D&W1988
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
■ DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
/S*. %ù li A-, J^f
PARIS. — IMPRIMERIE DE MALLET-BACHELIER,
rue du Jardinet, n° 12.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIÉS
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
<L» iate 3a <3 (Jui-Ket 4835
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME QUARANTE-NEUVIÈME.
JUILLET — DÉCEMBRE 1839.
PARIS,
MALLET- BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE l' ACADÉMIE DES SCIEKCES,
Quai des Augustins, n° 55.
1859
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉmE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 JUILLET 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Sur la manière de ramener à la d/namique des corps
libres, celle des corps quon suppose gênés par des obstacles fixes ;
par M. PoiNsoT.
« 1. Nous n'avons considéré jusqvi'ici que des corps parfaitement libres.
Mais en mécanique on considère souvent des corps qui n'ont d'autre li-
berté que celle de tourner sur quelque point ou axe fixe, ou de glisser sur
un plan inébranlable, etc. ; et l'on pourrait croire que dans cette nouvelle
hypothèse la solution des problèmes demande de nouveaux principes.
Mais on va voir que les précédents nous suffisent, et que notre théorie
s'applique de la manière la plus directe, et même la plus naturelle à ces cas
singuliers où l'on suppose quelque obstacle fixe qui gène les mouvements
du corps.
» 2. Et en effet, il n'y a dans la nature aucun corps fixe. Un point qu'on
appelle yîjce, n'est au fond qu'un point invariablement attaché à quelque
corps dont la masse est très-grande, et regardée comme infinie par rapport
à celle du mobile que l'on considère. On peut donc toujours concevoir, à
la place de ce point qu'on appelle y?.re, un point vraiment libre, mais qui
/,7
(6)
serait chargé d'une masse infinie ; ou, pour s'en faire une image plus nette,
un point dans lequel on supposerait qu'une quantité infinie de matière se
trouve pour ainsi dire concentrée.
» De cette manière, au lieu d'un corps de figure quelconque et de masse
finie M, mobile autour d'un point i qu'on suppose fixe, on n'aura plus à
considérer qu'un système libre composé de ce même corps M et d'un point
matériel //, qui lui est attaché en I, et dont la masse p. est infinie par rapport
à M.
» 3. ri est évident que dans un tel corps ou système le centre de gra-
vité g tombe infiniment près du point I, et que ce centre, étant chargé de
la masse infinie p. -f- M, ne peut recevoir qu'un mouvement infiniment petit
par l'action des forces finies qu'on y supposerait appliquées. Ce centre de
gravité g reste donc immobile sous l'action de ces forces, et fait, à propre-
ment parler, ce que nous nommons un point fixe.
» 4. Mais si \a. force d'inertie du système, c'est-à-dire la masse M -H |x, est
infinie, le moment d'inertie ne l'est point. Ce moment, autour d'un axe mené
par le centre g, a une valeur finie ; et cette valeur, comme on va le voir,
est exactement la même que si l'on prenait le moment d'inertie du simple
corps proposé M autour du même axe. Si donc, en considérant toutes les
forces appliquées au système comme transportées parallèlement à elles-
mêmes au centre de gravité g, on trouve que ce centre reste immobile sous
l'action de ces forces, à cause de la masse infinie M -l- fjidont il est chargé,
on voit que le corps ne restera point immobile sous l'effort des couples qui
naissent de cette translatioti, mais qu'il prendra une rotation finie Q autour
du centre g", à cause de la valeur finie de son moment d'inertie relatif aux
axes qui passent en ce point.
M II y a donc lieu de proposer des questions dynamiques relatives à un
corps forcé de tourner sur un point fixe; et pour les résoudre, il suffit
d'appliquer les solutions trouvées pour un corps libre, mais avec cette at-
tention de regarder le point fixe comme étant le centre de gravité du corps,
de supposer à ce corps une masse infinie^ et de donner à son moment
d'inertie la vraie valeur finie qu'il doit avoir, et que nous allons déter-
miner.
» 5. Supposons d'abord, pour plus de clarté, que ce point matériel, que
nous attachons en 1 au corps proposé M, n'ait qu'une certaine masse finie
Il ; cherchons le moment d'inertie du système autour du centre de gravité
g, et voyons ensuite ce que devient l'expression (/Ji 4- M) K' de ce moment
quand on fait fx infinie.
(7)
» 6. Soit G le centre de gravité du simple corps M; et faisons la ligne
IG = d. Si l'on coupe celte ligné au point g en deux parties i et d — i réci-
proques aux masses M et fx, on aura le centre de gravité g du système ; et
pour les distances de ce point à I et à G,
• i = d -1 d—i = d
-M p-hM
Or le moment d'inertie du point massif fx autour du centre g est évidem-
ment fjt,i* : celui du corps M, relatif au même point, est composé, i° de son
moment d'inertie autour de son propre centre de gravité G, et que je dé-
signe par MD' ; i° du produit M (^ — i)' de la masse de ce corps par le
carré de la distance (^— i) de son centre au point g. En ajoutant ces va-
leurs on aura donc, pour le moment d'inertie du système, représenté par
(fx + M)R^ .
{p. + M) K" = (li^ -4- M (r/ - iy -h MD»
d'où, en mettant pour i sa valeur précédente, on tire
\3
» Actuellement, supposons que la masse fx augmente depuis zéro jusqu'à
l'infini, on voit que le moment d'inertie augmente depuis MD", qui est sa
valeur la plus petite, jusqu'à M (D^ ■+- d''), qui est sa valeur la plus grande :
de sorte qu'en faisant pt.= oo , afin de passer à l'hypothèse mathématique
d'un point fixe dans le corps M, on a
(fx-HM)R=' = M (D^ + r/»);
ce qui est précisément la même valeur que si l'on eût pris le moment d'i-
nertie du simple corps'M autour du point I.
» 7. Le moment d'inertie du système ayant donc luie valeur finie, il est*
clair que si ce moment est représenté à la manière ordinaire par le produit
(fx -t-M) R*, la ligne R qui représente le bras de l'inertie doit être regardée
comme nulle, à cause de la masse (/x ■+- M) égale à l'infini. Cependant il est
bon de remarquer que cette ligne infiniment petite R est infiniment grande
par rapport à la distance i du point I au centre de gravité g du système. Il
en est de cette ligne R à l'égard de la seconde /, comme du sinus d'un arc
infiniment petit à l'égard de son sinus verse. Si l'on compare, en effet, l'ex-
(8)
pression de K', qui est
à celle de i', qui est
on trouve
K'
_ f* rf' + D'('^7)
î=
M cP
d'où résulte, en faisant /v. = oo ,
K'
et par conséquent K infiniment grand par rapport à /.
» D'un autre côté il faut remarquer que la quantité—, qui en géométrie
représente une ligne, ne répond point ici à une ligne infinie, mais à une
certaine ligne terminée l. Car en multipliant les deux nombres de l'équation
précédente par /, et mettant dans le second membre, au lieu de z, sa va-
leur d > on trouve
(jt + M
/ M
d'où, en faisant p. = ce , on tire
K^ _ rf" -f- D' _ . D' _ . •
( fi d '
ce qui est l'expression de la ligne IC qui va du point I au centre C d'oscilla-
tion du corps M autour de ce point I.
» 8. On voit par là que le même point C qui est réciproque au point I
dans le simple corps M, est aussi réciproque à I dans le système composé du
même corps M et du point matériel de masse infinie p. placé en I. Si donc
on suppose que le système est frappé en I à la distance infiniment petite /
du centre g^, soit à gauche, soit à droite de ce point g, le centre spontané
(9)
D'
de rotation se trouvera de l'autre côté, en C, à une distance finie / = d-] — j-
Or maintenant, quelque petite que soit cette distance /du point I au centre g,
on peut toujours concevoir entre ces deux points un autre point O dont la
distance x au point g soit infiniment petite par rapport à /, et par consé-
quent telle, que l'expression — soit infiniment grande par rapport à -r;
donc, puisque celle-ci répond à une ligne terminée /, l'autre — répondra
à une ligne infinie : de sorte que le centre spontané C correspondant au
centre de percussion O sera à une distance infinie du centre de gravitég. Lors
K'
donc que dans nos formules nous trouverons l'expression —, ou nous
aurons à faire la variable indépendante x égale à zdro, il faudra prendre
— = ce , bien que l'expression semblable -r- réponde à une ligne finie l
lorsque la variable j, dépendante de K, devient aussi égale à zéro.
» 9. Ainsi il faut bien se garder de confondre en dynamique cette ligne
infiniment petite K, qui représente le bras d'inertie du système, avec la ligne
infiniment petite i, qui marque la distance du centre de gravité g au point
massif ^ attaché en I, quoique ces deux lignes deviennent également nulles
dans notre hypothèse de ^ = oo . Il faut aussi bien distinguer les vraies
valeurs des expressions -r- et — i dont la première, où i et R sont toutes
deux variables avec /jl, donne une ligne finie l = d -i- —, tandis que
l'autre — , où x est indépendante de fx, donne une ligne infinie dans le
cas de X = o. Ces distinctions délicates sont aussi nécessaires en dynamique
qu'en analyse ; car pour peu qu'on les néglige, on s'expose à tomber dans
des erreurs grossières.
» 10. Pour en donner un exemple, supposons que notre système ayant
reçu l'impulsion d'un couple donné N, on demande avec quelle force Q le
corps frapperait un point fixe T qu'on viendrait à lui présenter à une dis-
tance quelconque x du centre de gravité g. Nous avons démontré ailleurs
qu'on aura pour la grandeur Q de cette percussion
^ K' + x'
et que le maximum de Q se trouve au point T qui répond à la distance x = K,
c. R., i859, 3>"<^ Semestre. (T. XLIX, N» 1. ; 2
( ïo)
c'est-à-dire à rextrémité du bras K de l'inertie du système. Or, comme
cette ligne K est ici nulle, on pourrait conclure que le centre T de la per-
cussion maximum se confond avec le centre de gravité g : ce qui serait en
dynamique une erreur très-grande; car il est aisé de voir qu'au point g- la
percussion est entièrement nulle, tandis qu'au point T, quoique inBniment
proche de g, la percussion est infinie.
» Et en effet l'expression
devient pour x = o
X
Q = N — ^— =o,
comme il est évident d'ailleurs que cela doit être, puisque le système tourne
réellement sur son centre g et ne peut ainsi causer aucune percussion par
ce point.
» Mais en faisant x =:K, l'expression devient
laquelle, en prenant pourK sa valeur qui est ici nulle, devient
^ o
» 11. De même, si le corps, au lieu d'être animé par un couple N, avait
reçu l'impulsion d'une simple force P passant à une distance donnée â du
centre g, auquel cas la percussion Q dont le corps serait capable à une
distance quelconque x de ce même centre aurait pour expression
on pourrait conclure que le centre ï de la percussion maximum, qui se
trouve à la distance
X
K' / K'
se confond ici, à cause de R = o, avec le centre de gravité g : ce qui serait
une erreur de doctrine toute semblable à la précédente.
( " )
» Car au point g, c'est-à-dire quand on a x = o, la percussion Q est
actuellement égale à la force P, tandis qu'au point T, qui répond à la valeur
précédente de wC, on a une percussion Q infinie.
» 12. Au reste, pour se faire des idées plus nettes et pour éviter toute
erreur dans les applications, il vaudra toujours mieux supposer que la
niasse ju. n'est point infinie, mais seulement très-grande, et conserver ainsi
cette lettre p, dans toutes les expressions de notre analyse. Toutes les quan-
tités seront alors bien distinctes, et l'on pourra voir leurs vraies valeurs
mathématiques dans l'hypothèse de fi= oo . Cette manière de voir, en sup-
posant fjL non pas infinie, mais seulement très-grande, est d'ailleurs plus
conforme à la nature, car en réahté il n'existe pas de corps ni de point dont
la masse soit infinie; cette supposition n'est pas moins imaginaire que celle
d'un point fixe. Tout ce qu'on voit de réel, c'est qu'un corps, tel qu'un
levier par exemple, peut très-bien s'appuyer par un de ses points contre un
autre corps dont la masse est très-grande et dont le mouvement, en vertu
des forces appliquées, sera très-petit et comme insensible par rapport à celui
que prendra le mobile que l'on considère.
» Mais il ne sera peut-être pas inutile d'éclaircir encore ces points de
doctrine par quelques applications numériques.
Exemple.
r,
M
» 15. CO, verge immatérielle chargée à ses bouts C et O de deux points
massifs M et [i. Si la verge est frappée en C avec une force P, on de-
mande la percussion Q que cette verge roide peut causer sur un point T
pris à la distance GT = x du centre de gravité G du système des deux
masses ]x et M.
» Le moment d'inertie du système autour de son centre G sera, en fai-
sant GO = i, GC = / — i[l étant la longueur CO),
(M + pi) R* = ^i» 4- M (/ - i)\
K désignant le bras de l'inertie ; or on a
i = l. — » / — i= l
M-t-p M-t-p'
a..
donc
d'où l'on tire
( M + fi )' ^ '
» La percussion Q causée en T, à la distance x de G, est exprimée par
^ — *^- K'-f- x^ '
si l'on cherche la valeur de x qui répond au maximum de la percussion Q,
et qu'on la désigne par Xq, on trouvera
0^0= — t ±: y///,
et mettant cette valeur de x dans l'expression de Q, on aura, pour la valeur
maximum de cette percussion,
Q,= |(.*y/7^).
OU, si l'on veut,
» Exemple. Prenons le cas de M = i , jn = 9999, ce qui donne ^ = 9999;
on aura
10000' ^ '
i = l.-^
■ 5
d'où
K.
_ i^ 9999,
i ' lOOOO
L'abscisse Xq du point T où se fait la plus grande percussion sera
x,= li--^±^\,
\ 10000 100/
( «3)
et cette percussion maximum sera
de même sens que la force P ; ou, au point T' réciproque à T,
Qo=?(i-v/ioooo) = ---99,
de sens contraire à P.
» Dans cet exemple donc où la verge OC est chargée à ses deux bouts
de deux points massifs fji et M qui sont entre eux dans le rapport de 9999
à I, et où le point M est frappé par une force P, la percussion maximum Q
vaut 5o - fois la force d'impulsion P, et au point T', réciproque à T, elle
est 49 - fois cette même force P, mais de sens contraire à la première.
» Le point Tdela plus grande percussion est entre le centre G et le centre
G; l'autre point T' de la percussion maximum de sens contraire à P, tombe
de l'autre côté du centre G. Ces deux points T et T' sont tous deux très-
voisins du centre de gravité G : le premier T en est à une distance GT égale à
de OC; Tautre T' à une distance GT' égale à de la même ligne
lOOOO ' " lOOOO "
OC : leur distance mutuelle TT' est donc l = -— l.
loooo 00
» Le bras K de l'inertie du corps autour de G est = / , J-â993 — — / à peu
'^ loooo 100 '^
près; etlT'= x^-i- x'^ est exactement le double de R', K' étant le bras
de l'inertie autour de O ; car on a
donc
» li. Si dans les formules de l'article 15 on veut faire p. infinie par
rapport à M, afin de passer à l'hypothèse mathématique d'un point fixe O,
pris dans la verge roide OC chargée en C du point massif M, on trouvera
pour le moment d'inertie (M + p.) R'* autour du point fixe O,
(M + fx)R'='=:lVI/ =
K» + P = il - i^ + i' = il = /»..
I
lOOOO
R'=:/.-i- et aR'=/.^;
100 00
iT= 2R'.
72
( i4 )
le même que donnerait le simple corps M autour du point O. Mais le bras
K' deviendra
-'-s/^,
o;
cependant -r- deviendra une ligne finie égale à /; d'où l'on voit que K' qui
est infiniment petit, est infiniment grand par rapport à i; ainsi le bras d'iner-
tie R' est à l'égard de i, distance de p. au centre de gravité G du système, ce
qu'un sinus d'arc infiniment petit est à l'égard du sinus verse.
» Si, p, restant un point massif, G est le centre de gravité d'un corps de
figure quelconque de masse M, on a pour le moment d'inertie du système
de fji et de M, autour du centre de gravité G,
(M +fx)K' = m/d=
D étant le bras de l'inertie du simple corps M autour de son centre de gra-
vité; d'où, en faisant jt, infinie pour passer à l'hypothèse d'un point fixe
en pt, on tire le moment d'inertie
(M + fji)R*=M(D= + Z»),
le même que si le point fx était anéanti.
)) Quoi qu'il en soit, il résulte de tout ce qu'on vient de dire que dans
le mouvement d'un corps M autour d'un point fixe O, le centre de percus-
sion ordinaire, n'est, pas plus que dans un corps libre, le centre de la plus
grande percussion de ce corps contre un point fixe T qu'on viendrait op-
poser tout à coup à son mouvement actuel. Ce véritable centre T est infini-
ment près du point fixe Q, et cette percussion est infinie.
>) 15. Nous avons trouvé dans lui précédent travail que le point par le-
quel un corps M pourrait communiquer à un point libre de masse m en
repos la plus grande vitesse possible, n'est pas le centre de percussion
maximum du même corps contre un point qu'on supposerait fixe; que ce
nouveau centre de plus grande vitesse communiquée à un point libre m,
se trouve à une distance X du centre spontané O du corps choquant M, qui
est exprimée par
).=:-y/a»-i-K'(,+^),
( '•'5 )
K étant le bras de l'inertie du corps M autour de son centre de gravité G,
et a la distance de ce même centre G au centre spontané de la rotation.
Si, au lieu du simple corps M, nous considérons le système M + ^i, composé
de M et d'un point massif jx placé en I à la distance a' du centre G de ce
système M -f- fx, il faudra changer dans l'expression précédente de [i,
M en M -f- fjt, , a en «' et K en K'*, K' étant le bras de l'inertie du système
autour du centre G ; ainsi on aura
ou
r = «'» + K.'^(i+?î^)
A" = a'" + R"* + CÎÎ-±A) K'^
Maintenant si l'on suppose pi = co , afin de passer à l'hypothèse d'un point
fixe I autour duquel tourne le simple corps M, on aura a' = o, R' = o;
mais (M + |x)K'* ne deviendra pas zéro, et sa vraie valeur sera
(M + fx)R'* = M(R'' + rf*),
d étant la distance du centre G au point I, et K le bras de l'inertie du
simple corps M autour de son centre G; M (R* + d') sera donc le moment
d'inertie du corps autour du point fixe I.
» Ainsi quand un corps M tourne autour d'un point fixe I, le centre V
de plus grande vitesse communiquée à un point libre m se trouve à une
distance
V m
ce point V dépend, comme on voit, du rapport qu'il y a entre la masse M
du corps choquant et la masse m du corps choqué; la distance IV est
M
proportionnelle à la racine carrée du rapport —
» Si 7n = M, IV devient simplement y'R^ -1- d^; c'est le bras de l'inertie
du corps autour du point fixe.
» Si m devenait infinie et représentait ainsi un point fixe, IV deviendrait
nulle, et ce serait alors le centre de percussion maximum, ce qui s'accorde
parfaitement avec ce qu'on a déjà établi.
» Si m était très-petite par rapport à M, la distance IV serait très-grande, v
( i6 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur ta tiléorie des équalions modulaires;
par M. Hermite. (Suite.)
« L'étude des fonctions F,(;r, A) et F2(;r, A), qui se présentent avec les
mêmes propriétés, conduit à des résultats an.iloguesà ceux que nous venons
d'indiquer relativement à 5', [x. A), tandis que g^i^^ A)> qui correspond à
l'ordre inipropremenl primitif des classes de déterminant — A, dans le cas
de A^— I modS, semble devoir rester entièrement en dehors de cette
analogie. Réservant pour un autre moment l'étude de cette fonction, je me
bornerai maintenant aux résultats qui concernent les deux premières, et
dont voici la principale propriété :
» Si l'on excepte les cas de A = i, A = 2, l'ensemble de leurs racines
peut être décomposé en groupes, qui chacun en comprennent quatre que
l'on peut représenter ainsi :
Il s'ensuit qu'elles sont décomposables en facteurs du quatrième degré de
cette forme :
{x -+- i)*4- a.x{x — i)',
et qu'on peut ramener les deux équations F,[x, A)=:o, F,{ar, A) = o à
un degré quatre fois moindre, moitié par conséquent du nombre des classes
de déterminant — A, par la substitution j = ^. _■%;•
» Les considérations arithmétiques qui conduisent à ce résultat montrent
en même temps que le nombre des classes de déterminant — A est tou-
jours pair lorsque A^i ou ^ a mod 4, sauf les exceptions ci-dessus men-
tionnées de A = I, A = 2. S'il se réduit à deux, a sera un nombre entier,
qu'on pourra calculer comme il suit :
1°. A^i mod 4-
» Les deux classes sont alors représentées par les formes réduites :
(i, o, A), ^a, I, ^-^y
( »7 )
et la première donne l'équation
(r, o, A)2 = o,
d'où
w = I + / v'A-
» Il suffit donc d'exprimer que {x -j- i)* ■+- ax{x — i)* = o a lieu pour
X = Ç>'(w)j ce qui donne, en faisant q = e"'",
1 6a = — (-+ io4 + 43729 + 962665'^ + . ..)>
et par suite comme, d'après la valeur de w, (jf = — e"""^'^,
.c TT \/Â , 4372 06256
gît y' A fiîtv'A
Or depuis A = 9, on peut se borner aux deux premiers termes de cette
suite, et si l'on désigne par a le nombre entier immédiatement supérieur à
e^^^^ on aura exactement
a — io4
a = TT—^-
10
» Les déterminants, qui ne donnent ainsi que deux classes dans l'ordre
])rimitif et auxquels on pourra appliquer cette formule, sont
— 5, —9, — i3, —25, —37, etc.
» Par la méthode algébrique indiquée dans un précédent article (voyez
Comptes rendus, t. XL VIII, p. 1097), on obtient les résultats suivants que
l'emploi de la formule pourra servir à vérifier, savoir :
{x + i)* -h "i^xlx — lY = o A = 5,
{x -h i)* -h 3.a^x{x — iy= o A = 9,
{x -h i)* + y.'^'^x{x — lY = o A = i3,
{x -h l'j* -h 5.3\-i'' x{x — lY = o A = 25.
2°. A^ 2 mod 4-
» Les deux classes, qu'on suppose seules exister, sont représentées par
C, R., iSjg, a™' Semeslie. (T. XLIX, N» 1.) 3
( '8)
les f'orines
(r, o, A), ^2, o, ^ A);
à la première correspond la valeur
M = i \/ à,
d'où
et, tout à fait comme précédemment, on est conduit à l'expression
» En désignant encore par n le nombre entier inunédialement supérieur
k e , on aura la formule
qui sera applicable à partir de A = lo.
» Les déterminants qui ne fournissent que deux classes dans l'ordre pri-
mitif, seront
— (j, — lo, — i8, — '22, — 58, — 82, etc.,
si on les joint aux précédents, ainsi qu'à ceux dont il a déjà été question
à propos du polynôme ^, {x. A), on aura autant de cas dans lesquels la
quantité e^^"^ approche d'autant plus d'un nombre entier que A sera plus
grand; ainsi, par exemple, dans la quantité e"^ ■" la partie décimale com-
mence par neuf chiffres égaux à 9.
» Voici les équations auxquelles on parvient, comme on va le voir, par
la ?tiéthode algébrique générale, savoir :
x^ — 6x-hf = o A= 2,
(x + ))*— 3*. 2*. x{x — iy=o A = 6,
(j7-M)'— 5*. 2^ a:(j: — j)"=o A=io,
(ar + i)*- f. 2*. x{x-ïy=o A =18,
(.r-f-i)*— 1 1''. 3*. 2*x{x— i)^= o A =22.
( 19)
On remarquera que le coefficient numérique — a est toujours un carré
divisible par A, sauf le cas du déterminant — i8, le seul qui, n'étant pas
le double d'un nombre premier, ne renferme cependant que deux classes
dans l'ordre primitif. Mais lorsqu'on a A^ i mod 4, c'est la quantité a-f- 16
qui contient A en facteur lorsqu'il est un nombre premier, et le quo-
tient se présente toujours comme égal a un carre. La même circon-
stance se remarque dans les équations
{x^— x + iy-h (/.{ûc^—acf — o;
à l'égard de la quantité 4a + 27 (*), qui est également le produit de A par
un carré, lorsque A est un nombre premier.
1) X. Le calcul des polynômes F, [x, A) et Fa (x, A) repose, comme il a
été dit, sur la formation de l'équation qui résulte du système,
ou
6 (t», m) = o, u* — — V— '
en faisant u^z=x {**). Les quantités A, qui répondent dans les deux cas aux
valeurs de n pour lesquelles on possède l'équation modulaire, sont indi-
quées dans ce tableau :
(*) L'identité
en montre l'origine, et donne en même temps une résolution facile des équations ^, (.r, A) =;o,
lorsqu'elles sont du 6' degré.
ITT
(**) Le système 0 (i', m) = o, c = - , u' =z x, donne aussi une équation en -r dont le
premier membre est le produit de facteurs qui sont tous de la forme F, (x, A) ou Fj(x, A).
Le premier cas a lieu lorsque le nombre «, qui désigne l'ordre de la transformation à laquelle
se rapporte l'équation modulaire, est ^ i mod 4, et alors ^^n — p', p étant impair.
Si « ^ — 1 mod 4, ce sont les facteurs Fj [x, ^) qui se présentent, A étant encore n — p%
mais p devant être supposé pair.
3..
( 20 )
n
^ = l
(mod4)-
A = 2 (mod4).
3
5
2, 6
5
I,
9
6, 10
7
5,
i3
10, i4
II
i3.
21
6, 18, 22
i3
'>
17, 25
10, 23 , 26
•7
9»
25, 33
18, 3o, 34
'9
i3.
27, 39
2, 22, 34, 38
n On y remarque que h = 1 1 conduit à trois déterminants^ 1 inod 4,
auxquels correspondent seulement deux classes dans l'ordre primitif, le dé-
terminant — 18 fournissant en outre une classe dérivée de (i, o, 2) Ce cas
donnera donc les polynômes F^ [x, A) pour les valeurs A = 2, 6, 18, 22,
et nous le choisirons comme exemple de la marche qu'on peut suivre dans
ce genre de calcul.
n J'observe à cet effet qu'en disposant dans un ordre convenable les
termes de l'équation donnée par M. Sohnke, on peut l'écrire :
i,«2 _ u'^ + 44"* v' {v* - M*) 4- i65 tt» o' [v' - M*) + 44 mV» {v* - u*)
-f- 32t^"i^" —1-iiâv'iy'' -^11^) + 88 m" 1^° + \Zi u' v' — 1Z2 u'' v^ - 88m'p'
+ 27.UV[V* + «*) — ?)2UV = o,
ou bien, en mettant en évidence le facteur v^ — ii*,
{v' — u')[v^ + lâ + 44 lâ v' 4- imu'v' 4- 44 u" v^)
-\-\ouv[ii^° (j"* 4- I I là V* 4- iiiâ v^ — aa IV* — 1 1 lî^v^ — i) = o.
( 2' )
» Or en faisant uv = (v, la relation
ou
M* i^* + J^* l»* — I = O,
donne
f*4- M* = I — tv*,
i>* -f- M* = 1 — aw* + w*,
V* — u* = \/i — 6w* + w* ;
de sorte qu'on peut immédiatement déduire de l'équation modulaire une
relation contenant seulement w, savoir :
\/i — 6w* -+-w' (w*+ 44 w* 4- i6uw* -+■ 44 w* + i)
+ \OW (1^'°+ I IW' + 221V* — 22tv' — I I fV* — l) = O.
Or, en faisant disparaître le radical on parvient à une équation réciproque
en w*, ce qui conduit à poser
tV*H ; = Z,
et on trouve ainsi :
(Z=^-8)(Z»+44Z+ j6o)«- I00(z-2)(z*-f- 12Z-+- 32)* = o
ou
Z(Z+ 4)" [z — 20) (z" + 192)= O.
» Maintenant nous observerons qu'en faisant m* =: x, on a
• u>^ = Vïl^ et ,^^+l-2 = i^.
es-
(x -\- 1)'
» Ainsi l'expression —. — —A- dont il a été déjà parlé comme entrant
sentiellement dans la composition des équations que nous voulons obtenir,
se présente ici d'elle-même, et puisque
tv* + -^ — 2 = z* — 4,
( " )
la quantité a sera liée à z par cette relation très-simple a= — (z* — 4 )*• H
en résulte que l'équalion en x est le produit des facteurs suivants :
(x-f-i)* - i'x[x-i), [{x + ïy-y.:L*x{x - ifW
et
[X + ly - \VW.0.'X{X -if,
le dernier qui répond à la valeur la plus élevée de A, étant le seul qui
n'entre pas au carré, car {x -+- i)* — i''x{x — i)* h={x^ — Qx -+- if. Et
comme ils sont écrits en suivant l'ordre des valeurs croissantes de la quan-
tité a, ils correspondent respectivement à A = u, 6, i8, 22, puisque, abs-
traction faite du signe, a augmente avec A d'après la relation
\bct.— — \e -h\oL\ + ...).
» XI. Le polynôme É^ (x, A), dans le cas le plus simple où l'on a A = 7,
s'obtient immédiatement par les équations fondamentales
M = — r^
eji supposant i' = u, el supprimant dans le résultat le facteur x. On trouve
ainsi l'équation
16 JT^ — 3ix-+- 16 = 0.
Pour les valeurs suivantes de A, le calcul devient plus difficile, et c'est en
recourant à des méthodes particulières, que le P. Joubert, dans un travail
important sur le discriminant des équations en U = \kk' et V =; V^-X', a
réussi à obtenir ces polynômes pour A = i5, 23, 3i. Je me bornerai à
donner l'idée de ces procédés et des méthodes variées qu'on peut suivre
dans ces recherches en considérant le cas de A=i5.
M Alors on a dans l'ordre improproment'jîrimilif, deux formes conduisant
aux équations types
(2, I, 8), — o, (4, I, 4)a= 0;
et si l'on fait pour un instant (4, i , 4) = o, ou 2 cj* -t- « + 2 = o et
^ = <p* (w) (];*(«), on trouvera très-aisément l'équation en Ç, en remar-
quant qu'on peut écrire
2
2W + 1 = 5
(33)
d'où
et, par suite, en élevant à la puissance quatrième,
2J('(&)) I -+- ip'(w).'
Comme on a d'ailleurs [?*(«) + ({'*(«)]^ =1 + 2^», on trouvera
ce qui donne
(?-2)(|»-6?+4) = o.
» Le facteur du second degré convient setil, et on en tire l'équation
I x, en remarqi
sorte qu'on aura
en x, en remarquant qu'on doit supposer a: = ç'(w -)- 1) = ?* ^^' — , de
§' =
et, par suite,
2^{X — jy—2*.4']X{x— lY ■+■ X^ — O.
B Cette équation, conformément à ce qu'on a dit en général, a pour
coefficient de jc* une puissance de 2, et la forme particulière sous laquelle
elle se présente permettra d'en déduire très-facilement la transformée, qui
correspond à l'ordre proprement primitif (*), savoir :
{ûc — i)* — 2*.47.-r(a: — ij'+ a'^x' = o,
et de vérifier ainsi que dans cette transformée le coefficient de la puissance
de X redevient égal à l'unité.
» XII. Nous possédons maintenant tous les éléments qui figurent dans le
discriminant de l'équation modulaire du 12^ degré, qui sont les facteurs
relatifs à l'ordre improprement primitif de déterminant — 7, et à l'ordre
primitif de déterminant — 24. Le premier, comme on vient de le trouver,
est i6x^— 3i .r + 16. Le second doit être tiré de l'équation
{x-{-iY-3\^*x{x-ïy = o,
(*) Voyez Comptes rendus, t. XLVIII, p. 1098.
( =^4 )
qui correspond au déterminant — 6, en y remplaçant x par - A -=^1 et f'ai-
sant disparaître s^x par l'élévation au carré (*). On trouve ainsi l'expression
ar'— 3oi96oj:''4- 355o492.a^^+ 197978217680;^+ i3oi76o8ac*
+ 19797821 768 x'-j- 355049a X* — 301960X+ i;
cp qui conduit au résultat déjà donné, et qu'il eût été bien difficile, comme
on voit, de tirer algébriquement de l'équation modulaire. 11 ne me rest<?
plus, pour terminer cette partie de mes recherches, qu'à indiquer un moyen
do le vérifier, ce qui sera l'objet d'un prochain article. »
MÉTi:OROLOGiE. ~ Reclierclies sur les ombres colorées qui se manifestent à
diverses heures, en diverses saisons, et sur tes applications du pliénomène ;
par M. J. FofRNET. (Suite.)
» L'influence d'un sol couvert de son linceul blanc de l'hiver devait né-
cessairement être étudiée; mais bien que pendant les deux dernières saisons
j'aie guetté les occasions de me rendre compte des effets que la neige est
capable de produire, leur douceur exceptionnelle me fut très-impropice.
Cependant je crois devoir rendre compte des résultats obtenus, parce qu'ils
pourront mettre d'antres observateurs mieux favorisés à même de complé-
ter ma tâche.
» Conformément à ma coutume, j'ai d'abord examiné une large flaque
étalée à proximité sur une pente du mont Ceindre, près de Lyon. C'était le
24 janvier i858, à 3 heures de l'après-midi, et j'avais alors la tempéra-
ture de — o",9, lui ciel qu'une tempête mugissante du nord s'efforçait d'épu-
rer, mais qui conservait obstinément ime suffisante quantité de vapeur pour
que le soleil fût légèrement jauni. Sous l'empire de ces conditions, les con-
(*) J'ai donné inexactement, t. XL VIII, p 1098, la substitution j: = 1 -^1 au lieu de
\ Y -f- I
celle qui vient d'êtreemployée:x= — | — ■ J'indiquerai aussi, t. XLVIII, p. 1 080, dans
l'équation 4v— X' — X — A,.— 4 ^n, 'a correction suivante: 4<' = X' — 3b— N— 4 N'. Enfin,
dans les expressions de .i„ et A„, on doit remplacer \ lî'iî' par ^ S8';S''S' '^n par
ô-î'^n, el la condition ( - J =::; | - J par {-\ = f-^)' J'ajouterai, ce que j'ai omis
de dire, «pic les diviseurs ô et ô' peuvent être pris égaux entre eux et égaux à l'unité.
( à5 )
cavités de la neige possédaient une demi-transparence indiquée par le joli
bleu de leurs parois, de sorte que dans cet état de congélation l'eau con-
serve la propriété azurante qu'elle possède étant liquide. Cependant l'ombre
qui en résultait était d'un bleu pur, sans doute parce que l'ensemble de l;i
nappe, beaucoup plus étendue que la somme des dépressions, reflétait sur
le papier la masse surabondante du jaune qu'elle recevait du soleil.
» Le a7 février suivant, il était tombé une forte quantité de neige; mais
elle était fondante sous l'influence d'un fort vent du sud qui éleva rapide-
ment la température à 8°, 5, en chassant vivement une quantité de nuées
blanches, vaporeuses, débris du stratus neigeux. A i heure du soir je montai
sur une terrasse de la Croix-Rousse, afin d'avoir devant moi la grande plaine
qui s'étend de Lyon au Jura. Alors, tournant le dos au soleil, j'obtenais
encore une ombre d'un bleu caractérisé dans les moments où ses rayons
perçaient, et passant au gris quand la face de l'astre était voilée. Ces appa-
rences se soutenaient d'ailleurs, malgré les précautions dont je m'entourais
pour éliminer les influences étrangères; mais d'assez larges surfaces de la
plaine étaient déjà dénudées, et leur interposition compliquait nécessaire-
ment l'action de la neige.
» Cet inconvénient était sans doute grave, et pourtant le rapprochement
du résultat d'alors avec celui du 24 janvier me conduit à admettre que,
malgré son apparente blancheur générale, la neige doit refléter l'orangé so-
laire en quantité suffisante pour produire des ombres bleues. En cela son
rôle serait analogue à celui d'une terre aride.
» Léonard de Vinci admettait qu'une mer agitée n'a point d'ombre uni-
verselle. On conçoit en effet que les facettes de cette nappe, dont les rides
inconstantes se déforment continuellement, doivent étrangement modifier
les apparences optiques selon les caprices des vents et selon les positions de
l'observateur. S'il a le soleil en face, les rayons réfléchis par des milliers de
miroirs concaves, convexes, dilatent prodigieusement l'irradiation qui serait
résultée d'une simple mer d'huile. Si le soleil est derrière lui, il retrouvera
encore une réflexion subdivisée par les prismes aqueux, et celle-ci formera
également une large traînée éblouissante. Le clapotage, une mer mouton-
neuse, blanchissante, ne produiront point les pliçnomènes de la grande
houle. D'ailleurs, selon les troubles du rivage, selon les profondeurs, il
aura une eau tantôt verte, tantôt azurée. Enfin un ciel couvert doit altérer
les ombres qu'aurait formées un ciel pur.
» En butte à ces variations incessantes, j'ai pensé qu'il fallait me con-
C. R., 1859, 2™= Semestre. ( T. XLIX, N» I.) 4
{ ^6 )
tenter de noter les apparences telles qu'elles se sont successivement mani-
festées, en élaguant toutefois les répétitions inutiles, et quant à mes obser-
vations, je les fais autant que possible en me plaçant à angle droit du so-
leil, afin d'éviter ses reflets trop ardents dont je n'avais à attendre que des
ombres noires ou indéterminables.
» Le 2 mars i858, à 1 1 heures du matin, le ciel azuré étant parsemé de
cumulus blancs, une partie de l'étang de Rerre, où l'eau paraissait d'un
bleu passablement pur, m'a donné un rose légèrement empourpré et fort
beau .
» Dans la même matinée, une branche de cette mer intérieure se trou-
vant fortement souillée par le limon ocreux introduit par les rivières dé-
bordées, qui y formait de larges nuages flottants, les ombres passaient ra-
pidement du gris verdàtre au jaune mélangé de vert selon l'irrcgulière
distribution des troubles. En ce moment, d'ailleurs, il m'était impossible
de me soustraire à la répercussion des rayons solaires, de sorte qu'il faut
voir dans ces colorations l'effet complexe d'une combinaison donnant nais-
sance à une lumière suffisamment rouge pour déterminer l'apparition du
vert en question. Cette tendance fort curieuse se reproduira d'ailleurs dans
d'autres occasions.
» Le 28 mars suivant, entre 6 et 7 heures du matin, le soleil éclairant
assez fortement en jaune malgré les états brumeux de l'atmosphère basse et
nuageux de la voûte céleste, la surface de la même pièce d'eau déterminait
la formation d'une ombre rose pure, mais pâle.
» A 5 heures du soir, au Prado, prés de Marseille, je pus choisir une po-
sition convenablement ombragée, à 20 mètres au-dessus de la surface de
l'eau, et à angle droit d'un soleil éclatant. L'eau du golfe était d'ailleurs
verdàtre près du rivage, bleue au large et de plus très-mouvementée.
Néanmoins, l'ombre affectait une teinte rose purpurine fort agréable.
» Le a avril i858, à 7''3o™ du matin, le long du cordon littoral qui sé-
pare l'étang deThau de la mer, celle-ci avait un aspect plus verdàtre et de
rares nuages étaient dispersés sur le ciel. Les ombres étaient roses vivement
teintées.
» Le /| avril, à Agde,«vers 1 1 heures du matin, l'atmosphère d'une trans-
parence parfaite laissait voir nettement les Pyrénées. Au fort de Briscou,
que j'avais choisi pour mes observations à cause de sa situation écartée du
rivage, sur un écueil basaltique noir, l'ombre devenait rose légèrement
carminé, quand je me plaçais au bas des murs. Du haut du phare, elle était
plus décidément violacée.
( ^7 )
» Le 9 avril iSSg, étant à bord du Kabyle à la latitude nord 39" 4"'
longitude est 3° 37', à 9 heures du matin, le ciel méditerranéen prenait thi
aspect cirreux et la mer se trouvait colorée en bleu indigo foncé. Du haut
du pont, en retournant le carnet de manière que, se trouvant presque hori-
zontal, il reçût aussi exactement que possible de bas en haut le reflet de la
mer, l'ombre affectait une nuance jaunâtre-grise.
» Dans quelques autres promenades maritimes, le temps et la mer ont
été trop défavorables, trop couverts, trop tourmentés, pour se prêter à
quelque chose de suffisamment explicite, de sorte que pour le moment il
reste acquis qu'il peut émaner de la plaine liquide des clartés capables de
faire naître des ombres vertes, roses, plus ou moins violacées, et enfin
jaunes. Malgré sa vaste étendue, elle n'a donc point d'ombre universelle,
pour me servir de l'expression de Léonard de Vinci. Mais aussi, au rebours
du monotone mouochromisme de la terre nue, la surface diaprée de notre
Méditerranée se prête aux apparitions les plus variées, et tant pis pour les
touristes qui, bâtés d'une équivoque poésie, ne saisissent dans cette co-
quetterie qu'une invariable mer bleue, surmontée d'un ciel bleu et dans
laquelle un rocher lointain baigne platement son pied bleu. Encore, pour
éviter les confusions dans une question purement scientifique, ai-je dii
faire abstraction de toutes les colorations incidentes provenant du ciel et
des rivages. »
MÉMOIRES LUS.
OPTIQUE. — Recherches sur divers effets lumineux qui résultent de l action
de la lumière sur les corps (3* Mémoire : Composition de la lumière
émise); par M. Edmond Becquekei.. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Babinet.)
« Dans ce nouveau travail j'ai continué les recherches que j'ai entre-
prises sur les propriétés lumineuses qui résultent de l'action de la lumière
sur les corps, et d'après lesquelles ces derniers agissent comme de nouvelles
sources lumineuses. Le phosphoroscope, décrit d^ns le second Mémoire,
en rendant continue sur la rétine l'impression de la lumière émise, a permis
d'en étudier la composition et de reconnaître comment se modifient les
effets suivant la nature, l'état physique des corps, ainsi que l'intensité et la
réfrangibilité des rayons actifs.
M Un très-grand nombre de minéraux, de sels, donnent des effets lumi-
4..
( 28)
neux, tandis que d'autres substances, comme les métaux, n'ont offert
aucune action appréciable. On doit observer que l'émission de lumière dans
le phosphoroscope est limitée à la sensibilité de la rétine, à l'intensité des
rayons actifs et à une certaine durée de persistance due à l'impression reçue
parle corps; cette durée ne peut être représentée par un temps déterminé
qu'en ce qui concerne les effets appréciables à nos yeux, car on peut conce-
voir qu'après l'influence du rayonnement, les corps contitnient à émettre
des rayons lumineux dont l'intensité est trop faible pour impressionner la'
rétine. D'iui autre côté, en supposant même que les corps ne soient pas
visibles dans l'appareil, on ne peut dire qu'ils n'aient reçu aucune modifi-
cation, car la lumière pourrait exciter des vibrations d'une autre vitesse
que celle des rayons liunineux, et dont la longueur d'onde serait plus
grande que celle des rayons actifs, lesquelles vibrations seraient capables de
donner lieu à des effets de chaleur ou k d'autres actions moléculaires encore
inconnues.
» Les résultats consignés dans ce travail permettent de déduire lés con-
séquences suivantes :
» 1°. Lorsque la lumière vient frapper un corps, celui-ci, en vertu d'une
action qui lui est communiquée, peut agir comme source lumineuse en
émettant des rayons de diverse réfrangibilité dont la durée est très-variable
(elle peut être inférieure à -^~„-^ de seconde et dépasser plusieurs heures), et
dont l'intensité est fonction de celle de la lumière incidente et toujours plus
faible que cette dernière. Tous les corps ne donnent pas des effets apprécia-
bles ; parmi les substances qui jouissent de ce pouvoir au plus haut degré,
on peut citer les différentes combinaisons à bases alcalines et terreuses, et
un certain nombre de sels métalliques; la plupart des autres substances
transparentes et translucides, et surtout celles d'origine organique, présen-
tent des effets beaucoup plus faibles, quoique sensibles. Les substances for-
tement colorées et les métaux n'ont donné lieu à aucun effet.
» a". L'état solide du corps est le plus propre à montrer les phénomènes
dont il s'agit; cependant, l'effet observé dans les rayons ultra-violets avec
plusieurs liquides prouve que ces derniers sont doués d'actions de ce genre,
sans avoir pu être observés dans le phosphoroscope ; d'un autre côté, quand
on emploie une disposition particulière, et à l'aide d'un appareil d'induc-
tion, l'oxygène acquiert le pouvoir d'émettre de la lumière qui persiste
même après la cessation du passage de l'électricité.
» 3°. L'effet lumineux appartient à la masse du corps soumis à l'expé-
rience et ne tient pas à une action de surface; il a lieu quelle que soit
( -9 )
l'incidence du rayon actif et ne dépend que de son intensité et de sa réfran-
gibilité.
j) 4"- L'effet observé dans le |)hospliorûscope après l'action delà lumière
incidente existe néanmoins d'une manière permanente pendant l'influence
de celle-ci; celte conclusion résulte de l'identité des effets optiques observés
quand certains corps sont placés dans le phosphoroscope ou bien exposés
d'une manière continue à l'action des rayons violets.
» 5". Un même corps soumis à l'action de la lumière peut émettre des
rayotis d'une durée inégale; telles sont les causes des changements de
nuances de ce corps en faisant varier la vitesse de rotation du disque du
phosphoroscope, et ainsi qu'on l'observe avec le diamant, le carbonate, le
phosphate et le silicate de chaux, le carbonate de strontiane, l'hydrate de
potasse, etc.
« Souvent, parmi les effets observés avec un même corps, on distingue
deux nuances prédominantes, mais il peut s'en présenter davantage, comme
le fluorure de calcium en offre un exemple. Ces effets lumineux différents
existent ensemble et ne se produisent pas successivement; ils n'apparaissent
lés uns après les autres dans le phosphoroscope qu'en vertu de l'inégale
persistance des rayons émis.
» 6°. Il n'y a aucun rapport entre la réfrangibilité des rayons émis et la
persistance plus ou moins grande de ceux;-ci. Chaque substance a son action
propre : tantôt ce sont les rayons les plus réfrangibles dont l'effet est le
plus prolongé (carbonate et silicate de chaux); tantôt le contraire a lieu
(diamant, bisulfate de quinine, platino-cyannre de potassium); avec le
fluorure de calcium les rayons d'une réfrangibilité moyenne ont la persis-
tance la moindre ; les rayons les moins réfrangibles ont une durée un peu
supérieure et ensuite les rayons les plus réfrangibles.
» 7°. Un même corps peut être influencé par des rayons de réfrangibilité
différente et peut émettre, sous l'action de chacun de ceux-ci, des rayons
qui diffèrent non-seulement en durée, mais encore en réfrangibilité; dans
ce cas, ce corps ne donne lieu qu'à des rayons dont la réfrangibilité est
moindre que celle du rayon actif, ou au plus égale. Ainsi en impressionnant
successivement un corps par des rayons violets, bleus, verts, etc., de moins
en moins réfrangibles, la réfrangibilité des rayons émis en vertu de l'action
propre du corps peut varier, et si elle varie, elle ne présente que des rayons
de moins en moins réfrangibles, comme l'analyse prismatique le démontre.
» En d'autres termes, les images prismatiques données par les rayons
émis en vertu de l'action de rayons incidents simples diminuent de Ion-
( 3o)
gueur à partir du côté violet, à mesure que la réfrangibilité du rayon inci-
dent diminue et varie du violet au rouge. Les changements de couleur
observés avec la potasse caustique, le fluorure de calcium, le sulfure de
calcium, sont dus à cette cause. Ainsi quand un corps est impressionné par
les rayons orangés, il ne peut émettre que des rayons orangés ou rouges;
s'il est impressionné par le rouge, il ne peut présenter d'autre couleur que
cette dernière.
» Dans certains cas où j'avais observé une émission de rayons dont la
longueur d'onde était moindre que celle des rayons émis, j'ai constaté que
le phénomène lumineux était compliqué par des effets de phosphorescence
par élévation de température qui ne sont pas soumis aux mêmes lois.
» 8°. Les limites de rcfrangibililé entre lesquelles les corps sont impres-
sionnables, c'est-à-dire les longueurs du spectre solaire actif, dépendent de la
nature et de l'état moléculaire des corps ; en général les limites sont d'au-
tant plus étendues, que la lumière émise par le corps a une réfrangibilité
moindre (exemples : alumine, aluminate de magnésie), sans cependant qu'il
y ait de règles fixes à cet égard. D'un autre côté, les spectres des rayons
actifs peuvent présenter plusieurs maxima d'action, comme le prouvent le
phosphate de chaux et la leucophane.
» 9°. Les changements de couleur que certains corps présentent par
suite de différences dans la réfrangibilité des rayons actifs sont d'autant plus
grands, que les corps émettent des rayons dont les réfrangibilités sont plus
dissemblables entre elles et dont les images prismatiques sont plus étendues;
mais avec les corps comme l'alumine, les composés d'uranium, etc., avec
lesquels ces conditions ne sont pas remplies, les changements sont à peine
appréciables.
» io°. Chaque corps a son action propre, et la composition de la lu-
mière qu'il émet peut servir dans certains cas à spécifier sa composition et
son état physique; on peut citer à ce propos l'alumine, ainsi que certaines
de ses combinaisons, le diamant, etc.
« Dans quelques cas on observe avec le même corps une action due à la
composition chimique de ce dernier et une action dépendant d'un état
moléculaire particulier. Ainsi, par exemple, le diamant donne toujours
une émission de rayons peu réfrangibles (orangés et jaunes), effet dû à la
nature de la substance; et quelquefois seulement, conjointement avec ce
premier effet, une émission de rayons plus réfrangibles (bleus), d'une
moindre durée, dépendant d'un état moléculaire du corps et auquel est due
la coloration bleue dans la partie ultra-violette du spectre solaire. D'au-
( 3. )
très substances, comme le carbonate de chaux, se comportent de même.
» 1 1". L'identité de composition de la lumière émise par les corps placés
dans le phosphoroscope ou exposés à l'action des rayons extrêmes violets,
permet de conclure à l'identité des causes de la lumière émise par phospho-
rescence et par fluorescence. Tels sont les effets lumineux donnés par l'alu-
mine (rubis), l'aluminate de magnésie (spinelle), les composés d'uranium,
le diamant, qui sont les mêmes et qui conduisent aux mêmes séries de raies
noires et de lignes lumineuses dans l'appareil et dans les rayons solaires les
plus réfrangibles
•1 I 2°. Les rayons émanés des corps en vertu de leur action propre,
lorsque ces corps sont placés dans le phosphoroscope, agissant pour ainsi
dire d'une manière continue, peuvent donner lieu à d'autres effets qu'à des
impressions sur la rétine; ils rendent lumineuses des substances phospho-
rescentes et produisent des actions chimiques sur les matières impression-
nables en raison de leur intensité et de leur réfrangibilité, et ainsi que le
font les rayons solaires. Dans un prochain Mémoire je m'occuperai spé-
cialement de ces effets qui offrent un exemple remarquable de transforma-
tion des forces physiques l'une dans l'autre.
B Ces conclusions montrent toute l'importance de ces nouvelles recher-
ches dont les résultats peuvent être invoqués dans l'étude de plusieurs
questions de physique moléculaire, servent à éclairer différents points
d'analyse chimique, et permettent d'aborder les phénomènes relatifs à
l'absorption de la lumière, c'est-à-dire les phénomènes qui concernent une
des parties les moins connues de l'optique. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Jieclierches chimiques el analyses sur l'aérolithe f/e, .
Montrejeau ; par M. A. Damour.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée pour diverses commu-
nications relatives à ce même aérolithe. Commission qui se compose
de MM. Pelouze, Fremy et Delafosse.)
o La pierre météorique tombée le 9^ décembre dernier aux environs de
Montrejeau (Haute-Garonne) a déjà été l'objet d'intéressantes analyses pré-
sentées à l'Académie, en premier lieu par MM. Filhol et Leymerie (17 jan-
vier 1859), et ensuite par MM. Chancel et Moitessier (7 février iSSg). Le
travail dont j'ai l'honneur d'exposer aujourd'hui les résultats a eu pour but
d'étudier l'action de divers réactifs sur cette matière météoriqu<;.
» J'ai trouvé, pour la densité de cette pierre, le nombre 3,i5i, sur ui>,
(32)
échantillon pesant 47 grammes, et 3,67 sur 38%9365 de la même matière
réduite en petits fragments.
» Chauffée dans le tube ouvert, la pierre dégage une odeur sulfureuse
très-sensible. Exposée à la flamme du chalumeau, elle fond sur les bords en
une scorie noire. Un échantillon du poids de S^^^SSo étant chauffé à la cha-
leur du rouge blanc produite par la lampede M. H. Deviile, s'e^t fondu en
une scorie noire vitreuse qui a perforé le creuset. Cette scorie a toute l'ap-
parence extérieure de la croûte noire très-mince qui recouvre l'aérolithe.
» La pierre ainsi fondue, étant réduite en petits fragments, n a plus
qu'une densité de 3,29 au lieu de 3,67 qu'elle avait avant sa fusion.
» Une dissolution bouillante de carbonate de soude ne lui a pas enlevé
de silice.
» Le barreauaimanté a retiré 0^% m 60 de grains métalliques sur i gramme
de matière pulvérisée.
» Un mélange d'acide fluorhydrique et sulfurique la dissout, en laissant
inattaqués de petits grains de fer chromé.
1) L'iode mis en contact à froid avec l'aérolithe pulvérisé et placé dans
un vase contenant de l'eau, en dissout lentement les parties métalliques (i).
» Le brome en contact avec l'eau exerce une action dissolvante plus ra-
pide encore sur les parties métalliques et sulfureuses contenues dans la
pierre (2).
» En opérant sur i/f^"^, i 174 de matière, l'eau brômée a dissous les élé-
ments suivants :
Sur 1 gramme.
~ Fer 2,3951 0,1697
Nickel 0,2023 G, 01 44
Cuivre 0,0080 0,0006
Magnésie o,85oo 0,0602
Silice 0,6270 o,o444
4 > 0824 0,2893
Matière inattaquée .. . io,oo5o 0,7087
14,0874 0,9980
{1) L'iode en contact avec l'eau attaque, même à froid, la plupart des sulfures; il se
forme un iodure plus ou moins spluble dans l'eau, selon la nature du métal : du soufre se
dépose en poudre légère dont une partie se combine avec l'excès d'iode II ne se forme
qu'une très-minime quantité d'acide sulfurique. Les arséniures, tellurures, séléniures, sont éga-
lement attaqués par l'iode en présence de l'eau.
(2) Le brome en contact avec l'eau attaque les composés sulfurés, arséniés, teliurés,
(33)
La liqueur renfermait en outre un peu d'acide sulfurique provenant des sul-
fures attaqués par le brome.
» On a reconnu la présence du cuivre en évaporant à siccité la liqueur
contenant les bromures et reprenant le résidu par l'eau et l'acide chlor-
hydrique. Après avoir séparé la silice, on a traité la liqueur par l'hydrogène
«ulfuré qui a précipité du sulfure de cuivre.
» La recherche du chlore, du fluor et du carbone n'a donné que des ré-
sultats négatifs.
» Quant au phosphore, je n'en ai trouvé qu'une assez faible proportion
en fondant avec du carbonate de soude chacun des oxydes séparés dans le
cours de l'analyse et traitant la dissolution alcaline par les réactifs appro-
priés.
» Pour doser le soufre, j'ai attaqué l'aérolithe par un mélanged'eau, de
brome et d'acide nitrique : le soufre a été transformé en acide sulfurique. Un
-gramme de matière a donné o^', oi48 de soufre, qui correspond ào8% 0374
de pyrite magnétique.
» Un gramme de grains métalliques, séparés de la matière pierreuse, a
été mis en contact avec de l'eau très-faiblement acidulée par l'acide chlor-
hydrique et avec du chlorure d'argent fondu. La matière métallique s'est
dissoute avec un faible dégagement d'hydrogène sulfuré : quelques frag-
ments de matières siliceuses et de fer chromé sont restés sur l'éponge d'ar-
gent réduit.
» La liqueur renfermant le chlorure étant évaporée à siccité et reprise
par l'eau acidulée, a laissé un faible dépôt de silice.
» Un gramme de grains métalliques a donné :
Fer 0,744'
Nickel 8, 0822
Magnésie 0,0120
Silice gélatineuse o,o3io
Silicates et fer chromé. . . o, iS^i
Cuivre ti-aces .
,0064
»
en
L'aérolithe de Montrejeau dégagé de ses grains métaUiques, étant rais
digestion, à froid, avec de l'acide acétique étendu d'un peu d'eau, est
plus rapidement que ne fait l'iotle. Le soufre du sulfure passe en partie à l'état d'acide sul-
furique: une autre partie se dépose à l'état spongieux.
C. R., 1869, 2"" Semestre. (T. XLIX, N" I.) 5
( 34 )
parfiellemenl décomposé; il se dissout de la silice, de la magnésie, de
l'oxyde de fer en quantités tiotables et donnant la composition de péridot-
olivine.
Oxygène; Rapports.
Silice o,3gio o,2o3o .... i
Magnésie 0,3407 .... o, i339
02 .... I
Oxyde ferreux 0,2490 .... o,o553
Oxyde de nickel... o,oo8i
0,9888
I o , I 892
» J'ai constaté que le péridot des roches basaltiques, celui du Vésuve, et
celui qui se trouve dans les cellules du fer météorique dePallas, se laissent
dissoudre en proportion très-notable dans l'acide acétique.
» L'acide oxalique en dissolution dans l'eau attaque le péridot-olivine.
» Un gramme de l'aérolithe, séparé des grains métalliques, renferme :
Partie soluble (péridot-olivine) o,54i3
Partie insoluble o ,4588
I ,0000
)) La partie insoluble dans les acides constitue les grains et noyaux glo-
buleux qui donnent à l'aérolithe sa structure oolitique. Cette matière se dis-
tingue extérieurement du péridot-olivine par son opacité et par sa couleur
gris-verdâtre. Elle fond en scorie noire à la flamme du chalumeau, tandis
que le péridot y reste infusible.
» L'analyse de cette matière a donné les résultats suivants :
Silice o ,5590 o*, 2902
Magnésie 0,1907 0,0749!
Oxyde ferreux o,i5i8 0,0337/
Chaux o,o2io o, 0060 > o , 1 1 8g
Soude 0,0148 o,oo38 l
Potasse •. o , 0029 o , ooo5 )
Alumine 0,0486
Oxyde de chrome..... 0,0090
Fer chromé 0,0060
Oxyde de manganèse... traces.
I ,oo38
» Cette composition se rapproche un peu de celle des pyroxènes. l>a pré-
sence de l'aliunine et des alcalis potasse et soude ferait présumer qu'il y a
(35)
mélange d'un feldspath : on pourrait alors présenter les résultats de l'ana-
lyse ainsi qu'il suit :
Pyroxène
Silice 0,4534 0,2354 2
Magnésie 0,1907 0,0749 1
Oxyde ferreux... o,i5i8 o,o337 \ 0,1146 i
Chaux 0,0210 0,0060 ]
! Silice o,io56 o,o548 12
Alumine 0,0298 0,0187 3
Soude, Potasse... 0,0177 o,oo45 i
Oxyde de chrome . o , 0090
Fer chromé 0,0060
Alumine 0,0198
I , oo38
» L'aérolithe présente, dans sa composition générale, les espèces sui-
vantes : ,
Alliage et phosphures de fer, de nickel et de cuivre 0,1160
Pyrite magnétique o ,0874
Fer chromé 0,0188
Péridot o,4483
Pyroxène, albite o , 38oo
1,0000
i> D'après les essais qui viennent d'être exposés, il n'y a que le cuivre à
ajouter à la liste des éléments déjà reconnus par MM. les chimistes qui ont
déterminé avant moi la composition de cette pierre météorique ; ces éléments
se trouvent ainsi portés au nombre de quatorze, savoir :
Oxygène, Nickel, Manganèse,
Soufre, Cuivre, , Calcium,
Phosphore, Aluminium, Sodium,
Silicium, Chrome, Potassium.
Fer, Magnésium,
» Nous avons vu par les expériences exposées plus haut que cette pierre
météorique, soumise à l'action d'une haute température, est complètement
fusible en une scorie noire, vitreuse et qui présente beaucoup de rapports
extérieurs avec la croiite très-mince qui recouvre les aérolithes en général.
Il paraît donc assez probable qu'au moment de l'apparition du phénomène
lumineux et de l'explosion qui précèdent la chute de ces corps, la matière
5..
(36)
qui la compose subit une fusion rapide, mais seulement à la superficie : la
chaleur produite ne pénétrant pas assez rapidement ni assez profondément à
l'intérieur de la masse solide peu conductrice pour en déterminer la fusion
complète. Ne pourrait-on pas voir quelque analogie entre la production de
cette croûte vitreuse des aérolithes et la vitrification superficielle des roches
siliceuses qui ont subi l'action de la foudre ? Le globe lumineux qui précède
la chutedes aérolithes serait dû à un phénomène électrique. Ce n'est ici, du
reste, qu'une simple hypothèse que je soumets sous toute réserve à l'appré-
ciation des juges compétents (i).
» J'ai signalé, dans ce travail, la décomposition facile que subit le péridot-
olivine par l'action des acides acétique et oxalique. Ayant étendu cet es-
sai à d'autres minéraux, j'ai reconnu que les silicates attaquables par les
acides nitrique et chlochydrique se laissaient également décomposer par
l'acide acétique. J'ai fait dissoudre ainsi dans ce dernier acide des propor-
tions très-notables de mésotype, d'ockénite, de gadolinite et même de grenat
mélanite (Ca'Si + FeSi). Cette action des acides végétaux sur des matières,
minérales silicatées me paraît présenter quelque intérêt au point de vue de
la géologie. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Desfojers à alimentation continue et de la combustion
des menus combustibles ; par M.. Le Bas. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pelouze, Pouillet^ Combes.)
« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, en novembre 1847, ""
Mémoire sur la combustibilité.
» IjCS conditions essentielles d'une combustion complète et dune com-
bustion s'opérant avec le minimum d'air sont une forte température et une
grande vitesse d'admission de l'air, qui doit être proportionnée à l'absorp-
tion du calorique rayonnant.
M Le mode ordinaire de chargement des foyers, consistant en la projec-
tion instantanée d'un combustible froid sur un combustible incandescent,
est l'une des principales causes de production de fumée, parce que la tem-
pérature et la vitesse diminuent, quand au contraire elles devraient aug-
menter.
(i) L'incandescence de l'aérolithe pourrait aussi être attribuée au frottement que subit li.
matière en traversant rapidement les couches de ratmosplière.
(37)
» Le présent Mémoire traite des foyers à alimentation continue et spé-
cialement de la combustion des menus combustibles. L'idée que j'ai pour-
suivie, quoiqu'elle ne fût pas une idée nouvelle, est basée sur le système
de la formation de talus par voie d'éboulement d'une masse supérieure.
Le combustible est jeté dans une hotte, puis il descend sur une grille incli-
née, dont le pan est à peu près parallèle au talus d'éboulement.
» La figure annexée au Mémoire indique un moyen simple et peu coûteux
d'éviter la fumée. La hotte est verticale. La grille est à un seul pan, ce pan
est courbe, et la courbe adoptée est lUie demi-anse de panier renversée ;
l'élément supérieur est vertical et l'élément inférieur est horizontal. Les
vides des barreaux sont parallèles au sens du glissement. Le combustible
s'éboule sous une voûte surbaissée, la grille s'engage sous la voûte, et dans
le prolongement transversal du bas de la grille se trouve de chaque côté du
foyer un registre de nettoyage, qui peut aussi servir pour l'appel d'un sup-
plément d'air. Je termine la partie inférieure de l'anse de panier par une
grille n'ayant que o'",i6 de longueur et qui tourne autour de son axe,
quand on veut faire tomber les scories dans le cendrier. La ligne inférieure
des barreaux de la petite grille est un demi-cercle et la partie-avant de ce
demi-cercle sert à retenir le talus de combustible, quand on abaisse la
partie arrière.
» La grille sera à deux pans, sila consommation de combustible l'exige. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ÉLECTROOHtMlE. — Note sur t influence des électrodes dans les voltamètres
à sulfate de cuivre; par M. A. Perrot.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Regnault. )
« Ayant eu souvent l'occasion de me servir de voltamètres à sulfate de
cuivre pour mesurer l'action chimique des courants d'induction, j'ai été
conduit à rechercher la cause des phénomènes qu'on observe lorsqu'on,
fait varier la surface des électrodes. J'ai l'honneur de présenter à l'Acadé-
mie le résultat de mes recherches.
» On sait que lorsqu'un courant de faible intensité traverse une série de
voltamètres à sulfate de cuivre, la quantité de métal déposée dans chacun,
d'eux diminue lorsque la surface de l'électrode négative augmente. On peut
même, en donnant à la surface de cette électrode un développement suffi-
( 38)
sant, faire disparaître toute action électrolytique dans cette portion du
circuit.
» Ce phénomène, attribué à un changement de densité dans le courant et
à une conductibiUté propre du liquide, peut causer de graves erreurs dans
la mesure de l'action chimique des courants. En effet, pour obtenir des
résultats exacts, il ne suffit pas de se servir de fils fins comme électrodes,
il faut encore que la surface immergée soit la plus petite possible ; c'est
seulement alors que le gain du fil négatif est égal à la perte du fil positif.
» Si l'on prend pour électrode négative une lame de platine, il peut ar-
river qu'au bout de plusieurs heures son poids n'ait pas changé, quoique
pendant ce temps tous les fils négatifs placés dans le circuit aient gagné
quelques décigrammes. Ayant observé qu'en retirant brusquement une
lame placée dans ces conditions, on lui trouve toujours un reflet rosé, qui
disparaît lorsqu'on plonge cette lame dans une dissolution de sulfate de
cuivre, j'ai été conduit à supposer que les différences qu'on observe entre
les quantités de métal déposées par un même courant sur des électrodes
qui n'ont pas toutes la même surface, devaient, ainsi que l'excès de la
perte de l'électrode positive sur le gain de l'électrode négative dans un
même voltamètre, être attribuées à une action purement chimique.
M .T'ai constaté qu'après avoir été chauffée en présence du cuivre mé-
tallique, une dissolution de sulfate de cuivre parfaitement pur possède
encore la propriété de dissoudre, à la température ordinaire, une certaine
quantité de métal. C'est ainsi qu'une lame de cuivre de loo centimètres
carrés perd un demi-milligramme par heure, lorsqu'on la plonge dans
une dissolution de sulfate ; cette perte peut s'élever, pendant le même
temps, à 3 ou 4 milligrammes, si la lame joue le rôle d'électrode positive
ou négative.
» La quantité de cuivre dissoute dans un temps donné augmente avec la
surface immergée ; elle varie avec la structure du métal et paraît maxima
au moment où il est déposé par un courant très-faible. Si l'on place dans le
même circuit deux voltamètres, l'un ayant pour électrode des fils de cuivre
très-fins et très-courts, et l'autre deux lames de cuivre de même nature et
ayant mêmes surfaces, on observe les faits suivants, dont il est facile de
se rendre compte.
» Dans le premier voltamètre, il n'y a pas de différence entre le gain de
l'électrode négative et la perte de l'électrode positive, on peut en conclure
que l'action chimique doit être regardée comme nulle , car, comme elle
augmente la perte et diminue le gain, elle ne peut passer inaperçue.
( 39)
I) Dans le second voltamètre, on trouve que la lame positive perd plus
que le fil positif du premier voltamètre, car à la perte due à l'action du
courant vient s'ajouter celle due à l'action du sulfate de cuivre. Quant à la
lame négative, elle peut, si sa surface est assez grande pour que l'action
chimique l'emporte sur l'action électroly tique, perdre une partie de son
poids. Si les deux actions sont égales, son poids ne varie pas; si enfin
l'action chimique le cède à l'action électroly tique, son poids augmente,
mais le gain de cette électrode est toujours inférieur au gain du fil négatif
du premier voltamètre, et il y a entre ces deux ^ains, à peu de chose près,
la même différence que celle qui existe entre les deux pertes des électrodes
positives.
» J'ai obtenu dans toutes mes expériences des résultats semblables.
Tandis que, dans un voltamètre à fil fin, je constatais un gain de lo milli-
grammes et une perte égale à l'autre pôle , je trouvais dans un premier
voltamètre à grandes lames un gain de 5°""'^5 et une perte de 1 4 milli-
grammes; dans un second voltamètre, le poids de l'électrode négative
n'avait pas changé, tandis que l'électrode positive avait perdu i9"""*,5.'
Enfin, dans d'autres expériences, il est arrivé que les deux électrodes
avaient perdu.
» Il est permis de conclure que toutes les fois que la tension d'un cou-
rant sera suffisante, on devra préférer le voltamètre à fil fin. Lorsque le
dépôt de cuivre est pulvérulent, on peut, par la perte du fil positif, con-
naître exactement le travail chimique du courant.
» Si l'on a recours à un voltamètre à grandes électrodes, on devra, pour
se rapprocher le. plus possible de l'expression exacte, faire la somme de la
perte et du gain des électrodes, et prendre la moitié du chiffre obtenu.
L'erreur que l'on commet alors croît avec le temps pendant lequel l'élec-
trode reste plongée dans l'élfectrolyte ; elle croît aussi avec la surface im-
mergée; pour une électrode de loo centimètres carrés de surface, elle ne
paraît pas dépasser un quart de milligramme par heure.
» On doit attribuer la différence qui existe entre la quantité de cuivre
dissoute chimiquement au pôle positif et celle dissoute pareillement au
pôle négatif, au fait que l'état moléculaire de ce dernier pendant que le "v
cuivre s'y dépose est beaucoup plus favorable à l'action dissolvante de
l'électrolyte, les molécules se déposant présentent en quelque sorte toute
leur surface, tandis que celles qui composent l'électrode positive ne présen-
tent que leur face extérieure. »
(4o)
PHYSIQUE. — Note sur [aspect de l'étincelle d'induction dans le microscope ei
les spectres de la lumière électrique dans le vide; par M. Th. du Moncel.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Regnault.)
« Les conclusions du travail que j'ai l'honneur de soumettre au juge-
ment de l'Académie sont :
» 1°. Que l'étincelle d'induction développée entre deux rhéophores
métalliques à l'air libre présente, dans le microscope, au pôle positif et
au pôle négatif, les lumières rouge et bleue que l'on remarque dans l'étin-
celle échangée au sein du vide, et ne diffère de celle-ci que par un jet de
lumière jaune-verdàtre continu, qui semble constituer l'étincelle propre-
ment dite, et qui s'échange directement d'un rhéophore à l'autre en tra-
versant les couches de lumières rouge et bleue.
» a°. Que , comme dans le vide , la lumière rouge de l'étincelle au
pôle positif est la plus développée, et ne s'arrête qu'à une petite distance
du pôle négatif, en se moulant, pour ainsi dire, sur le ruban de lumière
bleue qui borde le rhéophore négatif, et dont elle est séparée pourtant
par une bande obscure très-caractérisée. Elle semble d'ailleurs s'échapper
elle-même, au pôle positif, d'une lèvre d'un blanc rosé très-éclatant qui
termine le rhéophore positif.
» 3°. Qu'il semblerait résulter de ce phénomène et de la mobilité des
lumières rouge et bleue, sous l'influence d'une insufflation énergique,
que les belles lueurs électriques, qui sont si développées dans le vide,
ne constitueraient pas, à proprement parler, l'étincelle électrique, mais
plutôt un milieu électrisé de proche en proche par influence, et rendu
lumineux par l'effet de cette électrisation. Dans cette hypothèse , la solu-
tion de continuité entre les deux lumières rouge et bleue s'expliquerait
par l'électrisation en sens contraire de l'espace privé de lumière. Peut-
être, en étendant ce raisonnement, pourrait-on rendre compte d'une
manière assez simple du phénomène des stratifications de la lumière
dans le vide.
. » 4°- Que les spectres de l'étincelle d'induction dans les milieux aériformes
varient , quant aux raies qu'ils présentent , non-seulement suivant la
nature des métaux qui servent de rhéophores, ainsi que l'ont constaté
MM. Masson et Wheatstone, mais encore suivant les pôles du circuit, la
densité du milieu aériforme et la nature de l'étincelle.
(4i )
» 5". Que le spectre de la lumière rouge non stratifiée dans le vide pré-
sente au pôle positif une série d'ombres très-prononcées, dégradées d'un
côté, qui coupent transversalement les couleurs du spectre et qui déter-
minent des raies lumineuses (au nombre de six ou sept dans le vert, et
autant dans le bleu et le violet) dont la largeur et l'éclat diminuent à
mesure qu'elles se rapprochent des limites de ces couleurs. Quant au
rouge du spectre, qui est très-éclatant, il est brusquement séparé de
l'orangé par une ombre (brun-rouge), dont la dégradation est du côté
opposé à celle des ombres de la couleur verte, c'est-à-dire du côté du
rouge. Une pareille ombre, mais moins intense, se remarque également à
la limite de l'orangé et du jaune.
» 6°. Que le spectre de la lumière bleue dans le vide au pôle négatif n'est
qu'un diminutif du spectre précédent. Les parties rouge-orangé, jaunes et
vertes sont à peu près les mêmes, sauf qu'elles ont beaucoup moins d'éclat,
mais les parties bleues et violettes ne sont représentées que par deux raies,
couleui- gris-lavande et gris-violàlre, séparées l'une de l'autre et du vert par
des ombres très-larges.
M 7°. Que les spectres de la lumière rose stratifiée diffèrent un peu des
spectres précédents. Les raies lumineuses sont plus fines, plus déliées dans
les parties bleues et violettes du spectre. Les couleurs sont moins brillantes
et les ombres noires dans le vert sont plus effacées. En revanche inie raie
verte très-brillante et très-fine se fait remarquer près de la limite du vert et
du bleu et se retrouve presque aussi brillante dans le spectre de la lumière
bleue du pôle négatif, qui d'ailleurs est le même que celui de la lumière non
stratifiée.
» 8° Qu'avec une lumière stratifiée blanche, telle qu'on l'obtient dans
certains tubes de Gaisseler dont le vide est fait sur de l'hydrogène, le spectre
au pôle positif se rapproche de celui de l'étincelle à l'air libre échangée entre
des rhéophores métalliques. Cette fois les couleurs s'étalent d'une manière
continue et on ne remarque d'ombres prononcées que dans le rouge. Cette
ombre détache sur cette couleur une raie brillante très-vive, et va en mou-
rant jusqu'à l'orangé. Le jaune est très-peu apparent ; il est remplacé par une
teinte composée d'orangé, de jaune et de vert. Le vert avec lequel se mé-
lange cette teinte est traversé par trois raies claires et minces dont l'une est
jaune vert, la seconde d'un vert émeraude et la troisième d'un vert bleu
très-éclatant. Cette dernière est la plus large et la plus apparente. Dans le
bleu on distingue une raie bleu-clair nettement arrêtée, puis une bande plus
C. R., i85(),2<^' Semestre. (T. XLIX, N» 1.) 6
(4^ )
large de bleu-iiidigo sans contours bien définis. Au pôle négatif la lumière,
qui est d'un bleu très-pâle, présente un spectre analogue à celui du même
pôle avec les lumières précédentes. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Recherches sur le magnétisme terrestre.
(Deuxième partie); por M. Pariset.
( Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Babinet, Duperrey.)
« Ce travail, dit l'auteur, est la seconde partie d'un Mémoire que j'ai eu
l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences, en i858. Dans la pre-
mière partie, j'ai cherché le moyen de déterminer les valeurs successives
de la déclinaison, par le moyen mouvement du pôle magnétique sur la
surface du globe. Dans cette seconde partie, j'essaye d'expliquer les phé-
nomènes de l'inclinaison, d'après les formules d'Ampère, en supposant,
avec l'illustre auteur de l'électro-dynamique, que ces phénomènes sont
dus aux actions des courants électriques circulant dans l'équateur ma-
gnétique, près de la surface terrestre.
» Cette question, qui offre un si grand intérêt, n'avait pas, je crois,
encore été traitée par le calcul, à cause des énormes difficultés qu'offrent
les intégrales, qui expriment l'action d'un courant circulaire d'un très-
grand rayon, sur un solénoïde défini dont la position est donnée. On
s'était borné à étudier ce qui doit avoir lieu lorsque le rayon du courant
est très-petit, auquel cas le calcul se simplifie considérablement , à raison
des termes que l'on peut négliger. C'est ainsi que Savary est parvenu à
démontrer la formule
tangj = atangX,
qui sert à déterminer l'inclinaison, au moyen de la latitude magnétique,
formule que M. Biot avait fait connaître depuis longtemps.
I) En étudiant les belles théories dues à l'illustre Ampère, il m'est venu
à la pensée que l'on pourrait peut-être éviter les obstacles infranchissa-
bles que présentent les intégrales lorsqu'on veut traiter la question sous le
point de vue général, c'est-à-dire dans l'hypothèse où le rayon du circuit
est très-grand, et tourner en quelque sorte la difficulté, en développant
tout simplement en série les expressions différentielles à intégrer.
» En essayant de résoudre la question de cette manière, je me suis
bientôt aperçu que l'on peut, en effet, arriver à des résultats dignes d'être
pris en considération, et que les calculs à exécuter sont même beaucoup
( 4'^ )
moins longs que je ne me l'étais imaginé, parce que, dans l'intégration, la
plupart des termes des développements s'évanouissent aux limites. C'est
ainsi que j'ai été conduit, par une marche en apparence très-compliquée,
et pourtant fort simple, aux valeurs approchées des deux intégrales dont
dépend la solution du problème.
« Les séries que l'on obtient de cette manière et qui renferment les puis-
sances du cosinus de la latitude magnétique, ne sont malheureusement pas
toutes deux convergentes. Dans l'une, les coefficients de ces puissances
vont en augmentant d'un terme au suivant, tandis que dans l'autre les
coefficients vont, au contraire, en diminuant. Cependant les variations
qu'éprouvent les coefficients de la première sont assez faibles pour que la
série soit rendue convergente par certaines valeurs du cosinus de la lati-
tude magnétique; mais elle cesse de le devenir à une certaine limite.
» Dans les applications que j'ai faites de ces formules, j'ai cherché
d'abord les inclinaisons ; de 5 en 5 degrés, depuis 85 jusqu'à 3o degrés
inclusivement, limite à laquelle l'une des séries cesse de devenir assez
convergente pour qu'on puisse compter sur une exactitude suffisante ; puis
j'ai cherché l'inclinaison en quelques lieux de la surface du- globe, à des
époques données.
» Le problème que je m'étais proposé n'est donc résolu qu'imparfai-
tement, puisqu'il n'est pas possible de calculer, au moyen de ces formules,
les inclinaisons des points dont les latitudes magnétiques sont au-dessous
de 3o degrés. Je me suis néanmoins déterminé à faire connaître ce petit
travail, par la pensée que, tout incomplet qu'il soit, il contribuera peut-
être à jeter quelque lumière sur l'une des questions les plus intéressantes
de la physique du globe. »
PHYSIOLOGIE. — Sur le rôle du pancréas dans la digestion (addition au travail
présenté en avril 1857 à l'Académie); par M. L. Corvisart. (Extrait par
l'auteur.)
(Commission du prix de Physiologie expérimentale.)
« Les résultats qui se déduisent de mon travail peuvent être résumés
dans les propositions suivantes :
o 1°. Les aliments azotés subissent de la part du pancréas une dissolu-
tion et une transformation digestives.
1) 2°. Le suc pancréatique exerce cette action indépendamment de la
6..
(44)
réaction alcaline acide on neutre (indépendance bien exceptionnelle parmi
les ferments digestifs).
» 3°. Les aliments crus sont violemment digérés parle pancréas, même
s'ils n'ont point été touchés par le suc gastrique.
» 4°. C'est en peptone ou albuminose que les aliments albuminoïdes sont
transformés par le pancréas, qui n'altère point les peptones foi-mées par
l'estomac.
» 5°. L'action digestive du pancréas sur les corps azotés est une action
propre, primitive, qui réside dans le suc pancréatique avant toute im-
mixtion avec le suc intestinal, biliaire, gastrique.
» 6°. Ce dernier au contraire à un effet direct nuisible sur le suc pan-
créatique (la peptine, la pancréatine se détruisent en se digérant l'une
l'autre). Mais physiologiquement ce conflit est évité par le pylore qui sépare
les deux ferments, la digestion gastrique par laquelle la peptine en formant
la peptone s'épuise et s'abolit, et la bile qui détruit tout pouvoir dans le sac
gastrique.
)) 7°. Le suc gastrique, s'il a digéré des aliments albuminoïdes dans l'es-
tomac et a été absorbé avec les peptones, favorise tellement l'action pan-
créatique par un effet (/irecf, qu'à la cinquième heure delà digestion gastrique
le pancréas a le maximum de puissance ; en un mot, il faut que le pancréas
vienne d'être nourri immédiatement de peptones gastriques pour qu'il ac-
quière son maximum d'action, si mes expériences sont vraies.
» 8°. Au contraire, en l'absence de digestion gastrique le pancréas est au
minimum d'action, n'étant pas vigoureusement nourri par les peptones
gastriques. C'est ainsi que les deux digestions, qui doivent être successives,
sont enchaînées.
» 9". Ces vues expérimentales portent une grande précision dans la mar-
che à suivre pour l'étude si obscure des dyspepsies.
» 10°. L'estomac est fait pour recevoir des corps étrangers, le canal pan-
créatique est disposé pour ne point les recevoir : aussi les canules gastriques
ne portent-elles aucune atteinte à la sécrétion de l'estomac ; au contraire,
les fistules pancréatiques amènent promptement une profonde altération
dans le suc du pancréas.
» xi". Il est de fait que pour avoir le suc pancréatique le plus normal
possible, il faut prendre celui qui a été formé dans la glande avant l'opéra-
tion, c'est-à-dire celui qui s'écoule immédiatement après cette opération.
C'est dans cette condition remplie que réside la supériorité du procédé par
infusion d'un pancréas pris à un animal qui vient d'être tué à l'instant
( 45 )
même, car si elle est faite quelques secondes après le sacrifice de l'animal,
l'infusion y saisit le suc normal sécrété pendant la vie et non encore écoulé.
» 12°. Mais il ne suffit point de prendre un organe sécréteur aussitôt
après la mort pour y saisir sa sécrétion, il faut saisir la glande au moment
de toute son activité sécrétoire. C'est la cinquième heure d'un repas mixte
abondant chez un chien vivant et non pourvu de fistule pancréatique. »
«
MÉTIÎOROLOGIE. — Loi de la coloration et décoloration du limbe du soleil et
des planètes dans leurs ascensions et déclinaisons de l'horizon au zénith et vice
versa; par M. Poey.
(Commissaires précédemment nommés : MM, Faye, Delaunay.)
CORRESPONDANCE.
« M. Bertra.vd dépose sur le bureau de l'Académie plusieurs manuscrits
autographes de mademoiselle Sophie Germain que la famille de cette célèbre
mathématicienne à remis récemment à M. Geoffroy-Saint-Hilaire, pour en
faire hommage à la bibliothèque de l'Institut.
» On sait que mademoiselle Germain a mérité en 1816 le grand prix des
Sciences mathématiques. Outre le travail couronné par l'Académie et dans
lequel elle montrait une connaissance approfondie des théories les plus diffi-
ciles de la science, mademoiselle Germain a composé plusieurs autres Mé-
moires justement estimés des géomètres et qui seraient encore consultés au-
jourd'hui, lors même que le sexe de leur auteur ne leur donnerait pas un
intérêt tout particulier. L'un des manuscrits autographes remis parla famille
de mademoiselle Germain contient de savantes notes relatives à divers pas-
sages de la théorie des fonctions de Lagrange, dont mademoiselle Germain
avait fait, comme le prouve ce travail, une étude très-approfondie.
» Le don de ces manuscrits est fait par la sœur de mademoiselle Sophie
Germain, madame Dutrocliet, veuve du savant physiologiste, et par son
neveu, M. Lherbetle, ancien député. »>
M. DE QuATREFAGEs adresse de Grenoble une Lettre de M. Thannaron,
président de la Société d'Agriculture de la Drôme, et fait connaître les mo-
tifs qui en ont relardé l'envoi.
INDUSTRIE SÉRICICOLE. — Fers à soie élevés' en plein air et dans un
appartement non chauffé; par M. Thannaron. ' ."
« Les vers provenant de graines blanches d'Andrinople sont éclos le
( 46 )
37 mars dernier; ils ont été nourris avec des feuilles de mûriers nains sau-
vageons plantés sous une bâche.
» Conservés sans feu dans la maison jusqu'à la deuxième mue, les vers
à cette époque ont été divisés en deux parties; l'une, placée au jardin, a été
pendant quarante jours soumise à toutes les influences atmosphériques : les
pluies d'orages, les tonnerres, n'ont pas paru fatiguer ces insectes; seule-
ment ils .restaient immobiles, et ne revenaient à manger que lorsque le
soleil venait les réchauffer; plusieurs nuits ont été très-froides : les vers pa-
raissaient engourdis, mais ne paraissaient pas annoncer qu'ils eussent à en
souffrir : la suite d'ailleurs l'a prouvé. Depuis six jours ils ont fait leurs
cocons, aucun ver n'est mort sur les branches desséchées des mûriers, qui,
garnis de feuilles, leur ont été données. Il n'y en a aucun au pied de ces
rameaux; comme le moment où les vers ont commencé leurs cocons n'a
pas été le même pour tous, je n'ai point encore fait opérer ce petit déco-
connage, dans la crainte de déranger ceux qui pourraient être en retard.
B Vous vous souvenez de la visite que vous avez bien voulu faire à
notre petite magnanerie; ces vers que vous trouvâtes vigoureux et à peu prés
exempts de taches, ont tous conservé cette belle apparence.
» Je remarque que je ne vous ai pas parlé de la portion de vers élevés
à la maison : ils ont fait leurs cocons cinq jours avant ceux du jardin. Sur
environ 65o cocons qui sont sur les bruyères, j'ai trouvé 4» vers morls
noirs. Il n'y a eu que quelques petits ; les cocons viennent bien tous, ainsi
que vous pourrez en juger par ceux que je vous envoie (i). Il y a donc déjà
une différence sensible entre ceux-ci élevés dans la maison, quoique sans
feu, avec ceux du jardin, puisque ces derniers n'ont aucun ver mort noir. »
GÉOLOGIE ET PHYSIQUE TERRESTRE. — Notes sur quelques observations faites
dans [Amérique septentrionale. (Extrait d'une j^ettre de M. le D' Charles
T. Jackson à M. Elie de Beaumont.)
a. Boston, le i3 juin 1839.
)) On a découvert le Paradoxides Harlani, semblable à celui de Braintree
(près Boston), à la baie de Sainte-Marie dans l'île de Terre-Neuve. Il s'y
(i) M. de Quatrefages annonce que les cocons dont il est ici question ont été remis par
lui à M. Lachadenède, président du comice d'Alais, qui s'est chargé d'en surveiller le grai-
nage et de continuer l'expérience l'année prochaine.
(47 )
trouve abondamment dans un schiste calcarifére bleuâtre, qui appartient
nécessairement au type silurien le plus inférieur.
M Je vous ai écrit précédemment au sujet de l'introduction à Dahlonega, en
Géorgie, de la méthode hydraulique californienne pour extraire l'or du sol
par le lavage. Cette méthode donnera des résultats magnifiques d'ici à un an,
car l'eau et l'or sont abondants et les collines sont situées d'une manière très-
favorable pour l'entraînement des matières stériles qui sont rejetées. Les
roches sont décomposées, à Dahlonega, jusqu'à la profondeur de 80 ou
100 pieds anglais (aS à 3o mètres). Il ne paraît pas qu'il y ait eu aucune
dénudation de roches dans les Etats du Sud, et particulièrement en Géor-
gie^ L'or, dans le territoire de Dahlonega, se trouve partout dans les roches
décomposées et dans le sol superficiel. Il y a aussi de riches veines d'or
dans du quartz qui se montre, en petits filons minces, contemporains de la
roche encaissante, dans les schistes micacés et amphiboliques.
» Je vous ai envoyé mon analyse de la Bornite, minéral nouvellement
découvert dans la mine de Field à Dahlonega; le minerai de tellure se
montre avec l'or natif dans un petit filon de quartz renfermé dans le schiste
amphibohque.
» Je suis revenu depuis peu d'une excursion que j'ai faite avec M. John H.
Blake, avec lequel j'étais chargé, par la Société d'Histoire naturelle de Boston,
d'examiner le Puits gelé de Brandon (Vermont). Ce puits a 34 pieds anglais
et Yô ^^ profondeur (10™, 48) et a été creusé à travers un gravier gelé qui a
été rencontré à la profondeur de i5 à 20 pieds au-dessous de la surface.
Au moment de notre visite ce puits était incrusté de glace dans toute sa
partie inférieure et ne contenait d'eau liquide que sur une hauteur de
5 pieds : cette eau gèle maintenant quelquefois. Elle vient d'en bas, au fond
du puits, dans une couche de sable qui n'est pas gelée. Le massif de calcaire
gris-bleuâtre qui supporte le gravier porte les traces très-marquées des effets
d'un transport violent (rfrj/i) et présente l'aspect des roches moutonnées : sur
sa surface se trouvent des blocs de roches, qui n'appartiennent pas à la
contrée, telles que granité, syénite et quartz —
» Nous avons l'intention de faire sur ce même sujet des recherches ulté-
rieures et d'examiner deux autres puits gelés qu'on a dit exister l'un à
Pioga, sur la rivière Susquehanna (New-York), et l'autre à Hartford (Con-
necticut), afin de découvrir, s'il est possible, l'origine de la glace des cou-
ches gelées. »
M. Èlie de Beadmont, en présentant au nom de l'auteur M. PFolf, un
( 48 )
nouveau fascicule de ses publications sur les taches solaires, donne, d'après
la Lettre d'envoi, une indication des résultats qui y sont exposés.
Cet opuscule est renvoyé, comme l'avaient été les précédents, à l'examen
de MM. Laugier et Delaunay.
M. LE Secrétaike perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de
la Correspondance, et présente au nom de l'auteur, M. E. Maury, directeur
de l'observatoire de Washington et du Bureau hydrographique, le deuxième
volume des « Explications et instructions nautiques accompacjnant la Carte des
r)ents et des courants ».
M. Duperrey est invité à prendre connaissance de ce volume de l'ouvrage,
qui est aujourd'hui à sa huitième édition, et à en faire l'objet d'un Rapport
verba I .
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur le changement de la variable
indépendante ; par M. Slmon Spitzer.
« Il arrive souvent qu'il faut faire un changement de la variable indé-
pendante. J'ai trouvé pour le cas qu'on a
(l) X = — —j-^,
où fl, rt,, b, b, sont des nombres constants, les deux formules suivantes
-<-r_(..+u)-".j^f(,,^j,5).-,^],
] di" {a,b — iibt)" dl
dont l'exactitude se laisse prouver très-facilement par l'induction. En diffé-
rentiant les deux équations par ^, on obtient
d^-^'y dx _ („ + i)b,{a,+ b,^)'' d" r, , ..„_.-,
(3)
d"+'r dx nb,(a+b,tr' d"-' [^ , h P\'''^-^~\
-d^-T^='lM^^^Wdï^'V'^^' ^-J
{a, + b,^Y d» r , sy^l.
(49)
et quand on substitue pour ^ la valeur, résultant de l'équation (i), que
voici,
dx fl| b — abt
on obtient, en divisant les deux parties de l'équation (3) par —-■, les résul
t^ts suivants : »
ou dans une forme plus simple
et enfin les équations suivantes :
dj&^' {a,b—ab,y+' rfç»+.H"< ^^''<«) /J»
rfx»+' (a,* — «6,)"+' rf?"LV«<^^"<?i rfçj'
lesquelles diffèrent des équations (a), n étant au lieu de n + i. Si les
équations (2) sont donc identiques pour n = o, elles sont aussi identiques
pour chaque valeur de n entière et positive, et le premier ayant lieu, le
dernier s'ensuit.
» A présent, je me propose d'intégrer l'équation
dans laquelle les nombres a, b, a,, A,, p, q sont constants, et n est un
nombre entier et positif.
C. R., 1859, 2"" Semestre. (T. XLIX, N" 1.) 7
( 5o )
» En posant
on obtient
ou
(« H- iç)" (fl, + b^ir^^^a, + ^». ?r < ^ [(«, + è, ?)"c'j] =7.
Posant dans cette équation pour Ç une autre variable x par la substitution
a -{- b
on obtient, ayant égard aux équations suivantes,
? =
b — b,i
b — b,x
après une simple réduction
qui se simplifie, quand il est
p -h q = -in,
car on a alors l'équation
laquelle, dans la forme suivante,
a été le sujet de ma Note précédente (Compte rendu, aS mai iSSg).
» Exemple. Le cas le plus simple de cette classe est celui où p = q et
où, par conséquent, l'équation proposée est de la forme
(4) (?^ + «^ + P)''g = 72f
(5. )
on écril d'une autre manière,
-2 \nd''z
2? + a -f- v/k' - 4^)" (al + a - sld' — [^'^)"'Ll = i^n^z,
dans laquelle a, /S, y sont des nombres constants, et a* — 4p <o. En po-
sant
et alors
_ 2g-t-a — y/g-»— 4P
on obtient l'équation
Jl , „ — 1
rfx" n
(«'-4P)'
de laquelle l'intégrale complète est
p — "
y — C,x'"' + Cj^""» 4- . . . + C„x'"" = g [Cpo;'"/'],
p = .
en désignant par /n,, nij,. ..,/«„ les racuies de l'équation
w(ffi — i) (w — 2) . . . (m — « +. i) = "^~~^'
et par C,, Cj, ...,C„ les constantes arbitraires. Alors elle est l'intégrale
complète de l'équation (4)
ASTHONOMIE. — Nouvelle méthode de micromélrie stellaire. (Lettre de
M. A. DE Gasparis à M. Elle de Beaumont.)
<i Pour mesurer la différence en AR de deux étoiles voisines, j'avais
proposé, il y a quelque temps, un moyen qui consisterait à faire usage
d'une lunette douée d'un mouvement de rotation uniforme, peu différente
de celle de la sphère étoilée. Comme il semble que l'uniformité presque
parfaite exigée dans ce dessein est très-difficile à obtenir en pratique, et
qu'il faudrait employer pour y réussir des moteurs notablement plus grands
7--
( 52 )
que les moteurs actuels, j'ai pensé qu'on échapperait à ces difficultés en
douant de mouvement uniforme le petit appareil qui porte le micromètre.
Le problème serait plus facile à résoudre; mais, d'un autre côté, par l'im-
mobilité de la lunette et par le petit champ, la méthode ne pourrait être
employée que sur les étoiles doubles et donner la distance même des deux
composantes à l'aide des micromètres angulaires ou circulaires.
» On en pourrait aussi faire l'essai pour la mesure du diamètre d'inie
étoile remai-quable. Le temps compris entre la disparition et l'apparition
derrière le même fil du micromètre devrait être plus court que le temps
donné par une petite étoile de même déclinaison (et sans diamètre sensible)
d'une quantité égale au diamètre de l'étoile. En supposant que la vitesse de
rotation de l'appareil qui porte le micromètre fût telle, qu'il décrivît autour
de l'axe du monde une circonférence en vingt-quatre heures, temps moyen,
le diamètre d'une étoile d'un dixième de seconde en arc serait donné par
un temps observé plus court de 2,4 secondes en temps.
u Je ne me fais pas illusion sur les nombreuses difficultés attachées à ce
genre de recherches. On devra connaître dans chaque observation le rap-
port de vitesse entre le micromètre et la sphère étoilée ; l'appareil doit être
tel, que son mouvement puisse être modifié parles différentes déclinaisons^
on devra faire usage de lunettes assez parfaites pour ne pas donner de
rayons sur les étoiles, etc. Usiis plura docebit, si toutefois on croit qu'on
puisse faire usage de ce moyen avec quelque chance de succès. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Présence de l'urée dans le chjle et dans
la lymphe; par M. Ad. Wurtz.
0 On voyait à Alfort, il y a deux ans, un taureau Carnivore auquel on
avait pratiqué une fistule du canal thoracique. J'ai eu l'idée de rechercher
l'urée dans le chyle de ce taureau. J'étais guidé par la pensée que l'urée de-
vait prendre naissance, non pas dans le système capillaire sanguin, comme
on l'a prétendu quelquefois, mais dans l'intimité de tous les tissus, partout
où des matériaux devenus impropres à la vie ont besoin d'être emportés par
la combustion respiratoire. S'il en est ainsi, il m'a semblé qu'on devait
retrouver l'urée, non-seulement dans le sang, où sa présence est constatée
depuis longtemps, mais encore dans la lymphe et par conséquent dans le
chyle du canal thoracique. Il paraît naturel, en effet, que les lymphatiques
contribuent pour leur part à l'absorption des matériaux provenant des mé-
tamorphoses des tissus dans lesquels plongent les radicules de ces vais-
seaux..
(53)
» Le chyle du taureau dont il s'agit s'est montré très-riche en urée. J'ai
coagulé à chaud environ 600 grammes de ce chyle, j'ai évaporé la liqueur
filtrée, j'ai repris par l'alcool absolu, j'ai évaporé et j'ai épuisé l'extrait
alcoolique par l'éther. Celui-ci a abandonné des cristaux parfaitement inco-
lores d'urée, qui a été convertie partiellement en nitrate.
» Ce résultat m'a engagé à étendre mes recherches à la lymphe elle-
même. Ayant pu me procurer, par les soins obligeants de M. Colin, de la
lymphe de chien, de vache, de taureau, de cheval, j'y ai constaté la pré-
sence de l'urée. Il m'a paru intéressant de comparer les quantités d'urée
que renferment le sang, le chyle et la lymphe d'un même animal. Pour
cela il a fallu entreprendre quelques recherches quantitatives qui ont été
exécutées à l'aide d'un procédé qu'il serait trop long d'exposer ici. En
somme, ce procédé est fondé sur la combinaison des méthodes que
MM. Liebig et Bunsen ont proposées pour le dosage de l'urée.
n Je réunis dans le tableau suivant les résultats numériques de mes re-
cherches.
NOM PE l'aMIMAL.
RÊGIIIE.
QUANTITÉS d'urée CONTENUES DANS 1000 GR. U
Sang.
Chyle.
Lymphe.
Chien.
Id . . . . ^
Vache
Nourri de viande.
Id..
Luzerne sèche.
Luzerne et tourteaux de colza.
Tourteaux, avant la rumin.
Régime ordin., rumin. suspend.
0,089
0,192
»
u
(artériel)
0,248
»
»
U
o,i83
0,192
0,189
»
0,280
0,071
o,i58
»
0,193
0,2l3
0,2l5
»
«
0,126
Taureau
Autre taureau . . .
Bélier
Mouton
Cheval
0,112
)> Je dois ajouter qu'ayant eu occasion d'analyser une certaine quantité
de chyle proprement dit, recueilli sur le trajet des chylifères mésentériques
et après les ganglions, j'y ai constaté également la présence d'une petit©
quantité d'urée.
( 5A )
» Celle-ci provient sans doute des mutations de tissus qui s'accomplissent
dans les parois de l'intestin lui-même. »
JÎLECTROCHIMIE. — Nole sur l'amalgamation et la dorure de l'aluminium;
par M. Charles Tissier.
« Par une Note adressée à l'Académie le 1 5 juin 1 857, M. Cailletet annon-
çait qu'il était parvenu à amalgamer l'aluminium soit en le mettant en com-
munication avec le pôle électronégatif de la pile et le faisant plonger dans
du mercure mouillé d'eau acidulée ou de nitrate de mercure, soit en avant
recours à l'amalgame du sodium humecté d'eau (i).
» J'ai répété une partie de ces expériences et j'ai pu m'assurer de l'inten-
sité avec laquelle se fait l'amalgamation au pôle négatif de la pile. En effet,
si la feuille métallique n'est pas trop épaisse, elle peut être amalgamée com-
plètement et le métal devient alors extrêmement cassant.
» De mon côté, j'ai réussi à obtenir l'union du mercure et de l'alumi-
nium, en ayant recours simplement à une solution de soude ou de potasse
caustique, sans l'emploi de la pile. L'aluminium décapé et humecté d'une
dissolution alcaline se laisse mouiller immédiatement par le mercure, qui
forme alors un étamage brillant à sa surface.
» Quel que soit le procédé employé, les propriétés de l'amalgame d'alumi-
nium sont extrêmement remarquables. Sous l'influence du mercure auquel
il est allié, l'aluminium cesse d'être un métal précieux et prend les propriétés
d'un métal alcalino-terreux. Exposé .à l'air, l'amalgame perd instantané-
ment son éclat, s'échauffe et s'oxyde rapidement en se transiormant en
alumine et mercure métallique. L'eau le décompose avec dégagement d'hy-
drogène, formation d'alumine et dépôt de mercure. L'acide nitrique l'at-
taque avec violence.
» La facilité avec laquelle on peut amalgamer l'aluminium m'avait en-
gagé à employer ce moyen pour le dorer et l'argenter; mais son altération
presque instantanée à l'air m'a forcé d'y renoncer.
u Pour dorer l'aluminium on dissout 8 grammes d'or dans l'eau régale,
on étend d'eau la solution et on la met digérer jusqu'au lendemain avec un
petit excès de chaux. Le précipité d'aurate de chaux et de chaux en excès
(i) M. Cailletet attribue à l'hydrogène naissant le pouvoir de faciliter l'union de ces deux
métaux. Neserait-ce pas plutôt l'état électrique que prend l'aluminium dans ces conditions
qui favoriserait l'amalgamation?
(55)
iïicn lavé est traité à une douce chaleur par une dissolution de 20 grammes
d'hyposulfite de soude dans un litre deau. La liqueur fdtrée est propre à
dorer 4 froid, sans le secours de la pile, l'aluminium que l'on y plonge après
l'avoir préalablement c/^cap^ par l'action successive de la potasse, de l'acide
nitrique et de l'eau pure. »
M. MoRET annonce qu'il poursuit des recherches sur l'arithmétique de
Fermât et que, d'après les résultats qu'il a obtenus, résultats dont il a déjà
communiqué les premiers à l'Académie, il croit avoir retrouvé la méthode
du célèbre géomètre : aujourd'hui, pour prendre date, il adresse une Note
ayant pour titre : « Recherches sur l'arithmétique de Diophante et de
Fermât ».
Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Hermite, déjà désigné pour la
première communication que l'auteur avait adressée sous le titre de « Solu-
tion nouvelle d'un problème de Fermât » ,
M. Kessler adresse un supplément à sa Note sur l'utilisation des résidus
de sulfate de zinc des piles et indique ce que ses recherches ont ajouté à
celles de M. Knrsten, qiii d'ailleurs ne lui étaient pas connues quand il a
présenté son premier travail.
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés dans la précédente séance :
MM. Pelouze et Ralard.)
M. Caxy prie l'Académie de vouloir bien faire examiner un Mémoire
imprimé, dont il lui adresse un exemplaire et qui a pour titre : <f Organisa-
tion des concours agricoles cantonaux pour la création d'une ferme-modèle
économique dans chaque canton rural » .
Une décision déjà ancienne de l'Académie relative aux ouvrages écrits
en français et publiés en France ne permet pas d'accéder au désir exprimé
par l'auteur. L'opuscule cependant sera renvoyé, à titre de renseignements,
à la section d'Economie rurale.
I^a séance est levée à 4 heures et demie. E. D. R.
(56)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 4 juillet 1869 les ouvrages dont
voici les titres :
Mémoires de la Société impériale d'agriculture, Sciences et Arts d'Angers,
nouvelle période ; t. II, 1" cahier; in-8°.
Sur une fonction peu connue du pancréas, la digestion des aliments azotés; par
M. Lucien Corvisart; br. in-8°. (Adressé pour le concours du prix de
Physiologie expérimentale.)
Organisation des concours agricoles cantonaux pour la création d'une ferme-
modèle économique dans chaque canton rural des départements de la France;
par M. Cany. Toulouse, 1859; br. in-8°.
Société de prévoyance des pharmaciens du département de la Seine. — As-
semblée générale tenue à l'Ecole de Pharmacie le 27 mars 1869, présidence
deM. Béguin. Paris, 1859; br. in-8°.
Explanations Explications et directions nautiques accompagnant la carte
des vents et des courants de M. Maury. Washington, iSSg; i vol. in-4°-
MittheiluDgen Communication sur tes taches du soleil; par M. R. Wolff;
9* numéro, in-S".
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 JUILLET 1859.
PRESIDENCE DE M, DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. LE Ministre d'Etat annonce qu'un buste en marbre de M. Cauclij sera
exécuté aux frais de son département pour être placé au palais de l'Institut.
M. LE Secrétaire perpétuel, en rappelant la perte que l'Académie a faite,
depuis la dernière séance, dans la personne de M. Cagniard de Latour,
donne d'après une Lettre de M'"* du Charmel, fille du savant physicien,
quelques détails sur la maladie qui l'a enlevé si rapidement.
M. LE Président de l'Institut rappelle que la séance publique annuelle
doit avoir lieu le i5 août prochain, et invite l'Académie des Sciences à
procéder au choix du lecteur qui devra la représenter dans cette séance.
BOTANIQUE. — De la détermination des organes des plantes; Note de
M. Ad. Brongniart.
a Notre collègue M. Payer, en présentant à l'Académie dans la séance
du 27 juin l'important ouvrage de M. Bâillon sur les Euphorbiacées, a
exposé sur l'organographie végétale des opinions qui me paraissent exiger,
particulièrement au point de vue historique, quelques observations que
C. R., iSSp, 2™« Semestre (T. XLIX, N° 2.) 8
(58 )
mon absence pendant les dernières séances ne m'a pas permis de soumettre
pliis tôt à l'appréciation de l'Académie.
» M. Payer croit pouvoir exposer en peu de mots les principes que
M. Bâillon et lui soutiennent relativement à la détermination exacte des
organes des plantes, et il s'exprime en ces termes sur les botanistes qui les
ont précédés dans ces études, et sur ceux qui partagent la plupart de leurs
idées : « A.-L. de Jussieu, de Candolle et leurs successeurs considèrent la
» forme comme un caractère essentiel dans la détermination des organes,
» en sorte que l'analogie de forme entraîne toujours l'analogie de nature.
» Dans l'opinion que nous défendons, au contraire, la forme n'est qu'un
M caractère tout à fait secondaire, et pour déterminer la nature des organes,
» c'est à l'ensemble de leurs connexions reconnues à l'aide de l'organogénie
» qu'il faut avoir recours. » '
» Comment M. Payer peut-il direquede Jussieu, de Candolle et les bota-
nistes qui s'honorent d'être de leur école, considèrent la forme comme le
caractère essentiel des organes, lorsque de Jussieu s'écartantde la voie tracée
par ïournefort et suivie par IJnné, rejetant les caractères de forme et de
coloration, distinguait presque toujours d'une manière si heureuse le calice
de la corolle, en se fondant justement sur l'origine et la connexion de ces
organes, lorsque dans tant de passages de cet immortel ouvrage, le Gênera
Plnntarum, qui a ouvert la voie que nous parcourons actuellement, il insiste
si souvent sur l'importance des caractères tirés des rapports d'origine ou de
position relativement à ceux fournis par la forme des organes?
« Quant à deCandolle, dès i8i5, dans cette Théorie élémentaire de la bota-
nique qu'on a souvent appelée avec raison la théorie philosophique de celte
science, il insiste justement sur la mutabilité des formes des mêmes organes,
consacrant un long chapitre spécialement à ce qu'il désigne sous le nom de
dégénérescence et de transformation des organes, dans lequel il montre que
leur position relative est le vrai critérium qui peut faire juger de leur nature.
Aussi termine-t-il ce chapitre par ces mots : « Tous ces changements de con-
» sistance que je viens d'énumérer, et je me suis borné à ceux qui sont
» assez fréquents pour pouvoir faire quelque illusion, tendent à montrer
» combien il est facile de se méprendre sur la vraie nature des organes,
» si on nj examine pas avant toutes choses leur position dans un système donné
» de symétrie organique [p. ii3, éd. 1819). » Et plus loin considère-t-il la
forme comme un caractère essentiel lorsqu'il dit (p. 124) : « Non, je ne
» crains pas de l'affirmer, les étamines et les pétales sont de même nature ;
y on ne peut pas décrire l'un de ces organes autrement que l'autre. »
( % )
)) Il serait trop long de citer tous les passages de de Caiidolle, soit dans
cet ouvrage, soit dans ceux qui l'ont suivi, qui établissent que pour lui la
forme, la consistance, la coloration, etc., sont subordonnéesdans la détermina-
tion de la nature des organes à la position relative que ces organes occupent.
» Les mêmes idées se représentent dans bien des chapitres du Traité de mor-
phologie végétale d'Auguste Saint-Hilaire, où, tout en décrivant les formes
diverses des organes, il tient l'élève en garde contre l'importance trop grande
qu'il pourrait être dispo.sé à accorder aux apparences extérieures. On en
verra plus loin un exemple. Enfin on peut dire que dans beaucoup de cas
ces idées sont entrées dans le domaine public non-seulcTnent comme idées
théoriques et philosophiques, mais comme recevant leurs applications dans
la botanique descriptive; et pour n'en citer (ju'un exemple, je prendrai un
de ceux que signale M. Payer dans sa Note comme résolu par ses études
organogéniques, celui qui a rapport aux feuilles de l'asperge ; « De même,
>) dit M. Payer, quand on compare ces organes verts que portent les liges
» d'asperges, aux feuilles aciculées des pins, on trouve une grande ressem-
» blanc.e de forme, et les botanistes en question n'ont pas manqué d'en
» conclure que, dans les asperges comme dans les pins, ces organes sont des
» feuilles; cependant l'observation organogénique nous a montré que ces
» organes si semblables de forme sont des feuilles dans les pins et des pé-
» doucules dont les fleurs ont avorté dans les asperges. »
» L'organogénie n'était pas indispensable poiu' résoudre ce problème, et,
sans son secours , dès 1 840, Aug. Saint-Hilaire disait , à l'occasion des
rameaux foliiformes (^Leçons de Bot., p. 776) : « Vous verrez, par exemple,
» les organes appendiculaires de l'asperge dans les écailles scarieuses
» qui sont symétriquement rangées sur la tige, et ces parties délicates et
» en aiguilles qu'on appeUe vulgairement des feuilles, seront pour vous
» des rameaux avortés, parce qu'elles se trouvent à l'aisselle des écailles. »
» Cette appréciation si juste était introduite, dès i845, dans les carac-
tères génériques du genre Asparagus^ donné par MM. Cosson et Germain
dans leur Flore des environs de Paris (p. 537 )• ^'^ disent en effet :
« Feuilles réduites à des écailles ; les écailles des rameaux donnant nais-
» sauce, à leur aisselle, à des fascicules de ramuscules avortés, filiformes,
» simples, verts, simulant des feuilles. » Le terme de rameaux foliiformes
est également employé par MM, Grenier et Godron dans la description des
Asperges de leur Flore de France. Enfin, M. Runth, dans son grand Spe-
cies des Monocotylédones , en traitant des Asperges {Emim. Plant., t. V,
... v8..
( 6o )
p. 5^; i85o); dit : Polia sparsa squamœjbrmia nunc peditnculos stériles [Link ,
Jbtia auct. Cladodia Kunth), nunc fet:liles , nunc ambos stipantia.
» On voit donc qu'il y a vingt ans, et peut-être plus si l'on étendait ces
recherches bibhographiques, que le fait signalé par M. Payer comme ayant
été reconnu grâce aux études organogéniques, avait été constaté par une
autre voie et admis par les successeurs de de Jussieu et de de Candolle.
» En revendiquant ces idées générales et quelques faits qui s'y rattachent
pour les botanistes qui nous ont précédés , et auxquels nous devons en
grande partie ce que nous sommes, je n'ai cru faire qu'un acte de justice,
car je ne suis intéressé que d'une manière très-indirecte dans la question,
en supposant que M. Payer me comprenne parmi les successeurs des deux
grands botanistes dont il attaque si légèrement les principes, ce qui m'ho-
norerait trop pour que je m'en plaigne.
» Quant à l'organogénie, qui paraît la cause de la Note de M. Payer,
je ne voudrais pas qu'on crût, parce que je combats le rôle exagéré qu'on
veut lui faire jouer, que je n'eslime pas les études dont elle est l'objet :
j'admets quelle peut jeter beaucoup de jour sur certaines questions, et
particulièrement sur celles qui tiennent à la symétrie florale; cependant
elle ne me paraît pas appelée à réformer la botanique, comme semblent le
croire ses partisans exclusifs, mais seulement à en perfectionner certaines
parties. Dans beaucoup de cas même, elle ne pourra fournir que des don-
nées obscures et incertaines, qui devront êti'e confirmées ou infirmées par
les études anatomiques et tératologiques. C'est seulement par l'emploi simul-
tané de ces divers moyens d'étude que nous parviendrons à une connais-
sance plus parfaite de l'organisation végétale. »
CHIRURGIE ET PHYSIOLOGIE. — Plaie de la région cervicale avec lésion du
canal vertébral et écoulement du liquide céphalo-rachidien ; par M. Jobekt
DE L.iMBALLE.
« L'Académie se rap|)elle les expériences de M. Magendie sur les usages
du liquide céphalo-rachidien dont la quantité était évaluée par lui à
60 grammes.
» Elle se souvient que ce savant, après avoir enlevé les muscles des gout-
tières vertébrales, avoir mis à découvert les membraneà d'enveloppe de la
moelle et y avoir fait une piqûre, a vu le liquide s'échapper par jet.
» A la suite de sa sortie il a observé un trouble dans les facultés locomo-
trices, si bien que les animaux chancelaient et s'affaissaient sur eux-mêmes.
(6. )
» M. Longet, qui a répété ces expériences, n'a pas adopté l'opinion de
M. Magendie, parce que les résultats çbtenus ne sont pas conformes aux
siens.
» M. Longet a remarqué que la section des muscles suffit pour amener
un trouble profond dans les mouvements, et que l'évacuation du liquide,
sans intéresser les muscles de la nuque, n'apporte dans fa démarcfie des ani_ ,
maux aucune modification notable.
» Un fait m'a paru résoudre la question, et je demande la permission de
l'exposer en quelques mots à l'Académie.
» Une personne d'une forte constitution, entrée à l'Hôtel-Dieu le 1 1 dé-
cembre i858 et morte le 22 décembre, c'est-à-dire après onze jours de séjour
à l'hôpital, reçut un coup de poignard de la main d'un homme qui depuis
quelque temps lui faisait de fréquentes visites.
» Le coup fut porté avec violence, l'instrument se brisa près du manche.
La base correspondait aux téguments et la pointe pénétrait dans le canal
vertébral.
» Les gros vaisseaux artériels et veineux ayant été respectés, l'écoule-
ment de sang ne fut pas sérieux; mais il s'échappa par la plaie oblique des
téguments, sans interruption, un liquide séreux, semblable au sérum du
sang. Les alèzes, les draps de lit en furent inondés, tant la quantité perdue
chaque jour était considérable.
» En l'examinant, on constata que c'était du sérum dans lequel nageaient
quelques globules sanguins.
» Le troisième jour de l'entrée de la malade, le corps étranger put être
extrait, et au moment où il fut retiré, il sortit un flot considérable du même
liquide.
» Pendant toute la durée de la perte du liquide céphalo-rachidien, la
malade n'éprouva aucun affaiblissement musculaire, aucune déperdition de
la force des contractions musculaires et aucun changement ne se manifesta
dans l'intelligence.
« Cette malade ayant succombé à une méningite rachidienne, on trouva
les corps des sixième et septième vertèbres cervicales labourés par l'instru-
ment, le disque inter-vertébral intéressé et une piqûre aux feuillets parié-
taux des membranes d'enveloppe de la moelle épinière.
» Ce fait paraît donc prouver que le liquide céphalo-rachidien n'a pas les
usages que M. Magendie lui avait attribués, et c'est ce que M. Longet par
ses expériences avait déjà prouvé. «
( 62 )
« M. Geoffroy-Saint-Hilaibe annonce qu'il est né cette semaine à la
ménagerie du Muséum d'histoire naturelle un lama mâle et deux yaks,
l'un mâle, l'autre femelle.
» Ce lama est le dix-septième individu obtenu dune seule paire acquise
par le Muséum en Angleterre, il y a quelques années, et ces yaks sont le
douzième et le treizième, nés de trois individus que la Ménagerie avait reçus
en i854, et qui provenaient du troupeau de M. de Montigny. Deux femelles
d'yak doivent encore mettre bas cette année. Lorsqu'elles auront produit, le
nombre primitif se trouvera, après cinq ans, déjà sextuplé; car la Ménagerie
«'a, jusqu'à présent, perdu, ni aucun des individus qu'elle avait reçus, ni
aucun de ceux qui en sont nés ou issus.
» En rapprochant ces faits des succès obtenus aussi pour la multiplication
de la chèvre d'Angora dans les essais faits en France, en Algérie, en Alle-
magne et en Sicile par la Société impériale d'Acclimatation (i), on voit que
les animaux eux-mêmes des hautes montagnes [sans excepter les yaks qui
vivent de 3,ooo à plus de 5,ooo mètres d'altitude) parviennent à se plier,
beaucoup mieux qu'on ne l'aurait peut-être prévu, aux conditions de notre
climat et de notre sol. «
ÉCONOMIE KURALE. — Sur l'hygiène des vers à soie. (Extrait d'une Lettre de
M. DE QuATREFAGEs, accompaguaut l'envoi d'une Note de M. Charvet[-i).
« Les deux éducations dont il est question dans la Note de M. Charvet
constituent une véritable expérience comparative la plus propre peut-être
que je connaisse à démontrer l'importance, dans l'éducation des vers à soie,
d'une aération large et continuelle, jointe à un espacement considérable.
» En effet, je me suis assuré, en causant avec M. Charvet, qui connaît
parfaitement les localités, que les deux magnaneries sont placées à côté
l'une de l'autre, que les vers ont reçu les mêmes qualités de feuille; en un
mot, que, sauf le mode d'élevage indiqué dans la Note, toutes les conditions
générales avaient été identiques pour les deux chambrées. Cependant celle
de M'"' Pirodon ayant produit i de cocons excellents, celle de son fermier,
regardé d'ailleurs comme un habile magnanier, n'a guère donné que \ de
cocons très-mauvais.
» Il me paraît évident que cette différence tient uniquement à l'aération
(i) Voyez les Comptes /•e/zrfui' des séances de l'Académie, t. XLVI, p. io63.
(a) Voir aux Mémoires présentés, p. ^S, la Note de M. Charvet.
(63 )
parfaite dont a joui la première, aux vices de l'aération à laquelle a été
soumise la seconde. En effet, l'absence de chauffage ne me paraît pas être en
général une pratique bonne à recommander. De tous les faits que j'ai recueil-
lis, il résulte pour moi que s'il y a des inconvénients à chauffer les vers trop
et en graduant la chaleur en sens inverse de ce que demanderait la nature
de ces animaux, il n'y en a guère moins à ne pas leur venir en aide lorsque
la température de l'atmosphère descend au-dessous d'une certaine limite. A
raison des conditions atmosphériques présentées cette année principalement
du 22 mai aux 6 et 7 juin, je crois pouvoir assurer que le manque total de
chauffage a été une circonstance plutôt nuisible qu'utile aux vers de
M™" Pirodon. Mais par cela même ils n'ont jamais respiré de fumée ni aucun
autie produit de la- combustion; ils ont eu constamment en abondance de
l'air sans cesse renouvelé. Ces avantages ont bien plus que compensé l'ab-
sence d'un peu de chaleur artificielle qui aurait facilité les mues et activé
leur développement. Là est la véritable cause de la supériorité extrême
qu'ils ont montrée sur leurs frères, chauffés il est vrai et par cela même plus
hâtifs, mais en revanche soumis à un empoisonnement lent dû à un air non
renouvelé et mêlé à des produits de la combustion.
» On -ne saurait trop le répéter aux éducateurs, le ver à soie est une
chenille, un animal destiné à vivre en plein air. Plus on se rapprochera de
cette condition fondamentale, plus on aura fait pour assurer la réussite des
chambrées. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — De la présence du sucre dans le sang de la veine
porte et dans celui des veines sus-hépatiques : expériences de M. C. Schmidt,
de Dorpat, communiquées, d après une Lettre de ce physiologiste, par
M. Cl. Bernard.
« La fonction glycogénique du foie, c'est-à-dire la propriété que cet
organe possède de produire du sucre dans l'état physiologique, peut être
démontrée par des expériences très- variées. Mais il en est une qui consiste
à montrer que chez un animal Carnivore le sang qui entre dans le foie par
la veine porte est privé de sucre, tandis que le sang qui sort du même or-
gane par les veines sus-hépatiques en contient de notables quantités ; ce qui
* amène forcément à la conséquence que le sucre s'est formé dans le foie.
Ce fait a déjà été vérifié par un très-grand nombre d'expérimentateurs et
par une Commission de cette Académie (1). Cependant j'ai cru utile de
(i) Comptes rendus, t. XL, n° 25, i8 juin i855, «
(64)
rapporter encore les expériences de M. Schmidt, de Dorpat, l'un des chi-
mistes physiologistes les plus habiles qui se soient occupés de la question
de la formation du sucre dans les animaux. Il me semble toujours avan-
tageux, dans les questions expérimentales physiologiques, d'insister sur les
expériences les plus simples, parce que leurs conclusions ressortant plus
directement du fait sont moins sujettes à interprétations erronées.
» Voici le résultat des analyses de M. Schmidt sur le sang de la veine
porte et des veines hépatiques sur trois chiens, dont deux étaient en diges-
tion de viande, et le troisième à jeun depuis deux jours. Il a trouvé que
le sang de la veine porte ne contenait pas de sucre, tandis que le sang pris
dans les veines hépatiques en renfermait à peu près i pour loo du résidu
sec du sang, chez les chiens en digestion, et environ -i- pour loo chez l'ani-
mal à jeun. Voici les nombres obtenus dans chaque cas :
Quantité de sucre
dans le sang dans le sang
de la veine porte, des veines hépatiques.
Avant le foie. Après le foie.
Chien nourri de viande » o^'',g3
> . . o«',99
Chien à jeun pendant deux jours. » o''",5i
» Ces résultats numériques obtenus par M. Schmidt sont tout à fait con-
cordants avec ceux obtenus par M. Lehmann, qui a calculé également le
sucre en rapport avec le résidu sec du sang (i). »
M. Cl. Bernard présente, à la suite de cette communication, un exem-
plaire de son « Mémoire sur une nouvelle fonction du foie comme organe
producteur de la matière sucrée chez l'homme et chez les animaux », et un
exemplaire de ses « Leçons de Physiologie expérimentale appliquée à la mé-
decine, faites au Collège de France dans le semestre d'hiver 1 854-1 855 ».
M. Becquerel fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de ses « Re-
cherches sur les causes de l'électricité atmosphérique et terrestre et sur les
effets chimiques produits en vertu d'actions lentes, avec ou sans le con-
cours des forces électriques».
Ce Mémoire a été lu par extrait dans la séance du i5 décembre i856.
(i) Voyez mon cours au Collège de France, t. VI, p. g8.
(65 )
RAPPORTS.
ANATOMIE COMPARÉE. — Rapport sur deux Mémoires de M. Léon Dufovr,
relatifs à tanatomie des Insectes.
(Commissaires, MM. Milne Edwards, Is. Geoffroy Saint-Hilaire,
Duméril rapporteur.)
« En général l'Académie ne renvoie pas à des Commissions l'examen des
Mémoires qui lui sont adressés par ses Correspondants; MM. les Secré-
taires veulent bien se charger d'en donner un extrait, qui se trouve ensuite
inséré dans les Comptes rendus de ses séances, quand ces iMémoires mêmes
ne sont pas encore destinés, par une décision formelle, à faire partie de
ceux qu'elle publie avec ses propres travaux, sous le titre de Mémoires pré-
sentés par divers savants. Une circonstance toute particulière vous fait modi-
fier cet usage.
» M. Léon Dufour, l'un de nos plus savants et habiles naturalistes, qui
est aussi de nos plus anciens Correspondants, en vous faisant parvenir l'un
des nouveaux travaux auxquels il se livre sur l'anatomie des Insectes, a
demandé à l'Académie de vouloir bien s'occuper d'un travail plus impor-
tant dont il lui a fait hommage il y a plus d'un an, et qui est destiné, sui-
vant nous, à jeter une nouvelle lumière sur un point en litige de la physio-
logie, en ce qu'il peut fournir à la science de nouveaux faits qui démontrent
les résultats prévus du passage de la classe des Insectes qui ont une respi-
ration trachéenne avec celle des Arachnides, chez lesquels la circulation
est en rapport avec l'existence des poches pulmonaires.
» Plusieurs Membres de l'Académie ayant témoigné le désir de voir ce
travail bientôt publié, parce qu'il est le complément d'un autre Mémoire
du même auteur sur l'anatomie des Scorpions, que l'Académie a fait publier
en i856, nous avons été chargés, MM. Geoffroy, Milne Edwards et moi,
de vous faire un Rapport sur ces travaux, et nous venons nous acquitter
de cette commission, et vous proposer de prendre une décision à ce sujet.
» Nous parlerons d'abord du Mémoire auquel M. L. Dufour a donné
le titre de : Recherches analomiques et Considérations entomologiques sur les
Hémiptères du genre Leptopus.
» L'ordre des Insectes que l'on nomme Hémiptères est des plus natu-
rels, comme on le sait ; cependant le nom qui sert à les désigner donne lieu
G. R., 1809, s™e Semestre. (T. XLIX, N" 2.) 9
(66)
à des idées fausses : d'abord parce que ces Insectes n'ont pas tous des ailes,
et ensuite parce que ces organes du mouvement ne présentent jamais, ni
des moitiés d'ailes, ni des lames membraneuses formées de deux portions
d'épaisseur diverse ou d'une transparence différente ; il est reconnu aujour-
d'hui que le véritable caractère de cet ordre réside dans la structure de leur
bouche, qui reste la même dans tous les individus, sous leurs trois états suc-
cessifs de larves, de nymphes et de perfection, structure singulière, qui ne
peut admettre que des aliments liquides, mais dont l'organisation varie à
l'infini dans les différentes familles de cet ordre nombreux.
» On conçoit tout l'intérêt que les physiologistes doivent porter à la
connaissance des instruments de la vie chez ces petits animaux ; mais on
éprouve un étonnement merveilleux quand on a appris qu'avec cette bou-
che, si simple en apparence, dont l'office est essentiellement toujours le
même , quoique avec des modifications nécessaires et importantes , les
Hémiptères ne peuvent s'accroître, se nom-rir et se reproduire qu'aux dé-
pens des autres êtres vivants, animaux et végétaux, auxquels ils emprun-
tent, ils soustraient, en se les incorporant, les humeurs préparées ou éla-
borées d'avance avec une autre destination. Que de modifications il a
fallu employer pour arriver à ce but dans la composition de ce bec,
de ce rostre, car c'est ainsi que l'on nomme cette bouche, et dans les ar-
mures dont il doit être muni, pour entamer les diverses surfaces, pour
pénétrer dans les différents tissus ! Que de changements sont nécessaires
dans les formes et la longueur du tube digestif! Voilà les sujets sur lesquels
la sagacité et l'adresse de M. L. Dufour se sont exercées dans les nom-
breuses et intéressantes investigations qu'il a déjà portées sur les Insectes
de cet ordre, et le Mémoire dont nous devrions rendre compte est des
plus curieux. Nous n'en donnons pas l'analyse, quoique nous ayons pris
connaissance de sa totalité, ainsi que des dessins qui l'accompagnent ;
mais l'auteur en a fait connaître les résultats principaux dans l'extrait qu'il
en a rédigé et qu'il a fait insérer dans le n° i4 des Comptes rendus des
séances de cette année. Comme cet extrait ne suffit pas, il est à désirer
que M. L. Dufour, ainsi qu'il nous en a exprimé l'intention, puisse le faire
publier, avec les figures, dans l'un de nos Recueils consacrés à la Zoo-
logie, et nous proposons à l'Académie de l'y engager.
» Nous insisterons davantage sur l'importance du second Mémoire; il a
pour titre : Anatomie, Physiologie et Histoire naturelle des Galéodes.
» Les Galéodes sont de très-gros insectes qui ressemblent beaucoup
a4ix Araignées et surtout aux Scorpions, dont ils n'ont pas la longue
(67)
queue armée d'un crochet venimeux. Quoique n'ayant que six pattes,
ils paraissent eu avoir dix, parce que les quatre énormes palpes qui
l'ont partie de leur bouche ont été regardés jusqu'ici comme des pattes,
dont ils ont la forme. Leur tète n'est pas confondue ou plutôt soudée
avec le corselet ; de sorte qu'à l'exception de l'absence des antennes,
les Galéodes offrent tous les caractères des Insectes. C'est surtout dans
l'organisation intérieure que les recherches anatomiques de M. L. Dufour
ont fait reconnaître les modifications les plus importantes, sous le rap-
port des organes de la respiration, et lui ont prouvé que si, pour les
naturalistes, les Scorpions terminent la série des Arachnides à poumons, les
Galéodes commencent la série des véritables Insectes à trachées.
» Les détails de cette organisation sont, en tous points, comparés à
celle des Scorpions, pour arriver au résultat que nous venons d'énoncer.
Nous nous bornons à cet aperçu pour faire concevoir l'importance de ce
grand travail.
» Nous proposons à l'Académie d'en faire autoriser la publication
comme la suite des belles recherches du même auteur sur l'organisation
des Scorpions , qui font partie du tome XIV des Mémoires des savants
étrangers. Celui-ci se composera d'une quarantaine de feuilles, et sera
accompagné de quatre planches dont les dessins ont été exécutés par
l'auteur, et peuvent être tout de suite livrés aux graveurs. »
Cette proposition est mise aux voix et adoptée.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission chargée de la révision des comptes pour l'année i858.
MM. Mathieu et Geoffroy-Saint-Hilaire réunissent la majorité des suf-
frages.
MÉMOIRES LUS.
PALÉONTOLOGIE.. — Note sur des empreintes de pas d'animaux dans te gypse
des environs de Paris, particidièremenl de la vallée de Montmorency ; par
M. J. Desîîovers.
(Commissaires, MM. Cordier, Valenciennes.)
B Jusqu'à présent les découvertes d'empreintes de pas d'animaux à la
surface des bancs de différents terrains ont paru d'autant plus intéressantes
à constater pour la paléontologie, qu'elles se trouvaient remonter à une
9"
( 68 )
époque géologique plus ancienne. Elles offraient, en effet, un moyen de
recaler l'apparition des animaux vertébrés et surtout des Oiseaux jusqu'à
des périodes de beaucoup antérieures à celles pendant lesquelles leur exis-
tence est démontrée par des débris de leurs squelettes.
» C'est surtout, et longtemps exclusivement, dans les grès rouges du terrain
triasique qu'ont été découvertes ces empreintes de pas dont la géologie
possède aujourd'hui un si grand nombre d'exemples, qu'aucun doute n'est
plus possible sur leur réalité, quoiqu'il reste encore la plus grande incerti-
tude sur les espèces d'animaux auxquelles on doit les rapporter. C'est dans
ce terrain qu'ont été successivement trouvées, en Ecosse d'abord, puis en
Saxe, en Angleterre, aux États-Unis, et tout récemment en France, les em-
preintes de pas d'espèces très-variées, attribuées à des Reptiles, à desOiseaux,
à des Mammifères, et surtout celles des animaux gigantesques auxquels on
a donné le nom de Clieiroiherium.
» Depuis les premières découvertes, on a constaté en Angleterre et en
Amérique d^s faits analogues dans des terrains encore plus anciens, dans
le terrain carbonifère et même dans des grés de l'étage silurien. Le terrain
le plus récent dans lequel on ait constaté jusqu'ici l'existence d'empreintes
de pas d'animaux, est un grès déposé au commencement de la grande pé-
riode crétacée; maison n'en a encore signalé nul exemple dans les terrains
tertiaires d'aucun pays.
» La découverte en semblerait cependant plus naturelle durant cette
dernière période géologique, si riche en débris d'animaux vertébrés de
toutes les classes et surtout en ossements de Mammifères, dont le parfait
état de conservation doit faire supposer un sol habitable, voisin des lieux de
leur enfouissement, alors que la multiplicité des bassins, la fréquence et
l'interaiittence des dépôts lacustres et fluviatiles indiquent de nombreux ri-
vages et généralement des eaux peu profondes.
» On y trouverait ce qui a presque toujours manqué jusqu'à présent aux
empreintes découvertes dans des terrains plus anciens, c'est-à-dire un moyen
de comparaison et de contrôle entre les empreintes et les animaux qui les
ont produites. En effet, si la présence d'ossements nombreux de Reptiles
dans le terrain du trias d'Allemagne et de France met sur la voie de rela-
tions à établir entre eux et les empreintes découvertes, il n'en est pas en-
core ainsi à l'égard des empreintes de pas contenues dans les grès de la
même époque géologique, aux Etats-Unis. Les empreintes de plus de cin-
quante espèces ou types différents attribués à autant d'espèces d'Oiseaux, de
Reptiles, de Mammifères, ont été signalées^ nommées et figurées, et à peine
(69)
si un seul ossenient authentique de ces nombreux animavix, fort probléma-
tiques encore, a été trouvé dans les couches qui sont recouvertes des em-
preintes de leurs pas.
» C'est pour essayer de combler cette lacune dans la période tertiaire
que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie des Sciences la découverte
que j'ai eu l'heureux hasard de faire aux portes de Paris, dans le centre du
bassin géologique le plus complètement étudié depuis cinquante ans par
tant d'excellents observateurs, dans le terrain le plus riche en ossements de
Mammifères, d'Oiseaux, de Reptiles, dont les espèces ont été si admirable-
ment reconstituées par le génie de Cuvier.
» Voici comment j'ai été mis sur la voie de cette petite découverte. De-
puis nombre d'années, le désir de vérifier sur place le mode d'enfouissement
des débris d'animaux qu'on trouve en assez grande abondance dans les plà-
trières de la vallée de Montmorency, m'a fait visiter fréquemment ces car-
rières, et m'a mis à même de sauver de la destruction un assez grand nombre
de débris intéressants de ces animaux. Je ne tardai pas à m'apercevoir que les
bancs les plus riches en ossements, que les surfaces mêmes sur lesquelles des
portions de squelettes, ou même de cadavres entiers de Mammifères et d'Oi-
seaux avaient été déposés, contenaient aussi, les uns en creux, les autres en
relief, atteignant quelquefois un centimètre et plus de profondeur et d'é-
paisseur, des espèces d'amandes disposées par groupes, et se reproduisant a
de certaines distances souvent régulières. La forme et la grosseur de ces
amandes étaient frès-variables, mais elles n'étaient jamais complètement
détachées des bancs de plâtre ; elles faisaient corps intime avec eux, et ne
pouvaient être, par conséquent, un objet étranger, un fossile quelconque
enveloppé dans la pâte gypseuse. Elles ne pouvaient être, non plus, une con -
crétion gypseuse, ou une agrégation minérale comparable aux silex ménilites
ou aux nodules de strontiane, puisque la partie concave était toujours sur la
face supérieure des couches. On en devait conclure, au contraire, qu'elles
représentaient une impression passagèrement laissée, et ainsi reproduite en
creux et en relief, au contact de certains bancs. Leurs formes les plus habi-
tutelies étaient tellement inégales, que je n'osai m'arrêter définitivement à la
pensée qui m'avait frappé d'abord de leur chercher une origine organique.
Mais plus tard, ayant remarqué entre ces groupes d'amandes des traînées si-
nueuses dont quelques-unes semblaient se terminer par des extrémités cau-
dales nettement déterminées, je trouvai un argument de plus pour la pré-
somption que j'avais conçue d'abord, que ce pouvait être la trace de la
marche de Reptiles voisins des Gecko, des Varans, des Iguanes ou de grands
Batraciens, à pieds inégaux et inégalement disposés sur chaque membre.
(7o)
» Je n'y voyais cependant pas encore un élément suffisant de certitude.
J'examinai attentivement le contact des bancs au moment de leur séparation
par le travail des ouvriers, et bientôt je remarquai d'autres formes, toujours
en creux sur la face supérieure du banc inférieur, en relief sur la face in-
férieure du banc superposé, et séparés au contact par une légère pellicule
de marne, la même qui entoure les ossements du gypse, et tout à fait ana-
logue à celle qui a été observée au contact des empreintes dans les prin-
cipaux gisements triasiques. Plusieurs empreintes représentaientMes noyaux
bisulqués qui me rappelaient le pied des Anoplolherium , les autres étaient
trilobés et pouvaient indiquer les trois doigts du pied des Pnlœotherium.
De plus grandes empreintes, soit en creux, soit en relief, représentaient
complètement les grands doigts, partagés en plusieurs lobes ou phalanges,
des Oiseaux dont on a donné tant de descriptions et de figures, comme
étant les plus caractéristiques des grès triasiques de la vallée du Connec-
ticut, aux États-Unis.
» D'autres empreintes formées de trois doigts menus, allongés' et garnis
d'ongles très-pointus, me rappelaient la conformation des pieds de grands
Échassiers et surtout celle des pieds du Jacana.
» D'autres empreintes me présentèrent de la manière la plus évidente la
forme des pieds de Carnassiers plantigrades de la taille d'un grand chien,
avec un large talon, quatre doigts bien séparés et ini pouce arrondi, détaché
latéralement du reste du pied : elles me représentèrent le carnassier dont on
a fait le genre Pterodon, et dont une mâchoire a été découverte à Sannois.
» D'autres empreintes, moins régulières, offraient une apparence si évi-
dente de reptation de corps à peau tantôt lisse, tantôt chagrinée, comme
les empreintes laissées par les pieds, que je ne fus pas étonné d'apercevoir
bientôt des impressions de membres latéraux, telles que pouvaient en pro-
duire de grands Batraciens ou des Crocodiles rampant sur un sol mou et
fangeux. Quelques autres empreintes reproduisaient des formes complète-
ment analogues à celles que laisseraient des Tortues trionyx en appuyant
leur plastron sur une matière molle. Les parties cartilagineuses et les par-
ties osseuses y étaient très-bien indiquées. Les bords dentelés de certaines
carapaces y étaient aussi parfaitement évidents. D'autres espèces de Tortues
semblables aux Emydes et peut-être même aux Chélonés, y ont laissé des
empreintes de pieds, sous forme de rames très-nettement dessinées et de
différentes tailles.
» D'autres cavités, profondes de plusieurs centimètres, et garnies de
traces d'ongles sur leurs bords, rappelaient assez exactement l'impression
(Je pieds ou de moignons des Tortues terrestres.
( 7' )
» Les traces de Reptiles me paraissant être les plus nombreuses, je com-
muniquai mes présomptions à M. Aug. Duméril, professeur d'Erpétologie
au Muséum, qui, à la vue des échantillons, ne fut pas moins convaincu
que moi, et me facilita fort obligeamment la comparaison avec des Reptiles
vivants dans la Ménagerie du Muséum^ en les faisant ramper et marcher sur
de la terre glaise.
» Mes doutes se dissipaient de plus en plus sur l'origine organique de
ces empreintes, je ne craignis plus d'embarrasser la science par un fait
douteux, qu'il est souvent plus difficile de rétracter que de faire admettre.
J'aurais voulu y ajouter un dernier élément de certitude, celui de traces d'ani-
maux prolongées sur d'assez grandes surfaces ; mais je n'ai pu vérifier cette
circonstance que pour un petit nombre d'empreintes. Le mode d'exploita-
tion des carrières de plâtre offre pour ce résultat d'assez grandes difficultés.
L'exploitation se fait ordinairement par coupes verticales, et il m'a fallu
souvent attendre plusieurs mois avant de retrouver la suite de pas que
j'avais constatés une première fois. Une autre difficulté plus grande encore,
qui tient à un fait géologique des plus intéressants, et resté, je crois,
inaperçu, est l'existence sur la surface de la plupart des bancs qui con-
tiennent le pins d'empreintes de pas, de traces d'érosions, de sillonnements,
de canaux sinueux, d'ondulations souvent profondes, tels qu'en produisent
les eaux en mouvement sur les plages ou s'écoulant avec rapidité sur des
surfaces incomplètement endurcies, sous des eaux peu profondes ; les pas se
confondent souvent avec ces sinuosités irrégulières, ainsi qu'on l'a remar-
qué dans plusieurs gisements degrés triasiques;
» Ces canaux sinueux, remplis eux-mêmes, comme les traces de pas, dé
la matière gypseiise des bancs supérieurs, et qui n'en sont séparés, comme
elles, que par de minces filets de marne verdâtre, sont essentiellement diffé-
rents d'autres canaux ondulés qui se voient fréquemment au contact des
bancs de gypse. Ceux-ci sont les prolongements horizontaux des fentes
verticales d'érosion qui sillonnent et divisent les gypses et les calcaires des
collines des environs de Paris en poches inégales remplies de limon et de
gravier à ossements diluviens. Ces canaux, horizontaux ou inclinés dans
tous les sens, produits par l'action des eaux, sont tantôt vides, tantôt rem-
plis de limon jaune, comme les poches supérieures; mais ils n'ont jamais été
remplis par le relief des bancs de plâtre superposés.
» J'ai reconnu la prolongation des bancs à empreintes sur les deux côtés
de la vallée de Montmorency, et à peu près aux mêmes niveaux, sur les
deux rives, du côté de la forêt, depuis les carrières de Montmorency et de
(70
Soisy jusqu'à celles de Saint-Leu et de Frépillon ; sur l'autre rive, depuis
Argenteuil et Sannois jusqu'à Herblay.
» Il existe au moins cinq à six niveaux de ces surfaces à empreintes,
toujours dans les mêmes circonstances, dans la masse supérieure du gypse
la plus riche en ossements fossiles, et qui, dans cette partie du bassin de
Paris, a une épaisseur variable de lo à i5 mètres.
» Ces bancs sont d'épaisseur fort inégale, et l'un d'entre eux est même
subdivisé en deux lits plus minces par une de ces lignes d'empreintes qui
ont pénétré souvent, par l'effet du poids du corps et de la mollesse de la pâte,
jusqu'à plus d'un centimètre dans le gypse.
» J'ai retrouvé les mêmes indices dans d'autres collines gypseuses, à
Pantin, à Clichy, à Dammartin, mais avec beaucoup moins de précision,
n'ayant pu les observer que momentanément.
» Une comparaison très-intéressante à faire est celle des empreintes les
mieux caractérisées avec les types des animaux fossiles du terrain de gypse
ou terrain éocène supérieur. Le bassin de Paris en contient seul plus de
trente espèces, reconnues presque toutes par Cuvier. Déjà j'ai pu trouver des
rapports, pour les Mammifères pachydermes, avec des Anoplotherium et des
Palœotherium de différentes tailles, avec plusieurs Carnassiers dont on a
trouvé six à sept espèces dans les gypses, avec plusieurs espèces d'Oiseaux
et surtout avec des Tortues de différentes familles, lacustr.es, fluviatiles et
terrestres. Je crois avoir trouvé plusieurs types d'empreintes qui ne sont
point encore représentés par les ossements découverts, et particulièrement
un Oiseau gigantesque dont le pied est conformé comme celui des Foulques,
qui rappellera peut-être le Gastornis du conglomérat inférieur de Meudon,
quoique le gisement de celui-ci soit beaucoup plus ancien.
» Ces déterminations, pour offrir plus d'exactitude, ont besoin d'un
examen plus rigoureux, dont je m'occupe, et qui sera surtout facilité par
des découvertes noiivelles que je poursuis et que, sans nul doute, d'autres
géologues continueront.
1» Quant à l'ensemble, extrêmement incomplet encore, des espèces indi-
quées par les empreintes, il rappelle, comme on le voit, ainsi qu'une partie
de la population de l'âge des gypses, des Mammifères pachydermes habitant
sur le bord des lacs et des rivières, et, comme Cuvier l'a remarqué pour
plusieurs, habitant ou fréquentant souvent même les eaux à la manière des
Loutres'; des Carnassiers qui faisaient la guerre à ces Pachydermes, et dont
on trouve la trace évidente, non-seulement dans les empreintes de pas
aussi bien que dans les ossements, mais encore quelquefois dans l'état de
( 73)
brisure de certains os et de crânes de Palœotherium , brisure provenant
évidemment de Ja dent d'animaux carnassiers.
» Les Oiseaux sont des oiseaux de rivage; les nombreux Reptiles sont
d'eau douce ou de terrains humides. Il y a donc sous ce rapport confirma-
tion assez complète de la théorie qui avait fait considérer les gypses de Paris
comme déposés dans un grand ou dans plusieurs petits lacs se communi-
quant entre eux, et ayant sur leurs bords les habitants dont les débris ont
été enfouis dans les couches.
» Je ne me dissimule pas que beaucoup de questions pourront être sou-
levées par ce fait nouveau, soit pour la théorie encore fort controversée de
la formation du gypse, soit pour la théorie générale des terrains tertiaires
du bassin de Paris; mais je crois prudent de réserver toute discussion à cet
égard jusqu'à ce que le fait des empreintes de l'époque tertiaire soit entré
réellement dans la science. Très-probablement avant peu de temps le
nombre de faits semblables à celui des plâtres de Paris sera constaté dans
d'autres bassins, et srn-tout dans ceux du Velay, du Bourbonnais et de l'Au-
vergne, peut-être aussi dans le dépôt si riche de Sansan. J'ai déjà d'autres
indices, mais imparfaits, d'empreintes de pas dans des bancs plus anciens du
terrain parisien, et en particulier dans les couches calcaréo-marneuses supé-
rieures du calcaire grossier dans lesquelles on a trouvé à Nanterre et Neuilly
des débris de Lophiodons, d'autres Mammifères et de Reptiles parfaitement
conservés.
» Je viens de rassembler au Muséum, afin de les étudier et de les com-
parer plus rigoureusement, soit avec les pieds fossiles des animaux du
plâtre, soit avec les pieds d'animaux vivants, les principaux échantillons des
empreintes du plâtre, et je me ferai un grand plaisir de les communiquer
aux géologues et aux paléontologistes qu'ils pourraient intéresser. »
CHIMIE. — Sur ta composition des phosphates fossiles exploités en France
et en u4ncjleterre ; fixir M. Delakoue. (Extrait.)
« J'ai déposé à l'Académie des Sciences, en octobre i858, un paquet ca-
cheté relatif à la composition réelle des phosphates exploités en France et
en Angleterre. N'ayant pas encore pu continuer ce travail, je crois de mon
devoir de ne pas garder plus longtemps le silence sur un sujet si important
pour la science et l'industrie.
» L'analyse ayant démontré que nulle semence végétale ni animale n'est
dépourvue de phosphore, ce corps préside donc exclusivement à cette fonc-
C. R., 1809, a"»» Semestre. (T. XLIX, N" 2.) lO
( 74 )
tioii si importante et, si mystérieuse de la reproduction de tous les êtres.
J'en ai conclu, naturellement, que tout sol fertile en graines devait con-
tenir du phosphore et que tout sol stérile devait en être dépourvu. Poiu' en
avoir la preuve expérimentale, j'ai analysé un nombre considérable de terres
arables. Je ne citerai ici qu'une partie des résultats.
« Les sols les plus stériles, ceux de la Campine (Belgique) et de la Sologne
contiennent environ o,oooo5 d'acide phosphorique. Les terres fertiles, na-
turellement sans amendement, comme le lœss (i) ou limon de la Belgique
et du nord de la France, contiennent environ o,ooo5 d'acide phosphorique
ou un millième de phosphate, c'est-à-dire i 5 à ao fois plus que les landes
de la France centrale.
» Dès i852, MM. Dufrénoy et Meugy annonçaient du phosphatede chaux
dans la craie du Nord, et en 1 853 je signalais au congrès scientifique d'Arras
la puissance et l'utilité pour l'agriculture des gîtes que j'avais reconnus.
» On a exploité depuis des masses énormes de phosphate minéral.
M. Élie de Beaumont nous a donné, dans le Moniteur, une admirable et com-
plète monographie des gîtes du phosphore; mais les savants nesonl*pas
tous d'accord sur l'efficacité et le mode d'emploi de ces phosphates de chaux
naturels, et les praticiens qui les ont exploités ou employés en France n'ont
guère éprouvé jusqu'à présent que des revers. Cela tient à plusieurs causes,
et entre autres à l'erreur que l'on a commise en assimilant ces phosphates
à celui des os et du noir animal, et à ce sujet je viens avouer que je me
suis trompé.
» Ce que j'ai trouvé et annoncé comme étant dii phosphate de chaux,
n'en est pas. Tout ce qu'on à trouvé et exploité sous ce nom en France et
en Angleterre, n'en est pas davantage. C'est un sel double, un phosphate
ferrico-calcique qui mérite un nom particulier, car c'est un minéral non-
veau, aussi distinct du vrai phosphate calcique ou du phosphate ferrique
simple que la dolomie l'est du calcaire ou de la giobbertite.
» Voici le moyen bien simple qui me l'a fait découvrir et qui peut servir
à le constater : Choisissez des phosphates blancs inaltérés et par conséquent
sans hydrate ferrique, dissolvez-les dans un petit excès d'acide chlorhy-
drique, filtrez et ajoutez de l'acétate sodique en excès, tout le phosphate
ferrique du minéral se sépare sous forme de précipité blanc que j'ai pris
longtemps, comme tout le monde, pour du phosphate calcique, mais qui
(i) Le lœss a jusqu'il lo mètres d'épaisseur. Je n'ai essayé que le sol vierge de tout amei»'
dément à o'",5o au moins de la surface.
donne du sesquioxyde ferrique et du phosphate sodique quand on le fond
ail rouge avec de l'acide dans un creuset d'argent. Le phosphate calcique
du minéral reste en dissolution à la faveur de l'excès d'acide acétique. Il
est dosé par les procédés ordinaires. Qu'on ne croie pas que ce nouveau
minéral est une rareté exceptionnelle dans la nature? Ce qui est au con-
traire extrêmement rare, ce sont les véritables coprolithes et la chaux phos-
phatée minérale. Le phosphate ferrico-calcique abonde en revanche en
France et en Angleterre, mais il contient un peu de carbonate calcique
qui l'a fait prendre jusqu'à présent pour du calcaire siliceux ou argileux.
On le trouve en Angleterre et dans le nord de la France, dans les argiles
du» Gault en concrétions sphériques ou mamelonnées, à couches concen-
triques ou à l'état de moules épigéniques dans les cavités des fossiles. Ces
rognons sont si abondants à la base de la craie sénonienne à Lille, et dans
le grès glauconien inférieur au Gault, depuis Saint-Dizier et Rethel, qu'ils
y forment de véritables couches de o, lo à 0,80 de puissance.
» Ces phosphates ferrico-calciques, si faciles à exploiter, sont appelés à
devenir une source infinie de richesse pour l'agriculture dès qu'on aura
bien compris partout que l'acide phosphorique est autant que le nitrogène,
et bien plus que la chaux, absolument indispensable à la fertilité indéfinie
des terres. »
Conformément à la demande de l'auteur le paquet cacheté déposé par
lui au mois d'octobre i858 est ouvert par M. le Président. La Note qui y
est contenue renferme une indication sommaire des faits que présente avec
plus de développement la présente communication.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
SÉRICICULTURE. — Influence bienfaisante d'une aération constante.
(Note remise par M. Charvet.)
(Renvoi à l'examen de la Commission des vers à soie.)
« M™' Pirodon, au Versoud, canton de Domêne, près Grenoble, a fait,
en 1857, une éducation avec 2 onces de graine d'Andrinople, dans un
local susceptible de servir à une éducation de 8 onces.
» Les vers ont été élevés avec toutes les fenêtres ouvertes pendant lejour
et garnies de draps de lits tendus en manière de rideaux et flottants à quel-
que distance de la fenêtre de manière à laisser toute facilité à l'accès de l'air
et à empêcher le courant direct sur les vers.
JO..
( 7^ )
» Pendant les journées froixles et pendant la nuit, on fermait les fenêtres,
de la façade la plus exposée au froid et on maintenait ouverte (toujours avec
un rideau) une des fenêtres de la façade la mieux abritée. On nu jamais fait
de feu.
a liCS repas étaient réglés ainsi : 4 heures du raatin,^ lo heures, 3 heures
du soir, 6 heures, 1 1 heures (i).
» On donnait la feuille abondamment, parce qu'on en avait en quantité.
Les vers en gâtaient beaucoup qui devenaient de la litière, et cependant il
n'y avait jamais d'autre odeur que celle de la feuille fraîche, et la litière ne
pourrissait pas.
« Les deux onces ont produit 90 kilogrammes d'excellents cocons, les
meilleurs qu'ait achetés cette année le filateur du pays.
» Le fermier de M""* Pirodon a fait aussi une éducation avec la même
graine achetée en commun. Il a fait éclore 4 onces et a élevé ses vers sui-
vant les procédés ordinaires, fenêtres closes, chauffage bien ou mal entendu.
L'éducation a duré neuf jours de moins que celle de M"* Pirodon, et il a
obtenu 100 kilogrammes de très-mauvais cocons presque invendables. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Des moyens propres à déterminer Cexistence du chlore et
du soufre dans le caoutchouc vulcanise' par le chlorure de soufre; par
M. H. Gaultier de Glavbky. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Payen, Balard.)
« Les moyens consistent dans l'emploi du procédé appliqué autre-
fois par Berthollet à la détermination des éléments des substances organi-
ques, en soumettant le caoutchouc à la distillation et faisant passer les
produits pyrogènes dans un tube rougi ou en décomposant ce corps, sous
l'influence d'un courant d'oxygène ou d'air, ou même encore en combinant
les deux actions, les nombreux produits huileux qui proviennent de l'opé-
ration, retenant une proportion considérable de chlore.
» Le caoutchouc adhère très-fortement aux étoffes ; oiî l'eu sépare
cependant avec une grande facilité en imbibant l'envers de celle-ci avec du
sulfure de carbone ou de la benzine, et détachant au moyen d'une lame de
couteau la feuille de caoutchouc.
» Ici la benzine doit seule être employée.
(i) Les repas étaient certainement trop nombreux ou trop abondants; l'épaisseur des
litières mentionnée plus bas l'indique à coup sûr. (A. de Q.)
(77 )
M Le caoutchouc ainsi séparé est placé dans une cornue tubulée dans
laquelle on fait arriver un courant d'oxygène ou d'air, et les produits sont
dirigés dans un tube rouge au sortir duquel ils traversent de l'eau distillée. •
» Quelque bien conduite que soit l'opération, il se distille toujours une
proportion plus ou moins grande d'huile, que l'on sépare par un filtre
mouillé.
» Le nitrate d'argent forme dans la liqueur un précipité qui peut ren-
fermer du chlorure et du sulfure d'argent, et de l'argent réduit par les ma-
tières huileuses ; bouilli avec de l'acide nitrique, il ne laisse que le chlorure.
» Ce dernier produit ne se précipite quelquefois que très-lentement au
sein d'une liqueur renfermant des produits huileux.
» Lorsque ceux-ci existent en grande proportion, après les avoir séparés
par décantation, on les soumet à la distillation en les faisant passer dans
un tube rouge : l'excès que traversent les vapeurs précipite abondamment
par le nitrate d'argent.
» En opérant ainsi sur des objets vulcanisés au chlorure de soufre, on
s'assure facilement que le caoutchouc perd successivement l'excès de ce
composé qui l'avait pénétré, mais en retient les éléments à un état de com-
binaison dont il nous a été jusqu'ici impossible de déterminer la nature.
» Il résulte cependant de ces faits que l'on peut distinguer par l'emploi
du procédé que nous venons de décrire le chlore et le soufre introduits par
la vulcanisation, de ceux qui appartiennent au chlorure de sodium et au
sulfate de potasse existant dans le caoutchouc, et qu'on ne doit pas être
surpris d'y rencontrer. »
CHIMIE. — Substitution de t azote à l'hydrogène; par M. P. Griess.
(Commissaire, M. Balard.)
« On doit à M. Piria la découverte de l'action remarquable que l'acide
nitreux exerce sur les dérivés de l'ammoniaque. Ce réactif, employé pour
la première fois dans la transformation de l'asparagine en acide malique
('^'«*7JA..+ .A.O. = H.O.-.4Az+«^'«'°J'jo.,
est devenu d'une grande importance pour l'étude des corps azotés, en nous-
permettant d'éliminer à l'état d'alcool ou d'acide les radicaux des aminés
et des amides.
( 78 )
» Le procédé de M. Piria consiste à faire réagir l'acide nitreux sur les
solutions aqueuses des corps azotés. La destruction de la molécule azotée
•se manifeste tout de suite par le dégagement du gaz azote.
» J'ai trouvé que la réaction s'accomplit d'une manière assez différente,
si l'acide nitreux agit sur les composés amidés en présence de l'alcool ou
de l'éther. Dans ce cas, il ne se dégage pas une trace d'azote. En effet, en
examinant le produit de la réaction, on trouve que le corps soumis à
l'acide nitreux a perdu 3 molécules d'hydrogène, qui sont remplacées
par I molécule triatomique d'azote ; l'hydrogène de la matière et l'oxy-
gène de l'acide nitreux étant séparés à l'état d'eau.
» Je prends la liberté de soumettre à l'Académie quelques exemples de
cette nouvelle réaction, qui paraît d'une apphcation assez générale.
» L'action de l'acide nitreux sur la solution alcoolique de Vacide picra-
mique (acide amidodinitrophénique) donne naissance à une masse de cris-
taux jaunes, qu'on purifie facilement par une cristallisation dans l'alcool;
paillettes jaune d'or, indifférentes aux réactifs colorés, qui font explosion
par la chaleur, renfermant :
C^^H^Az^O'".
» La formation de cette matière est représentée par l'équation
C"'H=Az''0'° + AzO' = 3HO + C'^* H= Az* 0'°.
Acide picramique. Nouvelle matière.
« Vacide amidochloronitrophénique, soumis à la même réaction, éprouve
une transformation semblable; il se forme un corps indifférent, cristal-
lisant en prismes rouges :
Acide amidochloronitrophénique. . . . C* H* Cl Az* 0°,
Prismes rouges ; C'='H=' Cl Az'O*.
» Vacide diphénamique de MAL Gerhardt et Laurent m'a fourni des résul-
tats analogues. La molécule de cet acide dibaslque perd 6 équivalents
d'hydrogène, et fixe 2 molécules d'azote :
Acide diphénamique C** H'* Az*0'-,
Nouvelle matière C^*H' Az'O'"-.
» Dans les exemples que j'ai cités, la molécule du corps azoté se décom-
pose avec I ou 2 équivalents d'acide nitreux ; très-souvent la réaction
( 79 )
s'accomplit entre i équivalent d'acide nitreux et 2 molécules du corps
azoté.
» On sait qu'en présence de l'eau l'acide nitreux transforme la phéiiyl-
amine en alcool phénique. Une solution de phénylamine dans l'alcool faible,
traitée par l'acide nitreux, ne tarde pas à déposer ime belle cristallisation
de paillettes jaunes renfermant
qui se forment selon l'équation suivante :
aC^* H' Az + AzO' = 3lIO-l- C^" H" Az«.
Phénylamine. Nouvelle matière.
>) C'est une substance indifférente très-fusible, insoluble dans l'eau,
soluble dans l'alcool et dans l'éther.
» L'action de l'acide nitreux sur la nitrophénylamine (modification ob-
tenue en traitant la benzine dinitrique par l'acide sulfurique) donne nais-
sance à une substance analogue, cristallisée en aiguilles rouges.
Deux équivalents de nitrophénylamine. C^^ H'^ (AzO*)'' Az^,
Aiguilles rouges C=*H' (AzO*)^Az^
» Les acides amidés de la série benzoïque, toluique, cuminique et ani-
sique, qui ont fixé récemment l'attention des chimistes par les belles re-
cherches de M. Cahours, m'ont fourni des résultats semblables à ceux que
j'ai obtenus avec la phénylamine et la nitrophénylamine.
» Une solution alcoolique de l'acide benzamique, soumise à un courant
d'acide nitreux, se prend en une masse de cristaux aciculaires d'un jaune
clair. Ces cristaux renferment
CH"Az'0*.
Ils se forment selon l'équation
2C'*H' AzO* -^ AzO» = 3HO + C="'H" Az" 0^
Acide benzamique. Nouvelle matière.
» La substance qui se forme par l'action de l'acide nitreux sur l'acide
benzamique est un acide dibasique. Elle est insoluble dans l'eau, presque
insoluble dans l'alcool et l'éther.
» Le sel potassique
C»*fH»K=') Az'O"
( 8o )
cristallise en aiguilles blanches. L'éther éthylique
C"[H»(C*H»)^]Az*0«
s'obtient en prismes magnifiques d'une couleur jaune, en traitant la solu-
tion alcoolique de l'éther benzamique par l'acide nitreux.
» L'action de l'acide nitreux sur une solution alcoolique d'acide ani-
samique donne naissance à une pondre amorphe d'une couleur jaune-ver-
dâtre, insoluble dans l'eau, presque insoluble dans l'alcool et dans l'éther.
C'est un acide dibasique semblable, quant à sa formation et à sa constitu-
tion, à l'acide obtenu par l'acide benzamique.
Deux équivalents de l'acide anisamique. C*^H'*Az^O",
Nouvel acide C"H*'Az'0*».
« L'éther éthylique de cet acide, obtenu par l'action de l'acide nitreux
sur l'éther anisamique, cristallise en beaux prismes jaunes renfermant
C"[H*'(C*H»)»]Az'0".
» En traitant les solutions alcooliques de l'acide toluamique et de l'a-
cide cuminamique par l'acide nitreux, on produit des acides dibasiques
analogues. Le dérivé de l'acide toluamique cristallise en aiguilles jaunes.
Deux équivalents de l'acide toluamique. . C'*H'*Az*0*,
Nouvel acide C"H' = Az''0».
» Le produit qu'on obtient par l'acide cuminique ressemble au dérivé de
l'acide benzamique. C'est une matière très-instable.
Deux équivalents de Tacide cuminique. . C'^H^'Az'O*,
Nouvel acide C'^H^'Az^O*.
» Les substances qui forment le sujet de cette Note appartiennent, comme
on voit, à une nouvelle classe de corps organiques. Je m'occupe dans ce
moment de l'étude des scissions remarquables que ces corps subissent sous
l'influence des agents chimiques et surtout des acides, et jusqu'à ce que cette
étude soit terminée, je m'abstiendrai d'énoncer une théorie générale de
leur constitution. Mais je citerai, en terminant, quelques rapprochements
qui, même dès à présent, me paraissent de nature à fixer le point de vue
sous lequel ces substances doivent être considérées.
» En admettant que dans les corps que j'ai décrits l'azote se substitue
à 3 équivalents d'hydrogène, on pourrait représenter la substance qui dé-
( 8. )
rive de la phénylamine, par la formule suivante :
C**H"Az» = (Az)"' Az^
H )
Elle correspondrait, parmi les dinmides, à la diamine obtenue par M. Hof-
mann dans l'action du chloroforme sur la phénylamine.
I (C'='H*)' )
Formyldiamine diphénylique | (Ç^ H)'" /Az^
( H '
» D'une manière semblable, on pourrait envisager le dérivé de l'acide
benzamique comme correspondant à 2 molécules d'oxyde d'ammonium :
C''*H"Az»0« = [(C'*H*0*)»"(Az)"'HAz»]]
H» I
O
4
comme \in acide diamidé occupant à l'extrémité électronégative de la série
du diammonium une place analogue à celle qui, à l'extrémité électro-
positive, appartient aux bases diatomiques phosphorées et azophosphorées
récemment découvertes par M. Hofmann.
» Cette manière de voir explique à la fois la nattire dibasique de ce
corps et la réunion dans sa formation de 2 molécules d'acide benzamique
et de I équivalent d'acide nitreux.
» Les expériences que je viens de décrire ont été faites aux laboratoires
de M. Rolbe à Marbourg, et de M. Hofmann à Londres. »
PHYSIQUE. — Nouveau procédé appliqué à l'étude des forcés électromotrices;
par M. J.-M. Raoult. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Babinet.)
« On admet en général que les quantités de chaleur dégagées par les
équivalents des corps, lors de leur combustion, sont proportionnelles aux
affinités de ces corps pour l'oxygène. On admet pareillement que les affini-
tés des corps pour l'oxygène sont proportionnelles aux forces électromo-
trices développées dans l'oxydation de ces corps. Si ces suppositions sont
vraies, les forces électromotrices produites dans une action chimique,
C. R., i859,2"« Semestre. (T. XLIX, N" 2.) . ' ' '
( 8a )
doivent-être proportionnelles aux quantités de chaleur développées parles
équivalents des corps qui entrent en combinaison. Les expériences que
je vais rapporter démontrent qu'il n'en est pas ainsi.
» Il résulte des expériences de Favre et Siibermann [Ann. de Phjsique
et de Chimie, t. XXXVII, p. 4o6) que :
I équivalent de zinc ou 32*'', 58 dégage en précipitant le cuivre
du sulfate de cuivre aSaoS calories.
I équivalent de fer ou 28''', oo dégage en précipitant le cuivre
du sulfate de cuivre i86:î8 calories.
I équivalent de zinc ou 32'', 5o dégage en précipitant le plomb
de l'acétate de plomb i56oo calories.
I équivalent de cuivre ou 31*'', 06 dégage en précipitant l'argent
de l'azolate d'argent i63o5 calories.
M J'ai construit des éléments voltaïques où les mêmes actions chimiques
se produisent, et j'ai mesuré les forces électromotrices. La construction de
ces piles est fort simple.
» Par exemple, pour obtenir un élément où l'action chimique consiste
dans la substitution du zinc au cuivre dans le sulfate de cuivre en dissolu-
tion, je prends im vase séparé en deux compartiments par une cloison po-
reuse. D'un côté, je mets une lame de zinc et une dissolution de sidfate de
zinc; de l'autre une lame de cuivre et une dissolution de sulfate de cuivre.
L'action chimique se produit dès qu'on réunit les lames par un conducteur.
La chaleur dégagée doit être la même que si le zinc plongeait immédiate-
ment dans le sel de cuivre ; car le mélange des deux dissolutions, sulfate de
cuivre et sulfate de zinc, ne dégage pas de chaleur.
» Pour obtenir lui élément où l'action chimique consiste dans la substi-
tution du cuivre à l'argent dans l'azotate d'argent, je mets d'un côté du
diaphragme du cuivre et une dissolution d'azotate de cuivre, et de l'autre
une lame d'argent et une dissolution d'azotate d'argent. Ainsi des autres.
1) J'ai mesuré les forces électromotrices par trois méthodes différentes
qui m'ont donné les mêmes résidtats. Voici le tableau des éléments expé-
rimentés et des forces électromotrices propres à chacun d'eux :
Zinc dans sulfate de zinc
Fer dans sulfate de fer FeO.SO^
Zinc dans acétate de zinc
Cuivre dans acétate de cuivre. .
Cuivre dans sulfate de cuivre.
Cuivre dans sulfate de cuivre.
Plomb dans acétate de plomb.
Argent dans azotate d'argent,.
a3a
127
125
96
( 83 )
» Dans mes expériences, les sels étaient purs et neutres; les métaux
avaient été obtenus galvaniquement et lavés à l'eau bouillante. J'ai du reste
observé qu'en opérant avec les métaux et les sels du commerce, les ré-
sultats ne différent pas sensiblement. •
» Il est maintenant intéressant de comparer les forces électromotrices et
les quantités de chaleur dégagées dans les mêmes actions chimiques.
» Le tableau suivant rend cette comparaison facile :
Force Quantité
clectromotricc. de chaleur.
Substitution du zinc au cuivre dans le sulfate de cuivre. . . 282 282
Substitution du fer au cuivre dans le sulfate de cuivre 127 186
Substitution du zinc au plomb dans l'acétate de plomb. ... i25 i56
Substitution du cuivre à l'argent dans l'azotate d'argent. .. . 96 i63
» On voit par là que les quantités de chaleur sont loin d'être proportion-
nelles aux forces électromotrices, et qu'au moins Tune de ces deux valeurs
ne peut servir de mesure aux affinités chimiques. »
ASTRONOMIE. — Sur tes réfractions anormales dans les éclipses de soleil et la
détermination de la longitude par les éclipses; par M. Em. Liais.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Faye, Delaïuiay.)
« Dans ce travail, dit l'auteur, je me propose de faire voir qu'indé-
pendamment de la réfraction régulière de l'atmosphère, qui agit sur le cône
d'ombre pour le réfracter un peu et par suite qui modifie un peu la situa-
tion et la marche de l'intersection de ce cône par la surface terrestre, il
existe de certaines réfractions anormales qui peuvent réagir notablement
sur les instants des contacts intérieurs surtout, et auxquelles il faut avoir
égard dans les déterminations des longitudes par les éclipses. Je propose
ensuite pour cette opération une méthode que j'applique à la détermination
de la position de Paranagua et qui est indépendante de ces réfractions
anormales. »
CORRESPONDANCE.
M. A. AviERisos, président de la Chambre des Députés de Grèce, envoie
le premier volume d'une publication faite par ordre de la Chambre, un
recueil des documents officiels qui se rapportent, soit à des délibérations
des assemblées, soit à des actes émanés du pouvoir exécutif, depuis le
j I..
(84 )
commencement de la guerre de l'indépendance jusqu'à l'arrivée en Grèce
du roi Othon. M. Avierinos exprime le désir que la bibliothèque de la
Chambre des Députés de Grèce puisse être comprise dans le nombre des
établissements auxquels l'Académie fait don de ses publications.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom des éditeurs lui nouveau
volume des OEuvres complètes de F. Arago et donne une idée du contenu,
d'après le passage suivant de la Lettre de M. Barrai qui accompagnait cet
envoi :
« Ce volume est consacré aux Mélanges; il renferme un grand nombre
de Rapports faits à l'Académie depuis i8i5 ; des Lettres sur diverses parties
des sciences; des Discours prononcés à la Chambre des Députés sur l'en-
seignement, sur nos grandes écoles, sur la météorologie et les défriche-
ments, etc. ; des Notices scientifiques sur la pluie, sur la grêle, sur les
observations barométriques, sur les vents, les ouragans et les trombes, sur
les tremblements de terre, etc. »
M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, et fait connaître, dans les termes suivants, un opuscule
de M. Hyrd, de Vienne, sur la cavité prépéritonéale de Retzius, cavité
située à la paroi antérieure de l'abdomen chez l'homme.
« Les anatotnistes savent que, lorsqu'on prépare les muscles transverses
de l'abdomen avec leur aponévrose, on voit cette aponévrose devenir, au-
dessous de l'ombilic, si mince, qu'elle parait se terminer à deux arcs latéraux
appelés les lignes de Douglas :\a vraie destination de ces lignes a été jus-
qu'ici inconnue. Plusieurs anatomistes prétendent que l'aponévrose des
muscles transverses se termine en effet dans ces lignes de Douglas; d'autres
la font se continuer jusqu'à l'os pubis.
« M. Retzius a montré qu'en ouvrant les gaines des muscles droits, et
mettant à nu l'aponévrose et les lignes de Douglas, la paroi située en
arrière des muscles conduit à une cavité profonde qui pénètre dans le
petit bassin. Si on pousse la main dans cette cavité, on trouve que l'apo-
névrose du transverse se confond avec la partie antérieure de l'aponévrose
abdominale, et tapisse la cavité en question. Cette portion de l'aponé-
vrose s'attache à la vessie et descend jusqu'au col.
» La partie forte de l'aponévrose du transverse se continue par les lignes
( 85)
de Douglas, comme deux arcs, jusqu'aux branches horizontales du pubis,
formant la paroi postérieure du canal inguinal, etc.
» Le même arrangement se trouve aussi chez la plupart des Mammifères.
» C'est dans cette cavité que la vessie monte ou descend, suivant qu'elle
est remplie ou vide, d'où il résulte que la cavité prépéritonéale est bien
nécessaire pour les fonctions de la vessie. »
OPTIQUE. — Essai d'un nouveau télescope parabolique en verre argenté,
Note de M. Léon Foucault.
« Depuis le commencement de juin, l'Observatoire impérial est en pos-
session d'un télescope parabolique en verre argenté de 4^ centimètres de
diamètre et de 2'",5o de foyer principal. Les circonstances dans lesquelles
le miroir a été obtenu font augurer favorablement pour l'avenir de l'appli-
cation des mêmes procédés à la construction d'instruments de plus grande
dimension.
« Ce miroir a été taillé dans un disque de verre commun qui, n'ayant
pas été coulé pour les usages de l'optique, se trouvait fortement trempé.
Après avoir été dégrossi mécaniquement dans l'usine de M. Sautter, il
a été transporté aux ateliers de M. Secretan, où la surface principale a été
engendrée par le travail à la main sur un bassin en métal. Cette surface a été
ensuite modifiée et rendue approximativement parabolique par la méthode
des retouches locales. Il est à remarquer que les dimensions de la pièce et
la trempe du verre n'ont apporté aucun obstacle à l'exécution et que, le tra-
vail une fois terminé, la figure obtenue a montré une stabilité qui permet de
considérer ce résultat comme définitivement acquis.
« Pareillement aucune difficulté n'est venue entraver la métallisation de
la surface. L'opération s'est faite au moyen du procédé Dray ton dans une
bassine en cuivre rendue inattaquable à la solution par un dépôt d'argent
galvanoplastique.
» Le miroir ainsi obtenu a été monté en télescope newtonien avec cette
différence que l'image, au lieu d'être rejetée par un miroir plan en dehors
du tube, est reçue à l'intérieur d'un prisme à réflexion totale où elle est ob-
servée par un oculaire à quatre verres ; par ce moyen le prisme est réduit à
de petites dimensions et il tolère dans sa construction un certain degré d'in-
fériorité qui n'influe pas sensiblement sur l'effet optique.
» Quand on veut varier les grossissements, on se borne à changer l'ocu-
laire proprement dit du système à quatre ven es et on laisse la partie objec-
(86)
tive invariablement associée au miroir ; comme les verres qui la composent
possèdent une aberration propre, il est avantageux d'altérer systématique-
ment la courbure du miroir de manière que l'image résultante et agrandie
qui s'offre à l'oculaire soit exempte de toute aberration. Ce système de
compensation, qui, contrairement à l'usage, consiste à corriger l'oculaire
par l'objectif, a été appliqué avec succès au télescope de l'Observatoire.
» Le miroir n'est donc pas exactement parabolique; la siirfitce qu'il pré-
sente est en réalité une surface expérimentale qui par elle-même ne donne
pas une image parfaite des objets situés à l'infini, mais qui jouit de la pro-
priété de reporter la netteté sur l'image transmise par la partie invariable de
l'oculaire composé.
» 11 y avait encore à se préoccuper des déformations qui peuvent surve-
nir dans la figure du miroir sous l'influence des deux composantes de la
pesanteur dirigées, l'une suivant le plan du bord, l'autre suivant l'axe du
miroir et dont les variations réciproques dépendent de la hauteur de l'astre
observé.
» En vue de résistera l'effort de la première composante, on a terminé
le revers du miroir par une surface convexe telle, que l'épaisseur du verre
aille en doublant des bords vers le centre. Sous le même poids, la masse
du miroir ainsi configurée présente évidemment plus de rigidité que si le
revers était plan.
» Quant à l'autre composante, on la combat d'une manière plus efficace
encore en faisant reposer le miroir sur un sac hermétiquement clos en
caoutchouc dans lequel on insuffle de l'air sous la pression justement né-
cessaire pour équilibrer le miroir dans toute position du télescope. Le tube
à robinet par lequel oq introduit l'air se prolonge jusqu'à l'oculaire, en
sorte qu'on juge par l'observation même des effets optiques du degré de
pression qu'il convient de développer dans le coussin pneumatique.
» Dans ces circonstances, l'instrument a été dirigé vers les objets célestes
actuellement visibles ; c'est ainsi qu'on a revu y d'Andromède dont la com-
posante bleue s'est visiblement partagée en deux étoiles inégales et séparées
par un espace obscur. Toutefois, comme en cherchant à éprouver l'instru-
ment sur le ciel on n'arriverait qu'après un temps très-long à porter un ju-
gement motivé, j'ai cru devoir procéder à la détermination du pouvoir opti-
que en dirigeant l'instrument sur une mire voisine.
« Cette mire placée à la distance de 80 mètres est formée d'une
lame d'ivoire sur laquelle on a tracé dix groupes de divisions dont l'écarte-
ment varie en progression arithmétique de i à ^ de millimètre. En pré-
( 87 )
seiice du directeur de l'Observatoire, qui attachait à celte vérification une
certaine importance, et avec le concours de M. Chacornac, mon collègue,
nous avons constaté par un grossissement de 800 que le groupe de sixièmes
était parfaitement résolu et qu'avec une attention soutenue on distinguait
par moments les parties qui composent le groupe de septièmes.
» Ainsi il est établi par trois observateurs doués de vues différentes que
le nouveau miroir parabolique en verre argenté de 4o centimètres de
diamètre et de 2'",5o de foyer, possède un pouvoir optique qui, confor-
mément aux conventions précédemment établies, se trouverait notable-
ment supérieur à 480.000, ou, en d'autres termes, que ce miroir dédouble
franchement les Yôde seconde. On peut donc en toute confiance attendre
la réalisation des circonstances favorables aux observations, et l'on sera
assuré de discerner tous les détails accessibles aux plus grandes lunettes
actuellement connues. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur tes radicaux organo-mélalliques ;
par M. Auguste Gaiiocrs. (Extrait par l'auteur.)
« Le phosphore et l'arsenic ont une grande tendance à produire avec
différents corps simples des composés de la forme
Ph X' As X%
Ph X« *"' As X%
X pouvant représenter un corps unique ou bien une réunion de corps de
nature différente Y, Y', Y", etc. Si donc on unit soit au phosphore, soit à
l'arsenic i ou 2 molécules du corps X, les composés
PhX, PhX», etc.,
ainsi formés pourront s'unir soit avec 2, soit avec i molécule de divers
corps pour produire des composés de la forme
Ph X%
ou avec 4 ou 3 molécules de ces mêmes corps ou de corps différents pour
former des composés appartenant au type
Ph X^
C'est ainsi qu'on obtient les composés
Ph Cl' 0% Ph Cl' S% Ph 0»S% etc., et de même As O' S% etc.
» Si le corps X qu'on unit soit au phosphore soit à l'arsenic remplit des
( 88 )
fonctions chimiques analogues à celles de l'hydrogène et s'il n'y entre pas
en proportions telles, qu'il puisse déterminer la saturation, le composé c^ui
naîtra de cet accouplement sera nécessairement encore susceptible de s'unir
à l'oxygène, au chlore, à l'iode, au soufre, etc., pour former des combinai-
sons définies, ainsi que le ferait un véritable corps simple, et pourra de
même se séparer intact de ces mêmes combinaisons sous l'influence de réac-
tifs convenablement appropriés. La nouvelle substance douée de ces pro-
priétés qui l'assimilent à un corps simple, constituera donc un véritable
radical.
» Si l'on introduit des arséniures de zinc dans des tubes scellés. à la
lampe avec de l'iodure de méthyle et qu'on chauffe à une température de
175 à 180 degrés, l'iodure de méthyle disparaît complètement et l'on ob-
tient une masse solide, cohérente, de couleur grisâtre, qui se dissout assez
bien dans l'alcool bouillant. L'évaporation de la liqueur alcoolique fournit
de beaux cristaux prismatiques entièrement incolores et très-brillants, dont
on peut représenter la composition par les formules suivantes :
C»H'='ZnAsI»=:C'H'^AsI,ZnI,
C»H'»CdAsl» = C''H'»AsI,CdI.'
» Projette-t-on la combinaison zincique dans une lessive bouillante de
potasse caustique, il se sépare une huile pesante qui ne tarde pas à secon-
créter par le refroidissement. La matière étant réduite en poudre, puis aban-
donnée pendant vingt-quatre heures à l'air, la potasse qui la souillait se
carbonate, et si l'on reprend alors le produit par l'alcool absolu, celui-ci
laisse séparer par l'évaporation une matière cristallisée en beaux prismes
incolores qui n'est autre que l'iodure d'arsenméthylium. La potasse retient
en dissolution de l'oxyde de zinc qu'on peut facilement séparer en saturant
la liqueur par l'acide chlorhydrique et précipitant par le carbonate de
soude.
)) En remplaçant l'iodure de méthyle par l'iodure d'éthyle, on obtient de
beaux composés cristallisés qui sont isomorphes avec les précédents et qu'on
peut formuler de la manière suivante :
CH^oZnAsP = CH'^AsI, Znl,
COH^-'CdAsP = C'^H" AsI, Cdl.
)) Avec l'arsenic libre et les ibdures de méthyle et d'éthyle on obtient pa-
reillement
C"H'»As»I* = C»H"AsI,AsP,
C'H^As»!* = C'H^oAsI, AsP.
( 89 )
i> Traités par une dissolution chaude et concentrée de potasse caustique,
ces produits se dédoublent à la manière des précédents en donnant de l'ar-
sénite de potasse, de l'iodiire de potassium et des ioduresd'arsenméthylium
«t d'arsenéthylium.
» Si, au lieu d'opérer comme précédemment, on évapore le mélange à sec,
puisqu'on le distille, l'appareil ayant «té préalablement rempli d'un gaz
inerte, on recueille dans le récipient des produits huileux dont l'odeur rap-
pelle l'hydrogène arsénié et qui ne sont autres que de l'arsentriméthyle et
del'arsentriéthyle parfaitement purs.
» Les iodures doubles obtenus par les méthodes que nous venons de dé-
crire nous fournissent le meilleur mode de préparation qu'il soit possible
d'employer à l'égard des composés
As(C^H')» , As(C*H=)',
As(C»H»)*I ^' As(C*H')»I.
it En traitant l'arsentriméthyle par l'iodure d'éthyle et l'arsentriéthyle
par l'iodure de méthyle, les mélanges ne tardent pas à se concréter et l'on
obtient des produits parfaitement cristallisés, entièrement isomorphes avec
les iodiues d'arsenméthylium et d'arsenéthylium dont la composition est
exprimée par les formules
As(G»H»)'(C*H»)I et AsCC*H«)» (C'H')I.
» L'arsentriméthyle pur est un liquide incolore et très-liquide, qui bout
au-dessous de loo degrés. Il forme avec l'oxygène un composé très-déliques-
cent susceptible de fournir par une exposition dans le vide de beaux cristaux
qui se liquéfient promptement au contact de l'air. Il s'unit facilement au
soufre en formant de magnifiques prismes incolores, qu'on obtient très-nets
et très-volumineux en évaporant lentement une solution aqueuse ou alcoo-
lique. 11 se combine pareillement avec l'iode et le brome. Ces divers com-
posés sont représentés par les formules
2
As (G» H»)' OS As(C»H»)'Br
As(C»H»)'S% As^CH'jp.
» Le phosphure de zinc cristallisé qu'on obtient en chauffant ce métal
jusqu'à saturation dans des vapeur? de phosphore au milieu d'un courant
de gaz hydrogène, se comporte à l'égard des iodures de méthyle et d'éthyle,
à une température de i8o degrés, à la manière de l'arséniure de zinc, et
donne des produits semblables. En épuisant par l'alcool bouillant la matière
C. R., i«59, i"»« SemeiJre, (T. XLIX, N0 2. j la
( 9« )
extraite dos tubes, puis évaporant au bain-niarie, il se sépare des produits
jaunâtres d'apparence spongieuse. Ces derniers, repris par une petite quan-
tité d'alcool affaibli, fournissent une solution qui laisse déposer par une ex-
position dans le vide sec de beaux cristaux de couleiu' ambrée qui sont iso-
morphes avec ceux que fournit l'arséniure de zinc. Ces cristaux étant traités
par une lessive chaude de potasse, à se sépare des huiles pesantes qui se con-
crètent par le refroidissement et se dissolvent f;>cilement dans l'alcool.
L'évaporation de ce liquide laisse déposer de belles aiguilles incolores
qui ne sont autres que des iodures de phosphéthyliuui et de phosphomé-
thylium
Ph(C/H5)M,
Ph(C»H')M-
» Cesproduitssedécomposent à ladistillation comme lesprécédentsetlais-
sent dégager des liquides volatils qui ne sont autres que de la triméthylphos-
phine et de la triéthylphosphine. Ces derniers s'échauffent fortement
lorsqu'on les mélange avec des iodures de méthyle et d'éthyle en reprodui-
sant les^ composés
Ph(C»H»)M et Ph(C^H»)*I.
» Les iodures d'éthyle et de méthyle réagissent vivement en vases clos sur
l'antimoine libre et l'antimoniurede zinc à l'aide de la chaleur. Les produits
ainsi formés fournissent à la distillation avec des fragments de potasse du
stibéthyle, mais leur consistance visqueuse et l'impossibilité dcles purifier ne
m'ont pas permis d'en tenter l'analyse.
» Il résulte des faits qui précèdent que dans l'action réciproque des io-
dures éthylique et méthylique et les corps de la famille du phosphore les
composés qui présentent le plus de tendance à se former sont les iodures
de phosphéthylium, arsenéthyliura, etc., qu'on peut formuler de la ma-
nière suivante :
RMcM, REtM,
et qui appartiennent au groupement
RX». «
PHYSIQUE. —Note sur la vapeur vésiculaire; par M. Da<îuix.
« Plusieurs Notes sur l'hypothèse de la vapeur vésiculaire ont été préseir-
tées assez récemment à l'Académie des Sciences. Je crois qu'il me sera per-
(9' )
mis de rappeler que, le i4 aoûl i856, j'ai lu st4r ce sujet, devautrAcadéiuie
des Sciences de Toulouse, un travail qui a été imprimé dans le VP volume
du recueil de cette Académie (i856, |). 374). Dans ce travail je combats
l'hypothèse des vésicules par les mêmes arguments qu'a employés M. de
Tessan. Je commence par faire observer que cette hypothèse n'a pas été ad-
mise sans opposition, comme on pourrait le croire d'après la façon dont il
en est traité dans plusieurs ouvrages de physique et de météorologie. Elle»
été combattue par Desaguillers, qui a mis en avant la plupart des objections
invoquées depuis. Saussure, dans son Hygtnmélrie, est venu plus tard don-
ner à l'hypothèse de la vapeiu" vésiculaire une grande vogue, au moyen de
considérations ingénieuses et d'expériences spécieuses. Cependant Monge
(Annales de Chimie, \.\, p. 62) lui a opposé des arguments tellement solides,
qu'on a peine à comprendre qu'elle n'ait pas été dès lors totalement aban-
donnée. Après avoir examiné les prétendues preuves données par Saussure,
et montré que les propriétés qu'on prête aux vésicules sont en opposition
formelle avec certaines lois physiques parfaitement établies, je montre, en
partant d'idées émises par M. Saigey et par M. Babinet, comment la for-
mation des nuages et leur suspension s'expliquent naturellement quand on
s'est affranchi de l'hypothèse en question. Cette discussion est reproduit*
dans mon Traité de Plijsique [t. II, p. 201), et je conclus en émettant le vœu
qu'on renonce unanimement à une hypothèse stérile, qui n'a fait jusqu'à
préserit qu'entraver les progrès de l'élude des hydrométéores. »
CHI.MIE. — NoHveni procédé pour isoler f acide phosphorique ; par AI.Persoz.
(Extrait.)
n Après avoir démontré que l'acide phosphorique présente de nom-
breuses anomalies dans ses combinaisons salines, l'auteur propose pour
l'extraction de cet acide un nouveau procédé, qui s'applique aussi bien aux
composés pauvres en acide phosphorique qu'à ceux qui en contiennent beau-
coup. Ce procédé est basé :
» 1°. Sur la transformation de fous les phosphates en phosphates ferrique
et aluminique ;
I) 2". Sur la décomposition des phosphates ferrique et aluminique au
moyen de l'acide sulfurique concentré et bouillant, lequel met en liberté
l'acide phosphorique, en donnant naissance à des sulfates anhydres inso-
lubles.
« Voici la marche que l'auteur engage à suivre. Qn dissout d'abord la
,12..
( 9^ )
snbstance dans l'acide chlorhydrique (i), on évapore ensuite avec ménage-
ment de manière à dessécher le produit et à rendre l'acide siliciqne complè-
tement insoluble. On traite alors par de l'eau aiguisée d'acide chlorhydrique,
on fait bouillir et on filtre. On ajoute à la liqueur filtrée luie quantité de
chlorure ferrique déterminée d'avance d'une manière approximative et qui
dépend de la proportion d'oxyde ferrique préexistant (a), aussi bien que de
la richesse en phosphate de la matière minérale. On évapore de nouveau à
siccité, puis on calcine le résidu soit dans un creuset de platine, soit dans un
vase en fonte. Durant cette dernière opération, tout l'acide phosphorique
se combine avec l'oxyde ferrique qu'on a ajouté à l'état de chlorure (3). II
ue reste plus qu'à traiter la masse fondue par l'eau, à séparer par filtration
les phosphates ferrique et aluminique (mélangés d'un petit excès d'oxyde
ferriquel d'avec les chlorures solubles qui ont pris naissance (Cl'R, CPNa,
Cl*Ca, Cl'Mg), et à les soumettre, une fois bien lavés, à l'action de l'acide
sulfurique concentré et bouillant. On traite donc ces phosphates par quatre
ou cinq fois leur poids d'acide sulfurique concentré et |)ur; l'opération se
fait dans une cornue en platine ou en fonte. Après avoir poussé la distilla-
tion assez loin pour expulser la presque totalité de l'acide sulfurique libre,
on laisse refroidir, et on procède à des lavages à l'eau qu'on peut effectuer
dans la cornue même si elle est en platine, sinon dans des vases de verre ou
de porcelaine. On sépare rapidement les sulfates anhydres, et on évapore les
eaux mères qui renferment l'acide phosphorique, de l'acide sulfurique et de
petites quantités de sulfates redissous. On fait bouillir de nouveau avec un
peu d'acide sulfurique afin de rendre ces sulfates complètement insolubles;
le résidu des eaux mères est repris par l'alcool qui ne dissout que les acides^
sulfurique et phosphorique, de sorte que par une évaporation bien dirigée,
on obtient en définitive de l'acide phosphorique sensiblement pur. »
(i) Si elle n'était pas iraraédiatement attaquable par cet acide, on commencerait par la
fondre au rouge avec de la potasse ou un carbonate alcalin, c'est-à-dire qu'on lui ferait subir
le traitement appliqué en général aux silicates et connu sous le nom d'attaque au creuset.
Enfin il est bien entendu que si la matière renfefmaitdes métaux précipitables par l'acide
sulfhydrique, on commencerait par les séparer en faisant passer dans la dissolution un cou-
rant de ce gaz
(2) Dans le cas où la matière contiendrait naturellement une quantité de fer suffisante, il
serait inutile d'ajouter du chlorure ferrique.
(3) Si la substance par sa nature ne donnait pas lieu dans ce traitement à une quantité de
chlorure suffisante pour rendre la masse un peu fusible, il faudrait ajouter avant la calcination
une proportion convenable de chlonire sodique ou calcique.
( 93 )
CtllMiE ORGANIQUE. — Recherches sur l'acide iodacétique ; par MM. Perkins
et DcppA.
« Les résultats que nous a fournis l'action du brome sur l'acide acé-
tique nous conduisaient naturellement à penser qu'on pourrait également
remplacer l'hydrogène par l'iode. Toutes nos expériences de substitution
directe échouèrent, quoique les mélanges d'acide et d'iode fussent exposés
à des températures croissant de loo à aoo degrés. Un mélange d'acide acé-
scétique et d'iode soumis à la température de 200 degrés, dans des tubes
scellés à la lampe, donna du gaz iodhydrique et un abondant résidu de
charbon. Nous avions également essayé de produire l'acide iodacétique,
en traitant l'acide acétique par le chlorure d'iode; mais ici, comme précé-
demment, l'expérience n'eut aucun succès.
» Nous tentâmes alors d'arriver au but que nous nous proposions,
en faisant agir un iodure sur les acides chloracétique ou bromacétique,
ou sur quelqu'un de lenrs composés ; à cet effet, nous choisîmes l'éther
bromacétique et l'iodure de potassium.
» Lorsqu'on mélange le bromacétate d'éthyle, additionné de trois fois
son volume d'alcool, avec l'iodure de potassium réduit en poudre fine,
une action se manifeste immédiatement, le liquide devient jaunâtre et
s'échauffe sensiblement. Après un contact de quelques heures, dans
l'obscurité, à une température de ^o à 5o degrés , on jette le mélange
sur un filtre afin de séparer le bromure de potassium, qu'on lave, à
plusieurs reprises, avec de l'alcool froid. On évapore ensuite au baiu-
marie les liqueurs alcooliques, et finalement on traite le résidu par l'eau
pour enlever les dernières traces de bromure de potassium.
» La réaction s'explique facilement au moyen de l'équation suivante :
* C'H', C*(H'Br)0* + RI = C*H%C*(H='I)0* + KBr.
Ether bromacétique. Ether iodacétique.
j» Pour isoler l'acide iodacétique, nous avons fait bouillir l'éther avec
une dissolution concentrée de baryte, jusqu'à ce que l'odeur de ce com-
posé ne se fît plus sentir. Au moyen d'un courant d'acide carbonique
on précipite l'excès de baryte, puis on filtre la liqueur, qu'on évapore
lentement au bain-marie jusqu'à cristallisation. La dissolution de ce sel est
décomposée par l'acide sulfurique, puis soumise à la filtration ; après quoi,,
la liqueur claire est abandonnée dans le vide sec.^
( 94 )
» L'acide iodacéliqtie obtenu par cette méthode est solide, incolore,
et cristallise en plaques rhomboïdales élastiques. Il n'est pas déliques-
cent. Il fond à 8* degrés et se solidifie à 81°, 5. Même à cette tempéra-
ture, l'acide iodacélique s'altère considérablement et prend une teinte rouge
qu'il doit à la présence d'une petite quantité d'iode mise en liberté. Une
température plus élevée le décompose entièrement. Bouillie avec de l'oxyde
d'argent, la dissolution se décompose en iodure d'argent et acide gly-
colique.
» La composition de l'acide iodacétique est représentée par la formule
r/H'IO*.
» Nous n'avons pu nous procurer que très-peu d'iodacétates et étudier
les métamorphoses de l'acide, à cause de la difficulté de le préparer en
grandes quantités.
» Les iodacélnles d ammonium et de polnssium sont Irès-solubles et nulle-
ment déliquescents.
» L'iodacélale de barium est un sel cristallisable, passablement soluble
dans l'eau, se précipitant de cette solution par l'alcool. L'analyse de ce
sel conduit à la formule
C^HMBaO*.
» Viodacétale de plomb cristallise en prismes (piadrangulaires; il ne s'ob-
tient que très-difficilement. La dissolution de ce sel se transforme immé-
diatement, à la température de l'ébuUition, en iodure de plomb et acide
glycolique. En essayant de décomposer une dissolution d'iodacétate de
plomb par l'acide sulfhydrique, nous observâmes qu'à la fin de l'opé-
ration le liquide ne renfermait que de l'acide iodhydrique et de l'acide
glycolique.
» Viodacétate détli/le est un liquide huileux, plus pesant que l'eau , dont
lodeur est plus irritante encore que celle du composé brome correspon-
dant ; nous n'en avons pas fait l'analyse à cause des grandes difficultés
qu'on éprouve à l'obtenir dans un état suffisant de pureté. Cet éther se
décompose facilement à la lumière, avec mise en liberté d'iode.
)i \Àiodacélale d'amyle est un liquide huileux, plus pesant que l'eau. 11
possède une odeur de poires semblable au bromacétate d'amyle. Coirune
ce dernier, il irrite vivement les yeux. »
(95)
PALÉONTOLOGIE. — Allèralion des os chez tes Fciiébrés de l'ancien monde.
(Extrait d'une Note de M. AIakcel deSerkes.)
« Nous avons depuis longtemps fait voir que certains animaux inverté-
brés, particidièrement les Mollusques et les Annélidos de l'ancien monde,
présentent leur test singulièrement altéré, et prouvé que ces altérations
avaierit eu lieu pendant la vie, comme c'est le cas pour celles que les mêmes
animaux offrent dans les temps actuels.
w En voyant les altérations du test aussi fréquentes chez les Invertébrés,
nous nous sommes demandé si les animaux vertébrés n'en présenteraient
pas de semblables, d'autant que leur charpente osseuse est tout à fait ana-
logue à celle des espèces actuellement vivantes. Comme les os de ces espèces
sont affectés par un grand nombre de maladies, dont les traces sont le plus
souvent apparentes après la mort, nous les avons cherchées dans les os des
.Mammifères des temps géologiques les plus récents. Nos prévisions ont été
complètement confirmées par l'observation. Quoique nos recherches à cet
égard soient encore bien incomplètes, elles nous ont appris que les os
humatiles des chevaux ensevelis dans les terrains de transport anciens qui
ont rempli en partie ou en totalité les cavernes à ossements, sont parfois
altérés au point d'offrir de traces plus ou moins prononcées de la maladie
connue sous le nom à'exostose. Cette maladie affecte, comme on le sait, les
os des chevaux qui ont été soumis à des travaux pénibles ou à des courses
longues et rapides. Nous n'avons pas été moins surpris d'observer des
périosloses chez plusieurs vertèbres lombaires du grand lion des cavernes
ossifères.
» Les mêmes maladies qui affectent maintenant les os des espèces vi-
vantes les ont donc atteintes lors des temps géologiques récents. Il nous reste
cependant encore à nous assurer si les mêmes maux ont affligé les races des
époques anciennes ; c'est aussi sur ce point de fait que nous dirigeons nos
recherches. »
M. Phipson présente une Note sur un ipoyen qu'il a imaginé pour sépa*-
rer dans les phosphates de chaux l'acide phosphorique et le déterminer
quantitativement.
(Renvoi à l'examen de M. Balard.)
( 96 ) .
M.Laiïdouzy annonce l'envoi d'un Mémoire sur les lésions anatomiques
du typhus épidémique, et en adresse d'avance un court résumé.
Ce résumé sera réservé en attendant l'arrivée, qui semble devoir être pro-
chaine, du travail complet de M. Landouzy.
M. RossiGXOL-DdPARc, qui avait précédemment soumis au jugement de
l'Académie une Note sur diverses questions relatives à la physique du globe
et à la physique des êtres organisés, adresse une addition à cette commu-
nication.
(Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM. Becquerel,
Babinet, Bussy.)
M. Larrose, auteur d'une Note intitulée : « Nouvelle mire-stadia appliquée
à la mesure des distances et aux nivellements », prie l'Académie de vouloir
bien lui renvoyer cette Note dans le cas où elle semblerait ne pas devenir
l'objet d'un prochain Rapport.
D'après les usages constants de l'Académie, une Note présentée ne peut
être retirée que par l'auteur lui-même ou par une personne dûment auto-
risée par lui : on le fera savoir à M. Larrose.
M. GuiGARDET prie l'Académie de vouloir bien comprendre parmi les
inventions admises à concourir pour le prix dit des Arts insalubres une
tampe qu'il a imaginée pour les travaux sous-marins. M. Guigardet n'adresse
d'ailleurs ni le modèle ni la description de son appareil. La Commission,
à laquelle sa Lettre a été renvoyée, décidera si cette demande peut être
prise en considération jusqu'à ce que l'auteur ait produit des pièces sur
lesquelles on puisse appuyer un commencement de jugement.
La séance est levée à 5 heures- F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du ii juillet iSSg les ouvrages dont
voici les titres :
Œuvres de François Arago, secrétaire perpétuel de [Académie des Sciences^
publiées d'après son ordre, sous la direction de M. J.-A. BarraL, Mélanges.
Paris, 1859; I vol. in-8°.
( 97 )
Recherches sur les causes de l'électricité atmosphérique et terrestre, etc.; par
M. Becquerel. Paris, iSSq; in-4°- (Extrait des Mémoires de l'Académie
des Sciences, t. XXVII, a* partie. )
Leçons de Physiologie expérimentale appliquée à la médecine, faites au Collège
de France; par M. Claude Beknabd. Cours du semestre d'hiver 1 854-1 855.
Paris, i855; i vol. in-8°.
Nouvelle fonction du foie considéré comme organe conducteur de matière
sucrée chez l'homme et les animaux; parle même. Paris, i853; br. in-4°.
Le Jardinfruitier du Muséum; par M. J. Decaisne; aS* livraison in-4''.
Mémoires des concours et des savants étrangers publiés par l'Académie royale
de Médecine de Belgique; 4* fascicule du t. III; in-4°.
Philosophical Transactions philosophiques de la Société rojale de Londres
pour l'année i858; vol. CXLVIII, part, i et a. Londres, i858 et iSSg; in-4''.
Address Discours du président de la Société rojale de Londres, lord
Yfj^O'ïT^Sh^'ï, ç la réunion annuelle du 3o novembre i858. Londres, i858;
br. in-8°.
Report Rapport de la Commission mixte chargée par la Société royale de
Londres et [Association britannique de s'occuper de la question des observatoires
magnétiques et météorologiques ; i iem\lein-8°.
Astronomical — Observations astronomiques, magnétiques et météorologiques
faites à l'observatoire rojalde Greenvich, en iSSy, sous la direction de M. J.-B,
AiRY, astronome royal. Londres, iSSg; in-4°.
Researches. .. ■ Recherches sur la structure du cerveau de l'homme et des ver-
tébrés, i" série. (Structure de la moelle allongée); par M. J. Lockhart
Clahke. Londres, i858; br. in-4°.
A treatise — Traité sur la solution par l'algèbre des problèmes de maxima et
de ininima; par Ramchundra, ex-professeur de science au collège de Delhi.
Londres, iSSg; in-8°.
Noliz Note sur la cavité prépéritonéale de Retzius; par M. Hyrtl, de
i'Académie des Sciences de Vienne. Vienne, i858; br. in-S".
G. K , i859, 2">« Semestre. (T. XLIX, N» 2.)
i3
(98)
PUBLICATIONS PEHIODIQUES REÇUES PAR L^ACAD^MIE PENDANT
LE MOIS DE JUIN 18^9.
Ànnakide C Agriculture française ; t. XIII, ii" ii; in-S".
Annales de la Propagation de la foi; 4* trimestre iBSg; n° i85; in-8".
Annales de la Société d Agriculture , Arts et Commerce du département de la
Charente ; !i' trimestre i858; in-8°.
Annales de la Société d'Hydrologie médicale de Paris; Comptes rendus des
séances; t. V; lo* livraison; in-S"
Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana-
tomie et la Physiologie comparée des deux règnes et r Histoire des corps organisés
fossiles; 4* série, rédigée, pour la Zoologie, par M. MiLNE Edwards; pour
la Botanique, par MM. AD. JBrongniart et 3. Decaisne; t. X, n" 4; in-8".
Annales forestières et métallurgiques; mai iSSg; in-S".
Bibliotlièque universelle. Revue suisse et étrangère, nouvelle période ; t. V,
n° i8; in-8°.
Bulletin de (Académie royale de Médecine de Belgique; a* série, t. II. n"» 6
et 7; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour [industrie nationale ; mai 1809;
in-4«'.
Bulletin de la Société française de Photographie ; ]u\\\ iSSg; in-8".
Bulletin de la Société Géologique de France ; mai 1869; in-8°.
Bulletin de la Société Philomatique de Bordeaux; 2* série, i''" semestre
i859;in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; i" se-
mestre i85g, n°* 22-26; in-4°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XIV, aa*-25* livraisons;
in-S".
Journal d' Agriculture de la Côte-d'Or; mai iBSg; in-S".
Journal d'Agriculture pratique ,- nou\e\le période, 1859; t. I, n°' i 1 et 12;
in-8°.
( 99 )
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie ; juin iBSg;
in-8°.
Journal de t' âme ; mai 1809; in-B".
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Aie'
moires sur les diverses parties des mathématiques , publié par M. Joseph
Liouville; mars iSSg; in-4".
Journal de Pharmacie et de Chimie; juin iSSg; in-8°.
Journaldes Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n°* aS-ai^ ; in-8*.
Journal des Vétérinaires du Midi; mai 1869; in-S".
La Bourgogne. Revue œnologique et viticole; 6® livraison; in-8°.
La Correspondance littéraire; 3* année, n°' i3et t4; in-8°.
L' Agriculteur praticien ; n"' 16-18; in-8°.
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier ; t. XIII,
n"» 1 1 et 1 2 ; in-8°.
L Art dentaire ; \\x\n iSSg; in-S".
L'Art médical; juin iSSg; in-8°.
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; t. VI, n°' 5-8; in-S".
Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 69* et 60* livraisons ;
in-4°.
Le Progrès; Journal des Sciences et de la profession médicale ; n"' 2 2-25;
Ml-8°.
Le Technologiste ; juin 1859; in-B".
Magasin pittoresque ; iuin 1859; in-8°.
Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie loj^ale des
Sciences de Berlin ; février et mars 1859; in-8".
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; juin iBSg; in-8°.
Nachrichten . . . Nouvelles de l' Université et de l'Académie des Sciences de
Gbttingue; n°' 10 et 11; in-8".
Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal cfes Candidats aux jEcol^s
Polytechnique et Normale ; mai et juin i859;in-8°.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XVIII, n" 12;
in-8°.
( loo )
Proceedin^s. . . Procès-verbaux de la Société Géographique de Londres;
vol. III; n° 3; in-8°.
Recueil des Actes de V Académie impériale des Sciences , Belles-Lettres et AHs
de Bordeaux; 4* trimestre i858; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; juin i SSg ; in-8°.
Revista... Revue des travaux publics ; 7* année; n°' 11 et la; in-4°.
Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; n°' 1 1 et i 2 ; in-8°-
Royal astronomical... Société royale Astronomique de Londres; vol. XIX;
n» 7 ; in-8°.
The Journal. .. Bulletin de la Société royale de Dublin; n°' 12 et i3;
in-8°.
The Quarterly... Journal trimestriel de la Société géologique de Londres;
vol. XV, part. 2 ; in-8°.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n*" 56-76.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n°' 22-25.
Gazette médicale de Paris; n°* a3-a6.
L Abeille médicale; n°' 23-28.
La Coloration industrielle; n°' 9 et 10.
La Lumière. Revue de ta Photographie ; n°' 23-20.
L'Ami des Sciences; n°' 23-26.
La Science pour tous; n°' 26-39.
Le Gaz; n"' 1 3-1 5.
Le Musée des Sciences, n°* H-g,
ERRATA,
(Séance du 4 juillet 1859.)
Page 38, ligne 4> <»« Heu de inductibilité, lisez conductibilité.
Page 39, ligne dernière, au lieu de antérieure, lisez extérieure.
Page 40, ligne 4, au lieu de MM. Dumas, Regnaalt, lisez Beccjuerel, Pouillet, Despretz.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEIVCES.
SÉANCE DU LUNDI 18 JUILLET 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
BOTANIQUE. — Importance de Conjanogénie pour la détermination des organes
. des plantes; Note de M. Payer, en réponse à M. Brongniart.
a Dans la séance du 27 juin dernier, j'ai exposé en peu de mots les prin-
cipes qui nous dirigent, M. Bâillon et moi, dans la détermination des orga-
nes, et j'ai essayé de faire comprendre que si les essais, tentés par Turpin et
A. Saint-Hilaire pour appliquer à la botanique le principe des connexions
établi par Geoffroy-Saint-Hilaire en zoologie, avaient été infructueux, cela
tenait surtout à ce que l'on n'avait encore aucun moyen de reconnaître
avec certitude les connexions des organes des plantes, et que, dans la bota-
nique comme dans les autres sciences, il ne suffit pas, pour les esprits sérieux
et réfléchis, d'avancer un fait, il faut pouvoir le prouver,
» J^ai cité un grand nombre de circonstances dans lesquelles les botanistes
avaient émis les opinions les plus diverses sans qu'aucun d'eux put démontrer
que lui seul avait raison. Ainsi, pour prendre un exemple, tandis que A. Saint-
Hilaire admettait déjà depuis longtemps que les organes verts que portent
les tiges d'Asperges étaient des ;amertî<x, d'autres, comme on peuts'en assurer
dans un des numéros du Flora de l'an dernier, croient que ce ne sont que des
feuilles réunies en bourgeons comme dans les Pins. Entre ces deux opinions
C. R., 1859, a™« Semestre. ( T. XLIX, N» 3.) l4
( I02 )
si divergentes et cependant défendues toutes deux avec talent, laquelle
choisir ? Nous hésiterions encore si l'organogénie n'était venue nous c/emon-
(ret\ et nous permettre de démontrer à qui le voudra, que ces organes sont
des pédoncules avortés.
» Dans la séance de lundi dernier, notre confrère M. Brongniart est
venu prêter à nos doctrines l'appui de son autorité et déclarer avec nous
que la forme n'est qu'un caractère secondaire dans la détermination de
la nature des organes. La discussion que nous avons soulevée n'eût-elle que
ce résultat,, nous serions loin de nous en plaindre.
» Nous n'avons pas rangé M. Brongniart ni parmi les partisans de la'
doctrine de la forme, ni parmi ses adversaires, et notre confrère semble
s'en étonner et nous le reprocher. La raison en est cependant bien simple,
et l'Académie comprendra le sentiment qui nous a inspiré. En effet, si les
derniers travaux de notre confrère, médités avec le soin qu'ils méritent,
|)ouvaient nous faire penser que leur auteur était de l'école que nous com-
battons, d'un autre côté, comme ces travaux datent déjà d'un quart de
siècle, nous aurions craint d'être accusé de légèreté, si nous n'avions pas
admis que, sans prendre une part active et directe aux progrès de la science,
notre confrère a pu les suivre avec intérêt et modifier profondément des
idées qui pouvaient lui paraître justes à une époque déjà si lointaine où
l'organogénie n'était pas encore créée.
» L De JussiEU. Comment M. Brongniart a-t-il pu dire que de Jussieu
s' écartant de la voie tracée par Tourneforl et Linné, rejetant les caractères de
forme et de coloration, distinguait presque toujours d'une manière si heureuse le
calice de la corolle en se fondant justement sur l origine et la connexion de ces
organes? Ouvrons, en effet, le Gênera Plantarum et voyons.
n Les Clématites ont un périanthe à quatre divisions. Pour les botanistes
modernes comme pour M. Brongniart, ce périanthe est un calice; pour de
Jussieu, au contraire, c'est une corolle. Sur quoi se fonde de Jussieu pour
dire que c'est une corolle? Est-ce, comme le prétend notre confrère, sur
l'origine et la connexion de cet organe? En aucune façon ; c'est parce que
les diverses parties de ce périanthe sont colorées et tombent lors de l'épa-
nouissement de la fleur.
» I^es Anémones ont un calice et une corolle. Cependant de Jussieu dit
qu'elles n'ont pas de calice et il appelle involucre ce que M. Brongniart ap-
pelle calice. Pourquoi cela? Est-ce, comme le prétend notre confrère, parce
qu'il a étudié l'origine et les connexions de cet organe? Nullement; c'est
uniquement parce que la partie de réceptacle comprise entre le calice et la
corolle a une forme plus allongée que de coutume.
;-
( io3 )
» Et je prie l'Académie de le remarquer, je prends mes exemples dans
une famille que de Jiissieu a étudiée d'une manière toute spéciale, qui a été
l'objet du plus important de ses Mémoires, puisque c'est là qu'il a exposé les
principes de sa méthode.
» Dans lesCucurbitacées il y a un calice et une corolle. Aujourd'hui per-
sonne n'en doute. Et cependant de Jussieu appelle calice ce que nous appe-
lons corolle. Pourquoi cela? Est-ce, comme le dit notre confrère, en se fon-
dant sur l'origine et la connexion de cet organePEn aucune façon ; de Jussieu
le dit lui-même dans ses Notes, c'est parce que cette enveloppe que nous
appelons corolle persiste après la floraison. Ici, il est vrai, de Jussieu
s'écarte de la voie tracée par Tournefort et Jjinné qui croyaient, comme nous,
que lesCucurbitacées ont un calice et une corolle, et notre confrère n'ira pas,
je crois, jusqu'à l'en féliciter.
» Enfin si, comme le prétend M. Brongniart, de Jussieu se fondait sur l'o-
rigine et la connexion des prganes, comment a-t-il pu dire que les Grami-
nées avaient un calice composé de deux parties, lorsque les connexions de
ces deux parties et leur organogénie démontrent qu'elles sont de génération
différente. Comment expliquer, s'il s'est écarté de la voie tracée par Linné,
qu'il se soit borné à dire, comme ce grand naturaliste, que les fleurs de
ces plantes ont trois étamines, sans indiquer leur position par rapport aux
enveloppes?
» Je pourrais prendre d'autres exemples, mais j'espère qtie ceux que je
viens de citer suffiront pour convaincre mes confrères que, contrairement à
ce que M. Brongniart a avancé dans sa Note , de Jussieu s'est fondé pour
distinguer le calice de la corolle, et, en général, pour déterminer la nature
des organes, non sur l'origine et la connexion de ces organes, mais sur leur
forme, leur coloration et leur durée.
» II. Decandolle. Les objections de M. Brongniart touchant de Candolle
ne sont pas plus exactes, et pour le démontrer je vais rappeler l'une des
théories à laquelle il attachait la plus grande importance et quelques inter-
prétations de faits de lui et de ses successeurs.
» La théorie est celle des ovaires infères, et les faits mal interprétés, parce
qu'on ne s'appuyait que sur des similitudes de forme, concernent les pistils
des Graminées, des Berbéridées et des Eschollzia.
» 1°. Théorie des ovaires infères. — Dans les Solanées et en général dans
la plupart des plantes monopétales les étamines sont soudées avec la corolle
et semblent insérées à sa gorge. Le tube qui porte les divisions de cette
corolle et les étamines est donc formé par la base des pétales et des éta-
i4..
( io4 )
mines; il est donc de nature appendiculaire. Dans lesSpirées, les Roses, les
Amandiers, on observe encore un tube dans la fleur; mais ce tube porte les
sépales, les pétalesetles étamines. De Candolle en a conclu quece tube était
formé par les bases soudées des étamines, des sépales et des pétales, et était
par conséquent encore de nature appendiculaire. Enfin, dans les Poiriers,
les Myrtacées, etc., on observe aussi un tube formant la cavité ovarienne.
Mais ce tube porte non-seulement les sépales, les pétales et les étamines,
mais encore les styles. De Candolle en a conclu que ce tube ovarien était
formé par les bases soudées des sépales, des pétales, des étamines et des
feuilles carpellaires, et qu'il était par conséquent de nature appendiculaire.
)> D'un autre côté, en Allemagne, M. Schleiden arrivait à un résultat tout
à fait opposé. Remarquant que dans les Synanthérées, le réceptacle com-
mun des fleurs, conique dans les Zinnia, s'aplatissait dans le grand Soleil
et devenait concave dans d'autres espèces, imaginait que le réceptacle,
dans les fleurs simples, se comportait comme le réceptacle commun dans
les Synanthérées, par suite la coupe qui dans les Spirées, les Roses et les
Amandiers porte sur ses bords les sépales, les pétales et les étamines n'était
que le réceptacle évasé et par conséquent de nature axile, et le même rai-
sonnement s'appliquait à la paroi des ovaires infères.
» Il y avait donc en présence, il y a quelques années, deux opinions tout à
fait contradictoires sur la nature des parois des ovaires infères, celle de
de Candolle et celle de M. Schleiden. Laquelle fallait-il adopter? Cela était
impossible à dire, car de Candolle et M. Schleiden employaient exacte-
ment la même méthode, la méthode analogique basée sur les transitions de
forme, et leurs points de départ, tout en étant différents, étaient vrais
tous deux.
» M. Brongniart, il est vrai, rejetait dans ses ouvrageset dans ses coursla
doctrine de Schleiden et n'enseignait que celle de de Candolle, mais sans
autre raison que cette disposition naturelle des esprits à adopter les idées
de leurs maîtres,
» 11 n'y a que l'organogénie qui ait pu résoudre cette grave question qui
divisait les botanistes modernes. En suivant l'origine et les connexions de
ce tube qui porte les sépales, les pétales et les étamines dans les Spirées, les
Roses et les Amandiers, qui porte les sépales, les pétales, les étamines et les
styles dans les Pommiers, nous avons vu que ce tube était déjà formé long-
temps avant que ces pétales, ces étamines et ces styles apparussent, et que par
conséquent il ne pouvait pas être considéré comme formé par les bases soudées
de ces divers organes qui n'étaient pas nés et auxquels il donnait plus tard
( io5 )
naissance, mais comme le réceptacle lui-même; qu'il était par conséquent
dénature axile comme le croyait Schleiden, et non de nature appendiculaire
comme le croyaient de Candoile et son école.
0 a°. Faits particuliers . — De Candoile remarquant que dans les Graminées
l'ovaire est surmonté de deux styles comme dans les Carex, en a conclu que
dans toutes ces plantes le pistil est composé de deux feuilles carpellaires
soudées, et cette opinion a été partagée par tous ses successeurs jusqu'à ce
quel'organogénie nous eûtdémontré que dans lesGrarainées il n'y a qu'une
feuille carpellaire, tandis que dans les Carex il y en a deux.
» De Candoile et ses successeurs avaient observé que dans les Escholtzia
il y a quatre styles et deux placentas. Comme ces quatre styles avaient tous
quatre la même forme, ils en ont conclu qu'ils étaient de la même nature et
que l'ovaire de ces plantes était composé de quatre feuillescarpellaires dont
deux étaient réduites à leurs styles. L'organogénie nous a montré que ces
conséquences tirées de l'étude des formes étaient fausses ; qu'il y avait là
deux feuilles carpellaires seulement, et que s'il y avait quatre styles, deux
étaient les extrémités des feuilles carpellaires et par conséquent appendicu-
laires, tandis que les deux autres étaient les prolongements des placentas et
par conséquent axiles. Nouvelle preuve que des organes de nature différente
peuvent prendre les mêmes formes quand il s'agit de remplir les mêmes
fonctions.
» Enfin, c'est toujours sous l'influence de la similitude des formes, et
non en se fondant sur l'origine et les connexions des organes, qu'un de
nos confrères, en étudiant certaines Berbéridées, a admis que l'ovaire de
ces plantes était formé de deux feuilles carpellaires. L'organogénie nous a
montré qu'il n'y a dans l'ovaire des Berbéridées qu'une seule feuille carpel-
laire.
» En vérité, en présence de ces faits, on aurait lieu de s'étonner des asser-
tions contenues dans la Note de M. Brongniart si l'on ne savait avec quelle
facilité certains esprits élevés s'assimilent les idées des autres et finissent
par s'imaginer de bonne foi, ou qu'ils les ont conçues eux-mêmes, ou
qu'ils les ont reçues depuis longtemps de leurs prédécesseurs.
» En résumé, honorons la mémoire de ceux qui nous ont précédés dans
la carrière, non pas en admettant tout ce qu'ils ont dit d'après l'axiome,
magisterdixit, mais en sachant discerner avec soin tout ce qu'ils ont fait de
bon pour en profiter et tâcher de faire mieux encore. Et si quelqu'un
d'entre nous a le bonheur de trouver de nouveaux procédés ou de nou-
velles méthodes, n'ea soyons pas jaloux. Ne faisons pas d'abord tous nos
( io6 )
efforts pour en diminuer l'importance, et surtout, quand cette importance
est universellement reconnue, n'essayons pas d'enlever le mérite de la
découverte à qui de droit en en cherchant les germes dans quelques phrases
détachées des anciens auteurs. «
Remarques de M. Moqcin-Tasdon à l'occasion des communications de
MM. Payer et Brongniart.
« Les remarques de M. Brongniart sont très-justes : A.-L. de Jussieu,
deCandolle et leurs successeurs n'ont pas attribué A LA FORME une grande valeur
tnxonomique.
» L'organogénie a fourni à la science un nouveau moyen, un élément de
plus pour arriver à la connaissance réelle des connexions ; mais elle n'a dé-
couvert ni ce principe, ni son application à la taxonomie. J'en appelle à
tous nos confrères présents dans cette enceinte, qui s'occupent ou qui se
sont occupés de botanique.
» Le principe des connexions n'est pas nouveau. Linné l'a formulé très-
nettement dans un de ses premiers ouvrages, dans son Classes plantarum
(1738). Ce grand botaniste a dit : Sciant nullam partem universalem magis
valere, quam illama *i7u(page 487)- Malheureusement Linné, entraîné par
d'autres considérations, n'a pas cru devoir appliquer habituellement le
principe dont il s'agit. Cette gloire était réservée aux Jussieu, fondateurs
de cette excellente école où nous avons tous puisé, de cette école célèbre
que du Petit-Thouars avait appelée \' Ecole des insertions, c'est-à-dire des po-
sitions absolues ou relatives, et par conséquent des connexions.
» L'illustre Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire, qui a tiré des connexions un
parti si fécond et si admirable, dans ses Etudes d'anatomie philosophique, a
toujours reconnu hautement et loyalement ce qu'il devait aux Jussieu, qui
l'avaient précédé et inspiré. Il est vrai que, plus tard, la zoologie recon-
naissante a rendu à la botanique, sur le terrain des monstruosités, bien
autre chose que des inspirations !
» J'insiste sur cette impulsion salutaire que la botanique a exercée sur la
zoologie, parce que M. Payer vous a dit dernièrement que les botanistes
n'avaient pas profité des travaux des zoologues et particulièrement de ceux
d'Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire. Vous le voyez, Messieurs, cette assertion
n'est pas exacte. Au point de vue de la taxonomie, soit théorique, soit pra-
tique, la science végétale a marché de très-bonne heure dans une excel-
lente voie; elle n'avait pas besoin de modèle; elle devait elle-même en
servir.
( '07 >
» Un de nos savants Secrétaires perpétuels vous a raconté comment les
ej^brls du jeune Cuvier, pour la rénovation de la zoologie, se rattachaient au
livre même, au Gênera plantarum, qui venait de renouveler la botanique. Le
second législateur du Règne animal se plaisait, du reste, à reconnaître et à
proclamer l'influence que l'école des Jussieu avait eue sur ses travaux. Dans
une circonstance solennelle, Cuvier a déclaré que l'ouvrage capital qui
résume cette école, a fait dans les sciences d'observation une époque peut-être
aussi importante, que la chimie de Lavoisier dans les sciences d'expérience !
o C'est pourtant ce même ouvrage que, dans une autre occasion, devant
vous, M. Payer a qualifié de ruine!!
» J'arrive maintenant à de Candolle. Les études si nombreuses de cet
éminent botaniste sur la symétrie des organes dans les appareils ou sur
celle des parties dans chaque organe, ont démontré, depuis longtemps,
qu'il attachait le plus grand intérêt taxonomique aux positions relatives ou
connexions. Les principes philosophiques de de Candolle sont, du reste,
partout. Il les a développés clans ses cours et dans ses ouvrages, particuliè-
rement dans le plus beau de ses livres, sa Théorie élémentaire. Il en a fait de
brillantes applications, soit dans ses monographies spéciales, soit dans cet
admirable monument qui lui a permis d'embrasser tout le règne végétal.
» M. Brongniart vous a cité deux passages très-explicites de la Théorie
élémentaire, dans lesquels de Candolle demande qu'on examine, avant
toutes 'choses, la position des organes dans un système donné de symétrie.
Voici un autre passage dans lequel sont exprimées très-clairement les idées
de l'auteur sur l'emploi de la/orme dans les classifications. « Quoique dans
» tous les livres de botanique on ait coutume de décrire avec beaucoup
» de soin, la forme des organes, cette forme (considérée sous l'unique rap-
» part taxonomique) nest en réalité que dune très légère importance » (page
i45).
» Je dois faire remarquer, en passant, que l'exemple des véritables
feuilles des Asparagus, rapporté par M. Payer, est non-seulement un fait
connu depuis longtemps, ainsi que M. Brongniart vous Ta prouvé, mais
que ce fait a été signalé, en 1827, par M. de Candolle (i) lui-même, dans
son Organographie (page 333).
» M. Félix Dunal, le meilleur des élèves de de Candolle, a répandu les
principes de son maître avec la même conviction et le même bonheur. Ces
(i) Il avait été découvert, quelques années auparavant, par M. le comte de Tristan.
(io8).
principes lui ont inspiré ses belles considérations sur les éléments de l'ap-
pareil floral, considérations dans lesquelles il s'est occupé, d'une manière si
ingénieuse et si profonde, de la nature, des rapports et des combinaisons
symétriques de ces mêmes éléments.
» On a cité M. Auguste de Saint-Hilaire. J'ai eu l'honneur de travailler,
pendant six ans, avec ce célèbre botaniste. Nous avons fait ensemble des
recherches sur la symétrie des Polygalées et sur celles des Capparidées,
des Fumariacées et de plusieurs autres familles naturelles. Nous avons publié
plusieurs Mémoires en commun. J'ai toujours trouvé M. Auguste de Saint-
Hilaire plein de respect et de reconnaissance pour Antoine-Laurent de
Jussieu et pénétré d'admiration pour son immortel ouvrage. Il regardait
Jussieu comme son bienfaiteur; il lui a dédié ses Leçons de botanique,
disant avec orgueil dans sa dédicace : Puissent mes écrits montrer toujours que
je' fus le disciple d'un si grand maître!
» Il est donc bien évident, et je me plais à le répéter, que A.-L. de Jus-
sieu , que de Candolle et que leurs successeurs n'ont pas attribué à la forme
une grande valeur taxonomique. Au contraire, ils ont insisté, avant toul, sur
les positions relatives ou connexions et sur les arrangements symétriques
qui en sont la conséquence.
» I^ postérité s'est déjà prononcée sur les travaux immenses de ces deux
illustres botanistes et sur l'heureuse impulsion qu'ils ont donnée à la science.
Dans l'éloge académique de M. Robert Brown, que vient de publier notre
savant confrère M. de Martius, l'auteur entre en matière en déclarant que,
dans l'histoire de la botanique, trois noms doivent être inscrits immédia-
tement après celui du grand Linné : ce sont les noms de A.-L. de Jussieu,
de Pyrame de Candolle et de Robert Brown !
» Permettez-moi, Messieurs, une dernière observation. On associe géné-
ralement les efforts et les travaux de Bernard de Jussieu avec ceux de son
neveu Antoine-Laurent. Comme ce dernier a été notre contemporain, on a
pris l'habitude de confondre sous son nom la gloire de son oncle avec sa
propre gloire. Cette habitude est sans danger dans notre Académie, mais il
est bon de rappeler quelquefois aux étrangers, que si Louis-Claude Richard
a regardé avec raison Antoine-Laurent comme le premier botaniste de l'Eu-
rope, Linné, fort bon juge aussi, a signalé Bernard comme le premier bota-
niste de son temps ! »
Réponse de M. Payer à M. Moquin-Tandon.
« Je ne comprends pas la manière de discuter de- notre confrère, M. Mo-
( log )
quin-Tandon. Tous les botanistes anciens et modernes, Linné, de Jussieu,
de CandoUe, M. Brongniart, M. Moquin-Tandon lui-même, auraient une
opinion que l'observation me démontrerait fausse, que je ne l'adopterais pas.
J'honore autant que qui que ce soit les grands botanistes qui nous ont pré-
cédés; mais dans une discussion djece genre, ce qu'il faut considérer ce n'est
pas le nombre ni la valeur des savants qui ont émis une idée, mais bien le
nombre et la valeur des faits sur lesquels ils l'appuient.
» M. Brongniart nous a dit, dans la dernière séance, que de Jussieu,
s'écartant de la voie tracée par Tournefort et Linné, avait rejeté les caractères
de forme et de coloration pour ne se fonder que sur les caractères d'ori-
gine et de connexions, et voilà notre confrère M. Moquin-Tandon qui sou-
tient le contraire en cherchant à prouver que Linné ne considérait comme
caractères importants que les caractères d'origine et de connexions. Que
nos confrères veuillent donc bien d'abord se mettre d'accord. La seule con-
clusion que nous tirerons de ces contradictions, c'est que qui veut trop
prouver ne prouve rien, et que Linné, pas plus que de Jussieu, n'avait
l'idée de l'importance des connexions pour la détermination de la nature des
organes.
» Laissons donc de côté tous ces détails bibliographiques et revenons
aux faits.
» A notre avis, la meilleure manière de juger des principes d'un auteur,
ce n'est pas d'en citer quelques phrases, mais d'en examiner les théories et
les observations les plus importantes.
)) J'ai déjà parlé de la théorie des ovaires infères de de Candolle. Exaini-
nons la théorie des insertions dont vient de parler M. Moquin-Tandon et
sur laquelle M. Brongniart dans sa Note avait sagement gardé le silence.
Dans les Renonculacées, le réceptacle est conique, les étamines sont insérées
au-dessous du pistil, leur insertion est dite hypogyne. Dans le Spirées, le
réceptacle, après avoir été conique dans lajeunesse, devient plat, puis s'évase
en une coupe plus ou moins profonde. La base de ce réceptacle qui porte
des étamines est d'abord au-dessous du sommet du réceptacle qui porte les
pistils, plus tard elle est de même niveau quand le réceptacle s'est aplati ;
enfin, elle est plus élevée et les étamines sont dites périgynes quand le récep-
tacle s'est creusé en coupe. Les différences d'insertion des étamines tien-
nent donc à des "différences de forme du réceptacle.
» Quant aux faits, je les emprunterai, pour donner plus de valeur à mon
argumentation, non pas à de Candolle, mais à ses successeurs, à M. Moquin-
C. R , 1859, Q"»» Semestre. (T. XLIX, N» 3.) l5
(no)
Tandon hii-méme, et dans les travaux qu'il vient de nous citer, dans ses
Mémoires sur les Polygalées et les Crucifères.
» Si notre confrère attachait tant d'importance à l'origine et aux con-
nexions des organes" des plantes, comment se fait-il qu'il ait avancé que les
huit étamines des Poljcjala sont superposées deux par deux à quatre sépales,
lorsqu'en réalité elles sont superposées chacune à quatre sépales et à quatre
pétales.
» Si notre confrère ne s'était pas attaché surtout à la similitude des formes
pour déterminer la nature des organes, il n'eût certainement pas dit que dans
l'ovaire des Crucifères il y a quatre feuilles carpellaires, tandis que l'orga-
nogénie démontre qu'il n'y en a que deux, et il n'eût pas avancé que les
stigmates dans ces plantes sont les extrémités des feuilles carpellaires, tandis
que ce sont au contraire les extrémités des placentas. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des équations modulaires;
par M. Herhite. (Suite.)
« XIII. En désignant par D le produit des carrés des différences des
racines de l'équation modulaire Q{v,u) = o de degré n -f- i, lorsqu'on
suppose n un nombre premier, faisons pour un instant
(0
= \/(--)^5,
Cette expression sera non-seulement rationnelle et entière en u, puisque D
est un carré parfait, mais les coefficients des diverses puissances de u seront
eux-mêmes des nombres entiers. Or, en remplaçant ces puissances par leurs
expressions sous forme de séries infinies en fonction de q = e'^'", on par-
vient à un résultat dont la valeur, par rapport au module premier n, s'ob-
tient comme il suit.
» Faisons
f(a\ = (' +?')(» -H?') (.-H?')....
= I — (/-f- 29* — Sç^-f- 47* — 6g° -f- ...^
et par conséquent
« = ?(") = Va Vqfiq)
( IM )
on aura cette congnience
(DS.~ (V^ rqVUil) + 89/ {q)V^{j\q) - (j)9^/{7'")]mod n,
dans laquelle le coefficient de la puissance la moins élevée de o a été con-
servée sans addition ni suppression de multiples de n, ce qui permet de
déterminer le facteur numérique qui doit être joint aux divers polynômes
en u, que maintenant nous connaissons dans les cas de n =: 3, 5, 7 1 1 afin
d'obtenir précisément la valeur de ûO. Ce facteur, comme on voit, est tou-
jours une puissance de a ; ainsi dans le cas de « = 1 1 , on aura
(D = 2»» M«(l -«»)»( 16- 3l M» +l6«»«)(l- 301960 M» +,..).
On pourrait aussi présenter le second membre de la congruence précédente
sous cette autre forme
n'— t
4
2
(IS)'[^w-(l). {"•")}
mais c'est la première qu'il convient d'employer pour vérifier, comme nous
l'avons annoncé, le discriminant de l'équation modulaire du la* degré.
Je remarque à cet effet que le polynôme i — 301960M* -+- 3556492/^" -l- etc.
se réduit suivant le module 1 1 à cette expression simple
I + M» — «" — ?z" — «*» + M»» + K««
et qu'on trouvera par suite
(D=M«(i4-3M»-3tt»-3M"-i-M"> + ....)mod ir.
» Maintenant si l'on met à la place des diverses puissances de u leurs
développements en fonctions de q^ il viendra
CD=(v/2 VqY{i -29-f-49'-+-39'-f-/,ç*+3ç= + ...).
Or, c'est précisément le résultat auquel conduit la congruence, en faisant
les développements indiqués, d'où résulte la vérification que nous désirions
obtenir.
» XIV. C'est à ce point que je me suis arrêté jusqu'ici dans l'étude des
équations modulaires, et il ne me reste plus, en considérant en particulier
celles du sixième, du huitième et du douzième degré, qu'à donner la mé-
thode que j'ai suivie pour en déduire des réduites d'un degré moindre d'une
i5..
( It2 )
unité. Galois, ainsi que je l'ai déjà dit au commencement de ces recher-
ches, a le premier découvert le fait si remarquable de cette réduction, au
double point de vue de la théorie des fonctions elliptiques et de l'algèbre,
et voici, dans ses idées, le théorème qui sert de principe fondamental.
