système  de  deux  lignes  de 
courbure  d'une  même  surface  du  second  ordre  et  à  un  système  de  deux  lignes 
droites  situées  dans  un  même  plan;  par  M.  Aocst. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liouville,  Lamé,  Bertrand.) 

«  Théorème.  i°.  Si,  dans  un  système  de  deux  droites  qui  se  rencontrent 
on  décrit  une  série  de  surfaces  planes  ou  sphériques  telles,  que  chacune 
d'elles  les  coupe  en  des  points  symétriques  par  rapport  à  l'axe  (bissectrice 
de  l'angle  des  deux  droites),  on  pourra  décrire,  dans  un  système  de  deux 
lignes  de  courbure  quelconques  d'une  surface  quelconque  du  second  ordre, 
symétriques  par  rapport  à  l'axe,  une  seconde  série  de  surfaces  planes  ou 
sphériques  correspondantes,  'qui  les  couperont  en  des  points  symétriques 
par  rapport  à  l'axe,  et  qui  seront  déterminées  lorsque  les  surfaces  de  la 
première  série  seront  déterminées. 

»  u".  Si,  d'un  point  quelconque  des  deux  droites,  on  mène  des  perpen- 
diculaires /,  /'  Z",. . .,  aux  surfaces  planes,  et  des  tangentes  t,  t',  t",, . .,  aux 


(  73o  ) 
surfaces  sphériques  de  la  première  série,  s'il  existe  une  propriété  métrique 
entre  ces  tangentes  et  ces  perpendiculaires,  la  même  propriété  existera  entre 
les  perpendiculaires  X,  X',  X",...,  et  les  tangentes  t,  t',  t",...,  menées  d'un 
point  quelconque  du  système  de  deux  lignes  de  courbure  aux  surfaces 
planes  et  aux  surfaces  sphériques  de  la  deuxième  série. 

»  3°.  Si  l'on  prend  dans  le  système  des  deux  droites  la  série  des  points 
pour  lesquels  les  tangentes  t,  t\  t", ...,  sont  respectivement  égales  à  t,  t',  t",  . . . , 
les  perpendiculaires  du  second  système  seront  dans  un  rapport  constant 
avec  les  perpendiculaires  correspondantes  /,  Z',  l",. ..  du  premier. 

»  Démonstration.  Soit  f(l,  /',  /",...,  t,  f,  t",. . .,)  =  o  la  relation  métri- 
que du  premier  système;  si  l'on  fait  tourner  le  système  des  deux  droites 
autour  de  leur  axe,  elles  engendreront  une  surface  conique  pour  chaque 
point  de  laquelle  la  relation  /=  o  aura  lieu. 

»  Si  nous  menons  un  plan  quelconque,  ce  plan  coupera  le  cône,  les 
plans  et  les  sphères  du  premier  système  suivant  une  conique,  suivant  des 
droites  et  des  cercles  déterminés  de  grandeur  et  de  position.  Ces  droites  et 
ces  cercles  couperont  la  conique  réellement  ou  imaginairement  en  des 
points  symétriques  par  rapport  à  son  axe;  or,  il  est  visible  que,  la  conique 
étant  située  sur  la  surface  du  cône,  chaque  point  de  la  conique  jouira  de 
la  propriété /(<,  t\  t",..  .,/,/'/",...)  =  o. 

»  Appelons  t,  t',  t",.  . .  les  tangentes  menées  d'un  point  quelconque  de 
la  section  conique  aux  cercles  d'intersection,  et  X,  X',  X",. .[,  les  perpendicu- 
laires abaissées  du  même  point  aux  lignes  d'intersection;  on  aura  aussi, 
pour  chaque  point  de  la  conique,  la  relation 

/(r,  T',  r",...,  l,l',l",...)  =  o; 

et  comme  X,  X',  X",.  . .  sont  dans  un  rapport  constant  a  avec  Z,  l',  l",. . .,  on 
aura  pour  chaque  point  de  la  conique 

■-^  /(r,T',T",...,  aX,aX',aX",...)  =  o. 

»  Maintenant  faisons  tourner  le  plan  de  la  conique  autour  de  son  axe. 
La  conique  engendrera  une  surface  de  révolution  du  second  ordre,  les 
droites  engendreront  des  plans  perpendicidaires  à  l'axe  de  la  surface,  et 
les  cercles,  des  sphères  dont  les  centres  seront  situés  sur  le  même  axe.  Or  il  a 
été  démontré  (Comptes  rendus  de  t  Académie  des  Sciences,  t.  XLVIII,  p.  886) 
qu'une  surface  de  révolution  du  second  ordre  passe  par  toute  ligne  de  cour- 
bure tracée  sur  une  surface  du  second  ordre,  et  qu'elle  passe  aussi  par  la 


(  73.  ) 
ligne  de  courbure  placée  sur  la  même  surface  symétriquement  par  rapport  à 
J'axe.  Il  résulte  de  là  que  les  surfaces  planes  et  les  surfaces  sphériques  de 
cette  seconde  série  seront  déterminées,  qu'elles  couperont  réellement  ou 
imaginairement  le  système  des  deux  lignes  symétriques  de  courbure  en  des 
points  symétriques  par  rapport  à  l'axe,  et  que  chaque  point  de  ce  système  de 
lignes  jouira  de  la  propriété 

y(T,  t',  t",.-,  aX,  aX',  rtX",...)  =  o.  c.  q.  f.  d. 

»  Corollaires.  i°.  Lorsque  les  sphères  de  la  première  série  sont  tangentes 
aux  deux  ligues  droites,  les  sphères  de  la  seconde  sont  tangentes  réellement 
ou  imaginairement  aux  deux  lignes  de  courbure. 

»  2°.  Lorsque  les  sphères  de  la  seconde  série  se  réduisent  à  des  points, 
les  tangentes  à  ces  sphères  se  changent  en  rayons  vecteurs  issus  de  ces 
points. 

»  3".  Si  la  relationy=  o  ne  contient  que  deux  variables,  elle  définit,  con- 
jointement avec  la  surface  du  second  ordre,  le  système  des  deux  hgnes  de 
courbure. 

»  applications.  Le  théorème  que  nous  venons  de  démontrer  conduit  avec 
une  grande  facilité  à  plusieurs  propriétés  remarquables  des  lignes  de  cour- 
bure des  surfaces  du  second  ordre.  Je  me  contente  d'énoncer  les  suivantes  : 

»  1°.  Si  deux  lignes  de  courbure  d'une  surface  du  second  ordre  sont  symé- 
triques par  rapport  à  un  axe,  et  que,  d'un  point  quelconque  de  cet  axe 
comme  centre,  on  décrive  une  sphère  sécante,  elle  coupera  les  deux  lignes 
de  courbure  en  des  points  symétriques  par  rapport  à  l'axe  }■  les  deux  plans 
passant  chacun  par  quatre  points  d'intersection  symétriques  deux  à  deux 
par  rapport  à  l'axe  seront  perpendiculaires  à  cet  axe  ;  le  carré  de  la  tan- 
gente menée  d'iui  point  quelconque  de  ces  deux  lignes  de  courbure  à  la 
sphère  sera  dans  un  rapport  constant  avec  le  rectangle  des  perpendiculaires 
abaissées  de  ce  point  sur  les  deux  plans,  de  sorte  que  l'on  aura 

T=  =  ani'. 

»  2°.  Si  dans  l'énoncé  précédent  on  construit  une  sphère  sur  la  portion 
de  l'axe  comprise  entre  les  deux  plans  fixes,  tangente  à  ces  deux  plans, 
toute  tangente  G  à  cette  sphère  menée  de  la  projection  d'un  point  quelcon- 
que des  deux  lignes  de  courbure  sur  l'axe  sera  dans  un  rapport  constant 
avec  la  tangente  t  menée  du  même  point  à  la  sphère  sécante,  de  sorte  que 
l'on  aura 


(  73a  ) 
»  3*^.  Si  l'on  mène  deux  sphères  quelconques  touchant  réellement  ou 
imaginairement  deux  lignes  de  courbure  d'une  surface  du  second  ordre  sy- 
métriques, en  des  points  symétriques  par  rapport  à  l'axe,  la  somme  ou  la 
différence  des  tangentes  à  ces  deux  sphères,  menées  d'un  point  quelconque 
des  deux  lignes  de  courbure,  sera  constante  suivant  que  ce  point  sera  situé 
ou  non  entre  les  deux  sphères  : 

■:±.t'=a. 

»  4°-  Si  l'on  décrit  deux  sphères  concentriques  coupant  réellement  ou 
uuaginairement  deux  lignes  de  courbure  symétriques  en  des  points  symé- 
triques par  rapport  à  l'axe,  la  somme  ou  la  différence  des  puissances  d'un 
point  des  lignes  de  courbure  par  rapport  à  ces  deux  sphères  sera  constante, 
suivant  que  le  point  sera  situé  ou  non  dans  la  couche  sphérique  (la  puis- 
sance d'un  point  par  rapport  à  une  sphère  est  le  carré  de  la  tangente  ou  de 
la  demi-corde  minimum  menée  parce  point  à  la  sphère 


»  5°.  Si  dans  l'énoncé  précédent  on  suppose  les  deux  sphères  non  con- 
centriques telles,  que  les  quatre  plans  perpendiculaires  à  l'axe,  passant 
chacun  par  quatre  points  d'intersection  des  deux  sphères  avec  les  lignes  de 
courbure,  interceptent  deux  à  deux  sur  l'axe  des  longueurs  égales,  on  aura, 
b  désignant  aussi  une  constante, 

[a»  +  (t  -l-T'f  ]  [rt*  +  T  -  t')»]  =  b\ 

»  Il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire  que  les  propriétés  précéden- 
tes n'appartiennent,  soit  aux  lignes  de  courbure  des  surfaces  du  second 
ordre,  soit  aux  sections  coniques,  que  parce  qu'elles  appartiennent  à  un 
système  de  deux  droites.  » 

TOPOGRAPHIE.  —  Mémoire  sur  l'emploi  de  la  photographie  dans  la  levée  des 
plans  ;  parM.  A.  Laussedat.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Laugier,  Daussy.  ) 

«  Les  vues  isolées  d'un  monument  ou  d'un  site  naturel  dessinées  avec 
soin  et  accompagnées  des  effets  de  la  perspective  aérienne,  produisent  sur  le 
spectateur  une  impression  telle,  qu'il  peut  se  croire  transporté  en  face  des 
objets  représentés  et  se  rendre  compte  jusqu'à  un  certain  point  de  leurs 


(  733  ) 
dimensions  et  de  leur  éloignement.  On  sait  combien  cette  illusion  s'accroît 
dans  le  stéréoscope,  où  les  deux  images  que  l'on  regarde  à  la  fois  ont  été- 
prises  de  deux  points  de  vue  différents  très-voisins  l'un  de  l'autre. 

»  Cette  expérience,  devenue  familière  et  qui  donne  si  bien  la  sensation 
et  l'idée  du  relief,  m'aidera  peut-être  à  faire  comprendre  à  tout  le  monde 
comment  les  distances  et  les  dimensions  véritables  des  objets  qui  compo- 
sent le  paysage  peuvent  être  non-seulement  estimées  d'une  manière  vague, 
mais  déterminées  avec  exactitude,  lorsqu'on  a  plusieurs  vues  de  ce  même 
paysage  prises  de  points  différents.  Seulement,  la  géométrie  enseigne  que 
plus  les  objets  dont  on  veut  mesurer  les  distances  sont  éloignés,  plus  les 
différents  points  de  vue  d'où  on  les  observe  successivement  doivent  être 
distincts  les  uns  des  autres. 

»  Le  procédé  dont  les  topographes  font  ordinairement  usage,  et  qui  est 
connu  sous  le  nom  de  méthode  des  intersections^  n'est  pas  autre  chose,  au 
fond,  que  la  construction  du  plan  opérée  sur  place  à  l'aide  des  perspectives 
naturelles.  Il  est  donc  évident  que  les  vues  panoramiques  du  terrain  dessi- 
nées dans  des  conditions  d'exactitude  suffisantes,  doivent  pouvoir  être 
substituées  au  terrain  lui-même.  11  ne  reste  plus  dès  lors  qu'à  chercher  les 
moyens  d'exécuter  ces  vues  et  de  les  combiner  de  manière  à  en  déduire,  par 
des  constructions  graphiques  convenables,  la  projection  horizontale  et  le 
nivellement  des  points  les  plus  remarquables  de  la  surface  du  sol. 

»  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de 
l'Académie,  je  rappelle  que  la  première  méthode  employée  dans  ce  but  est 
due  à  l'illustre  Beautemps-Beaupré;  j'indique  ensuite  une  simplification 
introduite  par  le  colonel  du  génie  Leblanc,  et  je  fais  en  quelques  mots  l'a- 
nalyse d'un  Mémoire  qui  a  reçu  l'approbation  du  Comité  des  Fortifications, 
et  qui  a  paru  dans  le  n°  i6  du  Mémorial  de  C officier  du  génie.  Ce  Mémoire, 
dont  je  suis  l'auteur,  était  relatif  à  l'emploi  de  la  chambre  claire  de  Wol- 
laston  modifiée  dans  les  reconnaissances  militaires. 

»  Les  expériences  que  j'avais  faites  antérieurement  à  la  publication  de  ce 
Mémoire,  en  présence  du  Rapporteur  du  Comité  des  Fortifications  et  de 
plusieurs  de  mes  camarades,  ne  laissaient  aucun  doute  sur  le  degré  d'exac- 
titude auquel  on  pouvait  parvenir  par  ce  moyen  et  qui  dépasse  assurément 
celui  que  l'on  atteint  par  les  procédés  expéditifs  ordinaires  ;  mais  j'ai  eu  de- 
puis de  nombreuses  occasions  de  m'en  assurer,  et  je  cite  dans  le  présent 
Mémoire  un  fait  qui  suffira,  je  pense,  pour  établir  l'utilité  de  mes  essais  et 
leur  valeur  pratique. 

»  A  l'époque  où  je  choisis  la  chambre  claire,  j'avais  naturellement  songé 

G.  R.,  1809,  2"«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  20.)  9^ 


(734  ) 
à  recourir  à  la  photographie,  mais  pendant  longtemps  les  procédés  et  les 
manipulations  en  usage  ms  semblèrent  peu  en  harmonie  avec  les  conditions 
dans  lesquelles  je  supposais  qu'il  fallût  opérer.  Actuellement,  les  difficultés 
qui  m'avaient  arrêté  n'existent  plus  au  même  degré,  et  elles  tendent  de  jour 
en  jour  à  s'aplanir.  C'est  ce  qui  m'engage  à  indiquer  la  voie  que  je  crois  la 
pi  is  simple  et  la  meilleure  pour  donner  aux  vues  photographiques  le  carac- 
tère géométrique  sans  lequel  elles  perdent  une  grande  partie  de  leur  intérêt 
en  topographie. 

»  Les  moyens  que  je  propose  dans  ce  second  Mémoire,  et  que  je  me  suis 
efforcé  de  rendre  abordables,  particulièrement  aux  officiers  en  campagne, 
sont  à  la  portée  de  tous  les  photographes  un  peu  instruits  et  me  semblent 
devoir  être  recommandée  aux  ingénieurs,  aux  géologues,  aux  architectes  et 
généralement  à  tous  les  voyageurs  qui  poursuivent  un  but  scientifique  et 
qui  peuvent  se  munir  d'un  appareil  photographique.  » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  la  modification  de  la  pile  de  Bunsen;  par  M.  Thomas. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaire,  M.  Despretz.) 

«  On  préfère  généralement  la  pile  de  Bunsen  à  toutes  les  autres  piles  pour 
les  expériences  qui  réclament  de  puissants  électro-moteurs. 

■  Un  des  plus  graves  inconvénients  qu'on  reproche  à  cette  pile,  c'est 
qu'elle  laisse  dégager  des  vapeurs  nitreuses  assez  abondantes,  pour  que, 
dans  beaucoup  de  circonstances,  on  doive  renoncer  à  s'en  servir.  On  reproche 
encore  à  la  pile  de  Bunsen  de  ne  pas  donner  un  courant  constant. 

»  Le  dégagement  des  vapeurs  nitreuses  est  l'une  des  causes  principales  de 
l'inconstance  du  courant.  En  effet,  ces  vapeurs  attaquent  assez  vivement  les 
lames  de  cuivre  qui  servent  d'électrodes  et  déterminent  des  combinaisons 
chimiques,  qui  se  forment  avec  production  de  nouveaux  courants  élec- 
triques, qui  sont  non  sans  influence  sur  le  courant  principal. 

»  Le  dégagement  des  vapeurs  nitreuses  et  la  malpropreté  sont,  d'après  les 
renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir,  la  principale  cause  qui  ait 
provoqué  la  suppression  de  la  pile  de  Bunsen  dans  bien  des  circonstances. 

«  Notre  pile  se  compose  d'un  couple  de  Bunsen  ordinaire,  seulement  les 
gaz  qui  se  dégagent  sont  conduits  dans  un  vase  poreux,  où  ils  sont  décom- 
posés. Cette  décomposition  produit  un  courant  électrique  et,  par  la  disposi- 
tion de  notre  appareil,  on  a  un  second  couple  qui  fonctionne  comme  le 
premier.  Notre  pile  présente  donc  les  avantages  suivants  :  il  n'y  a  plus  de 


(  7-^5  ) 
vapeurs  nitreuses;  le  courant  est  plus  constant;  et,   par  sa  construction 
même,  elle  est  à  l'abri  de  la  malpropreté  et  peut  fonctionner  en  tout  lieu.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —   Constitution  des  halos  observés  à  la  Havane,  et  de  leur 
rapport  avec  les  phases  de  la  tune;  Lettre  de  M.  Andrgs  Poey. 

(Commissaires,  MM.  Faye,  Delaunay.) 

«  Depuis  la  lunaison  de  janvier  jusqu'à  celle  de  septembre  inclusivement, 
j'ai  constamment  distingué  trois  apparences  très-trancbées  de  halos,  tant  par 
leur  grandeur  que  par  leur  coloration,  qui  paraissent £tre  intimement  liées 
à  la  hauteur  et  à  la  constitution  des  nuages  ou  des  vapeurs  d'eau  répan- 
dues dans  l'atmosphère.  Voici  leurs  caractères  et  leurs  colorations  res- 
pectives. 

»  Petits  halos.  —  Ces  petits  halos  sont  produits  par  la  plus  grande  élévation 
des  vapeurs  tellement  dissoutes,  élastiques  et  si  uniformément  distribuées, 
qu'elles  n'altèrent  point  sensiblement  la  transparence  de  l'air.  Ce  sont  les 
premiers  à  se  constituer  seuls  ou  accompagnés  de  deux  autres  ordres  de 
halos,  suivant  le  degré  de  densité  des  vapeurs  et  des  cirrus  qui  entourent 
la  lune;  de  sorte  que  leur  absence  est  une  marque  certaine  du  maximum 
de  diaphanéité  de  l'air.  Leur  unique  coloration  en  brun  ou  en  rou.r^  clair 
ou  foncé,  ainsi  que  leur  grandeur,  sont  encore  intimement  liées  soit  à  la 
densité  des  vapeurs  d'eau,  soit  à  leur  élévation.  lueurs  dimensions  peuvent 
varier  depuis  les  rebords  mêmes  du  disque  lunaire  jusqu'à  2  degrés  du 
rayon.  On  les  aperçoit  dans  toutes  les  lunaisons.  Leur  formation  est  le  pro- 
duit des  vapeurs  d'eau  dissoutes. 

))  Halos  moyens.  —  Ces  halos  peuvent  s'engendrer  soit  par  une  moins 
grande  élévation  ou  par  une  élasticité  plus  imparfaite  des  vapeurs  d'eau, 
soit  encore  sur  des  couches  de  cirro-cumulus  bien  plus  basses.  Dans  le  pre- 
mier cas  ils  seront  simples,  incomplets  et  imparfaitement  colorés,  tandis  'que 
sur  des  cirro-cumulus  ils  peuvent  être  simples,  doubles  et  même  triples. 
Voici  la  disposition  des  anneaux  colorés  dans  un  de  ces  halos  triples  à 
partir  de  l'interne  au  contact  du  disque  lunaire:  première  rangée  d'anneaux 
janitàtre,  orangé,  rouge  et  violet;  premier  large  espace,  bleu  et  vert  qui  sépare 
de  la  deuxième  rangée  ô' anneaux  jaunâtre,  orangé,  rouge  et  violet;  deuxième 
large  espace  bleu  et  vert  qui  sépare  la  seconde  rangée  de  la  troisième  jau- 
nâtre, orangé,  rouge  et  violet.  La  disposition  suivante  de  huit  anneaux  dans 
le  double  halo  est  assez  connnune  :  jaunâtre,  orangé,  rouge,  bleu,  vert,  jau- 
nâtre, orangé,  rouge.    Le  ihalo  triple  ou  de  seize  anneaux  est  tellement 

96.. 


(  736  ) 
rare,  que  je  l'ai  observé  uniquement  le  12  septembre  dernier  de  io''i5"* 
à  lo^So^sans  perdre  aucune  nuance,  et  encore  les  trois  anneaux  violets 
manquaient,  de  sorte  qu'en  réalité  il  n'y  en  avait  que  treize.  Les  anneaux 
violets  sont  tout  aussi  rares,  puisque  je  ne  les  ai  aperçus  que  deux  fois,  la 
première  le  16  août  à  9  heures  et  à  la  campagne  dans  un  halo  double  ou 
de  dix  anneaux,  y  compris  ces  derniers;  la  seconde  fois  le  16  juin  à  minuit, 
dans  un  halo  disposé  ainsi  :  bande  interne  blanchâtre,  puis  jaunâtre,  orangé, 
violet,  bleu,  vert  et  orangé.  C'est  l'unique  fois  que  j'ai  observé  la  bande 
blanche  interne.  L'absence  des  anneaux  violets  dans  le  halo  triple  etleur  pré- 
sence dans  le  halo  double  me  semblent  être  une  observation  digne  de  remar- 
que. Leurs  dimensions  peuvent  varier  de  2  à  4  degrés  de  rayon.  Ces  halos 
moyens  à  simple  série  d'anneaux  sont  visibles  dans  toutes  les  lunaisons 
sur  des  couches  de  vapeur  d'eau  plus  ou  moins  denses. 

B  Grands  halos.  —  Ces  halos  s'engendrent  uniquement. sur  une  couche 
de  cirrus  très-uniforme,  à  texture  très-serrée  et  passablement  dense,  quoique 
parfois  on  puisse  apercevoir  par  transparence  vers  les  parties  internes  des 
étoiles  de  troisième  grandeur.  Le  fond  du  halo  est  soit  d'une  blancheur 
mate  ou  de  lait,  soit  blanc  de  perle  ou  luisant,  soit  d'une  teinte  bleuâtre 
claire  et  uniforme,  indiquant  dans  ce  cas  une  moins  grande  densité  des 
cirrus  qui  laisseraient  passer  une  certaine  quantité  de  rayons  bleus  de  ciel. 
Les  contours  du  halo  sont  toujours  d'une  plus  grande  blancheur,  soit 
mate,  soit  luisante,  que  les  parties  internes,  mais  jamais  colorés.  Leur 
dimension  est  constamment  de  22  degrés  de  rayon.  On  les  voit  dans  toutes 
les  lunaisons. 

»  Maintenant  je  dois  remarquer  :  1°  que  ces  trois  sortes  de  halos  sont 
visibles  à  la  fois  dans  chaque  Innaison  et  les  deux  premiers  le  sont  aussi 
lorsque  le  troisième  manque;  2°  qu'ils  apparaissent  également  dans  l'ordre 
de  leur  grandeur,  le  plus  petit  le  premier,  puis  le  moyen  et  ensuite  le  plus 
grand  ;  3°  que  cet  ordre  correspond  aussi  au  degré  de  transparence  de  l'air, 
puisque  les  deux  premiers  peuvent  se  constituer  dans  des  vapeurs  d'eau  ou 
le  second  dans  des  cirro-cumulus  qui  sont  moins  denses  que  la  couche  des 
cirrus  qui  engendrent  les  grands  halos. 

»  Quant  aux  rapports  qui  peuvent  exister  entre  la  formation  de  ces  halos 
et  les  phases  de  la  lune,  voici  le  résultat  de  mes  observations  :  1°  dans  toutes 
les  lunaisons,  depuis  janvier  jusqu'à  septembre  inclusivement,  les  grands 
halos  ont  toujours  apparu  dans  l'intervalle  compris  entre  le  second  et  le  cin- 
quième jour  de  son  premier  quartier,  mais  surtout  du  troisième  au  qtiatrième; 
2°  uniquement  le  9  et  le  j  1  septembre,  je  les  ai  observés  le  septième  et  le 


(  737  ) 
neuvième  jour,  ce  qui  doit  être  attribué  en  partie  à  la  grande  épaisseur  et 
compacité  de  la  couche  de  cirrus;  3°  vers  le  dernier  quartier,  je  n»  les  ai 
remarqués  que  dans  deux  lunaisons,  celle  d'août  le  i6  à  io''3o"  et  le  21  à 
1  heures  de  la  matinée,  et  celle  de  septembre  le  i5  à  i  i''45™et  le  i6à  i  i''3o"'. 
Cependant  jusqu'alors  je  n'avais  point  pensé  à  les  observer  dans  le  dernier 
quartier  de  la  lune.  Or  il  est  probable  que  ces  grands  halos  s'engendrent 
également  dans  les  deux  quadratures.  Mais  ce  qui  doit  fixer  notre  attention 
pour  le  moment,  c'est  que  ces  halos  ne  prennent  pas  naissance  à  la  pleine 
hine^  ni  aux  environs  de  cette  phase.  Ce  fait  paraît  se  lier  à  l'idée  de  la  dis- 
persion des  nuages  par  l'action  du  rayonnement  calorifique  de  la  lune  ad- 
mise par  sir  John  Herschel,  de  Humboldt  et  autres. 

»  Dans  cette  hypothèse,  la  dispersion  des  nuages  par  la  pleine  lune  an- 
nulerait la  formation  des  halos  sous  cette  phase.  La  présence  du  halo  que 
j 'ai  signalé  plus  haut  au  neuvième  jour  du  premier  quartier  et  lorsque  ce 
luminaire  était  presque  dans  son  plein,  ne  serait  qu'une  pure  exception  à  la 
règle,  car  je  dois  remarquer  que  durant  toute  la  journée,  pendant  la  nuit  et 
les  jours  suivants,  le  ciel  a  été  constamment  couvert  jusqu'au  point  d'oc- 
culter le  soleil.  Du  reste,  c'est  avec  la  plus  grande  réserve  que  j'ose  insinuer 
une  simple  application  d'un  fait  admis  premièrement  par  MM.  Herschel  et 
de  Humboldt,  confirmé  ensuite  par  MM.  Johnson  d'Oxford  et  Nasmyth,  et 
par  MM.  J.-P.  Harrisson  et  Whewell  dans  la  réunion  de  i858  de  l'Associa- 
otin  britannique  pour  l'avancement  des  sciences.  » 

ASTHONOMIE.  —  Mémoire  sur  l'atmosphère  des  comètes;  par  M.  E.  Roche. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Biot,  Le  Verrier, 
Delaunay,  Bertrand.) 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Influence  du  mouvement  de  rotation  de  la  terre  sur  les 

fleuves;  par  M.  Touche. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Delaunay,  Bertrand.) 

M.  AvENiER  UE  LA  Grée  adresse  un  supplément  à  son  Mémoire  sur  une 
nouvelle  machine  à  gaz  chauds  et  à  vapeur  d'eau. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Poncelet,  Regnault,  Combes.) 


(  738  ) 

CORRESPONDVUVCE . 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance,  un  numéro  du  joiu'nal  publié  à  Auckland  (Nouvelle- 
Zélande),  dans  lequel  se  trouve  un  Mémoire  sur  la  géologie  de  la  province 
d'Auckland,  par  M.  Hochsteller,  l'un  des  Membres  de  la  Commission  scienti- 
fique du  voyage  de  circumnavigation  de  la  frégate  autrichienne  la  Novara. 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce 
Mémoire,  qui  semble  présenter  de  l'intérêt  pour  la  géologie,  et  à  en  faire 
l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

MINÉRALOGIE.  —  De  lu  classificalion  des  métaux  d'après  Haït/; 
par  M.  Marcel  de  Serres. 

«  Pour  faire  apprécier  le  mode  de  classification  des  métaux  adopté  par 
Haiiy,  nous  mettrons  en  parallèle  les  deux  groupes  principaux  qu'il  a  éta- 
blis pour  diviser  les  substances  métalliques. 

»  L'illustre  créateur  de  la  cristallographie  a  classé  ces  substances  en  deux 
ordres  particuliers:  les  hétéropsides  et  les  autopsides;  ceux-ci  brillent 
d'eux-mêmes  de  l'éclat  métallique,  tandis  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  des  pre- 
miers. 

»  Voyons  si  les  tlifférences  minéralogiques  et  chimiques  de  ces  deux 
ordres  de  métaux  confirmeront  ou  non  l'exactitude  de  cette  division. 

PRBMIKRE    CLASSE.  / 

\"  ET  II""  sECTioH  DE  THE-  1  Hauj  3  sous-divisé  les  métaux  en  : 

Métaux  hétéropsides  '"•  Alcalins  :  Potassium,  sodium,  lithium, 

ne   présentant  jamais  i  2°.   Alcalino- terreux  :  Barium,  strontium,  calcium, 

dans  la  nature  l'éclat  j  3°.  Terreux  :  Aluminium,   magnésium,   gluciniura,    zirconium, 

métallique  ;  alcalins  et  I  ytrium,  erbium,  terbium,  thorium,  lanthane,  didyme  (i). 

terreux.  ,  * 

SECONDE    CLASSE  /  .  .,,11 

ae  ^e  5e   i  fi'' section  de  '+"•  Métaux  ordmaires  ou  communs  :  Fer,  nickel,  cobalt,  manga- 

TUEMARD.  l  nèse,  chrome,  zinc,  cadmium,  étain,  titane,  antimoine,  bismuth. 

Métaux    autopsides  I  plomb,   cuivre,  uranium,   molybdène,  vanadium,   tungstène, 

jouissant      par     eux-  \  tantale. 

mêmes  de  l'éclat  mé-  /  50^  Métaux  nobles  :  Mercure,  argent,  or,  platine,  osmium,  iri- 

tallique,    ou    métaux  dium,  rhodium,  palladium,  ruthénium. 

pro|)rement  dits.  \ 

(i)  Si  nous  avons  indiqué  dans  ce  tableau  des  métaux  qu'Haiiy  n'a  jamais  connus,  c'est 
afin  de  faire  mieux  saisir  l'application  de  sa  méthode. 


(  739) 


PARALLÈLE   ENTRE    LES    DEUX    CLASSES    DE    MÉTAtTX. 
Parallèle  entre  leurs  propriétés  physiques. 


Métaux  hétéropsidfs . 

1°.  Métaux  énaineniment  électro-positifs, 
fonctionnant  plutôt  comme  bases  que  comme 
acides. 

2".  Moins  nombreux  que  les  métaux  au- 
topsides,  peut  être  en  raison  de  leurs  pro- 
priétés électriques,  et  cela  dans  le  rapport 
de  i6  à  32. 

3°.  Ne  se  présentent  pas  dans  la  nature  à 
l'état  natif  ou  de  pureté,  en  raison  de  leur 
affinité  pour  l'oxygène. 

4°.  Peu  ou  faiblement  conducteurs  de  la 
chaleur  et  de  l'électricité. 

5°.  Généralement  non  ductiles  ou  peu 
ductiles,  et  en  général  peu  tenaces,  à  l'ex- 
ception de  l'aluminium  dont  la  ténacité  est 
comparable  à  celle  du  fer. 

6°.  Leurs  combinaisons  binaires  naturel- 
les, surtout  les  combinaisons  acides  ou  acidi- 
fiables,  fournissent  les  pierres  les  plus  dures 
et  les  plus  précieuses  après  le  diamant  ;  co- 
rindon, rubis,  émeraude,  topaze,  quartz,  dé- 
rivés principalement  de  la  silice,  de  l'alu- 
mine et  de  la  glucyne. 

7°.  D'une  densité  assez  faible  en  générai, 
et  pour  quelques-uns  inférieure  à  celle  de 
l'eau  :  tels  sont  le  potassium  et  le  sodium. 

8°.  Non  employés  dans  les  arts,  sauf  l'a- 
luminium, à  cause  de  leur  altérabilité  et  de 
la  difficulté  de  leur  extraction. 

9°.  Ne  présentent  pas  de  propriétés  ma- 
gnétiques ou  di'amagnétiques.  Cette  absence 
est  d'autant  plus  remarquable,  que  l'on  ren- 
contre des  corps  diamagnétiques  parmi  les 
métalloïdes  :  tel  est  le  phos|)hore. 

io°.  Certains  métaux  hétéropsi  les  sont 
facilement  volatils. 

II".  Fusibles  à  une  assez  basse  tempéra- 
ture :  le  potassium  et  le  sodium  fondent 
même  au-dessous  de  loo  degrés. 


Métaux  aulopiiiU-s. 

1°.  Métaux  jouissant  des  propriétés  élec- 
tro-négatives, par  rapport  aux  métaux  hété- 
ropsides,  fonctionnant  plutôt  comme  acides 
que  comme  bases. 

2°.  Plus  nombreux  que  les  métaux  hété- 
ropsides,  peut-être  en  raison  de  leurs  pro- 
priétés électriques  ^ilus  énergiques,  juste  k 

double  ::  32  :  i6. 

3°.  Plusieurs  se  rencontrent  dans  la  na- 
ture à  l'état  natif;  environ  le  tiers  de  la  tota- 
lité (l'argent,  le  platine,  l'or,  le  cuivre,  l'i- 
ridium, le  fer,  etc.). 

4".  Bons  conducteurs  de  la  chaleur  et  de 
l'électricité. 

5°.  Plus  ductiles,  plus  malléables  que  les 
métaux  hétéropsides,  et  en  mcrae  temps  plus 
durs;  d'une  ténacité  plus  considérable:  tel 
est  le  fer,  le  plus  tenace  des  corps  de  la  na- 
ture. 

6".  Leurs  combinaisons  binaires  ne  don- 
nent en  général  que  des  matières  de  peu  de 
dureté  (oxydes  métalliques,  sulfures,  chlo- 
rures, etc.),  ne  donnent  pas  des  composés 
binaires  très-recherchés,  quoique  les  métaux 
autopsides  soient  les  plus  précieux  et  ceux 
qui  ont  le  plus  de  valeur. 

■j".  D'une  densité  assez  considérable,  pré- 
sentant même  les  métaux  les  plus  pesants, 
tels  que  l'or,  le  platine,  l'iridium. 

8*.  Métaux  les  plus  usuels  (fer,  argent, 
or,  cuivre,  plomb,  étain,  etc.). 

9".  Plusieurs  d'entre  eux  jouissent  des 
propriétés  magnétiques  (fer,  cobalt,  nickel); 
certains  possèdent  des  propriétés  diamagné- 
tiques (bismuth,  antimoine,  étain,  argent, 
mercure,  cuivre,  zinc,  etc.). 

ip".  Métaux  autopsides  généralement  fixes, 
sauf  le  mercure  et  le  cadmium. 

1 1°.  A  l'exception  du  mercure,  qui  est  li- 
quide, les  métaux  autopsides  ne  sont  fusibles 
qu'à  des  températures  très-élevées,  du  moins 
dans  le  plus  grand  nombre  des  cas. 


1 2°.  Couleurs  généralement  blanches,  mais 
facilement  altérables. 
Inodores. 


1 3».  N'ont  pas  été  trouvés  jusques  à  pré- 
sent cristallisés.  Le  potassium  et  le  sodium 
peuvent  cependant,  par  un  grand  abaisse- 
ment de  température,  présenter  des  rudi- 
ments de  cristallisation.  Quant  aux  métaux 
de  la  seconde  section,  tels  que  le  barium,  le 
strontium,  le  calcium,  ils  sont  encore  trop 
peu  connus  à  l'état  de  pureté  pour  que  l'on 
puisse  rien  prononcer  par  rapport  à  eux. 


740   ) 

12°.  Couleurs  généralement  blanches,  plus 
ou  moins  nuancées  de  gris  :  fer,  platine  ;  de 
jaune:  étain;  de  rose:  bismuth;  de  bleu  : 
plomb;  couleur  rouge  :  cuivre;  couleur  d'un 
beau  jaune  :  or;  souvent  odorante. 

i3°.  Plusieurs  ont  été  trouvés  cristallisés 
dans  la  nature  :  l'or,  l'arjjent,  etc.  La  plu- 
part peuvent  cristalliser  par  fusion  (bismuth). 
L'or,  l'argent,  le  cuivre  se  présentent  parfois 
cristallisés  naturellement.  Plusieurs  cristalli- 
sent par  voie  de  précipitation  (plomb,  ar- 
gent). 


Parallèle  des  métaux  d'après  les  propriétés  chimiques. 


1°.  Leurs  composés  binaires  jouent  pres- 
que constamment  le  rôje  de  bases;  ils  ne 
donnent  pas  d'acides  proprement  dits. 

L'alumine  et  la  glucyne  seules  peuvent  en 
faire  fonction  dans  quelques  cas;  toutefois  les 
glucynates  n'ont  pas  été  observés  dans  la 
nature. 

T.".  La  forme  des  composés  binaires  des 
métaux  hétéropsides,  du  reste  peu  nom- 
breux, est  le  plus  souvent  RO;  dans  ce  cas 
leur  fonction  est  fortement  basique. 

Rarement  elle  est  de  RO'  et  RO',  mais  sans 
fonction.  Quelquefois  elle  est  de  R'O',  et  alors 
ils  peuvent  faire  fonction  de  bases  ou  d'acides 
(APO';  Gl'O'). 

Parmi  les  formes  RO  etROHine  seule  existe 
dans  la  nature,  c'est  celle  des  aluminates; 
les  glucynates  n'y  ont  pas  encore  été  ren- 
contrés. 


3".  Ne  fournissent  pas  de  matières  colo- 
rantes, si  ce  n'est  le  sodium  que  l'on  suppose 
donner  au  Lapis  lazuli  sa  belle  couleur 
bleue. 

Leurs  combinaisons  binaires  ou  salines 
sont  toujours  colorées  par  les  métaux  autop- 
sides  :  tels  sont  le  rubis,  l'émeraude,  la  to- 
paze, l'améthyste,  et  l'on  peut  même  ajouter 
le  corindon. 


1°.  Leurs  composés  binaires  sont  acides 
par  rapport  à  ceux  des  métaux  hétéropsides 
(R'CP;KC!;  Au'Cl';  NaCl).  Deux  de  ces 
sels  ne  se  trouvent  pas  dans  la  nature:  tels 
sont  les  chlorure  d'or  et  de  platine. 

Ils  donnent  souvent  des  acides  même  à  l'é- 
tat natif  (acide  antimonieux,  antimonique, 
molybdique,  tungstique,  titanique). 

2°.  Leurs  composés  binaires  sont  souvent 
nombreux  pour  chaque  métal. 

La  formule  RO  est  celle  des  oxydes  puis- 
sants. 

Le  pins  ordinairement  R^O'  est  celle  des 
oxydes  moins  puissants  (peroxyde  de  fer,  de 
chrome). 

La  formule  R'O'  est  celle  des  oxydes  sa- 
lins. 

La  forme  R'O  et  RO' caractérise  le  per- 
oxyde de  manganèse  et  l'acide  ferrique.  Enfin 
quelquefois  la  forme  R'O  est  particulière  aux 
oxydules  métalliques.  L'oxydule  de  mercure 
en  est  un  exemple. 

3".  Fournissent  un  grand  nombre  de  ma- 
tières colorantes  :  entre  autres  le  fer  :  rouge  ; 
ocre  :  jaune;  le  manganèse  :  violet  bleuâtre, 
couleur  de  chair;  chrome  :  rouge  tendant 
vers  le  noir,  vert,  jaune,  noir;  cobalt,  nickel  : 
vert,  rose;  cadmium  :  jaune;  mercure:  rouge 
vermillon;  plomb  :  blanc,  jaune  et  rouge; 
cuivre:  bleuet  vert;  argent,  étain,  zinc:  blanc 
et  jaune;  or:  pourpre. 


(  74. 


4"-  l^e  donnent  pas  avec  le  métaux  autop- 
sides  des  alliages  stables,  du  moins  dans  la 
nature. 


5".  Se  combinent  directement  à  l'oxygène 
ou  aux  autres  métalloïdes,  soit  à  froid,  soit  à 
une  température  relativement  basse.  Leurs 
oxydes  sont  toujours  difficilement  réducti- 
bles. Décomposent  directement  l'eau  à  chaud 
et  même  à  froid. 


6".  Les  principales  combinaisons  ont  lieu 
pour  les  métaux  hétéropsides  alcalins,  avec 
le  chlore,  le  brome,  le  fluor,  l'iode  (chlorure 
de  sodium  ,  bromure  de  potassium,  fluorure 
de  calcium,  iodure  de  magnésium).  Quant 
aux  autres  combinaisons  qui  ont  lieu  avec  des 
acides,  elles  forment  avec  eux  des  sels  inso- 
lubles. (Acides  carbonique,  sulfurique,  sili- 
cique;  carbonates  de  chaux,  de  baryte^  de 
magnésie,  de  strontiane  ;  sulfates  de  chaux, 
de  baryte,  de  strontiane  et  de  magnésie,  etc.) 

■j".  Ne  se  combinent  jamais  dans  la  nature 
avec  le  soufre  ;  ne  forment  pas  de  sulfures, 
quoiqu'ils  se  rencontrent  souvent  à  l'état  de 
sulfates. 


8°.  Forment  peu  de  combinaisons  natu- 
relles entre  etix ,  mais  un  assez  grand  nombre 
avec  les  métaux  autopsides  et  les  métalloïdes. 

Certaines  combinaisons  des  métaux  hété- 
ropsides jouissent  à  un  assez  haut  degré 
d'une  plus  grande  dureté  que  les  métaux  au- 
topsides. 

9°.  Les  combinaisons  que  les  métaux  hété- 
ropsides forment  avec  les  acides,  sont  abon- 
dantes et  ont  une  grande  importance  dans  la 
nature.  Les  composés  qui  en  résultent  sont 
à  peu  près  tous  des  sels  insolubles.  Tels  sont 
les  silicates,  qui  sont  si  nombreux,  ainsi  que 


4".  Donnent  entre  eux  des  alliages  stables; 
jouissent  de  propriétés  remarquables, comme 
une  grande  dureté  des  formes  cristallines, 
un  certain  degré  de  fusibilité,  et  plusieurs 
un  brillant  métallique  très-éclatant. 

5".  Ne  se  combinent  avec  l'oxygène  qu'à 
une  haute  température.  La  plupart  de  leurs 
oxydes  sont  facilement  réduits  par  les  agents 
réducteurs.  Réduction  du  fer  par  le  car- 
bone. 

Quelques-uns  de 'leurs  oxydes,  principale- 
ment les  métaux  nobles,  ne  décomposent  pas 
l'eau  directement  à  l'aide  de  la  chaleur. 

6°.  Leurs  combinaisons  salines  sont  plus 
nombreuses  (silicates  de  fer,  de  manganèse, 
de  zinc,  de  cuivre;  carbonates  de  cuivre, 
de  fer,  de  manganèse,  de  zinc;  sulfates  de 
plomb,  de  cuivre,  de  fer,  d'urane;  phos- 
phates de  plomb,  de  fer,  d'urane). 


7°.  Souvent  combinés  dans  la  nature  avec 
le  soufre;  forment  des  sulfures  à  différents 
degrés  de  sulfuration,  en  général  des  mono- 
sulfures. Les  bisulfures  et  les  sesquisulfures 
naturels  jouissent  leplus  souvent  des  proprié- 
tés acides,  tels  sont  le  réalgar,  l'orpiment  et 
le  sesquisulfure  de  bismuth.  Les  quadrisulfu- 
res  et  les  pentasulfures  n'ont  pas  encore  été 
.trouvés  dans  la  nature. 

8°.  Les  combinaisons  des  métaux  autop- 
sides avec  les  métalloïdes  de  la  seconde  sec- 
tion de  M.  Dumas  (chlore,  brome,  iode, 
fluor)  sont  rares  dans  la  nature,  quoique 
l'on  y  rencontre  le  chlorure  d'argent,  le  bro- 
mure de  zinc,  le  fluorure  de  cerium,  et  les 
iodures  d'argent,  de  zinc  et  de  mercure. 

9".  Les  combinaisons  salines  de  ces  mé- 
taux sont  les  plus  nombreuses;  elles  ont  lieu 
en  général  avec  des  acides  capables  de  don- 
ner des  sels  précipitables  (acides  silicique, 
carbonique,  sulfurique,  phosphorique),  les- 
quels forment  des  silicates,  des  carbonates. 


C.  K  ,  1809,  2""  Sertiestre.  (  T.  X1.ÏX  ,  N»  20.) 


97 


les  carbonates  de  chaux,  de  baryte,  les  sul- 
fates des  mêmes  bases  et  en  outre  celui  de 
strontiane. 

io°.  Ne  forment  pas  avec  les  métaux  de 
véritables  amalgames,  étant  tous  solides. 


(  742  ) 

des  sulfates,  des  phosphates  de  fer,  de  plomb, 
de  zinc  et  d'urane. 


10°.  Forment  seuls  des  amalgames  en  se 
combinant  avec  les  autres  corps  métalliques, 
l'un  d'entre  eux,  le  mercure,  étant  liquide. 


»  Ce  parallèle  suffit,  ce  semble,  pour  prouver  que  la  division  des  métaux 
en  hétéropsides  et  en  autopsides  est  fondée  et  qu'elle  devrait  être  conservée, 
du  moins  en  minéralogie. 

MATHÉMATIQUES  —  Note  sur  les  courbes  et  surfaces  dérivées; 
par  M.  William  Roberts. 

«  Il  y  a  assez  longtemps  déjà  depuis  que  j'ai  considéré  dans  le  Journal 
(le  Mathématiques  le  système  des  courbes  qu'on  obtient  en  prenant  le  lieu 
des  projections  orthogonales  d'un  point  fixe  sur  les  tangentes  à  une  courbe 
donnée,  puis  en  dérivant  de  ce  lieu  une  autre  courbe  par  la  même  con- 
struction, et  en  poursuivant  la  même  méthode  de  génération.  J'ai  appelé 
ces  courbes  successives  les  dérivées  positives  de  la  courbe  primitive,  tandis 
que  j'ai  désigné  comme  négatives  les  courbes  qui  s'obtiennent  en  prenant 
l'enveloppe  des  perpendiculaires  menées  aux  extrémités  des  rayons  vec- 
teurs de  la  primitive,  et  en  faisant  dériver  de  cette  courbe  une  autre,  et 
^  ainsi  de  suite,  par  la  même  voie  de  génération.  Dans  un  Mémoire  publié 
récemment  par  M.  J.-A.  Hirst,  et  dont  il  a  présenté  un  exemplaire  à  l'Acadé- 
mie (*),  ce  géomètre  m'a  fait  l'honneur  de  reprendre  le  fil  de  mes  anciennes 
recherches,  afin  de  les  étendre  au  cas  des  surfaces.  Le  travail  de  M.  Hirst 
ayant  ramené  mon  attention  sur  ce  sujet,  je  suis  parvenu  à  donner  une  ex- 
tension intéressante  à  la  théorie  donl  il  s'agit. 

»  L'équation  polaire  de  la  primitive  étanty  (r,  w)  =  o,  j'ai  démontré  dans 
le  Journal  de  M.  Liouville  (tome  X)  que  l'arc  de  la  n'^""'  dérivée  aura  pour 
expression  [n  étant  positif  pour  le  système  positif,  et  négatif  pour  les  courbes 
négatives) 

.rfw» 


'"■777 +  ("  +  ') 


S„  = 


dr' 


dr  dr'  f  rdu\  , 

-^ \-dF)      ''^''' 


(*)  Séance  du  17  octobre  iSSg. 


(  743  ) 
»  Il  est  évident  que  notre  méthode  exi^e  essentiellement  que  n  soit  en- 
tier; mais  en  adoptant  une  définition  nouvelle  et  plus  générale  des  courbes 
dérivées,  la  formule  que  je  viens  d'écrire  peut  s'appliquer  au  cas  de  n  frac- 
tionnaire, ou  même  incommensurable.  Un  rayon  vecteur  quelconque  de  la 
primitive  étant  r,  imaginons  la  courbe  ayant  pour  équation  polaire,  entre 
les  coordonnées  R  et  û, 

I        I 

Rn  n  ^ 

:=  r  cos  -  , 
n 

l'angle  Q.  étant  compté  du  rayon  r;  et  prenons  l'enveloppe  de  toutes  ces 
courbes  qui  répondent  aux  points  différents  de  la  primitive.  Quel  que  soit», 
la  longueur  de  l'arc  de  cette  enveloppe  sera  exprimée  par  notre  formule 
ancienne  pour  s„.  Voici  donc  l'idée  des  courbes  dérivées  fractionnaires.  On 
en  tire  aussi  une  nouvelle  propriété  des  dérivées  entières. 

»  On  peut  présenter  encore  la  n"'"^  dérivée,  quel  que  soit  n,  comme  un 
lieu  géométrique.  En  effet,  considérons  toutes  les  tangentes  curvilignes  à  la 
primitive,  ayant  une  équation  polaire  de  la  forme 

I  I 

RTl  *^  n 

cos  -  =  a  , 

rapportée  au  point  fixe,  comme  origine.  La  courbe,  lieu  des  sommets  de 
toutes  ces  courbes,  sera  aussi  la  dérivée  de  l'ordre  n. 

»  Quels  que  soient  m  et  n,  la  m"'"'  dérivée  de  la  Ai'*""  sera  la  n'^""  dérivée 
de  la  m'*""',  et  elles  sont  toutes  les  deux  la  {m  +  n)"""'  dérivée  de  la  pri- 
mitive. 

»  D'après  cela,  la  dérivée  fractionnaire  (-)  d'une  conique,   rapportée 

au  centre,  sera  une  ellipse  de  Cassini.  Or  j'ai  prouvé  [Journal  de  Mathéma- 
tiques, t.  X)  que  toutes  les  dérivées  de  l'ellipse 


—  =  cos'  u  + 


sin'u 


seront  rectifiées  par  la  formule 

,           «r^— («_i)  (i+ 6>  — 7^)  b'dr 

as„  = —- —  ,  ■  „  • 

Si  l'on  y  fait  «  = -5  on  aura  pour  un  arc  de  l'ellipse  de  Cassini  la    for- 

97- 


(  744  ) 
mule 


^  ^  [l-^b^-r'f  \J{l—r^)[r'-  b^ 


Posons  /*  = ->  ce  qui  nous  donnera 

1  -t-  i*  ^ 

dst  =  - 


dt 


sTb 


y/_,  +  (è.+  J.),._^ 


ce  qui  est  l'expression  bien  connue  pour  l'arc  de  cette  courbe. 

«  En  faisant  dans  la  formule,  pour  les  dérivées  d'une  conique  centrale, 

3         5 
n  —  ±-1  ±-i  etc.,  nous  aurons  les  expressions  pour  les  arcs  des  dérivées 

entières   (positives  et  négatives)  de  l'ellipse  de   Cassini,  rapportée  à  son 
centre. 

■)  11  est  curieux  de  remarquer  que  les  dérivées  fractionnaires  (-)  d'un 

système  des  coniques  homofocales  formeront  un  système  de  courbes  cassi- 
uiennes,  homofocales  elles-mêmes. 

»  Cette  idée  de  la  dérivation  peut  s'étendre  au  cas  des  surfaces.  En  effet, 
supposons  qu'on  fasse  tourner  autour  du  rayon  vecteur  quelconque  (/)  de 
la  surface  primitive  une  courbe  ayant  pour  équation 

I         1 

R"  =  r"cos-> 
n 

Q  étant  compté  du  rayon  r,  ce  qui  nous  donnera  pour  chacun  des  rayons 
de  la  primitive  une  surface  de  révolution.  La  surface,  enveloppe  de  toutes 
les  surfaces  de  révolution  qui  s'obtiennent  de  tous  les  points  de  la  primitive, 
peut  être  appelée  sa  n'"'""  dérivée.  Cette  dérivée  peut  être  présentée  aussi 
comme  lieu  géométrique  des  sommets  des  surfaces  de  révolution  tangentes 
à  la  primitive.  M.  Hirst,  à  qui  je  communiquai  cette  méthode  étendue  de 
la  dérivation,  m'a  écrit  que  toutes  ses  formules  pour  les  surfaces  déri- 
vées s'y  appliqueront. 

»   La  dérivée  fractionnaire  l-\  d'un  ellipsoïde,  rapporté  au  centre,  est 

le  lieu  des  sommets  des  hyperboloïdes  équilatères  de  révolution  à  deux 
nappes,  concentriques  à  l'ellipsoïde,  et  qui  le  touchent.  Cette  dérivée  est 


(  745  ) 
aussi  la  dérivée  fractionnaire  négative  ( j  de  la  surface  d  élasticité  de 

Fresnel 

{x-  4- j'  +  z»)«  =  a»x*  -+-  A^jr»  +  c'  z"  : 

c'esNà-dire,  elle  est  l'enveloppe  des  hyperboloïdes  équilatères  de  révolution 
à  deux  nappes,  autour  des  rayons  vecteurs  de  la  surface  d'élasticité,  comme 
demi-axes.  Elle  est  donc  l'enveloppe  des  surfaces  représentées  par  l'équation 


1  (iccosa  +  T^cosjS  +  zcosy)*  —  x^  —  y"^  —  z^ 
=  a}  cos*  a  +  i*  cos*  |S  +  c*  cos*  y, 

ou  bien,  en  faisant 

x^  -\-j^  -{-  z^  -h  a^  —  iP, 

x^  -hj^  H-  z'^  ~h  h'^  =  im', 

a.'* +^'*'' +  z* -h  c*  =  an*, 
par  l'équation 

(a:cosa  +j-cosp  +  zcosy)'  =  /*cos^a  +  /«'cos*]3  +  «"cos^y. 

Mais  eu  égard  à  l'expression  de  la  perpendiculaire  abaissée  du  centre 
d'un  ellipsoïde  sur  un  plan  tangent,  on  verra  que  cette  équation  fournit 
pour  enveloppe  l'équation 

■7r  +  '^  +  ^  =  ï- 

On  aura  donc  pour  l'équation  de  la  surface  dérivée,  qu'on  a  cherché  à 
obtenir, 

2a;'  2  y'  as' 

=  1  : 


x'  -(- J*  +  z'  +  a'        j;'  -t- j'  H-  z'  +  é'        x'  ■+-  r'  +  a'  +  c' 

«urface  symétrique  du  sixième  ordre,  dont  les  sections  par  les  plans 
principaux  sont  des  cercles  (imaginaires)  conjointement  avec  les  ellipses  de 
Cassini.  Deux  (ou  bien  un  seul)  de  ces  cercles  deviendront  réels  si  la  sur- 
face primitive  est  un  hyperboloïde.  Cette  surface  remarquable,  dont  la  dis- 
cussion approfondie  me  semble  promettre  beaucoup  de  résultats,  ésf,  par 
rapport  à  l'ellipse  de  Cassini,  ce  que  l'ellipsoïde  est  relativement  à  l'ellipse. 
Elle  a  deux  sections  circulaires  qui  coïncident  avec  les  sections  circulaires 
centrales  de  l'ellipsoïde, 

x^  y'  z^ 

'    •'       '  =1, 


H^'-i-b')         b'         H*'-t-'^') 


•         {  7l6  ) 
[a'^b'^c);  et  ses  intersections  avec  des  sphères  concentriques  sont  des 
sphéro-coniques. 

»  Parmi  d'autres  résultats  que  j'ai  trouvés,  il  y  en  a  un  qui,  je  crois, 
mérite  d'être  remarqué.  Soit  D  la  surface  semblable  à  la  primitive  en  mul- 
tipliant par  2  ses  rayons  vecteurs,  et  soit  P  la  surface  parallèle  ou  équidis- 
tante  de  D  par  la  longueur  constante  k.  L'équation  qtii  résulte  de  la  sub- 
stitution de  \/j:"  +J'^  +  z*i  ''Il  lisn  de  k  dans  l'équation  de  P,  coïncide  avec 
l'équittion  de  la  première  dérivée  négative  de  la  surface  primitive.  Ce  rap- 
prochement, quoique  fort  simple,  me  semble  assez  curieux.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Note  Sur  la  décomposition  des  fractions 
rationnelles  ;  par  M.  J.  Vieille. 

«  Ijorsqu'on  décompose  en  fractions  simples  tme  fraction  rationnelle 

[x—  a)"-^{x) 

dont  le  dénominateur  admet  7i  facteurs  égaux  k  X  —  a,  on  sait  que  la 
somme  des  n  fractions  qui  correspondent  à  ce  facteur  peut  être  mise  sous 
la  forme 

dX  I    d'A  I  d'-'A 


(x  —  ay        (x  —  a}"-'         (a:  —  a)»-' 

A  désignant  la  constante  tt— (• 

»  Puis,  si  l'on  pose 

A 


da  1.2  da^  i.2.3...(n  —  i)  da"-' 


=  /(«), 


et  que  l'on  différentie  n  —  i  fois  cette  fonction  par  rapport  à  a,  on  trouve 

1  .2  da'  ^  '  i.2.i..  .(n  —  i)  da"-'  ^  '     J 

et  ce  développement,  rapproché  de  la  somme  ci-dessus,  conduit  à  la  pro- 
position suivante  : 

»  La  somme  des  fractions  simples  qui  correspondent  au  facteur  x  —  a, 


(  747  ) 
dans  la  décomposition  de  la  fraction  rationnelle 


est  égale  à 


l.2.3...(«  —  i)      (la"-' 

en  posant 


4.(a)(^  — a) 


))  Cette  proposition  ne  diffère  pas,  au  font),  de  celle  qu'a  présentée 
M.  Serret  [Algèbre  supérieure,  note  IV).  Notre  intention,  en  la  mettant 
sous  cette  forme,  est  de  montrer  qu'elle  fournit  un  moyen  nouveau  et  fort 
simple  de  résoudre  une  question  que  se  sont  proposée  réceu.ment  plusieurs 
mathématiciens.  Il  s'agit  de  déduire  du  développement  général  d'une  frac- 
tion rationnelle  dont  le  dénominateur  n'a  que  des  facteurs  inégaux,  le  dé- 
veloppement d'une  fraction  dont  le  dénominateur  admet  des  facteurs  mul- 
tiples (*). 

p  Pour  mettre  immédiatement  en  évidence  la  simplicité  du  procédé,  ap- 
pliquons-le d'abord  au  cas  de  deux  facteurs  égaux. 

»  Soit  donc  à  décomposer  la  fraction 

F(*)        . 


[x-a)m^y 

on  lui  substitue  d'abord  celle-ci, 


[x  —  a)  [x  —  a  —  /i  )i{/  (.r) 


qui  se  confondra  avec  la  première  pour  /i  =  o.  D'après  la  formule  admise, 
la  fraction  précédente  se  décompose  ainsi 

F(fl)  I  V{a-irh)  i  F,  (.r) 

—  h-i/[a)  x  —  a'^  h^[a  +  h)  x  —  {a-{-h)~^  4- (^1  ' 

F,  [x)  étant  une  fonction  entière  qui  ne  devient  pas  infinie  pour  //  =  o.  La 


(  *  )  Voir  en  dernier  lieu  la  Note  de  M.  Rouché,  insérée  dans  les  Comptes  rendus  de  1 858 
(i"  semestre,  n"  1 1). 


(  748  ) 
question  consiste  à  trouver  la  limite  vers  laquelle  tend  la  somme  des  deux 
premières  fractions,  quand  h  tend  vers  zéro. 
I)   Or,  si  nous  posons 


(> 


F(«)       . 


•if  [a)  X  —  a 
cette  somme  prend  la  forme 


=  /(«), 


f[a  +  h)-f{a) 


et  pour  /i  =  o,  elle  devient  y  (a),  c'est-à-dire  en  vertu  du  théorème  établi 
plus  haut, 

A  da 


(x  —  a)'        X  —  a 


C.    Q.    F.    D. 


n   Passons  au  cas  général.  I.a  fraction  qu'il  s'agit  de  décomposer  en  frac- 
lions  simples  est 

(x  — a)»^l»(Jr)' 

et  nous  la  remplaçons  par  la  suivante, 

Lif) , 

(x  —  o)  [x  —  a  —  A)(^  —  «  —  "ih) .  .  \x  —  a  —  [n  —  \)h\if[x) 

»   La  formule  qui  convient  aux  facteurs  inégaux  donne  pour  la  somme 
des  n  fractions  simples  relatives  aux   facteurs  x  —  a,    x  —  a  —  A, .  .  . , 

X  —  a  —  («  —  i)A, 


.2  3,..{/J  — i)A« 


L       ■ii{a)x  —  a  1 


-l)F(a-f-A) 


^I)(a^-A)  X —  (fl-f-A) 

[n — i)  (n  — 2)  F(a -1- aA)  i 

1.2  ij/(a-t-2A)«  —  (a-(-2A) 

_,_       ± ("— >)(/'-2)-.3.a.i  F[aH-(/?  — r)A]  i  1  _ 

'  1.2.3.  .    (n— i)      J/[a-f-(/î  —  ij/ij^  —  \a->r{n — i)A]J' 

le  signe  +  convient  au  cas  où  n  est  pair.  Eu  égard  à  l'équation  (i),  cette 
somme  prend  la  forme 

■±L . il2 

1.2. 3..  .(/i  — i)A"-» 


(  749  ) 

Pour  h  =  o,  eUe  devient  -;   et  je  dis  qu'il  en  est  de  même  du  rapport  des 

dérivées  des  deux  termes,  prises  par  rapport  à  A,  jusqu'à  l'ordre  «  —  2  in- 
clusivement ;  mais  que  le  rapport  des  dérivées  d'ordre  n  —  i  a  pour  limite 

â-^ ^/""'(«)• 

1.2.3. ..(«  —  i)"'         ^    ' 

'  »  En  effet,  la  p'^'""  dérivée  du  numérateur  est  .„ 

±  („  _  i)  ïfp(a  -i-h)-  ^  2P-*fP{a  +  a  A) 

-...±(n-.r'/^[a  +  (n-,)A]} 

Si  l'on  y  fait  h  =  o,  toutes  les  dérivées  d'ordre  p,  relatives  à  h,  se  confon- 
dent avec  la  dérivée  /''(«),  relative  à  a,  et  l'on  a 

±  («  -  O/na)  [i---^  a"-  +  (A=ll^3-'  -  .  . .  ±  („  _  ,)-]. 

»  Or  on  sait  que  la  somme  entre  parenthèses  est  nulle  pour  toutes  les 
valeurs  entières  de  p,  depuis  1  jusqu'à  n  —  2,  et  qu'elle  se  réduit,  pour 
p  =  n  —  I,  à  ±i.a.3...(«  —  2)  (le  signe  +  convenant  au  cas  où  n  est 
pair)  n. 

»  D'ailleurs  les  n  —  2  premières  dérivées  du  dénominateur  sont  évidem- 
ment nulles  pour  h  =  o,  et  la  (n  —  i)'*'""  est  égale  à  [i  .2.3. . .(«  —  i)]*. 

M  Donc  le  rapport  des  dérivées  d'ordre  n  —  i  a  pour  limite 

l.2.3...(«-2)(/z-l)/'-'(a)  _  1  fn-\(„\. 

[1.2.3.  ..(«  —  !)]'  ~"    1.2.3.  ..(«—l)-^  ^     l' 

ou  enfin,  d'après  le  théorème  établi, 

A  da  I  .2  da'  i.2.3...(rt  —  i)  da"-' 

(^-;o-"^F=^p'^(^^=Tp-+----+ i^ C.Q.F.D.» 

(*)  Ces  propositions  découlent  immédiatement  de  la  formule  des  différences  finies 

m  m  (m  —  i  )  , 

\"u  =  u„ ï<„_,  H i '-  «„_:  —  ...  ± a, 

I  1.2 

en  faisant  a  =  x?  et  m  =n  —  1 . 

C.  R. ,  i858,  2™«  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  20.)  98 


(  7JO  ) 

ZOOLOGIE.  —  Annonce  de  l'arrivée  à  ta  ménar/erie  du  Muséum   d'un   grand 
exemplaire  de  la  Salamandre  du  Japon  ;  par  M.  Aug.  Duméril. 

«  La  tr.én:igerie  des  Reptiles  an  Muséum  d'Histoire  naturelle  qui,  pen- 
dant les  vingt  annôes  écoulées  depuis  l'époque  où  elle  fut  fondée  par  les 
soins  de  mon  père,  a  reçu  beaucoup  d'animaux  intéressants,  vient  d'elre 
enrichie  par  un  présent  très-précieux.  M.  de  Codrika,  consul  général  de 
France  aux  Indes  néerlandaises,  a  fait  parvenir  à  notre  Musée,  et  à  titre 
de  don  de  la  part  de  M.  Pompe  van  Meerdervoot,  officier  de  santé  de  la 
marine  royale  des  Pays-Bas,  médecin  du  gouvernement  néerlandais  au 
Japon,  un  très-beau  spécimen  du  batracien  gigantesque  nommé  Grande 
Salamandre  japonaise,  Salamandra  maxima  (t). 

»  J'ai  pensé  que  l'Académie  apprendrait  avec  intérêt  l'arrivée  toute  ré- 
cente (  1 1  novembre)  de  ce  curieux  reptile,  dont  le  Muséum  ne  possédait 
qu'une  dépouille  et  dont  il  n'y  avait  jamais  eu  en  Europe,  jusqu'à  ce  jour, 
que  deux  individus  vivants,  l'un  qui  est  à  Leyde  depuis  i83i,  et  l'autre  à 
Amsterdam. 

1)  Cette  Salamandre,  connue  des  Européens  seulement  depuis  le  voyage 
d'exploration  dans  l'empire  japonais  entrepris  par  M.  Ph.-F.  deSiebold, 
vit,  ainsi  que  nous  l'a  appris  ce  célèbre  voyageur  (Faune  du  Japon,  Aperçu 
historique  sur  les  Reptiles  de  ce  pays,  p.  xv),  dans  les  profond(  s  vallées 
des  hautes  montagnes  de  l'île  de  Niphon,  entre  les  34*  f^t  36*  degrés  de 
latitude  N.  «  Elle  séjourne,  ajoute-t-il,  dans  les  ruisseaux,  dans  les  bas- 
»  sins  et  dans  les  lacs  formés  par  les  eaux  pluviales,  au  milieu  des  cratères 
»  de  volcans  éteints,  à  une  hauteur  de  4ooo  à  5ooo  pieds  au-dessus  du 
»   niveau  de  la  mer.  » 

»  Arrivée  de  Batavia  à  Paris  dans  l'espace  de  deux  mois,  grâce  à  la  rapi- 
dité actuelle  des  moyens  de  communication,  notre  Salamandre,  quoiqu'elle 
ait  un  peu  souffert  pendant  le  voyage,  se  trouve  maintenant  placée  dans 
de  bonnes  conditions,  qui  permettent  d'espérer  que  nous  pourrons,  comme 
en  Hollande,  la  soumettre  à  des  observations  suivies  et  attentives,  et  la  voir 
se  développer.  Elle  a  maintenant  79  centimètres  de  longueur,  et  l'on  sait 
que  sa  taille  dépasse  un  mètre.  Elle  est,  en  tout  point,  absolument  conforme 

(i)  A  celle  dénomination  proposée  par  M.  Schlegel  (Faune  du  Japon),  on  a  successive- 
ment substitué  les  suivantes  :  Mcgalobatrachus  Sieboldii,  Tschudi;  Cryptobranchus  [Meno- 
poma)  japonicus,  Van  der  Hoeven ,  Sieboldia  maxima,  Ch.  Bonap.;  Tritoniegas  Sieboldii, 
Dum.,  Bib.  Enréalité,  c'est  avec  le  genre  Ménoponie  que  ce  Batracien  urodèle  paraît  avoir 
le  plus  d'affinités.  Le  t.  IX  de  V Erpétologie  générale  de  MM.  Duméril  et  Bibron,  p.  i63-i68, 
contient  tous  les  détails  relatifs  à  l'histoire  de  cette  espèce. 


(  75'  ) 
à  la  description  trés-complélc  que  M.  Sclilegel  a  insérée  dans  la  Faune  du 
Japon  (Batraciens,  p.  127)  et  qu'il  a  accompagnée  du  dessin  placé  sous  les 
yeux  de  l'Académie.  On  y  voit  représenté,  d'une  façon  fort  exacte,  ce  singu- 
lier animal,  dont  le  squelette  offre  les  plus  remarquables  analogies  avec  les 
restes  de  la  grande  Salamandre  fossile  d'OEningen,  si  admirablement  déter- 
minée par  Cuvier,  et  qui  avait  tant  occupé  le  monde  savant  sous  cette  déno- 
mination ;  Homo  diluvii  testis,  que  Scheuchzer  lui  avait  donnée.  » 

PHYSIOLOGIE  GOMPAUÉE.  —Sur  les  animaux  ressuscitants;  Lettre  de  M.  Doyèrr 
à  l'occasion  d'une  communication  faite  à  l Académie  dans  la  séance  du 
10  octobre  dernier.  (Extrait.  ) 

'<  Avant  de  répondre  à  la  communication  par  laquelle  M.  Pouchet  a 
voulu  infirmer  devant  l'Académie  le  phénomène  de  la  reviviscence,  j'ai  cru 
devoir  attendre  les  résultats  d'expériences  commencées  il  y  a  plus  de  trois 
mois.  Ces  résultats,  dont  quelques-uns  viennent  d'être  publiés,  ont  prouvé 
que  je  n'ai  rien  à  retrancher  de  mon  Mémoire  de  1842. 

»  Les  Rotifères,  les  Tardigrades  et  les  Anguillules  des  toits  peuvent  être 
desséchés,  à  froid,  aussi  absolument  que  le  permettent  les  moyens  les  plus 
rigoureux  de  la  science;  et,  après  avoir  été  desséchés  ainsi,  ils  peuvent  être 
portés  jusqu'à  des  températures  notablement  supérieures  à  100  degrés,  sans 
perdre  la  faculté  de  revenir  à  la  vie  par  la  réhumectation. 

»  En  se  servant  exclusivement  de  la  dessiccation  à  chaud,  M.  Pouchet  a 
réussi  à  porter  ses  animalcules  jusqu'à  90  degrés,  sans  anéantir  leur  revivis- 
cence. Entre  ses  animalcules  ainsi  desséchés  et  ceux  que  j'appelle  daséchés 
absolument,  il  n'y  a  évidemment  de  différence  que  pour  la  minime  fraction 
d'eau  que  les  premiers  retiennent  au  sein  d'un  air  humide,  M.  Pouchet  ne 
desséchant  pas  l'air  de  ses  étuves.  Mais  cette  minime  fraction  suffit  pour 
abaisser  le  degré  de  température  auquel  la  substance  des  tissus  s'altère.  Ce 
que  personne  ne  consentira  à  admettre,  c'est  des  enveloppes  qui  laissant 
les  animalcules  se  réendosmoser  en  quelques  miiuites  lorsqu'on  les  réhu- 
mecte, empêchent,  au  contraire,  assez  énergiquement  le  même  liquide  de 
s'exhaler,  pour  que  ces  mêmes  animalcules  conservent  l'humidité  de  leurs 
tissus,  et  vivent  pendant  deux  heures  entre  80  et  90  degrés.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  De  la  température  de  l'été  iSSg  à  Nimes ,  comparée  à 
celle  des  34  années  antérieures,  observée  sur  le  même  thermomètre,  placé  au 
même  lieu  depuis  34  ans;  par  M.  Boileau  de  Castei-nau. 

"   J'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  des  Sciences,  il  y  a  deux  ans, 

98.. 


(  752  ) 
des  observations  thermométriques,  desquelles  il  résultait  qu'en  iSSy  il  avait 
régné  une  température  de  34  degrés  et  au-dessus  pendant  un  temps  plus 
long  que  pendant  les  Sa  années  antérieures.  Continuant  un  pareil  travail 
jusqu'à  ce  jour,  je  trouve  pour  i858  le  thermomètre  indiquant  34  à  36 
degrés  pendant  i(3  jours  à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés,  ayant 
pour  limites  le  i4  juin  et  le  26  août. 

»  En  i85g  le  mercure  s'est  élevé  Sa  fois  à  34  degrés  et  au-dessus,  sa- 
voir :  du  4  au  17  juillet,  14  fois  de  35  à  4o  degrés. 

»  Cette  élévation  à  40  degrés,  notée  le  i5  juillet,  n'avait  pas  été  observée 
sur  notre  instrument,  occupant  la  même  place  depuis  septembre  iSaS,  et 
ramené  à  zéro  en  i853.  Elle  a  été  contrôlée  par  un  thermomètre  placé  sur 
la  même  façade  à  a  mètres  de  distance. 

»  La  moyenne  de  cette  journée  i5  juillet  fut  de  3a  degrés.  Il  survint 
un  orage  à  4  heures  du  soir,  suivi,  le  lendemain,  d'un  vent  du  nord  très- 
sensible.  Le  1 7  il  y  eut  du  brouillard  ;  du  1 7  au  a4  le  ciel  fut  nuageux,  cou- 
vert; le  22  et  24  pluies;  vent  nord  sec  les  26  et  29. 

»  Ces  états  atmosphériques  amenèrent  une  température  limitée  par  29  et 
34  degrés,  du  19  au  ai  juillet. 

»  Du  29  juillet  au  9  août  inclus,  12  jours,  le  thermomètre  se  maintint 
entre  35  et  38  degrés.  Les  journées  des  i3,  i5,  a3  et  a4  furent  réchauffées 
à  34  et  36  degrés.  La  température  minima  est  restée  53  fois  entre  ao  et  26 
degrés.  Cette  dernière  fut  notée  le  2  août.  La  moyenne  des  24  heures  s'est 
montrée  entre  28  et  Sa  degrés,  pendant  27  jours,  du  4  juillet  au  9  août  inclus. 
Pendant  les  9  jours  intercalaires,  elle  est  restée  entre  24  et  27  degrés. 

»  La  plus  grande  différence  entre  le  minima  et  le  maxima  diurnes  a  été 
de  16  degrés,  de  24  à  4o  degrés;  la  moindre  a  eu  lieu  le  22  du  même  mois 
entre  22  et  27  degrés,  soit  5  degrés. 

»  Il  résulte  de  ce  que  je  viens  de  dire  que  l'été  de  i85g  a  été  le  plus 
chaud  que  nous  ayons  éprouvé  dans  le  Midi  depuis  34  ans.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  — Etoiles  filantes  d'octobre  -  novembre.  —  Deuxième  partie  du 
Catalogue  des  bolides  observés  depuis  septembre  i853;  par  M.  Coclvier- 
Gravier. 

«  chaque  année,  à  pareille  époque,  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  les  résultats  de  mes  observations  d'étoiles  filantes  des 
derniers  jours  du  mois  d'octobre  et  de  la  première  quinzaine  du  mois  de 
novembre,  afin  qu'elle  puisse  juger  de  la  marche  du  nombre  horaire  de  ces 
météores  à  cette  époque  de  l'année.  Voici  ces  nombres. 


(  753) 


Année. 


1859 


Durée 

Nombre 

Heures  moyennes 

Nombre     Moyennes 

Ciel 

de 

(les 

des 

horaire            de 

3.     Mois.       Dates. 

visible. 

l'observation. 

étoiles. 

observations. 

à  minuit.      3  en  3. 

.    Octobre.    16 

6,2 

h 

I  ,00 

7 

h 
7,00 

7,7 

'7 

9,5 

I  ,5o 

12 

7,45 

8,0         8,5 

'9 

5,0 

2,5o 

18 

10, i5 

10, 0 

21 

4,5 

i,5o 

10 

8,3o 

12,3  \ 

22 

8,1 

2,5o 

16 

8,45 

10,3        11,8 

26 

9>o 

2,25 

23     , 

9,52 

«2,9  ' 

29 

6,0 

0,75 

lO 

9,22 

18,0        18,0 

Novembre.     2 

5,2 

I  ,00 

•7 

2,3o 

II  ,3 

6 

1,0 

1 ,5o 

6 

4,1 5 

m. 

6,0        10,6 

7 

6,0 

1 ,5o 

26 

5,00 

m. 

i4,o 

12 

12 

S  '^ 

1   '3 

Lune. 
Lune. 
Lune. 
Lune. 
Lune. 

1 ,5o 
2,00 
4,00 
2,r5 
4,00 

'7 
6 

21 

10 

26 

4,i5 

7,00 

4,00 

6,52 

4,00 

m.   ' 

s.     1 

10,0 

pour  la  moyenne  des 

II,    12,   l3 

Novembre. 

»  D'après  ces  moyennes  prises  de  3  en  3  observations,  on  trouve  que  le 
nombre  horaire  à  minuit  est  successivement  8,5  étoiles;  11,  8;  18  pour  le 
ug  octobre,  puis  10,6,  enfin  pour  les  11,  12,  i3  novembre  10,0. 

»  Ce  tableau  fait  voir  que  le  maximum  d'octobre  a  eu  lieu  dans  les 
derniers  jours  de  ce  mois,  et  qu'ensuite  le  phénomène  a  repris  la  marche 
qu'il  avait  quelques  jours  avant  le  maximum.  Comme  les  nombres  obtenus 
pendant  la  présence  de  la  lune  ont  été  corrigés  de  son  influence,  il  faut 
bien  convenir  que  le  retour  de  la  grande  et  magnifique  apparition  des  mé- 
téores de  la  nuit  du  la  au  i3  novembre,  annoncé  par  Olbers,  n'est  pas 
encore  réalisé  et  qu'il  faut  en  reporter  l'espérance  pour  les  années  qui  vont 
suivre. 

»  Je  profite  de  cette  communication  pour  mettre  sous  les  yeux  de 
l'Académie  la  seconde  partie  de  mon  Catalogue  des  globes  filants  ou  {bolides) 
que  nous  avons  observés  depuis  le  3  septembre  i853  jusqu'au  10  du  mois 
de  novembre  1869.  Le  nombre  de  ces  globes  s'élève  à  ii3  lesquels,  faisant 
suite  aux  168  déjà  connus,  forment  un  total  de  281  de  ces  brillants  et  mysté- 
rieux météores. 

»  En  présentant  à  l'Académie  et  en  publiant  dans  les  Annales  de  Chimie 
et  de  Physique,  3*  série,  t.  XI,  année  i854,  la  première  partie  de  mon  cata- 
logue, j'avais  donné  les  renseignements  propres  à  faire  connaître  la  manière 
dont  on  les  observait  jadis,  et  dont  on  avait  fait  quelques  catalogues  jus- 
qu'à nous;  j'avais  aussi  appelé  l'attention  sur  les  diverses  circonstances  qui 


(  754) 
accompagnent    l'apparition  inattendue    de  ce  curieux  et  surprenant  phé- 
nomène; aussi  je  ne  reviendrai  pas  ici  sur  tous  ces  détails  et  je  me  conten- 
terai d'un  simple  résumé  des  globes   filants  contenus   dans  la  deuxième^ 
partie  de  mon  catalogue.  Je  les  répartis  en  trois  groupes  : 

Globes  de  i"  grandeur 1 1 

Globes  de  2*  grandeur 22 

Globes  de  3'  grandeur 80 

Total 1 1 3 

»  Trajectoires.  —  Les  globes  de  i*^*  grandeur  ont  fait  un  total  de  3oi  de- 
grés de  course,   moyenne'. 27*'>3 

»  Les  22  globes  de  2'  grandeur  ont  fait  un  total  de  SaS  degrés 
de  course,  moyenne 23°, 8 

»  Les  80  globes  de  3"  grandeur  ont  fait  un  total  de  i486  degrés 
de  course,  moyenne 18°, 8 

»  Ijgs  ii3  globes  ont  fait  ensemble  un  total  de  ^333  degrés  de 
course,    moyenne 20", 6' 

»  Mais  comme  plus  les  nombres  sont  considérables,  plus  les  résultats 
obtenus  ont  de  précision,  j'ajoute  aux  1 13  globes  dont  nous  venons  de  parler 
les  168  globes  de  la  première  partie  de  mon  catalogue  et  je  dis  : 

Globes  de  i"  grandeur 4' 

Globes  de  2'  grandeur 61 

Globes  de  3'  grandeur 178 

Total 281 

»  Trajectoires.  —  Les  4^  globes  de  i"  grandeur  ont  fait  un  total  de 
1694  degrés  de  course,  moyenne 36°, 5 

»  Les6i  globes  de  2*  grandeur  ont  fait  un  total  de  i584  degrés 
de  course,  moyenne ^^°^9 

»   Les  178  globes  de  3*  grandeur  ont  fait  un  total  de  3735  de- 
grés de  course,  moyenne 21",  I 

»  Enfin  les  281  globes  ont  fait  ensemble  un  total  de  6913  de- 
grés de  course,  moyenne 24°, C 

»  Maintenant  nous  allons  donner  très-succinctement  quelques  détails  sur 
les  ii3  globes  contenus  dans  la  deuxième  partie  de  mon  catalogue.  Parmi 
les  II  globes  filants  de  i"  grandeur,  quatre  ont  été  perturbés  dans  le  par- 
cours de  leurs  trajectoires,  dont  trois  se  sont  brisés  en  plusieurs  fragments, 
lesquels  ont  passé  successivement  aux  couleurs  vertes,  rouges  et  bleues.  Six 
ont  eu  des  tr^mte  quelquefois  très-considérables.  Ces  traînées,  dont  la  ma- 
tière était  plus  ou  moins  séparée  ou  compacte,  ont  persisté  pour  plusieurs 


(   755  ) 

d'entre  elles  jusqu'à  6  on  7  secondes  après  la  disparition  dn  météore.  Parmi 
ces  globes  de  i'*  grandeur,  deux  ont  passé  de  la  couleur  blanche  à  la  cou- 
leur bleue;  un  du  blanc  au  rouge  blanc;  un  autre  était  jaune  tirant  sur  le 
vert. 

»  Dans  le  nombre  des  22  globes  de  2*  grandeur,  trois  ont  été  perturbés 
dans  leur  marche.  Un  de  la  couleur  bleue  a  passé  an  vert  d'eau  ;  un  était  rouge 
sang  ;  un  verdàtre  ;  un  a  passé  de  la  couleur  blanche  à  la  couleur  du  cuivre 
jatHie.  Deux  avaient  commencé  comme  un  globe  de  3*  grandeur,  un  entre 
autres  n'était  à  son  début  semblable  qu'à  une  étoile  filante  de  i'*^  grandeur. 
Il  est  probable  que  ces  globes,  qui  grandissent  à  une  taille  plus  forte,  se  rap- 
prochent de  nous  en  descendant  plus  ou  moins  obliquement.  Les  mêmes  par- 
ticularités se  passent  également  dans  l'apparition  des  étoiles  filantes.  Il  en  est 
même  quelques-unes  qui  remontent  (cela  se  voit  quand,  par  exemple,  elles 
passent  de  la  i"  à  la  4"  grandeur);  comme  d'autres  descendent  plus  ou 
moins  obliquement,  cela  veut  dire  que,  s'il  y  en  a  qui  se  rapprochent  de 
nous,  il  y  en  a  aussi  d'autres  qui  s'en  éloignent. 

»  Quinze  de  ces  globes  de  2°  grandeur  ont  eu  des  traînées  plus  ou  moins 
persistantes  :  une  entre  autres  dont  les  extrémités  s'étaient  retirées  vers  le 
centre,  est  restée  encore  visible,  après  la  disparition  dn  globe. 

»  Parmi  les  80  globes  de  3"  grandeur,  quatre  ont  été  perturbés,  l'un  d'eux 
s'est  même  brisé  en  plusieurs  fragm  nts.  Deux  étaient  rouges;  un  de  cou- 
leur cuivre  jaune  ;  deux  de  couleur  bleue.  Seize  ont  passé  de  la  couleur 
blanche  à  la  couleur  bleue,  un  du  blanc  au  rouge  blanc;  un  entre  autres 
du  blanc  au  vert.  Les  globes,  comme  les  étoiles  filantes,  accomplissent 
généralement  leur  course  en  i  seconde  à  peu  près;  cependant  il  y  a  des 
durées  de  2,  3  à  4  secondes;  un  de  ces  globes  a  duré  6  secondes,  ce  qui 
est  fort  rare.  Sur  les  80  globes  de  3=  grandeur,  cinquante-cinq  ont  eu  des 
traînées  plus  ou  moins  considérables,  rouges  et  blanches,  plus  divisées  ou 
plus  compactes,  et  plus  ou  moins  persistantes.  Nous  ne  pouvons  que  répé- 
ter ce  que  nous  avons  déjà  dit,  qu'il  n'y  a  que  les  globes  filants  qui  éclairent 
l'horizon  plus  ou  moins  vivement  suivant  la  taille  de  chacun  d'eux. 

»  Je  regrette  que  le  défaut  d'espace  ne  me  permette  pas  d'entrer  dans 
plus  de  détails,  car  j'aurais  dressé  des  tableaux  représentant  la  distribution 
des  météores  pour  les  heures  de  la  nuit  et  aussi  pour  les  diverses  directions 
qu'ils  affectent  pour  les  mêmes  heures.  Cependant  je  vais  en  donner  briève- 
ment le  nombre  pour  chaque  direction. 

»  Voici  d'abord  pour  les  1 13  globes  de  la  2"  partie  de  mon  catalogue;  on 
n'en  trouve  que   1 1 1,  deux  d'entre  eux  s'éfant  éteints  aussitôt  que  parus  : 


(  756  ) 
N.  N.  E.  5,  N.  E.  5,  E.  N.  E.  6,  E.  9,  E.  S.  E.  7,  S.  E.  11,  S.  S.  E.  10,  S.  S, 
S.  S.  O.  6,  S.  O.  i5,  O.  S.  O.  6,  O.  4,  O.  N.  O.  9,  N.  O.  1 1,  N.  N.  O.  4. 

»  En  décomposant  par  direction  les  deux  catidogues  réunis,  on  trouve  : 
N.  4,  N.  N.  E.  9,  N.  E.  i3,  E.  N.  E.  i4,  E.  19,  E.  S.  E.  24,  S.  E.  24,  S.  S. 
E.  a6,  S.  10,  S.  S.  O.  16,  S.  O.  28,  O.  S.  O.  i5,  O.  10,  O.  N.  O.  32,  N. 
O.  25,  N.  N.  O.  10. 

»  La  résultante  de  la  marche  des  globes  filants,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit,  marche  du  soir  au  matin  de  l'est  à  l'ouest  en  passant  par  le  sud. 

»  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Acadéuiie  la  carte  repré- 
sentant l'apparition  des  281  globes  filants  composant  les  deux  parties  de 
mon  catalogue  qui  comprend  quatorze  années.  •> 

M.  LiNo  DE  PosiBo  adresse  de  Bogota  (Nouvelle-Grenade)  une  Note  sur  une 
propriété  de  l'ellipse,  savoir,  que  :  la  corde  de  l'arc  compris  entre  le  point 
de  contact  d'un  côté  du  carré  circonscrit  et  le  sommet  voisin  du  carré 
inscrit  à  l'ellipse  est  égale  à  la  différence  des  deux  demi-axes. 

(Commissaires,  MM.  Chasles,  Bertrand.) 

M.  Radiguel  présente,  à  l'occasion  de  l'article  qui  le  concerne  dans  le 
Compte  rendu  de  la  précédente  séance,  les  remarques  suivantes  : 

»  D'abord  j'ai  dit  que  c'était  en  des  terrains  proprement  diluviens  que 
j'ai  trouvé  des  restes  nombreux  d'industrie  humaine,  et  non  simplement 
dans  les  terrains  de  transport,  nom  que  donnent  à  ces  terrains  certains  géo- 
logues pour  ne  pas  se  prononcer  sur  leur  véritable  origine.  En  second  lieu, 
où  l'on  a  imprimé  que  ces  débris  appartenaient  à  diverses  générations 
d'hommes  qui  ont  habité  successivement  le  bassin  de  la  Seine,  c'est  du  mol 
créations  que  je  me  suis  servi,  ce  qui  est  bien  différent.  » 

MM.  Bombes,  Devilliers  et  Dallemagne,  dont  les  allumettes  androyynes 
ont  été  examinées  par  la  Commission  que  l'Académie,  sur  la  demande  de 
M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  avait  chargée  de  s'occuper  de  la  question  des 
allumettes  chimiques,  annoncent  qu'heureux  de  l'approbation  dont  on  les 
a  crus  dignes,  ils  ont  résolu  d'abandonner  à  tous  le  droit  d'exploiter  un 
procédé  de  fabrication  qui  ne  compromet  point  la  santé  des  ouvriers,  n'y 
mettant  d'autre  condition  si  ce  n'est  qu'on  conserve  au  produit  le  nom 
par  lequel  ils  l'ont  désigné^  et  que  consacre  le  Rapport. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.  D.  B 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  21  NOVEMBRE  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMOKT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE.  —  Mouvement  des  gaz  de  ta  poudre  dans  Came  des  bouches  à  feu; 

par  M.  PiOBERT  (*). 

I.    —  Recherches  antérieubes  sur  les  effets  des  gaz  de  la  poudre. 

«  1 .  Travaux  des  anciens  auteurs  sur  les  effets  des  gaz  de  la  poudre  dans  les  ca- 
nons. —  Les  anciens  auteurs  qui  se  sont  occupés  du  mouvement  des  projec- 
tiles dans  l'âme  des  bouches  à  feu,  n'ont  tenu  aucun  compte  de  la  masse  de  la 
poudre,  quoique  le  poids  des  charges  employées  de  leur  temps  pût  s'élever 
jusqu'à  égaler  celui  du  boulet  ;  actuellement  même  la  charge  est  encore,  dans 
certaines  circonstances  du  tir,  de  la  moitié  de  ce  poids.  Ils  ont  tous  admis 
que  la  combustion  de  la  poudre  était  instantanée,  ou  du  moins  que  toute  la 
charge  était  réduite  en  gaz  dès  l'origine  du  mouvement  ;  enfin  ils  ont 
supposé  que  la  tension  de  ces  gaz  était  proportionnelle  à  leur  densité,  et  que 


(*)  Une  jjrande  partie  de  ce  travail  a  été  présentée  à  l'Académie  des  Sciences  dans  la 
séance  du  20  mai  i833  ;  M.  Poisson,  qui  s'était  chargé  de  faire  le  Rapport,  ne  put  s'en  occu- 
per à  cette  époque  ;  d'ailleurs  il  différait  d'opinion  avec  l'auteur  sur  quelques  points  de  la 
question ,  surtout  relativement  à  l'état  initial  ou  à  la  distribution  des  gaz  dans  les  diverses 
tranches  de  la  charge,  au  moment  du  déplacement  du  projectile. 

C.  R.,  i859.  2™«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  21.)  99 


(  758) 
cette  densité,  luiiforme  dans  toute   l'étendue   du  fluide  élastique,    pour 
chaque  position  du  projectile,  ne  variait  qu'avec  le  temps. 

»  2.  Daniel  BernouUi  est  le  premier  savant  qui  ait  tenté  de  soumettre  au 
calcul  les  effets  de  la  détente  des  gaz  de  la  poudre  et  le  mouvement  des  • 
projectiles  dans  l'âme  des  bouches  à  feu.  Dans  un  travail  publié  à  la  suite 
de  la  X*  Section  de  son  Hydrodynamique  (*),  il  donne  la  solution  de  la 
question,  dans  l'hypothèse  où  les  fluides  produits  par  la  décomposition  de 
la  poudre  agiraient  comme  de  l'air  condensé,  leur  force  élastique  étant 
proportionnelle  à  leur  densité  ;  il  fait  abstraction  de  la  masse  du  gaz,  mais 
il  tient  compte  des  pertes  qui  ont  lieu  par  le  vent  du  boulet  et  par  la  lumière 
du  canon,  en  supposant  ces  ouvertures  très-petites  par  rapporta  l'étendue 
de  la  section  de  l'âme  et  la  vitesse  des  gaz  qui  les  traversent,  très-grande  par 
rapport  à  celle  du  projectile. 

»  3.  Peu  de  temps  après  Bernoulli,  Benjamin  Robins  s'est  occupé  de  la 
même  question  dans  ses  Nouveaux  principes  d'Artillerie,  imprimés  à  Londres 
en  1742.  Il  ne  paraît  pas  avoir  eu  connaissance  du  travail  de  ce  savant,  car 
les  modes  de  solution  ne  se  ressemblent  nullement;  Robins,  ne  tenant 
compte  ni  du  Vent  ni  de  la  lumière  du  canon,  emploie  une  méthode  pure- 
ment géométrique,  moins  générale  et  moins  élégante  ;  du  reste,  il  fait  les 
mêmes  suppositions  sur  les  gaz  de  la  poudre,  mais  en  les  présentant 
comme  des  résultats  d'expérience,  tandis  que  Bernoulli  ne  les  admet  dans 
ses  calculs  que  comme  des  hypothèses,  dont  il  reconnaît  ensuite  l'inexacti- 
tude, en  faisant  des  applications  de  sa  solution  au  mouvement  d'un  boulet 
de  3  lancé  verticalement,  avec  diverses  charges,  dans  deux  pièces  de  lon- 
gueurs différentes,  et  en  comparant  ses  résidtats  avec  ceux  de  l'expérience. 

»  4.  Euler,  dans  les  Remarques  publiées  à  Berlin  en  1745,  à  la  suite  de 
sa  traduction  de  l'ouvrage  de  Robins,  donne  une  solution  analytique  de  la 
question  ;  il  prouve  d'abord  qu'on  peut  sans  erreur  sensible  négliger,  ainsi 
que  l'ont  fait  les  autres  auteurs,  la  pression  de  l'atmosphère,  la  résistance  de 
l'air  au  mouvement  du  boulet,  pendant  son  trajet  dans  la  pièce,  et  le  frotte- 
ment qui  peut  avoir  lieu  contre  les  parois  de  l'âme.  Le  premier  il  reconnaît 
qu'il  faut  tenir  compte  de  la  masse  des  gaz  qu'une  partie  de  la  force  mo- 
trice est  employée  à  mettre  en  mouvement  ;  il  prouve  que  la  force  élastique 
du  fluide  ne  doit  pas  être  uniforme  dans  tout  l'espace  occupé  par  les  gaz, 
qu'elle  est  moins  grande  près  du  boulet  qu'au  fond  de  l'âme,  et  que,  par 


(*)  Danielis  Bernoulli,  Joli.  Fil.,  Hydrodynamka .  Aigentorati,  lySS,  p.  234-243. 


(  759  •) 
suite,  la  densité  de  ces  gaz  est  variable  dans  toute  leur  étendue.  Malgré  cela, 
il  renonce  k  soumettre  au  calcul  ces  diverses  circonstances  qui  compliquent 
beaucoup  le  phénomène  et  justifie  sa  détermination  en  disant  (*)  :  «  Heu- 
n  reusement  que  ces  effets  ne  sont  pas  bien  sensibles,  car  il  serait  difficile, 
»  et  peut  être  même  impossible  de  les  déterminer  par  les  principes  connus 
»  de  la  mécanique  ;  il  faudrait  pour  cela  employer  des  équations  différen- 
))  tielles  tellement  compliquées,  qu'on  ne  pourrait  ni  les  résoudre,  ni  en 
»  tirer  des  conséquences  satisfaisantes.  »  Par  suite  il  su{)pose  qu'à  chaque 
instant  la  tension  des  gaz  de  la  poudre  est  la  même  dans  toutes  les  tranches, 
depuis  le  fond  de  l'âme  jusque  derrière  le  boulet;  mais  il  ne  le  fait  qu'avec 
une  certaine  défiance  de  ses  calculs  et  seulement  comme  essai  pour  savoir 
s'il  est  possible  de  parvenir  à  une  solution  ;  car  il  dit  (**)  :  a  Comme  les  par- 
»  ties  du  fluide  élastique  qui  se  développe  par  l'explosion  de  la  poudre, 
»  sont  d'une  si  grande  subtilité,  que  la  moindre  force  est  capable  de  leur 
)>  donner  du  mouvement,  il  peut  se  faire  que  l'inégalité  dans  leur  élasticité 
•  »  ne  soit  pas  bien  sensible  et  qu'on  pourra  supposer,  sans  erreur,  que  dans 
»  chaque  instant  l'élasticité  est  également  partagée  entre  toutes  les  parties 
M  de  cette  matière  subtile.  Par  ce  moyen  on  écartera  les  plus  grandes  dif- 
»  ficultés,  et  la  question  pourra  se  résoudre  par  les  méthodes  {de  Daniel 
»  Bernoulli)  dont  on  vient  de  parler.  » 

»  Euler  essaye  d'abord  de  représenter  analytiquement  les  pertes  de  vitesse 
qui  résultent  de  ce  que  la  poudre  d'une  charge  ne  s'enflamme  point  toute 
à  la  fois  dans  le  même  instant,  à  l'aide  d'hypothèses  sur  la  loi  de  forma- 
tion des  gaz,  puis  il  dit  (***)  :  «  Comme  il  est  aussi  difficile  d'assujettir  l'in- 
»  flammation  successive  de  la  poudre  au  calcul  que  d'exécuter  ce  calcul 
»  lui-même,  on  pourrait,  ce  me  semble,  supposer  que,  dans  le  premier  instant, 
»  une  certaine  partie  de  la  poudre  s'enflamme  toute  à  la  fois  et  que  l'autre 
M  partie  ne  prend  point  feu.  »  C'est  dans  cette  hypothèse  qu'il  cherche 
à  résoudre  leproblème,  ensuite  il  suppose  (****)  «  qu'une  moitié  de  la  poudre 
n  est  chassée  avec  la  balle,  et  que  l'autre  reste  en  arrière  au  fond  du  ca- 
»  non.  »  Enfin  il  cherche,  comme  Bernoulli,  l'influence  de  la  lumière  et 
du  vent  sur  la  vitesse  du  projectile  ;  mais  il  ne  montre  pas  la  même  saga- 

(*)  Nouveaux  principes  d'Artillerie  de  Benjamin  Robins,  commentés  par  Léonard  Euler, 
traduction  de  Lombard.  Dijon,  1788,  p.  98. 

(**)  Nouveaux  principes  d'Artillerie  de  Benjamin  Robins,  p.  196. 

(***)  Nouveaux  principes  d'Artillerie  de  Benjamin  Robins,  p.  235  et  286. 

(****)   Nouveaux  principes  d'Artillerie  de  Bcnlam'w  Robins,  p.  3'j6. 

99- • 


(  76o  ) 
cité  que  son  savant  devancier  relativement  à  l'élasticité  des  gaz  de  la 
poudre,  que  celui-ci  avait  reconnue  croître  dans  un  plus  grand  rapport 
que  la  densité,  ainsi  que  l'expérience  directe  l'a  confirmé  depuis;  il  croit 
pouvoir  déduire  ce  rapport  de  calculs  purement  hypothétiques;  enfin 
Euler,  comme  les  autres  auteurs,  ne  tient  aucun  compte  du  mouvement  de 
recul  de  la  bouche  à  feu. 

»  5.  Depuis  Euler  jusqu'à  ces  derniers  temps,  on  n'avait  rien  publié  sur 
le  mouvement  des  projectiles  dans  l'intérieur  des  pièces  qui  ne  fût  empi- 
rique ou  déjà  connu;  aussi  on  fut  très-embarrassé  après  les  longues  guerres 
de  l'Empire,  lorsqu'on  voulut,  pour  perfectionner  le  matériel  de  l'artillerie 
et  établir  de  nouvelles  bouches  à  feu,  utiliser  les  nombreux  faits  d'observa- 
tion qui  avaient  été  recueillis.  Il  était  impossible  de  se  servir  des  résultats 
que  les  anciens  auteurs  avaient  obtenus  en  faisant  des  hypothèses  très-éloi- 
gnées  de  ce  qui  se  passe  dans  la  pratique;  on  ne  pouvait  non  plus  ad- 
mettre des  théories  aussi  vagues  que  celles  qui  avaient  été  proposées  et  qui 
ne  s'appuient  sur  aucune  donnée  de  l'expérience.  La  tâche  eîit  été  singu- 
lièrement facilitée,  si  l'on  eût  connu  alors  les  tentatives  que  Lagrange  avait 
faites  pour  résoudre  ce  problème  ;  mais  les  résultats  de  son  analyse  ne  lui 
ayant  pas  paru  satisfaire  assez  complètement  aux  conditions  de  la  ques- 
tion, il  négligea  de  les  publier;  nous  verrons  qu'il  est  possible  d'utiliser 
une  partie  de  son  élégant  travail.  Poisson,  en  publiant  le  travail  de  La- 
grange (*),  a  essayé  de  le  compléter,  ou  plutôt  de  rendre  une  des  solu- 
tions approchées  applicable  au  cas  particulier  où  toutes  les  tranches  de 
gaz  ont  une  même  densité  à  l'origine  du  mouvement. 

»  6.  Solutions  obtenues  au  moyen  des  principes  généraux  de  la  mécanique. 
—  Un  analyste  aussi  profond  qu'Euler  ayant  échoué,  ou  plutôt  ayant  renoncé 
à  attaquer  directement  la  question,  il  parut  prudent  à  cette  époque  de  suivre 
une  marche  plus  simple  qui  permît  de  se  rapprocher  davantage  des  condi- 
tions de  la  pratique,  tout  en  n'empruntant  à  la  mécanique  rationnelle  que 
deux  principes  généraux,  le  principe  de  la  conservation  du  mouvement  du 
centre  de  gravité  et  celui  des  forces  vives,  appliqués  au  système  de  la  bouche 
à  feu,  du  boulet  et  des  produits  développés  par  la  combustion  de  la  charge. 
Le  premier  de  ces  principes  est  d'une  application  très-facile  dans  le  cas 
actuel,  et  fournit  une  première  équation  du  mouvement.  Le  fréquent  emploi 
qu'on  a  fait  dans  ces  derniers  temps  du  principe  des  forces  vives  aux  ques- 


{*)  Journal  rie  l'Ecole  Polytechnique,  11"  cahier.  Paris,  septembre  i832,  p.  187. 


(  76i  ) 
lions  des  diverses  branches  de  la  mécanique,  a  montré  combien  ce  prin- 
cipe fécond  apportait  de  simplicité  dans  la  résolution  des  problèmes  les 
plus  compliqués.  Dès  lors  il  était  naturel  de  chercher  à  s'en  servir  pour 
arriver  à  une  deuxième  équation  du  movement  des  gaz  de  la  poudre,  sans 
restreindre  la  question  aux  hypothèses  admises  jusqu'alors.  On  peut  arriver 
ainsi  aux  solutions  qui  conviennent  au  tir  ordinaire  dans  lequel  la  masse 
de  la  charge  de  poudre  est  comparable  à  celle  du  projectile,  et  tenir  compte 
en  même  temps  de  la  succession  qui  a  lieu  dans  la  formation  des  gaz,  for- 
mation qui  varie  avec  chaque  espèce  de  poudre,  en  raison  de  la  rapidité 
de  son  inflammation  et  de  la  durée  de  la  combustion  de  ses  grains.  Il  devient 
donc  indispensable  de  commencer  par  rappeler  les  lois  de  la  combustion 
des  charges  de  poudre. 

II.  —  Étabussembst  dk  la  question. 

»  7.  Formation  des  gaz.  —  L'uniformité  de  combustion  de  la  matière  dont 
les  grains  de  poudre  sont  composés  et  la  régularité  de  grosseur  de  ces  grains 
permettent  d'évaluer  la  quantité  de  composition  brûlée  à  une  époque  quel- 
conque et  d'en  déduire  la  densité  moyenne  des  produits  gazeux  formés 
dans  un  espace  d'une  capacité  déterminée,  en  tenant  compte  du  volume  des 
noyaux  des  grains  ou  des  portions  de  la  matière  qui  n'ont  pas  encore  été 
atteintes  par  le  feu.  Si  t'  est  le  temps  nécessaire  pour  la  combustion  com- 
plète de  chaque  grain,  t?  la  densité  de  la  composition  dont  les  grains  sont 
formés,  et  D  la  densité  apparente  qu'aurait  la  charge  si,  sans  changer  de 
poids,  elle  occupait  toute  la  capacité  dans  laquelle  elle  est  renfermée,  on  a 
pour  la  densité  moyenne  p  des  produits  gazeux  développés  après  le  temps  t, 
dans  les  cas  où  tous  les  grains  peuvent  être  considérés  comme  enflammés 
en  mémo  temps, 


»  Quand  les  dimensions  de  la  charge  ne  sont  pas  très-faibles,  et  surtout 
quand  les  grains  de  poudre  sont  assez  tassés  pour  empêcher  la  facile  trans- 
mission du  feu  dans  toute  la  longueur  de  cette  charge  et  qu'ils  remplissent 
complètement  l'àme,  il  est  nécessaire  de  tenir  compte  du  temps  que  dure 

(  )  Traité  d'Artillerie  théorique  et  pratique.  Parlie  théorique  et  expérimentale,  Propriétés 
et  effets  de  la  poudre;  7."  édition,  Paris,  iSSg,  p.  170  à  i8'j. 


(  76'^  ) 
l'inflammation  successive  des  différentes  tranches  de  la  charge.  La  marche 
de  la  combustion  des  grains,  combinée  avec  celle  de  l'inflammation  ayant 
une  vitesse  v  dans  une  charge  cylindrique  d'une  longueur  L  et  enflammée 
par  l'une  de  ses  bases,  conduit  à  d'autres  expressions  pour  la  densité 
moyenne  p  des  produits  gazeux  développés  après  le  temps  t;  si  v  est  la 
vitesse  avec  laquelle  l'inflammation  se  propage,  tant  que  t  sera  plus  petit 


que  t'  et  que  -»  on  aura 


.-izHÏ,. 


,  =  D  4 


H)\. 


l 7 

A  partir  de  <  =  <'  et  jusqu'à  ce  que  «  =  -«  ou  que  l'inflammation  atteigne 
l'extrémité  de  la  charge,  on  a 

p  =  D— i— . 

Mais  si  on  a  t' >  -,  toutes  les  tranches  de  la  charge  sont  en  combustion  à  la 
fois,  depuis  <  =  -  jusqu'à  t  =  t',  et 

.-[(■-v);(-^y1? 
-[(-v)-(-dn 

Après  t  =  t'ett  =  -  les  termes  (  •  —  ^)  .s'évanouissent  (*). 

»  La  force  élastique  des  gaz  qui  correspond  à  ces  densités  moyennes 
des  produits  gazeux  et  qui  s'exerce  normalement  contre  les  parois  ou  l'enve- 
loppe de  la  charge  à  chaque  instant  du  phénomène,  s'évalue  au  moyen  de 
l'expression  suivante,  déduite  des  expériences  de  Rumford,  Y  étant  la  pres- 


(*)   Traité d Artillerie,  etc.,  p.  247  à  258. 


(763) 
sion  exercée  sur  une  surface  de  i  centimètre  carré,  et  exprimée  en  kilo- 


grammes : 


.^",9408  (9.8,5  p)-^°'^'•^^ 


Quand  p   ne  descend  pas  au-dessous  de  o,25,  on  peut  remplacer  cette 
expression  par  celle-ci  : 

Y  =  {100 pY'"^' .  • 

Enfin  quand  p  varie  entre  0,08  et  o,45,on  peut  prendre 

Y  =  110'"'+  ioooo'"i/j»  (*). 

»  8.  Détente  des  gaz,  —  Tels  sont  les  effets  des  gaz  de  la  poudre  contre 
les  parois  des  enveloppes  qui  les  contiennent,  lorsque  ces  parois  sont  immo- 
biles, ou  reliées  entre  elles  de  manière  à  ne  pas  permettre  au  gaz  d'augmen- 
ter de  volume  au  delà  d'une  capacité  déterminée.  Dans  ce  cas,  la  densité 
moyenne  des  fluides  élastiques  est  proportionnelle  à  la  quantité  de  poudre 
brûlée;  il  en  serait  toujours  ainsi,  à  moins  que  cette  quantité  ne  fût  telle- 
ment faible,  relativement  à  l'étendue  de  l'enveloppe,  au  peu  d'élévation  de 
température  ou  aux  propriétés  conductrices  du  calorique  des  parois  et  du 
milieu  ambiant,  qu'une  partie  des  substances  gazeuses  ne  se  condensât,  par 
suite  des  pertes  de  chaleur,  avant  que  l'effet  fût  produit.  Le  problème  est 
beaucoup  plus  compliqué  dans  le  tir  des  bouches  à  feu  ;  les  parois  de  la 
partie  de  l'âme  qui  contient  la  charge  sont,  il  est  vrai,  sensiblement  inexten- 
sibles et  empêchent  toute  expansion  de  gaz  dans  le  sens  latéral  ;  mais  le  fond 
de  l'âme  et  le  projectile  n'étant  pas  reliés  ensemble,  les  pressions  des  couches 
de  gaz  qui  sont  en  contact  avec  ces  mobiles,  les  mettent  en  mouvement  dans 
la  direction  de  l'axe  de  la  pièce,  et  dans  deux  sens  opposés.  La  dilatation 
que  ces  tranches  éprouvent  par  suite  du  recul  de  la  bouche  à  feu  et  du 
mouvement  du  projectile,  diminue  leurs  tensions  qui  deviennent  alors  infé- 
rieures à  celles  des  tranches  voisines  ;  celles-ci  se  dilatent  aussi  en  poussant 
devant  elles  les  tranches  extrêmes  ainsi  que  les  mobiles,  et  diminuent  égale- 
ment de  tension  :  mais  ces  deux  effets  sont  un  peu  moindres  que  dans  les 
premières  tranches,  attendu  que  poOr  ces  secondes  tranches,  la  masse  à  mou- 
voir est  plus  grande,  puisqu'elle  est  augmentée  de  la  masse  des  gaz  qui  la 
sépare  du  mobile  et  s'y  ajoute.  Les  mêmes  effets  de  dilatatiou  et  de  déplace- 
ment se  propagent  ainsi  de  tranche  en  tranche,  à  partir  des  deux  extrémités 

C)   Traité  d'artillerie,  etc.,  y>.  55^  Il  ^o. 


{  7(^-4  ) 

de  la  charge,  mais  ils  vont  en  diminuant  à  mesure  que  la  masse  de  gaz  dé- 
placée augmente;  il  arrive  enfin  qu'une  tranche  intermédiaire,  située  entre 
deux  couches  se  mouvant  en  sens  contraires,  éprouve  une  diminution  de 
pression  sur  les  deux  faces  opposées,  et  se  dilate  des  deux  côtés  sans  que  son 
centre  de  gravité  se  déplace.  Toutes  les  autres  tranches,  au  contraire,  parti- 
cipent plus  ou  moins  au  mouvement,  soit  de  la  pièce,  soit  du  projectile,  de- 
puis celles  qui  sont  voisines  de  la  tranche  en  repos  qu'on  vient  de  consi- 
dérer et  qui  n'ont  qu'un  mouvement  très-lent,  jusqu'à  celles  qui  sont  en 
contact  avec  les  mobiles  et  qui  sont  animées  des  mêmes  vitesses  qu'eux. 
Chaque  tranche  tend  ainsi  par  sa  force  d'expansion  à  accélérer  le  mouve- 
ment de  l'un  des  mobiles  et  celui  des  couches  de  gaz  qui  sont  interposées 
entre  elle  et  lui;  mais  comme  elle  ne  se  dilate  qu'autant  que  sa  force  élas- 
tique peut  vaincre  l'inertie  de  la  masse  placée  devant  elle,  il  faut  que  la  ten- 
sion augmente  avec  la  quantité  de  gaz  qui  la  sépare  du  mobile  et  s'ajoute  à 
cette  masse  à  mouvoir  ;  de  sorte  qu'aussitôt  que  le  mouvement  commence,  la 
densité  des  gaz  varie  d'une  tranche  à  une  autre,  et  elle  est  d'autant  plus 
grande,  que  la  tranche  est  plus  voisine  de  la  tranche  mimobile,  où  se  trouve 
le  maximum  de  densité  et  de  tension. 

«  9.  Etat  initial  des  gaz.  —  Comme  en  général  le  projectile  commence  à 
se  mouvoir  avant  que  la  combustion  de  la  charge  soit  complète,  les  gaz  for- 
més à  cette  époque  ne  se  trouvent  pas  répartis  uniformément  dans  toutes 
les  tranches  :  l'inflammation  de  chaque  partie  de  la  charge  n'ayant  pu 
avoir  lieu  que  successivement,  les  tranches  les  plus  voisines  du  point  d'ap- 
plication du  feu  contiennent  évidemment  plus  de  gaz  que  celles  qui  en  sont 
éloignées.  Si  le  feu  a  été  mis  à  la  charge, .comme  cela  a  lieu  ordinairement, 
vers  le  fond  de  l'âme,  en  un  point  voisin  de  l'emplacement  de  la  tranche 
de  gaz  qui  doit  rester  immobile,  le  décroissement  de  densité  des  gaz  a  lieu, 
de  chaque  côté  de  cette  tranche,  dans  le  sens  exigé  par  le  mouvement  des 
diverses  parties  du  système,  ainsi  qu'on  l'a  vu  dans  le  paragraphe  précé- 
dent; de  sorte  que  dans  les  premiers  instants  il  n'y  a  pas  lieu  à  un  très- 
grand  déplacement  des  gaz,  attendu  que  chacun  de  ces  décroissements  de 
densité  n'est  pas  très-prononcé  à  cette  époque.  Mais  si  au  contraire  l'in- 
flammation commence  en  un  point  voisin  du  projectile,  la  répartition  des 
gaz  formés  présente  un  décroissement  de  densité  des  gaz  dans  un  sens  op- 
posé à  celui  qui  tend  à  s'établir  par  suite  du  mouvement  des  mobiles.  De 
cette  répartition  primitive  des  gaz  inverse  de  celle  qui  doit  s'établir  plus 
tard,  il  résulte  que,  les  gaz  des  tranches  qui  doivent  se  dilater  le  plus  étant 
plus  denses  que  les  autres,  les  différences  de  densités  s'affaiblissent  a  mesure 


(  765  ) 
que  le  mouvement  s'effectue;  et  il  pourrait  arriver  que,  clans  les  premiers 
instants  et  pour  certaines  grandeurs  de  charge,  grosseurs  de  grains,  poids 
du  projectile  et  de  la  pièce,  etc.,  les  différences  de  densité  fussent  assez 
petites  pour  qu'on  pût  supposer,  sans  grande  erreur,  que  les  gaz  ont  la 
même  densité  dans  toute  la  longueur  de  la  charge.  Ce  cas  particulier  de  la 
question,  le  seul  qui  ait  été  admis  par  les  anciens  auteurs,  Euler  excepté,  ne 
peut  être  supposé  exister  dans  la  pratique,  que 'pour  des  charges  excessive- 
ment faibles  par  rapport  au  projectile,  tirées  dans  des  armes  très-courtes  ;  on 
le  traitera  toutefois  et  on  comm'enoera  par  là,  parce  que  sa  solution  n'exige 
que  des  considérations  de  la  plus  grande  simplicité,  et  peut  s'obtenir  sans 
employer  une  haute  analyse. 

III.  —  Hypothèse   d'une  densité  onifobme  des  gaz   dans  tout  l'esi-ace  qu'ils  occupent 

DANS    l'aME. 

»  10.  Mouvement  du  centre  de  (jravité.  —  Le  mouvement  du  centre  de 
gravité  des  différentes  parties,  pièce,  boulet  et  charge,  ne  devant  pas  chan- 
ger quelles  que  soient  les  forces  qui  se  développent  dans  l'intérieur  du  sys- 
tème, et  dans  le  cas  qu'on  considère,  tout  étant  en  repos  avant  l'explosion 
de  la  poudre,  la  quantité  de  mouvement  du  boulet  inv  devrait  être  égale  à 
celle  de  la  bouche  à  feu  MV,  si  l'on  pouvait  négliger  la  masse  de  la  poudre; 
mais  dans  la  pratique  le  poids  de  la  charge  est  comparable  à  celui  du  bou- 
let, et  une  portion  notable  des  gaz  se  meut  dans  le  même  sens  que  le  pro- 
jectile avec  une  très-grande  vitesse;  il  est  donc  nécessaire  de  tenir  compte 
de  la  quantité  de  mouvement  de  la  poudre.  La  masse  totale  de  la  charge  a 
étant  supposée,  dans  le  cas  actuel,  être  répartie  uniformément  entre  les 
tranches  extrêmes  qui  sont  animées  respectivement  des  vitesses  f  et  V  des 
mobiles,  avec  lesquelles  elles  sont  en  contact,  la  tranche  située  au  milieu 
de  la  longueur  et  contenant  le  centre  de  gravité,  sera  animée  de  la  vitesse 

moyenne  •  dans  le  même  sens  que  celle  du  projectile,  et  la  quantité 

de  mouvement  -  (p  —  V)  devra  être  ajoutée  à  celle  du  boulel  ;  on  aura  ainsi 

(A)  mp  + /A  (^^)  =  MV,     ou     (m-h^\i>=  (m+^'^\. 

Les  vitesses  des  deux  mobiles  resteront  ainsi  toujours  dans  im  rapport  con- 
stant, et  la  tranche  qui  divisera  la  longueur  de  la  charge  en  deux  parties  qui 

C.  K.,  1859,  a™»  Semestre.  (  T.  XLIX,  N»  21.)  'OO 


(  7^6) 
soient  dans  ce  même  rapport,  restera  immobile  pendant  toute  la  durée  du 
phénomène. 

»  11.  Somme  des  forces  vives.  —  Dans  la  même  hypothèse  de  l'unifor- 
mité de  répartition  des  gaz  dans  toute  la  partie  de  l'âme  comprise  entre  le 
fond  de  l'âme  et  le  derrière  du  projectile,  la  vitesse  de  chaque  tranche  est 
proportionnelle  à  sa  distance  à  la  tranche  en  repos  placée  au  centre  de  gra- 
vité du  système;  chaque  partie  de  la  charge  ayant  un  poids  proportionnel 
à  sa  longueur,  la  portion  /x'  qui  se  meut  dans  le  même  sens  que  le  boulet  est 

2__        _  y  _      ,_ 

M  +  TO  -t- (i  '^  ~"   ». -^  V '^  ~  ^  ' 

la  portion  /x"  qui  se  meut  dans  le  même  sens  que  la  pièce  est 

»i  -h  - 

2  _         V  _      „ 

Si  on  divise  la  portion  de  charge  /x'  en  q  tranches  très-minces  ayant  des 
vitesses  uniformément  croissantes  de  o  à  c,  on  aura  pour  la  somme  des 
produits  de  la  masse  de  chaque  tranche  par  le  carré  de  sa  vitesse  : 


_  ii'<''q{q—  l)(2y-4-i)_ 
q'  2.3  ' 

le  nombre  q  des  tranches  peut  toujours  être  supposé  assez  grand  pour  que 
cette  expression  devienne 

ft'  v'         q'         ji'  v^        (i      i)'  , 

qui  sera  la  somme  des  forces  vives  de  toutes  les  tranches  qui  se  meuvent 
dans  le  même  sens  que  le  boulet.  On  aura  également  pour  la  somme  des 
forces  vives  de  la  portion  de  charge  qui  se  meut  dans  le  même  sens  que  la 
pièce 

3  c  -f-  V' 
l<a  somme  des  forces  vives  acquises  par  les  différentes  parties  du  système 


(  767  ) 

depuis  le  commencement  du  mouvement  sera  donc 


//2 


+  e)^+(M  +  e)v.-f„v. 


»  12  Quantité  de  travail  développée  par  la  détente  des  gaz.  —  La  quantité 
de  travail  développée  parles  gaz  pendant  leur  détente  dans  l'âme  de  la  pièce 
s'e;tprime  par  le  produit  de  la  pression  p  sur  l'unité  de  surface,  par  la  sec- 
tion TTC*  du  vide  de  l'âme  et  par  le  chemin  parcouru  par  les  tranches.  Or  la 
pression  exercée  par  chaque  tranche  sur  sa  voisine  est  fonction  de  la  densité 
p  des  gaz,  et  comme  dans  le  cas  traité  en  ce  moment  cette  densité  est  la 
même  dans  toute  l'étendue  qui  sépare  le  projectile  du  fond  de  l'âme,  p  est 
en  raison  inverse  de  la  distance  de  ces  deux  mobiles,  qui  était  a  à  l'origine 
du  mouvement,  et  qui  est  Q  au  moment  que  l'on  considère.  Si  D  est  le  rap- 
port du  poids  de  la  charge  au  poids  de  la  quantité  d'eau  que  contiendrait  le 
volume  de  l'âme  occupé  primitivement  par  cette  charge,  on  a,  quand  toute 
la  poudre  est  brûlée, 

D 

Si  la  tension  p  des  gaz  varie  alors  comme  la  puissance  n  de  la  densité,  ou 
que  p  =  kp",  on  aura 

frï>«a" 

et  le  travail  pendant  un  très-petit  parcours  h  de  l'âme  par  le  projectile  sera 

ncH'D"a."h ah 

6".  6" 

en  faisant 

a  =  710"  AD"  a". 

Pour  les  parcours  suivants  $  augmenterait,  et  par  suite  la  pression  et  le  tra- 
vail diminueraient,  de  manière  que  l'évaluation  du  travail,  pendant  plu- 
sieurs instants,  dépend  de  la  sommation  des  valeurs  successives  que  prend 
l'expression  précédente  à  mesure  que  6  varie.  Cette  évaluation  peut  être 
faite  facilement  par  les  quadratures,  ou  bien  comme  précédemment  (11)  en 
partant  de  6  =:  h  et  supposant  un  très-grand  nombre  q  de  petits  parcours 
tous  égaux  à  h,  de  manière  que  Q  =  qh;  la  somme  des  quantités  de  tra- 

100.. 


(768) 
vail  de  toutes  ces  tranches  serait 


ah 

IF' 


ah  ah  ah    "     (  l  l  l  i  \ 


{n—  1)6'-')  ' 
mais  le  travail  est  nul  à  l'origine  du  mouvement  ou  quand  ô  =  a,  on  a  donc 

C    _  I 

h"-'         («  —  i)  «""■' 

et  la  quantité  de  travail  devient 

/  1 I  \  7t  c'  /•  D"  a"    /    1  1    \ 

\(«—  i)a"-'         {n  —  i)  &'—> )  ~     n  —  1       \b^  ""   ¥-')' 

• 

»  Dans  l'hypothèse  où  tous  les  gaz  seraient  formés  à  l'origine  du  mou- 
vement, comme  dans  les  fusils  à  vent  et  dans  les  armes  à  vapeur,  et  où  il 
n'existerait  aucune  perte  par  la  lumière  et  par  le  vent,  comme  dans  les  armes 
à  percussion  et  avec  les  projectiles  forcés,  toute  la  quantité  de  travail  serait 
employée  "à  pousser  la  pièce  et  le  boulet  jusqu'à  la  sortie  de  ce  dernier  de 
l'âme,  dont  la  longueur  sera  représentée  par  /;  il  vient  alors  pour  l'équa- 
tion des  forces  vives 

(B)      („+S)„.H-(M-.3e)v.-£i^=îl£^(-i,-^). 

»  Les  équations  (A)  et  (B)  donnent  toutes  les  solutions  des  anciens  au- 
teurs; mais  ceux-ci  ne  tenant  aucun  compte  du  recul  de  la  pièce,  il 
faut  faire  V  =  o;  de  plus  la  plupart  d'entre  eux  négligent  la  masse  de  la 
poudre,  ou  supposent  ju,  =  o  et  font  n=  i  ;  dans  ce  dernier  cas  l'expression 

du  double  de  la  quantité  de  travail  devient  2  nc^kDvAog  -• 

»  Mais  d'après  ce  qu'on  a  vu  précédemment  (7),  si  on  veut  apphquer 
cette  solution  aux  gaz  de  la  poudre,  dans  le  cas,  par  exemple,  où  le  pro- 
jectile est  très-lourd  et  la  charge  assez  petite  pour  être  considérée  comme  en- 
tièrement comburée  au  moment  du  déplacement  des  mobiles,  on  a  toujours 
pour  n  une  valeur  plus  grande  que  l'unité,  et  qui  en  moyenne  est  voisine 
de  a,  car  les  valeurs  que  p  peut  prendre  dans  le  tir  ordinaire,  dépassent 
rarement  o, 45;  la  valeur  Y  =  iio""'-!-  ioooo''''(3' (7)  paraîtrait  donc  devoir 
convenir  dans  ce  cas,  si  les  parois  de  l'âme  du  canon  étaient  élevées  à  une 


(  769  ) 

température  voisine  de  3oo  degrés,  comme  dans  les  expériences  de  Rumford; 
mais  ces  parois  s'élèvent  an  plus  au  liers  de  cette  température  après  un  tir 
très-prolongé;  on  doit  donc  avoir  p  <  Y.  Prenant  comme  valeur  approchée 
p  =  A-jO*  =  igoog""'  p*,  on  aura  pour  le  double  de  la  quantité  de  travail  dé- 
veloppée par  les  gaz  de  la  poudre  aoooo''"7rc'  D*  a  (  i  —  y  j ,  expression  qui 

convient  mieux  que  la  précédente  pour  le  cas  des  gaz  de  la  poudre. 

»  Dans  une  prochaine  séance  on  développera  une  solution  plus  appro- 
chée, et  enfin,  dans  une  troisième  séance  on  donnera  la  solution  com- 
plète de  la  question  du  mouvement  des  gaz  de  la  poudre.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE  —  Démonstration  de  la  loi  de  M.  Foucault  sur  ta  tendance 
transversale  d'un  point  qui  se  déplace  à  la  surface  de  la  terre.  —  Evaluation 
de  la  force  qui  produit  dans  les  rivières  la  tendance  à  l'érosion  des  rives; 
par  M.   Babinet. 

(c  Voici  la  liste  des  principaux  instruments  et  des  principaux  phénomènes 
où  se  manifeste  l'effet  produit  par  le  mouvement  rotatoire  de  la  terre  autour 
de  son  axe  : 

»  1°.  Le  pendule  de  M.  Léon  Foucault,  qui  à  chaque  oscillation  dévie  à 
sa  droite  d'une  quantité  angulaire  égale  à  wsinX. 

»  2°.  Le  gyroscope,  ou  plutôt  les  diverses  sortes  de  gyroscopes  du  même 
savant,  lesquels,  pour  l'extrémité  d'iui  index  de  i  mètre  de  longueur, 
donnent  en  France  un  déplacemeut  d'environ  i  millimètre  pour  18  ou  20  se- 
condes de  temps. 

»  3°.  L'expérience  de  M.  Perrot,  où  la  vitesse  minime  du  liquide  vers 
le  centre  du  vase  donne  à  la  terre  le  temps  de  se  déplacer  sensiblement, 
même  pour  une  marche  très-petite  des  molécules  liquides  qui  vont  de  la 
circonférence  au  centre. 

»  4°-   T-'^  chute  vers  l'est  des  corps  tombant  en  chute  libre. 
»   5°.   La  chute  vers  le  sud  des  mêmes  corps,  circonstance  encore  inexpli- 
quée, mais  qui  paraît  mise  hors  de  doute  par  l'expérience  (1). 

»  6".  La  chute  vers  l'ouest  des  projectiles  lancés  verticalement,  quantité 
considérable  qui,  suivant  Laplace,  serait  de  129  mètres  pour  une  vitesse 
initiale  de  5oo  mètres,  abstraction  faite  de  la  résistance  de  l'air.  J'ai  vérifié 
son  calcul  de  deux  manières. 


(i)  J'apprends  de  M.  Verdet  que  cette  déviation  a  été  étudiée  expérimentalement  ei  théo- 
riquement par  M.  Rundell.  Cambridge  Mathematical  Journal,  t.  IV. 


(  770  ) 

)'  J'ajouterai  ici  le  transport  vers  l'ouest  par  un  temps  calme  des  sables 
et  des  gaz  volcaniques  projetés  à  une  très-grande  hauteur. 

»  7°.  Déviation  à  droite,  dans  l'hémisphère  nord,  d'un  corps  marchant 
sur  un  plan  horizontal,  et  sa  trajectoire  apparente  courbée  en  parabole. 

»  (Notez  que  si  le  corps  roule,  sa  masse  influe  sur  la  quantité  de  sa  dé- 
viation.) 

»  8".  Déviation  à  droite  d'un  corps  qui  suit  un  plan  incliné,  soit  en 
montant,  soit  en  descendant. 

»  9°.  Déviation  à  droite  d'un  projectile  à  trajectoire  peu  courbe  (boulet 
et  balle)  et  des  projectiles  tirés  sous  un  grand  angle  de  hauteur  (bombes). 

»  lo".  Les  deux  circuits  que  forment  les  eaux  dans  les  deux  bassins  de  la 
Méditerranée,  et  qui  marchent  à  gauche  pour  un  observateur  placé  vers  le 
centre  de  chaque  bassin.  Même  chose  pour  le  bassin  de  la  mer  Noire,  pour 
celui  de  l'Adriatique,  pour  celui  de  ia  mer  Caspienne,  et  enfin  pour  celui 
du  lac  Aral. 

»  II".  Le  grand  circuit  des  eaux  dans  la  partie  nord  de  l'Atlantique  et  le 
circuit  encore  plus  vaste  du  Pacifique  nord,  l'un  et  l'autre  tournant  à  droite 
de  l'observateur  placé  vers  le  centre,  la  partie  sud  de  l'un  et  de  l'autre  cou- 
rant circulaire  allant  vers  l'ouest  et  la  partie  nord  marchant  à  l'est  ;  plus  trois 
autres  circuits  bien  moins  importants,  dirigés  à  gauche,  et  occupant  l'Atlan- 
tique sud,  le  Pacifique  sud  et  la  mer  des  Indes;  enfin  les  deux  circuits 
circompolaires  marchant  l'un  et  l'autre  vers  l'est. 

»    12°.   Les  vents  alizés  et  leurs  deux  contre-courants  du  nord  et  du  sud. 

»  i3°.  Jja  rotation  rapide  de  la  direction  d'où  vient  le  vent  quand  son 
intensité  se  soutient  constante,  et  qui  fait,  suivant  la  célèbre  loi  de  Dove, 
virer  le  vent  en  quelques  heures  du  nord  vers  l'est,  puis  vers  le  sud,  puis 
vers  l'ouest,  pour  qu'il  redevienne  enfin  un  vent  du  nord,  faisant  souvent 
ainsi  une  rotation  apparente  de  plus  d'une  circonférence  entière,  et  dont  la 
théorie  complète  et  la  constance  autrement  inexplicable  ne  résultent  que  de 
la  loi  de  M.  Foucault  wsinX,  suivant  tous  les  azimuts. 

»  \lf.  La  rotation  vers  la  gauche  (pour  un  observateur  situé  au  centre) 
des  cyclones  ou  tornados  des  latitudes  moyennes  de  l'hémisphère  nord, 
tornados  qui  n'ont  pas  lieu  dans  les  mers  équatoriales,  pour  lesquelles 
sinX:=  o. 

»    i5°.   L'effet  du  vent  sur  une  mer  peu  étendue,  effet  qui,  d'après  la  loi 
de  M.  Foucault,  tend  à  lui  imprimer  un  mouvement  toujours  dirigé  dans  le 
mém«  sens,  de  quelque  point  de  l'horizon  q^ie  le  vent  vienne  à  souffler. 
»    16°.  La  déviation  incontestable  et  considérable  des  eaux  des  fleuves  . 


(  771 
quand  ils  entrent  dans  la  mer  ou  dans  les  grands  lacs,  portant  à  droite  dans 
noire  hémisphère  les  troubles  qu'ils  charrient  avec  leurs  eaux. 

»  17°.  La  faible  tendance  vers  la  droite  des  rivières  du  nord,  tendance 
dont  je  vais  évaluer  l'intensité  tout  à  l'heure. 

»  Ma  mémoire  ne  me  fournit  pas  en  ce  moment  d'autres  phénomènes  ou 
expériences  en  relation  avec  le  mouvement  de  rotation  du  globe.  On  peut 
cependant  encore  mentionner  la  petite  déviation  qu'éprouve  un  mobile  qui 
suit  iHi  grand  cercle  de  la  sphère,  au  lieu  de  rester  sur  le  parallèle  tangent 
à  ce  grand  cercle,  qui  porte  le  nom  de  premier  verlical,  et  qui  est  dirigé  à 
l'origine  de  l'est  à  l'ouest.  Cette  déviation  est  l'excès  de  l'hypoténuse  d'un 
triangle  sphérique  rectangle  ayant  un  côté  très-petit  sur  le  grand  côté  de  ce 
triangle.  Comme  les  Tables,  même  à  7  décimales,  ne  donnent  rien  de  précis 
pour  les  cosinus  des  angles  qui  avoisinent  go  degrés,  j'ai  cherché  la  formule 
d'approximation  qui  donne  directement  cette  déviation,  et  j'ai  trouvé  que 
pour  une  distance  de  a  mètres,  à  partir  du  point  de  contact,  la  distance  entre 
le  grand  cercle  et  le  parallèle  est  exprimée  par 

R  étant  le  rayon  de  la  terre  et  X  la  latitude  du  lieu.  Si  l'on  prend,  par 

exemple,  R  =  637o3oo  mètres  et  a  =  G37  mètres,  comme  d'ailleurs  dans 

3 
les  environs  de  Paris  sinX  =:  -?»  on  trouvera  la  quantité,  dont  le  grand  cercle 

dévie  alors  du  parallèle,  égale  à  24  millimètres. 

»  Démonstration  du  théorème  de  M.  Foucault.  —  Si  le  corps  se  meut  suivant 
le  méridien  avec  une  vitesse  a  (vers  le  nord  par  exemple),  il  passe  en  i  se- 
conde d'une  latitude  X  à  une  latitude  X  +  —  ?  R  étant  le  rayon  de  la  terre, 
et  la  différence  entre  la  vitesse  «RcosX,  qui  a  lieu  à  une  latitude  X,  et  la 
vitesse  uRcos(X+  — ]»  qui  convient  à  la  latitude  X  +  -^5  donne  de  suite 
pour  le  mobile  une  vitesse  relative  égale  à 

coRcosX  —  mRcosX  cos— +  uRsinX  sin— •; 

H  K. 

or  cos— =  1,      sin— =  — ■    La  vitesse  relative  est  donc 

wasinX. 

Tout  le  monde  convient  de  ceci. 

»  Maintenant  supposons  toujours  le  corps  libre  et  allant  en  i  seconde 


(  772  ) 
d'une  quantité  a  vers  l'ouest  par  exemple,  en  sens  contraire  du  mouvement 
delà  terre.  Le  point  de  la  terre  qui,  au  moment  du  départ  du  projectile, 
était  dans  l'horizon  à  l'ouest,  aura  marché  obliquement  à  cet  horizon,  dans 
un  cercle  parallèle  à  l'équateur,  d'une  quantité  égale  à  wa.  Ce  mouvement, 
rapporté  à  l'horizon,  que  le  mobile  ne  quitte  pas,  sera  égal  à  ojn  multiplié 
parle  cosinus  de  l'angle  que  forme  léquateur  avec  cet  horizon,  angle  égal 
à  90"  —  X.  Ce  produit  est  donc 

wrtcos(9o°  —  X)=wasinX. 

»  Ainsi  le  vertical  qui  contient  le  mobile  sera  séparé  en  i  seconde  du 
vertical  dirigé  à  l'ouest  d'une  quantité  angulaire  wsin^X  et  à  la  distance  a 
d'une  quantité  linéaire  égale  à  «asinX.  Or  le  point  du  parallèle  étant  porté 
vers  le  sud,  le  mouvement  apparent  du  mobile  sera  vers  le  nord,  c'est-à-dire 
vers  la  droite  de  l'observateur  regardant  vers  l'ouest. 

r  Même  raisonnement  si  le  mobile  va  vers  l'est.  Alors  son  mouvement 
apparent  est  vers  le  sud,  qui  se  trouve  à  droite  de  l'observateur. 

»  Voici  maintenant  comment  on  passera  au  cas  général  d'un  corps 
animé  d'une  vitesse  rt,  et  faisant  par  exemple  avec  la  ligne  nord  un  angle 
quelconque  9.  Soit  A  le  point  d'où  part  le  mobile  et  B  celui  où  il  arrive  en 
I  seconde,  en  sorte  que  AB=:a.  Il  est  évident  que  l'on  peut  considérer  le 
point  A  comme  animé  de  deux  vitesses  qui  se  composent  suivant  AB  :  l'une, 
dirigée  vers  le  nord,  sera  acosœ;  l'autre,  dirigée  à  l'est  par  exemple,  sera 
a  sin^. 

»  La  première  vitesse  engendrera  une  tendance  à  droite,  c'est-à-dire  vers 
l'est,  c'est-à-dire  vers  la  droite  de  AB,  égale  à 

wasinXcosç; 

décomposant  cette  force  en  B  suivant  une  perpendiculaire  à  la  direction 
primitive  AB,  elle  devient 

wasinXcos^  ç. 

»  L'autre  vitesse  wasinXsinip,  étant  dirigée  vers  l'ouest,  donnera  nais- 
sance en  B  à  une  tendance  à  droite  vers  le  nord  égale  à 

wasinXsiny. 