» Remarquons préalablement que les racines de l'équation modulaire
sont représentées par
V = u" (sin coam ap sin coam 4p- • • sin coam(« — i)j5),
en faisant
mK-hm'iK.'
û = ,-
' n
où m et m' sont deux nombres entiers qu'on peut multiplier par un même
facteur sans changer la valeur de c. Il en résulte que c'est uniquement le
rapport — qui définit chaque racine, et comme les deux termes sont pris
suivant le module n, il reçoit d'une part la valeur oo pour m^o, et de
l'autre la série des n nombres entiers o, i, 2,..., « — i. On est donc con-
duit naturellement, pour représenter les racines de l'équation modulaire, à
m'
la notation V/,, k désignant — et devant représenter les n + i valeurs 00 ,
o, I, 2,..., n — I. Cela posé, voici la proposition de Galois :
» Toute jonction rationnelle non symétrique des racines i>^ qui ne change pas
en remplaçant les divers indices k par — -^ a, b, c, d étant des nombres
entiers pris suivant le module n, et le déterminant ad — bc n'étant pas ^ o (*),
sera exprimable en Jonction rationnelle de u {**).
» J'ajouterai la remarque que ce théorème subsiste en particularisant la
substitution — — —■>' de manière que ad — bc soit résidu quadratique
de «, pourvu qu'on s'adjoigne le radical V (— i) ^ n. Tel est, par exemple,
le produit des différences des racines II [v^— c^), qui change de signe ou
se reproduit exactement, lorsqu'en remplaçant k par -7 -, ad — bc est
(*) M. Serret a fait des substitutions de cette forme l'objet de ses recherches dans plusieurs
articles publiés dans les Comptes rendus, t. XLVIII, séances des 10, 17 et 24 janvier i85g.
1 *' ) Une démonstration de ce théorème important a été donnée par le P. Joubert dans
un travail que j'ai déjà cité (Comptes rendus, t. XLVI, p. 718).
( ii3) ^ ,
non résidu ou résidu quadratique de «, et qui s'exprime, comme on l'a tu
§ XIII par une fonction rationnelle de u à coefficients entiers, mais affectée
V(-.) ' n.
du facteur V (— i) ^ n. En effet, nommant F et F' les deux valeurs que
peut prendre une fonction rationnelle des racines invariable par les substi-
P p'
tutions où ad — bc est résidu, les deux expressions F + F', —, r reste-
^ n (ci — Pi/)
ront invariables pour la totalité des substitutions, et s'exprimeront ration-
nellement en «, d'après la proposition de Galois; il en résulte que F et F'
s'exprimeront elles-mêmes sous la forme annoncée.
•> Ce point essentiel établi, la question de l'abaissement des équations
modulaires à un degré moindre d'une unité dépend d'une étude plus appro-
fondie des substitutions — -■, et dont quelques traces seulement sub-
sistent dans ce qui nous a été conservé des travaux de Galois. C'est en
suivant la voie qu'elles indiquent, que M. Betti a retrouvé l'importante pro-
position relative aux équations du sixième, du huitième et du douzième
degré, et l'extrait suivant d'une Lettre que m'a fait l'honneur de m'adresser
ce savant géomètre montrera comment de cette manière se présentent les
résultats auxquels de mon côté je parvenais par une méthode toute diffé-
rente :
« Pise, 2^ mars 1869.
» Dans un Mémoire Sopra r abassamento deW equazioni tnodulari, publié
» en i853 dans les Annali di Torlolini, j'ai fait l'élude des substitutions
» (i)^j — -.i pour démontrer la possibilité de l'abaissement des équations
» modulaires, et j'ai obtenu les résultats que vous me communiquez dans
u votre Lettre.
» Voici pour le modulepremier n^ ^ p-h3 les expressions que j'ai trou-
» vées alors pour la décomposition en n groupes du groupe dont toutes les
» substitutions sont données par la forme ( i ) où ad — bc est résidu de n.
» Si g' est une racine primitive de «, jouissant de cette propriété, que g- — i
» étantrésidu de «, les puissances impaires <«— a deg vérifient la congruence
[g^ jf:^ — g(g -)- i)ar+ i][g' j:^ — (g+ i)jc4- i]^o mod «
» (ce qui n'arrive que pour n = 7, 1 1 ), on aura, si l'on fait
(ii4)
» un groupe [k, d (k)] de— '^"~ ^substitutions de la forme (il telles,
» qu'en faisant sur ce groupe les substitutions {k, k •+■ i), on obtient n grou-
» pes, dont l'ensemble est le groupe proposé.
)) Or si« = 7 on a deux racines primitives g- = 3, g = 5, 5 — i est résidu
» de 7 et les deux puissances impaires de 5 inférieures à 5, c'est-à-dire 5,
» 5' vérifient la congruence
{ix^ + 2X -h x) {^x^ -h X -h i)^o mod 7.
■» Donc, lorsque n = 7, on a deux systèmes de valeurs pour Q [k), à
» savoir :
» en prenant g =: 3, et :
Â- 4- zb k — b , — a
s-(^)=«TXT' -^rz:^' ""^^
-5
» en prenant g = 5, a et i désignant des résidus de 7.
» Si « = 1 1 , on a quatre racines primitives : a, 6, 7, 8 ; 2 — i est résidu
» de 1 1 et les puissances de a, impaires et inférieures à 9, vérifient la con-
» gruence
{^x^ — 6x -\- i){/4x' — '5x -h 1)^0 mod II.
» De même, 6 — i est résidu de ii et les puissances de 6 impaires et infé-
» Heures à 9 vérifient la congruence
{Zx' -h IX -h 1 ) {"ix' -h /i X -^ 1) ^ o mod II.
» Or si l'on prend g =^2, a et b résidus de 1 1, on aura
et /j \ k — nb k — b j — a
» et si l'on prend g = 6
_.,, k — 6b k — b j — a
^('^) = «t:=T' -'^TreJ' ''^' "T'
^1 Les racines primitives 7 et 8 ne jouissent pas de la propriété de rendre
» g — I résidu de 1 1, et la congruence lorsqu'on y fait g := 7, 8 n'est pas
>» satisfaite par les puissances de 7 et 8 impaires et inférieures à 9.
» Les substitutions ô (A), 9- (k) jouissent de la propriété d'être à lettres
» conjointes, c'est-à-dire qu'en divisant les lettres en systèmes de deux let-
» très chacune de la manière suivante :
^o''». VV' VV'---' V«»'<
2« + I>
» toute substitution 6 (/f), 3- [k), on échange entre elles les lettres d'unsys-
» tème, on change un système dans un autre.
» Dans le cas den= 5 j'avais obtenu des résultats semblables aux pré-
B cédents et formé un groupe de douze permutations en considérant les
» trois substitutions :
e(A) = 4A-, V, 3
k + i
5
I
» et celles qu'on en déduit en les composant entre elles »
» XV. C'est sous un point de vue bien différent que je vais maintenant
traiter les mêmes questions. Ainsi laissant de côté toute considération rela-
tive aux décompositions de groupes, je définis à priori, pour « = 5, 7, 11,
les racines z des équations réduites du cinquième, du septième et du on-
zième degré, de cette manière, savoir :
nz=5 Zi={f>„ —<',•)(<',+.— P,+,-) («'2+,— f^,+,),
n=llZi={v^- V,) {V,^i- P2„-) {v^^i - V,^i) {v^^i - <^e^.) {i^.^i - P,^,.) ((^,^,. _ i;, „^,.),
les indices i devant être pris respectivement suivant le module n. De la
sorte on obtient trois systèmes de «fonctions rationnelles des racines i^, et
je vérifie que les quantités qu'ils comprennent ne font que s'échanger entre
elles lorsqu'on fait respectivement ces substitutions :
w = 5
n = 1 1
(::)•
(:)•
Il en résulte, par des compositions successives, que ces systèmes demeurent
invariables pour les substitutions ( ^ j» où a est un résidu quadratique
quelconque de n. Maintenant il est visible qu'ils ne changent pas non plus
(ii6)
lorsqu'on fait la substitution ( "^ ) ; et si l'on vérifie encore qu'il en est de
même à l'égard de celle-ci ( j> on arrivera à cette conclusion qu'ils
demeurent invariables pour toutes les substitutions où l'on met, au lieu
de k, — — -1 ad— bc étant résidu de n. En effet, cette expression, dans
toute sa généralité, s'obtient en composant entre elles celles que nous
venons de considérer. Le théorème du § XIV suffit donc pour nous
assurer que les équations réduites en z auront pour coefficients des fonc-
tions rationnelles de m, où ne figureront d'irrationnelles, suivant les cas,
que les radicaux v^5, s/— 7, v^— 11.
» Si l'on cherche maintenant les substitutions spéciales ( * V qui
laisseront invariable une seule des racines considérée isolément, z-q par
exemple, on trouvera aisément ces résultats, où ae\. b désignent des résidus
quadratiques de n, savoir :
— a
Q[k)~ak, -^, a'-^,
■ a
n=ii 6{k) = ak, ~, a-y-^.
— a
k —
b
V
— a
k-
■ b
k +
2i
■^
k —
■b
k — 7.b
Ce sont les expressions auxquelles M. Betti est arrivé par une autre voie, et
qui forment en général substitutions conjuguées, de sorte que toutes
les quantités -7 -j» où «fi?— ic est résidu quadratique de ra, peuvent être
ainsi représentées :
B{k+i),
i étant un nombre entier pris suivant le module».
» Enfin si l'on désigne par ry(,) ce que devient z, lorsqu'on effectue sur
les racines v les substitutions que nous avons considérées, on trouvera
pour :
« = 5 (f [i) ^ ai -\- b ^^ {ai-h by -h c,
n= '] <f {i)^ai + b ^ — [ai + bf — 1 {ai -h by -\- c^
.n=ii f{i)^ai-hb^ {ai ■+- b)* -h ^ {ai -h b)* -h c,
("7)
betc étant des nombres entiers quelconques pris suivant le module n, et
a étant résidu quadratique, ce qui représente en général " ~ substi-
tutions distinctes.
» Les équations du septième et du onzième degré présentant cette pro-
priété que les fonctioTis non symétriques de leurs racines invariables par les
substitutions ainsi définies ont une valeur rationnelle, constituent un ordre
spécial d'irrationnalité qui les distingue nettement des équations les plus
générales de ces degrés. Ce sont, suivant l'expression de M. Rronecker, des
équations douées d'affections, et qu'il sera sans doute possible de ramener
analyfiquement à celles dont la théorie des fonctions analytiques a donné
la première notion. Mais laissant de côté les belles et difficiles questions
auxquelles conduit ce sujet, et que M. Kronecker a le premier abordées, je
me bornerai à faire voir que L' [ représente bien, en attribuant à la fonc-
tion (p/ toutes les valeurs, un système de substitutions conjuguées. Posons
en effet pour un instant
de sorte qu'on ait pour w = 7
(p{i)^ai -h ^ ^ X {ai -f- i) + c,
on vérifie sans peine que
X[X(0] = ' raod7,
^■ + ^) + constj
a étant supposé résidu de 7. Et faisant de même pour n = 1 1
X{i)^i' + ^i\
on aura
«x(0=x(«*0 j
X[X(0] = ' mod II,
X[«X (0 + *] = 9«*'X («■+ ^) + consti
a étant résidu de 1 1 .
» Ainsi les fonctions ;((m-f- è), commeles expressions plus simples oi-fè,
G. R., 1859, 2"i« Semestre. (T. XLIX, N» S.) l6
(ii8)
se reproduisent par la composition. De là résulte pour les nombres pre-
miers «=7, II, l'existence de fonctions de n lettres ayant ^'^ ' 'J_' ,»
c'est-à-dire 3o et 6o48o valeurs. Toutes deux ont été rencontrées par
M. Rronecker, qui a le premier publié {Comptes rendus des séances de d Aca-
mie de Berlin, aa avril i858) le cas des fonctions de sept lettres, et fait à
l'égard de la représentation analytique des substitutions ici employée (*) une
observation pleine de justesse, montrant de quelle manière deux expres-
sions algébriquement différentes peuvent cependant ne représenter que la
même substitution, et par là réduisant à un seul et même type deux systèmes
que j'avais d'abord considérés comme distincts. [Voyez les Annali di
Matematica, année iSSg, n"' i et a.) (**) »
ZOOLOGIE. — Note sur la naissance d'un hippopotame à la ménagerie du
Muséum d'Histoire naturelle; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire.
a J'ai eu Thonneur d'annoncer à l'Académie, dans sa séance du
lo mai i858 (***), que, le matin même, un jeune hippopotame était né à
la ménagerie du Muséum, du mâle et de la femelle donnés par LL. ^A. le
Vice-roi d'Egypte et le prince Halim-Pacha. Cet hippopotame était le pre-
mier individu de son espèce qu'on eût obtenu en Europe.
» Un second vient de naître, il y a quelques heures, des mêmes parents.
La femelle, étant entrée en rut peu après sa première parturition, avait
été saillie les i8 et ao mai. Nous n'avons pas tardé à reconnaître que la
fécondation avait été opérée, et depuis quelques jours, divers symptômes,
notamment le développement des tétines, et le gonflement longitudinal de
(*) Les expressions dans le cas des substitutions de cinq lettres, savoir : Zj, z^+i, 2(ai+*)Vc»
ont été données avant moi par M. Betti, dans le tome 11 des Jnnalès de Tortolini, p. 17.
Pour le cas de sept lettres, voyez les Annali di Matematica, année i85g, n" i.
(**) Dans le précédent article, p. 20, dernière ligne, au lieu de ioac(M'V"' + . . .), on
doit lire :
32 h" c" — 22u'p'(c»-t-««)4-88uV+- i32tt'p' — i32aV — 88aV-f-22i<c(p' + a«) — 32«c,
et p. 21, ligne 6, i — 4"'' + "'', *" lieu de : i — 2tv*-f-«^. J'observerai aussi que le
déterminant — 82 donnant quatre classes, doit être supprimé, p. 18, dans la série à la-
quelle il appartient et qui devient ainsi : — 6, — 10, — 18, — 22, — 58, etc. C'est donc
la quantité c^V^ au lieu de e"V**'^ qui doit être citée comme extrêmement voisine d'an
nombre entier.
(***) Voy. les Comptes rendus des séances de l'Académie, t. XLVI, p. 879.
(••9)
!a région sous-pelvienne depuis les mamelles jusqu'à la vulve, annonçaient
une mise bas très-prochaine. Elle a eu lieu ce matin , la gestation ayant
duré quatorze mois.
» Cette fois encore, le petit est né dans l'eau. La mère était à terre, lorsqu'à
commencé le travail de la parturilion : elle a vivement témoigné le désir de
se rendre à son bassin, et, dès que la porte lui en a été ouverte, elle
s'y est précipitée ; bientôt après, le petit, né sous l'eau, s'est élancé et
a paru à la surface. Selon quelques voyageurs, les hippopotames mettraient
bas sur les bords du Nil, du Sénégal et des autres fleuves d'Afrique, et l'on
avait même supposé que la première parturition observée au Muséum avait eu
lieudans l'eau, parce que la mère, en raison de l'extrême rapidité du travail,
n'avait pu remonter assez tôt à terre pour y déposer son petit. On voit par ce
qui précède ce qu'il faut penser de cette conjecture, déjà démentie parce que
nous avions dit de la conformation des pieds chez l'hippopotame naissant.
» L'individu femelle qui est né ce matin a environ 9 décimètres ^ de long.
Il est, par conséquent, un peu plus petit que son frère aîné; il est aussi plus
maigre, et semble un peu moins fort, quoique encore suffisamment robuste.
Il lui ressemble d'ailleurs par tous ses caractères extérieurs, et je n'aurais
qu'à répéter sur l'un ce que j'ai dit de l'autre.
» On sait que le premier de nos jeunes hippopotames n'a pu être
élevé. Serons-nous plus heureux pour le second? Je ne saurais, sans une
extrême témérité, répondre affirmativement, quand six heures seulement se
sont écoulées depuis la naissance. Mais ce que je puis dire, c'est que les
chances de conservation sont beaucoup plus grandes, non-seulement
en raison de la saison, éminemment favorable à un animal de la zone
torride, mais surtout parce que nous sommes, jusqu'à présent, à l'abri
des causes qui ont amené la mort du premier hippopotame, et que je
signalais déjà à l'Académie au moment où elles venaient de se pro-
duire. La mère n'avait pas adopté le jeune; elle se refusait à l'allaiter;
elle le repoussait parfois avec brusquerie lorsqu'il s'approchait d'elle ;
une fois même, se lançant violemment sur lui, la tête en avant, elle l'avait
frappé par le travers du corps, et gravement blessé ; car, à partir de ce mo-
ment, l'animal a cessé de bien nager. Nous avions donc été contraints de
l'éloigner de sa mère, de le placer, déjà affaibli, dans un bassin séparé,
et de recourir pour lui à l'allaitement artificiel; et, quoiqu'il bût vo-
lontiers du lait de chèvre, il n'était que trop facile, en de telles circon-
stances, de prévoir une mort prochaine. Aussi disais-je déjà à l'Acadé-
mie,en annonçant la naissance de l'hippopotame, qu'il ne tarderait vraisem-
16..
{ I20 )
blabiement pas à succomber; et ce pronostic se vérifiait presque aussitôt.
Blessé par sa mère, privé de ses soins, nourrid'un lait étranger, le jeune
animal ne vécut que neuf heures environ (i).
» Cette fois, au contraire, la tnère se montre pleine de sollicitude et de
soins pour le nouveau-né. Non-seulement elle lui permet de s'approcher
d'elle, et même de se reposer sur son dos ou son col, ce qu'elle n'a jamais
souffert pour l'autre; mais elle reste toujours dans l'eau près de son petite
et de temps en temps lui présente ses mamelles, se couchant sur le côté,
écartant ses cuisses et appelant par des mugissements répétés. Le jeune
hippopotame a paru plusieurs fois prendre la mamelle et téter sous l'eau :
cependant nous n'avons pas encore la certitude que l'allaitement kit eu lieu.
« La mère, qui, d'ordinaire, sort fréquemment de l'eau, n'a pas quitté
une seule fois son bassin depuis qu'elle a mis bas. Lje jeune , tantôt nage
avec agilité ou plonge à côlé d'elle, tantôt se repose en se couchant, à
demi submergé,, sur le bord du bassin, et quelquefois sur sa mère, selon
les habitudes de cette espèce et de plusieurs autres animaux aquatiques.
» Nous espérons que le jeune hippopotame continuera à recevoir les
mêmes soins de sa mère; car s'il arrive souvent, chez les Mammifères, que
les femelles n'adoptent pas et même fassent périr leurs nouveau-nés, il
est très-rare qu'elles les abandonnent ou les maltraitent après les avoir
adoptés (2).
PALÉONTOLOGIE. — Denis de Mastodonte, de l'Amérique centrale.
« M. Is. Geoffroy-Saint HiLAiRE met sous les yeux de l'Académie trois
fragments de dents de Mastodonte, qu'il a reçus pour le Muséum de notre
confrère M. Pelouze. Ces fragments ont été trouvés par M. Domingo Sama/oa,
dans une de ses propriétés à Barcenas, à deux myriamètres environ de
Guatimala (Amérique centrale).
M Des trois fragments trouvés par M. Samayoa, l'un est l'extrémité très-
bien conservée d'une des défenses supérieures. Les deux autres sont des
(i) Sur tous ces faits, voyez les Comptes rendus des séances Je l'Jcadémie, t. XLVI, p. 879.
(2) Ce fait si rare vient malheureusement d'avoir lieu. Après trois joure de bons soins
donnés à son petit, la mère, dans un inexplicable accès de fureur, s'est jetée sur lui, durant
la nuit du 20 au 21, et l'a tué. Elle lui a fait cinq blessures au ventre, vraisemblablement
en le saisissant et le serrant entre ses mâchoires, et une sixième au côté gauche de la poi-
trine, qui a été percé jusqu'au poumon d'un coup de défense. Is. G. S. H.
( >3I )
portions d'une mâchelière qu'il sera facile de restituer. Cette mâchelière
est très-usée par la mastication : non-seulement les collines sont entièrement
effacées, mais la couronne est devenue concave, et dans une partie de son
étendue, les replis de l'émail ont disparu.
» Cette usure ne permet pas une détermination certaine de l'espèce. La
molaire ne ressemble exactement à aucune des dents qu'on a dans les col-
lections; mais les différences peuvent se réduire à un degré d'usure de plus,
et n'excluent pas la possibilité que l'animal dont M. Samayoa a trouvé les
restes, soit un Maslodon Humboldtii, ou peut-être encore un autre des Mas-
todontes déjà connus en Amérique. Dans tous les cas, la localité où ont été
trouvés ces fossiles leur donne beaucoup d'intérêt, et on doit vivement dé-
sirer que M. Samayoa réalise l'intention qu'il a bien voulu exprimer de
faire faire des fouilles à Barcenas, pour retrouver des restes plus complets
du Mastodonte, et mettre les naturalistes à même de le déterminer spécifi-
quement. »
MÉTÉOROLOGIE. — Recherches sur la coloration des ombres atmosphériques ;
par M. J. FouRNET. [Suite (i).]
2°. Lumière circumzénithale.
« Durant les belles journées, le haut du ciel étant bleu, les ombres sont
nécessairement orangées. Il m'est d'ailleurs arrivé de rencontrer un zénith
revêtu d'un azur tellemçnt foncé, que sa teinte se trouvait très-manifeste-
ment reproduite sur le papier. Alors aussi la couleur de l'ombre s'exaltant
à proportion, et étant de qualité plus voyante que le bleu, prenait l'appa-
rence d'un trait de feu dont la chaleur semblait portée à un point qui exci-
tait une véritable surprise.
u Cependant ce n'était pas à des observations d'une pareille simplicité
qu'il s'agissait de s'arrêter; je devais encore étudier les phénomènes pro-
duits par les ciels nuageux, par les atmosphères brouillées. Eh bien, tant
qu'un voile vaporeux, en apparence incolore ou gris, est assez peu dense
pour laisser passer les rayons bleus, les ombres sont teintées, sinon avec la
même netteté, du moins dans le même sens que par un ciel pur. Arrivent à
leur tour les stratus blancs ou grisâtres, à peine translucides. Sous leur in-
(i) Voir le Compte rendu de la séance du 20 juin, t. XLVIII, p. iio5, et celui de la
séance du 4 juillet, t. XLIX, p. 24.
( 121 )
fluence, les ombres orangées deviennent blafardes, mélangées d'un gris qui
naturellement prédomine en raison de l'épaisseur des nuages. On aboutit
ainsi aux couches de vapeurs qui ne laissent plus apparaître les indices de
la lumière polarisée. Cependant elles peuvent encore être traversées par
une quantité de bleu suffisante pour produire sur le carnet un gris virant
au fauve, et si en plein air le gris apparaît seul, il suffit d'annihiler l'ex-
cès de la clarté ambiante en se plaçant dans une loge obscure, dont le pla-
fond est percé d'un simple trou. Alors l'orangé reparaît, certainement très-
faible, impur, mais pourtant reconnaissable. Enfin, durant les brumes ex-
cessives, pendant les temps pluvieux Jrès-sombres, sous des ciels tendus,
fermés de toutes parts, assez bas pour couvrir les montagnes, lyonnaises et
les cîmes du Mont-d'Or, l'horizon se trouvant en outre rétréci, cerclé de
brouillards passablement épais, j'ai obtenu des ombres zénithales purement
grises.
n De ces effets simples passons actuellement à des apparitions provenant
de causes plus complexes.
» Dans certaines journées, les nuées étant plus denses, le chromatmo-
scope montre des ombres bleues, salies par du gris et non moins amorties
que le fauve précédent, en sorte qu'au premier abord on se croit en droit
d'accuser l'instrument d'une fâcheuse imperfection. Cependant, en y regar-
dant de plus près, on constate qiie la tapisserie du ciel est alors réellement
isabelle pâle ou blafarde, et non pas blanche ou grise. On s'en assurera
d'ailleurs dans les moments douteux en s'établissant au milieu d'une cour
autour de laquelle s'élèvent des murailles suffisamment hautes pour inter-
cepter une partie de la clarté ambiante. Cette coloration insolite se mani-
feste parfois quand le nuage ne produit qu'une pluie réduite à quelques
gouttes. Elle se reproduit plus particulièrement le soir, lorsque le stratus
s'amincissant laisse tamiser les rayons orangés du soleil couchant. Dans le
cas encore où, par suite du progrès de l'éclaircie, les nuages fauves se par-
sèment de trouées diffuses, la masse et l'éclat de l'orangé l'emportant sur
les échappées azurées, ce sont de nouveau les indices de l'ombre bleue qui
apparaissent. Toutefois, quand le soleil est irrégulier, quand la couche
vaporeuse vivement chassée par le vent s'entrouvre de toutes parts, la
décoration devenant changeante, les ombres le sont également, et elles
tournent du bleu à l'orangé pour revenir au bleu en passant par le gris,
ou inversement.
» La poursuite assidue de mes observations m'a permis de noter une
troisième coloration zénithale qui survient indifféremment dans les diffé-
( '23 )
rentes- saisons et aux diverses heures de la journée. Son existence est mise en
évidence pour le développement d'ombres vertes, d'intensité variable et
généralement ternies par du gris. Cet effet, d'ordinaire passager, s'accorde
en cela avec le déplacement des nuages sous l'influence desquels il se pro-
duit. Pour le faire naître, il suffit quelquefois d'un simple cumulus; dans
d'autres moments, on le découvre quand le ciel est tapissé d'un cirro-stra-
tus; mais ce que l'on est loin de distinguer avec la même netteté, c'est la
teinte aérienne dont il est nécessairement la traduction, et il faut certes
être bien et dûment averti avant de s'aviser de chercher dans le ciel une
^nuance rose tellement peu perceptible, qu'elle est restée inconnue aux autres
observateurs et qui, pour être discernée d'une manière positive, m'a plu-
sieurs fois obligé à recourir au moyen déjà indiqué à l'occasion des ombres
azurées. Je conclus d'ailleurs que dans certaines journées il peut s'effectuer
des diffractions du genre de celles qui, le soir ou le matin, donnent nais-
sanceaux arcs rouges crépusculaires. Du moins jusqu'à présent, je ne trouve
entre les deux faits d'autres différences que celles qui résultent des heures,
de l'intensité et d'une configuration moins déterminée chez mon apparition
que dans l'autre. Je pense en outre que cette découverte, uniquement due à
l'emploi si expéditif du chromatmoscope, lui fera accorder l'importance qu'il
me paraît de plus en plus mériter.
» Au surplus, l'ensemble de mes recherches aboutit à déclarer que dans
les soirées, au moment où le crépuscule s'établit après le passage de l'arc de
Mairan, on obtient plus que des ombres ternes. Les rayons solaires ne dorent
plus la concavité du dais céleste, et son bleu est inefficace contre l'enva-
hissement de l'obscurité nocturne.
3°. Lumière de l'opposite.
» En aucune saison, sous nos latitudes, le soleil n'est placé de telle sorte
qu'U puisse envoyer vers tous les points de l'horizon des rayons d'égale lon-
gueur. Il en résulte que, même par les plus grandes et les plus belles jour-
nées, les divers quartiers de notre espace sont inégalement éclairés et colorés.
Quelque prononcée que devienne d'ailleurs cette irrégularité par suite des
troubles météorologiques, le coloris zénithal manifeste un caractère de
stabilité qui n'existe pas au même degré chez les autres parties, et cette cir-
constance dépend de plusieurs causes. En effet, le sommet de l'empyrée se
trouve autant que possible en dehors de l'influence des vapeurs basses
étalées au-dessus de la surface terrestre. Sa distance angulaire le soustrait à
la vivacité des impressions qui dans la région circumsolaire résultent du
( ia4 )
voisinage trop immédiat de l'astre. Enfin, pour y aboutir, la lumière de
celui-ci n'étant point assujettie aux longs trajets qu'elle doit effectuer pour
parvenir jusqu'à l'opposite, se trouve par cela même moins soumise aux
causes d'altération qu'elle rencontre d'autant plus infailliblement, que
l'étendue à parcourir est plus prolongée.
» De ce dernier côté, durant les matinées et les soirées entre autres, il
«'arrive plus que des effluves chez lesquels l'orangé a acquis la prépondé-
rance. Que l'on examine alors comparativement les vapeurs, les nuelles dis-
persées çà et là sur deux points dont l'un est à la plus grande proximité,
l'autre étant aussi éloigné que possible du soleil, et l'on verra celles-ci ornées
de teintes plus bronzées que les autres. Cette gradation, surtout manifeste
durant les journées légèrement embrumées, a pour résultat d'établir, même
en plein midi, entre l'orangé et le bleu zénithal, la zone verte dont il a
été fait mention dans l'exposé des généralités préliminaires. Dès lors cha-
cune des trois parties devant nécessairement produire son ombre spéciale,
celle-ci se traduisant sur le chromatmoscope placé verticalement en regard,
par la succession suivante, savoir : i° ombre bleue supérieure résultant de
l'orangé établi au niveau le plus bas; 2° ombre rose engendrée par la
bande verte mitoyenne; 3° enfin, au bas de l'échelle chromatique viendra
l'orangé dérivé du bleu supérieur.
» Telle est du moins l'ordonnance complète. Cependant il est facile
d'imaginer qu'elle doit éprouver des modifications en rapport avec les sai-
sons, avec l'état hygrométrique du moment, et à cet égard la récapitulation
de mes observations faites pendant les états vaporeux, cirreux et cumuleux
de l'atmosphère, me conduit à formuler de la manière suivante les divers
cas particuliers qui rompent la monotonie dont seraient affectés des régimes
uniformes.
» Le vert céleste est souvent confondu dans une sorte de blancheur
équivoque; mais son existence virtuelle sera infailliblement démontrée par
les ombres, et d'ordinaire leurs indications sont confirmées par l'intensité de
la couleur à l'approche et au départ de l'aube.
» Certains ciels en apparence purs sont cependant constitués de manière
à ne permettre que l'établissement des ombres fondamentales bleue et
orangée.
u Avec d'autres états de condensation des vapeurs, le^ rayons solaires
étant éminemment jaunes, on obtient une ombre violette qui peut dégéné-
rer en rose tendre, et dans l'un comme dans l'autre cas elle est suivie de
l'orangée.
( Î2-. )
') Cette dernière ombre étant pareillement modifiable en tirant verç le
rouge, on arrive à avoir, indépendamment ilu bleu pur supérieur, une
ombre aurore dégradant vers le bas en orangé pâle. iim
» Le zénith se trouvant parfois blanchi par de Jégères vapeurs, son ombre
orangée se modifie en sens inverse, c'est-à-dire qu'en dessous du bleu on ne
voit qu'un filet blême à peine perceptible.
» Des trois couleurs, la rose est la plus fugace.
» L'arc rouge peut quelquefois en passant jeter du vert sur l'orangé;
cependant il est habituellement trop raréfié pour agir dans ce sens.
« Enfin les ciels de plomb estompent leur gris fumeux sur l'ensemble du
spectre chromatraoscopique.
» A titre d'indications plus larges, j'ajoute que si pendant les beaux
jours d'été, même en plein solstice, on peut rencontrer l'arrangement ter-
naire, il n'en est pas moins vrai que normalement un soleil trop élevé ne
dispersant pas une quantité d'orangé suffisante pour faire naître un vert
capable de donner une ombre appréciable, l'effet se réduit à la production
du bleu et de l'orangé.
<> Réciproquement ce qui est l'exception en été, devient pour ainsi dire
la règle dans l'arrière-saison. Il s'agit alors moins que jamais du Candidm
sot des poètes. Le blond Phébus n'envoie guère que des rayons dorés, même
pendant les temps les plus sereins, et l'on peut se donner la satisfaction de
saisir pour ainsi dire constamment, avant comme après le milieu du jour,
ces ombres tricolores dont la diaprure affecte parfois un éclat vraiment
remarquable. Qu'il me soit donc permis de faiçe observer que l'abondante
dissémination du vert céleste durant l'hiver, lorsqu'il manque sur la terre,
semble être une de ces compensations établies par la nature dans le but de
maintenir certains équilibres. Les pays froids, par exemple, n'ont pas leurs
soleils si fréquemment cachés que les nôtres. Il est donc admissible que
l'action bienfaisante du vert à l'égard des organes de la vue y tempère
l'influence éblouissante des neiges. Et sans aller si loin, il me suffira de rap-
peler que dans mes excursions sur les sommités savoyardes, pendant le bel
automne de i838, la couleur atteignit le degré d'une charmante nuance
smaragdine aux heures matinales qui, à cause de leur froidure, établissent
un lien d'analogie avec l'état des contrées boréales. Il est vrai qu'en iSSg, à
pareille époque, je n'ai plus retrouvé ces mêmes splendeurs, mais j'étais
alors sous le coup des formidables orages qui, ajoutant leurs eaux à celles
des glaciers fondus, ont fait une ruine de la route du Simplou, détraqué
C. R., 1859,2™= Semestre. (T. XLIX, N» 3.) '7
(.26)
une foule de ponts, saccagé les vallées de la Doiie, du Rhône, de la Toccia,
gonflé les grands lacs alpins, et laissé partout derrière eux les plus affreuses
images de la dévastation telle qu'elle ne peut se produire que dans les hautes
montagnes. »
MÉMOIRES LUS.
MÉCANIQUE. — Note sur un instrument propre à mettre en évidence les effets
dus à la composition des rotations; par M. G. Sire. (Extrait.)
(Coromissaires, MM, Delaunay, Bertrand.)
« L'instrument que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Acadé-
mie a pour but de mettre en évidence certains phénomènes dus à la com-
position des rotations, ainsi que de faire comprendre les applications qui
en ont été faites.
» Dès i85a, et dans la même séance où M. Foucaulta annoncé les expé-
riences qu'il avait réalisées à l'aide de son gyroscope, j'ai présenté aussi une
Note sur l'application des corps tournants à la détermination de la rotation
diurne de la terre ; et j'ai signalé comment, en répétant certaines expériences,
je suis arrivé à découvrir la tendance des axes de rotation au parallélisme.
Dans l'instrument que je présente, j'ai cherché à produire artificiellement,
en les agrandissant, et pour toutes les latitudes, les effets que le gyroscope
n'accuse que pour une seule station. Il a donc pour but de généraliser et
vulgariser les effets dus à la composition des rotations et les applications qui
en ont été faites comme preuves expérimentales de la rotation diurne de
notre planète.
» Cet appareil ne produit aucun phénomène qui ne soit cotuiu des sa-
vants qui se sont occupés des rotations, mais il permet de montrer avec une
grande simplicité : i" comment l'axe du corps teurnant tend toujours à se
placer dans le plan du méridien, quand il est seulement mobile autour de
la verticale du lieu; i° l'axe du corps tournant étant seulement mobile
dans le plan du méridien, il se place parallèlement à celui de la terre, ce
qui permet de déterminer approximativement la latitude. J'appelle surtout
l'attention sur une disposition particulière de l'instrument qui fournit une
représentation mécanique de la translation parallèle de l'axe de la terre dans
l'espace. »
( 127 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MKDECINE. — Note sur la désinfection et le pansement des plaies;
par MM. Demeaux et Edm. Corne.
(Commissaires, MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquet.)
K Nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie des Sciences les résul-
tats d'expérimentations nombreuses et variées faites en commun, d'abord
dans la pratique privée de l'un de nous, répétées ensuite également en com-
mun à l'hôpital de la Charité, dans les salles de M. le professeur Velpeau.
Nous nous bornerons à formuler en propositions les faits qui pour la plu-
part ont été constatés par lui et par les élèves et médecins qui suivent habi-
tuellement ses leçons.
» i**. Une plaie gangreneuse, fournissant une suppuration abondante et
fétide, soumise à ce mode de pansement, est à l'instant même débarrassée
de toute odeur désagréable.
» 2°. Après un laps de temps de 24 et même de 36 heures, les pièces
d'appareils d'une plaie de mauvaise nature n'exhalent pas plus d'odeur
qu'un appareil de fracture simple.
» 3". Un cancer ulcéré produisant une suppuration ichoreuse, avec
cette fétidité qui lui est propre, soumis à ce mode de pansement, est à l'ins-
tant même, et pendant tout le temps que l'appareil reste en place, dépourvu
d'odeur.
)) 4°- Les ulcères des jambes soumis à ce pansement sont également
dépourvus d'odeur.
» 5°. Des pièces d'appareil de pansement, — des linges imbibés de
pus fétide, — des cataplasmes imprégnés de suppuration, mis en contact
avec la substance désinfectante, perdent immédiatement toute odeur désa-
gréable.
» 6". Des liquides infects, des produits de gangrène, des caillots de sang
décomposé, des tissus sphacélés dans un état de putréfaction très-avancée,
traités par ce mode, sont à l'instant même désinfectés.
» L'action de la substance désinfectante semble arrêter le travail dedécom-
position; elle éloigne les insectes et prévient sûrement la production de
vers. Elle peut recevoir un grand nombre d'autres applications que nous ne
mentionnerons pas ici.
» Ces résultats sont obtenus à l'aide de moyens simples, d'un emploi
17..
( 1^8 )
facile, et avec des substances qu'on trouve partout à bas prix. La matière
désinfectante toute préparée coûterait à Paris un /ranc environ les 5o kilo-
grammes. C'est une matière en poudre, d'une couleur grisâtre plus ou
moins foncée suivant la pureté des matières premières, et aussi suivant les
proportions de l'une d'elles, exhalant une légère odeur bitumineuse. Elle
est composée comme suit :
» Plâtre en poudre du commerce, réduit en poudre très-fine, loo ;
>' Coal tar (produit de la distillation de la houille pour la fabrication du
gaz), I à 3.
» Le mélange des deux substances s'opère avec une grande facilité à
l'aide d'un mortier, soit par tout autre moyen mécanique approprié au
but.
» L'application de cette substance au pansement des plaies nécessite une
préparation particulière que nous devons signaler. En délayant avec de
l'huile d'olive une certaine quantité de poudre préparée d'après la formule
ci-dessus, on obtient un produit dont la consistance, qui est celle d'une pâte,
d'une pommade, d'un onguent, reste la mènie presque indéfiniment, tant
qu'il est déposé dans un vase. Ce mélange a une couleur brun-foncé et une
odeur un peu bitumineuse.
» L'huile /ie la poudre sans la dissoudre, de telle sorte que ce nouveau
produit par l'élimination graduelle de l'huile, n'en conserve pas moins la
propriété d'absorber le pus dès qu'il se trouve mis en contact avec une plaie
qui suppure.
» La consistance qu'acquièrent, soit la poudre employée en nature, soit
la pommade ci-dessus, n'est jamais telle, qu'elle puisse causer au malade la
moindre gène, à la plaie le moindre accident. L'application peut être
immédiate ou médiate, suivant les cas, suivant le but qu'on veut atteindre.
L'application immédiate sur les plaies ne produit aucune douleur; elle a
même une action détersive, une influence favorable à la cicatrisation.
» Ce mode de pansement a la double propriété de désinfecter le pus et
les autres produits morbides, et de les absorber. Cette dernière circonstance
est d'une importance majeure, car elle dispense d'employer la charpie. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Note Sur le ligneux du blé ; par M. Poggialè.
(Commissaire, M. Payen.)
' '« Je crois avoir démontré, dans mes recherches sur la composition chi-
mique du son, que les procédés employés autrefois par les chimistes pour
( '29 )
la détermination de la cellulose contenue dans les aliments fournis par
les végétaux étaient défectueux ; ils consistaient, en effet, à les traiter suc-
cessivement par les acides et les alcalis étendus, l'eau bouillante, l'alcool
et l'élher, et à peser le résidu qui résiste à l'action de ces dissolvants.
Mais la cellulose peu agrégée, comme celle qui se trouve à l'intérieur du
grain, est dissoute, et en grande partie transformée en glucose. Si l'on
sépare, à l'aide de la diastase, comme je l'ai indiqué dans mon Mémoire
sur le pain de munition, les matières amylacées du son, et si, après avoir
lavé le résidu, on le traite par une eau acidulée composée de lo parties
d'eau distillée et de i partie d'acide chlorhydrique fumant, on observe
que loo parties de son donnent de 19 à ao de glucose. Le son, préala-
lablement soumis à l'action des organes digestifs des animaux, puis
recueilli et lavé, et enfin traité par l'eau acidulée, a donné 2 1 pour 1 00
de glucose. Or ce sucre ne pouvait être produit que par la cellulose trans-
formée par l'action de l'acide chlorhydrique, puisque le son ne contenait
plus d'amidon.
» D'autres expériences, que j'ai publiées en i856, et que j'ai répétées
tout récemment sur yn échantillon de blé d'Egypte (Béhéri rouge), démon-
trent ce fait d'une manière évidente. On a séparé mécaniquement la pre-
mière enveloppe du blé, on l'a fait bouillir avec l'acide chlorhydrique
étendu, on a lavé le résidu, et l'on a dosé ensuite le glucose contenu
dans la liqueur filtrée. 100 parties d'enveloppes ont fourni 45 de glu-
cose, et, comme elles ne renfermaient pas d'amidon , il faut bien ad-
mettre que le sucre provenait de la cellulose. Le bois lui-même et la
cellulose plus ou moins pure fournissent des résultats analogues.
» Ce fait est aujourd'hui incontestable ; M. Pelouze a constaté tout
récemment que l'eau acidulée par les acides chlorhydrique et sulfurique
agit sur la cellulose par une ébullition prolongée avec cette substance, et
la transforme en matière sucrée. Cet habile chimiste est même convaincu
que cette réaction deviendra la base d'une industrie nouvelle, et il
ajoute qu'il va réaliser cet essai dans une usine.
» Il résulte des faits que j'ai observés depuis longtemps, que la méthode
d'analyse qui repose sur l'emploi des acides et des alcalis est mauvaise et que,
dans l'état actuel de la science, la seule substance qui permette d'isoler les
matières amylacées de la cellulose, c'est la diastase. Ce procédé, que j'ai dé-
crit dans mon travail sur la composition chimique du son, n'offre aucun des
inconvénients que présente la méthode qui est basée sur l'emploi des acides.
Aussi ai-je trouvé dans le son, en employant la diastase, de 3o à 35 pour
( i3o )
loo de cellulose, tandis qu'en faisant usage des acides et des alcalis, je n'ai
obtenu que lopour loo de cette substance. M. Oudeinans a trouvé 3o,5o
de cellulose pour loo de son de blé à l'aide d'une méthode à peu près sem-
blable à la mienne.
» On sépare, du reste, complètement la dextrine et l'amidon, sans atta-
quer sensiblement la cellulose, en soumettant à une ébullition suffisamment
prolongée lo grammes de blé moulu avec un mélange de 3oo grammes d'eau
distillée et de 6 grammes d'acide chlorhydrique fumant. On lave ensuite le
résidu, et si on l'observe au microscope, à l'aide de la teinture d'iode, on
n'aperçoit aucune trace d'amidon. On a dosé le glucose produit à l'aide du
tarlrate de cuivre et de potasse; mais, comme une partie de l'amidon existe
encore dans la liqueur filtrée à l'état de dextrine, il est nécessaire de conver-
tir celle-ci en sucre par l'ébullition en présence de l'acide sulfurique.
« On dose les matières azotées du blé par le procédé de M. Peligot, on
sépare les matières grasses à l'aide de l'éther et l'on détermine la quantité
d'eau et de matières fixes par les méthodes ordinaires. La différence donne
la proportion de ligneux. C'est par ce procédé que j'ai analysé un échan-
tillon de blé Béhéri rouge d'Egypte bien conservé, et voici les résultats que
j'ai obtenus :
Eau 12,175
Amidon et dextrine 65, 44°
Matières azotées 10, 335
Matières grasses 2 , 3oo
Matières fixes i jSgS
Ligneux 7 ? 855
100,000
» Si on détache avec la main la première enveloppe de ce même blé,
100 parties fournissent 3,85 d'enveloppes desséchées, et encore on ne par-
vient pas à enlever la portion qui se trouve dans le sillon qui partage en
deux lobes le grain de blé. Cette pellicule, examinée au microscope, ne
représente que des cellules et ne contient ni amidon, ni gluten, ni matière
grasse. Sous cette pellicule, qui est presque entièrement formée de cellulose,
se trouvent d'autres téguments qu'il est impossible de séparer complète-
ment. On ne saurait donc admettre que le blé ne contient que i | à 2 pour
100 de cellulose. »
f i3M
TÉRATOLOGIE. — Nole sur un rhinocépliale humain, né à Toulouse; par
M. H. Laforgue. (Extrait.)
(Commissaire, M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire.)
Le rhinocéphale qui fait le sujet de cette observation est né avant
terme, en août i858, à Toulouse, de parents bien conformés. Il est du sexe
féminin et n'a donné aucun signe de vie.
« Sur le milieu de la face, dépourvue de nez, existe un œil largement
ouvert : au-dessous de cet œil est une large surface cutanée qui sépare la
bouche de l'œil. Le crâne a une forme conique, resserrée sur les tempes et
dans les régions temporo-maxillaires ; le sommet est recouvert de cheveux
épais et noirs. L'œil unique est ovalaire : il est recouvert par deux pau-
pières dont la conformation montre qu'elles sont formées par la fusion de
deux paupières supérieures et de deux paupières inférieures réunies à
angle obtus à la partie moyenne, ce qui donne à l'ouverture palpébrale la
forme d'un losange à angles obtus. L'orbite renferme les rudiments de
deux yeux contenus dans une seule conjonctive. Les parties constituantes
des globes oculaires ne peuvent être distinguées : elles sont confondues
entre elles et ressemblent à un double corps gélatineux où la membrane
choroïde seule est reconnaissable. Les sourcils n'existent pas au-dessus de
l'œil unique. Sur les côtés de l'orbite^ à droite et à gauche, la peau offre
une teinte brunâtre qui correspond aux régions sourcillières.
» La trompe est un appendice rond, mobile, adhérent à la partie
moyenne et supérieure de l'orbite, plus gros à l'extrémité libre qu'à l'ex-
trémité adhérente. Elle a aS millimètres de longueur. Cet appendice est
recouvert parla peau. Au centre de son extrémité libre existe une ouver-
ture conduisant dans un canal creusé dans l'intérieur de la trompe. Ce
canal, très-étroit, est fermé par une muqueuse. On trouve dans le bord
libre un cercle cartilagineux : un petit cartilage existe aussi à l'extrémité
adhérente. Ces divers tissus sont évidemment les rudiments du nez atrophié
et séparé des fosses nasales qui manquent. A l'extérieur, la partie qui de-
vrait être occupée par les fosses nasales et le nez est plane et recouverte par
la peau de la face. L'absence du nez autant que l'existence d'un œil mé-
dian donnent à la conformation de la face cet aspect extraordinaire et
étrange que présentent les monstres cyclocéphaliens.
» Je crois devoir noter encore les particularités anatomiques suivantes :
1° I^a forme du crâne, aplati d'avant en arrière. Le frontal et l'occi-
( i3a )
pital droits et dirigés presque verticalement; le frontal ne présentant
plus de trace de la suture médiane dans sa moitié inférieure. 1° La forme
et la situation de l'orbite unique. Cette large cavité ovalaire occupe la
moitié de la face : sa circonférence est formée : supérieurement, par le
frontal unique; latéralement, par les os malaires très-écartés l'un de l'autre,
et inférieurement par les apophyses orbitaires des os maxillaires qui se
réunissent sur la partie moyenne. Le sphénoïde forme la paroi postérieure
de l'orbite ; il présente les deux trous orbitaires. L'ethmoide et les os un-
gués n'existent pas. 3" L'absence complète des parties osseuses qui forment
les fosses nasales, telles que : vomer, cornets, apophyses maxillaires
4" I^a disposition de la mâchoire supérieure, rétrécie et dont les deux
maxillaires sont soudés intimement. 5° Enfin la saillie formée par le maxil-
laire inférieur qui proémine fortement au devant de la mâchoire supé-
rieure. »
M. Zengerlé soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur la
musique.
(Commissaires, MM. Pouillet, Duhamel, Despretz.)
M. BcissON adresse de la Nouvelle-Orléans (Amérique du Nord) un Mé-
moire « sur la puissance motrice du soleil », Mémoire annoncé comme la
première partie d'un ouvrage que prépare l'auteur et qui portera pour titre :
« Explication du système du monde ».
(Commissaires, MM. Babinet, Faye.)
M. Biou prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Commis-
sion un travail de feu M. Bouron, son beau-frère, qui n'a pu en terminer la
publication. La partie déjà imprimée a pour titre : « Cosmogonie moderne, »
la partie manuscrite est intitulée : « Essai de géogénie ».
D'après les usages de l'Académie cette dernière partie seule peut être
l'objet d'un Rapport; la partie imprimée sera renvoyée, mais seulement à
titre de renseignements, au Commissaire désigné, M. d'Archiac.
M. Dlxommun envoie de Nemours (Algérie) une Note sur la maladie de
la vigne. Suivant l'auteur cette maladie, qui a été pour notre agriculture la
cause de tant de pertes, serait due aux attaques d'un insecte très-petit et pro-
( '33,)
bablemeut inconnu jusqu'à ce jour aux naturalistes et qui est provisoire-
ment désigné sous le nom de sphalérie. '<
(Renvoi à la Commission chargée de l'examen des diverses comnuinicafions
relatives aux maladies des plantes usuelles.)
M. Cu. Save présente une Note sur les mouvements des corps célestes.
(Renvoi à l'examen de M. Delaunay. )
M. DoBELLY soumet au jugement de l'Académie luie Note intitulée :
« Nouvelles démonstrations des propriétés du cercle et des trois corps
ronds ».
(Renvoi à l'examen de M. Bertrand.)
CORRESPONDANCE.
M. LE Ministre de l'Ixstruction pcblique autorise l'Académie à prélever
Tsur les fonds restés disponibles une somme de 5,486 francs pour couvrir les
dépenses relatives à la continuation ou à la publication de divers travaux
scientifiques, dépenses spécifiées dans la demande qu'elle lui a adressée en
date du 4 juillet courant.
M. DoNATi, à qui l'Académie a, dans sa séance publique du i4 mars der-
nier, décerné une des médailles de la fondation Lalande, adresse une se-
conde liCtti'e de remercîments, la première qu'il avait écrite au mois d'avril
n'étant pas parvenue à son adresse.
M. LE Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Agassiz, qui assiste à
la séance, une nouvelle édition de son « Essai sur la classification ». L'Aca-
démie, dit M. le Secrétaire perpétuel, connaît déjà ce travail de son savant
Correspondant, qui l'a publié d'abord comme une introduction à son ou-
vrage sur l'histoire naturelle des États-Unis. En le publiant de nouveau, il a
trouvé moyen de l'améliorer encore et de le compléter.
M. LE Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de
la Correspondance deux Mémoires de M. Montigny, intitulés : l'un. Essai
sur certains effets de réfraction et de dispersion produits par l'atmosphère ;
J'autre, Mémoire sur la cause de la scintillation Dans ce dernier, l'auteur
C, R., iSîg, a™» Semestre. (T. XLIX, N» 5. J l8
(,•34)
a exposé une théorie de la scintillation reposant exclus^vement sur des effet»
de réfraction et de dispersion atmosphérique.
M. I.E Secrétaire perpétcel enfin appelle l'attention sur deux opuscules
de M. J. Marcou: l'un intitulé « Dyas et trias ou le nouveau grès rouge en
Europe, dans l'Amérique du Nord et dans l'ïnde » ; l'autre, qui est en anglais,
est une réponse de l'auteur à des critiques dont sa « Géologie de l'Amérique
du Nord » a été l'objet de la part de M. Dana.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'isoméHe des combinaisons organiques;
par M. F. Beilstein.
« En traitant l'aldéhyde par le perchlorure de phosphore, M. Wurtz a
obtenu un chlorure organique C* H^ Cl* qu'il a nommé provisoirement chlo-
rure d'éthylidène. Ce corps est isomérique avec la liqueur des Hollandais.
J'ai entrepris quelques expériences dans le but de rechercher si ce corps
est identique on isomérique avec le chlorure d'éthyle chloré de M. Regnault.
En comparant les propriétés du chlorure d'éthylidène avec celles du chlo-
rure d'éthyle chloré, j'ai été surpris de la concordance qui existe entre elles :
aussi le point d'ébullition du chlorure d'éthylidène est à 58-59 degrés, celui
du chlorure d'éthyle chloré à 64 degrés, tandis que le chlorure d'éthylène
bout à 82°, 5.
» La densité du chlorure d'éthyle chloré est 1,174 à i4 degrés, celle du
chlorure d'éthylidène est à 1,189 ^ 4°i-^? ^^^'^ '^^^ chlorure d'éthylène
est à I ,a56 à 1 2 degrés,
» Cette concordance se confirma pour toutes les expériences que j'ai faites
avec les deux corps, de sorte qu'il est fort probable que le chlorure d'éthy-
lidène n'est autre chose que le chlorurft d'éthyle chloré : les deux corps sont
identiques.
» La différence entre les points d'ébullition (58 à 59 et 64 degrés) doit
être attribuée à la présence inévitable des produits plus chlorés, moins vola-
tils, dans le chlorure d'éthyle chloré. Ce dernier ne présente pas un point
d'ébullition fixe. Voici l'analyse des parties distillées entre 5o et 60 degrés :
C.
H.
Expérience.
Théorie.
, 23,89
24,24
. 4,36
4»o4
B Par l'action du chlorure d'éthylidène sur l'éthylate de soude, MM. Wurtz
( i35 )
et Frapolli avaient oDtenule chlorure d'aldéhydène. J'ai répété cette expé-
rience avec le chlorure d'éthyle chloré et j'ai obtenu exactement le même
chlorure d'aldéhydène. Dans cette réaction il se forme une petite quantité
d'acélal dont la présence a été aussi remarquée par MM. Wurtz et Frapolli
dans la réaction du chlorure d'éthylidène sur l'éthylate de soude. L'odeur
des deux corps est la même. Chauffé dans un tube scellé au bain d'huile
avec une solution alcoolique d'acétate de potasse, le chlorure d'éthyle chloré
se décompose en acide chlorhydrique et en chlorure d'aldéhydène. Le chlo-
rure d'éthylidène se comporte delà même manière.
» L'ammoniaque alcoolique décompose également les deux corpsen acide
chlorhydrique et en chlorure d'aldéhydène.
» Les sels d'argent sont sans action sur les deux chlorures.
» Le chlorure d'éthylidène est facilement attaqué par le chlore. Lorsqu'on
l'expose au soleil avec ce dernier, on voit bientôt se former des cristaux
de sexquichlorure de carbone identique avec celui qui provient du chlorure
d'éthyle chloré. ''"'^
» Si cette coïncidence a généralement lieu, ce que d'autres expériences
doivent confirmer et ce que je me propose d'étudier pouc d'autres séries,
nous pourrons supprimer plusieurs séries de combinaisons isomères.
» Ily a en chimie bon nombre de combinaisons possédant la même com-
position et douées de propriétés différentes. Tous les jours nous en obtenons
de nouvelles. Nous les désignons sous le nom de combinaisons isomériques.
Souvent nous trouvons l'explication de l'isomérie dans des différences de'
constitution ou de dérivation. Quelquefois cette explication nous échappe
et nous constatons une différence de propriétés dans des corps doués de
la même composition sans pouvoir expliquer ces faits. Le but de la science
est de faire disparaître ces cas d'isomérie ou de les ramener à des notions
claires et précises concernant la constitution et le mode de dérivation des
corps dits isomériques. » *
GÉOLOGIE. — Note sur le phosphate de chaux que ton rencontre dans les couches
terrestres; par M. Deschamps.
« La Note que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie
n'a pas pour but de faire connaître un nouveau gisement de phosphate de
chaux, d'annoncer la découverte d'un phosphate pouvant être d'une grande
utilité dans l'agriculture, car elle n'est destinée qu'à faire remarquer que les
conclusions qui ont été formulées dans la dernière séance par un savant
i8..
( .36 )
géologue, me paraissent trop absolues. Il a dit, eu effet, que le phosphate
de chaux n'existait pas dans les couches terrestres, qu'il n'y avait qu'un
phosphate double de fer et de ehaux aussi distinct du vrai phosphate cal-
cique ou du phosphate ferrique simple que la dolomiel'est du calcaire ou de
la giobbertite, et que c'était probablement à cette cause que l'on devait at-
tribuer le peu de succès de l'emploi des phosphates qui ont été trouvés en
France, etc.
» Sans vouloir préjuger le fond de la question, je dirai simplement que
l'on trouve dans l'arrondissement d'Avallon (Yonne), au-dessus du calcaire
à gryphées arquées, un dépôt qui contient réellement du phosphate calcique
sans phosphate de fer. Ce phosphate a été désigné, il y a bien longtemps,
paç M. de Bonnard, sous les noms de nodules de chaux phosphatée terreuse;
mais ce savant géologue n'a point fait connaître dans son travail, remar-
quable par la précision des faits qui y sont énoncés, les caractères de ce
dépôt, son origine, sa composition et les rapports que les fragments qui
le composent peuvent avoir avec les fossiles qui sont empâtés dans le cal-
caire à gryphées arquées. Il est vrai que ces nodules ne présentent, à h pre-
mière vue, aucun caractère organique appréciable; mais il est vrai de dire
aussi que si l'on a de la patience, on parvient à trouver des nodules dont les
formes sont régulières, bien déterminées, et qui représentent exactement les
moules de fossiles qui appartiennent au calcaire à gryphées arquées. J'ai re-
connu des Pholadomies, des Térébratules, etc., Terehratnla causoninha,
'Rhynconella variabilis.
n La découverte de moules de fossiles , parmi les nodules signalés par
M, de Bonnard, peut permettre, je le suppose du moins, de penser que ces
nodules ne sont que des fragments plus ou moins déformés de fossiles sem-
blables à ceux qiii composent la paléontologie du calcaire siuémurien ; que
les coquilles qui ont été rempUes par du phosphate de chaux ont été sou-
mises à l'action d'agent* spéciaux, entièrement différents de ceux qui ont
réagi sur les animaux qui se trouvent dans le calcaire à gryphées arquées, et
que ces animaux n'ont point disparu immédiatement après la formation du
calcaire dans lequel on les rencontre ordinairement.
» Le phosphate de chaux, dont je rappelle l'existence, se présente avec
l'aspect d'une bande plus ou moins blanchâtre, ayant quelques décimètre^s
d'épaisseur; elle est séparée du calcaire à gryphées arquées par une couche
de terre plus ou moins épaisse. Les fragments qui la composentsont plus ou
moins gros et non agglomérés entre eux; ils sotjt ]>oreux, friables et quel-
quefois imprégnés d'oxyde de fer et d'oxyde de manganèse.
( 13? )
» L'analyse de ce phosphate m'a démontré qu'il contenait : de l'ahimine,
de l'oxyde de fer, de l'oxyde de manganèse, de la chaux, de la magnésie,
de la potasse, de la soude, du fluor, de l'acide carbonique, de l'acide stilfu-
rique; 3a,3/| pour loo d'acide phosphorique ; 2,73 pour 100 d'eau et -de
matières organiques ; 8,6 1 pour 1 00 de matières insolubles dans l'acide chlor-
hydrique (silice, etc.). »
CHIMIK ORGANlQUii. — Sur le dioxymétliylène ; par M. A. Boutleuow.
« Un mélange intime d'un équivalent d'oxalate d'argent et d'un équiva-
lent d'iodure de méthylène G'H*I', chauffé doucement, réagit avec éner-
gie et presque avec explosion eu dégageant des vapeurs brunes. On parvient
à modérer cette réaction en ajoutant au mélange du verre pilé ou mieux
encore en le plaçant sous une couche de naphte rectifié. A une douce cha-
leur il se manifeste une décomposition lente et régulière. Des gaz se déga-
gent eu abondance et il se produit un composé nouveau solide et volatil.
Celui-ci se sublime, ou, entraîné par les vapeurs de naphte, se condense
dans le récipient refroidi, sous forme d'une couche mince, blanche et adhé-
rant fortement aux parois du vase. Vers la fit) de l'opération il se sublime de
l'acide oxalique. Le gaz dégagé est formé par un mélange d'acide carbonique
et d'oxyde de carbone. aiiioan.
» Je nomme le composé solide et woVAÛXdioxymélhylène. Sa composition
est représentée par la fornuile C^H* O*, confirmée par la densité de vapeur
du produit. On voit que le dioxyméthylène est isomérique avec l'acide acé-
tique. Il renferme deux fois les élémentside l'oxyde de méthylène C^H'' O*
correspondant à l'iodure C^ H* P. Ou pourrait l'envisager comme l'éther du
méthylglycol si les recherches de M. Wurtz n'avaient [)as démontré que les
éthers des alcools bibasiques renferment le même nombre d'équivalents de
carbone que les alcools bibasiques eux-mêmes. D'un autre côté il n'est pas
impossible que le premier terme de la série fasse exception à cet égard.
» Quoi qu'il en soit, le dioxyméthylène prend naissance en vertu de la
réaction suivante :
\^L^ O* -t- aC^JP = C/H*0' -t- 4AgI + aC^O» -4- 1O
O^
loilure de
Oxalatc d'argent. méthylène
» On le voit, dans cette réaction où il devrait se former du métylglycol
oxalique (oxalate d'oxyde de méthylène), les éléments de l'acide oxalique,'
( i38 )
se séparent simplement de l'oxyde de méthylène, et celui-ci double sa molé-
cule. A vrai dire, l'oxalate d'argent se comporte ici comme le ferait l'oxyde
d'argent lui-même; ce qui le prouve, c'est qu'on a pu constater la formation
d'une certaine quantité de dioxyde de méthylène en faisant réagir, sous le
naphte, de l'oxyde d'argent sur l'iodure de méthylène.
» Le dioxyméthylène ne possède qu'une faible odeur à la température
ordinaire; mais quand on le chauffe , il développe une odeur très-forte, irri-
tante et caractéristique. Il est sans saveur et neutre au papier. Il peut être
sublimé sans fondre. Il se volatilise déjà au-dessous de loo degrés, mais
l'évaporation marche lentement et ne devient très-active qu'an-dessus de
i5o degrés. Vers iSî degrés la matière fond et entre aussitôt en ébullition.
» Le dioxyméthylène ne se dissout promptement ni dans i'eau, ni dans
l'alcool, ni dans l'éther, pas même à la température de l'ébuUition. Lors-
qu'on le chauffe pendant plusieurs heures avec de l'eau à loo degrés, il se
dissout entièrement. La solution, évaporée dans le vide, laisse un résidu
blanc solide, qui paraît constituer en grande partie la substance non altérée.
I) Sous l'influence de l'iodure rouge de phosphore, le dioxyméthylène
régénère l'iodure de méthylène. Il réduit les oxydes d'argent et de mer-
cure; l'acide nitrique et un mélange de bichromate de potasse et d'acide
sulfurique le convertissent en acide carbonique et en eau. Il est attaqué
par le gaz ammoniac avec formation d'une substance volatile, se sublimant
en cristaux et douée selon toute apparence de propriétés alcalines. »
M. Pommier prie l'Académie de vouloir bien lui faire savoir le jugement
qui aura été porté sur un Mémoire qu'il avait présenté en janvier dernier,
de concert avec M. Jo/eux, concernant une étuve à gaz pour la dessiccation
des substances altérables à l'air. »
( Renvoi à l'examen des Commissaires désignés : MM. Pouillet, Morin,
Combes.)
M. Spiegler adresse de Pesth (Hongrie) une semblable demande pour
son Mémoire « Sur une nouvelle méthode pour calculer avec facilité le
logarithme d'un nombre quelconque ».
( Renvoi à l'examen des Commissaires nommés dans la séance du 1 1 février :
MM. Mathieu, Delaunay, Bertrand. '
M. Vaxsoy, au nom de son neveu M. Veiller, en ce moment à l'armée
d'Italie, présente un Mémoire « sur l'emploi des courants électriques pour
( 1^9 )
prévenir les accidents résnllant de la rencontre des trains sur les chemins
de fer ».
(Renvoi à la Commission nommée dans la séance du ri avril dernier,
Commission qui se compose de MM. Piobert, Morin, Combes.)
M. Flament demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire
sur la théorie des parallèles qu'il avait précédemment présenté et qui n'a
pas été l'objet d'un Rapport.
M. Lenahd adresse de Madrid une Note sur le rôle du calorique dans
divers phénomènes relatifs à la physique du globe et à la physique des êtres
organisés.
M. Pouillet est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire
savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. MicHAUT envoie une Note sur la constitution de l'univers.
(Renvoi à l'examen de M. d'Archiac. J
La séance est levée à 5 heures. É. D. B.
RULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ij' Académie a reçu dans la séance du i8 juillet 1869 les ouvrages dont
voici les titres :
Tables sans fin donnant les résultais de la multiplication, de la division et de
l'extraction des racines carrées et cubiques de tous les nombres imaginables ; par
Charles d'Aiguières. Paris, iSSg; iu-4°. (Présenté au nom de l'auteur, dans
la séance du 1 1 juillet, par M. Babinet.)
Essai sur des effets de réfraction et de dispersion produits par l'air atmosphé-
rique; par Ch. MONTIGNY. (Extrait du t. XXVI des Mémoires couronnés et
Mémoires des Savants étrangers de l'académie royale de Belgique) ; in-4°.
La cause de la scintillation ne dériverait-elle point de phénomènes de réfraction
et de dispersion par l'atmosphère ; par le même. (Extrait du t. XXVIII des
mêmes Mémoires) ; in-4°.
( .4o )
Mémoire sur le IruUemeid et ta guérison de l'anévrisme (rhumatismal) du
cœur (endocardite rhumatismale chronique) sous l'influence de l'usage des
eaux thermales de Bagnols (Lozère) ; pur \e D' J. DUFRESSE DE Chassaigise,
inspecteur; 3* édit. Angouléme, iBSq; br. in-8°.
Résumé des observations recueillies en i858 dans le bassin de la Saône, par
les soins de la Commission hydrométrique de Lyon. i5^ année; br. in-8°.
Nouveau précis statistiijue sur le canton de Chaumont, publié sous les aus-
pices de M. le V'^ Randoin-Berthier, préfet de l'Oise. (Extrait de l'an-
nuaire de iSSqI. Beauvais, 1859: in-8°.
Mémoires de la Société d Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du
département de [Aube; a* édit., t. IX, n"* 4? et 48, 2^ semestre i858; in-8°.
Nouveau manuel complet de peinture d'histoire naturelle; par P. Duménil.
Paris, 1859; I vol. in-i8.
Dyas et Trias, ou le nouveau grés rouge en Europe, dans l'Amérique du Nord
et dans l'Inde; par M. Jules Margou. Genève, 1869; br. in-8°.
Reply.... Réplique aux critiques de M. J.-D. Dana; par le même. Zurich,
1869; br. in-8".
Cosmogonie moderne, ou Origine et formation de la nature; par Eugène
BouRON. Nantes, i854; br. in-12.
Relazioni Rapports sur la maladie des vers à soie dans [été de i858, en
réponse au programme publié en avril par la Société d'encouragement des
Sciences naturelles de Nnples ; par MM. O. COSTA et F. Briganti, membres
de la Société, et A. Costa, correspondant. Naples, 1859; br. in-4°. (Adressé
par la Société d'encouragement des sciences naturelles.)
Acta.... Séance publique annuelle de l'Institut médical de Valence; 19* an-
née. Valence, iSSg; br. in-8°.
An Essay Essai sur la classification; par Louis Agassiz. Londres, 1859;
I vol. in-8".
Lehrbuch Manuel de l'ingénieur et du constructeur de machines; par
M. T. WeiSbaCH, t. II; Brunswich, 1857-1859; 6 livraisons; in-a**.
ERRyiTA.
(Séance du 11 juillet 1859.)
Page 76, ligne iS, au lieu de pyrogènes, lisez pyrogénés.
Page 76, ligne 26, au lieu de ou même, lisez ou mieux.
Page 77, ligne 14, au lieu de l'excès, lisez l'eau.
o»»»
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 25 JUILLET 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. LE Président annonce que le XLVII* volume des Comptes rendus est en
distribution au Secrétariat.
M. MiLNE Edwards présente à l'Académie la première partie du V* vo-
lume de ses Leçons sur la physiologie et tanatomie comparée de l'homme et
des animaux. Dans ce fascicule, l'auteur traite principalement de l'ab-
sorption.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des équations modulaires;
par M. Hermite.' (Suite.)
« XVI. Le calcul des équations réduites en z pour les trois valeurs de «
que nous avons à considérer repose sur deux remarques : que l'on peut y
"(" + ')
remplacer d'une part u par tu et z par s * z, s étant une racine huitième
n' — I n-t-I
de l'unité; et de l'autre, u par - et z par -^(— i) * • La pre-
mière, jointe à cette observation que le développement des racines en
C. R., 1839, i"» Semestre. (T. XLIX, N» 4.) IQ
( '4^ )
fonction de q commence par \v'i V '/" J > prouve que les coefficients
sont des polynômes en «" contenant en facteur une certaine puissance
de u ; ainsi ces équations sont composées de termes de celte forme :
2*-". u'-'ia -t- bu^-h cu"^-h ...-*- hu^P'),
et l'exposant «v se détermine en prenant la valeur positive de v -^ ■ (mod 8),
qui est immédiatement supérieure à la quantité v La seconde re-
marque montre que les polynômes a -h hu*-+- cu*^+ . . . sont réciproques,
mais à cet égard en distinguant des deux autres le cas de n = ii, à cause
n' — I n -t- 1
du facteur (— i) ** '' , alors égal à — i. De là résulte en effet que les
polynômes facteurs des puissances paires de z ont leurs coefficients équi-
distants des extrêmes égaux et de signes contraires, tandis que ceux qui
affectent les puissances impaires ont, comme pour « = 5, 7, leurs coeffi-
cients égaux et de même signe. On en tire d'ailleurs, dans tous les cas, la
valeur de p^ sous cette forme :
Pv= -g '
et si l'on observe enfin, ce qui est très-facile à établir, que la quantité i — n*
entre comme facteur dans le polynôme a-4- />"** +■ c// '''-(- ...-+- fi/i^''' avec
un exposant (*) dont la limite inférieure est — n -(-(-) }•> on aura réuni
tout ce qui est nécessaire pour pouvoir écrire à priori et sans calcul les
équations réduites sous les formes suivantes, où D représente toujours le
discriminant, savoir :
•> 1°. n~5.
z= H- za«'(i -«»)»- s/D = o.
» Le terme en z* n'existe pas, parce qu'on obtient pour p, une valeur
négative; les termes en z' et z^ disparaissent parce que les coefficients doi-
(*) Cet exposaat est impair lorque n = 1 1 dans les coefficients des puissances paires de z ;
mais, ce cas excepté, il est toujours pair.
( i43 )
vent respectivement contenir en facteur i — u*, (i — u*)-, ce qui est en con»
tradiction avec les valeurs p, = o, (33=1.
n :
z'-h z*au*{\ — «»)=■ + z» a' M* (i — u*)* + za" u^{i — u'y — \JD = o.
» On a à remarquer cette circonstance importante que le coefficient a'
est nul, et qui tient à ce que dans le développement des racines suivant les
puissances de yi^ = q, savoir :
, ^LZJ Lq2.^,,4_^_
la quantité entre parenthèses ne contient pas la première puissance de <\.
De là sans doute résulte qu'on à ainsi le type analytique le plus simple des
équations du septième degré résoluble par les fonctions elliptiques.
^ 3°.
M = I I .
» En désignant comme précédemment par a, p, etc., des constantes
numériques, on a cette équation :
■+ z'm» (1 - "')'(i3 -+■ /3'««+ |3»<«) + z'u">{i - ««)' (7 + y'M» + yu'*)
-HZ^M» (1 + ««)*(£ + 6'M»-h £"i<"+ £"l<='*-f- £'fi''+ £«*")
+ z» «»( r - M»)* (ï3 -h >;'«•-(- „"«'•-»- »;'"«"+ y;"«<"-f- ïj'm^O-I- ïj «*»)
+ z'w'" (i - n'Y (Ç + Ç'm»+ Ç"tt*»-f- Ç"'«"+ Ç"„sï+ Ç'm*<>4- Ç«^«)
Z.«*fl
Ces constantes pourront être déterminées en développant les coefficients
* suivant les puissances de y, et substituant pour z le développement corres-
pondant suivant la puissance de y^^f. Le calcul assez long auquel on est
conduit n'est nullement impraticable ; je n'ai pas cru cependant devoir m'y
arrêter, car le principal intérêt qu'on peut attacher au résultat concerne sur-
tout l'étude des équations du onzième degré résoluble par les fonctions ellip-
tiques. J'indique encore une fois, en terminant ici mes recherches, ces belles
questions qui offriront une des plus importantes applications de la théorie
fondée par Abel et Jacobi. Mais c'est surtout l'oeuvre propre de l'immortel
19..
( i44 )
auteur des Fundamenta d'avoir reconnu ces rapports si remarquables des
nouvelles trauscendantes avec l'algèbre et les propriétés des nombres.
Entre tant de beaux résultats dus à son génie, et qui ont ouvert des voies
fécondes à la science de nos jours, je ne puis m'empêcher de rappeler dans
les Notices des premiers volumes du Journal de Crelle les énoncés relatifs
aux propriétés des équations entre le multiplicateur M et le module k. C'est
là en effet que M. Rronecker a trouvé le principe de la méthode si remar-
quable pour la résolution de l'équation du cinquième degré qui m'a été
communiquée dans une Lettre publiée au tome XLVI, p. 1 1 5o, des Comptes
rendus, et l'on pourra voir dans un travail très-important de M. Brioschi sur
ce sujet (*) comment cette méthode résulte des relations singulières qu'a
données Jacobi entre les racines de ces équations dans le cas du sixième
degré. Les travaux de ces deux savants géomètres ont ainsi ouvert une voie
plus facile pour arrivera la résolution de l'équation générale du cinquième
degré que celle que j'avais suivie en prenant pour point de départ la réduc-
tion de Jerrard à la forme j:* — x — a = o, et c'est en suivant cette nouvelle
direction que j'espère plus tard pouvoir y revenir pour contribuer à en
faire l'étude approfondie qu'elle demande. »
BOTANIQUE. — Espèces et variétés dans les plantes cultivées; Communication
de M. Décaisse.
« En offrant à l'Académie un exemplaire de la Monographie des espèces
et des variétés du genre CUCUMIS, je lui ferai observer que le travail de
M. Naudin n'est pas une œuvre isolée, mais qu'il fait partie de tout un
système d'études entreprises au Muséum et auxquelles se rattachent quel-
ques-unes de mes propres publications, notamment celle à laquelle j'ai
donné le titre de Jardin Jruitier du Muséum.
n On sait que la famille des Cucurbitacées, dont M. Naudin a entrepris
la révision générale, comprend beaucoup d'espèces extrêmement polymor-
phes, et qu'elle est, à cause de cela même, une de celles dont l'histoire
est la moins avancée et où les erreurs de nomenclature sont les plus
fréquentes. Tout restreint que paraisse donc ce travail, si l'on n'en juge
que par son titre, il a néanmoins occupé l'auteur pendant quatre années
consécutives, et exigé l'observation de près de deux mille sujets vivants.
(*) Sul metodo di Kronecker per la riioluzione dcîlc equazioni di qiiinlo grado, dan»
les Actes de l'Institut Lombard, vol. I".
( «45 ) . ■
C'est que, dans le nombre des espèces dont il s'agissait de tracer les carac-
tères, il s'en trouvait une, celle du Melon, dont l'étrange polymorphisme
avait jusqu'ici mis en défaut tous les botanistes descripteurs. On se fera
une idée de la confusion qui régnait dans leurs ouvrages au sujet de cette
plante si universellement cultivée , lorsqu'on saura qu'elle avait donné lieu
à la création de vingt-huit espèces réputées différentes et acceptées comme
telles par tous les auteurs. M. Naudin dut les ramener à luie seule, après
avoir constaté expérimentalement, c'est-à-dire à l'aide de l'hybridation,
que ces espèces prétendues n'étaient rien de plus que des races, ou même
de simples variétés, mais quelquefois très-caractérisées et très-stables, d'iui
même type spécifique.
» Je ne pousserai pas plus loin l'examen de la Monographie des espèces
et des variétés du genre CUCUMIS, je ferai seulement remarquer qu'elle appar-
tient à un genre de travaux dont Duchesne et De CandoUe ont seuls jus-
qu'ici donné l'exemple en France, et qui ont été depuis totalement né-
gligés par les botanistes. Je veux parler de l'étude de nos végétaux
domestiques, presque tous riches en races et en variétés, dont les origines
sont inconnues et qu'on se hâte généralement trop d'élever au rang d'es-
pèces. Il n'y aurait cependant pas moins d'intérêt pour l'histoire naturelle
proprement dite que pour l'histoire du genre humain lui-même à savoir
d'où et de quels types sauvages ces végétaux ont été primitivement
tirés, par quels peuples ils ont été pour la première fois assujettis à la
culture, et quelles modifications ils ont subies de leur contact avec
l'homme pour arriver à l'état où nous les trouvons aujourd'hui. L'Aca-
démie me permettra d'ajouter que, dans mon opinion, M. Naudin à com-
plètement atteint ce but, au moins en ce qui concerne le melon, par les
recherches.et les expériences dont sa monographie nous offre le résumé. »
THÉRAPEUTIQUE. —Sur les effets obtenus, dans le traitement des plaies et ulcères,
de l'emploi du mélange désinfectant de MM. Corne et Demeaux ; nouvelles
observations de M. Velpeau et de M. Bouley, suivies de remarques présentées
par MM. Chevreul, Bussy, Dumas, Payen, Élie de Beaumont.
Communication de M. Velpeac.
« Sans être en mesure de faire un Rapport circonstancié sur l'eaiploi
de la poudre désinfectante proposée par MM. Corne et Demeaux, je crois
cependant devoir entretenir un moment l'Académie des expériences tentées
sous mes yeux depuis lundi à l'hôpital de la Charité.
D Une large plaie ulcéreuse du sein avec mortification de la peau a été
( i46 )
pansée avec ce topique, soit en poudre, soit en pommade. La suppuration
s'est amoindrie et a perdu son odeur, en même temps que les surfaces ma-
lades se sont détergées, et sans qu'il en soit résulté de douleur, le moindre
accident particulier.
1) Il en a été de même chez une autre jeune femme atteinte d'un large
abcès de la mamelle avec escarre des téguments.
» Chez une autre femme rongée par un vaste cancer ulcéré qui occupe
tout le côté gauche de la poitrine et l'aisselle, l'odeur du pus a disparu de la
même façon à l'aide de deux pansements par jour.
» Chez un quatrième malade, un jeune homme qui a eu la main écrasée
par une chaudière, il est survenu une mortification presque complète de
l'un des doigts. Samedi matin, ce doigt était en putréfaction complète et
répandait une odeur infecte. On l'a pansé malin et soir avec la poudre
plâtrée. Ce matin le doigt est comme momifié, il n'y a plus d'odeur, et le
travail morbifique n'a plus fait de progrès.
» Ainsi sur les plaies comme pour les matières animales séparées du corps,
la poudre Corne désinfecte sur-le-champ, et ne laisse à la place de l'odeui
détruite qu'une légère odeur de bitume qui n'a rien de désagréable.
u J'ajoute que ce mode de pansement ne cause pas de douleur, d'irrita-
tion, de gonflement, d'inflammation notables, qu'il semble plutôt favoriser
que troubler le travail de détersion et de cicatrisation, qu'il n'y a par consé-
quent aucun inconvénient à l'apphquer aux divers ulcères, plaies ou bles-
sures qui peuvent avoir besoin d'être désinfectés.
» Les mêmes expériences faites par d'autres personnes ont d'ailleurs
donné les mêmes résultats. M. Bouley, professeur à l'école vétérinaire d'Al-
fort, m'a fait passer une Note qui le prouve sans réplique. La voici :
a Depuis lundi dernier, le topique de MM. Corne et Demeaux a été
» expérimenté à la clinique de l'École d'Alfort sur un grand nombre de
» plaies et de matières putrides, et les résultats obtenus ont été en tous
» points conformes à ceux que M. Velpeau a fait connaître à l'Académie
» des Sciences. Les plaies les plus infectes, telles que celles du garrot et de
» la région parotidienne par exemple, sont devenues inodores sous l'in-
» fluence de l'application de ce topique, qui me paraît, en outre, exercer
» une influence très-favorable à leur cicatrisation.
» Alfort, 24 juillet iSSg.
» H. Bouley. »
» On peut donc dès à présent affirmer que cette matière est de nature à
rendre quelques services dans le pansement de certaines plaies, et que peut-
( '47 )
être il serait bon de la signaler au^ médecins et chirurgiens qui prodiguent
actuellement leurs soins aux trop nombreux blessés de l'armée d'Italie. »
Considérations sur ta neutralité des saveurs et des odeurs et sur ta neutralité
chimique en général.
M. Chevrekl demande la parole après M. Velpeau et s'exprime en ces
termes :
« Je souscris de confiance à l'opinion de M. Velpeau ; car la question
soumise à la Commission nommée par l'Académie pour examiner la commu-
nication qui lui a été faite au nom de MM. Demeaux et Corne, étant celle
de savoir si le plâtre mélangé de 0,0 1 à o,o3 de COAL-TAR est d'un emploi
avantageux ou non dans le pansement des plaies, je ne puis avoir d'autre opi-
nion que la sienne.
» Mais en acceptant de faire partie de la Commission chargée d'exa-
miner la préparation de M. Demeaux et Corne, j'ai pensé mettre cette occa-
sion à profit pour augmenter le nombre de mes observations sur les pro-
priétés organoleptiques en général et en particulier sur les odeurs, obser-
vations que depuis longtemps je recueille et dont j'ai publié déjà un
certain nombre (t).
» Mon but est de faire rentrer l'étude de ces propriétés dans l'histoire
des espèces chimiques, en rattachant chacune de ces propriétés à l'espèce
chimique à laquelle elle appartient, et de voir ensuite si on ne serait pas
conduit à envisager certains points de physiologie autrement qu'on ne le
fait, ou du moins à donner plus de précision aux connaissances qu'on y
rapporte aujourd'hui.
» Je cherche donc à ramener les saveurs et les .odeurs à leurs causes
immédiates-matérielles, c'est-à-dire à des espèces chimiques définies.
» J'ai remarqué il y a longtemps la coexistence de plusieurs saveurs dans
une même espèce de corps, la saveur sucrée et astringente dans les sels
(1) Je cite comme exemples quelques publications de mes études :
1°. Sur les substances amères et astringentes, Annales de Chimie, t. LXXIII, p. igr.
2*. Sur les propriétés organoleptiques en général et sur les saveurs et les odeurs en particu-
lier. Considérations générales sur l'analyse organique et sur ses applications, p. 42(1824).
3°. Sur la désinfection [Comptes rendus des séances de la Société r.ationale et centrale
d' Agriculture, 2" série, t. VI, p. 249.)
( i48 }
d'alun, de plomb, etc., etc., la saveur amère et astringente dans plusieurs
tannins et en particulier dans des tannins d'origine artificielle, une saveur
douceâtre et amère dans le sulfate de magnésie. Enfin j'ai montré la rela-
tion de ces propriétés avec la propriété de conserver les matières animales
(,809).
» En 1824, j'arrivai à conclure que le nombre des saveurs est très-petit
relativement au nombre des odeurs. Je nomme les saveurs sucrée, amère,
acide, salée, astringente comme distinctes les unes des autres; je ne parle
pas d'une sixième saveur. Mais en faisant cette distinction, je ferai la
remarque que je ne suis point encore assez avancé pour prononcer d'une
manière définitive sur l'existence de chacune d'elles, comme propriétés
exclusivement perceptibles par l'organe du goût: peut-être les saveurs
qualifiées d'acide, de salée, d'astringente sont-elles perceptibles par d'autres
organes que le goût : s'il en était ainsi, elles rentreraient dans la caté-
gorie des saveurs appelées^flîc/je et chaude que je ne considère pas comme
spéciales au sens dugoiit depuis 1824.
» J'étudie, ai-je dit, les propriétés organoleptiques au point de vue chi-
mique. J'en citerai vin seul exemple, afin de rendre mes idées sensibles : c'est
la manière dont j'ai envisagé la saveur amère dans V acide picrique (amer de
Welter).
» Cet acide, dissous dans l'eau, a une saveur à la fois acide, amère et très-
légèrement astringente.
» En le combinant à la potasse, la saveur acide et la légère saveur
astringente disparaissent, mais la saveur amère persiste. Je dis que les deux
premières saveurs sont neutralisées, parce que loin d'être détruites, elles se
manifestent'de nouveau quand l'acide est séparé de la potasse.
« En étudiant les propriétés organoleptiques de la matière et particu-
lièrement les propriétés délétères ou toxiques, les propriétés organolepti-
ques dont la thérapeutique tire parti pour ramener à l'état normal la santé
troublée par la maladie, comme je viens d'envisager les saveurs de l'acide
picrique au point de vue de la combinaison de l'acide avec la potasse, on
arrivera certainement à des résultats nouveaux. Ainsi, qu'on étudie l'acide
arsénique libre et ses combinaisons solubles avec la potasse, on verra que si
l'acidité est neutralisée, la propriété toxique ne l'est pas. Il en est encore
de même des propriétés organoleptiques les plus remarquables de la cin-
chonine, de la quinine, etc.
o Le résultat définitif de cette manière d'envisager les propriétés organo-
leptiques montre donc comment des activités spéciales à une espèce chimique
( '49 )
définie peuvent être neutralisées (sans être détruites bien entendu) par la
combinaison chimique ou bien ne pas l'être.
» Et j'ajoute par extension comment une cause physique, comme la cha-
leur, l'électricité, etc., pourrait produire un effet analogue sur un corps doué
d'une certaine activité spéciale, que cette cause ferait disparaître en la neutra-
lisant sans la détruire.
» Pour les détails relatifs à u)a manière d'envisager la neutralité, je
renvoie :
» i". A ce que j'ai dit depuis longtemps de l'acidité et de l'alcalinité ;
» 2°. A la manière dont j'ai envisagé ce qu'on a qualifié dans ces derniers
temps de théorie chimique du dualisme avec l'intention de la combattre;
» 3°. A la manière dont j'ai envisagé les lumières colorées complémen-
taires relativement à la neutralité.
» La neutralité chimique une fois définie un état tel, de la combinaison de
deux corps, que te composé produit n agit plus comme chacun d'eux le faisait
auparavant sur un troisième corps appelé réactif, on arrive à cette conséquence
que la neutralité chimique reconnue au moyen d'un réactif n'est pas autre chose
qu'un état de combinaison où l'affinité mutuelle des corps unis, [emporte sur les
affinités individuelles des corps pour un troisième corps appelé réactif.
1) C'est l'application de cette manière d'envisager la neutralisation de
saveurs, et la neutralisation chimique telle que je viens de la définir, que j'ap-
plique aux odeurs dans le corps où il s'agit de les faire disparaître, soit en
les neutralisant sans dénaturer les espèces chimiques auxquelles elles appar-
tiennent respectivement, soit en les détruisant, parce qu'on change la com-
position de ces espèces chimiques.
Exemples de neutralisation d'odeurs.
» Les odeurs des acides volatils et odorants sont neutralisées par les alcalis
qui forment des sels inodores avec eux.
» L'odeur de l'ammoniaquç est neutralisée lorsque cette base s'unit à un
acide.
» Je dis que ces odeurs sont neutralisées, parce qu'en remettant les acides
et l'ammoniaque en liberté, ils reparaissent avec l'odeur qu'ils ont chacun
à l'état libre.
Exemple de destruction d'odeur.
» L'acide sulfhydrique, traité par l'eau de chlore, est réduit en acide
chlorhydrique et en acide sulfurique, dont la solution aqueuse est inodore.
C. R., i859, î""" Semestre (T. XLIX, N» 4.) '-iO
( «5o )
Exemple où il y a à la fois neutralisation et destruction et odeur.
» 3 volumes de chlore et 8 volumes d'ammoniaque donnent lieu à une
destruction de 2 volumes d'ammoniaque et à 6 volumes d'ammoniaque
neutralisés par les 6 volumes d'acide chlorhydrique produits.
» Parlons maintenant d'une manière générale de l'altération des matières
animales qui sont susceptibles, par la putréfaction, d'exhaler des odeurs
fortes le plus souvent désagréables; puis nous examinerons les désinfectants
et les matières susceptibles de conserver les matières organiques.
A. De l'altération des matières animales en général.
» Les matières animales, dans l'état de putréfaction où nous les obser-
vons ordinairement, sont d'une composition très-complexe, en d'autres ter-
mes, présentent toujours un certain nombre d'espèces diverses de principes
immédiats, et le plus souvent il est impossible de rapporter les impressions
que nous en recevons à des espèces chimiques définies. Conséquemment il est
impossible sans un travail ultérieur de prononcer sur la cause immédiate-
matérielle d'une odeur qu'elles répandent en s'altérant.
» C'est faute de connaître toutes les difficultés du sujet, faute d'avoir le
sens de l'odorat exercé, scientifiquement parlant, qu'il existe si peu de per-
sonnes capables de parler avec précision de la manifestation d'une odeur
donnée eu égard à l'espèce chimique animale qui la produit immédiate-
ment. 11 ne faut pas oublier qu'il n'existe aucun moyen comparable à celui
que nous avons pour la notation des sons, et même aux gammes des cercles
chromatiques pour définir les couleurs. Dans l'état actuel de la science, il
n'est possible de donner l'idée de l'odeur d'une matière récemment décou-
verte qu'en la rapprochant d'une odeur connue. Aujourd'hui ou ne définit
donc pas une odeur comme il est possible de définir un son et une cou-
leur. A cette difficulté, il en est une autre bien peu connue : c'est la diffi-
culté d'user de son odorat pour étudier les odeurs, comme on se sert de
l'œil pour apprécier des couleurs, et de l'oreille pour apprécier des sons.
îLn effet, dans les nombreux travaux que j'ai entrepris sur les odeurs, travaux
dont je n'ai publié qu'un très-petit nombre, j'ai été constamment arrêté par
la facilité avec laquelle mon odorat se blase. Aussi, malgré l'exercice que j'ai
fait de ce sens, je ne voudrais pas m'exposer à le soumettre à un concours.
» Ayant toujours attaché de l'importance à ce que la science définisse des
circonstances spéciales à certains arts, circonstances omises dans la des-
( 'Sr )
cription de ces arts ou qui, quand elles ne l'ont pas été, sont énoncées en
des termes vagues, j'avais cherché en i83o à me rendre compte des odeurs
diverses qu'exhalent les cuves de pastel, et pour cela, me trouvant à Reims
avec un homme qui avait pour les diriger une très-longue pratique, je le
priai de me dire comment il désignait l'odeur qui s'exhalait d'une de ces
<;uves dans la circonstance que je voulais définir. Eh bien, jamais je ne pus
arriver à avoir des réponses précises relativement .aux diverses odeurs qui
se manifestaient, et cependant, j'en reconnus cinq parfaitement distinctes :
l'odeur d'ammoniaque, une odeur sulfurée, luie odeur que je qualifie de
métallique, une odeur aromatique qui peut persister des mois entiers dans
des étoffes de laine passées en cuve , enfin l'odeur d'un acide volatil ana-
logue à celle des matières animales en décomposition.
M Quelle utilité espérais-je retirer de ce travail sur les cuves de pastel
qu'on n'apprend à diriger que par la seule pratique? C'était de définir scien-
tifiquement l'espèce d'odeur correspondant à un tel état de la cuve, afin que
celui qui la gouverne, reconnaissant cette odeur comme un symptôme^ sîit
ce qu'il avait à faire pour maintenir cet état, s'il était bon, ou, s'il était mau-
vais, le changer en recourant à un tel moyen.
» Lorsque j'étudiais la séméiologie, j'avais senti que cette branche de la
médecine n'acquerrait le caractère scientifique quant aux symptômes dé-
pendant de la nature chimique des liquides et des solides organiques,
qu'autant que la chimie définirait la relation de ce symptôme avec tels
principes immédiats de ces liquides et de ces solides qui sont le siège du
symptôme ou phénomène.
» Après avoir entendu souvent parler de Vodeur du cancer comme une
-odeur spéciale, j'ai profité de la circonstance qui m'était offerte pour la
sentir. Un tissu qui avait servi à un pansement a été enveloppé dans du linge,
puis renfermé dans un bocal ; on me l'a présenté. J'ai reconnu immédiate-
ment que cette odeur spéciale se composait : i° d'une odeur ammoniacale, et
en effet, un papier rouge de tournesol plongé quelques minutes dans le
bocal passait au bleu ; 2" d'une très-légère odeur butyrique; 3° d'une odeur
fade qui se manifeste dans la fonte du suif. Pour moi il n'existe plus d'oc/eur
spéciale de cancer, car les trois odeurs dont je viens de parler coexistent
dans des matières non cancéreuses qui s'altèrent.
» J'ai entendu parler aussi de Vodeur du pus comme spéciale : il en
est d'inodore ou presque inodore, ayant l'apparence du lait, mais ne se
caillant pas comme lui. J'ai observé un pus douédecespropriétésqu'un coup
de bistouri avait fait couler d'un abcès, tandis que du pus provenant d'abcès
ao..
( ï52 )
qui avaient crevé naturellement, répandaient une odeur excessivement
forte et désagréable. Mais cette odeur n'était pas spéciale au pus, et d'un
autre côté elle était complexe; on y reconnaissait, entre autres odeurs, une
odeur sulfurée et une odeur butyrique appartenant à un acide du genre
de ceux que j'ai trouvés dans le beurre, l'huile de poisson, etc.
» Enfin du pus sortant des parties du corps où existent des glandes sé-
bacées, sécrétant des liquides qui peuvent être inodores dans l'intérieur des
organes, mais qui exhalent des odeurs fortes sous l'influence de l'air, ainsi
que cela arrive à la butyrine, etc., etc., enfin ce pus, dis-je, peut encore
exhaler des odeurs dues aux liquides dont je parle.
» J'insiste de nouveau sur les liquides qui sortent inodores du corps de
l'homme et des animaux et qui sous l'influence de l'air, de la chaleur, etc.,
éprouvent un tel changement moléculaire, qu'ils deviennent odorants; j'ai
cherché à attirer l'attention des chimistes et des physiologistes sur ces
liquides dont beaucoup sont analogues aux éthers.
« C'est à des composés inodores que les diverses viandes doivent l'odeur
spéciale qu'elles acquièrent par la cuisson (i).
» La plupart des mines, notammentcelle duchat, au moment où elles sont
rendues, sont inodores ; c'est sous l'influence de l'air qu'elles s'altèrent et
que plusieurs exhalent des odeurs tout à fait indépendantes de celle de
l'ammoniaque provenant de l'altération de l'urée.
•> En résumant toutes mes observations sur des matières animales com-
plexes en putréfaction et abstraction faite de celles dont je viens de parler
en dernier lieu, j'ai constaté l'existence de différentes odeurs dont je cite les
principales.
» i". Une odeur sulfurée . — Elle peut agir sur le papier de plomb mouillé
qu'on suspend dans l'atmosphère d'un vaisseau où se trouve la matière qui
l'exhale. Il faut souvent douze heures pour que le papier noircisse. Si l'o-
deur est due souvent à de l'acide sulfhydrique, elle peut être due à d'autres
composés.
» 2". Une odeur ammoniacale. — On en démontre la nature par la couleur
bleue qu'elle restitue au papier de tourr>esol préalablement rougi par un
acide.
M Je ne voudrais pas affirmer que toute odeur qui ramène au bleu le
papier rouge de tournesol est de l'ammoniaque, car je pense qu'il est des
(i) /^o/rNote de mon Rapport sur le bouillon de la Compagnie Hollandaise,
( «53 )
circonslances, où des matières animales peuvent dégager des ammoniaques
complexes identiques ou analogues à celles que M. Wurtz a découvertes.
« 3°. Une odeur bul/rique acide, mais qui peut appartenir à différentes
espèces d'acides.
» L'eau de macération des cadavres, les vieilles cuves d'inde à la potasse,
renferment un acide de ce genre dont j'ai parlé il y a bientôt quarante ans.
» Des acides analogues existent encore dans le suint de mouton.
» 4°- Une odeur de poisson. ~ Cette odeur est certainement complexe.
Quand le poisson n'est pas trés-altéré, il exhale l'odeur de la vulvaire avec
de l'ammoniaque; quand elle est plus avancée elle peut tenir à une de ces
ammoniaques de M. Wurtz; enfin, dans ces odeurs de poisson l'odeur
phocénique peut être observée. L'odeur de poisson existe souvent dans le
linge lavé avec du savon d'huile de graine et d'huile de poisson et sur l'ar-
genterie qui a été nettoyée par son intermédiaire.
» 5*". Odeur fade-nauséabonde, qui se manifeste dans beaucoup de cas
à ma connaissance; je vais citer les principaux :
» L'eau de source ou de rivière qui ^séjourne quelque temps dans une
carafe dont on a nettoyé l'intérieur avec des coquilles d'œufs imprégnées
d'albumine.
» Cette odeur se manifeste dans les eaux qui renferment de faibles pro-
portions de matières animales; elle est souvent fort sensible lorsqu'on est
sous le vent du jet d'eau du grand bassin des Tuileries.
» La vaisselle mal lavée et mal essuyée peut exhaler cette odeur a un
haut degré.
. B. Des désinfectants,
» L'exposé des considérations précédentes expliquant l'empressement
que j'ai mis à m'occuper de la poudre de MM. Demeaux et Corne et le
point de vue sous lequel j'ai dû l'envisager, je vais parler des observations
dont elle a été l'objet relativement à trois liquides odorants que ces mes-
sieurs ont eu la complaisance de me remettre.
Liquide cancéreux altéré extrait d'un cadavre vingt-quatre heures après la mort et examiné
quarante-huit heures après l'autopsie [n" i).
» L'odeur en était excessivement désagréable, nauséabonde et fade,
plutôt que forte. J'y saisissais en outre l'odeur ammoniacale et l'odeur
( i54 )
sulfurée. La réaction de l'atmosphère du vaisseau sur les papiers de tour-
nesol et de plomb justifiait l'existence de la matière de ces. odeurs.
» (fl) 5 centimètres cubes du liquide mêlés avec 5 centimètres cubes de
poudre ont sans aucun doute, je le reconnais, perdu de leur odeur, mais
leur odeur, non.
» Ce mélange exhalait, avec l'odeur du coal-tar, une odeur nauséabonde
si sensible, que j'en ai conservé l'impression plus de six heures après l'avoir
observée.
» [b) 5 centimètres cubes de liquide mêlés avec 5 centimètres cubes de
plâtre pur avaient une odeur plus forte que [a), et certes l'odeur du coal-
tar est pour quelque chose dans l'affaiblissement de celle du mélange {a).
» (c) 5 centimètres cubes de liquide mêlés avec 5 centimètres cubes de
chaux hydratée ont exhalé une forte odeur ammoniacale, avec une odeur
nauséabonde.
)> (c?) 5 centimètres cubes de liquide mêlés à 5 centimètres cubes d'une
solution d'acétate de plomb (représentant lo grammes par volume de
loo centimètres cubes) n'ont pas p^rdu leur odeur nauséabonde. Et en
ajoutant à plusieurs reprises 5 centimètres cubes d'acétate chaque fois,
voici ce qu'on a remarqué :
» 5 centimètres cubes ont produit une odeur aigrelette désagréable à
cause de l'acide acétique.
» 5 centimètres cubes nouveaux ont affaibli l'odeur.
» 5 centimètres cubes nouveaux l'ont affaiblie encore, et je ne puis mieux
comparer celle que j'ai sentie qu'à celle que j'ai signalée plus haut sous la
dénomination d'odeur fade-nauséabonde.
» (e) 5 centimètres cubes de liquide, mêlés successivement avec 20 cen-
timètres cubes d'une solution de chlorure de zinc(i) n'ont point été privés
de leur odeur.
» [/). 5 centimètres cubes de liquide mêlés à 5 centimètres cubes
d'hyppchlorite de chaux (i) n'ont- pas été complètement désinfectés, mais
toute odeur nauséabonde a disparu par l'addition de 5 autres centimètres
cubes d'hypochiorite. Alors restait une odeur particulière à l'hypochlorite.
» Les mélanges précédents, examinés vingt-quatre heures et quarante-
huit heures après qu'ils eurent été faits, ont donné lieu aux observations
suivantes :
(i) Ces solutions renfermaient 10 gramme par 100 centimètres cubes.
( ,55 )
Vingt-quatre heure». Quarante-huit heures.
(a) Odeur bitumineuse 1 „ .... ^, -- ., ,. . ...
* •* \ affaiblies. Plus affaiblies, mais encore sensibles.
Odeur nauséabonde )
(b) Odeur nauséabonde affaiblie. Odeur décolle forte.
(c) Odeur ammoniacale ) ^ff^j^j^^ Presque inodore.
Odeur nauséabonde (
{d) Odeur fade de blanc d'oeuf.
i Odeur fade de blanc d'œuf toujours
prononcée.
(e) Odeur fade de blanc d'œuf. A peu près comme la précédente.
(/) Odeur chlorée. Odeur encore chlorée.
Matrice cancéreuse en putréfaction complète (n" 2).
» L'atmosphère du flacon où elle était renfermée agissait lentement sur
le papier rouge de tournesol et plus lentement encore sur le papier de
plomb.
» IjC liquide, délayé dans un peu d'eau, violetait le papier bleu de tour-
nesol et plus légèrement le papier rouge. Je connais beaucoup de faits ana-
logues, lors même qu'il ne s'agit que de sels inorganiques, comme des
phosphates à base de potasse et de soude. Ces faits s'expliquent très-bien
par la manière dont j'envisage la neutralité.
» (a) 5 centimètres cubes de cette matière, 5 centimètres cubes de
poudre, sont encore très-odorants; 5 centimètres cubes de poudre ajoutés
ne font pas disparaître toute l'odeur de putréfaction.
» (6) 5 centimètres cubes de matière n° 2 et 10 centimètres cubes de
plâtre ont plus d'odeur que [a).
» (c) 5 centimètres cubes de matière n" 2 et 10 centimètres cubes de
chaux dégagent de l'ammoniaque sans que l'odeur spéciale soit neutralisée.
» {(i) et (e) L'acétate de plomb et le chlorure de zinc employés en voliuiie
double de celui de la matière n° 2, n'enlèvent pas l'odeur.
» (J) L'hypochlorite de chaux à volume égal a désinfecté la matière n" i,
mais il reste une odeur chlorée.
» Je ne dirai rien des matières examinées quarante-huit heures après le
mélange, sinon que le mélange de chaux (c) exhalait une très-légère odeur
de fosse d'aisances récemment vidée,
Matière en putréfaction provenant d'une opération chirurgicale (n° 3).
» Cette matière a présenté des résultats analogues aux précédents; je n'en
fais mention que pour faire remarquer que j'ai opéré sur trois matières
différentes.
( .56 )
» Après quarante-huit heures, le mélange du n° 3 avec la chaux (c) exha-
lait;^rodeur de fosse d'aisances récemment vidée.
M En définitive, je reconnais que la poudre de MM. Demeaux et Corne
atténue l'odeur des matières en putréfaction et que cet effet est en partie dû
à l'intervention du coal-tar agissant comme corps odorant.
C. Des corps susceptibles de conserver les matières organiques.
» Je n'ai parlé jusqu'ici de la poudre de MM. Demeaux et Corne que
comme désinfectant. Maintenant je vais examiner si elle ne pourrait pas agir
en prévenant l'altération des matières qui exsudent des plaies, car, entre les
propriétés de désinfecter et de prévenir la putréfaction, il peut exister une
extrême différence. Je à\s peut exister, et non il existe toujours, ime extrême
différence, par la raison qu'il peut y avoir un agent capable de transformer
en produits inodores une matière susceptible de se putréfier, aussi bien que
les produits odorants provenant de celte putréfaction. Un tel agent aurait
donc la double propriété de prévenir la putréfaction et d'en détruire les
produits une fois qu'elle aurait eu lieu; mais je ne veux parler que des cas
où la putréfaction est prévenue par des corps non altérants.
» Les corps appelés tannins, et l'acide tannique en particulier, prévien-
nent la putréfaction des corps qu'ils tannent, parce qu'ils s'y combinent en
formant des composés qui, quoique organiques, ne s'altèrent plus dans les
circonstances où ils s'altéraient auparavant. Ainsi la peau unie à l'acide
tannique ne peut plus se putréfier, une fois qu'elle est .devenue par cette
combinaison insoluble dans l'eau.
» Mais les produits odorants de la putréfaction de la peau n'étant pas
susceptibles de former des composés inodores avec l'acide tannique, celui-
ci ne peut désinfecter la peau en putréfaction.
.) La plupart des sels métalliques, le chlorure de zinc, etc., se condui-
sent d'une manière analogue; ils peuvent former des composés qui ne se
putréfient plus, mais ils sont insuffisants pour désinfecter, ainsi que j'en ai
rapporté des exemples,
» Maintenant supposons que des liquides exsudent d'une plaie, et
qu'ils en sortent inodores, comme cela arrive fréquemment; s'ils se trou-
vent en contact avec la poudre de MM. Demeaux et Corne, ils pourront
être absorbés par elle. Sans parler de l'action chimique qui pourra se passer,
je conçois très-bien que le liquide absorbé ne sera plus dans les conditions
où il se serait trouvé s'il eût été absorbé par un linge; je conçois donc
qu'il pourra ne pas s'altérer et que, sous ce rapport, la poudre de MM. De-
meaux et Corne sera avantageuse dans le pansement des plaies. »
( i57 )
M. BussT présente ensuite les remarques suivantes : "
« Sans élever aucun doute sur les propriétés du mélange expérimenté
par M. Velpeau, je pense qu'il eût été juste et utile de rappeler dans le
Rapport verbal qu'il vient de faire à l'Acidémie, que beaucoup de produits
très-anciennement connus jouissent de propriétés analogues et ont été em-
ployés avec plus ou moins de succès dans le même but.
» Ainsi le charbon en poudre, les chlorures de chaux, de soude et de
potasse, la créosote, le goudron, les produits de la distillation du bois, les
sels de plomb, etc., sont journellement employés soit pour prévenir la
putréfaction, soit pour opérer la désinfection des matières animales putré-
fiées.
)) Ces mêmes produits sont également utilisés dans le traitement des
plaies de mauvaise nature dont elles absorbent l'odeur fétide. Il apparte-
nait à notre savant confrère, qui connaît mieux que personne les avantages
et les inconvénients des moyens dont il s'agit, de les rappeler afin de faire
à chaque procédé la part qui lui appartient, mais surtout afin d'éviter que
les chirurgiens qui jugeraient convenable de recourir aux agents antisep-
tiques dans les circonstances indiquées, ne soient entraînés à délaisser
comme inutiles des moyens éprouvés qui ont certainement leur valeur, en
vue d'un moyen préférable peut-être', mais qu'ils pourraient n'avoir pas
sous la main comme ceux que nous venons d'énumérer. »
M. Dumas prend ensuite la parole et s'exprime en ces termes :
« Chacun comprendra qu'il y a ici deux choses à considérer : d'une
part l'importante et heureuse application qui vient d'être faite du plâtre
humecté de coal-tar à la désinfection des matières putrescentes, de l'autre
les principes scientifiques qui en donneront l'explication : le service rendu
mérite évidemment une reconnaissance bien indépendante de sa théorie. Il
est juste de dire, peut-être, qu'au point de vue purement pratique le gou-
dron, l'huile de goudron ont été conseillés, il semble, comme désinfectants,
pour la première fois par un homme utile et modeste, M. Siret, pharmaci«'n
à Meaux, dont l'Académie a couronné le travail. Après avoir montré tout le
parti qu'on pouvait tirer de l'emploi des sels métalliques pour la désinfec-
tion des vidanges, il ajoutait que celle-ci était bien plus parfaite si on fai-
sait intervenir le goudron. Notre confrère M. Boussingault fit voir à la
Commission des Arts insalubres que les expériences de M. Siret étaient
C. R., l859, 2n>e Semestre. (T. XLIX, N04.) 21
( i-'58 )
tout à fait exactes, et M. Payen, dont j'invoquerai les souvenirs en l'ab-
sence de M. Boussingault, peut également l'attester.
» Depuis lors, il est à ma connaissance qu'on a fait usage du goudron de
houille en Angleterre dans les exploitations rurales pour désinfecter les ani-
maux morts, et que l'emploi en a même été conseillé comme moyen d'as-
sainissement des cadavres sur les champs de bataille.
)) Ces circonstances avaient souvent attiré mon attention sur le phéno-
mène dont l'Académie s'occupe et m'avaient conduit à en chercher l'expli-
cation. J'avoue que dans les données de la science rien ne me semblait
propre à la fournir, tant que M. Schoenbein n'avait pas publié ses curieuses
expériences sur la formation abondante de l'ozone dans l'air mêlé de va-
peur d'essence de térébenthine. Il me sembla alors que la vapeur d'huile de
goudron pourrait bien ozoniser l'air également.
» S'il m'était permis de le faire, j'oserais indiquer à la Commission, et
surtout à notre illustre confrère M. Chevreul, cette vue dont la constatation
demande une main exercée et sûre comme la sienne. On comprend que si
les vapeurs de coal-tar ozonisaient l'air, il ne faudrait pas chercher ailleurs
que dans la combustion prompte des miasmes odorants produits par cet
oxvgène ozonisé la cause de la destruction de l'odetu" putride des matières
animales en décomposition.
)) Bien entendu que l'emploi de plâtre imprégné de coal-tar peut produire
trois effets bien distincts : i° la destruction des gaz ou vapeurs infects déjà
dégagés dans l'air par leur combustion au moyen de l'ozone qui serait
engendré par les vapeurs de coal-tar; 2° l'empêchement apporté au déga-
gement de nouveaux fluides élastiques infects par l'action solidifiante du
plâtre sur des liquides propres à les engendrer; 3° le temps d'arrêt mis au
développement de la putréfaction par quelques-uns des produits que ren-
ferme le coal-tar, et en particulier l'acide phénique dont les moindres
traces, sous forme de phénate de soude, suffisent pour assurer la conserva-
tion des matières animales à l'air libre et même celle du poisson. »
« M. Payen demande à l'Académie la permission de répondre à l'appel
fait à ses souvenirs, qu'en effet il a eu connaissance des applications réali-
sées en Angleterre dans la conservation des viandes à l'aide du goudron ;
que les procédés de désinfection proposés par M. Sirey et répétés avec
succès par M. Boussingault en employant des mélanges de charbon, de
goudron et de sels métalliques, avaient également frappé son attention.
M Au point de vue théorique, il avait été conduit à penser que divers
( >59)
agents réducteurs pouvaient avoir dans ces occasions une efficacité réelle
pour prévenir ou pour arrêter la fermentation putride, soit en s'opposant
à la formation des ferments spéciaux, soit en paralysant l'action de ces
ferments développés.
» Plusieurs expériences entreprises d'après ces vues lui ont donné de
bons résultats. Ainsi l'addition d'une faible dose d'essence de térében-
thine dissoute dans l'eau a suffi pour prévenir la putréfaction de l'urine pen-
dant plusieurs jours, et tandis qu'une partie de ce liquide abandonné à
lui-même éprouvait une fermentation ammoniacale très-avancée; or on
sait, d'après les expériences en grand de M. Jaquemart, combien la pré-
sence des dépôts contenant le ferment .spécial des urines hâte les progrès
de la transformation de l'urée en carbonate d'ammoniaque.
B Guidé par les mêmes vues et se rappelant quelques faits antérieure-
ment constatés, M. Payen a employé avec succès l'acide p/roligneux (con-
tenant, outre l'acide acétique, les divers produits goudronneux du bois
distillé à haute température) pour conserver la chair musculaire et plu-
sieurs substances animales très-altérables, comme pour prévenir les altéra-
tions spontanées et même le développement des végétations cryptogamiques
dans l'encre ordinaire en contact avec l'air atmosphérique.
» De tous ces faits, M. Payen serait porté à croire qu'il poiu-rait être
utile au point de vue théorique d'eiaminer si le goudron de houille ou
coal-tar contenu dans le nouvel et remarquable agent signalé par M. Vel-
peau aurait, suivant les cas, une efficacité réelle, soit en empêchant la for-
mation des ferments de putréfaction, soit en arrêtant ou ralentissant les
progrès de la fermentation putride , si tant est que dans ces circonstances
il y ait fermentation. C'est ce que pourront démontrer les observations ul-
térieures de M. Chevreul. »
« M. Eue de Beadmont dit que, dans cette discussion si instructive et si
pleine d'intérêt, un point surtout lui paraît prédominer : c'est que la com-
position nouvellement découverte, dont on ne saurait révoquer en doute
la vertu désinfectante, peut, d'après l'autorité si compétente en ces matières
de M. Fetpeau, être appliquée sur les plaies sans nuire à leur guérison. »
M. Velpeau, prenant une seconde fois la parole sur la question, s'exprime
dans ces termes :
« Que le mélange de plâtre et de coal-tar agisse sur les matières putrides
ou infectes'en neutralisant ou de toute autre façon, c'est à M. Chevreul,
21..
( «6o)
Membre de la Commission, ou aux chimistes en général de le dire; ce
qu'il y a de certain, c'est qu'il détruit ou fait disparaître l'odeur autrement
que par une simple substitution ; car l'odeur de bitume donnée ensuite par
le produit n'est point du tout en proportion du phénomène disparu.
. » Il est généralement vrai, comme le pense M. Chevreul, que le pus, que
les différentes sortes de pus sont inodores au moment de leur exsudation,
et que l'odeur ne leur vient que par le contact de l'atmosphère; mais il est
vrai aussi qu'une fois excrété, le pus est susceptible de changements non
moins nombreux que variés : qu'à l'état homogène, crémeux, les plaies le
supportent sans peine, en ont en quelque sorte besoin pour parcourir
leur différentes phases sans encombre ; que séreux, ouroussâtre, ou flocon-
neux, etc., il est souvent, au contraire, assez acre pour irriter, creuser, idcé-
rer, éroder les plaies et en dénaturer la cicatrisation; qu'une fois en stagna-
tion à l'air sur des tissus chauds, vivants, malades, il peut devenir l'objet de
réactions chimiques importantes, de transformations telles, que de doux il
deviendra acre, que des corps nouveaux s'y développeront, que de l'ammo-
niaque, de l'acide sulfhydrique, etc., pourront y être reconnus et devenir
une source de dangers pour l'organisme.
» A ce point de vue le topique Corne serait précieux. Absorbant le pus au
fur et à mesure de sa formation, il empêcherait ce produit de se décomposer
et en débarrasserait les plaies avant l'établissement des odeurs nuisibles ou
des nouvelles combinaisons dont il est susceptible.
» Il est évident, d'un autre côté, que la poudre désinfectante ne se borne
point à empêcher le développement de l'odeur; elle la détruit aussi et sur-
le-champ, à quelque degré qu'elle se soit établie : c'est même là sa qualité la
plus manifeste, la plus importante. *
» Au sujet des expériences comparatives, je répondrai à M. Bussy que je
n'en ai point fait depuis lundi, mais qu'elles ont été faites antérieurement
avec les chlorures de soude, de chaux, de zinc, d'étain, etc., avec le nitrate
de plomb, avecl'hyposulfite de soude, avec le charbon, la chaux, la créo-
sote, etc., et que le moyen nouveau l'emporte certainement sur les anciens
par son bas prix, son innocuité, et la facilité de son emploi. D'ailleurs, il
s'agit là d'un sujet tout nouveau qui devra être étudié sous toutes ses faces
et dont je n'ai nullement la prétention de faire connaître dès aujourd'hui
ni la valeur définitive, ni les inconvénients réels.
» Que des essais du même genre aient déjà eu lieu, comme semble le
supposer M. Dumas, je ne puis ni l'affirmer ni le nier, n'ayant point eu à
( i6i )
rechercher la justesse ni la nature des prétentions de M. Corne sous ce
rapport.
» La question des odeurs en général soulevée par M. Chevreul, la théo-
rie de la désinfection, tout ce qui concerne la conservation des matières
animales que M. Dumas vient de toucher, sont assurément très-dignes-
d'occuper l'Académie; mais ce sont des questions trop vastes par elles-
mêmes pour que notre Commission puisse les discuter, et qui, en définitive,
incomberaient à M. Chevreul seul.
» En somme, je n'ai pu et voulu donner, quant à présent, qu'un simple
aperçu des faits dont j'ai été témoin, et qui me permettent de conclure que :
» 1°. Le mélange de plâtre et de coal-tar employé par MM. Corne et*
Demeaux désinfecte sur-le-champ les matières animales en putréfaction;
» a°. Ce mélange absorbe les liquides en même temps qu'il empêche
l'odeur infecte à la surface des plaies, des ulcères, des tissus mortifiés ou
gangrenés ;
» 3°. Favorable plutôt que nuisible aux plaies elles-mêmes, il peut être
essayé sans crainte partout et par tout le monde en chirurgie ;
i> 4°- Qii6 par conséquent il y a lieu d'espérer que ce moyen pourra
être de quelque service près de nos pauvres blessés de l'armée d'Italie.
» Des faits plus variés et l'avenir apprendront le reste. »
CHIRURGIE. — Du traitement des cancers épithétianx, ou cancroïdes, par
[application du cautère actuel; Note de M, C. Sédillot.
« J'ai l'honneur de vous adresser quelques observations relatives au
traitement des cancers épithéliaux, ou cancroïdes, par l'application du
cautère actuel.
» La règle la plus généralement adoptée aujourd'hui pour la cure de
ces sortes de tumeurs est de les enlever en totalité, au delà de leurs limites,
afin d'en prévenir plus sûrement la récidive. Qu'on ait recours à l'instrument
tranchant, ou aux caustiques potentiels, pâte arsenicale, de A'ienne ou de
Canquoin, etc., l'indication reste la même, et plus on a sacrifié de tissus
périphériques sains, moins on redoute la réapparition de la maladie.
» La pratique chirurgicale présente cependant des cas nombreux où
l'application de cette doctrine offre de graves difficultés. Si le cancer épi-
thélial menace d'envahir les bords libres des paupières, ou d'atteindre
toute l'épaisseur des ailes du nez , lorsque ses progrès le lapprochent de la
commissure des lèvres ou de l'orifice du conduit auriculaire, on peut être
( .62 )
très-embarrassé de les arrêter, et l'on se trouve entre deux dangers : aban-
donner le malade à une mort inévitable, ou s'exposer à produire des dé-
sordres et des difformités excessivement graves, qui ne sont même pas con-
tre-balancés par la certitude de la guérison.
» Les chirurgiens ont constaté depuis longtemps la résistance des tissus
fibreux à l'envahissement des cancers épithéliaux, et Lisfranc avait tiré de
cette remarque un procédé ingénieux de dissection et de conservation des
corps caverneux, que l'on sacrifiait souvent avant lui.
» L'art possède les moyens de produire du tissu fibreux accidentel,
dense, rétractile, peu vasculaire et réfractaire aux modifications morbides.
Ne pouvait-on pas profiter de ce fait pour créer de toute pièce des bar-
rières à l'extension des cancroïdes et même les détruire sur place en retar-
dant ou en prévenant le danger de les voir récidiver ? C'est une expérience
que nous avons faite et qui nous a réussi.
» Nous étions fortifié dans l'espoir de tirer un heureux parti de ces
essais, par cette considération que les suppurations prolongées sont favora-
bles à l'élimination des éléments du cancer. Lorsque j'eus l'honneur de dé-
buter dans l'externat à la Charité, sous la direction d'un vénéré maître, le
professeur Boyer, j'avais été frappé de sa persistance à fiiire suppurer les
plaies résultant de l'ablation des cancers. C'était l'époque où la réunion
immédiate, cette source de tant d'accidents, était appliquée presque sans
exception, et cependant Boyer continuait à la repousser et se fondait sur la
plus grande rareté des récidives après la suppuration.
» J'ai eu l'occasion de vérifier la justesse de cette opinion, par l'emploi
du microscope; des portions de tissus infiltrés d'éléments cancéreux au
moment de l'opération n'en présentaient plus après quelques semaines de
suppuration.
» J'avais, comme on le voit, des motifs puissants de tenter l'application
du cautère actuel à la cure des cancroïdes, et voici les principales observa-
tions que j'ai recueillies.
» Un de nos malades de la Clinique, âgé de 5*5 ans, avait eu la totalité
du pavillon de l'oreille détruite en moins de trois semaines par un can-
croïde à marche aiguë. Le conduit auditif allait être envahi; nous appli-
quâmes le feu à plusieurs reprises sur l'ulcération et nous obtînmes une ci-
catrice solide et persistante. Le malade, malgré nos instances, quitta l'hô-
pital et nous ne l'avons pas revu, mais aucun autre procédé n'eût pu nous
donner un résultat aussi prompt et aussi heureux.
» Un second malade était affecté d'un cancroïde occupant une partie
( i63)
de la joue et s'étendant vers la paupière inférieure, dont il touchait presque
la commissure. Le feu arrêta les progrès du mal, et la guérison fut obtenue.
» Un homme âgé portant un cancer épithélial de la totalité de la partie
supérieure de la lèvre inférieure fut traité par le même procédé à la Cli-
nique, il y a près de deux ans, et, à la troisième application du cautère,
sa plaie se cicatrisa sans notable difiormité.
j> J'ai eu sous les yeux, pendant deux années, un vieillard atteint de
cancroide à la joue. La lèvre supérieure, toute la paroi latérale du nez, la
paupière inférieure et l'angle naso-palpébral étaient envahis.
» Le cautère actuel a permis de substituer à l'ulcération une cicatrice
ferme, épaisse, unie, très-profonde, puisqu'une portion des os du nez fut
exfoliée. Plusieurs fois, un commencement de récidive se fit sur les bords
du tissu cicatriciel, mais l'emploi du fer rouge en triompha.
» Cette année, j'ai reçu à la Clinique la femme Legrand (Adèle), âgée de
soixante-dix ans, portant sur le milieu de la lèvre inférieure luie tumeur
épithéliale datant de sept mois, et offrant 4 centimètres de largeur sur 3 de
hauteur et autant de projection.
» La muqueuse était à peine ulcérée, et cependant il eût fallu sacrifier
les deux tiers de la lèvi-e pour en pratiquer l'ablation par le procédé ordi-
naire d'excision en V.
» J'appliquai le feu le 17 mai sur la base de la tumeur, dont j'avais
séparé avec des ciseaux courbes la partie la plus saillante.
» Deux nouveaux cautères furent éteints quatre jours plus tard sur la
plaie, que je soutenais avec l'indicateur gauche en arrière, afin de ne laisser,
sans la détruire, aucune partie indurée. Les limites du mal ne furent pas
sensiblement dépassées. La guérison fut complète au bout de quinze jours,
et j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie la photographie de
la malade, prise le 1 4 juillet, deux mois environ après l'opération.
» La partie moyenne de la lèvre est rétablie de la manière la plus régu-
lière. La cicatrice est unie, souple^ sans bosselures ; toute la hauteur et la
largeur de l'organe sont conservées,
» Le procédé de la guérison a été très-simple, sans perte notable de sub-
stance, sans complications possibles, et nous croyons les résultats plus sûrs
qu'à la suite de l'excision.
» Dans le cas où une petite dureté ou bosselure apparaîtrait dans
l'épaisseur de la cicatrice, et indiquerait une imminence de récidive, nous
n'hésiterions pas à y poser immédiatement une pointe de feu et nous
( >64 )
détruirions de nouveau sur place, et avec une parfaite facilité, toute ten-
dance à la réapparition de la maladie.
» L'emploi du chloroforme est devenu si complètement innocent entre
des mains exercées, et inspire une telle confiance aux opérés, que ces cau-
térisations sont acceptées sans répugnance et sans crainte, el la chirurgie se
trouve ainsi armée d'une nouvelle et puissante ressource contre des alté-
rations qui pouvaient auparavant sembler désespérées. «
Il Nous nous sommes demandé comment les avantages de la cautérisa-
tion ignée avaient pu être méconnus par tant d'excellents observateurs,
dont s'enorgueillit notre art. Les caustiques potentiels, dont l'efficacité est
si remarquable, ont été difficilement acceptés dans le traitement du cancer,
et il faut que des exemples malheureux, ou plutôt des essais téméraires,
aient compromis profondément ces méthodes, pour qu'on n'ait même pas
essayé le feu dans les cas de cancroïde. M. Velpeau, dont nous invoquons
toujours l'autorité, n'en a pas recommandé l'usage, et M. Philippeaux,
dans son Traité pratique de la Cautérisation, n'en parle pas.
» C'est néanmoins un procédé excellent dans les conditions spéciales
que nous avons fait connaître , et les observations que nous avons eu
l'honneur d'exposer à l'Académie nous ont paru dignes de son intérêt. »
M. A. d'Abbadie fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son
Mémoire « sur le tonnerre en Ethiopie » et d'un exemplaire du Catalogue
raisonné des manuscrits éthiopiensqui lui appartiennent. [Foir auButletin
bibliographique. )
MÉMOIRES LUS.
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur Curée; par MM. Poisecille et Gobley.
(Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Cl. Bernard.)
a L'urée, comme on le sait, était regardée, avant les expériences de
MM. Prévost et Dumas en 1822, comme un produit de la sécrétion rénale;
mais ces savants ayant démontré la présence de l'urée dans le sang, les
reins ne furent plus considérés comme donnant naissance à ce principe,
mais bien comme des organes éliminatoires de l'urée résultant du dernier
terme de l'oxydation des matières albuminoïdes , laquelle serait une sub-
stance excrémentielle.
)• Le sang contenant de l'urée, ainsi qu'il arrive généralement pour d'autres
( '65 )
substances qu'on y rencontre, on doit trouver ce principe dans la plupart
des liquides sécrétés, dans le chyle, dans la lymphe (i). M. Wurtz, dans une
récente communication faite à l'Académie, a non-seulement constaté de
l'urée dans la lymphe et le liquide du canal thoracique, mais, par un pro-
cédé qui lui est propre, il en a déterminé la quantité.
» Ce procédé, M. Wurtz ayant bien voulu nous le faire connaître, nous
l'avons suivi dans les recherches que nous avons l'honneur de soumettre au
jugement de l'Académie. Est-il nécessaire d'ajouter qu'en outre nous avons
confirmé l'existence de l'urée par la présence de ses cristaux, et ceux de son
nitrate.
» Urée contenue dans looo grammes de sang artériel d'herbivores et de
carnivores : taureau A o'^',2i6; vache o^^-Jsjg; chevaux A, B, C et D res-
pectivement oS^aSa; o«%i85; o6'',24i ; o«%2i4; chiens C et D respective-
ment o^',ioi ; oS',200. Ces résultats n'offrent pas, comme on le voit, de dif-
férences essentielles : d'ailleurs ces quantités d'urée chez le même animal
varient d'un moment à l'autre avec les circonstances physiologiques qu'il
présente. Nous pouvons donc adoptera l'endroit des considérations qui vont
suivre, le chiffre 0^^220 d'urée pour 1000 grammes de sang artériel.
» L'un de nous, il y a quelques années, a déterminé les quantités rela-
tives de sang qui traversent les divers organes de l'économie, et il a vu que
les reins, comparés à tout autre viscère, donnent passage, toutes choses égales
d'ailleurs, à une quantité considérable de ce liquide. Ces expériences répé-
tées dans ces derniers temps, nous avons constaté que chez un chien G,
dont le poids des reins était de 6a grammes, il passait par ces organes, en
vingt-quatre heures, l'ja kilogrammes de sang. Chez un autre chien H, les
reins pesant 120 grammes, nous avons obtenu 332 kilogrammes de sang
dans le même temps. D'autres expériences faites avec tous les soins que com-
porte cette étude, nous ont démontré, comme les précédentes, que la masse
de sang qui traverse les reins est sensiblement proportionnelle aux poids de
ces organes. Ainsi chez les chevaux, les bétes bovines, les reins donnent
passage à 2, 3 et 4 mètres cubes de sang et plus en vingt-quatre heures. Nous
pouvons donc admettre que chez un homme assez robuste, dont les reins
pesaient ensemble 379 grammes, il passait par ses reins plus de i mètre
(i) Urée olîerte par 1000 grammes des liquides suivants ; salife parotidienne, taureau B
o«',238; cheval G o«'",246; cheval D o«',i 10. Chyle : cheval A o«',i4i ; vache o«',i56 ; la
même vache le lendemain o",2o8 ; lymphe Am même animal o»',io3, etc.
C. R., 18.59, 2"" Semestre. ( T. XLIX, N» 4.)
22
( '66 )
cube de sang dans le même temps; nous prendrons comme nombre lond
looo kilogrammes de sang.
» Ces évaluations numériques, établies d'ailleurs par l'expérimentation,
vont trouver une application immédiate dans le sujet qui nous occupe.
» En effet, il passe par les reins du chien H, en vingt-quatre heures,
332 kilogrammes de sang, ce liquide contenant o^^aao d'urée par kilo-
grammes; le sang artériel porte donc aux reins 73 grammes d'urée dans le
même temps, lorsque l'urine en un jour n'en rejette au dehors que quelques
grammes; il y a donc chez cet animal 60 à 65 grammes environ d'urée qui
rentrent dans la circulation.
» S'il s'agit de l'homme cité précédemment, le sang artériel amène aux
reins (1000'''' X 0,220) 220 grammes d'urée en vingt-quatre heures, et si
on admet qu'il en rejette 20 grammes par l'urination journalière, nous au-
rons 200 grammes d'urée qui rentreront chaque jour dans le torrent circu-
latoire.
» Nous croyons donc pouvoir conclure, en nous appuyant sur les faits
précédents, que la majeure partie de l'urée qui arrive aux reins n'est
point éliminée par ces organes.
» De là ne serail-on pas en droit de penser que ce principe immédiat
n'est point une substance essentiellement excrémentitielle? Les expériences
suivantes légitimeront, nous l'espérons, cette manière de voir.
» Pour déterminer en quel point de l'organisme l'urée prend naissance,
nous avions à examiner le sang qui se rend à un organe, et celui qui en
revient: mais les résultats si divers que nous avons obtenus, en variant les
conditions physiologiques de l'animal, ont réalisé tout à fait nos pi'évisions.
Aussi, sans nous arrêter à ces circonstances physiologiques que nous étu-
dierons spécialement dans un nouveau travail, il nous suffira, ainsi qu'on
va le voir, pour éclaircir le point en question, de rapporter les résultats de
ces expériences.
» Le sang provenant d'un organe contient, dans certains cas, )noms
d'urée que le sang qui s'y rend.
» Vache, sang de la carotide, 0^^,219; sang de la jugulaire, o^'',! 87. Tau-
reau B, sang de la carotide, o6%289; sang de la jugulaire, os',209. Che-
val D, sang de la carotide, o8'',2i4; sang de la basilique, o^',\6g (ces deux
liquides ont été recueillis deux heures avant la mort de l'animal); sang des
cavités droites du cœur, oS%225; sang des cavités gauches du cœur, o^^iSS ;
sang de la veine porte, o^%i']li. Cheval E, sang de la carotide, 0^^225 ; sang
de la basilique, o*', 120. Chien F, sang de la carotide, o^'',297; sang de la
( i67)
veine porte, o^"', 171 ; sang de la veine spléoiqiie, o8',225 ; sang de la veine
rénale, o6%i64 ; sangde la veine fémorale, oS'',i36.
» Dans ces observations, nous voyons que le sang qui revient d'un or-
gane est moins riche en urée que celui qui y arrive ; cette urée qui disparaît
ainsi, doit donner lieu à des métamorphoses, à des mutations particulières ;
aussi sommes-nous conduits à penser que ce principe immédiat n'est pas
simplement une substance excrémentitielle.
» Mais les résultats que nous venons de constater changent avec l'état
physiologi(|ue de l'animal ; ainsi :
» Le sang provenant d'un organe contient, dans certains cas, plus d'urée
que le sang qui s'y rend.
» Cheval B, sang des cavités droites du cœur, o^", 178; sang des cavités
gauches, o^',i68. Cheval C, snng des cavités droites du cœur, o^'', i54; sang
des cavités gauches du coeiu-, o^^aig. Cheval F, sang de la carotide, o^', 160;
sang de la veine porte, o^"^, igo; sang de la veine cave postérieure dans la
poitrine, o^"', 186. Taureau A, sang de ta carotide, o^'',2i6; sang de la jugu-
laire, o6%a33. Chien C, sang de l'artère rénale, o^', 101 ; sang de la veine ré-
nale, o^','>.'içf. Chien D, sang de l'artère rénale, o^'',20o; sang de la veine
rénale, o^',i5o. Chien E, sang de la carotide, o^"', 1 Sg; sang de la veine fémo-
rale, 0^'^,1'jS; sangde la veine porte, o^',263.
■ L'examen de ces analyses démontre que les organes ou tissus où se
forme l'urée sont très- variés.
» L'urée, ainsi que nous venons de le constater, présente donc au sein
de l'organisme des oscillations toutes spéciales; les reins seraient-ils, à l'en-
droit de cette substance, des organes pondérateurs de ces oscillations ? C'est
un des points de nos recherches que nous nous proposons d'étudier. »
ÉCONOMIE RURALE. — Observations séricicoles faites en i85g dans le midi de la
France; par M. F. E. Guérin-Ménevili-e. , , ;,,..
(Commission des vers à soie.)
« Fer à soie du mûrier. — Les travaux que j'ai poursuivis cette année sur
les vers à soie du mûrier appartiennent à une longue série d'observations
que j'ai pu continuer depuis quatorze ans dans la grande culture. Il serait
trop long de donner le détail de mes études de cette année, consigné dans
mon journal de chaque année ayant pour titre : Observations séricicoles,
14* année, 1869 ; je me borne donc à les résumer ainsi :
» La maladie des mûriers s'observe comme l'année dernière. Outre les
2a..
( iG8 )
fâches que j'ai signalées précédemment, les feuilles ont souvent un aspect
jaunâtre et gauffré, et beaucoup tombent de bonne heure, ainsi que j'ai pu
l'observer presque partout en juin et en juillet, et entre autres à Toulon,
dans la remarquable propriété de M. Jules Cloquet, et ailleurs.
» Depuis quelques années mes études et celles de M. E. Robert à Sainte-
Tulle et dans les localités analogues, nous ont démontré que, à peu d'ex-
ceptions près, les cocons provenant des éducations les mieux réussies, pe-
tites ou grandes, plus ou moins aérées, etc., n'étaient pas susceptibles de
donner de bons reproducteurs. Cependant tous les ans nous avons fait de
la graine dans ces conditions, mais nous avons dû, en même temps et
prudemment, aller chercher des cocons reproducteurs de nos races de
pays dans quelques localités montagneuses privilégiées de la contrée, où
la vigne cesse presque d'être cultivée et où sa maladie, celle des mûriers
et des vers à soie n'avaient pas encore exercé des ravages sérieux; aussi,
cette année encore, sur six provenances différentes de nos races de pays,
il y en a cinq qui ont marché plus ou moins bien chez nous et chez les
éducateurs qui en ont reçu des graines, et une qui a échoué complètement.
Toutes cependant, après le second âge, ont présenté quelques taches
de gatine ; mais visiblement le mal paraît avoir diminué d'intensité et
semble entré, comme je l'ai dit l'année dernière, dans sa période décrois-
sante.
» Dans ces conditions, nous n'avons pas cru qu'il fût encore prudent de
demander des reproducteurs à ces races convalescentes. Nous continuerons
d'aller chercher nos races françaises là où la maladie ne les a pas encore at-,
teintes, afin d'être en mesure de les propager à Sainte-Tulle, comme nous
l'avions constamment fait, quand l'épidémie ne sévira plus dans les parties
basses du département. .Ainsi donc, à Sainte-Tulle, comme dans d'autres
localités, ce sont les races locales qui ont donné les meilleurs résultats,
mais à la condition d'avoir été élevées dans des montagnes plus au nord.
Il y a là évidemment une influence fâcheuse des lieux abrités, et il serait
inutile de chercher à lutter en s'obstinant à faire grainer dans ces condi-
tions défavorables. 11 vaut mieux continuer ce que nous pratiquons depuis
l'invasion de l'épidémie, aller chercher nos races à Sainte-Tulle, là où elles
sont encore soustraites à l'influence délétère. Il faut fuir, reculer devant
l'épidémie jusqu'au moment, probablement assez prochain, où elle aban-
donnera les lieux qu'elle a envahis les premiers.
» Fer à soiede l'allante ou vernis du Japon. — C'est dans le département du
Var, dans l'extrême Midi, et dans celui d'Indre-et-Loire, au centre de la
( iC9)
France, que ces études, entreprises par ordre de l'Empereur, ont été com-
mencées sur une assez grande échelle. Chez M. Aguillon, propriétaire et
agriculteur distingué de Toulon, qui avait offert les nombreux vernis du
Japon de son parc du château de l'Eygoutier, j'ai fait une première éduca-
tion. Une partie de ces vers a été élevée dans un cabinet fermée une autre
dans une serre largement ouverte jour et nuit, et la dernière en plein air sur
des claies laissées constamment dehors et sur des arbres peu élevés couverts
d'un filet pour éloigner les oiseaux.
» Chez M. le comte de Lamotte-Baracé au château duCoudray-Montpen-
sier, qui avait fait la même offre, j'ai trouvé aussi le concours le plus zélé et
le plus intelligent. Comme il avait bien voulu tailler un certain nombre de
ses vernis du Japon, il pouvait disposer, pour nos éducations en plein air,
de magnifiques massifs de ces arbres ayant 3 à 4 mètres de haut, sur
lesquels mes vers ont été placés et où ils se sont développés rapidement.
u A Toulon comme à Coudray, les vers élevés ainsi en plein air ont subi
plusieurs orages très-violents avec pluies battantes et vents impétueux, et ils
ont supporté chaque fois ces intempéries sans en souffrir, ainsi qu'ont pu le
constater les autorités locales et plusieurs membres des sociétés et comices
agricoles qui les ont visités avant et après ces orages. Au Coudray, tout ré-
cemment, ils ont résisté victorieusement au terrible ouragan de la nuit du
20 au 21 de ce mois, qui a cassé ou déraciné un grand nombre d'arbres
dans la contrée, et renversé complètement le pont suspendu de Langeais,
sur la Loire, et on les voyait, le matin du iî, encore ruisselants de pluie,
manger et filer même leurs cocons sur des buissons de vernis du .Japon,
dont l'ouragan n'avait pu les détacher.
» Il résulte de ces faits, dont les détails sont consignés dans mon journal
d'observation :
» 1°. Que les vers à soie de l'ailante sont acclimatés et peuvent être élevés
en France sur les arbres mêmes, en plein air et presque sans main-d'œuvre
comme en Chine;
» 2°.Queles cocons obtenus de cette manière sont plusgroset plus riches
en matière soyeuse que ceux qui proviennent d'éducations faites dans des
ateliers clos ou même ouverts jour et nuit ;
« 3°. Que les soins à donner à ces éducations sont à la portée de- tout le
monde et seront peu coûteux quand on se livrera à des cultures régulières de
l'ailante et de son ver à soie.
)> Quant à la matière textile que l'on obtiendra ainsi à très-bas prix, elle
paraît destinée à devenir en France ce qu'elle a été de tout temps en Chine,
( 17» )
la soie du peuple, car elle pourra être produite par la culture d'un arbre qui
prospère dans les plus mauvais sols, dans les terrains où l'on ne pourrait
produire ni céréales, ni vignes, ni prairies, et qui sont, par conséquent, im-
propres à l'alimentation publique.
» J'ai l'honneur de déposer sur le bureau luie portion de feuilles d'al-
lante portant six beaux cocons et cueillie chez M. Lamote-Baracé, où l'on
peut voir, en ce moment même, des massifs entiers de vernis du Japon
couverts de ces beaux vers à soie plus ou moins avancés dans leur édu-
cation. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE APPLIQUÉE.— Recherches sur l'iode atmosphérique ; par ^l. S. de Luca.
(Renvoi à l'examen de Commissaires nommés pour un précédent Mémoire
de l'auteur sur le même sujet : MM. Pelouze, Payen.)
« Dans la séance du 25 octobre dernier, j'ai communiqué à l'Académie
l'ensemble de mes expériences faites pour constater la présence de l'iode
dans l'air, dans leau de pluie et dans l'eau de neige, expériences dont les
résultats ont été toujours négatifs. Je n'ai pas cessé depuis de m'occuper du
même sujet, et j'ai l'honneur aujourd'hui de soumettre à l'appréciation de
l'Académie les nouvelles expériences faites dans le laboratoire de chimie de
l'Université de Pise. F.es voici :
» 1°. On a évaporé en présence du carbonate de potasse pur 54 litres
d'eau de pluie ; le résidu sec, d'une couleur noirâtre, après avoir été légè-
rement calciné, a été traité à différentes reprises par l'alcool parfaitement
piu"; le petit résidu, obtenu par l'évaporation de cette solution alcoolique,
présentait une teinte brune, et on l'a encore calciné et repris par l'alcool,
qui a laissé après l'évaporation une trace de résidu blanc. On a ajouté à ce
résidu quelques gouttes d'eau distillée, mais par les procédés les plus déli-
cats on n'y a pu constater la moindre réaction iodée.
1) 2°. On a évaporé avec le même carbonate de potasse 48 litres d'eau de
pluie, et on a obtenu les mêmes résultats négatifs relativement à la présence
de l'iode.
» 3°. On a réuni i8 litres des premières portions d'eau distillée, on lésa
évaporés avec du carbonate de potasse pur, et on a obtenu des résultats
négatifs relativement à l'existence de l'iode.
» Les trois expériences mentionnées ont été exécutées dans un endroit
( '7' )
isolée» à l'iibii de toute émanation iodée. Mais les suivantes ont été faites
dans la pièce du laboratoire où on préparaît les expériences pour le cours
de chimie et où on ne pouvait pas être à l'abri de toute cause d'erreur. En
effet:
» ]° On a évaporé 20 litres d'eau de pluie avec du carbonate de potasse
pur, et on a obtenu un résidu qui décelait par les réactifs la présence de
l'iode ;2°on a évaporé 12 litres d'eau de pluie avec du carbonate dépotasse,
et le résidu obtenu contenait de l'iode; 3° on a évaporé 3 litres d'e.ui dis-
tillée (premières portions) avec du carbonate de potasse, et on a constaté
dans le résidu une faible réaction iodée; 4° on a préparé de la colle d'ami-
don qui ne se colorait pas par la vapeur du chlore; mais après dix jours
pendant lesquels on l'a laissée exposée à l'air du laboratoire, cette même
colle, quoique d'une teinte opaline, se colorait en bleu par la vapeur de
chlore, et elle contenait évidemment un composé iodé.
» L'eau de pluie dont je me suis servi a été recueillie pendant le mois de
novembre i858 dans un grand récipient de terre cuite, connu dans le pays
sous le nom de coppo, d'une capacité supérieure à 3oo litres, placé sur une
terrasse et en communication, au moyen d'un tube, avec les gouttières du
toit.
)) Les expériences suivantes ont été faites pendant les deux derniers mois
de mai et de juin : elles ont donné aussi des résultats négatifs.
» 1° On a évaporé l^o litres d'eau distillée avec du carbonate de potasse
pur, et dans le résidu convenablement traité on n'a pas constaté la moindre
trace d'iode; a° ona évaporé deméme4o litresd'eau de pluie sans pouvoir
vérifierdans le résidu laprésencede l'iode; 3° on a évaporé 96 litres d'eau de
citerne, provenant elle-même des eaux de pluie : le résidu obtenu ne con-
tenait pas trace d'iode; 4° on a évaporé 4 litres d'eau distillée (premières
portions) avec du carbonate de potasse, mais le résidu obtenu n'a pas fourni
la moindre réaction appartenant à l'iode ; 5° on a évaporé encore 4 litres
d'eau distillée (premières portions), et le résidu n'a cédé à l'alcool aucun
composé iodé.
a Dans toutes les expériences négatives qui précèdent, il suffisait de la
plus petite quantité d'un iodure alcalin pour obtenir les réactions caracté-
ristiques de l'iode.
» Enfin on a ajouté en excès une solution d'azotate d'argent fortement
acidulée par de l'acide azotique pur, aux liquides suivants contenus dans
des flacons en verre soigneusement bouchés : 1° eau de pluie, 8 litres;
2" eau distillée, 8 litres; 3° eau distillée (premières portions), 8 litres;
( '7^ )
4° eau de citerne, 8 litres. On a agité ces liquides avec le sel d'argent, et on
les a abandonnés à eux-mêmes pendant huit jours. L'eau de pluie et l'eau
de citerne ont fourni un précipité peu abondant, qui, recueilli séparément
sur un filtre, lavé et séché, n'a pas fourni, dans un tube fermé, en présence
d'une trace de vapeur de brome renfermé dans une petite ampoule, la moin-
dre coloration violette.
» Ces nouvelles expériences s'accordent avec celles de l'an dernier : elles
montrent une fois de plus que les réactifs les plus sensibles ont été impuis-
sants, dans mes mains, pour constater la présence de l'iode dans l'air et
dans l'eau de pluie. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Mémoire sur le rôle de [azote dans V alimentation
des plantes ; par M. M. Viala. (Extrait présenté par M. Balard.)
(Commissaires, MM. Payen, Boussingault, Decaisne.)
« L'auteur établit d'abord une distinction entre l'alimentation des plan-
tes par les feuilles et leur alimentation parles racines : la première aérienne
et uniquement gazeuse, la seconde souterraine et principalement liquide;
celle-là suffisante pour l'entretien delà vie, celle-ci nécessaire au large dé-
veloppement des plantes. Cette dernière ne subvient efficacement à ce dé-
veloppement qu'à la condition de fournir aux plantes, sous forme liquide,
tous les éléments qui entrent dans la composition chimique de leurs tissus,
éléments de l'eau, carbone, azote, etc.
u L'auteur réfute l'opinion que l'azote, soit pur, soit à l'état de combi-
naison binaire, puisse suffire seul comme engrais, et que les plantes à qui
on ne fournit que cet élément de nutrition puissent soustraire à l'atmo-
sphère une proportion de carbone suffisante pour maintenir le rapport im-
muable qui existe toujours dans les plantes entre le carbone et l'azote.
» Il pense que l'azote, considéré comme aliment direct, joue un rôle
limité dans la nutrition des plantes, et que son intervention consiste princi-
palement dans son action comme alcali, après qu'il a été transformé en
ammoniaque.
M H en trouve les preuves : i° dans l'impossibilité où l'on est d'expliquer
les phénomènes que présente l'action des engrais lorsqu'on ne considère
l'azote que comme un de leurs éléments simples; a° dans la facilité avec
laquelle on se rend un compte très-net de tous ces phénomènes en rappor-
tant à l'ammoniaque, comme alcali, la faculté de rendre soluble l'acide ul-
mique produit par les engrais organiques.
{ >73)
1) L'auteur résume son travail par les conclusions suivantes :
» A. Les engrais formés de matières organiques ont sur la végétation
une intensité d'action proportionnelle à leur solubilité, et la durée de leurs
effets est en raison inverse. Ils doivent presque toujours leur solubilité à*
l'action de l'ammoniaque, soit que celle-ci se soit développée dans leur sein
par la décomposition des matières organiques azotées, soit qu'on la leur ait
fournie sous forme de sels ammoniacaux, soit enfin qu'ils l'aient puisée
dans la réserve que le sol contient toujours en abondance.
» B. Les engrais formés de matières organiques produisent leur entier
effet sur une récolte lorsqu'il est entré dans leur composition une proportion
de substance organique azotée, ou d'ammoniaque suffisante pour activer et
achever la fermentation des autres matières organiques qui en sont la base,
et amener celles-ci à l'état soluble dans l'espace de temps que cette récolte
est sur pied. Ce sont les engrais de cette nature que l'on applique à la cul-
ture intensive.
D C. Si dans un engrais formé de matières organiques la proportion des
substances azotées ou d'ammoniaque est trop faible, toutes les matières vé-
gétales qui en font partie ne seront pas assez décomposées pour pouvoir
être absorbées dans l'espace d'une année. Une partie restera dans le sol ou
à l'état de fibres non désagrégées, ou à l'état d'humus insoluble qui sera une
réserve accumulée au profit des récoltes ultérieures.
» D. Si la proportion des substances organiques azotées ou d'ammo-
niaque est excessive, non-seulement tout l'engrais sera dissous et absorbé,
mais l'excès d'ammoniaque réagira sur l'humus précédemment resté dans
le sol, le rendra soluble et absorbabie, et le sol se trouvera, après cette
réaction, plus pauvre qu'il n'était antérieurement.
» E. Lorsque, sous l'influence de l'ammoniaque ou de tout autre agent
chimique, physique, mécanique ou physiologique, im engrais aura été
amené à l'état soluble avant son épandage dans le sol, il importe peu qu'il
soit très-riche en azote. Les plantes, à quelque famîlle qu'elles appartien-
nent, prospéreront très-bien à l'aide de cet engrais, quand même il ne re-
tiendrait que -g^ d'azote (engrais flamand). »
M. Alciati, qui avait précédemment adressé diverses communications
relatives aux bons effets obtenus, relativement à la maladie de la vigne,
de l'emploi d'un liquide médicamenteux de son invention, fait connaître
dans une nouvelle Note la composition de ce liquide et donne des indica-
tions sur la manière de l'employer.
c. R., 1809, 2"« Semestre. (T. XUX,;N<>;4.) -23
( «74 )
« Pour une préparation en petit, par exemple pour 3 litres d'eau, il
faut presque i once de savon et i once de farine. Pour des préparations
en grand, les doses sont différentes : ainsi pour 5o litres d'eau j'emploie
3 livres de savon de potasse, c'est-à-dire savon tendre, et 3 livres de bonne
farine de blé. On met l'eau au feu, et pendant qu'elle commence à tiédir,
on y ajoute la farine délayée dans une quantité suffisante d'eau, et l'on
agite le mélange. Quand l'eau est près de bouillir, on y jette le savon coupé
préalablement en petites tranches afin qu'il soit plus tôt dissous. Après dix
minutes, un quart d'heure au plus, on ôte le liquide pour le laisser re-
froidir et s'en servir.
» Cette préparation, appliquée aux grappes de raisin sain, le garantit de
la maladie; elle résiste aux pluies et donne aux grains un aspect de santé
tout à fait satisfaisant. Si le raisin est un peu affecté, elle détruit le cryp-
togame et le préserve d'une nouvelle infection. Ce remède doit être consi-
déré surtout comme préservatif, il ne faut pas y avoir recours quand le
raisin est déjà affecté de taches noires, etc. . . . Pour les détails, je m'en
réfère à ce que j'ai dit dans l'ouvrage que j'ai eu l'honneur d'envoyer à
l'Institut de l'année iSSy. »
(Commission des maladies des plantes usuelles.)
M. Laiguîel soumet au jugement de l'Académie un tableau comparatif de
son système de chemin de fer à petits rayons avec le système actuel ou à
grands rayons.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Morin,
Combes et Clapeyron.)
CORRESPONDANCE.
M. LE Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
adresse soixante exemplaires d'une partie nouvellement publiée du Rap-
port de la Commission française sur l'Exposition universelle de Londres
de i85i. (Voir au Bulletin bibliographique.) L'Académie a reçu de i854
à i858, à un égal nombre d'exemplaires, les neuf premiers volumes de ce
Rapport.
M. LE Secrétaire perpétuel présente au jiom de M. Walferdin une
épreuve d'un portrait de M. de Humboldt gui vient d'être lithographie
d'après un dessin original de Denon.
( '75)
M I.E Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance lin programme de l'Université impériale de Kharkoff, concer-
nant des expériences qui se feront dans cet établissement du i" au lo sep-
tembre prochain avec une batterie galvanique de looo éléments.
M. LE Secrétaire perpétuel signale encore un opuscule de M. Benoit
sur des observations faites en France concernant le Dragouneau (Filaire de
Médine).
JII. Moquin-Tandon fait à cette occasion les remarques suivantes :
« I.e Mémoire de M. Benoit est fort intéressant. Ainsi que vient de le
dire M. Flourens, la Filaire de Médine est très-rare en France et en Europe.
Le petit nombre de malades qui en ont présenté, dans nos contrées, étaient
arrivés depuis peu des pays fréquentés par cet entozoaire
» Au mois de juillet i854, M. le professeur Malgaigne a eu l'occasion,
dans sa clinique, de retirer une Filaire de la jambe d'un jeune homme :
c'était un matelot qui avait séjourné quelque temps au Sénégal. Le ver fut
extrait en plusieurs morceaux.
» Le docteur Robin a étudié ces morceaux, et découvert aussi dans leur
cavité viscéraîe une quantité innombrable de petites Pilaires pleines de vie,
les unes étendues, les autres enroulées sur elles-mêmes el formant une spi-
rale à peu près comme les Trichocéphales. Le même fait avait été déjà
signalé par MM. Jacobson et Maisonneuve.
» J'ai vu moi-même, avec M. Robin, ces vermicules se tordre et s'agiter
dans une goutte d'eau. Nous avons constaté autour de leur orifice buccal
l'existence de trois nodules. Leur estomac était assez distinct de l'œsophage,
mais il se confondait avec l'intestin.
» D'après MM. Deville et Robin, ces jeunes Filaires, après avoir perdu
leurs mouvements par suite de l'évaporation de l'eau, reprennent leur agi-
lité et. leur énergie, même au bout de douze heures, quand on les mouille
de nouveau. »
**«>, ~*
PHYSIQUE. — Sur la non- homogénéité de l'étincelle d'induction;
par M. A. Perrot.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les résultats auxquels m'a
conduit l'examen de l'étincelle d'induction. Lorsqu'on fait passer un corps
solide quelconque au travers.de l'étincelle, on voit le trait lumineux bien
défini qui en occupe le centre se déplacer et venir lécher la surface du
23..
( 176)
corps. On peut de cette manière lui faire prendre toutes sortes de positions,
le briser ou le faire mouvoir parallèlement à lui-même, sans pour cela
changer la forme générale de l'enveloppe moins lumineuse qui entoure le
trait défini. Cette partie beaucoup moins lumineuse n'est pas déplacée par
le contact du corps solide, mais au contraire par un courant gazeux qui
n'a pas d'influence sur la marche du trait de feu. En profitant de ces deux
propriétés différentes, je suis parvenu à séparer l'étincelle en deux parties;
elle prend alors la forme d'un V.
» La partie éblouissante ne paraît pas élever la température des corps
qu'on y plonge; une feuille de papier est percée par elle sans qu'il soit
possible de constater la moindre combustion ; un fil de verre n'est pas fondu
quand on le maintient dans cette portion de l'étincelle. Elle se termine au
pôle négatif par un point lumineux sans élever sensiblement la température
du fil de platine qui sert d'électrode. L'autre portion, au contraire, en-
flamme tous les corps qu'on en approche sans que son passage paraisse ac-
compagné d'actions mécaniques. Le trait de feu éblouissant qui forme la
première portion ne paraît donc pas, comme on l'avait cru, la cause de
l'élévation de température.
» En arrivant sur l'électrode négative, l'étincelle vague et peu lumineuse
s'y étale et en élève la température. Un fil de verre suffisamment fin fond
au moment où il est plongé dans cette portion de l'étincelle.
i> J'ai commencé une série d'expériences dans le but d'étudier l'influence
de la nature des électrodes et du milieu ambiant sur chacune des portions
de l'étincelle. L'interposition d'un condensateur dans le circuit rend la
séparation beaucoup plus difficile; de plus sa présence commence immé-
diatement à être accompagnée d'un transport de molécules dont la présence
complique le phénomène.
» Il est probable qu'en prenant en considération ces faits, on pourra
rendre compte de certaines anomalies dans l'action d'un aimant sur la lu-
mière produite dans un tube de Geissler; il serait aussi très-intéressant
d'étudier la nature des spectres produits par chacune des portions de l'étin-
celle. Il est possible que l'une d'elles seulement contienne certaines natures
de radiations. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur l'acétone; par M. A. Riche.
« I. Lorsqu'on dirige, dans un mélange d'acétone et d'acide chlorhy-
drique dissous, un faible courant électrique produit avec trois éléments
( '77 )
Bunsen, un dégagement abondant d'hydrogène a lieu au pôle négatif", tandis^
qu'il ne se produit que de faibles quantités de gaz au pôle positif.
» Sous l'influence du courant, l'acide chlorhydrique est décomposé, et
le chlore naissant réagit sur l'acétone avec une telle énergie, qu'il ne s'en
dégage pas trace et que la liqueur s'échauffe fortement.
» Le liquide, limpide dans le principe, se trouble bientôt par suite de la
formation de gouttes huileuses qui se rassemblent au fond du vase. Au bout
de dix-huit à vingt-quatre heures, il cesse de s'en former de nouvelles, on
lave alors l'huile et on la dessèche.
» Soumise à la distillation, elle commence à bouillir vers 90 degrés, mais
la majeure partie passe de 1 15 à 1 19 degrés.
» Cette portion, agitée avec du massicot et redistillée, bout à n 7 degrés;
elle présente exactement la composition de l'acétone raonochlorée, et sa
formule,
C H* O'
a '
correspond à 4 volumes de vapeur.
» C'est un liquide incolore, très-limpide, qui pique fortement les narines
et qui irrite les yeux au point de faire pleurer abondamment.
» La densité est de i,i4 à i4 degrés. Sa densité de vapeur est de 3, 40.
» Ce corps ne s'altère ni par le contact de l'air, ni par la distillation ; il
ne réagit pas sur le tournesol.
» Il ne se mêle pas à l'eau, cependant il paraît s'y dissoudre un peu par
l'agitation et avec le temps; la liqueur obtenue ne précipite pas par le
nitrate d'argent.
» Tous les essais que j'ai faits pour arriver à saisir la manière dont les
éléments sont groupés dans ce corps, qui a la composition du chlorure de
propionyle, ont été infructueux.
» Je l'ai maintenu pendant cinquante heures avec beaucoup d'eau bouil-
lante : il y a disparu en entier, et la liqueur précipitait par le nitrate d'ar-
gent; mais, en évaporant l'eau, la presque totalité du corps s'est déposée
sans altération.
» Les solutions aqueuses et alcooliques de potasse donnent des produits
bruns; l'ammoniaque gazeuse, l'ammoniaque aqueuse ou alcoolique, la
solution de carbonate d'ammoniaque, agissent de même, en donnant un
dépôt de chlorhydrate d'ammoniaque.
» L'oxyde d'argent récemment précipité l'attaque un peu à froid, mais la
( 178 )
réaction ne se termine que difficilement, même à loo degrés; on obtient un
liquide brun, soluble dans l'éther, devenant glutineux par l'évaporation ; je
n'ai pu en retirer ni de l'acétate ni du propionate d'argent.
» II. L;i solution d'acide bromhydrique se comporte delà même façon
avec l'acétone ; une huile se dépose au bout de quelques heures.
» Celle-ci, lavée, séchée et soumise à la distillation, entre en ébullition
vers loo degrés, mais la température monte rapidement à i^o degrés. Il
passe, de i4o à i45 degrés, une grande quantité du produit; mais pendant
la distillation le liquide noircit dans la cornue et dégage de l'acide brom-
hydrique.
.. Cette portion, débarrassée d'acide bromhydrique par un courant d'hy-
drogène sec et par l'agitation avec du massicot, présente la. composition de
l'acétone monobromée,
C» H' O*
Br
Ce corps est un liquide incolore, mais il brunit au bout de quelques instants,
ce qui m'a empêché d'étudier ses propriétés.
» Il irrite si fortement les yeux, qu'on ne peut rester dans une pièce où on
en a renversé quelques gouttes ; son transvasement, son lavage, sa distilla-
tion sont, en raison de cette propriété, des opérations extrêmement pénibles.
> III. L'acétone est attaquée dans les mêmes conditions par l'acide
iodhydrique; de l'iode se dissout dans l'acétone à laquelle il communique
une teinte noire, et une huile très-chargée d'iode se dépose au fond du
vase.
» Je n'ai pu arriver à en chasser l'excès d'iode, cependant j'ai isolé après
de nombreux lavages quelques aiguilles incolores, contenant de l'iode et de
la matière organique, mais elles étaient en trop petite quantité pour qu'il
m'ait été possible de les analyser. Je pense cependant qu'il se produit un
corps iodé analogue aux corps chloré et brome précédents, car la Hqueur
attaque fortement les yeux et les narines.
•) IV. Si on dirige pendant quatre ou cinq jours le courant électrique
produit avec trois éléments Bunsen dans un mélange de deux parties
d'acétone, d'une partie d'eau et d'une partie d'acide azotique ordinaire, le
liquide reste limpide, mais prend une forte odeur de vinaigre.
» Si on le sature par du carbonate de potasse et qu'on traite le sel obtenu
par de l'alcool, on en retire de l'acétate de potasse.
)) Le sel brut obtenu après la saturation che l'acide dégage, quand on le
( 179 )
chauffe avec de la potasse, des vapeurs alcalines, qui sont de l'ammoniaque
et de la méthylamine.
» La présence de l'ammoniaque est toute naturelle, car j'ai montré qu'un
courant électrique dirigé dans une solution d'acide azotique fournit beau-
coup d'ammoniaque par l'union de l'azote et de l'hydrogène naissants.
» Pour expliquer la présence de la méthylamine, il faut admettre que le
radical méthyle C* H' existe dans l'acétone, ou se produit lorsqu'elle se dé-
compose, concurremment avec l'acide acétique.
■> Cette expérience serait alors la vérification de l'hypothèse émise par
Gerhardt qui considérait l'acétone comme du méthylure d'acéthyle,
C*H'
C^H'O'"'
l'aldéhyde étant de l'hydrure d'acétyle,
H
Outre l'ammoniaque, la méthylamine et l'acide acétique, j'ai recueilli dans
cette réaction une petite quantité d'une matière insoluble dans l'eau, qui est
de l'oxamide ; je suis porté à croire que cette substance est un produit secon-
daire, car j'ai répété trois fois l'expérience dont il est question ici et je n'ai
constaté la présence de l'oxamide que dans deux d'entre elles. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur t association des phosphates de chaux et de
fer dans les nodules exploités en France et en Angleterre. (Remarques de
M. A. BoBiERRE, à l'occasion d'une communication récente de M. De-
lanoûe).
« La coexistence des phosphates de chaux et de fer dans les nodules
n'est pas un fait nouveau, car, en Angleterre comme en France, il a été
parfaitement constaté.
» Ainsi, vers 1867, M. Deherain, dont l'Académie a reçu des travaux sur
la transformation des phosphates alcalins et terreux dans le sol, me com-
muniquait une méthode analytique de séparation du phosphate de fer et du
phosphate de chaux. Moi-même, dans mes leçons de chimie agricole, pro-
fessées à l'École des Sciences de Nantes, en i858, et dont j'ai eu l'hon-
neur d'adresser un exemplaire à l'Académie, j'ai insisté à différentes
reprises sur la migration de la molécule d'acide phosphorique, qui, suc-
( i8o )
cessivement unie à la chaux ou au sesquioxyde de fer, se combine à l'oxyde
de potassium, pour devenir partie constituante du grain de froment.
» Je me propose de revenir sur les procédés analytiques, assez déli-
cats, au moyen desquels on peut séparer, dans les nodules, le phosphate
tribasique de chaux du phosphate de fer, Fe''O^PhO% 4H0, et sur la
résistance que ce dernier peut opposer aux réactions du sol, lorsqu'il a été
déshydraté: pour le moment, je me contenterai de rappeler que le résumé
de mes leçons sur le phosphate de chaux contient l'expression numérique
d'analyses, où, pour 5 1 et 45 centièmes de phosphate de chaux, il existe
9 et 12 centièmes de phosphate de fer.
» Ces faits sont parfaitement d'accord avec ceux observés par M. Dela-
noùe, mais leur constatation prouve que les chimistes connaissaient depuis
plusieurs années la combinaison mixte signalée par ce savant.
» J'ajouterai que si des agriculteurs ont éprouvé des revers en employant
les nodules dans des conditions mauvaises, il n'en est pas de même dans les
sols de landes à sous-sol argilo-siliceux, où les défrichements ont eu lieu avec
grand succès sous l'influence de ces mêmes nodules en poudre fine, alors
surtout qu'ils ont été mélangés avec des matières animales. Les industriels
qui exploitent les nodules, dans l'Est, ont observé l'action énergique et
prompte, — déhtement, échauffement, etc., — que cette matière éprouve
sous l'influence de l'air.
» L'assimilation de ces phosphates, dans les terrains feldspathiques de
l'Ouest, est donc tout à la fois et une conséquence de l'altération facile des
nodules en poudre par les gaz atmosphériques, et un fait empirique bien
acquis désormais. »
M. Delanoce, à qui M. Bobierre avait communiqué d'avance les remar-
ques que nous venons de reproduire, adresse à ce sujet une Note dont nous
extrayons les passages suivants :
« Je me préoccupe peu de la question de priorité; je puis dire cependant
que j'avais dès i853 « reconnu dans le terrain crétacé une couche de
phosphate calcaire d'une grande étendue et de o'°,6o d'épaisseur, où l'acide
phosphorique combiné à la chaux et au fer donne à la roche une grande
dureté (i) ». Cela n'a pas empêché que tout le monde en France et en
(i) Congrès scientifique d'Arras, bulletin n° 5, séance du 27 août i853. Bulletin de la
Société géologique.
( i8. )
Angleterre ait continué jusqu'à ce jour d'appeler cette substance iihosphnte
de chaux. Je devais signaler cette erreur.
» M. Bobierre et d'antres chimistes citent certaines analyses de no-
dules de phosphate offrant du phosphate ferrique. Il aurait été en effet
bien extraordinaire que la quantité considérable de fer qu'ils contiennent
ait toujours échappé à l'analyse; mais ce qui est réellement essentiel à véri-
fier et ce que j'affirme, c'est le fait suivant. Le phosphate ferrico-calcique
existe constamment dans le lower greensaud, le gault, l'upper greensand, la
craie glauconieuse, la craie séuonienne inférieure et jusque dans les véri-
tables coprolites du tourtia, c'est-à-dire dans l'universalité des terrains cré-
tacés de France et d'Angleterre. Cette loi ne s'applique ni à l'apatite, qui est
un chloro-boro-phosphate caicique, ni au phosphate du lias, signalé tout
récemment par M. Deschamps. »
M. BossHARD prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte
d'une Note qu'il lui a précédemment adressée, concernant un appareil de
son invention désigné sous le nom de collecteur de forces.
(Renvoi à M. Morin précédemment désigné.)
La séance est levée à 5 heures. F.
C. R., i85q,a"" Scmettie. (T. XLIX, N" ^.) . 24
( l82 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du aS juillet iSSg les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l\4cadémie des Sciences pu-
bliés conformément à une décision de l'Académie, en date du i3 juillet i835,
par MM. LES Segkétaires perpétuels; t. XLVII. Paris, i858; in-4°.
Institut impérial de France. Académie des Sciences. Discours prononcé par
M. Berquerel aux funérailles de M. le baron Cagniard de Latour, le jeudi
•j juillet iSSg; demi-feuille in-4''.
Leçons sur la Physiologie et l' Analomie comparée de thomme et des ani-
maux faites à la Faculté des Sciences de Paris; par H. MiLNE Edwabds ; t. V,
l" partie. Absorption. Digestion. Paris, 18.59; in-8°.
Sur le tonnerre en Ethiopie; par Antoine d'Abbadie. Paris, i858; in-4°.
(Extrait dut. XVI des Mémoires présentés par divers savants à l'Académie
des Sciences.)
Catalogue raisonné des manuscrits éthiopiens appartenant à Antoine
d'Abbadie. Paris, 1859; in-4".
La Politique et les Beligions, études d' un journaliste ; par H. Lamarche.
Paris, i858; i vol. in-12.
Du Dragonneau ou Filaire de Médine, à l'occasion d'une nouvelle observa-
tion de cet helminthe chez [homme; par M. J. Benoit. Montpellier, iSSg;
br. in-S".
Essais d'une monographie des espèces et des variétés du genre Cucumis; par
M. Ch. Naudin ; br. in-8°.
Etudes sur les graminées fourragères des environs de Toulouse; par
M. Baillet; br. in- 8°.
Fragments astronomiques et physiques ; par M. Emm. LIAIS; br. in-8°.
Mémoires sur Vanatomie et la physiologie des osselets de l'oreille et de la mem-
brane du tympan; par M. le D'' Bonnafont. Paris, 1859; br. in-8°.
( »83)
Mémoire sur les corps gras;- par \eD' iEANJ:^ZL. Bordeaux, iSSg; br. in-S".
Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 80* liv., in-4°-
Carie géologique du Dauphiné (Isère, Drôine, Hautes-Alpes); par
M. Ch. LORY. (Présentée, au nom de l'Auteur, par M. d'Archiac.)
On the — Sur la lumière réfléchie et transmise par des lames minces; par
M. H. Lloyd. Dublin, iSSg; br. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 18 juillet iSSg.)
Page 1 38, ligne 27, 'mmissaires déjà nommés pour le Mémoire de MM. Pommier et
Joyeux, au lieu de MM. Pouillet, Morin, Combes, lisez MM. Peligot, Séguier.
I I 1 1» » ii< a < -
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIIË DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 1" AOUT 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
AIÊMOIRES ET COMMLNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOLOGIE. — M. Eue de Beacmont lit les remarques suivantes au sujet
de ta légende de la Carte géologique du Dauphiné, par M. Ch. Lorj.
« L'Académie dans sa dernière séance a reçu une Carte géologique du
Dauphiné {IsèrefUràme, Hautes- Alpes) publiée récemment par M. Ch. Lory,
qui lui a été présentée au nom l'auteur par M. d'Archiac. Notre savant
confrère a donné au travail de M. Lory des éloges que je crois mérités,
et je n'aurais pas à m'en occuper si je n'espérais que les personnes auxquelles
la clarté est agréable, sauraient peut-être gré à l'un des auteurs de la Carte
géologique de la France, d'avoir commenté en passant certaines ambiguïtés
que présente la comparaison de la légende de cette carte avec la légende ou
explication des couleurs de la carte de M. Lory. Je m'attacherai seulement
à deux de ces points ambigus.
)i Première ambiguïté. La légende de la Carte géologique de la France est
conçue de la manière suivante pour la série des couches qui sont comprises
entre l'argile plastique et le terrain jurassique.
jaune
Terrain crétacé supérieur | c' | Craie blanche et craie marneuse.
vert ( Grès vert supérieur (crsiietufteaLu)
Terrain crétacé inférieur | c' | < et inférieur: formation wealdienne
r ou néocomienne.
C. R., i859, 2™« Semtstre. (T. XLIX, N»S.; ^5
( i86 )
i> La formation du gauU étant placée entre le grès vert supérieur et le
grès vert inférieur, son nom n'avait pas besoin d'être écrit dans cette
légende pour qu'il fût implicitement convenu que le gault y est compris
dans le terrain crétacé inférieur.
» M. Lory, à qui l'échelle plus grande de sa carte a permis de multiplier
davantage les couleurs, a consacré dans sa légende une case particulière
au gaull qui y est désigné par la lettre G; mais il a compris sous une
dénomination commune, groupe de la craie, désigné par la lettre G et figuré
par une teinte olivâtre (intermédiaire entre le jaune et le vert), tontes les
couches de la série crétacée supérieures au gault.
» De là il résulte que sur la carte de M. Lory le groupe de la' craie ne
comprend pas seulement la craie blanche et la craie marneuse (terrain cré-
tacé supérieur de la Carte géologique de la France), mais encore le grès
vert supérieur [craie iuffeau)^ qui, dans la Carte géologique de la France,
fait partie du terrain crétacé inférieur, et y est en conséquence colorié en
vert (c'). Cela fait que les couches crétacées les plus élevées des montagnes
(le la Grande-Chartreuse, du Royans, du Vercors, de Sassenage, de Fon-
taine, etc., qui sont coloriées en vert (c') sur la Carte géologique de la
France, comme représentant la craie tuffeau, sont coloriées sur la carte de
M. Lory en vert olive (C), ainsi qu'elles le seraient si elles étaient formées
de craie blanche supérieure, sans que cela implique nécessairement, ainsi
qu'on pourrait le croire au premier abord, entre M. Lory et les auteurs de
la Carte géologique de la France, une divergence essentielle dans la ma-
nièi'e de comparer ces couches aux couches crayeuses des falaises de la
Manche, qui servent ordinairement de type pour la classification des terrains
crétacés.
» Au surplus, et pour que mon opinion persoinielle à ce sujet ne puisse
pas être présentée comme ambiguë, je répéterai ici, puisque l'occasion s'en
présente, que, dans les montagnes qui entourent Grenoble au nord et à
l'ouest, et où la Carte géologique de la France ne figure que le terrain cré-
tacé inférieur (c'), il n'y a en effet aucune couche appartenant au terrain
crétacé supérieur tel que la légende de la Carte géologique de la France
le définit; c'est-à-dire qu'il n'y existe aucune couche crétacée d'un niveau
géologique plus élevé que l'assise supérieure de la craie tuffeau qui est
foruiée dans le nord de la France par la craie chloritée supérieure (i) de la
(i) fo/r les Remarques que j'ai présentées à cet égard ik rAcadcmie, dans la séance du
?.8 mars dernier [Comptes rendus, t. XLVIII, p. G'^7 }.
( '87 )
côte Sainte-Catheriiie près de Rouen, si célèbre par le nombre et la belle
conservation de ses fossiles.
j) Si dans les trois départements qui représentent l'ancien Daupbiné,
on trouve des couches contemporaines du groupe de la craie blanche pro-
prement dite (craie marneuse, craie blanche sans silex, craie blanche avec
silex), on les rencontrera uniquement [suivant moi) dans le terrain num-
mulitique, que M. Lory, dans sa légende, a qualifié de tertiaire, et notam-
ment dans un petit groupe de couches de calcaire gris schistoïde qui se
trouve à la base de ce terrain, au-dessous de l'assise nummulitique pro-
prement dite (i).
» Seconde ambiguïté. La seconde ambiguïté se rapporte aux articles de
la légende de M. Lory qui sont principalement relatifs aux parties du Brian-
çonnais et du Queyras, représentées sur la Carte géologique de la France comme
appartenant au terrain jurassique modifié, figuré sur cette carte par une teinte
bleue avec hachures rouges et désigné par le signe J, que M. Lory adopte
lui-même pour l'un des groupes de couches que son échelle plus grande lui
permet de distinguer. M. Lory fait suivre d'un point de doute (?) la défini-
tion de la plupart de ces groupes, et le sens attaché à ces points de doute est
pour moi un sujet d'incertitude.
u Si ces points de doute se rapportent à la valeur et à l'ordre relatif des
subdivisions que M. Lory cherche à établir dans les assises diverses des
terrains du Briançonnais et du Queyras, je n'ai rien à en dire.
» Mais si les points de doute se rapportaient à l'âge relatif que la Carte
géologique de la France assigne à l'ensemble de ces assises en les plaçant
dans le terrain jurassique modifié, \t regretterais de les voir figurer dans la
légende de la carte de M. Lory.
« En effet, cet infatigable explorateur, auquel je suis heureux de pou-
f^i) Ces couches essentiellement crétacées font partie des vastes lambeaux du terrain
nummulitique du département des Hautes- Alpes que j'ai coloriées en jaune et désignées par
c-, comme se rattachant à la série des terrains crétacés plus qu'à celle des terrains tertiaires,
sans m'opposer toutefois à ce qu'on leur donne le nom à'éocène, qui peut convenir à une
partie de leur faune. ( Voir le Bulletin de la Société Géologique de France, 2" série, t. IV,
p. 562 et suivantes (séance du !"■ mars iSS^). J'ai même donné au terrain nummulitique le
nom A' étage éocène antépyrénéen, mais, quelques pages plus loin, j'ai exprimé le regret qu'on
ait introduit dans la nomenclature géologique le mot éucène, qui, par suite précisément de son
étymologie, me paraît présenter certains inconvénients que j'ai signalés. (Voir ma Notice sur
lessystèmes de montagnes, publiée en i852 ; p. 43i, 4^3 à 468, 5i5 et 53o.)
a5..
(i88)
voir, clans cette circonstance, rendre une impartiale justice sous le rapport
de son activité consciencieuse et de son esprit d'observation, a figuré avec
juste raison comme se rapportant purement et simplement au lias (L) (ter-
rain jurassique inférieur non modifié) les calcaires schisteux des cols du
f^autaret et de l'Infernet, du col des Berches (i), etc. Or, comme je l'ai in-
diqué depuis longtemps et à plusieurs reprises, c'est là la clef de la géologie
des montagnes du haut Dauphiné et de la Maurienne, et ce point-là admis,
toute incertitude disparaît et tous les points de doute deviennent sans
objet (2).
» Si M. Lory ne s'était pas encore assuré que les grès anthracifères des
cimes qui dominent au nord le col du Lautaret, entre les cols de l'Infernet
et du Galibier, en tirant vers le Bec des Trois-Évêchés , les aiguilles
d'Arves, le col et le vallon des Pics (3), sont à la fois supérieurs et postérieurs
au lias du Lautaret, je l'engagerais à visiter de nouveau cette contrée, afin
de faire disparaître une inconséquence qui fait tort, à mes yeux du moins,
au mérite réel de son travail. »
(r) Le col des £erc/ies, des Perches ou de la Gouille, est situé au point où le sentier qui
conduit de la Grave à Saint-Sorlin-d'Arves et à Saint-Jean-d'Arves traverse le frontière de la
France et de la Savoie avant de descendre vers les granges de Pré-Nouveau. J'ai donné diffé-
rents détails sur les cols des Berches, de l'Infernet , etc., dans ma Notice sur le col du Char-
dorict. Voyez Anrtales des Sciencef naturelles, t. XV, p. 356 à 36o (1828).
En fait, le lias du Lautaret, du col de l'Infernet, du col des Berches, tjui est le lias
moyen ou supérieur, est en continuité avec celui du col des Encombres, dans lequel M. le pro-
fesseur Sismonda a constaté l'existence de soixante-cinq espèces de coquilles, la plupart déjà
connues ailleurs dans le terrain jurassique (Voir les Comptes rendus des séances de l'Acadé-
mie des Sciences, t. XLV, p. 949 (séance du 'j décembre 1857).
Du col du Lautaret au col des Encombres, il y a en ligne droite 34 kilomètres, ou environ
8 lieues. On peut aller facilement de l'un à l'autre dans les vingt-quatre heures, en couchant
à Saint -Michel, où va se trouver bientôt l'une des stations du chemin de fer de Paris à Turin :
et l'on peut faire tout ce trajet sans cesser de marcher sur les calcaires plus ou moins schis-
teux, généralement peu altérés, et souvent fossilifères du lias moyen ou supérieur.
(2) Voir ma Notice déjà citée sur le cnl du Chardonet et le résumé de toute la question
des terrains anthracifères des Alpes, inséré dans le Bulletin de la Société Géologique de
France, 2° série, t. XIII, p. 534 ^676 (séance du 7 mai i855 ).
(3) J'ai donné d'assez nombreux détails sur le co/et levallon des Pics, qui conduisent, par
un parcours facile, de Saint-Jean-d'Arves et d'Entraigues à Bonnenuit, ainsi que sur les
montagnes adjacentes, dans ma Notice sur le col du Chardonet. Voyez Annales des Sciences
naturelles, t. XV, p. 359 à 36 1 ('828).
( '89)
PHYSIQUE. — Sur la foudre en boule; par M. de Tessan.
K Ce que l'on connaît des apparences, des mouvements et des effets de
la foudre en boule me semble devoir la faire considérer comme une bou-
teille de Leyde fortement chargée, dont les parois isolantes, au lieu d'être
en verre, sont formées d'une couche sphérique d'air sec, fortement com-
primé par suite de l'attraction mutuelle des deux électricités accumulées
sur les faces de cette couche, et dont l'intérieur contient de l'air plus ou
moins rarétié et par suite plus ou moins conducteur de l'électricité.
» En effet, une bouteille de Leyde ainsi constituée présenterait l'aspect
d'une sphère lumineuse, par suite de la combinaison lente des deux élec-
tricités qui s'effectuerait à travers la couche d'air comprimé, qui ne peut
être parfaitement isolante. Elle n'exercerait à dislance que de faibles actions
attractives ou répulsives sur les corps extérieurs, puisque l'électricité y se-
rait, pour la plus grande partie, dissimulée. Elle pourrait être, ou moins
pesante, ou plus pesante que l'air déplacé, suivant la plus ou moins grande
raréfaction de l'air intérieur, suivant la compression moins grande ou plus
grande de la couche isolante, et enfin suivant l'élévation de sa température.
Elle peut donc avoir une densité telle, qu'elle obéisse à la moindre im-
pulsion de l'air ambiant. Mise, par simple contact extérieur, en communi-
cation électrique avec la terre, elle persisterait dans son étal primitif; puis-
qu'elle ne perdrait par ce contact que la faible quantité d'électricité qui
pourrait se trouver libre à cet instant sur sa face extérieure. Mais, si un
corps conducteur, même isolé, pénétrait la couche isolante de manière à
mettre en communication directe la face extérieure de cette couche a.vec sa
face intérieure, alors les deux masses d'électricité accumulées sur ces faces
se combineraient instantanément à travers le corps conducteur, et l'air de
la couche isolante n'étant plus comprimé par l'attraction mutuelle de ces
deux masses d'électricité, se dilaterait subitement en se projetant dans le
vide intérieur et vers l'extérieur : il y aurait en un mot explosion. Et cette
explosion serait d'autant plus forte, que la couche isolante était auparavant
plus comprimée, c'est-à-dire que la charge électrique était plus forte, et
aussi que l'air intérieur était plus raréfié et la température plus élevée.
D'ailleurs la recomposition des deux électricités à travers la couche isolante
ayant dû produire de l'ozone, on percevrait son odeur après l'explosion.
» Tous ces phénomènes sont précisément ceux que l'on a observés dans
les cas de foudre en boule.
( 190 )
» Cette complète similitude dans les phénomènes rendrait très-probable
la similitude de constitution physique, si à priori cette constitution était
elle-même possible , c'est-à-dire si l'existence d'une pareille bouteille de
Leyde à parois gazeuses était possible, ou, ce qui revient au même, s'il
pouvait y avoir équilibre stable dans un pareil système. Or il est facile de
s'assurer qu'il en est ainsi.
» En effet, les couches d'égale densité étant sphériqiies et concentriques,
il y aura nécessairement équilibre de pression ainsi que de tension électri-
que parallèlement au plan tangent à ces couches, c'est-à-dire perpendicu-
lairement à un rayon quelconque de la boule. Il suffit donc de s'assurer
qu'il peut y avoir en outçe équilibre dans le sens du rayon. Or, si l'on dé-
signe par Pq la pression atmosphérique extérieure, par A. la force résultant
de l'attraction mutuelle des deux charges d'électricité, par P la pression
de l'air dans la couche isolante, par p la pression de l'air dans l'intérieur
de la boule, et enfin par T la tension de l'électricité qui se trouve à l'état
libre sur la face intérieure de la couche isolante dont /• est le rayon tandis
que R est celui de la face extérieure : on voit facilement qu'il est nécessaire
et qu'il suffit pour l'équilibre du système que l'on ait les deux égalités :
p + T = V,{i], P-A = Po(a):
égalités qu'il est toujours possible de satisfaire par des valeurs convenables
de r et de R ; car /? et T étant fonctions de r seulement, la première équa-
tion fait connaître la valeur de cette inconnue, tandis que la seconde, dans
laquelle P et A sont fonctions de r et de R, détermine la valeur de R,
puisque celle de r est déjà connue.
» On voit de plus que si, à un instant donné, les trois quantités Po, P — A
et /J 4- T viennent à être légèrement différentes entre elles, c'est-à-dire si
l'équilibre est légèrement troublé, il suffira d'une légère variation de r et
de R pour que l'égalité se rétablisse et que l'équilibre renaisse. Ce qui
montre que l'équilibre est stable, puisque d'ailleurs la force élastique du gaz
et la tension de l'électricité libre rendraient au système la forme sphérique
s'il en avait été écarté momentanément.
» La résistance de la couche isolante au départ d'une étincelle entre ses
deux faces croissant avec la pression P, qui croît elle-même avec la charge
électrique de ces faces, cette charge peut être très-grande ainsi que la pres-
sion P sans qu'il y ait explosion. Une bouteille de Leyde à parois unique-
ment gazeuses est donc possible en théorie.
» Mais il y a plus. En y réfléchissant un peu, on imagine bien vite divers
( '9' )
procédés plus ou moins compliqués au moyen desquels on pourrait réa-
liser celte conception théorique, et l'on arrive à concevoir que parmi les
effets si nombreux, si variés et encore si peu expliqués de la foudre, il
s'en trouve un qui la réalise en effet, et donne ainsi naissance à la foudre
en boule. »
ASTRONOMIE. — Observations des taches etfacules du soleil à [Observatoire du
collège Romain ; Lettre du P. Secchi à M. Élie de Beaumont.
• Rome, i5 juillet 1859.
» J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie deux numéros des Mémoires de
l Observatoire (II et V) qui contiennent des observations sur les taches so-
laires, de la comète Donati et des étoiles doubles. Les numéros intermé-
diaires, III et IV, contiendront les observations de Mars et du soleil : main-
tenant je crois que les résultats suivants pourront intéresser l'Académie, et
je vous prie de vouloir bien les communiquer.
» L'étude des taches solaires a acquis dans ces derniers temps une im-
portance particulière pour la résolution d'un grand nombre de questions
relatives à la constitution physique de cet astre. Sans prétendre critiquer
les systèmes d'observation actuellement adoptés, on ne peut nier qu'ils
laissent beaucoup à désirer pour assurer le succès de ce qu'on cherche.
Communément, en effet, on se borne à compter le nombre des taches visi-
bles au moment de l'observation, et par conséquent les résultats sont mêlés de
toutes les irrégularités de l'état atmosphérique, qui compliquent la loi des
apparitions. De plus, comme il y a nécessairement beaucoup d'arbitraire
dans la distinction des groupes selon les observateurs et la force apparente
des lunettes, les résultats des différentes époques seront difficilement com-
parables entre eux : cette simple manière est en outre insuffisante pour
reconnaître la position des taches si elle a lieu dans les mêmes régions du
soleil. De l'autre côté les méthodes exactes d'observation astronomique ou
de photographie exigent trop de temps et sont trop difficiles pour être à la
portée (le tout le monde.
» Comme dans cette matière (au moins pour le présent) une continuité
assez soutenue dans les observations est préférable à une grande exactitude,
qui est d'ailleurs ici presque hors de question, j'ai jugé qu'une méthode
purement graphique et Irès-expéditive, tant pour les observations que pour
les réductions, serait préférable à toutes les autres. C'est donc un système
de cette espèce que j'ai introduit à l'observatoire, et qui, poursuivi pen-
dant un an sans interruption notable, a déjà conduit à des conséquences.
( iga )
assez remarquables. Sa description ne pouvant trouver place ici, je me
bornerai à en indiquer les résultats.
» 1°. L'image solaire formée par une lunette de 6 pouces d'ouverture et
7 pieds de longueur focale, est projetée sur un écran blanc, et un dessin
des taches et des facules est fait presque chaque jour : or si, sur les cercles
qui représentent le disque solaire, on trace le diamètre de l'ellipse dans la-
quelle se projette l'équateur solaire au moment de l'observation, on trouve
en général que les facules sont disposées en groupes des deux côtés de
cette ligne, et sont ordinairement au nombre de quatre. La zone équato-
riale est en général sans taches et sans facules, et cette distribution a été
si constante pendant les derniers six mois, et si bien tranchée, qu'on pouvait
tracer la direction de l'équateur solaire après la simple distribution des
facules. Il est bien connu que les taches se rangent en deux zones de
deux côtés de l'équateur solaire, mais j'ignore si l'on a jamais fait une sem-
blable remarque pour les facules : les zones de celles-ci semblent cependant
plus larges que celles des taches, mais la largeur de la zone d'un hémi-
sphère empiète très-rarement sur l'autre. La constance de cette disposition
prouve évidemment que les facules constituent deux zones continues des
deux côtés de l'équateur, et non pas des groupes isolés, à peu près comme
les zones des vents alizés sur le globe terrestre.
» 1°. Si, après avoir trouvé la longitude et la latitude héliographique
des taches, on reconstruit leur distribution sur la circonférence de la zone
équatoriale solaire, on ne tarde pas à s'apercevoir que, quoique les taches
particulières et leur assemblage soient très-variables, cependant il y a des
régions dans lesquelles elles se reproduisent plusieurs fois de suite, sinon
dans la même place, au moins dans les environs. Cela tend à prouver leurs
dépendance et connexion avec des accidents du corps solaire lui-même. Les
régions plus troublées ont été, dans le dernier semestre, en longitude de
4o degrés, 1 5o degrés, 34o degrés, en comptant du méridien solaire qui
passait par le centre du disque à midi le 17 décembre i858.
« 3°. L'année passée j'ai indiqué une manière de trouver la profondeur
des taches solaires, fondée sur la théorie de Wilson : les résultats obtenus
alors ont été confirmés par les mesures de plusieurs autres taches, de sorte
que l'épaisseur de la photosphère ne dépasse pas un tiers ou tout au plus une
moitié du rayon du globe terrestre. La petite épaisseur relative de cette
couche expliquerait la grande facilité avec laquelle elle se trouve dé-
chirée.
» J'espère que l'étude du soleil suivie de cette manière produira des résul-
( '93 )
tats intéressants analogues à ceux déjà découverts par MM. Cawington,
Swabe, Sabine et Wolff.
• Je prends cette occasion pour ajouter quelque autre point de causerie
scientifique.
» La chaleur ici a été très-forte et très-soutenue : le maximum a eu lieu
le 4 de ce mois et a été de 38 degrés centigrades. ISous avons eu ensuite des
orages assez forts et actuellement la chaleur augmente encore. Ce qui est
bien singulier, c'est que cette température si élevée n'est pas la conséquence
du vent du sud, car au contraire le vent dominant est le nord, et nous avons
l'ouest seulement au lieu du sud-ouest par effet de la côte, ce qui prouve
que même pendant le jour la composante nord l'emporte beaucoup. Si cette
température élevée est générale, il faudra en chercher la cause ailleurs que
dans le vent et l'atmosphère terrestre : peut-être le soleil lui-même est plus
puissant cette année-ci.
» Comme on a réclamé contre l'adoption du système de mesures
anglaises pour l'intensité magnétique, je donnerai cette valeur eu imités de
Gauss, et en celles-ci l'intensité absolue de la force magnétique est exprimée
par 4)4o79o, ce qui s'accorde bien avec les déterminations de M. Rreil
faites pour l'autre côté de l'Italie.
» Nous avons fait une suite d'observations semi-horaires avec tous les ins-
truments magnétiques des 27, 28, ?.g et 3o juin, période de grande régula-
rité de marche. Les résultats construits graphiquement montrent des
périodes très-bien prononcées, et on peut les résumer à coup d'œil dans
cette loi remarquable. — Les variations ont lui caractère de période semi-
diurne qui vient à être suspendue pendant la nuit. Je réserve à une autre
occasion les développements de cette loi qui vient éclairer le mystère qui
environne jusqu'ici les phénomènes de la variation magnétique.
» Comme Rome se trouve assez près des volcans du Latium, j'ai voulu
épargner l'influence de masses de laves sur les constantes du magnétisme
terrestre; je me suis donc porté aile Frattochie sur une grande coulée de
lave, à 17 kilomètres au sud-est de Rome, au pied des monli Albani, et là
j'ai déterminé l'inclinaison qui s'est trouvée de 1° 5' plus forte qu'à Rome,
pendant que selon la position géographique de la station elle devait être
plus petite. J'espère de pouvoir dans l'automne prochain déterminer les
éléments magnétiques dans plusieurs stations de cette région importante.
» Nous avons observé ici l'occultation de Saturne par la lune, mais sans
observer aucune distorsion, excepté une figure arrondie comme mi grain
au moment de la disjonction, produite de ce que la cavité entre deux mon-
C. R., 1859, î»»» Scmeilre. (T. XUX, N» &.) 26
( '94 )
tagnes lunaires répondait exactement à la convexité du bord de la planète
et de l'anneau au moment de la disjonction. Les détails se trouveront dans
les Mémoires de l'Observatoire. »
THÉRAPEUTIQUE. — Emploi, dans le traitement des plaies et ulcères, de diverses
substances ayant pour effet d'atténuer, de détruire ou de masquer la puanteur;
Communication de M. Renault.
« Outre l'intérêt qu'elle peut présenter au point de vue de l'industrie,
la communication qu'a faite M. Velpeau dans la séance du i8 juillet a
fait une certaine sensation dans le monde médical, et ce n'est pas sans
quelque raison.
» L'altération putride des caillots sanguins ou des matières purulentes
qui séjournent à la surface des plaies ou dans certains abcès profonds, est
souvent, en effet, le point de départ, la cause déterminante d'accidents
locaux et généraux trop graves pour les malades qui en sont affectés, d'in-
fection trop dangereuse dans les localités qu'ils habitent, pour qu'on n'ac-
cueUle pas avec reconnaissance la découverte ou la divulgation de moyens
capables de les prévenir. Or tel est le but et tels sont en réalité les effets
du mélange de plâtre et de coal-tar dont M. Velpeau a entretenu l'Aca-
démie dans ses deux dernières séances, et pour l'examen scientifique duquel
une Commission spéciale a été nommée.
» Pour ma part, j'ai été d'autant plus frappé de l'importance de cette
communication, que, il y a longtemps déjà, je m'étais particulièrement
occupé du danger du séjour, sur les plaies ou dans leur profondeur, de sang
ou de pus putréfiés, en tant que causes fréquentes de gangrène septique;
et que, après avoir démontré par l'observation clinique et par l'expéri-
mentation la vérité de cette étiologie, j'en avais inféré la nécessité de préve-
nir ces accidents, presque toujours mortels, par l'emploi de moyens propres
à arrêter et surtout à empêcher la décomposition putride du sang et du pus
amassés sur les plaies. Ça été l'objet d'un Mémoire que j'ai publié en i84o.
» A. cette époque, comme depuis, celui des moyens désinfectants qui m'a
paru avoir le plus d'efficacité est l'hypochlorite de chaux en poudre ou en
solution. Toutefois, il résulte de son application en cerlainequantité sur des
plaies de quelque étendue un dégagement d'odeur de chlore qui, s'il n'est
pas un bien grave inconvénient dans nos infirmeries vétérinaires, peut fati-
guer la poitrine, irriter les voies respiratoires des malades dans les hôpitaux
affectés aux hommes , ou, tout du moins, y être plus ou moins désagréable
à respirer.
» Ce n'est donc, au point de vue de la thérapeutique ou de la prophylaxie.
( '9'' )
ni une indication nouvelle, ni le premier moyen de la réaliser, qu'ont pro-
posé MM. Corne et Demeaux, puisque les chirurgiens et les vétérinaires con-
naissaient le danger de la présence sur les plaies du sang ou du pus putré-
fiés, puisque la pratique possédait un moyen efficace d'en opérer la désin-
fection. Mais, comme la fait remarquer avec une grande raison le savant
chirurgien de la Charité, la préparation de ces Messieurs, en opérant cette
désinfection sans laisser après elle une odeur aussi désagréable que celle
du chlore, peut constituer un véritable progrès et présente dès lors un grand
intérêt pratique.
» C'est parce que telle est mon opinion sur ce procédé, que j'ai cru de-
voir chercher, de mon côté, à en expérimenter l'efficacité absolue et à en
déterminer la valeur comparative.
» A cet effet, je me suis livré à un grand nombre d'expériences qui
ont consisté à faire agir sur diverses matières animales, les unes prises sur
des cadavres en pleine putréfaction, les autres recueillies sur des plaies ou
des abcès, siège d'affections gangreneuses :
» D'abord le mélange de plâtre et de coal-tar proposé par MM. Corne
et Demeaux, mélange dans lequel le coal-tar est entré pour 3, 4, 6 et 8
pour loo de plâtre;
» Ensuite, et successivement, le plâtre seul, le coal-tar seul, l'huile
de schiste, le charbon végétal, le charbon animal, l'essence de térében-
thine seule puis incorporée à du plâtre en diverses proportions, puis enfin
le goudron végétal seul et ce même goudron mélangé à du plâtre dans des
proportions égales à celles dans lesquelles entre le eoal-tar dans la prépara-
tion de MM. Corne et Demeaux. Or voici sommairement résumés les résul-
tats de ces diverses expériences :
» 1°. Le mélange de plâtre et de coal-tar dans les proportions de 3 à 6
pour lOO, projeté sur des matières animales liquides ou en bouillie en
quantité suffisante pour former une pâte de consistance ordinaire, agité
avec ces matières et bien mêlé avec elles, leur enlève en très-peu d'instants
leur odeur putride ou gangreneuse, si infecte qu'elle soit; et la pâte qui en
résulte n'a plus que l'odeur bitumineuse particulière, assez forte et un peu
acre, mais très-supportable, qui est propre au coal-tar.
» 2°. Le mélange, avec ces mêmes matières putrides, du plâtre seul en
même quantité que la poudre Corne et Demeaux donne une pâte dont
l'odeur, bien qu'elle soit atténuée peut-être, est toujours celle de ces
matières.
» 3°. Une petite quantité de coal-tar seul, versée sur ces matières et
agitée avec elles, leur donne la teinte noire qui lui est propre, et la bouillie
26..
( '9^)
qui en résulte n'a plus qu'une odeur forte et très-prononcée de coal-tar.
» D'où il suit que lecoal-tarest l'élément véritablement désinfectant dans
la poudre de MM. Corne et Demeaux, et que le plâtre n'y aurait d'autre
action que celle de diviser le produit bitumineux, d'en faciliter l'applica-
tion, et d'absorber les liquides putrides ou gangreneux.
» 4°- L'huile de schiste, également versée sur ces matières en très-petite
quantité, leur enlève leur odeur dussi instantanément que le coal-tar; mais
à cette odeur elle substitue la sienne propre, qui est forte, acre, pénétrante,
et très-désagréable à respirer.
» 5°. L'essence de térébenthine, soit seule, soit associée au plâtre, affaiblit
sensiblement, mais n'enlève pas complètement leur odeur infecte aux ma-
tières dont il vient d'être question ; et puis, ce qui n'arrive pas pour le coal-
tar ou l'huile de schiste, l'odeur putride se reproduit assez fortement
lorsque l'essence, s'étant volatilisée, cesse de se faire sentir dans le mélange.
» 6°. Les charbons (animal ou végétal) pulvérisés donnent les mêmes ré-
sultats que le plâtre seul ; ils n'ont aucune action désinfectante.
» 7°. Enfin le goudron végétal, dont les propriétés pour arrêter ou préve-
nir la putréfaction ont été déjà indiquées à d'autres époques, m'a paru avoir
et a en effet, soit seul, soit mélangé au plâtre dans les mêmes proportions
que le coal-tar, une action aussi prompte et aussi complètement désin-
fectante que le mélange de MM. Corne et Demeaux. Il m'a semblé pourtant,
comme à ceux de mes collègues et aux nombreux élèves d'Alfort qui ont
assisté à mes expériences, que l'odeur du goudron végétal qui se substituait
dans la pâte traitée par cette substance à l'odeur putride ou gangreneuse,
était sensiblement plus douce et moins désagréable que celle du coal-tar. Je
crois donc, tout en reconnaissant et proclamant hautement le mérite du
mélange de MM. Corne et Demeaux, que, si l'impression que j'ai éprouvée
dans mes expériences est partagée par ceux qui pourront les répéter, la
substitution du goudron végétal, qui est aussi très-répandu et fort j^eu coii-
teux, serait une amélioration, un perfectionnement, si léger soit-il, du
moyen désinfectant proposé par ces Messieurs, en tant du moins que s'ap-
pliquant au traitement des maladies chirurgicales de l'homme. »
a M. MiLNE Edwards remarque, à l'occasion de ce nom de coal-tar qui a
été si souvent prononcé devant l'Académie depuis la communication de
MM. Corne et Demeaux, qu'il y aurait en général de l'avantage à ne pas
employer des dénominations empruntées à une autre langue quand la nôtre
en fournit de tout aussi bonnes, et qui n'exigent pas une définition pour
être comprises. La traduction littérale du nom anglais [goudron de houille) don-
( '97 )
nerait à un Français, dès qu'il entendrait cette expression, l'idée de la nature
et de la provenance du produit, comme coal-tnr la donne à un Anglais. »
• iOlfi')
Note de M. Chevreul sur l'usage du goudron en thérapeutique et sur la manière
d'agir des désinjectants.
« Après la communication de M. Renault, M. Chevreul s'excuse d'avoir
dépassé dans le Compte rendu de la dernière séance les huit pages accor-
dées par le Règlement à chaque académicien. S'il a enfreint le Règlement,
c'est que sa Note a été imprimée successivement comme elle a été composée
et qu'il n'a pu en voir l'étendue que- quand il a donné le bon à tirer.
» M. Chevreul n'a rien à ajouter à la Note qu'il vient de rappeler, seu-
lement il profite de la communication de M. Renault pour indiquer quel-
ques faits relatifs à l'histoire de l'emploi du goudron en thérapeutique.
« C'est surtout le D' George Berkeley, évêque de Cloyne, qui appela
l'attention sur Veau de goudron dans un livre publié en 1 744- H fut conduit
à s'occuper de cette préparation par l'usage qu'on en faisait dans des colonies
anglaises pour combattre la petite vérole; l'auteur avait conçu une idée si
favorable de son usage en thérapeutique, que si la pratique l'eût confirmée,
l'eau de goudron eût été une véritable panacée. Il la prescrivait particuliè-
rement contre les virus, les ulcères et le scorbut, il la considérait comme
antiputride. Presque au moment de la publication du livre de Rerkeley,
l'usage de l'eau de goudron donna lieu à une controverse.
» Quoi qu'il en soit, on en négligea l'usage, et l'auteur de l'article Goudron
de la première Encyclopédie en parle pour dire qu'on a peut-être eu tort
de l'abandonner sitôt.
» Dans les ouvrages de thérapeutique publiés depuis cette époque, on
se tait sur le goudron, on en parle à peine ; c'est ce qui explique pourquoi
il n'en est question, dans le Dictionnaire universel de Matière médicale et de
Thérapeutique de Mérat et de Lens, que dans le supplément.
n Je crois utile de résumer ici l'action que des corps peuvent exercer,
lorsque mêlés à une matière odorante ils en font disparaître l'odeur.
» 1°. Les corps étant eux-mêmes odorants, ils rendent insensible l'odeur
de la matière odorante, ainsi qu'une très-vive lumière empêche une faible
lumière d'être vue.
» a". Les corps étant eux-mêmes odorants, ils agissent à l'instar d'un
acide neutralisant une base.
M 3°. Les corps sont solides, ils agissent par l'affinité capillaire, ainsi
que le fait un corps poreux, le charbon, par exemple, sur un gaz odorant
qu'il absorbe.
( 198 )
» 4°- Les corps altèrent la composition de la matière odorante, en pro-
duisant des composés inodores ou très-faiblement odorants. C'est le cas du
chlore humide, de l'eau oxygénée, etc., agissant sur plusieurs composés
odorants.
» 5°. Enfin ils peuvent agir de deux manières à la fois comme le chlore
sur l'ammoniaque; il en décompose une portion et neutralise l'autre sa
sans la décomposer. »
M. PooiLLET fait hommage à l'Académie d'un exemplaire d'un « Mémoire
sur la densité de l'alcool, sur celle des mélanges alcooliques et sur un nou-
veau mode de graduation de l'aréomètre à degrés égaux ». (Extrait du t. XXX
des Mémoires de r Académie des Sciences.)
M. Eue de Beaumont fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur
M. de Martius, d'un exemplaire du discours prononcé par le savant Secré-
taire perpétuel de l'Académie des Sciences de Munich dans la séance pu-
blique du 29 mars iSSg, anniversaire de la fondation de cette Académie.
Il présente aussi, au nom du même savant, une Notice historique sur
Robert Brown, et un Catalogue raisonné des publications de M. Martius, et
des articles qu'il a fait paraître dans des recueils scientifiques de i8i4 à
1854.
MÉMOIRES LUS.
M. MuNDo, de Naples, commence la lecture d'un Mémoire « sur les
moyens d'utiliser l'hydrogène de l'eau et l'oxygène de l'air comme combus-
tible applicable à tous les usages où le développement du calorique est né-
cessaire. »
Ce Mémoire, dont la lecture n'a pu être achevée vu l'heure avancée
de la séance, est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Pelouze, Balard et Fremy.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Flocrevs présente, de la part de M. Moride, une boîte contenant du
sang désinfecté par le coke boghead (selon la méthode Moride). Ce produit,
qui est à l'état pulvérulent et parfaitement sec, n'a aucune odeur sensible.
(Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour la communication
de MM. Corne et Demeaux, Commission qui se compose de MM. Che-
vreul, Velpeau, J. Cloquet. )
( Ï99 )
r
CFIIMIE APPLIQUÉE. — Sur le mélange désinfectant composé de plâtreet de cjoudron
de houille ; Remarques de M. M. Paulet.
(Commissaires, MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquet.)
« Plâtre. — Les plaies, comme les matières organiques qui commencent à
entrer en décomposition, laissent échapper parfois du carbonate d'ammo-
niaque. L'hydrogène sulfuré ou le sulfhydrate d'ammoniaque ne se déve-
loppe que dans une période plus avancée de décomposition. Sans action sur
l'hydrogène sulfuré, le plâtre intervient donc utilement ici en fixant le carbo-
nate d'ammoniaque par l'effet d'une double décomposition.
» Goudron. — L'action du goudron, préconisée il y a quinze ans déjà
par M. Siret et par M. le D' Henry Bayard, semble avoir surtout pour effet
de masquer l'odeur animale qui persiste après la désinfection. — S'il y a
une action spéciale due à l'un des nombreux produits que recèle ce corps
complexe, on ne l'a pas encore nettement définie.
» L'emploi de ces deux composants est peut-être nouveau dans le do-
maine de la thérapeutique ; mais dans le domaine des applications indus-
trielles il est depuis très-longtemps connu. M. le D"^ Herpin, de Metz, pro-
posait, il y a plus de douze ans, un mélange désinfectant composé de plâtre
et de charbon ; ce dernier corps ne serait-il pas préférable au goudron pour
le pansement des plaies? L'/ua7e à laquelle on a recours maintenant vient
paralyser à la fois deux actions importantes : elle retarde la dissolution, si
lente déjà, du sulfate de chaux qui doit fixer le composé ammoniacal ; elle
rend presque illusoire l'absorption des liquides morbides par le sulfate de
chaux. En s'interposant comme un écran, l'huile empêche la dissolution du
sulfate de chaux dont on trouve des traces à peine sensibles au chlorure de
barium dans l'eau qui devrait en opérer la dissolution. D'un autre coté,
la solidification du plâtre, et par conséquent la preuve de l'absorption
qu'il opère du liquide morbide, devient nulle sous l'influence de la même
cause.
» On a aussi l'espoir d'appliquer la même méthode à la désinfection et à
l'assainissement permanent des fosses d'aisances et de toutes matières en
décomposition. Depuis vingt-cinq ans, il y a plus de cinquante auteurs de
procédés de désinfection qui ont cru annoncer pour la première fois l'emploi
du plâtre comme moyen de désinfection. Mais cet agent est incomplet,
puisqu'il ne fixe que l'ammoniaque et ne détruit point l'hydrogène sulfuré;
( aoo )
bien au contraire ; ce qui a fait renoncer à son emploi, c'est qu'il développe
en abondance ce gaz vénéneux.
Il Les belles découvertes de la chimie organique ont prouvé que, pour
se putréfier, la matière organique quaternaire emprunte l'oxygène même au
plâtre qui se trouve véritablement réduit à ses deux éléments simples, le sul-
fure de calcium. Chacun sait que ce corps étant produit, il suffit de la pré-
sence de l'acide carbonique de l'atmosphère pour provoquer le dégage-
ment de l'hydrogène sulfuré, ce plomb des ouvriers vidangeurs.
» Telle est la cause qui a empêché l'emploi du plâtre dans la désinfection
des latrines. Tous les chimistes qui se sont occupés de cette étude savent
très-bien que les vidangeurs redoutent les fosses récemment plâtrées ou ré-
parées, parce que le plâtre, en se décomposant, a provoqué la formation
d'une abondante quantité de plomb toxique.
» Je sais bien que si le plâtre est mis en quantité surabondante et qu'il
dessèche aussitôt la matière organique, celle-ci perd de la sorte l'un des
éléments nécessaires à toute fermentation, l'humidité, et que dès lors elle ne
peut plus réagir sur le plâtre qui conserve toutes ses propriétés. Mais ces
quantités sont trop considérables pour que l'application ait jamais pu de-
venir générale. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Des phosphates fossiles considérés au point de vue
agricole; Lettre de M. de Molon.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Cordier, Berthier, Boussin-
gault, Payen, de Senarmont, et M. Passy, en remplacement de feu
M. Bonnard.)
« Dans une des dernières séances de l'Académie des Sciences, M. Dela-
noùe a communiqué une Note dans laquelle il avance que la présence du
phosphate de fer dans les nodules de phosphate fossile pourrait motiver
leur insuccès en agriculture, car, selon lui^ il en diminuerait la solubdité.
M. Delanoiie termine cependant sa communication en disant que le phos-
phate minéral est une source considérable de richesses pour l'agricultjire.
Comme sur ce point je paitage complètement les convictions de M. Dela-
noiie, je crois qu'il importe de ne pas laisser se propager des erreurs qui
pourraient nuire à la vulgarisation de ce puissant agent de fertilité.
0 II résulte, en effet, de plus de cent analyses de nodules de phosphate
minéral pris sur un grand nombre de points des gisements en exploitation,
que le phosphate de chaux de ces nodules se trouve souvent mêlé à des
( 20' )
quantités plus ou moins grandes d'oxyde de fer ou de phosphate de fer;
toutefois, la moyenne de la proportion du phosphate de fer par rapport au
phosphate de chaux est au plus de 5 pour i oo. Mais le phosphate de fer fût-il
en combinaison avec le phosphate de chaux, il n'aurait aucune influence
sur son absorption par les racines des plantes; on sait d'ailleurs que les solu-
bilités constatées dans le laboratoire n'obéissent pas aux mêmes lois dans le
sol. Nous savons, par exemple, que M. Chevreul a constaté dès i8i i que,
dans un engrais végétal, il pouvait se trouver un corps brun pouvant tenir
en dissolution du phosphate de chaux, même en présence de l'ammoniaque.
D'un autre côté, M. Mège-Mouriès a établi que, sous l'influence des tissus
vivants des végétaux, les réactions chimiques n'obéissaient plus aux lois or-
dinaires des affinités; conséquemment, la solubilité plus ou moins grande
des phosphates fossiles dans un verre à expériences ne pourrait absolu-
ment rien prouver quant à ses effets en agriculture. Ne savons-nous pas
d'ailleurs que les plantes absorbent des corps bien autrement insolubles
que les phosphates de fer ?
B Quand on songe que les graines céréales contiennent du phosphate
de fer ; quand on songe que les phosphates doivent, sous l'influence de la
vie végétale, éprouver des décompositions complexes ; quand on songe enfin
que le fer est aussi un aliment minéral important, on ne peut voir qu'un
avantage à le trouver associé en petite quantité au phosphate de chaux dans
les nodules de phosphate fossile. Et d'ailleurs l'acide phosphorique du
phosphate de fer ne peut-il pas échanger sa base avec les sels de chaux
du sol ? L'expérience prouve parfaitement qu'il en est ainsi ; je suis heureux
en effet de répéter à l'Académie ce que j'ai déjà eu l'honneur de lui faire
connaître en lui communiquant les résultats obtenus l'année dernière par
un grand nombre d'agriculteurs , à savoir que depuis trois années que
le phosphate fossile est employé sur une large échelle et dans des cul-
tures très-nombreuses, il a constamment donné, surtout dans les ter-
rains de l'Ouest à réaction acide, des résultats supérieurs au phosphate
des os. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les chaux phosphatées fossiles. Remarques présentées
parJil. Meugy à l'occasion d'une précédente communication deM. Delauoûe.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Cordier, Berthier, Boussin-
gault, Payen, de Senarraont, Passy.)
« La Note lue par M. Delanoùe à l'avant-derniere séance renfermant
C. R., i859,amesemert;e. (T. XLIX, N» s.) ^7
f 202 )
des assertions qui sont en opposition avec les faits que j'ai moi-même
constatés, je crois devoir présenter quelques observations à ce sujet.
» J'ai souvent fait usage de l'acétate de soude versé en excès dans une
dissolution acide pour déceler la présence de l'acide phosphorique, soit dans
les cendres de divers engrais, soit dans les calcaires et nodules phosphatés.
Or cette simple addition d'acétate de soude a toujours suffi pour déter-
miner un précipité blanc légèrement jaunâtre quarjd la matière traitée con-
tenait un peu de fer, quelque petite qu'en fût la quantité. Ce précipité ne
pouvait être du phosphate de chaux, qui est soluble dans l'acide acétique,
mais bien du phosphate de fer que l'on sait être tout à fait insoluble dans
ce même acide. Au contraire, toutes les fois que j'ai eu affaire à des matières
parfaitement blanches, comme les cendres des guanos purs, par exemple,
l'acétate de soude n'a jamais déterminé de précipité qu'après l'addition de
quelques gouttes ferriqiies. Par conséquent, je ne vois pas pour ma part,
d'après les résultats des nombreux essais auxquels je me suis livré, aucun
motif pour admettre l'existence d'un nouveau minéral appelé phosphate
ferrico-cakique par M. Delanoûe. J'ajouterai que les gîtes de chaux phos-
phatés cités dans la même Note soit dans la craie sénonnienne des environs
de Lille, soit dans le grès vert inférieur au gault, n'ont été reconnus
dans les départements du Nord et des Ardennes que sur nos indications.
Je me réfère d'ailleurs, quant à l'historique de la découverte du phosphate
de chaux terreux dans le nord de la France, au Mémoire inséré dans les
Annales des Mines, t. XI, p. i49, et dont j'ai l'honneur d'adresser un
exemplaire à l'Académie. »
GÉOLOGIE. — Note sur un système stratigraphique perpendiculaire au système des
Alpes occidentales et du même âge que lui; par M. Alexandre Vézian.
(Extrait.)
(Renvoi aux Commissaires déjà nounnés pour les précédentes communi-
cations de l'auteur: MM. ÉliedeBeaumont, deVerneuil, etM. Ch. Sainte-
Claire Deville en remplacement de feu M. Dufrénoy.)
o La direction du système des Alpes occidentales est à Remda, centre du
pentagone européen, N. 3i°6'2a",6E. Une ligne menée perpendiculaire-
ment à cette direction par un point situé près de Chartres (lat. 48° 24' N.;
long. i°o'0.), y coupe le méridien sous un angle de 66° 25' i5" en offrant
les particularités suivantes. Depuis les environs de Falaise jusqu'à Pithiviers,
elle fonctionne comme ligne anticlinale et sépare le bassin de la Seine de
( 203 )
celui de la Loire. Elle marque en même temps la direction de l'Eure, depuis
sa source jusqu'au point où cette rivière prend brusquement une direction
perpendiculaire à celle qu'elle avait d'abord. Les dépôts les plus récents pla-
cés sur le trajet de cette ligne appartiennent au terrain d'eau douce supé-
rieur : son apparition semble avoir coïncidé avec le moment où toute action
sédimentaire, marine ou lacustre, a été suspendue dans le bassin parisien,
c'est-à-dire avec la fin de la période miocène. Le pays qu'elle parcourt
porte l'empreinte du système des Alpes occidentales (M. Elie de Beaumont,
Not. Sjst. Mont, p. 554), et sa formation serait, à notre avis, de même date
que ce système.
» Une ligne menée par Castél-Sarrazin parallèlement à la précédente se
dirige, depuis cette ville jusqu'au delà du port Sainte-Marie, dans le même
sens que la Garonne. Elle n'affecte que le terrain miocène, et sa trace dispa-
raît dès que, vers l'ouest, le terrain pliocène se montre (voir Carte géolo-
logique de France).
» Entre les deux lignes qui viennent d'être mentionnées, il en est une
troisième qui, en partant de Tournon dans une direction perpendiculaire au
grand cercle de comparaison du système des Alpes occidentales, y est
orientée à l'O. a6°2i' 9" N., et se dessine avec beaucoup de netteté. Si on
fait abstraction d'une courte interruption produite par la Durance, préci-
sément au point où passe ce grand cercle de comparaison, on voit cette
ligne séparer constamment les affluents de l'Isère et du Pô^ de ceux du Var
et du Rhône, au-dessous de Valence. Elle compte, parmi ses principaux
jalons, le Vercors, le Devolny et les Alpes maritimes, constituées en partie
par une masse granitique dont elle indique l'orientation. Sur tout son par-
cours, elle ne rencontre que des terrains anté-subapennins. Près de Tour-
non, son apparition paraît avoir eu pour résultat, à la fin de l'époque
miocène, le refoulement de la mer vers le sud jusqu'à Bollène(Vaucluse) et
rétablissement d'une barrière qui, en retenant les eaux du côté du nord, a
donné lieu au lac de la Bresse.
» Enfin, presque sur le prolongement de cette dernière ligne, s'en pré-
sente une autre qui, dans l'Italie méridionale, joue un rôle important et
contribue à déterminer la direction du bourrelet montagneux placé entre
l'Adriatique et la Méditerannée. Ce fait est en rapport avec mon opinion sur
l'âge du sytème dont il est question dans cette Note : le bourrelet monta-
gneux qui constitue le trait principal de la topographie de la Péninsule
italique, a reçu son relief définitif immédiatement avant la formation du
terrain subapennin déposé à sa base. Une perpendiculaire abaissée de l'Etna
27..
( 204 )
sur cette ligne coïncide avec le rivage nord-ouest du golfe de Tarente. Un
grand nombre de dislocations sont également dirigées, en Calabre et en
Sicile, dans le même sens que le système des Alpes occidentales (idem,
p. 55i).
» Il existerait donc un système perpendiculaire à celui des Alpes occi-
dentales et de même âge que lui : je propose de le désigner sous le nom de
système des Alpes maritimes .
1) L'existence du système volcanique tri-rectangulaire de M. Elie de Beau-
mont une fois admise, on est conduit à rechercher les traces d'autres sys-
tèmes contemporains et se rencontrant à angle droit. Mais cette conception
théorique doit être corroborée par les faits. Ce serait invoquer une loi sujette
à de nombreuses exceptions que de reconnaître à priori le synchronisme de
de deux systèmes perpendiculaires : deux grands cercles, par exemple, se
rencontrant sous un angle quelconque, deviennent parallèles à 90 degrés de
leur point d'entrecroisement.
» Remarquons, d'un autre côté, qu'un système stratigraphique ne se dé-
veloppant que sur une largeur de 20 degrés environ, ne peut recouvrir tout
l'espace occupé par le système qui lui est perpendiculaire. On comprend
aiQsi comment sur unecontrée d'une faible étendue, il ne faut pas s'attendre
à retrouver toujours un ensemble complet de directions perpendiculaires
deux à deux, quand bien même l'observation permettrait de généraliser le
fait dont cette Note donne un exemple. »
PHYSIQUE . — Note sur la nature de l'action chimique de t étincelle d'induction;
par M. Adolphe Perrot.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Regnault.)
« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie les premiers résultats (i)
des recherches que j'ai entreprises dans le but de connaître la cause des
phénomènes chimiques qui accompagnent le passage de l'étincelle d'induc-
tion : je prends la liberté de lui soumettre la suite de mon travail.
» Dans toutes mes expériences j'ai fait agir l'étincelle de l'appareil
Ruhmkorff sur im courant de vapeur ou de gaz; les électrodes étaient des
fils de platine. L'action de l'étincelle ne change pas de nature lorsqu'on
interpose un condensateur dans le circuit, mais le phénomène secomplique,^
(i) Comptes rendus des séances de l'Académie, t. XLVII, séance du 23 août i858.
( ao5 )
il y a transport de particules métalliques; la surface de l'étincelle, sa lon-
gueur, ne varient pas avec la quantité|d'électricité, mais dépendent unique-
ment des dimensions du condensateur.
» J'ai cherché d'abord si, comme je l'ai constaté dans le cas de la vapeur
d'eau, le passage de l'étincelle dans les gaz composés était accompagné
d'une action électrolytique. J'ai été arrêté dans ces recherches par des diffi-
cultés eudiométriques que je n'ai pas encore résolues.
» Il était très-important de savoir si la quantité de gaz ou de vapeur
décomposée varie avec la longueur de l'étincelle; en effet, si la décomposi-
tion était due à une action électrolytique ordinaire, il ne devrait pas y avoir
de différence entre la quantité de gaz dégagée par une longue ou par une
courte étincelle, pourvu toutefois que dans les deux cas il passe dans le même
temps une même quantité d'électricité.
« Cette question peut être résolue en comparant la quantité de mélange
détonant que produisent dans le même temps les étincelles obtenues en
interrompant deux fois un même circuit induit. J'ai constaté de cette ma-
nière que la quantité de vapeur ou de gaz décomposée par une étincelle
croît avec la longueur de cette étincelle.
» On sait que le passage de l'étincelle électrique dans des mélanges
gazeux donne lieu à des combinaisons. Ce phénomène n'est pas le même
dans tous les cas. Pour combiner l'oxygène à l'hydrogène ou à l'oxyde de
carbone, il suffit d'une seule étincelle, quel que soit le volume du mélange
gazeux. L'étincelle ne fait alors que commencer la combinaison, qui se con-
tinue d'elle-même. Lorsqu'on cherche à combiner l'azote à l'oxygène ou à
l'hydrogène, le résultat obtenu est uniquement dû à l'étincelle; la combi-
naison a lieu pendant le passage des étincelles et cesse lorsque le circuit est
interrompu.
» Ce phénomène se passe-t-il à la surface des électrodes ou bien est-il dû
comme celui de décomposition à une force dont l'action augmente avec la
longueur de l'étincelle? Mes expériences m'ont conduit au résultat suivant :
La quantité de gaz combinée augmente avec la longueur de l'étincelle qui
détermine cette combinaison.
» Le mélange gazeux le plus convenable pour ces recherches est l'air sec.
J'ai obtenu jusqu'à loo milligrammes d'acide azotique par heure en faisant
arriver un courant d'air par un tube capillaire, l'étincelle passait transversa-
lement dans un renflement soufflé au milieu du tube; les produits nitreux
étaient immédiatement entraînés et le mélange passait dans une dissolution
titrée dépotasse. On obtient de cette manière des résultats très-constants.
( 206 )
Le gaz ammoniac ne paraît pas se former en aussi grande quantité ; son
dosage exact ne m'a pas paru possible. »
PHYSIOLOGIE. — De la transplantation de la dure-mère comme moyen de
déterminer si celte membrane remplit le rôle d'un périoste à l'écjard des os
du crâne; par M. Ollier.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Flourens, Velpeau, Rayer.)
« Si quelques résultats 'expérimentaux ont porté un certain nombre de
physiologistes à regarder la dure-mère comme un périoste, les observations
cliniques n'ont pas inspiré aux chirurgiens une grande confiance en cette
membrane pour la réparation des parties osseuses enlevées soit acciden-
tellement, soit par l'opération du trépan. En présence de ces fails et de ces
opinions contradictoires, nous avons entrepris de nouvelles expériences
pour résoudre cette question si intéressante tant au point de vue physiolo-
gique qu'au point de vue chirurgical.
» Les résections des os du crâne que nous avons d'abord pratiquées
nous ont conduit à penser avec plusieurs expérimentateurs qu'il y avait
trois sources de réparation pour la substance osseuse : la dure-mère, le
diploé et le péricrâne.
» Mais, par suite des difficultés de tout genre qu'entraînent la conforma-
tion de la région et la proximité des organes encéphaliques, cette manière
de procéder ne nous avait pas fourni des résultats assez nets ni assez rigou-
reux pour arriver à une solution claire et définitive. Nous avons alors
songé à employer pour la dure-mère le mode d'expérimentation qui nous
avait déjà fourni une preuve nouvelle et péremptoire en faveur de la
théorie de la formation de l'os parle périoste, c'est-à-dire la transplantation
de la dure-mère elle-même dans diverses régions du corps d'un animal de
même espèce.
» Nous avons déjà démontré dans nos précédentes communications
qu'il était possible de faire développer des os dans toutes les régions où
l'on réussissait à greffer du périoste provenant du même animal ou d'un
animal d'espèce différente. Ce résultat avait été obtenu parle périoste seul,
H l'exclusion des autres membranes fibreuses ; nous l'avons depuis lors éga-
lement produit avec la dure-mère. Des lambeaux de cette membrane greffés
sous la peau de diverses régions ont donné naissance à de petits os parfai-
tement constitués et ayant tous les caractères anatomiques de la substance
osseuse normale.
( 207 )
» En vertu de ce fait, nous nous croyons autorisé à conclure que la
dure-mère ne sert pas seulement d'enveloppe protectrice au cerveau, mais
qu'elle contribue directement à l'ossification du crâne, qu'elle produit de
l'os par elle-même, et qu'elle doit donc être regardée comme un véritable
périoste par le physiologiste et le chirurgien.
» Voici l'expérience la plus propre à démontrer le fait :
» On choisit un jeune lapin d'un mois à six semaines, et, après lui avoir
ouvert le crâne, on en retire un lambeau de dure-mère de lo à 20 milli-
mètres carrés, et on le transplante sous la peau de l'aine ou de l'aisselle
d'un autre lapin. Si l'animal est dans de bonnes conditions hygiéniques, le
greffe réussit parfaitement, et au bout de trente-cinq à quarante jours ou
trouve à la place de la dure-mère un petit os de 3, 4> 6 ou même 8 milli-
mètres, si l'on a donné de plus grandes dimensions au lambeau.
» Cet os, comme nous l'avons déjà dit, est constitué par les corpuscules
caractéristiques du tissu osseux normal.
» Cette propriété de la dure-mère ne persiste pas au même degré dans
tous les âges. Elle diminue rapidement à mesure que l'accroissement s'ac-
complit. Très-marquée au début de la vie, elle est beaucoup moins sensible
au moment où le squelette arrive à son complet développement, et de-
vient plus obscure encore dans l'âge adulte. En transplantant des frag-
ments de dure-mère pris sur des lapins adultes, on n'obtient guère que
des granulations osseuses multiples et indépendantes sur la surface du lam-
beau. C'est cette influence de l'âge qui nous explique pourquoi les faits ob-
servés sur l'homme paraissent si souvent contradictoires et pourquoi les chi-
rurgiens n'ont généralement remarqué qu'une réparation incomplète après
la trépanation.
» Toutes les portions de la dure-mère ne possèdent pas cette propriété à
un égal degré. Ce n'est du reste que la surface externe qui peut participer
à l'ossification ; sa disposition et sa structure nous l'expliquent.
» Les replis fibreux qui ne sont pas en contact avec l'os ne sont point
susceptibles de s'ossifier par la transplantation.
» La plus grande proportion de ces tissus fibreux à la base du crâne,
jointe à la difficulté d'en détacher la dure-mère sans déchirures, nous ex-
plique pourquoi l'on obtient généralement une ossification plus abondante-
avec des lambeaux pris à la convexité qu'avec des fragments de mêmes di-
mension détachés au niveau des fosses cérébrales et cérébelleuses. »
( ao8 )
M. Malapert, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Acadé-
mie un Mémoire sur une modification du procédé de M. Mitscherlich pour
la recherche du phosphore dans le cas d'empoisonnement, adresse aujour-
d'hui un travail qui lui est commun avec M. Morineau, et qui a pour objet
la recherche de ce poison dans les organes où il ne pénètre que par voie
d'absorption.
Renvoi à l'examen des Commissaires nommés dans la séance du 9 mai :
MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Balard.)
M. BoESCH adresse de Strasbourg un Mémoire très-étendu concernant de
nouveaux procédés pour l'impression des étoffes et des papiers de tenture.
( Renvoi à l'examen de M. Chevreul. )
CORRESPONDAIVCE .
M. LE Ministre de l'Instruction publique annonce que la distribution des
prix du Concours général entre les Lycées et Collèges de Paris et de Ver-
sailles aura lieu le 8 du présent mois d'août, et que des places seront réser-
vées à ceux de MM. les Membres de l'Institut qui voudront bien assister,
en costume, à cette solennité.
M . LE Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la cor-
respondance le second volume du Cours d'analyse fait à l'Ecole Polytech-
nique, par M. Sttirm.
M. Prouhet, qui s'est chargé de cette publication conformément au vœu
du savant géomètre, a été conduit, en préparant le présent volume, à des
recherches sur quelques points d'analyse, et il les a réunies dans un opus-
cule dont il fait hommage à l'Académie.
M. Despretz présente un petit appareil d'induction construit par
M. Ruhmkorff.
'< Cet appareil n'offre pas de principe nouveau; mais une bonne con-
struction a permis de lui donner des dimensions propres à le rendre facile-
ment portatif.
» Dans la boîte dans laquelle est renfermé l'appareil, on trouve toutes
les parties essentielles à un appareil électro-médical.
» On emploie à volonté le courant induit ou l'extra-courant. On aug-
( 209 )
mente on l'on diminue le nombre des commotions dans un temps donné;
on règle également l'intensité du courant.
» Dans les appareils électro-médicaux, on a toujours à craindre plus ou
moins les vapeurs acides et le travail du montage et du démontage de
la pile.
M L'avantage de l'appareil que nous décrivons sommairement consiste
surtout dans l'emploi d'une pile qu'on charge avec de l'eau et du sulfate de
mercure en poudre, laquelle ne dégage aucune vapeur acide, et conserve
une intensité sensiblement constante pour les essais les plus longs.
» Cette pile a été imaginée par M. Marié-Davy, professeur au lycée
Bonaparte {Jn. télégraph., t. II, p. 147). Cet habile professeur l'a même
employée pour faire marcher des appareils d'induction.
» Nous espérons que la simplicité et la bonne construction de l'appareil
de M. Ruhmkorff seront bientôt appréciées par les hommes qui appliquent
l'électricité à la médecine. »
M. Eue DE Beaumost communique l'extrait d'une Lettre dans laquelle
M. Héricard-Ferrand l'entretient des efforts soutenus et presque toujours
heureux d'André Michaux pour doter nos forêts de nouvelles espèces d'ar-
bres. C'était là, à ce qu'il paraît, un des buts principaux qu'il s'était proposé
dans ses voyages.
« Le premier voyage de Michaux, dit M. Caron dans une Notice histo-
» rique iue il y a bien des années à la Société d'Agriculture du départe-
» ment de Seine-et-Oise, fut en Angleterre.... Ce fut de cette île qu'il
» envoya à M. Lemonnier, premier médecin du roi, des plants d'arbres
» étrangers qui font encore l'ornement de son jardin de Montreuil.
» Après avoir quitté la Grande-Bretagne, il accompagna MM. Lamarck
» et Thouin dans une célèbre herborisation qui eut lieu, en 1780, sur les
» montagnes de l'Auvergne. Ces illustres professeurs se plaisent à raconter
» que Michaux était toujours le premier parti et rentré le dernier; que
» chaque soir il revenait chargé des fruits de ses recherches en tout genre.
» Si quelque naturaliste, parcourant ces antiques montagnes, rencontre
» un jour parmi les arbres qui y croissent naturellement le cèdre qui cou-
n ronne les sommets du mont Liban, qu'il se ressouvienne avec recon-
» naissance que c'est à Michaux qu'on doit la naturalisation de cet arbre
» dans ce climat. Toujours la poche remplie de graines de ce cèdre, il
» allait les répandant partout où il jugeait le sol convenable. Il semblait
. C. R., 1859,, 2™« Semestre. (T. XLIX, N»{$.) ^8
( »'o )
» vouloir dédommager les habitants du pays des plantes qu'il leur déro-
» bait, en les remplaçant par des végétaux étrangers, qu'il croyait pouvoir
» leur être utiles. »
» En 1807, plusieurs naturalistes se rencontrèrent au mont Dor, entre
autres MM. Ramond, Meynard de la Groye, Alluaux de Limoges Dans
leurs entretiens et communications, ils ne se disaient point avoir rencontré
dans leurs excursions déjeunes cèdres du Liban Après soixante-dix-neuf
années écoulées, quelques cèdres pouvaient-ils se rencontrer dans les mon-
tagnes boisées de l'Auvergne? Non, diront sans doute les lecteurs de l'ou-
vrage qui a si récemment fait connaître la végétation des forêts de la
France ; l'auteur de l'ouvrage, M. Lecoq, en eût parlé : des cèdres n'auraient
pu échapper à ses nombreuses explorations. Si les louables intentions de
Michaux ne se sont point réalisées, doivent-elles rester à jamais dans l'ou-
bli? Les faits modernes que présente l'étude de l'histoire naturelle ne me
font pas oublier ceux que j'entendais citer à M. Lamarck et à M. Thouin. »
CHIMIE MINÉKALE. — Note sur un nouveau minerai de vanadium;
par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Il existe dans le midi de la France, entre Arles et Toulon, des gisements
très-étendus et très-abondants d'un minerai de fer dont l'exploitation a été
abandonnée à cause de la proportion considérable d'alumine qu'il contient.
Un échantillon pris dans la commune des Baux a donné à M. Berthier les
nombres suivants : '
Alumine 52, o
Oxyde de fer *7 »6
Eau 20,4
100,0
Traces de chrome.
ce qui l'a fait classer par M. Dufrénoy dans les gibsites.
» Un échantillon de ce même rainerai en roche, de la même localité,
contient, d'après mes expériences :
Calcaire cristallisé ... 12,7
Oxyde de fer 34,9
Alumine , eic 3o , 3
Eau 22, 1
100,9
( an )
De plus, j'y ai rencontré de la silice, de l'acide phosphorique (au moyen
de nitrate cérique), du titane? et enfin des quantités notables de vanadium.
» En traitant ce minerai par la soude caustique, puis par l'eau, pour eu
extraire l'alumine, je vis se déposer dans les liqueurs alcalines et concen-
trées des cristaux octaédriques réguliers (les angles sont de 109° i5' ou
109° ao'), incolores, que je pris d'abord pour le composé correspondant à
l'aluminate de potasse octaédrique de M. Fremy. Mais en faisant l'analyse
de cette substance, je remarquai qu'elle se colorait en rouge par l'acide
chlorhydrique, en dégageant du chlore, ce qui me montra immédiatement
sa véritable nature. C'est un vanadate de soude contenant 47^8 pour 100
d'eau ou 12 équivalents. On facilite beaucoup la production de ces cristaux
en recouvrant l'eau mère d'une couche d'alcool concentré. Ces cristaux,
chauffés avec le sel de phosphore au feu de réduction, donnent une belle
couleur verte, avec le nitre une teinte jaune-orangé caractériques. Les réac-
tifs de la voie humide y décèlent d'ailleurs toutes les |)ropriétés de l'acide
vanadique.
» Le procédé que j'emploie pour extraire le vanadium du minerai de fer
des Baux est très-simple. Le minerai, dépouillé de calcaire par l'acide mu-
riatique faible, est pulvérisé et mélangé avec la moitié de son poids de soude
caustique. On mouille avec un peu d'eau pour dissoudre la soude, que l'on
répartit uniformément dans toute la masse. On calcine jusqu'au rouge
sombre dans une bassine de fonte, on traite par l'eau bouillante, on hssive
et on filtre les liqueurs de manière à les dépouiller de l'oxyde de fer très-fin
qui y resterait longtemps en suspension. Enfin on fait passer jusqu'à refus
de l'hydrogène sulfuré qui précipite d'abord l'alumine, puis colore lente-
ment la dissolution en rouge foncé (comme le permanganate de potasse),
en y produisant un sulfovanadate de soude. La liqueur, filtrée et traitée par
l'acide sulfurique ou l'acide acétique, laisse déposer à l'ébuUition du sulfure
brun de vanadium. Celui-ci, grillé au rouge, donne de l'acide vanadique
fondu.
» On sait que Sefstrom a trouvé le vanadium dans des minerais de fer
suédois. Je n'ai pu savoir la composition de ces minerais, qu'il aurait été
curieux de comparer à ceux dont j'ai rapporté l'analyse plus haut pour voir
s'ils contiennent de l'alumine, comme ces énormes amas de matière alu-
mino-ferrugineuses du midi de la France. Quant à ceux-ci, je dois à l'obli-
geance de MM. Lechatelier et Meissonnier, ingénieurs des mines, une col-
lection complète de leurs variétés diverses que j'étudierai au point de vue
de la teneur en vanadium.
28..
( 212 )
» Le vanadium est, comme le chrome, une matière dont les combinaisons
possèdent les couleurs les plus belles et les plus variées. Il me paraît évident
que, si l'on en obtenait suffisamment, on pourrait l'utiliser, ne serait-ce que
pour appliquer sur les pâtes céramiques, dans les cazettes réductrices de
Sèvres, les beaux tons de vert qu'on produit au chalumeau dans les flux vi-
treuxetau feu de réduction. On peut admettre aujourd'hui comme démontré
par les expériences que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie que le
vanadium existe en grande quantité dans ces masses considérables de ma-
tières alumineuses du midi de la France : si on vient plus tard à les utiliser,
comme je l'espère, le vanadium qu'elles contiennent pourrait, en se con-
centrant dans les produits accessoires d'une fabrication régulière, devenir
tout à fait exploitable. Du reste j'ai entendu dire, à propos de recherches
qui ne m'appartiennent pas, que le vanadium serait encore plus commun
qu'on ne pourrait le penser, même d'après ce qui précède. Si les expériences
auxquelles je fais allusion se confirmt^nt, elles donneront un plus grand
intérêt encore à une matière aujourd'hui extrêmement rare, mais que les
travaux de Sefstrom, Berzelius, de MM. Wohler et H. Rose ont fait
pourtant connaître d'une manière très-complète. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Action des alcalis hydratés sur les éthers nitriques;
par M. Berthelot.
« En général les alcalis hydratés décomposent les éthers avec régénéra-
tion d'alcool : c'est l'une des propriétés caractéristiques de cette classe de
composés.
a L'équation qui représente cette métamorphose a souvent été assimilée
à la précipitation d'un oxyde métallique hydraté par un alcali. Or on sait
que l'oxyde métallique se précipite parfois à l'état anhydre. Si l'on remarque
que l'éther hydrique, C* H' O, et l'alcool. G* H» O», offrent la même diffé-
rence de formules qui distingue un oxyde métallique anhydre d'un oxyde
métallique hydraté, on est conduit à penser que les éthers composés pour-
ront dans certains cas fournir, au lieu d'alcool, de l'éther hydrique.
» C'est en effet ce que j'ai observé, il y a quatre ans, dans la réaction de
la potasse hydratée sur l'éther bromhydrique. Il s'agissait dans ce cas d'un
éther formé par un hydracide.
» J'ai récemment observé cette même formation d'un éther hydrique
dans la réaction des alcalis hydratés sur certains éthers formés par un oxa-
cide, à savoir les éthers nitriques.
( 2i3)
» Le phénomène est particulièrement net avec l'éther méthylnitrique.
Il suffit d'introduire dans une éprouvette graduée, renversée sur le mercure,
ime certaine quantité de cet éther bien pur, un peu d'eau et un fragment
de potasse. Au bout de deux à trois jours un dégagement gazeux commence
à se manifester et continue pendant quelques semaines. Ce gaz est de l'éther
méthylique, C* H* O :
C*H»0, Az0' + R0 = C'H'04-Az0», KO.
» Sa proportion a été trouvée égale aux f de la quantité théorique. I^
dernier sixième est probablement représenté par de l'alcool méthylique.
» J'ai répété cette expérience avec l'éther nitrique ordinaire. Ce dernier
résiste davantage et fournit, suivant les conditions, tantôt de l'éther ordi-
naire, tantôt de l'alcool. Si l'alcali est très-étendu, la réaction opérée à
loo degrés en vase scellé est encore incomplète au bout de trente-cinq
heures; elle fournit seulement de l'alcool. Mais avec la potasse solide, on
obtient de l'alcool, de l'éther ordinaire et une matière brune et humoïde
fort abondante.
» La formation de l'éther ordinaire répond à la formule
C*H»0, AzO» + KO = C^H»0 + AzOS KO.
■ L'éther sulfureux, dans les mêmes conditions, a fourni seulement de
l'alcool.
» En résumé, les éthers nitriques traités par les alcalis hydratés peuvent
fournir de l'éther ordinaire. C'est le premier exemple de la régénération de
l'éther hydrique par la réaction d'un alcali hydraté sur un éther neutre
formé par un oxacide. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE, — Recherches sur le sucre Joriné par la matière cjly-
cogène hépatique; par MM. Berthelot et de Ldca.
a On sait par les expériences de M. Cl. Bernard que la matière glycogène
hépatique peut être transformée en un glucose particulier. Mais la nature
même de^e glucose et ses caractères spécifiques n'ont pas encore été déter-
minés avec précision. On ignore, par exemple, si ce glucose est identique
avec quelqu'une des diverses espèces de glucose aujourd'hui connues, telles
que le glucose de raisin, le glucose de malt, le glucose lévogyre, le glucose
lactique, etc., ou bien si le glucose hépatiqueconstitue une espèce nouvelle
douée de caractères propres.
( 2i4 )
» Ayant réussi à obtenir sous forme cristallisée la combinaison du gln-
^cose hépatique (i) avec le chlorure de sodium, nous avons soumis à une
étude systématique cette combinaison définie.
» Elle se présente sous la forme de cristaux volumineux, limpides, inco-
lores, aptes à réduire le tartrate cupropotassique et à fermenter sous l'in-
fluence de la levijre de bière.
» Nous avons l'honneur démettre ces cristaux sous les yeux de l'Académie.
» Cesontdes rhomboèdresapparents de 78 degrés. Leur pouvoir rotatoire,
déterminé à l'aide d'une solution aqueuse, est dirigé vers la droite; il a été
trouvé égal à -J- 47 degrés. Ce pouvoir est notablement plus considérable
dansles premiers moments qui suivent la dissolution des cristaux.
» Enfin ces cristaux renferment 8,!i de chlore, ce qui correspond avec la
formule
aC"H'«0", •2H0+NaCl.
» Toutes ces propriétés s'accordent exactement avec celles de la combi-
naison entre le glucose de raisin et le chlorure de sodium, telles qu'elles
.sont connues par les travaux de M. Peligot et de M. Pasteur.
» Ainsi se trouve démontrée l'identité du glucose formé au moyen delà
matière glycogène hépatique et du glucose ordinaire, c'est-à-dire du glucose
de raisins et de diabètes. »
CHIMIE. — Nouveau procédé par la voie sèche pour constater la présence
de l'iode et pour le doser; par 31. S. deLuca.
« Ce procédé, et celui que j'ai communiqué à l'Académie le 5 décembre
1 853, sont fondés sur la propriété qu'a le brome de décomposer les iodures,
sans toucher aux chlorures et aux bromures, et de mettre en liberté l'iode :
seulement alors j'opérais par la voie humide et avec une solution titrée de
brome, tandis que maintenant j'opère parla voie sèche, avec des matériaux
parfaitement secs et en vases clos. La réaction commence à la température
ordinaire, et on peut la compléter à l'aide de la chaleur d'une lampe à
alcool. Voici les détails de ce procédé :
o On introduit au fond d'un tube de verre fermé par un bout de l'iodure
de potassium neutre et sec, ou bien, et c'est mieux, de l'iodure d'argent
(i) Formé par la réaction de l'acide chlorhydrique dilué sur la matière glycogène hépa-
tique du lapin.
(a.5)
bien sec, mais sans être fondu; on fait ensuite glisser dans le même tube
une petite ampoule de verre, fermée et effilée aux deux extrémités, conte-
nant de la vapeur de brome. On remplace l'air du tube par de l'acide car-
bonique sec et on le ferme immédiatement à la lampe. En donnant quelques
secousses au tube la petite ampoule se casse, et alors la vapeur de brome se
trouve en contact avec l'iodure, et se décompose en mettant de l'iode en
liberté sous la forme de vapeurs violettes qui vont se condenser à la partie
froide du tube. Lorsqu'on doit décomposer une quantité un peu grande
d'iodure, l'expérience devient plus facile, car c'e.--t dans l'ampoule que l'on
introduit l'iodure, et le tube est rempli de vapeur de brome. On ferme à la
lampe le tube et ensuite on opère comme il a été dit plus haut : on obtient
ainsi l'iode éliminé et condensé. En cassant la pointe du tube sous l'eau,
celle-ci s'y introduit rapidement en le remplissant, ce qui prouve l'absorp-
tion complète du brome.
» On obtient l'iodure de cyanogène lorsqu'on opère sur un mélange
sec d'iodure et de cyanure d'argent. En effet, si, dans un tube fermé rempli
d'acide carbonique sec et contenant le mélange indiqué, on casse une am-
poule renfermant du brome, l'iodure de cyanogène qui se produit se con-
dense, à l'aide d'une légère chaleur, en houppes soyeuses et blanches, dans
la partie froide du tube. Si l'iodure d'argent est en excès relativement au
cyanure, on observe même les vapeurs violettes de l'iode.
» Le procédé indiqué plus haut peut être appliqué facilement pour la
recherche de l'iode dans l'eau de pluie et dans les autres eaux. Pour cela,
il faut précipiter par l'azotate acide d'argent, laver et sécher le précipité, et
le traiter ensuite par le brome en très-petite quantité dans un tube fermé.
I^es chlorure et bromure d'argent qui peuvent se trouver mélangés avec
l'iodure ne sont pas décomposés par le brome, qui agit seulement sur
l'iodure en mettant en liberté l'iode.
» Ce même procédé je l'ai appliqué pour doser l'iode en faisant agir, à
différentes reprises, de petites quantités [lesées de vapeur de brome sur
l'iodure d'argent. Lorsqu'on n'aperçoit plus de vapeurs violettes, ou mieux
encore, lorsqu'on voit apparaître la vapeur rouge-jaunâtre du brome, tout
l'iodure est décomposé. La quantité de brome employée donne, par le
calcul, la quantité d'iode mise en liberté. Ce résultat d'ailleurs peut être
contrôlé en dissolvant dans l'alcool l'iode mis en liberté et en dosant ce
métalloïde par une solution titrée d'acide sulfureux, et ensuite en transfor-
mant l'acide iodhydrique formé en iodure d'argent dont on détermine le
poids.
(a.6)
)> Ce procédé est très-délicat dans l'exécution, mais il donne des résul-
tats exacts, car l'iode reste isolé, et l'on peut vérifier tousses caractères : en
outre, on a l'avantage d'opérer en vases clos sans craindre la moindre
perte. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur tes combinaisons des alcools ppl/atorniques avec
les acides bibasiques; par M. Desplats.
« Les travaux de M. Berthelot sur les combinaisons de la glycérine et
des matières sucrées avec les acides monobasiques ont établi les relations
générales qui président à l'union réciproque des acides monobasiques et
des alcools polyatomiques. Mais l'action des acides bibasiques sur ces
mêmes alcools polyatomiques est encore fort peu connue. Cette étude offre
lin mtérét tout particulier, tant par la grande variété des, composés qui
peuvent se produire, que par le caractère acide de la plupart de ces mêmes
composés.
» J'ai entrepris sur cette question générale des recherches suivies, en
prenant pour point de départ un acide bibasique bien caractérisé, l'acide
tartrique, et un alcool triatomique, la glycérine. Entre l'acide tartrique et
la glycérine on peut admettre : i° un composé acide formé par i équivalent
d'acide tartrique et i équivalent de glycérine, avec élimination de 2 équi-
valents d'eau: ce composé répond à l'acide sulfoglycérique de M. Pelouze;
3° un composé acide formé par l'union de 2 équivalents d'acide tartrique
et de I équivalent de glycérine avec élimination de 4 équivalents d'eau ;
3° un composé acide formé par 3 équivalents d'acide tartrique et i équi-
valent de glycérine avec élimination de 6 équivalents d'eau.
u En outre, chacune de ces trois catégories de combinaisons peut com-
prendre plusieurs autres composés acides, suivant que la glycérine perd
plus ou moins d'eau en s'unissant à l'acide tartrique.
» Aujourd'hui, j'ai l'honneur de présenter à l'Académie les premiers
résultats auxquels je suis arrivé,
I. — Acide glycérimonotartrique.
C * H' » O'* = C* H» O'" -+- C* H« 0« — 2 H O, mouobasique.
» Ce composé s'obtient en chauffant à la température de 100 degrés,
pendant quarante heures, parties égales d'acide tartrique et de glycérine.
» J'ai analysé le sel calcaire: C'*H" CaO'" (i);
- — ■ — — ; —r
(ï) Ce sel a déjà été obtenu par Bcrzelius.
( 2'7 )
» Et le sel barvtique : C* H" BaO".
« J'ai préparé les sels de magnésie, de plomb, de cuivre, de zinc et
d'argent.
M Tous ces sels sont solubles dans l'eau : tous, en présence de l'eau,
éprouvent une décomposition lente; la glycérine fixe de nouveau les élé-
ments de l'eau et l'acide se régénère. Cette décomposition est accélérée par
l'action de l'eau de baryte ou de l'eau de chaux.
II. — Acide glycériditartrique.
C" H'OO'» = 2(C''H«0'^) +C''H»0'' - 4 HO, bibasique.
• » Ce composé s'obtient en chauffant pendant cinquante heures, à la tem-
pérature de loo degrés, parties égales d'acide tartrique et de glycérine en
présence d'une certaine quantité d'eau.
» J'ai analysé le sel calcaire : C"H'*Ca'0'';
» Et le sel barytique ; C" H'* Ba^* O".
III — Acide épi glycériditartrique.
C"H'*0" = 2(C»H«0'^)-+-C»H»0« -6H0, monobasique.
» Cet acide ne diffère du précédent que par 2 équivalents d'eau de moins
et par une diminution correspondante dans la basicité; il correspond à
l'épidichlorhydrine de M, Berthelot.
>< Il s'obtient en chauffant à la température de i4o degrés, pendant un
grand nombre d'heures, parties égales de glycérine et d'acide tartrique.
» L'analyse du sel calcaire donne : C^^ H" CaO**.
» I^'analyse du sel barytique : C^'H^BaO"*.
IV. — Acide glycéritritartrique.
C">H"0'''=3C«H''0'=' + C»H»0' -4 HO, quadribasique.
» Dans la formation de ce composé, la proportion d'eau éliminée est
inférieure à la proportion jiormale de 6 équivalents d'éau, et une portion
correspondante de la basicité de l'acide tartrique demeure conservée.
» On l'obtient en chauffant l'acide glycériditartrique avec quinze fois
son poids d'acide tartrique, ou bien une partie de glycérine avec vingt par-
ties d'acide, et maintenant la température à \{\o degrés pendant trente
heures.
» I^e sel de chaux correspond à la formule : C'° H" Ca* O'*.
M On a pour le sel de baryte: C'H^'Ba'O**.
» J'ai contrôlé ces formules par des saponifications. »
G. R., 1859, 2"« Semestre. (T. XLIX, N» S.) -29
( a.8 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur ta production de tazurite; par M. H. Debkay.
« J'ai pu reproduire assez facilement l'azurite en mettant en présence
de l'azotate de cuivre dissous et de la craie dans des tubes scellés à la
lampe. La réaction s'opère à la température ordinaire et sous une pression
assez faible. Dans mes expériences elle n'a jamais dépassé sept à huit atmo-
sphères, et elle est parfois descendue jusqu'à trois.
« J'indiquerai rapidement comment on dispose l'expérience. On prend un
tube ayant environ ao à ^5 millimètres de diamètre, fermé à un bout; on
y introduit des bâtons de craie et des cristaux d'azotate de cuivre, pesés à
l'avance, de manière à fournir un dégagement de gaz dont la pression rap-
portée au volume que l'on donne au tube en le fermant ne dépasse pas un
nombre déterminé d'atmosphères. On met toutefois un excès de craie par
rapport à l'azotate de cuivre. Cela fait, on étrangle le tube à peu prés à la
hauteur calculée, après y avoir introduit un manomètre à mercure, et l'on
y verse de l'eau par un entonnoir effilé; la dissolution de l'azotate se fait
avec assez de lenteur pour que l'on ait tout le temps de fermer le tube sans
craindre l'effet de la pression intérieure. On peut aussi fermer le tube après
y avoir rais les substances sèches qui doivent réagir, ainsi qu'un autre tube
contenant de l'eau; en renversant l'appareil, l'eau s'écoule et la réaction se
produit.
o On voit d'abord la craie se couvrir d'une matière verdâtre; peu à
peu et après que la liqueur a été décolorée, cette ntratière verte se transforme
en cristaux mamelonnés d'azurite. Les réactions qui se produisent dans le
tube sont simples. Au contact de l'azotate de cuivre la craie se transforme
lentement en azotate tribasique de cuivre :
3(CuO, AzO') + 2(CaOCO*) = 3CuO, AzO' + a(CaOAzO»)+ aCO'.
» L'azotate neutre de cuivre une fois disparu, il reste en présence l'azo-
tate tribasique et du carbonate de chaux dissous dans l'acide carbonique,
il y a alors production d'azurite par la réaction suivante :
3CuO, A.zO'+CaO,2CO*HO = 3CuO,aCO^HO-^CaO.AzO^
» On ne peut remplacer le carbonate de chaux par les carbonates alca-
lins. Voici en effet les résultats de quelques expériences faites à ce sujet. Si
l'on mélange de l'azotate tribasique de cuivre avec du bicarbonate de soude
en excès, que l'on fasse une pâte du mélange avec un peu d'eau, puis que
l'on chauffe le tout dans un tube scellé, à la température de i6o degrés
environ, on obtient une substance bien cristallisée, d'une belle couleur
( 219 )
bleue et que l'on pourrait prendre au premier abord pour de l'azurite. On
la sépare du reste de la matière par des lavages à l'eau froide qui ne l'al-
tèrent en aucune façon. Sa composition se représente par la formulesuivante:
CuO,CO» + NaO,CO».
C'est le premier exemple de carbonate double de cuivre anhydre et indé-
composable par l'eau.
» Le bicarbonate de potasse donne également un produit bleu cristallisé,
mais l'eau le décompose avec une extrême facilité.
» Dans ces dernières expériences, on peut remplacer l'azotate tribasique
de cuivre par tout autre sel, par le carbonate de cuivre par exemple; il faut
seulement mettre le bicarbonate alcalin en excès.
» Les essaisque j'ai tentés pour reproduire l'azurifeen faisant agir l'acide
carbonique à haute pression (lo à i4 atmosphères) sur le carbonate de
cuivre ordinaire ou sur la malachite, mélangés ou non de carbonate de
chaux, ne m'ont donné aucun résultat. Ces carbonates ne se sont ni dissous
ni altérés.
» Je dois dire en terminant qu'il y a environ deux ans M. Becquerel a
annoncé à l'Académie qu'entre autres espèces minérales il avait reproduit
l'azurite; mais le procédé qu'il a employé et qu'il n'a indiqué que d'une
manière très-générale, diffère essentiellement du mien. »
MÉDECINE. — Méthode générale de traitement de l'hypertrophie prosta-
tique simple et des flexions utérines par l'électrisation localisée; par
M. A. Tripier.
« L'électrisation localisée n'a été appliquée jusqu'ici que d'une façon
tout à fait empirique au traitement des affections du système musculaire à
6bres lisses de la vie organique. Aussi n'a-t-on pas songé à utiliser ce moyen
curatif contre certaines affections dans lesquelles il est appelé à rendre des
services d'autant plus importants, qu'on n'a à leur opposer aujourd'hui que
des moyens reconnus à peu près complètement inefficaces par tous les chi-
rurgiens. La médication électrique nous paraît notamment devoir consti-
tuer le moyen de traitement principal des altérations atrophiques du système
musculaire à fibres lisses avec hyperplasie conjonctivo-adipeuse. L'excita-
tion électrique atteint ici le double but de rendre à l'élément musculaire le
libre exercice de ses propriétés en même temps qu'elle arrête la production
anormale du tissu conjonctif. Les hypertrophies simples de la prostate étant
caractérisées anatomiquement par l'altération de texture indiquée plus haut,
29..
( 320 )
altération qui se rencontre également, quoique dans des conditions un peu
différentes, dans les flexions utérines, nous avons songé à leur opposer la
faradisation locale.
» Les recherches de M. Kolliker, postérieures aux travaux publiés en
France sur les maladies de la prostate, ont établi que le tiers au moins du
parenchyme de cet organe est constitué par du tissu musculaire : de là
ressort très-nettement l'indication de combattre son hypertrophie simple
par la gymnastique électrique. (Suit l'indication du procédé opératoire.)
» Dans les flexions utérines, l'électrisation est destinée non-seulement à
rendre aux tissus leur texture normale, mais encore à tirer parti de leur con-
tractilité pour en opérer le déplacement et faire cesser des rapports anor-
maux. (Suit l'indication du procédé opératoire.) »
M. Bally, qui dans de précédentes nominations de Correspondants pour
la Section de Médecine et de Chirurgie, avait été compris dans le nombre
des candidats, annonce que pour la place aujourd'hui vacante il retire sa
candidature en présence de celle de M. Lordat : cette candidature ne lui
était pas encore connue lorsqu'il a de no\iveau exprimé le désir de voir son
nom inscrit sur la liste que doit présenter la Section.
M. jX. Bocbée adresse une Note « sur les moyens de remédier à l'infec-
tion de la Tamise ».
L'auteur annonce qu'il a écrit cette Note dans l'intention de l'adresser
au lord-maire de Londres, mais qu'il a cru devoir en transmettre une copie à
l'Académie des Sciences, attendu que ce nouveau travail se lie à celui qu'il
a précédemment présenté sous le titre de « Conditions géologiques du
choléra ». Il fait intervenir en effet comme une des causes principales de
l'infection de la Tamise la nature du terrain qui forme le fond de la rivière
dans la traversée de Londres, et c'est de cette considération qu'il part pour
proposer un remède.
(Renvoi à l'examen de M. Chevreul.)
M. Latz, médecin à Borbeck (Prusse rhénane), adresse une Note con-
cernant une méthode médicale de son invention, qu'il ne fait pas connaître,
mais qu'il déclare remplir toutes les conditions nécessaires pour mériter le
prix de 100,000 francs du legs Bréant. En effet, suivaat lui, cette mé-
thode de traitement serait efficace, non-seulement contre le choléra-morbus,
mais encore contre un certain nombre d'autres maladies dont il indique
{ "• )
plusieurs. Il offre de prouver ce qu'il avance par des expériences faites au
lit des malades.
On fera savoir à M. Latz que l'Académie regarde comme non avenue
toute proposition de ce genre. S'il veut que sa méthode de traitement
soit jugée, il faut qu'il commence par la faire connaître au moyen d'une
description suffisante ; c'est alors seulement qu'elle pourra être soumise à
la Commission chargée de juger le concours. '^
M. Lagout, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Académie
une Note sur l'emploi k de matelas d'algues marines pour obtenir la salu-
brité des habitations o, demande et obtient l'autorisation de reprendre
cette Note, qu'il se propose de présenter avec des modifications nécessitées
par les perfectionnements qu'il a annoncé avoir apportés à sa première
invention.
M. Laignel prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission à laquelle ont été soumises ses dernières communications sur
les chemins de fer.
(Renvoi aux Commissaires désignés : MM. Morin, Combes, Clapeyron.)
LeGoivseil mcnicipal de la ville deGray (Haute-Saône) prie l'Académie
de vouloir bien comprendre la bibliothèque de cette ville dans le nombre
des établissements auxquels elle fait don de ses Comptes rendus.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. C. Gary présente un Mémoire sur diverses questions de géologie et
de physique du globe.
(Renvoi à l'examen de M. d'Archiac.) ,h
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. É. D. B.
( 222 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du i" aoi^t iSSg les ouvrages dont
voici les titres :
Mémoire sur la densité de l'alcool, sur celle des mélanges alcooliques et
sur un nouveau mode de graduation de l'aréomètre à degrés égaux; par
M. PouiLLET. Paris, iSjg; in-4°. (Extrait du t. XXX des Mémoires de
l'Académie des Sciences.)
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. DecaisNE; 26* liv., in-4°.
Cours d Analyse de l'Ecole Polytechnique ; par M. Sturm, publié d'après le
vœu de l'auteur, par M. E. Prouhet; t. II. Paris, 1869; in-8°.
Notes sur quelques points d' analyse ; par M. E. Prouhet; br. in-8°. (Extrait
du Cours d'Analyse de M. Sturm, IP vol.)
De la pesanteur terrestre; par F. -E.-A. Charpentier. Paris, iSSg; in-8°.
Traité des frictions quiniques chezles enfants ; par P. F. Semanas. Paris-Lyon,
1859; in-8°.
Etudes chimiques sur la composition des eaux du canal de Bretagne dans la
traverse de Nantes; par Adolphe Bobierre. Nantes, iSSg; br. in-8°.
Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-
Loire. Année i858; in-8°.
Astronomical. . . . Observations astronomiques faites à [Observatoire naval
de Washington durant les années 1849 et i85o; par M. F. Maury; vol. V.
Washington, 1859; in-4°.
PUBLICATIONS péniODIQUES REÇUES PAR l'aCAD^MIE PENDANT
LE MOIS DE JUILLET 18S9.
Annales de Chimie et de Physique ; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BoussiNGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec une Bévue r/es travaux
de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. WuRTZ et Verdet ;
3" série, t. XLIV; juin 1859; in-8''.
Annales de l'Agriculture française; t. XIII, n° 12; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques; mai 1859; in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France; juin 1859; in-8°.
Astronomical... Notices astronomiques ; n° 7; in-8°.
Atti... Actes de [Académie pontificale des Nuovi Lincei; 12* année, 3* ses-
sion, 6 février iSSg; in-4°.
( "3 )
Bullelhi de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des BeauX'Arls de-
Belgique; 2" série, t. VII, n°' 5 et 6 ; in-S".
Bulletin de [Académie royale de Médecine de Belgique; a* série, t. II, n"' 8
et 9; in-8°.
Bulletin de [Académie impériale de Médecine ; t. XXIV; n°' 16-19; ^"-8°-
Bulletin de la Société de Géographie; mai et juin iSSg; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour [industrie nationale; juin 1 869 ;
in-4°.
Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris ; t. IV, n° i ; in-8".
Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; 2* se-
mestre 1859; n"" i-4;in-4°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XV, i"-5* livraisons;
in-8°. !
Il nuovo Cimento... Journal de Physique et de Chimie pures et appliquées;
mai et juin iSSg; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique ,- nou\e\le période; t. I, n°' i3 et i/j; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie; juillet 1869;
in- 8°.
Journal de l'âme; juin 1839; in-8°.
Journal de la Section de Médecine de la Société académique du département
de la Loire-Inférieure; 182 et i83* livraisons; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d' Hortiadture ; juin iSSg;
in-8°.
Journal de Pharmacie et de C/jim/e; juillet 1859; in-8°.
Journaldes Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n°' 28-3o; in-8°.
Journal des Vétérinaires du Midi; juin 1869; in-8°.
La Bourgogne. Revue œnologique et viticole; 7* livraison; in-8*'.
La Correspondance littéraire ; n^" 1 5 et t6; in-8°.
La Culture; n°' i et 2 ; in-8°.
L'Agriculteur praticien; n°* 19 et 20; in-8°.
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier; t. XIII,
n"» i3 et i4; in-8°.
L'^rfmec^ica/; juillet 1869; in-8°.
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; t. VI, n"' 9-i3; in-8'*.
Le Moniteur scientifique du chimiste etdu manufacturier; 61* et 62* livraisons;
in-4°.
( 224 )
Le Progrès; Journal des Sciences et de la profession médicale ; n°' 26 et 27 ;
in-8°.
Le Tecfmologiste ; juillet iSSg; in-S".
Magasin pittoresque ; iuïWet iSSg; in-8°.
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; juillet iSSp; in-8°.
Nachrichten.. . Nouvelles de l' Université et de l'Académie des Sciences de
Gollingue; n°' \i-\l\; in-8°.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; a* série, vol. I,
n° I ; in-8".
Répertoire de Pharmacie; juillet 1 869 ; in-S".
Revista... Revue des travaux publics ; 7* année; n°' i3et i4;in-4''.
Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; n*" i3et i4; in-8°.
Royal astronomical... Société royale Astronomique de Londres; vol. XIX;
n" 8; in-S".
Société impériale et centrale d'Agriculture; Bulletin des séances; a* série,
t. XIV, n° 4 ; in-8^
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n°' 77-89.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n°' a6-3o.
Gazette médicale de Paris; n°' 27-31.
• L'Abeille médicale; n°' 29 et 3o.
La Coloration industrielle; n"' 1 1 et 12.
La Lumière. Revue He la Photographie; n°' 27-
L'Ami des Sciences; n"* 27-31.
La Science pour tous; n°' 3i-34.
Le Gaz; n"" 16-iS.
Le Musée des Sciences, n°^ \o-i5.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 AOUT 1859.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET CO»IMU]\ICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIOLOGIE. — Note sur la dure-mère ou périoste interne des os du crâne;
par M. Flourens.
« Dès 1 829, étudiant la régénération des os du crâne à l'occasion de mes
expériences sur le cerveau, je m'exprimais ainsi :
1/ Si on enlève le périoste d'un os du crâne, la lame externe de cet os
» seule se nécrose et tombe; mais, au bout d'un certain temps, il se forme
» un nouveau périoste et une nouvelle lame externe.
» Si on enlève le périoste, l'os et la dure-mère, il se forme d'abord un
» nouveau périoste et une nouvelle dure-mère,... et puis un nouvel os entre
» ces deux membranes (i). »
» Je disais de plus : « Toute la portion de dure-mère enlevée est repro-
» duite; le périoste est complètement reproduit aussi ; et dans le point où
» le nouvel os manque encore, ces deux membranes, le périoste et la
» dure-mère, adhèrent l'une à l'autre et semblent se continuer l'une avec
>• l'autre (2). »
( I ) Analyse des travaux de l'Académie des Sciences, année 1829, p. 78.
( 2 ) Recherches expérimentales sur les propriétés et les/onctions dusystème nerveux, p. 167
(a" édition).
C. R, 1869, a«" 5eme«<re. (T. XLIX N'C.) 3o
( 2l6 )
u Dix ans plus tard, et dès mes premières expériences sur la formation
des os, je constatais l'identité de nature et d'action des deux périostes :
l'interne et l'externe.
« Deux forces, disais-je alors, concourent à la formation de l'os, la
» force du périoste externe et la force du périoste interne (i). »
» Enfin je terminais l'explication de l'une des planches de mon livre
par cette phrase : « I.a figure 1 3 de la planche XI est une portion de crâne. . .
» montrant la continuité du périoste externe avec la dure-mèrè... Ce fait
» est précieux : il montre nettement la continuité des périostes : externe et
» interne (2). »
» Je prie l'Académie de me permettre de faire passer sous ses yeux quel-
ques pièces (3) qui justifient ces assertions.
» J'ai fait, de ces pièces, trois séries.
» La première montre, sur des frontaux et des pariétaux de chien et de
cochon d'Inde, la manière dont s'opère l'occlusion des ouvertures faites au
crâne au moyen d'une couronne de trépan.
» Ce qui se passe après une telle opération, c'est d'abord la reproduction
du périoste et de la dure-mère, s'ils ont été retranchés; c'est ensuite la
réunion, l'adhésion réciproque de ces deux membranes; c'est enfin l'ossi-
fication de ces deux membranes ainsi réunies, la formation de l'os.
» On voit, sur les pièces de cette série, tous les progrès du travail que
j'indique ici : la part évidente qu'y prend le périoste, et la part non moins
évidente qu'y prend la dure-mère.
» Cependant j'ai voulu isoler, d'une manière plus complète encore, le
rôle de la dure-mère.
» J'ai placé, dans l'ouverture faite au crâne, une lame métallique. Cette
lame, ainsi placée, se trouvait interposée entre le périoste et la dure-mère.
» Sur la pièce n° i de la seconde série, se voit la lame de métal, restée
à sa place ; et, sous la lame de métal^ toute la lame d'os restituée par la
dure-mère.
M A cette lame d'os restituée par la dure-mère, et séparée du périoste
par la lame métallique, le périoste n'a contribué pour rien.
» Il n'a contribué pour rien, non plus, dans toutes les autres pièces de la
même série où il a été tenu séparé, éloigné de la dure-mère par un anneau
( I ) Recherches sur le développement des os et des dents, p. 80 ( 1842).
(2) Ibid., p. 147.
(3) Elles datent de 1842 et 1843.
( 227 )
métallique interposé entre ces deux membranes, et où la lame interne fie
l'os, la lame reproduite par la dure-mère, s'est formée sous l'anneau.
» La pièce n" a de cette série mérite surtout l'attention. On y voit, admi-
rablement séparée, la part de chacun des deux périostes; car l'anneau inter-
posé entre ces deux membranes est complètement recouvert du côté de la
cavité du crâne par une lame osseuse donnée par la dure-mère, et du côté
extérieur du crâne par une lame osseuse donnée par le périoste.
» Chacun des deux périostes donne donc la lame, la lable des os du crâne
qui lui répond : le périoste externe, la tabte externe, et \e périoste interne, la
lable interne.
» Enfin, surja troisième série des pièces que je présente, se voient des
portions d'os enlevées par des couronnes de trépan, et transportées d'un
animal sur un autre.
» On a enlevé, par exemple, sur deux cochons d'Inde, au moyen d'une
couronne de trépan, une portion d'os, et puis on a transporté l'os de l'un
sur le crâne de l'autre, et réciproquement.
» On voit, sur les pièces de cette troisième série, les os artificiellement
rapprochés, les os étrangers, se joindre entre eux, d'abord par leurs périostes
interne et externe, et puis par eux-mêmes. »
THÉRAPEUTIQUE. — ^application au traitement des plaies , du mélange désinfectant
de MM. Corne et Demeaux : exp^f^ences faites à l! hôpital de Milan. (^Lettre
de M. LE Maréchal Vaillant à M. le Président de l'Académie.)
« Milan, le 3 Août i85g.
» En apprenant la magnifique découverte de M. Corne, je me suis em-
pressé de communiquer le journal qui me donnait cette nouvelle à M. le ba-
ron Larrey, médecin en chef de notre armée d'Italie, et de le prier de faire,
avec toute la prudence possible, quelques expériences en vue de soulager
nos blessés. Te n'ai pas besoin de vous dire combien M. le D"^ Larrey s'est
montré heureux de s'associer à mon désir et d'avoir une nouvelle occasion
de se rendre utile. Par ses ordres, un millier de kilogrammes du remède
Corne ont été préparés avec le plus grand soin. Restait à faire les expé-
riences.
» M. Larrey ayant été appelé à Gênes par son service, ces expériences ont
été confiées à M. Cuvellier, médecin en chef de nos hôpitaux militaires de
Milan. J'ai l'honneur de vous envoyer copie du Rapport que cet habile et
zélé docteur vient de me remettre à l'instant : ce Rapport, vous le verrez,
3o..
( 2a8 )
autorise à concevoir des espérances sur l'efficacité du remède. J'ajoute que
*le docteur m'a paru, en me parlant, porter ces espérances bien plus haut
qu'il ne l'a fait dans son Rapport écrit, et qu'il m'a dit aussi que dans le
monde entier on ne trouverait pas vingt autres plaies aussi hideuses, aussi
infectes que celles sur lesquelles les expériences viennent d'être entreprises.
Rapport médical sur le topique désinfectant Corne et Demeaux.
a Milan, le 3 Août iSS^.
» Parmi les blessés autrichiens traités à l'hôpital San Francisco, de Milan,
» vingt d'entre eux présentaient des plaies dégénérées et répandant utie
» odeur très-fétide. D'après les intentions de M. le baron Larrey, c'est à ces
» vingt blessés, divisés en quatre groupes, que quatre chirurgiens français
» appliquent, depuis trois jours, le topique Corne. Le résultat obtenu
» depuis trois jours, comme désinfectant, est incontestable. A chaque pan-
i) sèment, la putridité est modifiée, et l'état des plaies paraît amélioré.
» Les observations seront recueillies en détail par les quatre médecins
" chargés personnellement de panser lesdits blessés. Je les visite moi-même
» chaque jour. L'état plus satisfaisant des plaies des autres blessés, dans
>> les divers hôpitaux français, n'a pas encore nécessité l'emploi du désin-
» fectant Corne. »
» Je vous promets. Monsieur le Président, de vous tenir au courant de
la suite qu'auront des expériences si heureusement commencées. «
« M. DuMÉRiL fait hommage à l'Académie d'un grand tableau imprimé
qui a pour titre : Classification naturelle des Insectes d'après la méthode analy-
tique. Les bases de ce travail datent de l'année 1799, car elles sont déposées
dans le premier volume de VÀnatomie comparée de Cuvier. Cette classifica-
tion a iubi les modifications qu'ont exigées les progrès de la zoologie. Ce
tableau, qui comprend tous les ordres, les sous-ordres et les familles^ fait
partie du grand ouvrage intitulé Entomologie analytique que l'Académie a
bien voulu admettre dans l'un des volumes de ses Mémoires. L'impression
en est fort avancée; elle contient, dans le texte, les figures, gravées sur bois,
qui représentent l'une des espèces de tous les genres observés en France
et qui sont décrits dans cette histoire générale des insectes. »
M. d^Akchiac présente, au nom de M. Miircliison, un exemplaire du
Discours prononcé par ce savant en qualité de Président de la Société royale
géographique de Londres, à la séance annuelle du a3 mai iSSg.
( 229 )
En faisant hommage à i'Académie de son Résumé géodcsique des positions
déterminées en Etliiojne, M. d'Abbadie ajoute ces mots : « Mon résumé con-
tient la liste déplus de 800 positions liées et dont j'ai déterminé mathéma-
tiquement les coordonnées en latitude, en longitude et en altitude, cette
dernière étant ici donnée en mètres. J'ai nommé géodésie cxpédilive la mé-
thode d'observation que j'ai suivie et qui ne me paraît pas avoir été employée
jusqu'ici; elle consiste surtout dans l'emploi des signaux naturels et dans
l'usage de stations non choisies d'avance, mais indiquées par les hasards
du Voyage et dont on peut tirer un parti bien meilleur qu'il ne semble au
premier abord. La. géodésie expéditive, fort utile aux voyageurs, servira
encore aux officiers d'état-major pour fixer des positions dans un pays
ennemi et peu abordable. »
RAPPORTS.
GÉOLOGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Albert Gaudrt, intitulé
Géologie de l'île de Chypre.
(Commissaires, MM. Cordier, Ch. Sainte-Claire T)eville,
d'Archiac rapporteur. )
« L'Académie nous a chargés, MM. Cordier, Ch. Sainte-Claire Deville et
moi, de lui faire un Rapport sur un Mémoire que lui a présenté M. Albert
Gaudry, dans la séance du aS, avril dernier, et intitulé Géologie de l'île de
Chypre. Ce travail est le résultat d'une mission scientifique confiée à l'auteur
et à M. Amédée Damour en 1 853 par M. le Ministre de l'Agriculture et du
Commerce et par le Muséum d'histoire naturelle.
» Par sa position géographique on pouvait présumer que l'île de Chypre
offrirait au géologue un vif intérêt. Son voisinage des côtes de la Palestine,
de la Syrie et de l'Asie Mineure, à l'est et au nord, permettait d'espérer qu'on
y retrouverait, au moinsen partie, les formations sédimentairesdéjà signalées
par MM. Botta, Russegger, Gaillardot, Williamson, Lanneau, Blanche et
Lynch dans les chaînes du Liban et les montagnes de Naplouse ; par
MM. Ainsworth, Hamilton, de Tchihatcheff, Ed. Forbes et Spratt sur la
pente méridionale du Taurus, dans la Cilicie, la Pamphylie, la Lycie et la
Carie; par MM. Hamilton, Strickland et Spratt à l'ouest dans l'île de Rhodes
et les îles voisines; enfin par M. V Raulin dans l'île de Candie. L'éloigne-
ment de l'Egypte au sud et les caractères du pays qu'arrose le Nil, dans la
partie inférieure de son cours, ne donnaient pas lieu d'attendre des rap-
prochements aussi intéressants de ce côté. Voyons jusqu'à quel point les
( 23o )
recherches de M. Gaudry sont venues réaliser ces présomptions et si cette île,
déjà célèbre à tant de titres, sera aussi, pour le bassin oriental de la Méditer-
ranée, un de ces types géologiques bien caractérisés auxquels viennent se
rattacher des faits isolés jusque-là, ou restés sans explication.
» Chypre, dont le nom rappelle les plus gracieuses fictions de la my-
thologie, fut, depuis l'antiquité jusqu'au temps des croisades, une source
féconde de richesses tirées du règne minéral. Les auteurs grecs, en re-
montant jusqu'à Homère, et après lui Hippocrate, Aristote et Théophraste,
ont parlé de plusieurs des minéraux qu'on y rencontre et des industmes
auxquelles ils donnaient lieu. Plus lard, Strabon, Dioscoride, Pline, Galien
et Florus nous ont transmis beaucoup de détails sur ce sujet. Quelques
historiens voyageurs de l'époque de la renaissance, tels qu'Etienne de
Lusignan et d'autres plus rapprochés de nous, avaient aussi recueilli des
faits plus ou moins importants; mais on peut dire que sous le rapport géo-
logique, c'est-à-dire sous celui de la connaisance des roches et des terrains
qui composent cette île, tout y était encore à faire.
» Le Mémoire fort étendu de M. Gaudry se divise en trois parties : la
première traite de l'orographie et de la géologie, ou de la description
physique du sol et des terrains, la seconde des susbtances minérales em-
ployées dans l'industrie, et la troisième comprend le catalogue raisonné
des échantillons recueillis pendant son voyage, les listes de fossiles, etc. C'est
de la première de ces divisions que nous entretiendrons plus particulière-
ment l'Académie.
u L'île de Chypre, allongée généralement de l'est-nord-est à l'ouest-sud-
ouest, doit son principal relief à deux chaînes de montagnes, celle de Cé-
rines au nord, celle de l'Olympe au sud. Ces chaînes laissent entre elles une
vaste dépression à fond plat qui est la plaine de Nicosie. La chaîne de Cé-
rines, dirigée d'abord de l'ouest lo degrés nord à l'est lo degrés sud, se
recourbe ensuite vers l'est-nord-est, pour former une langue de terre fort
étroite appelée le.Carpas. Sa longueur totale est de a6 lieues et sa largeur
varie de a à 3 lieues. Vue de loin, elle offre l'aspect d'une immense niuraille
bordant la partie nord de l'île. Son point le plus élevé, le mont Saint-Hila-
rion, est à 1018 mètres au-dessus du niveau de la mer.
» Les monts Olympes constituent au contraire un vaste massif à pentes
adoucies, dirigé de l'ouest i3 degrés nord à l'est i3 degrés sud, presque
parallèlement à la portion occidentale de l'autre chaîne. Ils sont découpés
par des vallées transversales, généralement dirigées du nord-nord-ouest
au sud-sud-est. Leurs altitudes atteignent i44i mètres au mont Mâchera,
( a3i )
1639 au mont Adelphe et 2007 au Troodos (i). Les monts Acamantides,
situés à la partie occidentale de l'Ile et qui se terminent au cap Saint-
Epiphane ( Acamas des anciens), quoique dirigés du nord 3o degrés ouest au
sud 3o degrés est, semblent encore se rattacher aux monts Olympes. Enfin
sur la côte orientale de petites collines, alignées du nord 45 degrés ouest au
sud 45 degrés est, forment le cap Grec.
» Après un exposé sommaire de la composition de ces montagnes et des
plaines qui les séparent, ce qui lui permet de présenter d'abord son sujet
dans son ensemble, M. Gaudry passe à l'étude plus détaillée des divers ter-
rains. Dans chaque chapitre il sépare avec soin la partie descriptive de la
partie théorique : l'une contenant les faits qui peuvent rester comme ac-
quis à la science, l'autre des appréciations que les recherches ultérieures
pourront modifier. Les limites dans lesquelles ce Rapport doit se renfermer
nous obligent à passer rapidement sur cette dernière, malgré l'intérêt qui
s'attache aux considérations spéculatives.
» Commençant par l'examen des roches sédimentaires les plus anciennes
du pays, l'auteur décrit des calcaires compactes noirs, gris ou blancs, quelque-
fois rouges à la surface, dégageant par le choc une odeur bitumineuse et ne
renfermant aucune trace de restes organiques. Ces calcaires, rapportés à la
formation crétacée, constituent l'axe de la chaîne septentrionale ou de Cé-
rines, sur une longueur de 24 lieues et une largeur d'à peine i lieue. Ils sont
verticaux, flanqués de chaque côté par les strates du macigno tertiaire, éga-
lement redressés. Leur crête découpée, vue de loin, se dessine avec une ad-
mirable netteté sur le fond du ciel, et trois de leurs cimes les plus élevées
sont couronnées par les ruines des châteaux deCantara, de Buffavent et de
Saint-Hilarion. L'épaisseur de ces assises est d'environ 2000 mètres et leur
stratification est fort obscure. Contre les massifs ignés des monts Olympes et
Acamantides, certaines roches , dont les caractères généraux rappellent les
précédentes, pourraient encore être du même âge.
)) Les motifs qui, en l'absence de fossiles, ont engagé M. Gaudry à placer
ces calcaires dans la période crétacée, sont pris dans des vues d'ensemble
dont il ne se dissimule pas la faible importance: aussi ne lui paraît-il pas im-
possible qu'après de nouvelles recherches ils puissent être considérés comme
(1) Ces altitudes sont celles indiquées dans le texte et par l'auteur dans ses Recherches
.icientifiques en Orient, partie agricole, p. 120, d'après les mesures des officiers de la marine
anglaise; mais sur la carte de M. de Mas-Latrie, qui accompagne le Mémoire, on trouve les
suivantes : i443) 1640 et 2010 mètres.
{ 23a )
un des groupes les plus anciens de la série tertiaire, dont les macignos qui
les recouvrent immédiatement représenteraient un terme plus élevé.
» Ces macignos, également sans fossiles, sont des grès de structure tabu-
laire, dont la composition est Irès-variée. Tantôt calcarifères, tantôt à ciment
plus ou moins argileux, ils jiassent au psammite par la présence du mica.
Ils sont à grain fin, grisâtres, jaunâtres, bruns ou verts; très-durs dans les
parties redressées, partout ailleurs tendres, peu résistants ou contenant des
bancs solides qui alternent avec des couches presque meubles et facilement
désagrégées. Ces roches forment dans la partie nord de l'île deux séries de
collines peu élevées, à pentes douces, bordant de part et d'autre l'axe cen-
tral des calcaires compactes secondaires. Leur puissance est d'environ
2000 mètres; leur direction est la même que celle des calcaires, mais leur
inclinaison est très-variable. Quelques lambeauK de ces macignos s'obser-
vent dans la partie sud-ouest de l'île, sur le versant nord de l'Olympe, sur
les flancs des monts Acamantides où le sol a été le plus bouleversé et où ils
ont été plus modifiés qu'au nord.
» Les marnes blanches, qui viennent ensuite, donnent à la moitié de l'île
de Chypre qu'elles recouvrent une physionomie parliculière qu'on re-
trouve sur le littoral de la Syrie et de l'Asie Mineure où elles se présentent
avec les mêmes caractères. Elles passent insensiblement à une craie pure,
quelquefois ressemblent aux marnes du groupe gypseux tertiaire des
bassins de la Seine et de la Provence. Elles sont ordinairement tendres,
friables, poreuses, tachantes, ou endurcies par places (cap Grec). Les fos-
siles, rares encore, sont Y Astrœa Guctlardi, Defr., \e Clienopm pes-graculi,
Phill., le Toxobrissiis crescenticus, Des., etc. Des lits de silex gris-verdâtre
ou jaunâtre s'y remarquent çà et là, et la silice a parfois pénétré et imprégné
toute la masse. Le gypse y est encore plus répandu en assises puissantes
dans la partie orientale de l'île, à Camarès et à Neta, dans sa partie occi-
dentale, à Drimou, dans le sud, près d'Avdimou, d'Hai-Theodora et de Pyla,
au centre même près d'Athienau, et surtout en avant de la limite occi-
dentale des monts Olympes où sont ouvertes les carrières d'Aradippo. Le
gypse est blanc, grenu, compacte, tabulaire, ou bien cristallin, lamellaire,
fibreux, avec des cristaux en fer de lance : ces diverses variétés sont quelque-
fois réunies sur le même point, comme à Camarès.
» Après avoir donné de nombreuses coupes destinées à faire connaître
le gisement et les caractères de ces marnes, là où elles sont concordantes
avec le macigno soiis-jacent, dont elles semblent n'être alors que la continua-
tion, puis sur les pentes de l'Olympe où elles plongent vers les roches ignées
( ^33 )
qui les ont disloquées et soulevées, M. Gaudry fait voir que, suivant les ob-
servations de M. de Tchihatcheff en Asie Mineure, de M. Abich en Arménie,
et les siennes propres sur le littoral de la Cilicie et de la Syrie, tout concourt
à placer dans la période tertiaire moyenne (miocène) les marnes blanches
signalées sur ces divers points et à les regarder comme contemporaines de
celles de Chypre (i).
)i Ici l'auteur interrompt la description des roches sédimentaires pour
suivre les autres phénomènes géologiques dans l'ordre des temps, et se livrer
à l'examen des roches ignées. Celles-ci occupent à peu près un quart de la
surface de l'île, et constituent les monts Olympes qui s'élèvent graduelle-
ment en coupoles et en dômes arrondis déjà mentionnés par Strabon.
Parmi elles dominent les roches ophitiques et serpentineuses. Ces dernières,
qui forment le ïroodos, la région la plus élevée de tout le massif, sont rem-
placées au sud par les premières. Elles comprennent des eupholites, des gra-
nitones et des serpentines proprement dites, qui forment en grande partie
la cime de la montagne et renferment du nickel. Les eupholites, qui, d'après
les études d'un de vos Commissaires, sont intermédiaires entre les précé-
dentes et les granitones, abondent du côté du Prodromo. Quant aux gra-
nitones, semblables à ceux de la Toscane, on les observe sur les pentes sud
et nord du massif où ils contiennent les substances habituelles : la kryolithe,
l'asbeste, la grammatite, la kératite^ le quartz laiteux, etc., mais le diallage
en lamelles distinctes y, paraît être fort rare.
» Parmi les roches ophitiques, l'ophitone est la plus répandue, et, par
l'atténuation du grain, passe à l'aphanite. Souvent altérées à la surface, ces
roches donnent lieu à des wackes, et les parties restées intactes affectent
les formes les plus variées, tandis que les autres, modifiées dans leur cou-
leur et leur texture, deviennent friables, rouges, vertes, jaunes, etc. Dans
ces masses décomposées on trouve aussi, de même qu'en Toscane, et sous
forme de filons, de nids, de poches, ou disséminés en parties très-ténues,
le fer oligiste rouge, écailleux, le fer hydraté noir, cuprifère, du sulfure et
du sulfate de fer, des sulfures et des carbonates de cuivre, du peroxyde de
manganèse, etc. La présence de ces minéraux est toujours en rapport avec
(i) Les vignes qui donnent les vins de Chypre les plus renommés, dits vins de comman-
derie, sont cultivées en général sur les marnes blanches, non loin de leur contact avec les
roches ignées, sur les pentes est et sud des monts Olympes (Alb. Gaudry, Recherches scienti-
■fiques en Orient, partie agricole, p. 338, in-8°, i855).
C. R., 1839, 2™» Sem«ire. (T. XLIX, NO60 3l
( 234 )
l'altération profonde de la roche et avec l'existence de la silice à l'état de
jaspe ronge, vert, noir, jaune, ou de silex carié. L'henlandite et la stilbite
sont les zéolithes habituelles de ces mêmes gisements. A Pyrgo, dans la partie
occidentale de l'île se trouve un gisement remarquable d'analcime, dans une
wacke non métallifère. L'hydrolithe ou gmélinite qui lui est associée ainsi
qu'à Forni, a été l'objet d'iui travail intéressant de M. Alexis Damour ; enfin
la niézotype et la chaux carbonatée y sont répandues sur luie infinité de
points.
» Les modifications éprouvées par les calcaires compactes, les macignos
et les marnes blanches, au contact même ou dans le voisinage des roches
ignées, ont aussi fixé l'attention de M. Gaudry. Sans prétendre résoudre les
nombreuses questions auxquelles cet ordre de faits peut donner lieu, il a
réuni beaucoup de documents utiles à la science, et dont lui-même a su
tirer parti dans les considérations théoriques- dont il les a fait suivre. Ces
changements attribués à l'élévation de la température, à des émanations de
vapeurs et de gaz, ne se sont d'ailleurs jamais étendus à plus d'un kilomètre
des masses ignées, de sorte que, malgré le grand développement de ces der-
nières, on n'a encore ici en quelque sorte qu'un métamorphisme de contact.
» Après l'étude des actions physiques et chimiques exercées par les pro-
duits ignés sur les dépôts sédimentaires, se présentent naturellement à l'ob-
servateur celle des phénomènes dynamiques auxquels les uns et les autres
ont été soumis, celle de leur influence réciproque et celle de leur chrono-
logie ou l'ordre dans lequel ils se sont manifestés. L'auteur du Mémoire ne
se prononce pas d'une manière absolue sur l'époque du soulèvement de la
chaîne septentrionale ou de Cérines. Les calcaires compactes et les macignos
ont bien été soulevés en même temps, mais il est douteux pour lui que les
marnes blanches aient participé à ce mouvement, au moins d'une manière
générale, et quelques dislocations particulières semblent prouver une pos-
tériorité qu'on peut admettre provisoirement, tandis que le terrain tertiaire
supérieur (pliocène) dont nous allons parler est certainement plus récent et
répose trangressivement sur les couches inclinées de marnes blanches.
» Dans le massif de l'Olympe on a la certitude que ces dernières ont été
soulevées, et l'horizontalité des dépôts tertiaires supérieurs prouve que le
massif a surgi entre les deux périodes. Si d'un autre côté on cherche la
relation de ce soulèvement avec l'apparition des roches ignées, on reconnaît
que l'épanchement de celles-ci et l'élévation des produits sédimentaires qui
les entourent, résultent d'un seul et même phénomène. Ici les roches py-
rogènes sont telles qu'elles sont arrivées au jour ; leurs formes mamelonnées
( 235 )
sont dues à leur mode d'épanchement, de même que l'aspect particulier des
roches stratifiées qui les avoisinent provient du métamorphisme qu'elles
ont subi.
» L'arrivée de ces produits ignés de l'île de Chypre serait^ suivant l'au-
teur, contemporaine de la seconde éruption des roches serpentineuses delà
Toscane, telles que les ont décrites MM. Savi et Scarabelli, et aussi du sou-
lèvement de l'Apennin central queM.Ponzi place entre les périodes tertiaires
moyenne et supérieure. Dans l'île de Crète au contraire, suivant M. V Rau-
lin, l'arrivée des serpentines serait antérieure aux calcaires crétacés à Hip-
purites du pays.
)) Reprenons actuellement avec M. Gaudry l'examen de la série sédimen-
taire que nous avons interrompue un instant. Dans une grande partie de
l'île de Chypre on voit, s'étendant sur les marnes blanches, des sables
jaunes, des calcaires de texture grossière, en couches généralement peu in-
clinéeSj différant par leurs fossiles de tout ce qui précède et dont la forma-
tion se serait continuée, sans interruption sensible, jusqu'à l'époque actuelle.
Néanmoins l'auteur a essayé de tracer plusieurs divisions dans cette suite de
dépôts. Les plus anciens, qu'il rapporte à la période tertiaire supérieure
(pliocène), sont surtout développés dans les plaines du centre, dans le Car-
pas, le long de la chaîne de Cérines et sur la côte méridionale de l'île. Les
fossiles qui manquaient complètement dans les couches crétacées et tertiaires
inférieures, que nous avons vus très-rares encore dans la formation tertiaire
moyenne, circonstance qui aurait été en rapport avec une grande profon-
deur des eaux, se montrent très-nombreux au contraire dans les sédiments
tertiaires supérieurs, alors que cette profondeur avait dû diminuer par les
soulèvements et l'accumulation successive des dépôts.
» M. Gaudry croit pouvoir distinguer ici deux étages caractérisés par
des fossiles différents : le plus ancien, développé autour de Platanisso, de
Ghilanemo, de Calebournou, le plus récent présentant ses calcaires et ses
sables aux environs de Nicosie, de Pira, de Bogasi, de Pyla et de Mavros-
pilios. Les restes organiques de cette dernière partie de l'île sont plus voi-
sins des espèces actuelles que ceux du Carpas où quatre espèces sur treize
ont leurs analogues vivants, tandis qu'il y en aurait ici vingt-neuf sur qua-
rante-trois.
» L'émersion du Carpas et des plaines centrales a mis fin aux dépôts ter-
tiaires supérieurs très-faiblement inclinés par places, et les sédiments qua-
ternaires qui leur ont succédé n'occupent, sur le pourtour de l'île, qu'une
zone étroite ou s'éloignant peu de la côte. Ces derniers comprennent des
3i..
( 236 )
calcaires jaunâtres ou brunâtres, à texture grossière, dessables gris ou jau-
nes et des conglomérats meubles ou solides. Au pied des collines ce cordon
s'étend rarement à quelques centaines de mètres de la plage; au bord des
plaines il s'élargit et s'avance d'autant plus loin, que le sol s'élève moins
brusquement. Ces dépôts recouvrent transgressivement les couches tertiaires
supérieures dont ils se distinguent aussi par leur moindre solidité et par les
coquilles qu'on y trouve. Celles-ci ont conservé une partie de leurs couleurs
et sont pour la plupart identiques avec celles qui vivent encore dans la Mé-
diterranée. Ces roches, quoique comparativement bien récentes, ont sou-
vent acquis une solidité telle, qu'on a pu les employer dans des construc-
tions importantes. Ainsi les églises, les palais et les murailles de Famagouste,
ville maritime de la côte orientale, aujourd'hui ruinée, mais très-florissante
au moyen âge, ont été bâtis avec les calcaires quaternaires des environs.
Il en est de même de la plupart des monuments élevés par les Lusignans et
les Vénitiens et des temples antiques de Paphos.
)) Cette consolidation des dépôts quaternaires et même de ceux de l'épo-
que actuelle est, comme on sait, un caractère delà région méditerranéenne,
plus prononcé encore entre les tropiques, tandis qu'il est presque nul dans
les zones tempérées et septentrionales. M. Gaudry, rappelant les hypothèses
émises depuis Strabon jusqu'à nous sur l'abaissement prétendu des eaux
de la Méditerranée, déduit de l'examen de ces couches, conclut de l'en-
semble des faits, que si d'une part la généralité des phénomènes semble
appuyer l'idée du géographe d'Amasia, reproduite et développée par les
naturalistes de notre temps, de l'autre, des inclinaisons observées sur divers
points du périmètre du bassin et en sens inverse de la pente du sol vers la
mer, ainsi que la différence des niveaux auxquels on rencontre aujourd'hui
les dépôts quaternaires, prouvent des oscillations locales du sol et des sou-
lèvements partiels indépendants de la cause générale à laquelle on attribue-
rait leur émersion complète.
» Quant aux effets des agents physiques de l'époque moderne à la surface
de l'île de Chypre, ils ne paraissent avoir donné lieu qu'à des dépôts d'une
très-faible importance relative. Cette île, au rapport de tous les historiens,
a été le siège de fréquents tremblements de terre dont l'auteur du Mémoire
a recherché avec soin les indications partout où il a cru en trouver quelques
traces.
» La seconde partie du travail de M. Gaudry est consacrée à l'examen
des substances minérales employées dans les arts, tels que les métaux pro-
prement dits, les pierres de construction, les pierres d'ornement, etc. Ce
(t»37 )
géologue y fait preuve d'une connaissance approfondie des nombreux écri-
vains qui en ont traité depuis la plus haute antiquité jusqu'aux voyageurs
modernes. Il a vu attentivement les localités et les gisements exploités par
les anciens, apprécié l'étendue et l'importance de leurs travaux, etc. Mais
nous ne le suivrons pas dans ses recherches à la fois d'érudition et d'obser-
vation, où la discussioh des textes grecs et latins, leur interprétation presque
toujours heureuse ou probable, viennent compléter la partie historique de
ces études. Nous nous bornerons à rappeler l'existence des mines importan-
tes de cuivre, métal si employé dans l'antiquité, et qui chez les Romauis
reçut son nom de celui de l'île même qui le leur fournissait. Le zinc, le fer
et le manganèse étaient aussi l'objet d'industries assez développées. Le
gypse ou pierre à plâtre est cité par Théophraste comme le plus abondant
et le plus beau que l'on connût de son temps. Les pierres dures employées
dans la joaillerie étaient le quartz hyalin, le jaspe, l'agate, l'opale, diverses
zéolithes, l'émeraude et d'autres gemmes désignées par les auteurs sous des
noms que M. Gaudry s'est attaché à mettre en rapport avec la terminologie
de la science moderne.
» La troisième et dernière partie de son Mémoire comprend : i° le cata-
logue des échantillons de roches recueillis dans l'île de Chypre, au nombre
de 1696, déposés dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle où ils
ont été examinés par un de vos Commissaires; a° le catalogue des fossiles
déposés dans le même établissement; 3°rexplication de soixante-dix profils,
vues ou coupes de terrain, insérés dans le courant du texte, qui en facili-
tent l'intelligence, et sont comme la contre -épreuve des faits décrits,
toujours essentiels, nous dirons même indispensables dans la description
géologique d'une contrée. Enfin la carte annexée à ce travail, dressée à
l'échelle de ^so'ooo par M. de Mas-Latrie et coloriée géologiquement, est à
la fois l'expression graphique et le résumé le plus facile à saisir des recher-
ches faites en commun par MM. Albert Gaudry et Amédée Damour sur
les caractères physiques de l'île de Chypre.
)) D'après le travail dont nous venons d'exposer les principaux résultats
à l'Académie, il semble donc que cette île n'offre pas, sous le rapport géo-
logigwe, tout l'intérêt que sa position géographique faisait présumer. Si
d'fine part ses dépôts marins quaternaires, tertiaires supérieurs ou moyens
ont des représentants sur le littoral de l'Egypte, de la Palestine, delà Syrie
autour d'Antioche, sur les pentes du Taurus dans le pachalik d'Adana et
aux environs de Tarsus où des roches diallagiques et pyroxéniques les ont
aussi dérangés, puis dans la Lycie où ils ont été portés à 1800 mètres d'alti-
( 238 )
tnde, et enfin dans l'île de Rhodes, de l'autre nous n'y voyons aucune trace
de ces assises lacustres si puissantes dans le bassin inférieur de l'Oronte à
l'est, et qui occupent au nord-ouest les vallées du Xanthus et du Cibyra,
dans la Lycie et la Carie, ainsi que les îles de Chic, de Cos et de Samos;
nous n'y apercevons point non plus ces couches nummulitiques si dévelop-
pées au sud, dans le bassin du Nil, de la chaîne Lybique à la côte orientale
du golfe de Suez, qui constituent à l'est les chaînons extérieurs du Liban,
qu'on retrouve au nord dans la Cilicie et à l'ouest dans l'île de Crète; enfin la
formation crétacée inférieure si bien caractérisée dans les chaînes de Na-
plouse et du Liban, de même que les calcaires à Hippurites de la Crète, de
l'Attique et du Péloponèse, n'ont pas encore d'analogues certains dans l'île
de Chypre.
» Il est vrai que pour la connaissance de cette dernière île quelques lacunes
restent encore à combler. Ainsi l'âge des calcaires compactes de la chaîne de
Cérines et celui des macignos qui les recouvrent, sont à déterminer plus ri-
goureusement ; la place des marnes blanches dans la série tertiaire moyenne
laisse quelque incertitude, et les relations des diverses roches ignées entre
elles ou la chronologie des phénomènes qui ont accompagné leur appari-
tion, car il est difficile de concevoir qu'elles soient toutes contemporaines,
sont des points essentiels qui réclament ini sérieux examen.
» Mais hâtons-nous d'ajouter que ces lacunes semblent tenir beaucoup
plus à la nature même des choses qu'à l'inattention des observateurs, et,
dans un pays où tout était à faire, on ne pouvait attendre davantage d'une
première exploration. La description géologique complète d'une région ne
se fait pas d'un seul coup; une multitude d'observations ont besoin d'être
vérifiées, contrôlées et discutées, surtout lorsqu'il s'agit, comme ici, d'une
contrée où l'explorateur ne rencontre aucun aide, aucun auxiliaire pour
préparer ou faciliter ses recherches; où il trouve au contraire, dans les con-
ditions du climat et la difficulté des communications, des obstacles qui eu'
travent ces mêmes recherches en les rendant plus longues et plus pénibles.
» Aussi votre Commission a-t-elle pensé qu'il serait à désirer que M. Gau-
dryfût mis à même de compléter ses études, soit en visitant de nouveau
les parties de l'île de Chypre qu'il croirait devoir lui offrir la solution de
Cf^rfaines questions, suit par l'examen comparatif des côtes voisines de l'Asie
Mineure, et mieux encore de la Syrie et de laPalestinequ'ila déjà parcourues
rapidement. Leurs roches sédimentaires, bien caractérisées, permettraient
sans doute de coordonner tous les éléments géologiques des côtes orien-
tales de la Méditerranée avec ceux des grandes îles qui les avoisinent.
( '-^39 )
» En résumé, nous croyons que le travail de M. Albert Gaudry apporte
dans la science beaucoup de faits nouveaux et bien observés; il nous révèle
-la constitution physique d'une des îles les plus importantes du bassin mé-
diterranéen, et il aura contribué au progrès de la géologie descriptive;
aussi le jugeons-nous digne à la fois des encouragements et de l'approba-
tion de l'Académie; nous lui en proposerions même l'insertion dans le Re-
cueU des Savants étrangers, si nous ne savions que l'auteur a l'intention d'en
faire l'objet d'une publication particulière.»
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MEMOIRES LUS.
CHIMIE MINÉRA.LE. — Mémoire sur les densités de vapeur à des températures très-
élevées; par MM. H. Sainte-Claire Deville et L. Troost.
(Commissaires, MM. Dumas, Regnault, Despretz.)
« La détermination de la densité de vapeur des corps réfractaires est une
opération à peu près impossible aujourd'hui avec les moyens de mesure que
nous fournit la physique : cependant elle intéresse au plus haut point les
chimistes, en leur donnant des preuves à l'appui des grandes lois de la
science, dont on admet aujourd'hui, par induction seulement, mais d'une
manière bien légitime, que l'application aux phénomènes chimiques est
indépendante de la température à laquelle ceux-ci peuvent se passer. Les
plus hautes températures auxquelles on ait opéré jusqu'ici ne dépassent pas
beaucoup 5oo degrés. On les trouve employées par M. Dumas dans son
grand Mémoire sur la loi de Gay-Lussac et par M. Mitscherlich (*). Nous
avons réussi, après de très-nombreuses expériences, à vaincre les trois
grandes difficultés qui ont arrêté tous nos devanciers dans cette voie et qui
résultent de la nature des vases à employer, de la constance de la tempé-
(*) Nous lisons dans le Traité de Chimie de M. Malagulique M. Bineau a trouvé pour la
densité de vapeur du soufre à looo degrés le nombre 2,218. Nous avons cherché dans presque
tous les recueils scientifiques et dans ce livre lui-même la description des appareils et des
méthodes employés par M. Bineau. Nous n'avons rien trouvé nulle part. Nous regrettons
donc sincèrement de ne pouvoir parler ici d'un travail dont le nom de l'auteur garantit
l'exactitude ; nous avons même supposé que c'était par une interprétation de résultats numé-
riques obtenus à basse température que M. Bineau était arrivé à ces nombres exacts de 2,218
et de 1000 degrés.
( a4o )
rature pendant la durée de l'expérience, enfin de l'estimation de la tempé-
rature elle-même.
» Le vasedont nous nous servons est en porcelaine façonnée sous forme de
ballons de a8o centimètres cubes, à col étroit, que M. Gosse, de Bayeux, a
mis la plus grande complaisance à nous faire fabriquer avec un soin extrême.
Ce ballon est fermé d'une manière imparfaite par un petit cylindre de por-
celaine de I à a millimètres de diamètre et qui entre à frottement dans le
cqI étroit du ballon. A la fin de l'expérience, on fond ce cylindre avec le
chalumeau à gaz tonnants sur une petite épaisseur, ce qui le fixe à la partie
béante du col en produisant une fermeture hermétique gardant très-bien le
vide.
» Ce vase est enfermé dans un vase distillatoire en fer que nous avons déjà
décrite), dans lequel on emploie des vapeurs métalliques à produire une
températureconstante, exactement comme s'il s'agissait de portera loo degrés
un espace clos au moyen de la vapeur d'eau bouillante, ou même, comme
nous l'avons déjà fait (**), d'obtenir avec les vapeurs de mercure ou de
soufre bouillants des températures invariables de 35o et de 440 degrés. Dans
les expériences que nous publions aujourd'hui, nous nous sommes servis des
vapeurs de cadmium (860 degrés) ou de zinc ( io4o degrés) bouillants. C'est
ainsi que nous obtenons dans la température une constance que nous avons
vérifiée par les moyens les plus délicats.
)) Quanta la température, nous nous sommes affranchis des difficultés desa
détermination précise, en opérant toujours dans des vases de même matière,
de même capacité, dans lesquels nous enfermons successivement de la vapeur
d'iode (***), et la vapeur du corps que nous expérimentons. Nous obtenons
ainsi avec une grande rigueur le rapport des densités de ces deux vapeurs,
dont l'une, celle de l'iode, a été fixée par nos devanciers et par nous-mêmes
avec une grande exactitude. La détermination de la température devient
complètement inutile par ce moyen.
» Nous ne pouvons dans ce court extrait ni décrire nos appareils ni exposer
le mode opératoire que nous avons adopté : nous dirons seulement que nous
nous sommes tenus le plus près possible des procédés de M. Dumas, modi-
(*) Yoyez'Comptes rendus, t. XLV, p. 821, la description de cet appareil.
(**) Loco citato.
(***) La vapeur d'iode est substituée à l'air dans cette sorte de détermination thermomé-
trique, simplement parce que, la vapeur d'iode étant neuf fois environ plus lourde que l'air, les
• erreurs de pesée sont moins importantes.
( 24r )
fiant se'jlemenl ce que la nature des opérations rendait irnpralic;djle dans les
circonstances que nous avions choisies et nous nous sommes toujours très-
bien trouvés de cette prudence. Nous donnerons ici à l'appui de notre
méthode quelques-unes de nos déterminations principales.
» Soufre. — A la température de 860 degrés (*), sa densité de vapeur est
déjà 2,2; mais il fallait, pour que ce nombre fût définitif, qu'il fut inva-
riable à partir de cette température (**). C'est en effet ce qui arrive, car à
io4o degrés nous avons retrouvé encore le même nombre, dont la fixation
repose sur plus de douze expériences concordantes. On peut donc admettre
avec toute sécurité que l'équivalent du soufre (ifi) représente i volume de
vapeur comme l'oxygène (8).
» Sélénium. — La vapeur de sélénium présente les mêmes anomalies que
la vapeur de soufre. A 860 degrés, sa densité est 8,2 ; à io4o degrés, elle
n'est plus que 6,37. Ce n'est qu'à partir de 1200 ou i4oo degrés que nous
espérons la trouver constante. D'autres appareils fondés sur d'autres prin-
cipes, fonctionnant aux températures les plus élevées, et que nous prépa-
rons actuellement, nous permettront sans nul doute d'arriver au nombre
5,44 qu'indiquent la théorie et l'analogie du soufre avec le sélénium.
i> Phosphore. — Sa densité, prise à io4o degrés, est 4,5 = i volume (cal-
culée =: 4»4)> correspondant à l'équivalent de ce corps généralement
adopté.
(*) Ces nombres sont calculés au moyen de la dilatation apparente de l'air on de l'iode
gazeux dans la porcelaine,' qui augmente à peine de volume aux plus hautes tempéra-
tures.
(*'') Nous concluons ainsi, des belles expériences de M. Cahours, qu'on ne pourra consi-
dérer désormais comme définitive une détermination de densité de vapeur qu'autant que deux
expériences effectuées à des températures suffisamment distantes donnent les mêmes résul-
tats. Ainsi une seule expérience est insuffisante : ce qui veut dire que l'on ne peut compter
sur une densité de vapeur que lorsqu'elle a été obtenue au-dessus de la température à partir
de laquelle cette vapeur suit la loi de la dilatation des gaz et jMJSsède Ir- coefficient 0,00867.
C'est alors seulement que les nombres sont comparables et peuvent servir de vérification à la
loi des volumes de Gay-Lussac. Nous devons cependant mentionner ici des expériences nom-
breuses, affectées, il est vrai, d'une cause de perturbation constante, mais qui nous monirent
pour le mercure une singulière exception à cette règle. Obligés de suspendre muuientanomenl
nos expériences, nous tenons à constater ce fait, qui ne se vérifiera peut-être pas par la suite,
pour nous faire pardonner de n'avoir pas encore donné de chiffres relativement à ce corps si
important. Nous nous réservons de reprendre cette étude importante très-prochainement.
C. R., 1809, 2"" Scm,:sue. (T. XUX, m 6.) ^2
( 24a )
» Cadmium. — Sa densité, prise à io4o degrés, est 3,94 = 2 volumes
(calculée dans cette hypothèse, elle serait 3,87).
» 5e/ ammoniac. — Observée à i o4o degrés, sa densité est i ,0 1 =8 vo-
liimes (calculée = 0,92).
» Bromure d'' aluminium. — Densité observée, 18,62 = 2 volumes (calcu-
lée = i8,5i).
» lodure d'aluminium. — Densité observée, 27,0 = 2 volumes (calculée
= 27,8).
» Ces deux derniers nombres sont calculés d'après des expériences faites
dans la vapeur de soufre. L'iodure d'aluminium possède une singulière pro-
priété, indiquant que les deux éléments qui entrent dans sa composition
sont unis par une bien faible affinité. Cet iodure fond à i25 degrés, bout
à 35o degrés. A cette température, sa vapeur se conduit comme si elle
était composée d'aluminium pur à un état particulier d'isolement ; elle
brûle à l'air au contact d'iui corps enflammé, en donnant de l'iode et de
l'alumine. Mêlée d'oxygène dans un vase résistant, elle détone vivement
sous l'influence de l'étincelle électrique ou à l'approche de la flamme d'une
bougie, comme le ferait un mélange de gaz combustible et d'oxygène. Il est
clair que les éléments de l'iodure d'aluminium sont amenés à cet état par-
ticulier auquel arrivent tous les corps complexes que l'on soumet à l'action
d'une température suffisamment élevée, ce qui constitue ce que l'un de nous
a appelé le phénomène de la dissociation des corps composés. »
THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE. — Note sur l'emploi de l'iode comme
désinfectant et comme antiseptique; par M. Marchal de Calvi.
(Commissaires désignés pour de précédentes communications sur les
mélanges désinfectants : MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquet.)
MÉMOIRES PRÉSENTES.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — De [application du coke de boghead en poudre à la
conservation et à In désinfection des matières animales et végétales; par
M. MoRmE (Extrait.)
a Le boghead est, on le sait, une substance particulière, de la nature des
produits charbonneux qui ont subi une faible pression et une température
moindre que les charbons de terre et les anthracites. Ce produit tire son nom
i
( M3 )
d'une petite localité d'Ecosse où il est exploité sur une grande échelle ; il
^ient le milieu entre les lignites et les schistes, sans être ni l'un ni l'autre.
On retire du boghead, par la distillation, 4o à 60 pour 100 de produits vo-
latils, parmi lesquels on doit noter la parafine avec laquelle on fabrique des
bougies aussi belles que celles de cire et de stéarine, du gaz d'éclairage
d'un effet remarquable, de la benzine, des goudrons, enfin un résidu
noir, poreux, d'une grande légèreté, qui jouit, au plus haut point, de pro-
priétés absorbantes et désinfectantes. Ce coke est composé de charbon et
d'un silicate d'alumine; légèrement ferrugineux, son action désinfectante
est due non-seulement au charbon qu'il contient, mais encore au fer et à
l'alumine.
•> M. le D'' Barry, qui longtemps a exploité les schistes d'Autun , fut un
des premiers à tirer un parti avantageux du boghead que le hasard lui avait
fait connaître. Plus tard, IVIM. Rnab et Darcet l'imitèrent, mais en variant le
procédé de travail, c'est-à-dire en distillant le boghead au bain de plomb ;
enfin M. Hugon l'emploie encore à la fabrication du gaz portatif.
» Par suite de l'installation de ces usines importantes à Paris, d'immenses
amas de coke de boghead furent entassés çà et là ou utilisés comme rem-
blais. Un premier essai fait en 1867, pour l'utiUser en l'associant aux no-
dules de phosphates calcique demeura sans succès. Les choses en étaient
là, quand nous découvrîmes dans cette espèce de coke les propriétés désin-
fectantes et conservatrices des matières végétales et animales. De concert
avec M. J. B. Couy, nous nous sommes fait breveter en France, en Bel-
gique et en Angleterre. Depuis lors, nous avons exploité nos procédés sui-
une grande échelle.
» Au moyen de notre poudre de coke de boghead , nous absorbons,
désinfectons et réduisons à l'état pulvérulent, des urines, des matières fé-
cales, des détritus provenant du travail des abattoirs et des tripiers, qu'on
peut ensuite transporter au milieu des villes dans des tombereaux décou'
verts et cela sans aucuns inconvénients. Depuis plusieurs mois, à notre usine
de Charlebourg, près Courbevoie, nous opérons en grand la solidification
et la désinfection de plusieurs milliers d'hectolitres de sang provenant des
abattoirs de Paris. Ils nous sont ensuite expédiés en Bretagne, pour fabri-
quer des engrais azotés et phosphatés, très-prises du commerce et des agri-
culteurs. Le dosage du boghead et la manière de l'employer ne sont point
indifférents à la réussite de l'opération. Ainsi 100 kilogrammes de poudre de
boghead absorbent et désinfectent parfaitement 90 à 100 kilogrammes de
3a..
( 244 )
s;iiig en caillots, de matières fécales épaisses, mais seulement ^5 à 80 kilo-
graniines de sérum, de sang liquide, d'urine, bouillons de tripiers, etc. En
agissant sur du sang frais et en introduisant dans le boghead la quantité stric-
tement nécessaire pour en obtenir une masse légèrement humide qu'on fait
sécher tout de suite à l'air et au soleil, on a pour résultat une poudre sans
odeur (et l'Académie peut en juger par l'échantillon adressé) qui jouit de la
j»i'opriété singulière de consciver toutes les propriétés du sang et l'albumine
à l'état frais, c'est-à-dire qu'en délayant celte poudre avec de l'eau froide,
on peut se servir avec avantage, dans les raffineries, de ce liquide pour
clarifier les sirops, en le substituant au sang corrompu, infect, dont on fait
usage ordinairement.
o En s'en servant, on n'observe rien de particulier dans le rnow/at/e, la cla-
rification et la filtiation, qui alors s'effectuent aussi bien que par les
moyens ordinaires. Ees résidus qui proviennent de ce travail sont, comme les
iioirs.de raffinerie, d'excellents engrais, surtout si on a le soin d'y ajouter
du phosphate de chaux.
» Je suis parvenu, en broyant le boghead avec des foies et des entrailles
de poissons, de squales par exemple, à fabriquer des huiles d'un jaune
doré, d'un goût et d'une odeur qui en rendent l'usage facile en médecine.
J'ai voulu utiliser ma poudre désinfectante à l'assainissement des amphi-
théâtres; mais, je l'avoue, je n'ai pas eu l'heureuse idée de l'appliquer à
la désinfection du pus et des plaies d'hôpital. Depuis la séance de l'Aca-
démie du 18 juillet, j'ai dû entrer dans la série d'expérimentations ouverte
par MM. Corne et Demeaux; leur poudre, composée de plâtre et de coal-
tar, serait, d'après mes expériences, de 4o pour 100 moins absorbante que
la poudre de coke de boghead. Je désire donc que dans les mêmes circon-
stances où on a employé la poudre de M. Corne on expérimente le coke de
boghead pulvérisé et additionné de coal-tar, espérant que cette poudre
charbonneuse rendra, elle aussi, des services à la salubrité, peut être même
à la médecine. »
Ce Mémoire est renvoyé à l'examen des Commissaires déjà nommés pour
les communications concernant les mélanges désinfectants : MM. Chevreul,
Velpeau, J. Cloquet, auxquels sont adjoints MM. Paycn et Bussy.
( M5 )
CHIMIE APPLIQUEE. ~ Des moyens jiropves à (iéler miner T existence du chlorure
rie soufre ou de ses éléments dans le caoutchouc; par M. Gaultier de
Claubky. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Paye», Balard.)
n Des objections ayant été faites relativement au procédé que j'ai eu
riionneur de soumettre au jugement de l'Académie, pour reconnaître si le
caoutchouc a été vulcanisé par le chlorure de soufre; je dois ajouter quel-
ques détails aux indications générales que j'avais données.
» Gay-Lussac ayant prouvé qu'à une température élevée la vapeur d'eau
dégage de l'acide chlorhydrique d'un mélange de chlorure de sodium et de
silice, celle qui se rencontre naturellement ou accidentellement dans le
caoutchouc, ne pourrait-elle pas donner naissance, sous l'influence de la
vapeur d'eau qui se produit dans la distillation de ce corps, surtout dans
un courant d'air, à la minime proportion dont le nitrate d'argent décèle la
présence dans l'eau qu'ont traversée les gaz? .
» La réponse est facile : il est inutile d'élever la lempératiu'e jusqu'au
rouge dans le cours de l'opération, parce qu'il l'est de décomposer en en-
tier le caoutchouc, les composés chlorés se dégageant principalement au
commencement de la distillation. La faible proportion d'acide chlorhy-
drique produite, se trouvant mélangée avec une grande quantité de gaz ou
de vapeurs insolubles, peut n'être pas absorbée par l'eau. Cela est vrai, au
moins pour une portion de l'acide chlorhydrique, mais en ajoutant à l'eau
un peu d'ammoniaque, on facilite l'absorption, et dans tous les cas trouver
du chlore dans le liquide, est la seule chose nécessaire, puisqu'il ne s'agit
pas de proportions
» Les moyens que j'avais mis en usage ne pouvaient donc laisser aucun
doute relativement à la question; mais la proportion de chlore pouvant être
très-taible, comme dans le procédé indiqué on n'en peut recueillir qu'une
portion, si l'opération n'avait pas été conduite avec tous les soins nécessai-
res, ou qu'on eût opéré sur des produits très-faiblement vulcanisés, les ré-
sultats pourraient être négatifs ou incertains. J'ai donc dû chercher des
moyens de prononcer avec plus de certitude encore, et même de doser,
s'il était possible, le chlore et le soufre aux deux états sous lesquels ils peu-
vent se trouver dans le caoutchouc : à celui de chlorure de sodium et de
( a46 )
sulfate de potasse naturels, de chlore et de soufre introduits. On parvient
facilement à ce résultat en opérant de la manière suivante :
» De deux quantités égales de caoutchouc, l'une est détruite, soit par le
nitrate de potasse ou de soude, soit par un mélange de l'un de ces sels avec
le carbonate de potasse, de la pureté desquels on s'est assuré, et l'on y dé-
termine, par les procédés ordinaires, les proportions de chlore et de soufre
qui proviennent à la fois du chlorure de sodium et du sulfate de potasse
appartenant au caoutchouc : du chlore et du soufre du chlorure de soufre.
L'autre est incinérée avec les précautions accoutumées : les cendres fournis-
sent seulement le chlore et le soufre des sels existant dans le caoutchouc.
La différence entre les quantités obtenues donne celle du chlorure de
soufre.
» Tant qu'on opère sur du caoutchouc auquel il n'a été rien ajouté que
du chlorure de soufre, le résultat ne lai-sse rien à désirer : mais l'industrie
fait entrer dans ses produits une foule de substances dont plusieurs sont
aptes à retenir du chlore et du soufre, et c'est à leiu* présence qu'est due une
partie considérable de la perte de ces deux corps, quand on détermine
leur existence par la distillation, en opérant sur des produits commer-
ciaux.
' » Les principales substances mélangées au caoutchouc sont : la craie de
Briançon , le blanc de Meudon , le carbonate de plomb , la terre de Sienne
ou d'autres ocres jaunes.
» On comprend facilement que le soufre et le chlore du chlorure de
soufre, puissent, à une température élevée, se fixer sur quelqu'une d'entre
elles et rendre plus ou moins difficile à reconnaître la présence du chlo-
rure de soufre, impossible à déterminer leurs proportions.
» Si la craie seule a été mélangée au caoutchouc, on trouve dans la
cendre du chlorure de calcium et peut-être du sulfate de chaux ; si le mé-
lange renfermait du carbonate de plomb, du chlorure et du sulfure ou du
sulfate de plomb.
» Dans le cas ou quelque ocre a été employée, on peut rencontrer aussi
du chlorure et peut-être du sulfate de fer.
» Si, comme cela se présente assez fréquemment, on a mélangé
au caoutchouc ces divers corps à la fois, on trouve dans les cendres
les divers composés de chlore et de soufre signalés. L'analyse de la
cendre exige alors l'application des procédés connus pour de semblables
mélanges. »
(=^47)
MINÉRALOGIE. — Sur l'oérolithe de Monlrejeau; remarques présentées à
l'occasion d'une communication récente, par M. Leymerie. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Pelouze, Fremy, Delafosse.)
« Il n'y a réellement dans cet aérolithe que deux matières pierreuses
bien distinctes. L'une constitue une pâte générale: c'est un véritable magma,
tout au plus comparable à ces roches mélangées qui constituent certains
trachytes, grûnstein, etc., et dont la composition doit être assez variable,
si l'on en juge par les différences qu'ont offertes les analyses de plusieurs
morceaux distincts. Cette matière, je ne dis pas ce minéral, est peu con-
sistante; il serait impossible de lui assigner une dureté ni un poids spécifi-
que constants; sa couleur est grisâtre et tout à fait insignifiante; du reste
elle paraît très-homogène dans son ensemble. L'autre matière, qui se pré-
sente sous une forme globuleuse parfaite et qui, en général, peut être déta-
chée nettement et facilement de la masse, est, au contraire, si bien caracté-
risée sous le rapport minéralogique, qu'à la première vue on reconnaît qu'en
la formant, la nature a voulu isoler, au milieu du chaos, une véritable espèce.
Cependant M. Damour, se fondant sur une analyse qui a dû être faite
sur des globules incrustés et imprégnés de gangue (car il faut être dans des
circonstances favorables pour pouvoir se procurer des individus purs),
a considéré ces globules comme lui mélange de pyroxène et d'albite, tandis
qu'il n'hésite pas à donner le nom de péridot, c'est-à-dire le nom d'une
des espèces minérales des mieux caractérisées, au magma dont j'ai parlé en
commençant. MM. Chancel et Moitessier étaient également loin du vrai
en signalant dans la même pierre, considérée en masse, du péridot, de
l'hornblende et du labrador, qui certes n'y existaient pas. Je ferai remar-
quer, à cet égard, qu'il serait très-facile, en parcourant le tableau des ana-
lyses des silicates pierreux, de former des combinaisons qui conduiraient à
d'autres espèces tout aussi imaginaires ou virtuelles que celles qui vien-
nent d'être citées
» A l'égard du minéral verdâtre globuleux dont j'ai donné la description
minéralogique dans le Compte rendu du 28 février dernier, je suis obligé de
maintenir que, dans les circonstances ordinaires, il résiste au feu du chalu-
meau et qu'il est susceptible de se dissoudre en partie dans l'acide chlorhv-
drique bouillant. Tous ses caractères d'ailleurs tendent à le rapprocher du
péridot, et je le répète, s'il y a du péridot dans notre pierre météorique, ce
minéral seul pourrait le représenter. L'analyse de M. Damour y indique
( 248 )
couune principes essentiels la silice, la magnésie et l'oxyde ferrenx, comme
dans 1 es[)éce péridot ; mais la proportion de silice est ici tellement supé-
rieure à ce qu'elle devrait êlre dans le cas où notre minéral se rapporterait
à cette dernière espèce, que je serais porté à le considérer, au moins provi-
soirement, comme constituant une espèce nouvelle que je proposerais d'ap-
peler pisile. Cependant, comme j'en ai fait déjà la remarque, il est probable
que l'analyse de M. Damour a porté sur des globules mélangés de gangue,
et il se peut que cette matière étrangère ait fourni une portion de la silice
excédante, peut-être aussi l'alumine et la chaux que l'on remarque parmi
les substances inscrites dans cette analyse. «
CHlRURGIli — ÀuloplaUie par transformation inodulaire ; nouvelle méthode
opératoire pour achever la cjuérison des anus contre nature, après l'entéro-
tomie; par M. Jj.waiER.
(Commissaires, MM. Velpeau, Cl. Bernard, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.)
« Un but ordinaire de l'autoplastie et sans aucun doute le plus difficile
à atteindre, est de boucher l'ouverture accidentelle et permanente d'un ré-
servoir ou d'un conduit excréteur.
» Le procédé le plus habituel de l'art est de rafraîchir les bords de la
solution de continuité et de les réunir, soit entre eux sans intermédiaire,
soit aux bords ou au contour d'un lambeau emprunté à une région le plus
souvent voisine, et amené de diverses manières à leur niveau.
» La méthode nouvelle que je propose au jugement de l'Académie est là
transformation d'im organe ou d'une portion d'organe déjà engagé, par le
fait de la maladie, à travers l'orifice de la fistule et qui se continue avec la
lèvre interne des bords de cet orifice; ainsi transformé, cet organe devient
un obturateur permanent.
» Chez une malade de 6 1 ans, que je traite encore à l'Hôtel-Dieu, il s'agissait
de fermer un anus contre nature suite de hernie ombilicale gangrenée, sans
infundibulum. L'entérotomie avait fait communiquer les deux bouts de
l'intestin, et toutes les matières passaient par l'anus naturel, pourvu qu'une
compression exacte fût faite sur l'anus anormal. Mais, sans cette compres-
sion, la totalité des fèces passait par la fistule. Celle-ci avait 4 centimètres
au moins de longueur, sur 3 centimètres de largeur. Depuis l'application
de l'entérotomie, ce large orifice était conunun aux deux bouts, c'est-à-dire
au cloaque dans lequel ils s'abouchent. Il était rempli par un bourrelet mU'
( ^49)
queux très-saillant, mais réductible par l'introduction du doigt; il reparais-
sait quand cette pression avait cessé.
» On aurait pu tenter de le décoller circulairement sur tout le contour
de l'anus anormal, pour appliquer ensuite la suture des surfaces saignantes.
De l'aveu de celui qui a fait le premier cette opération hardie, le succès n'a été
dû qu'à un hasard heureux de la dissection. Il faudrait en effet, pour la ré-
péter avec quelque sécurité, connaître à l'avance 1 étendue des adhérences
péritonéales, qui unissent l'intestin à la paroi abdominale. Or on ne les con-
naît point. J'ai proposé, cette année même, de suppléer à celte ignorance,
en accroissant l'étendue de ces adhérences par une opération préalable ana-
logue aux procédés de l'entérotomie, et cette opération préalable, je l'ai
faite avec succès sur ma malade (i). Elle est un préliminaire indispensable
de la suture par introversion. J'avais formé d'abord le projet de recourir à
cette suture. Mais la vue de ce bourrelet, qui remplissait l'anus anormal,
me donna l'idée de le convertir en un véritable bouchon inodulaire, et je
choisis pour opérer cette transformation, le cautère actuel.
» Il ne s'agissait point, en effet, ici d'attirer vers un centre des bords
cutanés ou muqueux mobiles, comme dans les fissures ou perforations du
voile du palais, ou de la voûte palatine, mais de combler un espace large à
contour aponévrotique et peu mobile. Il fallait d'ailleurs détruire un des
principaux obstacles à la guérison, la membrane muqueuse elle-même.
Le cautère actuel en olive fut porté hardiment sur toute la surface du
bourrelet muqueux. Je revins plusieurs fois à cette opération, la variant
quant à la profondeur et la durée. Le cautère fut engagé à diverses reprises
dans l'intestin lui-même, pour atteindre la membrane muqueuse du cloaque
au voisinage de l'anus anormal. Cette brûlure profonde du bourrelet mu-
queux fut, après la chute des escarres, suivie d'adhérences intimes entre
ses deux moitiés. Elles constituent aujourd'hui une sorte de plancher solide,
qui dispensera peut-être la malade de porter un bandage ombilical. Aucun
accident n'a suivi l'application du cautère actuel : la malade n'a pas cessé
un seul jour de prendre des aliments, et en même quantité.
» Aujourd'hui existe encore à l'angle supérieur de l'ancienne solution
de continuité une ouverture étroite en entonnoir, à peine capable de rece-
voir une très-petite sonde de femme. Elle ne laisse plus échapper qu'une
(i) Paquet cacheté déposé ea iSSg à l'Académie des Sciences.
C. R., 1859, a°»« Semestre. ( T. XLIX, N» 6.) 33
( a5o )
sérosité verdâtre et mousseuse, parfois encore abondante. Il est déjà arrivé
que pendant vingt-quatre et quarante-huit heures tout écoulement a été
suspendu. Je regarde la guérison comme prochaine; l'état actuel n'est plus
qu'une légère incommodité.
» Le succès obtenu jusqu'ici suffit d'ailleurs pour caractériser la méthode
et pour autoriser à formuler les propositions suivantes :
» 1°. Un organe saillant à travers une large fistule, adhérent à sa lèvre
interne dans tout son contour, a été transformé en bouchon inodulaire
ferme et épais, et est devenu ainsi l'agent de la guérison, tandis que sa
nature muqueuse, avant l'opération, en faisait une complication de la fis-
tule. Il est donc désormais indispensable de compter au nombre des mé-
thodes autoplastiques la transformation inodulaire d'un organe placé dans
les mêmes conditions.
» 2°. Ce mode de guérison devient une ressource précieuse dans le trai-
tement des anus contre nature les plus larges, privés d'infundibulum, et
même ombilicaux.
» On entrevoit, sansque j'y insiste en ce moment, les applications et la
portée de ces transformations, qui diffèrent du simple avivement des bords
d'un orifice fistuleux; j'ajouterai que j'ai tenté à l'Hôtel-Dieu, depuis une
quinzaine de jours, une nouvelle cure d'anus anormal inguinal, et je puis
certifier, ce qu'il est d'ailleurs facile de vérifier, que deux applications pro-
fondes du cautère actuel ont suffi pour réduire au quart l'écoulement des
matières, et changer la nature de l'écoulement.
» Je dois dire aussi que dans ce dernier cas, déterminé d'avance à em-
ployer le cautère actuel pour former le bouchon inodulaire, je me suis dis-
pensé des procédés opératoires, qui ont pour but, comme je l'ai indiqué
plus haut, d'étendre préalablement les adhérences péritonéales, accroisse-
ment préliminaire qui conserve sa valeur s'il s'agissait d'opérer la suture
de Gély dans la méthode par introversion intestinale. «
M. Mène adresse la première partie d'un Mémoire ayant pour litre :
o Recherches sur l'existence de l'iode dans les plantes, les animaux ter-
restres, l'air atmosphérique, etc. »
C'est à la recherche de l'iode dans l'air qu'est presque exclusivement
consacrée cette première partie du travail, dans laquelle l'autei/r fait con-
naître les résultats d'une série d'analyses commencées au Creuzot et pour-
suivies à Lyon. Des vingt analyses dont les résultats sont indiqués, il n'en
( 25' )
est pas une qui ne constate d'une part l'absence de l'iode, de l'autre la
présence de corps étrangers qu'on ne songera pas pour cela à donner
comme composants essentiels de l'air; ce sont, outre du charbon, des traces
de fer, de silice, de chaux, matières sans doute entraînées par le vent et
tenues en suspension par l'agitation de l'atmosphère. L'iode pourrait être
trouvée de même, mais ce sera toujours un cas accidentel. A la vérité quel-
ques chimistes, qui considèrent son existence dans l'air comme le cas normal
ou du moins général, l'expliquent en faisant intervenir des causes constantes,
comme l'action des vents sur les eaux de la mer. Si cette action est telle qu'ils
la conçoivent, ce ne serait pas seulement un peu d'iode qu'on trouverait
dans l'air, mais beaucoup de chlorures, de bromures, de sulfates, etc.
(Commi«saires, MM. Peloiize, Balard, Fremy.)
M. BiLLiARD adresse de Corbigny (Nièvre), comme supplément à un pré-
cédent Mémoire sur l'hématose, deux Notes qui sont renvoyées à l'examen
des Commissaires nommés pour cette première communication, MM. Ber-
nard et Pelouze.
M. PiLARSKi, qui avait précédemment présenté une Note sur le traite-
ment du choléra-morbus et donné la formule d'une potion qu'il administre
en pareil cas, envoie une rectification à cette formule qu'il avait inexacte-
ment transcrite dans sa première communication.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant, déjà saisie de la première Note. )
CORRESPONDANCE.
M. R. C. Christie, secrétaire de la Société littéraire et philosophique de
Manchester, transmet une Note, sous pli cacheté, en priant l'Académie d'en
accepter le dépôt jusqu'à l'époque où sera connu le jugement de la Commis-
sion chargée de décerner le grand prix de Mathématiques pour 1860. —
L'auteur de cette Note ne peut se faire connaître, puisqu'il se propose de
concourir pour le prix en question. Son Mémoire, dont la rédaction n'est
pas terminée, doit être présenté avant le tei*me fixé pour la clôture du con-
cours. Mais voulant établir ses droits à la priorité, si elle hii appartient,
comme il le suppose, il donne dès à présent ses principaux théorèmes et les
adresse sous une enveloppe portant la devise qui sera reproduite sur son
Mémoire.
Le dépôt de la Note cachetée est accepté.
33..
( 252 )
.MÉTÉOROLOGIE. — Obsewcitions sur ta division des éclairs en plusieurs hranches;
par M. Emm. Liais.
ic La division des éclairs de la première classe en plusieurs branches est
un fait tellement rare, que dans son importante Noti<^e sur le tonnerre
Arago n'a pu citer que deux cas declairs fourchus. Dans la première édi-
tion de cette Notice, en 1837, il ne mentionna qu'un seul cas de trisection
dans un orage ordinaire relaté par William Borlux. En feuilletant tous les
recueils académiques, il ne put trouver un second cas de trisection dans les
orages ordinaires, et fut obligé, pour obtenir une nouvelle citation, de
recourir aux nuées volcaniques et de mentionner l'orage du 18 juin 1763
sur le revers méridional de l'Etna, où Ferrara rapporte que d'immenses
globes de fumée noire mêlée de cendres et de poussières eiiflammées étaient
sans cesse traversés par des éclairs à trois pointes. Dans la nouvelle édition
de sa Notice seulement, il put ajouter un second cas de trisection dans un
orage ordinaire : c'est un éclair observé le 25 juin 1794, dont la relation,
provoquée par sa première édition, lui fut adressée par M. Jean de Char-
pentier. Jusqu'ici l'existence d'éclairs à plus de trois branches n'a pu être
constatée.
» Ayant été témoin, à San Domingos (Brésil), dans la soirée du 3o janvier
dernier, d'un orage extrêmement curieux, où plus du tiers des éclairs étaient
fourchus, où des éclairs extrêmement nombreux à trois, quatre, cinq bran-
ches ont été remarqués, où enfin il a paru quelques éclairs à une telle
quantité de branches, qu'il n'a pas été possible de les nombrer, je crois
donc devoir en relater la description.
» La journée du 3o janvier fut très-chaude. Il résulte des observations de
l'Observatoire de Rio-Janeiro que la température était, à 7 heures du matin,
de 29°, 4; à I heure du soir, de 33°, 3, et à 5 lieures, de 3i°,2. Le baro-
mètre était au-dessous de son niveau moyen et marquait à l'Observatoire,
élevé de 67 mètres au-dessus du niveau de la mer, à 7 heures du matin,
752°, 20; à I heure, 75i",96, et à 5 heures, 751°, 60. Il était donc presque
fixe, un peu descendant cependant; mais la plus grande partie de son
mouvement apparent provenait de la variation diurne. L'hygromètre de
Saussure marquait, aux mêmes heures, 95° et 96°, 5.
» Pendant la journée, le vent souffla très-faiblement du sud-est; dans la
matinée, l'air était pur et un soleil ardent tombait sur le sol encore un peu
humide de la pluie des orages du soir des jours précédents. Dans l'après-
( a53 )
luidi, il y avait quelques cirrus. En approchant du soir, d'autres nuages,
espèce de cumulo-stratus, se formèrent au coucher du soleil; le ciel était à
peu près couvert.
» A 7 heures quelques éclairs commencèrent à paraître dans l'est, et à
7*' To™ l'orage avait acquis toute son intensité. En cet instant partaient con-
tinuellement, à un intervalle d'une à deux secondes, des éclairs en zigzag
dont plus du tiers se bifurquaient. Ces éclairs étaient blancs et très-vifs.
Quelquefois ils semblaient tendre légèrement vers une teinte un peu bleuâtre,
d'autres fois un peu orangée. Ils ne formaient pas des zigzags avec inter-
ruptions, comme cela se voit dans beaucoup d'orages, mais des lignes bri-
sées continues présentant parfois des courbes, et de plus chacune de ces
lignes était sinueuse, comme en général une ligne tracée par une main trem-
blante. Les éclairs ne se terminaient pas en pointe, mais ils présentaient
généralement à l'extrémité où ils s'arrêtaient une forme un peu arrondie.
Quoique ces éclairs fussent très-rapides, il m'a paru qu'on suivait leur déve-
loppement et le sens de leur propagation avec une facilité plus grande que
dans les orages ordinaires. On voyait très-rarement deux éclairs à la fois,
et jamais je n'ai aperçu plusieurs éclairs consécutifs à une fraction de se-
conde d'intervalle, comme cela se voit dans un grand nombre d'orages.
Leur émission avait une certaine régularité. Leur intervalle était rarement
notablement inférieur à une seconde. Il n'y avait pas d'éclairs dans la di-
rection du zénith, et le siège de l'orage était du côté est du ciel et renfermé
dans une région comprise entre 4oet 70 degrés environ du zénith. La plupart
des éclairs n'étaient accompagnés d'aucun bruit. De temps en temps on en-
tendait un léger roulement dans le lointain^ mais sans pouvoir distinguer,
vu la fréquence, à quel éclair il se rapportait. Aucun éclair diffus n'a été
remarqué. Ils paraissent donc avoir été inférieurs à la couche supérieure de
nuages sur laquelle ils se projetaient. Beaucoup d'entre eux semblaient
partir d'une sorte de cumulus très-petit situé à peu de hauteur au-dessus
de l'horizon et se propager avec ui> mouvement ascendant apparent.
D'autres semblaient sortir de la couche supérieure et se projeter avec un
mouvement apparent inverse. L'orage n'était pas accompagné de pluie. Au
commencement seulement, il est tombé quelques larges gouttes. Le nuage
supérieur sur lequel se projetaient les éclairs ne couvrait pas le ciel entier, et
quelques étoiles se montraient.
» Je passe maintenant à la partie la plus curieuse du phénomène. Outre
les éclairs bifurques et les éclairs à trois ou quatre branches, qui étaient
aussi très-fréquents, il ne s'écoulait pas de minute sans que l'on vît ce que
( ^54 )
l'on pourrait appeler des éclairs arborescents. C'étaient des éclairs qui se di-
visaient en plusieurs branches principales, lesquelles se ramifiaient à leur
tour en une multitude de rameaux,, qui présentaient d'ailleurs les mêmes
sinuosités et les mêmes terminaisons arrondies que les autres éclairs. Il n'y
avait d'autre moyen de compter ces branches que de reproduij'e immédia-
tement sur le papier l'impression laissée sur !a rétine. L'un de ces éclairs,
que j'ai remarqué particulièrement, ot qui paraissait se propager en descen-
dant, se divisait d'abord en trois branches, qui se subdivisaient à leur tour
de manière à former en tout quinze rameaux. ]'ai remarqué même des éclairs
à un nombre de branches plus grand encore, tellement nombreux, que la
totaUté des détails ne pouvait se graver dans l'esprit. Le plus remarquable
de ces éclairs était rayonnant, et non arborescent, c'est-à-dire que sa pro-
pagation se fit en tous sens, en partant d'un centre, d'où jaillirent six bran-
ches se subdivisant en une multitude de rameaux. J'ai aussi remarqué des
éclairs arborescents qui semblaient s'élever de derrière le cumulus dont j'ai
parlé, et les éclairs rayonnants furent assez nombreux de leur côté. M. Félix
Taunay, qui a vu l'orage, non pas seulement à San Domingos, mais à Ti-
juca, a remarqué les mêmes apparences. Au jardin Botanique, M. Candido
Baptista d'Oliveira a noté la fréquence des subdivisions des éclairs et leur
multiplicité.
M L'orage sembla rester immobile. Au bout de dix minutes environ, la
fréquence des éclairs diminua ; les intervalles doublèrent environ et s'éle-
vèrent à trois ou quatre secondes, et à S** i S" les éclairs avaient cessé, le grand
nuage ayant paru diminuer et se porter un peu vers le sud. Enfin, à 8''3o'",
le ciel était presque découvert; à 9 heures la lumière zodiacale se voyait à
J 'ouest et à l'est au-dessous de la voie lactée, faisant le tour entier du ciel,
comme je l'ai noté antérieurement et signalé dans une de mes précédentes
communications.
» Il est bon de mentionner peut-être que là veille de cet orage la mer
était d'une phosphorescence extraordinaire et comme je ne l'avais pas en-
core vue. Le soir de l'orage, au contraire, elle avait la physionomie habi-
tuelle entre les tropiques.
i> Depuis l'orage que' je viens de décrire, j'ai fait une attention spéciale
aux éclairs dans'la baie de Rio-Janeiro, et j'ai pu me convaincre que la bis-
section des éclairs y est un fait très-fréquent. J'ai noté ce phénomène plu-
sieurs fois dans les orages des 18, ig, 20, 22 et 27 février. Les 18, 22 et
27 février, il a apparu plusieurs éclairs, les uns arborescents, les autres
rayonnants, à un grand nombre de branches, et qui présentaient d'ailleurs
( a55 )
le même caractère que ceux du 3o janvier; leur fréquence était toutefois
beaucoup moindre. Le 27 février, la tendance de quelques-unes des bran-
ches à se terminer eu boule était assez marquée. Je n'ai toutefois vu d'éclairs
réellement en boule que le 22 février. Ce phénoipène s'est reproduit trois fois.
Il semblait voir une boule de feu courant sur les nuages en laissant une
sorte de traînée comme un bolide, mais dans laquelle on ne distinguait pas
de particules distinctes, et parcourant un angle de 10 à i5 degrés dans un
temps compris de ^ à -|^ seconde. Dans cette même soirée, j'ai noté, un peu
plus tard, à San-Domingos, une chute assez forte de grêle. Quoique les
orages aient lieu tous les soirs dans la saison chaude, c'est la seule fois que
j'ai vu de la grêle au Brésil, et il paraît que cela n'arrive guère que tous
les trois ou quatre ans. Le 20 février, j'ai vu un éclair partir d'un nuage
situé sur l'horizon sud et se diriger sur une masse de nuages à 45 degrés en-
viron de hauteur, en traversant un vaste espace de ciel bleu qui séparait
ces deux nuages. Cet éclair n'a fait entendre qu'un très-léger bruit. Sa lon-
gueur devait donc être immense. Le 19 février, j'ai observé un éclair qui a
couru presque parallèlement à l'horizon, dans une amplitude que j'ai notée
par alignements pris à terre, et que j'ai trouvée de 1^1 minutes. L'intervalle
entre l'éclair et le commencement du bruit a été de vingt-quatre secondes,
ce qui donne 1 5 kilomètres pour longueur minimum de cet éclair. <>
CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches chimiques sur les vins de la Toscane ;
par MM. O. Silvesthi et C. Giannelli. (Extrait.)
« Ce travail comprend le dosage de l'alcool, de l'eau, des matières orga-
niques et minérales, comme aussi la constatation de la glycérine sur les
vins toscans de l'année 1857 (i).
» On a dosé l'alcool par le procédé Gay-Lussac. La quantité d'alcool
contenue dans les vins toscans varie entre 4 et i4 pour 100. La moyenne
déduite de 67 déterminations, faites sur un pareil nombre de variétés de
vins, est d'environ 9 pour 100. Une seule variété de vin rouge, provenant
d'une localité dite Ferrajolo, près de Sienne, a fourni en alcool 17,5 pour 100
à la température de 10°, 5. Il est à remarquer que le vin Monte Pulciano,
que Redi déclarait « le roi de tous les vins >», ne contient que 9311 pour
100 d'alcool, et il n'est pas maintenant le meilleur des vins toscans.
» Tous les vins toscans, sans exception, contiennent de l'acide acétique
libre, qui sans doute est un des produits de l'oxydation de l'alcool.
(i) Nos recherches ont été faites dans le laboratoire de chimie de l'Université de Pise, sous
la direction de M. de Luca.
( 256 )
» La moyenne des matières organiques dosées dans les vins toscans cor-
respond, sur loo parties, à 2,62
Les substances minérales ou cendres, à. . . o, 24
L'eau, à. . 88,00
Et l'alcool, à 9?24
100,00
» Conformément aux belles recherches de M. Pasteur sur la fermentation
alcoolique, les vins doivent contenir, comme produit constant du dédou-
blement du sucre de raisin, une certaine quantité de glycérine. Cette re-
cherche a été faite par M. Ubaldini sur deux variétés de vins : on a obtenu
une petite quantité d'un liquide sirupeux, légèrement sucré, capable de se
volatiliser par la chaleur en répandant des fumées blanches et une odeur
particulière fade. Ce liquide ne fermente pas par la levure de bière, mais
donne, par l'action de l'iodure de phosphore, du propylène iodé C H* I,
qui à son tour dégage du gaz propylène au (lontact de l'acide chlorhydrique
et du mercure. Tous ces caractères sont ceux de la glycérine qu'on retire
des corps gras. »
CHIRURGIE. — Note sur la cure radicale de la tumeur et de la fistule lacrjmales
par Cocclusion des conduits lacrymaux ; par M. Tavignot. (Extrait.)
« .... Notre nouveau procédé est plus simple que l'excision palpébrale que
nous avons longtemps employée avec succès, mais qu'il fallut dans quel-
ques cas répéter jusqu'à deux et trois fois. Il consiste à introduire dans
chaque conduit lacrymal un stylet de platine pénétrant jusqu'au sac lacry-
mal, et à chauffer à blanc, avec une pile de Bunsen, les deux petits corps
métalliques qui agissent dès lors comme cautères actuels et en détruisant
dans une grande étendue la trame organique qui forme les conduits. L'es-
carre qui obstrue les conduits s'oppose immédiatement au passage des
larmes, et lorsque celle-ci est éliminée, la cicatrice qui s'est formée a obli-
téré déjà ces mêmes conduits lacrymaux. »
La séance est levée à 5 heures. F.
ERRAT J.
(Séance du i" août iSSg.)
Page 187, dans la note , ligne 6 d'en bas, au lieu du i" mars 1857, lisez du 1" mars 1847.
i»9Q0<
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 16 AOUT i859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
«
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les oxydes de fer et de manganèse et certains sulfates
considérés comme moyen de transport de l'oxjgène de l'air sur les matières
combustibles; par M. Fréd. Kuhlimann. (Première partie.)
« Dans l'étude des phénomènes qui s'accomplissent dans les couches
superficielles du globe, il ne faut négliger aucune source d'action ; car, si
faible qu'elle puisse être, lorsqu'elle est aidée par la succession des siècles,
elle peut amener dans la constitution du globe les plus importantes modi-
fications.
a Les sources d'action qu'il est surtout important d'approfondir sont
celles où l'agent principal intervient, non par ses principes constitutifs,
mais seulement comme une sorte de navette, pour transporter certains corps
et les placer dans des conditions favorables à leur combinaison avec
d'autres.
» Lorsque, dans nos fabriques, nous faisons intervenir le deuloxyde
d'azote pour transporter l'oxygène de l'air sur l'acide sulfureux et faire
C. R., i859, a°>« Semestre. (T. XLIX, N" 7. ; 34
( 258 )
passer ce dernier à un état d'oxydation plus avancé, ou lorsque nous em-
ployons l'acide acétique comme intermédiaire pour fixer sur le plomb l'oxy-
gène et l'acide carbonique de l'air, nous faisons usage d'un de ces leviers
qui, dans la nature, donnent lieu spontanément aux phénomènes les plus
variés.
» Depuis de longues années, j'ai porté mon attention sur ces actions suc-
cessives et lentes, et j'ai mis en relief toute leur importance dans divers
Mémoires qui figurent dans le Recueil des travaux de la Société Impériale des
Sciences de Lille, et dont quelques-uns ont eu l'honneur de l'insertion dans
les Comptes rendus de l'Académie.
» Ainsi j'ai appelé l'attention des chimistes sur le rôle que joue l'oxvgène
dans les phénomènes de coloration des végétaux et dans leur décoloration
par l'acide sulfureux et par la fermentation putride.
» J'ai examiné la propriété de certains corps pouvant servir de réservoir
d'oxygène pour le transporter sur les corps oxydables, ajoutant quelques
faits aux importantes observations de M. Schœnbein.
)) Mes recherches sur les eftlorescences des murailles m'ont conduit à
faire une étude approfondie de la nitrification, où les transformations lentes
et successives jouent un si grand rôle.
» Cette étude, qui comprend l'action de l'éponge de platine sur divers
mélanges gazeux, m'a conduit dès 1846 à constater qu'il existe une relation
intime entre la nitrification et la fertilisation des terres.
» J'ai expliqué dès lors comment l'ammoniaque, produit immédiat de
la décomposition des matières animales, passait, sous l'influence de l'eau
aérée et des corps poreux, à l'état d'acide nitrique ou de nitrate d'ammo-
niaque, et comment, dans les parties inférieures du sol, l'acide nitrique
formé, désoxygéné par la fermentation putride, était ramené à l'état d'am-
moniaque.
■» J'ai expliqué encore comment l'ammoniaque intervient, sans décom-
position, pour transporter l'acide nitrique sur la chaux et la magnésie,
lorsque les carbonates de ces bases font partie constituante des terres ara-
bles^ de même que le carbonate d'ammoniaque intervient pour déplacer
la silicedes silicates alcalins, en donnant naissance aux pétrifications sili-
ceuses.
» Enfin, dans l'ordre des applications industrielles, j'ai expliqué com-
ment une quantité limitée de carbonate de potasse ou de soude pou-
vait servir à précipiter indéfiniment du carbonate de chaux à l'état pul-
vérulent, de l'eau crayeuse qui sert à alimenter les chaudières à vapeur,
en empêchant les incrustations si nuisibles à la conservation de ces chau-
dières, (t
» Une circonstance particulière a ramené dans ces derniers temps mou
attention sur ces phénomènes lents et successifs où interviennent d^ aj^ents
de transport.
Altération du bois de bordage des navires.
» En parcourant les chantiers de construction de Dunkerque, j'ai eu
l'occasion d'examiner les débris d'un navire en démolition, et j'ai constaté
avec un vif intérêt une altération profonde des planches de bordage sur
tous les points où le bois avait été traversé par des clous ou des chevilles
de fer.
» A quelques centimètres de distance de ces points, le bois était à demi
charbonné par une sorte d'érémacausie; les parties ainsi brûlées se déta-
chaient sous un faible effort, la fibre du bois ayant perdu toute son élas-
ticité. -
» Rien de pareil ne s'était produit là où le bois avait été fixé au moyen
de chevilles en cuivre ou en bois.
» J'ai appris depuis de M. de Frémi n ville, l'habile professeur de construc-
tion navale à l'Ecole impériale de la Marine, que ce phénomène était géné-
ral ; qu'il était une cause avérée de la prompte destruction de la coque des
navires en bois, et qu'à ce titre il méritait d'être l'objet d'une étude appro-
fondie.
» L'explication, qui tout d abord se présenta à mon esprit, consistait à
admettre que le fer, sous l'influence continue de l'eau de mer et de l'air, se
rouille rapidement et que l'oxyde formé, en contact avec le bois, subit une
action contraire et passe, sous cette influence désoxydante, de l'état de
sesquioxyde à l'état de protoxyde,
» Le protoxyde reprend à l'air de l'oxygène, le transporte de nouveau
sur le bois en lui faisant subir d'une manière continue les altérations dont
j'ai parlé.
» Ainsi le fer jouerait à l'égard du bois et, par suite, des matières combus-
tibles en général, le rôle du deutoxyde d'azote dans la fabrication de l'acide
sulfurique, celui du vinaigre dans la fabrication de la céruse, celui que j'ai
attribué au carbonate de soude dans le service des chau)[lières à vapeur,
au carbonate d'ammoniaque dans les pétrifications siliceuses. Le sesqui-
34..
( 26o )
oxyde de fer subirait des modifications analogues à celles que subit, dans
les terres arables, l'acide nitrique qui, sous l'influence de la putréfaction
dgs matières organiques, passe à l'état d'ammoniaque pour se régénérer en-
'suite aux dépens de l'oxygène de l'air ou des coi'ps oxygénants.
» Il ^st d'ailleurs facile de se convaincre que c'est dans les propriétés^u
fer qu'il faut chercher la cause de l'altération du bois; car cette altération
a lieu sur tous les points où se présente l'oxyde; elle s'étend parallèlement
aux fibres du bois aussi loin que le fer a pu, par quelque dissolvant, être
transporté dans son épaisseur.
» Si l'altération du bois se bornait au bois de chêne, on aurait à se de-
mander si le tanin n'a pas pu exercer une certaine influence dans la réac-
tion ; mais les mêmes phénomènes se présentent pour le bois de sapin. C'est
donc dans l'oxyde de fer seul, quelle que soit la cause de son développe-
ment, qu'il faut chercher la clef des altérations observées.
» .T'ai constaté d'ailleurs que l'oxyde de fer engagé dans le bois n'est pas
au même degré d'oxydation dans toute la masse. Il est à l'état de sesqui-
oxyde en plus grande partie dans les couches superficielles du bois que dans
le centre, où la présence du protoxyde a été facilement constatée par le
ferrocyanide de potassium.
)) L'explication précédente suppose que le sesquioxyde de fer peut être
réduit partiellement par le seul contact de matières organiques non encore
arrivées à leur décomposition putride : voici à ce sujet le résultat de quel-
ques expériences confirmatives.
» I. Le sesquioxyde de fer hydraté agité à froid avec des dissolutions
diversement colorées, en opère la décoloration d'une manière très-éner-
gique par la formation de laques. Ces laques le plus souvent contiennent
du fer au minimum d'oxydation, la réduction partielle du sesquioxyde ayant
lieu par oxydation de la matière colorante.
» Les couleurs sur lesquelles l'action du sesquioxyde de fer a été la
plus énergique sont celles du bois de campêche, du bois de Brésil, de la
cochenille, du curcuma, du bois d'acajou.
» La désoxydation a été presque nulle par l'indigo et le tournesol.
)) Ces résultats pouvant s'expliquer par la grande affinité qu'ont pour
l'oxygène certaines matières colorantes dans l'état où elles se rencon-
trent dans les plantes, j'eus recours pour d'autres essais à des matières
organiques placées, par leur composition et leurs propriétés, dans des
conditions plus rapprochées du ligneux.
( a6, )
» II. Des dissolutions de sucre de canne, de glucose, de gomme ont
été soumises à l'ébuUition en présence de l'hydrate de sesquioxyde de
fer. A
» La réduction a été des plus énergiques par le glucose, moindre par
le sucre de canne, et faible par la gomme. Avec le glucose, la réaction est
déjà sensible à froid.
» m. J'ai essayé enfin l'action de l'essence d'amandes amères sur de
l'hydrate de sesquioxyde de fer séché à loo degrés. La réaction a eu lieu
dans un. tube de verre fermé à la lampe, lequel a été maintenu à la tempé-
rature de loo degrés pendant di^t heures.
» Dans cette expérience, il s'est produit une grande quantité de benzoate
de protoxyde de fer. Une partie de l'oxyde non dissous était à l'état de
protoxyde.
» Ajoutons que des phénomènes de destruction de la matière organique
au contact de l'oxyde de fer, sans l'intervention des gaz désoxydanffe de la
fermentation putride, se produisent tous les jours sous nos yeux. Il n'est
personne qui n'ait été à même de constater qu'après un ou deux lessivages
des tissus de lin ou de coton, les taches d'encre sont remplacées par des
trous. Les impressions en rouille présentent les mêmes inconvénients, et trop
souvent les étoffes teintes en noir prennent une teinte brune; et comme
elles perdent de leur solidité, on les soupçonne d'avoir été brûlées en tein-
ture, pour me servir de l'expression consacrée.
» J'ajouterai encore les faits suivants observés dans une longue pratique
du blanchiment par un de mes élèves, M. Dietz.
» I. Lorsque les parois intérieures des cuves de lessivage en tôle, par la
réparation des inscrustations calcaires qui les recouvrent habituellement,
sont mises à nu, et que le fer se trouve en contact immédiat avec les tissus,
ces derniers, dans les parties supérieures où l'air a un facile accès, se cou-
vrent de rouille, et, dans toutes les parties tachées, leur altération devient
inévitable.
» IL Lorsque dans les tissus communs fabriqués avec des déchets de
coton il se trouve des paillettes de fer provenant des cardes ou autres appa-
reils mécaniques, ce fer se rouille pendant les opérations du blanchiment,
et en quatre ou cinq jours l'étoffe est trouée sur les points où la rouille a
été déposée (i).
4
(i) M. Edouard Schwartz, qui a porté son attention sur les causes des altérations que j'ai
signalées, prétend que dans la teinture les protoxydfs de fer et de manganèse, qu'on dépose
( 202 )
» Il me paraît évident que cette action si énergique du sesqiiioxyde de
fer n'est pas étrangère aux causes qui déterminent les inflammations spon-
tanées si fréquentes dans les déchets de coton ou de laine. Si l'oxydation
des huiles qui imprègnent souvent ces matières est une circonstance favo-
rable à ces inflammations, la place où l'oxyde de fer a été déposé est pro-
bablement le point de départ de l'incendie.
» Les résultats de mes expériences et tous ces faits journellement obser-
vés paraissent concluants pour faire admettre par les chimistes que le ses-
quioxyde de fer peut servir à transporter l'oxygène de l'air sur les matières
organiques et en hâter la destruction. Cet oxyde fait en quelque sorte fonc-
tion de réservoir d'oxygène se remplissant aux dépens de l'air au fur et a
mesure qu'il se vide au profit de la combustion des corps combustibles.
» En ce qui concerne l'altération du bois de bordage des navires, aujour-
d'hui que les causes de cette altération sont mises en évidence, il suffira
sans doute pour l'éviter d'étamer ou de zinguer les clous et chevilles en
fer ou de les remplacer par des clous ou des chevilles en cuivre.
» J'aborderai dans la seconde partie de ce travail les considérations
agronomiques et géologiques qui s'y rattachent. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
, CHIMIE APPLIQUÉE. — Note iur temptoi du coal-tar en médecine; par M. J.-C.
Calvert. (Présentée par 7Ï/. Clievreul.)
(Commissaires nommés pour les précédentes communications sur les
mélanges désinfectants : MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquel.)
« Je viens de lire dans le Compte rendu du 2 5 juillet dernier l'intéres-
sante communication de M. Velpeau et les savantes remarques de mon
sur les tissus et qu'on oxyde en vue d'obtenir le sesquioxyde de fer et le bioxyde de man-
ganèse, déterminent souvent « l'oxydation du tissu lui-même sur lequel ils sont appliques,
" et il établit cette proposition : qu'une substance en s'oxydant détermine aussi l'oxydation
» du corps en présence duquel elle se trouve, alors même qu'à l'état d'isolement ce dernisf
» n'est pas oxydable. » (Persoz, Traité de l'impression des tissus, vol. I, p. 3ii.)
.le pense que les considérations dans lesquelles je suis entré ne laisseront dans l'esprit des
chimistes aucun doute sur la cause réelle de raltcration des tissu^r A l'oxydation par entraî-
nement que suppose M. Schvvartz, je substitue une succession de réactions qui n'a de limite
que la destruction de la matière combustible.-
( 2G3 )
maître M. Chevreul, au sujet de la pâte désinfectante de MM. Demeaux et
Corne. En conséquence des laits (]iii prouvent que le coal-tar agit comme
antiseptique, en empêchant la putréfaction des produits rejetés par la plaie,
il est probable que cette pâte sera employée dans divers pays. Je crois
n'être pas trop présomptueux, en appelant l'attention de l'Académie sur les
faits suivants, qui montrent combien on doit attacher d'importance à bien
connaître la composition du goudron à employer.
» La composition du coal-tar varie énormément. Ainsi, celui obtenu
avec des houilles de Newcaslle est composé presque exclusivement de naph-
taline, celui du boghead de paraffine, et celui du Wigan-cannel-coal de
benzine et acide carbolique, celui des houilles du Staffordshire de peu de
benzine, d'acide carbolique et de beaucoup d'huile lourde ou de carbures
d'hydrogène neutres, ainsi que le prouvent les résultats suivants :
Produits volatils. Acido Carbure
Benzine. carbolique. H neutre. Paraffine. Naphtaline. Pitcli.
Boghead 12 3 3o 4' <* '4
Cannel g i4 4° o '5 22
Newcastle 2 5 12 o 58 23
Staffordshire 5 9 35 o 22 2g
» D'après les nombreuses expériences que j'ai faites pour connaître quel
était dans le goudron le produit qui empêche la putréfaction des matières
organiques animales lorsqu'on les met en contact avec eux, j'ai trouvé que
la paraffine, la benzine, la naphtaline et l'huile lourde de houille n'avaient
que peu de pouvoir antiseptique, mais que l'acide carbolique possédait cette
propriété au plus haut degré.
» Ainsi, en t85i, à l'école de médecine de Manchester, des cadavres in-
jectés avec une dissolution faible de cet acide se sont parfaitement conser-
vés pendant plusieurs semaines; à la même époque, un morceau de chair
de cheval, trempé dans l'acide et exposé aux intempéries des saisons, s'est
conservé plus de trois ans sans décomposition.
» Un millième d'acide carbolique, ajouté pendant l'été à de l'urine, la
conservait fraîche pendant trois à quatre semaines, fait dont j'ai tiré avan-
tage lors de mes recherches sur la présence de l'acide carbâzotique dans
les urines ; et je me permettrai d'appeler spécialement l'attention des méde-
cins sur cette propriété de l'acide carbolique, qui peut être de la plus grande
utilité. Enfin, des peaux d'animaux, frottées intérieurement avec cet acide,
se sont conservées sans vermine pendant plusieurs années.
» J'ai publié en i855, dans Edinburg new PhilosophicalJournal, xm petit
( a64 )
Mémoire sur l'application de l'acide carholique ajouté en minime quantité,
o,ooi, pour empêcher la fermentation gallique ou la conversion de l'acide
tannique en acide gallique dans les extraits de matières tannantes livrées
au commerce, tels que sumac, dividivi, etc., ce qui a permis depuis lors
aux fabricants d'extraits de matières tannantes de les conserver pendai>t
plusieurs mois. »
Remarques de M. Chevreul à [occasion de la communication de M. Calvert.
« A l'occasion de la Note de M. Calvert, je ferai remarquer les inconvé-
nients résultant de l'absence de toute règle de nomenclature. Mais recon-
naissons avant tout l'à-propos de cette Note indiquant la diversité de com-
position d'une matière portant un nom unique, coal-tar. Effectivement la
composition immédiate du coal-lar étant indéfinie, il pourrait arriver, si
réellement le bon effet de la poudre de MM. Demeaux et Corne tient à un
certain principe immédiat, par exemple à l'acide carbolique comme le croit
M. Calvert, que ce principe manquant dans un tel échantillon de coal-tar, la
poudre dans laquelle cet échantillon entrerait serait inefficace. Voilà une
conséquence possible de l'emploi d'une matièr.e dont la composition est
indéfinie, et le nom unique.
•> Maintenant qu'est-ce que Y acide carbolique préconisé par M. Calvert?
C'est un solide cristallisable, obtenu de la distillation d'un assez grand
nombre de matières d'origine organique eten particulier de certaines houilles.
La connaissance de ce corps, dont la découverte appartient à M. Runge,
remonte à l'année i834; il n'a pas reçu moins de cinq noms, acide carbo-
lique^ phénol, acide phénique, alcool pliénique, lijdrate de phényle , tous noms
ayant chacun une signification relative à une certaine composition qu'on at-
tribue au corps auquel on donne ce nom.
» Ceux qui pensent que les difficultés inhérentes aux sciences naturelles
sont assez grandes pour ne pas les augmenter, n'hésiteront pas à blâmer les
dénominations irréfléchies données à un même corps.
» J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que je poursuis mes expé-
riences sur les saveurs et les odeurs, et que je ne tarderai point à lui commu-
niquer la solution de plusieurs questions qui m'ont occupé depuis la publi-
cation de mes Considérations générales sur l'analyse organique et sur ses
applications (1824).
» D'anciennes expériences sur les saveurs de plusieurs acides organiques
ont été répétées, et j'ai pu constater la modification que ces acides reçoivent
f 265 )
dans leur manière d'agir sur le goût de leur union avec une matière orga-
nique neutre qui neutralise ou atténue quelques-unes de leurs propriétés
organoleptiques, notamment la saveur, sans pourtant neutraliser leur pou-
voir de saturer les bases salifiables.
» J'ai constaté que Vastriclion ou la stjpticilé, conformément à ma ma-
nière de penser déjà ancienne, n'est point à proprement parler une saveur,
parce qu'il est possible, en mettant dans la bouche une matière astringente
douée en même temps d'une saveur sucrée ou amère, de ne percevoir que
la sensation de Vastriclion ou de la stypticité sans aucune sensation de sucré
ou d'amer.
M La saveur sucrée, la saveur amère .... existent certainement.
» La difficulé réelle de mes recherches actuelles concerne les goûts ou
odeurs dites métalliques. Si les expériences que j'ai tentées ne me donnent
])as bientôt un résultat satisfaisant, je me déciderai à les ajourner et à pu-
blier mes recherches sur les saveurs. Enfin j'espère être bientôt en mesure
de donner plus de précision à quelques considérations générales relatives
aux sens de l'ouïe, de la vue, de l'odorat et du goût. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Emploi du perchlorure de fer dans le traitement des
plaies dites purulentes ; par M. A. Terreil.
( Commissaires nommés pour les précédentes communications sur les
mélanges désinfectants : MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquet.)
« Au moment où l'attention des savants est fixée sur l'action désinfec-
tante que le mélange de plâtre et de goudron de houille de MM. Corne et
Demeaux exerce sur les matières organiques animales en putréfaction, j'ai
l'honneur de soumettre à l'Académie, par quelques observations relatives
au même phénomène, l'action que le perchlorure de fer exerce sur les
liquides de l'économie animale en général, et en particulier sur les liquides
albumineux purulents qui s'écoulent des plaies de mauvaise nature.
» Le perchlorure de fer, en dissolution bien neutre et très-concentrée, a
la propriété non-seulement de coaguler les liquides albumineux quelle
qu'en soit la nature, mais encore d'en arrêter la putréfaction et même d'en
opérer la désinfection lorsqu'ils répandent une mauvaise odeur. De l'albu-
mine de l'œuf, du sang et d'autres liquides albumineux ont été conservés
pendant plusieurs mois, sans donner trace de décomposition, après avoir été
coagulés de cette manière.
C. R., i859, 2'"" Semestre. (T. XLIX, K» 7.) 35
( 266 )
» Il est facile d'expliquer, dans ce cas, la manière d'agir du perchlorure
de fer, puisqu'on sait que ce composé contracte une combinaison avec l'al-
bumine; combinaison imputrescible dans laquelle l'albumine est modifiée
par du chlore que lui cède le perchlorure de fer qui passe à l'état de pro-
tochlorure comme l'indiquent les réactifs.
» Le coagulum produit par le perchlorure de fer, dans les liquides albu-
mineux, est soluble dans un excès de perchlorure de fer lorsque celui-ci
est peu concentré : un excès du liquide albumineux le redissout égale-
ment; il est très-soluble dans une eau légèrement ammoniacale; enfin,
soumis à l'action des acides minéraux concentrés, il se divise en grumeaux
noirâtres qui n'ont plus d'adhérence et qui dégagent une odeur particu-
lière.
» Je dirai en terminant que l'emploi du perchlorure de fer dans les
hôpitaux, quoique bien généralisé aujourd'hui comme hémostatique, n'a
])as rendu encore tous les services qu'on doit attendre de ce réactif,
parce que le perchlorure de fer dont on fait usage dans les hôpitaux est
toujours mélangé à une grande proportion d'acide libre, qui, tout en
détruisant l'efficacité du perchlorure de fer, apporte son action corrosive
sur les parties organiques mises en contact avec lui. Je crois donc impor-
tant d'indiquer ici la composition d'une dissolution de perchlorure de fer,
que j'ai déjà eu l'honneur de communiquer à l'Académie de Médecine, et
qui présente tous les avantages qu'on peut tirer du perchlorure de fer :
Perchlorure de fer anhydre cristallisé 20 grammes ou i partie,
. Eau distillée 80 grammes ou 4 parties.
» Cette dissolution, composée comme hémostatique, employée dans cet
état déconcentration, ou étendue de son volume d'eau, opère la coagulation
et la désinfection des liquides purulents qui s'écoulent des plaies de mau-
vaise nature, et peut être la guérison de celles-ci serait-elle la consé-
quence de l'emploi longtemps soutenu du perchlorure de fer, comme je le
propose. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Des phosphates fossiles employés en agriculture ; extrait
d'une Lettre de M. Delanode.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Cordier, Berthier,
Boussingault, Payen, de Senarmont, Passy.)
« ... Ce ne sont pas les phosphates plus ou moins ferriques, mais bien les
( ^67 )
industriels et les agriculteurs français qu'on doit accuser d'impuissance
pour l'amendement des terres; car les Anglais nous prouvent expérimen-
talement, depuis une quinzaine d'années, qu'on peut féconder parfaitement
les sols stériles avec ces mêmes phosphates minéraux.
» Quant à l'efficacité du phosphate ferrique simple pour la fertilisation
du sol, loin de la nier, je voudrais, au contraire, la proclamer; car j'ai
trouvé, comme M. Paul Thenard, l'acide phosphorique toujours combiné
au fer dans les bonnes terres arables. Il est, du reste, parfaitement superflu
de chercher quels agents pourraient vaincre l'insolubilité naturelle du phos-
phate ferrique pour le transmettre aux graines des céréales, par la raison
bien simple qu'il n'y arrive jamais.
» C'est le phosphore, et non le fer, qui est un élément indispensable de
l'organisme des semences de tous les êtres vivants. Aussi est-ce à l'état de
phosphates alcalins, et non ferrique, qu'on le retrouve si abondamment dans
les cendres de toutes les semences végétales ou animales quelconques. Il est
même probable qu'il existe comme le soufre dans les plantes et les animaux
à l'état, non d'acide, mais de combinaison organique. Quoi qu'il en soit,
cette décomposition du phosphate de fer par la potasse du sol n'offre rien
d'étonnant, puisque nous voyons dans nos laboratoires la potasse et la
soude en dissolution enlever au phosphate ferrique une bonne partie de
son acide. Le fer, comme l'a très-bien dit M. Paul Thenard, joue dans le
sol le rôle d'agent conservateur de l'acide phosphorique, qu'il fixe et em-
magasine à l'état de phosphate très-insoluble : tandis que la potasse et autres
agents assimilateurs l'enlèvent et le livrent aux plantes à l'état de phosphate
soluble, au fur et à mesure de leurs besoins.
» C'est l'efficacité et l'abondance de ces minéraux qui, employés conve-
nablement, peuvent fertiliser, quand on le voudra en France comme en
Angleterre, d'immenses étendues de sols stériles ou épuisés. Voilà ce qu'on
ne saurait trop répéter, car cela touche aux questions les plus vitales de
l'agronomie et même de l'économie politique. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur la résolution des équations
du cinquième degré; par M. Emm. Fergola, de Naples.
« On sait, dit l'auteur, qu'une équation quelconque du cinquième degrè
peut se réduire à la forme très-simple x* — x — a = o au moyen de trans-
formations qui dépendent de radicaux carrés et cubiques. D'après ce théo-
rème remarquable, dû au géomètre anglais Jerrard, le problème de la réso-
35..
"■^
( 268 )
lution générale de l'équation du cinquième degré se réduit à celui de la
résolution de la transformée qu'on vient de rappeler et l'on doit à M. Her-
niite la découverte remarquable des fonnules qui expriment les racines de
cette transformée à l'aide de fonctions elliptiques. En cherchant à résoudre
la même question sous un point de vue entièrement différent, et par des
moyens plus élémentaires, j'ai pu exprimer les racines de l'équation de
Jerrard au moyen de séries qui doivent être nécessairement convergentes.
La déduction de ces séries est l'objet de la Note que j'ai l'honneur de sou-
mettre aujourd'hui au jugement de l'Académie. »
(Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Hermite.)
OPTIQUE MÉTÉOROLOGIQUE. — Loi de la coloration et décoloration des images
dilatées des étoiles et des planètes et de leurs trous centraux dans leur ascen-
sion et déclinaison de l'horizon au zénith et vice versa; par M. Poey.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Faye, Delaunay.)
THÉRAPEUTIQUE. — Expériences concernant Cemptoi en chirurgie de l'alcool et
des composés alcooliques ; par MM. Batailiié et Gcillet.
(Commissaires, MM. Chevreul, J. Cloquet.)
M. J. Berthaux soumet aujugement de l'Académie une Note ayant pour
titre : « Projet d'un aérostat dirigeable basé sur l'emploi, comme locomo-
tive, d'un aérostat héliçdide. »
(Renvoi à l'examen de la Commission des aérostats.)
CORRESPONDANCE.
GÉOGRAPHIE. — Envoi de cartes dressées par le Prince rojal, aujourd'hui Roi
de Suède et deNorwége; Lettre de M. le baron Adelsward à M. le Secré-
taire perpétuel.
« Le Roi, mon auguste souverain, ayant lui-même, lorsqu'il n'était pas
encore monté sur le trône, dressé des cartes indiquant l'emplacement et la
nature diverse des bois et forêts, des mines et forges, ainsi que de la con-
figuration du sol en Suède, m'a chargé d'offrir de sa part l'exemplaire ci-
joint à l'Institut impérial de France. En m'acquittant de cette agréable com-
(^69)
mission, je crois devoir faire observer que le nombre' imprimé de ces cartes
est fort restreint. »
M. LE SECRÉTAIRE perpétdel met sons les yeux de l'Académie deux vo-
lumes accompagnés d'un Atlas, adressés par Sir W. Logan, directeur de la
Commission géologique du Canada, Rapports sur les travaux exécutés par
la Commission de i853à 1 856 et pendant l'année 1857.
M. Ch. Sainte-Claire Deville est invité à prendre connaissance de
cette importante publication et à la faire connaître à l'Académie par un
Rapport verbal.
M. LE Secrétaire perpétuel donne communication d'une Lettre de M. le
Secrétaire de l'Académie royale des Sciences de Prusse, accompagnant l'en-
voi de plusieurs nouveaux volumes des Mémoires. de cette Académie et de
ses comptes rendus pour l'année 1 858.
M. LE Secrétaire perpétuel communique également deux Lettres de
M. le Secrétaire de l^'Académie royale des Sciences de Bavière, en date du
i5 mai et du 12 juillet 1859, accompagnant divers volumes publiés par
l'Académie ou sous ses auspices. (Voir au Bulletin bibliographique.)
M. J. Cloquet offre à l'Académie, de la part de M. ÏVatson, de Stockton-
on-Tees, deux cartes des chemins de fer qui mettent en communication
directe les- houillères du comté de Durham avec les riches gisements de
mines de fer trouvés dernièrement dans le Yorkshire et qui sont actuelle-
ment en pleine exploitation. M. Cloquet présente à l'Académie des échan-
tillons de la mine d'Eton qu'il a visitée il y a peu de jours; parmi ces
échantillons se trouvent des coquilles et des bois pétrifiés et convertis en
minerai de fer.
(Renvoyées à M. Ch. Sainte-Claire Deville pour un Rapport verbal.)
M. FoRGET, professeur de clinique médicale à la Faculté de Stras-
bourg, prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre
des candidats pour une place vacante de Correspondant de la Sec-
tion de Médecine et de Chirurgie. Il rappelle qu'il a eu déjà l'honneur,
dans une précédente élection (26 février i856), de voir son nom placé sur la
liste et qu'à cette époque il avait adressé une liste complète de ses travaux;
( 270 )
aujourd'hui il se contente de mentionner ceux qui lui semblent les princi-
paux titres à la distinction qu'il sollicite.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur te changement de la variable indépen-
dante; par M. Simon Spitzer. (Suite.)
« L'équation qui suit offre un autre exemple tout aussi remarquable et
qui renferme le précédent comme cas spécial :
A„ (a + bx)"'^ + A„_. [a + ba:)-' ^ [^,7,]
qu'on peut écrire ainsi
r-
(«)
p-
et dans laquelle a, b, a,, b, sont des nombres constants. Soit
J=(<ï, +^,jî)"-'z,
on trouve
p — "
^^"i d"-P r y "t
SJA„_,(« + *:c)"-^[(«.-+-^x)"-^-'^]j = o,
p = o
et en multipliant par «, 4- b,x, on peut écrire
p=
Cette équation peut être simplifiée en introduisant une nouvelle variable
indépendante
a -r- br
K = 1 '
( 271 )
car on a
et, par conséquent, l'équation (a) se transformera en
S[A„_,(a.i_a^)'-r-l!Z^l = o,
p = o -•
dont l'intégration est facile quand A„_p est constant. Dans le cas spécial où
a, 6 — ab, = 0,
l'analyse doit être changée, car alors la fraction ^jLÈf. est constante, et
si l'on désigne sa valeur par a, on trouve au lieu de l'équation (2)
p="l
l
p = o' \
Quand on pose
1= V-'
«1 + 6,0:
et qu'on se rappelle que
('^'^^•^)""'"'^C(«'-^*<^r-'^j = ^'-^:,
on arrive à l'équation
p = nl
p=o[ " J
dans laquelle, quand A„_^ est constant, tous les coefficients sont constants
et dont l'intégration est facile.
» Si les coefficients A„_p n'étaient pas constants, mais de la forme
an-p + b„.
.pX,
ou rt„_p et b„-p sont constants, on pourrait arriver par la même voie à
■"-iî
( 27a )
des équations de la forme
+ (a, -+- /3, ?}? ^ + («0 + i3ol)z = o,
\. +(a,+p,?)^ + (ao + PoS)z = o,
où a et ]S sont des nombres constants.
» Je vais maintenant prouver les quatre formules suivantes :
(3)
df ^
= a'' t/^
df
dans
lesquelles
(B)
-+:^) ^/ , ■•,■ ,A [' (D)
ael b désignant des nombres constants. Dans le cas spécial, où
rt = è = o,
ces formules ont été données et prouvées pour chaque valeur de fi par
M. Liouville. J'établirai l'exactitude des formules (3) en supposant que
les indices de différentiation qui y paraissent sont des nombres entiers, et
je choisis pour cela la méthode d'induction. Quand on différentie les quatre
( ^73 )
équations par rapport k x et qu'on observe que
d^ I
Ax 2 Ç + a
,y/^+-
• 4*
on trouve, en multipliant par 2 i/jr + — ^
4
(4)
rfS
/«+I
= 2''+'(x + "— 4*
4
«' — 4*\ " '^V
-1 /f "1
(-"-v^r^
de-^'~ \ 4 J^EIM
^» L
/i-t
' 'J^li/^H-''^-^*
4
46
/'-(-i £
j',_46\ 2 ^2
rf^»\v/"^~
-46
4
']
» La deuxième et la troisième de ces dernières équations peuvent être
simplifiées, car on a
C. R., 1859, a"" SemeK/e. (T. XLIX N» 7.) 36
( 274 )
ce qui donne, à la place de ces deux équations, les suivantes :
]
-(fi + 1)2
d^
+1
-^ = 2''+'
rfï'^
rfx
/x+3i \ 4 y £^
-(fi+ 2)2''
» Celles-ci peuvent s'écrire
dl
■ dx-^\ L ''•^'' J
4
2 jâ,
„>_4è\ 2 rfV
./JT^
dx
et donnent, en les réduisant,
f/r
/t+i
dz^ L '^•^' J
( 275 )
On obtient donc par la différentialion des équations (3) par rapport à x les
formules suivantes :
(4)
ci'-
qui, comme on voit, sont de la même forme, mais non dans le même ordre
que les équations (3) desquelles on est parti.
» Quand on différentie par rapport à x ces dernières équations, on par-
vient aisément aux équations suivantes :
^^.
df-^'
dx '^ \_ f/^ 2 J
dx^ L rfx^^ J
j»H-a
- +1
d y _ ^^-2 rf"
(--^^') ^57.(7:^.)]
'36,
( a76 )
qui ne se distinguent des équations (3) qu'en ce que à la place de pi, il
y a fji, + 2. Alors les équations (A) et (C) sont exactes pour fi = i; donc
elles le sont aussi pour toutes les valeurs impaires de pt,. De même les équa-
tions (B) et (D) sont exactes pour fA = o; donc elles le sont aussi pour toutes
les valeurs paires de fjL. Il est donc prouvé que les équations (3) sont exactes
pour toules les valeurs de pi auxquelles correspondent des nombres entiers
pour les indices de différentiation. «
CHIMIE ORGANIQUE. — Examen chimique de lajraise, et analyse comparée de
ses diverses espèces ; par M. H. Buivnet.
« Les espèces de fraises sur lesquelles a porté l'examen chimique, sont :
la fraise des bois [Fragaria vesca), L.; la fraise des Alpes {Fragaria vesca
semper Jlorens); la fraise deBargemon [Fragaria bifera), Duchesne; la fraise
CoUina [ Fragaria Coltina), Ehrliardt ; la fraise Caperon [Fragaria etatior),
Ehrhardt; la fraise de Virginie [Fragaria Virginiana), Duchesne; la fraise
du Chili ( Fragaria Chiloensis), Linné. J'ai examiné en outre les variétés de
fraises comestibles qui n'appartiennent pas à des espèces botaniques défi-
nies, mais qui proviennent d'espèces douteuses ou du croisement des es-
pèces précédentes. De ce nombre sont les fraises Princesse Royale et Elton,
qui sont si abondamment répandues sur le marché de Paris.
» Les méthodes d'analyse auxquelles toutes ces fraises ont été soumises
ont eu pour objet les déterminations suivantes : i° proportion d'eau; 2° na-
ture et proportion de l'acide libre; 3° nature et proportion des sucres;
4" nature et proportion de la matière grasse ; 5° proportion de la matière
azotée dans la partie soluble et dans la partie insoluble des fraises; 6° pro-
portion du marc ou partie insoluble des fraises, et proportion du paren-
chyme non azoté; 7° essais sur la recherche des principes divers, tels que la
pectine, le principe odorant, le principe colorant; 8° nature et proportion
de matière minérale, tant dans la fraise entière que dans le marc.
)) Le défaut d'espace ne me permettant pas de relater ici tous les résultats
généraux auxquels je suis arrivé, je me bornerai à citer ceux qui se rappor-
tent à l'acide libre et aux sucres.
u J'ai constaté que l'acide qui existe à l'état de liberté dans la fraise, est
de l'acide malique. Sa proportion varie, suivant les espèces, depuis o,5o
jusqu'à 1 pour 100 du poids des fraises. L'acidité moyenne est donc
moindre que dans la framboise (i,5o pour 100) et dans la mûre (1,90
pour 100). Elle est comprise dans l'ordre de grandeur de l'acidité de la
( 277 )
pomme (0,75 pour 100); de la cerise douce (0,60 pour 100), delà pèche
(0,70 pour 100), du raisin, de la prune, de l'abricol (1,10 pour 100), tel
qu'il a été déterminé par Frésénius. La poire seule est douée d'une acidité
beaucoup moindre.
» Quant aux sucres que l'on rencontre dans la fraise, en combinant en-
semble lesindications fournies par la fermentation, par la liqueur de Fehling,
et par l'action sur la lumière polarisée, je suis arrivé à conclure qu'ils sont
constitués par un mélange de sucre de canne, de sucre de raisin et de sucre
iévogyre, ces deux derniers sucres se trouvant dans les proportions nor-
males du sucre de canne interverti. La présence du sucre de canne dans un
fruit acide est très-digne de remarque : d'après des essais que j'ai faits, j'ai
reconnu qu'elle n'est pas spéciale à la fraise, mais qu'elle peut être constatée
dans divers autres fruits acides.
» La proportion moyenne du sucre total varie depuis 6 jusqu'à i 2 pour 100
du poids des fraises. En la rapportant au poids des matériaux solubles, on
arrive à cette remarque importante, que les fraises sont, de tous les fruits
jusqu'ici analysés, ceux dont le jus est le plus riche en sucre. Le raisin seul
rivalise avec elles ; et encore le maximum de sucre trouvé dans ce cas par
Frésénius ne s'élève-t-il qu'à 84 pour 100 du poids des matériaux solubles,
tandis que j'ai trouvé une proportion notablement supérieure pour plusieurs
des variétés de fraises analysées.
» En rapprochant les résultats fournis par l'observation optique de ceux
qui ont été obtenus par l'analyse des jus faite immédiatement, et qui m'a
indiqué inie proportion souvent, considérable de sucre de canne; en ayant
égard à la disparition rapide de ce sucre de canne sous l'influence des sub-
stances qui l'accompagnent dans le jus, et à l'identité du sucre final avec
le sucre interverti; en considérant enfin que les fraises qui renferment le
moins d'eau sont celles qui renferment le plus de sucre de canne, et que
les fraises les plus aqueuses n'en contiennent pour ainsi dire aucune trace,
alors même qu'elles contiennent aussi peu d'acide libre que les premières,
je me suis trouvé conduit à expliquer ces faits avec quelque probabilité par
les hypothèses suivantes :
» 1°. I,.e sucre de canne qui existe dans la fraise se trouve contenu dans
des cellules ou vaisseaux distincts de ceux qui contiennent l'acide malique.
On ne concevrait guère en effet qu'il put coexister en présence de cet acide,
lorsqu'on le voit s'intervertir si rapidement dans le jus.
» a°. Le liquide sucré et le liquide acide se mélangent peu à peu sous l'in-
(.78)
fluoiice de l'endosmose avec une rapidité d'autant plus grande que la fraise
est plus aqueuse; d'où résulte que le changement du sucre de canne pri-
mitif en sucre interverti est en raison composée de l'acidité du jus et de la
vitesse du mélange.
» 3°. Le sucre de canne semble être le véritable sucre primordial de la
fraise, c'est-à-dire le seul qui se produise originairement dans l'élaboration
de son suc. Les autres sucres que l'on peut y trouver en même temps ré-
sulteraient du mélange inévitable qui vient d'être indiqué.
» A côté de ces résultats généraux, j'en ai obtenu d'autres qui appar-
tiennent plus spécialement aux diverses espèces de fraises et qui peuvent
servir à les différencier. Je ne puis rapporter ici le tableau complet de ces
résultats, mais je résumerai en quelques mots les caractères qu'ils assignent
aux espèces les plus ordinaires.
» Les fraises Princesse Royale et Elton, qui sont les variétés comestibles
de beaucoup les plus répandues, constituent un groupe de fraises très-
aqueuses, très-acides et peu sucrées. Ce sont certainement les espèces les
moins agréables.
» La fraise des bois et la fraise des Alpes sont caractérisées par la grande
quantité de graines qui recouvrent leur surface et qui les rend très-riches
en matière insoluble. Elles sont d'ailleurs beaucoup plus sucrées que les
précédentes, peu aqueuses et moyennement acides.
» Enfin les fraises Caperon, Collina d'Ehrhard et Bargemon constituent
un groupe de fraises très-peu aqueuses, très-peu acides et très-riches en
sucre. On remarque surtout qu'une proportion considérable de ce sucre se
trouve à l'état de sucre de canne (le tiers environ pour les fraises Bargemon
et Caperon , la moitié et même davantage pour la fraise Collina d'Ehrhard).
Ces trois espèces sont inconstestablement les meilleures.
» En terminant, je dois remercier M. Vilmorin du généreux empresse-
ment avec lequel il m'a offert toutes les fraises nécessaires à mes expé-
riences, et M. Berthelot, de l'obligeance qu'il a mise à m'aider de ses con-
seils dans le choix des méthodes d'analyse. »
MÉTÉOROLOGIE. — Résultai d'observations cT étoiles filantes obtenues du ^5 juillet
. au i3 août 1859 (extrait d'une Note de M. Coulvier-Gkavier).
« On savait que la présence de la lune devait contrarier les observations
des g, 10, II aoijt-, on pouvait néanmoins espérer observer encore durant
( 279 )
ces trois nuits. Il n'en a pas été ainsi, car le ciel, excepté le lo, pendant trois
quarts d'heure, a été entièrement couvert. Cependant d'après le tableau
que je donne un peu plus loin, dont les résultats ont été corrigés de la
présence des nuages et de la lune, et ramenés au nombre horaire de mj;iui7,
par un ciel serein , on trace une courbe parfaitement régulière en prenant
la moyenne de 3 en 3 observations, jusqu'au g août; puis, en se servant des
nombres obtenus les lo, la et i3, on a, suivant moi, les résultats de ces
derniers jours, comme si le ciel avait été parfaitement clair.
Durée
Nombre
Heures moyennes
Korabre
Moyennes
Ciel
de
des
des
horaire
de
Année.
Mois.
Dates.
visible.
l'Observation.
Étoiles.
Observations,
h
1 1 , l5
à minuit.
3 en 3.
.859-
Juillet.
25
9.0
h
1 ,5o
16
11,2
26
5,0
1 ,00
6
2,l5
4,0
6,5
27
9.0
1 ,00
4
1 1 ,i5
4,3
28
9.0
1,25
26
I ,52
i5,4 ]
.6,8
7.7 )
3o
9.0
1 ,5o
33
.,45
.3,3
Août.
,er
3,0
o,5o
3
12,45
2
9,0
0,75
24
2,37
'9'2 j
3
9,0
3,5o
28
10,45
.4,0
l3,7
5
2,0
o,5o
2
9>45
8,0 )
**
6
8,0
2,00
39
I3,3o
>9»' ]
7
8,0
2,00
43
1 ,00
16,2 1
'94
8
4,0
1 ,00
'9
12,45
22,8 )
10
Lune.
0,75
18
10,07
42,0
,
12
Lune.
1,75
■4
9,52
23,5
i3
Lune.
1 ,5o
10
10, i5
'9.3
» D'après les moyennes prises de 3 en 3 observations, on trouve que le
nombre horaire à minuit est successivement 6,5 étoiles; i3,3; 13,7; 19,4:
puis en prenant le relevé de la courbe, on trouve pour le 9 août 35 étoiles;
pour le 10, 4'^; pour le 11, 34; et pour la moyenne générale des 9, 10,
II août, 38,3; pour le 12, 23,5; pour le i3, 19,3. Ces nombres mon-
trent bien la marche ascendante et descendante de l'apparition du phé-
nomène.
» L'année dernière, le nombre horaire moyen des 9, 10, 1 1 août, a été
de 39,3 étoiles; cette année nous avons 38,3. Il en résulte que le maximum
d'août est resté à peu près stationnaire; on ne peut donc encore prévoir
s'il reprendra une marche ascendante, ou s'il continuera sa" marche décrois-
sante. »
( 28o )
M. ScnwADEFEYER phc l'Académic de vouloir bien lui fixer un jour pour
qu'il puisse faire sous ses yeux l'expérience de son procédé pour préserver
le blé de l'attaque du charançon.
Ce n'est point devant l'Académie que cette expérience devrait être faite,
mais devant la Commission qui a été chargée de s'en occuper. M. Payen,
Commissaire désigné, a d'ailleurs déjà déclaré qu'il ne pourrait s'occuper
de ce procédé que lorsque l'auteur l'aurait fait connaître par une descrip-
tion suffisamment détaillée, et en cas que le procédé diffère de celui que
M. Schwadefeyer avait précédemment indiqué et qui a été jugé insuffisant.
On le fera savoir à M. Schwradefeyer.
La séance est levée à l\ heures et demie. E. D. B.
BCLLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 8 août iSSg les ouvrages dont
voici les titres :
Résumé géodésique des positions déterminées en Ethiopie; par Antoine
d'Abbadie; br. in-8°.
Français de Nantes. Fie morale., politique et littéraire. Première période;
par V.Bally. Paris, 1859; br. in-8°.
La navigation atmosphérique; par E. Farcot. Paris, 1869; in- 12.
Mémoires de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; t. XXXI. Bruxelles,, 1859; m-(\°.
Mémoires couronnés et Mémoires des Savants étrangers, publiés par l'Aca-
démie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique ; t. XXIX,
1856-1 858. Bruxelles, i858; in-4°.
Mémoires couronnés et autres Mémoires, publiés par l'Académie royale des
Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; t. VIII. Bruxelles, 1859;
in-8°.
!( 28l )
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; 2* série, t. IV à VI. Bruxelles, i858 et iSSg; in-8".
Tables générales et analytiques du recueil des Bulletins de r Académie royale
des Sciences, des Lettres et des Beciux-Arts de Belgique; i'^ série, t. 1 à 23
(i832à i856). Bruxelles, i856; i vol. in-B".
Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique. Année 1859; in-ia.
Observations des phénomènes périodiques ; br. m-^°. (Extrait du t. XXXI
des Mémoires de l'Académie royale de Belgique.)
Annales de [Observatoire rojal de Bruxelles, publiées aux frais de l'Etat; par
le directeur A. Quetelet; t. XIV. Bruxelles, iSSg; in-4°.
Annuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles ; par A. Quetelet. Année
1859; io-i^.
Sur les travaux récents des géomètres et des astronomes relatifs à la théorie des
mouvements de la lune; par M. le professeur Gautier ; br. in-8°. (Extrait des
Archives des Sciences de la Bibliothèque universelle, juillet 1859.
Compte rendu de la Société impériale géographique de Bussie pour l'année
i858. Saint-Pétersbourg, 1869; t>r. in-8°.
Address. . . . Discours prononcé à l' assemblée annuelle de la Société royale
géographique de Londres le aS mai 1 859 ; par le président sir R.-I. MuRCHiSON.
Lodres, 1869; in-8°.
Annual report. . . . Rapport annuel du directeur général de la carte géologique
du rojaume-Uni (M. R.-I. MurCHISOn), etc., etc. ; br. in-S".
Anwendung. . . . Application du calcul des variations aux doubles et triples
intégrales; par M. le D' G.-W. Strauch. Vienne, i858;in-4''.
Actes divers de l'Académie d'Helsingfors, publiés en i858 et 1859;
28 br. in-8° et in-4°.
C. R., 1859, a™» Semestre. (T. XLIX, N<> 7.)
37
( 282 )
L'Académie à reçu dans la séance du 16 août 1869 les ouvrages dont
voici les titres :
Traité général pratique des eaux minérales de la France et de [étranger; par
J.-E. PÉTREQUiN et A. SocQUET. Lyon, iSSg; 1 vol. in-8°.
A tous et pour tous les agriculteurs, industriels, commerçants, travailleurs, et
des abus dont ils sont frappés. Du travail, son influence sur le présent et sur l'ave-
nir ; par C. Ancellin, ancien directeur de filature. Lille, iSSg; in-8".
Notice biographique sur J.-D. Gergonne, ancien recteur de [ Académie de
Montpellier ; par F. BouiSSON, professeur à la Faculté de Médecine. Mont-
pellier, iSSg; br. iii-8°.
Le professeur Bégin. Notice historique lue à In réunion générale de la Société
(le Médecine de Strasbourg du •] juillet iSSg; /)arM. F.-J. Herrgott, profes-
seur agrégé à la Faculté de Médecine. Strasbourg, i85g; br. in-S".
Faculté des Sciences de Montpellier, So" anniversaire de la nomination de
M. Marcel de Serres au professorat; ^ feuille in-4°.
Principes de musique avec l'échelle zonoïde et linéaire et les notes nouvelles ;
/->flr Jean-David FONVIEILLE. Nîmes, iSSg; in- 12.
Géologie. Etudes nouvelles sur la formation de la terre; par M. Carret,
pharmacien à Chambéry. ^ feuille autograpliiée in-S".
Du rouissage du lin, du chanvre, de l'ortie de Chine et autres textiles, rendu
manufacturier et salubre, Mode français, procédés brevetés de Louis Ter-
WANGME, à Lille (Nord); | feuille in-8°.
Carte h/psographique du royaume de Suède.
Carte indiquant la position et la nature des bois et forêts de la Suède par
rapporta leur destination.
Carte des mines, hauts-fourneaux et forges du royaume de Suède .
Ces trois Cartes ont été dressées par S. A. R. Charles-Louis-Eugène,
prince royal de Suède et de Norwége.
Sulla. . . Sur la vie et les œuvres d'Alexandre de Humboldt. Discours de
Catherine Scarpellini. Rome, iSSg ; | feuille in-4".
%
( ^«3)
Geological . . . Description géologique du Canada pour tes années 1 853- 1 85^ .
Toronto, 185; ; a vol. in-8° avec atlas in-fol°,
A paper... Sur un système uniforme d'observations météorologiques sur
tout le continent américain; par le major R. Lachlan. Cincinnati, 1859;
br. in-8°.
Cleveland-railway, 1869; 1 feuilles grand in-8°.
Monumenta seciilaria : publications de l'Académie royale des Sciences de
Bavière pour la Jeté du 100^ anniversaire de sa fondation, 28 mars 1869. Mu-
nich, 1859; in-4°.
A.tlas . . . Atlas pour l'histoire de la découverte de l' Amérique, publié d après
les originaux; par MM. F. RuNSTMANN, Ch. DE Spruner et G. -M. Thomas,
accompagnant les Monumenta secularia; grand in-fol.
Rede . . . Discours prononcé à l'occasion du 1 00^ anniversaire de la fondation
de l'Académie de Munich, le 28 mars i85ç);parM. G.-L. DE Maurer. Munich,
1859; br. in-4°.
Magnetische . . . Recherches magnétiques dans l'Allemagne septentrionale,
la Belgique, ta Hollande et te Danemarck , par M. le D' J. Lamont. Munich,
i858; in-4°.
Erinnerung. .. Eloges des membres delà classe des Sciences physiques et
mathématiques, prononcés te 29 mars 1859 par le D' Martius. Munich,
3809; in-4°.
Almanach... Almanach de t^ Académie royale des Sciences de Bavière pour
l'année 1809; ifi-iS.
Uebersicht . . . Aperçu des résultats des observations atmosphériques recueil-
lies à l'Institut météorologique de Berlin, pour l'année i855; in-4''.
Uebersicht . . . Tableau de la température de l' Allemagne septentrionale
d'après tes observations de l'Institut météorologique de Berlin, pour les années
1 856-1 858 ; in-4».
Magnetische... Observations magnétiques et météorologiques de Prague;
année i858. Prague, 1859; in-4'*.
Untersuchungen . . . Recherches d'Instoire naturelle de l'homme et des
( 284 )
animaux; par[U. J. MOLESCHOTT; V« vol., 2« et 3« cahiers; VI* vol.,
i" cahier; 3' livr. in-S".
Bericht... Rapport sur la première assemblée des Ingénieurs des Mines à
Vienne, du lo au iB mai i858. Vienne, iBSg; in -8°.
Jahrbuch. . . Compte rendu annuel de t établissement géologique de Vienne,
année i858; n°4;in-8<'.
■-»<»»<
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉmE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 AOUT 1859
PRÉSIDENCE DE M. CHASLES.
^lÊMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
THÉRAPEUTIQUE. — Nouvelles observations recueillies dans les hôpitaux de Milan
sur l'utile emploi du mélange désinfectant de MM. Corne et Demeaux; Lettre
de M. le Maréchal Vaiixant à M. le Président de l'Académie.
« Quartier général de Milan, le i6 août 1859.
I) .Te vous ai demandé la permission de vous tenir au courant des expé-
riences tentées sur les blessés autrichiens restés à Milan, à l'aide du topique
Corne-Demeaux. Voici ce que m'écrit, en date du i6 courant, M. le doc-
teur Cuveiller, dont j'ai eu l'honneur de vous envoyer un premier Rajiport
le 3 de ce mois.
« Monsieur le Maréchal,
» D'après vos ordres, et conformément aux instructions laissées par M. le
)> baron Larrey, la poudre de coal-tar a été employée dans les hôpitaux de
» Milan, où se trouvaient des blessés atteints de plaies frappées de gangrène
» et de pourriture d'hôpital. Les premières applications du topique, soit en
)) poudre, .soit en pommade, ont commencé le i" août : les résultats immé-
C. R., iSâOia"»* Semestre. (T. XLIX, N" 8.) 38
( a86 )
» diats ont été très-favorables, et les propriétés désinfectantes du topique
» ont été constatées sur plus de vingt blessés traités par plusieurs médecins.
» Il a été en outre constaté que, sous l'influence de cette préparation et d'un
» bon régime, les plaies, d'abord désinfectées, se sont ensuite modifiées, et
» que l'aspect de la plupart d'entre elles s'est amélioré en peu de jours.
» L'on n'a dû cesser de faire usage du topique désinfectant que lorsque les
» plaies, ramenées dans des conditions normales, ont pu ressentir l'action
» des médicaments ordinairement employés pour favoriser la marche de la
» cicatrisation.
» Vingt observations recueillies dans lès hôpitaux de Milan mettent ces
» conclusions hors de doute. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — De la présence de i acide butyrique dans plusieurs sub-
stances oh l'on n'avait pas encore signalé son existence, et notamment dans les
terres, dans les eaux de mares et dans le jus de fumier; par M. Isidore Pierre.
( Présentée par M. Chevreul. )
a Depuis l'époque où M. Chevreul publia .les résultats de ses belles re-
cherches sur les corps gras, l'acide butyrique avait peu fixé l'attention des
chimistes jusqu'au moment où, dans un travail remarquable, MM. Pelouze
et Gélis ont montré que l'acide butyrique peut se former en abondance aux
dépens du sucre en présence de matières organiques en putréfaction. Vers
la même époque, le prince Charles Bonaparte constatait la présence de ces
mêmes acides dans les eaux des tanneries. Chargé, il y a quatre ans, de
l'examen d'un cidre gâté qui avait occasionné d'assez graves désordres dans
la santé des personnes qui en faisaient usage, j'ai pu facilement y constater
la présence d'une proportion très-notable d'acide butyrique, et c'était la seule
substance à laquelle il fût rationnel d'attribuer les accidents qu'on avait ob-
servés chez les consommateurs. Depuis cette époque, j'ai été à même de con-
stater de nouveau cette production d'acide butyrique dans le cidre, et j'ai
vu jeter sur la voie publique des lies de cidre rendues tellement infectes par
la présence de cet acide, qu'elles auraient pu facilement servir à une abon-
dante préparation de ce désagréable produit, dont l'odeur poursuit pendant
si longtemps ceux qui l'ont manié. On retrouve encore bien souvent l'acide
butyrique dans le sol des celliers à cidre, surtout dans la terre située au-
dessous des canelles, et qui absorbe les égouttures qui tombent chaque fois
que l'on va faire sa provision aux gigantesques tonneaux de notre basse
Normandie. Enfin j'avais encore constaté, il y a six à sept ans, la présence
de l'acide butyrique dans les eaux provenant du lessivage de deux échantilr
( ^87 )
Ions de terre qui n'avaient pas reçu d'engrais depuis au moins quatre ans : le
premier de ces deux échantillons avait été pris dans la couche du champ
comprise entre la surface et une profondeur de 20 centimètres, à huit places
différentes; le second échantillon, aux mêmes stations, mais à une pro-
fondeur plus grande, comprise entre 20 et 4o centimètres. J'avais été obligé
d'ajourner, faute de temps, les recherches plus étendues que je me propo-
sais d'entreprendre sur ce sujet. Dans le courant de mars i SSg, M. Coillieux,
médecin vétérinaire distingué de notre ville, appela d'une manière toute
particuHère l'attention de la Société d'Agriculture de Caen sur les accidents
graves qui s'étaient manifestés chez un cultivateur des environs à la suite
de l'usage d'eaux malsaines : un assez grand nombre de chevaux avaient
été sérieusement malades, et deux d'entre eux avaient succombé. Ij'auteur
de cette communication ajoutait qu'il lui était impossible de reconnaître
d'autre cause de ces accidents que l'emploi, pour abreuver ces animaux,
de l'eau de la mare située dans la cour de la ferme, et il rappelait à cette
occasion des accidenls analogues qu'il avait été à même d'observer dans sa
longue pratique. L'analyse des eaux de cette mare m'y fit reconnaître faci-
lement la présence d'une assez forte proportion d'acide butyrique à l'état
salin : la constatation fut d'autant plus facile, que j'avais cru devoir opérer
sur I hectolitre d'eau, et que j'ai pu retirer une quantité notable d'acide
en n'opérant que sur 2 décilitres d'eau. Je me suis d'abord demandé d'où
pouvait provenir cet acide butyrique ; mais une information plus complète
m'apprit bientôt que l'on avait jeté sur le fumier, à peu de distance de la
mare qui servait d'abreuvoir, une quantité considérable de betteraves
gelées, qui avaient dû, sous l'influence des pluies, fournir à la mare une
partie de leurs jus altérés. L'examen du jus pressé de quelques-unes de ces
betteraves y a fait également réconnaître la présence de l'acide butyrique.
Les jus de fumier qui coulaient dans la mare contenaient donc les éléments
de la production de cet acide, du sucre et des matières en voie de décom-
position avancée susceptibles de jouer le rôle de ferment butyrique, et cet
acide a pu ainsi se former en proportion notable.
» L'examen de l'eau de cette mare ne m'y a fait d'ailleurs constater la
présence d'aucune autre substance assez malfaisante pour qu'il fût permis
de leur attribuer la cause des accidents qui m'avaient été signalés. J'ai été à
même de constater depuis, dans toutes les eaux brunes des matées de cows de
ferme que j'ai examinées, la présence de l'acide butyrique, et elles en ren-
fermaient en proportion d'autant plus forte, que les purins y avaient un
plus facile accès. Les purins eux-mêmes en contiennent souvent une assez
38..
( 288 )
forte proportion, et cela sans qu'aucune addition apparente de matière
sucrée soit venue en favoriser la production,
» Le fait de l'existence de cet acide une fois constaté, sa production peut
aisément s'expliquer. En effet, on a trouvé des matières sucrées dans presque
tous les végétaux, dans les pailles des céréales et dans les fourrages con-
sommés dans les fermes. Une partie de ces matières sucrées des fourrages
échappe à l'assimilation et est restituée par les déjections du bétail; il doit
donc s'en trouver en proportions notables dans les fumiers, et les expé-
riences de MM, Verdeil et Risler en ont constaté la présence jusque dans les
terres de l'Institut agronomique de Versailles. Ces matières sucrées, trouvant
dans les engrais du sol et dans les fumiers le ferment convenable, peuvent
être transformées plus ou moins complètement en acide butyrique.
» Quoi qu'il en soit de l'explication, le fait est constant, I'acide buty-
rique a été trouvé dans des cidres, dans des mares servant d'abreuvoir, dans les
purins ou jus de fumiers, dans des terres en culture. Il est probable que des
recherches ultérieures plus nombreuses et plus variées viendront montrer
que la production de cet acide a lieu plus souvent qu'on ne le pense dans
les fermentations mal soignées des jus sucrés destinés à la préparation des
boissons alimentaires, et en particulier dans la préparation des cidres.
» C'e.st ici le cas de rappeler, pour en signaler les dangers, une pratique
beaucoup trop répiindue en Normandie dans la fabrication des cidres. Pour
faciliter l'extraction du jus de la pomme, et surtout pour préparer l«s cidres
destinés à l'abondante consommation journalière des employés de la ferme,
on ajoute pendant le brassage une quantité d'eau plus ou moins considéra-
ble, suivant le degré de force qu'on se propose de donner à la boisson qu'on
veut préparer; or on a longtemps prétendu, et l'on prétend encore dans
beaucoup de pays à cidre, que les eaux de mares sont préférables pour cet usage
aux eaux de sources claires et limpides. On peut jusqu'à un certain point
comprendre que l'emploi d'eaux un peu brunes puisse donner un cidre
plus coloré ; mais cette pratique n'est pas sans danger pour la conservation
du cidre et pour la santé des personnes qui doivent le consommer. En effet,
nous avons en présence dans cette boisson du sucre et des substances en
voie de putréfaction, et, pour peu que la température favorise la réaction,
il peut y avoir production d'acide butyrique, c'est-à-dire production d'une
substance malsaine, d'une boisson déte.stable par son mauvais goût, et dont
l'usage quotidien, en aussi grande abondance qu'on le pratique en basse
Normandie, peut occasionner des accidents sérieux.
» Prochainement j'espère pouvoir donner quelques détails sur la mesure
( a89 )
de l'insalubrité des boissons qui contiennent de l'acide butyrique libre ou
combiné dans des proportions déterminées, et j'espère que la connaissance
de ces faits conduira les cultivateurs à prendre à l'avenir plus de précautions
en vue d'éviter l'emploi pour leur bétail de ces eaux réellement malsaines,
et pour eux et leurs domestiques de ces boissons antihygiéniques. »
M. Cl. Benbard présente, au nom de l'auteur, M. Virchow, de Berlin,
une Note sur le Trichina spiralis.
MÉMOIRES LUS
CHIMIE AGRICOLE. — Considérations sur la formation de l'acide nitrique dans le sol;
^arM.P.THENAHD. (Ouverture d'un paquet cacheté déposé legmai iSSg.)
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Boussingault.)
a Dans le dernier Mémoire que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie, j'ai dit que sous l'influence de l'oxygène ozone, du carbonate de chaux
et de l'eau, le fumate de chaux, dont une des propriétés est d'être très-peu
soluble, se transformerait après la combustion d'une partie de son carbone
et de son hydrogène et la fixation simultanée d'une certaine quantité d'oxy-
gène, en un sel de chaux très-soluble et toujours du genre fumique.
» J'ai dit encore que j'avais fait cette expérience dans l'espoir d'arriver
à la combustion et par suite à l'élimination complète du carbone et de
l'hydrogène, et à l'oxydation également complète de l'azote; mais que mes
espérances avaient été trompées, et qu'au lieu de l'acide nitrique sur lequel
je comptais en dernière analyse, je n'avais obtenu qu'un acide fumique plus
oxydé et qui semblait être le dernier terme de l'action de l'ozone sur les
fumâtes.
m^ependant quoique l'expérience eût semblé prononcer, quoique après
un très-long traitement et une certaine déperdition d'ozone elle ne m'eût
donné qu'une oxydation de l'acide fumique, qu'on me permettra d'appe-
ler momentanément, et pour faciliter le langage, acide peifumique, il me
restait encore des doutes sur cette impuissance de l'ozone, je m'outillai
donc mieux, je repris le travail, et cette fois je réussis : après vingt-cinq
jours d'une action continue, aidé de vingt-cinq grands éléments de Bunsen
fortement chargés (les zincs furent renouvelés trois fois et ils pesaient
a, 5 kilogrammes en commençant) et agissant sur un mélange de 8 litres
d'acide sulfurique saturé d'acide chromique, je finis par nitrifier complète-
ment 3 grammes de fumate de chaux sec.
( ago )
» Le but était donc atteint : cependant avant d'obtenir ce résultat et
pendant que je croyais encore à l'impuissance de l'ozone, guidé d'ailleurs
par les expériences si précises de M. Boussingault, qui avait démontré que
dans une terre fumée, dans le terreau et dans certains composts il se forme
spontanément des nitrates, je recherchai si par une autre voie que celle de
l'ozone on ne pouvait pas expHquer cet important phénomène : c'est au
peroxyde de fer dont certains sels abondent et dont la plupart contiennent
des proportions importantes, que je me suis adressé comme agent de nitri-
fication, comme le prouve le dépôt cacheté que l'on peut consulter, et que
j'ai envoyé à l'Académie dès le commencement de mai.
» Cette fois dès la première expérience, et nombre de fois depuis, mes
vues se sont entièrement vérifiées.
» En effet, quand dans un ballon de a litres on introduit 8 à lo gram-
mes de fumate de chaux hydratée, autant de carbonate de chaux, 4o à
5o grammes de peroxyde de fer et i | litre d'eau; quand on entretient pen-
dant quinze jours le tout à une ébullition très-modérée, et sans permettre
à l'air de rentrer dans le ballon, on obtient :
» 1°. Une transformation du fumate de chaux insoluble en perfumate
soluble ;
» a". Une réduction du peroxyde de fer en protoxyde;
» 3°. Une formation d'acide carbonique;
» 4**' Et dans les derniers jours des quantités très-notables d'acide azo-
tique.
)) Maissi, au lieu d'empêcher l'air de rentrer dans le ballon, on en facilite
l'accès en en injectant perpétuellement au milieu du liquide, l'opération
s'active et la réduction du peroxyde de fer est bien moins complète.
» Après avoir reconnu cette action spéciale de l'oxyde de fer sur des pro-
duits et par des moyens exclusivement de laboratoire, j'ai essayé de m^rap-
procher davantage de la nature. Dans une première série d'expériences où j'ai
ajouté du fumate de chaux à une terre artificielle et humide, composée de
grès épuré, de carbonate de chaux et de peroxyde de fer, j'ai reconnu, au bout
de trois semaines à un mois, la présence d'importantes quantités d'acide
azotique : mais si à ce mélange on ajoute encore de l'argile et si on laisse
intervenir l'air et la lumière en ayant soin d'humecter de temps en temps,
l'opération marche plus vite encore, mais alors on ne trouve plus de pro-
toxyde de fer, il s'est oxydé aux dépens de l'air au fur et à mesure de sa for-
mation.
» Je devrais donner ici les résultats obtenus dans les mêmes circonstances;
( 291 )
mais en supprimant le peroxyde de fer; une maladresse et un voyage urgent
ont retardé mes recherches; cependant, sans vouloir me prononcer aujour-
d'hui, j'ai tout ïieu de croire qu'ils marcheront dans le même sens.
» Dans la deuxième série des expériences j'ai tenu à constater que, dans
l'ébuUition prolongée de terres arables dans l'eau et sans le concours de
l'air, il se formait d'autant plus de perfumate et d'azotate, que ces mêmes
terres contenaient plus de peroxyde de fer, et que dans cette même ébullition
le peroxyde de fer subissait une réduction : les expériences ont encore
répondu à ces données.
» En résumé, d'après toutes ces observations il mesemble permis de con-
clure que le peroxyde de fer, en contact avec certaines matières organiques
azotées, de même que l'ozone, est un puissant agent d'oxydation et même de
nitrification, et comme il a cet avantage qu'une fois devenu protoxyde il se
suroxyde spontanément à l'air, il en résulte que son action sur les sels est
d'autant plus grande, qu'ils sont en plus grande quantité et qu'ils sont plus
perméables. Le peroxyde de fer serait une espèce de rouage intermédiaire
dont la nature se servirait pour transmettre aux fumâtes insolubles, et par
suite non assimilables, l'air dont ils ont besoin pour se transformer en per-
fumates solubles et assimilables. Ainsi que les silicates et l'ozone, ce serait
un nouvel et puissant assirailateur. Que de plus, pour qu'il y ait forma-
tion de perfumates et surtout d'azotates, il faut que le milieu où ils se
produisent soit absolument privé d'acides : car du moment où l'on sup-
prime le carbonate de chaux, la réaction s'arrête pour reprendre aussitôt
qu'on en remet un excès.
» Maintenant à un point de vue purement abstrait, pour le moment du
moins, le peroxyde de fer en agissant sur les acides fumique et perfumique
tranforme-t-il leur charbon et leur hydrogène en acide carbonique et en eau
seulement, ou bien la réaction est-elle plus complexe? J'inclinerais à le
croire, car en même temps que l'acide azotique se forme, il se produit des
traces non équivoques d?une matière très-odorante et ressemblant tout à
fait sous ce rapport au baume de Tolu. Or, d'où viendrait cette matière
puisque aucune des substances mises en présence n'ont d'odeur ou de réac-
tions énergiques? il est donc à croire que c'est un dédoublement qui la
produit.
» J'espère que la suite de mes recherches sur ce sujet, et les récentes
observations que M. Ruhlmann vient de faire lui-même sur l'oxydation des
matières organiques sur le peroxyde de fer, élucideront bientôt la question.
» Quoiqu'il en soit, j'étudie dans ce moment le produit, sans doute très-
( 292 )
complexe, que j'appelle acide perfumique; je suis parvenu à m'en procurer
d'importantes quantités, et j'ai déjà reconnu qu'agent assimilable lui-même
il était en outre un puissant agent assimilateur des phosphates; ce qui vient
encore à l'appui de cette idée : qu'un même corps peut dans le sol remplir
plusieurs des fonctions que j'ai précédemment indiquées. »
Le paquet cacheté, déposé par M. Thenard au mois de mai iSôg et ou-
vert aujourd'hui sur sa demande, renferme une Note contenant dans ses
propositions l'exposé des résultats qu'il avait dès lors obtenus sur le rôle
du peroxyde de fer comme agent de nitrification.
CHIRURGIE. — Note sur un nouveau procédé pour l'extirpation des polypes
naso -pharyngiens ; par M. Maisoxneuve.
(Commissaires, MM. Andral, Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.)
« La position profonde des polypes na.so-pharyngiens, la presque impossi-
bilité de les saisir par les voies naturelles, a depuis longtemps inspiré aux
chirurgiens l'idée de créer, à travers les tissus de la face ou du palais, une
voie artificielle qui permît d'arriver au siège de leur implantation.
p C'est ainsi que Manne, en 1747; incisait le voile du palais dans toute
sa longueur; qu'en i84o M. Flaubert fils pratiquait l'extirpation de l'os
maxillaire supérieur tout entier; qu'en 1849, ^- Nélaton, prenant le milieu
entre ces deux méthodes, combinait l'incision de Manne avec l'excision de
la voûte palatine. Toutes ces opérations, que j'ai moi-même eu plusieurs
fois l'occasion d'exécuter avec succès, ont certainement rendu et rendront
encore de grands services. Mais il n'en est pas moins vrai que par elles-
mêmes elles constituent des opérations graves, susceptibles parfois de com-
promettre la vie ou d'entraîner des difformités pénibles. En effet, chacun
sait que, malgré les progrès remarquables de la médecine opératoire, la ré-
section de l'os maxillaire supérieur est loin d'être chose indifférente, et que,
dans la division complète du voile du palais, la staphyloraphie ne parvient
pas toujours adonner des résultats irréprochables.
» Frappé de ces considérations, j'ai pensé qu'il était des circonstances
nombreuses où une opération beaucoup plus simple et beaucoup plus inno-
cente, que je désignerai sous le nom de boutcMnière palatine, pourrait par-
faitement suffire pour remplir toutes les indications.
» En effet, en bornant l'incision du voile du palais à une simple bouton-
uière, qui de la voûte osseuse se prolonge plus ou moins près de la base de
( =^93)
la luette, on a une ouverture très-suffisante pour saisir les tumeurs poly-
peuses, et pour les entraîner, en tout ou en partie, dans l'intérieur de la
bouche, où il devient alors facile d'en faire l'excision ou la ligature. La
grande élasticité des tissus qui forment le pourtour de la boutonnière se
prête, à cet égard, à toutes les exigences. D'un autre côté, quand l'extirpa-
tion de la tumeur est terminée, le voile du palais, dont le bord inférieur est
resté intact, a, par ce seul fait, une tendance naturelle à reprendre sa forme,
et c'est à peine si pour clore l'ouverture artificielle il est besoin de pratiquer
un point de suture.
i> Avant d'avoir vu pratiquer cette opération, il est difficile d'avoir luie
idée nette de sa promptitude et de sa facilité. On ne peut vraiment rien
voir de plus simple, ainsi que cela ressort de l'observation suivante :
» Parain (Nicolas), âgé de vingt et un ans, couvreur, entra le 12 août
iSSg à l'Hôpital de la Pitié pour y être traité d'un polype naso-pharyngien,
dontil souffrait depuis deux ans. Ce polype, dont un prolongement pénétrait
dans la fosse nasale droite, déprimait assez fortement le voile du palais et
proéminait dans l'arrière-gorge, où on pouvait l'apercevoir quand le malade
ouvrait fortement la bouche. En explorant avec le doigt, on reconnaissait
que la tumeur était libre en arrière, ainsi que du côté gauche, et que l'in-
sertion de son pédicule avait lieu sur la paroi latérale droite du pharynx.
Dans ces conditions, il était évident que l'extirpation par les fosses nasales
était à peu près impossible; d'une autre part, la tumeur était trop profondé-
ment située dans la partie supérieure du pharynx, pour que l'on pût songer
à la saisir directement derrière le voile du palais. Il ne restaitdonc plus qu'à
recourir au procédé de Manne, lequel consiste, comme on ^ait, à fendre ce
voile, dans toute sa hauteur, pour mettre la tumeur à découvert et la saisir
plus facilement.
» C'est en effet à ce procédé que je me proposais d'avoir recours, tout en
regrettant l'inconvénient assez grave de la mutilation qu'il entraîne, quand
l'idée me vint de substituer à cette division complète une simple bouton-
nière verticale. Portant donc la pointe de mon bistouri sur la partie la plus
antérieure du voile du palais, j'incisai d'un seul trait cette cloison, jusqu'à
un demi-centimètre de la base de la luette ; puis avec des pinces de Museux,
j'allai saisir le polype, et l'attirai doucement à travers l'ouverture, dont le
pourtour, élastique et souple, se prêta facilement à cette manœuvre. Le
polype se trouvait donc ainsi transporté du pharynx dans la bouche, et pé-
dicule pour ainsi dire par l'anneau musculaire que formait le voile du palais.
J^ reste de l'opération devenait dès lors d'une extrême simplicité. En effet,
C. R., 1859, 2n>« Semeslre. (T. XLIX, N» 8.) ^9
( 294 )
prenant mon constricteur de trousse, lequel est armé d'un simple fil de fer
d'un millimètre et demi de diamètre, je disposai celui-ci en forme d'anse et
je saisis le polype. Après quelques tours donnés à la vis pour diminuer la
largeur de l'anse, celle-ci fut poussée doucement à travers l'ouverture pala-
tine, de manière à venir saisir le pédicule, à son point d'insertion dans le
pharynx, puis la constriction étant portée à l'extrême, la tumeur se détacha
sans écoulement de sang.
» Après cette opération, qui dura à peine quelques minutes, je me bornai
à pratiquer sur le milieu de la boutonnière un simple point de suture, sans
autre instrument qu'une aiguille courbe de petite dimension, et la nouvelle
pince à anneaux de M. Charrière, laquelle est sans contredit le meilleur
des porte-aiguilles.
» Aucun accident ne suivit cette opération. Dès le premier jour le ma-
lade put facilement manger des potages et des soupes, et le quatrième jour,
17 août, la cicatrisation étant complète, le malade sortit de l'hôpital.
» Examen de la tumeur. — I^a tumeur, de nature fibro-vasculaire, repré-
sente assez bien la forme d'une main d'enfant, dont le pouce et les deux
derniers doigts seraient fermés. La partie la plus épaisse était celle qui
adhérait à la paroi latérale du pharynx. La plus mince, de couleur violacée,
pendait derrière le voile du palais. «
M. HoRARiNow lit un Mémoire sur plusieurs questions d'histoire natu-
relle et de médecine avec l'indication de ses travaux antérieurs et de ses
publications sur ces différents sujets.
Ce Mémoire, trop étendu pour être reproduit in extenso et peu suscep-
tible d'être analysé, a été renvoyé à l'examen d'une Commission composée
de MM. Duméril, Serres, Dumas, Andral et Rayer.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur la composition anatomique de la bouche
ou rostre des Arachnides de la famille des Sarcoptides ; par M. Ch. Robix.
( Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Duméril, Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards,
Moquin-Tandon. )
a Le but de ce Mémoire est de faire connaître la constitution de la bouche
des Sarcoptides comparativement à celle des autres groupes d'Acariens.
( ^95 )
Très-nombreuse en espèces, la famille des Sarcoptides ne contient que des
animaux d'un petit volume. Rien pourtant de plus nettement déterminé
que la forme et la structure des parties dures de leur corps, et que celle de
leurs organes buccaux. On peut dire, au contraire, presque sans exagération,
que rien n'est aussi confus que la description de ces organes dans les au-
teurs, lorsque toutefois ils en font mention.
» Si l'on excepte ce qui concerne les mâchoires on maxilles, M. Dujardiii
a déjà donné unedéterminationexacte de la nature des organes de la bouche
des Acariens les plus élevés, tels que les Cheylètes, les Trombidiés, les
Argas, etc. M. Nicolet en a fait autant pour les Oribates. Ce travail a pour
but de combler une lacune existant encore sous ce rapport à l'égard de la
famille des Sarcoptides. Rien de plus varié dans celte nombreuse famille que
les dispositions des mandibules, selon qu'elles offrent la forme de pinces,
de lancettes perforantes, ou de simples onglets sans dentelures; rien de
plus varié aussi que la forme et la grandeur relative et absolue des mâchoires
et des palpes.
» Rien au contraire de plus constant que la situation relative et le mode
de connexion de ces divers organes. On reste profondément frappé de cette
uniformité lorsqu'on a examiné quelques espèces dans chaque genre suc-
cessivement.
» Ne pouvant entrer ici dans les détails qu'entraînerait la description des
organes dans chaque genre, je me bornerai à insister sur les faits communs
au plus grand nombre. Dans un travail postérieur, je ferai connaître des
faits analogues relatifs à la constitution des pattes, qui offrent aussi une
remarquable uniformité d'organisation au milieu de variétés sans nombre
de forme et de volume. »
ALGÈBRE. — Note sur une solution abrégée des équations du troisième et du
quatrième degré dans un cas particulier ; par M. Henri Montucci. (Extrait
par l'auteur.)
« La solution de l'équation bicarrée n'est qu'un cas particulier d'un
théorème beaucoup plus étendu.
» Soit l'équation proposée :
jc* -H px^ ■+■ gx' -h rx -h (ù = o.
S'il existe entre les coefficients la relation
p^ — ^pq -\- 8r= o,
39..
( 29(> )
la solution sera donnée par l'expression suivante :
Si /j = o , on a r = o , et l'équation devient bicarrée.
» Dans un cas semblable, l'équation du troisième degré peut se résoudre
très-rapidement.
» Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie
contient la démonstration elle développement de ce théorème. »
(Renvoi à l'examen de M. Hermite.)
PHYSIQUE. — Des réactions exercées par les aimants sur l'atmosphère lumineuse
qui entoure l'étincelle d induction; par M. du Moncel. (Extrait par l'au-
teur.) Réclamation de priorité à l'occasion dune Note récente de M. Perrot.
(Renvoi à l'examen de M. Pouillet.)
a Les conclusions de mon travail, dit M. du Moncel, sont :
» 1°. Que l'action des aimants sur l'étincelle d'induction provoquée à
l'air libre ne s'exerce que sur l'atmosphère lumineuse qui entoure les
traits de feu constituant la décharge ;
» 2°. Que cette action se traduit par la projection de cette atmosphère
lumineuse sous la forme d'une nappe de feu assez développée, circonscrite
par une courbe très-régulière et qui est d'ailleurs analogue à la nappe de
feu résultant d'une forte insufflation sur la même atmosphère ;
» 3". Que la direction de cette nappe de feu dépend non-seulement de
la position de l'axe de la décharge par rapport aux pôles de l'aimant, mais
encore du sens du courant induit : ainsi, quand la décharge s'effectue entre
les pôles d'un électro-aimant suivant la ligne équatorialede celui-ci, la nappe
de feu est projetée dans le plan équatorial lui-même, soit au-dessus, soit au-
dessous des surfaces polaires, suivant le sens du courant induit; quand la
décharge s'effectue suivant la ligne axiale de l'électro-aimant, la nappe de
feu se contourne et forme une espèce d'hélice dont la direction dépend de
celle du courant induit; enfin quand la décharge est effectuée sur l'un ou
l'autre des pôles de l'électro-aimant, la nappe de feu se dirige toujours vers
celui des éléments du courant magnétique qui marcfie parallèlement et dans
le même sens avec la décharge;
» /i°. Qu'il résulte de ces différents effets qui s'expliquent parfaitement
(^97)
avec la théorie d'Ampère, que l'action des aimants sur l'étincelle d'induction
n'est qu'une action de courants à courants;
» 5°. Que tous les effets produits sur la lumière d'induction dans le vide
peuvent se répéter, dans de plus petites proportions, il est vrai, mais exac-
tement de la même manière avec l'atmosphère lumineuse qui entoure l'étin-
celle d'induction à l'air libre ;
» 6° Que conséquemment celle atmosphère lumineuse représente exac-
tement la lumière dans le vide, comme le démontre d'ailleurs de la façon la
|)lus frappante son apparence dans le microscope. »
Avec la Note dont nous venons de donner le résumé, l'Académie a reçu
du même auteur la lettre suivante relative à une communication récente de
M. Perrot :
« En adressant à l'Académie mon nouveau travail, qu'il me soit permis
de lui rappeler que j'ai le premier signalé en février i855 [Comptes
rendus, t. XL, p. 3i3) la présence de cette atmosphère lumineuse et les
moyens de la déplacer par un courant d'air ou de gaz. Ce phénomène avait
à cette époque attiré l'attention des physiciens, car il ne se retrouve pas
avec l'étincelle des machines à frottement et nécessite pour se produire à la
fois de l'électricité de quantité et de l'électricité de tension. Dès cette époque
(février i855), j'avais constaté que cette atmosphère lumineuse et les jets de
fer qui la traversent n'avaient pas les mêmes propriétés physiques, que
l'atmosphère fournissait des phénomènes calorifiques beaucoup plus intenses
que les jets de feu qui étaient pourtant les plus brillants, et je rendais
compte du phénomène en disant que l'atmosphère lumineuse servant de
conducteur secondaire à la décharge contenait l'électricité de quantité,
tandis que les filets lumineux n'étaient qu'une dérivation de la décharge
dans laquelle l'électricité se trouvait à l'état de haute tension.
» Je rappelle ces recherches, parce que l'auteur d'un travail sur la
même question, récemment présenté à l'Académie, M. Perrot, semble ne
pas avoir connaissance de mes travaux, de beaucoup antérieurs aux siens.
Je le fais aussi pour montrer que depuis longtemps (cinq ans) ces effets si
curieux au point de vue physique ont été l'objet de ma préoccupation
constante, car ils ont provoqué, de ma part, trois communications à l'Aca-
démie. Dans la première, je démontre les effets de l'insufflation sur l'atmo-
sphère de l'étincelle d'induction suivant la nature des rhéophores et le
genre de l'insufflation. Dans la seconde, je démontre que cette atmosphère,
vue au microscope, représente exactement l'air raréfié devenu lumineux par
( 298 )
le passage de l'étincelle dans un ballon où l'on a fait le vide. Enfin je dé-
montre dans la troisième que le magnétisme réagit sur cette atmosphère
absolimient comme «ur la lumière d'induction au sein du vide et d'après les
lois des réactions dynamiques des courants. »
M. BcRDET adresse, de Vierzon, une Note concernant l'essai qu'il a fait
de divers mélanges désinfecla7its au point de vue tant de la thérapeutique
chirurgicale que de l'hygiène publique et de l'économie rurale.
Après avoir constaté, dans de premières expériences, les bons effets obte-
nus du mélange proposé par MM. Corne et Demeaux, l'auteur de la Note
a essayé d'autres mélanges et a été conduit à reconnaître qu'on peut obte-
nir une action désinfectante au moyen de toute poudre absorbante unie en
proportions convenables à une huile empyreumatique. Le mélange qui lui
a semblé réunir le plus complètement les qualités désirées est celui qu'il
a préparé avec de la marne pulvérisée et du goudron végétal.
La Note de M. Burdet est renvoyée à l'examen de la Commission nommée
pour les diverses communications relatives aux mélanges désinfectants.
M. BoiNE, à l'occasion d'un Mémoire récent de M. Marchai de Calvi sur
temploi de l'iode comme désinfectant et antiseptique, rappelle qu'il a depuis
bien des années appelé l'attention des médecins sur ce sujet. « On trou-
vera, dit-il, dans plusieurs de mes publications et particulièrement dans
mon Traité d'Iodotliérapie, la preuve que depuis i84o j'ai signalé d'aine
manière toute spéciale les propriétés antiseptiques de l'iode, que j'ai montré
que ce métalloïde, soit en poudre, en teinture ou en solution aqueuse, avait
la puissance d'enlever instantanément la mauvaise odeur du pus, de rendre
louable et de bonne nature celui qui était sanieux et fétide, de favoriser la
cicatrisation des ulcères, de modifier les sécrétions contagieuses et d'y
détruire le virus, etc. »
( Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour le Mémoire de
M. Marchai de Calvi : MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquet.)
M. Latz adresse de Borken (Prusse) une Note sur le choléra-morbus.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie constituée
en Commission spéciale pour le concours du legs Bréant. )
M. Lassie soumet au jugement de l'Académie une Note sur une question
relative à la navigation aérienne.
(Commission des Aérostats.)
( 299 )
CORRESPONDANCE .
CHIMIE APPLIQUÉE. — AUumelles phospitorées; Lettre de M. le Mixistre
DE LA Guerre.
« Paris, le lo août iSSg.
■ » Monsieur le Secrétaire perpétuel, par mesure de sûreté, j'ai cru devoir
interdire dans tous les établissements militaires l'usage des allumettes chi-
miques qui ne sont pas préparées au phosphore amorphe (système de
MM. Coignet frères et C'*).
» Cette disposition devait nécessairement faire surgir de nouvelles inven-
tions. C'est ainsi que MM. L. Bombes, De Villiers et Dalemagne, de Lyon,
m'adressent aujourd'hui des échantillons d'allumettes dites androgynes,
qu'ils prétendent fabriquées de telle sorte, qu'elles ne peuvent prendre feu
accidentellement, de même qu'elles ne peuvent être cause d'empoisonne-
ment. Ils me prient donc d'en autoriser la consommation dans les établis-
sements militaires, concurremment avec les allumettes Coignet.
» Les allumettes Bombes ne diffèrent guère, je crois, des allumettes
Coignet, la matière qui sert à les enflammer doit être la même, puisque les
premières prennent feu lorsqu'elles sont frottées sur des boîtes Coignet.
» Néanmoins, j'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint, avec la Lettre
de l'inventeur, une boîte de ces allumettes, en vous priant de me faire con-
naître si elles offrent les mêmes garanties de sûreté que celles préparées au
phosphore amorphe, u
Une Commission, composée de MM. Chevreul, Pelouze, Pouillet, Payen
et J. Cloquet, est chargée de préparer un Rapport en réponse à la question
posée par M. le Ministre.
PHYSIOLOGIE. — Pièce osseuse développée entre les deux feuillets de la faux du
cerveau ; Lettre de M. Molas.
« Je viens de lire dans le Compte rendu de la séance de l'Académie des
Sciences du 5 de ce mois, donné par le journal l'Union médicale^ n" 92,
que, d'après les expériences de M. Ollier, la dure-mère est d'autant moins
apte à la reproduction des os (et sans doute aussi à leur production), que
( 3oo )
cette membrane périostique se trouve plus éloignée des os, à tel. point que
les /«MX / seraient tout à fait impropres.
» Permettez-moi de vous dire que cette dernière proposition n'est pas
tout à fait exacte; car, dans le cadavre d'un dément dont j'ai fait l'an
dernier l'autopsie avec l'assistance d'un de mes confrères (le D' Caire),
j'ai trouvé une pièce osseuse d'une assez grande dimension développée
entre les deux feuillets de la faux du cerveau, vers le milieu de son étendue
et avoisinant le corps calleux.
» Je conserve cet os composé de deux lames séparées, ou unies, par un
diploé. Je le tiens à votre disposition, si vous le désirez. »
Remarques de M. Flourens à l'occasion de la Lettre de M. Molas.
o Je dois faire sur cette Lettre, trois remarques :
» 1° Le fait signalé par M. Molas n'est point nouveau. Il est peu d'ana-
tomistes qui n'aient eu occasion de voir des ostéites, ou noyaux osseux, soit
dans la faux du cerveau, soit dans la tente du cervelet, faux et tente qui ne
sont, comme chacun sait, que des replis de la dure-mère. U ostéite, vu par
M. Molas, est surtout intéressant par le grand développement qu'il paraît
avoir acquis.
» 2°. Il ne s'agit point à'osléites dans la Note de M. Ollier, mais d'un fait
très-différent, savoir de la transplantation de la dure-mère, transplantation
qui réussit mieux pour certaines parties de la dure-mère que pour
d'autres (i).
» 3*. Il n'est pas d'anatomiste qui se soit un peu occupé d'anatomie
comparée qui ne sache que, dans le crâne de plusieurs quadrupèdes (dans
le crâne des Chats, des Chiens, de la plupart des Carnassiers, du Phoque, du
Morse, du Cheval, de Vjdne, du Daw, etc. ) le repli de la dure-mère, nommé
tente du cervelet, contient toujours une véritable production osseuse, un os
complet en son genre. Pour la formation de cette production, de cette lame
osseuse, de cet os, la dure-mère sert tout à la fois de périoste interne et de
périoste externe (a). »
(i) Compte rendu de la séance du i" août, j). 206.
(2) Voyez, dans le Compte rendu de la séance du 8 de ce mois, p. 225, ma Note sur la
dure-mère ou périoste interne des os du crdne.
( 3oi )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence du vanadium dans l'argile de Gentilly ;
par M. P. Beauvallet.
« M. H. Sainte-Claire-Deville, dans une communication faite le i" août
à l'Académie des Sciences, a annoncé avoir trouvé du vanadium dans
un minerai de fer du midi de la France. La Note de M. Deville se termine
ainsi : « Du reste, j'ai entendu dire, à propos de recherch?s qui ne m'appar-
» tiennent pas, que le vanadium serait encore plus commun qu'on ne pour-
» rait le penser, même d'après ce qui précède. »
a En effet, vers la tin de l'année i858, j'avais constaté la présence du
vanadium dans l'argile de Gentilly, et c'est à cette découverte que M. De-
ville fait allusion. En fondant cette argile avec du carbonate de soude,
j'obtins une masse colorée en vert bleuâtre. Je crus d'abord celle coloration
produite par du manganèse, mais l'analyse me démontra qu'elle était due à
du vanadium.
» Je me suis alors occupé de rechercher une méthode facile pour ex-
traire le vanadium de l'argile ; je me suis arrêté à la suivante.
» On fait bouillir l'argile cuite concassée (i) avec 3 pour loo de carbonate
de soude et une quantité d'eau suffisante. Après quelques heures d'ébul-
lition, on filtre; le liquide filtré renferme de la silice, de l'alumine et la
presque totalité de l'acide vanadique. On le sursature par l'acide sulfu-
rique, puis par l'ammoniaque, et l'on ajoute du sulfhydrate d'ammoniaque.
Après deux heures de digestion, on filtre pour séparer le précipité d'alu-
mine et de silice. Dans la liqueur filtrée, qui renferme le vanadium à
l'état de sulfovanadate d'ammoniaque, on verse un excès d'acide acétique,
qui précipite le sulfure de vanadium, surtout en portant la liqueur à l'ébul-
lition. Ce sulfure, grillé au rouge, doinie l'acide vanadique.
« On peut aussi employer le procédé suivant pour séparer le vanadium de
la solution sodique. On fait bouillir cette solution avec un excès de chlorhy-
drate d'ammoniaque jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus d'ammoniaque ;
on filtre pour séparer la silice et l'alumine, et dans la liqueur filtrée on verse
une dissolution de tanin, qui détermine la formation d'un volumineux
précipité de tannate vanadique, d'un beau bleu noir, qui, calciné au
rouge, au contact de l'air, laisse un résidu d'acide vanadique.
(i) Je me suis servi des pots à fleurs que M. Lécuyer fournit au Muséum. Les pots rouges
contiennent plus d'acide vanadique que les pots jaunes. Lorsqu'ils ont été exposés pendant
quelque temps à l'action de l'eau, ils n'en fournissent presque plus.
C. R., iSâg, a-ne Semestre. (T. XLIX, No 8.) 4°
( 302 )
« M. Terreil, du Muséum, en traitant par ma méthode différentes argiles
des environs de Paris, n'y a pas trouvé de vanadium, mais il en a extrait de
l'acide titanique et de l'acide tantalique. »
Remarques de M. Elie de Beaumont.
M. Élie de Beaumont rappelle à l'occasion de cette communication que
les minerais de fer du midi de la France, dans lesquels M. H. Sainte-Claire
Deville a signalé la présence du vanadium, appartiennent, de même que
l'argile de Gentilly, aux terrains tertiaires. L'existence du vanadium dans
des terrains récents déjà constatée sur deux points aussi éloignés que Gen-
tilly et les Beaux, lui paraît être un fait nouveau en géologie et mériter
l'attention des savants.
CHIMIE AGRICOLE. — Réflexions de M. Ghevkeul relatives aux Notes de
MM. Isidore Pierre et Beauvallet.
« Le travail de M. Is. Pierre et celui de M. Beauvallet, que je viens de
présenter à l'Académie, me suggèrent quelques réflexions relatives aux
travaux de chimie appliquée à l'agriculture.
» J'applaudis à la direction que M. Isidore Pierre donne à ses travaux,
en s' occupant de l'analyse immédiate des engrais; car sans cet examen la con-
naissance qui distingue les propriétés respectives de ces matières, si utiles à
l'agriculture, est impossible à acquérir, et sans lui il faut renoncer à établir
d'une manière certaine et les différences et les analogies des divers engrais.
Les meilleurs ne sont pas toujours des matières très-rapprochées de l'état de
matières inorganiques par suite de la simplification que leur ont fait subir
des fermentations et même des altérations profondes.
» D'un autre côté, si on veut bien se rappeler la distinction que j'ai éta-
blie entre Vanal/se minérale et Vanal/se organique immédiate (i), et mon insis-
tance à montrer que celle-ci n'atteint son but qu'à la condition de respecter
l'arrangement des éléments qui constituent les principes immédiats qu'il
s'agit de séparer, tandis que le but de l'analyse minérale est atteint lors-
qu'elle a déterminé la nature et la proportion des éléments constituant une
matière donnée, on verra que rationnellement l'analyse organique dite élé-
mentaire., dont l'objet est de connaître les éléments d'un composé d'origine
organique, est une analyse minérale. C'est à elle qu'on a soumis jusqu'ici
presque exclusivement la nature des engrais.
(i) Comptes rendus, t. XLIV, p. 889 et suivantes.
( 3o3 )
» Assurément je n'élèverai pas de doute sur l'utilité de ces analyses élé-
mentaires; mais je dirai il faut aller en avant, en consultant l'analyse immé-
diate pour se faire des idées justes de la manière d'agir des engrais. Après
avoir reconnu leur composition immédiate respective, il faut rechercher
dans la nature de leurs principes immédiats les causes de leurs altérations
plus ou moins rapides, plus ou moins lentes, dans des sols déterminés et rela-
tivement à des cultures pareillement déterminées.
» Si je n'avais pas la conviction que j'ai de l'utilité de Y analyse organique
immédiate, je n'aurais pas consacré à cette branche de la chimie le temps
que je lui ai donné, je ne poursuivrais pas avec autant d'ardeur que je le
fais y examen du suint: ]& le cite à dessein pour en montrer la relation avec la
chimie agricole.
» Parquer des moutons pendant la nuit sur une terre arable, une jachère
morte, une prairie, c'est un moyen de la /umer, comme l'on sait. Suffit-il,
pour apprécier l'effet de cett« pratique, de ne prendre en considération que
les déjections de l'animal? Je ne le pense pas : le mouton ne peut être en con-
tact avec la terre sans qu'une portion de sa transpiration, de son suint, ne
pénètre le sol ; la toison ne peut être exposée à la pluie ou à la simple rosée
sans qu'une portion du suint soluble ne soit entraînée dans la terre, et il
est certain que tous les corps essentiels au suint peuvent la fertiliser et être
absorbés par elle, celle-ci agissant par affinité capillaire.
») Si j'ajoute que l'analyse immédiate du suint présente les plus grandes
difficultés, et que s'il n'est pas donné à un seul homme de les surmonter
toutes, celles dont il aura triomphé cesseront de mettre obstacle à des pro-
grès désirables ; car pour se livrer à des recherches indispensables, selon
moi, à l'avancement de toutes les branches de la science des êtres vivants, il
faut d'abord des méthodes, et ensuite des applications de ces méthodes à
l'examen d'un certain nombre de matières organiques. Par exemple, pourrait-
on constater dans un sol fumé par le parcage des moutons la présence des
principes immédiats qu'on sait aujourd'hui constituer le suint? Avant la
découverte de l'acide butyrique dans les corps gras, l'étude de ses propriétés
et de sa composition, eût-il été possible de le découvrir où M. Isidore Pierre
en a constaté la présence? et, sans me prononcer sur l'influence que cet
acide peut exercer dans l'économie organique, il n'en est pas moins fort
intéressant de savoir qu'il existe où M. Isidore Pierre l'a signalé , et pour
ma part je ne puis trop encourager ce savant distingué à persévérer dans la
voie où il s'est engagé.
») Quant à l'existence del'acide butyrique dans certaines eaux, j'ajouterai
/|0,.
( 3o4 )
qu'un Rapport que j'adressai Je 20 d'avril 1 858 à S. Ex. le Ministre de l'Agri-
culture, du Commerce et des Travaux publics, au nom d'une Commission (1)
chargée d'examiner des cours d'eaux corrompues par les vinasses provenant
de la distillation de plusieurs produits fermentes, la présence du butyrate de
chaux dans l'eau du Cojeul est signalée en ces termes, p. 10 du Rapport im-
primé : « L'eau que nous examinâmes en amont d'un pont situé sur la route
» de Bapaume, à plusieurs kilomètres en aval de Noyelles, quoique couverte
» d'une couche de glace de 2 à 3 centimètres d'épaisseur, était très-fétide,
>' à peu près neutre; elle tenait en suspension une matière noire, probable-
» ment du sulfure de fer; enfin, elle renfermait une proportion assez forte
» de butyrate de chaux. » Cette eau provenait de la distillerie de Noyelles. »
» D'un autre coté, si l'utilité de la chimie est universellement reconnue
pour toute recherche tendant à expliquer les effets qui naissent du contact
des corps divisés à l'extrême, et surtout de ceux qui peuvent pénétrer dans
l'économie des corps vivants, la découverte dij vanadium, de ce corps dont
le nom rappelle une divinité Scandinave, trouvé par M. Beauvallet dans l'ar-
gile de Gentilly, et reconnu dans les pots à fleur fabriqués avec cette argile,
ne prouve-t-elle pas la nécessité, dans des recherches relatives aux corps
vivants, de connaître parfaitement la composition de tout corps qui peut se
trouver en contact avec eux? Ne convient-il pas de rechercher si l'argile de
Gentilly agira sur la végétation, par exemple comme les argiles des environs
de Paris, dans lesquelles M. Terreil a constaté l'absence de ce même métal?
» La science ne gagnera-t-elle pas à ces travaux entrepris par des hommes
qui, familiarisés avec les procédés d'une analyse savante et précise, sont
aptes à découvrir, dans une argile par exemple, autre chose que de la
silice, de l'alumine, de la chaux et de l'oxyde de fer? »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur l'acide subérique; par M. A. Riche.
« La baryte ne réagit pas à froid sur l'acide subérique ; mais lorsqu'on
chauffe cet acide avec un excès de baryte, une réaction très-vive se déclare
vers 80 degrés, des fumées blanches se dégagent, et il se condense dans le
récipient un liquide incolore ou légèrement jaunâtre.
» Si on le soumet à la distillation, la majeure partie du produit bout à
76 degrés; celui-ci, soumis à l'analyse, présente la composition du carbure
(i) Elle était composée de MM. Chevreul, président; C. Feburier, D'' Mélier et F. Wurtz.
Ce Rapport fut imprimé en mai 1 858.
( 3o5 )
d'hydrogène,
ÎTTM
Cette formule correspond à 4 volumes de vapeur; la densité de vapeur
trouvée est de 3, 1 7, la densité théorique est 2,97.
» La formation de ce carbure s'exprime aisément par l'équation sui-
vante :
C'»H'»0% 2HO + 4BaO = C'*H'* -f- 4BaO, CO*.
» Ce composées! très-mobile et très-réfringent; sa densité, déterminée à
la température de 26 degrés, est de 0,67 1 .
». Il possède une odeur faiblement aromatique; il est insoluble dans
l'eau, mais il se dissout très-bien dans l'alcool et dans l'éther. Quand on
en approche un corps enflammé, il brûle avec une flamme éclairante bordée
de bleu. Quand on y dirige un courant de chlore sec, il s'échauffe, dégage
de l'acide chlorhydrique et devient visqueux; le brome et l'iode l'attaquent
de la même façon. L'acide nitrique concentré réagit sur lui à la tempéra-
ture ordinaire, en dégageant des vapeurs rutilantes ; mais les deux liquides
ne se mêlent pas, comme lorsqu'on attaque la benzine par l'acide azotique :
le carbure reste à la surface. L'acide sulfurique le colore faiblement en
violet.
» La formule de ce carbure semble le rattacher à la série des carbures
dont le gaz des marais est le point de départ; mais il est probable qu'il n'en
fait pas partie et qu'il se relie à une famille isomérique de la précédente.
En effet, le composé C'^H'*, qui est le terme immédiatement inférieur^
bout à 3o degrés; par conséquent, le carbure C'^H'* devrait entrer en
ébuUition vers 5o degrés. Or nous avons vu qu'il bout aux environs de
80 degrés.
)) J'ai d'ailleurs constaté directement que l'acide œnanthyliqueC**H**0',
chauffé avec un excès de baryte, ne fournit pas de produit bouillant vers
75 à 80 degrés, mais un liquide dont le point d'ébullition reste constant à
55 degrés environ et dont l'étude m'occupe en ce moment.
» Ce corps n'est pas davantage identique avec l'éthylbutyle,
C«H»i-^ " '
que M. Wurtz a obtenu en attaquant par le sodium un mélange d'iodure
d'éthyle et d'iodure de tétryle ; car ce dernier composé bout à 62 degrés.
( 3o6 )
w II est donc vraisemblable (et c'est ce que je cherche a vérifier) que la
série des acides bibasiques dont les termes connus sont :
L'acide oxalique C 0% a HO ,
L'acide succinique G* H' 0% 2 HO ,
L'acide pyrotartrique C'°H'0% 2 HO,
L'acide adipique CH'^O», 2HO,
L'acide pimélique C"H''0% 2HO,
L'acide subérique C'«H"0% 2HO,
L'acide sébacique C»H"OS 2HO,
donne, sous l'influence de la baryte en excès, des carbures d'hydrogène
isomériques et non identiques à ceux que fournit la série des acides gras,
dont l'acide formique est le premier terme. »
CHIMIE. — Action de différents réactifs sur l'iodwe de potassium; par
M. G. Ubaldim (i).
« Lorsqu'on mélange intimement, à la température ordinaire et à l'air
libre, du nitrate d'ammoniaque et de l'iodure de potassium neutre, la masse
se colore en jaune, et la colle d'amidon, qui prend une teinte bleue, indi-
que dans le mélange de l'iode libre. L'acide borique du commerce agit de
la même manière. Ces deux réactifs, le nitrate d'ammoniaque et l'acide bo-
rique, agissant sur une solution concentrée d'iodure de potassium à la teni-
pérature de l'ébuUition, peuvent mettre en liberté de l'iode.
» Si à l'action du contact on ajoute celle de la chaleur, en opérant avec
des substances sèches dans un tube de verre fermé par un bout, non-seu-
lement le nitrate d'ammoniaque et l'acide borique décomposent l'iodure de
potassium en dégageant des vapeurs violettes d'iode, mais la même décom-
position et le même dégagement se produisent lorsqu'on chauffe, en pré-
sence de l'iodure de potassium, du sulfate, de l'oxalate, du carbonate ou du
chlorhydrate d'ammoniaque, du sel de phosphore, du sulfate, de l'azotate,
du phosphate ou du borate de soude, du sel marin du commerce, du chlo-
rure de potassium ou de calcium, du sulfate de potasse ou de magnésie, de
l'azotate de chaux et de l'acide silicique.
» La décomposition de l'iodure de pot.assium, par l'action des substan-
ces indiquées, n'a pas lieu toujours à la même température : ainsi, tandis
(i) Ce travail a été exécuté dans le laboratoire de chimie de l'Université de Pise, sous h
direction de M. de Luca.
( 3o7 )
que l'acide silicique décompose l'iodure à la température de la fusion du
verre, l'acide borique, le sel marin, le nitrate d'ammoniaque et le nitrate de
soude dégagent avec le même iodure des vapeurs violettes à l'aide d'une
légère chaleur. L'oxalate d'ammoniaque décompose l'iodure lorsqu'il com-
mence à se décomposer lui-même; le carbonate et le chlorhydrate d'ammo-
niaque, à l'aide d'tme faible chaleur, entrent en fusion avec l'iodure de potas-
sium et produisent une liqueur jaune qui dégage des vapeurs violettes d'iode
au contact de l'air ; enfin, le sel de phosphore, l'azotate de chaux, le chlo-
rure de calcium, le sulfate d'ammoniaque ou de magnésie, le sulfate, le
phosphate ou le borate de soude, décomposent l'iodure à une température
élevée, et c'est presque an rouge que l'on voit apparaître des vapeurs vio-
lettes d'iode.
» Le sulfate, le phosphate et le carbonate de chaux, par l'action de la
chaleur et de l'air, décomposent partiellement l'iodure de potassium; mais
le bioxyde de manganèse, par la simple action de la chaleur, élimine com-
plètement tout l'iode de l'iodure de potassium.
» Le carbonate et l'azotate de potasse, comme aussi le carbonate de
soude, n'exercent aucune action décomposante sur l'iodure de potassium.
» Cautù avait annoncé la décomposition de l'iodure de potassium à une
température élevée et dans un courant sec d'azote, mais cette expérience,
répétée plusieurs fois, n'a pas fourni le moindre dégagement de vapeurs
violettes. »
M. Olmer signale une faute qui aurait été commise en imprimant au
Compte rendu de la séance du i*' août sa Note sur la transplantation de la
dure-mère, mais qui, vérification faite, a été commise par lui, et se trouve
dans son manuscrit où on lit, comme dans l'imprimé (p. 206):
« Nous avons déjà démontré dans nos précédentes communications
» qu'il était possible de faire développer des os dans toutes les régions où
» l'on réussissait à greffer du périoste provenant du même animal ou d'un
» animal d'espèce différente. «
Au lieu de : un animal d'espèce différente; il faut lire : un animal de la
même espèce.
« Quelquefois, remarque M. Ollier, on obtient bien du tissu osseux avec
du périoste d'un animal d'espèce différente ; mais ce fait, que nous n'avons
pu constater que pour certaines espèces, nous paraît encore exceptionnel.
Le plus généralement dans ces cas-là, quand la greffe réussit, le périoste
( 3o8 )
reste fibreux ou bien finit par être résorbé. Ce n'est qu'entre animaux de
la même espèce que l'ossification des lambeaux de périoste est un fait
général et facile à vérifier. »
M. J. Maurice adresse, de Tours, une Note concernant V emploi de l'acide
oxalique dans les piles à auges. Il a constaté qu'en substituant dans une piJc
de Bunsen ou de Grovecet acide à ceux qu'on emploie d'ordinaire, on a des
effets notablement plus rapides et plus énergiques. D'ailleurs, comme il est
aisé de le concevoir, la dépense des matières augmente en raison de cette
énergie et les caisses métalliques sont d'une moindre durée.
La séance est levée à 5 heures. F.
L'Académie a reçu dans la séance du aa août iSSg les ouvrages dont
voici les titres :
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne; 27* liv. in-4''.
Monographie de l'étage kimméridien. — De l'espèce en général et de quelques
espèces nouvelles de l'étage kimméridien : Thèses présentées à la Faculté des
Sciences de Besançon pour obtenir le grade de docteur es sciences naturelles;
par M. Ch. Contejean. Montbéliard, iSSg; in-4". (Présentées au nom
de l'auteur par M. Pouillet.)
Des altérations que les coquilles éprouvent pendant la vie des animaux qui les
habitent et même après leur mort; par M. Marcel DE Serres ; br. in-4''.
Des houilles sèches ou maigres nommées stipites, des terrains jurassiques du
plateau du Larzac ; par \e même; br. in-4''. (Présenlés au nom de l'auteur
par M. Moquin-Tandon.)
Note sur l'usage des canules en ivoire ramolli dans le traitement des abcès
sinueux ou profonds; par M. le D' GlROU DE BUZAREINGUES. Paris, iSSq;
br. in-8°.
Note sur [usage dts moules en plâtre dans le traitement des fractures des mem-
bres inférieurs par les armes à jeu ; par le même. Paris, iSSg; br. in-S".
(Ces deux opuscules sont offerts au nom de l'auteur par M. Jules Cloquet.)
Introduzione. . . Introduction à la mécanique et à la philosophie de la nature;
parM. G. Gallo. Vol. II, fasc. 12, i3 eti4. Turin, iSSg; iu-8°. (Renvoyé,
ainsi que l'avait été le premier volume, à M. Babinet pour un Rapport
verbal.)
COMPTE RENDU ♦
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 AOUT 1859
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MEMOIRES ET C03IMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Calcul des variations séculaires des moyens mouvements
du périgée et du nœud de iorbite de la lune; par M. Delaunat.
« Dans la séance du ^5 avril dernier, j'ai fait connaître à l'Académie le
résultat auquel je suis parvenu relativement à l'accélération séculaire du
moyen mouvement de la lune. Cette accélération est due, comme l'on sait,
à ce que l'excentricité de l'orbite de la terre diminue de siècle en siècle.
L'illustre Laplace, en faisant cette importante découverte, a vu en même
temps que les moyens mouvements du périgée et du nœud de l'orbite de
la lune sont soumis à des variations séculaires provenant de la même cause.
Les valeurs de ces variations séculaires ont été déterminées à divers degrés
d'approximation par lui et par le.s savants qui, après lui, se sont occupés de
la théorie de la lune. J'ai dû, moi aussi, effectuer cette détermination, et je
viens aujourd'hui présenter à l'Académie les résultats auxquels je suis
parvenu.
» En représentant par
^Bne'^e'
I'
C. U., iSôg, 2"'« Semeslre. (T. XLIX, N» 9.) 4«
( 3.0 )
la partie de la longitude moyenne du périgée lunaire qui provient de la
variation séculaire ùe' de l'excentricité e' de l'orbite de la terre [n est le
moyen mouvement de la lune), j'ai trouvé
B - /'s - 9 '.='_ 9 p2_^ 4^ e'»+ ^ y+ ^v»e«- -§- e*^ w»
\ i6 i6 ' 32 /
/6462_3^ ._ 476343 ^,\,„,
\ 128 64 ' 012 /
, ^126949^,, 549961893 _,, 875,^3 a'
5i2 2457D 64 «
Dans cette formule, les lettres a, e, 7, m, ont les mêmes significations que
dans la théorie de M. Plana. On voit que j'ai calculé la quantité B jusqu'aux
termes du sixième ordre inclusivement. M. Plana s'est arrêté aux termes
du cinquième ordre, et a trouvé
«=(f-fv'-i<"+f «■■)"•"
ôitSS . i8iio4q .
H V- '«H E — —m*.
120 01 a
Ma formule ne diffère donc de la sienne que par les termes en m* et en m^,
et la différence est
4 120
Si l'on adopte, comme je l'ai déjà fait précédemment, — 635"^" pour la
valeur de l'intégrale 1 ne'de' réduite à son terme en <*, le siècle étant pris
pour unité de temps, on trouve que cette différence entre nos deux valeurs
de B en produit une de — o",%']2 t^ dans les valeurs de l'intégrale 1 B«e'c?e'.
D'ailleurs, en calculant les diverses parties du coefficient de t'^, dans la va-
leur de cette intégrale, qui proviennent des différents termes de la formule
que j'ai obtenue pour B, on arrive aux résultats contenus dans le tableau
suivant :
(3i, )
PARTIES INTRODUITES
PARTIES INTRODUITES
TERMES DE B
dans le coefficient
de t' de l'intégrale
TERHBS DE B
dans le coefficient
de 1' de l'intégrale
fhne'Se'.
f h ne' Se'.
en m'
— 7"994
en w'e'
Il
+ 0,062
m'f'
-f- o , 1 3o
m'e"
— 0,017
m'e'
+ 0,OI3
m'
- 9,546
m^e"
— 0,006
m'y'
4- 0,081
m'y^e^
— 0,001
m>e'
+ o,o56
m>
— i3,7o3
m'
- 6,177
m'y'
4- o,og3
m'
- 2,489
Les autres termes de B n'introduisent dans le coefficient de t^ de l'inté-
grale JBne'i^e' que, des quantités inférieures à un demi-millième de se-
conde. On voit par ce tableau que les termes de B qui ont le plus d'in-
fluence sur la valeur de l'intégrale j Bne'â^ sont ceux qui ne dépendent
que de m; en ne considérant que les parties du coefficient de <* qui pro-
viennent de ces termes, on obtient la série suivante :
m'
-7% 994
m' m*
i3",7o3 -9", 546
m'
m'
6", 177 -2",489
dans laquelle les termes décroissent assez rapidement à partir du second.
En réunissant toys les résultats numériques qui viennent d'être donnés, on
trouve
— 39", 499
pour le coefficient de <* dans la valeur de l'intégrale JBne'&e'; et si l'on
remarque que, d'après le mode de décroissement des termes de la série
précédente, le terme en m' introduirait dans le coefficient de t" une partie
qui ne différerait probablement pas beaucoup de — o", 5, on est autorisé à
porter à
-40"
la valeur de ce coefficient de f* : c'est cette valeur que j'adopterai comme
conséquence de mes calculs. Elle peut être regardée comme obtenue avec
4i..
(3iO
une approximation d'un ou deux dixièmes de seconde. Damoiseau avait
trouvé pour ce coefficient — '^<^',']- M. Hansen lui a successivement attri-
bué les valeurs suivantes :
— 39", 18 [Astr. Nach., tome XIX, ma:.". 1842),
-36",3i ( Ibid. tome XXV, mai 1847),
— 37"; 25 (Préambule de ses Tables de la lune).
» En représentant de même par
^Cne'âe'
f^
la partie de la longitude moyenne du nœud de la lune qui provient de la
variation séculaire de l'excentricité de l'orbite de la terre, j'ai trouvé
^V 128 5i2^ "64 ^ ;'"
012 24070 04 a"
Cette quantité C est calculée jusqu'aux termes du sixième ordre inclusive-
ment. M. Plana n'est pas allé au delà des termes du cinquième ordre;
d'après lui, on a
u
8 '
2
P')
m'
/33
V.6-
99,
32
f-^'
'"4-
9e-),
2685
128
m* -+-
5l2
La différence entre nos deux formules ne porte encore que sur les termes
en m* et en m' et est égale à
9 * 81
+r"-Ti8'"'
ce qui fait seulement — o",o44 ^^ pour la différence des valeurs de l'inté-
(3.3)
grale / Cne' âe'. En calculant les diverses parties du coefficient de <*, dans
la valeur de cette intégrale, qui proviennent des différents termes de la
formule que j'ai obtenue pour C, on trouve les nombres suivants :
PARTIES ISTRODIITES
PARTIES INTRODLMTES
TERMES DE C
dans le coeflicient
de t' de l'intégiale
TERMES DE C
dans le coeflicient
de (' de l'intégrale
/Cne'cJe'.
/Cne'Je'.
en m'
-+- 7 ''994
en m'e"
— 0,001
m'y'
— 0,082
m'
— 0,462
m'é
-4- 0,048
m'y'
+ 0,002
m'e"
+ 0,006
m'e'
+ 0,029
m>
— 0,548
m"
— 0,216
m'y'
+ 0,007
m"
+ 0,084
m'e'
4- o,o35
Les autres termes de C n'introduisent dans le coefficient de t^ de l'inté-
grale / Cne'âe' que des quantités inférieures à un demi-millième de seconde.
La petitesse des résultats fournis par les divers termes du sixième ordre
montre qu'il serait complètement inutile de chercher à obtenir les termes
d'un ordre plus élevé. En réunissant tous ces nombres, on trouve
+ 6",778
pour le coefficient de t^ dans la valeur de l'intégrale de fcne'âe'.On pourra
donc prendre
+ 6", 8
pour ce coefficient et regarder cette valeur comme approchée à moins
de -^ de seconde. Damoiseau l'avait trouvé égal à
+ 6",56.
M. Hansen a de son côté obtenu les valeurs suivantes :
4-6",48 {Jstr. Nach., t. XTX, mars 1842),
-f- 7",07 (Préambule de ses 7^6/65 de la lune).
» On voit par ce qui précède, que les résultats auxquels je suis parvenu,
(3.4)
relativement aux variations séculaires des moyens mouvements du périgée
et du nœud de l'orbite de la lune, ne diffèrent pas beaucoup de ceux qui
ont été obtenus avant moi par MM. Plana, Damoiseau et Hansen. Cela est
d'autant plus remarquable, que cet accord n'existe nullement entre les
valeurs qu'ils attribuent à l'accélération séculaire du moyen mouvement
de la lune, et celle que M. Adams et moi avons obtenue pour cette accélé-
ration séculaire. On doit en conclure que la cause de notre divergence sur
cette dernière question, c'est-à-dire la variabilité de la vitesse aréolaire
moyenne de la lune, que MM. Plana et Damoiseau ont regardée à tort
comme constante, n'a que peu ou point d'influence sur les variations sécu-
laires des mouvements du nœud et du périgée de la lune. Du reste, les for-
mules que j'ai obtenues pour les quantités B et C, et celle que j'ai fait
connaître précédemment pour la quantité A d'où dépend l'accélération
séculaire du moyen mouvement de la lune, sont liées entre elles par cette
circonstance qu'elles sont formées toutes trois de certaines combinaisons
des dérivées partielles d'une même fonction. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Mélanges désinfectants.