Cette  vitesse  relative,  étant  décomposée  en  B  suivant  une  perpendiculaire 
à  AB,  devient 

wasinXsin^j), 

et  le  point  B  aura  été  déplacé  en  i  seconde,  relativement  à  la  direction  pre- 


(  773  ) 
mière  AB  du  mouvement,  d'une  quantité 

M  a  sin  ),  (  sin'  «p  +  cos'  «p  )  =  «  a  sin  / . 

»  Ainsi,  quelle  que  soit  la  direction  AB,  la  déviation  linéaire  vers  la 
droite  sera  toujours  la  même,  savoir  wasinX.  La  déviation  angulaire,  qui 
est  toujours  wsinX,  reste  aussi  toujours  la  même.  Ainsi  un  gyroscope  à  plan 
invariable,  muni  d'un  index  de  i  mètre,  compté  à  partir  du  centre,  mon- 
trerait dans  tous  les  azimuts  une  déviation  égale,  et  l'extrémité  de  l'index 
indiquerait  en  France  un  déplacement  de  i  millimètre  pour  i8  ou  20  se- 
condes de  temps  ,  et  cela  d'une  manière  continue. 

n  Evaluation  de  ta  force  avec  laquelle  les  rivières  pressent  leur  rive  droite .  — 
D'après  le  théorème  de  M.  Foucault,  et  d'après  ses  expériences  du  pendule 
et  du  gyroscope,  la  déviation  angulaire  wsinX  est  en  France  telle,  qu'un 
corps  qui  persisterait  à  garder  son  plan  de  mouvement  verrait  en  trente- 
deux  heures  tous  les  points  de  l'horizon  décrire  une  circonférence  entière. 
Ainsi  en  huit  heures,  ce  serait  90  degrés.  Ainsi  un  cours  d'eau  comme  le 
Rhône  allant  vers  le  sud,  s'il  conservait  sa  direction  primitive  et  s'il  n'était 
pas  continuellement  défléchi  par  le  lit  du  fleuve,  ce  courant,  dis-je,  au  bout 
de  huit  heures,  rencontrerait  à  angle  droit  la  rive  droite  dirigée  alors  de 
l'est  à  l'ouest  et  qui  lui  barrerait  le  chemin.  Il  est  évident  que  ce  courant  a 
tourné  de  90  degrés  en  huit  heures,  et  l'infléchissement  d'une  grande  masse 
d'eau  suivant  un  angle  de  90  degrés  sans  perte  de  vitesse,  a  dû  exiger 
un  emploi  de  force  considérable.  Notre  confrère  M.  le  général  Morin  a 
très-bien  dit  que  dans  les  ouvrages  de  M.  Poncelet  on  trouvait  le  calcul 
de  cas  analogues  à  la  déflexion  d'un  courant  qui  suit  une  courbe  quel- 
conque. Je  ferai  remarquer,  en  conservant  l'assimilation  très-lucide  de 
M.  Morin,  que  la  puissance  des  turbines  indique  une  réaction  énergique 
d'un  liquide  ainsi  infléchi  dans  son  cours.  Si  l'on  compose  deux  forces 
égales  faisant  entre  elles  un  angle  de  120  degrés,  on  aura  une  résultante 
égale  à  chacune  des  deux  forces,  et  faisant  un  angle  de  60  degrés  avec  cha- 
cune d'elles.  Donc,  pour  déplacer  de  60  degrés  dans  sa  direction  et  sans 
la  diminuer  une  force  quelconque,  il  faudrait  dépenser  une  force  égale, 
une  quantité  de  travail  égale  à  la  quantité  de  travail  que  contient  le  corps 
animé  de  la  vitesse  primitive,  quantité  égale  à  ce  qu'il  faudrait  pour  arrêter 
le  mobile.  Or,  en  cinq  heures  de  temps  à  peu  près,  les  rives  d'un  fleuve  de 
France  tournent  suivant  l'horizon,  de  ces  mêmes  60  degrés.  Ainsi,  malgré 
la  longueur  de  ce  temps,  cinq  heures,  nous  allons  voir  que  la  force  qui 
résulte  de  la  déflexion  par  seconde,  savoir  usinX,  n'est  pas  ,négligeable. 

C.  R.,  1859,  »">«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  21.)  'O' 


(  77l  ) 
»  Soit  un  fleuve  marchant  avec  une  vitesse  constante  de  i  mètre  par 
seconde.   A  chaque  mètre  que  l'eau  parcourra,  elle  subira  une  déviation 

d'à  peu  près  —  de  miUimètre,  comme  nous  l'iivons  dit.  C'est  donc  une  force 

qui,  agissant  perpendiculairement  au  courant,  l'infléchit  de  —  de  milli- 
mètre en  t  seconde,  tandis  que,  si  la  pesanteur  agissait  de  même  pendant 
I  seconde,  elle  infléchirait  la  marche  d'un  mobile  de  -  g  que  je  prends  égal 

à  5  mètres.  Il  est  plus  régulier  de  mesurer  les  forces  par  les  vitesses  qu'elles 
engendrent,  et  nous  dirons  que,  tandis  que  la  pesanteur  qui  fait  dévier  un 
mobile  de  5  mètres  en  t  seconde,  lui  donne  une  vitesse  de  lo  mètres  en  i  se- 
conde, l'action  de  la  rive  qui  infléchit  la  direction  de  l'eau  de  —  de  millimètre 
'  ^  20 

par  seconde  est  une  force  qui,  en  i  seconde,  lui  donnerait  une  vitesse  de 
—  de  millimètre.  Ainsi  l'action  exercée  parla  rive  sur  le  courant,  et  par  suite 

la  réaction  du  courant  sur  la  rive,  est  à  la  pesanteur  comme  —  de  millimètre 

est  à  10  mètres;  elle  en  est  donc  environ  la  cent-millième  partie.  Mais  remar- 
quons que  la  rivière  tout  entière,  dans  toute  sa  largeur  Z,  subit  l'inflexion, 

et  que  chaque  filet  d'eau  est  infléchi  de  cette  quantité  —  de  millimètre 

correspondant  à  une  force  de  —  de  millimètre,  ou  bien   le  cent-millième 

de  la  pesanteur.  Or  la  pression  latérale  d'un  cours  d'eau  d'une  largeur  / 

soumis  à  une  force est  égale  à  celle  d'un  cours  d'eau  qui  n'aurait 

I 00000  "  ^ 

qu'une  largeur  égale  à >  mais  qui  serait  soumis  à  la  pesanteur  entière 

dans  le  plan  de  l'horizon  et  vers  la  droite.  En  d'autres  termes,  la  pression 
latérale  d'un  cours  d'eau  d'une  largeur  /est  la  même  que  le  poids  d'un  cou- 
rant d'eau  avant  une  hauteur  égale  à Ainsi,  pour  une  rivière  ayant 

•'  "  1 00000  '  '' 

10  kilomètres  de  large,  la  pression  sur  la  rive  droite  serait  la  même  que 
celle  qu'un  courant  d'eau  profond  de  i  décimètre  exercerait  sur  son  fond, 
et  la  vitesse  étant  égale  de  part  et  d'autre,  l'effet  d'érosion  serait  le  même 
à  circonstances  égales;  mais  tout  le  monde  voit  de  suite  qu'un  terrain  meu- 
ble, attaqué  de  côté  et  verticalement,  est  bien  moins  résistant  qu'une  même 
surface  horizontale  dont  les  parties  détachées  font  obstacle  à  l'action  du 
courant,   tandis  que  les  parties  détachées  par  érosion  d'une  rive  verticale 


(  775  ) 
tombent  au  fond  de  l'eau  et  laissent  complètement  à  découveil  les  parties 
qu'elles  protégeaient. 

»  Si  la  vitesse  par  seconde  était  de  plus  de  i  mètre,  la  déflexion  du  cou- 
rant serait  autant  de  fois  plus  grande  dans  une  seconde,  et  la  force,  com- 
parée à  la  pesanteur,  serait  de  ce  même  nombre  de  fois  plus  grande. 

«  On  passera  facilement  à  la  formule  générale,  et  l'on  trouvera  que, 
pour  une  rivière  ayant  une  vitesse  a  par  seconde  et  une  largeur  /,  la  rive 
droite  est  pressée  comme  est  pressé  le  fond  d'un  cours  d'eau  ayant  la  même 
vites.se  a  et  une  profondeur  égale  à 

2w«/sinÀ 


g 

avec  cette  circonstance  que  l'érosion  latérale,  favorisée  par  la  chute  des 
matériaux  qui  se  détachent,  est  bien  plus  efficace  que  l'érosion  qui  s'exerce 
sur  le  fond  d'un  cours  d'eau  ayant  une  pression  équivalente. 

»  Post-scriplitm.  —  J'avoue  mon  ignorance  sur  le  travail  de  M.  Poisson, 
cité  très  à  propos  par  M.  le  général  Piobert  dans  le  dernier  Compte  rendu. 
Pour  une  vitesse  initiale  presque  horizontale  de  4oo  mètres  par  seconde, 
et  pour  une  portée  de  aoo  mètres,  la  déviation  du  tir  trouvée  par  M.  Poisson  est 
à  peine  d'un  demi-centimètre  (c'est  notre  ancienne  vitesse  initiale  de  200  toises 
pour  la  balle  du  fusil  de  munition  ).  Le  temps  d'un  trajet  de  200  mètres 

serait  donc  presque  exactement  de  -  seconde.  La  formule  de  M.  Foucault 

donne  une  déviation  angulaire  usina,  ce  qui  fait  environ  10  secondes.  Or 

I  seconde  est  un  peu  moins  de ;  la  déviation  linéaire  serait  donc  un 

r  200000 

peu  moins  de 200  mètres  ;  le  tout  multiplié  par  le  temps  —  Cela  fait 

■  200000  '  r        r  r    2 

,     I  200000    ,  ^.      ,  •        1      '  »•      'x 

un  peu  moms  de de  centimètre,  ou  un  peu  moins  de  -  centimètre, 

r  2  200000  '  r  2 

ce  qui  est  le  résultat  de  Poisson.  » 


MÉCANIQUE.  —  Observations  au  sujet  de  la  communication  de  M.  Perrot  et  de 
la  Note  de  M.  Babinet  qui  l'accompagne;  par  M.  Combes. 

«  Je  me  propose  de  faire  voir  que  les  phénomènes  de  mouvement  observés 
par  M.  Perrot  et  l'excès  de  pression  que  les  eaux  courantes  à  la  surface  du 
globe  exercent  sur  leur  rive  droite  ou  gauche,  suivant  qu'elles  coulent  dans 
l'hémisphère  nord  ou  l'hémisphère  sud,  peuvent  être  expliqués  par  des  con- 

lOI.. 


(  77^  ) 
sidéralions  purement  géométriques  et  les  principes  élémentaires  de  la  méca- 
nique, sans  recourir  au  théorème  de  Coriolis  sur  le  mouvement  relatif  d'un 
système  de  points  matériels  par  rapj)ort  à  des  axes  mobiles,  théorème  dont 
je  suis  bien  loin  d'ailleurs  de  méconnaître  l'importance  et  l'utilité.  Il  me 
suffira,  pour  cela,  de  raisonner  comme  l'ont  fait  MM.  Poinsot  et  Liouville, 
dans  le  sein  de  l'Académie,  à  l'époqtie  où  M.  Foucault  lui  communiqua  sa 
belle  expérience  sur  la  rotation  apparente  du  plan  d'oscillation  du  pendule. 
»  Imaginons  qu'un  jet  d'eau  sortant  de  la  terre  dans  la  direction  verticale, 
soit  reçu  dans  un  tuyau  cylindrique  ouvert  à  ses  deux  extrémités  par  une 
tubulure  également  verticale  située  au  milieu  de  sa  longueur;  que  ce  tuyau, 
placé  horizontalement,  soit  en  équilibre  sur  un  pivot  dont  l'axe  se  confonde 
avec  celui  de  la  tubulure  et  qu'il  soit  entièrement  libre  de  tourner  dans  le 
plan  horizontal  autour  de  l'axe  du  pivot,  sans  éprouver  aucune  résistance 
de  la  part  du  point  d'appui  ni  du  milieu  ambiant.  Les  filets  liquides  dont  le 
jet  d'eau  est  formé,  s'infléchissant  d'un  angle  droit,  se  partageront  également 
entre  les  deux  moitiés  du  tuyau  de  part  et  d'autre  de  la  tubulure  et  iront 
s'écouler  par  ses  deux  extrémités.  Il  est  évident  que,  tout  se  passant  symétri- 
quement dans  le  plan  horizontal  des  deux  côtés  de  l'axe  autour  duquel  le 
tuyau  peut  tourner,  ses  parois  opposées  seront  également  pressées  par  l'eau 
en  mouvement  et  qu'il  ne  tournera  ni  dans  un  sens  ni  dans  l'autre  ;  il  n'aura 
d'autre  mouvement  dans  l'espace  absolu  que  celui  de  translation  commun 
avec  le  pivot  fixé  à  la  terre  qui  le  supporte,  mouvement  dont  les  particules 
d'eau  étaient  elles-mêmes  animées  en  jaillissant  du  sein  de  la  terre  dans  son 
intérieur  et  que  le  tuyau  vide  possédait  aussi  [i).  Mais,  par  cela  même  qu'il 
conserve  une  position  invariable  dans  le  plan  horizontal,  il  paraîtra,  aux 
yeux  d'un  observateur  placé  sur  la  terre  et  emporté  avec  elle  dans  son 
double  mouvement  de  translation  et  de  rotation,  tourner  dans  le  plan 
horizontal  autour  de  l'axe  de  la  tubulure  et  du  jet  d'eau,  avec  une  vitesse 
angulaire  égale  à  celle  de  la  composante  de  la  rotation  de  la  terre  autour  de 
la  verticale  du  lieu  où  l'eau  jaillit,  et  dans  un  sens  opposé  à  celui  de  cette 
rotation  composante.  Si  l'expérience  est  faite  au  pôle  nord,  le  tuyau  aura 
pour  l'observateur  un  mouvement  apparent  de  rotation  égal  et  directement 
opposé  à  celui  de  la  terre,  c'est-à-dire  qu'il  accomplira  une  révolution 
entière  dans  le  même  temps  que  la  terre  exécute  une  révolution  complète 
autour  de  la  ligne  des  pôles,  soit  la  durée  d'un  jour,  ce  mouvement  étant 

(i)  Je  fais  abstraction  de  l'influence  de  la  masse  du  tuyau,  que  je  considère  comme  une 
surface  mathématique  sans  épaisseur. 


(  777  ) 
dirigé  vers  la  droite  de  chacun  des  courants  d'eau  de  sens  contraires 
qui  coulent  dans  ses  deux  moitiés.  Si  l'expérience  est  faite  au  pôle  sud,  il 
en  sera  de  même,  avec  cette  seule  différence  que  le  mouvement  apparent  de 
rotation  sera  dirigé  vers  la  gauche  des  courants  d'eau.  A  l'équateur  le  tuyau 
paraîtra  immobile.  Ceci  est  tout  à  fait  évident,  lorsque  l'on  suppose  que  la 
situation  initiale  de  son  axe  est  dans  le  plan  même  de  l'équateur.  Si  elle  est 
oblique  à  ce  plan,  les  points  de  la  surface  terrestre  situés  dans  l'hémis- 
phère boréal  seront  animés,  dans  la  rotation  du  globe,  d'une  vitesse 
moindre  que  l'eau  qui  coule  dans  la  moitié  du  tuyau  qui  se  projette  dans 
cet  hémisphère,  d'où  résulterait  pour  cette  moitié,  si  elle  était  isolée,  une 
rotation  apparente  dirigée  vers  la  droite  du  courant  d'eau  qui  la  parcourt; 
mais  les  points  de  la  surface  terrestre  situés  dans  l'hémisphère  austral  seront 
aussi  animés  dans  le  sens  de  la  rotation  du  globe,  d'une  vitesse  moindre 
que  l'eau  qui  coule  dans  la  moitié  du  tuyau  qui  se  projette  au  sud  de 
l'équateur,  d'où  résulterait,  pour  cette  moitié  isolée,  un  mouvement  appa- 
rent de  rotation  dirigé  vers  la  gauche  du  courant.  Les  deux  moitiés  nord  et 
sud  du  tuyau  étant  solidaires,  les  rotations  apparentes  qu'elles  prendraient, 
si  elles  étaient  isolées  et  qui  sont  égales  et  contraires,  s'annulent  récipro- 
quement. En  d'autres  termes,  le  tuyau  sera  entraîné  tout  entier  dans  le 
mouvement  de  l'équateur  terrestre  par  le  pivot  qui  le  supporte,  autour 
duquel  il  ne  tournera  pas. 

»  Si  l'expérience  est  faite  entre  le  pôle  et  l'équateur,  à  la  latitude  >,* 
on  remarquera  que  la  rotation  du  globe  autour  de  la  ligne  des  pôles  est 
équivalente  à  deux  rotations,  l'une  autour  de  la  verticale  du  lieu,  l'autre 
autour  de  la  perpendiculaire  à  cette  verticale  contenue  dans  le  plan  mé- 
ridien et  qui  concourt  avec  elle  sur  la  ligne  des  pôles;  la  vitesse  angu- 
laire de  la  rotation  composante  autour  de  la  verticale  sera  wsinX,  la  vitesse 
angulaire  autour  de  la  droite  perpendiculaire  mcosX,  u  désignant  la  vitesse 
angulaire  de  la  terre  autour  de  la  ligne  des  pôles.  Or  notre  tuyau  est  situé, 
par  rapport  aux  deux  parties  de  la  surface  terrestre  séparées  par  le  plan 
vertical  perpendiculaire  au  méridien  et  voisines  de  ce  plan,  exactement 
comme  il  l'était,  dans  le  cas  que  nous  avons  précédemment  discuté,  par 
j'apport  aux  deux  hémisphères  nord  et  sud  séparés  par  l'équateur  terres- 
tre. Donc  la  composante  de  la  rotation  de  la  terre,  avec  la  vitesse  angu- 
laire M  cosX,  autour  de  la  ligne  perpendiculaire  à  la  verticale  du  lieu  de 
l'observation,  ne  saurait  occasionner  aucune  rotation  apparente  du  tuyau. 
Au  contraire,  la  rotation  composante,  avec  la  vitesse  angulaire  w  sin  X, 
autour  de  la  verticale,  aura  tout  son  effet  et,   par  conséquent,   le  tuyau 


(  778  ) 
paraîtra  tourner  autour  de  l'axe  du  jet  d'eau,  dans  le  |>l<in  horizouul,  avec 
une  vitesse  angulaire  wsinX,  dans  le  sens  opposé  à  celui  de  la  rotation 
composante  de  la  terre,  c'est-à-dire,  ainsi  qu'il  est  aisé  de  le  voir,  vers 
la  droite  de  chacun  des  courants  qui  passent  dans  les  deux  branches,  si 
l'expérience  a  lieu  au  nord  de  l'équateur  et  vers  la  gauche  de  ces  mêmes 
courants,  si  elle  a  lieu  au  sud.  En  vertu  de  cette  rotation,  le  tuyau  paraîtra 
décrire,  pendant  la  durée  d'une  révolution  complète  de  la  terre  autour  de 
la  ligne  des  pôles,  une  fraction  de  circonférence  entière  égale  au  rapport 
de  sinX  à  l'unité. 

»  Si  l'expérience  que  je  viens  de  décrire  pouvait  être  réahsée,  la  rotation 
apparente  du  tuyau  nous  offrirait,  suivant  une  expression  de  M.  Poinsot, 
un  signe  permanent  de  la  rotation  de  la  terre  et  une  mesure  de  cette  rota- 
tion, comme  l'élégant  et  ingénieux  gyroscope  de  M.  Foucault,  ou  comme 
le  ferait  une  masse  concentrée  suivant  la  verticale  d'un  lieu  et  qui  viendrait 
tout  à  coup  à  se  développer  symétriquement  autour  de  cette  verticale,  ainsi 
que  l'a  indiqué  notre  illustre  confrère.  Le  jet  d'eau  vertical  s'épanchant 
symétriquement  des  deux  côtés  de  la  tubulure  n'est  pas  autre  chose  que 
cette  masse,  qui  se  développe  d'une  manière  continue. 

»  Maintenant  si  l'on  veut  obliger  le  tuyau  à  participer  au  mouveuient  de 
rotation  de  la  terre,  de  manière  qu'il  paraisse  immobile  à  un  observateur 
qui  est  lui-même  entraîné  dans  ce  mouvement,  il  faudra  évidemment  lui  ap- 
pliquer un  système  de  forces  capables  d'imprimer  à  chaque  instant  à  la 
niasse  liquide  qui  circule  dans  son  intérieur  un  mouvement  réel  de  rotation 
égal  et  directement  opposé  à  la  rotation  apparente  qu'il  prend,  quand  il  est 
libre.  Soit  V  la  vitesse  d'une  particule  liquide,  dont  la  masse  est  m  et  qui  est 
située,  à  la  fin  du  temps*,  à  la  distance  /  du  milieu  du  tuyau.  En  vertu  delà 
vitesse  apparente  de  rotation,  elle  parcourt  pendant  l'instant  infiniment  petit 
dt  un  espace  «sinX/f/^  dans  la  direction  perpendiculaire  à  l'axe  du  tuyau. 
Pendant  cet  instant,  la  particule  liquide  aura  parcouru  dans  le  tuyau  un 
espace  V^f^etla  distance  /  sera  devenue  l-\-\dt\  donc  l'espace  parcouru 
pendant  l'instant  suivant  dans  la  direction  perpendiculaire  au  tuyaii,  en 
vertu  delà  rotation  apparente,  sera  wsinX  {l-h\dt)  dt;  ainsi  l'espace  par- 
couru dans  ce  deuxième  instant,  par  le  seul  effet  de  l'impulsion  de  la  force, 
motrice  apparente,  est  la  quantité  infiniment  petite  du  second  ordre 
wsinXVrff*,  expression  qui  ne  renferme  plus  la  distance  /.  La  force  motrice 
capable  de  produire  le  mouvement  apparent  de  la  particule  liquide  dans  le 
plan  horizontal  est  donc  perpendiculaire  à  l'axe  du  tuyau  ou  à  la  vitesse  V, 
et  elle  est  exprimée  parle  produit  amwsinXV  (on  arrive  précisément  à  la 


(  779  ) 
même  expression  pour  la  projection  horizontale  du  double  de  la  force  cen- 
trifuge composée,  telle  que  la  définit  Coriolis).  C'est  donc  là  la  force  qu'il 
faut  appliquer  à  chaque  particule  de  masse  wz,  se  mouvant  dans  le  tuyau 
avec  la  vitesse  V,  pour  l'obliger  à  suivre  le  mouvement  de  rotation  de  la 
terre.  Si  le  tuyau  est  lui-même  enchâssé  dans  la  croûte  terrestre  et  entraîné 
par  celle-ci,  comme  le  sont  les  lits  des  cours  d'eau,  chaque  particule  liquide 
coulant  dans  son  intérieur  avec  une  vitesse  V,  quel  que  soit  d'ailleurs  son 
point  de  départ,  exercera  sur  la  paroi  de  ce  tuyau  qui  vient  la  seconde,  dans 
le  sens  de  la  composante  de  la  rotation  de  la  terre  autour  de  la  verticale, 
c'est-à-dire  sur  la  paroi  droite  du  courant,  dans  l'hémisphère  nord, et  la  paroi 
gauche,  dans  l'hémisphère  sud,  une  réaction  ou  pression  horizontale,  égale 
à  a  OTusinXV,  qui  se  combinera  avec  son  poids  mg.  Les  mêmes  effets  auront 
lieu  dans  les  cours  d'eau  naturels,  quel  que  soit  l'azimut  de  la  vitesse  V. 

)La  ligne  suivant  laquelle  la  surface  d'un  cours  d'eau  est  coupée  par  un  plan 
vertical  perpendiculaire  à  la  direction  du  courant,  au  lieu  d'être  exactement 
horizontale,  doit  être  normale  à  la  résultante  de  la  force  horizontale 
awjMsinXV  et  de  la  force  verticale  mg.  Elle  sera  donc  inclinée  à  l'horizon 

d'un  angle  dont  la  tangente  sera  égale  au  rapport  — ^ »  en  se  relevant  du 

côté  de  la  rive  droite,  dans  l'hémisphère  nord,  et  vers  la  rive  gauche,  dans 
l'hémisphère  sud.  A  la  latitude  moyenne  de  45  degrés,  on  a 

sinX  =  -Va 
et  la  tangente  de  l'inclinaison  transversale  de  la  surface  du  courant  devient 


'& 


uVv2  6,281/2  ,0  T, 

=557 ^^— ô =  0,00001048  V, 

g  86400X9,809  1  H  » 

la  vitesse  V  étant  exprimée  en  mètres  par  seconde.  Pour  V  =  1  mètre, 
l'inclinaison  de  la  surface,  dans  le  sens  transversal  au  courant,  serait 
d'environ  ci2  secondes;  elle  dépasserait  t  minute  pour  V=  3  mètres.  Pour  un 
fleuve  large  de  4  kilomètres  et  dont  les  eaux  couleraient  avec  cette  vitesse 
uniforme  de  3  mètres,  le  relèvement  de  l'eau  du  côté  de  la  rive  la  plus 
pressée  atteindrait  12  centimètres. 

»  IjCS  plus  faibles  brises  de  vent  produisent  sans  contredit  des  dénivella- 
tions bien  plus  fortes  que  celle  dont  nous  venons  d'assigner  la  mesure.  Il 
en  est  de  même  des  plus  légères  sinuosités  des  cours  d'eau,  comme  l'a 
remarqué  M.  Bertrand.  Le  calcul  montre  que,  pour  une  vitesse  de  l'eau 
de  3  mètres  par  seconde,  la  poussée  horizontale  à  laquelle  donne  lieu  hf 


(  78o  ) 
rotation  de  la  terre,  à  la  latitude  de  45  degrés,  contre  l'une  des  rives  est  à 
peu  près  la  même  que  celle  qui  serait  due  à  la  courbure  des  filets  liquides 
animés  de  cette  vitesse  et  s'infléchissant  le  long  d'une  rive  courbée  suivant  un 
rayon  de  plus  de  29  kilomètres.  Si  nous  ajoutons  que  la  poussée  due  à  l'in- 
flexion des  filets  liquides  suivant  la  courbure  de  la  rive  croît  comme  le  carré 
de  la  vitesse,  tandis  que  celle  qui  naît  de  la  rotation  du  globe  est  proportion- 
nelle à  la  simple  vitesse;  que  les  filets  liquides  voisins  des  rives  sont  ani- 
més en  général  de  vitesses  très-faibles,  en  raison  des  résistances  occasion- 
nées par  le  frottement,  on  comprendra  que  nous  nous  refusions,  comme 
MM.  Bertrand  et  Delaunay,  à  admettre,  avec  M.  Babinet,  que  la  rotation 
du  globe  ait  exercé  une  influence  appréciable  sur  les  directions  actuelles 
des  cours  d'eau  et  sur  les  modifications  qu'elles  subissent  journellement, 
avec  plus  ou  moins  de  lenteur.  Si  cette  influence  est  sensible  quelque  part, 
ce  ne  pourrait  être  que  dans  les  parties  voisines  des  embouchures,  où  les 
fleuves  coulent  sur  des  atterrissements  formés  de  limon  qu'ils  ont  charrié. 
Au  débouché  dans  la  mer,  le  courant  de  leurs  eaux  tend  à  dévier  vers  la 
droite  ou  la  gauche,  en  entraînant  du  même  côté  les  matières  en  suspension. 
Mais,  outre  que  ces  effets  sont  troublés  par  des  causes  irrégulières  ou  pério- 
diques, comme  les  vents  et  les  marées,  ils  ne  peuvent,  semble-t-il,  être  en 
tous  cas  que  très-faibles  et  peu  étendus,  en  raison  de  la  diminution  consi- 
dérable de  vitesse  que  les  eaux  fluviales  éprouvent  en  se  mêlant  aux  eaux 
tranquilles,  auxquelles  elles  communiquent  leur  mouvement. 

»  Je  n'ai  pas  besoin  de  faire  remarquer  que  l'explication  précédente  dif- 
fère essentiellement  de  celle  que  M.  Babinet  a  donnée  dans  la  dernière  séance 
et  qui  est  imprimée  au  Compte  rendu  {p.  687).  Notre  confrère  n'introduit  dans 
ses  raisonnements  et  ses  calculs  que  la  force  centrifuge  due  à  la  vitesse  etfec- 
tivedont  un  point  matériel  est  animé,  suivant  la  circonférence  d'un  parallèle 
terrestre.  Un  calcul  correct  ne  peut  ainsi  lui  donner  que  la  composante 
horizontale  de  la  force  qui  pousserait  les  points  de  ce  parallèle  vers  le  pôle 
ou  vers  l'équateur,  si  la  vitesse  angulaire  de  rotation  de  la  terre  venait  tout 
à  coup  à  diminuer  ou  à  augmenter  de  la  vitesse  relative  a,  qu'il  prête  au 
point  matériel,  divisée  par  le  rayon  du  parallèle  terrestre,  c'est-à-dire,  en 

employant  ses  notations,de  - — ■•  Or  ce  n'est  là  qu'une  vue  incomplète  du 

sujet  en  discussion,  où  le  seul  point  délicat  est  laissé  de  côté.  Si,  dans  la 
Note  imprimée  au  Compte  rendu,  notre  confrère  arrive  à  un  résultat  exact, 
c'est  par  suite  d'une  erreur  de  calcul  que  M.  Liouville  a  du  reste  signalée, 
à  l'audition  de  la  Note.  » 


(  isi  ) 

M.  »E  QuATREFAGES  déposc  siu'  le  bureau  le  manuscrit  d'un  Mémoire 
intitulé:  «  Nouvelles  recherches  sur  les  maladies  des  vers  à  soie  ».  Il  annonce 
que  phjs  tard  il  demandera  à  l'Académie  la  permission  d'exposer  en  même 
temps  les  résultats  obtenus  pendant  les  deux  missions  qjui  lui  ont  été  confiées. 

M  Serres  présente  son  travail  sur  l'embryogénie,  la  zoogénie  et  la  téra- 
togénie.  Ce  travail  fait  partie  des  Mémoires  de  l'Académie. 

CFilMlE  ORGANIQDE.  —  Recherches    sur  tes    ammoniaques  diatomiques  ; 

par   M.    A.-W.   HOFMANN.. 

«  Des  études  sur  les  bases  organiques  me  conduisirent  en  i858  à  répéter 
quelques  expériences  sur  l'action  réciproq^ie  entre  l'ammoniaque  el  le 
dibromure  d'éthylènequeM.Cloéz(i)  avait  pubhées  en  1 853.  Cette  répétition 
m'avait  porté  à  contester  les  formules  de  M.  Gloëz  et  surtout  l'interprétation 
générale  qu'il  avait  donuée  à  son  travail,  :  mes  conclusions  ont  été  commu- 
niquées à  l'Académie  (a).  M.  Cloëz(3)  à  discuté  mes  observations  et  exposé 
les  arguments  qui  le  déterminent  à  maintenir  ses  formules  et  ses  interpré- 
tations. Je  n'ai  pas.  répondu  à  ces  observations»  M.  Cloëz  ayant  annoncé 
dans  la  même  Note  qu'il  était  encore  occupé  de  ses  recherches  et  que  son 
travail  était  presque  complet,  j'ai  mis  de  côté  mes  expériences  sur  l'action 
réciproque  entre  l'ammoniaque  et  le  dibromure  d'éthylène,  persuadé  que 
le  chimiste  auquel  la  science  est  redevable  de  la  découverte  de  cette  réac- 
tion, arriverait,' en  poursuivant  son  travail,  aux  conclusions  que  j'avais 
énoncées.  Mais,  en  renonçant  à  la  continuation  de  la  discussion  avec 
M.  Cloëz,  je  n'étais  pas  dégagé  de  l'obligation  de  prouver  aux  chimistes 
la  nature  diatomique  des  bases  qui  se  forment  par  l'action  des  ammonia- 
ques sur  les  bromures  diatomiques.  J'ai  donné  cette  preuve  dans  une  Note  (4) 
communiquée  à  l'Académie  il  y  a  quelques  mois.  Les  dérivés  de  l'aniline  et 
de  l'éthylamine,  que  j'ai  décrits  dans  cette  communication,  ont  tranché, 
à  ce  qu'il  me  semble,  cette  question  d'une  manière  décisive.  Ces  recherches 


(i)  VInstitut,   l853,  p.  2l3. 
(?.)   Comptes  rendus,  t.  XLVI,  p.  255. 
(3)  Comptes  rendus,  t.  XLVI,  p.  344- 
(4)i  Comptes  rendtts,  t.  XLVIII,  p.  io85. 

C.  R.,  i858,  2n»«  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  21.)  ;  iOA 


/ 


[ 


(  782  ) 
ont  donné  lieu  de  la  part  de  M.  Cloëz  (i)  à  une  nouvelle  Note,  dans  la- 
quelle il  semble  interpréter  mon  silence  comme  consentement  tacite  à  une 
défaite;  il  rejette  sans  discussion  toutes  les  formules  que  j'ai  données  pour 
les  diammoniaques  dérivant  de  l'aniline  et  l'éthylamine,  me  blâme  d'avoir 
continué  mes  recherches  sur  les  bases  diatomiques  sans  avoir  répondu  aux 
observations  émises  de  sa  part  dans  les  Comptes  rendus.  En  présence  de  cette 
Note,  je  dois  à  M.  Cloëz,  je  dois  surtout  à  moi-même,  de  répondre  et  de 
réfuter,  une  à  une,  les  objections  qu'il  a  présentées  à  l'Académie.  Pour 
mieux  faire  comprendre  les  arguments  qu'on  oppose  à  mes  conclusions,  je 
dois  rappeler  en  deux  mots  le  sujet  de  notre  controverse. 

»  M.  Cloëz  admet  que,  dans  l'action  du  dibromure  d'éthylène  sur  l'am- 
moniaque, la  molécule  d'éthylène  se  scinde  en  radicaux  différents  apparte- 
nant aux  trois  groupes  formique,  acétique  et  propylique;  ces  radicaux,  se 
portant  sur  une  molécule  d'ammoniaque  dont  ils  remplacent  i  équivalent 
d'hydrogène,  donneraient  naissance  à  trois  monamines  primaires  :  la  formé- 
namine,  l'acéténamine  et  la  propénamine.  Au  contraire,  selon  l'opinion 
que  j'ai  exprimée,  la  molécule  d'éthylène  resterait  intacte  dans  cette  réaction 
et  se  fixant  sur  deux  molécules  d'ammoniaque,  dont  elle  pourrait  remplacer 
ou  2  ou  4  on  6  équivalents  d'hydrogène,  elle  produirait  trois  diamines 
appartenant  à  la  même  famille,  une  diamine  primaire,  une  diamine  secon- 
daire et  une  diamine  tertiaire. 

»  Exprimées  en  formules,  nos  idées  se  représentent  de  la  manière  sui- 
vante : 

Formules  de  M.  Cloëz. 

Forménamine  G"  H'  Az       =      H     ^  Az 

H 

C*H» 
Acéténamine     C*H'Az       =      H     ^  Az 

H 

C«H' 
Propénamine    C'H''Az{a)=      H     [  Az 

H 


(i)  \J Institut,  1859,  p.  233. 

(2)  M.  Cloëz  n'a  jamais  donné  de  formule  pour  la  propénamine;  la  formule  citée  se  trouve 
dans  le  livre  de  M.  Cahours,  t.  II,  p.  654- 


(  783  ) 

Formules  de  M.  Hofmann. 

Ethylène-diamine       C*  H»  Az^  =       H*     |  ki? 

W     ) 

(C*H*)"  \ 
Diéthylène-diamine    C  H'^Az^*  =  (C'H*/'      Az'' 

W     ) 

(C'H*)"  \ 
Triéthylène-diamine  C'''H'Uz='=(C*H*)"      Az'' 

(C*H*)"  ) 

»  C'était  l'observation  des  propriétés  physiques  des  bases  en  question  et 
surtout  l'impossibilité  de  représenter  la  formation  de  la  première  et  de  la 
dernière  par  des  équations  simples,  qui  m'avaient  conduit  à  douter  de 
l'exactitude  des  formulesproposéesparM.Cloëz;  mais  je  n'aurais  pasexpriraé 
ces  doutes,  si  en  répétant  l'analyse  de  la  première  base,  de  la  forménamine, 
la  moindre  incertitude  était  restée  dans  mon  esprit.  Je  ne  devais  pas  hésiter 
à  substituer  une  nouvelle  formule  à  celle  de  M.  Cloëz.  Je  n'avais  pas  exa- 
miné les  deux  autres  bases,  et  je  m'étais  borné  à  dire  qu'on  trouverait  pro- 
bablement pour  ces  corps  une  constitution  semblable  à  celle  de  la  forména- 
mine. 

»  Examinons  maintenant  les  objections  que  M.  Cloëz  fait  valoir  contie 
mes  analyses  et  contre  mes  arguments. 

))  Dans  (hjpolhè&e  de  M.  Hofmann,  »  dit  ce  chimiste,  «  [action  de  fammo- 
»  Iliaque  sur  les  hydrocarbures  chlorés  ou  bromes  ne  doit  pas  produire  de  chlor- 
»  hydrate  ou  de  bromh/drate  d'ammoniaque;  la  réaction  doit  avoir  lieupurement 
»  et  simplement  entre  les  deux  corps,  sans  que  rien  se  sépare  :  il  y  a  symmor- 
»  phose  ou  addition  : 

«    C^«H=""CP  +  aH'  Az=C="H""-'  (H='Az)^  2  H  Cl. 

»  Mais  r expérience  prouve  que  la  réaction  se  fait  'avec  élimination  diacide 
))  chlorhydrique  et  fixation  des  éléments  de  [amide  :  il  y  a  donc  à  la  fois  apo- 
»   morphose  et  sjmmorphose  comme  f  indique  l'équation 

»  c*"H»'«-'  Cl,  HC1+  2  H*  Az  =  C»"  H^'"-'  (H'Az),  HCl  +  H^Az,  H  Cl.  » 

»  M.  Cloëz  aurait  parfaitement  raison  s'il  ne  se  produisait  dans  cette 
réaction  que  la  première  base.  Mais  il  oublie  que  dans  l'aclion  discutée,  de 

102.. 


(  784  ) 
même  que  dans  la  réaction  réciproque  entre  l'ammoniaque  et  le  bromure 
d'éthyle,  il  se  forme  en  outre  plusieurs  autres  bases  d'une  substitution  plus 
avancée.  Les  équations  que  je  donne  pour  la  production  de  la  seconde  et  de 
la  troisième  base  exigent  également  l'éliminaliondu  brombydrate  d'ammo- 
niaque et  même  d'une  grande  quantité  de  ce  sel  : 

2[(C*H*)"Br*j  +  4H»Az  =  (C*H*)="H*  Az*,  lïLBr  ■+-  2(H»  Az,  HBr), 
'  3[(C*H*)"Br^]  +  6H'Az  =  (C'H*)"'Az%       sHBr  +  3(H»Az,  HBr). 

»  M.  Cloëz  est  d'avis  que  la  première  base  (la  forménamine)  n'est  pas, 
comme  je  l'admets,  le  produit  direct  de  l'action  de  l'ammoniaque  sur  le  di- 
bromure  d'éthylène  ;  qu'au  contraire  elle  se  forme  par  une  réaction  secon- 
daire engendrée  par  la  chaleur.  Mes  expériences  ne  confirment  pas  cette  opi- 
nion. Un  mélange  de  dibromure  d'éthylène  et  d'ammoniaque  alcoolique, 
laissé  en  contact  pendant  quelque  temps  à  la  température  ordinaire,  a  dé- 
posé une  quantité  de  cristaux  dont  j'ai  pu  extraire  sans  distillation,  simple- 
ment par  des  cristallisations  successives,  des  sels  parfaitement  purs  de  la 
première  base,  comme  me  l'a  prouvé  l'analyse  du  chlorhydrate  et  du  chloro- 
platinate. 

»  En  discutant  les  chiffres  que  j'avais  obtenus  dans  l'analyse  de  la  base 
hydratée  et  du  chlorhydrate,  M.  Cloëz  cite  les  nombres  sur  lesquels  se  fonde 
l'expression  qu'il  a  donnée  lui-même  pour  la  forménamine.  Que  M.  Cloëz 
me  pardonne  ;  mais  je  trouve  que  ses  chiffres  s'accordent  beaucoup  mieux 
avec  la  formule  que  je  propose  qu'avec  la  sienne.  Voici  les  chiffres  que  nous 
avons  obtenus  dans  l'analyse  de  la  base  hydratée  et  les  valeurs  théoriques 
des  deux  formules  : 

Expérience  de 'M.  Cioëz.  Expérience  de 'M .  Hqfmann. 

Formule.  Analyse.  Formule.  Analyse. 

Carbone. 32,58  3i,i2  80,76  80,67 

Hydrogène 10, Sa  12,77  12,82  "2,97 

»  Chaque  expérimentateur  a  le  droit  incontestable  d'interpréter  les  chif- 
fres de  ses  analyses  ;  il  le  fera  généralement' mieux  que  tout  autre,  car  il  con- 
naît ses  méthodes.  Mais,  dans  1«  cas  qui  nous  occupe,  peu  de  dhimistes,  je 
crois,  auraient  interprété  le  résultat  de  l'analyse  comme  M.. Cloëz.  Quanta 
moi,  je'préférerais  toujours  admettre  avoir  perdu  0,2  pour  100  d'hydrogène, 
plutôt  que  de  calculer  une  formule  demandant  a, 25  pour  100  d'hydrogène 
de  moins  que  la  quantité  fournie  par  l'expérience.  Je  le  préférerais  surtout 
dans  l'analyse  d'un  corps  comme  la  forménamine,  très-avide  d'acide  car- 


(  785  ) 
boiiiqiie,  dont  une  trace  même  abaisserait  l'hydrogène  d'une  manière  très- 
sensible,  et  contenant  une  quantité  d'hydrogène    telle,   que  la  présence 
même  d'une  petite  quantité  d'eau  produirait  un  effet  semblable. 

»  l^s  résultats  que  M.  Gloëz  a  obtenus  dans  l'analyse  du  chlorhydrate  ne 
supportent  pas  moins  mes  formules  que  son  analyse  de  la  base  hydratée. 
M.  CIoéz  obtient  i,a8  pour  loo  d'hydrogène  de  plus  que  la  quantité  exi- 
gée par  sa  formule,  tandis  qu'en  admettant  ma  théorie,  il  n'aurait  perdu 
que  o,i3  pour  loo. 

»  J'ai  examiné  quelques  autres  sels  de  la  base,  et  les  résultats  confirment 
les  conclusions  tirées  de  mes  anciennes  analyses.  Il  serait  inutile  de  les  citer 
ici  ;  mais  je  veux  communiquer  les  chiffres  caractéristiques  fournis  par  mon 
analyse  de  la  base  anhydre,  parce  que  l'abaissement  de  l'équivalent  rend 
plus  saillantes  les  différences  entre  les  valeurs  théoriques  des  deux  formules. 
La  forménamine  retient  l'eau  avec  une  énergie  extrême,  et  ce  n'est  qu'avec 
difficulté  qu'on  l'obtient  anhydre.  Voici  les  résultats  de  l'analyse  comparés 
aux  chiffres  théoriques  des  deux  formules  :, 

Formule  de  M.  Cloëï.  Formule  de  M.  Hormaiin.  Analyse. 
C'H'Az.                          C'H'Az'. 

Carbone 4'>37  4o><"*  ^o,i5 

Hydrogène ïo,34  i3,33  i3,3i 

»  Ce  n'est  cependant  pas  dans  les  analyses  que  M.  Cloëz  trouve  l'appui 
principal  de  ses  formules  et  de  sa  théorie  ;  il  communique  une  observation 
qui,  au  premier  coup  d'œil,  paraît  fatale  aux  notions  diatomiques. 

«  Mais  il j  aun  fait  capital,  »  continue  ce  chimiste,  «  qui  résout  complè- 
tement ta  question:  c'est  la  densité  de  vapeur  de  la  base  libre.  <> 

»  Cette  densité  a  été  trouvée  1,42. 

»  La  densité  calculée  pour  ma  formule,  rapportée  à  4  volumes,  est  égale  à 
r,3i5;  la  formule  modifiée  par  M.  Hoffmann,  rapportée  également  à  4  vo- 
lumes, porterait  la  densité  théorique  à  2,699. 

»  Ces  résultats  me  paraissent  décisifs,  et  je  n'hésite  pas  à  maintenir  les  formules 
de  la  nouvelle  série  des  bases  dont  j'ai  indiqué  le  premier  la  production.   » 

»  Je  partage  l'opinion  de  M.  Cloèzsur  l'importance  de  la  détermination 
des  densités  de  vapeur,  mais  j'arrive  à  une  interprétation  bien  différente  de 
son  résultat. 

»  En  répétant  l'expérience  de  cet  habile  chimiste,  je  suis  arrivé,  comme 
on  devait  s'y  attendre,  au  même  chiffre.  Mais  ce  chiffre  se  rapporte  à  la  base 
hjdratée,  et  on  reconnaît  de  suite  que  la  molécule  hydratée  à  l'état  de  va- 


(786) 
peur  doit  occuper  8  volumes.  Maintenant  la  densité  calculée  pour  la  formule 
diatomiqne,  rapportée  à  8  volumes,  est  égale  à  i,35,  ce  qui  se  confond  avec 
le  chiffre  obtenu  par  l'expérience. 

■>   H  est  évident  que  sous  l'influence  de  la  chaleur  la  base  hydratée  doit. 
se  scinder  en  base  anhydre  (4  volumes),  et  en  eau  (4  volumes), 

C*  H»"  Az^  O^  =  C^  H»  Az»  +  2HO; 

et  qu'au  lieu  de  prendre  la  densité  de  l'hydrate  intacte,  on  détermine  en 
réalité  la  densitéd'un  mélange  debaselibreet  d'eau,  reproduisant  la  base  hy- 
dratée par  le  refroidissement.  Jerappellerai  ici  les  observationsdeM.Bineau, 
de  M.  Kekulé  et  de  M.  Sainte-Claire  Deville,  qui  ont  chacun  eu  occasion 
de  trouver  la  solution  des  densités  anomales  dans  la  décomposition  transi- 
toire des  combinaisons  soumises  à  l'expérience,  et  je  citerai  surtout  une 
NotedeM.  HermannRopp(i),  dans  laquelle  ce  physicien  distingué  a  traité 
la  question  des  densités  anomales  d'une  manière  générale. 

»  Il  y  avait  une  expérience  très-simple  à  faire  pour  vérifier  cette  manière 
de  voir;  il  ne  fallait  que  déterminer  la  densité  de  vapeur  de  la  base  an- 
hydre. 

»  L'expérience  faite  avec  un  produit  dont  la  pureté  avait  été  constatée 
par  l'analyse  m'a  conduit  au  chiffre  2,00  qui,  en  effet,  se  confond  absolu- 
ment avec  la  densité  théorique  delà  formule  diatomique  C*H'Az%  rappor- 
tée à  4  volumes.  Cette  densité  théorique  est  2,07,  tandis  que  la  formule  de 
M.  Cloëz,  rapportée  à  4  volumes,  n'exige  qu'une  densité  de  1,00. 

»  La  molécule  de  l'éthylène-diamine,  comme  celle  de  toutes  les  combi- 
naisons organiques  bien  examinées,  correspond  donc  à  4  volumes,  et  la  den- 
sité de  vapeur  de  la  base,  loin  d'être  en  désaccord  avec  la  valeur  molécu- 
laire que  j'assigne  à  cette  substance,  est  plutôt  une  confirmation  nouvelle 
et  décisive  de  son  exactitude. 

»  Les  remarques  précédentes  sont,  je  l'espère,  suffisantes  pour  établir 
ma  formule  sur  une  base  solide.  Je  pourrais  encore  citer  quelques  expé- 
riences additionnelles  sur  les  produits  de  la  décomposition  de  l'éthylène- 
diamine.  Soumise  à  l'action  de  l'acide  nitreux ,  la  base  se  décompose 
facilement  en  dégageant  de  l'azote.  Il  se  forme  comme  produit  inter- 
médiaire un  corps  cristallisable,  et  la  base  finit  par  se  transformer  en  acide 
oxalique.   En  même  temps  la  réaction  donne  naissance  à  un  liquide  très- 


(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Pharmacie,  t.  CV,  p.  Sgo. 


(  78?  ) 
volatil,  très-inflammable,  d'une  odeur  rappelant  celle  de  l'aldéhyde.  A 
l'époque  où  je  faisais  cette  observation,  je  pris  ce  liquide  pour  l'aldéhyde 
acétique;  mais  tons  mes  efforts  pour  obtenir  la  combinaison  cristalline  avec 
l'ammoniaque  on  pour  le  transformer  en  acide  acétique  ayant  échoué,  je 
me  suis  abstenu  de  mentionner  cette  expérience  dans  la  Note  adressée  à 
l'Académie.  Je  ne  doute  nullement  maintenant  que  ce  corps  ne  soit 
l'oxyde  d'éthylène,  découvert  depuis  cette  époque  par  M.  Wurtz.  On 
aurait 

C^H«Az"  +  2AzO»  =  2Az  +  C*H*0*  +  4HO. 

«  En  préparant  l'éthylène-diamine  pour  mes  expériences,  j'avais  obteiui 
comme  produit  secondaire  une  petite  quantité  de  la  seconde  base  que 
M.  Cloèz  a  décrite  sons  le  nom  d'acéténamine  et  pour  laquelle  je  propose 
maintenant  le  terme  diéthylène-diamine.  Cette  base,  considérée  comme 
diamine,  demande  absolument  la  même  composition  centésimale  comme 
l'acéténamine  de  M.  Cloèz.  Aussi  l'analyse  que  j'ai  faite  de  la  base  libre  et 
de  quelques  sels  confirme  pleinement  les  résultats  obtenus  par  ce  chi- 
miste. Mais  cette  base  n'est  pas  une  monamine,  elle  ne  contient  pas  la  mo- 
lécule d'acétyle;  elle  est  une  diamine,  renfermant  a  molécules  d'éthy- 
lène. L'acéténamine  de  M.  Cloèz  devrait  s'obtenir  en  soumettant  le  chlo- 
rure, le  bromure  ou  l'iodure  de  vinyle  (C*H*CI,  C'H^Br  et.C*H'I)  à  l'ac- 
tion de  l'ammoniaque.  Cette  réaction  ne  fournit  pas  une  trace  de  ce  corps. 
Mais  il  y  a  une  preuve  plus  concluante  de  la  nature  diatomique  de  ce  corps 
et  dont  l'évidence  ne  sera  pas  contestée  par  M.  Cloèz.  C'est  la  détermina- 
tion de  la  densité  de  vapeur.  L'expérience  m'a  donné  le  chiffre  2,7.  La 
formule  diatomique  CH'^Az^,  rapportée  à  4  volumes  de  vapeur,  demande 
2,9.  Selon  l'avis  de  M.  Cloèz,  on  aurait  dû  trouver  une  densité  de  i,45. 

»  Les  expériences  précédentes,  quoique  fixant,  à  ce  qu'il  me  paraît, 
d'une  manière  satisfaisante  et  la  composition  et  l'équivalent  des  deux 
diammoniaques,  ne  dévoilent  par  leur  constitution  moléculaire,  leur  degré 
de  substitution. 

»  J'ai  essayé  de  résoudre  ce  problème  en  soumettant  les  deux  corps  à 
l'action  de  l'iodure  d'éthyle,  procédé  que  j'ai  employé  le  premier  dans  ce 
but  et  qui  depuis  ce  temps  est  devenu  d'une  application  très-générale.  Cette 
méthode  devait  fournir  en  outre  une  décision  définitive  entre  les  deux 
théories. 

»  En  considérant  avec  M.  Cloèz  les  deux  bases  comme  monamines  pri- 


(  788  ) 
maires  appartenant  aux  deux  groupes  formique  et  acétique 

C»H\  C*H»Î 

H  >  Az,  H  /  Az, 

h)  h) 

il  est  évident  que  chacune  devait  absorber  successivement  i  ,  2  ou  3 
équivalents  d'éthyle;  chacune  devait  donner  naissance  à  trois  bases  éthy- 
lées,  deux  volatiles  et  une  fixe.  Si  au  contraire  les  bases  étaient  les  produits 
d'une  substitution  successive  de  la  même  molécule  à  l'hydrogène  de  2 
équivalents  d'ammoniaque;  si  elles  étaient  des  diamines  primaire  et  secon- 
daire, •  - 

(C*H*)"\  (C*H*)" 

H»       Az»,  (C*H*)"}Az» 

H"  H» 


la  première  devait  également  produire  trois  bases  éthylées,  tandis  que  la 
seconde  n'en  pouvait  produire  que  deux. 

»  L'expérience  en  effet  a  confirmé  cette  prévision.  En  soumettant  l'éthy- 
lène-diamine  à  l'action  alternée  de  l'iodure  d'éthyle  et  de  l'oxyde  d'argent, 
j'ai  réussi  à  obtenir  deux  bases  éthylées  volatiles  et  une  troisième  base  non 
volatile.  Ces  composés  sont  parfaitement  bien  définis;  leur  composition  a 
été  établie  par  l'analyse  des  iodures  et  des  chloroplatinates.  A  l'état  de  sels, 
ces  bases  se  représentent  par  les  formules  suivantes  : 

Sel  d'éthylène-diamine [(C*H*)"                H«Az=]"P. 

Seld'éthylène-diaminediéthylique.   .   .  [(C*H*)"  (C'H*)*H*  Az']"P. 

Sel  d'éthylène-diamine  tétréihylique.   .  [(C'H')"  (C*H''/H»Az=']"  P. 

Sel  d'éthylène-diamine  hexéthylique.   .  [(C*H*)"  (C'H*)"      Az^fP. 

»  La  dernière  base  libérée  par  l'oxyde  d'argent  n'absorbe  plus  d'éthyle. 

»  En  répétant  la  même  expérience  avec  la  diéthylène-diamine,  j'ai  observé 
des  phénomènes  parfaitement  analogues,  mais  il  se  produit  seulement  une 
base  vfjlatile  qui  s'est  transformée  de  suite  en  base  non  volatile.  Ces  bases 
analysées  de  la  même  manière  et  représentées  comme  sels,  s'expriment  par 
les  formules  suivantes  : 


Sel  de  diéthylène-diamine [(C*H')»"  H^Az^JT 

Sel  de  diéthylène-diamine  diéthylique.   .   .[(C^H*)»"  (C^H^)*  H»  Az"]"  I 
Sel' de  diéthylène-diamine  tétréthyhque.   .[(C*H*)="'  (C*H')»         Az^"]"  I 


(789) 

»  La  dei'nière  base,  séparée  par  l'oxyde  d'argent  et  traitée  de  nouveau  par 
l'iodureélhylique,  n'absorbe  plus  d'éthyle. 

»  On  arrive  au  même  résultat,  mais  d'une  manière  plus  courte  et  plus 
élégante^  en  remplaçant  l'iodure  d'éthyle  par  son  homologue  méihylique. 
J'ai  fait  déjà  voir  à  une  époque  antérieure  que  l'iodure  méthylique  a  une 
tendance  remarquable  à  fournir  de  suite  le  dernier  produit  de  substitution. 
Ainsi  avec  l'ammoniaque  il  produit  directement  l'iodure  de  tétréthylam- 
monium,  accompagné  d'une  grande  quantité  d'iodure  d'ammonium.  L'ac- 
tion de  l'iodure  de  méthyle  sur  les  bases  éthyléniques  est  parfaitement  sem- 
blable. Il  se  forme  de  siiite  une  quantité  notable  des  derniers  produits  de 
substitution,  qu'on  peut  purifier  par  une  simple  cristallisation.  J'ai  préparé 
de  cette  manière,  sans  être  embarrassé  de  bases  volatiles  intermédiaires,  les 
iodhydrates  de  l'éthylène-diamine  hexméthylique  et  de  la  diéthylène-dia- 
mine  tétraméthylique.  L'analyse  de  ces  deux  corps  m'a  conduit  aux  for- 
mules : 

Sel  d'éthylène-diamine  hexméthylique.   .  .  [(C*H*)"  (C  H»)"  Az*]"  P, 
Sel  de  diéthylène-diamine  tétraméthylique.  [(C*  H*)»"  (G*  H')*  Àz']"  P. 
»  Ces  résultats  ne  demandent  pas  de  commentaire. 

»  Il  y  a  dans  l'état  actuel  de  la  science  un  certain  nombre  d'observations 
qui  nous  guident  dans  la  construction  d'une  formule  chimique.  C'est  l'étude 
de  l'origine  d'un  corps,  l'analyse,  l'observation  de  ses  propriétés  physiques 
et  surtout  du  point  d'ébullition,  la  détermination  de  la  densité  de  vapeur, 
c'est  enfin  l'étude  de  ses  métamorphoses.  J'ai  examiné  mes  formules  sous 
tous  ces  points  de  vue,  et  la  réponse  donnée  par  l'expérience  a  été  toujours 
la  même. 

»  Il  résulte  de  cette  controverse  que  les  alcools  diatomiques  imitent  dans 
leur  action  sur  l'ammoniaque  la  manière  d'être  des  alcools  monatomiques. 
L'alcool  ordinaire  produit,  comme  on  sait,  trois  ammoniaques  éthyliques, 
dont  les  molécules  occupent  4  volumes  de  vapeur. 

C'H» 

Éthylamine  H     >  Az  =  4  vol. 

H 

C'H'' 

Diéthylamine    C*H'   }  Az  =  4vol. 

H 

C^H* 

Triéthylamine  C*  H'   \  Az  =:  4  vol. 

C*W 

C.  R.,  1859,  2">«  Semettre.  (T.  XLIX,  N«21.)  lo3 


(  790  ) 
»  D'une  manière  semblable  l'alcool  diatomique  d'éthylène,  le  glycol, 
dont  nous  devons  la  découverte  aux  brillants  travaux  de  M.  Wurtz,  donne 
naissance  à  trois  bases  diatomiques,  correspondant  à  a  molécules  d'ammo- 
niaque et  représentant  aussi  4  vol.  de  vapeur. 

(C*H*)" 
Éthylène-diamine  H*     |  Az"  =  4  vol. 

H" 

(C*H*)" 
Diéthyléne-diamine  (C*H*)"  [  Az»  =  4  vol. 

(C*H*/'  I 
Triéthylène-diamine  (C*H*)"      Az' =  4  vol. 

(C'H*)"  ) 

»  Les  deux  premiers  termes  de  cette  série  sont  les  bases  que  M.  Cloëz  a 
découvertes  il  y  a  maintenant  six  ans,  mais  sur  la  véritable  nature  desquelles 
il  s'était  mépris.  Pour  compléter  cette  série,  il  ne  me  reste  qu'à  décrire  la 
troisième  base  volatile  et  l'oxyde  de  tétréthylène-diammonium. 

»  Les  observations  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  dans  cette 
Note  coïncident  de  tous  points  avec  les  idées  émises  dans  mon  premier  Mé- 
moire. Je  n'ai  fait  qu'achever  l'esquisse  tracée  dans  ce  travail. 

»  Concluons  en  disant  que  l'action  du  dibromure  d'éthylène  sur  l'ammo- 
niaque, ainsi  que  l'a  observé  M.  Cloëz,  donne  naissance  à  des  bases  qui 
n'appartiennent  pas  directement  à  la  série  dont  nous  venons  de  parler.  En 
cherchant  la  méthode  de  purification  des  bases  éthyléniques,j'ai  dû  analyser 
aussi  les  termes  de  l'autre  groupe;  mais  comme  il  n'appartient  pas  essentiel- 
lement à  notre  controverse,  je  n'ai  pas  voulu  publier  mes  résultats.  » 

iMÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

La  Commission  nommée  dans  la  séance  du  1 1  avril  dernier,  sur  la  pro- 
fondeur des  mers,  demande  l'adjonction  de  deux  autres  Commissaires  pour 
un  Mémoire  de  M.  Visse. 

MM.  Boussingault  et  Delaunay  sont  invités  à  s'adjoindre  aux  Commis- 
saires primitivement  désignés  :  MM.  Cordier,  d'Archiac  et  Sainte-Claire 
Deville. 


(  791  ) 

GÉOLOGIE.  —  Sur  le  diluvium  à  coquilles  lacustres  de  Joinville-le-Pont ; 
par  M.  Ch.  d'Orbigny.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  d'Archiac,  de  Verneuil.  ) 

«  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
a  pour  objet  de  signaler  l'existence  d'un  nouveau  et  riche  gisement  de  co- 
quilles fluviatiles  et  terrestres,  intercalé  au  milieu  du  diluvium  gris  à  blocs 
erratiques  qu'on  exploite  actuellement  à  la  station  de  Joinville-le-Pont,  à 
une  lieue  au  stid-est  de  Vincennes.  Comme  tous  les  faits  nouveaux  qui  se 
rattachent  à  l'époque  diluvienne  me  semblent  avoir  un  grand  intérêt,  à 
raison  de  l'incertitude  qui  règne  encore  relativement  à  cette  importante 
partie  de  la  géologie,  j'ai  cru  utile  de  donner  quelques  détails  sur  le  gise- 
ment dont  il  s'agit. 

»  La  sablière  diluvienne  de  Joinville  offre  diverses  assises  parfaitement 
distinctes,  qui   me  paraissent  devoir  être  rapportées  à  plusieurs  époques 
géologiques,  ainsi  qu'on  pourra  en  juger  par  la  coupe  suivante  : 
»  A  Sol  végétal  mélangé  de  loess; 
»   B  Loess  ou  lehm  ; 

»   C  Diluvium  rougeâlre,  argilo-ferrugineux,  contenant  des  galets  gra- 
nitiques ; 
»  D  Sable  marneux,  sans  coquilles; 

»  E  Diluvium  gris,  à  galets  de  roche  granitiques  et  porphyriques  ; 
»  F   Couche  lacustre  de  sable  blanc  marneux,  renfermant  un  nombre  pro- 
digieux de  coquilles  fluviatiles  et  terrestres,  d'une  parfaite  conser- 
vation. Ces  coquilles,  dont  je  donne  la  liste,  comprennent  quinze 
genres  et  trente  espèces  différentes  qui  toutes,  sauf  trois  espèces, 
ont  encore  leurs  analogues  à  l'état  vivant; 
»  G  Puissant  dépôt  de  diluvium  gris  à  galets  granitiques  et  porphyriques, 
enveloppant  de  gros  blocs  erratiques.    On  a  trouvé  dans   cette 
assise  des  dents  d'Elephas  primigenius  et  de  Rhinocéros  tichorinus. 
»   Cette  coupe,   complémentaire   de    celle  que  j'ai  publiée  en  i855  S!ir 
le   diluvium   coquillier   de   Charonnes  ,   près   Paris,    me   semble    confir- 
mer l'opinion    que  j'ai  déjà  émise,  savoir  :  i°  que  le  diluvium  parisien 
doit  être  considéré  comme  composé  de  plusieurs  zones  de  nature  et  d'âge 
différents;   2°  qu'entre  les  dépôts  du  diluvium  rouge  et  du  diluvium  gris,  et 
même  avant  la  fin  de  ce  dernier  dépôt,  il  y  a  eu  une  période  de  tranquillité 
assez  longue,  durant  laquelle  les  environs  de  Paris  présentaient  de  vastes 

io3.. 


(  792  ) 
lacs  où  ont  vécu  des  myriades  de  coquilles  fluviatiles.  On  ne  peut  pas  at- 
tribuer la  présence  de  ces  coquilles  à  des  causes  actuelles,  à  un  déborde- 
ment de  la  Marne  ou  de  la  Seine,  puisque  la  zone  qui  les  enferme  est  recou- 
verte par  des  dépôts  en  place,  incontestablement  diluviens  et  dont  les  élé- 
ments même  (galets  de  granité,  de  porphyre,  etc.)  indiquent  un  transport 
cataclysmique.  D'ailleurs  je  puis  ajouter  que  la  zone  à  coquilles  lacustres, 
qui  fait  l'objet  de  cette  Note,  se  voit  toujours  exactement  dans  la  même  po- 
sition relative.  Elle  n'est  point  accidentelle,  puisqu'elle  se  présente  sur  une 
tré.s-grande  étendue  des  deux  côtés  de  la  Seine,  depuis  Bicétre  jusqu'au  delà 
de  Vincennes  et  de  Joinville. 

>'  Pour  compléter  l'énuinération  des  diverses  zones  diluviennes  con- 
nues dans  le  bassin  parisien,  je  rappellerai  que  sur  les  plateaux  les  plus 
élevés  il  existe,  au-dessus  du  loess,  une  assise  de  diluvium  d'un  jaune  rou- 
geâtre,  toujours  plus  ou  moins  argilo-sableux,  contenant  une  grande  quan- 
tité de  petits  galets  et  graviers  de  quartz  blanc  et  de  granité.  Cette  assise, 
qui,  je  le  crois,  a  été  signalée  pour  la  première  fois  par  M.  Elie  de  Beau- 
mont,  est  surtout  bien  caractérisée  sur  le  vaste  plateau  situé  entre  Etampes 
et  Saclas.  Une  excavation  faite  à  la  surface  de  ce  plateau  (à  149  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer  et  à  environ  i25  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  Seine)  m'a  permis  de  voir  un  beau  dépôt  de  ce  diluvium,  ayant  2  mè- 
tres de  puissance  et  reposant  sur  environ  i  mètre  de  loess  absolument  sem- 
blable à  celui  des  environs  de  Paris.  Une  zone  diluvienne  analogue  existe 
sur  presque  tous  les  points  culminants  du  bassin  parisien,  tels  qu'à  Ville- 
juif,  Bicétre  et  Meudon,  près  Paris  ;  sur  les  plateaux  des  environs  d'Etréchy 
et  de  Saclas  (Seine-et-Oise),  dans  la  forêt  de  Fontainebleau,  etc. 

«  Quant  à  l'âge  relatif  de  ce  diluvium  jaunâtre  des  plateaux,  comparé  au 
diluvium  rouge  qui,  aux  environs  de  Paris,  est  inférieur  au  loess,  je  n'ose 
me  prononcer.  Je  crois  que  l'ensemble  des  terrains  diluviens  correspond  à 
une  immense  période  qui  doit  être  nécessairement  divisée  en  plusieurs  épo- 
ques très-distinctes  ;  mais  il  s'écoulera  sans  doute  encore  bien  du  temps 
avant  que  ces  terrains,  si  complexes,  soient  parfaitement  connus,  avant 
qu'on  se  soif  mis  d'accord  pour  eu  expliquer  l'origine. 

M  En  effet,  l'opinion  de  la  plupart  des  géologues  est  que  les  cataclysmes 
diluviens  ont  pour  causes  prédominantes  de  fortes  oscillations  de  l'écorce 
terrestre,  des  soulèvements  de  montagnes  au  milieu  de  l'Océan,  d'où  se- 
raient résultées  de  grandes  érosions.  Par  conséquent  les  puissants  courants 
d'eau  marine,  auxquels  on  attribue  ces  érosions  diluviennes,  auraient  dû 
laisser  sur  les  continents  des  traces  authentiques  de  leur  passage,  tels  que  de 


(  793) 
nombreux  débris  de  coquilles,  de  poissons  et  autres  animaux  marins  analo- 
gues à  ceux  qui  vivent  actuellement  dans  la  mer. 

»  Or,  ainsi  que  M.  Cordier  l'a  fait  remarquer  depuis  longtemps  à  son 
Cours  de  Géologie,  rien  de  semblable  n'a  été  constaté.  Sur  tous  les  points 
du  globe  où  l'on  a  étudié  les  dépôts  diluviens,  on  a  reconnu  que,  sauf  quel- 
ques rares  exceptions  très-contestables,  il  n'existe  dans  ces  dépôts  aucun 
fossile  marin  ;  ou  bien  ce  sont  des  fossiles  arrachés  aux  terrains  préexis- 
tants, dont  la  dénudation  a  fourni  les  matériaux  qui  composent  le  diluvium. 
En  sorte  que  les  dépôts  diluviens  semblent  avoir  eu  pour  cause  des 
phénomènes  météorologiques,  être  le  résultat  d'immenses  inondations  d'eau 
douce,  et  non  d'eau  marine,  qui,  se  précipitant  des  points  élevés  vers  la 
mer,  auraient  dénudé  une  grande  partie  de  la  surface  du  sol,  balayé  la 
généralité  des  êtres  organisés  et  pour  ainsi  dire  nivelé  et  coordonné  les 
bassins  hydrographiques  actuels.  » 

ZOOLOGIE.  —  Mémoire  sur  une  nouvelle  espèce  de  Sarcoptes,  parasite  des  Gal- 
linacés; par  MM.  Ch.  Robin  et  La\qcetin, 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Duméril,Geffroy-Saint-Hilaire, 
Milne  Edwards,  Moquin-Tandon.) 

"  Le  travail  dont  nous  avons  l'honneur  de  présenter  le  résumé  à  l'Acadé- 
mie, a  pour  but  de  faire  connaître  une  espèce  nouvelle  d'Acaride  apparte- 
nant au  genre  Sarcopte  de  Latreille.  Voici  la  description  de  ce  parasite,  que 
nous  avons  appelé  Sarcoptes  mutans. 

»  Sarcopte  à  rostre  organisé  comme  celui  des  autres  espèces  du  genre, 
mais  plus  large  que  long,  à  demi  caché  par  l'épistome  et  dépassé  par  une 
courte  paire  de  soies  situées  sur  les  palpes;  céphalothorax  à  segments  peu 
distincts  ;  épistome  nu  ;  prolongements  dorsaux  des  épimères  de  la  première 
paire  réunis  transversalement  à  leur  extrémité  postérieure;  pas  de  spirules 
sur  le  notogastre;  anus  au  bord  postérieur  de  l'abdomen. 

»  Femelle.  Longue  de  o""",38  à  o""",47,  large  de  o'"'",33  à  o""",39,  pres- 
que ovalaire,  à  bords  réguliers,  marquant  à  peine  ou  pas  du  tout  les  divi- 
sions du  céphalothorax,  lequel  avant  l'apparition  de  la  vulve  est  plus  large 
que  l'abdomen,  et  plus  étroit,  au  contraire,  lorsque  la  vulve  se  montre  vers 
le  milieu  du  corps;  joues  carénées,  larges,  remplissant  l'intervalle  des 
premières  pattes  à  la  tète;  dos  couvert  dans  sa  partie  moyenne  de  larges 
saillies  tégumentaires,  mamelonnées,  sans  aiguillons;  la  paire  de  soies  la 


(  79'i  ) 
plus  externe  du  côté  de  l'anus  dépassant  seule  le  corps,  les  autres  réduites 
à  des  piquants  grêles  et  courts;  épimères  des  quatre  paires  de  pattes  libres 
et  écartés;  pattes  réduites  à  de  courts  moignons,  coniques,  dépassant  à 
peine  le  corps  et  ne  portant  que  trois  courts  piquants,  visibles  au  tarse  qui 
est  privé  de  ventouses. 

M  Mâle.  Long  de  o""",20  à  o™'",25,  large  de  o°"°,i5  environ,  ovale, 
allongé;  divisions  du  céphalothorax  assez  distinctes,  abdomen  très-petit; 
au  niveau  de  la  deuxième  paire  de  pattes,  deux  paires  dont  l'interne  très- 
courte  et  l'externe  très-longue  ;  soies  latérales  du  corps  très-longues,  ainsi 
que  la  plus  interne  de  celles  situées  aux  côtés  de  l'anus  ;  épimères  des  deux 
premières  paires  de  pattes  réunis  entre  eux  et  à  la  troisième  paire;  pattes 
coniques,  assez  longues,  dont  les  tarses  portent  des  ventouses  et  de  lon- 
gues soies;  organe  génital  mâle  entre  les  deux  dernières  paires  d&  pattes. 

»  Œu/ ovoïde,  de  o°"",i2  à  o""",i3,  large  de  o""", 080  à  o""",o85. 

»  Nymphe  longue  deo°"",20,  large  de  0°"",  1 4,  semblable  en  tout  au  mâle, 
sauf  l'absence  de  la  dernière  paire  de  pattes  et  de  l'organe  génital;  au  lieu 
d'être  soudés  comme  chez  le  mâle,  les  épimères  de  la  première  paire  de  pattes 
sont  contiguës;  le  dos  présente  quelques  mamelons  cutanés  rudimentaires. 

»  Métamorphoses,  caractérisées  chez  le  mâle  par  l'apparition  de  la  qua- 
trième paire  de  pattes  et  de  l'appareil  génital  lors  de  la  deuxième  mue;  on 
voit  en  outre  chez  la  femelle  la  dernière  mue  entraîner  les  poils  des  pattes 
et  faire  paraître  les  joues  carénées.  , 

»  Ce  parasite  habite  sur  les  poules  sur  lesquelles  il  détermine  la  formation 
de  croûtes  psoriques  (Ch.  Robin,  Raynal  et  Lanquetin);  il  se  transmet  au 
cheval  sur  lequel  il  détermine  des  accidents  analogues  (Raynal,  Lanquetin). 
(le  parasite  a  été  découvert  par  MM.  Robin  et  Lanquetin.  Quant  à  sa  trans- 
mission à  l'homme,  nos  expériences  ne  sont  pas  assez:  nombreuses  pour  que 
nous  puissions  l'affirmer  d'une  façon  certaine. 

»  Le  Sarcoptes  mulans  se  dislingue  au  premier  coup  d'œil  des  Psoroptes 
par  ses  mandibules  dentées  et  non  disposées  en  lancettes;  des  Symbiotes 
par  la  longueur  et  la  gracilité  de  ses  ambulacres,  de  ses  soies  ou  poils  chez 
le  mâle  et  la  nymphe  et  par  leur  absence  chez  la  femelle.  Ce  dernier  carac- 
tère le  distingue  aussi  de  tous  les  Sarcoptes  connus  jusqu'à  ce  jour  [S.  scabiei, 
Lafreille;  S.  cati,  Héring,  etc.).  Le  mâle  et  la  nymphe  se  distinguent  de 
ceux  des  autres  espèces  par  l'existence  d'ambidacres  à  toutes  les  pattes; 
chez  la  femelle,  les  dépressions  latérales  du  corps  disparaissent  lorsque 
celui-ci  est  distendu  par  la  présence  des  œufs,  au  nombre  de  quatre  à 
six,  On  voit  fréquemment  la  nymphe  complètement  développée  se  mettre 


(  795) 
à  marcher  aussitôt  que  l'on  brise  la  coque  de  l'œuf  qui  la  renferme,  après 
avoir  écrasé  la  mère,  d'où  on  peut  conclure  que  cette  espèce  est  ovovivipare, 
tandis  que  le  développement  ovulaire  s'opère  après  la  ponte  chez  les  autres 
espèces.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Fragment  d'une  Lettre  de  M.  Leymerie  sur  un  prin- 
cipe de  géologie  relatif  aux  effets  du  mouvement  primitif  des  grands  courants 
d'eau  aux  époques  antérieures  à  la  nôtre.  (Communiqué  par  M.  Babinet.) 

(Commissaires  désignés  pour  un    Mémoire  de  M.  Touche  sur  la    même 
question  :  MM.  Babinet,  Delaunay,  Bertrand.) 

«  Je  viens  apporter  à  l'Académie,  si  toutefois  vous  le  jugez  utile,  et  par 
votre  bienveillante  entremise,  mon  petit  contingent  de  faits  à  l'appui  du 
principe  que  vous  avez  posé  dans  votre  dernière  communication.  Ces  faits 
sont  relatifs  aux  rivières  qui  descendent  des  Pyrénées  et  des  parties  les 
plus  voisines  du  plateau  central  de  la  France. 

»  La  Garonne,  notre  grand  fleuve  pyrénéen,  se  conforme  admirablement 
à  la  loi  de  tendance  vers  la  droite.  Dès  son  entrée  définitive  dans  la  plaine,  - 
à  Cazères,  elle  se  porte  vers  le  bord  droit  pour  baigner  la  base  des  coteaux 
tertiaires  qui  limitent  la  vallée  de  ce  côté,  et  cet  état  de  choses  se  continue 
jusqu'à  Toulouse  où  le  fleuve  (direction  nord-nord-est)  semble  encore  me- 
nacer les  escarpements  écorchés  de  la  colline  qu'on  appelle  Puech-David. 
Après  avoir  traversé  Toulouse,  la  Garonne  passe,  il  est  vrai,  du  côté  gauche 
de  la  vallée  proprement  dite  (direction  nord-nord-ouest),  circonstance  que 
l'on  peut  attribuer  à  l'entrée  de  la  vallée  secondaire  de  l'Erz;  mais  à  Mois- 
sac,  elle  semble  reprendre  ses  premières  allures.  Entre  Malauze  et  Agen 
(direction  ouest-nord-ouest),  le  fleuve  forme  dans  la  vallée  plusieurs  plis 
sinueux.  Enfin  à  Agen  et  de  là  jusqu'à  Bordeaux  (direction  nord-ouest)  il 
se  maintient  le  plus  souvent  près  du  bord  droit. 

»  En  somme,  je  crois  qu'il  est  impossible  de  méconnaître  de  la  part  de 
ce  fleuve  une  tendance  marquée  et  actuelle  à  se  porter  et  à  se  maintenir 
vers  la  droite.  3'ajoute  que  cette  tendance  était  bien  plus  grande  ou  au 
moins  beaucoup  plus  efficace  dans  les  temps  qui  ont  précédé  l'époque  his- 
torique. En  effet,  tandis  que  dans  la  vallée  actuelle  de  la  Garonne  est  ter- 
minée à  l'est  par  des  talus  rapides  et  escarpés  qui  résultent  d'érosions  opé- 
rées dans  le  terrain  tertiaire,  elle  offre»  à  sa  gauche,  au.  {nqjins  deux  larges 


(  796  ) 
plaines  caillouteuses,  étagées  et  surélevées,  qui  doivent  être  considérées 
comme  ses  dépendances.  Ces  plaines  hautes  ou  terrasses,  que  j'ai  étu- 
diées avec  soin  dans  la  carte  géologique  de  la  Haute-Garonne,  régnent 
constamment  du  côté  gauche  et  l'on  sait  d'un  autre  côté  que,  entre  Agen  et 
Bordeaux,  le  bord  droit  de  la  vallée  consiste  en  une  longue  série  de  côtes 
escarpées,  tandis  que  sur  la  rive  opposée  s'étend  une  vaste  plaine. 

»  Pour  expliquer  la  formation  et  l'abaissement  du  niveau  de  l'ouest  à 
l'est  des  terrasses  diluviennes  dont  l'ensemble  offre,  au  parallèle  de  Tou- 
louse, une  largeur  dépassant  cinq  lieues,  il  me  paraît  indispensable  d'ad- 
mettre, d'une  part  l'existence  d'un  ancien  cours  d'eau  d'un  volume  et 
d'une  vitesse  extraordinaires,  et  de  plus  une  tendance  à  se  retirer  de  plus  en 
plus  de  l'ouest  à  l'est,  c'est-à-dire  de  la  gauche  vers  la  droite.  Dans  cette 
théorie  que  j'ai  eu  l'occasion  d'expliquer  dans  plusieurs  ouvrages,  la  vallée 
actuelle  constituerait  une  dernière  phase  du  phénomène  considéré  dans 
son  ensemble,  la  Garonne  ne  serait  qu'un  mince  résidu  des  anciennes  eaux 
que  nous  avons  supposées  ci-dessus,  et  enfin  la  tendance  en  vertu  de 
laquelle  notre  fleuve  rongerait  encore  sa  rive  droite  si  celle-ci  n'était  pro- 
tégée par  d'anciens  éboulements,  devrait  être  regardée  comme  un  reste  ou 
\m  témoin  de  celle  que  le  courant  diluvien  a  pu  manifester  jadis  d'une  ma- 
nière plus  imposante  dans  le  décroissement  du  niveau  des  terrasses.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  un  cas  de  résection  sous-périostée  du  coude  suivie  de 
régénération  osseuse;  par  M.  Oixier.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commission  des  prix    de  Physique  expérimentale.) 

«  Les  expériences  sur  les  animaux  prouvent  que  des  portions  d'os  ou 
même  des  os  entiers  se  régénèrent  après  leur  ablation,  pourvu  qu'on  ait  eu 
soin  de  conserverie  périoste.  M.  Flourens  a  depuis  longtemps  appelé  l'atten- 
tion des  physiologistes  et  des  chirurgiens  sur  l'importance  de  cette  mem- 
l)rane,  et  dès  1847,  ^^"*  *^  Théorie  expérimentate  de  la  formation  des  os,  il 
disait  que  beaucoup  d'amputations  et  de  mutilations  pourraient  être  préve- 
nues par  la  conservation  du  périoste  qui  reproduirait  l'os  enlevé. 

»  Aux  faits  cliniques  (et  nous  devons  spécialement  ici  rappeler  ceux  de 
M.  Larghi,  de  Verceil)  qui  viennent  corroborer  cette  doctrine,  nous  pou- 
vons ajouter  une  nouvelle  observation  de  résection  sous-périostée  suivie 
d'une  régénération  osseuse  manifeste.  Cette  observation  nous  semble  réfuter 
d'elle-même  les  diverses  objections  qu'on  a  pu  tout  récemment  encore  adres- 


(  797  ) 
ser  à  ce  mode  deréseclion,  et  en  particulier  celle  qui  se  fondait  sur  le  danger 
d'appliquer  à  l'homme  malade  les  données  obtenues  sur  les  animaux  sains. 

»  Il  s'agit  d'une  résection  du  coude  pour  une  carie  des  trois  os  qui 
forment  cette  articulation.  Elle  a  été  pratiquée  à  l'hôpital  Beaujon  par 
M.  Verneuil  qui  nous  piia  de  l'assister  dans  cette  opération. 

»  Le  périoste  fut  détaché  avec  le  plus  grand  soin  et  conservé  partout 
où  il  n'avait  pas  été  détruit  par  la  maladie.  Malheureusement  l'altération 
des  extrémités  articidaires  était  trop  avancée  pour  qu'on  pût  l'isoler  et  le 
conserver  à  leur  niveau.  Aussi  ce  ne  fut  guère  qu'autour  de  la  diaphyse  hu- 
mérale,  au-dessus  de  l'épicondyle  et  del'épitrochlée,  que  la  dissection  put 
être  régulière;  autour  des  deux  os  inférieurs  les  conditions  étaient  plus 
défavorables  encore. 

"  La  résection  a  porté  sur  les  trois  os.  On  a  enlevé  de  8  à  9  centimètres 
de  l'humérus  et  de  3  à  4  centimètres  du  radius  et  du  cubitus;  en  tout 
12  centimètres. 

»  lie  malade  n'a  eu  qu'un  raccourcissement  du  membre  de  6  centi- 
mètres après  la  cicatrisation  de  la  plaie.  Une  résection  pratiquée  d'après 
la  méthode  ordinaire  nous  eût  probablement  laissé  un  raccourcissement 
égal  à  la  portion  d'os  enlevée,  c'est-à-dire  à  12  centimètres,  à  moins  que 
les  os  restés  distants  ne  se  fussent  isolément  cicatrisés. 

»  Si  la  reproduction  n'a  pas  été  plus  complète,  c'est  évidemment  parce  que 
le  périoste  avait  été  presque  entièrement  détruit  autour  des  extrémités  arti- 
culaires. Ici,  comme  chez  les  animaux,  la  reproduction  a  été  sensiblement 
proportionnelle  à  l'étendue  de  périoste  laissée  dans  la  plaie. 

»  Nous  ferons  encore  remarquer  la  simplicité  des  suites  de  cette  opéra- 
tion et  en  particulier  l'absence  ou  du  moins  la  faiblesse  de  la  réaction  trau- 
matique.  On  en  jugera  mieux,  du  reste,  parles  détails  de  l'observation. 

»  Observation.  —  Devaux  (Jean-Baptiste,)  aS  ans,  ancien  militaire,  entre 
à  l'hôpital  Beaujon,  le  20  décembre  i858.  Il  est  atteint  d'une  carie  des  os 
du  coude.  Il  fait  remonter  sa  maladie  à  une  entorse  éprouvée  il  y  a  trois  ans. 
Il  y  a  eu  plusieurs  abcès  au  niveau  de  la  jointure,  et  au  moment  de  son 
entrée  à  l'hôpital,  il  y  a  encore  cinq  trajets  fistuleux  qui  fournissent  du  pus. 
Le  membre  malade  est  très-amaigri  et  a  la  forme  d'un  fuseau  dont  le  renfle- 
ment serait  au  niveau  du  coude.  Mouvements  volontaires  tout  à  fait  abolis. 
On  distingue  à  peine  un  peu  de  mobilité  quand  on  cherche  à  fléchir  le 
membre.  L'état  général  est  bon. 

»   L'opération  fut  pratiquée  par  M.  Verneuil,  le  3i  janvier  iSSp. 

C.  R.,  1859,  2«  Semw/re.  (T.  XLIX,  N»  210  "  1^4 


•        (798) 

»  Les  extrémités  osseuses  étaient  encore  plus  altérées  qu'elles  ne  l'avaient 
paru  tout  d'abord.  Elles  étaient  raréfiées  et  très-friables,  sauf  les  points  où  se 
trouvaient  des  stalactites  de  nouvelle  formation.  Elles  baignaient  dans  le  pus 
et  les  fongosités. 

»  11  fallut  enlever  de  8  à  9  centimètres  de  l'humérus  et  de  3  à  4  centimètres 
du  radius  et  du  cubitus,  non  compris  l'olécrane  qui  était  nécrosé. 

»  Autour  du  radins  on  ne  put  conserver  que  des  lambeaux  insignifiants  de 
périoste,  tant  il  était  altéré.  Autour  du  cubitus,  on  en  détacha  une  manchette 
régulière  de  1  à  a  centimètres.  Autour  de  l'humérus  il  ne  fut  pas  pos- 
sible de  l'isoler  régulièrement  à  la  partie  inférieure,  mais  à  partir  de  l'épi - 
condyle  et  de  l'épitrochlée,  on  put  le  conserver  avec  la  plus  grande  facilité. 

»  Le  membre  fut  placé  dans  une  gouttière  et  mis  dans  l'extension. 

«La  réaction  traiimatiquefutà  peu  près  nulle;  le  lendemain  soir  seulement 
il  y  eut  un  peu  de  chaleur  à  la  peau  et  d'accélération  du  pouls.  La  nuit  sui- 
vante fut  bonne  cependant  et  ce  mouvement  fébrile  ne  reparut  plus.  Dès  le 
lendemain  de  l'opération  le  malade  fut  mis  au  régime  des  côtelettes. 

»  Le  22  février,  la  plaie  était  presque  entièrement  cicatrisée.  Il  ne  restait 
plus  qu'un  petit  point  fournissant  du  pus.  Déjà  on  sentait  au  niveau  de  la 
portion  de  l'humérus  enlevé  une  tuméfaction  résistante  et  non  douloureuse 
à  la  pression. 

»  Le  2  mars,  cette  portion  tuméfiée  se  durcit  de  plus  en  plus.  Le  malade  se 
lève;  il  reste  cependant  un  petit  point  de  suppuration  qui  persiste  jusqu'au 
8  avril,  où  une  esquille  de  2  centimètres  se  présente  à  la  plaie.  On  l'extrait, 
et  la  cicatrisation  n'étant  plus  entravée,  s'achève  trois  ou  quatre  jours  plus 
tard.  Le  1 5  juin,  le  malade  fut  présenté  à  la  Société  de  Chirurgie  par  M.  Ver- 
neuil.On  put  constaterquecetteperte  de  substance  osseuse  de  12  centimètres 
n'avait  donné  lieu  qu'à  6  centimètres  de  raccourcissement.  L'humérus  se 
terminait  par  une  tète  renflée  large  de  3  à  4  centimètres  au  moins  et  dépas- 
sant de  4  centimètres  environ  le  niveau  de  la  section.  Le  même  épaississe- 
ment  se  retrouve,  mais  moins  prononcé,  aux  os  de  l'avant-bras.  Des  liens 
fibreux  résistants  unissent  ces  nouvelles  épiphyses,  qui  paraissent  écartées 
en  arrière  d'un  travers  de  doigt. 

»  On  peut  étendre  et  fléchir  complètement  l'avant-bras.  Mais  les  mouve- 
ments volontaires  sont  encore  limités  à  cause  de  la  faiblesse  des  muscles, 
qui  étaient  très-atrophiés  au  moment  de  l'opération.  On  sent  le  biceps  se 
durcir,  quoique  faiblement.  Les  mouvements  des  doigts  et  de  la  main  sont 
conservés. 


(  799  ) 

))  Le  membre  a  presque  doublé  de  volume  depuis  l'opération;  la  santé 
générale  est  florissante. 

»  Le  malade  a  quitté  l'hôpital  à  la  fin  du  mois  de  juin  et  n'a  plus  été 
revu.  » 

CHIMIE.  —  Sur  la  densité  des  vapeurs  surcliaujfées  du  soufre,  du  phosphore 
et  de  l'arsenic;  par  M.  A.  Bineau. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Regnault,  Balard.)    , 

n  Les  moins  anciennes  des  observations  dont  je  me  propose  de  rendre 
compte  ici  remontent  à  plus  de  dix  années.  Sur  les  trois  séries  d'expériences 
relatives  au  soufre  qui  seront  rapportées  ci-dessous,  la  première  était  déjà 
accomplie  quand  je  rédigeai  mon  Mémoire  sur  la  densité  des  vapeurs  de 
quelques  acides  (voir  annales  de  Chimie  et  de  Physique^  3*  série,  t.  XVIII, 
p.  226)  ;  c'est  ce  qui  me  le  fit  terminer  par  ces  lignes  :  «  Je  montrerai  que 
»  le  soufre  en  vapeur  est  sujet,  de  même  que  les  corps  composés  observés 
»  par  M.  Cahours  et  par  moi,  à  de  remarquables  anomalies  dans  sa  dilata- 
»  tion  ».  Lorsque,  par  une  dernière  série  d'essais,  la  densité  normale  du 
soufre  aériforme  eut  été  définitivement  fixée  pour  moi,  je  l'annonçai  dans 
une  Lettre  adressée  à  l'Institut. 

»  Soufre.  —  La  variabilité  de  la  densité  de  la  vapeur  de  soufre  commença 
à  se  révéler  clairement  dès  mes  premiers  essais,  malgré  leur  peu  de  réussite. 

»  Quoi  qu'il  en  soif,  nous  voyons  que,  prise  vers  600  degrés,  la  densité 
du  soufre  en  vapeur  est  déjà  presque  réduite  aux  ^  de  ce  qu'elle  est  vers 
5oo  degrés.  On  comprend  l'intérêt  que  je  devais  attacher  à  pouvoir  étendre 
le  champ  de  ces  recherches  en  parvenant  à  des  températures  encore  plus 
élevées.  Du  reste,  il  n'était  point  nécessaire  à  mes  vues  d'obtenir  des  résul- 
tats très-précis.  Une  approximation  poussée  seulement  à  -^  ou  même  à  j 
près  me  paraissait  suffisante  pour  résoudre  un  point  capital  de  la  question 
de  philosophie  chimique  qui  me  préoccupait. 

»  Je  renonçai  aux  bains  liquides  sous  la  pression  desquels  le  verre  cédait 
dès  que  la  chaleur  était  suffisamment  intense  pour  commencer  à  le  ramollir. 
Je  plaçai  mes  tubes  dans  une  sorte  d'étui  cylindrique  en  tôle,  d'où  ne  sor- 
taient que  leurs  prolongements  effilés  ;  ils  y  étaient  entourés  soit  de  sable, 
soit  de  coke  en  très-petits  fragments,  soit  de  limaille  de  fer.  Posé  horizonta- 
lement sur  une  grille  allongée,  le  cylindre  de  tôle  était  chauffé  le  plus 
régulièrement  possible.  Comme  d'ailleurs,  à  un  rouge  un  peu  vif,  le  ramol- 

io4-. 


(  8oo  ) 
lissement  du  verre  en  déterminait  l'affaissement,  même  sans  l'intervention 
de  la  pression,  les  tubes  furent  enveloppés  d'un  lut  argileux.  L'extrémité 
effilée  seule  n'en  était  point  recouverte,  ou  ne  l'était  que  légèrement  ;  et 
dans  ce  dernier  cas,  pour  fondre  le  bout  du  tube  à  la  fin  de  l'opération, 
j'avais  recours  à  la  flamme  donnée  par  la  réunion  d'un  jet  d'hydrogène  et 
d'un  jet  d'oxygène.  Enfin,  comme  il  fallait  pouvoir  se  rendre  compte  des 
espaces  occupés  par  les  vapeurs  ou  par  l'air,  malgré  les  déformations  éprou- 
vées par  les  tubes,  j'avais  soin  de  mesurer  avant  tout  leur  capacité.  A  cet 
effet,  je  me  suis  servi  habituellement  d'eau,  en  opérant  ensuite  une  dessicca- 
tion convenable. 

»  Souvent  les  tidjes  mis  ainsi  en  expérience  ne  se  conservèrent  que  par 
leur  enveloppe  argileuse,  et  n'offraient  en  haut  qu'une  légère  couche  vi- 
treuse retenue  par  son  agglutination  avec  le  lut,  tandis  que  la  partie  infé- 
rieure augmentait  considérablement  d'épaisseur  aux  dépens  de  la  supé- 
rieure. D'ailleurs  beaucoup  d'entre  eux  n'arrivaient  pas  à  bonne  fin.  Peu 
importait  pourtant  qu'après  leur  fermeture  ils  se  déformassent  plus  ou 
moins,  pourvu  qu'il  ne  s'y  fit  point  de  rupture,  et  que  la  vapeur  pût  aller 
se  condenser  à  la  pointe  qui  sortait  du  cylindre  métallique.  Car  c'est  en  dé- 
tachant cette  pointe,  puis  la  pesant  successivement,  d'abord  avec  le  produit 
condensé,  puis  toute  seule,  que  j'obtenais  le  poids  du  corps  vaporisé,  imi- 
tant en  ceci  M.  Mitscherlich. 

»  Voici  les  détails  des  opérations  qui  ont  eu  le  plus  de  réussite  : 

I.  Volume  du  tube  où  fut  introduit  le  soufre i8",5 

Volume  du  thermomètre  à  air i6,  76 

))  Ces  deux  tubes  avaient  été  disposés  de  façon  à  prendre  aussi  exactement 
que  possible  une  température  identique.  Près  d'eux  il  y  avait  en  outre  deux 
autres  tubes  à  air;  mais  étant  placés,  l'un  plus  haut,  l'autre  plus  bas,  ils 
n'étaient  plus  dans  les  mêmes  conditions  d'échauffement. 

Volume  du  2'  thermomètre  à  air i6'^'^,64 

Volume  du  3''  thermomètre  à  air '4»  7^ 

Pression  atmosphérique  au  moment  des  expériences ']^5"^'" 

Température  ambiante 22" 

Air  resté  dans  le  i"  thermomètre 3'^'',t2 

Air  resté  dans  le  2"  (placé  au-dessus) 4>   o5 

Air  resté  dans  le  3'  (placé  le  plus  bas) a,   Sn 

Poids  du  soufre  resté  dans  le  tube o«%oio5 


(  «oi  ) 
)'  En  définitive,  l'expérience  fixe  cette  densité  à  a,  t . 

II.  Volume  du  tube  à  soufre 1 5",59 

Volume  du  thermomètre  à  air.  i3",07   1  rapport  des  volumes  d'air  4)79 

Air  resté  dans  celui-ci 2,  78  )  T  1=1162 

Température ._ 21» 

Hauteur  barométrique 747""" 

Poids  du  soufre g""»"' 

Densité  qui  s'en  déduit 2,2 

III.  Volume  du  tube  à  soufre 1 7^,85 

Volume  du  thermomètre  à  air.    16,82  1  rapport  des  volumes  d'air  /^,   i3 

Air  resté 4)0?   )  T  =  968 

Température 21° 

Baromètre 747""" 

Poids  du  soufre i  ^'"f,5 

Densité  de  la  vapeur 2,4 

»  IV  et  V.  Deux  systèmes  de  tubes  chauffés  en  même  temps  dans  le 
cylindre  de  tôle  ont  donné  les  résultats  que  nous  allons  transcrire. 

Pression 745'"-" 

Température ...    24° 

IV  V 

Volume  du  tube  à  soufre iQjSS  29,42 

Rapport  des  volumes  d'air 3,27     3  ,475 

Température  qui  se  déduirait  de  ce  rapport 7 14° 727° 

Poids  du  soufre ig^^r^S  . .      aô"*"' 

Densité  de  la  vapeur 2,8 2,7. 

VI.  Volume  du  tube  ik  soufre 1 5'^'^  9 

Rapport  desvolume  d'airdans  un  1"  thermomètre.     3,45 

Id.  dans  un  second 3,53 

Hauteur  barométrique 744"""' 

Température .' .  .      i5" 

Poids  du  soufre 1  S""'' 

•    Densité 2,8  (T=:  743) 

»  Après  avoir  obtenu  les  résultats  qui  précèdent,  j'ai  voulu  mettre  à 
l'épreuve  mon  mode  d'expérimentation,  en  le  faisant  servir  à  la  détermina- 
tion de  la  densité  de  la  vapeur  de  mercure.  Voici   les  données  de  l'opé- 


ration  : 


(  802   ) 

Volume  du  tube  à  mercure.. , i6'''^,67 

Poids  du  mercure 34'"*'' 

Rapport  des  voiuraes  d'air  du  thermomètre 3,g4 

Température  de  l'air  ambiant iS" 

Pression  atmosphérique ■j/f''"'" 

Densité  de  la  vapeur  mercurielle 6,7  (ï  =:  882  ) 


»  6,97  est  le  nombre  obtenu  par  M.  Dumas,  et  6,91  est  celui  qu'indique 
le  calcul  basé  sur  la  densité  de  l'oxygène  et  le  rapport  des  équivalents. 
»  VII  et  VIII.  Expériences  exécutées  comme  celles  des  n*"  IV  et  V. 
»   La  pression  atmosphérique  était  de  742  millimètres,  et  la  température 
ambiante  de  1  3  degrés. 

VII.  VIII. 

Volume  du  tube  à  soufre 2o'='^,2 i5",7 

Rapport  des  volumes  d'air 8,26 3,45 

Température  d'après  la  formule  donnée  plus  haut.     85i° 731°        ,■ 

Poids  du  soufre • 20'^^'',5 i3,7 

Densité 2,6 2,6 

»  IX.  Cette  fois  le  tube  à  air  a  été  remplacé  par  un  tube  à  vapeur  mercu- 
rielle. Un  accident  empêche  d'ailleurs  de  constater  si  le  tube  à  soufre  est 
exempt  de  gaz. 

Volume  du  tube  à  soufre 3o'^%3 

Poids  du  soufre aS'"*"' 

Volume  du  tube  à  mercure 'ig",S 

Poids  du  mercure Bo'"»'' 

Rapport  entre  les  densités  des  deux  vapeurs o,3o 

Densité  de  la  vapeur  du  soufre  (0,9  étant  pris  pour 

celle  du  mercure) 2,  i 

»  A  la  suite  de  cette  expérience,  j'en  fis  encore  une  destinée  à  fournir  un 
complément  d'éclaircissement  sur  le  procédé  mis  en  oeuvre.  Elle  fut  con- 
duite comme  les  précédentes,  mais  en  opérant  sur  l'iode. 

Volume  du  tube  à  iode 44"  >  2 

Volume  du  tube  à  air.  .  .   4^,0  )  Rapport  du  volume  d'air...  3,36 

Air  resté 12, 5  1  (T  =  684) 

Hauteur  barométrique 745""' 

Température  ambiante 7" 

Poids  de  l'iode i4i'""-j 

Densité  de  la  vapeur  d'iode 8,65 


(  8o:î  ) 

»  M.  Dumas  obtint,  dans  les  conditions  ordinaires,  8,716. 
1)  X.  Enfin  voici  les  données  d'une  dernière  détermination  au  sujet  de 
la  vapeur  du  soufre  : 

Volume  du  tube  à  soufre 5 1  " 

Rapport  des  volumes  d'air 3,69 

Hauteur  barométrique ■j47'""' 

Température  ambiante 22" 

Poids  du  soufre Sg"»"- 

Densité  de  la  vapeur. 2,4{T=:  834) 

»  En  résumé,  les  densités  de  la  vapeur  du  soufre,  déterminées  dans  nos 
dix  dernières  opérations,  sont  comprises  entre  2,1  et  2,8.  Leurs  variations 
ne  sont  qu'imparfaitement  en  harmonie  avec  celles  des  températures,  et 
dérivent  en  grande  partie  des  erreurs  d'expérimentation.  Plusieurs  causes 
en  rendent  raison. 

I)  Groupons  ensemble,  d'un  côté,  les  déterminations  effectuées  à  des 
degrés  de  chaleur  qui,  d'après  notre  évaluation,  seraient  inférieurs  à  800, 
et,  de  l'autre,  celles  qui  correspondent  à  des  chaleurs  plus  élevées.  On 
lorme  ainsi  les  deux  groupes  suivants  : 

Numéros  Densité  Température 

des  expériences.  de  la  vapeur.  approximative. 

IV 2,8  .714 

V 2,7  727 

VIII 2,6  73i 

VI 2,8  743 

Moyenne ,..2,7 

Numéros  Densité  Température  déduite 

des  expériences.              de  la  vapeur.  de  In  formule  mentionnée. 

X 2,4  834 

VII 2,6  85i 

III 2,4  963 

1 2,1  1082 

II 2,3  1 162 

2,36 


M  Voici  d'ailleurs,  à  la  suite  des  chiffres  obtenus  par  mes  deux  illustres 
devanciers,  M.  Dumas  et  M.  Mitscherlich,  les  densités  que  je  suis  amené  à 


(  8o/,  ) 
assigner  approximativement  au  soufre  gazéifié,  plus  ou  moins  chauffé. 

Température  approximative.  Densité. 

De  /55o  à  Soo"  i  ^'9     ^**-  Mitscherlich  ) . 

^^  ^^°  **  ^°° )  6,56  (  M.  Dumas). 

600° 5 

700» 2,8 

800  à    1 000° 2,2 

(L'étendue  de  ce  Mémoire  peu  susceptible  d'analyse  nous  oblige  à  sup- 
primer complètement  tout  ce  qui  concerne  les  densités  des  vapeurs  de  phos- 
phore et  d'arsenic.) 

M.  A.  Vincent  adresse  de  Brest  une  deuxième  copie  d'un  Mémoire  qu'il 
avait  présenté  à  l'Académie  en-  septembre  i844  sous  le  titre  de  «  Nouveau 
système  de  défense  des  côtes  ». 

«  Dans  ce  Mémoire,  dit  l'auteur,  j'établissais  que  contre  l'irruption  d'une 
flotte  à  vapeur  ennemie,  les  batteries  des  côtes,  quelque  multipliées  qu'elles 
fussent,  resteraient  impuissantes  à  empêcher  un  bombardement  ou  un 
débarquement;  que  cette  impuissance  ressortirait  d'autant  plus,  que  pro- 
chainement les  bâtiments  de  guerre  se  revêtiraient  d'armures  métalliques 
les  rendant  invulnérables  aux  projectiles,  ce  qui  leur  permettrait  de  for- 
cer impunément  les  entrées  des  ports,  des  rivières,  des  rades,  et  d'y  tout 
détruire  sans  qu'on  pût  s'y  opposer  efficacement  avec  les  moyens  actuels. 
Je  concluais  que  le  seul  moyen  de  résister  à  ce  nouveau  moyen  d'attaque 
était  de  construire  des  batteries  flottantes,  muraillées  en  fer  doux,  nuies 
par  la  vapeur,  et  armées  de  canons  se  chargeant  par  la  culasse,  et  tirant  cinq 
ou  six  coups  contre  un  tiré  par  les  canons  actuels,  sans  exposer  autant  les 
chargeurs  qu'on  le  fait  aujourd'hui »  > 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  désignée  qui  se  compose  de 
MM.Poncelet,  Piobert,  Duperrey.) 

M.  H.  Prateu  adresse  une  Note  écrite  en  anglais  concernantles  expé- 
riences sur  lesquelles  on  abasé  la  théorie  du  calorique  latent. 

M.  Despretz  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 


(  8o5 


CORRESPONDAIVCE . 

M.  LE  Directeur  central  des  Docanes  et  des  Contributions  indirectes 
adresse  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  un  exemplaire  du  Tableau  général 
du  mouvement  du  cabotage  en  i858  qui  forme  la  suite  et  le  complément 
du  tableau  général  du  commerce  de  la  France  pendant  la  même  année. 

M.  Flocrens  présente,  au  nom  des  éditeurs  MM.  Gide  et  Barrai,  le 
seizième  et  dernier  volume  des  œuvres  complètes  de  F.  j4rago  et  donne, 
dans  l'extrait  suivant  de  la  Lettre  d'envoi,  une  idée  de  ce  qu'il  contient  : 

n  Ce  volume,  dit  M.  Barrai,  est  le  tome  IP  des  Mémoires  scientifiques. 
Outre  des  Mémoires  déjà  publiés,  tels  que  ceux  sur  les  cercles  répétiteurs, 
les  latitudes  et  les  longitudes,  les  erreurs  personnelles,  les  étoiles  multiples, 
les  comètes,  les  taches  du  soleil,  la  vitesse  du  son,  les  forces  élastiques  de 
l'air  et  de  la  vapeur,  etc.,  il  renferme  un  grand  nombre  de  recherches  iné- 
dites sur  l'astronomie  et  l'optique. 

»  Le  tome  IV*  de  la  Base  du  système  métrique  contient  les  seize  triangles 
que  MM.  Biot  et  Arago  ont  déterminés  pour  prolonger  la  mesure  de  la  mé- 
ridienne de  France  jusqu'à  l'île  de  Formentera.  M.  Arago  seul  a  mesuré  en 
outre  un  dix-septième  triangle  ayant  son  sommet  au  clop  de  Galaro  dans 
l'île  de  Majorque,  et  s'appuyant  d'une  part  sur  Campvey  dans  l'île  d'Iviza 
et  d'autre  part  sur  la  Mola  de  Formentera,  dans  le  but  d'obtenir  la  grandeur 
d'un  arc  de  parallèle  de  près  de  3  degrés  à  l'extrémité  de  la  méridienne  et 
de  déterminer  la  courbure  de  cette  portion  du  sphéroïde  terrestre.  On  trou- 
vera, dans  le  volume  que  je  présente  à  l'Académie,  les  résultats  de  cette  me- 
sure restés  inédits. 

»  M.  Arago  a  communiqué  à  l'Académie,  en  i853,  l'année  même  de  sa 
mort,  un  Mémoire  sur  la  forme  et  la  constitution  physique  de  Mars;  j'ai 
publié  ce  Mémoire  en  y  joignant  plus  de  3ooo  mesures  micrométriques 
des  diamètres  de  Mercure,  de  Vénus,  de  Jupiter,  de  Saturne  et  d'Uranus, 
mesures  que  M.  Arago  avait  prises  de  i8i  i  à  1847;  j'ai  donné  ces  mesures 
telles  qu'elles  sont  inscrites  sur  les  registres  d'observations  en  y  joignant  les 
calculs  de  leur  transformation  en  mesures  sexagésimales  que  j'ai  dû  ef- 
fectuer. 

«  On  sait  que  M.  Arago  avait  fait  un  grand  nombre  de  recherches  sur  les 

C.   R.,   ibSg,  2"=  Semestre.  (T.   XLIX,  NoSl.)  •  o5 


(  8o6  ) 
pouvoirs  réfringents  et  les  pouvoirs  dispersifs  de  l'air  atmosphérique  sec  ou 
humide,  de  divers  autres  gaz  et  de  plusieurs  vapeurs;  j'ai  relevé  et  calculé 
tous  les  résultats  des  observations  sur  ce  sujet  si  important,  auquelM.  Arago 
a  travaillé  pendant  près  d'un  demi-siècle,  notamment  en  i8o5  avec  M.  Biot, 
en  i8i5et  iSiôavecM.  Petit,  et  en  iSSa  avec  M.  Fizeau.  Les  chimistes 
et  les  physiciens  pourront  tirer  un  grand  parti  des  pouvoirs  réfringents  non- 
seulement  de  quelques  gaz  simples,  mais  encore  de  gaz  composés,  telsque 
l'oxyde  de  carbone,  les  hydrogènes  carbonés,  l'hydrogène  sulfuré,  le  cya- 
nogène, les  vapeurs  de  sulfure  de  carbone,  d'éther  sulfurique  et  d'éther 
muriatique. 

»  Je  ne  ferai  que  mentionner  de  nombreuses  observations  sur  divers 
phénomènes  d'optique,  sur  l'électricité  atmosphérique,  sur  les  températures 
de  la  terre  à  diverses  profondeurs,  etc. 

»  Je  me  suis  attaché  à  réunir  les  immenses  travaux  de  M.  Arago  dans  un 
ensemble  digne  de  lui  et  digne  de  la  science,  sans  rien  omettre,  parce  que 
toute  pensée  d'un  tel  maître  m'a  paru  devoir  être  pieusement  conservée. 
Ma  tâche  est  maintenant  remplie.  Il  ne  me  reste  qu'à  remercier  vivement 
l'Académie  de  l'intérêt  qu'elle  a  pris  à  son  accomplissement,  et  vous-même, 
Monsieur  leSecrétaire  perpétuel,  de  la  bienveillance  exquise  que  vous  m'avez 
témoignée;  cet  intérêt  et  cette  bienveillance,  en  même  temps  que  le  senti- 
ment du  devoir,  m'ont  empêché  d'éprouver  aucune  défaillance.  » 

M.  FcsTER,  professeur  de  clinique  interne  à  la  Faculté  de  Médecine  de 
Montpellier,  écrit  à  l'Académie  pour  la  prier  de  vouloir  bien  l'inscrire  sur 
la  liste  des  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  dans  la 
Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

(Renvoi. à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

ASTRONOMIE.    —  Lettre  de  M.  Ghacornac  à  M,  Le  Verrier. 

«  L'intérêt  que  présente  la  question  de  savoir  si  le  centre  du  soleil  est 
réellement  plus  lumineux  que  ses  bords  m'a  fait  entreprendre  dès  le  com- 
mencement de  l'année  1 855  des  observations  photométriques  dirigées  dans 
le  but  de  mesurer  le  phénomène. 

»  Il  m'était  possible  déjà  à  cette  époque  de  consacrer  à  ces  recherches 
une  excellente  lunette  de  M.  Secretan,  ayant  24  centimètres  d'ouverture  et 
4  mètres  de  longueur  focale. 


(8o7  ) 

»  Les  premiers  essais  que  j'ai  tentés  consistaient  à  inspecter  séparément 
les  différentes  portions  d'une  zone  de  l'astre,  celle,  par  exemple,  comprenant 
son  diamètre  perpendiculaire  au  mouvement  diurne.  Pour  cela  je  réduisais 
le  champ  à  une  ouverture  angulaire  de  3  minutes  et  je  recherchais  à  quelle 
distance  des  bords  commence  à  devenir  appréciable  le  phénomène  de  la  di- 
minution d'éclat  de  ceux-ci  ;  ainsi  en  faisant  mouvoir  la  lunette  dans  le  sens 
du  bord  supérieur  au  bord  inférieur  de  l'asfre,  les  diverses  portions  de  la 
zone  se  succédant  dans  le  champ,  je  remarquai  qu'en  passant  rapidement 
des  régions  du  centre,  où  la  lumière  est  uniforme  et  blanche  sur  un  espace 
d'environ  les  5  huitièmes  du  rayon,  aux  régions  des  bords,  on  constatait 
très-nettement  que  l'éclat  et  la  couleur  de  l'astre  changeaient. 

»  Je  pratiquai  ces  expériences  avec  un  grossissement  de  aoo  fois  environ. 
Elles  me  suggérèrent  les  suivantes  : 

»  Loisqu'on  examine  à  l'aide  d'un  faible  pouvoir  amplifiant  la  surface  du 
soleil  en  réduisant  l'ouverture  du  champ  de  la  lunette  à  deux  petits  disques 
d'environ  5o  secondes  d'arc  de  diamètre,  et  que  l'on  dispose  l'instrument 
de  manière  à  faire  coïncider  l'une  des  ouvertures  du  champ  avec  le  centre 
de  l'astre  et  l'autre  avec  son  bord,  on  aperçoit  tout  de  suite  qu'il  existe 
une  différence  d'intensité  lumineuse  notable  entre  ces  deux  régions,  de 
même  qu'une  différence  de  coloration  est  manifeste  lorsqu'on  se  sert  d'un 
verre  neutre  absorbant. 

»  Si  on  rapproche  à  l'aide  d'un  mécanisme  les  deux  petits  disques  de 
manière  à  diminuer  leur  écart  d'une  quantité  déterminée,  on  pourra  com- 
parer des  régions  voisines  du  centre  dont  l'intensité  lumineuse  différant  très- 
peu  de  l'éclat  de  celui-ci  fera  connaître  à  quelle  distance  des  bords  com- 
mence à  devenir  appréciable  l'affaiblissement  de  la  lumière  de  l'astre. 

»  En  comparant  les  mesures  obtenues  par  ces  deux  méthodes  et  en  ad- 
mettant que  l'œil  perçoive  des  différences  d'éclat  allan*  à  un  soixantième, 
j'avais  trouvé  par  une  moyenne  d'environ  douze  cents  comparaisons  que  la 
région  du  disque  solaire  où  commence  à  devenir  sensible  la  diminution  de 
son  éclat,  est  située  à  une  distance  du  centre  égale  aux  364  millièmes  du 
rayon. 

»  Dans  les  expériences  précédentes,  les  centres  des  deux  petites  ou- 
vertures circulaires  du  champ  dont  on  comparait  les  intensités,  étaient 
encore  éloignés  des  364  millièmes  du  rayon.  Pour  remédier  à  cet  incon- 
vénient, j'imaginai  plus  tard  de  placer  à  l'oculaire  de  la  lunette  un  prisme 
biréfringent,  afin  d'amener  en  contact  ces  deux  petits  disques  lumineux  et 
apprécier  ainsi  plus  facilement  leur  différence.  Cette  circonstance  me  con- 

io5.. 


(  8o8  ) 
duisit  à  rechercher  si  l'image  ordinaire  d'une  facule,  superposée  par  ce 
moyen  sur  l'image  extraordinaire  de  la  pénombre  d'une  tache  voisine,  ue 
reproduirait  pas  un  éclat  à  peu  près  égal  à  l'intensité  lumineuse  totale  du 
soleil.  Dans  ces  tentatives  j'ajoutai  à  mon  appareil  une  plaque  de  tourma- 
line appartenant  à  un  polariscope  Savart,  et  j'eus  bientôt  un  photomètre 
très-commode  pour  contrôler  les  expériences  précédentes. 

»  En  1857,  j'ignorais  encore  tout  le  parti  que  M.  Arago  avait  tiré  d'un 
moyen  analogue,  ainsi  que  les  mesures  photométriques  exécutées  par  l'il- 
lustre astronome  sur  une  partie  des  corps  célestes.  Aussi,  lorsque  parut  le 
premier  volume  des  Mémoires  scientifiques  de  ses  œuvres,  je  fus  près 
d'abandonner  tous  les  projets  formés  sur  l'emploi  de  mon  instrument;  ce- 
pendant deux  questions  me  semblaient  dignes  d'intérêt  et  me  paraissaient 
résolues  dans  un  sens  contraire  aux  phénomènes  observés  antérieurement. 
»  Je  veux  parler  de  l'accroissement  rapide  que  l'intensité  lumineuse  du 
ciel  présente  dans  le  voisinage  immédiat  du  soleil,  et  de  la  différence  no- 
table signalée  par  les  expériences  précédentes  entre  l'éclat  du  centre  et  celui 
des  bords  de  l'astre. 

»  Je  repris  donc  mes  travaux  en  employant  alternativement,  soit  une 
plaque  de  tourmaline,  soit  un  prisme  de  Nicol  combiné  avec  un  prisme  biré- 
fringent doué  d'un  mouvement  de  rotation  sur  lui-même.  J'appliquai  cet 
appareil  à  l'oculaire  de  la  lunette  de  M.  Secretan,  laquelle  entraînée  équato- 
rialemeut  par  un  mouvement  d'horlogerie,  me  fournit  tous  les  moyens  né- 
cessaires pour  effectuer  les  mesures  projetées. 

»  Au  moyen  de  ces  prismes  convenablement  montés  sur  un  micromètre 
d'angle  de  position,  je  pus  faire  naître  l'image  extraordinaire  empruntée  au 
centre  du  disque  solaire  très-près  de  l'image  ordinaire  empruntée  au  bord 
de  l'astre,  en  sorte  que  les  deux  petits  disques  lumineux  amenés  en  contact 
puissent  être  égalés^vec  toute  la  précision  que  comporte  la  méthode. 

»  Cette  égalité  obtenue,  en  vertu  de  la  loi  du  carré  du  cosinus,  il  était 
facile  d'en  conclure  la  relation  qui  existait  entre  l'éclat  primitif  des  deux 
lumières  au  moyen  de  l'angle  parcouru  par  la  section  principale  du  prisme 
rotatif. 

»  Ce  procédé,  plus  exact  que  ceux  tentés  précédemment,  offre  l'avantage 
de  comparer  directement  le  bord  au  centre  du  disque,  en  conservant  ce- 
pendant les  deux  images  comparées  en  contact  l'une  avec  l'autre.  Cette 
méthode  m'indiqua  de  suite  deux  difficultés  inhérentes  à  la  nature  du  pro- 
blème : 

»   i".  L'intensité  lumineuse  du  bord  de  l'astre  n'étant  pas  uniforme  sur 


(  So9) 
nue  étendue  angulaire  normale  au  limbe  égale  à  /|0  secondes,  il  n'est  pas 
possible  d'arriver  à  une  égalité  rigoureuse  dans  le  cas  où  l'on  compare  son 
éclat  à  lumière  uniforme  du  centre. 

»  'i°.  Cette  difficulté  est  augmentée  par  la  couleur  de  cette  portion  du 
disque  solaire  laquelle  est,  comme  je  l'ai  dit,  notablement  teintée  en  jaime, 
tandis  que  la  portion  du  centre  amenée  en  comparaison  apparaît  d'une  lu- 
mière blanche  (r). 

»  Ne  pouvant  m'étendre  plus  longuement  dans  cette  Note  sur  les  détails 
de  l'observation,  je  me  bornerai  à  dire  qu'après  avoir  essayé  les  grossisse- 
ments les  plus  convenables,  les  prismes  les  plus  purs,  j'ai  obtenu  les  rela- 
tions suivantes  : 


Distance 

Rapport 

Intensités 

au  bord. 

Azimut. 

des  intensités. 

primitives. 

1,000 

0       / 
33.59 

0,454 

I  ,000 

0,708 

33.59 

0,454 

I  ,000 

0,477 

35.08 

0,495 

0,918 

»  Ces  chiffres  sont  le  résultat  d'environ  huit  cents  mesures  effectuées  dans 
des  conditions  atmosphériques  exceptionnelles  du  12  mai  au  23  octobre  de 
cette  année. 

"  Après  chaque  série  de  dix  mesures,  j'ai  changé  l'azimut  du  plan  pri- 
mitif de  polarisation,  afin  de  ne  pas  être  influencé  par  une  symétrie  de  lec- 
ture. Chaque  comparaison  s'effectuait  en  passant  alternativement  d'un  bord 
de  l'astre  à  celui  diamétralement  opposé  :  par  exemple,  le  bord  supérieur 
a  été  comparé  un  très-grand  nombre  de  fois  au  bord  inférieur,  tandis  que 
celui  oriental  n'a  été  comparé  au  bord  occidental  qu'un  très-petit  nombre 
de  fois. 

»  Ce  dernier  fait  tient  à  la  présence  presque  continuelle  des  facules  sur 
ces  bords. 

»  En  résumant  ces  observations,  le  centre  du  disque  aurait  un  éclat  sen- 
siblement luiiforme  sur  une  étendue  égale  aux  trois  dixièmesde  son  diamètre  ; 


(i)  Les  appareils  destinés  à  mettre  en  évidence  ce  dernier  phénomène  par  une  autre  série 
de  faits  étant  à  peu  près  terminés,  je  mentionnerai  que  je  me  propose  d'étaler  l'un  à  côté  de 
l'autre  deux  spectres  solaires,  l'un  provenant  de  la  lumière  émise  par  le  centre  de  l'astre, 
l'autre  provenant  de  la  lumière  de  ses  bords.  Aussitôt  que  j'aurai  obtenu  quelques  résultats, 
je  m'empresserai  de  les  communiquer  à  l'Académie. 


-^ 


(  8io  ) 
à  partir  de  cette  région  jusqu'aux  bords,  sa  lumière  irait  en  s'affaiblissant 
dans  une  proportion  telle,  qu'à  l'extrémité  de  ceux-ci  et  sur  un  espace  an- 
gulaire égal  à  4o  secondes  son  intensité  n'atteindrait  plus  la  moitié  de  celle 
du  |Centre.  Enfin  la  lumière  du  centre  surpasse  de  deux  vingt-cinquièmes 
d'tui  point  qui  en  est  éloigné  de  o,523  du  rayon. 

»  Afin  de  contrôler  par  un  fait  pris  en  dehors  de  toute  considération 
hypothétique  les  mesures  que  j'avais  prises ,  je  profitai  du  passage  de 
quelques  grandes  taches  environnées  d'une  large  pénombre  dans  le  voi- 
sinage du  centre  du  disque.  On  sait  que  la  pénombre  des  taches  apparaît 
au  centre  de  l'astre  comme  un  nuage  assez  sombre  pour  que  personne  n'ose 
affirmer  à  première  vue  que  son  intensité  lumineuse  est  supérieure  à  celle 
des  bords  du  soleil.  Si  les  appréciations  d'Herschel  n'étaient  pas  loin 
de  la  vérité,  il  fallait  cependant  d'après  mes  mesures  qu'il  en  fût  ainsi.  L'é- 
preuve à  laquelle  j'allais  soumettre  mes  expériences  était  donc  décisive. 

»  Le  3i  août  dernier,  le  centre  de  la  pénombre  d'un  vaste  groupe  de 
taches  solaires  me  parut  assez  étendu  et  d'un  éclat  suffisamment  uniforme 
pour  tenter  l'épreuve.  Ce  groupe  était  dans  l'hémisphère  inférieur,  peu  éloi- 
gné d'avoir  atteint  le  milieu  de  sa  course  et  situé  à  une  distance  du  centre 
égale  à  environ  les  trois  dixièmes  du  rayon.  L'une  des  ouvertures  circulaires 
du  champ  de  la  lunette  étant  dirigée  sur  la  portion  de  la  pénombre  que  je 
voulais  comparer  au  bord  de  l'astre,  j'amenai  l'ouverture  circulaire  infé- 
rieure à  coïncider  avec  celui-ci.  Le  résultat  fut  que  la  pénombre  était  réel- 
lement d'un  éclat  supérieur  à  celui  du  bord  de  l'astre. 

«  A  l'aide  de  cet  appareil  photométrique,  j'ai  pu  mesurer  les  plus  faibles 
différences  d'intensité  de  la  lumière  des  astres  en  employant  des  grossisse- 
ments de  aoo  à  3oo  fois.  Dans  une  prochaine  Note,  je  rapporterai  les  ob- 
servations que  j'ai  faites  sur  les  facules  et  les  mesures  que  j'ai  obtenues  de 
leur  intensité  lumineuse.   » 

ASTRONOMIE.  —  Lettre  de  M.  Herrick  à  M.  Le  Verrier. 

«  Ayant  lu  récemment  dans  V Institut  un  article  relatif  à  la  communica- 
tion faite  par  vous  à  l'Académie  des  Sciences  sur  la  probabilité  de  l'exis- 
tence d'une  ou  plusieurs  planètes  entre  Mercure  et  le  Soleil,  je  prends  la 
liberté  d'appeler  votre  attention  sur  certaines  observations  qui  semblent 
démontrer  qu'une  semblable  planète,  accompagnée  d'un  gros  satellite,  a  été 
.plusieurs  fois  observée  et  toujours  perdue. 

»  Il  y  a  plus  de  dix  ans,  j'ébauchai  pour  le  Journal  américain  des  Sciences 


(8ii) 
un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Collection  d'observations  sur  certaines  ta- 
ches solaires  d'un  caractère  particulier,  tendant  à  mettre  en  évidence  l'exis- 
tence d'une  planète  intra-mercurielle.  «  Je  différai  la  publication  de  ce 
Mémoire,  en  partie  parce  que  j'espérais  trouver  la  planète,  en  partie  aussi 
parce  que  je  craignais  que  celte  planète  n'existât  pas,  d'autant  plus  que 
vous  aviez  affirmé,  en  i845,  que  vos  nouvelles  Tables  de  Mercure  représen- 
taient exactement  les  positions  de  cette  planète  {Comptes  rendus,  t.  XXI, 
p.  3i6.) 

»  Voici  les  observations  qui  servaient  de  base  à  mon  travail  : 
»  1°.  Pastorffde  Buchholz  vit  le  i8  octobre  i836,  le  i"  novembre  i836 
et  le  i6  février  1837,  deux  taches  noires,  rondes,  de  grandeurs  inégales, 
passer  sur  le  soleil,  changer  de  place  en  peu  de  temps,  et  suivre  chaque 
fois  des  routes  un  peu  différentes.  Il  trouva  pour  leurs  mouvements  les  va- 
leurs suivantes  : 

Octobre       i8     1 836  de  a^'ao™  à  S*"  12'"  arc  parcouru  12', 
Novembre     i      i836       2''48"' à  3''42'"  .  6', 

Février        16     1837       3''4o"' à  4'' i  o™  »  1^'. 

»  2°.  En  i834  Pastorff  vit  six  fois  deux  petits  corps  passer  devant  le 
disque  du  soleil;  le  plus  grand  ayant  environ  3  secondes  de  diamètre,  et 
le  plus  petit  de  i"  à  i",25.  Tous  deux  paraissaient  parfaitement  ronds; 
le  plus  petit  quelquefois  précédait  et  d'autres  fois  suivait  le  plus  grand.  La 
plus  grande  distance  observée  entre  eux  fut  de  i'i6".  Ils  étaient  souvent 
très-voisins  l'un  de  l'autre,  et  leur  passage  sur  le  disque  du  soleil  n'exigeait 
qu'un  petit  nombre  d'heures;  tous  deux  formaient  l'effet  de  taches  noires 
très-sombres  comme  Mercure  passant  sur  le  soleil.  (Quételet,  Corresp.  math, 
et  phys.,  août  1837,  p.  i4i.  Wartmann,  Bibl.  univ.  de  Genève,  avril  1837, 
p.  4o9;irf,,  t.  LVIII.) 

a  3°.  Pastorff  vit  deux  taches  remarquables  sur  le  soleil,  le  a3  octobre 
182a;  il  en  vit  également  le  24  et  le  aS  juillet  i8a3.  Flaugergues  les  men- 
tionne vaguement  dans  la  Corresp.  astronom.  du  baron  de  Zach,  t.  XIII, 
p.  17,  Gênes,  iSaS.  En  quoi  consiste  réellement  son  observation,  je 
l'ignore. 

»  4°'  Gruithuisen  a  vu  sur  le  soleil  deux  petites  taches  sans  nébulosité 
le  26  juin  1819.  [Tilloch's  philos.  Magaz.,  vol.  LVII,  p.  444)  Lond.   1821.) 

»  Il  serait  peut-être  possible  d'obtenir  plus  de  détails  sur  les  observations 


(8..) 
dePastorff  en  consultant  ses  papiers  originaux,  qui  ont  probablement  été 
conservés.  Il  est  remarquable  que,  durant  les  vingt  dernières  années,  nous 
n'ayons  aucune  observation  de  Schwabe  ou  autres  sur  le  passage  de  sem- 
blables corps  devant  le  soleil  :  peut-être  que  l'orbite  de  la  planète  a  une 
grande  inclinaison. 

»  En  1847,  j'entrepris,  avec  mon  ami  M.  Francis  Bradley,  une  recherche 
systématique  de  cette  planète  :  1°  en  observant  deux  fois  par  jour  le  disque 
du  soleil  lorsque  cela  était  possible  ;  2°  en  explorant  les  régions  voisines  du 
soleil  avec  un  télescope  muni  en  avant  de  l'objectif  d'un  long  tube  de  carton 
noirci  à  l'intérieur;  mais  cet  instnmient  étant  mal  monté  et  placé  dans  un 
lieu  peu  convenable,  nos  efforts  furent  infructueux. 

»  Si  de  semblables  observations  pouvaient  être  entreprises  et  poursuivies 
sous  votre  puissant  patronage,  j'ai  une  foi  très-ferme  qu'elles  seraient  cou- 
ronnées de  succès.  La  dernière  méthode  d'observation  me  semble  être  celle 
qui  promet  le  plus.    » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Lettre  de  M.  Bcys  Ballot  à  M.  Le  Verrier. 

«  A  l'égard  de  votre  hypothèse  d'une  planète  ou  plutôt  d'un  anneau  cir- 
culant autour  du  soleil  à  plus  courte  distance  que  Mercure  pour  expliquer 
la  différence  de  38  secondes  dans  le  mouvement  du  périhélie  de  Tobservation 
avec  la  théorie,  je  me  hâte  de  vous  rappeler  que  mes  recherches  sur  une 
période  de  plus  grande  et  de  plus  petite  chaleur  émise  par  le  soleil  de 
27,682  jours  m'ont  conduit  à  la  même  hypothèse. 

»  Vous  savez  que  cette  période  déduite  d'observations  néerlandaises  de 
1729  à  184G  est  confirmée  depuis  par  les  observations  de  Dantzig,  de  Mu- 
nich, d'autres  endroits  et  en  dernier  lieu  de  Breslau  de  1791-1865.  (^oi'r  les 
Comptes  rendus  de  t Académie  des  Sciences  du  2 1  juin  i858.  ) 

»  Elle  me  paraissait  trop  longue  pour  être  expliquée  par  les  taches  solaires 
qui  donnent  la  révolution  du  soleil  autour  de  son  axe  de  25  |  à  25,4  jours 
tout  au  plus.  La  mienne  suppose  une  révolution  de  25  f  environ. 

»  Or  celle-ci  appartenait  à  un  anneau  dont  le  diamètre  du  milieu  est  en- 
viron de  36  diamètres  du  soleil. 

»  Dans  mes  Changements  de  température  dépendants  du  soleil  et  de  la 
lune,  on  lit,  p.  91  :  «  L'anneau  qui  peut  avoir  produit  les  phénomènes 
»  observés  dans  l'éclipsé  de  soleil,  que  M.  Babinet  regarde  comme  luie  pla- 
»   nète  en  voie  de  formation  et  à  laquelle  il  donne  le  nom  de  P'ulcain,  ne 


(  8i3  ) 

p  peut  nous  être  d'aucune  utilité,  car  sa  révolution  serait  trop  courte  pour 

»  notre  but.  Conséquemment  nous  devons  en  admettre  d'autres;  un  pour 

»  la  période  de  27,  68  jours  pour  laquelle  j'ai  déjà  admis  précédemment 

»  cette  hypothèse;  un,  comme  je  le  suppose,  pour  celle  de  27,  56  (i).  Ces 

u  deux  anneaux  auront  pour  demi  grands  axes    16  et   19  diamètres  du 

»  soleil,  et,  de  même  que  l'anneau  de  Saturne  se  compose  de  plusieurs  sec- 

»  tions,  qui  circulent  indépendamment  les  unes  des  autres,  on  peut  consi- 

>>  dérer  les  deux  que  je  propose  comme  unique  dans  son  origine,  mais  dans 

»  laquelle  il  s'est  formé  une  séparation Si  un  tel  anneau  est  elliptique, 

I)  il  doit  nous  envoyer  plus  de  chaleur  quand  nous  sommes  plus  près  de  la 

»  partie  la  plus  éloignée  du  soleil,  ce  qui  toutefois  ne  produirait  qu'une  va- 

»  riation  annuelle.  Nous  devons  donc  chercher  dans  l'anneau  lui-même  la 

»  cause  de  la  variation  de  température,  et  supposer  que  la  masse  n'est  pas 

»  également  dispersée  dans  l'anneau. 

»  Si  nous  nous  refusons  à  regarder  l'anneau  comme  masse  échauffante, 

■  »  nous  pouvons  nous  le  représenter  comme  absorbant  la  chaleur,  c'est-à- 

»  dire  comme  retenant  la  chaleur  du  soleil  qui  le  traverse.   » 

CHIMIE  OUGANIQUE.  —  Synthèse  du  cjlycol  avec  l'oxyde  d'éthylène  et  l'eau; 

par  M.  Ad.  Wurtz. 

«  L'oxyde  d'éthylène  que  j'ai  obtenu  en  traitant  le  glycol  monochlorhy- 
drique  (chlorhydrate  d'oxyde  d'éthylène)  par  la  potasse  caustique,  se 
combine  directement  à  l'eau  pour  régénérer  le  glycol.  On  opère  cette 
synthèse  en  chauffant,  pendant  quelques  jours,  l'oxyde  d'éthylène  avec  de 
l'eau,  dans  un  matras  très-fort  et  scellé  à  la  lampe.  Le  produit  de  la  réac- 
tion possède  une  saveur  sucrée.  Il  est  facile  d'en  séparer  du  glycol  par  la 
distillation  fractionnée.  Lorsque  le  glycol  a  passé,  le  thermomètre  s'élève 
jusque  vers  3oo  degrés.  Ce  qui  distille  vers  a5o  degrés  n'est  autre  chose 
que  le  corps  découvert  par  M.  I^ourenço  et  nommé  par  lui  éther  intermé- 
diaire du  glycol  (2).  Dans  la  réaction  que  j'indique  aujourd'hui,  le  glycol 
et  le  corps  de  M.  Lourenço  se  forment  par  la  simple  addition  de  l'eau  aux 


(1)  plutôt  que  d'admettre  le  résultat  de  la  page  78  comme  le  résultat  de  l'action  de  la 
période  anomalistique  de  la  lune,  plutôt  que  d'attribuer  cela  au  hasard,  qui  n'existe  pas, 
je  cherche  la  cause  dans  l'action  d'un  anneau  dont  les  molécules  circulent  en  27 ,56  environ . 

(2)  Comptes  rendus,  t.  XLIX,  p.  619. 

C.  R.  i859.  2"'«  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  21.  )  ^^^ 


(8.4)      . 
éléments  de  i  ou  de  2  atomes  d'oxyde  d'éthylène, 

Oxyde  Glycol. 

d'éthylène. 

Oïyde  Corps 

d'éthylène.  deM.Lourenço. 

»  L'oxyde  d'éthylène  se  distingue  par  la  netteté  de  ses  réactions  et  par  une 
aptitude  des  plus  remarquables  à  former  directement  toutes  sortes  de  com- 
binaisons. 

»  L'oxyde  d'éthylène  se  combine  au  glycol  dans  les  mêmes  circonstances 
où  il  se  combine  à  l'eau.  Le  produit  principal  de  cette  réaction  est  le 
composé  ^'H'"©^'.  Mais  quand  celui-ci  a  passé  à  la  distillation,  on  recueille 
encore  un  liquide  très-épais,  parfaitement  incolore  et  qui  passe  vers  290 
degrés  environ.  Ce  corps  résulte  de  la  combinaison  de  a  atomes  d'oxyde 
d'éthylène  avec  i  atome  de  glycol,  et  sa  composition  est  représentée  par 
laformule  G'H'*0\ 

2[G'H»Ô]  -I- G'H«a'=  G«H'*0*. 

Il  se  forme  en  petite  quantité  dans  la  réaction  de  l'oxyde  d'éthylène  sur 
l'eau  : 

3  [G'H»0]  +  H'a  =  €'H''0'. 

»  On  le  voit,  t,  2,  3  atomes  d'oxyde  d'éthylène  peuvent  se  combinera 
I  atome  d'eau  pour  former,  par  voie  de  synthèse  directe,  des  composés  de 
plus  en  plus  compliqués,  mais  pourtant  très-simples  dans  leur  constitution 
moléculaire.  Je  suis  en  mesure  de  démontrer  que  tous  ces  composés  jouent 
le  rôle  d'alcools.  Si  l'on  nomme  le  glycol  alcool  élhylénique,  on  peut  nom- 
mer les  deux  autres  corps,  alcool  diéthylénique  et  alcool  triélhjlénique .  Les 
formules  suivantes  indiquent  les  relations  très-simples  qui  relient  tous  ces 
composés  : 

G.H«0'  =  ite'«7!0'     'i^- du  type  j  h; 
. _-       I  H'     j  diatomique     (  H' 

Alcool 
éthylénique. 


(8,5  ) 


(  [€'H»]"1  ,.  .    ,  ,  (HM 


Corps  \ 

deM.Lourenço.       ^^^«7 


uj     \  inalomique. 

>o\ 
diélhyléoique. 


H' 


i  [€'H*]"  I  letratomique. 


Nouveau 
rorps. 


letratomique. 


Alcool 
triéthylénique. 