« M. Dumas, désirant qu'il ne reste aucun doute sur ce qu'il a dit à l'Aca-
démie, dans une séance précédente, touchant les droits de M. Siret à la
découverte des propriétés désinfectantes des huiles de goudron, met sous
les yeux de ses confrères le passage suivant du Rapport fait en i843 par
M. Boussingault [Comptes rendus, t. XVII, p. 69).
« M. Siret a reconnu qu'un mélange de charbon et de sulfates métalli-
» ques, dans lesquels domine le sulfate de fer, agit dans toutes les circon-
» stances comme un désinfectant des plus efficaces. Déjà le sulfate de fer
I) a été employé dans un but semblable de désinfection ; mais ce qui nous
» a paru un perfectionnement, c'est l'intervention d'un charbon rendu plus
» léger par l'adjonction dune substance bitumineuse. En effet, la poudre
» désinfectante acquiert par là une énergie toute particulière; elle reste
» plus longtemps en suspension au milieu des liquides infectés; elle les
» recouvre même d'une pellicule huileuse, qui gène, si elle ne l'intercepte
» pas totalement, leur communication avec l'air ambiant. «
)) Mon confrère et ami M. Boussingault m'ayant invité à assister à quel-
ques-unes des expériences dont cette poudre fut l'objet alors, nous res-
tâmes d accord sur ce que ses effets avaient d'excellent et sur l'impossibilité
où l'on était dans l'état de la science d'expliquer à cette époque l'effet utile
de la matière huileuse. ».
(3i5)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur certains composés organiques à base de fer, comme
moyen de transport de l'oxygène sur les matières combustibles ; par M . Hervé
Mangon.
(Commissaires, MM. Pelouze, Boussingault, Ch. Sainte-Claire Deville.)
« M.F.Ruhlmann vient de signaler l'altération profonde éprouvée par des
planches de bordages de navires, traversées par des clous ou par des che-
villes en fer. Le bois, autour de ces clous, se charbonne et devient friable.
M. Kuhlmann pense que le fer, sous l'influence de l'eau de mer et de l'air,
se rouille sans cesse, tandis que l'oxyde ainsi formé se réduit sans cesse au
contact avec le bois. Le protoxyde de fer reprend donc à l'air de l'oxygène,
le transporte sur le bois et lui fait subir d'une manière continue une com-
bustion lente qui le désagrège.
» De son côté, M. P. ïhenard annonceque le peroxyde de fer, encontact
avec certaines matières organiques azotées, se comporte comme un puissant
agent d'oxydation. Or comme, une fois converti en protoxyde, ilse peroxyde
spontanément à l'air, le peroxyde de fer peut constituer un rouage intermé-
diaire employé par la nature pour produire les phénomènes d'oxydation in-
dispensables au bon emploi des fumiers.
M Que se passe-t-il, en réalité, pendant cette réduction ou cette oxydation
du fer en présence de matières organiques? Peut-on admettre que l'oxyde
de fer agisse, comme semblent le penser MM. Kuhlmann et Thenard, par
une sorte de cémentation également applicable à la combustion d'une ma-
tière organique quelconque, ou bien se trouve-t-il engagé dans un composé
organique particulier, plus spécialement capable de subir ces oxydations et
réductions successives, qui en font de véritables navettes à oxygène? Ce der-
nier point de vue me semble le plus probable. En effet, comme je l'ai fait
voir dans quelques publications récentes, on trouve dans les terrains agri-
coles des produits organiques contenant du fer qui rappellent certaines
propriétés des acides ciéniques et apocréniques de Berzelius et qui présentent
au point de vue de l'oxydation ou de la réduction de ce métal des propriétés
vraiment dignes d'intérêt.
» Lorsque le fer est à l'état de protoxyde dans ces composés, ils sont so-
lubles dans l'eau. Cette dissolution, exposée à l'air, absorbe l'oxygène et
laisse déposer d'abondants flocons d'un rouge ocreux. Le précipité, mis
à l'abri du contact de l'air, se réduit spontanément, repasse au bleu noi-
(3i6)
râtre, redevient en partie soluble, et fournit une liqueur sur laquelle les
mêmes phénomènes peuvent se reproduire un certain nombre de fois
[Compte rendu, 2$ août i856).
» Des pieux de fondation d'un pont sur la Gélisse, affluent de la Baïse,
ont été trouvés complètement carbonisés, il y a quelques années, et l'eau
puisée au fond de la fouille où l'on enlevait ces pieux renfermait une quan-
tité très-notable du produit dont il s'agit.
» Dans ceux des tuyaux de drainage où les eaux laissent déposer parfois
des dépôts ocreux qui les obstruent, j'ai fait voir que ces dépôts étaient
dus, non pas à du carbonate de fer, mais à ce sel de fer à acide organique
dont je viens de parler. Aussi m'a-t-il suffi de boucher l'orifice de sortie des
drains et d'y retenir l'eau pendant quelques jours pour les débarrasser de
ces obstructions ferrugineuses. I.e sel de fer insoluble, redevenu spontané-
ment soluble, s'est écoulé avec l'eau.
» Ebelmen a signalé l'oxydation du protoxyde de fer provenant des roches
qui se désagrègent comme une des causes de l'appauvrissement en oxygène
de notre atmosphère. N'est-ce pas à l'aide des propriétés de ce sel crénique
de fer que la nature nous restitue cet oxygène? Partout où le protoxyde de
fer rencontre des matières organiques en décomposition, le composé créni-
que se produit et la réduction du peroxyde de fer peut se réaliser avec dé-
gagement d'acide carbonique qui, réduit par les plantes, restitue à l'air son
oxygène.
» Ainsi, parmi les produits habituels et nécessaires de l'altération à l'air
des matières organiques, il faut compter un acide qui, par lui-même ou en
se modifiant, forme avec le protoxyde de fer lui sel soluble bleu-noirâtre,
et avec le peroxyde de fer un sel insoluble ocreux. A l'abri de l'air, le sel
bleu-noirâtre se reproduit toujours; c'est le sel ocreux qui, à l'air libre,
prend toujours naissance. Comme si, dans les couches perméables du sol,
on voyait se réaliser sur la surface entière du globe ces phénomènes carac-
téristiques de la circulation et de la respiration des animaux.
y> De même que partout où le sang s'arrête et séjourne dans la profondeur
des organes il se forme un sang noir, dont la matière colorante est plus so-
luble, et il se produit de l'acide carbonique, partout aussi, dans les profon-
deurs du sol, le composé ferrugineux qui m'a occupé, pénètre et séjourne,
il se réduit, devient soluble, bleu-noir et dégage de l'acide carbonique.
» De même encore que partout où le sang retrouve le contact de l'air, il
se forme un sang rouge, dont la matière colorante est moins soluble, par-
tout aussi à la surface du sol, quand le composé ferrugineux qui m'a oc-
( 3.7 )
cupé retrouve l'air libre, il redevient ocreux et insoluble. A l'élat soluble, il
transporte l'azote qu'il renferme partout où il pénètre; redevenu insoluble,
il oxyde les matières organiques pour les transformer en composés assimi-
lables par les plantes.
» Il y aurait donc, pour continuer l'emploi de la même image, à la faveur
de ce composé ferrugineux, une véritable circulation et une véritable res-
piration du sol arable, artérielle à la surface, veineuse au fond. Le drainage
augmenterait la puissance du'système artériel.
» Ainsi ce ne serait pas tout à fait, à mon avis, parce que le peroxyde de
fer peut être réduit, en général, par des matières organiques, que ce corps
joue un si grand rôle dans les phénomènes en question, mais surtout parce
que ces phénomènes utiliseraient un certain sel produit par un acide, pro-
bablement identique avec l'acide crénique, lequel réduit spontanément le
peroxyde de fer, tandis que celui-ci, reprenant son oxygène à l'air libre, on
verrait reparaître alternativement ces phénomènes de réduction et d'oxy-
dation capables de brûler en définitive la matière organique mouillée et à
froid .
» Les chimistes que cette classe de réactions ont récemment occupés me
pardonneront si je continue, en présence de leurs travaux, les expériences
qui m'ont occupé déjà et qui sont nécessaires pour lever les doutes qui me
restent sur la nature précise de l'acide uni au fer et sur la nécessité de son
intervention générale. »
GÉOLOGIE. —Puits artésien récemment foré à Louisville {Kentucky); extrait dure
Note de M. L. Moissenet.
(Commissaires, MM. Combes, Ch. Sainte-Claire Deville, de Verneuil.)
« Dans le mois d'avril 1837, ^- Dupont, propriétaire de la papeterie de
Louisville, commença à forer un puits artésien dans la cour de son usine. Les
puits ordinaires étaient insuffisants pour les besoins de sa fabrication, et, en
cas de succès, il espérait avoir à la fois l'eau en abondance etau niveau des
ateliers. Après seize mois de travail, le puits avait atteint 2086 pieds anglais
(636mètresenviron)et l'eau jaillissait à 170 pieds anglais (5 1™, 82) au-dessus
du sol ; mais elle était si fortement minéralisée et sulfureuse, que son emploi
pour la papeterie était entièrement impossible. Aussi dès le principe songea-t-
on à en tirer parti au point de vue médicinal, et aujourd'hui un établissement
de bains est presque entièrement construit, tandis que l'eau en barils et en bou-
teilles est vendue aux environs, et expédiée dans tout le sud des États-Unis.
C. R., iSia,^'"' Semestre. (T. XLIX, N" 9.) 4^
(3.8)
» La roche traversée par la sonde est principalement calcaire ; vers le
fond seulement on a pénétré les grès d'où l'eau a jailli. Louisville est bâtie
au-dessus du calcaire dévonien des chutes de l'Ohio; les couches plongent
légèrement vers le sud-ouest et reposent sur le grand massif silurien, dont
Cincinnati occupe à peu près le centre.
» Le tableau suivant montre la série des couches traversées par la sonde :
Terrain récent. Diluvium (drift de la vallée de l'Ohio) ^6'"'
Calcaire fossilifère dévonien ( assez pur) loo
Calcaire tendre et argile. i:
409
Silurien.
Calcaire fossilifère 52
Calcaire et argile ferrugineuse 5
Calcaire gris ,. 81
Calcaire avec lits d'argile 110
Calcaire assez pur, avec parties presque blanches i49
Argile schisteuse 1 3
Calcaire avec un peu d'argile schisteuse bleue 207
Calcaire avec un peu de schiste plus foncé 33
Alternances de calcaire fossilifère blanc et calcaire très-noir,
avec schistes foncés 94
Calcaire schisteux 26
Calcaire de couleur claire dur /je
Argile blanche
Calcaire gris , alternativement dur et tendre
Grès blanc 4 '
Grès blanc très-dur, grain très-fin (avec du calcaire provenant pro-
bablement des parois supérieures du trou) 444
Calcaire magnésien très-dur 6
Grès 5o
400
I
546
Profondeur totale. . . . 2086'''
» La comparaison de ce tableau avec celui qui représente la division
des terrains dans le Kentucky (i), montre que, outre le terrain diluvien, le
sondage a traversé l'entière épaisseur du calcaire corallien dévonien et a
pénétré dans la formation silurienne jusqu'à l'intérieur des couches degrés,
probablement équivalentes au grès de Caradoc. D'après M. le professeur
Smith, ces couches affleurent près du ruisseau appelé Dick's Creek dans les
comtés de Mercer, 3essamine et Goward. Ces localités étant de 5oo pieds
anglais (i52 mètres) plus élevés que Louisville et aune distance d'environ
75 milles (au sud-est), c'est probablement là qu'il faut chercher l'origine
des eaux artésiennes. M. Owen indique en effet vers cette région l'exis-
(i) L'auteur donne ce Tableau que l'étendue du présent extrait ne nous permet pas de re-
produire.
(3.9)
tence d'une faille considérable, dirigée du nord-est au sud-ouest, formant la
limite sud-est d'un grand soulèvement qui a relevé les couches les plus
anciennes du Kentucky central. Au sud de cette faille les assises du calcaire
bleu (silurien) sont entièrement brisées, tandis qu'au nord les roches de
marbre ont conservé leur solidité. De ce côté a eu lieu le relèvement, et là
aussi se manifeste l'inclinaison nord-ouest du bord du bassin artésien. La
nature des eaux rencontrées dans le voisinage se rapproche de celle des
puits sous assez de rapports pour augmenter encore la probabilité de l'hypo-
thèse précédente.
» Le diluvium est essentiellement formé de sables plus ou moins argi-
leux; il contient de petits cailloux roulés de quartz et de roches éruptives,
notamment des cornéennes très-dures. A la surface du sol, mais surtout dans
le lit de l'Ohio, on trouve des galets de même nature assez gros pour être
utilisés au pavage de Louisville.
» Vers le milieu, le dépôt sableux est interrompu par une couche de
marne argileuse bleuâtre, qui suffit à retenir les eaux d'infiltration et con-
stitue le fond du bassin d'alimentation des puits et pompes domestiques. Il
ne faudrait cependant pas croire que l'épaisseur du diluvium est régulière ;
la surface est sensiblement plane, sauf une pente aux abords du fleuve; la
bouche du puits artésien se trouve ainsi à 35 pieds anglais (i i mètres) seu-
lement au-dessus de l'étiage; tandis que la majeure partie du plateau occupé
par Louisville en est à 60 pieds anglais (18 mètres) ; mais l'irrégularité pro-
vient principalement des accidents du calcaire dévonien recouvert, et sur-
tout, dans cette région, de la dénivellation souterraine notable, mise à nu.
très-clairement aux chutes du fleuve.
» L'Ohio descend, sur un mille et demi, environ 20 pieds anglais
(6 mètres), par une série de rapides; vers le milieu les roches dévoniennes
sont relevées d'environ 3o pieds anglais (9 mètres); la chute est donc
produite par la traversée d'un vrai barrage calcaire, oblique sur la di-
np V uo uaisaiJB S4ind ne 4uaujuioo anbijdxa inb ao \S3 0 tiuBanoo np uoipaa
percer 76 pieds anglais, épaisseur du diluvium eu amont des chutes, tandis
qu'à l'opposé sur la rive droite à la tête des chutes on n'a, près du moulin,
que 35 pieds anglais de sables et graviers.
» Le sondage a été commencé au fond d'un puits ordinaire; dans celui-ci
l'eau se maintenait à 20 pieds anglais de l'orifice, et la couche marneuse a été
rencontrée à 3o pieds anglais; une galerie d'écoulement percée jusqu'à la rive
du fleuve a montré que la marne bleue se relevait dans cette direction, de
manière à interrompre toute communication entre les eaux de la ville et
la rivière; ce fait est d'ailleurs prouvé par le régime des puits.
4^..
( 3ao )
» On enfonça d'abord par simple pression un tube en tùle de i4 pouces
anglais (o'",35) de diamètre, en retirant à mesure les matières par une
cloche à soupape. Le calcaire dévonien fui rencontré avec une certaine in-
clinaison, qui rendit très-difficile l'installation d'un joint hermétique entre
les tubes et la roche.
» En effet, après avoir percé au trépan un trou de 6 pieds anglais
de profondeur et de 6 pouces anglais de diamètre dans la roche solide,
on reconnut que, par suite de la pente du fond, l'outil avait dévié de
telle sorte, que le trou de 6 pouces anglais était tout à fait vers un
xm des côtés du tube de i4 pouces anglais. Après divers tâtonnements, on
réussit par une disposition particulière représentée dans la planche annexée
à cette Note. Un tube en tôle de 5 pouces anglais de diamètre fut descendu
à l'intérieur du premier; son extrémité inférieure était garnie d'une enve-
loppe de caoutchouc de i4 pouces anglais de longueur et d'un demi-pouce
anglais d'épaisseur, maintenue par un collier en fer (serré à chaud sur le
tube), et reposant sur un sabot de bronze dans lequel glissait le bout du
tube en tôle ; le sabot n'étant relié à ce dernier que par trois goupilles avec
un jeu vertical de 2 pouces anglais, lorsque le sabot s'appuya au fond du
trou, le poids du tuyau porta sur l'anneau de caoutchouc qui se trouva
fortement serré contre la paroi. Le joint ainsi établi a très-bien résisté, et,
à partir de ce point jusqu'au fond du puits, le sondage a été conduit sur
3 pouces anglais (o^jOyS) de diamètre sans exiger aucun autre tubage. «
GKOLOGlE. — Sur l'origine de certains filons; extrait d'une Note de M. Meugy.
(Commissaires, MM. Elie de Beaumont^ de Senarmont, Passy.)
« J'ai observé dans les anciennes carrières sous Paris un fait assez
curieux, qu'il me paraît utile d'enregistrer comme pouvant jeter quelque
limiière sur l'origine de certains filons. Je veux parler de fontis qui se pro-
duisent souvent à la limite des exploitations abandonnées et qui rappel-
lent quelquefois par leurs formes assez régulières les fentes remplies de
substances cristallines ou métallifères dont la plupart des terrains sont
traversés. C'est un fait qui a surtout été remarqué sous le cimetière Mont-
Parnasse et à proximité de la rue Vavin, où la couche dé calcaire grossier
dont l'épaisseiu- est de 2",5o environ, a été exploitée par pihers à bras,
haques et remblais. Le vide qui en est résulté et qui de prime abord avait une
hauteur égale à l'épaisseur de la couche, a été comblé au moyen de déchets
de moellons, et de matières meubles qui se sont tassées avec le temps. Les
piliers de pierre sèche se sont écrasés et les terres se sont comprimées sous
( 3.1 )
la pression des terrains supérieurs dont la puissance atteint une vingtanie
de mètres; de telle sorte qu'aujourd'hui le ciel ,et le sol de l'ancienne car-
rière, au lieu de comprendre 2™,5o de remblais comme dans l'origine, ne
sont plus séparés que par un intervalle de i'",5o. Il s'est donc produit un
tassement de i mètre environ, qui n'a pu avoir lieu sans que les couches
supérieures participent au mouvement général et sans qu'une fente se dé-
clare au contact de la masse vierge. Près de cette fente, les couches pier-
reuses et terreuses se sont brisées et il est résulté de leur désagrégation une
cloche longitudinale remplie de leurs débris.
» C'est après le déblayement de ces matériaux, qui n'offrent aucune cort'
sistance, qu'on peut se rendre compte de la forme des vides formés par
l'éboulement. Le plus souvent la cassure se prolonge jusqu'au sol et le
tassement intérieur se traduit à la surface à partir de cette cassure par une
dénivellation équivalente. Ces sortes de cloches sont interrompues soit à la
limite des carrières, soit à la rencontre des piliers de masse laissés par les an-
ciens. On conçoit d'ailleurs que les conditions dans lesquelles elles se pré-
sentent, dépendent essentiellement de la puissance de la couche exploitée
et de la direction donnée aux travaux.
» Les faits qu'on observe dans les anciennes carrières exploitées par
piliers tournés sont tout différents. Dans ce cas, le terrain présentant une
résistance pour ainsi dire indéfinie à l'aplomb des piliers épais réservés
dans la masse, il arrive toujours qu'au bout d'un temps plus ou moins long
le ciel cède entre ces piliers et donne lieu à une calotte qui, en s'agrandis-
sant successivement, finit par atteindre le niveau du sol .et se transforme
alors en un véritable fontis dont les parois prennent le talus propre aux
terres de recouvrement. Il n'y a donc point ici de cassures affectant des
directions déterminées comme dans le cas précédent, maïs au contraire des
espèces d'entonnoirs isolés, comme on en a vu encore tout récemment des
exemples à Montmartre au-dessus d'anciennes carrières qui remontaient à
plus d'un demi-siècle.
» Toutefois les deux systèmes d'accidents peuvent se présenter à la fois
dans les localités où l'exploitation a eu lieu partie par piliers tournés, partie
par remblais.
» Des effets semblables à ceux que nous venons de décrire ne peuvent-
ils pas s'être produits à diverses époques à la suite des commotions qui ont
profondément ébranlé la croûte terrestre? Et ne peuvent-ils pas avoir été
déterminés par des érosions souterraines dues à l'action des eaux ou par la
destruction de couches combustibles? Admettons qu'une ou plusieurs
fentes naissent sous leur influence. Les eaux de la surface vont trouver
( 3.^ )
à l'intérieur un facile accès et pourront dissoudre ou désagréger certaines
roches, surtout avec le concours de l'air qui par son oxygène et son
acide carbonique opère tant d'allérations et de décompositions. Or, ces
altérations et ces décompositions produiront, suivant la nature des roches
et leur degré d'homogénéité, des vides plus ou moins étendus dans le
sens des couches qui simuleront jusqu'à un certain point ceux que la
main de l'homme a produits dans nos carrières et dont nous pouvons
sûrement apprécier les conséquences. Ne peut-il pas arriver aussi que des
courants d'eau intérieurs aient préludé aux ébranlements qui ont signalé la
production de certaines fentes? Il existe entre les terrains bouleversés de
notre globe et les sources minérales une telle connexité, que les phéno-
mènes de dislocation qu'ils présentent peuvent être attribués à l'une ou
à l'autre de ces causes agissant isolément ou consécutivement. »
ÉCONOMIE RURALE. — Du goémon dans la culture des polders ;
par M. Hervé Mangon. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Boussingault, Payen, Peligot.)
o I.e varech ou goémon est le seul engrais employé dans les terrains de
l'île de Noirmoutiers (Vendée ). On l'emploie aujourd'hui à la même dose
qu'il y a un siècle ; d'anciens documents prescrivent aux tenanciers de cer-
taines terres le transport d'un nombre de charges d'âne de goémon précisé-
ment égal à celui que l'on met aujourd'hui dans les mêmes parcelles. Evi-
demment, la composition de ce produit est la même qu'à cette époque, et
comme le rendement moyen des terres est à peu près le même aussi, d'après
les livres de dîmes que l'on possède encore, on va comprendre avec quel
intérêt j'ai examiné les circonstances que je vais indiquer, lorsque des
études de travaux de polders m'ont amené dans ce pays il y a quelques
années.
» Par suite d'une singularité que l'on ne rencontrerait probablement
nulle autre part, les terres de l'île de Noirmoutiers, comme si on avait voulu
les consacrer à une grande expérience agricole, ne reçoivent jamais d'en-
grais d'origine animale. Le bétail, assez peu nombreux dans l'île, est pres-
que toujours renfermé. Le fumier qu'il produit et ses déjections, soigneuse-
ment recueillis dans les étables, dans les cours, et jusque sur les chemins,
pétris ensemble, servent à façonner des espèces de galettes, semblables à de
grandes bouses de vache que l'on fait sécher au soleil et à l'air. Ces galettes
forment pour l'hiver un combustible grossier. La cendre entassée près de la
chaumière est achetée parles cultivateurs du Bocage vendéen qui apportent
en échange du bois de chauffage et des fagots.
( 323 )
» Ce commerce singulier est mis en pratique de temps immémorial dans
l'île de Noirmoutiers. On est donc bien certain que les engrais d'origine
animale n'ont point compliqué les résultats donnés par son agriculture.
Pour en étudier les éléments, j'ai choisi les champs de la paroisse de Bar-
bâtre, situés dans la partie la plus étroite de l'île, qui ne reçoivent que l'eau
de pluie qui tombe à leur surface. Ces terrains forment de véritables polders
conquis sur la mer par des endiguements depuis fort longtemps.
» Le système de culture adopté pour ces terres est celui-ci. On laisse le
champ en herbe pendant quatre ou cinq ans. On obtient, sans fumure,
2,000 à 3,000 kilogrammes de foin par an et par hectare. On défonce cette
espèce d'herbage en décembre et janvier. On y sème des fèves qui sont re-
cueillies en juillet ou août. En août et septembre, on donne un labour
léger, on apporte 3o,ooo kilogrammes de varech frais, que l'on dé-
pose en petits tas, pour le répandre à la fourche et l'enfouir le plus rapide-
ment possible par un labour léger, et enfin on sème du froment. Pendant
trois ou quatre ans, on répète chaque année cette fumure et ces semailles,
puis on fait une année de fèves sans fumure; puis on revient, pendant trois
ou quatre ans, au froment fumé à 3o,ooo kilogrammes de goémon, et ainsi
de suite. Tous les quinze ou vingt ans on remet en herbe, comme on l'a dit
d'abord.
o Le produit est de dix-huit à vingt hectolitres de froment par an. Tous
les cultivateurs n'emploient pas une aussi forte fumure, mais leurs récoltes
décroissent au moins proportionnellement à la réduction d'engrais. Dans
les terres plus douces, le système de culture est un peu différent, mais il n'y
a pas à s'en occuper ici.
» La proportion d'azote dans le sol cultivé depuis plus ou moins long-
temps est essentiellement égale, d'après mes analyses, à celle de ce corps
dans le terrain vierge de l'alluvion avant l'endiguement. Le régime de
culture et de fumure que l'on vient d'indiquer entretient donc, sans l'aug-
menter ni la diminuer, la fertilité du sol des polders.
» La quantité des sels solubles, qui à l'origine provenait de l'eau de mer
dont le sol avait été imprégné, décroît naturellement avec la durée de la
culture. Cette décroissance continue jusqu'à ce qu'il s'établisse un état d'é-
quilibre entre les matières solubles entraînées parles eaux et apportées par
les engrais. Par l'effet d'une très-longue culture, la proportion de calcaire
dimiiuie beaucoup, soit parce qu'il est enlevé par les récoltes, soit parce
qu'il est entraîné par les eaux. On conçoit que sa proportion devienne in-
suffisante avec le temps, et que Ton soit obligé d'ajouter à des terrains de
( 3a4 )
cette espèce du sable calcaire, comme on le pratique sur une si grande
échelle avec les tangues dans les bas pays de la Manche et du, Calvados.
Tanguer ces anciens polders, c'est, pour le dire en passant, les rajeunir de
tout le temps écoulé depuis que la mer les a abandonnés, en les ramenant
à leur composition à cette époque.
« Le goémon qui sert à fumer les terres de l'île de Noirmoutiers est un
mélange d'un assez grand nombre de plantes marines communes. J'ai exa-
miné aussi, mais seulement à titre de renseignement, la composition du
Bytiphlœa pina&troides, plante malheureusement assez rare à Noirmoutiers,
mais que les habitants regardent comme l'engrais le plus puissant de la côte
et qu'ils recueillent avec le plus grand soin. Les chiffres fournis par l'ana-
lyse expliquent parfaitement du reste la préférence que la pratique attribue
à cet engrais.
» En nous occupant seidement, dans cet extrait, de la grande culture
et du goémon frais, nous trouvons les résultats suivants :
I. II.
Mélange moyen de varechs Rytiphiaea
communs pris sur pinastroides
le champ au moment pris à la
du transport. grande côte,
i". Matières volatiles.
Eau perdue à 100 degrés 78,820 56,090
Matière organique non compris l'azote. . . 8,272 22,484
Azote 0,16447 81,75647 1,08754 79,61154
2°. Cendres.
Sels minéraux solubles dans l'eau i ,992 9i9o6
Résidu siliceux insoluble dans les acides. . 8,366 3,4a6
Alumine, peroxyde de fer et tracesde phos-
phates o,4ïo 0)844
Chaux 3 , 934 3 , 4 1 2
Magnésie, acide carbonique et autres pro-
duits non dosés 3, 54153 18,24353 2,80046 20,88846
100,00000 100,00000 100,00000 IOO,OOOOf»
Dont sable mélangé mécaniquement 1 1 ,66 3 , 79
» Comparons maintenant la proportion d'azote introduite dans le sol
par la fumure avec l'engrais n" i à la quantité de ce corps enlevée par les
récoltes.
» Le goémon employé à la dose de 3o,ooo kilogrammes par hectare
apporte aux champs chaque année 49''i34 d'azote. Or la production
( 325 )
moyenne est de 19 hectolitres de froment par an. Cette récolte représente
à peu près 1482 kilogrammes de grain et un poids double de paille, soit en
tout 4446 kilogrammes de récolte totale exportée, dosant i pour 100
d'azote en moyenne, soit 44''»46 d'azote par an. L'azote exporté par l'a ré-
colte de froment, paille et grain, est donc sensiblement égal à l'azote im-
porté par le goémon. La récolte de fèves obtenue sans fumure tous les
quatre ou cinq ans, et les récoltes de foin faites tous les dix-huit ou
vingt ans sont prélevées sur le petit excès de l'azote du fumier, sur celui de
la récolte et sur les éléments de fertilité qu'un sol en culture tire toujours
de l'atmosphère.
11 En résumé, la terre d'un polder est aussi riche en azote après plusieurs
siècles d'une culture convenable que le sol d'alluvion qui le constituait au
moment même de son endiguement. Les craintes relatives à la décroissance
rapide de la richesse de ces terrains, souvent conquis à grands frais par
des travaux difficiles, ne sont point fondées.
• •> Le varech employé comme engrais exclusif à Noirmoutiers offre un
exemple remarquable de la transformation les unes dans les autres des ma-
tières organiques nécessaires aux besoins de l'homme sous l'influence de
la végétation. L'habitant de Noirmoutiers qui mange 1 kilogramme de pain
consomme en réalité sous une autre forme 12 à i3 kilogrammes de ces va-
rechs que la mer produit en si grande quantité autour de lui, et qui ne
pourraient directement lui offrir aucun aliment utile. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur l'intégration des équations de la forme
d" Y
x'" -y— = aj par des intégrales définies, x désignant un nombre constant
et n un nombre entier el positif soumis à la condition m<,n; par M, Spitzek.
(Renvoi à l'examen de M. Hermite.)
CHIRURGIE. — Guérison d'une division congéniale du voile du palais par la
cautérisation; par M. Benoit.
(Renvoi à l'examen de M. J. Cloquet.)
Ce Mémoire devant être prochainement l'objet d'un Rapport, nous nous
bornons aujourd'hui à mentionner sa présentation.
PHYSIOLOGIE. — Note sur la vision et spécialement sur la perception des reliefs
dans le stéréoscope et dans la nature; par M. Doumot.
(Commissaire, M. Pouillet.)
C. R., 1809, i^" Semestre. ( T. XLIX, N» 9.) 4^
{ 326 )
MKDECINE. — Sur h température du corps humain dans l'état physiologique et
pathologique et sur l'emploi thérapeutique du froid spécialement dans le trai-
tement des fièvres typhoïdes; par M. Wanner.
(Commissaires, MM. Rayer, Cl. Bernard.)
MM. Paignon et Vacdaux, propriétaires des brevets de M. Canouil pour
la préparation d'allumettes chimiques sans phosphore, demandent que cette
invention, qui a été soumise l'an passé au jugement de l'Académie et ren-
voyée à l'examen de la Commission du prix des Arts insalubres pour iSSg,
soit prise en considération par la Commission chargée, dans la précédente
séance, de préparer un Rapport en réponse à une question concernant cette
sorte de produits posée par M. le Ministre de la Guerre.
M. Gaultier de Glaubry, à l'occasion de la question soulevée par M. I«
Ministre de la Guerre et des recherches dont elle doit être l'objet de la part
de la Commission qui a été désignée à cet effet, adresse une copie d'un
Mémoire sur les allumettes chimiques, avec ou sans phosphore, qu'il a pré-
-senté l'an passé à M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Tra-
vaux publics.
Ces deux pièces sont renvoyées à l'examen des Commissaires nommés
dans la précédente séance : MM. Chevreul, Pelouze, Pouillet, Payen, 3.
Cloquet.
M. Legendre, auteur d'un Mémoire sur quelques cas rares de hernies
crurales, précédemment présenté au concours pour les prix de Médecine et
de Chirurgie, adresse, pour se conformer à une des conditions imposées
aux concurrents, une indication, en double exemplaire, de ce qu'il consi-
dère comme neuf dans son travail.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et Chirurgie.)
M. FicHET soumet au jugement de l'Académie deux Notes sur de nou-
velles dispositions qu'il a imaginées pour les bandages herniaires et pour
une autre sorte de bandages.
(Commissaires, MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.)
( 3^7 )
CORRESPONDAJVCE .
M. LE Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance un opuscule adressé par M. Baudrimonl, professeur à la Faculté
des Sciences deBordeaux : « Instruction relative à la vérification des engrais
duidépartement de la Gironde. »
dette Notice a été rédigée à la demande de M. le Préfet de ce département
pour faire connaître aux agriculteurs les avantages qu'ils peuvent tirer de
la vérification des engrais qu'il a établie depuis la fin de i854- H serait
à désirer, dit M. le Secrétaire perpétuel, qu'il y eût pour chacun de nos
départements quelque chose de semblable, puisque les engrais, qui sont
partout aujourd'hui l'objet d'un commerce considérable, donnent lieu à
des fraudes très-dommageables à nos agriculteurs.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur les hauteurs du mont Vélan et du mont Combina
en Valais, conclues d'un nivellement barométrique, les i4 et 3o juillet iSSg;
Lettre de M. Plantamour, directeur de l'observatoire de Genève, à
M. Ch. Sainte-Claire Deville.
« Voici la Note que vous m'avez demandée sur les résultats des compa-
raisons de vos baromètres avec ceux de l'observatoire de Genève et de
l'hospice du grand Saint-Bernard (i).
« Moyenne de 1 1 comparaisons faites le 8 juillet avant le départ pour le
Saint-Bernard :
Barom. Observât. Barom. Tonnelot. Barom. Fastré 5G.
■j32°'"',793-H24',57 733'"'°,525-l-23%97 733"'", 480 4- 24", 80.
(i) Pendant un séjour que M. L. Grandeau et moi avons fait au mois de juillet dernier à
l'hospice du Saint-Bernard, nos études nous ayant fait désirer d'atteindre la cime de quelques-
unes des hautes montagnes qui le dominent, deux ascensions ont été, en effet, entreprises
et exécutées avec un plein succès, grâce au temps exceptionnellement favorable de cet été :
le i4 juillet au mont Vélan, et le 3o juillet au mont Combin, tous deux situés sur les limites
du Valais et du Piémont. Cette dernière ascension présente quelque intérêt, parce que c'était
la première fois qu'on atteignait la cime du Combin, élevée de 433i mètres, ainsi qu'il résulte
des comparaisons et des calculs que M. Plantamour a bien voulu, sur ma demande, appliquer
aux résultats de nos observations barométriques et dont le détail est contenu dans la Lettre
ci-jointe.
( Note de M. Ch. Saiicte-Claire Deville. )
43..
"'^.
( 3c»8 )
Ces observations ont été réduites, en ajoutant au baromètre de l'observa-
toire la correction •+- i"°',o3 adoptée jusqu'à présent (+ o°"", a4 pour la
capillarité, et + o^^j^g pour l'erreur de l'instrument) et en n'ayant égard
pour le baromètre de l'observatoire, dont la monture est en bois, qu'à la
dilatation du mercure.
» On trouve alors les équations suivantes :
Barotn. Observatoire = Baroni. Tonnelot — o°"",o92
» = Barom . Fastré 56 + o"""" , o43 .
» Moyenne de lo comparaisons faites, du ii au i3 juillet, pendant le
premier séjour au Saint-Bernard :
Barom. St-Bernard. Barom. Tonnelot. Barom. Fastré 56.
5'77""",oi7 +i8%24 576""", 325 4-16', 22 576""", 102 + 1 5', 20.
» Ces observations ont été réduites, en ajoutant au baromètre du Saint-
Bernard la correction — o°"",35 adoptée jusqu'à présent (4- o""",35 pour la
capillarité et — o'"'",']o pour l'erreur de l'instrument). La monture du ba-
romètre du Saint-Bernard étant également en bois, la réduction à zéro s'est
faite en ne tenant compte que de la dilatation du mercure. On trouve alors
les équations suivantes :
Barom. Saint-Bernard = Barom. Tonnelot — o""", o33
= Barom. Fastré 56 -1- o""",o95.
B De nouvelles comparaisons ont été faites dans les séjours subséquents
au Saint-Bernard; réduites de la même manière, elles fournissent les équa-
tions suivantes :
7 comp. du i5 au 22 juillet : Barom. Saint-Bernard = Barom. Tonnelot — o""",o6o
9 comp. du i5 au 28 juillet : » = Barom. Fastré 56 + o""", 060
» Ces résultats montrent que les baromètres de l'observatoire de Genève
et du grand Saint-Bernard sont sensiblement d'accord avec les corrections
adoptées; on a en effet, par l'intermédiaire du baromètre Tonnelot,
Barom. Observatoire = Barom. Saint-Bernard — o°'"',o46,
et par l'intermédiaire du baromètre Fastré 56,
Barom. Observatoire :i: Barom. Saint-Bernard — o'""',o34-
» Lorsque M. Grandeau a passé par Genève le 24 juillet à son retour du
Saint-Bernard, le baromètre Tonnelot a été de nouveau comparé à celui de
^
( 3^9)
l'observatoire, mais on a obtenu des résultats un peu différents de ceux
que l'on avait trouvés à son premier passage. La moyenne de i3 compa-
raisons non réduites donne :
liarom. Observât. Barom. Tonnelot.
'j29""",8o5 4- 22»,59, •j3o"'",255 + 2i»,92,
d'où l'on tire l'équation
Barom. Observatoire = Barom. Tonnelot + o""", 200,
résultat qui diffère de o°"°,3 environ de celui que les comparaisons du 8 juil-
let avaient donné.
» J'ai calculé, d'après vos observations, la hauteur des sommités situées
dans le voisinage du Saint-Bernard, dont vous avez fait l'ascension ; ce calcul
a été fait d'après mes tables hypsométriques, en prenant pour station infé-
rieure le Saint-Bernard, dont la position est très-favorable pour cette déter-
mination et dont la hauteur est exactement connue. (D'après mon nivelle-
ment, la hauteur de la cuvette au-dessus de la mer est de 2478"", 34). N'ayant
pas (le données sur l'humidité de l'air pour l'une cTh pour l'autre des stations,
j'ai supposé partout la fraction de saturation égale à 0,75. Cette évaluation
arbitraire (par exemple un peu trop forte vu les circonstances météorolo-
giques) ne peut du reste agir que d'une manière insensible sur l'exactitude
du résultat; en effet, si on négligeait entièrement le terme dû à l'humidité
de l'air et si on égalait à zéro la fraction de saturation pour la station supé-
rieure et pour la station inférieure, la hauteur du Vélan serait diminuée
de 5"", 8, et celle du Combin de 8"", 2.
Hauteur au-dessus du Hauteur au-dessus
■SSg. mont Ë^intBernard. de la mer.
14 juillet midi Premier sommet du Vélan 1213,7 8692,0
3" 45" Cime du Vélan 1281,9 3760,2
28 » 10.06 Sommet de la Clienaletle 4''7>4 2895,7
» 11.00 Sommet de la pointe de Dronaz. ^^5,2 2953,5
3o >> midi3o Sommet du Combin i853,i 4^3 1, 4
» Dans mon ascension du Vélan, le 7 août i855, j'avais trouvé i286'",o
pour la hauteur de la cime au-dessus du mont Saint-Bernard, soit 3764'", 3
pour la hauteur au-dessus de la mer, résultat qui s'accorde à 3 mètres
près avec celui qu'ont obtenu les ingénieurs suisses chargés de la triangula-
tion pour la carte topographique de la Confédération. Il est de plus à
remarquer que la cime du Vélan étant recouverte d'une couche de neiges
( 33o )
éternelles, l'épaisseur de cette couche peut varier d'année en année. En par-
ticulier, il est probable que ces dernières années elle a dû diminuer en rai-
son de la quantité comparativement très-faible de neige tombée sur les
montagnes dans le cours des trois derniers hivers. Eu égard à cette cir-
constance, l'accord entre nos résultats peut être considéré comme com-
plet. 0
MÉDECJNE, — Emploi du curare dans le Irailement du tétanos;
par M. L. Vejlla (de Turin).
« Partant des expériences faites par M. Claude Bernard depuis i85o,
et des résultats qu'il avait obtenus avec le curare, qu'il avait montré comme
un agent paralysant l'action du système nerveux moteur, j'ai entrepris au
mois de décembre i856, avec mes amis les professeurs Ercolani et Tommasi,
une longue série d'expériences que j'ai communiquées à la Société des
Sciences biologiques de Turin. Les résultats de ces expériences peuvent
être résumés en disant que j'ai vérifié l'action physiologique antagoniste
sur le système nerveux, qui existe entre le curare et la strychnine, et que "
j'ai pu, chez les animaux, en agissant avec les précautions nécessaires, neu-
traliser les effets toxiques des deux substances l'une par l'autre.
» Cela posé, ayant observé plusieurs cas de tétanos, dans l'hôpital mili-
taire français de Turin (où j'étais médecin traitant de la première division
des blessés), et dans lesquels l'emploi des opiacés, de l'éther, etc., etc.,
avait échoué, il me vint à l'idée de faire sur l'homme l'application de mes
expériences de i856.
« M. Salleron, médecin en chef de l'hôpital, à qui j'avais communiqué
les résultats ci-dessus mentionnés, non-seulement ne mit pas d'empêchement
à mon projet, mais, au contraire, voulut bien m'encourager et m'aider de
ses lumières en dirigeant lui-même mes tentatives.
» Les premiers essais furent faits sur deux individus attaqués du tétanos,
l'un depuis quatre, l'autre depuis cinq jours, à la suite de blessures par
coups de feu. Ils se trouvaient dans un état de demi-asphyxie et dans des con-
ditions tout à fait désespérées. Même dans cette circonstance, l'application
du curare amenait un calme et un relâchement musculaire qui soulageait
beaucoup les malades. Cependant ils nepurentêtresauvés. Dans le troisième
cas dont je me propose d'entretenir l'Académie, le résultat de mes tentatives
fut complet, et le malade a été entièrement guéri.
)) Le sujet était un sergent au 4'* de ligne, nommé Alexis Thomas, âgé
{ 33. )
de trente-cinq ans, blessé le 4 juin» à la bataille de Magenta, par un coup de
balle au pied droit, qui avait produit une fracture incomplète du premier
métatarsien, avec lacération des tendons et des parties environnantes.
» Le malade entrait à l'hôpital le lo juin, n'ayant encore reçu d'autres
soins que de simples pansements avec de l'eau fraîche; mais il se trouvait
du reste dans les meilleures conditions possibles. Le i3, on fit l'extraction de
la balle, et le malade, qui commençait à souffrir davantage, en fut telle-
ment soulagé, que le lendemain, on lui accorda les trois quarts de portion.
» Le i6 (douze jours après avoir été blessé), il éprouva un peu de rai-
deur au cou, avec difficulté de mouvoir la mâchoire et la tète, ainsi que
quelques convulsions passagères.
» I^ 17, la mâchoire est fortement serrée, et il lui est impossible, par
moments, d'ouvrir la bouche.
» Sans m'arréter maintenant à décrire en détail l'apparition successive
des symptômes produits par le^trismus, l'opisthotonos, etc., je me bornerai à
dire que le matin du 18, lorsque je visitai pour la première fois le malade,
je reconnus, avec tous les médecins de l'hôpital, qu'il était atteint d'iln
tétanos général bien caractérisé.
application du curare.
» L'état du malade était si grave, que je crus d'abord devoir le saigner
pour combattre l'asphyxie dont il était menacé. Ensuite, après avoir dé-
bridé la plaie, je lui administrai une potion fortement laudanisée qui ne
produisit aucun effet.
» Dans l'après-midi, je me décidai à l'application du curare sur la plaie.
)) La dose fut d'abord de 10 centigrammes sur 4o grammes d'eau ; mais
je la portai, en l'augmentant successivement, jusqu'à i gramme sur
80 grammes d'eau.
» Après trois quarts d'heure et, quand la quantité du curare était plus
forte, une demi-heure, chaque application était suivie d'une diminution
dans la rigidité tétanique, ensuite d'un relâchement musculaire si com-
plet, que le malade pouvait immédiatement boire, prendre quelques soupes,
uriner, s'asseoir sur son lit, etc.
» Quand l'action du curare était finie, la jambe droite (la blessée) était
toujours la première à éprouver les secousses tétaniques qui, dans le com-
mencement, reparaissaient avec toute leur vioJence. Dans les trois premiers
jours de ce traitement extraordinaire, l'absorption par la plaie suffisait
pour produire le relâchement musculaire et le calme général dont je viens
( 33. )
de parler. Après cette époque, je dus poser un premier vésicatoire à la
cuisse, et le huitième jour, le répéter afin d'avoir une large surface absor-
bante.
» Pendant quatre jours, les pansements étaient renouvelés toutes les
trois heures, ensuite toutes les cinq heures jusqu'au douzième jour où je
les réduisis à trois fois, et même deux fois dans les vingt-quatre heures.
» J'ai remarqué que la blessure du pied elles plaies des vésicatoires ne
souffraient nullement de l'application du curare; au contraire, leur cicatri-
sation marcha très-vite.
» Je ne crois pas devoir décrire maintenant les modifications successives
du régime ni parler des petits soins ordinaires que je donnai au malade, ce
qui serait inutile pour le but que je me suis proposé dans cette Note. Je
dirai seulement que le curare, qui pendant les premiers huit jours parve-
nait constamment à éloigner les accès, en en diminuant progressivement
l'intensité, a fini par les faire disparaître entièrement; et le lo juillet le
malade quittait pour la première fois le lit sans éprouver aucune secousse
convulsive.
» J^e I 5 il sortit pendant une heure, et le 25 il quitta l'hôpital, se ren-
dant en France complètement guéri.
» Or, quelle que soit l'action spécifique du curare sur les centres nerveux,
il est certain qu'il paralyse l'action des nerfs moteurs de la vie animale,
action qui procède par l'intermédiaire des ceEftres nerveux.
» En conséquence l'emploi du curare était logiquement indiqué, et,
m'appuyant sur ces données physiologiques, je l'ai expérimenté.
» Je désire vivement que mes tentatives soient répétées dans des cas
semblables. Cependant il faut que le tétanos n'ait pas lésé trop profondé-
ment les organes vitasx, ni surtout le poumon.
» Je désire aussi que l'emploi du curare soit tenté dans le traitement de
l'hydrophobie, but que je m'étais proposé depuis longtemps et que, par le
manque d'occasion, je n'ai pas encore pu atteindre. »
Remarques de M. Velpeac à l'occasion de Vanaljie de la précédente Noie
donnée de vive voix par M Cl. Bernard.
« Sans contester l'intérêt du fait que vient de raconter M. Cl. Bernard, j«
crois cependant devoir faire remarquer qu'd doit être accueilli avec réserve.
Le curare est un agent si actif, un poison si dangereux, qu'avant de l'ac-
cepter comme remède il importe d'en avoir bien constaté l'efficacité.
( 333 )
» Il est vrai que le tétanos est assez redoutable de son côté et si réfrac-
taire aux médications connues, que tout est en quelque sorte permis à son
occasion. On aurait tort néanmoins de le regarder comme absolument
mortel, même quand il est aigu et traumatique. Ainsi, on en a guéri plu-
sieurs malades avec l'opium, avec l'éther, avec le musc, avec le camphre,
avec l'eau froide comme avec le chloroforme, ce qui ne l'empêche pas
d'avoir presque toujours une terminaison fatale, même quand on le traite
par ces divers moyens.
» L'auteur dit qu'il y a eu beaucoup de tétaniques parmi les blessés de
l'armée d'Italie. Or je tiens de plusieurs chirurgiens, de M. Larrey en par-
ticulier, lui le chirurgien en chef de cette armée, qu'il y en a eu très-peu au
contraire. Puis, ce tétanos qu'on arrête, qui renaît, qu'on arrête de nou-
veau et pour ainsi dire à volonté pendant près de quinze jours, m'inspire,
je l'avoue, quelque défiance! Il s'agit dans la Note de trois cas, deux morts
après les traitements ordinaires et le troisième guéri par l'usage du curare.
Eh bien, j'ai eu à la Charité trois cas de tétanos aussi dans le courant des
années 1857 et i858. Deux de mes malades ont succombé, et le troisième
est guéri comme à l'hôpital de Tiu-in. Cependant celui-ci, jeune fille que
j'avais opérée d'une énorme tumeur au cou, n'avait pas été traité autrement
que les autres et qu'une foule d'autres que j'ai perdus auparavant.
» Ce sont ces quelques cas de guérison spontanée et exceptionnelle qui
ont toujours fait la vogue jusqu'ici des nombreux moyens vantés tour à
tour comme remède efficace du tétanos, et qui, finalement, n'ont point
empêché le tétanos de rester presque constamment une maladie mortelle.
» En thérapeutique surtout, un seul fait ne permet jamais de conclure,
et comme je n'en vois qu'un ici et que ce seul fait me paraît entouré de
causes d'erreur variées, je dis que, sans le repousser et avant d'en donner
l'explication, d'en tirer des conséquences, il est prudent d'en attendre la
confirmation. »
Réponse de M. Claude Berivard aux remarques de M. Velpeau.
o Je puis rassurer M. Velpeau à l'égard des appréhensions qu'il vient de
manifester relativement au danger que pourrait présenter l'emploi du curare
dans le traitement du tétanos. On a en effet entouré l'histoire du curare de
récits merveilleux sur son action terrible. Cela vient sans doute de ce que
cette substance sert aux Indiens à empoisonner leurs flèches et de ce qu'elle
a le singulier privilège de pouvoir être avalée à forte dose sans aucun incon-
C. «., 1809, 2"'" Semestre. (T. XLIX N«9.) 44
( 334 )
vénient, tandis que par une simple piqûre elle peut produire la mort. Mais
toutes les expériences extrêmement nombreuses qu'on a faites récemment
pour étudier les propriétés physiologiques de ce poison, ont prouvé que
l'activité du curare n'a rien qui puisse le faire exclure de la thérapeutique.
On emploie tous les jours avec prudence et comme médicaments, l'acide
prussique, la strychnine, l'atropine, etc., qui sont des poisons plus éner-
giques et par conséquent plus dangereux que le curare. Cela se prouve par
des expériences sur les animaux, et on peut le voir pour l'homme en com-
parant les doses de curare dont a dû faire usage M. Vella, et qui sont rela-
tivement considérables.
» Maintenant, quant à l'efficacité du curare dans le traitement du cas de
tétanos cité par M. Vella, elle me paraît évidente. Il s'agit d'un cas de téta-
nos traumatique bien caractérisé. L'intermittence des accès que M. Velpeau
regarderait comme pouvant faire penser que ce cas n'était pas des plus
graves, n'est pas une forme qui appartînt primitivement à la maladie, mais
au contraire une résultat direct de l'application du curare. En effet, chaque
application de cette substance a toujours fait cesser l'accès tétanique, et le
phénomène s'est reproduit assez souvent pour qu'il me semble qu'on doive
exclure l'idée d'une pure coïncidence. Ici le curare, en modifiant l'action
des nerfs moteurs sur les muscles, a calmé la rigidité musculaire tétanique
consécutive à une blessure par armes à feu, absolument comme il calme
aussi la rigidité musculaire tétanique due à l'action de la strychnine.
» Il faut sans doute un plus grand nombre de faits pour établir défini-
tivement la valeur d'un médicament nouveau dans le traitement d'une
maladie. Mais je crois que ce cas de tétanos traumatique, traité avec succès
par le curare, est de nature à engager les médecins et les chirurgiens^à tenter
le même moyen. J'ajouterai en outre qu'on peut y être encore engagé théo-
riquement, parce qu'ici les données physiologiques sont tout à fait d'accord
avec les résultats thérapeutiques. M. Vella est un physiologiste distingué;
en appliquant les propriétés physiologiques du curare dans le traitement
du tétanos, il a montré qu'il cherche à appuyer la médecine sur la physio-
logie et à en déduire des indications pratiques. Cette tendance a produit
ici une tentative heureuse, et c'est une raison pour qu'elle soit encouragée
par tous ceux qui sont jaloux de voir la médecine marcher dans la voie
scientifique. »
Remarques de M. Serres à l'occasion de la même communication.
« L'observation que vient de présenter M. Cl. Bernard sur l'emploi du
( 335 )
curare contre le tétanos traumatique me paraît de nature à pouvoir servir de
point de départ pour le traitement de cette affection si grave.
« Le tétanos est caractérisé, en effet, parune contraction fixe du système
musculaire qui, parvenue aux muscles delà respiration, détermine la mort
par une sorte d'asphyxie. Physiologiquement, on peut établir que la cause
qui le produit semble affecter plus particulièrement les nerfs moteurs.
» Or le fait que renferme cette observation consiste à établir que ce
poison agit sur ces nerfs et fait cesser la contraction des muscles.
V L'observation contient, en effet, plusieurs expériences sous ce rapport;
car, chaque fois qu'un paroxysme tétanique s'est manifesté, l'emploi du
■curare l'a fait cesser d'une manière d'autant plus efficace, que l'intensité du
paroxysme allait toujours en décroissant.
» Les expériences analogues faites par l'auteur pour amener la cessation
des contractions musculaires produites par l'action de la strychnine, sont
de nature d'ailleurs à ajouter une confiance nouvelle dans les essais à faire
de ce moyen pour combattre le tétanos traumatique; affection, nous le
répétons, presque toujours mortelle, et contre laquelle la médecine est
impuissante.
» Quant au danger que paraît craindre M. Velpeau de l'usage d'un
poison si actif, on peut, avec toute assurance, s'en rapporter à la prudence
des médecins. »
Remarques de M. J. Cloquet.
« M. Jules Cloquet trouve l'observation communiquée par M. Cl. Ber-
nard très-intéressante sous les rapports tout à la fois physiologique et théra-
peutique. Il a employé ou vu employer presque tous les moyens préconisés
contre le tétanos, et sur plus de cinquante cas qui ont été soumis à son
observation, il n'a pas souvenance d'un seul exemple de guérison. Or-chaque
agent thérapeutique en a d'autres qui modifient ou neutrahsent son action.
Il en est de même pour beaucoup de principes morbifiques qui sont neutra-
lisés par certains médicaments. Que le tétanos soit traumatique ou la suite
d'un violent empoisonnement par la strychnine ou la noix vomique, les
symptômes et les résultats sont les mêmes. Ces symptômes dénotent une
contraction violente, une rigidité remarquable des muscles, rigidité qui
peut persister après la mort. L'esprit conçoit qu'un poison très-actif, le
curare, qui produit des effets contraires à ceux de la strychnine sur les
systèmes nerveux et musculaire, une sidération complète des muscles,
puisse neutraliser la cause du tétanos et le guérir. Le café n'est-il pas
44-
( 336 )
l'antidote dans les cas d'empoisonnement par l'opium? Le quinquina n'est-il
pas l'agent qui neutralise le principe des fièvres et de beaucoup de mala-
dies intermittentes? etc.
» Dans l'observation de M. Cl. Bernard, on peut suivre pour ainsi dire
pas à pas les effets salutaires des applications de curare lors de l'apparition
rapide de la maladie et à chacun des accès qui se sont succédé à divers
intervalles après la disparition momentanée des accidents de la première in-
vasion. On a peut-être exagéré faction toxique du curare? On sait d'ailleurs
, que l'action des médicaments est différente sur l'homme dans l'état de santé
et dans celui de maladie. Dans l'observation dont il est question, le curare
n'a été employé qu'à faibles doses, en solution, sur la plaie débridée et sur
les vésicatoires qu'on avait appliqués pour augmenter son absorption par
la méthode endémique.
» M. Jules Cloquet, tout en reconnaissant l'intérêt qui se rattache à l'ob-
servation présentée par M. Cl. Bernard, voudrait cependant qu'on en re-
nouvelât les essais, qu'on confirmât ou infirmât les résultats obtenus une
première fois, qu'on fît surtout des expériences sur des animaux chez les-
quels on aurait produit le tétanos par des plaies empoisonnées par la
strychnine, et que l'on traiterait ensuite par le curare. »
Observations de M. Rayer.
« Je ferai remarquer que M. Velpeau vient de citer un fait très-excep-
tionnel, en disant que sur trois cas de tétanos traumatique qu'il a observés
l'année dernière, un s'est terminé parla guérison. En opposant ce fait à celui
qui est communiqué par M. Cl. Bernard, M. Velpeau pourrait, contre sa
pensée, faire supposer aux personnes étrangères à la pratique de la méde-
cine et de la chirurgie que la proportion d'un cas de guérison sur trois cas
de tétanos traumatique n'est pas rare, et faire douter ainsi de l'efficacité du
curare dans le cas rapporté par M. Vella.
» M. Velpeau sait mieux que personne que les cas de guérison de tétanos
traumatique sont excessivement rares. Je me rappelle avoir entendu dire à
Dupuytren que sur quarante cas de tétanos traumatique, il ne pouvait en
citer qu'un qui ne se fût pas terminé par la mort. Si M. Velpeau eût donné
le résultat de sa pratique entière, l'heureuse tentative de M. Vella eiit été
Hiieux et plus facilement appréciée. Elle me paraît mériter l'attention la plus
sérieuse de la part des chirurgiens.
» Quant aux guérisons de tétanos qu'on dit avoir été obtenues à l'aide de
( ^3? )
inédicamenls très-divers, elles sont généralement relatives à des cas de téta-
nos spontané, maladie beaucoup moins grave que le tétanos Iraumatique. »
Observations de M. Jobert de Lamballe.
« La communication de M. Cl. Bernard offre de l'intérêt sous le rap-
port de la pathologie, de la thérapeutique et du résultat heureux qui a
couronné l'application du curare.
« Disons d'abord qu'il s'agit bien, dans le fait rapporté, d'un tétanos
aigu Iraumatique, de la forme la plus grave et qui est presque toujours sui-
vie de la mort. Notre confrère M. Velpeau sait parfaitement que les exem-
ples de guérison de tétanos survenu à la suite de plaies d'armes à feu se
comptent, et l'on ne peut, en effet, le comparer avec le tétanos spontané,
qui ne ressemble au premier ni par la cause ni par les résultats qui sont
souvent si essentiellement différents.
» Il faut donc prendre en sérieuse considération la communication faite
par M. Cl. Bernard; car, il est bien démontré pour moi que le tétanique dont
il est question doit sa guérison à l'usage du poison énergique qui, en cette
circonstance, mérite le nom de médicanient. Pourquoi n'en serait-il pas de
ce poison violent, relativement à son usage, comme de l'acide prussique,
de la strychnine, etc., dont on s'est servi avec avantage pour combattre des
maladies diverses? La strychnine est un poison aussi énergique que le cu-
rare, et cependant on s'en sert comme d'un médicament précieux. On ne
doit pas plus s'effrayer de l'emploi du curare que de l'usage que l'on a fait
prudemment des préparations de morphine, d'acide hydrocyanique, etc.
» On s'est demandé si l'on ne pouvait pas élever de doutes sur le mode
d'action du curare et sur son action directe contre ce tétanos. D'après
nous, il ne peut y avoir de doute à cet égard ; car, si nous nous reportons
au moment de l'administration du médicament, on voit que son efficacité
a été toute-puissante. Ne voit-on pas immédiatement après l'application du
curare les violentes contractions musculaires cesser, se renouveler et dispa-
raître après de nouvelles applications?
» Quoique ce fait de l'emploi du curare soit unique, il emprunte des
bases si solides aux expériences physiologiques de M. Cl. Bernard, et parle
si haut, qu'on ne peut trop le conseiller et engager les chirurgiens à en
faire usage dans des circonstances graves et difficiles. »
( 338 )
MÉTÉOROLOGIE. — Aurore boréale observée dans la nuit du zS nu 29 août ;
extrait d'une Note de M. Govlviek-Gravier.
H Vers 2 heures du matin, en montant observer, je vis qu'il existait
une aurore boréale. Do a'^iS"' à a''3o'°, elle commença à s'étendre et à s'éle-
ver à une grande hauteur au-dessus de l'horizon. De a''3o" à a^^6"' le
sommet du grand arc atteignait le trapèze de la Baleine. Son étendue était
depuis la Licorne jusqu'à 10 degrés S. B Aigle, ce qui donnait à cet arc
une amplitude de plus de aoo degrés, et une altitude de i 5o degrés. Le
sommet du petit arc s'élevait jusqu'à /j Dragon ou 26 degrés; son étendue,
depuis Cerbère jusqu'au petit Lion, ou un peu plus de 100 degrés.
» Cette aurore boréale est la plus belle que j'aie vue jusqu'ici, surtout
sous le rapport de l'espace qu'elle occupait dans le ciel, car tout son con-
tenu était visible et par l'absence de la lune et par l'absence de nuages
importants. Aussi, si le ciel a été favorable dans les régions situées plus au
Sud, on a dû l'apercevoir jusque dans l'Afrique et une partie de l'Asie.
» Le mouvement de translation, quoique peu rapide, de cette aurore,
était de rO.-S.-O. à TE.-N.-E. Dans les moments où le phénomène a paru
dans tout son éclat, la matière donnant naissance aux aurores boréales et
australes était dans une grande agitation. Dans les instants où cette matière
se réunissait le plus en masse, les rayons paraissaient d'une couleur rouge-
sang, ou mieux semblable à du fer chauffé au rouge. Puis, pour peu que la
condensation continuât, les rayons et segments devenaient semblables à
du fer chauffé à blanc.
)) L'espace occupé par le petit arc était comme toujours d'une couleiu-
verdâtre devenant d'un vert noir au centre près de l'horizon, le tout parais-
sant sans aucuns rayons. De 3''r5"' à 4 heures du matin la majesté de ce
curieux et mystérieux phénomène s'affaiblit de plus en plus, et disparut
un peu plus tôt à cause de l'arrivée du jour. »
PHYSIOLOGIE. — Sur les propriétés autoplastiques de la dure-mère et sur les
ostéoph)'tes cérébrales ; extrait d'une Note de M. Fonssagrives
« La communication faite à l'Académie des Sciences par M. le docteur
Molas, d'Auch, à propos du dernier travail de M. Ollier sur les propriétés
ostéoplastiques de la dure-mère, tendrait à faire considérer certaines pro-
ductions osseuses, déposées dans le voisinage de la faux cérébrale, comme
( 339 )
une émanation de celle-ci, ce qui infirmerait la remarque de M. Ollier rela-
tivement à l'inaptitude de ce repli à reproduire du tissu osseux. Mais la
production osseuse que M. le docteur Molas fournit comme preuve à l'appui
de sa manière de voir, est d'une nature toute différente de celles obtenues
dans les ingénieuses expériences de M. Ollier. Elle appartient à la catégorie
des ostéoph/tes cérébrales qui n'ont aucune connexion, si ce n'est une con-
nexion de voisinage, avec la dure-mère, et qui se développent primitive-
ment entre la pie-mère et le feuillet cérébral de l'arachnoïde. Un hasard
singulier m'a fait rencontrer, en moins d'un an, deux cas d'ostéophytes
cérébrales. I/une reposant sur la partie antérieure du corps calleux, entre
la partie plane de l'hémisphère gauche et la faux ; l'autre logée dans une
excavation de la face convexe de l'hémisphère droit : toutes les deux étaient
libres, n'avaient aucune adhérence avec la dure-mère, et leur apparence,
comme leur constitution chimique, les assimilait complètement au tissu
osseux compacte. »
M. Dei.frayssé adresse une Note concernant les corpuscules qu'on voit
flotter dans la portion de l'air éclairée par le soleil qui pénètre à travers un
étroit orifice dans un espace sombre. Il pense qu'il serait possible d'étu-
dier ces petits corps, parmi lesquels il est disposé à croire qu'il y a des êtres
animés.
(Renvoi à l'examen de M. Milne Edwards.)
M. Bouquet prie l'Académie de vouloir bien lui faire connaître le juge-
ment qui aura été porté sur un travail qu'il lui a précédemment adressé
concernant la résolution des équations.
Ce travail, qui avait été renvoyé à l'examen de MM. Liouville et Ber-
trand, n'a pas encore été l'objet d'un Rapport. On le fera savoir à l'auteur.
M. Hekvet prie l'Académie de faire examiner un appareil qu'il a imaginé
pour modérer les mouvements d'une voiture dont les chevaux sont em-
portés.
L'auteur n'ayant point adressé la description de son appareil, la de-
mande ne peut, pour le présent, être prise en considération.
I^a séance est levée à 4 heures trois quarts. E. D. B.
( 34o )
BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQI'E.
L'Académie a reçu dans la séance du 22 août iSôg les ouvrages dont
voici les titres :
Etude sur la variole, la vaccine et les revaccinations, etc. ; par le D"" Marx
D'ESPINE; br. in-8°.
Mémoire sur l'action curative et prophylactique du brome contre les affections
pseudo-membraneuses ; par leD'Ch. Ozanam. Paris, iSSg; br. in-8°.
Dictionnaire général des eaux minérales et d'hydrologie médicale; par
MM. Dukand-Fardel, Eugène Le Bret, J. Lefort, avec la collaboration
de M. Jules François; 2* liv. in-8°.
Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse. Compte
rendu des travaux depuis le 10 mai iSbS jusqu'au i5 mai 1869 (Sg* année}.
Toulouse, i859;in-8°.
Memorie... Mémoires de l'Observatoire du Collège romain; nouvelle série,
11° 5; in 4°.
Memoria... Sur un cas de surdité complète pendant dix années, guéri par la
perforation de la membrane du tympan; par M. E. GlAMPiETRO; br. in-8°.
L'Académie a reçu dans la séance du 29 août 1869 '^^ ouvrages dont
voici les titres :
Instruction relative à la vérification des engrais du département de la Gironde:
par M. Baudrimont. Bordeaux, 1859; in-8°.
Description de deux espèces de galles trouvées sur le Quercus pedimculata ;
parJ. Léon SOUREIRAN. {feuille in-8°.
Hôpital Saint-Louis à Turin; par M. H. Gaultier DE Claubry. | feuille
in-S".
ERRATA.
(Séance du 16 août 1859.)
Page Î69, ligne 23, au lieu de la mine d'Eton, lisez la mine d'Eston.
(Séance du 22 août iSSg.)
Pages 290, ligne ■;, et 291, ligne i4, eu lieu de sels, lisez sols.
Page 298, ligne 5, au lieu de Burdet, lisez Burdel. Et ligne 17, au lieu de Boike, lisez
BOINET.
nr-n»»-»»fr«
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES S€IEX€ES.
SÉANCE DU LUNDI 5 SEPTEMBRE 1859
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Formation artificielle de l'acide tartrique.
« M. Pelouze annonce à l'Académie la découverte importante de la
formation artificielle de l'acide tartrique faite par M. J. Liebig , en traitant
le sucre de lait et les gommes par l'acide nitrique.
>' L'examen approfondi des propriétés et de la composition de l'acide
tartrique artificiel n'a laissé à M. Liebig aucun doute sur sa parfaite iden-
tité avec l'acide tartrique du raisin.
» L'acide tartrique, qui se forme comme il vient d'être dit, est accom-
pagné d'un second acide isomérique avec l'acide oxalhydrique de Guérin-
Varry. «
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Résumé de plusieurs Mémoires, et d'un ouvrage
présenté; par M. Lamé.
" En faisant hommage à l'Académie d'une publication intitulée : Leçons
SUT les coordonnées curvilignes, je suis obligé d'entrer ici dans quelques dé-
veloppements, car diverses parties de l'ouvrage, que je dois définir suc-
cinctement, tiennent de plusieurs Mémoires que je n'ai pas pu présenter.
» Il s'agit d'un instrument analytique, dont j'expose la théorie et les
C. &., i859, î'"" Semestre. (T. XLIX, N» 10.) 45
( 342 )
diverses applications. Les titres de sept chapitres, concentrant chacun phi-
sieiirs leçons, peuvent résumer cette exposition, et un article à la suite de
chaque titre suffira pour indiquer les points de vue nouveaux qui lui cor-
respondent, et qui résultent de recherches inédites.
I. Définition des coordonnées curvilignes. — Paramètres différentiels.
— Formules de transformation.
» Dès ce dehut, il m'a paru indispensable d'introduire une expression
nouvelle, pour désigner toute quantité qui a une valeur déterminée en
chaque point d'un espace limité ou indéfini, laquelle valeur change d'un
point à un autre. Je l'appelle une fonction- de -point. Cette dénomination
embrasse : le potentiel dans la théorie de l'attraction; la pression dans un
fluide en repos ou le paramètre des surfaces de niveau; la température
dans un milieu en équilibre de chaleur ou le paramètre des surfaces iso-
thermes; la projection, sur un arc fixe, du déplacement moléculaire dans
la théorie de l'élasticité; enfin, et plus généralement, le paramètre de toute
famille de surfaces. D'après sa définition, une certaine fonction-de-point
particularise l'étendue à trois dimensions, comme une certaine surface, ou
comme une certaine courbe, particularise l'étendue à deux dimensions,
ou à une seule dimension. De même que la surface ou la courbe, cette fonc-
tiou-de-point peut être rapportée à une infinité de systèmes coordonnés
différents. Mais lorsqu'on passe d'un système à un autre, certains éléments
caractéristiques restent invariables. Tels sont, pour la fonction-de-point,
ses paramètres différentiels du premier et du second ordre ou ses dérivées
naturelles qui, définissant ses propriétés géométriques ou physiques, con-
servent les mêmes formes et les mêmes valeurs numériques en chaque
point, quel que soit le système coordonné. (Mémoire sur tes paramètres diffé-
rentiels des fonctions-de-point. )
II. Théorème fondamental de M. Dupin. — Courbures des surfaces orthogonales
et de leurs arcs d'intersection.
» Lorsque les équations de la Dynamique, ou celles de la Physique ma-
thématique, sont transformées en coordonnées curvilignes, les formules de
ce second chapitre permettent de les exprimer sans paramètres d'aucune
espèce, à l'aide des courbures des surfaces conjuguées et des variations
suivant les arcs d'intersection. De telle sorte que les nouvelles expressions
analytiques énoncent elles-mêmes leur interprétation géométrique. Mais,
afin que ce but soit toujours atteint, il est essentiel d'introduire pour
( 343 )
chaque famille de surfaces, outre ses deux courbures classiques, une troi-
sième courbure, que j'ai appelée paramétrique parce qu'elle dépend du
paramètre choisi, et qui se confond avec la courbure sphérique de Gauss
quand il s'agit d'une famille de surfaces isothermes rapportée à son para-
mètre thermométrique. Par suite de cette addition, le système orthogonal
présente neuf courbures, lesquelles sont les projections, sur les trois nor-
males, de trois courbures résultantes, dont les directions et les grandeurs sont
toujours assignables. {Mémoire sur les courbures des surfaces orthogonales.)
III. Equations aux différences partielles, vérifiées par les paramètres différentiels du
premier ordre des surfaces orthogonales.
» Les équations dont il s'agit donnent, par seconde transformation, toutes
les lois géométriques qui régissent les variations des courbures des surfaces
conjugées. Le seul exemple de leur intégration que l'on puisse citer aujour-
d'hui, est la méthode qui m'a conduit aux coordonnées elliptiques. Malgré
tous mes efforts pour édifier, après la réussite de celte première méthode,
Tuie autre méthode analytique qui conduisît plus rapidement aux résultats
trouvés, je n'ai jamais pu donner à cette dernière l'apparence complète
d'un procédé d'invention. J'ai donc saisi l'occasion qui se présentait si na-
turelle;nent d'exposer pour la première fois la véritable méthode. Cette
exposition suppose que le problème de la recherche des systèmes ellipsoï-
daux soit à résoudre ; elle introduit successivement les idées primitives et
toutes les idées subséquentes; elle analyse les difficultés qui s'offrent à
chaque pas, imagine les procédés d'intégration qui doivent les surmonter.
C'est en quelque sorte un exemple de la marche que suit tout géomètre pour
atteindre le but qu'il s'est proposé. [Mémoire sur la méthode de recherche
des coordonnées elliptiques.)
IV. Equations, en coordonnées curvilignes, du mouvement (Tun point matériel.
» Ces équations, primitivement données par la transformation , et expri-
mées à l'aide des six courbures effectives du système orthogonal, peuvent
être établies directement, par une certaine décomposition du mouvement
total en plusieurs mouvements simultanés, décomposition aussi simple et
plus immédiatement applicable que celle inaugurée par Coriolis dans sa
théorie des mouvements relatifs. Mais, lorsqu'on introduit les courbures
paramétriques, les mêmes équations, d'abord assez compliquées, acquièrent
une simplicité et une symétrie telles, qu'on peut les énoncer presque aussi
facilement qu'avec les coordonnées rectilignes. Prises sous leur forme primi-
■45..
( 344 )
tive, elles reproduisent aisément le théorème des forces vives. En les appli-
quant à la théorie du potentiel ordinaire, et à celle du potentiel cylindrique,
on est conduit à des conséquences nouvelles et remarquables sur le travail
des forces. [Mémoire sur [emploi des coordonnées curvilignes en Dyrnamique.)
V. Systèmes cylindriques isothermes.
» Lorsque deux familles de cyUndres se coupentàangle droit, si les cylin-
dres de l'une sont isothermes, ceux de l'autre le sont nécessairement, et, en
leur adjoignant une famille de plans parallèles, on complète un système
orthogonal, que l'on peut appeler système cylindrique isotherme. On par-
vient à résoudre une des questions principales de la théorie analytique de la
chaleur, celle des températures stationnaires, pour tous les prismes curvi-
lignes indéfinis, que limitent latéralement des systèmes cylindriques iso-
thermes, essentiellement rapportés à leurs paramètres thermométriques. La
série qui exprime la température est alors identiquement la même pour tous
ces systèmes: de telle sorte que la loi intégrale du phénomène a la même gé-
néralité que sa loi différentielle, concordance très-rare dans les diverses
branches de la physique mathématique. Lorsqu'on veut appliquer la série
générale à un système particulier, il faut d'abord étudier tout ce qui con-
cerne les signes et les limites de ses paramètres thermométriques. Comme
exemple de cette étude préliminaire et de l'application subséquente, j'ai con-
sidéré spécialement le système formé par deux familles de cylindres à bases
circulaires excentriques, et le système des cylindres ayant pour bases des
lemniscates, associées à des hyperboles équilatères divergentes. [Mémoire
sur l'équilibre des températures dans tes systèmes c/lindriques.)
VI. Systèmes orthogonaux, transformés par rayons vecteurs réciproques.
» Lorsqu'on applique le mode de transformation conique, par rayons vec-
teurs réciproques, aux trois familles de surfaces d'un système orthogonal,
on obtient trois nouvelles familles de surfaces, dont on démontre facile-
ment l'orthogonalité. De là résulte immédiatement que dans la transforma-
tion générale chaque surface, chaque arc d'intersection ou chaque ligne
de courbure du premier système, donne une surface, un arc d'intersec-
tion ou une ligne de courbure du second. Considérant deux fonctions-de-
point, respectivement rapportées aux deux systèmes, et liées entre elles par
une certaine proportion, on démontre que leurs paramètres différentiels du
second ordre, exprimés chacun dans le système correspondant, sont aussi
liés par une simple proportion. On déduit de ce théorème que si l'on par-
(345)
vient à résoudre le problème des températures stationnaires, pour une en-
veloppe solide, limitée par deux surfaces appartenant à l'une des trois fa-
milles d'un système orthogonal nouveau, on aura immédiatement la solution
du même problème pour une infinité d'autres enveloppes, résultant de la
première transformée par rayons vecteurs réciproques; soit en plaçant
successivement le point pris pour origine dans toutes les positions admissi-
bles: soit en donnant au produit constant des rayons vecteurs de même di-
rection toutes les grandeurs finies. Quand on considère le très-petit nombre
de corps que l'on savait traiter, il y a peu d'années, dans la théorie analy-
tique de la chaleur, on est émerveillé de la puissance de généralisation du
nouvel instrument que je viens d'indiquer. Gloire en soit rendue aux géo-
mètres qui l'ont inauguré et cultivé. L'emploi des coordonnées curvilignes
ne fait ici que généraliser et simplifier la théorie ainsi que les applications
de cette découverte. Dans une autre transformation, qu'on peut appeler cy-
lindrique, les rayons vecteurs réciproques, au lieu de partir d'un point pris
pour origine^ sont menés perpendiculairement à une droite fixe ; ce second
mode conduit aux mêmes conséquences que le premier, et à des généralisa-
tions analogues. {Mémoire sur l'équilibre des températures dans les systèmes
orthogonaux transformés.)
VU. Equations générales de l'élasticité en coordonnées curvilignes.
» Ce dernier chapitre est et devait être le plus étendu : car l'idée des coor-
données curvilignes vient de la théorie mathématique de l'élasticité, et c'est
surtout dans cette théorie que les expressions analytiques obtenues à l'aide
des courbures du système orthogonal, et des variations suivant les arcs d'in-
tersection, rencontrent le plus grand nombre d'applications. D'ailleurs,
parvenues à cette forme qu'on peut dire géométrique, les équations de l'é-
quilibre intérieur d'un solide homogène, et quelconque, ont conduit à des
lois très-générales et d'une grande simplicité, que l'analyse eût difficilement
découvertes en continuant à n'employer que les coordonnées rectilignes.
Telle est la loi qui régit les variations des forces élastiques principales, sui-
vant leurs propres directions. Cette loi résout, d'une manière élémentaire,
plusieurs questions posées par les praticiens, sur les résistances des parois,
planes, cylindriques, sphériques et même ellipsoïdales; elle donne, pour
ces cas divers, des formules suffisamment approchées, réductibles en nom-
bre, et qui sont à la fois plus exactes et plus simples que les formules empi-
riques dont on se sert habituellement. ( Mémoire sur les résistances des pa-
rois. )
( 346 )
» Le seul exemple que l'on pût donner aujourd'hui, delà marche à suivre,
lorsqu'on se propose d'intégrer complètement les équations de l'élasticité,
pour un corps de forme définie, est celui qui concerne l'équilibre intérieur
d'une enveloppe sphérique, dont les parois sont soumises à des pressions
ou à des tractions, différant d'un point à un autre de ces parois. J'ai donc
reproduit ici la solution exposée dans mon dernier Mémoire, avec les dé-
veloppements qui résultent de nouvelles études. Toute particulière qu'elle
soit, cette solution a mis à l'abri du doute, l'extension, à toute la physique
mathématique, de la méthode d'intégration par termes simples, employée
dans la théorie du potentiel ou de l'attraction des sphéroïdes. En effet, la
même marche, le même concours toujours efficace des termes simples, pour
introduire les fonctions données, se retrouvent : dans la théorie analytique
de la chaleur lors du refroidissement; dans la question de l'équilibre des
températures; dans la théorie mathématique de l'élasticité, lors des vibra-
tions, et aussi lors'de l'équilibre intérieur d'un corps solide, comme le con-
state enfin le cas actuel des enveloppes sphériques. L'exception a disparu.
Ce n'est donc plus là une simple analogie, c'est une véritable loi analytique,
qui embrasse toutes les branches des mathématiques appliquées. Et, de
cette concordance même, doit rejaillir une loi physique, s'étendant à tous
les phénomènes étudiés. »
ASTRONOMIE ET PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations de la planète Mars. —
Le tremblement de terre de Norcia ressenti à Rome. — Aurore boréale de
la nuit du 1% au 29 août; Lettre du P. Secchi à M. Elie de Beaumont.
« J'ai l'honneur de vous adresser trois autres numéros de nos Mémoires
de l'Observatoire, en vous priant de les présenter à l'Académie. Le premier
numéro contient une Introduction générale avec la description de l'obser-
vatoire magnétique et des instruments. Le troisième contient une suite de
dessins de Mars que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie en origi-
naux le 3o août i858. A ce que j'ai dit alors, je n'ai qu'à ajouter que le
temps de rotation qui satisfait à une période assez longue d'années est
a4'' 37" 35'. L'opposition de 1860 rendra ces dessins très-utiles pour con-
naître les variations physiques de la planète et sa constitution superficielle.
Le n° 6 contient la suite des étoiles doubles (i).
(i) Je prends cette occasion pour corriger une faute qui s'était glissée dans l'extrait insère
aux Comptes rendus, t. XLVIII, p. SyG, lig. 24» et p. 282 en liote : au lieu de l'étoile «le
( 347 )
» Le aa août, à a'' 33% nous avons eu une petite secousse de tremble-
ment de terre que nous avons su depuis être correspondante au grand
tremblement de terre qui a détruit la ville de Norcia dans les Apennins. Les
détails recueillis jusqu'à présent n'ont appris rien de bien intéressant au
point de vue scientifique, sinon que, de l'autre côté d'une petite rivière qui
coule près de Norcia, entre deux montagnes, le tremblement a été presque
sans bruit et n'a pas causé de dégâts, pendant que vi.s-à-vis de ces mêmes
lieux, du côté de Norcia, tout a été détruit. Cela tient évidemment à quelque
solution de continuité du sol des montagnes correspondant à la ravine où
coule la rivière, et paraît prouver que le siège est superficiel. La secousse a
été forte à Spoleto, place aussi sujette aux tremblements. On a déjà retiré
plus de 160 cadavres, et plusieurs restent encore non découverts. Du reste,
Norcia a été presque détruite autrefois par les tremblements de terre.
» Le ag, à 2 heures après minuit, nous avons vu une superbe aurore
boréale : le ciel était couvert d'un voile rouge et sillonné par des rayons
très-brillants en forme de colonnes lumineuses. Ce phénomène est très-rare
chez nous, et à l'ordinaire il est borné à une lueur rouge. Cette fois nous
avons eu aussi les streamers de lumière (i).
» Les instruments magnétiques étaient dans une perturbation extrême :
lès oscillations étaient de 10 à 12' dans le déclinomètre, et cet instrument a
dévié jusqu'à 34' de sa position normale. L'inclinaison a varié de 42'. Pour
la force horizontale et verticale, il a été impossible de fixer la variation, car
tous ces instruments sont sortis de leurs échelles; ainsi, elle ne peut être
moindre de 0,01 35 pour l'horizontale, et de 0,0075 pour la verticale. La
perturbation magnétique a continué longtemps dans la matinée, et, chose
très -remarquable, avant midi le vertical, qui était hors d'échelle par
élévation du pôle nord, s'est trouvé à i heure après midi sorti par dépres-
sion de l'autre côté, ce qui prouve un énorme changement et très-brusque
dans la force. »
Struve 3o56, on doit lire 3062, et l'orbite de cette étoile est connue et calculée par Maidler.
La faute résulte d'une erreur de transcription dans les observations de ces étoiles. On doit
aussi lire, lig. 3 en montant, p. 382 : l'angle de position 254''2i, au lieu de i54°2i; et
p. 383, lig. 8 en montant : l'angle de position 335° i5, au lieu de 35» i5. Ceux-ci sont des
erreurs typographiques.
(i) On observait qu'au moment où la lumière pâlissait, de nombreux nuages.de forme
comme réticulée couvraient le ciel, et lorsque ceux-ci se dissipaient, la lumière reparaissait.
( 348 )
M. Texier lit une Note sur un moulin à farine offrant une disposition
nouvelle destinée à modérer réchauffement des farines.
MEMOIRES LUS.
THÉRAPEUTIQUE. — Expériences faites à C infirmerie de Phàlel impérial des Inva-
lides, avec In poudre désinfectante de coal-tar et de plâtre, dans le service des
blessés; par M. Bonnafont.
(Commission des désinfectants : MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquet.)
« Sur l'invitation de M. Faure, médecin en chef de l'hôtel impérial des
Invalides, la poudre de coal-tar et de plâtre, préparée par les soins de
M. Langlois, pharmacien en chef, selon la formule donnée par M. Velpeau,
a été expérimentée à la salle de la Valeur sur plusieurs blessés, dont deux
seulement sont l'objet des réflexions qui suivent. Le premier est un inva-
lide atteint d'un vaste ulcère au pied gauche, résultant d'une gangrène
sénile qui a détruit toutes les parties molles des phalanges, une grande éten-
due de celles de la région plantaire, en mettant à nu toutes les phalanges et
la moitié des métatarsiens; la suppuration, entretenue par des lambeaux
d'aponévrose et de tendons, ainsi que par des os sphacélés, était très-
abondante et d'une fétidité extrême. Le second malade présentait une vaste
escarre gangreneuse , également sénile, qui embrassait toute la région méta-
tarso-phalangienne du pied gauche d'où s'échappait une odeur très-infecte,
mais donnant peu de suppuration.
» Afin de donner à ces expériences les garanties de vérité que M. Faure
et moi désirions, il fut prescrit à tous les chirurgiens de garde d'inscrire sur
leur rapport les résultats des pansements du soir, ainsi que les phénomènes
qu'ils auraient observés. Ces observations prises successivement par tous les
médecins de l'hôtel, jointes à celles que je prenais moi-même à chaque
pansement du matin, durant une période de trente-deux jours, nous ont
paru suffisantes pour formuler un jugement sur ce mélange ; mais afin
d'abréger et pour ne pas répéter ce quia été dit à ce sujet depuis l'intéres-
sante communication de M. Velpeau, nos croyons pouvoir résumer les
expériences faites dans notre service par les conclusions suivantes :
» 1°. La poudre de coal-tar et déplâtre a la propriété incontestable de
détruire ou de masquer l'odeur qui s'exhale des plaies.
(349)
» 2". Le degré d'action de ce mélange est en raison inverse de la quan-
tité de suppuration produite d'un pansement à l'autre.
» 3°. Cette poudre ne possède que peu ou point de propriétés absor-
bantes. La preuve en est que si on en applique une couche un peu épaisse
sur une plaie ou ulcère fournissant une suppuration abondante, celle-ci,
après avoir imbibé la couche de poudre le plus immédiatement en contact
avec elle, rend le mélange imperméable, et le reste du pus sécrété demeure
ainsi cloîtré dans la plaie. Pendant que ce phénomène se passe à l'intérieur,
le restant de la poudre et le linge à pansement qui la recouvre conservent leur
sécheresse.
» 4°. Quand on renouvelle le pansement dans les conditions qui précè-
dent, l'odeur du coal-tar est la seule qui domine d'abord ; mais aussitôt que
la poudre est enlevée, la suppuration qu'on trouve accumulée sur la plaie
n'a perdu que peu ou point de son odeur. Cette observation a pu être faite
et vérifiée plusieurs fois, mais beaucoup mieux au pansement du matin
qu'à celui du soir. Cette différence s'explique par l'intervalle qui existe entre
chacun d'eux.
» 5°. Si on n'a pas mis une couche suffisante de poudre, ou que la sup-
puration soit assez abondante pour la traverser et pour imbiber la charpie et
le linge du pansement, il y a cela de remarquable que le pus qui a traversé
la couche de coal-tar n'a perdu que fort peu son odeur spécifique, laquelle
domine celle de la poudre tant que celle-ci n'a pas été mise à découvert.
» 6°. Il résulte de ce qui précède que l'odeur du pus n'est nullement dé-
truite, mais seulement masquée par celle du coal-tar; ces deux odeurs ne
seraient donc, s'il est permis de s'exprimer ainsi, que juxtaposées.
« 7°. Tout mode de pansement d'une plaie qui suppure abondamment,
et qui ne réunit pas les conditions essentielles d'absorber le pus au fur et à
mesure qu'il est sécrété, est essentiellement vicieux et difficilement appli-
cable à un grand service de blessés, à cause de la nécessité de renouveler
trop souvent les pansements. Or, on sait combien dans un grand service
militaire, et en campagne surtout, il est difficile de panser deux fois seule-
ment les blessés dans les vingt-quatre heures.
» 8°. Comme toutes les poudres, celle de coal-tar exige en outre un certain
temps pour être enlevée des surfaces de la plaie, et rend ainsi les pansements
plus longs; c'est encore là un inconvénient qui mérite d'être pris en sérieuse
considération pour le cas surtout où le médecin a plusieurs malades à panser
dans un temps donné: il faut noter cependant que le mélange de coal-tar
0. R , iBîg,  Semestre. (T. XLIX, N» iO ; 46
( 35o )
et de plâtre s'enlève bien plus facilement que les autres mélanges pulvéru-
lents.
» 9°. La poudre de coal-tar a cela de commun encore avec toutes les
poudres carbonifères, qu'elle salit ce qu'elle touche, et enlève ainsi aux pan-
sements tout caractère de propreté. Il y aurait peut-être avantage, si cela
n'était si coiiteux, d'imiter MM. Poinçot et Malapert de Poitiers, en renfer-
mant, comme ils l'ont fait pour leur poudre désinfectante, celle de coal-tar,
dans (les sachets en gaze de dimensions diverses; ces sachets ont l'avantage
den simplifier l'application, de rendre la poudre plus perméable au pus, et
de l'empêcher surtout de se répandre.
» io°. Quanta l'action de ce topique sur les surfaces ulcérées, blafardes,
elle est incontestablement salutaire; mais il serait difficile, d'après les essais
faits aux Invalides, d'assurer que cette propriété fût supérieure à celle des
poudres simples ou composées, employées depuis longtemps dans les mêmes
cas.
» Ces conclusions ont été rédigées d après les observations prises en
commun par MM. Ossian Henry, chef de clinique, Drouet, Daussure et
Harmand, attachés au service des blessés. »
THÉORIE DES NOMBRES. — Recherches nouvelles sur les nombres premiers ;
par M. A. de Polignac.
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Hermite.)
« Nous appellerons premier terme d'une fonction quelconque de x,
composé d'un nombre fini ou infini de termes, le terme par rapport auquel
tous les autres deviennent nuls pour jr infini.
» Cela posé, soit/(ar) une fonction continue et continuellement crois-
sante ou décroissante; si nous remplaçons x dans J [x) par les nom-
bres premiers consécutifs 2, 3, 5, 7, 11, ... , jusqu'au nombre premier
immédiatement inférieur à x, nous aurons une sérié de termesy(a), /(S),
y(5), . . . , dont nous nous proposons de trouver la somme, que nous dé-
signerons par s[x); ou, plutôt, nous nous proposons de trouver le premier
terme de cette somme
» En s'appuyant sur nos recherches antérieures, ou trouve assez simple-
ment la règle suivante pour déterminer le premier terme de la somme
six) =/(2) -t-/(3)-^-/(5) 4-/(7) -h/(. I) + ... +/{p):
Divisez y (j?) par loga:, multipliez le quotient par cix et prenez l'intégrale :
( 35i )
/fix)
^~dx sera eo général le même que celui de s{x).
n Cela revient à dire que la somme des valeurs que prend f{x), quand
on y remplace x par tous les nombres premiers inférieurs à x, est égale à
la somme de toutes les valeurs que prend '^—^ — en donnant à x toutes
les valeurs depuis 2 jusqu'à x.
» On voit qu'il y a au fond de cette théorie cette grande question des
valeurs mojennes dont l'illustre et regrettable Lejeune-Dirichiet avait déjà
tiré de belles conséquences. *■
» L'étude approfondie de cette question semble être indispensable à
l'avancement et à la liaison des recherches qui nous occupent. Aussi doit-
elle être recommandée à tous ceux qui voudraient étudier les nombres pre-
miers.
» On conçoit que la règle que nous venons d'énoncer pour trouver le
premier terme de s{x) peut donner un nombre indéfini de théorèmes sur
les nombres premiers. Nous choisirons quatre exemples :
» 1°. Trouver le premier terme de la somme des inverses des nombres
premiers. Ici
/(x) = i; donc fÇfldx=f-^= f^^ = \og{]ogx).
Ce résultat avait déjà été trouvé par Euler {Introduction à l'Analyse infinité-
simale, traduction de Labey, t. F'', p. 218).
a a°. Trouver le premier terme de la fonction qui exprime le nombre des
nombres premiers inférieurs à x. Ici
f{x) = i; donc Çùfldx= fr^.
J ~ I ■> J logx J logj:
/dx
que M. Tche-
bychef, dans un de ses excellents Mémoires, donne comme représentant
assez bien le norijbre cherché [Journal de Mathématiques, t. XVII). Mais
déjà en septembre 18 10 on trouve, dans la correspondance de Bessel et
à très-peu près égal au nombre des nombres premiers inférieurs à x; aussi
désirait il la continuation de la Table donnant les valeurs numériques de
cette intégrale.
46..
( 352 )
» 3°. Trouver te premier terme de la somme de tous les nombres premiers
jusquà a . Ici
fix] = 3c ; donc / ,--— <^ix — I r~- = — r h . . . .
■^ ^ ' J logx J log.r 2logx
Ainsi, dans ce cas, le premier terme de s (x) est — ;
» 4°- Trouver le premier terme de la somme des logaritlimes des nombres
premiers inférieurs à x. Ici
f{x) = logx, J-^dx=z jdx = x^^
donc, dans ce cas, le premier terme de^(a?) est x, résultat auquel nous
étioiis déjà parvenus par une autre voie. »
M. Grimacd, d'Angers, lit un Mémoire sur le tétanos, son siège et son
traitement.
(Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Serres, Cl. Bernard, J. Cloquet.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Paye», à qui avait été renvoyé un Mémoire sur la composition des
blés, présenté par M. Poggiale à la séance du 1 8 juillet dernier, demande
que deux autres chimistes lui soient adjoints pour l'examen de ce travail.
MM. Pelouze etFremy sont désignés à cet effet.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur (es intégrales algébriques des équations
différentielles de la mécanique; par M. M assied.
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Bertrand.)
« M. Bertrand, dans un Mémoire inséré au Journal de Mathématiques
pures et appliquées pour l'année iSS'j, s'est proposé de rechercher quelques-
unes des formes les plus simples que puisse admettre les intégrales des équa-
tions différentielles du mouvement d'un point dans un plan.
» .T'ai continué ces recherches en me bornant au cas des intégrales algé-
briques et entières par rapport aux composantes des vitesses, et en les éten-
( 353 )
dant au mouvement d'un point libre dans l'espace on assujetti à rester sur
une surface donnée.
» J'établis d'abord quelques principes généraux qui simplifient beaucoup
les calculs ; je suppose toujours l'existence du principe des forces vives et je
ne considère que les intégrales ne contenant pas explicitement le temps.
» Supposons que dans un problème quelconque on ait exprimé les coor-
données des points mobiles en fonction du plus petit nombre possible de
variables.
» Soient q,, q^,. . . , q„ ces variables ; q\, q\, . . . , q'„ leurs dérivées par
rapport au temps; y»,, p^j ■ ■ •> fn leurs variables conjuguées, obtenues en
posant
rfT
T, la demi-force vive, est homogène et du second degré en 7i, Çj» • • • > 9,.,
ou en p,, P2,... , p„; soient U la fonction des forces et
U - T := H
l'équation des forces vives.
j> Si l'on suppose U = o, en conservant pour T la même forme, on a un
nouveau problème que j'appelle problème dérivé du premier.
» Soit maintenant a une intégrale algébrique entière et rationnelle par
rapport k q\, q'^, . . . , q'„, elle sera aussi entière, rationnelle et du même
degré par rapport k p,, ^j, . . . , p„.
» On doit avoir, en vertu du théorème de Poisson,
i =: 7J'
V^ \da. f/H da. dE) , ,, >
: I
' f//i, d(ji dqi dpi
» En partant de cette équation, je fais voir :
» 1°. Que a ne peut contenir des termes de parité différente, c'est-à-dire
les uns pairs et les autres impairs quant à leur degré en p,, p^, . . . , p„;
» 2°. Que le terme de degré le plus élevé dans a est une intégrale du
problème dérivé, ce qui donne un moyen de rechercher ce terme indépen-
dant des forces qui sollicitent les points mobiles;
» 3°. Que si a est du premier degré, celte intégrale sera homogène et
commune à une infinité de problèmes ne différant que par la fonction de»
forces :
^.
(354 )
» 4°- Qu*' si cette intégrale a est du second degré, elle sera de la même
forme que celle des forces vives, c'est-à-dire a = U, — T,, U, étant indé-
pendant de /?,, pa 1 • • • 1 Pn > 6t T, homogène et du second degré par rapport
à ces variables.
» T, se déterminera par la condition (T, T,) = o, et je donne ensuite
une méthode générale pour trouver U et U, quand cela est possible.
» Appliquant les théories précédentes au mouvement d'un point dans un
plan, je trouve pour intégrale du premier degré uniquement celle des aires,
et pour intégrale générale du second degré une intégrale qui peut se ra-
mener à
i (M= — NM ([x'— b') (b'—v') -f- (pt' — é')/(v) -+- (6^ - V») F(»
a = ; ; ;
elle correspond à U = ^^ , ? / et F étant des fonctions arbitraires,
fi et V les coordonnées elliptiques du point mobile, et 2^ la distance des
foyers du système, M et N les variables conjuguées de /x et v.
» Pour le cas où le point se meut sur une surface, j'emploie pour coor-
données les paramètres q, et q^ de deux systèmes de courbes orthogonales
tels, que l'on ait, ce qui est possible d'une infinité de manières,
X étant une fonction de q, et Çj. Je pose ensuite
7. + 7W— 1 = -^» q< — q2\ — i=f;
d'où
ds'^ = \clxdf.
Cette forme, due à M. Liouville, a l'avantage qu'elle ne change pas quand
on y remplace x par une fonction de x et j- par une fonction de j. J'arrive
aux résultats suivants, u et i' désignant deux variables nouvelles, fonctions
des précédentes :
» 1°. Pour qu'il ait une intégrale du premier degré, il faut qu'on puisse
ramener ds^ à la forme
(0 ds'=/{i>){du'-hd^''),
c'est-à-dire que la surface soit développable sur une surface de révolution.
( 355 )
« L'intégrale est alors, / et F étant des fonctions quelconques,
(2) a=J(v)— correspondant à U := F(f).
Pour que l'intégrale' (2) soit la plus générale du premier degré, il faut que
l'on ait employé la manière la plus générale pour ramener ds* à la forme (i).
2°. Pour qu'il y ait une intégrale du second degré, yj F, g; et ij; étant des
fonctions quelconques, il faut que l'on puisse ramener ds' à la forme
ds' = [J{v) - ¥(u)]{du^ + dv^),
le problème admettra, si U =^ 4r\ ^7—!' l'intégrale
_ y(p)F(«)-/(.H(«)
/('')-F(«)
[/H -F(«)l [/(.)( J)Vf(«)(|)^-].
Cette intégrale devient commune lorsque/ ou F est nulle.
» J'applique ensuite ces résultats au cas de l'hélicoide gauche, qui est dé-
veloppable sur une surface de révolution ayant pour méridienne une chaî-
nette.
» Enfin, j'étabhs que lorsque le point ( j:, j, z) se meut librement dans
l'espace, l'intégrale la plus générale du premier degré peut se ramener à la
forme
/ dy dx\ , dz
a = I X
k étant une constante quelconque, et je termine en montrant que les cas où
il existe des intégrales du second degré sont très-étendus, ainsi qu'il résulte
des remarquables recherches de M. Liouville sur la dynamique. »
PHYSIQUE. — Réponse à une réclamation récente de M. du Moncel. Faits
nouveaux relatifs à la non-homogénéité de t étincelle d'induction ; par
M. Ao. Perrot.
« La Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie sur la non-
homogénéité de l'étincelle d'induction a été l'objet d'une réclamation que
je ne crois pas fondée. Ce n'est pas sans motif que j'avais passé sous silence
certaines recherches qui ont précédé les miennes.
» M. du Moncel n'a jamais séparé en rfeujc l'étincelle d'induction, il l'a
( 356 )
déformée par un courant d'air, mais sans queni le traitdefeu, ni l'atmosphère
qui l'entoure cessassent, en définitive, d'aboutir aux mêmes pôles ; de sorte
que M. du Moncel a toujours regardé le trait de feu et l'atmosphère lumi-
neuse comme aussi inséparables que l'effet et la cause ; cette atmosphère
était même, suivant lui, de l'air échauffé par son contact avec l'étincelle.
» J'ai prouvé, au contraire, que le trait de feu et l'atmosphère lumineuse
étaient deux parties séparables d'un même tout; j'ai constaté que le trait
de feu pouvait être déplacé à l'aide d'un corps solide avec lequel il con-
tracte en quelque sorte de l'adhérence, que ce déplacement était sans ac-
tion sur l'atmosphère lumineuse, et j'ai démontré par là que cette atmo-
sphère avait une existence propre,* indépendante du traitdefeu.
» Pour venir en aide à la faible tension de la partie la moins lumineuse
et pour donner à cette portion de l'étincelle une direction constante^ j'ai eu
recours à un fort courant d'air; en présentant ensuite au trait de feu un
conducteur, je l'ai séparé du reste de l'étincelle. Par ces moyens j'ai par-
tagé l'étincelle d'induction en deux parties formant en quelque sorte deux
branches hétérogènes; d'un courant complexe j'ai tiré deux courants déri-
vés aboutissant à deux pôles dijférenls, jouissant de propriétés différentes,
indépendants et ne pouvant par conséquent pas être liés par une relation
de cause à effet.
1) Ce ne sont là ni les faits ni les explications énoncées par M, du Moncel :
celles-ci seraient absolument inapplicables aux faits que j'ai découverts (je
ne parle pas de la dernière communication de M. du Moncel : elle est
postérieure à la mienne).
» Je puis communiquer aujourd'hui des résultats nouveaux tout à fait
concordants avec ceux que j'ai déjà découverts. I^'action chimique du
courant dérivé par la partie la moins lumineuse est égale à celle due au
courant principal. Le passage du courant dérivé par le trait de feu n'est
pas accompagné d'actions chimiques. Une interruption faite dans cette
portion du circuit donne lieu à un trait de feu qui n'est pas entouré d'une
atmosphère lumineuse, nouvelle preuve que cette portion de l'étintelle est
sans action apparente sur l'air qui l'environne. Lorsqu'on interrompt le cir-
cuit du courant dérivé parla partie la moins lumineuse, on n'aperçoit jamais
de trait de feu, mais seulement une lueur semblable à celle qui caractérise
cette portion de l'étincelle. La tension de ce courant étant très-faible, on
voit au moment de l'interruption la portion de l'étincelle qui lui correspond
qxiitter la direction du courant d'air pour venir se terminer sur l'autre
rhéophore et reparaître partout où ce conducteur est interrompu ; elle prend
( 357 )
sous l'influence du courant d'air la forme d'un arc que sous- tend le
trajet rectiligne du trait de feu. En forçant alors le courant d'air, on peut
rompre cet arc; ce phénomène est accompagné d'un bruit analogue à celui
causé par la rupture de l'arc voltaïque.
» Lorsque, sans rien changer à l'appareil d'induction, on approche ou
on éloigne les conducteurs entre lesquels jaillit l'étincelle, on diminue ou
on augmente le trait de feu; à une petite distance, cette portion disparaît
complètement : la partie la moins lumineuse, au contraire, augmente lors-
que cette distance diminue. Le trait de feu peut donc dans certain cas ne
pas être distingué de la partie moins lumineuse.
» Le travail chimique d'un courant d'induction devient maximum lorsque
la partie la moins lumineuse atteint un volume donné ; à partir de ce moment
l'accroissement de cette portion n'est pas suivi d'une augmentation dans le
travail chimique du courant. La partie moins lumineuse paraît donc servir de
conducteur à l'électricité de quantité : toute étincelle dépouillée de cette
partie donnera lieu àun courant dépourvu de propriétés électrochimiques.
C'est ce que j'ai constaté pour le courant dérivé par l'étincelle qu'on obtient
en présentant au pôle extérieur de l'appareil Ruhmkorf un conducteur en
communication avec le sol. M. du Moncel avait observé que cette étincelle
n'était pas entourée d'une atmosphère lumineuse ; mais l'explication qu'il
a donnée de ce phénomène ne lui pertnettait pas de prévoir le résultat
que j'annonce. »
(Renvoià l'examen de M. Pouillet, déjà chargé de prendre connaissance de
la réclamation à laquelle se rapporte cette Note.)
CHIMIE ORGANIQUE, — Etude sur la composition de quelques essences;
par M. A. Lallesiand. (Extrait.)
■(Commissaires, MM. Pelouze, de Seuarmont.. Fremy.)
« Il y a déjà quelques années, M. Biot a bien voulu me confier l'examen
de deux produits végétaux, dont l'un, l'huile du Dijobalanops camphora,
avait été recueilli par le docteur hollandais Junghun dans un voyage au
nord-ouest de l'île de Sumatra ; l'autre, déjà connu sous le nom d'huile de
camphre, était extrait du Laurus camphora, qui fournit en même temps le
camphre du Japon. Les résultats auxquels je suis arrivé diffèrent de ceux
qui sont consignés depuis longtemps dans les ouvrages de chimie, ce qui
rend très-probable la supposition que le produit analysé par M. Pelouze,
C. R., i»59, 2"" Semestre. (T. XLIX, N» 10,; 4?
( 358 )
sous le nom d'essence de Bornéo, ne provenait pas du Diyobalnnoi)s cam-
pliora (0 et avait sans doute une autre origine.
1) Les recherches exposées dans ce Mémoire montrent que l'huile du
Dryobalanops est un mélange complexe analogue à la térébenthine des
Pins. Son origine devait y faire supposer l;i présence du camphre de Bor-
néo : il n'en renferme cependant aucune trace appréciable. L'huile qui
découle de l'arbre par incision ne paraît pas différer sensiblement de celle
qui est obtenue par la coction : elle a le même pouvoir rotatoire et la même
viscosité. L'échantillon sur lequel je pouvais opérer était trop exigu pour
tenter quelques essais.
" L'huile de camphie extraite du Laiirus cainpliora a déjà été analysée
par Marlius et Ricker, qui l'ont envisagée comme un premier degré d'oxyda-
tion du camphre, et l'ont représentée par la formule C*'*H"'0. Gerhardt
suppose qu'elle est un mélange de camphre et d'hydrocarbure, et mes re-
cherches confirment pleinement cette supposition.
» Sa me suis aussi occupé de déterminer la composition de quelques
essences de Labiées beaucoup plus répandues, que j'avais eu jadis occasion
d'observer à l'état de pureté et que j'ai étudiées de nouveau. Les essences de
Romarin, d'Aspic [Lavanduln spica) et de Lavande (espèce cultivée) con-
stituent des mélanges semblables à l'huile de camphre et nous montrent à
quel point est répandue dans le règne végétal la molécule C'^H'* et ses
dérivés immédiats. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Reclieiclies chimiques sur te calcaire dAvane, en
Toscane [ridolfUe (2)]; par M. S. de Litca. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Fremy, Ch. Sainte-Claire Deville.)
« Les montagnes de Pise [inonti Pisani), parmi lesquelles il y en a une qui
porte le nom à'Avane, sont constituées, en grande partie, d'une couche su-
périeure de calcaire plus ou moins blanc, et d'une couche inférieure formée
par un calcaire compacte dont la couleur est gris foncé : c'est sur ce der-
nier que j'ai fait quelques recherches chimiques dans le but d'en connaître
la nature et d'en fixer la composition.
(1) Le ciimplirier de Sumatra, que les indigènes de l'île appellent Copiera, et auquel les
botanistes ont donné le nom de Dryobalanops campltorn, est un végétal de la famille des Dip-
téi'ocarpées, voisine des Gutlifères. C'est le plus grand arbre de l'archipel Malaisicn.
(9.) Du nom de M. Ridolfi, Correspondant de l'Académie des Sciences.
( 359 )
» Ce calcaire se distingue des autres espèces du même genre par sa dureté :
il est en effet plus dur que les calcaires ordinaires, les marbres, les dolomies
et les arragoniles; sa couleur, est gris foncé sans éclat et avec un aspect
sensiblement gras; sa structure est unie et com|)acte; sa cassure est nette,
et on observe dans les parties mises à découvert quelques rares parcelles
de pyrite de fer; sa densité, déterminée à la température de i g degrés, est
de 2,777 î P^*" '^ frottement ce calcaire développe une odeur légèrement
bitumineuse et les parties mises à nu happent faiblement à la langue; une
pointe en acier produit sur ce minéral des traits blancs et sa poudre est
aussi blanchâtre; par l'action de la chaleur il développe une odeur empy-
reumatique, dégage des gaz inflammables et en même temps il se sublime
une petite quantité de soufre^ provenant sans doute de la décomposition du
bisulfure de fer, et il se condense un peu de vapeur d'eau; parmi les gaz dé-
gagés on constate l'acide carbonique, l'oxyde de carbone, des traces de car-
bures d'hydrogène, de l'hydrogène et de l'azote ; ce calcaire perd par la cal-
cination environ 33 ,'5 pour loo de son poids, et cette perte est représentée
par l'acide carbonique, l'eau et les autres matières volatiles; les acides éten-
dus d'eau, azotique et chlorhydrique, l'attaquent en dégageant de l'acide
carbonique et une trace d'hydrogène sulfuré, et en laissant comme résidu
un squelette ayant la forme et presque le volume primitif du minéral atta-
qué, qui à son tour a cédé aux acides et dégagé dans l'atmosphère les
75 pour 100 de son poidset qui lui-même en représente les a5 pour 100 (i) ;
ce résidu, inattaquable par les acides, est d'un gris peu foncé, très-léger,
laisse des traces grisâtres sur le papier à la manière de la plombagine, et n'a
qu'une faible dureté, si bien qu'on peut le réduire en poudre entre les
doigts, s'il est sec, ou le modeler à volonté lorsqu'il est humide.
» Ce résidu est formé presque entièrement d'argile et d'une trace de ma-
tière bitumineuse : brûlé dans un courant d'oxygène, il produit de.l'acide
carbonique et de l'eau; en outre, chauffé avec de la chaux sodée, il donne
de l'ammoniaque; le même résidu sec, calciné au contact de l'air, perd toute
sa matière bitumineuse et acquiert une teinte blanchâtre.
» Les acides qui ont servi pour attaquer ce calcaire contiennent de la
chaux,, de la magnésie et du fer.
(i) M. Élie de Beaumont a eu l'obligeance de m'indiquer, comme casa peu près analogue,
que le quartz neclique, après avoir perdu ses éléments calcaires par l'action des agents atmo-
sphériques, conserve sa forme primitive, mais est. devenu si poreux et si léger, qu'il nage
sur l'eau.
47-
( 36o )
» De fout ce qui précède, on déduit facilement que le calcaire d'Avane
est constitué de carbonate de chaux et de magnésie, formant une espèce de
dolomie qui tient dans sa masse, uniformément distribuée, le quart de son
poids d'argile : les autres matières qu'on y constate doivent être consi-
dérées comme accidentelles.
» Voici maintenant la composition centésimale de ce calcaire déduite de
plusieurs déterminations :
Eau 1 .85
Chaux 27,86
Magnésie 9» '^
Acide carbonique 31,78
Matières argileuses ^5 ,96
Oxydeset sulfures de fer i ,94
Matières bitumineuses 0,62
99. '5
MINÉRALOGIE. — Su7' quelques minéraux du Chili; extrait d'une Lettre
de M. Pissis.
(i Dans la dernière excursion que je viens de faire au désert d'Atacama,
j'ai rencontré quelques minéraux qui m'ont paru assez peu connus pour
penser qu'ils pouvaient manquer aux collections de l'École des Mines, et je
profile du départ de t Eurydice pour vous les faire parvenir. Les uns sont
des sulfates qui forment la partie supérieure d'un filon de cuivre pyrileiix
que 1 on exploite dans les environs de Copiapo; les autres des silicates hy-
dratés se rapprochant par leur aspect du pecktolite, mais qui en diffèrent
par la petite proportion de chaux qu'ils contiennent et parce qu'ils résis-
tent à l'action des acides. Ces derniers forment des veines ou des amas dans
des roches à base de labrador et d'hypersthène situées près du port de
Caldera. Parmi les sulfates, il y a une espèce remarquable par sa belle cou-
leur améthyste : c'est un sulfate acide de peroxyde de fer sans aucune trace
de manganèse que sa couleur violette pouvait faire soupçonner ; elle est
fort rare et ne forme que de tout petits amas enclavés dans un sulfate brun
qui m'a paru être de la coquimbite. Comme ces sulfates, parmi lesquels se
trouve aussi la copiapite ne forment qu'une petite masse exploitée pour
l'amalgamation des minerais d'argent, il est très-probable qu'avant peu ils
auront entièrement disparu ; j'ai donc pensé que, dans le cas même où l'É-
( 36. )
cole des Mines aurait déjà ces espèces, ces quelques doubles ne seraient pas
de trop. »
M. Pissis donne ensuite sur ses travaux géologiques et géodésiques
des détails qui permettent d'attendre de sa part des communications ulté-
rieures.
Les minéraux adressés par lui seront soumis à l'examen d'une Com-
mission composée de MM. de Senarmont, Ch. Sainte-Claire Deville et
Fremy.
CHIMIE APPLIQUÉE. — addition à la recherche du chlore dans le caoutchouc
vulcanisé par le chlorure de soufre ; par M. Gaultier de Glavbry.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Payen, Balard.)
« J'avais fréquemment remarqué qu'en traitant par l'acide nitrique le
produit de la combustion du caoutchouc par un nitrate alcalin, il se déga-
geait une forte odeur d'acide cyanhydrique également sensible quand on
fait bouillir avec le même acide le précipité obtenu par le nitrate d'argent
dans l'eau qu'ont traversée les gaz et vapeurs provenant de la distillation du
caoutchouc conduits avec ou sans air dans un tube porté au rouge le plus
intense. Quelques chimistes ayant cru que le caoutchouc naturel fournissait
du chlore à la distillation et regardé comme impropre à démontrer sa vul-
canisation au moyen du chlorure de soufre le procédé que j'ai eu l'honneur
de communiquera l'Académie le 1 1 août dernier, j'ai dû rechercher à quelle
cause pouvaient être attribués des résultats si opposés à ceux que j'avais
vérifiés à un grand nombre de reprises.
» J'avais signalé dans le précipité l'existence du chlorure et du sulfure
d'argent et de l'argent métallique ; je dois y ajouter le cyanure qui se décom-
pose lors du traitement par l'acide nitrique à l'ébullition, comme je l'avais
recommandé. On en constate facilement la présence en traitant celui-ci à
froid par l'acide nitrique qui laisse le cyanure et le chlorure s'il existe. Le
précipité lavé et desséché^ traité par l'acide nitrique à l'ébullition, dégage de
l'acide cyanhydrique et se dissout en totalité s'il ne renferme pas de
chlorure.
» MM. Ossian Henry et Humbert ont indiqué un procédé qui permet de
constater l'existence du cyanogène, en opérant même sur un demi-milli-
gramme de cyanure d'argent. Soumis à ce traitement, le précipité argentique
provenant du caoutchouc fournit du cyanure d'iode, qui ne peut laisser de
( 362 )
doute sur sa véritable nature. Cinquante grammes de caoutchouc de Para,
ou des diverses provenances commerciales, ne donnent pas de trace de
chlorure d'argent. Cinq grammes de caoutchouc vulcanisé à 5 grammes
seulement de chlorure de soufre par kilogramme de sulfure de carbone en
fournissent des quantités très-appréciables. Le procédé que j'ai indiqué
permet donc, quand on s'est préservé de la cause d'erreur provenant de
la présence du cyanure d'argent, de prononcer sur le procédé suivi dans
la vulcanisation du caoutchouc. »
MÉTÉOROLOGIE. — Expériences utr les ombres prismatiques observées à la
Havane, en rapport avec la déclinaison du soleil et l'état atmosphérique ; par
M. PoEY. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Faye, Delaunay.)
« Dès le mois de janvier dernier, j'avais entrepris une longue série de
recherches sur les ombres colorées des corps opaques. Les deux dernières
communications que l'Académie a reçues, l'une de M. Babinet au sujet des
ombres bleues observées lors du brouillard à Paris du 27 mai, et l'autre de
M. Fournet, m'ont engagé à lui soumettre mes propres recherches entre-
prises sous une autre latitude et dans des conditions climatologiques bien
différentes. »
La Note étant trop étendue pour être reproduite dans son entier, nous
en extrayons les paragraphes suivants, sur lesquels M. Poey semble appeler
plus particulièrement l'attention.
« Les ombres se colorent de teintes plus réfrangibles lorsque, le soleil .se
trouvant àl'horizon, l'atmosphère absorbe une plus grande quantité de ces
rayons. Au contraire, elles se colorent des teintes moins réfrangibles lorsque
l'atmosphère donne passage aux rayons plus réfrangibles quand le soleil
atteint le zénith (i). Par exemple, les ombres bleues-violacées ou verdâtres
dans le premier cas, ont une tendance à devenir rougeâtres-orangées quand
l'astre se trouve au zénith. Dans l'altitude intermédiaire, les ombres se re-
vêtent avec plus de facilité des sept couleurs prismatiques. J'ai déjà signalé
(i) En d'autres termes, la couleur de l'ombre est toujours complémentaire à la teinte trans-
mise par l'atmosphère, ou de même nature à celle qu'elle absorbe, laquelle en outre varie
l)lus ou moins suivant l'altitude du soleil.
( 363 )
b même loi pour la coloration des étoiles par scintillation, des arcs du
soleil, de la lune et des planètes.
» Pendant le jour, la lumière diffuse et même le peu de lumière répandu
dans une salle complètement fermée suffit à la production des ombres co-
lorées à l'aide d'une lueur artificielle. C'est ainsi qu'à la distance de 87 mè-
tres dans une grande salle du bâtiment de l'Observatoire, j'ai pu encore
distinguer les ombres colorées avec la lumière d'une bougie. A cette dis-
tance, l'ombre bleue était tellement intense, que si l'espace me l'eût permis,
j'a'urais pu probablement les apercevoir dans un rayon double.
» Sur la grande terrasse, élevée et isolée, de l'Observatoire, j'ai pu encore
distinguer l'ombre bleue à 20 mètres de distance produite par les rayons
lunaires et une simple bougie, presque au contact de la feuille de papier
qui la recevait. Mais c'est qu'alors le disque lunaire était légèrement couvert
par le passage d'un nuage; car si la lune rayonnait dans son plein, l'ombre
colorée n'était plus visible qu'à i4 mètres. A partir de 4 mètres, l'ombre
jusque-là intense commençait à s'affaiblir rapidement. De sorte que les
vésicules des nuages agissaient comme la vapeur d'eau disséminée dans
l'atmosphère, et par sa plus ou moins grande densité elles augmentaient ou
elles diminuaient, non-seulementi'intensité desombres colorées, maisencore
la nature de leurs teintes. Car l'ombre bleue de la lune radiante visible à
14 mètres devenait bleue-violette à 20 mètres, lorsque sa lumière s'affaiblissait
par le passage du nuage. J'ai encore indiqué un effet analogue dans la colo-
ration des étoiles au passage d'un nuage. »
THÉRAPEUTIQUE. — Sur l'action désinjectante de la solution de perchlorure de
fer; extrait d'une Lettre de M. Deleau.
« M. le D'Terreil a communiqué à la séance du 16 août i85g une série
de faits pratiques sur l'emploi du perchlorure de fer dans le traitement des
plaies dites suppurantes. Je suis loin de lui faire un reproche de ne pas con-
naître mes expériences, publiées depuis longtemps dans l'Union médicale de
la Gironde, sur l'action désinfectante de la solution du perchlorure de fer
contre l'excrétion purulente des plaies de toute nature et d'ignorer la puis-
sance antiputride de cet agent précieux sur le pus ingéré dans les voies
digestives des animaux. Mais je ne puis garder le silence sur l'injustice
commise à l'égard de la solution normale préparée par feu M. Soubeiran,
et utilisée journellement avec succès dans les hôpitaux et les prisons de la
Seine. Elle a toute l'efficacité du perchlorure de fer sans qu'elle apporte
( 36/» )
une action corrosive sur les parties organiques mises en contact avec .elle.
Ma solution rivalise d'action avec cette dernière dans son efficacité; mais
je ne puis avoir confiance dans les solutions normales perchloroferriques
préparées généralement dans le commerce. »
Cette Note est renvoyée à l'examen des Commissaires précédemment
désignés pour la question des désinfectants : MM. Chevreul, Velpeau,
J. Cloquet.
M. Étiexne adresse une Note concernant les divers mélanges désinfec-
tants proposés depuis quelques années et qui présentent dans leur compo-
sition plus ou moins de rapport avec celui de MM. Corne et Demeaux. Il
cite en particulier celui que M. Bayard avait soumis en 1844 à la Société
d'Encouragement, mélange en proportions déterminées de sulfate de fer,
d'argile ferrugineuse et de sulfate de chaux, avec addition de goudron de
houille en quantité variable suivant les cas.
(Commissaires, MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquet.)
M. ZiMMEBMAN soumet au jugement de ^Académie une série de planches
accompagnées de légendes relatives à l'art du facteur d'orgues,
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet,
Duhamel, Despretz.)
CORRESPONDANCE.
M. LE Directeur GÉNÉRAL DES Douanes et des Contributions indirectes
adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du Tableau
général du commerce de la France avec ses colonies et avec les puissances
étrangères pendant l'année i858.
M. LE Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées delà Cor-
respondance les Statuts d'une nouvelle Société d'Histoire naturelle qui
vient de se former dans la Nouvelle-Grenade et qui a son siège à Bogota.
Dans la circulaire qui accompagne cette pièce, le Président de la Société,
M. E. Vricoecliea, émet le vœu que les sociétés savantes de l'Europe vien-
nent en aide à la nouvelle Institution, en enrichissant de leurs publications
la bibliothèque qu'elle va s'occuper de former.
( 3G3 )
PHYSIQUE nv GLOBE. — Itijlueiice d'une aurore boréale sur les liijnes' '
télégrapfiiques; Lettres de M. Bekgon.
« Paris, !"■ septembre i85g.
» J'ai peiisé que l'Académie apprendrait avec intérêl quelle a été, sur
nos lignes télégraphiques, rinfliience de l'aurore boréale observée dans la
nuit du 28 au 29 août. Voici un aperçu de ce qui s'est passé.
» Le 29, vers io''3o" du soir, au bureau central de Pi\ris, les soiuicries
des fils inoccupés pendant la nuit se sont, presque toutes au même instant,
mises en mouvement. La transmission, déjà un peu embarrassée sur plu-
sieurs points, a été interrompue sur les fils occupés, et les appareils ont
accusé le passage d'un courant permanent.
» Les galvanomètres déviaient fortement, tantôt à droite, tantôt à gauche.
Les aiguilles, parties de zéro, montaient assez rapidement jusqu'à 10 et
ao degrés, selon les lignes, stationnaient là un temps plus ou moins long et
très-variable, dépassaient ce point et atteignaient assez brusquement 3o et
5o degrés; puis elles redescendaient, et, après être passées par zéro, se con-
duisaient de la même manière de l'autre côté.
» L'effet a été plus continu et plus énergique sur les lignes du centre, de
Bordeaux, de Marseille et du Nord que sur celles de l'Est et de l'Ouest.
Ainsi on a pu avoir pendant la nuit quelques mots intelligibles de Stras-
bourg, et notamment une demande que Dijon l'a prié de faire à Paris,
ne pouvant lui-même rien obtenir par la ligne directe. Les lignes de
Paris et des gares n'ont été que très-faiblement influencées vers 2 heures
du matin.
» A l'ouverture du service de jour, à 7 heures du matin, on a pu com-
muniquer passablement de tous les côtés jusqu'à 3o ou 4o lieues. Ce n'est
que quelques heures plus tard, entre 9 et 1 1 heures, qu'il a été possible
d'aller plus loin; mais, pendant presque toute la journée, il est encore sur-
venu de temps à autre des interruptions durant lesquelles les galvanomètres
donnaient les mêmes indications que pendant la nuit; néanmoins les station-
nements à zéro étaient longs, et on a pu travailler la plus grande partie du
temps.
» L'intensité des effets n'a pas tenu seulement à l'orientation de la ligne,
elle a paru varier aussi et beaucoup en raison de la longueur du conducteur
auquel on avait affaire.
<:. R , 1859, a"»" Semestre. (T. XLIX , N» 10.) 48
( 366 )
» L'influence perturbatrice n'a complètement disparu dans toutes les
directions que vers 5 heures du soir.
» La veille, les communications avaient déjà été troublées de la même
manière sur Londres, Bruxelles, Marseille, Toulouse et Bordeaux, mais
plus rarement, et avec moins d'intensité.
» P. S. 2 septembre à 8 heures du malin. Les mêmes phénomènes se pro-
duisent depuis 4 heures du matin; ils sont encore très-intenses à l'heure
qu'il est. »
« Paris, 5 septembre iSSg.
» Dans ma Lettre du i" courant, que j'ai eu l'honneur de vous en-
voyer le 1 au matin, j'ai ajouté une Note pour vous signaler que les
phénomènes qui avaient accompagné l'apparition de l'aurore boréale du
ag août se reproduisaient depuis quelques heures avec luie intensité con-
sidérable. Je viens vous rendre compte aujourd'hui de celte deuxième
série d'effets.
» Le i*"", dans l'après-midi, nous avions eu quelques difficultés de trans-
mission semblables à celles qui s'étaient manifestées dans la journée
du a6 août. Le a, à 4'''^o™ du matin, les sonneries se sont ébranlées :
d'abord celles de Bordeaux, Toulouse, Marseille, Londres et Bruxelles,
et ensuite, à quelques minutes d'intervalle, celles de Bâle, Strasbourg, le
Havre et Brest. '
» Les galvanomètres ont, comme le 29, accusé des courants qui variaient
de sens et d'intensité, tantôt brusquement, tantôt avec lenteur et qui dis-
paraissaient un moment pour reparaître soit dans le même sens, soit en sens
contraire.
» Le fait que les ligues sont d'autant plus influencées qu'elles sont plus
longues a été démontré cette fois encore et de la manière la plus évi-
dente. Par les fils omnibus, on prévenait un bureau voisin de couper
un fil direct et de s'en servir, et le plus souvent la communication im-
possible sur le long conducteur devenait praticable sur ce même conduc-
teur raccourci.
» Les lignes les plus influencées ont encore été celles de Bordeaux, Tou-
louse et Marseille. Vers 7 heures du matin on a eu de vives étincelles sur
les paratonnerres des deux premières. La ligne de Strasbourg, si on la com-
pare aux lignes de même longueur, paraît avoir subi les moindres atteintes :
c'est celle sur laquelle on a pu travailler le plus souvent.
» Il y a deux effets maximums bien caractérisés : à 7 heures du matin
( 367 )
et à midi et déni. Us paraissent avoir eu lieu en même temps sur toutes les
lignes sans exception.
» Les transmissions ont repris leur allure habituelle de 3 heures à 3'^3o"'
dans toutes les directions. Mais le soir, la nuit et le lendemain, il y a encore
eu, de loin en loin, plusieurs moments de travail difficile.
B En prenant quelques dispositions matérielles et en donnant aux em-
ployés des instructions propres à diriger leurs observations, on aurait
probablement obtenu des résultats plus précis et plus complets; mais nous
avons été pris au dépourvu. C'est la première fois que nous constatons des
effets pareils dans des proportions aussi considérables. »
MÉTÉonoLOGlE. — Aurore boréale observée dans In nuit du 28 au 29 août iSSg,
à Noy elles -sur- Mer, près de Saint- Faler^-sur-Somme {longit., 0° 36' O.,
latit., So^io' N.); par M. H. Lartigue, contrôleur du service télégra-
phique du chemin de fer du Nord (i).
« J'ai observé à Noyelles-sur-Mer (Somme) la belle aurore boréale qui
a paru dans la nuit du 28 au 2g août dernier. Le ciel était parfaitement
pur; seulement de l'ouest au nord-est, c'est-à-dire du côté de la mer,
des vapeurs occupaient à l'horizon une zone de 5 à 8 degrés de hauteur.
A 1 1*" 40"", le 28, j'ai remarqué an-dessus de ces vapeurs une lueur blanche
assez vive. De cette partie lumineuse s'élevait presque jusqu'au zénith, dans
la direction nord-nord-ouest, une bande rouge à bords à peu près paral-
lèles, de 4 à 5 degrés de largeur. Au bout de quelques minutes cette bande
s'est effacée.
» Vers la*" 10™, la lumière blanche de l'horizon a augmenté d'intensité;
une large portion du ciel s'est colorée en rouge, et à la*" 20" le phénomène
était dans tout son éclat. Des bandes magnifiques et des rayons très-lumi-
neux, passant du rouge au vert et au blanc, s'élevaient jusqu'au zénith, le
dépassaient quelquefois et occupaient en largeur tout l'espace compris
entre V Aigle et le méridien d'abord, puis, quelques instants après, attei-
gnaient la constellation du Cocher. A l'ouest et à l'est il y avait de grandes
lueurs rouges. La lumière était assez vive pour permettre d'apercevoir des
(i) T'oyez, relativement au même phénomène, la Lettre du P. Secchi, p. 346 du Compte
rendu (\e la présente séance; et dans le précédent numéro, p. 338, la communication de
i\l. Conlvitr-Gravier.
.48..
( 368 )
objets éloignés d'environ 2000 mètres, comme pendant les belles nuits de
pleine lune.
» La largeur de la portion éclairée du ciel a augmenté jusqu'à ia''4o",
moment de la plus grande étendue. Les bandes dépassaient alors de plu-
sieurs degrés à l'ouest ÏJigle, et à l'est le Cocher. Ensuite l'éclat a diminué
dans la partie centrale, et principalement sur les points les plus rapprochés
du méridien. Les deux extrémités ouest et est sont restées rouges.
» A i"" 1 5™, les bandes verticales ont commencé à reparaître très-bril-
lantes sur une étendue presque aussi considérable qu'à lu'' 4o'", puis, après
tui temps assez court, elles se sont effacées successivement. La lueur rouge
elle-même s'est affaiblie et a fini par disparaître complètement à 2 heures,
le ciel étant toujoius très-beau. La lumière blanchâtre qui avait signalé le
commencement du phénomène a seule persisté durant environ trois quarts
d'heure.
» Pendant cette aurore boréale je n'ai perçu aucun bruit, et je n'ai vu
que deux étoiles filantes de troisième ou quatrième grandeur; parties du
zénith, elles ont disparu vers la constellation du Taureau.
» L'aurore boréale ne m'a paru exercer aucune influence sur les appa-
reils télégraphiques. J'ai eu à me servir de ceux de la station de Noyelles
peu de temps avant le moment de son plus grand éclat : une dépêche a été
reçue de Rue, station située dans la direction nord, et deux autres ont été
passées à Abbeville, c'est-à-dire vers le sud du point où j'observais. La
transmission de ces dépêches entre des stations à la vérité peu éloignées
ne m'a présenté aucune anomalie. »
IIÉLIO-CHIMIE, — De la fécule végétale et animale sous le rapport de l'influence
transformatrice qu exerce sur elle la lumière solaire ; de la dexlrine, du sucre
de canne, del'acide oxalique sous le même rapport; de quelques substances qui
annihilent ou accroissent cette action solaire; par M.M. Niepce de Saint-
Victor et là. CORVISART.
" Nous avons institué (1) en commun et exécuté une série d'expériences,
qui nous ont conduits à formuler les propositions suivantes, et quelques-unes
de leurs conséquences :
(1) Les conditions duns lesquelles on se met pour faire lesexpériences comparatives influant
Ijcaiiconp sur les résultats, nous renvoyons à notre Mémoire, où elles sont déterminées
( 369 )
» 1°. La lumière solaire, par une action à elle propre, modifie et trans-
forme certaines substances amyloïdes et quelques-uns de leurs dérivés.
» 1°. L'action seule, mais prolongée, de la lumière transforme la fécule
pure et soluble à l'état de dextrine et surtout de sucre; mais, tout d'abord,
la lumière modifie profondément l'amidon dans sa nature et le change en
un corps nouveau se rapprochant de l'inuline (telle qu'on la trouve dans le
dahlia, le colchique) en ce qu'd est à froid entièrement iiisensil)le à l'iode,
mais qui toutefois en diffère en ce qu'il ne réduit point les sels de cuivre et
d'argent en présence de l'ammoniaque. Il ne dévie point le plan de polari-
sation.
M Dans une solution d'amidon au millième, ce changement peut être
opéré après six heures d'une belle insolation de juillet ou d'août. Mais plus
souvent il faut douze à dix-huit heures d'insolation pour avoir un effet com-
plet. Bien qu'exposé au même lieu, dans le même temps, à la même tempéra-
turt', mais protégé par l'obscurité, l'amidon reste sans changement, si bien
que quelques gouttes de cette dernière solution peuvent faire passer au bleu
foncé le mélange précédent resté dans l'autre expérience obstinément incolore.
» 3°. Cette action transformatrice est entravée par les lactate, citrate de
fer en dilution au centième et entièrement empêchée par le deutochlorure
de mercure.
» Le taftrate ferrico-potassique (,5-5) augmente la transformation soit à
l'obscurité, soit à la lumière, mais au moins un tiers plus à la lumière.
» L'azotate d'urane(Y^) favorise puissamment l'action de la lumière so-
laire, action qui devient alors cinq, six et sept fois plus intense, elle est plus^
rapide et la quantité d'amidon transformé est plus considérable; les trois
sortes de transformations de l'amidon plus haut signalées ont lieu. D'abord
l'iode cesse décolorer l'amidon à froid, mais il n'y a nulle déviation pola-
rimétrique, puis apparaissent le sucre et un peu de dextrine.
» Les mêmes solutions amylacées, protégées par l'obscurité bien qu'ex-
posées au même lieu, restent immobiles.
" 4"- Les acides des sels précédents en solution faible (au 7^), c'est-à-
dire les acides nitrique, tartrique, empêchent la lumière d'exercer son ac-
tion transformatrice habituelle. Tout se passe comme s'il y avait eu obscu-
rité.
u L'acide oxalique jouit de la propriété d'accélérer et de rendre plus
intense l'altération de l'amidon décelée par l'impuissance de l'iode ; son
action comparée est au contraire nulle à l'obscurité.
» 5°. Les substances azotées solubles, albumine, pepsine, pancréatine
• ^ ( 370 ) •
même, ne nous ont point paru exercer une influence moins intense à l'ob-
scurité qu'à la lumière.
1) 6°. Quelle qu'elle soit, unique ou seulement primordiale, primitive
ou secondaire, la cause des changements que nous avons décrits est la lu-
mière.
» 7°. La dextrine et le sucre de canne se comportent très-différemment
de l'amidon en présence de la lumière. L'action de la lumière n'est point
aidée sur elle par l'influence de substances qui, à l'obscurité même ou avec
l'aide de la chaleur, sont capables de les transformer.
1) 8". L'acide oxalique mélangé à une petite proportion de sel d'urane
reste indécomposé malgré l'ébullition ou une chaleur de 5o degrés, pro-
longée trente heures, si cela a lieu à l'obscurité. Dès que le mélange
voit la lumière, fût-ce une lumière de nuées, la décomposition com-
mence. Le dégagement du gaz oxyde de carbone est très-rapide si la lu-
mière solaire est directe; la quantité de gaz devient considérable en moins
d'une heure.
» 9". Le sucre animal que, depuis la découverte de M. Cl. Bernard, on
tend avec juste raison à considérer comme jouant un rôle aussi important
dans l'économie que le sucre dans les plantes, vient d'un amidon animal.
» [0°. Suivant les expériences directes que nous avons tentées, la fécule
animale (matière glycogène) s'use et se transforme en sucre plus rapide-
ment et plus abondamment sous l'influence de la lumière qu'à l'obscuritéj
mais l'azotate d'urane entrave et n'active pas l'influence solaire sur la
fécule animale.
» 11°. La fécule animale reste dans le foie sans devenir sucre pendant
l'hiver chez les grenouilles. La plus haute richesse du sucre de foie chez
elles coïncide avec l'époque de la maturation des fruits, fin juin, juillet, août.
(Recherches propres de M. le professeur Schiff, entreprises à un autre point
de vue que le nôtre, mais qui nous fournissent de précieux éléments de ju-
gement.) La matière glycogène peut être immobilisée dans le foie, comme
l'amidon végétal dans les tubercules ou les graines, si les grenouilles sont
entièrement soustraites à la lumière; il ne se produit point alors de sucre.
On pourrait expliquer comment l'abondante présence de la matière glyco-
gène dans le tissu cutané du fœtus disparaît de ce tissu aussitôt après la
naissance par un brusque passage de l'obscurité à la lumière.
» 12°. On doit rappeler néanmoins, soit qu'il ne soit nécessaire que
d'une lumière faible, ou que l'action de celle-ci soit corroborée par la
présence de certains sels ou de certains ferments, que, chez la plupart des
( 37. )
animaux et chez l'homme, les fonctions amylogéniques comme les glyco-
géniques n'éprouvent jamais l'intermittence hivernale.
» i3°. Les actions de la lumière que nous avons ébauchées sont généra-
lement lentes. On sait d'ailleurs combien cette action de lumière, journel-
lement faible, met de temps à concourir à la formation du blé, à la matu-
ration des fruits, etc., et cependant combien en somme elle est puissante.
Donc si, sans augmentation de lumière, certaines substances d'iui côté
doublent, triplent ou sextuplent les effets de l'action solaire, par exemple
sur la formation du sucre animal ou végétal; si, de l'autre, sans diminu-
tion de l'intensité solaire, d'autres substances annihilent ou entravent l'usure,
par exemple de l'amidon sous l'action solaire, on ne peut se dissimuler
que des éludes très-analytiques dirigées dans cette voie ne soient fort utiles
tant pour la physiologie végétale que pour l'agriculture, et peut-être tout
autant pour la médecine. Il suffit de rappeler le diabète et l'influence de
l'insolation sur la scrofule. Los actes intimes de nutrition sont en effet bien
peu connus. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des chlorures organiques sur le sulfhydrate et sur
le sulfure potassique; /^flr MM.JE. Jacquemin ef Vosselmann.
« M. Kékulé, en faisant agir le sulfide phosphoreux ou le sulfide phos-
phoriquesur l'acide acétique monohydralé, a obtenu en i85.4 l'acide thia-
cétique ou sulfhydrate d'acétyle. Par l'action du sulfide phosphorique sur
l'acide acétique anhydre, cet habile chimiste a produit l'acide thiacétique
anhydre ou sulfure d'acétyle.
» Nous sommes arrivés aux mêmes résultats par l'emploi d'une autre mé-
thode entièrement susceptible de généralisation, méthode qui permet d'ob-
tenir les correspondants sulfurés de tous les acides monohydratés, en traitant
le sulfhydrate ou le monosulfure potassique par un chlorure organique. En
effet,
C=''H*"-'0% Cl-+-^!s* = KCl
H r '
ou encore,
.C-H-- 0% Cl + 1\S^ = aRCl -^ ^,„J;,„_,^, js».
» Sulfhydrate d'acét/le. — Ijorsque l'on amène goutte à goutte par un tube
( ^72 )
<>ffilé 1 équivalent de chlorure d'acétyle sur une même quantité proportion-
nelle de sulfhydrate potassique placé dans une cornue munie de son réci-
pient, la température s'élève et devient suffisante pour volatiliser une partie
du clilorure employé. En recoliobant à plusieurs reprises et distillant, on
finit par obtenir lui liquide jaunâtre qui ne renferme plus que des traces
de chlorure d'acétyle. Ce liquide rectifié distille en presque totalité entre
90 et 100 degrés, et en fractionnant, on arrive à un produit bouillant
à 93 degrés. Il présente toutes les propriétés du sulfhydrate d'acétyle :
il est incolore, d'une odeur qui rappelle à la fois celle de l'hydrogène sul-
furé et celle de l'acide acétique, soluble dans l'eau, et précipitant en blanc
l'acétate de plomb.
» Sulfure d'acétyle et de plomb. — Ce sel s'obtient aisément en précipitant
l'acétate de plomb par le produit brut de la préparation précédente.
» Sulfure dacétjle. — Nous le préparons en chauffant des équivalents
égaux du sulfure potassique et de chlorure d'acétyle. En effet,
K \ C*H' n* \
.C*H'0^ Cl + ^JS» = aKCl -^ ^,jj3Q, JS=.
C'est un liquide incolore, d'iuie odeur alliacée et acétique, bouillant de
1 20 à 121 degrés, insoluble dans l'eau d'abord, puis disparaissant lente-
ment par l'influence de ce milieu qui le transforme en acide acétique et en
sulfhydrate d'acétyle. «
M. L. Appia annonce l'intention de présenter au concours pour les prix
de Médecine et de Chirurgie un ouvrage qu'il vient de faire paraître sous le
titre suivant : « I.e Chirurgien à l'ambulance, ou Études pratiques sur les
plaies par armes à feu » ; il demande quelles sont les formalités à suivre pour
faire comprendre ce livre parmi les pièces du concours.
L'ouvrage, qui ne pourra être admis qu'au concours de l'année 1860,
devra être déposé au Secrétariat avant le i*^' avril prochain et accompagné
d'une indication précise de ce que l'auteur considère comme neuf dans son
travail. On le fera savoir à M. Appia.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. É. D. B.
( 373)
BULLETO BIBLIOGRAPHIQCË.
L'Académie a reçu dans la séance du 29 août iSSg les ouvrages dont
voici les titres :
Le code des jeunes mères, traité théoricfue et pratique pour l'éducation phy-
sique des nouveau-nés, destiné aux personnes qui désirent élever elles-mêmes
leurs enfants; par le D" A. CAm^.VâVïs, iSSg; iu-S**.
Nouvelles éludes de perspective ; par J. Adhémar. Suppléineut au Traité.
Paris, 1859; br. in-8<*.
Note sur les pompes et les machines d'épuisement établies dans le bassin de
la Loire; par M. Lo^hARD. Saint-Étienne, 1859; ^^- '"'S"-
Etudes des vibrations longitudinales des verges prismatiques libres aux deux
extrémités. — Propositions de chimie données par la Faculté. Thèses présentées à
la Faculté des Sciences de Paris pour obtenir le grade de docteur es sciences;
par M. Alfred Terquem. Paris, 1859; br. in-4°. (Présenté, au nom de l'au-
teur, par M. Pouillet.)
Dictionnaire français illustré et encj^clopédie universelle, 81®, 82* et 83* livr.
in-4°.
L'Académie a reçu dans la séance du 5 septembre 1869 les ouvrages
dont voici les titres :
Leçons sur les coordonnées curvilignes et leurs diverses applications ; par
M. G. Lamé. Paris, 18J9; t vol. in-S".
Direction générale des douanes et des contributions indirectes. Tableau
général du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères
pendant l'année i858. Paris, 1859; in-folio.
Manuel théorique et pratique de photographie sur collodion et sur albumine;
par E. ROBIQDET. Paris, 1859; 1 vol. in-12. (Présenté, au nom de l'auteur,
par M. Bussy.)
Méthodes photographiques perfectionnées . Papier sec. — Albumine. — Collo-
dion sec. — Collodion humide; par MM. A. CiVlALE, DE Bbébisson, Bailleu
d'Avrincourt, de NosTiTZ, E. Bacot, Adolphe Martin, Niepce de Saint-
Victor, etc. — Optique photographique et stéréoscope; par Ch. CHEVALIER,
Paris, 1859; in-8°.
C. R., 1859, a-"» Semestre. ( T. XLIX, N» 10.) 49
( 374 )
Instructions pratiques à l'usage des inventeurs; par MM. Armengaud aîné
et J. Mathieu. Paris, iSSg; br. in-8°.
Mémoires de la Société impériale d Agriculture, Sciences et Arts d^ Angers^
Nouvelle période. T. II, second cahier; in-8°.
Trabalhos... Travaux de [Observatoire météorologique de l'infant don Luiz
à l'Ecole Polytechnique de Lisbonne (4* année, i858). Lisbonne, 1859;
in-folio.
Sociedad... Société des naturalistes de la Nouvelle-Grenade. Statuts de la
Société arrêtés en juin 1859. Bogota, 1859; \ de feuille in-12.
Memorie... Mémoires de l'Observatoire du Collège Romain. Nouvelle série.
N°'3, 5et6; in-4".
On the... Sur la structure géologique du nord de l'Ecosse; par sir R. I
MURCHISON. Londres, iSSg; br. in-8°.
PCBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT
LE MOIS d'août 1859.
Annales de Chimie et de Physique , par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BOUSSINGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux
de Chimie et de Physique publiés à [étranger; par MM. WuRTZ etVERDET;
3" série, t. XLIV; juillet iSSg; in-8°.
Annales de V Agriculture française ; t. XIV, n° 3; in-8".
Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana-
lomie et la Physiologie comparée des deux règnes et r Histoire des corps orqanisés
fossiles; t\^ série, rédigée, pour la Zoologie, par M. MiLNE Edwards; pour
la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. Decaisne; t. X, n° 6; in-S".
Annales forestières et métallurgiques; juillet iSSg; in-8°.
Annales télégraphiques ; ]vi\\\&\.-AO\il iBSg; in-8°.
Astronomical... Notices astronomiques ; i\° 8;in-8''.
Bibliothèque universelle. Revue suisse et étiYtngère, nouvelle période ; t. V,
n" 20; in-8°.
, Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; mars-juillet 1869,
in-8".
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; 2* série, t. VII, n° 7 ; in -8°.
Bulletin de [Académie impériale de Médecine ; t. XXIV; n" 20 ; in-8°.
( 375 )
Bulletin de la Société de Géographie; juillet iSSg; in-8°.
Bulletin de ta Société de t Industrie minérale; t. IV, 3^ livraison, i*' tri-
mestre, iSSg; in-8°; avec atlas in-fol.
Bulletin delà Société française de Photographie ; juiUel et août 1869; in-8".
Comptes rendus hebdomadaires des séances de t académie des Sciences ; 2* se-
mestre 1859; n°' 5-9; in-4°-
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XV, 6^-9* livraisons*
in-8°.
Journal d'Agriculture pratique ; nou\e\\e période; t. I, n°' i5et 16; in-8''.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie; août i85q;
in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture ; juiMet i85q;
in-8''.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mé-
moires sur les diverses parties des mathématiques, publié par M. Joseph
LiOUViLLE; 2* série, mai 1869; in-4".
Journal de Pharmacie et de Chimie; août 1859; in-8°.
Journaldes Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n'"3i-33; in-8''.
Journal du Progrès des sciences médicales ; n"* i-4; in-S".
La Bourgogne. Revue œnologique et viticole; 8* livraison; in-8°.
La Correspondance littéraire; n"' 17 et 18; in-8''.
La Culture; n<" 3 et 4 ; in-8°.
L'Agriculteur praticien; n°' 21 et 22; in-S".
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier ; t. XIII,
n"» i5 et 16; in-S".
L'Art dentaire; juillet et août iSSq; in-S".
L'Art médical; août 1869; in-S".
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; t. VI, n"' 14-17; in-S".
Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 63* et 64* livraisons;
in-4''.
Le Technologiste ; août 1869 ; 10-8".
Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie rojale des
Sciences de Berlin; avril et mai iSSg; in-8''.
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; août 1859; in-S".
Nachrichten . . . Nouvelles de l' Université et de l'Académie des Sciences de
Gôtlingue; n"' i5 et 16; in-8''.
( 376 )
Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des Candidats aux Ecoles
Polytechnique et Normale ; juillet i85g; in-8°.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; a* série, vol. I,
11° 2; m-^".
Proceedings... Procès-verbaux de la Société royale de Londres; vol. X,
II" 35 ; in-8».
Proceedings. . . Procès-verbaux de la Société Géographique de Londres ;
vol. III; n°» 4 et 5; in- 8".
Répertoire de Pharmacie; Aoùt 1859; in-8°.
Revista.,. Revue des travaux publics ; 7* année; n°' i3-i7; in-4''-
Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale; n°' i5et 16; in-8°.
Société impériale de Médecine de Marseille. Bulletin des travaux ; juillet
1859; in-8°.
The Atlantis... L' Atlantide, Recueil de Littérature et de Sciences; n" Zjj
juillet 1859; in-S".
The Quarterly... Journal trimestriel de la Société Géologique de Londres;
vol. XV, part. 3; in-8°.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n°' 90- 1 o i .
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n"' 3i-34.
Gazette médicale de Paris; n°* 32-35.
Gazette médicale d'Orient; août iSSg.
V Abeille médicale; n°' 3i-35.
La Coloration industrielle; n°' i3et 14.
La Lumière. Revue de la Photographie ; n°' 32-35.
L Ami des Sciences; n°' 32-35.
La Science pour tous; n°' 35-38.
Le Gaz; n°' 19-21 .
Le Musée des Sciences, n°' 14-18.
ERRATA.
(Séance du 29 aoiit 1859.)
Page 326, 4' l'gn« en remontant, au lieu de Fichet, lisez Fichot.
Page 339, 6* ligne en remontant, au lieu de Heuvet, lisez Herv^.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCMCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M, DE SENARMONT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Note de M. BiOT sur la formation artificielle de l'acide
tarlrique parM. Liebig.
» J'ai partagé, avec tous les amis des sciences, la satisfaction que l'Aca-
démie a éprouvée en apprenant cette nouvelle découverte de M. Liebig.
Au nombre des épreuves par lesquelles l'habile chimiste a constaté l'iden-
tité de son acide artificiel avec l'acide tartrique naturel, il n'a sans doute
pas omis l'observation du pouvoir rotatoire moléculaire, et je crois savoir que
notre confrère M. Pelouze a mentionné ce caractère, dans sa communica-
tion orale. C'est pour cela que je désire appeler l'attention de M. Liebig sur
quelques particularités de ce phénomène qui me sembleraient devoir ap-
porter un accroissement d'intérêt à sa découverte, dans le cas possible où
elles ne se seraient pas présentées d'elles-mêmes à son esprit.
» L'acide tartrique naturel, droit ou gauche, étant mis en solution dans
l'eau, manifeste deux propriétés moléculaires, que l'on n'a jusqu'ici ren-
contrées dans aucun autre corps, en sorte qu'elles sont deux de ses carac-
tères distinctifs.
C. R., i859, î»» Semestre. (T. XLIX, N" 11.) 5o
(378)
» 1°. La première consiste dans l'ordre et la grandeur relative des dévia-
tions qu'il imprime aux plans de polarisation des rayons lumineux de
refrangibilités diverses. Pour tous les autres corps connus, sans exception,
ces grandeurs croissent continûment avec la réfrangibilité, et la loi de leur
dispersion est si approximativement pareille, qu'il faut employer des moyens
d'appréciation très-délicats pour y reconnaître des différences. C'est pour-
quoi, alors, la succession des images colorées qui se voient à travers le prisme
analyseur est toujours à peu près semblable à celle que donne le quartz
taillé perpendiculairement à l'axe, quelle que soit la substance active em-
ployée.
» Avec l'acide tartrique naturel, c'est tout autre chose. A quelque degré
de dilution que l'on puisse l'observer, les plans de polarisation les plus
déviés appartiennent aux rayons verls, les moins déviés aux rayons violets;
et les autres se répartissent entre ces deux limites dans un ordre qui varie
avec le dosage. Cela donne, à travers le prisme analyseur, des images colo-
rées, qui, au simple aspect, se distinguent aussitôt de celles qiié toutes les
autres substances actives produisent. L'acide tartrique naturel se reconnaît
indubitablement par cette observation, en moins de temps que je n'en ai
mis à la décrire.
» 2°. La seconde propriété que je veux signaler est encore plus surpre-
nante. x\yant formé une solution d'acide tartrique naturel, et observé les
phénomènes de dispersion qui lui sont propres, introduisez-y une très-
petite proportion, seulement quelques millièmes, d'acide borique, lequel,
par lui-même, ne possède pas le pouvoir rotatoire. A l'instant tout le sys-
tème moléculaire est changé. La loi de dispersion des plans de polarisation
qui est propre à l'acide tartrique pur a disparu. Elle est remplacée par la loi
générale. En même temps, la grandeur absolue des déviations se trouve
accrue dans une énorme proportion. Cette métamorphose soudaine ne peut
se voir sans étonnement. Elle est si frappante, que M. Regnault a pu en
donner le spectacle dans ses cours publics du Collège de France, il y a
bien des années.
» Les deux épreuves que je viens de signaler ne demandent qu'un petit
nombre de minutes, et les appareils de polarisation rotatoire les plus ordi-
naires suffisent pour les réaliser. Si M. Liebig n'a pas songé à les tenter, ou
s'il n'a paseu encore le temps et l'occasion de le faire,j'ose l'engager à y sou-
mettre le produit qu'il a formé. Et je mets d'autant plus d'insistance à les
lui demander, que l'issue, quelle qu'elle soit, ajoutera un nouvel intérêt à sa
( 379 )
découverte. Car, si elles lui présentent les deux phénomènes que j'ai décrits,
il aura la certitude d'avoir formé un produit complètement identique à
l'acide tartrique naturel; si, au contraire, ces phénomènes ne s'y réalisent
point, il aura formé un produit, chimiquement et cristallographiqiiement
semblable à l'acide tartrique naturel, mais qui en différera dans sa consti-
tution moléculaire, et ce second résultat ne serait pas moins remarquable
que le premier. Dans tous les cas, ces deux épreuves sont indispensables.
Deux corps ne peuvent être appelés identiques s'ils ne sont reconnus tels
dans toutes leurs propriétés sensibles ; et l'identité de constitution molécu-
laire est de ce nombre, quand l'observation précise et détaillée des pouvoirs
rotatoires nous permet de la constater. >>
ASTRONOMIE. —I,e</re de M. Le Verrier à M. Faye sur la théorie de Mercure
et sur le mouvement du périhélie de cette planète.
« Vous n'avez peut-être pas oublié combien, dans mes études sur les
mouvements de notre système planétaire, j'ai rencontré de difficultés à faire
concorder d'une manière complète la théorie avec les observations. Cet
accord, disait Bessel il y a trente ans, est toujours affirmé, mais sans
qu'on l'ait jusqu'ici vérifié d'une manière assez, sérieuse.
» Les écarts reconnus dans le mouvement d'Uranus ont été expliqués
par la découverte de Neptune.
» L'étude des difficultés offertes par le Soleil a été longue et complexe.
Il a fallu d'abord réviser le catalogue des étoiles fondamentales pour n'y
laisser aucune erreur systématique. J'ai repris ensuite toute la théorie des
inégalités de la Terre; après quoi j'ai été successivement conduit à discuter
jusqu'à 9,000 observations du Soleil faites dans divers observatoires. Ce
labeur a montré que les observations méridiennes n'avaient peut-être pas
toujours eu la précision qu'on leur avait attribuée, et qu'ainsi les écarts
signalés d'abord comme appartenant à la théorie devaient finalement être
rejetés sur l'incertitude des observations.
» La théorie du Soleil une fois mise hors de cause, il devenait possible
de reprendre avec utilité l'étude des mouvements de Mercure. C'est ce tra-
vail dont je désire vous entretenir aujourd'hui.
M Tandis qu'on ne possède sur le Soleil que des observations méridiennes
sujettes à de grandes objections, on dispose, dans l'espace d'un siècle et
demi, d'un certain nombre d'observations de Mercure jouissant d'une
5o..
( 38o )
grande précision : je veux parler des contacts internes du disque de Mer-
cure avec le disque du Soleil, lorsque la planète vient à passer devant cet
astre. Pourvu que le lieu où l'observation a été faite soit bien connu,
pourvu que l'astronome ait été muni d'une lunette passable et que son
horloge ait été réglée à quelques secondes près, la connaissance de l'ins-
tant où le contact interne a eu lieu doit permettre d'estimer la distance des
centres de la planète et du Soleil sans erreur de plus d'une seconde d'arc.
On possède, depuis 1697 jusqu'en 1848, vingt et une observations de '
cette espèce, auxquelles on doit pouvoir satisfaire de la manière la plus
étroite si les inégalités des mouvements de la Terre et de Mercure ont
été bien calculées, et. si les valeurs attribuées aux masses perturbatrices
sont exactes.
» Dans mes premières études sur Mercure, données en 1842, les ob-
servations des passages n'avaient point été représentées avec une aussi
grande précision. On pouvait remarquer entre autres, relativement aux
passages du mois de mai, une erreur progressive assez notable qui s'éle-
vait jusqu'à 9 secondés d'arc en 1753. De tels écarts ne pouvaient être
attribués aux erreurs de l'observation. Mais, n'ayant point encore revu
la théorie du Soleil, j'avais cru devoir m'abstenir d'en tirer aucune con-
séquence.
» L'emploi des Tables du Soleil rectifiées n'a point fait, dans mon nou-
veau travail, disparaître immédiatement les erreurs précédemment signa-
lées : erreurs systématiques qu'on n'eût pu rejeter sur les observations
qu'en admettant que des astronomes, tels que Lalande, Cassini, Bou-
guer, etc., eussent commis des erreurs de plusieurs minutes de temps
et variant même progressivement d'une époque à l'autre, chose impos-
sible !
» Mais, ce qui est remarquable, c'est qu'il a suffi d'augmenter de 38 se-
condes le mouvement séculaire du périhélie pour représenter toutes les
observations des passages à moins d'une seconde près, et même la plupart
d'entre elles à moins d'une demi-seconde. Ce résultat si net, qui donne
immédiatement à toutes les comparaisons une exactitude supérieure à celle
qu'on a obtenue jusqu'ici dans les théories astronomiques, montre claire-
ment que l'accroissement du mouvement du périhélie de Mercure est indis-
pensable, et qu'à cette condition les Tables de Mercure et du Soleil jouissent
de toute la précision désirable.
» La nécessité d'ajouter 38 secondes au mouvement séculaire du péri-
( 38. )
hélie de Mercure une fois reconnue, voyons à quelles conséquences elle
nous conduit. Comme le mouvement primitivement adopté pour le péri-
hélie résultait des valeurs reçues pour les masses des planètes perturbatrices,
on doit d'abord examiner quels changements il faudrait apporter à ces
masses pour augmenter de 38 secondes le mouvement calculé. Or on re-
connaît que cela ne serait possible qu'à une condition, savoir : accroître
la masse attribuée à Vénus du dixième au moins de sa valeur. Ce changement
est-il admissible?
» Lorsqu'on déduit la masse de Vénus des perturbations périodiques
qu'elle fait éprouver au mouvement de la Terre, on trouve, par la discus-
sion des nombreuses observations méridiennes du Soleil, faites depuis i ySo
jusqu'en 1810, que cette masse est la quatre-cent-mitlième partie de celle du
Soleil. On arrive encore au même résultat par la considération des obser-
vations faites depuis 18 10 jusqu'en i85o. C'est celui que nous avons adopté
et qui devrait être augmenté d'un dixième d'après la discussion des obser-
vations des passages de Mercure sur le Soleil.
» L'action perturbatrice de Vénus se fait encore sentir dans la variation
séculaire de l'obliquité de l'écliptique, et lorsqu'on déduit cette variation
des sept solstices observés le plus exactement depuis Bradley jusqu'à nos
jours, on trouve que la masse de Vénus, que nous venons de citer, est un
peu tropjorte, résultat contraire à celui donné par Mercure. Cette contradic-
tion est le point sur lequel nous devons fixer noire attention.
» Si l'on examine comment les sept solstices observés depuis Bradley
pourraient être représentés, en acceptant la variation d'obliquité de l'écUp-
tique qui correspondrait à une masse de Vénus plus forte de un dixième, on
voit qu'il est impossible d'éviter des erreurs de deux secondes et demie dans
la valeur mesurée de l'obliquité. Ce résultat paraît difficile à admettre, sur-
tout parce que les erreurs varieraient progressivement depuis Bradley jus-
qu'à notre époque, ce qui constituerait en réalité une différence de 5 se-
condes entre les observations extrêmes.
» Un embarras sérieux résulte donc de la comparaison des théories de
la Terre et de Mercure qui paraissent impliquer des valeurs différentes
pour la masse de Vénus. Si l'on admet la masse donnée par les observa-
tions de Mercure, il faudra conclure, ou bien que la variation séculaire de
l'obliquité de l'écliptique, déduite des observations, comporterait des
erreurs peu vraisemblables ; ou bien que cette obliquité changerait par
d'antres causes qui ne nous sont point encore connues. Si", au contraire,
( 382 )
on regarde la variation de l'obliquité et les causes qui la produisent
comme bien établies, on sera conduit à penser que l'excès du mouvement
du périhélie de Mercure est dû à quelque action encore inconnue, « cui
theoriae lumen nundum accesserit. »
» Je n'ai nullement l'intention de décider d'une manière absolue entre
ces hypothèses. J'ai voulu seulement établir qu'il y a là une grave diffi-
culté, digne de fixer l'attention des astronomes, de devenir l'objet de leurs
méditations et de fournir matière à une sérieuse discussion. Pour faire
lui premier pas dans cette voie, je dirai qu'on ne voit pas quelle cause
perturbatrice pourrait troubler l'obliquité de l'écliptique sans produire
en même temps, dans les variations séculaires des éléments du mouve-
ment des planètes, des effets très-notables, effets qui n'ont pas été aper-
çus : tandis qu'il serait possible de concevoir une cause capable d'im-
primer au périhélie de Mercure les 38 secondes de mouvement séculaire
voulues, et qui ne produirait dans le système planétaire aucun aulre effet
sensible.
» Considérons, pour fixer nos idées, une planète qui serait située entre
Mercure et le Soleil, et, comme nous n'avons point remarqué dans le mou-
vement du nœud de l'orbite de Mercure une variation pareille à celle du
périhélie, imaginons que la planète supposée se meuve dans une orbite peu
inclinée à celle de Mercure. Admettons même, vu l'indétermination du
problème, que l'orbite soit circulaire.
» La planète hypothétique devant imprimer au périhélie de Mercure un
mouvement séculaire de 38 secondes, il en résulte, entre sa masse et sa dis-
tance au Soleil, une relation telle qu'à mesure qu'on supposera une distance
plus petite, la masse augmentera, et inversement. Pour une distance un peu
inférieure à la moitié de la distance moyenne de Mercure au Soleil, la
masse cherchée serait égale à celle de Mercure.
» Mais se pourrait-il qu'un tel astre existât sans avoir jamais été aperçu?
Assurément il serait doué d'un très-vif éclat : doit-on croire qu'en raison de
sa faible élongation il se fût toujours perdu dans la lumière diffuse du So-
leil? Comment admettre qu'on n'eût point été frappé de sa vive lumière
durant quelqu'une des éclipses totales de Soleil? D'où vient qu'on ne l'ait
jamais découvert passant sur le disque de cet astre?
B Toutes les difficultés disparaîtraient en admettant, au lieu d'une seule
planète, l'existence d'une série de corpuscules circulant entre Mercure elle
Soleil.
( 383 )
» Sous le rapport mécanique, les actions de tous ces corpuscules s'ajou-
teraient les unes aux autres pour produire le mouvement demandé du péri-
hélie de Mercure, et en admettant toujours qu'ils se meuvent dans des cercles,
ils ne produiraient rien sur l'excentricité de l'orbite de cette planète. Comme
ils seraient distribués sur toutes les parties de l'anneau qu'ils formeraient,
les actions périodiques que chacun d'eux exercerait sur Mercure se détrui-
raient les unes les autres.
» Sous le rapport physique^ il n'y aurait rien d'étonnant à c« que les ré-
gions qui avoisinent le Soleil se trouvassent moins pures que le reste du
système planétaire. Lorsqu'il circule entre Jupiter et Mars un anneau de
petits corps dont les plus gros ont seuls été aperçus dans nos lunettes,
lorsque tout nous porte à croire que les environs de l'orbite de la Terre sont
sillonnés par des groupes innombrables d'astéroïdes, il est tout naturel de
penser que la même constitution peut se reproduire au-dessous de l'orbite de
Mercure. Puissent quelques-uns de ces corps être assez notables pour être
aperçus lors de leurs passages devant le disque du Soleil! Les astronomes,
déjà si attentifs à tous les phénomènes qui se manifestent sur la surface de
cet astre, trouveront sans doute, dans ces réflexions, un motif de plus pour
suivre attentivement les taches les plus petites et les mieux définies. Quel-
ques minutes d'observation seront utilement employées à déduire leur na-
ture de l'observation de leur mouvement.
» Voilà donc, mon cher confrère, une nouvelle complication qui se ma-
nifeste dans les environs du Soleil, là où M. Encke nous en a déjà signalé
une si importante au sujet de sa comète à courte période. Cela me donne
l'espoir que vous et lui voudrez bien prêter quelque attention à mes conclu-
sions et y porter les lumières de la discussion. «
ASTRONO.MiE. — Remarques de M.. Faye à C occasion de la Lettre de
M. Le Verrier.
« Le résultat inattendu de ces profondes recherches, reprises pour la
seconde fois avec des éléments nouveaux, ne saurait manquer de pro-
duire une vive impression sur les astronomes et de provoquer les explo-
rations nouvelles que M. Le Verrier suggère lui-même avec une insistance
si fortement motivée. Comme une des hypothèses auxquelles le savant au-
teur paraît s'arrêter, pour rendre compte du mouvement du périhélie de
( 384 )
Mercure, conduit à une vérification presque immédiate, à laquelle les ob-
servateurs s'attacheront tout d'abord, je demanderai à l'Académie la per-
mission de lui soumettre dès à présent une sorte de plan d'opération. Je
veux parler de l'existence probable d'une série de petites planètes au delà
de l'orbite de Mercure.
» On a souvent cherché quelque planète nouvelle dans ces régions
éblouissantes, mais au hasard et toujours en vain. L'insuccès ne prouve rien,
car ces recherches étaient de pure fantaisie. Sous l'impulsion d'une probabi-
lité sérieuse, le résultat pourra être tout différent, à la condition d'opérer
d'après un plan rationnellement conçu. Et d'abord il est évident que l'éclat
du ciel dans la région circumsolaire n'aurait permis de trouver ainsi qu'un
astre de l'ordre de Mercure lui-même, et non les petites planètes que désigne
M. Le Verrier. Nous sommes donc conduits tout d'abord à mettre à profit
l'obscurité des éclipses totales et particulièrement celle du mois de juillet
prochain qui va nous permettre de tenter une première épreuve. On sait, il
est vrai, que pendant la plupart de ces éclipses on n'aperçoit guère à l'œil
nu que les planètes et les étoiles les plus brillantes. Mais ce fait s'ex-
pliqueen grande partie parla persistancede l'éblouissement. Si l'observateur,
au lieu de suivre le Soleil jusqu'au dernier moment, se tenait dans l'obscu-
rité un quart d'heure avant l'éclipsé totale, son œil serait beaucoup plus sen-
sible au moment décisif. Supposons donc qu'un astronome se charge de cette
recherche dans l'une des stations d'Espagne (i) ou d'Algérie où nous irons
observer l'an prochain ce magnifique phénomène ; supposons de plus qu'il
soit muni d'un bon chercheur monté comme un équatorial ou un théodo-
lite, de manière à fixer au besoin une direction avec une certaine exactitude;
admettons enfin qu'il renonce au plaisir d'observer les phases les plus cu-
rieuses et qu'il se tienne pendant quelque temps dans une obscurité à peu
près complète : il sera tout préparé à saisir la moindre étincelle dans la ré-
gion circumsolaire, au delà de l'auréole; et les quelques minutes de durée
de l'échpse totale lui suffiront pour explorer une grande partie de la région
désignée par M. Le Verrier.
» Les éclipses totales sont assez fréquentes pour qu'une observation heu-
reuse ne reste pas longtemps isolée ; si donc le résultat de l'éclipsé prochaine
(i) La station de Campvey, déjà célèbre par les travaux géodésiques de MM. Biot et
Arago, présenterait ici quelque avantage.
( 385 ) .
n'est pas négatif, je ne doute pas qu'on ne parvienne à obtenir bientôt quel-
ques notions précises sur les corps qu'on aura découverts dans ces circon-
stances exceptionnelles.
M Quoi qu'il en soit de cette espérance, j'ai cru devoir insister sur une
condition de succès que l'on a toujours négligée, celle d'éviter la persistance
de l'éblouissement causé par l'observation directe du soleil, ou même par
le simple effet de la lumière du jour.
» Le savant directeur de l'Observatoire indique lui-même une autre mé-
thode tout aussi efficace peut-être. .Elle consiste à suivre avec soin les petites
taches dont le Soleil est fréquemment parsemé. Des planètes dont l'orbite
serait très-peu inclinée sur celle de Mercure auraient en effet, comme cette
planète même, leurs passages sur le Soleil : passages qui pourraient échapper
longtemps à l'attention des astronomes non prévenus, tout comme certain
satellite de Saturne récemment découvert dans une région bien plus
étroite et non moins explorée. Mais la difficulté même de ces recherches
m'engage à revenir sur une suggestion de sir J. Herschel que j'ai bien sou-
vent rappelée ici. Si dans plusieurs observatoires convenablement choisis,
on s'attachait à photographier le Soleil plusieurs fois chaque jour à l'aide
d'un grand instrument, on obtiendrait une histoire presque continue du
disque de cet astre, et pas un des phénomènes auxquels M. Le Verrier vient
de faire allusion n'échapperait à l'observateur. J'ai moi-même indiqué
comment on donnerait à ces photographies la valeur d'une observation astro-
nomique, indépendamment de tout appareil de mesure, en prenant deux
empreintes sur la même plaque, à deux minutes d'intervalle. Les belles
épreuves de l'éclipsé du i5 mars ont donné d'avance la certitude du suc-
cès. Il suffirait de superposer des négatifs transparents de cette grandeur,
pris à un quart d'heure d'intervalle, pour distinguer aussitôt la projection
mobile d'un astéroïde au milieu des groupes les plus compliqués de petites
taches. Ce travail n'exclurait en aucune façon les études accoutumées sur
le disque solaire, et conserverait, même s'il devait échouer pour les pla-
nètes intra-mercurielles, une immense valeur pour l'histoire physique du
Soleil lui-même. » . . : , /'i ,\ .... * ■
C. R., (8.59, a""» Sem<-itre.{T. Xl.lX, N» H.)
5l
( 386 )
MÉMOIRES LUS.
THÉORIE DES NOMBRES. — Nouvelles recherches sur les nombres premiers;
par M. A. de Polignac. (Suite.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Liouville, Lamé,
Hermite.)
« Il n'est pas difficile de conclure d'une formule que j'ai déjà donnée
{Comptes rendus, séance du 23 novembre 1857) un théorème énoncé par
M. Tchebychefen i853, mais dont la démonstration n'a pas été publiée,
que je sache.
» Ce théorème consiste à dire que, pour jt très-grand, le premier terme
de la différence des nombres premiers de la forme 4«+3 et 4" + !
est :
» Voici la formule dont je viens de parler; on a
(X) 2'«g(^-+'")=i:2:iog?cw(j^)'
où m reçoit toutes les valeurs i, 2, 3, . . . , où A est un nombre entier pair
donné, r* un nombre premier et inférieur k k et r un autre nombre quel-
conque premier-et-inférieur à A, tel que :
r.c{r)^r' (modA);
l'équation (1) en contient M, M étant le nombre des nombres premiers-et-
inférieurs à k; d'ailleurs, en désignant par 0,{jc), $r{^)t ^r'{^)f ■ •■, '^
produit de tous les nombres premiers de la forme mk -+- i , mk ■+- r,
mk-h r',. . .; r, r', r", ... étant tous les nombres premiers-et-inférieurs à
k, on a :
]og(p^(j:) = loge^(x) + £(j:),
e{x) étant de degré inférieur à \/x. D'ailleurs, dans chaque cas particulier,
e(x) est facile à écrire. Faisons dans (i) : A =: 4; alors nous aurons les deux
( 387 )
équations :
log?3('^
logy ■^
+ log9, (^)+log9,(î^
et :
(4) l0g9, (j:) = loge, (X) + logfx' (j?^) + loge, (x^) + log/Jl' (x^)
+ log9, \xt) + ...
(5) Iogç3(jr) = loge3(x) + o+ \ogQt(x'^} +o + logÔ3(.rV+ ••.
d'ailleurs
/x'(a:) = !^ = 3. 5.7. II. 13.17....
On sait de plus que la différence^ log (4'« -h i) — 2 '°S(4'" — 0 ^^^
2
» Faisant la différence (2) — (3) et tenant compte de (4) et (5), on
trouve que le terme log/x'(.r^) amène le terme s/x, qui n'apparaît explici-
tement que dans le développement de \og(p,{x), et non dans celui de
log(]jj (x). Du théorème relatif à la somme des logarithmes on passe par une
simple différentiation à celui qui a rapport au nombre des nombres pre-
miers des deux classes, et l'on retrouve le théorème de M. Tchebychef.
Quant aux premiers termes de log, (or) et logOslx), ils sont égaux pour
X infini.
» Lorsqu'on veut généraliser ces résultats si simples, on se trouve arrêté
par de grandes difficultés provenant surtout de la complication des termes
de l'expression (i). L'introduction des nombres complexes dans mes for-
5i..
( 388 )
mules, introduction que j'ai essayée, donne une grande rigueur à certaines
démonstrations ; alors on retombe sur le mode de démonstration employé
par Lejeune-Dirichlet dans son Mémoire sur la progression arithmétique.
Mais les expressions qu'on trouve sont en général plus difficiles à manier
que celles qui ont été données par cet illustre géomètre; car il ne s'agit
plus de reconnaître si telle ou telle série est infinie ou non, mais on
demande de déterminer leurs premiers termes.
» Toutefois, comme il se passera longtemps avant que j'aie pu ache-
ver ce travail, si j'y parviens, j'ai voulu dès à présent indiquer certains
résultats infiniment probables, bien qu'ils ne soient pas complètement
démontrés, parce que (lorsqu'on n'emploie pas les nomlires complexes)
il faut admettre que la fonction F(x)qui exprime la valeur de logô {x) tend
vers une forme continue unique pour a? suffisamment grand.
» Alors on conclut de (i) que le premier terme de la somme des lor/a-
rithmes de tous les nombres premiers d'une classe quelconque pur rapport à un
nombre pair quelconque k ^^t ~, M étant le nombre des nombres premiers-et-
inférieurs à k.
» On arrive à cette conclusion en posant
i[x) étant de degré inférieur à j: et a;, étant un nombre constant. Combi-
nons les M équations qu'on tire de (i) et posons :
.r, = a, — «;., Xi= cLi — ar', x^— a.^ — a^-, . . . , •ï'^_, = a, — a^_,,
r, r\ r", . . . , étant tous les nombres premiers-et-inférieurs à k, nous aurons,
pour déterminer les valeurs de x,, x^, x^, . . ., Xf._^, M — i équations de
la forme suivante :
AXf ' -i-hXj -t-CXj -|-...=:0,
A,x, H-B.Tj -t-C, a-3 -+-... = o,
AjX, -hB^x^ -hC^x^ 4-... = o,
A„_^J' , + B^_.,x,+ C^_^x, + ... = o,
(389)
A, B, . . ., A,, B,, . . . sont des nombres constants positifs ou négatifs ne dé-
passant pas certaines limites faciles à assigner. On s'assure facilement que
le déterminant ne peut pas étr.e ni]!.; donc ce système n'admet que la solu-
tion ■
jr, = o,
Xj=0,
-^A-.^"'
et comme à ce système il faut joindre
«, 4- aj + a/ + a.r" -h . ■ ■ + «^._, = » ,
Il s ensuit
(X.,~0:.r=: Ur' — a-r". . . = -■>
et comme, de plus, le premier terme de log(pr('^) est le même que celui de
logS,(a:), le théorème se trouve établi. Quant à la différence de logôr(a:)
et logô/{j?), elle n'est généralement pas nulle. Quel que soit A-, cette diffé-
rence pour logS, (a^) et logô^., (j^) paraît être \lx, M étant le nombre des
nombres premiers et M — i inférieur à k, en sorte qu'il y aurait infi-
niment plus de nombres premiers de la forme mk — i que de la forme
mk+ i. En général, la forme mk -+■ r, r n'étant égal ni à +i ni à — i,
paraît plus riche en nombres premiers que la forme mk + i ou la forme
mk — I .
n Si j'indique ces résultats sans pouvoir les affirmer, c'est dans le but
de diriger ceux qui s'occuperaient de ces recherches; car il est souvent
plus facile de vérifier un théorème que de le trouver à priori.
» Tl peut encore rester quelques doutes dans l'esprit relativement à
la manière d'exprimer log(p;.(a:) en fonction de
» Bien que la formule générale soit difficile à désigner, il sera aisé de
trouver cette expression dans chaque cas particulier. Nous donnerons ici
(390)
un exemple pour k = io, afin de fixer les idées ; nous aurons alors :
2)_log(io/ra4-i)=2)log'p,
2^ log {lom +3) =]^ logipa
2"log(iom4-7)=2'og?'
2'log(iom-i- 9) =21log9,
( " "l
\io/n + iy
/ . \
\iom-4-']J
i ' "l
\iom+iJ
/ X \
\io/n-i-7y
/ . \
\ïom+iJ
( " "i
\lOOT + 7/
f " "l
\io/n +1 )
( " ^
\iQm+']J
10/?; + 3
:)
10 m +9
_fL_\
I07/! +3/
lom + 9
i0 7n + 3J
iom4-3;
10/71 -4-9^
et
iîn-t-J_^vi«ofl. .r-».)V2"W.,_vi^„fl ^^A^-t-y
■211oge(,.,,,,,)(x)^
log93(j:)=2log53(^)
log?,(x)=2log9T(a:)
\2n4-iy
iog?.w=2:ioge.(x)(^"+')+2He(3,.,(^)^"-"^'^.
1) D'ailleurs, on a en général :
logô(„,i,,.<i....,(j:) = log9„(x) + \oget{x) + \ogÔ,{x) + logôrf(x) 4- . . . .
» Nous terminerons ici la première partie de ces recherches, celle qui
ne nécessite pas l'emploi des nombres complexes, ou, si l'on veut, de la
considération des quantités imaginaires. Peut-être ces premiers essais en-
gageront-ils quelques géomètres à s'occuper plus spécialement de l'étude si
intéressante des4iombres premiers. »
( 39' ) ;
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Proportions de Cozone, avant, pendant et après la
période de l'influence de l'aurore boréale du 28 au 29 août; Note de
M. A. Rerigny.
( Commissaires précédemment nommés pour d'autres communications de
l'auteur relatives à l'ozonométrie : MM. Pelouze, Pouillet, Maréchal
Vaillant.)
o J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie les sommes
d'ozone obtenues à l'observatoire météorologique de Versailles, avec le
papier Jame (de Sedan) pendant la période de l'aurore boréale qui a com-
mencé dans la nuit du 28 au 29 du mois dernier et dont les effets se sont
fait sentir jusqu'au 2 de ce mois.
» Il n'était pas sans intérêt de rechercher si les papiers ozonométriques,
tout imparfaits qu'ils sont comme réactifs de l'ozone, ne seraient pas in-
fluencés par la grande quantité d'électricité dont la présence a été constatée
sur les lignes télégraphiques.
» Pour mieux faire ressortir les sommes d'ozone recueillies pendant la
période de l'aurore boréale, période qui a duré six jours, j'ai divisé, en pre-
nant cette période pour point de départ et en remontant jusqu'au ro, le
mois d'août en série de six jours et j'ai fait une autre série depuis le 2 jus-
qu'au 8 de ce mois. De cette manière on peut comparer les différences
qui existent entre les sommes de chacune de ces séries que j'ai l'honneiu'
de mettre sous les yeux de l'Académie.
Observations
ozonométriques.
AoiU.
Matin.
Soir.
Du 4 '^^ '0
64,0
55,0
Du 10 au 16
87,0
59,0
Du 16 au 22
82,0
60,0
Du 22 au 28
65, 0
55,0
Du 28 au 2
septembre
97.0
64,0 période de l'aurore boréale
Du 2 au 8
A
81,0
58, 0
» Il résulte évidemment de ce tableau :
» 1°. Que non-seulement le maximum d'ozone, a été atteint dans la série
{ 39^ )
(lu 28 août au 2 septembre, période de l'aurore boréale, mais encore que
ce maximum dépasse notablement les sommes des autres séries ;
n 2°. Que la quantité d'électricité a été beaucoup plus considérable la
nuit que le jour, fait qui s'explique par les conditions météorologiques
particulières à la nuit, conditions parmi lesquelles on signale entre au-
tres l'élat hygrométrique de l'air qui est plus considérable et l'abais-
sement de température qui, sur le papier ozonométrique, a une grande
influence parce qu'elle s'oppose à l'évaporation du réactif appliqué sur
ce papier.
» Enfin il y a une conséquence à tirer du résultat obtenu par le papier
ozonométrique pendant la période de l'aurore boréale, c'est que, si faillible
q-ue soit ce papier, il peut attester la plus ou moins grande quantité d'élec-
tricité contenue dans l'air et, par conséquent, rendre des services à la
science. »
PHYSIQUE. — Sur la non -homogénéité de l' étincelle d'indtiction ; nouvelle Noie
de M. DC MoNCEL.
L'auteur revenant sur la question de priorité qu'il avait soulevée dans sa
communication du 22 août dernier, soutient que sa réclamation n'est point
infirmée par la réponse de M. Perrol. « Je ferai remarquer, dit-il, quant au
fond, que j'étais parvenu à séparer assez les deux jets lumineux pour
m'assurer de leur inégal pouvoir calorifique; quant à la disposition de
l'expérience, la seule différence est que, au lieu d'avoir comme moi une
dérivation opérée au sein même de la solution de continuité, il l'étend au
delà au moyen de deux conducteurs « .
(Renvoi à M. Pouillet, déjà chargé de l'examen des précédentes
communications.)
MM. Batailhé et Gijillet, qui avaient précédemment soumis au juge-
ment de l'Académie des expériences sur l'emploi en chirurgie de l'alcool et
des alcooliques, lui adressent aujourd'hui un opuscule qu'ils viennent de
publier sur le même sujet, et y joignent copie d'une Note de M. Lecœur,
concernant les bons effets que ce médecin a obtenus dans le traitement de
diverses sortes de plaies au moyen de la teinture alcoolique d'aloès.
(Renvoi à l'examen de MM. Chevreul, J. Cloquet, désignés dans la séance
du 16 août dernier pour le Mémoire de MM. Batailhé et Guillet.)
( 393 )
M. Bbrtuadt adresse deux Notes ayant pour titres : l'iuie, « Chaîne vol-
taique »; l'autre, « Emploi de l'air comprimé pour arrêter les voies d'eau
et empêcher les navires de sombrer » .
(Renvoi à l'examen de M. Pouillet.)
M. G. PoMMERET présente une Note concernant an moyen qu'il dit em-
ployer avec succès pour faire tomber les verrues.
(Renvoi à l'examen de M. Serres.)
M. Laignel adresse une nouvelle Note sur l'importance de ses inven-
tions relatives aux chemins de fer.
(Renvoi aux Commissaires précédemment nommés.)
CORRESPONDANCE.
M. LE Secrétaire perpétuel présente, au nom des auteurs M. L.-L.
Vallée, inspecteur général des Ponts et Chaussées, et M. E. Vallée, in^é-
nieur ordinaire au même corps, un ouvrage ayant pour titre : « Des eaux,
des travaux publics, et du barrage de Genève ». L'Académie se rappel-
lera, dit M. le Secrétaire perpétuel, que M. L.-L. Vallée l'a déjà entre-
tenue de cette question, il y a quelques années : dans sa nouvelle publi-
cation, il a consigné les résultats d'études plus récentes faites dans le cours
d'une mission spéciale dont il avait été chargé par l'Administration à la fin
de Tannée i856.
M. LE Secrétaire perpétuel signale encore, parmi les pièces imprimées
de la séance, trois ouvrages dont M. le D' Martyn Paine, professeur de no-
sologie et de matière médicale à l'Université de New-York, fait hommage à
l'Académie. ( Voir au Bulletin bibliographique.)
CHIRURGIE. — Tétanos traumatique traité sans succès parle curare;
Lettre de M. Manec.
M Un cas de tétanos traumatique vient de se présenter dans mon service
à l'hôpital de la Charité, et j'ai cru devoir essayer le curare, recommandé
C. R., i859, 2>n« Semestre. (T. XLIX, N» 11.) Sa
( 394 )
dans une récente communication faite à l'Académie. Dans ma longue pra-
tique chirurgicale n'ayant jamais vu guérir de malade affecté de cette espèce
de tétanos, je me suis attaché à employer ce nouveau moyen avec d'autant
plus de prudence, que l'observation de M. Vella, qui a servi de base à la sa-
vante discussion qui a eu lieu dans l'Académie, laisse beaucoup à désirer re-
lativement à la dose du médicament employé.
>• L'absence de M. Claude Bernard ne me permettant pas, pour cette
tentative sur l'homme, de recourir à son expérience sur les effets du curare,
je me suis adressé à un de mes collègues des hôpitaux, M. Vulpian, qui, lui
aussi, a beaucoup expérimenté ce poison sur les animaux. C'est avec son
concours que j'ai fait cet essai qui malheureusement a complètement échoué
sur notre malade, qui a succombé samedi dernier dans la nuit, trente heures
après l'invasion du tétanos traumalique.
» J'ai fait recueillir avec soin cette observation, que j'aurai l'honneur de
communiquer lundi prochain à l'Académie avec tous les détails que son im-
portance actuelle exige. »
OPTIQUE. — Noie sur un procédé nouveau pour la mesure de l'indice de réfraction
des liquides; par M. Forthomme. (Extrait.)
L'instrument très -simple, mais qu'il est impossible de décrire sans
figure, permet de mesurer facilement l'angle de réflexion totale. L'auteur
en fait l'application à diverses dissolutions salines et à des mélanges de ces
dissolutions. Il prouve qu'on peut à l'avance calculer les indices au moyen
de la formule empirique
N— I _/'(^— ')•+•;''(" — ') + ••■ .
P+P'-+--..
n, n\ etc., représentent les indices des sels dissous et du dissolvant; p, p', etc.
leurs poids relatifs. Il tire de là des moyens de dosage vérifiés par diverses
expériences synthétiques. Les expériences n'ont porté jusqu'ici que sur
des sels monoréfringents. L'auteur a commencé des expériences sur divers
sels biréfringents pour essayer de les soumettre à une formule du même
genre.
L?i séance est levée à 4 heures un quart. E. D. B.
(395 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQCE.
L'Académie a reçu dans la séance du 12 septembre 1869 les ouvrages
dont voici les titres :
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. DecaiSNE; a8* liv. ; in-4''.
De C Espèce et des Races dans les êtres organisés, et spécialement de l'unité de
r espèce humaine; par D.- A. GODRON. Paris, 1869; a vol. in-8°. (Présenté,
au nom de l'auteur, par M Brongniart.)
Des Eaux, des Travaux publics et du Barrage de Genève; par MM. L.L. Vallée
etE. Vallée. Paris^ '859; 1 vol. in-8°.
Observations météorologiques faites à Lille pendant l'année i857-i858; par
Victor Meurein. Lille, iSSg; br. in-8°.
Un nouveau chapitre aux Etudes sociales, hygiéniques et médicales sur les
ouvriers employés aux travaux du port du Havre; par M. le D' Lecadre;
br. in-8°.
Nécrologie. Le docteur Lucas-Championnière, fondateur et rédacteur du
Journal de Médecine et de Chirurgie pratiques; par le même. Havre, 1869;
br. in- 8°.
De l'alcool et des composés alcooliques; de leur influence sur la réunion immé-
médiate et sur les accidents graves ou mortels des plaies et des opérations , etc. ;
par M. J. -F. Batailhé ef Ad. GuiLLET. Paris, iSSg; br. in-8°.
Lettre à l'Académie; par M. Zaliwski ; \ de feuille in-8''.
Passe- temps ophthalmologiques maritimes, ou Histoire des affections morbides
de [œil et de ses annexes, provoquées et entretenues par les atteintes ou le séjour
d'animaux vivants; par le D"' Ch, J.-F. Carron du Villards; fascicule pre-
mier. Rio-de-Janeiro, iSSg; br. in-8°.
The... Institutes de médecine; par Martyn Paine ; 4* édition ; New- York,
i858; i vol. in-8°.
Médical... Mémoires de médecine et de physiologie ; parle même. New-
York, 1840; 3 vol. in-8".
Memoir... Biographie de Robert Troup Paine; par ses parents; New-
York, r852; I vol. in-4°.
»»aa«
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉmE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI l\) SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MEMOIRES ET C03IMUNICATI0IVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉJIIE.
M. LE Président de l'Institut rappelle que la quatrième séance tri-
mestrielle de cette année aura lieu le 5 octobre prochain, et invite l'Aca-
démie des Sciences à lui faire connaître en temps opportun le nom de
celui de ses Membres qui aura été désigné pour faire une lecture dans cette
séance.
M. LE Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur M. Plana, un
Mémoire ayant pour titre : « Réflexions nouvelles sur deux Mémoires de
Lagrange publiés en 1769 ».
M. LE Secrétaire perpétuel, à l'occasion de pièces qui lui ont été adres-
sées de Milan, lit un passage de la Lettre d'envoi dans laquelle M. le Ma-
réchal Vaillant manifeste l'intérêt qu'il prend, de loin comme de près, aux
travaux de l'Académie.
MÉTÉOROLOGIE. — Aperçus méléowlogiques relatifs aux aurores boréales du
29 août 1859 et du 17 novembre i848; par 31. Fournet, Correspondant
de l'Institut.
« La réunion des divers détails concernant l'aurore boréale du 29 août
iBSg ayant paru de nature à présenter un certain intérêt, je crois devoir
C. R., 1859, a"»» Semestre. (T. XLIX, N» ISJ.) 53
-.- - -■ -^ rr{ 398 )
apporter le contingent de mes observations, bien qu'elles n'aient pas le ca-
ractère de précision qu'il faut désirer en pareille matière.
u Au moment de son apparition, j'étais dans la patrie des de Jussieu, à
Montrolier, bourg placé à l'altitude de 6^5 mètres, sur le revers sud d'un
chaînon transversal, qui, se détachant de la partie occidentale de nos mon-
tagnes lyonnaises, près de Tarare, aboutit à Sain-Bel. Les culminancesde
cette arête sont le Boucivre ( altitude i io3 mètres), le Pelerat, ancien signal
de Cassini (altitude 860 mètres) et Arjoux (altitude 817 mètres). J'en par-
courais quelques parties afin d'y vérifier d'anciennes déterminations
avant l'installation du congrès géologique qui devait tenir prochainement
ses séances à Lyon. D'ailleurs peu disposé à veiller, après les marches de la
journée, le phénomène s'était produit à mon insu, bien que j'eusse entrevu,
pendant un instant, une légère rougeur dont j'attribuai la cause à un feu
réfléchi par le brouillard de la nuit.
» Quelques instants avant le lever du soleil, voulant prendre les direc-
tions des massifs environnants à l'aide de ma boussole de poche, il me
fut impossible d'arriver à un résultat, car l'aiguille, d'environ 87 milli-
mètres de longueur, tiraillée d'un côté ou de l'autre, hors de sa direction
normale, n'était pour ainsi dire jamais en repos; d'ailleurs je n'eus pas
lieu d'être beaucoup plus satisfait de mon instrument durant une partie
de la matinée, lorsque, après avoir quitté Montrotier, j'eus atteint le som-
met du Pelerat.
» Les forces qui agissaient alors devaient être très-énergiques ; mais il ne
m'était pas permis d'attribuer une part d'action marquée aux roches de
Montrotier qui appartiennentà la classe desgranitssyénitiqueset des porphy-
res quartzifères. Toutefois les épaisses plaques de mélaphyres, des schistes
chloriteux et amphiboliques, masses essentiellement ferrugineuses, étalées
à diverses distances dans les environs, contribuèrent peut-être à l'exaltation
des causes perturbatrices dont provenait l'affolement. En tous cas, on re-
marquera que je cheminais entre les lignes télégraphiques de Marseille et
du Centre, qui, d'après M. Bergon, hirent très-vivement influencées par
l'aurore boréale.
» Dès que je pus connaître la cause des perturbations magnétiques dont
j'avais subi les conséquences, j'observai que l'ensemble de la période était
également très-accidenté au point de vue météorologique, point de vue
sur lequel j'ai principalement à insister. A partir du a4 août, le trouble
aérien débutait à Graetz (Styrie) par un terrible orage, durant lequel la
bourrasque déracinait de très-gros arbres. Dans la nuit suivante, Port-
(399)
Louis (Morbihan) recevait les vents occidentaux avec le tonnerre, et depuis
ce moment les grains se succédèrent d'une manière soutenue sur le littoral
atlantique de la France. Le a5, les vents du sud et sud-ouest renforcés ame-
naient à Lyon les nuées plus ou moins pluvieuses qui devaient mettre fin aux
grandes chaleurs de l'été. Le 26, les régions pyrénéennes de Mirande, Tar-
bes, Mont-de-Marsan, Auch furent exposées à des orages d'une violence
extraordinaire. La foudre était accompagnée de grêles, d'averses à faire dé-
border les rivières, et surtout d'une tempête qui fit plier les arbres et ren-
versa une maison en construction. Une trombe sud-ouest répandait la dé-
vastation dans Saint-André (Eure), et à Lyon ce coup de vent fut suivi
d'une pluie. Dans la journée du 27, le sud-ouest était plus calme; cepen-
dant la pluie reprenait à Lyon, tandis qu'à Sames, près de Bayonne, l'orage
conservait sa violence et la foudre frappait une maison. Enfin, la journée
du 28 se montra assez belle autour de Lyon avec des nuées sud-ouest, et
une brise faible également sud-ouest; mais, dans la soirée, vers 8 heures,
j'apercevais, de Monfrotier, des éclairs très-lointains et diffus.
» Tels sont les prodromes du phénomène. Voyons actuellement ses
suites.
» Dans la nuit du 28 au 29, à Londres sévissait un ouragan terrible, du-
rant lequel des éclairs, violets comme la partie nord et nord-ouest de l'au-
rore boréale, éclataient d'un bout du ciel à l'autre. En même temps les
orages continuaient à se manifester du côté des Pyrénées, à Luz, à Saint-
Sauveur, et ce mauvais temps y persistait le lendemain. Le 29, à Montrotier,
pendant que je cherchais à prendre les directions, la matinée était pure;
mais, à 2 heures du soir, quand j'eus quitté le Pelerat, je fus accueilli
par des ondées accompagnées de traits de foudre d'une longueur démesu-
rée; en même temps le calme de la matinée passait rapidement à une tem-
pête sud-ouest. Alors Avignon subissait les effets d'un grand orage; les pre-
mières neiges blanchirent les Alpes des Grisons; puis, durant la nuit, les
Arabes d'Alger étaient effrayés à l'aspect insolite des nombreux éclairs en
zigzag qui passaient au-dessus de la ville.
» Le 3o, à Lyon, les nuages cheminaient encore rapidement du sud-ouesf,
mais une brise inférieure du nord-ouest ramenait la pluie dans la soirée.
A Fécamp, les rafales de ce nord-ouest faisaient tomber une grêle de la gros-
seur d'une petite noix^ pendant un orage. Le 3 1, ce même nord-ouest infé-
rieur chassait vivement des nuages qu'amenait l'ouest-sud-ouest supérieur,
et le I" septembre la mer, après la grande marée du 3o, étant d'une fureur
extraordinaire, rompit la digue de Ouistrehem (Calvados). Après quelques
53..
- ( 4oo )
journées paisibles, survint à Lyon, entre 7 et 8 heures du soir, un coup
de vent subit, effréné, escorté de vifs éclairs et d'une averse mêlée de
grêle. Celle-ci sévit surtout à Reilleux (Ain). Le sud-ouest régnait encore
en haut, tandis que le nord-ouest soufflait en bas.
» On sera sans doute frappé de la coïncidence des effets de l'électricité
sur les lignes télégraphiques avec ceux que produisaient ces vents du sud-
ouest habituellement orageux. Cependant un autre détail doit encore fixer
l'attention : c'est que l'aurore boréale semblait se déplacer dans leur sens,
de l'ouest à l'est, d'après le? observations faites à I>yon par le rédacteur du
Courrier ei à Paris par M. Coulvier-Gravier. J'insiste d'ailleurs à dessein sur
ces rapprochements divers, parce que je trouve une Note extraite des
Trans. Philos., t. LXV, p. i, d'après laquelle un navigateur anglais juge à
propos d'avertir ses confrères qu'il résulte de ses remarques que l'on est
exposé à recevoir un coup de vent du sud-ouest deux ou trois jours après
l'apparition du phénomène. Il faut donc, suivant lui, que les marins, prêts
à entrer dans la Manche, prennent les précautions nécessaires pour parer à
cette éventualité.
» Les détails précédents venant à l'appui du pronostic, j'ai voulu m'as-
surer de la répétition des faits à l'occasion de la belle aurore boréale du
17 novembre 1848.
» Eh bien, à Lyon, durant la veille du jour critique, la brise inférieure
était incertaine, nord et sud, les nuées cheminant du nord. Au Havre, les
vents tournaient décidément au sud-ouest. Le 17, le calme général persis-
tait avec des vents variables. Ainsi, à Camaret, ils soufflaient du sud le matin
et du nord-ouest dans la soirée; aux Sorlingues dominait le nord-ouest ; à
Berlin, la pluie et la neige tombaient constamment depuis quelques jours. A
Port-Louis, les nuages cheminaient très-vite de l'ouest-sud-ouest, tandis
qu'à Lyon régnait une faible brise sud; mais sur le ciel de légères vapeurs
s'étendaient en écheveaux étirés par le sud-ouest. Le 18, sud encore calme
malgré un ciel couvert et une pluie du soir par un vent d'ouest établi dans
les régions supérieures de l'atmosphère.
» Les 19 et 20, les vents nord et nord-ouest à Lyon ainsi qu'au Havre,
sud-o,uest et ouest-sud-ouest à Margate, à Portsmouth devinrent plus forts;
des grains, des temps froids, humides furent les conséquences de cette recru-
descence d'intensité. Mais, pendant les journées des 21, 22 et 23 novembre,
luie lutte du sud-ouest se décelait parles coups de vent violents de Royan,
du Conquet, de Belle-Isle, de Margate, de Starpoint. Un temps affreux
s'établit sur la Manche. A Lyon, la tempête brisait des vitres, renversait des
( 4ot )
cheminées; des effets du même genre se manifestèrent à Cette, à Montpel-
lier. A Toulon ainsi qu'à Marseille, l'est et le sud-est s'ajoutèrent au sud-
ouest, suivant la règle des temps désastreux ; les pluies tombèrent sur divers
points. Enfin, dans la soirée et dans la nuit du a3, l'extrême désordre fit
place, dans nos pays, aux temps ordinaires de l'arrière-saison, qui fut suivie
d'un hiver très-doux.
» Cet accord entre les aurores boréales et les tempêtes plus ou moins,
orageuses du sud-ouest est certainement assez digne d'attention pour déter-
miner à multiplier des recherches capables de ramener à sa juste valeur le
pronostic du marin anglais. Du reste, sans insister davantage sur des rappro-
chements aussi simples, je vais passer à des aperçus plus complexes et plus
hasardés, car il s'agit d'examiner s'il ne serait pas possible dégrouper en-
semble les aurores boréales démesurées, le vent électrique et les étoiles
filantes.
» L'apparition du 17 novembre 1848 fut accompagnée d'une volée de
ces petits météores. M. Matteucci les observait à Pise. Un ancien élève de
l'École Polytechnique, maître de forges à Saint-Laurent-du-Pont (Drôme),
M. Duval, me fit part de la surprise qu'il ressentit à la vue du nombre de
ceux qu'il put compter de sa station ; l'un d'eux parut tomber à terre ; il étai
blanc, contrairement aux autres dont la couleur était rouge. De son côté,
M. Barbier, garde du génie, correspondant de la commission hydromé-
trique de Lyon, signalait à Dôle deux passages de globes de feu : le premier
eut lieu le i5 à 5 heures du soir, et le second s'effectuait pendant le dé-
ploiement de l'aurore. Ces deux dates se confondent, du reste, dans la
grande période assignée à ces étoiles.
» Pendant le phénomène du 29 août iSSg, M. Coulvier-Gravier les vit de
même filer constamment plus haut que les rayons et les segments composant
l'aurore boréale. Il en conclut que la région où elles s'enflamment est située
au-dessus de l'espace occupé par le météore électrique, espace qui lui-même
surmonte celui qu'envahissent les cirrus.
» Or, le patient observateur arrivant à admettre que la direction des
étoiles filantes trahit celle des courants supérieurs, et qu'elle permet de
prévoir certains changements de temps, ne serait-on pas en droit de suppo-
ser que l'aurore boréale établie plus bas et filant en masse de l'ouest à l'est
peut pareillement être un des symptômes de l'abaissement plus ou moins
immédiat du vent qui semble la pousser durant certaines nuits. En cela les
choses se passeraient à peu près comme à l'yard des nuages dont la marche
décèle l'existence d'un mouvement atmosphérique qui, dans la plupart des
( 402 )
cas, descendant des hautes régions, doit bientôt déplacer celui qui dominait
jusqu'alors sur les bas-fonds de l'océan aérien. Au surplus, des calculs rela-
tifs aux allures des vents-nuages, pour me servir d'une heureuse expression
de M. Bertrand de Doue, devront nécessairement préciser les assertions des
cultivateurs. Mettant en évidence les chances en faveur du pronostic, ils
pourront peut-être ajouter leur appui aux déductions de M. Coulvier-Gra -
. vier, et dans tous les cas on admettra sans peine que la météorologie doit
infailliblement acquérir quelques nouvelles connaissances au milieu de ces
sortes de recherches. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Note sur la polarisation voltaïque ; par M. G. Planté.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Despretz.)
« La plupart des physiciens qui se sont occupés du phénomène de la
polarisation voltaïque ont trouvé jusqu'à présent des résultats tout à fait
contradictoires. D'après les uns, l'action (i) de l'oxygène serait supérieure
à celle de l'hydrogène; d'après les autres, ces actions seraient parfaitement
égales; d'après d'autres enfin, celle de l'hydrogène l'emporterait notable-
ment sur celle de l'oxygène. Ce désaccord s'explique d'une manière très-
simple. On s'est livré à des expériences de mesure sur un phénomène avant
de le bien connaître; de plus, on a employé des méthodes indirectes basées
sur les vagues idées que l'on se faisait de son origine. J'ai donc pensé qu'il
était essentiel d'en faire une étude approfondie. De nombreuses expériences
m'ont permis d'arriver aux conclusions suivantes :
Pkemièbe série. — foltamètres à eau acidulée.
» 1°. Les effets de diminution que l'interposition d'un voltamètre à fils
de même métal et à eau acidulée fait subir à un courant électrique, ne
proviennent pas seulement de la résistance nouvelle à franchir et du cou-
rant secondaire inverse qui peut prendre naissance, mais ils sont produits
aussi et souvent en plus grande partie par la mauvaise conductibilité de
l'oxyde formé et par la couche de liquide salin accumulée autour du même
(i) C'esl à dessein que je n'emploie'pas l'expression de force polarisante. De même, je ne
dirai pas courant de polarisation, mais courant secondaire ou courant inverse..:-
( 4o3 )
fil, laquelle agit à la fois par sa résistance plus grande que celle de l'eau
acidulée et par la difficulté qu'elle oppose à l'action du courant sur de nou-
velles portions du liquide.
» L'intensité du courant principal dépend encore du degré de solubilité
de l'oxyde formé. Si l'oxyde se dissout aisément dans l'eau acidulée, le
courant qui avait diminué au moment de sa formation reprend aussitôt que
la dissolution commence.
» Si l'oxyde est insoluble et mauvais conducteur, le courant est presque
entièrement arrêté. C'est ce que l'on observe très-nettement avec l'alumi-
nium dans Teau acidulée.
» Ces diverses causes d'affaiblissement se manifestent dans presque tous
les métaux, les uns après les autres, et on en apprécie aisément l'influence
• par les variations d'intensité du courant principal. Les métaux avec lesquels
on distingue mieux ces effets sont : l'étain, le cuivre et l'argent.
o 1°. Le courant secondaire inverse qui s'ajoute aux causes d'affaiblisse-
ment qui précèdent ne provient point de l'adhérence ou simple présence de
couches gazeuses autour des électrodes, mais de l'action chimique produite
par ces gaz, oxydation d'une part, réduction ou conservation de l'état mé-
tallique par l'hydrogène, d'autre part.
» 3°. Toutes choses égales d'ailleurs, le courant secondaire est d'autant
plus fort, que l'oxyde formé est plus électro-négatif par rapport au métal.
C'est dans l'argent que cette propriété se trouve au plus haut degré. L'oxyde
de ce métal, produit par la pile, est plus électro-négatif que le platine lui-
même.
■ 4°- Le courant secondaire le plus intense, dans la décomposition de
l'eau acidulée, est donné par des électrodes d'argent ; après l'argent vien-
nent le plomb, l'étain, le cuivre, l'or, le platine et l'aluminium.
»> Quant au courant principal, c'est avec un voltamètre à fils de platine
qu'il est maximum, si on emploie plus d'un couple de Grove ou de Bunsen.
Après le platine viennent l'or, l'argent, le cuivre, le plomb, l'étain, l'alu-
minium.
« La comparaison de ces deux séries montre bien que d'autres causes
que le courant secondaire influent sur la diminution du courant principal
dans un voltamètre à eau acidulée ; car si le courant secondaire était la
seule cause d'affaiblissement, l'ordre de la deuxième série serait exactement
inverse de celui de la première. L'argent, par exemple, devrait donner le
courant principal le plus faible ; car c'est lui qui donne le plus fort courant
( 4o4 ) •
secondaire. Or il n'en est rien ; il existe donc des causes de diminutioii plus
influentes, et ce sont celles que j'ai mentionnées plus haut.
» 5°. L'agitation du fil positif produit généralement une augmentation
du courant principal, car elle élimine la cause de diminution provenant de
la couche de liquide formée autour de ce fil; mais comme il en résulte en
même temps le mélange d'un sel métallique à l'eau acidulée, le fil négatif
se recouvre d'iai dépôt de métal pulvérulent, et le courant secondaire essayé
après cette agitation est beaucoup plus fort qu'auparavant. Le défaut d'es-
pace ne me permet pas de donner ici l'explication de ce phénomène.
» 6°. Avec presque tous les métaux, on observe après l'interruption du
courant principal, pendant que le courant secondaire passe et quelquefois
même sans que ce dernier circuit soit fermé, un dégagement de gaz peu
abondant, mais néanmoins très-net au pôle positif. Ce dégagement est dû à
l'oxyde produit qui, étant très-électro-négatif, forme, soit avec le métal sur
lequel il est déposé, soit avec l'autre fil qui est parfaitement réduit par l'hy-
drogène, un couple assez énergique pour décomposer l'eau. C'est avec l'ar-
gent, le plomb et l'or que ce phénomène est le plus marqué.
Deuxième série. — Foltamctre à eau acidulée saturée de bichromate de potasse.
» 1°. L'eau acidulée saturée de bichromate de potasse jouit delà pro-
priété d'attaquer ou de dissoudre la plupart des métaux. Elle altère très-
rapidement l'argent et le mercure. Elle dissout avec une grande facilité et
sans dégagement de gaz le zinc amalgamé, le cuivre et l'étain. Le dépôt
rouge formé à la surface de l'argent rend ce métal électro-négatif par rap-
port au platine dans l'eau acidulée.
» 2°. Deux fils d'un métal soluble dans ce liquide y étant plongés, l'agi-
tation de l'un d'eux produit un courant d'une certaine intensité. Le fil agité,
qui se trouve être aussi le plus rapidement dissous, manifeste l'électricité
positive.
» 3". Si deux fils d'un même métal plongés dans le bichromate acide
sont traversés par un courant, l'agitation du fil positif est en général sans
influence sur l'intensité du courant; mais celle du fil négatif produit une
forte augmentation. Ce phénomène est dû, comme le précédent, à l'écar-
fement de la couche de liquide salin formée autour du fil. Cette couche
n'agit que comme obstacle au passage du courant; elle ne produit point par
elle-même de courant secondaire.
» 4°« Malgré l'absorption de l'hydrogène au pôle négatif, on observe
( 4o5 )
avec les divers métaux des courants secondaires parmi lesquels il en est de
très-intenses. L'ordre suivant lequel les métaux se classent pour l'énergie
de ces courants est à peu près le même qu'avec l'eau acidulée, excepté pour
l'argent qui, se recouvrant immédiatement d'un sel non conducteur, arrête
presque totalement le courant principal.
» Les phénomènes qu'on observe avec le bichromate de potasse acidulé
montrent surtout l'influence des couches de liquide formées autour des
électrodes sur l'intensité du courant.
» De l'ensemble des faits observés avec l'eau acidulée il résulte que
l'oxydation joue un rôle très-important dans les voltamètres et, par consé-
quent, dans les couples voltaïques. Si raffinité du métal pour l'oxygène
détermine la production du courant électrique, la formation de l'oxyde
constitue la principale cause d'affaiblissement de ce même courant; car
l'oxyde peut être, comme je l'ai dit, mauvais conducteur, peu soluble et
susceptible de donner un courant secondaire.
)> Quant à l'hydrogène, quoiqu'il contribue, pour une certaine part, à la
production du courant inverse par son action réductrice sur l'électrode né-
gatif, il a une influence beaucoup moindre que celle qu'on lui attribue. On
croit que sa présence à l'état gazeux autour de l'élément négatif d'un couple
est une cause puissante d'affaiblissement, et l'énergie des piles, dans les-
quelles l'hydrogène est absorbé, semble le prouver. Mais ce n'est là
qu'une apparence. Dans les couples à deu'x liquides, dans celui de Grove
par exemple, il y a en jeu une double affinité, celle du zinc pour l'oxygène,
et celle de l'acide nitrique pour l'hydrogène. L'énergie du courant n'est
point due à la simple disparition de l'hydrogène, mais au rôle actif qu'il
joue, à l'action chimique qu'il produit. »
CHiRURGrE. — Observation de tétanos traumatique ; emploi du curare sans
€ffet sensible ; mort trente heures après l'invasion de la maladie; Mémoire de
■ M. Manec.
(Commissaires, MM. Velpeau, Cl. Bernard, J. Cloquet.)
o Le nommé Belleville, âgé de trente-neuf ans, d'une constitution assez
forte et d'un tempérament sanguin, est entré à l'hôpital de la Charité, salle
Sainte-Vierge, le 7 septembre iSSg. Ce malade avait reçu la veille un coup
de timon de voiture qui avait fracturé l'omoplate droite et occasionné une
. C. R., iSâg, 2n« Semestre. (T. XLIX, Nol2.; 54
( 4o6 )
chute suivie delà fracture de l'avant-bras du même côté. Son état général
est assez satisfaisant, peu de fièvre, langue bonne. L'avant-bras est placé
sur un plan incliné. Le malade accuse de vives douleurs. Résolutifs lauda-
nisés sur les parties contuses.
» Le 9 au matin la doulenr est toujours vive, surtout à l'épaule et au
côté droit de la poitrine. Même prescription.
» Le soir, vers 5 heures, le malade se plaint de n'avoir pu boire sa
tisane et prendre son bouillon qu'avec difficulté. Il éprouve des crampes, de
la roideur dans les mâchoires. Douleur assez vive dans les régions frontale
et pariétale. A 8 heures, l'interne de garde est appelé. Le malade est pris
d'un trismus violent. Potion avec dix gouttes de chloroforme.
» Pendant la nuit du 9 au 10, la maladie a marché : tous les symptômes
du tétanos sont au complet. La tète est fortement portée en arrière, la région
antérieure du cou est tendue, les muscles sterno-mastoïdiens font une saillie
considérable. Tous les muscles du cou sont douloureux, surtout ceux de la
région postérieure ; cette douleur s'étend dans les lombes. Impossible au
malade de fléchir le cou et la région dorsale. La bouche est entr'ouverte,
les mâchoires contractées, impossibilité d'avaler. La respiration, anxieuse,
est toute diaphragmatique; le pouls varie de go à 100 pulsations par mi-
nute ; la face est couverte de sueur. A des intervalles irréguliers et assez
éloignés, le malade pousse des cris : c'est lorsque les muscles se contractent.
Ces contractions involontaires "sont quelquefois provoquées lorsqu'on le
touche ; aussi demande-t il en grâce qu'on ne le touche pas. Il est prescrit
une potion fortement opiacée, qui n'est reçue qu'avec la pins grande diffi-
culté et ne peut être avalée.
» Dans cette grave circonstance, nous avons jugé que c'était le cas
d'essayer le curare, tout récemment préconisé par M. Vella. Mais le curare
est une substance si énergique, et l'observation de M. Vella si obscure en ce
ce qui concerne les quantités employées, qu'avant de l'appliquer à l'homme
nous aurions été bien heureux d'avoir les conseils de M. Cl. Bernard. A son
défaut, M. Vulpian, médecin des hôpitaux, que ses recherches ont rendu
si habile dans le maniement de ce toxique, a bien voulu nous aider de son
expérience. C'est avec son concours que tout ce que nous allons rapporter
a été prescrit et exécuté. L'observation qui suit a été rédigée d'après les
notes prises d'heure en heure au lit du malade par M. Beaumets, élève
très-instruit, interne de la division.
» On fait une incision de i | centimètre avec une lancette à la partie
moyenne du bras gauche, et à 2''45"', lorsque le sang est à peu près arrêté^
( 4o7 )
on laisse tomber dans la plaie deux gouttes d'une solution aqueuse de
curare contenant | milligramme par goutte. — A 2.^55'", deux nouvelles
gouttes de la même solution sont introduites dans la plaie : pas de résultat.
— A 3 heures, on fait une nouvelle plaie de i ^ centimètre à la région an-
téro-supérieur du thorax, à 3 centimètres au-dessous de la clavicule gauche.
— A S** iS™, on introduit dans cette nouvelle plaie une goutte d'une solu-
tion contenant 1^ centigramme de curare par goutte. — A 3*^25"', une goutte
de la dernière solution est placée dans la plaie du bras. — A 3'' 32™, une
goutte de la même solution est introduite de nouveau dans la plaie thora-
cique.
» Depuis l'administration des premières gouttes de curare le pouls a été
compté de 5 à 5 minutes, les limites extrêmes ont été 1 3o et 96. Les mouve-
ments respiratoires ont varié de 3a à 40 par minute. Il n'y a aucune amé-
lioration dans l'état du malade.
» A 3''4o'", dans la plaie du bras on place une petite boulette pe-
sant 2 i centigrammes de curare pur. Pas de changement. — A 4'' 20™,
le malade est pris d'un accès convulsil assez violent. — A 4''37'", nou-
vel accès. Les accès se multiplient et se rapprochent. — A ^''SS™, un
granule de 2 ^ centigrammes est placé dans la plaie thoracique. Pas
d'amélioration. Les accès continuent. — A 5''i2™, avec la seringue à
injections sous-cutanées on introduit dans le tissu cellulaire de la région
sus-claviculaire droite cinq gouttes d'une solution aqueuse de ao centi-
grammes de curare dans i gramme d'eau. ^- A 5''53°', on injecte cinq
gouttes de la même solution dans la région sus-claviculaire gauche. Il n'y a
aucune amélioration. L'opisthotonos est de plus en plus prononcé, toute la
région lombaire est prise, les accès se multiplient de plus en plus. Depuis
le commencement du traitement, il n'y a eu aucune rémission dans les
convulsions tétaniques des muscles du cou. — A 8 heures, injection sous-
cutanée dans la région sus-claviculaire droite de dix gouttes de la der-
nière solution. — De 8 à 9 heiu'es, les accès ne cessent pas; de i5 minutes
en i5 minutes il y a des crises beaucoup plus violentes. — A lo*" iS", le
malade meurt.
>y En somme, depuis 2'"45°' jusqu'à 8 heures, on a donné au malade
27 centigrammes de curare, mais toute cette quantité n'a pas été absorbée.
Il faut compter au moins de 8 à 10 centigrammes de perte; et pendant toute
la durée du traitement on n'a pu constater aucune amélioration.
)) Le 12, à 7 heures du matin, on fait l'autopsie; elle ne donne aucun
résultat, seulement elle permet de constater une fracture multiple de
54..
(4o8 )
l'omoplate. La fosse sous-épineuse est divisée en trois portions. Rien dans
le cerveau.
» En présence de tels faits, que faut-il penser? Nous avons cru d'abord
que le curare employé pouvait être altéré, qu'il pouvait avoir perdu de son
énergie. M. Vnlpian nous a assuré l'avoir trouvé parfait quelques jours
auparavant. Pour plus de certitude, de nouvelles expériences ont été faites
avec cette substance prise dans le même flacon, et ont prouvé qu'elle pos-
sédait toute sa puissance.
» Nous rapporterons les suivantes :
» Première expérience. — Sur un chien de forte taille, du poids de
5i livres, M. Vulpian insinue dans le tissu cellulaire sous-cutané de la
nuque 2 centigrammes de curare en solution dans trois ou quatre gouttes
d'eau ; quelque temps après, l'animal était chancelant, comme ivre : il était
alors la*" 45™; à 2 heures, cet état était tout à fait dissipé.
» A 2'' 55™, dans une nouvelle plaie du cou, on introduit 5 centigrammes
de curare dans quelques gouttes d'eau. A 3'' 6™, l'animal est couché sur le
flanc; à S*" 25", il est mort.
» Deuxième expérience. — Sur un chien vigoureux du poids de 9 livres,
on incise la peau de la région supérieure du cou, on écarte le tissu cellulaire
de façon à faire une petite cavité, dans laquelle on introduit un granule du
même curare, de j |^ centigramme, il était 2^ 11™. Pendant 7 à 8 minutes
l'animal n'offre aucun phénomène morbide ; à 2^ 20", il est couché sur le
flanc, et à 2^ 25" il est mort.
» Puisque l'agent employé n'avait rien perdu de sa force, faut-il admettre,
pour expliquer son inefficacité sur notre malade, que l'état tétanique rend
l'organisme réfractaire à l'action du curare comme à celle de l'opium ? »
HïGIÈNE PUBLIQUE. — De la pOudre Corne et Demeaux considérée au point de
vue de [hygiène publique; extrait d'une Note de M. Bubdel (i).
(Commissaires, MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloquet.)
0 M. Dumas, dans la séance du 26 juillet dernier, pour expliquer le phé-
nomène qui se produit dans la désinfection des matières par la poudre
Corne et Demeaux, faisait remarquer que si Fon admettait « que les vapeurs
(i) Écrit, par suite d'une signature peii lisible, Burdet dans une préeédcnte communicar-
tion insérée par extrait.au Compte rendu de la séance du 2a août, p. ag^. .
(4o9)
du goudron ozonisent l'air, il ne faudrait pas chercher ailleurs que dans
h combustion prompte des miasmes odorants produite par cet oxygène
ozonisé, la cause de la destruction de l'odeur putride des matières animales
en décomposition. »
» J'ai désiré expérimenter et vérifier l'explication donnée par l'éminent
chimiste. Voici le résultat de mes expériences. L'ozone, qui en effet dispa-
raît toujours là où sont accumulées des matières en putréfaction, reparaît
lorsque ces matières sont recouvertes ou mélangées en quantité notable
avec de la poudre désinfectante. L'ozonomètre de Schoenbein m'a démon-
tré la vérité de cette assertion en passant successivement de o jusqu'à 7
et 8 degrés.
» Ainsi dans le curage d'un canal d'où l'on venait d'extraire une grande
quantité de vase fangeuse et extrêmement fétide, et auprès de laquelle l'ozo-
nomètre .ne révélait aucune trace d'ozone, j'ai fait mélanger et recouvrir
cette vase de marne préparée au goudron. A l'instant même toute odeur
marécageuse disparut, et l'ozonomètre, après douze heures, marqua
7 degrés.
» En appliquant cette opération au curage des rivières, des canaux, des
bassins, ainsi qu'aux défrichements des étangs et des terrains marécageux,
sera-t-il possible par ce moyen d'anéantir et neutraliser les effets délétères
toujours dangereux qui sont la conséquence de l'évaporation et de la dessic-
cation des matières humides en décomposition qui reposent sur le sol ? Je
le crois. Aidé de plusieurs propriétaires dont quelques-uns habitent la So-
logne et d'autres la partie du Berry où les fièvres paludéennes sont endé-
miques, je me propose de poursuivre ces expérimentations sur une vaste
échelle, et de faire part à l'Académie des Sciences des résultats que j'ob-
tiendrai. »
M. BoNNAFONT adrcssc une Lettre ayant pour titre : « Sur le mélange
désinfectant de pjâtre et de coal-tar, improprement nommé poudre Corne
et Demeaux » .
L'auteur rappelle, comme l'avait déjà Tait M. Etienne dans une Lettre
mentionnée au Compte rendu de la séance du 5 de ce mois, la grande con-
formité de ce mélange avec celui que proposait en i844 M. Bayard, qui
d'ailleurs n'avait point eu l'idée de l'appliquer au pansement des plaies.
(Commissaires, MM. Chevreul, Velpeau, J. Cloqiiet.) ,
(4«o)
M. Laignel adresse une nouvelle Note concernant les accidents des
chemins de fer et les deux principales causes auxquelles il les attribue,
savoir : la préférence qui serait accordée à des freins d'une efficacité in-
suffisante, et l'exclusion trop absolue de petites courbures dans le tracé
de la voie.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés.)
CORRESPOND AIN CE .
M. LE Ministre de la Guerre consulte l'Académie pour savoir si les
allumettes fabriquées par le procédé de M. Canoiiil n'exposent pas à plus
de dangers que les allumettes au phosphore amorphe, les seules dont en
ce moment l'introduction dans les établissements mifitaires ne soit pas
mterdite.
La Commission qui, d'après la demande de M. le Ministre, a été char-
gée de préparer un Rapport sur cette question, a eu déjà occasion de
s'occuper du procédé de M. Canonil (Lettre de MM. Paignon et Vaudoux,
séance du 29 août) ; elle espère être très-prochainement en mesure de sou-
mettre ce Rapport à l'Académie.
GÉOLOGIE. — Note sur le calcaire fossilifère du fort de l'Esseillon, près Modane,
en Maurienne. (Extrait d'une Lettre de M. le professeur Ange Sismonda*
à M. Etie de Beaiimont.)
a Turin, le i5 septembre iSSg.
» J'ai profité de mon court séjour au fort de l'Esseillon pour étudier le
gisement du calcaire fossilifère qu'y a découvert M. de Vignet, capitaine du
génie militaire. M. Mella, ingénieur, directeur des travaux du tunnel à Mo-
dane, a eu l'obligeance de me faire voir le banc fossilifère. Vous connaissez
parfaitement la contrée , cependant je me permettrai de vous rappeler
quelques faits que nous y avons observés ensemble, d'abord en i838, en
nous rendant, avec notre savant ami M. Fournet, de la Tarantaise à Brian-
çon par Valmeinier et le Tabor; ensuite, en iSSy, lorsque, en allant au col
des Encombres, nous avons commencé par visiter les environs de Modane
et les préparatifs pour la percée des Alpes de Modane à Bardonnèche,
dite perche dumont Cehis.
)) Comme vous le savez déjà, les montagnes entre Termignon et Modane
( 4'i ) ■
sont essentiellement composées de gypse blanc, saccaroïde, en petites
couches très-souvent contournées ou pliées en zigzag. Au fort de l'Esseillon,
chacune des deux chaînes de la vallée s'arrange en demi-cercle, de manière
à laisser un emplacement circulaire comparable à un cratère. Au milieu de
cette espèce d'entonnoir, se trouve le fort, bâti sur un monticule composé de
calcaire cristallin noirâtre, mêlé à des couches de la même substance de cou-
leur cendrée : l'un et l'autre calcaire sont traversés par de nombreuses veines
spathiques. Une profonde et étroite fissure, dans laquelle court l'Arc, sépare
ce monticule de la chaîne gypseuse située à la gauche de ce torrent; mais il
est uni par la base à la chaîne également gypseuse placée à la droite du
même torrent, de sorte que l'on voit clairement l'union des couches cal-
caires aux gypseuses. S'il m'était permis ici de faire im rapprochement, je
dirais que ce monticule de calcaire est aux chaînes gypseuses parmi les-
quelles il se trouve enclavé, ce que sont les nombreux rognons et noyaux
de calcaire aux couches gypseuses qui les renferment; ou, en d'autres
termes, que le calcaire du fort a échappé à l'action des agents métamorpho-
sants tout comme en furent respectés les noyaux de calcaire et de dolomie
qu'on remarque en abondance dans le gypse alpin.
» Or c'est précisément dans le calcaire dont est composé ce monticule
que M. de Vignet a trouvé des fossiles. Us sont comme fondus dans la
roche, de sorte qu'on les distingue à peine et presque uniquement sur les^
parties où elle a été corrodée par les agents atmosphériques. Il est par con-
séquent impossible d'en déterminer les espèces, ainsi que vous pourrez vous
en convaincre par les échantillons que je vous ai expédiés, et qiu ont été
choisis parmi ceux dont les empreintes sont les plus apparentes et les moins
imparfaites. Cette découverte est cependant du plus grand intérêt pour la
science; car maintenant on est sûr que le gypse des environs de l'Esseillon
est ce même calcaire métamorphosé, tandis que d'autres faits relatifs à la
nature de la roche et à la stratification générale des montagnes de la vallée
relient ce calcaire à celui du col des Encombres, dont l'âge liassique est dé-
voilé par une foule d'espèces organiques dans un parfait état de conser-
vation.
» Selon moi, on ne peut pas séparer la masse calcaire et gypseuse des
montagnes, entre Modane etTermignon, de celle de l'ouest de Saint-Michel,
quoique entre l'une et l'autre existent les grès et les conglomérats avec an-
thracite; car, comme nous l'avons vu les deux fois que nous avons parcouru
ensemble la Maurienne, toutes les roches, entre Saint-Jean-de-Maurienne
et le mont Ceiiis, forment une voûte renversée ou un fond de bateau^ dont k?
( 4ia )
bas de courbure (le point synclinal) est à 7 kilomètres environ à l'est
de Saint-Michel. Continuant de ce point à marcher vers l'est jusqu'à Mo-
dane, on a constamment sous les yeux les grès de l'assise anthraciteuse
supérieure, qui remplissent le fond de bateau. Puis à Modane on les voit
appuyés contre le gypse, lequel continue jusqu'au fort de l'Esseillon, et
même jusqu'au delà de Bramant, sauf sur quelques points où il est remplacé
par du calcaire échappé au métamorphisme. Un peu au delà de Termignon
sort de dessous le gypse le calcaire schisteux alternant avec le schiste
ardoisier.
» Si au contraire on descend la vallée, depuis le point synclinal, ci-dessus
mentionné, jusqu'à Saint-Jean-de-Maurienne, on retrouve d'abord les giès
anthraciteux supérieurs, puis, à partir de Saint-Michel, où finissent ces grès,
le calcaire de temps à autre changé en gypse, et ensuite le calcaire schisteux
alternant avec l'ardoise; c'est-à-dire qu'on trouve les mêmes roches qu'entre
le point synclinal et le mont Cenis, mais inclinées en sens opposé. A Saint-
Jean-de-Maurienne le calcaire schisteux repose sur des roches cristallines,
qui m'ont paru être des grès, et autres roches sédimentaires métamorpho-
sées. Si cela est, leur gisement entre le calcaire liassique et le granité les
fait supposer du même âge que les roches de même nature qu'on trouve
à Valorcine, à Petit-Cœur, àUgine, etc., etc.
» On observe, dans les deux parties ou branches de la voiite renversée, du
calcaire métamoiphosé en gypse ; mais cette roche abonde cependant davan-
tage dans la partie de la voûte relevée vers la chaîne du mont Cenis. 11 est
vraisemblable que cela tient au voisinage de la grande ligne de serpentine
qui existe dans la chaîne centrale des Alpes, roche qui, au fort de l'Esseil-
lon, est représentée par une espèce de butte d'euphotide, et qui ressort au-
dessous du col de Fréjus, dans la vallée de Bardonnèche.
1) On pourrait conserver des doutes sur l'intervention de cette roche dans
la métamorphose du calcaire en gypse; mais il n'en est pas de même quant
à son a<;tion mécanique, car en bien des endroits elle a bouleversé les cou-
ches qu'elle a rencontrées sur son passage. Cela explique comment à l'Es-
seillon, autour de l'euphotide, les couches du gypse et du calcaire, au lieu
d'être relevées vers resf,rComme le réclamerait la place que ces roches occu-
pent dans le fond de bateau, sont, suivant les endroits, verticales, contour-
nées ou doucement relevées vers l'oue^/. Cet état de choses singulier cesse
bientôt, car au delà de Bramant, où les deux chaînes de montagnes se res-
serrent et se rapprochent, le calcaire, ainsi que les roches qui lui succèdent,
se relèvent de nouveau vers la chaîne du mont Cenis.
' (4'3)
» De tout ce que j'ai eu l'honneur de vous exposer, mon cher ami, dans
cette trop longue Lettre, il me paraît qu'on doit conclure :
» i". Qu'au fort de l'Esseillon le calcaire est partiellement métamorphosé
en gypse ;
» 2°. Que ce gypse et ce calcaire ressortent au coi des Encombres, où le
calcaire est très-riche en fossiles liassiques ;
M 3". Que la différence dans la proportion des fossiles qu'on remarque
entre les calcaires des susdites localités tient probablement aux plus grandes
altérations que celui de l'Esseillon a subies, comme paraissent l'indiquer sa
structure et les nombreux noyaux laminaires, d'une forme rappelant celle
de corps organisés, que l'on y remarque et qui manquent dans celui des
Encombres, où les fossiles sont généralement dans un état de conservation
parfait.
» En définitive, il me paraît que tous ces faits confirment de plus en plus
ce que vous avez dit vous-même, que dans les Alpes de la Savoie les terrains
sédimentaires supérieurs aux conglomérats de Valorcine, d'Ugine, etc., ne
remontent pas à une époque antérieure au lias. »
ZOOLOGIE. — Abondance des tigres dans l'île de Singapore; extrait d'une Lettre
de M. F. DE Castei-nau.
« Les grands Carnassiers appartenant au genre Felis sont devenus, en
général, fort rares sur la surface du globe. Ainsi pendant mon expédition
dans l'Amérique du Sud, qui a duré cinq ans, et qui m'a fait traverser
deux fois ce continent, je n'ai rencontré et vu que deux jaguars, bien que
j'en aie entendu plusieurs autres. Dernièrement, dans mes voyages dans l'in-
térieur du cap de Bonne-Espérance et en Cafrerie, je n'ai vu ni entendu
aucun iion. Dans toutes ces régions l'on n'entend presque jamais parler
d'accidents causés par ces animaux, mais il en est autrement du tigre royal
à Singapore et dans l'Indo-Chine.
» Dans la petite île que je viens de citer et d'où j'écris cette Lettre, la sta-
tistique de la police constate qu'en moyenne un homme est dévoré chaque
jour par ces terribles animaux, et comme les Chinois et les Malais, qui sont
presque les seules victimes, ne rapportent que très-rarement aux magistrats
la disparition de leurs camarades, on peut, sans crainte d'exagération, présu-
mer qu'environ sept cents personnes sont dévorées chaque année dans une
seule île qui n'a que quelques lieues de superficie.
C.«., iSôg, 2'»« Semejlr*. (T.XUX, N»12.) • ^liiq :: 55
( 4i4 )
» Le fait le plus curieux est que lorsque les Anglais s'établirent à Singa-
pore, il y a environ quarante ans, il passait pour constant parmi les pé-
cheurs malais qui l'habitaient qu'aucun tigre n'y avait jamais été vu, et en
f'ffet pendant les cinq ou six premières années aucun ne parut; mais, con-
trairement à ce que l'on aurait dû supposer, à mesure que l'île obtint une
population considérable, elle reçut en même temps une nombreuse émigra-
tion de tigres qui traversent à la nage le détroit de Malacca. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Effets produits par une trombe aux environs de
Coutances [Manche); extrait d'une Lettre de M. l'abbé Ginard.
« Un coup de vent extrêmement violent et tout à fait extraordinaire dans
ses effets, a eu lieu lundi dernier, la septembre, sur la commune d'Agon
et de Tourville, près Coutances ( Manche ), et je crois devoir vous en écrire
avec quelques détails, surtout à cause des conséquences qui paraissent en
résulter. Le temps était très-couvert; les nuages paraissaient fort agités :
tout à coup, vers 1 1 heures du soir, un courant d'une violence inouïe,
partant de la mer dans une largeur d'environ i5o mètres, se dirige vers l'est
dans une longueur de 4 à 5,ooo mètres. Il brise et enlève tout ce qu'il ren-
contre sur son passage. Un grand nombre d'arbres sont déracinés, et ce
qu'il y a de plus étonnant, c'est qu'ils ont été enlevés ou du moins parais-
sent avoir été enlevés par une force venant d'en haut, par une espèce de
palan placé directement au-dessus de leurs cimes, et qu'ils ont été trans-
portés, probablement dans cette position ou situation, les uns à lo, les
autres à ao, les autres à 5o, et quelques-uns même peut-être à loo mètres
du lieu où ils étaient plantés, en suivant toutefois la direction du nuage
de l'ouest à l'est. Je viens de visiter ces désastres : quelques-uns des arbres
paraissent comme sciés à quelques décimètres du sol, ou comme ayant leurs
filaments désemboîtés et absolument comme si une force d'une puissance
immense les avait attirés impérieusement par l'espèce de palan dont je vous
ai déjà parlé. Un mur, se trouvant sur le passage de cette espèce de trombe
ou coup de vent, avait plusieurs piliers en pierres de taille fort pesants, ter-
minés par un chapiteau plat, parfaitement horizontal, et ces piliers ont été
enlevés comme les arbres dont je viens de vous parler, et transportés assez
loin du lieu où ils se trouvaient. Il faut remarquer qu'entre ces piliers se
trouvaient des balustrades dont les barreaux se terminaient en pointe,
balustrades que le moindre effort pourrait enlever et qu'elles n'ont nulle-
ment été dérangées de leur place. Une maison se trouvant également dan»
(4.5)
la direction du coup de vent, a eu sa toiture complètement enlevée d'un
côté et transportée avec toute sa boisellerie, ou du moins la plus grande
partie de sa boisellerie toute couverte, à plusieurs centaines de mètres de
distance. Il faut remarquer que la côtière, qui se trouvait dans la direction
du vent et qui recevait une pluie battante sur sa couverture en paille,
n'a nullement été attaquée, tandis que celle qui était au côté opposé et qui
n'avait presque pas reçu de pluie, a été, comme je vous l'ai dit, complè-
tement enlevée.
» En examinant attentivement ces résultats si extraordinaires, je suis
convaincu que l'électricité a joué ici le principal rôle, et je prends la har-
diesse de vous soumettre la manière dont j'ai expliqué déjà plusieurs fois
des faits pareils. Un nuage chargé d'une espèce d'électricité, avec luie ten-
sion extrêmement puissante, se trouve tout près de la terre et marche avec
une très-grande vitesse; il décompose l'électricité naturelle qui se trouve
dans les objets sur lesquels il passe ; ceux de ces objets qui sont terminés
par des pointes ou qui sont assez humides pour lui fournir, au moyen de
ces mêmes pointes ou de leur humidité, l'électricité qui lui manque ou dont
il a besoin pour redevenir à l'état naturel, restent à leur place et n'éprou-
vent aucun de ces terribles effets, tandis que ceux qui sont terminés par une
espèce de plate-forme, comme les piliers dont je vous ai parlé, ou ceux
qui n'ont pas assez d'humidité pour laisser couler l'électricité dont le nuage
a besoin, sont enlevés ou aspirés par ce même nuage et transportés d'une
manière tout à fait extraordinaire. Si mon explication était vraie, on en
pourrait peut-être même tirer des conséquences utiles et propres à prévenir
quelquefois d'aussi terribles effets, o
M. Smyth (Peter) adresse de Dublin luie Lettre concernant un système de
navigation aérienne qu'il désirerait soumettre au jugement de l'Académie
des Sciences, mais sur lequel il ne donne, cette fois, aucun détail.
(Renvoi à la Commission des Aérostats qui jugera s'il y a lieu de
demander à l'auteur de plus amples renseignements.)
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie. E. D. B.
(4i6 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 19 septembre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Réflexions nouvelles sur deux Mémoires de Lagrange publiés en i ^69 dans
le tome IV des Miscellanea Taurinensia; par Jean Plana. Turin, iSSg;
br. in-4°.
Rapport sur les travaux de la Société de Physique et d Histoire naturelle de
Genève, de juillet i858 à juin iSSg, lu à ta séance de cette Société du
Zo juin 1859; par M. Je prof. De La Rive, président. Genève, iSSg; br.
in -4°.
Mémoire sur la glycérine et ses applications à la chirurgie et à la médecine;
par M. Demarquay. Paris, 1859; br. in-8°.
De l'alcool et des composés alcooliques en chirurgie ; par MM. J.-F. Bathailhe
et Ad. GuiLLET, a* édit. contenant une Lettre de M. Le Cœur. Paris, 1869;
br. in-8".
Annales de la Société d' Emulation du département des Vosges ; t. X, 1" cahier,
i858. Épinal, iSSg; br. in-8°.
Rapport sur les travaux du conseil central de salubrité et des conseils d'arron-
dissement du département du Nord pendant Cannée i858; n" 17. Lille, i85g;
I vol. in-B".
Répertoire des travaux de la Société de Statistique de Marseille , publié sous la
direction de M. P. -M. Roux, secrétaire perpétuel ; t. XX (5* de la 5'' série).
Marseille, 1867; in-8°.
Nuovi. . . Nouveaux principes de physiologie végétale appliqués à [agriculture;
par le D' G. Cantoni. Milan, 1869; b. in-8°.
Atlas... Atlas céleste dressé pour le commencement de [année i855, d'après
les observations de l'observatoire royal de Ronn, par M. ArGELANDER; 2*, 3*
et 4" livraisons; in-folio oblong.
Verhandlungen. . . Travaux de la Société d'Histoire naturelle de Bâle;
\Y vol., 3« et IC livraisons. Bâle, iSSg; in-S".
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCMCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. CHASLES.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
NÉCROLOGIE. — Constatation de la mort de sir 3. Franklin^ Correspondant de
l'Académie (Section de Géographie et de Navigation); Note adressée
par M. DuPERKEY, doyen de la Section.
« Le capitaine M'Clintock, de la marine royale, commandant le Fox,
yacht à vapeur armé par lady Franklin en i858, est de retour en Angleterre.
Ce capitaine écrit à l'Amirauté, sous la date du 22 septembre iSSg, que l'un
de ses lieutenants, M. Hobson, a trouvé à la pointe Victory, sur la côte
nord-ouest de l'île du roi Guillaume IV, un Mémoire, en date du aS avril
1 84B, signé des capitaines Crozier et Fitz-James. Ce Mémoire annonce, entre
autres faits qui seront très-incessamment publiés, que sir John Franklin est
mort le 1 1 juin 1847, que les bâtimentsde S. M. Erebus et Terror avaient été
abandonnés dans les glaces le 22 avril 1848, à cinq lieues dans le nord-
nord-ouest de la pointe Victory, et que les personnes survivantes à cette
époque au nombre de io5, sous les ordres du capitaine Crozier, se diri-
geaient vers la grande rivière des Poissons.
» Sir John Franklin avait été élu Correspondant de l'Académie (Section
de Géographie et de Navigation) le 26 janvier i846. »
C. R., 1859, jme Semestre. (T. XI.IX, N» 13.) 56
(4i8)
GÉOMÉTRIE. — Sur la courbure des surfaces; par M. Babinet.
« Si, sur un cercle, à partir d'un point quelconque, on prend un arc s,
la courbure de cet arc sera mesurée par l'angle (p que font entre elles les
deux tangentes extrêmes, ou, ce qui revient au même, à l'angle égal que
font entre eux les rayons menés aux deux extrémités de l'arc de cercle. I.a
mesure trigonométrique de cet angle pour le rayon i sera
r étant le rayon du cercle. S'il s'agit d'une courbe quelconque dont /• soit
le rayon du cercle osculateur au point que l'on considère, on aura
, (is
ou bien
rftp I
ds r
Ainsi la courbure '-^ sera mesurée par la réciproque du rayon du cercle
osculateur. Il n'y a rien de nouveau dans cela.
i> Si l'on réfléchit à ce qui fait que le cercle diffère de la tangente,, on sera
conduit à en mesurer la courbure par l'espace de contingence compris entre
le cercle et la tangente, en limitant cet espace à une distance très-petite £ à
partir du point de contact. Cet espace ayant une base très-petite £ et une
hauteur maximum — sera évidemment une quantité petite du troisième or-
dre. Soit X une distance petite prise à partir du point de contact, l'élément de
la surface de contingence aura pour mesure dx multiplié par la hauteur — ,
qui est la distance du cercle à la tangente, et, en intégrant de o à s l'ex-
pression
dxx—i
2r
on aura
e I
« X -
O r
La courbure ainsi définie serait doTic, comme à l'ordinaire, mesurée par la
^
( 4i9 )
réciproque du rayon, si c'est un cercle, ou par la réciproque du rayon du
cercle osculateur, si c'est une courbe quelconque.
u On prend aussi pour mesure de la courbure d'une sphère l'expres-
sion ^5 S étant le rayon de cette sphère ; car, quel que soit le nombre des
sections normales, toutes ont la même courbure -•
» Si dans une surface quelconque on fait deux sections normales par
des plans rectangulaires entre eux, tout le monde sait que l'on a
I I I I
ret r' étant les rayons de courbure des sections ainsi opérées, et R et R' les
rayons maxima et minima de courbure pour des sections normales dont
les plans sont de même rectangulaires entre eux.
» J'ai trouvé que si l'on fait trois sections normales dont les plans soient
à 120 degrés l'un de l'autre et divisent ainsi en trois parties l'espace qui
entoure la normale, on a
i{y^p-^7) = '^{k-^w)'
r, r', r" étant les rayons de courbure des trois sections dont les plans sont
équidistants. ■; -: > ■-;• •
» Si autour de la normale on mène m plans équidistants donnant m
sections ayant pour rayons de courbure r, r', r", r'", . .., r'""'', on a de
même
c'est-à-dire que la moyenne d'un nombre quelconque de réciproques des
rayons de courbure de m sections à plans équidistants autour de la normale
est toujours égale à la moyenne des deux réciproques des rayons princi-
paux de courbure. Pour une sphère de rayon S, on a , .
puisque R = R' = S.
» Si la surface a deux courbures opposées, il faut substituer „ ~ ^
»5+r
56.
( 4ao )
» Je dois à notre confrère M. Duhamel de m'avoir fourni la démonstra-
tion de ce théorème.
» En suivant les mêmes inductions que pour la sphère, on sera conduit
à mesurer la courbure d'une surface convexe par
ou bien par
s'il s'agit d'une surface à deux courbures opposées, comme, par exemple, la
surface d'un tore le long de son cercle de gorge.
» On arrivera pour la sphère à la même mesure si l'on veut prendre
pouV définition de sa courbure l'espace de contingence compris entre la
sphère et son plan tangent, d'après l'idée que cet espace constitue la diffé-
rence qu'il y a entre un plan et celte surface. Cet espace, étant limité à
une petite distance e du point de contact, aura pour base un cercle na* et
une hauteur maximum égale à — (S étant le rayon de la sphère). Il sera
donc une quantité petite du quatrième ordre.
» Un élément différentiel de ce volume, pris à une distance x du point de
contact, aura pour base inxdx, et pour hauteur — ; sa solidité sera donc
nx^ dx -• Cette expression intégrée de zéro à s est
' 4 '
» La courbure de la surface ainsi mesurée est donc, comme à l'ordinaire,
proportionnelle à la réciproque ^ du rayon de la sphère.
M II reste à faire voir que pour une surface quelconque l'espace de con-
tingence est proportionnel à
2 \R "*" R'
)) Si la courbure était constante tout autour du point de contact, on aurait
comme tout à l'heure pour l'élément de ce volume de contingence
znxdx —
2r
( 4^1 )
Pour lie prendre ce voliiine qu'entre deux plans normaux faisant un petit
angle da. entre eux, il faut diminuer cette expression dans le rapport de
da. à 2 7T, et l'on obtient
Mais on sait que l'on a
daxdcc ^•
— cos''a + ^7 sur a
( a étant l'angle qu'une section normale quelconque fait avec le plau qui
donne la section dont R est le rayon de courbure), il faudra donc intégrer
depuis X = o jusqu'à x = J^ et depuis a = o jusqu'à a = a n. La première
intégration donne ^ — > ou bien -s ^^ il. cos" « + g7 sin" a ) •
» L'intégrale complète par rapport à a est
8 5 ~ ( û' + sin a cos a j + ^/ - \'^~ si" « cos a ) U
l'intégrale prise dea = oàa=2nse réduit à
ou bien
En y faisant R= R' = S pour retrouver la sphère, on retombe sur
comme précédemment.
» Nota. Indépendamment de toute application à la mesure de la cour-
bure des surfaces, le théorème qui résulte de cetle Note est le suivant :
» L'espace de contingence compris entre une surface et son plan tangent est
proportionnel à la moyenne des réciproques des deux rayons de courbure de
deux sections normales à plans rectangulaires entre eux.
» En général, une surface n'admet point de sphère osciilatriee en un point
quelconque, mais si l'on ehercUe les deux sections conjuguées qui auraient
deux rayons de courbure égaux, on pourra faire passer une sphère par les
( 4" )
deux cercles ainsi déterminés, et cette sphère aura la même courbure que la
surface.
» Soit r' — r, et par suite
ou
bien
III I
7 + 7 = R "^ R''
7-i (r+r')'
r ainsi déterminé sera le rayon de la sphère d'égale courbure.
» Pour un cylindre d'égale courbure on aurait
2 \f "^ 00 j 2 VR "*" ^,
d'où
I I I
7 ~ R "^ R^
Ce qui est plus curieux, c'est de voir comment est placé le système rectan-
gulaire des sections normales qui donnent deux rayons de courbure égaux.
On a alors
mais
2 1 1
7 ~ r"^ R^'
I I , 1-3
- = — cos* a 4- ^, sin" a -,
donc
ou bien
II II a /" I ' \
2 R a R' \R R';
d'où
cos*a= - et a = 45°-
2
Ainsi, dans une surface convexe, les deux sections qui donnent des
rayons de courbure égaux sont intermédiaires aux deux sections princi-
pales.
( 4ti3 )
» Il n'en est pas de même pour les surfaces k courbures opposées. Dans
la direction où la surface coupe son plan tangent on a
I
r=co et - z= o = :^cos'cx. — —.sin^a.,
r R] R' '
ou bien
R'
tang«a = ^,
d'où
ta
lautre section rectangulaire- aurait un rayon de courbure /-' donné par
^ = :^cos''(9o<> + a) -^sin»(9o'' + a),
ou bien
1 1-2 ' i
;;7 = B;sui»a — -cos^'a.
Cette équation, jointe à la précédente
donne
o = — cos* a — ît; sni* a >
I 1 1
/~R ~ r7'
OÙ r' n'est pasinfini, excepté pour R= R'. Ainsi les deux sections à cour-
bure nulle ne sont pas rectangulaires entre elles.
» Si l'on voulait l'angle a' que la deuxième section à courbure nulle fait
avec la section principale ayant R pour rayon de courbure, on aurait
I
j^„„s=a' j^,-"
o = — cos a: ~—, %\\r a ,
ce qui donnerait
R'
tang'a' = — ? d'où a' ^ a.
La surface couperait donc son plan tangent suivant deux directions faisant de
part et d'autre de la section principale qui don ne R des angles égaux + a et — a,
ayant pour tangentes ±: i/-jr* Elle serait du même côté du plan tangent
( 424 )
que le centre du rayou de courbure R depuis la section principale qui donne
ce rayon de courbure jusqu'à des angles a de part et d'autre de cette section,
et depuis l'angle 180" — a. jusqu'à 180° 4- a à partir de la même direction.
Dans les directions intermédiaires, savoir depuis a jusqu'à 180° — a, et
depuis 180" + a jusqu'à 36o° — a, la surface serait de l'autre côté du plan
tangent. Ces quatre espaces angulaires ne sont égaux que pour R =: R' qui
donne a = 45°- C'est le cas d'un tore engendré par un cercle tournant
autour d'un cercle de même rayon. »
MÉTÉOROLOGIE. — Auwre boréale du 29 août 1 85g ; Lettre de M. Auc. de la
Rive à M. de Senarmont.
« Les Comptes rendus des séances de l'Académie du 29 aoiàt et du 5 sep-
tembre contiennent des observations intéressantes de M. Coulvier-Gravier
et de M. Bergon sur l'aurore boréale qui s'est montrée dans la nuit du 28 au
29 août, et sur les circonstances qui l'ont accompagnée. Permettez-moi de
faire remarquer à l'Académie l'accord frappant qui existe entre les phéno-
mènes observés et la théorie électrique de l'aurore boréale que j'ai donnée
en 1849 pour la première fois (r), et plus tard dans mon Traité d'Électri-
cité (2), et dont j'ai eu encore l'occasion d'entretenir récemment l'Acadé-
mie dans sa séance du 3o mai dernier (3).
» Dans cette théorie, dont je résume ici les principaux traits, les vapeurs
qui s'élèvent constamment des mers et principalement des mers équatoriales,
emportent avec elles dans les régions supérieures de l'atmosphère une
quantité considérable d'électricité positive à laquelle elles servent de véhi-
cule, laissant dans la partie solide du globe l'électricité négative. J'ai indi-
qué, dans mon Traité, l'origine probable de cette électricité; je me borne
ici à constater son existence qui est un fait acquis à la science. Chassées vers
les pôles boréal et austral par les vents alizés qui régnent constamment de
l'équateur aux pôles dans les parties de l'atmosphère les plus éloignées de
la terre, ces vapeurs y portent avec elles leur électricité positive, et consti-
tuent ainsi toute l'atmosphère dans un état électrique positif qui va en dimi-
nuant de haut en bas. Il y a une tendance constante à la neutralisation entre
cette électricité positive de l'atmosphère et la négative de la terre , neutrali-
(i) Comptes rendus àe l'Acaclomio des Sciences (1849), t. XXIX, p. \il.
(2) Traite de l'Electrieité théorique et appliquée, t. III, p. 281 et suiv.
(3) Comptes rendus de l'Acaticmie des Sciences (iSSg), t. XLIX, p. 101 1.
( 4^5 )
sation qui s'opère, soit directement à travers la couche d'air elle-même,
soit surtout aux deux pôles où viennent converger et se condenser les cou-
rants de vapeurs entraînés par les vents. Le premier mode de neutralisation
est plus ou moins actif suivant le degré plus ou moins grand d'humidité
de l'air, et il se manifeste souvent sous forme d'orages et par la chute de la
foudre. Le second, qui est le mode normal, donne lieu aux aurores, qui ne
sont en général visibles que dans les régions polaires. L'aurore boréale n'est
donc que la décharge électrique, conséquence de ce mode de neutralisation,
assez intense pour être lumineuse et affectant une forme et un mouvement
particuliers sous l'influence du pôle magnétique de la terre.
» L'aurore boréale du 29 août a ceci de remarquable, c'est qu'elle est
un exemple excessivement rare de l'apparition, à une époque encore peu
avancée de l'année, d'une aurore aussi considérable. C'est une conséquence
naturelle de la sécheresse exceptionnelle qui a régné cet été dans toute
l'Europe. L'absence presque complète d'humidité dans l'air a empêché que
l'électricité positive, constamment apportée par les vapeurs dans les régions
supérieures de l'atmosphère, pût se neutraliser directement dans une pro-
portion un peu considérable avec l'électricité négative de la terre, et s'écou-
ler ainsi verticalement, pour ainsi dire. Il en est résulté que cette électricité
accumulée a produit une décharge vers le pôle boréal beaucoup plus
intense et beaucoup plus hâtive qu'à l'ordinaire.
» Maintenant, si nous rapprochons les détails de la description donnée par.
M. Coulvier-Gravier, de ce qui se passe dans de l'air très-raréfié où l'on fait
arriver une succession de décharges électriques sous l'influence d'un fort
pôle magnétique central, il est impossible de ne pas voir, dans le phénomène
artificiel, une représentation en miniature, il est vrai, mais parfaitement
exacte, du phénomène naturel. Formes, couleurs, mouvements de la nappe
lumineuse, variations dans son apparence, tout est identique. Le mouve-
ment de l'ouest-sud-ouest à l'est-nord-est, observé par M. Coulvier-Gra-
vier, est exactement celui que doivent imprimer à des coiu'ants électriques
dirigés du sud au nord, dans de l'air raréfié, le pôle magnétique nord du
globe ou des courants terrestres cheminant de l'est-nord-est à l'ouest-sud-
ouest, comme on les admet dans la théorie d'Ampère. Rien de plus facile
que de reproduire artificiellement en petit le phénomène naturel jusque
dans ses moindres détails, ainsi que j'ai eu l'occasion de le montrer à quel-
ques Membres de l'Académie, le printemps dernier.
» Les effets observés sur les télégraphes électriques ne sont pas une con-
C. R., 1859, 2""' Semestre. (T. XLIX , N» 15.) Sy
( 4^6 )
séquence moins rigoureuse de la théorie. Quand la décharge a heu au pôle
entre l'atmosphère positive et la terre négative, deux courants doivent né-
cessairement se manifester, l'un dans les régions supérieures de l'atmos-
phère, visible vu la nature du milieu dans lequel il se propage, l'autre dans
la croûte solide de notre globe, qui ne peut pas donner naissance à aucune
apparence lumineuse, mais qui peut être rendu sensible par son action sur
l'aiguille aimantée, comme cela résulte des nombreuses observations d'Arago.
Les fils télégraphiques ont fourni un nouveau moyen d'accuser la présence
de ce second courant : en effet, un long fil métallique en communication par
ses deux extrémités avec le sol doit en dériver une portion ; et si dans le
circuit de ce fil se trouve un appareil capable d'accuser la présence de l'élec-
tricité en mouvement, comme le sont les appareils télégraphiques, il est
évidentque cet appareil sera mis en action, ainsi que cela a été générale-
ment observé pendant l'apparition de l'aurore. Il y a plus : M. Bergon à
remarqué que le courant perçu était d'autant plus fort, que le fil télégra-
phique était plus long, c'est-à-dire qu'il y avait plus d'espace entre les deux
points de dérivation, ce qui est parfaitement d'accord avec la loi des cou-
rants dérivés. 11 a encore observé que c'était dans les fils télégraphiques
ayant la direction générale du sud au nord que l'effet était de beaucoup le
plus prononcé, tandis qu'il était peu sensible dans ceux dirigés de l'est à
l'ouest; ce qui doit être en effet le cas, puisque les courants que perçoi-
vent les fils cheminent dans la terre de l'équateur aux pôles, et par consé-
quent du sud au nord dans notre hémisphère. Cela n'empêche pas, vu
l'irrégularité de la conductibilité électrique des différentes parties de la
couche terrestre, qu'on ne puisse percevoir quelques traces de courants
dérivés par des fils dirigés de l'est à l'ouest, d'autant plus que celte direc-
tion n'est jamais parfaitement rigoureuse; mais du reste ces courants sont
très-faibles.
» Malheureusement le sens des courants transmis par les fils télégraphi-
ques n'a pu être indiqué exactement; il résulte seulement des observations
de M. Bergon que ce n'étaient pas de simples décharges instantanées, mais
bien de véritables courants continus qui étaient perçus. C'est déjà la remar-
que qu'avaient faite M. Matteucci en Toscane et M. Highton en Angle-
terre, qui avaient signalé, il y a quelques années, laperturbafion considérable
dans le jeu des télégraphes électriques qui accompagne l'apparition de
l'aurore boréale , perturbation dont la nature indique la présence dans les
fils télégraphiques d'un courant électrique étranger et continu. Ce caractère
du phénomène, généralement observé, constitue une différence essentielle
( 427 )
entre l'action de l'aurore et celle qui est exercée par de simples orages, la-
quelle n'est que locale et instantanée. Ainsi il a été généralement remarqué
dans toutes les lignes télégraphiques suisses que, tandis que l'influence d'un
orage fait marquera l'appareil de Morse de simples points, celle de l'aurore
du 29 août lui faisait tracer des traits plus ou moins longs : preuve de la plus
longue durée du passage, dans les fils, de la décharge électrique.
» M. Bergon a observé encore que, tout en étant continus, les courants
éprouvaient d'assez fortes oscillations dans leur intensité, et changeaient
quelquefois de sens après être devenus nuls. Or ces variations d'intensité
tiennent à la nature d'une portion du milieu conducteur, savoir la portion
formée par l'atmosphère, laquelle, surtout dans le voisinage de la terre,
varie à chaque instant de densité, d'humidité et même de température, et ne
peut, par conséquent, propager l'électricité à la ïaçou d'un conducteur par-
fait. Il doit donc y avoir de grandes oscillations et même des intermittences,
ainsi que l'indiquent les amplitudes variables des déviations du galvano-
mètre et le retour momentané de l'aiguille au zéro. Quant à sa déviation
en sens contraire, qui suit immédiatement son retour au zéro, elle est la
conséquence nécessaire de la polarisation qu'acquièrent les extrémités du
fil télégraphique plongées dans le sol, quand il vient de transmettre un cou-
rant ; c'est du reste ce que je pus constater directement dans des expériences
que je fis en Angleterre en 1849 ^"'' ^^ longs fils télégraphiques, expé-
riences que je publiai dans le temps.
» La prolongation signalée par M. Bergon dans la durée des effets qui
se manifestèrent encore les jours qui suivirent l'apparition de l'aurore,
prouve seulement que tout en n'étant plus visible dans nos latitudes, la dé-
charge électrique continuait encore à s'opérer, mais en s' affaiblissant, ce qui
est d'accord avec ce qu'on a généralement observé après les aurores bo-
réales d'une grande intensité.
« Les détails que je viens de donner me paraissent démontrer de la ma-
nière la plus évidente que les effets observés sur les télégraphes électriques
proviennent de l'électricité qui chemine dans la terre et non de celle qui se
propage dans le haut de l'atmo.sphère. La distance énorme à laquelle se
trouve cette dernière, lors même qu'elle ne dépasse pas les hmites atmos-
phériques, exclurait d'ailleurs toute possibilité d'une action directe sur les
fils télégraphiques ou sur les aiguilles aimantées.
» Je m'arrête ; je crois en avoir assez dit pour montrer avec quelle faci-
lité tous les détails des observations ftiitcs sur l'aurore boréale du 28 au
29 aoiit se prêtent à l'interprétation que j'ai donnée de ce beau phéno-
57..
( 4a8 )
mène, interprétation qui lie ensemble un grand nombre des actions qui se
passent sur notre globe terrestre et explique en particulier comment se réta-
blit incessamment l'éqTiilibre électrique constamment rompu par plusieurs
de ces actions. Qu'il me soit permis, en terminant, tout en témoignant ma
vive reconnaissance à M. Bergon pour ses précieuses observations, d'ap-
puyer le vœu qu'il forme implicitement pour que Messieurs les employés des
lignes télégraphiques soient pourvus d'instructions qui leur permettent à
l'avenir, dans de semblables occasions, d'obtenir des résultats encore plus
précis et plus nombreux. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Des oxjrdes de fer et de manganèse et de certains sulfates
considérés comme moyens de transport de l'oxygène de l'air sur les matières
combustibles ; par M. •¥rèd. Kijhlmakn. (Seconde partie. )
Considérations agronomiques et géologiques.
« En présentant la première partie de ce travail à l'Académie dans sa
séance du iGaoût dernier, j'ai fait suivre ma lecture d'explications verbales
sur les conclusions à tirer de mes observations au point de vue de l'agricul-
ture et de la géologie. J'ai indiqué, àl'appui de mes appréciations, les résul-
tats de mes précédentes recherches sur la nitri6cation et un travail de
M. Daubrée, sur la formation du minerai de fer des marais.
» Ces développements pouvaient me faire espérer de n'avoir à présenter
à l'Académie un exposé écrit des considérations agronomiques et géologiques
en question , qu'après m'être mis en mesure de les appuyer par des expériences
agricoles toujours longues à réaliser; j'avais d'ailleurs déjà, dans sa séance
du 2 août dernier, présenté à la Société Impériale des Sciences et de l'Agri-
culture de Lille l'exposé de mes opinions dans l'état actuel des études théo-
riques. Mais les communications de M. P.Thenard et de M. Hervé Mangon,
dans les séances de l'Académie du aa et du 29 août, m'ayant fait connaître
que ces deux savants étaient entrés dans la même voie d'expérimentation
que moi, j'ai cru nécessaire de présenter à l'Académie mon travail, bien
qu'incomplet encore, afin de rappeler les recherches antérieures relatives
aux questions soulevées, et faire arriver plus promptement nos efforts com-
muns à un résultat utile à la science.
Production <f acide nitrique.
» Dans la première partie de ce travail, j'ai voulu appuyer de preuves
expérimentales, au point de vue théorique, la proposition dans laquelle j'ad-
( 4^9 )
mets que le sesquioxyde de fer, en contact avec les matières organiques,
agit comme oxydant, tandis que ces dernières jouent le rôle de réducteurs.
De cette démonstration découlait un fait d'une grande importance pour la
physiologie végétale en même temps que la confirmation de quelques points
relatifs à mes observations déjà anciennes sur l'intervention de certains
oxydes métalliques dans la formation nitrière.
n En 1846, dans un Mémoire sur la relation entre ta nitrification et la ferti-
lisation des terres, après avoir parlé de la formation de l'ammoniaque, je
disais (i) : « J'ai une profonde conviction que la fertilité du sol dépend
0 aussi de la réaction inverse à celle qui transforme les nitrates en sels am-
» inoniacaux; je veux dire de la transformation de ces mêmes sels ammo-
» niacaux en nitrates, transformation qui a lieu dans les parties superfi-
» cielles des terrains d'une composition chimique et dans des conditions
» d'humidité et de température convenables.
» Il y a donc, dans mon opinion, à envisager deux actions distinctes,
» l'une superficielle qui, sous l'influence de l'oxygène de l'air, tend à fixer
" l'élément fertilisant par la nitrification, l'autre résulte de la réaction que
» subissent les nitrates à une certaine profondeur dans le sol par la puis-
» sance de désoxygénation de la fermentation putride. »
» A l'appui de l'intervention des oxydes métalliques facilement réducti-
bles dans la formation de l'acide nitrique, j'ai rappelé dans le même travail
de nombreux résultats d'expériences publiés dès 1 838 et dont le résumé se
trouve dans le Compte rendu de la séance de l'Académie des Sciences du
20 novembre 1846.
» On y lit :
« En étudiant la transformation du gaz ammoniac en acide nitrique par
» son contact, à une température élevée, avec le peroxyde de manganèse,
» j'ai reconnu qu'on peut trouver dans cet oxyde un agent précieux pour
» transporter indéfiniment l'oxygène de l'air sur l'ammoniaque. MnO*,
» par une première oxydation de l'ammoniaque, passe à l'état de Mn O que
» le contact de l'air transforme aussitôt en Mn'O*, lequel est susceptible de
w servir encore à l'oxydation de l'ammoniaque.
» En chauffant un mélange de bioxyde de manganèse ou de bioxyde de
» plomb, ou enfin de minium et d'acide sulfurique faible en présence du
" sulfate d'ammoniaque, l'ammoniaque du sulfate est transformée en acide
» nitrique qui distille. »
(i) Expériences chimiques et agronomiques, p. io3, in-8" (V. Masson, Paris).
( 43o )
)) Abordant à cette occasion d'autres moyens d'oxydation, j'ajoute :
» Lorsqu'on chauffe dans une cornue un mélange de bichromate de po-
» tasse, d'acide sulfurique et de sulfate d'ammoniaque, il distille une grande
» quantité d'acide nitrique. »
» Ces derniers résultats ont lieu en remplaçant le sulfate d'ammo-
niaque par toute autre matière azotée, albumine, gélatine, etc., pourvu
qu'il y ait assez de bioxyde de manganèse ou d'acide chromique pour
brûler non-seulement l'hydrogène et le carbone, mais encore pour oxyder
l'azote.
» D'un autre côté, j'ai constaté dans mes recherches de i838 « que lors-
« qu'on conserve à une douce chaleur du protoxyde hydraté de fer ou
» d'étain en contact avec une dissolution faible de nitrate de potasse, il se
D forme une quantité notable d'ammoniaque aux dépens de l'azote de l'acide
u nitrique. »
» Si l'on considère le rôle que joue dans ce dernier cas le protoxyde de
fer, rôle en tout analogue à celui qu'il joue dans la décoloration de l'in-
digo des cuves bleues de nos teinturiers, et celui qu'il convient d'attribuer
à ce même oxyde au maximum d'oxydation, lorsqu'il détruit la couleur
de l'indigo par oxydation, on sera frappé de l'analogie des faits observés
d'ancienne date avec ceux signalés dans ma dernière communication à
l'Académie.
a Lorsqu'on soumet à une température de i5o degrés ime dissolutioi;
bleue d'indigo à l'action du sesquioxyde de fer hydraté, la destruction de la
couleur par cet oxyde est presque immédiate et aussi complète qu'elle l'est
par le chlore. Je suis arrivé au même résultat avec un grand nombre de
matières colorantes, ce qui doit faire considérer le sesquioxyde de fer
comme un de nos agents de décoloration les plus énergiques.
« Lorsque, indépendamment des faits consignés dans la première partie
de ce travail et des résultats que je viens de rappeler, on envisage qu'il suffit
de chauffer un mélange d'ammoniaque et d'air pour déterminer la forma-
tion de l'acide nitrique, et qu'il suffit de laisser des matières animales se
pourrir au contact de l'air pour y voir se développer du nitrate d'ammo-
niaque, ainsi que je l'ai indiqué dans mon premier Mémoire sur la nitrifica-
tioU; publié en décembre i838; enfin, lorsqu'au dire de M. Collard de
Martigny, de l'acide nitrique se forme par le seul contact de l'air avec un
mélange de chaux hydratée et d'un sel ammoniacal, peut-il rester le moin-
dre doute sur le concours du sesquioxyde de fer pour transformer en acide
citrique l'azote des matières animales qui font partie des engrais? L'action,
( 43. )
quoique moins énergique, n'est-elle pas aussi certaine que la transforma-
tion du carbone en acide carbonique?
» M. Liebig a constaté que le peroxyde de fer chauffé à une haute tem-
pérature peut transformer l'ammoniaque en acide nitrique {Gmelin's
Handbuch der Cliemie, t. VI, p. 8 1 7, 5* édit.). J'ai été à même de reconnaître
que cette transformation ne se faisait pas avec la même facilité que lors-
qu'on fait intervenir le bioxyde de manganèse.
» Jusqu'ici on a généralement considéré l'oxyde de fer comme n'exerçant
d'autre influence sur la fertilisation des terres que celle de les rendre plus
aptes à absorber les rayons solaires ou à condenser l'ammoniaque de l'air
ou des engrais ; on a admis aussi qu'au moment de l'oxydation du fer, il
pouvait se produire de l'ammoniaque aux dépens de l'eau et de l'air.
» Si des expériences pratiques viennent confirmer les conclusions théo-
riques que je crois pouvoir tirer de mes expériences, si l'efficacité des oxydes
de fer et de manganèse vient à être mise hors de toute contestation, l'indus-
trie des produits chimiques pourrait offrir, sans grands frais, à l'agriculture
ces oxydes à l'état d'hydrates, et par conséquent dans des conditions où,
après une exposition suffisante à l'air, leur action serait des plus énergi-
ques (i). En effet, les résidus de la fabrication du chlore qui sont le plus
souvent, malgré les applications diverses dont ils ont été l'objet, des sujets
d'embarras dans nos fabriques, peuvent être décomposés par la chaux, et
les oxydes après leur exposition à l'air pourraient être livrés aux culti-
vateurs à l'état d'une pâte sèche facile à répandre sur les terres ou à mêler
aux engrais. Mais, hàtons-nous de le dire, une longue expérience peut seule
prononcer d'une manière définitive sur l'application nouvelle. En agricul-
ture surtout, les innovations ne doivent être proposées qu'avec la plus
grande circonspection.
Production d'acide carbonique.
» J'ai mis hors de doute l'action des oxydes de fer et de manganèse sur
le carbone des matières organiques. Si avant mes expériences cette action
n'a pas encore fixé l'attention des chimistes, lorsque ces matières sont dans
leur état naturel, il n'en est pas de même lorsqu'elles sont à l'état de putré-
faction.
» La première observation qui ait été publiée sur ce dernier point est
(i) Il en serait de même des oxydes de fer et de manganèse qui seraient utilisés comme
agents décolorants ou désinfectants.
( 43-2 )
de M. Rindler, et se trouve consignée dens les annales de Phjsique. et de
Chimie de Pocjgendorjf, vol. XXXVII, p. 2o3.
» M. Rindler a remarqué que des racines d'arbres pourries, et qui se
trouvaient engagées dans un sable ferrugineux, avaient graduellement en-
levé le fer de ce sable, de sorte que celui-ci, au bout de quelque temps, était
devenu incolore à une distance de a à 3 centimètres de la racine. Dans son
travail, cet auteur pense qu'il s'est formé un acide organique qui a réduit
le fer et l'a dissous à l'étal de protoxyde. Puis ce sel soluble se trouvant dans
son parcours sous l'influence de l'air, se transforme en sel basique insoluble
qui se précipite et qui s'accumule sur le sol des marais et des prairies où
l'eau séjourne (i).
» En 1846, M. Daubrée, doyen delà Faculté des Sciences de Strasbourg,
ayant observé les mêmes phénomènes dans la plaine du Rhin , et se fon-
dant sur cette désoxydation et réoxydation du fer, s'en est servi pour expli-
quer la formation du minerai de fer des marais et des lacs (2).
» Ce savant géologue, pour fixer le rôle que joue l'oxyde de fer dans
ces circonstances, s'exprime ainsi : « Les eaux qui découlent de la surface
» du sol, le long des racines en voie de décomposition, se chargent dans
» leur trajet d'un acide capable de dissoudre l'oxyde de fer. »
» M. BerzeUus, dans l'analyse qu'il a faite de l'eau minérale de Porla,
avait découvert les acides crénique et apocrénique. Ce fait acquis à la
science, M. Daubrée estime « qu'il est probable que dans ces divers cas le
>) fer se trouve combiné en partie à ces mêmes acides et tenu en dissolution
» par l'acide carbonique. »
» M. BerzeUus avait constaté d'ailleurs que le crénate de protoxyde de
fer passait, au contact de l'air, à l'état de sous-crénate de sesquioxyde de
fer avec dégagement d'acide carbonique.
» Enfin, en i856, M. Hervé Mangon, dans un intéressant travail sur le
drainage (3), attribue l'obstruction fréquente des drains par des dépôts fer-
rugineux à une cause analogue à celle assignée par M. Daubrée à la forma-
tion du minerai de fer des marais.
» En résumé, mes recherches sur l'altération du bois des navires en con-
tact avec le fer, les résultats de mes nombreuses expériences, tendant à ap-
puyer mon opinion sur la cause de cette altération, sans même qu'il soit
(i) Le phénomène s'expliquerait tout aussi facilement en admettant la transformation du
sesquioxyde de fer en carbonate de protoxyde dissous par un excès d'acide carbonique. ( F. K.)
(2) Annales des Mines, 4" série, t. X.
(3) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, 25 août 1 856.
( 433 )
nécessaire du faire intervenir lafermentalioi) putride, enfin les observations
de MM^ Kindier, Daubrée et Mangon sur la désoxydation du sesquioxyde de
fer par la putréfaction des matières organiques, mettent hors de doute l'ac-
tion de cet oxyde pour hâter la combustion du carbone des engrais en four-
nissant ainsi aux plantes l'acide carbonique qui leur est nécessaire.
u II est inutile d'ajouter que cet oxyde est sans action sur les terrains où
il ne se trouve pas en présence des matières organiques, tandis que son
emploi promet d'excellents résultats dans les terres récemment défrichées
et chargées de beaucoup de débris de végétaux.
M On ne saurait contester que l'oxyde de manganèse ne joue un rôle ana-
logue. Dans maintes circonstances nous trouvons cet oxyde isolé et dans des
conditions d'hydratation où il peut servir de moyen de transport de l'oxy-
gène sur les matières organiques (i).
j» J'ai réuni dans ce travail tout ce que j'ai pu trouver de documents
étrangers à mes propres observations, et j'ai l'espoir qu'en présence des faits
que j'ai constatés et des opinions des auteurs qui, avant moi, se sont occu-
pés des questions soulevées, l'influence des oxydes de fer et de manganèse
occupera une place plus importante dans les études de nos physiologistes et
de nos géologues, et qu'elle fixera plus particulièrement l'attention de
nos agronomes.
» Au point de vue philosophique on reconnaîtra, j'espère, que ces agents
concourent puissamment à la destruction de la matière organisée et à sa
transformation en aliments appropriés au développement d'une organisation
nouvelle, ce cercle éternel où se meut la matière.
a Je me réserve de compléter les considérations précédentes par l'exposé
du rôle que jouent dans l'agriculture certains sulfates, et en particulier ceux
de chaux et de fer. Les belles recherches géologiques de M. Ebelmen ont
d'avance mis cette question hors de doute, en ce qui concerne le sulfate de
fer ; je n'aurai pas de peine à démontrer que le plâtre agit d'une manière
analogue. On sait la facilité avec laquelle ces sels se décomposent au contact
des corps en putréfaction pour reprendre ensuite à l'air l'oxygène perdu. Ils
peuvent donc au même titre que les oxydes de fer et de manganèse hâter la
combustion des matières organiques dans les terres arables, et en augmenter
la fertilité. »
« M. d'Arcuiac fait hommage à l'Académie des Notes suivantes qu'il
vient de publier :
» 1°. Notesur la troisième édition de l'ouvrage de sir ^. T. Miirchisori, Intitulé
C. R., i859, a-ne Semestre. (T. XLIX, N" 13.) 58^
(43n
Siluria; suivie d'un tableau numérique de ta faune silurienne d'Angleterre.
n Le but de ce tableau est de mettre en évidence le développement et les
oscillations du mouvement vital pendant cette période où il présente deux
minimn et deux maxinxa, en même temps que les relations biologiques qui
unissent les divers termes de la série. Les conclusions déduites des chiffres
sont conformes à celles que l'auteur avait obtenues pour les dépôts secon-
daires du même pays.
» 1°. Note sur les fossiles recueillis par M. Pouech dans le terrain tertiaire
du département de l'Ariége.
» L'examen de ces fossiles a prouvé, comme l'étude stratigraphique qui
l'a précédé, que la zone tertiaire inférieure du département de l'Ariége est la
continuation exacte de celle du département de l'Aude, et que les trois grou-
pes établis dans ce dernier s'y retrouvent avec les mêmes caractères généraux.
Il confirme en outre l'assertion depuis longtemps émise de la différence qui
existe entre les faunes tertiaires marines contemporaines à l'est et à l'ouest
duplateau de Lannemezan, d'une part vers la Méditerranée, de l'autre vers
l'Atlantique. Enfin il résulte de la comparaison des bassins que, des trois
groupes tertiaires inférieurs des départements de l'Aude et de l'Ariége, un
seul, le second ou groupe nummulitique, se représente à l'ouest, dans le
bassin de l'Adour, reposant directement sur les couches crétacées et recou-
vert par les dépôts tertiaires moyens.
» 3°. iVo/e sur /e gienreOTOSTOM A.
» Ce genre, proposé pour des coquilles fossiles voisines des Natices, des
Sigarets et des Stomates, ne comprend encore que des espèces de la craie
supérieure et du groupe tertiaire nummulitique. »
RAPPORTS.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Rapport sur les allumettes chimiques dites hygiéniques
et de sûreté, les allumettes androgynes , et les allumettes chimiques sans phos-
phore ni poison.
(Commissaires,^ MM. Pelouze, Pouillet, Payen, J. Cloquet(i),
Chevreul rapporteur.)
« M. le Ministre de la Guerre, frappé des graves inconvénients de l'usage
des allumettes chimiques à pâte de phosphore blanc qui prennent feu par
(i) M. Cloquet, absent de Paris, n'a pas eu connaissance de ce Rapport.
( 435 )
un léger frottement, une température peu élevée, et portent avec elles un
poison comparable à l'arsenic, a décidé que l'usage en serait interdit dans
les établissements dépendants de son Ministère, et, en outre, qu'on ferait
usage des allumettes hygiéniques et de sûreté au phosphore amorphe de Coignet
frères et C'*.
» MM. Bombes de Villiers el Dalemagneont adressé à M. le Ministre une
Lettre à la date du lo d'août dernier par laquelle ils demandent que l'em-
ploi de leurs allumettes, qu'ils qualifient à^androqynes, soit autorisé dans les
établissements dépendant an Ministère de la Guerre, concurremment avec
les allumettes de Coignet frères.
» M. le Ministre de la Guerre, par une Lettre datée du 20 d'août consulte
l'Académie sur ce qu'elle pense de cette demande de MM. Bombes de
Villiers etDalemagne; enfin par une seconde Lettre à la date du 17 de septem-
bre courant, il la consulte encore sur l'usage d'allumettes que fabriquent
MM. Paignon el Vaudaux d'après un procédé de M. Canouil.
M Déjà, par une Lettre datée du iB d'août, MM. Paignon et Vaudaux,
comme propriétaires des brevets de M. Canouil, sollicitaient un Rapport
de l'Académie sur les allumettes préparées d'après le procédé décrit dans
ces brevets, et mises dans le commerce sous la dénomination d'allumettes
chimiques sans phosphore ni poison. En effet, M. Canouil avait adressé le 28 de
juin i858 un Mémoire sur son procédé pour le concours du prix Montyon
relatif aux auteurs de procédés qui ont rendu des arts moins insalubres.
La Commission des Arts insalubres de l'année dernière avait distingué d'une
manière particulière le procédé de M. Canouil, mais s'étant fait un principe
de n'accorder de prix qu'à des procédés sanctionnés par une pratique en
grand, elle avait ajourné son jugement à cette année iBSg, dans l'espérance
qu'elle aurait des renseignements qui lui manquaient. En attendant le Rap-
port de la Commission du prix Montyon relatif aux arts insalubres, et sans
rien préjuger sur les propositions qu'elle fera à l'Académie, nous sommes
en mesure de répondre à ce que M. le Ministre de la Guerre veut savoir
relativement à l'usage de l'allumette-Canouil.
§ I. — Examen des allumettes androgynes au point de vue de la sûreté,
» Le allumettes de Coignet frères sont essentiellement formées; 1° d'une
pâte de chlorate de potasse, de sulfure d'antimoine et d'une matière glu-
tineuse, appliquée à l'extrémité de la partie soufrée de l'allumette ; 2° d'un
frottoir ou ijrattin enduit d'une couche mince de matière glutineuse et
de phosphore rouge rendue rugueuse par de la poudre de verre.
58..
( 436 )
» Un léger frottement de l'ainorxe de ralliimette contre le frottoir suffit
pour mettre celle-ci en ignition .
» L'allumette androgrne ne diffère essentiellement de l'allumette hygié-
nique, qu'en ce que le phosphore rouge ou amorphe a été appliqué à l'ex-
trémité non soufrée de raliumette, au lieu de l'avoir été sur un frottoir dis-
tinct de celle-ci. Il y a donc cet avantage que l'allumette porte avec elle ce
qu'il faut pour lui faire prendre feu. En effet, il suffit de rompre l'allumette
en deux morceaux inégaux, d'appliquer le petit dont l'extrémité est impré-
gnée de phosphore rouge contre l'extrémité amorcée du grand .morceau,
puis de frotter convenablement pour enflammer l'allumette.
» L'allumette androgyne au point de vue de l'hygiène présente le
même avantage dans l'usage que l'allumette de Coignet, et si elle paraît
préférable à celle-ci parce qu'on n'a pas recours à un frottoir séparé, et
que plusieurs personnes ont remarqué qu'une boite de Coignet renferme
plus d'allumettes qu'on n'en peut enflammer sur le frottoir annexé à la
boîte, soit que le phosphore de ce frottoir s'use ou s'altère, l'allumette an-
drogyne exige un certain tact pour ne pas rater, surtout quand on s'en
sert dans l'obscurité. On comprend, eu effet, que le frottement nécessaire
pour l'enflammer n'est pas facde, lorsqu'on voit combien la surface plane
de la partie garnie de phosphore est petite, et la difficulté de la frotter
convenablement contre l'extrémité arrondie de la partie garnie du mélange
inflammable.
» Quoi qu'il en soit des différences que peuvent présenter les allumettes
Coignet d'une part et les allumettes androgynes d'une autre part dans
l'emploi, et de l'économie qu'il peut y avoir dans l'usage à user des unes au
lieu des autres, nous laissons aux consommateurs à les apprécier. En les con-
sidérant au point de vue de l'hygiène, elles ont toutes les deux un avantage
réel sur les allumettes à phosphore blanc, et M. le Ministre de la Guerre a
fait une chose utile sans contredit en excluant l'emploi de ces dernières allu-
mettes des établissements dépendants de son Ministère.
» Mais quoi qu'il en soit de la préférence que nous donnons aux allumettes
à phosphore rouge sur les allumettes à phosphore blanc, nous recomman-
dons toujours dans l'usage la prudence qu'exige tout corps qui est facile-
ment inflammable, et à cet égard il importe de savoir que l'allumette-
Coignet et l'allumette androgyne peuvent prendre feu sur des frottoirs
ilépoiu'vus de phosphore rouge, quoique plus difficilement, nous le recon-
naissons, que sur le frottoir qui en est pourvu.
( 437 )
§ II, — Examen des allumettes ehimiques sans phosphore ni poison de M. Canouil.
» Ayant de parler de ralliimelte sans phosphore ni poisoii, commençons
par constater une méprise commise par MM. Paignon etVaudaux dans leur
Lettre à l'Académie, Lettre qui fut renvoyée à la Commission avant que
M. le Ministre de la Guerre eût demandé l'opinion de l'Académie sur l'usage
de ces allumettes.
« On lit dans la Lettre de MM. Paignon et Vaudaux :
« Nous venons solliciter le i)envoi de notre Mémoire du 0.% juin i858 par-
>» devant la Commission chargée de faire le Rapport demandé par M. le Mi-
» nistre de la Guerre sur l'allumette qui réunira les conditions du programme
)) posé par l'Administration. »
» Nous ferons deux remarques sur celte phrase :
M 1°. C'est que le Mémoire envoyé à la Commission du prix Montyoïi
était accompagné d'une Lettre à la date du a8 de juin i858, signée Canouil.
Or, afin de prévenir dès à présenttout malentendu qui plus tard pourrait être
le résultat du silence que nous garderions maintenant, nous ferons remar-
quer que le Mémoire envoyé à l'examen de la Corpmission du prix Montyon
pour les arts insalubres est l'œuvre de M. Canouil et non celle de MM. Pai-
gnon et Vaudaux.
» 2°. C'est que la Commission à laquelle la Lettre de M. le Ministre de
la Guerre a été renvoyée, n'est point chargée défaire un Rapport sur une al-
lumette qui réunirait les conditions du programme posé par l'Administration.
Nous l'avons dit, la première Lettre de M. le Ministre de la Guerre ne de-
mande pas autre chose que l'avis de l'Académie sur la sûreté que présente
l'usage de l'allumette androgyue, et la deuxième Lettre ce qu'elle pense de
l'allumette-Canouil sous le même rapport.
» Les allumettes préparées par la Compagnie générale au moyen du pro-
cédé de M. Canouil ne sont, comme les allumettes hygiéniques de Coig net frères,
nullement délétères, mais à nos yeux elles possèdent l'avantage de ne pouit
contenir de phosphore, ni blanc ni rouge; et si le phosphore rouge n'a pas
la propriété délétère du phosphore blanc, quoiqu'il en soit, sa préparation
exige beaucoup de précautions, et dès lors un défaut de surveillance ou
d'attention pouvant avoir des dangers, il est préférable de s'en passer dès
que cela est possible ; et le procédé de M. Canouil prouve effectivement qu'on
le peut.
» Les corps employés par M. Canouil sont principalement le chlorate de
potasse, le sulfure d'antimoine, le minium ou un autre oxyde métallique et
( 438 )
de la gomme, de la dexirine ou de la gélatine. Cette composition est ana-
logue à celle de MM. Coignet frères, mais la matière appliquée sous le nom
de grattin sur le frottoir de M. Canouil, ne renfermant ni phosphore rouge,
ni matière déliquescente ou susceptible de le devenir, elle se conserve aussi
longtemps qu'elle reste adhérente au frottoir.
» Ces avantages sont incontestables, elles consommateurs des allumettes
de la Compagnie générale les reconnaîtront sans doute ; cependant nous
ferons quelques remarques relatives aux accidents possibles lorsque les
allumettes tombent entre les mains des enfants, alors qu'ils ne sont pas
surveillés.
j» Les allumettes de la Compagnie générale exigent un frottoir comme les
allumettes de Coignet frères, mais le frottement doit être plus fort que cela
n'est nécessaire sur le frottoir de Coignet à phosphore rouge, et il est cer-
tain que la plupart des jeunes enfants n'enflammeront pas les allumettes de
la Compagnie générale, quand ils parviendront sans peine à enflammer les
allumettes Coignet et les allumettes androgynes en les passant sur un
frottoir à phosphore rouge.
)> Ici se présente, en fait, l'habitude du plus grand nombre des consom-
mateurs en opposition absolue à l'usage d'un frottoir spécial comme géné-
ralement à tout procédé qui rend l'allumette moins inflammable par le frot-
tement. Cette habitude est si forte, que la Compagnie générale fabrique des
allumettes d'une inflammabilité plus ou moins difficile, ou plus ou moins
facile. Conséquemment, pour que la sécurité fût aussi grande que possible,
il faudrait que l'acheteur eût toujours la certitude de trouver dans le com-
merce les allumettes qu'il désire, et à cet égard il faudrait que les allumettes
d'une inflammabilité différente fussent toujours distinctes les unes des
autres, ce qui ne présenterait aucune difficulté, puisqu'à présent même on
en colore différemment la pâte; mais comme on le fait arbitrairement, il
faudrait arrêter que la couleur rouge, par exemple, appartiendrait aux allu-
mettes les plus inflammables, la couleur verte à celles qui le sont moins, et
enfin la couleur marron à celles qui présentent le plus de sécurité; la cou-
leur des bandes d'empaquetage et celle des boîtes correspondrait à celle de
la pâte. Peut-être satisferait- on à toutes les exigences en ne faisant que
des allumettes de deux classes, par exemple à pâte rouge et à pâte marron.
M MM. Coignet ont écrit aux Membres de la Commission pour répondre
à quelques reproches faits à leur fabrication, particulièrement aux dangers
de la préparation du phosphore rouge et à l'inconvénient du frottoir à phos-
{ 439 )
phore ronge qui est hors de service avant qu'on ait consommé toutes les
allumettes de la boîte à laquelle est annexé ce frottoir.
» Ils disent préparer le phosphore rouge sans que la santé des ouvriers
en souffre, et que le frottoir, tel qu'ils le confectionnent aujourd'hui, peut
servir à l'inflammation d'une quantité double d'allumettes que celle qui est
contenue dans une boîte. Nous n'avons aucun motif de mettre en doute les
allégations de MM. Coignet; M. le Ministre a adopté leurs allumettes, et nous
ne proposons pas de leur faire ôter cet avantage : conséquemment nous
n'ajouterons rien à ce qui précède.
Conclusions.
» i". Au point de vue de l'hygiène, les allumettes androgynes ont sur les
allumettes à phosphore blanc l'avantage des allumettes Coignet, puisque le
principe actif et chimique du frottoir est comme pour celles-ci le phosphore
rouge.
» 2°. La Commission, après avoir pris connaissance de la fabrication des
allumettes chimiques sans phosphore ni poison, et avoir suivi la plupart des
opérations composant leur préparation sous la direction d'un jeune chimiste
M. Paul Meyer, et s'être assurée qu'elles s'exécutent sans danger pour les ou-
vriers, pense que ces allumettes mises dans le commerce par la Compagnie
générale, actuellement propriétaire des brevets de M. Canouil, sont d'un bon
usage.
» En conséquence, la Commission a l'honneur de proposer à l'Académie :
» i". Qu'en réponse à la première Lettre de M. le Ministre delà Guerre,
il lui soit écrit que les allumettes androgynes, comme les allumettes Coignet,
ont l'avantage sur les allumettes à phosphore blanc de n'être pas délétères;
toutes les fois, bien entendu, qu'il n'entre que du phosphore rouge pur dans
leur préparation ;
» 2°. Qu'en réponse à la deuxième Lettre de M. le Ministre de la Guerre,
il lui soit écrit que les allumettes-Canouil, mises dans le commerce par la
Compagnie générale, ne contenant ni phosphore blanc ni phosphore rouge,
sont d'un bon usage; que conséquemment l'emploi de ces allumettes peut
être autorisé concurremment avec celui des allumettes à phosphore rouge. »
Le Rapport est mis aux voix et approuvé par l'Académie, qui en adopte les
eonclusions.
( 44o )
MÉMOIRES LIJS.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Recherches sur les atmosphères des comètes;
par M. En. Roche.
(Commissaires, MM. Biot, Le Verrier, Faye, Delaunay, Bertrand.)
« Dans un Mémoire sur la théorie des atmosphères présenté à l'Acadé-
mie le 20 octobre ] 85 1 , j'ai cherché la figure que tend à prendre une massé
gazeuse recouvrant un noyau qui se meut vers le soleil : c'est à peu près
le cas d'uue comète. Les forces en jeu sont l'attraction du noyau et celle du
soleil. En étudiant là formé de cette atmosphère et de ses couches de ni-
veau, j'ai trouvé qu'elle est limitée par une surface hors de laquelle l'équi-
libre est impossible, et qui jouit de propriétés importantes. Cette surface
limite a pour axe de révolution la droite qui va du soleil au centre du
noyau; elle se termine en pointe aux extrémités de l'axe. Les surfaces de
niveau extérièfires à celle-là, au lieu d'être fermées, s'ouvrent au deux bouts
et se développent crt nappes indéfinies. Ces diverses surfaces ne sont pas
seulement symétriques par rapport au rayon vecteur du soleil, ftiais aussi
par rapport au centre de la comète.
» Il résulte de ces propriétés que, si le fluide qui constitue l'atm osphère
cométaire se trouve en excès, en d'autres termes, s'il vient à dépasser la sur-
face limite, le fluide excédant se répandra le long des surfaces de niveau
extérieures et s'écoulera par les extrémités coniques dont je viens de par-
ler, formant ainsi deux jets opposés, dirigés l'un vers le soleil, l'autre en
.sens contraire. Or cette circoriSlance peut se présenter de deux manières :
d'abord à cause de la dilatation progressive due à l'accumulation de la cha-
leur solaire sur la comète dans le voisinage du périhélie; en second lieu,
parce que les dimèi'isions de la surface limite dépendent de la distance de
l'astre au soleil et diminuent avec elle. En effet, l'axe D de cette surface est
lié par l'équation
'i^ ,
(1) D = aV4/Ji>
au rayon vecteur a et à la masse ^i de la comète rapportée au soleil.
» Lorsqu'on vient à comparer les faits avec les conséquences de l'analyse
que je rappelle ici,on reconnaît que cette analyse est incomplète, puisqu'elle
indique dans les comètes une symétrie qui n'existe pas réellement : toute
comète devrait posséder deux queues diamétralement opposées, et cela n'a
.(44')
pas lien. Il reste donc à trouver la cause qui empêche cette symétrie, la
force qu'il faut joindre à la gravité pour mettre d'accord la théorie avec
l'observation. J'ai cherché si la supposition d'une force répulsive émanant
du soleil et réciproque au carré de la distance, telle que l'admettent Bessel
et M. Faye, permettrait de représenter plus exactement la constitution phy-
sique des comètes. Voici le résultat de mon travail :
» Par l'introduction de cette force répulsive, la figure des couches de ni-
veau dans l'atmosphère cométaire est profondément modifiée : sa surface
limite, au lieu de deux points saillants, n'en présente plus qu'un, à l'oppo-
site du soleil ; les surfaces de niveau extérieures, fermées du côté du soleil,
s'ouvrent de l'autre côté, et c'est seulement par cette ouverture que s'échap-
pera, sous forme de queue, le fluide cométaire. rcia ini fie
» La figure des surfaces de niveau présente encore certains détails inté-
ressants, tel qu'un aplatissement du côté du soleil et une inflexion très-
caractéristique, tout à fait analogue à celle que l'on remarque dans les des-
sins de la comète de Donati publiés par M. G. Bond. Je signalerai aussi une
disposition particulière de ces surfaces comme paraissant se rattacher au
phénomène du secteur de la raie obscure, si remarquable dans la comète
de Donati. J'indiquerai enfin la relation approchée
(2) . T> = aJ^niA -Ay.
qui existe entre l'axe D de l'atmosphère, sa distance a au soleil, la masse fi
de la comète et la force répulsive ip ou plus exactement son rapport à la pe-
santeur solaire. L'équation des surfaces de niveau est
(3) (I - y) - (3cos=(? - ,) + -li _ ç -—^ = const. ;
r et â étant des coordonnées polaires dont l'origine est au centre du noyau.
>• La formule (2) permet d'expliquer la diminution de volume qu'éprouve
ordinairement une comète qui approche du périhélie, car elle montre que
les dimensions de la comète diminuent proportionnellement à sa distance
au soleil. Mais la diminution de D est souvent plus rapide que celle de a :
c'est qu'en même temps que la comète est plus voisine du soleil, l'action
calorifique de cet astre, agissant sur les couches atmosphériques, augmente
la grandeur de la force répulsive cp. Enfin, la portion de la nébulosité qui,
C. R., 1859, 2™« Semestre. {T. XLIX, N» 15.) Sq
( 442 )
par la diminution de D, se trouve en dehors de l'atmosphère, réduit encore
la masse [x de la comète proprement dite : de sorte que trois causes con-
courent à produire la contraction observée.
» La répulsion qui se manifeste si énergiquement dans la production des
queues pourrait /être attribuée, conformément aux idées de Newton, à
l'existence d'un'milieu pesant et très-peu résistant que la comète traverse.
Cette hypothèse rend compte, au moins dans un premier aperçu, des prin-
cipaux phénomènes ; en sera-t-il de même si on la pousse jusqu'à ses der-
nières conséquences? Pour m'en assurer, j'ai repris le problème de la figure
des couches atmosphériques, en ayant égard actuellement, non plus à la
force régulière, mais à l'action d'un milieu pesant. Les nouvelles formules
sont un peu différentes. Cependant elles expliquent encore l'absence de
symétrie delà comète, et l'existence d'une queue unique opposée au soleil.
Mais elles conduisent à un résultat inadmissible, dès qu'on suppose la den-
sité du milieu égale ou supérieure à celle des molécules atmosphériques : on
ne trouve plus de figure d'équilibre pour les couches de niveau, qui ne pourr
raient dès lors sous aucune forme se maintenir autour du noyau . Or les calculs
de Bessel sur la comète de Halley lui ont donné pour les particules de la queue
une densité deux fois moindre que celle du milieu ambiant; et c'est préci-
sément vers le périhéUe, lorsque l'accroissement rapide de la queue dénote
une très-grande valeur de la répulsion apparente, c'est alors que la forme
réguhère de la comète paraît plus nette et plus persistante. 11 y a dans ce
désaccord une objection à la supposition d'un milieu interplanétaire.
• Si au contraire on compare les figures théoriques qui résultent de l'hy-
pothèse de la force répulsive avec les dessins de la comète de Donati, on y
trouve des analogies fréquentes. L'étude analytique de la figure des comètes
amènerait donc à préférer, pour l'explication des phénomènes cométaires,
l'hypothèse de la force répulsive, quelle qu'en soit d'ailleurs la cause réelle,
à l'hypothèse du milieu pesant. »
CHIRURGIE. — Nouvel instrument pour ta suture de la fistule vésico-vaginale ou
uléro-vésico-vaginale ; extrait d'un Mémoire de M. T. Riboli, de Turin.
(Commissaires, MM. Velpeau, Jobert de Lamballe, Ctviale.)
a Cet instrument, dont j'ai conçu l'idée il y a trois ans en assistant, dans
une opération de la suture de la fistule vésico-vaginale, un de vos chirur-
giens, M. le docteur Cusco, a d'abord été exécuté à Parme par M. Bordini,
( 443 )
habile fabricant d'instruments chirurgicaux ; je l'ai depuis légèrement modi-
fié; voici aujourd'hui en quoi il consiste :
» 1°. En un cathéter fenêtre bilatéralement à sa partie inférieure dans
une étendue de 7 centimètres; ailé à la partie supérieure pour fixer la main
qui l'emploie.
» a". En un mandrin pourvu, à son extrémité libre, d'un anneau destiné
à recevoir le pouce de l'opérateur ; ce mandrin, à i centimètre au-dessus de
l'anneau, est divisé en 20 millimètres, et va se fixer, dans l'intérieur du ca-
théter, à l'extrémité de deux lames brisées^ lesquelles ont elle-mémes un
autre point d'attache au bout du cathéter ; le premier, par un mouvement
de va-et-vient, fait dilater en losange, ou rentrer dans le cathéter, à travers
les espaces fenêtres, les lames brisées dont il est question.
» 3°. En une rondelle, percée à vis, à son centre, qui parcourt tout
l'espace supérieur et gradué du mandrin pour régler à volonté la marche
de l'écartement du losange, et une vis aussi, un peu plus bas, pour arrêter
à volonté la même marche et la fixer.
» Quant à l'application, il est inutile de dire qu'elle se fait par l'u-
rètre et que sur le trigone de la vessie (en écartant le losange) on a, au
milieu de la fistule, un point d'appui, soit pour le ravivement et rappro-
chement des bords, soit pour s'assurer de la suture transversale ou lon-
gitudinale qu'on aura pratiquée. Cet instrument a déjà servi dans trois
opérations.
•» La première a été sur une jeune femme à la suite d'un accouchement
laborieux avec application du forceps. La fistule était petite et longitudi-
nale; toutes les parties étaient relâchées ; je n'ai retrouvé aucune difficulté.
J'ai fait l'opération trente-huit ou quarante jours après l'accouchement,
pensant que le retour des règles pouvait favoriser la cicatrisation. Les fils
ont été enlevés au commencement du quatrième jour.
M La seconde s'est passée un peu différemment. La malade était à la cli-
nique de M. le professeur Borelli, à l'hôpital des Chevaliers à Turin. M. Bo-
relli lui-même opérait, moi je ne faisais que l'aider avec mon instrument.
La fistule était ancienne, transversale et tellement grande, que mon in-
strument, complètement ouvert, avait peine à y maintenir les bords de la
solution de continuité. Néanmoins, à l'aide de deux incisions latérales
suivant la méthode de M. Simpson et de M. Jobert de Lamballe, inci-
sions pratiquées d'après mon conseil, le seul instrument a suffi pour per-
mettre d'abaisser la fistule et de l'opérer.
59..
( 444 )
» La guérison complète se fit un peu attendre par le retard apporté, à
l'enlèvement des fils qui donna lieu à de très-petits pertuis qu'il nous a fallu
cicatriser en employant la cautérisation.
» La troisième opération, entreprise sans espoir de succès et dans les
conditions les plus défavorables, n'a pas réussi. »
M. RiBou dépose sur le bureau un deuxième Mémoire concernant un
cas de grossesse extra-utérine dont il a suivi le développement et la termi-
naison funeste chez une femme qui avait eu auparavant deux grossesses
naturelles.
Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Serres, Flourens et Velpeau.
MÉMOIRES PRÉSEÎ^ïTÈS.
M. LE Ministre de l'Instrictioa publique transmet une Lettre de
M. Pickeriny, médecin à York, concernant un remède qu'il dit employer,
avec un succès complet, contre le choléra-morbus.
M. Pickering a déjà adressé à ce sujet plusieurs Lettres qui ont été exa-
minées par la Commission permanente du concours pour le prix du legs
Bréant; aujourd'hui il s'adresse à l'Empereur, qui demande à être renseigné
an sujet de cette réclamation.
Les faits allégués dans la Lettre sont exacts au fond; c'est-à-dire que
M. Pickering, après avoir annoncé qu'il avait un remède efficace contre le
choléra, a été invité à le faire connaître. Au lieu d'envoyer un Mémoire dans
lequel il donnât la composition de ce remède et la manière de l'adminis-
trer, il se contenta d'envoyer une certaine quantité du médicament tout pré-
paré, avec l'indication des doses. On lui fit savoir que l'Académie considérait
comme non avenue toute communication relative à un remède dont on ne
lui faisait pas connaître d'avance la formule. M. Pickering ayant manifesté
l'intention de ne pas dévoiler son secret sans un dédommagement pécu-
niaire, l'Académie n'avait plus à s'en occuper.
La Lettre de M. Pickering est renvoyée à la Section de Médecine et de
Chirurgie, constituée en Commission spéciale pour le concours du prix
Bréant, avec invitation de préparer le plus promptement possible un Rap-
port en réponse aux renseignements demandés par M. le Ministre.
( 445 )
HYGIÈlSE PUBLIQUE. — La déshifeclion appliquée à la voirie de la ville de
Béziers. Substilulion de la terre au plaire dans le mélange désinfectant ; par
M. Cabanes.
(Commissaires, MM. Chevreiil, Velpeau, J. Cloquet.)
« J'ai constaté que la poudre de MM. Corne et Demeaux désinfecte avec
une grande puissance la matière des vidanges; un litre de ces matières, so-
lides et liquides réunis, est désinfecté par un demi ou un tiers de litre de
cette poudre ou par 4oo à 5oo grammes, suivant l'intensité plus ou moins
grande de la putréfaction de ces matières. Cette désinfection est complète,
définitive, si les matières ont été préalablement remuées après l'addition du
désinfectant. Cette poudre désinfecte provisoirement les cabinets de latrines
et les salles infectes avec des quantités très-minimes, quelques poignées par
exemple. Mais le plâtre plonge au fond des matières des vidanges, il se coa-
gule, il durcit, adhère aux vases, aux tonneaux, aux fosses, aux tuyaux
de décharge des latrines, et fait corps avec eux, au point qu'il n'est guère
possible de continuer longtemps l'usage de cette poudre. Pour cette raison,
elle est peu propre à faire de la poudrette. Au moment où l'on projette le
plâtre dans les liquides, il fuse presque comme la chaux, ce qui rend l'odeur
du bitume très-forte, désagréable pour l'odorat et irritante pour les yeux
des vidangeurs. Enfin, si ce désinfectant n'est pas cher qtiau(l il s'agit des
applications à la chirurgie, il nen est pas de même des grandes quantités
exigées par les vidanges.
» Convaincu, d'après ces inconvénients, que la poudre de MM. Corne et
Demeaux serait inapplicable à la désinfection usuelle des latrines, des
fosses, des vidanges et peu propre à la confection de la poudrette, j'ai
cherché un moyeu qui, tout en possédant les avantages de cette poudre,
iùt dépourvu de ses inconvénients.
» Si l'on passe au crible une poudre ou une terre quelconque végétale
ou non végétale, et que l'on mêle 5o grammes de coal-tar à cette poudre,
celle-ci noircit, elle acquiert une forte odeur de bitume et devient propre
à la désinfection. Un litre de matières des vidanges est désinfecté par un
septième à un dixième de litre ou par loo à i5o grammes de cette poudre.
Même résultat pour les farines de blé, de graine de lin, etc. Un litre de vi-
dange est désinfecté par aoo à aSo grammes de ma poudre à 5 p. loo de
coal-tar. Pour obtenir le même résultat, il faut un demi ou un tiers de litre
ou 4oo à 5oo gramuies de la poudre Corne et Deiaoaux.
(446)
» Le mélange préparé d'après ce procédé a été expérimenté pour la
désinfection des cabinets de latrines et des salles infectées, pour la désin-
fection de toutes les vidanges et de la voirie de la ville de Béziers.
» Pour la désinfection provisoire des cabinets de latrines et des salles in-
fectées, ce mélange se comporte comme le mélange Corne-Demeaux, la
désinfection a lieu avec la même rapidité, la durée de son action est la
même ; mais comme la terre ne fuse pas comme le plâtre, l'odeur de bi-
tume est moins désagréable. La désinfection des salles adjacentes aux cabi-
nets a toujours eu lieu immédiatement par le seul fait de la désinfection du
cabinet.
w La désinfection des vidanges a été obtenue par la terre avec coal-tar,
comme par le plâtre avec coal-tar, tnais avec une puissance trois fois plus
grande ou par une quantité trois fois moindre. Les vidangeurs n'ont pas
éprouvé d'irritation dans les yeux comme avec le plâtre, et ils ne se sont pas
plaints de l'odeur du bitume comme auparavant. Jamais la terre n'a adhéré
aux vases, aux tonneaux, aux latrines comme le plâtre, et les vidangeurs
n'ont trouvé aucun obstacle à l'emploi de la terre.
)) Les vidanges inodores ont été transformées rapidement en poudrette
qui, sous forme de mottes, est d'un emploi commode pour l'agriculture. La
désinfection des vidanges de la ville par la terre coaltée a déterminé la dés-
infection des bassins de la voirie qui ont reçu ces vidanges. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur l'immunité relativement à
différents virus; par M. F. C. Faye, médecin du Roi de Suède.
(Commissaires, MM. Serres, Flourens, Andral, Velpeau, Rayer.)
Une discussion soulevée dans une Société médicale sur la comparaison
entre les effets de la vaccination et ceux de la syphilisation ayant ranimé,
relativement à la première opération, un débat qui était plutôt suspendu
que terminé, l'auteur, qui avait pris part à la discussion, a été conduit à
penser qu'on n'arriverait à rien de concluant tant qu'on se bornerait à la
méthode d'observation, et qu'il était indispensable d'en appeler à la méthode
expérimentale, méthode dans laquelle on était en quelque sorte maître des
conditions et certain de ne rapprocher que des faits similaires, des faits
rigoureusement comparables. Comme il était bien évident que si une pre-
mière vaccination n'assurait pas l'immunité à l'égard d'une seconde, elle
l'assurerait encore bien moins à l'égard de la variole, la première chose
( 447 )
à faire était d'arriver à quelque résultat positif relativement à la question
des revaccinations. Or, les expériences que l'auteur a entreprises dans ce
but, lui ont montré que les divergences d'opinion tiennent à ce fait qu'une
vaccination incomplète peut bien donner une demi-immunité, mais que
l'immunité absolue ne résulte que d'une vaccination complète, c'est-à-dire
dans laquelle le virus vaccin a été introduit dans l'organisme en quanlité
sM^scrnfe; cela résulte d'expériences très-nombreuses faites sur des enfants
de huit jours à huit ans, et aussi sur beaucoup d'adultes. Ce qui est curieux,
c'est qu'une fois le virus absorbé en quantité suffisante, le développement
des pustules, si on l'arrête artificiellement au moyen de cautérisations,
n'empêche pas l'effet de l'inoculation, quant à l'immunité. C'est un point
cependant sur lequel l'auteur sent qu'il y a encore quelque chose à de-
mander aux expériences, et il indique le plan sur lequel il en doit faire de
nouvelles.
Les rapprochements entre la syphilisation et la vaccination ont fait sup-
poser aussi pour cette dernière ce qu'on nomme une immunité locale.
M. Faye montre que cette opinion repose sur des faits qui ne sont pas de
nature à faire illusion à un physiologiste digne de ce nom. Il présente à
cette occasion quelques remarques sur le plus ou moins de facilité avec la-
quelle on obtient l'absorption d'un virus, suivant les régions par lesquelles
on veut le faire pénétrer, et il indique les précautions de diverses natures au
moyen desquelles on peut assurer cette absorption. Nous avons omis presque
tout ce qui, dans la Note de M. Faye, se rapporte à la syphilisation. Nous
ajouterons en terminant qu'il semble peu favorable à cette pratique consi-
dérée au point de vue médical, et qu'en tant que sujet de recherches phy-
siologiques, il a grand soin d'en restreindre le champ par des conditions que
le sentiment moral indique suffisamment.
ÉCONOMIE RURALE. — Sur certaines circonstances que présentent tes huîtres
obtenues par reproduction artificielle; extrait dune Note de M. Garbonnel.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Milne Edwards, Coste ,
Yalenciennes.)
o Le 2 août i858, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie un clayon
des reproductions artificielles d'huîtres, obtenues d'une manière rationnelle
dans l'établissement modèle d'huîtriculture deRegneville (Manche) que j'ai
fondé et que je dirige depuis cinq ans. Les huîtres qui adhéraient à ce
( 448 )
clayon étaient âgées de deux ans et par conséquent de la iiproduction de
1857. Continuant mes études expérimentales, qui se font sur une grande
échelle, puisque cet établissement compte quarante parcs dont quelques-
luis ne présentent pas moins de dix mille mètres de superficie, j'avais con-
servé une portion de ce même clayon de 1857, que j'ai observé avec soin
et que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie.
» Ces huîtres, quoique par leurs formes elles ne soient pas entièrement sem-
blables aux autres, n'en ont pas moins atteint un développement aussi
rapide que celles provenant des meilleurs fonds de mer.
» En 1845 (10 août) dans mon Mémoire « sur la formation de bancs
d'huîtres artificiels et la certitude de repeupler les côtes de France, » j'in-
diquais l'âge des huîtres et les moyens de le reconnaître. Je disais aussi :
« On appelle huîtres nourrices celles qui, parvenues à l'âge de trois ans,
)) cessent d'être propres à entrer dans l'alimentation pendant les mois de
u mai, juin, juillet et août ; ce n'est d'ailleurs qu'à l'âge de trois ans qu'elles
» deviennent huîtres mangeables. » Or celles-ci sont âgées de trois ans et
sont parvenues à l'état d'huîtres nourrices ; espérant en obtenir des germes
reproducteurs, mon espoir était d'autant plus fondé, que cet été les chaleurs
ont été très-fortes. Je les ai donc suivies avec le plus grand soin et j'ai pu re-
marquer que non-seuleînent elles ne se reproduisent pas, mais encore
qu'elles ne subissaient pas l'influence de la fécondation, influence qui se
riianifeste cependant, dans les parcs ordinaires, sur les huîtres provenant
de la pêche en mer. Il arrive parfois que quelques-unes de ces dernières
se reproduisent, mais c'est fort rare : encore faut-il que l'été soit très-
chaud.
» Or il semble résulter de ce fait que les huîtres des reproductions arti-
ficielles sont attardées probablement dans leur développement naturel par
des causes provenant des lieux où elles sont nées. J'ai dû rechercher quelles
pouvaient être ces causes et ce qui pouvait les faire naître. Comme ce tra-
vail, qui se relie à ce que j'ai déjà indiqué dans mon Mémoire de i845 et
aux essais qui se font actuellement sur nos côtes maritimes, aura besoin
d'assez grands développements, je me réserve de le soumettre à l'Académie
dans une de ses prochaines séances.
» Qu'il me soit permis de rappeler en terminant que depuis i845 j'ai
fait à l'Académie, relativement à la propagation des huîtres sur nos côtes,
diverses communications dont aucune n'a encore été l'objet d'un Rapport. »
( 449 )
PHYSIQUE. — Nouveau procédé appliqué à l'élude des forces électro-motrices ;
par M. Raoult.
Cette Note, qui fait suite à deux communications précédentes de l'auteur
(21 février et 11 juillet iSSg), est renvoyée à l'examen des Commissaires
déjà nommés, MM. Pouillet, Babinet.
PHYSIQUE. — Mécanisme des effets physiologiques de l'électricité;
par M. Chouveac.
(Commissaires, MM. Becquerel, Rayer, Cl. Bernard.)
MÉDECINE. — De la médication électrique dans certaines affections de l'appareil
oculaire; par M. Boulu.
(Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Despretz.»)
m. Hervé adresse la figure et la description du frein dont il avait fait
l'objet d'une précédente communication dans la séance du 29 août dernier.
(Renvoi à l'examen de M. Combes.)
M. Debrat envoie de Fougères un Mémoire sur la fabrication du sucre
de betterave au moyen de l'extrait de Saturne.
(Commissaires, MM. Chevreul, Payen, Peligot.)
M. Manificat, qui avait précédemment présenté, puis repris pour le
modifier, un Mémoire sur un nouveau système de voilures, soumet de nou-
veau au jugement de l'Académie son invention qu'il pense avoir notable-
ment améliorée.
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour la première communi-
cation : MM. Duperrey et Du Petit-Thouars.)
M. Lecoq adresse de Nemours ime Note sur la maladie de la vigne et sur
les moyens propres à en prévenir le développement.
(Commission des plantes utiles.)
C. R., 1859, 2™' Semestre. (T. XLIX, N» 15.) 6o
( 45o )
CORRESPONDANCE.
L'Institution Smithsonienne adresse pour la bibliothèque de l'Institut un
nouveau volume de ses publications avec son Rapport annuel pour 1857,
ainsi que sept autres volumes publiés par des savants américains.
L'Académie des Sciences de Vienne remercie l'Académie d'une nouvelle
série des Comptes rendus hebdomadaires et envoie de nouveaux numéi'os de
ses propres Comptes rendus, ainsi que deux volumes de ses Mémoires (Scrences
mathématiques et Sciences naturelles).
M. LE Secrétaiiie perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Teissier,
une Biographie du botaniste //. Gérard.
Et au nom de M. Bouché^ une épreuve photographique d'une nouvelle
Table de logarithmes à cinq décimales.
(' L'épreuve dont j'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie, dit l'au-
teur dans la Lettre d'envoi, montre que dans un très-petit espace on peut
renfermer les nombres entiers de 1000 à 10000. »
M. LE Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées
delà Correspondance un opuscule de MM. Gluge et Thiernesse sur la réu-
nion des fibres nerveuses sensibles avec les fibres motrices.
L'existence des deux sortes de fibres ayant été bien établie par l'expé-
rience, il devait nécessairement se présenter la question suivante : Les fonc-
tions si différentes des fibres nerveuses sont-elles inhérentes à l'organisation
de ces dernières, ou les effets si variés que produisent l'action des nerfs dé-
pendent-ils uniquement des centres où ils naissent et des organes où ils se
rendent? Plusieurs physiologistes se sont occupés de résoudre cet intéressant
problème. Parmi les expériences entreprises dans ce but ou y tendant plus
ou moins directement, il faut citer en première ligne celles qui font l'objet
d'un Mémoire présenté par M. Flourens eu 1827 à l'Académie des Scien-
ces. Ces expériences n'étaient pas faites pour nier ou pour affirmer l'identité
des fibres nerveuses, mais elles prouvaient incontestablement la réunion
par une cicatrice formée de fibres nerveuses, de nerfs de nature différente,
quant à leur fonction. Elles fournissaient encore d'autres données précieu-
ses sur les conditions qui président à l'intégrité des fonctions d'un nerf.
(450
Ce fut M. Schwanii qui le premier posa nettement la question, mais il ne
la résolut pas. D'autres expériences entreprises postérieurement ne se trou-
vèrent jamais pleinement concluantes; c'est dans cet état de choses que
MM. Gluge et Thiernesse firent à l'école de médecine vétérinaire de Bruxelles
les expériences exposées dans le présent opuscule.Dans ces expériences, faites
sur des chiens, ils constatent les résultats obtenus seulement au moyen de la
contraction musculaire, ayant reconnu depuis longtemps combien on est
exposé à être induit en erreur quand on prend ses indices dans la sensibi-
lité de l'animal, certains chiens n'en donnant aucun signe quand ils sont
soumis à des lésions qui ne peuvent manquer d'être très-douloureuses,
tandis qu'à d'autres la plus légère secousse arrachera des cris.
Nous ne pouvons suivre les deux physiologistes dans le détail de ces ex-
périences, qui sont au nombre de dix, et nous nous bornerons à reproduire
leurs conclusions, qui sont :
'< 1°. Que les fibres sensibles ne peuvent être transformées en fibres mo-
trices ;
» a". Que le mouvement organique dans les fibres nerveuses qui détermine
la sensation doit être différent de celui qui produit la contraction mus-
culaire. »
M. lE Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. le professeur Tigri,
de Sienne, des observations istologiques sur un fragment osseux adhérent à la
grande faux de la dure-mère.
L'auteur, à l'occasion des communications faites récemment à l'Académie
sur le rôle du périoste dans la production des os, et sur le rôle de la dure-
mère relativement à la formation de la table interne des os du crâne, adresse
ces observations faites au mois de mars de cette année après la nécropsie
d'un individu atteint de lipomanie et mort dans l'asile des aliénés de Sienne.
M. le Secrétaire perpétuel, en donnant une brève analyse de cette observa-
tion, fait remarquer que cette communication, de même que celle de
M. Molas, montre comment l'anatomie pathologique et l'anatomie comparée
se complètent souvent mutuellement pour mettre en évidence certaines vé-
rités physiologiques. Ici pour établir la nature de la dure-mère et son iden-
tité avec le périoste, les observations faites sur les animaux dont la tente du
cervelet est ossifiée, offraient déjà un fait bien concluant pour le rôle attri-
buable à la dure- mère dans la formation de la table interne du crâne, mais
la formation pathologique de productions osseuses dans la faux du cerveau
ferait disparaître les derniers doutes s'il en pouvait rester encore.
60..
(452 )
ZOOLOGIE. — Observations relatives à ta reproduction de divers zoophytes et
à la transformation du Trichina spiralis en Trichocephalus; extrait d'une
Lettre de M. Van Beneden, en date du 23 août, adressée à M. Milne
Edwards.
« Il y a plusieurs phénomènes qui se rattachent à la conservation de
l'espèce, dont les rapports ne me semblent pas avoir été bien appréciés,
et qui se montrent régulièrement dans les aquariums.
» Vous avez vu la discussion qui a eu lieu à l'Association britannique au
sujet de la reproduction des actinies. — Cette discussion m'a étonné. — J'ai
vu très-souvent des actinies se déplacer sur les parois du verre de l'aqua-
rium, en abandonnant des traînées de leur masse charnue, et celle-ci donner
naissance à autant de petites actinies qu'il y avait de masses isolées. On a
demandé si ces jeunes actinies ne sont pas le résultat du développement
d'œufs logés dans les tissus? Cela n'est évidemment pas. — 11 ne faut pas
d'œufs pour cette multiplication.
» J'ai vu dans plusieurs annélides et polypes des phénomènes analogues.
» En mettant une touffe de tubulaires bien vivantes dans l'aquarium, on
voit souvent les têtes tomber successivement ; on croit la colonie perdue, et
au bout d'un certain temps on est tout étonné de voir revenir les têtes avec
leur double couronne de tentacules. — Celles-ci sont ordinairement plus
pâles que les premières. Cette seconde tête tombe de nouveau et bientôt
une nouvelle la remplace. — Je ne sais combien de fois cela peut se
répéter.
« J'ai eu des tubulaires d'eau douce, des cordylophores, qui ont présenté
le même phénomène. — Tous les corps de ces polypes avaient disparu à leur
arrivée à Louvai». Ils me sont arrivés à Schleswig, et j'ai appris tout récem-
ment que Retzius vient de trouver les cordylophores à Stockholm. Je ne les
ai pas moins placés avec soin dans un aquarium d'eau douce, et j'ai eu la sa-
tisfaction de voir de nouveaux polypes surgir bientôt au bout des anciens
tubes. — En hiver je les ai perdus de nouveau; mais j'ai eu soin de laisser
l'aquarium qui les renfermait dans le même état, et au printemps de nou-
veaux cordylophores couronnaient le haut des tubes et s'étalaient sur les
parois.
» J'ai vu souvent la même chose chez des sertulaires que l'on aurait crues
complètement perdues.
>' Enfin cela s'est présenté encore chez deux annélides cëphalobranches.—
(453 )
Les crepina, qui, par parenthèse, sont synonymes de phoronis de M. Wright,
avaient complètement disparu de la pierre sur laquelle je les avais observés
en i858 et en iSSg sur la même pierre, sans avoir pu découvrir des orga-
nes sexuels, un grand nombre de crépines avaient reparu portant un nou-
veau panache céphalique. Des serpules m'ont présenté encore les mêmes
particularités : des tubes, veufs en apparence depuis longtemps de leur
hôte, et ne renfermant plus qu'une faible portion du ver, ont souvent
montré tout d'un coup de nouveaux individus vivants, en tout semblables à
ceux qui les avaient précédés.
s II est vrai, s'il y a une grande analogie entre ces phénomènes des po-
lypes et des vers, dans ces derniers ce ne sont que les individus qui regagnent
les parties du corps qu'ils avaient perdues.
» Dans un autre ordre de faits, voici une observation de Leuckart qui
vous intéressera. — Il me prie d'en faire part à notre Académie, mais nous
n'avons plus de séance avant le mois d'octobre.
» Le Trichina s/Jirn/îs de l'homme, dont on ne connaissait pas encore la
forme sexuelle, devient le Trichocephalus dispar (Tr. crenatus]. Il s'en est
assuré directement par l'expérience. Il a nourri un jeune cochon avec des
trichines enkystés encore dans les chairs, et au bout de cinq semaines il a
trouvé un millier de trichocéphales sexués dans les intestins de cet animal. »
PALÉONTOLOGIE. — Os de cheval et de hœuj appartenant à des espèces perdues,
trouvés dans la même couche de diluvium d'où l'on a tiré des haches en pierre;
extrait dune Lettre de M. A. Gaudry à M. Flourens.
« Vous savez qu'on avait généralement attaché peu de foi aux an-
nonces de haches trouvées en Picardie dans le même diluvium où l'on
rencontre des débris (ÏElephas primigenius, de Rhinocéros tichorhinus, etc.;
on objectait que nul géologue n'avait vu ces haches en place. Au printemps
dernier une réunion de savants anglais s'est organisée sous la direction de
M. Prestwich pour étudier le gisement des haches; M. Prestwich n'a pas
lui-même trouvé de ces instruments; mais un de ses compagnons,
M. Flower, a assuré en avoir hù-mêine vu en place dans le diluvium. J'ai
désiré définitivement résoudre la question : j'ai fait creuser une profonde
excavation sans quitter un seul instant les ouvriers; j'ai trouvé neuf haches
parfaitement en place dans le diluvium, associées avec desdentsd'jE'^uws/os-
silis et d'une espèce de Bos différente des espèces actuellement vivantes et
( 454 )
semblable à celle du diliivium et des cavernes. La détermination précise du
gisement des haches prouve définitivement que l'homme a été contemporain
de plusieurs des grands animaux fossiles détruits de nos jours. «
CHIMIE. — Action des sets solubles sur les sels insolubles; affinité spéciale de
l'acide phospliorique pour les sesquioxydes ; par M. E. Guujnet.
« Les travaux déjà anciens de Dulong, et, plus récemment, les belles
recherches de M. Henri Rose et de M. Malaguti, ont fait connaître un
certain nombre de phénomènes curieux relatifs à la décomposition des sels
solubles par les sels insolubles. Néanmoins les doubles décompositions de
ce genre se présentent en quelque sorte comme des exceptions, si on les
compare aux innombrables réactions entre composés solubles, en usage
dans les laboratoires et dans l'industrie. C'est pourquoi je pense qu'il n'est
pas sans intérêt de faire connaître toute une classe nouvelle de doubles
décompositions entre un sel soluble et un sel insoluble ; d'autant plus que
ces réactions s'effectuent presque toujours avec une facilité remarquable,
souvent même à la température ordinaire et par conséquent bien plus aisé-
ment que la décomposition des sulfates insolubles par les carbonates
alcalins.
» On peut donc présumer que l'analyse chimique pourra tirer parti de
ces réactions, que je n'ai vues mentionnées nulle part, et qui peuvent
s'énoncer ainsi d'une manière générale :
» Un phosphate insoluble formé par un protoxyde est complètement dé-
composé par un sel soluble à base de sesquioxyde soit à froid, soit à l'aide
de l'ébullition,
» Il se forme un phosphate de sesquioxyde insoluble et il reste en disso-
lution un sel de protoxyde.
1) Je citerai quelques exemples choisis parmi les sels colorés, afin qu'on
puisse les vérifier plus aisément.
» Pour avoir des sels de sesquioxydes parfaitement neutres, il est com-
mode de prendre les aluns, à base de potasse, d'ammoniaque ou autres.
M 1°. Phosphate de cobalt et alun de potasse ordinaire. — La réaction est
complète en moins d'une heure d'ébuUition. Le phosphate de cobalt, qui est
d'un rose violacé, se transforme en phosphate d'alumine blanc et insoluble.
La liqueur contient du sulfate double de potasse et de cobalt qui cristallise
le premier par l'évaporation, et du sulfate de cobalt qui se dépose en dernier
lieu.
( 455 )
» Afin de m'assurer que la décomposition était bien complète, j'ai fait
bouillir du phosphate de cobalt avec un grand excès d'alun, et je l'ai changé
complètement en phosphate d'alumine ; puis j'ai fait bouillir la liqueur
avec un excès de phosphate de cobalt, et j'ai constaté qu'elle ne contenait
plus d'alumine.
» 2°. Même phosphate et alun de chrome. — IjB réaction est encore plus ra-
pide ; la liqueur verte devient rose après quelques instants d'ébullition, et il
se forme un phosphate de chrome.
)) 3°. Même phosphate et alun de sesquioxyde de fer. — La décomposition
s'opère complètement à froid et en quelques minutes.
» An lieu des aluns on peut prendre tout autre sel de sesquioxyde. J'ai
opéré sur des sels très-différents au point de vue de la composition chimi-
que, par exemple sur l'azotate neutre de sesquioxyde de fer, le tartrate de
fer et de potasse, etc.
" Les phosphates de nickel, d'argent, etc., se comportent comme celui
de cobalt. Il en est de même du phosphate de cuivre; mais avec ce dernier
phosphate les décompositions s'opèrent plus lentement.
» Je n'ai fait aucune analyse quantitative des produits que j'ai obtenus;
j'ai voulu seulement appeler l'attention des chimistes sur des réactions qui
semblent prouver que l'acide phosphorique possède une affinité toute spé-
ciale pour les sesquioxydes. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur un phénomène de magnétisme qui s'est produit
sous l'injhience de [aurore boréale du 21 août dernier; Lettre de M. L.
GiRAlID.
« Dans la soirée du 19 août, c'est-à-dire deux jours avant l'apparition de
l'aurore, j'ai eu l'occasion de faire quelques expériences de magnétisme,
et, pour ce faire, je me suis servi d'une barre d'acier que j'ai soumise plu-
sieurs fois à l'action de l'aiguille aimantée, et qui ne m'a pas offert la plus
légère trace d'aimantation.
» Il y a quelques jours, mardi dernier, j'ai voulu continuer les expé-
riences que j'avais forcément abandonnées; j'ai repris la barre d'acier qui
déjà m'avait servi, et je me disposais à expérimenter, lorsque je m'aperçus
que la barre placée sur mon bureau avait attiré et fixé deux plumes métal-
liques. Le morceau d'acier était devenu un aimant parfait, régulier, sans
aucun point conséquent. Je fus d'abord très-surpris de ce fait, mais ma
conviction ne tarda pas à se former que l'aimantation avait àù nécessaire-
( 456 )
ment se produire sous l'influence de l'aurore boréale qui s'était manifestée
quelques jours auparavant. Il me reste à exposer les faits qui déterminent
mon opinion.
» Pendant l'intervalle de mes deux séries d'expériences, la barre d'acier
resta exposée à l'air, sur mon balcon qui est orienté du sud au nord envi-
ron. Elle était appuyée contre l'extrémité du balcon, etfaisait à peu près un
angle de 65 à 70 degrés avec l'horizon, c'est-à-dire qu'elle se trouvait ap-
proximativement dans la direction de j'aiguille d'une boussole d'inclinaison
orientée. D'autre part, les quelques observations qui ont été faites sur l'aur
rore boréale ont établi qu'elle commença à l'ouest, et s'éleva par un mou-
vement de translation assez lent au-dessus de l'horizon, se dirigeant vers
l'est. Ainsi, pendant l'aurore boréale, la barre d'acier était exposée à l'air
et se trouvait dans le méridien magnétique faisant avec la direction du mou-
vement du phénomène météorologique un angle de 90 degrés. Dans ces
circonstances, est-il téméraire d'admettre que l'aurore boréale a développé
et fixé l'électricité dans la barre d'acier, à la manière d'un solénoïde? Je
regrette vivement de n'avoir pas remarqué la disposition des pôles? je m'at-
tendais si peu au résultat que le hasard m'a fait connaître, que je n'ai pas
fait cette observation. »
M. Payebse adresse deFécamp une Note relative à un bolide qu'il a ob-
servé dans cette ville le 23 septembre à S*" lo™ dans la direction du nord-
ouest. Ce météore, très-remarquable par son éclat, était élevé d'environ
23 degrés au-dessus de l'horizon quand il a frappé les yeux de l'observateur
et est disparu après un parcours oblique de 12 à 1 5 degrés, sans laisser
après lui d'étincelles.
M. GciLLON annonce qu'il vient de faire exécuter un brise-pierre sécateur
propre à morceler rapidement, pour les pidvériser ensuite, les volumineux
calculs vésicaux qui nécessitent habituellement l'opération de la tadle.
M. Guillon se propose de le présenter pour les prix de Médecine et de
Chirurgie de 1860.
La séance est levée à 6 heures. F.
>■«-»»«
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉIUIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 3 OCTOBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Elie DE Beaoiont fait hommage, au nom de l'auteur M. Plana, d'un
« Mémoire sur le mouvement du centre de gravité d'un corps solide lancé
vers la terre entre les centres de la lune et de la terre supposés fixes immé-
diatement après l'impulsion »
■ o M. MiLNE Edwards donne quelques nouveaux détails relatifs à latrans-
fornjation de la Trichina spiralis en Trichocéphale. Ce phénomène avait déjà
été annoncé par un des helminthologistes les plus célèbres de l'Allemagne,
M. Kûchenmeister, et admis par M. Wienland ainsi que par notre savant
confrère M. MoquinTandon, mais n'était pas suffisamment démontré, et
les expériences nouvelles de M. Leuckart offrent beaucoup d'intérêt à cause
de la netteté des résultats obtenus. »
a M. Moquin-Tandon ajonte que la démonstration du fait dont il s'agit
est de la plus grande importance. La Trichine était le seul genre d'Ento-
zoaires cylindriqnes [ISématoïdes ou Cavitaires) qui n'offrait pas d'organes
sexuels. Cette exception n'existe plus. » '■'
G. R., i859, 2™« Semestre. (T. XLIX, N» 14. J 6l
(458 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les perlurbalions magnétiques observées à Rome
le 2 septembre iSSg. (Lettre du R. P. Secchi à M. Le Verrier.)
« Rome, 21 septembre 1859. '
» Le 2 septembre a été remarquable par la grande perturbation électri-
que qui s'est manifestée dans les fils télégraphiques. Le P. Pietro Monte a
déjà fait connaître la perturbation magnétique observée k Livoiirne; je
crois que quelquesdétails sur les observations faites alors au Collège Romain
ne seront pas sans intérêt, car il y a quelques particularités qui ont été re-
marquées et qui paraissent avoir échappé aux autres observateurs.
» La perturbation commença déjà à se montrer le i*"^ septembre. Ce
jour, le magnétomètre vertical se trouva hors d'échelle à 4 heures du
soir, indiquant une diminution de force verticale. Le lendemain 2 septem-
bre, à 7 heures du matin, on trouva les barreaux extrêmement agités;
leurs oscillations étaient de 10 et 3o divisions de l'échelle. A 7'' 10™ la
position extrême du déclinomètre vers l'ouest fut observée à 2°So' au delà
de la position ordinaire. A partir de ce moment le barreau revint ra-
pidement vers l'est jusqu'à excéder la position moyenne de i^aS' où il ar-
riva à 7'' 3o™, en parcourant 4°i3' en moins d'une demi-heure. Cette per-
turbation est étonnante pour nous, la plus grande observée jusqu'alors
étant de 45 ou 5o minutes. Le bifilaire était sorti de son échelle; mais à
l'aide d'une échelle auxiliaire on trouva — 55 divisions; c'est-à-direqu'il avait
dévié de 2"|^ en moins, et comme peu après il monta jusqu'à 1 1 5 divisions,
toute la vibration réduite en parties de la force équivaut à une diminution
dans la composante horizontale de 0,129 '^^^ presque de |.
» A 8 heures le déclinomètre marquait 181 divisions, c'est-à-dire était de
60 divisions à Test de la position, moyenne; le bifilaire était encore au des-
sous de sa position moyenne, qui est environ ï 10 divisions, et marquait
40 divisions. A cet instant on observa l'état du ciel et on remarqua que du
côté du nord tout l'horizon était encombré d'un épais brouillard d'où par-
taient de nombreux cirri dans la direction du nord-ouest, arrivant jusqu'au
delà du zénith. Cet état dura jusqu'à 9 heures. Ces nuages étaient déchi-
quetés sur les bords et variaient. Le vent du nord était faible.
» De 8'' 3o™ à S** 46™, on observa le déclinomètre, oscillant entre i38
et i53 divisions, et 127 et 170 divisions, et le bifilaire de 44 à 70 divisions.
A S*" 46"", le déclinomètre marqua 170 divisions, et le bifilaire sauta de 3o
à 1 1 5 divisions. Le vertical, qui était resté hors d'échelle, rentra un instant
. ( 459 )
et sortit de l'autre côté. Les mouvements brusques indiquaient une augmen-
tation considérable de force.
» Après plusieurs oscillations assez grandes, les instruments commen-
cèrent à se tranquilliser un peu.
A g*» So"", la position du déclinomètre était 1 16,5, du bifilaire 82,0, du vertical 22,0 div.
Aio''2o"", . 117.4» » 56, G, » 12,0 .
le déclinomètre étant à peu près à sa place normale, mais les autres indi-
quant une variation d'inclinaison notable et d'intensité.
» A 3 heures du soir la perturbation augmenta :
h m Div. Div. Div.
2.3o Déclinomètre 94 Bifihiire 126 Vertical 18 à 27
3.00 » 106 » 72 à 81 » 3o
3.3o » m » 0,0 » 35
4i5 » ii5 » 72 » sorti d'échelle.
» A 9 heures du soir tout se tranquillisait, et à minuit tout était presque
dans im état normal .
12'' Déclinomètre 116,2 div. Bifilaire 99,1 div. Vertical 43,5o div.
» L'effet produit par cette perturbation a été d'augmenter la compo-
sante verticale notablement. Elle avait diminué de beaucoup pendant le
mois d'août, surtout dans les premiers quinze jours dans lesquels la
température très-élevée ici donna comme moyenne des maxima 35°,o8.
La position du vertical n'avait pas sensiblement changé, quoique la tem-
pérature ait diminué, et que la moyenne des maxima fût descendue
à 27°, 35. Après la perturbation, la force verticale se trouva augmentée
de o,oo37 ; mais il semble que peu à peu elle va en diminuant de
nouveau.
» Je finirai avec quelques remarques sur cette intéressante perturbation
magnétique.
» 1°. Les variations des trois instruments n'ont pas été simultanées,
mais les vibrations maxima sont arrivées en temps différents pour cha-
cun d'eux. Pour le déclinomètre, la déviation à l'ouest a été plus forte que
celle à l'est, et il en est résulté même une augmentation vers l'ouest de
1 1 minutes environ.
» 2°. Ces grandes vibrations sont contemporaines avec les courants ob-
servés sur les lignes télégraphiques.
x 3°. Les nuages observés dans le ciel avaient tout l'aspect de ceux de
61..
(46o)
l'aurore boréale lorsque ce phénomène arrive de jour, et comme on le cons-
tata le 29 août même à Rome.
» 4°. Il est très-remarquable que ces grandes perturbations ont coïncidé
avec l'époque d'un maximum de taches solaires, et précisément lorsqu'une
grande tache était visible sur le disque, même sans instruments. Je vous
envoie un dessin de cette tache qui est très-remarquable par l'aspect des
filaments et courants dont elle est formée, ce qui montre une grande agi-
tation.
» 5°. La grande élévation de température que nous avons eue cette
année dans les mois de juillet et d'août, n'est peut-être pas étrangère à ces
vicissitudes solaires. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les phénomènes qui se sont manifestés dans les fils
télégraphiques de la Toscane après Caurore boréale observée dans la nuit du
28 au ag août; Note de M. Cu. Mattehjcci.
n c'est M. Arago qui a établi premièrement par un grand nombre d'ob-
servations l'existence d'une relation entre l'aurore boréale et la force
magnétique de la terre. Cette relation n'était connue, jusqu'à l'année 1847,
que par des perturbations plus ou moins grandes qui avaient lieu dans la
déclinaison magnétique pendant l'aurore. C'est dans cette année, et préci-
sément dans la nuit du 17 novembre, qu'une belle aurore a été visible à
Pise et dans toute l'Italie ; cette aurore était accompagnée par des effets
dans les fils télégraphiques que j'ai décrits dans une lettre à M. Arago,
lettre reproduite dans le tome I" de ses Notices scientifiques. Ces effets
consistaient dans des courants temporaires qui circulaient dans les fils télé-
graphiques, et qui étaient assez forts pour faire agir les électro-iimants et
empêcher la marche des appareils. A mesure que les lignes télégraphiques
se sont étendues sur la surface du globe, cette observation a été partout
confirmée. Des phénomènes semblables, mais plus intenses et plus persis-
tants que ceux qu'on avait observés jusqu'ici, se sont reproduits cette
année dans les derniers jours du mois d'août, à la suite d'une aurore
boréale, et l'Académie a déjà reçu plusieurs observations importantes à
ce propos.
» L'obscurité qui règne encore sur la cause physique de cette relation,
malgré les vues très-ingénieuses avancées par M. de la Rive, nous fait un
devoir de recueillir et de consigner dans les annales de la science tous les
résultats qui s'y rapportent.
(46. )
» Dans la nuit du 28 au 29 août, l'aurore boréale a été observée. C'est
vers les 6 heures du matin du 29 que le trouble dans la marche des
lignes télégraphiques de la Toscane est devenu sensible : vers 10 heures,
un courant, qui marquait 2? degrés à la boussole du bureau télégraphique,
comme l'aurait fait à peu près le courant de trente éléments faibles à la
Daniell dans le même circuit, traversait le fil supérieur de nos lignes télé-
graphiques, dirigé de Pise à Florence dans le fil. Le courant augmentait
lentement, et c'est à peu près dans l'espace de cinq minutes qu'il attei-
gnait son maximum pour s'éteindre ensuite brusquement. Ces périodes se
sont renouvelées un grand nombre de fois, et dans les intervalles les com-
munications télégraphiques pouvaient se faire régulièrement. Vers 3 heures
après midi, les effets de l'orage magnétique sur nos fils télégraphiques
étaient passés.
» Je consignerai ici deux résultats qui ont été vérifiés sur toutes nos
lignes télégraphiques pendant la durée de ces phénomènes :
» 1°.. Dans toutes les lignes, où, comme d'habitude, il y a plusieurs fils
suspendus, isolés les uns sur les autres dans le même plan vertical, le cou-
rant extraordinaire le plus intense a été observé constamment dans le fil
supérieur, tandis que dans le fil le plus rapproché du sol ce courant a été
faible ou nul .
» 2°. Le courant extraordinaire était d'autant plus intense, que le fil mé-
tallique dans lequel il circulait était plus long.
» Pendant que ces phénomènes se produisaient, le ciel était pur et un
léger vent d'est a soufflé toute la journée.
» Je me garderai bien d'entrer dans des longues considérations hypothé-
tiques pour essayer d'expliquer les effets obtenus dans les fils télégraphiques,
et qui accompagnent l'apparition de l'aurore boréale. Je remarquerai seu-
lement que ces phénomènes se sont produits le plus souvent sans qu'il y
eût des orages dans l'air et sans l'apparition de ces lumières électriques sur
les croix des clochers et sur les pointes des paratonnerres qui a lieu presque
toujours dans les grands orages; cela me paraît exclure l'influence de l'élec-
tricité atmosphérique ordinaire dans les phénomènes en question. On doit
remarquer encore que la déviation de l'aiguille du galvanomètre a aug-
menté lentement et est restée fixe pendant quelques secondes; cela ne
pourrait pas être si ces courants étaient développés par induction à la suite
des variations de la force magnétique de la terre.
» Tous les physiciens se rappellent certainement les belles observations
sur l'électricité atmosphérique de Saussure et de Ermann, vérifiées par
M. Biot dans sa célèbre ascension et qui ont été plus tard reprises par Pel-
( 46a )
tier avec des appareils plus délicats. J'ai deux fois dans l'hiver passé répété
ces expériences sur le sommet d'une montagne, haute à peu près de
4oo mètres au-dessus du niveau de la mer, et qui est célèbre par la défini-
tion qu'en a donnée notre grand poète :
Perché i P isan veder Lucca non ponno (i).
» J'ai trouvé qu'un fil de cuivre tenu par un manche parfaitement iso-
lant, communiquant par l'extrémité inférieure avec le sol et par l'extrémité
supérieure avec la boule de l'électroscope, donnait à cette boule une charge
électrique négative, et cela sans donner aucun mouvement au fil et en le
laissant en contact avec l'électroscope. Dans une journée d'air froid et pur,
en laissant le fil en repos, je voyais la feuille de l'électroscope renouveler
plusieurs fois les mêmes mouvements, c'est-à-dire dévier plusieurs fois vers
la pile à sec, toucher cette extrémité, tomber brusquement, et ainsi de suite.
J'ai alors préparé un grand parasol couvert de lames minces d'étain, et j'ai
recouvert avec ce parasol l'électroscope et le fil métaUique dont j'ai parlé. Je
faisais les expériences tantôt avec le parasol en communication avec le sol,
tantôtsoutenuparson manche de bois, c'est-à-dire communiquant imparfaite-
ment avec la terre. Les phénomènes électriques ont disparu, ou du moins les
mouvements de la feuille d'or sont devenus plus rares et à peine on pouvait
les apercevoir. Il résulte de ces expériences que l'état électrique négatif de la
surface terrestre n'existe plus sur une partie de cette surface lorsqu'elle est
récouverte par un corps conducteur, et il en est de cette expérience comme
de celle qu'on fait depuis longtemps dans l'intérieur de la sphère de Cou-
lomb ou de la chambre métallique de Faraday. Cet état négatif de la surface
terrestre a nécessairement un état électrique positif correspondant dans les
hautes régions de l'atmosphère : il est probable que l'état électrique de la
terre n'a pas la même tension dans tous les points, que cette tension
est plus forte sur les points proéminents et qu'elle varie au moment des
aurores boréales. Les fils télégraphiques seraient en quelque sorte des
conducteurs appliqués sur deux points d'un corps électrisé, doués d'une
tension électrique différente ; les courants dérivés deviendraient sensibles
lorsque ces états auraient acquis une grande intensité, et augmenteraient
avec la longueur du conducteur : on pourrait également concevoir, ce qui
est arrivé dernièrement dans les fils télégraphiques de la Toscane, com-
ment la tension la plus forte existe sur le fil placé le plus extérieurement à la
surface du corps électrisé. »
(i) Montagne par laquelle les gens de Pise ne peuvent voir la ville de Lucques.
( 463 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Présence de l'argent dans Peau de mer.
M. Élie de Beaumont communique l'extrait suivant d'une Lettre de
M. Malaquti en réponse à des renseignements demandés sur les recherches
faites à l'étranger relativement à cette question. .
» 1°. M. Boussingault a inséré dans le XLVIIIe volume des Annales de
Chimie et Physique, 3« série (octobre i856) un Mémoire sur la variation que
l'eau de la mer Morte parait subir dans sa composition. A la page i65 on y lit
le passage suivant : « Par une série d'expériences des plus intéressantes,
» MM. Malaguti, Durocher et Sarzeau ont prouvé que l'eau de l'Océan
« renferme du chlorure d'argent... . Un savant des plus distingués, M. For-
» chammer de Copenhague, a confirmé le fait en ce qui concerne l'eau de
» la Baltique. »
» 2°. Voici ce qu'on lit dans le XXXl^ volume du Journal de Pharmacie,
à la page 3i6 : « M. Field a confirmé, d'une manière Fort intéressante, le fait
» constaté, il y a quelques années, par MM. Malaguti, Durocher et Sarzeau,
» de la présence de l'argent dans l'eau de la mer. 5e fondant sur l'action
» réductrice qu'une lame de cuivre exerce sur le chlorure d'argent dissous
» dans le chlorure de sodium, l'auteur pensa que le cuivre et le laiton (yel-
» low métal) qui servent à protéger les vaisseaux et qui ont séjourné dans
» la mer doivent contenir plus d'argent.
» M. Field a en effet constaté qu'il en est ainsi d'un cuivre de doublage
» ayant servi à un bâtiment qui avait croisé pendant sept ans dans l'océan
1) Pacifique. Ce cuivre était tellement friable, qu'on pouvait le pulvériser
i> entre les doigts. Il contenait plus d'un demi pour cent d'argent.
u Une autre expérience a été faite avec deux échantillons de cuivre de
» doublage, l'un ayant servi pendant trois ans dans l'océan Pacifique,
» l'autre n'ayant jamais vu la mer. Le premier métal contenait huit fois plus
» d'argent que le second. » {Globe, i4 janvier 1857.)
» 3°. Ala page 59 duXIPvolumedu Cosmos (livraison du 1 5 janvier i858)
» on lit : a On sait que MM. Durocher et Malaguti avaient constaté l'exis-
» tence dans l'eau de mer d'ime quantité appréciable d'argent... M. Field en
» Amérique a répété l'expérience des savants français, et il est arrivé, de
« son côté, à cette conclusion que l'Océan contient au moins 2 millions de
» tonnes ou 2 billions de kilogrammes d'argent. »
« A la suite de cette communication, M. Ghevreul rappelle que la pré-
sence de l'argent et d'autres métaux dans l'eau, de la mer avait été indi-
( 464 )
quée comme probable par Proust, il y a plus de soixante et dix ans. Dans une
Lettre écrite de Madrid en date du 4 avril 1787, par ce savant chimiste, et
adressée à La Metherie, qui la publia dans le Journal de Physique de la
même année, on lit le passage suivant : « De l'action des eaux de la mer sur
» l'argent. — Si le lit sur lequel reposent les eaux de l'Océan devient un
» jour terre habitable, les hommes qui fouleront alors ce continent nou-
» veau parviendront sans doute à retrouver ces immenses trésors que la
» voracité des mers ne cesse d'engloutir depuis que le nouveau monde est
» fréquenté de l'ancien. L'événement du naufrage que le vaisseau le Saint-
» Pierre d'Alcantara a fait sur les côtes de Portugal vient de nous mettre à
» portée de prédire la métamorphose sous laquelle l'argent se montrera
» dans les temps à venir. L'acide marin, ce premier élément de la salure
» des mers, dérogeant à l'attraction qui le fixe à sa base, aura changé ce
» métal en mine d'argent corné. Le court espace de temps écoulé depuis
» le moment du naufrage à celui où l'on a pu relever les espèces mon-
» nayées a suffi pour en attaquer la surface à un quart de ligne de pro-
» fondeur. Ces pièces sont sorties de la mer recouvertes d'une couche
» noire qui s'en sépare par écailles, et que j'ai reconnue pour de l'ar-
» gent corné. »
» Une autre Note de date peu postérieure, mais qui ne fut publiée qu'en
1799 dans le Journal de Physique, a principalement trait aux indices de
mercure dans l'eau de la mer et le sel marin, et se termine par les lignes
suivantes qui ne peuvent que contribuer aussi à donner plus d'intérêt à la
communication de M. Malaguii :
« Si quelqu'un, après avoir lu ceci, prenait la peine d'observer si le dou-
» blage d'un vaisseau nouvellement mis en mer s'argentait dans quelque
» partie, surtout lorsqu'il commence à sillonner pour la première fois les
» mers ; s'il prenait la peine de suspendre dans leurs eaux une plaque
» d'or pour en observer les changements, il pourrait se flatter peut-être de
» fournir à son retour un article de plus à l'histoire naturelle du sel marin ?
» Qui sait si la destruction des doublages, quelquefois si rapide, et encore
» si inconnue dans sa cause, ne dépendrait point de l'existence du mercure,
» plus abondante dans certaines mers que dans d'autres. »
M. DE Baer fait hommage à l'Académie de deux ouvrages qu'il a récem-
ment publiés : l'un contenant la description et la figure de crânes du Musée
de l'Université impériale de Saint-Pétersbourg; l'autre dans lequel il déve-
loppe ce qui dans le premier se rapporte aux Papous et aux Alfourous.
( Voir au bulletin Bibliographique.)
( 465 )
• - "il
M. Isidore Pierre fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de ses
« Études comparées sur la culture des céréales, des plantes fourragères et
des plantes industrielles, résumé des leçons faites à la Faculté des Sciences
de Caen pendant l'année scolaire 1 858- 1869 ».
MEMOIRES LUS.
GÉOLOGIE. — Sur les résuUals de fouilles géologiques entreprises aux environs
d'Amiens; par M. A. Gacdry. (Extrait. )
(Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, d'Archiac, de Verneuil.)
Après avoir rappelé, dans la première partie de ce Mémoire, ce qu'il
avait dit dans sa Lettre du 26 septembre, relativement aux motifs qui le
portèrent à chercher dans le diluvium des produits de l'art humain,
M. Gaudry continue dans les termes suivants :
« M. Buteux, savant géologue de Picardie, voulut bien me guider aux
environs d'Amiens et d'Abbeville. Comme les carrières d'Abbeville sont
beaucoup plus restreintes que celles d'Amiens, et que par conséquent les
relations des couches y sont plus difficiles à préciser, nous jugeâmes
Amiens plus favorable pour des fouilles et, un mois après nos premières
explorations, je revins dans celte ville.
» Le diluvium est très-dé vélo ppé dans les faubourgs de Monlières, de
Saint-Roch et à Boves, mais c'est particulièrement près du faubourg de
Saint-Acheul que les haches ont été signalées. Les carrières de Saint-Acheul
surmontent une basse colline; elles sont à 3o mètres environ au-dessus du
niveau de la Somme. Les excavations permettent de suivre les couches sur
un espace d'au moins 60 mètres ; par conséquent on peut facilement s'assu-
rer qu'elles sont dans leur position normale et qu'elles n'ont pas été rema-
niées par les hommes. Je fis creuser le terrain sur 7 mètres de longueur dans
la carrière du sieur Fréville. D'abord on abattit les bancs de limon et de
conglomérat brun qui recouvrent le diluvium; ces bancs ont a mètres envi-
ron de hauteur; si on ajoute i mètre et demi de terre à brique enlevée pré-
cédemment, on aura une hauteur totale de 3 mètres et demi entre la surface
du sol et le diluvium blanc où les haches ont été signalées. Je n'ai décou-
vert dans ces couches supérieures aucun silex taillé, et les ouvriers m'ont
assuré n'en avoir jamais trouvé ; ceci est essentiel à noter, car on a souvent
objecté que les haches devaient provenir des couches supérieures au dilu-
C. R., 1859, 2™^ Semestre. ( T. XUX, N» 14.) 6a
( 466 )
vium. Les limons et le conglomérat brun une fois enlevés, on attaqua le
diluvium blanc. Cette assise a 3 mètres et demi d'épaisseur ; elle repose sur
la craie blanche; je l'ai fait fouiller dans toute sa hauteur. Le point capital
était de ne pas quitter les ouvriers un seul moment et de s'assurer par ses
propres yeux si on trouvait les haches en place.
» J'ai découvert neuf haches; je les ai vues engagées dans la roche; j'ai
eu pour témoins, outre M. Hittorff, M. Pinsard, architecte des hospices
d'Amiens, et M. Garnier, directeur de la bibliothèque et du musée de cette
même ville. La plupart des haches que j'ai trouvées étaient sensiblement au
même niveau, enfoncées à i mètre de profondeur dans l'assise du diluvium,
par conséquent à 4°',5o au-dessous de la surface du sol ; elles étaient dans
un banc très-caillouteux superposé à une veine de sable blanc fin de 2 déci-
mètres de puissance. Les sables blancs alternent avec les conglomérats. Les
haches n'ont pas été sans doute transportées debien loin, car leurs tranchants
sont peu émoussés; dans la couche et sur le point même où elles se trouvent,
mes ouvriers ont abattu un bloc de grès long de près de 1 mètre, d'origine
sans doute éocène.
» J'ai recueilli aussi dans la même assise plusieurs coquilles et quelques
ossements fossiles : des dents d'£'<jfuus et d'une espèce de Bos plus grande que
les bœufs actuellement vivants. Ces dents sont munies d'une colonnette
dont le fût est plus détaché que dans les diverses espèces actuelles, elles
sont parfaitement semblables à des dents de boeufs fossiles déterminées au
Muséum comme venant des cavernes et du diluvium; elles appartiennent
probablement au bison priscus. Près de Saint-Acheul, à Saint-Roch, on re-
trouve dans le diluvium ces mêmes dents associées avec des débris de Rhino-
céros tichorhinus, d'Elephas pritnigenius et d'hippopotame. T^ors des creuse-
ments qui ont été faits il y a plusieurs années pour l'établissement du che-
min de fer d'Amiens à Boulogne, M. Buteux a constaté la continuation des
couches de diluvium entre Saint-Acheul et Saint-Roch. Il a même signalé la
présence de dents d'Elephas primigenius dans l'espace qui sépare ces deux
localités. Enfin au sein de la couche même où j'ai recueilli dans la carrière
du sieur Fréville des os d'Equus et de Bos mêlés aux haches taillées, on a
découvert il y a peu de temps une molaire d'éléphant qui a été remise à
M. Pinsard.
» On rencontre encore dans le diluvium de petites boules rondes percées
d'un trou. M. RigoUot a pensé que ce trou était artificiel et que les boules
étaient des grains de colliers ayant appartenu à des peuples sauvages. Ces
boules sont de petites éponges fossiles provenant de terrains de craie. Elles
( 4fi7 )
ont élé décrites par Phillips et par Woodward sous le nom de Millepora
globularis, par Reuss sous celui de Tracjos globularis; c'est par inadvertance
certainement que M. d'.Orbigny les a classées dans son Prodrome parmi les
Coscinopora, car elles n'appartiennent nullement à ce genre, et dans la col-
lection de M. d'Orbigny ellesne portent point cette désignation. Les ouvriers
ne ramassent que les boules percées d'un trou, mais j'ai recueilli toutes celles
qui se sont trouvées dans mes fouilles, et j'ai observé que la plupart ne sont
point perforées; plusieurs sont percées à moitié. Je les ai comparées avec
des Tragos çjlobularis pris dans les terrains de craie blanche d'où les échan-
tillons du diluvium sont originaires : j'ai constaté que plusieurs d'entre eux
sont également perforés : ceci n'a rien de surprenant, puisque la partie cen-
trale des éponges est généralement celluleuse : c'est là qu'affluent les canaux.
On ne peut supposer que des fossiles en place dans la craie aient été travaillés
par la maiu des hommes; si des Tragos trouvés dans un dépôt formé au sein
d'une mer tranquille sont perforés, ils le seront à plus forte raison sur les
points où ils ont été transportés par des courants violents avec les cailloux
du diluvium. D'ailleurs, j'ai étudié au microscope les parois des trous des
prétendus grains de collier, je n'y ai vu aucune trace d'instrument perfo-
rant ; on y aperçoit seulement de petites cavités allongées qui dépendent de
la structure intime des Tragos globularis. Ainsi les boules percées de Saint-
Acheul (celles du moins que j'ai examinées) ne sont pas une preuve de l'in-
dustrie humaine. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. LE Ministre de l'Agriculture, du Comsierce et des Travaux publics
transmet deux nouveaux documents à titre de pièces à consulter pour la
question des alcoomètres.
M. le Ministre exprime, à cette occasion, le désir de connaître le plus tôt
qu'il sera possible l'opinion de l'Académie sur cette question qu'il a sou-
mise à son examen.
(Renvoi à la Commission nommée.)
L'Académie a reçu depuis sa dernière séance, mais avant le i'' octobre,
un Mémoire destiné au concours pour le prix Bordin de iSSget intitulé
« Études sur le Métamorphisme ».
Ce Mémoire, qui a été inscrit sous le n" i , sera réservé pour la future Com-
mission. •■•! r-i-î -i'j.r., MT .. î.;;
oa..
( 468 )
ÉCONOMIE RUKALE. — Noie sur les résultats obtenus de l'emploi en agriculture
des phosphates fossiles; par M. de Molon.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Élie de Beaumoiit,
Payen, Passy.)
« Dans la dernière communication que j'ai eu l'honneur d'adresser à
l'Académie, j'ai avancé que, depuis trois années, la pratique agricole avait
reconnu la supériorité constante des résultats produits sur la végétation par
l'emploi du phosphate fossile simplement réduit à l'état de poudre fine,
sur ceux qu'on obtient avec le phosphate des os. Sachant que ce tait a été
vivement contesté par un grand nombre de théoriciens dont il renversait
toutes les prévisions, j'ai voulu vérifier de nouveau et par moi-même si les
mêmes effets s'étaient reproduits dans les expériences très- nombreuses qui
ont été faites sur les dernières récoltes.
» Je viens en conséquence de visiter douze départements dans lesquels
le phosphate minéral a été employé par quantités importantes, savoir :
» La Seine-Inférieure, l'Eure, le Calvados, la Mayenne, l'Ille-et-Vilaiiie,
les Côtes- du-Nord, le Finistère, le Morbihan, la Loire-Inférieure, le Maine-
et-Loire, le Loiret, le Loir-et-Cher.
» Or, partout où le phosphate fossile a été appliqué comparativement
avec le noir animal à l'état pur, j'ai vu, et il m'a été déclaré par plusieurs
centaines d'agriculteurs dont je tiens les noms à la disposition de l'Acadé-
démie, que les résultats obtenus sur blés, sarrasins, racines, colzas, choux
et herbages, avaient été constamment très-;supérieurs.
» Dans certaines contrées, et notamment dans le Finistère, la différence
entre les produits du même sol, sur les mêmes récoltes et dans des condi-
tions de culture rigoureusement identiques, a été souvent plus que double
en faveur du phosphate fossile employé à poids égal concurremment avec
le noir animal, bien que celui-ci dosât 64 pour loo de phosphate dechaux,
tandis que la poudre de nodules n'en contenait en moyenne que 48 pour
lOO.
1) Lorsque, pour la première fois, j'osai prédire un pareil résultat, il parut
tellement impossible, que certains chimistes allèrent jusqu'à affirmer que,
sans l'intervention des agents chimiques, l'agriculture ne pourrait tirer
aucun parti du phosphate minéral.
■> Il me semble cependant qu'il suffit de se rendre compte de l'état phy-
sique des deux phosphates pour expliquer ce curieux phénomène.
(469)
)) S'il est vrai, en effet, que les sels minéraux soumis à une température
élevée éprouvent un changement moléculaire qui ralentit et peut même dé-
truire parfois leur solubilité, il est évident que le noir animal, après sa cal-
cination, doit présenter le phosphate de chaux qu'il contient dans un état
beaucoup moins soluble que celui des nodules.
a Le phosphate fossile, au contraire, non-seulement est divisé par le fait
de son association avec des matières organiques et inorganiques, mais en-
core, étant de formation humide, il est combiné avec une certaine quantité
d'eau et se trouve par conséquent dans les conditions les plus favorables à
sa solubilité et à son assimilation par les végétaux.
M Qu'il me soit permis, avant de terminer cette Note, d'appeler l'atten-
tion de l'Académie sur une autre application du phosphate minéral qui
pourrait avoir aussi une très-haute importance : je veux parler de son
introduction dans le régime alimentaire des animaux.
» Dans un travail couronné en i854 par l'Académie des Sciences,
M. Mège-Mouriès a établi que le phosphate de chaux agissait d'une ma-
nière analogue sur les plantes et sur les animaux , c'est-à-dire en excitant
l'irritabilité vitale, et en favorisant l'assimilation des aliments proprement
dits et des engrais organiques.
» Des essais d'application de cette théorie que j'ai tentés l'année dernière
m'ayant paru satisfaisants, j'ai voulu continuer mes expériences cette année
sur une plus grande échelle. A cet effet, je me suis entendu avec divers
agriculteurs de contrées différentes pour faire ajouter de la poudre naturelle
de phosphate minéral aux aliments des animaux de la ferme, notamment
aux racines et aux pulpes provenant delà distillation des betteraves qui n'en
contiennent que des quantités insuffisantes.
» Aussitôt que les résultats, quels qu'ils soient, auront été régulièrement
constatés^ j'aurai l'honneur de les porter à la connaissance de l'Académie
des Sciences. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Dissimulation de l'arsenic par la présence de l' hydrogène
iulfuré dans l'appareil de Marsh; par M. C. Leboy.
(Commissaires, MM. Chevreul , Pelouze , Regnault.)
« J'ai déjà eu l'occasion de publier quelques Notes sur l'appareil de
Marsh : elles avaient surtout pour objet la comparaison des taches arseni-
cales et des taches antimoniales par quelques réactions nouvelles. Aujour-
( 470 )
d'hui, je viens appeler l'attention des chimistes sur des circonstances qui
seraient de nature, si on n'y prenait garde, à dissimuler la présence réelle de
l'arsenic particulièrement dans les matières soumises aux expertises médico-
légales. Les résultats de mes recherches, exposés dans le Mémoire que j'ai
l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie, peuvent
être résumés par les propositions suivantes :
» 1°. L'arsenic qui existe dans une liqueur soumise à l'épreuve de l'ap-
pareil de Marsh est plus ou moins complélement dissimulé, toutes les lois
qu'il y a dans l'appareil, ou qu'il peut se rencontrer dans les matières qui y
sont soumises, un élément ou un composé sulfuré pouvant donner lieu di-
rectement ou indirectement à la formation ou au dégagement d'une quantité
quelconque d'acide sulfhydrique.
» 2°. Cette dissimulation, qui est le résultat de la transformation des
composés arsenicaux solubles en sulfures d'arsenic insolubles, est plus ou
moins absolue. Elle est complète lorsque les composés sulfurés sont en
excès par rapport aux substances arsenicales et qu'ils ont été introduits dans
l'appareil avant ou en même temps que celles-ci : la capsule ne recueille
alors que des taches de soufre, et rien ne fait soupçonner la présence de
l'arsenic. Elle est partielle lorsque les substances arsenicales sont en excès
ou bien lorsque les composés sulfurés n'ont été introduits qu'en second
lieu, de façon que ceux-ci n'interviennent que lorsque l'appareil renferme
déjà de l'hydrogène arsénié.
» 3". Dans ce dernier cas, la capsule recueille des taches mixtes compo-
sées en proportions variables d'arsenic, de soufre et de sulfure d'arsenic.
Le sulfure d'arsenic qui leur donne un aspect particulier ne se forme donc
qu'à la condition qu'il y ait dans l'appareil un dégagement simultané d'hy-
drogène arsénié et d'hydrogène sulfuré. L'aspect des taches mixtes est tout
autre que celui des taches pures d'arsenic ou de soufre ; mais par leurs
caractères physiques et chimiques, elles annoncent l'arsenic, et on peut s'en
servir pour constater la présence du poison dans les matières suspectes.
» 4°. Toutefois il importe d'éviter la formation de ces taches, parce que,
outre que l'arsenic n'y offre pas ses caractères habituels, ce qui peut prêter
au doute, elles ne se produisent jamais qu'au milieu de circonstances qui
amènent la dissimulation de quantités plus ou moins grandes d'arsenic.
Ces circonstances agissant par l'acide sulfhydrique, il faut éviter tout ce
qui peut donner lieu à un dégagement de ce gaz. Il y a donc à se méfier
des matières qui contiennent du soufre et qui, par la putréfaction, dégagent
de l'hydrosulfate d'ammoniaque. La carbonisation par l'acide sulfurique
( 470 " ■
pouvant laisser des sulfures dans le charbon ou l'imprégner d'acide sulfu-
reux, c'est aussi une raison de préférer dans bien des cas l'emploi de l'acide
azotique ou de l'azotate de potasse.
» 5°. Les liqueurs antimoniales se comportent comme les liqueurs arse-
nicales. Les taches mixtes de l'antimoine sont encore plus faciles à recon-
naître que celles de l'arsenic, de sorte que dans un cas où les indications de
l'appareil de Marsh laisseraient du doute sur la présence de l'un ou l'autre
de ces deux corps, on aurait un nouveau moyen de lever l'incertitude en
ajoutant à la liqueur un sulfure alcalin et observant les taches mixtes qui se
produiraient alors. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — De la destruction absolue de l'odeur de gangrène an
moyen du chlorate de potasse; par M. Billiard, de Corbigny.
(Commissaires, MM. Chevreul, Velpeau, Cloquet.)
Ayant été appelé à donner des soins à une personne qui, par suite d'une
blessure d'arme à feu, avait un pied en partie gangrené et répandant une
odeur infecte, M. Billiard, suivant des idées qu'il avait émises dans de pré-
cédentes communications, fut conduit à essayer l'emploi d'un mélange
composé de i partie de chlorate de potasse sur g de terre argileuse blanche.
Ce mélange fut appliqué à l'état pulvérulent sur la partie gangrenée, et la
charpie employée pour le pansement fut roulée dans la même poudre.
Quelques heures après, on constatait que l'odeur, qui auparavant incom-
modait beaucoup les malades placés dans la même salle, avait complètement
disparu. Dans le pansement qui suivit, l'odeur, qui ne s'était point remon-
trée quand on avait enlevé les premières pièces de l'appareil, ne se manifesta
que lorsqu'on enleva la charpie; elle était d'ailleurs assez faible, de toute
autre nature et comme ammoniacale, bien moins répugnante que l'odeur de
gangrène. En substituant à l'argile d'autres poudres absorbantes, les effets
furent les mêmes. Cependant un essai avec la poudre d'iris ne réussit nulle-
ment; l'odeur ne fut point atténuée ni changée pour le mieux.
» Sous l'influence de la poudre désinfectante, les parties mortifiées ont
été éliminées assez promptement, et la plaie est au moins aussi avancée
dans la voie de guérison qu'elle l'eût été traitée à la manière ordinaire. »
M. Garcih adresse d'Oran une Note sur un système de pompes de son
invention.
(Renvoi à l'examen de M. Combes.)
(47^» ,)
M. Armand soumet au jugement de l'Académie un papier de sûreté dont
il croit l'emploi préférable pour certain cas à celui de tous les papiers pro-
posés jusqu'à présent.
(Commission des papiers de sûreté composée de MM. Pelouze, Regnault^
Balard.)
CORRESPONDANCE
M. LE Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
adresse pour la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire du tome XXXll des
brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de i844-
Le Bureau hydrographique de Londres annonce, en date du 24 août,
l'envoi fait par ordre de l'Amirauté britannique d'une nouvelle série de
cartes marines publiée dans le cours de l'année i858 : 73 cartes nouvelles
et 3 corrigées, avec 18 volumes d'instructions nautiques et publications
analogues.
En mettant ces cartes sous les yeux de l'Académie, M. le Secrétaire per-
pétuel annonce qu'on s'occupera de savoir à quoi tient le retard qu'a
éprouvé cet envoi qu'on pouvait croire perdu, plus d'un mois s'étanf écoulé
entre le départ et l'arrivée. n'
M. Encke, au nom de la Commission des Caries célestes, publiées sous
les auspices de l'Académie de Berlin, adresse le titre pour la collection des
Cartes et la préface avec le titre pour le volume des 24 catalogues; il
annonce que, par cette dernière publication, l'ouvrage se trouve mainte-
nant terminé.
Les Curateurs de l'Université de Leyde adressent, au nom des Univer-
sités Néerlandaises et des Athénées d'Amsterdam et de Deventer, un exem-
plaire de leurs Annales pour l'année 1 854- 1 855.
La Société impériale des Naturalistes de Most:ou adresse deux nouvelles
livraisons de son J?w//efm.
( 473 )
J'HYSlQUE DU GLOBE. — Perlurbalions magnétiques observées les 29 août el
2 septembre, par MM. Desaixs et Chabaclt.
« La direction et l'intensité de l'action magnétique terrestre ont éprouvé,
dans les journées du 29 aoîit et du 2 septembre dernier, des perturbations
extraordinaires.
» Ces perturbations ont été remarquées en un grand nombre de points
de l'Europe, et plusieurs de nos correspondants nous ont transmis les ré-
sultats des observations qui leur avaient permis d'en déterminer la nature
et l'étendue. Ils ont été immédiatement insérés au Bulletin de l'Observatoire
impérial. Nous avons l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie un
exposé de nos propres observations.
» T.e 26 du mois d'aoïJt, une première anomalie se manifesta à l'Observa-
toire de Paris dans la marche de l'aiguille de déclinaison. La variation
diurne fut considérable et le déplacement de l'aiguille très-rapide entre
9''3o™ du matin et midi; pendant ce court intervalle de temps il s'éleva
à 22' 1 1". Toutefois les variations des autres éléments restèrent dans les li-
mites ordinaires, et aucune autre particularité ne se présenta jusqu'au
a8 août à 5 heures du soir.
i> A cet instant, la courbe du bifilaire et celle du déclinomètre commen-
cent à accuser des perturbations irrégulières. A minuit la courbe du décli-
nomètre disparaît : et quelques minutes après, celle du bifilaire indique
une diminution considérable et presque instantanée dans la composante
horizontale. Au lieu de conserver une direction générale peu inclinée sur la
ligne de foi, la courbe se porte presque perpendiculairement à cette ligne
vers un premier sommet qu'elle atteint à i heure du matin.
n En mesurant la distance de ce premier sommet au point de la courbe
correspondant à l'heure de minuit, on trouve qu'entre ces deux époques
l'intensité horizontale a éprouvé une variation égale aux 0,0074 de la valeur
qu'elle avait à minuit.
» A partir de i''3o'" du matin la courbe n'est plus continue. Elle
se trouve remplacée par une succession de dentelures profondes, formées
de lignes droites presque perpendiculaires à l'axe, et dont les points
d'intersection manquent le plus souvent. Ces interruptions brusques indi-
quent que pendant les intervalles de temps qui leur correspondent une dé-
C. K , 1859, a'»» SemeUre. (T. XLIX, N» 14.)
63
( 474 )
viation violente du barreau a porté presque instantanément l'image lumi-
neuse hors de la surface du papier photographique.
n Le 29, à 9 heures du matin, l'intensité horizontale était inférieure de
0,01 à la valeur qu'elle avait un peu avant le développement des per-
turbations. A ce moment, la composante verticale se trouvait notable-
ment plus forte que les jours précédents. Comparée à celle que l'on avait
déterminée le 26, elle se trouvait supérieure à cette dernière de 0,001 33
de sa valeur.
» L'accroissement de la force verticale et la diminution de la compo-
sante horizontale devaient naturellement entraîner une augmentation cor-
respondante dans l'inclinaison. Aussi le 29, à 9 heures du matin, l'incli-
naison fut-elle trouvée de 20' 29" supérieure à ce qu'elle était le 27 à la
même heure.
» Pendant toute la matinée du 29 l'aiguille de déclinaison fut très-agitée.
A 1 1 heures elle accomplissait des oscillations de 4i' ^4" de part et d'autre
de sa position moyenne. Du reste, la valeur absolue de la déclinaison était
forte. — A 9 heures du matin elle dépassait d'une quinzaine de minutes la
moyenne de celles qu'elle présenta à la même heure du i5 août au i5 sep-
tembre.
» Vers le soir les perliubations diminuèrent et disparurent.
» Le 3o, la variation diurne en déclinaison fut très-faible. Le minimum
fut observé à 1 heure du matin, le maximum à i heure du soir, les deux
positions extrêmes différaient à peine de 10 minutes.
» Le 3j, l'état de calme se continua, seulement l'inclinaison était demeu-
rée toujours un peu forte.
» Au moment où se manisfesta la grande perturbation magnétique dont
nous venons de rendre compte, c'est-à-dire le 29 août, un peu après minuit,
une brillante aurore apparut; vers i''3o" du matin, elle était dans tout son
éclat.
» Presque toutes les dépêches que nous avons reçues des observatoires
étrangers signalent ce phénomène, toutes accusent la violente agitation des
aiguilles aimantées.
» Après deux jours et demi de calme, une nouvelle perturbation s'annonça
le i" septembre dans la matinée. Vers ii''3o'" du matin une variation
brusque dans l'intensité horizontale amena tout à coup la courbe du bifi-
laire à se changer, comme nous l'avons indiqué plus haut, en une ligne
droite presque perpendiculaire à l'axe. D'après l'étendue de cette première
sinuosité, la grandeiu' de la variation correspondante fut d'environ 0,0026
( 475 )
de la composante horizontale totale. Mais après ce dérangement de peu
de durée, la courbe reprit sa marche ordinaire jusque vers 4 heures du
matin.
» A ce moment commence à se développer un nouvel orage magnétique
plus violent peut-être que celui du aç) août. La courbe n'est plus repré-
sentée que par une série de lignes presque perpendiculaires à l'axe et se
terminant brusquement aux heures où des secousses violentes portaient
instantanément le barreau dans une nouvelle position, ou même le lançaient
hors des limites du champ photographique ; la distance des points visibles
extrêmes de ces droites fragmentées correspond à o,oi4 de variation dans
l'intensité horizontale, mais rien n'indique que cette limite n'ait pas été
dépassée.
» Pour arriver à quelque conclusion certaine sur ce point, il faudrait
savoir si, dans le voisinage des limites extrêmes de son déplacement, l'ai-
guille, malgré son continuel état d'agitation, a, pendant quelques minutes au
moins, oscillé régulièrement autour d'une position moyenne à peu près fixe.
Les dimensions possibles des cylindres de l'appareil inscripteur ne se sont
pas trouvées assez grandes pour donner la réponse à cette question.
» D'après le R. P. Secchi, qui observait directement l'aiguille à Rome, la
vibration totale du bifilaire fut telle, que, réduite en parties de la force, elle
équivaudrait à une diminution dans la composante horizontale de o, 1 29 ou
presque de ^. Seulement nous n'avons encore aucun détail sur l'état de l'ai-
guille au moment où elle atteignit ses limites extrêmes.
» A l'heure où se manifestaient ces mouvements extraordinaires du
barreau du bifilaire, c'est-à-dire entre 7 et 8 heures du matin, l'aiguille
de déclinaison à Rome s'avança vers l'ouest de 2",5o au delà de sa position
moyenne, et rétrograda ensuite pendant quelques instants jusqu'à venir se
placera i°23', à l'est de cette même position. En un mot, une variation de
4°, 1 3 en déclinaison accompagna à Rome les grandes perturbations des com-
posantes horizontales et verticales de l'intensité.
» Vers cette même heure de 7''3o™, les oscillations de l'aiguille de décli»
naison à Livourue étaient si considérables, que le R. P. Monte, barnabite,
n'a pas donné, dans la Lettre qu'il nous a écrite, la valeur de la déclinaison à
cette époque de la journée; mais il nous indique qu'à 6^ 3o™ du matin la dé-
clinaison, qui allait en croissant, se trouvait de iS", 10, tandis qu'à6''3o™ du
soir elle n'était plus que de 1 4°, 18.
» Les observations de Livourne marquent aussi que dans la soirée du
63..
( 476 )
2 septembre l'inclinaison augmenta notablement; nous avons suivi un effer
de ce genre pendant toute la journée.
» L'époque des grandes perturbations du i septembre ayant presque
coïncidé avec celle du lever du soleil, l'aurore boréale aura échappé à la
plupart des observateurs. LeR. P. Secchi néanmoins ne doute aucunement
que ce météore n'ait eu lieu ; et, suivant lui, « les nuages observés au ciel
avaient l'aspect de ceux de l'aurore boréale lorsque ce phénomène se pré-
sente de jour. »
» Depuis cette époque les aiguilles ont repris graduellement leur marche
habituelle. L'intensité horizontale, qui avait d'abord éprouvé après les
grandes connnotions du 2 septembre une légère augmentation, est revenue à
s,a valeur normale dans la soirée du 1 3.
» Deuxfiùts pourtant méritent encore d'être remarqués.
» La courbe tracée le 24 septembre par le déclinomètre de l'appareil en-
registreur nous a présenté à 9'' 10" du soir une de ces chutes rapides qui ré- .
pondent à un changement presque instantané dans la valeur de l'élément
qu'on mesure. Or nous avons appris que le même jour, à la même heure,
une aurore boréale a été vue à Dijon.
» Enfin le 2 octobre, à 1 1 heures du soir, une aurore boréale a été obser-
vée à Madrid. Le même jour à Paris, entre g'^So™ et io''3o™ du soir, une
forte lueur rouge se développa au ciel entre le N.-O. et le N.-E., le siège
principal était dans la grande Ourse. I.,es courbes tracées dans notre pavillon
magnétique par le déclinomètre et le bifilaire indiquent très-nettement des
perturbations survenues entre 9 heures et 1 1 heures du soir et dans la direc-
tion et dans l'intensité de la force magnétique terrestre.
» L'ensemble des observations précédentes est de nature à montrer quels
sont les avantages que l'on peut retirer des procédés inscripteurs dans
l'étude du magnétisme terrestre. Lorsqu'une perturbation magnétique se
manifeste, la marche des courbes indique toujours, et d'une manière sûre,
la manière dont le phénomène débute ; elle montre dans quel sens com-
mencent à varier les différents éléments de la force totale. Or il est évident
que des observations directes, quoique faites à des intervalles rapprochés,,
d'heure en heure par exemple, ne peuvent donner aucun renseignement
certain sur cette partie importante du phénomène, puisque dans ces mo-
ments de trouble, en moins d'un quart d'heure, on voit, à une diminution
considérable dans l'intensité, succéder un accroissement tout aussi fort
dans le même élément.
( 477 )
» Enfin, le rapprochement des courbes obtenues en deux localités diffé-
rentes permet de comparer dans leurs moindres détails toutes les particula-
rités du phénomène survenues en ces deux localités.
" L'identité est souvent frappante même quand les points où les observa-
tions ont été faites sont à des distances considérables.
» Il nous suffira, pour l'établir, de reproduire ici les courbes obte-
nues aux déclinomètres de Paris et de Londres au moment d'une pertinba-
tion magnétique survenue le 25 juin dernier et qui se fit sentir à Lisbonne
au même instant (i). »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur quelques phénomènes électriques observés
pendant l'orage atmosphérique du 28 septembre; par MM. Characlt et
Descroix.
« Un des effets les plus curieux qui aient été observés pendant les jour-
nées du 29 août et du 2 septembre est, sans contredit, le développement de
courants électriques très-intenses dans tous les fils télégraphiques de France
et des pays voisins.
» Le 3o août, on nous mandait de Bruxelles que le câble sous-ma-
rin d'Ostende à Douvres était resté chargé de fluide pendant toute la
matinée du 29, et que le service s'était trouvé presque impossible sur
cette voie.
» Les observations faites sur les lignes françaises ont été exposées et dis-
cutées dans des articles spéciaux. Nous n'avons pas à revenir sur ces
points; mais nous rapprocherons des détails si importants que l'on trouve en
ces articles, le récit de phénomènes que MM, Charault et Descroix ont ob-
servés pendant l'orage atmosphérique du 28 septembre en faisant commu-
niquer avec un long fil aérien isolé, l'un des pôles d'un galvanomètre sensible
et dont l'autre pôle était à la terre.
» Au moment où l'orage s'approcha, on observa un courant continu
dirigé du fil à la terre. Tant que l'orage fut voisin, ce courant conserva
presque toujours le même sens, quelquefois seulement on observait des
inversions de peu de durée, dues sans doute au passage d'un nuage négatif
dans le voisinage du fil.
» Avant chaque éclair, le courant dirigé du fil à la terre allait crois-
sant rapidement; mais au moment du coup de foudre, l'aiguille était lancée
(1) Les courbes ont été mises sous les yeux de l'Académie.
( 478 )
violemment en sens inverse. Presque toujours alors les pôles étaient inter-
vertis.
)) Lorsque l'orage était très-proche, on vit plus d'une fois des étincelles
jaillir au moment des éclairs entre les diverses pièces de l'appareil galvano-
métrique.
» Quand l'orage s'écarta, le courant dans le galvanomètre s'établit de la
terre au fil ; et l'influence des éclairs, bien qu'allant en s' amoindrissant
rapidement, était encore sensible lorsque l'on comptait déjà vingt-deux se-
condes entre le moment où on les voyait briller, et celui où l'on entendait
le coup lointain qui leur correspondait, b
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations magnétiques faites au lycée de Livourne le
29 août 1 859. (Lettre du R. P. Pietro Monte, Barnabite, à M. Le Verrier.)
Déclinaison et
amplitude
des
oscillations.
Heure».
Déclinaison.
Amplitude.
Heures.
Déclinaison.
Amplitude.
matin 6
14» 4.3' 00"
0' 20' 00"
soir
ï
i4«42'3o"
o«:
25' 00"
6^
»
»
•i
4i .00
12.00
7
45.00
54.00
2
4i .oo
10.00
7t
35.30
i5.oo
2t
39 00
8.00
8
25.00
5o.oo
3
40. 3o
7.00
8i
26.30
27.00
3i
.39.30
6.00
9
34.00
32.00
4
29.00
5.00
9i
35.00
5o.oo
4i
3i.3o
12 00
10
43.00
46.00
5
3o.3o
6.00
107
53.00
18.00
5i
3i.3o
4.00
II
44- 00
12.00
6
3o.3o
2.00
1 i-j
43.00
4i .00
6i
12
42.00
20.00
7
\i\
40.00
26.00
1\
/ 34.30
/ I.OO
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[32.45
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ed
3o
TO
1
33. 3o
1
3o
MÉTÉOROLOGIE. — Observation de l'aurore boréale du i" octobre;
Lettre de M. A. Lapssedat.
« Yzeure, près Moulin» (Allier), le 1 octobre lâSy.
» J'ai été témoin hier soir, i" octobre, d'une aurore boréale qui a dû
être observée par un grand nombre de pei-sonnes qui ne manqueront pas
( 489 )
d'en entretenir l'Académie. J'ai l'honneur de vous adresser les notes que
■g'ai prises de mon côté, pendant tout le temps que j'ai pu suivre ce brillant
phénomène; vous jugerez si elles peuvent intéresser les météorologistes et
vous en ferez tel usage qu'il vous conviendra. I^eur seul mérite est d'avoir
été faites consciencieusement dans un lieu où je fais assez fréquemment des
observations astronomiques pendant les vacances et où je suis par consé-
quent assez bien installé et parfaitement orienté. J'ai regretté seulement de
n'avoir pas d'instruments magnétiques, pas même une simple aiguille ai-
mantée pour en observer les perturbations. Voici la copie presque textuelle
de mes notes :
Position géographique du lieu de l'observation.
Latitude 46° 34' o",
Longitude 1° o' 20" E.
» I*'' octobre iSSg. — La journée a été belle; il a fait très-chaud pour
l'époque de l'année; un peu de vent par intervalles; quelques nuages dans
l'après-midi.
» '7*' So" du soir. — Temps découvert; quelques cumulus à l'horizon
du côté du sud d'abord, puis à l'ouest, au zénith et au nord ; éclairs fré-
quents, d'abord au sud, puis à l'est.
» S** 10™. — L'horizon s'illumine et prend une teinte légèrement purpu-
rine du côté du nord. Cette teinte se renforce et s'affaiblit alternativement
à deux ou trois reprises. Le centre de l'illumination est évidemment situé
au-dessous de l'horizon et à l'ouest du méridien astronomique, très-prés
du méridien magnétique. Au commencement, la lueur est accompagnée du
reflet des éclairs qui se produisent presque exactement au point opposé de
l'horizon et semble en être la répercussion ; mais sa persistance, sa colora-
tion et l'apparition de plusieurs aigrettes rayonnantes ne laissent plus de
doute sur la nature du phénomène.
» 8'' 25""; — La lueur s'affaiblit considérablement. Pendant ce premier
intervalle de temps on a vu une seule aigrette à la fois, mais dans trois ré-
gions différentes, d'abord à l'est du méridien magnétique, puis dans le plan
de ce méridien, puis un peu plus à l'ouest. La largeur apparente de l'ai-
grette est de \ de degré environ ; elle part de l'horizon et s'élève à iS degrés
à peu près, plutôt plus que moins; son éclat et sa largeur vont en dimi-
nuant de la base au sommet, quoique d'une manière peu sensible. ■•.
» S*" 3o™. — La lueur reprend de l'intensité; la zone illuminée a une
amplitude de 100 à 120 degrés dans le sens de l'horizon, et au milieu elle
( 48o )
s'élève à 20 degrés au moins; l'aigrette apparaît 4 ou 5 minutes après. Au
moment où la lueur s'affaiblit^ elle est blanche, de même dimension que
les précédentes et partant d'un point de l'horizon qui est voisin du méridien
magnétique, elle arrive jusque entre les étoiles de la Couronne boréale et
celles de la queue de la petite Ourse, vers ^ du Bouvier à peu près.
» 9 heures. . — L'horizon s'illumine assez vivement et se colore, puis re-
devient sombre sans qu'il se forme d'aigrette.
" g*" 20™. — Illumination très-vive; on dirait un vaste incendie à l'ho-
rizon; la zone d'illumination est plus étendue que précédemment; les
étoiles qui s'y trouvent contetiues perdent leur éclat comme à l'aurore ou
au crépuscule solaires ; plusieurs étoiles fdantes traversent la zone; éclairs
nombreux remorftant de l'est au nord ; aigrette brillante blanche, un peu
rosée, partant du méridien magnétique (point de l'horizon) et s'élançant
jusqu'entre s et Ç de la grande Ourse.
» g^ 4o'°- — Toute coloration cesse, mais il y a encore une légère illumi-
nation; nombreux stratus au nord-est et au nord-ouest; toujours des
éclairs.
» g^ 54*"- — Étoile filante dans la constellation d'Hercule, près de celle
de la Couronne boréale.
» 10 heures. — Étoile filante entre ^ et z de la grande Ourse.
)) lo*" 45". — L'horizon, resté assez obscur (mais non couvert) depuis
plus d'une heure, semble s'éclaircir ; les nuages légers que j'ai signalés plus
haut disparaissent peu à peu; le ciel est magnifique, plus d'éclairs; l'atmo-
sphère est d'un calme parfait; les étoiles scintillent fortement.
M 1 1*" 3o™. — La lueur aperçue il y a trois quarts d'heure s'est presque
éteinte.
» 2 octobre. — Minuit exactement à ma montre, qui a été réglée dans
la journée de la veille sur le temps moyen. — Des rayons blancs de i à
a degrés de largeur s'épanouissent tout à coup du centre d'illumination
situé, comme je l'ai déjà dit, au-dessous de l'horizon. J'en compte cinq à la
fois à peu près ainsi disposés. La zone d'illumination embrasse près de
i5o degrés; elle enveloppe presque la grande Ourse, la tète du Dragon,
effleure la Lyre; la teinte pourpre de cette zone n'est pas uniforme;
elle a une intensité telle, dans cerlains endroits, que l'on croirait voir
des nuages roses flotter dans une atmosphère lumineuse, comme cela
arrive quelquefois au coucher du soleil. La coloration est d'ailleurs in-
termittente, ainsi que la lumière. Le phénomène semble avoir atteint son
maximum d'éclat.
(48. )
» Minuit 7". — Cet éclat s'affaiblit très-rapidement; les rayons ou ai-
grettes reparaissent, mais moins intenses et pas tous à la fois; la teinte rouge
se renforce vers minuit lo" pour un instant, puis tout disparaît.
» Minuit lo"". — L'horizon boréal a repris la teinte qu'il avait avant mi-
nuit Il n'y a plus qu'une lueur assez faible pour qu'on ne la remarquât pas
dans un autre moment.
» 1 heure du matin. — L'horizon semble avoir repris sa teinte ordinaire;
la lueur n'est pour ainsi dire qu'un souvenir, et je pense que le phénomène
ne se reproduira plus.
*
Remarques générales.
» Les aigrettes ne m'ont pas paru partir toujours exaetement du même
centre, mais il peut y avoir là une erreur de perpective.
» Les évaluations en degrés qui sont données dans ces notes ne sont
qu'approximatives, mais cependant pas arbitraires. Je me suis servi de re-
pères qui me sont familiers à l'horizon pour l'amplitude de l'illumination,
et j'ai pris des mesures de jour entre ces repères au moyen d'un cercle divisé.
Pour les hauteurs, je me suis référé aux étoiles brillantes des constellations
boréales, et j'ai fait les évaluations sur une carte céleste. »
<' A l'occasion des communications dont vient de rendre compte M. le
Secrétaire perpétuel, M. Chasles fait connaître à l'Académie les notes sui-
vantes extraites d'une Lettré de notre confrère M. Bienaymé, qui a vu la
même aurore boréale dans le département du Loiret (au Bois-des-Fossés,
arrondissement de Montargis), dans la nuit de samedi à dimanche (i-a oc-
tobre).
» A 8 heures petite aurore boréale;
)) A minuit passé elle subsistait; crépuscule bien décidé; puis des lueurs
rougeâtres peu élevées, tantôt à une place, tantôt à une autre, comme à
8 heures, au-dessous de la grande Ourse.
» La lumière des étoiles était affaiblie par les rougeurs et reparaissait
après.
« J'ai vu de plus belles aurores boréales, ajoute >L Bienaymé, et surtout
de plus hautes, mais rarement d'aussi longue durée*
» Il faisait très-chaud, malgré un vent violent; 17 degrés centigrades. »
C. R., iSâg, 7"'' Semestre. (T. XLIX, N" 14.)
64
(482 )
ASTRONOMiii. — Observation des taches du soleil, de la lumière zodiacale:
aurore boréale du i" octobre; Lettre de M. H. Goldsciimidt.
« J'ai 1 honneur de vous informer que les recherches que j'ai faites dans
le dernier temps sur les taches du soleil, m'ont fait voir leur rotation, dé-
placement, etc. Ces faits appartiennent déjà à la science; mais je ne trouve
aucun fait qui donne quelques détails positifs à ce sujet. L'illustre savant
de Rome, le R. P. Secchi , affirme dans les Nouvelles astronomiques du
i6 septembre dernier, la rotation de l'est à l'ouest par le sud sur l'hémi-
sphère boréal; j'ai trouvé le mouvement en direction inverse, ou de l'est
à l'ouest par le nord sur l'hémisphère boréal, sans pouvoir dire pour le
moment s'il n'y en a pas qui tournent dans la direction indiquée par le
P. Secchi. J'aurai l'honneur de doiuier prochainement tous les détails à
ce sujet, et je me borne pour aujourd'hui à indiquer la valeur considérable
<lu déplacement de i4, 20, 3o, 33 degréspar jour entre des centres de mou-
vements, etc.
Lumière zodiacale. —Le i5 septembre, à 4''45'" du matin, j'ai pu obser-
ver ce phénomène. Le sommet du cône allait jusque vers Saturne, ce qui
donne une distance de 45 degrés du soleil. A partir du sommet, j'ai pti
encore distinguer un faisceau lumineux très-faible, s'étendant encore de
i5 degrés plus loin; il m'a semblé voir la branche boréale d'un second
anneau zodiacal. Ce matin 3 octobre, j'ai encore pu voir la lumière zodia-
cale, dont le sommet était bien visible jusque vers a du Lion ; la limite
boréale passait par ç et j3 du Lion et s de la Vierge, ce qui donne la latitude
de la moitié de la base de 16 degrés environ.
» L'aurore boréale que j'ai observée samedi soir 1*' octobre, était assez
belle, et je me propose d'en envoyer à l'Académie la description pour la
prochaine séance. »
ASTROINOMIE. — Découverte d\me nouvelle plnnèle @ Jaitc à l'obseivatoire de
Bilk le aa septembre par M. Robert Luther; extrait d'une Lettre à M. Élie
de Beau mont.
« J'ai l'honneur de vous annoncer, en vous priant d'en faire part à l'Insti-
tut impérial de France, une nouvelle découverte planétaire faite par moi à
cet observatoire le 22 septembre, à S*" 3o™.
( 4«3 )
» Voici deux observations de cette planète, qui est de la lo'' gran-
deur (67).
1859. T. m. (lo Bilk
Sept. 22 g^ 6'" 49', o
22 I o'' 28°' 22»,6
Mouvement diurne
Ascension droite
en temps.
o''5"' i5%3i
39S4
ISomliro
Déclinaison boréale. de conipai-,
4- 8° l2'48",o 12
-+- 80 12' iY'4 6
-9'
Par une deuxième Lettre, en date du 39 septembre, M. Robert Luther
annonce que la plabète @, découverte par lui le 22 septembre, a reçu
le nom de Mnémosyne.
a Voici deux observations faites à Berlin :
i85g.
T. m. de Berlin.
Ascension droite en temps.
Déclinaison.
Sept. 2.5
i3''52"'36S7
o''3"'ll%8l
4- 7<'43'5i",5
26
,,h 5m^,»^6
8''2"37»,i5
+ ,<>35'42",5
ASTRONOMIE. — Observations de Mnémosyne (57) faites à l'équatoriat de la tour
de l'ouest, à l'Observatoire impérial de Paris. (Communiquées par M. Le
Verrier)
Dates.
1859. Gel. 2
3
3
4
4
T. M. de Paris.
X@
D.P.N. (57)
Etoiles Nombre des compar
de
compar. en cTo-
a
h m s 11 m s ^ t it
10. 6.26,8 23.58.44>'9 83.20.13,7 " 7
8.43. 2,2 58. 8,43 83.29 t4, 3 ^ 6
10. o.5o,3 58. 6,99 83.29,44>o h 5
9.46.12,0 57.29,47 83.39. 9'' ' ^
il. 50.57, 2 57.26,57 83.40. 0,6 <■• 5
en D. V.
5
6
5
5
5 .
Observateurs
Lépissier.
Lépissier.
Folain.
Lépissier.
Folain .
Observations méridiennes de l'étoile de comparaison.
Grandeur.
9=
g-io"
' r
23 .'54 "48 ,"42
23.54.43)90
23.47.59,30
D.P.N.
83.20. 16,2
83.25.22,5
83.41.28,6
Anonyme.
Anonyme.
Anonyme.
64.
( 484 )
ASTRONOMIE. — Observations de la comète de Tempel, faites à l'équalorial
de ta tour de louest, à V Observatoire impérial de Paris ; par M. Yvox
ViLL ARCEAU.
Mai
T. m. de Paris.
Ascension droite.
Etoiles
Distance polaire nord. de
conipar.
Nombre
des Observateurs.
corn par.
26
b m s
9.16. 3,1
m s
A^-i 36,20H-(T,8io):A
N^+4'24"3-(o,347):A
a
5
Lépissier.
28
9 36 35,6
A^-3.i6,63+(T,786):A
N^-h3,44,4-(o,527):A
b
5
Lépissier.
29
9 42- 9.0
A^-4- 3,47+(f,772):A
N^-i.ifi,7-(o,580:A
c
5
"ïvon Villarceau.
2
10.35.53,3
6''i5.28,944-(T,7ii):A
45° 6. 4,5-(o,75o):a
d
7
Yvon Villarceau.
6
9. 9-37,0
A^— 2. 0, 56-1- (T, 680): A
N^-t-2.54,4-(o,7ii):A
e
5
Lépissier.
'7
9 ia.10,1
A^-2.43,78h-(t,67o):A
N^-i.43,7-(o,73.):a
f
6
ïvon Villarceau.
7
10. 0.1 1 ,8
,5»'59.54,74-t-(T,655):A
53'>5i.57,6-;o,784):A
S
6
Isniaïl EfTendi.
8
10. a6. 3,4
5.56. 58,25-1- (T,623): A
55.35.j5,i-(o,8i8)rA
h
6
Yvon Villarceau.
9
9. 0 36 ,0
5.54.i8.o6-h(t,653):A
57. 9.32,g-(o,7^9):A
i
6
Yvon Villarceau.
9
9 48.40,0
5.54.i2,29-i-(T,636):A
57.13.49,6— (o,796);A
i
6
Ismaïl Effendi.
N. B. Aj<. et N^ désignent ici les ascensions droites et distances polaires
nord moj'ennes au i" janvier iSSg.
Positions moyennes des étoiles de comparaison le i" janvier iSSg.
Étoiles. Grandeur. Ascensions droites. Distances au pôle nord. N<" du catalogue.
a
»
h m s
6.43. 3
0 / »
33.56. .
Anonyme.
b
»
6.34.46
37.42 »
Anonyme.
c
7-8'
6.3o 54
39.34 »
Anonyme.
d
7-8-
6.16.25,76
45. 6.49,4
i2i79Lal.
e
tt
6. 4.37
52, 5 •
Anonyme.
f
7-8-=
6. 2.45
53. 5i »
Anonyme.
S
6»
5. 58. 25, 06
53.55.22,3
11528 Lai.
h
r
5.54.40,47
55.37.37,2
r i4o8 Lai.
i
e-r
5.53.17,18
57.13.56,4
ii36i Lai.
M. Spiegler prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission à l'examen de laquelle a été renvoyée sa Note « sur un moyen de
calculer rapidement le logarithme d'un nombre quelconque «.
(Commissaires précédemment nommés, MM. Mathieu, Delaunay,
Bertrand.)
La séance est levée à 5 heures trois quarts.
É. D. B.
( 485 )
BULLETIN BIBLIOURAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 26 septembre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Note sur les fossiles recueillis par M. Pouech dans le terrain tertiaire du dé-
partement de l'Àriége; parM.. d'Archiac; br, in-S".
Note sur le genre Otostoma; par le même ; br. in-S".
Note sur la troisième édition de Siluria ; par le même ; br. in-8°.
Etude biographique sur L. Géraid, botaniste; par M. Octave Teissier.
Toulon, 1859; br. in-8".
Sur la réunion des fibres nerveuses sensibles avec les fibres motrices; par
M. G. Gluge et M. A. Thiernesse; br. in-8".
Relation historique et médicale de l'épidémie cholérique qui a régné à Mar-
seille pendant f année i854; parle D' SlRUS-PlRONDl. Paris, 1869; ^^- '"-8°.
Sur le Seguvia; parM. Aristide DuPUlS; -j feuille in-8°.
Notice sur un nouveau système de Tables de Logarithmes à cinq décimales;
par A. Bouché. Angers, iSSg; br. in-8°, accompagnée d'une table photo-
graphiée, in-folio.
Dictionnaire français illustre et Encyclopédie universelle, 84* livr. ; in-4''.
Travaux du Conseil d hygiène publique et de salubrité du département de la
Gironde, depuis le i6juin \ 8 5-] jusqu'au i6juin 1859 , t. V. Bordeaux, 1869;
in-8^
De interiori sermonis organo comentarius elucubrabat Aloysus Profumo.
Parisiis, 1859; ^^- i"-8"-
Denkschriften. . . Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Vienne^
Sciences physiques et mathématiques, t. XV et XVI, i858 et 1869; in-4°.
Sitzungsberichte. . . Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences
de Fienne; décembre 1857; année i858, n°' 16-29, et année 1869, n"' i à 9;
in-8^
Neue Untersuchungen... Nouvelles recherches sur la structure intime des
centres nerveux; par M. Lenhossek, i" partie. Vienne, i858; in-8°.
(■486)
Anleitimg. . . Obserualions sur les observations magnétiques ; par M. RiŒiLL,
directeur de l'observatoire central de météorologie et de magnétisme ter-
restre; 2* édition. Vienne, i858; in-8°.
Smitlisoiiian contribution to knowledge ,- vol. X, i858; in-4°.
Anniial report. . . Rapport annuel des régents de l'Institution Smitlisonienne :
opérations, dépenses et état de l'Institution pour l'année 1857. Washington,
i858; in-8°.
Reports... Rapport sur les ea:plorations entreprises pour déterminer le tracé
le plus convenable pour un chemin de fer entre le Mississipi et t océan Pacifique.
Vol. IX, partie 2; rapport sur la zoologie des lieux parcourus par l'expédi-
tion; a* partie : Oiseaux, par M. Spencer Baird, i858; i vol. 10-4° (adressé
par le Ministre de la Guerre); — 4* partie, Poissons, par M. Ch. Girard
(adressé par l'auteur); i vol. in-4".
A List... Liste des Poissons recueillis en Californie; par M. Samuels, avec
description des nouvelles espèces, par M. Ch. Girard; br. in-8°.
Journal... Journal de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie;
nouvelle série ; vol. IV, partie 1", i858;in-4°.
Observations... Observations sur le genre \]nio', par M. J. Lea, président
de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie; in-4''.
Procedings . . . Procès-verbaux de l'Académie des Sciences naturelles de Phi-
ladelphie, juin à décembre i858; in-8°, avec des tirages à part de plusieurs
des Mémoires contenus dans ces livraisons.
Defence. . . Défense du docteur Gould par les membres du conseil scientifique
fie r Observatoire Dudley ; 3^ édition. Albany, i858;in-8°.
Reply... Réponse de M. B.-A. Gould, à l'exposé des curateurs de l Obser-
vatoire Dudley. Albany, iSôg; in-8°.
Researches. . . Recherches sur la pathologie primaire et l'origine et les lois des
épidémies; par M. L. Knapp. Phdadelphie, i858; a vol. in-8°.
Stona. . . Histoire d'un cas de trépan exécuté pour une douleur fixe au verlex ,
pur M. T. RlBOlXl ; br. in-8°.
Nuovi . . . Nouvelles études anthropologiques , par le même : in-8°.
Pronco. . . Rroncho-pulnjonie puerpérale, etc. ; par le même ; br. in-S".
( 487 )
Congresso d'Auxerre... Congrès scientifique d' À uxerre : coup d'œil sur les'
travaux de In section de médecine et de chirurgie; par le même; br. in-8°.
L'élogio . . . Eloge de l'Agriculture; par M. le D'' V. Fusco ; in-32.
Abbozo... Esquisse d'une nouvelle théorie sur tes fonctions des parties du
cerveau; par M. L. Maschi, de Parme. Turin, iSSy; in-S".
L'Académie a reçu dans la séance du 3 octobre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Rapport fait à la Société impériale et centrale d'agriculture sur un Mémoire
de M. Lagrèze-Fossat, ayant pour objet le parasitisme des Rhinanthacées sur les
racines du froment ; par M. C. MONTAGNE; ^ feuille in-8°.
Mémoire sur te mouvement du centre de gravité d'un corps solide lancé vers
la terre, entre les centres de la lune et de la terre supposés fixes immédiatement
après [impulsion; par Jean Plana. Turin, iSSg; in-4*'.
Etudes comparées sur la culture des céréales, des plantes fourragères et des
plantes industrielles, résumé des leçons faites à la Faculté des Sciences de Caen,
pendant l'année scolaire iBSS'iSSg; par J. Isidore Pierue Paris, iBSg;
in-ia.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i 844j publiée par les ordres de M. le
Ministre de l' Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; t. XXXll.
Paris, 1859; in-4'*.
antiquités antédiluviennes. Réponse à MM. les antiquaires et géologues pré-
sents aux assises archéologiques de Laon; par M. BOUCHEU de Perthes. Amiens,
1859; br. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Isid. Geoffroy-Saint-
Hilaire.)
Riographie de M. Cartier [Nicolas- Guillaume), ancien mécanicien, construc-
teur de moulins à blé à Paris; par M. Armengaud aîné; i feuille in-S".
Rulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la rédac-
tion duB' Renard, année i858; n" 4; année 1859, n" i ; 2 liv. in-S",
( 488 )
Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie, t. V de
la 2* séné; in-8°. (Présenté au nom du président de la Société par
M. Flourens.)
Exposé des travaux de la Société des Sciences médicales du département de
la Moselle, i858. Metz, 1809; in-S".
Becueil des publications de la Société Havraise d'études diverses de la 24* et
de la tS' année. i857-i858. Havre, 1859; in-8".
Annales academici, i854-i855. Lugduni-Batavorum, 1859; in-4°- i^""
nales des Universités Néerlandaises et des Athénées d' Amsterdam et de Deventer.)
Charts... 'j'5 Cartes marines nouvelles et 3 Cartes corrigées, publiées dans le
cours de l'année i858 par le Bureau hydrographique et envoyées au nom des
Lords Commissaires de i Amirauté; accompagnées de 18 volumes et brochures
d'instructions nautiques, pilotes, phares, etc.
The nautical... Almanach nautique et éphémérides astronomiques pour
[année 1 863 , publié par l'ordre des Lords Commissaires de l'Amirauté. Londres,
1859; in-8''.
Observation... Observation faite, dans différentes localités, de produits de
l'art humain au milieu d'os d'animaux d'espèces perdues; par M. Babbage;
br. in-8°.
The simplicity... Nouvelle théorie du système solaire; par M. W. Adolph.
Londres, iSSg; in-12.
Crania selecta ex thesauris anthropologicis Academiœ imperialis Petropolitanœ
iconibus et descriplionibus illustravit C. E. DE Baer. Petropoli, 1859;
br. in-4°.
Uber. . . Sur les Papous et les Alfourous : Développement de deux des sections
comprises dans le précédent Mémoire; par le même. Saint-Pétersbourg, 1859;
br. 10-4".
COMPTE RENDU
DES SÉATnCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 OCTOBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. CHASLES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
« M. Le Verrier, à la suite de la lecture du procès-verbal de la dernière
séance, fait remarquer que deux articles sur la physique du globe, insérés
aux pages 47^ et 477 des Comptes rendus, ne constituent réellement qu'un
seul et même article, lu par M. Le Verrier. Ainsi coupée, sa communication
devient, sur plus d'un point, et notamment dans la seconde partie, peu
claire et même incomplète. Il demande donc que les lecteurs des Comptes
rendus veuillent bien considérer les deux articles ci-dessus désignés comme
n'en faisant qu'un, ainsi que cela avait lieu dans le manuscrit remis pour
l'impression, et portant pour titre :
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observatoire impérial de Paris. — Perturbations
magnétiques observées les 29 août et 1 septembre par MM. Charault et
[ Desains, et phénomènes électriques observés pendant Vorage atmosphérique
du 28 septembre par MM. Charault et Descroix; communiqués par
M. Le Verrier.
» Pareillement l'article astronomie, inséré à. la page 484» au Heu du
titre : Observations de la comète de Tempel par M. Yvon Villarceau,
doit, conformément au manuscrit remis pour l'impression, recevoir le
G. R., iSJg, 2">« Semestre. (T. XUX, «<> 18.) 65
( 490 )
titre : Observations de ta comète de Tempel ; communiquées par M. Le
Verrier. Il s'y trouve des déterminations dues à trois astronomes diffé-
rents. )'
« M. Eue de Beacmont fait observer qu'en effaçant les mois communiqué
par M. Le Verrier, écrits en tète des articles précités, il n'a fait que se
conformer à une décision de l'Académie. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Aurore boréale; Note de M. Duperret.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie la Lettre suivante qui
m'a été adressée de la Guadeloupe, sous la date du 12 septembre dernier,
par M. Mercier, président du tribunal de la Basse-Terre, chef-lieu de cette
colonie.
Latitude 16° N,, longitude 64°5', ou 4*" iS" à l'O. de Paris.
« Monsieur,
» Je n'ai pas oublié les instructifs entretiens que vous vouliez bien m'ac-
» corder à l'époque déjà éloignée où j'habitais Paris, et j'ai souvent sous les
M yeux le document précieux que j'en ai rapporté : la carte qui résume vos
» travaux sur le magnétisme terrestre.
» Permettez que, m'autorisant de ces souvenirs, je vous dise quelques
» mots de l'aurore boréale qui a éclairé la Guadeloupe dans la nuit du
» 1*"^ au 2 septembre de cette année.
» Ma surprise a été grande, je l'avoue, de voir pour nos latitudes un
» phénomène des régions polaires. Ce n'était pas le bord supérieur seule-
» ment de l'aurore, mais bien l'aurore dans toute sa plénitude. Sa clarté
» rougeâtre se projetait dans l'intérieur des appartements. La population
» fut vivement émue de ce spectacle tout nouveau pour elle. Au centre de
)) ce vaste embrasement se distinguaient comme deux rayons de lumière
r blanchâtre qui s'élevaient parallèlement en passant un peu à gauche de
» l'étoile polaire, direction qui ne diffère, je pense, que de quelques de-
» grés de celle de notre méridien magnétique.
» Je n'ai observé cette magnifique aurore qu'à partir de 3 heures du
» matin, alors qu'elle était dans tout son éclat, mais il paraît qu'elle s'était
» annoncée dès i''3o'". Je l'ai vue finir, ou plutôt s'effacer aux approches
« du soleil. B
» J'ajouterai à cette intéressante communication les remarques sui-
vantes :
( 490 .
» L'aurore boréale dont il s'agit n'a pas été vue à Paris par la raison que
la Guadeloupe étant à 4'' iS" de longitude à l'ouest de notre méridien, nous
comptions respectivement 5''46'" et 7'' iG" du matin aux deux indications
horaires signalées par M. Mercier ; qu'en conséquence, et de ce que le
soleil se lève à Paris, le 1 septembre, à b^ 19™, nous étions en plein
jour lorsque l'aurore boréale, si brillante pendant la nuit à la Guade-
loupe, planait sur notre horizon. Mais, si nous avons été privés de la vue
de ce magnifique phénomène, les perturbations qu'il a occasionnées sur
toutes nos lignes télégraphiques dans la matinée du 1 septembre, n'en accu-
sent pas moins sa large extension sur toute la surface de la France et pro-
bablement aussi de l'Europe entière. En effet, dans une première Lettre
adressée à l'Académie des Sciences (i), M. Bergon, après avoir parlé de
l'influence exercée par l'aurore boréale de la nuit du 28 au ag août der-
nier, sur les lignes télégraphiques, termine en disant que le 2 septembre les
mêmes phénomènes se produisaient depuis 4 heures du matin et qu'ils
étaient encore très-intenses à 8 heures. Remarquons que ces deux indi-
cations sont respectivement minuit et 3''44'"di' matin à la Guadeloupe.
» Dans une seconde Lettre (2), M. Bergon s'exprime ainsi :
o Le 2 septembre, à 4*" So" du matin, les sonneries se sont ébranlées :
» d'abord celles de Bordeaux, Toulouse, Marseille, Londres et Bruxelles, et
» ensuite, à quelques minutes d'intervalle, celles de Bâle, Strasbourg, le
» Havre et Brest, etc. »
» Et plus loin il ajoute :
a Vers 7 heures du matin on a vu de vives étincelles sur les paraton-
» nerres des lignes de Bordeaux et de Toulouse, etc. «
» Enfin, il signale durant cette même journée deux effets maxima bien
caractérisés, l'un à 7 heures du matin, l'autre à 12'' So™, qui paraissent
avoir eu lieu en même temps sur toutes les lignes. Nous retrouvons encore
dans ces diverses citations l'instant de 7 heures, qui répond à la Guade-
loupe à 3 heures, moment où M. Mercier a vu l'aurore boréale dans toute
sa plénitude.
» La Lettre que le R. P. Secchi vient d'adresser de Rome à notre confrère
M. Le Verrier (3), confirme parfaitement ce qui précède, puisque les plus
(1) Comptes rendus de l'académie des Sciences, 2 septembre iSSg, p. 366.
(2) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 2 septembre iSSg, p. 366.
(3) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 3 octobre iSSg, p. 458.
65..
(490
grandes perturbations observées sur les magnétomètres au Collège Romain
ont eu lieu le a septembre entre 7''jo" et S"" 46" du matin, ce qui, eu
égard à la différence en longitude entre la Guadeloupe et Rome, qui est de
4'' 57"", nous fait encore retomber, en moyenne, sur 3 heures, c'est-à-dire
sur l'instant précis où le phénomène perturbateur s'est présenté avec un
si grand éclat aux yeux étonnés des habitants de notre colonie. »
PHYSIOLOGIE. — Nouvelles expériences sur les animaux pseudo -ressuscitants ;
par M. F. -A. Podchet.
« Le phénomène de la reviviscence de certains animaux microscopiques,
qui a été considéré comme si extraordinaire, doit rentrer dans le cadre de
la physiologie normale. Il est actuellement bien connu qu'un grand nom-
bre d'animaux d'un type plus élevé, et en particulier certains Mollusques,
peuvent rester plusieurs années contractés, immobiles, et ayant tout à fait
les apparences de la mort L'humidité les ranime.
» Des animaux secs et absolument momifiés ne peuvent être ressuscites par
i hjdratalion . Les traditions rationnelles, l'observation et l'expérience se
réunissent pour le démontrer.
» Nos expériences sur ce sujet ont été faites avec du terreau très-abon-
dant en Rotifères, en Tardigrades et en Anguillules réviviscibles, et elles
nous ont convaincu que jamais, quand ces animaux sont réellement secs, on
ne peut les ranimer. Une expérience aussi simple que facile à exécuter le
démontre immédiatement.
» Les Rotifères et les Tardigrades peuvent se conserver plusieurs années
sans se dessécher, dans du terreau, à cause de sa grande hygroscopicité ;
mais si l'on parvient à les isoler de celui-ci, leur dessiccation et la mort
qui s'ensuit sont rapides.
» Si, à l'aide d'un tamis de soie, on étale une couche excessivement mince
de terreau à la surface d'une lame de verre, et si ses grains sont tellement
rares, qu'ils se trouvent généralement à distance, en exposant cette lame de
verre au soleil, en été, où elle subit souvent une température de 5o à 55 de-
grés, après six semaines, les Rotifères, les Tardigrades et les Anguillules sont
profondément secs et absolument morts. Une hydratation de quatre jours
n'en ranime aucun. Cette expérience, si élémentaire, si simple, et que j'ai
répétée nombre de fois, ne suffirait-elle pas à elle seule pour renverser tout
ce qu'on a écrit sur la résurrection des animalcules ?
» Si l'on expérimente sur des Rotifères et des Tardigrades vivants, et non
( 493 )
sur des animalcules contractés, la pseudo-résurrection perd encore de son
extension. Des Rotifères, des Tardigrades et des Anguillules, desséchés avec
la plus grande lenteur entre des verres de montre, avec du sable ou à nu, et
exposés à l'ombre à une température moyenne de aS degrés, n'ont jamais
vécu vingt jours durant aucune de nos expériences. Pour la plupart ils
meurent avant le douzième. H y a loin de là à la prétendue immortalité
dont on avait doté ces animalcules.
)) Ceux-ci ont cependant une beaucoup plus robuste résistance vitale
qu'on ne le suppose généralement. 5o centigrammes de terreau rempli
d'animalcules ressuscitants furent plongés dans un mélange frigorifique et
y subirent pendant une heure une température de 20 degrés au-dessous de
zéro. En sortant de ce mélange, on les jeta subitement sur la boule d'un
thermomètre marquant 80 degrés dans une étuve, et on les y laissa. L'étuve
dans laquelle celui-ci était placé fut fermée, et la poussière y fut maintenue
durant quinze minutes. Après cette seconde épreuve, le terreau fut immé-
diatement plongé dans de l'eau, et bientôt tous les animalcules s'y rani-
mèrent.
» En voyant ainsi ces animalcules brusquement franchir 100 degrés de
température, et en les trouvant tous parfaitement vivants dans l'eau avec
laquelle on les met subitement en contact, que doit-on penser des précau-
tions infinies que les partisans des résurrections réclament pour leurs expé-
riences?
» Dans plusieurs expériences, en employant du terreau rempli d'animal-
cules réviviscibles, c'est-à-dire imparfaitement desséchés, et en le plongeant
dans une étuve dont la température dépassait de beaucoup le maximum
auquel les savants ont fixé la coagulation de l'albumine hydratée, j'ai
toujours vu les Tardigrades et les Rotifères s'y ranimer tant que je n'at-
teignais pas le degré où ils se dessèchent réellement. Du terreau conservé
à l'ombre ayant été déposé sur la boule d'un thermomètre marquant
78 degrés dans une étuve, et l'ayant laissé là pendant une demi-heure,
après ce temps ce terreau possédait encore tous ses animaux parfaitement
vivants. Cependant ils ont supporté durant plus de temps qu'un œuf ne
met à cuire, une température qui dépasse de a8, ou au moins de 18 de-
grés, le terme assigné pour la coagulation de l'albumine. En présence d'un
fait si tranché, si fondamental, que devient la théorie à l'aide de laquelle
on a essayé d'expliquer comment les Tardigrades et les Rotifères pouvaient
supporter des températures élevées ?
» Dans de nouvelles expériences, j'ai voulu aussi m'assurer quelle était
( ''194 )
positivement la résistance des animaux pseudo-ressuscitants à ces mêmes
températures élevées. Mes expériences sur ce sujet ont été aussi nombreuses
que variées, et, pour éviter toute objection, je me suis conformé à tous les
procédés qui ont été indiqués, même ceux qui, tels que le vide sec de la
machine pneumatique, me paraissent moins précis que d'autres (i).
» Dans mes expériences sur ce sujet j'emploie l'étuve sèche ou le bain-
marie. Je chauffe lentement l'appareil jusqu'à ce qu'il ait atteint 5o degrés.
A compter de ce point, je n'élève la température que de 5 degrés par
heure. Ainsi l'appareil n'atteint loo degrés qu'après dix heures de soins :
alors je maintiens cette température une demi-heure. C'est en prenant de
telles précautions que je suis arrivé à préciser le maximum de chaleur que
peuvent supporter les animalcules. Aucun de ceux-ci ne résiste à loo de-
grés. J'ai toujours vu que les Rotifères, qui sont les plus vivaces des ani-
malcules pseudo-ressuscitants, périssent constamment vers 85 à 90 degrés
centigrades ; les Tardigrades, qui résistent moins qu'eux, meurent tous à
la température de 80 à 85 degrés ; enfin les Anguillules vers 75 degrés.
» En présence de telles expériences, fréquemment répétées au Muséum
de Rouen, comment est-il possible d'admettre avec certains expérimenta-
teurs que les animaux réviviscibles peuvent résister à des températures de
120 et même de i5o degrés? »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Delesse adresse les travaux qu'il a publiés concernant la question
du métamorphisme des roches, et prie l'Académie de vouloir bien les ad-
mettre comme pièces de concours pour le prix Rordin.
(Renvoi à la future Commission.)
ASTRONOMIE. — Sur la valeur relative des divers modes de pointé avec le
théodolite, et sur les équations personnelles; par M. Emm. Liais.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Laugier, Faye, Delaunay.)
ce II existe deux procédés pour le pointé azirautal des astres avec le théo-
dolite. On peut, laissant libre le cercle de hauteur, caler l'instrument en
(i) Les animalcules sont restés jusqu'à quinze jours dans le vide, et l'hydratation a été
prolongée trois et quatre jours.
( 495 )
azimut dans le voisinage de l'étoile, et attendre que cette dernière, en vertu
de son mouvement apparent, vienne se placer sous le fil de l'instrument.
L'observation se réduit alors à apprécier l'instant de ce passage derrière le
fil comme avec l'instrument des passages. Le second procérié consiste à
amener, au moyen de la vis de rappel, le fil de la lunette à bissecter l'étoile
et à noter l'instant de cette bissection. Cette deuxième partie de l'opération,
c'est-à-dire l'appréciation de l'instant de la bissection, est plus difficile dans
le cas de ce second procédé que dans lé premier, et comporterait des erreurs
très-notables si l'observateur ne s'arrangeait de façon à opérer la bissection
a la fin d'une seconde entière.
» On sait que dans l'emploi combiné des sens de la vue et de l'ouïe pour
l'appréciation, au moyen des battements d'une horloge, de l'instant phy-
sique d'un phénomène perçu par l'œil, il se produit des erreurs très-notables
appelées équations personnelles, et qui consistent en ce que deux observa-
teurs, dont pour chacun les observations consécutives s'accordent entre
elles avec une précision de généralement — de seconde de temps, jugent
d'une manière très-diverse l'instant d'un même phénomène. Les diffé-
rences d'appréciation entre deux observateurs habiles peuvent atteindre-
et même dépasser une seconde entière. Ce genre d'erreur affecte complète-
ment le premier procédé de pointé que nous venons d'indiquer. Le second
moyen en est-il exempt? Au premier abord, il semble que oui. En effet, il
est facile de vérifier, à l'aide d'une horloge qui avance sur une autre de
i seconde en loo secondes, qu'il arrive toutes les loo secondes un batte-
ment qui se confond pour nous avec celui de la première horloge. Le bat-
tement précédent et le battement suivant sont distincts. Cette expérience
nous apprend qu'une différence de j^ de seconde de temps entre deux
bruits semblables suffit pour les faire distinguer. Or il est parfaitement
connu que toute personne qui a le sentiment du rhythme peut frapper luie
série- de coups de façon que le bruit coïncide exactement avec le battement
d'une horloge. Sans cette faculté, au reste, il n'y aurait pas d'accord pos-
sible entre les divers musiciens d'un orchestre. Cette remarque fait donc
voir que si l'observateur maintient par le mouvement de la vis de rappel
une étoile bissectée par le fil de sa lunette, et s'arrange de manière à cesser
le mouvement de cette vis de rappel en retirant la main exactement d'ac-
cord avec le battement de l'horloge, il n'y aura pas d'équation personnelle
affectant l'instant du pointé et qvii puisse être supérieure à 7^ de seconde.
Si donc il n'y a pas d'équation personnelle dans l'opération de la bissection,,
l'observation ne sera pas entachée d'erreurs personnelles.
( 496 )
» Dans le pointé des astres en hauteur, de très-petites équations person-
nelles ont été remarquées. La cause en provient pour une grande partie du
défaut de symétrie des images dans ce sens par suite de la dispersion qui
accompagne la réfraction atmosphérique. Mais rien de semblable ne se pro-
duit dans le sens horizontal, où il est parfaitement connu que tous les ob-
servateurs bissectent une mire symétrique de la même manière. Ainsi donc
il ne semble, au premier abord, devoir exister aucune équation personnelle
dans le second mode de pointé que nous avons décrit. Mais, en réfléchis-
sant avec plus d'attention, on aperçoit une cause d'erreurs de ce genre que
les observations semblent en effet manifester.
» Il résulte de la disposition même des vis de rappel des instruments que
la main ne peut faire suivre l'astre au fil de la lunette d'un mouvement
continu, mais , au contraire, que le mouvement est saccadé. Par suite, le
pointé doit être, pour ainsi dire, instantané, puisque l'observateur ne peut
faire suivre l'astre par le fil de l'instrument que pendant une petite fraction
de seconde. On conçoit dès lors que chaque observateur peut avoir une
prédisposition à donner à la vis un mouvement soit trop grand, soit trop
petit. Cette prédisposition à des erreurs de même sens conduit donc à une
équation personnelle.
» On pourrait faire disparaître cet inconvénient par une disposition
convenable des vis de rappel, auxquelles il suffirait d'ajouter une sorte de
petite manivelle permettant de leur donner pendant un instant un mouve-
ment continu. Dans ce cas, l'observateur, après avoir placé le fil sur l'astre,
pourrait l'y maintenir un instant à l'aide d'un mouvement sensiblement
uniforme de la vis, dont il aurait la mesure au bout de deux ou trois se-
condes. Alors, en lâchant la vis à la fin d'une seconde précise, le pointé
serait exempt de toute équation personnelle. Ce procédé exigerait toutefois
qu'on annulât l'inclinaison du fil vertical de la lunette ou qu'on en tint
compte, ce qui, d'une manière ou de l'autre, ne présente aucune diffi-
culté.
» A défaut de la disposition dont je viens de parler, je me suis proposé
de rechercher et d'étudier un système de pointé qui permît d anéantir à peu
près complètement les équations personnelles, en faisant disparaître la pré-
disposition de l'observateur à donner à la vis de rappel un mouvement
trop grand ou trop petit. Pour cela, j'ai remarqué que si l'on pointe une
même étoile à la fin de chaque seconde pendant une série de secondes con-
sécutives, on arrive, à partir de la quatrième ou cinquième seconde, à
connaître parfaitement le mouvement que doit faire la main pour que l'astre
( 497 )
pointé à la tin d'une seconde se trouve pointé à la seconde suivante, en
même temps qu'on règle avec soin ses mouvements sur le battement de
l'horloge. A partir de ce moment, toute précipitation disparaît, et l'atten-
tion de l'observateur se concentre exclusivement à juger de la valeur des
divers pointés qu'il opère, au lieu de porter sur la grandeur du mouvement
à donner à la vis, lequel mouvement est connu et est fait, pour ainsi dire,
mécaniquement. I^ien alors de plus facile que de reconnaître si l'on a une
tendance à pointer trop en avant ou en arrière de l'astre, et, avec un peu
d'habitude, on a de cette façon un pointé très-régulier. L'observateur s'ar-
rête alors quand il rencontre une bissection qui lui paraît très-bonne et note
le numéro de la seconde correspondante, lequel lui donne l'heure très-
précise de son observation à la pendule ou au chronomètre. Cette précision
de l'heure est rendue très-sûre par suite de la précaution de rendre pendant
lui instant les mouvements de la main synchrones avec les battements de
l'horloge.
» Après avoir acquis une grande habitude dans le mode de pointé que
je viens de décrire, je me. suis proposé de le comparer par expérience avec
la méthode des passages derrière le fil de l'instrument rendu fixe. Pour
cela, j'ai déterminé par cinq séries d'observations aziiiiutales d'étoiles voi-
sines du méridien l'état de mon chronomètre en faisant immédiatement une
observation par la méthode des passages et une observation par le système
de pointé que je voulais étudier, en commençant alternativement par l'une
et l'autre méthode. Chaque série comprenait vingt observations par chaque
méthode. J'ai pris toutes les précautions voulues pour éliminer les erreurs
de l'instrument et déterminer le mieux possible l'azimut de la mire, encore
bien que les erreurs qui en pouvaient résulter affectassent exactement de la
même manière les deux observations consécutives laites avec chaque mé-
thode, et même sensiblement de la même manière toutes les observations
d'une série. En comparant ces observations, j'ai trouvé :
» i°. Que dans une même série les différences des états du chronomètre
obtenus ont été plus grandes par la méthode des passages que par l'autre
procédé. Cela indique que les observations sont plus précises par ce dernier
que par la méthode des passages. En ayant égard à la part des erreurs de'
lecture du limbe qui ont dû augmenter ces différences de la même quantité
à peu près pour chaque méthode, les erreurs maximum de pointé semblent
être à très-peu près dans le rapport de a à i, suivant qu'on emploie la mé-
thode des passages ou l'autre procédé.
C. K., 18.Î9, 2™= Semestre. (T. XLIX, N" 13.) G6
(498)
» 1°. Les états du chronomètre déterminés par chaque méthode ont été
un peu différents, et les différences ont gardé le même signe dans chaque
série, l'avance du chronomètre déterminée par la méthode des passages
ayant été toujours un peu moindre que par la méthode du pointé. Ces dif-
férences sont :
Première série o , 1 3
Deuxième série , . . . o ,07
Troisième série 0,27
Quatrième série o, i5
Cinquième série o ,09
Moyenne o , 1 4
» Cette comparaison met en évidence l'équation personnelle qui existe
dans la méthode des passages, et fait voir que si, comme cependant on serait
eu droit de le supposer d'après ce que nous avons dit plus haut, l'équation
personnelle n'est pas complètement détruite, elle est au moins très-nota-
blement diminuée dans la méthode du pointé.
» La dernière méthode est aussi bien applicable avec les micromètres à
fil mobile des lunettes fixées dans im azimut donné qu'avec les vis de rappel
des théodolites. Pour ces derniers instruments, elle peut également être
employée pour les hauteurs extra-méridiennes, au lieu de la méthode des
passages par une hauteur donnée.
» Dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie en
janvier i858, j'ai déjà indiqué un moyen de faire disparaître les équations
personnelles dans l'emploi des instruments azimutaux. Ce procédé exige
que la lunette suive le mouvement du ciel à l'aide d'un mécanisme d'hor-
logerie, et j'ai indiqué les dispositions à prendre pour obtenir ce résultat
avec les instruments azimutaux. Mais comme ces dispositions ne laissent
pas que d'être assez compliquées, j'ai cherché à simplifier ce procédé et j'y
suis parvenu de la manière suivante.
» La lunette de l'alt-azimut ne suit plus le mouvement du ciel ; on la cale,
au contraire, quand l'astre que l'on veut observer est dans le champ. On
pointe ensuite à l'aide d'un micromètre à fil vertical mobile. Le mouvement
de la vis de ce micromètre est donné par une manivelle, à l'aide de laquelle
on peut maintenir l'astre sous le fil par un mouvement continu de la main.
La tête de vis du micromètre est grande, et, au lieu de traits pour marquer
les divisions, elle porte des butoirs en saillie qui n'occupent qu'un dixième
ou un vingtième de la largeur d'une division. Dans le mouvement de rota-
(499)
tion de cette vis, ces butoirs établissent un courant électrique en rencontrant
un petit ressort.
)) Une horloge qui ferme un courant électrique à chaque seconde ditise
en secondes, par le tracé d'une pointe métallique, une bande de papier
électrochiraique qui se déroule d'une manière continue par l'effet d'un
mouvement d'horlogerie. Une seconde pointe marque sur ce papier les mi-
nutes de l'horloge parallèlement aux secondes. Une troisième pointe inscrit
alors dans la rotation delà vis du micromètre l'instant où chacune des divi-
sions de cet instrument passe sous le ressort et établit le courant, et une
quatrième pointe est destinée à marquer de même les tours entiers de la vis.
Enfin, sur le même papier, une cinquième pointe trace à la volonté de
l'observateur, qui, au moyen d'une touche, peut établir un courant élec-
trique.
» On comprend maintenant facilement comment se fait l'observation.
L'observateur amène le fil du micromètre à bissecter l'astre et l'y maintient
par un mouvement continu et régulier de la manivelle. Chaque fois qu'il
juge son pointé bon, et tant qu'il trouve l'astre bien bissecté, il établit le
courant électrique de la cinquième pointe. 11 ne reste plus alors qu'à re-
chercher sur la bande de papier quelles étaient les divisions du micromètre
qui, pendant ce temps, passaient sous l'index, et les heures précises de ce
passage.
« Ce procédé a sur celui que j'ai antérieurement décrit, outre l'avantage
d'une plus grande simplicité de l'instrument, celui de permettre de faire un
plus grand nombre de pointés en très-peu de temps. L'élimination des
équations personnelles est ici complète, puisque l'observateur n'a plus à
s'occuper de la mesure du temps, et puisqu'un petit retard sur l'instant où
il marque que son pointé est bon n'influe pas sensiblement sur l'observation,
à cause du mouvement du micromètre qui se continue régulièrement, avan-
tage que n'a pas l'emploi des chronographes électriques pour l'enregistre-
ment des passages avec la lunette méridienne ordinaire.
» Le clironographe, au lieu d'être électrochimique, pourrait être méca-
nique, c'est-à-dire électromagnétique. Quant aux retards de tracé et de
pointage auxquels il pourrait donner lieu, il est très-aisé de les mesurer
directement de la même manière que je l'ai fait avec le chronographe électron
chimique que j'ai disposé en i856 pour déterminer la différence des longi-
tudes de Bourges et de l'Observatoire de Paris. »
66..
( 5oo )
utR'iltiO'Xj'i'i afi^vpl
CHIMIE APPLIQUÉE. — Réclamation de priorité à l'occasion d'une conimunica-
lion récente sur le rôle des oxydes de fer et de manganèse et de quelques
sulfates comme moyens de transport de l'oxygène de l'air; extrait d'une Note
de M. EDOUARD Robin.
n:
'"(Commissaires précédemment nommés : MM. Balard, Peligot, Bussy.)
« Dans la séance du a6 septembre, M. F. Ruhlmann a rappelé, d'une
part, la facilité avec laquelle le sesquioxyde de fer, les oxydes supérieurs de
manganèse, les sulfates de chaux et de sesquioxyde de fer, sont désoxydés,
surtout dans les temps chauds, par les matières organiques humides et
très-divisées, par ces matières en putréfaction par exemple ; d'autre part,
la facilité non moins grande avec laquelle les produits désoxygénés repren-
nent l'oxygène quand ils viennent en contact avec ce gaz humide et en excès.
M. Kuhlmann a apporté dans la question quelques faits nouveaux; mais
un grand nombre de faits anciens montrent nettement que les choses sont
ainsi. Considérant ces faits, M. Ruhlmann a pensé que les produits oxygé-
nés dont il est question étaient propres à jouer en agriculture un rôle
fort différent de celui qu'on leur assigne, en général, dans les Traités de
Chimie et dans ceux d'Agriculture. Ils servaient, disait-on, à absorber la cha-
leur solaire, à condenser et à faire naître l'ammoniaque, etc. M. Ruhlmann
ne nie pas ces usages; mais, ajoute-t-il, cédant avec facilité l'oxygène aux
corps organisés, surtout en putréfaction, ces matières minérales oxygénées
sont très-propres à le transporter dans les terres. Elles peuvent ainsi, comme
l'oxygène hiuiiide lui-même, hâter les phénomènes de combustion lente
nécessaires à la destruction des engrais et à leur transformation en aliments
des végétaux.
» Si, comme je le pense, cette application est rationnelle, elle fournit un
appui à l'une de ces nombreuses applications de la chimie que j'ai soumises
à l'Académie des Sciences il y a plusieurs années. Frappé alors des mêmes
faits et de l'importance qu'ils tirent du rôle nouveau que j'ai assigné à l'oxy-
gène dans la végétation; ayant d'ailleurs établi, comme règle, que toute
décomposition, toute combinaison qui peut se produire à une température
élevée entre les corps pondérables, peut aussi généralement se produire à
froid, quand à froid les matières réagissantes sont en contact à im état de
division convenable et dans des conditions où les produits de la réaction
peuvent aisément se séparer, je présentai, en i85i, à l'Académie l'appli-
( 5oi )
cation donnée aujourirhui comme nouvelle. Les Comptes rendus contien-
nent un résumé de mon travail, publié, du reste, en entier depuis i85a.
Dans un premier Mémoire, après avoir fait voir que, contrairement à ce
qu'on admettait en général, la respiration des végétaux consiste essentiel-
lement, comme celle des animaux, en un phénomène de combustion lente
exercé par l'air humide ; après avoir prouvé, dans un second Mémoire, que
les végétaux, comme les animaux, offrent un rapport constant entre l'acti-
vité de leur vie et l'activité des phénomènes de combustion dont ils sont
le siège, je terminais en disant : « Le rôle essentiel et général de la chaleur
» dans la végétation se réduisant à celui d'agent directeur de la combustion
» lente, tout porte à croire que, par un emploi intelligent des substances
» capables d'activer ou de modérer la combustion dans les matières orga-
» nisées, c'est-à-dire par des moyens chimiques toujours à la disposition de
» l'homme, il sera possible de remplacer dans certaines limites l'influence
» naturelle qu'exerce dans la végétation la chaleur solaire, cette force
M aveugle dont la direction n'appartient qu'à la nattu'e. » ' '
PALÉONTOLOGIE. — Hache de pierre trouvée dans le diluvium; extrait d\ine
Note de M. G. Pouchet.
(Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, d'Archiac, de Verneuil,)^.:;
''fi'iD ,;»/u(nî è)'j H f li'<i ;>ijn t'j (^/i>7Jfif!B ;i'^>f(i iiisî iii'r ùo /noil ^n il ;-i)fJi
« Les deilx communications récentes de M. A. Gaudry sur les instruments
en silex dits à tort ou à raison haches, et qu'on rencontre actuellement en
si grande abondance dans le diluvium de Saint-Acheul, près Amiens, me
déterminent à adresser à l'Académie les résultats d'une excursion que j'ai
faite moi-même dès le i5 aoiît dernier à Saint-Acheid, où j'étais envoyé
par M. le maire de Rouen, afin d'enrichir la collection municipale de quel-
ques-uns de ces débris qui commencent à préoccuper si vivement l'at-
tention publique. Pendant cette excursion, j'ai moi-même extrait de mes
mains une hache encore engagée aux trois quarts dans le terrain, et que
j'ai pu enlever tout à Taise, en m'entourant des précautions les plus minu-
tieuses. M. Ch. Lyell, que j'avais aussitôt informé de cette bonne fortune,
en a même entretenu ces jours derniers le meeting d'Aberdeen. J'ai mis aussi
à profit mon séjour aux carrières pour étudier le gisement de ces curieux
débris d'une antiquité si reculée. J'ai reconnu d'ailleurs que ces instru-
ments portent pour la plupart sur eux-mêmes des caractères qui, en dehors
( 502 )
du témoignage de ceux qui les ont trouvés, affirment leur existence
dans le diluviuni. Ces caractères sont d'abord des dendrites, et surtout
une couche de carbonate de chaux déposée par sublimation et qui,
quand elle existe, se rencontre toujours sur la face du caillou qui re-
garde eu bas. Ces dendrites et la même incrustation calcaire se retrou-
vent sur les galets et les fragments de silex qui composent en grande
partie le terrain. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherche de [iode dans les plantes j les animaux,
les eaux et l'air atmosphérique; par M. Mène.
Dans cette Note, qui fait suite à une précédente communication insérée
par extrait au Compte rendu de la séance du 8 août dernier, l'auteur com-
mence par exposer les résultats de ses recherches sur la solubilité de
riodure d'argent dans l'ammoniaque, puis, revenant à la question de la
diffusion de l'iode dans l'air et aux analyses instituées dans ce dessein,
il rend compte de deux expériences qui ont marché, l'une du 5 au
25 août, l'autre du i3 au 26 septembre. La Note se termine par le para-
graphe suivant :
cf L'ensemble de toutes mes recherches sur la diffusion de l'iode me
porte à conclure que normalement l'iode n'existe pas dans l'air (du moins
dans les lieux où j'ai fait mes analyses) et que s'il y a été trouvé, ce n'était
qu'accidentellement ou par suite de l'emploi de réactifs impurs. »
( Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM. Pelouze,
Balard, Fremy. )
CHIMIE. — JYote sur im nouveau procédé pour l'analyse des mélanges de
potasse et de soude; par M. Maumexé.
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault.)
CHIMIE ORGANIQUE. — Mémoire sur la xjloïdine et sur de nouveaux dérivés
nitriques de la fécule; par M. Béchamp.
(Commissaires, MM. Dumas, Balard, Peligot.)
( 5o3 )
CORRESPONDANCE.
M. LE Secrétaibe perpétuel présente au nom de l'auteur, le prince
Galitzin, un exemplaire de la publication qu'il vient de faire en langue
russe des Lettres du czar Pierre le Grand à l'ancienne Académie des
Sciences.
M. LE Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées
de la correspondance une Note de M. C. Baillet, intitulée : « Expériences
sur le tournis de la chèvre et du bœuf ».
Et un opuscule de M. Ch. Girard, ayant pour titre : « La vie au point de
vue physique, ou physiogénie philosophique ».
THÉRAPEUTIQUE. — Emploi du curare dans le tétanos ; Lettre de M. Brodie
à M. Flourens.
« Ayant eu connaissance par les journaux des essais faits en France avec
le poison Woorara (ou Urare) comme remède dans des cas de tétanos, j'ai
pensé qu'il pouvait y avoir quelque intérêt à vous communiquer les détails
suivants :
» Quelque temps après que j'eus fait paraître dans les Transactions philo-
sophiques (1811-1812) un compte rendu d'expériences dans lesquelles des
animaux morts en apparence par suite d'inoculation du Woorara étendu
d'huile essentielle d'amande amère avaient été rappelés à la vie au moyen de
la respiration artificielle, on m'engagea à reproduire les mêmes expériences
sur des animaux de plus grande taille que ceux qui avaient servi dans
tous ces essais; je priai alors mon ami feu M. le professeur Sewell de me
permettre de faire au Collège Vétérinaire l'expérience désirée sur un âne
qu'avait donné dans ce dessein le feu duc de Northumberland, alors Lord
Percy. L'expérience réussit de même, et l'animal fut donné à M. Waterton
dans les terres duquel il a vécu encore plusieurs années.
» Le professeur Sewell, considérant que sous l'influence du Woorara il y
avait relâchement complet de tous les muscles du mouvement volontaire,
eut l'idée que l'on pourrait, dans des cas de tétanos chez des chevaux, em-
ployer avec avantage ce poison , puisqu'au moyen de la respiration artifi--'
( 5o4 )
cielle on rappelait à la vie l'animal empoisonné. En conséquence il en'fit
l'essai et même, autant que je crois, à plusieurs reprises. Mais à l'époque où
j'en ai entendu parler pour la dernière fois, il n'avait pas obtenu un seul
succès.
» Il est évident qu'on ne peut attacher une grande valeur à une ou
deux guérisons survenues à la suite de ce traitement, puisque sur les sujets
atteints du tétanos il y en a un nombre, à la vérité assez petit, qui en échap-
pent quel qu'ait été le traitement employé. »
Remarques de M. Serres par suite de la précédente communication.
« A l'occasion de la Lettre du célèbre chirurgien de Londres, je crois
devoir rappeler les observations qui ont été déjà faites dans cette enceinte
sur l'emploi du curare dans le traitement du tétanos traumatique.
» Une première application de ce poison, faite par le chirurgien distingué
de la Charité, M. Manec, secondé par son collègue M. Vulpian, a complè-
tement échoué. La marche du tétanos traumatique n'a pas été enrayée; les
symptômes si graves du tétanisme n'ont même pas été modifiés. L'action du
curare a paru aux observateurs si peu manifeste chez le malade, qu'ils ont
dû s'assurer par des expériences sur des animaux si le curare qu'ils avaient
employé jouissait des propriétés si dangereuses qui lui sont propres : la
mort des animaux a promptement répondu à ce sujet.
» Nul doute donc ; ce premier fait est de nature à faire mettre en doute
l'efficacité du curare dans le traitement du tétanos traumatique, efficacité
qu'avait fait espérer l'observation de M. Vella, qui est devenue le point de
départ de cette médication.
» Mais doit-on se laisser décourager par cet insuccès? En présence d'une
maladie si grave et presque toujours mortelle, faut-il renoncer sitôt à l'espé-
rance qu'avait fait naître le succès du chirurgien de Turin? Je ne le pense
pas.
» Sur un sujet si délicat, et qui, théoriquement, s'appuie sur une appré-
ciation encore douteuse d'un point de physiologie expérimentale, la réserve
est sans doute de rigueur ; mais cette réserve ne doit pas aller jusqu'à nous
faire abstenir de continuer avec prudence les essais des effets du curare
contre le tétanos traumatique.
» Et c'est aussi de cette manière qu'en a jugé un des membres distingués
du corps des chirurgiens de nos hôpitaux, M. Chassaignac. Appelé par deux
( 5o5 )
confrères, MM. Tahère et André, pour partager avec eux la responsabilité
de l'administration du curare dans un cas Ae formidables accidents tétaniques,
survenus le 19 septembre, à la suite d'une blessure assez légère faite au pied
par un coup de feu, M. Chassaignac n'hésita pas. Le malade, au moment
où il fut appelé, était déjà à un degré très-avancé de la période asphyxique ;
la respiration se faisait sans doute encore, mais on ne la vo3'ait pas s'exécu-
ter. Tous les muscles du tronc et des membres avaient la rigidité du bois;
les dents ne purent être écartées de quelques millimètres qu'avec un coin en
bois introduit avec une grande force. La plaie était extrêmement irritable,
le malade près du dernier moment. Le curare fut administré intiis et exIià:
à l'intérieur, à la dose de 20 centigrammes dans une potion de 1 20 grammes,
à prendre par cuillerées toutes les deux heures; en topique, à la dose de
25 centigrammes sur i5o grammes de véhicule; avec ordre de renouveler
les applications toutes les deux heures également.
» Huit heures après la première application, le malade put plier les bras
et desserrer lui-même les dents pour renfoncer le coin de bois. La respira-
tion se faisait de nouveau sentir, le malade revenait à la vie. Les progrès
n'ont pas cessé depuis un seul instant, et depuis bien des jours le mal
marche vers sa terminaison.
)) Au reste, un fait important ressort nettement des trois essais déjà
tentés : ce fait est celui de l'innocuité du curare chez l'homme sous l'in-
fluence du tétanisme. Un tel résultat, abstraction faite de toute autre con-
sidération, nous paraît de nature à devoir recommander son emploi dans
le traitement du tétanos traumatique.
» Après la communication de notre confrère M. Cl: Bernard dans la
séance du 29 août dernier, un des premiers j'ai pris la parole pour
recommander avec lui ce nouveau traitement contre une maladie si
terrible, et aujourd'hui je l'ai prise encore pour encourager ces judicieux
essais. »
Remarques de M. Velpeac à l'occasion de la même communication.
K La Lettre de M. Brodie, le chirurgien le plus autorisé, l'un des deux
chirurgiens actuels les plus célèbres de l'Angleterre, confirme sur tous les
points, comme on le voit, ce que j'ai dit, il y a cinq semaines (1), du curare
[i). Compte rendu de la séance du 2g août.
C. R , 1859, î"»" Semej(;f. (T.XLIX, N<»18.} "7
( 5o6 )
dans le traitement du tétanos à l'occasion de l'observation de M. Vella; et
les remarques de M. Serres ne l'infirment, il me semble, en aucune façon.
» En effet, je n'ai point blâmé les essais en question, je me suis borné à
prévenir que le fait annoncé n'était point concluant, qu'il laissait beaucoup
à désirer sous une foule de rapports, et que je croyais prudent, en regard
d'un agent aussi dangereux, de faire des réserves positives.
» Que vois-je aujourd'hui? Un nouveau cas de tétanos (celui de
M. Manec) bien caractérisé, traité par le curare et dans lequel les observa-
teurs ont pris toutes les précautions scientifiques nécessaires. Le malade
n'en a pas moins succombé sans que le remède ait paru troubler en quoi
que ce soit la marche habituelle de la maladie ni l'état physiologique du
malade.
» Puis lui troisième fait dû à M. Chassaignac, chirurgien distingué des
hôpitaux de Paris; celte fois le malade est guéri ou à peu pi'ès. Mais ici
encore des éléments nombreux de conviction manquent. D'abord le tétanos,
quoique traumatique, n'a point eu, dès le début ni dans la suite, les carac-
tères du tétanos franchement aigu, ni complet; ensuite, le curare a élé donné
surtout à l'intérieur; or on sait que par la bouche ce poison est en quelque
sorte inerte; sur la plaie, qui était petite, au dix-neuvième jour et gan-
greneuse, rien ne prouve qu'il ait été absorbé; enfin, on ne s'est point
assuré au préalable, par des expériences sur des animaux, que le curare rais
en usage avait bien toute son activité; d'où il suit que cette observation ne
réunit point non plus les conditions d'un fait démontré : elle autorise de
nouveaux essais, mais elle ne permet pas de conclure.
» Autant que qui que ce soit je serais heureux d'avoir un spécifique contre
le tétanos : par malheur chacun sait qu'il ne suffit pas de désirer les choses
pour qu'elles arrivent. Tant de moyens de ce genre ont déjà été vantés et
tant de succès semblables ont été indiqués, sans que la maladie ait pour
cela cessé de faire des victimes, qu'il est sage d'y regarder à deux fois
avant d'accorder aux nouveaux venus droit de domicile dans le cadre des
faits acquis ou réels.
)) Qu'on me permette de rappeler encore une fois en finissant, pour jus-
tifier mes réserves, que, malgré sa gravité extrême, le tétanos, même aigu
et traumatique, guérit parfois seul, que les annales de la science renferment
un assez grand nombre de ces guérisons attribuées tantôt à l'opium, tantôt
au musc, à l'éther, aux saignées, aux vésicatoires, tantôt aux bains, au
chlorofoime, etc., et que, au début, il est difficile de savoir si le mal aura la
forme chronique ou aiguè. »
( 5o7 ) . ■
PHYSIOLOGIE. — Note sur des expériences démonlranl que des nerfs séparés
des centres nerveux peuvent^ après s'être altérés complètement, se régénérer
tout en demeurant isolés de ces centres, et recouvrer leurs propriétés physio-
logiques (i); par WM. J. M. Phimpeaix et A. Vulpian.
« Après avoir fait de nombreuses recherches sur la réunion des nerfs
d'origine différente, en suivant ainsi, de même que pkisieurs physiologistes,
la voie ouverte par M. Flourens, nous avons été amenés à reprendre l'étude
d'une question qui paraissait avoir depuis longtemps reçu une réponse
définitive.
» On sait que lorsqu'un nerf a été séparé des centres nerveux au delà du
ganglion spécial par luie section complète, il subit, dans sa partie péri-
phérique, une altération progressive bien connue (2), par suite de laquelle
la substance médullaire des tubes disparait entièrement. Si le segment péri-
phérique se réunit au segment central, ce segment passe par une nouvelle
série de modifications qui le ramènent peu à peu à la structure normale et
lui restituent ses propriétés physiologiques.
» Mais est-il bien certain que, suivant l'opiriion'tiniverSellement adoptée,
la partie périphérique d'un nerf, séparée du centre nerveux, reste altérée,
tant qu'une réunion ne s'est point faite entre les deux segments disjoints
par l'expérience ? Doit-on, par conséquent, s'empresser de considérer comme
une preuve de réunion physiologique entre le segment périphérique d'vui
nerf et le segment central d'un autre nerf qu'on a rapprochés artificielle-
ment, soit même entre les deux segments correspondants d'un même nerf,
la régénération des tubes nerveux dans le segment périphérique?
» Des expériences faites avec la plus scrupuleuse attention nous ont
(i) Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de M. Flourens.
(2) Cette altération n'est pas la mort du nerf. Comme l'a dit M. Flourens, « les diverses
n parties du système nerveux peuvent être plus ou moins complètement séparées du reste
» du système, et conserver encore un certain degré dévie ou d'action. C'est par ce degré de
» vie ou d'action qui leur reste que ces parties sont susceptibles de se rapprocher des par-
» ties dont on les a séparées, de se réunir avec elles, et de recouvrer ainsi, dans certains
» cas , par cette réunion , et la plénitude de leur vie et le plein exercice de leurs fonctions. »
Recherches expérimentales sur les propriétés et les fondions du système nerveux, 7." édition ,
1842 , p. 266 : Expériences sur la réunion des nerfs.
67..
( 5o8 )
tlonné des résultats tout à fait opposés à ceux qui ont cours dans la science.
•> Nous avons vu chez des chiens, des cochons d'Inde et des poules, des
segments périphériques de nerfs, tout à fait séparés du segment central,
devenir le siège d'une régénération très -étendue, après avoir subi, comme
nous nous en sommes assurés, une altération complète.
» Nos expériences ont été faites sur des nerfs mixtes (sciatique, chez des
cochons d'Inde; médian^ sur des poules), sur des nerfs moteurs {^hypoglosse,
chez des chiens), et sur des nerfs sensitifs [lingual, chez des chiens).
» 1°. (a) Nerf scialique. — Sur un jeune cochon d'Inde, on a réséqué
une portion du nerf sciatique. Dix mois après, on trouve encore i centi-
mètre de distance entre les deux bouts séparés. Régénération du bout pé-
riphérique.
» (b) Nerf médian. — Résection de plus d'un centimètre de ce nerf sur
des poulets très-jeunes le 28 juin iBSg. Le 4 octobre, sur l'un d'eux, quoi-
qu'il n'y ait pas de vraie réunion , il y a régénération du bout péri-
phérique.
» 2". Nerf hypoglosse. — Sur quatre très-jeunes chiens, qui ne sont plus
à la mamelle, on résèque i centimètre du nerf hypoglosse, le 19 jan-
vier iBSg. Chez l'un d'eux, le 12 juin, on trouve un intervalle de 12 milli-
mètres entre les deux segments du nerf. Le segment phériphérique est en
grande partie régénéré.
» 3". Nerf lingual. —Sur des chiens de trois à quatre mois, on a réséqué
I centimètre du nerf lingual le 8 août iSSg. Le 28 septembre, il n'y a pas
de réunion. Le bout phériphérique contient de nombreux tubes nerveux
restaurés.
» Dans tous ces cas, les tubes restaurés étaient grêles et prenaient en
grand nombre l'aspect variqueux. Nous décrirons ailleurs les caractères de
cette régénération, au début et dans les périodes consécutives.
» Non-seulement le segment périphérique d'un nerf peut se régénérer
sans s'être réuni au segment central correspondant, mais encore un segment
séparé par deux résections de la j)ériphérie et du centre peut, en demeu-
rant isolé, offrir une régénération plus ou moins complète. {Nerf lingual,
examen fait trente-huit jours après l'expérience : chien âgé de six mois au
moment de l'examen.)
» Lorsque le segment périphérique d'im nerf divisé s'est régénéré sans
réunion avec le bout central, si l'on fait une nouvelle section sur ce seg--
ment, il y a de nouveau altération dans toute la périphérie. (Effet constaté
( 5o9 )
au bout de dix jours, chez un chien, sur le neif Uiicjual qui s'était régénéré
en partie après cinquante jours.)
>i En même temps que les tubes nerveux se montrent avec tous leurs
.caractères dans le segment périphérique d'un nerf moteur ou mixte séparé
du segment central correspondant, et par conséquent du centre nerveux, la
motricité reparaît aussi. On voit ainsi renaître la fonction en même temps
que l'organe. Quant aux nerfs sensitifs {lingual), l'inductionjjermet desup-
poser que leur propriété se rétablit à l'état virtuel.
» D'après ces recherches, il faudrait bien se garder d'affirmer qu'il y a
réunion fonctionnelle entre deux segments d'un nerf ou de deux nerfs diffé-
rents, en se fondant uniquement sur la restauration des tubes de la partie
périphérique. Le rétablissement des fonctions, comme l'a observé M. Flou-
fens, ou bien le passage des excitations soit électriques, soit surtout méca-
niques, à travers la réunion, telles sont les preuves décisives que l'on doit
invoquer.
» C'est parce que les faits que nous indiquons aujourd'hui n'étaient pas
connus, que MM. Gluge et Thiernesse, dans le Mémoire qu'ils ont récem-
ment présenté à l'Académie, ont admis que « les nerfs isolés de leurs cen-
» très nerveux conservent encore, pendant quatre mois, la faculté de
» produire de fortes contractions musculaires ». Ces nerfs s'étaient certai-
nement altérés dans toute leur longueur, puis régénérés, pendant le temps
qui a séparé le jour de la section de celui de l'examen des nerfs.
» Enfin, nous ferons remarquer que les abimàux qui ont servi à nos
expériences étaient tous très-jeunes; et c'est là une circonstance dont il faut
tenir le plus grand compte. Quant à ce qui concerne les animaux adultes,
nous n'avons pas fait d'expériences sur eux dans ces derniers temps; et, bien
que les résultats que nous consignons dans cette Note nous portent à con-
cevoir quelques doutes sur les conclusions qu'on a admises jusqu'ici, cepen-
dant elles sont dues à des observateurs assez haut placés dans la science
pour que, en l'absence de faits personnels, nous soyons tenus à la plus
grande réserve. »
PATHOLOGIE. — Nouveau cas d'hémorragie cérébelleuse terminée par la gué-
rison; — plus tard, attaque dhémorragie cérébrale; — mort; — confirmation
du diagnostic porté à l'époque de la première attaque; extrait d'une Note de
M. Hir.LAIRET.
« Dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie pour
(5io)
le concours des prix, j'ai été conduit, par l'étude des faits cliniques que
j'avais observés, à poser des conclusions parfaitement semblables à celles
que M. Flourens a déduites il y a déjà longtemps de ses expérimentations
sur les animaux vivants, et que d'autres observateurs, parmi lesquels
M. Bouillaud, ont corroborées par des recherches nouvelles et nom-
breuses.
» Un vieillard de soixante-dix-neuf ans, d'une très-bonne constitution,
grand, maigre et se portant toujours bien, fut pris au milieu dé la nuit du
i6 janvier iSSg d'une attaque violente. Il se redressa sur son lit et retomba
incliné sur le côté droit en poussant des cris plaintifs et fut pris de vomis-
sements incoercibles qui durèrent pendant quatre ou cinq jours, durant
lesquels, malgré l'état comateux, son intelligence resta intacte. Il accusa,
dès les premiers jours, de la céphalalgie générale, principalement dans tout
le côté droit de la tête; il resta dans le décubitus sur le côté droit, le corps
subissant une espèce de mouvement de rotation; si on le remuait pour le
mettre sur le dos, les vomissements ou seulement des nausées se mon-
traient.
o Le malade pouvait agiter tous ses membres, les porter dans la direc-
tion qu'on lui indiquait et les soutenir élevés au-dessus de son lit, mais il
lui était itnpossible de rester même sur son séant. La sensibilité était con-
servée, elle fut passagèrement exaltée quelques jours plus tard.
» Le visage avait un air d'hébétude tout particulier. Plus tard, la cépha-
lalgie se limita à la région occipitale droite et disparut au bout de quinze
jours; les vomissements et les nausées cessèrent ainsi que l'état comateux.
Je voulus alors faire lever le malade; mais, bien qu'il agitât parfaitement ses
membres dans le décubitus dorsal, il ne put se tenir seul debout, il tombait
en avant et sur le côté droit. S'il voulait essayer de faire lui pas étant sou-
tenu, ses membres inférieurs se portaient dans des directions tout autres
que celles qu'il voulait leur donner.
» Peu à peu cependant tous ces phénomènes disparurent, et la station,
l'équilibration et la progression purent s'effectuer assez bien, puisque le
malade partit après deux mois de l'infirmerie de l'hospice des Incurables
(hommes) pour rentrer dans sa salle.
» Dès le début des accidents j'avais diagnostiqué, en présence des élèves
du service, une hémorragie cérébelleuse.
« En septembre dernier, le malade fut atteint d'une hémorragie céré-
brale violente qui l'enleva en quelques jours. Il fut paralysé du côté droit,
( 5i. )
et à l'autopsie, outre un vaste foyer hémorragique récent, siégeant clans
la couche optique gauche, j'ai pu constater un ancien foyer hémorra-
gique cicatrisé dans le centre de la substance blanche de l'hémisphère
cérébelleux droit.
» Je borne cette communication à la simple analyse des principaux phé-
nomènes survenus chez ce malade. On remarquera que ce fait confirme de
tout point les savantes recherches de M. Flourens et les assertions que j'ai
émises dans mon précédent Mémoire. «
PALÉONTOLOGIE. — Sur une espèce de Porc-épic fossile dans les brèches osseuses
de l'île de Raloneau, près Marseille; par M. Paul Gervais.
« M. Jules Itier a recueilli des fragments de la brèche de l'île de Rato-
neau, près Marseille, qui renferment des ossements et des dents de quelques
animaux mammifères dont il a bien voulu me confier l'examen. La plupart
de ces ossements sont fracturés en esquilles et par cela même d'une déter-
mination assez difficile ; j'ai cependant réussi à en isoler de la roche quel-
ques-uns qui sont moins mutilés que les autres, et j'ai pu déterminer le
genre dont plusieurs d'entre eux proviennent.
» Je signalerai, indépendamment d'un mammifère de la taille du cerf ou
de l'âne, dont le genre ne saurait encore être précisé, trois espèces qui peu-
vent, au contraire, être classées d'une manière certaine; ce sont :
» i". Un Renard (g. Fu/pes) dont j'ai vu une dent molaire carnassière,
presque entière, provenant de la mâchoire supérieure;
« 1°. Un Lagomys, indiqué par trois molaires et par une incisive infé-
rieure ;
» 3°. Un Porc-épic (/T/sinx) que des dents et plusieurs os des membres
doivent faire regarder comme étant de près d'un tiers supérieur en dimen-
sions aux plus grands Porcs-épics actuels de l'Afrique et de l'Inde.
» M. Itier et moi en avons dégagé des parties très-caracléristiques dont
voici rénumération.
» Plusieurs fragments de dents incisives, dont l'un, qui est long de
o'",o85 et large de o",oo6, montre encore sur une partie de son étendue la
coloration jaune pâle qui distingue la partie antérieure des mêmes dents chez
les Rongeurs de ce genre, on y voit l'indice d'un très-laiblc sillon. — Une
extrémité d'incisive supérieure est large de o'°,oo7 ; on n'y remarque pas le
caractère dont il vient d'être question.
( 5i2 )
» Des molaires à différents degrés d'usure, laissées par plusieurs su-
jets. Le fût et les caractères de la couronne sont semblables à ce que l'on
voit chez les Porcs-épics, mais le voliune est sensiblement plus considé-
rable.
» Diverses portions d'os des membres montrant les mêmes analogies
de forme associées à des dimensions également supériein-es à celles des
mêmes parties dans les Porcs-épics actuels : il y a parmi elles une moitié
supérieure d'humérus ; une extrémité également supérieure de fémur ; une
extrémité inférieure de tibia ; un métacarpien médian long de 0,008 et une
première phalange également plus forte que celles des Porcs-epics de nos
collections.
» L'extrémité supérieure du fémur était surtout intéressante à étudier,
parce qu'elle permettait de distinguer nettement le gros Rongeur fossile à
Ratoneau d'avec les espèces de la division des Castors dont les dents mo-
laires, du moins dans certaines formes éteintes, ont assez de re.ssemblance
avec celles des Hystricidés. La direction du col dans le fémur trouvé à Rato-
neau, l'échancrure qui sépare sa tête d'avec le grand trochanter, la profon-
deur de la cavité digitale , la position tout à fait postérieure du petit tro-
chanter, et l'absence de troisième trochanter, montrent bien que cetosvient
d'un Porc-épic et non d'un Castor.
i> Le genre Porc-épic n'avait point encore été observé dans les brèches
à ossements. On pourrait jusqu'à plus ample informé donner à l'espèce
dont les ossements sont enfouis dans l'île de Ratoneau, le nom à'Hyslrix
major. »
ACOUSTIQUE. — Note sur les sons ronflants des cordes; par M. Maurat.
« Chladni a appelé son ronflant le son qu'on obtient en pinçant avec
les doigts une corde tendue sur un sonomètre, et la laissant retomber sur
un chevalet placé en son milieu. D'après cet auteur, le son ronflant serait
d'une quinte plus grave que le son fondamental.
•) L'explication qu'il donne de cette expérience m'ayant paru inexacte,
j'ai voulu la répéter en m'attachant à obtenir des sons aussi nets et aussi
prolongés que possible. J'ai trouvé préférable pour cela d'employer, au
lieu de chevalet, une lame métallique à tranchant un peu émoussé. Cette
lame est maintenue verticale par une pince qui peut elle-même, au moyen
d'une vis de rappel, se mouvoir le long du bras horizontal d'un support
(5i3)
métallique placé auprès du sonomètre. Avec ce petit appareil, on met très-
exactement la lame en contact avec le milieu de la corde dans sa position
d'équilibre; en produisant alors des vibrations horizontales, on obtient un
son d'une assez longue durée et parfaitement distinct, surtout si l'on se
sert de cordes métalliques d'un petit diamètre, ou, mieux encore, de cordes
à boyau. On reconnaît immédiatement que le son ronflant est la (juarlc aUjiié
du son fondamental.
» Cette erreur d'une octave dans la détermination numérique faite par
Chiadni peut être attribuée à ce qu'il n'a sans doute pas obtenu avec
toute la netteté possible le son ronflant (qu'il appelle rauque et désagréable),
ou encore à l'inexactitude de l'explication qu'il donne de l'expérience. Il
est facile, en effet, de calculer l'intervalle de deux chocs successifs de la
corde sur le chevalet, en prenant pour unité la durée d'une vibration simple
3
de cette corde supposée parfaitement libre. On trouve ainsi le nombre -;
mais il faut remarquer que l'intervalle de deux chocs représente la durée
d'une vibration double de Ja corde, et qu'il faut comparer entre elles les
durées de deux vibrations doubles ou de deux vibrations simples, mais
non pas la durée d'une vibration simple dans l'un des cas avec celle d'une
vibration double dans l'autre. Il résulte de là que le rapport de ces durées
de vibrations est -, au lieu de -; le son ronflant doit donc être les % ou la
42 o
quarte aiguë du son fondamental de la corde.
2 3
u Si l'on place le chevalet aux :r ou aux j de la corde, on obtient en-
core, d'après Chiadni, des sons plus graves que le son fondamental : mes
expériences ne confirment pas ce résultat. J'ai trouvé des sons voisins de ^
dans le premier cas, et de - dans le second. Mais en réalité ces deux sons
n'ont aucune netteté; ils ne peuvent être déterminés rigoureusement; je les
regarde même comme résultant de mouvements non isochrones ; la loi sui-
vant laquelle varient les intervalles des chocs me paraissant d'ailleurs fort
difficiles à calculer.
» Il n'en est pas de même si par deux ou trois chevalets on partage la
corde en trois ou quatre parties égales. Le calcul indique qu'il doit alors
o Q
se produire les sons - et v> et l'expérience vérifie parfaitement cette con-
clusion.
C. R., 1859, »"« Semestre. (T. XLIX, N» IS) 68
{ 5.4 )
» On ne saurait donc voir dans le procédé qui sert à obtenir les sons
ronflants un moyen de faire rendre à une corde un son plus grave que le
son fondamental. »
PATHOLOGIE. — Périostoses observés sur les phalanges d'un moiiflon sauvage de
l'Algérie; Note de M. Marcel de Serres.
« Les os des animaux domestiques sont affectés d'un plus grand nombre
de maladies que ceux des animaux sauvages et surtout que les os des espè-
ces des temps géologiques. En effet, malgré toutes nos recherches, nous
n'avons pu observer que trois genres d'affections morbides chez les der-
nières races. Elles se rapportent aux périostoses, aux exostoses et aux né-
croses. Ce petit nombre ne saurait être comparé à la grande quantité d'affec-
tions maladives qui altèrent le tissu osseux des espèces que nous avons sou-
mises à la domestication. Mais ce qui nous étonne, c'est de n'avoir pu
découvrir la moindre trace de maladie des dents chez les espèces sauvages
ou de l'ancien monde, qui se nourrissaient de substances ligneuses de la
plus grande dureté, comme, par exemple, les grands ours des cavernes. La
gloutonnerie de ces animaux était telle, que la plupart de leurs molaires
sont brisées et fracturées jusqu'à la racine et cela de la manière la plus irré-
gulière. Cependant aucune de ces dents usées, ainsi que celles des espèces
des terrains tertiaires et secondaires, qui, à la vérité, le sont beaucoup
moins, ne nous a présenté la moindre trace de carie ni d'aucun autre genre
d'affection morbide.
» Les maladies des os, aussi bien que des dents, sont d'autant plus nom-
breuses et d'autant plus profondes, que les espèces animales éprouvent
depuis plus longtemps les effets de la domestication. L'homme lui-même,
selon qu'il est civilisé ou qu'il est sauvage, parait ressentir les effets des
mêmes influences.
» Nous avons eu l'occasion d'observer récemment des périostoses chez
un individu sauvage du mouflon à manchettes de l'Algérie, dont M. Mares
a fait cadcîau à la Faculté des Sciences de Montpellier. Ces périostoses ont
attaqué les phalanges et phalangins internes de l'extrémité postérieure du
côté droit. Ces sortes de végétations osseuses stalactiformes irrégulières
couvrent une partie de la surface iriterne des os du pied. Si nous em-
ployons le mot de végétations, c'est parce qu'il donne plutôt l'idée de ces
excroissances osseuses que ne pourrait le faire toute autre expression.
(5i5)
» Quoi qu'il en soit, ces tumeurs saiHantes présentent quelques diffé-
rences de position, selon qu'elles se trouvent sur les phalanges ou sur les
phalangins. Ainsi elles recouvrent chez les premières les faces latérales in-
ternes du corps de l'os, sans atteindre la partie moyenne, quoiqu'elles en
soient extrêmement rapprochées. Ces tumeurs solides se rencontrent aussi
bien chez les os des extrémités antérieures que sur ceux des extrémités
postérieures. Quant aux périostoses des phalanges ou des phalangins, les
excroissances qui les signalent existent non-seulement sur les faces dorsales
et latérales, mais sur les parties supérieures. La face plantaire qui repose
sur le sol est la seule partie qui en soit dépourvue.
» Ce genre de maladie affecte principalement les os des jeunes individus,
mais toujours par suite de causes accidentelles. Il attaque principalement
les faces internes des os du pied, surtout les métacarpiens et les métatar-
siens, et à tel point, que sur vingt individus malades de ce genre d'affection,
il y en a au moins dix-huit dont les faces internes sont à peu près seules
altérées.
» Nous nous sommes convaincu que les espèces de végétations osseuses
dont nous venons de donner une idée, étaient bien de véritables périostoses,
car, après les avoir enlevés avec la pointe du scalpel, nous avons reconnu
que l'os qu'elles recouvraient d'une croûte fort épaisse était parfaitement
sain au-dessous. Il s'agit donc ici d'une nouvelle formation du tissu osseux,
formation plus récente que l'os lui-même, lequel tissu s'est substitué au
périoste. Comme ce genre d'affection est assez rare chez les espèces sau-
vages, nous avons cru devoir le signaler à l'attention de l'Académie, tout
en faisant remarquer son importance dans le cas particulier qui fait le
sujet de cette observation. »
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures F.