PHYSIQUE.  —  De  l'action  que  la  lumière  exerce  lorsquelle  rend  différentes 
substances  à  l'état  de  solution  aqueuse  capables  de  réduire  les  sels  d'or  et 
d' argent; par  M.  Niepce  de  Saint- Victor.  (Extrait.) 

«  Cette  série  d'expériences  est  la  continuation  du  travail  que  j'ai  publié 
sur  le  même  sujet,  c'est-à-dire  qu'ayant  insolé  les  substances  desséchées,  je 
viens  de  lesinsoler  en  dissolution. 

»  Je  dirai  tout  de  suite  que  M.  Draper  a  déjà  constaté  que  le  peroxalate 
de  fer  étant  exposé  en  solution  à  la  lumière,  dégage  un  gaz  et  acquiert  la 
propriété  rie  précipiter  les  sels  d'or  à  l'état  métallique,  et  que  le  célèbre 
professeur  de  New-York  en  a  tiré  une  application  à  la  photométrieen  pesant 
la  quantité  d'or  réduit. 

»  Voici  mes  expériences  :  On  sait  qu'après  l'acide  gallique  l'acide  oxa- 
lique est  celui  des  acides  organiques  qui  réduit  le  plus  facilement  les  sels 
d'or;  mais  si  on  insole  une  solution  de  ce  dernier  acide,  elle  réduit  alors 
bien  plus  rapidement  le  chlorure  d'or:  il  en  est  de  même  de  tous  les  acides 
organiques  qui  peuvent  alors  à  différents  degrés  réduire  les  sels  d'or  et  même 
ceux  d'argent  non  influencés  par  la  lumière. 

»  J'ai  ensuite  insolé  tme  solution  dazotate  d'urane  dans  de  l'eau  distillée 
et  séparément  une  solution  de  matière  organique  neutre. 

»  Si  la  première  solution  n'est  pas  neutralisée  par  de  l'ammoniaque  ou 
de  l'oxyde  jaune  d'urane,  elle  ne  réduira  pas  (du  moins  dans  le  même 
espace  de  temps  d'insolation)  le  chlorure  d'or,  tandis  qu'elle  le  réduira 
dans  le  cas  contraire. 

))  Quant  à  la  seconde  solution,  elle  ne  m'adonne  aucune  trace  de  réduc- 

io6., 


(8i6) 
tion  ;  cela  tient  peut-être   à  ce  que  je  n'ai  pas  insolé  assez  longtemps  la 
substance,  car  il  est  certain  que  l'amidon  et  la  gomme  peuvent  en  partie  se 
transformer  en  glucose  par  la  seule  influence  de  la  lumière,  comme  M.  Cor-  . 
visart  et  moi  l'avons  constaté. 

»  Maintenant,  si  on  insole  un  mélange  d'azotate  d'urane  et  de  matière 
organique  neutre,  en  solution  dans  un  vase  plein  et  fermé  hermétiquement, 
cette  liqueur  réduit  le  chlorure  d'or  et  l'azotate  d'argent  après  un  temps 
très-court  d'insolation.  La  réduction  devient  de  plus  en  plus  forte  à  mesure 
que  l'on  prolonge  l'exposition  à  la  lumière;  il  arrive  cependant  un  moment 
où  la  réduction  est  à  son  maximum  d'effet,  elle  se  manifeste  par  une  colo- 
ration noire  que  prend  la  liqueur  aussitôt  que  l'on  y  verse  de  l'azotate 
d'argent. 

»  Si  on  prolonge  ensuite  l'insolation,  la  liqueur  devient  grise  quand  on 
y  verse  l'azotate  d'argent;  elle  perd  de  plus  en  plus  son  pouvoir  réductif, 
qui  finit  par  disparaître  complètement  à  l'égard  de  l'azotate  d'argent. 

»  Mais,  fait  remarquable,  si  on  soustrait  la  liqueur  à  l'action  de  la 
lumière  lorsqu'elle  a  atteint  son  maximum  d'activité  pour  réduire  les  sels 
d'argent,  cette  liqueur  perd  cette  activité  en  moins  de  cinq  minutes  par 
l'agitation  à  l'air  libre,  par  l'ébuUition  ou  par  un  repos  prolongé  à  l'air 
libre;  si,  au  contraire,  elle  est  fermée  hermétiquement,  elle  la  conserve. 

»  Maintenant,  voici  ce  que  l'on  observe  sur  la  solution  d'azotate  d'urane 
et  de  matière  organique  :  la  liqueur  sous  l'influence  de  la  lumière  com- 
mence par  se  colorer  en  vert  si  la  solution  est  acide  et  en  violet  si  elle  est 
presque  neutre. 

»  Si  on  continue  de  laisser  la  liqueur  à  la  lumière,  on  voit  un  léger 
trouble  se  produire,  la  liqueur  devient  opaline,  le  trouble  augmente,  enfin 
il  se  forme  un  précipité  au  fond  du  vase,  et  dans  cet  état  elle  ne  réduit  plus 
l'azotate  d'argent,  mais  elle  réduit  encore  le  chlorure  d'or. 

•  Si  on  agite  la  liqueur  où  s'est  formé  un  précipité,  ce  précipité  se  dissout 
complètement  en  moins  de  cinq  minutes;  il  se  dissout  également  après  un 
repos  prolongé. 

»  Pour  qu'il  se  forme  un  précipité  dans  une  liqueur  insolée,  il  faut 
qu'elle  ne  soit  pas  trop  acide  :  moins  elle  est  acide,  plus  rapidement  il  se 
forme  ;  ce  précipité  se  dissout  très-bien  dans  une  eau  acidulée.  Reste  à  exa- 
miner la  nature  de  ce  précipité. 

»  Je  parlerai  maintenant  de  l'action  de  la  lumière  sur  les  vins  et  les  eaux- 
de-vie. 

»  Si  on  insole  du  vin  dans  un  vase  de  verre  blanc,  plein  et  bouché  her- 


(  8i7  ) 
métiquement,  on  constatera  après  deux  ou  trois  jours  que  ce  vin  est  plus 
sucré  que  celui  qui  était  exposé  à  la  même  température,  mais  privé  de 
lumière. 

»  L'action  de  la  lumière  peut  être  très-favorable  sur  certains  vins,  elle 
peut  leur  donner  la  qualité  d'un  vieux  vin,  à  la  condition  que  l'action  de 
la  lumière  sera  suffisante,  mais  pas  trop  prolongée  ;  sans  cela  le  vin  contracte 
souvent  un  arrière-goût  désagréable,  et  dans  tous  les  cas  il  devient  comme 
un  vin  passé.   » 

MÉDECINE.  —  Cas  de  tétanos  Iraumalique  traité  sans  succès  par  te  curare ^ 

par  M.  H.  Ginthac. 

«  F...,  âgé  de  dix-huit  ans,  d'une  constitution  robuste,  d'un  tempéra- 
ment sanguin,  ayant  toujours  joui  d'une  santé  parfaite,  se  fit,  le  /j  octobre 
fSSg,  en  marchant  les  pieds  nus,  une  plaie  au  pied  droit.  Un  clou  pénètre 
d'un  centimètre  environ  par  son  extrémité  acérée  dans  la  région  plantaire  au 
niveau  de  l'articulation  de  la  première  phalange  du  quatrième  orteil  avec  le 
métatarsien.  Le  corps  étranger  est  immédiatement  extrait,  ne  provoque  dans 
la  partie  atteinte  qu'une  légère  douleur  et  un  faible  écoulement  de  sang. 
Cet  accident  n'eut  alors  aucune  importance,  puisque  F continua  de  mar- 
cher; trois  jours  après,  la  plaie  était  complètement  cicatrisée. 

»  Le  l'j  octobre,  F....  éprouve  une  céphalalgie  intense,  des  douleurs  va- 
gues dans  les  membres,  un  sentiment  de  roideur  vers  la  nuque  qui  rend  pé- 
nibles les  mouvements  de  la  tête,  des  élancements  dans  les  régions  temporo- 
maxillaires.  Le  18,  les  jambes  sont  alternativement  le  siège  de  crampes  et 
de  secousses  convulsives;  les  tiraillements  qui  se  produisaient  dans  les  mus- 
cles de  la  partie  postérieure  du  cou  s'étendent  à  ceux  des  gouttières  verté- 
brales. Ce  n'est  qu'avec  peine  que  le  tronc  peut  être  fléchi  en  avant;  la  con- 
traction spasmodique  se  prononce  dans  les  muscles  de  la  face,  il  y  a  de  la 
gêne  dans  les  mouvements  des  mâchoires  qui  se  serrent  graduellement  et  ne 
peuvent  s'écarter  que  d'une  manière  incomplète. 

»  Transporté  le  19  octobre  à  5  heures  du  matin  à  l'hôpital  Saint-André, 
dans  le  service  de  clinique  interne,  on  constate  une  aggravation  de  plu- 
sieurs des  symptômes  ci-dessus  indiqués.  On  prescrit  un  bain  de  va- 
peur qui  ne  peut  être  supporté  que  vingt  minutes;  ce  bain  produit  une 
sueur  abondante  sans  aucun  amendement  des  symptômes.  A  8  heures 
du  matin,  lors  de  la  visite,  la  tête  est  toujours  renversée  en  arrière 
et  immobile,   les  muscles  du  cou  sont  dans  un  état  de  contraction  per- 


(  8.8) 
nianente.  Les  temporaux  et  les  masseters  en  convulsions  toniques  tien- 
nent les  mâchoires  rapprochées;  la  déglutition  s'opère  bien,  i'opisthotonos 
persiste,  les  muscles  dorsaux  et  ceux  des  gouttières  vertébrales  sont  le  siège 
de  douleurs  qui  s'exaspèrent  par  moments  et  arrachent  des  cris  au  patient. 
Les  parois  du  ventre  présentent  un  plan  solide  très-résistant.  La  constipa- 
tion se  maintient,  ainsi  que  la  dysurie.  Les  mouvements  des  membres  infé- 
rieurs sont  pénibles  et  embarrassés;  quant  à  ceux  des  membres  supérieurs, 
ils  restent  libres.  La  peau  est  chaude,  le  pouls  plein,  large,  à  loo  pulsa- 
tions. 

»  Prescription.  —  Vingt  sangsues  le  long  du  rachis;  extrait  thébaïque 
20  centigrammes  en  cinq  pilules;  chloroforme  en  inhalation;  deux  vésica- 
toires  sur  l'épigastre  avec  le  marteau  de  Mayor. 

»  Pendant  la  journée  l'émissiou  des  urines  est  devenue  naturelle,  mais  la 
contraction  des  muscles  du  cou,  de  la  face  et  du  tronc  est  toujours  aussi 
forte.  Les  douleurs  qui  paraissent  avoir  pour  point  de  départ  la  région  lom- 
baire sont  aussi  vives.  Secousses  convulsives  dans  les  membres  inférieurs, 
flaccidité  des  membres  supérieurs.  Le  soir  vers  6  heures,  le  calme  semble 
vouloir  s'établir,  mais  il  ne  dure  que  peu  d'instants.  Pendant  la  nuit  l'agita- 
tion est  extrême,  l'insomnie  absolue,  les  douleurs  acquièrent  un  haut  degré 
d'intensité. 

»  20.  Roideur  plus  grande  des  muscles  du  cou,  même  immobilité  de  la 
tète  qui  est  portée  en  arrière  et  de  la  mâchoire  inférieure  qui  peut  à  peine 
s'écarter  d'un  demi-centimètre  de  la  supérieure.  Opisthotonos  plus  prononcé, 
respiration  courte,  pénible,  entrecoupée  de  plaintes,  pouls  à  128  assez  dé- 
veloppé et  régulier,  3o  inspirations,  sueur  générale. 

»  Prescription.  —  1°.  Julep  contenant  ro  centigrammes  de  curare  pour 
120  qrammes.  de  véhicule  à  prendre  par  cuillerées  de  deux  en  deux  heures.    . 

»  2°.  Solution  de  ci/mre  dans  de  l'eau  distillée  à  2décigrammes  par  gramme, 
de  telle  sorte  que  chaque  goutte  de  liquide  contient  i  centigramme  de  cu- 
rare. A  l'aide  de  la  seringue  Pravaz  on  introduit  dans  le  tissu  cellulaire  sous- 
cutané  du  tronc,  des  membres  supérieurs,  des  membres  inférieurs  et  de  la 
face,  une  goutte  de  cette  solution  à  g'^So^du  matin,  à  io''3o'",  à  ii''3o",  à 
midi  et  demi,  à  2''3o",  à  4''3o",  à  6''3o'",  à  9''3o™  du  soir,  de  telle  sorte 
que  dans  cette  journée  8  centigrammes  sont  injectés  sous  le  derme. 

»  21.  Insomnie,  les  contractions  sont  énergiques  et  soutenues,  nulle 
modification  ni  dans  les  trismus,  ni  dans  I'opisthotonos,  les  élévateurs  de  la 
mâchoire  inférieur  sont  rigides,  la  déglutition  est  restée  facile,  le  ventre 
offre  la  résistance  d'une  planche,  les  jambes  sont  roides  et  ne  peuvent  être 


(8i9) 
fléchies  que  par  un  mouvement  communiqué.  Les  membres  supérieurs  sont 
toujours  mobiles.  36  inspirations,  i4o  pulsations. 

»  Prescription.  —  Même  julep  au  curare.  Injection  avec  la  seringue Pravaz 
de  I  centigramme  de  curare,  à  6''3o",  S"",  g"*,  lo*",  i  i''3o°' du  matin;  i''3o'", 
a''3o",  3''3o'",  5'',  ô"",  g*",  ii''  du  soir,  c'est-à-dire  12  centigrammes  de 
curare. 

M  Durant  toute  la  journée  lemaladeaconstamment  poussé  des  cris  de  dou- 
leur, le  corps  est  roide  et  immobile,  la  tête  est  renversée  en  arrière  sans  que 
la  main  qui  la  soulève  puisse  en  changer  la  direction...  L'opisthotonos  fait 
des  progrès  Les  contractions  violentes  des  muscles  du  tronc  favorisent 
l'émission  des  urines  qui  ne  s'effectue  que  par  regorgement.  Pouls  à  128  pul- 
sations, moins  développé,  38  inspirations. 

»  21.  La  contraction  spasmodique  tend  à  envahir  le  système  musculaire 
tout  entier;  le  corps  est  tellement  roide,  qu'on  dirait  toutes  les  articulations 
ankylosées.  Pouls  à  i3o  peu  développé,  moiteur,  sudamina  nombreux  sur 
le  front,  le  cou  et  les  épaules.  Rétention  d'innne  qui  oblige  à  pratiquer  le 
cathétérisme. 

»  Prescription.  —  Dans  le  courant  delà  journée,  injections  avec  la  serin- 
gue Pravaz  de  1 8  centigrammes  de  curare. 

w  Soir.  —  Les  contractions  tétaniques  sont  accompagnées  de  violentes 
douleurs  qui  deviennent  atroces  pendant  les  paroxysmes.  Le  trismus  et 
l'opisthotonos  sont  au  même  degré.  Les  membres  supérieurs  offrent  peu  de 
résistance.  Le  poulâ  devient  petit  à  il\o  pulsations.  L'intelligence  conserve 
la  plus  parfaite  intégrité. 

»  23.  hisomnie,  douleurs  atroces,  cris  presque  continus.  Trismus  et  opis- 
thotonosplus  prononcés,  ventre  très-tendu,  rétention  d'urine,  sentiment  de 
constriction  au-devant  de  la  poitrine,  dyspnée,  l\i  inspirations,  i38  pulsa- 
tions, éruption  miliaire  sur  le  tronc  et  les  membres  supérieurs,  sudamina 
sur  les  parties  déjà  indiquées. 

»  Essai  du  médicament  sur  des  animaux.  —  Voyant  que  le  curare  dont  je 
me  servais  ne  produisait  aucun  effet  sensible  sous  le  double  rapport  phy- 
siologique et  thérapeutique,  je  reconnus  la  nécessité  de  l'expérimenter  sur 
des  animaux.  10  centigrammes  de  curare  injectés  sous  la  peau  de  la  cuisse 
d'nu  lapin  déterminent  la  mort  de  l'animal  au  bout  de  cinq  minutes.  Chez 
un  autre  lapin,  5  centigrammes  introduits  de  la  même  manière  ne  tuent 
qu'après  un  quart  d'heure.  Chez  un  troisième,  cette  même  dose  de 
5  centigrammes  ne  produit  aucun  effet  toxique.  La  lenteur  de  l'action  du 
poison  dans  la  deuxième  expérience,  son  innocuité  dans  la  troisième  me 


(  8ao  ) 
firent  craindre  que  ce  curare  n'eût  subi  quelque  altération.  Je  résolus  alors 
d'en   demander   à  Paris,    et  par   dépèche   télégraphique   je  m'adressai   à 
MM.  Mialhe  et  Grassi  qui  eurent  l'obligeance  de  m'en  expédier  immédiate- 
ment. 

1)  24-  En  attendant  ,  je  prescris  :  bain  de  vapeur,  extrait  thébaïquc 
à  o,3o  degré,  chloroforme  en  inhalation,  lavement  huileux,  bouillon. 
Ces  divers  moyens  n'amènent  aucune  amélioration,  le  pouls  est  toujours 
petit,  très-fréquent,  la  respiration  gênée,  il  y  a  de  l'anxiété  précordiale,  les 
symptômes  persistent  en  s'aggravant.  L'éruption  miliaire  se  répand  sur  le 
tronc  et  les  membres  inférieurs.  La  peau  n'a  nullement  perdu  de  sa  sensi- 
bilité. 

)>  (Injections  avec  la  seringue  Pravaz  de  5  centigrammes  de  curare  de 
MM.  Mialhe  et  Grassi.  Ce  curare  expérimenté  chez  des  lapins  est  toxique 
en  quatre  minutes  à  la  dose  de  5  centigrammes  .) 

»  Soir.  —  Nulle  modification  des  symptômes  tétaniques,  suffocation, 
muscles  pectoraux  fortement  contractés;  rigidité  très-grandede  toutle  corps, 
sauf  des  membres  supérieurs;  face  congestionnée,  pouls  imperceptible. 

»  25.  Étouffements,  voix  voilée,  parole  entrecoupée,  respiration  laborieuse, 
gêne  de  la  déglutition,  rétention  d'urine,  un  peu  de  délire,  diaphorèse,  fré- 
quence extrême  et  petitesse  du  pouls. 

»  La  dose  de  curare  employée  en  injection  est  portée  à  i5  centigrammes. 
»  26.  La  roideur  tétanique  envahit  les  membres  supérieurs.  Face  pâle, 
constriction  des  ouvertures  palpébrales  avec  semi-occlusion  des  paupières, 
trismiis  presque  complet,  respiration  stertoreuse,  contractions  convulsives 
des  muscles  respirateurs,  incohérence  dans  les  paroles,  sueur  visqueuse, 
pouls  imperceptible.  Injection  de  20  centigrammes  de  curare. 
»  27.  Mort. 

M  Nécropsie.  —  En  disséquant  les  tissus  du  pied  droit,  atteints  par  le  clou, 
on  constate  que  la  plaie  a  été  superficielle,  et  la  cicatrisation  complètement 
achevée.  Il  n'y  avait  eu  ni  épanchement  sanguin,  ni  lésion  musculaire  ou 
nerveuse  apparente. 

»  Il  existe  une  rigidité  des  membres  et  du  tronc  considérable.  Les  muscles 
sont  d'iui  rouge  bleuâtre  très-marqué,  ceux  de  la  région  dorso-lombaire 
sont  gorgés  d'une  grande  quantité  de  sang. 

»  Les  membranes  qui  enveloppent  le  cerveau  sont  injectées,  la  pie-mère 
surtout  est  hypérémiée.  Les  vaisseaux  qui  rampent  à  la  surface  du  cerveau 
sont  très-apparents  et  remplis  de  beaucoup  de  sang.  La  substance  cérébrale 
a  sa  coloration  et  sa  consistance  ordinaires.  Les  ventricules  ne  contiennent 


(  8a.  ) 

pas  de  liquide.  La  dure-mère  rachidienne  n'offre  rien  de  particulier.  L'a- 
rachnoïde et  la  pie-mère  ont  une  teinte  rouge  générale.  La  moelle  épiriière 
dans  toute  son  étendue  présente  une  texture,  une  couleur  et  une  consistance 
parfaitement  naturelles.  Les  poumons  sont  fortement  engoués.  A  la  base 
surtout  leur  parenchyme  est  infiltré  d'une  très-grande  quantité  de  sang; 
plongé  dans  l'eau  il  ne  surnage  pas.  Le  cœur  a  son  volume  habituel,  il  con- 
tient fort  peu  de  sang  dans  ses  cavités. 

»  La  muqueuse  gastrique  n'est  point  injectée,  elle  a  sa  teinte  ordinaire 
ainsi  que  la  muqueuse  intestinale.  Le  foie  et  la  rate  sont  congestionnés,  les 
reins  d'un  rouge  bleuâtre  sont  imprégnés  de  sang » 

Remarques  de  M.  Velpeauc  l'occasion  de  la  précédente  communication. 

«  L'observation  de  M.  Gintrac  fils  m'oblige  à  revenir  un  instant  sur  le 
curare. 

»  Douze  à  quinze  exemples  de  tétanos  guéris  par  le  chloroforme  ont 
déjà  été  publiés,  et  voilà  que,  selon  toute  apparence  cependant,  d'après  des 
expériences  physiologiques  et  d'après  la  pratique  générale,  le  chloroforme 
est  plutôt  capable  d'aggraver  le  tétanos  que  de  le  guérir. 

j>  Or  qu'y  a-t-il  en  faveur  du  curare  jusqu'ici?  M.  Vella  s'en  est  servi  chez 
trois  malades,  et  deux  des  tétaniques  sont  morts.  A  Paris,  trois  malades  y  ont 
été  soumis,  et  il  en  est  également  mort  deux.  On  vient  de  voir  ce  qu'est 
devenu  celui  de  M.  Gintrac. 

»  Ainsi,  sur  sept  essais  il  y  a  cinq  insuccès,  et  où  est  la  preuve  que  dans 
les  deux  autres  cas  la  guérison  soit  due  au  curare  ?  Que  sait-on  sur  cet  agent  ? 
Est-ce  une  substance  végétale  unique,  ou  bien  un  composé  de  plusieurs 
produits  toxiques?  Son  énergie  est-elle  variable  ou  toujours  la  même?  Perd-il 
son  action  en  vieillissant  ou  la  conserve-t-il  indéfiniment? 

))  On  avait  cru  que  par  les  voies  digestives  il  n'empoisonnait  pas.  Les 
anciennes  expériences  de  Fontana  et  des  essais  récents  de  MM.  Martin 
Magron  et  Cl.  Bernard  prouvent,  au  contraire,  qu'à  de  certaines  doses  et 
dans  de  certaines  conditions  il  tue  par  là  très-promptement.  D'autres  expé- 
riences de  M.  Bernard  tendraient  à  établir,  d'un  autre  côté,  que  sur  les  ani- 
maux blessés,  malades  ou  affaiblis,  le  curare  n'agit  qu'à  de  fortes  doses. 

«  Chez  le  malade  de  M.  Chassaignac,  le  curare,  à  faible  dose,  et  par 
l'estomac  et  par  la  plaie,  a-t-il  été  absorbé?  L'exsudation  du  fond  de  !a 

C.   R,  i8d9,  i"«  Sem«(;e.  (T.  XLIX,  N"  21.)  lOJ 


(    822    ) 

blessure  et  fa  couche  pyogéiiiqne  préexistante  n'ont-elles  pas  empêché  toute 
pénétration  du  médicament  de  ce  côté? 

j>  M.  Bernard  me  répond  que  chez  les  malades  qui  sont  morts  l'insuccès 
tient  peut-être  à  ce  que  la  maladie  était  trop  avancée  pour  permettre  au 
curare  d'agir.  Mais  une  telle  raison  ne  peut  pas  être  admise.  Chez  le  malade 
de  M.  Follin,  on  a  eu  recours  au  remède  quelques  heures  après  le  début 
du  tétanos;  il  en  a  été  de  même  chez  celui  do  M.  Manec,  et  pourtant  ces 
deux  malades  ont  succombé,  tandis  que  l'homme  guéri  par  M  Chassaignac 
n'a  été  soumis  au  curare  qu'au  bout  de  quelques  jours  de  maladie. 

»  En  regard  de  tant  d'incertitude  et  de  vague,  il  y  a  par  malheur  un  fait 
positif  :  c'est  que  le  curare,  introduit  dans  le  tissu  cellulaire  ou  les  muscles, 
tue  promptement  les  animaux  et  à  très-petite  dose,  puisque  pour  un  cabiai, 
par  exemple,  de  r  à  5  centigrammes  suffirent. 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  on  l'a  essayé  en  Angleterre  contre  le  tétanos  sur  de 
grands  animaux.  Un  cheval  et  un  âne  ont  cessé  d'être  contractures  avant  de 
succomber,  mais  ils  n'en  sont  pas  moins|  morts,  et  morts  comme  si  les 
muscles  de  la  poitrine  avaient  été  paralysés. 

»  En  supposant  que  le  curare  arrête  les  roideurs  tétaniques,  le  praticien 
aura  donc  encore  à  craindre  que  son  malade  ne  meure  pai'  le  fait  même 
du  remède  ! 

»  Qui  sait  d'ailleurs  ce  que  c'est  quele  tétanos?  La  roideur  musculaire 
ici  n'est  pas  l'essence  du  mal;  elle  a  lieu  sous  l'influence  des  nerfs  sans  doute  ; 
mais  éteindre  la  sensibilité  ou  l'action  des  nerfs,  ce  n'est  pas  détruire  l'alté- 
ration dont  ils  sont  ou  peuvent  être  le  siège.  Il  en  est  évidemment  de  même 
de  la  moelle. 

»  Pour  se  tenir  en  dehors  des  hypothèses  et  des  suppositions,  il  faut  donc 
convenir  que  le  raisonnement  et  l'expérience  sont  plutôt  contraires  que 
favorables  jusqu'à  présent  à  l'emploi  du  curare  dans  le  traitement  du  tétanos. 

»  Cependant,  comme  il  s'agit  d'une  maladie  redoutable,  et  que  dès  lors 
les  chirurgiens  ne  manqueront  pas  de  vouloir  essayer  du  nouveau  remède, 
je  termine  en  adjurant  les  physiologistes  de  se  livrer  à  de  nouvelles  recher- 
ches, afin  de  préciser  les  doses  qu'il  serait  permis  d'en  donner  à  l'homme 
malade,  et  suffisantes  aussi  pour  avoir  chance  de  modifier  la  maladie.  Il 
faudrait  en  outre  qu'ils  obtinssent  un  composé  fixe,  dont  l'action  pijl  être 
sûrement  mesurée  ou  dosée,  comme  le  serait  celle  de  la  curarine,  par 
exemple,  s'il  était  possible  de  se  la  procurer. 


(  823  ) 
»  Jusque-là  l'anxiété  des  praticiens  sera  extrême.  La  gravité  du  mal  qui 
les  incite  à  agir  d'un  côté,  et  les  dangers,  les  inconvénients  du  remède  qui 
les  retiennent  de  l'autre,  réclament  à  ce  sujet  une  prompte  solution.  » 

Remarques  de  M.  Cl.  Bernard  sur  la  même]  communication. 

«  Le  curare  a  été  employé  avec  succès  dans  certains  cas  de  tétanos 
traumatique,  et  il  a  échoué  dans  d'autres.  Or,  en  lisant  ces  diverses  obser- 
vations, il  y  a,  ce  me  semble,  une  remarque  importante  à  faire.  Lorsque 
l'administration  du  curare  a  été  suivie  de  guérison,  comme  l'ont  observé 
M.  Vella  à  Turin,  et  M.  Chassaignac  à  Paris,  les  propriétés  physiologiques 
du  curare  se  sont  promptement  manifestées;  il  y  a  eu  modification  du  tétanos 
et  relâchement  musculaire.  Dans  le  cas,  au  contraire,  où  l'emploi  du  curare 
a  été  suivi  d'insuccès,  il  n'y  a  eu  aucune  action  physiologique  apparente  ;  la 
roideur  tétanique  n'a  pas  été  modifiée,  et  les  malades  sont  restés  réfrac- 
taires,  comme  l'on  dit,  à  l'action  du  médicament.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu  dans 
les  cas  observés  par  M.  Manec,  M.  Follin,  à  Paris,  et  par  M.  Gintrac  à 
Bordeaux.  11  serait  donc  de  la  plus  haute  importance  de  savoir  quand  se 
manifeste  chez  les  tétaniques  cet  état  réfractaire  aux  médicaments  les  plus 
énergiques,  état  réfractaire  qui  a  été  cité  aussi,  comme  on  le  sait,  dans  cer- 
taines périodes  d'autres  maladies  très-dangereuses,  telles  que  la  rage,  le 
choléra,  etc.  Jusque-là  on  ne  saurait,  je  crois,  attribuer  l'insuccès  du 
traitement  à  l'inefficacité  du  médicament  qui  n'a  pas  agi,  mais  seule- 
ment aux  conditions  qui  l'ont  empêché  d'exercer  son  influence  favora- 
ble. En  un  mot,  le  curare  se  trouve,  pour  le  moment,  où  en  est  tout  mé- 
dicament à  son  début.  Il  faut  d'abord  étudier  les  indications,  c'est-à-dire 
chercher  à  déterminer  les  circonstances  dans  lesquelles  il  est  applicable  et 
celles  dans  lesquelles  il  ne  l'est  pas.  Mais  tout  cela  ne  se  fait  qu'avec  l'aide 
du  temps.  C'est  pourquoi,  au  lieu  d'insister  comme  M.  Velpeau  sur  les  cas 
d'insuccès  et  de  décourager  tous  ceux  qui  conservent  l'espoir  de  trouver  un 
remède  contre  l'affection  terrible  qui  constitue  le  tétanos  traumatique,  je 
pense  qu'il  vaut  mieux  insister  sur  les  cas  de  succès  et  encourager  les  méde- 
cins, afin  qu'ils  puissent  arriver  à  établir  dans  quelles  conditions  le  curare 
est  utile.  En  effet  aucun  médicament,  même  parmi  les  plus  héroïques,  n'est 
applicable  à  tous  les  cas. 

»  Dans  une  très-procliaine  communication,  en  rendant  compte  à  l'Aca- 
démie de  l'examen  que  j'ai  fait  des  flèches  empoisonnées  que  M.  Bous- 

107.. 


(  824  ) 
singault  a  présentées  l'année  dernière,  je  reviendrai  sur  la  nature  et  sur 
les  effets  des  diverses  substances  employées  sous  la  dénomination  de  poison 
de  flèches.  Ces  poisons,  en  raison  de  leur  action  énergique  sur  des  systè- 
mes organiques  bien  déterminés,  me  semblent  appelés  à  entrer  dans  la 
thérapeutique  et  à  devoir  y  jouer  un  rôle  important.  A  cette  occasion  je 
répondrai  aux  objections  que  M.  Velpeau  croit  pouvoir  faire  contre  l'em- 
ploi du  curare,  en  les  déduisant  de  l'état  actuel  imparfait  de  nos  connais- 
sances physiques  sur  cette  substance.  » 

«  M.  DuMÉRiL  dit  qu'il  ne  veut  pas  entrer  dans  la  discussion  médicale  sur 
le  traitement  du  tétanos  par  l'emploi  du  curare.  Il  croit  devoir  faire  remar- 
quer cependant  qu'on  a  comparé  les  effets  de  l'inoculation  du  curare  à  ceux 
que  produit  la  piqûre  des  serpents  venimeux  qui  introduisent  ainsi  un 
poison  dans  le  tissu  cellulaire  des  animaux  vivants.  On  peut  donc  supposer 
que  ce  venin  paralyse  ou  suspend  presque  soudainement  la  motilité  de  la 
victime,  devenue  incapable  de  fuir,  émousse  sa  sensibilité  et  anéantit  la 
perception  de  la  douleur,  ce  qui  serait  une  compensation  prévoyante  de  la 
nature.  On  a  constaté  effectivement  que,  dans  quelques  cas,  ces  deux  facultés 
animales,  toujours  associées,  sont  en  même  temps  et  tout  à  la  fois  sus- 
pendues. 

»  M.  Duméril  rappelle  également  que  certains  Insectes  hyménoptères 
fouisseurs,  tels  que  les  Sphéges  et  les  Cercéris,  produisent  un  effet  semblable 
dont  on  s'est  assuré.  Lorsqu'ils  ont  inséré  leur  aiguillon  et  le  venin  dont  il 
est  armé  sous  la  peau  de  certaines  chenilles  ou  d'autres  animaux  à  peau 
molle,  ils  viennent  les  déposer  en  provision,  comme  dans  une  sorte  de 
garde-manger,  à  la  portée  de  leur  larve,  à  laquelle  ces  victimes  doivent 
servir  de  pâture.  On  a  reconnu  que  ces  matières  animales,  devenues  dès  lors 
des  corps  inertes,  sont  de  la  chair  vivante  et  végétante  qui,  ne  pouvant  ni 
se  mouvoir  ni  sentir,  est  par  cela  même  dévolue  sans  résistance  à  la  nour- 
riture, au  développement  et  à  l'accroissement  des  larves  sans  pattes,  desti- 
nées à  reproduire  la  race  de  ces  industrieux  Hyménoptères. 

»  On  a  donc  ainsi  la  preuve  que  la  motilité  et  la  sensibilité  sont  simulta- 
nément abolies  par  l'action  du  venin  des  serpents,  comme  par  celui  d'un 
grand  nombre  d'Hyménoptères  à  l'état  parfait.  » 

M.  l'Abbé  Ginard,  qui  avait  précédemment  fait  connaître  les  résultats 
de  ses  observations  siu'  les  effets  produits,  le  la  septembre  dernier,  par  une 


(  825  ) 
trombe  dans  les  communes  d'Agon  et  de  Tourville  (Manche),  ajoute 
quelques  détails  à  ceux  qu'il  avait  précédemment  donnés;  il  insiste  princi- 
palement sur  cette  circonstance  que  le  tourbillon  <>  n'a  pas  renversé  indis- 
tinctement tous  les  objets  qu'il  a  rencontrés  sur  son  passage,  mais  qu'au 
contraire  il  a  généralement  épargné  les  arbres  à  sommet  pyramidal,  surtout 
ceux  dont  les  feuilles  bien  vivantes  se  terminaient  plus  particulièrement  en 
pointe. ...  0  II  ne  pourrait  affirmer  que  cette  immimité  ait  été  manifeste  dans 
ime  autre  phénomène  semblable  qu'il  avait  observé  il  y  a  environ  dix-huit 
ans  dans  la  même  commune  de  Tourville;  seulement  il  constata  alors, 
comme  aujourd'hui,  «  l'arrachement  par  une  sorte  d'aspiration  d'un  grand 
nombre  d'arbres  à  têtes  arrondies  ....  » 

Revenant  à  la  trombe  du  12  septembre  dernier,  il  remarque  «  qu'elle  a 
produit  ses  plus  terribles  effets  dans  les  lieux  les  plus  bas  de  son  parcours, 
dans  les  parties  du  territoire  qui  semblaient  tout  à  fait  à  l'abri  des  vents 
par  leur  position  dans  le  fond  de  la  vallée.  » 

M.  DU  MoNCEL  adresse  une  Note  sur  les  résultats  obtenus  dans  une  nou- 
velle série  d'expériences  qui  se  rapportent  à  la  non-homogénéité  de  l'étin- 
celle d'induction;  il  annonce  que  cette  communication  est  faite  seulement 
dans  l'intention  de  prendre  date  jusqu'au  moment  où  il  pourra  présenter  à 
l'Académie,  d'une  manière  complète,  les  résultats  de  ses  recherches  consi- 
gnés dans  un  Mémoire  auquel  il  travaille  en  ce  moment. 

Cette  Note  est  renvoyée,  comme  l'avaient  été  les  dernières  communica- 
tions du  même  auteur,  à  l'examen  de  M.  Pouillet. 

M.  MoRET  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  rendre  compte  de  deux 
communications  qu'il  lui  a  adressées,  et  qui  font  partie  d'un  travail  dont  il 
s'occupe  depuis  plusieurs  années,  d'une  n  Instauration  de  l'Arithmétique 
inédite  de  Fermât  ». 

Ces  communications,  reçues  à  la  séance  du  24  janvier  et  du  aS  avril  de 
cette  année,  et  renvoyées  à  l'examen  de  M.  Hermite,  ont  pour  titre  :  «  Nou- 
velle solution  d'un  problème  de  Fermât  ». 

M.  DuGRoi.Ès,  agent  de  la  Compagnie  pour  l'exploitation  de  la  machine 
à  vapeur  du  système  Guerraz  et  Briery,  demande  «  quelle  est  la  marche  à 
suivre  pour  obtenir,  à  raison  de  cette  invention,  la  prime  proposée  par 


(  826  ) 

l'Académie  des  Sciences  aux  machines  à  vapeur  apportaul  des  avantages 
réels  sur  celles  ordinairement  employées.  » 

Ou  fera  savoir  à  l'auteur  de  la  Lettre  que  l'Académie  n'a  point  proposé 
de  semblables  primes  ;  mais  que  la  machine  peut  être  soumise  au  jugement 
d'une  Commission  ou  présentée  au  concours  pour  l'un  des  prix  à  décerner, 
soit  pour  le  prix  annuel  de  Mécanique,  soit  pour  le  prix  extraordinaire 
concernant  l'apphcation  de  la  vapeur  à  la  marine  militaire. 

M.  RouuET,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de  l'Académie 
lui  Mémoire  sur  la  décomposition  des  polynômes  en  facteurs  rationnels 
du  second  degré,  demande  l'autorisation  de  reprendre  ce  manuscrit  qui 
contient  des  calculs  dont  il  aurait  besoin  pour  un  nouveau  travail. 

Le  Mémoire  n'ayant  pas  été  l'objet  d'un  Rapport,  l'auteur  est  autorisé  à 
le  reprendre. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i4  novembre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture, 
depuis  le  i"  avril  i8.58  jusqu'au  \t\  juillet  iSSg;  par  M.  Payen,  secrétaire 
perpétuel.  Séance  publique  annuelle  tenue  le  dimanche  17  juillet.  Paris, 
1859;  br.  in-8°. 

Direction  générale  des  douanes  et  des  contributions  indirectes.  Tableau  général 
des  mouvements  du  cabotage  pendant  l'année   i858.  Paris,  1859;  in-folio. 

Principes  d'hydraulique  rationnelle  applicables  aux  courants  naturels,  tels 
que  les  rivières  et  les  fleuves  ;  par  M.  COURTOIS,  Paris,  1859;  br.  in-8''. 

Nouveau  manuel  complet  de  galvanoplastie,  ou  Éléments  délectro -métal- 


(  827  ) 
lurrjic;  par  M.  Smée,  ouvrage  publié  par  E.  de  Valicourt.  Paris,  1860; 
2  vol.  in-i8. 

Les  deux  Arithmétiques,  la  décimale  et  la  duodécimale,  ou  la  Zonnomie; 
par  A.-D.  Gautier.  Paris,  1860;  br.  in-4°. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  21  novembre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Œuvres  complètes  de  François  Àrago,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des 
Sciences,  publiées  d'après  son  ordre  sous  la  direction  de  M.  J.-A.  Barral;  t.  XI. 
Mémoires  scientifiques,  t.  II.  Paris,  iSSq;  in-8°. 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne;  ag*  liv.  ;  in-zi". 

Sur  la  différence  de  longitude  des  Obsewatoires  de  Bruxelles  et  de  Berlin, 
déterminée  en  1857,  par  des  signaux  galvaniques;  br.  in-Zj".  (Extrait  des 
Annales  de  i Observatoire  rojal  de  Bruxelles.  ) 

Enquête  sur  le  Serpent  de  la  Martinique  (Vipère  fer  de  lance,  Bothrops 
lancéolé,  etc.);  2*  édition,  entièrement  refondue;  par  le  D'  E.  Rufz.  Paris, 
1860;  I  vol.in-8''. 

De  la  traversée  des  Alpes  par  un  chemin  de  fer  ;  par  Eugène  Flachat. 
Neuilly,  iSSg;  br.  in-8°. 

Phénomènes  célestes  résultant  de  la  transmission  successive  de  la  lumière;  par 
Eugène  Jeanjaquet.  Neuchâlel,  iSSg;  br.  in-8°. 

Recherches  sur  l'attraction  moléculaire;  par  A.  Bouché.  Paris,  1839;  '^''• 
in-8°. 

Récits  d'un  vieux  sauvage  pour  servir  à  l'histoire  ancienne  de  Havnii.  Notes 
d'un  voyageur  ;  parM.  Jules  Remy.  Châlons-sur-Marne,  1869;  br.  in-8°. 

La  Gravitation  au  point  de  vue  de  l'électricité;  par  Zaliwski.  1  feuille  in-8". 

Ephemerides  of  the...  Ëphémérides  des  petites  planètes  et  de  Neptune  pour 
l'année  1860.  (Supplément  au  i\^<7H/î(  a/ v^/monar/î  pour  i863.) 


■■B*  ■>>^*^^*Éi^wi 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉIHIË  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  28  NOVEMBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMinVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Faye  dépose  sur  le  bureau  une  Note  ayant  pour  objet  d'inviter  l'Aca- 
démie à  examiner  s'il  ne  conviendrait  pas,  dans  l'intérêt  des  sciences  et  des 
arts,  qu'elle  prit  l'initiative  auprès  du  Gouvernement  en  lui  demandant 
d'adjoindre  une  Commission  scientifique  à  l'expédition  de  Chine. 

Cette  proposition  sera  discutée  dans  un  comité  secret. 

MÉCANIQUE.  —  Mouvement  des  gaz  de  la  poudre  dans  [âme  des  bouches  à  feu; 

par  M.  PioBERT.  (Suite.) 

"IV.  —  Cas  général  d'une  densité  variable  dans  les  diverses  tramches  de  la  charge. 

«  15.  Variation  de  la  tension  des  gaz  résultant  du  mouvement.  —  Dans  le  cas 
normal  où  aucune  cause  étrangère  n'est  supposée  modifier  l'état  intérieur 
tles  gaz  qui  résulte  du  mouvement,  les  tranches  diminuent  de  densité  à  me- 
sure qu'elles  sont  plus  rapprochées  du  projectile.  En  effet,  la  tension  du  gaz 
en  chaque  point  doit  être  en  raison  du  produit  de  la  masse  qu'il  a  à  mou- 
voir par  l'accroissement  de  vitesse  qu'il  lui  communique  ;  mais  dans  le  cas 
présent  les  vitesses  des  diverses  couches  de  gaz  sont  entre  elles,  ainsi  que 
leurs  accroissements,  toujours  en  raison  des  distances  de  ces  couches  à  la 

C.  R.,  i859,  î™»  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  22.)  108 


(  83o  ) 
tranche  qui  reste  immobile.  La  première  tranche  ne  pousse  que  le  projectile 
animé  de  la  vitesse  v;  la  tranche  suivante  a  de  plus  à  pousser  cette  première 
tranche  animée  d'une  vitesse  un  peu  plus  petite  que  v,  parce  qu  elle  est  plus 
rapprochée  de  la  tranche  immobile  que  le  projectile;  et  ainsi  de  suite  de 
proche  en  proche,  jusqu'à  la  tranche  immobile  qui  pousse  en  avant  toutes 
les  autres  tranches  avec  des  vitesses  diverses,  mais  plus  petites  en  moyenne 

que-»  leur  centre  de  gravité  étant  un  peu  en  arrière  du  milieu  de  la  lon- 
gueur, par  suite  de  la  diminution  de  densité  des  gaz  à  mesure  qu'on  se  rap- 
proche du  projectile,  diminution  résultant  de  celle  des  tensions.  Les  accrois- 
sements de  vitesse  de  chaque  tranche  étant  toujours  proportionnels  à  la 
vitesse  de  cette  tranche,  les  tensions  croîtront  dans  le  rapport  des  produits 
des  vitesses  mêmes  par  les  masses  que  les  tranches  ont  à  mouvoir. 

»  14.  Rapport  entre  la  plus  forte  et  la  plus  faible  tension  des  gaz.  — Dans  les 
cas  ordinaires  de  la  pratique,  le  poids  du  projectile  est  assez  faible  par  rap- 
port à  celui  du  système  de  la  bouche  à  feu  et  de  son  affût;  la  tranche  im- 
mobile est  alors  très-rapprochée  du  fond  de  l'âme  qui  se  dépkce  très-peu 
pendant  la  projection  du  boulet;  on  pourrait  donc  rapportera  ce  plan  les 
positions  des  mobiles  et  des  diverses  tranches  de  gaz,  ainsi  qu'on  le  fait  ordi- 
nairement; mais  il  est  préférable  en  général,  et  surtout  quand  la  masse  du 
projectile  est  très-comparable  à  celle  de  la  pièce,  de  rapporter  toutes  les 
distances  à  la  tranche  immobile,  quoique  la  charge  se  trouve  alors  divisée 
en  deux  portions  placées  l'une  en  avant,  l'autre  en  arrière  de  cette  tranche. 
Comme  tout  se  passe  d'une  manière  analogue  dans  chaque  partie  de  la 
charge,  on  commencera  d'abord  par  considérer  le  mouvement  d'une  seule 
portion  de  charge  qui  se  meut  dans  un  même  sens,  sauf  à  tenir  compte  plus 
tard  de  l'autre  portion.  Le  poids  des  charges  de  poudre  employées  n'étant  ja- 
mais qu'une  fraction  de  celui  du  projectile,  la  position  du  centre  de  gravité 
des  gaz  n'est  que  très-peu  en  arrière  du  milieu  de  la  longueur  de  l'espace 

qu'ils  occupent.  Pour  en  préciser  la  position,  on  représentera  par  -  la  frac- 
tion de  cette  longueur  qui  détermine  la  distance  du  centre  de  gravité  à  la 
tranche  immobile  ;  r  aura  ainsi  pour  hmite  inférieure  le  nombre  a  qui  cor- 
respond aux  charges  infiniment  petites,  et  ne  le  dépassera  que  d'environ 

^  poiu-  les  grandes  charges  de  poudre  du  tiers  du  poids  du  boulet.  La 

force  motrice  ou  pression  d'une  tranche  de  gaz  sur  sa  voisine  étant  égale  au 
produit  de  la  masse  poussée  par  l'accélération  de  vitesse  qui  lui  est  imprimée, 
et  la  vitesse  de  chaque  point  du  système  étant  toujours  proportionnelle  à 


(  83.  ) 
son  accroissement,  les  tensions  des  tranches  sont  entre  elles,  ainsi  tju'bn  l'a 
vu  (13),  dans  le  rapport  des  produits  des  masses  par  les  vitesses  du  projectile 
et  des  gaz  qu'elles  poussent  en  avant.  La  tension  de  la  tranche  immobile  sera 
ainsi  à  celle  de  la  tranche  en  contact  avec  le  projectile  dans  le  rapport  de 

mv-h  (i-k  mv  ou  de  m  +  -  à  m.  Dans  les  cas  ordinaires  de  la  pratique,  la 

plus  forte  tension  des  gaz  ne  dépassera  donc  jamais  la  plus  faible  que  de 

^  au  plus. 

»  15.   Tension  des  gaz  proportionnelle  à  In  densité.  —  Quand  la  tension  des 

gaz  varie  comme  une  puissance  n  de  la  densité,  les  densités  dans  les  deux 

1 

tranches  qu'on  vient  de  considérer  sont  dans  le  rapport  I )"•  On  trai- 
tera d'abord  le  cas  de  «  =  i ,  ou  des  tensions  proportionnelles  aux  densités 
comme  dans  la  loi  de  Mariette  pour  les  gaz  permanents,  cas  qui  paraît  le 
plus  simple  à  considérer,  mais  qui  est  en  réalité  beaucoup  plus  complexe 
qu'il  ne  le  paraît  d'abord  ;  la  densité  des  gaz  dans  les  différentes  tranches 
d'une  même  charge,  variant  d'autant  plus  entre  elles  que  n  est  plus  petit,  ce 
cas  s'éloigne  beaucoup  de  celui  qui  a  été  traité  précédemment  (§  III),  et 
dans  lequel  la  densité  est  la  même  dans  toutes  les  tranches,  quelle  que  soit 
l'époque  du  mouvement,  ce  qui  correspond  à  n  infiniment  grand.  Dans  le 
cas  de  71:=  I,  les  densités  aussi  bien  que  les  tensions  sont  toujours  entre 
elles,  dans  les  deux  tranches  extrêmes  indiquées  ci-dessus,  dans  le  rapport 

Quant  aux  tranches  intermédiaires,  il  est  facile  de  voir  que  la  ten- 

rm  +  ^i.  ' 

sion  des  gaz  y  varie  très-peu  près  de  la  tranche  immobile,  tandis  qu'elle 
décroît  assez  rapidement  en  se  rapprochant  du  projectile.  En  effet,  si  l'on 
compare  les  pressions  dans  la  tranche  qui  partage  la  masse  ^i  des  gaz  en  deux 
parties  égales  et  dans  la  tranche  immobile,  à  partir  de  laquelle  on  comptera 
toutes  les  distances,  on  a  le  rapport 

a.  X  a  x 

mv  +-  -zv  /ra-f--- 

2    9  2   9 


ou      , 

mv  -\-  II-  m  +  ^ 


r 


X  étant  la  distance  du  centre  de  gravité  de  la  moitié  antérieure  de  la  charge. 

9' 

Si  6'  est  la  longueur  de  la  moitié  postérieure  de  la  charge  et  -;  la  distance 

de  son  centre  de  gravité,  le  centre  de  gravité  de  la  charge  entière  étant  situé 

io8.. 


(  832  ) 
à  égale  distance  des  centres  de  gravité  des  deux  moitiés,  on  a 


6  _  6         6' 


z'' 


mais  on  ne  connaît  pas  6',  qui  est  évidemment  un  peu  plus  petit  que  -■> 

puisque  les  densités  vont  en  augmentant  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de 
la  tranche  immobile  :  de  même  r'  est  un  peu  plus  petit  que  r,  de  sorte  que 

-,  ne  diffère  que  très-peu  de  —  ;  ou  aura  donc  sensiblement 


9        9  X         3 

X =  —      ou      -  = • 

r        ir  9        2  r 


Par  suite  le  rapport  des  tensions  des  gaz  dans  la  tranche  moyenne  et  dans 

m 


3p 


,4'" 
la  tranche  immobile  sera  à  très-peu  près  égal  à  ,  tandis  que  si  la 


m 

r 


tension  de  cette  tranche  moyenne  de  la  charge  était  la  moyenne  des  ten- 
sions des  deux  tranches  extrêmes,   le  rapport  des  tensions  serait  égal  à 

m  +  — . 

,  c'est-à-dire  sensiblement  plus  petit;  on  trouverait  également  pour 

r 

le  rapport  de  la  tension  des  gaz  dans  la  tranche  située  au  quart  de  la  charge 
i5u.  ,    63  ft 

î — -,  et  pour  celui  de  la  tranche  située  à  un  huitième —,  quan- 

r  r 

tités  plus  grandes  que  les  tensions  moyennes  et  qui  se  rapprochent  beau- 
coup de  la  tension  des  gaz  dans  la  tranche  immobile. 

»  16.  Décroisseinentdeladensitêdesgazdanslesdiversestranclies.  —  S\  l'on  con- 
sidère en  général  la  tranche  de  la  charge  placée  à  une  distance  z,  elle  pousse  en 

fl - 

avant  une  portion  de  la  charge  un  peu  plus  petite  que  pi — t->  à  cause  de  la  di- 
minution de  densité  des  gaz  dans  les  tranches  situées  en  avant  ;  cette  portion  de 
la  charge  sera  donc  jxl 7~~  )'  ^  étant  une  petite  quantité  positive  ;  son 

centre  de  gravité  sera  à  la  distance  z  H — -^  de  la  tranche  immobile  et  sa 


(  833  ) 

/  6  —  z\v         e-f-z(/'— i)c     ,  .  ,  , 

vitesse  sera  lz-\ — —\-  = -;; '-p  la   tension  des  gaz  dans  cette 


tranche  devant  être  à  celle  qui  a  lieu  dans  la  tranche  immobile,  dans  le  rapport 
du  produit  des  masses  poussées  en  avant  par  leurs  vitesses;  ce  rapport  sera 


O  —  z  —  S   9-+-z{r" 

m  -H  fx- ^ 


à  une  époque  quelconque   — -^  ;    Q  étant  toujours 

m  +  - 

r 

plus  grand  que  z,  r''  un  peu  plus  grand  que  2,  et  un  peu  plus  petit  que  r, 
on  ne  changera  que  très-peu  la  valeur  de  cette  expression  en  augmentant  le 
premier  facteur  de  la  petite  quantité  c?,  et  en  réduisant  le  dernier  facteur  à 
peu  près  dans  le  même  rapport  par  la  substitution  de  i  à  r"  —  i  et  de  r  à  /  "; 
le  produit  de  ces  deux  facteurs  reste  alors  à  peu  près  le  même,  et  le  rap- 
port des  densiiés  des  gaz  dans  la  tranche  z  et  dans  la  tranche  immobile  a 
ainsi  pour  valeur  approchée 


-+- 

P(9- 

z)(9  +  z) 

r 

9' 

m -h 

r 

mr+  p 


V.     —  DÉCROISSEMENT    PARABOLIQUE    DES    DENSITÉS    DES    GAZ. 

»  17.  Position  du  centre  de  gravité  des  gaz.  —  La  forme  de  l'expression  du 
rapport  des  tensions  des  gaz  dans  les  diverses  tranches  montre  que  la  loi 
du  décroissement  de  ces  tensions  est  indépendante  de  la  vitesse  c  ou  de 
l'époque  du  mouvement,  et  qu'elle  ne  s'éloigne  pas  sensiblement  de  celle  que 
suivent  les  ordonnées  d'une  parabole  ordinaire  ayant  son  axe  parallèle  à  ces 

ordonnées,  dont  la   plus  grande   située   sur  cet   axe  est  égale  à  «î  4-  i^  et 

la  plus  petite  placée  à  une  distance  6  est  égale  à  m;  si  donc  on  nomme  p  la 
tension  des  gaz  dans  ime  tranche  située  à  une  distance  z  de  la  tranche  im- 
mobile, on  aura  à  toutes  les  époques 


p  =  k{™+^^(,-::)|; 


la  densité  des  gaz  étant,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  proportionnelle  à  la 
tension,  son  expression  sera  de  même  forme;  mais  elle  devra  satisfaire  à  la 


(  834  ) 
condition  que  la  quantité  de  produits  gazeux  contenus  dans  l'ensemble  des 
tranches  soit  toujours  égale  à  celle  qui  s'est  développée  dans  la  combus- 
tion de  la  charge;  or  celle-ci  occupait  à  l'origine  une  longueur  a  dans  l'âme 
et  avait  alors  une  densité  moyenne  D;  de  plus  la  moyenne  des  ordonnées 
d'un  demi-segment  situé  au  sommet  de  la  parabole  ordinaire  est  les  deux 
tiers  de  l'ordonnée  maximum,  puisque  la  surface  du  demi-segment  ou  la 
somme  des  tranches  de  ce  demi-segment  compris  entre  la  courbe,  la  flèche  ou 

portion  de  l'axe  des  ordonnées  et  la  fiemi-corde,  est  égale  aux  ^  du  rectangle 

formé  sur  ces  deux  dernières  lignes;  on  aura  donc  à  ime  époque  quelconque 
pour  la  densité  des  gaz  d'une  tranche  z, 


m- 


r  \  6V  Da Dff 

r 


i  r 


»  La  densité  des  gaz  étant  connue  dans  chaque  tranche,  on  peut  déter- 
miner la  position  du  centre  de  gravité,  et  par  suite  la  valeur  de  —  Le  cen- 
tre de  gravité  de  la  surface  du  demi-segment  placé  au  sommet  de  la  para- 
bole,  étant  situé  à  une  distance  de  la  tranche  immobile  égale  à  jjô  et 
l'aire  de  cette  surface  étant  égale  à,  -  5,  il  est  facile  de  déterminer  la  valeur 

de  -  qui  conduit  à 

1  6n7î-l-3ft 

r         i2r/7j-)-8u 


ou 


bien 


d'où 


\  2JW/  6m 


6  /w         lOm' 


La  loi  du  décroissement  parabolique  des  densités  étant  très-approchée  de 
celle  que  suivent  les  densités  des  gaz,  on  ne  s'éloignera  pas  sensiblement  de 
la  vérité  en  adoptant  cette  valeur  de  r,  car  un  changement,  même  assez 
prononcé  dans  la  loi  des  densités  des  gaz,  n'aurait  qu'une  trés-faible influence 


(  835  ) 

sur  la  position  du  centre  de  gravité;  lors  même  qu'on  changerait  com- 
plètement cette  loi,  la  valeur  de  r  varierait  d'une  manière  peu  sensible.  Si, 
par  exemple,  le  décroissement  des  tensions  était  uniforme  depuis  la  tranche 
immobile  jusqu'au  projectile,  l'expression  de  la  distance  du  centre  de  gravité 

serait 

I  3  rwi  -(-  p 

r        6  r»i  4-  3  ft 

et  pour  le  cas  très-défavorable  de  fortes  charges,  ou  de  grande  valeur  de 
r,  pour/w=  3/Ji.,  on  a  r=  2,o5i4i4»  tandis  que  le  décroissement  parabo- 
lique des  densités  doinie  pour  la  même  charge,  /•  =  2,o5oi  225.  Cette  quan- 
tité diffère  donc  très-peu  de  la  précédente,  quoique  les  lois  de  décroissement 
des  densités  des  gaz  soient  très-différentes  l'une  de  l'autre  ;  ainsi  lors  même 
que  les  densités  des  mêmes  tranches  ne  resteraient  pas  entre  elles  dans  un 
rapport  constant  à  toutes  les  époques  du  mouvement,  la  position  du  centre 
de  gravité  ou  la  valeur  de  r  ne  varierait  pas  d'une  manière  sensible. 

»   18.  Distribution  des  gaz  dans  les  diverses  tranches,   —  L'expression  de 

(5  =  (p  -D,  qui  donne  la  densité  des  gaz  des  différentes  tranches,  peut  aussi 

servira  déterminer  la  portion —de  la  charge, placée  en  arrière  d'une  tranche 

quelconque  z.  Pour  cela  il  suffit  d'évaluer  l'aire  de  la  surface  ayant  pour 
ordonnées  les  différentes  valeurs  de  p,  depuis  la  tranche  immobile  jusqu'à 
la  tranche  z,  et  diviser  le  résultat  par  la  surface  entière;  on  aura  en  opé- 
rant ainsi  le  rapport  de  x  à  a  : 

l  u.\z  u  z' 

a  lu.' 

frt  4-  -5  - 

Réciproquement,  on  peut  tirer  de  cette  équation  la  position  -  d'une  tranche 
qui  divise  la  charge  entière  dans  le  rapport  -:  il  faut  alors  la  résoudre  par 
rapport  a  ->  et  il  vient 

3r;« 

—  2  1/ 1- i  .  cosi   i20°— ^  arc  cosf    — 


Irm  I 

Y__+,  .cos     1 


(rm  \  ?  a 

7  +  ')'  , 


(  836  ) 


d'où 


,ô^'Zl  +  ,.c0s[l20°-^ 


3rm  ■ 

„  arc  cos  — 77= 

3  2  y(r/7 


■h'î^ 


»  Si  l'on  divise  la  longueur  de  la  charge  en  parties  égales,  en  10  par 
exemple,  et  que  l'on  considère  les  tiancbes  de  gaz  qui  sont  placées  en  ces 
points  de  division  équidistantes,  on  aura  les  valeurs  suivantes  de  ç,  ou  du 
rapport  de  la  densité  des   gaz  de  chacune  de  ces  tranches  à  leur   densité 

moyenne,  et  les  rapports  de  -  à  -  ou  des  fractions  de  charge  aux  longueurs 

qu'elles  occupent  dans  l'âme  pendant  le  mouvement. 


CHARGE  ES    POIDS 

1 

I 

du  boulet 

3 

4 

valeur  de  r.. . 

2,050122b. 

2,038518.                           1 

Valeur  de-. 

6 

Valeur  de  p. 

Valeur  de  —  . 
ai 

Valeur  de  9. 

Valeur  de 

a.  z 

Traneh.  immobile 

1,04889711 

1,048897 

1,0377897 

1,0377897 

0,1 

I ,04743019 

1  ,048408 

1 ,o36656o 

1  ,03741 18 

0,2 

I  ,04302944 

1,046941 

I ,0332549 

I  ,036282 

0,3 

I,o35684H7 

1 ,044496 

1 ,0275864 

I  ,034389 

0.4 

I  ,02542648 

I ,041073 

1 ,0196506 

1,0317437 

0,5 

I ,01222426 

I  ,036672 

1 ,0094474 

/ ,028342 

0,6 

0,99608821 

I  ,o3i294 

0)9969';69 

I ,023429 

0.7 

0,97701834 

I ,024937 

0,9822389 

1 ,0159275 

0,8 

0,95501464 

1 ,017603 

0,9652335 

1 ,oi36o5 

o>9 

0,93008712 

1,009290 

0,9459607 

1 ,0071806 

Contre  le  bou- 

let   

0,90220578 

I ,000000 

0,92,44205 

1 ,000000 

))  Pour  les  charges  plus  petites  que  celles  du  tiers  et  du  quart  du  poids 
du  boulet,  qu'on  vient  de  considérer,  les  valeurs  de  r  sont  plus  petites  et 
les  densités  varient  moins  entre  elles;  on  peut  former  le  tableau  suivant 
de  ces  valeurs. 


(  837  ) 


CHARGE   EN    POIDS 

du  boulet. 

VALEUR    DE  r. 

\ALEUR   DE   f> 

à  la  tranche  immobile. 

VALEUR    DE  0 

contre  le   boulet. 

I 

2,126893 

I ,11932202 

0,76135584 

2,071784 

1  ,06929669 

0,86140662 

2,o5ol22 

1,04889711 

0,90220578 

2,o385i8 

1,03778974 

0,92442054 

2,o3l28o 

1,03079842 

0,938403 16 

2 , 026333 

I ,025991 58 

0,94801684 

2,022738 

1 ,02243327 

0,95503346 

2,020038 

i ,0198095 

0,9603810 

TT 

2,oi6i33 

I ,0160041 

o>9<^799'8 

TT 

2 ,008197 

I ,0081934 

0,9856132 

ÏT 

2.oo33ii 

i,oo33o58 

0,9933884 

»  Pour  les  charges  plus  petites  que  —,  on  a  sensiblement 

/'  =  2  -H  0,1616  —  , 


et  l'on  a  rarement 


r  >  2  -t-  0,1667  ~' 


qui  ne  convient  que  pour  les  charges  excessivement  petites. 

»  Les  valeurs  de  r  et  de  —  qui  précèdent,  justifient  ce  qui  a  été  trouvé 

précédemment  (16),  qu'il  n'y  a  pas  en  général,  et  surtout  pour  les  petites 
charges,  une  très-grande  différence  entre  le  rapport  des  densités  des  gaz, 
dans  la  tranche  z  et  dans  la  tranche  immobile,  qui  résulte  du  mouvement 

6_2_5    9-f-z(/'— i) 

et  celui  que  donne  le  décroissement  parabolique 


m  +  fi 


m  -t-  ^ 


des  densités 


">+^A^-'){6  +  ^) 


m  +  ft 


Ce    décroissement    parabolique   donne 


ainsi  une  solution  approchée,  même  dans  le  cas  de  n  =  i  ;  mais  l'approxi- 

C,  R.,  1809,  a™»  Semestre.  (  T.  XUX,  N"  22.)  '  O9 


• 


\ 


(  838  ) 
mation  augmente  à  mesure  que  n  devient  plus  grand,  et  l'on  verra  plus  tard 
que  pour  le  cas  de  «  =  2,  cette  loi  de  décroissement  des  densités  est  celle 
qui  donne  la  solution  exacte  de  la  question.  Mais  avant  d'aller  plus  loin  ,  il 
est  bon  de  chercher  si,  par  quelque  considération  particulière  à  la  question 
du  mouvement  des  gaz,  il  ne  serait  pas  possible  de  la  simplifier  et  d'arriver 
plus  rapidement  à  la  solution. 

»  19.  Division  de  la  charge  en  deux  parties  qui  se  meuvent  en  sens  con- 
traires. —  Ce  qui  précède  suffirait  pour  compléter  les  équations  du  mouve- 
ment pour  la  solution  approchée  que  donne  la  loi  parabolique  des  densités, 
si  on  connaissait  dans  quelle  proportion  la  charge  fx  se  divise  pour  former 
les  portions  fi'  et  ju,";  car  alors  on  connaîtrait  /'  et  r",  et  dans  l'équation  du 
mouvement  du  centre  de  gravité,  par  exemple,  les  termes  qui  expriment  les 

quantités  de  mouvement    de    chaque  portion  de  la    charge   seraient  p  v 

et  prV,  puisque  les  vitesses  des  centres  de  gravité  de  ces  portions  de  charges 

seraient  à  celles  des  mobiles  dans  les  mêmes  rapports  que  les  distances  de 
ces  centres  aux  longueurs  des  charges,  c'est-à-dire  respectivement  comme 
I  est  à  r'  et  comme  1  est  à  r".  Il  est  donc  indispensable  de  connaître  la  répar- 
tition de  la  charge  des  deux  côtés  de  la  tranche  immobile,  qui  dépend  des  rap- 
ports des  masses  de  la  pièce  et  des  boulets.  Pour  attaquer  directement  cette 
question,  il  faut  considérer  la  charge  comme  composée  de  deux  parties 
agissant  isolément,  chacune  d'elles  n'étant  employée  qu'à  lancer  un  seul  mo- 
bile, ayant  une  de  ses  tranches  appuyée  contre  un  obstacle  fixe  de  la  même 
manière  que  si  M  était  infini  et  V  =  odans  la  solution  obtenue  précédemment 
(§111);  mais  il  faudrait,  pour  compléter  l'assimilation,  écrire  que  les  tensions 
dans  les  tranches  immobiles  des  deux  portions  de  charges  sont  égales,  puis- 
qu'elles doiventse  faire  équilibre.  Si  on  avait  M  =  m,  tout  serait  évidemment 
semblable  en  avant  et  en  arrière  d'une  tranche  qui  diviserait  la  charge 
entière  en  deux  parties  égales;  mais  en  général  ces  masses  sont  inégales  et 
l'on  a  m  <  M;  alors  la  charge  se  partage  inégalement  pour  agir  sur  les  deux 
mobiles;  cependant  la  tension  et  la  densité  sont  les  mêmes  entre  les  deux 
parties  p.'  et  fx"  de  la  charge,  dans  la  tranche  qui  leur  est  commune  et  qui 
reste  immobile  au  milieu  de  tranches  qui  se  meuvent  en  sens  contraires; 
c'est  là  que  la  tension  est  à  son  maximum;  elle  va  en  diminuant  de  chaque 
côté  et  de  plus  en  plus,  à  mesure  que  les  tranches  sont  plus  éloignées.  I>e 
décroissement  de  la  tension  des  gaz  dans  la  charge  p."  a  lieu  de  manière 
qvi'à  sa  dernière  tranche  placée  contre  la  culasse  de  la  pièce  M,  la  tension. 


(  839  ) 

est   encore  représentée    par    ;;  ?  la  tension  maximum  qui  a  lieu  dans 

M  -t-  ^ 

r 

la  traftche  immobile  étant  représentée  par  l'unité;  tandis  que  dans  la  charge 
a'  qui  est  placée  de  l'autre  côté,  la  tension  diminue  jusqu'à  ne  plus  être  re- 
présentée que  par  -,  dans  la  tranche  en  contact  avec  le  projectile  m. 

r 

Dans  chacune  de  ces  charges  la  densité  est  donnée  par  la  loi  du  décroisse- 
ment  qui  résulte  des  conditions  du  mouvement  ;  mais  dans  l'hypothèse 
de  la  loi  parabolique  on  a  la  formule 

_  r\         O'j    D« 

°  2  fi      ~ë~ 

3  r 

pour  une  époque  quelconque,  à  laquelle  la  longueur  primitive  a  de  la  charge 
est  devenue  6,  et  pour  une  tranche  située  à  une  distance  z  de  la  tranche  im- 
mobile ;  la  densité  dans  cette  tranche  commune  aux  deux  charges  sera  donc 

donnée  par  z  =  o  ;  elle  sera  dans  la  charge  (l' égale  à j  — ^,    et  dans 

M +  77    ])»„. 
la  charge  p."  elle  sera ;;  —7^-  •  Ces  deux  densités  devant  être  égales 

ainsi  que  les  tensions  des  gaz,  pendant  tout  le  mouvement,  pour  que  la 
tranche  reste  immobile,  on  devra  avoir 


/      D'à'  /'      D"a" 


2  ul'     S'  „         2    a"      9" 

'"+37  ^+37^ 


à  un  instant  quelconque  ou  pour  toutes  les  valeurs  de  6'  et  de  6".  D'après 
le  principe  de  la  conservation  du  mouvement  du  centre  de  gravité,  on  a 

(A')  (rn+^y={M  +  ^^Y', 

les  vitesses  étant  dans  un  rapport  constant,  les  espaces  parcourus  par  les 

109.. 


(  84o  ) 
deux  mobiles  seront  toujours  dans  le  même  rapport,  et  l'on  aura 

(.«4-^)(9'-«')  =  (M+^)(ô"-a");      ,  , 

mais  au  commencement  du  mouvement  on  a 

e'=a',      6"=  a"; 

la  tranche  de  séparation  des  deux  portions  de  (charge  ix'  et  p."  devra  ètie 
placée  au  centre  de  gravité  du  système  entier  du  canon,  du  boulet  et  de 
la  charge;  on  aura  ainsi 

9'-a'__6"— «" 
-  T, ' 


a  a 


et 


m 


^)a'=(M  +  ^)«"; 


de  sorte  que  le  centre  de  gravité  du  système  sera  toujours  placé  dans  la  même 
tranche,  qui  restera  ainsi  immobile,  contiendra  les  gaz  les  plus  denses  et 
formera  la  séparation  des  charges  fx'et  [j.".  C'est  donc  dans  cetle  tranche  que 
devra  avoir  lieu  la  condition  d'égalité  de  densité  et  de  tension  des  gaz  dans 
les  deux  charges,  condition  qui  devient,  par  suite  des  équations  précédentes, 

(m  +  ?^)D"«-(M  +  |^)D'«", 

et  à  laquelle  il  est  toujours  possible  de  satisfaire,  attendu  qu'elle  ne  fait  que 
régler  la  répartition  des  gaz  à  l'origine  du  mouvement  de  la  même  matiière 
qu'elle  subsiste  pendant  le  mouvement,  et  qu'il  n'existe  que  cinq  équations 
entre  les  six   inconnues  |7,',  ix",  a',  a",  D'  et  D",  et  qui  sont  |u,'+  /u."=  (j., 

a'-ha."—a,  inc''D'a'=  fx',   9.7rc^D"a"=  jx"  et  (m  + Ç]a'=  (m +^\u". 

Quant  aux  valeurs  de  r'  et  de  r",  elles  ne  dépendent  que  des  rapports  de  p,' 
avec  m  et  de  [j."  avec  M,  puisqu'on  a 

I         6w/'-t-3(i'  1         6M/"-f-3«" 

-   —  '^       et      —  =  '^ 


r'         iimr'  +  8u'  r"         i2Mr"+8î^." 


{  84i  ) 
ou 

4/w       V  5  TO       lom'  4'"        V  6  M        i6M'       *•      ' 

»  Ainsi  la  division  de  la  charge  en  deux  portions  distinctes  et  l'immo- 
bilité de  la  tranche  de  séparation  de  ces  deux  parties  pendant  toute  la 
durée  du  phénomène,  sont  compatibles  avec  les  conditions  du  mouvement 
des  mobiles  et  des  tranches  de  gaz.  Quoique  les  équations  précédentes  soient 
assez  simples,  le  nombre  des  inconnues  rendrait  l'élimination  assez  com- 
pliquée; on  arrive  beaucoup  plus  rapidement  à  la  détermination  des  valeurs 
de  fji'  et  de  p."  par  des  aproximations  successives.  En  effet  si  à  la  place 
de  D'  et  de  D"  on  met  leurs  valeurs  dans  la  première  équation,  celle  des 
densités  égales,  il  vient 


3  //'^        -  \--    ■    3  r 


élevant  au  carré  les  deux  membres  de  l'équation  des  moments  des  centres 
de  gravité  par  rapport  à  la  tranche  immobile,  et  éhminant  a'*  et  a'  %  il  vient 


m 


-i^)(M-?)v=(M+ié)(.»+£;)V; 


or  comme  M  çst  supposé  plus  grand  que  m,  on  voit  que  A7  devra  être  plus 

M 
petit  que  —  On  pourra  prendre  les  valeurs  que  détermineraient  les  équa- 


m 


tions  -^  =  -    et  fi'  +  p."=  p.,  et  les  diviser  par  2  pour  les  substituer  à  la 
place  de  ^  et  de  ^  dans  le  second  membre  de  l'équation 


'"  '    3 


^M4-|^)(..  +  ^ 


Puis  on  tirera  les  valeurs  approchées  de  fx'  et  ^\  de  r'  et  r"  pour  les  substi- 
tuer dans  le  second  membre  de  la  même  équation,  et  ainsi  de  suite,  si  ou 
ne  trouve  pas  l'approximation  suffisante.  Si  on  avait  par  exemple  m  =  4p- 
etM  =  i6|x,  on  prendrait  pour  premiers  nombres  à  substituer  à  la  place 


(  H^  ) 

de  ^  et  de  -^î  o,8|x  et  0,2/^1,  qui  donnent 

fjt,'=  o,  78]^.     et     fjL''=  o,  2  2|u.,  r'=a,o3o8     et     r"=  2,00322  ; 

par  une  substitution  de  ces  quatre  dernières  valeurs,  on  obtiendrait  les 
résultats  déjà  très-approchés 

|;jt.'=  o,  7807JUL     et     |7."=  o,  aigS/ui, 

qui  peuvent  suffire  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas. 

«  20.  Déplacement  des  gaz  à  l'origine  du  mouvement.  —  Il  reste  encore 
à  considérer  le  changement  de  répartition  des  gaz  qui  devra  s'effectuer 
dans  les  tranches  au  moment  du  déplacement  des  mobiles,  ou  le  passage 
de  la  distribution  primitive  des  gaz  au  décroissement  des  densités  qui  par 
suite  des  conditions  du  mouvement  s'établit  dans  les  tranches.  Or  on  a 
vu  (9)  que  lorsque  le  feu  a  été  mis  à  la  charge  comme  à  l'ordinaire,  c'est- 
à-dire  vers  le  fond  de  l'âme,  en  un  point  voisin  de  l'emplacement  de  la 
tranche  qui  doit  rester  immobile,  le  décroissement  de  densité  des  gaz  a  lieu 
de  chaque  côté  de  cette  tranche  dans  le  sens  même  qui  résulte  des  condi- 
tions du  mouvement;  de  sorte  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  un  grand  déplacement 
de  gaz  dans  les  premiers  instants;  mais  en  supposant  même,  ainsi  que  l'ont 
admis  plusieurs  auteurs,  que  les  gaz  lussent  uniformément  répartis  entre  le 
fond  de  l'âme  et  le  projectile,  comme  la  poudre  dans  la  gargousse,  le 
déplacement  de  gaz  que  nécessiterait  le  mouvement  serait  eucore  peu  con- 
sidérable. En  effet,  l'égale  répartition  des  gaz  rendrait  les  charges  fx'  et  [x" 
proportionnelles  à  leurs  longueurs  a'  et  a";  tandis  que  d'après  les  équations 
précédentes  on  a 


Or  si  on  prend  les  mêmes  données  que  dans  l'exemple  du  paragraphe  pré- 
cédent, on  trouve 


^,  =  o,9745j. 


La  différence  de  densité  des  charges  serait  ainsi  de  ^  environ  ;  de  sorte 
que  pour  une  charge  de  fort  calibre,  d'une  longneur  de  o"',aoo,  la  tranche 


(  843  ) 
la  plus  dense,  celle  qui  forme  la  séparation  des  deux  portions  de  la  charge,, 
n'aurait  à  se  déplacer  du  côté  du  fond  de  l'âme,  au  moment  du  départ  des 
mobiles,  que  de  i  millimètre,  et  le  centre  de  gravité  de  la  charge  entière 
ne  devrait  se  porter  en  arrière  que  de  i  |  millimètre;  enfin  lorsque  le  pro-' 
jectile  se  serait  avancé  de  3  millimètres,  le  centre  de  gravité  de  la  charge  de- 
vrait être  revenu  à  son  emplacement  primitif  ;  ce  déplacement  n'aurait  donc 
pas  le  temps  de  s'effectueren  entier.  Il  est  évident  que  des  mouvements  si  petits 
seraient  complètement  négligeables  devant  les  effets  considérables  que  pro- 
duit une  charge  de  poudre,  qui  dans  ce  cas  serait  de  3  kilogrammes  et  sus- 
ceptible de  lancer  à  5  ou  6  kilomètres  de  distance  un  projectile  4  fois  plus 
lourd.  D'ailleurs  ce  petit  déplacement  n'aurait  pas  lieu  dans  la  pratique,  avec 
le  chargement  ordinaire,  attendu  que  la  charge  ne  remplit  pas  d'une  ma- 
nière absolue  l'espace  qui  existe  entre  le  fond  de  l'âme  et  le  projectile,  et 
que  son  centre  de  gravité  est  plus  rapproché  de  ce  fond  de  l'âme  que  du 
boulet  d'une  quantité  plus  grande  que  celle  qui  est  exigée  pour  le  mouve- 
ment. 

»  Les  deux  portions  de  charge,  p.'  et  /j,",  qui  se  meuvent  dans  deux  sens 
contraires  en  agissant  directement,  l'une  sur  la  pièce,  l'autre  sur  le  boulet 
étant  déterminées  d'après  ce  qui  précède,  la  question  du  mouvement  des 
gaz  de  la  poudre  se  trouve  divisée  en  deux  problèmes  indépendants  et 
moins  compliqués,  puisque  dans  chacun  d'eux  une  extrémité  de  la  charge 
étant  supposée  appuyée  contre  un  obstacle  immobile,  tout  le  mouvement  se 
fait  dans  le  même  sens,  et  l'on  n'a  qu'un  seul  mobile  à  considérer  et  une 
seule  vitesse  à  déterminer;  l'équation  du  mouvement  du  centre  de  gravité 

qui  a  servi  à  l'établissement  des  valeurs  de  p.'  et  de  ^",  ne  sert  plus  alors  que 
de  vérification;  car  l'équation  des  forces  vives  développées  parla  détente 
des  gaz  produits  parla  combustion  de  la  portion  de  charge  ^x.',  est  suffisante 
pour  déterminer  v,  et  celle  qui  est  relative  à  l'autre  portion  de  charge  a" 
détermine  à  elle  seule  V.  Ainsi  dans  le  cas  de  /i  =  i  (11)  et  (12),  on  peut 
égaler  la  somme  des  forces  vives  du  projectile  et  de  la  portion  a'  de  la 

charge  ^  à  la  quantité  de  travail  développé  dans  la  détente  de  cette  charge- 
on  a  alors 


(G)  (m  +  ^\  i.=  =  2  71  c=  k  D' n'  log  ^, 


(  844  ) 
on  a  de  même 


(m  -I-  ^'jv»  =  27rcUD"a"log^]. 


En  ajoutant  ces  deux  équations  on  retrouve  l'équation  (B),  attendu  que 

®4  =  ?;  =  ^   D'à'  +  B''a"=Da,    ix'  =  -îl_  n    et    u."  =  -î^  a. 

)i  21.  Somme  des  forces  vives.  —  Pour  évaluer  la  somme  des  forces  vives 
dans  l'hypothèse  du  décroissement  parabolique  des  densités,  il  faut  tenir 
compte  de  la  variation  des  densités  dans  les  différentes  tranches  de  gaz; 

m-i-- m  r» 

la  densité  pour  une  tranche  quelconque  étant  p= t-î   Té - 

'»  +  §- 

i  r 

paisseur  de  la  tranche  h  et  son  diamètre  c,  la  masse  sera 

,^     A"'+;-rê'  '"  +  -r--r6^      h 

'^^^«ê ^^     °"      17-/^9; 

i  r  6  r 

puisque  rrc'Da  =  ^.  v  étant  la  vitesse  du  projectile  placé  à  la  distance  9  de 
la  tranche  immobile,  celle  de  la  tranche  z  est  -r-»  et  la  force  vive  de  cette 

tranche  est  f^h -—•  La  somme  des  forces  vives  de  toutes  les 

3  r 
tryuches  de  gaz  comprises  entre  la  tranche  immobile  et  le  projectile  s'ob- 
tient comme  précédemment  (H),  et  l'on  a  pour  cette  somme 

rm  -^  y-       (* 

3  5        -  5mr-\-2.a  , 

IXV'      ou      -= ^—LLV^. 

2       '  i5w/--4-iou' 

Si  l'on  prend  cette  somme  pour  chacune  des  charges  fx'  et  |u.",  et  qu'on  y 
ajoute  les  forces  vives  des  deux  mobiles,  on  aura  pour  les  premiers  mem- 
bres des  équations  (C) 

Smr'-hT.it.'        A    ,         ^        /„  5M/-"-(-2p"       ,A,^, 

m-h-^~-, ^fi    "      et       M-+-  ■^■,  ,,  — !--^,u."  V^ 


(  845  ) 

»  22.   Quantité  de  travail  développée  dans  la  détente,  des  gaz.  —  Pour  avoir 

la  quantité  de  travail  développée  dans  l'expansion  des  gaz  de  la  charge, 

dont  le  double  forme  les  deuxièmes  membres  des  équations  (C),  on  prend 

la  pression  des  gaz  sur  la  tranche  z  pour  la  position  ô  du  projectile,  et  l'on  a  • 

^V 

le  chemin  parcouru  Q  —  a.  étant  supposé  divisé  en  un  gr^nd  nombre  de  par- 
ties égales  à  A,  on  a  pour  le  travail  de  chaque  tranche  pendant  le  très-petit 
parcours  h 

a        a  z' 
m-t-  -  —  -  - 


8  2  u. 

3  r 


Pour  l'ensemble  du  travail  de  toutes  les  tranches,  il  faudrait  prendre 
l'air*  de  la  surface  limitée  par  la  courbe,  construite  avec  les  valeurs  suc- 
cessives que  prend  cette  dernière  expression  pour  toutes  les  valeurs  de  z, 
de  o  à  ô'  et  de  o  à  0";  mais  on  trouve  toujours  que  le  numérateur  de  la  frac- 
tion devient  égal  au  dénominateur,  et  que  les  expressions  du  travail  pour 

les  deux  portions   ^'  et   p."  de    la    charge    sont    réduites   à  nc^kD'a!-, 

et  à    nc'^  k  D"  a"  ■^,-  Le  travail  des  gaz  pendant  les  deux  parcours  de  a!  à  B' 

s' 
et  de  a."  à  ô",  sera  donc,  commej  précédemment  (12),  rrc'AD'a'log  -;    et 

e" 
7ic*A:D"a"log  — •  Les  équations  des  forces  vives  deviennent 

im-h  i'T—} — -^M'')  ♦'*  =  ^nc'kD'a'los-;, 
\l5/nr -h  lOtt   '     /  ^  a 

En  les  réunissant  comme  précédemment  (12)  et  (20),  et  remarquant  que 
^^  =  -,  =  -  et  que  D'à'  +  D"a"  =  Da,  U  vient 

,r.,s  -       l  5mr'  +  2a'        A    ,         /,.  5Mr"+2»"       A-,,» 

=  znc''  k{U  a'  +  D"  a")\og-  =  anc'  ÂBalo^-^- 

c.  R.,  i859,  2""  Semestre.  (T.   XLIX,  No22.j  1  lO 


(  846  ) 
»  La  quantité  de  travail  des  gaz  se  trouve  ainsi  la  même  que  dans  l'équa- 
tion (B),  qui  correspond  au  cas  d'une  densité  uniforme  dans  toutes  les 
tranches,  la  répartition  des  gaz  dans  la  longueur  de  la  charge  n'ayant  au- 
cune influence  sur  le  travail  ;  mais  les  forces  vives  développées  dans  la 
détente  des  gaz  se  trouvent  moins  considérables  que  quand  la  densité  est 
uniforme,  et  par  suite  les  vitesses  i'et  V  sont  plus  grandes  quand  la  densité 
décroît  à  mesure  que  les  tranches  sont  plus  rapprochées  du  mobile.   » 

PHYSIQUE.    —    Sur  Vinduction   axiale,    nouvelles   expériences    de 
M.   Ch.  Matteucci. 

«  J'ai  déjà  eu  l'occasion  d'entretenir  l'Académie  sur  ce  sujet,  après  m'en 
être  longuement  occupé  dans  mon  Cours  sur  l'induction.  J'appelle  induction 
axiale  l'état  d'un  disque  métallique  tournant  en  présence  d'un  aimant  dont 
l'axe  est  placé  dans  le  prolongement  de  l'axe  de  rotation  du  disque.  Ce 
cas  d'induction,  découvert  aussi  par  Faraday,  diffère  des  cas  ordmaires 
d'induction,  comme  serait,  par  exemple,  celui  du  disque  tournant  d'Arago, 
en  ce  qu'il  n'y  a  pas  d'action  entre  le  disque  et  l'aimant,  tandis  qu'on 
trouve  des  courants  en  appliquant  les  extrémités  du  galvanomètre  sur  le 
centre  et  sur  les  bords  du  disque. 

«  Tous  les  physiciens  connaissent  aujourd'hui  l'appareil  que  Ruhmkorff 
a  construit  pour  M.  Foucault,  et  qui  consiste  dans  une  machine  de  rotation 
à  l'aide  de  laquelle  un  disque  de  cuivre  tourne  avec  une  grande  vitesse 
entre  deux  demi-disques  de  fer  doux,  qui  forment  les  extrémités  polaires 
d'un  gros  électro-aimant.  C'est  à  Joule  que  l'on  doit  la  première  expérience 
de  ce  genre  ;  si  l'on  ferme  les  circuits  de  l' électro-aimant  après  avoir  mis  le 
disque  en  rotation,  on  s'aperçoit  tout  de  suite  qu'il  faut  un  plus  grand  effort 
pour  faire  tourner  le  disque  avec  la  même  vitesse  qu'il  avait Uvant  l'aiman- 
tation. Le  résultat  principal  de  l'expérience  est  que  le  disque  s'échauffe,  et 
cela  par  la  chaleur  développée  par  les  courants  induits  dans  le  disque. 
Ainsi,  dans  deux  expériences  qtie  j'ai  faites,  ayant  l'éleclro-aimant  mis  en 
activité  par  quatre  petits  éléments  deGrove,  j'obtenais,  après  quatre  minutes 
de  rotation  de  vitesse  moyenne,  une  élévation  de  i4  degrés  Réaumur  à  un 
thermomètre  dont  le  petit  bulbe  était  maintenu  en  contact  avec  le  bord 
du  disque. 

»  J'ai  fait  construire  deux  demi-disques  de  fer  doux  semblables  à  ceux 
qui  forment  les  armatures  de  l'électro-airaant.  Lorsque  ces  deux  nouveaux 
demi-disques  étaient  fixés  sur  les  premiers  appartenant  à  l'électro-aimant, 


(  847  ) 
les  armatures,  entre  lesquelles  le  disque  tournait,  étaient  circulaires  :  c'était 
à  peu  près  le  cas  de  l'induction  axiale.  Te  dis  à  peu  près,  parce  que,  comme 
on  le  prouve  et  on  le  conçoit  facilement,  l'action  magnétique  n'est  pas  éga- 
lement exercée  par  des  points  symétriques  de  ces  armatures;  pour  cela  il 
aurait  fallu  avoir  deux  électro-aimants  avec  leurs  axes  dans  le  prolongement 
de  l'ase  de  rotation  du  disque.  Malgré  cette  petite  imperfection  de  l'expé- 
rience, le  résultat  est  frappant.  Lorsque  le  disque  tourne  entre  les  arma- 
tures circulaires,  enfermant  le  circuit,  on  ne  s'aperçoit  d'aucune  diffé- 
rence dans  l'effort  nécessaire  pour  faire  tourner  le  disque.  Après  quatre 
minutes  de  rotation  et  en  opérant  dans  les  mêmes  conditions,  la  tempéra- 
ture du  disque  n'avait  pas  sensiblement  changé. 

»  Maintenant  qu'on  applique  les  extrémités  d'un  galvanomètre  à  fil  court 
sur  les  mêmes  points  du  disque,  c'est-à-dire  une  extrémité  prés  du  centre  et 
l'autre  près  du  bord.  L'expérience  a  été  faite  en  employant  un  seul  couple 
pour  mettre  en  activité  l'aimant,  afin  d'avoir  des  courants  que  je  pouvais 
mesurer  à  mon  galvanomètre.  Dans  les  deux  cas,  c'est-à-dire  de  l'induc- 
tion axiale  ou  avec  les  armatures  circulaires,  comme  dans  le  cas  de  l'in- 
duction avec  les  armatures  demi-circulaires,  l'aiguille  s'est  fixée  entre  ^5  et 
80  degrés,  en  indiquant  des  courants  induits  de  la  même  intensité. 

»  Ces  résultats  conduisent  aux  mêmes  conséquences  que  j'avais  déjà 
tirées  de  mes  expériences  d'induction  axiale,  c'est-à-dire  qu'on  ne  peut  pas 
admettre  l'existence  des  courants  induits  dans  le  disque,  mais  que  ces  cou- 
rants sont  déterminés  par  l'application  sur  le  disque  tournant  des  extrémi- 
tés du  circuit  fixe  et  fermé  du  galvanomètre.  '.'; 

»  Je  saisis  volontiers  cette  occasion  pour  indiquer  à  M.  Favre,  qui  est 
le  physicien  qui  possède  les  appareils  les  plus  appropriés  à  ces  recherches  et 
qui  a  déjà  montré  tant  d'habileté  dans  ces  manipulations,  une  expérience 
qui  devrait  conduire  directement  à  la  recherche  de  l'équivalent  mécanique 
de  la  chaleur.  Il  s'agirait  de  faire  tourner  dans  la  moufle  de  son  calori- 
mètre un  disque  de  cuivre,  tantôt  entre  deux  barreaux  d'acier  à  l'état  natu- 
rel, tantôt  entre  deux  lames  semblables  aimantées,  et  de  déterminer  dans 
les  deux  cas  le  travail  mécanique  nécessaire  pour  produire  la  même  vitesse 
de  rotation  du  disque.  » 


1  ro. 


(  848  ) 

RAPPORTS. 

ZOOLOGIE.  —   Rapport  sur  une  demande  de  M.  Léon  Dcfour  relative  à  son 
ouvrage  sur  l'anatomie  des  Galéodes. 

(Commissaires,  MM.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Milne  Edwards, 
Duméril  rapporteur.  ) 

«  Dans  sa  séance  du  ii  juillet  dernier,  l'Académie  a  voté  l'impression, 
parmi  les  Mémoires  des  Savants  étrangers,  des  recherches  sur  l'anatomie 
d'un  genre  d'Arachnides  nommé  Galéode,  par  M.  Léon  Dufour,  l'un  de  ses 
plus  anciens  Correspondants.  Une  Commission,  composée  de  MM.  Geoffroy- 
Saint-Hilaire,  Milne  Edwards  et  moi,  avait  indiqué  toute  l'importance  de  ce 
Mémoire,  dans  lequel  l'auteur,  par  ses  observations'anatomiques  et  physiolo- 
giques, a  démontré  la  transition  évidente  qu'offrent  ces  animaux  entre  la 
classe  des  Insectes  à  six  pattes,  munis  d'antennes  et  de  trachées,  à  celle 
des  véritables  Arachnides  qui  sont  privées  d'antennes  et  qui  ont  huit  pattes, 
avec  des  sacs  pulmonaires. 

»  M.  Dufour  ayant  adressé  dans  une  des  dernières  séances  deux  figures 
d'espèces  nouvelles  d'Algérie  non  décrite  s,  qu'il  désire  réunir  à  celles  qu'il 
avait  précédemment  envoyées,  avec  quelques  corrections  qu'il  indique,  sa 
Lettre  a  été  renvoyée  à  la  même  Commission.  C'est  en  son  nom  que  nous 
venons  appuyer  cette  demande,  en  sollicitant,  au  nom  de  l'auteur,  que  votre 
Commission  de  publication  veuille  bien  s'occuper  promptement  de  votre 
première  décision.   » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  LUS. 

GÉOLOGIE.  —  Réponse  à  une  Note  de  M.  Charles  d'Orbigny,  intitulée  :  Sur 
l'âge  véritable  des  poudingues  de  Nemours  et  des  sables  coquilliers 
d'Ormoy;  par  M.  E».  Hébekt.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  d'Archiac,  de  Verneuil.) 

«  M.  Ch.  d'Orbigny  a  soumis  au  jugement  de  l'Académie,  dans  la  séance 
du  7  de  ce  mois,  un  travail  dans  lequel  je  suis  accusé  d'erreurs  graves.  Ce 
travail  est  relatif,  d'une  part  aux  poudingues  de  Nemours,  de  l'autre  aux 
sables  fossilifères  d'Ormoy,  près  Étampes. 

»  J'aurai  peu  de  chose  à  dire  sur  la  première  partie. 


(  849  ) 

»  Sur  la  seconde  partie,  le  désaccord  entre  nous  porte  sur  des  points  tel- 
lement circonscrits,  qu'il  sera  très-facile  de  rétablir  la  vérité. 

»  M.  d'Orbigny  a  formulé  d'une  manière  très-nette  les  erreurs  qu'il 
m'attribue.  11  y  en  a  trois,  que  je  vais  examiner  et  réfuter  successivement. 

»  Premier  point.  —  M.  d'Orbigny  dit  que  j'ai  annoncé,  en  1 85 1,  avoir 
observé  à  la  côte  Saint-Martin,  près  d'Étampes,  un  banc  de  sable  rempli  de 
coquilles  marines  recouvert  par  le  calcaire  lacustre  de  la  Beauce,  banc  qui 
n'existe  pas.  M.  d'Orbigny  a  mal  lu  la  Noie  d'une  page  et  demie  que  j'ai 
publiée  sur  ce  sujet  (^Bulletin  de  ta  Société  Géologique  de  France,  2*  série 
t.  VIII,  p.  342).  Je  n'ai  point  dit  avoir  observé  cette  couche  à  la  côte  Saint- 
Martin,  mais  aux  environs  d'Étampes,  et  je  l'ai  signalée  particulièrement  à 
Ormoy,  à  une  lieue  au  sud  de  cette  ville. 

»  Deuxième  point.  —  M.  d'Orbigny  dit  qu'il  résulte  de  l'étude  appro- 
fondie qu'il  a  faite  de  cette  prétendue  nouvelle  assise,  que  le  gîte  fossilifère 
d'Ormoy  ne  peut  être  placé  à  la  partie  supérieure  des  sables  dits  de  Fontai- 
nebleau; qu'il  est,  au  contraire,  à  la  partie  inférieure  ;  et,  dans  les  coupes  à 
l'appui  de  son  Mémoire,  il  place,  entre  cette  couche  en  discussion  et  le  cal- 
caire de  Beauce,  trente  à  cinquante  mètres  de  sable. 

»  Je  viens  de  visiter  de  nouveau  cette  localité  en  compagnie  de  plusieurs 
Membres  de  la  Société  Géologique.  Jeudi  dernier  24  novembre,  je  les  ai 
conduits  à  Ormoy,  dans  la  propriété  de  M.  de  Neufforge,  et  là,  comme  je 
l'avais  dit  en  i85i  dans  la  Note  attaquée,  nous  avons  vu,  dans  une  coupe 
fraîche  et  delà  plus  grande  netteté,  la  succession  suivante  de  haut  en  bas  : 

Calcaire  de  Beauce. 

m 
i".  Calcaire  lacustre  avec  lits  siliceux  intercalés,  environ 25,00 

2°.  Marne  d'eau  douce o  ,60 

3°.  Lit  de  grès  calcaire  rempli  de  Potamidcs  Lamarkii,  Brong.,  et  de  Pa- 

ludina  Dubuiisoni  {?),  Bouillet o,o3 

Formation  marine  des  sables  de  Fontainebleau, 

4°.  Sable  rempli  de  coquilles  marines,  dont  les  plus  abondantes  sont  :  Car- 
dita  Basteroti,  ^eû\..;'Cythcrea  incrassata,  Desh.;  LucinaHcberti,  Desh.; 
Cerithium  plicatum,  Lamk .    Epaisseur  de  cette  couche 1 ,00 

5°.   Marne  calcaire  remplie  de  Potamides  Lamarkii  et  de  Paludina  Dubuis- 

soni o ,  3o 

6°.  Sable  blanc  sans  fossiles  avec  un  lit  de  cailloux  roulés  à  8  mètres  envi- 
ron de  la  surface  supérieure i  o .  00 

Un  puits  creusé  dans  la  propriété  a  pénétré  i5  mètres  plus  bas  dans  les 
sables  sans  les  traverser. 


I 


(  85o  ) 

»  Le  banc  n°  4  que  j'avais  signalé  en  i85i  n'est  donc  pas  une  fiction,  et 
la  deuxième  conclusion  de  M.  d'Orbigny  paraît  bien  extraordinaire  quand 
on  est  sur  les  lieux. 

a  Le  lit  marin  supérieur  aux  sables  se  retrouve  dans  deux  autres  points. 
D'abord  un  peu  plus  au  sud,  près  de  l'église  d'Ormoy.  Là  encore  la  su- 
perposition immédiate  de  la  marne  d'eau  douce,  partie  inférieure  du  cal- 
caire de  Beauce,  sur  le  sable  coquillier  est  très-facile  à  constater;  mais  le 
petit  lit  d'ean  douce  n°  5  manque,  et  les  fossiles  qu'il  renferme  dans  la  coupe 
précédente  [Polamides  Lamarkii,  Paludina  Dubuissoni),  sont  disséminés  en 
grande  abondance  dans  la  couche  coquillière  marine  n"  4»  tandis  qu'ils 
manquent  à  peu  près  complètement  dans  la  propriété  de  M.  de  Neufforge. 
On  remarque  encore  que,  dans  le  gisement  de  l'église  d'Ormoy,  les  fossiles 
sont  d'une  conservation  admirable,  les  bivalves  ayant  presque  toutes  en- 
core leur  ligament  intact,  tandis  que  dans  l'autre  gisement,  qui  n'est  cepen- 
dant qu'à  3oo  ou  4oo  mètres  plus  au  nord,  elles  ont  les  valves  séparées  et 
les  coquilles  sont  entassées  péle-méle. 

»  En  second  lieu,  ce  même  banc  marin  se  retrouve  à  mi-côte  de  l'autre 
côté  de  la  vallée,  entre  le  hameau  du  Mesnil  et  le  château  de  Vauvert,  tou- 
jours immédiatement  au-dessous  du  calcaire  de  Beauce. 

»  La  deuxième  conclusion  de  M.  d'Orbigny  est  donc  le  résultat  d'une 
erreur  d'observation,  comme  la  première  avait  pour  principe  une  lecture 
trop  peu  attentive  du  travail  attaqué. 

»  Troisième  point.  —  i\L  d'Orbigny  dit  que  par  l'ensemble  de  ses  carac- 
tères paléontologiques  et  stratigraphiques,  le  gîte  fossilifère  d'Ormoy  corres- 
pond, sans  le  moindre  doute,  aux  couches  coquillières  de  Jeurre,  d'Étréchy  et 
de  Morigny  (environs  d'Étampes).  Je  viens  de  montrer  qu'il  en  est  autrement 
au  point  de  vue  stratigraphique,  puisque  l'assise  fossilifère  d'Ormoy  est  entre 
le  travertin  supérieur  (calcaire  de  Beauce)  et  la  masse  des  sables  de  Fon- 
tainebleau, tandis  que  les  couches  de  Jeurre,  etc.,  cela  n'est  pas  constaté, 
reposent  sur  le  calcaire  de  Brie  (travertin  moyen)  et  sont  recouvertes  par 
les  sables.  Cette  raison  pourrait  me  dispenser  d'en  dire  davantage,  mais  je 
dois  ajouter  qu'au  point  de  vue  paléontologique  les  deux  horizons  ne  sont 
pas  moins  distincts 

»  Ainsi  les  trois  conclusions  de  M.  Ch.  d'Orbigny,  relatives  à  l'âge  des 
sables  coquilliers  d'Ormoy,  sont  complètement  erronées. 

»  Une  quatrième  erreur  de  M.  d'Orbigny  se  trouve  dans  cette  phrase  : 
«  Le  nouveau  gisement  fossilifère  d'Ormoy  pouvait  être  assimilé,  jusqu'à  un 
»  certain  point,  à  l'étage  des  faluns  qui  n'est  pas  représenté  aux  environs 


(  85.  ) 
»  de  Paris,  o  Pour  tous  les  géologues,  Vêlage  desfaluns  ce  sont  les  faluus  de 
Touraine. 

»  J'ignore  si,  dans  la  pensée  de  M.  d'Orbigny,  cette  assimilation  est  de 
moi,  ou  bien  s'il  la  donne  comme  sienne.  Quant  à  moi,  je  n'en  suis  nulle- 
ment coupable;  je  n'ai  jamais  oublié  qu'entre  la  zone  d'Ormoy  et  les  f'aluns 
de  Touraine  il  y  a  tout  le  calcaire  de  Beauce,  toute  l'époque  des  Anlluaco- 
therium:  » 

M.  Jacobi  faif,  au  nom  de  M.  Kupjfer,  la  communication  suivante  : 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  au  nom  de  mon  collègue 
M.  Kupffer,  deux  exemplaires,  l'un  en  métal,  l'autre  en  verre,  d'un  spirito- 
mètre  de  nouvelle  construction,  consistant  en  trois  aréomètres  séparés.  En 
plongeant  ce  spiritomètre  à  la  température  normale  de  i5°,5  centigrades 
dans  une  espèce  d'eau-de-vie  quelconque,  il  indique  directement  le  nombre 
de  litres  d'eau-de-vie  ordinaire,  c'est-à-dire  d'une  eau-de-vie  dont  le  litre 
pèse  à  la  température  normale  o'', 954876,  contenus  en  100  litres  de  cette 
«au-de-vie.  En  multipliant  ce  nombre  par  le  prix  courant  d'un  litre  d'eau- 
de-vie  ordinaire,  on  a  immédiatement  le  prix  de  100  litres  d'une  eau-de-vie 
quelconque.  Les  corrections  de  température  se  font,  on  ne  peut  plus  sim- 
plement, à  l'aide  d'un  thermomètre  portant  deux  divisions  différentes,  l'une 
pour  l'aréomètre  n°'  i  et  2,  l'autre  pour  l'aréomètre  n"  3  et  dont  le  zéro 
indique  la  température  normale.  I^a  théorie  de  ce  spiritomètre  et  ses  divi- 
sions étant  fondées  sur  les  tables  de  Gilpin  et  de  Gay-Lussac,  dont  M.  Pouil- 
let,  dans  son  remarquable  travail  sur  la  densité  de  l'alcool,  etc.,  vient  de 
constater  l'exactitude  et  l'accord  parfait,  M.  Kupffer  désirerait  que  l'Acadé- 
mie voulût  bien  se  prononcer  sur  l'utilité  pratique  de  son  spiritomètre,  qu'il 
croit  propre  à  pouvoir  remplacer  avantageusement  les  alcoomètres  jus- 
que-là en  usage.  L'instruction  pour  l'usage  de  cet  instrument,  instruction 
que  j'ai  l'honneur  de  joindre  ci-près,  n'étant  imprimée  qu'en  très-[)eu 
d'exemplaires,  pourra  être  considérée  comme  manuscrite.  » 

La  Notice  imprimée  et  les  instruments  auxquels  elle  se  rapporte  sont  ren- 
voyés à  l'examen  de  la  Commission  nommée  précédemment  pour  exami- 
ner plusieurs  Mémoires  sur  les  {lèse-liqueurs. 


^**  . 


(  «5a  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  [éclipse  de  soleil  du  i8  juillet  1860; 
par  M.  H.  DE  Kériccff. 

(Commissaire,   M.  Faye.) 

«  L'importance  de  l'éclipsé  de  soleil  du  18  juillet  prochain  a  été  signalée 
par  d'autres  voix  que  la  mienne,  tant  par  rapport  aux  phénomènes  qu'il 
s'agit  d'observer,  que  relativement  à  la  situation  favorable  de  cette  éclipse, 
circonstance  qui  ne  se  reproduira  de  longtemps.  Aussi  l'on  a  jugé  que  l'as- 
tronomie devait  faire  un  appel  à  d'autres  branches  de  la  physique,  l'élec- 
tricité, la  photographie,  en  un  mot  employer  tontes  les  ressources  de  la 
science.  J'ai  l'honneur  de  proposer  et  de  soumettre  au  jugement  de  l'Aca- 
démie une  association  d'instruments  qui  donnera,  ce  me  semble,  avec  la 
dernière  précision,  les  instants  des  phénomènes,  et  les  mesures  que  l'on  dé- 
sisera,  sans  que  l'attention  de  l'observateur  soit  détournée  au  profit  des 
uns  et  au  détriment  des  autres. 

»  1°.  Soit  une  lunette  parallaclique,  munie  d'un  micromètre  portant  un 
fil  fixe  qui  restera  dans  le  plan  du  parallèle  de  l'astre,  et  un  fil  mobile  angu- 
lairement  et  parallèlement,  à  volonté,  par  rapport  au  fil  fixe. 

«  Ce  double  mouvement  peut  s'obtenir  très-facilement  au  moyen  d'un 
châssis  pouvant  hausser  et  baisser,  par  une  vis  micrométrique,  dans  deux 
coulisses  sondées  à  une  circonférence  à  dents,  dépassant  un  peu  le  corpsde 
l'instrument,  et  engrenant  en  dessus,  à  gauche,  et  en  dessous  avec  des 
pignons  portés  par  des  branches  qui  relient  la  partie  antérieure  du  micro- 
mètre à  la  partie  postérieure,  et  aussi  engrenant  à  droite  avec  une  deuxième 
vis  micrométrique  (i).  Chacune  de  ces  deux  vis  sera  munie  d'un  frotteur  for- 
mant un  circuit  électro-chimique,  pour  enregistrer  les  mesures,  ainsi  que  je 
l'expliquerai  plus  rapidement  sur  un  exemple. 

»  L'appareil  électro-chimique  sera  une  bande  de  papier  au  ferrocyanure 
de  potassium  elà  l'azotate  d'ammoniaque,  se  déroulant  au  moyen  d'un  mou- 
vement d'horlogerie. 

»  Voilà  pour  les  mesures. 

»  Quant  à  la  partie  purement  astronomique,  un  chronomètre  régulateur 
fera  fonctionner  électro-magnétiqueraent  l'échappement  de  deux  petits 
chronomètres-compteurs,  ayant  un  mouvement  d'horlogerie  propre,  mais 

h)  Cette  deuxième  vis  étaot  une  vis  sans  un. 


(  853  ) 

sans  balancier.  De  cette  manière,  ils  marcheront  synchroniquement  avec  le 
régulateur.  Voilà  tout  l'appareil.  J'ai  supprimé,  pour  abréger,  les  détails  de 
construction  et  d'adaptation  ;  mais  les  astronomes  et  les  habiles  artistes  qui 
les  secondent  imagineront  facilement  mes  dispositions,  ou  d'autres  analo- 
gues. Je  dirai  seulement  que  le  mouvement  parallactique  de  la  limette  pour- 
rait, si  l'on  veut,  élre  obtenu  très-simplement  à  la  main  par  le  système  de 
montage. 

»  J'explique  maintenant  le  fonctionnement  démon  appareil. 

»  Je  suppose- qu'on  observe  l'éclipsé  du  1 8  juillet  prochain.  A  l'instant 
du  premier  contact  extérieur,  une  touche,  que  la  main  droite  pressera, 
rompra  le  circuit  du  régulateur  avec  le  premier  compteur  qui  s'arrêtera, 
et,  comme  on  a  le  temps,  on  lira  et  enregistrera  l'heure.  Cela  fait,  on 
refermera  le  circuit,  et  on  notera  le  retard  du  compteur  sur  le  chronomètre 
régulateur. 

»  A  l'instant  du  premier  contact  intérieur,  le  même  mouvement  de  la 
main  arrêtera  encore  le  compteur;  on  ne  s'en  occupera  pas,  afin  de  conti- 
nuer les  observations. 

»  Si  l'on  aperçoit  une  protubérance,  la  micrométrique  de  droite,  que 
l'on  tournera,  fera  mouvoir  angulairement  le  fil  mobile;  le  frotteur,  isolé 
de  la  vis,  et  en  rotation  avec  le  pôle  négatif  d'un  élément  Bunsen,  en  frot- 
tant sur  un  cercle  divisé  en  bandes  conductrices  et  isolantes  (les  conduc- 
trices étant  en  relation  avec  le  cylindre,  isolé,  de  gauche  du  système  en- 
traînant la  bande  électro-chimique,  et  le  style  traçant  en  relation  avec  le 
pôle  positif  de  la  pile),  le  frotteur,  dis-je,  eu  passant  sur  les  bandes  con- 
ductrices, fermera  le  circuit,  et  si  chaque  bande  représente  un  degré, 
chaque  trait  tracé  et  chaque  intervalle  représenteront  chacun  un  degré;  de 
plus,  le  rapport  de  la  roue  à  dents,  qui  entraîne  le  fil  mobile,  avec  la  vis 
pourra  être  tel,  que  chaque  trait,  ainsi  que  chaque  intervalle,  ne  représen- 
tent qu'un  déplacement  angulaire  moindre  du  fil,  5  minutes  par  exemple, 
ce  qui  serait  suffisant. 

»  Pour  mesurer  la  hauteur  de  la  protubérance,  le  fil  étant  ramené  à  la 
position  initiale,  parallèlement  au  fil  fixe,  lavis  supérieure  fera  mouvoir  le 
châssis,  et  son  frotteur,  par  un  système  analogue  en  partie  au  précédent, 
pourra  indiquer  le  déplacement  parallèle  du  fil  mobile.  On  aura  donc  ainsi 
un  triangle  rectangle  dont  on  connaîtra,  outre  l'angle  droit,  un  angle  (l'an- 
gle précédent  ou  son  supplément),  et  un  côté;  en  le  résolvant  plus  tard,  on 
en  déduira  la  hauteur  de  la  protubérance. 

C.  R.,  18:9,  2«  Semesi;e.  (T.  XLIX,  N»  22.)  III 


(  854  ) 

D  A  l'instant  du  deuxième  contact  intérieur,  une  deuxième  touche,  ma- 
nœuvrant comme  la  première,  arrêtera  le  deuxième  chronomètre-compteur. 
Les  observations  terminées  quelques  moments  avant  le  dernier  contactexté- 
rieur,  on  lira  et  notera  les  indications  des  compteurs.  Ce  sera  l'affaire  d'un 
moment  :  il  est  clair  que  l'instant  du  premier  contact  intérieur  est  l'heure 
que  marque  le  premier  compteur,  plus  son  retard,  puisqu'il  marche  syn- 
chroniquement avec  le  chronomètre  régulateur. 

»  On  le  remettra  en  marche,  notant  encore  son  retard,  et  à  l'instant  du 
dernier  contact  extérieur,  on  l'arrêtera  comme  précédemment. 

»   Enfin  on  lira  la  bande  électro-chimique. 

»  1°.  On  pourrait  peut-être,  si  l'on  veut,  remplacer  les  compteurs  par  la 
bande  électro-chimique.  En  effet ,  qu'on  suppose  cette  dernière,  divisée 
très-exactement  en  minutes  et  secondes,  entraînée  par  un  mouvement 
d'horlogerie  dont  l'échappement  soit  gouverné électro-magnétiquement  par 
le  chronomètre-régulateur,  de  manière  qu'une  division  passe  sous  la  pointe 
du  style  à  chaque  seconde,  on  n'aura  plus  qu'à  presser  luie  touche,  à  l'ins- 
tant des  contacts  qui  s'inscrivent  ainsi  par  un  point  dont  la  situation 
donnera  l'heure,  puisque  la  bande  marche  synchroniquement  avec  le  ré- 
gulateur.   , 

»  On  voit  qu'au  moyen  de  ces  dispositions,  en  supposant  trois  stations 
dont  les  appareils  seraient  gouvernés  par  le  même  régulateur,  ce  qui  serait 
possible,  à  cause  du  parcours  limité  des  fils  qui  les  relieraient,  on  pourrait 
avoir  à  la  fois  les  temps  des  phénomènes,  et  les  différences  des  temps  avec 
une  précision  absolue,  d'où  l'on  tirerait  avec  certitude  les  corrections  habi- 
tuelles. » 

PHYSIQUE.  —  Sur  ta  fixation  des  fantômes  magiïéttquesj  par  M.  J.  Nicklès. 

(Commissaire,  M.  Pouillet.) 

«  Le  nom  de  fantôme  a  été,  comme  ou  sait,  appliqué  par  M.  de  Haldat 
aux  figures  qu'on  obtient  lorsqu'on  laisse  tomber  de  la  limaille  de  fer  sur 
une  feuille  de  papier  tendu,  imprégnée  d'empois  d'amidon  préparé  à  la  géla- 
tine. Ce  procédé  permet,  sans  doute,  d'obtenir  la  configuration  des  fan- 
tômes, mais  il  en  compromet  les  détails,  et  cela  se  comprend  aisément,  tous 
les  physiciens  ont  dû  s'en  apercevoir-  J'en  ai  été  plus  particulièrement 
frappé  à  une  occasion  récente  où  je  cherchais  à  fixer  les  fantômes  de  quel- 
ques combinaisons  électro-magnétiques  nouvelles.   J'ai  donc  dû  aviser  à 


(  855  ) 
un  autre  moyen  ;  le  voici  en  peu  de  mots,  il  est  très-simple  et  réussit  plei- 
nement. 

)•  Le  papier  sur  lequel  le  fantôme  doit  être  fixé  est  du  papier  ciré.  Une 
feuille  de  ce'papier  est  placée  sur  les  pôles  que  l'on  considère  et  maintenue 
dans  une  position  horizontale  au  moyen  d'un  écran  placé  entre  le  papier 
et  l'aimant.  On  procède  ensuite  comme  à  l'ordinaire,  et  quand  l'image  est 
bien  développée,  on  tient  au-dessus  d'elle  une  brique  chaude  ou  mieux 
encore  un  couvercle  de  creuset,  parce  qu'il  est  plus  léger  et  qu'on  peut 
facilement  le  manier  au  moyen  d'une  pince.  On  a  bien  soin  de  ne  pas  tou- 
cher à  l'image  et  de  n'approcher  le  corps  chaud  qu'à  la  distance  nécessaire 
pour  faire  fondre  la  cire.  Dès  que  la  fusion  a  lieu,  on  retire  la  brique.  Pen- 
dant ce  temps,  le  courant  n'a  pas  cessé  d'être  en  activité,  la  limaille  n'a  pas 
cessé  d'être  dressée  et  c'est  dans  cette  position  qu'elle  se  solidifie,  si  bien 
qu'une  image  fixée  ne  diffère  en  rien  du  fantôme  de  l'aimant  en  acti- 
vité. 

»  Ce  résultat  se  comprend  :  en  vertu  de  la  capillarité,  la  cire  fondue 
pénètre  les  agglomérations  de  limaille  à  peu  près  comme  l'eau  pénètre  dans 
un  monceau  de  sable  ;  la  chaleur  qui  émane  de  la  brique  facilite  cette  im- 
bibition  en  empêchant  la  cire  de  se  figer,  et  comme  elle  n'est  pas  assez  forte 
pour  affaiblir  d'une  manière  sensible  le  magnétisme  développé,  le  fantôme 
conserve  après  la  solidification  et  dans  ses  moindres  détails  l'arrangement 
que  la  limaille  de  fer  a  pris  lorsqu'elle  a  pu  librement  obéir  à  l'action  de 
l'aimant. 

»  Une  condition  indispensable  de  succès,  c'est  que  la  couche  de  cire  soit 
d'une  épaisseur  sensible,  afin  de  suffire  aux  besoins  des  agglomérations,  car 
celles-ci  absorbent  du  corps  gras  fondu  jusqu'à  ce  qu'elles  en  soient  saturées. 
Cette  force  d'aspiration  s'exerce  assez  énergiquement,  on  peut  s'en  aperce- 
voir après  le  refroidissement,  car  le  papier  est  dégarni  de  cire  tout  autour 
des  agglomérations  et  diffère  ainsi,  par  l'aspect,  des  parties  où  la  capillarité 
n'a  pu  s'exercer.  On  pourra  donc  désormais  conserver  aux  fantômes  les 
reliefs  que  l'on  a  vainement  cherché  à  maintenir  jusqu'à  ce  jour  et,  ce  qui 
sera  plus  utile  encore,  on  pourra  donner  de  la  durée  à  l'espèce  de  groupe- 
ment moléculaire  que  le  fer  en  poudre  affecte  lorsqu'il  se  trouve  sous  ime 
influence  magnétique.  L'enseignement  ne  manquera  probablement  pas  de 
tirer  parti  de  ce  moyen,  à  l'aide  duquel  il  sera  possible  de  mieux  étudier 
des  figures  qui  sont,  en  quelque  sorte,  l'expression  visible  de  la  force 
qui  anime  les  corps  doués  d'une  polarité  développée  par  le  magnétisme.    » 

IM.. 


(  856  ) 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Mémoire  pour  servir  à  ihistoire  de  In  mnlndie 
des  vers  à  soie;  par  M.  Vict.  Pages. 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  le  résume  dans  les  propositions 
suivantes  : 

«  J .  Ce  que  l'on  a  appelé  la  maladie  des  vers  à  soie  est  une  véritable  dé- 
générescence qui,  en  amenant  progressivement  l'affaiblissement  de  l'ani- 
mal, a  eu  pour  dernier  résultat  l'extinction  de  la  race  en  France,  en  Espagne 
et  dans  une  grande  partie  de  l'Italie. 

»  2.  Cette  dégénérescence  reconnaît  pour  cause  les  procédés  défectueux 
de  grainage,  qui  se  sont  produits  particulièrement  dans  les  grands  ateliers. 

»  3.  La  pébrine  n'a  eu  qu'une  influence  très-secondaire  sur  les  désastres 
des  chambrées.  Elle  est  l'effet  plutôt  que  la  cause  de  l'affaiblissement  des 
vers. 

»  4-  L'introduction  d'une  nouvelle  race  exempte  de  tout  principe  de 
dégénérescence,  opérée  par  les  soins  de  l'Administration,  et  dont  les  pro- 
duits seraient  pendant  quelques  années  soumis  à  sa  surveillance,  est  le  seul 
moyen  de  relever  dans  notre  pays  l'industrie  séricicole. 

»  5.  Les  éducations  spéciales  pour  graines  et  leur  confection  par  les 
éducateurs,  avec  tous  les  soins  convenables,  sont  les  moyens  les  plus  effi- 
caces pour  la  maintenir  prospère  et  la  perpétuer.  » 

(Renvoi  à  la  Commission  des  vers  à  soie.) 

M.  SiRET,  dont  les  travaux  sur  la  préparation  et  l'emploi  des  mélanges 
désinfectants  ont  été,  il  y  a  plusieurs  années,  l'objet  d'un  des  prix  décernés 
par  l'Académie,  l'entretient  aujourd'hui  des  résultats  qu'il  a  obtenus  depuis 
dix  années  consécutives  dans  les  prisons  de  la  Seine  : 

«  J'ai  calculé,  dit-il,  l'emploi  de  mes  substances  désinfectantes  pour 
l'hiver,  l'été  et  l'automne,  et  mes  résultats  ont  été  satisfaisants  pour  luie 
fosse  d'aisances  servant  à  quatre  cents  détenus.  Avant  l'heure  du  lever  je  fais 
nettoyer  à  grande  eau,  et  sur  les  lo  heures  du  matin  je  verse  36  litres  de  la 
solution  ci-après  composée  : 

»  loo  kilogrammes  de  sulfate  de  fer,  4  kilogrammes  d'acide  hydrochlo- 
rique,  looo  litres  d'eau,  et  quelquefois,  selon  la  localité,  l'emploi  du  gou- 
dron, mais  très-rarement.    » 

Dans  une  autre  partie  de  sa  Note,  l'auteur  fait  connaître  le  mode  de 


(  857  ) 
préparation  d'un  médicament  topique  qu'il  a  employé  avec  grand  suc* 
ces  pour  le  piétin  des  moutons,  et  qui  se  compose  de  sulfate  de  fer  et  de 
goudron. 

(  Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.  ) 

M.  Bouquet  adresse  de  Poix  (Marne)  une  Note  ayant  pour  objet  de 
confirmer  par  les  résultats  de  ses  propres  observations  les  idées  émises  par 
M.  Giieymard  dans  ses  recherches  sur  la  verse  des  blés.  (Voir  le  Compte 
rendu  de  la  séance  du  1 7  octobre  dernier,  p.  5/|6.  ) 

«  Comme  depuis  longtemps,  dit  M.  Bouquet,  je  m'occupe  d'agriculture 
et  que  j'ai  visité  le  plus  grand  nombre  des  localités  de  mon  département, 
j'ai  eu  occasion  de  remarquer  le  grand  rôle  que  joue  la  silice  dans  le  phéno- 
mène de  la  végétation.  La  plus  grande  partie  du  département  de  la  Marne 
repose  sur  une  immense  couche  de  craie,  et  la  surface  arable  de  la  presque 
totalitédel'arrondissementdeChàlons,  et  mêmeune  partie  assez  considérable 
de  chacun  des  autres  arrondissements,  sont  presque  exclusivement  compo- 
sées dans  leur  partie  minérale  de  carbonate  de  chaux;  or  dans  ces  sols,  si 
riches  qu'ils  soient  en  humus,  les  froments  sont  toujours  très-sujets  à  verser, 
ce  que  j'attribue  à  l'absence  de  la  silice.  Toutes  les  espèces  de  froment  s'ac- 
commodent mieux  d'un  terrain  où  la  silice  se  rencontre,  mais  celles  qui  en 
paraissent  le  plus  exigeantes  seraient  surtout  les  espèces  à  barbes  courtes  ; 
c'est  du  moins  ce  qui  résulte  de  mes  propres  observations.  » 

L'épuisement  du  sol  en  silice  donnerait  lieu,  d'après  ce  que  rapporte 
l'auteur,  à  des  habitudes  qui  semblent  au  premier  abord  inexplicables. 
Ainsi,  dans  certaines  localités  où  cet  élément  est  en  défaut  dans  le  sol 
arable,  un  va  chercher  assez  loin  des  fumiers  moins  riches  en  substances 
azotées  que  ceux  qu'on  pourrait  se  procurer  plus  près,  mais  que  l'expé- 
rience a  montré  ne  pas  réussir  aussi  bien.  Ce  qui  donne  aux  premiers  leur 
supériorité,  c'est  l'élément  minéral  qui  s'y  trouve  mêlé  sans  qu'on  l'ait 
cherché,  c'est  la  silice  qu'ils  viennent  apporter  au  sol  calcaire  qui  en 
manque. 

La  Note  de  M.  Bouquet  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  nom*- 
mée  pour  divers  Mémoires  relatifs  à  l'emploi  en  agriculture  des  phosphates 
calcaires  fossiles,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Élie  de  Beaumont, 
Payen  et  Passy. 

Dans  la  Lettre  jointe  à  sa  Note,  l'auteur  rappelle  de  précédentes  commu- 


(  858  ) 

iiications  qu'il  avait  faites  relativement  à  la  théorie  des  équations,  et  sui* 
lesquelles  il  n'a  pas  encore  été  fait  de  Rapport. 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  :  MM.  Liouville,  Bertrand.) 

M.  Léox  Gigot,  qui  avait  précédemment  présenté  au  concours  pour  le 
prix  du  legs  Bréant  un  opuscule  ayant  pour  titre  :  «  Recherches  expérimen- 
tales sur  la  nature  des  émanations  marécageuses  »,  envoie  aujourd'hui  pour 
le  même  concours,  et  comme  faisant  suite  à  la  première  communication,  ini 
Mémoire  intitulé  :  «  Nouvelle  méthode  pour  recueillir  les  miasmes  et 
déterminer  leur  nature.  Application  de  cette  méthode  :  i°  à  des  recher- 
ches sur  la  nature  des  miasmes  provenant  des  matières  animales  et  végétales 
en  décomposition;  a°  à  l'étude  micrographique  de  l'atmosphère  des  marais 
salants  de  la  Charente-Inférieure,  etc.  » 

Cette  pièce  est  renvoyée,  comme  l'avait  été  la  première,  à  l'examen  de  la 
Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  constituée  en  Commission  spéciale  pour 
le  prix  du  legs  Bréant. 

M.  Mène  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  intitulé  :  «  Re- 
cherches sur  une  nouvelle  espèce  de  migraine  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Andral,  Rayer.) 

M,  Déveille  adresse  de  Besançon  une  Note  «  sur  un  nouveau  système  de 
freins  pour  les  chemins  de  fer,  dans  lequel  on  utilise  la  résistance  de  l'air 
que  comprime  et  doit  déplacer  le  train  en  mouvement  ». 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Morin,  Combes.) 

CORRESPOIVDAIXCE. 

M.  LE  Ministre  DE  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Tr.%vaux  publics 
adresse  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  un  exemplaire  du  XC*  volume  des 
Brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1791. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Copenhague  envoie  de  nouveaux 
volumes  de  ses  publications  (woir  au  Bulletin  bibliographique). 

■  M.  LE  Directeur  de  l'Observatoire  physique  central  de  Russie  adresse, 


(  859  ) 
d'après   les  ordres  de  M.  le  Ministre  des   Finances,  un  exemplaire  des 
«  Annales  de  cet  Observatoire  publiées  par  l'Administration  impériale  des 
Mines  pour  l'année  i856.  » 

M.  le  Directeur  adresse,  de  plus,  un  exemplaire  de  son  «  Compte  rendu 
pour  l'année  1857  »,  et  remercie  l'Académie  pour  l'envoi,  fait  à  l'établisse- 
ment placé  sous  sa  direction,  de  plusieurs  séries  des  Comptes  rendus  hebdo- 
madaires. 

M.  Elie  DE  Beaumont  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  F.  Rautin,  profes- 
seur à  la  Facidté  des  Sciences  de  Bordeaux,  un  exemplaire  de  la  «  Descrip- 
tion  physique  de  l'île  de  Crète  »,  ouvrage  publié  sous  les  auspices  de  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique;  un  exemplaire  de  la  «  Statistique  géo- 
logique du  département  de  l'Yonne  »,  et  enfin  un  exemplaire  du  Cata- 
logue de  roches  du  même  département  déposées  au  musée  d'Auxerre. 

M.  Eme  de  Beaumont  signale  également,  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  Correspondance,  un  Mémoire  de  M.  L.  Cangiano  «  sur  l'état  actuel  des 
eaux  potables  publiques  de  la  ville  de  Naples  et  sur  les  moyens  de  l'amé- 
liorer ». 

M.  Eue  de  Beacmont  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  dans 
laquelle  M.  Preslwich  précise  le  sens  d'une  expression  employée  dans  sa 
communication  du  3i  octobre  dernier  : 

«  Dans  la  Lettre  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  adresser  récemment,  il 
paraît  que  je  me  suis  servi  d'un  mot  qui  peut  être  mal  compris.  Je  parle 
d'une  formation  géologique  récente;  c'est  peut-être  un  idiotisme  anglais. 
Comme  je  n'avais  pas  en  vue  les  dépôts  d'alluvions  des  vallées,  mais  les 
dépôts  diluvials  ou  quaternaires,  j'aurais  dià,  à  ce  qu'il  paraît,  dire  une  for- 
mation géologique  d'une  des  dernières  périodes  quaternaires.  Il  me  semble 
cependant  que  le  texte  expliquera  bien  au  géologue  ce  que  je  voulais  dire. 
Si  néanmoins  cela  peut  amener  un  malentendu,  je  vous  serai  obligé  de  faire 
changer  le  mot  dans  le  sens  que  j'ai  entendu  lui  donner,  car  ce  n'était  pas 
des  temps  modernes  que  je  voulais  parler,  mais  d'un  temps  antérieur  à 
l'état  actuel  des  choses.  » 

M.  Elie  de  Beaumont  communique  un  extrait  d'une  Lettre  que  M.  Jackson 
lui  a  adressée  de  Boston,  en  date  du  7  aoîit  dernier. 

a  Je  vous  envoie,  dit  le  savant  géologue  américain,  un  moulage  du  Tri- 


(  86o  ) 
lobite  de  Terre-Neuve,  qui,  comme  vous  le  verrez,  n'est  autre  que  le  Pam- 
doxides  Harlani,- il  a  reçu  en  Aitgleterre  le  nom  de  P.  Terrœ-Novœ,  les  natu- 
ralistes qui  l'ont  examiné  n'ayant  pas  connaissance  du  P.  Harlani.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  De  iextinctioii  de  plusieurs  espèces  animales  depuis 
l'apparition  de  l' homme;  par  M.  Marcel  de  Serres. 

«  Les  faits  prouvent  que  plusieurs  espèces  animales  se  sont  éteintes  depuis 
l'apparition  de  l'homme,  quoiqu'elles  puissent  l'avoir  précédé.  Les  causes 
les  plus  simples  peuvent  avoir  amené  cette  extinction.  En  effet,  lorsque  la 
mort  frappe  une  espèce  en  plus  grande  quantité  que  les  naissances  destinées 
à  réparer  cette  destruction,  elle  doit  nécessairement  finir  par  s'éteindre. 
Aussi  voyons-nous  les  animaux  perdus  depuis  des  temps  rapprochés  de 
nous  se  rapporter  à  des  races  qui,  par  leur  organisation  ou  leurs  dimen- 
sions, n'ont  pu  échapper  à  nos  poursuites.  Tels  paraissent  être  les  oiseaux 
gigantesques  de  la  Nouvelle-Zélande  et  de  Madagascar  nommés  Dinornis, 
Epiornis,et  surtout  le  Dronle,  qui  vivait  encore  à  l'île  de  France  en  1626. 

»  Il  en  a  été  de  même  du  cerf  à  bois  gigantesques  que  les  Romains  ont 
figuré  sur  leurs  monuments,  et  que  les  grands  de  Rome  faisaient  venir  d'An- 
gleterre à  cause  de  la  bonté  de  sa  chair.  Nous  ne  retrouvons  plus  ce  cerf 
parmi  nos  races  vivantes,  pas  plus  que  nous  n'y  voyons  le  sanglier  d'Érv- 
manthe  et  les  Crocodilus  lacunosus  et  lacinialus  trouvés  dans  les  catacombes 
de  l'ancienne  Egypte,  et  que  Geoffroy-Saint-Hilaire  a  considérés  comme  des 
espèces  perdues,  car  elles  n'ont  pas  été  trouvées  ailleurs.  Il  en  est  encore 
ainsi  de  plusieurs  animaux  figurés  sur  les  mosaïques  de  Palestrine,  que  l'on 
ne  rencontre  plus  nulle  part,  quoiqu'elles  soient  représentées  avec  des 
espèces  actuellement  vivantes.  Seulement  elles  ont  dû  périr  plus  fard  que 
les  deux  espèces  de  crocodiles  signalées  par  l'illustre  auteur  de  la  Philo- 
sophie zoologique,  et  qui  datent  de  la  construction  des  grandes  pyramides  do 
l'Egypte.  Du  reste,  on  observe  dans  plusieurs  autres  circonstances  des  races 
totalement  perdues,  comme  par  exemple  VUrsus  spelœus,  confondu  dans  le^ 
mêmes  limons  où  l'on  découvre  le  renne  et  l'élan,  quoique  ces  deux  espèces 
ne  se  trouvent  plus  dans  les  contrées  où  elles  sont  disséminées  dans  les  tour- 
bières. Ainsi,  celles  de  la  Suède  offrent  de  nombreux  débris  de  ces  Rumi- 
nants, quoiqu'on  ne  les  y  voie  plus  aujourd'hui,  étant  maintenant  relégués 
plus  au  nord. 

»   Nous  devons  à  M.  le  professeur  Steentrup,  de  Copenhague,  la  connais- 
sance d'un  fait  des  plus  curieux,  qui  prouve  également  que  plusieurs  ani- 


(  86,  ) 
maux  se  sont  éteints  depuis  des  temps  postérieurs  à  l'apparition  de  l'homme, 
et  que  d'autres  ont  disparu  des  lieux  où  ils  vivaient  primitivement  et  ont 
été  remplacés  par  d'autres  espèces. 

»  Ainsi,  VEm/x  lutaria,  varietas  borealis  (Nilson),  le  Castor  yîter  (Linné), 
le  Tetrao  urognltus  et  V^lca  impennis  (i),  qui  jadis  avaient  habile  le  Dane- 
mark, ne  s'y  trouvent  plus  aujourd'hui.  On  le  conçoit  facilement  quant  au 
coq  de  bruyère,  qui  se  nourrit  principalement  des  jeunes  pousses  des  pins, 
puisque  ces  conifères  ont  complètement  disparu  de  cette  contrée.  Ce  qui  est 
non  moins  remarquable,  ime  foule  d'arbres  dicotylédones,  tels  que  les 
hêtres,  les  bouleaux,  les  aulnes,  les  noisetiers  et  les  chênes,  leur  ont  main- 
tenant succédé. 

»  Un  pareil  changement  dans  la  végétation  n'a  pu  qu'exercer  une  grande 
influence  sur  les  animaux.  Aussi  un  certain  nombre  se  sont  éloignés  et  ont 
disparu  peut-être  pour  toujours  des  lieux  qu'ils  fréquentaient  auparavant, 
et  cela  pendant  les  temps  historiques,  qui  ne  paraissent  pas  remonter  très- 
haut. 

»  On  peut  rapporter  à  l'époque  où  ces  espèces  vivaient  en  Danemark  les 
amas  d'ossements  que  l'homme  semble  avoir  réunis  après  s'être  nourri  des 
..  chairs  qui  les  recouvraient.  Ces  amas,  où  l'on  découvre  des  espèces  perdues, 
telles  que  le  Bos  primigenius,  dont  les  dimensions  étaient  des  plus  considé- 
rables, ont  cela  de  particulier  de  ne  receler  aucune  race  domestique,  si  ce 
n'est  le  chien.  On  n'y  rencontre  pas  en  effet  la  moindre  trace  du  bœuf  ordi- 
naire, du  mouton,  de  la  chèvre,  du  cochon  et  du  cheval. 

»  On  y  observe  toutefois  le  sanglier,  et,  ce  qui  est  non  moins  particulier, 
l'huître,  la  moule  et  la  buccarde  comestibles  ;  enfin  les  quatre  espèces  de 
Vertébrés  que  nous  venons  de  signaler. 

0  Les  amas  d'ossements  du  Danemark  sont  disséminés  dans  plus  de  qua- 
rante localités  différentes,  et  cela  à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés. 
Les  plus  distants  de  Copenhague  en  sont  à  3o  ou  4o  lieues,  et  les  pins 
rapprochés  n'en  sont  qu'à  5  ou  6  lieues.  Ces  amas  forment  des  tas  si  consi- 
dérables, que  leur  hauteur  moyenne  est  de  3  à  4  pieds  (o™,  97  à  [°',3o),  et 
la  plus  grande  de  10  pieds  (3™,  24).  Leur  étendue  n'est  pas  moindre  parfois 


(i)  I,e  grand  Pingouin ,  que  l'on  trouvait  naguère  dans  l'île  nommée  Geirfugleskjer  [ce 
qui  veut  dire  île  du  Pingouin),  et  qui  est  située  en  Danemark,  près  de  l'Islande,  ne  s'y  ren- 
contre plus  aujourd'hui.  On  ne  le  voit'  pas  davantage  ailleurs,  quoique  nos  musées  en  ren- 
ferment quelques  individus  empaillés, 

C.  R.,  i85p,  2™»  Semei(re.  (T.  XLIX,  N»  22.)  112 


(  862  ) 
de  looo  pieds  (Saa"",  6).  Ces  amas  offrent  partout  les  mêmes  circonstances 
et  les  mêmes  animaux.  On  y  reconnaît,  outre  les  espèces  que  nous  avons 
déjà  signalées,  le  blaireau,  la  belette  {Mustela  vuùjnri'i),  le  chat  sauvage,  le 
lynx,  ainsi  que  plusieurs  grandes  espèces  de  cerfs.  Ces  différents  animaux 
ne  se  rencontrent  plus  cependant  en  Danemark  ni  dans  la  plus  grande 
partie  de  l'Allemagne. 

»  La  faune  de  ces  grandes  accumulations  d'ossements  est  toute  particu- 
lière. On  n'y  voit  pas  du  moins  des  Pachydermes  de  hautes  dimensions,  tels 
que  les  éléphants  et  les  rhinocéros,  pas  plus  que  les  grands  chats  ou  ours 
des  cavernes  et  les  hyènes.  Ce  qui  donne  de  l'intérêt  et  de  l'importance  a 
cette  faune,  c'est  que,  contemporaine  de  l'homme,  elle  a  été  réunie  par  lui 
après  s'être  nourri  des  chairs  qui  en  recouvraient  les  squelettes,  les  seuls 
débris  qui  se  sont  conservés  jusqu'à  nous. 

»  La  raclure  des  ossements,  constamment  accompagnés  par  les  instru- 
ments tranchants  en  diverses  variétés  de  silex,  rend  ce  point  de  fait  extrême- 
ment vraisemblable.  Il  le  devient  encore  plus  par  cette  autre  circonstance, 
que  ces  débris  osseux  ont  été  placés  à  dessein  auprès  de  petits  fourneaux 
contenant  encore  du  charbon  et  des  cendres. 

r.  Du  reste,  un  assez  grand  nombre  de  ces  débris  ont  été  convertis  en 
charbon;  mais  la  plupart  ont  été  évidemment  travaillés  par  la  main  des 
hommes,  surtout  les  bois  des  grands  cerfs.  Façonnés  à  l'aide  d'outils,  ils  ont 
été  parfois  préparés  pour  en  servir  eux-mêmes,  ainsi  que  l'indiquent  les 
formes  qu'on  leur  a  données. 

..  Les  tourbières  de  la  Suède  présentent  également  des  faits  analogues. 
Ces  tourbières  recèlent  en  effet  des  restes  de  VUrsus  spelœiis  mêlés  et  con- 
fondus à  des  ossements  de  reiuies  et  d'élans,  quoique  ces  animaux  ne  s'y 
rencontrent  plus  et  soient  maintenant  relégués  plus  au  nord. 

»  D'après  les  faits  qui  précèdent,  bien  des  espèces  animales,  et  l'on  peut 
même  ajouter  plusieurs  végétaux,  se  sont  éteints  à  des  époques  historiques 
différentes,  ou  ont  disparu  des  lieux  qu'ils  habitaient  primitivement,  et  cela 
depuis  l'apparition  de  l'homme.  Les  races  perdues,  considérées  pendant 
longtemps  comme  se  rapportant  aux  temps  géologiques,  sont  loin  d'avoir 
une  pareille  importance,  puisqu'un  certain  nombre,  loin  de  remonter  aussi 
haut,  se  rattache  au  contraire  à  des  époques  récentes. 

«  Il  n'est  donc  pas  étonnant  de  rencontrer,  avec  des  races  tout  à  fait 
éteintes,  des  débris  de  l'espèce  humaine  et  des  restes  de  son  industrie. 

»  Il  est  toutefois  une  autre  question  liée  à  ces  phénomènes,  et  qui,  malgré 
son  importance,  est  encore  à  résoudre  :  c'est  celle  de  savoir  comment  il  se 


(  863  ) 
fait  que  la  plupart  des  instruments  tranchants,  ou  les  haches  des  terrains 
d'alluvion,  appartiennent  aux  mêmes  minéraux,  quelque  grande  que  soit  la 
distance  horizontale  qui  sépare  les  Heux  où  ils  ont  été  disséminés.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sw  (a  décomposition  des  fractions  rationnelles 
et  la  théorie  des  résidus;  par  M.  E.  Rouchiê. 

I'  Qnand  j'ai  donné,  en  mars  i858,  le  moyen  de  déduire  du  développe- 
ment d'une  fraction  rationnelle,  dont  le  dénominateur  n'a  que  des  facteurs 
simples,  le  développement  d'une  fraction  dont  le  dénominateur  possède  des 
facteurs  multiples,  je  croyais  le  problème  tout  à  fait  nouveau.  L'idée  de  le 
traiter  m'avait  été  suggérée  par  la  lecture  de  V  Algèbre  supérieure  de  M.  Serret, 
où  la  question  se  trouve  en  quelque  sorte  posée.  J'ai  su  depuis  que  le  pro- 
blème était  très-ancien  ;  il  se  trouve  résolu,  un  peu  longuement  il  est  vrai, 
dans  la  thèse  de  Jacobi,  ouvrage  devenu  très-rare,  et  qui  rii'a  été  commu- 
niqué l'année  dernière  par  M.  J.  Bertrand. 

»  Quoique  ma  méthode  diffère  de  celle  de  M.  Jacobi,  je  saisis  avec  em- 
pressement l'occasion  que  m'offre  la  Note  de  M.  Vieille  pour  réparer  mon 
erreur  historique.  J'ajouterai  d'ailleurs  quelques  observations. 

»  Il  résulte  immédiatement  de  la  définition  seule  des  résidus  comparée 
aux  formiiles  connues  de  la  décomposition  d'une  fraction  rationnelle  F(j:) 
que  la  portion  du  développement  qui  provient  soit  d'une  racine  simple,  soit  d'une 
racine  multiple,  est  toujours  écjale  au  résidu  de  la  fonction 

V(z] 


pris  par  rapport  à  lu  racine  considérée.  Telle  est,  sauf  le  mot  résidu,  la  propo- 
sition empruntée  par  M.  Vieille  à  V Alcjèbre  supérieure.  Cette  proposition  est 
due  en  réalité  à  Càuchy  (tome  1*""  i\e^  Exercices  d' Analyse);  et  si  on  veut 
l'admettre,  il  suffit  de  quelques  mots  pour  achever  la  solution  du  problème 
proposé. 

«  Tout  revient  en  effet  à  démontrer  le  théorème  suivant  : 

«  Le  résidu  d'une  fonction  quelconque 


{z-ar 


pris  par  rapport  à,  la/çicine  z=:  a  de  l'équation  J  [z)  =  x> ,  est  égal  à  la  limite 

J  I  2 . . 


(  864  )     • 
vers  laquelle  tend  pour  h=:  o  la  somme  des  résidus  de  la  fonction 

(2)  iW , 

^    '  (x  —  a — p^h){x  —  a  — p2li)...[x  —  a  — p    /i)' 

pris  successivement  par  rapport  aux  racines  a  -t-  p,h,  a  +  p^h, .  . . ,  a  -+-  p^h. 
V  Or  le  résidu  de  la  fonction  (2),  relatif  à  la  racine  a  -+-  pih,  est,  par  dé- 
finition, égal  à  la  moitié  de 

y(z)  (z  —  g  —  Pif') 


(z  —  a  — pji){z  —  a  — p^h).  .  .{z  —  a  —  pjt) 

pour  z^=  a  +  pih,  c'est-à-dire  à 

^(a +pih  tf{a-^pih) 

Ip  —  Pij 

en  posant 

{p—p*){p  -P2)---{p-  p«)  =  Hp)- 

La  somme  des  résidus  de  la  fonction  (a)  est  donc 

Y    y(a+M)_  fia)  -y     p ?'(«)    -y     P .       ?"(«)      y    P'      . 

Aa«-9'(«]        h'^-'^Q'iP)        i.h--''^^'{P)        I.2.h^-^'^^'{P) 


•'ph'^-'Q'ip)        h 

,(a-,)-^e'(y,) 


a— I  /  „\         „a — I 


En  vertu  d'un  théorème  connu,  et  qui  résulte  d'ailleurs  de  la  décompo- 
sition d'une  fraction  dans  le  cas  de  facteurs  simples,  on  a 


p' 

—  o     ou      I 


ie'(;,) 


pour  k  <C     ou     =  a  —  I . 

»  Le  second  membre  se  réduit  donc  de  lui-même  à  ses  deux  derniers 
termes;  sa  limite  pour  A  =  o  est  donc  enfin 

I.2...(a  — I)' 

qui  n'est  autre  que  le  résidu  de  la  fonction  (i)  par  rapport  à  a. 

»  Tel  est,  ce  nous  semble,  le  vrai  point  de  vue  ;  la  solution  est  courte, 
facile  ;  on  n'emploie  aucun  principe  étranger  à  la  théorie  même  des  fractions 


(865  ) 

rationnelles.  D'ailleurs  le  nouveau  théorème  que  je  propose  est  important 
en  ce  qu'il  permet  de  simplifier  la  théorie  des  résidus.  On  sait,  en  effet,  que 
dans  les  démonstrations  de  cette  théorie  on  distingue  deux  cas,  suivant  que 
la  racine  considérée  est  simple  ou  multiple  :  le  premier  cas  est  presque  tou- 
jours intuitif;  le  second,  qui  en  général  exige  seul  des  développements, 
serait  supprimé  partout  si  l'on  démontrait  au  commencement  de  la  théorie 
la  proposition  qui  précède.  » 

M.  Dumas  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  casque  en  aluminium  exé- 
cuté par  les  soins  de  la  Maison  Delachaussée  avec  le  concours  de  M.  Mou- 
rey,  pour  le  service  de  S.  M.  le  Roi  de  Danemark. 

D'après  ces  habiles  artistes,  cette  pièce,  remarquable  d'ailleurs  par  sa 
richesse,  est  destinée  à  montrer  que  l'aluminium  peut  recevoir  un  bruni 
comparable  à  celui  de  l'argent;  qu'il  est  propre  à  recevoir  toutes  les  appli- 
cations de  la  dorure  galvanique;  enfin,  que  les  soudures  les  plus  difficiles 
sont  susceptibles  d'être  effectuées  solidement  sur  des  surfaces  plus  ou  moins 
étendues  de  ce  métal. 

Ce  casque  pèse  700  grammes.  En  laiton,  il  eût  pesé  1700  grammes.  Sa 
résistance,  plus  faible  que  celle  de  la  tôle  d'acier,  est  supérieure  d'ailleurs 
à  celle  du  laiton. 

M.  DcFFACDprie  l'Académie  de  lui  faire  connaître  le  jugement  qui  aura 
été  porté  sur  un  Mémoire  qu'il  lui  a  précédemment  adressé  concernant  le 
prix  des  grains  à  Poitiers  depuis  trois  siècles. 

Ce  Mémoire  a  été,  conformément  au  désir  de  l'auteur,  compris  dans  le 
nombre  des  pièces  admises  au  concours  pour  le  prix  de  Statistique  de  iSSg, 
concours  qui  n'est  pas  encore  jugé  et  dont  les  résultats  ne  seront  rendus 
publics  que  dans  la  prochaine  séance  annuelle.  On  en  informera  l'auteur. 

M.  H.  BossHARD  annonce  qu'un  appareil  dont  il  avait  fait  l'objet  d'une 
précédente  communication  est  exécuté,  et  qu'on  peut  le  voir  fonctionner 
dans  les  ateliers  de  MM.  Ridinger  et  Lambest. 

Cette  Lettre  est  renvoyée  à  M.  Morin,  Commissaire  désigné  pour  les  pré- 
cédentes communications  de  M.  Bosshard. 

M.  Bouvier  propose  une  explication  qui  lui  est  propre  du  fait  avancé  par 


(  866  ) 

M.  Babinet  sur  la  tendance  des  fleuves  de  l'hémisphère  nord  à  ronger  plus 
leur  rive  droite. 

(Renvoi  à  M.  Babinet.) 
A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBMOr.BAPIIIQUF.. 


L'Académie  ;i  reçu  dans  la  séance  du  28  novembre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Description  des  machines  et  procédés  consignés  dans  les  brevets  d'invention,  de 
perfectionnement  et  d'importation  dont  la  durée  est  expirée,  et  dans  ceux  dont 
la  déchéance  a  été  prononcée;  publiée  par  les  ordres  de  M.  le  Ministre 
(le  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics.  Tome  XC.  Paris, 
iSjg;  in-4°- 

Description  physique  de  l'île  de  Crète;  par  Y.  Raulin,  i"  partie.  Bordeaux, 

1859;  '"-^''• 

Statistique  géologique  du  département  de  l'Yonne.  Statistique  générale  par 
V.  Raulin,  d'après  ses  propres  observations  et  celles  de  M.  Lejmerie,  avec  la 
carte  géologique  du  déparlement  ;  par  A.  Leymerie  et  V.  Raulin.  Auxerre, 
1859;  I  vol.  in-8". 

Catalogue  de  la  collection  de  roches  du  département  de  l'Yonne  déposées  au 
musée  d' Auxerre;  par  V.  Raulin  ;  br.  in-8°. 

Cours  de  Minéralogie  (Histoire  naturelle);  par  A.  Leymerie.  2*^  partie. 
Paris-Toulouse,   1859;  in-S". 

Plans  des  maisons  centrales  de  force  et  de  correction  de  l' Empire  français, 
réunis  etréduits  à  l'échelle  d'un  millimètre,  avec  légendes  et  tableaux  du  cubage 
des  habitations;  par  M.  Parchappe,  inspecteur  général  du  service  sanitaire 
des  prisons;  in-8°. 

Statistique  médicale  des  établissements  pénitentiaires  de  i85o  à  i855.  Maisons 
centrales  de  force  et  de  correction.  Rapport  à  S.  E.  le  Ministre  de  l'Intérieur; 
uar  le  même,  Pnris,  1859;  br.  in-4°. 


(  867  ) 

Du  siège  commun  de  l'intelligence,  de  In  volonté  et  de  la  sensibilité  chez  l'homme, 
pat  \e  même,  i"^*  partie.  Preuve  pathologique   Paris,   i856;  111-8". 

Études  sur  le  sang  dans  l'état  ph/siologique  et  l'état  pathologique  ;  par  le  même; 
i",  2*  et  3"  Mémoires;  a  br.  in-8°. 

De  la  folie  paralytique  et  du  rapport  de  l'atrophie  du  cerveau  à  la  dégradation 
de  l'intelligence  dans  In  folie;  par  le  même.  Paris,  1869;  br.  in-S". 

Guide  pro  tique  de  l'âge  critique  ou  Conseils  aux  femmes  sur  les  maladies  qui 
peuvent  les  attaquera  cette  époque  de  leur  vie,  etc.  ;  par  M"*  V.  Messager.  Paris, 
1859;  I  vol.  in-i8. 

L' Ayldntus  glandulosa  ou  le  Vernis  du  .Tapon  et  le  Bombyx  cinthia  (  i'®  édu- 
cation), compte  rendu;  par  M.  RouiLLÉ-CouRBE.  Tours,  1859;  br.  in-8". 

Sur  l'industrie  de  la  soie  en  Algérie  et  sur  le  ver  à  soie  du  Vernis  du  Japon 
introduit  en  Ftance  et  en  Algérie  par  M.  Guérin-Méneville .  Communication 
faite  à  la  Société  impériale  Zoologique  d'acclimatation  [comité  de  l'Algérie); 
par  M.  Roucher;  |  feuille  in-8". 

Catalogue  des  végétaux  et  graines  disponibles  et  mis  en  vente  par  la  pépinière 
centrale  du  gouvernement  au  Hamma  (prés  Alger  "^j  pendant  l'automne  1869  et 
le  printemps  1860.  Alger,  iSSg;  br.  in-8°. 

Dictionnaire  français  illustré  et  Encyclopédie  universelle,  88®  et  89*  livr.  in-4°. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  de  Médecine.  Tome  XXIII.  Paris,  1869; 
in.4°. 

Mémoires  de  la  Société  de  physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève. 
Tome  XV,  i"  partie.  Genève-Paris,  1869;  m-[f. 

Annales  de  l' Observatoire  Physique  central  de  Russie,  publiées  par  ordre  de 
S.  M.  I.,  sous  les  auspices  de  S.  Ë.  M.  de  Knaijévitch,  ministre  des  finances  et 
chef  du  corps  des  ingénieurs  des  mines  ;  par  A  .-T.  Kupffer,  directeur  de  l'Ob- 
servaloire  physique  cpntral,  année  i856.  N"'  i  et  2.  Saint-Pétersbourg, 
1859;  2  vol.  in-4°. 

Compte  rendu  adressée  S.  E.  M.  de  Knaijévitch,  ministre  des  finances,  par  le 
directeur  de  l'Observatoire  physique  central  A. -T.  Rupffer.  Année  1857. 
(Supplément  aux  Annales  de  l'Observatoire  physique  central  pour  l' année  1 856.) 
Saint  Pétersbourg,  i858;  br.  in-4''. 

Instruction  pour  l'usage  du  spiritomètre .  Saint-Pétersbourg,  1869;  br. 
in-8°. 

Discurso...  Discours  sur  les  phénomènes  de  l'électricité  atmosphérique,  pro- 
noncé par  Don  Manuel  Rico  y  Sinobas  à  l'Académie  royale  des  Sciences  de 
Madrid.  Madrid,  i858;  br.  in-8°. 


(  868  ) 

Meinoirs  .  .  .  Mémoires  de  V Académie  américaine  des  Arts  et  Sciences. 
Nouvelle  série,  vol.  VI,  part.  2.  Cambridge  et  Boston,  iSSg;  in-4°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  [Académie  américaine  des  Arts  etSciences. 
vol.  IV,  feuille  i2-'3i;  in-8°. 

A  manual...  Manuel  des  machines  à  vapeur  et  autres  forces  motrices;  par 
M.  W.-J.  Macquorn-Rankine.  Londres  et  Glasgow,  1869;  in-ia. 

Det  Rongelige. . .  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  sciences  de  Danemark, 
5^  série,  partie  des  Sciences  naturelles  et  mathématiques,  vol.  V,  i"  et 
2*  parties.  Copenhague,  1869;  in-4°. 

Oversigt. . .  Comptes  rendus  des  séances  de  r Académie  royale  des  Sciences  de 
Danemark,  pendant  tannée  i858;  publiés  par  M.  Forchhammek.  Copenha- 
gue; in-8°. 

Programm...  Programme  du  2 5"  anniversaire  de  la  fondation  de  la  haute 
école  de  Berne,  i5  novembre  1859;  br.  in-4°. 


ERRATA. 

(Séance  du   i4  novembre   1859.) 

Page  729,  ligne  2^,  après  surfaces  planes  ajoutez  perpendiculaires  à  l'axe. 
Même  page  et  même  ligne,  au  lieu  de  sphériques ,  lisez  et  de  surfaces  sphériques  dont  le 
centre  est  situé  sur  l'axe. 

(Séance  du  21   novembre  1859.) 

Page  766,  ligne  10,  au  heu  de  =  - —  i-^ '-i—J- ' ,  Usez  =  - —  ii2_l — il — ^        '. 

g'  2.3  q^  2.3 

Page  767,  ligne  16,  au  lieu  de  p=  — ,  lisez  p  :^ 

r>  1-  O        J  J  ,.       j  6,28v'2  ,.  6,28v/2V 

Page  77Q,  ligne  7.6  en  descendant,  au  lieu  de  „„  .     —^ —  =  ,  lisez -^—y^ ' — - —  =. 

"^  86400X9,809  86400X9,809 

Même  page,  ligne  26  en  descendant,  au  lieu  de  22  secondes,  lisez,  2,2  secondes, er  au  lieu 

de  I  minute,  lisez  6  secondes. 

Page  796,  ligne  i3  en  remontant,  au  lieu  de  Commission  des  prix  àe  physique  expérimen- 
tale, lisez  Commission  du  prix  de />A/«'o/og'/c  expérimentale. 


■  a  la  n  I 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  DÉCEMBRE  1859. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Président,  à  l'ouverture  delà  séance,  annonce  que  M.  Poinsot,  qui 
depuis  quelques  mois  n'avait  pu,  à  raison  de  sa  santé,  prendre  part  aux  tra- 
vaux de  l'Académie,  est  aujourd'hui  dans  un  état  plus  inquiétant. 

M.  Bertrand  est  invité  à  se  rendre  près  du  vénérable  Académicien  pour 
lui  porter  l'expression  des  sentiments  de  tous  ses  confrères. 

M.  LE  Président  de  l'Institut  rappelle  que  la  première  séance  trimes- 
trielle de  1860  aura  lieu  le  4  janvier  prochain  et  invite  l'Académie  des 
Sciences  à  lui  faire  connaître  en  temps  opportun  le  nom  de  celui  de  ses 
Membres  qui  aura  été  désigné  pour  faire  une  lecture  dans  cette  séance. 

M.  Mathieu  présente,  au  nom  du  Bureau  des  Longitudes,  un  exemplaire 
de  l'Annuaire  pour  1 860  que  vient  de  publier  cette  institution .  Ce  volume  se 
termine  par  un  article  de  M.  Laugier,  intitulé  :  «  Déclinaison  et  inclinaison 
de  l'aiguille  aimantée  en  iSSg  ». 

M.  PouiLLET  présente  à  l'Académie  la  troisième  édition  de  son  ouvrage, 
intitulé  : 

Notions  générales  de  Physique  et  de  Météorologie  à  l'usage  de  la  jeunesse. 

La  Note  suivante,  dont  il  donne  lecture,  indique  les  principaux  change- 
ments qui  ont  été  introduits  dans  cette  nouvelle  édition. 

«  Quelques-uns  de  mes  lecteurs  ayant  bien  voulu  me  faire  connaître  les 
points  sur  lesquels  ils  désiraient  des  éclaircissements,  je  me  suis  empressé  de 

C.   R,  1859,  i"»  Semejde.  CT.XLIX,  NO  25.)  I'3 


,  H  ■  (  870  1 

donner  à  ces  passages  trop  concis  les  développements  dont  ils  avaient  besoin. 

»  En  même  temps  je  me  suis  appliqué  à  rechercher  les  divers  chan- 
gements que  je  pourrais  apporter  à  cette  troisième  édition  sans  sortir  du 
cadre  qui  m'est  tracé  par  le  titre  même  de  l'ouvrage.  Les  principales  addi-  . 
tions  qui  sont  résultées  de  cet  examen  se  rapportent  :  aux  Aréomètres,  cha- 
pitre II;  k  la  Distillation,  chapitre  III;  aux  Télescopes,  chapitre  IX;  à  la  /J/e- 
/e'oro/o^fe,  chapitre  X. 

"  Ce  dernier  chapitre  a  reçu  plusieurs  additions. 

»  La  première  est  un  tableau  des  plus  grandes  chaleurs  et  des  plus  grands 
froids  qui  ont  eu  lieu  chaque  année  à  Paris,  depuis  1800  jusqu'à  i858;  ce 
tableau  est  extrait  d'un  travail  dont  je  m'occupe  sur  les  causes  générales  des 
variations  de  température  dans  les  diverses  couches  de  l'atmosphère  et  à  la 
surface  du  sol. 

»  La  deuxième  est  un  exposé  plus  complet  des  conditions  sous  lesquelles 
se  produisent  les  phénomènes  du  brouillard  et  de  la  rosée. 

»  La  troisième  se  rapporte  à  l'électricité  atmosphérique,  aux  effets  de  la 
foudre  et  à  la  construction  des  paratonnerres  :  en  prenant  pour  base  les  Ins- 
tructions adoptées  par  l'Académie  des  Sciences  en  !8a3  et  en  1 854,  je  '"'" 
suis  efforcé  de  donner  avec  mélhode,  sur  cesujet  important,  toutes  les  expli- 
cations théoriques  et  pratiques  qui  m'ont  paru  nécessaires. 

"  Enfin  la  quatrième  et  dernière  addition  est  un  article  entier  sur  les  per- 
turbations extraordinaires  qui  se  sont  manifestées  sur  les  télégraphes  élec- 
triques en  août  et  septembre  1859,  et  qui  semblent  se  rattacher  à  l'appari- 
tion d'iine  grande  aurore  boréale.  » 

ASTHONOMIE.  —  Sur  les  expériences  de  M.  Fizeau  considérées  nu  point  de  vue 
du  mouvement  de  translation  du  système  solaire;  par  M.  Faye. 

(c  Les  nouvelles  expériences  de  M.  Fizeau  (1)  touchent  de  trop  près  à  l'une 
des  questions  les  plus  intéressantes  du  système  du  monde,  pour  que  je  ne  me 
sois  pas  cru  obligé  de  les  étudier  avec  soin.  J'ose  espérer  que  les  résultats  de 
cet  examen  mériteront  l'attention  de  l'Académie  et  celle  de  l'auteur  lui-même. 

»  On  peut  formuler  ainsi  ces  conclusions  : 

»  Si  les  expériences  de  M.  Fizeau  possèdent  réellement  l'exactitude 
qu'elles  paraissent  avoir,  le  mouvement  propre  que  les  astronomes  attri- 
buent au  système  solaire  vers  la  constellation  d'Hercule  n'existe  pas. 

»  Si  au  contraire  les  déterminations  astronomiques  de  ce  mouvement 
sont  fondées,  il  faut  admettre  que  les  expériences  du  savant  physicien  sont 

(i)  Compte  rendu  de  la  séance  du  14  novembre. 


(  871  )  • 
affectées  d'une  erreur  systématique,  ou  que  sa  théorie  présente  quelque 
lacune  importante. 

»  Voici  la  marche  que  j'ai  suivie.  J'ai  calculé  la  vitesse  de  la  terre  esti- 
mée, à  un  instant  donné,  suivant  la  Ugne  est-ouest,  par  la  formule 
pcosr/cos(5  —  90"  —  a)  -\-  VcosDcos(9  —90°  —  A"), 
qui  revient  à 

vcos cl s'm{Q  —a)  -+-VcosDsin(S  —  A), 

en  désignant  par  Q  l'heure  sidérale  de  l'observation,  par  t^  et  V  les  vitesses 
dont  la  terre  est  animée  en  vertu  de  son  mouvement  annuel  et  de  la 
translation  du  système  solaire;  enfin  par  a  et  d,  A  et  D,  l'ascension  droite 
et  la  déclinaison  des  points  vers  lesquels  ces  mouvements  sont  dirigés  à 
l'instant  d.  Il  faudrait  retrancher  3oo  mètres  de  l'expression  précédente,  si 
l'on  voulait  tenir  compte  de  la  vitesse  de  la  rotation  diurne  à  Paris. 

M  Les  valeurs  de  v,  Q,  a  et  d  se  déduisent  aisément  de  la  Connaissance 
des  Temps;  quant  à  V,  A,  D,  j'ai  adopté  les  valeurs  assignées  par  MM.  Otto 
Struve  et  Peters,  à  savoir  : 

(1859)...  A  =259°  45',     D=-f-34°33',     V- 7894"  par  seconde. 

»  La  vitesse  ainsi  calculée  est  celle  dont  l'appareil  de  l'observatetir  est 
animé,  dans  le  sens  de  l'est  à  l'ouest,  en  vertu  des  mouvements  actuelle- 
ment connus  en  astronomie  :  c'est  donc  aussi  celle  qui  doit  se  combiner 
avec  la  vitesse  de  la  lumière  (i).  >    ' 

»  Il  fallait  d'abord  déterminer  par  les  expériences  elles-mêmes  la  dévia- 
tion moyenne  qui  répond  à  une  vitesse  donnée.  Par  les  mesures  faites  vers 
midi  le  4  juin,  les  11,  12,  t3  juillet,  et  le  24  octobre  (1),  j'ai  trouvé  ainsi, 

(i)  Je  ne  dois  pas  laisser  supposer  ici  que  l'auteur  de  ces  expériences  ait  pu  négliger  la 
vitesse  de  translation  du  système  solaire.  La  vérification  de  ce  phénomène  était  au  contraire 
une  de  ses  préoccupations  principales,  comme  le  savent  parfaitement  plusieurs  de  nos  con- 
frères qui  ont  connu  les  projets  et  les  travaux  de  l'auteur.  S'il  a  omis  d'en  faire  mention  dans 
les  Comptes  rendus,  c'est  que  les  appareils  n'avaient  point  encore  obtenu,  à  son  avis,  la  per- 
fection nécessaire  pour  mettre  en  évidence  des  quantités  de  cet  ordre  dont  l'influence  est 
d'ailleurs  à  peu  près  nulle  à  midi,  vers  les  solstices.  Mais,  aux  solstices  même,  cet  effet  se  ma- 
nifeste bientôt  d'heure  en  heure,  par  suite  du  mouvement  diurne,  et  c'est  là  ce  qui  m'a  con- 
duit à  examiner,  comme  on  le  verra,  les  observations  de  4  heures  du  soir. 

(2)  Les  motifs  de  ce  choix  sont  bien  simples.  J'ai  voulu  m'assurer,  en  prenant  les  observa- 
tions les  plus  distantes,  si  les  indications  des  appareils  variaient  ou  non  avec  le  temps  :  j'ai 
pris  pour  cela  les  jours  extrêmes  qui  répondent  en  même  temps  au.\  mesures  les  plus  nom- 
breuses. Quant  aux  observations  de  4  heures,  je  me  suis  contenté  de  celles  que  l'auleui-  désigne 
comme  avant  été  l'objet  de  précautions  particulières.  (Foirh  note  de  la  p.  878.) 

ii3.. 


•    {  870 
en  moyenne,  54'»  6  pour  aSSoo  mètres.  En  recalculant  avec  cette  donnée 
chaque  observation,  afin  déjuger  de  l'accord  de  la  moyenne  avec  les  déter- 
minations isolées,  on  forme  le  tableau  suivant  : 


Date 

b       m 

Vitesse. 
m 

Déviation 
calculée. 

Dé?ialioii 
observée. 

DiHëreiK 

4  jui" 

o.oo 

30200 

65' 

60' 

+  5 

1 1  juillet 

o.3o 

255oo 

55 

59 

-4 

12      » 

I  .00 

aSgoo 

5i 

59 

-8 

i3     . 

o.3o 

253oo 

54 

5o 

+  4 

23  octobre 

2.00 

9.2600 

48 

45 

-1-3 

Mais  les  observations  de  4  heures  sont  loin  de  s'accorder  avec  celles  de 
midi.  Voici  en  effet  le  calcul  de  celles  des  11,  12  et  1 3  juillet,  qui  ont  été 
faites  avec  des  précautions  particulières  : 


Date. 

Vitesse. 

Déviation 
calculée. 

Déviation 
observée. 

Diflerenci 

h 

1 1  juillet  4 

m 
7600 

.6' 

28' 

—  12 

12    »      4 

7500 

16 

27 

—  I  1 

i3    »      4 

7500 

16 

3i 

-  i5 

Évidemment  il  y  a  là  quelque  influence  régulière  dont  il  faut  chercher 
l'explication.  Les  calculs  effectués  l'indiquent  d'eux-mêmes.  C'est  le  second 
terme  de  la  formule  qui  réduit  à  moins  d'un  tiers  les  vitesses  de  4  heures  ; 
par  le  premier  terme  seul,  elles  ne  seraient  réduites  qu'à  la  moitié  de 
leur  valeur  à  midi.  Et  en  effet,  en  négligeant  le  mouvement  de  trans- 
lation du  système  solaire,  représenté  ici  par  VcosDsin  (ff  — A),  le  désac- 
cord si  frappant  que  nous  venons  de  trouver  disparaît  complètement, 
et  même  les  observations  de  midi  présentent  alors  plus  de  concordance. 
En  procédant  comme  ci-dessus,  on  trouve,  dans  ce  second  système,  que  la 
déviation  moyenne  de  54'»6,  déduite  du  premier  groupe,  répond  à  la  vitesse 
de  28200  mètres  par  seconde  ;  puis,  en  recalculant  les  observations  isolées, 
on  obtient  le  tableau  suivant  : 


Vitesse. 

Calcul. 

Observation. 

Difiërei 

4  juin 

29400"" 

57' 

60' 

-  3' 

11  juillet 

29400 

57 

5q 

—  2 

ers  midi    ' 

12       » 

285oo 

55 

59 

-  4 

1  i3       . 

29400 

57 

5o 

+  7 

24  octobre 

24500 

48 

45 

+  3 

1 

1 1  juillet 

i4ioo 

27 

28 

—   I 

4  heures  ■ 

12        » 

i4ioo 

27 

27 

0 

i3        . 

14000 

27 

3i 

-4 

(873)     • 

»  L'accord  est  complet;  il  donne  même  une  haute  idée  de  la  précision 
dont  les  mesures  de  l'habile  physicien  sont  susceptibles  (i)  et  de  l'impor- 
tance des  conséquences  qu'on  en  pourrait  tirer;  mais  il  résulte  de  là,  ainsi 
que  je  l'annonçais  au  début,  que  le  mouvement  de  la  terre  produit  seul  une 
déviation,  et  que  l'influence  du  mouvement  général  du  système  solaire  dis- 
paraît complètement. 

»  Il  me  serait  impossible  d'apprécier  actuellement  les  appareils  et  la  mé- 
thode de  M.  Fizeau;  c'estàla  Section  de Physiquequ'il  appartient  de  pronon- 
cer un  jugement  sur  ces  questions  délicates.  Je  me  bornerai  donc  ici  à  ce  que 
les  astronomes  peuvent  dire  sur  l'autre  face  de  la  question,  sur  le  mouve- 
ment propre  du  système  solaire. 

»  Que  le  système  solaire  marche  vers  un  certain  point  assez  bien  déter- 
miné de  la  constellation  d'Hercule,  c'est  ce  dont  il  est  difficile  de  douter 
désormais.  Depuis  Herschel,  qui  a  déduit  graphiquement,  puis  par  le  calcul, 
des  mouvements  propres  de  quelques  étoiles,  une  position  approchée  de  ce 
point,  des  travaux  considérables,  basés  sur  un  très-grand  nombre  d'étoiles, 
prises  au  hasard  dans  toute  l'étendue  du  ciel  boréal,  ont  donné  des  résul- 
tats concordants,  ainsi  qu'on  en  peut  juger  par  ce  tableau  : 


A 

D 

Herschel 

(245''  52') 

(49°  38') 

Argelander 

aSg.Sa 

82.29 

Lundahl 

257.54 

28.49 

Otio  Struve 

261 .22 

37.36 

Peters 

259  35 

34.34 

Maedler 

2Ô1.39 

39.54 

Galloway 
Plana 

260 . I I 

36  54 

par  les  36  étoiles  fondamentales  (calcul), 
par  56o  étoiles  à  fort  mouvement  propre, 
avec  1 47  étoiles  de  plus  que  le  précédent, 
par  400  étoiles  doubles. 

par  21 63  étoiles  quelconques, 
par  81  étoiles  australes. 


»  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  cette  dernière  détermination,  ce 
n'est  pas  l'accord  que  présente  le  ciel  austral  avec  le  ciel  boréal,  c'est  plutôt 
que  les  étoiles  employées  par  M.  Galloway  (dont  les  calculs  ont  été  revus 
par  M.  Plana)  ont  été  déterminées  par  un  autre  observateur  que  Bradley. 


(i)  On  peut  s'assurer,  en  tenant  compte  de  l'observation  du  16  juin  qui  permet  d'appré- 
cier fort  nettement  l'influence  d'une  erreur  constante  due  à  quelque  imperfection  instrumen- 
tale, erreur  dont  les  mesures  de  plusieurs  jours  paraissent  être  affectées,  qu'on  arriverait  aux 
mêmes  résultats  par  les  autres  observations  de  midi  et  de  4  heures.  Sur  les  dix-sept  mesures 
de  cette  dernière  classe,  quatre  seulement  m'ont  paru  faire  exception,  et  encore  l'une  des 
quatre,  celle  du  i4  juillet,  doit-elle  être  probablement  rejetée  à  cause  de  l'annotation. 


■     (  87l)         . 

»  On  sait,  en  effet,  que  l'admirable  catalogue  de  Bradley  a  servi  de  base 
première  à  tous  ces  calculs  (i)  ;  tandis  que  les  étoiles  australes  ont  été  obser- 
vées il  y  a  plus  d'un  siècle  par  Lacaille,  au  cap  de  Bonne-Espérance,  où 
l'Académie  avait  envoyé  en  mission  cet  illustre  astronome. 

»  Il  faut  évidemment  que  le  mouvement  du  système  solaire  soit  bien 
prononcé  pour  qu'on  retrouve  ainsi  à  très-peu  près  le  même  point  par  tant 
de  combinaisons  variées  d'étoiles  de  toute  grandeur,  situées  dans  les  régions 
du  ciel  les  plus  diverses,  à  des  distances  très-inégales,  d'étoiles  enfin  dont  la 
plupart  ont  été  observées  dans  un  tout  autre  but  par  les  astronomes  les  plus 
habiles  et  dans  les  régions  les  plus  opposées  du  globe  (2).  Aussi,  lorsque 
M.  Otto  Struve  eut  déterminé,  dans  un  Mémoire  couronné  par  la  Société 
royale  Astronomique  de  Londres,  la  quantité  de  ce  mouvement,  en  faisant 
voir  que  les  ascensions  droites  de  ses  quatre  cents  étoiles  doubles  s'accor- 
daient avec  les  déclinaisons  pour  exiger  impérieusement  une  correction  de 
cet  ordre,  la  grandeur  assignée  n'étonna-t-elle  personne;  il  s'agissait,  en 
effet,  d'un  déplacement  annuel  du  système  qui,  vu  de  la  distance  des  étoiles 
delà  1^  grandeur,  n'embrasserait  pas  plus  de  \  de  seconde  d'arc,  et  classe- 
rait notre  soleil  parmi  les  étoiles  à  mouvement  propre  très-ordinaire. 

»  Cette  année  même,  M.  Airy  a  publié,  dans  les  Notices  de  la  Société  As- 
tronomique de  Londres,  un  travail  approfondi  sur  le  même  sujet,  en  prenant 
pour  base  le  catalogue  de  1 200  étoiles  qui  ont  été  observées  avec  tant  de 
soin,  pendant  18  années  consécutives,  à  l'Observatoire  de  Greenwich,  et  en 
suivant  une  marche  totalement  différente  de  celle  de  ses  devanciers. 

»   Voici  les  résultats  de  ce  travail  : 

A  =  261°  29', 

D  =  +  24'>44'- i43°X7, 

V  =  i",9i2  —  2",9o  X  V- 

»  Cette  indéterminée  9  (j'omets  ici  les  termes  relatifs  à  la  petite  incertitude 
de  la  précession  annuelle)  exprime  l'effet  des  petites  erreurs  instrumentales 
dont  les  observations  de  Bradley  peuvent  être  encore  affectées.  A  en  juger 
par  les  résultats  déduits  des  étoiles  australes  de  Lacaille,  et  par  la  manière 


(i)  11  faut  en  excepter  les  premières  recherches  de  Sir  W .  Herschel;  elles  étaient  basées  sur 
une  cinquantaine  d'étoiles  observées  par  Romer  et  par  Tobie  Mayer. 

(2)  L'importance  de  ces  remarques  sera  facilement  saisie  si  l'on  songe  que  le  ciel  ne  nous 
présente  nulle  part  de  repère  absolument  fixe  et  qu'un  mouvement  quelconque  est  toujours 
rapporté  finalement  à  une  étoile  ou  à  un  ensemble  d'étoiles. 


(  875  ) 
dont  cette  influence    devrait  affecter  les  délerminations  antérieures  du 
tableau  précédent,  il  est  à  présumer  que  la  valeur  de  q  est  fort  petite.  Ainsi 
la  valeur  assignée  à  V  par  M.  Otto  Struve  (o",3392)  et  dont  j'ai  fait  usage, 
devrait  être  plutôt  augmentée  que  diminuée. 

»  Malgré  ces  motifs,  je  suis  loin  de  vouloir  me  prononcer  contre  les 
expériences  de  M.  Fizeau.  Le  mouvement  de  translation  du  système  solaire 
lie  figure  nullement  dans  la  science  astronomique  au  même  rang  d'évidence 
et  de  certitude  que  le  mouvement  annuel  delà  terre.  Je  me  borne  à  dire  que 
la  contradiction  dont  je  viens  de  signaler  l'existence  me  paraît  devoir  enga- 
ger cet  éminent  physicien  à  soumettre  sa  théorie  et  ses  appareils  à  des 
épreuves  spéciales.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  le  périoste  diploique  et  sur  le  rôle  qu'il  joue  dans 
t occlusion  des  trous  du  crâne; par  M.  Flocuens. 

«  Dans  une  Note  que  j'ai  lue  à  l'Académie  (séance  du  8  août  dernier  (i)^ 
j'ai  fait  connaître  le  mécanisme  selon  lequel  s'opère  l'occlusion  des  trous 
du  crâne. 

»  Dans  cette  occlusion,  dans  cette  formation  nouvelle  d'une  portion  d'os, 
c'est  le  périoste  externe  q\ù  donne  la  table  externe  de  l'os,  et  c'est  le  périoste 
interne  ou  dure-mère  qui  en  donne  la  table  interne. 

»  Mais  il  est  temps  de  mettre  un  terme  à  une  confusion  de  mots. 

»  Je  n'ai  jusqu'ici  appelé  la  dure-mère:  périoste  interne,  que  pour  me  con- 
former au  langage  reçu  des  anatomistes.  Au  fond,  la  dure-mère  n'est  pas 
moins  périoste  externe  que  le  périoste  externe  proprement  dit  :  seulement  c'est 
un  périoste  externe  intra-crânien,  au  lieu  d'être  un  périoste  externe  extra-crâ- 
nien. Le  vrai  périoste  interne  des  os  du  crâne,  ou,  pour  parler  d'une  manière 
plus  générale,  le  vrai  périoste  interne  des  os  plats,  des  os  larges,  est  celui  qui 
se  trouve  dans  les  cellules  de  leur  diploé,  comme  le  vrai  périoste  interne 
des  os  longs  est  celui  qui  se  trouve  dans  leur  canal  médullaire. 

a  II  y  a  donc,  par  rapport  aux  os  du  crâne,  trois  périostes  :  deux  externes^ 
l'extra-crânien  eX.  C intra-crânien ,  et  un  interne,  le  diploique. 

a  Or,  les  pièces,  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie,  montrent  que 
ces  trois  périostes  concourent  également  à  l'occlusion  des  trous  du  crâne, 
c'est-à-dire  à  la  formation,  à  la  reproduction  des  portions  d'os  enlevées. 
Elles  font    plus  :   elles    montrent  qu'on   peut,   à  volonté,   faire  produire 


(i)  Comptes  rendus,  l.  XLIX,  p.  22.5  et  siiiv. 


•     (876) 

l'occlusion,  la  formation,  la  reproduction  tout  entière  de  l'os  par  chacun 
des  trois  périostes,  pris  isolément  :  Vexlra-CTanien,  Vintra-crânien  et  le 
dipldique. 

»  La  pièce  n°  i  est  l'os  frontal  d'un  chien.  On  a  commencé  par  détacher, 
sur  un  point  donné  de  l'os,  le  périoste  externe,  qu'on  a  rejeté  sur  un  des 
côtés  et  conservé  avec  le  plus  grand  soin.  Puis,  au  moyen  d'une  couronne 
de  trépan,  on  a  pratiqué  un  trou  sur  la  portion  d'os  dénudée  et  l'on  a  placé 
dans  le  trou  un  anneau  d'argent. 

»  Cet  anneau  d'argent  a  été  mis  là  pour  empêcher  le  développement  du 
périoste  interne  ou  diploïque.  .  *  - 

»  Cela  fait,  on  a  ramené  le  périoste  externe  à  sa  place  ordinaire,  c'est- 
à-dire  sur  le  point  même  d'où  il  avait  été  détaché  et  où  se  trouve  actuelle- 
ment le  trou. 

»  Au  bout  de  quelques  jours,  le  périoste  détaché  s'est  tuméfié,  s'est  gon- 
flé, a  pénétré  dans  l'anneau  d'argent,  s'est  porté  vers  la  dure-mère,  a  pris 
adhérence  avec  elle  et  a  complètement  bouché  le  trou. 

»  La  pièce  n°  a  (encore  un  os  frontal  de  chien)  a  été  soumise  à  une  opé- 
ration toute  semblable  à  la  précédente,  sauf  par  une  seule  de  ses  circons- 
tances, c'est  qu'on  a  détruit,  complètement  détruit,  tout  le  périoste  externe 
répondant  au  trou  fait  au  crâne. 

»  Aussi,  au  bout  de  quelques  jours,  le  périoste  externe  ou  extra-crânien 
manquant,  ç'a-t-il  été  la  dure-mère,  le  périoste  intra-crânien ,  qui  s'est  déve- 
loppé, gonflé,  qui  s'est  porté  dans  l'anneau  d'argent,  et  qui  a  fermé,  bou- 
ché le  trou  du  crâne. 

..  On  peut  donc,  à  volonté,  déterminer  l'occlusion  des  trousdu  crâne  par 
le  périoste  externe  [périoste  extra-crânien),  ou  par  la  dure-mère  [périoste  intra- 
crânien).  Tout  dépend,  à  cet  égard,  de  la  manière  dont  on  conduit  l'expé- 
rience. 

»  On  peut  faire  plus.  Lé  trou  du  crâne  étant  opéré,  on  n'a  qu'à  n'y 
point  placer  d'anneau  d'argent,  à  n'y  point  entraver  la  marche  naturelle 
des  choses,  et  l'on  voit  alors  un  périoste  nouveau  sortir  des  cellules  du  di- 
ploé,  s'avancer  peu  à  peu  des  bords  du  trou,  se  porter  des  bords  vers  le 
centre,  et  finir,  au  bout  de  quelques  jours,  par  occlure,  par  fermer  le  trou 
tout  entier. 

»  La  pièce  n"  3  nous  montre  le  périoste  diploïque  sortant,  émanant  de 
l'intérieur  des  cellules  du  diploé,  dépassant  déjà  tout  le  pourtour  du  trou, 
occluant,  fermant  déjà  ce  pourtour,  et  ne  laissant  plus  de  trou  libre  qu'au 
centre. 


(877  ) 
»  Cette  pièce  doit  nous  arrêter  un  moment,  car,  dans  l'explication  du 
fait  qui  nous  occupe  (le  mécanisme  selon  lequel  s'opère  l'occlusion  des 
trous  du  crâne),  elle  substitue  une  réalité  à  une  apparence.  De  très-habiles 
chirurgiens  et  excellents  observateurs  ont  cru  et  ont  dit  que  les  trous  du 
crâne  se  ferment  par  l'amincissement  et  l'allongement  des  portions  d'os  qui 
forment  les  bords  du  trou. 

»  C'est  là  l'apparence.  Les  os  formant  le  pourtour  du  trou  semblent,  en 
effet,  s'amincir,  s'allonger,  se  porter  de  la  circonférence  au  centre,  et  finir, 
au  moyen  de  cet  allongement  même,  par  boucher  le  trou. 

»  En  réalité,  les  os  ne  s'amincissent  point,  ne  s'allongent  point  :  nul  os 
ne  s'allonge  (i);  mais  c'est  Je  pe'n'os/e  liiploïque  qui,  s'ossifiaut  à  mesure  qu'il 
sort,  qu'il  avance  du  pourtour  du  trou,  ajoute  à  mesure  à  l'os  ancien  un 
progrès  nouveau,  une  portion  d'os  nouvelle,  et  d'abord  plus  mince  (2).  Et 
de  là  l'illusion  de  Vos  ancien  qui  s'amincit  et  s'allonge. 

»  Les  pièces  n°' 4  et  5  nous  présentent  le  trou  de  l'os  fermé  tout  entier 
par  le  périoste  diploïque  (3). 

»  Enfin,  les  pièces  n"'  6,  7,  8  et  9,  nous  montrent  le  périoste  diploïque  se 
transformant  en  os,  et  venant  réparer  peu  à  peu  toute  la  portion  d'os 
perdue. 

»   Dans  la  pièce  n°  6,  on  aperçoit  déjà  un  point  osseux. 

»  Dans  la  pièce  n°  7,  le  périoste  diploïque  est,  presque  tout  entier,  envahi 
par  l'os. 

»  Il  l'est  plus  encore  dans  la  pièce  n"  8. 

»   Il  l'est  complètement  dans  la  pièce  n"  g. 

»  Ace  moment,  le  trou  est  complètement  fermé;  toute  la  portion  d'os 
détruite  a  été  reproduite.    » 

(i)  Voyez,  sur  ce  point  fondamental,  mon  livre  intitulé  :  Théorie  expérimentale  de  la  for- 
mation des  os. 

(2)  L'ossification  du  périoste  diploïque  ne  commence  pas  toujours  par  les  points  qui  tou- 
chent à  l'os;  elle  peut  commencer  par  tout  autre  point,  par  un  point  plus  ou  moins  distant 
de  l'os,  par  le  centre,  etc.,  etc.  On  en  voit  des  exemples  sur  quelques-unes  des  pièces  que  je 
présente. 

(3)  Cet  état  du  trou,  fermé  par  les  trois  périostes  superposés,  est  l'état  normal  de  \a/bn- 
tanelle.  'La.fontanetle,  ou  espace  membraneux  du  crâne,  se  compose  toujours  des  trois  pé- 
riostes superposés  :  Vextra-crdnien,  le  diphoïque  et  Vintra-crdnien  ou  dure -mère.  On  peut 
détacher  parfaitement  et  très-aisément  les  deux  périostes  externes  [Vextra-crdnien  et  Vintra- 
crdnien), et  l'on  voit  alors  l'interne  ou  le  diphoique  sur  lequel  avancent  peu  à  peu  les  os  voisins 
par  prolongements  en  forme  de  rayons. 

C.   R.,  1859,  a-ne  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  23.  )  '  '  4 


(  878  ) 

ZOOLOGIE.  —  Présentation  de  nids  sous-marins  rapportés  du  Banquereau  de 
Terre-Neuve,  et  donnés  au  Muséum  d'histoire  naturelle  par  M.  Fleiiry  ;  Note 
de  M.  A.  Valenciexnes. 

n  Les  nids  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  restent  accro- 
chés aux  hameçons  des  lignes  de  fond  tendues  pour  prendre  la  morue.  Ils 
ont  été  retirés  de  profondeurs  de  60  mètres,  par  44°35'  latitude  nord  et 
60  degrés  longitude  ouest,  au  mois  d'août  i85g.  Leur  diamètre  varie  de 
o"',i5  à  o™,o3  et  leur  hauteur  de  o™,io  à  o^jia.  Ces  nids  sont  ronds,  ont 
des  parois  assez  épaisses,  et  un  creux  de  o",o4  à  o^joS  de  profondeur.  L'ani- 
mal les  construit  en  entrelaçant  les  tiges  grêles  et  déliées  des  nombreux  poly- 
piers de  l'ordre  des  Polypes  hydraires.  J'y  ai  distingué  de  nombreux 
rameaux  de  Sertulariées,  de  Cellaires,  de  Catenicelles,  de  Cuscutaires,  dans 
lesquels  sont  arrêtées  d'assez  nombreuses  moules  de  l'espèce  du  Mjrtilus 
borealis,  Lam.,  et  une  innombrable  quantité  de  frai  de  cette  moule,  mêlée 
à  beaucoup  de  grains  de  sable. 

»  Les  détails  sur  leur  pêche  m'ont  été  communiqués  par  M.  Cloué,  capi- 
taine de  frégate,  chargé  de  la  station  militaire  et  de  l'hydrographie  du  banc 
de  Terre-Neuve.  Cet  officier  supérieur  a  reçu  ces  nids  de  M.  le  D' Fleury, 
chef  du  service  de  santé  de  la  station  aux  îles  Saint-Pierre  et  Miquelon. 
Ils  avaient  été  donnés  au  docteur  par  le  gérant  de  la  maison  Guibert,  de 
Saint-Servan.  Plus  de  huit  ou  dix  ont  été  rapportés  en  Europe. 

»  Ces  observations  sont  suffisantes  pour  bien  établir  l'authenticité  et  le  lieu 
d'origine  de  ces  nids;  mais  nous  ne  connaissons  pas  l'animal  qui  les  cons- 
truit; nous  espérons  appeler  l'attention  des  explorateurs  du  banc  de  Terre- 
Neuve,  ou  de  quelques  résidents  de  Saint-Pierre  qui  compléteront  ces 
curieuses  recherches  en  adressant  au  Musée  de  Paris  le  poisson  ou  tout 
autre  animal  qui  en  est  le  sujet. 

))  On  sait,  depuis  Aristote,  que  les  poissons  ont  reçu  la  faculté  instinc- 
tive de  la  construction  de  nids.  Elle  est  non  moins  merveilleuse  que  chez  les 
oiseaux. 

»  Le  naturaliste  grec  l'attribue  à  plusieurs  poissons  ;  en  effet,  il  dit  au  cha- 
pitre XIII,  en  parlant  des  Kaëloi  : 

»  Gohiones  aliquando  etiam  in  alga  nidifwant.  Dans  un  autre  passage,  en 
citant  le  <pu!t/ç  au  livre  VIII,  cap.  3o  : 

w  Cum  in  média  alga  nidificanlem  vidi,  id  quod  sola  Pliicisfacit. 

»  Pline  paraît  traduire  ce  passage  quand  il  s'exprime  ainsi  : 


(879) 
»  Phicis  piscium  sola  nidificare,  aiunt,  in  alcja,  atque  in  nidoparit. 
»  Ovide  reconnaît  aussi  aux  poissons  cet  instinct  et  cette  faculté  de  con- 
struire des  nids.  On  peut  citer  en  effet  ces  vers  des  Halieutiques  : 

Atque  immanda  Chromis,  merito  vilissima  salpa  : 

Atque  aviiim  du/ces  riidos  imita  ta  sub  undi.s;  * 

Halieut.  vers  i2i  et  l'J'i. 
Édit.  de  Varioriim. 

et  Guillaume  de  Vliet,  qui  a  fourni  des  notessavantes  et  très-utiles  à  Nicolas 
Heinsius  pour  son  édition  d'Ovide,  proposait  de  changer,  dans  le  second  de 
ces  vers,  l'épithète  de  dulces  en  ce  nom  d'un  poisson  particulier,  le  Pliicis, 
et  d'écrire 

Atque  avium  Phicis  nidos  imitata  sub  undis. 

Il  faut  encore  appeler  l'attention  sur  quelques  expressions  du  chapitre  de 
Gesner,  qui  paraît  inclinera  croire  que  l'on  retrouvera  le  Phicis  dans  quel- 
ques-unes des  espèces  de  la  fiimille  des  Merlans  [Aselli],  et  nomme  même 
le  Capelan  comme  un  des  Gades  qui  peut  être  rapproché  par  sa  mollesse 
du  Phicis.  Or  nos  marins  terreneuviens  connaissent  tous  le  Capelan  [Mal- 
lotus villosus)  :  ils  attendent  son  arrivée  pour  favoriser  la  pèche  de  la  Morue. 
Sans  ce  petit  poisson  elle  ne  peut  devenir  abondante.  Le  Capelan  s'approche 
du  Banquereauet  des  autres  fonds  de  Terre-Neuve  pour  y  déposer  son  frai. 
N'est-ce  pas  lui  qui,  ayant  les  habitudes  des  Phicis, est  aussi  le  constructeur 
des  nids  que  je  montre  à  l'Académie? 

))  Gesner,  en  rapportant  les  dire  des  pêcheurs  de  son  temps,  n'hésite  pas 
à  les  tenir  pour  vrais  : 

»  Et  id  certissimum  esse  piscalores  inulti  observaverunt.  Et  cependant  plus 
bas  :  Gulielmus  Pelliciems,  Monspeliensis  episcopus,  vir  in  rébus  pervestigandis 
ditigentissimus  atque  perspicacissiinus,  qui  Gobiones  el  Hippocampos  in  alga 
ova  ponere,  et  parère  animadverlit. 

»  Récemment  M.  Nordmann  a  signalé  la  confection  de  nids  dans  la  mer 
Noire. 

»  Voilàdoncquatreou  cinq  poissons  marins  vivants  sur  des  plages  fort  éloi- 
gnées les  unes  des  autres,  à  qui  la  nature  a  départi  ce  merveilleux  instinct. 

»  On  connaissait  la  même  habitude  chez  un  petit  poisson  des  plus 
abondants  dans  toutes  nos  eaux  douces,  le  Gasterosteus  aculealus,  et  notre 
confrère  M.  Coste,  témoin  de  ce  fait  dans  les  eaux  qu'il  a  ménagées  au  Col- 
lège de  France,  en  a  publié  une  très-exacte  et  très-élégante  figure  et  a  ajouté 

II/,.. 


(  88o  ) 

aux  premières  observations  de  Valmont  de  Botnare,  et  plus  encore  à  celles  de 
M.  Lecoq,  de  Clermont,  qui  a  observé  les  babitudeset  les  nids  des  Epinoches 
dans  les  eaux courantesde Lille, département  du  Nord,  où  ce  poisson  abonde. 

M  L'étude  que  nous  venons  de  faire  des  nids  de  l'Atlantique  de  Terre- 
Neuve,  démontre  que  les  nids  ne  sont  pas  formés  d'algues,  mais  de  poly- 
piers hydraires. 

»  Les  poissons  sont-ils  les  seuls  animaux  marins  qui  construisent  des 
nids? 

i>  (]'est  avec  doute  que  je  réponds  à  cette  question;  car  pendant  mes 
explorations  sur  la  côte  do  Bretagne,  j'ai  entendu  rapporter  aux  pécheurs 
du  raz  de  l'île  de  Sen,  en  face  de  la  pointe  dangereuse  de  Penmarck,  que 
les  langoustes,  qui  se  tiennent  toujours  par  une  grande  profondeur,  puis- 
qu'on est  obligé  souvent,  pour  prendre  ce  grand  décapode,  de  descendre  les 
casiers  par  des  profondeurs  de  soixante  à  soixante-quinze  brasses,  cons- 
truisent des  nids  très-artistement  travaillés  pour  conserver   leurs  petits.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  bases  dialomiques  à  azote   et 
/j/jop/iore;  pnrM.  A.-W.  HoFMAXN. 

«  Dans  une  Note  communiquée  à  l'Académie  il  y  a  quelques  mois,  j'ai 
fait  voir  que  le  dibromure  d'éthylène  est  capable  de  fixer  ou  i  ou  2  mo- 
lécules de  triéthylphosphine,  donnant  naissance  dans  la  première  phase  de 
la  réaction  à  un  sel  monoatomique 

[(C*H*Br)(C*H')'PJ'Br, 

qui,   sous  l'influence  d'un   excès  de    triéthylphosphine,    produit  dans  la 
seconde  phase  le  dibromure  d'un  métal  diatomique  : 

[C*H')"(C*H')''P']"Br''. 

»  La  possibilité  d'obtenir  le  produit  de  la  première  phase,  le  sel  mono- 
atomique, à  l'état  de  pureté,  m'a  permis  de  produire  un  très-grand  nombre 
de  bases  diatomiques,  aussi  variées  dans  leur  composition  que  simples  dans 
leur  construction  moléculaire.  Tous  ces  corps,  très-remarquables  par  leur 
nature  bien  définie,  se  forment  par  l'action  des  monophosphines  autres  que 
la  triéthylphosphine  et  même  par  l'action  des  monamines  sur  le  bromure 
monoatomique. 

»  Aclion  de  la  triméthylphosphine  sur  le  bromure  monoatomique.  —  En 
soumettant  une  solution  alcoolique  du  bromure  moiioatomique  à  l'actio» 


(  88i   ) 

de  la  triméthylphosphine,  on  observe  une  réaction  très-prononcée;  le 
liquide  s'échauffe  et  fournit  par  l'évaporation  un  sel  déliquescent  formé  par 
la  simple  union  des  deux  substances.  C'est  le  dibromure  d'un  diphospho- 
nium  contenant  i  molécule  d'éthylène,  3  molécules  de  méthyle  et  3  mo- 
lécules d'éthyle  : 

[(C^H*Br)(C*H»)'P]Br+(C'H')'P  =  [(C*H*)"(C*H»)''(C'H»)'P»j"Br^ 

»  Traité  par  l'oxyde  d'argent,   le  bromure  fournit  un  liquide  très-caus- 
tique renfermant  la  base  libre  : 


O*. 


»  Transformée  en  chlorure,  la  base  diatomique  donne  parle  dichlorure 
de  platine  un  précipité  jaune  pâle  dont  voici  la  composition  : 

[(C«H*)"(C*H')'(C*H')»P»J"CP,aPtCl^ 

»  Action  de  l' ammoniaque  sur  le  bromure  monoatomique.  —  En  présence 
de  l'alcool  le  bromure  monoatomique  est  attaqué  même  à  la  température 
ordinaire  par  Pamaioniaque.  Il  y  a  dégagement  de  chaleur  et  il  se  produit  le 
dibromure  d'un  métal  diatomique  mixte  à  azote  et  phosphore,  d'un  phos- 
phammonium  dont  l'oxyde,  qu'on  peut  obtenir  en  traitant  le  bromure  par 
l'oxyde  d'argent,  est  un  liquide  très-caustique. 

»  Le  bromure  et  le  chlorure  étant  très-déliquescents,  j'ai  fixé  la  com-^ 
position  de  ces  corps  par  l'analyse  d'un  sel  platinique,  faiblement  cristallin, 
qui  renferme  : 

[(C'H*  )"  (C/ H')»  HUzP]"C[%  aPtCP. 

»  Action  de  la  métli/lamine,  de  la  triméthylamii^e  et  de  C éllij lamine  sur  le 
bromure  monoatomique.—  Les  phénomènes  qui  se  présentent  dans  ces  réac-» 
tions  sont  semblables  à  ceux  qu'on  observe  dans  les  expériences  précé- 
dentes. Ces  réactions  donnent  naissance  aux  dibromures  cristallins,  mais 
déhquescents,  de  trois  métaux  diatomiques  à  azote  et  phosphore  : 

[(C*H^)"(C'H')'(C*H')»H^AzP]"Br^ 
[{C'ïV)"{Cni'Y  [C/ïPy  AzP]"Br% 
[(C^H*)"  (C'H=)*H^AzP]"Br. 

w  Ces  dibromures  se  changent  sous  l'influence  de  l'oxyde  d'argent  en 
oxydes   très-stables,   très-caustiques,  très-solubles,  se  séparant  par  l'éva- 


(  882  )  . 

poration  de  la  solution  aqueuse  à  l'état  de  liquides  huileux,  renfermant  : 


[(C*H*)"(C=H')    (C'H»/H=AzP]"|^, 

H 

[(C*H*)"(C='H')'(C*H=)«       AzP 

H 

[(C*H*)" 


mO% 


o* 


»  Toutes  ces  bases  diatomiques  sont  remarquables  par  la  beauté  de  leurs 
sels  de  plaline  et  de  leurs  sels  d'or.  Ce  sont  des  combinaisons  difficilement 
solubles  dans  l'eau  froide,  qui  se  déposent  en  aiguilles  magnifiques  par  le 
refroidissement  de  leurs  dissolutions  dans  l'eau  chaude.  L'analyse  de  ces 
sels  m'a  permis  de  fixer  avec  facilité  la  composition  des  bases  précédentes. 

»  La  triéthylphosphine  est  facilement  attaquée  par  les  homologues  et  les 
analogues  du  dibromure  d'éthyléne.  Traitée  par  le  di-iodure  de  méthylène, 
par  les  dibromures  de  propylène  et  d'amylène  ou  par  le  dichlorure  de  ben- 
zoylène,  la  base  phosphorée  se  prend  en  masse.  Je  n'ai  examiné  en  détail 
que  le  produit  qui  se  forme  par  l'action  du  di-iodure  de  méthylène  sur  la 
triéthylphosphine. 

»  Action  du  di-iodure  de  méthylène  sur  la  triéthylphosphine.  —  Les  deux 
corps  réagissent  l'un  sur  l'autre  avec  dégagement  de  chaleur.  Il  se  forme 
deux  iodures  bien  cristallisés  en  aiguilles,  qu'on  sépare  en  les  traitant  par 
l'alcool  absolu. 

»  Le  premier  difficilement  soluble  dans  l'alcool  est  un  sel  monoatomique 
représenté  par  la  formule 

[(C»Hn)(C*H'')»P]L 

Ce  sel  est  remarquable  par  la  pertinacité  avec  laquelle  il  retient  l'iode  qui 
fait  partie  intégrale  de  l'ammonium.  En  le  traitant  à  la  température  ordi- 
naire par  l'oxyde  d'argent,  on  parvient  à  isoler  la  base  libre 


[(C=H^I)(C«H»)»PJ 


H  )      ' 


ce  qu'on  ne  peut  pas  accomplir  avec  le  bronuire  monoatomique  de  la  série 
d'éthyléne,  parce  que  le  brome  latent,  sous  l'influence  d'une  molécule 
d'eau,  s'élimine  à  l'état  d'acide  bromhydrique  et  est  alors  remplacé  parle 
reste  HO*.  Traitée  par  l'acide  chlorhydrique  et  le  dichlorure  de  platine,   la 


(  883  ) 

base  iodée  donne  un  beau  sel  platinique  peu  soluble  dans  l'eau  froide  et  se 
déposant  en  prismes  par  le  refroidissement  d'une  dissolution  bouillante. 

»  Le  second  iodure  qui  se  produit  dans  l'action  réciproque  entre  la 
triéthylphosphine  et  le  di-iodufe  de  méthylène,  est  un  sel  cristallisé  en 
aiguilles  renfermant 

[(C»H'0»HC*H'')«P]I. 
Le  traitement  par  l'oxyde  d'argent  le  transforme  en  oxyde  : 

[(C«H'0»)(C*H')'P]) 

H  r 

Le  sel  platinique  cristallise  en  octaèdres  d'un  jaune  foncé.  Je  n'ai  pas 
encore  réussi  à  produire  le  sel  diatomique  de  cette  série. 

»  Pour  compléter  cette  recherche,  il  y  avait  encore  à  produire  par  des 
procédés  semblables  les  bases  diatomiques  à  azote. 

))  Action  de  la  Irimélhylamine  et  de  la  triéthjlamine  sur  le  dibromure  d^étliy- 
léne  et  le  di-iodure  de  méthylène.  —  J'ai  déjà  fait  voir(i),  à  une  époque  anté- 
rieure, que  dans  l'action  réciproque  entre  le  dibromure  d'éthylène  et  les 
uionamines  tertiaires,  il  se  forme  un  bromure  monoatomiqne  parfaitement 
analogue  au  produit  qu'on  obtient  dans  la  première  phase  de  l'action  de  ce 
dibromure  sur  la  triéthylphosphine.  La  triméthylamine,  par  exemple,  traitée 
tie  cette  manière,  donne  naissance  au  sel 

[(C*H»Br)(C«H')»Az]Br. 

Depuis  ce  temps  j'ai  fait  l'expérience  analogue  dans  la  série  étl\ylique.  La 
triélhylamine  fournit  le  bromure  correspondant 

[(C*H*Br)(C/H')'Az]Br. 

Mais  j'ai  vainement  essayé  de  transformer  ces  corps  en  combinaisons  diato- 
miques en  les  soumettant  à  l'action  des  monamines  les  plus  différentes. 
L'analogie  qu'on  observe  entre  les  bromures  monoatomiques  à  azote  et 
ceux  à  phosphore  se  dément  donc  dans  cette  réaction.  Traités  par  l'am- 
moniaque ou  par  des  monamines,  les  bromures  monoatomiques  des  bases 
azotées  perdent  le  brome  latent  à  l'état  d'acide  brouihydrique  et  se  trans- 
forment en  combinaisons  vinyliques.  Les  bromures  dérivant  de  la  trimé- 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XLVII,  p.  558. 


(  88/i  ) 
thylamine  et  de  la  triétylamine  fournissent  de  cette  manière  les  bromures 
de  triméthyl-vinyl-ammonium  et  de  Iriéthyl-vinyl-ammonium  : 

[(C^H'/(C*H')Az]Br, 
[(C*H'')(C^H')'Az]Br. 

»  J'ai  essayé  de  produire  ces  corps  en  substituant  dans  le  procédé  précé- 
dent le  dichlorure  au  dibromure  d'éthylène:  La  réaction  entre  le  dichlorure 
et  la  triméthylaraine  est  parfaitement  analogue  à  celle  qu'on  observe  en 
employant  le  dibromure.  Au  contraire,  la  triéthylamine  traitée  par  le 
dichlorure  donne  naissance  à  de  nouveaux  corps. 

u  Je  n'ai  pas  été  plus  heureux  en  remplaçant  le  dibromure  d'éthylène 
par  le  di-iodure  de  méthylène.  La  réaction  réciproque  entre  la  triméthyla- 
mine  et  ce  dernier  corps  donne  naissance  à  un  sel  cristallisé  en  aiguilles. 
C'est  l'iodure 

[rC»H^I)(C='H»)»Az]L 

Sous  l'inflnence  de  la  triméthylamine  ou  de  l'ammoniaque,  ce  sel  ne  s'al- 
tère qu'à  la  longue.  Je  n'ai  pas  réussi  à  fixer  sur  ce  corps  une  seconde 
molécule  de  monamine.  L'oxyde  d'argent  transforme  l'iodure  en  base  libre 


[(C^Hn)(C*H»)'Az] 
H 


o% 


laquelle,  par  luie  ébullition  prolongée,  échange  l'iode  contre  le  reste  HO- 
et  finit  par  se  transformer  en  oxyde, 

Il    i^- 

Ljes  deux  bases  se  distinguent  très-facilement  par  les  sels  platiniques  :  le  sel 
de  la  base  iodée  cristallisant  en  tables  et  le  sel  de  la  base  oxygénée  s'obte- 
nant  en  grands  octaèdres. 

»  Les  monamines  triméthylique  et  triéthylique  de  la  série  d'azote  n'imi- 
tent donc  qu'à  moitié  la  conduite  de  leurs  analogues  phosphorées.  Elles  ne 
produisent  par  l'action  des  bromures  et  iodures  diatomiques  que  des  sols 
monoatomiques. 

))  Mais  les  sels  diatomiques  que  je  cherchais  n'en  existent  pas  moins  ; 
je  les  ai  obtenus  en  grand  nombre  à  l'occasion  de  ma  récente  controverse 
avec  M.  Gloéz  sur  les  diammoniaques.  On  produit  ces  corps  très-facilement 


(  885  ) 
en  faisant  i-éagir  l'iodure  d'éthyle  ou  de  méfhyle  sur  les  diainines  éthy lé- 
niques. 

»  J'ai  obtenu  de  cette  manière  les  di-iodures  bien  cristallisés  : 

[(C*H')"  (C*H*)''Az^]"I% 
[(C'H*y"(C*H')*Az''J"P, 
[(C*H*)"  (C»H')''Az»]"l% 

»  Ces  sels  se  transforment  par  l'oxyde  d'argent  en  bases  très-caustiques, 
très-solubles,  parfaitement  semblables  aux  termes  analogues  des  séries  de 
diphosphonium  et  de  phosphammonium. 

w  Toutes  ces  bases  donnent  des  sels  platiniques  bien  définis  et  presque 
toujours  difficilement  solubles  dans  l'eau.  Us  cristallisent  en  prismes,  que 
très-souvent  on  ne  peut  pas  distinguer  des  sels  de  diphosphonium  corres- 
pondants. 

»  Les  recherches  qui  font  le  sujet  de  cette  Note  et  celles  que  j'ai  com- 
muniquées à  l'Académie  à  une  époque  antérieure,  fixent  donc  d'une  ma- 
nière définitive  l'existence  de  trois  groupes  de  bases  diatomiques,  savoir  : 
les  bases  diammoniques,  les  bases  diphosphoniques  et  les  bases  intermé- 
diaires à  azote  et  phosphore. 

»  Tous  ces  corps  appartiennent  au  type  : 


H 


;o 


»  Formulés  d'une  manière  générale,  ils  se  représentent  par  les  expres- 
sions suivantes  : 

[R"R«  ?=*,]" 


[R"R»Az^]"| 


[R"R''PAz]" 
H* 


jo.. 


»  J'ai  constaté  par  l'expérience  que  le  bromure  monoatomique  de  la 
série  du  phosphore,  qui  a  servi  de  point  de  départ  dans  les  recherches  pré- 
cédentes, est  vivement  attaqué  par  la  triéthylarsine  et  la  triéthylstibine.  La 
nature  des  produits  de  cette  réaction,  dont  l'étude  m'occupe  à  présent, 
n'est  pas  encore  fixée  par  l'analyse.   » 

C.  R.,  i85p,  3»«  Semestre.  (T.  XLIX,  N<>  23.)  1  l5 


(  886  ) 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Expériences  sur  la  résistance  vitale  des  animalcules 
pseudo-ressuscitants ;  par  M.  Pouchet. 

«  Ces  expériences  viennent  démontrer  que  ces  animalcules  se  dessèchent, 
et  par  conséquent  meurent  assez  promptement,  quand  on  les  soustrait  à 
l'humidité  qu'entretiennent  autour  d'eux  soit  les  mousses  dans  les  racines 
desqnellesils  vivent,  soit  le  terreau  dans  lequel  on  les  conserve.  Elles  dé- 
montrent aussi  que  l'on  peut  poser  comme  une  loi  générale  que  la  dessicca- 
tion et  la  mort  des  animalcules  pseudo-ressuscitants  se  manifestent  en  raison 
directe  de  l'élévation  de  la  température  et  en  raison  inverse  de  son  abaisse- 
ment et  de  l'humidité  atmosphérique. 

»  Tout  le  terreau  employé  dans  ces  expériences  provenait  des  combles 
de  la  cathédrale  de  Rouen,  où  il  avait  été  récolté  le  i*"^  août  dernier.  On  le 
fit  d'abord  sécher  à  l'ombre,  et  quand  il  fut  devenu  sec  et  pulvérulent,  on 
s'assura  qu'il  était  très-abondant  en  animalcules  appartenant  aux  genres 
Rotifère,  Tartigrade  et  Anguillule. 

.  j>  Première  série.  Dessiccation  à  l'air  atmosphérique.  —  Toutes  ces  expériences 
ont  été  commencées  le  loaoût,  et  la  température  moyenne  a  été  pendant 
leur  durée  de  aS^ja  dans  le  courant  de  ce  même  mois  ;  de  i6°,i  en  sep- 
tembre et  de  i3°,5  en  octobre.  On  prit  cinq  plaques  en  verre  de  2  déci- 
mètres carrés  de  surface,  et  sur  chacune  d'elles,  à  l'aide  d'un  tamis  de  soie, 
on  étala  1  décigrammes  du  terreau  très-abondant  en  animalcules  con- 
tractés et  réviviscibles.  Celui-ci  ne  formait  à  la  surface  du  verre  qu'un  nuage 
de  poussière  uniforme  excessivement  mince,  dont  le  microscope  indiquait 
que  les  granules  étaient  entre  eux  généralement  à  distance,  et  que  les  ani- 
malcules contractés  se  trouvaient  eux-mêmes,  pour  la  plupart,  parfaitement 
isolés  de  tout  contact  avec  ces  granules.  Cette  disposition  permettait  d'ap- 
précier quelle  était  l'influence  du  contact  immédiat  de  l'atmosphère  sur  les 
animalcules  pseudo-ressuscitants,  indépendamment  du  milieu  dans  lequel 
ils  résident.  Chaque  plaque  de  verre  fut  ensuite  mise  sur  un  sup])ort  et  ou 
la  recouvrit  d'une  cloche  en  verre,  terminée  au  haut  par  un  robinet  ouvert, 
afin  de  donner  issue  à  la  faible  quantité  de  vapeur  d'eau  qui  pourrait  se 
former. 

»  La  première  plaque  de  verre,  seide,  fut  placée  à  l'ombre  dans  un  bas- 
sin en  cristal,  et  soutenue  à  un  décimètre  au-dessus  d'une  nappe  d'eau  or- 
dinaire, et  on  la  recouvrit  ensuite  de  sa  cloche  de  verre  ouverte  à  la  voûte. 
Aujourd'hui,  après  plus  de  trois  mois  qu'a  diu'é  cette  expérience,  sous  cette 


(  887  ) 
cloche  où  l'air  est  amplement  saturé  d'humidité,  tous  les  Tardigrades,  les 
Rotiféres,  les  Anguillules  sont  susceptibles  d'être  ranimés;  on  ne  rencontre 
pas  un  seul  cadavre. 

))  La  deuxième  plaque  de  verre,  après  avoir  été  placée  sous  une  cloche, 
reposant  sur  un  support  en  bois  sec,  fut  ensuite  exposée  dans  un  lieu  élevé 
et  très-sec  où  elle  recevait  le  soleil  du  matin  au  soir.  La  poussière  étendue 
sur  cette  plaque  fut  examinée  par  portions  à  des  espaces  de  temps  égaux. 
Après  un  mois  d'exposition,  les  animalcules  qu'elle  renfermait  ont  commencé 
à  perdre  leur  reviviscence.  Après  deux  mois,'  presque  tous  étaient  morts. 
On  ne  rencontra  que  deux  Rotifères  expirants  au  milieu  d'un  nombre  con- 
sidérable de  cadavres  de  leurs  congénères,  de  Tardigrades  et  d' Anguillules. 
Enfin,  après  trois  mois,  le  lo  novembre,  tous  les  animalcules  de  la  plaque  étaient 
absolument  secs  et  morts,  et  une  hydratation  prolongée  durant  trois  jours, 
dans  une  atmosphère  de  -f-  28  degrés  centigrades,  ne  put  en  ranimer 
aucun  (i). 

»  La  troisième  plaque  de  verre  fut  exposée  dans  des  circonstances  qui 
tenaient  le  milieu  entre  celles  où  furent  placées  la  première  et  la  seconde.  On 
la  mit  dans  un  lieu  sec  qui  ne  recevait  le  soleil  que  jusqu'à  midi.  La  vie  des 
animalcules  se  soutint  plus  longtemps  que  dans  la  plaque  exposée  durant 
tout  le  jour  à  l'action  de  cet  astre  ;  mais,  cependant,  après  trois  mois  et  demi, 
toute  la  population  d'animalcules  qu'elle  recelait  était  absolument  morte. 

»  Deuxième  série.  Influence  de  la  lumière  colorée.  —  Ceci  établi,  j'ai  voulu 
savoir  si  la  coloration  de  la  lumière  n'agirait  pas  sur  la  vitalité  des  animal- 
cules. La  quatrième  plaque  fut  déposée  sous  une  bâtisse  où  elle  ne  recevait 
que  de  la  lumière  rouge.  Après  six  semaines,  presque  tous  les  Tardigrades 
et  les  Rotifères  y  avaient  conservé  leur  reviviscence  (2).  Enfin,  la  cinquième 
plaque  fut  soumise,  pendant  le  même  laps  de  temps,  à  l'action  d'une  lumière 
bleue.  Celle-ci  parut  uniquement  influencer  les  Tardigrades  :  tous  ces  ani- 
malcules étaient  morts  sur  cette  plaque ,  tandis  qu'au  contraire  presque  tous 
les  Rotifères  étaient  vivants.  J'ai  dix  observations  sur  cette  influence  des 
rayons  colorés.  Cependant,  ce  fait  me  semble  si  extraordinaire,  que  je  ne  le 
cite  encore  que  pour  prendre  date. 


(i)  Cette  expérience  vient  encore  à  l'appui  de  celles  que  nous  avons  déjà  fait  connaître  et 
qui  avaient  été  exécutées  pendant  l'été.  Seulement,  ici  la  température  atmosphérique  ayant  été 
plus  basse,  la  reviviscence  ne  s'est  éteinte  qu'après  un  temps  plus  long. 

(2)  Ces  expériences  furent  commencées  le  lo  septembre.  Les  appareils  étaient  exposés  au 
soleil,  à  compter  de  midi. 

ii5.. 


(  888  ) 

»  Troisième  série.  Influencé  de  l'air  sec  et  cliaud  sur  In  vitalité  des  animal- 
cules. —  On  prit  quinze  petits  ballons  remplis  d'air  sec,  dans  chacun  des- 
quels on  introduisit  5  décigramraes  de  terreau  abondant  en  animalcules  ré- 
viviscibles.  Ces  ballons  furent  ensuite  exactement  bouchés  et  placés  dans 
desétuves  diversement  chauffées. 

»  Dans  une  étuve  à  chaleur  ascendante,  et  qui,  en  dix  jours,  de  la  tem- 
pérature ambiante  avait  été  portée  à  celle  de  55  degrés,  déjà  plus  de  la  moi- 
tié des  animalcules  avaient  subi  la  dessiccation  et  étaient  morts  (i). 

»  Mais  après  cinq  jours  de  séjour  dans  une  étuve  à  température  per- 
manente de  56  degrés  centigrades  en  moyenne  (2) ,  les  trois  quarts  des 
animalcules  étaient  morts  dans  cinq  des  ballons  que  l'on  explora  (3). 
Enfin,  après  dix  jours  de  séjour  dans  cette  même  étuve  à  56  degrés, 
tous  les  animalcules  avaient  été  desséchés  et  étaient  complètement  morts, 
dans  les  cinq  derniers  ballons.  Une  hydratation  de  quatrejours,  à  la  tem- 
pérature de  -+-  18°,  n'en  ranima  aucun.  Ces  expériences,  d'une  si  grande 
simplicité,  ne  suffiraient-elles  pas  pour  démontrer  que  la  seule  dessiccation 
des  animalcules  en  entraîne  la  mort  absolue,  et  qu'ils  ne  sont  réellement 
réviviscibles  qu'autant  que  celle-ci  n'est  pas  complète?   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

OPTIQUE.  —  Sur  la  théorie  mathématique  de  la  Lumière.  Première  partie  : 
Propagation  de  la  lumière  dans  les  milieux  cristallisés;  Mémoire  de 
M.  Ch.  Rriot.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  de  Senarmont,  Bertrand.) 

«  La  théorie  des  ondulations,  dont  les  principes  ont  été  posés  il  y  a  deux 
siècles  par  Huyghens  et  qui  a  été  remise  en  honneur  par  les  beaux  travaux 
de  Fresnel,  paraît  avoir  acquis,  sinon  une  certitude  absolue,  du  moins  un 
grand  degré  de  probabilité.  Tous  les  physiciens  admettent  aujourd'hui 
l'existence  d'un  milieu  qu'ils  nomment  élher,  dans  lequel  se  propagent  les 

(i)  Dans  un  des  ballons,  après  quarante -huit  heures  d'hydratation,  on  renconira  3?.  Roti- 
fères  et  8  Tardigrades  morts;  et  seulement  1 2  Rotiféres  et  5  Tardigrades  vivants. 

(2)  Le  maximum  s'est  élevé  à  62", 5  ;  le  minimum  a  été  de  54  degrés. 

(3)  Un  des  ballons,  après  une  hydratation  de  trente  heures,  présenta  ce  qui  suit  :  66  Roti- 
féres, 18  Tardigrades  et  3  Anguillulcs  morts  et  presque  tous  endosmoses;  et  seulement 
i8  Rotiféres  et  2  Tardigrades  vivants. 


(  889  ) 
vibrations  lumineuses.  On  peut  regarder  ce  milieu  comme  formé  de  molé- 
cules égales,  agissant  les  unes  sur  les  autres  par  attraction  ou  répulsion;  il 
est  naturel  de  supposer  que  la  force  qui  s'exerce  entre  deux  molécules  est 
dirigée  suivant  la  droite  qui  les  joint  et  varie  suivant  une  fonction  inconnue 
de  la  distance.  Si  par  une  cause  quelconque  les  molécules  d'éther  ont  été 
dérangées  très-peu  de  leurs  positions  d'équilibre,  elles  exécutent  autour  de 
ces  positions  d'équilibre  des  vibrations  très-petites;  il  est  facile  de  trouver 
les  équations  différentielles  de  ces  mouvements  vibratoires  très-petits. 

M  Dans  l'éther  libre,  les  molécules  n'ayant  aucune  disposition  particu- 
lière, les  équations  différentielles  sont  indépendantes  de  la  direction  des 
axes  auxquels  on  rapporte  le  mouvement  :  c'est  là  ce  que  Cauchy  appelle 
un  milieu  isotrope.  Cet  illustre  géomètre  a  reconnu  que  dans  un  semblable 
milieu  peuvent  se  propager  deux  sortes  de  vibrations,  les  unes  transver- 
sales, les  autres  longitudinales.  Les  vibrations  transversales  s'exécutent  dans 
le  plan  de  l'onde;  les  vibrations  longitudinales  sont  perpendiculaires  au  plan 
de  l'onde.  C'est  aux  vibrations  transversales  que  l'on  attribue  les  phéno- 
mènes lumineux.  Dans  un  milieu  isotrope  les  vibrations  transversales  ne 
sont  pas  polarisées,  c'est-à-dire  que  chaque  molécule  pendant  sa  vibration 
décrit  dans  le  plan  de  l'onde  une  courbe  indéterminée  :  c'est  là  ce  qu'où 
appelle  la  lumière  naturelle, 

»  Dans  l'éther  libre  les  molécules  sont  distribuées  uniformément  dans 
toutes  les  directions,  et  par  conséquent  la  distance  moyenne  des  molécules 
d'éther  est  la  même  sur  une  droite  quelconque.  Mais  il  n'en  est  plus  de 
même  dans  les  milieux  cristallisés.  Je  considère  d'abord  un  cristal  ayant  la 
forme  d'un  parallélipipède  rectangle;  les  alvéoles  formées  par  les  molé- 
cules pondérables  sont  remplies  d'éther,  mais  l'action  exercée  par  les  mo- 
lécules pondérables  sur  les  molécules  d'éther  modifie  la  disposition  de  ces 
dernières,  et  la  distance  moyenne  des  molécules  d'éther  n'est  plus  la  même 
dans  toutes  les  directions.  Je  regarde  l'éther  engagé  dans  le  cristal  comme 
un  meilleur  isotrope  modifié  par  la  présence  des  molécules  pondérables,  et 
je  suppose  que  ces  molécules  pondérables  produisent,  suivant  trois  direc- 
tions rectangulaires,  des  variations  très-petites  dans  la  dislance  moyenne 
des  molécules  d'éther.  Traduisant  cette  idée  en  mathématiques,  je  cherche 
ce  que  deviennent  les  équations  différentielles  du  mouvement  vibratoire 
dans  l'éther  ainsi  modifié,  et  j'applique  ensuite  ces  équations  aux  trois 
formes  principales  des  cristaux  rectangulaires,  savoir  :  le  cube,  le  prisme 
droit  à  base  carrée,  et  le  parallélipipède  à  trois  axes  inégaux. 


(  890  ) 
»  La  propagation   des  vibrations  lumineuses  dans  les  cristaux  cubiques 
s'accomplit  suivant  les  mêmes   lois  que  dans  l'éther  libre. 

»  Dans  le  prisme  droit  à  base  carrée,  on  a  d'abord  une  première  vibra- 
tion transversale  qui  s'exécute  suivant  la  trace  du  plan  de  l'onde  sur  un 
plan  perpendiculaire  à  l'axe  du  prisme  ;  cette  première  vibration,  rigou- 
reusement transversale  et  polarisée  en  ligne  droite,  forme  ce  que  les  phy- 
siciens nomment  le  rayon  ordinaire.  On  trouve  ensuite  une  seconde  vibra- 
tion rectiligne  à  peu  près  transversale,  perpendiculaire  à  la  première  et 
s'effectuant  dans  le  plan  mené  par  l'axe  du  cristal  perpendiculairement  au 
plan  de  l'onde;  c'est  le  rayon  extraordinaire.  Il  y  a  enfin  une  troisième  vibra- 
tion rectiligne  à  peu  près  perpendiculaire  au  plan  de  l'onde  qui  ne  se  ma- 
nifeste par  aucun  phénomène  lumineux. 

))  Jusqu'ici  j'ai  laissé  arbitraire  la  loi  suivant  laquelle  les  molécules 
d'éther  agissent  les  unes  sur  les  autres.  En  ne  faisant  aucune  hypothèse  sur 
cette  loi,  on  trouve  que  la  vitesse  de  propagation  du  rayon  ordinaire  varie 
avec  la  direction  de  ce  rayon;  mais  on  a  reconnu  par  l'expérience  que, 
dans  les  cristaux  prismatiques  à  base  carrée,  la  vitesse  du  rayon  ordinaire 
est  la  même  dans  toutes  les  directions.  La  fonction  inconnue  doit  donc  satis- 
faire à  cette  condition.  En  supposant  que  l'action  des  molécules  d'éther 
s'exprime  par  une  puissance  de  la  distance,  je  trouve  que  cette  force  varie 
en  raison  inverse  de  la  quatrième  ou  de  la  sixième  puissance  de  la  distance. 
La  première  hypothèse  doit  être  rejetée,  parce  que  dans  ce  cas  la  vitesse  de 
propagation  des  vibrations  transversales  serait  nulle;  il  faut  donc  admettre 
la  sixième  puissance.  Il  reste  à  déterminer  le  sens  de  la  force,  c'est-à-dire 
si  elle  est  attractive  ou  répulsive.  On  voit  aisément  que,  si  la  force  était  at- 
tractive et  en  raison  inverse  de  la  sixième  puissance  de  la  distance,  les  vibra- 
tions transversales  ne  pourraient  se  propager;  la  force  est  donc  répulsive. 
Je  conclus  de  là  que  tout  se  passe  comme  si  les  molécules  délher  se  repous- 
saient mutuellement  en  raison  inverse  de  la  sixième  puissance  de  ta  distance. 

»  En  admettant  cette  loi,  on  obtient  l'onde  d'Huyghens,  savoir  la  sphère 
pour  le  rayon  ordinaire,  et  un  ellipsoïde  de  révolution  allongé  ou  aplati 
pour  le  rayon  extraordinaire. 

»  Le  prisme  droit  à  base  carrée  appartient  à  la  catégorie  des  prismes  droits 
à  base  réguhère,  et  plus  généralement  des  cristaux  qui  coïncident  avec 
eux-mêmes,  quand  on  les  fait  tourner  d'un  certain  angle  autour  de  leur 
axe.  Dans  ces  cristaux,  les  équations  différentielles  du  mouvement  vibra- 
toire ont  la  même  forme  que  dans  le  prisme  droit  à  base  carrée,  et  elles  ne 
changent  pas  quand  on  fait  tourner  les  axes  des  coordonnées  d'un  angle 


(891  ) 
quelconque  autour  de  l'axe  des  prismes.  Le  milieu  est  isotrope  autour  de 
cet  axe.  Ainsi,  dans  tout  prisme  droit  régulier,  la  propagation  de  la  lumière 
s'effectue  suivant  les  mêmes  lois  que  dans  le  prisme  droit  à  base  carrée  :  à 
cette  catégorie  appartiennent  le  prisme  hexagonal  et  le  rhomboèdre. 

»  J'étudie  ensuite  le  parallélipipèiie  rectangle  à  trois  axes  inégaux.  On 
obtient  trois  vibrations  recfilignes  perpendiculaires  entre  elles;  deux  sont 
situées  à  peu  près  dans  le  plan  de  l'onde  ;  la  troisième  est  à  peu  près  per- 
pendiculaire à  ce  plan.  On  ne  retrouve  les  lois  de  Fresnel  pour  les  deux  vi- 
brations quasi-transversales  que  si  une  certaine  condition  est  vérifiée,  et 
cette  condition  est  la  même  que  celle  que  j'ai  déjà  trouvée  parla  considé- 
ration du  rayon  ordinaire  dans  les  cristaux  à  un  axe.  Ainsi  les  lois  d'Huy- 
ghenspour  les  cristaux  à  un  axe  optique,  et  celles  de  Fresnel  pour  les 
cristaux  à  deux  axes  optiques,  conduisent  à  la  même  loi  pour  l'action  mu- 
tuelle de  deux  molécules  d'élher. 

»  Lorsque  le  cristal  a  la  forme  d'un  parallélipipède  oblique,  il  est  clair  que 
les  molécules  pondérables  modifient  la  distance  moyenne  des  molécules 
d'éther  suivant  trois  directions  parallèles  aux  arêtes  du  parallélipipède.  Je 
démontre  qu'il  existe  dans  le  parallélipipède  trois  directions  perpendicu- 
laires entre  elles  et  telles,  que,  si  on  les  prend  pour  axes  des  coordonnées,  les 
équations  différentielles  du  mouvement  vibratoire  ont  la  même  forme  que 
dans  le  parallélipipède  rectangle.  La  même  chose  a  lieu  dans  un  milieu  ho- 
moédrique  quelconque  ;  on  appelle  milieu  homoédrique  un  milieu  dont  les 
molécules  sont  disposées  deux  à  deux  symétriquement  par  rapport  à  cha- 
cune d'elles,  c'est-à-dire  sur  une  même  droite  et  à  égale  distance  de  part  et 
d'autre.  Il  résulte  de  là  que,  au  point  de  vue  des  propriétés  optiques,  les 
milieux  homoédriques  se  classent  en  trois  catégories  ayant  pour  types  : 
1°  le  cube;  2°  le  prisme  droit  à  base  carrée;  3**  le  parallélipipède  rectangle 
à  trois  axes  inégaux. 

»  Les  équations  du  mouvement  vibratoire  contiennent  la  dérivée  seconde 
du  déplacement  de  la  molécule  par  rapport  au  temps,  et  les  dérivées  des 
différents  ordres  par  rapport  aux  trois  coordonnées  qui  déterminent  sa 
position.  Dans  les  milieux  homoédriques,  les  coefficients  des  dérivées 
d'ordre  impair  sont  nuls;  d'ailleurs  les  coefficients  vont  en  diminuant 
très-rapidement  à  mesure  que  l'ordre  de  la  dérivée  augmente.  Si  l'on 
ne  conserve  que  les  premiers  termes  et  qu'on  néglige  les  termes  suivants 
qui  sont  très-petits  par  rapport  aux  premiers,  les  équations  différentielles 
du  mouvement  vibratoire  ne  contiennent  que  les  dérivées  du  second  ordre 
et  sont  homogènes  par  rapport  à  ces  dérivées.  Il  en  résulte  que  la  vitesse 


(  89^  ) 
de  propagation  des  rayons  lumineux,  dans  inie  direction  quelconque,  est 
indépendante  de  la  longueur  d'onde  ;  mais  on  sait  que  dans  les  milieux 
isotropes,  tels  que  le  verre,  l'air  atmosphérique,  les  cristaux  cubiques,  la 
vitesse  de  propagation  varie  avec  la  longueur  d'onde,  et  qu'elle  est  plus 
grande  pour  les  rayons  rouges  que  pour  les  rayons  violets. 

»  Pour  expliquer  cette  inégalité  de  vitesse  des  rayons  lumineux,  Cauchy 
avait  recours  aux  dérivées  du  quatrième  ordre  qu'il  avait  d'abord  négligées. 
Mais  cette  explication  soulève  une  objection  grave  ;  car  si  ces  termes  du 
quatrième  ordre  avaient  une  influence  sensible  dans  les  milieux  isotropes 
dont  je  viens  de  parler,  ils  en  auraient  une  aussi  dans  l'éther  libre  ;  or  l'ob- 
servation des  étoiles  prouve  que  dans  l'éther  libre  la  vitesse  de  propagation 
des  rayons  lumineux  est  constante,  ou  du  moins  que,  s'il  y  a  une  différence, 
elle  est  tout  à  fait  inappréciable.  Il  est  donc  à  présumer  que  ces  termes 
sont  nuls,  et  que  l'inégalité  de  vitesse  est  due  à  une  autre  cause.  La  condi- 
tion que  l'on  obtient  en  égalant  ces  termes  à  zéro,  signifie  que  la  force 
moléculaire  varie  en  raison  inverse  de  la  sixième  puissance  de  la  distance. 
Je  retrouve  ainsi  par  un  autre  moyen  la  loi  d'action  mutuelle  des  molé- 
cules d'éther  à  laquelle  j'ai  été  conduit  par  la  considération  des  cristaux 
à  un  axe  et  des  cristaux  à  deux  axes  optiques.  » 

CHIRURGIE.  —  Note  sur  un  cas  très-grave  de  polype  naso-pharynfjien,  extirpé 
avec  succès  parla  boutonnière  palatine  au  moyen  de  la  ligature  extemporanée 
et  de  la  cautérisation  en  flèches;  par  M.  Maisonneuve.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Velpeau,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

«  Dans  la  séance  du  aa  août  dernier,  j'ai  soumis  à  l'Académie  un  nou- 
veau procédé  opératoire  dit  de  la  boutonnière  palatine,  destiné  à  remplacer, 
pour  l'extirpation  des  polypes  naso-pharyngiens,  les  graves  mutilations  con- 
sidérées ordinairement  comme  indispensables.  Dans  le  fait  qui  servait  de 
base  à  cette  communication,  la  tumeur  n'ayant  acquis  encore  qu'un  faible 
développement,  l'opération  avait  pu  être  exécutée  en  quelques  minutes  et 
la  guérison  obtenue  en  peu  de  jours.  Mais  la  simplicité  même  de  cette  opé- 
ration pouvait  laisser  des  doutes  sur  son  efficacité  dans  les  cas  graves.  Au- 
jourd'hui, les  appréhensions  que  j'avais,  moi-même,  à  cet  égard  sont  dissi- 
pées, et  j'ai  acquis  la  certitude  que  la  boutonnière  palatine  convient  aussi  bien 
à  l'extirpation  des  polypes  naso-pharyngiens  les  plus  graves  qu'à  ceux  de 
petite  dimension.  En  effet,  dans  le  cas  qui  fait  l'objet  de  ma  nouvelle  com- 


(«93  ) 
«miiiication,  le  polype  était  certainement  un  des  plus  considérables  et  des 
plus  compliqués,  puisque  par  ses  embranchements  multiples  il  remplissait  le 
pharynx,  envahissait  les  fosses  nasales,  déprimait  la  vovite  palatine,  con- 
tournait en  arrière  et  en  dehors  l'os  maxillaire  supérieur,  pénétrait  dans  la 
fosse  zygomatique,  et  de  là  se  prolongeait  d'une  part  dans  l'épaisseur  de  la 
joue,  d'autre  part  dans  la  fosse  temporale.  Néanmoins,  pour  opérer  la  cure 
complète  de  cette  tumeur,  j'ai  dû  :  i°  ajouter  à  la  boutonnière  palatine  mie 
deuxième  ouverture,  faite  à  la  face  interne  de  la  joue,  sans  laquelle  il 
«l'eût  été  impossible  d'extraire  les  prolongements  externes  qui  occupaient  la 
région  génieniie  et  la  fosse  temporale;  2°  substituer  aux  procédés  ordinaires 
de  section  par  l'instrument  tranchant,  et  de  cautérisation  au  fer  rouge,  les 
procédés  plus  simples  et  plus  sûrs  de  la  ligature  extemporanée,  au  moyen  [du 
fil  de  fer  et  de  la  cautérisation  en  flèches. 

»  Le  malade  était  un  jeune  homme  de  22  ans,  nommé  Poujaud  (Jules), 
sur  lequel  j'avais  dans  une  première  séance,  le  10  octobre  iSSg,  extirpé  au 
moyen  de  la  ligature  extemporanée  la  portion  pharyngienne,  ainsi  que  des 
prolongements  géniens  et  temporaux  de  la  tumeur.  Cette  extirpation  s'est  ef- 
fectuée facilement  d'un  côté  par  la  boutonnière  palatine,  de  l'autre  par  une 
boutonnière  pratiquée  à  la  face  interne  de  la  joue.  Dans  tme  deuxième 
séance,  le  5  novembre,  j'ai  extirpé  encore  au  moyen  de  la  ligature  extem- 
poranée, mais  cette  fois  par  les  voies  naturelles,  le  prolongement  placé  dans 
la  fosse  nasale.  Dans  une  troisième  séance,  le  12  novembre,  j'ai  détruit  par 
la  cautérisation  en  flèches  la  portion  qui  déprimait  la  voûte  palatine.  Enfin, 
dans  une  quatrième  séance,  le  20  novembre,  j'ai  complété  la  cure  en  détrui- 
sant le  pédicule  de  la  tumeur,  au  moyen  d'une  deuxième  application  de 
flèches  caustiques.  De  sorte  qu'aujourd'hui,  28  novembre,  après  six  se- 
maines environ  de  traitement,  le  malade  se  trouve  entièrement  débarrassé 
de  sa  tumeur,  sans  que  son  visage  ait  la  moindre  mutilation,  et  sans  que  sa 
vie  ait  un  seul  instant  inspiré  d'inquiétudes.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  la  cicatrisation  des  plaies  sous  linjluence  de  l'acide 
carbonique;  par  MM.  Demarquay  el  Ch.  Leconte.  (Extrait.) 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Dans  un  précédent  Mémoire,  nous  avons  étudié  l'influence  que  certains 
gaz  exercent  lorsqu'ils  ont  été  injectés  dans  le  tissu  cellulaire  ou  dans  le 
péritoine  (séance  du  29  mars  i858).  Dans  un  second  (séance  du  25  avril 

C.  R.,  1859,  2<=  Semestre.  (T.  XLIX,  K"  25.)  Il6 


(  894  ) 
iSSg)  nous  avons  montré  que  tandis  que  l'oxygène,  mis  chaque  jour  au 
contact  des  tendons  divisés,  retarde  d'une  manière  très-sensible  la  réparation 
(les  plaies  sous-cutanées,  et  que  l'azote  est  complètement  dépourvu  d'action, 
l'acide  carbonique,  au  contraire,  active  d'une  manière  merveilleuse  la  répa- 
ration des  tendons  divisés. 

"  Ce  fait  une  fois  bien  constaté,  il  était  tout  naturel  d'espérer  que  l'acide 
carbonique,  mis  au  contact  d'une  plaie  des  téguments  exposée  au  contact 
de  l'air,  agirait  de  la  même  manière,  c'est-à-dire  qu'il  en  hâterait  considéra- 
blement la  cicatrisation  si  on  parvenait  à  le  maintenir  pendant  un  temps 
convenable  au  contact  de  la  plaie  qu'il  s'agissait  de  modifier.  Pour  atteindre 
ce  but,  nous  avons  prié  M.  Gariel  de  nous  faire  construire  des  appareils 
en  caoutchouc,  des  espèces  de  manchons  qui,  une  fois  appliqués  sur  les 
membres  atteints  de  plaies,  nous  permissent  de  plonger  ceux-ci  dans  une 
atmosphère  d'acide  carbonique.  Grâce  à  ces  manchons,  nous  avons  pu 
maintenir  pendant  quatre  et  six  heures,  et  même  plus,  des  membres  affectés 
de  plaies  en  contact  avec  l'acide  carbonique.  Plusieurs  malades,  atteints 
d'ulcères  gangreneux,  de  plaies  diphtéritiques  ou  de  mauvaise  nature,  ayant 
résisté  à  des  traitements  antérieurs,  ont  été  traités  par  nous  depuis  plus  de 
deux  ans  dans  le  service  chirurgical  de  la  Maison  municipale  de  Santé,  et 
ont  guéri  avec  une  rapidité  vraiment  remarquable:   » 

M.  AvENiER  Delagrée  adrcssc  une  addition  à  un  précédent  Mémoire  sur 
une  machine  à  gaz  chauds  et  à  vapeur  d'eau. 

L'auteur  demande  que  le  Mémoire,  avec  ce  supplément,  soit  admis  à 
concourir  pour  le  prix  de  Mécanique.  Il  prie  de  plus  l'Académie  de  vou- 
loir bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des  candidats  pour  une  place 
de  Correspondant  de  la  Section  de  Mécanique. 

Cette  demande  sera  renvoyée  à  la  Section.  Quant  au  Mémoire,  y  compris 
le  Supplément,  il  ne  pourra  être  admis  parmi  les  pièces  de  concours  que 
pour  l'année  1860. 

M.  Avenier  Delagrée  envoie,  en  outre,  une  Note  sur  un  foyer  fumivore  à 
flamme  renversée  pour  les  locomotives. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Poncelet,  Regnault,  Combes,  précédemment 
désignés  pour  d'aiitres  communications  de  l'auteur.) 


(Sg5  ) 

CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  i,E  Secrétaire  perpétuel  présenle  au  nom  de  l'auteur,  M.  Béchanijj, 
lui  opuscule  sur  les  métaux  qui  peuvent  exister  dans  le  sang  ou  dans  les 
viscères. 

«  Par  ce  travail,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  j'ai  essayé  de  démon- 
trer que  le  manganèse,  le  ciiivre,  le  plomb,  n'existent  dans  le  sang  que  par 
accident,  mettant  ainsi  d'accord  les  chimistes  qui  y  ont  constamment  trouvé 
ces  métaux  et  ceux  qui  ne  les  y  ont  jamais  rencontrés.  Cette  conclusion  est 
tirée  de  44  analyses  de  foie  ou  de  sang  humain  dans  lesquelles  le  cuivre  a  été 
constaté,  sans  doute  possible,  19  fois  au  moins  et  au  plus  aa  fois,  en  mettarit 
sur  le  compte  du  cuivre  les  cas  douteux.    » 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  un  Traité  des  Entozoaires  et  des  maladies  vermineuses,  par 
M.  Dnvaine,  savant  dont  l'Académie  a  plusieurs  fois  récompensé  les  travaux 
de  pathologie  et  de  physiologie  expérimentale, 

«  M.  Valenciennes  appelle  l'attention  sur  des  faits  entomologiques  ob- 
servés par  M.  Girard,  professeur  d'histoire  naturelle  au  collège  Rollin,  et 
met  sous  les  yeux  de  l'Académie  plusieurs  écrevisses  mortes  ou  vivantes  des 
mares  du  plateau  de  Brie-Comte-Robert  qui  ont  perdu  les  onglets  et  une 
partie  des  derniers  articles  de  leurs  pattes  rongées  ou  résorbées  par  la  suc- 
cion du  pied  du  petit  mollusque  acéphale  fluviatile  Cydas fiuviatilis.  Drap. 
On  voit  encore  sur  l'un  des  individus  les  Cyclades  attachées  aux  pattes 
de  l'écrevisse. 

»  M.  Valenciennes  dépose  en  même  temps  sur  le  bureau  de  l'Académie 
l'exemplaire  du  Mémoire  accompagné  de  planches  sur  lesquelles  M.  Girard 
a  fait  figurer  ce  nouveau  geftre  de  parasitisme,  ainsi  que  la  description  d'une 
nouvelle  espèce  de  Hemerobius  (//.  liimaculaliis  Girard),  deux  nouveaux 
crustacés  brachyoures,  l'un,  Cancer  Jossulalus  ejusd.;  Vautre,  Plat/carcinus 
BerviUei  ejusd. 

»  L'auteur  signale  en  terminant  l'action  toxique  anesthésique  de  la 
benzine  sur  les  fibres  de  certains  insectes.  » 


116.. 


(  «9^  ) 

«  M.  Pelocze  présente  au  nom  de  M.  Jacobi  un  certain  nombre  de  mé- 
dailles de  différents  modules  frappées  avec  des  alliages  de  platine  et  d'iri- 
dium, fondus  au  laboratoire  de  l'École  Normale  par  les  procédés  de 
MM,  H.  Sainte-Claire  Deville  et  Debray.  Ces  matières  ont  la  composition 
suivante  : 

I.  II.  III. 

Platine 80  Platine 90  Platine gS 

Iridium    ...      20  Iridium  ....      10  Iridium  ....       5 

100  ,100  100 

»  Elles  ont  été  laminées,  d'après  l'observation  de  M.  Jacobi,  à  froid  et 
sans  recuit,  avec  une  extrême  facilité,  présentant  les  qualités  des  métaux  les 
plus  ductiles.  Elles  ont  pris  sous  le  balancier  un  poli  aussi  parfait  que  le 
poli  des  coins,  accusant,  pour  les  alliages  riches  en  iridium,  une  dureté 
\xi\  peu  plus  grande  que  celle  de  l'or  à  0,916.  Cette  dureté  est  en  proportion 
de  la  quantité  d'iridium  qui  s'y  trouve,  tout  aussi  bien  (^e  la  résistance  de 
l'alliage  à  l'action  de  l'eau  régale,  laquelle  devient  presque  complète  à  partir 
du  titre  de  20  pour  100  d'iridium. 

»  Parmi  les  échantillons  déposés  sur  le  bureau  de  l'Académie  se  trouvent 
deux  médailles,  l'une  de  63  milUmètres  à  l'effigie  de  l'Empereur  Nicolas, 
l'autre  de  4 1  millimètres  à  l'effigie  de  l'Empereur  Alexandre  I".  Ces  médailles 
ont  été  fabriquées  avec  du  minerai  de  platine  des  mines  de  Nischny-Tagilsk 
appartenant  au  prince  Démidoff  et  apporté  par  M.  le  général  de  Rachette. 
Le  rainerai  fondu  directement  par  les  procédés  de  MM.  Deville  et  Debray 
a  donné  un  alliage  composé,  d'après  l'analyse  de  M.  Deville,  de 

Platine 92)6 

Iridium '7,0 

Rhodium o  ,4 

— « — 
100,0 

»  Cette  matière  s'est  laminée  avec  une  perfection  aussi  grande  que  les  al- 
liages fabriqués  directement;  elle  a  résisté  à  luie  épreuve  des  plus  con- 
cluantes, en  permettant  la  fabrication  d'une  médaille  dont  le  relief  dépasse 
5  millimètres,  ce  qui  n'avait  jamais  été  fait,  même  avec  le  platine  pur.  La 
matière,  quoique  devenue  très-dure  par  un  écrouissage  très-énergique,  s'est 
relevée  avec  une  grande  uniformité  pour  fournir  à  la  saillie  de  la  figure  la 


•V . 


(  897  ) 
substance  métallique  provenant  des  parties  latérales.  Il  arrive  souvent  que 
les  médailles  d'or  à  0,916  se  brisent  sous  le  coin  dans  les  mêmes  circon- 
stances. 

»  M.  Pclouze  présente  également  au  nom  de  M.  Jacobi  un  lingot  d'iri- 
dium fondu  du  poids  de  267  grammes.  Cette  matière,  considérée  jusqu'aux 
derniers  travaux  de  MM.  Deville  et  Debray  comme  des  plus  réfractaires  (1), 
s'est  fondue  avec  facilité,  en  se  purifiant,  au  moyen  des  fours  en  chaux  de 
ces  Messieurs  :  seulement  il  a  fallu  remplacer  le  gaz  de  l'éclairage  par  l'hy- 
drogène pur.  M.  Regnault,  en  prenant  la  chaleur  spécifique  de  ce  lingot, 
l'a  soumis  à  l'épreuve  la  plus  délicate  par  laquelle  on  puisse  contrôler  la 
pureté  d'un  corps  simple.  D'après  ce  qu'il  a  bien  voulu  dire  à  M.  Jacobi,  il 
ne  peut  rester  dans  celte  matière  que  de  petites  quantités  de  ruthénium.   » 

ic  A  l'occasion  de  celte  communication,  M.  Regnault  fait  remarquer  qu'il 
a  déterminé,  depuis  quinze  ans,  la  chaleur  spécifique  d'un  grand  nombre 
d'échantillons  d'iridium,  qui  tous  lui  ont  offert  une  anomalie  complète  par 
rapport  à  la  loi  des  chaleurs  spécifiques  des  corps  simples;  il  a  toujours 
attribué  cette  anomalie  aux  impuretés  du  métal.  L'échantillon  du  métal 
fondu  que  M.  Jacobi  a  bien  voulu  mettre  à  sa  disposition,  a  donné  une  cha- 
leur spécifique  qui  rentre  presque  exactement  dans  la  loi  générale.  » 

CHIMIE  ORGAiNiQUE.  —  Sur  les  propriétés  optiques  de  l'acide  tartrique  artificiel; 
extrait  d'une  Lettre  de  M.  Bohn  à  M.  Pelouze. 

«  La  solution  d'acide  tartrique  artificiel  ne  diffère  pas  dans  ses  proprié- 
tés optiques  d'une  solution  d'acide  tartrique  naturel  tiré  des  raisins  ou 
d'autres  fruits. 

»  Le  plan  de  polarisation  des  rayons  lumineux  qui  ont  traversé  une  co- 
lonne de  solution  d'acide  tartrique  artificiel  se  trouve  dévié  à  droite,  aussi 
bien  que  cela  arrive  si  la  lumière  passe  par  une  solution  d'acide  tartrique 
naturel  ordinaire.  Dans  mes  expériences  la  solution  de  l'acide  artificiel 
ayant  été  moins  concentrée  que  celle  de  l'acide  naturel,  l'interposition 
d'une  colonne  de  longueur  donnée  de  la  première  produisait  une  déviation 
moindre  que  celle  que  j'observais  quand  l'acide  naturel  se  trouvait  sur  la 
route  des  rayons. 

(i)  L'iridium  n'avait  jusqu'alors  été  fondu  qu'au  feu  de  la  pile  par  M.  Desprctz. 


(  898) 

»  La  succession  des  images  colorées  qui  se  voient  à  travers  l'acide  arti- 
ficiel et  le  spath  analyseur,  reste  la  même  lorsqu'on  remplace  l'acide  artifi- 
ciel par  l'acide  naturel.  Elle  est  différente  de  celle  que  l'on  observe  lorsque 
les  rayons  lumineux  ont  seulement  une  plaque  de  quartz  à  traverser. 

»  Après  l'addition  d'une  très-petite  quantité  d'acide  borique  à  la  solu- 
tion d'acide  tartrique  artificiel,  on  observe  une  déviation  du  plan  de  pola- 
risation bien  plus  grande,  et,  en  tournant  l'analyseur,  des  images  colorées 
qui  sont  apparemment  les  mêmes,  comme  s'il  n'y  avait  que  du  quartz  dans 
l'appareil  ou  de  l'acide  tartrique  naturel  mêlé  d'acide  borique.  » 

CHIMIE.  —  Synthèse  de  bases  oxygénées;  par  M.  Ad.  Wurtz. 

((  J'ai  démontré  récemment  que  l'oxyde  d'élhylène  peut  s'unir  directement 
à  l'eau  pour  former  les  alcools  monoéthylénique  (glycol),  diéthyléniqueet 
triéthylénique  suivant  que  la  combinaison  s'accomplit  entre  i ,  2  ou  3  atomes 
d'oxyde  d'éthylène  et  1  atome  d'eau.  Les  faits  sur  lesquels  je  vais  appeler 
aujourd'hui  l'attention  des  chimistes  se  rattachent  aux  précédents,  mais  ils 
sont  peut-être  plus  inattendus  et  plus  importants  quant  à  leurs  conséquences 
théoriques. 

»  L'oxyde  d'éthylène  s'unit  à  l'ammoniaque  sans  qu'il  y  ait  formation  e! 
élimination  d'eau.  Tous  les  éléments  de  l'oxyde  d'éthylène  s'unissent  à  tous 
les  éléments  de  l'ammoniaque  et  il  résulte  de  cette  synthèse  des  bases  oxy- 
génées douées  d'une  grande-énergie.  Pour  les  préparer,  on  ajoute  de  l'oxyde 
d'éthylène  à  une  solution  aqueuse  et  concentrée  d'ammoniaque  et  on  aban- 
donne le  mélange  à  lui-même  à  la  température  ordinaire.  La  combinaison 
s'effectue  immédiatement  et  donne  naissance  à  un  dégagement  considérable 
de  chaleur.  Ayant  fait  une  première  fois  cette  expérience  avec  10  grammes 
d'oxyde  d'éthylène  et  de  l'ammoniaque  très-concentrée,  j'ai  enfermé  le  mé- 
lange dans  un  matras  de  verre  très-fort.  Au  bout  de  dix  minutes  celui-ci  a 
éclaté  avec  une  violente  explosion.  Telle  est  l'énergie  de  la  réaction  dont  il 
s'agit.  Convenablement  dirigée,  cette  réaction  donne  naissance  à  un  liquide 
ammoniacal  qu'on  évapore  à  une  douce  chaleur.  Il  reste  une  matière  siru- 
peuse fortement  alcaline,  qu'on  neutralise  par  l'acide  chlorhydrique.  La 
solution,  suffisamment  évaporée,  laisse  déposer  des  rhomboèdres  brillants 
et  incolores  d'un  chlorhydrate  qui  renferme 

G«H'»Azô»,  HCl(i). 
(l)    4i  =  12,  H;:=  1,  Az  =  l4,  0  =  16. 


(899) 
»   Lorsqu'on  ajoute  du  chlorure  de  platine  à  la  solution  de  ces  cristaux, 
il  se  forme  un  sel  double  qu'on  obtient  facilement  sous  forme  de  paillettes 
d'un  jaune  d'or  en  ajoutant  de  l'alcool  à  la  solution  aqueuse.  Ce  sel  double 
renferme 

€«H*»A7.0%HCl,PtCP. 

»  L'eau  mère,  séparée  des  rhomboèdres  dont  il  vient  d'être  question, 
renferme  un  chlorhydrate  incristallisable.  Lorsqu'on  ajoute  du  chlorure  de 
platine  et  qu'on  abandonne  la  solution  à  l'évaporation  spontanée,  il  s'y 
forme  de  magnifiques  prismes  rhomboïdaux  d'un  rouge  oraiigé  et  offrant 
quelque  ressemblance  avec  le  bichromate  de  potasse.  Ces  cristaux  renfer- 
ment 

€*H"AzO%  HCl,  PtCl'. 

»  Les  analyses  que  j'ai  faites  de  ces  composés  suffisent  pour  établir  la 
composition  et  le  mode  de  formation  des  bases  oxygénées  qu'ils  renferment. 
La  base  contenue  dans  le  dernier  sel  de  platine  renferme  tous  les  éléments 
de  I  atome  d'ammoniaque  et  de  i  atomes  d'oxyde  d'éthylène.  Elle  se  forme 
en  vertu  de  la  réaction  suivante  : 

a€'H*^  +  AzH'=  j^[JJ*^JAzH'  =  €*H"AzO'. 

»  La  base  contenue  dans  le  chlorhydrate  rhomboédrique  et  dans  le  sel  de 
platine  correspondant  renferme  les  éléments  de  i  atome  d'ammoniaque  et 
de  3  atomes  d'oxyde  d'éthylène.  Comme  la  précédente,  elle  se  forme  par 
synthèse  : 

3€'H'Ô     4-  AzH'  =  l€»H*0  AzH'  =  €«H'« AzO'. 

Oxyded'éthylèné.  (CH*©) 

»  On  le  voit,  bien  que  compliquées  par  le  nombre  des  éléments  qu'elles 
renferment,  les  bases  oxygénées  que  je  fais  connaître  aujourd'hui  sont  néan- 
moins très- simples  dans  leur  constitution  moléculaire  et  dans  leur  mode  de 
formation. 

»  Elles  prennent  naissance  en  vertu  de  cette  double  tendance  que  pos- 
sède l'oxyde  d'éthylène  de  former  des  combinaisons  directes  et  de  doubler 
ou  de  tripler  sa  molécule,  lorsqu'elle  s'ajoute  aux  éléments  d'un  autre 
corps. 

I)  En  ce  qui  concerne  la  constitution  des  nouvelles  bases,  je  me  bornerai 


(  goo  ) 

à  une  seule  remarque.  Ces  bases  ne  sont  pas  formées  par  substitution,  et  les 
réactions  qui  leur  donnent  naissance  ne  sont  point  comparables  à  celles  qui 
engendrent  les  ammoniaques  composées.  Les  nouveaux  alcaloïdes  réalisent 
plutôt  des  ammoniaques  conjuguées,  et  semblent,  au  premier  abord,  offrir 
un  point  d'appui  expérimental  à  une  ancienne  idée  de  Berzelius,  qui  admet- 
tait que  les  alcaloïdes  renferment  de  l'ammoniaque  toute  formée.  Néan- 
moins, il  me  semble  possible  de  les  rattacher  au  type  ammoniacal  et  je 
compte  développer  prochainement  celte  idée. 

»  En  terminant,  je  ferai  remarquer  que  rien  n'empêche  de  faire  réagir 
sur  l'oxyde  d'éthylène  des  ammoniaques  composées  et  que  ces  réactions 
seront  une  source  féconde  d'alcaloïdes  oxygénés  arlificiels.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  lin  nouveau  mode  de  substitution  et  sur  la  formation 
des  acides  iodobenzoïque,  iodutoluique  et  iodanisique ;  par  M.  P.  Griess. 

«  J'ai  signalé,  il  y  à  quelque  temps,  une  nouvelle  classe  d'acides  orga- 
niques azotés  qui  se  forment  par  l'action  de  l'acide  nitreux  sur  les  acides 
amidés  du  groupe  benzoïque.  Dans  cette  réaction,  2  molécides  de  lacide 
échangent  3  équivalents  d'hydrogène  contre  i  équivalent  d'azote  : 

C"H'*Az^O*+  AzO»  =  3H0  ■+-  C"H"  Az»0*. 

Deux  équivalents  Wouvelle  matière, 

d'acide  beiizamtquc. 

»  Les  nouveaux  acides,  soumis  à  l'actioù  des  agents  chimiques,  éprouvent 
luie  série  de  transformations  remarquables.  C'est  surtout  l'action  des  acides 
qui  m'a  fourni  des  résultats  nets, 

»  L'acide  C"*H"Az'0',  traité  par  l'acide  chlorhydrique  concentré, 
s'échauffe  en  dégageant  de  l'azote;  l'addition  de  l'eau  au  liquide  évaporé 
sépare  des  flocons  rougeâtres  qui ,  par  une  simple  recristallisation  dans 
l'alcool,  fournissent  de  l'acide  chlorobenzoïque  parfaitement  pur.  En  con- 
tinuant l'évaporation  de  l'eau  mère,  on  obtient  l'hydrochlorate  de  l'acide 
amidé  : 

C"H"Az'0«-^H*CP  =  C**H'AzO%HCl  -+- C'*(H'Cl)0* -^  Az». 

Acide  azoté.  Chlorhydrate  Acide  chlorobenzoïque. 

d'acide  benzamique. 

»  Pour  illustrer  cette  réaction,  on  pourrait  envisager  l'acide  azoté  comme 


(  9«i  ) 
un  acide  double  appartenant  au  type 


et  représenté  par  la  formule 


[-(r,.)-][-(;::j-]io.. 

Sous    l'influence    de   l'acide     chlorhydrique ,    l'assemblage    moléculaire 
C*  (  ]  O*  s'éliminerait  comme  hydrochlorate  de  l'acide  benzamique, 

tandis  que  le  groupe  restant  C'*  (       »  )  t)*,  échangeant  a  molécules  d'azote 

monoatomique  contre  i  équivalent  d'acide  chlorhydrique,  se  transforme- 
rait en  acide  chlorobenzoïque. 

»  J'ai  déjà  remarqué,  dans  ma  communication  précédente,  que  l'acide 
azoté  peut  être  également  envisagé  comme  hydrate  d'un  oxyde  d'ammonium 
doué  de  propriétés  acides  ; 

|(C'*H*0^"='HAz"'Az»l")     . 
H»       ) 

»  Je  m'abstiens  pour  le  moment  de  donner  la  préférence  à  l'une  ou  à 
l'autre  de  ces  formules,  parce  que  j'espère  gagner  des  points  d'appui  addi- 
tionnels dans  le  cours  de  mes  recherches. 

»  ^cide  iodobenzoïque  C'*(H''I)0*.  —  On  l'obtient  facilement  en  trai- 
tant l'acide  azoté  de  la  série  benzoïque  par  l'acide  iodhydrique.  Difficile- 
ment soluble  dans  l'eau,  ce  composé  se  dissout  en  fortes  proportions  dans 
l'alcool  et  l'éther.  Il  cristallise  en  paillettes  allongées.  L'acide  iodobenzoïque 
est  remarquable  par  sa  stabilité;  traité  par  l'acide  nitrique  fumant,  il  se 
transforme  en  acide  nitro-iodobenzoïque  sans  perdre  une  trace  d'iode.  Le 
sel  d'argent  est  un   précipité  blanc  amorphe  renfermant 

C'*(H*IA^)0*. 

»  Jcide  iodololuique  C'*(H'I)0*.  —  Cet  acide  ressemble  à  l'acide  iodo- 
benzoïque dans  l'ensemble  de  ses  propriétés.  On  l'obtient  en  traitant  par 

C,   R.,   i859,  i""'  Semestre.  (T.    XLIX,   N'-Sô.)  '  '7 


(  902  ) 
l'acide  iodhydriqiie  le  dérivé  azoté  de  la  série  toliiique  ;  il  se  forme  en  même 
temps  l'ioflhydrate  de  l'acide  toluamique  : 

G'='H"Âz'OM-2HI=  C"'(Hn)0*  +  C"'H»AzO'HI  +  2Az. 

Acide  azoté.  Acide  iodotoluique.  lodbydrale 

de  l'acide  toliiamiqoc. 

Paillettes  nacrées  peu  solubles  dans  l'eau,  même  bouillante,  facilement  so- 
lubles  dans  l'alcool  et  l'éther. 

w  Acide  iodanisique  C'*(H'1)0*.  —  Le  dérivé  azoté  de  la  série  anisique 
imite  la  conduite  de  ses  analogues  benzoïque  et  toluique.  Sous  l'influence 
de  l'acide  iodhydrique,  ce  corps  G'*H'*Az'0''  se  scinde  en  acid§  iodani- 
sique et  iodhydrate  d'acide  anisique,  deux  tiers  de  l'azote  se  dégageant  à 
l'état  de  gaz.  L'acide  iodé  cristallise  en  fines  aiguilles  blanches,  insolubles 
dans  l'eau,  très-solubles  dans  l'alcool  et  l'éther.  Le  sel  d'argent  est  un  pré- 
cipité blanc  amorphe. 

»  L'action  des  acides  sur  les  corps  azotés  que  j'ai  découverts  fournit  un 
nouveau  mode  de  substitution,  lequel,  quoique  indirect,  produit  néan- 
moins des  applications  intéressantes. 

»  Je  m'occupe  en  ce  moment  de  soumettre  mes  corps  azotés  à  l'action 
de  l'acide  fluorhydrique  et  cyanhydrique,  et  j'espère  obtenir  de  cette  étude 
les  acides  fluobenzoïque  et  cyanobenzoïque. 

»  Les  expériences  précédentes  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Hof- 
mann  à  Londres.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  une  nouvelle  méthode  anesthésique; 
/9ar  M.  P.  Broc  A.  (Extrait.) 

«  M.  James  Braid,  dans  un  ouvrage  qu'il  a  publié  il  y  a  plus  de  quinze 
ans,  sur  ce  qu'il  a  appelé  Vhypnotisme  ou  sommeil  nerveux,  annonçait  le  fait 
suivant  : 

«  Lorsqu'on  place  un  objet  brillant  au-devant  de  la  ligne  médiane  du 
»  visage,  à  une  distance  de  8  à  i5  pouces  anglais,  et  qu'on  invite  le  sujet 
H  de  l'expérience  à  fixer  continuellement  les  yeux  sur  cet  objet,  de  manière 
»  à  produire  dans  les  muscles  oculaires  et  palpébraux  une  contraction 
»  permanente,  on  voit  survenir  au  bout  de  quelques  minutes  un  état  sin- 
»  giilier,  analogue  à  la  catalepsie.  Les  membres  soulevés  par  l'expérimenta- 
»  leur  conservent  pendant  un  temps  assez  long  toutes  les  positions  qu'on 
»  leur  donne;  les  organes  des  sens,  excepté  celui  de  la  vue,  acquièrent  en 


(  9o3  ) 
B  même  temps  une  sensibilité  exagérée,  et  enfin  une  période  de  torpeur  ou 
»  de  sommeil  naturel,  dont  la  durée  est  variable,  succède  à  cette  période 
»  d'excitation.  »  '       ■ 

»  L'ouvrage  de  M.  Braida  eu  quelque  retentissement  en  Angleterre,  mais 
il  est  presque  inconnu  en  France  ;  cependant  le  Dicliomiaire  de  Médecine  de 
MM.  Littré  et  Robin,  à  l'article  Hypnotisme,  renferme  une  indication  de 
cette  découverte  et  une  description  abrégée  des  phénomènes  observés. 

»  Je  n'avais  aucune  connaissance  de  ces  faits  singuliers  lorsque,  il  y  a 
trois  jours,  mon  ami  M.  Azam,  professeur  suppléant  de  clinique  chirurgi- 
cale à  l'École  de  médecine  de  Bordeaux,  les  signala  à  mon  attention.  Les 
résultats  nombreux  qu'il  a  obtenus  et  qu'il  a  bien  voulu  me  communiquer 
sont  extrêmement  remarquables;  je  lui  laisse  le  soin  de  les  publier. 

»  En  analysant  avec  lui  les  phénomènes  cérébraux  qui  constituent  l'hyp- 
notisme, l'idée  me  vint  de  chercher  si  les  personnes  hypnotisées  ne  pour^ 
raient  pas  devenir  insensibles  à  la  douleur  des  opérations. 

»  Je  résolus  donc  de  tenter  l'expérience.  Auparavant  je  voulus  m'assurer 
par  moi-même  de  la  réalité  des  phénomènes  de  l'hypnotisme  :  dès  le  lende- 
main, je  fis  un  essai  sur  une  dame  de  4o  ans  environ,  quelque  peu  hysté- 
rique, qui  gardait  le  lit  pour  une  légère  indisposition;  je  lui  laissai  croire 
que  mon  intention  était  simplement  d'examiner  ses  yeux,  et  je  l'invitai  à 
regarder  fixement  un  petit  flacon  doré  placé  à  i5  centimètres  environ  au- 
devant  de  la  racine  du  nez.  Au  bout  d'environ  trois  minutes,  ses  yeux  étaient 
un  peu  rouges,  son  visage  immobile,  ses  réponses  lentes  et  difficiles.  Je  lui 
pris  la  main,  et  je  la  plaçai  au-dessiis  de  sa  tête  ;  le  membre  resta  suspendu 
dans  l'attitude  où  je  l'avais  mis.  Je  donnai  aux  doigts  les  situations  les  plus 
extrêmes,  qu'ils  conservèrent  sans  changement  jusqu'à  la  fin  de  l'expé- 
rience :  enfin  je  pinçai  la  peau  sur  plusieurs  points  avec  une  certaine  force, 
sans  que  ma  malade  parût  s'en  apercevoir.  Je  jugeai  inutile  d'aller  plus  loin, 
et  pour  faire  cesser  celte  catalepsie  provoquée,  je  fis,  suivant  les  indica- 
tions que  je  tenais  de  M.  Azam,  une  légère  friction  sur  les  yeux,  suivie 
d'une  insufflation  d'air  froid  sur  le  front.  Aussitôt  la  dame  revint  à  elle  ; 
et,  quoique  pendant  l'expérience  ses  réponses  eussent  été  parfaitement  rai- 
sonnables, elle  ne  parut  se  souvenir  ni  de  ce  qu'elle  avait  dit,  ni  de  ce  que 
e  lui  avais  fait. 

»  J'ai  pensé,  d'après  ce  résultat,  qu'en  poussant  plus  loin  l'hypnotisme, 
e  pourrais  obtenir  une  insensibilité  suffisante  pour  permettre  d'exécuter 
sans  douleur  de  courtes  opérations;  et  mon  collègue  M.  Follin,  à  qui  j'ai 

■        117- 


•  (  9o4  ) 

fait  part  de  mes  espérances,  a  bien  voulu  me  donner  rendez-vous  à  l'hôpi- 
tal Necker,  pour  opérer  avec  moi  une  malade  de  son  service. 

»  Hier  4  décembre,  à  3  heures  de  l'après-midi,  nous  sommes  allés  en- 
semble à  cet  hôpital.  Avant  de  procéder  à  l'opération,  nous  avons  cherché  à 
provoquer  les  phénomènes  de  l'hypnotisme  chez  deux  jeunes  filles  conva- 
lescentes :  ces  deux  essais  préalables,  dont  le  premier  seul  a  bien  réussi,  ont 
eu  lieu  dans  une  chambre  particulière,  en  présence  de  la  religieuse  de  la 
salle.  Encouragés  par  les  résultats  de  notre  premier  essai,  et  par  le  souvenir 
de  mon  succès  de  la  veille,  nous  avons  agi  sur  la  malade  que  nous  allions 
opérer,  et  nous  avons  obtenu  du  premier  coup  l'hypnotisme. 

/>  Il  s'agissait  d'une  fenmie  de  24  ans,  entrée  à  l'hôpital  pour  une  vaste 
brûlure  du  dos  et  des  deux  membres  droits,  et  atteinte  en  outre  d'un  abcès 
volumineux  et  extrêmement  douloureux  de  la  marge  de  l'anus.  Epuisée  par 
la  douleur,  et  d'ailleurs  fort  pusillanime,  elle  redoutait  beaucoup  une  inci- 
sion dont  elle  comprenait  la  nécessité.  Après  avoir  placéson  lit  en  face  d'une 
fenêtre,  je  lui  ai  annoncé  que  j'allais  l'endormir.  J'ai  placé  ma  lorgnette  à 
i5  centimètres  en  avant  de  la  racine  du  nez,  en  deçà  par  conséquent  des 
limites  de  la  vision  distincte,  et  la  malade,  pour  fixer  cet  objet,  a  été  obligée 
de  loucher  fortement  en  dedans.  Les  pupilles  se  sont  aussitôt  contractées. 
Le  pouls,  déjà  rapide  avant  l'expérience,  s'est  d'abord  un  peu  accéléré, 
puis,  tout  à  coup,  est  devenu  beaucoup  plus  faible  et  beaucoup  plus 
lent,  ce  qui  avait  été  également  observé  sur  nos  deux  premiers  sujets.  Au 
bout  de  deux  minutes,  les  pupilles  commencent  à  se  dilater,  nous  élevons 
le  bras  gauche  presque  verticalement  ^lu-dessus  du  lit  :  ce  membre  reste 
immobile.  Vers  la  quatrième  minute,  les  réponses  sont  lentes  et  presque  pé- 
nibles, mais  du  reste  parfaitement  sensées.  La  respiration  est  très-légère- 
ment saccadée.  Au  bout  de  cinq  minutes,  M  Follin,  à  l'insu  de  la  malade, 
pique  la  peau  du  bras  gauche,  qui  est  toujours  dans  la  situation  verticale. 
Rien  ne  bouge.  Une  nouvelle  piqûre,  plus  profonde,  qui  fait  sortir  une. 
gouttelette  de  sang  passe  également  inaperçue.  On  élève  le  bras  droit  qui 
reste  suspendu,  en  immobilité,  comme  le  gauche.  On  soulève  alors  les'cou- 
verlures,  on  écarte  les  membres  inférieurs,  pour  mettre  à  découvert  le  siège 
de  l'abcès;  la  malade  se  laisse  faire  en  disant  toutefois  avec  tranquillité, 
qu'on  va  sans  doute  lui  faire  du  mal.  Enfin,  sept  minutes  après  le  début  de 
l'expérience,  pendant  que  je  coijtinue  à  tenir  l'objet  brillant  devant  les 
yeux,  M.  Follin  pratique  sur  l'abcès  une  large  ouverture  qui  donne  issue  à 
une  énorme  quantité  de  pus  fétide.  Un  léger  cri  qui  dure  moins  d'une  se- 


(  9o5  ) 
coude  est  le  seul  signe  de  réaction  que  donne  notre  malade  :  il  n'y  a  pas  eu 
le  moindre  tressaillement,  soit  dans  les  muscles  de  la  face,  soit  dans  les 
muscles  des  membres.  Les  deux  bras  sont  restés  sans  le  moindre  ébranle- 
ment dans  l'attitude  qu'ils  conservent  depuis  plusieurs  minutes. 

»  Deux  minutes  plus  tard,  la  pose  est  toujours  la  même  :  les  yeux  sont 
largement  ouverts,  un  peu  injectés,  le  visage  immobile  comme  un  masque, 
le  pouls  exactement  comme  au  moment  de  notre  arrivée,  la  respiration  par- 
faitement libre;  mais  l'opérée  est  toujours  insensible.  Le  talon  gauche,  qu'on 
élève  au-dessus  du  lit  reste  suspendu  en  l'air  :  les  deux  membres  supérieurs 
sont  toujours  dans  la  même  attitude. 

■>  J'enlève  le  corps  brillant  placé  au-devant  des  yeux,  l'insensibilité  et 
l'immobilité  cataleptique  persistent  toujours  :  je  fais  sur  les  yeux  une  fric- 
tion légère,  et  une  insufflation  d'air  froid  :  l'opérée  fait  quelques  petits 
mouvements;  on  lui  demande  si  on  lui  a  fait  quelque  chose;  elle  répond 
qu'elle  n'en  sait  rien  :  du  reste  ses  trois  membres  sont  toujours  dans  les 
attitudes  qu'on  leur  a  données:  il  y  a  déjà  plus  de  treize  minutes  que  le 
bras  gauche  est  dans  la  situation  verticale.  M.  Follin  pratique  sur  ce  bras 
une  piqiire  qui  amène  une  gouttelette  de  sang  :  la  malade  ne  s'aperçoit  de 
rien,  et  ses  doigts  mêmes  restent  entièrement  immobiles.  Enfin,  dix-huit  à 
vingt  minutes  après  le  début  de  l'expérience,  et  plus  de  douze  minutes  après 
l!opération,  je  fais  sur  les  yeux  une  friction  plus  forte  que  la  première,  et 
j'insuffle  sur  le  visage  une  plus  grande  quantité  d'air  froid.  Cette  fois,  la 
malade  se  réveille  presque  subitement  :  ses  deux  bras  et  sa  jambe  gauche  se 
relâchent  presque  à  la  fois,  et  retombent  tout  à  coup  sûr  le  lit  ;  puis  elle  se 
frotte  les  yeux  et  reprend  toute  sa  connaissance  :  elle  ne  se  souvient  de 
rien,  et  s'étonne  d'apprendre  qu'elle  a  été  opérée.  Au  bout  de  quelques 
instants,  elle  se  plaint  de  souffrir  un  peu  de  la  plaie  qu'on  vient  de  lui 
faire,  mais  celte  douleur  est  très-modérée.    » 

M.  M.  QiiuANo  adresse  de  Popayan  (Nouvelle-Grenade)  une  Note  écrite 
en  espagnol  et  ayant  pour  titre  :  Considérations  sur  la  loi  de  Mariette  con- 
cernant la  variation  de  volume  d'un  gaz  selon  la  variation  de  pression. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Regnault.) 

m.  Partiot  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  lui  Mémoire 
sur  le  mascaret  qu'il  avait  précédemment  présenté  (a8  octobre  i858)  et  sur 
lequel  il  n'a  pas  été  fait  de  Rapport. 