68.
(5.6)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQCE.
L'Aciidémie a reçu dans la séance du lo octobre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Institut impérial de France : Académie des Beaux-Arts, séance publique
annuelle du samedi \" octobre 1809 présidée par M. Gatteaux, président.
Paris, 1859; in-4°.
Etudes sur le métamorphisme des roches; par M. A. Delesse. Paris, i858;
1 vol. in-S".
Recherches sur l'origine des roches; par le même; br. in-8°.
Sur les variations des roches granitiques; par le même; br. in-S".
(Ces trois ouvrages sont adressés pour le concours du prix Bordin, ques-
tion concernant le métamorphisme des roches. )
Lettres du czar Pierre le Grand à l'ancienne Académie des Sciences, publiées
en langue russe par le prince Galitzin ; in-4''.
Histoire des Bourguignons et de leur établissement dans le Lyonnais; par
M. Alphonse Gacogne. Lyon, iSSg; br. in-8°.
Expériences sur le tournis de là chèvre et du bœuf; par M. G. Baillet;
br. in-8».
La vie au point de vue physique , ou Phj'siogénie philosophique ; par
M. Charles Girard. Paris, 1859; br. in- 12.
Notice biographique sur Balthazar Romano; par Marianne Angulia
Desmonceaux. Naples, 1859; br. in-S".
Expédition dans tes parties centrales de l'Amérique du Sudj de Rio de Janeiro
à Lima, et de Lima au Para; exécutée pendant les années i843 à .847,
sous la direction du comte Francis deCastelnau. 6* partie: Botanique, 10* et
1 1" livraisons. 7* partie : Zoologie, 29® et 3o* livraisons; in-4".
(5,7 )
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT
LE MOIS DE SEPTEMBRE 18S9.
Annales de Chimie et de Physique ; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BOUSSINGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux
de Chimie et de Physique publie's à [étranger; par MM. WuRTZ etVERDET;
■3" série, t. XLIV; août iSSg; in-8°.
Annales de V Agriculture française ; t. XIV, n°' 4 et 5; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; septembre iSSg; n" i86; in-8".
Bibliothèque universelle. Revue suisse et étrangère, nouvelle période ; t. VI,
n'ai ; in-S».
Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; août i85g, in-S".
Bulletin de {Académie royale de Médecine de Belgique; n°' lo et 1 1 ; in-8'^.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de.
Belgique; 2' série, t. VII, n° 8 ; in-8°.
Bulletin de C Académie impériale de Médecine; t. XXIV; n"* a i -a3 ; in-S".
Bulletin delà Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers; 1*' semestre iSSg; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie; août 1869; in-8''.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; juillet
1859; in-4"'.
Bulletin de la Société Géologique de France ; août 1839; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n° i48; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; a* se-
mestre iSSg; n°' io-i3; in-4''.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XV, io*-i4* livraisons;
in-8°.
Il nuovo Cimento... Journal de Physique et de Chimie pures et appliquées;
juillet et août iSSg; in-8°.
(5i8)
Journal d' Agriculture de la Côte-d'Or; juin et juillet iSSg; in-8°.
Journal d' Agticullure pratique ; nonv^We période; t. I, n"' 1 17 et 18; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie; septembre
1859; in-8°.
Journal de i âme ; 4' année, i" livraison, 1859; in-S".
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mé-
moires sur les diverses parties des mathématiques , publié par M. Joseph
Ll OU VILLE; 2* série, juin iSSg; in-4°.
Journal de Pharmacie et de Chimie ; seplemhre iSSg; in-8°.
Journaldes Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n°' 34-36; in-8°.
Journal du Progrès des sciences médicales ; n°* S-g; in-S".
La Bourgogne. Revue œnologique et viticole; 9* livraison; in-8°.
La Culture; n°' 5 et 6 ; in-8°.
L Agriculteur praticien; n"' ^3 et 24 ; in-8°.
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier; t. XIII,
n" 18; in-8''.
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; t. YI, n°' i8-ai ; in-8°.
Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 65* et 66* livraisons ;
in-4''.
Le Technologiste ; septembre 1859; in-8°.
L' Hjdrolérapie ; i" et 2* fascicules; in-8°.
Magasin pittoresque ; septembre 1 869 ;
Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie rojale des
Sciences de Berlin; juin iSSg; in-8°.
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine ; septembre i SSg ; in-8".
Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des Candidats aux Ecoles
Polytechnique et Normale ; aoi^it et septembre iSSg; in-8°.
Proceedings... Procès-verbaux de la Société rojrale de Londres; vol. X,
n° 36; in-8".
Recueil des Actes de V Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts
de Bordeaux; i" trimestre iSSg; in-8°.
(5i9)
Répertoire de Pharmacie; septembre iSSg; in-8°.
Revista.,. Revue des travaux publics ; 7* année; n° i8;in-4".
Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale; n°' 17 et 18; in-8°-
Royal astronomical... Société royale Astronomique de Londres; vol. XIX;
n^g; in-8°.
Société impériale et centrale d'agriculture; Bulletin des séances; t. XIV,
n° 5 ; in-8°.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n°* 1 02- 1 1 4-
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n°' 35-39.
Gazette médicale de Paris; n°' 36-39.
L'Abeille médicale; n°' 36-39.
La Coloration industrielle ; n°' 1 5 et 16.
La Lumière. Revue de la Photographie ; n°' 36-39-
L'Ami des Sciences; n°' 36-39.
La Science pour tous ; n°'^ 'ig-^3 .
Le Gaz ; n"' 22-24.
Le Musée des Sciences, n"' 19-22.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 17 OCTOBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. CHASLES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIOLOGIE. — Sur ta gélose et les nids de salangane; par M. Payen.
« Dans les premiers jours de l'année 1 856, un voyageur, M. de Montra-
vel, venant de Chine, remettait au général Morin une substance commer-
ciale, sous forme de longues et très-minces lanières blanches, réunies par
deux ligatures en petites bottes désignées sous le nom de mousse de Chine, et
qu'on avait dite extraite d'un lichen attaché aux arbres, dans le sud de la
Chine, très-abondant aux îles méridionales de l'archipel des Philippines'(i).
» En examinant dans mon laboratoire un échantillon que je dus à l'obli-
geance de notre confrère, je reconnus dans cette matière, dépourvue de
structure organique, la présence de plusieurs principes immédiats solubles
dans l'eau (0,0607), ^^ ""^ faible quantité dans l'alcool (0,007); ^^ P'"**
(i) Une de ces petites bottes légères, de forme irrégulièrement prismatique, ayant 34 centi-
mètres de longueur, 7 de largeur et 5 d'épaisseur, pèse, avec ses deux ligatures, 1 3o grammes,
et net 122 grammes. La densité relative à la substance utile est donc de o,io25; on rédui-
rait facilement le volume de moitié par une compression analogue à celle qu'on fait subir
à certains produits agricoles (foins, houblon, etc.) destinés à l'exportation ou à de longs
voyages.
C. It., 1859, 3""= Semestre. ( T. XLIX, N" IC} %
( 522 )
grande partie, insoluble dans l'eau froide, s'y gonflait beaucoup, prenant
alors par degrés les formes de prismes rectangulaire» qui paraissaient obtenus
à l'aide d'une sorte de moulage. Cette substance pouvait être dissoute par
l'acide acétique à 8 degrés, chauffé à 98 degrés centésimaux, laissant inso-
lubles 2 à 3 centièmes de son poids de corpuscules azotés. L'acide chlor-
hydrique étendu de 10 parties d'eau la dissolvait également à la même
température, tandis qu'à froid ces deux acides n'enlevaient guère que
les parties solubles dans l'eau.
» Mais la propriété la plus remarquable de la substance insoluble dans
l'eau froide était: i°de se dissoudre dans l'eau bouillante, laissant indis-
sous les corpuscules azotés et des traces d'autres corps étrangers; 2" de
donner à chaud une solution qui se prenait en gelée incolore et diaphane
par le refroidissement, donnant ainsi une consistance gélatineuse à 5oo fois
environ son poids d'eau pure, ou formant, à poids égal, 10 fois plus de
gelée que la meilleure gélatine animale. La préparation des gelées légères
est en effet la destination de cette substance et le but de sa fabrication chez
les Chinois. On l'emploie au même usage dans nos colonies, notamment à la
Réunion, ainsi que nous l'a fait savoir M. Morin fils.
» Ce produit gélatiniforme pur constitue un principe immédiat particu-
lier, insoluble dans les solutions alcalines de soude, de potasse, d'ammo-
niaque, comme dans l'eau, l'alcool, l'éther et les acides étendus.
» Un de ses caractères distinctifs, tout spécial encore, consiste à se dis-
soudre lentement dans une très-petite quantité des acides suKurique et
chlorhydrique concentrés, de se colorer en brun sous leur influence, puis
de former avec l'un et l'autre un composé brun qui par degrés se prend en
masse, résiste aux lavages dans l'eau froide et chaude et même dans les solu-
tions alcalines caustiques.
» On ne pouvait confondre le nouveau principe immédiat avec aucun
autre, et je lui ai donné le nom de gélose. Son analyse élémentaire a pré-
senté les résultats suivants :
I,
Carbone 42j8i
Hydrogène .... 5,71
Oxygène 5 1 , 48
100,00
» Il n'a pas été possible de l'engager dans une combinaison délinie, d'où
l'on pût déduire son poids équivalent ou sa formule rationnelle; on peut
ri.
Moyenne.
42,73
42,77
5,84
5,775
5i,43
5i,445
100,00
1 00 , 000
( 5u3 )
seulement remarquer qu'il doit être rangé parmi les principes immédiats,
offrant un excès d'oxygène relativement aux proportions nécessaires j)Our
former de l'eau avec l'hydrogène qu'ils renferment.
» Quant à l'intérêt que pourrait offrir ce principe immédiat au point
de vue économique, il est évident, car, pour produire des gelées d'une
égale consistance, il suffirait d'en employer la dixième partie de ce qui
est nécessaire lorsqu'on fait usage de la colle de poisson (ichthyocolle), et il
n'est sujet ni à l'odeur spéciale de ce dernier produit, ni à l'odeur plus ou
moins putride que contracte souvent la gélatine par ses faciles altératioHS
spontanées.
» Il restait à découvrir l'origine de celte substance; aucun lichen soumis
aux expériences qui auraient pu l'extraire n'en a donné de traces, mais je l'ai
rencontré dans ime plante marine connue sous les noms d'algue de Java,
Getidium corneum, dont j'obtins un échantillon de M. le D'^ Gubler, par
l'obligeante entremise de M. le D' Montagne.
» Voici le procédé, fondé sur les observations précédentes, qui m'a
réussi pour extraire ce principe immédiat, et reconnaître qu'il se trouve
contenu dans les cellules, sans faire lui-même partie des tissus. Ce procédé
pourra servir à rechercher la gélose dans d'autres plantes ; je l'ai déjà ren-
contrée dans plusieurs de nos algues, mais en faibles proportions.
)) Le Gelidium corneum, traité successivement à froid par l'acide acétique
ou chlorhydrique étendus, l'eau, l'ammoniaque faible (à o,o3) et d'abon-
dants lavages, a laissé dissoudre 53 centièmes de son poids d'incrustations
calcaires, de sels, de matières colorables et d'autres substances organiques
étrangères à la gélose; ce principe immédiat était contenu dans le tissu
résistant; on l'en extrait à l'aide de l'ébuUition dans l'eau et san$, disloca-
tion de ce tissu : le liquide, décanté bouillant, s'est pris en gelée diaphane
par le refroidissement; on a pu de nouveau et à plusieurs reprises le liqué-
fier par la température de l'ébuUition et le laisser prendre en gelée par le
refroidissement.
» Après avoir soumis à la dessiccation cette substance gélatiniforme, il a
été facile de constater son identité avec le principe immédiat extrait du pro-
duit commercial venu de Chine.
» Le Gelidium corneum, débarrassé des substances étrangères que peuvent
enlever les acides étendus, l'eau ammoniacale et les lavages à l'eau pure,
cède à l'eau bouillante 58 centièmes de son poids de gélose.
» Des recherches ultérieures pourrontapprendre si l'on trouverait parmi
les algues de nos côtes la matière première de la gélose, susceptible de
69..
I
( 524 )
remplacer dans plusieurs applications lo fois son poids d'ichthyocolle, dont
le prix s'élève souvent à 34 francs le kilogramme.
Nids de salangane (i).
» Après avoir décrit le principe immédiat nouveau extrait du GeUdiuin
corneum, je ne ppuvais guère me dispenser dédire un mot des nids de salan-
ganes (2).
)> Plusieurs auteurs en effet ont attribué à certains fucus : au Ptocaria
lichenoïdes, au GeUdium corneum, etc., la substance comestible de ces nids;
quelques-uns ont supposé dans ces algues la présence de la gélatine : telles
furent en somme les opinions émises ou reproduites par Buffon, Lamouroux,
Cuvier (3), Lesson, Ruhl, Meyen, Guillemin, Virey et M. Germain de Saint-
Pierre.
» Willughby [Omilh., 1676, p. 157) affirme que les salanganes ramassent
sur les rochers une écume de mer irès-tenace qui est la semence de la baleine ou
des autres poissons.
» [Ex spuma maris basin scopulorum alluentis tenacem quandam materiam
colligunt, sive ea balœnarum seu aliorum piscium sit semen, ex qua nidos suas
œdificant. )
» Raempfer [Àmœn., 833 ) dit que ces nids sont faits avec des mollusques.
» Linné [S/st. nat., édit. XII, 1766, p. 343), même assertion.
» Dès 1781, leRév.Hooyman, dans un Mémoire détaillé, déclarait que la
substance glutineuse des nids de salangane ne venait ni des mollusques, ni
des fucus [Trans. Soc. de Batavia, t. III, 1781). Il a le premier émis l'idée
que les salanganes font leur nid avec une humeur muqueuse sécrétée en
grande abondance à l'époque des amours. Le prince Charles Bonaparte
adopta cette manière de voir.
« C'est, a dit Hooyman, grâce à leurs glandes salivaires excessive-
ment développées que les salanganes sécrètent ou durcissent les matières
(i) En anglais : bird's-nets;
hollandais : indicansche Vogelnestjes ;
italien : nidi di Tunchino;
espagnol : nidos de la China.
(2) Bontius en i656 mentionnait l'emploi de ces nids comme substance alimentaire j
5o ans plus tard Rumphius et Valentin en ont parlé, puis Poivre en i^Si.
(3) Cuvier s'exprime ainsi : « Faits avec une espèce particulière de fucus qu'elle macèr«
et broie avant de l'employer. »
( 5^5 )
qui composent leurs nids si vantés. Quelle que soit la nature de ces matières
trop peu étudiées, les naturalistes sont du moins en mesure d'assurer qu'elles
ne sont ni végétales ni empruntées à la mer. » (Comptes rendus; décem-
bre i855, p. 978.)
» II en est de même de MM. P. Gervais et Van Beneden [Zool. mëd., t. I,
p. 117).
w Everard Home l'a considérée comme une sécrétion animale, préten-
dant que l'organe sécréteur se trouve dans le jabot. Blyter et Laidley ont ap-
puyé cette opinion par des recherches faites au Bengale {Journal Soc. Beng.,
t. XIV, p. 210). Itier assvire que la substance de ces nids est du suc gastrique
pur et concret. Mulder y signalait o,gi^ de matière azotée, et Doebereiner
l'a'présentée comme analogue au mucus. Proust en 1806, ainsi que l'a rap-
pelé M. Chevreul, compara la matière de ces nids à un cartilage uniforme
dans son tissu (i). M. Milne Edwards a exprimé l'opinion que cette sub-
stance se rapprochait beaucoup des matières animales. M. le D' Montagne,
en 1847, constatait par l'observation directe que la substance agglutinative
des nids de salangane est dépourvue de toute organisation celluleuse.
M. Trécul y retrouvait ce caractère en i855, montrait que l'action de l'eau
chaude n'y pouvait indiquer les propriétés de la gélatine, que la calcination
y décelait le caractère des matières animales, et la distinguait des fucus en
la rapprochant du mucus animal.
» Cependant plus récemment encore, en i856, M. Simonet de Maison-
neuve, qui commandait alors une frégate dans les mers de Chine, envoyait
comme le produit épuré des nids de salangane une substance blanchâtre en
longues bandelettes, dans laquelle M. J. Cloquet constatait la propriété de
former une gelée légère et qui, sous ce rapport, pouvait se rapprocher^ soit
de l'ichthyocolle, soit d'une substance provenant de certaines algues (2).
(1) « J'ai fait cuire un de ces nids dans l'eau (dit l'auteur), il s'est ramolli et a pris l'appa-
rence d'une partie blanche aponévrotique; il n'a perdu que 4 pour 100 de son poids. »
(3) On trouve de nouveaux détails et un complément de cet historique dans l'ouvrage inti-
tulé : Eléments de Zoologie médicale, par M. Moquin-Tandon, et dans les Notes ornitholo-
giques du même auteur ; en voici de courts extraits :
« On peut rapprocher de l'ichthyocolle, dont ils ont tout à fait l'apparence, les nids des
salanganes, petits oiseaux de l'ordre des Chélidons, et de la famille des Hirondinides.
» On connaît cinq espèces de salanganes, qui se trouvent presque toutes dans l'archipel des
Indes.
» Plusieurs naturalistes ont regardé ces nids comme composés avec le frai de certains
poissons ou avec le mélange de divers zoophytes; d'autres ont cru que l'oiseau les construi-
( 5a6 )
» Amené ainsi à intervenir au milieu de ces opinions divergentes, j'ajou-
terai quelques faits nouveaux, de nature, je le crois, à éclaircir la ques-
tion.
» On vient de voir quelles sont les propriétés caractéristiques et la compo-
sition élémentaire de la gélose extraite du Gelidium corneum ; elles diffèrent
non moins que la plante elle-même, des propriétés essentielles de la matière
des nids de salangane dans leur plus grand état de pureté (i), telle que j'avais
pu me la procurer blanchâtre et translucide, dans le département anglais
des possessions de l'Inde, à l'exposition internationale de I.ondres, en i85i .
En effet, cette substance est peu soluble dans l'eau froide qui en extrait faci-
sait avec le suc d'un arbre, avec les lanières d'un lichen ou avec des algues gélatineuses
» Il est reconnu aujourd'hui que les salanganes, à l'époque de la nidification, dégorgent
une humeur muqueuse, sécrétée par leurs glandes salivaires ou par les cryptes de leur jabot
(Ev. Home, Blyt, Laidley, Itier), humeur analogue à celle dont se servent les hirondelles de
l'Europe pour Jiétrir et rendre solide la terre de leur maçonnerie. (D'après un médecin chinois,
ces nids sont formés de suc gastrique pur et concret. Itier. )
» On fait cha(|ue année trois récoltes de ces nids. Ceux de la première ponte sont les plus
purs et les plus estimés; ceux de la dernière sont mêlés à des plumes et à des brins d'herbes.
» Dans certains cas on a observé des fragments d'algues et de lichen : Alectoria crinalis,
Ach. ; Gelidium corneum, Lamx. ; Spongodiam bursa, Lamx. ; Gracilaria Lichenoïdes et
G. compressa, Gr. (Guibourt).
» Il est probable que les nids des cinq espèces ne se ressemblent pas.
" La substance des nids des salanganes est insoluble dans l'eau froide, elle se ramollit
par l'humidité ; elle se dissout dans l'eau bouillante à la manière de la gélatine.
» En i855, j'observai un certain nombre d'hirondelles de fenêtre, qui s'abattaient réguliè-
rement au bord d'une petite mare, et emportaient, chaque fois, un plein bec de terre mouillée.
Toutes les becquées laissaient une empreinte sur la rive. Je recueillis une petite quantité de
cette terre; je la fis sécher sur une feuille de papier à l'ombre. Par la dessiccation, elle prit
un peu de consistance; mais, l'ayant comparée à la paroi d'un nid construit par ces mêmes
hirondelles, je constatai que cette dernière était sensiblement plus dure et moins friable. Il
y avait donc, dans la maçonnerie du nid, autre chose que la terre humide de la mare. C'est
à la salive de l'oiseau, devenue plus abondante à l'époque de la nidification, qu'il faut attri-
buer ce changement, j'allais dire ce perfectionnement.
» Les hirondelles se servent de leur bec non-seulement pour recueillir et pour transporter
la terre mouillée dont elles ont besoin et pour y ajouter le lien nécessaire, mais encore pour
mêler et gâc her cette espèce de mortier. «
(i) Ces nids ne contiennent parfois que des quantités très-faibles de la substance amorphe
qui semble avoir manqué aux oiseaux et n'avoir pu, dans ce cas, servira réunir ou agglutiner
des débris de plantes, déplumes et d'autt es matériaux, à moins qu'ils n'aient été construits
par des hirondelles d'espèces voisines, mais distinctes de l'alcyon.
( 5^7)
loment plusieurs sels alcalins, lo centièmes environ, dont le chlorure de
sodium constitue sa plus grande partie.
» La substance normale desséchée à loo degrés dans le vide a donné pour
cent 1 4, 12 de cendres contenant des chlorures, sulfates, phosphates solubles,
plus du phosphate et du carbonate de chaux ; elle répand par la calcination
des vapeurs ammoniacales, ne se putréfie pas rapidement et son incinéra-
tion est plus facile que celle de la plupart des autres matièies azotées.
» La substance des nids de salangane pulvérisée, desséchée, se gonfle
dans l'eau froide au point que son volume .augmente de i à 8,5. Soumise
sans broyage à l'action de 85 fois son poids d'eau maintenue bouillante et
une fois renouvelée pendant trois heures, puis lavée par un égal volume
d'eau froide, elle a laissé dissoudre 0,6077 '^^ ^^" poids (à l'état normal ou
contenant 0,1975 d'eau hygroscopique), la portion non dissoute (19,48
pour 100) retenait égouttée et refroidie 38 fois 4 son poids d'eau interposée.
La portion ainsi gonflée à 100 degrés conservait son volume considérable à
chaud et à froid. En réduisant en poudre cette substance, puis la traitant
trois fois de suite par 100 fois son poids d'eau bouillante durant une heure
chaque fois, il n'est plus resté que 7,22 pour 100 de matière insoluble sèche.
Celle-ci, complètement égouttée pendant douze heures sur un filtre, rete-
nait 54 fois son poids d'eau (i). Les solutions aqueuses faites à froid, celles
obtenues ensuite à chaud, ainsi que le liquide demeurant interposé dans la
substance gonflée par l'eau bouillante, ont une réaction alcaline.
» La substance normale est dissoute à chaud par les solutions alcalines,,
même faibles, de potasse et de soude, qui permettent d'y reconnaître la
présence du soufre (ainsi que dans chacinie de ses parties solubles ou inso-
lubles). La réaction de l'iode la colore en jaune orangé; elle offre divers
autres caractères généraux des principes neutres azotés : soumise à des lava-
ges qui ont réduit à 0,0475 les matières minérales, elle donna par l'analyse,
(i) La portion soluble àchaïul, desséchée puis redissoute à froid, donna lieu aux observa-
tions suivantes, mise en contact avec divers réactifs.
L'acétate de plomb, le tanin, l'iode, l'eau de chaux, la solution de baryte, les acides sul-
furique, chlorhydrique, azotique étendus, n'ont produit aucun précipité ni réaction directe-
ment appréciable. L'acide acétique en faible dose la précipite ; un excès du même acide
dissout le précipité qui se reproduit par une nouvelle addition de la substance organique dis-
soute. Après la dissolution dans la potasse, Cet acide ne la précipite plus.
L'alcool en excès précipite la plus grande partie de la substance organique; l'eau même
alcoolisée redissout le précipité ; facétate de plomb tribasique précipite la substance en com-
binaison insoluble.
( 5^8 )
sur loo parties 9,5a d'azote à l'état sec et 9,99 à l'état pur ou cendres
déduites. La portion dissoute dans le traitement de la substance pulvérisée
donna sensiblement la même proportion d'azote, 9,81 : les parties solubles
et insolubles à 100 degrés ne diffèrent sans doute que par une cohésion
graduellement détruite et la solubilité acquise dans l'eau bouillante; cette
substance présente en un mot les principaux caractèresd'un mucus animal
concrète, qui provient probablement d'une sécrétion spéciale au temps des
amours, comme quelques auteurs l'ont avancé. Mais l'azote s'y rencontre
en moindres proportions et elle offre plusieurs propriétés distinctes très-
remarquables (i).
» Les nids d'hirondelles, parmi les peuples de l'Orient surtout, sont
l'objet d'un commerce assez considérable; depuis longtemps ils les considè-
rent comme doués de si précieuses vertus nutritives et aphrodisiaques, qu'ils
constituent pour eux un aliment de luxe, d'un prix très-élevé.
» On évalue à 242400 livres, poids anglais, la quantité de nids anuelle-
ment exportée du grand archipel Indien, et dont la valeur est d'environ
1 5o francs la livre relativement à la première qualité, 1 00 francs la deuxième
et 70 francs la troisième. La dépense pour la récolte dans les cavernes,
le séchage et l'emballage ne s'élève pas aux 1 1 centièmes du prix de la
vente. Les nids d'hirondelles se vendent aussi à Paris (en petite quantité
sans doute), mais au prix de 800 francs le kilogramme ou 6'^''4o" le nid
pesant 8 grammes (a).
(i) Si, comme je suis disposé à le croire, il demeure constant que c'est une sécrétion par-
ticulière, on pourrait la désigner sous le nom de cubilose, qui rappellerait à la fois son origine
(du mot latin cubile) et sa forme représentant un petit nid évasé, formé d'assises en cordons
agglutinés et superposés horizontalement ou parallèlement aux bords, relevés seulement de
chaque côté pour former deux attaches latérales. Ces cordons se séparent, graduellement gon-
flés dans l'eau bouillante, par une ébullition durant deux heures.
(2) Plusieurs des nids formés de la plus pure cubilose, blanchâtres, demi-transparents, que
j'ai eu l'occasion de voir et de peser, offraient un poids de 7 grammes à 9 grammes.
Voyez aussi la Description de l'archipel Indien, par Crawford , l'ouvrage intitulé Coup d'œil
sur tile de Java, par le comte de Hogendorp ; et le Dictionnaire du Commerce, publié par
Guillaiimin, article Nids d'Oiseaux, par Mac-Culloch.
Je tiens d'un infatigable voyageur dans ces contrées, M. Casimir Lecomte, les détails
suivants :
« Les nids d'hirondelles importés bruts des îles de la Sonde en Chine sont, à Canton
notamment, l'objet d'un minutieux nettoyage à la main : après les avoir humectés, on enlève
un à un avec une pince tout corps étranger non comestible; puis ou les classe par ordre de
(529)
Conclusions.
» Les faits qui précèdent démontrent que la substance agglutinative et
alimentaire des nids de salangane, formant parfois la totalité de ces nids,
est une sécrétion particulière, azotée, analogue au mucus des animaux,
admettant, comme celui-ci, le soufre dans sa composition intime, dépour-
pureté. Au mois de décembre dernier, il y avait sur le marché de cette ville quatre qualités
vendues le catty ( 100* partie du picul) de 601 grammes, 28, i6, 12 et ^ piastres mexicaines,
ce qui équivaut à 3ii francs le kilogramme pour la première qualité, y compris-^ repré-
sentant les frais de transport, commission, etc. I.e nombre des nids étant de 82 à 84 par
catty, la moyenne serait de 7'%24 par nid; un nid et demi représente la ration d'une
personne. On les prépare entiers, maintenus en ébullition dans l'eau ou un liquide alimen-
taire pendant deux heures ; ils se trouvent alors réduits en filaments translucides disséminés
dans la solution mucilagineuse.
» Il paraît qu'une variété d'une blancheur tout exceptionnelle, mais très-rare, se vend
70 piastres le catty, ce qui porterait le prix du kilogramme de nids à 778 francs importés à
Paris, en y comprenant les frais de transport et autres. Cette substance alimentaire est con-
sommée chez nous en trop faibles quantités pour qu'il en soit tenu compte dans les importa-
tions ni dans les tarifs de la douane. »
Je dois encore à l'extrême obligeance de M. Lecomte l'échantillon d'une algue récoltée sur
les côtes de l'île Maurice, dans laquelle j'ai retrouvé la présence de la gélose en fortes
proportions et dont j'ai demandé à M. Montagne la détermination; voici la réponse très-
précise que j'ai reçue de notre savant confrère :
Mon cher confrère,
o L'algue, dont vous m'avez envoyé des fragments pour en savoir le nom scientifique, est
justement celle que je vous ai fait ajouter, dans votre manuscrit, à celles que l'on donne géné-
ralement comme servant à la confection des nids de salangane.
» C'est la Plocaria lichenoides (|L.), Montag. [Plocaria candida, Nées d'Esserabeck, in Horœ
physicœ Berolinenses, p. 42, tab. VI). Il était juste de donner la préférence au nom spécifique
de Turner qui a i3 ans de priorité, de même qu'au nom générique de Nées, qui en a iB sur
celui de Gracilaria, Greville, qu'adoptent quelques phycologues. Je suis heiireux de pou-
voir vous donner un nom sûr, et vous prie, mon cher collègue, d'agréer en même temps mes
civilités amicales les plus affectueuses et les plus dévouées.
» Signé Montagne. »
Voici l'observation d'Agardh qui suit sa description :
Haec species est, quae in India pro cibo adhibetur, et forsan etiam ad nidos hirundinum
aesculentos comparandos quoad partem inservit. Voyez encore Tlumphius, Jmboine. VI,
p. 181, t. LXXVI, A, B, C, et t. LXXIV, f. 3.
C. R., 1809, 2"" Semestre. (T. XLIX, N" 16.) 7^
( 53o )
vue de toute organisation, se gonflant dans l'eau froide et beaucoup plus
dans l'eau bouillante qui peut en dissoudre la plus grande partie, incapable
de produire une solution coagulable par le refroidissement, offrant plu-
sieurs caractères distinctifs dignes d'intérêt.
» Son origine ainsi que plusieurs caractères propres justifieraient, ce me
semble, le nom de cubilose indiquant la destination et l'état naturel de cette
sécrétion animale.
» Une distinction profonde existe entre cette substance amorphe et les
algues qui sont caractérisées non moins par leur organisation que par leur
composition immédiate complexe, comprenant diverses matières azotées et
non azotées, grasses et salines des végétaux.
» La distinction n'est pas moins tranchée entre la cubilose qui forme les
nids des salanganes et le nouveau principe immédiat extrait pur de l'inté-
rieur des tissus du Gelidium corneum et de la Plocaria liclienoïdes. Ce principe
étant très-nettement caractérisé par sa composition ternaire dépourvue d'a-
zote, sa solubilité complète dans l'eau bouillante, son pouvoir remarquable
de former par le refroidissement luie gelée incolore et diaphane en coagulant
sous cet aspect 5oo fois son poids d'eau; qui, d'ailleurs, exempt de soufre
et se distinguant aussi des composés pectiques, j)eut être désigné par le nom
spécial de gélose, qui rappelle à la fois son origine, ses applications et sa plus
intéressante propriété. «
Remarques sur les nids des salanganes, à roccasion de la communication de
M. Payen; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire.
« Je crois devoir faire remarquer que la diversité des opinions qui
viennent d'être rappelées ne s'explique pas seulement par les erreurs qu'ont
pu commettre les auteurs, mais par l'existence de différences très-notables
dans la composition des nids qu'ils ont eus sous les yeux. I^a question,
controversée depuis deux siècles, que M. Payen vient d'aborder à son tour
d'une manière si profitable à la science, a presque toujours été posée comme
si la salangane était une espèce unique, construisant toujours son nid par
les mêmes procédés «t avec les mêmes matériaux. Il s'en faut de beaucoup
qu'il en soit ainsi. Les nids de salanganes qu'on rapporte si communément
de la Chine, de l'Inde, de l'Océanie et d'un grand nombre d'autres con-
trées orientales, appartiennent à plusieurs espèces très-distinctes (quatre au
moins), composant ensemble un genre que j'ai établi dès mes premiers Ira-
vaux ornithologiques, et que caractérise surtout la conformation de ses pattes,
( 53r )
très-différentes de celles des vraies; hirondelles (i). Il est certain qn'aiix diver-
sités organiques qui séparent les espèces dti genre Salangane correspondent
des différences de mœurs qui, s' ajoutant à la variété des matériaux que ces
oiseaux rencontrent selon les pays, doivent amener mie grande diversité
dans la composition des nids qu'ils fabriquent. C'est, en effet, ce qui a
lieu, et même au delà de ce qu'on pouvait prévoir. H y a certainement des
salanganes qui se servent de fucus pour la construction de leurs nids, comme
l'ont dit tant d'auteurs, et entre autres, pour citer un voyageur dont le nom
est resté trop oublié jusqu'à ce jour, feu M. Bitsseuil, médecin et natura-
liste d'une des expéditions autour du monde. M. Payen vient, à son tour,
de confirmer ce fait par des preuves nouvelles. Mais les salanganes: peuvent
aussi se servir de matériaux tout différents, par exemple de lichens, de petits
brins ligneux, ou encore de petites plumes (2).
« Ces matériaux, très-divers, sont ordinairement reliés à l'aide d'une ma-
tière sécrétée par l'oiseau lui-même; cette même matière dont les nids de
salanganes seraient entièrement composés, selon les auteurs qui regardent
ces nids comme entièrement de nature animale, et non végétale. Je suis loin
de prétendre que ce fait, explicable, selon ces auteurs, par l'énorme déve-
loppement des glandes salivaires chez les salanganes, ne puisse être vrai
de quelques nids (3); mais ce qui est certain, c'est qu'il ne l'est ni de
fous, ni même de la plupart de ces nids. Le plus souvent du moins, les
salanganes ne font qu'agglutiner, à l'aide de la matière animale qu'elles
excrètent, des matériaux étrangers, et surtout des fucus (4) : fait qui n'est
(i) Ce genre est appelé par les ornithologistes tantôt Salangane, Salangana, selon le nom
que je lui ai donné [voy. le Résumé du cours d'ornithologie du Muséum, dans VÉcho du
monde savant, t. II, i836), tantôt Collocalie, Collocatia, d'après M. G.-R. Gray (A list of
Gênera of Birds, i84o).
(2) On voit dans les collections des nids composés, par places, de matériaux très-diffé-
rents. Le même individu varie donc son travail selon les substances qu'il rencontre et les
circonstances au milieu desquelles il opère. j., .,
(3) Notre savant confrère M. Montagne a soumis des nids de salanganes à de très-forts
grossissements, sans y découvrir aucune trace de substance végétale. [Voy. son article général
sur la Phyeologie dans le Dictionnaire universel d' Histoire naturelle, t. X, p. 49! 1847. )
(4) M. Valenciennes a , pour ainsi dire, pris la nature sur le fait : une salangane ouverte
par lui il y a quelques années, se trouvait avoir encore dans le gosier un brin de fucus.
Ce sont des faits analogues, mais mal appréciés par les auteurs , qui ont fait donner à une
des espèces les plus communes du genre Salangane le nom A^Hirundo (aujourd'hui Salan-
gana )fuciphaga.
70,.
( 532 )
pas sans analogie, comme l'a déjà fait remarquer M. Moquin-Tandon (i),
avec ce qui a lieu chez presque toutes les vraies hirondelles, et en parti-
culier chez les nôtres (i). Tout le monde sait, en effet, que ces oiseaux
relient et consolident, à l'aide d'une sécrétion qui leur est propre, la terre
et les autres matériaux dont ils forment si industrieusement leurs nids. »
« Répondant aux remarques de M. Geofjroy-Saint-Hilaire, M. Payes
déclare qu'il se serait empressé de citer les observations de M. Busseuil,
s'il avait pu les connaître; il donne lecture d'une des Notes qu'il avait
passées sous silence afin de ménageries moments de l'Académie. Cette Note
signale des différences dans les matériaux des nids dépendantes des
espèces distinctes qui les emploient, dues parfois peut-être à l'insuffisance
de la sécrétion muqueuse; il présente un échantillon qui, formé principale-
ment de plumes agglutinées par la cubilose, semble devoir être classé
dans cette dernière catégorie. M. Payen ajoute qu'à son point de vue l'étude
attentive et comparée de la substance des nids en question était indispen-
sable pour la distinguer soit des divers produits végétaux, soit des variétés
connues de la gélatine, de l'ichthyocolle, du suc gastrique, des mélanges
de zoophytes, des cartilages, du frai de poisson, d'une matière spumeuse
provenant de la baleine, indiqués par différents auteurs, soit même des
différents mucus des organismes animaux, ces caractères distinctifs mon-
trant dans celui-ci une nature à part correspondante à une sécrétion parti-
culière, comme à une destination toute spéciale. »
PHYSIQUE VÉGÉTALE. — Quatrième Mémoire sur la température des végétaux
dans les différentes saisons; par M.. Becquerel. (Extrait.)
« J'ai exposé déjà dans trois Mémoires le résultat de mes recherches sur
les températures moyennes diurnes, mensuelles et annuelles, de l'air et des
(i) Notes ornithologiques, dans le Magasin de Zoologie de M. Guérin-Méneville, i85g.
M. Moquin-Tandon vient de donner, dans sa Zoologie médicale, p. 157, un très-court,
mais très-exact résumé, de ce qu'on sait des nids de salanganes.
( a ) Et aussi, comme le fait remarquer M. Trécul ( Comptes rendus, t. XLI , p. 882 ), chez
les martinets , dont les salanganes se rapprochent par ceux de leurs caractères qui les dis-
tinguent des vraies hirondelles.
{ 533 )
végétaux, en faisant concourir mes observations avec celles qui ont été
faites à Genève, de 1796 à 1800, par MM. Pictet et Maurice. Ces recherches
ont conduit à cette conséquence importante que les températures moyennes
annuelles de l'air et des végétaux sont égales, et fréquemment aussi les
températures mensuelles et diurnes.
» Depuis la publication de ces trois Mémoires, j'ai continué mes obser-
vations et repris leur discussion, de laquelle il résulte que la chaleur déga-
gée dans les organes et les tissus des végétaux n'intervient pas sensiblement
sur la température propre des végétaux, et qu'il faut chercher la cause de
celle-ci dans l'état calorifique de l'air.
» Dans le nouveau travail que je présente aujourd'hui à l'Académie, je
me suis attaché particulièrement aux variations diurnes de température
dans les végétaux, question qui intéresse vivement la physiologie végétale.
Ces variations ont lieu dans des limites plus ou moins étendues, suivant le
diamètre des tiges, la nature des tissus et celle des enveloppes corticales
ou autres.
o Wells, au commencement du siècle, avait remarqué que dans une
prairie, lorsque le ciel était sans nuage et le temps calme, des thermomètres
placés sur l'herbe indiquaient des températures de plusieurs degrés au-
dessous de celle de l'air à une certaine hauteur; l'abaissement de tempé-
rature était quelquefois de 7 à 8 degrés.
» Melloni reconnut que dans l'explication du phénomène il fallait avoir
égard au grand pouvoir émissif du verre, qui était également une cause de
refroidissement, dont on évitait les effets en recouvrant le réservoir du ther-
momètre d'une enveloppe d'argent ou de laiton possédant un pouvoir réflec-
teur considérable. Un thermomètre ainsi revêtu perd presque en totalité son
pouvoir émissif et donne ainsi avec assez d'exactitude la température de
l'air. En opérant de cette manière, Melloni a reconnu que l'abaissement de
température dans les plantes herbacées n'allait jamais au delà de i à a de-
grés, et rarement à 3 degrés au-dessous de celle de la couche d'air ambiante.
Ainsi, quand les plantes se refroidissent de i degré, par exemple, l'air qui
les entoure ne tarde pas à se refroidir également de i degré. Un nouvel
abaissement de température a-t-il lieu, l'air ambiant y participe également;
ainsi de suite. Les plantes finissent de cette manière par éprouver un abais-
sement de température de 7 à 8 degrés au-dessous de celle des végétaux à
une certaine hauteur.
» Au lieu de végétaux herbacés, si l'on considère les feuilles des arbres
( 534 )
et les jeunes rameaux, on trouve avec le thermomètre électrique que leur
température, dans les mêmes conditions atmosphériques, est dans un état
d'équilibre instable, tant que dure le rayonnement nocture. Mais il n'en est
pas de même en expérimentant sur des tiges et des troncs d'arbres d'un
certain diamètre recouverts d'écorce. J'arrive aux variations de tempé-
rature.
» La variation diurne de la température de l'air est la différence entre la
température maximum et la température minimum de la journée; ces deux
températures sont données aujourd'hui par les thermomètres à maxima et
à minima; il n'est pas facile de les obteiïir directement dans l'arbre, vu la
difficulté d'y introduire ces deux instruments. Néanmoins il y a possibi-
lité d'avoir ces deux éléments avec un cerlain degré d'approximation. En
effet :
» Les observations de Genève ont été faites au lever, au coucher du
soleil et à 2 heures après midi, dans l'air et dans un marronnier d'Lide de
o^iG de diamètre; on n'a pas recueilli les maxima et les minima, par la
raison que les instruments qui pouvaient les donner n'existaient pas à cette
époque. On peut avoir néanmoins des valeurs qui en approchent. La tem-
pérature observée à 2 heures après midi représente à peu près le maximum
de la température de l'air pendant la journée, et la température au lever du
soleil le minimum. On sait, en effet, que la température maximum a lieu
entre 2 et 3 heures de l'après-midi, un peu plus tôt en hiver, un peu plus
tard en été, et que le minimum se montre peu après le lever du soleil.
On ne commet donc pas d'erreur bien sensible en agissant comme on
l'a fait.
>' Quant aux maxima et aux minima dans l'arbre, on les obtient comme
il suit : Si l'on compare ensemble les observations faites à Genève au lever et
au coucher du soleil pendant les années 1796, 1797 et 1798, on voit que
leur moyenne mensuelle et annuelle est sensiblement la même que la
moyenne mensuelle et annuelle à 2 heures. Pendant ces trois années, la
moyenne des observations au lever et au coucher du soleil est égale à 7°, 55
La moyenne à 2 heures 7°, 52
Différence o'*,o3
» La différence est donc inappréciable. On peut inférer de là que les
températures dans l'arbre au lever et au coucher du soleil "sont l'une le mini-
mum, l'autre le maximum de la journée, du moins des valeurs qui en appro-
chent beaucoup.
( 535 )
» Les observations faites dans l'arbre avec le thermomètre électrique de
juillet i858 à juillet iSSg, justifient jusqu'à un certain point cette méthode
de supputer les maxima et les minima ; car j'ai trouvé avec les observations
horaires que le maximum dans l'arbre a lieu quelques heures après le cou-
cher du soleil, et comme depuis ce moment jusqu'à l'instant du maximum
la différence est assez faible, on ne commet pas d'erreur bien sensible en
prenant pour le maximum l'observation faite au coucher du soleil. D'un
autre côté, la diminution de températurecontinuant jusque vers le lever du
soleil et la diminution étant très-lente, rien ne s'oppose donc à ce que l'on
prenne pour minimum la température observée à cet instant. En partant de
ces bases on trouve que la variation moyenne de l'air pendant les trois années
sus-mentionnées a été à Genève de 5°, lo, tandis que dans le marronnier elle
ne s'est élevée qu'à o°,88; les deux variations sont donc dans le rapport de
5,90 à I.
» Les observations faites dans l'arbre de i858 à iSSg, avec le thermo-
mètre électrique, donnent pour le rapport des variations dans l'air à celles
dans l'arbre 4>7'. ' •
» Les tracés graphiques mettant bien en évidence la grande différence
existant entre les variations de température dans l'air et celles dans l'arbre.
» Il n'y a rien d'absolu dans ces limites, attendu qu'elles varient avec le
diamètre des arbres.
» On voit en outre, dans le tableau des observations de Genève, que les
plus grandes variations de température dans l'arbre ont eu lieu dans les mois
de mars, avril et mai et dans le mois de septembre, c'est-à-dire à l'époque
des équinoxcs.
» Des faits qui précèdent, on peut tirer les conséquences suivantes. Les
variations de température dans les arbres étantbeaucoup moindres que dans
l'air, il en résulte que lorsque la température de l'air varie dans des limites
étendues et que les variations sont de courte durée, l'état calorifique de
l'arbre est peu affecté; il n'en est pas de même dans le cas contraire, l'air
et l'arbre finissent par se mettre en équilibre de température.
» L'atmosphère est donc la source où tous les végétaux puisent la chaleur
dont ils ont besoin pour naître, se développer et compléter toutes les phases
de leur existence. La température moyenne d'un lieu qui est celle du végé-
tal, ainsi que les variations extrêmes de température et leur durée, sont les
éléments calorifiques à prendre en considération dans les phénomènes calo-
rifiques de la vie végétale, la chaleur résultant des élaborations diverses qiii
( 536 )
ont lieu dans les tissus n'intervenant pas sensiblement sur la température
des végétaux qui est toute d'emprunt, à l'exception de certains cas de flo-
raison dont je n'ai pas eu occasion de m'occuper.
» Tels sont les résultats généraux obtenus dans la dernière partie de
mes recherches sur la température des végétaux. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations relatives à ta présence de l'argent dans
l'eau de la mer; par MM. Malagcti et Dukocher.
« Nous croyons devoir rectifier une erreur qui s'est glissée dans l'im-
pression de la p. 463 du t. XLIX des Comptes rendus de l'Académie : c'est
M. Tuld et non M. Field qui, répétant nos expériences en Amérique, a
vérifié l'existence de l'argent dans l'eau de la mer qui baigne le nouveau
continent.
» Qu'il nous soit permis, à ce sujet, d'ajouter quelques remarques con-
cernant la citation intéressante qu'a faite M. Chevreul {ibidem,p. 463) d'une
Lettre écrite par Proust à La Métherie et insérée dans le Journal de Physique
de 1787. Il nous semble résulter de cette Lettre que Proust a voulu conclure,
non point que de l'argent devait exister en dissolution dans l'Océan, mais
bien que l'argent abandonné par des navires naufragés au fond de la mer, ne
s'y conserve point à l'état métallique, mais qu'il y passe à l'état de mine d'ar-
gent corné; et que, si le fond de la mer venait à se changer en continent, on
y retrouverait à cet état le métal précieux (i).
w D'ailleurs, on comprend que l'argent qui peut être amené en dissolu-
tion dans les eaux marines par la chloruration de lingots ou monnaies per-
dus dans des naufrages doit s'y trouver, vu la grande étendue des mers, en
quantité trop minime pour être perceptible. Aussi c'est un tout autre point
de vue qui nous a guidés dans nos recherches : voici en effet ce qu'on lit
dans notre Mémoire [Annales des Mines, 4* série, t. XVII, p. 94) : « La dif-
(i) La Lettre de Proust n'a pu être reproduite en entier; mais si les passages cités ont pu
être interprétés dans ce sens, il résulte de l'ensemble de cette Note et d'autres qui se trou-
vent également dans le Journal de Physique, que l'illustre chimiste, qui mentionne dans un
autre endroit l'existence du mercure dans certains échantillons de sel, n'avait nullement l'idée
de chercher dans les naufrages la source unique ou même principale des métaux contenus
dans les dépôts ou précipités marins.
( 537 )
» fusion de l'argent dans les minéraux métalliques étant pour nous un fait
M bien établi, nous avons pensé que ce métal devait aussi se trouver dans
» l'eau de la mer. En effet, par des expériences multipliées nous l'avons
» constaté dans l'eau de l'Océan, et même nous sommes parvenus à en
» déterminer approximativement la quantité, qui s'élève à i milligramme
» pour loo kilogrammes d'eau. Nous avons aussi reconnu l'existence d'une
» petite quantité d'argent dans du sel gemme, provenant des mines du
» département de la Meurthe, où il constitue, comme on le sait, des couches
» régulières, intercalées dans la formation des marnes irisées, qui est un
» dépôt marin; aussi nous ne doutons pas que l'argent ait existé dans les
» anciennes mers aussi bien que dans les mers actuelles. »
» Un peu plus loin (p. gS) nous ajoutons que l'argent contenu en disso-
lution dans l'eau des mers représente une masse plus considérable que
celle qui, depuis l'origine de l'époque actuelle, a pu être extraite par
l'homme du sein de la terre. C'est à des causes inhérentes aux éléments
physiques du globe et tout à fait indépendantes de l'existence de l'homme,
que nous avons attribué l'introduction de l'argent dans les eaux de l'Océan;
nous avons fait voir qu'il a pu y être amené de deux manières, ou par des
émanations de chlorure d'argent sorties du sein de la terre, ou plus simple-
ment encore par l'action lente qu'exerce l'eau salée sur les sulfures argen-
tifères de la partie supérieure des gîtes existant, soit à la surface des conti-
nents, soit au fond des mers. »
« M. I. Geoffroy-Saint-Hilaire dépose sur le bureau une Notice impri-
mée sur les mesures prises, par la Société impériale d'Acclimatation, pour
V introduction du dromadaire au Brésil, et particulièrement dans les provinces
sablonneuses du Ceara et du Piauhy. Sur la demande du gouvernement
brésilien, i4 chameaux, et avec eux i3 chevaux barbes, viennent d'être
transportés sur un navire frété par la Société, et avec des précautions qui
heureusement ont obtenu un plein succès; car on n'a pas même eu à
regretter une seule perte parmi les 27 animaux embarqués à Alger. Les cha-
meaux sont destinés à établir un service régulier de transport dans des pays
où l'extrême sécheresse rend l'emploi des chevaux et des mulets très-
difficile ou même impossible pendant plusieurs mois de l'année. »
C. R., 1859,3"" Semestre. (T. XLIX, N» 16.) 7I
( 538 )
MÉMOIRES PRESENTES.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Composition des eaux courantes en Lombardie, considé-
rées relativement à [influence qu'on peut lui attribuer sur la production du
goitre. Recherches de M. Demortain, transmises par M. le Maréchal
Vaillant.
Lettre de M. le Maréchal Vaillant à M. le Président de l'Académie.
« M. Demortain, pharmacien en chef de l'armée d'Italie, m'a fait parve-
nir un travail sur les eaux des fleuves et rivières que nous avons rencon-
trés dans notre campagne. Ce travail a pour objet l'analyse de ces eaux
au point de vue de leur action sur la production des goitres, affection si
commune en Lombardie.
» J'ai pensé que les recherches auxquelles M. le D' Demortain s'est livré
pourraient avoir leur utilité pour la solution d'une question souvent
traitée, mais peut-être encore un peu obscure : je prends la liberté de vous
adresser le travail que j'ai reçu, et auquel vous donnerez telle destination
que vous jugerez convenable. »
Extrait de la Note de M. Demortain.
« J'ai pensé que la pharmacie militaire pourrait, en Lombardie, comme
» elle l'avait fait dans la campagne de Crimée, payer son tribut à la science,
» et avancer peut-être la solution d'une question d'étiologie, grosse de dis-
» eussions déjà, mais toujours indécise. Comme la qualité des eaux a
» toujours fait une grande partie des frais des discussions sur l'étiolo-
» gie du goitre, je voulais, aidé du secours de l'appareil hydrotimélriqiie
» de Boulron et Boudet, faire déterminer la nature et la qualité des eaux
» de toute la Lombardie, et particulièrement de celles de ces pays que
» nous avons parcourus, et où le goitre est endémique.
» La rapidité des marches et les exigences toujours pressées de notre
» service ont mis obstacle à tout travail d'analyse, mais elles nous ont
» laissé le temps de récolter les eaux des rivières, des sources et des puits.
» Nous sommes revenus de Valleggio à Milan riches de trente échantillons
» pris sur notre route, et depuis notre séjour ici toutes ces analyses ont été
» faites, plusieurs sous mes yeux, par deux de mes camarades, MM. Brau-
» wers et Villard, tous deux attachés à l'ambulance du grand quartier gé-
» néral. C'est le résultat de ce travail que j'ai l'honneur de vous adresser
( 539)
» aujourd'hui. Ce n'est qu'une série d'analyses faites par les procédés
» ordinaires de l'hydrotimétrie, mais faites avec un grand soin ; et cette
« échelle de composition des eaux qui servent aux usages des populations
» parmi lesquelles le goitre est endémique offrira peut-être de l'intérêt.
M Le tableau qui résume toutes ces analyses est destiné à la Société d'Hy-
» drologie médicale de Paris. J'ose espérer, Monsieur le Maréchal, que
» vous ne verrez pas d'indiscrétion dans la pensée qui me dirige en le sou-
» mettant tout d'abord à votre savante appréciation. Deux faits vous frap-
» peront dans ce tableau : le premier, l'absence absolue de sels de magné-
» sie dans les eaux des localités où nous avons observé le plus de goî-
» treux : Cassano, Gorgonzasa, Crescenzago, etc. ; le deuxième, l'absence
» simultanée du chlore. Il y a dans ces eaux si peu de chlorures, que pour
» en découvrir des traces j'ai été obligé de faire recommencer plusieurs
» expériences, et d'agir sur de grandes quantités. Ici, comme nous atta-
» chionsune grande importance à cette constatation, nous ne nous sommes
» plus bornés à l'emploi des agents hydrotimétriques, mais nous avons
» opéré, comme on le fait d'ordinaire pour la recherche du chlore, avec
» l'azotate d'argent et l'acide azotique.
» Par contre, toutes ces eaux sont dures, et, nous le savions d'avance,
» elles cuisaient mal nos légumes et ne savonnaient pas. Toutes, en effet,
» accusent de notables proportions de carbonate et de sulfate de chaux,
» et plusieurs, dépouillées de ces sels et d'acide carbonique, semblent en
» vérité de l'eau pure, de l'eau distillée; enfin, Monsieur le Maréchal, je
» dois ajouter que beaucoup d'entre elles, celles de Brescia par exemple,
» n'ont donné qu'un très-faible volume d'air. »
Ce travail est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Serres, Dumas, Pelouze, Velpeau.
PALÉONTOLOGIE ET MINÉRALOGIE. — Notice sur divers fossiles et minéraux
envoyées du Chili pour l'Ecole des Mines; p»r M. Domeyko.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, de Senarmont, Valenciennes.)
« 1. Ossements fossiles de Taguataçjua. — Ces ossements proviennent d'une
localité qui a fourni jusqu'à présent plus d'ossements fossiles que tout le reste
du Chili. M. Gay la cite dans son grand ouvrage sur l'histoire du Chili
{Historia fska i politica de Cfiile : — Zoolagia, 1. 1. p. i38 et 146), et il donne
( 54o )
les dessins de divers ossements, appartenant aux genres Mastodon et Equus,
extraits du même endroit.
» Le terrain où se trouvent enfouis ces ossements est le fond d'un ancien
lac qui a été desséché par le propriétaire, il y a vingt ans, pour les besoins de
l'agriculture et dont les eaux couvraient un petit bassin très-évasé, situé dans
une ramification de la grande plaine intermédiaire du Chili. Cette plaine,
comme on le sait, s'interpose entre les Cordillères de la côte et la chaîne des
Andes; elle s'étend depuis Chaeabuco (33" de lat.) jusqu'au golfe de Reton-
cavi (41° 3o' de lat.), sur une longueur de 8 à 9 degrés de latitude, et il
est rare qu'elle atteigne plus de 6 à 7 lieues en largeur. Elle s'élève à
56o Tnètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer, à Santiago non loin
de son origine, et s'abaisse insensiblement à mesure qu'elle avance vers le
midi: de manière qu'elle n'a qu'une vingtaine de mètres d'altitude là où
elle descend dans le golfe que je viens de citer. Ce golfe n'est que le prolon-
gement de la même plaine et s'interpose entre une série d'îles qui forment
le prolongement des Cordillères de la côte et les Andes.
» Le sol de cette plaine intérieure du continent chilien est composé de
sables et couches argileuses appartenant à l'époque quaternaire, recouverts
par des alluvions modernes; et, d'après ce que je viens de dire, toute la
plaine est, du côté de l'est, entièrement séparée des provinces Argentines par
les Andes. On la voit aussi limitée du côté du nord par quelques chaînons,
qui se détachentde la masse principale des Andes, et du côté de l'occident par
les basses montagnes et le terrain granitique de la côte.
» C'est dans cette plaine étroite et de 200 a 3oo lieues de longueur qu'on
rencontre des ossements de Pachydermes, enterrés dans des couches argi-
leuses de peu de profondeur; on n'en a pas trouvé jusqu'à présent dans la
partie septentrionale du Chili, où le pays, par suite de la rareté des pluies,
commence à prendre le caractère physique et l'aspect du désert d'Atacama.
Les provinces qui paraissent être les plus riches en ces dépôts de débris de
l'ancien monde, sont celles de Colchagua et de Talca, situées entre 34 et 35°
de lat. S., et c'est dans la première de ces deux provinces, vers les 34° 20' E.
que se trouvait le lac aujourd'hui desséché de Taguatagua. La plaine inter-
médiaire, sous cette latitude, est interceptée par un chaînon des porphyres
stratifiés qui descendent de la grande Cordillère des Andes et qui font
détourner la plaine vers le sud-ouest, où elle s'unit avec l'emplacement de
l'ancien lac, dont les contours arrondis paraissent indiquer l'endroit d'une
espèce de golfe entouré de montagnes. Ces montagnes, qui dans la nouvelle
carte géologique de M. Pissisfont partie du terrain cambrien, interceptaient
( 54r )
les courants des eaux qui venaient du nord, et qui déposaient dans ce
golfe le limon avec les débris des animaux qu'on en retire. La surface de
la partie desséchée du lac se trouve à peu près à 200 mètres de hauteur
au-dessus du niveau de la mer. »
Parmi les ossements fossiles provenant du lac de Taguatagua, nous
citerons un fragment de mâchoire d'éléphant avec une molaire, plusieurs
fragments de cornes ramifiées appartenant à une grande espèce de cerf, une
vertèbre et d'autres ossements non déterminés, une dent molaire de Masto-
donte.
Une deuxième partie de la Note est relative au terrain lignifère de la
Conception auquel se rapportent des échantillons de roches avec impres-
sions de plantes, qui font partie du même convoi.
CHIMIE LÉGALE. — Recherche de l'arsenic; remarques présentées à l'occasion
d'une communication récente, par M. Gaultier de Claubry.
(Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Regnault.)
« Dans une Note insérée par extrait au Compte rendu de la séance du
3 octobre, M. Leroy signale la production depuis longtemps bien connue de
taches de soufre et de sulfures métalliques dont on sait parfaitement se
délivrer dans les recherches de chimie légale par l'addition de l'acide nitrique
ou de l'eau régale au produit de l'action de l'acide sulfurique sur les
matières suspectées. Plus loin il remarque que la carbonisation par l'acide
sulfurique pouvant laisser des sulfures dans le charbon, ou l'imprégner
d'acide sulfureux, c'est aussiune raison de préférer dans bien des cas l'em-
ploi de l'acide nitrique ou du nitrate de potasse. Ces deux derniers procédés
offrent des inconvénients que j'ai discutés dans mon Traité de Chimie lé-
gale, dont j'ai eu l'honneur de faire hommage à l'Académie. Le premier sur-
tout est jugé et repoussé par tous les chimistes.
» Quant à l'existence de l'acide sulfureux dans le produit du trait,ement
par l'acide sulfurique, j'ai prouvé, dans une discussion avec Orfila, relative
à ce dernier procédé qu'il repoussait sous le même prétexte, que sa suppo-
sition était entièrement gratuite et que les réactifs les plus sensibles ne
pouvaient la démontrer. Ces résultats ont été publiés dans le n° de juillet,
année i843, p. i63, des Annales d'Hygiène et de Médecine légale. »
( 54â )
GÉOMÉTRIE. — Mémoire sur les courbes à double courbure de tous tes ordres
faisant connaître un mode uniforme de génération de ces courbes par le mo/en
des intersections mutuelles, dans l'espace, de deux droites qui pivotent autour
de deux points fixes et qui se correspondent suivant une loi connue; par
M. DE JONQUIÈRES.
(Commissaires, MM. Poncelet, Liouville, Chasles, Bertrand.)
« Ce Mémoire, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, est précédé d'une
introduction où je cherche à préciser l'état actuel de la question ; il se divise
en deux parties.
» Dans la première partie je présente, sous plusieurs points de vue, la
théorie de figures correspondantes d'un nouveau genre, tracées sur le plan,
où des points correspondent à des points, et des droites à des courbes de
l'ordre m, douées d'un point multiple de l'ordre de [in — i) qui leur est
commun à toutes. Cette théorie me paraît offrir quelque intérêt par elle-
même; mais elle en acquiert surtout par l'application que j'en fais à la
construction des courbes à double courbure. Ce sont, en effet, les points
homologues de ces figures, désignées par moi sous le nom défigures isogra-
phiques, qui servent à guider les rayons vecteurs rectilignes, au moyen des-
quels s'engendre la courbe à double courbure de l'ordre [m -h 2). Cette
application fait le sujet de la seconde partie du Mémoire. J'explique com-
ment on peut construire ainsi une courbe à double courbure d'un degré
quelconque, et je termine en indiquant le moyen d'obtenir la tangente en
im point quelconque de la courbe. »
PHYSIQUE. — Note sur les causes qui peuveiit produire In formation de l'atmo-
sphère lumineuse de C étincelle d'induction et sa disposition; par M. i>v
MoïfCEL. (Extrait par l'auteur.)
« La formation de l'atmosphère lumineuse qui entoure l'étincelle d'induc-
tion est, conformément à ce que j'avais avancé il y a cinq ans, principale-
ment due à réchauffement ou plutôt à la dilatation de l'air dans le voisinage
de l'étincelle, lequel échauffement a pour efïet de créer un conducteur
secondaire et aériforme à travers lequel peut passer Télectricité en assez
grande quantité pour l'illuminer et le rendre susceptible de fournir les
effets do l'électricité de quantité.
» La réaction réciproque des deux parties de l'étincelle d'induction
( 543 )
fiine sur l'autre contribue puissamment, comme celle exercée entre deux
décharges voisines, à faciliter le passage de la décharge à travers le conduc-
teur secondaire formé par l'air dilaté.
» Si par un moyen quelconque on peut empêcher la formation de ce
conducteur secondaire, l'atmosphère lumineuse de l'étincelle ne peut se
constituer. L'absorption de la chaleur dégagée aux pôles du circuit par la
volatilisation de substances susceptibles de s'évaporer sans brûler, ou le dé-
tournement de la décharge (par une dérivation métallique ou liquide très-
constante) du conducteur secondaire fourni par l'air dilaté sont des moyens
de ce genre .
» Si par un moyen quelconque, soit l'interposition de la flamme d'une
bougie, soit un effet d'aspiration tendant à produire une dilatation par-
tielle de la couche d'air interposée dans la décharge, on parvient à créer
un conducteur secondaire aériforme, l'atmosphère lumineuse manquant à
une étincelle peut reparaître de nouveau.
» L'étincelle d'induction échangée entre deux rhéophores liquides ou
au pôle extérieur de l'appareil de Ruhmkorff n'a pas d'atmosphère lu-
mineuse pas plus que l'étincelle produite sur une dérivation établie sur un
circuit continuel celle qui est engendrée par le filet lumineux d'une pre-
iniàre étincelle séparée de sou atmosphère lumineuse.
» L'étincelle d'induction à travers les liquides non combustibles n'est
jamais entourée d'une atmosphère lumineuse, et celle qu'on remarque
autour des extrémités seulement des rhéophores dans l'huile, l'alcool, etc.,
ne provient que d'un effet de combustion.
» Pour l'étude de ces différents effets, le microscope présente des avan-
tages incomparables en montrant comme indice certain de la présence de
l'atmosphère de l'étincelle les couleurs rouge et bleue qui en sont la con-
séquence inséparable et qu'on ne peut apercevoir à l'œil nu.
» Il semblerait résulter des différentes expériences de M. Perrot et des
miennes que deux mouvT>m?nts électriques différents seraient produits à la
Ibis dans les courants induits et qu'on pourrait peut être en rendre compte
en les attribuant aux deux sortes de conductibilités des corps (conductibilité
extérieure et conductibilité intérieure) dont M. Gaugain a déterminé derniè-
re ment les lois.
» On peut conclure d'une manière générale que l'étincelle électrique
subissant les réactions des effets qu'elle produit doit fournir : i" quand
!('s fluides qui la déterminent sont en quantité, un effluve lumineux sans
jet lumineux provenant de la conduction de l'iiir très-échauffé : c'est le
( 544 ) ■
cas de la lumière électrique fournie par une pile énergique ; 2° quand les
fluides n'ont que de la tension, un trait de feu sans effluve lumineux, du
moins; la disposition des rhéophores ne favorise pas leur écoulement .
c'est le cas de l'étincelle des machines; 3° quand les fluides sont à la fois en
quantité et en tension, un trait de feu acccompagné d'une atmosphère
lumineuse, ce qui est le cas de l'étincelle d'induction. »
Cette Note et une autre Note « sur un nouvel appareil d'induction
propre à démontrer l'origine des différentes sortes d'inductions électro ma-
gnétiques'», sont renvoyées à l'examen des Commissaires désignés pour de
précédentes communications du même auteur, MM. Pouillet, Despretz.
PHYSIQUE. — Pile thermo-éleclrique et explication du phénomène de [absorption
de l'acide carbonique par les plantes; par M. de la Motte-Farchaud.
(Commissaires, MM. Becquerel, Moquin-Tandon.)
PHYSIOLOGIE. — De l'identité du fluide électrique et de l'agent qui détermine
* la contraction musculaire; parM.. Moilin.
Ce travail, qui est fort étendu, étant peu susceptible d'analyse, nous
devons nous borner à en reproduire le titre, qui lait connaître suffisamment
la conclusion à laquelle est arrivé l'auteur.
(Commissaires, MM. Pouillet, Rayer, Bernard.)
CHIRURGIE. — Addition à un précédent Mémoire sur le traitement par la méthode
hephestoraphique du prolapsus de [utérus; par M. Gaillabd.
L'auteur avait précédemment adressé au concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie de 1860 un premier travail sur ce sujet : son nou-
vel envoi contient quatre observations nouvelles, dont deux lui doinient
occasion de faire remarquer que dans certains cas il y a double indication
à remplir, de sorte que l'on ne doit songer à l'opération destinée à contenir
le prolapsus qu'après avoir combattu la phlegmasie chronique et l'hyper-
trophie de l'organe qui en est souvent une conséquence.
(Réservé pour la future Commission.)
CHIRURGIE. — De la méthode galvano-caustique appliquée à laguérison
de la cataracte; par M. Ta vignot.
(Commissaires, MM. Becquerel, Velpeau, Cloquet.)
( 545 )
PHYSIQUE. — Expériences relatives à une préletidue variation de la pesanteur;
par M. Lamy.
(Commissaires, MM. Pouillet, Combes, Morin.)
Ce travail a été entrepris dans le but de reconnaître ce qui avait pu
induire en erreur M. de Boucheporn dans une série d'expériences commu-
niquées à l'Académie àla séance du i4 décembre iSSy postérieurement à la
mort de l'auteur, expériences dont la conclusion était que la pesanteur
varie d'une quantité considérable dans le court espace de six mois. En
prenant certaines précautions que M. de Boucheporn avait négligées,
M. Lamy, qui a poursuivi ses expériences pendant une année entière, a
obtenu de tout autres résultats, et s'est assuré que les variations insigni-
fiantes qu'on en prétendait déduire, rentrent largement dans les limites
d'erreurs auxquelles est sujet le procédé d'investigation.
GÉOMÉTRIE. — Note sur la courbure des surfaces; par M. Roger.
Cette Note, qui est adressée à l'occasion d'une communication récente
de M. Babinet, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Liouville, Lamé, Bertrand.
M. AvENiER DE LA Grée soumct au jugement de l'Académte un Mémoire
intitulé : « Description et plan d'une nouvelle machine à gaz chauds et à
vapeur d'eau, propre à produire environ dix fois plus de travail que la
meilleure machine à vapeur. «
( Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés :
MM. Poncelet, Regnault, Combes.)
M. Beghin adresse de la Guadeloupe une Note sur les piles galvaniques
et sur certaines dispositions au moyen desquelles il lui semble qu'on
pourrait augmenter notablement l'énergie de ces appareils.
(Commissaires, MM. Becquerel, Despretz.)
C. R., 1859, 3"" Semestre. (T. XLIX, N" 16.) 7*
I
( 546 )
CORRESPONDANCE.
M. LE Président fait, au nom des auteurs, hommage à l'Académie des
ouvrages suivants :
Mémoire sur la courbure d'une série de surfaces et de lignes; par
M. T.-A. Hirst.
Notice sur le mathématicien louvaniste Adrianus Romanus, professeur
à l'ancienne Université de Louvain ; par M. P. Gilbert.
M. Jaubert, en déposant sur le bureau un exemplaire de l'éloge de M. de
Humboldl par M. Schœnefeld, s'exprime de la manière suivante :
« Dans le sein de la Société Botanique de France, il a été rendu un
solennel hommage à la mémoire d'Alexandre de Humboldt. Le Secrétaire
M. de Schœnefeld, élève de Kunth, l'un des plus célèbres collaborateurs
d'Alexandre de Humboldt, a été dans cette circonstance le digne interprète
des sentiments de la Société Botanique de France et des naturalistes de tous
les pays. Je suis chargé d'offrir à chacun de MM. les Membres de l'Acadé-
mie un exemplaire de cette publication. »
M. Eue de Reaumont fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur
M. Zanledescfîi, de deux opuscules sur les travaux et les découvertes en
physique des Italiens pendant l'année i858.
Ces deux opuscules sont écrits en allemand et imprimés à ^'ienne :
M. Regnault est invité à en faire l'objet d'un Rapport verbal.
M. Elie de Reaumont signale encore, parmi les pièces imprimées de la
correspondance, une Notice de M. Gueymard sur la verse des blés, et appelle
l'attention de la Section d'Économie rurale sur les idées émises par l'auteur
relativement à ce sujet.
La question, en effet, serait d'une grande importance si l'on admettait,
avec certaines personnes qu'on a lieu de croire bien informées, que c'est à la
verse des blés qu'est dû en grande partie l'énorme déficit qui, en 1 846 et
i853, causa tant de sacrifices à la France.
La verse des blés était beaucoup plus rare autrefois, fessier, John Sin-
clair, Matthieu Dombasie, ne parlent presque point de ce terrible fléau, qui
( 547 )
peut dépendre de plusieurs causes, et qu'on peut par conséquent chefcher
à prévenir de diverses manières. Plusieurs de ces causes ont été indiquées;
mais il en une sur laquelle on n'a encore rien dit, et qui semble très-
importante, très-digne d'être prise en considération, car il ne s'agit point ici
d'une cause passagère, mais d'une cause constante et progressive.
On sait ce qui arrive à des poules tenues en cage et qui continuent à
pondre sans trouver dans les aliments qu'on leur fouruit la quantité suffi-
sante des éléments de la coquille de l'œuf. Elles pondent des œufs à enve-
loppe molle. Quelque chose de semblable doit arriver pour le blé s'il ne
trouve pas dans le sol la proportion de silice suffisante pour donner au
chaume la résistance nécessaire. La paille d'avoine en effet doit contenir
normalement 4» pour loo de silice; la paille d'orge, 67; la paille de seigle,
64; la paille de froment, 68.
La silice, sans doute, se trouve partout, mais toujours combinée avec des
bases et constituant des silicates nombreux, dans la plupart desquels la
silice n'est pas assimilable immédiatement, et ne peut l'être que très-len-
tement avec le concours de la pluie et de l'acide carbonique de l'atmo-
sphère qu'elle entraîne.
Il y a donc évidemment bien des cas où le sol s'épuisera de silice assimi-
lable si on ne lui en fournit pas au moyen d'amendements convenables ; or
la matière de ces amendements ne manque pas, car dans le traitement des
minerais de fer il se produit une quantité de silicates divers connus sous le
nom de laitiers, qu'on peut amener, pour la plupart, aux conditions voulues
pour leur emploi agronomique.
Les laitiers fournis par les hauts fourneaux marchant au charbon de bois
sont des silicates semblables à ceux du sol agraire, et comme ceux-ci inu-
tiles en tant que réfractaires. Les laitiers au coke, au contraire, sont des
silicates basiques, décomposables par les acides les plus faibles, à froid et
presque instantanément. Ces laitiers contiennent , en moyenne, 4o pour 100
de silice. C'est une mine qu'on peut exploiter avec grand avantage pour
toutes les plantes auxquelles il faut donner beaucoup de silice gélatineuse,
et c'est une mine presque inépuisable, car les hauts fourneaux au coke
sont nombreux en France. Les maîtres de forge, très-embarrassés de ces
laitiers, sont obligés de les faire transporter au loin avec des dépenses
plus ou moins grandes ; aux usines donc cette matière n'a qu'une valeur
négative. A la vérité on ne peut employer les laitiers à l'état brut en agri-
culture : il faut qu'ils soient broyés et tamisés; mais il en coûtera peu pour
les réduire en cet état, car ils sont très-cassants et faciles à pulvériser.
72..
k
( 548 )
Cette opération n'atteindrait pas le chiffre de 5o centimes les loo kilo-
grammes.
Outre les laitiers des hauts fourneaux, nous avons les scories des forges,
qui sont des silicates basiques, et la base qui y domine est le proloxyde de
fer; les autres bases sont la chaux, l'alumine, la magnésie et le protoxyde
de manganèse. Tous ces silicates sont également attaquables par les acid.es
les plus faibles. Ils donneront aussi, en moyenne, 4° pour loo de silice
gélatineuse.
« M. I. Geoffroy-Saint-Hilaire fait hommage à l'Académie, aji nom de
M. le colonel du génie Valdès, d'un Traité de la science et de l'art de
l'ingénieur [voir au Bulletin bibliographique), qui renferme des recherches
nouvelles sur plusieurs questions importantes, et qu'accompagne un Atlas
de io3 planches, toutes dessinées par l'auteur. Il demande que l'Académie
veuille bien se faire rendre compte de cet ouvrage, qui est écrit en langue
espagnole. »
M. Morin est invité à examiner l'ouvrage de M. Valdès, et à en faire
l'objet d'un Rapport verbal.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l' aurore boréale du i" octobre;
Note de M. H. Goldschmidt.
« Il est probable que ce phénomène avait déjà commencé avant que je
l'aie aperçu. A 9*" 25", je voyais l'espace du grand quadrilatère de la grande
Ourse rempli d'une lumière couleur de feu, de forme ronde et exactement
au centre de ces quatre étoiles de la constellation. Trois minutes plus tard,
je vis -naître un rayon lumineux couleur rose, traverser cette rougeur dans
la direction nord, parallèle aux étoiles a et ^ de la grande Ourse et à un
degré à gauche de ces étoiles. Une minute après j'ai vu ce rayon s'étaler
subitement de droite à gauche jusqu'au milieu du quadrilatère, et dispa-
raître immédiatement après. La largeur de ce rayon était environ d'un
degré, et de deux degrés un quart après l'élargissement. La lumière rouge
du quadrilatère avait disparu à g** 35"", et à g** 5o™ une lumière blanche était
visible à droite, et un peu au-dessous du quadrilatère à i5 degrés au-dessus
de l'horizon. Ce qu'il importe de rechercher par des observations faites à
d'autres endroits, c'est si ce rayon lumineux n'avait pas de parallaxe, ou
s'il a été vu à la même place. J'ai porté toute mon attention sur ce point,
et puisque dans l'intervalle d'une heure il ne se montrait pas d'autres rayons
( 549 )
dans le quadrilatère, il serait à désirer que des observations simultanées
vinssent éclaircir ce fait important. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Aurore boréale observée à Amiens le 12 octobre;
par M.. C. Décharnés.
« Le 12 octobre, vers 8''45'° du soir, à Amiens, une lueur d'un rouge vif
se faisait remarquer à la fois par son étendue et son intensité, malgré la
présence de la lune, et malgré de nombreux nuages. L'horizon, vers la par-
tie septentrionale, était en ce moment couvert de gros nimbus au-dessus
desquels on voyait de long traits de lumière rouge dardés par intervalles
dans la direction du méridien magnétique, jusqu'à la hauteur de l'étoile
Véga de la Lyre et au delà. En même temps une nappe rouge immense se
déployait comme un vaste nuage à l'ouest.
» L'arc oriental était loin d'être aussi lumineux, aussi nettement accusé,
sans doute à cause de la lune qui brillait alors de tout son éclat. Il a été
aussi moins durable (vingt minutes environ), tandis que l'arc occidental
persistait encore à 8''45'", heure à laquelle les cirrus qui accompagnaient le
météore furent suivis de gros cumulus et de stratus qui à 9 heures envahis-
saient tout le ciel de notre cité. Entre ces deux arcs il existait un grand
intervalle obscur, occupé par des amas de nuages qui donnaient à la partie
inférieure du météore un caractère très-indécis.
» La zone lumineuse, dans son ensemble, au moment de son maximum
d'éclat, vers 8''5", embrassait une étendue de i3o degrés comptés sur l'ho-
rizon. En ce moment les rayons météoriques s' élançaient, comme je l'ai dit, au
delà de Véga, jusqu'au zénith. Des jets latéraux parallèles à ceux-ci traver-
saient en même temps les constellations du Bouvier, delà grande Ourse, de
la Couronne boréale, et atteignaient la petite Ourse. Par intervalles, les
étoiles de troisième et quatrième grandeur disparaissaient sous les masses
rouges, de teinte non uniforme, situées à l'ouest.
» Les rayons lumineux, groupés par faisceaux de quatre ou cinq, alter-
nativement rouges et blanchâtres, avaient environ 4 à 5 degrés de largexir
et 20 à 3o de longueur. Ces aigrettes brillaient tout à coup d'un éclat très-
vif, durant deux ou trois minutes; puis les bandes s'effaçaient peu à peu
pour faire place, dix minutes après, à d'autres qui surgissaient subitement
dans le voisinage: apparences indiquant que l'orage magnétique, dans son
ensemble, avait un mouvement de translation de l'est à l'ouest.
( 55o )
» La durée totale du phénomène apparent a été pour Amiens d'une
heure dix minutes environ (depuis 7*" 4o™ jusqu'à 8''5o™).
« Quant aux circonstances atmosphériques corcomitantes, on peut dire
que la température, pendant la durée du phénomène, était relativement
basse, i3°,6, ainsi que la pression barométrique, 754"'",i- Le vent était
d'ouest et fort doux. La veille il avait été violent; le lendemain, l'air n'était
pas plus agité que le jour du phénomène. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Description de deux aurores boréales observées à la
Havane; Lettre de M. Axdrés Poey à M. Elie de Beaumont.
« L'apparition d'une aurore boréale sous cette latitude de a3 degrés nord
est un fait très-rare. En effet, nos recueils et nos traditions n'offrent que six
cas d'aurores boréales aperçues à Cuba. La première, au dire des habi-^
tants, fut visible le i3 novembre 1784, la seconde le i4 novembre 1789,
la troisième en i833, la quatrième le 17 novembre 1848, et enfin la cin-
quième et la sixième dernièrement observées.
» Première aurore de la nuit du 28 au 29 août dernier. — A 9''5o™ du soir
j'aperçus pour la première fois une lueur rougeâtre qui s'élevait rapide-
ment au-dessus de l'horizon exactement au nord et qui s'étendait en même
temps de part et d'autre jusqu'à embrasser l'espace compris entre le nord-
est et le nord-ouest. Sa hauteur de a3 degrés environ atteignait la Polaire.
Au dire de quelques personnes, elle aurait été antérieurement visible durant
dix minutes à 8''45". Son coloris s'accrut de plus en plus jusqu'à g'' i5™, et
à partir de cette heure, il s'affaiblit jusqu'à sa complète disparition à
dix heures. Une teinte blanchâtre et légèrement lumineuse couvrit ensuite
cette partie du ciel. Cependant à 1 heure elle reparut de nouveau jusqu'à la
même hauteur de la Polaire. De 4 à 4'' 10", elle atteignit son maximum
d'éclat, sa base étant d'un beau rouge carminé, d'où partaient des rayons
divergents d'un diamètre variable, les uns couleur de feu et les autres blan-
châtres qui s'élevaient jusqu'au zénith, ainsi que la teinte rougeâtre et em-
brassant i8o degrés compris entre le nord-est et le nord-ouest. A 4*" ^o"
l'aurore disparut entièrement.
» Deuxième aurore de la nuit du 1" au 2 septembre. — Cette seconde
aurore ayant été incomparablement plus brillante, plus étendue et plus
permanente que la première , il me semble utile de consigner les moindres
détails de son évolution, afin qu'ils puissent servir de point de comparaison
avec les caractères qu'elle auraofferts dans les hautes latitudes. Cette aurore
(551 )
ne fut point visible avant ii^'io'", et dès cet instant jusqu'à 5 heures du
matin j'ai pu suivre chacune de ses phases, que je résume ainsi : de ia''3o'°
à i2''45'" elle se propage vers l'est, et ensuite vers l'ouest ; puis elle s'étend
encore plus vers l'est avec des rayons blanchâtres, tandis qu'elle pâlit vers
l'extrémité de l'ouest. De i2''45™ à i heure, après l'extinction des rayons
blanchâtres, la portion de l'est apparaît d'un beau rouge de feu. La partie de
l'ouest devient aussi plus flamboyante et la sommité de l'arc mal défini
atteint presque la Polaire, avec un mouvement de translation vers l'est. A
I heure on remarque une clarté qui s'élève du nord, puis se porte vers le
nord- nord-est, jusqu'à rendre visibles les contours des nuages (cumulus),
l'horizon de la mer, l'entrée du port, etc. A mesure que cette lueur aug-
mente d'éclat et s'élève au-dessus de l'horizon, elle prend une teinte passa-
gère légèrement bleuâtre, puis la portion rougeâtre du nord-est et proche
d'elle commence à s'éteindre. Le segment supérieur rougeâtre s'élève aussi
très-sensiblement jusqu'à dépasser la Polaire. La clarté décline vers le nord-
ouest de manière à embrasser la totalité de la base de l'aurore, ensuite elle
s'élève encore jusqu'à lahauteur de 12 degrés. On aperçoit alors des rayons
blanchâtres, rougeâtres et bleuâtres versl'ouest qui se dilatent longitudina-
lement, vacillent latéralement, s'éteignent etse rallument par degrés. L'in-
tensité de la clarté augmente vers l'est, et le segment rouge vers l'ouest de-
vient plus brillant et plus étendu, tandis qu'à l'est-nord-est la clarté atteint
son maximum d'éclat. A i'' iS™, des rayons se sont produits sur toute l'éten-
due de l'aurore. La clarté s'éteint à l'est-nord-est au bout de trois minutes,
puis elle s'étend au nord-nord-ouest. L'est et bien plus l'ouest deviennent
très-rouges. La clarté reparaît à l'est. Toute l'aurore est très-rougeâtre avec
des rayons au nord et à l'ouest. Cette nuance atteint presque le zénith. Le
foyer rougeâtre de l'ouest n'éprouve aucune variation. Le fond général
de l'aurore pâlit, et les rayons blanchâtres, rougeâtres sont plus éclatants.
Mais c'est surtout de i*" 3o" à S*" 15"" que le demi-hémisphère du nord depuis
l'est jusqu'à l'ouest se trouve complètement recouvert d'une riche teinte
rougeâtre orangée plus ou moins carminée, dont la sommité légèrement
arquée dépasse le zénith vers le nord-est atteignant une hauteur de 100 de-
grés environ, avec des rayons blanchâtres et d'autres rougeâtres plus vifs
que le ton général du segment et qui s'élèA'ent jusqu'au zénith sans cepen-
dant le dépasser. Enfm à 2 heures l'aurore avait atteint sa plus grande ma-
gnificence, et alors le ciel paraissait teinté de sang et dans im état complet de
conflagration. Au-dessous du segment supérieur rougeâtre, on aperçoit un
vaste espace ou second segment blanchâtre qui s'est élevé jusqu'à aS degrés
( 552 )
au-dessus de l'horizon, taudis que le segment supérieur rougeâtre dépassait
de ibo degrés au nord-est et vers la constellation d'Orion. La clarté dont j'ai
suivi les différentes phases s'était donc constituée en segment ou arc blan-
châtre central et base visible de l'aurore au-dessus d'une couche de cumu'
/us qui s'élevait de 8 degrés sur l'horizon. A 2''45™, les deux segments ou
arcs de l'aurore se dépriment vers l'horizon ; l'inférieur blanchâtre disparaît
le premier à S"" 1 5™. De S*" So™ à 4 heures la teinte générale rougeâtre s'éteint
en partie et reparaît à plusieurs reprises , mais restant plus intense vers le
nord-ouest. De 4 à 5 heures, elle s'affaiblit graduellement à mesure que les
rayons du soleil levant commencent à se réfléchir dans les hautes couches
de l'atmosphère. Enfin l'aurore disparaît entièrement à 5 heures du matin
dans le prolongement du méridien magnétique, où elle avait fait sa première
apparition. La portion de l'ouest depuis i''3o"' a constamment été plus
flamboyante que celle de l'est.
» Ainsi ces deux aurores ont manifesté les caractères suivants dignes de
remarque : i° sa réapparition à la troisième nuit et pas avant; 2° sa magni-
ficence, sa hauteur considérable de plus de 100 degrés, son étendue au delà
de 180 degrés, et sa longue durée jusqu'au jour, tout cela sous cette
latitude de 23 degrés ; 3° l'absence du segment obscur inférieur, bien qu'il
se puisse qu'il fîit couvert par les cumulus qui s'élevaient jusqu'à 8 degrés
au-dessus de l'horizon sur toute l'étendue de l'aurore; 4° 'a grande éléva-
tion de 23 degrés de l'arc ou segment lumineux et blanchâtre inférieur,
seul visible dans la seconde aurore ; 5* les rayons ou jets de lumière qui
s'élevaient en divergeant vers le zénith d'un point placé très-bas au-dessous
de l'horizon; d'autres, au contraire, situés au centre de l'aurore paraissaient
converger légèrement au zénith. En outre, ils s'évanouissaient un instant
après pour reparaître sur d'autres points, les uns d'un rouge éclatant, les
autres d'une blancheur mate, avec une faible vacillation latérale et un allon-
gement et raccourcissement longitudinal. Parfois les pieds des rayons
offraient la plus vive lumière, et la plus forte coloration en rouge, tantôt
c'étaient au contraire leurs extrémités supérieures; 6° les mouvements réi-
térés de translation de l'ensemble de l'aurore de l'est à l'ouest, puis de
rétrogradation en sens inverse, mouvements signalés comme étant rare-
ment observés.
)> L'espace me fait faute pour signaler les phénomènes concomitants qui
se sont produits; mais vu leur importance ce sera l'objet d'une prochaine
Note que j'aurai l'honneur d'adresser à l'Académie. Voici toutefois l'énu-
mération des principaux faits : i" point de bruit dans l'aurore ; 2" l'aiguille
( 553 )
aimantée librement suspendue du ré-élecfromètre de Marianini n'éprouva la
moindre légère oscillation ; 3" la feuille d'or de l'électroscope de Bohnem-
berger ne donna aucun signe d'électricité : cette neutralité de la force élec-
tro-magnétique en présence d'une si magnifique aurore boréale est digne de
remarque; car ces deux appareils, construits par M. Rulunkorff, sont d'une
très-grande sensibilité; !f aucune trace de polarisation dans la lumière de
l'aurore, mais très-sensible dans ses reflets à la surface de la mer et sur les
nuages opposés ; 5° calme parfait ; 6° température et pression barométrique
usuelles; 7° deux jours après, le baromètre remonta d'un demi à un milli-
mètre suivant la hauteur de la marée diurne, et une brise du nord-est
s'établit, etc., etc. «
MINÉRALOGIE. — Minerais de zinc sous forme ooUthique ; par M. A. Terreil.
« On a découvert dans une mine de calamine en exploitation, située à
Udias, dans la province de Santander (Espagne), deux cavités formant
géodes, dont l'une était remplie d'une bouillie assez claire d'un composé du
zinc, et dont l'autre contenait plusieurs litres d'un minerai de zinc sous
forme oolithique. I^es grains les plus petits de ce minerai sont de la grosseur
d'un pois; les plus gros dépassent le volume d'un œuf de poule.
» Arrivé sur les lieux de l'exploitation longtemps après ces découvertes, je
n'ai pu mè procurer de la bouillie claire trouvée dans une des cavités;
malheureusement cette matière avait été rejetée comme une chose insigni-
fiante; cependant il eût été très-intéressant d'examiner surtout le liquide
qui tenait en suspension le carbonate ou le silicate de zinc, peut-être les
deux ensemble. Le minerai oolithique avait été conservé, et je dois à
M. Tornos, ingénieur des mines à Santander, l'échantillon qui me permet
de donner ici les caractères et la composition de ce minerai.
)> Chaque grain de ce minerai est formé de couches concentriques qui se
séparent quelquefois d'une manière parfaite en feuillets minces lorsqu'on
veut casser le minerai. Les premières couches extérieures sont opaques et
d'un blanc de lait; les couches intérieures sont vitreuses et même transpa-
rentes, ce qui fait que ces grains oolithiques ressemblent au cristallin des
yeux de poissons.
» Un fait des plus remarquables est, sans aucun doute, le suivant : c'est
que, trouvés en masse dans une même géode, tous ces grains oolithiques
n'ont pas la même composition ; les uns sont formés d'un carbonate de zinc
C. R., iSSg, a"« Semestre. (T. XLIX, N» 16.) 73
( 554 )
basique hydraté presque pur, et les autres de silicate hydraté du même
métal.
» Après avoir séparé les grains carbonates des grains silicates pour en
faire l'analyse, j'ai constaté que la densité du carbonate est de 2,042, et
que celle du silicate est de 2,762.
» Lorsqu'on chaulfe ces deux minerais dans le tube bouché, il s'en dé-
gage une eau légèrement ammoniacale et une odeur de matière organique
en combustion. Le carbonate se dissout dans les acides avec effervescence
sans laisser de résidu ; le silicate se dissout également dans les acides, mais
lentement, sans effervescence apparente et en formant une gelée transpa-
rente de silice gélatineuse.
)) L'analyse des grains oolithiques carbonates m'a fourni pour la compo-
sition en centièmes de ce minéral les nombres qui suivent :
Composition analytique.
Oxyde de zinc. 68,65
Acide carbonique i3, 17
Chaux 1 ,60
Alumine et oxyde de fer o ,80
Eau de combinaison i2,4o
Eau hygrométrique (de 1 00 à 200°) . 3 , 1 3
Matières organiques azotées traces.
99»%
Composition équivalente.
Oxyde de zinc 58 , 39
Carbonate de zinc neutre 34,72
Carbonate de chaux 2,85
Alumine et oxyde de fer o , 80
Eau hygrométrique (de 1 00 à 200") . 3 , 1 3
Matières organiques azotées traces.
99-89
» Ces grains oolithiques carbonates sont identiques par leur composition
avec le minéral connu sous le nom à' hydrocarbonate de zinc, et auquel les
minéralogistes donnent la formule
(ZnOHO)» + (ZnOCO'')*.
Mais cette formule est douteuse, attendu qu'on n'a pas encore dosé d'une
manière exacte l'eau combinée dans l'hydrocarbonate de zinc, minéral qui
peut absorber, comme l'on sait, jusqu'à un tiers de son poids d'eau. J'ai
donc cherché à doser d'une manière exacte, dans le minerai dont il est
question ici, l'eau de combinaison, et j'y suis arrivé après avoir reconnu
qu'à 200 degrés même l'eau hygrométrique seule se dégage, tandis que
l'eau de combinaison ne peut être recueillie, dans un appareil convenable,
qu'en élevant au rouge sombre la températiu'e du minéral.
» La véritable formule du carbonate dont je viens de donner l'analyse
est donc
(ZnOHO)=4-ZnO,CO%
( 555 )
formule qui donne i3,6i pour loo d'acide carbonique et ii,i5 d'eau de
combinaison.
» Avec l'équation (ZnO H0)'+ (ZnO CO*)', on obtient i6,oppour loo
d'acide carbonique et 9, 88 d'eau combinée, ces derniers nombres ne s'ac-
cordant nullement avec ceux que l'analyse de l'hydrocarbonate de zinc a
fournis à MM. Smithson, Berzelius, Berthier, etc. , ces savants n'ayant obtenu
en moyenne que i3,5o d'acide carbonique et 12, 21 à 1 5, 10 pour 1 00 d'eau.
>> Quant à l'analyse des grains oolithiques silicates, elle nous a fourni
pour la composition en centièmes de ce minéral les nombres suivants :
Composilion analytique.
Oxyde de zjnc 66,26
Silice 16,62
Acide carbonique 3 ,66
Chaux, alumine et oxyde de fer.. . o,45
Eau de combinaison 7 . 76
Eau hygrométrique (de 1 00 à 200") . 5, 16
Matières organiques azotées traces.
99»9'
Composition équivalente.
Silicate de zinc hydraté 83,98
Carbonate de zinc hyraté 10, 36
Carbonate de chaux , alumine et
oxyde de fer o ,46
Eau hygrométrique (de 1 00 à 200°) . 5 , 16
Matières organiques azotées traces.
99»9i
» Je me suis assuré que le carbonate de zinc que contient ce minerai s'y
trouve combiné au silicate, puisque l'acide acétique très-étendu d'eau ne
peut dissoudre ce carbonate sans attaquer en même temps le silicate de
zinc qui donne de la silice gélatineuse; et en donnant à ce deuxième mi-r
nerai oolithique la formule
[ZnO,SiO%(ZnOHO)']« + ZnOCO»,
on obtient par le calcul les mêmes chiffres que ceux que j'ai trouvés par
l'analvse. »
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Observations sur la Jleur des Marantées;
par M. Arthur Gris.
« Occupé depuis quelque temps de l'étude de la famille des Marantées,
je désire soumettre à l'Académie le résumé le plus succinct possible de mes
dernières observations sur la fleur de ces végétaux. Chez ces plantes, les
enveloppes florales sont, comme on sait, doubles et épigynes. Cinq organes
au plus disposés en deux verticilles et la plupart transformés en staminodes
constituent l'androcée. Au verticille interne appartient l'éfamine fertile
unique qu'accompagnent deux staminodes : deux autres staminodes au plus
73.. .
( 556 )
forment le verticille externe. Des deux staminodes internes il en est un dont
le sommet façonné en forme de capuchon est appliqué sur le stigmate au
moment de l'épanouissement de la fleur, c'est le stigmate cucuUé. Il présente
toujours un appendice latéral sur lequel on a récemment insisté et dont la
forme et la direction peuvent offrir de bons caractères distinctifs. De plus
chez les espèces de Maranta, de Stromanthe, de Thalia, que j'ai étudiées
vivantes, le capuchon étant formé presque exclusivement par le développe-
ment et le reploiement de l'un seulement des bords supérieurs du stami-
node cucullé, le stigmate n'est qu'incomplètement couvert, tandis que chez
les Calalhea, les deux bords concourent à la formation d'une cavité dont les
parois membraneuses enveloppent complètement le stigmate. Le deuxième
staminode interne est ordinairement muni d'un calus, dont le développe-
ment et la forme varient non-seulement d'un genre à l'autre, mais même
dans un même genre, et vers lequel le style porte brusquement le stigmate
à l'époque de la fécondation : c'est le staminode calleux. L'étamine fertile,
dont l'anthère uniloculaire se divise dans sa jeunesse en deux logettes, est
accompagnée d'un appendice membraneux tantôt pétaloïde, tantôt seule-
ment marginiforme et qui, se soudant à des hauteurs variables soit au filet
seulement, soit à l'anthère et au filet, présente des caractères essentiels dont
on a dernièrement signalé l'importance. Les trois carpelles qui entrent dans
la constitution du gynécée semanifestent seulement à l'ovaire que sur-
montent un seul style et un stigmate unique. On a récemment considéré
comme stigmate un appareil glanduleux spécial dont j'ai reconnu la pré-
sence dans toutes les espèces soumises à mon examen, mais c'est là une
erreur. Cette glande est un organe accessoire probablement analogue à
la glande stigmatique des Orchidées. Le véritable stigmate est l'infundi-
bulum qui résulte de la dilatation du style à son sommet. J'ai en effet ren-
contré très-souvent des grains de pollen dans cette cavité; j'ai même pu
V constater leur développement en tubes poUiniques [MOranla indica (?),
Calatliea Jlavescens, Calalhea villosa). Les formes de ce stigmate n'ont été
étudiées que très-vaguement et d'une manière insuffisante par les auteurs.
Comme elles varient avec les genres, elles ne me semblent pas devoir
être négligées : ainsi, parmi les espèces que j'ai étudiées, les lèvres stigma-
tiques sont courtes et comme tronquées chez les Maranta et les Stromanthe;
chez les Calathea la lèvre inférieure est en général plus courte que la supé-
rieure; chez le Thalia dealbnta la lèvre inférieure est très-allongée, pendante.
Le style m'a présenté un caractère qui, s'il est généi'al, servira aisément à
distinguer les groupes. Ainsi son volume est sensiblement égal dans toute
( 557 )
sa longueur chez les Stromanthe et le Thatia dealbnta ; il est atténué infé*
rieurement chez les Maranta ; enfin le style se confond inférieurement avec
le tissu du tube du périanthe chez les Calathea. Quant à l'ovaire, il est tou-
jours triloculaire, Tousles auteurs se sont trompés sur la structure de l'ovaire
des Maranta, Thalia, Stromanthe, en le considérant comme uniloculaire.
Il y a dans ces genres deux loges stériles représentées par deux fentes tou-
jours ouvertes : trois glandes septales sont régulièrement placées dans les
intervalles ou cloisons des trois loges. Les ovules basilaires et dressés pa-
raissent souvent plus ou moins anatropes dans leur jeunesse et subissent
plus tard une inégalité de développement telle, qu'ils se rapprochent de
la forme campylotropique. Je n'ai jusqu'ici pu étudier la graine que dans le
Thalia dealbata et \e Maranta indica (^?), où elle m'a présenté des particularités
de structure toutes spéciales. On a déjà signalé dans l'albumen de la pre-
mière l'existence de trois canaux, sensiblement parallèles, en forme de cro-
chet dont le central renferme l'embryon. Dans la seconde il n'y a qu'un seul
canal droit qui s'élève entre les deux entra de l'embryon replié. Ces canaux,
qui semblent résulter du développement de la chalaze, ne sont pas vides
comme on l'avait cru. Ils renferment au contraire im tissu très-richement
organisé, dont je ne sache pas que la curieuse organisation ait jamais été
signalée. Il se compose, en effet, de cellules présentant des épaississements
pariétaux, disposés en une sorte de réseau et formant une enveloppe dense
et obscure; en dedans, d'un tissu cellulaire à parois minces, traversé par luî
nombre limité de faisceaux vasculaires rangés en cercle et formés essen-
tiellement de trachées; enfin {Thalia dealbata) d'nn système de cellules reliées
entre elles par des branches de communication souvent très-fines et qui ne
sont pas sans quelque ressemblance avec des laticifères.
» On peut se demander, après avoir décrit les formes singulières que
})résentent les staminodes dans ces plantes, si elles ont un rapport direct
avec les phénomènes de la fécondation, ce qij,e les observations suivantes
semblent confirmer.
» De très-bonne heure l'anthère est appliquée sur une des faces laté-
rales du stigmate et demeure dans cette position jusqu'à sa déhiscence, rete-
nue qu'elle est parle staminode cucuUé. Le pollen est versé confusément sur
le sommet recourbé du style qui est une sorte de plate forme, et plus fard
cette même partie, en pressant le fond du capuchon par suite de l'allonge- -
ment du style, détermine le nivellement deâ grains de pollen en un disque
très-régulier. Au moment de l'épanouissement, le style, déjà courbé à son
sommet, s'infléchit brusquement en avant et porte le stigmate qui se dégage
( 558 )
de son capuchon dans l'oreillette du staminode calleux ou dans le voisinage
du calus. La plate-forme du style s'applique avec tant de force, que les élé-
ments du disque pollinique se séparent et débordent detouscôtés. N'est-ce
pas à ce moment que les grains de pollen ont le plus de chance de pénétrer
dans la cavité stigmatique? C'est au moins après le brusque enroulement du
style et son application sur le staminode calleux que j'ai vu des grains de
pollen et des tubes poUiniques dans le stigmate de plusieurs espèces. Dès
lors la forme et la présence des deux staminodes internes s'expliqueraient
par leur rôle physiologique : il concourraient également à l'acte de l'impré-
gnation, l'un en assurant le dépôt du pollen sur la plate-forme stylaire,
l'autre en favorisant la pénétration de ce pollen dans la cavité stigma-
tique. »
M. Fargeacd adresse, à l'occasion des communications récentes sur les
haches en pierre trouvées à Saint-Acheul, un Mémoire qu'il a publié en
1828, concernant l'influence du temps sur les actions chimiques et des
changements qui peuvent en résulter dans certains fossiles. Dans la Lettre
qui accompagne cet envoi, l'auteur émet l'idée que les silex qui ont été
placés sous les yeux de l'Académie et que lui-même n'a pas vus, pourraient
bien ne pas être façonnés par la main de l'homme.
(' Mes nombreuses courses dans la Franche-Comté ont, dit-il, fait passer
par mes mains une très grande variété de fossiles organiques, siliceux ou
calcaires, et même de jeux de la nature, plus ou moins rapprochés de ceux
dont il est question. Je citerai, par exemple, des silex noirs ou bruns, iso-
lés, aplatis et boursouflés au milieu, souvent creux, remplis d'eau avec un
noyau mobile incrusté de paludines, disposés sur le même plan, entre les
couches d'un calcaire d'eau douce; je dirai la même chose des silex pyro-
maques suljurifères, qui se trouvent dans une localité très-rapprochée et
qui ont le plus souvent la forme d'un champignon, avec ou sans pied; je
citerai encore les nombreuses boules connues maintenant sous le nom de
chailles et renfermant des crustacés, des oursins, etc. »
(Renvoi à la Commission précédemment nommée pour s'occuper du Mé-
moire de M. Albert Gaudry, Commission composée de MM. d'Archiac,
de Verneuil.)
M. DE LucA, Secrétaire perpétuel de la Société royale de Naples, prie
l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des concurrents
pour le prix qui sarn décerné en août 1860 à la découverte ou à la publi-
\ 559 )
cation la plus importante qui aura été faite dans les six années précédentes.
Il adresse comme pièces de concours deux ouvrages : un Nouveau système
d'études géométriques et un Nouveau système d'études géographiques.
( La Lettre et Tes ouvrages sont réservés pour la future Commision. )
MM. Bombes Devilliers et Dalemagne adressent des remarques sur la
partie qui les concerne dans le Rapport sur les allumettes chimiques ap-
prouvé par l'Académie dans la séance du 26 septembre dernier. A cette
Lettre sont joints plusieurs exemplaires d'une description du procédé de fa-
brication de leurs allumettes androgynes.
(Renvoi à la Commission qui a fait le Rapport.)
M. Thomas adresse une nouvelle Lettre faisant suite à ses communica-
tions sur les pèse-liquides métriques.
(Renvoi à la Commission des alcoomètres composée de MM. Chevreul,
Pouillet, Despretz, Fremy.)
La séance est levée à 5 heures. * É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 17 octobre iSSg les ouvrages
dont voici les titres : _
Envoi d'une troupe de dromadaires fait au gouvernement brésilien, sur sa
demande, par la Société impériale d'Acclimatation. Compte rendu des mesures
prises par le Bureau, (a Commission spéciale et MM. les Délégués à Marseille
et à Alger; par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Président; br, in-8°.
Société Botanique de France. Hommage rendu à la mémoire de M. Alexandre
de Humboldt dans la séance du x3 mai iSSg; par M. DE Schoenefeld, Secré-
taire; br. in-S".
Sur la courbure d'une série de surfaces et de lignes; par T. -A. Hirst. Rome,
1859; br. in-4''.
Notice sur le mathématicien louvaniste Adriamis Bomanus , professeur à l'an-
cienne Université de Louvain (i56i-i625); par Philippe GILBERT. Louvain,
1859, br. in-8».
( 56o )
De [influence du temps sur tes actions chimiques et chcmgements qui peuvent
en résulter dans certains fossiles. Thèse de chimie j:résentée à la Faculté des
Sciences de Strasbourg le 8 aoiit 1828; par A. Fargeaud. Strasbourg, 1828;
br. in-4°. •
Expériences djnamométriques de 1 848 ; par M. Taurines ; br. autographiée
in-4°.
Description de la fabrication des allumettes androgynes, inventées par
L. Bombes Devilliers et L. Dalemagise; 2 pages 10-4".
Manual... Manuel de l'Ingénieur; par Don Nicolas ValdèS. Paris, 1859;
I vol. in-8°. avec atlas in-4'*. (Renvoi à M. Morin, avec invitation d'en faire
l'objet d'un Rapport verbal.)
Nuovo... Nouveau système d'études géométriques déduites analytiquement
du développement successif d'une seule équation; par M. F. DE LuCA. Naples,
1857; in-8''.
Nuovi elementi... Nouveaux éléments de géographie : Etudes élémentaires
de géographie ancienne ; parle même; 7* édition. Naples, iSSg; in-8".
Tnstituzioni... Institutions élémentaires de géographie; par le même;
19* édition. Naples, iS^g; in-8°.
Inquiries... Recherches sur la température terrestre, suivies d'un index pour
les cinq Mémoires de M. Dove sur la température du globe; par M. J.-D. FORBES.
Edimbourg, 1869; br. in-4°.
Ûber die... Sur les formes cristallines de la cordiérite de Bodenmais en
Bavière; par M. J.-F.-L. Hausmann. Gottingue, iSjg; br. in-4°.
Ueber die... Sur les travaux et les découvertes des Italiens en physique dans
le cours de Cannée .1 858; par M. Zantedeschi ; 2 br. in-8°. (Renvoi à
M. Regnault avec invitation d'en faire l'objet d'un Rapport verbal.)
■-»»««
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 24 OCTOBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE APPLIQUÉE A LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — ÂCÙon de la chauX sur
te tissu utriculaire des végétaux ; par M.. E. Fhejwy.
« J'ai annoncé dans une communication précédente qu'en soumettant à
l'action de la chaux certaines membranes utriculaires des végétaux, et
principalement celles qui existent dans les fruits et les racines, je produisais
un acide soluble dans l'eau, dont l'énergie pouvait être comparée à celle
des acides malique, citrique et tartrique.
» J'avais donné d'abord à cet acide le nom d'acide celtulique, en remet-
tant son étude complète à une époque où il me serait possible d'opérer sm-
une quantité considérable de membranes végétales.
» C'est cette condition que j'ai pu réaliser récemment, grâce à l'obli-
geance d'un agriculteur distingué, M. Rabourdin, qui a bien voulu mettre à
ma disposition toute la quantité de pulpes de betteraves qui m'était utile
pour terminer mon travail.
» Je viens donc soumettre à l'Académie le résumé des dernières expé-
riences que j'ai faites sur l'acide qui prend naissance dans la réaction de
la chaiix sur les tissus des végétaux. . %' ■
C. R, 1809, 2"'« Semeifre. (T. XLIX, N» 17.) '..' 74 '
( 562 )
» Je me suis assuré d'abord que toutes les membranes utriculaires des
végétaux ne produisent pas de sel soluble quand on les traite par la
chaux : celte propriété n'appartient qu'à celles qui contiennent de la
pectose.
» Lorsque les membranes végétales ont été soumises à l'action des alcalis
ou à celle des acides, et qu'elles ont produit ainsi, soit de la pectine, soit
de l'acide pectique, elles ont perdu la faculté d'engendrer le sel de chaux
soluble.
» Ces faits établissaient nettement les rapports qui existent entre les
substances gélatineuses des végétaux et l'acide que je voulais caractériser :
ils démdntrent que ces corps dérivent du même principe immédiat.
» Agissant donc sur des membranes végétales très-riches en pectose,
comme les pulpes de betteraves, j'ai pu, par la méthode suivante, préparer
de grandes quantités d'acide à l'état de pureté. Les pulpes sont lavées à l'eau
distillée et traitées pendant une heure par un lait de chaux bouillant : la
masse est soumise ensuite à la presse ; les eaux sont évaporées à consistance
de sirop et mélangées avec de l'alcool, qui précipite le sel de chaux : ce
dernier corps est décomposé par l'acide oxalique : l'acide brut ainsi obtenu
est saturé par l'ammoniaque; le sel ammoniacal est soumis d'abord à l'ac-
tion de l'acétale neutre de plomb, qui précipite des traces de matière colo-
rante, d'acide phosphorique, etc. La liqueur, filtrée, est rendue ammo-
niacale; il se fait un précipité blanc très-abondant, qui, décomposé par
l'acide sulfhydrique, donne l'acide à l'état de pureté.
» Ce corps présente alors les propriétés suivantes : il est soluble dans
l'eau en toutes proportions; sa saveur est franchement acide; il décompose
tous les carbonates en saturant les bases les plus énergiques; les sels alca-
lins qu'il forme ne sont pas précipités par les dissolutions de chaux, de
baryte, de slrontiane, de cuivre, etc. ; ils réduisent à chaud les sels d'ar-
gent et le réactif de Frommherz; ils produisent dans l'acétate neutre de
plomb et dans l'acétate de plomb basique des précipités qui sont solubles
dans un excès de réactif.
» A tous ces caractères il m'était impossible de méconnaître un acide
que j'ai décrit dans un Mémoire précédent sous le nom d'acide méta-
pectiqice.
» L'analyse élémentaire et la capacité de saturation de l'acide sont venues
confirmer cette identité,
» Ainsi l'acide qui prend naissance dans l'action de la chaux sur les
pulpes de fruits et de racines est un dérivé de la pectine ; c'est le der-
(563)
nier terme de la série des corps gélatineux des végétaux ; il a pour formule
C«H'0',2H0.
M La production de l'acide métapectique dans les circonstances que je
viens de faire connaître me paraît intéressante sous plusieurs points de
vue, et conduit à des conséquences que je ferai ressortir en quelques mots.
» Jusqu'à présent l'acide inétapeclique, qui, parla simplicité de sa for-
mule et ses propriétés générales, peut être comparé aux acides organiques
les plus importants, tels que les acides lactique, malique, citrique, etc., ne
pouvait être préparé que difficilement : dans mes recherches sur les ma-
tières gélatineuses des végétaux, je n'ai obtenu que quelques grammes de
métapectates, qui m'ont servi à fixer la composition de l'acide métapectique.
» Aujourd hui cet acide pourra se produire rapidement et à volonté, en
soumettant les pulpes de betteraves à l'action de la chaux et en décompo-
sant par l'acide oxalique le sel de chaux soluble qui s'est formé dans cette
réaction.
» J'ai démontré précédemment que l'acide métapectique prenait nais-
sance dans l'action des bases et des acides sur la pectine et l'acide pectique,
mais j'étais loin de penser que de tous les composés qui forment cette série
de corps organiques, la pectose, qui en est le premier terme, fût précisé-
ment celui qui eût le plus de tendance à produire l'acide métapectique, qui
se trouve le dernier dans la série des composés pectiques.
» Il faut une ébuUition prolongée pendant plusieurs heures pour trans-
former l'acide pectique en acide métapectique par l'action de la chaux,
tandis que la pectose se change presque instantanément en acide métapec-
tique sous l'influence des bases.
» Ces modifications si rapides des composés pectiques m'ont lait penser
que la disparition des principes gélatineux qui existent à une certaine épo-
que dans les tissus des végétaux devait être due à la transformation de la
pectose en métapectates, et que ces sels se retrouveraient en quantité nota-
ble dans les sucs végétaux : l'analyse immédiate est venue confirmer cette
prévision; j'ai constaté en effet la présence des métapectates alcalins ou
calcaires dans tous les liquides qui se trouvent eu rapport avec les tissus
contenant de la pectose : il faudra donc dorénavant mettre les métapectates
au nombre des sels contenus dans les liquides que l'on peut extraire des
végétaux.
» L'industriç elle-même doit tenir compte de la formation des méta-
pectates dans l'action des bases sur les tissus organiques : en effet, je dois
74..
( 564 )
rappeler ici que ces nouvelles recherches sur l'acide métapectique ont été
surtout entreprises à la suite des difficultés qu'un fabricant de sucre de
betterave a éprouvées dans le traitement d'un jus qui avait été produit par
un nouveau mode de fabrication, dans lequel les pul[)es de betteraves sont
soumises à l'action de la chaux avant d'être exprimées ; on obtient dans
ce cas des pulpes qui se laissent presser avec facilité, des liqueurs qui
donnent rapidement les cristaux de sucre, mais aussi des mélasses qui
retiennent une quantité considérable de chaux, que l'acide carbonique ne
précipite plus.
» Ces accidents s'expliquent aujourd'hui avec facilité : c'est la pectose
qui forme le métapectate de chaux que l'on retrouve en si grande quan-
tité dans les mélasses : on pourra jusqu'à un certain point éviter la produc-
tion de ce sel en ne faisant agir la chaux sur la pulpe que pendant un temps
assez court et à une température peu élevée.
» En résumé, l'acide que je viens d'examiner de nouveau est comparable
à ceux qui existent dans les fruits; on le trouve dans le suc de presque tous
les végétaux, on connaît son origine, on sait qu'il dérive d'un corps neutre,
la pectose, comme l'acide lactique dérive des sucres; on peut le reproduire
à volonté en modifiant les composés pectiques par l'action des ferments, par
l'eau bouillante, par l'influence des acides ou celle des bases; il prend
naissance dans certaines opérations industrielles.
» Pourrait-on citer dans la chimie organique beaucoup de principes
immédiats se rattachant à des questions plus intéressantes et plus variées?
Je ne le pense réellement pas; et c'est cette conviction qui m'a fait revenir
sur un sujet que j'avais déjà traité devant l'Académie. »
ASTRONOMIE- — Sur l'éclipsé totale du ï8 juillet prochain; par M. Faye.
« Déjà en janvier dernier la Commission que vous aviez chargée de vous
rendre compte des résultats de la brillante expédition Brésilienne pour
l'éclipsé totale de 1 858, signalait à l'Académie l'importance del'éclipsc qui
sera visible au mois de juillet prochain en Espagne et en Algérie (i). Vers
la même époque, le savant directeur de l'observatoire russe de Dorpat,
M. Mtidler, prévoyant que les astronomes se dirigeraient principalement sur
l'Espagne, calculait avec soin toutes les circonstances de l'éclipsé pour un
grand nombre de points de ce pays. Le premier, je crois, il a fait remar-
(i) Comptes rendus, t. XLVIII, p. 174» séance du 17 janvier iSSg.
( 565 )
quer qu'au moment de l'obscurité totale, Vénus, Mercure, Jupiter et
Saturne se trouveraient réunis près du soleil éclipsé, combinaison si rare
que bien des siècles s'écouleront avant qu'une semblable se reproduise.
Heureux, dit M. Madler, ceux qui pourront admirer un si magnifique spec-
tacle.
» Le même auteur insiste encore sur plusieurs particularités bien capables
défaire ressortir l'importance du phénomène. En effet notre siècle n'offrira,
jusqu'à la fin, aucune éclipse qui puisse être comparée à celle de 1860. La
[)lupart n'atteignent pas l'Europe, pu ne la touchent qu'au coucher du
soleil, et la seule qui promette des observations tolérables est celle de 1887.
Tout favorise au contraire l'éclipsé de 1860. Je n'étonnerai donc personne
en affirmant, d'après mes renseignements particuliers et ce qui s'est passé en
Suède pour l'éclipsé de i85i, que trente ou quarante astronomes de tous
pays se trouveront réunis en Espagne le 18 juillet prochain. Ne serait-il pas
à désirer qu'en s'entendît d'avance sur le choix des stations?
» Il y a plus : pour tirer de ce magnifique phénomène tous les résultats
qu'il offre à la science, ce n'est pas en Espagne seulement qu'il faut obser-
ver. Assurément la facilité des communications est une condition déter-
minante pour les observateurs isolés, mais il n'en est pas de même pour les
grands établissements astronomiques. Grâce à la libéralité éclairée des gou-
vernements, les observatoires possèdent de grandes ressources; en les
combinant d'après un plan arrêté d'avance, il leur serait possible d'éche-
lonner quelques stations principales sur tout le parcours de l'éclipsé et de
les répartir entre eux d'après les facilités géographiques propres à chaque
nation. Avant d'indiquer le plan des opérations que je propose, je vais
tâcher d'en formuler nettement le but, afin de donner à juger jusqu'à quel
point son importance répond à la grandeur des moyens.
» 1°. Soumettre les nouvelles tables de la lune à une épreuve rigoureuse..
Plus que jamais l'exactitude de sa théorie et des tables qui en dérivent
importe à la navigation dont la rapidité actuelle, au lieu de diminuer les
exigences en fait de précision astronomique, ne fait que rendre ces exigences
encore plus impérieuses. Les progrès considérables que la théorie de notre
satellite doit à la publication, des tables de Hansen, ceux qu'elle attend en-
■ core des travaux ultérieurs de MM. Airy, Plana, Pontécoulant, Adams, et
surtout de. ceux de M. Delaunay, appellent et provoquent à leur tour les
progrès de l'observation elle-même.
» Or on sait combien l'observation des passages des planètes inférieures
sur le soleil l'emporte en précision sur les observations méridiennes; il eu
( 566 )
est de même ici, car les éclipses de soleil ne sont antre chose que les passages
de la lune; c'est donc à ces phénomènes, susceptibles d'une précision
presque absolue, que les recherches théoriques doivent avant tout satis-
faire.
» 2". Contrôler les résultats acquis par la géographie sur les points princi-
paux du globe terrestre etla situation relative des continents. En attendant que
la télégraphie électrique s'étende effectivement aux distances énormes qu'elle
a tenté de franchir dans ces derniers temps, c'est aux éclipses qu'il faut
s'adresser pour rattacher les uns aux autres les points séparés par l'immensité
des mers, et pour établir les bases de cette haute géographie que notre con-
frère M. Daussy tient si bien au courant de la science dans la Connaissance
des Temps. La carte ci-jointe, où j'ai tracé la marche de l'éclipsé centrale
d'après les calculs de M.Hansen, est l'illustration la plus complète de ce que
je viens dire.
» 3°. On sait que plusieurs des éléments fondamentaux de l'astronomie
exercent une influence prépondérante sur les éclipses ; ils en modifient
profondément l'étendue et le parcours. Tels sont les parallaxes du soleil et de
la lune et l'aplatissement de notre propreglobe. Réciproquementles éclipses,
pourvu qu'elles soient convenablement observées, serviront, quand on le
voudra fermement, à déterminer ces éléments avec une grande exactitude ou
du moins à soumettre les résultats acquis à une vérification précieuse.
A l'aplatissement qui résulte des grandes opérations géodésiques de ce siècle,
exécutées en Europe et en Asie, ne serait- il pas du plus haut intérêt de
comparer l'aplatissement que fournirait l'éclipsé prochaine pour les deux
autres continents, surtout après les travaux les plus récents (Russie) où le
globe terrestre est présenté comme un ellipsoïde à trois axes inégaux ?
N /^°. Enfin les éclipses totales nous offrent le meilleur, peut-être même
l'unique moyen de résoudre certaines questions importantes sur la consti-
tution physique du soleil et sur celle de l'espace qui l'environne. Une com-
munication toute récente a fortement appelé l'attention du monde savant
sur l'un de ces problèmes. Quant à la fameuse question des protubérances,
depuis la belle expédition de M. Piazzi Smyth au Pic de Ténériffe, tout
espoir s'est évanoui de pouvoir les étudier en- dehors des éclipses totales.
D'ailleurs l'ordre entier des idées sur ce mystérieux sujet a été bouleversé
dans ces derniers temps, par la comparaison des résultats obtenus l'an der-
nier au Brésil et au Pérou, et j'ose dire qu'au lieu de s'efforcer, comme on
la fait jusqu'ici, mais toujours en vain, d'identifier les apparences relatives à
clés stations différentes, il faudra désormais s'attacher à mettre les désac-
( 567)
cords en évidence, afin d'étudier les variations que le phénomène subit
incontestablement d'une station à l'autre (i).
» L'éclipsé prochaine se prête-t-elle à l'étude de ces quatre ordres de
questions? On en jugera par le tableau suivant de son parcours. Elle com-
mence, elle finit sur la terre ferme, et, chose remarquable, en des lieux où
l'activité humaine semble se porter de plus en plus. L'un est la Californie,
l'autre les bords de la mer Rouge. Pour la Californie, ou plutôt pour le
territoire de l'Orégon, il serait permis d'invoquer la puissante initiative des
Etats-Unis. En Ethiopie, on pourrait espérer le concours du gouvernement
Égyptien qui a voulu avoir des astronomes et qui a réussi. D'ailleurs l'éclipsé
finit précisément au milieu des stations géodésiques dont M. d'Abbadie vient
de publier le tableau (2), en attendant l'apparition de son grand ouvrage,
que le monde savant appelle de tous ses vœux. Entre ces deux points extrê-
mes, le Pacifique et la mer Rouge, l'éclipsé parcourt l'Amérique du Nord,
vers le 60* degré de latitude; elle la quitte au détroit d'Hudson où l'Angle-
terre seule pourrait établir une station; franchit l'Atlantique, traverse
l'Espagne le long du cours de l'Ebre, sur une étendue de plus de 1 3o lieues,
obscurcissant pendant quelques minutes près du quart de son territoire;
coupe à Iviça la méridienne de France, prolongée par MM. Biot et Arago,
rencontre en Algérie la civilisation au lieu de la barbarie qui a imposé son
nec plus ullrà à l'ardeur de ces savants illustres, et, après avoir franchi le
Nil au nord de Dongolah, va finir en Ethiopie, au milieu des hardis travaux
géodésiques de M. d'Abbadie et des pays visités, il y a vingt ans, par deux
de nos officiers d'état-major, MM. Galinier et Féret.
» De la résulte immédiatement le choix des stations principales :
1°. Dans l'Orégon, entre le Pacifique et les Montagnes Rocheuses. États-Unis.
2". Labrador, par Sg degrés de latitude? Angleterre.
3°. Espagne , rive de l'Atlantique. • • • ] j Espagne et autres pays
4". Espagne , rive de la Méditerranée. ) ' ' * ( de l'Europe.
5°. Iles Baléares ( Campvey ) , méridienne de France France.
6°. Algérie, en pleine Kabylie, au fort Napoléon France.
7°. Dongolah , sur le Nil Egypte.
» Les Stations d'Espagne, des îles Baléares et de la Kabylie méritent une
(i) Comptes rendus, t. XLVIII, p. 169 et 170.
(2) Résumé gêodésique des positions déterminées en Ethiopie, par A. d'Abbadie, Correspon-
dant de l'Institut, 1 859. , / .
( 568 )
attention particulière : celles de l'Espagne, à cause des ressources locales et
de l'affluence des observateurs; celle de Campvey, à cause de son altitude
et de son isolement au milieu de la mer; celle du fort Napoléon, à cause
de la pureté du ciel algérien. C'est là surtout qu'il convient d'étudier la
partie physique du phénomène. Je vais les examiner successivement.
Espagne.
» La bande noire de l'éclipsé totale régnera sur une largeur de 5o lieues
(de 4>ooo mètres), depuis Bilbao, Santander et Oviedo, jusqu'à Tortose,
Oropesa et Valence; elle s'étend sur i33 lieues de longueur. A première
vue, ou pourrait répartir comme il suit les stations principales et secon-
daires :
I". Station principale, entre Potès et Santillane.
2°. Station secondaire, entre Reynosa et Espinosa.
3°.
id.
id.
à Cuba.
4"-
id.
id.
au sud-est de Calzada.
5°.
id.
id.
entre Soria et Cervera.
6".
id.
id.
à Caiatayud.
7°-
id.
id.
à Montai van.
8°. Station principale, à Oropesa.
» On sait que l'Espagne, où tant de progrès se réalisent aujourd'hui,
s'occupe actuellement de sa carte militaire et des travaux publics, analogue
à celle que nous devons aux corps des ingénieurs-géographes et de l'état-
major. Supposons que les ingénieurs espagnols adoptent le cours de l'Ebre
pour diriger une de leurs chaînes de triangles. Supposons en outre que les
lignes télégraphiques qui vont de Madrid à Bilbao, àSaragosse et à Valence
soient réunies temporairement par leurs extrémités, ou prolongées du
moins vers les stations. Admettons enfin , et c'est là l'essentiel, que les grands
observatoires européens se concertent pour opérer en commim aux deux
stations extrêmes. Voici l'idée qu'on se pourrait faire de l'ensemble des
opérations :
» D'abord les observateurs, à leur arrivée en Espagne, n'auraient point
à se préoccuper de leurs coordonnées locales, car leurs stations, grâce au
concours des ingénieurs espagnols, seraient d'avance réunies dans un
même réseau géodésique avec la méridienne de Paris. De même la télégra-
phie électrique, complétée, en cas de lacune, par des signaux héliotru-
piques, transmettrait sur toute la ligne l'heure déterminée aux deux extré-
mités, ou mieux encore l'heure de l'obsei-vatoire de Madrid. Grâce à cette
( 569 )
liaison, les observations faites en Espagne pourraient être condensées en un
résultat unique, comme si elles avaient été faites en un seul et même point
avec une perfection supérieure, et, en les combinant ensuite avec les obser-
vations faites soit en Amérique, soit en Afrique, à une heure ou deux heures
d'intervalle, on obtiendrait les équations de condition nécessaires pour
déterminer les éléments astronomiques on les corrections géographiques
dont nous avons plus haut signalé la valeur.
» L'Académie me pardonnera de revenir ici, pour la dixième fois peut-
être, sur une suggestion dont elle a pu constater le succès à l'occasion de
l'éclipsé du i5 mars de l'année dernière, et de dire qu'aux deux stations
principales, supposées munies de ressources considérables en personnel et
en instruments, on devrait supprimer l'observation directe et la remplacer
par la photographie (i). Dans mon opinion il faudrait employer des lunettes
à grands objectifs et à longs foyers , et prendre une nombreuse série
d'épreuves instantanées entre le premier et le dernier contact, en ayant
soin de dresser horizontalement le bord de la plaque collodionnée. A
l'heure de la totalité, on découvrirait entièrement l'objectif, et on emploie-
rait les plaques les plus sensibles, afin d'obtenir des épreuves à grande
échelle de l'auréole et des flammes solaires, tandis que des astronomes
munis de lunettes plus maniables, les yeux garantis d'avance de tout
éblouissement, étudieraient à loisir les seules circonstances sur lesquelles
l'art du photographe n'ait point de prise : telles sont les colorations et cer-
tains détails observés avec succès au Brésil par M. Liais et répondant à
de précieuses indications de l'un d€s secrétaires de la Société royale
astronomique de Londres, M. Carrington. L'heure elle-même serait déter-
minée photographiquement à l'aide des passages méridiens du soleil ;
quant à l'instant des contacts intérieurs, partie principale de l'observation
d'une éclipse, je fais construire en ce moment un appareil qui sera chargé
de l'enregistrer de lui-même, conformément à un plan déjà soumis par moi
à l'Académie (2), et je compte présenter cet appareil dans la séance de
lundi prochain.
» Restent les phénomènes météorologiques. Il faudrait, à mon avis,
adjoindre le sympiézomètre au baromètre ordinaire, dont l'inertie dissimule
(i) Indications soumises aux photographes relativement à l'éc/ipse du i5 mars (Comptes
rendus, t. XLVI; séance du 8 mars i858).
(2) Comptes rendus, t. XLVI, p, i4; séance du 25 janvier i858.
C. R., 1859, 2"" Semestre. ir. \LIX, N» 17.) 7^ •,
(570)
les fluctuations rapides de l'atmosphère. Au thermomètre à mercure observé
près du sol, il faudrait, je crois, substituer le thermomètre métallique de
Brégiiet, porté dans les airs par un ballon captif et enregistrant lui-même
ses indications sur un disque mobile. La direction du vent s'obtiendrait
aisément à l'aide d'une combinaison analogue. Enfin il serait bon ])eut-ètre
d'observer les variations magnétiques, car, s'il est vrai que le magnétisme
terrestre soit en relation avec les taches qui obscurcissent périodiquement
le disque solaire, pourquoi ne serait-il pas influencé par l'obscuration plus
rapide, miisplus complète du soleil par la lune? Qui sait d'ailleurs si les
fils télégraphiques, dirigés à peu près dans le sens de l'éclipsé, ou vers
l'éclipsé, n'accuseraient pas, dans les courants atmosphériques, des pertur-
bations trop fugitives pour nos barreaux aimantés (i)?
Station d'iviça.
M A l'avantage d'être un point géodésique de la grande méridienne de
France, la station du mont Campvey réunirait ceux que le directeur de
l'observatoire d'Edimbourg, M. Piazzi Smyth, est allé chercher récem-
ment au Pic de Ténériffe. C'est là surtout qu'il faut examiner la forme et
les prolongements de l'auréole, étudier la nature et l'intensité de sa lu-
mière, rechercher minutieusement auprès du soleil éclipsé les traces de l'ap-
parition zodiacale, à qui l'on fait aujourd'hui jouer des rôles si variés dans
la science, depuis celui de milieu résistant jusqu'à la fonction d'alimen-
ter la chaleur et la lumière solaires. C'est là enfin qu'il conviendrait de
chercher l'anneau de petites planètes dont notre savant confrère M. Le
Verrier nous laissait dernièrement pressentir l'existence, si bien accusée
parle mouvement du périhélie de Mercure. Peut-être encore sera-t-il pos-
sible d'y percevoir nettement le mouvement du cône d'ombre lunaire dont
la base inférieure doit courir sur la mer avec une vitesse de 900 mètres par
seconde, tandis que la base supérieure, si elle est visible, occupera par sa
distance au zénith la hautetir des couches les plus élevées de l'atmosphère.
' Station de l'Algérie.
» Le prince Napoléon, pendant son court ministère, eut l'heureuse idée
de fonder à Alger un observatoire astronomique. Cette institution naissante
est appelée à prouver dès le début son utilité en concourant à l'observation
(1) Cf. les pages 528-53 1 du tome P' des Notices scientifiques de M. Arago.
( 57» )
d'un grand phénomène (i). Mais, quoique la ville d'Alger soit comprise dans
les limites de l'éclipsé totale, elle est trop éloignée de la centralité pour
servir de station principale. Il tne paraît donc nécessaire d'en former une
autre dans un lieu plus favorable, tel que le fort Napoléon ou les environs
de Bougie. La pureté du ciel s'y prêtera à toutes les recherches que je viens
d'indiquer pour la station précédente.
» Il me reste à parler des stations secondaires de l'Espagne, c'esl-à-dire
de celles où les astronomes livrés à leurs propres ressources s'efforceront
de faire quelques observations utiles. Comme je serai un de ces volontaires,
je demande à l'Académie la permission de lui soumettre, dans sa pro-
chaine séance, le programme que je me suis tracé et les instruments que je
fais construire en ce moment pour mon usage. Ce sera le meilleur moyen
d'obtenir les conseils dont j'ai besoin, et de provoquer peut-être, entre
les observateiu's de cette catégorie, une entente analogue à celle que je
viens de proposer entre les grands observatoires pour les stations prin-
cipales. »
ASTRONOMIE INDIENNE. — N Ole de M. BlOT.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une série d'études sur l'astro-
nomie indienne, qui m'ont occupé depuis le commencement de cette
année, et que j'ai successivement publiées dans le Journal des Savants. Je
demande la permission de dire en peu de mots à l'Académie, sur quels
documents je les ai établies, et quels résultats elles m'ont donnés.
» Plusieurs circonstances favorables se sont réunies pour me faire entre-
prendre aujourd'hui ce sujet de recherches, que j'avais depuis longtemps le
désir d'aborder. Il y a une vingtaine d'a^nnées, qu'à la suite d'un long tra-
vail sur l'ancienne astronomie chinoise, qui a été publié en entier dans
le Journal des Savants, je fus conduit à reconnaître que les 28 divisions
stellaires, appelées par les Hindous nakshatrâs, ou mansions de la lune, qui
ont été admises par tous les savants européens comme constituant un Zo-
diaque lunaire propre à l'Inde, ne sont, en réalité, que les 28 divisions
stellaires des anciens astronomes chinois, détournées de leur application
astronomique, et transportées par les Hindous à des spéculations d'astro-
logie qui seraient géométriquement incompatibles avec les inégalités de leurs
intervalles, s'ils ne les y adaptaient, tant bien que mal, au moyen de con-
(i) II s'agit ici de l'observatoire dont l'érection était annoncée dans le Rapport sur l'expé-
dition hréiihenne (Comptes rendus, t. XLVIII, p. 174» séance du 17 janvier i85g).
75.. ,
(57. )
ventions artificielles suffisamment satisfaisantes pour la crédulité populaire.
Cela m'avait fait soupçonner que toute cette science astronomique, dont les
brahmes disent être en possession depuis des millions d'années, pourrait
bien n'être ni si ancienne, ni si purement indienne, qu'on l'avait cru sur leur
parole, et je souhaitais fort de pouvoir m'en éclaircir en étudiant les Traités
d'Astronomie indiens de diverses époques, à commencer par celui qui est
considéré comme un texte sacré dont tous les autres dérivent, et que l'on
appelle le Sûrya-Siddhânla.
» C'est ce projet que je viens d'accomplir, grâce à l'assistance que m'ont
prêtée mes savants confrères de l'Académie des Inscriptions. D'abord, pour
les temps modernes, vers la fin de l'année dernière, M. Mohl me fit connaître
et me mit dans les mains un Traité usuel d'Astronomie indienne, que les mis-
sionnaires américains établis dans l'île de Ceylan avaient traduit du sanscrit
en tamul pour l'instruction de leurs élèves, et qu'ils ont publié depuis peu
d'années à Ceylan même, en l'accompagnant d'une version anglaise. C'est
un cadre très-utile à explorer, et beaucoup plus que ne le serait un ouvrage
du même ordre dans notre Europe. Car, d'après les analyses des Traités
d'Astronomie propres à l'Inde, que l'on trouve dans les Mémoires de la So-
ciété de Calcutta, tous, les plus anciens comme les plus modernes, sont iden-
tiques, pour le fond, les uns aux autres. Tous se composent uniquement
de règles abstraites, je dirais volontiers de recettes, exprimées en stances
versifiées, indiquant de certaines suites d'opérations numériques qu'il faut
successivement effectuer pour obtenir les positions apparentes du soleil, de
la lune, et des cinq planètes principales : tout cela sans aucune intervention
• quelconque de démonstrations ou de raisonnements théoriques, ni d'ob-
servations justificatives, ni , au moins en apparence, de doctrines ou de
déterminations étrangères à l'Inde; de sorte que c'est uniquement dans ces
recettes mêmes qu'il faut chercher et découvrir les théories astronomiques
qu'elles représentent, et les sources, indigènes ou étrangères, d'où elles
sont dérivées. Les savantes études ^des ouvrages sanscrits que l'on doit à
Colebrooke, à Davis, à Bentley, tout étendues et consciencieuses qu'elles
sont, ne fournissent pas de données suffisantes pour remonter à ces origines.
Elles ont pour objet spécial d'exposer les procédés numériques de l'astro-
nomie indienne, non pas d'eu sonder les fondements-, ce qu'ils sont d'autant
moins portés à faire, qu'avec tous les savants européens du xvili" siècle ils
admettent comme indubitable la haute antiquité des connaissances astro-
nomiques dont les Hindous se vantent, et que, n'étant pas eux-mêmes des
astronomes pratiques, ils n'ont pas le sentiment des difficultés, des impossi-
■'^'
( 573 )
bilités, que présentent certaines déterminations phénoménales qni se trou-
vent consignées et employées dans les livres qu'ils analysaient.
» Si l'on veut voir avec quelle force cette confiance absolue dans les
assertions des brahmes était alors établie, on n'a qu'à lire dans ï Histoire de
l'Astronomie ancienne de Delambre l'analyse détaillée du Traité de Bailly
sur l'astronomie indienne, et des Mémoires de la Société de Calcutta sur le
même sujet. Partout, dans cette analyse, Delambre confesse avec hésitation
les doutes, les invraisemblances, que présentent à son sens pratique l'im-
mense antiquité attribuée à la science indienne et l'originalité d'invention
qu'on lui suppose ; mais il n'ose déclarer ouvertement ce qu'on voit qu'il
en pense, craignant de heurter de front un préjugé trop puissant. Aujour-
d'hui la critique érudite est plus libre, et elle ne redoute pas les opinions
nouvelles quand elle peut les appuyer sur la discussion des documents ori-
ginaux. C'est l'avantage que j'ai dû à l'assistance bienveillante, dévouée,
infatigable, que m'a prêtée notre savant indianiste M. Adolphe Régnier. Par
lui, j'ai pu pénétrer dans les textes sanscrits comme s'ils m'étaient directe-
ment accessibles. J'ai pu ainsi vérifier les citations, les traductions qu'en
avaient données les membres de la Société de Calcutta, connaître et mettre à
profit les indications d'origine étrangère aperçues par d'autres savants india-
nistes, puiser enfin dans le Sûrja-Siddhânta lui-même les détails qui m'étaient
nécessaires pour apprécier les procédés d'observation, ainsi que les prati-
ques qu'on y voit mentionnées : toutes choses sans lesquelles je n'aurais
jamais, non-seulement effectué, mais tenté d'effectuer ce travail. J'ai reçu
encore d'autres secours. M. Munk m'a traduit de l'arabe deux passages
d'aslrcnomes hindous fort renommés, Varahmihira et Bramagupta, qui ont
été rapportés par Albirouni, et qui ont une importance capitale dans la
question qui m'occupait. D'autres m'ont été fournis par le savant Mémoire
de M. Reinaud sur l'Inde. Tout récemment encore, M. Stanislas Julien
m'a fait connaître un document chinois, dans lequel les 28 divisions stel-
laires qui servent de fondement à l'astronomie chinoise sont présentées
en correspondance avec les 28 nakshatrâs des Hindous. Or ce tableau,
composé en Chine il y rf je ne sais combien de siècles, s'est trouvé absolu-
ment identique, dans son ensemble comme dans ses détails, avec celui que
j'avais construit moi-même, il y a vingt ans, d'après mes propres études, et
publié alors dans le Journal des Savants, ce qui m'a donné confiance dans
les vues que j'avais émises. Cet ensemble de secours, qui est venu si heureu-
sement en aide à mon insuffisance, m'a fait apprécier une fois de plus l'utilité
des relations intellectuelles que l'Institut de France établit entre les mem-
( 574 )
bres' des diverses académies qui le composent, relations qui rendent exécu-
tables des travaux mixtes que, sans elle, on ne pourrait pas aborder. Si, dans
cette circonstance, elles m'ont conduit à me faire sur l'antiquité et l'origi-
nalité de la science astronomique des Hindous, une opinion toute contraire
à celle qu'on en avait eue jusqu'ici, je ne me la suis pas faite sans preuves
et sans l'avoir longtemps méditée. Je réclame donc de l'équité des india-
nistes et des astronomes qu'ils veuillent bien examiner et peser ces preuves,
avant de rejeter les conclusions auxquelles je suis parvenu, tout étranges
qu'elles puissent leur paraître. »
« M. Le Verrier fait hommage à l'Académie du VP volume (Tome II
des Observations) des annales de t Observatoire impérial de Paris.
» Ce volume est consacré à la réduction des observations faites aux
msfruments méridiens en 1837 et i838, sous la Direction de M. Arago.
On trouve dans le préambule un examen de l'état de l'instrument des
passages pour toute la période 1 837-1 853, ainsi que la discussion des
observations des passages de la Polaire durant la même période et les con-
séquences qui en résultent relativement à l'ascension droite de cette étoile
fondamentale. »
CHIRURGIE. — De quelques perfectionnements à apporter aux opérations
durélroplastie; par M. C. Sédillot. (Extrait par l'auteur.)
« La facilité avec laquelle on remédie, aujourd'hui aux rétrécissements
de l'urètre, par des incisions longitudinales dont nous avons expliqué l'ef-
ficacité [voir notre Mémoire sur l'urétrotomie interne, i858), permet de
poursuivre l'occlusion des fistules sus-scrotalcs par une simple suture ou
par un des nombreux procédés autoplastiques dont la chirurgie s'est enri-
chie, et les lambeaux soit latéraux, soit supérieurs, ou inférieurs à la fistule
ramenés au-devant d'elle par glissement ou transport, suffisent habituelle-
ment à la guérison ,
» La condition principale du succès est de bien aviver la circonférence
de l'ouverture fistuleuse, afin d'en obtenir l'adhésion à la surface sanglante
et superposée du lambeau oblitérateur.
» Si le canal paraît trop étroit après la cicatrisation, on le fend de côté
avec un de nos urétrotomes internes et l'on rétablit ainsi le diamètre de
l'urètre.
» Dans les cas compliqués et réfractaires aux moyens curatifs ordinaires,
les règles générales du traitement paraissent assez bien tracées. S'il existe
(575)
une fistule urinaire au périnée, on la dilate et on l'agrandit (Ségalas), pour
V engager une sonde, dont l'extrémité est maintenue dans la vessie. Si le
périnée est intact, on le fend (Ricord), on incise l'urètre, et une sonde sert,
comme dans le cas précédent, à détourner le cours de l'urine et à en em-
pêcher le contact sur les points à réparer.
» L'urétroplastie est alors pratiquée par la méthode à double lambeau
superposé ( Bach de Strasbourg, 1841)5 O" ayant ou non recours à des fils
métalliques pour les sutiu-es (méthode dite américaine de MM. Pancoast et
Bozemann), et la plaie, préservée du contact de l'urine, est recouverte en
dehors par la couche épidermique de la peau, et en dedans, ou du côté du
canal, par la même membrane ou par du tissu cicatriciel, sans tension ni
étranglement des parties.
1) Dès que la guérison de la fistule est obtenue, on retire la sonde
périnéale, on la remplace par une sonde ordinaire introduite par le gland,
et en deux ou trois semaines la plaie du périnée est cicatrisée.
» Malgré des conditions opératoires aussi natuielles, on ne saurait
méconnaître la rareté des succès immédiats ou primitifs de l'urétroplastie.
» La réunion par première intention est presque constamment incomplète
et ce n'est qu'à la suite de suppurations prolongées, après de nouvelles
sutures, des applications de substances excitantes-ou caustiques, du feu et
parfois de la ténotomie que l'on parvient à la cicatrisation de la fistule.
» 11 y a donc des causes d'insuccès à faire disparaître, et nous nous
sommes efforcé d'y parvenir.
» Deux indications dépendent des dispositions de la fistule : tantôt a) la
muqueuse est unie à la peau; tantôt b) ces deux membranes sont séparées
l'une de l'autre par une large cicatrice.
» a). Si les adhérences du tégument externe à la membrane muqueuse
sont intimes, il faut diviser la peau à quelques millimètres en dehors et de
chaque côté de la solution de continuité, par des incisions droites et paral-
lèles dont les extrémités sont coupées à angle droit au niveau de la fistule,
ou bien l'on termine les incisions latérales par des angles légèrement arron-
dis. On obtient ainsi, sur les côtés de la fistule, une sorte d'encadrement
de peau dont les deux moitiés, en forme de valves, sont partiellement dissé-
quées de dehors en dedans, puis renversées dans le même sens sur elles-
mêmes, pour en tourner en arrière la face épidermique et former l'ouver-
ture accidentelle de l'urètre. On fixe les lambeaux dans cette position; par
quelques points de suture entrecoupés, dont les anses regardent en dehors,
et les fils noués du côté du canal sont entraînés par l'urètre au delà de
(576)
l'orifice du gland, au moyen d'un petit stylet fenêtre d'argent flexible.
» L'urètre se trouve ainsi fermé par le renversement et l'accolement de
la peau, et l'on a sous les yeux une assez vaste plaie que doit recouvrir un
second plan de lambeaux. On arrive à ce résultat par plusieurs procédés :
on peut disséquer les téguments vers le prépuce. On a de cette manière un
grand lambeau transversal abaissé au-devant de la fistule déjà fermée et les
points de suture extérieurs n'ont aucun rapport avec ceux des premiers
lambeaux, condition essentielle et des plus favorables au succès de l'opéra-
tion. Lors même qu'un peu de suppuration aurait lieu, autour des fils, la
solidité des deux plans de lambeaux n'en serait pas affectée, puisque le pus
serait isolé et trouverait une libre issue, du côté du canal de l'urètre pour
les lambeaux profonds, et en dehors des téguments de la verge poiu' les
lambeaux superficiels, et qu'aucun corps étranger communiquant de
l'urètre à la peau ne favoriserait la persistance de pertiiis fistuleux.
» On peut en outre soumettre la verge à une légère pression pour mieux
assujettir les lambeaux, en déterminer l'immobilité et empêcher le gonfle-
ment œdémateux, qui est à peu près constant, lorsque les plaies sont aban-
données à elles-mêmes.
» b). Si des surfaces cicatricielles séparent la peau de la membrane mu-
queuse de l'urètre, on doit les exciser en totalité, à l'exception des points les
plus rapprochés du canal dont on forme deux lambeaux, en suivant les
procédés précédemment décrits.
» Telles sont les règles que nous avons adoptées et l'observation sui-
vante paraît en confirmer la valeur.
» M*** portait une large perte de substance de 2 à 3 centimètres de
hauteur à la portion sus-scrotale de l'urètre, et le pourtour de cette ouverture
était formé à une assez grande distance en tous sens, par une cicatrice
mince, sèche et non adhérente. Une ulcération phagédénique avait été la
cause de cette infirmité dont la date remontait à un grand nombre d'années.
» L'urétroplastie fut pratiquée le 3 novembre i858, en présence de
MM. les docteïirs Leuret, médecin principal, Hergott et Boeckel, profes-
seurs à la Faculté, et d'autres médecins militaires attachés a l'hôpital mili-
taire.
» Le malade couché en décubitus dorsal, et chloroformé, une sonde fut
portée dans la vessie ; le périnée et l'urètre furent fendus au niveau du bulbe
par une incision longitudinale ; la sonde fut retirée et une autre sonde du
même calibre, dirigée entre deux stylets conducteurs par la plaie, fut con-
duite jusque dans l'intérieur de la vessie (voir pour plus de détails mon
( 577 )
Mémoire sur l'urétrolomie externe ou périnéale). La membrane cicatri-
cielle séparée du pourtour de la fistule forma deux lambeaux latéraux dont
le renverseineiit de dehors en dedans devait servir à fermer l'urètre. Les
bords excédants de ces lambeaux furent excisés, et lorsque les dimensions
en furent convenables, on les réunit sur la ligne médiane par trois points
de suture entrecoupés. lia |)eau fut ensuite largement disséquée du côté du
prépuce et ramenée de haut en bas au-devant des lambeaux profonds. Un
des fils des sutures fut coupé près des noeuds et les fils restant dirigés au
dehors de la plaie.
. » Aucun accident grave ne survint, mais la cicatrisation ne fut pas com-
plète. Un peu de suppuration suivit un gonflement oedémateux assez mar-
qué, et à la chute des fils du quatrième au huitième jour, un pertuis de
4 à 5 millimètres persista et laissa passer les liquides injectés par le gland.
» Nous essayâmes à plusieurs reprises de fermer ce pertuis avec une épin-
gle et la suture entortillée. Les pansementsà plat et la cautérisation au nitrate
d'argent échouèrent également, et le 5 décembre j'eus recours à un nouvel
avivement avec deux, points de suture dont les fils profonds furent ramenés
par l'urètre, mais le moment opportun de cet utile procédé était passé et
nous ne réussîmes pas. La sonde périnéale était changée de temps à autre
sans difficulté et donnait passage à l'urine.
» Je fis quelques cautérisations au fer rouge qui réduisirent le pertuis
aux dimensions d'une tête d'épingle. Des applications de teinture d'iode
concentrée le fermaient pendant deux ou trois jours, sans l'oblitérer défini-
tivement. Je divisai par quelques sections sous-cutanées des brides qui
fixaient les téguments aux parties profondes et ne leur laissaient pas toute
la laxité désirable. Le prépuce remonta après cette opération d'une manière
assez notable, mais un second pertuis presque imperceptible s'ouvrit dans
le trajet delà cicatrice, disparut, puis se reproduisit de nouveau.
» Le 1^"^ mars 1869 je retirai la sonde du périnée, dont la plaie était
entièrement cicatrisée le vingtième jour. Pendant ce temps le malade avait
gardé une autre sonde introduite par le gland dans la vessie. Le 5 avril il
retira définitivement cet instrument et continua à uriner librement et à gros
jets sans éprouver aucun inconvénient de la persistance des pertuis qui
étaient à peine humides pendant la miction.
» Nous pensâmes que le changement de régime, l'exercice et le grand
air amèneraient dans la constitution lymphatique du malade des modifica-
tions avantageuses et nous l'engageâmes à quitter l'hôpital ; peu de temps
après ce militaire était en effet guéri.
C. &., i85ç), 2'"» Semestre, (T. XLIX, JS" 17.) 7^
( 578 )
» Cependant nous ne pouvons nous dissimuler que le traitement a été
long, et nous sommes convaincu qu'on l'abrégerait beaucoup en adoptant
le procédé que nous avons proposé et qui consiste à faire sortir par l'urètre
les fils des sutures des lambeaux profonds, et en dehors de la plaie tégu-
mentaire ceux des lambeaux extérieurs.
» Aucun corps étranger interposé entre les surfaces des lambeaux ne
compromettrait la réunion, et l'on pourrait obtenir en quelques jours la
guérison d'une infirmité dont la cure a exigé jusqu'ici plusieurs mois de
traitement, en ayant surtout la précaution de faire les lambeaux profonds
très-courts pour empêcher la formation de cavités ou poches secondaires,
dans lesquelles quelques gouttes d'urine restent parfois accumulées et
gênent un peu la miction.
» La guérison spontanée de la plupart des fistules urinaires, après le libre
rétablissement du cours des urines, autoriserait à tenter l'urétroplastie par
notre nouveau procédé sans recourir à l'incision périnéale, et ce serait évi-
demment un grand progrès, puisque l'opération deviendrait plus simple et
qu'on pourrait en espérer un succès plus prompt. «
MÉMOIRES LUS.
PHYSIOLOGIE. — Du rôle de [alcool dans [organisme ; Mémoire de
MM. DuROY, L. Lallemand et M. Perrin. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Flourens, Pelouze, Rayer, Cl. Bernard.)
« D'après les idées communément admises, l'alcool introduit par l'absorp-
tion digestive dans le torrent circulatoire est rapidement détruit sous
l'action comburante de l'oxygène amené par la respiration. Cette oxydation
de l'alcool dans le sang peut donner, comme résultat immédiat, de l'acide
carbonique et del'eau, ou, comme il est généralement admis, elle fait passer
l'alcool par une série de transformations représentant des dérivés de ce
corps de plus en plus oxygénés : aldéhyde, acide acétique, acide oxalique,
et aboutissant à l'acide carbonique, dernier terme de la série. Comme les
matières amylacées sucrées et grasses que la digestion introduit dans l'éco-
nomie subissent une destruction analogue, les boissons spiritueuses, eau-
de-vie, vin, bière, cidre, etc., se trouvent ainsi rangées au nombre des ali-
ments respiratoires.
«Cette théorie, appuyée sur des expériences qui paraissent irréprochables,
explique, d'une manière satisfaisante pour l'esprit, pourquoi on n'a pas
( 579 5
trouvé d'alcool dans le sang, pourquoi on n'en a rencontré que des traces
insignifiantes; elle explique aussi pourquoi on n'en a pas trouvé dans
l'urine.
M Les résultats des recherches qui font l'objet du Mémoire que nous
avons l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie sont
pour la plupart en désaccord à peu près complet avec cette théorie, puis-
qu'elles nous conduisent, d'une part, à constater que l'alcool n'est pas
détruit dans le sang , car on le trouve dans tous les hquides et dans tous
les tissus, et on ij'y trouve pas les produits de sa combustion ; d'autre part,
à prouver qu'il sort de l'économie par diverses voies d'éliminations, par
les ponmons, la peau et surtout par les reins. »
Ces recherches, irop étendues pour être reproduites en totalité, ne se
prêtant guère à une analyse, nous nous bornerons à indiquer les principales
conclusions auxquelles arrivent les auteurs et qu'ils formulent dans les
termes suivants :
« 1°. L'alcool n'est pas un aliment : il n'agit que comme modificateur
du système nerveux ;
» i'\ L'alcool n'est ni détruit, ni transformé dans l'organisme ;
» 3°. L'alcool se concentre surtout dans le foie et dans le cerveau ;
» 4°- Ces faits éclairent la pathogénie de certaines altérations organiques
et fonctionnelles du foie, du cerveau et des reins. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Note sur les stratifications de l'atmosphère lumineuse qui entoure
l'étincelle d'induction à l'air libre; par M. Th. duMoncel.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Despretz. )
« Dans la première édition de ma Notice sur l'appareil d'induction de
Ruhmkorff qui a été publiée il y a cinq ans, j'avais consigné et même des-
siné la forme que prend l'atmosphère de l'étincelle d'induction quand celle-
ci est produite au milieu de la flamme d'une bougie. J'avais reconnu qu'elle
s'épanouissait sous la forme d'un globe de lumière blanche traversé par un
trait de lumière bleue qui représentait les traits brillants de l'étincelle à
l'air libre. En répétant dansdiverses conditions cette expérience dans le but
de voir si l'analogie que j'avais déjà remarquée entre cette atmosphère et la
lumièic d'induction au sein du vide pourrait se retrouver au point de vue
76..
( 58o )
des stratifications qui traversent cette dernière lumière, j'ai reconnu plu-
sieurs effets assez curieux que je crois important cie signaler.
M J'ai d'abord constaté que l'atmosphère lumineuse de l'étincelle n'affec-
lait au sein de la flamme la forme sphérique que quand l'étincelle est très-
peu longue et que la flamme est fixe; par conséquent, c'est la flamme d'une
bougie stéariqne qui doit être choisie de préférence pour celte expérience.
En second lieu, j'ai reconnu qu'avec une étincelle un peu longue il se for-
mait deux noyaux lumineux dont les formes étaient peu stables ; enfin entre
ces deux limites de la longueur de l'étincelle, j'ai retrouvé le curieux phéno-
mène de la gratification de la lumière de l'atmosphère que j'avais vaine-
ment cherché jusque-là à retrouver avec le microscope dans la lumière
rouge de l'étincelle à l'air libre. Avec une distance convenable entre les
îhéophores, le phénomène est tellement net et arrêté, que j'ai pu distinguer
la nature polaire des rhéophores rien que par le sens de la courbure des
bandes stratifiées qui paraissent à la vue simple d'une largeur égale à envi-
ron un demi-millimètre. Du reste le phénomène est complètement identique
pour la couleur et l'effet à celui que présente la lumière d'induction au sein
d'un vide fait sur de l'hydrogène; ainsi la lumière blanche stratifiée s'arrêie
brusquement avant d'attendre le rhéophore négatif qui fournirait de la lu-
mière bleue s'il n'était recouvert d'une couche de noir de fumée, mais qui,
grâce à cette circonstance et à la chaleur dégagée à ce pôle, présente un
point brillant d'un grand éclat. Quand la flamme vacille, les stratification
dont nous parlions vacillent avec elle et il faut beaucoup de soin pour ob-
tenir le phénomène avec toute sa régularité. Ou ne peut réussir qu'eu se
mettant à l'abri des courants d'air, en retenant son haleine et en maintenant
les rhéophores dans la partie la moins lumineuse de la flamme. Ce phéno-
mène démontre donc définitivement l'identité complète de l'atmosphère
lumineuse de l'étincelle d'induction avec la lumière de cette même étin-
celle produite au sein du vide.
» Voulant m'assurer des variations d'intensité du courant induit sons
l'influence des différentes réactions extérieures opérées sur l'étincelle, j'ai
interposé un galvanomètre dans le circuit et je me suis assuré : i** que le
courant s'affaiblit assez rapidement à mesure que l'écart entre les rhéo-
phores augmente; 2" que l'insufflation de l'étincelle affaiblit également ce
courant dans une proportion considérable et qui dépend de l'énergie de
l'insufflation; 3" que le même effet se produit, mais à ini degré moindre,
avec l'insufflation par' les aimants énergiques; 4° que les circuits fornjés par
un bon conducteur laissant passer les courants inverses et directs, le galva-
( 58. )
notnètre reste toujours à zéro; 5" qu'il suffit de la plus petite solution de
continuité (du moins quand les cotu-antssont faibles) pour que le galvano-
mètre passe de zéro au maximum de déviation ; 6" que l'interposition de la
flamme dans une décharge augmente dans un rapport très-grand l'énergie
du courant induit; 7" qu'une étincelle dépouillée d'atmosphère dévie à
peine le galvanomètre. »
«ÉOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE. — Sur les silex taillés des bancs diluviens de la
Somme i par M. Boucher de Pertiies. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Geoffroy -Saint-IIilaire, d'Archiac, de Verneuil.)
a M. Boucher de Perthes communique à l'Académie une suite de silex
taillés, provenant de fouilles faites à Abbeville, et faisant partie de la collec-
tion qu'il a formée depuis vingt ans, en vue d'établir l'existence de l'homme
à une époque contemporaine de la formation des bancs diluviens de la
Somme. De semblables objets, également trouvés par M. de Perthes, avaient
déjà étéprésentésà l'Académie par M. Geoffroy-Saint-Hilaire en mai i858 (i).
» Dans une Note adressée en même temps que ces objets, M. Koucher de
Perthes rappelle les vues qui l'ont dirigé dans ses longues recherches, et les
diverses vérifications des résultats annoncés par lui, qui viennent d'être
faites par plusieurs géologues et naturalistes français et anglais. Parmi ces
derniers, MM. Prestwich, G. Lyell et d'autres membres de la Société royale
et de la Société géologique de Londres, après quatre vérifications indépen-
dantes les unes des autres et faites sur la plus grande échelle, ont pleine-
ment reconnu la vérité des faits annoncés par M. de Perthes.
» M. Prestwich, à son retour d'Abbeville, ayant fait fouiller à Hoxne en
Suffolk des bancs analogues, y a trouvé aussi des silex taillés associés à des
ossements fossiles d'éléphants, et il y a tout lieu de croire que, l'attention des
géologues étant maintenant fixée sur les faits de cet ordre, ils ne tarderont
pas à se multiplier dans la science. «
M. Eue de Beaumont annonce cpie de son côté il a reçu une Lettre de
M. Bouclier de Perllies, dans laquelle le savant auteur des Anliquilés celtiques
et antédiluviennes lui exprime son chagrin de ce qu'on n'a mentionné ni
son nom ni son livre dans les communications insérées dernièrement dans
(i) Vuir les Comptes rendus de C Académie, t. XLVI, p. 908.
( 582 )
les Comptes rendus relativement aux haches en silex découvertes dans les
terrains meubles de la vallée de la Somme.
M. le Secrétaire perpétuel rappelle à ce sujet que le Mémoire lu par
M. Albert Gaudry dans la séance du 3 octobre dernier renfermait un para-
graphe relatif aux haches en silex trouvées à Abbeville, dans lequel le
nom et l'ouvrage de M. Boucher de Perthes étaient mentionnés, ainsi que
la justice l'exigeait. La nécessité d'abréger pour le Compte rendu l'extrait de
ce Mémoire l'a fait réduire à ce qui se rapportait à son objet principal,
c'est-à-dire aux fouilles faites près d'Amiens. Le paragraphe relatif aux
haches d' Abbeville a été omis comme étant moins nouveau, en ce qu'il no
faisait que confirmer les faits annoncés il y a treize ans par M. Boucher de
Perthes, faits bien connus de l'Académie, et mentionnés en même temps
que son ouvrage De l'industrie primitive, ou Des antiquités celtiques et antédi-
luviennes, dans plusieurs endroits des Comptes rendus, et particulièrement
t. XXIII, p. 355 (séance du 17 août 1846), t. XXIII, p. 5^7 et io4o;
t. XXIV, p. 1062; t. XXV, p. 127 et 223, et t. XLVI, p. 903 (séance du
10 mai i858).
Le retranchement du paragraphe relatif aux motifs qui avaient porté
M. Gaudry à chercher dans le diluvium des produits de l'art humain,
était au fond un hommage tacite rendu aux droits de priorité si notoires
de M. Boucher de Perthes; mais le Secrétaire l'aurait laissé subsister s'il
avait pensé un seul instant que cette abréviation eût pu causer le moindre
regret à un savant dont il honore également les travaux et le caractère.
M. J. Tardy soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour
titre : « De la physiologie de l'homme en particulier et de la physiologie
universelle ».
(Commissaires, MM. Duméril, Flourens, Rayer.)
CORRESPONDANCE.
M. LE Ministre de la Guerre accuse réception du Rapport fait sur sa de-
mande sur divers procédés de fabrication des allumettes chimiques, et
remercie MM. les Secrétaires perpétuels dfl l'empressement qu'ils ont mis
à lui faire connaître le résultat du travail de la Commission.
M. LE Chargé d'Affaires du Mexique transmet ampliation d'un décret
du Président par intérim de la république mexicaine, M. B. Juares, décret
I
( 583 )
qui, après avoir rappelé ce que cette partie du nouveau monde doit à
Alexandre de Humboldt, décide qu'une statue sera érigée aux frais de l'État
à cet homme illustre comme un témoignage de la reconnaissance publique,
et placée dans l'École des Mines de Mexico.
L'Académie Stanislas de Nancy adresse, pour la bibliothèque de l'Ins-
titut, le volume de ses Mémoires pour l'année i858.
M. LE Secriétaire perpétuel présente, au nom de M. O. Henrj fils,
deux opuscules concernant : l'un, le traitement de la scrofule par les eaux
minérales; l'autre, les désinfectants considérés au point de vue de l'hygiène
et de la thérapeutique.
Et au nom de M. Cornalia, les deux premières livraisons d'une mono-
graphie des Vertébrés fossiles de Lombardie. (Ces livraisons appartiennent
à la seconde partie de la « Paléontologie lombarde », publiée par l'abbé
A. Stoppani.)
M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie une série de
portraits photographiés de grandes dimensions, et qui, comme l'apprend
une Note de M. Komarofj, ont été obtenus directement de cette taille, et
non amplifiés après coup. Ils ont été exécutés à Saint-Pétersbourg par un
habile photographe, H. Denier, au moyen d'un instrument construit d'après
ses indications par M. Foigllànter. « Cet appareil, ajoute l'auteur de la Note,
permet d'obtenir des images d'une grandeur exceptionnelle sans traces sen-
sibles d'aberration de sphéricité. »
« M. le Secrétaire perpétuel communique l'extrait d'une Lettre de
M. Thjri, relativement à un fait qui a été de la part du savant Siennois l'objet
d'une précédente communication. La Note, mentionnée au Compte rendu de
la séance du 26 septembre dernier, avait pour titre : « Observations istologiques
» sur un fragment osseux adhérent à la grande faux de la dure- mère. » Comme
cette Note avait été adressée à l'occasion de celle de M. Molas (22 août)
« Sur une pièce osseuse développée entre les deux feuillets de la faux du cer-
veau », on a pu, mais à tort, supposer qu'il s'agissait d'un cas analogue. La
pièce observée par M. Tigri, bien qu'adhérente à la faux de la dure-mère,
n'était point un produit anormal de cette lame membraneuse, mais une
( 584 )
portion d'os régulièrement formé, occupant par suite d'une lésion ex-
terne une position anormale. En examinant cette pièce, dont le diamètre
(ist à peu près ceini d'une pièce de So centimes, mais dont le contour est
irrégulier, l'auteur de la Note lui a reconnu une face lisse comme celle de
la surface des os plats, tandis que la face opposée rugueuse semblait indi-
quer qu'elle avait été séparée du diploé. M. Tigri, en effet, croit que c'est
une écaille détachée de la voûte interne du crâne, et qui, après avoir traversé
la dure-mère, avait pénétré entre les deux lobes du cerveau. La séparation
de ce fragment écailleux aurait été le résultat d'un coup violent qui, laissant
intacte la lame externe de la boîte osseuse, aurait fait sauter une portion
correspondante de la lame interne. C'est, à ses yeux, un cas curieux à
ajouter à ceux qui sont signalés dans l'histoire chirurgicale des contre-
coups. »
PHYSIOLOGIE. — Effusion par suite de violences externes du liquide céphalo-
rachidien; observation de M. Pirondi. (Communiquée par M. Johert
de Lamballe.)
« M. le D"" Pirondi (Sirus), chirurgien en chef des hôpitaux de Marseille,
m'a prié de communiquer à l'Académie un fait observé par lui en i85i.
Il s'agit d'une plaie intéressant le canal vertébral et la moelle épinière.
Il s'écoula par la blessure une grande quantité d'un liquide transparent
qui n'a pas été analysé.
» A l'autopsie, on a constaté que l'instrument du crime avait pénétré
entre l'axis et l'atlas, et qu'il avait intéressé la dUre-mère sur la ligne
médiane.
» La moelle épinière était percée de part en part, et le cordon posté-
rieur gauche était peu intéressé, mais le droit l'était tout à fait.
)) Cette observation, quoique bien présentée, ne peut pas éclairer la
science sur les usages du liquide céphalo-rachidien, et ne peut infirmer ni
confirmer les expériences de Magendie et de M. Longet. »
MÉTÉOROLOGIE. — Aurore boréale du 1 2 octobre observée à Saint- Amé ( Voscjes ;
Lettre o^eM. P. Laurent à M. le Président.
« Le mercredi 1 2 octobre, vers 8 heures du soir, en sortant de chez un
de mes voisins, j'ai été fort étonné de voir le ciel vivement lumineux, vers
le sud-ouest. Il y avait, à l'horizon surtout, une lumière brillante et du plus
( 585 )
beau rouge du prisme, et elle semblait comme la flamme d'un vaste incen-
die. A mesure d'ailleurs que les regards parcouraient la voùle du ciel,
jusqu'à l'horizon vers le nord-est, l'intensité lumineuse s'évanouissait, sauf
sur certains nuages errants çà et là.
» Le vent et par conséquent les nuages qu'il poussait, marchaient du
sud-ouest au nord-ouest, comme l'intensit*^ lumineuse. Ces nuages étaient
d'abord presque tous lumineux; mais le phénomène général venant à
perdre de son intensité, un bon nombre d'entre eux prirent une teinte
rouge-brun foncé, et je pus remarquer qu'ils se suivaient, en grande partie,
en lignes parallèles à la direction du vent.
» Je supposais que tout allait finir insensiblement; or il n'en fut pas
ainsi, car je remarquai bientôt que les nuages obscurs qui s'étaient ren-
contrés par les têtes des bandes parallèles de petits nuages dont nous venons
de parler, s'illuminaient tout à coup au moment du contact et même un
peu avant. Ils affectaient alors une teinte du plus beau rouge cerise; puis
un peu plus tard passaient au brun foncé : c'était un beau spectacle que
celui de ces clartés subites répandues çà et là dans l'atmosphère ; on
aurait dit qu'une décharge électrique, sans tonnerre, avait lieu à l'approche
des deux nuages et causait leur embrasement. Au bout d'une demi-heure
tout était rentré dans l'ombre ; mais je n'avais pas assisté au commencement
de la scène. »
MÉTÉOROLOGIE. — Aw'ore boréale observée à Yzeure [Allier) le 12 octobre;
extrait d'une Lettre de M. Lacssédat à M, le Président.
« Dans une Lettre que je vous ai adressée au commencement de ce mois,
j'ai donné quelques détails sur l'apparition d'une aurore boréale à la date du
1". Hier soir, à peu près à la même heure que la preu)ière fois, j'ai été
témoin du même phénomène. Voici l'extrait des notes que j'ai prises sur-le-
champ.
» S*" 10™, la région nord-est du ciel s'empourpre sensiblement. Traînées
lumineuses rayonnantes d'un blanc qui passe à l'orangé et à la nuance
purpurine ordinaire ; six à sept rayons.
» 8'' iS", le phénomène s'étend à une grande distance à l'ouest, où l'ho-
rizon paraît en feu. Il se forme comme deux amas distincts très-lumineux,
l'un assez élevé au-dessus de l'horizon entre la queue de la grande Ourse et
latêle du Dragon, l'autre enveloppant la Couronne boréale et s'élevant par
C. R., i85ij, a"" Semestre. ( T. XLIX, IN» 17.) 77
( 586 )
fiioments presque jusqu'à la Lyre ; l'intensité lumineuse de ces deux amas est
très-variable et semble s'accroître dans l'un quand elle diminue dans
l'autre.
» A 8^ 20™, un rayon blanc assez étroit, mais d'une hauteur considérable,
s'élance à travers l'amas voisin de la grande Ourse. Plus au nord et à l'est,
une teinte légère apparaît toujours à une grande hauteur au-dessus de
l'horizon, qui ne présente aucune coloration. Le voisinage de la lune au
plein fait sans doute pàUr la partie de l'aurore qui peut s'étendre plus à
l'est.
» A 8'" 40", le phénomène s'affaiblit et cesse d'être sensible en très-peu
de temps. Je n'ai pas remarqué d'étoiles filantes pendant toute cette période.
Le ciel est très-pur, sauf à l'horizon sud où il se forme quelques cumulus,
le temps très-calme, l'air doux, la rosée est très-abondante.
» Les rayons qui se sont formés à plusieurs reprises paraissaient venir
d'un centre situé au-dessous de l'horizon, un peu plus à l'ouest que le pôle
magnétique. L'éclat de l'aurore a été tel, que tous les passants en ont été
frappés, et j'ai su qu'à Moulins tout le monde sortait pour contempler ce
magnifique météore, que l'on comparait au reflet d'un vaste incendie.
» 9''4o™, trois amas lumineux, l'un à l' ouest-nord-ouest, près de l'hori-
zon dans les constellations d'Hercule et du Serpent, un autre à l'extrémité de
la queue de la grande Ourse, à peu près dans la même région que la pre-
mière fois, et le troisième à l'est des gardes de la grande Ourse, et s'élevant
dans la direction de l'étoile polaire dont il s'approche beaucoup.
?) g*" 45™, l'amas de l'ouest-nord-ouest s'éteint, les deux autres augmen-
tent d'intensité et encadrent pour ainsi dire la grande Ourse, sans pénétrer
dans cette constellation; celui de la queue est de beaucoup le plus vif.
» 9''48", large rayon blanc nuancé d'orangé partant du centre de
l'amas de la queue de la grande Ourse et dépassant la tête du Dragon; dispa-
rition et réapparition alternatives de ce rayon qui semble parfois se
dédoubler. Traces de rayons dans l'amas des gardes. Étoile filante dans
l'amas de la queue.
» 9** 55™, l'amas de la queue s'affaiblit et disparaît presque entièrement.
» 10 heures, plus de traces de l'aurore boréale.
» A 1 1 heures, de nombreux cumulus venant du sufl envahissent la région
de l'aurore boréale et empêchent de juger si elle reparaît. Temps pommelé,
vent du sud-sud-ouest. J'ai remarqué un mouvement de transport sensible
de l'est à l'ouest de l'amas lumineux principal. »
( 587 )
Dans une seconde Lettre, en date du i5, M. Laussédat ajoute :
« Je lis ce matin dans la Presse que ce météore a été observé à Nantes
dès 7 heures du soir, et l'auteur de l'article ajoute que la lune, au plein,
était en même temps entourée d'un magnifique halo. Je n'ai donc vraisem-
blablement observé qu'une deuxième ou peut-être une troisième phase du
phénomène à S^'io™. Plusieurs personnes de ma connaissance m'ont dit, eu
effet, qu'elles avaient remarqué l'illumination extraordinaire du ciel avant
r^^o'" à MouUns, c'est-à-dire à i kilomètre de mon jardin, où est mon ob-
servatoire.
» Quant au halo qui enveloppait la lune, il persistait encore de 8 à
lo heures; mais il n'avait rien de bien extraordinaire, et j'en ai observé
souvent de beaucoup plus remarquables. J'aurais cependant dû l'indiquer
dans mes notes, et c'est une omission que je répare. »
CHIMIE. — De l'emploi de l'acide sulfureux et des sulfites alcalins, comme moyen
de réduire tes persels de fer ; par ^l. H. Buignet.
« I. Lorsqu'on traite i équivalent de perchlorure de fer pur et chimique-
ment neutre par i équivalent de sulfite de soude en dissolution, on voit se
produire, au moment du mélange, une coloration rouge de sang d'une
merveilleuse intensité. Mais cette couleur, qui n'est qu'éphémère, disparaît
bientôt, emportant avec elle la teinte propre au sel ferrique, et le mélange ne
présente plus, au bout de quelque temps, que la nuance verdâtre claire qui
caractérise les sels de protoxyde de fer. Si le rapport des équivalents a été
bien observé, l'expérience montre que la réduction est complète et que tout
le sulfite alcalin est transformé en sulfate :
Fe»Cl' -+- NaOSO' + HO = Fe'Cl» + NaOSO' -l- HCI.
» IL Si, avant d'ajouter l'équivalent de sulfite alcalin, on mêle au per-
chlorure de fer des quantités variables et progressivement croissantes d'a-
cide chlorhydrique, on remarque que le phénomène de coloration et de
décoloration devient de moins en moins marqué, et que la réduction ne
peut plus être obtenue d'une manière complète. La proportion de perchlo-
rure qui échappe à la réduction est d'autant plus grande, que la quantité
d'acide ajouté est elle-même plus considérable. ..
77..
(588 )
» L'influence exercée par l'acide chlorhydrique est telle, que, quand sa
proportion est de lo équivalents, c'est-à-dire de aS centimètres cubes envi-
ron pour I gramme de fer à l'état de perchlorure, la réaction obtenue n'est
plus guère que le quart de ce qu'elle devrait être théoriquement.
» Quoique ce résultat ne s'applique qu'au cas où on emploie des solu-
tions très-concentrées, il n'en est pas moins important à connaître pour les
essais de fer par le procédé de M. Margueritte ; car il montre la nécessité
d'étendre les liqueurs, ainsi que cela a été recommandé, ou de saturer l'acide
libre, si l'on ne veut s'exposer à des erreurs graves.
» ni. La couleur rouge qui se manifeste avec tant d'intensité dans le
mélange des dissolutions neutres est due, selon toute probabilité, à la for-
mation d'un sulfite de fer, Fe^O% 3(S0*). J'ai observé, en effet :
>) 1°. Qu'on peut produire les mêmes phénomènes de coloration et de
décoloration successives par l'action directe de l'acide sulfureux en disso-
lution sur l'hydrate de sesquioxyde de fer;
» 2°. Qu'en mêlant le perchlorure de fer et le sulfite alcalin à la tempé-
rature d'un bain de glace, auquel cas on donne un peu plus de stabilité au
composé rouge produit, le mélange ne renferme, au moment même où il
vient d'être effectué, ni acide sulfurique, ni protoxyde de fer.
1) IV. Le sulfite de protoxyde de fer que l'on forme directement par
l'union de l'acide sulfureux et du sesquioxyde de fer hydraté, perd sponta-
nément sa couleur rouge et se réduit en équivalents égaux de sulfate et de
sulfite de protoxyde de fer, en même temps que i équivalent d'acide sul-
fureux devient libre
Fe'O», 3(SO') = FeOSO'-j-FeOSO*-f- SO».
■> En admettant que ce soit sous cette forme que s'opère la réduction des
sels ferriques par les sulfites alcalins, on s'explique très-facilement le rôle
de l'acide chlorhydrique par l'obstacle qu'il apporte à la combinaison de
l'acide sulfureux avec le sesquioxyde de fer. »
ÉCONOMIE RURALE. — Education du ver à soie du vernis du Japon;
par M. Vallée.
« Quelques cocons du ver à soie du vernis du Japon ont passé l'hiver
de 1858-1809 dans la ménagerie des reptiles du Muséum d'Histoire natu-
relle, où la température est en moyenne à i5 degrés centigrades.
(589)
» i" éducation. De ces cocons sont éclos le 7 mai iSSg; n ne paire de
papillons se sont réunis le même jour. La femelle a pondu ses œufs le 8,
l'éclosion des œufs s'est faite le 20; les chenilles ont été nourries avec le
chardon à foulon et elles ont commencé à filer le 12 juin suivant.
» a* éducation. Les papillons sont éclos le 8 juillet. La ponte s'est faite
le 9; l'éclosion des œufs le ao; les chenilles ont été nourries avec le vernis
du Japon; elles ont filé le i4 août.
» 3* éducation. Les papillons sont éclos le 6 septembre. La ponte a eu
lieu le 7, l'éclosion des œufs le 19; les chenilles sont nourries avec le
vernis du Japon; elles ont commencé à filer le 20 octobre. Nous avons
quelques chenilles retardataires.
» Plusieurs observations ont été faites en plein air sur des vernis du Japon
de la pépinière du Muséum d'Histoire naturelle; elles ont parfaitement
réussi, malgré la pluie et les matinées fraîches, quoique la température soit
descendue à 4 degrés au-dessus de zéro. »
M. Lefebvre adresse de Bouchevillers (Eure) une Lettre concernant
l'avantage qu'il y aurait pour la science à ce qu'une Commission scienti-
fique fût, dès le commencement, adjointe à l'expédition militaire de la
Chine.
M. C. Chappe d'Hadteroche prie l'Académie de vouloir bien lui donner
communication de l'Éloge de l'abbé Chappe d'Hauteroche, éloge prononcé
vers 1770 dans le sein de l'Académie des Sciences par M. Grandjean de
Fouchy.
On fera savoir à l'auteur delà Lettre que l'Éloge en question est imprimé
dans les Mémoires de l' Académie pour V année 1769 [Histoire de l'Académie ,
p. 163-172), où il peut en prendre connaissance.
La séance est levée à 5 heures. F.
(590)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 24 octobre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Etudes sur [aslronomie indienne; pcn- M. BiOT. (Extrait du Journal des
Savants); in-4°.
Annales de l' Observatoire impérial de Paris, publiées par U.-J. Le Verrier,
directeur de l'Observatoire. Observations, t. IL Paris, iSSg; in-4''.
Notice sur l'appareil d'induction électrique de Ruhmkorff, suivie d'un Mé-
moire sur les courants induits; j;ar le V'*Th. DU MONCEL, 4* édit. Paris, iSSg;
I vol. in-8°.
De l'état actuel de nos connaissances sur l'emploi des eaux minérales dans le
traitement de la scrofule ; par le D'O. Henry fils; br, in-8°.
Des désinfectants utilisés en médecine au double point de vue de l'hygiène et
de la thérapeutique; par le même ; br. in-8°.
Principes d'adénisation, ou Traité de l'ablation des glandes nidoriennes et
Exposition générale des règles à suivre dans i amélioration de la chair des ani-
maux ; par 3 . -E. CORNAY (de Rochefort). Paris, iSSg; in-12.
Paléontologie lombarde ; par l'abbé Antoine Stoppani. 2* série: Monogra-
phie des vertébrés fossiles ; par M. Emile Corn ALI A. i'® partie. Mammifères^
i"^* et a* livraisons; petit in-folio. ,
Mémoire de l' Académie impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres
de Toulouse; 5^ série, t. IIL Toulouse, iSSg; in-8".
Mémoires de l' Académie de Stanislas ; i858, Nancy, iSSg; i vol. in-S".
Report... Rapport sur la 28" réunion de l'Association britannique pour
l'Avancement des Sciences, tenue à Leeds en septembre i858. Londres, 1869;
I vol. in-S".
Memoirs... Mémoires de la Société rojale astronomique de Londres;
vol. XXVn. Londres, i859;in-4°.
Monthly notices... Journal mensuel de la Société royale astronomique de
( 59' )
Londres, novembre iQB'j à juillet i858, vol. XVIII. Londres, i858; 111-8°.
The Journal . . . Journal de la Société royale de Géocjrapliie de Londres,
vol. XXVIII. Londres; in-8».
On the. . . Sur l'existence d'instruments en silex associés avec des ossements de
Mammifères d'espèces perdues dans des couches vierges de la dernière période
géologique; par M. J, Prestwich ; br. in-8°.
Pasigraphie... Pasigraphie au moyen des chiffres arabes; par M. MOSES
Paic. Senilin, 1869; br. in-8°.
ERRATA.
(Séancedu 17 octobre 1869.)
Page 529, ligne % en remontant, au lieu de aesculentos, lisez esculentos.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 51 OCTOBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
M. LE Président rappelle à l'Académie tontes les vacances auxquelles
elle n'a pu pourvoir jusqu'ici par suite de l'absence obligée d'im grand
nombre de ses Membres pendant la saison d'été.
ZOOLOGIE. — Sur la vipère Jer de lance de la Martinique;
Note de M. Duaiéril.
« M. leD' Rufz, lorsqu'il pratiquait la médecine à la Martinique, s'était
efforcé de rassembler tout ce qu'on sait dans le pays sur l'animal si redouté
par les habitants de cette île, et qu'on y désigne sous cette simple dénomi-
nation : le Serpent. De nombreux matériaux lui furent fournis touchant les
moeurs, les habitudes etle genre dévie de cet Ophidien, qui, souventnommé
le Fer de lance , est devenu, dans les classifications, l'un des types du genre
Bothrops (Wagler). Après avoir dépouillé ces matériaux avec un judicieux
esprit de critique, il n'a négligé aucun des documents qu'il a pu recueillir
sur les accidents causés par le venin de cette dangereuse espèce et sur les
divers modes de traitement proposés pour les combattre . Les résultats de
C. R., i859, î"» Semestre. (T. XLIX, N" 18.) 78
(594)
cette Enquête furent publiés, il y a une quinzaine d'années, à la Martinique
même par M. Rufz.
') Rentré aujourd'hui en France, ce médecin se prépare à donner une
nouvelle édition, fort augmentée, de son travail, auquel il compte joindre
une description anatomique très-détaillée du serpent dont il aura ainsi
présenté l'histoire complète,
» En raison de l'intérêt que comporte ce sujet, il m'a semblé utile d'en
entretenir l'Académie. L'auteur s'empressera d'ailleurs de lui faire hom-
mage, aussi promptement que possible, de cette instructive Enquête, car
c'est là le titre de son travail. »
ASTRONOMIE. — Sur l'écUpse totale du iS juillet prochain ; pur M. Faye.
(Deuxième partie.)
« Il me reste à parler des stations secondaires où s'établiront des observa-
teurs isolés. Ces stations, choisies sur la ligne centrale, ne doiventpas être
confondues avec les postes annexés aux stations principales et placés vers
les limites de l'ombre (i). Mais avant d'aborder ce sujet et de décrire les
instruments que je vais montrer à l'Académie, je désire ajouter quelques
détails à ma première Note.
» L'observation ordinaire des contacts intérieurs soit sur la ligne centrale,
soit au nord et au sud vers les limites australe et boréale de l'ombre, est
susceptible d'une précision extrême ; mais cette précision est souvent mas-
quée soit par l'inexactitude de l'heure, soit par celle des coordonnées
géographiques, soit par la difficulté d'observer des contacts trop rappro-
chés. On sait, en effet, qu'entre deux observateurs différents, et en vertu de
leurs erreurs personnelles, la différence des heures déterminées au même
endroit par cliacun d'eux peut dépasser une seconde. Le seul remède est
d obtenir l'heure photographiquement à la lunette méridienne. Les épreuves
de l'éclipsé du 1 5 mars nous ont suffisamment éclairés à cet égard. En
second lieu les erreurs des tables ne sauraient être déterminées avec exac-
titude si la longitude de la station par rapport au méridien des tables n'est
elle-même connue avec la dernière précision. Or le méridien des Tables de
la Lune de M. Hansen est le méridien de Greenwich, ou, ce qui revient au
même, depuis la jonction télégraphique des deux principaux observatoires
(i) Voir les dispositions prises en Angleterre paj- l'Astronome royal et au Brésil par la Com-
inission brésilienne pour les deux éclipses centrales de l'an dernier.
( 595 )
de France et d'Angleterre, le méridien de Paris. Si les triangles espagnols
comprenaient les stations de 1 éclipse, celles-ci se trouveraient géodésique-
ment rattachées à la méridienne de France prolongée jusqu'à Formentera,
et la condition que je viens d'énoncer serait rigoureusement remplie. Les
altitudes ne sont pas moins nécessaires , surtout pour les postes annexés
aux stations principales, vers les limites de l'ombre.
» Quant à l'emploi de la photographie, il est facile de voir qu'il constitue
un système tout nouveau et bien digne de figurer à côté de la méthode
ordinaire qui consiste à observer les contacts à chaque station principale,
1° sur la ligne centrale de l'ombre; a" près des limites australes et boréales.
Considérons en effet, pour simplifier, une éclipse annulaire et une épreuve
obtenue à l'aide d'un objectif à long foyer (i) vers l'instant où le disque
solaire déborde de tout côté celui de la lune. On mesurera sur cette plaque
les coordonnées du centre de chaque astre par rapport à deux axes arbi-
traires, à l'aide d'un appareil micrométrique dont le fil mobile sera succes-
sivement amené au contact avec les bords des disques. Comme les angles
de ces axes avec l'horizontale tracée sur l'épreuve seront connus, on pourra
rapporter cejs .mesures à un système quelconque de coordonnées célestes,
et, en opérant ainsi sur un nombre d'axes suffisant, on aura fait intervenir
dans le résultat final le pourtour tout entier de chaque disque, de manière
a en éliminer les irrégularités.
» L'observation des contacts, qui n'est pas indépendante au même degré
de ces mêmes irrégularités, ne permet pas d'isoler ainsi les erreurs des tables
lunaires en ^ et en D : elle les fait connaître par des équations de condi-
tions où figure nécessairement la différence des rayons des deux astres, et
ce n'est que par la combinaison des postes d'observateurs qu'on parvient à
éliminer cette inconnue. On remarquera d'ailleurs que les coordonnées rela-
tives des centres sur la plaque photographique sont indépendantes de l'irra-
diation qui peut affecter les mesures des diamètres.
» Je passe maintenant au programme que je me suis tracé pour le
i8 juillet prochain, et à la description des instruments dont je compte me
servir en Espagne.
» Si l'on songe à la courte durée de l'obscurité totale, durée qui ne
(i) La grandeur du diamètre de l'objectif est ici de peu d'importance. Dans l'opération du
i5 mars i858, l'ouverture de l'énorme objectif de M. Porro (o™,52) avait été considérable-
ment réduite. Mais si on voulait noter aussi photographiquement les détails de l'éclipsé totale,
je suppose qu'il faudrait au moins, à ce moment, une dizaine de pouces à l'objectif.
78-
{ 596)
dépassera pas 3'" 20', on sentira combien il est important que chaque obser-
vateur se restreigne à un genre de recherches étroitement limité. Je me
propose de déterminer par des mesures effectives, et non par des apprécia-
tions vagues, la grandeur et la position des protubérances lumineuses de
leclipse, parce qu'il m'a semblé que là était le nœud d'une question
•débattue vainement depuis l'éclipsé de iS/ja.
" Les hypothèses qui ont été émises à ce sujet sont au nombre de quatre.
» La première consiste à supposer une vaste atmosphère autour du so-
leil et des nuages dans cette atmosphère. Cette explication laisse de côté la
moitié des phénomènes; en outre elle est contredite par les variations d'a.s-
pect qui se sont constamment présentées pour la même éclipse d'une station
à l'autre,
» La deuxième est celle des nuages planétaires de M. Babinet. Elle donne
lieu à moins d'objections, mais elle laisse de côté les lumières aperçues sur
le disque de la lune, les protubérances totalement noires, les protubérances
lumineuses bordées de noir, et les chaînes de collines rougeâtres qui régnent
sur toute l'étendue du pourtour du soleil éclipsé.
» La troisième rapporte ces apparences à lui effet de mirage dû à la con-
stitution que notre propre atmosphère affecte momentanément sous l'in-
fluence du cône d'ombre. Les réfractions extraordinaires qui s'y produisent,
favorisées par un effet de diffraction, amèneraient à l'œil de l'observateur
des rayons solaires qui auraient rasé des aspérités de la lune situées près
des bords. On expliquerait ainsi la constance assez ordinaire de ce phé-
nomène pour des stations peu éloignées. Quant aux différences qu'on y
signale pour des points très-distants, elles tiendraient en partie à la libra-
tion parallactique qui amène aw bord du disque apparent de la lune des
aspérités différentes d'une station à l'autre. Mais il reste encore bien des
difficultés.
» La quatrième hypothèse, celle de M. Lauiont, explique les protubé-
rances par des amas de vapeurs condensées temporairement dans l'atmo-
sphère par suite du froid de leclipse. On objectera que dans ce système il
n'y aurait plus rien de constant; il ne s'applique d'ailleurs ni aux apparen-
ces observées au Pérou et au Brésil en i858, ni aux lumières projetées sur
le disque de la lune.
» On pourrait même émettre une cinquième hypothèse et rattacher les
protubérances au brillant système de MM. Thomson etWathersou sur l'ori-
gine de la lumière et de la chaleur du soleil. En effet, si des matières cos-
mi(|ues à l'état pulvérulent tombent incessamment sur le soleil avec une vi-
( 597 )
hîsse énorme, on conçoit que leur choc incessant puisse transformer en
chaleur et en lumière l'équivalent de la force vive ainsi absorbée, et rien
ne s'oppose à ce que cette matière, présentant hors du soleil quelques traces
(le condensation, nous apparaisse çà et là avec un éclat plus vif que le reste
des matériaux dont s'alimente le soleil. On réunirait ainsi, dans la même
conception, la production de la chaleur et de la lumière solaires, la cou-
ronne des éclipses, les protubérances rouges ou violettes, la lumière zo-
diacale, le milieu résistant, l'éclat des étoiles filantes, l'incandescence des
aérolithes (i). ,
)) Ce qu'il y a de mieux à faire, en face de tant d'incertitudes, c'est de
ramener la question à des mesures précises. C'est au vague des évalua-
tions publiées jusqu'ici qu'il faut attribuer en effet celui qui règne encore
dans cette partie de la science.
» Tâchons de faire sentir par deux exemples l'utilité d'une mesure
effective substituée à une estime toujours incertaine. i° Hauteur : en i85i,
M. Dunkin, M. Adam et d'autres observateurs ont eu Heu de penser,
après l'inspection assidue d'une protubérance prise en particulier, que
cette protubérance n'avait pas changé de place relativement à la lune pen-
dant toute la durée du phénomène. Evidemment ces observations auraient
une importance capitale si elles étaient accompagnées de véritables me-
sures. 2° Angle de position : considérons en particulier un point du limbe
(lu soleil situé à 90 degrés des points de contact (ligne centrale), et suppo-
sons-y une protubérance. En 3™ao', le centre de la lune aura parcouru
iVt5", différence des deux diamètres (1860) : l'angle de position de la pro-
tubérance aura varié de 6 degrés environ si la tache appartient réellement
au soleil.
» il est facile de comprendre qu'avec les moyens généralement employés
jusqu'ici, il est aussi difficile de répondre de la hauteur des protubérances
que de leurs angles de position. Ces moyensse réduisent à estimer les an-
(i) Par malheur il ne suffit pas de s'assurer que la théorie dynamique de la lumière et de
la chaleur solaires ne contredit pas l'invariabilité sensible du diamètre du soleil : il faudrait
encore qu'elle respeclât celle des moyens mouvements, base de toule l'astronomie planétaire.
Or, en partant des calculs de ces savants physiciens (système de M. Thompson, voir sir John
llerschel, Outlines, p. 665), je trouve que le soleil absorberait ainsi chaque siècle une niasse
eijale à celle de g terres. Il en résulterait pour toutes les planètes une é(niation séculaire dans
iiurs moyens mouvements. On sait d'ailleurs que Laplace a démontré, par cette considération,
<|ue la masse du soleil n'a pu varier d'un deux-millionième en 2000 ans, c'est-à-dire d'une
<l.nantilc mille fois moindre que celle dont M. Thompson a besoin \)m\v justifier sa théorie.
( 598 )
gles à l'aide d'un cercle intérieur à la lunette et découpé par des crans de
lo degrés en lo degrés, et à évaluer les hauteurs au moyen de la distance
invariable de deux fds ou de deux crans éloignés d'une minute l'un de
l'autre.
» Ce système, au fond très-simple et très-ingénieux, me semble con-
damné par l'incertitude des résultats. Il a en outre l'inconvénient de forcer
l'observateur à maintenir l'objet qu'il a en vue sur les bords du champ,
c'est-à-dire dans la partie la moins favorable; il faut de plus renoncer à
l'usage de grossissements un peu forts, afin de conserver au champ l'éten-
due nécessaire. Enfin il serait impossible d'observer ainsi les protubérances
avant ou après la fin de l'éclipsé, car, pour les voir alors, il est indispensa-
ble d'exclure de la lunette la partie émergée du disque solaire.
» Premier instrument. — L'appareil que j'ai l'honneur de présenter à l'A-
cadémie est fondé sur la remarque suivante. Pour déterminer exactement
la position des protubérances, il n'est pas nécessaire de connaître la direc-
tion du rayon solaire qui y aboutit ; il suffit de mesurer celle de la tangente
correspondante au disque lui-même. De là un mode d'opérer qui permet
d'employer les forts grossissements et de placer la région qu'on étudie au
milieu du champ. Ce mode consiste à adapter à une lunette un micromètre
de position mobile autour de l'axe de la lunette. Le réticule se compose d'un
fil fixe et d'un fil mobile, toujours parallèle au premier. L'origine des divi-
sions sera donnée par un petit niveau fixé au tube du micromètre. Il sem-
blera d'abord que ce mode soit impraticable, à cause du temps nécessaire
pour lire la position de l'alidade sur le limbe divisé, mais voici conuuent
j'élude cette difficulté. Le limbe divisé est entouré d'un autre limbe en étain;
à chaque position de l'alidade, au lieu de lire le vernier, je pointe sur ce
limbe d'étain avec un petit ressort muni d'une fine aiguille, et j'enregistre
ainsi provisoirement la direction observée. Lorsque l'éclipsé est finie, rien
de plus facile que de ramener, à l'aide d'une petite loupe, la pointe de l'ali-
dade dans toutes les marques et de faire alors à loisir la lecture des ver-
niers. Même procédé pour enregistrer sur le limbe de la tête de vis du ré-
ticule les opérations effectuées à l'aide du fil mobile qui servira à mesurer
la hauteur de quelques protubérances remarquables. Avec un peu d'habi-
tude, prise sur des disques artificiels, j'espère parvenir ainsi à mesurer deux
fois, avec une précision qu'il devait sembler impossible d'atteindre, la posi-
tion de cinq ou six protubérances, et de garder encore assez de temps pour
examiner, comme l'ont fait les observateurs du Brésil, la forme et les cou-
leurs de ces apparences, ainsi que leurs relations de position avec les traits
( 599 )
obscurs ou lumineux dont l'auréole est souvent rayée dans certains sens.
i> Le micromètre enregistreur a été construit par M. Porro, qui y a ajouté
certaines dispositions extrêmement ingénieuses dans le but d'éviter la
confusion des marques. Je citerai entre autres un appendice qui sert à ra-
mener à volonté le fil mobile au fil fixe sans altérer la situation de la vis;
grâce à ce mécanisme, les mesures des protubérances s'enregistreront
successivement sur la tête de vis sans empiéter l'une sur l'autre, et il sera
facile d'opérer après coup les lectures de chaque série de mesures dans
l'ordre même où elles auront été faites. J'ai déjà commencé à m'exercer sur
une éclipse artificielle en papier noir, et j'ai constaté qu'on arrive aisément
à répondre d'un degré. Peut-être avec plus d'habitude pourrai-je pousser
l'exactitude plus loin. Mais déjà il y a lieu d'être satisfait de ce premier ré-
sultat. Le même appareil me servira en outre à mesurer les positions des
taches solaires voisines du bord du soleil, et surtout à préparer l'observa-
tion du premier contact extérieur que l'on manque ordinairement.
» Deuxième instrument. — Il importe de le remarquer ici, le succès de ces
mesures délicates exige que l'on fasse le sacrifice de l'observation des con-
tacts intérieurs. En effet le temps nécessaire pour noter l'instant du premier
contact, lire et inscrire la minute et l'heure correspondante, et pour diriger
ensuite la lunette, sera d'au moins 3o secondes; pour le second contact, il
fautde même s'y prendre une demi-minute au moins à l'avance afin de cher-
cher le point où l'émersion doit avoir lieu et dese mettre en état de compter
les secondes. La durée efficace se trouverait ainsi réduite à 2 minutes, ce
ce qui serait insuffisant. Mais d'autre part le sacrifice complet de la par-
tie astronomique n'est pas admissible. Je me suis donc efforcé de faire dispa-
raître ces conditions contradictoires et de combiner un second appareil que
l'on puisse charger d'observer automatiquement l'instant des deux phases
importantes dont il s'agit ici.
» Qu'on se figure un appareil photographique ordinaireoù la plaque sen-
sible serait remplacée par une bande de papier collodionné, se déroulant à
raison de a centimètres par seconde. Sur ce papier l'image du soleil trace
une bande noire qui disparaît à l'instant de l'obscurité totale et qui reparaît
en même temps que le soleil. Le pendule d'une sorte d'horloge compteur,
placée au-dessus du papier, vient interrompre à chaque seconde l'impression
photographique et marque ainsi les temps écoulés sur la bande elle-même.
L'opération terminée, l'opérateur n'a plus qu'à faire apparaître l'image par
les procédés ordinaires et à lire sur la bande la position des points où
l'image finit et recommence : il obtient ainsi, avec une précision extrême,
( 6oo )
les instants du phénomène astronomique. Inutile d'ajouter que i horloge
compteur doit être comparée avec le chronomètre, par la méthode des
coïncidences, immédiatement avant et après le phénomène. Une fois
l'appareil en marche, l'observateur, délivré de tout souci astronomique,
peut se livrer entièrement à l'étude physique dont je parlais ci-dessus.
» Telle est l'idée que M. Porro s'est chargé de réaliser avec le concours
d'un artiste bien connu, M. H. Robert, pour la partie d'horlogerie. La partie
optique est déjà terminée et j'éprouve un vif plaisir à en signaler à l'Aca-
démie les plus ingénieuses dispositions. D'abord M. Porro m'a proposé de
prendre l'empreinte solaire sur le papier sensible, non pas au foyer de
l'objectif, comme je le voulais d'abord, mais au point où l'image de l'ob-
jectif lui-même vient se former par l'intermédiaire d'un oculaire. Cette
image, à laquelle M. Biot a doimé le nom d'anneau oculaire, présente des
avantages incontestables. Ainsi elle n'est pas sensiblement affectée par le
petit déplacement horaire du soleil; ensuite elle se prête parfaitement a
l'action de l'interrupteur dont il va être question. J'avais pensé à charger
de cette dernière fonction le pendule de la petite horloge que M. Robert
construit en ce moment; mais il aurait fallu , dans ce cas, tenir compte de
la différence entre le jeu de l'échappement et le passage du pendule par la
verticale. M. Porro supprime la difficulté en faisant opérer l'interruption
par le marteau du compteur, de telle sorte que la lumière solaire est in-
terceptée au moment même où l'on entend frapper la seconde.
» Je me propose de soumettre cet appareil à des épreuves précises, car
c'est surtout sur lui que je compterais, s'il était généralement adopté, pour
donner une haute précision aux observations des postes situés près des limites
de l'éclipsé. Une de ces épreuves consistera à observer des occultations
artificielles du soleil à l'aide d'une plaque circulaire placée au foyer com-
mun de l'objectif et de l'oculaire. J'aurai soin d'en présenter les résultats à
l'Académie et de faire ressortir alors avec plus de détails ce que je dois
à l'habile artiste qui a bien voulu consacrer son temps et son talent bien
connu au succès de mon entreprise. »
MlKÉnALOGlE. — Sur [oxyde de chrome de Faymontdans le V al-d Ajol{Vosges);
par M. J. FouRNET.
« Les gisements de l'espèce minérale désignée par quelques minéralo-
gistes sous le nom à'oxyde chromique étant jusqu'à présent peu nombreux
et peu connus, je suppose que de nouvelles données à leur sujet seront
( 6oi ) ^
accueillies avec quelque intérêt. Déjà depuis assez longtemps, il est vrai,
j'avais remarqué que les filons quartzeux du Lyonnais renferment parfois
des taches vertes; mais je me contentai de les noter dans ma mémoire, sans
m'en préoccuper d'une façon sérieuse. Tantôt je les considérais comme étant
produites par des chlorites; quelquefois leur nuance plus caractérisée me
portait à les soupçonner d'être réellement chromifères. Cependant ces ma-
tières étant trop fortement noyées dans le quartz, j'imaginais qu'à moins
d'essais très-minutieux, le doute planerait toujours sur mes indications et,
faute de temps, je n'allais pas plus loin.
» Une rencontre plus heureuse, récemment faite dans la vallée des
Roches, section spéciale du Val-d'Ajol dans les Vosges, me permet actuelle-
ment d'aborder franchement la question. L'oxyde chromique y est inclus,
en petites parties, dans un énorme filon, où sa présence avait été soupçonnée
par M. Puton. Mais ayant consulté à cet égard M. Berthier, il reçut de lui
l'assurance que cette matière colorante du quartz n'était qu'un silicate de
protoxyde de fer. En cela je suis porté à admettre que notre excellent chi-
miste fut induit en erreur par un échantillon mal choisi, et l'on comprendra
tout à l'heure le motif de ma supposition.
» Les pièces recueillies par moi-même sont parfaitement semblables à
celles des Ecouchets, soit qu'il ne s'agisse que du quarizsimplement coloré par
l'oxyde vert, soit que ce dernier se montre dégagé sous la forme de croûtes
ou d'enduits superficiels. Quelques-unes de ces lames montrent une teinte
plus sombre que les autres et passent pour ainsi dire au noir. Ces déter-
minations minéralogiques devaient nécessairement être soumises au con-
trôle de la chimie. Le chalumeau avec le borax me donnèrent d'abord des
verres qui les uns étaient d'une belle couleur d'émeraude, tandis que les
autres, présentant une nuance équivoque, trahissaient la présence du fer.
Pour sortir de ces incertitudes, je priai M. Séeligmann, chimiste municipal,
d'opérer sur une plus forte quantité du minéral, en le traitant par le salpêtre
et le carbonate de soude, de manière à obtenir du chromate alcalin. La
dissolution dans l'eau lui procura un liquide jaune qui avec les sels de plomb
fit naître le précipité caractéristique de la substance. D'ailleurs le résidu
contenant une petite quantité de fer, indépendamment de la silice, venait
à l'appui de mes indications pyrognostiques.
» J'ajoute maintenant que les analyses de MM. Duflos, Wolff et Zellner,
faites sur les oxydes chromiques de Halle en Saxe, ainsi que de Walden-
burgh en Silésie, s'accordent avec nos essais pour démontrer le fait d'une
association assez habituelle des deux oxydes. Peut-être même sont-ils unis
C. R., i859, a'n'Scmeilre. (T.XLIX, N" 18.) 79
*•
( 602 )
à l'état de chromate de fer noyé dans un excès d'oxyde vert, circonstance
que la couleur plus ou moins noire de quelques parties tendrait à faire
admettre. En tous cas, l'ensemble des résultats précédents explique parfai-
tement la détermination de M. Berthier. Quant à ce qui concerne les combi-
naisons de l'oxyde de chrome avec la silice et avec diverses bases, combinai-
sons admisespar les autres chimistes siis-nommés, et qu'ils ont représentées par
des formules plus ou moins élégantes, il me faut déclarer tout de suite qu'il
m'est complètement impossible de partager leur confiance dans les résul-
tats de l'analyse. En ces sortes d'affaires, la géologie a un droit d'inter-
vention dont elle ne devrait jamais se départir. C'est à elle à décider
d'après l'ensemble des lieux, et pour certains cas, s'il faut admettre des
combinaisons ou de purs mélanges. De simples blocs peuvent conduire aux
aperçus les pins erronés, ce qui n'est actuellement que trop démontré par
une foule d'élucubrations minéralogiques des plus fantasques. Aussi, sans
plus tarder, je déclare que dans ces quartz chromifères l'oxyde est dissé-
miné de la manière la plus irrégulière, ses parties excédantes étant refoulées
à l'extérieur où elles forment les pellicules, à peu près pures, déjà men-
tionnées.
» Je termine en faisant remarquer que ma découverte permettra de géné-
raliser considérablement la classe des gisements chromifères. Il suffira aux
géologues qui ont quelque connaissance des filons, de savoir que l'oxyde
chromique se montre dans des émissions quartzeuses à Halle en Saxe, à
Waldenburgh en Silésie, de même qu'aux Écouchets, au Val-d'Ajol, et dans
d'autres masses du même ordre, éparses à la surface de la France. Ces
filons ou amas étant souvent plombifères, mes indications ont en outre
l'avantage de rendre raison de la présence de l'acide chromique dans divers
minerais de plomb à poussière jaune, et verdissant au feu, tels que le phos-
phate analysé par Vernon, les phosphates analogues que j'ai reconnus dans
les mines de l'Aveyron , le plomb phospho-arséniaté de Rosiers et de
Labrousse près de Bont-Gibaud dont j'ai fait connaître la singulière
complication dans les Annales de l'Auvergne ((83o), la Vauquelinita, les
chromâtes de la Sibérie et le molybdate de Pamplona analysé par M. Bous-
singault. Dans ces localités, les minerais étant dispereés svir les affleurements
du quartz, on voit maintenant de quelle manière les réactions superficielles
ont pu leur procurer le principe colorant qui les rend si remarquables. La
théorie de leur formation est donc simplifiée, en même temps que la classe
des gîtes chromifèi-es acquiert une importance qui ne leur avait guère été
attribuée jusqu'à préseut. »
( 6o3 )
MÉTÉOROLOGIE. — Aurore boréale du \i octobre; extrait dune Lettre de
M. FoiRXET à M. Elle de Beaumont.
« Plus nous avançons, plus je vois qu'il était temps de faire entrer le
phénomène des aurores boréales dans le cadre purement météorologique. Les
mauvais temps se sont accumulés depuis l'aurore du 29 août, car à chaque
instant on en voit de nouvelles. Ce qui m'a surtout paru remarquable, c'est la
marche de celle du 12 octobre dont j'ai pu suivre parfaitement les évolutions.
Dans la matinée régnait le vent du sud:î>uest avec de gros nuages. Après midi
nous avions simultanément trois vents, savoir le sud faible en bas, l'ouest plus
haut d'après les nuages, et le nord encore plus haut. Le ciel était alors singu-
lièrement pommelé et cirreux, ces nuelles étant allignées est-nord-est et
ouést-sud-ouest. A 7 heures du soir, l'éclaircie périodique du soir dissolvait
ces masses, mais la lune se levait encore trouble. A 8 heures l'aurore boréale
survint, présentant entre ses'rayons une zone rouge avec renflements d'inten-
sité qui m'ont mis à même de voir que celte bande cheminait de l'est à l'ouest,
c'est-à-dire en sens contraire d? celle du 29 août. L'éclaircie était alors à peu
près complète et la lune très-pure. En même temps une légère brise nord
s'établit en bas; ce n'était d'ailleurs qu'un vent dévié par nos collines, car
en demeurant à mon poste, j'ai pu voir, après la disparition de l'aurore,
s'établir divers flocons nuageux qui eux-mêmes prenaient la direction de
l'aurore, c'est-à-dire de l'est à l'ouest. Cette similitude dans les allures res-
pectives avait donc quelque chose de vraiment remarquable. A lo'' So™ du
soir, les effets changent par suite du retour du sud-ouest de la matinée et le
ciel se couvre de nouveau. Au moment de l'apparition de l'aurore, le temps
s'est refroidi très-brusquement, au moins comparativement à ce qui était
arrivé la veille. Ainsi
o
le 1 1 à 3 heures du soir le thermomètre indiquait a3,6
à 10 heures du soir » i8,o
le 12 à 3 heures du soir on avait 21,1
à 10 heures du soir • i3,5
Cette différence de 5 degrés pour les 10 heures du soir fut vivement sentie
par la population, et elle achève de caractériser le vent d'est qui, à Lyon,
n'arrive qu'après avoir passé sur les Alpes.
)• Je me dispense d'ailleurs de vous donner ici la liste des orages survenus
à cette époque. »
79- •
( 6o4 )
CHIRURGIE. — De la régénération des os après l'évidement;
pflirM. C. SÉDILLOT.
0 J'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie (séances du i" mars
et du 12 avril i858) l'histoire de dix malades opérés par la méthode de
l'évidement.
» Sur ce nombre sept ont guéri et trois ont succombé. Parmi les premiers
nous avons montré cette année à la clinique la jeune Klaulf dont les
lésions, d'une grande gravité, avaient nécessité l'évidement du tiers infé-
rieur et des condyles du fémur, et que M. le docteur Wieger, professeur
agrégé de la Faculté et médecin de l'hospice des Orphelins, nous avait
ramenée marchant librement et parfaitement rétablie.
» M. le baron Tavernier, docteur à Schelestadt, nous a écrit que le jeune
homme qu'il nous avait confié, se livrait sans peine aux plus rudes travaux,
et nous avons eu occasion de revoir la plupart des autres malades, dont
plusieurs ont été présentés à la séance publique de la Société médicale de
Strasbourg; l'un d'eux (observation III, Csmptes rendus de F Académie des
Sciences, p. 4^8, année i858) avait fait à pied un trajet de cinq à six
lieues.
» Nous pouvons ajouter que M. le docteur Marmy, médecin principal à
Lyon, m'a fait connaître un nouveau succès d'évidement pratiqué sur un
de ses malades, atteint d'un tubercule enkysté des condyles du tibia, et M. le
docteur Erhmann, médecin-major de première classe à Constantine, a été
aussi heureux dans une application de l'évidement à une carie tibiale.
» Quant aux trois malades dont nous eûmes à regretter la mort, nous ne
saurions en accuser la nouvelle méthode.
» Le premier (observation IV, séquestre et ostéite du fémur datant de
dix-neuf ans) se levait et se promenait depuis un mois à l'aide de béquilles
lorsqu'il fut frappé d'érysipèle gangreneux, d'un caractère épidémique,
auquel il succomba six semaines plus tard, après avoir perdu la peau du
scrotum et une partie des téguments de la cuisse saine.
» Le second malade (observation VL résection du coude avec évidement)
mourut quelques mois après des suites d'une ostéite avec nécrose de la
tète de l'humérus, abcès de l'articulation scapulo-humérale et épanchement
pleurétique : accidents dépendants du traumatisme primitif, et de la consti-
tution, mais en aucune façon de l'évidement.
» Le troisième malade (observation V, résection de la tète du fémur et
( 6o5 )
évidement du tiers supérieur de la diaphyse), opéré le 17 mars i858, s'étei-
gnit en janvier iSSp, après avoir donné de grandes espérances de guérison.
La plaie extérieure était fermée, à l'exception de quelques trajets fistuleux
entretenus par une carie du bassin, et un abcès intra-pelvien fit périr ce
malheureux qui était d'un tempérament lymphatique et depuis longtemps
considérablement affaibli.
» La régénération osseuse avait eu lieu régulièrement pendant les dix
mois écoulés depuis l'opération, et l'évidement était manifestement resté
étranger aux accidents. L'examen du jnalade, fait avec le plus grand soin
par M. le docteurMorei, professeur agrégé delà Faculté, chargé du service
des autopsies, et par nous, a fourni la rare occasion de comparer les effets
de la régénération des osa la suite des opérations si différentes de l'ablation
sous-périostale et de l'évidement.
» Là où la tête du fémur et le grand trochanter avaient été réséqués,
en conservant la capsule articulaire et le périoste d'enveloppe, aucun
travail de reproduction osseuse ne paraissait avoir eu lieu. On remarquait
seulement une masse compacte et arrondie à laquelle adhéraient: i" im
petit fragment du grand trochanter donnant encore attache à l'obturateur
externe, a° des insertions musculaires en voie de dégénérescence grais-
seuse.
» L'extrémité du fémur offrait au contraire la preuve d'une régénération
très-active, mais très-différente selon qu'on l'étudiait à l'extérieur ou à l'in-
térieur de l'os.
» A. l'extérieur et particulièrement en arrière du tiers supérieur de
la diaphyse, le périoste était considérablement épaissi, et ses couches
profondes étaient ramollies, presque gélatiniformes, et en rapport avec une
lamelle osseuse d'un à deux millimètres d'épaisseur dont la surface, légère-
ment mamelonnée, se prolongeait supérieurement en courtes saillies stalac-
tiformes fort ir régulières.
)) îV l'intérieur, le fémur, fendu par une coupe longitudinale, ne présen-
tait pas de traces de la cavité de l'évidement. La portion excavée de l'os
était remplie de dehors en dedans par une couche osseuse de nouvelle for-
mation, de neuf millimètres maximum d'épaisseur, aussi régulière du côté
du périoste que du côté delà moelle, puis par lui dépôt gélatiniforme sillonné
de nombreux capillaires et parsemé d'une foule de noyaux osseux séparés
les uns des autres et variant entre le volume d'un grain de millet et celui
d'un petit pois. >
B L'inspection microscopique confirma les travaux de M. le docteur
( 6o6 )
Morel sur le développement des os (Précis d'Histologie humaine) et fit voil-
es méramorphoses de la cellule fibro-plastique ou plasmatique en cellule
osseuse, sans intervention d'une membrane médullaire ou d'un fibro-carti-
lage transitoire dont l'existence n'est nullement prouvée.
» Ces faits très-remarquables, déjà compris dans la théorie générale du
célèbre Secrétaire perpétuel de l'Académie , n'avaient pas été aussi nette-
ment observés sur l'homme, et ils confirment hautement les avantages de
révidement;la régularité et l'activité de la régénération osseuse paraîtraient
en outre démontrer la supériorité de cette méthode sur les excisions ou
ablations osseuses sous-périostales , dont on s'est beaucoup plus occupé
jusqu'ici, qu'on ne les a réellement pratiquées d'une manière authentique
et sérieuse. Les expériences sur les animaux, quels qu'en soient le mérite et
l'intérêt, n'ont qu'une valeur restreinte relativement à la pathologie hu-
maine, et la clinique seule permet de juger en dernier ressort les questions
chirurgicales.
» Nous voudrions cependant perfectionner encore noire procédé opéra-
toire. La plaie extérieure communiquant avec la coque osseuse laisse après
Ja guérison une cicatrice généralement étendue et adhérente à l'os excavé ;
peut-être serait-il possible de réunir, par première intention, les extrémités
de l'incision des p vties molles, en conservant une ouverture centrale pour
les injections curatives, l'écoulement des liquides et la sortie ou l'extraction
des parcelles osseuses nécrosées. La plaie et la cicatrice seraient ainsi
réduites à de moindres dimensions et les membres largement évidés reste-
raient plus réguliers. »
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Recherches sur tes raies du spectre solaire et des différents spectres
électriques; parM. E. Robiqvet. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Regnault.)
•' Frauenhofer pensait que les raies des différents spectres dépendaient de
la constitution même de la source lumineuse dans laquelle certaines espèces
de rayons manquaient complètement. Reste à connaître la cause qui pro-
duit cette absence de lumière. On ne peut l'attribuera un effetd'interférence,
car en recevant sur un écran l'image d'un spectre solaire et plaçant très-
près, en avant, une lame de mica d'une épaisseur d'un quart d'onde, au-
cune des raies n'est modifiée. De même, si avec l'arête verticale de la même
(6o7 )
lame on divise en deux l'une des deux raies H, il n'y a aucune illumination
dans la partie masquée. L'existence des raies du spectre est due à une tout
autre cause, et voici par quelle suite d'expériences j'ai été amené à en trou-
ver l'explication.
» Si, comme l'a fait M. Draper, on produit un spectre avec un prisme
de flint et un fil de platine rendu incandescent par tui courant électrique,
ce spectre n'a pas de raies; mais si entre le fil et le prisme on interpose un
cylindre de verre ternjiné par des plans de glaces à faces parallèles et rem-
pli de vapeurs d'acide hypo-azotique, aussitôt les raies apparaissent. Suppo-
sons le spectre de Frauenhofer superposé au précédent et voyons comment
les nouvelles raies sont disposées.
» Rouc/e extrême (de B en C). — Un groupe de raies très-fines, très-
nombreuses et à peu près équidistantes.
» iîou(/e (immédiatement après C). — Deux raies très-nettes.
» Limite de l'orangé et du jaune (un peu avant D). — Quatre raies parfai-
tement marquées, surtout la troisième. La raie D se retrouve dans le nouveau
spectre et c'est la seule parmi les raies de Frauenliofer.
» Jaune (entre D etE). — Trois raies équidistantes.
» Jaune verdàtre (un peu avant E). — Deux raies très-fortes.
» Fert (entre E et F). — Deux groupes de raies fines et serrées formant
plutôt deux bandes obscures.
» Fert bleuâtre (en avant et très-près de F). — Un groupe de raies très-
fines, très-nombreuses et encore assez visibles.
» Bleu violet (de F en G) et violet (de G en H). — Six groupes de raies
très-nombreuses à peine visibles.
» En remplaçant la vapeur nitreuse par la vapeur d'iode ou de brome, les
raies changent encore de nature. Avec le chlore sec il ne se produit pas la
plus petite apparence de raies, même avec un tube de 4'",5o de long : il y
a seulement une légère illumination dans la partie verte et surtout dans la
partie jaune du spectre.
» Ce qui a lieu pour le fil de platine se reproduit également avec les au-
tres métaux, du moins avec ceux que j'ai pu observer (fer, argent, or, alu-
minivim, cuivre, sodium, potassium et chrome). Tous ces métaux ont été
fondus et volatilisés par le courant d'une forte pile, puis on interrompait
brusquement les communications interpolaires, et l'incandescence durait
assez longtemps pour qu'on put distinguer le phénomène, sinon l'analy-
ser. Ces observations confirment les prévisions de M. Foucault qui, en
remarquant que le spectre des charbons polaires amenés au rouge blanc
( 6o8 )
ne présentaient pas de raies, en avait conclu qu'il devait en être de même
de tous les corps, incandescents.
» Voici encore quelques expériences qui concordent parfaitement avec
les précédentes. Lorsqu'on regarde le spectre produit par le jet de gaz d'un
bec-bougie à flamme horizontale, et qu'au moyen d'un écran opaque, muni
d'une fente très-étroite, on s'arrange de manière à ne faire tomber sur le
prisme que le rayonnement de la partie bleue, on voit très-distinctement
apparaître la raie D, deux belles raies vertes séparées par une bande noire,
trois raies bleues et enfin quatre raies violettes. Le même phénomène se re-
produit, mais d'une manière très-affaiblie avec la partie brillante de la
flamme. Vient-on maintenant à répéter la même expérience avec un bec de
gaz à vingt trous muni de sa cheminée et d'une corbeille à fentes symétri-
ques, on ne distingue plus la plus faible apparence de raies, de quelque
manière qu'on se place et qu'on vise la partie brillante ou la partie bleuâtre
de la flamme.
» Les apparences que présentent les spectres produits par les métaux
volatilisés sous l'influence d'iai courant électrique sont excessivement cu-
rieuses et la théorie des phénomènes précédents leur est entièrement appli-
cable.
» M. Foucault, dans un premier Mémoire publié en 1849, ^ étudié ces
spectres d'une manière générale et est arrivé à des résultats très-importants.
J'ai commencé par répéter les expériences de cet ingénieux physicien,
non pas, bien entendu, pour en vérifier l'exactitude, mais pour m'habituer
à ces observations délicates avant d'étudier les arcs métalliques dont les
spectres n'avaient pas encore été examinés. Voici les apparences que m'ont
présentées les arcs des métaux suivants :
» JPlatine. — Brûle avec une lumière blanche. La raie D existe. Toutes
les parties du spectre sont couvertes de bandes noires très-étroites laissant
voir entre elles les diverses couleurs absolument comme les lames d'une
jalousie laissent passer la lumière, et c'est ainsi que ces interstices parais-
sent autant de raies brillantes très-larges parmi lesquelles on distingue, dans
les couleurs suivantes :
» Rouge, six raies; rouge orangé, trois raies; vert, quatre groupes de raies
très-fines; indigo, deux 'raies. Toutes ces raies sont d'un éclat éblouissant.
Enfin, on observe dans le violet bleu une absorption presque complète; dans
le violet, trois larges bandes très-l'.imineuses, et enfin dans l'extrême violet,
deux larges raies obscures correspondant aux deux raies H du spectre
solaire.
( ^«9 )
» J'ai égaletnenl opéré avec raluminiiiin, l'or, le chrome, le cuivre, l'ar-
gent, le sodium, le potassium, le strontium, et je donne dans mon iVlémoire
les résultats obtenus dans ces expériences.
» La reproduction photographique de tous ces spectres est difficile,
excepté pour l'argent et le sodium ; l'arc métallique a si peu de fixité, qu'on
a la plus grande peine à obtenir des images dans lesquelles les raies ne se
déplacent pas à chaque instant. On n'a devant soi, pour le temps d'exposi-
tion du collodion ioduré, que cinq ou six secondes, et on ne peut songer à
obtenir l'empreinte de là magnifique raie D du sodium, des raies bleues de
l'aluminium, des deux raies vertes de l'argent et des magnifiques bandes
rouges du chlorure de strontium. Toutes ces teintes sont fort peu photo-
géniques malgré leur éclat ; mais, à partir des derniers rayons violets, deux ou
trois secondes suffisent pour obtenir un négatif satisfaisant, et, chose bien
remarquable, on observe dans ce spectre invisible pour nos yeux, mais
impressionnant si fortement l'iodure d'argent, des raies et des bandes rap-
pelant par leurs dispositions la partie colorée du spectre auquel elles appar-
tiennent.
» Il ne faut pas confondre les raies brillantes des spectres électriques pro-
duits par les différents arcs métalliques dont il vient d'être question avec
celles des spectres engendrés par l'étincelle électrique et qui sont dues, ainsi
que l'a démontré M. Masson, aux particules matérielles arrachées par le flux
électrique à l'état d'incandescence et transportées à travers l'espace qui
sépare les extrémités des conducteurs. Je ne serais même pas étonné que les
raies de l'arc du charbon ne soient que des raies secondaires dues à l'arra-
chement des particules siliceuses qui existent toujours en si grande quantité
dans les crayons les mieux préparés.
» Enfin j'ai obtenu les épreuves photographiques du spectre solaire
produit par un système de lentilles et de prismes : i° en cristal de roche ;
2° en flint ordinaire; 3° en flint Faraday (silicate borico-plombique), et j'ai
vu que dans le premier cas tous les rayons obscurs passaient, que dans ie
second il en manquait à peu près la moitié, et dans le troisième la presque
totalité.
Conclusions.
» Tout corps incandescent, quelle que soit sa nature chimique,, donne
un spectre sans raies : si ce corps, en se volatilisanl, s'entoure de vapeurs
incolores et transparentes, les raies n'apparaissent pas encore; mais si
C. R,, i859, 3"" Semcslre. (T. XLIX, N" 18.) ,8o
(6.0)
les vapeurs produites sont lourdes, promptement condensables à la tem-
pérature ambiante et, à plus forte raison, si elles sont en même temps colo-
rées, elles interceptent une partie plus ou moins considérable du rayonne-
ment total.
» Pour expliquer l'action de ces vapeurs, on ne peut mieux les comparer
qu'à un écran en forme de grille, dont les barreaux inégalement espacés
seraient tantôt d'une ténuité extrême, tantôt d'un diamètre considérable.
Dans le premier cas, l'ombre projetée se traduit par des raies obscures très-
fines (raies du spectre solaire); dans le second, les rayons masqués sont en
nombre considérable : il se produit de véritables bandes obscures dans les
interstices desquelles les parties lumineuses et colorées apparaissent comme
autant de bandes ou de raies brillantes (spectres des arcs métalliques pro-
duits par la pile).
» Lorsque le spectre est formé par les particules incandescentes trans-
portées mécaniquement, soit par le flux électrique de la pile, soit par l'étin-
celle, il apparaît des raies brillantes secondaires bien faciles à reconnaître
à leur caractère d'intermittence.
» La partie invisible de ces différents spectres est soumise aux mêmes
effets d'absorption que la partie visible, et on peut rendre ces effets sensi-
bles par les procédés photographiques.
» Je sais mieux que personne combien ce travail laisse de lacune à com-
bler, mais je compte le compléter avec tout le soin que réclame une étude
qui tient de si près à la nature de la lumière lorsque les circonstances me
permettront de les reprendre et de faire construire les appareils qui nie
sont nécessaires pour compter avec précision les raies des différents spec-
tres, en mesurer les distances réciproques, et enfin pour obtenir, par des
procédés encore plus sensibles, les épreuves photographiques de toutes les
parties visibles et invisibles des spectres produits par la lumière des astres
et par le feu électrique. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Nole Sur l'emploi d'une contre-balterie de platine aux
lignes électro-télégraphiques ; par M. M. -H. Jacobi,
« Il est connu que la transmission des dépêches à travers les fils télégra-
phiques rencontre des difficultés en deux cas bien distincts. Le premier est
celui des conduits imparfaitement isolés. C'est dans ce cas qu'une partie
du courant principal est dérivée en se perdant dans le sol ; en outre, les fils
conducteurs reçoivent par le passage du courant même une certaine pola-
( 6.1 )
risation, analogue à celle des électrodes de platine servant à la décompo-
sition de l'eau acidulée. Cette polarisation donne lieu à un courant secon-
'daire souvent très-énergique, dirigé dans le sens du courant primitif de la
batterie et subsistant encore longtemps après la cessation ou l'interruption
de ce dernier. Le courant secondaire, abandonné à lui-même, diminue d'in-
tensité avec le temps; cependant on le voit rarement disparaître entière-
ment, à moins qu'on ne lui oppose un courant d'égale intensité et de
direction contraire. A l'enfance de la télégraphie électrique où il n'y avait
que des conduits mal isolés, j'ai étudié la phénoménologie de ces courants
de polarisation sur des conduits souterrains établis dans les environs de
Saint-Pétersbourg et à Saint-Pétersboiu'g même. Les Bullelins scientifiques de
C Académie impériale des Sciences contiennent une série de Mémoires publiés
à ce sujet. Les perfectionnements faits depuis aux conduits électriques ont
beaucoup diminué l'intérêt de ces recherches; je veux mentionner cepen-
dant comme un fait curieux, que plus d'une fois on a réussi à décomposer
des solutions de nitrate d'argent aux deux extrémités d'un conduit souter-
rain de aS kilomètres de long, sans le concours actuel d'un courant princi-
pal, uniquement par le courant secondaire, recueilli longtemps après qu'une
batterie de huit grands éléments de Daniel avait agi sur ce conduit; il arrive
également que dans les appareils télégraphiques les armaturts des électro-
aimants, ou ne sont pas attirées du tout, ou adhèrent si fortement, que les
ressorts de rappel sont impuisants pour ramener les armatures à leur position
normale. Dans une Note lue à l'Académie impériale des Sciences de Saint-
Pétersbourg, il y a douze ans, j'ai indiqué le moyen par lequel j'ai réussi à
combattre ces difficultés, jusque-là jugées insurmontables; il s'agissait alors
de remplir le désir de mon auguste Monarque et de continuer la trans-
mission des dépèches à travers un conduit souterrain, dont l'isolement
était devenu tellement défectueux, que j'étais plus d'une fois tenté de
mettre bas les armes et de renoncer entièrement à l'emploi de ce conduit.
On sait que ce moyen consiste dans l'emploi d'un ou de plusieurs
couples de larges électrodes de platine, plongeant dans un vase rempli
d'acide sulfurique étendu d'eau et interposés dans le circuit près de l'élec-
tro-aimant récepteur. Il est évident que, par l'action du courant principal
de la batterie, ces électrodes étant polarisés dans le même sens que le fil
conducteur, ils engendrent, après l'interruption du circuit à la station
opposée, dans la bobine de l'électro-aimaut un courant de direction con-
traire à celui provenant de la polarisation du conduit souterrain. Il est fa-
cile de se rendre compte de ces effets en faisant une esquisse de la combi-
80..
(6,.)
naison menlionnée dont l'efficacité a pleinement justifié mes prévisions; en
effet, la transmission des dépêches n'était devenue possible que par l'emploi
des électrodes ou de cette contre-batterie de platine. En la mettant hors
d'activité, la réception des signaux fut subitement arrêtée par l'attraction
permanente exercée sur l'armature par l'électro -aimant. Il est curieux d'ob-
server les effets de ces courants de polarisation opposés en remplaçant
l'électro-aimant par quelque multiplicateur pas trop sensible. En rompant
le circuit à la station opposée, on voit l'aiguille lancée subitement vers sa
position d'équilibre qu'elle dépasse pour prendre une déviation dans cette
direction, mais la polarisation des électrodes de platine, quoique plus
forte que celle du circuit, est cependant de moindre durée que cette der-
nière; c'est donc elle qui prend de nouveau le dessus et ramène l'aiguille
du côté de sa première déviation. Cette succession des courants opposés
produit l'effet, dans le cas d'un électro-aimant, d'en détacher l'armature. Il
ne peut pas être question de la résistance que la contre-batterie ajoute à
celle du circuit principal. Pourvu que le liquide qu'on emploie soit un bon
conducteur et que les électrodes ne soient pas trop étroits, cette résistance
n'entre pas en ligne de compte s'il s'agit d'un circuit télégraphique d'une
certaine étendue.
» Je me permets de rendre compte à l'Académie de quelques expériences
instituées plus tard sur un conduit de 3oo kilomètres faisant partie de la ligne
souterraine de Saint-Pétersbourg à Moscou et dont l'isolement était alors
encore le plus parfait possible. Ce parfait isolement constitue le second cas
dans lequel la transmission des dépêches rencontre des difficultés. On sait
qu'on peut considérer les lignes souterraines bien isolées comme d'im-
menses bouteilles de Leyde dont la charge, ne s'écoulant que lentement
après la cessation du courant principal, donne lieu à des courants secon-
daires d'un autre genre, connus, je crois, sous le nom de courants de retour
et qui continuent d'agir sur les appareils télégraphiques après l'interruption
du circuit. Ce sont ces phénomènes des conduits souterrains parfaitement
bien isolés qui présentent une analogie frappante avec ceux des lignes dé-
fectueuses que nous venons d'énoncer : analogie qui a peut-être souvent
donné lieu à des interprétations erronées, en confondant les causes aux-
quelles on aurait à attribuer les retards observés dans la transmission des
signaux.
» Ayant voulu essayer un télégraphe électro -chimique d'une construc-
tion particulière sur la ligne souterraine menlionnée de 3oo kilomètres, et
dont l'isolement était, coinme nous l'avons dit, alors encore le plusparfaif
(6.3)
possible, je fus bien étonné de ne recevoir sur la bande de |îapier, au lieu
des signaux, qu'une ligne coloriée d'iuie continuité parfaite. Quoique ce
cas fût bien différent, et même, quant à ses causes, directement contraire à
celui dans lequel j'avais employé des électrodes de platine, j'eus cependant
recours au même moyen, savoir, à une contre-batterie consistant en trois
couples d'électrodes. En effet, à l'instant, au lieu de la ligne continue, les
signaux transmis de la station opposée parurent sur la bande de papier par-
faitement distincts et lisibles. L'application de la contre-batterie avait donc
reçu une extension dont à peine j'avais présumé la possibilité. Comme
contre-épreuve, ayant exclu la contre-batterie, je vis de nouveau les signaux
se confondre et constituer une ligne continue. A l'aide de ce moyen, j'ai pu
transmettre des signaux électro-chimiques se succédant rapidement, en me
servant d'une petite hélice d'induction activée par un seul couple de Daniel.
En employant une machine magnéto-électrique à deux aimants, faisaiit
1 1 tours par seconde, on a également réussi à produire sur la bande de papier
de la station opposée îi4 points coloriés par seconde, parfaitement lisibles et
parfaitement séparés l'un de l'autre. Le télégraphe électro-chimique n'a pas
reçu jusqu'à présent l'application qu'il mérite incontestablement, à cause de
sa sensibilité et sa simplicité. A part quelques inconvénients de nature pure-
ment technique et qui disparaîtront dès qu'on s'en occupera sérieusement,
ce télégraphe ne peut avoir aucune chance de succès, à moins qu'on ne lui
applique l'indispensable contre-batterie de platine; c'est alors seulement
qu'il pourra lutter avantageusement avec les télégraphes de toute autre
construction. *
» Les lignes aériennes ayant reçu dans ces derniers temps de considé-
rables perfectionnements, on pourra objecter que l'emploi de la contre-
batterie n'avancera en rien la transmission des dépêches dont la rapidité,
en tenant compte de la nature des récepteurs,^ a peut-être, à l'heure qu'il
est, atteint presque son maximum. Je n'ai pas eu jusqu'à présent l'occasion
de faire des expériences avec la contre-batterie sur des lignes de quelque
étendue pour étudier les effets des perturbations atmosphériques auxquelles
ces lignes sont exposées de temps en temps, et auxquelles se sont jointes
récemment celles qu'on attribue aux aurores boréales, dont les effets sont
entourés encore d'un certain mystère. Tout me porte à espérer que c'est à
l'aide du moyen indiqué qu'on parviendra également à combattre ces diffi-
cultés et à faire cesser dans la tr-ansmission des dépêches les retards aux-
quels ces perturbations donnent fréquemment occasion.
1» Ayant trouvé en France l'Administration des Lignes télégraphiques
(6.4 )
admirablement bien organisée, dirigée avec une parfaite connaissance des
besoins de la télégraphie, s'emparant de tous les perfectionnements de cette
partie avec autant de discernement que d'impartialité, prête à abandonner
la voie de la routine pour se transporter sur celle des progrès, je me félicite
de pouvoir espérer que les expériences dont j'ai parlé et que j'avais eues
depuis longtemps en vue, seront bientôt instituées sur une des lignes télé-
graphiques de la France. Ces expériences ne manqueront pas d'avoir un
haut intérêt, quel que soit du reste leur résultat. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
l'HYSlOLOGlE COMPARÉE. — Note S w des globules du sang colorés chez plusieurs
animaux invertébrés; par M. Ch. Rouget.