■■"A 


(  9o6  ) 

M.  Verstraete,  auteur  d'un  Mémoire  «  sur  la  manière  dont  nous  acqué- 
rons par  la  vue  la  connaissance  des  corps  »,  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  compléter  la  Commission  à  l'examen  de  laquelle  ce  travail  a  été 
renvoyé. 

Dans  cette  Commission,  qui  se  composait  de  MM.  Magendie,  Serres  et  de 
Senarmont,  M.  Cl.  Bernard  remplacera  le  Membre  décédé. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Physique  propose,  par  l'organe  de  son  doyen  M.  Becquerel, 
de  déclarer  qu'il  y  a  lieu  d'élire  pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Cagniard  de  Latour. 

L'Académie  va  au  scrutin  sur  cette  question.  Le  nombre  des  votants  étant 
de  48,  il  y  a  48  oui. 

En  conséquence  la  Section  est  invitée  à  présenter  dans  le  prochain  co- 
mité secret  une  liste  de  candidats. 

La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  présente,  par  l'organe  de  son 
doyen  M.  Serres,  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  de  Correspon- 
dant, vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Bonnet. 

En  première  ligne M.  Denis  (de  Commercy),  àToul. 

/  M.  BouissoN,  à  Montpellier. 

c    j       -i-  ,  l  M.   Ehrmann,  à  Strasbourg. 

En  deuxième  ligne  ex  œquo  et  1  '  » 

j       I  L  L  ',■  {  M.  FoRGET,  à  Strasbourg. 

par  ordre  alphabétique.   •    •    1  __    ^ 

i  M.  GiNTRAc,  à  Bordeaux. 

(  M.  Serres  (d'Uzès),  à  Alais. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  exposés  par  M.  Andral;  ces  titres  sont 
discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 


(  907  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  5  décembre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Notions  générales  de  Physique  et  de  Météorologie  à  l'usage  de  la  jeunesse; 
par  M.  Pouillet;  3"  édition.  Paris,  1860;  1  vol.  in-12. 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne;  3o*  liv.  ;  in-4''. 

Annuaire  pour  l'an  \  860,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes;  1  vol.  in-i8. 

Traité  des  Entozoaires  et  des  Maladies  vermineuses  de  l'homme  et  des  animaux 
domestiques;  par  C.  Davaine.  Paris,  iBSg;  i  vol.  in-S". 

Manuel  pratique  de  microscopie  appliquée  à  la  médecine;  par  M.  P.  COULIEK. 
Paris,  iSSg;  i  vol.  in-ia. 

Etudes  hygiéniques  sur  les  eaux  potables;  par  M.  E.  Grellois.  Paris,  1 85g; 
br.  in-8°. 

Notices  enlomologiques;  par  M.  Maurice  Girard.  Paris,  iSSg;  br.  in-8". 
.     Sur  les  métaux  qui  peuvent  exister  dans  le  sang  ou  les  viscères,  et  spécialement 
sur  le  cuivre  dit  physiologique;  par  M.  BÉCHAMP;  br.  in-B". 

Note  sur  la  craie  glauconieuse  de  Rouen  et  les  grès  verts  du  Maine;  par 
M.  Edm.  HÉBERT  ;  |  de  feuille  in-8°. 

Note  sur  les  caractères  paléontologiques  de  la  craie  de  Meudon,  suivie  de 
nouvelles  observations  sur  les  rapports  de  la  craie  chlorilée  de  Rouen  et  les  grès 
verts  du  Maine;  par  le  même;  i  feuille  in-8°. 

Rapports  faits  à  la  Section  des  Sciences  du  Comité  des  Sociétés  savantes^  les 
22  décembre  i858  et  11  février  iSSg,  sur  les  Mémoires  de  géologie  contenus 
dans  le  IF  volume  des  Mémoires  de  la  Société  d' Emulation  du  département  du 
Doubs;  3"  série,  i  85g,  et  ceux  publiés  dans  le  t.  VIII  des  Annales  de  la  Société 
impériale  d' Agriculture  de  Lyon  (2*  série  i856);  par  le  même;  2  br.  in-S". 

Rapports  faits  à  la  Section  des  Sciences  du  Comité  des  Sociétés  savantes,  le 
1 6  mai  1 85g;  par  le  même  ;  f  de  feuille  in-B*^. 

Observations  sur  les  phénomènes  qui  se  sont  passés  à  la  séparation  des  périodes 
géologiques  ;  par  le  même;  f  de  feuille  in-8°. 


(  9o8  ) 

Note  sur  la  limite  inférieure  du  lias  et  sur  la  composition  du  trias  dans  les  dépar- 
tements du  Gard  et  de  [Hérault;  par  le  même;  i  feuille  in-S". 

Simples  préliminaires  sur  la  restauration  du  microscope  tatadioptrique  à 
miroirs-objectifs  métalliques  à  très-grandes  ouvertures;  par  M.  Achille  Brachet. 
Paris,  1860;  br.  in-S". 

Sugli...  Mémoires  sur  les  électromètres;  par  le  professeur  P.  VoLPlCELLi. 
Rome;  i858,  br.  in-4". 

Die  gesetze...  Les  lois  de  la  nutrition  des  carnivores,  confirmées  par  de  nou- 
velles recherches;  par  les  D"  Th.-L.  W.  BlSCHOFF  et  Cari  Voit.  Leipzig  et 
Heidelberg,  1860;  i  vol.  in-8°. 

Videnskabellige...  Notices  scientifiques  de  la  Société  d  histoire  naturelle  de 
Copenhague  pour  i année  i858.  Copenhague,  iSSg;  111-8". 


ERRy4TA. 

(Séance  du  27  novembre   i85g.; 

Page  837,  ligne  i  après  le  tableau,  supprimez  que  — • 

Page  83^,  ligne  2  après  le  tableaii,  au  lieu  dco,  1616,  lisez  o,  i656. 
Page  840,  ligne  7,  ajoutez  les  deux  mobiles  étant  supposés  faire   partie  des  tranches 
extrêmes  des  gaz,  ce  qui  revient  à  partager  leur  distance  dans  le  rapport  des  vitesses  v  et  V. 

I'  If 

Page  84 1 ,  ligne  2,  au  lieu  de  —  1  lisez  ^• 

Page  842.  ligne  24,  supprimez  les  exposants. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  DÉCEMBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


IMÈMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  LE  Président  donne  communicalion  d'une  Lettre  parvenue  au  Secréta- 
riat le  6  courant,  par  laquelle  la  famille  de  M.  Poinsot  annonçait  son  décès 
survenu  la  veille.  Les  obsèques  de  l'illustre  géomètre  ont  eu  lieu  aujour- 
d'hui 1 2  décembre  :  M.  Bertrand  y  a  porté  la  parole  au  nom  de  l'Académie 
des  Sciences. 

MÉCANIQUE.  —  Mouvement  des  gaz  de  la  poudre  dans  l'âme  des  bouches  à  Jeu; 

par  M.  PioBERT.  (Suite.) 

Décroissement  parabolique  des  densités. 

«  23.  Tension  des  gaz  variant  comme  une  puissance  quelconque  de  la 
densité.  —  On  a  considéré  le  mouvement  des  gaz  dont  la  tension  est  pro- 
portionnelle à  la  densité,  comme  dans  le  cas  des  gaz  permanents  ;  mais  dans 
les  circonstances  ordinaires  de  l'emploi  de  la  poudre,  la  tension  des  fluides 
élastiques  produits  par  la  combustion  varie  dans  un  rapport  plus  grand  que 
leur  densité;  il  convient  donc  d'examiner  le  cas  général  dans  lequel  la 
tension  des  gaz  varie  comme  une  puissance  quelconque  n  de  leur  densité, 
et  qui  présente  moins  de  difficulté  après  le  développement  donné  pour  le 

C.  R.,  i859,  2""=  Semcstrt.  (  T.  XLIX,  N"  24.)       v  '  '  8 


{  9'o  ) 
cas  très-simple  de  n  =  i,  qui  a  permis  de  traiter  l'ensemble  de  la  question 
d'une  manière  assez  complète. 

»  Les  pressions  des  gaz  dans  la  tranche  immobile  et  près  du  projectile 

étant  représentées  respectivement  par  m -h-  et  par  m,  les  densités  des  gaz 

I 
aux  mêmes  points  seront  entre  elles  comme  (  w  +- j"  est  à  m»;  dans  l'hy- 
pothèse d'un  décroissement  parabolique  qui  est  encore  plus  approché  dans 
ce  cas-ci  que  pour  le  cas  précédent  de  «  =  i ,  on  aura  pour  la   tranche  z 
et  la  position  9  du  projectile, 

on  trouverait  comme  précédemment  (17) 

I  I 

A" 


ri  \  r I         m 


l 2  4  4 

r 


r 


m  -^t\    ^_3,„" 


La  valeur  de  ç  donnerait  par  les  mêmes  considérations  que  dans  le  cas  pré- 
cédent (18): 


I 


•   a 


(*  )  La  forme  de  cette  relation  exacte  pour  certaine  valeur  de  n,  est  la  plus  simple  qui 
puisse  exister  entre  z  et  v ,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  tard  ;  elle  explique  comment  Lagrange, 
obligé  par  son  analyse  à  représenter  d'une  manière  générale  la  valeur  de  zen  fonction  de  x,  a 
dû  être  arrêté  dans  toutes  ses  tentatives  pour  y  arriver;  ainsi  dans  le  cas  le  plus  simple,  on  est 
conduit  à  résoudre  une  équation  du  3°  degré,  qui  fait  tomber  dans  le  cas  irréductible  (i8). 


(9"  ) 


et 


x. 

z 


(„.e)L'[(„H-ï)--J] 


»  24.  Division  de  la  charge  en  deux  parties  qui  se  meuvent  en  sens  contraires 
l'une  de  l'autre.  —  Pour  partager  la  charge  en  deux  parties  fx'  et  pi"  se 
mouvant  la  première  avec  le  boulet,  la  dernière  avec  le  fond  de  l'âme,  on 
a  d'abord,  par  suite  de  )a  position  de  la  tranche  immobile  au  centre  de 
gravité  (19), 

('"  +  $)«'=  (m +  ^;)a"; 

puis  la  condition  d'égalité  de  tension  dans  les  deux  portions  de  la  charge,  à 
la  tranche  immobile  qui  leur  est  commune,  donne  l'équation 


D'à' 


(M+^y 


D"a" 


m  + 


^)--5[("-^)"--]   ''       (-^^)-5[(>-?r--] 


Les  égalités  -7  = —)    ^'=^nc^D'a'    et    [j."  =  n c^  Y)"  a" ,  transforment  cette 
équation,  qui  devient 


1 1 


/^ 


I 


=    M  + 


(i    \n 


(m  +  ^V-M"    L'a" 


éliminant  a'  et  a"  entre  cette  équation  et  celle  des  moments  du  centre  de 
gravité  par  rapport  à  la  tranche  immobile,  on  a 


!îii(  if  !      ni 


=    M  + 


ii8.. 


(    9'2    ) 

Résolvant  cette  équation   par  approximations  successives,  comme  précé- 
demment  (19),  en  commençant  par  remplacer  p-  et  A;  pa''  les  moitiés  des 


r" 


valeurs  qu'assignent  à  fx'  et  à  ju,"  les  équations  -^  =  —  et  ^j.'+  /x"=  /ji,  ou 
aura  une  première  valeur  approchée  de  ^,i  rapport  qui  déterminera,  avec 
la  dernière  équation,  les  valeurs  de  ij!  et  [x",  à  substituer  à  leur  tour  dans 

a'  ti" 

les  ternies  to  +  ^  et  M  +  ^  pour  obtenir  des  valeurs  encore  plus  appro- 
chées. Les  valeurs  de  fx'  et  de  fx"  ainsi  déterminées ,  celles  de  f  et  de  /•"  à 
substituer  également,  en  seront  déduites  chaque  fois  au  moyen  des  condi- 
tions 


et 


i           1 

3 
1 

("*^ 

)"+3,«« 

/"" 

/              '  ■• 

• 

8 

['*'7 

y+Zim" 

I              , 

.    M 

)%-3M" 

r 

1             1 

«(m  +  ^)"  +  4m" 


»  L'équation  du  mouvement  du  centre  de  gravité  reste  de  même  forme 
que  précédemment  dans  le  cas  de  n  =  i     (19), 

(A")  (,n  +  ^^v  =  {M  +  f'^Y; 

mais  les  quantités  /jl'  et  /x'  ne  sont  pas  exprimées  par  les  mêmes  fonctions 
de  ȕ  et  de  M. 

«  25  Somme' des  forces  vives  imprimées  aux  gaz.  —  I^a  force  vive  d'une 
tranche  z  étant 


ou 


(„^s)L[(„,,e)Ljji; 


-r)    -3'*+    .      +3'" 


(9'3) 
oi)  aura  comme  précédemment  (21)  la  somme  des  forces  vives  de  toutes  les 
tranches  du  gaz,  depuis  z  =  o  jusqu'à  z  =  &, 

^ — i — ^ — i- — ,,.„'=  -i — L; — -j,„.. 

on  aura  donc  pour  la  somme  des  forces  vives  de  toutes  les  tranches  de  gaz 
qui  se  meuvent  avec  le  projectile, 


2  (,„-u^r  +  3,„'' 


■ix'v\ 


io(w  +  ^)"-l-5»i" 


et  pour  celle  des  gaz  qui  se  meuvent  en  sens  contraire  avec  la  pièce, 


2(M-f-4,)"+3M" 


.o(m  +  ^)"- 


-f."V  = 


5m" 


»  26.  Quantité  de  travail  développée  dans  la  détente  des  gaz.  — La  quantité  de 
travail  développée  dans  l'expansion  d'une  tranche  de  gaz  sera  donnée  par 
le  décroissement  des  pressions  en  raison  de  la  loi  parabolique  des  densités 
donnée  ci-dessus,  et  telle  que 


0" 


La  pression  sur  la  tranche  z  sera  donc 

,    ■'v'" 
dans  chaque  position  $  du  projectile.  Pour  obtenir  le  travail  de  toutes  les 

tranches  degaz,  il  faudrmt  cou n aï fre  l'aire  Ae  la  surface  limitée  par  la  courbe 


(  9'4  ) 
ayant  pour  ordonnées  les  valeurs  successives  que  prend  l'expression  précé- 
dente, pour  toutes  les  grandeurs  de  z,  depuis  o  jusqu'à  6,  ou  depuis  l'axe 
de  la  courbe  jusqu'à  l'ordonnée  extrême  correspondant  à  l'abscisse  6.  Afin 
de  faciliter  cette  évaluation ,  il  convient  de  développer  le  numérateur  de  cp"  et 
l'on  a 


m 


n  —  7  r  I  l"l2 


prenant  séparément  l'aire  de  la  surface  représentée  par  le  produit  de  chaque 
terme  en  z  par 

fff'/D"K"  h 


et  limitée  par  les  ordonnées  correspondant  à2  =  oetà;:^$,on  aura  pour 
la  somme  de  toutes  les  aires,  le  produit  du  facteur  précédent  par 


m 


p  r» — I        I  n  —  o.  \~\ 


etc., 


série  en  met  en  -^  qu'on  représentera  par  f  (/n,-j;  on   aura  donc  pour  le 
trarvail  de  toutes  les  tranches  pendant  un  très-petit  parcours 


TTC'f  (m,^)  XD"a" 


- 

>              ,"| 

_3 

k< 

)VI». 

ne"' 


Le  travail  qui  correspondra  au  parcours  total,  depuis  la  position  primitive, 
du  projectile  a  jusqu'à  la  position  ô,  peut  être  représenté  par  l'aire  de  la 
surface  ayant  pour  ordonnées  Ips  valeurs  successives  que  prend  l'expression 
précédente,  pour  toutes  les  grandeurs  de  Q,  à  partir  de  5  =  a.  On  obtient 


(9»5) 
comme  précédemment  (12)  ce  travail  de  la  détente  du  gaz 


U( 


■KcH'i/n,  ^]  A  D"  a"        (— -^  ) 

(^ZIT) 


""'-^7j   "^3"'  J 


a"~' 
n  —  I     \  fl"-' 


|L+^y+-;/«_j 


Evaluant  séparément  le  travail  de  chacune  des  deux  portions  /u.'  et  u,"  de  la 
charge,  situées  l'une  en  avant,  l'autre  en  arrière  de  la  tranche  immobile,  et 
l'égalant  à  la  moitié  de  la  somme  des  forces  vives  développées  de  chaque 
côté  de  cette  tranche,  on  aura  les  équations  suivantes  : 


2  (/«-t-^l    +3/«" 


I  m 


p.'      V'  : 


a'^rr'X  D'"a' 


10  [  1)1  -^-  —  ]    +  5  m 


(C") 


«  —  I         \   ~  9'"- 7 


-'"'+7)     +3'"" 


IM 


/2  1 


(m.  s;: 


3" 


équations  qui  deviennent  identiques  avec  les  équations  (C)  quand  on  fait 
n  =  1 . 

»  Quand  «  =  2,  les  valeurs  de  f  im,  ^  j  s'arrêtent  au  troisième  terme  en  2 
et  on  a 


'{'"'Çj 


33  «  +  24  '—  +  1 2  (  /n  +  ^  )    '»' 


25  w  4-  20  ^"7  -f-  20  (  m  4- 


33M  +  24^,  +  .2  (M+t;)    M' 


25M+20^,  +  20  (m-I- ^)    M' 


»  La  question  du  mouvement  des  gaz  de  la  poudre  dans  l'âme  des  canons 
se  trouve  ainsi  ramenée  d'abord  à  la  détermination  de  la  loi  du  décroisse- 


(  9i6  ) 
nient  des  densités  des  gaz,  puis  à  la  séparation  de  la  charge  en  deux  portions 
distinctes  qui  se  meuvent  en  sens  contraires,  l'une  avec  la  pièce  et  l'autre 
avec  le  projectile,  ce  qui  ne  présente  plus  alors  de  difficulté;  le  point  le  plus 
important  est  donc  de  déterminer  exactement  la  loi  des  densités  d'après  les 
conditions  mêmes  du  mouvement  des  gaz. 

VI.  —  Densités  des  gaz  déduites  des  lois  du  mouvement. 

»  27.  Loi  des  densités  des  gaz  exprimée  par  une  série  ordonnée  suivant 
les  puissances  de  la  charge.  —  On  a  présenté  d'abord  une  première  solution 
dans  la  supposition  d'un  décroissement  parabolique  des  densités  des  gaz, 
quoiqu'elle  ne  fût  qu'approchée  pour  le  cas  des  fortes  charges  et  de  «  =  i  ; 
mais  cette  solution  a  le  grand  avantage  de  se  déduire  d'une  loi  très-simple 
de  variation  des  densités,  et  de  mettre  en  évidence  tous  les  éléments 
de  la  question.  Mais  il  est  possible  d'arriver  directement  à  la  loi  du  dé- 
croissement des  tensions  des  gaz  que  nécessite  le  mouvement,  et  d'en 
déduire  des  valeurs  de  r  et  de  y  aussi  approchées  qu'on  le  veut,  en  n'em- 
ployant que  l'analyse  ordinaire. 

»  Soit  une  courbe  dont  les  ordonnées  j  sont  proportionnelles  aux 
densités  des  tranches  de  gaz,  et  telles  que  leurs  rapports  à  leur  valeur 
moyenne  j",  représentent  la  variable  qui  a  été  désignée  par  y  dans  ce  qui 

précède  (17),  de  sorte  que  p  =  ç-—  =■ — ^  pour  un  instant  quelconque  du 

mouvement.  Si  l'on  considère  le  cas  dans  lequel  la  tension  des  gaz  est 
proportionnelle  à  la  densité,  et  où  l'on  a 

p  =  f'P  =  ~r' 

l'une  des  ordonnées  extrêmes,  d'une  longueur  égale  à  m  +  -,  pourra  repré- 
senter la  densité  de  la  tranche  immobile,  tandis  que  l'autre  ordonnée 
extrême,  égale  à  m,  représentera  celle  de  la  tranche  en  contact  avec  le  pro- 
jectile, et  j"  sera  celle  de  la  tranche  située  à  une  distance  z  de  la  première 
de  ces  tranches,  leur  distance  totale  0  étant  la  longueur  de  l'âme  occupée 
par  les  gaz.  L'aire  S  =  QJr^  de  la  surface  comprise  entre  la  courbe  et  les 

ordonnées  extrêmes,  multipliée  par  ^,  unité  de  masse, représentera  la  masse 
totale  des  gaz  de  la  charge  |x;  l'aire  s  de  la  portion  de  la  même  surface 
située  en  avant  de  z,  étant  multipliée  de  même  par  ^,  sera  celle  de  la  portion 


(  91?  ) 
de  gaz  qui  est  poussée  en  avant  avec  le  projectile  par  la  tranche  z,  et  l'aire  s' 

de  l'autre  portion  de  la  surface,  multipliée  par  ^,  sera  celle  des  gaz  qui  pous- 
sent la  même  tranche  z.  La  tension  des  gaz  de  cette  tranche  z  est,  ainsi  qu'on 
l'a  vu  (15),  en  raison  de  la  somme  des  produits  des  masses^  et  m  par  les 

accroissements  de  vitesse  communiqués  à  leurs  centres  de  gravité  respec- 
tifs, et  ces  accroissements  sont  entre  eux  comme  les  vitesses  mêmes  de  ces 
points,  qui  sont  elles-mêmes  proportionnelles  aux  distances  de  ces  points  à 
la  tranche  immobile.  La  tension  des  gaz  variera  donc  pour  chaque  tranche, 

ainsi  que  la  densité,  comme  W  X  g^-+-  mô,  g  étant  la  distance  du  centre  de 
gravité  de  l'aire  *  à  la  tranche  immobile,  comme  -  sera  celle  de  l'aire  S, 

g'  celle  de  l'aire  s'  et  g"  celle  de  l'aire  s"  du  triangle  curviligne  compris  entre 
la  courbe,  le  prolongement  de  j"  et  une  parallèle  à  l'axe  des  z,  menée  par 

l'extrémité  supérieure  de  l'ordonnée  extrême  m  -+■-  ,  représentant  la  tranche 

immobile.  On  aura  ainsi 

11  restera  donc  à  trouver  la  valeur  des  x  g;  mais  cette  expression  est  celle 
du  moment  de  l'aire  de  la  surface  s,   qui  est  égale  à  la  différence  des  mo- 

ments  des  aires  des  surfaces  S  et  /;  or  le  moment  de  la  première  est  S  X  t» 

et  5'  X  g'  est  celui  de  la  seconde;  d'où 

SX  g  =  Sxl-  s'>:  g',      et     j=  m-^^-  f^s'xg'; 

mais  la  siirface  s'  a  de  même  pour  moment  de  son  aire 

V  X  g'  =  (^«  +  ^)  z  X  ^  -  i"  X  g";         r  •  ^ 
d'où 

Ce  dernier  terme  est  généralement  assez  petit  par  rapport  aux  autres,  et 
l'arc  de  la  courbe  diffère  peu,  ainsi  qu'on  l'a  vu  (18),  de  celui  de  la  para- 
bole qui  passe  par  le  sommet  des  ordonnées  extrêmes  m  H —  et  m;    de 

C:  R. ,  1859,  2»"  Scmcj/rp.  (T.  XLIX,  N"  2-4.)  .         '  '9 


(  9i8  ) 
sorte  qu'on  peut  exprimer  ses  ordonnées j-'  rapportées  à  la  parallèle  à  l'axe 
des  z,  à  la  distance -m  +  ^,par  ^  ^^  +  (?,  (?  étant  toujours  beaucoup  plus  petit 
que  l'autre  terme  qui  forme  la  valeur  principale  de  y'  et  qui  donne  pour 
l'aire  de  la  surface  du  petit  triangle  curviligne  f  =  ^^,  et  pour  la  distance 

du  centre  de  gravité  ^'  =  ^z;  de  sorte  que  s"  x  g"  =  |^^  +/(^);/(<^),  tou- 
jours très-petite,  doit  s'évanouir  pour  z  =  o  etz  =  9.  Par  suite,  il  vient 

Or  on  a  toujours 
« 

J  +  /='«  +  ;5 
donc 

J  = T-^ : 

Xi 

la  valeur  de  j  devient  bien  égale  à  m  -i-  -  pour  z  ^  o ,  mais  elle  doit  encore 

satisfaire  à  la  condition  de  rendre^  =  m,  ou  j-'  =  -pour  z  =  o;  on  aura 
donc 

j.  =  ('"  +  g;-|    et  y=  ^ ^-_^ 

2  r 

Cette  nouvelle  valeur  dejy',  plus  approchée  que  la  première,  change  celle 
de  s"  X  g",  qui  devient  alors  égale  à 


rnr        u. 


£n.  substituant  cette  valeur  dans  l'équation 


-^'  =  '"  +  7-9^[('"  +  7)ï--^"xê"J' 


(  9'9  ) 
on  a,  pour  la  valeur  de  y, 


mr 


- 1) i^+MzK ')  S  -  ï^.  -  '^<''' 


fi  \  2 

Y  ^=  m  +  -  —  — 
La  condition  de  j^  =  to  pour  z  =  ô  donne  l'équation 


et  il  vient 


mr         u\  ,  ,  mr         u.' 


t\    f mr       u.\    az'         I  "\     "'"' 


7'  =r  /n   +  ! ~ '—^ 2i ^^ L 1 3 __. 

-"  r  ,  .  mr        u? 


»  En  comparant  cette  valeur  à  celle  de  j  =.  m  +  -  —  j',  on  en  déduit 

une  nouvelle  valeuç  pour  ^',  contenant  un  ternie  en  ^^  qui  donne  pour 

s"X.g"  une  valeur  plus  approchée  que  les  précédentes,  et  qui,  substi- 
tuée dans  celle  de  j",  introduit  une  nouvelle  puissance  paire  de  z,  les  termes 
étant  alternativement  positifs  et  négatifs  et  de  plus  en  plus  petits,  de 
manière  à  donner,  avec  les  valeurs  en  usage  de  fx,  une  série  très-conver- 
gente. 

»  On  obtiendrait,  comme  précédemment  (18),  la  relation   qui  existe 

entre  z  et  la  portion  —  de  la  charge,  comprise  entre  la  tranche  immobile  et 

la  tranche  z.  Pour  cela,  il  suffit  d'évaluer  l'aire  de  la  surface  ayant  pour 
ordonnées  les  différentes  valeurs  de  p  ou  de  ip,  depuis  o  jusqu'à  Q,  et  de  di- 
viser le  résultat  par  la  surface  entière.  En  opérant,  on  trouve  le  rapport 
de  a:  à  a  : 

Cette  relation  entre  x  et  z,  pour  le  cas  de  n  =  i ,  montre  encore  mieux  que 

119.. 


(  9^0  ) 

précédemment  (23)  les  difficultés   rencontrées    par    Lagrange   dans   ses 
essais  pour  représenter  d'une  manière  générale  z  en  fonction  de  x. 

«  28.  Position  du  centre  de  gravité  des  gaz  pour  diverses  grandeurs  de  charge . 
—  Les  premiers  termes  de  la  valeur  de  j-  indiquée  ci-dessus  donnent  déjà 
une  grande  approximation,  en  prenant  seulement  la  première  valeur 


J 


(u.\  I mr       fj.\         I          ix\  u.z^        .li^z' 
"'  +  -) i-  -,]  —  {m +'-]'- h  ', 


mr        I 
2        4 


et  cherchant  le  moment  de  chaque  partie  de  la  surface  représentée  par  cette 
équation,  et  le  divisant  par  l'aire  de  cette  même  surface,  depuis  z  =  o  jus- 

qu'à  z  =  0,  on  a  la  valeur  de  -;  il  vient  ainsi 


m-^  - 


)  (Ti) 


r  /  2 . 4        4  ■  ^  •  '■   ' 


(-?)(?-!) -("*?)A*4^,     ' 


r-^')  ( 


m'r'         inu.r'         m- 1'        u.'r  n  2«^ 

-< ~ ^  !-T  —  -^  ,a  mr i-  =  o. 


ou  bien 

7 

4     ~^     4  2      '    a4        12^""         i5 

Dans  le  cas  de  m  =  3pi,  on  a 

■^  o  i5 

équation  qui  est  satisfaite  par  la  valeur 

r  =  2,o5io286  = 


mr         u.  \         ti- 
-  H-—     +  — 

2  12/  20 


I 
0,4875602632 


et    qui    est   plus    forte  que    2,o5oi225  ==  — tk f-ô,   que  donne   la   loi 


(    92»     ) 

parabolique;  mais  elle  pèche  par  excès,  la  valeur  exacte  de  r, 


t.,o5o943446--=-^-g^^g^5- 


ètant  comprise  entre  ces  deux  valeurs. 

»  En  prenant  une  valeur  de  r  pins  approchée,  celle  qui  contient  un 
terme  en  p-'z*"',  afin  de  déterminer  plus  exactement  la  quantité  r,  on  trouve, 
par  une  opération  semblable  à  la  précédente,  la  condition 


m  +  i- 


h-^'^)T^f^]-( 


m+~ 


!t\    ■"   (""'  ,    ^\  ^     ^' 


2 . 4  \  2  12/  ^.6   Hr  1 


8  16        96/        iq?. 


ou  bien 


wV        wV        3  ,  5  ,  7  ,23  u./-         -y.!!? 

8  4        'O  ■?•  90  120  192       io5 

dans  le  cas  de  m  =  S/ji,  il  vient 

,       81    -        n3    ,,       547  16 

7.-11'^ r j-i^ ^r F  =  o, 

''  2  4  1 20  I  o5 

équation  qui  est  satisfaite  par  la  valeur  de 

qui  est  un  peu  plus  petite  que  la  valeur  exacte,  mais  beaucoup  plus  appro- 
chée que  la  précédente,  car  l'erreur  n'est  que  d'une  unité  sur  la  sixième  dé- 
cimale. Si  Von  fait  successivement /n  égal  à  pi,  ap.,  3|x,  4,u.vi  'Of')  on  aies 
équations  suivantes  qui  servent  à  déterminer  la  valeur  de  r,  ou  la  position  du 
centre  degravité  des  gaz  coirespondant  aux  différentes  charges,  valeurs  qui, 
comme  on  l'a  vu  (19),  servent  à  partager  la  charge  [t.  en  deux  parties^' 
et  p.",  et  entrent  dans  les  équations  (  A  ),  (B),  (C). 


(    922    ) 


(jharge  en  poids 
du  jii-ojcctile. 


Première  approximation. 


Deuxième  approximation.  . 


,-  ,   /e  ,   23  8  .  ,   43-5  ~       q65  ,  i83  i6 

2  i5              2       12  4"  >o5 

•,r;_3   /;^  ,   83  8  _     o  o  1   233  ,  loqq  i6 

D  10            '      2  120  io5 


/  ,      ,   97  ^  •>/■>  .   '225  ,   637  ,  1283  16 

b  i5  ^      2       4  120  io5 

^,  ,      -,    37  8  fr   1      01    626  ,  480  16 

2  i5  ''3  4"  io5 

,      ,   '3q  8  -,   or  ,   3q3o  ,  r835  i6 

\oor  —  iqo  r' rr^r -==  o  looor'  —  looor' S —  /J ^ — -  q   ;.  : 

o  i5  12  120  io5 


2 , I 2950 
2,07353 

2,o5og4 
2,03875 
2,o3i49 
2 , 0265 I 
2 , 02288 
2 ,0201 3 
2,01 624 


»  29.  Densité  des  diverses  Iranches  de  gaz  dans  le  cas  de  la  charge  du  tiers  du 
poids  du  projectile.  —  Si  l'on  prend  des  tranches  équidistante»  de  —  de  la 
longueur  de  l'espace  occupé  par  les  gaz,  les  densités  des  tranches  rapportées 

D  a 

à  leur  densité  moyenne  à  chaque  instant,  ou  à  —  5  se  trouvent  données  par 

les  valeurs  de  f  rapportées  dans  le  tableau  suivant,  et  déterminées  par  les 
deux  approximations  successives  indiquées  ci-dessus;  on  y  a  joint  l'erreur 
commise  dans  chaque  cas. 


POSITIO.N    DE    LA  TRANCUE. 

Tranche  immobile. 
0,1 
0,2 
0,3 
0,4 
0,5 
0,6 

0.7 
0,8 

0,9 
Contre  le  projectile .  . 


VALEURS    DE    p. 

i"  approximat.  2™^  approximat. 

I , o5o42 10       1 , o5o43 I 64 


1,0488433 
1,0441234 

I ,o363oo9 

i  ,02544?-' 
1,01 16397 
0,9950129 
0,9757074 
0,9538954 
0,9297755 
0,9035724 


I , 04885 I I 6 
I ,04412298 
I ,03628966 
I ,02542285 
I ,01 161 83 I 

o> 99499820 
0,97570750 
0,95391400 
0,92980329 
0,90357600 


DIFFÉRENCE    AVEC     LA  VALEUR    EXACTE    DE    y. 

i'^  approximation.  2""'  approximation. 

—  0,0000099  ■+-   0,0000007 

—  0,0000068  ■+■   0,0000010 

-+-   0,0000011  +  0,0000007 

H-  0,0000112  0,0000000 

+  0,0000192  0,0000000 

-f-  0,000021 3  —  0,0000001 

+  0,0000145  —  0,0000002 

■+   0,0000009  —  0,0000008 

—  o,ooooig3  —  0,0000007 

—  0,0000278  0,0000000 

—  o,ooooo32  -+•   0,0000004 


Valeur  de   r 2, o5 10286       2,050942 


2,050943446 


(  9^3  ) 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Note  sur  les  inérjalités  lunaires  à  longue  période  dues- 
à  l'action  perturbatrice  de  Vénus;  par  M.  Delaunay. 

«  La  discussion  des  observations  de  la  Lune  ayant  amené  les  astronomes 
à  admettre  dans  son  mouvement  l'existence  d'une  ou  de  plusieurs  inégalités 
à  longue  période,  on  a  cherché  à  en  trouver  la  cause  dans  les  actions  per- 
turbatrices auxquelles  cet  astre  est  soumis.  Dans  la  séance  du  22  novembre 
i858,  j'ai  rappelé  que  Laplace  avait  été  ainsi  conduit  à  signaler,  parmi  les 
effets  dus  à  l'action  perturbatrice  du  Soleil  sur  notre  satellite,  une  inégalité 
de  ce  genre,  ayant  pour  argument  la  longitude  du  périgée  de  la  Lune,  plus 
deux  fois  celle  de  son  nœud,  moins  trois  fois  la  longitude  du  périgée  du 
Soleil.  Cette  inégalité,  dont  le  calcul  théorique  avait  paru  trop  difficile  à 
Laplace,  avait  été  introduite  dans  les  tables  avec  un  coefficient  tiré  directe- 
ment des  observations.  Plus  tard,  Poisson  en  avait  contesté  l'existence.  Les 
recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  sur  ce  sujet  m'ont  fait  voir  que  l'iné- 
galité dont  il  s'agit  existe  bien  réellement,  mais  que  son  coefficient  est  beau- 
coup trop  faible  pour.qu'il  y  ait  lieu  d'en  tenir  compte  dans  la  construction 
des  Tables  de  la  Lune. 

»  M.  Hansen,  convaincu  par  ses  propres  travaux  que  l'action  perturba- 
trice du  Soleil  ne  pouvait  pas  produire  d'inégalités  à  longue  période  dans 
le  mouvement  de  la  Lune,  chercha  si  de  semblables  inégalités  ne  pouvaient 
pas  provenir  de  l'action  des  planètes  et  particulièrement  de  Vénus.  C'est 
ainsi  qu'il  trouva  les  deux  inégalités  suivantes  : 

-f-  27", 4  sin  (—  /  —  16  Z'  -t-  18  /"-+-  SS^'ao^a)  période  de  273  années, 
-I-  23", a  sin  (8/"—  i3 /'+ 3i  5"2o')  périodede  239  années, 

/,  Z',  Z"  étant  respectivement  les  anomalies  moyennes  de  la  Lune,  de  la 
Terre  et  de  Vçnus.  La  première  de  ces  deux  inégalités  est  produite  par  l'at- 
traction directe  de  "Vénus  sur  la  Lune;  en  ne  tenant  compte  que  de  la  pre- 
mière puissance  de  cette  action  perturbatrice,  M.  Hansen  avait  trouvé 
16",  01  pour  son  coefficient  :  c'est  en  poussant  l'approximation  jusqu'aux 
quantités  de  l'ordre  du  produit  du  cube  de  la  force  perturbatrice  du  Soleil 
par  la  masse  de  Vénus  qu'il  a  dii  porter  ce  coefficient  de  i6",oi  à  27", 4. 
X^a  seconde  inégalité  dépend  en  partie  de  l'attraction  directe  de  Vénus  sur 
la  Lune,  et  en  partie  de  cette  attraction  réfléchie  par  l'intermédiaire  de  la 
Terre  ;  son  argument  est  celui  pour  lequel  M.  Airy  a  montré  le  premier  qu'il 
a  un  coefficient  sensible  dans  le  mouvement  de  la  Terre.  Ces  résultats  ob- 


(  9^4  ) 
tenus  par  M.  Hansen  ont  été  communiqués  par  lui  à  l'Académie  dans  sa 
séance  du  5  mai  1 847  ;  il  annonçait  en  même  temps  qu'il  se  proposait  de  re- 
faire le  calcul  des  deux  inégalités  qu'il  avait  trouvées,  parce  que  leurs  coeffi- 
cients ne  lui  paraissaient  pas  déterminés  avec  toute  l'exactitude  désirable. 

«  M.  Hansen  revient  sur  ces  inégalités  à  longue  période  dues  à  l'action 
perturbatrice  de  Vénus,  dans  une  Lettre  adressée  à  M.  Airy  au  sujet  de  la 
construction  de  ses  Tables  de  la  Lune,  et  imprimée  dans  le  Bulletin  mensuel 
de  la  Société  astronomique  de  Londres  (novembre  i854)-  Voici  ce  qu'on  y 
lit  à  l'occasion  de  la  différence  entre  la  valeur  qu'il  adopte  pour  le  moyen 
mouvement  de  la  Lune,  et  celle  que  M.  Airy  avait  précédemment  obtenue  : 

((    Cela  provient  de  ce  que  j'ai  légèrement  altéré  les  coefficients  des  deux 

»  inégalités  à  longue  période.  La  détermination  exacte  de  ces  deux  inégalités 
»  par  la  théorie  est  la  chose  la  plus  difficile  que  l'on  rencontre  dans  la 
»  théorie  du  mouvement  de  la  Lune.  J'ai  cherché  deux  fois  à  déterminer 
>•  leurs  valeurs  et  par  des  méthodes  différentes,  mais  j'ai  obtenu  des  résul- 
))  tats  essentiellement  différents  l'un  de  l'autre  (i).  »  On  trouve,  en  effet, 
dans  le  préambule  des  Tables  de  la  Lune  de  M.  Hansen,  que  les  deux  iné- 
galités dont  il  est  question  y  ont  été  introduites  avecles  valeurs  suivantes  ; 

-l-i5",34sin(-/- i6/'+i8/"-^3o"i2'),  . 
•4-2i",47sin(8/"-  i6t-h  274° i4'). 

Les  coefficients  qui,  comme  on  le  voit,  diffèrent  notablement  de  ceux  que 
M.  Hansen  leur  avait  d'abord  attribués,  et  que  nous  avons  rapportés  plus 
haut,  ont  été  choisis  de  manière  à  satisfaire  convenablement  aux  observa- 
tions tant  anciennes  que  modernes,  et  présentent  ainsi  un  caractère  pure- 
ment empirique. 

»  Ce  point  de  la  théorie  de  la  Lune  a  dû  naturellement  attirer  mon  atten- 
tion, en  raison  de  l'incertitude  qui  en  résulte  sur  la  réalité  de  l'existence 
des  deux  inégalités  trouvées  par  M.  Hansen,  ou  au  moins  sut  la  grandeur 
de  leurs  coefficients.  Je  me  suis  donc  occupé  d'en  effectuer  moi-même  la 
détermination  par  la  méthode  qui  m'a  déjà  servi  dans  toutes  mes  recherches 

(i)  .....  This-arises  from  the  circumstance  that  I  hâve  slightly  allercd  the  coefficients  of 
ihe  two  inequalities  of  long  period.  The  acciirate  détermination  of  thèse  two  inequalities  by 
theory,is  the  most  difficult  matter  which  présents  itself  in  the  theory  of  the  moon's  motion. 
I  hâve  on  two  occasions,  and  by  différents  methods,  soiight  ta  détermine  their  values,  but 
I  hâve  obtained  resiiks  esstnlially  différent  from  eaeh  other.  [Monthly  Notices  oftheruyal  as- 
tronnmical  Society,  vol.  XV,  p.  8.)  . 


(  9^5  ) 
précédentes.  Là,  comme  dans  le  calcul  de  l'inégalité  de  Laplace,  citée  plus 
haut,  je  n'ai  rencontré  aucune  des  difficnltés  qui  avaient  arrêté  ou  embar- 
rassé mes  devanciers,  et  je  n'ai  pas  cessé  un  seul  instant  d'avoir  une  pleine 
et  entière  sécurité  sur  l'exactitude  des  résultats  auxquels  mes  calculs  de- 
vaient me  conduire. 

»  J'ai  déterminé  la  première  des  deux  inégalités  de  M.  Hansen,  en  m'astrei- 
gnant  à  pousser  les  approximations  aussi  loin  qu'il  les  avait  poussées  lui- 
même.  'Voici  ce  que  j'ai  trouvé.  En  m'en  tenant,  comme  il  l'avait  fait  d'abord, 
au  produit  de  la  première  puissance  de  l'action  perturbatrice  du  Soleil  par 
la  masse  de  Vénus,  j'ai  obtenu  pour  cette  inégalité  la  valeur  suivante  : 

+  o",i8sin  (-/-  i6/'4-i8/"+53°a4')- 

En  allant  ensuite  jusqu'aux  quantités  de  l'ordre  du  produit  du  cube  de 
la  force  perturbatrice  du  Soleil  par  la  masse  de  Vénus,  j'ai  vu  que  le  coeffi- 
cient de  l'inégalité  diminue  un  peu,  au  lieu  d'augmenter,  comme  l'avait 
trouvé  M.  Hansen,  et  que  cette  inégalité  devient 

+  o",i4sin(-Z-i6Z'-4-i8Z"+52°8'). 

On  voit  combien,  mes  résultats  sont  différents  de  ceux  que  M.  Hansen 

a  obtenus  pour  la  même  inégalité.  Le  coefficient  se  réduit  à  -  de  seconde; 

c'est-à-dire  que  l'inégalité  est  insensible,  et  que  c'est  tout  au  plus  si  l'on  doit 
en  tenir  compte  en  vue  d'une  détermination  précise  du  moyen  mouvement 
de  la  Lune. 

»  Quoique  je  n'aie  pas  encore  effectué  la  détermination  de  la  seconde  des 
inégalités  de  M.  Hansen,  j'ai  cru  devoir  faire  part  immédiatement  à  l'Acadé- 
mie de  cette  conséquence  importante  de  mes  calculs,  d'autant  plus  que  je 
puis  dès  à  présent  faire  connaître  les  raisons  puissantes  que  j'ai  de  croire  que 
cette  seconde  inégalité  est  également  très-petite,  sinon  tout  à  fait  insensible. 
Voici  quelles  sont  ces  raisons. 

»  Suivant  M.  Hansen,  l'inégalité  dont  il  s'agit  dépend  en  partie  de  l'ac- 
tion directe  de  Vénus  sur  la  Lune,  et  en  partie  de  cette  action  réfléchie  par 
l'intermédiaire  de  la  Terre.  Considérons-la  pour  un  moment  comme  ne  pro- 
venant que  de  l'action  directe  de  Vénus  sur  la  Lune,  et  comparons-la  avec 
la  première  inégalité  dont  il  a  été  question  plus  haut.  D'abord  chacune  des 
parties  du  coefficient  de  la  seconde  inégalité  contient  nécessairement  un  des 
facteurs  e",  e'*e",  e"e"^,  e'^e'",  e'e"*,  e"°  ;  tandis  que,  dans  les  parties  prin- 
cipales qui  composent  le  coefficient  de  la  première,  au  lieu  de  ces  facteurs, 
on  trouve  ee'*,  ou  ee'e",  ou  bien  ee"*.  Les  lettres  e,  e',  e"  désignent  les  excen- 

C.  R.,  ibag,  2""  Semestre.  (T.   XLIX,  No24.;  '  20 


(  9^6  ) 
tricités  des  orbites  de  la  Lune,  de  la  Terre  et  de  Vénus,  et  ont  approximati- 
vement pour  valeurs  -g»  ^j  -t^-  Or,  on  reconnaît  sans  peine  que  le  plus 
grand  des  premiers  facteurs  est  plus  de  2000  fois  plus  petit  que  le  plus 
petit  des  derniers.  En  second  lieu,  d'après  la  composition  de  l'argument  de 
la  seconde  inégalité,  les  intégrations  ne  peuvent  introduire  en  diviseur  que 
la  première  puissance  du  petit  nombre  par  lequel  le  temps  se  trouve  multi- 
plié dans  la  valeur  de  cet  argument;  tandis  que,  dans  le  calcul  de  la  pre- 
mière inégalité,  c'est  le  carré  de  ce  petit  nombre  qui  s'introduit  en  diviseur, 
et  l'on  sait  que  c'est  principalement  par  cette  circonstance  que  les  coeffi- 
cients des  inégalités  à  très-longues  périodes  peuvent  devenir  sensibles.  Si  l'on 
tient  compte  des  durées  des  périodes  de  nos  deux  inégalités,  on  reconnaît 
facilement  que,  pour  cette  nouvelle  cause,  le  coefficient  de  la  seconde  doit 
être  plus  de  4  000  fois  plus  petit  que  celui  de  la  première.  Donc,  en 
vertu  des  deux  causes  qui  viennent  d'être  signalées,  le  second  coefficient  doit 
être  plus  de  8000000  de  fois  plus  petit  que  le  premier.  Il  me  paraît  impos- 
sible que  d'autres  circonstances  viennent  établir  une  compensation  telle  que 
cette  seconde  inégalité  puisse  acquérir  une  valeur  sensible,  eu  la  considérant 
toujours,  bien  entendu,  comme  produite  par  l'action  directe  de  Vénus  sur 
la  Lune.  Quant  à  l'action  de  Vénus  réflécbie  par  l'intermédiaire  de  la  terre, 
je  me  suis  assuré  que  l'inégalité  qu'elle  occasionne  dans  le  mouvement  de  la 
Lune,  et  qui  a  pour  argument  8/"  —  1 3/',  a  un  coefficient  notablement  plus 
petit  que  l'inégalité  de  même  argument  que  cette  action  produit  dans  le 
mouvement  de  la  Terre;  et  l'on  sait  que  cette  dernière  inégalité  ne  s'élève 
pas  à  2  secondes. 

»  Ainsi  il  est  établi  que  la  première  des  deux  inégalités  de  M.  Hansen 
est  à  peu  près  nulle,  et  il  est  extrêmement  probable  qu'il  en  est  de  même 
de  la  seconde,  dont  je  vais  d'ailleurs  entreprendre  le  calcul  complet,  afin  de 
vérifier  mes  prévisions.  Ce  résultat  est  d'une  grande  importance  relative- 
ment à  la  controverse  qui  s'est  élevée  récemment  au  sujet  de  l'accélération 
séculaire  du  moyen  mouvement  de  la  Lune.  La  valeur  de  celte  accélération 
séculaire,  telle  qu'on  l'a  déduite  de  la  discussion  des  anciennes  éclipses, 
est  nécessairement  entachée  d'erreur,  puisqu'on  n'a  pu  la  déterminer  qu'en 
partant  de  la  valeur  du  moyen  mouvement  de  la  Lune  fournie  par  les  ob- 
servations modernes,  et  que  ce  moyen  mouvement  est  rendu  inexact  par 
l'emploi  des  inégalités  fautives  de  M.  Hansen.  Il  sera  donc  nécessaire  d'ef- 
fectuer une  nouvelle  détermination  de  l'accélération  séculaire  du  moyen 
mouvement  de  la  Lune,  à  l'aide  des  anciennes  éclipses,  pour  s'assiu-er  si 
la  valeur  que  nous  lui  avons  trouvée  par  la  théorie,  M.  Adams  et  moi,  est 
ou  n'est  pas  d'accord  avec  l'observation. 


(  927  ) 
»  Cç  qui  précède  jette  d'ailleurs  un  certain  jour  sur  une  autre  partie  de 
la  même  controverse.  Parmi  les  déterminations  théoriques  de  l'accélération 
séculaire  de  la  Lune,  celle  de  M.  Hansen  est  la  seule  qu'on  puisse  nous  op- 
poser sérieusement  comme  n'étant  pas  d'accord  avec  la  valeur  que  nous  lui 
avons  trouvée,  puisque  les  résultats  obtenus  par  MM.  Plana  et  Damoiseau 
sur  ce  sujet  sont  rendus  inexacts  par  la  cause  que  M.  Adams  a  signalée 
dès  le  mois  de  juin  i853.  Or  voici  ce  qu'on  lit  dans  la  Note  communiquée 
par  M.  Ilansen  à  l'Académie,  le  5  mai  1847  •  "  D'ailleurs  ce  même  système 
«  d'équations  linéaires  (qui  lui  avait  servi  à  calculer  les  inégalités  lunaires 
»  à  longue  période  dues  à  l'action  de  Vénus)  donne,  après  un  petit  chan- 
»  gement,  les  inégalités  séculaires  de  la  longitude  moyenne,  du  périgée  et 
»  du  nœud  de  la  Lune.  »  Quand  on  voit  que  ces  équations  ont  fourni  des 
coefficients  considérables  (27", 4  6t  23",2)  pour  les  inégalités  à  longue  pé- 
riode dues  à  l'action  de  Vénus,  inégalités  pour  lesquelles  M.  Hansen  a  en- 
suite obtenu  des  valeurs  essenliellernent  différentes  en  suivant  une  autre  mé-  « 
thode,  et  que  je  trouve  de  mon  côté  être  à  peu  près  nulles,  on  se  demande 
naturellement  quel  est  le  degré  de  confiance  qu'on  peut  accorder  à  la 
valeur  que  M.  Hansen  en  a  déduite  pour  l'accélération  séculaire  du  moyen 
mouvement  de  la  Lune.  » 

Communication  de  M.  Payen. 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  la  quatrième  édition  de  mon  Précis 
de  chimie  industrielle. 

n  Plusieurs  industries  nouvelles  ainsi  que  les  progrès  notables  réalisés 
durant  l'intervalle  de  temps  entre  l'édition  précédente  et  celle-ci  ont  né- 
cessité dans  les  descriptions  de  la  plupart  des  industries  agricoles  et  manu- 
facturières, des  développements  qui  ont  porté  le  texte  d'un  à  deux  volumes, 
et  augmenté  presque  dans  la  même  proportion  le  nombre  des  planches  et 
des  figures  intercalées  dans  le  texte. 

»  Des  chapitres  spéciaux  ont  été  consacrés  aux  procédés  d'argenture  des 
glaces,  globes  et  ballons  en  verre,  à  la  fabrication  et  aux  applications  de 
l'aluminium,  à  l'industrie  de  la  granulation  des  pommes  de  terre,  au  collage 
continu  du  papier  par  la  gélatine,  à  la  préparation  du  gaz  portatif,  au 
chauffage  et  à  l'éclairage  par  le  gaz,  à  la  fabrication  et  à  l'épuration  des 
hydrocarbures  obtenus  des  houilles,  goudrons  et  schistes  bitumineux.  Plu- 
sieurs applications  qui  ont  acquis  l'aplomb  manufacturier,  ont  été  complé- 
tées dans  un  supplément  qui  termine  le  deuxième  volume  de  cet  ouvrage.  » 

120.. 


(  928  )  . 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  bases  phophorées; 
par  M.  A.-W.  Hofmann. 

«  Série  triatomique.  —  Dans  une  Note  (i),  communiquée  à  l'Académie, 
il  y  a  quelques  mois,  j'ai  fait  connaître  les  résultats  qu'on  obtient  en  sou- 
mettant la  triéthylphosphine  à  l'action  dedibromure  d'éthylène  comme  pro- 
totype des  bromures  diatomiques.  J'ai  montré  que  le  produit  final  de  cette 
réaction  est  un  sel  diatomique  correspondant  à  2  molécules  de  chlorure 
d'ammonium.  En  poursuivant  l'étude  de  la  triéthylphosphine  dans  la  voie 
I racée  par  mes  recherches  antérieures,  j'ai  été  porté  à  examiner  les  trans- 
formations de  cette  substance  sous  l'influence  des  chlorures,  des  bromures 
et  des  iodures  triatomiques. 

»  J'ai  choisi  surtout  le  chloroforme,  le  bromoforme  et  l'iodoforme, 
comme  les  termes  les  plus  accessibles  du  groupe  triatomique  pour  mes 
expériences. 

»  Action  de  l'iodoforme  sur  la  trièthjlphosphine.  —  Les  deux  corps  se  com- 
binent énergiquement  à  la  température  ordinaire.  Pour  éviter  l'inflamma- 
tion de  la  base  phosphorée,  il  ne  faut  opérer  qu'avec  de  petites  quantités 
de  matière  à  la  fois.  Les  produits  de  la  réaction  varient  avec  les  propor- 
tions relatives  des  deux  substances.  Si  on  ajoute  peu  à  peu  des  cristaux 
(l'iodoforme  à  la  triéthylphosphine  jusqu'à  ce  qu'une  nouvelle  addition  ne 
dégage  presque  plus  de  chaleur,  on  obtient  une  masse  visqueuse  d'un  jaune 
clair. 

»  Traitée  par  l'alcool,  cette  masse  se  transforme  en  une  matière  blanche, 
d'aspect  cristallin.  Ces  cristaux  sont  facilement  solubles  dans  l'eau,  diffi- 
cilement solubles  dans  l'alcool,  insolubles  dans  l'éther.  Par  deux  ou  trois 
cristallisations  dans  l'alcool  bouillant,  on  les  obtient  à  l'état  de  pureté. 
L'analyse  de  ce  corps  m'a  conduit  aux  rapports  suivants  : 

C'»H"P'P, 

qui  représentent  la  combinaison  de  i  molécule  d'iodoforme  et  de  3  molé- 
cules de  triéthylphosphine  : 

3C*»H'*P-i-C»HP=r   C^oH^'P'!' 

J'iiéthyl-  lodoforme.        Nouvelle  matière, 

phosphine. 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XL VIII,  p.  787. 


(  9^9  ) 
"   L'iodoforme  fixe  donc  3  molécules  de   triéthylphosphine,   et  domie 
ïiaissance  au  tri-iodiire  d'un  métal  triatomique,  d'un  triphosphonium  cor- 
respondant à  3  molécules  de  chlorure  d'ammonium  : 


[(C'H)"'\       -j'" 


[C'«H*'P'j 


»  La  dissolution  du  trio-iodure  est  précipitée  par  l'iodure  de  zinc.  Le 
précipité  blanc  cristallin  est  difficilement  soluble  dans  l'eau^  et  paraît  se 
décomposer- légèrement  par  la  recristallisation.  Il  renferme  i  molécule  de 
l'iodure  triatomique  et  3  molécules  d'iodure  de  zinc  : 

[CH^op*]'"!»,  3ZnL 

w  En  traitant  le  tri-iodure  par  les  sels  d'argent,  on  obtient  facilement  une 
série  de  combinaisons  triatomiques  contenant  les  différents  acides.. 

»  Le  trichlorure  fournit  avec  le  dichlorure  de  platine  un  précipité  jauue- 
pâle,  insoluble  dans  l'eau,  mais  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique  bouil- 
lant. Par  le  refroidissement  il  se  dépose  en  paillettes  rectangulaires  qui  ren- 
ferment 

[C"'H'«P»]"'Cl',3PtCP. 

»  J'ai  vainement  essayé  de  produire  l'oxyde  correspondant  au  tri-iodure. 
Ce  dernier  corps  est  promptement  attaqué  par  l'oxyde  d'argent  ;  il  se  fonne 
de  l'iodure  argentique  et  une  solution  extrêmement  caustique  de  base  fixe. 
Cette  base  n'appartient  plus  à  la  même  série;  en  la  saturant  par  l'acide 
iodhydrique,  ou  en  la  traitant  par  l'acide  chlorhydrique  et  le  dichlorure  de 
platine,  on  reconnaît  de  suite  que  l'oxyde  d'argent  a  altéré  profondément 
le  système  primitif.  L'acide  iodhydrique  ne  reproduit  plus  le  sel  difficile- 
ment soluble  dans  l'alcool  ;  au  contraire,  en  évaporant  la  solution,  on  ob- 
tient un  résidu  cristallin,  qu'on  sépare  facilement  en  une  matière  visqueuse 
très-déliquescente  et  en  iodure  cristallisant  en  aiguilles  magnifiques,  très- 
solubles  dans  l'eau  et  l'alcool,  insolubles  dans  l'éther.  L'analyse  de  cet 
iodure  m'a  conduit  aux  rapports 

[C'ir'Pjl^ 


Le  h)  j 


»  c'est  en  effet  l'iodure  de  méthyle-triéthylphosphonium  que  nous  avons, 
M.  Gahours  et  moi,  obtenu  par  l'action  de  l'iodure  méthylique  sur  la  trié- 
thylphosphine.  La  solution  alcaline,  obtenue  par  l'action  de  l'oxyde  d'ar- 
gent sur  l'iodure  primitif,  saturée  par  l'acide  chlorhydrique,  ne  donne  plus 
avec  le  dichlorure  de  platine  le  sel  insoluble  dans  l'eau  et  soluble  dans 
l'acide  chlorhydrique  ;  la  solution  diluée  ne  fournit  plus  de  précipité,  et  ce 
n'est  qu'après  la  concentration  qu'il  se  dépose  des  octaèdres  bien  définis, 
d'un  orangé  foncé,  renfermant 

[c'*H'»p]ci,    ptci'  =  |  ZZ]^  Ici, ptci 


»  Ces  expériences  prouvent  que  sous  l'influence  de  l'oxyde  d'argent  le 
tri-iodure  de  triphosphonium  se  transforme  en  oxyde  de  monophospho- 
nium.  Ce  dernier  corps  n'est  pas  le  seul  produit  de  cette  métamorphose.  J'ai 
déjà  fait  remarquer  que  l'iodure  de  méthyl-tri-éthylphosphonium  est 
accompagné  d'une  matière  visqueuse  déliquescente.  Cette  dernière  sub- 
stance est  le  dioxyde  de  triéthylphosphine  qu'on  reconnaît  facilement  en 
évaporant  la  solution  de  l'oxyde  de  méthyle-triéthylphosphonium  et  en 
ajoutant  de  la  potasse.  Il  se  sépare  des  gouttelettes  oléagineuses  quidisparais 
sent  facilement  par  l'addition  de  l'eau. 

»  L'action  de  l'oxyde  d'argent  sur  le  tri-iodure  de  triphosphonium  s'ex- 
prime par  l'équation  suivante  : 


[(C'H)"'\      "l' 
(C'HM=    p3       p. 
(C'H^)' 
(C<H»)']       J 


-3AgO-i-3HO=3AgI 


»  Le  tri-iodure  qui  forme  le  sujet  de  cette  Note  n'est  pas  le  seul  produit 
de  l'action  de  l'iodoforme  sur  la  triéthylphosphine.  Il  y  a  d'autres  combi- 
naisons, surtout  quand  l'iodoforme  est  employé  en  grand  excès.  La  nature 
de  ces  corps,  que  l'étude  de  la  série  diatomique  permet  de  deviner,  n'est 
pas  encore  fixée  par  l'expérience. 

»  J'ai  établi  que  le  chloroforme  et  le  bromoforme  agissent  d'une  manière 
semblable  sur  la  triéthylphosphine. 

»  Cette  même  base,  traitée  à  la  température  ordinaire  par  le  tribromure 


(93i) 
d'allyle,  ne  tarde  pas  à  se  prendre  en  masse  cristalline  dont  l'examen  m'oc- 
cupe en  ce  moment. 

»  Les  réactions  que  je  viens  de  signaler  m'ont  engagé  à  étendre  mes 
études  aux  corps  tétra -a forniques.  Le  chlorure  de  carbone  CCI*  qu'on  ob- 
tient par  la  substitution  finale  du  chlore  à  l'hydrogène  dans  le  gaz  des  marais 
m'a  semblé  le  mieux  se  prêtera  ce  genre  de  recherches.  En  soumettant  ce 
chlorure,  corps  si  indifférent,  qu'il  n'est  attaqué  généralement  qu'avec  une 
difficulté  extrême,  à  l'influence  de  la  triéthylphosphine,  j'ai  observé  avec 
étonnement  une  réaction  des  plus  vives,  accompagnée  d'un  développement 
de  chaleur  très-considérable.  Chaque  goutte  de  triéthylphosphine  versée 
dans  le  chlorure  de  carbone  y  produit  un  sifflement  comme  le  fer  rouge 
qu'on  plonge  dans  l'eau.  Par  le  refroidissement,  le  mélange  se  prend  en  une 
masse  des  cristaux  blancs,  qui  seront  de  ma  part  l'objet  d'une  communica- 
tion spéciale.   » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  l'intensité  lumineuse  des  diverses  parties  du  disque  solaire; 
Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  La  discussion  que  vient  de  soulever  M.  Faye  sur  l'existence  ou  non 
d'une  atmosphère  solaire  transparente,  regardant  un  sujet  dans  lequel  j'ai 
fait  quelques  recherches  ultérieures  à  celles  déjà  présentées  à  l'Académie, 
je  demande  la  permission  de  les  exposer  ici,  car  cette  matière  est  très-inté- 
ressante à  cause  de  la  prochaine  éclipse. 

»  Après  les  observations  qu'a  bien  voulu  rappeler  M.  Faye  sur  la  tempé- 
rature solaire  dans  les  différents  points  du  disque,  j'en  ai  fait  des  autres 
avec  le  grand  équatorial  de  Merz  qui,  étant  un  instrument  plus  puissant 
que  celui  de  Cauchoix,  rend  les  résultats  plus  exacts.  Dans  une  série  faite 
le  8  juin  i855,  l'image  projetée  avait  un  diamètre  de  220  millimètres,  et  la 
pile  une  ouverture  carrée  de  12  millimètres  de  côté. 

»  Voici  les  températures  observées  en  différentes  distances  au  centre  me- 
surées en  millimètres  sur  l'image  : 


Distances  au  centre o  (centre)    10  3o  5o  70  90         io4 

Intensité    en    degrés    du 

multiplicateur 

Degrés  proportionnels. .. .      121,0  122,2     120,0     119,0     ii4»o     'oi,5     85,5 


5o,i  [a]      5o,2     5o,o     49«8     48,9     46>8    44j4 


»  Les  intensités  ont  été  observées  toujours  en  quatre  points  symétriques 
placés  sur  deux  diamètres  orthogonaux.  Au  centre  on  a  quelque  chose  de 


I 

=  cenire 

7 
16 

1 
75 

'      du 

02 

!   rayon. 

4o 

,6 

38,5 

36, 

,2 

28,9 

:• 

,o 

63,5 

5l, 

0 

36,8 

I 

,00 

0,89 

0. 

,80 

0,52 

de  celle 

au 

centre. 

(  93«  ) 
moins,  car  ii  y  avait  une  petite  tache  très-près  de  lui:  On  voit  ici  la  marche 

3 
de  la  diminution  faible  près  du  centre  et  jusqu'à  j  du  rayon,  mais  qui 

à  ^  du  rayon  devient  senlement  0,7  de  la  force  centrale.  Mais  la  grande 

ouverture  de  la  pile  masquait  beaucoup  la  diminution  réelle  de  l'intensité. 
Pour  cette  raison,  je  fis  une  autre  série  d'expériences  le  12  juin  en  donnant 
à  l'image  un  diamètre  de  33o  millimètres,  et  à  la  pile  une  ouverture  de 
4  millimètres  seulement.  Le  tableau  suivant  montre  la  diminution  observée 
en  opérant  toujours  sur  quatre  points  symétriques  : 

Distances  au  bord  en  par- 
ties du  rayon 

Degrés  galvanomctriques. 
Degrés  proportionnels. . . 
Rapport  des  intensités.  . 

»  L'ouverture  de  la  pile  correspondant  à  une  zone  du  bord  de  24  se- 
condes environ  de  largeur,  on  voit  que  sur  cette  zone  extrême,  tout  autour 
du  disque  solaire,  la  force  calorifique  est  la  moitié  de  celle  du  centre,  et  on 
la  trouverait  encore  moindre  plus  près  du  bord  si  on  pouvait  expérimenter. 
Ceci  confirme  tout  ce  que  j'ai  découvert  dès  i852  :  alors  encore  je  dé- 
montrai que  la  théorie  de  Laplace  était  inadmissible,  et  je  calculai  même  la 
proportion  de  chaleur  que  l'enveloppe  atmosphérique  solaire  absorbe  en 
me  servant  des  formules  données  par  M.  Plana  dans  les  Jstr.  Nacli.,  n°  8i3. 
(Voir  les  Jtti  dell'Jc.  de  N.  Lincei  et  les  Mémoires  de  l'observatoire  du 
Collège  RoiTiain,  i85i.) 

1)  Les  résultats  obtenus  pour  la  chaleur  s'accordent  en  grande  partie 
avec  les  dernières  observations  de  M.  Chacornac  sur  l'intensité  de  la  lu- 
mière, et  je  prends  la  liberté  de  rappeler  que  j'étais  moi-même  arrivé  à  la 
même  conclusion  en  employant  le  même  moyen  du  prisme  biréfringent 
pour  ce  qui  regarde  à  trouver  la  lumière  du  bord  presque  égale  à  la  lumière 
de  la  pénombre  des  taches.  Je  trouve  encore  que  les  facules  si  brillantes, 
lorsqu'elles  arrivent  près  du  bord,  ne  sont  cependant  pas  plus  lumineuses 
que  le  centre  du  disque.  (Voir  le  Nuovo  Cimento  publié  par  M.  Matleucci, 
vol.  Vm,  aoiit  i858,  p.  86.) 

»  Je  crois  que  la  difficulté  la  plus  grande  proposée  par  M.  Paye  est  réel- 
lement celle  tirée  de  la  netteté  avec  laquelle  nous  voyons  les  détails  des 
taches,  ce  qui  paraît  difficile  en  admettant  une  atmosphère,  comme  il  ar- 
rive en  effet  avec  les  planètes.  Mais  je  remarquerai  d'abord  que,  pourvu  que 


(933) 
l'atmosphère  soit  transparente  (i),  nous  pourrons  toujours  voir  très-bien  à 
travers  une  épaisseur  quelconque,  surtout  en  tenant  compte  de  l'immense 
intensité  solaire  :  seulement,  près  du  bord  on  trouvera  quelque  détail  plus 
difficile  à  saisir,  ce  qui  arrive  en  réalité,  car  je  n'ai  jamais  réussi  à  voir  près 
des  bords  ces  légers  voiles  rougeâtres  ou  cirri  que  j'ai  vus  presque  toujours 
dans  les  larges  taches  au  milieu  du  disque.  Je  crois  même  que  la  mauvaise 
définition  des  taches  qui  est  si  souvent  attribuée  à  l'atmosphère  terrestre, 
surtout  vers  ses  bords,  peut  être  causée  par  celle  du  Soleil. 

»  Cependant  l'objection  de  M.  Faye  a  beaucoup  de  poids,  et  on  pour- 
rait ajouter  que  si  la  couronne  exprimait  les  limites  de  l'atmosphère  solaire, 
la  grande  comète  de  i843  serait  passée  dans  l'intérieur  de  cette  atmo- 
sphère à  son  périhélie,  et  je  ne  sais  guère  comment  elle  aurait  pu  en  sortir. 
En  attendant  que  des  nouvelles  observations  viennent  à  éclaircir  ces  diffi- 
cultés, j'ai  cherché  si  on  ne  pourrait  pas  trouver  sur  la  Lune  la  cause  de 
quelques-uns  des  phénomènes  observés  dans  les  éclipses  solaires.  La  con- 
stitution de  la  surface  lunaire  n'est  point  connue,  et  il  n'est  pas  impossible 
qu'elle  puisse  contribuer  à  quelques  irradiations  extérieures. 

»  Pour  cela  j'ai  fait  plusieurs  séries  d'observations  polariscopiques  dont 
les  conclusions  me  paraissent  assez  remarquables. 

»  i".  Premièrement  la  lumière  lunaire  est  polarisée  plus  ou  moins  selon 
la  phase  :  dans  la  pleine  lune,  la  polarisation  est  nulle  :  le  plan  de  polari- 
sation est  celui  de  réflexion. 

»  1°.  Le  maximum  de  polarisation  est  vers  le  sixième  ou  septième  jour, 
la  Lune  étant  à  une  élongation  du  Soleil  de  80  à  90  degrés.  Pour  le  moment 
je  ne  saurais  déterminer  mieux  l'époque  du  maximum,  la  saison  ayant  été 
contraire  dans  ces  derniers  temps. 

1)  3°.  La  quantité  de  polarisation  dans  le  premier  quartier  est  presque 
égale  sur  toute  la  face  éclairée  de  la  phase;  seulement,  en  employant  une 
pile  de  glaces  polarimétrique,  on  trouve  une  petite  différence  entre  le  bord 
éclairé  et  la  portion  qui  est  près  des  limites  de  l'ombre.  Une  pile  polarimé- 
trique de  trois  lames  inclinées  d'environ  45  degrés  suffit  pour  détruire 
toute  la  polarisation  de  la  lumière  lunaire  au  premier  quartier.  Je  m'occu- 
perai de  donner  des  mesures  plus  exactes  à  l'avenir. 

»  4°'  La  quantité  de  lumière  polarisée  sur  les  montagnes  est  minime  et 
presque  nulle;  celle  au  contraire  des  parties  lisses  ou  des  mers  et  dans  les 


i)  L'atmosphère  des  planètes  ne  polarise  pas  la  lumière  :  serait-elle  analogue  à  nos 

5? 

C.  R.,  iS.>9,  2'  Semestre.  (T.  XLIX,  N«  240  '21 


nuages? 


{  934  ) 
fonds  des  cratères  est  très-considérable  ;  le  blanc  des  montagnes  se  détache 
très-nettement  sur  le  fond  coloré  des  images  du  polariscope  chromatique 
de  M:  Arago  et  de  celui  à  bandes. 

»   Le  fait  de  cette  polarisation  n'est  pas  si  simple  qu'il  paraît  au  premier 
abord  :  en  effet,  la  polarisation  dans  le  plan  des  rayons  réfléchis  suppose 
toujours  une  réflexion  spéculaire,  et  la  simple  diffusion  d'un  objet  raboteux 
comme  les  pierres  ordinaires  ne  saurait  la  produire;  mais  si  l'on  examine 
la  polarisation  par  réflexion  sur  une  surface  courbe,  on  trouve  une  quan- 
tité très-différente  de   polarisation   selon   les  incidences  particulières   de 
chaque  rayon,   la  surface  courbe  étant  équivalente  à  une  infinité  de  sur- 
faces planes  sous  différentes  inclinaisons  et  polarisantes  en   proportions 
différentes.  Au  contraire,  sur  la  Lune  on  trouve  la  proportion  de  polarisa- 
tion presque  égale,  malgré  foutes  les  différences  d'inclinaison  de  la  surface 
sphérique  ;  les  différences  qui  existent  sont  seulement  appréciables  avec 
les  moyens  les  plus  délicats,  et  l'œil  seul  n'y  verrait  rien.  On  en  doit  con- 
clure, il  me  paraît,  que  la  surface  lunaire  ne  polarise  pas  comme  une  sur- 
face réfléchissante  unie,   mais  plutôt  comme  une  surface  miroitante,  dans 
laquelle  on  trouvera  toujours  un  petit  plan  convenablement  incliné  pour 
renvoyer  une  même  proportion  de  lumière  polarisée  sous  l'angle  général 
de  réflexion  des  rayons.  Son  effet  est  précisément  égal  à  celui  que  produit 
une   surface  courbe   recouverte  de   papier   de   verre   (tel   qu'on    emploie 
dans  les  arts),  et  celui-ci  est  l'imitation  la  plus  parfaite  que  j'en  ai  pu  trou- 
ver. La  lumière  aussi  réfléchie  par  certains  arbres  à  feuilles  lisses,  les  ariias 
irréguliers  de   matières  cristallines,  et  surtout  des  sables  volcaniques  qui 
brillent  d'un  grand  nombre  de  rayons  réfléchis  par  des  lames  de  mica  et  des 
fragments  de  sables  cristallins,  font  le  même  effet.  L'analogie  de  ce  dernier 
fait  est  frappante  pour  ce  que,  du  reste,  nous  connaissons  de  la  Lune.  Les 
observations  de  photographie  et  les  observations  photométriques  de  jour 
font  voir  que  ces  bas-fonds  de  la  Lune  sont  réellement  très-peu  réfléchis- 
sants, peut-être  pas  plus  que  les  sables  noirs. 

»  Or,  ne  se  pourrait-il  pas  que  cette  constitution  miroitante  eût  quel- 
que part  et  quelque  influence  dans  la  couronne,  à  l'occasion  dq  l'éclipsé 
solaire  ?  Les  savants  en  jugeront. 

»  M.  Le  Verrier  ayant  invité  à  chercher  la  planète  intérieure  à  Mercure, 
nous  avons  examiné  les  nombreux  dessins  de  taches  solaires  faits  de  l'an- 
née dernière  jusqu'à  présent,  presque  chaque  jour,  et,  quoique  nous  ayons 
trouvé  plusieurs  petites  taches  disparues  d'un  jour  à  l'autre,  on  n'a  rien  vu 
qui  puisse  être  pris   pour  une  planète.  Si  l'on  réfléchit  à  la  grande  rareté 


(  935  ) 
des  passages  de  Vénus  et  de  Mercure,  on  voit  que  ce  serait  une  grande 
chance  de  trouver  une  planète  de  cette  manière. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  les  numéros  IV,  Vil,  VIII  de  nos 
Mémoires  :  le  premier  contient  le  détail  de  nos  observations  de  taches 
solaires;  les  autres  exclusivement  des  observations  d'étoiles  doubles.  La 
chose  la  plus  remarquable  sur  ces  taches  est  la  distribution  des  facules  sur 
deux  zones  parallèles.  Je  donne  des  tables  qui  faciliteront  beaucoup  cette 
étude  aux  observateurs.  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède  par  la  voie  du  scrutin  à  la  nomination  d'un  Corres- 
pondant de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  en  remplacement  de  feu 
M.  Bonnet. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  de  48, 

M.  Denis,  de  Commercy,  obtient ag  suffrages. 

M.  Bouisson i8       » 

M.  Ehrmann i        » 

M.  Denis,  de  Commercy,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  déclaré  élu. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  no- 
mination de  la  Commission  chargée  de  l'examen  des  pièces  de  concours  pour 
le  prix  extraordinaire  concernant  l'application  de  la  vapeur  à  la  marine 
militaire. 

MM.  Dupin,  Combes,  Duperrey,  Poncelet,  Clapeyron  réunissent  la  majo- 
rité des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE.  —  De  l'autophagie  artificielle,  ou  de  la  manière  de  prolonger 
la  vie  dans  toutes  les  circonstance  de  privation  absolue  de  vivres,  naufrages  et 
autres  séquestrations  ;  par  M.  Anselmier. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Andral,  Rayer.) 

«  Les  recherches  expérimentales  faites  sur  les  animaux  soumis  à  la  pri- 
vation plus  ou  moins  absolue  d'aliments  ont  montré  que  pendant  l'inanition 

xai.. 


(  9'^6  ) 
la  vie  s'entretient  un  certain  temps  au  détriment  de  la  substance  des  organes, 
ainsi  que  le  prouve  la  diminution  progressive  du  poids  de  l'animal  soumis 
à  l'expérience.  Ce  mode  de  nutrition  a  reçu  depuis  longtemps  le  nom  d'auio- 
phagie;  nous  proposons  d'y  ajouter  la  qualification  de  spontanée,  par  oppo- 
sition à  la  désignation  d'autophagie  artificielle,  que  nous  réservons  au  mode 
de  nutrition  institué  par  nous.  Il  consiste  à  faire  à  un  animal  soumis  à  l'ina- 
nition de  petites  saignées  quotidiennes  et  à  lui  faire  prendre  ce  sang  comme 
aliment. 

»  Nous  avons  fait  de  nombreuses  expériences  comparatives  entre  ces 
deux  modes  de  nutrition.  Les  animaux  sur  lesquels  nous  avons  agi  étant 
disposés  par  paires,  de  manière  à  ce  que  les  deux  sujets  d'une  même  expé- 
rience fussent  à  peu  près  semblables  sous  tous  les  rapports  qui  pouvaient 
avoir  quelque  influence  sur  la  résistance  de  la  vie,  tels  que  l'âge,  l'embon- 
point, le  poids  et  le  régime  habituel  ;  de  ces  sujets,  l'un  fut  abandonné  à 
l'inanition,  l'autre  fut  exclusivement  nourri  du  sang  que  nous  lui  retirions 
des  veines.  Voici  les  propositions  qui  résultent  de  l'ensemble  de  nos 
recherches  et  de  la  comparaison  des  deux  espèces  d'autophagie  : 

»  1°.  La  privation  absolue  d'aliments  diminue  chez  tous  les  animaux  à 
sang  chaud  la  production  du  calorique;  cette  diminution,  à  peu  près  uni- 
forme pendant  les  trois  quarts  de  la  résistance  de  la  vie,  est  environ  de 
o°,  a  par  vingt-quatre  heures.  Pendant  le  dernier  quart,  la  température 
décroît  très-promptement,  et  la  mort  arrive  entre  9.3  et  a^  degrés. 

»  2°.  La  privation  relative  d'aliments  diminue  moins  promptement  la 
production  de  calorique,  proportion nément  à  la  ration. 

»  3°.  Chez  tous  les  animaux  à  sang  chaud,  la  température  du  sang  ne 
peut  descendre  à  26  degrés  sans  que  la  mort  en  soit  la  conséquence. 

»  4°-  La  mort  par  la  faim  est  le  résultat  de  l'arrêt  de  la  nutrition  produit 
par  l'abaissement  progressif  de  la  température  de  l'animal,  la  production 
et  l'accumulation  d'une  certaine  quantité  de  calorique  étant  une  des  condi- 
tions de  nutrition  chez  tous  les  animaux  de  cette  classe. 

»  5°.  La  mort  par  la  faim  n'est  pas  le  résultat  de  la  consommation  de 
tous  les  matériaux  que  pourrait  fournir  l'organisme  si  l'on  pouvait  changer 
ta  condition  de  refroidissement  qui  est  la  conséquence  de  l'inanition  ;  en 
effet,  chez  tous  les  animaux  qui  succombent  à  l'abstinence  absolue,  l'éma- 
ciation  est  en  moyenne  des  -^  du  poids  initial;  par  l'abstinence  relative,  elle 
peut  atteindre  les  -j^. 

»  6°.  La  diminution  de  calorification  provient  de  l'inactivité  du  système 
d'absorption  gastro-intestinal  ;  la  température  de  l'animal  augmente  ou  di- 


(  9^7  ) 
minue  selon  le  degré  d'activité  de  cette  fonction,  de  même  que  celle-ci  est 
modifiée  par  la  température  à  laquelle  elle  effectue  ses  opérations. 

»  7".  Si  l'on  puise  dans  l'organisme  même  des  animaux  soumis  à  l'ina- 
nition une  certaine  quantité  de  sang  pour  la  leur  donner  comme  aliment, 
on  voit  se  continuer  avec  le  travail  gastro-intestinal  la  production  de  calo- 
rique, l'abaissement  quotidien  de  la  température  est  moins  considérable, 
l'émaciation  devient  plus  complète  et  peut  atteindre  les  -^  du  poids  initial. 

»  8°.  Les  saignées  et  les  rations  qu'elles  fournissent  doivent  être  d'autant 
plus  faibles,  que  l'on  s'éloigne  davantage  du  début  de  l'expérience,  et  la 
digestion  s'en  fait  d'autant  plus  complètement  et  vite,  que  l'on  est  plus 
avancé  dans  l'expérience. 

11  A  mesure  qu'elles  deviennent  plus  nombreuses,  l'épuisement  de  tout 
l'organisme,  l'irritation  nerveuse,  la  diminution  des  sécrétions  gastro- 
intestinales nécessaires  à  la  digestion,  la  monotonie  alimentaire,  l'abaisse- 
ment de  la  température,  enfin  la  putréfaction  de  cet  aliment,  finissent  par 
mettre  obstacle  à  ce  mode  de  nutrition. 

>»  9°.  L'activité  gastro-intestinale  est  annoncée  par  le  retour  des  excré- 
ments, l'élévation  et  la  généralisation  de  la  chaleur  et  du  pouls,  une  aug- 
mentation dans  les  forces  musculaires,  la  diminution  des  phénomènes  ner- 
veux, de  la  sensation  de  faim  et  de  soif. 

»  10°.  La  calorification  ne  décroît  plus  que  de  o",  i,  en  moyenne,  en. 
vingt-quatre  heures. 

»  1 1".  L'autophagie  artificielle  permet  l'émaciation  excessive,  c'est-à- 
dire  permet  à  celle-ci  d'être  des  -j^  pour  les  sujets  replets,  des  ^n  pour  les 
moyens,  des  -^  pour  les  jeunes;  tandis  que  l'autophaeie  spontanée,  d'après 
les  expériences  de  Chossat  et  les  nôtres,  ne  permet  padmlus  des  yô  pour  les 
sujets  replets, des  ■—  pour  les  moyens  et  les  ~  pour  les  jeunes. 

»  2°.  L'autophagie  artificielle  prolonge  considérablement  la  vie;  la 
moyenne  de  cette  prolongation  est  des  -^  de  l'autophagii  spontanée,  c'est- 
à-dire  presque  la  moitié  en  plus.  »  f 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

ïtf .  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  tî'ansmet  une  Note  adressée  de 
Londres  par  M.  Coc,  concernant  le  mode  de  préparation  et  d'administration 
d'un  remède  employé  avec  succès  contre  le  choléra-morbus. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chiriu-gie,  constituée  en 
Commission  spéciale  pour  le  concours  du  legs  Bréant.) 


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*. 


(938) 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.    —   Essni   sur   la   théorie   de  l'injecteur   Gijfard; 
par  M.  J.   Carvallo.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Bertrand  ) 

«  L'injecteur  Giffard  est  un  appareil  destiné  à  l'alimentation  des  chau- 
dières à  vapeur  [voir  sa  description  Annales  des  Mines,  t.  XV,  p.  170). 
Il  ne  comporte  aucune  pièce  mobile  et  détermine  un  circuit  continu  de  la 
vapeur  à  l'eau  de  la  chaudière,  entraînant  en  un  point  de  son  parcours  l'eau 
du  réservoir  d'alimentation. 

»  Nous  déterminerons  :  i"  la  section  de  l'injecteur  de  manière  à  assurer 
l'alimentation  continue  ou  intermittente;  2"  la  section  du  jet  de  vapeur  de 
manière  à  produire  le  maximum  d'effet  utile  ou  le  minimum  de  dépense  de 
vapeur;  3°  le  poids  de  vapeur  dépensé;  4"  le  poids  de  l'eau  entraînée; 
5°  la  vitesse  de  l'émission  de  la  vapeur;  6°  la  quantité  de  vapeur  conden- 
sée et  celle  qui  peut  passer  mélangée  à  l'eau;  7"  les  limites  inférieures  de 
la  température  de  la  veine  fluide,  au  commencement  et  à  la  fin  du  trajet 
extérieur. 

«  La  théorie  de  l'appareil  est  fournie  par  l'équation  générale  établie  entre 
les  puissances  et  les  résistances  étudiées  dans  le  courant  fluide  établi  entre 
les  ajutages  coniques  d'émission  de  vapeur  et  d'injection  d'eau.  Cette  équa- 
tion, convenablement  traitée,  fournit  les  réponses  aux  cinq  premières  ques- 
tions. En  tenant  compte  de  l'équivalent  dynamique  de  la  chaleur  détermi- 
née par  les  expériences  de  MM.  Regnault  et  Jouve,  et  des  quantités  totales 
de  chaleur  renfermées  dans  la  vapeur  saturée  sous  des  pressions  connues 
d'après  les  formules  et  les  expériences  de  M.  Regnault,  nous  établissons  trois 
équations  en  tenant  compte  des  quantités  de  travail  ou  des  puissances  vives 
de  la  veine  fluide.  Ces  trois  équations  fourniront  la  réponse  aux  trois  der- 
nières questions. 

«  Après  avoir  établi  les  relations  qui  lient  entre  elles  les  différentes 
vitesses  et  réduit  l'équation  des  puissances  à  sa  plus  simple  expression,  nous 
cherchons  par  la  différentiation  la  valeur  du  rapport  des  orifices  qui  rend 
l'effet  utile  ou  le  rapport  de  la  masse  totale  injectée  à  la  masse  de  vapeur 
émise  un  maximum.  Celte  condition  donne  une  nouvelle  relation  qui  per- 
met de  déterminer  avec  celles  déjà  établies  toutes  les  inconnues  du  pro- 
blème. Les  conséquences  qui  se  déduisent  avec  la  plus  grande  facilité  des 
formules  trouvées  sont  curieuses  et  intéressantes. 

»    1".   Le  rapport  de  l'orifice  d'émission  à  l'orifice  d'injection  est  con- 


l 


(  939  ) 
staiit,  c'est-à-dire  indépendant  de  la  pression,  de  la  température,  des  vitesses, 
il  ne  varie  qu'avec  les  coefficients  de  la  dépense. 

»   1°.  L'orifice  d'émission  doit  être  plus  grand  que  l'orifice  d'injection  • 

»  3".  Le  rapport  maximum  de  la  masse  injectée  à  la  vapeur  émise  di- 
minue quand  la  pression  augmente  dans  la  chaudière.  Il  varie  du  double 
au  simple  quand  la  pression  s'élève  de  a  à  8  atmosphères. 

»  4°-  La  masse  totale  injectée  croît  proportionnellement  à  la  racine 
carrée  de  la  pression  effective.  La  masse  d'eau  entraînée  étant  régulari- 
sée dans  l'appareil  par  un  cône  métallique  placé  sur  le  trajet  de  la  veine 
fluide,  ce  cône  doit  être  d'autant  plus  dégagé,  que  la  pression  est  plus 
grande. 

»  5°.  Un  injecteur  donnant  de  très-bons  résultats  sous  des  pressions  de 
a,  3,  4  et  5  atmosphères  ne  fonctionnera  plus  aussi  régulièrement  pour  des 
pressions  supérieures;  il  ne  fonctionnerait  plus  suffisamment  pour  des  pres- 
sions extrêmement  considérables.  L'injecteur  doit  être  spécialement  cons- 
truit en  vue  de  la  pression  habituelle  sous  laquelle  une  ijfiachine  doit  mar- 
cher. 

«  L'orifice  d'injection  doit  augmenter  quand  la  pression  augmente  dans 
un  rapport  déterminé,  variable  avec  la  pression.  L'expérience  doit  pronon- 
cer sur  la  limite  des  orifices  et  par  suite  sur  la  limite  théorique  de  l'emploi 
de  l'appareil. 

»  6".  La  vitesse  d'entrée  dans  l'injecteur  croît  comme  la  racine  carrée  de 
la  pression  effective.  Il  en  est  d(j  même  de  ta  vitesse  de  la  veine  fluide  ix  tra- 
vers l'atmosphère,  leur  différence  croît  de  la  même  manière  et  par  consé- 
quent la  perte  de  puissance  vive  au  moment  de  la  rentrée  va  en  augmentant. 
Le  rapport  de  ces  deux  vitesses  est  constant,  indépendant  de  la  pression,  de 
la  température  et  des  dimensions  de  l'appareil  quand  la  marche  est  établie 
au  maximum  d'effet  utile. 

»  7".  La  masse  injectée  étant  proportionnelle  à  la  racine  cubique  du 
coefficient  de  la  dépense  d'eau  par  le  tube  injecteur,  il  faut  que  ce  tube  soit 
conique  et  en  sens  inverse  du  cône  d'émission  de  la  vapeur;  il  faut  égale- 
ment qu'il  soit  prolongé  en  s'évasant,  afin  de  diminuer  sensiblement  la  vi- 
tesse d'introduction  et  de  faire  arriver  l'eau  dans  la  chaudière  sans  de  trop 
forts  bouillonnements. 

»  8°.  Toute  la  théorie  de  l'appareil  reposant  sur  la  résistance  du  coiuant 
liquide  qui  tend  à  sortir  par  l'orifice  de  l'injecteur,  il  unporte  à  la  marche 
régulière  de  l'alimentation  que  le  tube  débouche  dans  l'eau  de  la  chaudière 
et  non  dans  la  vapeur  qui,  en  se  condensant  dans  ce  tube,  donnerait  lieu  à 


,      ■  (  94o  ) 

des  changements  brusques  de  pression  et  a  une  grande  irrégularité  de 
marche. 

»  g".  Les  formules  établies  permettent  de  déterminer  expérimentalement, 
pour  chaque  appareil,  et  par  une  méthode  familière  aux  géomètres,  la  va- 
leur exacte  du  coefficient  de  la  dépense  de  vapeur. 

»  io°.  La  vapeur  nécessairement  condensée  est  une  très-faible  fraction  de 
la  vapeur  émise.  Cette  fraction  croît  quand  la  pression  augmente. 

»  II".  La  température  minimum  au  commencement  de  la  veine  fluide  varie 
très-peu  avec  la  pression  ;  elle  varie  néanmoins  en  sens  contraire,  elle  est 
renfermée  entre  aS^gS  et  aô^gi  pour  des  pressions  variant  entre  a  et  8  at- 
mosphères. 

»  1 1°.  La  température  de  la  veine  fluide  au  moment  d'entrer  dans  l'injec- 
teur  diminue  plus  sensiblement  quand  la  pression  augmente.  Si  l'appareil 
marche  au  maximum  d'effet  utile,  ses  variations  sont  renfermées  entre 
77°a7  et  48^34  pour  les  pressions  de  a  à  8  atmosphères. 

»  i3°.  La  température  dans  le  tube  injecteur  s'élève  d'une  fraction  de 
degré  par  suite  de  la  perte  de  puissance  vive  due  à  l'entrée  et  au  changement 
brusque  de  vitesse. 

»  i4°-  Enfin  la  quantité  de  chaleur  perdue  pour  produire  le  travail  d'ali- 
mentation est  extrêmement  faible  quand  on  ne  tient  pas  compte  des  pertes 
dues  au  rayonnement  et  au  contact,  soit  des  tubes  métalliques,  soit  de  l'at- 
mosphère; elle  n'est  que  d'une  fraction  de  degré  par  unité  de  poids  entre 
les  limites  de  a  à  8  atmosphères,  ce  qui  donne  un  moyen  expérimental  de 
mesurer  l'équivalent  dynamique  de  la  chaleur. 

»  En  soumettant  cet  essai  à  l'Académie,  nous  avons  le  désir  qu'il  puisse 
être  de  quelque  utilité  à  l'ingénieux  inventeur  de  cet  appareil  et  qu'il  l'en- 
gage à  rechercher  soit  les  modifications  à  y  apporter  pour  les  très-hautes 
pressions,  soit  jes  limites  expérimentales  de  son  application.  La  suppression 
des  pompes  a  le  grand  avantage  de  faire  disparaître  des  poids  mobiles,  d'al- 
léger la  machine,  de  mettre  l'alimentation  à  l'abri  des  chances  d'accidents 
produits  par  la  gelée.  C'est  enfin  un  acheminement  vers  la  perfection  de 
la  machine  à  vapeur  et  vers  la  possibilité  de  l'employer  à  de  nouveaux 
usages.  » 

M.  FoLTZ  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  inslriiment  pour  [opé- 
ration de  la  fistule  lacrymale  dont  il  avait  déjà  adressé  sous  pli  cacheté 
une  première  description.  A  cet  appareil,  qui  a  été  exécuté  à  Lyon  par  lui 
habile  fabricant,  M.  Crespin,  est  joint  un  Mémoire  explicatif  contenant. 


(94i  ) 
outre  Ja  description,  quelques  recherches  anatomiques  et  des  considéra- 
lions  physiologiques  relatives  au  traitement  de  la  fistule  lacrymale. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Velpeau, 
J.  Cloquet  et  Jobert  de  Lamballe.) 

CORRESPONDANCE 

M.  LE  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

annonce  que,  suivant  le  désir  exprimé  par  la  Commission  chargée  d'étudier 
la  question  des  alcoomètres  et  des  aréomètres,  il  a  demandé  à  M.  le  Ministre 
des  Finances  plusieurs  de  ces  appareils.  11  a  reçu  et  il  transmet  à  l'Aca- 
démie sept  alcoomètres,  un  aréomètre  et  deux  densimètres  à  l'usage  des 
douanes  et  des  contributions  indirectes.  Pour  chacun  on  a  indiqué  le  nom 
et  le  domicile  du  fabricant,  le  Ministère  des  Finances  n'ayant  point  de  cons- 
tructeur privilégié. 

Les  instruments  mis  à  la  disposition  de  la  Commission  devront,  après 
qu'elle  en  aura  fait  usage,  être  restitués  au  Ministère  des  Finances. 

M.  Elie  de  Beauaiont  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Eug.  de  Fourcj, 
ingénieur  en  chef  des  mines,  un  exemplaire  de  la  Carte  géologique  du 
Loiret,  en  quatre  feuilles,  carte  tracée,  avec  l'autorisation  du  Ministre  de 
la  Guerre,  sur  un  report  de  la  grande  Carte  de  France  ;  il  donne,  à  cette 
occasion,  dans  les  extraits  suivants  de  la  Lettre  d'envoi,  une  idée  de  la 
constitution  physique  et  géologique  du  département. 

«  La  craie  inférieure  présente  quelques  affleurements  à  l'extrémité  sud-est 
du  département.  La  craie  supérieure,  qui  forme  les  rivages  de  la  Loire  du 
côté  de  Gien,  se  montre  dans  toutes  les  vallées  de  la  partie  orientale  de  la 
Sologne  orléanaise  et  du  Gatinais. 

»  Les  terrains  tertiaires  (inférieur  et  moyen)  couvrent  la  presque  to'ta- 
lité  du  département. 

»  L'étage  inférieur  n'est  représenté  que  par  ses  assises  les  plus  anciennes 
et  les  plus  modernes:  l'argile  plastique  et  le  calcaire  siliceux  de  la  Brie. 

»  I^a  formation  de  l'argile  plastique  n'existe  que  dans  la  partie  orientale 
du  département;  elle  présente  à  la  base  quelques  argiles  marneuses,  puis 
des  poudingues  de  cailloux  roulés,  dont  j'ai  suivi  pas  à  pas  le  prolonge- 
ment depuis  Nemours  jusqu'à  Briare  sur  la  Loire,  et,  au  delà  de  ce  fleuve, 

C.  R.,  i85p,  21""  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  24.)  122 


(  ^^  ) 

sur  les  coteaux  du  Val  et  dans  les  vallées  latérales  de  la  Thièle  et  de 
Nôtre-Heure,  on  ils  forment  comme  un  mince  liséré  sur  'les  tranches 
de  la  craie.  Atik  poudingues  succèdent  des  alternances  irrégulières  de  sa- 
bles, de  grès  et  d'argile  dont  l'industrie  tire  çà  et  là  parti.  Je  rattache 
ainsi  à  la  formation  de  l'argile  plastique  toute  la  région  située  à  l'est  des 
canaux  de  Briare  et  du  Loing,  en  faisant  toutefois  remarquer  que  cette  for- 
mation a  ici  peu  d'épaisseur,  et  que  n'y  étant  recouverte  par  aucune  autre 
assise  tertiaire,  elle  a  nécessarrement  subi,  lors  de  la  période  diluvienne, 
des  remaniements  qui  en  ont  mélangé,  confondu  les  éléments.  Je  signalerai 
des  gisements  de  minerai  de  fer  dont  plusieurs  furent  jadis  exploités.  Au 
boirrg  des  Ferrières,  une  place  située  tout  près  du  lieu  où  Pépin  le  Bref 
coupa,  dit-on,  la  tête  d'un  lion,  porte  le  nom  de  place  des  Forges,  et  des 
fomlies  y  font  décou%Tir  des  amas  de  laitier.  Les  anciens  du  pays  ont  en- 
tetidn  parler  des  forges  à  letu's  pères,  qui  les  avaient  vues  marcher. 

»  Le  calcaire  grossier,  le  grès  de  Beauchamp  manquent  complètement. 
Le  calcaire  d'eau  douce  inférieur  si  développé  dans  Seine-et-Marne,  ne  s'a- 
vance que  de  quelques  centaines  de  mètres  dans  le  Loiret. 

«  Uélage  tertiaire  moyen  est  de  beaucoup  le  plus  développé.  Au  grès  de 
Fontainebleau  qui  montre  ses  derniers  affleurements  méridionaux  dans  les 
vallées  de  l'Essonne  et  du  Fusain,  succède  le  calcaire  d'eau  douce  supé- 
rieur, qui^onstitiieàlui  seul  plus  de  la  moitié  du  département  et  emprunte 
à  la  Beauce  une  de  ses  fréquentes  dénominations.  Ce  calcaire  est  exploité 
dans  de  nombreuses  et  importantes  carrières.  Des  assises  marneuses,  inter- 
calées à  la  partie  supérieure,  offrent  en  plusieurs  points  un  précieux  amen- 
dement. Des  sondages  exécutés  par  l'administration  les  ont  fait  reconnaître 
sous 'les  dépôts  de  la  Sologne. 

»  Au-dessus  du  calcaire  d'eau  douce  supérieur,  s'étendent  les  sables 
et  argiles  de  la  Sologne  qui  en  quelques  points  du  département  atteignent 
ime  épaisseur  de  60  mètres.  J'assimile  ces  dépôts  aux  argiles  à  meulières 
supérieures  de  Seine-et-Oise.  S'il  est  vrai  que  les  dépôts  de  la  Sologne 
s'amincissent  au  nord  d'Orléans,  comme  ceux  de  Seine-et-Oise  au  sud 
d'Etampes,  il  convient  de  remarquer  qu'il  existe  à  la  limite  des  deux  dé- 
partements une  ligne  de  faîte  séparant  les  affluents  delà  Loire  des  affluents 
de  la  Seine.  Ce  faîte  semble  avoir  servi  de  refuge  et  d'ossuaire  aux  nom- 
breux animaux  dont  on  retrouve  çà  et  là  les  débris,  au  nord  d'Orléans, 
dans  des  lambeaux  de  sable  isolés,  semés  de  loin  en  loin  à  la  surface  du 
calcaire  de  Beauce.  Chacim  se  rappellera  les  intéressantes  descriptions  don- 
nées par  M.  Lockliart  sur  ces  dépôts  fossilifères. 


(  943  ) 

»  Immédiatement  au-dessus  des  dépôts  de  la  Sologne,  je  place  les  faluus, 
dont  l'âge  relatif  a  déjà  été  l'objet  de  nombreuses  controverses. 

«  L'exploration  du  département  du  Loiret  a  duré  trois  campagnes  d'été; 
1420  kilomètres  ont  été  parcourus  à  pied,  le  marteau  à  la  main;  ce  qui 
donne  pour  chaque  lieue  carrée  de  surface  un  parcours  de  33 18  mètres.  » 

M.  Despretz  présente  à  l'Académie  la  troisième  livraison  du  Dictionnaire 
bigraphique  des  Sciences  exactes  de  M.  J.-C.  PocjgendorJJ,  Membre  de  l'Aca- 
démie de  Berlin.  (L'ouvrage  est  en  allemand.) 

La  SociiÉTÉ  DE  Géographie  anno(]ce  pour  le  1 6  de  ce  mois  sa  deuxième 
assemblée  générale  de  iSSg  et  adresse  des  billets  d'admission  pour  cette 
séance,  dans  laquelle  on  entendra  une  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux 
d'A.  de  Humboldt. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Parallèle  entre  les  caractères  observés  en  Europe  et  à  la 
Havane  dans  les  aurores  boréales  du  28  au  29  août  et  du  2  septembre  derniers; 
par  M.  A.  Poey. 

Il 

«  Je  pense  que  l'Académie  accueillera  avec  bienveillance  les  éclaircisse- 
ments suivants,  qui  m'ont  été  suggérés  par  la  lecture  des  six  premières  com- 
munications qu'elle  a  reçues  au  sujet  de  la  dernière  aurore  boréale  observée 
simultanément  depuis  le  pôle  jusqu'à  la  zone  équatoriale. 

»  i".  Colonnes  lumineuses  et  streamers.  —  M.  Coulvier-Gravier  n'a  ob- 
servé aucuns  rayons  dans  le  petit  arc.  M.  H.  Lartigue,  à  Noyelles-sur-Mer, 
parle  de  rayons  et  de  bandes  lumineuses  qui  dépassaient  le  zénith.  Enfin  le 
R.  P.  Secchi  a  vu  le  ciel  de  Rome  sillonné  par  des  rayons  très-brillants,  en 
forme  de  colonnes  lumineuses,  et  de  véritables  streamers  de  lumière.  A  la 
Havane,  les  colonnes  lumineuses  sillonnaient  aussi  le  ciel  dans  toute  l'éten- 
due de  l'aurore.  Celles  situées  latéralement  à  l'est  et  à  l'ouest  divergaient 
jusqu'au  zénith,  sans  le  dépasser,  et  celles  du  centre  au  nord  paraissaient  y 
converger  légèrement.  Les  unes  et  les  autres  partaient  d'un  foyer  ou  centre 
de  convergence  situé  très-bas  au-dessous  de  l'horizon,  etc.  {Voir  les  autres 
caractères  dans  ma  Note  précédente.) 

))  2°.  Lueur  blanchâtre  et  sa  pertistame.  —  M.  H.  Lartigue  est  le  seul  à 
mentionner  cette  lueur,  qui  a  signalé  le  commencement  du  phénomène  pen- 
dant une  durée  d'environ  trois  quarts  d'heure.  A  la  Havane  elle  parut  uni- 
quement dans  la  seconde  aurore  du  2  septembre,  mais  avec  une  plus  grande 

122.. 


(  944  ; 

persistance  depuis  i  heure  jusqu'à  S*"  iS".  S'élevant  premièrement  à  l'hori- 
zon nord-est,  elle  s'est  étendue  par  degrés  vers  le  nord  et  le  nord-ouest,  avec 
des  variations  d'éclat  réitérées.  Lors  de  sa  plus  grande  intensité,  cette  lueiu- 
ou  arc  embrassa  toute  l'étendue  de  l'aurore  jusqu'à  la  hauteur  de  aS  de- 
grés. 

»  3°.  Colorations.  —  M.  H.  Lartigue  a  observé  les  bandes  et  les  rayons 
passant  du  rouge  au  vert  et  au  blanc.  Suivant  M.  Coulvier-Gravier,  lorsque 
les  rayons  se  condensaient,  ils  étaient  semblables  à  du  fer  chauffé  au  rouge. 
Puis,  pour  peu  que  la  condensation  continuât,  les  rayons  et  segments  deve- 
naient semblables  à  du  fer  chauffé  au  blanc.  J'ai  aussi  très-particulièrement 
observé  à  la  Havane  les  variations  du  rouge  au  blanc,  et  vice  versa,  par  la 
condensation  croissante  ou  décroissante  de  la  matière  lumineuse.  Je  n'ai 
point  vu  citer  la  teinte  passagère  légèrement  bleuâtre  qui  teignit  la  lueur 
blanchâtre  et  les  rayons.  Mais  il  n'y  eut  point  de  teinte  verdâtre.  Je  me  suis 
encore  persuadé  que  toutes  les  colorations  simultanées  ou  successives  des 
diverses  parties  de  l'aurore  sont  intimement  liées  à  la  vivacité  de  l'éclat  de  la 
matière  lumineuse,  à  la  rapidité  de  ses  mouvements  vibratiles,  et  surtout 
aux  propriétés  optiques  de  l'état  hygrométrique  des  vapeurs  d'eau  répandues 
dans  l'atmosphère.  Ces  colorations  seraient  ainsi  soumises  aux  mêmes  lois 
que  j'ai  signalées  pour  celles  des  étoiles  par  scintillation,  des  arcs  du  soleil, 
de  la  lune  et  des  planètes,  des  ombres  colorées,  des  étoiles  filantes,  etc. 

»  4°.  Mouvement  de  translation.  —  M.  Coulvier-Gravier  a  remarqué  que 
le  corps  entier  de  l'aurore  semblait  se  déplacer  de  l'ouest-sud-otiest  à  l'est- 
nord-est.  Le  rédacteur  du  Courrier  de  Lyon  dit  de  l'ouest  à  l'est,  et  M.  la  Rive 
de  l'est  au  nord.  M.  Fournet  rappelle  alors  l'opinion  d'un  navigateur  anglais 
suivant  laquelle  on  serait  exposé  à  recevoir  un  coup  de  vent  du  sud-ouest 
deux  ou  trois  jours  après  l'apparition  d'une  aurore  boréale.  Puis  M.  Fournet 
apporte  à  l'appui  de  cette  assertion  des  observations  analogues  et  modernes. 
Mais  il  faut  remarquer  que  le  mouvement  de  translation  ne  s'effectue  point 
suivant  la  même  direction  dans  toutes  les  aurores,  ainsi  qu'il  peut  varier 
dans  l'intervalle  d'ime  même  apparition.  On  verra  dans  l'ouvrage  de 
M.  Coulvier-Gravier  (i)  des  exemples  de  translation  vers  tous  les  points 
de  l'horizon.  Pour  confirmer  le  second  fait,  je  signalerai  les  transports  réi- 
térés observés  à  la  Havane,  dans  les  deux  dernières  aurores,  de  l'est-nord- 
est  à  l'est-sud-ouest,  puis  de  rétrogradation  en  sens  inverse.  Si  la  direction 
des  étoiles  filantes  trahit  celle  des  courants  supérieurs,  qui  doivent  s'établir 


(i)  Recherches  sur  tes  météores  et  sur  les  lois  qui  les  régissent.  Paris,  iSSg,  j).  33-37. 


(  945) 
à  la  surface  du  sol,  comme  c'est  le  cas  pour  les  nuages,  pourquoi  l'aurore 
polaire  ne  serait-elle  pas  entraînée  par  les  vents  régnant  à  cette  élévation  et 
ne  deviendrait-elle  pas  un  signe  précurseur  des  coups  de  vent  et  des  tem- 
pêtes? Telle  est  l'opinon  émise  par  M.  Fournet,  opinion  que  je  partage  aussi. 
Il  est  vrai  que  dans  la  dernière  aurore  la  translation  s'est  effectuéee  de  l'est- 
nord-est  à  l'ouest-sud-ouest,  aussi  bien  qu'en  sens  inverse;  mais  la  matière 
lumineuseétait  plus  entraînée  vers  l'ouest  que  vers  l'est.  Ce  fut  aussi  au  nord- 
est  que  la  lueur  blanchâtre  fit  sa  première  apparition.  Eh  bien,  pendant  la 
présence  de  l'aurore  du  i  septembre  jusqu'à  midi  il  y  eut  un  calme  plat;  mais 
à  cette  heure,  et  surtout  à  partir  de  i  heure,  il  s'est  établi  une  forte  brise  du 
nord-est  qui  a  duré  jusqu'au  12  a  minuit,  ayant  alors  viré  à  l'est-sud-est  et 
sud-est.  En  même  temps  il  y  eut  de  grandes  pertiu'bations  atmosphériques 
aux  Antilles.  Trois  ouragans  gyratoires  ont  causé  des  ravages  considérables: 
le  premier,  du  1  *"■  septembre  au  i3;  le  deuxième,  avant  le  2  octobre  et 
au  delà  du  9,  et  le  troisième  avant  et  après  le  ^7  du  même  mois.  Il  y  eut, 
en  outre,  des  pluies  torrentielles  et  exceptionnelles  durant  le  mois  de  sep- 
tembre, et  surtout  d'octobre,  qui  ont  surpassé  en  quantité  la  moyenne  ^ 
annuelle. 

»  5°.  Étoiles  filantes.  —  Durant  la  dernière  apparition  du  29  août,  ainsi 
que  dans  toutes  celles  qu'il  a  observées,  M.  Coulvier-Gravier  a  constam- 
ment vu  les  étoiles  filantes  traverser  plii^  haut  que  les  rayons  et  les  segments 
de  l'aurore  boréale.  Il  en  conclut  donc  que  la  région  où  s'enflamment  les 
étoiles  filantes  est  située  au-dessus  de  l'espace  occupé  par  les  aurores  po- 
laires, espace  qui  surmonte  à  son  tour  la  zone  des  cirrus.  Or  j'ai  très-distinc- 
tement observé  à  la  Havane  trois  étoiles  filantes,  partant  de  Cassiopé  vers  le 
zénith,  plonger  dans  le  segment  rougeâtre  de  l'aurore  à  peu  de  distance  de 
la  Polaire.  Cependant  M.  Coulvier-Gravier  a  encore  annoncé  que  l'éclat  d'une 
étoile  filante  se  trouve  affaibli  par  le  voile  lumineux  de  l'aurore,  qui  s'inter-  '* 

pose  entre  elle  et  l'observateur,  comme  c'est  le  cas  pour  les  étoiles  fixes.  Ainsi 
mes  trois  étoiles  filantes  auraient  pu  être  visibles  par  transparence  du  milieu 
lumineux.  J'avoue  que  je  n'ai  pu  saisir  aucun  degré  d'affaiblissement 
d'éclat  lorsqu'elles  ont  plongé  dans  l'aurore.  Mais  la  rapidité  avec  laquelle 
elles  ont  filé  rendait  un  peu  difficile  une  telle  appréciation.  J'ai  aussi  observé 
quatre  autres  étoiles  filantes  proches  du  zénith,  vers  l'est,  remarquables  par 
leurs  mouvements,  et  dont  je  n'ai  point  trouvé  de  cas  an;ilogues  dans  l'ou- 
vrage de  M.  Coulvier-Gravier.  Elles  ont  filé  avec  lUie  rapidité  extraordi- 
naire du  sud  au  nord,  formant  une  ligne  extrêmement  tortueuse,  et  pour 
ainsi  dire  tremblotante,  de  4  à  5  degrés  de  parcours.   Elles  ont  apparu  de 


(  946  ) 
I  heure  à  a  heures,  lors  du  plus  grand  développement  de  l'aurore,  à  des 
intervalles  l'un  de  l'autre  de  dix  minutes  à  une  heure  un  quart.  » 

M.  Bazin  adresse  une  Lettre  relative  à  la  communication  faite  dans  la  pré- 
cédente séance  par  M.  P.  Broca  sur  un  nouveau  procédé  pour  obtenir 
l'aneslhésie.  Cette  communication,  dont  il  ne  connaissait  pas  encore  l'ex- 
trait tel  que  le  donne  le  Compte  rendu,  lui  a  été  annoncée  par  une  Lettre  de 
M.  Azam  dans  laquelle  se  trouve  cette  phrase  :  «  Il  va  sans  dire,  et  je  l'ai  dé- 
claré à  qui  a  voulu  l'entendre,  que  c'est  vous  qui  dans  vos  lectures  avez 
trouvé  la  méthode.  »  D'après  ces  mots,  M.  Bazin  a  craint  qu'on  ne  lui  eîit 
attribué  une  découverte  qui  appartient  à  M.  Braid.  Ce  sont  les  recherches 
de  ce  médecin  analysées  par  M.  Carpenter  à  l'article  Sommeil  de  l'Encyclo- 
pédie d'Anatomie  et  de  Physiologie,  publiée  par  Todd,  que  M.  Bazin  a 
exposées  en  février  i858  dans  une  lecture  faite  à  la  Société  de  Médecine  de 
Bordeaux. 

«  M.  le  docteur  Azam,  dit  l'auteur  de  la  Lettre,  a  eu  le  mérite  d'avoir 
pris  au  sérieux  l'hypnotisme  et  d'avoir  fait  des  expériences,  mais  l'honneur 
de  la  découverte  appartient  à  M.  Braid.   » 

Les  droits  de  M.  Braid  n'ont  point,  comme  on  a  pu  le  voir  dans  le  pré- 
cédent Compte  rendu,  été  méconnus  par  M.  Èroca.  Ce  que  la  Lettre  de 
M.  Bazin  apprend  de  plus  à  cet  égard,  c'est  que  l'auteur  de  la  découverte 
n'a  pas  ignoré  qu'un  des  effets  de  l'hypnotisme  était  «  une  anesthésie  portée 
au  point  de  rendre  le  patient  insensible  à  la  douleur.  » 

M.  Chaubart  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  l'examen  de  laquelle  a  été  lenvoyé  son  Mémoire  intitulé  :  «  Vannes 
automobiles.    » 

(Benvoi  aux  Commissaires  nommés,  MM.  Poncelet,  Combes,  Séguier.) 

M.  Déveille  adresse,  comme  complément  à  sa  Note  sur  un  nouveau  sys- 
tème de  freins,  la  figure  de  l'appareil  de  voilure  destiné  à  augmenter  la 
résistance  de  l'air  au  mouvement  du  train  qu'il  faut  arrêter. 

(Benvoi  aux  Commissaires  désignés  :  MM.  Piobert,  Morin,  Combes.) 

M.  o'Orbigny  adresse  une  Lettre  relative  à  la  Note  dans  laquelle 
M.  Hébert  a  voulu  réfuter  divers  points  de  son  Mémoire  sur  l'âge  des  pou- 


(  9'»7  ) 
dingues  de  Nemours  et  des  sables  coquiiliers  d'Ormoy.  «  La  plupart  des  ar- 
guments qui  me  sont  opposés  me  semblent,  dit  l'auteur  de  la  Lettre,  man- 
quer d'exactitude  ;  mais  comme  je  ne  puis  le  prouver  qu'à  l'aide  d'une 
discussion  critique,  peu  faite  pour  intéresser  l'Académie,  je  me  borne  à 
déclarer  ici  que  ces  arguments  n'ont  point  altéré  mes  convictions  que  je 
me  propose  de  soutenir  devant  la  Société  Géologique.  « 

M.  Grun  demande  de  Bruxelles  pour  l'auteur  d'un  Mémoire  adressé  au 
concours  du  prix  Bréant  de  i858,  l'autorisation  de  reprendre  cette  pièce 
qui  ne  se  trouve  point  mentionnée  dans  le  Rapport  de  la  Commission. 

Toutes  les  pièces  qui  ont  été  admises  à  tm  Concours  déjà  jugé,  comme 
c'est  ici  le  cas,  doivent,  même  quand  elles  ne  sont  pas  explicitement  men- 
tionnées dans  le  Rapport,  rester  dans  les  Archives  de  l'Académie.  Les  au- 
teurs d'ailleurs  sont  autorisés  à  en  faire  prendre  copie  au  Secrétariat. 

M.  Emmanuel  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  accorder  prochainement 
la  parole  pour  une  commimication  qu'il  désire  lui  faire  concernant  une 
preuve  directe  du  mouvement  annuel  et  du  mouvement  diurne  de  la  terre. 

M.  Emmanuel  sera  inscrit  sur  la  liste  de  lecture  «t  appelé  à  son  tour. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  seci-et. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


BVtLETlJV    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  12  décembre  1869  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 
* 
Institut  impérial  de  France.   Académie   des  Inscriptions  et  Belles-Lettres. 

Discours  de  M.  H.  Wallon,  président  de  l' Académie,  prononcé  aux  funérailles 

de  M.  Charles  Lenormant,  le  mardi  6  décembre  iSSg;  in-4'*. 

Précis  de  Chimie  industrielle  ;  par  A.  Payen,  4*  édition.  Paris,  1809;  3  vol. 

iu-8°. 


(  948  ) 

Etudes  des  races  humaines.  Méthode  naturelle  d'ethnologie;  par  M.  H. 
Deschamps.  Paris,  iSSy-Sg;  in-8°. 

Résumé  météorologique  de  l'année  i858  pour  Genève  et  le  grand  Saint- Ber- 
nard; par  E-Vlanta-MOVR.  Genève,  iSSg;  br.  in-S". 

Observations  astronomiques  faites  à  l'Observatoire  de  Genève  dans  les  années 
i853  et  i854;  p«r  le  même;  i^^et  1 4*  séries.  Genève,  iSSg;  in-4''.  (Supplé- 
ment au  t.  XV  des  Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  natu- 
relle de  Genève.  ) 

Bugeaud,  duc  d'isly,  maréchal  de  France,  le  conquérant  de  l'Algérie;  par 
M.  F.  HuGONNET.  Paris,  1860;  br.  in-8°. 

Du  moyen  de  prévenir  la  phthisie  par  l'emploi  des  h/pophosphiles ;  par 
J.  Francis  Churchill.  Paris,  1869;  br.  in-8°. 

Rapport  sur  les  travaux  du  Conseil  central  de  l'hygiène  publique  et  de  salubrité 
du  département  de  la  Loire- Inférieure  pendant  l'année  1 858,  adressé  à  M.  le  pré- 
fet de  la  Loire- Inférieure  par  M.  Sallion,  vice-président,  et  M.  Malherbe, 
secrétaire  du  Conseil.  Nantes,  1859;  br.  in-8°. 

Carte  géologique  du  département  du  Loiret;  par  M.  Eugène  DE  FOURCY; 
4  feuilles  grand-aigle. 

Osservazioni...  Observations  du  professeur  B.  Bizio  sur  ce  qui  le  concerne 
dans  une  Note  intitulée  :  Sur  l'Analyse  de  la  lumière;  br.  in-S". 

Intorno...  Observations  et  expériences  sur  les  ombres  colorées;  par  le  même; 
Venise,  i858;  br.  in-4'*. 

Descrizione...  Description  de  deux  machines  arithmétiques  pour  l'addition; 
par  M.  T.  Gonella;  br.  in-8°. 

An  essay . . .  Essai  sur  la  cause  de  la  pluie  et  des  phénomènes  qui  s'y  rattachent; 
par  G.  A.  ROWELL.  Oxford,  1859;  in-^"- 

Biographisch-literarisches...  Dictionnaire  biographique  et  bibliographique 
des  Sciences  exactes;  par  J.-C.  PoGGENDORFF;  3*  livrîison.  Leipzig,  1859; 
in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Despretz.  ) 


(  949  ) 


PUBLICATIONS     PÉKIODIQVES     REÇUES      PAR     l'aCADÉMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    NOVEMBRE  18S9. 

annales  de  r  AcjricuUure  française  ;  t.  XIV,  n°'  8  et  9;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  novembre  iSSg;  11"  187;  iii-S". 

Boletin...  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Faïence;  septembre  et  octobre 
'iBSg;  in-S". 

Bulletin  de  [Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXV,  11"  2;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  28*  année;  2*  série,  t.  VIII,  n"'  9  et  10;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  d  agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe;  2*  tri- 
mestre iBSg;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  [Industrie  minérale;  t.  IV,  4*  livraison,  avril- 
juin  i85g;  in-8°;  avec  atlas  in-fol. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  [industrie  nationale;  sep- 
tembre 1859;  in-4"^. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie  ;  octobre  et  novembre 
1859;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  médicale  des  Hôpitaux  de  Paris;  t.  IV,  n°  3;  in-8". 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  impériale  zoologique  d'acclimatation;  octobre 
1859;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  [Académie  des  Sciences  ;  2*  se- 
mestre 1859;  n"'  18-21;  in-4''. 

Cosmos.  Bévue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  XV,  i9*-22*  livraisons;  in-B". 

Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées; 
septembre  1869;  in-B". 

Journal  d' Agriculture  de  la  Càte-d'Or;  septembre  1859;  '""8°- 

Journal  d'Agriculture  pratique;  nouvelle  période;  1. 1,  n"'  21  et  22;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie,  de  Toxicologie  ;  novembre 
1 859  ;  in-8°. 

C.  R.,  1859,  2""'  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  84.  )  «  ïS 


(  gao  ) 

Journal  de  i  âme  ;  février  1860;  in-8°. 

Journal  de  la'Société  impériale  et  centrale  d Horticulture  ;  octobre  i85q; 
in-8°. 

Annales  de  la  Société  d  Hydrologie  médicale  de  Paris;  t.  VI  ;  1"  livraison  ; 


in-8". 


Annales  forestières  et  métallurgiques;  octobre  iSSg;  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques;  octobre  iSSg;  111-8". 

Annales  télégraphiques  ;  septembre-octobre  iSSg;  in-8°. 

Astronomical...  Notices  astronomiques  ;  n"  1 1  ;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle.  Revue  suisse  et  étrangère,  nouvelle  période;  t.  VI, 
n°  23  ;  111-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de  Mé- 
moires sur  les  diverses  parties  des  mathématiques,  publié  par  M.  Joseph 
LrouviLLE;  a' série,  août  et  septembre  iSSg;  iii-4". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  novembre  1859;  in-S". 

Journaldes  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  n°'  [\o-[\2\  in-B". 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  septeiiibi-e  iSSg;  in-8°. 

Journal  du  Progrès  des  sciences  médicales  ;  n"*  14-17;  '"-8". 

La  Bourgogne.  Revue  œnologique  et  viticole;  i  1*  livraison;  in-8°. 

La  Culture;  n°'  9-1 1  ;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  2*  série,  n"4;  111-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  t.  XllI, 
11""  2  1  et  22;  iii-8°. 

LArt  dentaire;  novembre  iSSg;  in-S°. 

L'Art  médical;  novembre  iSSq;  in-8". 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  t.  VU,  ""'  1-2;  in-8°. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufacturier;  69*  et  70*  livr.  ;  in-4°. 

Le  Technologisle ;  novembre  iSSg;  in-8°. 

L'Hjdrolérapie;  5*  et  6"  fascicules;  in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  novembre  iSSg. 

Montpellier  médical  :  Journal  m€7tsuel de  Médecine;  novembre  i85q;  in-8°. 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
G'otlingue;  n<"  1 7  et  1 8  ;  in-8°. 


(  95i  ) 

Nouvelles  Annales  de  mathématiques,  Journal  des  candidats   aux  Ecoles 
Normale  et  Poljteclmique ;  octobre  et  novembre  iSSg;  iii-S". 

Pharmaoeutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  2'  série,  vol.  I, 
11°  5;  in-8". 

fié/jertoire  de  Pharmacie;  novembre  iSSç);  in-8". 

Revista...   Revue  des  travaux  publics  ;  7®  année;  n"'  21  et  22;  111-4°. 

Revue  d^  Thérapeutique  médico-chirunficale ;  n"'  21  et  22;  in-8°. 

Royal  astronomical...  Société  royale  astronomique  de  Londres  ;  vol.  XIX, 
11"    10. 

Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture;  Bulletin  des  séances;  t.  XIV, 
n°  7  ;  in-8". 

The  Quarlerly. ..  Journal  trimestriel  de  la  Société  chimique  de  Londres;. 
vol.  XII;  n"»  45-47;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n"'  1 28- 1  Sg. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n*"  44-47- 

Gazelle  médicale  de  Paris;  n°'  45-48. 

L'Abeille  médicale;  n°'  45-48. 

La  Coloration  industrielle;  n"' xg  et  20. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n°'  45-48. 

L'Ami  des  Sciences;  n°*  45-48. 

La  Science  pour  tous;  n°'  48-5 1  . 

Le  Gaz;  n"'27  et  28. 

Le  Musée  des  Sciences,  n"*  27-3  i . 


(  9^2  ) 


ERRATyi. 

(Séanee  du  i\   novembre  iSSg.) 
Page  ';83,  ligne  7  en  reinontimt,  ««  lieu  de  C-"  H="'~',  lisez  C"  H'"'. 
Page  784,  ligne  7,  au  lieu  de  3(H^Az,  HBr),  lisez ^[H? kz,  HBr). 
Page  784,  ligne  lo  en  remontant,  au  lieu  de  carbone  32.58,  lisez  carbone  3i  .58. 
Page  787,  ligne  9,  au  lieu  de  2  Az,  lisez  4  Az. 

(Séance  du  28  novembre   i85g.) 

Page  833,  ligne  10,  au  lieu  de  densités,  lisez  tensions. 
Page  833,  lignes  20  et  23,  au  lieu  de  p,  lisez  p. 
Page  840,  ligne  22,  au  lieu  de  "m,  lisez  it. 

Page  841,"  ligne  17,  au  lieu  de=-j,^  lisez^- 

Page  845,  ligae  ig,  au  lieu  de  5mr,  lisez  5mr' . 

Page  845,  ligne  ig,  au  lieu  de  m  +  i      j  lisez  I  m  + 

Page  845,  ligne  20,  au  lieu  deM+  (      ,  lisez   i  M  + 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DÛ  LUNDI  19  DÉCEMBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉCâiSlQUE.  —  Mouvement  des  gaz  de  la  poudre  dans  l'âme  des  bouches  à  Jeu; 

par  M.  PioBERT.  (Suite.) 

«  30.  Loi  de  variations  des  densités,  exprimée  par  une  fonction  transcendante. 
—  Le  calcul  infinitésimal  donne  les  moyens  d'obtenir  directement  la  valeur 
exacte  des  densités  des  gaz,  à  laquelle  on  n'arrive,  par  la  méthode  précé- 
dente, que  par  des  approximations  successives.  Quoique  la  loi  de  formation 
des  termes  de  la  série  qui  exprime  la  valeur  cherchée  soit  facile  à  saisir, 
il  convient  d'en  avoir  une  expression  finie.  D'après  ce  qu'on  a  vu  (27) 
pour  le  cas  où  les  densités  sont  proportionnelles  aux  tensions,  l'ordonnée^ 
de  la  courbe  des  densités  varié  comme  le  moment  de  la  surface  placée 
en   avant  de  la  tranche  z,  .y  X  g,  par  rapport  à  la  tranche  immobile,  ou 

comme  la  différence  des  moments  de  la  surface  entière  S  X  -  et  de  la  sur- 

r 

face  placée  en  arrière  de  la  même  tranche  z,  s  x  g',  l'une  et  l'autre  de  ces 
quantités  étant  multipliées  par  l'unité  de  masse  -  et  augmentées  du  moment 

C.   R,  1 859,  a™' Sem«<re.  (T.  XLIX,  NO  28.)  ^^4 


(  954  ) 
du  projectile  m.  Vu  le  peu  de  compressibilité  du  mobile,  on  le  supposera 
placé  en  entier  dans  la  dernière  tranche  des  gaz,  à  une  distance  de  la  tranche 
immobile,   qu'on  prendra  ici  pour  unité  afin  de  simplifier  les  formules; 

z  exprime  alors  ce  que  représentait  -  dans  ce  qui  précède;  par  le  même 

motif,  on  représentera  les  logarithmes  népériens  par  le  signe  l' .  On  aura 
donc 

r  =  Ç,y  X  1'  -+-  7«  =  ^S  X 7T-*   X  ii  +  '"■ 

'^  S  "  S  /■         S  ° 

Le  moment    de   la   surface   entière   Sx-  est   égal   à    i    jzdz  et  celui  de 
la  surface  placée  en  arrière  de  la  tranche  z  est    /  jzdz;  on  aura  donc 

t/O 

j  —  t  j  jzdz  —  ^  f  Jzdz  4-  m. 

Pour  séparer  les  variables,   il  suffit  de   différentier  celte  équation,   et  il 
vient 


ou 


—  =  -  Ç  ztlz  =  —  bzf/z  ; 


en  intégrant,  on  a 


bz^ 


C  —  ht'  C  _J£| 

3  2  2 


l'jr  = el    jr  =  e  =  e    •><  e 

Mais  cette  valeur  de  ^  doit  remplir  les  conditions  de  /  =  /n  4-  -  pour  z=  o, 

et  dej-  =  m  pour  z  =  i  ;  en  déterminant  C  et  i  de  manière  à  y  satisfaire, 
on  a 

c  c  — i 


e  =  /H  -f-  c     et     e        =m; 


divisant  ces  deux  valeurs  l'une  par  l'autre,  il  vient 


e  = ; 


(955  ) 
d'où 


et 


»^4^' 


en  faisant,  pour  simplifier  les  formules, 


m  ■ 


I  +  -^—  =  a. 

mr 


»  51.  Position  du  centre  de  gravité  des  gaz.  —  Il  reste  à  connaître  la  valeur 
de  r;   pour  y  arriver,  il  faut  évaluer  l'aire  de  la  surface  totale  S  qui  est 

1    jdz  et  son  moment  S  X  -  qui  est  /   jzdz;  car  on  a  évidemment 

I    yzdz  =  -  l   jdz  ; 

pour  obtenir  les  intégrales  de  ces  expressions,  on  substituera  dans  cha- 
cune d'elles  la  valeur  de^  trouvée  ci-dessus;  il  vient  d'abord 

Jjzdz  =  ,nja-''zciz  =  ^^-j^; 
or  cette  intégrale  doit  être  nulle  quand  z  =  o  ;  donc  C  =  a,  et  par  suite 


r        ,  ma  — a'-''  f^ 


m 


Z(lz=  -——(a  —  i) 

0 


tel  est  le  moment  de  la  surface  entière  de  la  courbe  des  densités.  Quant  à 
l'expression  de  cette  surface    /   j'dz,  il  faut  d'abord  y  substituer  la  valeur 

t/O 

de  jr,  et  ou  a 
1  jdz  =  ma  I  a~''dz  —  ma  1  "         dz 

^[T'^TX^  -7375-^  ..3.5.7-^  1.3. 5.7. g-^-J"^^' 


124.. 


^ 


(  956  ) 
donc  l'aire  cherchée 


Divisant  l'une  par  l'autre   les  deux   intégrales  définies  précédentes  pour 
avoir  la  valeur  de  r,  il  vient 


2K/'a 
r  = , 


et  en  substituant  pour  a  —  i  sa  valeur,  on  a 


mettant  pour  K  sa  valeur, 

»  Il  reste  à  résoudre  cette  équation  transcendante  en  prenant  pour 
inconnue  V a;  comme  la  série  devient  très-convergente,  on  ne  prend  d'a- 
bord qu'un  très-petit  nombre  de  termes,  et  dans  les  derniers  on  remplace 
r  par  une  valeur  approchée,  tirée  du  décroissement  parabolique,  par 
exemple;  puis  on  prend  successivement  un  plus  grand  nombre  de  termes 
de  la  série,  en  substituant  dans  les  derniers  la  valeur  trouvée  de  /■,  et 
ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  qu'on  trouve  l'approximation  suffisante.  Quand 
m  =  3p.,  il  vient 

r=2,o5o943446  =  ^^^5g^g53^,     n  =  .,.6a5a6828447, 
Z'rt  =  0,100595936456,     la  =  0,06540298422      et      K  =  X, 1067142358. 

»  52.  Densités  exactes  des  tranches  de  gaz.  —  Au  moyen  de  r  et  de  a,  on 
trouve  les  densités  exactes  des  gaz,  lesquelles  comparées  à  celles  qui  ont  été 
trouvées  dans  les  différentes  approximations  données  précédemment  (18 
et  28),  montrent  qu'elles  sont  ordinairement  suffisantes  pour  la  pratique; 
les  dernières  ne  diffèrent  que  dans  la  sixième  décimale. 


(  95?  ) 


• 

VALEURS    DE    -j. 

POSITIO.N  Dt  1„\  TRANCHE. 

Loi  parabolique. 

1"  approximation 

1'  approximation. 

3*  approximation. 

Valeur  exacte. 

Tranche  immobile. 

1 ,04889711 

I  ,o5o42IO 

I ,o5o43i64 

I ,o5o43o8i 

i,o5o 4 308980 

0,1 

1,04743019 

I ,0488433 

i,o4885ii6 

I , o4885o 1 1 

i,o4885oi822 

0,2 

I , 04302944 

1,0441234 

1  ,Oo4l22()8 

1 ,04412223 

i,o^4'222g3o 

o,3 

1 ,03569487 

I ,o363oo9 

1 ,03628966 

I ,03628970 

1 ,0362897903 

0,4 

l ,02542648 

I ,02544?' 

I ,02542285 

I ,02542283 

1 ,0254228963 

0,5 

I ,01222426 

1 ,01 16397 

I ,01 161 83 1 

I ,01 161837 

i,oii6i845o8 

o,6 

0,99608821 

0,9950129 

0 , 9949820 

0.99499839 

0.99499847 '5 

0'7 

0,97701834 

0,9757074 

0,9570750 

9,97570828 

0,9757083388 

o,8 

0,95501464 

0,9538954 

0,95391400 

0,95391470 

0,9539147803 

0,9 

0,93007712 

0,9297755 

0,91980329 

0,92980319 

o,9298o32';32 

Contre   le   projectile. 

0,90220578 

0,9035724 

0,90357600 

0,90357553 

0,9035756185 

Valeurs  de  r. 

2,o5oi225 

2, o5 10286 

2 , 050942 

2,050943 

2,050943446 

Équation  à  résoudre. 

du  2"  degré. 

du  3*  degré. 

du  4'  degré. 

transcendante. 

transcendante. 

La  valeur  de  r  pouvant  être  déterminée  exactement,  l'équation  du  mouve- 
ment du  centre  de  gravité,  ainsi  que  la  condition  d'égalité  de  densité  dans 
les  deux  charges  |7,'  et  fx"  à  la  tranche  immobile  qui  leur  est  commune, 

serviront,   comme  précédemment  (19),  à  trouver  le  rapport  ^,  des  deux 

parties  de  la  charge  /Ji,  et  par  suite  à  les  évaluer  exactement,  au  moyen  de 
l'égalité  [j1+  |x"  =  p,  :  l'équation  (A'")  pourra  donc  être  complétée  dans  tous 
ses  termes. 

»  55.  Somme  des  forces  vives  impiimées  aux  mobiles.  —  Les  considéra- 
tions qui  précèdent  permettent  de  déterminer  exactement  la  somme  des 
forces  vives  de  toutes  les  tranches  de  la  charge,  qui  forme  le  premier  membre 

des  équations  (C").  En  effet,  la  masse  de  la  tranche  z  est  -^  jd^t  c^t'  sa 


densité   p 


>  son  volume  est  nc'^dz  et  Trc'Da  =  ja;  sa  vitesse  est  vz, 


celle  du  projectile  étant  v  au  même  instant;  la  force  vive  de  cette  tranche 
sera  donc 


et  la  somme  des  forces  vives  des  gaz  depuis  la  tranche  immobile  jusqu'au 


(  958  ) 
projectile, 

en  mettant  pour^  sa  valeur  ma'~'',  il  vient 


i=^X' „-.... 


Or 

f  il  a  7.1  a   I 

~       2 /'a  "^  Tr7  L'  "*:  TTT"  "^      TT.'S'  '^  1.3.5.7  "*"    "  'J 

_   «-•'   V'?.zU'a        ^z'il'ay         8z'{l'aY         i6r»  (/'«)'  1 

~"I7^L     3       ^       3.5      "*"■     3.5  7    "•"     3.5.7.9    "^  "   J' 

intégrant  depuis  z=o  jusqu'à  2  =  1,  et  substituant  dans  la  valeur  de  2, 
il  vient 

_    F"'    r^/'a  .  4_(^or      8jr«y;  n  _  j^  k-i 

^~2KraL    3     "^      3.5     "^3.5.7      •■■■]        il'a     K 
On  a  trouvé  précédemment  (31),  entre  les  valeurs  de  l'a  etdeR,  la  relation 

2Kl'a  =  ^; 

772 

donc 

„  /tr  \    ■)         F-  —  imV  a    „ 

^  il  a 

Dans  le  cas  de  m  =  3/ji,  on  a  alors 

j,^    (;/,,N    pf' 0,096424381 34 

^~  il'a''  "'  "^  ~   2X0,1 50595936456 

=  fxt''  X  3(o,  1067142357)  =  jT.t''  X  0,3201427071. 

D'après  la  loi  de  décroissement  parabolique  des  densités  des  gaz  dans  les 
tranches  successives  de  la  charge,  cas  traité  précédemment  (21),  on  aurait 

„  57wr-|-2u  „  1     ,        rt  r 

2  =  -,; —  U.V'  =  [XV^X  O,  3202041, 

l5mr-h  lOu."  ~  '  ï?-*    ' 


(  9%  ) 
valeur  qui  diffère  peu  de  la  véritable,  jnéme  pour  ce  cas  de  n=i  et 
de  m  =  3/yt,,  qui  est  très-défavorable  à  cette  hypothèse;  aussi  comme  celle- 
ci  simplifie  beaucoup  les  calculs,  il  convient  de  l'adopter  dans  un  grand 
nombre  de  cas  de  la  pratique.  Le  premier  membre  des  équations  (C") 
doit  contenir  la  force  vive  du  projectile  mv^ ,  en  même  temps  que  celle 
des  gaz  ;  on  aura  donc  pour  ce  premier  membre 

0.1'a  L  3  3.5  3.5.7  J 

Comme  les  termes  de  la  série  diminuent  rapidement,  les  forces  vives  du 

projectile  et  des  gaz  tendent  à  se  trouver  de  plus  en  plus  dans  le  rapport 

2 1' a 
de  I  à  —^  à  mesure  que  a  se  rapproche  de  l'unité,  ou  que  le  poids  de  la 

charge  est  une  plus  petite  fraction  de  celui  du  projectile. 