(Commissaires, MM. Milne Edwards, de Qualrefages.)
« C'est une opinion généralement admise aujourd'hui que le sang des
invertébrés ne renferme que des globules incolores, analogues aux globules
blancs du sang des vertébrés; et l'on a considéré l'absence de corpuscules
sanguins colorés comme pouvant servir à établir une nouvelle distinction
fondamentale entre les deux grandes divisions des animaux. Quelques rares
exceptions à la loi générale qui paraît régir la composition du sang des ani-
maux inférieurs, ont été écartées, comme ne se rapportant pas au sang pro-
prement dit : elles se rencontrent presque toutes dans la classe des Annélides.
)) Cette Note a pour objet de faire connaître que chez plusieurs espèces
de Tuniciers et de Radiaires le liquide nourricier, mù par l'impulsion du
cœur, et seul analogue au sang, offre une coloration due, non pas au
sérum, mais à des corpuscules cellulaires, et que ceux-ci possèdent, dans
certains cas, outre la teinte, les caractères histologiques essentiels des glo-
bules rouges du sang des vertébrés.
» J'ai vu les vaisseaux de deux espèces d'Ascidies simples du genre
Phallusin presque entièrement remplis parde gros corpuscules d'un rouge vif
de o™'",oio à o^^jOiS de diamètre, arrondis ou ovalaires, à surface muri-
forme, et constitués par une agglomération de globules enveloppés dans une
membrane cellulaire commune. La coloration n'est altérée ni par l'éther,
ni par l'alcool ; les acides étendus l'affaiblissent ; l'ammoniaque et une solu-
tion de potasse concentrée la détruisent. On aperçoit quelquefois dans
les corpuscules un globule incolore, analogue à un noyau. Chez une
autre espèce, le sang, d'un blanc laiteux, était très-riche en vésicules, de
(6.5)
o'"",oio renfermant un ou deux globules nucléaires colorés en jaune clair.
C'est surtout parmi les Ascidies composées que la présence de corpus-
cules colorés dans le sang semble très-fréquente ; je l'ai constatée chez
toutes les espèces de Botiylles et de Poljclines, au nombre de sept, que j'ai
observées. La teinte des corpuscules colorés varie : chez certaines es-
pèces ils sont rouges, chez d'autres jaune-orangé, jaunes, bleu-violet,
violets presque noirs. Un fait remarquable, c'est que chez les Ascidies sim-
ples ou composées, certains tissus, et en particulier la membrane pariétale
du sac branchial, sont parsemés de corpuscules pigmentaires, semblables
pour la coloration, la forme et les dimensions, à ceux du sang.
» La coloration des corpuscules du sang n'est pas ime particularité
spéciale aux Tuniciers, parmi les invertébrés. On peut constater le
même fait, dès la première apparition, pour ainsi dire, du sang et de la
circulation, chez des Radiaires.
» Nulle part le sang n'est aussi riche en globules colorés; nulle part
ceux-ci ne montrent autant d'analogie avec ceux des vertébrés que chez les
Siponcles. Chez les Sipiinculus nudiis, S. communis, S. clavatus, S. oxyurus,
des globules rouges, vésiculeux, ovalaires ou arrondis, quelques-uns fusi-
formes, circulent tellement pressés les uns contre les autres, qu'ils semblent
constituer toute la masse du sang, bien qu'en réalité ils nagent dans un
sérum incolore. Ces globules ont de o""",oio à o°™,020 de diamètre. Dans
tous on aperçoit un point brillant très-réfringent; mais le noyau, qui existe
toujours, n'est quelquefois visible qu'après l'action de l'eau ou des réac-
tifs. La membrane d'enveloppe est élastique, épaisse» à double contour :
elle renferme la substance colorante, d'un rouge rosé, homogène et trans-
parente.
» J'ai vu enfin circuler dans la cavité du corps et dans les tentacules
chez des Edwardsia des corpuscules colorés en brun, et j'ai observé dans
le sang des Sjnaptes quelques cellules colorées par un pigment rouge.
» Il semble résulter de ces faits, que la présence ou l'absence de glo-
bules colorés dans le sang n'est pas en relation nécessaire avec la place
qu'un animal occupe dans l'une ou l'autre des grandes divisions zoologi-
ques, et qu'elle paraît dépendre non du type général, mais de conditions
particulières à l'individu ou à l'espèce, w
( 6i6 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Observa linn d'un cas d Uybridilé disjoinie entre deux
espèces de Datura; par M. Ch. Nakdin.
(Commissaires, MM. Brongniart, Tulasne, Moquin-Tandon.)
« Il existe, dans l'histoire des hybrides végétaux, deux faits bien connus
qui constatent que les caractères des deux espèces productrices de l'hybride
lie se répartissent pas toujours d'une manière uniforme sur toutes les parties
de ce dernier, mais que, dans certains cas, tantôt ceux de l'un, tantôt ceux
de l'autre, se montrent çà et là isolément, comme si les deux virtualités spé-
cifiques accidentellement réunies sur le même individu faisaient effort pour
se séparer. Ces deux faits sont, d'une part, celui de l'oranger bizarrerie, hy-
bride du citronnier et de l'oranger, qui a été si bien observé par Gallesio et
Poiteau au commencement de ce siècle; d'autre part celui du Cjtisus Adami,
hybride stérile du C. labmmim et C. purpureus^ qui émet de loin en loin des
rameaux appartenant exclusivement à l'iuie ou à l'autre de ces deux espèces
et produisant des fleurs fertiles. Je viens d'observer un troisième fait du
même genre et qui me paraît assez intéressant pour être porté à la connais-
sance de l'Académie. Il s'est présenté sur quelques hybrides du Datura levis
fécondé par le D. stramonium, deux espèces parfaitement distinctes, quoique
assez analogues, et qu'on reconnaît à première vue à la différence de leurs
irtnts, plus petits, très-lisses et un peu blanchâtres dans le premier, plus gros,
d'un vert foncé et armés de forts piquants dans le second. Voici dans quelles
conditions l'expérience a été faite.
» Dans les premiers jours du mois d'août i858, quatre fleurs de D. levis
ayant été castrées dans le bouton et avant l'ouverture des anthères, leurs
stigmates furent couverts, au moment où les corolles s'ouvrirent, de pollen
de D. stramonium. Les quatre ovaires se développèrent et je récoltai en oc-
tobre un pareil nombre de capsules bien développées et remplies de bonnes
grauies. Celles-ci furent semées le 12 avril i85g et levèrent à peu près toutes,
mais je n'en conservai que quarante jeunes plantes, nombre qui me parut
suffisant pour juger en toute certitude des résultats du croisement.
» Ces quarante plantes prospérèrent; mais au lieu de fleurir dans toutes les
dichotomies, comme le font les Datura stramonium et levis de race pure, elles
perdirent tous leurs boutons dans les sept ou huit premières bifurcations,
absolument comme cela était arrivé en i855 sur les cent vingt sujets hy-
brides de D. stramonium et de D. tatula, ainsi que d'autres provenant des
p. stramonium et ceratocauUs, dont, il y a quelque temps, j'ai entretenu
(6.7)
l'Académie [Comptes rendus, i856, 2* semestre, p. ioo3). En même temps,
les plantes s'élevaient beaucoup plus que les nombreux échantillons des
deux espèces parentes qui croissaient dans leur voisinage; aujourd'hui leur
taille est en moyenne d'iui tiers jdIus haute que celle du D. stramonium et
environ le double de celle du D. levis. Ce qui n'est pas moins remarquable,
c'est que toutes ont exactement l'aspect et le port du D. stramonium de race
pure, absolument comme si elles descendaient uniquement de ce dernier :
phénomène du reste identique avec celui que j'ai signalé dans les hybrides
du D. stramonium et du D. ceratocaulis, chez lesquels toute influence de cette
dernière espèce paraissait annihilée.
» Ce n'est qu'à partir des dichotomies des huitième et neuvième degrés
que les hybrides dont il est question aujourd'hui commencèrent à fleurir;
les premières fleurs s'ouvrirent sur la fin du mois d'aoi!it et au commence-
ment de septembre, c'est-à-dire à une époque de l'année où les individus
de deux espèces parentes, de même âge, avaient depuis longtemps mûri des
fruits et répandu des graines. Les capsules qui ont succédé à ces fleurs et qui
au 3o octobre sont encore loin de la maturité, ne présentent aucune diffé-
rence appréciable avec celle du D. stramonium, si ce n'est que, chez un cer-
tain nombre, les piquants paraissent un peu moins développés ou un peu
moins pressés que dans ce dernier. Mais sur les quarante individus qui font
l'objet de celle observation, il s'en trouve trois chez lesquels les traits du
D. levis apparaissent avec des caractères tellement accusés, qu'il n'est pas
possible de les méconnaître, et cela d'autant mieux, qu'au lieu d'être dissé-
minés et comme fondus dans cevix de l'autre espèce, ils sont tout concentrés
sur les fruits. On y voit effectivement ces derniers se partager entre les
formes si nettement tranchées de ceux des deux espèces parentes, mais de
telle manière, qu'un quart, un tiers, une moitié ou les trois quarts d'un même
fruit appartiennent exclusivement à l'une ou à l'autre, présentant ainsi un
côté d'un vert foncé et hérissé de piquants, comme dans le D. stramonium,
tandis que l'autre, entièrement inerme, revêt la teinte grisâtre des capsules
de D. levis. Cette séparation des deux natures alliées va même quelquefois
jusqu'à se manifester par l'inégalité des côtés d'une même capsule, ce qui
appartient au D. stramonium dépassant notamment ce qui est du D. levis. .^
Ainsi l'influence de l'espèce mère, longtemps latente, finit par se faire jour
dans les organes de la fructification, et il semblerait qu'à partir de ce mo-
ment elle tend à son tour à prédominersur celle de l'espèce conjointe, car à
mesure que la végétation a fait des progrès, les fruits formés postérieurement
C. R , 1859, a"" Semestre. (T. XLIX, N« 18 ) 8l
(6i8 )
se sont de plus en plus rapprochés de ceux du Û. levis, au point que la
plupart de ceux qui apparaissent en ce moment n'en diffèrent plus du tout.
Il y aurait certainement de l'intérêt à continuer celte expérience pour ob-
server ce qui adviendrait à une seconde génération, mais, comme je l'ai dit
tout à l'heure les plantes ont fleuri si tardivement et la saison est déjà si froide,
qu'il est peu probable que les graines d'aucune d'entre elles parviennent à
mûrir.
» Quoi qu'il en soit, il me parait bien démontré que, dans certaines caté-
gories d'hybrides, divers traits du père ou de la mère peuvent apparaître
dans toute leur pureté, soit sur un organe, soit sur un autre. Dans les trois
plantes hybrides dont il s'agit, le feuillage appartient exclusivement au
D. stramonium, tandis que le fruit, ou au moins le péricarpe, revient partiel-
lement au D. levis, absolument comme se fait dans l'orange bizarrerie la sé-
paration de ce qui est orange d'avec ce qui est citron. Cette forme si remar-
quable d'hybridité me paraît mériter d'être distinguée de l'hybridité ordinaire
générale par une dénomination propre; je la nommerai, en conséquence,
liybridité disjointe.
» Un fait qui est encore à noter ici, c'est l'énorme prédominance du
D. stramonium dans les quarante sujets hybrides issus de son croisement
avec le D. levis. Nous l'avons vu prédominer de même dans le produit de
son croisement avec le D. ceratocautis, mais avec cette différence essentielle
que, dans ce dernier cas, il a joué le rôle de mère, tandis qu'il a rempli celui
de père dans le premier. Ceci répond une fois pour toutes aux partisans ex-
clusifs de la prédominance du père ou celle de la mère dans la progéniture
hybride. Le retour plus ou moins rapide de cette progéniture aux types des
espèces productrices ne tient pas, ainsi que j'ai déjà essayé de le démontrer,
au rôle de père ou de mère, mais à une certaine supériorité de l'une des
deux espèces sur l'autre, supériorité en vertu de laquelle elle exerce sur la
descendance hybride une plus grande puissance d'assimilation. On expri-
merait la même idée en disant que dans la lutte qui s'établit entre les es-
pèces conjointes, l'une des deux, tantôt le père, tantôt la mère, est vaincue
et finalement éliminée par l'autre.
» On saisit sans peine le lien qui existe entre l'hybridité disjointe et le
retour graduel de hybrides ordinaires aux types spécifiques de leurs parents.
Au fond c'est le même phénomène, celui du dégagement de deux espèces
violemment réunies. Dans le premier cas, le dégagement s'effectue locale-
ment et brusquement, dans le second il se fait avec lenteur et dans l'ensemble
des organes; mais de quelque manière qu'il arrive, il est le critérium de l'au-
(6i9)
tonomie spécifique relative des deux formes qui ont concouru à la produc-
tion de l'hybride. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Étiier intermédiaire du qlycol; par M. A.-V. Locrenço.
(Commissaires, MM. Dumas, Balard.)
« Le bromure d'éthylène et le glycol chauffés à 120 degrés, pendant quatre
jours, dans un matras scellé à la lampe, réagissent l'un sur l'autre et il se
forme de l'eau, du glycol bromhydrique et un liquide oléagineux comme
la glycérine, sucré, bouillant vers 245 degrés et soluble dans l'eau, l'alcool
et l'éther.
» La composition de ce liquide a été déterminée par les analyses sui-
vantes, faites avec des produits de différentes opérations et bouillant entre
240 et a5o degrés.
En centièmes,
I 11 111 IV Moyenne. Théorie.
c 44,83 45,18 45,18 45,43 45,16 45,28
H 9.52 9,47 9,61 9,66 9,56 9,43
o » » » » » 45 , 29
Ces résultats conduisent à la formule
€'HM
C»H"a' ou €=H»[o%
H')
confirmée par la densité de vapeur prise à 3i i degrés et pour une conden-
sation de quatre volumes.
Expérience. Théorie.
3,78 3,66
» On peut considérer ce corps comme un éther intermédiaire du glycol
et représenter sa formation par l'équation suivante :
;€.H.,„.....„„. («Tk' '<=■»"
' ** ' ( Br ) ( H»)
3 équivalents i éq. de bromure aéq.deglycol Ether intermédiaire,
de glycol. d'éthylène. bromhydrique.
81..
( 6.0 )
» Cet éther présente avec le glycol des rapports analogues à ceux qui-
ient l'acide sulfurique de Nordhausen à l'acide sulfuriqiie monohydraté :
H' ^
Glycol.
A<
;. suif, monobydi
G'H' )
S'OM
€'H' a'
S'ô* ô'
H»)
H')
Elher iiilerniédiaire.
Ac.
suif, de Nordhau
» On doit à M. Jacquelain la découverte d'un sel cristallisé de potasse,
formé par l'acide sulfurique de Nordhausen, et dont la composition, repré-
sentée par la formule
S.'O' \
met hors de doute que cet acide est une combinaison définie, et non un
mélange comme on l'avait prétendu.
» Ces exemples font voir qu'il existe dans les composés diatomiques,
alcools ou acides, une série intermédiaire formée par la condensation de
deux molécules dans une seule, avec l'élimination d'un équivalent d'eau,
comme le montre l'équation suivante :
&' + H'ô.
» S'il est permis d'étendre par analo'gie le fait observé à d'autres séries,
on peut prévoir pour les composés triatomiques, comme la glycérine par
exemple, deux séries intermédiaires representées par les formules
"h. h'
G'H'
) :
= e'H»
"% <*'i
H'
€'HM
G^H»
€'H» ©'
et
G'H=*
HM
H»
ON
formées par la condensation de deux molécules de glycérine en une seule
avec l'élimination d'un équivalent ou de deux équivalents d'eau. »
( 621 )
PHYSIQUE MOLÉCULAIRE. — Observations sur les poids spécifiques des fluides
élastiques; Lettre et Mémoire de M. Baudrimont.
(Commissaires, MM. Dumas, Boussingault, Regnault.)
« Pendant longtemps, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi qui accom-
pagne son Mémoire, la théorie de la constitution des fluides élastiques a
paru être d'une simplicité extrême, et les lois de Mariotte et de Gay-Lussac
ont passé pour être sans exceptions; cependant quelques physiciens ont
observé des anomalies, et Dnlong, entre autres, admit que la cohésion se
faisait encore sentir dans les gaz. Plus tard, les travaux de M. Regnault sont
venus démontrer des inexactitudes dans la loi de Mariofte et des différences
dans les coefficients de dilatation de quelques gaz. Ces travaux ne pouvant
laisser aucun doute sur la réalité des résultats obtenus, on était conduit à se
demander comment il pouvait se faire que le grand nombre des poids spé-
cifiques de fluides élastiques qui ont été déterminés jusqu'à ce jour par divers
expérimentateurs et en suivant des méthodes différentes, fussent si rappro-
chés de ceux donnés par la théorie? Pour donner un tel résultat, il fallait
que la loi de Mariotte, et surtout celle de Gay-Lussac relative à l'égalité du
coefficient de dilatation, ne subissent que des modifications insignifiantes,
et il importait de savoir quelle était la limite des écarts observés.
» J'ai trouvé une méthode générale et d'une simplicité extrême qui
permet de calculer le poids spécifique des fluides élastiques en ne prenant
pour éléments du calcul que le poids spécifique de l'hydrogène, l'équivalent
du corps sur lequel on opère et son degré de condensation. J'ai apphqué
cette méthode à qnatre-vingts des fluides élastiques les plus connus, et j'ai
trouvé que les valeurs ainsi obtenues s'éloignaient fort peu de celles don-
nées par l'expérience. »
Le Mémoire auquel la Lettre dont nous venons de donner l'extrait sert
d'introduction, étant fort étendu, nous devons nous borner à en reproduire
les conclusions que l'auteur formule dans les termes suivants :
Conclusions.
« La relation qui existe entre les équivalents chimiques et les poids spé-
cifiques des fluides élastiques m'a conduit à faire les observations sui-
vantes :
» Les équivalents chimiques qui entrent dans la composition des corps
organiques suivent rigoureusement la loi de Prout, à l'exception du chlore :
( 622 )
c'est-à-dire qu'ils sont des multiples de celui de l'hydrogène par des nom-
bres entiers.
» Les poids spécifiques des fluides élastiques sont aussi des multiples de
celui de l'hydrogène.
Il Les mêmes lois s'observent à l'égard des corps composés, puisque les
'équivalents chimiques de ces corps sont obtenus en faisant la somme des
équivalents élémentaires qui entrent dans leur constitution et qu'ils y en-
trent un nombre entier de fois.
» Seulement les deux séries , celle des équivalents et celle des poids
spécifiques, offrent des divergences : i° parce que la définition des équiva-
lents même élémentaires me permet d'admettre qu'ils soient tous représen-
tés par un même volume de fluides élastiques, et a° parce que les fluides
composés admettent des fractions de volumes dans leur composition.
» Ces deux ordres de considérations conduisent à reconnaître qu'un
équivalent chimique comprend toujours i, 2 et 4 volumes de fluides élas-
tiques.
a II résulte de ces observations qu'en faisant intervenir les facteurs
1 , 2 et 4 on peut rendre les deux séries parfaitement comparables et n'ayant
d'autre différence entre elles que celle de leur point de départ ou de leur
premier terme.
» Considérés sous ce point de vue, les fluides élastiques se rapportent à
trois groupes : 1° ceux dont l'équivalent est représenté par un seul volume;
7." ceux dont l'équivalent est représenté par deux volumes ; 3" enfin ceux
dont l'équivalent est représenté par quatre volumes.
)', La relation très-simple qui vient d'être signalée, permet de trouver tous
les poids spécifiques des fluides élastiques dont on connaît l'équivalent, ou
l'équivalent des fluides dont on connaît le poids spécifique.
» Pour opérer de la manière la plus simple, il convient de prendre le
demi-poids spécifique de l'hydrogène ou'o,o3465. Cette valeur étant /i, la
densité d'un fluide élastique â, et l'équivalent chimique qui lui correspond E,
on a les relations suivantes :
= E et (i,2ou4)E=5.
A(i,2ou4)
» Lorsque l'on emploie le demi-poids spécifique de l'hydrogène pour
les calculs relatifs à cette formule, il convient d'observer que le facteur 4
convient aux fluides élastiques dont l'équivalent est représenté par un seul
volume ; le facteur 2 à ceux dont l'équivalent vaut deux volumes, et enfin
( 6.'3 )
le facteur I , que l'on doit supprimer, convient aux fluides élastiques dont
l'équivalent vaut quatre volumes, et en particulier à toutes les vapeurs d'o-
rigine organique.
» Si l'on prend pour terme de comparaison le poids d'un litre d'hydro-
gène ou plutôt celui d'un demi-litre pour se conformer à ce qui a été fait
précédemment, ou o,o448, soit/; si l'on désigne par L le poids d'un litre
de vapeur, on trouve eu outre les relations
L
/E = L et 7=E.
» Ces formules conviennent particulièrement aux produits dont les équi-
valents sont représentés par quatre volumes et à tous les composés organi-
ques. Pour les autres fluides il faudrait faire intervenir les facteurs a et 4>
selon qu'il en faudrait deux volumes ou un seul volume pour un équivalent.
» On obtient par les moyens qui viennent d'être indiqués trois séries
parallèles ayant toutes l'hydrogène pour point de départ, mais dont le
premier terme varie. Il est l'unité pour les équivalents, le demi-poids spéci-
fique de l'hydrogène pour les poids spécifiques, et le poids du demi-litre du
même gaz pour la série des poids des litres des divers gaz ou vapeurs.
» En résumé :
» L'unité répétée un certain nombre de fois donne la série des équiva-
lents.
» Le poids spécifique de l'hydrogène répété un certain nombre de fois
pour chaque corps, en faisant intervenir les facteurs simples 2 et l\, donne la
série des poids spécifiques.
» Le poids d'un litre d'hydrogène soumis à ce même mode de calcul
donne le poids d'un litre de chaque fluide élastique.
» Pour ce qui concerne les deux premières séries, si l'on prend l'hydro-
gène pourunitéetpour premier terme de chacune d'elles, on trouve : i^que
les équivalents occupant un seul volume à l'état de fluide élastique sont
exactement la moitié des poids spécifiques ; 2° que les équivalents repré-
sentés par deux volumes concordent entièrement avec les poids spécifiques,
et '^° que les équivalents représentés par 4 vohuues sont exactement le
double des poids spécifiques.
» Ces faits seront rendus très-évidents par l'examen du tableau annexé
à ce Mémoire.
» Ayant par la méthode générale, objet de ce travail, calculé les poids
spécifiques de quatre-vingts fluides élastiques, je les ai comparés à ceux
( 624 )
donnés par l'expérience. Il est résulté de cet examen qu'il existe entre eux
un accord fort remarquable.
» Les poids spécifiques des fluides élastiques ayant été déterminés dans
des circonstances très-variables, j'ai cru pouvoir en déduire que tous les
fluides élastiques suivraient rigoureusement la loi de Mariotte et celle de
Gay-Lu.ssac relative à l'égalité de leur coefficient de dilatation, si quelque
cause extérieure ne venait troubler l'équilibre naturel de leurs éléments.
» Pensant que cette cause réside principalement dans l'action que les
parois des vases exercent sur les fluides élastiques, j'ai énoncé cette opi-
nion, que tous les fluides élastiques subiraient rigoureusement la loi de Ma-
riotte et celle de l'égalité de coefficient de dilatation si l'on pouvait les ob-
server sans les renfermer dans des vases.
» La comparaison des poids spécifiques des fluides élastiques calculés,
à ceux obtenus par l'expérience, a permis de vérifier les équivalents du
chlore, du phosphore et du silicium.
)) Tous les poids spécifiques du chlore et des composés chlorés bien dé-
finis conduisent à un équivalent inférieur à 36. Une partie de ces poids spé-
cifiques donne 35,5 ; l'autre ne donne même que 35.
» L'équivalent du phosphore serait plutôt 32 que 3i. Celui du silicium
serait réduit de 21 à i4, et l'on serait ainsi conduit à séparer ce corps d'avec
le bore, quoiqu'ils présentent entre eux les plus grandes affinités naturelles.
» Enfin, il me paraît résulter de l'er'semble de ce travail qu'il y aurait
un grand avantage à prendre le poids de l'hydrogène pour unité et pour
terme de comparaison des poids spécifiques des fluides élastiques. Car, in-
dépendamment de ce que l'air, qui sert aujourd'hui de terme de comparai-
son, a une composition variable, considération qui devrait suffire pour en
faire rejeter l'eiiiploi d'une manière absolue, les nouveaux poids spécifiques
se confondraient dans la plupart des cas avec les équivalents chimiques, et
il en résulterait une grande simplification et un avantage réel pour l'étude
delà physique générale.»
THÉoniE DES NOMBRES. — Recherches sur les tioniùres premiers : extrait d' une
Lettre adressée à M. Hermite par M. A. de Polignac.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Liouvilie, Lamé, Hermite.)
« M. Tchébychef a le premier prouvé qu'entre rt et an il y a toujours un
nombre premier, en s'appuyant sur une formule que nous avons trouvée
presque simultanément lui et moi; on peut aller plus loin et affirmer (qu'à
( 625 )
partir de c( = 2) il y a toujours entre rt et 4« un nombre premier de la forme
4 « + I et un nombre premier de la forme 4 « + 3.
» La démonstration de ce théorème, que je crois nouveau, est assez
simple. Je vous rappelle quelques définitions : je désigne par n {x) le pro-
duit de tous les nombres premiers jusqu'au nombre premier immédiate-
ment inférieur k x; (p [x] est une fonction telle, que
log(p{x)—lo§li{x) + \ogi}.[x'^)-hlog[j.[x'^) +\og[i{x*) +
Désignons encore par ii'{x) le produit des nombres premiers impairs, en
sorte que fx' [x) = ^^^, et par ?'(ar) une fonction telle, que
\og(j)'{x) = \ogiJ.'{x) -h\og[j.'\x^) -+- log/x' (a?3 j + logp!,'(;c*j + . . ..
Lorsque x est donné, la série des termes dont la somme compose log(p(x),
est limitée, et pour trouver le dernier de ces termes il suffira de poser
X" > 1, .x""^' < 2 ; de là on déduit immédiatement
log9(a:) — logip'(jr) = log.r — sloga avec js^ '5
donc
(i) log9'(x)> logî)(j?) -logx,
(2) log(jp'(j:) < logip(j:) — logj? 4- loga.
Maintenant on trouve aisément deux expressions finies ne contenant que
des valeurs algébriques ou logarithmiques, et comprenant log ^[x); si l'on
adopte les expressions données par M. Tchébychef dans son excellent
Mémoire (publié dans le Journal de Mathématiques)^ on aura
5
(3) \og<p{x)>J[x) et f{x) = kx-^\ogx- \,
et K ft
(4) • \og(f{x)<¥{x) et Y{x)=^-^kx + j^^\og^x-\--^\ogx + i.
D'ailleurs
i i '
2 ^ 3' 5 '
A = log T7" = 0,92129202.
3o»»
C. R., i85p, 2™« Semestre. (T. XLIX, N» 18.) 82
( 626 )
Mais, en vertu de (i) et (a),
(5) log(f'{x)>A.x—Uogx—t,
(6) logy'(ar)<|Aa^+p^log^r + |logx+loga + l,
ou bien, pour rendre les calculs suivants plus commodes,
2
(7) Iog(p'(.T)> Ax +Bloga:— I, ]b' = —
6
41og6'
(8) logf (x)<^Ax + B'log»ar + C'logx + D' ,
^D' = log2 + r.
» Considérons maintenant le produit de tous les nombres de la forme
(4« + i) , c'est-à-dire i. 5. 9. 13.17. ai. aS. ..(4«+i).
» Désignons par 9{x) le produit de tous les nombres premiers de la
forme ^n-h i jusqu'à x, et par v{x) le produit de tous les nombres pre-
miers de la forme 4 « + 3 jusqu'à x.
» En examinant attentivement le produit de tous les nombres quelcon-
ques de la forme 4« + i » on voit que ce produit contient comme facteurs :
1° tous les nombres premiers de la forme 4« + ', pour\Ta qu'ils soient plus
petits que x : cela amène le facteur 9 (x); 2° tous les produits de ces nom-
bres premiers par 5, pourvu que 5 p (en désignant par p un nombre premier
quelconque de la forme 4« + i) soit plus petit que x: cela amène le fac-
teur $
» 3". Le produit de tous les nombres premiers de la forme (4^^ + 0
par 9, pourvu que gp <.x ou /) < -; ce qui amène le facteur Q (- j. On
verrait de même que G[-^),S (— ) , 9(—\... 9 (7-^ — ] s'introduisent
comme facteurs. Nous aurons donc
1. 5.9.13., 7.21.25.. .(4«+i) = ô(x).e(^).ô(^).ô(^).5(^)...XT(x:,.
» T {x) contient encore comme facteurs : 1° les carrés de tous les nom-
bres premiers impairs et tous les produits de ces carrés par un terme de la
progression
(6^7)
5, 9, i3, 17, 21,..., (4«+ i);
a" les cubes de tous les nombres premiers de la forme (4« + i) et leurs pro-
duits par un des termes de la progression
5, 9, i3, 17, 21,..., (4n+ 0;
3" les quatrièmes puissances de tous les nombres premiers impairs et leurs
produits par tous les termes de la progression
5, 9, i3, 17, 21,..., (4«+ i),
et ainsi de suite pour toutes les puissances; donc, en se rappelant que
^'{x) désigne le produit de tons les nombres premiers impairs jusqu'à {x),
on a
! .5.7.13.17.21.25. . .(4« + i) = >
± i_
x^(-)'-^(ffXi)'-;
X/.'(x)^.fx'(î)\^>(^)'...
■Xt'{x).
X
X
On s'assurerait, par une analyse tout à fait semblable, que
Kf)-©-»(^)-(5)-
' (5)' -(^f •»(#••(#••
[.v.:v::::.v:.y:..
r'{x) =
( 6a8 )
Si donc on pose
t|/(x) = eix).(j.'(x^).^(x^).ix'{jcT).6{x^).ij:(x^)...^
X(x) = v{x).v(x'^).v(x'^)...,
on aura, en prenant les logarithmes,
(9)log[i.5.9.r3.i7.2i.25...(4«+ i)] = log<j;(xj + iog/ (^|j + log^ (||j
En supposant
^n -h i <i X, 4«+5>a:,
et
1 J. A '
(lo) logtj^(j:) = logiS(a:) + log|x'(a:)2 + \og6{x)^ + log/ji'(x)« -f-...,
(i i) log/ (:c) = logv(a:) + logv(jr)* + logv [xy +...-.
Si on considère la progression
3, 7, rr, i5, ig,..., 4« + 3,
et qu'on fasse le produit de tous ces termes, on trouvera d'une manière
analogue :
(i2)log[3.7.ii.i5.i9...(4« + 3)] = logx(j:)+log<J. (f) + log/ (g)
+ log.J;(^) + logx('^) +....
» J'ai déik donné il y a deux ans des formules générales analogues aux
formules (9) et (12), et je les ai rappelées dans le Mémoire que j'ai lu il y a
un mois à l'Académie, »
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Théorie du mouvement de la terre autour de son centre
de gravité; par M. J.-A. Serret. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Lamé, Le Verrier, Bertrand.)
" La question du mouvement de la terre autour de son centre de gravité
est une des plus importantes de l'astronomie; la rotation uniforme de notre
( 6:^9 )
planète autour d'un axe sensiblement fixe dans son intérieur nous offre de
précieuses ressources pour la mesure du temps, et la connaissance des mou-
vements de cet axe dans l'espace absolu, combinés avec les déplacements
de l'écliptique , permet à l'astronome de rapporter le mouvement des
astres à. un plan fixe, et de comparer aux observations les conséquences de
la théorie.
M Laplace, dans le Livre V de la Mécanique céleste, et Poisson, dans le
tome Vil des Mémoires de l'Institut, ont traité le problème du mouvement de
rotation de la terre. Dans le Mémoire étendu que j'ai l'honneur de présen-
ter à l'Académie et qui est destiné aux Annales de l' Observatoire impérial dt
Paris, je me suis proposé de reprendre l'étude de ce mouvement et d'en
exposer la théorie avec détail ; la solution que je présente aux géomètres et
aux astronomes me paraît à la fois plus simple et plus complète que celles
des savants illustres que j'ai cités.
» Ce Mémoire est divisé en six chapitres, dont je présenterai une ana-
lyse succincte. Le premier chapitre est une sorte d'introduction destinée à
faciliter l'intelligence des développements ultérieurs, et qui en même temps
doit éviter au lecteur l'obligation de recourir à d'autres ouvrages ; j'ai réuni
dans ce chapitre toutes les formules générales relatives au mouvement de
rotation d'un corps solide autour d'un point fixe ou autour de son centre
de gravité, sur lesquelles est basée la solution du problème que j'ai en vue.
« Le deuxième chapitre est consacré à l'évaluation de la fonction des
forces perturbatrices du mouvement de la terre autour de son centre de
gravité, forces qui proviennent des attractions du soleil et de la lune. Dans
le calcul de cette fonction, j'ai eu égard, à l'exemple de Poisson, aux termes
provenant de la différence qui peut exister entré l'aplatissement de l'hémi-
sphère boréal de la terre, et celui de l'hémisphère austral, ainsi qu'aux
termes sans doute beaucoup plus petits qui proviennent de la non-symétrie
de la terre autour de son axe, et qui contiennent en facteur la parallaxe de
la lune ou celle du soleil. Conformément à la méthode systématique que
j'ai adoptée, j'ai réuni dans ce chapitre toutes les diverses formules qui doi-
vent concourir à la solution définitive du problème, de manière à dégager
celle-ci de tout ce qu'elle renferme d'accessoire.
» Dans le troisième chapitre, je considère le mouvement de l'axe instan-
tané de rotation de la terre, relativement aux axes principaux d'inertie. J'é-
tablis d'une manière rigoureuse la permanence presque parfaite des pôles à
la surface de notre sphéroïde et l'invariabilité de la vitesse angulaire de
rotation ; enfin je démontre que la durée du jour sidéral est constante-
*-''.
( 63o )
c'est-a-dire qu'elle n'est affectée que d'inégalités périodiques qui sont
tout à fait insensibles. Poisson est le premier qui ait établi ce dernier
point d'une manière incontestable; il est nécessaire d'avoir égard, comme
il l'a fait, aux termes de l'ordre du carré des forces perturbatrices, et ce que
Laplace avait donné antérieurement à ce sujet n'est pas suffisant. La mé-
thode dont j'ai fait usage est très-différente de celle de Poisson, qui a pris
pour point de départ les formules générales de la variation des constantes
arbitraires; l'analyse développée par ce grand géomètre est sans doute très-
élégante, mais elle me paraît offrir des complications inutiles que je crois
avoir évitées. En terminant ce troisième chapitre, j'établis les deux équa-
tions différentielles qui déterminent l'inclinaison de l'équateur sur un plan
fixe et l'angle que forme l'intersection de ces deux plans avec une droite fixe
située dans le plan fixe.
» Toute cette analyse suppose la terre entièrement solide; or jl n'est pas
évident que les oscillations de l'Océan et les mouvements de l'atmosphère
soient sans influence sur les déplacements de l'axe instantané de rotation.
Laplace a établi que cette influence est complètement insensible; je renvoie
pour ce point au Livre V de la Mécanique céleste.
n Les quatrième et cinquième chapitres sont consacrés à la recherche
des formules de la précession et de la nulation. J'ai pris pour point de dé-
part les formules du mouvement elliptique, pour )a lune comme pour le
soleil, mais j'ai discuté avec soin l'influence des inégalités de la longitude de
la lune, du rayon vecteur et des éléments de l'orbite. J'ai conservé dans la
nutation de la longitude deux petits termes qui ont respectivement pour
arguments l'anomalie moyenne du soleil et celle de la lune; le coefficient
du premier de ces termes, qui est à peu près double de l'autre, ne dépasse
guère un dixième de seconde. Ces deux termes sont introduits dans l'expres-
sion de la nutation par l'équation du centre du soleil et par celle de la lune,
et c'est à eux que j'ai comparé les termes introduits par les diverses inéga-
lités des coordonnées de la lune. Il résulte de cette discussion que toutes ces
inégalités n'introduisent dans la nutation de la longitude et dans celle de
l'obliquité que des termes inférieurs aux deux que j'ai choisis pour points
de comparaison et que les astronomes négligent complètement dans leurs
calculs. A la vérité l'inégalité lunaire connue sous le nom de variation et qui
a pour argument deux fois la longitude moyenne du soleil moins deux fois
la longitude moyenne de la lune, introduit dans chacune des deux formu-
les de nutation un terme qui dépend du double de la longitude du soleil,
,et qui doitètre conservé pour être réuni. au terme de même argument dii à
( 63i 1
l'action directe du soleil sur la terre. Poisson avait fait cette remarque, en
ajoutant que le terme dont il s'agit ne devait pas être pris en considération^
comme étant au-dessous de la centième partie du petit terme diî à l'action
directe; mais cette évaluation est inexacte, la vraie valeur du terme en ques-
tion est au moins deux fois plus considérable que celle assignée par Poisson.
Il est vrai toutefois qu'on ne doit point avoir égard aux termes dont je viens
de parler, parce qu'ils sont détruits presque complètement par les termes
qu'introduit l'inégalité du rayon vecteur qui dépend du même argument
que la variation.
» Pour la réduction en nombres des coefficients de mes formules, j'ai
fixé l'origine du temps au i"" janvier i85o, et j'ai admis pour l'obliquité
moyenne de l'écliptique à cette époque la valeur employée dans le tome II
des Annales de l'Observatoire impérial de Paris, j'ai adopté également les
valeurs données par M. Le Verrier pour les inégalités séculaires des élé-
ments de l'orbite de la terre, et pour la constante de la précession ;
enfin j'ai emprunté à M. Peters la valenrde la constante de la nutation. Au
moyen de toutes ces données, j'ai repris le calcul de la masse de la lune que
je trouve égale à ^ environ de la masse de la terre, avec un coefficient de
correction dépendant des corrections qu'il peut y avoir lieu de faire subir
aux valeurs admises pour les constantes de la précession et de la nutation ;
j'ai calculé également le rapport du plus grand moment principal d'inertie
de la terre (relativement au centre de gravité) à la moyenne des deux autres
et j'ai trouvé que ce rapport est sensiblement égal à celui des nombres 3o6
et 3o5.
» Les formules de nutation auxquelles je me suis arrêté n'offi'ent que
des différences insignifiantes avec celles que M. Le Verrier a calculées,
d'après les données numériques de M. Peters, dans le tome II des Annales
de l'Observatoire. Ces formules suffisent et au delà pour les besoins ordi-
naires de l'astronomie; cependant dans les recherches délicates qui se
rapportent à l'aberration et à la parallaxe annuelle des étoiles, il peut être
utile de connaître les principaux des termes que j'ai négligés. La discussion à
laquelle je me suis livré et dont j'ai parlé plus haut pouvait aisément donner
tons ces termes, et j'en ai montré un exemple en calculant ceux qui provien-
nent de la variation lunaire et de l'inégalité correspondante du rayon
vecteur; mais ayant spécialement en vue l'exposition théorique du mou-
vement de rotation de la terre, je n'ai point insisté sur cet objet et je n'ai
pas cherché à reprendre des calculs qui ont été exécutés par M. Peters avec
un talent remarquable. Dans son célèbre travail sur la détermination
( 632 )
de la constante de la natation, ce savant astronome a repris le calcul de la
mUation de la longitude et de celle de l'obliquité; il n'a point admis les
formules du mouvement elliptique à l'égard de la lune, et il a pris pour les
coordonnées de cet astre les valeurs qui résultent de la théorie de M. Da-
moiseau ; je n'ai pas cru devoir reproduire les calculs de M. Peters, mais
j'ai pensé faire une chose utile en indiquant les résultats qu'il a obtenus.
En comparant mes formules à celles de M. Peters déduites d'une analyse
différente, on ne pourra manquer de remarquer la coïncidence parfaite
qu'elles présentent.
" Pour terminer cette étude du mouvement de rotation de la terre, il
restait à déterminer les inégalités séculaires de la durée du jour moyen;
cette question fait l'objet du sixième chapitre de mon Mémoire. La solution
se réduit au calcul de l'ascension droite du soleil en" tenant compte du
déplacement de l'écliptique et de l'équateur; on en déduit ensuite aisément
l'angle horaire de cet astre pour un méridien terrestre déterminé. Le temps
pendant lequel cet angle s'accroît de quatre angles droits est la durée du
jour solaire; le calcul de l'inégalité séculaire dont cette durée est affectée
n'offrf aucune difficulté; on reconnaît que la durée du jour solaire moyen
est actuellement décroissante, mais comme sa diminution n'atteint pas
cinq secondes en dix mille siècles, il n'y a pas lieu de s'en préoccuper. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note SUT les moyens de corriger les régulateurs à
Jorce centrifuge, quine maintiennent pas la vitesse des moteurs entre des limites
suffisamment étroites; par M Mahistre.
(Renvoi à l'examen de M. Poncelet.)
CORRESPONDANCE.
M. VViNNECKE, à qui dans la séance publique du i4 mars dernier a été
décernée une des médailles de la fondation Lalande, pour ses découvertes en
astronomie pendant l'année i858, en adressant ses remercîments à l'Aca-
démie, exprime le regret de n'avoir pu le faire plus tôt, par suite de circon-
stances indépendantes de sa volonté.
M. DE JoNQiîrèREs demande et obtient l'autorisation de reprendre un
Mémoire sur la génération des courbes à double courbure, qu'il avait pré-
senté à Tavant-dernière séance et qui lui paraît susceptible de recevoir de
nouveaux développements.
( 633 )
M. Panizzi, bibliothécaire principal du British Muséum, remercie, an nom
de cet établissement, l'Académie pour l'envoi de quatre nouveaux volumes
de ses publications.
M. LE Vice-Président offre, au nom de l'auteur M. Gilbert, professeur à
l'Université de Louvain, un exemplaire des « Recherches sur les propriétés
géométriques des mouvements plans».
M. LE Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie une nou-
velle carte des régions arctiques publiée par l'Amirauté britannique, et
donne lecture de la Lettre suivante de M. Pentland, qui a marqué en cou-
leur sur cette carte les routes de sir John Franklin et du capitaine Mac-
Clin tock.
« Je vous envoie la carte que vient de publier l'Amirauté, après les der-
nières découvertes du capitaine Mac-Clintock, envoyé en i 867 à la recher-
che désir John Franklin, en grande partie aux frais de sa veuve.
» J'ai marqué en rouge les terres nouvellement reconnues par Mac-Clin-
tock, ou découvertes par lui, et qui complètent une grande partie de ce
que nous ignorions encore sur les côtes septentrionales du continent amé-
ricains.
» Parti d'Angleterre dans l'été de 1857, Mac-Clintock a été pris dans
les glaces dans la baie de Baffin pendant l'hiver de cette année, pendant
lequel son bâtiment a été porté de près de 1 200 milles au sud vers le détroit
de Davies. En i858 il a pu atteindre Beechey Island, l'endroit où Franklin
avait hiverné en i845, et ensuite arriver au détroit de Bellot près duquel il
a hiverné en iSSS-iSSg. Dans le printemps de l'année actuelle, il a fait avec
ses deux compagnons les capitaines Young et Hobson des excursions sur la
terre de Boothia, Prince of Wales Island et King William Island, pendant
lesquelles ils ont découvert des documents qui ne laissent aucun doute sur
la mort de sir John FranMin au mois de juin 1847, ^ bord de son bâtiment,
non loin du pôle magnétique de sir James Ross.
» Il paraît qu'après avoir hiverné en i845-i84t) à Beechey Island, sir T.
Franklin a voulu pénétrer par le détroit de Wellington dans le bassin polaire,
qu'ayant atteint le 77^ degré de latitude, il n'a pas pu avancer au delà,
qu'il est revenu hiverner à Beechey Island en 1846-1847, d'où il est reparti
dans la direction sud-ouest par Peels Sound, qu'il est arrivé près du Cap
C. R., 1809, 2">« Semcj/rc. (T. XLIX, N» 18.) • 83
( 634 )
Félix dans le mois de mai 1847, ^^ 9"'^ Y ^^' mort le 11 juin 1847, '^^
qu'enfin, jpais l'année suivante (1848) seulement, les équipages des deux
navires ont été obligés de les abandonner, et ont péri ensuite de faim et de
fatigues en essayant d'atteindre la rivière de Bach. »
GIÎOLOGIE. — Sur la découverte d'instruments en silex associés à des restes de
mammifères d'espèces perdues dans des couches non remaniées d'une forma-
tion géologique récente (il; Lettre de M. Prestwicii à M. Elie de Beau-
mont.
« J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie des Sciences du compte
rendu d'un Mémoire que j'ai lu à la Société royale de Londres au mois de
mai dernier, et qui a rapport à une découverte très-importante pour la
géologie, faite en France par M. Boucher dePerihes, comme antiquaire, et
de l'exactitude de laquelle je viens, comme géologue, de m'assurer cet été.
C'est presque par hasard que j'ai eu occasion de vérifier ce fait si intéres-
sant. Depuis quelques années que je m'occupe des terrains tertiaires et
quaternaires du midi de l'Angleterre, j'étudiais, pour en faire la corrélation,
vos ouvrages et vos terrains de l'autre côté de la Manche. Entre autres la
coupe de Menchecourt, près d'Abbeville, par M. Ravin et M. Buteux, m'in-
téressait vivement, tant à cause de la belle collection d'ossements que Cuvier
y avait faite, qu'à cause de l'assemblage de coquilles marines, fluvialiles et
terrestres qui s'y trouvaient; mais d'autres objets avaient toujours retardé
cette visite. M. Buteux, dans son Esquisse géologique du département de la
Somme, faisait aussi mention dans une Note que M. Boucher de Perthes
annonçait qu'il y avait trouvé des instruments taillés en silex., Et puis plu»
tard, le D"^ Rijollot a publié la découverte qu'il en avait faite à Amiens.
» La question en était là quand le D"' Falconer nousa annoncé, l'annéepassée,
la découverte des silex taillés de main d'homme dans la caverne de Brixham,
près de Torquay, en cours d'exploration par suite d'une concession de la
Société royale^ et dont il y aura en peu de temps un Rapport détaillé. Ayant
visité la caverne de Brixham et, d'après les données que j'ai reçues, étant
convaincu que des silex taillés, quoique rares, y avaient été trouvés parmi
(i) J late geologicat period. En annonçant au Bulletin bibliographique de la précédente
séance ropuscule en question, on avait lu, par suite de l'empâtement d'une partie du titre,,
tlic taie, et traduit en conséquence.
P.
( 635 )
les ossements fossiles, j'ai saisi la première occasion de me rendre à Abbe-
ville et à Amiens, avec la pensée nn peu moins prévenue qu'elle ne l'était
un an plus tôt, pour y voir ces terrains remarquables de la France où le
même fait avait déjà été indiqué. Le compte rendu que j'ai l'honneur de
présenter à l'Académie donne tous les détails essentiels de mes recherches.
Qu'il suffise ici de dire que, pour bien m'assurer du fait, j'ai fait deux
voyages à Abbeville et à Amiens, où j'ai été reçu de la manière la plus
amicale par M. Boucher de Perthes et par plusieurs membres de la Société
des Antiquaires de Picardie. A Abbeville, où j'ai faitfaire plusieurs tranchées,
je n'ai pas été assez heureux pour découvrir moi-même des silex taillés;
mais, d'après les indications de M. Boucher de Perthes qui m'accompa-
gnait sur les terrains, le témoignage des ouvriers, l'état des silex et la cer-
titude du fait à Amiens, je ne peux pas avoir de doute sur l'exactitude de
la découverte de M. de Perthes.
» Plus heureux à Amiens, je me suis non-seulement procuré plusieurs
échantillons des ouvriers, mais j'ai aussi détaché moi-même un silex, en
partie travaillé en hache, enseveli dans le gravier à une profondeur de
5 mètres. Cependant, comme je n'étais pas présent quand cet échantillon
a été mis au jour, et voulant avoir une pièce de conviction plus forte pour
im tel fait, je me suis rendu de nouveau à Amiens au mois de juin avec
plusieurs de mes amis, membres de la Société Géologique de Londres et
autres. Après une recherche de quelque durée, un de ces messieurs, en
exploitant le gravier à une profondeur de 6 mètres et dans un endroit
où nous nous étions d'abord assurés que le terrain était vierge et nulle-
ment dérangé, a trouvé et dégagé avec ses propres mains une belle hache
longue de ai centimètres. Nous étions à côlé et témoins du fait. Aussi,
nous étions ce même jour à côlé d'un ouvrier qui, en travaillant à une
tranchée, a dégagé, sans les voir, deux haches un peu moins grandes et
que nous avons ramassées parmi le gravier rejeté. Donc d ne nous restait
plus de doute sur ce fait remarquable Une Notice des mollusques et des
ossements qui ont été rencontrés dans cet endroit se trouve dans le Compte
rendu.
» A mon retour à Londres j'ai eu connaissance d'un fait semblable très-
singulier. Dans les Mémoires de la Société des Antiquaires pour i8oose
trouve une Note par un M. Frère, détaillant une découverte qu'il avait faite
à Hoxne en Suffolk en 1797 de silex taillés dans un gravier, avec, disait-il,
des ossements des animaux inconnus et des coquilles, sous une argile
83..
( 636 )
à brique épaisse de 3 à 4 mètres. M. Frère a parfaitement bien reconnu
que le terrain était vierge, et de plus il a indiqué que le gravier avec
haches et ossements avait été déposé avant que le pays aux environs ait
tout à fait reçu la configuration du temps actuel. Je me suis rendu à l'en-
droit indiqué. J'ai reconnu que, il y a quelques années, on a trouvé beau-
coup de silex taillés, mais qu'à présent ils sont rares. Néanmoins je suis
revenu avec deux échantillons bien prononcés, et qui sont tout à fait de la
forme des haches de Saint-Acheul, mais un peu plus rude. Les ossements
qui y ont été trouvés sont ceux d'éléphant et de bœuf, et les coquilles
sont celles des mollusques d'eau douce et terrestres des espèces vivantes. Je
viens d'y faire une autre visite, au commencement de ce mois d'octobre,
avec plusieurs géologues et antiquaires, et faisant creuser une tranchée
jusqu'au fond du dépôt, nous avons trouvé une seule hache dans le gravier
à une profondeur de 3 mètres.
» En parlant des silex taillés de tous ces terrains je veux parler seulement
du modèle que M. Boucher de Perthes appelle hache dont à Abbeville,
tant qu'à Amiens et Hoxne, la forme est toujours du même (ou de deux)
type, et dont le travail est évident. Je ne me suis pas occupé des autres
formes de silex taillé. Les silex taillés de nos cavernes sont bien moins
grands que ces autres et paraissent plutôt faits pour couteaux et pointes de
flèches.
» Ces faits inattendus méritent, il me semble, toute l'attention de l'Aca-
démie et ne peuvent pas manquer à stimuler les géologues de tous les pays
à une étude encore plus approfondie des terrains quaternaires, surtout des
plus récents, où ces ouvrages des mains d'hommes se trouvent associés avec
les ossements des espèces perdues de mammifères : un fait qui vient de
mettre pour la première fois la géologie et l'ethnologie en rapport et ne peut
pas manquer, par les questions auxquelles ça donnera lieu, d'arriver à
résoudre des problèmes en géologie très-compliqués, et à établir des nou-
velles vérités dans la science. »
M. LE Secrétaire perpétuel fait hommage à l'Académie, au nom de
M. Albert Gaiidry, d'un exemplaire du Mémoire lu par lui dans la séance
du 3 de ce mois, sur les instruments en silex du diluvium d'Amiens, et fait
remarquer que dans ce Mémoire, ainsi qu'il l'a déjà dit, l'auteur n'avait
point oublié dénommer M. Boucher de Perthes. {Foirle Compte rendu de ia
séance précédente, p. 58i du pi'ésent volume.)
(637)
M. LE Secrétaire perpétuel appelle encore l'attention de l'Académie sur
deux opuscules adressés par M. Ransome, manufacturier à Ipswich, concer-
nant l'emploi, pour le durcissement des pierres, du verre soluble avec le
chlorure de calcium.
Un échantillon de la pierre de Caen (calcaire poreux) traitée par ce
procédé est mis sous les yeux de l'Académie.
Ces pièces sont renvoyées, à titre de renseignements, à la Section de
Chimie que l'Académie, dans sa séance du 16 mars 1857, a chargée de lui
faire un Rapport sur les travaux de M. Ruhlmann concernant l'emploi des
silicates alcalins pour divers usages et notamment pour l'endurcissement
el la coloration des pierres.
M. Elie de Beavmont présente enfin, au nom de M. Zantedeschi, trois
opuscules, l'un en allemand, concernant l'histoire de l'électro- magnétisme
et les découvertes dues à /. D. Romagnosi; les deux autres en italien, mais
imprimés à Vienne, l'un sur le calorique rayonnant, l'autre sur la corré-
lation des forces chimiques avec la réfrangibilité des irradiations.
Dans la Lettre jointe à cet envoi, M. Zantedeschi rappelle^que ses publi-
cations sur l'acoustique avaient été renvoyées à M. Cagniard de Latour pour
en faire l'objet d'un Rapport verbal; il exprime l'espoir que ce Rapport,
retardé par la mort du célèbre physicien, pourra être demandé à un autre
Membre de la Section.
M. Despretz est désigné à cet effet.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouvelle expérience pour rendre manijesle le mouvement
de rotation de la terre; par M. Perrot.
« Je me sers d'un baquet circulaire de grande dimension, plein d'eau
et solidement établi sur des supports bien fixes. Je détermine l'écoulement
par un trou circulaire percé en mince paroi au fond et au centre du baquet,
a II résulte de la théorie, que les particules de l'eau eu marchant du bord
vers le centre, au lieu de suivre le rayon allant de la circonférence à ce
même centre du liquide, doivent se porter vers la droite.
» Maintenant, si je répands à la surface suivant un des rayons une ligne
( 638 ■
de poussières flottantes, j'observe pendant l'écoulement que ce rayon, d'ahord
rectiligne, se courbe suivant luie ligne dont les parties les plus voisines <lu
centre se portent sensiblement à droite de la position qu'elles auraient
occupée si elles eussent suivi exactement le rayon.
» Qnand elles arrivent près du centre d'écoulement, elles tournent en
spirale, et leur mouvement, vu des bords du baquet, est encore à droite. Le
mouvement de la terre se manifeste donc par cette direction que prennent
les corpuscules en arrivant vers le centre d'écoulement.
» L'expérience, répétée un grand nombre de fois, a toujours donné le
même résidtat, et je pense qu'on peut l'ajouter aux brillantes expériences
par lesquelles M. Foucault a rendu sensible ce point important du système
dn monde.
u Avant de déterminer l'écoulement, et pour éviter tout soupçon de
vitesse acquise dans le liquide, je laisse l'eau du baquet en repos pendant
une journée entière, et je m'assure, par l'inspection attentive des petits corps
flottants à la surface, que le liquide est parfaitement en repos avant l'ouver-
ture de l'orifice d'écoulement.
u Les petits corps flottants primitivement disposés suivant un rayon du
baquet circulaire sont formés par U cire d'Amérique, dite carnauba, réduite
en poudre grossière. Je répète qu'on voitce rayon rectiligne de corpuscules
s'infléchir à droite et tourner ensuite autour de la verticale qui correspond
au centre de l'orifice percé au fond du baquet circulaire, comme l'indique
la théorie du mouvement de rotation de la terre. Cette expérience très-simple
en offre donc une nouvelle vérification, »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Influence du mouvement de rotation de la terre sur
le cours des rivières; remarques présentées à l'occasion de la communication
précédente, par M. Babinet.
« L'expérience curieuse de M. Perrot qui a constaté l'influence du mou-
vement de rotation de la terre sur l'écoulement d'un liquide qui s'opère
par un mouvement allant des bords au centre d'un vase circulaire, m'a
rappelé ce fait curieux observé d'abord dans le cours des grands fleuves
de Sibérie, savoir, que l'Obi, l'Iénisséi, la Lena, qui coulent vers le nord,
étant arrivés en plaine, rongent continuellement leur rive droite sans qu'au-
cun obstacle, aucune pente de terrain, aucune résistance inégale du ter-
rain puisse déterminer ce singulier déplacement du lit du fleuve. On va
( 639 )
voir que pour notre hémisphère le fait est général, soit pour les cours d'eau
dirigés du nord au sud ou du sud au nord. D'après une importante re-
marque de M. Foucault, il en est de même pour les rivières allant de l'est
à l'ouest ou de l'ouest à l'est ou même dans une direction quelconque.
Jusqu'ici dans des questions analogues, tout le monde et moi le premier
nous étions complètement dans l'erreur. Dans l'autre hémisphère tous les
courants constants d'eau ou d'air se dirigent vers la gauche. Dans les cy-
clones où l'air afflue vers un centre, les masses d'air en se dirigeant vers
le centre prennent à droite comme l'eau dans l'expérience de M. Perrot si
c'est dans notre hémisphère, et si c'est dans l'hémisphère austral, elles
prennent à gauche. A l'équatenr cet effet est nul.
» Soit une rivière marchant vers le nord comme les fleuves de Sibérie
ou le Nil. Alors l'eau qui arrive vers l'embouchure avec une vitesse de ro-
lation vers l'est plus grande que la vitesse vers l'est de la région de l'em-
bouchure, doit gagner vers l'est, c'est-à-dire vers la droite du courant.
C'est ainsi que le Nil en entrant dans la Méditerranée porte à l'est vers la
Palestine les sables et les troubles qu'il entraîne dans son cours. Le Rhône,
au contraire, va du nord au sud. A mesure qu il descend, son eau arrive à
des points de son lit qui, plus voisins de l'équateur, tournent plus vite que
cette eau vers l'est. Elle doit donc se porter vers l'ouest, qui tient la droite
du cours du fleuve. Les troubles de ce fleuve se portent à l'occident et ses
eaux vont avec les eaux de l'Èbre dessaler sensiblement la mer aux environs
des îles Baléares. De même les eaux de la mer iN^oire en descendant par le
Bosphore dans l'Archipel restent en arrière à l'ouest, et le courant, dit cou-
rant de Snt/m, rase la côte européenne. J'en puis dire autant des eaux du Pô
qui, s'écoulantausud vers les bouches de Cattaro, longent la cote italienne en
évitant celle de Dalmatie. Enfin le grand courant océanique qui entre
dans la Méditerranée par le détroit de Gibraltar et va du sud-est an nord-est,
s'empresse de prendre à droite et de longer les rivages de l'Afrique se[)-
tentrionale. On pourrait objecter l'embouchure du Mississipi dont les trou-
bles sont portés vers l'est, à gauche du cours du fleuve; mais c'est le puis-
sant coiu'ant du golfe du Mexique dirigé vers l'est qui renverse ici l'influence
du mouvement de la terre. Dans le reste de son cours, en plaine, le Missis-
sipi ronge sa rive droite comme le font les autres fleuves de notre hémisphère.
» Il est un peu plus difficile de voir comment une rivière allant vers
l'ouest ou vers l'est, ainsi que la Seine, la Ivoire, le Danube, porte ses eaux
contre la rive droite. Dans l'explication qu'on a donnée de la loi de rota-
( 64o )
tion des vents due à M. Dove, et dans celle des cyclones due à M. Taylor
on admettait que les masses d'air allant de l'est à l'ouest ou de l'ouest à
l'est, marchaient en ligne droite. On peut voir à la page 65o du recueil où
sir John Herschel a mis tout récemment un beau travail sur la météorolo-
gie, les explications données par MM. Dove et ïaylor. Les masses d'air
transportées de l'est à l'ouest ou de l'ouest à l'est y sont représentées dans
une figure très-nette comme suivant la ligne droite sans se dévier comme
celles qui marchent suivant le méridien dans l'un et l'autre sens, et qui sont
dessinées se portant à droite. Je réserve pour une Note spéciale le calcul
mathématique par lequel on prouve, comme l'a trouvé M. Foucault, i° qu'un
mouvement continu quelconque d'un fluide détermine une déviation à
droite quelle que soit la direction azimutale de ce mouvement, et a" que la
tendance à prendre vers la droite (dans notre hémisphère) est exactement
de la même intensité pour une direction quelconque que pour les courants
venant directement du nord ou du sud.
M Cela posé, on voit pourqu&i la Seine, dans les parties de son lit où le
sol est bien de niveau, s'est rapprochée du côté droit de la plaine qu'elle
traversait, et pourquoi dans la partie inférieure ^de son cours, où l'effet de
la marée prédomine, c'est vers la rive gauche que s'est porté le lit, car ce
côté est le côté droit pour les eaux de la mer entrant dans le bassin du
fleuve.
» On peut cependant, sans l'aide du calcul, pressentir, sinon mesurer
l'effet que produit sur la rive droite un cours d'eau allant par exemple vers
l'ouest, comme la Seine, la Loire, la Garonne, et en général toutes les ri-
vières de la France et de l'Espagne occidentales. Placez-vous sur le bord de
la rivière en faisant face au midi, observez le soleil et notez les points de
l'horizon auxquels il correspond. Vous le verrez se lever à l'est, en amont de
la rivière, c'est-à-dire à votre gauche ; puis il arriver-a au méridien, en face
de vous, marchant ainsi de votre gauche à votre droite; puis il se couchera
en aval du courant et à votre droite. Il aura donc pour vous tourné toute
la journée de gauche à droite, indépendamment de son élévation pendant
la matinée et de son abaissement dans la soirée. Or tout le monde sait que
le mouvement diurne des astres est une apparence due à un mouvement de
rotation delà terre dirigé précisément en sens contraire. Donc si le soleil,
rapporté à votre horizon, vous a paru aller à droite de l'est à l'ouest, en
passant par le midi, c'est que le mouvement de la terre, rapporté aussi à
l'horizon, était de l'ouest à l'est en passant par le midi. Donc le terrain
(64i )
qui sert de lit au fleuve en aval à l'ouest marchait de l'ouest vers le midi,
et de là vers l'est, c'est-à-dire de votre droite à votre gauche. Ce mouve-
ment tendait à faire que la rive droite, qui était au nord du courant,
appuyât contre l'eau, et qu'au contraire la rive gauche, qui était au sud,
s'éloignât du courant dans sa rotation vers le raidi. Ainsi le courant
devait se porter vers la droite, ce qui est l'équivalent du transport de la
rive droite vers le courant. Un raisonnement analogue s'applique au cas
d'une rivière marchant vers l'est conmie le Pô ou le Danube. 11 y aurait un
volume à écrire là-dessus. Je me bornerai à mentionner que ce sont ces
courants du Rhône, de l'Ebre, de l'Océan, qui donnent naissance au pre-
mier circuit de la Méditerranée, qui suit l'Afrique, le nord de la Sicile,
l'Italie occidentale, les rivages méridionaux de la France et de l'Espagne
orientale. Les vents eux-mêmes, de quelque côté qu'ils soufflent sur ce
bassin de la Méditerranée, agissent dans le même sens par cela seul qu'ils
prennent à droite en marchant. Quant à l'autre bassin méditerranéen, le Pô,
le Nil et le courant du Bosphore, sans compter aussi l'effet des vents, y
déterminent un circuit qui longe l'Afrique, l'Asie, la Grèce, l'Italie et le
sud de la Sicile et qui est dans le même sens que le circuit du premier bas-
sin, en sorte que dans l'un et dans l'autre circuit le mouvement des eaux
vu de la terre, qui envoie ses fleuves à la mer, est constamment dirigé vers
la droite. On observe un circuit pareil dans la mer Noire à cause des im-
menses fleuves qui s'y déchargent. Chaque année certains poissons suivent
ce courant qui va du Danube au Bosphore, puis longe l'Asie, arrive aux
versants du Caucase, puis à la Crimée et enfin aux provinces russes du sud
pour revenir à la côte occidentale de cette mer déjà dessalée à moitié par
les rivières qu'elle reçoit et par son écoulement dans la Méditerranée. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des fonctions elliptiques et sur les
équations différentielles du calcul des variations; extrait d'une Lettre adressée
à M. Hermite par M. Ricuelot.
n Soit q = e'^", 0 (a:) = i — ■iqcoio.x 4- iq*co%^x — . . . ,
€>,{x) = 2q* ninx — iq* s,in'ij(. -h . . . ; en posant
0(^)=/'o(«), e(o) = /,(«), 0.(^) = />.(«),
on obtient, en traitant directement les séries, ou à l'aide des transforma-
C. R., i859, a»»" Semestre. (T. XLIX, N» 18.; 84
( 642 )
tions générales de la fonction 0, le tableau suivant des formules dont le&
vôtres se déduisent (*) :
pU^'^) = ^~^^ p\2o,)=.p,p, f,i^^^) = Pi^:£.,
/^o(4«) = ^, P(4«) = ^(4^^ y..(4«) = ^.
pl[l) = pl + ph P^{l) = pl-p-i- p'i[f)=''^PoP^.
Poljj^'Po-i-p,, p[j'j = po-p,, P\[l) = ^PoP,{pl+P^)r
Pi {'^-)=P'^ 'Pi f {'^)=Pl - 'Pi P\ (^-) = -'^'PP^^
P<>\^-J^)'=P-^^P^^ P[^^) = Po-e^Pn P*[^^)=^eJpp,{p^-hip-,)^
Pl{-z!^)=-'i--^^)Pl /''(-ri:7) = (" + ■)/'^ pi[-^) = -ii.-^.)pi,
Pl{-^) = -'—(Pl-^'P'^hpi-;^)-e-Ti.^,)pp,, /,.(__l_) = _.-^V-'>?),
pi[^)=^'^i^^^)pp'^ pi^h-^'i'ipi^'p^)^ pi{^-^ip'-'pr^-
» Vous faites en effet
X(«) = v/^7^('-?)(> + '?*)('-'?')---
et l'on a, comme il est facile de le voir,
(*) Pour abréger, il a été écrit dans les seconds ineml)ros jjo, p, pt, au lieu de/5„(M),
p{w) et pi (m).
( 643 )
par conséquent les dernières formules donnent réquation
et, en examinant le cas spécial de w = /, on obtient
■ x(S) = \/îx-M.
» Si l'on met à la place des indices de périodicité qui entrent dans w
deux autres indices conjugués, et à la place de l'argument x les quatre va-
leurs fondamentales, dont une seule vient d'être employée, on obtient les
vingt-quatre transformations principales des fonctions 0, et à l'aide des for-
mules pour la duplication on déduit de celles-ci des formules plus géné-
rales, dans lesquelles la détermination de la racine huitième de l'unité qui
y figure ne présente aucune difficulté.
» Jacobi a proposé, dans ses leçons orales, deux moyens essentiellement
différents pour parvenir à ces transformations de la fonction 0, et l'un de
mes élèves, M. Fuhrmann, les a complètement effectuées en suivant les indi-
cations que j'avais données dans mon Cours; il s'en est servi ensuite pour
démontrer les formules que vous avez publiées il y a quelque temps dans
les Comptes rendus. Seulement il a admis, entre les quatre nombres entiers
7«, n, II, V, la relation /ra]x — nv = ± i .
» . Désignons dans les équations différentielles du calcul des
variations la variable indépendante par t, et les variables dépendantes par
X, y, . . ., en faisant
d -^ dr
les équations relatives à l'intégrale
J/(f, X x'x". . . x^''\ rfj". . ./^\ ...)dt
seront
( /'(^) -[/'(x')]'+[/'K)r-. . .+(- ,)«f/'(xW)]«= o,
» Introduisons maintenant à la place des dérivées de :r, j, les variables
84..
( 6',4 )
qui sont définies par les équations (i) et par les suivantes :
, dx , d£ ,_,. rf>-^)
x'=-3-» x = —— i A'^ ')= ^ ,
dt dt dt
l ^f'{:r!..^\ ?, =/' (>-)) _ [/' (»)]'.., ?^_, =/' (x') - [/' (.r")l'. . . + (-.)«- [/'(xW)^-'^
-^ * •^ A ■'^ rf/ '
.=/'(r(/^)), v.=/'(//5-o)_[/'(//3))]'.., .^3_. =/'(/)-[/'(/')]'.. .4-(-o^-'[/'(y^))F-",
etc. etc. etc.
de telle sorte que les quantités x'^"'^ , j^\ . . . , soient déterminées par les re-
lations
(-) 5=/'U^"^), v=/'(y^),...,
et que les variables définitives soient les suivantes :
7. /,•••, r^~'^ y, y.,"-, y/3-.-
» Je dis que les équations différentielles (i) peuvent être transformées en
un système d'équations différentielles du premier ordre et du premier de-
gré de forme canonique.
o En effet, que l'on introduise dans le terme suivant :
les valeurs de x^'''\ jr''^\ fournies par les équations (2), si l'on désigne
par
la fonction qui en résulte, on aura les équations différentielles transfor-
J
( 645 )
mees :
J = f(l.-.). 'i- = f(5.-,),..., --5r- = f{l)>
| = f(„,-,), f = f(»,_,),..., «:î^r.'=4,'(„),
'-^,- =-*■(/). '-^' =-♦■(/).-. â^=-f(y^-).
» J'appelle cette forme canonique, parce qu'elle s'accorde avec les formes
analogues de la dynamique; elle fait voir comment de deux intégrales don-
nées de ce système on en déduit une troisième par différentiation, et l'on a
obtenu ainsi une extension du théorème de Jacobi et de Poisson relative
aux équations différentielles du calcul des variations. »
PHYSIQUE. — Formules éleclrométriques ; Lettre de M. Volpiceli.i.
n Ayant continué mes recherches sur l'électrométrie (*), je demande à
l'Académie la permission de lui faire part des formules très-générales que
j'ai obtenues, relatives à mes micro-électromètres condensateurs à index
soit vertical (**), soit horizontal.
» Quant au premier de ces deux instruments, soient :
» / la longueur de l'index;
» 9 l'angle que cette longueur fait par la répulsion électrostatique avec
un axe vertical et fixe;
» r le rayon de la section transversale du même index et du même axej
» m un coefficient que l'on déterminera par l'expérience ;
» p le poids de l'index;
» a la distance entre le centre de gravité de l'index et sa suspension ;
» c la charge induite dans le plateau inférieur du condensateur ;
M .y la surface totale occupée par cette charge devenue libre.
» Moyennant une double intégration entre les limites o, /, et après les
réductions nécessaires, on aura
2 7r/-.eoS I y 1
(*) Comptes rendus, t. XLII, p. -403, séance du 25 février i856.
(**) Comptes rendus, t. XLVI, p. 533, séance du i5 mars i858.
( 646 )
» Si ip est tellement petit, qu'on puisse le négliger par rapport à n, ce
sera
j . sin o /a pa
c — ^V/-S-
» En outre, puisqu'on a
C _ I
c ~ p'
c étant la charge induisante communiquée au plateau supérieur du con-
densateur, et fjt, le coefficient de la condensation, nous pourrons obtenir la
chargée moyennant les équations (i) ou (2). Dans le cas de l'équation (a),
on voit que les charges c et C sont l'une et l'autre directement proportion-
nelles aux sinus des divergences ç de l'index vertical.
» Quant à mon second instrument, son index horizontal rencontre dans
sa rotation deux seules résistances: l'une, celle du frottement autour de
son pivot, l'autre celle du milieu ambiant; ce qui permet d'apprécier avec
la plus grande exactitude sa divergence sur l'échelle circulaire.
w Ayant conservé les précédentes dénominations, soit è la densité du
milieu dans lequel l'index tourne. Moyennant une double intégration entre
les limites o et /, et ayant fait toutes les espèces de réductions, on aura
dans laquelle
-\_-'^i
A, = ^m.^àrV' .
» En faisant le vide sous la cloche de ce micio-électromètre, on aura
Tw, r= o et A, = o, d'où
c = ï-^
» Les coefficients m, /n,, w^» '"s seront déterminés par les expériences. »
M. Mi'NDO, de Naples, auteur d'un Mémoire intitulé : « Moyens d'utiliser
( 647 )
l'hydrogène de l'eau et l'oxygène de l'air comme combustible applicable à
tous les usages où le développement du calorique est nécessaire », annonce
qu'il est en mesure de faire les expériences à l'appui de ce qu'il a avancé
dans ce Mémoire, et demande que la Commission qui a été désignée pour
l'examiner veuille bien fixer le jour où il pourra répéter en sa présence ces
expériences.
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés : MM. Pelouze, Balard,
Fremy.)
M. Le Pas adresse un supplément à son Mémoire intitulé : « Nouvelle
théorie du système musical suivi du calcul des raisons harmoniques entre
les vitesses et les distances des planètes « .
(Commissaires, MM. Laugier, Delaunay.)
M. Thomas, en adressant des exemplaires d'une description de ses pèse-
liqiieurs qui figurent maintenant à l'exposition de l'industrie de Rouen,
insiste sur l'utilité qu'il y aurait à ce que ces sortes d'instruments fussent,
comme les autres mesures, soumises à un contrôle légal.
Cette Lettre est renvoyée à la Commission des Alcoomètres.
M. J. Oarc:hery soumet au jugement de l'Académie une Note sur la cause
du phénomène de la capillarité.
(Renvoi à M. Babinet.)
La séance est levée à 5 heures un quart. ' E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 3i octobre iSSg les ouvrages-
dont voici les titres :
Traité des maladies inflammatoires du cerveau, ou Histoire atiatomo-patho-
logique des congestions encéphaliques, du détire aigu, etc.; par le D'' L.-F.
Calmeil. Paris, iSSt); 2 vol.in-8°.
( G48 )
Précis d' Histologie humaine ; par C. MORUL. Paris-Strasbourg, 1860; in-8°,
avec atlas. (Offert au nom de l'auteur par M. Sédillot. )
Recherches sur les propriétés géométriques des mouvements plans; par
M. P. Gilbert; br. in-4°. (Offert au nom de l'auteur par M. Chasies.)
Des allumettes chimiques avec et sans phosphore ; par M. GAULTIER DE
Claubry. Paris, iSSg; br. in-8°.
Climatologie de la Saulsaie [Ain). Résumé de neuf années d'observations;
])ar k.-¥. POUBIAU. Paris, iSSg; br. 'm-%°.
Contemporanéité de l'espèce humaine et de diverses espèces animales aujour-
d'hui éteintes; par Aïhevt G auduy. Paris, iSSg; | feuille in-8".
Du percement de l'isthme de Suez. Nouvelles considérations; par Frédéric DE
CONINCK. Le Havre, 1869; br. in-8°.
Méthode de dactylologie, de lecture et d'écriture à l'usage des sourds-muets
dans leur famille, dans les écoles primaires, dans les institutions et dans le monde;
par M. PiROUX, directeur-fondateur de l'institution des sourds-muets de
Nancy. Paris-Nancy, 1859; in-18.
Institution des sourds-muets de Nancy. Distribution des prix du 3i aoiîl 1869.
Discours prononcé par M. le Directeur. Idée Je la méthode nancéitnne. Compte
rendu des exercices. Classement des élèves en trois catégories. Documents divers.
Nancy, 1869; br. in-8".
Ces deux opuscules sont renvoyés à titre de renseignements à la Com-
mission des sourds-muets. •
Dictionnaire illustré et Encyclopédie universelle ; 85*-87* livr. in-4°.
Mémoires de la Société d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du
département de l'Aube; 2" série, t. X, i" semestre i85f); in-8''.
Travaux du Conseil d'hygiène publique et de salubrité du département de la
Gironde, depuis le i6juin iSS"] jusqu'au \6juin 1859; t. V. Bordeaux, 1869;
in-8°.
Stato nieteorologico... Etat météorologique de la ville de Gènes en i858,
d'après les observations faites à l'Observatoire de l'Université. Gènes, iSSq;
hv. in-8°.
Neuralgia... Mémoire sur une névralgie intercostale suivie de boulimie, et his-
( 649 ) ■
toire d'une sueur noire; par le D'' F. Verardin).. Bologne, i858; br. 111-4".
Case di nigrizie... Cas de nigritie ou melnsma avec altération grave des
capsules atrabilaires ; par le même ', Bologne, iSSg; br. in-4°.
Dell' occlusione... Observation d'un cas d'occlusion intestinale guérie par
l'emploi de la glace; par le même. Bologne, 1857; i feuille in-8°.
Illiistrazione... Examen de deux pièces pathologiques ; Etudes sur la super-
fétation i par le même. Bologne, i858; i feuille in-8".
Trois autres articles du même auteur, extraits de journaux de médecine;
in-8°.
On water-glass. .. Sur le verre soluble et ses applications aux arts et manujai-
tures; par F. Ransome; br. in-8°.
Bicerche... Recherches sur le calorique rayonnant; par le prof. Zantedeschi.
Vienne, 1867; br. in-8°.
Bericht... Analyse d'un Mémoire dans lequel le professeur Zantedeschi a
réclamé pour Jean-Dominique Roraagnosi et pour l'Italie en général l'honneur
de la découverte des influences réciproques des courants galvaniques et du magné-
tisme, Mémoire lu à Trente en mai 1 8o3 ; br. in-8°.
PUBLICATIONS PÉKIODIQUES REÇUES PAR L'ACAoélMiE PENDANT
LE MOIS d'octobre 18S9.
Annales dé Chimie et de Physique ; par MM. Chevreul, Dumas, PelouzE,
BOUSSINGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux
de Chimie et de Physique publiés à [étranger; par MM. Wurtz etVERDET;
3* série, t. XLIV; septembre 1859; in-8°.
Annales de l' Agriculture française ; t. XIV, n° 6; in-S"."
Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Rotanique, l'Ana-
tomie et la Physiologie comparée des deux règnes et V Histoire des corps organisés
fossiles; ^^ série, rédigée, pour la Zoologie, par M. MiLNE Edwards; pour
la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. Decaisne; t. XI, n" 3; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques ; septembre 1859; in-S*^.
C. R., 1859, 20 Semestre. (T. XLIX, N» 18.) 85
( 65o )
Annuaire de la Société météorologique de France ; septembre iSSg; iii-8°.
Astronomical... Notices astronomiques ; n° io;in-8°.
Atti... Actes de C Académie pontificale des Nuovi Lincei; 12* année, 4* ses-
sion du i3mars iSSg; in-4°.
Bulletin de [Académie impériale de Médecine; t. XXIV; n° 1^; t. XXV,
n" I , in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie ; septembre iBSg; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour [industrie nationale; août
1859; 10-4"
Bulletin de la Société française de Photographie ; septembre 1859; in-8°.
Bulletin de la Société paléontologique de Belgique; t. I, feuilles n°' i à 4;
in-8",
Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles; t. VI; Bulletin n" 44 ;
in-8".
Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; 2* se-
mestre r859; n°* i4-'7; iH-4°-
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XV, i5*-i8* livraisons;
in-8".
Journal d'Agriculture de la Côte-d'Or; août 1869; in-S*^.
Journal d'Agriculture pratique; nouvelle période; t. I, n"* 19 et 20;
in-8°.
Journal de Chimie médicale , de Pharmacie, de Toxicologie; octobre 1869;
in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Becueil mensuel de Mé-
moires sur les diverses parties des mathématiques, publié par M. Joseph
LiOUViLLE; 2* série, juillet 1859; in-4".
Journal de Pharmacie et de Chimie ; oclohre i859;in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n**" 37-39; in-B".
Journal du Progrès des sciences médicales ; n°* 10- 1 3; in-B".
Journal of the,.. Journal de la Société Américaine de Géographie et de
Statistique ; ']an\ier-miLrs iBSg; 3 livraisons, in-4''-
{ 65i )
La Bourgogne. Revue œnologique et viticole; lo* livraison; in-8°.
La Culture; n"' 7 et 8 ; in-8°.
L'Agriculteur praticien; 2* série, n"' i et 2; in-S".
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier; t. XllI,
11"' 19 et 20; in-8°.
Lj4rt dentaire; septembre et octobre iSSg; in-8°.
L'Art médical; octobre 1859; in-8°.
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; t. VI, n°' 22-26; in-8°.
Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 67* et 68" livraisons ;
in-4°.
Le Technologisle ; octobre 1859; in-8''.
LHfdrotérapie; [\^ ÏA?,c\cu\e;'\ry-%°.
Magasin pittoresque ; août et octobre 1 869 ;
Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie rojale des
Sciences de Berlin; juillet 1859; in-8''.
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine ; octobre 1 869 ; in-8*.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; 1" série, vol. I,
11° 4; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; octobre iSSg; in-8''.
Revista... Revue des travaux publics ; 7* année; n*" 19 et 20; in-4°.
Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; n°' 19 et 20; in-8°.
Société impériale de Médecine de Marseille. Bulletin des travaux; n" 4;
octobre 1859; in-8°.
Société impériale et centrale d'Agriculture; Bulletin des séances; t. XIV,
u°e>; in-8''.
The Journal... Journal de la Société royale de Dublin ; n° 1 4, juillet 1859;
in-8".
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n°' i 1 5-i 27.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n"' 4o-43.
Gazette médicale de Paris; n°' 4o-44-
L Abeille médicale; n"' 4o-44-
{ 65a )
La Coloration industrielle ; n°* 17 et 1 8.
La Lumière. Revue de la Photographie ; n"' 4o-44'
L'Ami des Sciences; n°' 4o-44'
La Science pour tous; n°' 44-47 •
Le Gaz; n°»a5 et 26.
Le Musée des Sciences, n'^ 23-26.
COMPTE RENDU
DES SÉAINCES
DE L'ACADÉME DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 NOVEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ZOOLOGIE. — Plan de l'ouvrage m/itu/e : Entomologie analytique;
par M. DcméRiL.
« M. Duméril annonce que l'impression de son ouvrage sur l'histoire
complète des Insectes est terminée. Ce travail, qui a pour titre : Entomo-
logie analytique, formera le XXXP volume des Mémoires que l'Académie
des Sciences publie parmi ceux de ses Membres ; il est composé de près de
i4oo pages in-4° et renferme, dans le texte même, les figures de quatre
cents Insectes gravées sur bois.
» Voici un exposé sommaire, ou une sorte d'analyse, dont l'auteur donne
lecture à l'Académie.
» Réaumur disait, il y a plus d'un siècle : « L'histoire des Insectes n'a
» pas assez pris la forme d'une science ; on n'est pas encore arrivé au point
» de vouloir fatiguer son attention et sa mémoire pour en apprendre les
» principes (i). » Ce qui précisément a fait défaut à ce célèbre natura-
liste, comme le regrettent les admirateurs de ses laborieuses et instruc-
(i) V^éaiumvxT, Mémoires, t. II, p. 14.
C. R., 1859, 2»» Semestre. (T. XLIX, N" i9.) 86
( 654 )
tives observations, d'est un procédé qui aurait pu lui permettre de rassem-
bler et de compnrer entre eux tant de faits nouveaux, qu'il étudiait si bien
et dont il cherchait, avec tant de succès, à découvrir les causes. Ses savantes
investigations nous ont initiés à un très-grand nombre des mystérieux
prodiges que nous offrent certaines séries d'Insectes dont il nous a
indiqué les formes, la structure et les moeurs; mais ses descriptions nous
laissent encore aujourd'hui dans la plus grande incertitude sur l'identité
des espèces dont il a retracé l'histoire avec tant d'art et de fidélité. On s'ex-
plique aisément cette imperfection , puisqu'à cette époque on appelait
encore Mouches tous les insectes à ailes membraneuses apparentes, et que
l'on nommait Scarabées les espèces dont les ailes restent cachées et recou-
vertes par des élytres ou des étuis.
» Heureusement il n'en est plus de même aujourd'hui. Une science
réelle existe: elle a ses principes; ses éléments sont bien fondés. De Geer,
Linné, Geoffroy, Latreille ont posé les bases d'une classification. Si, à la
suite de ces noms, j'ose inscrire ici le mien, avant celui d'un grand nombre
d'autres naturalistes que je devrais citer, c'est seulement pour indiquer les
ouvrages qui contiennent l'histoire de la classe entière des Insectes, où sont
employés des procédés différents , mais destinés à fournir les moyens de
réunir les observations sous une forme méthodique, de les généraliser, pour
en transmettre les résultats.
» L'ordre, l'arrangement et le rapprochement des êtres, ainsi considérés
dans leurs rapports mutuels, constituent certainement l'un des procédés les
plus propres à faciliter et à diriger l'observateur pour l'aider à tirer de ses
recherches des déductions utiles dans l'étude de l'histoire naturelle en géné-
ral. Ce sont des préliminaires indispensables qu'il faut employer dans
toutes les sciences exactes. Les idées qui se lient les unes aux autres par le
rapprochement de faits semblables, fournissent les moyens de comparer ces
faits, de les étudier dans leur ensemble. C'est là le but de la science; c'est
aussi la meilleure méthode à employer dans son enseignement.
» Le perfectionnement de la classification nous a toujours préoccupé :
aussi dans l'ouvrage que nous publions, la marche suivie jusqu'alors se
trouve-t-elle un peu modifiée.
» Avant de passer en revue la série des phénomènes de la vie des Insectes,
nous avons cru devoir commencer cette étude par l'exposé de quelques
principes généraux.
» Un premier chapitre nous a permis d'indiquer et de développer les
caractères essentiels des Insectes, et nous avons pu assigner ainsi le véritable
J
( 655 )
i-ang que leurs facultés semblent devoir leur faire attribuer quand on les
compare avec les autres animaux.
» Un second chapitre renferme les plus grands détails sur la forme géné-
rale des Insectes et sur leurs organes extérieurs, qui sont nécessairement en
rapport avec les moeurs et les habitudes, en annonçant, tout d'abord,
quelques-unes des particularités de leur genre de vie.
» Après avoir traité de la configuration générale et des diverses régions
du corps, nous essayons, dans un troisième chapitre, de donner une idée
exacte de la structure intérieure. Notre but, dans ces descriptions, est de
chercher à expliquer comment, par leurs divers organes, ils sont mis en re-
lation avec tous les autres corps de la nature, car les instruments de la vie
sont constamment et réciproquement subordonnés aux innombrables varia-
tions que nousprésentent les différents modes de l'existence de ces animaux.
Cette organisation n'était connue que par les observations auatomiques iso
lées et particulières de Leeuwenhoeck, de Swammerdam, de Lyonet et par
les recherches de quelques-uns des habiles et patients anatomistes contem-
porains dont nous avons constaté la précision remarquable par nos propres
dissections (i): aussi pouvons-nous expliquer aujourd'hui comment s'exer-
cent, dans les Insectes, presque toutes les fonctions de la vie.
» Dans un chapitre spécial, j'ai traité d'abord des mouvements généraux
et particuliers; puis j'ai fait connaître les organes par lesquels les Insectes
exécutent et transmettent leurs volontés, et comment leurs sensations sont
produites. J'indique ensuite le rôle que remplissent les divers organes de la
nutrition et les modes variés par lesquels la vie se transmet et se perpétue.
» Cette partie de noire ouvrage constitue en quelque sorte un Traité
sommaire de la physiologie des Insectes, où se trouvent expliquées, par
l'anatomie même, les causes de la plupart des phénomènes de la vie chez
ces petits animaux.
» Enfin, il nous a semblé nécessaire d'exposer avec de plus grands détails
qu'on ne l'a fait jusqu'ici, les moyens employés pour arriver à la connais-
sance des Insectes et à leur classification. Nous attachons beaucoup d'im-
portance à ce travail didactique, parce que nous croyons avoir été utile à
la science en lui appliquant, à l'aide de l'analyse, un procédé facile pour
diriger l'observateur dans le but souvent essentiel de ses recherches, et nous
(i) Je n'ai pas l'intention de présenter l'histoire des recherches dont l'anatomie des Insectes
a été l'objet dans ces derniers temps ; je ne puis cependant- laisser passer l'occasion de citer
Jes habiles travaux de MM. Léon Dufour, Straus, Blanchard, etc., dont j'ai proGté.
86..
( 656 )
espérons l'avoir atteint en le faisant pai'venir aussi rapidement que possible
à la détermination d'une espèce quelconque d'Insecte qu'il aura sous les
yeux. L'avantage de la marche que nous indiquons est de rendre plus aisée,
au moyen du système, l'application de la méthode naturelle qui s'appuie sur
les caractères fournis par l'organisation.
» Voilà le travail qui a occupé mes loisirs pendant plus de soixante
années d'une vie active, passée dans l'enseignement de l'histoire natu-
relle et des diverses branches de la médecine théorique et pratique (i).
J'avais regretté longtemps de n'avoir pu transmettre aux autres, par écrit,
tout ce que les livres et mes propres observations m'avaient appris, et
que j'enseignais. Je fus amené à insérer mes travaux dans plusieurs ou-
vrages, et surtout dans le grund i Dictionnaire des Sciences naturelles en
soixante volumes, où j'ai seul introduit tout ce qui concerne l'entomologie ;
mais malheureusement cette histoire des Insectes, conçue d'après im plan
méthodique, s'est trouvée disséminée, par suite des exigences de l'ordre
alphabétique.
» Cette circonstance semble avoir annulé la méthode réelle que j'ai con-
stamment suivie, mais qu'il était difficile de reconnaître dans une série
d'articles fort éloignés les mis des autres, tant par la forme de l'ouvrage
que par les époques très-espacées de la publication de chacun des volumes.
J'y avais cependant consciencieusement déposé tout ce que je savais sur
cette branche de la zoologie, dont je m'occupais avec tant de charmes. J'ai
reconnu avec peine que mon nom n'était jamais inscrit parmi ceux des
principaux classificateurs en entomologie (2).
o Désireux aujourd'hui de laisser un Traité génërot de cette partie de la
science, j'éprouve le bonheur, dans mon âge avancé, de jouir de mes souve-
nirs et d'avoir encore si présentes à la pensée mes anciennes études, que
j'ai pu en déposer ici les résultats.
» Je me suis efforcé de compléter mes travaux, eu me mettant au courant
des publications nombreuses qui se sont succédé depuis l'époque où fut
(1) Mes premières publicutions sur l'histoire naturelle datent de 1797.
Exposition d'une Méthode naturelle pour l'étude et la classification jies Insectes (Magasin
Encyclopédique de Millin, an IV, t. I, p. 289). — Dès 1799 j'avais inséré, dans le \" vo-
lume des Leçons d' Anatomie comparée de Cnvier, que j'ai rédigées, un tableau général de
cette classification.
{2) Qui lit les dictionnaires? m'a-t-on dit un jour. Ce sont d'ordinaire, ajoutait-on, des
compilations où personne ne peut songer à trouver des recherches originales.
(65; )
fenniné le grand Dictionnaire (i83o) ; je les ai mises à profit, autant que
possible, dans la rédaction de cette Entomologie analytique.
» Je me flatte d'avoir rendu par là un véritable service aux jeunes natu-
ralistes qui voudront se livrer à l'étude si intéressante de l'histoire des
Insectes; ils y trouveront non-seulement un procédé facile pour apprendre
à les connaître d'après leur forme extérieure, et à les nommer, mais tout
ce qui peut intéresser dans l'examen de leur structure, de leiu-s fonctions et
de leurs mœurs.
» A l'époque où fut publié le Dictionnaire, j'avais fait peindre, sur la
nature même, tous les genres représentés par l'une des espèces de ma col-
lection, choisie de préférence parmi celles qui se rencontrent le plus fré-
quemment aux environs de Paris. J'avais eu recours alors à feu M. Prêtre,
dont le talent était universellement reconnu. Ces figures, gravées sur
cuivre, et réunies dans un ordre méthodique, formaient soixante plan-
ches annexées à l'atlas de ce Dictionnaire. Je regrettais de n'avoir pu
employer ces dessins d'une majiière plus profitable à la science. Voulant
réparer ce fâcheux inconvénient dans l'ouvrage actuel, j'ai placé chacun
d'eux en tète de l'histoire du genre dont il montre un des types. On peut,
de cette façon, prendre facilement une nolion exacte des caractères géné-
riques. Je me suis adressé pour l'exécution de ce travail à un Ires-habile
artiste, M. E. Bocourt, qui a reproduit les figures primitives, lésa souvent
dessinées de nouveau, d'après les animaux eux-mêmes, et les a gravées en
relief sur bois avec une élégante précision; j'espère donc avoir atteint le
but que je m'étais proposé.
» En raison de l'étendne de ce volume, je me suis, vu forcé, pour en rendre-
l'usage moins incommode, de le diviser en deux tomes à peu prés égaux,
mais à pagination continue. Le premier renferme les généralités dont je
viens de donner un aperçu, et il comprend toute l'histoire des Insectes
Coléoptères. Le tome second traite des sept autres ordres, et de cette façon
se trouve complétée l'histoire de tous les genres de la classe des Insectes
distribués en familles naturelles.
» Comme il n'est pas possible de se livrer à une lecture suivie d'iui ou-
vrage devenu nécessairement très-volumineux, il u>'a semblé utile d'y appe-
ler plus particulièrement, dans une Note, l'attention sur quelques articles
principaux, et d'indiquer ceux où je traite des mœurs et de tout ce qui peut
intéresser dans 1 histoire des Insectes. »
( 658 )
MÉCANIQUE. — Note relative à l'influence de la rotation de la terre sur ta
direction des cours d eau; par M. J. Bertrand.
« M. Babinet a appelé récemment l'attention de l'Académie sur la dé-
viation constante des cours d'eau et sur l'influence qu'il faut attribuer, sui-
vant lui, à la rotation de la terre dans la production de ce phénomène. Il
n'est pas contestable, en effet, qu'un fleuve descendant du nord au sud tra-
verse des parallèles de plus en plus rapprochés de l'équateur, et que les
molécules d'eau pour participer au mouvement de la terre doivent acquérir
une vitesse de plus en plus grande dans la direction de l'ouest vers l'est.
Cette vitesse est produite par l'action du lit des fleuves, et la réaction des
molécules d'eau doit par conséquent repousser la rive droite vers l'ouest.
Si le fleuve marche du sud au nord, l'effet à produire est inverse, les molé-
cules d'eau doivent être retardées, et c'est encore la rive droite qui les
poussant vers l'ouest, est à son tour repoussée vers l'est.
» Mais si l'on ne se borne pas à ce premier aperçu et que l'on calcule la
force mise en jeu, il ne paraît plus possible de lui accorder un rôle appré-
ciable dans l'explication des faits observés.
» Lorsqu'une molécule d'eau se dirige du nord vers le sud avec une vi.
tessé de 3 mètres par seconde, la force qui doit la solliciter pour accélérer
sa vitesse de rotation et la maintenir en harmonie avec celle des régions
qu'elle traverse est d'autant plus petite, que la molécule se rapproche da-
vantage de l'équateur, et à la latitude moyenne de 45 degrés sa valeur est
' du poids de la molécule, c'est-à-dire équivalente à la force centrifuge
due à la courbure du fleuve, lorsque le rayon de la courbe dans laquelle il
se meut est égal à 58 kilomètres. Il paraît évident qu'une pareille addition
à la composante horizontale de la pression du fleuve sur ses rives n'est pas
dénature à en modifier sensiblement les effets.
« Quant au cas où le fleuve marche de l'est vers l'ouest, ou de l'ouest
vers l'est, il me semble plus difficile encore d'accorder avec la théorie les
assertions de M. Babinet. Les choses devraient, suivant lui, se passer dans
ce cas comme dans le précédent. Or on aperçoit tout d'abord une diffé-
rence notable. Lorsqu'un fleuve va du nord au sud, l'influence très-minime
de la rotation de la terre est proportionnelle à la vitesse du cours d'eau et
devient nulle en même temps que celle-ci; il en est tout autrement pour un
fleuve qui se dirige en ligne droite de l'ouest vers l'est. Dans le cas extrême
(659)
où la vitesse du courant peut être considérée comme nulle, les molécules
d'eau décrivant un petit cercle à la surface de la terre, doivent être poussées
vers le centre de ce petit cercle, et comme l'attraction dirigée vers le centre
(le la terre forme avec le plan de ce petit cercle un angle croissant avec la
latitude, il faut nécessairement qu'une force dirigée vers le nord soit pro-
duite par les rives du fleuve. La composante de cette force dirigée tangen-
tiellement à la surface du globe a pour expression sur une molécule de
poids P,
P m' R sin X cos X,
w étant la vitesse do rotation de la terre, R son rayon et X la latitude du lieu,
il est clair qu'une force qui n'est pas nulle en même temps que la vitesse
ne peut pas changer de signe avec elle. »
Réponse de M. Babinet.
« M. Babinet maintient, comme mathématiquement démontré, que tout
mobile libre qui se déplace d'une certaine quantité a à la surface de la
terre, gagne par ce déplacement une vitesse azimutale relative, égale à la
vitesse par seconde d'un point de l'équateur terrestre multipliée par le sinus
de la latitude et par le rapport du déplacement a au rayon de la terre. Pour
un déplacement de r degré ce serait une vitesse de plus de 8 mètres par
seconde. De plus, un déplacements vers le nord, le sud, l'est, l'ouest, ou
dans un azimut quelconque, produira toujours la même différence de
vitesse quel que soit l'azimut suivant lequel a lieu le déplacement a. •>
Remarques de M. Morin concernant la même question.
« M. Morin fait remarquer que la question de l'influence que le mouve-
ment de rotation de la terre peut exercer sur le niveau des eaux courantes
ou en repos, et sur l'action qu'elles produisent sur leurs rives, se rattache
à un ordre de faits qui a été, il y a déjà plus de vingt-cinq ans, l'objet des
recherches de M. Poncelet. En étudiant les effets de l'eau dans les roues
hydrauliques des anciens marteaux de forge, marchant à grande vitesse,
l'illustre géomètre a reconnu que la surface du niveau de l'eau contenue
dans chaque auget, au lieu d'être sensiblement plane et horizontale, comme
dans les roues à petite vitesse, affecte une courbure cylindrique, dont
l'axe parallèle à celui de la roue, et situé dans le plan vertical de ce der-
nier, en était éloigné d'une quantité d'autant plus petite, que la vitesse était
( 66o )
plus grande, et qui était égale à la valeur que prenait l'expression :— , dans
laquelle g = 9™, 8088 et V, exprime la vitesse angulaire de la roue.
» Partant de ce théorème, M. Poncelet a donné une théorie de l'effet
utile des roues à augets à grande vitesse, dont M. Morin a eu l'occasion de
vérifier directement l'accord avec les résultats de l'expérience.
» L'application des mêmes considérations avait aussi conduit M. Pon-
celet à plusieurs conséquences relatives aux surfaces du niveau des eaux de
la mer, et il n'est pas inutile de rappeler ces recherches pour montrer que
les considérations sur lesquelles M. Babinet se base pour expliquer l'action
des eaux courantes des fleuves sur leurs rives, avaient déjà été l'objet des
études de notre savant confrère. »
ZOOLOGIE. — Recherches sur le développement rfu Trichina spiralis;
parM.. R. Virchow, de Berlin. (Traduites par M. P. Picard.)
(I Depuis quelque temps, je me suis spécialement occupé de rechercher
la présence du Trichina spiralis dans les muscles de l'homme ; j'ai pu me
convaincre que cet animal se rencontrait très-souvent à Berlin. Depuis
huit mois, j'ai eu l'occasion d'en observer six ou sept cas. J'ai trouvé le Tri-
china spiralis dans presque tous les muscles, même dans les muscles du
larynx, de la langue, de l'œsophage et dans le diaphragme. Je ne l'ai trouvé
qu'une seule fois dans le cœur, ce qui peut s'expliquer par les conditions
chimiques spéciales dans lesquelles se trouve ce muscle.
it Je passe sous silence les divers cas dont je viens de parler et qui ne
présentent aucun intérêt spécial, pour ne m'occuper que de la dernière
autopsie qu'il m'a été donné de faire. Dans ce cas fort intéressant, j'ai trouvé
un nombre incroyable de Trichina; la plupart étaient encore en vie ; je pus
voir très-nettement leurs mouvements intérieurs et extérieurs, quand je les
eus retirés du kyste qui les entourait ; j'ai pu aussi les observer enveloppés
dans ce dernier, après l'avoir traité par la soude.
» L'histoire du Tnc/ima étant peu connue, je résolus de tenter quelques
expériences et d'en faire manger à un chien. MM. Herbst, Leuckart et Ziner
ont déjà tenté des expériences analogues ; la plupart n'ont pas obtenu de ré-
sultats satisfaisants, surtout lorsque les Trichina provenaient de l'homme.
Leuckart trouva un Trichina vivant dans l'intestin dune souris qu'il avait
nourrie avec cet entozoaire; Herbst prétend avoir retrouvé dans les muscles
d'un chien un Trichina qu'il avait fait manger à cet animal.
( 66i )
» Le chien aiiqiicl je fis manger un grand nombre de Tricldna était déjà
malade an débnt de l'expérience; ce détail, que j'ignorais malheureuse-
ment, ne nous permit pas de prolonger longtemps l'expérience; trois jours
et demi après avoir mangé le Tricliina, ce chien mourut d'une double
pleurésie hémorragique. L'autopsie fut faite peu de temps après la mort;
je trouvai dans le poumon de nombreuses ecchymoses peu étondurs: j'es-
pérais déjà rencontrer des Trichina dans ces points, mais je ne pus parvenir
à les voir.
» Je fus plus heureux pour l'intestin. Outre plusieurs ténias et un grand
nombre de podrospermes que contenaient les villosités intestinales, je ren-
contrai dans le mucus qui remplissait la partie supérieure de l'intestin grêle,
un nombre très-considérable de Trichinn libres et vivants. Je ne trouvai
aucune trace de leur kyste d'enveloppe; la plupart étaient entourés de
graisse figée, et ressemblaient, à l'œil nu, à de petits bâtonnets blanchâtres;
cette disposition n'était pourtant pas constante. Les autres Trichina étaient
si petits, qu'on ne pouvait les reconnaître qu'après les avoir débarrassés du
mucus qui les entourait : ils étaient remarquables par leur transparence.
» Ces entozoaires étaient véritablement àes, Trichina: d'abord ils se trou-
vaient en grand nombre; puis ils ressemblaient aux autres Trichina par
toutes leurs parties ; ils étaient cependant plus avancés dans leur déve-
loppement; à côté des Trichina développés se trouvait un nombre assez
considérable de Trichina morts.
» Ces animaux étaient trois ou quatre fois plus longs, deux fois seule-
ment plus larges que les Trichina primitifs ; ils n'avaient plus la forme
spirale; ils étaient étirés, surtout du côté de la tête. L'extrémité caudale,
plus volumineuse que d'habitude, était un peu recourbée. A l'intérieur de
leur corps, on voyait leur appareil génital entièrement développé; j'ai pu
voir, serrés les uns contre les autres, des œufs, d'un aspect pâleet blanchâtre;
j'ai même observé des cellules spermatiques, et dans quelcjues cas, des sper-
matozoïdes bien formés. Les Trichina avaient une grande ressemblance avec
le Trichocéphale, ce qui viendrait à l'appui des idées de Kiichenmeister, qui
prétend que le Trichina ne diffère du Trichocéphale que par le degré de
développement. Les recherches de M. Davaine sur le développement des
œufs du Trichocéphale hors du corps vivant tendraient aussi à étayer
cette manière de voir. Je n'ai cependant jamais rencontré dans les n)âles
les organes génitaux caractéristiques du Trichocéphale, et peut-être le
Trichina eùt-il pu devenir un autre entozoaire, un Strongle intestinal par
.C. R., iHSg, î»" SimKslre . (T. XI.1X, N» 19.) 87
( 662 )
exemple. Ce qui est démontré, c'est que le Trichina, de même que le Cysti-
cerque ou l'Ecchinocoque, peut continuer son développement dans l'intestin
des carnivores. »
PHYSIQUE. — .Sur les courants électriques observés dans les liijnes télégraphiques
suisses pendant l'aurore boréale du 2 novembre iSSg; extrait d'une Lettre
de M. Auguste de la Rive.
« Genève le 3 novembre 1859.
» Lorsque dans ma Lettre sur l'aurore boréale du 28 au 29 août,
insérée dans le Compte rendu des séances de l'Académie du 26 septembre,
j'attribuais l'intensité et l'apparition hâtive de cette aurore à la sécheresse et
aux chaleurs exceptionnelles de l'été de iSSg, qui avaient accumulé une
énorme quantité de vapeurs chargées d'électricité dans les régions supé-
rieures de l'atmosphère, je ne croyais pas que celte explication trouverait
si promptement sa justification. Le nombre considérable d'aurores boréales
qui ont suivi en septembre et en octobre celle du 29 août, joint à la chute
extraordinaire de neige qui a eu lieu du 22 au 24 octobre dans une grande
partie de l'Europe, montrent en effet que la partie supérieure de l'atmos-
phère était remplie de ces particules glacées, dont la présence est accusée
par les légères nuées que rendent lumineuses ces décharges électriques et
qui sont désignées sous le nom de plaques aurorales. Ce sont es mêmes par-
ticules, dont la température excessivement basse a été prouvée par MM. Bixio
et Barrai lors de leur ascension en ballon en i85o, qui donnent naissance
aux halos lunaires, compagnons fidèles des aurores boréales, comme on a
pu le voir dans celle du 1 2 au 1 3 octobre, et à la chute de neige qui suit en
général l'apparition consécutive de plusieurs aurores boréales, ainsi que
cela a été remarqué par la plupart des observateurs et en particulier par
M. Necker de Saussure, qui a observé un si grand nombre d'aurores à l'île
de Sky où il réside depuis plus de vingt ans.
M Je remarque en passant que ce sont ces mêmes particules de glace si
froides, qui donnent naissance à la grêle quand elles traversent des nuages,
c'est-à-dire de l'eau, tandis qu'elles produisent la neige quand c'est simple-
ment l'air humide qu'elles rencontrent sur leur passage; dans les deux cas
également il y a, comme on le sait, dégagement d'électricité.
» Mais ce n'est point pour exposer les réflexions qui précèdent que j'ai
pris la plume : c'est pour communiquer à l'Académie des observations très-
( 663 )
bien faites sur les courants électriques qui ont circulé dans les fils des lignes
télégraphiques suisses pendant l'aurore boréale du 2 septembre. Cette aurore,
invisible en Europe à cause de la présence du soleil pendant son apparition,
mais qui a été vue à la Guadeloupe et à la Havane, n'a pas été moins
remarquable que celle du o.g août, si du moins on en juge par les effets
qu'elle a produits sur les lignes télégraphiques et par les perturbations
qu'elle a occasionnées dans les appareils des observatoires magnétiques.
M. Hipp, ingénieur très-distingué qui est à la tête des ateliers de construction
des appareils télégraphiques en Suisse, a pu suivre à Berne la marche des
courants naturels dans les fils télégraphiques qui aboutissent à cette ville.
L'intensité et le sens de ces courants étaient déterminés par la déviation
d'ime aiguille aimantée, entourée d'un fil qui fait 3o circonvolutions autour
d'elle, appareil qui constitue la boussole dont chaque station télégraphique
en Suisse est munie; le courant normal qui sert aux communications doit
avoir la force suffisante pour la faire dévier de 3o degrés. J'ajoute encore,
pour faciliter l'interprétation des observations, que les extrémités des fils
télégraphiques communiquent avec le sol au moyen de plaques en cuivre
de quatre pieds carrés de surface, immergées à huit pieds de profondeur
dans de l'eau ou du moins dans un terrain très-humide.
» M. Hipp a trouvé, comme les autres observateurs, que les lignes trop
courtes ne donnaient aucun signe de courant et que les signes les plus pro-
noncés étaient accusés par les lignes les plus longues et notamment par
celles dirigées du nord au sud, telles en particulier que la ligne Zurich,
Berne, Fribourg, Lausanne. H aréussienoutreà déterminer lesensducourant:
ainsi il a trouvé qu'il cheminait en même temps dans le même sens de Zurich
à Berne et de Berne à Lausanne par Fribourg, comme si le second était la
continuation du premier. En suivant de 1 5 en 1 5 secondes, pendant un cer-
tain temps, la marche des courants, il a observé que, après avoir eu une
certaine direction, ils en chàngaient, non brusquement, mais après avoir
passé par une intensité d'abord croissante, puis décroissante, puis nulle.
Ainsi le courant dirigé de Zurich à Berne-Lausanne commençait par aug-
menter de force, faisait dévier l'aiguille jusqu'à 4^ degrés, puis diminuait, et
au bout de 2 à 3 minutes arrivait à o degré, pour changer ensuite de sens
et cheminer de Lausane à Berne-Zurich, atteignant un maximum de 3o de-
grés, par conséquent moins élevé que le premier; ce dernier courant, après
avoir eu une durée de i à i^ minute, c'est-à-dire moitié moindre que
le premier, redevenait nui pour changer encore de sens, et ainsi de suite.
87..
( 6<34 )
11 résulte de ces observations que, pendant la durée de l'aurore boréale,
deux courants se succèdent dans les fils télégraphiques ayant la direction
générale du nord au sud, l'un deux fois plus fort environ et d'une durée
double; c'est celui qui chemine du nord au sud; l'autre plus faible et d'une
durée moindre et allant en sens contraire. Le premier est évidemment une
dérivation du courant terrestre dû à la décharge qui produit l'aurore et qui
doit cheminer dans la terre, comme je l'ai démontré, du pôle à l'équateur,
c'est-à-dire du nord au sud dans notre hémisphère, et non du sud au norfl
comme on l'a imprimé par erreur dans ma précédente Notice sur l'aurore du
29 août. Le second provient des polarités secondaires qu'ont acquises les
plaques de cuivre qui plongent dans le sol, en transmettant le cournnt
principal qu'elles dérivent comme des sondes qui vont le chercher.
» Je ne cite pas ici tous les nombres exprimant les déviations des bous-
soles et par conséquent les intensités des courants que M. Hipp à déterminés;
ils sont variables avec la direction des lignes et leur longueur et le moment
de l'observation ; il a obtenu des déviations de 58 degrés entre Zurich et
Berne et même de 64 degrés entre Berne et Bâle, ce qui indique des courants
d'une bien grande intensité et au moins triples du courant artificiel normal
qu'on emploie pour les communications ordinaires, puisque ce courant ne
fait dévier l'aiguille que de 3o degrés et que la force augmente, comme
on le sait, dans une proportion bien plus grande que les angles de dévia-
tion.
» Il n'y aurait donc véritablement dans le sol, pendant l'apparition
d'une aurore boréale, que des courants dirigés du pôle à l'équateur, c'est-
à-dire du nord au sud dans nos latitudes; ces courants seraient seulement
d'une intensité variable; quant aux courants inverses et d'une durée
moindre, qu'indiquent les appareils, ils ne seraient que l'effet de la manière
dont on perçoit les premiers en plongeant dans le sol humide pour les
dériver des plaques de cuivre qui se polarisent bien vite.
» Au reste, l'existence dans le sol de ces courants dirigés du nord au sud
se trouve confirmée par les observations faites avec les magnétomèlres,
soit à Rome par le Père Secchi, soit à Livourne par le R. P. Moure, soit à
l'Observatoire de Paris par MM. Charault et Desains. Toutes ces obseiva-
tions ont montré que les perturbations qui ont lieu au moment de l'appa-
rition d'une aurore boréale, consistent dans une augmentation d'intensité
dans la composante verticale et une diminution dans la composante hori-
zontale, ainsi que dans une augmentation dans l'inclinaison et dans la décli-
( 665 )
liaison. Or, si on examine quelle doit être, d'après les lois de l'électrodyna-
iniqiie, l'action sur les magiiétoniètres d'un ou de plusieurs courants dirigés
du nord au sud, on trouve qu'elle est exactement celle que démontre l'ob-
servation. Eu effet, remarquons que la direction des courants terrestres doit
être, d'après notre théorie, celle du méridien terrestre, faisant un angle
avec le méridien magnétique; seulement près du Nord l'influence du ma-
gnétisme terrestre fait dévier ceux des courants qui sont dans l'atmosphère,
et qui, étant parfaitement mobiles, obéissent facilement à l'action d'une force
étrangère : c'est pourquoi le centre de l'aurore boréale est le pôle magné-
tique et non le pôle terrestre. Or, si on décompose chaque élément du cou-
rant terrestre, dont la direction, qui est à peu près celle du nord au sud, forme
un angle avec celle du méridien magnétique, en deux composantes, l'une
perpendiculaire, l'autre parallèle à ce méridien, la première, qui agit sous
l'aiguille comme un courant dirigé de l'est à l'ouest, augmentera évidem-
ment son inclinaison et la composante verticale du magnétisme terrestre;
l'autre, qui agit également sous l'aiguille, mais comme un courant dirigé
dans le méridien magnétique du nord au sud, la fera dévier à l'ouest en di-
minuant la composante horizontale.
» Au reste, ces courants terrestres, qui dans nos latitudes ne se manifes-
tent d'une manière prononcée que lors de l'apparition des aurores boréa les ,^
doivent exister à un beaucoup moindre degré, d'une manière presque per-
manente, surtout dans les régions septentrionales, car la décharge entre
l'électricité positive de l'atmosphère et la négative de la terre doit avoir
lieu constamment près des pôles, seulement avec une intensité variable sui-
vant la saison et suivant l'état de l'atmosphère. C'est ce que prouve au reste
l'apparition presque quotidienne de l'aurore boréale dans les stations rap-
prochées du pôle nord, qu'ont signalée MM. Lottin et Bravais dans leur
séjour à Bossekop, soit plus tard les observations du Canada et des États-
Unis. Ainsi il résulte des obsei-vations recueillies par M. Henry, professeur à
la Smilhsonian Institution, que dans le nord des États-Unis l'aurore a été vue
pendant 261 nuits en i85o, et pendant 207 en i85i, c'est-à-dire pendant
presque toutes les nuits claires. »
(666 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
L'Académie reçoit une Note destinée au concours pour le grand prix^le
Mathématiques de iSSg, question concernant la théorie mathématique des
marées. Cette Note est annoncée comme supplément à un Mémoire précé-
denunent envoyé. Le Mémoire en question a été présenté dans la séance du
a8 mars dernier et inscrit sous le n° j ; mais, par suite d'un défaut de forme,
il n'a pas été mentionné dans le Compte rendu imprimé de cette séance.
Ces deux pièces seront réservées pour la future Commision.
MÉDECINE. — De la narcotisation localisée pratiquée à [aide d'injections de
sulfate d'atropine sur le nerf pneumogastrique comme nouveau moyen derjuérir
les attaques d'asthme ; par M. A Courty. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Velpeau, Rayer, J. Cloquet. )
« Madame C...., âgée de cinquante-quatre ans, encore réglée, d'une
petite taille, d'une constitution sèche, mais assez forte, d'un tempérament
nerveux-sanguin, depuis l'âge de onze ans, n'a jamais souffert la moindre
douleur et ne se rappelle avoir eu aucune maladie nerveuse. Seulement, à
l'âge -de huit ans, pendant une épidémie de dyssenterie, elle fut atteinte
comme beaucoup d'autres, et resta deux mois malade. Mariée à vingt-
huit ans, elle eut un enfant qui mourut à l'âge de six mois.
» Il y a quatre ans, à la suite d'une course rapide et pénible, qui avait
déterminé une transpiration abondante, elle se refroidit et éprouva à
l'instant même une grande difficulté dans la respiration. La dyspnée aug-
menta peu à peu, soit par défaut de soins, soit plutôt par suite de la nature
même de la maladie au développement de laquelle le refroidissement et la
suppression brusque de la transpiration avaient servi de cause occasionnelle,
et bientôt les accès d'asthme, séparés par des intermittences plus ou moins
longues, mais rarement exemptes d'oppression, atteignirent le degré de
violence que je leur ai reconnu depuis que je donne mes soins à cette
malade.
» Plusieurs médecins avaient déjà donné des soins à madame C....,
et essayé vainement de la soulager par l'usage longtemps prolongé de l'ipé-
cacuanha, de la belladone, des vésicatoires et des autres moyens usités
Mi.
( 667 )
eu pareille circonstance, même des inspirations d'étber et de chlorotornie
« Lorsque je fus appelé auprès d'elle pour la première fois, il y a environ
dix-huit mois, je le trouvai en proie depuis plusieurs jours à un de ses
violents accès, ne pouvant ni dormir ni manger, ayant beaucoup de peine
à parler, l'oppression se trouvant par moments interrompue par des quintes
de toux très-fatigantes, avec état vultueux et violacé des lèvres et de la
face d'ailleurs ordinairement assez pâle, produisant l'imminence de la suffo-
cation et suivies d'une expectoration muqueuse qui apportait à peine un
soulagement de quelques minutes.
» L'auscultation fait constater qu'il n'existe aucune altération organique
du cœur, mais qu'il y a un peu d'emphysème pulmonaire, notamment vers
le sommet des deux poumons, et une contraction spasmodique des bron-
ches, de la trachée et de larynx déterminant un râle sibilant des plus
intenses.
» Un émétique, un purgatif, des frictions sur le cou avec l'onguent
napolitain belladone, des pilules antispasmodiques composées d'opium,
d'extrait de valériane et d'extrait de belladone à parties égales, l'usage
interne du chlorate de potasse, et des sinapismes promenés sur divers
points, me parurent successivement appelés à remplir les principales indi-
cations et finirent par produire en effet, au bout d'une quinzaine de jours,
un soulagement marqué, suivi lui-même de la fin de l'accès et d'une amélio-
ration notable de la maladie pendant l'intermission, notamment de la possi-
bilité pour madame G.... de se coucher dans son lit. Les mêmes moyens
furent employés avec la même efficacité une autre fois et parurent conjurer
un nouvel accès, sans amener d'ailleurs un résultat suffisant pour per-
mettre à la malade de sortir de son appartement.
» Mais, quelques mois après, la maladie reparut avec une violence telle,
que, après avoir employé de nouveau sans succès, pendant trois semaines,
les mêmes moyens, la fumée deDatura stramonium,descigarettesEspic, etc.,
je crus devoir recourir aux lumières d'un confrère. Mon collègue et ami, le
professeur Bouisson, appelé en consultation, après avoir examiné attentive-
ment la malade, partagea mon avis sur la nature de l'affection, et nous ar-
rêtâmes ensemble le traitement suivant : pilules de Dupuy, vésicatoires pro-
menés sur la poitrine et pansés avec l 'hydrochlorate de morphine, usage
des Eaux-Bonnes.
» Malgré l'usage longtemps continué de ces moyens et de plusieurs au-
tres, cette nouvelle crise se prolongea plusieurs semaines encore. Enfin elle
( 668 )
s'apaisa par degrés, et une nouvelle inlermission, ramenant un peu de
calme, permit à la malade de prendre haleine pendant trois ou quatre
mois. Madame C — ne pouvait pourtant ni sortir, ni se livrer à ses occu-
pations ordinaires.
» Le a8 août j859, je fus ap[)elé poiu' un nouvel accès, en tous,
points semblable aux plus intenses observés déjà sur la même malade.
Je pris aussitôt le parti d'essayer sur madame C... l'influence si rem-
arquable de la narcotisatiou localisée. En conséquence, le même jour
à 3''3o'" du soir je pratiquai une première injeclion de 6 gouttes de la solu-
tion de sulfate d'atropine au centième, équivalent à près de 2 milligrammes
de ce sel, en dedans du sterno-cléido-mastoïdien gauche, au niveau du
cartilage thyroïde, sur le trajet de la gaîne des vaisseaux et nerfs du cou,
c'est-à-dire du pnetuno -gastrique. Le trois-quarts (ut enfoncé de 7 à 8 milli-
mètres seulement de peiu' de léser les organes importants de la région.
Quelques minutes après l'injection, vertiges, sécheresse de la bouche et de
la gorge, dilatation des pupilles, fréquence du pouls, impressionnabilité
très-grande à la voix et au toucher. A 5 heures, nous constatons ces divers
symptômes de narcotisation. En même temps nous remarquons avec plaisir
<|ue la respiration est ini peu plus aisée. Sinapismes aux pieds.
« 29 août. Pendant la nuit, il y a eu un peu d'agitation et même de dé-
lire; à 2 heures du malin une quinte de toux. Cependant madame C... a
pu coucher dans son lit et dormir par intervalles assez fréquents. D'après
nos instructions, elle a pris une pilule de o'^'.osSd'extraitgommeux d'opium.
Ce matin à 1 1 heures l'oppression est moins forte, plus de céphalalgie, de
temps à autre quelques tournoiements de tête et des quintes de toux moins
longues que précédemment. Deuxième injection de 6 gouttes, au uième ni-
veau, du côté droit, mais à une profondeur au moins double : le trois-quarts
ayant fait la piqûre, la canule seule fut enfoncée peu à peu, de manière à
avancer sans danger aussi près que possible du pneumo-gastrique. A i i''3o™
somnolence, congestion vers la tête, la malade ne se plaint de rien. Les
symptômes de narcotisation vont en augmentant. A 3 heures du soir ma-
dame C se trouve encore dans l'état de stupeur qui l'a pri.se, nous dit-on,
après ii''3o"'; elle ne nous reconnaît pas, semble effrayée quand ou s'ap-
proche d'ellr, profère des mots sans suite, revient pourtant à elle-même en
peu d'instants et répond très-laconiquement à nos questions; céphalalgie,
bouche sèche, sensation de brûlure dans le pharynx et l'œsophage, dilata-
tion des pupilles, pouls petit, fréquent, respiration presque normale. (Sina-
( 669 )
pismes aux pieds, o^^io extrait gommeiix d'opium, divisés en 4 pilules éga-
les à prendre de demi-heure en demi-heure, jusqu'à diminution notable des
symptômes.) A 9 heures les symptômes d'intoxication sont moindres; mais
comme la malade n'a pris qu'une pilule, il paraît convenable, pour la déli-
vrer plus vite, de mettre des sinapismes aux mollets et de donner une nou-
velle dose d'opium.
» 3o août. Pendant la nuit le sommeil a été un peu agité par des rêves,
des cauchemars. La respiration, quoique plus aisée, n'est pas tout à fait
aussi libre qu'elle l'était hier pendant l'intoxication. Nous avions remarqué,
depuis plusieurs jours, un état saburral de la langue, la bouche était pâ-
teuse, l'appétit presque nul, la constipation opiniâtre : la malade a rendu
ce matin une tasse de café. En conséquence nous prescrivons un purgatif
(huile de ricin 5o grammes, eau de menthe, sirop de limons, aa 20 grammes.
Mêlez.) 10 heures du soir. Madame C... a vomi le purgatif et tout ce qu'elle
a pris après (bouillon aux herbes, tisanes, etc. Nous prescrivons un lave-
ment laxatif qui est rendu bientôt sans matières fécales).
» 3i août. La nuit a été très-bonne : il y a longtemps, nous dit ma-
dame C , qu'elle n'en avait passé de pareilles. Sommeil de plusieurs
heures. La langue est toujours saburrale, épaisse, javinâtre, la bouche
amère, les envies de vomir sont bien manifestes (5 centigrammes tartre
stibié, à répéter si les vomissements ne sont pas assez considérables).
8 heures du soir, la malade a vomi des matières jaunes-verdâtres, après la
première prise. Elle se sent fatiguée après la première prise. Néanmoins la
respiration devient de plus en plus libre, l'expectoration est facile ; il n'y
a que quelques rares quintes de toux. Les règles arrivent à l'époque
ordinaire.
» i" septembre. Moins de sommeil que la nuit précédente, du reste, pas
de quintes de toux, expectoration facile, respiration aisée, un peu sifflante.
Ail heures, troisième injeclion de 7 gouttes, au-dessus du dernier point
piqué à droite; la canule, pénétrant à a centimètres, est promenée de haut
en bas de manière à disperser le liquide dans une plus grande étendue sur
le trajet du nerf. 2 heures du soir. Depuis 1 1'' So™, la malade ne connaît
plus personne, elle entend pourtant et, à chaque parole, elle paraît surprise
des sons qu'elle perçoit ; peu de dilatation de la pupille, tète chaude, pouls
petit, fréquent, respiration très-aisée (sinapismes aux pieds, pilules de
o^^oaS d'extrait gommeux d'opium à prendre de 3o minutes en 3o minutes
jusqu'à cessation des phénomènes d'intoxication). 7 heures du soir. La
c. R., 1859, 2'' Semestre. (T. XLIX, N» 19.) 88
(670)
malade a recouvré ses sens depuis 4 heures, après avoir pris deux pilules
d'opium; la céphalalgie a diminué progressivement, il y a encore des étour-
dissementset un peu de sécheresse dans la bouche; pas de quintes de toux
depuis ce matin, la respiration est très-facile.
» A partir de ce moment, c'est-à-dire quatre jours après la première
injection, l'accès d'asthme est entièrement terminé et la malade peut être
considérée comme guérie.
» I*' octobre. Madame C... est entièrement rétablie. Elle respire facile-
ment, digère bien, peut se promener et reprendre les soins de son ménage.
1" novembre. La guérison ne s'est pas démentie. Madame C est venue
me voir plusieurs fois dans mon cabinet, bien que son logement soit très-
éloigné du mien. Elle monte l'escalier sans oppression, la respiration est
libre; elle ne se rappelle pas avoir jamais été aussi bien portante depuis
quatre ans, époque de l'invasion de sa maladie; elle se regarde, malgré les
craintes que nous exprimons à cet égard, comme délivrée pour toujours de
son asthme et en possession de sa santé d'autrefois. »
GÉOLOGIE. — Sur rage véritable des poudingues de Nemours et des sables
coquilliers d'Orinoy ; par M. Ch. d'Orbigny. (Extrait par l'auteur.) •
(Commissaires, MM. Cordier, d'Archiac, Sainte-Claire-Deville.)
« Le travail que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie
a pour objet : 1° de déterminer exactement l'âge relatif des poudingues de
Nemours (Seine-et-Marne) ; a" de prouver que la couche à coquilles marines
découverte à Ormoy (Seine-et-Oise) doit être placée à la partie inférieure
des sables de Fontainebleau, et non au-dessus de ces sables, comme on le
prétend ; 3" de signaler dans le bassin parisien deux nouvelles assises im-
portantes de poudingues, l'une subordonnée aux sables dits de Fontaine-
bleau, l'autre placée à la base du diluvium erratique du chemin de fer de
Paris à Vincennes, où elle forme un banc continu de plus d'un mètre de
puissance sur une étendue d'environ un demi-kilomètre. Je me bornerai
dans cet extrait à indiquer très-sommairement les pricipaux résultats aux-
quels je suis arrivé concernant les poudingues de Nemours et l'assise marine
d'Ormoy.
» I. Poudingues de Nemours. — Aucune formation des environs de Paris
n'a peut-être été l'objet de plus de discussions et d'une plus grande diver-
gence d'opinions. M. A. Brongniart a cité seulement ces poudingues d'une
(67r )
manière générale comme se trouvant entre la craie et le calcaire siliceux; il
en faisait une formation marine littorale. M. d'Archiac en a fait un dépôt
synchronique du calcaire grossier. M. Raulin les a considérés comme une
formation marine, représentant à la fois les sables du Soissonnais, le calcaire
grossier et les sables de Beauchamp qui, aux environs de Paris, séparent
l'argile plastique de l'étage gypseux. Enfin plus récemment M. Hébert, qui
de son côté a étudié d'une manière toute spéciale ces mêmes poudingues,
a résumé son Mémoire par les conclusions suivantes : « Les cailloux et pou-
» dingues de Nemours ont été accumulés dans les lieux où on les observe
1) aujourd'hui, antérieurement au dépôt de l'argile plastique, à laquelle ils
» ne se lient aucunement. «
» Pour expliquer des opinions aussi contradictoires, je dois rappeler en
peu de mots les difficultés qu'offre l'étude de l'importante assise dont il
s'agit. Cette assise se présente sous forme de nombreux galets de silex, quel-
quefois conglomérés par un ciment siliceux qui les convertit en poudingues,
mais plus souvent isolés et non agglutinés.
» Ces galets et poudingues siliceux constituent des ilépôts considérables
dans diverses localités de la partie sud-est du bassin parisien, notamment
sur les deux rives du Loing, de Nemours à Château-Landon (Seine-et-
Marne). Généralement ils sont en partie éboulés à la base des collines, repo-
sant alors sur la craie endurcie, et recouverts d'une manière peu distincte
par les travertins inférieurs aux sables de Fontainebleau. Dans quelques
localités, cette formation ne semble même représentée que par de gros blocs
disséminés à la surface du sol, et qui d'ordinaire reposent sur le terrain cré-
tacé. C'est par suite de cette apparence anormale que les poudingues de
Nemours ont été si longtemps l'objet de discussions relativement à leur âge,
à leur origine marine ou lacustre, et indiqués à tort comme ne constituant
pas de banc continu. Plus heureux que les géologues cités ci-dessus, et
peut être aussi grâce à un concours do circonstances favorables, je suis en
mesure aujourd'hui, non-seulement de prouver que ces silex et poudingues
forment une assise régulière, mais encore d'en indiquer d'une manière pré-
cise la position relative dans l'échelle géognostiqne des terrains parisiens.
(Suivent des coupes réelles et la description détaillée de ce terrain.)
» En résumé, il résulte de tout ce qui précède que la formation d'argile
plastique est infiniment plus complète et plus puissante qu'on ne le suppo-
sait anciennement.
» Divers sondages faits à Grenelle, à Vincennes, etc., ont démontré
88..
(67a)
que cette formation Jluvio-marine atteint parfois jusqu'à 5o mètres d'é-
paisseur.
» Aux environs de Paris, et dans la partie nord du bassin, le terrain
d'argile plastique se compose de couches successives ou alternatives très-
variées, telles que sables et grès souvent coquilliers, marnes, lignites, argiles
plastiques plus ou moins pures et de diverses couleurs; puis, à la partie la
plus inférieure de tout ce système, se trouve la zone de conglomérat à débris
de Mammifères que j'ai découverte à Meudon.
» Dans la région méridionale du bassin parisien, cette formation a une
puissance moins grande, ne semble pas contenir de corps organisés, et se
présente aussi avec des caractères et des allures très-variables d'une contrée
à l'autre. Les grès et les poudingues de l'argile plastique ne se voient pas
partout; mais lorsqu'ils existent réunis à l'argile, le banc de grès, dont la
position exacte n'avait pas encore été indiquée, se trouve à la partie supé-
rieure ; les galets et les poudingues siliceux forment au-dessous une assise
très-distincte; enfin les sables et l'argile plastique sont placés à la partie
inférieure du dépôt.
» Par conséquent les poudingues de Nemours ne doivent plus être con-
sidérés comme une formation marine synchronique du calcaire grossier
parisien. Ils ne constituent pas non plus, ainsi que le veut M. Hébert, une
formation indépendante intermédiaire entre l'argile plastique et la craie.
Ces poudingues appartiennent positivement à l'étage de l'argile plastique,
dont ils forment l'une des assises essentielles.
» Quant à l'origine et au transport de ces puissants dépôts de silex et de
poudingues, dont les éléments ont été arrachés à la craie, voici l'explication
que je propose : Tous les géologues admettent que la partie supérieure du
terrain crayeux a été fortement dénudée, sillonnée, ravinée à la fin de la
période secondaire ; et ce fait est prouvé par les grandes inégalités que pré-
sente partout la surface de ce terrain. Ne pourrait-on pas admettre aussi
que, durant et vers la fin du dépôt de l'argile plastique, une nouvelle dé-
nudation des collines crayeuses a eu lieu; que la craie a été entraînée et
que les rognons de silex ont été déposés, accumulés dans les vallées à la
place qu'ils occupent aujourd'hui. Je pense que plusieurs dénudations ana-
logues plus récentes ont eu lieu dans le bassin parisien, ainsi que le prou-
vent les zones de silex et de poudingues que j'ai signalées dans les sables de
Fontainebleau.
» II. Jge des sables coquilliers d'Ormoj. — En i85i, M. Hébert a an-
noncé avoir observé à la côte Saint-Martin, près Etampes, et à Ormoy
( 673 )
(Seine-et-Oise), au-dessus de la couche regardée jusqu'alors comme la li-
mite supérieure des sables de Fontainebleau, un banc de sable rempli de
coquilles marines parfaitement conservées, et recouvert par le calcaire la-
custre de la Beauce.
» Cette découverte était d'une assez grande importance pour la géologie
parisienne, d'abord parce que ce nouveau gisement fossilifère pouvait être
assimilé jusqu'à un certain point à l'étage des faluns qui n'est pas représenté
aux environs de Paris ; puis parce que toutes les couches coquillières ratta-
chées jusque-là aux sables de Fontainebleau avaient été trouvées à la partie
inférieure de ce terrain qui a parfois jusqu'à 60 mètres de puissance. Cepen-
dant il résulte de l'étude approfondie que j'ai faite de cette prétendue nou-
velle assise, comme aussi des diverses coupes précises et détaillées que j'ai
données : »
» 1°. Qu'il n'existe pas de fossiles marins à la côte Saint-Martin, près
Etampes, comme l'a supposé M. Hébert ; et que par conséquent aucune
couche n'y est assimilable au gîte fossilifère d'Ormoy;
» 2°. Que, contrairement à l'opinion émise par le même géologue, le
gite d'Ormoy ne peut être placé à la partie supérieure des sables dits de
Fontainebleau ou immédiatement au-dessus;
» 3°. Enfin que par l'ensemble de ses caractères paléontologiques et
stratigraphiques, ce nouveau gîte fossilifère correspond sans le moindre
doute aux couches coquillières de Jeurre, d'Etréchy etde Morigny (environs
d'Etampes), lesquelles sont incontestablement situées à la partie inférieure
des sables de Fontainebleau. Ces couches recouvrent les bancs à Ostrea cya-
thula et lomjirostris, qu'on retrouve au même horizon géologique et en
grande abondance à la butte Montmartre. »
GÉOMÉTRIE — Sur les cnrtes géographiques ; par M. A. Tissot.
(Commissaires, MM. Babinet, Daussy.)
« Quand il s'agit de la construction d'un carte géographique, ou plus
généralement de la représentation d'une surface sur une autre, on choisit
pour chacune de ces surfaces deux systèmes de courbes qui la décomposent
en parallélogrammes infiniment petits ; à chaque ligne ainsi tracée sur la
première, on fait correspondre une des lignes de la seconde ; alors l'inter-
section de deux courbes de séries différentes sur l'une, et l'intersection des
deux courbes correspondantes siu' l'autre, déterminent deux points corres-
( 674 )
pondants ; enfin l'ensemble des points de la seconde, qui correspondent
aux points d'une figure donnée sur la première, constitue la représentation
de cette figure.
» Il y a habituellement déformation lorsqu'on passe ainsi d'une figure
à celle qui la représente; mais autour d'un même point cette déformation
est soumise à une loi qui ne dépend ni de la nature des surfaces, ni de la
position du point que l'on considère, ni de la manière dont on a tracé le
canevas. La voici énoncée en quelques mots :
» Toute représentation d'une sur/ace sur une autre peut être remplacée en
chaque point par une projection orthogonale faite à une échelle convenable.
» Je supprime la démonstration, qui est d'une grande simplicité, pour
revenir avec plus de détails sur l'énoncé de cette loi, et pour donner, égale-
ment sans démonstration, les résultats auxquels elle conduit relativement
aux altérations d'angles, de distances et de superficie.
» Quel que soit le mode de représentation, il existe en chaque point de
l'une des surfaces deux tangentes perpendiculaires entre elles, et, à moins
que les angles ne soient tous conservés, il n'en existe que deux, telles, que
les directions qui leur correspondent sur l'autre surface se coupent aussi à
angle droit. Convenons de leur donner le nom de tangentes principales.
» C'est pour ces directions que le rapport des longueurs de deux éléments
infiniment petits, qui se correspondent sur les deux surfaces, atteint sa plus
grande et sa plus petite valeur. Désignons respectivement ces deux valeurs
par a et h, et supposons a > b.
» Après avoir superposé les plans tangents aux deux surfaces de manière
que les tangentes principales coïncident, faisons tourner le premier autour
de celle à laquelle se rapporte le maximum a, jusqu'à ce que le cosinus de
A
l'angle des deux plans atteigne la valeur -; si on veut obtenir ensuite la
représentation d'une figure infiniment petite préalablement tracée dans le
premier plan tangent, il suffira de la projeter orthogonalement sur le second,
puis de modifier dans le rapport de a à l'unité les dimensions de la projec-
tion ainsi obtenue, en prenant le point considéré comme centre de simili-
tude.
» Supposons que la courbe infiniment petite tracée autour de ce point
soit une circonférence dont il occupe le centre ; la représentation sera une
ellipse qui aura pour axes a et b, le rayon de la circonférence étant pris
pour unité. De plus, après avoir fait coïncider les tangentes principales, on
obtiendra le point de l'ellipse qui correspond à un point donné du cercle
( 675 )
en cherchant l'intersection du rayon qui passe parce point, ou bien de son
prolongement, avec la circonférence décrite sur le grand axe comme dia-
mètre, en abaissant de cette intersection une perpendiculaire sur cet axe et
en déterminant le point où la perpendiculaire rencontre l'ellipse.
» Les tangentes principales sont bissectrices des mêmes angles sur les
deux surfaces, et les rapports de longueurs sont égaux sur les côtés de
chacun de ces angles.
» La représentation diminue tous les angles aigus dont l'un des côtés
coïncide avec la tangente principale qui se rapporte au maximums. SI on
représente par u l'un de ces angles, par «, l'angle modifié et par r le rapport
de longueurs pour son second côté, il viendra
b , y (a — b) sin 2 u
tanerw, = -tanefM, tangfw — m,) = -. — ; — - — y-, >
rcosM, = flcosM, rsinw, = éisiuM, r^= «^cos^w -+- è^'sin'M.
Le maximum de l'altération u — m, est l'angle a, pour lequel on a
a — b 2 \lab . a — h
sina = r» cosa = ri tanea = — ==•
a + 6 a + 0 ^ 2\jab
En appelant U et U, les valeurs correspondantes de u et de «,, et R celle
de r, on trouve
U = 45° + ^, U, = 45"-|, tangU = y/^, tangU. = y/^, R = v'^.
» L'angle le plus altéré est celui que forme la direction ainsi obtenue
avec la droite qui lui est symétrique par rapport à l'une des tangentes prin-
cipales. Cet angle se trouve remplacé par son supplément dans la représen-
tation, et l'altération est égale à 2a.
» A toute autre direction il en correspond une seconde seulement, fai-
sant avec la première un angle qui n'est pas modifié; l'une étant donnée par
l'angle u, l'autre le sera par l'angle 90° — «, .
» Pour tous les angles non modifiés, le produit des rapports de dis-
tances r et r', qui conviennent aux deux côtés, est le même, et l'on a
rr' = ab.
( 676 )
» Si l'on représente par /et r" les rapports pour deux directions à angle
droit, et parô l'altération de cet angle, il viendra
r* + r"» = a* + b^, rr" cosS — ah.
» Lorsqu'on passe de la première surface à la seconde, le rapport H",
suivant lequel l'élément superficiel se trouve modifié, est donné parle rec-
tangle des deux axes. On a
H='=aZ', H = R, a = Htang(45''+ 0, ^> = Htang(45<' - ^V
» Si les aires sont conservées, il viendra
H = R = rr'= rr" cosô = I, tanga = " ~ , rt = tang(45° + - )•
Dans ce cas, les deux éléments de longueur dont l'angle est le plus altéré
n'éprouvent pas de modification. »
PHYSIQUE. — Recherches sur la polarisation voltaïque; par M. Planté.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, de Senarmont.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur l'intégration des équations
différentielles linéaires; par M. David.
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Bertrand.)
ARITHMÉTIQUE. — Mémoire sur un projet de Tables de logarithmes à neuf et à
dix décimales; par M. H. Montccci.
(Commissaires, MM. Duhamel, Bertrand, Hermite.)
M. Mène soumet au jugement de l'Académie le résultat d'expériences
qu'il a faites concernant la réduction du peroxyde de fer et la nitriftcation.
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour de précédentes
communications de l'auteur : MM. Pelouze, Balard, Fremy. )
( 677 )
M. Rauigufx présente, à l'occasion des communications de M. Gaudry,
sur le terrain de transport de Saint-Acheul où se trouvent des instruments
en silex, une Note concernant la découverte qu'il a faite lui-même « dans les
terrains de transport des environs de Paris, de restes nombreux et variés
de l'industrie humaine, appartenant à diverses générations d'hommes qui
ont habité successivement le bassin de la Seine, à différentes époques de son
creusement. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de
M. Gaudry : MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, d'Archiac, deVerneuil.)
CORRESPONDANCE.
M. Chfjsou, doyen de la Faculté des Sciences de Poitiers, prie l'Acadé-
mie de vouloir bien comprendre cet établissement dans le nombre de ceux
auxquels elle adresse ses Comptes rendus.
(Renvoi à la Commission administrative.)
CHIMIE LÉGALE. — Recherche de l'arsenic; remarques présentées^ à l'occasion
d'une communication récente, par M. E. Filhol. (Extrait.)
« Le Compte rendu de la séance de l'Institut du 17 octobre iSSq ren-
ferme une Note de M. Gaultier de Claubry dans laquelle il est dit que le
procédé de carbonisation des matières organiques qui consiste à traiter ces
matières par l'acide azotique est jugé et repoussé par tous les chimistes. Cette
assertion me paraît trop absolue, et je me vois dans la nécessité de rappeler
que j'ai proposé en 1 848 [Journal de Pharmacie et de Chimie, t. XIV, p. 4o4 )
de faire subir à ce procédé une modification qui fait disparaître les inconvé-
nients qu'on lui reprochait avec raison, et que le procédé ainsi modifié a
reçu l'approbation de tous ceux qui, à ma connaissance, ont essayé de l'em-
ployer. C'est ainsi qu'en iSSa Orfila [Traité de Toxicologie^ t. I, p. 495)
ayant répété mes expériences déclara qu'il avait constamment obtenu les
meilleurs résultats de l'emploi de la carbonisation par un mélange d'acide
azotique et d'acide sulfurique dans la proportion de 100 grammes du pre-
mier et de dix à douze gouttes du second, ce dernier n'étant employé que
pour éviter la déflagration du résidu. »
C. R., 1859, 2">« Semestre. (T. XLIX, N» 19.; 89
( 678 )
A la suite de cette communication, MM. Pelouze et Regnaull font
remarquer que le procédé dont il s'agit dans la Lettre de M. Filhol doit
réussir sans doute quand il est appliqué par un chimiste expérimenté,
mais que hors de cela il pourrait avoir de graves inconvénients. Ils rap-
pellent, en terminant, les réflexions qui ont été présentées sur ce sujet dans
le Rapport lu à l'Académie le i4 juin i84i-
PALÉONTOLOGIE. — Notes sur tes brèches osseuses de Cite de Raloneau près de
Marseille; par M. Marcel de Serres.
« La découverte récente, faite par M. Jules Itier, des brèches osseuses de
l'île de Ratoueau près de Marseille, est venue confirmer deux grands faits re-
latifs à l'histoire de ce phénomène, le même, du reste, que celui qui a comblé
les fentes longitudinales desterrainscalcairesd'une très-grande quantité d'os-
sements. Le premier est relatif au rapprochement de ces brèches des mers
actuelles, fait signalé par Cuvier, et le second se rapporte à la présence dans
leur limon de Mammifères de petite dimension; les plus grands ne dépassent
guère la taille de nos cerfs, à moins que les brèches ne se trouvent réunies
à des cavités à ossements comme cela a lieu en France et dans la Grande-
Bretagne. Il résulte également des observations faites jusqu'à présent, que
le plus grand nombre des espèces que l'on y rencontre ont appartenu aux
Rongeurs.
» Les recherches de M. Paul Gervais, toiit en prouvant que les porcs-
épics ont fait partie de la faune des brèches osseuses, ont en outre une tout
autre importance : elles confirment pleinement les deux faits dont nous ve-
nons de parler etsont un motif puissant de rechercher le genre Hystrix parmi
les animaux des cavernes à ossements.
» Nous avons constamment soutenu, depuis que nous avons porté notre
attention sur ces deux ordres défaits, que le remplissage des fentes longitu-
dinales etdes fentes verticales oùse sont effondrées les brèches osseuses, était
le même phénomène, dépendant des mêmes causes et de la même date. On
sait que nous avons observé dans les environs de Montpellier, auprès de la
métairie de Bourgade, des fentes verticales remplies d'ossements qui, en
s'élargissant à leur base, étaient devenues de véritables cavités ossifères,
analogues à celles qui sont généralement connues sous le nom de cavernes
à ossements.
» La même circonstance s'est reproduite en Angleterre, avec toutefois
( 679 )
cette différence, que les cavités ossifères précèdent les brèches osseuses et
sont terminées par des fentes verticales dont les dimensions sont bien moin-
dres que les fentes longitudinales qui les surmontent. Ces faits, quelle que
soit la différence qu'il y ait dans la position de ces deux ordres de fentes,
n'en prouvent pas moins l'identité du phénomène auquel elles se rap-
portent.
1) Mais comment se fait il que les brèches osseuses soient généralement
plus rapprochées des mers actuelles que les cavernes ossifères? Cette
circonstance paraît tenir à ce que les dernières, plus étendues dans le
sens des couches que les fentes verticales qui les coupent, appartien-
nent pour la plupart à des formations plus anciennes. Aussi je fus fort
étonné, lorsque je découvris les cavernes de Lunel- Vieil, de les voir dans des
calcaires d'une date aussi récente que l'est le calcaire moellon ou miocène.
Cette circonstance s'est renouvelée sans doute plus tard dans d'autres loca-
lités, mais en bien petit nombre. En effet, nous ne connaissons jusqu'à pré-
sent de cavernes ossifères ouvertes dans le calcaire miocène que celles du
Gard et de la Gironde. Le nord de la France n'en a pas offert, du moins
jusqu'au moment actuel (iSSg).
» On se demande encore pourquoi les fentes verticales ont été remplies
par des dépôts ossifères plus tard que les cavernes à ossements. S'il en est
ainsi, cette circonstance tient à ce qu'elles étaient à peu près les seules qui
fussent ouvertes à un âge aussi récent que l'est l'époque miocène. Il se peut
également que la position de leurs ouvertures y ait aussi contribué. Les
fentes verticales ont en effet leurs ouvertures au niveau du sol, tandis que
celles des cavernes sont placées plus ou moins obliquement, relativement
aux terrains où on les observe.
» Cette position diverse explique assez bien les circonstances qui ont pu
se présenter, lors de leur remplissage; car il ne s'agit pas ici d'autre chose.
Les unes de ces ouvertures ont dû favoriser l'entrée des alluvions dans ces
fentes, tandis que les autres ont dû rendre l'accès des matériaux d'alluvion
plus ou moins difficile.
» En définitive, lors des premiers âges, les fentes produites par un pur
effet thermométrique, ou par le retrait du sol, ont été remplies par les filons
métallifères, et celles qui étaient restées intactes et ouvertes n'ont pu rece-
voir que des dépôts de transport ou d'alluvion. Seulement ces dépôts ont
pénétré plus facilement dans les fentes verticales que dans les longitudi-
nales, ainsi que nous l'apprennent l'observation et les faits. »
89..
■• ( 68o )
PATHOLOGIE. — Mémoire sur la glucosurie dans la fièvre paludéenne ;
par M. Ed. Burdel (de Vierzon).
L'auteur en terminant son Mémoire résume dans les termes suivants les
résultats de ses recherches :
« i". Il existe dans les fièvres paludéennes un véritable diabète ou
glycosurie ;
» 2°. Cette glycosurie n'est qu'éphémère, c'est-à-dire qu'étant l'expres-
sion des troubles survenus dans l'organisme, elle apparaît avec la fièvre,
persiste autant qu'elle et disparaît aussi avec elle ;
» 3". La glycosurie de la fièvre paludéenne révèle bien le trouble pro-
fond et spécial qui frappe l'équilibre existant entre le système cérébrospinal
et le système sympathique ;
» 4"- Cette explication donnée par M. Cl. Bernard se trouve confirmée
par ces faits ;
» 5°. Plus l'accès est violent, plus les frissons intenses, plus aussi la
quantité de sucre dans les urines est considérable;
» 6°. Plus au contraire les accès ont été nombreux et ont perdu de leur
force, plus en un mot la cachexie s'établit, moins la quantité de sucre est
élevée. »
M. Baudouin adresse, à l'occasion de la dernière communication de
M. Faje, une Note concernant divers appareils de photographie automa-
tique destinés à rendre plus faciles et plus sûres les observations de l'éclipsé
totale de 1 86o. Il rappelle que pour l'éclipsé de 1 858, un chronographe élec-
trique à triple action, qu'il avait combiné avec le concours de MM. Digney
frères, put être employé avec avantage et fut mentionné en termes bienveil-
lants dans une communication faite peu de temps après par M. Faye. Les
appareils que l'on prépare pour la prochaine observation seront, M. Bau-
douin n'en doute pas, d'une grande utilité; mais, outre les services qu'on en
attend, ils pourraient vraisemblablement, au moyen de quelques additions
et modifications, en rendre d'autres qu'on n'a pas encore songé à leur
demander. C'est dans l'intention de satisfaire à ces desiderata, qui ne se
révèlent que successivement chaque fois qu'on s'avance dans une voie
nouvelle, qu'il s'est occupé de rechercher les solutions pratiques les plus
( 68i )
simples pour faire concourir les appareils électriques, objet constant de
ses études, aux observations astronomiques.
Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Faye.
M. Jobard adresse une Note sur les heureux résultats obtenus d'un
procédé qu'il avait recommandé l'an passé pour prévenir l'incrustation des
chaudières à vapeur.
« Dans le numéro du 1 5 septembre 1 858 de mon journal « l'Exposition
de Dijon », et à l'occasion des belles incrustations des eaux du Puy-de-Dôme
déposées dans des moules par M. Laussedat, j'engageai, dit l'auteur, les pro-
priétaires de chaudières à vapeur à placer dans le fond de leurs bouilleurs
des moules en fonte dans le creux desquels viendraient se déposer les sels
calcaires qui produiraient des bas-reliefs en pierre, tout en préservant
le corps de la chaudière de ces incrustations si difficiles à enlever. Je puis
annoncer aujourd'hui qu'en suivant ces indications un industriel liégeois,
M. Lambert-Ghaye a obtenu des résultats vraiment remarquables. En
plaçant un tablier de tôle dans sa chaudière déjà chargée d'incrustations de
plus d'un centimètre d'épaisseur, il parvint non-seulement à prévenir la for-
mation de nouvelles couches, mais à faire disparaître l'ancienne; elle se
détacha par plaques, qui montèrent sur le tablier, où elles s'accumulèrent
comme des glaçons en se soudant les unes aux autres. »
M. Jobard regarde ce transport des précipités déjà formés comme dû à
des courants thermo-électriques, et pense qu'il aurait eu lieu pour des sels de
soude tout aussi bien que pour des sels calcaires. Des essais vont être entre-
pris dans cette direction. Sans aller même au delà de ce que l'expérience a
constaté, l'emploi du procédé de M. Lambert-Ghaye lui semble déjà digne
d'attirer l'attention de l'Académie, qui jugera peut-être que cette invention
rentre dans l'ordre de celles qu'elle se plaît à encourager par ses récom-
penses.
M. Jobard lui-même profite de cette occasion pour prier l'Académie de
vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats quand elle aura
à nommer un Correspondant dans la Section de Mécanique.
Quelques Membres font remarquer, à l'occasion de cette Lettre, que le
procédé proposé pour empêcher l'incrustation des chaudières n'a pas toute
la nouveauté que lui attribue M. Jobard, et a été, à diverses reprises, men-
tionné plus ou moins explicitement dans des journaux scientifiques.
( 68a )
M. Lecoq, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Académie
un procédé de traitement de la maladie de la vigne, annonce dans une
Lettre datée du i[\ octobre l'intention de venir à Paris pour rendre les
Commissaires à l'examen desquels ses précédentes commimications ont été
renvoyées, témoins de sa manière d'opérer.
La Lettre, par suite d'une mauvaise direction, a été retardée et n'est par-
venue à l'Académie qu'après le jour où l'auteur a dii quitter Paris.
M. Castelin-Clichet adresse de Fumay (Ardennes) une Note ayant pour
titre : « Moyen proposé pour obtenir du roulis de la mer un nouveau mode
de propulsion des navires. »
(Renvoi à l'examen de M. Daussy, qui jugera si cette Note est de nature
à devenir l'objet d'un Rapport.)
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. F.
( 68-i )
BULLETIN BlBLIOCiRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 7 novembre 1859 les ouvrages
dont voici les titres :
Mémoire sur la composition chimique des gaz rejetés par les évents volcaniques
de l'Italie méridionale; par MM. Ch. Sainte-Claire Deville et Félix
Leblanc. Paris, iSSg; br. in-4°. (Extrait du t. XVI des Mémoires présen-
tés par divers savants à l'Académie des Sciences. )
Système de guerre moderne , ou Nouvelle tactique avec les nouvelles armes.
— Observations relatives à la brochure de M. le général Jomini sur la formation
des troupes pour le combat. — Des papiers d'un ancien officier général de [armée
de S. M. le roi de Prusse, Compte rendu par M. le baron d'Azémar, colonel
du 6^ régiment de lanciers; 2* partie. Paris, iSSg; br. in-8°.
Combats à la baïonnette; théorie adoptée en i85g par l'armée d'Italie com-
mandée par S. M. l'Empereur Napoléon III. — Extrait du Système de guerre
moderne, ou Nouvelle tactique avec tes nouvelles armes; par le colonel baron
d'Azémar. Paris, rSSg; br. in-8°.
Nouveau système de chemins de fer découlant d'une solution simple et complète
du problème des pentes; par H, Planavergne. Marseille, 1859; br. in-8".
Mémoire sur les eaux potables d'Orléans; par M. Rabourdin. Orléans,
1859; br. in-S".
De interiori sermonis organo commentarius elucubrabat Aloysius Profumo.
Parisiis, 1869; br. in-8°.
Mémoires et publications de la Société des Sciences, des Arls et des Lettres du
Hainaut; 2* série, t. VL Mons, 1859; in-8''.
Programme des prix proposés par la Société industrielle de Mulhouse, dans
son assemblée générale du a5 mai 1859 pour être décernés dans l'assemblée
générale de mai 1860; br. in-S".
Sulle... Note sur les courants de lave découverts le long du talus du chemin
de f er d' A Ibana; parle proiesseur G. ï'OTiiZl; i feuille in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 14 NOVEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
AIEMOIRES ET C03JMUNICAT10I\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Seconde Note sur l'influence du mouvement de la
. terre; par M. J. Bertranu,
« L'effet qu'il s'agit d'apprécier étant extrêmement petit, il est indis-
pensable dans cette question, plus encore que dans aucune autre, de bien
préciser le problème que l'on veut résoudre : examiner l'influence de la
rotation de la terre sur un phénomène quelconque, c'est chercher les dif-
férences entre ce qui arrive réellement et ce qui arriverait si la terre, ralen-
tissant graduellement son mouvement, cessait de tourner autour de ses
pôles.
)' En entendant la question de cette manière, il ne me semble pas con-
testable qu'un mobile lancé vers l'ouest peut être dévié vers la gauche ou
vers la droite, suivant la vitesse qu'on lui imprime : il suffit pour s'en con-
vaincre d'un raisonnement extrêmement simple, sur le résultat duquel je
ne pense pas qu'il puisse y avoir discussion.
') Je vois du reste, par les explications de M. Babinet, que si nous diffé-
rons dans nos conclusions, cela tient à ce qu'il ne se pose pas le problème
comme je l'ai énoncé plus haut. Pour M. Babinet, il est convenu, à priori, et
en quelque sorte comme définition, que le mouvement de la terre est sans
action sur im fluide en repos relatif. On ne peut pas contester une défini-
C. R., i85p, a'"" Semestre. (T. XMX, N» 20. )_ 9"
( 686 )
tion; mais si l'on admet, comme il est impossible de ne pas le faire, que, la
terre venant à s'arrêter, il en résulterait pour les liquides en repos une
tendance à se précipiter vers le nord, il paraît naturel d'énoncer ce fait en
disant au contraire que sur un liquide placé en repos relatif, la rotation de
la terre exerce une action qui tend à le précipiter vers le sud. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le déplacement vers le nord ou uers le sud d'un
mobile nuise meut librement dans une direction perpendiculaire au méridien;
par M. Babi\et.
« Je me suis porté garant d'un théorème remarquable de M. Léon Fou-
cault sur le déplacement constant vers la droite (dans notre hémisphère)
d'un point libre qui se meut dans une direction horizontale quelconque. J'en
ai deux démonstrations, indépendamment de celle qu'on peut tirer de cet
autre théorème astronomique qui a été donné, par le même savant, dans sa
théorie du gyroscope, savoir : que tout astre qui se lève ou se couche,
quelle que soit sa déclinaison et le point où il perce l'horizon, se meut
azimutaleraent, ou comme on dit en amplitude, d'une quantité angulaire
constante et égale à sa vitesse angulaire autour de l'axe du monde multi-'
pliée par le sinus de la latitude du lieu de l'observateur.
» Ce dernier théorème est curieux et me semble tout à fait nouveau en
astronomie. Il résulte d'ailleurs directement des formules de la trigonomé-
trie sphérique (i).
» L'importance du théorème de M. Léon Foucault relatif au déplace-
ment constant d'un point qui se meut horizontalement dans une direction
(i) Voici la démonstration très-simple de ce théorème de M. Léon Foucault. Imaginez un
triangle sphérique rectangle formé par le pôle P, par le point nord N de l'horizon et par le
point de l'horizon E où se lève l'étoile. Le triangle PNE sera rectangle en N, le côté PN sera
la hauteur du pôle ou la latitude X, le côté PE sera le complément de la déclinaison tl de
l'étoile, et l'arc NE de l'horizon sera l'amplitude ortive de l'étoile compléerà partir du nord.
Dans ce triangle, l'opposition des sinus donnera
sin ).
sinPEN
çosel
Maintenant le petit arc du parallèle que parcourt l'étoile pendant l'unité de tenqjs sera égal
à wcosf/ (m étant le mouvement angulaire de rotation de la terre). Ce petit arc, sensiblement
rectiligne, étant perpendiculaire à PE, (éra en E avec l'horizon, du côté sud, un angle com-
plémentaire de PEN, et le cosinus de cet angle sera le sinus de PEN, c'est-à-dire ■ C'est
' ° cosc/
( 687 )
quelconque, est très-grande dans la physique du globe et ailleurs. Il rectifie
et complète plusieurs théories admises et professées par des savants du
premier ordre. Je pourrais lui laisser le soin d'en donner la démonstration,
.le le ferai cependant dans une prochaine Note. Ici je me borne à montrer
qu'un point libre marchant vers l'ouest, par exemple, avec une vitesse tf,
acquiert vers le nord, c'est-à-dire vers la droite, une vitesse relative égale à
a a sin )i,
(ù étant la vitesse angulaire de la terre autour de son axe, c'est-à-dire -^i
(1 = 86164,09). Ainsi
27r
« = _.
Or, u étant la vitesse angulaire de rotation d'une sphère autour de son
axe, la vitesse d'un point du parallèle dont la latitude est X, sera
wRcosX,
R étant le rayon de la sphère; et tout le monde sait que la force centrifuge
dans le plan de ce parallèle est
w^'RcosX,
qui peut s'écrire et s'écrit souvent co v, car on a
i' = wRcosX.
Cette force, décomposée suivant l'horizon, produit une composante
w* R cos X sin X = w t' sin X,
dirigée vers le sud et qui est l'origine première du renflement équatorial.
Tant que cette force ne varie pas, tant que v reste constant, il n'y a pour
les points du parallèle aucune tendance au déplacement et tout reste dans
donc par cette quantité qu'il faut multiplier le petit arc w cosd pour le projeter en amplitude
sur l'horizon. Cette projection est donc
usin)..
Ainsi, quel que soit d, le mouvement angulaire de l'astre en amplitude sera constant et égal
au mouvement de la sphère céleste multiplié par le sinus de la latitude du lieu de l'observa-
tion. On sait qu'on a la vitesse angulaire de rot.^tion de la terre w égale à -— - 5 J étant le
nombre de secondes de temps solaire moyen que contient le jour sidéral, c'est-à-dire,
86164,09, le temps d'une révolution complète de la terre étant de 24'' 56" 4'» '^9i-
90..
( 688 )
un état stable. Mais il n'en sera plus de même si la vitesse v vient à dimi-
nuer, comme, par exemple, dans le cas où le mobile marche vers l'ouest
avec une vitesse a en sens contraire du mouvement de la terre : alors la
vitesse v n'est plus que v — a et la composante de la force centrifuge diri-
gée vers le sud devient
u(f — fl)sinX,
il s'en faudra donc d'une vitesse
u a sin X
que le point mobile ait la composante vers le sud qui le maintiendrait en
repos relatif; il tendra donc vers le nord (à droite de sa direction qui est
vers l'ouest) avec cette même vitesse
ua sin X.
» Je crois qu'il est fort inutile de faire entrer les notions de la force cen-
trifuge dans cette question; mais comme c'est le point de vue qui paraît avoir
embarrassé plusieurs personnes, j'ai voulu d'avance lever cette petite diffi-
culté en suivant les mêmes considérations qui avaient été invoquées contre le
théorème de M. Léon Foucault, et je suis heureux que l'attention de l'Aca-
démie ait été ainsi appelée sur les grandes théories de la physique du globe,
lesquelles jusqu'ici dans cette enceinte avaient été un peu négligées. >
Observations de M. Delaunay sur la même question.
a Je regrette de me trouver en désaccord avec M. Bertrand, au sujet des
objections qu'il a faites à M. Babinet dans la dernière séance, et qu'il vient
de reproduire aujourd'hui en les appuyant de nouveau. M. Babinet avait dit
que, par suite de l'existence du mouvement de rotation de la terre, les cours
d'eau de notre hémisphère tendent constamment à ronger leur rive droite,
tandis que ceux de l'autre hémisphère de la terre doivent tendre de même
à ronger leur rive gauche, et cela quelle que soit l'orientation de leur direc-
tion. M. Bertrand admet que cette tendance des cours d'eau de notre
hémisphère à ronger leur rive droite existe bien réellement pour ceux qui
sont dirigés suivant le méridien, soit du nord au sud, soit du sud au nord ;
il ajoute que la force qui les porte ainsi vers leur rive droite est trop faible
pour produire un effet sensible. Je suis de son avis sous ce rapport. Mais il
conteste l'existence d'une tendance analogue pour les cours d'eau dirigés de
l'est à l'ouest, ou bien de l'ouest à l'est : je vais essayer d'établir que sur ce
dernier point il n'est pas dans le vrai.
( 689 )
» Les mouvements que nous voyons autour de nous, sur la terre, ne sont
pas des mouvements absolus ; ce ne sont que des mouvements relatifs, puis,
que la terre tourne (nous faisons abstraction ici du mouvement de transla-
tion de la terre dans l'espace, à cause de son peu d'influence sur les phéno-.
mènes dont il s'agit). L'étude de ces mouvements relatifs, la recherche des
particularités qu'ils présentent et qui peuvent nous les faire distinguer des
mouvements absolus, est extrêmement délicate. La marche qui me semble
la plus convenable pour y arriver, consiste à s'appuyer sur une théorie fort
ingénieuse que nous devons à Coriolis, et qui a été tellement simplifiée dans
ces dernières années, qu'elle a pu être introduite dans l'enseignement ordi-
naire de la mécanique rationnelle : je veux parler de la théorie des forces
apparentes dans les mouvementés relatifs.
» Les mouvements que nous voyons s'effectuer autour de nous, sur la
terre, peuvent-ils être traités comme les mouvements absolus? Pouvons-nous
leur appliquer ce que nous savons sur la manière dont les mouvements
absolus sont produits et modifiés par les forces auxquelles les mobiles sont
soumis? Oui, répond la théorie de Coriolis, pourvu qu'à la force qui agit
sur le corps dont on veut étudier le mouvement et qui n'est autre chose que
l'attraction de la terre sur ce corps, on joigne deux forces fictives, savoir :
1° hjorce centrifuge due à la rotation de la terre; a" une autre force que
Coriolis a nommée force centrifuge composée, et dont il a complètement dé-
fini la valeur, la direction et le sens. Ainsi les phénomènes d'équilibre et
de mouvement à la surface de la terre ne sont pas ce qu'ils seraient si la
terre était immobile; ils sont influencés de deux manières différentes par le
mouvement de rotation du globe terrestre : les modifications qu'ils éprou-
vent ainsi peuvent être regardées comme les effets dus aux deux forces fictives
dont il vient d'être question.
o La première de ces deux forces fictives, la force centrifuge, subsiste
seule dans le cas où le corps que l'.on considère est immobile sur la terre,
c'est-à-dire est en équilibre relatif; parce qu'alors la force centrihige com-
posée est nulle, comme on le voit de suite par l'expression de cette force que
nous donnerons dans un instant. C'est la résultante de l'attraction de la terre
sur le corps et de cette force fictive unique (force centrifuge) que nous dési-
gnons sous le nom de poids du cor|>s; c'est l'intensité de cette résultante que
nous obtenons quand nous suspendons le corps à un dynamomètre ; c'est la
direction de cette même résultante qui nous est fournie par le fil à plomb.
Cette résultante joue pour nous le même rôle que si elle était uniquement
due à l'attraction de la terre sur le corps. Rien, dans les phénomènes que
nous observons, ne peut nous faire voir directement que le poids d'un corps.
( 6^0 )
et la direclion du fil à plomb, sont l'intensité et la direction d'une force ob-
tenue par la composition de l'attraction de la terre avec une force fictive,
plutôt que l'intensité et la direction de cette attraction toute seule.
» Mais quand nous passons de l'équilibre relatif d'un corp sur la terre au
mouvement relatif de ce corps, les choses changent complètement. La force
centrifuge composée, qui n'est plus nulle, vient combiner son effet avec
celui qui est dû à l'action du poids du corps; et il en résulte, dans le mou-
vement, des modifications qui nous révèlent l'existence de la rotation de la
terre. C'est la force centrifuge composée qui donne lieu à la rotation du
plan d'oscillation du pendule, dans l'expérience de M. Foucault; c'est elle
qui produit les mouvements qu'on observe dans le gyroscope du même
physicien ; c'est elle enfin qui intervient dans le mouvement des cours d'eau,
et qui tend à porter les eaux vers la rive droite de leur lit.
» Pour définir la force centrifuge composée dont on doit tenir compte
dans l'étude du mouvement d'un corps sur la terre, imaginons que nous
menions par le point A, où se trouve le corps à mi instant quelconque, une
droite AB parallèle à l'axe de rotation delà terre; concevons ensuite que
nous fassions passer un plan par AB et par la direction de la vitesse v du
corps : i°.la force centrifuge composée est perpendiculaire à ce plan ; 2" elle
a pour expression
amtùi'sina,
m étant la masse du corps, w la vitesse angulaire de la terre, et a
l'angle que la direction de la vitesse v fait avec AB; 3° enfin elle agit en sens
contraire du sens dans lequel la droite qui représente la vitesse v serait en-
traînée, si cette droite tournait autour de AB dans le même sens que la terre
autour de son axe. Voyons ce que devient cette force centrifuge composée,
dans le cas du mouvement d'une molécule d'eau dansun cours d'eau, c'est-
à-dire dans le cas où la vitesse f est horizontale. Si la vitesse de la molécule
est dirigée suivant le méridien, et du nord au sud, la force centrifuge com-
posée sera dirigée horizontalement, de l'est vers l'ouest, et aura pour va-
leur
amwi'sinX,
X étant la latitude géographique du lieu, car alors a est le supplément de X.
Si la molécule marche du sud au nord, la force centrifuge composée aura la
même valeur, et sera dirigée horizontalement, de l'ouest vers l'est. Si la mo-
lécule marche de l'ouest vers l'est, la force centrifuge composée sera dirigée
dans le plan méridien et vers le sud ; mais sa direction, au lieu d'être horizon-
tale comme précédemment, fera avec l'horizon un angle égal au complé-
( 69r )
iiient de X ; d'ailleurs l'angle a est alors de 90 degrés : la composante hori-
zontale de celte force sera donc encore égale à
amui'sinX.
Si enfin la molécule marche de l'est vers l'ouest, la force centrifuge com-
posée sera égale et contraire à celle que nous venons de trouver en dernier
lieu, et aura par conséquent la même composante horizontale que cette der-
nière force. Dans chacun deces quatre cas, la force centrifuge composée agit
exactement avec la même énergie pour transporter la molécule d'eau, dans
le sens horizontal, à droite de la direction de sa vitesse. J'ajouterai qu'il est
très-facile de s'assurer que la même chose a lieu lorsque la direction de la
vitesse v fait un angle quelconque avec le méridien. Donc M. Babinet a eu
raison de dire que les cours d'eau (de notre hémisphère), en vertu de la ro-
tation de la terre, tendent tous à ronger leur rive droite, et cela avec la
même énergie, quelle que soit leur orientation sur la surface de la terre.
» M. Bertrand, dans la réponse qu'il a faite à ce qui précède, semble répu-
gner à se servir des forces fictives de Coriolis pour arriver à l'explication
des phénomènes réels qui nous manifestent l'existence de la rotation delà
terre. Je n'ai pas la prétention de dire que la théorie de Coriolis peut seule
en rendre compte. Mais je viens de faire voir que cette théorie conduit très-
facilement à une idée nette et précise de la manière dont les choses doivent
se passer. J'ajoute que de quelque manière qu'on raisonne, en suivant ime
autre marche, on doit arriver identiquement aux mêmes résultats; qu'enfin
si certains raisonnements conduisent à des conséquences différentes, ces
raisonnements sont nécessairement inexacts.
» En parlant de ce qui arriverait si le mouvement de rotation de la terre
venait à se ralentir ou à s'accélérer, M. Bertrand change la nature de la
question. La proposition émise par M. Babinet me semble devoir être pré-
sentée de la manière suivante. On sait que la terre tourne; son mouvement
lie rotation s'effectue avec une vitesse déterminée : il doit en résulter que les
cours d'eau tendent tous à ronger, soit leur rive droite, soit leur rive gauche,
suivant qu'ils sont situés sur l'hémisphère boréal ou bien sur l'hémisphère
austral de la terre, et cela avec une énergie qui ne dépend en aucune manière
de l'orientation de ces cours d'eau sur le globe. Pour préciser davantage, con-
sidérons un canal parfaitement régulier, creusé sur l'hémisphère boréal de
la terre dans une direction quelconque, en ligne droite, ou plutôt suivant
une ligne géodésique. Imaginons que ce canal soit plein d'eau et fermé à ses
extrémités, de manière que l'eau y reste immobile : le liquide exercera des
pressions égales sur les deux rives du canal. Si l'on vient à déterminer le
(692)
mouvement de l'eau le long du canal, la pression diminuera un peu sur la
rive gauche du courant et augmentera un peu sur la rive droite, et cet effet,
dû uniquement à la rotation de la terre, ne se produirait pas si la terre était
immobile.
» Quant à l'intensité de la force qui tend ainsi à porter l'eau d'un cours
d'eau vers sa rive droite, dans notre hémisphère, je répète que je suis d'ac-
cord avec M. Bertrand pour croire qu'elle est beaucoup trop faible pour
produire des effets sensibles. »
Réponse de M. Bertrand à M. Delaunay.
" Je ne pense pas qu'il soit utile d'introduire dans la discussion du pro-
blème les forces centrifuges composées de Coriolis. Ces forces fictives con-
duisent à un résultat exact; mais précisément parce qu'elles sont fictives,
elles ne paraissent pas de nature à faire bien comprendre le mécanisme du
phénomène en donnant l'analyse des causes réelles qui le produisent et de
la manière dont elles sont mises enjeu.
» Cependant, comme le fait observer avec raison M. Delaunay, le théo-
rème étant exact, il faut bien que les conséquences le soient, et toute
autre méthode rigoureuse doit conduire aux mêmes Conclusions. Cela est
incontestable, pourvu que l'on adopte toujours le même langage. Or la
méthode de Coriolis conduit à adjoindre à l'altraction de la terre deux
forces, dont l'une est la force centrifuge et l'autre la force centrifuge com-
posée; ces forces sont l'une et l'autre proportionnelles à la vitesse de rota-
tion de la terre, et je les regarde pour cette raison toutes deux comme pro-
duites par cette rotation. M. Delaunay, au contraire, compose la première
avec l'attraction terrestre, et leur résultante est pour lui la pesanteur qu'il
accepte pour telle, soit qu'il étudie les phénomènes tels qu'ils se passent
réellement, soit qu'il cherche ce qui arriverait si la terre ne tournait pas.
» Je ne conteste pas à M. Delaunay le droit de poser la question de cette
manière, mais il me semble plus naturel de l'énoncer autrement, et toutes
les fois que, sans plus ample explication, on parlera de l'influence exercée
par la rotation de la terre, on comprendra, je crois, à moins d'avertisse-
ment contraire, qu'il s'agit de comparer les phénomènes observables avec
ceux qui les remplaceraient si la terre ne toiu-nait plus.
» Je termine en faisant observer que quelle que soit la manière d'énoncer
la question théorique, tout le monde paraît admettre l'absence de toute
mfluence sensible de la rotation terrestre sur la déviation des cours d'eau. »
( 693 )
M. PlOBERT.
« Une partie de la discussion précédente ayant porté sur la dévia-
tion que les projectiles éprouvent dans leur trajectoire par suite du mouve-
ment de rotation de la terre, j'aurai l'honneur de rappeler à l'Académie que
M. Poisson a traité cette question, il y a vingt-deux années, avec beaucoup
de développements; il est arrivé à la conclusion suivante, après avoir indiqué
la modification apportée dans la portée : « Le mouvement diurne fait, en
» outre, sortir le mobile du plan vertical où il a été projeté ; ce qui donne
» lieu à une déviation horizontale dont la valeur se compose de deux par-
» ties distinctes, exprimées par des intégrales doubles. L'une de ces dévia-
» tions partielles est indépendante de la direction du plan vertical; elle a
» toujours lieu à droite (i) de l'observateur au point de départ et tourné
» vers la trajectoire. » Il trouve ensuite que pour une bombe de 27 centi-
mètres lancée à notre latitude à une distance de 1 200 mètres sous l'angle
de 45 degrés, la déviation due au mouvement de la terre serait comprise
entre o'°,90 et i™,2o, ce qui correspondrait à un angle de déviation d'en-
viron 3 minutes. Pour une vitesse initiale presque horizontale d'environ
400 mètres par seconde et une portée de 200 mètres « les déviations hori-
» zontale et verticale de la balle, dues au mouvement de la terre, s'élè-
o veraient à peine à un demi-centimètre. »
PATHOLOGIE. — Observations sur deux cas de calculs ùrinaires vésicaux;
par M. J. Cloquet.
PREMIÈRE OBSERVATION. — Culcul urinaire chez un enfant nouveau-né.
•< L'observation de ce fait pathologique, qui m'a été communiquée par
M", le docteur Biirdel, médecin en chef de l'hôpital de Vierzon, m'a paru
devoir intéresser l'Académie sous plus d'un rapport : les faits de ce genre
sont très-rares, bien qu'on en possède quelques exemples, auxquels celui-ci
vient s'ajouter.
» M. le docteur Burdel a extrait ce calcul de l'urètre d'un enfant de
cinq mois. Le corps étranger venait de sa vessie, et trop volumineux pour
être expulsé, il s'était arrêté dans la partie inférieure du canal. Arrivé là, il
augmenta graduellement de volume, en dilatant la partie de l'urètre où il
s'était engagé. Les parents avaient observé que peu de temps après sa nais-
(i) Cela se rapporte à l'hémisphère boréal; la déviation aurait lieu à gauche dans l'autre
hémisphère.
C. R., 1859, 3"" Semestre. ( T. XLIX, N» 20.) QI
( 694 )
sance l'enfant n'urinait que rarement, qu'il criait beaucoup, était inconso-
lable, et que parfois il restait 3o à /|0 heures sans être mouillé ; aussi la
vessie avait-elle pris un développement énorme et dépassait le niveau de
l'ombilic ; l'urine avait une acidité très-marquée.
» Lorsque l'enfant fut présenté àM. le docteur Burdel, l'urine ne s'échap-
pait que goutte à goutte et la vessie faisait fortement saillie au-dessus du pubis.
» Le calcul que l'on sentait avec le doigt formait une nodosité sur le trajet
du canal. Une simple incision a suffi à M. Burdel pour le saisir et l'extraire.
Après la sortie du calcul, la plaie fut fermée par une serre-fine et complète-
ment cicatrisée au quatrième jour.
» J'ai examiné le calcul qui m'a été remis avec l'observation par mon ho-
norable confrère. Il est irrégulièrement allongé et arrondi, plus épais à l'une
qu'à l'autre de ses extrémités. Il pèse 48 centigrammes. Sa couleur est d'un
gris verdâtre. Sa surface rugueuse, inégale, est couverte de petites saillies ma-
melonnées qui me firent reconnaître à la première vue que c'était un calcul
mural composé d'oxalate de chaux, bien que certains calculs d'acide urique
offrent des rugosités mamelonnées de même apparence; mais ces dernières
sont moins rudes, plus douces au toucher que celles des calculs formés par
ce sel calcaire. Mon opinion à cet égard a été confirmée par l'analyse que
notre confrère M. Fremy a bien voulu faire de cette concrétion urinaire.
« Le calcul, m'écrit M. Fremy, est formé par de l'oxalate de chaux ; il ne
» contient que des traces de phosphate de chaux et de substance organique
» azotéede nature albumineuse; il ne contient ni acide urique, ni phosphate
» ammoniaco-magnésien. Il est à regretter qu'on n'ait pas analysé l'urine
» de l'enfant, dont on a seulement constaté l'extrême acidité. »
DEUXIÈME OBSERVATION. — Deujc calculs Unitaires volumineux, trouvés dans la vessie d'un
sanglier. ,
•> Les deux calculs que je présente à l'Académie ont été trouvés dans la
vessie d'un jeune sanglier, par l'un de nos Correspondants, M. Chevandier,
à Cirey (Meurthe). M. Chevandier avait envoyé ces pierres urinaires à
M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, qui m'a proposé de les examiner, et d'en
rendre compte, en les présentant à l'Académie de la part de son Correspon-
dant à Cirey.
» Voici les renseignements qui m'ont été fournis :
» Le sanglier avait deux ans et demi; il était très-gras et ne paraissait
nullement se ressentir, dans ses allures, de la maladie dont il était atteint.
» C'était, à la connaissance de M. Chevandier et de tous les chasseursdes
environs, le premier exemple d'une semblable affection chez un sanglier.
( 695 )
» L'un des calculs donl il est question pèse 6^^',']5, et l'autre 6i«',ao.
Ils sont l'un et l'autre d'une couleur fauve-jaunàlre, tirant sur le brnn.
Leur pesanteur paraît considérable relativement à leur volume.
» Le plus volumineux de ces calculs est triangulaire, et chacune des
trois faces que limitent des angles obtus sont légèrement convexes et d'un
poli remarquable, comme éburnées.
» Le second calcul, d'un volume un peu moindre que le précédent, est
d'une forme moins régulière, quoiqu'il présente aussi trois faces polies, une
plus large que les deux autres et qui, au lieu d'être convexe comme dans
l'autre concrétion, sont concaves et s'adaptent exactement aux premières,
ainsi qu'on le voit entre les surfaces contiguès des os dans plusieurs articu-
lations diarthrodiales.
M L'aplatissement en facettes, aux points de contact, des calculs multi-
ples, ne dépend pas seulement de l'usure par les frottements que ces corps
solides éprouvent les uns contre les autres, par les mouvements du corps et
ceux que leur impriment les contractions de la vessie, ainsi qu'on l'a admis
assez généralement; il est bien plus le résultat de la diftîculté qu'éprouve
la cristallisation, l'incrustation des sels urinaires dans les parties sous-
jacentes de la concrétion, ainsi que je l'ai démontré dans un Mémoire sur les
calculs urinaires que l'Académie a couronné en 1822. La cristallisation des
sels de l'urine est seulement plus lente dans les points de contact des cal-
culs multiples que sur leurs parties libres qui baignent continuellement
dans le liquide où les sels sont en dissolution.
i> La section de l'un de ces deux calcids, faite perpendiculairement à
ses surfaces de contact, prouve la vérité du mode d'accroissement que
j'avais indiqué pour les couches des calculs à facettes contiguès. En effet,
au lieu d'être détruites, coupées, interrompues, comme cela arriverait si les
facettes étaient dues à une usure par frottement, les couches concentriques
sous-jacentes existent en même nombre tout autour du noyau central, seu-
lement elles sont infiniment plus minces au niveau de ces faces de contact
dont elles ont la direction, tandis que leur épaisseur et leur courbure de-
viennent d'autant plus marquées, qu'elles se rapprochent des angles ou par-
ties qui sont exemptes de contact et de la pression d'un autre calcul.
» Le centre du calcul est occupé par un noyau oblong, formé de cristaux
confus, irrégulièrement agglomérés, d'une couleur jaune fauve, et entouré
découches très-denses, alternativemant d'un jaune pâle ou foncé. On ob-
serve que, dès leur formation autour du noyau central, les couches ont pris
la disposition qu'elles ont conservée à mesure que les calculs ont augmenté
de volume.
(ji..
' ( 696 )
• B Suivant M. Fremy, qui a fait l'analyse de ces calculs, ils contiennent :
i". Phosphate ammoniaco-magnésien 93, 4*
2°. Phosphate de chaux tribasique 2 ,04
3°. Matière organique azotée 4 . ^4
99>8o
» La quantité considérable de phosphate ammoniaco-magnésien trouvée
dans les calculs de ce sanglier me paraît donner quelque intérêt à l'analyse
qui en a été faite. »
ASTRONOMIE. — Sur [atmosphère du soleil; par M. Faye.
« En étudiant les travaux de l'un de nos plus éminents physiciens, M. de
la Provostaye, j'ai été très-frappé des conclusions auxquelles il est arrivé,
avec son savant collaborateur M. Desains, lorsqu'il a voulu contrôler, à l'aide
de l'expérience et de l'analyse, la loi admise à priori par les géomètres et les
physiciens sur l'émission de la chaleur. Comme plusieurs de ces lois formu-
lées à priori, indépendamment de toute vérification, figurent encore dans
certaines branches de l'astronomie physique, j'ai pensé qu'il serait bon de
les soumettre à un nouvel examen, et je me suis occupé tout d'abord des
idées qui ont cours aujourd'hui sur la constitution physique du soleil, par-
ticulièrement de la question de l'atmosphère du soleil.
» C'est en effet la conception absolue et à priori d'une loi physique qui
a donné naissance à cette hypothèse. Voici la suite bien simple des idées.
» Si, comme il est naturel de le penser, dit Laplace (i), chaque point de
la surface du soleil envoie une lumière égale dans tous les sens, l'intensité de
chaque élément superficiel sera inversement proportionnelle au sinus de
l'inclinaison de cet élément sur la direction du rayon visuel, ou, à très-peu
prés, au cosinus de la distance angulaire de ce point au centre du disque.
Dès lors l'éclat ira en croissant du centre au bord. Telle est la loi admise à
priori, indépendamment de toute expérience, et parce qu'il est naturel de le
penser ainsi.
» Mais, ajoute Laplace, sur le soleil, tel que nous le voyons, l'éclat va au
contraire en décroissant du centre vers les bords; cette différence s'expli-
querait très-simplement ati moyen d'une atmosphère qui envelopperait le
soleil, et dont la substance incomplètement transparente éteindrait beau-
coup plus la lumière des bords que celle du centre.
» La théorie de l'extinction produite par l'interposition d'une atmosphère
a été traitée par ce grand géomètre avec sa supériorité habituelle. En l'ap-
(i) Mécanique céleste, t. IV, p. 3 18.
( 697 )
pliquant au soleil, il trouve que l'intensité d'un point du disque, défini par
sa distance angulaire 0 au centre du disque, serait réduite par l'extinction
QS6
sinâ ,
d'une atmosphère dans le rapport de e "" à l'unité, Q étant une constante
relative à la constitution physique de cette atmosphère, et â9 la réfraction
au point considéré. En combinant cette expression avec celle de la loi pré-
cédente, on aura évidemment
cosfl
I siii 9
pour l'expression de l'intensité d'un point quelconque du disque solaire :
la loi hypothétique de l'émission étant représentée par le premier facteur, et
4'extinction de l'atmosphère hypothétique par le deuxième. En outre on
peut simplifier cette formule en remplaçant à^ par - tango, expression de la
réfraction qui suffit jusqu'à près de 8o degrés (i). Au delà il faudrait tenir
compte de la constitution de l'atmosphère, et revenir à une expression cor-
respondante de la réfraction pour les hauteurs moindres que lo degrés.
» Cette formule ne contenant qu'une quantité arbitraire, une seule
mesure d'intensité suffira pour déterminer f. Laplace s'est servi d'une
mesure de Bouguer. Bouguer a trouvé qu'à une dislance des bords égale
au quart du rayon du disque solaire, l'intensité est plus petite qu'au centre
dans le rapport de 35 à 48 (2). De lày= i,425. L'atmosphère correspon-
dant à cette valeur équivaudrait, comme puissance d'extinction, à une co-
/_
(i) Il est essentiel de faire remarquer que la formule simplifiée e '"'** est indépendante de
toute hyjjothèse sur la constitution de l'atmosphère, tandis que la première suppose une
température uniforme.
(2) A la vérité, M. Arago a déclaré que la mesure de Bouguer était complètement erronée,
«t que les calculs de Laplace devaient être recommencés sur de nouvelles bases. Des expé-
riences que j'ai exécutéesà ce sujet, dit M. Arago, j'ai conclu qu'il y a une différence d'inten-
sité entre le bord et le centre égale à 7^. En recourant au Mémoire où ces expériences ont
été publiées l'an dernier, on reconnaît aisément que cette évaluation ne résulte pas d'une
mesure effective. Ses expériences n'accusant aucune différence sensible d'intensité entre le bord
et le centre, le célèbre astronome a soutenu longtemps qu'il n'y en avait aucune. Cédant
à la fin au témoignage unanime des observateurs et à l'évidence des images photographiques
du soleil, M. Arago a consenti, par une sorte de concession, à accorder au bord une diminution
■d'intensité égale à l'incertitude qu'il attribuait à ses méthodes, c'est-à-dire -^.
Quoi qu'il en soit, une assertion de M. Arago a droit à un examen sérieux. Je vais exposer
avec détails les raisons qui m'ont conduit à la rejeter, bien qu'elle favorise infiniment mon
( 698 )
lonue d'air homogène de Ô5ooo mètres de hauteur (air pris à la tempéra-
ture de o degré et à la pression de o'",'76 de mercure). Notre propre
atmosphère, ramenée aux mêmes conditions, n'aurait pas plus de 8000 mè-
tres. Une couche aussi puissante réduirait à i l'intensité du centre du
disque solaire et, si le soleil en était dépouillé, le disque entier nous parai-
trait 12 fois plus brillant.
» Telle est l'origine de tout ce qui a été dit depuis sur l'atmosphère du
soleil. C'est dans cette atmosphère qu'on a placé des nuages pour expli-
quer les protubérances lumineuses des éclipses totales; c'est cette atmo-
sphère qu'on a voulu voir dans les rayons brillants qui entourent le soleil
éclipsé.
>' Nous allons soumettre cette théorie à une triple épreuve : 1" en re-
cherchant si le but que se proposait Laplace a été réellement atteint ; 2" ei\
examinant si le décroissement d'intensité qui en résulterait pour les bords
s'accorde avec l'observation; 3° en comparant la théorie basée sur la me-
sure de Bouguer avec les mesures du P. Secchi.
» Le but de Laplace a été déjà été indiqué. La loi d'émission — - don-
nerait un très-rapide accroissement d'éclat vers les bords du disque solaire.
/
En la combinant avec l'effet de l'atmosphère e <"'^s ^ o„ oppose à cet
opinion particulière sur la constitution du soleil, puisqu'elle ramènfc son atmosphère hypo-
thétique à des proportions tout à fait insignifiantes.
D'abord la mesure de Bouguer a reçu une confirmation remarquable par les recherches
récentes du P. Secchi sur la température du disque du soleil.
En second lieu, quand on considère les épreuves photographiques obtenues en un temps de
pose de quelques centièmes de seconde, on trouve entre les bords et le centre une différence
d'intensité très-considérable. On peut objecter, il est vrai, que le décroissement de la chaleur
ou de l'énergie photogénique ne suit pas nécessairement celui de la lumière; mais voici une
troisième raison qui va plus directement au but. Les facules dont les taches se montrent sou-
vent entourées, ne se voient que sur les bords. Arrivées au centre par l'effet de la rotation du
soleil, elles disparaissent. Ce n'est pas à dire qu'elles aient cessé d'exister, car elles se voient de
nouveau lorsqu'elles arrivent au bord opposé. Ce qui les fait disparaître vers le centre, c'est
que leur éclat ne diffère pas beaucoup de celui des régions centrales. Or, quand on considère
ces facules vers les bords, on est frappé de leur éclat supérieur, et personne n'admettra que
l'excès de leur lumière sur celle des bords puisse être exprimé par ~^. On se demande com-
ment les méthodes de M. Arago, fondées sur l'emploi des propriétés les plus délicates de la
lumière, ont pu rester insensibles à de telles différences entre les mains d'un expérimentateur
aussi habile. Faut-il attribuer cette insuffisance à l'extrême petitesse des instruments dont il
s'est servi, aux défauts des images dédoublées? Je ne sais. C'est une question (jui mériterait
d'être approfondie.
( 699 )
accroissement une cause d'extinction beaucoup plus rapide encore,
/
car, pour 9 = 90, — -e "'"* = o, bien que -^ devienne infini. Mais
• •' cos 9 '■ cos 9
ici l'illustre auteur oublie que si la formule simplifiée suffit amplement
au calcul qui doit faire connaître l'extinction totale produite sur le soleil
par son atmosphère, elle devient tout à fait inexacte si l'on en veut tirer
l'intensité au bord lui-même. Alors il faut reprendre l'expression plus
_Q££
exacte - — -e *'"'', mais alors aussi il est facile de voir que l'exposant cesse
de tendre vers l'infini, et atteint une valeur maximum finie correspon-
dant à celle de la réfraction horizontale, en sorte qu'à partir d'une cer-
taine valeur de ô, le premier facteur l'emporte sur l'autre, et l'intensité,
d'abord décroissante, va ensuite en croissant jusqu'au bord. Ainsi donc,
avec la loi d'émission admise jusqu'ici, aucune atmosphère ne serait capable
d'éteindre les bords; les bords de l'astre présenteraient, à partir d'un cer-
tain point, un rapide accroissement de lumière; le soleil serait bordé d'un
cercle éclatant. Concluons que la loi d'émission formulée par doit être
rejetée ou modifiée.
» Passons à la seconde épreuve et voyons si les intensités calculées
représentent au moins les intensités observées à quelque distance du bord,
à 3o et à 18 secondes, par exemple. Je trouve pour ces points les nombres
— et Q— Ainsi dans ces régions l'intensité paraîtrait réduite au point
d'être 19 fois et 80 fois plus faible qu'au centre du disque. Il suffit
de jeter les yeux sur une image du soleil pour se convaincre de l'exa-
gération.
•' La troisième épreuve ne donne pas de meilleurs résultats. Le savant
Directeur de l'Observatoire du Collège Romain a étudié, avec les appareils
les plus délicats, l'intensité de la chaleur en diverses régions du disque
solaire. Ses mesures lui ont permis de vérifier de la manière la plus satisfai-
sante celle dont Laplace s'est servi. Ainsi, en interpolant entre ses observa-
35
lions pour le point ou Bouguer avait trouvé l'intensité égale à ^tj' il ^ obtenu
le rapport à peine différent -Â- La similitude générale des faits de chaleur
et de lumière sur le soleil porte le P. Secchi à considérer cette coïnci-
dence comme une vérification de la mesure de l'académicien français.
Voici le tableau de quelques résultats du P. Secchi comparés à ceux du
( 700 )
calcul
DisWnce au
centre.
oo
43.55'
48.34
48.34
68.49
Intensités
observées.
1,0000
O,85o6
0,|J25o
0,7290
0,5586
Intensités
calculées.
I ,0000
0,7985
0,7290
0,223l
Observateurs.
Le P. Secchi.
Le P. Secchi.
Bouguer.
Le P. Secchi.
Ainsi, dès l'angle 68*'49'j la discordance entre la théorie et l'observation
prouve que les hypothèses de Laplace ne sont pas conformes à la nature,
et c'est là aussi la conclusion à laquelle arrive le P. Secchi.
a Ces épreuves me paraissent décisives. Il faut donc examiner de près la
loi d'émission admise à priori.
« Cette loi n'est applicable, et encore jusqu'à un certain point, qu'aux
substances gazeuses à l'état d'incandescence, telles que la flamme des bou-
gies, des lampes, des becs de gaz, à cause de leur transparence partielle (i).
Supposons une nappe plane de gaz d'une certaine épaisseur; l'intensité,
sous un angle d'émission quelconque ô, sera proportionnelle à l'épaisseur
comptée dans le sens du rayon visuel, c'est-à-dire à — ^- Telle est la seule
raison physique qu'on puisse donner en faveur de cette loi ; mais cette expli-
cation même va nous montrer qu'elle ne s'applique pas au soleil.
» D'abord la photosphère n'est pas une nappe plane de matière lumi-
neuse, elle est sphérique. La loi précédente ne peut donc plus être adoptée
que pour la partie centrale du disque; au delà, elle s'écarte rapidement de
l'expression véritable, à moins que l'on ne veuille assigner à la photosphère
une épaisseur infiniment petite. Sans recourir à l'expression exacte, on voit
(i) Une expérience célèbre d'Arago paraît confirmer cette conclusion. Vue obliquement^
la lumière des corps solides ou liquides chauffés à blanc paraît fortement polarisée, mais
non celle des flammes du gaz ou des lampes rendues éclatantes par la présence des particules
de carbone incandescentes. Or M. Arago n'a point trouvé de traces de polarisation au bord du
soleil, donc la photosphère de cet astre est un gaz incandescent. Un des Associés étrangers de
l'Académie, sir J. Herschel, s'est inscrit dernièrement en faux contre cette conséquence, mais
je n'ai pu .saisir la portée de son argumentation. Je tiendrai pour certain, avec M. Arago, que
la lumière émanant des bords du soleil est vue sous une incidence générale très-oblique et
que cette lumière n'est pas polarisée, du moins dans la limite d'incertitude assez large dont
les mesures photométriques nous ont plus haut donné une idée. Mais tout en accordant ces
prémisses, que faut-il en déduire? Les expériences de MM. de la Provostaye et Desains nous
apprennent que le noir de fumée et en général les corps doués d'un très-faible pouvoir ré-
flecteur jouissent de la même propriété. Je me bornerai à cette conclusion.
(701)
facilement que l'épaisseur de la photosphère, dans le sens du rayon visuel,
présente un saut brusque à partir du point où le rayon touche l'enveloppe
• interne de la photosphère. Là l'intensité de la lumière doublerait subite-
ment pour décroître ensuite jusqu'au bord. Or, d'après les mesures du
P. Secchi, l'épaisseur delà photosphère serait d'environ 17 secondes; nous
verrions donc un redoublement d'intensité à 1 7 secondes du bord, suivi d'un
affaiblissement rapide. Il n'y a rien de pareil.
X Ce raisonnement suppose, comme la loi elle-même, que la photosphère
est transparente, comme la flamme d'une bougie, d'une lampe ou d'tm bec
de gaz. Le soleil reproduirait ainsi sur ses bords cet accroissement presque
brusque d'intensitéqu'on observe si facilementdans nos flammes d'éclairage,
surtout quand ou en affaiblit l'éclat par une réflexion sur une glace sans
tain : mais cette tranàparence de la photosphère existe-t-elle? Si elle existe, .
est-elle parfaite? ou du moins les rayons qui nous arrivent viennent-ils de
toute son épaisseur, ainsi que l'exige le raisonnement précédent? Il suffit
pour répondre négativement de se reporter à l'épaisseur de la photosphère.
D'après les mesures du P. Secchi, elle n'aurait pas moins de 3ooo lieues
d'épaisseur, le diamètre entier du globe terrestre. Que deviendrait sur une
pareille échelle le phénomène des flammes de gaz? Pour moi, je crois que la
loi admise par Laplace ne s'y vérifierait plus. Sous toutes les incidences, le
rayon visuel trouverait partout la même épaisseur efficace de la photosphère;
la liunière émise par un élément de la surface solaire ne dépendrait plus de
l'étendue de sa superficie, mais du volume constant de la partie efficace
ayant cet élément pour base plus ou moins oblique. L'éclat serait partout le
même sur les bords comme au centre, et nous rentrerions dans la loi d'é-
mission généralement admise pour la lumière et la chaleur (1).
)) Substituons donc cette loi à celle de la sécante. L'éclat étant alors cons-
tant sur toute l'étendue du disque avant l'intervention d'une atmosphère,
l'intensité totale sera
'90°
insinQ.ci.&inO = n.
f
tandis qu'avec la loi d'émission précédente elle était
'900
ansinô . — - • d. sin Q = 27:.
cosO
(ij Ce raisonnement suppose un pouvoir réflecteur négligeable : or c'est là ce que nous
déduisons de l'expérience de M. Arago rapprochée de celles de MM. de la Provostaye et
De ains (voir la note précédente).
C. K., iSJg, 2"'' Scmesire. (T. XLIX, N» 'iO.) 9^
( 702 )
Par celte seule rectification nous n'avous déjà plus besoin d'une atmos-
phère ix)ur éteindre ce surcroît d'intensité que l'on attribuait au soleil
et qui allait jusqu'à en doubler faussement la valeiu-. Restituons cependant
l'atmosphère afin d'affaiblir les bords du disque, et nous aurons pour l'in-
tensité en un point quelconque
Qie J_
e *'"^ ou, de o à 80 degrés environ, e <=°^^'
Quant à l'intensité du disque entier, elle sera réduite à
cosô.e ""'^d.cosô.
90»
En posant x = cosÔ et en intégrant par parties, on ramène cette intégrale
à celle que Laplace a traitée, et on a
e —f. j e~' . dx.
Si on adopte le développement en fraction continue donné pour cette
dernière intégrale dans la Mécanique céleste, on a finalement, pour l'inten-
sité du disque entier après l'extinction,
e— /
2
. + Z
I -I- etc. . .
» J'ai calculé d'après ces formules l'extinction atmosphérique qui ré-
pond à la mesure deBouguer, et j'ai trouvé les résultats suivants que je
réunis dans un même tableau avec les précédents, afin de faciliter la com-
paraison.
Distance i^" loi 2' loi
au centre. S Sfesures. Calcul. Calcul. Observateurs,
o 0° 1,0000 1,0000 1,0000
\ 43''55' o,85o6 0,7985 0,8112 Le P. Secchi.
f 48.34 0,7250 Le P. Secchi.
f 48-35 0,7290 0,7290 0,7290 Bouguer.
\ 68,49 o,5586 o,223i 0,3357 Le P. Secchi.
H- 75.38 o,o538 0,1952
Intensité au centre 0,2406 0,5391 irapportceàl'iiilensi-
Intensité du disque entier -^ J jtéavanH'cxtiiiciioii.
Hauteur de l'atmosphère ramenée à o' 55ooo'" i5ooo"'
i
( 7o3 )
» Ainsi les observations sont beaucoup mieux représentées. Il est donc
à présumer que la deuxième loi d'intensité se rapproche bien plus de la
nature que celle de Laplace (i).
» Mais les discordances entre la deuxième théorie et les faits sont encore
trop palpables pour qu'on soit autorisé à s'en tenir à l'hypothèse de l'atmo-
sphère solaire. Je vais dire à cet égard toute ma pensée, et montrer que
cette hypothèse doit être entièrement rejetée.
» Du moment où l'on admet, comme nous venons de le faire, que l'é-
mission dépend, non plus de l'épaisseur entière de la photosphère, mais
d'une faible partie de cette épaisseur, il en résulte que cette photosphère
devrait présenter, au moins dans cette épaisseur, une homogénéité parfaite
pour que l'émission fût partout proportionnelle au cosinus de l'angle 6. Si,
par exemple, la photosphère affectait une structure rayonnée par des cou-
rants ascendants continuels, comme sir W. et sir J. Herschel inclinent à le
croire, il pourrait se faire que l'émission ne se fit pas avec Tine égale facilité
dans toutes les directions. Alors il se produirait, parce fait seul, une dimi-
nution d'intensité tout à fait semblable à celle qu'on observe rét^llement sur
les bords. Depuis les travaux de MM. de la Provostaye et Desains sur la
chaleur, la loi d'émission que je viens de substituer à celle de Laplace a
perdu son prestige dans ce qu'elle a d'absolu. Après avoir prouvé par des
expériences précises que le rapport des pouvoirs émissifs de deux substan-
ces peut changer beaucoup avec l'inclinaison des rayons, M. de la Provos-
taye va plus loin et montre que cette loi ne dérive des raisonnements de
Fourier qu'autant qu'on attribue aux corps un pouvoir réflecteur constant,
ou même absolument nid. Poser ce principe en thèse absolue, ce serait
admettre une contradiction dans les termes. Je me laisse guider par ces
vues très-philosophiques d'un physicien dont les travaux ont si largement
(i) Si on voulait appliquer ces règles à l'évaluation de M. Arago, il faudrait supposer que
le rapport y- répond à une certaine distance du bord, à iJ\",6 par exemple. Alors 6 = 80°,
/= o,oo52, e-f=. o,gg48. La colonne de 55 000 mètres de Laplace se trouverait réduite
à 199 mètres, et l'extinction au centre du disque serait de • Quant à l'extinction totale,
comme la convergence de la fraction continue serait d'une lenteur désespérante, il faut réduire
en série ordinaire l'intégrale définie qu'elle représente. En négligeant les puissances de^supé-
rieures à la première, on obtient ainsi e~/(i — /) pour l'intensité totale, ici 0,9893. Ainsi
cette atmosphère tout entière n'enlèverait au soleil que la centième partie de son éclat réel.
En se plaçant plus près du bord , on obtiendrait des résultats plus faibles encore.
9^-
( 7o4 ) .
contribué à constituer sur l'expérience et sur les déductions mathématiques
une des branches principales de la science, et après avoir critiqué la loi
absolue admise à priori par Laplace, je me garderai d'en proposer une à mon
tour. Mais je me crois autorisé, par la discussion précédente, à poser ces
conclusions :
» La loi d'émission de Laplace ( — -) ne s'applique pas au soleil; la loi
ordinaire (cos9) s'adapte beaucoup mieux aux circonstances principales du
phénomène, mais alors, par la nature mèuie des considérations qui condui-
sent à cette dernière loi, l'affaiblissement des bords du soleil pourrait résul-
ter d'une légère modification de cette loi qui deviendrait sensible pour les
incidences extrêmes, sans qu'il y eût lieu de recourir à l'hypothèse d'une
atmosphère absorbante.
» Mais ce n'est pas assez de dire que l'hypothèse d'une atmosphère so-
laire n'est pas indiquée par la nature même de la question. En dehors de la
queslion d'intensité, cette hypothèse est de plus en contradiction avec les
faits les mieux établis et les plus faciles à vérifier.
» 1°. La netteté des taches, des pénombres au bord du soleil. Que l'on
compare cette netteté, supérieure à celle des bords de la lune qui n'a. pas
d'atmosphère, avec la confusion des contours et des formes sur les bords
des planètes entourées d'une atmosphère non équivoque, comme Jupiter
et Mars,
» 2°. L'identité des raies du spectre au centre et aux bords, constatée
par Forbes en i836, à l'occasion d'une éclipse annulaire. S'il y avait autour
du soleil une de ces gigantesques atmosphères que l'on a imaginées, il y
aurait aussi, selon toute probabilité, une différence considérable entre les
raies du bord et celles du centre. Voir à ce sujet les expériences de
M. PiazziSmyth, directeur de l'Observatoire royal d'Edimbourg, au pied et
au sommet du Pic de Ténériffe.
» Cependant trois faits pourraient être invoqués comme preuves indi-
rectes à l'appui de l'atmosphère solaire : la couronne des éclipses, les
facules, et l'accélération de la comète d'Encke.
» La couronne des éclipses, dans son ensemble, ne ressemble nullement
à une atmosphère ; pour en juger sainement, il suffit d'en rassembler" les
descriptions et les dessins.
» Les facules sont attribuées par le P. Secchi à la hauteur de certaines
grandes dénivellations de la photosphère, bien constatées par M. Dawes et
par le P. Secchi lui-même. Grâce à cette hauteur, les facules se trouveraient
dégagées des couches les plus basses et les plus absorbantes de l'atmosphère
( 7o5 )
extérieure du soleil ; elles brilleraient donc pour nous d'un plus vif éclat
que les régions voisines. Mais on peut les expliquer plus simplement par
l'inclinaison même de leurs faces. Peu sensible au centre du disque, une
différence d'inclinaison de quelques degrés peut en produire une très-sen-
sible vers les bords, si l'émission décroît avec quelque rapidité pour des
obliquités très-grandes, comme je viens de dire.
u Quant au milieu résistant qui affecterait près du soleil la forme et la
constitution d'une atmosphère, j'ai démontré mathématiquement que le fait
unique pour lequel cette hypothèse a été imaginée peut s'expliquer d'une
autre manière et se rattacher simplement à la force qui agit incontestable-
ment sous nos yeux dans la production des queues de comètes et des
particularités les plus détaillées de leur figure (i).
» Je ferai remarquer enfin que l'identité des raies du spectre produit par -
les parties centrales ou marginales du disque soliiie, identité constatée par
Forbes en i836, semble confirmer la loi que j'ai substituée à celle de La-
place; car, admettre que la lumière émise en un point quelconque du dis-
que provient d'une épaisseur constante de la photosphère, c'est dire que
l'absorption de certains rayonnements se fera partout dans des condi-
tions identiques. Si pourtant l'émission était moins abondante sur les bords,
il pourrait en résulter quelques différences entre les raies des deux spectres,
différences trop faibles d'ailleurs pour altérer leur distribution générale
dont l'identité a été constatée. Je me propose d'étudier spécialement cette
question à l'aide d'objectifs à Irès-longs foyers, et je la recommande aussi à
l'attention des observateurs de l'éclipsé prochaine.
» Il me paraît aussi fort utile de reprendre dans les mêmes conditions
instrumentales l'étude de l'intensité lumineuse du disque solaire, afin de
contrôler la théorie par des mesures plus nombreuses que celles deBouguer,
plus directes que celles du P. Secchi. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — £'s5aî de résolution des équations par les séries el les
logarithmes; par M. "B. YAt'ï.
« Nous avons déjà donné dans les Comptes rendus de l'Académie du
29 octobre i855 un moyeu simple de résoudre les équations par l'abaisse-
(i) Foir aussi les travaux de M. Roche sur la figure des noyaux coinétaires. La répulsion
exercée par les surfaces incandescentes, qui a été l'objet des belles expériences de M. Bouti-
gny, et la répulsion simple que j'attribue aux astres radieux, semblent être des manifestations
analogues d'une force unique, jusqu'ici peu étudiée, et pourtant presque aussi générale que
l'attraction.
( 7o6 )
ment de puissance des racines, qui dispense de la recherche de leurs limites,
de l'équation laborieuse aux carrés de leurs différences, et des fractions
continues, qui exigent déjà la résolution d'un plus grand nombre d'équa-
tions que de décimales à obtenir. On a employé avec avantage les fonc-
tions circulaires à la résolution des équations des troisième et quatrième
degrés, et c'est la plus simple et la plus ordinairement employée ; mais
celle du quatrième degré devient assez laborieuse, et exige même la réso-
lution préalable de l'équation du troisième degré, pour laquelle on doit
distinguer trois cas et dix formules différentes. Les équations du cinquième
degré n'ont pu être résolues de la même manière, tandis qu'elles peuvent
l'être par les logarithmes, comme celles du troisiènte degré. Puisqu'on n'a
pas encore pensé à une pareille application, nous essayerons d'y avoir re-
cours, en commençant d'abord par le troisième degré; et pour rendre les
formules les plus simples, nous emploierons les transformations suivantes :
j?' = g(j:-f- i), h=jr{y''-hi), z = k{x* + ï)y
lorsque x,/, z seront supérieurs à l'unité, ce qu'on reconnaîtra prompte-
ment, et l'on aura
aL.r = Lg + o,43429(i-^-+-3ij -...),
L^ = SLjr + 0,43429 (p - ^ + 5P -+-.. .),
2L2-+ LA + 0,43429 (^4- ^-h-^ -...),
et g^, h^, k ^, seront des valeurs approchées de JC, ^, z, qui, substituées
dans les séries, donneront ces valeurs plus exactes, et successivement de plus
en plus ; mais si x,j', z étaient moindres que l'unité, on ferait
et l'on aurait
3hx= Ijg ■+■ 0,43429 (x —-a:'+^a:*—...U
LA = Lj 4- 0,43429 (j^-^j'+^j" -...),
Lz = LA- + 0,43429 ( z' — -
r + ^2»-:
( 707 )
Enfin si x, j, z différaient peu de l'unité, on ferait
et l'on parviendrait par de nouvelles transformations à
i
ce qu'on obtiendrait aussi plus directement, mais plus péniblement, en
chassant le troisième terme de l'équation complète. Prenant pour exemple
l'équation de Lagrange a;' — 7 (j? -h i) = o, on aura
aLx = L7+ 0,43429 (i _ -i- + ^ _. . .).
La valeur provisoire de J?= v'7 = a, 64 étant évidemment trop faible, on
pourrait, pour abréger et simplifier le calcul, essayer d'abord j: = 3 ; mais
pour montrer la progression rapide des valeurs successives, on prendra
j?= 2,04, qui donnera 3, 1 1, celle-ci 3,o4 et cette dernière 3, 049, comme
le trouve Lagrange en déterminant onze coefficients pour l'équation aux
carrés des différences des racines, cherchant ensuite les limites de ces ra-
cines, et résolvant après plusieurs équations pour obtenir la fraction con-
tinue qui donne la valeur de la racine.
» Euler a donne le développement en série des racines, en admettant que
leur valeur approchée est donnée ; mais, sans chercher une pareille approxi-
mation, on peut obtenir par le retour des suites, d'après l'équation
m -\- nx + px^ + qx* = o, la valeur de
m pm^ 20 — nq , »' — npg ^
x= Î-— K-..J. m" — ^ — r-i-^ 5 /»*—... ;
mais pour qu'elle devienne plus convergente, il faudra que — soit aussi
m
n
faible qu'il se pourra. Pour cela, avec l'équation z* -h az^-h bz-hc =0,
on fera
z = X 4- A:,
et l'on obtiendra
x*-h{^k-h a)x'-h{U^+ ^ak + b) X -h k' + ak^ -h M + c = o,
et en substituant pour k la suite des nombres naturels, on reconnaîtra faci-
lement celui qui rendra — le plus faible. Soit, pour exemple, une autre équa-
( 7o8)
tion (JeLagrange, x'— ax — 5 = o. Elle donnera
m
n
lk.
3/'
et faisant A" := I, a, 3, on a
m
n
6» - — ' - -
25
avec k=^ T., on obtient
z' 4- 6 z^ + I o z — I = o ,
et avec le qnatre premiers termes de la série,
z = o,i — 0,006 + 0,00062 — 0,000078 := 0,094552 et X =2,094552,
et .La grange, ^
2,09455149,
en calculant onze coefficients, la limite de la racine et dix équations diverses,
ce que deux ou trois termes de plus de la série donneraient.
» Voici encore une autre série qui pourra être aussi employée :
z= — c^ — ^a~
fl=-(-36 2a' + 45«^' ^a* ->r\^la''b
9f3
27C3
97=
Maison ne poussera pas plus loin ces développements compliqués, parce que
l'équation à trois termes x^ —jc — in=^o nous offrira des séries plus simples
et plus convergentes, telles que les suivantes :
J- I
I I
H
4
3»i» 81/n^ 243™'^ 656i/«''
^ = _,n-w=-3m'-i2m'-55/«»-273;?z"-i428/«"-686i//2'^-...,
qui ne sera assez convergente que lorsque m ne sera qu'une fraction momdre
que ^- En faisant «• = zv3 — y^ et k = — î
on aurait encore
,1 I , 5 ,â ,, 23i ..^ ''33 ,,
28 120 to
Si pour simplifier on prend m = 8, les Irois premiers termes de la |)remiere
( '709 )
série donneront
comme de fait.
» On pourrait bien encore obtenir d'autres séries, mais elles deviennent
trop compliquées et trop pénibles à employer au calcul. Pour le montrer,
nous reproduirons seulement la suivante :
X = i 1 — /n' -f- m* 4- ^ m® + 1 5 m' + . . .
2 2 6
I I o 3 . 5 „ Il «
— g + 7 'w + g m* + 7 m" + — 7n' + . . .
I On Om Oa ?<In
lO lO l6 8 8
5.5, 5. 5.1 7Q.
120 32 64 i6 128
7 35 m' ÔQ/n" 245 ffj'
—-' 1-0 + -^ 4- ^ '-
256 ' 256 ^ ^ 256 ^ 256,
21
iof3
» Dans l'équation complète du quatrième degré, on pourra faire dispa-
raître à volonté le deuxième, troisième ou quatrième terme, ce qui offrira
un bien plus grand nombre de transformations logarithmiques que pour le
troisième degré, parmi lesquelles on pourra choisir celles qui conviendront
le mieux, et nous ne mentionnerons que les plus simples pour x^i et mx^n,
qui seront pour l'équation x^ -h x^ = mx + n,
x^ (x^ 4- i) = mx ( — + 1 ) = « ( — + I
et
X
'(? + ') = '"^(£+') = "(?'^')"
» La série générale pour x sera la même que pour le troisième degré, en
y ajoutant les termes pour le nouveau coefficient de x*, dont on trouvera la
longue énumération poussée avec une extrême précision jusqu'à soixante-sept
termes par Rubliani, dans la traduction par Chompré de la Trigonométrie de
Cagnoli, deuxième édition, p. 46> et dontLagrange a donné la loi de forma-
C. R , , 1 809, a"» Semestre . ( T . XUX, N» 20 . ) 93
( 7'o )
tion inconnue jusqu'à lui, ce qui eût dispensé d'aussi longs et pénibles dé-
veloppements. On pourrait bien obtenir d'autres séries plus simples; mais il
devient assez inutile de s'y arrêter, parce que M. Hermite ayant réduit
l'équation du quatrième degré à trois termes, et résoluble comme celle du
deuxième degré, il sera plus court et plus facile de recourir à cette trans-
formation.
» L'équation du cinquième degré offrira l'avantage d'être employée sous
la forme remarquable donnée par le géomètre anglais Jerrard
x^ — X — m = o,
qui se résoudra par logarithmes en faisant jr(x* — j) = m ou autres formes,
comme pour le troisième degré, sijr>i, et x l— — i\ = — m sij:<i,
et pour simplifier le calcul, faisant m = lo, on aura
5Lj: = I -f- 0,43420 (— ^ -t- 5^ . . . )>
•^ \io 200 3ooo /
d'après x'^ = x y — h i \i et la valeur provisoire de x= 1,6 donnera 1 ,633,
et celle-ci i ,6336, comme c'est en effet. ,
;) Pour employer la série générale
n n? «' ri' '
faisant x ■= z -\- k, on aura, au lieu de l'équation à trois termes,
z*4- 5A-2*+ ioÂ:*z' + ioA'z'4-(5/t* — i) z + A:» - yt - M = o,
m /■' — k — m p . , ^
et pour — = — ^— 1 taisant «=; i, 2, i, on aura
m I -. 3o — M 240 — M
n 4 ' 79 404
Si l'on prend M = 20, on aura
et
et
z^ + 1 o z* H- 4o z' + 8oz^ 4- 79Z + 10 = o,
10 8000 240000 i3oi 0000000 , ^
2= ■ — ; : = o, 1452,
79 79' 79' 79 ' ^ '
(711 )
et X = 1,8548 au lieu de i,853 qu'on aurait avec plus de quatre termes.
Mais sans pousser aussi loin ces développements trop complexes, l'équation
à trois termes nous offrira des séries plus simples, telles que
^ 1 I I 21 78
5m~^ 25/72» laS/n » i5625»2 * 78125/?* ^
jc = —m — m' — Sm"— 35?ra*'— 285m*' — aSSo/n^'— 2335i m»' — . . , ,
qui devra être employée lorsque /w<-- Si comme ci-dessus m =10,
x= 1,5849 + o,o5o2 — 0,0016 ■+- 0,000 1 — . . . = 1,6336, comme par lo-
garithmes.
» L'équation du sixième degré, réduite à la forme
x" + X* -+- ax* = bx^ -h ex -h ci,
donnera la transformation
^' (^' + ^) (.^. + 0 = ^*"' + ''""^ {^Â^^ ^ 0
ou
.., , ^ , ,,. fx'-f-x (.r'4-a;)' {.r=-f-.r)» l
3L^ + La -^- 0,43429 [-^^ - L__i. + ^__1 _ . . .J
= L« + 0,434.9 [^^ - ^^^^S^V ^^^^^^
bien plus compliquée que les précédentes; mais lorsqu'on sera parvenu à
la réduire à trois termes, comme pour le cinquième degré, ou comme pour
le quatrième, le calcul en deviendra plus court et les séries plus simples. Les
degrés présenteraient naturellement des transformations de plus en plus
complexes. »
CHIMIE AGRICOLE, — Recherches sur les proportions d'azote combiné qui peu-
vent se trouver dans tes différentes couches du sot, soit à t' état de matières
organiques, soit à t'état de matières azotées diverses, autres que tes nitrates;
par M. J. -Isidore Pierre. (Extrait.)
.♦
« Il est admis généralement aujourd'hui que les matières azotées conte-
nues dans une terre jouent un rôle important dans la puissance productive
de celte terre, exercent une influence énergique sur les récoltes qui lui sont
confiées. Toute recherche, si incomplète qu'elle soit, qui paraît de nature
93..
( 7'^ )
à jeter quelque jour sur l'abondance et sur la répartition des matières azo-
tées dans un sol donné, devra donc être enregistrée avec soin, parce qu'elle
pourra fournir, tôt ou tard, à l'agronomie des éléments d'utiles discussions,
servir de point de départ ou de contrôle à des aperçus nouveaux et à des
recherches plus complètes. C'est à ce titre que j'ai l'honneur de présenter
aujourd'hui à l'Académie les résultats de quelques expériences sur la pro-
portion d'azote combiné qui peut se trouver dans les différentes couches
du sol, à tout autre état qu'à l'état de nitrates. Ces expériences ont été
faites sur la terre de deux champs situés dans le voisinage de Caen, et dis-
tants l'un de l'autre d'environ 5oo à 600 mètres, dans un sol argilo-calcaire
un peu siliceux, profond, où viennent parfaitement bien le trèfle, la luzerne
et le sainfoin.
Première série d'analyses.
» Un champ d'environ a hectares avait porté, pendant deux ans, un
mélange de trèfle et de sainfoin et n'avait pas reçu d'engrais directement
depuis près de quatre ans. Environ un an après la destruction de la prairie
artificielle, on y a pratiqué, à huit places différentes régulièrement distri-
buées, des trous d'environ 5o centimètres. On a pris à la bêche, dans chacun
de ces trous, deux échantillons de terre d'environ 5oo à 600 grammes: le
premier, dans la couche supérieure, correspondant aux vingt premiers cen-
timètres; le second, au-dessous, dans la couche comprise depuis 20 jusqu'à
40 centimètres de profondeur. On a mélangé avec soin, d'une part les
huit échantillons de la couche supérieure, et d'autre part les huit échan-
tillons de la couche inférieure, afin d'obtenir pour chacune de ces couches
un échantillon moyen qui en représentât aussi bien que possible la compo-
sition chimique.
» La terre prise dans la couche supérieure, c'est-à-dire prise aussi unifor-
mément que possible dans la couche qui s'étend depuis l'extrême surface
jusqu'à 20 centimètres de profondeur, contenait, par kilogramme, i^'.ôSg
d'azote à l'état de combinaison (non compris les nitrates).
» La terre de la seconde couche, comprise entre 20 et [\o centimètres
de profondeur, renfermait i^',i57 d'azote par kilogramme. Elle conte-
nait, en outre, par kilogramme, a^SS de silice soluble dans les acides très-
étendus.
» Si nous calculons, à l'aide de ces données, la proportion d'azote com-
biné que renferme ainsi par hectare chacune des deux couches de terre que
nous venons d'examiner, en admettant que la terre tassée, qui n'a pas été
(7'3)
labourée de l'année, pèse autant que deux fois son volume d'eau, c'est-à-
dire aooo kilogrammes le mètre cube, nous trouverons qu'une couche de
terre de loooo mètres carrés (ou i hectare) de superficie^ sur 20 centi-
mètres d'épaisseur, représente un volume de 2000 mètres cubes, pesant
4000 kilogrammes; par conséquent, elle contiendrait 4ooo fois i^',659 °"
6636 kilogrammes d'azote.
» Un raisonnement et un calcul semblables nous conduiraient à recon-
naître que la deuxième couche doit contenir par hectare 4628 kilogrammes
d'azote en combinaison.
Deuxième série d'analyses .
» J'ai profité de l'existence de plusieurs carrières ouvertes récemment
dans un champ situé, comme le premier, dans le voisinage de Caen, à une
distance d'environ 5oo à 600 mètres du précédent. Le champ dans lequel
se trouvaient ces carrières était en assez mauvaise façon et avait été un peu
négligé depuis un ou deux ans. J'ai pris sur un assez grand nombre de
points de chacune de ces carrières, et en procédant avec toutes les précau-
tions possibles pour éviter le mélange des terres appartenant aux diverses
couches que je me proposais d'examiner séparément, des échantillons des-
tinés à représenter, dans les meilleures conditions, chacune de ces cou-
ches, et j'en ai fait ensuite un examen séparé dont voici les résultats :
» Première couche allant depuis l'extrême surface jusqu'à 25 centimètres
de profondeur.
» On a trouvé dans i kilogramme de terre brute :
Gravier et pierrailles 34 grammes.
Terre proprement dite 966 «
Cette dernière contenait par kilogramme :
Carbonate de chaux i4i grammes.
Argile siliceuse très-ferrugineuse 626 »
Humus et sels divers, solubles dans l'acide azotique étendu. 233 >•
Azote combiné par kilogramme i2«'',732
» Deuxième couche, de 25 à 5o centimètres de profondeur.
» L'échantillon moyen se composait par kilogramme de :
Gravier et pierrailles 16 grammes.
Terre proprement dite. . ." 984 »
( 7i4 )
Cette dernière contenait par kilogramme :
Carbonate de chaux 68 grammes.
Argile siliceuse très-ferrugineuse . 90g »
Humus et sels divers, solubles dans l'acide azotique étendu. 23 »
Azote en combinaison dans chaque kilogramme de terre. . .. l'^ooS
» Troisième couche, de 5o à ^5 centimètres de profondeur.
» L'échantillon moyen, pris dans cette couche, contenait par kilo-
gramme
Gravier et pierrailles 91 grammes.
Terre proprement dite 909 »
)> La composition générale de cette dernière se représentait, sur i kilo-
gramme de terre brute, par
Carbonate de chaux 76 grammes.
Argile siliceuse très-ferrugineuse 906 »
Humus et sels divers, solubles dans l'acide azotique étendu . 18
Azote en combinaison dans chaque kilogramme de terre .... o^^-jSSS
)) Quatrième couche, de 75 centimètres à i mètre de profondeur; c'était
à peu près la limite de la profondeur du sol au-dessus de la première couche
de pierres plates de la carrière .
» L'échantillon pris dans cette couche s'est trouvé, sur i kilogramme,
formé de :
Graviers et pierrailles 827 grammes.
Terre 678 »
et la composition de cette dernière pouvait se représenter ainsi, pour
1 kilogramme :
Carbonate de chaux gS grammes.
Argile siliceuse très-ferrugineuse 873 »
Humus et sels divers, solubles dans l'acide azotique étendu . 32 »
» La proportion d'azote combiné contenue dans chaque kilogramme
de cette terre s'élevait à 0^^837, c'est-à-dire qu'elle était supérieure, poids
pour poids, à celle qu'on avait trouvée dans la terre de la couche précé-
dente.
« Comme on trouvait encore, au-dessous de cette couche, des masses
irrégulières de terre disséminées sur certains points, entre les lits fendillés
des pierres plates de la carrière, depuis la profondeur d'un mètre jusqu'à
(7i5)
celle de i mètres, j'ai pensé qu'il serait intéressant d'en faire également
l'examen.
u Cette terre, abstraction faite des pierrailles, était composée de :
Carbonate de chaux très-légèrement magnésien, et sels divers solubles
dans les acides, avec très-petite quantité de matières organiques. . . 45' grammes.
Argile siliceuse très-ferrugineuse 548 »
Elle contenait encore par kilogramme o'''2865 d'azote en combinaison.
» Si, comme dans la première série d'analyses, nous admettons que la
terre examinée pèse 2000 kilogrammes le mètre cube, ce qui, à raison du
tassement observé, doit être bien peu éloigné de la vérité, nous trouverons
que la proportion d'azote combinée contenue dans chacune des couches
pourrait être ainsi représentée sur un hectare :
Azote par hectare Azote par hectare
de terre brute. de terre débarrassée
de graviers et de pierrailles.
r« couche jusqu'à o™, 25 8366 kil. 8660 kil.
2" couche de o^.aS à o"',5o 49^9 5o4o
3° couche de o'",5o à o"','j5 34^9 3827
4° couche de o'",75 à i'" 2816 4'85
Total 19620 21712
» Enfin l'azote contenu à l'état de cotnbinaison dans la terre, disséminé
entre les lits de pierre, à une profondeur comprise entre i et 2 mètres, repré-
senterait encore i433 kilogrammes par hectare, si cette terre formait à elle
seule une couche de 26 centimètres d'épaisseur. Ces résultats, considérés
dans leur ensemble, nous montrent que, sans tenir compte des nitrates
qu'elle contient, une couche de terre d'un mètre d'épaisseur peut renfermer
des masses considérables de matières azotées, destinées par la Providence
à subvenir à l'entretien et au développement des récoltes à venir.
» Nous voyons également que les racines des plantes fourragères pivo-
tantes, lorsqu'elles pénètrent à des profondetirs considérables, peuvent
encore y trouver en proportions assez importantes les éléments nécessaires
à leur développement.
» Il est facile de comprendre, en présence de ces résultats, comment le
trèfle peut, sans nuire à la fertilité des couches superficielles, trouver dans le
sol, pendant les deux années de sa durée, les 264 kilogrammes d'azote, né-
cessaires à la production de ses quatre coupes ; comment le sainfoin peut y
( 7'6 ) • ■
trouver, tout en enrichissant par ses débris la couche céréahfère, les 335 ki-
logrammes d'azote dont l'analyse indique la présence dans le produit de ses
trois années d'existence; comment la luzerne, sans affamer la couche supé-
rieure du champ qui la nourrit pendant cinq ans, peut prélever sur celui-ci
à l'état de fourrage près de 800 kilogrammes d'azote en combinaison ; com-
ment enfin les racines de cette plante qui cessent de se développer normale-
ment dès que la nourriture leur fait défaut, peuvent encore trouver, à
2 mètres de profondeur, l'un des éléments que l'on s'accorde à considérer
aujourd'hui comme les plus indispensables à la végétation.
» A quel état de combinaison et sous quelle forme se trouvent ces vingt
mille kilogrammes d'azote que l'on peut trouver sur un hectare de terre, sans
pénétrer à plus d'un mètre de profondeur? C'est ce qu'il serait peut-être assez
difficile de préciser dans l'état actuel de nos connaissances, malgré les tra-
vaux remarquables qui ont été publiés dans ces derniers temps. Toutefois
si nous nous rappelons comment sont habituellement appliqués sur le sol
les engrais de toute nature qui lui sont confiés, si nous nous rappelons que
ces engraiiis sont ordinairement incorporés dans la couche supérieure à une
profondeur qui dépasse rarement 20 à aS centimètres, nous serons obligé
de reconnaître que cette masse d'azote que nous trouvons dans le sol, à une
plus grande profondeur, ne doit pas y avoir été introduite par l'homme
directement.
» A priori, on peut attribuer à trois sortes de causes principales les ma-
tières azotées disséminées actuellement dans les couches inférieures du sol
qui ne sont pas entamées par les instruments aratoires :
» 1°. Les matériaux constitutifs du sol primitif avant toute culture, même
avant leur désagrégation, pouvaient contenir en combinaison une portion
plus ou moins importante de l'azote qui s'y trouve aujourd'hui.
» 2°. L'atmosphère apporte, depuis des siècles, un notable contingent de
matières azotées de natures diverses.
» 3°. Enfin les engrais incorporés dans la couche arable ont pu céder
aux couches inférieures une partie de leurs principes fertilisants. »
(7'7)
MEMOIRES LUS.
PHYSIQUli. — Sur une mélliode propre à rechercher, si l'azimul de polarisclion
du rayon réfracté, est influencé jjctr le mouvement du corps réfrin(jent. Essai
de cette méthode; par M. H. Fizeau. (Extrait par l'auteur. )
(Renvoi à la Section de Physique.)
o L'existence de l'éther lumineux paraît aujourd'hui si hieu étahiie, et le
i'ôle que ce milieu, universellement répandu, peut jouer dans la nature,
semble devoir être si considérable, que l'on a lieu de s'étonner du petit
nombre de phénomènes encore connus, dans lesquels il se révèle avec certi-
tude. On peut entrevoir cependant, que les plus grands progrés pour les
sciences physiques, seront la conséquence probable des découvertes qui
viendront successivement ajouter à nos connaissances sur ce sujet. Sous
l'influence de cette pensée, j'ai entrepris diverses recherches dirigées spé-
cialement vers le but que je viens d'indiquer. Les premiers résultats positifs
auxquels je suis parvenu, ont été le sujet d'un précédent Mémoire, soumis
en i85i au jugement de l'Académie. Dans ce Mémoire on examine diverses
hypothèses faites sur les rapports de l'éther lumineux avec les corps en mou-
vement; on montre ensuite que ces hypothèses peuvent être soumises à une
épreuve décisive, en mesurant la vitesse de la lumière dans les corps en
repos et dans les corps en mouvement ; enfin on rapporte les résultats des
expériences dans lesquelles on a pu constater, que le mouvement d'un corps
change réellement la vitesse avec laquelle la lumière se propage dans son
intérieur. C'est en chassant avec vitesse une colonne d'eau dans le double
tube d'Arago, et en observant le déplacement des franges d'interférences
formées par les rayons qui avaient traversé l'eau en mouvement, que ce
phénomène a pu être constaté et mesuré.
» La même expérience a été faite avec un milieu gazeux, l'air, égale-
ment animé d'une grande vitesse ; mais le déplacement des franges dans
cette circonstance a été insensible. On rapporte dans le Mémoire les raisons
qui expliquent ce résultat négatif, et l'on montre qu'il doit être attribué à la
faible densité de la matière, et qu'il ne contredit nullement le fait observé
avec l'eau. *•
« Pour compléter et étendre les résultats des recherches que je viens <Je
rappeler, il était important d'étudier sous le même rapport un corps solide
C. R., 1859, 2' Semestre. (T. XLIX, K» 20.) 94
{ 7'8 )
comme le verre, afin de constater si la lumière s'y propage aussi avec des
vitesses différentes, lorsqu'il est en repos ou en mouvement. C'est dans ce
but qu'ont été entreprises les recherches, qui font le sujet du nouveau
Mémoire que je soumets aujourd'hui au jugement de l'Académie.
» Quant au mode d'observation, celui qui avait été précédemment em-
ployé pour l'air et pour l'eau, pouvait bien s'appliquer aux autres gaz et aux
liquides de différente nature, mais il ne permettait pas l'emploi des corps
solides. Il a donc fallu recourir à d'autres principes et employer une
méthode différente. Voici les principes sur lesquels on s'est appuyé :
On sait depuis longtemps, d'après les recherches de Malus, de M. Biot
et de sir D. Brewster, que lorsqu'un rayon de lumière polarisée vient
à traverser une lame de verre inclinée, le plan de polarisation n'est plus
en général le même dans le rayon transmis que dans le rayon incident.
Sous l'influence des deux réfractions produites par les deux surfaces de la
lame, le plan de la polarisation primitive éprouve une certaine rotation
dont la valeur dépend simultanément : i" de l'inclinaison du rayon sur la
lame de verre ou de l'angle d'incidence ; 2° de l'azimut du plan de la pola-
risation primitive rapportée au plan de la réfraction; 3" de l'indice de ré-
fraction de la matière dont la lame est formée.
» C'est surtout l'influence de l'indice de réfraction qu'il convient de
considérer pour le sujet qui nous occupe. L'angle d'incidence et l'azimut
restant les mêmes, la rotation est d'autant plus grande, que la matière dont
la lame est formée possède un indice de réfraction plus élevé; et comme
l'indice de réfraction d'un corps est inversement proportionnel à la vitesse
de la lumière dans ce milieu, il suit de là que la valeur de la rotation est
subordonnée à la vitesse avec laquelle la lumière se propage dans la sub-
stance considérée, cette rotation étant d'autant plus grande, que la vitesse
de la lumière y est plus faible. Si donc la vitesse de la lumière vient à
varier par une cause quelconque à l'intérieur de la substance, on peut pré-
voir que la rotation subira une variation correspondante, et l'étude de la
vitesse de la lumière peut être ainsi ramenée à l'observation d'un phéno-
mène facile à constater, comme la rotation du plan de polarisation.