«  34.  Quantité  de  travail  développée  dans  la  détente  des  gaz.  —  La  quan- 
tité de  travail  développée  dans  l'expansion  des  gaz  de  la  charge  s'obtient 
comme  précédemment,  en  considérant  les  pressions  des  tranches  de  gaz  les 
unes  sur  les  autres.  La  pression  d'une  tranche  quelconque  z  sur  sa  voisine 
est  exprimée  par  nc'kp,  puisque  dans  le  cas  actuel  la  tension  des  gaz  est 

supposée  proportionnelle  à  la  densité;  or  p  = —^ — —  et  nc^T)a.  =  [j.,  la 

pression  sur  toute  l'étendue  de  cette  tranche  sera  donc  égale  à  -^J",  la 

somme  des  pressions  de  toutes  les  tranches  depuis  z  =  o  jusqu'à  2  =  i, 
position  du  projectile  dont  la  distance  au  fond  de  l'âme  a  été  prise  pour 
unité  (30),  sera 

/    ^  rdz—  ~  (    rdz=^^>c^inK  =  ixk  —  nc'^k'Da. 


» 


Afin  d'obtenir  la  somme  des  quantités  de  travail  des  tranches  de  gaz  pour 
toutes  les  densités  successives  qu'elles  prennent  dans  les  diverses  positions 
du  projectile,  il  faut  ici  rétablir  la  longueur  absolue  6  de  l'espace  que  les 
gaz;  occupent  dans  l'âme  de  la  pièce  au  moment  que  l'on  considère,  et  qui 
détermine  l'abaissement  général  des  densités  que  toutes  les  tranches  éprou- 
vent dans  leur  expansion;  de  sorte  que  le  travail  des  tranches  pour  un 
petit  parcours  dQ  sera 

nc^k^dQ, 


% 


(  g6o) 

dont  l'intégrale,  prise  dans  toute  letendiie  du  parcours  du  projectile,  à 
partir  de  6  =  a,  est 

ffcUDaZ'-, 

Cf. 

comme  précédemment  (12  et  22),  pour  le  cas  d'une  densité  uniforme  des 
gaz  dans  toutes  les  tranches  et  pour  celui  où  la  densité  décroît  comme 
les  ordonnées  d'une  parabole.  La  répartition  des  gaz  dans  les  différentes 
tranches  n'a  ainsi  aucune  influence  sur  le  travail,  lorsque  la  tension  des  gaz 
est  proportionnelle  à  leur  densité. 

»  En  appliquant  ce  qui  précède  aux  parties  jla'  et  pi"  d'une  charge  ja  lan- 

r 

çant  un  projectile  /n,  dans  une  pièce  M,   on  a,  en  faisant   t  +  -^  =  a' 


et    I  +  -^ 


(C") 


2  l'a' 


■y 


-  -^^i>^=  2ncn-D'a'r-=au.'kl'-, 


,-/  a/'«"         4(/'fl")'         8{l'a''y         iG(/'fl")  .  _„ 

M  f  I   H 5 h        \    :,        ■+-      ,    ^    _      -f-     ^    ,     _     '     -f-   .  .  .  )  V* 


3  3.5  3.5.7  3.5.7.9 

2.  l'a"  a  '  a. 


en  ajoutant  ces  deux  équations,  on  aurait  l'équation  (B"). 

»  55.  Tension  des  gaz  variant  comme  ta  puissance  n  de  la  densité.  —  La 
tension  des  gaz  employés  ordinairement  pour  lancer  les  projectiles  variant 
dans  un  plus  grand  rapport  que  leur  densité,  il  faut  considérer  le  cas  plus 
général  dans  lequel  la  tension  varie  comme  une  puissance  n  de  la  densité 
et  chercher  le  décroissemenfdes  densités,  de^tranche  en  tranche,  qui  résulte 
des  lois  du  mouvement.  La  tension  des  gaz  dans  chaque  tranche  doit 
être,  ainsi  qu'on  l'a  vu  (27),  en  raison  du  moment  delà  masse  de  la  portion 
de  charge  située  en  avant,  augmentée  de  celui  du  mobile  placé  à  son  extré- 
mité :  mais  on  a 


■  Jo  J 

■par  suite  ce  sera  j'"  qui,  dans  ce  cas,  sera  proportionnel  à  la  somme  des 


(  96i  ) 
moments  (30),  et  l'on  aura 

y=sj-  ■^^'''^  "  s  /  ■^'^^^  "•"  "'^- 

En  différentiant,  il  vient 

nj"-*(lj=  —  ^jzr/z  =  —  bjzdz     ou     «j"~*  d/  =  —  bzdz; 


intégrant,  on  a 


;«-'  =  C-*'^ 


2 


Comme  l'on  doit  avoir  kp"  =  f  /n  +  -  )  A'  pour  z  =  o,  et  Ârp"  =  mk  pour  z  =  i , 

I 
il   en    résulte  que   dans   le   premier  cas  ^  =  f;«4-^J  ,    et  que   dans  le 

r 

deuxième  j  =  m".  La  substitution  de  ces  deux  valeurs  dans  l'intégrale 
donne 

(/«+-)        =C      et      /M       =C ; 

n  —  I  \  r  J  n  —  i  2 

ces  conditions  permettent  d'éliminer  C  et  A  de  l'intégrale,  qui  devient 

»  56.  Conditions  générales  auxquelles  doivent  satisfaire  les  tensions  et  les 
densités  des  gaz  par  suite  des  lois  du  mouvement  de  ces  gaz.  —  Le  résultat  pré- 
cédent est  remarquable;  comparé  à  celui  qui  a  été  obtenu  précédem- 
ment (25),  il  montre  :  1°  que  pour  satisfaire  aux  lois  du  mouvement  des 
gaz,  le  rapport  de  la  tension  à  la  densité  de  chaque  tranche,  ou  la  puissance 
n  —  i  de  cette  densité,  doit  décroître,  de  la  tranche  immobile  jusqu'à  celle 
qui  est  en  contact  avec  le  mobile,  comme  les  ordonnées  d'une  parabole  ordi- 
naire, parallèles  à  son  axe,  diminuent  à  partir  de  son  sommet;  2°  que  dans 
le  cas  particulier  de  «  =  2,  ou  de  la  tension  proportionnelle  au  carré  de  la 
densité,  le  décroissement  parabolique  des  densités  des  gaz  donne  la  loi  exacte 
de  ce  qui  a  lieu  dans  les  tranches.  On  voit  aussi  que  toutes  les  fois  que  n  est 
peu  différent  de  2,  le  décroissement  parabolique  représente  les  densités  des 
gaz  d'une  manière  très-approchée;  de  sorte  qu'on  peut  prendre  sans  grande 

Ç.  R.,  1859,  a"»"  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  23.)  I  ^5  ' 


(  9«'-»  ) 
erreur  les  valeurs  suivantes  qui  ne  sont  exactes  que  pour  «  =  a, 


J 


=  (m 


m  -+- 


m 


^ 


ot 


-(«  + 


jK'^^'r)' 


m  +' 


'^ 


'6  m" 


')' 


»  37.  Valeurs  exactes  des  densités  des  gaz  quand  la  tension  est  proportion- 
nelle au  carré  de  la  densité.  —  Quand  la  tension  des  gaz  est  proportionnelle 
au  carré  de  la  densité,  on  a  les  valeurs  exactes  de  tp  dans  les  diverses  tran- 
ches de  gaz  de  la  charge,  indiquées  dans  le  tableau  suivant  pour  m  =^  3/jl 
et  pour  m  —  l^[i. 


Charge  en  poids  du  projectile. 


Valeursde- 0,4937843 


Valeurs  de/- 2,0251784 


Valeurs  de  f . 


\ 


Tranche  immobile \  ,02506275 

0,1  I ,02431087 

0,2  I,022o5522 

0,3  I ,01820581 

0,4  i,oi3o3263 

0,5  1,00626569 

0,6  0,99799498 

0,7  0,98822051 

0,8  0,97694227 

0,9  0,96416026 

Tranche  conlre  le  projectile 0,94987449 


1 

4 
0,49518522 

2,0194464 
I ,01925929 

i,oi868i4n 
0,01 6948 I I 
0,01405919 
I ,01001472 
1 ,00481470 
o> 998459 '3 
o.99°948oi 
0,98228134 
0,97245911 
0,96148132 


»  38.  Densités  des  gaz  de  la  poudre  dans  les  dijjérentes  tranches  de  la 
charge.  —  La  tension  des  gaz  de  la  poudre  varie  dans  un  plus  grand 
rapport  que  le  carré  de  la  densité,  c'est-à-dire  que  la  valeur  de  «  est 
plus  grande  que  2  :  elle  varie  autour  de  2,o3  pour  les  densités  de  o,25 


(  9^3  ) 
à  0,42;  elle  monte  à  2,o34  pour  les  densités  de  o,5o  à  o,Go;  enfin  elle 
est  de  2,o4  pour  les  densités  au-dessous  de  o,25  et  au-dessus  de  0,60  (*); 
de  sorte  qu'en  général  elle  diffère  peu  de  2,o3  pour  les  densités  que  les  gaz 
de  la  poudre  ont  dans  les  bouches  à  feu,  depuis  l'instant  du  déplacement 
du  projectile  jusqu'au  moment  où  les  plus  grands  effets  des  gaz  sont  pro- 
duits sur  le  mobile.  Dans  le  cas  ordinaire  de  l'emploi  de  la  poudre,  on  peut 
donc  faire  n  =  2,o3  dans  les  expressions  précédentes  (56).  En  comparant 
les  ré.sultats  exacts  (5a),  avec  ceux  qu'on  obtient  des  expressions  analogues 
dans  l'hypothèse  du  décroissement  parabolique  des  densités,  on  obtient  les 
valeurs  suivantes  de  j  et  de  o. 


Charge  en  poids  du  projectile 

1 
3 

.  Solutioii  exacte 

1 

4 

Solution  exacte 

Loi  parabolique 

.  Loi  parabolique 

Valeurs  de  -. 
r 

0,49382465 

0,49382465 

0,4952550 

0,4952550 

Valeurs  de  /■ 

2,025oiO 

2,025oiO 

2,oigi57 

2,0967843 

2,019157 

/  Tranche  immobile. . 

I ,8519785 

1,5519785 

2,0967843 

0,. 

i,85o6446 

1 ,8506392 

2,0956132 

2 , 0956 1 26 

0,2 

I ,8466338 

I ,8466212 

2,093102 

2,0920976 

1                 0,3 

1,8399410 

I ,8399246 

2,086243 

2,0862393 

0,4 

I ,8305701 

i,83o5494 

2,078046 

2,0780376 

Valeurs  de  y.  1                 o,5 

1,8185270 

1,8184957 

2,067512 

2,0674925 

j                0)6 

1 ,8037959 

1,8037633 

2,054627 

2, 0546041 

o>7 

1,7863917 

I ,7863522 

2,039398 

2,0393724 

0,8 

1,7662990 

I , 7662625 

2,021820 

2,0217974 

Cj9 
Contre  le  projectile . 

1,7435180 

1,7434942 

2 , 00 I 894 

2,0018791 

1,7180471 

1 ,7 180472 

«>9796'72 
1,018974 

',9796» 72 

Tranche  immobile.  . 

1,024691 

I ,0247014 

1,0189800 

0,1 

I ,023g52 

1,0239604 

i,oi84o5 

I ,0184106 

0,2 

1 ,021733 

1,0217373 

1 ,016698 

1,0167024 

0,3 

I ,oi8o3o 

1 ,oi8o32i 

1,01 3852 

1 ,01 38554 

04 

1,012845 

1 , 0 I 28448 

1,009869 

1,0098696 

Valeurs  de  «p.  7                 o,5 

I ,006180 

I ,0061754 

1,004749 

1 ,0047450 

0,6 

0,998031 

0,9980239 

0,998488 

0,9984816 

0.7 

0,988400 

0,9883903 

0,991086 

0'99'0794 

0,8 

0,977282 

0»  97 7 2747 

0 , 982544 

0,9825384 

0,964679 

0,9646769 

0,972859 

0,9728586 

Contre  le  projectile. 

0, 950587 

0 , 950597 I 

0,962034 

0,9620400 

(*)  Traité  d'artillerie  théorique  et  pratique  :  Propriétés  et  effets  de  la  poudre.  Paris,  1859, 
page  359. 


(C") 


(  964) 

»  39.  On  voit  que  même  pour  le  cas  défavorable  de  m  =  3fjL,  on  peut, 
lorsqu'il  s'agit  de  la  poudre,  admettre  que  le  décroissement  des  densités  des 
tranches  de  gaz  suit  une  loi  parabolique,  quoique  cette  loi  ne  soit  exacte  que 
dans  le  cas  de  «  =  2;  on  aura  donc  sans  erreur  sensible  comme  précédem- 
ment (25),  en  rétablissant  Q  pour  la  longueur  de  l'âme  occupée  par  les  gaz, 


■/-[(-âMi:».  .,  ._3(-r 


im 


—      et      -  = 

r 


£)"+!»■  8(„^ï)V4. 


»  Il  en  sera  de  même  pour  la  relation  qui  existe  entre  z  et  j:  et  pour  la 
division  de  la  charge  [i  en  deux  portions  jx'.et  fjt."qui  se  meuvent,  la  première 
avec  le  projectile  et  la  seconde  avec  la  pièce;  on  prendra  les  équations  don- 
nées précédemment  (25  et  24);  l'équation  (A")  du  mouvement  du  centre 
de  gravité  restera  également  la  même. 

»  40.  La  somme  des  forces  vives  de  toutes  les  tranches  de  gaz  sera  aussi 

la  même  (25),  ainsi  que  la  quantité  de  travail  développée  dans  l'expansion 

des  gaz  (26),  et  on  pourra  mettre  les  équations  (C")  sous  la  forme 

I 

_  I 

^,„+-V rj_ _^, 

/  F'\"        /r     ^ 

l  I 

2(M-l-^'y-l-3M" 

;ivn-  — ^ — '^ — —  f^"^v» 


.oCm  +  ^V  +  SM" 

[i(»-';)"n»'-]" 


(965; 
Quand  n  =  2,  les  seconds  membres  de  ces  équations  deviennent  respecti- 


vement 


'(■-ri —  ^--- 


'5/n  +  4  ^-j-4  (m^■ -^  j    m' 


et 


A-D"    .-^)^-f ^— ^ ^. 

5m+4^+4(m  +  c^j  m' 

»  41.  Fitesse  ({expansion  des  gaz  de  ta  poudre.  —  Les  solutions  précé- 
dentes permettent  d'admettre  un  rapport  quelconque  entre  la  charge  et  le 
projectile,  et  l'on  peut  supposer  m  =  o  pour  le  cas  du  tir  à  poudre,  ou  de 
l'écoulement  des  gaz  dans  un  tube  de  section  constante;  v  sera  alors  la 
vitesse  d'expansion  des  gaz  arrivés  à  une  distance.  Q  du  fond  de  l'âme  ;  les 
valeurs  relatives  à  /x'  deviennent  alors 


._m' 


■  -«' 


on  a  de  plus 


i^' 


/  _  2M 

7'-3£' 
r' 


en  négligeant  ^  devant  M  ;  la  somme  des  forces  vives  des  gaz  est  ^  /xV^,  et 


(966) 
les  équations  (C°)  deviennent 


;c°) 


s""  -^T— ri'-s^JVâ)  ['-3-^-^:5 2.3.7  J' 


M  +   -^ î^^-; — fx"  J  V» 


I 
■  5M" 


Si  M  est  très-grand^  V  est  très-petit,  et  l'on  n'a  plus  que  l'équation 

quand  n  =  2,  il  vient 

.-,otD(,-:)(f)'«  =  „AD(,.-î)     e.     .=  y/„M(,-:). 

»  Telle  serait  la  vitesse  d'arrivée  des  gaza  la  bouche  du  canon  s'ils  s'écou- 
laient dans  le  vide  ;  mais  dans  l'air,  la  résistance  opposée  par  ce  milieu  a 
sur  le  mouvement  une  très-grande  influence,  qu'on  ne  peut  négliger, 
comme  dans  le  cas  où  les  gaz  ont  à  pousser  un  projectile,  la  résistance  du 
mobile  au  mouvement  permettant  alors  de  négliger  celle  de  l'air  (4).  Il  est 
donc  nécessaire  de  tenir  compte  de  cette  résistance  de  l'air  qui  est  une  fonc- 
tion de  la  vitesse  v,  i{v)  devant  remplacer  k'm  dans  la  valeur  de/)  (35)  ;  de 

sorte  que  p  devient  i[v)-k-k'~,  pour  z  =  o,  et  f(i')  pour  z  =  9;  ainsi  on 

aurait 

mais  {[v)  étant  variable,  unepartie  des  intégrations  devient  plus  compliquée. 


(967) 

»  Dans  le  cas  de  l'expansion  d'un  volume  indéfini  de  ga2  par  un  tube, 
la  vitesse  d'arrivée  à  l'orifice  qui  est  f,  y  augmente  ensuite  comme  si  Q  deve- 
nait de  plus  en  plus  grand  dans  l'expression   de   c,  jusqu'à  ce  qu'enfin  - 

fût  négligeable  par  rapport  à  l'unité. 

»  42.  Rapport  quelconque  entre  la  densité  et  la  tension  des  gaz.  —  Lorsque  p. 
diffère  sensiblement  de  a,  ou  lorsqu'on  veut  avoir  la  solution  exacte,  il  faut 
la  valeur  de  jf  en  extrayant  la  racine  «  —  i  de  chaque  membre  de  l'é- 
qiialion  trouvée  précédemment  (35),  et  développant  le  deuxième  membre 
en  une  série  ordonnée  suivant  les  puissances  de  z,  qui  sera  d'autant  plus 
convergente  que  n  sera  plus  grand  et  p  plus  petit  par  rapport  à  m.  On  aura 
ainsi,  en  rétablissant  @  pour  la  longueur  de  l'âme  occupée  par  les  gaz. 


j  =  \m  +  ^\    — 


2  —  n      /  y- 

'  in  ' 


r-.,^('«-^)"[("-^)"-"."-']i; . 


2  («  —  1)'  \      /•, 

4-3n, 


—  etc. 


Cette  série  est  tellement  convergente  dans  les  applications  à  la  pratique, 
même  pour  m  =  3p  et  z  =  ô,  qu'il  suffit  de  ne  tenir  compte  que  des  pre- 

miers  termes  en  z.   Ainsi,  dans  le  cas  assez  défavorable  de  fi=  i   5  =  - 

et  de  la  charge  du  tiers  du  poids  du  projectile,  on  a 

f=  '2,3o2  —  3^1,517  X  0,075  +-  o,oo564-o 

=  2,3o2  —  0,2273-  +  o,oo56^. 
0 
La  série  s'arrêterait  de  même  pour  n  =  i ,  33  =  |,  mais  auqnatrième  termej 

r  5  .  .,  6  .     ., 

pour  n—  1 , 25  =  7j  au  cmquieme  terme;  pour  n=  1 , 20  =  pi  au  sixième 


(  968  ) 
terme;    pour  «=  1,167  ^^S'    ^"    septième    terme,    et    ainsi    de   suite. 
»   45.  Si  on  prend  la  valeur  de  j  j-dzeA  qu'on  la  divise  par  /   jdz,  on 

a  la  valeur  de  -  pour  une  valeur  quelconque  de  n,  comme  précédemment 

pour  des  cas  particuliers  (18,  25  et  27);  il  vient,  en   rétablissant  encore 
B  pour  la  longueur  de  l'âme  occupée  pan  les  gaz, 

1  2 — n  r  n — I  n— iT  '  3— 2n  P  n— i         n  — i"]' 

i  2 — nP  n — I  n — i  "1  3 — in  V  n — i  n — iV  f^~'.\n 

w  Telle  est  la  relation  générale  qui  existe  entre  x  et  z  ;  c'est  celle  que 
Lagrange  a 'cherché  à  obtenir  sous  une  forme  inverse;  sa  solution  exigeait 
l'expression  de  la  valeur  de  z  en  fonction  de  x. 

»   44.  Au  moyen  de  la  valeur  précédente  de  j-,  on  déterminera  les  densi- 

tés  des  différentes  tranches  de  gaz,  et  égalant    |     yzilz,  divisé  par    /    ydz, 

à-,  comme  précédemment  (51),  on  aura  la  position  du  centre  de  gravité 

des  gaz  qui  servira  à  compléter  l'équation  du  mouvement  du  centre  de  gra- 
vité du  système.  La  somme  des  forces  vives  des  diverses  tranches  de  la 
charge  s'obtiendrait  comme  précédemment,  ainsi  que  la  quantité  de  travail 
développée  dans  l'extension  des  gaz;  on  substituera  ces  quantités  dans 
l'équation  des  forces  vives  qui  complétera  la  solution  exacte  de  la  ques- 
tion, dans  le  cas  le  plus  général  auquel  on  pourra  ramener  toutes  les  ques 
tions  relatives  au  mouvement  des  gaz  de  la  poudre. 

»  J'aurai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  le  mois  prochain,  un 
Mémoire  relatif  à  un  travail  sur  le  même  sujet,  laissé  par  Lagrange  dans  ses 
manuscrits,  publié  par  M.  Poisson  en  i832  et  ayant  pour  titre  :  Formules 
relatives  au  mouvement  du  boulet  dans  [intérieur  du  canon.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  les  oxydes  de  fer  et  de  manganèse  et  certains  sul- 
fates considérés  comme  moyens  de  transpdtt  de  l'oxygène  de  l'air  sur  les 
matières  combustibles;  par  M.  Fréd.  Kvhlmai\n.  (Troisième  partie.) 

«  Les  deux  premières  parties  de  ce  travail  ont  été  principalement  consa- 
crées à  étudier  l'action  des  oxydes  métalliques  sur  les  corps  combustibles, 


(  969  J 

et  l'infliience  de  cette  action  sur  la  fertilisation  du  sol,  en  bornant  ces  ap- 
préciations à  l'action  de  ces  oxydes  sur  les  principes  constitutils  des  ma- 
tières organiques.  Sans  sortir  de  ce  cadre,  je  vais  examiner  l'influence  du 
sulfate  de  chaux  et  du  sulfate  de  fer  dans  l'agriculture. 

Du  sulfate  de  chaux  considéré  comme  agent  d'oxydation. 

»  Notre  illustre  confrère  M.  Chevreul,  dans  ses  études  sur  l'hygiène  des 
villes  populeuses,  a  fait  connaître  avec  quelle  facilité  le  sulfate  de  chaux 
des  eaux  séléniteuses  était  converti  en  sulfure  de  calcium  sous  l'influence 
désoxydante  de  la  putréfaction  des  matières  organiques  (1).  D'un  autre 
côté,  lorsqu'on  envisage  avec  quelle  facilité  le  sulfure  de  calcium  passe  de 
nouveau  à  l'état  de  sulfate  de  chaux,  au  contact  de  l'air,  on  n'aura  pas 
de  peine  à  admettre  que  le  plâtre  peut  concourir,  de  même  que  les  oxydes 
de  fer  et  de  manganèse,  à  hâter  la  combustion  des  matières  organiques 
dans  les  terres  arables. 

»  Je  suis  d'autant  plus  convaincu  qu'il  en  est  ainsi,  que  dans  l'enquête 
publique  provoquée  par  le  Gouvernement  sur  l'efflcacité  du  plâtre  dans 
l'agriculture,  on  a  été  unanime  pour  constater  que  cette  efficacité  n'a  lieu 
qu'à  la  condition  de  la  présence  de  matières  organiques  dans  les  terres; 
que  récemment  encore  un  agriculteur  de  la  Haute-Marne,  M.  Disieux,  par 
des  expériences  directes  a  constaté  l'action  très-efficace  du  plâtre  mêlé  au 
fumier  dans  la  culture  des  céréales,  lorsque  jusqu'ici  l'utilité  du  plâtrage  des 
terres  dans  cette  culture  était  contestée. 

»  Il  ne  s'ensuit  pas  toutefois  que  le  plâtre  n'intervient  pas,  ainsi  que  l'a 
indiqué  M.  Liebig,  comme  moyen  de  fixation  de  l'ammoniaque,  et  qu'il  n'y 
ait  plus  de  difficulté  d'expliquer  pourquoi  le  plâtre  agit  plus  efficacement 
sur  certaines  récoltes ,  telles  que  celles  du  trèfle,  de  la  luzerne  ou  du  sain- 
foin, que  sur  celles  des  plantes  sarclées,  des  céréales,  etc.;  mais  de  ce 
qu'une  explication  rencontre  quelques  objections,  il  ne  faut  pas  la  rejeter 
à  priori,  lorsque  d'ailleurs  elle  est  d'une  application  générale.  Du  reste, 
MM.  Th.  de  Saussure  et  Pictet  n'ont-ils  pas  déjà  émis  l'opinion  que  le  plâtre 
agit  sur  le  terreau  dont  il  hâte  la  décomposition,  en  faisant  concourir  ses 

(1)  Des  sulfates  beaucoup  plus  stables  que  le  plâtre  ne  résisteut  pas  à  l'action  désoxydante 
des  matières  organiques.  J'ai  été  souvent  à  même  de  constater  que  le  sulfate  artificiel  de 
baryte  en  pâte,  par  le  seul  contact  du  bois  des  tonneaux  qui  servent  à  le  renfermer,  se  réduit 
partiellement  et  contracte  une  odeur  d'acide  sulfhydrique. 

C.  H.,  1809,  a""  Semcslre.  (  T.  XLIX,  IS»  28.)  ■  1  a6 


(  97°  ) 
éléments  à  la  nutrition  des  végétaux  (de  Gasparin,  è.  I,  p.  87),  et  certes 
l'opinion  de  ces  physiologistes  mérite  un  examen  sérieux. 

»  Ainsi,  dans  mon  opinion,  conforme  à  celle  de  M.  de  Sanssure,  dans  le 
plâtrage  des  terres,  il  n'y  a  pas  seulement  à  envisager  l'action  de  la  base, 
mais  aussi  celle  de  l'acide  siilfurique  qui,  abstraction  faite  de  la  fixation  de 
l'ammoniaque,  joue  un  rôle  analogue  à  celui  que  j'attribue  à  l'oxyde  de  fer, 
dans  la  végétation,  rôle  que  les  physiologistes  ont  attribué  à  ce  même  oxyde 
dans  les  modifications  que  subit  le  sang  dans  la  respiration  des  animaux. 

»  M.  Boussinganlt  attribue  au  plâtre  des  effets  analogues  à  ceux  du 
chaulage. 

«  Dans  la  supposition  assez  vraisemblable,  dit  ce  savant  agronome,  que 
»  le  plâtre  agit  comme  le  carbonate  de  chaux,  il  faut  concevoir  qu'une  fois 
»  en  présence  des  engrais,  le  sulfate  de  chaux  se  décompose  et  que  le  ré- 
»  sultal  de  cette  décomposition  est  le  carbonate  de  chaux  dans  un  grand 
»  état  de  division,  et  par  cette  raison  même  facilement  absorbable.  » 

»  Toutefois  le  dégagement  de  la  totalité  de  l'hydrogène  sulfuré  dans  cette 
hypothèse  ne  paraît  pas  possible,  et  tant  qu'il  reste  des  traces  de  ce  corps, 
les  conditions  continues  d'une  absorption  de  l'oxygène  de  l'air,  et  par  con- 
séquent aussi  les  causes  de  la  combustion  des  matières  organiques  des  en- 
grais, me  paraissent  exister. 

Du  sulfate  de  fer  considéré  comme  agent  d'oxydation. 

»  Les  matières  désoxygénantes,  en  général,  sont  contraires  à  la  végéta- 
tion. L'action  des  meilleurs  engrais  (l'engrais  flamand,  par  exemple),  ne 
peut  fertiliser  immédiatement  des  terres  extraites  du  sol  à  une  certaine  pro- 
fondeur. Il  faut  que  par  un  contact  prolongé  de  l'air,  le  protoxyde  de  fer 
qu'elles  contiennent  se  soit  peroxyde.  J'ai  constaté  en  outre  que  des  éma- 
nations du  goudron  peuvent  arrêter  toute  végétation  dans  les  couches  de 
champignons.  Tous  ces  faits  tendent  à  faire  admettre  que  le  sulfate  de  prot- 
oxyde de  fer  ne  peut  produire  sur  les  cultures  que  des  effets  nuisibles. 

»  M.  Gris,  à  qui  nous  devons  quelques  expériences  sur  l'influence  des 
sels  de  fer  sur  la  végétation,  a  signalé  des  résultats  avantageux,  mais  à  coup 
sûr  on  doit  admettre  que  ces  résultats  n'ont  pu  être  produits  qu'après  que 
l'oxyde  de  ces  sels  a  été  porté  au  maximum  d'oxydation.  Cet  expérimenta- 
teur, établissant  une  analogie  entre  cette  action  et  celle  que  les  sels  de  fer 
exercent  sur  l'organisation  animale,  a  pensé  que  ces  sels  contribuaient  à 
donner  aux  plantes  des  couleurs  vives  et  les  guérissaient  d'une  sorte  de 
chlorose  inhérente  à  la  culture  dans  les  terres  blanches  et  froides. 


(■97«  ) 

»  Quoi  qu'il  en  soif,  on  connaît  l'emploi  qui  a  lieu  de  temps  immémorial 
dans  l'agriculture,  des  terres  noires  pyriteuses,  celles  du  département  de 
l'Aisne,  par  exemple;  mais  il  est  utile  d'ajouter  que  l'action  de  ces  terres 
n'est  efficace  que  lorsqu'elles  ont  été  pendant  quelque  temps  exposées  à 
iair,  sans  doute  le  temps  nécessaire  pour  transformer  le  sulfure  de  fer  en 
sulfate,  et  ce  dernier  en  sulfate  basique  de  sesquioxyde  de  fer  ou  même  en 
sesquioxyde  par  la  décomposition  de  ce  dernier  sel  par  l'alumine  ou  le  car- 
bonate de  chaux.  Cela  revient  à  dire  que  les  sels  de  fer  exercent  sur  la  végéta- 
tion, après  un  long  contact  avec  l'air,  la  même  influence  que  le  sesquioxyde 
de  ce  métal  ;  qu'ils  hâtent  la  combustion  des  engrais  et  facilitent  la  pro- 
duction de  l'acide  carbonique,  voire  même  celle  de  l'acide  nitrique. 

»  M.  Thaër,  dont  le  nom  fait  autorité  dans  la  science  agronomique, 
admet  l'efficacité  de  l'action  de  sulfate  de  fer  dans  les  tourbes  vitriolées,  et 
considère  comme  probable  la  décomposition  de  l'acide  sidfurique,  dont 
l'oxygène,  se  combinant  avec  le  carbone,  peut  donner  de  l'acide  carbonique 
ou  quelque  autre  matière  favorable  à  la  végétation  (i). 

»  Enfin,  un  auteur  justement  célèbre,  M.  Ebelmen,  dans  son  travail  sur 
la  décomposition  des  silicates,  envisageant  la  question  au  point  de  vue  géo- 
logique, estime  que  la  décomposition  des  matières  organiques  n'est  pas  sans 
influence  sur  la  décomposition  de  ces  roches;  il  pense  que  cette  décompo- 
sition exerce  une  action  dissolvante  principalement  sur  les  éléments  ferru- 
gineux du  sol.  Il  est  probable,  dit-il,  que  des  acides  organiques  autres  que 
l'acide  carbonique  concourent  à  cette  réaction. 

»  Puis  examinant  les  relations  qui  existent  entre  l'altération  des  silicates 
et  la  composition  de  l'air  atmosphérique,  et  les  causes  qui  tendent  à  modi- 
fier cette  composition,  il  s'exprime  ainsi  :  «  Si  l'oxydation  des  roches  ferri- 
»  fères  désagrégées  donne  du  peroxyde  de  fer  et  soustrait  à  l'atmosphère 
M  beaucoup  d'oxygène,  la  formation  des  pyrites  tend  à  rétablir  l'équilibre  ; 
«  on  voit  ce  minéral  se  produire  à  l'époque  actuelle  dans  tous  les  cas  où 
»  des  matières  organiques  en  décomposition  se  trouvent  en  contact  avec 
»   des  oxydes  ou  du  sulfate  de  fer  à  l'abri  de  l'influence  oxydante  de  l'air.  » 

»  M.  Ebelmen  ajoute,  en  ce  qui  concerne  la  production  de  l'acide  carbo- 
nique étranger  à  la  respiration  et  à  la  combustion  : 

<•  La  décomposition  de  ces  mêmes  pyrites  conduit  à  un  résultat  inverse 
»  du  précédent,  et  comme  le  produit  de  cette  altération  finira  par  rencon- 

(i)  De  Gasparin,  Cours  d Agriculture,  t.  VI,  p.  83,94. 

126.. 


(  97^  ) 
»  trer  du  carbonate  de  chaux,  il  en  résulte  eu  définitive  du  peroxyde  de 
»   fer,  du  sulfate  de  chaux  et  la  mise  en  liberté  d'une  certaine  quantité 
>>   d'acide  carbonique.  •> 

»  J'ai  fait  une  étude  partictdière  de  ce  mode  de  production  de  l'acide 
carbonique,  et  j'y  ai  été  engagé  par  une  observation  faite,  il  y  a  quelques 
années,  en  étudiant  divers  procédés  de  teinture  des  pierres  calcaires. 

»  J'ai  vu  qu'en  faisant  chauffer  de  la  craie  dans  une  dissolution  de 
sulfate  de  cuivre  bien  neutre  et  exempte  de  fer,  la  pierre  se  teint  en  un 
beau  vert,  et  que  de  l'acide  carbonique  se  dégage  dés  que  la  température 
s'élève  à  60  degrés. 

»  En  examinant  le  résultat  de  la  réaction,  j'ai  vu  qu'il  s'était  produit  un 
mélange  de  sulfate  de  chaux  et  d'un  sulfate  basique  de  cuivre.  Ce  dernier 
produit,  d'une  fort  belle  couleur  verte,  correspond,  par  sa  composition,  à 
un  produit  naturel  assez  rare  d'ailleurs,  auquel  on  a  donné  le  nom  de  bro- 
chnntite,  et  dont  la  formule  est  4CuSO*  +  3CuO,  et  la  réaction  qui  lui 
donne  naissance  peut  être  formulée  comme  suit  : 

4SO'CuO+  3CO»CaO  =  (SO»Cu0  4-3CuO)-(-  3SO«CaO  +  3CO^ 
Le  sulfate  quadribasique  qui  se  forme  retient  3  équivalents  d'eau. 

»  Préparé  comme  je  viens  de  l'indiquer,  on  peut  l'isoler  du  sulfate  de 
chaux,  en  le  faisant  bouillir  avec  une  grande  quantité  d'eau.  Ce  même 
produit  peut  être  obtenu  en  faisant  chauffer  tme  dissolution  de  sulfate 
de  cuivre  en  excès  avec  du  carbonate  de  magnésie.  C'est  même  un  moyen 
plus  convenable  pour  étudier  le  phénomène,  parce  que  le  sulfate  de  magné- 
sie formé  est  plus  facile  à  .séparer  par  le  lavage  que  le  sulfate  de  chaux. 

»  Des  composés  analogues  sont  obtenus,  d'après  Proust,  Berzelius  et 
Brimner,  quand  les  oxydes  de  cuivre  et  de  zinc,  précipités  par  la  potasse 
ou  l'ammoniaque,  sont  mis  en  contact  avec  le  sulfate  de  cuivre,  et,  d'après 
Kuhn,  lorsqu'on  abandonne  au  contact  de  l'air  de  la  dissolution  de  sul- 
fate de  cuivre  dans  l'ammoniaque 

"  Enfin  la  formation  d'un  sulfate  basique  de  cuivre  a  encore  été  signalée 
par  M.  Demarçay  dans  une  étnde  approfondie  qu'il  a  faite  de  l'action  des 
carbonates  de  chaux,  de  baryte  et  de  magnésie  sur  les  sels  métalliques,  au 
point  de  vue  exclusif  de  l'analyse  chimique. 

»  Lorsqu'on  traite  à  chaud  les  sels  de  protoxyde  de  feretdemanganésepar 
la  craie,  il  ne  se  dégage  pas  d'acide  carbonique,  parce  qu'il  se  forme  d'abord 
des  carbonates  de  fer  ou  de  manganèse  ;  mais  cet  acide  est  déplacé  au  fur  et  à 
mesure  que  l'oxygène  de  l'air  fait  passer  les  protoxydes  de  ces  sels  à  l'état 


(  973  ) 
de  peroxydes.  C'est  ainsi,  mais  seulement  ainsi,  que  se  confirme  l'opinion  de 
M.  Ebelmen  en  ce  qui  concerne  la  formation  du  peroxyde  de  fer  par  le  con- 
tact du  sulfate  de  fer  avec  la  craie  ;  or  il  est  utile  d'ajouter  que  les  réactions 
signaléesdans  mes  essais  peuvent  se  produire  lentement  à  froid  (i),  et  que  les 
chlorures  donnent  des  résultats  analogues  à  ceux  observés;  il  se  forme  dans 
ce  dernier  cas  des  oxychlorures  hydratés.  Les  taches  jaunes  ou  vertes  qui  se 
produisent  sur  nos  monuments  de  marbre  blanc,  partout  où  ces  m3rbres 
sont  en  contact  avec  du  fer  ou  du  bronze,  n'ont  pas  d'autre  origine. 

»  J'ajouterai,  au  point  de  vue  de  la  production  de  l'acide  carbonique 
étranger  à  la  combustion  du  carbone,  que  le  dégagement  de  cet  acide  n'a 
pas  lieu  seulement  par  le  contact  du  sulfate  de  sesquioxyde  de  fer  avec  la 
craie,  mais  aussi  par  son  contact  avec  le  carbonate  de  magnésie  ou  les  dolo- 
mies,  et  que  lorsque  l'oxydation  des  pyrites  a  lieu  en  présence  de  l'argile  et 
qu'il  s'est  formé  du  sulfate  d'alumine,  comme  cela  a  lieu  dans  nos  terres 
pyriteuses  du  département  de  l'Aisne,  ce  sulfate  agit  énergiquement  sur 
la  craie  des  terres  arables,  et  donne  du  plâtre  et  de  l'alumine  avec  dégage- 
ment d'acide  carbonique. 

»  Ainsi  je  justifie  doublement  l'efficacité  de  l'emploi  des  terres  pyriteuses 
dans  l'agriculture  par  la  production  d'acide  carbonique  dont  il  vient  d'être 
question  et  par  la  production  de  cet  acide  due  à  l'action  subséquente  du 
sesquioxyde  de  fer  sur  les  matières  organiques. 

Oxydation  des  métaux  par  les  oxydes. 

»  Jusqu'ici  je  n'ai  envisagé  l'action  des  oxydes  comme  agents  d'oxyda- 
tion qu'au  point  de  vue  de  la  combustion  des  principes  constitutifs  des 
matières  organiques.  Cette  action  peut  être  généralisée  davantage.  En  ce  qui 
concerne  l'oxyde  de  fer,  j'espère  mettre  en  évidence  qu'il  agit  directement 
ou  indirectement  comme  agent  d'oxydation  sur  les  métaux  à  la  surface  des- 
quels il  se  forme. 

»  On  peut  admettre  que  dès  qu'une  tache  de  rouille  s'est  produite  sur  le 
fer,  le  métal  est  successivement  rongé,  parce  que,  de  même  que  je  l'ai 
expliqué  pour  les  matières  organiques,  la  partie  du  fer  qui  est  immédiate- 
ment en  contact  s'oxyde  aux  dépens  de  l'oxygène  du  sesquioxyde  de  fer, 
lequel,  après  cette  réduction  partielle,  reprend  à  l'air  l'oxygène  qu'il  a 
perdu.  L'oxyde  de  fer  agit  donc  d'une  manière  continue  comme  moyen  de 
transport  de  l'oxygène  de  l'air  sur  le  métal. 

(l)  Des  ossements  et  des  coquilles  qui  ont  séjourné  longtemps  en  présence  d'une  dissolu- 
tion de  sulfate  de  cuivre  prennent  une  fort  belle  couleur  verte. 


(974) 

>i  On  connaît  l'empressement  que  l'on  met  généralement  à  recouvrir 
d'une  peinture  huileuse  ou  de  goudron  le  ter  et  la  fonte  qui  entrent  dans 
nos  constructions  et  qui  doivent  être  exposés  à  l'air.  Dans  ces  transforma- 
tions je  n'exclus  pas  l'influence  de  l'action  galvanique,  et  par  suite  la  dé- 
composition de  l'eau  ;  il  importe  d'ajouter  d'ailleurs  que  la  réaction  ne  peut 
avoir  lieu  qu'à  la  faveur  de  l'humidité  qui,  en  présence  du  sesquioxyde  de 
fer,  reste  constante,  car  lorsque  le  fer  a  décomposé  l'eau,  l'hydrogène  nais- 
sant est  réoxydé  et  converti  en  grande  partie  en  eau  par  le  contact  de  cet 
oxyde. 

»  C'est  par  cette  oxydation  lente  et  continue  du  fer  que  j'explique  la  pro- 
fonde altération  que  subissent  les  chaudières  à  vapeur  dans  la  partie  expo- 
sée à  l'air,  lorsque,  par  des  suintements  continus  à  travers  les  joints  des 
tôles  ou  par  les  robinets,  les  parois  sont  exposées  à  l'air  dans  un  état  d'hu- 
midité constante.  Cette  oxydation  des  surfaces  extérieures  se  manifeste  sur- 
tout lorsque  les  chaudières  sont  en  chômage,  et  l'on  peut  dire  avec  certitude 
qu'il  périt  autant  de  chaudières  par  la  rouille  que  par  l'action  du  feu  (i). 

»  Des  phénomènes  analogues  se  produisent  pour  le  cuivre,  et  ces  altéra- 
tions marchent  plus  rapidement  encore,  lorsqu'au  lieu  de  l'eau  seulement  et 
de  l'acide  carbonique  de  l'air,  il  intervient  quelque  matière  saline  ou  des 
acides  plus  énergiques,  comme  l'acide  acétique  qui,  dans  la  fabrication  du 
verdet,  intervient  essentiellement  comme  auxiliaire  dans  ce  transport  con- 
tinu de  l'oxygène  de  l'air  sur  le  métal.  L'opinion  de  l'oxydation  continue 
de  certains  métaux  par  les  oxydes  se  justifie  d'ailleurs  par  les  résultats  de 
l'analyse  des  couches  d'oxyde  qui  se  forment  à  la  surface  des  métaux. 
I.oi'sque  ces  couches  ont  acquis  quelque  épaisseur,  on  reconnaît  très-bien, 
de  même  que  par  l'analyse  des  battitures,  que  la  partie  qui  a  été  immédia- 
tement en  contact  avec  le  métal  est  dans  un  état  d'oxydation  moins  avancé 
que  les  parties  extérieures. 

fl  On  sait  d'ailleurs  que  du  perchlorure  de  cuivre  en  contact  avec  du 
cuivre  métallique  passe  à  l'état  de  protochlorure  ;  un  phénomène  ana- 
logue a  lieu  lorsque  le  fer  agit  sur  le  sesquichlorure  de  fer  sans  dégage- 
ment sensible  d'hydrogène;  de  même  du  fer  divisé,  en  contact  avec  du 
sesquioxyde  de  fer  hydraté  et  de  l'eau,  donne  de  l'oxyde  de  fer  magnétique. 
L'oxydation  du  fer  divisé  par  l'eau  seule  est  réalisée  dans  la  préparation  de 
l'éthiops  martial,  mais  cela  n'exclut  pas  l'intervention  des  oxydes,  ainsi 

(i)  Il  est  d'un  haut  intérêt  de  protéger  les  parois  des  chaudières  exposées  à  l'air  par  des 
enduits  imperméables  à  l'eau  et  résistant  à  la  chaleur.  Les  silicates  solubles  associés  au  sulfate 
artificiel  de  baryte  pourront  sans  doute  être,  dans  cette  circonstance,  d'un  grand  secours. 


(  975) 
que  je  l'ai  indiqué  en  maintenant  en  contact  avec  le  fer  l'eau  nécessaire  k 
la  réaction. 

Considérations  géologiques. 

»  Je  pense  que  l'oxyde  de  fer  et  l'oxyde  de  cuivre  interviennent  dans  la 
rapide  oxydation  des  sulfures  naturels  comme  dans  l'oxydation  des  métaux, 
sans  cependant  qu'il  soit  nécessaire  d'admettre  que  ces  sulfures  ne  puissent 
pas  passer  directement  à  l'état  de  sulfates  par  le  seul  contact  de  l'air;  n'est-ce 
pas  dans  la  rapide  oxydation  des  pyrites,  lorsqu'à  leur  surface  il  s'est  dé- 
veloppé une  couche  de  peroxyde  de  fer,  qu'il  faut  chercher  l'explication  de 
ces  épigénies  si  curieuses  des  sulfures  de  fer  en  oxyde  de  fer  hydraté  qui 
conserve  tantôt  la  forme  cubique  de  la  pyrite  jaune  ou  celle  du  prisme 
rhomboïdal  ou  même  de  cristaux  crêtes  appartenant  au  fer  sulfuré  blanc. 

»  Voici  les  faits  qui  m'ont  conduit  à  ces  considérations  géologiques, 
c'est  encore  dans  le  port  de  Dunkerque  que  j'ai  fait  mes  premières  obser- 
vations à  cet  égard. 

»  Il  y  a  quelques  années,  des  pêcheurs  avaient  retiré  de  la  rade  de  ce 
port  un  affût  de  canon  qui,  par  sa  forme  et  l'état  d'altération  où  il  se 
trouvait,  devait  faire  admettre  un  séjour  de  plus  d'un  siècle  dans  l'eau.  Le 
bois,  détruit  en  partie,  était  profondément  altéré  et  perforé.  Ce  qui^,  dans 
cette  pièce,  a  frappé  mon  attention,  c'est  que  les  armures  de  fer  avaient 
presque  entièrement  disparu,  et  que  le  bois  dans  lequel  elles  avaient  été 
fixées  se  trouvait  en  grande  partie  remplacé  par  du  sesquioxyde  de  fer  hy- 
draté occupant  lin  espace  beaucoup  plus  considérable  que  l'espace  occupé 
primitivement  par  le  fer. 

»  Dans  ces  masses  ferrugineuses,  partout  où  le  carbone  du  bois  avait 
disparu,  l'oxyde  de  fer  avait  pris  la  structure  fibreuse  du  bois;  en  deux 
mots,  c'était  du  bois  pétrifié  et  transformé  en  limonite.  Depuis  ces  premiè- 
res observations,  j'ai  reconnu  que  le  contact  de  l'oxyde  de  fer  opérait  dans 
la  nature  des  épigénies  analogues.  Ainsi,  dans  un  voyage  récent  dans  les 
Landes,  o"ù  j'ai  eu  occasion  de  rencontrer  M.  Jacquot,  ingénieur  en  chef  des 
raines,  ce  géologue  distingué  m'a  fait  voir  des  glands  et  autres  fruits  trans- 
formés en  limonite  par  leur  séjour  prolongé  dans  des  sables  ferrugineux. 
C'est  là  une  éclatante  démonstration  de  la  théorie  que  je  cherche  à  faire 
prévaloir. 

«  J'ajouterai  que  celte  opinion  est  entièrement  conforme  à  celle  expri- 
mée par  M.  Marchand,  pharmacien  à  Fécamp,  dans  un  travail  très-complet 
sur  les  eaux  potables. 


(  976  ) 

y>  Quant  à  l'agent  qui  sert  de  moyen  de  transport  du  fer,  il  me  paraît  être 
de  nature  diverse  :  l'acide  carbonique  qui  résulte  de  la  combustion  du  car- 
bone qui  disparaît  dans  ces  transformations,  joue  sans  doute  un  grand  rôle, 
mais  son  action  n'exclut  pas  celle  d'acides  organiques,  celle  de  l'acide  cré- 
nique,  par  exemple;  mais  à  cet  égard  partageant  l'opinion  de  M.  Hervé 
Mangon,  je  pense,  avec  ce  savant  ingénieur,  que  rien  de  bien  précis  n'est 
encore  acquis  à  la  science  relativement  au  véritable  dissolvant  du  fer  dans 
ces  circonstances. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  l'eau  seule  et  l'acide  carbonique  de  l'air  interviennent 
dans  l'oxydation  du  fer  par  la  rouille,  à  moins  qu'on  ne  veuille  attribuer  un 
certain  rôle  à  l'ammoniaque  qui  peut  se  former. 

»  Les  matières  salines  de  l'eau  de  mer  facilitent  les  réactions,  car  il  est  à 
remarquer  que  les  chevilles  de  fer  altèrent  plus  promptement  le  bois  de  nos 
navires  que  les  boulons  qui  fixent  les  coussinets  en  fonte  n'altèrent  le  bois 
de  nos  traverses  de  chemins  de  fer. 

))  Cequi  existe  pour  lefer  seul  me  paraît  exister  pour  les  sulfures.  Je  n'en 
veux  d'autre  preuve  que  l'intervention  du  sel  ammoniac  dans  la  consolida- 
tion du  mastic  de  fer,  consolidation  qui  repose  sur  la  formation  d'un  sulfure 
qui  se  trouve  remplacé  par  un  oxyde  sur  tous  les  points  où  l'air  a  accès,  le 
sulfure  n'intervenantque  temporairement;  en  effet,  dansl'examen  chimique 
que  j'ai  fait  de  mastics  de  fer  très-anciens,  je  n'ai  plus  trouvé  que  très-peu 
de  soufre  ou  d'acide  su Ifurique  dans  les  parties  exposées  à  l'air,  tandis  que 
dans  les  parties  protégées  le  sidfure  était  persistant.  Il  en  est  de  même  des 
scellements  de  pierres  faits  avec  des  crampons  de  fer  et  du  soufre.  Si  les 
pierres  sont  poreuses,  les  portions  rapproc:hées  de  la  surface  se  gonflent  et 
rendent  ainsi  tout  écoulement  de  liquide  impossible;  peu  à  peu  le  soufre  s\ 
trouve  remplacé  par  des  oxydes  hydratés  qui,  en  occupant  un  volume  plus 
considérable  que  le  fer  et  le  soufre,  font  souvent  éclater  la  pierre. 

Considérations  industriel/es. 

»  Dans  le  cours  de  ce  travail,  indépendamment  des  observations  résul- 
tant de  la  prompte  altération  du  bois  par  le  contact  du  fer,  des  applications 
de  certains  oxydes  métalliques  et  de  certains  sulfates  à  la  fertilisation  des 
terres  par  suite  de  la  production  de  l'acide  carbonique,  il  est  quelques  autres 
faits  sur  lesquels  je  crois,  en  terminant,  devoir  appeler  l'attention  des  in- 
dustriels. 

»  En  traitant  de  l'action  du  sulfate  de  cuivre  sur  la  craie  et  le  carbonate 


(  977  ) 
de  magnésie,  j'ai  signalé  la  production  d'une  belle  couleur  verte  qui,  je 
pense,  trouvera  un  utile  emploi  dans  la  peinture  etdans  la  fabrication  de  pa- 
piers de  tenture.  Lorsque  la  préparation  de  cette  couleur  pourra  avoir  lieu  au 
moyen  de  sulfate  de  cuivre  et  du  carbonate  de  magnésie  natif  ou  des  dolomies 
assez  friables  ou  assez  divisés  pour  agir  sur  ce  sulfate,  elle  sera  des  plus  éco- 
nomiques, car  elle  donnera  lieu  tout  à  la  fois  à  une  production  de  sulfate 
de  magnésie  et  à  un  dégagement  abondant  d'acide  carbonique  qui  est 
utilisable  dans  la  fabrication  des  eaux  gazeuzes  et  des  bicarbonates  alcalins; 
on  arrivera  ainsi  à  utiliser  tous  les  principes  constituants  des  corps  mis 
en  présence. 

»  La  couleur  verte  obtenue,  quoique  moins  foncée  et  plus  terne  que  le 
vert  de  Schweinfurt,  a  le  mérite  d'une  plus  grande  stabilité;  elle  acquiert  plus 
d'éclat  vue  à  la  lumière  artificielle  et  surtout  ne  présente  pas,  comme  les 
préparations  arsenicales,  les  graves  inconvénients  qui  souvent  ont  fait  agiter, 
dans  les  conseils  de  salubrité,  l'opportunité  d'interdire  l'emploi  de  ces 
préparations  dans  la  peinture. 

»  J'ajouterai  que  si  l'on  n'a  pour  but  que  de  produire  de  l'acide  carbo- 
nique et  du  sulfate  de  magnésie,  on  peut  remplacer  le  sulfate  de  cuivre 
par  le  sulfate  d'alumine,  les  magmas  d'alun,  par  exemple,  dont  chaque 
équivalent  d'acide  sulfurique  donnera  un  équivalent  d'acide  carbonique 
et  un  équivalent  de  sulfate  de  magnésie  (i"). 

»  Enfin,  au  point  de  vue  artistique,  il  n'est  pas  inutile  de  constater  que  par 
des  imbibitions  à  froid  des  pierres  calcaires  poreuses  avec  des  dissolutions 
de  sulfate  d'alumine,  ces  pierres  se  pénètrent  à  une  certaine  profondeur 
d'alumine  et  de  sulfate  de  chaux,  ce  qui  en  augmente  la  densité  et  la  dureté. 
Si  après  ce  traitement  on  a  recours  à  la  silicatisation,  le  durcissement  et 
l'imperméabilité  de  la  pierre  deviennent  des  plus  considérables,  sans  grande 
dépense  en  silicate  et  sans  qu'il  se  forme  aucun  sel  déliquescent  susceptible 
d'entretenir  l'humidité  dans  les  constructions  silicatisées.  » 


(i)  Si  l'on  se  place  au  point  de  vue  unique  de  la  production  d'une  couleur  verte,  on  pourra 
faire  réagir  à  chaud  2  équivalents  de  chaux  sur  une  dissolution  de  3  équivalents  de  chlo- 
rure de  cuivre,  ce  dernier  devant  rester  en  excès.  On  utilisera  le  chlorure  de  calcium  pro- 
duit par  cette  réaction  à  la  transformation  du  sulfate  de  cuivre  en  chlorure  de  cuivre. 


C.  R.,  i85p,  2'ne  Semestre.  (T.  XLIX,  N»  2i$.)  137 


(  97^^  ) 

CHIRURGIE.  ~  Noie  sur  les  résections  sous-périostérs  ;  par  M.  C.  Sédillot. 

a  Les  belles  expériences  de  l'illustre  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie 
ont  ouvert  à  la  chirurgie  des  voies  nouvelles,  et  de  nombreux  exemples 
d'évidement  avec  régénération  osseuse  ont  démontré  les  avantages  de  cette 
méthode  opératoire.  La  même  certitude  n'existe  pas  au  sujet  de  la  repro- 
duction des  os  complètement  réséqués  sur  l'homme  dans  une  portion  de 
leur  longueur,  avec  conservation  du  périoste.  Beaucoup  d'observations  de 
ce  genre  ont  été  publiées,  mais  elles  ne  sont  en  général  ni  authentiques  ni 
probantes,  et  l'art  en  attend  et  en  réclame  de  nouvelles  pour  être  fixé  sur  la 
valeur  des  résections  sous-périostées. 

»  J'ai  fait,  comme  tous  les  chirurgiens,  une  foule  d'amputations  avec 
conservation  d'une  sorte  de  fourreau  périostique  destiné  à  envelopper 
l'extrémité  osseuse,  et  jamais  je  n'ai  vu  aucun  travail  de  reproduction  s'ac- 
complir dans  cette  véritable  gaine  périostée.  Les  opérations  d'évidement 
que  j'ai  pratiquées  laissaient  deux  lambeaux  périostiques  libres  et  intacts 
sur  les  bords  de  la  plaie.  Jamais  ces  lambeaux  n'ont  pris  part  à  la  régé- 
nération osseuse. 

»•  Les  ouvriers  atteints  de  nécrose  des  maxillaires  supérieurs  par  l'action 
des  vapeurs  pliosphorées  ont  été  soumis  à  des  ablations  très-étendues,  et 
quelquefois  complètes,  des  os  convertis  en  séquestres;  mais  la  régénération 
d'un  nouvel  os  n'avait  pas  lieu. 

»  Ces  quelques  observations  cliniques  semblent  démontrer  la  grande 
difficulté  des  régénérations  osseuses  sous-périostées  chez  l'homme.  J'espère 
toujours  que  les  belles  expériences  de  M.  Flourens  sur  les  animaux  contri- 
bueront, comme  on  en  a  déjà  la  preuve,  à  l'avancement  de  la  chirurgie  ; 
mais  il  ne  faudrait  pas  compromettre  le  progrès  par  des  faits  de  valeur  dou- 
teuse, et  plus  on  sera  rigoureux  sur  la  valeur  et  l'importance  des  témoi- 
gnages, plus  on  favorisera  et  assurera  les  utiles  applications  des  découvertes 
physiologiques. 

»  A  la  suite  de  ces  remarques,  l'Académie  me  permettra,  je  l'espère,  de 
lui  présenter  quelques  réflexions  sur  une  communication  qui  lui  a  été  faite 
récemment,  une  observation  de  résection  sous-périostée du  coude,  suivie  de 
régénération  osseuse,  observation  qui,  suivant  l'auteur,  «  réfute  d'elle-même 
»  les  diverses  objections  qu'on  a  pu,  tout  récemment  encore,  adresser  a  ce 
M   mode  de  résection  et  en  particulier  celle  qui  se  fondait  sur  le  danger 


(  979  ) 
B  d'appliquer  à  l'homme  malade  les  données  obtenues  sur  les  animaux 
»   sains.  » 

»  Personne,  que  nous  sachions,  n'a  jamais  repoussé  les  applications  à 
l'homme  malade  des  données  obtenues  sur  les  animaux  sains.  L'antiquité 
avait  déjà  compris  l'importance  de  cette  source  d'enseignements  et  à  aucune 
époque  on  n'en  a  tiré  autant  de  parti  que  de  nos  jours.  Quant  à  l'obser- 
vation de  résection,  nous  la  croyons  peu  probante.  D'après  les  chiffres  indi- 
qués, l'humérus  aurait  perdu  8  à  9  centimètres  de  longueur  et  le  cubitus 
et  le  radius  de  3  à  4  centimètres.  Pourquoi  n'avoir  pas  remplacé  ces 
mesures  approximatives,  et  dès  lors  fort  contestables,  par  des  chiffres 
exacts?  Pourquoi  n'être  entré  dans  aucun  détail  sur  celte  particularité  peu 
commune  d'une  résection  faite  à  des  hauteurs  si  différentes  sur  le  cubitus 
et  le  radius.  On  pratique  ordinairement  la  résection  radio-cubitale  sur  un 
même  plan,  pour  régulariser  les  rapports  de  la  nouvelle  articulation,  et 
dans  un  cas  où  l'humérus  était  si  gravement  atteint  (8  à  9  centimètres)  et 
le  radius  également  carié  fort  loin  (3  à  4  centimètres),  on  comprend  mal 
comment  le  cubitus  avait  échappé  aussi  exceptionnellement  aux  progrès  de 
l'affection,  qu'à  peine  la  totahté  de  l'olécrâne  avait  dû  être  enlevée. 

a  Ces  obscurités  sont  regrettables  sans  doute,  mais  on  s'étonne  davan- 
tage d'entendre  avancer  que  le  raccourcissement  du  membre  devait  être 
égal  à  la  somme  des  longueurs  osseuses  réséquées  aux  bras  et  à  l'avant-bras. 
Comme  l'humérus  et  le  cubitus  sont  superposés  dans  une  étendue  de  3  cen- 
timètres, on  peut  enlever  3  centimètres  du  cubitus  sans  diminuer  de  i  mil- 
limètre la  longueur  totale  du  membre,  puisqu'après  la  résection  les  extrémités 
osseuses  sont  placées  bout  à  bout  et  restent  quelquefois  même  assez  éloi- 
gnées l'une  de  l'autre.  C'est  donc  une  erreur  que  de  supposer  le  raccour- 
cissement définitif  égal  aux  portions  de  l'humérus  et  du  cubitus  enlevées, 
et  l'excès  de  longueur  de  2  centimètres  qui  est  signalé,  s'explique  très-bien 
par  l'existence  d'un  tissu  fibreux  interposé,  la  présence  de  quelques  stalac- 
tites osseuses  et  les  difticultés  de  mesurer  avec  une  grande  précision  un 
membre  soumis  depuis  quelques  mois  seulement  à  une  résection  du 
coude. 

»  Nous  désirons  vivement,  comme  tous  les  chirurgiens,  voir  confirmer  les 
avantages  des  résections  sous-périostées  ;  mais,  avant  de  les  admettre,  nous 
en  demandons  la  démonstration  clinique,  au  nom  des  légitimes  exigences  de 
l'art.  Il  ne  s'agit  pas  de  savoir  si  le  périoste  produit  du  tissu  osseux  :  le  fatt 
est  incontestable  et  a  pris  rang  depuis  longtemps  dans  la  science.  La  ques- 
tion est  celle  de  la  régénération  des  os  comme  forme  et  comme  fonctions  à 

127.. 


(  98o  ) 
la  suite  des  résections  sous-périostées  ;  le  professeur  Heine  de  Wurzbourg 
l'avait  posée  en  i836,  et  avait  inventé  des  instruments  et  un  mode  opéra- 
toire spéciaux  pour  obtenir  sur  l'homme  les  résultats  si  remarquables  dont 
il  avait  été  témoin  sur  les  animaux  [voir  notre  communication  du  i"  mars 
i858,  à  l'Académie).  Depuis  ce  temps  néanmoins,  et,  nous  le  répétons, 
malgré  la  haute  impulsion  donnée  à  ces  recherches  par  M.  Flourens,  aucun 
fait  certain  de  régénération  osseuse  complète  sous-périostée  n'a  été  produit, 
sans  en  excepter  l'observation  nouvelle,  et  la  chirurgie  invoque  encore  à  ce 
sujet  de  nouvelles  preuves.  » 

Sfote  relative  à  une  communication  de  M.  Faje^  par^.  deTessan. 

«  Dans  la  dernière  séance  de  l'Académie  notre  savant  confrère  M.  Paye 
a  formulé,  comme  conséquence  de  ses  calculs,  les  deux  conclusions  sui- 
vantes : 

»  Si  les  expériences  de  M.  Fizeau  possèdent  réellement  l'exactitude 
qu'elles  paraissent  avoir,  le  mouvement  propre  que  les  astronomes  attribuent 
au  système  solaire  vers  la  constellation  d'Hercule  n'existe  pas. 

»  Si  au  contraire  les  déterminations  astronomiques  de  ce  mouvement 
sont  fondées,  il  faut  admettre  que  les  expériences  du  savant  physicien  sont 
affectées  d'une  erreur  systématique,  ou  que  sa  théorie  présente  quelque 
lacune  importante. 

»  Ces  conclusions  seraient  graves  si  elles  ne  reposaient  elles-mêmes  sur 
une  erreur  évidente  qu'il  suffira  d'énoncer  pour  qu'on  la  saisisse.  C'est  que 
M.  Faye  ne  tient  aucun  compte  dans  sa  formule  de  la  vitesse  de  translation 
dans  l'espace  du  soleil,  c'est-à-dire  de  la  source  même  qui  fournit  la  lumière 
expérimentée. 

»  En  tenant  compte,  comme  on  doit  évidemment  le  faire,  de  cette  vitesse 
égale  à  celle  de  la  terre  et  dirigée  dans  le  même  sens  (vers  la  constellation 
d'Hercule)  il  s'introduit  dans  la  formule  de  M.  Faye  un  troisième  terme  qui 
détruit  complètement  le  second  et  réduit  la  formule  à  son  premier  terme. 
Cette  réduction  était  d'ailleurs  évidente  à  priori;  car  la  belle  expérience  de 
M.  Fizeau  ne  peut  faire  connaître  que  la  vitesse  relative  (dans  la  direction 
de  l'ouest  à  l'est)  de  la  source  qui  fournit  la  lumière  expérimentée  et  du 
corps  qui  la  reçoit;  et  cela  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  théorie  de  la  lumière 
que  l'on  adopte. 

»  La  formule  de  M.  Faye  devant  être  réduite  à  son  premier  terme,  et  ce 


terme,  d'après  notre  savant  confrère  lui-même,  représentant  si  bien  les 
observations  de  M.  Fizeau,  l'exactitude  expérimentale  et  théorique  de  ce 
savant  physicien  se  trouve  complètement  confirmée,  bien  loin  d'être 
infirmée.    » 

M.  Denis,  de  Commercy,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspon- 
dant de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  adresse  ses  remercîments  à 
l'Académie. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

l'HYSIOLOGlE.  —  De  la  glfcocjénie  animale  dans  ses  rapports  avec  la  production 
et  la  destruction  de  la  graisse;  par  M.  G.  Colin. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Cl.  Bernard,  Fremy.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  donne,  dans  un  résumé  que  le  défaut 
d'espace  ne  nous  permet  pas  de  reproduire  en  entier,  les  conséquences  qui 
dérivent  de  ses  recherches  relativement:  \°  au  chyle,  2"  à  la  lymphe,  3"  au 
sang,  4°  au  faie.  Celles  qui  ont  rapport  à  ce  dernier  organe  sont  exposées  par 
lui  dans  les  propositions  suivantes  : 

«  Le  sucre  du  foie  dérive  manifestement,  au  moins  en  partie,  des  aliments 
sucrés  ou  féculents  comme  le  sont  ceux  des  espèces  herbivores  ou  à  régime 
mixte.  Alors  il  est  amené  à  cet  organe  par  la  veine  porte  et  par  l'artère  hé- 
patique. - 

»  Il  paraît  être  aussi  un  produit  de  la  transformation  des  matières 
grasses,  qui  s'accumulent  dans  les  cellules  hépatiques  et  dans  les  espaces 
intra-cellulaires. 

«  Ce  sucre  se  montre  en  proportion  beaucoup  plus  considérable  chez  les 
animaux  qui  ont  de  la  graisse  que  chez  ceux  qui  sont  à  peu  près  dépourvus 
de  cette  substance.  Néanmoins,  au  delà  d'une  certaine  limite  sa  quantité 
n'augmente  plus  ;  elle  baisse  même  très-notablement  dans  les  foies  qui  ont 
subi  la  dégénérescence  graisseuse. 

»  Chez  les  animaux  qui  n'ont  plus  de  tissu  adipeux  à  résorber,  le  sucre 
diminue  dès  les  premiers  moments  de  l'abstinence  et  disparaît  très-vite. 

»  Au  contraire  chez  les  animaux  gras  il  se  renouvelle  et  se  maintient  à 
un  chiffre  élevé,  quoique  la  privation  d'aliments  soit  de  longue  durée  et 
tant  que  la  température  du  corps  demeure  à  peu  près  au  degré  normal.  » 


(  980 

ANTHROPOLOGIE.  —  Note  sur  la  formation  du  type  et  ses  caractères   dans  les 
variétés  dégénérées  ;  par  M.  Mokei.. 

(Concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  1860.) 

«  Il  résulte  des  considérations  émises  dans  cette  Note  et  de  l'étude  des^ 
variétés  dont  j'ai  donné  les  types  (  1)  : 

))  1°.  Le  type  est  la  manifestation  extérieure  des  caractères  auxquels  on 
peut  reconnaître  que  les  individus  appartiennent  à  telle  ou  telle  variété  dé- 
générée. 

»  3".  Il  importe  de  chercher  ces  caractères  dans  Iroi»  ordres  de  dévia- 
tions maladives  :  les  déviations  de  l'ordre  physique,  celles  de  l'ordre  intel- 
lectuel et  celles  de  l'ordre  moral. 

»  3°.  Les  individus  qui  appartiennent  à  telle  ou  telle  variété  se  ressem- 
blent tous  par  les  caractères  qui  tiennent  à  ces  trois  ordres  de  faits. 

»  4"-  Un  des  caractères  les  plus  saillants  et  à  l'aide  duquel  M.  le  profes- 
seur Flourens  a  trouvé  le  caractère  du  genre,  est  celui  de  \2l  fécondité  bornée. 
Rien  de  plus  frappant  que  les  anomalies  de  la  fécondité  dans  les  variétés 
dégénérées.  Les  unes  sont  capables  d'être  fécondées,  les  autres  ont  une  fécon- 
dité bornée.  Il  en  est  de  complètement  stériles. 

.  »   5".  C'est  dans  la  nature  de  la  cause  qu'il  faut  chercher  les  dissem- 
blances du  type  entre  les  individus  de  telle  ou  telle  variété. 

»  Dans  certains  cas  le  type  ne  se  constitue  que  progressivement  à  la 
deuxième  ou  troisième  génération,  lorsque  rien  n'a  été  tenté  pour  remonter 
le  cours  ascendant  des  phénomènes  régénérateurs.  Il  arrive  de  là  que  les  in- 
dividus issus  d'une  mémo  cause  dégénératrice  commencent  par  offrir  entre 
eux  les  dissemblances  les  plus  frappantes.  Leurs  descendants  seuls  sont 
typiques  et  se  ressemblent  entre  eux. 

»  6".  Lorsque  la  cause  est  intense,  ainsi  que  cela  se  voit  dans  la  produc- 
tion du  crétinisme,  et  dans  les  cas  d'intoxication  alcoolique  des  parents,  le 
type  peut  être  créé  iSe  toutes  pièces  déjà  dans  la  première  génération. 

»  A  plus  forte  raison  ce  phénomène  de  transmission  typique  identique 
est-il  évident  lorsque  le  type  préexiste  chez  les  parents  et  que  ceux-ci  ne 
sont  pas  stériles.  Cela  se  voit  pour  les  scrofuleux^  les  phthisiques  et  autres 
variétés  maladives. 


(i)  Ces  types  sont  figurés  dans  des  dessins  d'après  nature  qui  font  partie  de  l'envoi  de 
M.  Morel. 


(  983  ) 
»  Je  viens  de  parcourir,  dans  l'intérêt  de  ces  études  spéciales,  la  Savoie 
•et  le  midi  de  la  France.  J'ai  pu  me  convaincre  que  la  similitude  des  causes 
produit  en  tous  lieux  la  similitude  des  types.  Seulement  il  est  tel  pays  où 
une  cause  étant  spéciale  au  sol,  aux  habitudes,  à  l'hygiène  des  populations, 
produit  telle  variété  qui  ne  se  retrouve  pas  ailleurs.  Le  midi  de  la  France 
est  préservé  de  l'alcoolisme  et  je  n'y  ai  pas  retrouvé  les  variétés  que  j'ai 
ignalées  dans  la  Meurthe  et  dans  la  Seine-inférieure.  D'un  autre  côté,  c'est 
dans  les  lois  de  la  fécondité  continue  qu'il  faut  chercher  les  causes  de  la 
propagation  plus  grande  des  variétés  dégénérées  dans  tel  milieu  plutôt  que 
dans  tel  autre,  ainsi  que  les  caractères  du  type  qui  leur  appartient.   » 

L'auteur  adresse  en  même  temps  que  ce  manuscrit  un  ouvrage  imprimé, 
son  Traité  des  maladies  mentales,  et  y  joint  une  indication  de  ce  qu'il  considère 
comme  neuf  dans  son  travail. 

M.  Robin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  Causes  de  la  fusion:  lois  qui  la  régissent. 

«  D'après  mes  recherches,  dit  l'auteur,  deux  règles  fort  simples  régissent 
la  fusibilité  dans  les  différentes  classes  de  composés  minéraux  :  l'une  con- 
cerne les  combinaisons  peu  intimes,  l'autre  est  relative  aux  combinaisons 
très-intimes.  Toutes  deux,  aidées  du  rapport  que  j'avais  signalé  dans  ma 
«  Philosophie  chimique  »  publiée  en  1842,  entre  la  fusibilité  et  le  poids  spé- 
cifique, permettent  de  prévoir  en  général  la  fusibilité  comparée  des  com- 
posés de  chaque  classe.    » 

Ce  Mémoire,  qui  est  très-étendu,  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission 
composée  de  MM.  Pelouze,  Pouillet,  Regnault. 

M.  HussoN  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  «  Lois  principales  du  mouve- 
ment de  la  population  dans  la  ville  et  dans  l'arrondissement  de  Toul  »,  et 
demande  que  ce  travail,  auquel  il  s'était  préparé  par  des  recherches  anté- 
rieures pour  la  plupart  publiées  et  dont  il  a  depuis  longtemps  commencé  à 
réunir  les  éléments,  soit  compris  dans  le  nombre  des  pièces  adressées  au 
prochain  concours  pour  le  prix  de  Statistique. 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 

M.  Bizio  adresse  de  Venise  une  IVote  ayant  pour  objet  de  constater,  au 
moyen  d'ouvrages  dont'  la  publication,  pour  quelques-uns,  remonte  à  dix- 


(984) 
huit  ans,  et  dont  il  a  successivement  fait  hommage  à  l'Académie,  qu'il  était 
arrivé  relativement  à  la  corrélation  entre  le  poids  des  équivalents  des  corps 
et  leurs  propriétés  physiques  et  chimiques  à  des  résultats  qui  bien  longtemps 
après  ont  été  présentés  comme  nouveaux. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Dumas,  Pelouze, 

Regnault.) 

M.  Natanson  adresse  de  Varsovie  une  réclamation  de  priorité  à  l'égard  de 
M.  Hofmann  pour  la  découverte  de  la  base  nommée  acélénamine  ;  il  rap- 
pelle à  cette  occasion  un  travail  qu'il  afait  paraître  au  mois  d'octobre  i85/i, 
une  Note  concernant  l'action  de  l'ammoniaque  sur  la  liqueur  des  Hollan- 
dais. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Balard.) 

M.  BoBŒUF  soumet  au  jugement  de  l'Académie  im  Mémoire  sur  l'acide 
phénique  et  les  huiles  saponifiables  obtenues  de  la  houille,  des  schistes,  etc., 
leurs  dérivés  par  substitution  et  leurs  applications  diverses,  notamment  les 
applications  à  l'embaumement  des  corps,  au  tannage  des  cuirs  et  à  la  dés- 
infection permanente  de  l'engrais  provenant  des  fosses  d'aisances. 

(Réservé  pour  la  future  Commission  du  prix  dit  des  Arts  insalubres.) 

M.  Mathiev  adresse  la  description  d'un  mécanisme  qu'il  a  imaginé  pour 
imprimer  à  un  avant-bras  artificiel  les  mouvements  nécessaires.  Le  succès 
qu'il  a  obtenu  dans  le  cas  de  M.  Roger,  du  théâtre  de  l'Opéra,  a  pu  être  ap- 
précié tout  récemment  par  une  multitude  de  spectateurs,  et  est  attesté  par 
une  Lettre  de  l'artiste  que  M.  Mathieu  ajoute  à  la  Note  dans  laquelle  il 
donne  la  description  de  l'appareil. 

M.  MoisoN  adresse  de  Saint-Coulomb,  près  Cancale  (lUe-et-Vilaine),  une 
Note  sur  un  nouveau  procédé  de  fumure  pour  les  sables  des  dunes.  L'au- 
teur a  constaté  par  des  essais  réitérés  que,  suivant  que  le, sable  est  plus  ou 
moins  gros,  le  fumier  doit  être  enfoui  plus  ou  moins  profondément.  Il 
indique  également  ce  qu'il  convient  de  faire  quand  on  substitue  au  fumier 
ordinaire  du  goémon  et  montre  que  ces  pratiques,  auxquelles  on  est  arrivé 
par  tâtonnement,  sont  d'ailleurs  très-rationnelles. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Boussingault.  ) 


(  985  ) 

M.  Ollive-Meinadier  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  inti- 
tulée :  «  Quelques  mots  sur  le  théorème  de  Fermât  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bertrand.  ) 

M.  Marc-d'Ëspine,  qui  avait  précédemment  adressé  au  concours  pour  les 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  son  «  Traité  analytique  et  critique  de 
statistique  mortuaire  comparée  »,  adresse  aujourd'hui,  pour  se  conformer, 
bien  qu'un  peu  tardivement,  à  une  des  conditions  imposées  aux  concurrents, 
une  indication  de  ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans  son  travail. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  un  opuscule  de  M.Za- 
liwski,  intitulé  :  «  La  gravitation  au  point  de  vue  de  l'électricité  »,  opuscule 
sur  lequel  l'auteur  désire  obtenir  un  jugement  de  l'Académie. 

On  fera  connaître  à  M.  le  Ministre  le  motif  qui  empêche  l'Académie  de  se 
rendre  au  désir  de  M  Zaliwski,  les  ouvrages  imprimés  ne  pouvant,  d'après 
une  décision  déjà  ancienne  et  constamment  respectée,  être  renvoyés  à 
l'examen  d'une  Commission. 

M.  LE  Ministre  de  l'Abricultcre,  db  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  une  carte  géologique  du  dépar- 
tement du  Loiret  par  M.  E.  Lejebure  de  Fourcj,  carte  en  quatre  feuilles  et 
accompagnée  d'un  Mémoire  descriptif. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  J.  Biidge, 
un  Mémoire  écrit  en  allemand  et  ayant  pour  titre  :  <•  Recherches  ana- 
tomiques  et  physiologiques  sur  les  fonctions  des  plexus  cœliaqueset  mésen- 
térique  ». 

Les  résultats  des  recherches  anatomiques,  qui  se  rapportent  à  des  Mam- 
mifères, des  Oiseaux  et  des  Batraciens,  sont  figurés  dans  plusieurs  planches 
exécutées  avec  beaucoup  de  soin.  Quant  aux  résultats  des  recherches  phy- 

C.  K.,  i&bg,  ï' Semestre.  [T.  XUX,Ji°2S.)  •  ^8 


(  986  )    • 

siologiques,  nous  nous  contenterons  de  mentionner  les  plus  saillants  qui 
peuvent  être  énoncés  de  la  manière  suivante  : 

«  Après  l'extirpation  des  ganglions  cœliaques  et  du  ganglion  mésenlé- 
rique,  les  matières  fécales  sont  molles  approchant  plus  ou  moins  de  l'état 
de  diarrhée. 

»  Ce  ramollissement  dépend  d'une  transsudation  des  vaisseaux  dans 
l'intestin. 

»  II  y  a  aussi  sécrétion  très-abondante  de  mucus  et  de  sang. 

»   Les  évacuations  ne  se  font  plus  qu'avec  douleur. 

»  Par  suite  de  l'extirpation  des  ganglions  de  l'abdomen,  le  mouvement 
péristaltique  du  gros  intestin  est  augmenté. 

»  L'irritation  de  ces  ganglions  détermine  une  forte  contraction  des  fibres 
musculaires  du  gros  intestin  ». 

M.  Encke,  un  des  Secrétaires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Berlin,  adresse 
le  prospectus  d'une  fondation  projetée  pour  honorer  la  mémoire  de 
Humboldt  d'une  manière  digne  de  lui,  c'est-à-dire  en  contribuant  dans 
l'avenir  aux  progrès  de  la  science  comme  il  y  a  contribué  dans  le  passé  pen- 
dant cette  longue  vie  si   noblement  employée. 

«  Ce  n'était  pas  seulement  par  ses  recherches,  par  ses  publications  que 
Alexandre  de  Humboldt  servait  la  science;  il  la  servait  encore,  et  d'une 
manière  non  moins  efficace,  par  l'appui  qu'il  prétait  aux  savants,  par  le  zèle 
ardent,  infatigable,  avec  lequel  il  secondait,  dans  tous  les  pays,  les  efforts 
scientifiques.  Il  n'est  personne  aujourd'hui  qui,  prenant  ^cette  part  de 
la  succession  d'Alexandre  de  Humboldt,  puisse  prêter  aux  progrès,  sous 
toutes  ses  formes,  l'appui  généreux  qu'il  lui  accordait;  et  cependant  il  est 
très  à  désirer  qu'on  puisse  étendre  au  delà  de  sa  vie  et  perpétuer  ce  noble 
côté  de  sa  grande  activité. 

»  Voilà  comment  est  né  le  projet  de  réaliser  sous  le  nom  de  fondation 
Humholdl  une  institution  ayant  pour  but  d'assurer  un  appui  efficace  à  tous 
les  talents  éprouvés,  partout  où  ils  pourront  se  trouver,  et  dans  toutes  les  direc- 
tions dans  lesquelles  cet  homme  illustre  déploya  son  activité,  spécialement 
dans  les  travaux,  les  recherches  scientifiques  et  les  lointains  voyages.  On  a 
proposé  de  confier  au  corps  scientifique  auquel  de  Humboldt  a  appartenu 
pendant  près  de  soixante  ans,  auquel  il  a  prêté  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie  un 


(  987  ) 

fidèleet  actif  concours,  qui,  quelques  semaines  encore  avant  sa  mort,  enten- 
dait dans  une  de  ses  séances  sa  vivifiante  parole,  à  l'Académie  de  Berlin  l'or- 
ganisation de  cette  fondation.  L'Académie  s'est  déclarée  prête  à  répondre 
à  l'appel  qui  lui  était  fait,  à  tracer  un  plan  et  des  statuts  de  la  fondation 
en  rapport  avec  le  capital  que  l'avenir  mettra  à  sa  disposition  •,  à  s'entendre 
avec  le  Comité  pour  une  constitution  définitive;  à  se  charger  du  soin  d'at- 
tribuer des  allocations  convenables  et  dignes  aux  hommes  de  talent  déjà 
éprouvés  ou  d'un  riche  avenir. 

»  C'est  dans  ce  sentiment,  dit  en  terminant  le  Comité,  que  nous  nous 
enhardissons  à  faire  appel    aux  capitaux   pour   la  fondation   Humboldt. 
«Nous  prions  qu'on  adresse   les  fonds  à  la  maison  de  banque  Mendelshon 
et  C'*de  Berlin.  Dans  six  mois  nous  ferons  un  premier  Bapport  public.  » 

A  ce  prospectus,  envoyé  en  double  rédaction,  l'une  en  allemand,  l'autre 
en  français,  est  jointe  une  circulaire  adressée  à  toutes  les  Sociétés  savantes 
et  réclamant  plus  particulièrement  leur  concours. 

M.  PioRRY  adresse  une  réclamation  de  priorité  pour  l'observation  des 
faits  qu'on  désigne  collectivement  sous  le  nom  à' hypnotisme. 

«  Dès  l'année  i8i6,  j'ai  établi,  dit-il,  dans  \e  Journal  de  là  Vienne,  que  \es. 
passes  dites  magnétiques  agissaient  alors  qu'elles  provoquaient  le  sommeil, 
en  modifiant  les  organes  de  la  vision  et  leurs  nerfs.  Vers  1828,  j'ai  pubhé  un 
Mémoire  sur  la  migraine  ophthalmiqiie,  dans  lequel  j'ai  fait  voir  que  la  lec- 
ture ou  l'action  de  fixer  les  corps  lumineux  pendant  la  digestion,  ou  lorsque 
la  faim  est  trop  prononcée,  déterminent  une  série  de  phénomènes  nerveux, 
tels  que  la  vue  d'un  demi-cercle  lumineux  et  coloré,  bleuâtre,  inégal,  va- 
cillant, s'élargissant  peu  à  peu  en  même  temps  qu'il  pâlit  durant  quelques 
minutes,  et  à  la  suite  de  l'apparition  duquel  ont  lieu  d'atroces  douleurs 
de  tête  et  d'insupportables  vomissements. 

»  De  1828  à  i833,  j'ai  fait  des  leçons  et  recueilli  des  observations  nom- 
breuses sur  ce  sujet.  Dès  lors  j'ai  proposé  une  théorie  rationnelle  soit  des 
phénomènes  précédents,  soit  des  accidents  symptomatiques  réunis  sous  les 
dénominations  d'épilepsie  et  d'hystérie.  En  i833,  dans  la  Clinique  médicale 
de  la  Pitié  (page  322),  j'ai  mentionné  l'histoire  d'une  jeune  fille  devenue 
épileptique  pour  avoir  fixé  le  soleil » 

Après  plusieurs  autres  citations  que  nous  ne  pouvons,  faute  d'espace, 
reproduire  en  entier,  M.  Piorry  continue  dans  les  termes  suivants  : 

128.. 


(  988) 
"  Il  résulte  manifestemeut  de  ces  dates  et  de  ces  travaux  : 
«  (".  Que  depuis  1828  j'ai  établi  Tinflueuce  de  la  visiou  ou  de  la  vue  des 
corps  très-lumineux,  sur  la  production  du  cercle  vibrant  observé  dans  la 
uiigraine  ophthalmiqtie;  sur  la  manifestation  de  Vépilepsie  et  même  de  la 
<  atalepsie.  (J'ai  même  établi  que  l'hystérie  prenait  le  caractère  épiieptique 
seulement  dans  les  cas  où  le  mal  parvenait  à  la  rétine.) 

»  a".  Que  j'ai  noté  dès  i833  que  les  phénomènes  dont  il  s'agit  étaient 
dus  à  une  vibration  spéciale  que  l'on  fait  parfois  cesser  en  agissant  sur  l'œil 
par  l'obscurité,  l'extrait  de  belladone,  ou  en  faisant  porter  des  lunettes.  Je 
provoque  à  volonté  sur  autrui  et  sur  moi-même  l'apparition  du  cercle 
lumineux  de  l'iris  en  regardant  fixement  les  objets  ou  par  la  lecture,  de  la. 
même  façon  que  l'on  produit  l'hypnotisme  en  faisant  attentivement  regarder 
un  corps  brillant. 

»  Je  terminerai  cette  Lettre  par  une  simple  remarque,  c'est  que  plusieurs 
épileptiques  observés  par  moi  ont  eu  de  nombreuses  attaques  après  l'appa- 
rition d'un  premier  accès  survenu  à  l'occasion  de  la  vue  d'une  lumière 
vive.  Il  pourrait  donc  ne  pas  être  sans  danger,  au  point  de  vue  de  la  repro- 
duction ultérieure  des  attaques,  de  provoquer  l'hypnotisme  chez  des  indivi- 
dus névropathiques.   » 

M.  Radiguel  envoie,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de 
MM.  Marcel  de  Serres,  une  deuxième  Note  «  sur  la  création  réitérée  de 
l'homme  et  des  autres  espèces  ».  Suivant  lui,  la  réalité  des  «  nombreuses 
créations  organiques  successivement  reproduites,  puis  détruites  chacune 
par  un  déluge,  peut  s'établir  par  des  observations  puisées  à  Irois  sources  : 
1°  la  nature  des  divers  terrains  diluviens  apportant  chacun  sa  forme  nou- 
velle qui  permet  d'en  faire  le  dénombrement  et  d'apprécier  la  puissance  de 
destruction  de  ces  cataclysmes  à  laquelle  aucun  être  vivant  ne  pouvait 
échapper;  2°  les  fossiles  organiques  qui,  en  montrant  que  les  mêmes  es- 
j)èces  ont  été  souvent  reproduites,  fait  voir  en  même  temps  qu'elles  ont  subi 
une  légère  modification  de  forme  à  chaque  création  nouvelle;  3°  enfin,  les 
objets  d'industrie  humaine,  silex  taillés,  poteries,  bois  et  métaux  travaillés, 
les  charbons  eux-mêmes  indiquant  que  les  diverses  races  humaines  qui  ont 
habité  le  bassin  du  Rhin  et  de  la  Seine  n'étaient  pas  également  avancées  dans 
la  voie  de  la  civilisation  quand  elles  ont  été  détruites.  » 


(  989  ) 

M.  Th.  Gosseun  envoie  d'Amiens  (Somme)  une  Noie  «  Sur  l'asphyxie 
par  l'acide  carbonique  et  sur  une  méthode  préservative  » . 

M.  Regnauh  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  'd'un  Rapport. 

La  Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  du  département  de 
la  Loire  prie  l'Acadénjie  de  vouloir  bien  faire  à  la  bibliothèque  de  cet  éta- 
blissement le  don  de  ses  Comptes  rendus  hebdomadaires. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  F.  Lannoy  envoie  d'Ixelles,  près  Bruxelles  (Belgique),  des  «  Tables 
des  racines  carrées  à  dix  décimales  »  et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
porter  un  jugement  sur  ce  travail.  Comme,  en  même  temps,  il  demande 
que  le  manuscrit  lui  soit  retourné  après  qu'on  l'aura  examiné,  on  lui  fera 
savoir  que  tout  travail  qui  a  été  l'objet  d'un  Rapport  doit  rester  dans  les  ar- 
chives de  l'Académie.  Quand  une  communication  n'a  pas  été  jugée  par  une 
Commission,  l'auteur  peut  toujours  la  reprendre  ou  la  faire  retirer  par  une 
personne  dûment  autorisée;  mais  l'Académie  ne  se  charge  pas  de  la  ren- 
voyer. 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  19  décembre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Sciences.  Discours  prononcés  aux 
funérailles  de  M.  Poinsot,  le  lundi  12  décembre  iSSg;  in-4"- 

Les  Aurores  boréales;  par  M.  Aug.  DE  LA  Rive.  Genève,  iSSg;  br.  in-S". 

Traité  des  maladies  mentales;  par  le  D''  B.-A.  MOREL.  Paris,  1860;  1  vol. 
in-8°. 


(  99°  ) 

Médecine  homœopalfiique  domestique;  par  le  D'  C.  Héring;  4*  édition  fran- 
çaise; traduite  sur  la  G*  édition  américaine,  récemment  publiée  par  l  auteur 
lui-même,  revue,  corrigée  et  augmentée  d'un  grand  nombre  d'additions  tirées  de 
la  XI*  édition  allemande,  et  précédée  d'indications  générales  d'hygiène  et  de 
prophylaxie  des  maladies  héréditaires;  par  le  D'  Léon  Marchant,  Paris,  1 860  ; 
1  vol.  in-ia. 

Esquisse  géologique  et  paléoritologique  des  couches  crétacées  du  Limbourg,  et 
plus  spécialement  de  la  craie  tuffeau,  avec  carte  géologique,  coupes,  plan  hori- 
zontal des  carrières  de  Saint-Pierre,  etc.;  par  Jonkr.-J.-T.  BiNKHORST  van  den 
BiNKHOUST.  1"  partie.  Maestricht,  iSSg;  in-S". 

Richesses  ornithotogiques  du  midi  de  la  France,  ou  Description  méthodique  de 
tous  les  Oiseaux  observés  en  Provence  et  dans  tous  les  déparlements  circonvoisins , 
par  MM.  J.-B.  Jaubert  et  Barthélemy-Lapommerate  ;  1"  et  2*  fascicules 
in-4°.  (Offert  au  nom  des  auteurs  par  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hiiaire.) 

De  la  santé  des  gens  de  lettres,  suivi  de  l'essai  des  maladies  des  gens  du  monde; 
par  TissOT.  Paris,  iSSg;  i  vol.  in- 12. 

Carte  géologique  du  département  du  Loiret;  par  M.  Eugène  DE  FOURCY. 
(Texte  explicatif.)  Paris,  iSSg;  in-8°. 

Esquisse  géologique  de  l'arrondissement  de  Toul,  suivi  d'un  aperçu  botanique 
des  environs  de  cette  ville;  par  HussON,  pharmacien.  Toul,  1848;  br.  in-S", 
accompagnée  d'un  supplément  et  d'annotations  et  corrections;  2  br.  in-8°. 

Médecine  populaire  sur  les  premiers  secours  à  donner  dans  les  empoisonne- 
ments et  les  asphyxies;  par  le  même;  br.  in-S". 

Mémoire  sur  les  couches  qui  joignent  l'arrondissement  de  Toul  au  département 
de  la  Meuse,  suivi  de  quelques  considérations  sur  l' état  actuel  de  la  vigne  (i853); 
par  le  même;  br.  in-8°. 

Les  grandes  usines  de  France;  par  M.  TuRGAN.  Les  Gobelins  (a*  partie, 
teinture);  2*  livraison  in-4°. 

Expériences  sur  le  mouvement  alternatif  de  rotation  communiqué  aux  pro- 
pulseurs marins  ;  par  DE  Laronce,  enseigne  de  vaisseau.  Propulseur-évolueur 
de  SUET,  second  maître  mécanicien  de  la  marine  impériale.  Brest,  1859; 
br.  in-S". 

Rapport  sur  les  travaux  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier  pendant 
l'année  scolaire  i858-i859;  par  M.  Paul  Gervais,  doyen  de  la  Faculté. 
Montpellier,  1839;  br.  in-8°. 

Annuaire  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
de  Toulouse  pour  l'année  académique  1859- 1860;  XF'  année;  in-Sa. 


(  99'  ) 

Registratore...  Enregistreur  météorologique  au  moyen  de  [électricité;  par 
don  Timothée  Bertelli,  barnabite.  Bologne,  1809;  br.  in-8°. 

Siii  globuli...  Nouvelles  observations  sur  les  globules  connus  en  physiologie 
sous  le  nom  de  decidui,  et  spécialement  sur  ceux  des  glandes  lymphatiques , 
par  le  professeur  A.  Tigri;  br.  in-8". 

Anatomische...  Recherches  anatomiques  et  physiologiques  sur  les  fonctions 
des  plexus  cœliaques  et  niésentérique;  par  Julius  BUDGE;  i'*  livraison  in-/}"  . 

Verhandlungen . . .  Mémoires  de  la  Société  de  Médecine  et  d'Histoire  naturelle 
de  Heidelberg;  I"  volume,  1857-1859;  n°  7,  in-8°. 


ERRyiT^. 

(Séance  du  28  novembre   iSSg.) 

Page  842,  ligne  i",  au  tieude  o,8fi.  et  0,^11,  lisez  o,^iiet  0,111. 

Page  843,  ligne  82,  au  lieu  de  à  la  quantité,  lisez  au  double  de  la  quantité. 

Page  843,  ligne  dernière,  au  lieu  de  a' ,  lisez  a!. 

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(Séance  du   la  décembre  1859.) 

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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DG  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  DÉCEMBRE  1859. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  SENARMONT. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  ASTRONOMIQUE.  —  Réponse  à  une  Note  de  M.  d»  Tessan  (séance 
du  19  décembre);  par  M..  Faye.  /  . 

«  Dans  la  dernière  séance,  à  laquelle  je  n'ai  pu  assister,  M.  de  Tessan  a 
déclaré  que  mon  examen  du  travail  récent  de  M.  Fizeau  reposait  sur  une 
erreur  évidente.  L'auteur  se  fonde  sur  ce  que  le  mouvement  de  translation 
du  système  solaire  étant  commun  à  la  terre  et  au  soleil,  il  doit  l'être  aussi 
aux  rayons  de  lumière  sur  lesquels  l'expérience  a  été  faite,  en  sorte  que 
l'expérience  de  M.  Fizeau  ne  peut  faire  connaître  que  la  vitesse  relative  de 
la  source  qui  fournit  la  lumière  expérimentée  et  du  corps  qui  la  reçoit,  et 
cela  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  théorie  de  la  lumière  que  l'on  adopte. 

»  Quoi  qu'en  dise  notre  savant  Correspondant,  cette  proposition  ne 
résulte  pas  indifféremment  de  toutes  les  théories  que  l'on  peut  admettre  sur 
la  lumière,  et  s'il  veut  se  donner  la  peine  de  parcourir  les  écrits  de  M.  Fi- 
zeau, il  verra  que  l'ordre  d'idées  où  l'auteur  s'est  placé,  conduit  à  des  con- 
clusions diamétralement  opposées.  Pour  discuter  ce  travail,  j'ai  dîi  me  pla- 
cer moi-même  à  ce  point  de  vue,  tandis  que  M.  de  Tessan,  pour  le  justifier, 

C.  R.,  1859,  2«  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  26.)  I  29 


(  994  ) 
commence  par  renverser  les  principes  qui  lui  servent  de  base.  Il  n'y  a  donc 
ici  d'autre  erreur,  ce  me  semble,  que  cette  étrange  confusion  d'idées  et  de 
théories. 

»  Avant  M.  de  Tessan,  mais  avec  un  tout  autre  sentiment  de  la  question 
en  litige,  un  savant  distingué  avait  avancé  l'opinion  que  les  expériences  de 
M.  Fizeau  ne  devaient  pas  manifester  un  mouvement  commun  à  toutes  les 
parties  du  système  solaire.  Si,  comme  le  dit  ce  savant,  il  faut  admettre  que 
l'éther  est  entraîné  par  le  système  planétaire  dans  son  mouvement  vers  la 
constellation  d'Hercule,  je  lui  laisserai  le  soin  de  concilier  cette  opinion 
avec  celle  que  M.  Fizeau  adopte  explicitement,  à  savoir  que  l'éther  dans 
lequel  nous  sommes  plongés  n'est  pas  animé  des  mêmes  mouvements  que 
notre  globe  (i). 

»  Il  convient  défaire  remarquer  à  l'Académie  que  je  ne  suis  responsable 
d'aucune  méprise.  J'ai  eu  soin,  en  effet,  d'insérer  dans  l'article  attaqué,  à 
la  page  871,  la  déclaration  suivante  : 

«  Je  ne  dois  pas  laisser  supposer  que  l'auteur  de  ces  expériences  ait  pu 
))  négliger  la  vitesse  de  translation  du  système  solaire.  La  vérification  de 
»  ce  phénomène  était  au  contraire  une  de  ses  préoccupations  principales, 
»  comme  le  savent  parfaitement  plusieurs  de  nos  confrères  qui  ont  connu 
»  les  projets  et  les  travaux  de  l'auteur.  S'il  a  omis  d'en  faire  mention  dans 
»  les  Comptes  rendus,  c'est  que  sou  appareil  n'avait  pas  encore  obtenu,  à 
»  son  avis,  la  perfection  nécessaire  pour  mettre  en  évidence  des  quantités 
»  de  cet  ordre,  dont  l'influence  est  d'ailleurs  à  peu  près  nulle  à  midi,  vers 
»  les  solstices.  Mais,  aux  solstices  mêmes,  cet  effet  se  manifeste  bientôt 
»  d'heure  en  heure,  par  suite  du  mouvement  diurne,  et  c'est  là  ce  qui  m'a 
'>  conduit  à  examiner,  comme  on  le  verra,  les  observations  de  4  heures  du 
»   soir.    » 

»  Cette  Note  répondait  évidemment  à  une  juste  réclamation  de  J'auteur; 
elle  eût  dû  prévenir  tout  malentendu.  Il  faut  croire  que  mes  savants  con- 
tradicteurs ne  l'ont  pas  remarquée,  et,  ce  qui  est  plus  singulier  encore,  ils 
auront  de  même  perdu  de  vue  que  les  principales  recherches  de  M,  Fizeau 
ont  eu  précisément  pour  but  fie  vérifier  l'opinion  de  Fresnel  sur  l'indépen- 
dance partielle  de  l'éther  par  rapport  aux  mouvements  des  corps  qui  s'y 
trouvent  plongés.    » 


(i)  Voir  le  Mémoire  de  M.  Fizeau  clans  les  annales  <Ik  Cliiinic  et  de  PhYsique,  i"   serif, 
t.  LVII,  p.  385. 


(99.'î) 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Rectification  de  In  Note  lue  dans  la  séance 
du  12  décembre;  par  M.  Delaunay. 

«  Dans  la  séance  du  lundi  12  de  ce  mois,  j'ai  lu  à  l'Académie  une  Note 
sur  les  inégalités  lunaires  à  longue  période  dues  à  l'action  perturbatrice  de 
Vénus.  J'ai  reconnu  depuis  que  cette  Note  a  besoin  d'être  rectifiée  en  ce  qui 
concerne  la  valeur  que  j'ai  trouvée  pour  la  première  inégalité.  En  faisant  le 
calcul  de  cette  inégalité,  j'avais  cru  pouvoir  ne  pas  tenir  compte  de  l'incli- 
naison du  plan  de  l'orbite  de  Vénus  sur  l'écliptique;  je  m'étais  persuadé 
que  cette  inclinaison  ne  pouvait  avoir  aucune  influence  appréciable  sur  le 
résultat.  Cependant,  avant  d'aborder  le  calcul  de  la  seconde  inégalité,  j'ai 
voulu  rédiger  celui  que  j'avais  déjà  effectué  pour  la  première;  en  faisant 
cette  rédaction,  un  doute  m'est  venu  à  l'esprit,  et  je  n'ai  pas  tardé  à  recon- 
naître que  l'inclinaison  de  l'orbite  de  Vénus  sur  l'écliptique  a  une  influence 
notable  sur  la  valeur  de  cette  première  inégalité,  valeur  qui  a  par  consé- 
quent besoin  d'être  modifiée.  Je  reviendrai  incessamment  sur  cette  ques- 
tion, lorsque  j'aurai  complètement  terminé  le  calcul  des  deux  inégalités 
découvertes  par  M.  Hansen,  en  tenant  compte,  bien  entendu,  de  cette  cir- 
constance que  je  viens  de  signaler,  et  qui  d'ailleurs  n'introduit  aucune 
complication  dans  les  calculs.  » 

PHYSIOLOGIE.    —    Développement  des  corps  organisés;  communication 

de  M.   CosTE. 

«  J'ai  déjà  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  premier  volume  de 
mou  ouvrage  sur  le  développement  des  corps  organisés,  volume  dans  lequel 
j'ai  fait  l'histoire  générale  do  l'élément  fourni  par  le  mâle  et  de  l'élément 
fourni  parla  femelle  dans  l'acte  de  la  génération. 

»  Je  prie  aujourd'hui  l'Académie  d'agréer  l'hommage  de  la  première  par- 
tie du  second  volume,  où  je  traite  du  mélange  de  ces  deux  éléments,  c'est-à- 
dire  du  phénomène  de  la  fécondation  étudié  dans  les  deux  règnes  orga- 
niques et  dans  les  diverses  conditions  où  il  s'accomplit. 

»  Les  nombreuses  expériences  que  j'ai  instituées  pour  répondre  aux 
questions  qui  se  rattachent  à  ce  grand  et  difficile  problème,  m'ont  permis 
de  les  résoudre  toutes  avec  précision,  parce  que,  grâce  au  travaux  d'appli- 
cation dont  la  direction  m'a  été  confiée,  j'ai  pu  étudier  la  nature  vivante 
sur  un  champ  plus  étendu  que  celui  d'un  sitnple  laboratoire. 

129.. 


(  996  ) 
»  J'ai  rigoureusement  déterminé,  soit  dans  le  sein  maternel,  soit  hors  du 
sein  maternel,  les  lieux  où  la  fécondation  s'accomplit  et  ceux  où  elle  ne 
peut  s'accomplir;  le  temps  pendant  lequel  elle  est  possible  et  celui  où  elle 
cesse  de  l'être  ;  l'état  dans  lequel  les  deux  éléments  doivent  se  trouver  pour 
que  leur  contact  soit  efficace  ;  l'influence  du  mâle  sur  la  portée  actuelle  et 
sur  les  portées  subséquentes  ;  les  cas  où  cette  influence  sur  les  portées  sub- 
séquentes ne  suffit  pas  à  en  déterminer  le  développement,  mais  les  pénètre 
assez  profondément  pour  que,  à  la  suite  d'une  seconde  alliance,  les  produits 
portent  l'empreinte  d'une  paternité  mixte  :  vérités  obscurément  entrevues 
jusqu'ici  et  qui  sortent  maintenant  des  ateliers  de  la  science  comme  un 
grave  sujet  de  méditation  pour  la  philosophie. 

r)  A  côté  de  cet  ouvrage,  je  publie,  sous  forme  d'explication  des  plan- 
ches, une  série  de  monographies  relatives  au  développement  des  espèces 
^    dont   mon  atlas  représente  les  transformations,  en  sorte  qu'un  troisième 
volume  paraît  en  même  temps  que  les  deux  premiers.   » 

M.  LE  Président  donne  connaissance  d'une  Lettre  de  M.  Le  Verrier,  qui, 
à  l'occasion  d'un  plan  d'opérations  proposé  aux  astronomes  jiar  M.  Faye 
pour  la  prochaine  éclipse  de  Soleil,  signale  la  part  que  peut  prendre  à  ces 
travaux  l'Observatoire  impérial  de  Paris. 

Chargé  de  travaux  définis  auxquels  sont  attribuées  des  ressources  spé- 
ciales, l'Observatoire  impérial  n'a  ni  le  droit  ni  le  moyen  d'envoyer  des 
expéditions  à  l'étranger.  Le  Directeur  a  dû  se  borner  à  demander  à  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique  d'envoyer  une  Commission  scientifique 
en  Espagne  et  en  Algérie,  et  de  confier  la  direction  de  l'une  de  ces  missions 
au  savant  qui  a  pris  l'initiative  de  cette  proposition. 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

M.  Arthur  Gris  adresse  un  Mémoire  sur  la  résorption  de  la  fécule  dam 
l  albumen  des  graines  en  voie  de  germination,  et  demande  que  ce  travail  soit 
compris  parmi  les  pièces  destinées  au  prochain  concours  pour  le  prix  de 
Physiologie  expérimentale. 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 


(  997  ) 

ANALYSE  CHIMIQUE.  —  Mémoire  sur  la  séparation  et  le  dosage  de  l'acide  pbos- 
phorique  en  présence  des  hases;  par  M.  G.  Chancel. 

(Commissures,  MM.  Dumas,  Peligot,  Balard.) 

rt  La  nouvelle  méthode  que  je  propose  est  fondée  sur  l'insolubilité  du 
phosphate  jaune  d'argent,  PO',  3AgO,  clans  une  liqueur  neutre. 

»  Si  l'on  dissout,  à  la  faveur  d'un  peu  d'acide  nitrique,  un  phosphate  in- 
soluble dans  l'eau,  et  qu'on  ajoute  à  la  solution  du  nitrate  d'argent,  aucun 
précipité  ne  se  manifeste  pour  peu  que  la  liqueur  soit  acide.  Cependant  il 
est  facile  de  neutraliser  exactement  une  telle  liqueur,  sans  y  introduire 
d'autre  principe  fixe  que  ceux  qu'elle  contient  déjà  ;  il  suffit  en  effet  de  l'agi- 
ter, pendant  quelques  instants,  avec  un  léger  excès  de  carbonate  d'argent. 
Par  là,  dès  que  les  dernières  traces  d'acide  libre  sont  saturées,  l'acide  phos- 
phorique  se  sépare  et  apparaît  sous  la  forme  du  précipité  jaune,  si  caracté- 
ristique, de  phosphate  d'argent. 

»  Cette  réaction,  qui  est  fort  nette,  fournit  un  moyen  d'analyse  aussi  sûr 
que  simple  et  expéditif.  L'emploi  simultané  du  nitrate  et  du  carbonate  d'ar- 
gent, comme  réactif,  n'a  pas  besoin  d'être  justifié,  car  en  analyse  il  est  bien 
peu  de  corps  que  l'on  puisse  éliminer  d'une  manière  aussi  parfaite  et  avec 
autant  de  facilité. 

»  Pour  rendie  l'exposition  plus  claire,  je  prendrai  comme  exemple  un 
cas  qui  se  présente  fréquemment,  à  savoir,  la  séparation  de  l'acide  phos- 
phorique  d'avec  les  alcalis  et  les  terres  alcalines  (potasse,  soude,  chaux, 
magnésie,  etc.).  Voici  la  manière  d'opérer  : 

»  La  substance  à  analyser,  étant  exactement  pesée,  est  dissoute  dans 
l'acide  nitrique,  et  la  solution  étendue  avec  de  l'eau.  Bien  que  la  quantité 
d'acide  nitrique  libre  soit  sans  influence  sur  la  netteté  de  la  réaction,  il  faut 
cependant  éviter  d'en  mettre  un  trop  grand  excès  pour  ne  pas  embarrasser 
les  séparations  ultérieures. 

»  La  liqueur,  qui  doit  être  tout  à  fait  limpide,  est  additionnée  d'abord 
d'une  quantité  suffisante  de  nitrate  d'argent,  puis  d'un  léger  excès  de  car- 
bona  te  de  la  même  base.  On  Tagite  ensuite,  en  ayant  soin  d'incliner  la  fiole^ 
pour  éviter  les  pertes  que  pourrait  occasionner  le  dégagement  d'acide  car- 
bonique. La  saturation  de  l'acide  libre  est  si  rapide,  qu'il  est  toujours  super- 
flu de  chauffer;  il  est  même  essentiel  d'opérer  à  froid  quand  la  substance 
contient  des  métaux,  tels  que  le  manganèse,  qui  se  précipiteraient  partielle- 


(  998  ) 

ment  à  chaud,  par  suite  de  leur  grande  tendance  à  se  suroxyder  au  con- 
tact de  l'air  dans  une  liqueur  neutre. 

»  Après  quelques  instants,  l'acide  phosphorique  se  sépare  à  l'état  de 
phosphate  jaune  d'argent,  et  le  précipité  ne  tarde  pas  à  se  rassembler  en 
laissant  la  liqueur  parfaitement  limpide.  Il  est  d'ailleurs  aisé  de  reconnaître 
la  fin  de  la  réaction  ;  il  suffit  d'essayer  si  une  goutte  du  liquide  ne  rougit 
plus,  au  moins  d  une  manière  persistante,  le  papier  bleu  de  tournesol. 
Quand  il  en  est  ainsi,  il  est  bien  évident  que  la  séparation  de  l'acide  j:/hos- 
phorique  doit  être  complète,  et  c'est  du  reste  ce  que  confirme  l'expérience. 
On  recueille  alors  le  précipité  sur  un  filtre  et  on  le  lave  avec  soin.  De  la  sorte 
on  arrive  sans  peine  à  ime  séparation  rigoureuse  :  l'acide  phosphorique  est 
en  totalité  dans  le  précipité,  tandis  que  le  liquide  filtré,  réuni  aux  eaux  de 
lavage,  renferme  toutes  les  bases. 

«  [.orsque  le  lavage  est  terminé,  ou  crève  le  filtre  au  moyen  d'un  fil  de 
platine,  et  on  projette  sur  le  précipité  un  filet  d'eau  pour  le  faire  descendre 
dans  une  fiole.  A  l'aide  d'un  peu  d'acide  nitrique  très-étendu,  il  est  facile  d'en- 
lever et  de  réunir  au  précipité  principal  les  dernières  traces  de  matière  restée 
adhérente  au  papier.  Il  faut  alors  dissoudre  tout  le  précipité  dans  un  peu  d'a- 
cide nitrique  ;  la  dissolution  s'effectue  immédiatement  à  froid.  Quand  elle  est 
complète,  on  y  verse  un  léger  excès  d'acide  chlorhydrique  pour  en  séparer 
l'argent,  ou  laisse  le  chlorure  se  bien  rassembler,  |)uis  on  filtre.  Après  avoir 
sursaturé  le  liquide  filtré  par  l'ammoniaque,  qui  ne  doit  y  produire  aucun 
trouble,  on  en  précipite  l'acide  [)hosphorique  par  une  solution  ammonia- 
cale de  sulfate  de  magnésie,  et  on  le  dose,  comme  à  l'ordinaire,  sous  la  forme 
de  pyrophosphate. 

»  De  la  liqueur  qui  contient  les  bases  primitivement  unies  à  l'acide  phos- 
phorique, on  élimine  l'argent  par  l'acide  chlorhydrique,  et,  après  l'avou- 
réduite  par  l'évaporation  à  un  volume  convenable,  on  y  détermine  chacune 
des  bases  par  les  procédés  usuels. 

»  Ce  mode  de  séparation  convient  particulièrement  quand  l'acide  phos- 
phorique est  en  présence  de  bases  puissantes,  telles  que  la  plupart  des  prot- 
oxydes.  Lorsque  la  substance  soumise  à  l'analyse  contient  en  même  temps 
de  l'alumine  et  du  sesquioxyde  de  fer,  le  carbonate  d'argent  les  précipite 
complètement,  et  on  les  retrouve  dans  le  précipité  de  phosphate  d'argent; 
mais  dans  tous  les  cas  la  séparation  des  autres  bases  n'en  est  pas  moins  par- 
faite. J'indiquerai  ailleurs  les  procédés  auxquels  j'ai  recours  pour  séparer 
jl'acide  phosphorique  d'avec  les  sesquioxydes  en  général. 


(  999  ) 
»  L'exactitude  du  procédé  analytique  qui  vient  d'être  décrit  se  trouve 
établie  par  un  grand  nombre  de  déterminations  directes  dont  je  donnerai 
les  résultats  dans  le  Mémoire  dont  je  présente  ici  l'extrait.  Je  dirai  seu- 
lement en  terminant  que  la  séparation  fondée  sur  l'emploi  simultané  du 
nitrate  et  du  carbonate  d'argent  est  si  rigoureuse,  qu'elle  peut  être  appli- 
quée avec  succès  aux  recherches  qualitatives,  même  qtiand  il  s'agit  de 
mettre  en  évidence  les  quantités  les  plus  minimes  d'acide  phospho- 
rique.  » 

GÉOMÉTRIE  ET  MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Mémoire  sur  la  détermination  des 
formes  et  des  dimensions  minimantes  quant  à  la  dépense  et  maximantes  quant 
à  la  stabilité  des  terrassements  de  dépôts  et  d'emprunts,  et  généralement  de  la 
plupart  des  constructions  nécessaires  à  la  vie  humaine  ;  par  M.  J.  Carvallo. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Bertrand.) 

«  La  dépense  d'un  ouvrage,  quelle  que  soit  d'ailleurs  son  importance, 
est  une  fonction  implicite  de  toutes  les  quantités  variables  qui  entrent  for- 
cément dans  son  exécution  et  dont  quelques-unes  peuvent  même  être  entiè- 
rement arbitraires. 

D  On  conçoit  très-bien  qu'en  faisant  varier  les  éléments  dont  on  dispose 
et  qui  sont  généralement  très-multiples,  la  qualité  des  matériaux,  le  lieu  de 
l'extraction,  les  formes  adoptées  pour  l'exécution,  les  distances  des  trans- 
ports, le  mode  même  de  ces  transports,  le  prix  des  terrains  sur  lesquels  on 
veut  construire,  etc.,  etc.,  on  conçoit,  disons-nous,  que  la  dépense,  expres- 
sion résultante  et  intégrale  de  tous  ces  éléments  convenablement  combinés, 
varie  dans  des  limites  même  très-écarlées.  L'art  de  l'ingénieur  consiste  à 
donner  à  toutes  ces  variables  les  valeurs  mininmntes  relativement  à  la  dé- 
pense et  maximantes  relativement  à  la  stabilité. 

»  Il  ne  sera  pas  toujours  possible  de  recourir  aux  valeurs  qui  répondent 
aux  minima  et  maxima  absolus,  mais  il  est  une  propriété  très-remarquable 
et  bien  connue  de  ces  limites  qui  rend  les  recherches  à  coup  sûr  profitables  : 
c'est  qu'on  peut  s'écarter  dans  tous  les  sens  d'une  petite  quantité  des  va- 
leurs minimantes  de  chaque  variable  indépendante  sans  que  la  fonction^  ou 
la  valeur  de  la  dépense,  en  soit  très-setisiblement  augmentée.  Guidé  par 
cette  pensée,  nous  avons  été  conduit  à  aborder  dans  sa  plus  grande  com- 
plexité la  question  qui  fait  l'objet  de  ce  Mémoire,  l'une  de  celles  qui  se 


(     lOOO    ) 

présentent  le  plus  fréquemment  dnns  l'exécution  des  grands  travaux  de 
terrassement.  On  peut  l'énoncer  ainsi  : 

»  Déterminer,  en  tenant  compte  du  prix  des  terrains  à  occuper,  des  dif- 
férents modes  de  transport  des  terres,  isolés  ou  combinés,  les  formes  et 
les  dimensions  qu'il  convient  de  donner  aux  cavaliers  de  dépôts  et  aux 
chambres  d'emprunts  pour  rendre  la  stabilité  des  travaux  un  maximum 
relatif  et  la  dépense  d'exécution  un  minimum  absolu. 

>>  Après  avoir  examiné  les  différentes  formules  établies  pour  mesurer  les 
distances  à  appliquer  pour  les  transports  horizontaux  ou  ascendants,  nous 
déterminons  dans  le  chapitre  l"  les  dimensions  qui  donnent  le  mini- 
inum  de  la  dépense,  en  conservant  les  formes  habituelles  de  la  pratique  pour 
le  cas  où  le  terrain  naturel  étant  horizontal,  le  prix  des  surfaces  de  dépôt 
et  d'emprunt  identique,  tout  est  symétrique  de  part  et  d'autre  de  l'axe  de  la 
voie.  Une  analyse  identique  dans  sa  marche  très-simple  donne  la  dépense 
moyenne  du  mètre  cube  transporté  soit  à  la  brouette,  soit  à  la  voiture,  soit 
à  l'aide  de  ces  deux  moyens  de  transport  convenablement  combinés.  La 
différentielle  de  là  dépense  égalée  à  o  détermine  le  groupe  des  valeurs 
minimantes  de  toutes  les  dimensions.  La  comparaison  des  dépenses  à  la 
brouette  ou  à  la  voiture  montre  les  limites  auxquelles  il  convient  de 
substituer  le  second  mode  de  transport  au  premier.  La  valeur  de  la  dépense 
en  combinant  les  deux  modes  de  transport  fait  voir  que  cette  dépense  est 
moindre  que  la  dépense  à  la  voiture  seulement.  Les  principes  énoncés 
s'appliquent  à  la  répartition  des  modes  de  transport  effectués  sur  l'axe 
même  de  la  voie. 

»  Le  chapitre  II  est  consacré  à  la  recherche  des  dimensions  minimantes 
des  dépôts  ou  emprunts  lorsque  les  conditions  de  symétrie  cessent  d'exis- 
ter;.ainsi  la  disposition  géologique  des  couches  de  terrain,  la  nature  des 
•déblais,  seront  parfois  un  obstacle  à  l'établissement  des  rampes  de  sortie 
sur  les  deux  flancs  de  la  fouille.  Le  prix  des  terrains  à  acquérir  variera  à 
droite  et  à  gauche  de  l'axe,  le  profil  de  ces  terrains  présentera  des  pentes 
dans  une  direction  quelconque  par  rapport  à  la  voie;  certaines  conditions 
locales  s'opposeront  à  ce  que  l'on  donne  aux  terrassements  latéraux  la 
longueur  même  à  laquelle  s'applique  le  profil  en  travers  de  la  voie,  des 
superficies  de  forme  polygonale  appartiendront  déjà  à  1  État  en  des  points 
isolés  et  placés  à  des  dislances  telles ,  qu'il  soit  avantageux  de  s'en  servir 
pour  dépôts  ou  emprunts.  Les  dispositions  topographiques  des  environs 
peuvent  contraindre  à  faire  les  dépôts  ou  emprunts  en  un  ou  plusieurs 
points  isolés,  déterminés  avec  toutes  les  dimensions  variables. 


(    lOOl    ) 

»  Le  paragraphe  relatif  à  la  forme  polygonale  quelconque  de  la  base  des 
lerrassements  a  exigé  des  recherches  géométriques  que  nous  croyons  nou- 
velles sur  des  polygones  que  nous  nommons  similaires,  qui  sont  les  projec- 
tions des  coupes  horizontales  faites  dans  les  terrassements  dont  les  parois 
latérales  ont  de  tous  les  côtés  une  inclinaison  uniforme  convenable  à  la  sta- 
bilité. 

»  Les  résultats  assez  curieux  de  ces  recherches  ont  un  intérêt  plus  géné- 
ral et  ultérieur,  ainsi  qu'on  le  voit  plus  tard  au  chapitre  IIL 

»  Le  chapitre  H  se  termine  par  des  observations  communes  à  toutes  les 
questions  précédemment  traitées  sur  les  précautions  à  prendre  pour  l'écou- 
lement des  eaux,  les  plantations  destinées  à  l'assainissement  pour  prévenir 
ou  corriger  l'effet  du  tassement  des  terres,  etc. 

»  Les  formules  des  deux  premiers  chapitres  ont  une  valeur  pratique  im- 
portante, parce  que  les  formes  choisies  sont  celles  que  les  constructeurs  ont 
adoptées  depuis  un  temps  immémorial  (i). 

»  L'instinct  des  constructeurs  de  tous  les  âges  les  a-t-il  trompés?  La 
recherche  du  mode  le  plus  avantageux  par  des  tâtonnements  pratiques  si 
intelligents  et  si  sûrs  lorsque  s'agitent  des  questions  d'économie,  de  force 
ou  de  temps;  cette  recherche  a-t-elle  conduit  les  constructeurs  ou  les 
ingénieurs  aux  formes  qu'une  théorie  exacte  et  complète  indique  ou  pres- 
crit? Le  chapitre  III  répond  à  ces  questions  et  démontre  à  l'aide  du  calcul 
des  variations  que  la  forme  mimrnant  la  dépense  est  celle  adoptée  par  les 
praticiens  avec  cette  modification  que  la  ligne  supérieure  du  profil,  au  lieu 
d'être  toujours  horizontale,  doit  quelquefois  avoir  une  très-légère  inclinaison 
qui  dépend  des  moyens  de  transport,  inais  qui  diffère  très-peu  de  l'hori- 
zontalité. Ce  résultat  général  tient  à  ce  que  la  fonction  inconnue  qui  est  l'or- 


(i)  Dans  l'antiquité  ces  terrassements  avaient  principalement  pour  but  les  travaux  de  la 
i^uerre,  mais  ils  servaient  aussi,  du  temps  des  Romains,  à  la  constraction  de  leurs  grandes 
voies  de  circulation.  Polybe,  Diodore,  Suidas  et  bien  d'autres  historiens  parlent  des  tranchées 
ouvertes  par  Philippe,  Démétrius  ou  d'autres  conquérants  dans  les  sièges  des  places  fortes; 
César  et  Tacite  parlent  en  détail  des  cavaliers  employés  comme  retranchements.  Le  mot  latin 
??!'  aggeres  sert  indifféremment  à  désigner  ou  un  cavalier  de  dépôt  ou  une  tranchée  ouverte. 
^pi^li.  Ammien  Marcellin  l'emploie  dans  cette  acception,  et  on  le  conçoit  assez,  parce  que  la  con- 
fection des  cavaliers  servant  de  retranchements  autour  d'un  camp  romain  avait  lieu  avec  les 
terres  sortant  de  la  tranchée  même  faite  à  leur  pied,  il  était  naturel  que  le  même  mot  comprît 
l'ensemble  du  travail  et  s'appliquât  par  extension  à  chacune  des  parties  distinctes. 

C.  R.,  i85(),  2'"'  Semestre.  (T.  XLIX,  N"  26.)  I  3o 


(  looa  ) 

donnée  du  profil  à  déterminer  entre  au  second  degré,  au  plus,  sans  qu'au- 
cune de  ses  dérivées  s'y  introduise,  dans  la  valeur  générale  de  la  dépense 
dont  on  recherche  les  variations. 

»  Il  est  utile  de  le  remarquer,  cette  propriété,  loin  d'être  particulière  à  la 
question  qui  nous  occupe,  est  extrêmement  générale  et  peut  s'énoncer  ainsi 
sous  sa  forme  la  plus  élevée  :  Toutes  les  fois  que  l'expression  totale  de  la  dé- 
pense à  faire  pour  exécuter  des  travaux  de  forme  encore  inconnue  pourra 
s'exprimer  par  une  fonction  générale  du  second  degré  de  l'ordonnée  de  la 
surface  de  l'ouvrage  ou  de  la  ligne  limite  de  son  profil,  la  forme  répon- 
dant au  minimum  absolu  de  la  dépense  sera  celle  d'un  plan  pour  la  surface, 
d'une  ligne  droite  pour  le  profil,  pourvu  toutefois  qu'aucune  dérivée  de 
l'ordonnée  n'entre  avec  elle  dans  l'expression  de  la  dépense.  Dans  les 
mêmes  conditions,  si  l'ordonnée  entre  à  la  troisième  puissance  dans  la  va- 
leur de  la  dépense  ou  si  cette  dépense  ne  varie  qu'avec  le  cube  des  dimen- 
sions ou  le  volume  de  la  matière  utilisée,  la  forme  correspondant  au  mini- 
mum de  la  dépense  sera  celle  d'une  surface  du  second  degré  et  la  courbe 
limite  du  profil  une  ligne  de  cet  ordre. 

»  Les  surfaces  planes  et  celles  du  second  degré  sont  celles  dont  on  con- 
naît le  mieux  les  règles  du  tracé.  Elles  présentent  les  plus  grandes  facilités 
d'exécution  dans  la  pratique.  Elles  ont  été  profondément  étudiées  par  les 
géomètres  et  les  constructeurs  de  l'antiquité  et  des  temps  modernes.  Nous 
rencontrons  ces  surfaces  mises  en  oeuvre  dans  tous  les  travaux  utiles  qui 
nous  entourent.  Nous  venons  de  reconnaître  qu'elles  correspondent  au 
minimum  mathématique  de  la  dépense  dans  la  plupart  des  constructions 
nécessaires  aux  besoins  de  la  vie  humaine,  car,  dans  ces  constructions 
d'utilité  générale,  le  prix  est  déterminé  par  la  quantité,  le  volume  ou  le 
cube  de  la  matière  employée.   » 

PHYSIOLOGIE    —  De   l'antagonisme  des  artères  et  des  veines; 
par  M.  MoiLiN. 

«  Des  considérations  fondées  sur  la  structure  anatomique  des  vaisseaux 
et  sur  des  expériences  physiologiques  nombreuses  m'ont  conduit,  dit 
M.  Moilin,  à  admettre  un  antagonisme  entre  les  systèmes  artériel  et  vei- 
neux  Les  contractions  des  artères  jouent  le  rôle  d'une  résistance  ; 

elles  ralentissent  la  circulation  des  organes,  tandis  que  leur  paralysie  l'ac- 
célère. Les  contractions  des   veines  jouent   le  rôle  d'une  puissance;   elles 


(  ioo3  ) 
accélèrent  la  circulation  des  organes,  tandis  que  leur  paralysie  la  ralentit. 
Les  artères  sont  animées  par  des  nerfs  venus  des  racines  antérieures  ;  les 
veines,  par  des  nerfs  venus  des  racines  postérieures.  » 

Cette  Note,  dont  le  passage  que  nous  venons  de  reproduire  indique  suffi- 
samment l'objet,  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Cl.  Bernard  et  J.  Cloquef. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Du  rôle  et  de  faction  de  la  chaux  dans  les  engrais;   ■ 

par  M.  RoHART. 

(Commissaires,  MM.  Elie  deBeauraont,  Payen,  Passy.) 

M.  Frogier  adresse  une  Note  concernant  certains  procédés  destinés  à 
ralentir  le  cours  des  eaux  pluviales  à  la  surface  du  sol,  dans  le  double  but 
d'assurer  aux  cultures  une  irrigation  plus  efficace  et  d'éloigner  le  danger 
des  inondations. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  MM.  Boussingault  et  Passy. 

M.  Le  Pas  adresse  une  nouvelle  addition  à  son  Mémoire  intitulé  :  «  Nou- 
velle théorie  du  système  musical,  suivie  de  la  démonstration  d'une  symé- 
trie de  rapports  harmoniques  entre  les  distances  des  planètes.  » 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Laugier,  Delaunay.) 

M.  Brisebarre  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  description  et  la 
figure  d'un  moteur  de  son  invention  destiné  à  être  mis  en  jeu  par  l'expan- 
sion de  l'acide  carbonique. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Morin.  ) 

CORRESPONDAIVCE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instruction  publique  autorise  l'Académie  des 
Sciences  à  prélever  sur  les  fonds  restés  disponibles  une  somme  de  16,600  fr. 
destinés  à  l'usage  indiqué  dans  la  demande  qu'elle  lui  a  adressée  en  date  du 
8  décembre  courant. 


[3o.. 


(  ioo4  ) 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  une  nouvelle  pile  électrique;  par  M.  Marié  Davy. 

"  M.  de  la  Rive  est,  je  crois,  Je  premier  qui  ait  appliqué  des  substances- 
insolubles  à  l'absorption  de  l'hydrogène  dans  les  piles  électriques.  Il  fit 
usage,  à  cet  effet,  de  l'oxyde  puce  de  plomb  et  du  peroxyde  de  man- 
ganèse. 

»  L'oxyde  de  manganèse  est  mauvais  conducteur  de  l'électricité  ;  il  donne 
aux  piles  une  très-grande  résistance  intérieivre  et  ne  fournit  que  de  faibles 
courants.  L'oxyde  de  plomb  ne  présente  pas  cet  inconvénient^  mais  il 
donne  comme  résidu  un  produit  insoluble  peu  conducteur;  il  est  d'un  prix, 
élevé.  L'un  et  l'autre  enfin  exigent  l'emploi  d'un  acide  libre.  Pour  toutes  ces 
raisons,  ils  n'ont  point  été  adoptés  dans  la  pratique,  et  l'opinion  paraît 
s'être  répandue  que,  pour  qu'une  pile  fonctionne  régulièrement,  il  faut  que 
la  substance  destinée  à  absorber  l'hydrogène  et  à  fournir  au  zinc  l'acide  qui 
doit  le  dissoudre  soit  elle-même  soluble  dans  l'eau.  Cette  opinion  serait  une 
erreur  :  la  seule  condition,  c'est  qu'elle  soit  bon  conducteur,  en  même 
temps  que  réductible. 

»  J'ai  construit  en  effet  une  pile  zine,  eau  pure  et  chlorure  d'argent 
fondu  dans  un  creuset  d'argent  ;  elle  a  marché  avec  mie  régularité  par- 
faite. Sa  résistance  intérieure,  d'abord  très-grande,  a  diminué  graduelle- 
ment à  mesure  que  le  chlorure  de  zinc  formé  s'est  dissous  dans  l'eau.  En 
dissolvant  de  ce  sel  à  l'avance,  la  pile  donne  immédiatement  un  courant 
fort.  Le  chlorure  d'argent  se  réduit  d'une  manière  complète  jusque  dans  ses 
parties  centrales,  en  conservant  exactement  sa  forme.  L'insolubilité  du  sel 
l'éductible  devient  dès  lors  un  avantage,  car  il  dispense  des  vases  poreux, 
qui,  outre  leurs  autres  inconvénients,  opposent  toujours  une  grande  résis- 
tance au  courant. 

»  En  partant  de  cette  expérience,  j'ai  cherché  parmi  les  substances  que 
l'industrie  livre  au  plus  bas  prix  celles  qui  peuvent  être  le  plus  avantageuse- 
ment employées  dans  les  piles.  Celles  qui  m'ont  le  mieux  réussi  jusqu'à  ce 
jour  sont  le  sulfate  et  le  chloriu'e  de  plomb. 

»  Le  sulfate  de  plomb  s'obtient  comme  résidu  du  traitement  de  l'alun 
par  l'acétate  de  plomb  pour  la  préparation  de  l'acétate  d'alumine  employé 
en  teinture.  Son  prix  est  peu  élevé,  parce  qu'il  a  peu  d'usages.  Il  est  bon  de  le 
laver  à  l'avance,  parce  qu'il  peut  contenir  un  excès  d'acétate  de  plomb  solu- 
ble, qui  donnerait  lieu  à  un  dépôt  floconneux  de  plomb  sur  le  zinc.  On 


(  ioo5  ) 
l'obtiendrait  aussi  du  grillage  des  sulfures  de  plomb.  33  kilogrammes  de 
zinc  à  25  francs  réduiraient  i44  kilogrammes  de  sulfate  de  plomb  et  donner 
raient  io4  kilogrammes  de  plomb  d'une  valeur  de  65  francs.  La  différence 
de  l\o  francs  servirait  à  couvrir  en  partie  les  frais  d'acquisition  du  sel  de 
plomb  et  les  pertes  qui  accompagnent  toute  opération.  La  dépense  de  cette 
pile  serait  donc  peu  considérable.  Sa  force  électromotrice  est  à  peine  infé- 
rieure à  celle  de  Daniel.  Vingt  éléments  de  cette  pile  font  actuellement  et 
avec  avantage  le  service  de  pareil  nombre  d'éléments  Daniel  à  l'Administra- 
tion centrale  des  Télégraphes,  à  côté  de  la  pile  au  sel  mercuriel.  D'un  autre 
côté,  deux  éléments  de  grande  dimension  font  marcher  l'appareil  d'induc- 
tion de  Ruhmkorff.  Dans  ce  dernier  cas  cependant,  le  sel  de  plomb  n'ab- 
sorbe pas  assez  rapidement  l'hydrogène,  et  la  pile  se  fatigue  parce  qu'il  se 
forme  sur  le  sel  une  mince  couche  de  gaz  qui  oppose  une  résistance  au  cou- 
rant. En  dehors  de  cela,  la  résistance  presque  nulle  de  la  pile  compense  la 
faiblesse  relative  de  sa  force  électromotrice. 

»  Le  chlorure  de  plomb  fondu  ne  présente  pas  l'inconvénient  du  sulfate. 
Il  est  tellement  conducteur,  qu'au  lieu  de  se  réduire  par  les  points  qui 
touchent  directement  le  métal,  comme  le  fait  le  sulfate  de  plomb,  il  se 
réduit  par  les  points  les  plus  rapprochés  du  zinc.  Il  est  actuellement  beau- 
coup plus  cher  que  le  sulfate,  parce  qu'on  ne  le  produit  pas  ordinairement 
dans  l'industrie;  mais  son  prix  baisserait  considérablement  s'il  était  de- 
mandé. Son  emploi  convient  très-bien  pour  les  très-forts  courants,  il  est  d'un 
maniement  facile,  et  chaque  fragment  de  ce  sel  donne  un  pareil  fragment  de 
plomb  métallique  d'une  structure  cristalline. 

»  L'insolubilité  complète  du  sulfate  de  plomb  et  presque  complète  du 
chlorure  de  plomb  permet  de  supprimer  les  vases  poreux  et  de  revenir  à  la 
disposition  primitive  des  piles  à  colonne. 

»  Mes  piles  sont  formées  de  plats  en  fer  battu  étamé  fabriqués  par  Japy 
pour  les  usages  domestiques.  Le  fond  de  ces  vases  est  doublé  intérieure- 
ment d'une  rondelle  en  zinc  de  même  dimension.  Chacun  d'eux  est  garni 
d'une  couche  de  sulfate  de  plomb  de  quelques  millimètres  d'épaisseur  et 
rempli  d'eau  pure,  ou  salée  ou  tenant  du  sel  de  zinc  en  dissolution  ;  puis  ils 
sont  placés  parallèlement  en  colonne  verticale  les  ims  au-dessus  des  autres, 
de  manière  que  le  zinc  d'un  élément  plonge  dans  l'eau  de  l'élément  inté* 
rieur.  [\o  éléments  ainsi  disposés  forment  une  colonne  de  i  mètre  au  plus  dt> 
hauteur.  Le  chlorure  de  plomb  est  employé  de  la  même  manière,  seulement 
il  est  avantageux  de  le  couler  à  l'avance  en  plaques  minces  que  l'on,  casse 


(  ioo6  ) 
en  fragments,  ce  qui  permet  de  garnir  et  de  vider  plus  aisément  les  éléments. 
J'ai  en  ce  moment  des  piles  au  sulfate  et  au  chlorure  de  plomb  montées 
depuis  plus  de  trois  semaines  dans  mon  laboratoire  du  lycée  Bonaparte. 
Elles  travaillent  fréquemment  sans  que  j'aie  à  m'en  occuper,  leur  constance 
ne  laisse  rien  à  désirer.  Celle  des  télégraphes  y  est  en  activité  depuis  le  ven- 
dredi 9  courant.  Une  expérience  prolongée  fera,  je  l'espère,  ressortir  les 
qualités  pratiques  de  cette  nouvelle  pile. 

»  L'emploi  des  sels  de  plomb  présente  tin  autre  avantage.  J'ai  badi- 
geonné, au  pinceau,  d'un  côté  seulement,  une  feuille  de  papier  épais  et 
non  collé  avec  du  sel  de  plomb  broyé  dans  un  peu  d'eau  légèrement  gom- 
mée; ce  papier  a  été  coupé  en  rondelles  et  j'ai  monté  une  pile  de  Volta  fer- 
blanc,  zinc,  papier  au  sel  de  plomb.  Trois  de  ces  éléments  ont  fait  marcher 
pendant  six  heures  >ine  sonnerie  électrique  à  fil  court.  Cette  pile  serait  d'un 
grand  avantage  pour  les  usages  médicaux.  » 

ÉLEC  TRICITÉ.   —  Note  sur  quelques  résultais  d'expérience  qui  paraissent  incom- 
patibles avec  la  théorie  d'Ohm  ;  par  M.  J.-M.  Gacgaix. 

■"  I.,es  recherches  que  j'ai  précédemment  exécutées  sur  la  propagation  de 
l'électricité  dans  les  mauvais  conducteurs,  m'ont  conduit  à  cette  conclu- 
sion générale,  que  les  lois  qui  servent  à  déterminer  l'intensité  des  courants 
ordinaires,  peuvent  s'appliquer  sans  aucune  modification  au  mouvement 
lent  que  j'ai  considéré,  c'est-à-dire  au  mouvement  qui  se  produit  quand 
l'électricité,  développée  par  un  appareil  à  frottement,  s'écoule  dans  le  sol 
en  suivant  un  mauvais  conducteur  [voir  les  Comptes  rendus  des  8  et  29  no- 
vembre i858,  II  avril  et  23  mai  iSSg).  Quand  on  se  borne  à  considérer 
l'état  permanent  des  tensions,  la  théorie  d'Ohm,  eu  effet,  se  trouve  com- 
plètement vérifiée,  dans  le  cas  des  mauvais  conducteurs  tout  aussi  bien  que 
dans  le  cas  des  conducteurs  métalliques,  pourvu  que  dans  un  cas  comme 
dans  l'autre  on  s'arrange  de  manière  à  rendre  négligeable  l'action  de  l'air 
ambiant.  Mais  il  n'en  est  plus  tout  à  fait  de  même  lorsqu'on  vient  à  envisager 
les  phénon)ènes  qui  se  produisent  dans  l'état  variable  des  tensions;  il  me 
paraît  certain  qu'alors  la  théorie  se  trouve  quelquefois  en  défaut;  les 
expériences  qui  m'ont  conduit  à  douter  de  son  exactitude  se  rapportent  à 
la  détermination  d'un  élément  dont  je  ne  m'étais  pas  encore  occupé  et  que 
je  nommerai  charge  dynamique. 

M   Imaginons  qu'un  mauvais  conducteur  de  forme  cylindrique,  tel  qu'un 


(  »oo7  ) 
fil  de  coton,  ait  été  mis  en  communication,  d'une  part  avec  le  sol  et  de 
l'autre  avec  une  source  constante  d'électricité  et  supposons  qu'on  ait  laissé 
passer  l'électricité  pendant  un  temps  assez  long  pour  que  la  distribution  des 
tensions  soit  parvenue  à  l'état  permanent,  si  l'on  supprime  brusquement  les 
communications  établies  avec'  le  sol  et  avec  la  source  et  qu'on  mesure  la 
quantité  d'électricité  qui  reste  sur  le  conducteur  isolé,  cette  quantité  repré- 
sente la  charge  dynamique. 

»  Pour  mesurer  cette  charge,  je  laisse  l'électricité  s'écouler  dans  le  sol 
en  lui  faisant  traverser  un  de  ces  petits  éiectroscopes  à  décharge  que  j'ai 
précédemment  décrits  et  qui  ne  sont  autre  chose  que  de  très-petites  bou- 
teilles de  Lane.  Il  est  impossible  de  recueillir  par  ce  |)rocédé  toute  l'électri- 
cité qui  se  trouve  sur  le  conducteur,  mais  quand  l'électroscope  est  assez 
petit  et  qu'on  opère  convenablement,  la  quantité  qui  échappe  à  la  mestue 
est  une  fraction  assez  minime  de  la  charge  totale,  pour  qu'on  puisse  la  né- 
gliger sans  erreur  notable. 

»   Maintenant  voici  les  résultats  généraux  auxquels  je  suis  arrivé  : 

»  1°.  Deux  conducteurs  de  même  nature  et  de  même  longueur  qui  pré- 
sentent des  sections  égales,  mais  de  formes  différentes,'  peuvent  prendre  des 
charges  dynamiques  très-différentes,  bien  qu'ils  transmettent  des  flux  d'élec- 
tricité rigoureusement  égaux,  lorsque  l'état  permanent  est  établi. 

»  a°.  Si  l'on  fait  varier  la  section  d'un  conducteur  sans  modifier  sa  sur- 
face extérieure,  le  flux  transmis  dans  l'état  permanent  des  tensions  varie 
comme  la  section,  mais  la  charge  dynamique  est  absolument  invariable. 

»  Je  vais  indiquer  en  quelques  mots  l'une  des  expériences  qui  m'ont 
servi  à  démontrer  ce  dernier  fait.  J'ai  formé  avec  un  ruban  de  soie  un  long 
sac  cylindrique  et  j'ai  déterminé  la  charge  dynamique  que  prenait  cette 
espèce  de  conducteur  lorsqu'il  était  mis  en  communication,  d'une  part  avec 
le  sol,  de  l'autre  avec  une  source  d'électricité  déterminée;  cela  fait,  j'ai 
introduit  dans  le  premier  sac  dont  je  viens  de  parler  deux  autres  sacs  tout 
à  fait  semblables,  et  j'ai  déterminé  de  nouveau  la  charge  dynamique;  elle 
a  été  la  même  dans  le  premier  cas,  et  cependant  j'ai  constaté  que  dans  l'état 
permanent  des  tensions  le  sac  triple  transmettait  un  flux  d'électricité  trois 
fois  plus  considérable  que  le  sac  simple. 

»  3''.  La  charge  dynamique  que  prend  un  conducteur  cylindrique  mis 
en  communication  avec  une  source  d'électricité  déterminée,  est  toujours  la 
moitié  de  la  charge  statique  que  prendrait  le  même  conducteur  s'il  était  isolé 
et  mis  en  communication  avec  la  même  source. 


(  ioo8  ) 

»  En  définitive,  il  me  paraît  établi  que  Ifs  molécules  intérieures  d'un 
conducteur  participent,  comme  celles  de  la  surface,  à  la  transmission  de 
l'électricité,  et  que  cependant  les  molécules  de  la  surface  sont  seules  douées 
de  tension.  Je  me  propose  d'exposer  dans  un  Mémoire  détaillé  les  vues 
théoriques  qui  me  paraissent  propres  à  concilier  ces  deux  faits  en  apparence 
contradictoires.  Je  me  bornerai  à  faire  remarquer  ici  qu'il  me  paraît  doré- 
navant impossible  d'admettre  sans  restriction  cette  hypothèse  d'Ohm  :  que 
«  toutes  les  molécules  d'une  même  section  pratiquée  perpendiculairement 
»   à  l'axe  du  conducteur  sont  à  la  même  tension.   » 

»  Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  les  lois  relatives  à  l'état  permanent  sont 
complètement  hors  de  doute,  mais  il  est  aisé  de  reconnaître  que  les  lois  de 
l'état  variable,  déduites  de  l'hypothèse  que  je  viens  de  rappeler,  sont  néces- 
sairement inexactes,  dans  certains  cas  au  moins.  L'un  des  problèmes  les 
plus  importants  qui  se  rattachent  à  l'état  variable  est  celui  qu'on  a  coutume 
d'appeler  (assez  improprement)  la  détermination  de  la  vitesse  de  l'électri- 
cité; il  peut  s'énoncer  de  la  manière  suivante  :  Un  conducteur  cylindrique 
étant  mis  en  communication  d'une  part  avec  le  sol,  de  l'autre  avec  une 
source  constante  d'électricité,  quel  temps  doit  s'écouler  depuis  le  moment 
où  la  communication  est  établie,  jusqu'à  ce  moment  où  les  tensions  attei- 
gnent l'état  permanent?  Or  nous  avons  vu  tout  à  l'heure  que  deux  conduc- 
teurs de  même  nature  et  de  même  longueur,  qui  présentent  des  sections  de 
même  grandeur,  mais  de  formes  différentes,  peuvent  prendre  des  charges 
dynamiques  très-difïérentes.  Il  estnaturelde  penser  que  de  tels  conducteurs 
ne  mettront  pas  le  même  temps  à  atteindre  l'état  permanent.  J'ai  vérifié  cette 
conclusion  par  des  observations  directes.  Le  temps  nécessaire  pour  arriver 
à  l'état  permanent  peut  varier,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  avec  la  forme 
de  la  section.  Maintenant  la  théorie  d'Ohm  ayant  été  établie  dans  l'hypo- 
thèse que  j'ai  citée  plus  haut,  la  formule  à  laquelle  cette  théorie  conduit, 
lorsqu'on  veut  déterminer  les  conditions  de  l'état  variable,  ne  tient  natu- 
rellement pas  compte  de  la  forme  de  la  section  ;  il  est  donc  impossible  que 
cette  formule  représente  toujours  fidèlement  les  faits  observés. 

»  Comme  je  n'ai  employé  dans  mes  expériences  que  de  mauvais  conduc- 
teurs, les  conclusions  qui  précèdent  ne  sont  rigoureusement  établies  que 
pour  cette  classe  de  conducteurs.  Mais  si  l'on  considère  que  toutes  les  lois 
de  l'état  permanent  qui  depuis  longtemps  avaient  été  vérifiées  expérimen- 
talement pour  le  cas  des  circuits  métalliques,  ont  pu  s'appliquer  sans 
aucune  modification  aux  mauvais  conducteurs,  il  est  permis  de  penser  que 


(  '009  ) 
réciproquement  les  lois  nouvelles  que  l'on  parviendra  à  découvrir  en  opé- 
rant sur  de  mauvais  conducteurs  seront  également  vraies  pour  les  circuits 
métalliques.  C'est  en  cela  surtout  que  me  paraît  consister  l'intérêt  des  re- 
cherches que  je  poursuis.  Je  crois  que  par  l'emploi  des  mauvais  conducteurs 
on  pourra  résoudre  une  multitude  de  questions  qu'il  serait  presque  impos- 
sible d'aborder,  en  raison  des  installations  coûteuses  que  leur  étude  exige- 
rait, si  l'on  ne  voulait  opérer  que  sur  des  circuits  métalliques.   » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  l'étincelle  ({induction;  par  M.  J.  Lissajols. 

«  L'étincelle  d'induction  donnée  par  l'appareil  de  M.  Ruhmkorffest  com- 
posée, comme  on  le  constate  à  première  vue,  de  deux  parties  distinctes,  un 
trait  de  feu  et  une  atmosphère  lumineuse.  Des  expériences  récentes  dues  à 
M.  Perrot  ont  attiré  l'attention  sur  ce  sujet  et  montré  tout  l'intérêt  qui  s'at- 
tache à  l'étude  complète  de  ce  phénomène.  Je  demande  la  permission  de 
signaler  très-brièvement  une  observation  qui  me  paraît  de  nature  à  jeter  un 
nouveau  jour  sur  cette  question. 

»  Lorsqu'on  regarde  l'étincelle  d'induction  dans  un  miroir  qu'on  agite 
à  la  main,  on  voit  que  l'atmosphère  lumineuse  s'étale  en  une  longue  bande 
de  couleur  fauve,  dont  l'étincelle  proprement  dite  occupe  l'extrémité  pos- 
térieure sous  forme  d'un  trait  de  feu. 

»  On  doit  donc  en  conclure  que  l'atmosphère  commence  au  moment 
où  l'étincelle  éclate  et  persiste  pendant  une  certaine  fraction  de  seconde. 
Cette  observation  donne  à  penser  que  la  deuxième  partie  de  l'étincelle  est 
composée  de  matières  pondérables  arrachées  aux  pôles  de  l'excitateur  et 
constituant  entre  ces  deux  pôles  un  arc  incandescent  et  conducteur.  » 

MÉTÉOROLOGIE. —  Coïncidence  de  t aurore  boréale  du  i^'^ au  a  septembre  dernier 
avec  une  aurore  australe  observée  au    Chili;  par  M.   A.  Poey. 

«  L'Académie  apprendra  sans  doute  avec  intérêt  que  la  dernière  aurore 
a  coïncidé  avec  une  seconde  aurore  australe  remarquable  encore  par  sa 
magnificence  et  sa  grande  étendue.  Voici  la  traduction  littérale  de  la  des- 
cription publiée  par  le  Mercurio  de  Valparaiso.  «  De  la  Concepcion 
(Chili),  latitude  37°  sud,  longitude  75"  ouest,  on  écrit  que  depuis  minuit 
jusqu'à  1  heures  du  matin  du  2  septembre,  l'aurore  fut  visible  vers  l'ho- 
rizon sud.  Son  mouvement  de  translation  était  de  l'est  à  l'ouest.  Elle  parut 

C.  !l.,  i8,5|),  a"»*  S<'mei/re.  (  T.  XLIX,  N»  2G0  '3l 


(     lOlO    ) 

cçmme  un  nuage  enflammé  ou  semblable  à  un  vaste  ignusfalmis,  qui  dar- 
dait des  flammes  ou  émettait  des  vapeurs,  et  rayonnait  d'une  lumière  égale 
à  celle  de  la  lune.  Peu  de  temps  après,  deux  étoiles  filantes  la  traversaient 
rapidement  jusqu'au  delà  de  ses  limites.  Pendant  plus  d'une  heure,  la  ville 
entière  fut  brillamment  éclairée  par  l'aurore.  A  Santiago  du  Chili  (lati- 
tude 33°  sud),  vers  2  heures  du  matin,  elle  éclaira  aussi  la  ville  d'une  bril- 
lante lueur  tricolore,  bleu,  rouge  et  jaune,  qui  dura  trois  heures.  A  Valpa- 
raiso,  plus  au  nord,  elle  fut  aussi  visible.  On  ajoute  que  l'observation  d'une 
aurore  australe  au  Chili  est  un  phénomène  très-rare,  bien  que  parfois  visible 
au  cap  Horn.  Comme  on  pouvait  s'y  attendre,  cette  manifestation  alarma 
beaucoup  les  campagnards.  » 

»  On  se  rappelle  que  le  navigateur  Frézier  a  eu  connaissance  le  premier 
des  aurores  australes  le  18  mai  fjia  à  i*"  So"  du  matin,  lorsqu'il  vit  une 
lueur  étrange  qui  diua  environ  une  demi-minute  (1).  Mais  ce  fut  Antoine 
de  Ulloa  qui  observa  en  1745  et  détailla  avec  plus  de  précision  l'existence 
des  aurores  australes  (2). 

»  Les  caractères  dignes  de  remarque  que  présente  cette  dernière  aurore 
australe  me  semblent  être  les  suivants  :  i"  d'avoir  coïncidé  avec  l'apparition 
de  l'aurore  boréale,  coïncidence  qui  n'est  pas  commune  pour  une  si  vaste 
éténdvie,  puisqu'elle  fut  visible  au  delà  du  33*  parallèle  sud;  2°  la  compa- 
raison du  sens  du  mouvement  de  la  lumière  aux  deux  pôles  est  encore  un 
objet  digne  de  fixer  notre  attention.  Celle  du  pôle  sud  se  déplaçait  de  l'est 
à  l'ouest.  A  la  Havane,  l'aurore  du  pôle  nord  vacillait  de  l'est-nord-est  à 
l'ouest-sud-ouest,  et  vice  versa,  quoique  avec  une  plus  grande  tendance  de 
l'est  à  l'ouest.  Aux  États-Unis  on  signala  la  direction  de  l'ouest  à  l'est  et  au 
sud-sud-est.  M.  Coulvier-Gravier  la  vit  à  Paris  de  l'ouest-sud-ouest  à  l'est- 
nord-est,  et  d'autres  de  l'ouest  à  l'est  et  de  l'est  au  nord;  4°  enfin  la  teinte 
tricolore  en  bleu,  rouge  et  jaune,  est  encore  un  fait  d'autant  plus  remar- 
quable que  les  observateurs  les  mieux  renseignés  ne  tombent  point  d'accord 
sur  les  couleurs  des  lueurs  polaires.  M.  de  Humboldt,  par  exemple,  dit 
que  du  violet  et  du  blanc  bleuâtre  elles  passent  par  toutes  les  nuances 
intermédiaires,   au  vert   et  au  rouge  purptirin   (3).    Plus  loin  il   ajoute  : 


(  I )  Relation  du  voyage  de  la  mer  du  Sud  aux  côtes  du  Chili  et  du  Pérou,  rfe  i  7 1 2  à  \r  1  A; 
Paris,  p.  34. 

(2)  Mairan,    Traité  de  l'aurore  boréale;  Paris,  I754i  p.  439' 

(3)  Cosmos,  traduction  de  Faye;  Paris,  1847,  '•  ^>  P-  ''■'7- 


(    'O"    ) 
«  Il  est  très- rarement  arrivé  que  dans  les  rayons  verts  ou  rouges,  on  ait  ob- 
servé une  seule  des  couleurs  complémentaires.  On  ne  voit  jamais  le  bleu, 
etc.,  (i).  »  MM.  Lottin  et  Bravais  ont  reconnu  au  contraire  que,  tant  pour 
les  rayons  que  pour  les  arcs,  le  rouge  occupe  le  bas  ou  la  partie  inférieure, 
le  jaune  le  centre,  et  le  vert  le  haut  ou  la  partie  supérieure  de  l'aurore  bo- 
réale (a).  James  Ross  dit  enfin  que  l'absence  de  coloration  paraît  caracté- 
riser souvent  les  aurores  australes  (3).  Il  existe,  comme  on  le  voit,  un  grand 
désaccord  à  cet  égard  parmi  les  observateurs.  Remarquons  qu'en  Europe 
on  a  observé  le  rouge,  le  vert  et  le  blanc,  et,  à  ce  qu'il  paraît,  point  de  bleu. 
A  la  Havane,  je  n'ai  point  distingué  le  vert,  mais  en  revanche  une  légère 
teinte  bleuâtre.  Au  Chili  ce  fut  de  même  :  le  bleu  visible  et  le  vert  invisible. 
Au  Canada,  aux  États-Unis,  à  San  Francisco  et  S.  Salvador  dans  l'Amérique 
centrale,  même  défaut  d'accord  entre  les  observateurs  :  seul  le  professeur 
Loomis  a  vu  le  vert  d'émeraude;  le  professeur  Kirkwood  le  violet  très- 
pâle;  le  sénateur  Senex   dit  que  l'aurore  présentait  toutes  les  teintes  de 
l'iris,  sauf   le    bleu;   le   professeur  Kingston,    directeur  de  l'observatoire 
magnétique  de  Toronto  (Canada),  a  vu  le  ciel  se  couvrir  dans  toute  son 
étendue  du  nord  au  sud  d'un  riche  voile  jaunâtre  parsemé  de  plaques  rou- 
geâtres,  avec  une  magnifique  coiuonne  au  zénith;  de  sorte  que  le  ton 
général  au  Canada  eut  beaucoup  d'analogie  avec  celui  que  j'observais  ici, 
c'est-à-dire  rouge  orangé.  IjCS  autres  observateurs  ont  signalé  les  teintes  les 
plus  communes,  sauf  le  bleu  et  le  vert.   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Notice  sur  un  brouillard  lumineux  observé  à  Genève  du  i8 
au  a6  novembre  iSôg;  Lettre  de  M.  L.-F.  Wartmann  à  M.  Élie  de 
Beaumont. 

«  J'ai  remarqué  un  phénomène  assez  étrange  qui  s'est  manifesté  pendant 
neufs  nuits  brumeuses  du  i8  au  26  novembre  dernier;  la  lune  était  voi- 
sine de  la  néoménie,  par  conséquent  absente  du  ciel  visible  et  pas  lumi- 
neuse. A  cette  date,  un  brouillard  fort  étendu,  pas  assez  humide  pour 
mouiller  sensiblement  le  sol,  mais  assez  opaque  pour  masquer  la  vue  des 
rives  du  Léman  et  du  mont  Salève,  a  régné  d'une  manière  permanente  de 


(  I  )  Cosmos,  traduction  de  Galuski;  Paris,  iSSg,  t.  IV,  p.  173. 

(2)  Fojrage  en  Scandinavie,  en  Laponie,  etc. ,  de  i838  à  i84o  ;  2"  partie  et  2'  division. 

(3)  Voyage  in  the  Southern  and  Antarctic  Régions,  t.  I,  p.  266  ;  t.  II,  p.  209. 

i3i.. 


(    loia  ) 

jour  et  de  nuit  à  Genève  et  clans  son  voisinage  ;  l'air  était  calme  et  le  brouil- 
lard sans  mouvement  apparent,  du  moins  dans  fa  partie  inférieure,  la  seule 
visible. 

»  Contrairement  à  ce  qu'on  observe  d'ordinaire  en  cette  saison,  les  nuits, 
au  lieu  d'offrir  une  grande  obscurité,  étaient  assez  claires  poiu'  que  j'aie  pu 
distinguer  dans  ma  chambre,  sans  lumière,  à  toute  heure  de  la  nuit,  des 
livres  et  autres  objets  placés  sur  une  table;  tandis  que  les  autres  nuits  du 
même  mois  où  le  ciel  se  trouvait  serein,  sans  brouillard,  sans  lune  et  laissait 
voir  les  étoiles,  l'obscurité  était  si  profonde,  qu'on  ne  pouvait  plus  rien  dis- 
tinguer autour  de  soi.  La  chambre  où  les  observations  ont  été  faites  est 
située  rue  Verdaine,  la  fenêtre  fait  face  à  l'est-sud-est,  elle  regarde  sur  luie 
vaste  cour  et  n'a  devant  elle  ni  à  ses  côtés  aucune  lanterne,  aucun  éclai- 
rage artificiel.  Cette  demi-clarté  nocturne  était  incontestablement  déter- 
minée par  la  présence  du  brouillard,  puisqu'on  l'absence  de  celui-ci  elle 
n'avait  plus  lieu. 

M  Je  n'ignore  pas  que,  dans  les  temps  brumeux,  les  nombreux  becs  de 
gaz  des  rues,  des  magasins,  des  promenades  publiques  illuminent  sensible- 
ment le  brouillard  et  lui  communiquent  un  aspect  phosphorescent  qu'on  a 
quelqiaefois  comparé  à  la  faible  lueur  de  la  queue  des  comètes  ou  a  celle  de 
la  voie  lactée;  cette  lueur  nébuleuse,  qui  se  reflète  à  d'assez  grandes  dis- 
tances, contribue  sans  doute  à  rendre  l'obscurité  de  la  nuit  moins  pro- 
fonde, mais  ce  n'était  pas  le  cas  dans  le  phénomène  dont  je  viens  de  parler. 

»  J'ai  eu  occasion  de  questionner  une  personne  qui  était  partie  de  Ge- 
nève à  pied,  le  22  novembre  à  lo*"  3o™  du  soir,  se  rendant  a  Annemasse,, 
en  Savoie,  d'où  elle  est  revenue  ici  le  surlendemain;  elle  m'a  affirmé 
avoir  vu  la  route  aussi  distinctement  que  lorsqu'elle  est  éclairée  par  la  lune 
dans  son  premier  quartier,  ajoutant  qu'il  n.'y  avait  là  rien  d'étonnant  puisque 
la  lune  brillait  probablement  au-dessus  du  brouillard 

•>  Ayant  mentionné  ce  phénomène  à  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire 
naturelle  de  Genève,  M.  le  professeur  Auguste  de  la  Rive,  qui  en  est  le  vice- 
président  actuel  et  qui  assistait  à  la  séance,  a  dit,  au  sujet  de  ma  communi- 
cation et  pour  confirmer  ^assertion  précédente,  que  lui  aussi,  par  luie 
coïncidence  fortuite,  se  trouvant  le  même  jour  22  novembre,  de  nuit,  sur 
une  grande  route  éloignée  de  la  ville  de  plusieurs  kilomètres,  avait  re- 
marqué que  le  brouillard  répandait  une  sorte  de  clarté  qui  permettait  en 
effet  de  voir  assez  distinctement  le  chemin  et  ses  alentours;  mais,  croyant 
devoir  rapporter  cette  lumière  au  clair  de  lune,  il  n'avait  d'abord  attaché 
aucune  importance  à  ce  fait.  ■.-, 


(  io'3  ) 
))  Je  ne  sais  si  cet  intéressant  phénomène  a  déjà  été  observé;    j'ai  fait 
quelques  recherches  dans  les  traités  de  météorologie  et  ne  l'ai  trouvé  consi- 
gné nulle  part;  c'est  pourquoi  j'ai  cru  utile  de  le  signaler  à  l'attention  des 
physiciens  et  des  météorologistes.    « 

MÉTÉOiiOLOGiE.  —  Observations  therinomélriques  faites  à  Har-sur-Auhe  les  F9  et 
20  décembre  iSSg  :  température  de  In  ville  inférieure  à  celte  d'une  mon- 
lafjne  voisine.  —  Extrait  d'une  Note  de  M.  S.  Des  Etaxus. 

«  I.e  19  décembre,  à  8  heures  du  matin,  un  thermomètre  placé  à  l'air 
libre'  au  milieu  démon  jardin  marquait  20  degrés  centigrades  au-dessous 
de  zéro.  Dans  la  journée  il  n'est  pas  remonté  au-dessus  de  i3.  Je  pensai  que 
sur  la  montagne  de  Sainte-Germaine,  au  pied  de  laquelle  est  bâtie  la  ville 
de  Bar-sur-Aube,  le  thermomètre  descendrait  encore  plus  bas,  c'est  pour- 
quoi je  me  rendis  sur  cette  montagne  le  20  à  8  heures  du  matin,  muni 
d'un  thermomètre  pour  observer  cette  différence.  Je  note  en  passant  que  la 
carte  du  Dépôt  de  la  Guerre  indique  que  Bar-sur-Aube  est  à  166  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer  et  la  montagne  de  Sainte-Germaine  à  34c)  mè- 
tres. Parti  de  chez  moi  à  7''  3o™  du  matin,  quand  le  thermomètre  marquait, 
comme  la  veille,  ao  degrés  au-des.sous  de  zéro,  je  ne  trouvai  plus  au  som- 
met de  la  montagne  que  i3°,5  à  8  heures.  Un  peu  plus  bas,  à  la  cha- 
pelle Sainte-Germaine,  qui  n'est  plus  qu'à  299  mètres,  il  y  en  avait  i5.  En 
redescendant  la  montagne,  à  mesure  que  j'approchais  de  la  ville,  j'éprou- 
vais une  impression  de  froid  beaucoup  plus  vive  qu'au  sommet.  En  effet, 
rentré  à  9  heures  (du  matin),  le  thermomètre,  qui  à  mon  départ  indiquait, 
comme  je  l'ai  dit,  20  degrés,  en  marquait  encore  i7",5o.  d 

M.  Meiss.is,  en  adressant  un  exemplaire  de  ses  «  Tables  pour  servir 
aux  études  et  a  l'exécution  des  chemins  de  fer,  «  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  comprendre  cet  ouvrage  dans  le  nombre  des  publications  auxquelles, 
en  raison  de  leur  utilité,  elle  accorde  des  récompenses. 

E'ouvrage  sera  réservé  pour  la  future  Commission  du  prix  de  Mécani- 
que, qui  jugera  s'il  y  a  lieu  de  proposer  pour  l'auteur  la  récompense  qu'il 
sollicite. 

M.  Chazereau,  à  l'occasion  des  diverses  communications  faites  récem- 
ment à  l'Académie  sur  la  découverte  de  produits  de  l'art  humain  dans  des 
terrains  renfermartt  des  ossements  d'animaux  d'espèce  perdue,  croit  devoir 


(  I0.4  ) 

annoncer  que  dans  la  commune  qu'il  habite,  à  Aubigny-sur-Nère  (départe- 
ment du  Cher),  on  a  trouvé  aussi  en  divers  points  des  haches  en  silex,  une 
entre  autres  qui  fut  retirée  d'une  marniére  profonde  de  la  à  i5  mètres. 

M.  Avenier-Delagrée  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de 
la  Commission  à  l'examen  de  laquelle  ont  été  renvoyées  des  précédentes 
communications  sur  une  machine  à  gaz  chauds  et  à  vapeur  d'eau. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  :  MM.  Poncelet,  Regnault, 

Combes.  ) 

M.  Jobard  adresse  de  Bruxelles  des  réflexions  concernant  la  réserve  avec 
laquelle  il  lui  semble  qu'on  doit  accueillir  les  communications  relatives  à 
l'hypnotisme.  ' 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Physique  avait  présenté  dans  le  comité  secret  de  la  séance 
du  19  décembre  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Cagniard  de  Latour. 

En  première  ligne M.  Fizeau. 

_,,.,,.  i  M.  Edmond  Becqcerei.. 

fin  deuxième  liane  ex  aequo.   •      m,    ,  ,       _. 

^  (     J*l.    LiEON    roUCAULT. 

En  troisième  ligne M.  de  la  Provostaye. 

[  M.  Jamix. 
,  En  quatrième  ligne,  par  ordre  j  M.  Masson. 

alphabétique )  M.  Verdet. 

[  M.  Wertheim. 

La  discussion  des  titres  des  candidats,  commencée  danstia  séance  du  19, 
a  été  terminée  dans  celle-ci. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BlBLIOr.RAPIIIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  26  décembre  iSSg  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Histoire  générale  et  particulière  du  développement  des  corps  organisés,  publiée 
sous  les  auspices  du  Ministre  de  l'Instruction  publique  ;  par  M.  CosTE,  t.  Il, 
4*  fascicule.  Paris,  iSSg;  iu-4°,  accompagnée  de  l'explication  des  plan- 
ches. Paris,  i858;  in-4°. 

Cours  de  navigation  et  d'hydrographie;  par  E.-¥.  DUBOIS.  Paris,  1  vol.  in-8". 

Tables  pour  servir  aux  études  et  à  l'exécution  des  chemins  de  Jér,  ainsi  que 
dans  tous  les  travaux  où  l'on  fait  usage  du  cercle  et  de  la  mesure  des  angles; 
/M?- N.  Meissas.  Paris,  iS'io;  1  vol.  iu-12. 

Traité  élémentaire  de  pti/sique  expérimentale  et  appliquée;  parC.  Fokthomme, 
t.  I,  Paris,  1860;  I  vol.  in-i  a  (présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Despretz). 

Ossements  fossiles  découverts  à  Saint-Nicolas  en  1859.  Rapport  lu  à  la  classe 
des  Sciences  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  le  5  novembre  1869;  par  M.  Van 
Beneden;  br.  in-8". 

Rapport  sur  des  momies  d'Egypte  et  sur  la  pratique  des  embaumements  depuis 
les  temps  anciens  jusqu'à  nos  jours  ;  par  H.  Scoutetten.  Metz,  1859;  br.  in-8". 

Mémoire  sur  la  conservation  des  farines  principalement  au  point  de  vue  de 
l'alimentation  des  troupes  en  campagtie;  parle  même.  Metz^  '^Sg;  i  f.  in-8°. 

Recherches  sur  les  bruits  de  souffle  dans  les  maladies  du  cœur;  par  Eugène 
HuZAR.  Paris,  1860;  br.  in-8°. 

Du  traitement  du  croup  en  général  et  particulièrement  de  l'emploi  du  sous- 
borate  de  soude  dans  cette  maladie;  par  M.  Leriche.  Paris,  1  860  ;  br.  in-8°. 

Des  intérêts  moraux  et  matériels  de  laprofession  médicale;  par  J.-B,-P.  Bruin- 
.SÉCHAUD.  Luiioges,  1859  ;  br.  in-8°. 

Dictionnaire  français  illustré  et  Encyclopédie  universelle;  90*  livraison  ;  in-4''. 

Suir  origine..  Sur  l'origine  et  la  nature  des  diverses  existences;  par 
Vr.  Gallo;  1  f.  in-8°. 

Medico-chirurgical...  Transactions  de  la  Société  médico-chirurgicale  de 
Londres.  T.  XLII.  Londres,  1859;  in-S". 

Untersuchungeu...  Recherches  sur  l'histoire  naturelle  de  l'homme  et  des 
animaux;  publiées  par  F.  Moleschott,  année  1859,  6"  vol.,  2'  Ht  3*  parties, 
Giessen,  iSSg;  2  liv.  in-8°. 


ioi6  ) 


(Séance  du  i4  novembre  iSSg.  i 
Page  711,  ligne  19,  après  le  mot  degrés,  ajoutez  supérieurs. 

(Séance  du  28  novembre  iSSq.) 

Page  836,  tableau  o,3,  ara  lieu  de  i  ,03568487,  lisez  i  ,03569487. 
Page  836,  tableau  0,9,  aw  lieu  de  0,93008712,  /wez  0,93007712. 

(Séance  du   12  décembre  iSSg.'j 
Page  918,  ligne  6,  supprimez  et  z  =  9. 

(Séance  du    rg  décembre   iSSg.) 

Page  937,  tableau  0,2,  au  lieu  de  i  ,00412298,  lisez  i  ,04412298. 
Page  957,  tableau  0,6,  au  lieu  de  0,9949820,  lisez  0,99499820. 
Page  957,  tableau  0,7,  au  lieu  de  o,g5']0']5o,  lisez  0,97570750. 
Page  957,  tableau  0,9,  au  lieu  de  0,91980329,  foez  0,92980329. 
Page  958,  ligne  8,  au  lieu  de  a~'',  lisez  a-'^z. 
Page  960,  ligne  24,  au  lieu  de  augmentée,  lisez  augmenté. 

Page  96 1 ,  ligne  4>  ""■  Heu  de  -j  lisez  —  • 

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Page  966,  ligne 4)  au  lieu  de  kH" ,  lisez  kH""-' . 
Page  968,  ligne  6,  au  lieu  de  ■+■  etc.,  lisez  [etc.. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 
TABLES    ALPHABÉTIQUES. 


,  JUILLET  —  DÉCEMBRE   l85g. 


TABLE  DÉS  MATIÈRES  DU  TOIklE  XLIX. 


Pages. 
AeciiMATATiON.  —  Propagation  des  lamas  et 
des  yaks  en  France;   Note  de  M.  Geof- 
Jror-Saint-Hi  taire 6a 

—  Introduction  par  les  soins  d'/l.  Michaux  de 

nouvelles  espèces  d'arbres  dans  nos  fo- 
rêts; Lettre  de  M.  Héi  icard  Ferrand  à 
M.  Elie  de  lieaiimont  aog 

AcÉTÉNAUiNE.  —  Réclamation  de  priorité  de 
M.  Natansun,  à  IVjjard  de  M.  Hofmann, 
pour  des  recherches  concernant  Pacété- 
namine g3i 

Acétone.   —  Recherches    sur    l'acétone;    par 

M.  Â.  Biche 176 

Acide  butyrique.  —  De  la  présence  de  cet  acide 
dans  plusieurs  substances  où  l'on  n'en 
avait  pas  encore  signalé  l'existence;  Note 
de  M .  Isiil.  Pierre a86 

—  Remarques  de  M.  Cbevreul  à  l'occasion  de 

celle  communication ,     3oa 

Acide  caruosique  —  Cicatrisai  ion  des  plaies 
sous  Pinfliience  de  l'acide  carbonique; 
Noie  de  MM.  Loconle  et  Demarijuay Sgî 

—  Expansion  de  l'acide  carbonique  servant  à 

mettre  en  jeu  un  moteurde  l'invention  de 

1V1 .  Brisebarre I  oo3 

—  Sur  l'asphyxie  par  l'acide   carbonique  et 

sur   un   moyen  de  la  prévenir;  Note  de 

M    Gossehn 989 

—  Explicitions   du  phénomène  de  l'absorp- 

tion de  l'acide  rarbonique  par  les  plantes; 

Noie  de  M.  Lantolte- Farchaud 544 

Acide  iodacétique.  —  Recherchessur  cetacide; 

par  MM.  Perkin  et  Uuppa gî 

C.  R.,  1859,  2'^^  Semestre.  (T.  XLIX.) 


C.gM. 

Acide  iodobexzoioue  —  Sur  un  nouveau  mode 
de  siibstiluiion,  et  sur  la  formation  des 
acides  iodulieiizoïqne,  iodotohiique  et 
iodai)isi-.fue;  Noie  de  M.    Griess 900 

Acide  NITRIQUE.  —  Consiili'ralions  sur  la  for- 
mation de  l'aride  nitrique  dans  le  sol; 
Note  de  M.  /*.  Tlirnard  :  ouverture  d'un 
paquet  cacheté  déposé  par  lui  au  irioisde 
mai  iSôt)  et  relatif  ;iux  mêmes  r<'cht!r«  ht^s.     289 

Acide  purnique.  —  .Sur  l'emploi,  comme ilésin- 
feclani,  de  cet  acide  et  des  huiles  saponi- 
fia blés  cou  tenues  tians  les  huiles  de  houille, 
de  schistes,  etc.;  Mémoire  de  M.  Robœuf      984 

Acide  ph'ispuoiuque.  —  Sur  un  nouveau  pio- 
cédé  pour  isoler  cet  acide;  Note  de 
M .  Persoz 91 

—  Sur  la    séparation  et    le  dos,'n;e  de  l'acide 

phosphorique  en  pri'seuce  des  bases; 
Mémoire  de  M     Chnncrl 997 

—  Action  des  sels  suliibles  sur  les  sels  inso- 

lubles :  afTiiiiié  spéciale  de  raci<le  phos- 
phoriifue  pour  les  sesquioxydes;  Note  de 
M.  Guigm-f 454 

—  Sur  un  moyen  d'isoler  et  de  dttser  l'acide 

phospliori({ue  des  phosphates;    Noie  de 

M .  l'hipson gS 

Acide  stnÉitigiE.  —  Recherches  «ur  cet  acide; 

par  M.  Riche 3o4 

Acide  tartrique  —  M.  Liebig  est  parvenu  à 
former  arlifieiellem'-nt  cet  acide  en  trai- 
tant le  sucre  de  lait  et  les  gommes  par 
l'acide  nitrique;  coininunicalion  verbale 
de  M.  Pehuze 3^1 

i3a 


(  'o 

P»Se!. 

AciDK  tautriqie.  —  Note  de  M.  Hiot  h  l'occa- 
sion de  r.'innonce  de  celte   <I('ronvprtn.  .     877 

—  Sur  les  propriétés  optiques  de  l'acide  Ur- 

triqiie  artificiel  ;  Note  de  M.  Bohn 897 

AcocsTiQi'E.  —  Sur  les  sons  ronflants  des  cor- 
des ;  Note  de  M.  Maurat 5i2 

—  Suppléments  à  nn  précédent  Mémoire  sur 

nne  nouvelle  théorie  dn  système  musical; 

par  M.  Le  Pas Ci'^r  et  ioo3 

Aékolitues.  —  Recherches  chimiques  et  ana- 
lyses relatives  à  l'aérolilhe  de  Mon4ce- 
jcau  ;  Mémoire  de  M.  Damour 3i 

—  Remarques  de  M.  Leymerie'si  l'occasion  de 

celte  communication 2^7 

Aérostits.  —  Description  et  figure  d'mi  aéros- 
tat héliçoïde;  par  M.  /.  Beithaux.  268  et     Sgî 

—  Note  sur    la    navigation    aérienne  ;    par 

M.  Lassie agS 

—  Lettre  de  M.  P.  Smjrtb,  coaoeraamt  un  »y»- 

tèmedcson  invention  pour  la  navij^ation 

aérienne /ji5 

Agricole  (Chimie).  —  Considérations  sur  la 

formation  de  l'acide  nilrique  dans  le  sol; 

par  M.  P.  Thenard 2?9 

Air    comprimé.  —  IN'oie  sur  l'emploi   de  l'air 

comprimé  pour  empêcher  les  navires  de 

sombrer;  par  M.  Berthaul 3i)3 

Alcooi.8.  •^-  Sur  les  combinaisons  des  alcools 

polyatomiques  avec  les  acides  bibusiques; 

Note  «le  M.  Desplats 216 

—  Expériences  concernant  l'emi'loi   en  chi- 

rurgie de  l'alcool  et  des  composés  alcoo- 
liques; Mémoire  de  MM.  Baiailhé  et 
Guillet 2G8  et     392 

—  Du  lAlede  l'alcool  dans  Torganisme;  Mé- 

moire de  MM.  Durrox,  Lallemand  et 
Prrrin 5;8 

AtconMÈTRES.  Voir  l'article  Aréomécrie. 

Alli;mettes.  —  Lettre  de  M.  le  Minisire  de  la 
Guerre^  concernant  des  allumelles  pré- 
sentées comme  réunissant  loiis  les  avan- 
tages attribués  aux  allumettes  préparées 
avec  le  phosphore  amorphe 299 

—  Lettre  de  MM.  Paignon  et  Yaudaux,  con- 

cernant les  allumettes  sans  phosphore  de 

M.  Canoail 326 

—  Lettre  de  M.  \e  Ministre  de  la  Guerre,  con- 

cernant ces  mêmes  produits .. ,     4*^ 

—  Copie   d'un   Mémoire  sur    les   allnmettes 

chimiques,  avec  ou  sans  phosphore,  pré- 
senté à  l'Administration  par  M.  Gauliier 
de  Claubry. , 32G 

—  Rapport    sur    les    allamettes    chimiques 

dites  hygiéniques  et  de  sûreté,  sur  les 
allumelles  androgyiies  et  sur  les  alln- 
melles  chimiques  sans  phosphore  ni 
poi>on  ;  rapporteur  M.   Chevreul 434 

—  Remarques  de  MM.   BcnnUe-lievilliers   et 


18) 


I*at;p* 


Daîemagne  sur  la  partie  do  ce  Rapport  re- 
lalîveaux  allumetlesandrogynes. .  5:");)  et    [766 

Allumettes.  —  Lettre  de  M.  le  Ministre  de 
la  Guerre  remerciant  pour  l'envoi  de  ce 
même  Rapport 58a 

Alcmisilm.  —  Note  sur  l'amalgamation  et  la 

dorure  de  l'aluminium;  par  M.Ch.Tissier^       54 

—  M,  Dumns  met  sous  les  yeux  de  l'Acadé- 

mie un    casque  en  aluminium    fabriqué 

pour  le  roi  de  Danemark 8G^ 

Amuokia<ques.  —  Recherches  sur  les  ammonia- 
ques diatomiques  ;  par  M.  Hqfmann 781 

—  Recherches    sur    les   bases   diatomiques  à 

azote  et  phosphore;  par  le  même 880 

ftiiiLTST  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  des 
équations  modulaires;  par  M.  Hermite 
(suite) 16,   110  et     141 

—  Sur    le   changement  de   la  variable   indé- 

pendante^ Notes  de  NL  SpUzer....     ^S,     270 

—  Sur  l'intégration  des  équations  de  la  forme 

jc™  - —  =aj-  par  des  intégrales  définies, 

X  désignant  un  nombre  constant  et  n  un 
nombreenti?r  et  positif  soumis  à  la  con- 
dition m  <^  n;  par  le  m^'me. 325 

—  Sur  la  résolution  des  équations  du  f.'  de- 

gré; Note  de  M.  Fergola «67 

—  Sur  une  solution  abrégée  des  équations  dn 

3^  et  du  ^^  tifi^ré  dans  un  cas  particulier; 
Mémoire  de  M.  B.  IHontucci ag5 

—  Sur  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  et 

sur  les  équations  différentielles  du  calcul 
des  variations;  Lettre  de  M.  Bichelot  i 
M.  Hermite 64' 

—  Sur  l'intégration  des    équations  différen- 

tielles linéaires;  Mémoire  de  M.  David..     676 

—  Essai    de   résolution    des    équations    pa-r 

les   séries   et    les    logarithmes;  Noie  d« 

M.  Val: 7o5 

—  Noie  sur  la  décomposHion   des   fractions 

rationnelles;  par  M.    Vieille 7J6 

—  Lettre  de  M.  Bouquet,  concernant  son  Mé- 

moire sur  la  résolution   des  équations. , .     33g 

—  Lettre  de  M.  Rougpt,  concernant  son  pré- 

cédent Mémoire  sur  la  décomposition  des 
polynômes  en  facteurs  rationnels  du  2' 
degré 826 

—  Note  de  M.  E.  RoucAe'sur  ladécomposition 

des   fractions   rationnelles   et  la   théorie 

des  résidus 6G3 

—  La  famille  de  M""  Sophie  Germain  fait  don 

à  l'Académie  des  Sciences  de  divers  tra- 
vaux inédits  de  la  célèbre  mathémati- 
cienne         4^ 

Akatomie.  —  Sur  la  pocTie  prépéritoné.ile  de 
RetziTis;  communication  de  M.  Flourens 
a  l'occasion  d'un  opuscule  de  M.  Hjrt! . .       84 

—  Rapport  sur  deux  Mémoires  de  M.  Lcun 


Ci 

Dufour,  concernant  Tanatomie  des  in- 
sectes; rapporteur  M.  Dumrril 65 

Anatomie  —  Sur  la  composilioii  nnalomique 
de  la  bouche  ou  rostre  des  ArachnMeâ  de 
la  famille  des  Sarcopiidesj  Mémoire  de 
M.Ch.Iiobin '    29} 

—  Globules  du  sang  colorés  dans  divers  grou- 

pes d'animauxinvertébrés;Notede  M.CA. 

liouget 614 

ANESTutsm.  —  Sur  un  nouveau  procodo,  l'hyp- 
notisme, pour  obtenir  Tanesthésie;  Mote 
de  M .  Broca .    902 

—  Lettre  do  M.  Bazin  à  l'occasion  de  cette 

communication 946 

—  Note  de  M.  Piorir  sur  l'hypnotisme 987 

—  Lettre  de   M.  Jobart  à  l'occasion  de  ces 

communications 10 1 4 

AwoNïMEs  (CoMMU.MCATiONs)  adrossées  pour 
des  concours  dont  une  des  conditions  est 
que  lesauteurs  ne  se  fassent  pas  connaître 
avant  le  jugement  de  la  (Commission. — 
Mémoire  destine  au  concours  pour  le  prix 
Bordin  :  question  concernant  le  méta- 
morphisme des  roches 4*^7 

—  Mémoire   destiné    au    concours     pour    le 

grand   prix    de    Malhémaliques  de   iSSg 

(  théorie  des  marées  ) 66G 

Anthropologie  — Sur  la  formation  du  type  et 
ses  caraclèresdans  les  variétés  dégénérées; 
Mémoire  de  M.  Morel 98a 

Appareils  divers.  —  Lettre  de  M.  Guigardet, 
concernant  une  lampe  sous-marine  de 
son  invention g6 

—  Lettre  de  MM.  Pommier  et  Joyeux,  concer- 

nant leur  étuve  à  gaz  pour  la  dessiccation 

des  substances  altérables  à  l'air i38 

—  Lettre  de  M.  Bosshard,  concernant  l'appa- 

reil qu'il  désigne  sous  le  nom  de  «  col- 
lecteur de  force  » 181  et    865 

—  Lettre  de  M,  Hervé,  concernant  un  appa- 

reil d^enrayage  pour  une  voiture  dont  les 
chevaux  s'emportent 339  et    449 

—  Sur    un    moulin    à    farine    offrant     une 

disposition  nouvelle  destinée  à  modé- 
rer réchauffement  des  farines  ;  Note  de 
M .  Texier 348 

—  Note  de   M.   Garcin   sur   un    système   de 

pompes  de  son  invention 47' 

—  Description  d'un  nouveau  mécanisme  des- 

tine à  faire  mouvoir  un  avant-bras  arti- 
ficiel'; Note  de  M.  Mathieu 984 

—  Description  et  figure  d'un  moteur  mis  en 

jeu  par  l'expansion  de  l'acide  carbonique; 
Note  de  M.   Brisebarre Ioo3 

Aréométrii:.  —  M.  le  Ministre  de  V Agriculture, 
duCommerce  et  des  Travaux  publics  trans- 
met, pour  la  Commission  chargée  de  s'oc- 

;       cuper  de  la  question  des  alcoomètres,  deux 


019    ) 


nouveaux  documents  à  titre  de  pièces  à 

consulter /fG") 

AaiiOMÉTRiE.  —  M.  le  Ministre  envoie,  pour  la 
même  Commission,  divers  alcoomètres  et 
aréomètres  employés  par  l'Administra- 
tion des  Finances ^i 

—  Lettres  de  M.  Thomas,  faisant  suite  ji  ses 

précédentes  communications  sur  les  pèse- 
liqueurs 559  et    647 

—  M.  yacoJi  présente  au  nom  de  M.  Kupffer 

deux  de  ses  instruments  d'.ticoométrie  et 
un     exemplaire     de     l'instruction    pour 

l'emploi  do  ces  instruments 85l 

Argent.  —  Lettre  de  M.  Malaguii  à  M.  Elie 
de  Beaumont,  concernant  les  indications 
relatives  à  la  présence  do  l'argent  dans 
Teau  de  différentes  mers 463 

—  A  cette  occasion,  M.  Chevreul  rappelle  que 

Proust,  il  y  a  plus  de  80  ans,  avait  déjà 
indiqué  comme  très-probable  la  pré- 
sence de  l'argent  et  d'autres  métaux  dans 
les  eaux  de  la  mer ihid. 

—  Lettre  de  MM.  Malaguti  et  Durocher,  con- 

cernant   cette   citation  des   Lettre»   de 

Proust 536 

Arithmétique.  —  Note   sur  l'arithmétique  de 

Dio[diante  et  de  Fermât;  par  M.  Moret..       55 

—  Lettres  de  M.  Spiegler,  concernant  sa  mé- 

thode pour  le  prompt  calcul  du  loga- 
rithme d'un  nombre  quelconque..      i3B,     4^4 

—  Sur    un   ]>roj(*t  de  tables  de  logarithmes  à 

neuf  et  à  dix  décimales;  Note  de  M.  II. 
Montucci 676 

—  Tables  des  racines  carrées  à  dix  décimales; 

par  M.   Lannoy gB^ 

Arsenic.  —  Dissimulation  de  l'arsenic  par  la 
présence  de  rhydrogène  sulfuré  dans  l'ap- 
pareil de  Marsh  ;  Mémoire  de  M.  C.  Leroy.     4^9 

—  Remarques   de    M.   Gaultier  de   Clauhry  à 

l'occasion  de  ce  Mémoire 541 

—  Réclamation  de  M.  Filhol   contre  un  pas- 

sage de  la  Note  précédente 677 

—  Sur  la  densité  des  vapeurs  surchauffées  du 

soufre,  du  phosphore  et  de  l'arsenic; 
Note  de  M.  Bineau 7gg 

Art  militaire.  —  Nouveau  système  de  défense 
des  côtes;  reproduction  d'un  Mémoire 
présenté  en  1844  par  M.  Â.  Vincent 804 

Astronomie.  —  Sur  la  théorie  de  Mercure  et 
sur  le  mouvement  du  périhélie  de  cette 
planète;  Lettre  de  M.  Le  Verrier  ik  M.  Faye.     37g 

—  Remarques    présentées  par   M.   J''aye  à  la 

suite  de  la  communication  faite  par  lui 

de  la  Lettre  précédente 383 

—  Sur, les  expériences  de  M.  Fizeau,  considé- 

rées au  point  de  vue  du  mouvement  de 
translation  du  système  solaire;  Note  de 
M.  tare 8;0 

l32.. 


<)8o 
993 


574 
346 


Wi 


AsTBOsoMiE.  —  ïiemarquesdeM,  de  Tesson,  k 
Poccasion  do  cotte  Note 

—  Ri-|ioiise  de  M.  fayc 

—  Wote  de   M.  Hiot,  accompagnant  la  pré- 

sciitalion  de  ses  «  Eludes  sur  Paslrono- 
mie   indienne  M &71 

—  M,  Lf  Verrier  présente  le  \'l*  voinme  des 

v\nnales  de  l'Obscrvaloire  impérial  de 
Paris 

—  Oliservntinns  de  la    planète  Mars;   Lettre 

du  H.  Secchi 

—  Nouvelle  méthode  de  miitrométrieslellaire; 

Lettre  de  M    de  Gaspnris 5i 

—  Sur  la  valeur  re|;ilive  des  divers  modes  de 

pointé  avec  le  théodolite,  et  sur  les  équa- 
tions personnelles  ;  Note  de  M.  Liais. .  . , 

—  M.    Winecke,  qui  a   obtenu   une   des   mé- 

dailles de  la  fondation  Lalaude,  pour  ses 
découvertes  en  astronomie  pend;int  l'an- 
née i85S,  adresse  ses  remerciments  à  TA- 
c:idemie 63a 

—  Sur  la   puissance   motrice  du  soleil;  Mé- 

moire de  M.    Buisson i3a 

—  Sur  les  mouvements  des  corps  célestes; 

Note  de   M.  Ch.  Suve l33 

—  Sur  1.1  constitution    de  l'univers;  Note  da 

M.    Michaul |38 

Voir  aussi    aux   articles   Soleil,   Lune, 
Planètes,  Comètes, 
ATMo>ptiÉi'.E    TERitEhTRE  —  Sur  les  papllcules 
i         qui  voltijenl  dans  l'air;  Note  de  M.  Del- 

frays^c 

AuROKts  BURÉALFS.  —  Observation  faite  à  Rome 
del'aurnre  boréale  du  i8-ag>ioiU;  Lettre 
du  P.  Sec,  Al 

—  Observation  laite  à  Paris  de  l'aunire  boréale 

du  aH-agaoût;  Note  de  M.  Cou(i'ie/-Gia- 
vter 

—  Observation  du  môme  phénomène  à  Noyel- 

lessurMer;  Note  de  M.  H.  Larti^e.... 

—  InIluenCH  de  la  môme  aurr)re   boréale  sur 

le  jeu  des  télégraphes  électriques  ;  Ob- 
servations de  Pans;  Lettres  de  M.  Ber- 

go" 

—  Aperçus  météorologiques  relatifs  aux  au- 

rores boréales  du  29  août  lâSg  et  du 
17  novembre  iS^S;  Mémoire  de  M.  Four- 
net 

—  Sur  l'aurore  boréale  du  a  j  août  et  sur  la 

nature  do  ce  phénomène;  Note  de  M.  de 

la  liive 

.—  Phéuomètie  de  magnétisme  produit  sous 
l'inlluence  de  l'aurore  boréale  du  Qg  aoiit; 
Note  de  M    L.  Giraud 

—  Proportions    d'ozotie,    avant,    pendant  et 

après  la  période  d'inllueiice  rie  l'aurore 
boréale  du  28-29  août;  Observations  de 
M.  Berignr , îgi 


(     1020   ) 

Pages. 


339 

34a 

338 
367 

365 

397 
4a4 
455 


P.JM. 


AcRoREs  BORÉALES.  —  Sur  les  phénomènes  ma- 
nifestes dans  les  fils  électriques  de  la 
Toscane  après  l'aurore  boréale  du  28-29 
août;  Note  de  M.  il/<il/eucci 460 

—  Perturbations    magnétiques    observées    le 

sg  août  et2  septembre.  Phénomènes  élec- 
triques obseivcs  pendant  l'orage  atmo- 
sphérique lu  38  septembre;  oommunica- 
tions  de  M.  Le  Verrier 47^,  477  et     4^9 

—  Observations  magnétiques  faites  le  29  aoiït 

au  lycée  de  Livourne;  par  le  P.  l'ietro 
Monte 4-8 

—  Observations  de  l'nurore  boréale  du  i«'oc- 

tobrc;  Note  de  M.  Laussedat l^•)% 

—  Sur  la    même   atn-ore  boréale;  Lettre  de 

M.  Bienayme  à  M.  Chasies 48' 

—  Descriptiim    du    même    phénomène;    par 

M.  Gotdschniidt 482  et     548 

—  Sur  une  aurore  boréale  observée  le  2  sep- 

tembre à  la  Guadeloupe  par  M.  Mercier; 

N  ote  do  M .  Duperrey 490 

—  Aurore     boréale    observée    à    Amiens    le 

laoctobre;  Lettre  de  M.  DecAarmej 549 

—  Aurores  boréales  observées  à    la   Havane 

par  M  Poey  le  28-29  '""'  ^'  '"^  i"'-2  sep- 
tembre       55o 

—  Aurore  boréale  du  12  octobre  observée  à 

Saint-Amé  (Vosges);  Note  de  M.  Lau- 
rent      584 

—  Observation  du  même  phénomène  à  Izeure 

(Allier);  par  M.  Laussedat 585 

—  Sur  l'aurore  boréale  du  12  octobre;  Lettre 

de  M.  fournetu  M.  Elle  deBeaumont..     6o3 

—  Sur  les  courants  électriques  observés  dans 

les  lignes  télégraphiques  de  la  Suisse 
pendant  l'aurore  boréale  du  2  novembre 
iSSg;  Note  do  M.  <i« /a  iîiVe 662 

—  Parallèle  entre  les  caractères  observés  en 

Europe  et  à  la  Havane  dans  les  aurores 
boréales  du  28  auût  et  du  2  septembre 
i8^g;  Note  de  M.  Poey 943 

—  Coïncidence  de  l'aurore  boréale  du  i*""  au 

2  septembre  avec  une  aurore  australe  ob- 
servée au  Chili  ;  pat  te  même I009 

AtJTOPiiACiE,  moyen  de  prolonger  la  vie  dans 
les  cas  de  privation  absolue  d'aliments; 
Mémoire  de  M.Ansetmier q35 

Azote.  —  Substitution  de  l'azote  à  l'hydro- 
gène ;  N  ote  de  M .  Greiss 77 

—  Sur  le  rôle  de  l'azote  dans  l'alimeniation 

des  plantes  ;  MémoiredeM.   Viala 17a 

—  Sur  les  proportions  d'azote  combiné  qui    " 

peuvent  se  trouver  dans  les  différentes 
couches  du    sol  ;  Recherches  de  M.    /*. 

Pierre 7 1 1 

AzCRiTE.  —  Sur  la  reproduction  artificielle  de 
cette  espèce  minérale;  Note  de  M.  De- 
hray i. 2i8 


(  loai   ) 


Pag.». 

BiROHÉTRC.  —  Hauteurs  lin  mont  Vclan  et  du 
mont  Coinbin  en  Viilitîs  conctnes  de  nî- 
vellemcnis  barométriques  ;  I.etlre  de 
M.  l'Ianinmour  à  M.  Ch.  Sainle-Claire- 
Deville 337 

Bases  diatomiques  kt  triatomiqces.  —  Rccher- 
cht's  sur  les  ammoniaques  dialomiqucs  ; 
par  M.  Ho/mann ;8i 

—  Becheiches   sur   les   liases  diatnmiques   à 

azole  et  phosphore  ;  par  te  mèntp 880 

—  Recherches  sur  les  bases  phosphorées;  j^ar 

le  me^ne 928 

Blé.  — Sur    le    ligneux    du    blé;    Noie    de 

M .  Pogffiile 138 

Bolides.  —  Lettre  d«  M.  Paferne,  concernant 
un  bolide  qu'il   a  observé  à  Fécamp  le 

aï  septembre  i85  ) 4^6 

BOTAniQCE.  —  Sur  les  moyens  employas  par  les 
boijnisles  pour  la  ilét'-rmination  des  or- 
ganes dos  plantes;  NotedeM.  B/on^niu/Y.       67 


PajM. 
liOTANiQUE.  —  Sur  l'importance  de  l'organogé- 
nie  pour  cette  détermination;    Wote  de 
M.  Payer  en  réponse  à   1»   Note   précé- 
dente      loi 

—  Note  de  M.  il/oi^fiiin-T'/iniion  à  l'occasion  de 

ces  deux  communications 106 

—  Réplique  de  M.  Payer  à  M.  Moquin-Tan- 

don 108 

—  Sur   les   espèces   et  les  variétés  dans  les 

planics  cultivées  ;  contmunicalion  de 
M.  Ofcnisne  à  l'occasion  d'une  mttnogra- 
phie  du  genri-  Cucuniis,  par  M.  NauJin.,.  1^4 
Bras  artificiel.  —  Nouveau  mécanisme  des- 
tiné à  imprimer  le  mouvement  à  un 
avant-bras  artificiel  j  Note  de  M.  J}Ia- 
thieu q84 

BlltLETIN  CIRLlOCIUPniQl'E.  56,    qH,    iSl),     iSs, 

22 >,  -iSo,  3o8,  i'^r,,  373,  .%)=),  416,48';, 
5iC,  519,  590,  64?)  ^'^^1  ''26>  866,  907, 
9'l7>  989  et ioi5 


CXLORiQi'E.  —  Bôle  du  calorique  dans  divers 
phénomènes  relatifs  à  la  physique  du 
çlobe  ei  à  la  physi'ine  des  êtres  organi- 
sés ;  Noie  de  M.  Lenard iSq 

—  Produolion   de  calorique  obtenue    par    la 

comlMislion  delà  vai'Cur  d'eau  ;  Mémoire 

et  Letire  de  M.  Mundo iç8  et    64^ 

—  Sur  leealorique  latent;  Notede  M.  Prttter.     804 
Candioatukes    —  Letlre  de  M.  Bally,  concer- 
nant une  place  vuraiiie  de  (Correspondant 
delà  Section  de  Méde.cine  el  de  riiirurgie.     220 

—  M.  /'o»i,'<'«  demande  à  être  compris  dans  le 

nombre  des  candidats  pour  la  place  va- 
cante       ; ïGi) 

—  M.  f'uife/- adresse  une  semblable  demande.  806 
Caoutchouc.  —  Des  moyens  propres  à  détermi- 
ner l'existence  du  chlore  et  du  soufre 
dans  le  caoutchouc  vnlcai.isé  par  le  chlo- 
rure de  soufre;  Notes  de  M.  Gaultier  de 
Claubry 76,  24-^  *'     36l 

Capillarité.^  Noie  sur  la  causé  dece  phéno- 
mène ;  par  M.  Gtircliery, (747 

CuADDiÈUEs  a  Vapeur. — Sur  un  procédé  pour 
prévenir  l'incrustation  des  chaudières; 
Noie  de  M.  ./oia;d 63 1 

Cdaux.  —  Action  de  la  chaux  sur  le  tissu 
utriculaire  des  végétaux;  Mémoire  do 
M.  Fremy , 56i 


CaAcx.  —  Du  rôle  ei  de  l'action  de  la  chaux 

dans  les  engrais  ;  Mémoire  de  M.  Boharl.   Ioo3 

Chemins  de  fer. —  Lettre  de  M.  Vannor,  con- 
cernant un  Mi'nioire  do  M.  Vei7/er  sur  l'em- 
ploi des  courants  électriques  comme  moyen 
do  sûreté  pour  les  chemins  di-  fer |38 

—  Tableau  comparatif  du    système  de  che- 

mins de  fer  ordinaire  (à  grand  rayon) 
avec  le  système  à  petit  rayon  ;  Noies  de 
fii.  Ltif^nel 174,  221,  393  et     410 

—  Nouveau     système    de    freins     pour    les 

chemins  de  1er;  Note  de  M.  Véneille. 
858  et    946 

—  Lettre  de  M.  .Vem/ïj  accompagnant  l'envoi 

de  ses  Tables  pour  servir  aux  études  el  à 
rexécntion  des  chemins  de  fer Iol3 

CuiuiE     INDUSTRIELLE.  —   (^Communication    do 
M.  Pnyen  accompa;;nanl   la  présentation 
de  la  (]ualricme  édition  de  son  «  Précis    ' 
de  chimie  industrielle  m 927 

Chirurgie.  —  Sur  une  plaie  de  la  région  cer- 
vicale avec  lésion  du  canal  vertébral  et 
écoulement  du  liquide  céphalo-rachi- 
dien;  ^o\.<i  Ac'W.  Jobert  de  Lnmballe., ,  ,       60 

—  Note  rie  M.  Pimndi  sur- l'effusion  du    li- 

quide céphalo-rachidien  à  la  suite  d'une 
lésion  intéressant  le  canal  vertébral....     584 

—  Ou  traitement  des  cancers  épithéliaux  ou 


(  I 

Pages. 

cancroïdea,  par  Papplication  du  cautère 

aclricl  ;  Note  de  M.  C.  Sédillot i6i 

CBiRt'RGiE.  —  De  quel(|ue9  perfectionnements 
à  apporter  aux  opérations  d'urétroplastic; 
par  ie  même ÔTi 

—  De  la  régénération  des  os  après   Tévide- 

ment  ;  par  le  même 604 

—  Des  résectionssous-périostées;  par  temême.     978 

—  AulopUstie     par    transformation    inodu- 

laire  ;  nouvelle  mélliode  pour  achever  la 
guërison  des  anus  contre  nature  après  en- 
térotomie;  Mémoire  de  M.  Lnugier 248 

—  Extirpation  des  polypes  naso-pharyngicns 

par  un  nouveau  procédé  dit  de  la  bouton- 
nière palatine;  Mémoires  de  M.  Maison- 
neuve 2i)2  et     8g3 

—  Mémoire  sur  un  cas  de  division  congéniale 

du  voile  du  palais  guérie  par  la  cautéri- 

saliori  ;  Mémoire  do  M.  Benott ,     3a5 

^  Nouveau  cas  de  traitement  du  prolapsus 
de  l'utérus,  par  la  méthode  éphesloraphi- 
que  ;  Mémoire  de  M .  Gaillard 544 

—  De  la   méthode  galvano-causlique  appli- 

quée à  la  guérison  de  la  cataracte;  Mota 

de  M.Tafignot m 

—  Sur  la  cure  radicale  de  la  tumeur  et  de  la 

fistule  lacrymale  par  Tocclusion  des  con- 
duits lacrymaux  ;  par  le  même » . . . .      a56 

—  Sur   remploi   en  chirurgie  de  l'alcool   et 

des  composés  alcooliques;  Mémoire  de 
MiM.  Bniailhé  et  Guillet 268  et    Sgi 

—  Inlluence  de  Tacide  carbonique  sur  la  ci- 

catrisation des  plaies;  INote  de  MM.  ie- 
conte  et  Demarifuay Sgî 

—  Emploi  du  perclilorure  de  fer  dans  le  trai- 

tement des  plaies  purulentes;  Note  de 

M.   Terreil 265 

—  Désinfection  des  plaies.  Voir  Tarticle  Dé- 

sinjeclants  [Mélanges). 

Chlore.  —  Des  moyens  propres  à  détermi- 
ner l'existence  du  soufre  et  du  chlore  dans 
le  caoutchouc  vulcanisé  p;ir  le  chlorure 
de  soufre;  Notes  de  M.  Gaultier  de  Clau- 
^'■r ^R  et    945 

Chlorlres.  —  Ex.imen  comparatif  du  chlorura 
d'éthylidèue  de  M.  Wurtz  et  du  chlorure 
dVthyle  chloré  de  M.  Regnault;  Note  de 
ftl.  lieibtein l3i 

-^  Action  des  chlorures  organiques  sur  le 
«ulfhydr.ite  et  sur  le  sulfure  potassique; 
Note  de  MM,  Jacquemin  et  Vosselmann...     Sni 

—  Emploi  du  perchlorure  de  fer  dans  le  trai- 

tement  des   plaies  purulentes;   Note  de 

M.  Terreil 265 

Choléra-morbus.  —  Une 'Lettre  de  M.  Pic- 
kering  concernant  son  remède  contre  le 
choléra-morbus  est  transmise  par  M.  le 
ilinistre  de  l'Instruction  publique  qui  de- 


022    ) 


inandeà  cet  égard  des   renseignements  à 

l'Académie l^^l 

Coaltar. — l>e  son    emploi   en    médecine; 

Note  de  M.  Cahert ,     a6a 

—  Remarque»    faites    il     celte  occasion    par 

M.  Chevreul  sur  les  inconvénients  du  peu 
de  fixité  de  certaines  paities  de  la  no- 
menclature chimique a64 

Voir  l'article  Désinfeclants  (  Mélanges.) 
Combustion.  —  i<    Des  foyers    à    alimentation 
continue,  et  de  la  combustion  des  menus 
combustibles  »;  Mémoire  de  M.  L.  Bas.       36 

—  «Sur    les  moyens  d'utiliser  comme  com- 

bustibles ritydrogène  de  Teau  et  l'oxy- 
gène de  l'air;  u   Mémoire  de  M.  Mundo. 

98  et     64^ 

CoHBt'STions  LENTES.  —  Sur  los  oxydcs  de  fer  et 
de  manganèse  et  sur  certains  sulfates 
considérés  comme  moyens  de  transport 
de  l'oxygène  de  l'air  sur  les  matières 
combustibles;  Mémoire  de  M.  Kuhlmann. 
î.")?,  428et    g68 

—  Sur  certains  composés  organiques   à   base 

do  fer  comme  moyen  de  transport  de 
l'oxygène  sur  les  matières  combustibles; 

Note  de  M.  Hervé  Mangon 3|5 

Comètes.  —  Sur  les  atmosphères  des  comètes; 

Mémoire  de  M.  iJd.  ilocAe lt\o  at     ■]i'] 

—  Observations  de  la  comète  de  Tempel  faites 

h  rOb.îervat(iire  impérial;  communi- 
quées par  M.  Le  Verrier 4'*'l  *'     4^9 

Commission   des  comptes.  —  MM.   Mathieu   et 
Geoffroy-Saint  -  Hilaire    sont      nommés 
Commissaires  pour  la  révision  des  comp 
tes  de  l'année  i85S 67 

Commissions  des  prix.  —  Commission  du  prix 
pour  l'application  de  la  vapeur  à  la  ma- 
rine militaire  :  Commissaires,  MM.  Du- 
pin.  Combes,  Duperrey,  Poncelet,  Cla- 
peyron gjs 

CoBHissioss  modifiées  — MM.  Pelonze  et  Fremy 
sont  aljoints  à  M.  Poyen,  précédemment 
désigné,  pour  l'examen  d'un  Mémoire  de 
M.  Poggiale  sur  la  composition  des  blés.     352 

—  MM.   Boussingault    et  Delaunay  sont   ad- 

joints à  la  Commission  nommée  pour  un 
Mémoire  de  i\l.  Visse  sur  la  profondeur 
des  mers jgo 

Commissions  spéciales.  —  Commission  chargée 
de  préparer  un  Rapport  en  réponse  à  une 
question  posée  par  M.  le  Ministre  de  la 
Guerre  concernant  les  allumettes  dont 
l'emploi  peut  être  autorise  dans  les  éta- 
blissements militaires 299  et     434 

Voir  aussi  l'article  Allumettes. 

Cuivre  (Carbonates  de).  —  Sur  la  production 
artiCcielle  de  l'azurite;  Note  de  M.  //.  De- 
brar ai8 


(    I023    ) 


CuRARX Emploi  de  ce  poison  d.ini  le  liai- 

tcjnent  (lu  télaiios;  iSole  de  M.  L.  Vella.     33o 

—  Rcniarquf'S  de  !M.  Yeipeuu  à  roccasion  de 

celle    communication   analyste   de    vive 
voi«  par  M.  i.\.  Jïi-inard 332 

—  Réponse  de  M.  Hcinard  à  ces  remarques...     333 

—  Remarques    de    MM.    Scrrfs^    J.    Clotfu^t, 

Iliiycr  el  iohert  à  l'occasion  de  la   même 
communication 33.'|,  335,  330  et     33^ 

—  Telanos  Iraumalique  traité  sans  succès  par 

le  curare;  Lettre  et  Mémoire  de  W.  Ma- 

nec 3()3  et     t\ob 

—  Emploi  du  woorara  (curare)  dans lo  Iraite- 


Vtfn. 
ment  du  tétanos;  Lettre  de  M.  Biodia  » 

M.  riourens Soi 

CdRARe.  —  Remarques  de  M.  Serres  et  de 
M.  Yetpcau  h  Toccasion  de  cette  com- 
munication......... . 5o4  ot     5o5 

—  Tétanos  traumatique  traité  tans  succès  piir 

le  curare;  observation  de  M.  U.  Gintrac,     817 

—  Remarques  de  M.  Yelpeau  à  Toccasion  de 

cette  communication 8îl 

—  Remarques  de  M.  Cl.  Bernard  sur  le  même 

fait 82Ï 

—  Remarques  do  M.  Dumérilsuv  l'action  stu- 

péliantede  certains  venins  animaux.....     S24 


Décès.  —  M.  le  Secrélaire  peipctuel  donne, 
séance  du  tt  juillet,  d'après  une  Lettre 
de  M'"«  Ducliarmcl,  (illedeM  Cagniard 
de  Lalour,  quelques  détails  sur  la  maladie 
à  laquelle  a  succombé  le  savant  Acadé- 
micien décédé  le  5  juillet 67 

—  Date  du  décès  de  Sir  John  Franktiriy  Corres- 

poiidant  de  l'Académie  pour  la  Section 
de  Géographie  el  de  Kavijjation  ;  ^'ote  de 
M.  Dtiperrey /Jlj 

—  Le  di  ces  de  M.  Poinsot,  survenu  le  5  dé- 

cembre 1859,  est  annoncé  par  sa  famille 
dans  une  Lettre  communi(|uée  à  la  séance 
du  12  par  AI.  le  Présidenl,  qui  annonce  que 
les  obsèques  viennent  d'avoir  lieu  ce  jour 
même 909 

Densités. — Sur  les  densités  de  vapeur  à  des 
températures  très-clevées;  Mémoire  de 
MM.  H,  Sainte-Claire-Deville  et  L.  Troost.     239 

Désinfectants  (Mélanges).  —  Composition 
destinée  à  la  désinfection  et  au  pansement 
des  plaies;  INotede.MM.Dcmenaxett'o/ne.     127 

—  Observations  sur  les  effets  obtenus  de  celte 

composition  dans  le  tjailement  des  plaies 
el  ulcères  ;  communication  de  W.  Velpctm, 
comprenant  une  Note  de  M.  /îou/t-.rsur  les 
résultais   obtenus   à    i'Kcole   vétérinaire 

d'Alfort 145 

— ^  Sur  la  neutralité  des  saveui'S  et  des  odeurs 
et  sur  la  neutralité  chimique  en  général  ; 
considérations  présentées  à  l'occasion  des 
précédentes  communications,  par  M  Che- 
vreul I  ^7 

—  Sur  l'emploi  fait,  antérieurement  aux  expé- 

riences de  MM.  Demeaux  el  Corne,  de 
diverses  substances  désinfectantes;  com- 
munication de  M.   Dussy 157 

—  M.  Dumas  ra|)pelle  que  l'emploi  de  l'huile 

de  poudron  dans  les  mélanges  désinfec- 
tants   a   été    anciennement  proposé  par 


M.  Siret  :  considérations  sur  le  rôle  qu'y 

joue  C'^t  agent 167 

Désinfectants  (Mélanges).  —  Remarques  de 

M.  Payen  sur  le  même  sujet i5&- 

—  Remarques  de   M.  Élic  de  Beaumont  sur 

les  résultats  déjà  acquis,  pour  ce  qui 
concerne  l'art  de  guérir,  par  »iiile  des  ex- 
périences mentionnées  par  M.  Velpean..     iSg 

—  Nouvelles  remarques  de  M.  Velpenu  sur  les 

résultais  déjà  obtenus ihid. 

—  Sur  les  mélanges  désinfectants  employés 

dans  le  traitement  des  plaies  pour  en 
atténuer  on  en  masquer  la  puanteur; 
Note  de  M.  Rennuît 194 

—  Remarques  de  M.  Utilne  Edwards  snr  l'em- 

ploi qu'on  l'ail  de  l'expression  anglaise 
coal-tar,  aulieu  de  l'expression  corres- 
pondante française,  goudron  de  houille..      19S 

—  Note  de  M.  Chevreul   sur  l'usage  du  gou- 

dron en  thérapeutique  el  sur  la  manière 
d'agir  des  désinfectants 197- 

—  Remarques  sur  le  mélange  désinfectant  de 

MM.     Demeaux     et     Corne;     Note     de 

M    Paulet 199 

—  Lettre  de  M.  le  Maréchal  Vaillant,  concer- 

nant l'applicition  faite,  à  l'hôpital  de  Mi- 
lan, du  mélange  de  MM.  Corne  el  De- 
meaux pour  le  traitement  des  plaies..    . ,     22^ 

—  Note  sur   l'emploi  en  médecine  du   coal- 

tar; par  M.  Cahcrt 36a 

—  Remarques  de  M.  Chevrcul  a  l'occasion  de 

celte  communication 264 

—  Lettre  de  M.  le  Maréchal    Vaillant  sur  de 

nouvelles  observations  (ailes  dans  les 
hôpitaux  de  Milan  concernant  le  mélange 
de  fAM .  Corne  et  Demeaux aSS 

—  Expériences  sur  divers  mélanges  désinfec- 

tants el  notamment  sur  la  poudre  ('orne 

et  Demeaux;  Notes  de  M.  Burdcl.   298  et     ^Oi' 

—  Expériences  faites  à  l'iqârmerie  de  l'hiipi- 


(    T02 

Page.. 

tal  des  InvaliHus  avec  le  mélange  désin- 
fectant de  coaUtar  et  de  plâtre^  Mémoire 

de  M.  Bonnafont 348 

Désinfectants  (V]ëla>ces).  —  Sur  Pemploi 
déjn  ancien  du  mélange  de  plâtre  et  de 
coal-lar;   par  le  m/^me. ^og 

—  Sur  rem|iloï  déjà  ancien  de  mrlanges  dés- 

infeclunls  où  entre  le  {j^ondronde  houille 

et  le  plaire;  Noliî  de  M,  Etienne 36^ 

—  Substitution  delà  terre  au  plâtre  pour  for- 

mer avec  le  coal-lar  un  melanjje  désin- 
fectant Emploi  en  grand  de  ce  mélange 
dans  la  ville  de  fiéziers  ;  Note  de  M.  Ca- 
banes   , « «      44^* 

—  M.  Flouiens   présente  au  nom  de  M,  Mo- 

ride  un    échanlillun   de   sang   désinfecté 

par  le  cnke  de  boghead 198 

—  Mémoire  de  M.  Moride  sur  cet  emploi   du 

Coke  de   bi'gh*»aii '2^1 

—  Emploi    du    perchlorure    de    fer    dans  le 

Iraiiementdes  plaies  purulentes;  INote  de 

M.  Terreil 363 


/i 


) 


Désinfectants  (  Méiamges).  —  Sur  l'emploi 
du  «ull'atede  fer  et  d'une  huili'  bitumi- 
neiisedans  les  mélan(;es  désinfeclanla  de 
M    Sirel;  Not"?  de  M.  Dumas 

—  Sur  l»*!!  propriélés  désiril'ecianles  de  la  solu- 

tion de  perchlorure  de  fir  ;  Note  de  M.  De- 
ieau 

—  Mélanges  pour  la  désinfection  des  fosses 

d'iiisances:   topique  désinfectant  pour   le 
pieiain  des  moutons  ;  Note  de  M.  Sm-t.  . 

—  Sur  l'emploi  de  l'iode  ciinime  désirif.  clant 

et  .'iMiiseptiqiie;  Ménioire  de  M.  ilaichal 
de  CalvL   ,.,.,, 

—  Réclamation  de  priorité  adressée  à  l'occa- 

sion decelte  eommoiiieution  par  V]   Itoine. 

—  De  la  dt'struclion  complète   de  rôdeur  de 

gangrène  au  moyen  du  chioraie  de  po- 
liisbe;  Note  de  M.  Ihltiaid,  <lo  Cprbigny. 
DioxVHETUYLÈ.-sE.  —  N  OU  veau  Compose  obtenu 
au  m  yen  de  la  réaclion  de  Poxal.ae  il'ar- 
geiil  sur  l'iodure  de  méthylène;  Note  de 
M .    Uoutlei-ow 


Pages. 

3i4 

363 
856 

2a8 

47' 

.37 


Eau  DE  MER.  —  Lettre  de  M.  Malaguti^  concer- 
nant Texistence  de  Targenl  dans  Teau  de 
différentes  mers 4^^ 

—  M.  Chrfieul  rappelle  à  cette  occasion  que 

Proust,  il  y  a  plus  de  So  ans,  avait  signa'é 
comme  très-probable  la  présence  de  Tar- 
pent  et  du  mercure  dans  Peau  de  la  mer.     ^G3 

—  Lettre  de  MM.  Malaguti  ei  Durochei-j  con- 

cernant cette  citation  des  Ketires  de 
Proust , 536 

Eaux  pluviales.  —  Procédés  pour  ralentir  leur 
écoulement,  dans  rinlérêl  des  cnltmes  et 
pour  prévenir  les  inondations;  Note  de 
M.    Frogier ioo3 

Eaux  potables.  —  Sur  la  composition  des  eaux 
potables  ifans  lu  Lombardie  et  sur  le  rap- 
port decelte  composition  avec  la  produc- 
tion du  goitre;  Mémoire  de  '^) .Dcmortain 
et  Lettre  de  M.  le  Maréchal  Vaillant    ...      538 

EcLiPSFS.  —  Sur  Péclipse  totale  du   18  juillet 

l86n;  Mémoire  de  M.  Fore 5fi |  et     694 

—  Leltre  de  M.  Le  Vetrirr,  concernant  le  plan 

d'opérations  piésenté  aux  astronomes 
pour  cette  éclipse  par  M.  Paye 996 

—  Lettre  d(»   H.    liaudouin  sur  des  apparnils 

de  photographie  aulomaiique  pour  Pob- 
aervalion  des  éclipses  de  suleil    680 

—  Instruments  pour  l'observation  de  Péclipse 

solaire    du     tS  juillet    18G0  ;    Note    de 

M .  de  Kàhkuff. 825 

Economie:  rurale.  —  Recherches  sur  les  pro- 
portions d'azole  combiné  qui  peuvent  se 


trouver  dans  les  différentes  couches  du 

sol    arable;    par  M.   ïsid    Pierre jn 

EcUNouiE  RURALE.  —  An;ily!ie  donnée  par 
M.  Éli"  de  Beaumont  d''one  Noie  de 
M.  Gueymard  sur  la  verse  des  blés  :  rôle 
de   la  siIicH    dans    le  sol  arable 546 

—  Sui  l'inipiii  tance  (le  la  silice  dans  les  terres 

à  ble  ;  observations  faites  dans  le  dépar- 
tement de  la  Marne,  pur  :\1.  Bouquet, ., ,     807 

—  Lt'lire  accoinpagriaiit  Penvoî  d*un  opuscule 

de  M.  Canjr  bnr  un  projet  de  création 
d^ino  ft-rme-modèie  économique  pour 
chaque  canton    rural.* 55 

—  Lettre  de  M.  Uericart- Ferrandf  concernant 

les  c-sais,  en  grande  paitie  heureux,  de 
A  Michaux-  pour  doter  noire  pays  de  non- 
vcTles  espèces  forestières aog 

—  Sur     la    maladie  de   la  vigne;    Note   de 

M.   Diicontmun, , i32 

—  Sur  la  maladie  de  la  vigne;  Note  et  Lettre 

de  M .  Lrcoq   4  i'»  *^^    f^Sa 

—  Lettre  de  M.  Alciali  sur  la  composition  du 

liquide  qu'il  emploie  pour  le  traitement 
priveulif  de  la  maladie  de  la  vigne. . . .  , ,      1^3 

—  DetiCription  et  figure  d'un  nouveau  grenier 

conservateur;  par  M,  Pm-y ^-îS 

—  Du  goë?non  dans   la   culture  des  polders; 

Mémiiire  de  M.  Hervê-Mangon 3'ia 

—  Procédé    pour    la    fumure  des  sables    des 

dunes;   Note  de  M.   Maison 984 

—  Du  rôle  et  i!e  Paction  de  la  chaux  dans  les 

engrais;  Mémoire  de  M.  iîoArt/i ioo3 


loa 


Page». 

Éconohik  HDRAiE.  —  Emploi  en  agricnltare  des 
phosphates  fossiles.  Voir  au  mot  Phos- 
phates. 

Electricité.  —  M.  Becquerel  fait  hommage  à 
l'Académie  d'un  exemplaire  de  ses  c  Re- 
cherches sur  les  causes  de  l'électricité 
atmosphérique  et  terrestre  i 64 

—  Nouvelles    expériences     sur     l'induction 

axiale;  p-ir  M.  Malleucci 846 

—  Formules     électrométriques  ;      Note     de 

M.  Yolpicelti 645 

—  Nouveau  procédé  appliqué  à  l'étude  di!S  for- 

ces électro-motrices;  Notes  de  M.  Raoull. 

81  et     4^9 

^  M.  Desprelz  met  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie un  appareil  d'induction  construit 
par  M.  RuhmkorJJ 208 

—  Note  sur  une  modification  du  la  pile  de 

Bunsen  ;  par  M.  Thomas 734 

—  Note  sur  une  nouvelle  pile  électrique;. par 

M,  Mariè-Dnvy 1004 

—  Sur  la  fixation  des  fantômes  magnétiques; 

Note  de  M.  Nicklès 854 

—  Notes  sur   la  polarisation  voltaïque;   par 

M.  G.  Planté 40Ï  et     C76 

^  Influence  des  électrodes  dans  les  voltamè- 
tres à  sulfate  de  cuivre;  Mémoire  de 
M.  Penoi 37 

—  Sur  l'aspect  de  l'étincelle  d'induction  dans 

le  microscope,  et  sur  les  spectres  de  la  lu- 
mière électrique  dans  le  vide;  Mémoire 

de  M.  Du  Sloncel 4o 

— -  Sur  la  non-homogénéité  de  l'étincelle  d'in- 
duction ;  sur  la  nature  de  l'action  chi- 
mique de  cette  étincelle;  Notes  de  M.  Per- 
rot 1-5  et  204 

—  Des  réactions  exercées  par  les  aimants  sur 

l'étincelle  lumineuse  qui  entoure  l'étin- 
celle d'induction;  Mémoire  de  M.  Du 
Moncel  et  remarques  relatives  à  la  précé- 
dente communication 2n6 

—  Réponse  de  M.  Perrot  à  la  réclamation  de 

M.  Du  Moncel  :  Nouveaux  faits  relatifs  à 
la  non-homogénéité  de  l'étincelle  d'induc- 
tion . 355 

—  Nouvelle  Note  de  M.  Du  Moncel,  concer- 

nant la  même  question  de  priorité 892 

—  Sur   les   causes  qui   peuvent   produire  la 

formation  de  l'atmosphère  lumineuse  de 
l'étincelle  d'induction  ;  par /e  même 542 

—  Sur  les  stratifications  de  l'atmosphère  lu- 

mineuse qui  entoure  l'étincelle  électri- 
que; par  le  même 579 

—  Sur  la  non-homogénéité  de  rétincelle  d'in- 

duction ;  par  le  mgme 825 

—  Sur    quelques  résultats   d'expérience   qui 

semblent  incompatibles  avec  la  théorie 
d'Ohm  ;  Note  de  M.  Gauguin 1006 

CJ.  R.,  i859,  a"»  Semestre.  (T.  XUX.  ) 


5) 

Pa|«. 

Électbicité.  —  Notp  sur  l'étincelle  d'induc- 
tion; par  M.  Lissajous . , . ,  m •    lOOQ 

—  Sur  l'emploi  de  la  contre-batterie  dans  les 

lélégraplips électriques;  Notcde M. /«coJi.     610 

—  Sur  un  phénomène  de  magnétisme  qui  s'est 

produit.sous  l'induence  del'aurore  boréale 

du  29  août;  Note  de  M.  L.  Ciraud 455 

—  Lettre  du  P.  Secchi,  concernant  les  pertur- 

bations magnétiques  observées  à  Home  le 

2  septembre  iSSg /5g 

—  Sur  les  phénomènes  qui  se  sont  manifestés 

dan»  les  fils  télégraphiques  delà  Toscane 
après  l'aurore  boré^ile  du  '28-29  août- 
Lettre  de  M.  Mutteucci zg^ 

—  Perturbations  magnétiques  observées    les 

29  août  et  2  septembre  :  observations  de 
MM.  Desains  et  Charault.  —  Phénomènes 
électriques  observés  pendant  l'orage  at- 
mosphérique du  28  septembre  :  observa- 
tions dcM\l.  Charault  et  Descroix  (com- 
munications de  M.  Le  Verrier).  47^.477  et     489 

—  Observations  magnétiques  faites  le  29  août 

au  Lycée  de  Livourne;  par  le  P.  Pietro 
ilonlt 478 

—  Penuibations  magnétiques   constatées  en 

Europe,  rapprochies  del'apparilion  d'une 
aurore  boréale  observée  dans  la  nuit  du 
i"^""  au  2  septembre  à  la  Guadeloupe; 
Note  de   M.Duperrey,. 400 

—  Sur  les  courants  électriques  observés  dans 

les  lignes  télégraphiques  de  la  .Suisse 
pendant  l'aurore  boréale  du  2  novembre 
i8J();   ^ote  de  M.  Ce /<! /ÎM'p 662 

—  Du  mécanisme   des  effets   physiologiques 

de  l'électricité;  Noie  de  ^\.  Chauveau.,,     449 

—  De   l'iileniité   du    (Uiide    électrique    et   do 

l'agent  qui  détermine  la  contiaction  mus- 
culaire; Note  de  M.  JI/oi7m 544 

—  Méthode  de    traitement   pour  l'hypertro- 

phie prostatique  simple  et  pour  les 
flexions  utérine.s,  par  l'électrisatiûn  loca- 
lisée; Noie  de  M.  A.   Tripier 21g 

—  De  la  médication  électrique  dans  certaines 

affections    de   l'appareil  oculaire;   Note 

de  M.  ÎSoulu ,.     /«„ 

—  Pile  thermo-électrique  et  explication    du 

phénomène  de  l'absorption  de  l'acide 
carbonique  par  les  plantes;  Note  de 
M.  Lamotte-Farchaud 5«^ 

—  Note     sur     une    chaîne     voltaïque;     par 

M.  Derthaul 303 

—  Note  sur  les  piles  galvaniques;  par  M.  Be- 

ghin 545 

EfiiiVALENTS.  —  Note  de  M.  Bizio  contenant 
une  réclamation  de  priorité  pour  ses  tra- 
vaux sur  la  corrélation  des  équivalents 
des  corps  et  leurs  propriétés  physiques 
et  chimiques q83 

i33 


(    1020   ) 


P«5. 


au  lieu  <Ie  Per- 
aussi  aux   pages 


Errata.  —  Page  gî,  ligne  i, 

kins,  lisez  Perkin.    Voir 

ioj,  \/\o,   i83,  a56,  340,  3;6,  Sgi,  868, 

908,  gSï,  t)9i,  1016. 
Essentielles  (Huiles).  —  Études  sur  la   com- 

posilion  de  quelques  essences;  Note  de 

tA.  A.  Lallemnnd ,     35 J 

Éthers.  —  Action  des  alcalis  hydratés  sur  les 

élhers  nitriques;  Note  de  M.  Berihelac.     212 
—  Note  sur  un  clher  intermédiaire  du  glycol  ; 

par  M.  Lourenço 619 


,  Page!. 

Ethïlène  (Oxïde  d').  —  Synthèse  du  glycol 
avec  l'oxyde  d'éthylène  et  l'eau;  Noie  de 
M.  Wuriz 8,3 

—  Union  de  l'oxyde  d'éthylène  et  de  l'ammo- 

niaque ;  par  le  même 898 

Étoiles  filantes.  —  Note  de  M.  Couhier- 
Gravier  sur  les  étoiles  filantes  des  y,  10 
et   II  août 278 

—  Note  sur  les  étoiles  filantes  d'octobre-no- 

Tembre  :  catalogue  des  bolides  observés 
depuis  septembre  1853  ;  par /«  niéVne 75u 


Fécule.  — De  la  fécule  végétale  et  animale 
sous  le  rapport  de  l'influence  transforma- 
trice qu'exerce  sur  elle  la  lumière.  De 
quelques  substances  qui  annihilent  ou 
accroissent  cette  action  solaire;  Mémoire 
de  MM.  Nicpce  de  Saint-Victor  et  L.  Cor- 
f'sart 368 

—  Mémoire  sur  la  xyloïdine  et  sur  de  non- 

veaux  dérivés  nitriques  de  la  fécule;  par 

M.  Bèchamp, .,, ...•• 5oa 

—  Sur  la  résorption  de  la  fécule  dans  l'albu- 

men de  la  graine  en  voiede  germination; 

Mémoire  de  M.  Gris '  ç)t)6 

Fer  (Composés  dc).  —  De  l'emploi  de  l'acido 
sulfureux  et  des  sulfites  alcalins  comme 


moyen  de  réduire  les  persels  de  for;  Note 

de  M.  Buignet 587 

Fer  (Composés  do). —  Sur  la  réduction  du 
peroxyde  de  fer  cl  la  nitrification;  Note 
de  M.  mène Ç~Q 

—  Oxydes  de  fer  considérés  comme  moyens  de 
transport  dc  l'oxygène  de  l'air,  (Voir  l'ar- 
ticle Oxy^tène), 

Foudre.  —  Note  sur  la  foudre  en  boule;  par 

M.  de  Tessan 189 

Fraises.  —  Examen  chimique  <le  la  fraise  et 
analyse  de  ses  diverses  espèces;  par 
M.  Buignet 2-6 

Fusibilité.  —  Causes  de  la  fusion   et  lois  qui 

la  régissent;  Mémoire  de  M.  Ed.  Robin.     gSS 


Gaz.  —  Observations  sur  le  poids  spécifique 
des  fluides  élastiques  ;  Blémoire  de 
M.   Baudrintont Car 

—  Sur  la  loi  de  Mariotle;  Notedo  M.  Qni/nno.     go5 
Gélose,  nouveau  principe  immédiat  extrait  de 

diverses  plantes  cryptogames.  —  Mémoire 
de  M.  Pnyen  sur  la  gélose  et  les  nids  de 

salaiigine 52I 

Géodésie.  —  Communication  de  M.  d'Ahhadie 
en  présentant  son  «  Résumé  géodésîque 
des  positions  déterminées  en  Ethiopie  ».     22g 

—  Sur  l'emploi  de   la  photographie  dans   le 

levé  des  plans;  Note  de  M.  Laussedat...     jSa 
.—  Lettre  de  M.  Larrose^  concernant  sa  Note 
intitulée  ;  «  Nouvelle  iniro-sladia  appli- 
quée à  la  mesure  des  distances  et  aux  ni- 

vellements  » 96 

Géographie.  —  Lettre  de  M.  Âdelswardaccom- 
pagnant  l'envoi  de  cartes  géographiques 
dc  la  Suède  dressées  par  le  Prince  Royale 
aujourd'hui  Koi  de  Suède  et  de  Norwég'e.     268 


Géographie.  —  Hauteurs  du  mont  Velan  et  du 
mont  Combin  en  Valais  conclues  de  nivel- 
lements barométriques;  Notede  M.  Plan- 
taniour , 327 

—  M.  £(ie  de  Beaumont  présente  une  nouvelle 

carte  des  régions  arctiques  publiée  par 
l'Amirauté  liritannique,  et  communique 
tinc  Lettre  de  M.  Pentlatid  qui  accompa- 
gne cet  envoi 633 

—  Note   sur   les   cartes  géographiques  ;   par 

M.  À.  Tissot G73 

Géolocie.   —    Rapport   sur  un    Mémoire  de 
M.  A.  Gaudr/j    intitulé   :   «  Géologie   de 
.     l'ile  de  Chypre  u  ;  rapporteur  M.  d'Aichiac.     229 

—  Remarques  de  M.  Élie  de  Beaumonl  à  l'oc- 

casion d'une  carte  géologique  du  Dau- 
phinc;  par  M.  Ch.  Lory i85 

—  Sur  un  système  slratigraphique  perpendi- 

culaire au  système  (les  Alpes  occiden- 
tales, et  du  même  âge;  Note  de  M.  ViîiVm.     202 

—  Sur  quelques  observations  faites  à  l'ile  de 


(  I 

Pag". 

Terre-Neuve  et  en  Californie;  Lettre  de 

M.  Jackson  i  M.  Élie  de  neaumont !fi 

Géologie.  —  Couches  traversées  dans  un  jftiits 
foré  à  Louisville  (Keniucliy);  Mémoire 
do  M.  Moissenet • 317 

—  Sur  I'ori(jine  de  certains  filons;  Note  de 

M.  it/eu^r 320 

—  Rcclierches  chimiques  sur  le  calcaire  d'A- 

vane  en  Toscane;  Note  de  M.  de  Luca. . .     358 

—  Sur  le  calcaire  fossilifère  du  fort  de  TEs- 

scillon  en  Maiirienne  ;  Lettre  de  M.  A. 
Sismonda  à  M.  Élie  de  Beaumont 4"' 

—  Études  sur   le  métamorphisme;    Mémoire 

destiné  au  concours  pour  le  prix  Bordin 

de  iSSg 46/ 

—  Lettre  de  M.  Delessf  accompagnant  l'envoi 

de  ses  publications  concernant  le  méta- 
morphisme des  roches 494 

^  De  l'inlluence  du  temps  sur  les  actions  chi- 
miques, et  des  changements  qui  peuvent 
en  résulter  dans  cerlains  fossiles;  Mé- 
moire de  M.  Far^caud 558 

—  Sur  r.^ge  des  poudingues  dé  Nemours   et 

dessables  coquilliers  d'Ormoy;  Mémoire 

de  M.  Ch.  d'Orhigîty 670 

—  Note  sur  les  brèches    osseuses  de  l'île  do 

Ratoneau  ;  par  M.  Marcel  de  Serres 678 

— .  Sur  le  diluvium  à  coquilles  lacustres  do 
Joinville-le-font;  Mémoire  de  M.  d'Or- 

l'igny 79" 

—  .Sur   l'âge  des  poudingues  de  Nemours  et 

des  sables  cofïuilliers  d'Ormoy  ;  Mémoire 
de    M.   Hébert   en    réponse  à    M.   d'Or- 

bigny 848 

r—  Lettre    de    M.    d'Orbigny   &  l'occasion  de 

celle  réponse g!^G 

—  Sur  un   principe  de  géologie    relatif  aux 

effets  du  mouvement  primitif  des  grands 
courants  d'eau  aux  époques  antérieures  à 
la  nôtre;  Mémoire  de  M.  Leymerie ygS 

—  M.  Elie  de  Beaumont  présente  au  nom  de 

M.  Ë.  de  Fourcy  une  carte  géologique  du 
Loiret  et.  l'extrait  d'une  Notice  qui  se 
rattache  à  cette  carte ■   g4i 

—  M.  le  Ministre  du  Commerce,  de  l'Agricul- 

ture et  des  Travaux  publics  envoie  pour  la 
Bibliothèque  de  l'Institut  un  exemplaire 

de  celle  carte g85 

Sur  des   restes  très-anciens  de  l'industrie 


027    ) 


P«8ei. 


humaine  trouvés  dans  le  terrain  de  trans- 
port des   environs    de  Paris;    Note   de 

t&.  Radiguel 677,  7,';6  et     988 

Voir  aussi  l'article  Paléontologie. 
Géométrie.  —  Sur  la  courbure  des  surfaces; 

Mémoire  de  M.  Dahinrt ,     (}i  J 

—  Sur  les  courbes  à  double  courbure  de  tous 

les  ordres,  et  sur  un  mode  uniforme  de 
génération  de  ces  courbes  par  le  moyen 
des  intersections  mutuelles  dans  l'espace 
de  deux  droites  pivotant  autour  de  deux 
points  fixes;  Mémoire  de  M.  de  Jonquii- 
'•« 54a  et    63a 

—  Note  sur   la  courbure  des  surfaces;   par 

M.   Roger 5^5 

—  Note  sur  un  théorème  de  géométrie;  par 

M.  Vahbé  Aoust n)n 

—  Note  sur  une   propriété  de  l'ellipse;  par 

M .  Lino  de  Pnmbo «56 

—  Note  sur  les  courbes  et  les  surfaces;  par 

M.  William  Roberts ^ij 

—  «  Nouvelles  démonstrations  des  propriétés 

du  cercle  et  des  trois  corps  ronds  m  ; 
Note  de  M.  Dobelly ^33 

—  M.  Flament  demande  et  obtient  l'autorisa- 

tion   de   reprendre  son  Mémoire    sur  la 

théorie  des  parallèles i3q 

Glycocénie.  —  Présence  du  sucre  dans  le  sang 
de  la  veine-porte  et  des  veines  sus-hépa- 
tiques; communication  de  M.  C.  Bernard 
d'après  une  Lettre  de  M.  Schmidt 63 

—  Recherches  sur  le  sucre  formé  par  la  ma- 

tière glycogèno  hépatique  ;  Note  do 
MM.  Derlhelot  et  de  Luca 2l3 

—  Delà  glycogénieanimaledans  ses  rapports 

avec  la  proiluction  et  la  destruction  de  la 

graisse;  Mémoiie  de  M.  G.  Co/in gSi 

Glycol. — Ether    intermédiaire    du    glycol; 

Note  de  M.  Lourenco gig 

—  Synthèse  du  glycol  avec  l'oxyde  d'élhylène 

et  l'eau;  Note  de  M.  ff^arlz gij 

Glycosurie.  — De  la  glucosurie  dans  les  fiè- 
vres paludéennes;  Mémoirede  M.  E  Bur- 

^^i 680 

Goitre.  —  Composition  des  eaux  courante» 
en  Lombardie  considérées  relativement  à 
la  production  du  goître;  Mémoire  de 
M.  Demortain  et  Lettre  de  M.  le  Maréchal 
Vaillant 53g 


Histoire  des  Sciences.  —  Communication  de 
M.  Bioty  concernant  ses  recherches  sur 
l'Astronomie  Indienne 571 

Hi'nr.Es.  —  Nouvelle  picsenialion   d'huitres 


provenant  de  bancs  artificiels;  particu- 
larités que  présentent,  relativement  à  la 
propagation,  les  huîtres  ainsi  obtenues; 
Note  de  M.  Carbonnel 

i33.. 


447 


(    I028   ) 


F>8". 

Htbridité.  —  Observation  d'un  cas  d'hybri- 
dile  (lisjoinio  entre  deux  espèces  de  Da- 
tura;  Note  de  M.  Naudin 6i6 

Hydraulique.  —  Lettre  de  M.  Chaubart,  con- 
cernant son  système  de  barrage  automo- 
bile      9'l6 

Hydrogène.  —  Substitution  de  Tazote  à  Thy- 

drogène;  Note  de  M.  Gieiss 77 


Pian. 


Hygiène  publique.  —  Sur  les  moyens  de  remé- 
dier à  Pinfection  delà  Tamise;  Mote  de 
IM.N,  Boubée aaa 

—  Lettre  de  M  Lagout,  concernant  l'emploi 
de  Talgue  marine  pour  la  salubrité  des 
habitations 33i 


Impression  sur  étoffes.  —  Nouveaux  procédés 
pour  Pimprçssion  des  éloffes  ot  des  pa- 
piers de  lentuie;  Mémoire  de  M.  Boesch,     208 

Institut.  —  Letires  de  M.  le  Président  de 
l'Institut,  concernant  la  sé.ince  publique 
du  i5  août  et  les  séances  trimestrielles 
du  5  octobre  iSSg  et  4  janvier  i8t)o. 
û?.   3y7  et    869 

Instruments  DE  Chirurgie.  —  Nouvel  instru- 
ment pour  la  suture  dos  fistules  vésico- 
vaginales  ;  par  M.  T.  Riholi ^^ja 

—  Lettre  de  M.  Guillon,  concernant  son  nou- 

veau brise-pierre  sécateur 4^^ 

—  Nouvel  instrument  pour  l'opération  de  la 

fistule  lacrymale  présenté  par  M.  Foitz..     9^0 
Iode.  —  Recherches  sur  Piode  atmosphérique 

par   M.  De  Luca 170 

—  Procédé  par  la  voie  sèohe  pour  constater  la 

présence  de  Piode  et  pour  le  doser;   par 

le  même ^I-I 

—  Nouveau   procédé  pour  constater  la  pré- 

sence de  l'iode  dans  les  plantes,  les  ani- 


maux terrestres,  les  eaux  de  source,  Pair 
atmosphérique,     etc.,     par    M.     Mène. 

25o  et     5o3 

Iode.  —  Sur  Pemploi  de  l'iode  comme  désin- 
fectant et  antiseptique;  Note  de  M.  Mar- 
chai de  Calvi 242 

—  Réclamation  de  priorité  adressée  à  Pocca- 

siondeceltecommunication,  parM.Boine.     298 

—  lodure  de  potassium.  —  Action  dedifférents 

réactifs  sur  ce  sel;  Note  de  M.  G.  Vbal- 

dini 3o6 

Iriciuii.  —  Note  de  M.  Pelouse  accompagnAt 
la  présentation,  faite  au  nom  de  M.  Ja- 
cobi,  de  médailles  frappées  avec  des  al- 
liages d'iridium  et  de  platine  :  présenta- 
tion d'un  lingot  d'iridium 8g6 

—  Remarques  de  M.  Regnauh  sur  la  pureté 

de  l'iridium  de  ces  médailles 897 

IsoBÉRisME.—  Examen  comparatif  du  chlorure 
d'éthylidène  de  M.  Wurtz  et  du  chlorure 
d'éthyle  chloré  de  M.  Regnault;  Note  de 
M.  Beilstein >  34 


Legs  Bréant. —Notes  de  MM.  Lan,  Pilarski, 
Pickering,  Gigot  et  Coc.  220,  a5i,  298, 
444,  858  et 937 

A  l'occasion  d'une  Lettre  de  M.  Grun  de- 
mandant l'autorisation  de  reprendre  un 
Mémoire  présenté  au  concours  pour  le 
prix  du  legs  Bréant  de  i858,  M.  le  Prési- 
dent rappelle  que  tout  Mémoire  présenté 
h  un  concours  déjà  jugé  ne  peut  sortir 
des  archives,  même  quand  il  n'a  point  été 
désigné  expressément  dans  le  Rapport  de 
la  Commission 947 

DcNEix.  —  Note  sur  le  ligneux  du  blé;  par 

M.  Poggiale ia8 

Lumière.  —  Recherches  sur  divers  effets  lu- 
mineux qui  résultent  de  Paction  de  la  lu- 
mière sur   les  corps  :  composition  de  la 


lumière  émise  ;  Mémoire  de  M.  Edm.  Bec- 
querel       37 

Lumière Influence  transformatrice  de  la  lu- 
mière sur  la  fécule  végétale  et  animale  : 
substances  qui  annihilent  ou  qui  accrois- 
sent cotte  action  solaire;  Mémoire  de 
MM.  Niepce  de  Saint-Victor  et  Corvisart.     368 

—  De  l'action  que  la  lumière  exerce  lorsqu'elle 

rend  différentes  substances  à  l'état  de  so- 
lution aqueuse  capables  de  réduire  les 
sels  d'or  de  l'argent;  Mémoire  de  M .  Niepce 

de  Sainl-Viclor 8l5 

Lune.  —  Calcul  des  variations  séculaires  des 
moyens  mouvements  du  périgée  et  de  l'or- 
bite delà  lune;   Note  de  M.  Delaunuy...     Sog 

—  Sur  les   inégalités  lunaires  à   longue   pé- 

riode due»  à  l'action  perturbatrice  de  Vé- 
nus; par  Zf/n^me 923  et    995 


(    I029   ) 


M 


Plgfl. 
Macbines  a  vapeur.  —  0  Nouvelle  machine  à 
gaz  chauds  et   à    vapeur   d'eau;    )>    par 
M.  Avenier  de  Lagrêe..      SJS,  787,  89}  et   101 4 

—  Noie  sur  un  foyer  fumivore  à  flamme  ren- 

versée pour  les  locomotives;  par  le  même.     Si)^ 

—  Lettre  do  M.  Di/gro/i-j,  concernant  la  ma- 

chine à  vapeur  rotative  du  système  Guer- 

raz  et  Briery SaS 

—  Sur  la  théorie  de   l'injecteur  Gijfard;  Mé- 

moire do  M.  Caivallo 938 

Magnétisue  terrestre.   —  Recherches  sur  le 

magnétisme  terrestre;  par  M.  Pâmer. . .       /|a 
Voir  aussi  Tarticle  Electricité, 
Mahganèse  (Oxydes  de)'.  Voir  l'article  Orygène. 
Mécanique.  —  Sur  la  manière  de  ramener  à 
la  dynamique  des  corps  libres  celle  des 
corps  que  Ton  suppose  gênés  par  des  ob- 
stacles fixes;  Mémoire  de  M.  y'oi'njoV. . ..         5 

—  Sur   le  mouvement  dus   gaz  de  la  poudre 

dans   l'âme  dos  bouches  à  feu;   Mémoiie 

de  M .  Piobert 757,  829,  909  et     gSS 

—  Sur  les  intégrales  algébriques  des   équa- 

tions  différentielles    de   la    Mécanique; 
Mémoire  de  M.  Massieu. 35a 

—  Instrument  destiné  à   mettre  en  évidence   . 

les  effets  dus  h  la  composition  des  rota- 
tions; Note  de  M.  Sire 126 

Mécanique  céleste.  —  Calcul  des  variations 
séculaires  des  moyens  mouvements  du  pé- 
rigée et  du  nœud  de  l'orbite  de  la  lune; 
Kote  de  M.  Delaunay 3og 

—  Sur  les  inégalités  lunaires  à  longue  période 

dues  à  l'action  perturbatrice  de  Vénus  ; 

far  le  même 933  et     ggS 

—  Théorie  du  mouvement  do  la  terre  autour 

de  son  centre   de  gravité;  Mémoire  de 

M.  J.-A.  Serret 628 

MÉDECINE.  —  Injections  de  sulfate  d'alrophine 
sur  le  nerf  pneumogastritc  pour  guérir 
des  attaques  d'asthme  ;  Mémoire  de 
M.  À.  Courir C66 

—  Sur  un  moyen  destiné   à  faire  tomber  les 

verrues  ;  Note  de  M.  Pommerct BgS 

Voir  aussi  les  articles  Pathologie  et 
Thérapeutique. 
Médecine  ET  Chirurgie  (Prix  de).  —  Analyses 
d'ouvrages  imprimés  ou  manuscrits  adres- 
sés l'Oiir  ce  concours  par  les  auteurs  dont 
les  noms  suivent  : 

—  M.  Legendre  :  Sur  quelques  cas  rares  de  her- 

nies crurales 326 

—  M.  Marcd'Espine  :  Essai  de  Slatilisque  mor- 

tuaire comparée .^ g85 


P>|M. 

Mercure.  —  Sur  la  théorie  de  cette  planète  et 
sur  le  mouvement  de  son  périhélie;  Lettre 
do  M.  Le  Verrier  à  M.  Faye 3jg 

—  Remarques   présentées    par  M.  Paye   à  la 

suite  de  cette  communication 383 

Métaux.  —  De  la  classification  des  métaux, 

d'aprèsHaiiy;  ^otodeM.  Marcel  île  Serres.  738 
Météobolocie.  —  Recherches  sur  les  ombres 
colorées  qui  se  manifestent  à  diverses 
heures  en  diverses  .saisons,  et  sur  les  ap- 
plications du  phénomène;  Mémoire  de 
M.  Fuuriiet 24  et      I2t 

—  Aperçus  méléorologiques  relatifs  aux  au- 

rores boréales  du  2g  août  iSSget  du  17  no- 
vembre 1848 ;  par  le  même Sgj 

—  Sur  lu  foudre  en  boule  ;  Note  de  M.  de  Tes- 

san i8g 

—  Observations  sur  la  division  des  éclairs  en 

plusieurs  branches;  par  M.  E.  Liais   ...      sSa 

—  Note  sur  la  vapeur  vésiculaire;  par  M.  Da- 

S"'" 90 

—  Loi  de  la   coloration   et  décoloration   du 

limbe  du  soleil,  des  planètes  et  des  étoiles 
dans  leurs  asc^-nsions  et  déclinaisons  de 
l'horizon  au  zénith  et  vice  versa  ;  Notes  de 
M.  Poey 45  et     263 

—  Expériences  sur  les  ombres  prismatiques 

observées  à  la  Havane.,  en  rapport  avec 
la  déclinaison  du  soleil  et  l'état  atmos- 
phérique; par  le  même 36a 

—  Sui  la  constitution  des  halos  oiservés  à  la 

Havane,  et  leurs  rapports  avec  les  phases 

de  la  lune;  par  le  même 735 

—  Sur  un  brouillard  lumineux  observé  à  Ge- 

nève du  18  au  26  novembre  i85y;  Lettre 

de  M.   Wartmnnn ,,   ion 

—  Effets  produits  par  une  trombe  aux  envi- 

rons de  Coutances;  Lettre  de  M.  l'abbé 
Ginard 4 1 4   ^^     ^^4 

—  Température  de   l'été  de  i85g,  à  Nimes, 

comparée  à  celle  des  trente-quatre  années 
antérieures; Note  de  M.  Boileau  de  Cas- 
telnau 751 

—  Observations    thermomélriques    faites,    le 

20  décembre,  à  Bar-sur-Aubc  et  sur  la 
montagne  au  pied  de  laquelle  la  ville  est 
bâtie;  Lettre  de  M. des  Étangs I0l3 

Miasmes.  —  Nouvelle  méthode  pour  recueil- 
lir les  miasmes  et  déterminer  leur  nature; 
Mémoire  de  M.  L.  Gigot 858 

Minéralogie.  —  Sur  l'oxyde  de  chrome  de  Fay- 
mont  dans  le  Val-d'Ajol  (Vosges);  Note 
de  M.  Fournet 600 


(  io3o  ) 

Pages 


Minéralogie.  —  Lettre  de  M.  Pissis  accompa- 
gnant l'envoi  de  quelques  minéraux  rares 
du  Cliili 36o 

Noie  de  M.  Domerko  accompagnant  divers 

spécimensde  minéraux  envoyés  du  Ciiili.     539 

—  Minerais  do  zinc   snus  forme  oolitbique; 

Note  de  M.  À.  Trrreil 553 

MoNi'MENTS  éUvés  à  la  mémoire  d'hommes  illus- 
tres: Décret  daPrésidenl de  la  République 
du  Mexique  portant   qu'une  statue  sera 


P.je>. 
58a 
i3a 


élevée  à  M.  de  Humboldlaax  frais  de  l'État 

et  placée  ii  l'Ecole  des  Mines  de  Mexico. 

Mdsique,  —  Mémoire  sur  la  musique;    par 

M.  Zen^erlé 

—  Tableaux  et  dessins  relatifs  à  l'art  du  fac- 

teur d'orgues,  présentés  par  M.  Zimmer- 
mnnn 

—  Suppléments,  adressés   par  M.  Le  l'as,  à 

un  précédent  Mémoire  sur  une  nouvelle 
théorie  du  système  musical...,     647  et  looî 


364 


Navigation.  —  Sur  un  nouveau  système  de  voi- 
lure ;  Note  de  M .  Manifical 449 

—  Moyen  proposé  pour  faireservirle  roulis  de 
la  mer  à  la  propulsion  des  navires;  Note 
de  M.  Caslelin-Clichet 68a 

NiTRiFiCATiOît.  —  Note  de  M.  Mène  sur  la  ré- 
duction du  peroxyde  de  fer  et  la  nitrifi- 

calion 676 

Voir  aussi  l'article  Acide  nitrique. 

Nombres  (Tu Éo RIE  des).  —  Recherches  nou- 
velles sur  les  nombres  premiers;  par 
H.  de  Polignac 35o,  386,  624  e'    7^4 

Lettre    de    M.     Moret,    concernant    ses 

précédentes  communications  sur  la  so- 


lution nouvelle  d'un  problème  de  Fer- 
mat  8i5 

Nombres  (Théorie  des).  —  Note  sur  le  ihéo- 

rèmede  Ferm.it  ;  par  M.  Ollive-Meinadier.     gSS 

NoMiNATioss.  —  M.  le  Président  rappelle  \ 
l'Académie  qu'elle  aura  à  s'occuper  pro- 
chaînemcnl  do  plusieurs  nominations  pour 
compléter  le  nonibrode  ses  Associésétran- 
ger^  de  ses  Membres  et  de  ses  Correspon- 
dants       5gJ 

—  M.  Denis,  de  Commercy,  est  nommé  Cor- 
respondantde  la  Section  de  Médecine  et 
Chirurgie  en  remplacement  de  feu  M.  Bon- 
net      935 


Optique.  —  Essai  d'un  nouveau  télescope  pa- 
rabolique en  verre  argenté;  Note  de  M.  L. 
Foucault 85 

—  Instrument  pour  la  mesure  de  l'indice  de 

rétraction  ;  Note  de    f,].  Fortliomme 394 

—  Recherches  sur  les  raies  du  spectre  solairo 

et  des  différents  spectres  électriques  ;  par 

M.  Rohiquel 606 

—  Sur  une  méthode  propre  à  rechercher  si  l'a- 

zimut de  polarisation  du  rayon  réfracté 
est  influencé  par  le  mouvement  du  corps 
réfringent;  essai  de  cette  méthode;  Mé- 
moire de  M.  Ftzeau 717 

—  Remarques  de  M.  Faye  sur  ces  espériences 

considérées  au  point  de  vue  du  ïnouve- 
mcnt  de  translation  du  système  solaire..      8;o 

—  Examen  par  M.  de  Tessan  des  remarques 

de  M.  Faye 980 

—  Réponse  de  M.  Faye  à  M.  de  Tessan gg3 

Organogémie.  — M   Serres  présenie  son  travail 

sur  l'embryogénie,  la  zoogénie  et  la  léra- 
togénie,  destiné  à  faire  partie  des  Mé- 
moires de  l'Académie 781 

—  Note  de  M.  Coste  accompagnant  la  présen- 


tation d'une  nouvelle  partie  de  son  His- 
toire du  développement  des  corps  orga- 
nisés       gg5 

—  Organogénie   végétale  :   Sa    part   dans   les 

moyens  employés  par  les  botanisies  pour 
la  détermination  des  organes  des  plantes; 
Note  de  M.  C/on^niar< 5j 

—  De  l'imporiance  de  l'nrganogénie  dans  ces 

déterminations;  Noie  de  M.  Parer  en 
réponse  à  la  Noie  précédente loi 

—  Remarques  de  M,  Moquin-Tandon  à  l'occa- 

sion des  communications  de  M.  Bron- 
gniart  et  de  M.  l'ayer io6 

—  Réplique  do  M.  Payer  à  M.  Moquin-Tan- 

don      108 

Organographievégétaie.  —  Observations  surla 

(leur  des  Maranlhées  par  M.  Gris 555 

OxTGÊsE.  —  Des  oxydes  da  f.T  et  de  man- 
ganèse et  de  certains  sulfates  consi- 
dérés comme  moyen  de  transport  de 
l'oxygène  de  l'air  sur  les  matières  com- 
bustibles; Mémoire  de  M.  Kuhlmann. 
257,    428  et    968 

—  Sur  certains  composés  organiques  à  base 


(  io3i  ) 


do  fer  comme  moyeu  de  transport  do 
l'oxygène  sur  les  matières  combustibles; 
Noie  de  M.  Uervé-ilangon 3l5 

OxicÈSE.  —  Du  rôle  du  peroxyde  de  ier  pour 
lu  formation  de  Tacide  nitrique  dans  le 
sol;  Mémoire  de  M.  V.  Thenard 289 

—  Réclamaliondepriorilé  adressée parM.  Ed. 
Robin,  concernant  le  râle  attribué  il  cer- 


P.SC.. 
tains  oxydes  métalliques  comme  moyen 
de  transport  de  l'oxygène 5oo 

Oxygénées  (Rases).  —  Synthèse  de  ces  bases  ; 

NoledeM.  H'uriz. 89» 

Ozone.  —  Proportions  do  l'ozone,  avant,  pen- 
dant et  après  la  période  d'influence  de 
l'aurore  boréale  du  28-39  août;  Note  de 
M.  Bei^nr o 391 


PaUontoiocie.  — Sur  des  eropreinlcs  de  pas 
d'animaux  dans  le  gypse  des  environs  de 
Paris,  particulièrement  de  la  vallée  de 
Montmartre;  Noie  de  M.  J.  Desnoycis..       67 

—  Altérations    des    os    observées    chez    des 

vertébrés   do  l'ancien  monde;   Note   do 

M.  Marcel  de  Seires gS 

—  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire  présente  au 
nom    de  M.    felouze  des  reile»  fossiles 

do  Mastodonte  provenant  du  tiualcmala.      120 

—  M.  ^'^/"«^^J'a'^futliom  mage,  de  trois  opuscules 

qu'il  a  récemment  publiés  sur  des  ques- 
tions concernant  la  paléontologie 4^^ 

—  Note  sur  une  espèce  de  porc-éplc  fossile 

des  brèches  osseuses  de  l'iledoKutoneau; 
par  M.  Getvais 5li 

—  Sur  l'identité  du  Paradoxides  Harlani  et  du 

P.   Terrw  nofœ;   Lettre   de  M.  Jackson  i 

M.  Elle  de  Beaumont 839 

"-  Note  sur  divers  fossiles  cl  minéraux  envoyés 

du  Chili,  par  M.  Domeytio •     539 

—  Os  de  cheval  et  de  bœuf  d'espèces  perdues 

trouvés  avec  des  haches  de  i>ierro  dans 
une  mêuio  couche  de  diluvium;  Lettre  cl 
Mémoire  do  M.  .il.  GauiJ;/ 4^3  et    4^5 

—  Note  do  M.  G.  Pouchei  sur  un  instrument  en 

silex  trouvé  par  lui  dans  le  terrain  de 
transport  de  Siint-AcheSl Soi 

—  Sur  les  silex  taillés  des   bancs  diluviens 

de  la  Somme;  réclamation  de  priorité 
adressée  par  M.  Boucher  de  Perthcs,, ,,     58l 

—  M.  Elie  de   lieaumont  fait  remarquer  que 

la  priorité  n'est  pas  disputée  à  M.  fiou- 
chor  de  l'erthes Ihid, 

—  Sur  la   découverte  d'instruments  en  silex 

associés  à  des  restes  de  mammifères  d'es- 
pèces perdues  dans  des  couches  vierges 
d'une  formation  géologique  récente;  Let- 
tre de  M.  Prestwich  à  M.  Elie  de  Beau- 
mont C'>4  et     859 

—  Lcljrede  M.  Gaudry  accompagnant  l'envoi 

d'un  exemplaire  imprime  de  son  Mémoire 

du  3  octobre ; C36 

Sur  des  restes  très-anciens  de  l'industrie 
humaine  trouvés  dans  le  terrain  de  trans- 


port des  environsde  Paris;  Noies  de  M.  Ra- 

diguel 67701     j56 

Paléostolocie.  —  De  l'extinclion  de  plu- 
sieurs espèces  animales  depuis  l'appari- 
tion de  l'bomme;  Note  de  M.  Marcel  de 
Serres 8G0 

—  Sur  des  haches  en   silex   trouvées  dans  lo 

déparlement  du  Loiret;  Lettrede  M.  CAa- 
zereau I0l3 

P/tPiEKS  DS  SURETE.  —  Echantillons  d'un  nou- 
veau papier  de  sûreté  présente  par  M.  Ar- 
mand      47* 

I^AQUF.TS  CACHETÉS.  —  Sur  lu  demande  do 
M-  Dclanouey  un  paquet  cacheté  déposé 
par  lui  en  octobre  i85S  est  ouvert  le 
Il  juillet  iSSgel  renferme  une  Note  (1  sur 
la  composition  des  phosphates  fossiles 
tenus  à  tort  pour  des  phosphates  calci- 
ques  » 75 

—  Lettre  de  M.  Christie  acuorapugnant  l'en- 

voi d'une  Noie  sons  pli  cacheté,  adressée 
par  un  concurrent  pour  le  grand  prix  de 

Malhémaliquos  do  1860 25i 

Pathologie.  — Sur  les  lésions  anatomiques  d» 
lyplius  épidémique;  Nolo  et  Lettre  do 
M.    Landouzy gG 

—  Observation,  en  France,  de  malades  atta- 

qués du  dragoneau;  opuscule  do  M.  Be- 
noity  présenté  par  M.  Fiourens.  —  Com- 
munication verbale  de  M.  Moquin-Jandon,      17S 

—  Cas  de  tétanos  Iraunialiqnc  traité  avec  suc- 

cès par  le  curare;  Note  de  M.  Yella,  et 
remarques  faites  à  l'occasion  de  celte  com- 
munication par  MM.  Yelpeau,  C.  Ber- 
nai d,  Serres,  J.  Cloijuel,  Rayer,  Johert.  . .      333 

—  Du  tétanos,  de  son  siège  ei  de  son  traito- 

temenl;  Mémoire  do  M.  Grimaud,  d'An- 
gers      352 

—  Tétanos  des  chevaux  trnité  sans  succès  par 

le  curare;  Lettre  de  M.  B/o<iie 5o3 

—  Remarques  de  M.  Serres  et  de  M.  Yelpeau 

à  l'occasion  de  cette  communication.  . . .     5o4 

—  Tétanos  Iraumalique  traité  sans  succès  par 

Je  curare  ;  «bservation  de  M.  Ginlrac ,,, ,     817 

—  Remarques  de  M.  Yelpeau  et  de  M.   Ber- 


(  I 

iiardà  l'occasion  do  celle  communication. 

8ai  et    SaS 

PATBOLoniE.  —  Observation  d'un  cas  de  (;ros- 

sessc  l'xtia-ulérine;  par  M.  '/'.  liiboli...     !i\i 

—  [Nouveau  cas  d  hémorragie  céreljelleuse  ter- 

miné par  la  guéiison;  Noie  de  iVI.  Hil- 
lairel Sog 

—  P«riosroses  observes  sur  les  plialanges  d'un 

niounoji  sauvage;  Kole  de  M.  Marcel  de 
Serres 5 1 4 

—  Mémoire  de  M.    liurdct  sur   !a    glucosurie 

des  fièvres  paludéennes GSo 

—  Observations  sur  deux  calculs  urînaîres  vé- 

sicaui  ;  par  M.  J   Cloquet 6y3 

—  Sur  une  nouvelle  espèce  de  migraine  j  Kolc 

de  M.  Mène 858 

Pesanteur.  —  Expériences  relatives  à  une  pré- 
tendue variation  de  la  pesanteur;  Mé- 
moire de  M.  Lanix 545 

Phosphatcs.  —  Composition  des  phosphates 
fossiles  exploités  en  France  et  en  Angle- 
terre et  tenus  pour  des  phosphates  de 
chaux  ;  Mémoire  de  M,  Delanoiie  et  Noto 
contenue  dans  un  paquet  cacheté  précé- 
demment déposé ^3 

—  Note  sur  le  phosphate  de  chaux  que  Ton 

rencontre  dans  les  couches  terrestres;  par 

M.  Deschanips    j35 

—  Sur  l'association  des  phosphates  de  chaux 

et  de  fer  dans  les  nodules  exploités  en 
France  et  en  Angleterre;  Note  de  M.  Bo- 
hierre 1^9 

—  Eemarques  de  M.  Delanoiie  à  l'occasion  de 

cette  loniniunicaiion,  .    180 

—  Remarques  de  M.  <le  ilolon  sur  la  dernière 

communication  de  M.  Delanoiie 200 

—  Remarques  de  M.  ùleugx  sur  la  même  com- 

munication  • 301 

—  Des  phosphates   fossiles  employés  en  agri- 

culture; Note  de'^l.  Delaiiouc 266 

—  Sur  les   résultats  obtenus  de  l'emploi  en 

agriculture   do  ces  phosphates;  Note  de 

M  de  Moton 4fi8 

—  Sur  un  moyen  de  séparer  des  phosphates 

et  de  déterminer  quantitativement,  l'acide 

phosphoriqiie  ;  Note  de  Al.  Phtpson 9*5 

Phosphore.  —  Herherciie  du  pliosphore  dans 
les  organes  où  il  ne  |>énèlre  que  par  voie 
d'absnrptiun  J  Mémoire  de  MM.  MalajjerC 
et  Morineau ••.,.•...•... 2oS 

—  Sur  la  densité  des  vapeurs  surchaufTces  du 

soufre,  du  phosphore  et  de  l'arsenic; Noie 

de  M.  liineau jgy 

PaoTOGRAPiiiE.  —  Sur  son  emploi  pour  le  levé 

des  plans;  Note  de  M.  Laui.tcdni j3a 

Physiologie. —  Du  rôle  attribue  au  lluide  cé- 
plialu  racbiilien  :  écoulement  de  ce  li- 
quide par  suite  d'une  plaie   à  la  région 


o32  ) 


cervicale;    Note  de   M.    Jolert  de  Lam- 

balle ! 160 

Physiologie.  —  M.  ïobert  de  Lamballe  com- 
munique l'extrait  d'une  Note  de  M.  S. 
Pirond:  sur  le  liquide  céphalo-rachidien.      584 

—  Résultats  physiologiques  des  recherches  de 

M.  Budgeaaries  plexus  cœliaque  et  mésen- 
térique;  communiqués  par  M.  Flourens.     gSS 

—  Sur  la  réunion  des  libres  sensibles  et  des 

fibres  motrices  ;  analyse  donnée  par 
M.  Flourens  d'un  travail  de  WM.  Gluge 
et    Thiernesse 45o 

—  Expériences  démontrant  que  les  nerfs  sépa- 

rés des  centres  nerveux  peuvent,  après 
s'être  altérés  complètement,  se  régénérer, 
tout  en  demeurant  isolés  de  ces  centres,  et 
recouvrer  leurs  propriétés  physiologiques; 
Mémoire  de  MM.  Philipeattx  et  Vulpian..     5o7 

—  Transplantation  de  la  dure-mère   comme 

moyen  de  prouver  si  cette  membrane 
remplit  le  rôle  d'un  périoste  à  l'égard  des 
os  du  crâne;  Noto  de  M.  0//ie/-..     ao6  et     3o   ■■ 

—  Nr>te  sur  la  dure-mère  ou  périoste  interne 

des  os  du  crâne;  par  M.   Flourens aîS 

—  Production   de  pièces    osseuses  entre  les 

feuillets  de  la  faux  du  cerveau;  Lettre  de 

M.  Molas 2Q9 

—  Remarques  de  M.  Flourens  à  l'occasion  de 

cette  communication.  ; 3oo 

—  Sur  les  ostéo|)hyiei  cérébrales  ;  Note  adres- 

sée à  l'occasion  de  la  précédente  com- 
munication,   par  M.  Fonssagrives 338 

—  Observations  histologiqnes  sur  un  fiagment 

osseux  adhérent  à  la  grande  faux  de  la 
dure-mère;  Note  de  M.  r/g'/-i   ..     ^bi  ei     5S3 

—  De  la  régénération  dos   os  après   l'évide- 

ment;  par  M.  Sedillol G04 

—  Sur  un  cas  de  résection  sous-périostce  du 

coude,  suivie  de  régénération  osseuse; 
INJénioire  de  M.  ffllier ^g6 

—  Sur   le    périoste  diploïque  et    sur  le  rôle 

qu'il  joue  dans  l'occlusion  des  trous  du 
ciâne;  Note  de  M.  Flourens SjS 

—  Sur  le  rôle  du  pancréas  dans  la  digestion; 

Mémoire  de  M.  Corvisart 4^ 

—  De   l'autophagie   ariilicielle,    manière    de 

prolonger  la  vie  dans  le  cas  de.privation 
absolue  d'aliments;  Mémoire  de  M.  An- 
sclmier 935 

—  Lettre  de  M.   Yerstruete,    concernant   ses 

prrcédentes  communications  sur  la  nja- 
nière  dont  nous  acquérons  par  la  vue  la 
connaij-sance  des  corps 906 

—  Sur  la  présence  de  l'urée  dans  le  chyle  et 

dans  la  lymphe;  Nolede  M.  W'irit 5a 

—  Du  rôle  de  l'alcool  dans  l'organisme;  Mé- 

moire de  MM.  Vurroy,  Lallemand  et  l'er- 

rin 578 


(I 

Physiologie.  —  De  TanUigonisme  des  artères 

etdes  veines;  Note  de  M.  iloilin looa 

—  Note  de  M.  Billiaid  de  Corbigny,  concer- 

nant SCS  recherches  sur  rhématosc aSl 

—  «  De  la   physiologie  de  l'homme  et  de  la 

physiologie  universelle;  »  par  M.  Tardf.    58a 
Physiologie  comparés.  —   «   Nouvelles  expé- 
riences sur  les  animaux  pseudo-rcssusci- 
tants;  i.  Note  de  M.   F.- A.  Pouchel 49^ 

—  Expériences  sur  la  résistance   viiale  des 

animalcules   pseudo-ressuscitanls;    par 

le  mStne 886 

Physiologie  végétale.  —  Sur  la  tempcraturedes 
végétaux  dans  les  dilïérentes  saisons  de 
l'année;  quatrième  Mémoire  de  M.  Bec- 
querel      533 

—  Sur  le  rôle  de  l'azote  dans  l'alimentation 

des  plantes;  Mémoire  de  M.  Yiala 172 

—  Sur  la  formation  de  l'acide  nitrique  dans 

le  sol;  Note  de  M.  P.  Tlieiuird a8() 

—  Explication,  par  une  action  thermo-élec- 

trique, du  phénomène  de  l'absorption  de 
l'acide  carbonique  par  les  plantes;  Note 
de  M.  LamoHe-Farchaad 5:j4 

—  Sur  la  résorption  de  la  fécule  dans  l'albu- 

men des  graines  en  voie  de  germination; 
Mémoire  de  M.  Arth.   Gris 996 

—  Cas  d'hybridité  disjointe  entre  deux  espèces 

de  Datura  ;  Note  de  M.  Naudin 61G 

Physique  du  globe —  Nouvelle  expérience  pour 
rendre  sensible  aux  yeux  le  mouvement 
de  la  terre;  Note  de  M.  Perrot 63; 

—  Influence  du   mouvement  de  rotation  de  la 

terre  sur  le  cours  des  rivières  ;  Note  de 

M.  Babinet (53g 

—  Remarques  do  M.  Combes  au  sujet  des  deux 

précédentes  communications n^S 

—  Remarques  de  M.  Bertrand  sur  cette  com- 

munication        (558 

—  Réponse  do   M.  Babinet GSg 

—  liemarquos  de    M.  J!/oWn,   concernant  la 

même  qucstiàn • ^  Ibid. 

—  Nouvelles  remarques  de  M.  Bertrand 685 

—  Note  de  M.  Babinet   sur  le  déplacement, 

vers  le  nord  ou  vers  le  sud,  d'un  mo  - 
bile  qui  se  meut  librement  daus  une  di- 
rection perpendiculaire  au  méridien:  ré- 
ponse à  M.  Bertrand 686 

—  Remarques  de  M.  Delaunay  relatives  à  la 

même  discussion 688 

—  Réponse   de  M.Bertrand 692 

—  M.  Piobert  rappelle  à  cette  occasion  ce  qu'a. 

vait  dit  Poisson  de  la  déviation  qu'éprou- 
vent les  projectiles  dang  leur  trajectoire 
par  suite  du  mouvement  de  rotation  de  la 
terre jgj 

—  Influence  du  mouvement  de  rotation  de  la 

terre  sur  les  fleuves;  Note  de  M.  Touche^    737 

C.  R.,  iSSg,  a">e  Semestre.  (T.  XLIX.) 


o33  ) 


Pages. 


Physique  du  globe.  —  Démonstration  de  la 
loi  de  M.  Foucault  sur  la  tendance  trans- 
versale d'un  point  qui  se  déplace  à  la  sur' 
face  de  la  terre  ;  évaluation  de  la  força 
qui  produit  dans  les  rivières  la  tendance 
à  l'érosion  des  rives;  Mémoire  de  M.  Ba- 
binet      7G9 

—  Sur    un   principe   de  géologie  relatif  aux 

effets  primitifs  des  graiids  courants  d'eau 
aux  époques  antérieures  à  la  nôtre;  Mé- 
moire de  M.  Leymerie  à  l'occasion  de  la 
mômo  question hqS 

—  M,  Bouvier  propose  une  explication  qui  lui 

est  propre,  du  lait  annoncé  par  M.  Babi- 
net que  dans  notre  hémisphère  les  fleuves 
tendent  à  ronger  plus  leur  1  ive  droite...     865 

—  Sur  la  profondeur  des  mers;  Mémoire  de 

M .  \isse 790 

—  Sur   le  puils  gelé   de  Brandon  (Etat  de 

Vcrnon);  Lettre  de  M.  JacAson  à  M.  Elie 

de  Beaumont. Ifi 

—  Note  de  M.  Rosslgnol-Duparc  faisant  suite 

à  une  précédente  communication  sur  di- 
vers points  concernant  la  physique  du 
globe  et  la  physique  des  êtres  organisés.       56 

—  M.  Partiot  retire   un   Mémoire  qu'il  avait 

présenté  sur  le  mascaret 905 

Physique  hatuématique.  —  Communication 
do  M.  Lamé  en  présentant  son  ouvrage 
sur  les  coordonnées  curvilignes 34l 

—  Formules    éleclrométriques;    Lettre    de 

M.  Yolpicelll  à  M.  Chasles 6^5 

—  Sur  la  théorie  m.Tthématique  do  la  lumière; 

propagation  de  la  lumière  dans  les  mi- 
lieux crislallisés  ;  Mémoire  de  31.  Briot,  888 
Plakétes.  —  Découverte  d'une  nouvelle  pla- 
nète (5^)  faite  à  l'Observatoire  de  Bilk, 
le  22  septembre  par  M.  Luther;  nom  do 
Bfnemosxne  donné  à  cette  planète  ;  obser- 
vation do  cette  planète  à  Berlin 482 

—  Observation  du  même   astre  à   l'Observa- 

toire impérial  de  Paris;  Communication 

do  M.  Le  Verrier yjgj 

—  Sur  la  probabilité  d'existence  d'une  ou  do 

plusieurs  planèles  entre  Mercure  et  la 
Soleil  ;  Lettres  de  M.  Herrick  et  de 
M.  Buys-Balloi  à  M.  Le  'Verrier.     810  et    812 

Platine.  >-  Note  de  M.  Peloucc  accompa- 
gnant la  présentation,  faite  au  nom  de 
M.  Jacobi,  de  médailles  frappées  avec  des 
alliages  de  platine  et  d'iridium,  parles 
procédés  de  MM.  Sainte-Claire-Deville 
et  Uebray 8q 

Poids  SPÉCIFIQUES  des  fluides  élastiques  ;  Mé- 
moire de  M.  Baudrimont Qji 

Potasse.  —  Nouveau  procédé  pour  l'analyse 
des  mélanges  de  potasse  et  de  soude. 
Noie  de  M.  Haumené ;... 5oa 

i34 


Prix  tririisai.  —  Lettre  de  M.  de  Luca  accom- 
pagnant deux  ouvrages  destuK  »  an  con- 
cours pour  ce  prix 


(  io34  ) 

Pogcs. 


558 


Pagts. 


PciTS  ABTÉsiB!!  réccmmei>t  foré  à  I.ouU- 
ville  (Kentucky);  Mémoire  de  M.  JUois- 
senet 3i7 


a 


Badicaix   ORGAHO-MÉTALLiQtjES.  —  Recherches 

sur  ces  radicaux:  par  M.  Cahours 8j 

Réfractions.  —  Sur  les  réfractions  anormales 
dans  les  éclipses  de  soleil  et  la  détermi- 
nation de  la  longitude  par  les  éclipses; 
Note  de  M.  Liais 83 


Régclatebbs.  —  Sur  les  moyens  de  corriger 
les  régulateurs  à  force  centrifuge  qui  ne 
maintiennent  pas  la  vitesse  des  moteurs 
entre  des  limites  assez  étroites;  Note  de 
M.  Mahistre 63a 


Salanganes.  —  Sur  la  geloze  et  les  nids  de  sa- 
langane; Mémoire  de  M.  Payen 5al 

—  Remarques  de  M.  Geoffroy-Sain l-Hilaire  sor 

les  matériaux  divers  des  nidsdesalanganes,  53o 
>—  Remarques  de  M.  Payen  en  réponse  à  cel  les 

de  M.  Geoffroy 53j 

Sang.  —  Existence  de  globules  colorés  dan* 

le   sang  de  divers  animaux  invertébrés; 

Note  de  M.  Ch.  Rouget 6l4 

—  Sur  les  métaux  qui  peuvent  exister  dans  le 

sang  ou  dans  les  viscères  ;  recherches  de 

M.  Béchamp.... 8g5 

SciESCEs  NATURELLES.  —Mémoire deM.  Horari- 
now  sur  divers  sujets  concernant  les  scien- 
ces naturelles  et  les  sciences  médicales. .     2g4 

Sections  de  l'Académie.  ^  La  Section  de  Mé- 
decine et  Chirurgie  présente  la  liste  sui- 
vante de  candidats  pour  une  place  va- 
cante de  Correspondant  :  i»  M.  Denis  de 
Comnicrcy;  î"  MM.  Bonisson,  Erhmann, 
Forget,  Gintrac,  Serres  d'Uzcs 906 

—  Sur   la  proposition  de  la  Section  de  Phy- 

sique, l'Académie  décide  qu'il  y  a  lieu  de 
pourvoir  au  remplacement  de  feu  M.  Ca- 
gniard  de  Latour Jbid. 

—  La  Section  présente  la  liste  suivante  de  can- 

didats :  1"  M.  Fizeau;S° MM.  Becquerel, 
Foucault;  3°  M.  de  la  Provostaye; 
40  MM.  Jamin,  Masson,  Verdet,  Wer- 
theim 1014 

Silicates.  —  Note  de  M .  Ransome  sur  l'em- 
ploi du  verre  soluble  avec  le  chlorure  de 
calcium  pour  le  durcissement  des  pierres.    637 

Soleil.  —  Lettre  do   M.  Wo//" accompagnant 

un  nouvel  opuscule  sur  les  taches  solaires.      47 

—  Sor    les   réfractions   anormales  dans   les 

éclipses  de  soleil  et  Iq  détermination  de 
la  longitude  par  les  éclipses;    Mote    de 

M.  Liais 83 

-•Observation  d«s  taches  et  facules  du  solui 


faites   au  Collège  Romain;  Lettre  du  P. 

ScccU tgi 

Soleil. —  Observations  des  taches  du  soleil; 

Lettre  de  M.  Goldschmidl 4^2 

—  Sur  l'atmosphère  du  soleil;  Note  deM.*'"/?.     696 

—  Intensité  lumineuse  du  centre  du  soleil  com- 

parée à  celle  des  bords  ;  Lettre  de  M.  Cha- 
cornac  à  M.  Le  Verrier 806 

—  Sur  l'intensité  lumineuse  des  diverses  par- 

ties du  disque  solaire;  Lettre  du  P.  Sec- 

chi  à  M.  Klie  de  Beaumont q'i 

—  Observations  sur  certaines  taches  solaires 

d'un  caractère  particulier  tendant  à  éta- 
blir l'existence  d'une  planète  intra-mer- 
ciiricUe;  Lettre  de  M.  Herrick  à  M.  Lo 
Verrier 810 

—  Sur  l'hypothèse  d'un  anneau  circulaire  au- 

tour du  soleil,  à  plus  courte  dislance  que 
Mercure;  Lettre  de  M.  Buys-Ballot  à 
M.  Le  Verrier 8ia 

Soude.  —  Nouveau  procédé  pour  l'analysede* 
mélanges  de  potasse  et  de  soude;  Note  do 
M.  Maumené , ......••.•>..• ...•     5o2 

SocFSE.  —  Sur  les  moyens  propres  à  consta- 
ter la  présence  du  soufre  et  du  chlore 
dans  le  caoutchouc  vulcanisé  par  le  chlo- 
rure de  soufre;  Note  de  M.  Gaultier  de 
Claubrr 76 

—  Sur  la  densité  des  vapeurs  surchauffées  du 

soufre,   du    phosphore   et   de   l'arsenic; 

Note  de  M.  Dineau 799 

Statistique.  —  Lettre  de  M.  Duffaud,  concer- 
nant son  Mémoire  sur  les  prix  des  grains 
à  Poitiers  durant  les  trois  derniers  siècles.     865 

—  Mouvement  de  la  population  dans  la  ville 

et  l'arrondissemenlde  Toul  ;  Mémoire  de 

M.  Jlusson • 983 

SiBsTiTiTio.Ns.  —  Note  sui  la  substitution  de 

l'azote  à  l'hydrogène;  par  M.  Griess....       J7 

—  Sur  un  nouveau    mode    de    substitution. 


(  ro35  ) 

p»gf». 


et  «tir  U  formation  des  acides  iodobcn- 
zolque,  lodotoluiquo  et  iodaiiisique;  par 
M.  Gtiess 900 

Sucres.  —  Recherches  sur  la  nature  du  sucre 

formé  par  la   matière  glycof[ène  du  foie  ; 

NotediiMM.  Berthelol  et  de  Luca 2i3 

— *  Fabrication  du  sucre  au  moyen  de  Pextrait 

de  Saturne;  Note  de  M.  Debray 4^9 

Sulfite».  —  De  l'emploi  do  l'acide  sulfureai 

et  des  sulfites  alcalins  comme  moyen  de 


réduire  le»  persel»  defer;  Note  de  M.  B«j- 

gnel S87 

Ststèhes  im  HONDE.  —  Sur  la  puissance  mo- 
trice du  soleil;  Mémoire  île  M.  Kuisson.     i3a 

—  Cosmogonie  nouvelle  et  essai  de  gcogénie; 

par  M.  i?ouron îbid. 

—  Sur  les  mouvements  des  corps    eélestes; 

Notede  M.  Sai-i! i33 

—  Sur  U  constitution  de  l'univers;  Note  de 

M.  Michaut i39 


365 


326 


Tklécrapuie  électrique.  —  Influence  exercée 
sur  les  lignes  télcgrapliiques  par  l'anrore 
boréale.  (  Voir  l'article  Aurores  boréales). 

Tebpébatcrfs  asimai.es.  —  Sur  la  tempéralure 
du  corps  humain  et  sur  l'emploi  thérapeu- 
tique du  froid,  spécialement  dans  les  ca» 
de  iièvro  typhoïde;  Note  de  M.  Wanner. 

Températures  végétales.  —  Sur  la  température 
des  plantes  dans  les  diverses  saisons;  par 
M.  Becquerel,  4°  Mémoire 532 

Tératologie.  —  Note  sur  un  rbinocéphalc  hu- 
main ;  par  M.  Lnjorgue l3l 

Terrassements. — Sur  la  détermination  des 
formes    et    des   dimensions  miaimantei 


999 
35a 


quant  à  la  dépense  et  maximantes  quant 
à  la  stabilité  des  terrassements  ;  Mémoire 

de  M .  Canrallo 

Tétanos.  —  Sur  le  siège  et  le  traitement  de 
cette  affeclion;  Mémoire  de  M.  Grimaud. 

—  Emploi  du  curare  contre  le  tétanos.  (Voir 

l'article  Curare). 
Thérapeutique.  — Sur  un  moyen  do  détruire 

les  verrues;  Nota  de  M.  Pommeret Sgî 

—  Emploi  du  curare  dans   le  traitement   du 

tétanos.   (Voir  l'article  Curare). 
Tremblements  de  terre.  —  Le  tremblement 
qui  a  détruit  Norcia  a  été  ressenti  jus- 
qu'à Rome;  Lettre  du  P.  Secchi 346 


# 


D 


Urée.  —  Présence  de  l'urée  dans  le  chyle  et 

dans  la  lymphe;  Note  de  M.  Wurtî 5a 

^Recherches  physiologiques  sur  l'urée;  par  * 

MM.  Poiseuille  et  Gobley 164 


UlRicctAiRE  (Tissu).  —  Action  de  la  chaux  sur 
le  tissu  utriculaire  des  végétaux;  Mémoire 
de  M.  Fremy 56l 


Vaccinb.  —  Sur  la  vaccine  et  sur  la  question 

d'immunité;  Note  de  M.  F.-C.  Paye....     44" 

Vanadium.  —  Sur  ua  nouveau  minerai  de  va- 
nadium; Note  de  M.  H.  Sainte-Claire- 
Deville alo 

—  Sur  la  présence  du  vanadium  dans  l'argile 

de  Gentilly  ;  Note  de  M.  P.  Beauvallet. ,     3ot 

—  Remarques  de  M.  Elie  de  Beaumont  à  l'oc- 

casion de  cette  communication ,.     3o3 

—  Réflexions  de  M.  Chevreul  à  l'occasion  de 

la  même  Note Ibid. 

VWEUR  d'eau.  —  Sur  le  développement  du  ca- 
lorique par  la  «ombustion  de  la  vapeur 
d'eau;  Mémoire  et  Lettre  de  M.  Mundo. 
198  et    645 

Vapeurs.  —  Sur  les  densités  de  vapeur  à  des 
températures  très-élevées  ;  Mémoire  de 
MM.  H.  Sainle-Claire-Deville  et  Troost.. .     a3<) 

—  Sur  la  densité  des  vapeurs  surchauffées  du 


soufre,  du  phosphore  et  de  l'arsenic;  Note 

de  M.  Bineau ^gg 

Végétaux  (Tissus).  —  Action  de  la  chaux  sur 
la  tissu  utriculaire  des  végétaux;  Mé- 
moire de  M.  Fremy ,     56l 

Versa  soie.  —  Lettre  da%I,  Thannaron,  con- 
cernant des  vers  à  soie  élevés  en  plein  air 
et  dans  un  appartement  non  chauffé....       45 

•—  Influence  bienfaisante,  sur  les  vers  à  soie, 
d'une  aération  constante;  Note  de  M.  Char- 
vet 75 

—  Remarques  de  M.  de  Quatrefages,  concer- 

nant cette  communication Qj 

—  Observations  séricicoles  faites  en  i85gdans 

le  midi  de  la  France;  acclimatation  du 
ver  i  soie  de  l'Allante;  Note  de  M.  Gué^ 
rin-ifénevilU 16^ 

—  Sur  des  éducations  de  vers  &  soie  du  Ja- 

pon; Note  de  M.  Vallée 589 

134.. 


(  io36  ) 


Vers  AsoiE.  — NotiToUes  recherches  surlama' 
ladiedesyers  à  soie;  par  M,  de  Qualrfjhges. 

—  Noie  pour  servir  à  l'histoire  de  la  maladie 
des  Ters  à  soie;  par  M.  V.  Pages 

Vins.  —  Kecherches  chimiques  sur  les  vins  de 
Toscane;  par  filJA.  Siheslri  elGianelli,. 

Vision.  —  Note  sur  la  vision  et  spécialement 
sur  la  perception  des  reliefs  dans  le  sté- 
réoscope et  dans  la  nature;  Mémoire  de 
M.  Douliot 


78» 

856 

a55 

325 


PagM. 


Voyages  scientifiques.  —  Lettre  de  M .  Li^ê Jere 
sur  les  avantages  qu'il  y  aurait  pour  la 
science  à  ce  qu'une  Commission  scientifi- 
que fût  adjointe  dès  le  principe  i  l'expé-^^^ 
dition  militaire  de  Chine 589 

—  M.  Faye  prie  l'Académie  de  considérer  s'il 
ne  conviendrait  pas  qu'elle  prît  l'inilia- 
live  près  du  gouvernement  pour  qu'une 
Commission  scientifique  fit  partie  de  l'ex- 
pédition de  Chine 829 


Xtloïdine.— Mémoire  de  M.  Béchamp  sur  la  lyloSdine  et  sur  de  nouveaux  dérivés  nitriques  de  la  fécule.  5oa 


Zinc.  —  Sur  l'atilisation  des  résidus  desulfate 
do  zinc  des  piles;  addition  k  une  précé- 
dente Note  da  M.  Kessler 55 

Zoologie.  —  Naissance  d'un  lama  et  de  deux 
yaks  à  la  Ména|;erie  du  Muséum  d'histoire 
naturelle;  Note  de  M.  Geoffroy-Sainl- 
Hilaire • 63 

—  M.  Isid.    Geof/ioy-Saint-Hilaire  annonce 

qu'un  hippopotame  est  né  pour  la  seconde 
fois  au  IMuséum  d'Histoire  naturelle,  le 
lundi  i9  juillet 118 

—  Sur  les  mesures  prises  par  la  Société  d'Ac- 

climatation pour  l'introduction  des  dro- 
madaires au  Brésil  j  opuscule  de  M.  Geof- 
froy-Saint-Bilaire  537 

—  Sur  l'abondance  des   tigres  dans    l'île  de 

Singapore;  Lettrede  M.  ^e  Cajie/nau...     l^^'i 

—  Communication  de  M.  Dumèril  sur  les  re- 

cherches do  M.  Rufz,  concernant  la  vipère 
fer-de-lance 5g3 

—  Note  de  M.  Dumèril  fils  annonçant  l'arri- 

vée à  la  Ménagerie  du  Muséum  d'un  spé- 
cimen vivant  de  la  grande  Salamandre  du 
Japon 750 

— •  Note  de  M.  Yalenciennet  accompagnant 
la  présentation  de  nids  sous-marins  pro- 
venant du  banquercau  de  Terre-Neuve. .     878 

-•  M.  y alenciennes  fait  connaître  des  obser- 
vations de  M.  Girard,  concernant  des  mol- 
lusques d'eau  douce  vivant  en  parasites 
sur  des  écrevisses 89! 

—  Rapport  sur  deux   Mémoires  de  M.  Léon 

Du/our  relatifs  à  l'analomie  des  insectes; 
rapporteur,  M.   Dumèril 65 

—  Rapport  sur  une  demande  de  M.  Léon  Du- 
four,  concernant  son  ouvrage  sur  l'anato- 

mie  des  galéodes  ;  rapporteur  M.  Dumèril,     848 


Zoologie.  —  M.  Dumèril  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie d'un  exemplaire  d'un  tableau  synop- 
tique otfrant  la  classification  naturelle  des 
insectes  d'après  la  méthode  analytique.     228 

—  Communication  de  M.  Dumèril  exposant  le 

plan  de  son  «Entomologie  analytique.»     G5S 

—  Sur  une  nouvelle  espêcede  sarcopte,  para- 

site des  gallinacés;  Mémoire  de  MM.CA. 
Robin  et  Lanquetin -..-     793 

—  Sur  la  reproduction  des  Actinies;  Lettre  do 

M.  Van  Beneden 45a 

—  Observation   en  France  du  dragoneau  (fi- 

laire  de  Médine)  ;  opuscule  de  M.  Benoit 

présenté  par  M.  Flourens 175 

▼-  M.  tloijuin-Tandon  signale  à  cette  occasion 
des  observations  qu'il  a  eu  lui-mcmeoc- 
casion  de  faire  à  Paris  sur  un  malade  ar- 
rivant du  Sénégal Ihid. 

—  M. Ci.  iï«nar<i présente  une  Note  de  M.  Vi'r- 

chow  sur  le  Trichina  spiralis.  —  Traduc- 
tion de  cette  Note 2i^9  et    660 

—  M.  Van  Beneden  annonce  que  M.  Leuckart 

a  reconnu  dans  le   Trichina  spiralis   la 
larve  du  Tricocephalusdispar 4^' 

—  Nouveaux  dciails  sur  la  transformation  de 

ce  Trichina  en  Tricocéphale,  donnés  par 

M.  Hilne  Edwards •     4^ 

— i  Remarques  de  M.  Moquin-Tandon^ar  l'im- 
portance qu'a  la  constatation  de  ce  fait..  Ibid, 

—  Note  de  M.  Pouchet  ayant  pour    titre  : 

Nouvelles  eipériences   sur  les  animaux 
pseudo-rcssuscitants 49^ 

—  Note  de  M.  Doyère  sur  les  animaux  ressus- 

citants      75i 

—  Globules  de  sang  colores   dans  plusieurs 

animaux  invertébrés;  Note  de  M.  C.  Rou- 
get     6«4 


(  'o37  ) 


TABLE  DES  AUTEURS. 


■«.  Page». 

ACADEMIE  DES  SCIENCES  DE  BAVIÈRE 
(l'J  envoie  les  publications  qu'ellea  faites  à 
l'oecasionderaiiniversairedesa  fondation.     269 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES  DE  COPEN- 
HAGUE (i.')  envoie  do  nouveaux  volumes 
de  SOS  publications 858 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES  DE  PRUSSE 
(l').  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  de 
plusieurs  nouveaux  volumes  de  ses  Mé- 
moires et  de  ses  Comptes  rendus  pour 
l'année   l858 Q6g 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES  DE  VIENNE 
(i.').  —  Lettre  accompagnant  un  envoi  de 
sespublications ij5o 

ACADÉMIE  STANISLAS  DE  NANCY  (l'). 
—  Lettreaccompagnant  l'envoi  du  volume 
de  ses  Mémoires  pour  l'année  i858 583 

ADELSWAKD.  — Lettreaccompagnant  l'en- 
voi de  cirtes  géographiques,  dressées  par 
le  Prince  royal,  aujourd'hui  Roi  de  Suède 
et  de  Norwége 268 

ALCIATI  fait  connaître  la  compositiou  du 


MM.  P«(«. 

liquide  qu'il  emploie  contre  la  maladie 

do  la  vigne 173 

ANSELMIER.  —  De  l'autophagie  artificielle 
ou  de  la  manière  de  prolonger  la  vie 
dans  lo  cas  de  privation  absolue  d'ali- 
ments       g35 

AOUST  (l'adbé).  —  Sur  un  Ihëorèmo  de  géo- 
métrie      jag 

APPIA  (L.)  —  Lettre  concernant  un  ouvrage 
qu'il  se  propose  d'adresser  pour  un  con- 
cours  .- 3^a 

ARMAND.  —  Echantillons  d'un   papier   de 

sûreté  de  son  invention ;Jj2 

AVENIER  DE  LA  GRÉE  —  Notes  sur  une 
nouvelle  machine  à  gaz  chauds  et  à  vapeur 
d'eau S.-iS,  737,  8()\  et  1014 

—  Noie  sur  un  foyer  l'umivore  à  flamme  ren- 
versée pour  les  locomotives 894 

AVIERINOS,  Président  de  la  Chambre  des 
Députés  du  royaume  de  Grèce.  —  Lettre 
accompagnant  l'envoi  du  i'^''  volume  d'un 
Recueil  de  documents  officiels 83 


B 


BARINET.  —  Sur  la  courbure  des  surfaces. .     418 

—  Influence  du  mouvement  de  rotation  de  la 

terre  sur  le  cours  des  rivières  :  remarques 
à  l'occasion  d'une  communication  do 
M.  Perrot 638 

—  Sur  le  déplacement  vers  le  nord  ou  vers 

le  sud  d'un  mobile  qui  se  meut  librement 
dans  une  direction  perpendiculaire  au 
méridien  :  réponse  à  des  remarques  faites 
sur  sa  précédente  communication  par 
M.  Bertrand 6ô<)  et 

—  Démonstraiion  de  la   loi  de  M.  Foucault 

sur  la  tendance  transversale  d'un  point 
qui  se  déplace  à  la  surface  de  la  terre. 
Evaluation  de  la  force  qui  produit  dans 
les  rivières  la  tendance  à  l'érosion  des 
rives 

—  M.  Babinet  comnmnique  une  Lettre  de 


686 


769 


M.  Leymerie  contenant  des  observations 
sur  les  grands  cours  d'eau  qui  descendent 
des  Pyrénées jg5 

BAER  (de)  fait  hommage  de  deux  Mémoires 
d'anthropologie  qu'il  a  récemment  pvi- 
bliés 464 

BALLY.  —  Lettre  concernant  une  place  va- 
cante de  Correspondant  pour  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie aao 

BARRAL.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  du 
tome  XVI  et  dernier  des  OEuvres  de 
F.  Araço 8o5 

BA'i'AILHÉ  et  Goiliet.  —  Expériences  con- 
cernant l'emploi  en  chirurgie  de  l'alcool 
et  des  composés  alcooliques.. . .     268  et    3qi 

BAUDOUIN. — Appareil  de  photographie  au- 
tomatique pour  l'observation  des  éclipses 
de  soleil C80 


im. 

BAUDRIMONT.  —  Observations  sur  les 
poids  spécifiques  des  fluides  élastiques. . 

BAZIN.  —  Lcttie  concernant  une  communi- 
cation de  M.  Broca  sur  l'hypnotisme,  nou- 
veau procédé  pour  obtenir  Tanésthésie... 

BEATJVALLET  (P.).  —  Sur  la  présence  du 
vanadium  dans  Vargile  de  GentUIy.  .... 

BÉCHAMP.  —  Mémoire  sur  la  xyloïdine  et  sur 
de  nouveaux  dérivés  nitriques  de  la  fécule. 

BECQUEREL.  —  Sur  la  température  des  vé- 
gétaux dans  les  différenti's  saisons 

—  M.  Becquerel  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  exemplaire  de  ses  «  Recherches  sur 
les  causes  de  l'électricité  atmosphérique 

et  terrestre  » 

BECQUEREL  (Edm.).  —  Reclierches  sur  di- 
vers efli'ts  lumineux  qui  résultent  de  l'ac- 
tion de  la  lumière  sur  les  corps;  compo- 
sition de  la  lumière  émise. 

—  M.  Edm.  Becquerel  est  présenté  par  la  Sec- 

tion de  Physique  comme  l'un  des  candi- 
dats pour  la  place  vacante  par  suite  dn 
déccs  de  M.  Cagniard  de  l.atour 

BEGHIN.  —  Note  sur  les  piles  galvaniques. 

BEILSTEIN.  —  Sur  l'isomérie  des  combi- 
naisons organiques 

BENOIT.  —  Guérison  d'une  division  congé- 
niale  du  voile  du  palais  par  la  cautérisa- 
tion   

BERGON.  —  Influences  exercées  sur  les  li- 
gnes télégraphiques  par  l'aurore  boréale 
de  la  nuit  du  aS  au  3g  aoât 

BÉRIGNY  (A.).  —  Proportions  de  l'ozone 
avant,  pendant  et  après  la  période  d'in- 
fluence de  l'aurore  boréale  du  28  au 
3g  août 

BERNARD  (Cl.).  —  De  la  présence  du  sucre 
dans  le  sang  de  la  veine  porte  et  dans  ce- 
lui des  veines  sus-hépatiques  :  expériences 
de  M.  C.  Schmidt  analysées  par  M.  Ber- 
nard qui,  à  cette  occasion  ,  présente  deux 
ouvrages  dans  lesquels  il  a  expose  les 
principaux  résultats  de  ses  recherches  sur 
ce  sujet 

—  M-  Bernard  présente,  au   nom  de  M.  Vir- 

cftow,  une  Note  sur  le  Trichina  spiralis. . 

—  Sur  remploi  du  curare  dans  le  traitement 

du  tétanos  :  réponse  à  des  remarques  de 
M.  Yelpeaa  sur  le  fait  rapporté  par 
M.  Yella 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  commnnica- 

tion  de  M.  H.  Gintrac  stir  un  cas  de  téta- 
nos traumatique  traité  sans  succès  par  le 

curare 

BERTHA13T.  —  Notes  intitulées  :  «  Cbatn» 
vollaïque»  et  n  Emploi  de  l'air  compri- 
mé pour  arrêter  les  voies  d'eau  et  empê- 
cher les  navires  de  sombrer  m 


(  io38  ) 

Page» 


621 

946 

3nl 

5oï 
53a 

64 

27 


1014 
545 

134 


325 


365 


391 


63 
289 

333 

823 

393 


UM.  Pages. 

BERTHAUX   (J.).    —   Description  et  figure 

d'un  aérostat  hélî<;oïde 268 

BERTHELOT.  —  Action  des  alcalis  hydratés 

sur  les  éthers  nitriques   212 

—  Recherches  sur  le  sucre  formé  par  la  ma- 

tière glycogène  hépatique  (  En  commun 

avec  M.  de  Luca) 2l3 

BERTRAND  indique  !e  contenu  de  divers 
manuscrits  inédits  de  Mlle  Sophie  Ger- 
main, oITerts,  au  nom  de  ses  héritiers, 
par  M.  Geoffioy-Saint-Hilaire 45 

—  Note  relative  à  l'influence  de  la  rotation 

delà  terre  sur  la  direct  ion  des  cours  d'eau  ; 
remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 
cation de  M.  Babinet 658 

—  Nouvelles  remarques  à  l'occasion  des  com- 

munications de  M.  Babinet,  concernant 

la  même  question , 635 

—  Réponse  à  M.  Delaunay  dans  la  même  dis- 

cussion       692 

BIENAYMÉ.  —  Lettre  èi  M.  Chasles  sar  l'au- 
rore boréale  du  i*"^  octobre 4^ï 

BILLIARD,  DE  Cop.BiGsv.  —  Suite  de  ses  re- 
cherches sur  l'hcniatose a5l 

•—  De  la  destruction  absolue  de  l'odeurdc  gan- 
grène au  moyen  du  chlorate  de  potasse. .     47' 

BINEAU  (A.).  Sur  la  densité  des  vapeurs  sur- 
chaufl'ées  du  soufre,  du  phosphore  et  de 
l'arsenic • 799 

BIOT.  —  Note  sur  la  formation  artificielle  de 

l'acide  tartrique  par  M.  Liebig 377 

—  Communication  accompagnant  la  présen- 

tation de  ses  recherches  sur  l'astronomie 
indienne 5^1 

BIZIO.  —  Note  concernant  ses  travaux  sur  la 
corrélation  entre  le  poids  des  équivalents 
des  corps  et  leurs  propriétés  physiques  et 
chimiques 9^^ 

BOIilERRE  (A.).  —  Note  sur  l'association  des 
phosphates  de  chaux  et  de  fer  dans  les 
nodules  exploités  en  France  et  en  An- 
gleterre      ';9 

BO BOEUF.  —  Sur  l'acide  phénique  et  les  huiles 
saponifiables  contenues  dans  les  huiles 
de  houille,  de  schistes,  etc.,  et  leurs  appli- 
cations diverses 984 

BOESCH.  —  Nouveaux  procédés pourl'impres- 

sion  des  étoffes  et  des  papiers  de  tentures.     208 

BOHN.  —  Sur  les  propriétés  optiques  de  l'a- 
cide tartrique  artificiel  (Lettre  à  M.  Pe- 
loute) 897 

BOILEAU  DE  CASTELNAU.  —  Tempéra- 
ture de  l'été  de  1839  à  Nimes  comparée  à 
celle  des  trente-quatre  années  antérieures,     ^51 

BOINE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
Note  de  M.  Marchai  de  Cahi  sur  l'emploi 
de  riode  comme  désinfectant  et  antisep- 
tique       '98 


(  ïo^g  ) 

P.gr» 


BOMBES-DEVILLIERS  et  Daiemaone.  — 
Uemarqucs  concernant  un  passade  <ln 
Haiiportsur  les  allumettes  chimiques,  lu 
à  r.Acaclémie  le  sfi  septembre  iSôj 55q 

—  Lettre  annonçant  renonciation  au  privilège 
cxcUisit'  que  leur  {jarantiss.-iit  leur  brevet 
pour  la  l'abricalion  des  allumettes  andro- 
gynes *..••     7^^ 

BOKNAFONT.  —  Expériences  faites  à  l'in- 
flrrnerie  de  l'Hôtel  des  Invalides  avec  le 
mélange  désinfectant  de  coal-tar  et  de 
plâtre 348  et    /(Og 

BOSSHAUU.  —  Lettre  relative  à  son  appareil 
désigné  sous  le  nom  de  co//ec<cu»(ieyorc«. 
181  et    865 

BOTJBÉE  (N.).  —  Note  sur  les  moyens  de  re- 
médier à  l'infection  de  la  Tamise.  ..,., .     220 

BOUCHER  DE  PERTHES.  —  Sur  les  silex 

tailles  des  bancs  diluviens  de  la  Somme.      58l 

BOUISSON   est    présenté   par  la  Section    de 
Médecine  et  de   Chirurgie   comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant    .* , go6 

BOULU.  —  De  la  médication  électrique  dans 
certaines  aifections  de  l'appareil  ocu- 
laire      449 

BOUQUET.  —  Lettre  concernant  un  préco- 
dent Mémoire  sur  la  résolution  des  équa- 
tions       339 

BOUQUET.  —  Sur  l'importance  de  la  silice 
dans  le  sol  arable;  observations  faites 
dans  le  département  de  la  Manche 857 

BOURON  (Feu).  —  «Essai  de  géogénie»...     iSa 

BOUTLEROW  (A).  —  Sur  le  dioxyméthy- 

lène 187 

BOUVIER.  — Explication  proposée  pour  le 
fait  avancé  par  M.  Babinet  sur  la  tendance 
des  fleuves  de  Thémisphère  nord  à  ronger 
pins  leur  rive  droite 865 

BRIOT  (Cii.)  —  Sur  la  théorie  mathématique 
de  la  lumière;  propagation  de  la  lumière 
dans  les  milieux  cristallisés 888 


Mil.  P«««- 

BRISEBARUE.  —  Description  et  flguro  d'un 
moteur  mis  en  jeu  par  l'expansion  de 
l'acide  carbonique ioo3 

1ÎR0CA(P.).  —  Notesur  une  nouvelle  méthode 

anesihèsiqne Qoa 

BRODIE.  —  Emploi  du  curare  dan»  le  trai- 
tement du  tétanos  (Lettre  i  M.  Flou- 
rens).... 5oî 

BRONGNIART  (Ad.).  —  Sur  les  moyens  em- 
ployés par  les  botanistes  pour  arriver  à  la 
détermination  des  organes  des  plantes..       67 

BUUGE.  —  Les  résultats  de  ses  recherche» 
analomiqnes  ot  physiologiques  sur  les 
fonctions  des  plexus  cœliaquo  et  mésen- 
teriquc  sont  présentés  de  vive  voix  par 
M.  Flourens gSS 

BUIGNET.  —  Examen  chimique  de  la  fraise 

et  analyse  do  ses  diverses  espèces 276 

—  De  l'emploi  de  l'acide  sulfureux  et  des  sul- 

fites alcalins   comme  moyen  de  réduire 

les  pcrsels  de  fer 587 

BUISSON.  —  «  Sur  la  puissance  motrice  du 

soleil  II .* i33 

BURDEL.  —  Ex^riences  sur  divers  mélanges 

dcsinfoclants 3Ç)S 

—  De  la   poudre  Corne   et  Demeaux  consi- 

dérée  au  point   de  vue  de  l'hygiène  pu- 
blique      4^ 

—  Mémoire  sur  la  glucosurie  dans  les  fièvres 

paludéennes 680 

BUREAU  H-ÏDROGRAPHIQUE  DE  LON- 
DRES (le)  annonce  l'envoi  d'une  nou- 
velle séries  de  cartes  et  d'instructions  nau- 
tiques      47' 

BUSSY.  —  Remarquesà  l'occasion  d'une  com- 
munication de  M.  Velpeau,  sur  l'emploi 
du    mélange  désinfectant  de  MM.  Corne 

et  Demeaux i57 

BU"ïS-BALLOT.  —  Sur  l'hypothèso  d'un  an- 
neau circulaire  autour  du  soleil  îi  plus 
courte  distance  que  Mercure;  Lettre  i 
M.  ie  Verrier 81a 


CABANES.  —  Substitution  de  la  terre  au 
plâtre  dans  le  mélange  désinfeclant  avec 
le  coal-tar..... 44^ 

CAGNIARD  DE  LATOUR.  -  Sa  mort,  arri- 
vée le  5  juillet,  est,  dans  la  séance  du  1 1, 
annoncée   à  l'Académie 67 

CAHOURS  (Aie).  —  Recherches  sur  les  radi- 
caux organo-métalliqucs 87 

CAL'i'ERT.  —  Note  sur  l'emploi  du  coal-tar 

en  médecine 362 


CANY.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  d'un 
opuscule  sur  un  projet  de  création  d'une 
ferme-modèle  économique  dans  chaque 
canton  rural 55 

CARBONNEL.  —  Observations  sur  certaines 
particularités  que  présentent  les  huîtres 
propagées  arliliciellement 447 

CARVALLO  (J.).  —  Essai  sur  la  théorie  de 

l'injecteur  GilTard. . g38 

—  Sur  la  détermination  des  formes  et  des  dî- 
mcnsions  miuimantes  quant  à  la  dépense, 


(   io4o  ) 


■M.  t'aies, 

et  maximantes  quant  à  la  stabilité,  des 
terrassements 999 

CASTELIN-CLICHET.  —  Moyen  propose 
pour  obtenir  du  roulis  de  la  mer  un  nou- 
veau mode  de  propulsion   des  navires...     GSa 

CASTELNAU   (  F.  de).   —  .Sur  l'abondance 

des  tigres  dans  l'île  de  .Singapore 4''' 

CHACORNAC.  — Intensité  lumineuse  du  cen- 
tre du  soleil  comparée  à  celle  des  bords  ^ 
Lettre  à  M .  Le  Verrier 806 

CHANCEL  (G.).  —  Sur  la  séparation  et  le 
dosage  de  l'acide  phosphorique  en  pré- 
sence des  bases , 997 

CHAPl'E  D'HAUTEROCHE  (C).  -  Lettre 
concernant  l'Eloge  de  l'Abbé  Chappe 
d'Hauleroche  prononcé  à  l'Académie  dos 
Sciences  Ters  1770,  par  M.  Grandjean  du 
Fouchy 589 

CHARAULT.  —  Perturbations  magnétiques 
observées  les  29  août  et  a  septembre  (En 
commun  avec  M.  Desains) 4^3 

—  Sur  quelques  phénomènes  électriques  ob- 

servés pendant  l'orage atmosphéj'ique  du 
28  septembre  (En  commun  yec  M.  Des- 
croix)   ,    4''7 

CHARGÉ  D'AFFAIRES  DU  MEXIQUE  (le) 
communique  un  décret  du  Président  de 
la  République  mexicaine  ordonnant  l'é- 
rection d'une  statue  de  Ilumboldt  dans 
l'Ecole  des  Mines  de  Mexico 5Sa 

CHARVEX.  —  Influence   bienfaisante  d'une 

aération  constante  sur  les  vers  à  soie. ...      jS 

CHASLES  corn  munique  une  Lettre  de  M.  Bien- 

aj'mé  sur  l'aurore  boréale  du  1'=''  octobre.     481 

—  M.  Chasles   présente,  au  nom  de  l'auteur 

M.  Gilbert,  des  Recherches  sur  les  pro- 
priétés géométriques  des  mouvements 
plans 633 

—  M.  Chasles  fait  hommage,  au  nom  de 
M.  r.-A.  Hirstf  d'un  «  Mémoire  sur  la 
courbure  d'une  série  de  surfaces  et  de  li- 
gnes.»—Et  au  nom  de  M.  /'.  Gilbert, 
d'une  Kotice  sur  le  mathématicien  lou- 
vanisle  Adrianus  Komanus 54a 

CHAUBART.  —  Lettre  concernent  son  sys- 
tème de  barrage  automobile 946 

CHAZEREAU.  —  Sur  des  haches  en  silex 
trouvées  dans  les  environs  d'Aubigny-sur- 
Nère  (Loiret) ,0,3 

CHENOU  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  com- 
prendre la  Faculté  des  Sciences  de  Poi- 
tiers dans  lo  nombre  des  établissement» 
auxquels  elle  fait  don  de  ses  Comptes 
rendus g-« 

CHEVREOL.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
communication  de  M.  Yclpeau,  sur  l'em- 
ploi du  mélange  désinfectant  deMM.  Corne 
et  Demeaux iJj 


MM.  Pages. 

CHE'^^REUL.  —  Sur  l'usage  du  goudron  en 
thérapeutique  et  sur  la  manière  d'agir  des 
désinfectants , 197 

—  Remarques  sur  une  Note  de  M.  Calfert  re- 

lative à  l'emploi  du  coal-tar  en  médecine; 
M.  Chevreul  annonce  à  celte  occasion 
la  continuation  de  ses  propres  recherches 
sur  les  goûts  et  les  saveurs 2C4 

—  Réflexions  concernant  la   chimie  agricole, 

présentées  à  l'occasion  de  deux  Notes, 
l'une  de  M.  Beamallet,  l'autre  de  M.  Isid. 
Pierre 3o2 

—  Rapport  sur  les  allumettes  chimiques  dites 

hygiénique»  et  de  sûreté,  les  allumettes 
androgynes  et  les  allumettes  chimiques 
sans  phosphore  ni  poison 434 

—  M.  Chevreul,  à   l'occasion  d'une  Lettre  de 

M.  Mahguli,  rappelle  que  Proust,  il  y  a 
près  d'un  demi-siècle,  indiquait  comme 
très-probable  la  présence  dans  l'eau  de 
la  mer  de  l'argent  et  d'autres  métaux....     463 

CHOUVEAD.  —  Du  mécanisme   des    effets 

physiologiques  de  l'électricité 44g 

CHRISTIE  (R.-C.).  —  Lettre  accompagnant 
le  dépôt  d'une  Note  sous  pli  cacheté,  se 
rattachant  au  concours  pour  le  grand  prix 
de  Mathématiques  de  1S60 aSi 

CLAPEYRON  est  nommé  Membrede  la  Com- 
mission du  prix  pour  l'application  de  la 
vapeur  à  la   marine  militaire g35 

CLOQUP'T  (J.).  —  Observations  sur  deux  cas 

de  calculs  urinaires  vésicaux Gq3 

—  Remarques  sur  une  Note  de  M.  t.  Vclla, 

concernant  l'emploi  du  curare  dans  le 
traitement  du  tétanos 335 

—  M.  /.  Cloquet  présente,  au  nom  de  M.  Wat- 

son,  deux  caries  des  chemins  qui  mettent 
en  communication  les  houillères  du 
comté  de  Durham  avec  les  chemins  de 
fer  du  Yorkshiie aCo 

COC.  —  Note   concernant  un  remède  contre 

le  choléra-morbus 987 

COLIIN  (G.)  — De  la  glycogénic  animale  dans 
SCS  rapports  avec  la  production  et  la  des- 
truction de  la  graisse q8i 

COMBES.  —  Observations  relatives  à  une 
communication  de  M.  Penot  sur  une 
nouvelle  expérience  pour  rendre  mani- 
feste le  mouvement  de  rotation  de  la 
terre,  et  à  une  Note  de  M.  Babinet  qui 

accompagnait  celle  de  M.  Porrot 775 

. —  M.  Combes  est  nommé  Membre  de  laCom- 
mission  du  prix  pour  l'application  de  la 
vapeur  à  la  marine  militaire qJS 

COMMISSION  DES  CARTES  CÉLESTES 
DE  L'ACADÉMIE  DE  BERLIN.- Lettre 
accompagnant  un  nouvel  envoi  qui  com- 
plète la  publication An^ 


(  lo/i 


HH.  Pages. 

CONSEIL  MUNICIPAL  DE  LA  VILLE  DE 
GUAY  (ie).  —  Demande  des  rom/)/eîren- 
<{ui  pour  la  bibliothèque  de  celle  ville...     aai 

CORNE  et  Dembaix.  —  Note  sur  la  désinfec- 
tion et  le  pansement  des  plaies 127 

COR VISART  (  L.).  —  Sur  le  rôle  du  pancréas 

dans  la  di{;eijtion 4^ 

^  De  la  fécule  végétale  et  animale  sous  le  rap- 
port de  l'influence  conservatrice  qu'exerce 
sur  elle  la  lumière  solaire.  —  De  quel- 
ques substances  qui  annihilent  ou  accrois- 
sent cette  action  solaire  (En  commun 
avec  M.  Nicpce  de  Saint-Victor) 363 

COSTE.  —  Note  accompagnant  la  présenta- 
tion d'une  nouvelle  partie  de  son  «  His- 
toire générale  et  particulière  du  dévelop- 
pement des  corps  organisés  » 5g9 


I    ) 

un.  PagM. 

CODLVIER-GRAVIER.   -  Etoiles   filanlos  ' 

des  r),  10  et  11  août 378 

—  Etoilns  filantes  d'octobre-novembre.  Deuxiè- 

me partie  du  catalogue  des  bolides  obser- 
vés depuis  septembre  i853 7^* 

—  Aurore  boréale  observée  dans   la  nuit  du 

aij  au  29  août 338 

COURTV  (A).  —  Narcotisalion  localisée:  in- 
jections de  sulfate  d'atropine  sur  le  nerf 
pneumogastrique  pour  guérir  les  attaques 

d'asthme 666 

CURATEUliS  DK  L'UNIVERSITÉ  DE 
LEYDE  (  LES  )  adressent  au  nom  des  Uoi- 
versités  Néerlandaises  et  des  Athénée» 
d'Amsterdam  et  de  Deventor,  un  exem- 
plaire de  leuis  Annales  pour  l'année 
1854-1855 47a 


D'ABBAUIE  (A.)  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  exemplaire  de  son  Mémoire  «  Sur  le 
tonnerre  en  Ethiopie  »  et  du  Catalogue 
raisonné  des  Manuscrits  éthiopiens  qui 
lui  appartiennent, 164 

—  Et  d'un  exemplMire  de  son  e(  Résumé  géo- 

désique    des    positions    déterminées    eu 

Ethiopie  » 229 

D.AGDIN.  —  Note  sur  la  vapeur  vésiculaire..       go 
DALEMAGNE  et  Bomdf.s-Devilueks.  —  Re- 
marques concernant  un  passage  du  Rap- 
port sur  les  allumettes  cbiiuifiues,  lu  à 
l'Académie  le  aG  septembre  it^ôg..   ....     SSg 

—  Lettre  annonçant  la  renonciation  au  privi- 

lège exclusif  que  leur  garantissait  le  bre- 
vet pour  la  fabrication  des  allumcltes  an- 
drogynes y56 

DAMOUR  (.4.)  —  Recherches  chimiques   et 

analyses  sur  l'aérolithe  de  Montrcjeau. .       3i 

D'AKCHIAC.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  A.  Gaudry,  intitulé:  «  Géologie  de  l'ile 
de  Chypre  1 229 

—  M.  d'Archiac  fait  hommage  à  l'Académie 

de  trois  Notes  qu'il  vient  de  publier  sur 

des  questions  de  jjaléontologie t^ii 

—  M.  d'Archiac  présente,  au  nom  de  M.  R.-I. 

Murchison,  un  exemplaire  du  discours  pro- 
noncé par  cesavant,  eu  qualité  de  I^résident 
de  la  Société  royale  Géographique  de  Lon- 
dres, à  la  séance  annuelle  du  23  mai  iSSg.     238 
David.  —  Sur   l'intégration    des    équations 

différentielles  linéaires 676 

DEBR  AY  (H.).  —  Sur  la  production  de  l'azurite.    ai  8 
DEBR.AY.  —  Mémoire  sur  la   fabrication  du 
sucre  de  betterave  au  moyen  de  l'extrait 
de  Saturne 4^g 

C.  R.,  1859,  an»»  Semestre.  (T.  XLIX.) 


DECAISNE.  —  Des  espèces  et  des  variétés 
dans  les  plantes  cultivées;  remarques  à 
l'occasion  d'un  travail  de  M.  Naudin  sur 
le  genre  Cucumis i44 

DECHARMES.  —  Aurore  boréale  observée  à 

Amiens  le  13  octobre 549 

DE  LA  MGTHE.FARCH.'iUD.  —  Pilolher- 
uio-électrique  et  explication  du  phéno- 
mène de  l'absorption  de  l'acide  carboni- 
que p.'ir  les  plan  tes 544 

DELANOUE.  —  Composition  des  phosphates 
fossiles  exploités  en  France  et  en  Angle- 
terre. —  Ouverture  d'un  paquet  cacheté 
déposé  le  11  octobre  1 358 73  et     iSo 

—  Des  phosphates  fossiles  employés  en  agri- 

culture      266 

DE  LA  PKOVOSTAYE  est  présenté  par  la 
Section  de  Physique  comme  l'un  dos  can- 
didats pour  la  place  vacante  par  suite  du 

décès  de  M.  Cagniard  de  Laiour 1014 

DELA  RIVE  (Aug).  —  Sur  l'aurore  boréale 

du  29  août  i85;j 4^4 

—  Sur  les  courants  électriques  observes  dans 

les  lignes  télégraphiques  de  la  -Suisse  pen- 
dantlaurore  boréale  du  2  novembre  iSSg 

(Lettre  in  M.  de  Senarmont) 662 

DELAUNaY.  —  Calcul  des  variations  sé- 
culaires des  moyens  mouvements  du 
périgée  e.t  du  nœud  de  l'orbite  de  la 
lune 3o9 

—  Remarques  concernant  la  question  de  l'in- 

fluence de  la   rotation  de  la  terre  sur  la 
direction  des  cours  d'eau . .  .    688 

—  Note  sur   les  inégalités  lun.iires  à  longue 

période  dues  à   l'action  perturbatrice  de 
Vénus 923  et    ggS 

135 


(  I 

■H.  Pages. 

OELEAD.  —  Snrles  propriétés  désinfoctantes 

do  la  solution  rie  pcrchlorurc  île  for 363 

DELESSE.  —  Lettre  accompagnant  renvoi 
de  ses  ^lémoircs  sur  le  métamorphisme 
des  roches ^94 

DELFRA'ÏSSÉ.  —  Sur  les  corpuscules    qni 

voltigent  dans  Ta ir •     339 

DE  LUCA  (S.).  —  Recherches  sur  l'iode  at- 
mosphérique.. 170 

—  Recherches   sur  le  sucre  formé  par  Ja  n»a- 

tièrc  glycopène   hépatique  (En  commun 
avec  M.  Berthelot) 21 3 

—  Nouveau   procédé   par  la  voie  sèche  pour 

constater  la  présence  de  l'iode  et  pour  le 
doser 214 

—  Recherches  chimiques  sur  le  calcaire  d'A- 

vane,  en  Toscane • 358 

DE  LUCA  (F.).  —  Lettre  accompagnant 
l'envoi  de  deux  ouvrages  destinés  au  con- 
cours pour  le  prix  triennal 558 

DEMARQUAY  et  Leconte.  —  Cicatrisation 
des  plaies  sous  l'influence  de  l'acide  car- 
bonique      S93 

DEMEAUX  et  Couse.—  Note  sur  la  désin- 
fection et  le  pansement  des  plaies 127 

DEMORTAIN.  —  Composition  des  «aux  cou- 
rantes enLombardie,  considérées  par  rap- 
port à  la  production  du  goitre 538 

DENIS,  de  Commercy,  est  présenté  par  la 
Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
comme  l'un  dos  candidats  pour  une  place 
vacante  de  Correspondant 906 

—  M.  Den/jcst  nommé  Correspondant  de  l'A- 

cadémie, en  remplacement  de  feu  M.  Bon- 
net       g35 

—  M.  "DenM adresse  ses  remercîmenls   à  l'A- 

cadémie      g8l 

DESA1^S.  —  Perturbations  magnétiques  ob- 
servées les  ag  août  et  3  septembre  (  En 
commun  avec  M.  Charault) ^'j'i 

DESCHAMPS.  —  Note  sur  les  phosphates  de 

chaux  fossiles l35 

DESCROIX.  —  Sur  quelques  phénomènes 
électriques  observés  pendant  l'orage  at- 
mosphérique du  ï8  septembre  (En  com- 
mun avec  IVl.  Charault) 477 

DES  ÉTANGS.  —  Observations  thermo- 
métriques  faites  à  Bar-Bur-Aube,  les  19 
et  20  décembre  i85() ioi3 

DESNCÏKIiS.  —  Note  sur  des  empreintes 
de  pas  d'animaux  dans  le  gjpse  des  envi- 
rons de  Paris,  particulièrement  de  la  val- 
lée de  Montmorency 6j 

DESPLATS.  —  Sur  les  combinaisons  des  al- 
cools polyatomiquesavec  les  acides  biba- 
siq  nos 2t6 

DESPKETZ  présente,  au  nom  de  M.  Ruhm- 

korff,  un  appareil  d'induction 208 


0/42    ) 


—  M.  Despretz  présente,  au  nom  de  M.  Po^ 
gendorff,  la  troisième  livraison  du  «  Dic- 
tionnaire    biographique     des     Sciences 

exactes  » 943 

DÉVEILLE   —  Sur  un   nouveau  système  de 

frein  pour  les  chemins  de  fer...  S.TS  et  9^6 
DIRECTEUR  DE  L'OBSERVATOlliE  PHY- 
SIQUE DE  RUSSIE  (le)  adresse  un 
exemplaire  des  Annales  de  cet  obser- 
vatoire pour  Tannée  i856,  et  un  exem- 
plaire de  son  Compte  rendu  annuel  pour 

18.57 8,58 

DIRECTEUR  DES  DOUANES  (le)  adresse 
un  exemplaire  du  Tableau  général  du 
commerce  delà  France  avec  ses  Colonies 
et  avec  les  Puissances  étrangères  pendant 
l'année  i858;  et  un  exemplaire  du  Ta- 
bleau général  du  mouvement  d«i  cabotage 

en  1 858 .     36^  et    So5 

DOBELLY. —  «  Propriétés  du  cercle  et  des 

trois  corps  ronds.  » i33 

DOMEYKO.  —  Notice  sur  divers  fo.ssiles  et 
minéraux  envoyés  du  Chili  pour  l'École 

des  Mines 53() 

DONATI  remeriic  l'Académie  qui  lui  a  dé- 
cerné une  médaille  de  la  fondation  La- 
lande  ((concours  de  1808). i33 

D'ORBIGNY  (Cn.).  —  Sur  l'âge  véritable  des 
poudingues  de  Nemours  et  des  sables  co- 

quilliers  d'Ormoy 67061     94G 

—  Sur  le  diluvium  à  coquilles  lacustres    de 

Joinville-le-Pont 701 

DOULIOT.  —  Note  sur  la  vision  et  spécia- 
lement sur  la  perception  des  reliefs  dan» 

le  stéréoscope  et  dans  la  nature 3a5 

DOYERE.  —  Sur  les  animaux  ressusci- 
tants      -5i 

DOCOMMUN.  —  Note  sur  la  maladie  de  la 

vigne i32 

DUFFAUD.  —  Lettre  concernant  son  Mé- 
moire  sur  le  prix  des  grains  à  Poitiers 

depuis  trois  siècles 865 

DUFOUR  (Léon).  —  Deux  Mémoires  de  ce 
naturaliste,  relatifs  à  Panatomie  des  In- 
sectes, sont  l'objet  d'un  Rapport  lu  dans 
la   séance   du    11    juillet.    (Rapporteur 

31.  Dumcril) 65 

DUGROLES.  —  Lettre  concernant  la  ma- 
chine à  vapeur  du    système  Guerraz   et 

Briery 825 

DUMAS.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
communication  de  M.  Yelpeau  sur 
l'emploi  du  mélange  désinfectant  de 
MM.  Corne  et  Demeaux l5; 

—  Sur   l'emploi  fait  par  M.  Siret  du  sulfate 

de  fer  et  d'une  huile  bitumineuse  dans  ses 
mélanges  désinfectants 3l4 

—  M.  Damas  présente  nn  casque  en  alumi- 


(    lO, 

HH.  I'agr>. 

niiim  fohriqué  pour  le  roi  de  Uane» 
mark 865 

DUMKRIL.  —   Plan  de  l'ouvrage  iiiUtalé   : 

«  Entomologie  analytique  » 4  ■ . .     653 

—  M.  Duméril  fait  hommage  à  l'Académie  d'un 

exemplaire  d'un  tableau  sjl.oplique  of- 
frant la  classification  naturelle  des  In- 
sectes d'après  la  méthode  analytique.  ..     228 

—  Rapport   sur  deux   Mémoires  de  M.   Léon 

Du/our,  relatifs  à  l'anatomie  des  In- 
sectes.        65 

—  Happort    sur    une  demande   de    M.    Léon 

Du/our  relative  h  son  ouvrage  sur  l'ana- 
tomie des  Galoodes 8^8 

—  M.  Duméiil  annonce  de  nouvelles  recher- 

ches de  M.  Ru/i  sur  la  vipère  fer-de-lanc« 
de  la  Martinique,  et  met  sous  les  yeux 
de  l'Académie  un  de  ces  nptiles  et  plu- 
sieurs figures  gravées  qui  accompagneront 
la  publication  ce  ce  travail SgS 

—  Remarques  ^i   l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  H.  Ginliac,  intitulée  :  «  Té- 
tanos traumatique  traité  sans  succès  par 
le  curare  » S24 

DUMÉRIL  (Aie). —  Annonce  de  l'arrivée 
à  la  Ménagerie  du  Muséum  d'un  spéci- 
men vivant  de  la  grande  Salamandre  du 
Japon 750 

DU  MONCEL  (Tn.).  —  Sur  l'aspect  de  l'é- 
tincelle d'induction  dans  le  microscope 
et  les  spectres  de  la  lumière  électrique 
dans  le  vide ^o 

—  Des    réactions   exercées   par   les   aimants 

sur  l'atmosphère  lumineuse  qui  entoure 


43    ) 


HH.  Plgu. 

l'étincelle    d'induction.  Réclainaiion'  de 

priorité  à  l'égard  de  M.  l'cnol 396 

DU  MONCEL  (Th.).  —  Note  concernjnt  la 
qiK^stion  de  priorité  d'observations  pour 
le  fait  de  non-howogénéilé  de  l'étincelle 
d'induction 3()a 

—  Nota  sur   les  causes  qui  peuvent  produire 

la  formation  de  l'atmosphère  lumineuse 
de  l'étincelle  d'induction  et  sa  disposi- 
tion. Description  d'un  nouvel  appareil 
d'induction 54» 

—  Sur    les    stratifications    de    l'atmosphère 

lumineuse  qui  entoure  l'étincelle  d'induc- 
tion à  l'air  libre 579 

—  Sur  la  non-homogénéité  de  l'étincelle  d'in- 

duction       8a5 

DUHERREY.  —  Note  relative  à  la  date    du 

décès  de  sir  fohn  Franklin 4*7 

—  Sur  une  aurore  boréale  observée  à  la  Gua- 

deloupe le  12  septembre;  par  M.  Mercier.     i^QO 

—  M.   Duperrey  est  nommé   Membre  de   la 

Commission  du  prix  pour  l'application  de 

la  vapeur  à  la  marine  militaire çjK 

DUPIN  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  pour  l'application  do  la  va- 
peur à  la  marine  militaire g35 

DUPPA  et  Pehkis.  —  Recherches   sur  l'acide 

iodacétique , gj 

DUROCHEU.  —  Observations  relatives  à  la 
présence  de  l'argent  dans  l'eau  de  la  mer 
(En  commun  avec  M.  ilalaguti) 536 

DUROy.  —  Du  rôle  de  l'alcool  dans  l'orga- 
nisme (En  commun  avec  MM.  Lalle- 
mand  et  Pcrrin  ) 5^8 


EDWARDS  (MiLNE)  fait  hommage  h  l'A- 
cadémie de  la  première  partie  du  \'^  vo- 
lume de  ses  tt  Leçons  sur  la  physiologie  et 
l'anatomie  comparée  de  l'homme  et  des 
animaux  u i4t 

—  Remarques  sur  l'emploi  du  mot   coal-tar 

au  lieu  de  l'expression  française  corres- 
pondante g'ouc/ron  de  houille 196 

—  Nouveaux  faits  recueillis  par  M.  Leuckart 

relativement  à  la  transformation  de  la 
Trichina  spiralis  en  Trichocéphale l^b'] 

EHRMAKN  est  présenté  par  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant go6 

ÉLIE  DE  BEAUMONT.  —  Remarques  k  l'oc- 
casion d'une  communication  do  M.  Yel- 
pcau  sur  l'emploi  du  mélange  désinfec- 
tant de  MM.  Corne  et  Demeaux 169 


ELIE  DE  BEADMONT.  —  Remarques  à 
l'occasion  de  la  carte  géologique  du  Dau- 
phiné,  par  M.  Ch.  Lory i85 

—  Remarques   à  l'occasion   d'une  communi- 

cation de  M.  P.  Beauvallec  sur  la  pré- 
sence du  vanadium  dans  l'argile  de  Gcn- 
tilly 3oï 

—  Réponse  h  des  remarques  faites  par  M.  Le 

Verrier  sur  le  Compte  rendu  imprime  de 

la  séance  du  3  octobre ^go 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  Boucher  de  Perthes  sur  les  silex 
taillés  des  bancs  diluviens  de  la  Somme.     33i 

—  M.  Élie  de  Beaumont  donne,  d'après  sa  cor- 

respondance privée,  communication  des 
pièces  suivantes  ; 

—  Une  Lettre  de  M.  Prestwich  sur  la  décou- 

verte d'instruments  en  silex  associés  à  des 
restes  de  Mammifères  d'espèces  perdues 

i35.. 


(    lO 

UU.  Pae». 
dans  des  couches  non  remaniées  d'une  for- 
mation géologique  récente 61j  et    85ç) 

—  Trois  Lettres  du  P.  Secchi  sur  les  taches  et 

facules  du  soleil.  —  Sur  des  observa- 
tions de  Mars;  sur  le  tremblement  de 
terre  de  Norcia  ressenti  à  Rome  ;  sur  Tau- 
rore  boréale  du  28  août.  —  Sur  rintensité 
lumineuse  des  diverses  parties  du  disque 
solaire 191,    S.'jG  et    gSi 

—  Une  Lettre  de  !M.  Fournet  sur  Taurore  bo- 

réale du  12  octobre 6o3 

—  Une  Lettre  de  M.  Jf''artninnn  sur  un  brouil- 

lard lumineux  observé  à  (aenève loi  i 

—  Une  Lettre  (le  M.  Mnlaguti  sur  la  présence 

de  l'argent  dans  l'eau  de  la  mer 4^3 

—  Une  Lettre  de  M.   A.  S'umonda  sur  le  cal- 

caire fossilifère  du  fort  de  l'ijpseillon-en- 
Maurienne 4'° 

—  Une  Lettre  de  M.  Jî.  Luther  sur  la  décou- 

verte qu'il  a  faite  le  22  septembre  d'une 
nouvelle  planète l{^'i 

—  Une    Lettre  de    M.    de    Gasparis  sur  une 

nouvelle  méthode  de  micrométrie  stel- 
laire 5i 

—  Deux  Lettres  de  M.   Jackson,  concernant 

divers  points  de  la  géologie  de  l'Amérique 
du  Nord  et  la  découverte  à  Terre-Neuve, 
dans  des  schistes  calcaires,  du  Para- 
doxïdes  Horlani 4^  ^''     ^^9 

—  Une  Lettre  de  M.  Héricard-Fcrrand  ^\xv  les 

travaux  d'André  Michaux  pour  doter  notre 
pays  de  nouvelles  espèces  d'arbres  fores- 
tiers      20Ç) 

—  M.    Elle    de    Beaumont    lit    un     passage 

d'une  Lettre  écrite  d«  Milan  par  M.  le 
Maréchal   V aillant 3g7 

—  M.  Elle  de  Uf;aumoot  met  sous  les    yeux 

de  l'Académie  une  nouvelle  carte  des 
régions  arctiques,  et  communique  une 
Lettre  de  M.  Penlland,  accompagnant  cet 
envoi 633 

—  M.  Êlie  de  Beaumont  présente  un  Mémoire 

imprimé  de  M.  Gaudiy  sur  les  inslru- 
mcnls  en  silex  du  diluvium  d'Amiens. ..     C36 

—  M.   le   Secrétaire  perpétuel  fait  hommage 

à  l'Académie  de  divers  ouvrages  au  nom 
des  auteurs  dont  les  noms  suivent  : 

—  M.  V/olf:  Nouveau  fascicule  de  ses  publi- 

cations sur  les  taches  du  soleil 4? 

—  M.  E.  Maury   :    Explications  et  instruc- 

tions   nauliqu(?s  accompagnant  sa  carte 

des  vents  et  des  courants 48 

—  M.  Agassiz  :  Nouvelle  édition  de  son  Essai 

sur  la  classification i33 

—  M.  Martius  :  Discours  prononcé  par  ce  sa- 

vant comme  Secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  de  Munich  à  l'occasion  de 
l'anniversaire  séculaire  de  la  fondation  de 


44) 


HM.  Pagti. 

cette  Académie  :  Notice  historique  sur 

M.  lirown 198 

—  M.  W.  Logan,  directeur  de  la  Commission 

géologique  du  Canada  :  Rapport  sur  les 
travaux  exécutés  par  la  Commission  de 

i853  à  1857 269 

■—  M.  Baudrimonl  :  Instruction  pour  la  vérifi- 
cation des  engrais  du  département  de  la 
Gironde 327 

—  MM.   L.-L,  Vallée  et  E.  Vallée  ;  Ouvrage 

intitulé  :  «  Des  eaux»  des  travaux  publics 

et  du  barraj^e  de  Genève  » SgS 

—  M.  Plana  :  Réflexions  nouvelles  sur  deux 

Mémoires  d«  Lagrange,  publiés  en  i^'^g. 
Mémoire  sur  le  mouvement  du  centre 
de  gravité  d'un  corps  solide  lancé  vers  la 
terre  entre  les  centres  de  la  lune  et 
de  la  terre  supposés  fixes  immédiatement 
après  l'impulsion.    397  et     45? 

—  M.   Zantedescki  ;  Deux  opuscules  sur  les 

travaux  et  les  découvertes  en  physique 
des  Italiens  pendant  l'année  i8.")8;  et 
trois  antres  opuscules  sur  des  questions 
de  physique 646  et     687 

—  M.  Boulin  :  Description  physique  de  l'ile 

de  Crête;  Statistique  géologique  du  dé- 
partement de  l'ïonne;  Catalogue  de 
roches  du  même  département  . , 85() 

—  M.  L.  Cangiano  :  Sur  l'état  actuel  des  eaux 

potables  de  la  ville  de  Naples 8^9 

—  M.  Eug.  Fourey  .-Carte  géologique  du  dé- 

partement du  Loiret  941 

—  M.   le  Secrétaire  perpétuel  signale,  ))armi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance appartenant  h  diverses  séances,  les 
publications  suivantes  : 

—  Deux  Mémoires  d'optique  météorologique 

de  M.  Montigny  ;  et  deux  opuscules  de 
M.  Uarcou  sur  des  questions  de  géo- 
logie      i33 

—  Le  second  volume    du    «    Cours  d'ana- 

lyse M   fait   à  l'École   Polytechnique  par 

M.    Sturm 208 

—  Les  statuts  d'une  Société  d'histoire  natu- 

relle qui  vient  de  se  constituer  à  Bogola 

(  Nouvel  le-Grenale) 364 

—  Trois  ouvrafjes  de  M.  le  D'  Martrn  Paine, 

professeur  à  l'Université  de  New-York..     393 

—  Une  Notice  de  M.  Gueymard  sur  le  ver- 

sage  des  blés 546 

—  Deux  opuscules  de  M.  Ransome,  concernant 

l'emploi  du  verre  soluble  avec  le  chlorure 
de  calcium  pour  le  durcissement  dos  pier- 
res      687 

—  Un  numéro  d'un  journal  publié  il  la  Nou- 

velle-Zélande, contenant  un  Mémoire  sur 
la  géologie  de  la  province  d'Auckland , 
par  M.  Hochstetter 733 


(  io45  ) 


IM.  Pagt,. 

EMMANUEL.  — Lettre  concernant  une  preuve 
directe  du  mouvement  diurne  cl  du  mou- 
vement annuel  de  la  terre 9J7 

ENCKE  adresse  an  nom  de  l'Acadcmie  de 
Berlin  le  complément  des  cartes  célestes 
publiées  par  cette  Académie 4/^ 


MH.  Pas». 

—  M .  Encka  transmet  le  prospectus  d'une  fun-  • 

dation  destinée  à  honorer  la  mémoire  do 
Iluml)oldt 986 

ETIENNE.  —  ^otc  concernant  l'emploi,  déjà 
ancien,  du  goudron  de  bouille  uni  nu 
pl&tre 364 


FARGEADD.  —  De  l'induence  du  temps  sur 
les  actions  chimiques,  et  des  changements 
qui  peuvent  en  résulter  dans  certains 
fossiles 558 

FAYE. —  Remarques  à  l'occasion  d'une  Lettre 
de  M.  La  Verrier,  sur  la  théorie  de  mer- 
cure et  sur  le  mouvement  du  périhélie  de 
cette  planète 383 

—  Sur  l'éclipsé  totale  du  18  juillet  prochain. 

•..     56^61    .59} 

—  Sur  l'atmosphère  du  soleil 696 

—  Note   concernant  l'intérêt  qu'il   y    aurait 

pour  la  science  à  ce  qu'une  Commission 
«cientifique  fût  adjointe  à  l'expédition  de 

Chine 82g 

^  Sur  les  expériences  de  M.  Fiteau  considé- 
rées au  point  de  vue  du  mouvement  de 
translation  du  système  solaire 870 

—  Réponse  à  des  remarques  do  M.   de  Tes- 

son sur  la  précédente  Note gg3 

FAYE  (F. -G.)-  —Sur  la   vaccine  et  sur  la 

question  d'immunité 44^ 

FERGOLA.  —  Sur  la  résolution  des  équations 

du  cinquième  degré. .  ,• 267 

FICHET.  —  Sur  une  nouvelle  disposition  de 

bandages  herniaires  et  d'autres  bandages.     326 

FILHOL(E,  ).  — Sur  la  recherche  de  l'arse- 
nic ;  remarques  à  l'occasion  d'une  com- 
munication de  M.  Gaultier  de  Clauhry.,     6'J'] 

FIZEAU.  —  Sur  une  méthode  propre  à  re- 
chercher si  l'azimut  de  polarisation  du 
rayon  réfracté  est  influencé  par  le  mou- 
vement du  corps  réfringent.  Essai  de 
cette  méthode 717 

—  M.  Fizeau  est  présenté  par  la  Section  de 

Physique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Ca^niard  de  Lalour 10l4 

FLAMENT. — Lettre  concernant  un  Mémoire 

sur  la  théorie  des  parallèles 139 

FLOURENS.  —  Note   sur   la  dure-mêro    ou 

périoste  interne  des  os  du  crâne aaS 

—  Remarques  à   l'occasion   d'une  Lettre  do 

M.  Mollis  sur  le  développement  de  pièce» 
osseuses  tntre  les  feuillets  de  la  faux  du 
cerveau 3oo 

—  Note  sur  le  périoste  diploïque  et  sur  le 


rflle  qu'il  joue  dans  l'occlusion  des  trous 

du  crâne 87$ 

•  M.  Flourens  présente,  an  nom  de  M.  TIgri, 

des  «  Observations  hisiologiqnes  sur  nn 
fragment  osseux  adhérent  à  la  grande 
faux  de  la  dure-mère» 4'''   "'     583 

■  M.    Flourens   communique   une  Lettre  de 

M.  Gaudry  sur  îles  os  de  Mammifères 
d'espèces  perdues  trouvés  dans  la  même 
couche  de  diluvium  d'où  l'on  a  tiré  des 
haches  en  pierre 4-^3 

•  Et  une  Lettre  de  M.   Brodie  sur  d'anciens 

essais  i)0ur  IVmploî  du  curare  dans  le 
traitement  du  tétanos 5o3 

•  M.    Flourens,   en   sa  qualité  de  .Secrétaire 

perpétuel,  annonce  it  l'Académie  la  pprte 
qu'elle  vient  de  fiire  dans  la  personne  de 
M.  Cagninrd  de  Latour,  et  donne,  d'après 
une  Lettre  de  M""  Ju  C/iarme/,  fille  du 
Bavant  physicien,  quelques  détails  sur  sa 
maladie Sj 

■  M.  le  Secrétaire  perpétuel  i)résf}tile,  au  nom 

des  éditeurs,  deux  nouveaux  volumes  des 
oeuvres  complètes  de  F.  Ârago. . .     84  et    8o5 

•  M.  le  Secrétaire  perpétuel  appelle  l'atten- 

tion sur  un  programme  <lo  l'Unîversiléde 
Kharkoff,  concernant  des  expériences  qui 
se  feronl  avec  une  batterie  galvanique  de 
mille  éléments 175 

■  M.    le  Secrétaire  perpétuel    présente,    au 

nom  de  M.  Wal/erditi,  une  épreuve  (Viin 
portrait  de  M.  de  Humboldt  lait  d'aprèa 

un  dessin  de  M.  Denon , 17A 

.  M .  le  Secrétaire  perpétuel  présente  diverses 
publications  au  nom  des  auteurs  dont  les 
noms  suivent  : 

■  M.  Teissier  :  Biographie  du  botaniste  L.  Gé- 

rard      45o 

■  M.  Boucfté  :  Epreuve  photographique  d'une 

nouvelle  Table  de  Logarithmes  à  cinq  dé- 
cimales      /fSo 

■  M.  le  prince  Ga//(sm  :  Traduction  en  russe 

de  Lettres  du  czar  Pierre  le-Grand  à  l'an- 
cienne Académie  des  .Sciences 5o3 

M.  O.  Henry  (i]s  :  Opuscules,  sur  le  traite- 
ment de  la  scrofule  par  les  eaux  miné- 
rales, et  sur  les  désinicctants 583 


(  I 

MH.  Pages. 

M.  A.  Coinalia  :  Premières  livraisons  d'une 

monographie  des  vertébrés  fossiles  de 
Lombardie 583 

—  M.  A.  nâchanip  :  Sur  les  métaux  qui  peu- 

vent exisier  dans  le  sang  ou  dans  les  vis- 
cères  , 895 

—  M.  Davaine  :  Traité  des  entozoaires  et  des 

maladies  vcrmineuses SgS 

—  M.  Bud^e  :  Recherches  anatomiques  et  phy- 

siologiques sur  les  (onction»  des  plexus 
cœliaque  et  mésentérique 985 

M .  le   Secrétaire  perpétuel  présente,  de  la 

part  de  M.  Moride,  une  boite  contenant 
du  sang  désinfecté  parle  coke  de  boghead, 
selon  la  méthode  Moride 198 

-.  M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les 
yeux  de  l'Académie  une  série  de  portraits 
photographiés  de  grande  dimension,  exé- 
cutés à  Saint  Pelersbourg,  par  M.  Denier.     583 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance de  diverses  séances,  les  ouvrages 
suivants  : 

On  opuscule  de   M.  Hyrtl  sur   la  cavité 

prépéritonéale  du  Retzius 84 

—  Un  opuscule  de  M.  Benoit  sur  des  obser- 

vations faites  en  France  concernant  le 
dragonneau   (filairc  de  Médinc) 173 

—  Un  opuscule  de  MM.  Gluge  et  Thiernesse 

sur  la  réunion  des  fibres  sensibles  et  des 
fibres  motrices 4^° 

—  Une    Note   de   M.  C.   Baillet,   intitulée  : 

«  Expériences  sur  le  tournis  de  la  chèvre 

et  du  bœuf  i> 5o3 

—  Et  un  opuscule  de  M.  CA.  Girard,  intitulé: 

«   La  vie  au  point  de  vue  physique,   ou 

physiogénie  philosophique  11 5o3 

FOLTZ.—  Modèle  et  description  d'un  nouvel 
instrument  pour  l'opération  de  la  fistule 
lacrymale 9^0 


046    ) 


Sur  les  ostcophyles  cé- 


UM. 

FONSSAGUIVES 
rébrales  

FORGET  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  dans  le  nombre  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspondant 
de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie  

—  M.  Forget   est   présenté   par  la  Section   de 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant  

FORTHOMME.  —  Instrument  pour  la  me- 
sure de  l'indice  de  réfraction 

FOUCAULT  (Lêox).  —  Essai  d'un  nou. 
veau  télescope  parabolique  en  verre  ar- 
genté  

^M.  Léon  Foucault  est  présenté  par  la  Sec- 
tion de  Physique  comme  l'un  des  candi- 
dats pour  la  place  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Cagniard  de  Latour 

FOURNE T.  —  Recherches  sur  les  ombres  co- 
lorées qui  se  manifestent  à  diverses  houri's, 
en  diverses  saisons,  et  sur  les  applications 
du  phénomène  (suite) '^4.^' 

—  Aperçus   météorologiques  relatifs  ans  au- 

rores boréales  du  29  aoiit  1809  et  du 
I  •)  novembre  1 S48 

—  Sur  l'aurore  boréale  du  12  octobre  (Lettre 

à  M .  Élie  de  Bcaumont  ) • 

—  Sur  l'oxyde  de  chrome  de  Faymont,  dans 
,1e  Val  d'Ajol  (Vosges) 

FRÉMY  (E.).  —  Action  de  la  chaux  sur  le 
tissu  utriculaire  des  végétaux 

FROGIER.  —  Procédés  pour  ralentir  l'écou- 
lement des  eaux  pluviales  &  la  surface  du 
sol  cultivé. ...'.« 

FUSTER.  —  Lettre  concernant  sa  candida- 
ture pour  la  place  vacante  de  Correspon- 
dant de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie  


Pages. 

338 


269 
go6 

85 

ioi4 

■ai 

397 

6o3 
Goo 
56i 

ioo3 
806 


GAILLARD.  —  Addition  à  un  précédent  Mé- 
moire sur  le  traitement  par  la  méthodo 
héphestoraphique  du  prolapsus  de  l'uté- 
rus      544 

GARCHF.KY  —Note  sur  la  causa  dn  phé- 
nomène de  la  capillarité 64/ 

GARCIN.  —  Note  sur  un  système  de  pompes 

de  son    invention 4?* 

(J4RY.  —  Note  sur  diverses  questions  concer- 
nant la  géologie  et  la  physique  du  globe.     221 

GASPARIS  (de).   —   Nouvelle    méthodo   de 

micrométrio  stellaire 5 1 

GAUDRY.   —  Géologie  de  l'ile    de  Chypre 


(Rapport  sur  ce   Mémoire;  Rapporteur 

M.  d'Archiac) 239 

GAUDRY.  —  Découverte,  dans  une  même 
couche  de  diluvium,  d'os  de  cheval  et  de 
boeuf  d'espèces  perdues  et  de  haches  en 
pierre  (Lettre  à  M.  Flourens) 4^3 

—  Sur  les  résultats   de  fouilles  géologiques 

cntreprisosaux  environs  d'Amiens.  46:let     636 

GAUGAIN  (J.-M.).  —  Recherches  sur  la 
transmission  de  l'électricilé  :  résultats 
d'expériences  qui  paraissent  incomp.iti- 
bles  avec  la  théorie  d'Ohm 1006 

GAULTIER    DE    CLAUBRY  (H.).  -    Des 


(  ï 

■M.  Pogct. 

nioyons  propres  à  délermincp  l'f.tistpnce 
du  chlore  el  du  soufre  dans  le  caontchonc 
vulcanisé  par  lo  chloruredo  soufre,  ^fi  et     3C| 

GAULTIER  DE  CLAUBltY  (H.)  —Des 
moyens  propres  à  déterminer  l'existence 
du  chlorure  de  soufre  ou  de  ses  cléments 
dans  le  caoutchouc 2^5 

—  M.  H.  Gaultier  de  Claubrx  transmet  la  co- 

pie d'un  Mémoire  qu'il  a  précédemment 
adressé  &  l'Administration,  concernant 
les  allumettes  chimiques  avec  ou  sans 
phosphore ^ao 

—  Recherche  de  l'arsenic  ;  remarques  à  l'occa- 

sion d'une  communication  de  M.  Leior-.     5.|l 
GEOFFROY-SAINT-HILAIRE  (  Isid.).  — 
Naissance  d'un  lama  et  de  deux  yaks  à  la 
Ménageriedu  Muséum  d'Histoire  naturelle.      6a 

—  Naissance  d'un  hippopotame  à  la  Ménagerie 

du  Muséum  d'Histoire  naturelle. ii8 

—  Remarques   sur   les  matériaux  divers  des 

nids  de  salangane 53o 

—  M.   liid.   Geoffroy-Saint-Hilaire  présente, 

au  nom  de  M.  l'elouze,  desdenlsde  Mas- 
todonte du  Guatemala >20 

—  M.  /sid.  Geoffroy-Saint-Hilaire  fait  hom- 

mage d'un  opuscule  sur  les  mesures  prises 
par  la  Société  d'Acclimatation  pour  l'in- 
troduction du  dromadaire  au  Brésil 537 

—  ià.  Isid.   GeqffioySaint-Uilaiic  fait   hom- 

mage, au  nom  de  M.   Valdès,  d'un  Traité 

de  la  science  et  de  l'art  de  l'ingénieur. . .     ôqS 

—  M.  Isid.  Geoffroy-Saint  Hilairc  est  nommé 

Membre  de  la  Commission  chargée  de  la 
révision  des  comptes  pour  l'année  i858   .       (17 

GERVAIS  (P  ).  —  Sur  une  espèce  de  porc- 
épic  fossile  dans  les  brèches  osseuses  de 
Ratoneau,  près  de  Marseille 5ii 

GIAININELLI  et  Silvestri.  —  Recherches  chi- 
miques sur  les  vins  de  la  Toscane 255 

GIGOT.  —  Nouvelle  méthode  pour  recueillir 

les    miasmes  et  déterminer  leur  nature.     858 

GINARD.  —  Effets  produits  par  une  trombe 

aux  environs  de  Coutances 4'4et     824 

GINTRAC  (H.)  —  Tétanos  traumatique  traité 

sans  succès  par  le  curare 817 


047    ) 


MM.  l-'e'!. 

—  M.  //.   Gintrcc  est  jïréscnté  par  la  Section 

de  Médecine  et  do  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  drt 
Correspondant      ()o6 

GIRAUD.  —  Sur  un  phénomène  de  ma- 
gnétisme qui  s'est  produit  scus  l'in- 
fluence de  l'aurore  boréale  du  21  août 
dernier 4S5 

GOBLEY.  —  Recherches  physiologiques  sur 

l'urée  (En  commun  avec  M.  l'oiseuillc), .      164 

GOLDSCHMIUT.  —  Observations  des  taches 
du  soleil,  de  la  lumière  zodiacale,  de  l'au- 
rore boréale  du  1*'' octobre 482  et     548 

GOSSELIN.  —  Préservatif  contre  l'asphyxie 

par  l'acide  carbonique 989 

GRIESS  (P.).  —  Substitution  de  l'azote  à  l'hy- 
drogène ;  formation  d'une  nouvelle  classe 
de  ccimposés  organiques 77 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  substitution  et  sur 

la  formation  des  acides  iodobenzoïqne, 
iodotoluique  et   iodanisique 900 

GRIMAUL),  d'Angers.  —  Mémoire  sur  le  téta- 
nos, son  siège  et  son  traitement 352 

GRIS.  —  Observations  sur   la  fleur  des  Ma- 

rantées 555 

—  Mémoire   sur  la    résorption    de  la    fécule 

dans  l'albumen  des  graines  en  voie  de  ger- 
mination       ggS 

GRUN.  —  Lettre  concernant  un  Mémoire 
adressé  au  concours  pour  le  prix  du  legs 
Bréant 9^7 

GUÉRIN-MÉNEVILLE.  —  Observations  sé- 
ricicoles  faites  en  iS5g  dans  le  midi  de  la 
France.  —  Acclimatation  du  ver  à  soie 
de  l'Allante 167 

GUIG.AIÏOET.    —     Lettre    concernant    une      , 
lampe  sous-marine  de  son  invention....       9S 

GUIGKET.  —  Action  des  sels  solubles  sur  les 
sels  insolubles;  affinité  spéciale  de  l'acide 
phospborique  pour  les  sesquioxydes,. . ,     4^4 

GUll.LE  r  et  Bataiuié.  —  Expériences  con- 
cernant l'eiuploi  en  chirurgie  de  l'alcool 
et  des  composés  alcooliques..  .  .      2Gvi  et     3()2 

GUILLON.  —  Lettre  concernant  un  nou- 
veau brise-pierre  sécateur 4^^ 


H 


HÉBERT.  —  Réponse  à  une  Note  de  M.  Ch. 
d'Oihigny,  intitulée  :  n  Sur  l'âge  véritable 
des  poudingues  de  Nemours  et  des  sables 
coquilliers  d'Ormoy.  » 8(8 

HÉRICARD-FERRAND.  —  Lettre  à  M.  Élie 
de  Reaumont  sur  les  travaux  d'A.  Michaux 
pour  doter  notre  pays  de  nouvelles  espèces 
forestières 209 


HERMITE.  —  Sur   la  théorie  des  équations 

modulaires 16,  1 10  et     141 

—  M.  Hermile  communique  l'extrait  d'une 
Lettre  de  M.  Richelot  sur  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques  et  sur  les  équa- 
tions différentielles  du  calcul  des  varia- 
tions      641 

HERRICK.  —  Sur  la  probabilité  d'ciistence 


(  io48  ) 

Pages. 


d'une  ou  plusieurs  planètes  entre  Mercure 

ot   le  Soleil  (Lettre  à  M.  ie  Fe/TiVr).. . .     810 

HER VE-MAWGON.  —  Sur  certains  composés 
organiques  à  base  île  fer,  comme  moyen 
de  transport  de  l'oxygène  sur  les  matières 
combustibles 3i5 

—  Ou  goémon  dans  la  culture  des  polders...      322 

HERVET.  —  Lettres  concernant  un  frein  ap- 
plicable aux  voitures  entraînées  par  des 
clic'vaus  fougueux 339  et     4^9 

HILLaIRET.  —  Nouveau  cas  d'hémorragie 
cérébelleuse  terminée  par  la  guérison; 
attaque  d'hémorragie  cérébrale  suivie  de 


MM-  Page., 

mort;  confirmation  du  diagnostic  porté 
à  l'époque  de  la  première  attaque Sog 

HOFiMANN.  —  Recherches  sur  les  ammo- 
niaques diatomiques -jSi 

—  Recherches   sur    les  bases  diatomiques   à 

azote  et  phosphore 880 

—  Recherches  sur  les  bases  phosphorées 928 

HORARIISOW.  —  Recherches  d'histoire  na- 
turelle et  de  médecine  théorique  et  pra- 
tique... , ag4 

HUSSON.  —  Mouvement  de  la  population 
dans  la  ville  et  l'arrondissement  de 
Toul 983 


INSTITDTION  SMITHSONIENNE  (l')  en- 
voie deux  nouveaux  volumes  de  ses  pu- 


blications et   divers   ouvrages   offerts    à 
l'Académie  par  des  savants  américains..     ^So 


JACKSON.  —  Découverte  da  Paradoxidei 
Hailani  dans  des  schistes  de  Terre-IVeuve  ; 
observations  sur  le  puits  gelé  de  Brandon, 
État  de  Veinon,  Amérique  septentrionale 
(  Lettre  à  M.  Elie  de  Bcaumont) 4^ 

JACORl.  —  Sur  l'emploi  d'une  contre  bat- 
terie de  platine  aux  lignes  électro-télégra- 
phiques      610 

—  M.  /«col/  présente,  au  nom  de  M.  Kupjfer, 

deux  spiritomètres,  accompagnés  d'une 
instruction  sur  l'usage  de  ces  instruments 
d'alcoométrie 35 1 

—  M.  Pelouze  présente,  au  nom  de  M.  Jacohi, 

des  médailles  frappées  avec  des  alliages 
de  platine  et  d'iridium  fondus  par  les 
procédés  de  MM.  H.  Sainte-Claire-Do- 
ville  et  Debray 896 

JACQUEMIN  et  Vosselmann.  —  Action  des 
chlorures  organiques  sur  le  sullhydrate  et 
sur  le  sulfure  potassique Sjl 

JAÎMIN  est  présenté  par  la  Section  de  Phy- 
sique comme  Tun  des  candidats  pour  la 
place  vacante  par  suite  du  décès  deM.  Cti- 
gniard  de  Latour 1014 


JAUBERT  présente  un  exemplaire  de  l'éloge 

de  M.  de  Humboldt  par  M.  Schane/eld. .     546 

JOBARD.  —  Sur  les  heureux  résultats  ob- 
tenus de  son  procédé  pour  prévenir  l'in- 
crustation des  chaudières 681 

—  Lettre   à   l'occasion   des   communications 

faites  à  l'.\cadémie  sur  l'hypnotisme 1014 

JOBERT  DE  LAMBALLE.  —  Plaie  de  la  ré- 
gion cervicale  avec  lésion  du  canal  verté- 
bral et  écoulement  du  liquide  céphalo- 
rachidien 60 

—  Communication  d'une  Note  de  M.  Pirondi, 

sur  le  liquide  céphalo-rachidien 584 

—  Remarques   à    l'occasion   d'une    Note    de 

M.  L.  Vella  sur  l'emploi  du  curare  dans 

le  traitement  du  tétanos 337 

JONQUIÉRES(de).— Sur  les  courbes  à  dou- 
ble courbure  de  tous  les  ordres,  et  sur  un 
mode  uniforme  de  génération  de  ces 
courbes  par  le  moyen  dos  iniersections 
mutuelles,  dans  l'espace,  de  deux  droites 
pivotant  autour  de  deux  points  fiscs    .. .      54'.» 

—  M.  de  Jonquières  demande  et  obtient  l'au- 

torisation de  reprendre  ce  Mémoire 632 


K 


KERIKOFF(de).  —Instruments  pour  l'ob- 
servation de  l'éclipsé  solaire  du  18  juil 
lel  1860 85a 


KESSLER.  —  Addition  à  une  Note  précédenie 
sur  l'utilisation  des  résidus  de  sulfate  de 
zinc  des  piles, 55 


(  ïo49  ) 


MH. 

KUHLMANN  (F.).  —  Sur  les  oxydes  de  for 
et  de  manganèse  et  certains  sulfates  consi- 
dérés comme  moyen  de  transport  de  l'oxy- 


Pagei. 


MM.  P«t<>i 

gàne  de  Tair  sur  les  matières  combusti- 
bles     a5;,  4a»  et    9G8 


i3i 


LAFORGUE.   —  Sur  un    rhinocéphale  hu- 
main   

LAGOUT.  —  Lettre  concernant  uno  précé- 
dente communication  sur  l'emploi  de  l'al- 
gue marine  pour  rendre  salubres  les  habi- 
tations       331 

LAIGMEL.  —Tableau  comparatif  de  son  sys- 
tème lie  chemins   de  fer  avec  le  système 

actuel  ou  à  grands  rayons >74  et  '31 

—  Sur  ses  inventions  relatives  aux  chemins  de 

fer 393  et     410 

LALLEMAND.  —  Du  rôle  de  l'alcool  dans 
l'organisme  (En  commua  avec  MM.  Du- 

roy  et  Penin ) SjS 

LALLEMAND  (A.).  —  Études  sur  la  compo- 
sition de  quelques  essences 3j7 

LAMÉ.  —  Mole  accompagnant  la  présentation 
de  son  ouvrage  intitulé  :  a  Leçons  sur  les 
coordonnées  curvilignes  et  leurs  diverses 

applications.  » 34l 

LAMY.  —  Expériences  relatives  à  une  pré- 
tendue variation  de  la  pesanteur^ 545 

LANDOUZY.  —  Lettre  et  Note  concernant 
ses  recherches  sur  les  lésions  anatomiques 

du  typhus  épidémique 96 

LANNOY.  —  Tables  des  racines  carrées  à  dix 

décimales 9^9 

LAKQUETIN.  —  Mémoire  sur  une  nouvello 
espèce  de  Sarcoptes,  parasite  des  galli- 
nacés (En  commun  avec  M.  Ch.  Robin)  .  ^gi 
LAUROSE.  —  Lettre  concernant  sa  Note  inti- 
tulée :  «  Nouvelle  mire-stadia  appliquée 
à  la  mesure  des  distances  et  aux  nivelle- 
ments » • 96 

LARTIGUE  (H.).  — Aurore  boréale  de  la  nuit 
du  a8au  2()  août  observée  h  Noyelles-sur- 
Mer,  près  de  Saint- Valery-sur-Somme..     867 
LASSIE.  —  Note  sur  la  navigation  aérienne.     298 
LATZ.  —  iNote  destinée  au  concours  pour  le 

prix  du  legs  Bréant 330  et    398 

LAUGIER.  —  Autoplastie  par  transformation 
inodulaîre;  nouvelle  méthode  opératoire 
pour  achever  la  guérisou  des  anus  contre 

nature  après  cntérotomie 34^ 

LAURENT  (P.).  —  Aurore  boréale  du  la  oc- 
tobre observée  à  Saint- Amé  (Vosges)...     584 
LAUSSEDAT  (A.).  —  Observation  de  l'auroro 

boréale  du  l*'  octobre 4^8 

—  Observation  de  l'aurore  boréale  du  12  oc- 
tobre      585 

C.B.,  1859,  a""  Semestre.  (T.  XLIX.) 


LAUSSEDAT  (A.).  —  Sur  l'emploi  de   la 

photographie  dans  la  levée  des  plans...     ySi 
LE  BAS.  —  Des  foyers  à  alimentation  conti- 
nue, et  de  la  combustion  des  menus  com- 
bustibles        36 

LECONTE  et  Demarquay.  —  Cicatrisation 
des  plaies  sous  rinlhicnce  de  l'acide  car- 
bonique      893 

LECOQ.  —  Notes  sur  la  maladie  de  la  vigne. 

4i9  ^'    ^^' 

LEFEBVRE.  —  Sur  l'expédition  mililairede 
la  Chine  et  la  nécessité  d'y  adjoindre  une 

Commission  scientifii|ue 589 

LEGENDUE.  —  Analyse  de  son  Mémoire 
sur  quelques  cas  rares  de  hernies  cru- 
rales      ....     326 

LENARD.  —  Râle  du  calorique  dans  divers 
phénomènes   relatifs  il  la    physique  des 

Êtres  organisés • 139 

LE  PAS.  —  Suppléments  à  son  Mémoire  sur 
une  nouvelle  théorie  du  système  musi- 
cal et  sur  les  raisons  harmoniques  entre 
les  vitesses  et  les  distances  des  planètes. 

G47  et  Ioo3 

LEROY  (C). —  DissimulationdeParsenicpar 
la  présence  de  Phydrogène  sulfuré  dans 

l'appareil  de  Marsh 469 

LE  VEKRIER.  —  Lettre  à  M.  Paye  sur  la 
théorie  da  Mercure  et  sur  le  mouvement 
du  périhélie  de  cette  planète 3j9 

—  M.  LeVerrier  commxiniqwçi  les  observations 

faites  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris 
de  la  planète  Mnémosyae ,  récemment  dé- 
couverte par  M.  R.  Luther 483 

—  Perturbations  magnétiques  observées   les 

39  août  et  a  septembre  à  l'Observatoire 
impérial  et  phénomènes  électriques  ob- 
servés pendant  l'orage  atmosphérique  du 
28  septembre 47-'>  477  et     489 

—  Observations  de  la  comète  de  Tempel  faites 

à  l'équatorial  de  la  lourde  l'Ouest  à  l'Ob- 
servatoire impérial  de  Paris 484  et    489 

—  Lettre  à  M.  le  Président  de  l'Académie, 

concernant  la  part  que  l'Observatoire  im- 
périal de  Paris  peut  prendre  aux  opéra- 
tions concernant  la  prochaine  éclipse  to- 
tale de  soleil ngS 

—  M.  Le  Verrier  fait  hommage  à  l'Académie 

du  Vl«  volume  des  «  Annales  de  l'Obser- 
vatoire impérial  de  Paris  » 5j4 

i36 


(  io5o  ) 


■m. 

, —    &I.  Le  Verrier  communique  ; 

—  Une  Lettre  du  P.  Srcrhi  sur  les  portiirba- 
0'\      lions  ma/jnrtiqnes  observées  le  i  septem- 
bre 1859  à  Rome 

—  Une  Lellre  du  P,  P.  Monte  sur  les  obser- 

vations magnétiques  failes  le  -îg  ^oûl  au 
lycée  de  Livourne , 

—  Une  Lettre   de  M.   Chacomac,  concernant 

ses  recherches  photométriques  sur  diver- 
ses parties  dti  disque  solaire 

—  Une  Lettre  de  M.  Herrick,  concernant  la 

question  de  probabilité  d'existence  d'une 
on  plusieurs  planètes  entre  Mercure  et  le 
Soleil 

—  Et  une  Lettre  de  M.  Bufs-Ballot  relative  à 

la  même  question 

LEYMEKIE.  — Sur  l'aérolilhedeMontrejeau; 
remarqufS  à  l'occasion  d'une  communi- 
cation récente  de  M.  Damour 

—  Sur  un  priiicipede  géologierelatifaux  effets 

du  mouvement  primitif  des  grands  cou- 


Pogcs. 

458 

478. 
80S 

810 
812 

a47 


MM.  I*2ge5. 

ranls  d'eau  aux  époques  antérieures  i  la 

nôtre ^95 

LIAIS  (En.).  —  Sur  les  réfractions  anormales 
dans  les  éclipses  de  soleil  et  la  détermi- 
nation de  la  longitude  par  les  éclipses...  .       83 

—  Observations  sur  la  division  des  éclairs  en 

plusieurs  branches aria 

—  Sur  la  valeur  rel^itive  des  divers  modes  de 

pointé  avec  le  tliéodolile,  et  sur  les  équa- 
tions personnelles 494 

LINO  DE  POMBO.  -  Note  sur  une  propriété 

de  l'ellipse ^.56 

LISSAJODS.  —  Note  sur  l'étincelle  d'in- 
duction     1009 

L0URE^ÇO.  —  Note  sur  la  formation  d'un 

éther  intermédiaire  du  glycol 619 

LUTHER  (Rorert). —  Découverte  d'une  nou- 
velle planète  (5;),  faite  à  l'observatoire 
de  Bilk,  le  aa  septembre  iSSg;  nom  de 
Mnémosync  donné  à  celte  planète  (Lettre 
à  IVl .  Elle  de  Beaumonl) .    Ifii 


M 


M.AHISTRE. —  Note  sur  les  moyens  decorri- 
ger  les  régulateurs  à  force  centrifuge  qui 
ne  maintiennent  pas  la  vitesscdcs  moteurs 
entre  des  limilci  sufOsamment  étroites. .     633 

MAISONINEUVE.  —  Sur  un  nouveau  procédé 
pour  l'extirpation  des  polypes  naso-pha- 
ryngiens,  dit  «  procédé  de  la  boutonnière 
palalilïe  t> 29a 

—  Sur  un  cas  très-grave  de  polype  naso-pha- 

ryngien,  extirpé  avec  succès  par  la  bou- 
tonnière palatine > 89a 

MALAGUTJ.  —  Lettre.'»  M.  ÉUe  de  Beau- 
mont,  concernant  la  présence  de  l'argent 
dans    l'eau  de  diilerentes  mers 4^^ 

—  Observations  de  MM.  Mataguti  et  Durocher 

relatives  à  la  présence  de  l'argent  dans 
l'eau  de  la  mer... 536 

MALAPERl'  et  ÎMohimeah.  —  Recherche  du 
phosphore  dans  les  organes  où  il  ne  pé- 
nètre que  par  voie  d'absorption 208 

MAKEC.  —  Casde  tétanos  traunialique  traité 

par  le  curare 3y3 

—  Observation  de  tétanos   Iraumalique;  em- 

ploi du  curare  sans  effet  sensible;  mort 
trente  heures  après  l'invasion  de  la  ma- 
ladie      4o5 

MANIFICAT.  —  Mémoire  sur  un  nonreaa 

système  de  voilure 449 

MABC-U'ESPliSE.  —  Analyse  de  son  n  Essai 

do  Statistique  mortuaire  comparée  w. .. ,     g83 

MARCEL  DE  SERRES.  —  Altération  des  os 

cbcx  du  Vertébrés  de  l'aBcien  inonde , .  > .      g5 


MARCEL  DE  SERRES.  —  Périosloses  obser- 

vcssurlesphal.ingesd'unmouflon  sauvage.     614 

—  Notes   sur   les  brèches  osseuses  de  Pile  de 

Ratoijeau,  près  de  Marseille SjB 

—  De  l'extinction  de  plusieurs  espèces  ani- 

males depuis  l'apparition  de  l'homme,.  .     860 

—  De  la   classification    des    métaux    d'après 

Haûy ^38 

MARCHAL  DE  CALVL  —  Sur  l'emploi  de 

l'iorlecommcdésinfectant  et  antiseptique.     343 

MAUIÉ-DAVY.  —Note sur  une  nouvelle  pile 

électrique 1004 

MASSIEU.  —  Sur  les  intégrales  algébriques 
des  équations  différentielles  de  la  méca- 
nique      35'2 

MASSON  est  présenté  par  la  Section  de 
Physique  comme  Tun  des  candidats  pour 
la  place  vacante  ])ar  suite  du  décès  de 
M.   Ctigniard  de  Latour I0i4 

MATHIEU  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  la  révision  des  comp- 
tes pour  l'année  1858 67 

—  M.  Slatliieu  présente,  au  nom  du  Bureau 
des  Longitudes,  un  exemplaire  de  P  An- 
nuaire pour  iSfio 86j 

MATHIEU.  —  Sur  un  nouveau  mécanisme 
destiné  &  faire  mouvoir  un  avant-bras 
artificiel 9^4 

MATTEUCCI  (Ch.).  —  Sur  les  phénomènes 
qui  sa  sont  manifestés  dans  les  fîls  tété- 
graphiques  de  la  Toscane  après  l'aurore 
boréale  du  aS-ag  août 4"° 


dti 


(,XUX  .'iJ>.»-i> 


(  ' 

U».  Pages. 

MA.TTEDCCI  (Cu.).  —  Nouvelles  expériences 

sur  rindiiclion  axiale 846 

MAU.MENE. —  Nouveau  procédé  pour  l'ana- 
lyse des  mélanges  de  potasse  cl  de  soude.     002 

MAURAT.—  Note  sur  les  sons  ronflants  des 

cordes. •     5i2 

MAURICE  (J.).  —  Note  sur  remploi  de  l'a- 

cideoxalique  dans  les  piles  à  auges 3o8 

MEI.SSAS.  —  Lettre  acconipagnant  l'envoi 
de  ses  Tables  pour  servir  aux  études 
et  à  l'exécution  des  chemins  de  fer.    ....    loiî 

MÈNE.  —  «  Recherches  sur  l'existence  de 
l'iode  dans  les  plantes,  les  animaux  ter- 
restres, les  eaux  do  source,  l'air  almo- 
sphériqno,  etc.  » a5o 

—  Recherche  de  l'iode  d.ins  l'air ,.     5oJ 

—  Sar  la  réduction  du  peroxyde  de  fer  et  la 

nilriHcalion 676 

—  Sur  une  nouTelle  espèce  de  migraine 858 

UERCIER.  —   Aurore    boréale    observée    le 

II    septembre    iSSt)   a    la    Guadeloupe; 

Lettre  à  M.  Duperrey 490 

MEUGY.  —  Sur  les  phosphates  fossiles  ex- 
ploités en  France îor 

—  Sur  l'origine  de  certains  ilons 3îo 

MICHAUT.  —  Note  sur  la  constitution  de 

l'u  nivers 1 3q 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE,  DU 
COMMERCE  ET  DES  TRAVAUX 
PUBLICS  (le)  adresse  des  exemplaires 
d'une  partie  nouvellement  publiée  du 
R.ippon  de  la  Commission  française  sur 
l'Exposition  universelle  de  Londres  de 
i85i.... 174 

—  M.  te  Wnîstre  transmet,  à -titre  de  pièces 

à  consulter,  deux  nouveaux  documents 
pour  la  question  des  alcoomètres 4^7 

—  Lettre  accompagnant  l'envoi  de  divers  aréo- 

mètres et  alcoomètres  à  l'usage  des  doua- 
nes et  des  contributions  indirectes g4i 

—  M.    le   Minisire  adresse  un  exemplaire  du 

tome  XX.XU  des  brevets  d'invention  pris 
MUS  l'empire  de  la  loi  de  1844  et  du 
tome  XC  des  brevets  d'invention  pris 
sous  l'empire  de  là  loi  d«  1791.     47^  6'     858 

—  IVl.  le  Ministre  adresse  une  carte  géologi- 

que   du    département     du     Loùet    par 

M.  Eug.  de  Foarcï gSS 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (le).  —Lettre 
concernant  des  allumetles  annoncées 
comme  n'oflrant  pas  plus  d'inconvé- 
nient» que  celles  dont  l'introduction 
est  autorisée  dans  les  établissements  mi- 
litaires      aqg 

—  Lettre    concernant  les  allumettes    fabri- 

quées par  le  procédé  Canouil , ..     410 

—  Lettreaccusant  réception  du  Rapportsurles 

diverses  sortes  d'allumettes  chimiques, . .     5Sa 


o5r   ) 


MU.  PbgM. 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLI- 
QUE (le).  —  Lellres  autorisant  l'emploi 
des  fonds  demandé»  par  l'Académie  pour 
couvrir  les  dépenses  rclati\es  à  la  piibli- 
calion  de  divers  travatix  scientifiques. 
|33  «t  ioo3 

—  Letire  concernant  la  distribution  des  prii 

du  Concours  général  entre  les  lycée»  et 
collèges  de  Paris  et  de  Versailles 008 

—  M.   le    Ministre   transmet    une    Lettre    de 

M.   Pickeringj  concernant    le   traitement 

du  choléra-mol  bus 444 

—  Une  Note  de    M.   Coc,  concernant  un  re- 

mède contre  le  choléra-moi-bus g37 

—  Et  un  opuscule  de  M.  Zaliwski,  intitulé  : 

<i  La  gravitation  au  point  de  vue  de  rélec- 
tricilé  » . .     ç)83 

MINISTRE  D'ÉTAT  (  le).  —  Lettre  annon- 
çant qu'un  buste  de  M.  Cauc/;r  sera  exé- 
cuté en  marbre  pour  être  placé  au  palais 
de  l'Institut 67 

MOILIN.  —  De  l'identité  du  fluide  électrique 
et  de  l'agent  qui  détermine  la  contraction 
musculaire 544 

—  De  l'antagonisme  des  nrtèrcs  et  drs  veines.  looa 
MOISON.— Procédé  pour  la  fumure  des  sables 

des  dunes gS} 

MOISSENET  (L.)  —Puits  artésien  récem- 
ment foré  à  Louisville  (Kenlucky) 3ij 

MOLAS.  —  Développement  do  pièces  os- 
seuses entre   les   teuillets  de  la  faux  du 

cerveau af)() 

MOLON    (de).  — Des  phosphates   fossiles  et 

de  leur  emploi  dans  la  culture aoo 

—  Résultats  obtenus  de  l'emploi  en  agricuN 

turc  des  phosphates  fossiles ^dS 

MONTUCCI.  —  Sur  une  solution  abré- 
gée des  équations  du  troisième  et  du 
quatrième  degré  dans  un  cas  particu- 
lier      3g5 

—  Sur  un  projet  de  Tables  de  Logarithmes  k 

ni'ufet  à  dix  décimales 676 

MOQUIN-TANDON.  —  Rem.irqttcs  à  Tocca- 
aîon  des  communications  do  VI  M.  Parer 
et  Brongniart  sur  les  moyens  employés 
par  les  botanistes  pour  arriver  à  la  déter- 
mination des  organe»  des  plantes 106 

—  A  l'occasion  (Pun  opnsctile  de   M.   Brnoti 

sur  des  observations  fuites  en  France  con- 
cernant le  dragonneau,  M.  Muquin  Tan- 
dowcîte  les  observations  qu'il  a  cu  occa- 
sion de  faire  sur  ce  même  ver .      ij5 

—  Remarques    sur    nne    communication    de 

M.  Mitne  Edwards  relative  à  la  transfor- 
mation de  la  Trichina  spiralis  en  'l'richo- 

céphale {^Z•} 

MOllEL.  —  Sitr  la  formation  du  type  et  i>es 

caractères  dans  les  variétés  dégénérées...     981 

i36.. 


(  io5 

""■  Page». 

MORET.  —  Note  sur  l'arithmétique  de  Dio- 

phante  et  de  Fermât 55 

—  Lettre  concernant  ses  précédentes  com- 
munications sur  la  solution  nouvelle  d'un 
problème  de  Fermât 825 

MOlilUE.  —  Application  du  coke  de  boghead 
en  poudre  à  la  conservation  et  à  ladésin* 
feclion  des  matières  animales  et  végé- 
tales      igS  et     243 

MOKIN.  —  Remarques  concernant  la  question 


2) 

un.  P>ies. 

de  l'inlluence  do  la  rotation  de  la    terre 

sur  la  direction  des  cours  d'eau GSg 

MORINHAU  et  Malapert.  —  Recherche  du 
phosphore  dans  les  organes  où  il  ne  pé- 
nètre que  par  voie  d'absorption QoS 

MUNDO.  —  «  Sur  les  moyens  d'utiliser  l'hy- 
drogène do  l'eau  et  l'oxygène  de  l'air 
comme  combustibles  applicables  à  tous 
le»  usages  oii  ledéveloppement  du  calori- 
que est  nécessaire  » 198  et    646 


N 


NATANSON.  —  Réclamation  de  priorité  h 
l'égard  de  M.  Ilo/ijjanrtj  pour  des  recher- 
ches concernant  l'acéténamine g84 

NAUDIN  (Ch.).  —  Observation  d'un  cas 
d'hybridité  disjointe  entre  deux  espèces 
de  Ddlura , , 616 

NICKLÉS  (J.).  — Sur  la  fitalion  des  fan- 
tômes magnétiques 854 

NIEPCE  DE  SAINT- VICTOR.  —  De  la  fé- 
cule végétale  et  animale  sous  le  rapport 


de  l'influence  transformatrice  qu'exerce 
sur  elle  la  lumière  solaiie.  —  De  quelques 
substances  qui  annihilent  ou  accroissent 
cette  action  solaire    (En   commun  avec 

M.  L.  Corvisart) 368 

NIEPCE  DE  SAINT-VICTOR.  -  De  l'ac- 
tion que  la  lumière  exerce  lorsqu'elle 
rend  différentes  substa.nces  à  l'état  de 
solution  aqueuse  capables  de  réduire  les 
sels  d'or  et  d'argent 81 S 


0 


OLLIER.  —  De  la  transplantation  de  la  dure- 
mère  comme  moyen  dedéterminersi  cette 
membrane  remplit  le  rôle  d'un  périoste  à 
l'égard  des  os  du  crâne aoS  et    807 


OLLIER.  —  Note  sur  un  cas  de  résection 
sous-périostée  du  coude  suivie  de  régé- 
nération osseuse 796 

OLLIVE-MEINADIER.  — Note  sur  le  théo- 
rème de  Fermât 98^ 


PAGES  (V.).  —  Note  pour  servir  h  l'histoire 

de  la  maladie  des  vers  à  soie 836 

PAIGNON  et  Vaudaci.  —  Lettre  concernant 
les  allumettes  sans  phosphore  fabriquées 
par  le  procédé  Canouil SaG 

PANIZZI,  Ribliothécaire  principal  du  Bri- 
tish  Muséum,  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  fait  à  cet  établissement  de  quatre 
nouveaux  volumes  de  ses  publications. ..     633 

PARISET.  —  Recherches  sur  le  magnétisme 

terrestre ^1 

PARTIOT.  —  Lettre  concernant  un  Mémoire 

sur  le  mascaret,  déposé  précédemment go5 

PAULET.  —  Remarques  sur  le  mélange  désin- 
fectant de  MM.  Corne  et  Demeaux 19g 

PAVI.— Sur  un  grenier  conservateur.,,...     •jii 


PAYEN.  —  Sur  la  gélose  pt  les  nids  de  salan- 
gane      5^1  et    53i 

—  Remarques   à  l'occasion  d'une   communi- 

cation de  M.  Yelpeau,  sur  l'emploi  du 
mélange  désinfectant  de  MM.  Corne  et 
Demeaux «...•• l58 

—  M.   l'ayen  demande   que   deux   Commis- 

saires lui  soient  adjoints  pour  l'examen 
d'un  Mémoire  de  M.  Poggiale,  sur  la 
composition  des  blés 353 

—  M.  Payen  fait  hommage  à  l'Académie  do 

la  quatrième  édition  de  son  u  Précis  de 

chimie  industrielle  » * •     9^7 

PAYER.  —Sur  l'importance  de  l'organogénia 
pour  la  xléterniination  des  organes  des 
plantes lOi 


(  io53  ) 


PAYER.  —  Réplique  à  des  remarques  faite», 
à  l'occasion  de  cette  communication,  par 
M.   Mo/juin-Tandon io8 

PAYERNE.  —  Note  relative  à  un  bolide  ob- 
servé dans  la  ville  de  Fécamp  le  33  sep- 
tembre      4^^' 

PELOUZE.  — Note  sur  le»  résultats  obtenus 
par  M.  Liet/ig  relativement  à  la  formation 
artificielle  de  l'acide  tartrique S^i 

—  Note  accompa{Ttiant  la  présentation  faite 

au  nom  de  M.  lacohi,  de  médaillrs  frap- 
pées avec  des  alliages  de  platine  et  d'iri- 
dium par  les  procédés  de  MM.  H.  Saiiite- 
Claire-Deville  et  IJebray.  —  Présentation 
d'un  lingot  d'iridium 896 

—  M.    Pelouse    communique    l'extrait  d'une 

Lettre  de  M.  Bohn  sur  les  propriétés  de 
Tacide  tartrique  artificiel 897 

PERKIN  et  DuppA.  —  Recherches  sur  l'acide 

iodacétique (>3 

PERRIN.  —  Du  rôle  de  l'alcool  dans  l'orga- 
nisme (En  commun  avec  MM.  Duroy  et 
Lallemand) ......'....      5^3 

PERROT  (Ad.).  —  Sur  l'inlluence  des  élec- 
trodes dans  les  voltamètres  k  sulfate  de 
cuivre 3; 

—  Sur  la  non-homogénéité  de  l'étincelle  d'in- 

duction  • 17^ 

—  Note  sur  la  nature  de  l'action  chimique  de 

l'étincelle  d'induction •>•     3o4 

—•Réponse  à  une  réclamation  de  priorité  adres- 
sée par  M.  du  Moncel.  —  Faits  nouveaux 
relalifsàla  non-homogénéité  de  l'étincelle 
d'induction 355 

—  Nouvelles  expériences  pour  rendre  mani- 

feste le   mouvement   de   rotation   de  la 

terre 687 

PERSOZ   (J  ).    —  Sur    un   nouveau  procédé 

pour  isoler  l'acide  phosphorique........ .       gi 

PHILIPEAUX  et  VtLPiAN.  —  Expériences  dé- 
montrant que  les  nerfs  séparés  des  centres 
nerveux  peuvent,  après  s'être  altérés  com- 
plètement, se  régénérer  tout  en  demeurant 
isolés  do  ces  centres,  et   recouvrer   leurs 

propriétés  physiologiques 607 

PHIPSON.  —  Note  sur  un  moyen  de  séparer, , 
dans  les  phosphates  de  chaux,  et  de  déter- 
miner quantitativement  l'acide  phospho- 
rique  *. 95 

PICKERING.  —  Sur  une  méthode  de  traite- 
ment   employée   avec    succès    contre    le 

cboléra-morbus 444 

PIERRE  (IsiD.).  —  De  la  présence  do  l'acide 
butyrique  dans  plusieurs  substances  où 
l'on  n'avait  pas  encore  signalé  son  exis- 
tence, et  notamment  dans  les  terres,  dans 
les  eaux  de  mares  et  dans  le  jus  de  fumier.  286 
—  Recherches  sur  les  proportions  d'azote  com- 


UH.  V*iri. 
biné  qui  peuvent  se  trouver  dans  les  dif- 
férentes couches  du  sol 711 

—  M.  Isid.  Pierre  (ail  hommagede  sesnEtudes 
comparées  sur  la  culture  des  céréales,  des 
plantes  fourragères  et  des  plantes  indus- 
trielles » 465 

PIETRO  MONTE  (ir.  P.).  —  Observations  ma- 
gnétiques  faites  le  3g  août  au  lycée  de 

Livonrne " , .     ^7^ 

PILARSKI.  —  Rectification  Ma  formule  d'une 

potion  contre  le  choléra-morbus aSt 

PIOBEIiT.  —  A  l'occasion  de  la  question  de 
l'influence  delà  rotation  de  la  terre  sur 
la  direction  des  cours  d'eau,  M.  Pioherl 
rappelle  ce  qu'a  dit  Poisson,  de  la  dé- 
viation des  projectiles  dans  leur  trajec- 
toire   par  suite  de   cette  rotation  de  la 

terre 693 

—  Mouvement  des  gaz  de  lapnudredans  l'âme 

des  bouches  à  feu. . , .     757,  829,  gog  et     gSS 

PIORRY.  —  Note  sur  l'hypnotisme 987 

PIRONDI.  —  Sur  un  cas  d'effusion,  par  suite 
de  violences  externes,  du  liquide  céphalo- 
rachidien  534 

PISSIS.   —    Note    accompagnant   l'envoi    de 

quelques  minéraux  du  Chili 3Go 

PLANTAMOUR.  —  Sur  les  hauteurs  du 
mont  Vélan  et  du  mont  Combin,en  Va- 
lais, conclues  d'un  nivellement  baromé- 
trique les  14  et  3o  juillet  iSSg 337 

PLANTE.  —  Notes   sur  la   polarisation  vol- 

talque 402  et     676 

POEY.  —  Loi  de  la  coloration  et  décolo- 
ration du  limbe  du  soleil  et  des  planètes 
dans  leurs  ascensions  et  déclinaisons  de 
l'horizon  au  zénith  et  vice  versa ^^ 

—  Loi  de   la  coloration   et  décoloration  des 

images  dilatées  des  étoiles  et  des  planètes 
et  de  leurs  trous  centraux  dans  leur  as- 
cension et  déclinaison  de  l'horizon  au  zé- 
nith et  vice  versa • •     368 

—  Expériences    sur  les  ombres  prismatiques 

observées  à  la  Havane,  en  rapport  avec  la 
déclinaison  du  soleil  et  l'état  atmosphé- 
rique      363 

—  Desyiption  de  deux  aurores  boréales  ob- 

servées à  la  Havane 55o 

—  Sur  la  constitution  des  halos  observés  à  la 

Havane  et  leur  rapport  avec  les  phases  de 

la  lune •)'iS 

—  Parallèle  entre  les   caractères  observés  en 

Europe  et  à  la  Havane  dan»  les  aurores 
boréales  du  38  aoât  et  du  a  septembre 
derniers g43 

—  Coïncidence  de  l'aurore  boréale  du  !"■  au 

2   septembre    avec    une    aurore  australe 

observée  au  Chili loog 

POGGIALE.  —  Sur  le  ligneux  du  blé 28 


(  «o 

mu.  PagM. 

POINSOT.  —  Sur  la  manière  de  ramener  à  la 
dynamique  des  corps  libres,  celle  des 
corps  que  Pon  suppose  gêné*  par  des 
obstacles  fixes 5 

—  La  mort  du  M.  Poinsot^  survenue  le  5  dé- 
cembre, est  annoncée  à  PAcadémie  dans 
la  séance  du  12 90g 

POISEDILLE.  Recherches  physiologiques 
sur  l'urée  (En  commun  avec  M.  Go- 
hter) 164 

POLIGNAC  (A.  be).  —  Recherches  nouTelles 

sur  les  nombres  premiers 

35o ,  386,  Cj4  et    724 

POMMERET  (G.).  —  Note  sur  un  moyen  pour 

détruire   les  verrues SgS 

POMMIER.  — Lettre  concernant  un  Mémoire 
présenté  en  commun  avec  M.  loyaux,  sur 
une  étuve  à  goz  pour  la  dessiccalio|i  des 
substances  altérables  à  Pair |38 

PONCELET  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  pour  l'appliiation  de  la 
vapeur  à  la  marine  militaire qSS 

POUCHl-.T  (F.-A.).  —  ISouvelles  expériences 

sur  les  animaux  pseudo-ressuscilants. . .     49^ 

—'Expériences  sur  la  résistance  vitale  des  ani- 
malcules pseudo-ressuscitants 886 

POUCHET  (G.).  —  Note  sur  un  instrument 


54    ) 


«H.  Pat». 

en  silex  trouvé  par  lui  dans  le  terrain  de 

transport  de  Snînl-Achenl Soi 

POUILLET  fait  hommnge  à  PAcailémie  il'un 
exemplaire  de  son  «  Mémoire  sur  la  den- 
sité de  l'alcool  et  sur  celle  des  mél^inges 
alcooliques  1 198 

—  M^  Poui/Z^f  failhommafje.i  l'Académie  d'un 

exemplaire  de  la  3®  édition  do  son  ouvrajrft 
intitulé  :  «  Notions  générales  de  Physique 
et  de  Météorologie  à  l'usage  de  la  jeu- 
nesse      869 

PRATER.  —  Snr  le  calorique  latent 8o4 

PRÉSInE^T  DE  L'ACADÉMIE  (le).  Voyez 

à  Particle  de  M.  dp  Spnnrmunt. 
PRÉSIDENT  DE  L'INSTITUT (i.e).  —Lettre» 
concernant   la  séance  jinblique  annuelle 
de  PInstitut  fixée  au  i5  août 5j 

—  Lettre  concernant  la   séance  irtmestrielîe 

du  5  octobre  iSïg 3g7 

—  Lettre  concernant  la   première  séance  tri- 

mestrielle de  i8!io.  fixée  au4  janvier. .. ,  869 
PRESTWICH.  —  Sur  la  découverte  d'instru- 
ments en  silex  associés  à  des  restes  de 
Mammifères  d'espèces  perdues  dans  des 
concheî  non  remaniées  d'une  formation 
goologiciue  récente  (Lettres  à  M.  Èlic  de 
Beaumont) 6 j4  et    859 


QOATREFAGES  (de).  —  Lettre  accompa- 
gnant l'envoi  d'une  Note  de  M.  Charvet 
sur  Phyf^iène  des  vers  à  soie •  • .       6a 

—  «  Nouvelles  recherches  sur  la  maladie  des 

vers  à  soie  » 781 


—  M.  de  Quatrr/afres  transmet  une  Note  de 
M.  Tbannaron  sur  des  vers  à  soie  élevés 
en  plein  air  et  dans  un  appartement  non 
chauffé **       ^5 

QUIJANO.  —  Note  sur  la  loi  de  Marioite  ..     goS 


RADIGtJEL.  —  Sur  des  restes  très-aneiens  do 
l'industrie  humaine  trouvés  dans  le  ter- 
rûu.  de  transport  des  environs  de  Paiys. 
G77,  766  et     988 

RAOULT;J.-M.).  —  Nouveau  procéilé  appli- 
qué à  l'étude  des  forces  éler-tro-motrices. 
81  et     449 

RAYER.  —  Remarque»  à  l'ocoasion  d'une 
Note  de  M.  Yella  sur  l'emploi  du  curaro 
dans   le  traitement  du  tétatios 336 

REGNAULT.  —  Remarques  .t  l'occasion  d'une 
communication  faite  au  nom  de  M.  Jacofti 
aur  des  médailles  frappéesavec  des  alliages 

,~;-;,  de  plaiine  et  d'iridium 897 

HENAULT.   —   Sur   le»  mélanges  déùnfee- 


tants   empToyés  dans   le   traitement  <îeï 

plaies 194 

RIBOLI  (R.).  —  Nouvel  instrument  pour  la 
suture  de  la  fistule  va(;in:ileon  nléro-vé- 
sico- vaginale. . —  Observation  d'une  gros- 
sesse extra-utéritïe 44^ 

RICHE.  —  Recherches  sur  l'acide  subérique.     3o4 

—  Recherches  sur  l'acétone 176 

RICHEI.OT.  —  Sur  la  lliéurie  des  fonction» 
elliptiques  et  sur  les  équations  différen- 
tielles du  calcul  des  variations   (Lettre  à 

M.  Hfrmile) 64 1 

ROIiERTS  (William).  —  Note  sur  les  courbe» 

et  les  surfaces  dérivées 74a 

ROBIN   (CJp.).  —  Sur  la  composition  analo- 


(  io55  ) 


mique  de  la  bouche  on  rostre  des  Arach 
nides  de  la  famille  de»  Sarcopiides 

ROBIN  (Cb).  —  Mémoire  sur  une  nouvelle 
espèce  de  Sarcoplis,  parasho  des  Galli- 
nacés (En  ftoniniun  avec  M.  LaïKjuetin). , 

ROBIN  (Ed.\  —  Réclamation  de  priorité  con- 
cernant lo  rôle  des  oxydes  de  fer  et  de 
manganèse  et  de  quelques  snlfalcs  comme 
moyens  de  transport  de  roxyijène  de  l'air. 

—  Sur  les  causes  de  la  fusion  et  sur  les  lois 
qui  In  rogissen'. 

ROBIQUET.  —  Recherches  sur  le»  raies 
du  specira  solaire  et  des  diil'ércnli  spec- 
tres électriques • 

ROCHE.  —  Recherches  sur  les  atmosphères 
des  comètes 44°  ^' 


294 

5oo 
()83 

CoG 

737 


a^s 


ROGER.  —  Note  sur  la  courbure  des  surfaces. 

ROHA.RÏ.   —   Ou    rAle   et  de   l'action  de  la 

cbaiiK  dans  les  «ngrais lOO 

ROSSIGNOL  UaPARC  — Addition  à  sa  Note 
sur  diverses  questions  relatives  à  la  phy-> 
sique  du  globo  et  n  la  physique  des  êtres 
orfi^misés (|6 

ROUCHÉ  (E.).  —  Sur  la  décomposition  des 
fractions  rationnelles  et  la  théorie  des 
résidus S63 

ROCtiET  est  autorise  à  reprendre  un  Mé- 
moire qu'il  avait  précédemment  présenté 
sur  la  décona position  des  polynômes  en 
facteurs  rationnels  du  second  degré....      8jS 

ROUtiET  (Cn.).  —  Globules  du  sang  colorés 

chez  plusieurs  animaux  invertébrés 614 


SAINTE-CLAIRE-DEVILLE  (H.}.  —  Note 
sur  un  nouveau  minerai  de  vana- 
dium      210 

—  Sur  les  densités  de  vapeur  à  des  tempéra- 

tures   très-élevées    (En    commun    avec 

M.  L.  Troost) 289 

SAVE  (^Cu.).  —  Sur  les  mouvements  des  corps 

célestes l33 

SCHWAIJEFE"ÏER.  —  Lettre  concernant 
son  procédé  pour  préserver  le  blé  de  l'at- 
taque des  charançons ^Ho 

SECCHI  (le  p.;.  —  Observations  des  taches 
et  f.icules  du  soleil  faites  à  I  Observatoire 
du  Collège  Komain JQi 

—  Observations  de  la  planète  Mars.  —  Trem- 

blement do  terre  de  Norcia  ressenti  à 
Rome.  —  Aurore  boréale  de  la  nuit  dn 
38  au  3()  août 346 

—  Lettre  touchant  les  perturbations  magnéti- 

ques observées  le  2  septembre  iSSg 4^8 

—  Sur  l'intensité  lumineuse  des  diverses  par- 

ties du  disque  solaire  (Lettre  à  M.  Elie  de 

B&aumnnt) • 9-'' 

SÉDILLOT.  —  .Sur  le  traitement  des  cancers 
épilhelianx  ou  cancroïdaux  par  l'applica- 
tion du  cautère  actuel iGi 

—  De  quelques  perfectionnements  à  apporter 

aux  opérations  d'uri'troplastie 5^4 

—  De  la  ré;;énéiation  dcsosaprès  l'évidement.     6o4 

—  Des  résections  sous-périostées g^8 

SENARMONT  (de),  en  sa  qualité  de  Prési- 
dent de  l'Académie,  annonce  que  le 
XLVII®   volume  des  Complets  rendus  est 

en  distribution  au  .Secrétariat l4i 

—  M.  le  Président  rappelle   à  l'Académie  les 
I  vacances  qui  existent  dans  le  nombre  de 


ses  Membres,  de  ses  Associés  étrangers  et 

de  ses  Correspondants Sgî 

—  M.   le  Président  annonce  dans   la   séance 

du  5  décembre  que   M.  Poinwt  est  dans 

un  état  de  santé  des  plus  inquiétants. . . .     869 

—  M.   le  Président  donne,   séance  du  12  dé- 

cénïbre,  communication  d'une  Lettre  par 
laquelle  la  famille  de  M  Poinsot  annonce 
son  décès  survenu  le  5  de  ce  mois gog 

—  M.  le  Président  communique  une  Lettre  do 

M.  Le  Verrier,  concernant  le  plan  d'opé- 
ration proposé  aux  astronomes  par  M.  Faxe 
pour  la  prochaine  éclipse  totale  de  soleil.     jjgS 

—  Et  une  Lettre  de  M.  A.  de  la  RiVe  snr  l'au- 

rore boréale  du  :!()  août  1859 4^4 

SERRES.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
Note  de  M.  L.  Yella  sur  l'emploi  du  ca- 
rare  dans  le  traitement  du  tétanos 334 

—  Remarques     à     l'occasion    d'une    Lettre 

de   M.  Brodie  sur  le  même  sujet 5o4 

—  M.  Serres  présente    son  travail   sur  l'em— 

bryoi;énie,  la  zoogénie  et  la  toratogénie. ,      781 

•SERUES,  d'Uzès,  est  présenté  par  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant 9*^5 

SERl'.ET  (J.-A.).  —Théorie  du   mouvement 

de  la  terre  autour  de  son  centre  de  gravité.     6j8 

SILVESTRI  et  Giasselli.  —  Recherches  chi- 
miques sur  les  vins  de  la  Toscane a55 

SIRE  (G.).  —  Sur  un  inslrument  propre  à 
mettre  en  évidence  les  effets  dus  à  la  com- 
position des  rolalior.s 126 

SIRET.  —  IVIélange  pour  la  désinfociion  de» 
fosses  d'aisances.  —  Topique  désinfec- 
tant pour  le  piétain  des  moutons 85S 


lO 

.•MM'  P'gn. 

SISMOMDA  (A.).  —  Note  sur  le  calcaire  fos- 
silifère du  fort  de  rEsseillon,  en  Mau- 
rienne  (Lettre  à  M.  Élie  de  Beau- 
mont) 4'° 

SMYTH  (Peter).—  Lettre  concernant  un  sys- 
tème de  navi{jation  nôrienne ,    4'^ 

SOCIÉTÉ  ir AGRICULTURE,  SCIENCES, 
ET  ARTS,  DE  LA  LOIRE  (la)  prie  l'Aca 
demie  de  vouloir  bien  faire  à  la  biblio- 
thèque de  cet  établissement  le  don  de  ses 
Comptes  rendus  hebdomadaires 989 

SOCIÉTÉ  DE  GEOGRAPHIE  (i.A)  annonce 
pour  le  16  de  ce  mois  sa  deuxième  assem- 
blée générale  de  iSôçf g/|3 


56  ) 


■•>■•  F>|a. 

SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  DES  NATURA- 
LISTES DE  MOSCOU  (i*)  adresse 
deux  nouvelles  livraisons  de  son  Bul- 
letin        47^ 

SPIEGLEH.  —  Lettre  concernant  son  Mé- 
moire sur  les  logarithmes i38  et     4^4 

SPITZER.  —  Note  sur  le  changement  de  la 

variable  indépendante 48  et    370 

—  Note  sur  rintégratisn  des  équations  de  la 

r  <i"r  .... 

forme  x"'——-^ax  par    des    intégrales 

définies,  x  désignant  un  nombre  constant 
et  n  un  nombre  entier  et  positif  soumis 
à  la  coudition  m  <Cn 325 


TARDY.  —  <t  De  la  physiologie  de  Phomme 

et  de  la  physiologie  universelle» 58a 

TAVIGNOT.  —  Note  sur  la  euro  radicale  de 
la  tumeur  et  de  la  fistule  lacrymales  par 
Pocclusion  des  conduits  lacrymaux a5G 

—  De  la  méthode  galvano-caustique  appliquée 

à  la  guérison  de  la  cataracte 544 

XERREIL(A.)-  —Emploi  du  perchlorurc  do 
fer  dans  le  traitement  des  pluies  dites  pu- 
rulentes       265 

—  Minerais  de  zinc  sous  forme  oolithiquc. . .     553 
TESSAN  (de).  —  Sur  la  foudre  en  boule...      189 

—  Note   relative   à   une  communication   de 

M.  Faye  sur  des  expériences  de  I\l.  Fizeau.     980 
TEXIER.  —  Note  sur  un  moulin  à  farine  of- 
frant une  disposi'.ion  nouvelle  destinée  à 

modérer  réchauffement  des  farines 348 

THANNAKON.  —  Versa  soie  élevés  en  plein 
air  et  dans  un  appartement  non  chaullé 

(Lettre  à  M.  de  Quatrejages) 45 

THENARD(P.).—  Considérations  sur  la  for- 


mation de  l'acide  nitrique  dans  le  sol.  — 
Ouverture  d'un  paquet  cacheté  déposé  au 

mois  de  mai  iSSg " 

THOMAS.  '~~  Nouvelle  Lettre  faisant  suite  à 
ses  communications  sur  lespèses-liquides 
métriques , 559 

—  Lettre  accompagnant  l'envoi  d'exemplaires 

d'une  description  de  ses  pèse- liquides. . .     647 

—  Modification  delà  pile  de  Bunsen ^34 

TISSIER  (Ch).  —  Noie  sur  l'amalgamation 

et  la  dorure  de  l'aluminium 54 

TI.SSOT.  —   Sur    les  canes  géographiques.     6^3 
TOUCHE.  —  Influence  du  mouvement  de  ro- 
tation de  la  terre  sur  les  fleuves JÎJ 

TRIPIER.  —  Méthode  de  traitement  de  l'hy- 
perlrophio  prostatique  simple  et  des 
flexions  utérines  par  Pélectrisalion  loca- 
lisée       319 

TROOST.  —  Sur  les  densités  de  vapeur  à 
des  températures  très-élevées  (  En  corn* 
mun  avec  M.  H.  Saintc-Claire-Deville). .     aSg 


u 


UBALDINI.  —  Action  de  différents  réactifs  sur  Piodure  de  potassium. 


..    3a6 


VAILLANT  (le  Maréchal).  —  Application 
du  mélange  désinfectant  de  MM.  Corne  et 
Demeaux  au  traitement  des  plaies  :  expé- 
riences faites  à  l'hdpital  de  Milan sa; 


VAILLANT  (le  Maréchal).  —  Lettre  accom- 
pagnant un  nouveau  Rapport  surl'emploi 
fait,  dans  les  hApitaux  de  Milan,  du  mé- 
lange désinfectant  de  MM.  Corne  et  De- 
meaux.,         a85 


(  ;i»67  ) 


Vaillant  (le  Maréchal).  —  Lettre  accom- 
pagnant une  Note  de  M.  Demorlain  sur 
la  composition  des  eaux  potables  en  Lom- 
bardie  et  leur  influence  relativement  à  la 
production  du  goitre 

VALENCIENNES.  —  Présentation  de  nids 
sous-marins  rapportés  du  Banquereau 
de  Terre-Neuve 

—  IM.    Yalenciennes  communique  des  obser- 

vations de  M.  Girard,  concernant  des 
'Mollusques  vivant  en  parasites  sur  des 
-'>  écrevisses  du  plateau  de  Brie -Comte- 
Robert.  ....  ...    

VALLEE.  —  Education  du  ver  à  soie  du  ver- 
nis du  Japon 

VALZ(B.).  — Essai  de  résolution  des  équa- 
tions par  les  séries  et  les  logarithmes. . .. 

VAN  BENEDEN.  —  Sur  la  reproduction  des 
Actinies.  —  Le  Trichina  spiraïis  reconnu 
par  M.  Leuckart  pour  la  larve  du  Trl- 
chocephttïus  dispar 

VANNOt.  —  Lettre  concernant  un  Mé- 
moire de  M.  Veiller  sur  les  chemins  de 
fer 

VAUDAUX  et  Paicnon.  —  Lettre  concernant 
les  allumettes  sans  phosphore  fabriquées 
par  le  procédé  Canouil 

VELLA.  —  Emploi  du  curare  dans  ie  trai- 
tement du  tétanos 

VELPEAU.  —  Sur  les  effets  obtenus,  dans  le 
traitement  des  plaies  et  ulcères,  de  l'em- 
ploi du  mélange  désinfectant  de  M  M .  Corne 
et  Demeaux 

—  Réplique  aux  diverses  remarques  faites  à 

l'occasion  de  la  précédente  communica- 
tion  

—  Remaïques  à  l'occasion  de  l'analyse  faite 

de  vive  voix  par  M.  Bernard  d'une  IN'ote 
de  M.  Vella  sur  l'emploi  du  curare  dans 
le  traitement  du  tétanos 

—  Remarques  à  l'occasion   d'une   Lettre   de 

M.  Brodic  sur  l'emploi  du  curare  dans 
le  traitement  du  tétanos 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 


538 

895 
588 
7o5 

45a 

i38 

336 
33o 

145 
i59 

332 

5o5 


906 


iw.  Rat», 

tioo  de  M.  H.  Binlrac  intitulée  ;  «  TétthJ  V/ 
nos   traumatiquc  traité  sans  succès  pat 
le  curare  ............. ..., 83r 

VCRDET  est  présenté  par  la  Section  dePhy- 
sique  comme  l'un  des  candidats  pour  la 
place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Ca- 
gniard  de  Lalour 1014 

VERSTRAETE.  — Lettre  concernant  son  Mé- 
moire «  Sur  la  manière  dont  nous  acqué- 
rons par  la  vue  la  connaissance  des 
corps  » 

VEZI AN  (Alex.).  —  Note  sur  un  système  stra- 
tigraphique  perpendiculaire  au  système 
des  Alpes  occidentales  et  du  même  âge 
que  lui 301 

VI  AL  A .  —  Sur  le  rôle  de  l'azote  dans  l'ali  men- 

tation  des  plantes i^j 

VICE-PRÉSIDENT  (le)  offre,  au  nom  de 
M.  Gilbert,  des  «  Recherches  sur  les  pro- 
priétés géométriques  des  mouvements 
plans  » 633 

VIEILLE  (J.).  —  Note  sur  la  décomposition 

des  fractions  rationnelles j^S 

VILLARCEAU  (Yvon).  —  Observations  de  la 
comète  de  Tempel  faites  à  l'équatorial  de 
la  tour  de  l'Ouest,  à  l'Observatoire  de 
Paris. ...    

VINCENT  (A).  —  Nouveau  système  de  dé- 
fense des  côtes 

VIRCHOW.  —  Recherches  sur  le  dévelop- 
pement du  Trichina  spiraïis 289  et 

VISSE.  —  Sur  la  profondeur  des  mers   590 

VOLPICELLI.  —  Formules  clectrométriques 

(heure  k^l.  Chastes) 645 

VOSSELMANN  et  Jacquehin.  —  Action  des 
chlorures  organiques  sur  le  sullTiydrate  et 
sur  la  sulfure  potassique 371 

VULFIAN  et  Philippeaux.  —  Expériences 
démontrant  que  les  nerfs  séparés  des 
centres  nerveux  peuvent,  après  s'être 
altérés  complètement,  se  régénérer  tout 
en  demeurant  isolés  de  ces  centres,  et 
recouvrer  leurs  propriétés  physiologi- 
ques       5o7 


484 


660 


w 


WANNER.  — Sur  la  température  du  corps 
humain  dans  l'état  physiologique  et  pa- 
thologique, et  sur  l'emploi  thérapeutique 
du  froid  spécialement  dans  le  traitement 
des  fièvres  typhoïdes 326 

WARTMANN .  —  Notice  sur  un  brouillard  lu- 
mineux observé  à  Genève  du  18  au  i<^  no- 
vembre iS5g ion 

C.  R.,  iSSg,  2n>'>  Semestre.  (T.  XLIX.  ) 


'(VERTHEIM  est  présenté  par  la  Section  de 
Physique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Caffniard  de  Latour. .,,.,...' I0l4 

WINNECRE,  qui  a  obtenu  une  médaille  de  la 
fondation  Lalande  pour  ses  découverte 
en  astronomie  pendant  l'année  i858, 
adresse  à  PAcadémie  ses  remerclments..     63i 


,37 


(  io58  ) 


WURTZ  (Ad.).  —  Présence  de  l'urée  dans  le 

chyle  et  dans  la  lymphe 5j 

—  Synihè.'e  du  glycol  avec  Poxyde  d'éthylène 

et  l'eau (Ji3 


WURTZ  (Ad.).  —  Nouveaux  faits  de  synthèse 

de  bases  oxygénées 898 


ZENGERLÉ.  — Mémoire  sur  la  musique....     i3s 
ZIMMERMAISN  présente  une  série  de  plan- 


ches accompajjnées  do  légendes  relative! 

i  l'art  du  facteur  d'orgues 364 


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Plus.  —  mrniMERiE  uallet-bacuilieb, 
rue  du  Jardinet,  11.