» Examinons maintenant, comment ce principe peut être appliqué à la
recherche des petites variations de vitesse, que peut éprouver la lumière
lorsqu'elle traverse un corps solide en mouvement.
» Avant tout, il a parii nécessaire de déterminer le changement apporté à
ta valeur de la rotation, par un accroissement ou une diminution dans la valeur
de l'indice de réfraction. Des mesures directes et comparatives des indices
( 7'9 )
de réfraction et des rotations, poiu' le fJintet le verre ordinaire, sont rappor-
tées dans le Mémoire; elles montrent que l'indice venant à augmenter
d'une petite fraction, la rotation augmente d'une fraction 4 fois et demie
plus grande.
» Cherchons maintenant quel est le cliangernenl de vitesse que l'on peut
attribuer à un rayon de lumière, dans l'intérieur du verre, lorsqiiion suppose ce
corps en mouvement.
» Bien qu'aucune expérience positive n'ait encore décidé la question, les
probabilités les plus grandes autorisent à supposer, que le mouvement du
milieu doit donner lieu pour le verre à un changement de vitesse du rayon
intérieur, analogue à celui que l'expérience a constaté pour l'eau, et que ce
changement doit se faire, pour l'un comme pour l'autre milieu, suivant
l'hypothèse conçue par Fresnel, comme la plus propre à expliquer à la fois
le phénomène astronomique de l'aberration de Bradley et l'expérience néga-
tive d'Arago sur la réfraction de la lumière des étoiles par un prisme de
verre : réfraction que ce grand physicien avait supposé devoir être influen-
cée par le mouvement de la terre dans son orbite, et que l'expérience a
montré être parfaitement constante.
» On est donc autorisé à employer la formule de Fresnel, pour prévoir la
valeur du changement de vitesse que peut éprouver le rayon intérieur du
verre sous l'influence du mouvement.
» La plus grande vitesse"d'un corps matériel qu'il nous soit donné de
faire intervenir dans nos expériences, est certainement la vitesse de trans-
lation de la terre dans son orbite , vitesse que notre esprit peut à peine
concevoir et qui n'est pas moindre en effet de 3iooo mètres par seconde.
Ce mouvement, qui est insensible à nos yeux, parce que nous en sommes
animés simultanément avec tous les objets qui nous entourent, a lieu sui-
vant une direction qui, pour nos instruments, varie sans cesse et avec l'épo-
que de l'année, et avec l'heure du jour, mais qu'il est toujours facile de
déterminer. A l'époque des solstices, par exemple, la direction de ce mou-
vement se trouve être-horizontale, et de l'est à l'ouest à l'heure de midi; de
sorte que dans ces circonstances, une lame de verre recevant un rayon de
lumière venant de l'ouest, doit être considérée comme se mouvant réelle-
ment d'une vitesse de 3iooo mètres par seconde, dans un sens contraire à
celui de la propagation de la lumière. Si au contraire le rayon incident vient
de l'est, le verre doit être considéré comme se mouvant avec cette même
vitesse, dans la même direction que la lumière.
» Voici pour le verre le changement de rotation correspondant au chan-
94-.
( 720 )
gement de vitesse du rayon produit par le mouvement terrestre. T.e calcul
rapporté dans le Mémoire conduit à admettre un changement probable
de -5-5*077 dans la rotation produite par le verre sous l'influence du mouvement
annuel considéré dans ses deux directions opposées.
» nioycn d'isoler le rayon réf raclé par des piles de glaces. — Los premiers
essais ont eu pour but d'isoler parfaitement le rayon réfracté, cpii seul devait
être observé, des autres rayons réfléchis par les surfaces du verre.
» Des dispositions minutieuses ont été reconnues nécessaires pour isoler
complètement le rayon direct, et lui conserver en même temps luie direction
sensiblement parallèle à sa direction première.
Disposition optique employée pour observer les rotations.
» Cet appareil décrit dans le Mémoire, permet de placer une série de piles
de glaces sur le trajet d'un faisceau de lumière polarisée parallèle, le plan de
la polarisation primitive étant déterminé par un cercle divisé, et la rotation
de ce plan par l'action des piles étant mesurée sur un second cercle divisé au
moyen d'un analyseur convenable, et l'instrument peut être orienté dans
différentes directions, de manière à étudier l'influence du mouvement ter-
restre sur les phénomènes.
» Pour faire commodément et rapidement la double observation, ou a
disposé à l'avance deux miroirs fixes, l'un à l'est, l'autre à l'ouest de l'in-
strument, et au moyen d'un héliostat on dirige un faisceau de lumière
solaire alternativement sur l'un ou l'autre de ces miroirs, d'où il est réfléchi
vers l'instrument.
» Les difficultés résultant de la tremj>e des verres sont les plus grandes
qui aient été rencontrées dans ces recherches. Un nombre considérable de
fragments de verres, d'origines et de natures diverses, ont été examinés
avec soin; aucun n'a été trouvé complètement exempt de trempe. On a es-
sayé de recuire de diverses manières les glaces, et l'on est parvenu à dimi-
nuer seulement la trempe, sans la détruire. Des essais spéciaux ont été faits
dans plusieurs verreries, sans résultats plus complets. Toutefois, malgré
ces insuccès, il est permis d'espérer que de nouveaux essais, conduits avec
persévérance, permettront de résoudre prochainement cette difficulté.
» Cependant, en employant des artifices de compensation et surtout en
profitant d'une propriété remarquable des piles de glaces, d'amplifier pour
certains azimuts les variations de la rotation, on est parvenu, avec des verres
encore imparfaits, k réaliser plusieurs dispositions de piles au moyen des-
quelles on a pu faire les expériences rapportées dans les tableaux suivants :
( 72'
Disposition ( A )
DATES.
Juin
I
Juillet
NOMBRE
des observations
Vers
l'est.
|6
3o
I
i3
1',:
II
3,'l
■?'^
1.5
i5
20
i5
25
3o
3o
'7
20
>-i
12
21
'7
'•7
21
40
20
10
20
2(i
2/,
i5
25
i5
10
16
10
10
10
10
10
10
"4
10
10
iti
14
10
10
10
10
Vers
l'ouest.
32
35
15
15
20
i5
25
Ji
•9
22
i3
i5
18
21
29
i5
41
22
10
10
10
12
20
23
20
i5
i5
i5
10
16
20
10
i5
'4
20
20
10
10
10
10
16
>4
10
10
10
10
EXCES
(le rotation
potirlndiroction
ouest.
33
45
60
6G
90
20
l'A
53
38
25
54
I .21)
l.l'S
I . I
4'
57
3i
46
— 7
53 . 3o
37
23. 3o
60
32
53. 3o
49
23. 3o
39
«9
39
9-3o
56. 3o
26
55. 3o
25
23. 3o
\l
62
5o
43
'9
55. 3o
59
43
i't
59
2S
59
^î
5o
3i
43
.',2
3
59
. HEURE
MOYENNE.
Il m
4
2.3o
1 1 .3o
;<'
1 1 .3o
2.3o
3.3o
4
1 1 .45
2. i5
4
3
4
1 2 . 1 5
4
i.3o
3
4
12
3.3o
12.. ',5
II .3o
4
II . |5
4
I
12. i5
2.3o
./|5
.3o
•(
10.^5
I ■! . .io
2 /j5
4
10. 3o
12. 3o
4
4
12. 3o
4
3./|5
REMARQUES.
(Excès calculé, au solstice à midi, 45' à 65').
Dans CCS trois séries on a introduit ii iJossein une er-
reur constante dans l'appareil en inclin.int l'axe de ro-
tation , afin d'observer l'influence de l'heure dans des
conditions différentes des précédentes.
A partir de celte série, on a ajouté .à l'appareil une l(i nette
accessoire destinée à assurer l'identité de direction du
rayon dans les deux situations de l'appareil.
Excès inverse, c"est-ii-dire pour la direction est.
A partir de cette série l'appareil est consolidé avec deux
longs tubes de verre mastiqués pour éviter les flexions.
Un fil à plomb est ajouté à l'appareil pour maintenir
l'axe vertical et éviter les flexions.
Un des miroirs (celui de l'est) ayant paru défectueux,
l'autre est divisé en deux parties, la première ppur
l'est, la seconde pour l'ouest.
Amélioration des images par un polit changement de
direction du rayon et par l'addition d'un écran.
Observation3 alternées de deux en deux pour diminuer
l'influence des changements do tempcrattiro.
Série de '^ h. faîte avec des précautions particulières.
\ Le i/( on a interverti les positions d-^s miroirs; une pile
( est de'.'omie oscillante sur son support par l'eiïet de
\ la chaleur sur les lièges.
( 723 )
Disposition ( B ) ,
NOMBRE DES OBSERVATIONS
EXCÈS
de rotation
HEURE
DATES.
Vers
Vers
pour la di-
rection
moyenne.
REMARQUES,
l'est.
l'ouest.
ouest.
Septemb. 18
II
i3
81'
h m
3.
(Excès calculé, au solstice à midi, 120'
à i4o').
io
'4
18
i39
2.
i.i5
Miroir de l'héliostat remplacé par un
24
16
16
128
prisme à réflexion totale : observa-
tions faites avec un verre jaune.
Octobre 5
10
10
120
1 .3o
Dispersion des plans des couleurs com-
6
8
4
i55
2.45
pensée par un flacon d'essence de
citron.
Disposition (C)
Octobre 1 7
i5
i5
55'
h m
i.3o
(Excès calculé, au solstice à midi, 5o'
à 60')
'7
i3
23
3o
2.45
Azimut de polarisation dans une posi-
22
12
"
38
2.l5
tion défavorable.
Azimut de polarisation dans une posi-
•7
"7
18
33
2.
tion défavorable.
2/1
23
25
45
2.
Autre situation de l'azimut de polarisa-
tion.
1
» Tel est l'ensemble des résultats obtenus jusqu'ici ; on les a rapportés en
totalité, en ne supprimant que quelques séries évidemment fautives^ par
suite d'accidents constatés, ou faites avec un nombre d'observations insuf-
fisant, par l'effet des interruptions produites par les nuages.
» On a du reste multiplié le plus possible les mesures, dont le nombre
total s'élève à plus de 2000, afin que les moyennes fussent mieux dégagées
de toutes les causes d'incertitude.
» On a rapporté les nombres obtenus avec l'indication de la date et de
l'heure moyenne des observations; il eût fallu, pour les rendre immédiate-
ment comparables, les réduire à une même époque et à une même heure ;
le temps a manqué pour effectuer ces calculs, mais on peut apercevoir dès
maintenant certaines conséquences qui ressortent naturellement de l'en-
semble de ces déterminations.
( 7^3 )
» i". Les rotations du plan de polarisation, produites par des piles de
glaces inclinées, sont constamment plus grandes lorsque l'appareil est di-
rigé vers l'ouest que lorsqu'il est dirigé vers l'est, l'observation étant faite
vers le milieu du jour.
I) 2°. L'excès de rotation observé paraît décidément maximum, vers midi,
à l'époque du solstice. Il est plus faible avant et après cette heure, et vers
4 heures il est peu sensible.
» 3°. Les valeurs numériques, déduites de différentes séries d'observa-
tiotis très-multipliées, présentent des différences notables, dont on peut
soupçonner, mais non déterminer encore les causes avec certitude.
» f\°. Les valeurs de cet excès de rotation, calculées au moyen de rai-
sonnements où l'on a cherché à tenir compte de l'influence du mouvement
annuel de la terre, s'accordent d'une manière assez approchée a^ec la plu-
part des nombres déduits de l'observation.
» 5°. On est donc conduit, par le raisonnement et par l'expérience, à
admettre comme très-probable, que l'azimut de polarisation du rayon ré-
fracté est réellement influencé par le mouvement du milieu réfringent, et
que le mouvement qui entraîne la terre dans l'espace, exerce une influence
de cette nature sur les rotations produites dans la lumière polarisée par des
piles de glaces inclinées.
M Ces expériences doivent être continuées au moyen d'un appareil qui
sera prochainement terminé, et dont les dispositions, spécialement appro-
priées à ces recherches, permettront de les poursuivre avec tout le dévelop-
pement que réclame l'importance du sujet. »
ÉCONOMIE RURALE. — Grenier conservateur de [invention de M. E. Pavy.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires MM. Boussingault, Morin, Decaisne, Maréchal Vaillant.)
« Le grenier conservateur que j'ai l'honneur de soumettre au jugement
de l'Académie et dont je mets sous les yeux la figure accompagnée d'une
légende explicative, est disposé de manière à remplir les indications sui-
vantes :
» Il nettoie et emmagasine, presque sans frais supplémentaires, le blé à
sa sortie de la machine à battre, quelle qu'elle soit, dont par conséquent
il serait le complément.
» Il applique à l'emmagasinage des blés des matières qui, par leur forme
( 724 )
et les conditions dans lesquelles elles sont employées pour la première fois,
réduisent le prix des réservoirs de i '■■ 5o" à a '' /jo "^ par contenance d'hecto-
litre; suivant la matière employée qui semble devoir être principalement
des cylindres de poterie de 5o centimètres de diamètre et de hauteur, super-
posés et juxtaposés comme un faisceau de gros tuyaux d'orgue, par lesquels
le blé s'écoule naturellement dans le tarare qu'Us dominent pour passer in-
tégralement et périodiquement d'un réservoir dans un autre réservoir eu
recevant un énergique nettoyage, qui ne revient à bras d'homme qu'à i cen-
time par hectolitre et à mouis d'un ~ centime lorsque le mouvement vient
de l'excédant de force d'une machine à vapeur ou d'un manège, d'nne chute
d'eau ou des ailes d'un moulin à vent.
» Ainsi par l'ensemble des combinaisons de cet appareil, quelques minutes
suffisent pour extraire le blé de la gerbe, le nettoyer deux ou trois fois,
l'emmagasiner et le convertir en farine de plusieurs qualités sans que la
meule ou la main du meunier s'en mêlent, avec une très-notable économie
de force et de personnel ; ou le livrer au commerce, très-propre, mis dans
les sacs pesés et comptés sans l'assistance de l'homme et ayant dans ces dif-
férentes opérations économisé lo personnes. Un grenier conservateur de
4ooo hectolitres coûterait i5,ooo francs à construire ou S'' 75' par hec-
tolitre. »
mëmoirës présentés.
THÉOBIE DES NOMBRES. — Recherches sur les nombres premiers: extrait d'une
Lettre adressée à M. Hermite par M. A. de Polignac. (Suite.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Liouville, Lamé, Hermite.)
« Si nous faisons la somme de (10) et (1 1), nous aurons
logtp(jr)-»- log;^(x) = [logÔ(x)4-logv(a?)]+logp.'(.r^)
+ [logâ(j:») + logv(j:)»j + \oqij:{x)* +...,
et comme \og6{jc)-+- logv(x)= \og^'{x),
log<^[x) -f- logx(^t) = log^' (x) -f- log|7.'(i^) -^ \og[i' (a-^) + log/ji' (x~')
= ]og(p'{x).
( 725 )
Ainsi nous connaissons la somme
(i3) log<i^{x)-^\ogx{x)~log<p'{x).
n Si maintenant nous faisons la différence (9) — (12), nous trouverons
que le premier nombre sera positif ou négatif, suivant que le nombre
impair immédiatement inférieur à x sera de la forme 4" H- i ou 4" + 3;
nous verrons encore que cette différence est toujours comprise entre + log.r
et — logx; en sorte que nous aurons
(i4) + \ogx>\og^{x)- logx(^) + logx(|) -logtj;(^)
-rogx(f) + iogt(f )-»-•••'
(i5) -loga:<log<j;(x)-logx(x)+logx(f) - H'^[l)
+ log^(f)_logx(5)....
Or, par la nature même des fonctions (j; et x> nous savons que
log4-(x)>log+(-^)>log^(î)>log<}.(^)>log^(^)...,
logx(^) l logX (f ) = logx (5)^ log<}. (^) > log^j; (£j....
L'inégalité (i4) peut s'écrire
+ logJC> log<j;(a7) - logx(j:) - log(|;^^^
+ [logx(i)-logx(i) + ïogx(f)---]
+ [log <]; (^) - log ^ (^) + log (|; (^) . . .].
Or, par la nature même des fonctions ij> et x, les quantités entre parenthèses
sont positives; donc
-h\o^x>log<i^{x) - logx(.x^)-log<j;(jj:
- logj: < \og^{x) - logx(J?) -I- logx(f) ;
(.5)
de même
(16)
G. R., 1859, 2"" Semeslre. (T. XLIX, N«20.;
95
( 7^6 )
mais,"en vertu de (i3),
et à cause de (7) et (8),
log(|;(x) H- \ogy^{a:)> Ax — Blogx — i,
,6
5
d'où
log(J^(j:) + \ogx{^) <-s^^ + B'iog^x + C'ioga: + D',
(17) logx(jr) > — logt^j:) + Ax - Blogj? — i,
(18) ]ogx{^)< — logtj/(a:)-h|A^H-B'log»a^-f-C'loga--4-D'.
Remplaçant dans (16) log;((a:) par le second membre de l'inégalité (17) on
aura à fortiori
— loger < 2.\ogi^{x) — Ax + Blogx + I + logX (3)'
et remplaçant log;((^j par le second membre de l'inégalité (18), nous
aurons
3
— loga: < 2logi|^(a,) — --Ax + B'iog' j:
+ [B — 2 B' log 3 + C] loga: + B' iog* 3 - C log 3 + D' -+- 1 ,
ou, pour abréger,
(19) logtj;(a-)>^Aa:-B''log''a- — C"loga--D".
Si maintenant, dans(i5) nous remplaçons log;((x) par le second mem-
bre de (18), nous aurons
log (j; {x) - log ^ (f \ < I Aa: + B'iog'j: + (C -f- 1) logo: + D',
iori
alog«j^(j:)- 2log(|-(|j <|Ajr+B'log^^ + (C'+i)logjr + D',
(ao) log<|;(jr)-log|^j) <AAar + |log=x-4-^^^^logj:; + 5..
ou à fortiori
d'où
( 7^7 ) ,
mais, puisque x est quelconque, on a de même :
iog+(f.)- iog+(5^) <^A| + |:iog'x+(<i')iogx+2:.
En faisant la somme de ces deux inégalités membre à membre, nous trou-
verons
'3 — i'
(ai)
logif(x) - logtj;^^^) <:^Aj?(
2.3"
nB', ,, /C'-(-i\, «D'
+ — log^X+« — — log^4-— -
Or, si nous prenons ?i de façon à ce que
— ^ 'i— <^ ^
3»+.
log ij; ( ^^^ J sera nul et nous aurons
logor — log5 '.og.r — logS
"< — bp~~' ""^ — i^p '5
l'inégalité (ai) deviendra alors
(22) logi^x) < -^ Aa: + B"'log» j:h- C"'log»x + D"'logx + E".
» D'ailleurs, les valeurs numériques de B"', C", D'", E'"sont bien faciles à
déterminer; je les omets pour simplifier.
» Nous sommes donc parvenus à déterminer deux expressions continues
qui comprennent l'expression \o^^{cc').
» Il nous sera maintenant facile de trouver deux expressions analogues
comprenant log Q{x)^ ^("^) désignant, comme on sait, le produit de tous les
nombres premiers de la forme 4 « + i jusqu'à ,r .
» En effet, en vertu de ( i o), on a
logif (x) = logô(j:) + log/(jc"2) + log^lxâ) +log/Ji'(jî*)4- ...,
95..
( 728 )
et en vertu de
log <p' (x) = log fjL' {x) + log ij.' (cr * j 4- log n.' {x^J -+- log ix' \x^) ■+■ . .
on -dix étant quelconque)
log 9' (:c V = log F' (•^ V + log 1^' ("^^V + 'og F-' (-a?^) + log II' («r») +
donc
logt|-(ar) - logy'(j?'^)=logÔ(j:)+ \og6(x^) ■+■ \ogô{x^) + ...,
d'où
(^3) loge{x)<ïog<i^{x)-log<p'(x^);
on trouverait aussi
[iogiJ.ix)^-\oge{x^)]
[+ [logj:jL'(j:*)- logÔ (a:^)] + .
Or la quantité entre parenthèses est essentiellement positive, car
log^' (x^) > log e (x^); logfi' {x^) > logÔ (x^)...;
log({;(x)- 2log9'(a:V = logÔ(a:} -■
donc
(^4)
d'où
(25)
et
(.6)
logô(x) >logij>(x) — 2log9'(x2),
\oge{x)<-^Ax + B"'log'x+ C" log^r + D'" logx + E'"
— \ \/x -h Blog \/x -h i = t [x),
\oge{x)> -^Ax-B"log-^x-C"logx
-D"a- (^Aylx-^B'\og'\Jx + C\og\/x+D')=t'{x).
» Maintenant, au moyen des inégalités (aS) et (26), nous pouvons faire
voir qu'à partir d'un certain nombre facile à déterminer,
loge(4j:^)-loge(x)>o,
et qu'on n'aura jamais log 5(4-^) — log(a:) = o (pour x > 2); i\[ s'ensuit
qu'il y a au moins un nombre premier de la forme 4«+ ' compris entre
4x et x.
( 7^9 )
» En effet,
(a7) loge(4^)-log9(x)><'(4:c)-<(jr),
et ,
f{^x) — t{x) = —Ax— •^Av/^4-i'log»a:
-4- clog* X ■+- dlogx ■+■ e log* s/x -+-/log \/x -t- g,
b, c, d, e,J\ g sont des valeurs numériques qu'on détermine immédiate-
ment et qui sont positives ou négatives; A est essentiellement positif. Po-
sons t' {/ix) — t{x) = \J{x). Si nous désignons par x' un nombre positif
immédiatement supérieur à la plus grande racine de U {x) = o, nous au-
rons U {x') > o, et pour toute valeur x" > x', on aura toujours U"(jc) > o.
Donc, à partir de x', il y aura toujours entre x et ^x un nombre premier
de la forme ^n -h i ', en remplaçant dans U [x) les coefficients par leurs va-
leurs numériques, on trouve que looo est supérieur à la plus grande racine
deJ] {x) = o; le théorème est donc démontré à partir de a: = i ooo ; jusque-
là on le vérifie directement au moyen des tables.
» Des raisonnements semblables et des calculs presque identiques servi-
raient à faire voir que log v(^x) — log v (a;) > o, ce qui prouve qu'entre
J^x et X i[ y a toujours un nombre premier de la forme 4 « -+- 3. »
GÉOMÉTRIE. — Des propriétés communes à un système de deux lignes de
courbure d'une même surface du second ordre et à un système de deux lignes
droites situées dans un même plan; par M. Aocst.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Liouville, Lamé, Bertrand.)
« Théorème. i°. Si, dans un système de deux droites qui se rencontrent
on décrit une série de surfaces planes ou sphériques telles, que chacune
d'elles les coupe en des points symétriques par rapport à l'axe (bissectrice
de l'angle des deux droites), on pourra décrire, dans un système de deux
lignes de courbure quelconques d'une surface quelconque du second ordre,
symétriques par rapport à l'axe, une seconde série de surfaces planes ou
sphériques correspondantes, 'qui les couperont en des points symétriques
par rapport à l'axe, et qui seront déterminées lorsque les surfaces de la
première série seront déterminées.
» u". Si, d'un point quelconque des deux droites, on mène des perpen-
diculaires /, /' Z",. . ., aux surfaces planes, et des tangentes t, t', t",, . ., aux
( 73o )
surfaces sphériques de la première série, s'il existe une propriété métrique
entre ces tangentes et ces perpendiculaires, la même propriété existera entre
les perpendiculaires X, X', X",..., et les tangentes t, t', t",..., menées d'un
point quelconque du système de deux lignes de courbure aux surfaces
planes et aux surfaces sphériques de la deuxième série.
» 3°. Si l'on prend dans le système des deux droites la série des points
pour lesquels les tangentes t, t\ t", ..., sont respectivement égales à t, t', t", . . . ,
les perpendiculaires du second système seront dans un rapport constant
avec les perpendiculaires correspondantes /, Z', l",. .. du premier.
» Démonstration. Soit f(l, /', /",..., t, f, t",. . .,) = o la relation métri-
que du premier système; si l'on fait tourner le système des deux droites
autour de leur axe, elles engendreront une surface conique pour chaque
point de laquelle la relation /= o aura lieu.
» Si nous menons un plan quelconque, ce plan coupera le cône, les
plans et les sphères du premier système suivant une conique, suivant des
droites et des cercles déterminés de grandeur et de position. Ces droites et
ces cercles couperont la conique réellement ou imaginairement en des
points symétriques par rapport à son axe; or, il est visible que, la conique
étant située sur la surface du cône, chaque point de la conique jouira de
la propriété /(<, t\ t",.. .,/,/'/",...) = o.
» Appelons t, t', t",. . . les tangentes menées d'un point quelconque de
la section conique aux cercles d'intersection, et X, X', X",. .[, les perpendicu-
laires abaissées du même point aux lignes d'intersection; on aura aussi,
pour chaque point de la conique, la relation
/(r, T', r",..., l,l',l",...) = o;
et comme X, X', X",. . . sont dans un rapport constant a avec Z, l', l",. . ., on
aura pour chaque point de la conique
■-^ /(r,T',T",..., aX,aX',aX",...) = o.
» Maintenant faisons tourner le plan de la conique autour de son axe.
La conique engendrera une surface de révolution du second ordre, les
droites engendreront des plans perpendicidaires à l'axe de la surface, et
les cercles, des sphères dont les centres seront situés sur le même axe. Or il a
été démontré (Comptes rendus de t Académie des Sciences, t. XLVIII, p. 886)
qu'une surface de révolution du second ordre passe par toute ligne de cour-
bure tracée sur une surface du second ordre, et qu'elle passe aussi par la
( 73. )
ligne de courbure placée sur la même surface symétriquement par rapport à
J'axe. Il résulte de là que les surfaces planes et les surfaces sphériques de
cette seconde série seront déterminées, qu'elles couperont réellement ou
imaginairement le système des deux lignes symétriques de courbure en des
points symétriques par rapport à l'axe, et que chaque point de ce système de
lignes jouira de la propriété
y(T, t', t",.-, aX, aX', rtX",...) = o. c. q. f. d.
» Corollaires. i°. Lorsque les sphères de la première série sont tangentes
aux deux ligues droites, les sphères de la seconde sont tangentes réellement
ou imaginairement aux deux lignes de courbure.
» 2°. Lorsque les sphères de la seconde série se réduisent à des points,
les tangentes à ces sphères se changent en rayons vecteurs issus de ces
points.
» 3". Si la relationy= o ne contient que deux variables, elle définit, con-
jointement avec la surface du second ordre, le système des deux hgnes de
courbure.
» applications. Le théorème que nous venons de démontrer conduit avec
une grande facilité à plusieurs propriétés remarquables des lignes de cour-
bure des surfaces du second ordre. Je me contente d'énoncer les suivantes :
» 1°. Si deux lignes de courbure d'une surface du second ordre sont symé-
triques par rapport à un axe, et que, d'un point quelconque de cet axe
comme centre, on décrive une sphère sécante, elle coupera les deux lignes
de courbure en des points symétriques par rapport à l'axe }■ les deux plans
passant chacun par quatre points d'intersection symétriques deux à deux
par rapport à l'axe seront perpendiculaires à cet axe ; le carré de la tan-
gente menée d'iui point quelconque de ces deux lignes de courbure à la
sphère sera dans un rapport constant avec le rectangle des perpendiculaires
abaissées de ce point sur les deux plans, de sorte que l'on aura
T= = ani'.
» 2°. Si dans l'énoncé précédent on construit une sphère sur la portion
de l'axe comprise entre les deux plans fixes, tangente à ces deux plans,
toute tangente G à cette sphère menée de la projection d'un point quelcon-
que des deux lignes de courbure sur l'axe sera dans un rapport constant
avec la tangente t menée du même point à la sphère sécante, de sorte que
l'on aura
( 73a )
» 3*^. Si l'on mène deux sphères quelconques touchant réellement ou
imaginairement deux lignes de courbure d'une surface du second ordre sy-
métriques, en des points symétriques par rapport à l'axe, la somme ou la
différence des tangentes à ces deux sphères, menées d'un point quelconque
des deux lignes de courbure, sera constante suivant que ce point sera situé
ou non entre les deux sphères :
■:±.t'=a.
» 4°- Si l'on décrit deux sphères concentriques coupant réellement ou
uuaginairement deux lignes de courbure symétriques en des points symé-
triques par rapport à l'axe, la somme ou la différence des puissances d'un
point des lignes de courbure par rapport à ces deux sphères sera constante,
suivant que le point sera situé ou non dans la couche sphérique (la puis-
sance d'un point par rapport à une sphère est le carré de la tangente ou de
la demi-corde minimum menée parce point à la sphère
» 5°. Si dans l'énoncé précédent on suppose les deux sphères non con-
centriques telles, que les quatre plans perpendiculaires à l'axe, passant
chacun par quatre points d'intersection des deux sphères avec les lignes de
courbure, interceptent deux à deux sur l'axe des longueurs égales, on aura,
b désignant aussi une constante,
[a» + (t -l-T'f ] [rt* + T - t')»] = b\
» Il résulte de ce que nous venons de dire que les propriétés précéden-
tes n'appartiennent, soit aux lignes de courbure des surfaces du second
ordre, soit aux sections coniques, que parce qu'elles appartiennent à un
système de deux droites. »
TOPOGRAPHIE. — Mémoire sur l'emploi de la photographie dans la levée des
plans ; parM. A. Laussedat. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Laugier, Daussy. )
« Les vues isolées d'un monument ou d'un site naturel dessinées avec
soin et accompagnées des effets de la perspective aérienne, produisent sur le
spectateur une impression telle, qu'il peut se croire transporté en face des
objets représentés et se rendre compte jusqu'à un certain point de leurs
( 733 )
dimensions et de leur éloignement. On sait combien cette illusion s'accroît
dans le stéréoscope, où les deux images que l'on regarde à la fois ont été-
prises de deux points de vue différents très-voisins l'un de l'autre.
» Cette expérience, devenue familière et qui donne si bien la sensation
et l'idée du relief, m'aidera peut-être à faire comprendre à tout le monde
comment les distances et les dimensions véritables des objets qui compo-
sent le paysage peuvent être non-seulement estimées d'une manière vague,
mais déterminées avec exactitude, lorsqu'on a plusieurs vues de ce même
paysage prises de points différents. Seulement, la géométrie enseigne que
plus les objets dont on veut mesurer les distances sont éloignés, plus les
différents points de vue d'où on les observe successivement doivent être
distincts les uns des autres.
» Le procédé dont les topographes font ordinairement usage, et qui est
connu sous le nom de méthode des intersections^ n'est pas autre chose, au
fond, que la construction du plan opérée sur place à l'aide des perspectives
naturelles. Il est donc évident que les vues panoramiques du terrain dessi-
nées dans des conditions d'exactitude suffisantes, doivent pouvoir être
substituées au terrain lui-même. 11 ne reste plus dès lors qu'à chercher les
moyens d'exécuter ces vues et de les combiner de manière à en déduire, par
des constructions graphiques convenables, la projection horizontale et le
nivellement des points les plus remarquables de la surface du sol.
» Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de
l'Académie, je rappelle que la première méthode employée dans ce but est
due à l'illustre Beautemps-Beaupré; j'indique ensuite une simplification
introduite par le colonel du génie Leblanc, et je fais en quelques mots l'a-
nalyse d'un Mémoire qui a reçu l'approbation du Comité des Fortifications,
et qui a paru dans le n° i6 du Mémorial de C officier du génie. Ce Mémoire,
dont je suis l'auteur, était relatif à l'emploi de la chambre claire de Wol-
laston modifiée dans les reconnaissances militaires.
» Les expériences que j'avais faites antérieurement à la publication de ce
Mémoire, en présence du Rapporteur du Comité des Fortifications et de
plusieurs de mes camarades, ne laissaient aucun doute sur le degré d'exac-
titude auquel on pouvait parvenir par ce moyen et qui dépasse assurément
celui que l'on atteint par les procédés expéditifs ordinaires ; mais j'ai eu de-
puis de nombreuses occasions de m'en assurer, et je cite dans le présent
Mémoire un fait qui suffira, je pense, pour établir l'utilité de mes essais et
leur valeur pratique.
» A l'époque où je choisis la chambre claire, j'avais naturellement songé
G. R., 1809, 2"« Semestre. (T. XLIX, N» 20.) 9^
(734 )
à recourir à la photographie, mais pendant longtemps les procédés et les
manipulations en usage ms semblèrent peu en harmonie avec les conditions
dans lesquelles je supposais qu'il fallût opérer. Actuellement, les difficultés
qui m'avaient arrêté n'existent plus au même degré, et elles tendent de jour
en jour à s'aplanir. C'est ce qui m'engage à indiquer la voie que je crois la
pi is simple et la meilleure pour donner aux vues photographiques le carac-
tère géométrique sans lequel elles perdent une grande partie de leur intérêt
en topographie.
» Les moyens que je propose dans ce second Mémoire, et que je me suis
efforcé de rendre abordables, particulièrement aux officiers en campagne,
sont à la portée de tous les photographes un peu instruits et me semblent
devoir être recommandée aux ingénieurs, aux géologues, aux architectes et
généralement à tous les voyageurs qui poursuivent un but scientifique et
qui peuvent se munir d'un appareil photographique. »
PHYSIQUE. — Note sur la modification de la pile de Bunsen; par M. Thomas.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaire, M. Despretz.)
« On préfère généralement la pile de Bunsen à toutes les autres piles pour
les expériences qui réclament de puissants électro-moteurs.
■ Un des plus graves inconvénients qu'on reproche à cette pile, c'est
qu'elle laisse dégager des vapeurs nitreuses assez abondantes, pour que,
dans beaucoup de circonstances, on doive renoncer à s'en servir. On reproche
encore à la pile de Bunsen de ne pas donner un courant constant.
» Le dégagement des vapeurs nitreuses est l'une des causes principales de
l'inconstance du courant. En effet, ces vapeurs attaquent assez vivement les
lames de cuivre qui servent d'électrodes et déterminent des combinaisons
chimiques, qui se forment avec production de nouveaux courants élec-
triques, qui sont non sans influence sur le courant principal.
» Le dégagement des vapeurs nitreuses et la malpropreté sont, d'après les
renseignements que nous avons pu recueillir, la principale cause qui ait
provoqué la suppression de la pile de Bunsen dans bien des circonstances.
« Notre pile se compose d'un couple de Bunsen ordinaire, seulement les
gaz qui se dégagent sont conduits dans un vase poreux, où ils sont décom-
posés. Cette décomposition produit un courant électrique et, par la disposi-
tion de notre appareil, on a un second couple qui fonctionne comme le
premier. Notre pile présente donc les avantages suivants : il n'y a plus de
( 7-^5 )
vapeurs nitreuses; le courant est plus constant; et, par sa construction
même, elle est à l'abri de la malpropreté et peut fonctionner en tout lieu. »
MÉTÉOROLOGIE. — Constitution des halos observés à la Havane, et de leur
rapport avec les phases de la tune; Lettre de M. Andrgs Poey.
(Commissaires, MM. Faye, Delaunay.)
« Depuis la lunaison de janvier jusqu'à celle de septembre inclusivement,
j'ai constamment distingué trois apparences très-trancbées de halos, tant par
leur grandeur que par leur coloration, qui paraissent £tre intimement liées
à la hauteur et à la constitution des nuages ou des vapeurs d'eau répan-
dues dans l'atmosphère. Voici leurs caractères et leurs colorations res-
pectives.
» Petits halos. — Ces petits halos sont produits par la plus grande élévation
des vapeurs tellement dissoutes, élastiques et si uniformément distribuées,
qu'elles n'altèrent point sensiblement la transparence de l'air. Ce sont les
premiers à se constituer seuls ou accompagnés de deux autres ordres de
halos, suivant le degré de densité des vapeurs et des cirrus qui entourent
la lune; de sorte que leur absence est une marque certaine du maximum
de diaphanéité de l'air. Leur unique coloration en brun ou en rou.r^ clair
ou foncé, ainsi que leur grandeur, sont encore intimement liées soit à la
densité des vapeurs d'eau, soit à leur élévation. lueurs dimensions peuvent
varier depuis les rebords mêmes du disque lunaire jusqu'à 2 degrés du
rayon. On les aperçoit dans toutes les lunaisons. Leur formation est le pro-
duit des vapeurs d'eau dissoutes.
)) Halos moyens. — Ces halos peuvent s'engendrer soit par une moins
grande élévation ou par une élasticité plus imparfaite des vapeurs d'eau,
soit encore sur des couches de cirro-cumulus bien plus basses. Dans le pre-
mier cas ils seront simples, incomplets et imparfaitement colorés, tandis 'que
sur des cirro-cumulus ils peuvent être simples, doubles et même triples.
Voici la disposition des anneaux colorés dans un de ces halos triples à
partir de l'interne au contact du disque lunaire: première rangée d'anneaux
janitàtre, orangé, rouge et violet; premier large espace, bleu et vert qui sépare
de la deuxième rangée ô' anneaux jaunâtre, orangé, rouge et violet; deuxième
large espace bleu et vert qui sépare la seconde rangée de la troisième jau-
nâtre, orangé, rouge et violet. La disposition suivante de huit anneaux dans
le double halo est assez connnune : jaunâtre, orangé, rouge, bleu, vert, jau-
nâtre, orangé, rouge. Le ihalo triple ou de seize anneaux est tellement
96..
( 736 )
rare, que je l'ai observé uniquement le 12 septembre dernier de io''i5"*
à lo^So^sans perdre aucune nuance, et encore les trois anneaux violets
manquaient, de sorte qu'en réalité il n'y en avait que treize. Les anneaux
violets sont tout aussi rares, puisque je ne les ai aperçus que deux fois, la
première le 16 août à 9 heures et à la campagne dans un halo double ou
de dix anneaux, y compris ces derniers; la seconde fois le 16 juin à minuit,
dans un halo disposé ainsi : bande interne blanchâtre, puis jaunâtre, orangé,
violet, bleu, vert et orangé. C'est l'unique fois que j'ai observé la bande
blanche interne. L'absence des anneaux violets dans le halo triple etleur pré-
sence dans le halo double me semblent être une observation digne de remar-
que. Leurs dimensions peuvent varier de 2 à 4 degrés de rayon. Ces halos
moyens à simple série d'anneaux sont visibles dans toutes les lunaisons
sur des couches de vapeur d'eau plus ou moins denses.
B Grands halos. — Ces halos s'engendrent uniquement. sur une couche
de cirrus très-uniforme, à texture très-serrée et passablement dense, quoique
parfois on puisse apercevoir par transparence vers les parties internes des
étoiles de troisième grandeur. Le fond du halo est soit d'une blancheur
mate ou de lait, soit blanc de perle ou luisant, soit d'une teinte bleuâtre
claire et uniforme, indiquant dans ce cas une moins grande densité des
cirrus qui laisseraient passer une certaine quantité de rayons bleus de ciel.
Les contours du halo sont toujours d'une plus grande blancheur, soit
mate, soit luisante, que les parties internes, mais jamais colorés. Leur
dimension est constamment de 22 degrés de rayon. On les voit dans toutes
les lunaisons.
» Maintenant je dois remarquer : 1° que ces trois sortes de halos sont
visibles à la fois dans chaque Innaison et les deux premiers le sont aussi
lorsque le troisième manque; 2° qu'ils apparaissent également dans l'ordre
de leur grandeur, le plus petit le premier, puis le moyen et ensuite le plus
grand ; 3° que cet ordre correspond aussi au degré de transparence de l'air,
puisque les deux premiers peuvent se constituer dans des vapeurs d'eau ou
le second dans des cirro-cumulus qui sont moins denses que la couche des
cirrus qui engendrent les grands halos.
» Quant aux rapports qui peuvent exister entre la formation de ces halos
et les phases de la lune, voici le résultat de mes observations : 1° dans toutes
les lunaisons, depuis janvier jusqu'à septembre inclusivement, les grands
halos ont toujours apparu dans l'intervalle compris entre le second et le cin-
quième jour de son premier quartier, mais surtout du troisième au qtiatrième;
2° uniquement le 9 et le j 1 septembre, je les ai observés le septième et le
( 737 )
neuvième jour, ce qui doit être attribué en partie à la grande épaisseur et
compacité de la couche de cirrus; 3° vers le dernier quartier, je n» les ai
remarqués que dans deux lunaisons, celle d'août le i6 à io''3o" et le 21 à
1 heures de la matinée, et celle de septembre le i5 à i i''45™et le i6à i i''3o"'.
Cependant jusqu'alors je n'avais point pensé à les observer dans le dernier
quartier de la lune. Or il est probable que ces grands halos s'engendrent
également dans les deux quadratures. Mais ce qui doit fixer notre attention
pour le moment, c'est que ces halos ne prennent pas naissance à la pleine
hine^ ni aux environs de cette phase. Ce fait paraît se lier à l'idée de la dis-
persion des nuages par l'action du rayonnement calorifique de la lune ad-
mise par sir John Herschel, de Humboldt et autres.
» Dans cette hypothèse, la dispersion des nuages par la pleine lune an-
nulerait la formation des halos sous cette phase. La présence du halo que
j 'ai signalé plus haut au neuvième jour du premier quartier et lorsque ce
luminaire était presque dans son plein, ne serait qu'une pure exception à la
règle, car je dois remarquer que durant toute la journée, pendant la nuit et
les jours suivants, le ciel a été constamment couvert jusqu'au point d'oc-
culter le soleil. Du reste, c'est avec la plus grande réserve que j'ose insinuer
une simple application d'un fait admis premièrement par MM. Herschel et
de Humboldt, confirmé ensuite par MM. Johnson d'Oxford et Nasmyth, et
par MM. J.-P. Harrisson et Whewell dans la réunion de i858 de l'Associa-
otin britannique pour l'avancement des sciences. »
ASTHONOMIE. — Mémoire sur l'atmosphère des comètes; par M. E. Roche.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Biot, Le Verrier,
Delaunay, Bertrand.)
PHYSIQUE DU GLOBE. — Influence du mouvement de rotation de la terre sur les
fleuves; par M. Touche.
(Commissaires, MM. Babinet, Delaunay, Bertrand.)
M. AvENiER UE LA Grée adresse un supplément à son Mémoire sur une
nouvelle machine à gaz chauds et à vapeur d'eau.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Regnault, Combes.)
( 738 )
CORRESPONDVUVCE .
M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
correspondance, un numéro du joiu'nal publié à Auckland (Nouvelle-
Zélande), dans lequel se trouve un Mémoire sur la géologie de la province
d'Auckland, par M. Hochsteller, l'un des Membres de la Commission scienti-
fique du voyage de circumnavigation de la frégate autrichienne la Novara.
M. Ch. Sainte-Claire Deville est invité à prendre connaissance de ce
Mémoire, qui semble présenter de l'intérêt pour la géologie, et à en faire
l'objet d'un Rapport verbal.
MINÉRALOGIE. — De lu classificalion des métaux d'après Haït/;
par M. Marcel de Serres.
« Pour faire apprécier le mode de classification des métaux adopté par
Haiiy, nous mettrons en parallèle les deux groupes principaux qu'il a éta-
blis pour diviser les substances métalliques.
» L'illustre créateur de la cristallographie a classé ces substances en deux
ordres particuliers: les hétéropsides et les autopsides; ceux-ci brillent
d'eux-mêmes de l'éclat métallique, tandis qu'il n'en est pas ainsi des pre-
miers.
» Voyons si les tlifférences minéralogiques et chimiques de ces deux
ordres de métaux confirmeront ou non l'exactitude de cette division.
PRBMIKRE CLASSE. /
\" ET II"" sECTioH DE THE- 1 Hauj 3 sous-divisé les métaux en :
Métaux hétéropsides '"• Alcalins : Potassium, sodium, lithium,
ne présentant jamais i 2°. Alcalino- terreux : Barium, strontium, calcium,
dans la nature l'éclat j 3°. Terreux : Aluminium, magnésium, gluciniura, zirconium,
métallique ; alcalins et I ytrium, erbium, terbium, thorium, lanthane, didyme (i).
terreux. , *
SECONDE CLASSE / . .,,11
ae ^e 5e i fi'' section de '+"• Métaux ordmaires ou communs : Fer, nickel, cobalt, manga-
TUEMARD. l nèse, chrome, zinc, cadmium, étain, titane, antimoine, bismuth.
Métaux autopsides I plomb, cuivre, uranium, molybdène, vanadium, tungstène,
jouissant par eux- \ tantale.
mêmes de l'éclat mé- / 50^ Métaux nobles : Mercure, argent, or, platine, osmium, iri-
tallique, ou métaux dium, rhodium, palladium, ruthénium.
pro|)rement dits. \
(i) Si nous avons indiqué dans ce tableau des métaux qu'Haiiy n'a jamais connus, c'est
afin de faire mieux saisir l'application de sa méthode.
( 739)
PARALLÈLE ENTRE LES DEUX CLASSES DE MÉTAtTX.
Parallèle entre leurs propriétés physiques.
Métaux hétéropsidfs .
1°. Métaux énaineniment électro-positifs,
fonctionnant plutôt comme bases que comme
acides.
2". Moins nombreux que les métaux au-
topsides, peut être en raison de leurs pro-
priétés électriques, et cela dans le rapport
de i6 à 32.
3°. Ne se présentent pas dans la nature à
l'état natif ou de pureté, en raison de leur
affinité pour l'oxygène.
4°. Peu ou faiblement conducteurs de la
chaleur et de l'électricité.
5°. Généralement non ductiles ou peu
ductiles, et en général peu tenaces, à l'ex-
ception de l'aluminium dont la ténacité est
comparable à celle du fer.
6°. Leurs combinaisons binaires naturel-
les, surtout les combinaisons acides ou acidi-
fiables, fournissent les pierres les plus dures
et les plus précieuses après le diamant ; co-
rindon, rubis, émeraude, topaze, quartz, dé-
rivés principalement de la silice, de l'alu-
mine et de la glucyne.
7°. D'une densité assez faible en générai,
et pour quelques-uns inférieure à celle de
l'eau : tels sont le potassium et le sodium.
8°. Non employés dans les arts, sauf l'a-
luminium, à cause de leur altérabilité et de
la difficulté de leur extraction.
9°. Ne présentent pas de propriétés ma-
gnétiques ou di'amagnétiques. Cette absence
est d'autant plus remarquable, que l'on ren-
contre des corps diamagnétiques parmi les
métalloïdes : tel est le phos|)hore.
io°. Certains métaux hétéropsi les sont
facilement volatils.
II". Fusibles à une assez basse tempéra-
ture : le potassium et le sodium fondent
même au-dessous de loo degrés.
Métaux aulopiiiU-s.
1°. Métaux jouissant des propriétés élec-
tro-négatives, par rapport aux métaux hété-
ropsides, fonctionnant plutôt comme acides
que comme bases.
2°. Plus nombreux que les métaux hété-
ropsides, peut-être en raison de leurs pro-
priétés électriques ^ilus énergiques, juste k
double :: 32 : i6.
3°. Plusieurs se rencontrent dans la na-
ture à l'état natif; environ le tiers de la tota-
lité (l'argent, le platine, l'or, le cuivre, l'i-
ridium, le fer, etc.).
4". Bons conducteurs de la chaleur et de
l'électricité.
5°. Plus ductiles, plus malléables que les
métaux hétéropsides, et en mcrae temps plus
durs; d'une ténacité plus considérable: tel
est le fer, le plus tenace des corps de la na-
ture.
6". Leurs combinaisons binaires ne don-
nent en général que des matières de peu de
dureté (oxydes métalliques, sulfures, chlo-
rures, etc.), ne donnent pas des composés
binaires très-recherchés, quoique les métaux
autopsides soient les plus précieux et ceux
qui ont le plus de valeur.
■j". D'une densité assez considérable, pré-
sentant même les métaux les plus pesants,
tels que l'or, le platine, l'iridium.
8*. Métaux les plus usuels (fer, argent,
or, cuivre, plomb, étain, etc.).
9". Plusieurs d'entre eux jouissent des
propriétés magnétiques (fer, cobalt, nickel);
certains possèdent des propriétés diamagné-
tiques (bismuth, antimoine, étain, argent,
mercure, cuivre, zinc, etc.).
ip". Métaux autopsides généralement fixes,
sauf le mercure et le cadmium.
1 1°. A l'exception du mercure, qui est li-
quide, les métaux autopsides ne sont fusibles
qu'à des températures très-élevées, du moins
dans le plus grand nombre des cas.
1 2°. Couleurs généralement blanches, mais
facilement altérables.
Inodores.
1 3». N'ont pas été trouvés jusques à pré-
sent cristallisés. Le potassium et le sodium
peuvent cependant, par un grand abaisse-
ment de température, présenter des rudi-
ments de cristallisation. Quant aux métaux
de la seconde section, tels que le barium, le
strontium, le calcium, ils sont encore trop
peu connus à l'état de pureté pour que l'on
puisse rien prononcer par rapport à eux.
740 )
12°. Couleurs généralement blanches, plus
ou moins nuancées de gris : fer, platine ; de
jaune: étain; de rose: bismuth; de bleu :
plomb; couleur rouge : cuivre; couleur d'un
beau jaune : or; souvent odorante.
i3°. Plusieurs ont été trouvés cristallisés
dans la nature : l'or, l'arjjent, etc. La plu-
part peuvent cristalliser par fusion (bismuth).
L'or, l'argent, le cuivre se présentent parfois
cristallisés naturellement. Plusieurs cristalli-
sent par voie de précipitation (plomb, ar-
gent).
Parallèle des métaux d'après les propriétés chimiques.
1°. Leurs composés binaires jouent pres-
que constamment le rôje de bases; ils ne
donnent pas d'acides proprement dits.
L'alumine et la glucyne seules peuvent en
faire fonction dans quelques cas; toutefois les
glucynates n'ont pas été observés dans la
nature.
T.". La forme des composés binaires des
métaux hétéropsides, du reste peu nom-
breux, est le plus souvent RO; dans ce cas
leur fonction est fortement basique.
Rarement elle est de RO' et RO', mais sans
fonction. Quelquefois elle est de R'O', et alors
ils peuvent faire fonction de bases ou d'acides
(APO'; Gl'O').
Parmi les formes RO etROHine seule existe
dans la nature, c'est celle des aluminates;
les glucynates n'y ont pas encore été ren-
contrés.
3". Ne fournissent pas de matières colo-
rantes, si ce n'est le sodium que l'on suppose
donner au Lapis lazuli sa belle couleur
bleue.
Leurs combinaisons binaires ou salines
sont toujours colorées par les métaux autop-
sides : tels sont le rubis, l'émeraude, la to-
paze, l'améthyste, et l'on peut même ajouter
le corindon.
1°. Leurs composés binaires sont acides
par rapport à ceux des métaux hétéropsides
(R'CP;KC!; Au'Cl'; NaCl). Deux de ces
sels ne se trouvent pas dans la nature: tels
sont les chlorure d'or et de platine.
Ils donnent souvent des acides même à l'é-
tat natif (acide antimonieux, antimonique,
molybdique, tungstique, titanique).
2°. Leurs composés binaires sont souvent
nombreux pour chaque métal.
La formule RO est celle des oxydes puis-
sants.
Le pins ordinairement R^O' est celle des
oxydes moins puissants (peroxyde de fer, de
chrome).
La formule R'O' est celle des oxydes sa-
lins.
La forme R'O et RO' caractérise le per-
oxyde de manganèse et l'acide ferrique. Enfin
quelquefois la forme R'O est particulière aux
oxydules métalliques. L'oxydule de mercure
en est un exemple.
3". Fournissent un grand nombre de ma-
tières colorantes : entre autres le fer : rouge ;
ocre : jaune; le manganèse : violet bleuâtre,
couleur de chair; chrome : rouge tendant
vers le noir, vert, jaune, noir; cobalt, nickel :
vert, rose; cadmium : jaune; mercure: rouge
vermillon; plomb : blanc, jaune et rouge;
cuivre: bleuet vert; argent, étain, zinc: blanc
et jaune; or: pourpre.
( 74.
4"- l^e donnent pas avec le métaux autop-
sides des alliages stables, du moins dans la
nature.
5". Se combinent directement à l'oxygène
ou aux autres métalloïdes, soit à froid, soit à
une température relativement basse. Leurs
oxydes sont toujours difficilement réducti-
bles. Décomposent directement l'eau à chaud
et même à froid.
6". Les principales combinaisons ont lieu
pour les métaux hétéropsides alcalins, avec
le chlore, le brome, le fluor, l'iode (chlorure
de sodium , bromure de potassium, fluorure
de calcium, iodure de magnésium). Quant
aux autres combinaisons qui ont lieu avec des
acides, elles forment avec eux des sels inso-
lubles. (Acides carbonique, sulfurique, sili-
cique; carbonates de chaux, de baryte^ de
magnésie, de strontiane ; sulfates de chaux,
de baryte, de strontiane et de magnésie, etc.)
■j". Ne se combinent jamais dans la nature
avec le soufre ; ne forment pas de sulfures,
quoiqu'ils se rencontrent souvent à l'état de
sulfates.
8°. Forment peu de combinaisons natu-
relles entre etix , mais un assez grand nombre
avec les métaux autopsides et les métalloïdes.
Certaines combinaisons des métaux hété-
ropsides jouissent à un assez haut degré
d'une plus grande dureté que les métaux au-
topsides.
9°. Les combinaisons que les métaux hété-
ropsides forment avec les acides, sont abon-
dantes et ont une grande importance dans la
nature. Les composés qui en résultent sont
à peu près tous des sels insolubles. Tels sont
les silicates, qui sont si nombreux, ainsi que
4". Donnent entre eux des alliages stables;
jouissent de propriétés remarquables, comme
une grande dureté des formes cristallines,
un certain degré de fusibilité, et plusieurs
un brillant métallique très-éclatant.
5". Ne se combinent avec l'oxygène qu'à
une haute température. La plupart de leurs
oxydes sont facilement réduits par les agents
réducteurs. Réduction du fer par le car-
bone.
Quelques-uns de 'leurs oxydes, principale-
ment les métaux nobles, ne décomposent pas
l'eau directement à l'aide de la chaleur.
6°. Leurs combinaisons salines sont plus
nombreuses (silicates de fer, de manganèse,
de zinc, de cuivre; carbonates de cuivre,
de fer, de manganèse, de zinc; sulfates de
plomb, de cuivre, de fer, d'urane; phos-
phates de plomb, de fer, d'urane).
7°. Souvent combinés dans la nature avec
le soufre; forment des sulfures à différents
degrés de sulfuration, en général des mono-
sulfures. Les bisulfures et les sesquisulfures
naturels jouissent leplus souvent des proprié-
tés acides, tels sont le réalgar, l'orpiment et
le sesquisulfure de bismuth. Les quadrisulfu-
res et les pentasulfures n'ont pas encore été
.trouvés dans la nature.
8°. Les combinaisons des métaux autop-
sides avec les métalloïdes de la seconde sec-
tion de M. Dumas (chlore, brome, iode,
fluor) sont rares dans la nature, quoique
l'on y rencontre le chlorure d'argent, le bro-
mure de zinc, le fluorure de cerium, et les
iodures d'argent, de zinc et de mercure.
9". Les combinaisons salines de ces mé-
taux sont les plus nombreuses; elles ont lieu
en général avec des acides capables de don-
ner des sels précipitables (acides silicique,
carbonique, sulfurique, phosphorique), les-
quels forment des silicates, des carbonates.
C. K , 1809, 2"" Sertiestre. ( T. X1.ÏX , N» 20.)
97
les carbonates de chaux, de baryte, les sul-
fates des mêmes bases et en outre celui de
strontiane.
io°. Ne forment pas avec les métaux de
véritables amalgames, étant tous solides.
( 742 )
des sulfates, des phosphates de fer, de plomb,
de zinc et d'urane.
10°. Forment seuls des amalgames en se
combinant avec les autres corps métalliques,
l'un d'entre eux, le mercure, étant liquide.
» Ce parallèle suffit, ce semble, pour prouver que la division des métaux
en hétéropsides et en autopsides est fondée et qu'elle devrait être conservée,
du moins en minéralogie.
MATHÉMATIQUES — Note sur les courbes et surfaces dérivées;
par M. William Roberts.
« Il y a assez longtemps déjà depuis que j'ai considéré dans le Journal
(le Mathématiques le système des courbes qu'on obtient en prenant le lieu
des projections orthogonales d'un point fixe sur les tangentes à une courbe
donnée, puis en dérivant de ce lieu une autre courbe par la même con-
struction, et en poursuivant la même méthode de génération. J'ai appelé
ces courbes successives les dérivées positives de la courbe primitive, tandis
que j'ai désigné comme négatives les courbes qui s'obtiennent en prenant
l'enveloppe des perpendiculaires menées aux extrémités des rayons vec-
teurs de la primitive, et en faisant dériver de cette courbe une autre, et
^ ainsi de suite, par la même voie de génération. Dans un Mémoire publié
récemment par M. J.-A. Hirst, et dont il a présenté un exemplaire à l'Acadé-
mie (*), ce géomètre m'a fait l'honneur de reprendre le fil de mes anciennes
recherches, afin de les étendre au cas des surfaces. Le travail de M. Hirst
ayant ramené mon attention sur ce sujet, je suis parvenu à donner une ex-
tension intéressante à la théorie donl il s'agit.
» L'équation polaire de la primitive étanty (r, w) = o, j'ai démontré dans
le Journal de M. Liouville (tome X) que l'arc de la n'^""' dérivée aura pour
expression [n étant positif pour le système positif, et négatif pour les courbes
négatives)
.rfw»
'"■777 + (" + ')
S„ =
dr'
dr dr' f rdu\ ,
-^ \-dF) ''^'''
(*) Séance du 17 octobre iSSg.
( 743 )
» Il est évident que notre méthode exi^e essentiellement que n soit en-
tier; mais en adoptant une définition nouvelle et plus générale des courbes
dérivées, la formule que je viens d'écrire peut s'appliquer au cas de n frac-
tionnaire, ou même incommensurable. Un rayon vecteur quelconque de la
primitive étant r, imaginons la courbe ayant pour équation polaire, entre
les coordonnées R et û,
I I
Rn n ^
:= r cos - ,
n
l'angle Q. étant compté du rayon r; et prenons l'enveloppe de toutes ces
courbes qui répondent aux points différents de la primitive. Quel que soit»,
la longueur de l'arc de cette enveloppe sera exprimée par notre formule
ancienne pour s„. Voici donc l'idée des courbes dérivées fractionnaires. On
en tire aussi une nouvelle propriété des dérivées entières.
» On peut présenter encore la n"'"^ dérivée, quel que soit n, comme un
lieu géométrique. En effet, considérons toutes les tangentes curvilignes à la
primitive, ayant une équation polaire de la forme
I I
RTl *^ n
cos - = a ,
rapportée au point fixe, comme origine. La courbe, lieu des sommets de
toutes ces courbes, sera aussi la dérivée de l'ordre n.
» Quels que soient m et n, la m"'"' dérivée de la Ai'*"" sera la n'^"" dérivée
de la m'*""', et elles sont toutes les deux la {m + n)"""' dérivée de la pri-
mitive.
» D'après cela, la dérivée fractionnaire (-) d'une conique, rapportée
au centre, sera une ellipse de Cassini. Or j'ai prouvé [Journal de Mathéma-
tiques, t. X) que toutes les dérivées de l'ellipse
— = cos' u +
sin'u
seront rectifiées par la formule
, «r^— («_i) (i+ 6> — 7^) b'dr
as„ = —- — , ■ „ •
Si l'on y fait « = -5 on aura pour un arc de l'ellipse de Cassini la for-
97-
( 744 )
mule
^ ^ [l-^b^-r'f \J{l—r^)[r'- b^
Posons /* = -> ce qui nous donnera
1 -t- i* ^
dst = -
dt
sTb
y/_, + (è.+ J.),._^
ce qui est l'expression bien connue pour l'arc de cette courbe.
« En faisant dans la formule, pour les dérivées d'une conique centrale,
3 5
n — ±-1 ±-i etc., nous aurons les expressions pour les arcs des dérivées
entières (positives et négatives) de l'ellipse de Cassini, rapportée à son
centre.
■) 11 est curieux de remarquer que les dérivées fractionnaires (-) d'un
système des coniques homofocales formeront un système de courbes cassi-
uiennes, homofocales elles-mêmes.
» Cette idée de la dérivation peut s'étendre au cas des surfaces. En effet,
supposons qu'on fasse tourner autour du rayon vecteur quelconque (/) de
la surface primitive une courbe ayant pour équation
I 1
R" = r"cos->
n
Q étant compté du rayon r, ce qui nous donnera pour chacun des rayons
de la primitive une surface de révolution. La surface, enveloppe de toutes
les surfaces de révolution qui s'obtiennent de tous les points de la primitive,
peut être appelée sa n'"'"" dérivée. Cette dérivée peut être présentée aussi
comme lieu géométrique des sommets des surfaces de révolution tangentes
à la primitive. M. Hirst, à qui je communiquai cette méthode étendue de
la dérivation, m'a écrit que toutes ses formules pour les surfaces déri-
vées s'y appliqueront.
» La dérivée fractionnaire l-\ d'un ellipsoïde, rapporté au centre, est
le lieu des sommets des hyperboloïdes équilatères de révolution à deux
nappes, concentriques à l'ellipsoïde, et qui le touchent. Cette dérivée est
( 745 )
aussi la dérivée fractionnaire négative ( j de la surface d élasticité de
Fresnel
{x- 4- j' + z»)« = a»x* -+- A^jr» + c' z" :
c'esNà-dire, elle est l'enveloppe des hyperboloïdes équilatères de révolution
à deux nappes, autour des rayons vecteurs de la surface d'élasticité, comme
demi-axes. Elle est donc l'enveloppe des surfaces représentées par l'équation
1 (iccosa + T^cosjS + zcosy)* — x^ — y"^ — z^
= a} cos* a + i* cos* |S + c* cos* y,
ou bien, en faisant
x^ -\-j^ -{- z^ -h a^ — iP,
x^ -hj^ H- z'^ ~h h'^ = im',
a.'* +^'*'' + z* -h c* = an*,
par l'équation
(a:cosa +j-cosp + zcosy)' = /*cos^a + /«'cos*]3 + «"cos^y.
Mais eu égard à l'expression de la perpendiculaire abaissée du centre
d'un ellipsoïde sur un plan tangent, on verra que cette équation fournit
pour enveloppe l'équation
■7r + '^ + ^ = ï-
On aura donc pour l'équation de la surface dérivée, qu'on a cherché à
obtenir,
2a;' 2 y' as'
= 1 :
x' -(- J* + z' + a' j;' -t- j' H- z' + é' x' ■+- r' + a' + c'
«urface symétrique du sixième ordre, dont les sections par les plans
principaux sont des cercles (imaginaires) conjointement avec les ellipses de
Cassini. Deux (ou bien un seul) de ces cercles deviendront réels si la sur-
face primitive est un hyperboloïde. Cette surface remarquable, dont la dis-
cussion approfondie me semble promettre beaucoup de résultats, ésf, par
rapport à l'ellipse de Cassini, ce que l'ellipsoïde est relativement à l'ellipse.
Elle a deux sections circulaires qui coïncident avec les sections circulaires
centrales de l'ellipsoïde,
x^ y' z^
' •' ' =1,
H^'-i-b') b' H*'-t-'^')
• { 7l6 )
[a'^b'^c); et ses intersections avec des sphères concentriques sont des
sphéro-coniques.
» Parmi d'autres résultats que j'ai trouvés, il y en a un qui, je crois,
mérite d'être remarqué. Soit D la surface semblable à la primitive en mul-
tipliant par 2 ses rayons vecteurs, et soit P la surface parallèle ou équidis-
tante de D par la longueur constante k. L'équation qtii résulte de la sub-
stitution de \/j:" +J'^ + z*i ''Il lisn de k dans l'équation de P, coïncide avec
l'équittion de la première dérivée négative de la surface primitive. Ce rap-
prochement, quoique fort simple, me semble assez curieux. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note Sur la décomposition des fractions
rationnelles ; par M. J. Vieille.
« Ijorsqu'on décompose en fractions simples tme fraction rationnelle
[x— a)"-^{x)
dont le dénominateur admet 7i facteurs égaux k X — a, on sait que la
somme des n fractions qui correspondent à ce facteur peut être mise sous
la forme
dX I d'A I d'-'A
(x — ay (x — a}"-' (a: — a)»-'
A désignant la constante tt— (•
» Puis, si l'on pose
A
da 1.2 da^ i.2.3...(n — i) da"-'
= /(«),
et que l'on différentie n — i fois cette fonction par rapport à a, on trouve
1 .2 da' ^ ' i.2.i.. .(n — i) da"-' ^ ' J
et ce développement, rapproché de la somme ci-dessus, conduit à la pro-
position suivante :
» La somme des fractions simples qui correspondent au facteur x — a,
( 747 )
dans la décomposition de la fraction rationnelle
est égale à
l.2.3...(« — i) (la"-'
en posant
4.(a)(^ — a)
)) Cette proposition ne diffère pas, au font), de celle qu'a présentée
M. Serret [Algèbre supérieure, note IV). Notre intention, en la mettant
sous cette forme, est de montrer qu'elle fournit un moyen nouveau et fort
simple de résoudre une question que se sont proposée réceu.ment plusieurs
mathématiciens. Il s'agit de déduire du développement général d'une frac-
tion rationnelle dont le dénominateur n'a que des facteurs inégaux, le dé-
veloppement d'une fraction dont le dénominateur admet des facteurs mul-
tiples (*).
p Pour mettre immédiatement en évidence la simplicité du procédé, ap-
pliquons-le d'abord au cas de deux facteurs égaux.
» Soit donc à décomposer la fraction
F(*) .
[x-a)m^y
on lui substitue d'abord celle-ci,
[x — a) [x — a — /i )i{/ (.r)
qui se confondra avec la première pour /i = o. D'après la formule admise,
la fraction précédente se décompose ainsi
F(fl) I V{a-irh) i F, (.r)
— h-i/[a) x — a'^ h^[a + h) x — {a-{-h)~^ 4- (^1 '
F, [x) étant une fonction entière qui ne devient pas infinie pour // = o. La
( * ) Voir en dernier lieu la Note de M. Rouché, insérée dans les Comptes rendus de 1 858
(i" semestre, n" 1 1).
( 748 )
question consiste à trouver la limite vers laquelle tend la somme des deux
premières fractions, quand h tend vers zéro.
I) Or, si nous posons
(>
F(«) .
•if [a) X — a
cette somme prend la forme
= /(«),
f[a + h)-f{a)
et pour /i = o, elle devient y (a), c'est-à-dire en vertu du théorème établi
plus haut,
A da
(x — a)' X — a
C. Q. F. D.
n Passons au cas général. I.a fraction qu'il s'agit de décomposer en frac-
lions simples est
(x — a)»^l»(Jr)'
et nous la remplaçons par la suivante,
Lif) ,
(x — o) [x — a — A)(^ — « — "ih) . . \x — a — [n — \)h\if[x)
» La formule qui convient aux facteurs inégaux donne pour la somme
des n fractions simples relatives aux facteurs x — a, x — a — A, . . . ,
X — a — (« — i)A,
.2 3,..{/J — i)A«
L ■ii{a)x — a 1
-l)F(a-f-A)
^I)(a^-A) X — (fl-f-A)
[n — i) (n — 2) F(a -1- aA) i
1.2 ij/(a-t-2A)« — (a-(-2A)
_,_ ± ("— >)(/'-2)-.3.a.i F[aH-(/? — r)A] i 1 _
' 1.2.3. . (n— i) J/[a-f-(/î — ij/ij^ — \a->r{n — i)A]J'
le signe + convient au cas où n est pair. Eu égard à l'équation (i), cette
somme prend la forme
■±L . il2
1.2. 3.. .(/i — i)A"-»
( 749 )
Pour h = o, eUe devient -; et je dis qu'il en est de même du rapport des
dérivées des deux termes, prises par rapport à A, jusqu'à l'ordre « — 2 in-
clusivement ; mais que le rapport des dérivées d'ordre n — i a pour limite
â-^ ^/""'(«)•
1.2.3. ..(« — i)"' ^ '
' » En effet, la p'^'"" dérivée du numérateur est .„
± („ _ i) ïfp(a -i-h)- ^ 2P-*fP{a + a A)
-...±(n-.r'/^[a + (n-,)A]}
Si l'on y fait h = o, toutes les dérivées d'ordre p, relatives à h, se confon-
dent avec la dérivée /''(«), relative à a, et l'on a
± (« - O/na) [i---^ a"- + (A=ll^3-' - . . . ± („ _ ,)-].
» Or on sait que la somme entre parenthèses est nulle pour toutes les
valeurs entières de p, depuis 1 jusqu'à n — 2, et qu'elle se réduit, pour
p = n — I, à ±i.a.3...(« — 2) (le signe + convenant au cas où n est
pair) n.
» D'ailleurs les n — 2 premières dérivées du dénominateur sont évidem-
ment nulles pour h = o, et la (n — i)'*'"" est égale à [i .2.3. . .(« — i)]*.
M Donc le rapport des dérivées d'ordre n — i a pour limite
l.2.3...(«-2)(/z-l)/'-'(a) _ 1 fn-\(„\.
[1.2.3. ..(« — !)]' ~" 1.2.3. ..(«—l)-^ ^ l'
ou enfin, d'après le théorème établi,
A da I .2 da' i.2.3...(rt — i) da"-'
(^-;o-"^F=^p'^(^^=Tp-+----+ i^ C.Q.F.D.»
(*) Ces propositions découlent immédiatement de la formule des différences finies
m m (m — i ) ,
\"u = u„ ï<„_, H i '- «„_: — ... ± a,
I 1.2
en faisant a = x? et m =n — 1 .
C. R. , i858, 2™« Semestre. (T. XLIX, N" 20.) 98
( 7JO )
ZOOLOGIE. — Annonce de l'arrivée à ta ménar/erie du Muséum d'un grand
exemplaire de la Salamandre du Japon ; par M. Aug. Duméril.
« La tr.én:igerie des Reptiles an Muséum d'Histoire naturelle qui, pen-
dant les vingt annôes écoulées depuis l'époque où elle fut fondée par les
soins de mon père, a reçu beaucoup d'animaux intéressants, vient d'elre
enrichie par un présent très-précieux. M. de Codrika, consul général de
France aux Indes néerlandaises, a fait parvenir à notre Musée, et à titre
de don de la part de M. Pompe van Meerdervoot, officier de santé de la
marine royale des Pays-Bas, médecin du gouvernement néerlandais au
Japon, un très-beau spécimen du batracien gigantesque nommé Grande
Salamandre japonaise, Salamandra maxima (t).
» J'ai pensé que l'Académie apprendrait avec intérêt l'arrivée toute ré-
cente ( 1 1 novembre) de ce curieux reptile, dont le Muséum ne possédait
qu'une dépouille et dont il n'y avait jamais eu en Europe, jusqu'à ce jour,
que deux individus vivants, l'un qui est à Leyde depuis i83i, et l'autre à
Amsterdam.
1) Cette Salamandre, connue des Européens seulement depuis le voyage
d'exploration dans l'empire japonais entrepris par M. Ph.-F. deSiebold,
vit, ainsi que nous l'a appris ce célèbre voyageur (Faune du Japon, Aperçu
historique sur les Reptiles de ce pays, p. xv), dans les profond( s vallées
des hautes montagnes de l'île de Niphon, entre les 34* f^t 36* degrés de
latitude N. « Elle séjourne, ajoute-t-il, dans les ruisseaux, dans les bas-
» sins et dans les lacs formés par les eaux pluviales, au milieu des cratères
» de volcans éteints, à une hauteur de 4ooo à 5ooo pieds au-dessus du
» niveau de la mer. »
» Arrivée de Batavia à Paris dans l'espace de deux mois, grâce à la rapi-
dité actuelle des moyens de communication, notre Salamandre, quoiqu'elle
ait un peu souffert pendant le voyage, se trouve maintenant placée dans
de bonnes conditions, qui permettent d'espérer que nous pourrons, comme
en Hollande, la soumettre à des observations suivies et attentives, et la voir
se développer. Elle a maintenant 79 centimètres de longueur, et l'on sait
que sa taille dépasse un mètre. Elle est, en tout point, absolument conforme
(i) A celle dénomination proposée par M. Schlegel (Faune du Japon), on a successive-
ment substitué les suivantes : Mcgalobatrachus Sieboldii, Tschudi; Cryptobranchus [Meno-
poma) japonicus, Van der Hoeven , Sieboldia maxima, Ch. Bonap.; Tritoniegas Sieboldii,
Dum., Bib. Enréalité, c'est avec le genre Ménoponie que ce Batracien urodèle paraît avoir
le plus d'affinités. Le t. IX de V Erpétologie générale de MM. Duméril et Bibron, p. i63-i68,
contient tous les détails relatifs à l'histoire de cette espèce.
( 75' )
à la description trés-complélc que M. Sclilegel a insérée dans la Faune du
Japon (Batraciens, p. 127) et qu'il a accompagnée du dessin placé sous les
yeux de l'Académie. On y voit représenté, d'une façon fort exacte, ce singu-
lier animal, dont le squelette offre les plus remarquables analogies avec les
restes de la grande Salamandre fossile d'OEningen, si admirablement déter-
minée par Cuvier, et qui avait tant occupé le monde savant sous cette déno-
mination ; Homo diluvii testis, que Scheuchzer lui avait donnée. »
PHYSIOLOGIE GOMPAUÉE. —Sur les animaux ressuscitants; Lettre de M. Doyèrr
à l'occasion d'une communication faite à l Académie dans la séance du
10 octobre dernier. (Extrait. )
'< Avant de répondre à la communication par laquelle M. Pouchet a
voulu infirmer devant l'Académie le phénomène de la reviviscence, j'ai cru
devoir attendre les résultats d'expériences commencées il y a plus de trois
mois. Ces résultats, dont quelques-uns viennent d'être publiés, ont prouvé
que je n'ai rien à retrancher de mon Mémoire de 1842.
» Les Rotifères, les Tardigrades et les Anguillules des toits peuvent être
desséchés, à froid, aussi absolument que le permettent les moyens les plus
rigoureux de la science; et, après avoir été desséchés ainsi, ils peuvent être
portés jusqu'à des températures notablement supérieures à 100 degrés, sans
perdre la faculté de revenir à la vie par la réhumectation.
» En se servant exclusivement de la dessiccation à chaud, M. Pouchet a
réussi à porter ses animalcules jusqu'à 90 degrés, sans anéantir leur revivis-
cence. Entre ses animalcules ainsi desséchés et ceux que j'appelle daséchés
absolument, il n'y a évidemment de différence que pour la minime fraction
d'eau que les premiers retiennent au sein d'un air humide, M. Pouchet ne
desséchant pas l'air de ses étuves. Mais cette minime fraction suffit pour
abaisser le degré de température auquel la substance des tissus s'altère. Ce
que personne ne consentira à admettre, c'est des enveloppes qui laissant
les animalcules se réendosmoser en quelques miiuites lorsqu'on les réhu-
mecte, empêchent, au contraire, assez énergiquement le même liquide de
s'exhaler, pour que ces mêmes animalcules conservent l'humidité de leurs
tissus, et vivent pendant deux heures entre 80 et 90 degrés. »
MÉTÉOROLOGIE. — De la température de l'été iSSg à Nimes , comparée à
celle des 34 années antérieures, observée sur le même thermomètre, placé au
même lieu depuis 34 ans; par M. Boileau de Castei-nau.
" J'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences, il y a deux ans,
98..
( 752 )
des observations thermométriques, desquelles il résultait qu'en iSSy il avait
régné une température de 34 degrés et au-dessus pendant un temps plus
long que pendant les Sa années antérieures. Continuant un pareil travail
jusqu'à ce jour, je trouve pour i858 le thermomètre indiquant 34 à 36
degrés pendant i(3 jours à des intervalles plus ou moins éloignés, ayant
pour limites le i4 juin et le 26 août.
» En i85g le mercure s'est élevé Sa fois à 34 degrés et au-dessus, sa-
voir : du 4 au 17 juillet, 14 fois de 35 à 4o degrés.
» Cette élévation à 40 degrés, notée le i5 juillet, n'avait pas été observée
sur notre instrument, occupant la même place depuis septembre iSaS, et
ramené à zéro en i853. Elle a été contrôlée par un thermomètre placé sur
la même façade à a mètres de distance.
» La moyenne de cette journée i5 juillet fut de 3a degrés. Il survint
un orage à 4 heures du soir, suivi, le lendemain, d'un vent du nord très-
sensible. Le 1 7 il y eut du brouillard ; du 1 7 au a4 le ciel fut nuageux, cou-
vert; le 22 et 24 pluies; vent nord sec les 26 et 29.
» Ces états atmosphériques amenèrent une température limitée par 29 et
34 degrés, du 19 au ai juillet.
» Du 29 juillet au 9 août inclus, 12 jours, le thermomètre se maintint
entre 35 et 38 degrés. Les journées des i3, i5, a3 et a4 furent réchauffées
à 34 et 36 degrés. La température minima est restée 53 fois entre ao et 26
degrés. Cette dernière fut notée le 2 août. La moyenne des 24 heures s'est
montrée entre 28 et Sa degrés, pendant 27 jours, du 4 juillet au 9 août inclus.
Pendant les 9 jours intercalaires, elle est restée entre 24 et 27 degrés.
» La plus grande différence entre le minima et le maxima diurnes a été
de 16 degrés, de 24 à 4o degrés; la moindre a eu lieu le 22 du même mois
entre 22 et 27 degrés, soit 5 degrés.
» Il résulte de ce que je viens de dire que l'été de i85g a été le plus
chaud que nous ayons éprouvé dans le Midi depuis 34 ans. »
MÉTÉOROLOGIE. — Etoiles filantes d'octobre - novembre. — Deuxième partie du
Catalogue des bolides observés depuis septembre i853; par M. Coclvier-
Gravier.
« chaque année, à pareille époque, j'ai l'honneur de présenter à l'Aca-
démie des Sciences les résultats de mes observations d'étoiles filantes des
derniers jours du mois d'octobre et de la première quinzaine du mois de
novembre, afin qu'elle puisse juger de la marche du nombre horaire de ces
météores à cette époque de l'année. Voici ces nombres.
( 753)
Année.
1859
Durée
Nombre
Heures moyennes
Nombre Moyennes
Ciel
de
(les
des
horaire de
3. Mois. Dates.
visible.
l'observation.
étoiles.
observations.
à minuit. 3 en 3.
. Octobre. 16
6,2
h
I ,00
7
h
7,00
7,7
'7
9,5
I ,5o
12
7,45
8,0 8,5
'9
5,0
2,5o
18
10, i5
10, 0
21
4,5
i,5o
10
8,3o
12,3 \
22
8,1
2,5o
16
8,45
10,3 11,8
26
9>o
2,25
23 ,
9,52
«2,9 '
29
6,0
0,75
lO
9,22
18,0 18,0
Novembre. 2
5,2
I ,00
•7
2,3o
II ,3
6
1,0
1 ,5o
6
4,1 5
m.
6,0 10,6
7
6,0
1 ,5o
26
5,00
m.
i4,o
12
12
S '^
1 '3
Lune.
Lune.
Lune.
Lune.
Lune.
1 ,5o
2,00
4,00
2,r5
4,00
'7
6
21
10
26
4,i5
7,00
4,00
6,52
4,00
m. '
s. 1
10,0
pour la moyenne des
II, 12, l3
Novembre.
» D'après ces moyennes prises de 3 en 3 observations, on trouve que le
nombre horaire à minuit est successivement 8,5 étoiles; 11, 8; 18 pour le
ug octobre, puis 10,6, enfin pour les 11, 12, i3 novembre 10,0.
» Ce tableau fait voir que le maximum d'octobre a eu lieu dans les
derniers jours de ce mois, et qu'ensuite le phénomène a repris la marche
qu'il avait quelques jours avant le maximum. Comme les nombres obtenus
pendant la présence de la lune ont été corrigés de son influence, il faut
bien convenir que le retour de la grande et magnifique apparition des mé-
téores de la nuit du la au i3 novembre, annoncé par Olbers, n'est pas
encore réalisé et qu'il faut en reporter l'espérance pour les années qui vont
suivre.
» Je profite de cette communication pour mettre sous les yeux de
l'Académie la seconde partie de mon Catalogue des globes filants ou {bolides)
que nous avons observés depuis le 3 septembre i853 jusqu'au 10 du mois
de novembre 1869. Le nombre de ces globes s'élève à ii3 lesquels, faisant
suite aux 168 déjà connus, forment un total de 281 de ces brillants et mysté-
rieux météores.
» En présentant à l'Académie et en publiant dans les Annales de Chimie
et de Physique, 3* série, t. XI, année i854, la première partie de mon cata-
logue, j'avais donné les renseignements propres à faire connaître la manière
dont on les observait jadis, et dont on avait fait quelques catalogues jus-
qu'à nous; j'avais aussi appelé l'attention sur les diverses circonstances qui
( 754)
accompagnent l'apparition inattendue de ce curieux et surprenant phé-
nomène; aussi je ne reviendrai pas ici sur tous ces détails et je me conten-
terai d'un simple résumé des globes filants contenus dans la deuxième^
partie de mon catalogue. Je les répartis en trois groupes :
Globes de i" grandeur 1 1
Globes de 2* grandeur 22
Globes de 3' grandeur 80
Total 1 1 3
» Trajectoires. — Les globes de i*^* grandeur ont fait un total de 3oi de-
grés de course, moyenne'. 27*'>3
» Les 22 globes de 2' grandeur ont fait un total de SaS degrés
de course, moyenne 23°, 8
» Les 80 globes de 3" grandeur ont fait un total de i486 degrés
de course, moyenne 18°, 8
» Ijgs ii3 globes ont fait ensemble un total de ^333 degrés de
course, moyenne 20", 6'
» Mais comme plus les nombres sont considérables, plus les résultats
obtenus ont de précision, j'ajoute aux 1 13 globes dont nous venons de parler
les 168 globes de la première partie de mon catalogue et je dis :
Globes de i" grandeur 4'
Globes de 2' grandeur 61
Globes de 3' grandeur 178
Total 281
» Trajectoires. — Les 4^ globes de i" grandeur ont fait un total de
1694 degrés de course, moyenne 36°, 5
» Les6i globes de 2* grandeur ont fait un total de i584 degrés
de course, moyenne ^^°^9
» Les 178 globes de 3* grandeur ont fait un total de 3735 de-
grés de course, moyenne 21", I
» Enfin les 281 globes ont fait ensemble un total de 6913 de-
grés de course, moyenne 24°, C
» Maintenant nous allons donner très-succinctement quelques détails sur
les ii3 globes contenus dans la deuxième partie de mon catalogue. Parmi
les II globes filants de i" grandeur, quatre ont été perturbés dans le par-
cours de leurs trajectoires, dont trois se sont brisés en plusieurs fragments,
lesquels ont passé successivement aux couleurs vertes, rouges et bleues. Six
ont eu des tr^mte quelquefois très-considérables. Ces traînées, dont la ma-
tière était plus ou moins séparée ou compacte, ont persisté pour plusieurs
( 755 )
d'entre elles jusqu'à 6 on 7 secondes après la disparition dn météore. Parmi
ces globes de i'* grandeur, deux ont passé de la couleur blanche à la cou-
leur bleue; un du blanc au rouge blanc; un autre était jaune tirant sur le
vert.
» Dans le nombre des 22 globes de 2* grandeur, trois ont été perturbés
dans leur marche. Un de la couleur bleue a passé an vert d'eau ; un était rouge
sang ; un verdàtre ; un a passé de la couleur blanche à la couleur du cuivre
jatHie. Deux avaient commencé comme un globe de 3* grandeur, un entre
autres n'était à son début semblable qu'à une étoile filante de i'*^ grandeur.
Il est probable que ces globes, qui grandissent à une taille plus forte, se rap-
prochent de nous en descendant plus ou moins obliquement. Les mêmes par-
ticularités se passent également dans l'apparition des étoiles filantes. Il en est
même quelques-unes qui remontent (cela se voit quand, par exemple, elles
passent de la i" à la 4" grandeur); comme d'autres descendent plus ou
moins obliquement, cela veut dire que, s'il y en a qui se rapprochent de
nous, il y en a aussi d'autres qui s'en éloignent.
» Quinze de ces globes de 2° grandeur ont eu des traînées plus ou moins
persistantes : une entre autres dont les extrémités s'étaient retirées vers le
centre, est restée encore visible, après la disparition dn globe.
» Parmi les 80 globes de 3" grandeur, quatre ont été perturbés, l'un d'eux
s'est même brisé en plusieurs fragm nts. Deux étaient rouges; un de cou-
leur cuivre jaune ; deux de couleur bleue. Seize ont passé de la couleur
blanche à la couleur bleue, un du blanc au rouge blanc; un entre autres
du blanc au vert. Les globes, comme les étoiles filantes, accomplissent
généralement leur course en i seconde à peu près; cependant il y a des
durées de 2, 3 à 4 secondes; un de ces globes a duré 6 secondes, ce qui
est fort rare. Sur les 80 globes de 3= grandeur, cinquante-cinq ont eu des
traînées plus ou moins considérables, rouges et blanches, plus divisées ou
plus compactes, et plus ou moins persistantes. Nous ne pouvons que répé-
ter ce que nous avons déjà dit, qu'il n'y a que les globes filants qui éclairent
l'horizon plus ou moins vivement suivant la taille de chacun d'eux.
» Je regrette que le défaut d'espace ne me permette pas d'entrer dans
plus de détails, car j'aurais dressé des tableaux représentant la distribution
des météores pour les heures de la nuit et aussi pour les diverses directions
qu'ils affectent pour les mêmes heures. Cependant je vais en donner briève-
ment le nombre pour chaque direction.
» Voici d'abord pour les 1 13 globes de la 2" partie de mon catalogue; on
n'en trouve que 1 1 1, deux d'entre eux s'éfant éteints aussitôt que parus :
( 756 )
N. N. E. 5, N. E. 5, E. N. E. 6, E. 9, E. S. E. 7, S. E. 11, S. S. E. 10, S. S,
S. S. O. 6, S. O. i5, O. S. O. 6, O. 4, O. N. O. 9, N. O. 1 1, N. N. O. 4.
» En décomposant par direction les deux catidogues réunis, on trouve :
N. 4, N. N. E. 9, N. E. i3, E. N. E. i4, E. 19, E. S. E. 24, S. E. 24, S. S.
E. a6, S. 10, S. S. O. 16, S. O. 28, O. S. O. i5, O. 10, O. N. O. 32, N.
O. 25, N. N. O. 10.
» La résultante de la marche des globes filants, comme nous l'avons
déjà dit, marche du soir au matin de l'est à l'ouest en passant par le sud.
» J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Acadéuiie la carte repré-
sentant l'apparition des 281 globes filants composant les deux parties de
mon catalogue qui comprend quatorze années. •>
M. LiNo DE PosiBo adresse de Bogota (Nouvelle-Grenade) une Note sur une
propriété de l'ellipse, savoir, que : la corde de l'arc compris entre le point
de contact d'un côté du carré circonscrit et le sommet voisin du carré
inscrit à l'ellipse est égale à la différence des deux demi-axes.
(Commissaires, MM. Chasles, Bertrand.)
M. Radiguel présente, à l'occasion de l'article qui le concerne dans le
Compte rendu de la précédente séance, les remarques suivantes :
» D'abord j'ai dit que c'était en des terrains proprement diluviens que
j'ai trouvé des restes nombreux d'industrie humaine, et non simplement
dans les terrains de transport, nom que donnent à ces terrains certains géo-
logues pour ne pas se prononcer sur leur véritable origine. En second lieu,
où l'on a imprimé que ces débris appartenaient à diverses générations
d'hommes qui ont habité successivement le bassin de la Seine, c'est du mol
créations que je me suis servi, ce qui est bien différent. »
MM. Bombes, Devilliers et Dallemagne, dont les allumettes androyynes
ont été examinées par la Commission que l'Académie, sur la demande de
M. le Ministre de la Guerre, avait chargée de s'occuper de la question des
allumettes chimiques, annoncent qu'heureux de l'approbation dont on les
a crus dignes, ils ont résolu d'abandonner à tous le droit d'exploiter un
procédé de fabrication qui ne compromet point la santé des ouvriers, n'y
mettant d'autre condition si ce n'est qu'on conserve au produit le nom
par lequel ils l'ont désigné^ et que consacre le Rapport.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 NOVEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMOKT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Mouvement des gaz de ta poudre dans Came des bouches à feu;
par M. PiOBERT (*).
I. — Recherches antérieubes sur les effets des gaz de la poudre.
« 1 . Travaux des anciens auteurs sur les effets des gaz de la poudre dans les ca-
nons. — Les anciens auteurs qui se sont occupés du mouvement des projec-
tiles dans l'âme des bouches à feu, n'ont tenu aucun compte de la masse de la
poudre, quoique le poids des charges employées de leur temps pût s'élever
jusqu'à égaler celui du boulet ; actuellement même la charge est encore, dans
certaines circonstances du tir, de la moitié de ce poids. Ils ont tous admis
que la combustion de la poudre était instantanée, ou du moins que toute la
charge était réduite en gaz dès l'origine du mouvement ; enfin ils ont
supposé que la tension de ces gaz était proportionnelle à leur densité, et que
(*) Une jjrande partie de ce travail a été présentée à l'Académie des Sciences dans la
séance du 20 mai i833 ; M. Poisson, qui s'était chargé de faire le Rapport, ne put s'en occu-
per à cette époque ; d'ailleurs il différait d'opinion avec l'auteur sur quelques points de la
question , surtout relativement à l'état initial ou à la distribution des gaz dans les diverses
tranches de la charge, au moment du déplacement du projectile.
C. R., i859. 2™« Semestre. (T. XLIX, N» 21.) 99
( 758)
cette densité, luiiforme dans toute l'étendue du fluide élastique, pour
chaque position du projectile, ne variait qu'avec le temps.
» 2. Daniel BernouUi est le premier savant qui ait tenté de soumettre au
calcul les effets de la détente des gaz de la poudre et le mouvement des •
projectiles dans l'âme des bouches à feu. Dans un travail publié à la suite
de la X* Section de son Hydrodynamique (*), il donne la solution de la
question, dans l'hypothèse où les fluides produits par la décomposition de
la poudre agiraient comme de l'air condensé, leur force élastique étant
proportionnelle à leur densité ; il fait abstraction de la masse du gaz, mais
il tient compte des pertes qui ont lieu par le vent du boulet et par la lumière
du canon, en supposant ces ouvertures très-petites par rapporta l'étendue
de la section de l'âme et la vitesse des gaz qui les traversent, très-grande par
rapport à celle du projectile.
» 3. Peu de temps après Bernoulli, Benjamin Robins s'est occupé de la
même question dans ses Nouveaux principes d'Artillerie, imprimés à Londres
en 1742. Il ne paraît pas avoir eu connaissance du travail de ce savant, car
les modes de solution ne se ressemblent nullement; Robins, ne tenant
compte ni du Vent ni de la lumière du canon, emploie une méthode pure-
ment géométrique, moins générale et moins élégante ; du reste, il fait les
mêmes suppositions sur les gaz de la poudre, mais en les présentant
comme des résultats d'expérience, tandis que Bernoulli ne les admet dans
ses calculs que comme des hypothèses, dont il reconnaît ensuite l'inexacti-
tude, en faisant des applications de sa solution au mouvement d'un boulet
de 3 lancé verticalement, avec diverses charges, dans deux pièces de lon-
gueurs différentes, et en comparant ses résidtats avec ceux de l'expérience.
» 4. Euler, dans les Remarques publiées à Berlin en 1745, à la suite de
sa traduction de l'ouvrage de Robins, donne une solution analytique de la
question ; il prouve d'abord qu'on peut sans erreur sensible négliger, ainsi
que l'ont fait les autres auteurs, la pression de l'atmosphère, la résistance de
l'air au mouvement du boulet, pendant son trajet dans la pièce, et le frotte-
ment qui peut avoir lieu contre les parois de l'âme. Le premier il reconnaît
qu'il faut tenir compte de la masse des gaz qu'une partie de la force mo-
trice est employée à mettre en mouvement ; il prouve que la force élastique
du fluide ne doit pas être uniforme dans tout l'espace occupé par les gaz,
qu'elle est moins grande près du boulet qu'au fond de l'âme, et que, par
(*) Danielis Bernoulli, Joli. Fil., Hydrodynamka . Aigentorati, lySS, p. 234-243.
( 759 •)
suite, la densité de ces gaz est variable dans toute leur étendue. Malgré cela,
il renonce k soumettre au calcul ces diverses circonstances qui compliquent
beaucoup le phénomène et justifie sa détermination en disant (*) : « Heu-
n reusement que ces effets ne sont pas bien sensibles, car il serait difficile,
» et peut être même impossible de les déterminer par les principes connus
» de la mécanique ; il faudrait pour cela employer des équations différen-
)) tielles tellement compliquées, qu'on ne pourrait ni les résoudre, ni en
» tirer des conséquences satisfaisantes. » Par suite il su{)pose qu'à chaque
instant la tension des gaz de la poudre est la même dans toutes les tranches,
depuis le fond de l'âme jusque derrière le boulet; mais il ne le fait qu'avec
une certaine défiance de ses calculs et seulement comme essai pour savoir
s'il est possible de parvenir à une solution ; car il dit (**) : a Comme les par-
» ties du fluide élastique qui se développe par l'explosion de la poudre,
» sont d'une si grande subtilité, que la moindre force est capable de leur
)> donner du mouvement, il peut se faire que l'inégalité dans leur élasticité
• » ne soit pas bien sensible et qu'on pourra supposer, sans erreur, que dans
» chaque instant l'élasticité est également partagée entre toutes les parties
M de cette matière subtile. Par ce moyen on écartera les plus grandes dif-
» ficultés, et la question pourra se résoudre par les méthodes {de Daniel
» Bernoulli) dont on vient de parler. »
» Euler essaye d'abord de représenter analytiquement les pertes de vitesse
qui résultent de ce que la poudre d'une charge ne s'enflamme point toute
à la fois dans le même instant, à l'aide d'hypothèses sur la loi de forma-
tion des gaz, puis il dit (***) : « Comme il est aussi difficile d'assujettir l'in-
» flammation successive de la poudre au calcul que d'exécuter ce calcul
» lui-même, on pourrait, ce me semble, supposer que, dans le premier instant,
» une certaine partie de la poudre s'enflamme toute à la fois et que l'autre
M partie ne prend point feu. » C'est dans cette hypothèse qu'il cherche
à résoudre leproblème, ensuite il suppose (****) « qu'une moitié de la poudre
n est chassée avec la balle, et que l'autre reste en arrière au fond du ca-
» non. » Enfin il cherche, comme Bernoulli, l'influence de la lumière et
du vent sur la vitesse du projectile ; mais il ne montre pas la même saga-
(*) Nouveaux principes d'Artillerie de Benjamin Robins, commentés par Léonard Euler,
traduction de Lombard. Dijon, 1788, p. 98.
(**) Nouveaux principes d'Artillerie de Benjamin Robins, p. 196.
(***) Nouveaux principes d'Artillerie de Benjamin Robins, p. 235 et 286.
(****) Nouveaux principes d'Artillerie de Bcnlam'w Robins, p. 3'j6.
99- •
( 76o )
cité que son savant devancier relativement à l'élasticité des gaz de la
poudre, que celui-ci avait reconnue croître dans un plus grand rapport
que la densité, ainsi que l'expérience directe l'a confirmé depuis; il croit
pouvoir déduire ce rapport de calculs purement hypothétiques; enfin
Euler, comme les autres auteurs, ne tient aucun compte du mouvement de
recul de la bouche à feu.
» 5. Depuis Euler jusqu'à ces derniers temps, on n'avait rien publié sur
le mouvement des projectiles dans l'intérieur des pièces qui ne fût empi-
rique ou déjà connu; aussi on fut très-embarrassé après les longues guerres
de l'Empire, lorsqu'on voulut, pour perfectionner le matériel de l'artillerie
et établir de nouvelles bouches à feu, utiliser les nombreux faits d'observa-
tion qui avaient été recueillis. Il était impossible de se servir des résultats
que les anciens auteurs avaient obtenus en faisant des hypothèses très-éloi-
gnées de ce qui se passe dans la pratique; on ne pouvait non plus ad-
mettre des théories aussi vagues que celles qui avaient été proposées et qui
ne s'appuient sur aucune donnée de l'expérience. La tâche eîit été singu-
lièrement facilitée, si l'on eût connu alors les tentatives que Lagrange avait
faites pour résoudre ce problème ; mais les résultats de son analyse ne lui
ayant pas paru satisfaire assez complètement aux conditions de la ques-
tion, il négligea de les publier; nous verrons qu'il est possible d'utiliser
une partie de son élégant travail. Poisson, en publiant le travail de La-
grange (*), a essayé de le compléter, ou plutôt de rendre une des solu-
tions approchées applicable au cas particulier où toutes les tranches de
gaz ont une même densité à l'origine du mouvement.
» 6. Solutions obtenues au moyen des principes généraux de la mécanique.
— Un analyste aussi profond qu'Euler ayant échoué, ou plutôt ayant renoncé
à attaquer directement la question, il parut prudent à cette époque de suivre
une marche plus simple qui permît de se rapprocher davantage des condi-
tions de la pratique, tout en n'empruntant à la mécanique rationnelle que
deux principes généraux, le principe de la conservation du mouvement du
centre de gravité et celui des forces vives, appliqués au système de la bouche
à feu, du boulet et des produits développés par la combustion de la charge.
Le premier de ces principes est d'une application très-facile dans le cas
actuel, et fournit une première équation du mouvement. Le fréquent emploi
qu'on a fait dans ces derniers temps du principe des forces vives aux ques-
{*) Journal rie l'Ecole Polytechnique, 11" cahier. Paris, septembre i832, p. 187.
( 76i )
lions des diverses branches de la mécanique, a montré combien ce prin-
cipe fécond apportait de simplicité dans la résolution des problèmes les
plus compliqués. Dès lors il était naturel de chercher à s'en servir pour
arriver à une deuxième équation du movement des gaz de la poudre, sans
restreindre la question aux hypothèses admises jusqu'alors. On peut arriver
ainsi aux solutions qui conviennent au tir ordinaire dans lequel la masse
de la charge de poudre est comparable à celle du projectile, et tenir compte
en même temps de la succession qui a lieu dans la formation des gaz, for-
mation qui varie avec chaque espèce de poudre, en raison de la rapidité
de son inflammation et de la durée de la combustion de ses grains. Il devient
donc indispensable de commencer par rappeler les lois de la combustion
des charges de poudre.
II. — Étabussembst dk la question.
» 7. Formation des gaz. — L'uniformité de combustion de la matière dont
les grains de poudre sont composés et la régularité de grosseur de ces grains
permettent d'évaluer la quantité de composition brûlée à une époque quel-
conque et d'en déduire la densité moyenne des produits gazeux formés
dans un espace d'une capacité déterminée, en tenant compte du volume des
noyaux des grains ou des portions de la matière qui n'ont pas encore été
atteintes par le feu. Si t' est le temps nécessaire pour la combustion com-
plète de chaque grain, t? la densité de la composition dont les grains sont
formés, et D la densité apparente qu'aurait la charge si, sans changer de
poids, elle occupait toute la capacité dans laquelle elle est renfermée, on a
pour la densité moyenne p des produits gazeux développés après le temps t,
dans les cas où tous les grains peuvent être considérés comme enflammés
en mémo temps,
» Quand les dimensions de la charge ne sont pas très-faibles, et surtout
quand les grains de poudre sont assez tassés pour empêcher la facile trans-
mission du feu dans toute la longueur de cette charge et qu'ils remplissent
complètement l'àme, il est nécessaire de tenir compte du temps que dure
( ) Traité d'Artillerie théorique et pratique. Parlie théorique et expérimentale, Propriétés
et effets de la poudre; 7." édition, Paris, iSSg, p. 170 à i8'j.
( 76'^ )
l'inflammation successive des différentes tranches de la charge. La marche
de la combustion des grains, combinée avec celle de l'inflammation ayant
une vitesse v dans une charge cylindrique d'une longueur L et enflammée
par l'une de ses bases, conduit à d'autres expressions pour la densité
moyenne p des produits gazeux développés après le temps t; si v est la
vitesse avec laquelle l'inflammation se propage, tant que t sera plus petit
que t' et que -» on aura
.-izHÏ,.
, = D 4
H)\.
l 7
A partir de < = <' et jusqu'à ce que « = -« ou que l'inflammation atteigne
l'extrémité de la charge, on a
p = D— i— .
Mais si on a t' > -, toutes les tranches de la charge sont en combustion à la
fois, depuis < = - jusqu'à t = t', et
.-[(■-v);(-^y1?
-[(-v)-(-dn
Après t = t'ett = - les termes ( • — ^) .s'évanouissent (*).
» La force élastique des gaz qui correspond à ces densités moyennes
des produits gazeux et qui s'exerce normalement contre les parois ou l'enve-
loppe de la charge à chaque instant du phénomène, s'évalue au moyen de
l'expression suivante, déduite des expériences de Rumford, Y étant la pres-
(*) Traité d Artillerie, etc., p. 247 à 258.
(763)
sion exercée sur une surface de i centimètre carré, et exprimée en kilo-
grammes :
.^",9408 (9.8,5 p)-^°'^'•^^
Quand p ne descend pas au-dessous de o,25, on peut remplacer cette
expression par celle-ci :
Y = {100 pY'"^' . •
Enfin quand p varie entre 0,08 et o,45,on peut prendre
Y = 110'"'+ ioooo'"i/j» (*).
» 8. Détente des gaz, — Tels sont les effets des gaz de la poudre contre
les parois des enveloppes qui les contiennent, lorsque ces parois sont immo-
biles, ou reliées entre elles de manière à ne pas permettre au gaz d'augmen-
ter de volume au delà d'une capacité déterminée. Dans ce cas, la densité
moyenne des fluides élastiques est proportionnelle à la quantité de poudre
brûlée; il en serait toujours ainsi, à moins que cette quantité ne fût telle-
ment faible, relativement à l'étendue de l'enveloppe, au peu d'élévation de
température ou aux propriétés conductrices du calorique des parois et du
milieu ambiant, qu'une partie des substances gazeuses ne se condensât, par
suite des pertes de chaleur, avant que l'effet fût produit. Le problème est
beaucoup plus compliqué dans le tir des bouches à feu ; les parois de la
partie de l'âme qui contient la charge sont, il est vrai, sensiblement inexten-
sibles et empêchent toute expansion de gaz dans le sens latéral ; mais le fond
de l'âme et le projectile n'étant pas reliés ensemble, les pressions des couches
de gaz qui sont en contact avec ces mobiles, les mettent en mouvement dans
la direction de l'axe de la pièce, et dans deux sens opposés. La dilatation
que ces tranches éprouvent par suite du recul de la bouche à feu et du
mouvement du projectile, diminue leurs tensions qui deviennent alors infé-
rieures à celles des tranches voisines ; celles-ci se dilatent aussi en poussant
devant elles les tranches extrêmes ainsi que les mobiles, et diminuent égale-
ment de tension : mais ces deux effets sont un peu moindres que dans les
premières tranches, attendu que poOr ces secondes tranches, la masse à mou-
voir est plus grande, puisqu'elle est augmentée de la masse des gaz qui la
sépare du mobile et s'y ajoute. Les mêmes effets de dilatatiou et de déplace-
ment se propagent ainsi de tranche en tranche, à partir des deux extrémités
C) Traité d'artillerie, etc., y>. 55^ Il ^o.
{ 7(^-4 )
de la charge, mais ils vont en diminuant à mesure que la masse de gaz dé-
placée augmente; il arrive enfin qu'une tranche intermédiaire, située entre
deux couches se mouvant en sens contraires, éprouve une diminution de
pression sur les deux faces opposées, et se dilate des deux côtés sans que son
centre de gravité se déplace. Toutes les autres tranches, au contraire, parti-
cipent plus ou moins au mouvement, soit de la pièce, soit du projectile, de-
puis celles qui sont voisines de la tranche en repos qu'on vient de consi-
dérer et qui n'ont qu'un mouvement très-lent, jusqu'à celles qui sont en
contact avec les mobiles et qui sont animées des mêmes vitesses qu'eux.
Chaque tranche tend ainsi par sa force d'expansion à accélérer le mouve-
ment de l'un des mobiles et celui des couches de gaz qui sont interposées
entre elle et lui; mais comme elle ne se dilate qu'autant que sa force élas-
tique peut vaincre l'inertie de la masse placée devant elle, il faut que la ten-
sion augmente avec la quantité de gaz qui la sépare du mobile et s'ajoute à
cette masse à mouvoir ; de sorte qu'aussitôt que le mouvement commence, la
densité des gaz varie d'une tranche à une autre, et elle est d'autant plus
grande, que la tranche est plus voisine de la tranche mimobile, où se trouve
le maximum de densité et de tension.
« 9. Etat initial des gaz. — Comme en général le projectile commence à
se mouvoir avant que la combustion de la charge soit complète, les gaz for-
més à cette époque ne se trouvent pas répartis uniformément dans toutes
les tranches : l'inflammation de chaque partie de la charge n'ayant pu
avoir lieu que successivement, les tranches les plus voisines du point d'ap-
plication du feu contiennent évidemment plus de gaz que celles qui en sont
éloignées. Si le feu a été mis à la charge, .comme cela a lieu ordinairement,
vers le fond de l'âme, en un point voisin de l'emplacement de la tranche
de gaz qui doit rester immobile, le décroissement de densité des gaz a lieu,
de chaque côté de cette tranche, dans le sens exigé par le mouvement des
diverses parties du système, ainsi qu'on l'a vu dans le paragraphe précé-
dent; de sorte que dans les premiers instants il n'y a pas lieu à un très-
grand déplacement des gaz, attendu que chacun de ces décroissements de
densité n'est pas très-prononcé à cette époque. Mais si au contraire l'in-
flammation commence en un point voisin du projectile, la répartition des
gaz formés présente un décroissement de densité des gaz dans un sens op-
posé à celui qui tend à s'établir par suite du mouvement des mobiles. De
cette répartition primitive des gaz inverse de celle qui doit s'établir plus
tard, il résulte que, les gaz des tranches qui doivent se dilater le plus étant
plus denses que les autres, les différences de densités s'affaiblissent a mesure
( 765 )
que le mouvement s'effectue; et il pourrait arriver que, clans les premiers
instants et pour certaines grandeurs de charge, grosseurs de grains, poids
du projectile et de la pièce, etc., les différences de densité fussent assez
petites pour qu'on pût supposer, sans grande erreur, que les gaz ont la
même densité dans toute la longueur de la charge. Ce cas particulier de la
question, le seul qui ait été admis par les anciens auteurs, Euler excepté, ne
peut être supposé exister dans la pratique, que 'pour des charges excessive-
ment faibles par rapport au projectile, tirées dans des armes très-courtes ; on
le traitera toutefois et on comm'enoera par là, parce que sa solution n'exige
que des considérations de la plus grande simplicité, et peut s'obtenir sans
employer une haute analyse.
III. — Hypothèse d'une densité onifobme des gaz dans tout l'esi-ace qu'ils occupent
DANS l'aME.
» 10. Mouvement du centre de (jravité. — Le mouvement du centre de
gravité des différentes parties, pièce, boulet et charge, ne devant pas chan-
ger quelles que soient les forces qui se développent dans l'intérieur du sys-
tème, et dans le cas qu'on considère, tout étant en repos avant l'explosion
de la poudre, la quantité de mouvement du boulet inv devrait être égale à
celle de la bouche à feu MV, si l'on pouvait négliger la masse de la poudre;
mais dans la pratique le poids de la charge est comparable à celui du bou-
let, et une portion notable des gaz se meut dans le même sens que le pro-
jectile avec une très-grande vitesse; il est donc nécessaire de tenir compte
de la quantité de mouvement de la poudre. La masse totale de la charge a
étant supposée, dans le cas actuel, être répartie uniformément entre les
tranches extrêmes qui sont animées respectivement des vitesses f et V des
mobiles, avec lesquelles elles sont en contact, la tranche située au milieu
de la longueur et contenant le centre de gravité, sera animée de la vitesse
moyenne • dans le même sens que celle du projectile, et la quantité
de mouvement - (p — V) devra être ajoutée à celle du boulel ; on aura ainsi
(A) mp + /A (^^) = MV, ou (m-h^\i>= (m+^'^\.
Les vitesses des deux mobiles resteront ainsi toujours dans im rapport con-
stant, et la tranche qui divisera la longueur de la charge en deux parties qui
C. K., 1859, a™» Semestre. ( T. XLIX, N» 21.) 'OO
( 7^6)
soient dans ce même rapport, restera immobile pendant toute la durée du
phénomène.
» 11. Somme des forces vives. — Dans la même hypothèse de l'unifor-
mité de répartition des gaz dans toute la partie de l'âme comprise entre le
fond de l'âme et le derrière du projectile, la vitesse de chaque tranche est
proportionnelle à sa distance à la tranche en repos placée au centre de gra-
vité du système; chaque partie de la charge ayant un poids proportionnel
à sa longueur, la portion /x' qui se meut dans le même sens que le boulet est
2__ _ y _ ,_
M + TO -t- (i '^ ~" ». -^ V '^ ~ ^ '
la portion /x" qui se meut dans le même sens que la pièce est
»i -h -
2 _ V _ „
Si on divise la portion de charge /x' en q tranches très-minces ayant des
vitesses uniformément croissantes de o à c, on aura pour la somme des
produits de la masse de chaque tranche par le carré de sa vitesse :
_ ii'<''q{q— l)(2y-4-i)_
q' 2.3 '
le nombre q des tranches peut toujours être supposé assez grand pour que
cette expression devienne
ft' v' q' ji' v^ (i i)' ,
qui sera la somme des forces vives de toutes les tranches qui se meuvent
dans le même sens que le boulet. On aura également pour la somme des
forces vives de la portion de charge qui se meut dans le même sens que la
pièce
3 c -f- V'
l<a somme des forces vives acquises par les différentes parties du système
( 767 )
depuis le commencement du mouvement sera donc
//2
+ e)^+(M + e)v.-f„v.
» 12 Quantité de travail développée par la détente des gaz. — La quantité
de travail développée parles gaz pendant leur détente dans l'âme de la pièce
s'e;tprime par le produit de la pression p sur l'unité de surface, par la sec-
tion TTC* du vide de l'âme et par le chemin parcouru par les tranches. Or la
pression exercée par chaque tranche sur sa voisine est fonction de la densité
p des gaz, et comme dans le cas traité en ce moment cette densité est la
même dans toute l'étendue qui sépare le projectile du fond de l'âme, p est
en raison inverse de la distance de ces deux mobiles, qui était a à l'origine
du mouvement, et qui est Q au moment que l'on considère. Si D est le rap-
port du poids de la charge au poids de la quantité d'eau que contiendrait le
volume de l'âme occupé primitivement par cette charge, on a, quand toute
la poudre est brûlée,
D
Si la tension p des gaz varie alors comme la puissance n de la densité, ou
que p = kp", on aura
frï>«a"
et le travail pendant un très-petit parcours h de l'âme par le projectile sera
ncH'D"a."h ah
6". 6"
en faisant
a = 710" AD" a".
Pour les parcours suivants $ augmenterait, et par suite la pression et le tra-
vail diminueraient, de manière que l'évaluation du travail, pendant plu-
sieurs instants, dépend de la sommation des valeurs successives que prend
l'expression précédente à mesure que 6 varie. Cette évaluation peut être
faite facilement par les quadratures, ou bien comme précédemment (11) en
partant de 6 =: h et supposant un très-grand nombre q de petits parcours
tous égaux à h, de manière que Q = qh; la somme des quantités de tra-
100..
(768)
vail de toutes ces tranches serait
ah
IF'
ah ah ah " ( l l l i \
{n— 1)6'-') '
mais le travail est nul à l'origine du mouvement ou quand ô = a, on a donc
C _ I
h"-' (« — i) «""■'
et la quantité de travail devient
/ 1 I \ 7t c' /• D" a" / 1 1 \
\(«— i)a"-' {n — i) &'—> ) ~ n — 1 \b^ "" ¥-')'
•
» Dans l'hypothèse où tous les gaz seraient formés à l'origine du mou-
vement, comme dans les fusils à vent et dans les armes à vapeur, et où il
n'existerait aucune perte par la lumière et par le vent, comme dans les armes
à percussion et avec les projectiles forcés, toute la quantité de travail serait
employée "à pousser la pièce et le boulet jusqu'à la sortie de ce dernier de
l'âme, dont la longueur sera représentée par /; il vient alors pour l'équa-
tion des forces vives
(B) („+S)„.H-(M-.3e)v.-£i^=îl£^(-i,-^).
» Les équations (A) et (B) donnent toutes les solutions des anciens au-
teurs; mais ceux-ci ne tenant aucun compte du recul de la pièce, il
faut faire V = o; de plus la plupart d'entre eux négligent la masse de la
poudre, ou supposent ju, = o et font n= i ; dans ce dernier cas l'expression
du double de la quantité de travail devient 2 nc^kDvAog -•
» Mais d'après ce qu'on a vu précédemment (7), si on veut apphquer
cette solution aux gaz de la poudre, dans le cas, par exemple, où le pro-
jectile est très-lourd et la charge assez petite pour être considérée comme en-
tièrement comburée au moment du déplacement des mobiles, on a toujours
pour n une valeur plus grande que l'unité, et qui en moyenne est voisine
de a, car les valeurs que p peut prendre dans le tir ordinaire, dépassent
rarement o, 45; la valeur Y = iio""'-!- ioooo''''(3' (7) paraîtrait donc devoir
convenir dans ce cas, si les parois de l'âme du canon étaient élevées à une
( 769 )
température voisine de 3oo degrés, comme dans les expériences de Rumford;
mais ces parois s'élèvent an plus au liers de cette température après un tir
très-prolongé; on doit donc avoir p < Y. Prenant comme valeur approchée
p = A-jO* = igoog""' p*, on aura pour le double de la quantité de travail dé-
veloppée par les gaz de la poudre aoooo''"7rc' D* a ( i — y j , expression qui
convient mieux que la précédente pour le cas des gaz de la poudre.
» Dans une prochaine séance on développera une solution plus appro-
chée, et enfin, dans une troisième séance on donnera la solution com-
plète de la question du mouvement des gaz de la poudre. »
PHYSIQUE DU GLOBE — Démonstration de la loi de M. Foucault sur ta tendance
transversale d'un point qui se déplace à la surface de la terre. — Evaluation
de la force qui produit dans les rivières la tendance à l'érosion des rives;
par M. Babinet.
(c Voici la liste des principaux instruments et des principaux phénomènes
où se manifeste l'effet produit par le mouvement rotatoire de la terre autour
de son axe :
» 1°. Le pendule de M. Léon Foucault, qui à chaque oscillation dévie à
sa droite d'une quantité angulaire égale à wsinX.
» 2°. Le gyroscope, ou plutôt les diverses sortes de gyroscopes du même
savant, lesquels, pour l'extrémité d'iui index de i mètre de longueur,
donnent en France un déplacemeut d'environ i millimètre pour 18 ou 20 se-
condes de temps.
» 3°. L'expérience de M. Perrot, où la vitesse minime du liquide vers
le centre du vase donne à la terre le temps de se déplacer sensiblement,
même pour une marche très-petite des molécules liquides qui vont de la
circonférence au centre.
» 4°- T-'^ chute vers l'est des corps tombant en chute libre.
» 5°. La chute vers le sud des mêmes corps, circonstance encore inexpli-
quée, mais qui paraît mise hors de doute par l'expérience (1).
» 6". La chute vers l'ouest des projectiles lancés verticalement, quantité
considérable qui, suivant Laplace, serait de 129 mètres pour une vitesse
initiale de 5oo mètres, abstraction faite de la résistance de l'air. J'ai vérifié
son calcul de deux manières.
(i) J'apprends de M. Verdet que cette déviation a été étudiée expérimentalement ei théo-
riquement par M. Rundell. Cambridge Mathematical Journal, t. IV.
( 770 )
)' J'ajouterai ici le transport vers l'ouest par un temps calme des sables
et des gaz volcaniques projetés à une très-grande hauteur.
» 7°. Déviation à droite, dans l'hémisphère nord, d'un corps marchant
sur un plan horizontal, et sa trajectoire apparente courbée en parabole.
» (Notez que si le corps roule, sa masse influe sur la quantité de sa dé-
viation.)
» 8". Déviation à droite d'un corps qui suit un plan incliné, soit en
montant, soit en descendant.
» 9°. Déviation à droite d'un projectile à trajectoire peu courbe (boulet
et balle) et des projectiles tirés sous un grand angle de hauteur (bombes).
» lo". Les deux circuits que forment les eaux dans les deux bassins de la
Méditerranée, et qui marchent à gauche pour un observateur placé vers le
centre de chaque bassin. Même chose pour le bassin de la mer Noire, pour
celui de l'Adriatique, pour celui de ia mer Caspienne, et enfin pour celui
du lac Aral.
» II". Le grand circuit des eaux dans la partie nord de l'Atlantique et le
circuit encore plus vaste du Pacifique nord, l'un et l'autre tournant à droite
de l'observateur placé vers le centre, la partie sud de l'un et de l'autre cou-
rant circulaire allant vers l'ouest et la partie nord marchant à l'est ; plus trois
autres circuits bien moins importants, dirigés à gauche, et occupant l'Atlan-
tique sud, le Pacifique sud et la mer des Indes; enfin les deux circuits
circompolaires marchant l'un et l'autre vers l'est.
» 12°. Les vents alizés et leurs deux contre-courants du nord et du sud.
» i3°. Jja rotation rapide de la direction d'où vient le vent quand son
intensité se soutient constante, et qui fait, suivant la célèbre loi de Dove,
virer le vent en quelques heures du nord vers l'est, puis vers le sud, puis
vers l'ouest, pour qu'il redevienne enfin un vent du nord, faisant souvent
ainsi une rotation apparente de plus d'une circonférence entière, et dont la
théorie complète et la constance autrement inexplicable ne résultent que de
la loi de M. Foucault wsinX, suivant tous les azimuts.
» \lf. La rotation vers la gauche (pour un observateur situé au centre)
des cyclones ou tornados des latitudes moyennes de l'hémisphère nord,
tornados qui n'ont pas lieu dans les mers équatoriales, pour lesquelles
sinX:= o.
» i5°. L'effet du vent sur une mer peu étendue, effet qui, d'après la loi
de M. Foucault, tend à lui imprimer un mouvement toujours dirigé dans le
mém« sens, de quelque point de l'horizon q^ie le vent vienne à souffler.
» 16°. La déviation incontestable et considérable des eaux des fleuves .
( 771
quand ils entrent dans la mer ou dans les grands lacs, portant à droite dans
noire hémisphère les troubles qu'ils charrient avec leurs eaux.
» 17°. La faible tendance vers la droite des rivières du nord, tendance
dont je vais évaluer l'intensité tout à l'heure.
» Ma mémoire ne me fournit pas en ce moment d'autres phénomènes ou
expériences en relation avec le mouvement de rotation du globe. On peut
cependant encore mentionner la petite déviation qu'éprouve un mobile qui
suit iHi grand cercle de la sphère, au lieu de rester sur le parallèle tangent
à ce grand cercle, qui porte le nom de premier verlical, et qui est dirigé à
l'origine de l'est à l'ouest. Cette déviation est l'excès de l'hypoténuse d'un
triangle sphérique rectangle ayant un côté très-petit sur le grand côté de ce
triangle. Comme les Tables, même à 7 décimales, ne donnent rien de précis
pour les cosinus des angles qui avoisinent go degrés, j'ai cherché la formule
d'approximation qui donne directement cette déviation, et j'ai trouvé que
pour une distance de a mètres, à partir du point de contact, la distance entre
le grand cercle et le parallèle est exprimée par
R étant le rayon de la terre et X la latitude du lieu. Si l'on prend, par
exemple, R = 637o3oo mètres et a = G37 mètres, comme d'ailleurs dans
3
les environs de Paris sinX =: -?» on trouvera la quantité, dont le grand cercle
dévie alors du parallèle, égale à 24 millimètres.
» Démonstration du théorème de M. Foucault. — Si le corps se meut suivant
le méridien avec une vitesse a (vers le nord par exemple), il passe en i se-
conde d'une latitude X à une latitude X + — ? R étant le rayon de la terre,
et la différence entre la vitesse «RcosX, qui a lieu à une latitude X, et la
vitesse uRcos(X+ — ]» qui convient à la latitude X + -^5 donne de suite
pour le mobile une vitesse relative égale à
coRcosX — mRcosX cos— + uRsinX sin— •;
H K.
or cos— = 1, sin— = — ■ La vitesse relative est donc
wasinX.
Tout le monde convient de ceci.
» Maintenant supposons toujours le corps libre et allant en i seconde
( 772 )
d'une quantité a vers l'ouest par exemple, en sens contraire du mouvement
delà terre. Le point de la terre qui, au moment du départ du projectile,
était dans l'horizon à l'ouest, aura marché obliquement à cet horizon, dans
un cercle parallèle à l'équateur, d'une quantité égale à wa. Ce mouvement,
rapporté à l'horizon, que le mobile ne quitte pas, sera égal à ojn multiplié
parle cosinus de l'angle que forme léquateur avec cet horizon, angle égal
à 90" — X. Ce produit est donc
wrtcos(9o° — X)=wasinX.
» Ainsi le vertical qui contient le mobile sera séparé en i seconde du
vertical dirigé à l'ouest d'une quantité angulaire wsin^X et à la distance a
d'une quantité linéaire égale à «asinX. Or le point du parallèle étant porté
vers le sud, le mouvement apparent du mobile sera vers le nord, c'est-à-dire
vers la droite de l'observateur regardant vers l'ouest.
r Même raisonnement si le mobile va vers l'est. Alors son mouvement
apparent est vers le sud, qui se trouve à droite de l'observateur.
» Voici maintenant comment on passera au cas général d'un corps
animé d'une vitesse rt, et faisant par exemple avec la ligne nord un angle
quelconque 9. Soit A le point d'où part le mobile et B celui où il arrive en
I seconde, en sorte que AB=:a. Il est évident que l'on peut considérer le
point A comme animé de deux vitesses qui se composent suivant AB : l'une,
dirigée vers le nord, sera acosœ; l'autre, dirigée à l'est par exemple, sera
a sin^.
» La première vitesse engendrera une tendance à droite, c'est-à-dire vers
l'est, c'est-à-dire vers la droite de AB, égale à
wasinXcosç;
décomposant cette force en B suivant une perpendiculaire à la direction
primitive AB, elle devient
wasinXcos^ ç.
» L'autre vitesse wasinXsinip, étant dirigée vers l'ouest, donnera nais-
sance en B à une tendance à droite vers le nord égale à
wasinXsiny.
Cette vitesse relative, étant décomposée en B suivant une perpendiculaire
à AB, devient
wasinXsin^j),
et le point B aura été déplacé en i seconde, relativement à la direction pre-
( 773 )
mière AB du mouvement, d'une quantité
M a sin ), ( sin' «p + cos' «p ) = « a sin / .
» Ainsi, quelle que soit la direction AB, la déviation linéaire vers la
droite sera toujours la même, savoir wasinX. La déviation angulaire, qui
est toujours wsinX, reste aussi toujours la même. Ainsi un gyroscope à plan
invariable, muni d'un index de i mètre, compté à partir du centre, mon-
trerait dans tous les azimuts une déviation égale, et l'extrémité de l'index
indiquerait en France un déplacement de i millimètre pour i8 ou 20 se-
condes de temps , et cela d'une manière continue.
n Evaluation de ta force avec laquelle les rivières pressent leur rive droite . —
D'après le théorème de M. Foucault, et d'après ses expériences du pendule
et du gyroscope, la déviation angulaire wsinX est en France telle, qu'un
corps qui persisterait à garder son plan de mouvement verrait en trente-
deux heures tous les points de l'horizon décrire une circonférence entière.
Ainsi en huit heures, ce serait 90 degrés. Ainsi un cours d'eau comme le
Rhône allant vers le sud, s'il conservait sa direction primitive et s'il n'était
pas continuellement défléchi par le lit du fleuve, ce courant, dis-je, au bout
de huit heures, rencontrerait à angle droit la rive droite dirigée alors de
l'est à l'ouest et qui lui barrerait le chemin. Il est évident que ce courant a
tourné de 90 degrés en huit heures, et l'infléchissement d'une grande masse
d'eau suivant un angle de 90 degrés sans perte de vitesse, a dû exiger
un emploi de force considérable. Notre confrère M. le général Morin a
très-bien dit que dans les ouvrages de M. Poncelet on trouvait le calcul
de cas analogues à la déflexion d'un courant qui suit une courbe quel-
conque. Je ferai remarquer, en conservant l'assimilation très-lucide de
M. Morin, que la puissance des turbines indique une réaction énergique
d'un liquide ainsi infléchi dans son cours. Si l'on compose deux forces
égales faisant entre elles un angle de 120 degrés, on aura une résultante
égale à chacune des deux forces, et faisant un angle de 60 degrés avec cha-
cune d'elles. Donc, pour déplacer de 60 degrés dans sa direction et sans
la diminuer une force quelconque, il faudrait dépenser une force égale,
une quantité de travail égale à la quantité de travail que contient le corps
animé de la vitesse primitive, quantité égale à ce qu'il faudrait pour arrêter
le mobile. Or, en cinq heures de temps à peu près, les rives d'un fleuve de
France tournent suivant l'horizon, de ces mêmes 60 degrés. Ainsi, malgré
la longueur de ce temps, cinq heures, nous allons voir que la force qui
résulte de la déflexion par seconde, savoir usinX, n'est pas ,négligeable.
C. R., 1859, »">« Semestre. (T. XLIX, N» 21.) 'O'
( 77l )
» Soit un fleuve marchant avec une vitesse constante de i mètre par
seconde. A chaque mètre que l'eau parcourra, elle subira une déviation
d'à peu près — de miUimètre, comme nous l'iivons dit. C'est donc une force
qui, agissant perpendiculairement au courant, l'infléchit de — de milli-
mètre en t seconde, tandis que, si la pesanteur agissait de même pendant
I seconde, elle infléchirait la marche d'un mobile de - g que je prends égal
à 5 mètres. Il est plus régulier de mesurer les forces par les vitesses qu'elles
engendrent, et nous dirons que, tandis que la pesanteur qui fait dévier un
mobile de 5 mètres en t seconde, lui donne une vitesse de lo mètres en i se-
conde, l'action de la rive qui infléchit la direction de l'eau de — de millimètre
' ^ 20
par seconde est une force qui, en i seconde, lui donnerait une vitesse de
— de millimètre. Ainsi l'action exercée parla rive sur le courant, et par suite
la réaction du courant sur la rive, est à la pesanteur comme — de millimètre
est à 10 mètres; elle en est donc environ la cent-millième partie. Mais remar-
quons que la rivière tout entière, dans toute sa largeur Z, subit l'inflexion,
et que chaque filet d'eau est infléchi de cette quantité — de millimètre
correspondant à une force de — de millimètre, ou bien le cent-millième
de la pesanteur. Or la pression latérale d'un cours d'eau d'une largeur /
soumis à une force est égale à celle d'un cours d'eau qui n'aurait
I 00000 " ^
qu'une largeur égale à > mais qui serait soumis à la pesanteur entière
dans le plan de l'horizon et vers la droite. En d'autres termes, la pression
latérale d'un cours d'eau d'une largeur /est la même que le poids d'un cou-
rant d'eau avant une hauteur égale à Ainsi, pour une rivière ayant
•' " 1 00000 ' ''
10 kilomètres de large, la pression sur la rive droite serait la même que
celle qu'un courant d'eau profond de i décimètre exercerait sur son fond,
et la vitesse étant égale de part et d'autre, l'effet d'érosion serait le même
à circonstances égales; mais tout le monde voit de suite qu'un terrain meu-
ble, attaqué de côté et verticalement, est bien moins résistant qu'une même
surface horizontale dont les parties détachées font obstacle à l'action du
courant, tandis que les parties détachées par érosion d'une rive verticale
( 775 )
tombent au fond de l'eau et laissent complètement à découveil les parties
qu'elles protégeaient.
» Si la vitesse par seconde était de plus de i mètre, la déflexion du cou-
rant serait autant de fois plus grande dans une seconde, et la force, com-
parée à la pesanteur, serait de ce même nombre de fois plus grande.
« On passera facilement à la formule générale, et l'on trouvera que,
pour une rivière ayant une vitesse a par seconde et une largeur /, la rive
droite est pressée comme est pressé le fond d'un cours d'eau ayant la même
vites.se a et une profondeur égale à
2w«/sinÀ
g
avec cette circonstance que l'érosion latérale, favorisée par la chute des
matériaux qui se détachent, est bien plus efficace que l'érosion qui s'exerce
sur le fond d'un cours d'eau ayant une pression équivalente.
» Post-scriplitm. — J'avoue mon ignorance sur le travail de M. Poisson,
cité très à propos par M. le général Piobert dans le dernier Compte rendu.
Pour une vitesse initiale presque horizontale de 4oo mètres par seconde,
et pour une portée de aoo mètres, la déviation du tir trouvée par M. Poisson est
à peine d'un demi-centimètre (c'est notre ancienne vitesse initiale de 200 toises
pour la balle du fusil de munition ). Le temps d'un trajet de 200 mètres
serait donc presque exactement de - seconde. La formule de M. Foucault
donne une déviation angulaire usina, ce qui fait environ 10 secondes. Or
I seconde est un peu moins de ; la déviation linéaire serait donc un
r 200000
peu moins de 200 mètres ; le tout multiplié par le temps — Cela fait
■ 200000 ' r r r 2
, I 200000 , ^. , • 1 ' »• 'x
un peu moms de de centimètre, ou un peu moins de - centimètre,
r 2 200000 ' r 2
ce qui est le résultat de Poisson. »
MÉCANIQUE. — Observations au sujet de la communication de M. Perrot et de
la Note de M. Babinet qui l'accompagne; par M. Combes.
« Je me propose de faire voir que les phénomènes de mouvement observés
par M. Perrot et l'excès de pression que les eaux courantes à la surface du
globe exercent sur leur rive droite ou gauche, suivant qu'elles coulent dans
l'hémisphère nord ou l'hémisphère sud, peuvent être expliqués par des con-
lOI..
( 77^ )
sidéralions purement géométriques et les principes élémentaires de la méca-
nique, sans recourir au théorème de Coriolis sur le mouvement relatif d'un
système de points matériels par rapj)ort à des axes mobiles, théorème dont
je suis bien loin d'ailleurs de méconnaître l'importance et l'utilité. Il me
suffira, pour cela, de raisonner comme l'ont fait MM. Poinsot et Liouville,
dans le sein de l'Académie, à l'époqtie où M. Foucault lui communiqua sa
belle expérience sur la rotation apparente du plan d'oscillation du pendule.
» Imaginons qu'un jet d'eau sortant de la terre dans la direction verticale,
soit reçu dans un tuyau cylindrique ouvert à ses deux extrémités par une
tubulure également verticale située au milieu de sa longueur; que ce tuyau,
placé horizontalement, soit en équilibre sur un pivot dont l'axe se confonde
avec celui de la tubulure et qu'il soit entièrement libre de tourner dans le
plan horizontal autour de l'axe du pivot, sans éprouver aucune résistance
de la part du point d'appui ni du milieu ambiant. Les filets liquides dont le
jet d'eau est formé, s'infléchissant d'un angle droit, se partageront également
entre les deux moitiés du tuyau de part et d'autre de la tubulure et iront
s'écouler par ses deux extrémités. Il est évident que, tout se passant symétri-
quement dans le plan horizontal des deux côtés de l'axe autour duquel le
tuyau peut tourner, ses parois opposées seront également pressées par l'eau
en mouvement et qu'il ne tournera ni dans un sens ni dans l'autre ; il n'aura
d'autre mouvement dans l'espace absolu que celui de translation commun
avec le pivot fixé à la terre qui le supporte, mouvement dont les particules
d'eau étaient elles-mêmes animées en jaillissant du sein de la terre dans son
intérieur et que le tuyau vide possédait aussi [i). Mais, par cela même qu'il
conserve une position invariable dans le plan horizontal, il paraîtra, aux
yeux d'un observateur placé sur la terre et emporté avec elle dans son
double mouvement de translation et de rotation, tourner dans le plan
horizontal autour de l'axe de la tubulure et du jet d'eau, avec une vitesse
angulaire égale à celle de la composante de la rotation de la terre autour de
la verticale du lieu où l'eau jaillit, et dans un sens opposé à celui de cette
rotation composante. Si l'expérience est faite au pôle nord, le tuyau aura
pour l'observateur un mouvement apparent de rotation égal et directement
opposé à celui de la terre, c'est-à-dire qu'il accomplira une révolution
entière dans le même temps que la terre exécute une révolution complète
autour de la ligne des pôles, soit la durée d'un jour, ce mouvement étant
(i) Je fais abstraction de l'influence de la masse du tuyau, que je considère comme une
surface mathématique sans épaisseur.
( 777 )
dirigé vers la droite de chacun des courants d'eau de sens contraires
qui coulent dans ses deux moitiés. Si l'expérience est faite au pôle sud, il
en sera de même, avec cette seule différence que le mouvement apparent de
rotation sera dirigé vers la gauche des courants d'eau. A l'équateur le tuyau
paraîtra immobile. Ceci est tout à fait évident, lorsque l'on suppose que la
situation initiale de son axe est dans le plan même de l'équateur. Si elle est
oblique à ce plan, les points de la surface terrestre situés dans l'hémis-
phère boréal seront animés, dans la rotation du globe, d'une vitesse
moindre que l'eau qui coule dans la moitié du tuyau qui se projette dans
cet hémisphère, d'où résulterait pour cette moitié, si elle était isolée, une
rotation apparente dirigée vers la droite du courant d'eau qui la parcourt;
mais les points de la surface terrestre situés dans l'hémisphère austral seront
aussi animés dans le sens de la rotation du globe, d'une vitesse moindre
que l'eau qui coule dans la moitié du tuyau qui se projette au sud de
l'équateur, d'où résulterait, pour cette moitié isolée, un mouvement appa-
rent de rotation dirigé vers la gauche du courant. Les deux moitiés nord et
sud du tuyau étant solidaires, les rotations apparentes qu'elles prendraient,
si elles étaient isolées et qui sont égales et contraires, s'annulent récipro-
quement. En d'autres termes, le tuyau sera entraîné tout entier dans le
mouvement de l'équateur terrestre par le pivot qui le supporte, autour
duquel il ne tournera pas.
» Si l'expérience est faite entre le pôle et l'équateur, à la latitude >,*
on remarquera que la rotation du globe autour de la ligne des pôles est
équivalente à deux rotations, l'une autour de la verticale du lieu, l'autre
autour de la perpendiculaire à cette verticale contenue dans le plan mé-
ridien et qui concourt avec elle sur la ligne des pôles; la vitesse angu-
laire de la rotation composante autour de la verticale sera wsinX, la vitesse
angulaire autour de la droite perpendiculaire mcosX, u désignant la vitesse
angulaire de la terre autour de la ligne des pôles. Or notre tuyau est situé,
par rapport aux deux parties de la surface terrestre séparées par le plan
vertical perpendiculaire au méridien et voisines de ce plan, exactement
comme il l'était, dans le cas que nous avons précédemment discuté, par
j'apport aux deux hémisphères nord et sud séparés par l'équateur terres-
tre. Donc la composante de la rotation de la terre, avec la vitesse angu-
laire M cosX, autour de la ligne perpendiculaire à la verticale du lieu de
l'observation, ne saurait occasionner aucune rotation apparente du tuyau.
Au contraire, la rotation composante, avec la vitesse angulaire w sin X,
autour de la verticale, aura tout son effet et, par conséquent, le tuyau
( 778 )
paraîtra tourner autour de l'axe du jet d'eau, dans le |>l<in horizouul, avec
une vitesse angulaire wsinX, dans le sens opposé à celui de la rotation
composante de la terre, c'est-à-dire, ainsi qu'il est aisé de le voir, vers
la droite de chacun des courants qui passent dans les deux branches, si
l'expérience a lieu au nord de l'équateur et vers la gauche de ces mêmes
courants, si elle a lieu au sud. En vertu de cette rotation, le tuyau paraîtra
décrire, pendant la durée d'une révolution complète de la terre autour de
la ligne des pôles, une fraction de circonférence entière égale au rapport
de sinX à l'unité.
» Si l'expérience que je viens de décrire pouvait être réahsée, la rotation
apparente du tuyau nous offrirait, suivant une expression de M. Poinsot,
un signe permanent de la rotation de la terre et une mesure de cette rota-
tion, comme l'élégant et ingénieux gyroscope de M. Foucault, ou comme
le ferait une masse concentrée suivant la verticale d'un lieu et qui viendrait
tout à coup à se développer symétriquement autour de cette verticale, ainsi
que l'a indiqué notre illustre confrère. Le jet d'eau vertical s'épanchant
symétriquement des deux côtés de la tubulure n'est pas autre chose que
cette masse, qui se développe d'une manière continue.
» Maintenant si l'on veut obliger le tuyau à participer au mouveuient de
rotation de la terre, de manière qu'il paraisse immobile à un observateur
qui est lui-même entraîné dans ce mouvement, il faudra évidemment lui ap-
pliquer un système de forces capables d'imprimer à chaque instant à la
niasse liquide qui circule dans son intérieur un mouvement réel de rotation
égal et directement opposé à la rotation apparente qu'il prend, quand il est
libre. Soit V la vitesse d'une particule liquide, dont la masse est m et qui est
située, à la fin du temps*, à la distance / du milieu du tuyau. En vertu delà
vitesse apparente de rotation, elle parcourt pendant l'instant infiniment petit
dt un espace «sinX/f/^ dans la direction perpendiculaire à l'axe du tuyau.
Pendant cet instant, la particule liquide aura parcouru dans le tuyau un
espace V^f^etla distance / sera devenue l-\-\dt\ donc l'espace parcouru
pendant l'instant suivant dans la direction perpendiculaire au tuyaii, en
vertu delà rotation apparente, sera wsinX {l-h\dt) dt; ainsi l'espace par-
couru dans ce deuxième instant, par le seul effet de l'impulsion de la force,
motrice apparente, est la quantité infiniment petite du second ordre
wsinXVrff*, expression qui ne renferme plus la distance /. La force motrice
capable de produire le mouvement apparent de la particule liquide dans le
plan horizontal est donc perpendiculaire à l'axe du tuyau ou à la vitesse V,
et elle est exprimée parle produit amwsinXV (on arrive précisément à la
( 779 )
même expression pour la projection horizontale du double de la force cen-
trifuge composée, telle que la définit Coriolis). C'est donc là la force qu'il
faut appliquer à chaque particule de masse wz, se mouvant dans le tuyau
avec la vitesse V, pour l'obliger à suivre le mouvement de rotation de la
terre. Si le tuyau est lui-même enchâssé dans la croûte terrestre et entraîné
par celle-ci, comme le sont les lits des cours d'eau, chaque particule liquide
coulant dans son intérieur avec une vitesse V, quel que soit d'ailleurs son
point de départ, exercera sur la paroi de ce tuyau qui vient la seconde, dans
le sens de la composante de la rotation de la terre autour de la verticale,
c'est-à-dire sur la paroi droite du courant, dans l'hémisphère nord, et la paroi
gauche, dans l'hémisphère sud, une réaction ou pression horizontale, égale
à a OTusinXV, qui se combinera avec son poids mg. Les mêmes effets auront
lieu dans les cours d'eau naturels, quel que soit l'azimut de la vitesse V.
)La ligne suivant laquelle la surface d'un cours d'eau est coupée par un plan
vertical perpendiculaire à la direction du courant, au lieu d'être exactement
horizontale, doit être normale à la résultante de la force horizontale
awjMsinXV et de la force verticale mg. Elle sera donc inclinée à l'horizon
d'un angle dont la tangente sera égale au rapport — ^ » en se relevant du
côté de la rive droite, dans l'hémisphère nord, et vers la rive gauche, dans
l'hémisphère sud. A la latitude moyenne de 45 degrés, on a
sinX = -Va
et la tangente de l'inclinaison transversale de la surface du courant devient
'&
uVv2 6,281/2 ,0 T,
=557 ^^— ô = 0,00001048 V,
g 86400X9,809 1 H »
la vitesse V étant exprimée en mètres par seconde. Pour V = 1 mètre,
l'inclinaison de la surface, dans le sens transversal au courant, serait
d'environ ci2 secondes; elle dépasserait t minute pour V= 3 mètres. Pour un
fleuve large de 4 kilomètres et dont les eaux couleraient avec cette vitesse
uniforme de 3 mètres, le relèvement de l'eau du côté de la rive la plus
pressée atteindrait 12 centimètres.
» IjCS plus faibles brises de vent produisent sans contredit des dénivella-
tions bien plus fortes que celle dont nous venons d'assigner la mesure. Il
en est de même des plus légères sinuosités des cours d'eau, comme l'a
remarqué M. Bertrand. Le calcul montre que, pour une vitesse de l'eau
de 3 mètres par seconde, la poussée horizontale à laquelle donne lieu hf
( 78o )
rotation de la terre, à la latitude de 45 degrés, contre l'une des rives est à
peu près la même que celle qui serait due à la courbure des filets liquides
animés de cette vitesse et s'infléchissant le long d'une rive courbée suivant un
rayon de plus de 29 kilomètres. Si nous ajoutons que la poussée due à l'in-
flexion des filets liquides suivant la courbure de la rive croît comme le carré
de la vitesse, tandis que celle qui naît de la rotation du globe est proportion-
nelle à la simple vitesse; que les filets liquides voisins des rives sont ani-
més en général de vitesses très-faibles, en raison des résistances occasion-
nées par le frottement, on comprendra que nous nous refusions, comme
MM. Bertrand et Delaunay, à admettre, avec M. Babinet, que la rotation
du globe ait exercé une influence appréciable sur les directions actuelles
des cours d'eau et sur les modifications qu'elles subissent journellement,
avec plus ou moins de lenteur. Si cette influence est sensible quelque part,
ce ne pourrait être que dans les parties voisines des embouchures, où les
fleuves coulent sur des atterrissements formés de limon qu'ils ont charrié.
Au débouché dans la mer, le courant de leurs eaux tend à dévier vers la
droite ou la gauche, en entraînant du même côté les matières en suspension.
Mais, outre que ces effets sont troublés par des causes irrégulières ou pério-
diques, comme les vents et les marées, ils ne peuvent, semble-t-il, être en
tous cas que très-faibles et peu étendus, en raison de la diminution consi-
dérable de vitesse que les eaux fluviales éprouvent en se mêlant aux eaux
tranquilles, auxquelles elles communiquent leur mouvement.
» Je n'ai pas besoin de faire remarquer que l'explication précédente dif-
fère essentiellement de celle que M. Babinet a donnée dans la dernière séance
et qui est imprimée au Compte rendu {p. 687). Notre confrère n'introduit dans
ses raisonnements et ses calculs que la force centrifuge due à la vitesse etfec-
tivedont un point matériel est animé, suivant la circonférence d'un parallèle
terrestre. Un calcul correct ne peut ainsi lui donner que la composante
horizontale de la force qui pousserait les points de ce parallèle vers le pôle
ou vers l'équateur, si la vitesse angulaire de rotation de la terre venait tout
à coup à diminuer ou à augmenter de la vitesse relative a, qu'il prête au
point matériel, divisée par le rayon du parallèle terrestre, c'est-à-dire, en
employant ses notations,de - — ■• Or ce n'est là qu'une vue incomplète du
sujet en discussion, où le seul point délicat est laissé de côté. Si, dans la
Note imprimée au Compte rendu, notre confrère arrive à un résultat exact,
c'est par suite d'une erreur de calcul que M. Liouville a du reste signalée,
à l'audition de la Note. »
( isi )
M. »E QuATREFAGES déposc siu' le bureau le manuscrit d'un Mémoire
intitulé: « Nouvelles recherches sur les maladies des vers à soie ». Il annonce
que phjs tard il demandera à l'Académie la permission d'exposer en même
temps les résultats obtenus pendant les deux missions qjui lui ont été confiées.
M Serres présente son travail sur l'embryogénie, la zoogénie et la téra-
togénie. Ce travail fait partie des Mémoires de l'Académie.
CFilMlE ORGANIQDE. — Recherches sur tes ammoniaques diatomiques ;
par M. A.-W. HOFMANN..
« Des études sur les bases organiques me conduisirent en i858 à répéter
quelques expériences sur l'action réciproq^ie entre l'ammoniaque el le
dibromure d'éthylènequeM.Cloéz(i) avait pubhées en 1 853. Cette répétition
m'avait porté à contester les formules de M. Gloëz et surtout l'interprétation
générale qu'il avait donuée à son travail, : mes conclusions ont été commu-
niquées à l'Académie (a). M. Cloëz(3) à discuté mes observations et exposé
les arguments qui le déterminent à maintenir ses formules et ses interpré-
tations. Je n'ai pas. répondu à ces observations» M. Cloëz ayant annoncé
dans la même Note qu'il était encore occupé de ses recherches et que son
travail était presque complet, j'ai mis de côté mes expériences sur l'action
réciproque entre l'ammoniaque et le dibromure d'éthylène, persuadé que
le chimiste auquel la science est redevable de la découverte de cette réac-
tion, arriverait,' en poursuivant son travail, aux conclusions que j'avais
énoncées. Mais, en renonçant à la continuation de la discussion avec
M. Cloëz, je n'étais pas dégagé de l'obligation de prouver aux chimistes
la nature diatomique des bases qui se forment par l'action des ammonia-
ques sur les bromures diatomiques. J'ai donné cette preuve dans une Note (4)
communiquée à l'Académie il y a quelques mois. Les dérivés de l'aniline et
de l'éthylamine, que j'ai décrits dans cette communication, ont tranché,
à ce qu'il me semble, cette question d'une manière décisive. Ces recherches
(i) VInstitut, l853, p. 2l3.
(?.) Comptes rendus, t. XLVI, p. 255.
(3) Comptes rendus, t. XLVI, p. 344-
(4)i Comptes rendtts, t. XLVIII, p. io85.
C. R., i858, 2n»« Semestre. (T. XLIX, N" 21.) ; iOA
/
[
( 782 )
ont donné lieu de la part de M. Cloëz (i) à une nouvelle Note, dans la-
quelle il semble interpréter mon silence comme consentement tacite à une
défaite; il rejette sans discussion toutes les formules que j'ai données pour
les diammoniaques dérivant de l'aniline et l'éthylamine, me blâme d'avoir
continué mes recherches sur les bases diatomiques sans avoir répondu aux
observations émises de sa part dans les Comptes rendus. En présence de cette
Note, je dois à M. Cloëz, je dois surtout à moi-même, de répondre et de
réfuter, une à une, les objections qu'il a présentées à l'Académie. Pour
mieux faire comprendre les arguments qu'on oppose à mes conclusions, je
dois rappeler en deux mots le sujet de notre controverse.
» M. Cloëz admet que, dans l'action du dibromure d'éthylène sur l'am-
moniaque, la molécule d'éthylène se scinde en radicaux différents apparte-
nant aux trois groupes formique, acétique et propylique; ces radicaux, se
portant sur une molécule d'ammoniaque dont ils remplacent i équivalent
d'hydrogène, donneraient naissance à trois monamines primaires : la formé-
namine, l'acéténamine et la propénamine. Au contraire, selon l'opinion
que j'ai exprimée, la molécule d'éthylène resterait intacte dans cette réaction
et se fixant sur deux molécules d'ammoniaque, dont elle pourrait remplacer
ou 2 ou 4 on 6 équivalents d'hydrogène, elle produirait trois diamines
appartenant à la même famille, une diamine primaire, une diamine secon-
daire et une diamine tertiaire.
» Exprimées en formules, nos idées se représentent de la manière sui-
vante :
Formules de M. Cloëz.
Forménamine G" H' Az = H ^ Az
H
C*H»
Acéténamine C*H'Az = H ^ Az
H
C«H'
Propénamine C'H''Az{a)= H [ Az
H
(i) \J Institut, 1859, p. 233.
(2) M. Cloëz n'a jamais donné de formule pour la propénamine; la formule citée se trouve
dans le livre de M. Cahours, t. II, p. 654-
( 783 )
Formules de M. Hofmann.
Ethylène-diamine C* H» Az^ = H* | ki?
W )
(C*H*)" \
Diéthylène-diamine C H'^Az^* = (C'H*/' Az''
W )
(C'H*)" \
Triéthylène-diamine C'''H'Uz='=(C*H*)" Az''
(C*H*)" )
» C'était l'observation des propriétés physiques des bases en question et
surtout l'impossibilité de représenter la formation de la première et de la
dernière par des équations simples, qui m'avaient conduit à douter de
l'exactitude des formulesproposéesparM.Cloëz; mais je n'aurais pasexpriraé
ces doutes, si en répétant l'analyse de la première base, de la forménamine,
la moindre incertitude était restée dans mon esprit. Je ne devais pas hésiter
à substituer une nouvelle formule à celle de M. Cloëz. Je n'avais pas exa-
miné les deux autres bases, et je m'étais borné à dire qu'on trouverait pro-
bablement pour ces corps une constitution semblable à celle de la forména-
mine.
» Examinons maintenant les objections que M. Cloëz fait valoir contie
mes analyses et contre mes arguments.
)) Dans (hjpolhè&e de M. Hofmann, » dit ce chimiste, « [action de fammo-
» Iliaque sur les hydrocarbures chlorés ou bromes ne doit pas produire de chlor-
» hydrate ou de bromh/drate d'ammoniaque; la réaction doit avoir lieupurement
» et simplement entre les deux corps, sans que rien se sépare : il y a symmor-
» phose ou addition :
« C^«H=""CP + aH' Az=C="H""-' (H='Az)^ 2 H Cl.
» Mais r expérience prouve que la réaction se fait 'avec élimination diacide
)) chlorhydrique et fixation des éléments de [amide : il y a donc à la fois apo-
» morphose et sjmmorphose comme f indique l'équation
» c*"H»'«-' Cl, HC1+ 2 H* Az = C»" H^'"-' (H'Az), HCl + H^Az, H Cl. »
» M. Cloëz aurait parfaitement raison s'il ne se produisait dans cette
réaction que la première base. Mais il oublie que dans l'aclion discutée, de
102..
( 784 )
même que dans la réaction réciproque entre l'ammoniaque et le bromure
d'éthyle, il se forme en outre plusieurs autres bases d'une substitution plus
avancée. Les équations que je donne pour la production de la seconde et de
la troisième base exigent également l'éliminaliondu brombydrate d'ammo-
niaque et même d'une grande quantité de ce sel :
2[(C*H*)"Br*j + 4H»Az = (C*H*)="H* Az*, lïLBr ■+- 2(H» Az, HBr),
' 3[(C*H*)"Br^] + 6H'Az = (C'H*)"'Az% sHBr + 3(H»Az, HBr).
» M. Cloëz est d'avis que la première base (la forménamine) n'est pas,
comme je l'admets, le produit direct de l'action de l'ammoniaque sur le di-
bromure d'éthylène ; qu'au contraire elle se forme par une réaction secon-
daire engendrée par la chaleur. Mes expériences ne confirment pas cette opi-
nion. Un mélange de dibromure d'éthylène et d'ammoniaque alcoolique,
laissé en contact pendant quelque temps à la température ordinaire, a dé-
posé une quantité de cristaux dont j'ai pu extraire sans distillation, simple-
ment par des cristallisations successives, des sels parfaitement purs de la
première base, comme me l'a prouvé l'analyse du chlorhydrate et du chloro-
platinate.
» En discutant les chiffres que j'avais obtenus dans l'analyse de la base
hydratée et du chlorhydrate, M. Cloëz cite les nombres sur lesquels se fonde
l'expression qu'il a donnée lui-même pour la forménamine. Que M. Cloëz
me pardonne ; mais je trouve que ses chiffres s'accordent beaucoup mieux
avec la formule que je propose qu'avec la sienne. Voici les chiffres que nous
avons obtenus dans l'analyse de la base hydratée et les valeurs théoriques
des deux formules :
Expérience de 'M. Cioëz. Expérience de 'M . Hqfmann.
Formule. Analyse. Formule. Analyse.
Carbone. 32,58 3i,i2 80,76 80,67
Hydrogène 10, Sa 12,77 12,82 "2,97
» Chaque expérimentateur a le droit incontestable d'interpréter les chif-
fres de ses analyses ; il le fera généralement' mieux que tout autre, car il con-
naît ses méthodes. Mais, dans 1« cas qui nous occupe, peu de dhimistes, je
crois, auraient interprété le résultat de l'analyse comme M.. Cloëz. Quanta
moi, je'préférerais toujours admettre avoir perdu 0,2 pour 100 d'hydrogène,
plutôt que de calculer une formule demandant a, 25 pour 100 d'hydrogène
de moins que la quantité fournie par l'expérience. Je le préférerais surtout
dans l'analyse d'un corps comme la forménamine, très-avide d'acide car-
( 785 )
boiiiqiie, dont une trace même abaisserait l'hydrogène d'une manière très-
sensible, et contenant une quantité d'hydrogène telle, que la présence
même d'une petite quantité d'eau produirait un effet semblable.
» l^s résultats que M. Gloëz a obtenus dans l'analyse du chlorhydrate ne
supportent pas moins mes formules que son analyse de la base hydratée.
M. CIoéz obtient i,a8 pour loo d'hydrogène de plus que la quantité exi-
gée par sa formule, tandis qu'en admettant ma théorie, il n'aurait perdu
que o,i3 pour loo.
» J'ai examiné quelques autres sels de la base, et les résultats confirment
les conclusions tirées de mes anciennes analyses. Il serait inutile de les citer
ici ; mais je veux communiquer les chiffres caractéristiques fournis par mon
analyse de la base anhydre, parce que l'abaissement de l'équivalent rend
plus saillantes les différences entre les valeurs théoriques des deux formules.
La forménamine retient l'eau avec une énergie extrême, et ce n'est qu'avec
difficulté qu'on l'obtient anhydre. Voici les résultats de l'analyse comparés
aux chiffres théoriques des deux formules :,
Formule de M. Cloëï. Formule de M. Hormaiin. Analyse.
C'H'Az. C'H'Az'.
Carbone 4'>37 4o><"* ^o,i5
Hydrogène ïo,34 i3,33 i3,3i
» Ce n'est cependant pas dans les analyses que M. Cloëz trouve l'appui
principal de ses formules et de sa théorie ; il communique une observation
qui, au premier coup d'œil, paraît fatale aux notions diatomiques.
« Mais il j aun fait capital, » continue ce chimiste, « qui résout complè-
tement ta question: c'est la densité de vapeur de la base libre. <>
» Cette densité a été trouvée 1,42.
» La densité calculée pour ma formule, rapportée à 4 volumes, est égale à
r,3i5; la formule modifiée par M. Hoffmann, rapportée également à 4 vo-
lumes, porterait la densité théorique à 2,699.
» Ces résultats me paraissent décisifs, et je n'hésite pas à maintenir les formules
de la nouvelle série des bases dont j'ai indiqué le premier la production. »
» Je partage l'opinion de M. Cloèzsur l'importance de la détermination
des densités de vapeur, mais j'arrive à une interprétation bien différente de
son résultat.
» En répétant l'expérience de cet habile chimiste, je suis arrivé, comme
on devait s'y attendre, au même chiffre. Mais ce chiffre se rapporte à la base
hjdratée, et on reconnaît de suite que la molécule hydratée à l'état de va-
(786)
peur doit occuper 8 volumes. Maintenant la densité calculée pour la formule
diatomiqne, rapportée à 8 volumes, est égale à i,35, ce qui se confond avec
le chiffre obtenu par l'expérience.
■> H est évident que sous l'influence de la chaleur la base hydratée doit.
se scinder en base anhydre (4 volumes), et en eau (4 volumes),
C* H»" Az^ O^ = C^ H» Az» + 2HO;
et qu'au lieu de prendre la densité de l'hydrate intacte, on détermine en
réalité la densitéd'un mélange debaselibreet d'eau, reproduisant la base hy-
dratée par le refroidissement. Jerappellerai ici les observationsdeM.Bineau,
de M. Kekulé et de M. Sainte-Claire Deville, qui ont chacun eu occasion
de trouver la solution des densités anomales dans la décomposition transi-
toire des combinaisons soumises à l'expérience, et je citerai surtout une
NotedeM. HermannRopp(i), dans laquelle ce physicien distingué a traité
la question des densités anomales d'une manière générale.
» Il y avait une expérience très-simple à faire pour vérifier cette manière
de voir; il ne fallait que déterminer la densité de vapeur de la base an-
hydre.
» L'expérience faite avec un produit dont la pureté avait été constatée
par l'analyse m'a conduit au chiffre 2,00 qui, en effet, se confond absolu-
ment avec la densité théorique delà formule diatomique C*H'Az% rappor-
tée à 4 volumes. Cette densité théorique est 2,07, tandis que la formule de
M. Cloëz, rapportée à 4 volumes, n'exige qu'une densité de 1,00.
» La molécule de l'éthylène-diamine, comme celle de toutes les combi-
naisons organiques bien examinées, correspond donc à 4 volumes, et la den-
sité de vapeur de la base, loin d'être en désaccord avec la valeur molécu-
laire que j'assigne à cette substance, est plutôt une confirmation nouvelle
et décisive de son exactitude.
» Les remarques précédentes sont, je l'espère, suffisantes pour établir
ma formule sur une base solide. Je pourrais encore citer quelques expé-
riences additionnelles sur les produits de la décomposition de l'éthylène-
diamine. Soumise à l'action de l'acide nitreux , la base se décompose
facilement en dégageant de l'azote. Il se forme comme produit inter-
médiaire un corps cristallisable, et la base finit par se transformer en acide
oxalique. En même temps la réaction donne naissance à un liquide très-
(i) Annales de Chimie et de Pharmacie, t. CV, p. Sgo.
( 78? )
volatil, très-inflammable, d'une odeur rappelant celle de l'aldéhyde. A
l'époque où je faisais cette observation, je pris ce liquide pour l'aldéhyde
acétique; mais tons mes efforts pour obtenir la combinaison cristalline avec
l'ammoniaque on pour le transformer en acide acétique ayant échoué, je
me suis abstenu de mentionner cette expérience dans la Note adressée à
l'Académie. Je ne doute nullement maintenant que ce corps ne soit
l'oxyde d'éthylène, découvert depuis cette époque par M. Wurtz. On
aurait
C^H«Az" + 2AzO» = 2Az + C*H*0* + 4HO.
« En préparant l'éthylène-diamine pour mes expériences, j'avais obteiui
comme produit secondaire une petite quantité de la seconde base que
M. Cloèz a décrite sons le nom d'acéténamine et pour laquelle je propose
maintenant le terme diéthylène-diamine. Cette base, considérée comme
diamine, demande absolument la même composition centésimale comme
l'acéténamine de M. Cloèz. Aussi l'analyse que j'ai faite de la base libre et
de quelques sels confirme pleinement les résultats obtenus par ce chi-
miste. Mais cette base n'est pas une monamine, elle ne contient pas la mo-
lécule d'acétyle; elle est une diamine, renfermant a molécules d'éthy-
lène. L'acéténamine de M. Cloèz devrait s'obtenir en soumettant le chlo-
rure, le bromure ou l'iodure de vinyle (C*H*CI, C'H^Br et.C*H'I) à l'ac-
tion de l'ammoniaque. Cette réaction ne fournit pas une trace de ce corps.
Mais il y a une preuve plus concluante de la nature diatomique de ce corps
et dont l'évidence ne sera pas contestée par M. Cloèz. C'est la détermina-
tion de la densité de vapeur. L'expérience m'a donné le chiffre 2,7. La
formule diatomique CH'^Az^, rapportée à 4 volumes de vapeur, demande
2,9. Selon l'avis de M. Cloèz, on aurait dû trouver une densité de i,45.
» Les expériences précédentes, quoique fixant, à ce qu'il me paraît,
d'une manière satisfaisante et la composition et l'équivalent des deux
diammoniaques, ne dévoilent par leur constitution moléculaire, leur degré
de substitution.
» J'ai essayé de résoudre ce problème en soumettant les deux corps à
l'action de l'iodure d'éthyle, procédé que j'ai employé le premier dans ce
but et qui depuis ce temps est devenu d'une application très-générale. Cette
méthode devait fournir en outre une décision définitive entre les deux
théories.
» En considérant avec M. Cloèz les deux bases comme monamines pri-
( 788 )
maires appartenant aux deux groupes formique et acétique
C»H\ C*H»Î
H > Az, H / Az,
h) h)
il est évident que chacune devait absorber successivement i , 2 ou 3
équivalents d'éthyle; chacune devait donner naissance à trois bases éthy-
lées, deux volatiles et une fixe. Si au contraire les bases étaient les produits
d'une substitution successive de la même molécule à l'hydrogène de 2
équivalents d'ammoniaque; si elles étaient des diamines primaire et secon-
daire, • -
(C*H*)"\ (C*H*)"
H» Az», (C*H*)"}Az»
H" H»
la première devait également produire trois bases éthylées, tandis que la
seconde n'en pouvait produire que deux.
» L'expérience en effet a confirmé cette prévision. En soumettant l'éthy-
lène-diamine à l'action alternée de l'iodure d'éthyle et de l'oxyde d'argent,
j'ai réussi à obtenir deux bases éthylées volatiles et une troisième base non
volatile. Ces composés sont parfaitement bien définis; leur composition a
été établie par l'analyse des iodures et des chloroplatinates. A l'état de sels,
ces bases se représentent par les formules suivantes :
Sel d'éthylène-diamine [(C*H*)" H«Az=]"P.
Seld'éthylène-diaminediéthylique. . . [(C*H*)" (C'H*)*H* Az']"P.
Sel d'éthylène-diamine tétréihylique. . [(C'H')" (C*H''/H»Az=']" P.
Sel d'éthylène-diamine hexéthylique. . [(C*H*)" (C'H*)" Az^fP.
» La dernière base libérée par l'oxyde d'argent n'absorbe plus d'éthyle.
» En répétant la même expérience avec la diéthylène-diamine, j'ai observé
des phénomènes parfaitement analogues, mais il se produit seulement une
base vfjlatile qui s'est transformée de suite en base non volatile. Ces bases
analysées de la même manière et représentées comme sels, s'expriment par
les formules suivantes :
Sel de diéthylène-diamine [(C*H')»" H^Az^JT
Sel de diéthylène-diamine diéthylique. . .[(C^H*)»" (C^H^)* H» Az"]" I
Sel' de diéthylène-diamine tétréthyhque. .[(C*H*)="' (C*H')» Az^"]" I
(789)
» La dei'nière base, séparée par l'oxyde d'argent et traitée de nouveau par
l'iodureélhylique, n'absorbe plus d'éthyle.
» On arrive au même résultat, mais d'une manière plus courte et plus
élégante^ en remplaçant l'iodure d'éthyle par son homologue méihylique.
J'ai fait déjà voir à une époque antérieure que l'iodure méthylique a une
tendance remarquable à fournir de suite le dernier produit de substitution.
Ainsi avec l'ammoniaque il produit directement l'iodure de tétréthylam-
monium, accompagné d'une grande quantité d'iodure d'ammonium. L'ac-
tion de l'iodure de méthyle sur les bases éthyléniques est parfaitement sem-
blable. Il se forme de siiite une quantité notable des derniers produits de
substitution, qu'on peut purifier par une simple cristallisation. J'ai préparé
de cette manière, sans être embarrassé de bases volatiles intermédiaires, les
iodhydrates de l'éthylène-diamine hexméthylique et de la diéthylène-dia-
mine tétraméthylique. L'analyse de ces deux corps m'a conduit aux for-
mules :
Sel d'éthylène-diamine hexméthylique. . . [(C*H*)" (C H»)" Az*]" P,
Sel de diéthylène-diamine tétraméthylique. [(C* H*)»" (G* H')* Àz']" P.
» Ces résultats ne demandent pas de commentaire.
» Il y a dans l'état actuel de la science un certain nombre d'observations
qui nous guident dans la construction d'une formule chimique. C'est l'étude
de l'origine d'un corps, l'analyse, l'observation de ses propriétés physiques
et surtout du point d'ébullition, la détermination de la densité de vapeur,
c'est enfin l'étude de ses métamorphoses. J'ai examiné mes formules sous
tous ces points de vue, et la réponse donnée par l'expérience a été toujours
la même.
» Il résulte de cette controverse que les alcools diatomiques imitent dans
leur action sur l'ammoniaque la manière d'être des alcools monatomiques.
L'alcool ordinaire produit, comme on sait, trois ammoniaques éthyliques,
dont les molécules occupent 4 volumes de vapeur.
C'H»
Éthylamine H > Az = 4 vol.
H
C'H''
Diéthylamine C*H' } Az = 4vol.
H
C^H*
Triéthylamine C* H' \ Az =: 4 vol.
C*W
C. R., 1859, 2">« Semettre. (T. XLIX, N«21.) lo3
( 790 )
» D'une manière semblable l'alcool diatomique d'éthylène, le glycol,
dont nous devons la découverte aux brillants travaux de M. Wurtz, donne
naissance à trois bases diatomiques, correspondant à a molécules d'ammo-
niaque et représentant aussi 4 vol. de vapeur.
(C*H*)"
Éthylène-diamine H* | Az" = 4 vol.
H"
(C*H*)"
Diéthyléne-diamine (C*H*)" [ Az» = 4 vol.
(C*H*/' I
Triéthylène-diamine (C*H*)" Az' = 4 vol.
(C'H*)" )
» Les deux premiers termes de cette série sont les bases que M. Cloëz a
découvertes il y a maintenant six ans, mais sur la véritable nature desquelles
il s'était mépris. Pour compléter cette série, il ne me reste qu'à décrire la
troisième base volatile et l'oxyde de tétréthylène-diammonium.
» Les observations que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie dans cette
Note coïncident de tous points avec les idées émises dans mon premier Mé-
moire. Je n'ai fait qu'achever l'esquisse tracée dans ce travail.
» Concluons en disant que l'action du dibromure d'éthylène sur l'ammo-
niaque, ainsi que l'a observé M. Cloëz, donne naissance à des bases qui
n'appartiennent pas directement à la série dont nous venons de parler. En
cherchant la méthode de purification des bases éthyléniques,j'ai dû analyser
aussi les termes de l'autre groupe; mais comme il n'appartient pas essentiel-
lement à notre controverse, je n'ai pas voulu publier mes résultats. »
iMÉMOIRES PRÉSENTÉS.
La Commission nommée dans la séance du 1 1 avril dernier, sur la pro-
fondeur des mers, demande l'adjonction de deux autres Commissaires pour
un Mémoire de M. Visse.
MM. Boussingault et Delaunay sont invités à s'adjoindre aux Commis-
saires primitivement désignés : MM. Cordier, d'Archiac et Sainte-Claire
Deville.
( 791 )
GÉOLOGIE. — Sur le diluvium à coquilles lacustres de Joinville-le-Pont ;
par M. Ch. d'Orbigny. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Cordier, d'Archiac, de Verneuil. )
« Le travail que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie
a pour objet de signaler l'existence d'un nouveau et riche gisement de co-
quilles fluviatiles et terrestres, intercalé au milieu du diluvium gris à blocs
erratiques qu'on exploite actuellement à la station de Joinville-le-Pont, à
une lieue au stid-est de Vincennes. Comme tous les faits nouveaux qui se
rattachent à l'époque diluvienne me semblent avoir un grand intérêt, à
raison de l'incertitude qui règne encore relativement à cette importante
partie de la géologie, j'ai cru utile de donner quelques détails sur le gise-
ment dont il s'agit.
» La sablière diluvienne de Joinville offre diverses assises parfaitement
distinctes, qui me paraissent devoir être rapportées à plusieurs époques
géologiques, ainsi qu'on pourra en juger par la coupe suivante :
» A Sol végétal mélangé de loess;
» B Loess ou lehm ;
» C Diluvium rougeâlre, argilo-ferrugineux, contenant des galets gra-
nitiques ;
» D Sable marneux, sans coquilles;
» E Diluvium gris, à galets de roche granitiques et porphyriques ;
» F Couche lacustre de sable blanc marneux, renfermant un nombre pro-
digieux de coquilles fluviatiles et terrestres, d'une parfaite conser-
vation. Ces coquilles, dont je donne la liste, comprennent quinze
genres et trente espèces différentes qui toutes, sauf trois espèces,
ont encore leurs analogues à l'état vivant;
» G Puissant dépôt de diluvium gris à galets granitiques et porphyriques,
enveloppant de gros blocs erratiques. On a trouvé dans cette
assise des dents d'Elephas primigenius et de Rhinocéros tichorinus.
» Cette coupe, complémentaire de celle que j'ai publiée en i855 S!ir
le diluvium coquillier de Charonnes , près Paris, me semble confir-
mer l'opinion que j'ai déjà émise, savoir : i° que le diluvium parisien
doit être considéré comme composé de plusieurs zones de nature et d'âge
différents; 2° qu'entre les dépôts du diluvium rouge et du diluvium gris, et
même avant la fin de ce dernier dépôt, il y a eu une période de tranquillité
assez longue, durant laquelle les environs de Paris présentaient de vastes
io3..
( 792 )
lacs où ont vécu des myriades de coquilles fluviatiles. On ne peut pas at-
tribuer la présence de ces coquilles à des causes actuelles, à un déborde-
ment de la Marne ou de la Seine, puisque la zone qui les enferme est recou-
verte par des dépôts en place, incontestablement diluviens et dont les élé-
ments même (galets de granité, de porphyre, etc.) indiquent un transport
cataclysmique. D'ailleurs je puis ajouter que la zone à coquilles lacustres,
qui fait l'objet de cette Note, se voit toujours exactement dans la même po-
sition relative. Elle n'est point accidentelle, puisqu'elle se présente sur une
tré.s-grande étendue des deux côtés de la Seine, depuis Bicétre jusqu'au delà
de Vincennes et de Joinville.
>' Pour compléter l'énuinération des diverses zones diluviennes con-
nues dans le bassin parisien, je rappellerai que sur les plateaux les plus
élevés il existe, au-dessus du loess, une assise de diluvium d'un jaune rou-
geâtre, toujours plus ou moins argilo-sableux, contenant une grande quan-
tité de petits galets et graviers de quartz blanc et de granité. Cette assise,
qui, je le crois, a été signalée pour la première fois par M. Elie de Beau-
mont, est surtout bien caractérisée sur le vaste plateau situé entre Etampes
et Saclas. Une excavation faite à la surface de ce plateau (à 149 mètres au-
dessus du niveau de la mer et à environ i25 mètres au-dessus du niveau
de la Seine) m'a permis de voir un beau dépôt de ce diluvium, ayant 2 mè-
tres de puissance et reposant sur environ i mètre de loess absolument sem-
blable à celui des environs de Paris. Une zone diluvienne analogue existe
sur presque tous les points culminants du bassin parisien, tels qu'à Ville-
juif, Bicétre et Meudon, près Paris ; sur les plateaux des environs d'Etréchy
et de Saclas (Seine-et-Oise), dans la forêt de Fontainebleau, etc.
« Quant à l'âge relatif de ce diluvium jaunâtre des plateaux, comparé au
diluvium rouge qui, aux environs de Paris, est inférieur au loess, je n'ose
me prononcer. Je crois que l'ensemble des terrains diluviens correspond à
une immense période qui doit être nécessairement divisée en plusieurs épo-
ques très-distinctes ; mais il s'écoulera sans doute encore bien du temps
avant que ces terrains, si complexes, soient parfaitement connus, avant
qu'on se soif mis d'accord pour eu expliquer l'origine.
M En effet, l'opinion de la plupart des géologues est que les cataclysmes
diluviens ont pour causes prédominantes de fortes oscillations de l'écorce
terrestre, des soulèvements de montagnes au milieu de l'Océan, d'où se-
raient résultées de grandes érosions. Par conséquent les puissants courants
d'eau marine, auxquels on attribue ces érosions diluviennes, auraient dû
laisser sur les continents des traces authentiques de leur passage, tels que de
( 793)
nombreux débris de coquilles, de poissons et autres animaux marins analo-
gues à ceux qui vivent actuellement dans la mer.
» Or, ainsi que M. Cordier l'a fait remarquer depuis longtemps à son
Cours de Géologie, rien de semblable n'a été constaté. Sur tous les points
du globe où l'on a étudié les dépôts diluviens, on a reconnu que, sauf quel-
ques rares exceptions très-contestables, il n'existe dans ces dépôts aucun
fossile marin ; ou bien ce sont des fossiles arrachés aux terrains préexis-
tants, dont la dénudation a fourni les matériaux qui composent le diluvium.
En sorte que les dépôts diluviens semblent avoir eu pour cause des
phénomènes météorologiques, être le résultat d'immenses inondations d'eau
douce, et non d'eau marine, qui, se précipitant des points élevés vers la
mer, auraient dénudé une grande partie de la surface du sol, balayé la
généralité des êtres organisés et pour ainsi dire nivelé et coordonné les
bassins hydrographiques actuels. »
ZOOLOGIE. — Mémoire sur une nouvelle espèce de Sarcoptes, parasite des Gal-
linacés; par MM. Ch. Robin et La\qcetin,
(Commissaires précédemment nommés : MM. Duméril,Geffroy-Saint-Hilaire,
Milne Edwards, Moquin-Tandon.)
" Le travail dont nous avons l'honneur de présenter le résumé à l'Acadé-
mie, a pour but de faire connaître une espèce nouvelle d'Acaride apparte-
nant au genre Sarcopte de Latreille. Voici la description de ce parasite, que
nous avons appelé Sarcoptes mutans.
» Sarcopte à rostre organisé comme celui des autres espèces du genre,
mais plus large que long, à demi caché par l'épistome et dépassé par une
courte paire de soies situées sur les palpes; céphalothorax à segments peu
distincts ; épistome nu ; prolongements dorsaux des épimères de la première
paire réunis transversalement à leur extrémité postérieure; pas de spirules
sur le notogastre; anus au bord postérieur de l'abdomen.
» Femelle. Longue de o""",38 à o""",47, large de o'"'",33 à o""",39, pres-
que ovalaire, à bords réguliers, marquant à peine ou pas du tout les divi-
sions du céphalothorax, lequel avant l'apparition de la vulve est plus large
que l'abdomen, et plus étroit, au contraire, lorsque la vulve se montre vers
le milieu du corps; joues carénées, larges, remplissant l'intervalle des
premières pattes à la tète; dos couvert dans sa partie moyenne de larges
saillies tégumentaires, mamelonnées, sans aiguillons; la paire de soies la
( 79'i )
plus externe du côté de l'anus dépassant seule le corps, les autres réduites
à des piquants grêles et courts; épimères des quatre paires de pattes libres
et écartés; pattes réduites à de courts moignons, coniques, dépassant à
peine le corps et ne portant que trois courts piquants, visibles au tarse qui
est privé de ventouses.
M Mâle. Long de o""",20 à o™'",25, large de o°"°,i5 environ, ovale,
allongé; divisions du céphalothorax assez distinctes, abdomen très-petit;
au niveau de la deuxième paire de pattes, deux paires dont l'interne très-
courte et l'externe très-longue ; soies latérales du corps très-longues, ainsi
que la plus interne de celles situées aux côtés de l'anus ; épimères des deux
premières paires de pattes réunis entre eux et à la troisième paire; pattes
coniques, assez longues, dont les tarses portent des ventouses et de lon-
gues soies; organe génital mâle entre les deux dernières paires d& pattes.
» Œu/ ovoïde, de o°"",i2 à o""",i3, large de o""", 080 à o""",o85.
» Nymphe longue deo°"",20, large de 0°"", 1 4, semblable en tout au mâle,
sauf l'absence de la dernière paire de pattes et de l'organe génital; au lieu
d'être soudés comme chez le mâle, les épimères de la première paire de pattes
sont contiguës; le dos présente quelques mamelons cutanés rudimentaires.
» Métamorphoses, caractérisées chez le mâle par l'apparition de la qua-
trième paire de pattes et de l'appareil génital lors de la deuxième mue; on
voit en outre chez la femelle la dernière mue entraîner les poils des pattes
et faire paraître les joues carénées. ,
» Ce parasite habite sur les poules sur lesquelles il détermine la formation
de croûtes psoriques (Ch. Robin, Raynal et Lanquetin); il se transmet au
cheval sur lequel il détermine des accidents analogues (Raynal, Lanquetin).
(le parasite a été découvert par MM. Robin et Lanquetin. Quant à sa trans-
mission à l'homme, nos expériences ne sont pas assez: nombreuses pour que
nous puissions l'affirmer d'une façon certaine.
» Le Sarcoptes mulans se dislingue au premier coup d'œil des Psoroptes
par ses mandibules dentées et non disposées en lancettes; des Symbiotes
par la longueur et la gracilité de ses ambulacres, de ses soies ou poils chez
le mâle et la nymphe et par leur absence chez la femelle. Ce dernier carac-
tère le distingue aussi de tous les Sarcoptes connus jusqu'à ce jour [S. scabiei,
Lafreille; S. cati, Héring, etc.). Le mâle et la nymphe se distinguent de
ceux des autres espèces par l'existence d'ambidacres à toutes les pattes;
chez la femelle, les dépressions latérales du corps disparaissent lorsque
celui-ci est distendu par la présence des œufs, au nombre de quatre à
six, On voit fréquemment la nymphe complètement développée se mettre
( 795)
à marcher aussitôt que l'on brise la coque de l'œuf qui la renferme, après
avoir écrasé la mère, d'où on peut conclure que cette espèce est ovovivipare,
tandis que le développement ovulaire s'opère après la ponte chez les autres
espèces. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Fragment d'une Lettre de M. Leymerie sur un prin-
cipe de géologie relatif aux effets du mouvement primitif des grands courants
d'eau aux époques antérieures à la nôtre. (Communiqué par M. Babinet.)
(Commissaires désignés pour un Mémoire de M. Touche sur la même
question : MM. Babinet, Delaunay, Bertrand.)
« Je viens apporter à l'Académie, si toutefois vous le jugez utile, et par
votre bienveillante entremise, mon petit contingent de faits à l'appui du
principe que vous avez posé dans votre dernière communication. Ces faits
sont relatifs aux rivières qui descendent des Pyrénées et des parties les
plus voisines du plateau central de la France.
» La Garonne, notre grand fleuve pyrénéen, se conforme admirablement
à la loi de tendance vers la droite. Dès son entrée définitive dans la plaine, -
à Cazères, elle se porte vers le bord droit pour baigner la base des coteaux
tertiaires qui limitent la vallée de ce côté, et cet état de choses se continue
jusqu'à Toulouse où le fleuve (direction nord-nord-est) semble encore me-
nacer les escarpements écorchés de la colline qu'on appelle Puech-David.
Après avoir traversé Toulouse, la Garonne passe, il est vrai, du côté gauche
de la vallée proprement dite (direction nord-nord-ouest), circonstance que
l'on peut attribuer à l'entrée de la vallée secondaire de l'Erz; mais à Mois-
sac, elle semble reprendre ses premières allures. Entre Malauze et Agen
(direction ouest-nord-ouest), le fleuve forme dans la vallée plusieurs plis
sinueux. Enfin à Agen et de là jusqu'à Bordeaux (direction nord-ouest) il
se maintient le plus souvent près du bord droit.
» En somme, je crois qu'il est impossible de méconnaître de la part de
ce fleuve une tendance marquée et actuelle à se porter et à se maintenir
vers la droite. 3'ajoute que cette tendance était bien plus grande ou au
moins beaucoup plus efficace dans les temps qui ont précédé l'époque his-
torique. En effet, tandis que dans la vallée actuelle de la Garonne est ter-
minée à l'est par des talus rapides et escarpés qui résultent d'érosions opé-
rées dans le terrain tertiaire, elle offre» à sa gauche, au. {nqjins deux larges
( 796 )
plaines caillouteuses, étagées et surélevées, qui doivent être considérées
comme ses dépendances. Ces plaines hautes ou terrasses, que j'ai étu-
diées avec soin dans la carte géologique de la Haute-Garonne, régnent
constamment du côté gauche et l'on sait d'un autre côté que, entre Agen et
Bordeaux, le bord droit de la vallée consiste en une longue série de côtes
escarpées, tandis que sur la rive opposée s'étend une vaste plaine.
» Pour expliquer la formation et l'abaissement du niveau de l'ouest à
l'est des terrasses diluviennes dont l'ensemble offre, au parallèle de Tou-
louse, une largeur dépassant cinq lieues, il me paraît indispensable d'ad-
mettre, d'une part l'existence d'un ancien cours d'eau d'un volume et
d'une vitesse extraordinaires, et de plus une tendance à se retirer de plus en
plus de l'ouest à l'est, c'est-à-dire de la gauche vers la droite. Dans cette
théorie que j'ai eu l'occasion d'expliquer dans plusieurs ouvrages, la vallée
actuelle constituerait une dernière phase du phénomène considéré dans
son ensemble, la Garonne ne serait qu'un mince résidu des anciennes eaux
que nous avons supposées ci-dessus, et enfin la tendance en vertu de
laquelle notre fleuve rongerait encore sa rive droite si celle-ci n'était pro-
tégée par d'anciens éboulements, devrait être regardée comme un reste ou
\m témoin de celle que le courant diluvien a pu manifester jadis d'une ma-
nière plus imposante dans le décroissement du niveau des terrasses. »
PHYSIOLOGIE. — Note sur un cas de résection sous-périostée du coude suivie de
régénération osseuse; par M. Oixier. (Extrait par l'auteur.)
(Commission des prix de Physique expérimentale.)
« Les expériences sur les animaux prouvent que des portions d'os ou
même des os entiers se régénèrent après leur ablation, pourvu qu'on ait eu
soin de conserverie périoste. M. Flourens a depuis longtemps appelé l'atten-
tion des physiologistes et des chirurgiens sur l'importance de cette mem-
l)rane, et dès 1847, ^^"* *^ Théorie expérimentate de la formation des os, il
disait que beaucoup d'amputations et de mutilations pourraient être préve-
nues par la conservation du périoste qui reproduirait l'os enlevé.
» Aux faits cliniques (et nous devons spécialement ici rappeler ceux de
M. Larghi, de Verceil) qui viennent corroborer cette doctrine, nous pou-
vons ajouter une nouvelle observation de résection sous-périostée suivie
d'une régénération osseuse manifeste. Cette observation nous semble réfuter
d'elle-même les diverses objections qu'on a pu tout récemment encore adres-
( 797 )
ser à ce mode deréseclion, et en particulier celle qui se fondait sur le danger
d'appliquer à l'homme malade les données obtenues sur les animaux sains.
» Il s'agit d'une résection du coude pour une carie des trois os qui
forment cette articulation. Elle a été pratiquée à l'hôpital Beaujon par
M. Verneuil qui nous piia de l'assister dans cette opération.
» Le périoste fut détaché avec le plus grand soin et conservé partout
où il n'avait pas été détruit par la maladie. Malheureusement l'altération
des extrémités articidaires était trop avancée pour qu'on pût l'isoler et le
conserver à leur niveau. Aussi ce ne fut guère qu'autour de la diaphyse hu-
mérale, au-dessus de l'épicondyle et del'épitrochlée, que la dissection put
être régulière; autour des deux os inférieurs les conditions étaient plus
défavorables encore.
" La résection a porté sur les trois os. On a enlevé de 8 à 9 centimètres
de l'humérus et de 3 à 4 centimètres du radius et du cubitus; en tout
12 centimètres.
» lie malade n'a eu qu'un raccourcissement du membre de 6 centi-
mètres après la cicatrisation de la plaie. Une résection pratiquée d'après
la méthode ordinaire nous eût probablement laissé un raccourcissement
égal à la portion d'os enlevée, c'est-à-dire à 12 centimètres, à moins que
les os restés distants ne se fussent isolément cicatrisés.
» Si la reproduction n'a pas été plus complète, c'est évidemment parce que
le périoste avait été presque entièrement détruit autour des extrémités arti-
culaires. Ici, comme chez les animaux, la reproduction a été sensiblement
proportionnelle à l'étendue de périoste laissée dans la plaie.
» Nous ferons encore remarquer la simplicité des suites de cette opéra-
tion et en particulier l'absence ou du moins la faiblesse de la réaction trau-
matique. On en jugera mieux, du reste, parles détails de l'observation.
» Observation. — Devaux (Jean-Baptiste,) aS ans, ancien militaire, entre
à l'hôpital Beaujon, le 20 décembre i858. Il est atteint d'une carie des os
du coude. Il fait remonter sa maladie à une entorse éprouvée il y a trois ans.
Il y a eu plusieurs abcès au niveau de la jointure, et au moment de son
entrée à l'hôpital, il y a encore cinq trajets fistuleux qui fournissent du pus.
Le membre malade est très-amaigri et a la forme d'un fuseau dont le renfle-
ment serait au niveau du coude. Mouvements volontaires tout à fait abolis.
On distingue à peine un peu de mobilité quand on cherche à fléchir le
membre. L'état général est bon.
» L'opération fut pratiquée par M. Verneuil, le 3i janvier iSSp.
C. R., 1859, 2« Semw/re. (T. XLIX, N» 210 " 1^4
• (798)
» Les extrémités osseuses étaient encore plus altérées qu'elles ne l'avaient
paru tout d'abord. Elles étaient raréfiées et très-friables, sauf les points où se
trouvaient des stalactites de nouvelle formation. Elles baignaient dans le pus
et les fongosités.
» 11 fallut enlever de 8 à 9 centimètres de l'humérus et de 3 à 4 centimètres
du radius et du cubitus, non compris l'olécrane qui était nécrosé.
» Autour du radins on ne put conserver que des lambeaux insignifiants de
périoste, tant il était altéré. Autour du cubitus, on en détacha une manchette
régulière de 1 à a centimètres. Autour de l'humérus il ne fut pas pos-
sible de l'isoler régulièrement à la partie inférieure, mais à partir de l'épi -
condyle et de l'épitrochlée, on put le conserver avec la plus grande facilité.
» Le membre fut placé dans une gouttière et mis dans l'extension.
«La réaction traiimatiquefutà peu près nulle; le lendemain soir seulement
il y eut un peu de chaleur à la peau et d'accélération du pouls. La nuit sui-
vante fut bonne cependant et ce mouvement fébrile ne reparut plus. Dès le
lendemain de l'opération le malade fut mis au régime des côtelettes.
» Le 22 février, la plaie était presque entièrement cicatrisée. Il ne restait
plus qu'un petit point fournissant du pus. Déjà on sentait au niveau de la
portion de l'humérus enlevé une tuméfaction résistante et non douloureuse
à la pression.
» Le 2 mars, cette portion tuméfiée se durcit de plus en plus. Le malade se
lève; il reste cependant un petit point de suppuration qui persiste jusqu'au
8 avril, où une esquille de 2 centimètres se présente à la plaie. On l'extrait,
et la cicatrisation n'étant plus entravée, s'achève trois ou quatre jours plus
tard. Le 1 5 juin, le malade fut présenté à la Société de Chirurgie par M. Ver-
neuil.On put constaterquecetteperte de substance osseuse de 12 centimètres
n'avait donné lieu qu'à 6 centimètres de raccourcissement. L'humérus se
terminait par une tète renflée large de 3 à 4 centimètres au moins et dépas-
sant de 4 centimètres environ le niveau de la section. Le même épaississe-
ment se retrouve, mais moins prononcé, aux os de l'avant-bras. Des liens
fibreux résistants unissent ces nouvelles épiphyses, qui paraissent écartées
en arrière d'un travers de doigt.
» On peut étendre et fléchir complètement l'avant-bras. Mais les mouve-
ments volontaires sont encore limités à cause de la faiblesse des muscles,
qui étaient très-atrophiés au moment de l'opération. On sent le biceps se
durcir, quoique faiblement. Les mouvements des doigts et de la main sont
conservés.
( 799 )
)) Le membre a presque doublé de volume depuis l'opération; la santé
générale est florissante.
» Le malade a quitté l'hôpital à la fin du mois de juin et n'a plus été
revu. »
CHIMIE. — Sur la densité des vapeurs surcliaujfées du soufre, du phosphore
et de l'arsenic; par M. A. Bineau.
(Commissaires, MM. Dumas, Regnault, Balard.) ,
n Les moins anciennes des observations dont je me propose de rendre
compte ici remontent à plus de dix années. Sur les trois séries d'expériences
relatives au soufre qui seront rapportées ci-dessous, la première était déjà
accomplie quand je rédigeai mon Mémoire sur la densité des vapeurs de
quelques acides (voir annales de Chimie et de Physique^ 3* série, t. XVIII,
p. 226) ; c'est ce qui me le fit terminer par ces lignes : « Je montrerai que
» le soufre en vapeur est sujet, de même que les corps composés observés
» par M. Cahours et par moi, à de remarquables anomalies dans sa dilata-
» tion ». Lorsque, par une dernière série d'essais, la densité normale du
soufre aériforme eut été définitivement fixée pour moi, je l'annonçai dans
une Lettre adressée à l'Institut.
» Soufre. — La variabilité de la densité de la vapeur de soufre commença
à se révéler clairement dès mes premiers essais, malgré leur peu de réussite.
» Quoi qu'il en soif, nous voyons que, prise vers 600 degrés, la densité
du soufre en vapeur est déjà presque réduite aux ^ de ce qu'elle est vers
5oo degrés. On comprend l'intérêt que je devais attacher à pouvoir étendre
le champ de ces recherches en parvenant à des températures encore plus
élevées. Du reste, il n'était point nécessaire à mes vues d'obtenir des résul-
tats très-précis. Une approximation poussée seulement à -^ ou même à j
près me paraissait suffisante pour résoudre un point capital de la question
de philosophie chimique qui me préoccupait.
» Je renonçai aux bains liquides sous la pression desquels le verre cédait
dès que la chaleur était suffisamment intense pour commencer à le ramollir.
Je plaçai mes tubes dans une sorte d'étui cylindrique en tôle, d'où ne sor-
taient que leurs prolongements effilés ; ils y étaient entourés soit de sable,
soit de coke en très-petits fragments, soit de limaille de fer. Posé horizonta-
lement sur une grille allongée, le cylindre de tôle était chauffé le plus
régulièrement possible. Comme d'ailleurs, à un rouge un peu vif, le ramol-
io4-.
( 8oo )
lissement du verre en déterminait l'affaissement, même sans l'intervention
de la pression, les tubes furent enveloppés d'un lut argileux. L'extrémité
effilée seule n'en était point recouverte, ou ne l'était que légèrement ; et
dans ce dernier cas, pour fondre le bout du tube à la fin de l'opération,
j'avais recours à la flamme donnée par la réunion d'un jet d'hydrogène et
d'un jet d'oxygène. Enfin, comme il fallait pouvoir se rendre compte des
espaces occupés par les vapeurs ou par l'air, malgré les déformations éprou-
vées par les tubes, j'avais soin de mesurer avant tout leur capacité. A cet
effet, je me suis servi habituellement d'eau, en opérant ensuite une dessicca-
tion convenable.
» Souvent les tidjes mis ainsi en expérience ne se conservèrent que par
leur enveloppe argileuse, et n'offraient en haut qu'une légère couche vi-
treuse retenue par son agglutination avec le lut, tandis que la partie infé-
rieure augmentait considérablement d'épaisseur aux dépens de la supé-
rieure. D'ailleurs beaucoup d'entre eux n'arrivaient pas à bonne fin. Peu
importait pourtant qu'après leur fermeture ils se déformassent plus ou
moins, pourvu qu'il ne s'y fit point de rupture, et que la vapeur pût aller
se condenser à la pointe qui sortait du cylindre métallique. Car c'est en dé-
tachant cette pointe, puis la pesant successivement, d'abord avec le produit
condensé, puis toute seule, que j'obtenais le poids du corps vaporisé, imi-
tant en ceci M. Mitscherlich.
» Voici les détails des opérations qui ont eu le plus de réussite :
I. Volume du tube où fut introduit le soufre i8",5
Volume du thermomètre à air i6, 76
)) Ces deux tubes avaient été disposés de façon à prendre aussi exactement
que possible une température identique. Près d'eux il y avait en outre deux
autres tubes à air; mais étant placés, l'un plus haut, l'autre plus bas, ils
n'étaient plus dans les mêmes conditions d'échauffement.
Volume du 2' thermomètre à air i6'^'^,64
Volume du 3'' thermomètre à air '4» 7^
Pression atmosphérique au moment des expériences ']^5"^'"
Température ambiante 22"
Air resté dans le i" thermomètre 3'^'',t2
Air resté dans le 2" (placé au-dessus) 4> o5
Air resté dans le 3' (placé le plus bas) a, Sn
Poids du soufre resté dans le tube o«%oio5
( «oi )
)' En définitive, l'expérience fixe cette densité à a, t .
II. Volume du tube à soufre 1 5",59
Volume du thermomètre à air. i3",07 1 rapport des volumes d'air 4)79
Air resté dans celui-ci 2, 78 ) T 1=1162
Température ._ 21»
Hauteur barométrique 747"""
Poids du soufre g""»"'
Densité qui s'en déduit 2,2
III. Volume du tube à soufre 1 7^,85
Volume du thermomètre à air. 16,82 1 rapport des volumes d'air /^, i3
Air resté 4)0? ) T = 968
Température 21°
Baromètre 747"""
Poids du soufre i ^'"f,5
Densité de la vapeur 2,4
» IV et V. Deux systèmes de tubes chauffés en même temps dans le
cylindre de tôle ont donné les résultats que nous allons transcrire.
Pression 745'"-"
Température ... 24°
IV V
Volume du tube à soufre iQjSS 29,42
Rapport des volumes d'air 3,27 3 ,475
Température qui se déduirait de ce rapport 7 14° 727°
Poids du soufre ig^^r^S . . aô"*"'
Densité de la vapeur 2,8 2,7.
VI. Volume du tube ik soufre 1 5'^'^ 9
Rapport desvolume d'airdans un 1" thermomètre. 3,45
Id. dans un second 3,53
Hauteur barométrique 744"""'
Température .' . . i5"
Poids du soufre 1 S""''
• Densité 2,8 (T=: 743)
» Après avoir obtenu les résultats qui précèdent, j'ai voulu mettre à
l'épreuve mon mode d'expérimentation, en le faisant servir à la détermina-
tion de la densité de la vapeur de mercure. Voici les données de l'opé-
ration :
( 802 )
Volume du tube à mercure.. , i6'''^,67
Poids du mercure 34'"*''
Rapport des voiuraes d'air du thermomètre 3,g4
Température de l'air ambiant iS"
Pression atmosphérique ■j/f''"'"
Densité de la vapeur mercurielle 6,7 (ï =: 882 )
» 6,97 est le nombre obtenu par M. Dumas, et 6,91 est celui qu'indique
le calcul basé sur la densité de l'oxygène et le rapport des équivalents.
» VII et VIII. Expériences exécutées comme celles des n*" IV et V.
» La pression atmosphérique était de 742 millimètres, et la température
ambiante de 1 3 degrés.
VII. VIII.
Volume du tube à soufre 2o'='^,2 i5",7
Rapport des volumes d'air 8,26 3,45
Température d'après la formule donnée plus haut. 85i° 731° ,■
Poids du soufre • 20'^^'',5 i3,7
Densité 2,6 2,6
» IX. Cette fois le tube à air a été remplacé par un tube à vapeur mercu-
rielle. Un accident empêche d'ailleurs de constater si le tube à soufre est
exempt de gaz.
Volume du tube à soufre 3o'^%3
Poids du soufre aS'"*"'
Volume du tube à mercure 'ig",S
Poids du mercure Bo'"»''
Rapport entre les densités des deux vapeurs o,3o
Densité de la vapeur du soufre (0,9 étant pris pour
celle du mercure) 2, i
» A la suite de cette expérience, j'en fis encore une destinée à fournir un
complément d'éclaircissement sur le procédé mis en oeuvre. Elle fut con-
duite comme les précédentes, mais en opérant sur l'iode.
Volume du tube à iode 44" > 2
Volume du tube à air. . . 4^,0 ) Rapport du volume d'air... 3,36
Air resté 12, 5 1 (T = 684)
Hauteur barométrique 745""'
Température ambiante 7"
Poids de l'iode i4i'""-j
Densité de la vapeur d'iode 8,65
( 8o:î )
» M. Dumas obtint, dans les conditions ordinaires, 8,716.
1) X. Enfin voici les données d'une dernière détermination au sujet de
la vapeur du soufre :
Volume du tube à soufre 5 1 "
Rapport des volumes d'air 3,69
Hauteur barométrique ■j47'""'
Température ambiante 22"
Poids du soufre Sg"»"-
Densité de la vapeur. 2,4{T=: 834)
» En résumé, les densités de la vapeur du soufre, déterminées dans nos
dix dernières opérations, sont comprises entre 2,1 et 2,8. Leurs variations
ne sont qu'imparfaitement en harmonie avec celles des températures, et
dérivent en grande partie des erreurs d'expérimentation. Plusieurs causes
en rendent raison.
I) Groupons ensemble, d'un côté, les déterminations effectuées à des
degrés de chaleur qui, d'après notre évaluation, seraient inférieurs à 800,
et, de l'autre, celles qui correspondent à des chaleurs plus élevées. On
lorme ainsi les deux groupes suivants :
Numéros Densité Température
des expériences. de la vapeur. approximative.
IV 2,8 .714
V 2,7 727
VIII 2,6 73i
VI 2,8 743
Moyenne ,..2,7
Numéros Densité Température déduite
des expériences. de la vapeur. de In formule mentionnée.
X 2,4 834
VII 2,6 85i
III 2,4 963
1 2,1 1082
II 2,3 1 162
2,36
M Voici d'ailleurs, à la suite des chiffres obtenus par mes deux illustres
devanciers, M. Dumas et M. Mitscherlich, les densités que je suis amené à
( 8o/, )
assigner approximativement au soufre gazéifié, plus ou moins chauffé.
Température approximative. Densité.
De /55o à Soo" i ^'9 ^**- Mitscherlich ) .
^^ ^^° ** ^°° ) 6,56 ( M. Dumas).
600° 5
700» 2,8
800 à 1 000° 2,2
(L'étendue de ce Mémoire peu susceptible d'analyse nous oblige à sup-
primer complètement tout ce qui concerne les densités des vapeurs de phos-
phore et d'arsenic.)
M. A. Vincent adresse de Brest une deuxième copie d'un Mémoire qu'il
avait présenté à l'Académie en- septembre i844 sous le titre de « Nouveau
système de défense des côtes ».
« Dans ce Mémoire, dit l'auteur, j'établissais que contre l'irruption d'une
flotte à vapeur ennemie, les batteries des côtes, quelque multipliées qu'elles
fussent, resteraient impuissantes à empêcher un bombardement ou un
débarquement; que cette impuissance ressortirait d'autant plus, que pro-
chainement les bâtiments de guerre se revêtiraient d'armures métalliques
les rendant invulnérables aux projectiles, ce qui leur permettrait de for-
cer impunément les entrées des ports, des rivières, des rades, et d'y tout
détruire sans qu'on pût s'y opposer efficacement avec les moyens actuels.
Je concluais que le seul moyen de résister à ce nouveau moyen d'attaque
était de construire des batteries flottantes, muraillées en fer doux, nuies
par la vapeur, et armées de canons se chargeant par la culasse, et tirant cinq
ou six coups contre un tiré par les canons actuels, sans exposer autant les
chargeurs qu'on le fait aujourd'hui » >
(Renvoi à la Commission précédemment désignée qui se compose de
MM.Poncelet, Piobert, Duperrey.)
M. H. Prateu adresse une Note écrite en anglais concernantles expé-
riences sur lesquelles on abasé la théorie du calorique latent.
M. Despretz est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire
savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
( 8o5
CORRESPONDAIVCE .
M. LE Directeur central des Docanes et des Contributions indirectes
adresse pour la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire du Tableau général
du mouvement du cabotage en i858 qui forme la suite et le complément
du tableau général du commerce de la France pendant la même année.
M. Flocrens présente, au nom des éditeurs MM. Gide et Barrai, le
seizième et dernier volume des œuvres complètes de F. j4rago et donne,
dans l'extrait suivant de la Lettre d'envoi, une idée de ce qu'il contient :
n Ce volume, dit M. Barrai, est le tome IP des Mémoires scientifiques.
Outre des Mémoires déjà publiés, tels que ceux sur les cercles répétiteurs,
les latitudes et les longitudes, les erreurs personnelles, les étoiles multiples,
les comètes, les taches du soleil, la vitesse du son, les forces élastiques de
l'air et de la vapeur, etc., il renferme un grand nombre de recherches iné-
dites sur l'astronomie et l'optique.
» Le tome IV* de la Base du système métrique contient les seize triangles
que MM. Biot et Arago ont déterminés pour prolonger la mesure de la mé-
ridienne de France jusqu'à l'île de Formentera. M. Arago seul a mesuré en
outre un dix-septième triangle ayant son sommet au clop de Galaro dans
l'île de Majorque, et s'appuyant d'une part sur Campvey dans l'île d'Iviza
et d'autre part sur la Mola de Formentera, dans le but d'obtenir la grandeur
d'un arc de parallèle de près de 3 degrés à l'extrémité de la méridienne et
de déterminer la courbure de cette portion du sphéroïde terrestre. On trou-
vera, dans le volume que je présente à l'Académie, les résultats de cette me-
sure restés inédits.
» M. Arago a communiqué à l'Académie, en i853, l'année même de sa
mort, un Mémoire sur la forme et la constitution physique de Mars; j'ai
publié ce Mémoire en y joignant plus de 3ooo mesures micrométriques
des diamètres de Mercure, de Vénus, de Jupiter, de Saturne et d'Uranus,
mesures que M. Arago avait prises de i8i i à 1847; j'ai donné ces mesures
telles qu'elles sont inscrites sur les registres d'observations en y joignant les
calculs de leur transformation en mesures sexagésimales que j'ai dû ef-
fectuer.
« On sait que M. Arago avait fait un grand nombre de recherches sur les
C. R., ibSg, 2"= Semestre. (T. XLIX, NoSl.) • o5
( 8o6 )
pouvoirs réfringents et les pouvoirs dispersifs de l'air atmosphérique sec ou
humide, de divers autres gaz et de plusieurs vapeurs; j'ai relevé et calculé
tous les résultats des observations sur ce sujet si important, auquelM. Arago
a travaillé pendant près d'un demi-siècle, notamment en i8o5 avec M. Biot,
en i8i5et iSiôavecM. Petit, et en iSSa avec M. Fizeau. Les chimistes
et les physiciens pourront tirer un grand parti des pouvoirs réfringents non-
seulement de quelques gaz simples, mais encore de gaz composés, telsque
l'oxyde de carbone, les hydrogènes carbonés, l'hydrogène sulfuré, le cya-
nogène, les vapeurs de sulfure de carbone, d'éther sulfurique et d'éther
muriatique.
» Je ne ferai que mentionner de nombreuses observations sur divers
phénomènes d'optique, sur l'électricité atmosphérique, sur les températures
de la terre à diverses profondeurs, etc.
» Je me suis attaché à réunir les immenses travaux de M. Arago dans un
ensemble digne de lui et digne de la science, sans rien omettre, parce que
toute pensée d'un tel maître m'a paru devoir être pieusement conservée.
Ma tâche est maintenant remplie. Il ne me reste qu'à remercier vivement
l'Académie de l'intérêt qu'elle a pris à son accomplissement, et vous-même,
Monsieur leSecrétaire perpétuel, de la bienveillance exquise que vous m'avez
témoignée; cet intérêt et cette bienveillance, en même temps que le senti-
ment du devoir, m'ont empêché d'éprouver aucune défaillance. »
M. FcsTER, professeur de clinique interne à la Faculté de Médecine de
Montpellier, écrit à l'Académie pour la prier de vouloir bien l'inscrire sur
la liste des candidats pour la place de Correspondant vacante dans la
Section de Médecine et de Chirurgie.
(Renvoi. à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
ASTRONOMIE. — Lettre de M. Ghacornac à M, Le Verrier.
« L'intérêt que présente la question de savoir si le centre du soleil est
réellement plus lumineux que ses bords m'a fait entreprendre dès le com-
mencement de l'année 1 855 des observations photométriques dirigées dans
le but de mesurer le phénomène.
» Il m'était possible déjà à cette époque de consacrer à ces recherches
une excellente lunette de M. Secretan, ayant 24 centimètres d'ouverture et
4 mètres de longueur focale.
(8o7 )
» Les premiers essais que j'ai tentés consistaient à inspecter séparément
les différentes portions d'une zone de l'astre, celle, par exemple, comprenant
son diamètre perpendiculaire au mouvement diurne. Pour cela je réduisais
le champ à une ouverture angulaire de 3 minutes et je recherchais à quelle
distance des bords commence à devenir appréciable le phénomène de la di-
minution d'éclat de ceux-ci ; ainsi en faisant mouvoir la lunette dans le sens
du bord supérieur au bord inférieur de l'asfre, les diverses portions de la
zone se succédant dans le champ, je remarquai qu'en passant rapidement
des régions du centre, où la lumière est uniforme et blanche sur un espace
d'environ les 5 huitièmes du rayon, aux régions des bords, on constatait
très-nettement que l'éclat et la couleur de l'astre changeaient.
» Je pratiquai ces expériences avec un grossissement de aoo fois environ.
Elles me suggérèrent les suivantes :
» Loisqu'on examine à l'aide d'un faible pouvoir amplifiant la surface du
soleil en réduisant l'ouverture du champ de la lunette à deux petits disques
d'environ 5o secondes d'arc de diamètre, et que l'on dispose l'instrument
de manière à faire coïncider l'une des ouvertures du champ avec le centre
de l'astre et l'autre avec son bord, on aperçoit tout de suite qu'il existe
une différence d'intensité lumineuse notable entre ces deux régions, de
même qu'une différence de coloration est manifeste lorsqu'on se sert d'un
verre neutre absorbant.
» Si on rapproche à l'aide d'un mécanisme les deux petits disques de
manière à diminuer leur écart d'une quantité déterminée, on pourra com-
parer des régions voisines du centre dont l'intensité lumineuse différant très-
peu de l'éclat de celui-ci fera connaître à quelle distance des bords com-
mence à devenir appréciable l'affaiblissement de la lumière de l'astre.
» En comparant les mesures obtenues par ces deux méthodes et en ad-
mettant que l'œil perçoive des différences d'éclat allan* à un soixantième,
j'avais trouvé par une moyenne d'environ douze cents comparaisons que la
région du disque solaire où commence à devenir sensible la diminution de
son éclat, est située à une distance du centre égale aux 364 millièmes du
rayon.
» Dans les expériences précédentes, les centres des deux petites ou-
vertures circulaires du champ dont on comparait les intensités, étaient
encore éloignés des 364 millièmes du rayon. Pour remédier à cet incon-
vénient, j'imaginai plus tard de placer à l'oculaire de la lunette un prisme
biréfringent, afin d'amener en contact ces deux petits disques lumineux et
apprécier ainsi plus facilement leur différence. Cette circonstance me con-
io5..
( 8o8 )
duisit à rechercher si l'image ordinaire d'une facule, superposée par ce
moyen sur l'image extraordinaire de la pénombre d'une tache voisine, ue
reproduirait pas un éclat à peu près égal à l'intensité lumineuse totale du
soleil. Dans ces tentatives j'ajoutai à mon appareil une plaque de tourma-
line appartenant à un polariscope Savart, et j'eus bientôt un photomètre
très-commode pour contrôler les expériences précédentes.
» En 1857, j'ignorais encore tout le parti que M. Arago avait tiré d'un
moyen analogue, ainsi que les mesures photométriques exécutées par l'il-
lustre astronome sur une partie des corps célestes. Aussi, lorsque parut le
premier volume des Mémoires scientifiques de ses œuvres, je fus près
d'abandonner tous les projets formés sur l'emploi de mon instrument; ce-
pendant deux questions me semblaient dignes d'intérêt et me paraissaient
résolues dans un sens contraire aux phénomènes observés antérieurement.
» Je veux parler de l'accroissement rapide que l'intensité lumineuse du
ciel présente dans le voisinage immédiat du soleil, et de la différence no-
table signalée par les expériences précédentes entre l'éclat du centre et celui
des bords de l'astre.
» Je repris donc mes travaux en employant alternativement, soit une
plaque de tourmaline, soit un prisme de Nicol combiné avec un prisme biré-
fringent doué d'un mouvement de rotation sur lui-même. J'appliquai cet
appareil à l'oculaire de la lunette de M. Secretan, laquelle entraînée équato-
rialemeut par un mouvement d'horlogerie, me fournit tous les moyens né-
cessaires pour effectuer les mesures projetées.
» Au moyen de ces prismes convenablement montés sur un micromètre
d'angle de position, je pus faire naître l'image extraordinaire empruntée au
centre du disque solaire très-près de l'image ordinaire empruntée au bord
de l'astre, en sorte que les deux petits disques lumineux amenés en contact
puissent être égalés^vec toute la précision que comporte la méthode.
» Cette égalité obtenue, en vertu de la loi du carré du cosinus, il était
facile d'en conclure la relation qui existait entre l'éclat primitif des deux
lumières au moyen de l'angle parcouru par la section principale du prisme
rotatif.
» Ce procédé, plus exact que ceux tentés précédemment, offre l'avantage
de comparer directement le bord au centre du disque, en conservant ce-
pendant les deux images comparées en contact l'une avec l'autre. Cette
méthode m'indiqua de suite deux difficultés inhérentes à la nature du pro-
blème :
» i". L'intensité lumineuse du bord de l'astre n'étant pas uniforme sur
( So9)
nue étendue angulaire normale au limbe égale à /|0 secondes, il n'est pas
possible d'arriver à une égalité rigoureuse dans le cas où l'on compare son
éclat à lumière uniforme du centre.
» 'i°. Cette difficulté est augmentée par la couleur de cette portion du
disque solaire laquelle est, comme je l'ai dit, notablement teintée en jaime,
tandis que la portion du centre amenée en comparaison apparaît d'une lu-
mière blanche (r).
» Ne pouvant m'étendre plus longuement dans cette Note sur les détails
de l'observation, je me bornerai à dire qu'après avoir essayé les grossisse-
ments les plus convenables, les prismes les plus purs, j'ai obtenu les rela-
tions suivantes :
Distance
Rapport
Intensités
au bord.
Azimut.
des intensités.
primitives.
1,000
0 /
33.59
0,454
I ,000
0,708
33.59
0,454
I ,000
0,477
35.08
0,495
0,918
» Ces chiffres sont le résultat d'environ huit cents mesures effectuées dans
des conditions atmosphériques exceptionnelles du 12 mai au 23 octobre de
cette année.
" Après chaque série de dix mesures, j'ai changé l'azimut du plan pri-
mitif de polarisation, afin de ne pas être influencé par une symétrie de lec-
ture. Chaque comparaison s'effectuait en passant alternativement d'un bord
de l'astre à celui diamétralement opposé : par exemple, le bord supérieur
a été comparé un très-grand nombre de fois au bord inférieur, tandis que
celui oriental n'a été comparé au bord occidental qu'un très-petit nombre
de fois.
» Ce dernier fait tient à la présence presque continuelle des facules sur
ces bords.
» En résumant ces observations, le centre du disque aurait un éclat sen-
siblement luiiforme sur une étendue égale aux trois dixièmesde son diamètre ;
(i) Les appareils destinés à mettre en évidence ce dernier phénomène par une autre série
de faits étant à peu près terminés, je mentionnerai que je me propose d'étaler l'un à côté de
l'autre deux spectres solaires, l'un provenant de la lumière émise par le centre de l'astre,
l'autre provenant de la lumière de ses bords. Aussitôt que j'aurai obtenu quelques résultats,
je m'empresserai de les communiquer à l'Académie.
-^
( 8io )
à partir de cette région jusqu'aux bords, sa lumière irait en s'affaiblissant
dans une proportion telle, qu'à l'extrémité de ceux-ci et sur un espace an-
gulaire égal à 4o secondes son intensité n'atteindrait plus la moitié de celle
du |Centre. Enfin la lumière du centre surpasse de deux vingt-cinquièmes
d'tui point qui en est éloigné de o,523 du rayon.
» Afin de contrôler par un fait pris en dehors de toute considération
hypothétique les mesures que j'avais prises , je profitai du passage de
quelques grandes taches environnées d'une large pénombre dans le voi-
sinage du centre du disque. On sait que la pénombre des taches apparaît
au centre de l'astre comme un nuage assez sombre pour que personne n'ose
affirmer à première vue que son intensité lumineuse est supérieure à celle
des bords du soleil. Si les appréciations d'Herschel n'étaient pas loin
de la vérité, il fallait cependant d'après mes mesures qu'il en fût ainsi. L'é-
preuve à laquelle j'allais soumettre mes expériences était donc décisive.
» Le 3i août dernier, le centre de la pénombre d'un vaste groupe de
taches solaires me parut assez étendu et d'un éclat suffisamment uniforme
pour tenter l'épreuve. Ce groupe était dans l'hémisphère inférieur, peu éloi-
gné d'avoir atteint le milieu de sa course et situé à une distance du centre
égale à environ les trois dixièmes du rayon. L'une des ouvertures circulaires
du champ de la lunette étant dirigée sur la portion de la pénombre que je
voulais comparer au bord de l'astre, j'amenai l'ouverture circulaire infé-
rieure à coïncider avec celui-ci. Le résultat fut que la pénombre était réel-
lement d'un éclat supérieur à celui du bord de l'astre.
« A l'aide de cet appareil photométrique, j'ai pu mesurer les plus faibles
différences d'intensité de la lumière des astres en employant des grossisse-
ments de aoo à 3oo fois. Dans une prochaine Note, je rapporterai les ob-
servations que j'ai faites sur les facules et les mesures que j'ai obtenues de
leur intensité lumineuse. »
ASTRONOMIE. — Lettre de M. Herrick à M. Le Verrier.
« Ayant lu récemment dans V Institut un article relatif à la communica-
tion faite par vous à l'Académie des Sciences sur la probabilité de l'exis-
tence d'une ou plusieurs planètes entre Mercure et le Soleil, je prends la
liberté d'appeler votre attention sur certaines observations qui semblent
démontrer qu'une semblable planète, accompagnée d'un gros satellite, a été
.plusieurs fois observée et toujours perdue.
» Il y a plus de dix ans, j'ébauchai pour le Journal américain des Sciences
(8ii)
un Mémoire ayant pour titre : « Collection d'observations sur certaines ta-
ches solaires d'un caractère particulier, tendant à mettre en évidence l'exis-
tence d'une planète intra-mercurielle. « Je différai la publication de ce
Mémoire, en partie parce que j'espérais trouver la planète, en partie aussi
parce que je craignais que celte planète n'existât pas, d'autant plus que
vous aviez affirmé, en i845, que vos nouvelles Tables de Mercure représen-
taient exactement les positions de cette planète {Comptes rendus, t. XXI,
p. 3i6.)
» Voici les observations qui servaient de base à mon travail :
» 1°. Pastorffde Buchholz vit le i8 octobre i836, le i" novembre i836
et le i6 février 1837, deux taches noires, rondes, de grandeurs inégales,
passer sur le soleil, changer de place en peu de temps, et suivre chaque
fois des routes un peu différentes. Il trouva pour leurs mouvements les va-
leurs suivantes :
Octobre i8 1 836 de a^'ao™ à S*" 12'" arc parcouru 12',
Novembre i i836 2''48"' à 3''42'" . 6',
Février 16 1837 3''4o"' à 4'' i o™ » 1^'.
» 2°. En i834 Pastorff vit six fois deux petits corps passer devant le
disque du soleil; le plus grand ayant environ 3 secondes de diamètre, et
le plus petit de i" à i",25. Tous deux paraissaient parfaitement ronds;
le plus petit quelquefois précédait et d'autres fois suivait le plus grand. La
plus grande distance observée entre eux fut de i'i6". Ils étaient souvent
très-voisins l'un de l'autre, et leur passage sur le disque du soleil n'exigeait
qu'un petit nombre d'heures; tous deux formaient l'effet de taches noires
très-sombres comme Mercure passant sur le soleil. (Quételet, Corresp. math,
et phys., août 1837, p. i4i. Wartmann, Bibl. univ. de Genève, avril 1837,
p. 4o9;irf,, t. LVIII.)
a 3°. Pastorff vit deux taches remarquables sur le soleil, le a3 octobre
182a; il en vit également le 24 et le aS juillet i8a3. Flaugergues les men-
tionne vaguement dans la Corresp. astronom. du baron de Zach, t. XIII,
p. 17, Gênes, iSaS. En quoi consiste réellement son observation, je
l'ignore.
» 4°' Gruithuisen a vu sur le soleil deux petites taches sans nébulosité
le 26 juin 1819. [Tilloch's philos. Magaz., vol. LVII, p. 444) Lond. 1821.)
» Il serait peut-être possible d'obtenir plus de détails sur les observations
(8..)
dePastorff en consultant ses papiers originaux, qui ont probablement été
conservés. Il est remarquable que, durant les vingt dernières années, nous
n'ayons aucune observation de Schwabe ou autres sur le passage de sem-
blables corps devant le soleil : peut-être que l'orbite de la planète a une
grande inclinaison.
» En 1847, j'entrepris, avec mon ami M. Francis Bradley, une recherche
systématique de cette planète : 1° en observant deux fois par jour le disque
du soleil lorsque cela était possible ; 2° en explorant les régions voisines du
soleil avec un télescope muni en avant de l'objectif d'un long tube de carton
noirci à l'intérieur; mais cet instnmient étant mal monté et placé dans un
lieu peu convenable, nos efforts furent infructueux.
» Si de semblables observations pouvaient être entreprises et poursuivies
sous votre puissant patronage, j'ai une foi très-ferme qu'elles seraient cou-
ronnées de succès. La dernière méthode d'observation me semble être celle
qui promet le plus. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Lettre de M. Bcys Ballot à M. Le Verrier.
« A l'égard de votre hypothèse d'une planète ou plutôt d'un anneau cir-
culant autour du soleil à plus courte distance que Mercure pour expliquer
la différence de 38 secondes dans le mouvement du périhélie de Tobservation
avec la théorie, je me hâte de vous rappeler que mes recherches sur une
période de plus grande et de plus petite chaleur émise par le soleil de
27,682 jours m'ont conduit à la même hypothèse.
» Vous savez que cette période déduite d'observations néerlandaises de
1729 à 184G est confirmée depuis par les observations de Dantzig, de Mu-
nich, d'autres endroits et en dernier lieu de Breslau de 1791-1865. (^oi'r les
Comptes rendus de t Académie des Sciences du 2 1 juin i858. )
» Elle me paraissait trop longue pour être expliquée par les taches solaires
qui donnent la révolution du soleil autour de son axe de 25 | à 25,4 jours
tout au plus. La mienne suppose une révolution de 25 f environ.
» Or celle-ci appartenait à un anneau dont le diamètre du milieu est en-
viron de 36 diamètres du soleil.
» Dans mes Changements de température dépendants du soleil et de la
lune, on lit, p. 91 : « L'anneau qui peut avoir produit les phénomènes
» observés dans l'éclipsé de soleil, que M. Babinet regarde comme luie pla-
» nète en voie de formation et à laquelle il donne le nom de P'ulcain, ne
( 8i3 )
p peut nous être d'aucune utilité, car sa révolution serait trop courte pour
» notre but. Conséquemment nous devons en admettre d'autres; un pour
» la période de 27, 68 jours pour laquelle j'ai déjà admis précédemment
» cette hypothèse; un, comme je le suppose, pour celle de 27, 56 (i). Ces
u deux anneaux auront pour demi grands axes 16 et 19 diamètres du
» soleil, et, de même que l'anneau de Saturne se compose de plusieurs sec-
» tions, qui circulent indépendamment les unes des autres, on peut consi-
>> dérer les deux que je propose comme unique dans son origine, mais dans
» laquelle il s'est formé une séparation Si un tel anneau est elliptique,
I) il doit nous envoyer plus de chaleur quand nous sommes plus près de la
» partie la plus éloignée du soleil, ce qui toutefois ne produirait qu'une va-
» riation annuelle. Nous devons donc chercher dans l'anneau lui-même la
» cause de la variation de température, et supposer que la masse n'est pas
» également dispersée dans l'anneau.
» Si nous nous refusons à regarder l'anneau comme masse échauffante,
■ » nous pouvons nous le représenter comme absorbant la chaleur, c'est-à-
» dire comme retenant la chaleur du soleil qui le traverse. »
CHIMIE OUGANIQUE. — Synthèse du cjlycol avec l'oxyde d'éthylène et l'eau;
par M. Ad. Wurtz.
« L'oxyde d'éthylène que j'ai obtenu en traitant le glycol monochlorhy-
drique (chlorhydrate d'oxyde d'éthylène) par la potasse caustique, se
combine directement à l'eau pour régénérer le glycol. On opère cette
synthèse en chauffant, pendant quelques jours, l'oxyde d'éthylène avec de
l'eau, dans un matras très-fort et scellé à la lampe. Le produit de la réac-
tion possède une saveur sucrée. Il est facile d'en séparer du glycol par la
distillation fractionnée. Lorsque le glycol a passé, le thermomètre s'élève
jusque vers 3oo degrés. Ce qui distille vers a5o degrés n'est autre chose
que le corps découvert par M. I^ourenço et nommé par lui éther intermé-
diaire du glycol (2). Dans la réaction que j'indique aujourd'hui, le glycol
et le corps de M. Lourenço se forment par la simple addition de l'eau aux
(1) plutôt que d'admettre le résultat de la page 78 comme le résultat de l'action de la
période anomalistique de la lune, plutôt que d'attribuer cela au hasard, qui n'existe pas,
je cherche la cause dans l'action d'un anneau dont les molécules circulent en 27 ,56 environ .
(2) Comptes rendus, t. XLIX, p. 619.
C. R. i859. 2"'« Semestre. (T. XLIX, N» 21. ) ^^^
(8.4) .
éléments de i ou de 2 atomes d'oxyde d'éthylène,
Oxyde Glycol.
d'éthylène.
Oïyde Corps
d'éthylène. deM.Lourenço.
» L'oxyde d'éthylène se distingue par la netteté de ses réactions et par une
aptitude des plus remarquables à former directement toutes sortes de com-
binaisons.
» L'oxyde d'éthylène se combine au glycol dans les mêmes circonstances
où il se combine à l'eau. Le produit principal de cette réaction est le
composé ^'H'"©^'. Mais quand celui-ci a passé à la distillation, on recueille
encore un liquide très-épais, parfaitement incolore et qui passe vers 290
degrés environ. Ce corps résulte de la combinaison de a atomes d'oxyde
d'éthylène avec i atome de glycol, et sa composition est représentée par
laformule G'H'*0\
2[G'H»Ô] -I- G'H«a'= G«H'*0*.
Il se forme en petite quantité dans la réaction de l'oxyde d'éthylène sur
l'eau :
3 [G'H»0] + H'a = €'H''0'.
» On le voit, t, 2, 3 atomes d'oxyde d'éthylène peuvent se combinera
I atome d'eau pour former, par voie de synthèse directe, des composés de
plus en plus compliqués, mais pourtant très-simples dans leur constitution
moléculaire. Je suis en mesure de démontrer que tous ces composés jouent
le rôle d'alcools. Si l'on nomme le glycol alcool élhylénique, on peut nom-
mer les deux autres corps, alcool diéthylénique et alcool triélhjlénique . Les
formules suivantes indiquent les relations très-simples qui relient tous ces
composés :
G.H«0' = ite'«7!0' 'i^- du type j h;
. _- I H' j diatomique ( H'
Alcool
éthylénique.
(8,5 )
( [€'H»]"1 ,. . , , (HM
Corps \
deM.Lourenço. ^^^«7
uj \ inalomique.
>o\
diélhyléoique.
H'
i [€'H*]" I letratomique.
Nouveau
rorps.
letratomique.
Alcool
triéthylénique.
PHYSIQUE. — De l'action que la lumière exerce lorsquelle rend différentes
substances à l'état de solution aqueuse capables de réduire les sels d'or et
d' argent; par M. Niepce de Saint- Victor. (Extrait.)
« Cette série d'expériences est la continuation du travail que j'ai publié
sur le même sujet, c'est-à-dire qu'ayant insolé les substances desséchées, je
viens de lesinsoler en dissolution.
» Je dirai tout de suite que M. Draper a déjà constaté que le peroxalate
de fer étant exposé en solution à la lumière, dégage un gaz et acquiert la
propriété rie précipiter les sels d'or à l'état métallique, et que le célèbre
professeur de New-York en a tiré une application à la photométrieen pesant
la quantité d'or réduit.
» Voici mes expériences : On sait qu'après l'acide gallique l'acide oxa-
lique est celui des acides organiques qui réduit le plus facilement les sels
d'or; mais si on insole une solution de ce dernier acide, elle réduit alors
bien plus rapidement le chlorure d'or: il en est de même de tous les acides
organiques qui peuvent alors à différents degrés réduire les sels d'or et même
ceux d'argent non influencés par la lumière.
» J'ai ensuite insolé tme solution dazotate d'urane dans de l'eau distillée
et séparément une solution de matière organique neutre.
» Si la première solution n'est pas neutralisée par de l'ammoniaque ou
de l'oxyde jaune d'urane, elle ne réduira pas (du moins dans le même
espace de temps d'insolation) le chlorure d'or, tandis qu'elle le réduira
dans le cas contraire.
)) Quant à la seconde solution, elle ne m'adonne aucune trace de réduc-
io6.,
(8i6)
tion ; cela tient peut-être à ce que je n'ai pas insolé assez longtemps la
substance, car il est certain que l'amidon et la gomme peuvent en partie se
transformer en glucose par la seule influence de la lumière, comme M. Cor- .
visart et moi l'avons constaté.
» Maintenant, si on insole un mélange d'azotate d'urane et de matière
organique neutre, en solution dans un vase plein et fermé hermétiquement,
cette liqueur réduit le chlorure d'or et l'azotate d'argent après un temps
très-court d'insolation. La réduction devient de plus en plus forte à mesure
que l'on prolonge l'exposition à la lumière; il arrive cependant un moment
où la réduction est à son maximum d'effet, elle se manifeste par une colo-
ration noire que prend la liqueur aussitôt que l'on y verse de l'azotate
d'argent.
» Si on prolonge ensuite l'insolation, la liqueur devient grise quand on
y verse l'azotate d'argent; elle perd de plus en plus son pouvoir réductif,
qui finit par disparaître complètement à l'égard de l'azotate d'argent.
» Mais, fait remarquable, si on soustrait la liqueur à l'action de la
lumière lorsqu'elle a atteint son maximum d'activité pour réduire les sels
d'argent, cette liqueur perd cette activité en moins de cinq minutes par
l'agitation à l'air libre, par l'ébuUition ou par un repos prolongé à l'air
libre; si, au contraire, elle est fermée hermétiquement, elle la conserve.
» Maintenant, voici ce que l'on observe sur la solution d'azotate d'urane
et de matière organique : la liqueur sous l'influence de la lumière com-
mence par se colorer en vert si la solution est acide et en violet si elle est
presque neutre.
» Si on continue de laisser la liqueur à la lumière, on voit un léger
trouble se produire, la liqueur devient opaline, le trouble augmente, enfin
il se forme un précipité au fond du vase, et dans cet état elle ne réduit plus
l'azotate d'argent, mais elle réduit encore le chlorure d'or.
• Si on agite la liqueur où s'est formé un précipité, ce précipité se dissout
complètement en moins de cinq minutes; il se dissout également après un
repos prolongé.
» Pour qu'il se forme un précipité dans une liqueur insolée, il faut
qu'elle ne soit pas trop acide : moins elle est acide, plus rapidement il se
forme ; ce précipité se dissout très-bien dans une eau acidulée. Reste à exa-
miner la nature de ce précipité.
» Je parlerai maintenant de l'action de la lumière sur les vins et les eaux-
de-vie.
» Si on insole du vin dans un vase de verre blanc, plein et bouché her-
( 8i7 )
métiquement, on constatera après deux ou trois jours que ce vin est plus
sucré que celui qui était exposé à la même température, mais privé de
lumière.
» L'action de la lumière peut être très-favorable sur certains vins, elle
peut leur donner la qualité d'un vieux vin, à la condition que l'action de
la lumière sera suffisante, mais pas trop prolongée ; sans cela le vin contracte
souvent un arrière-goût désagréable, et dans tous les cas il devient comme
un vin passé. »
MÉDECINE. — Cas de tétanos Iraumalique traité sans succès par te curare ^
par M. H. Ginthac.
« F..., âgé de dix-huit ans, d'une constitution robuste, d'un tempéra-
ment sanguin, ayant toujours joui d'une santé parfaite, se fit, le /j octobre
fSSg, en marchant les pieds nus, une plaie au pied droit. Un clou pénètre
d'un centimètre environ par son extrémité acérée dans la région plantaire au
niveau de l'articulation de la première phalange du quatrième orteil avec le
métatarsien. Le corps étranger est immédiatement extrait, ne provoque dans
la partie atteinte qu'une légère douleur et un faible écoulement de sang.
Cet accident n'eut alors aucune importance, puisque F continua de mar-
cher; trois jours après, la plaie était complètement cicatrisée.
» Le l'j octobre, F.... éprouve une céphalalgie intense, des douleurs va-
gues dans les membres, un sentiment de roideur vers la nuque qui rend pé-
nibles les mouvements de la tête, des élancements dans les régions temporo-
maxillaires. Le 18, les jambes sont alternativement le siège de crampes et
de secousses convulsives; les tiraillements qui se produisaient dans les mus-
cles de la partie postérieure du cou s'étendent à ceux des gouttières verté-
brales. Ce n'est qu'avec peine que le tronc peut être fléchi en avant; la con-
traction spasmodique se prononce dans les muscles de la face, il y a de la
gêne dans les mouvements des mâchoires qui se serrent graduellement et ne
peuvent s'écarter que d'une manière incomplète.
» Transporté le 19 octobre à 5 heures du matin à l'hôpital Saint-André,
dans le service de clinique interne, on constate une aggravation de plu-
sieurs des symptômes ci-dessus indiqués. On prescrit un bain de va-
peur qui ne peut être supporté que vingt minutes; ce bain produit une
sueur abondante sans aucun amendement des symptômes. A 8 heures
du matin, lors de la visite, la tête est toujours renversée en arrière
et immobile, les muscles du cou sont dans un état de contraction per-
( 8.8)
nianente. Les temporaux et les masseters en convulsions toniques tien-
nent les mâchoires rapprochées; la déglutition s'opère bien, i'opisthotonos
persiste, les muscles dorsaux et ceux des gouttières vertébrales sont le siège
de douleurs qui s'exaspèrent par moments et arrachent des cris au patient.
Les parois du ventre présentent un plan solide très-résistant. La constipa-
tion se maintient, ainsi que la dysurie. Les mouvements des membres infé-
rieurs sont pénibles et embarrassés; quant à ceux des membres supérieurs,
ils restent libres. La peau est chaude, le pouls plein, large, à loo pulsa-
tions.
» Prescription. — Vingt sangsues le long du rachis; extrait thébaïque
20 centigrammes en cinq pilules; chloroforme en inhalation; deux vésica-
toires sur l'épigastre avec le marteau de Mayor.
» Pendant la journée l'émissiou des urines est devenue naturelle, mais la
contraction des muscles du cou, de la face et du tronc est toujours aussi
forte. Les douleurs qui paraissent avoir pour point de départ la région lom-
baire sont aussi vives. Secousses convulsives dans les membres inférieurs,
flaccidité des membres supérieurs. Le soir vers 6 heures, le calme semble
vouloir s'établir, mais il ne dure que peu d'instants. Pendant la nuit l'agita-
tion est extrême, l'insomnie absolue, les douleurs acquièrent un haut degré
d'intensité.
» 20. Roideur plus grande des muscles du cou, même immobilité de la
tète qui est portée en arrière et de la mâchoire inférieure qui peut à peine
s'écarter d'un demi-centimètre de la supérieure. Opisthotonos plus prononcé,
respiration courte, pénible, entrecoupée de plaintes, pouls à 128 assez dé-
veloppé et régulier, 3o inspirations, sueur générale.
» Prescription. — 1°. Julep contenant ro centigrammes de curare pour
120 qrammes. de véhicule à prendre par cuillerées de deux en deux heures. .
» 2°. Solution de ci/mre dans de l'eau distillée à 2décigrammes par gramme,
de telle sorte que chaque goutte de liquide contient i centigramme de cu-
rare. A l'aide de la seringue Pravaz on introduit dans le tissu cellulaire sous-
cutané du tronc, des membres supérieurs, des membres inférieurs et de la
face, une goutte de cette solution à g'^So^du matin, à io''3o'", à ii''3o", à
midi et demi, à 2''3o", à 4''3o", à 6''3o'", à 9''3o™ du soir, de telle sorte
que dans cette journée 8 centigrammes sont injectés sous le derme.
» 21. Insomnie, les contractions sont énergiques et soutenues, nulle
modification ni dans les trismus, ni dans I'opisthotonos, les élévateurs de la
mâchoire inférieur sont rigides, la déglutition est restée facile, le ventre
offre la résistance d'une planche, les jambes sont roides et ne peuvent être
(8i9)
fléchies que par un mouvement communiqué. Les membres supérieurs sont
toujours mobiles. 36 inspirations, i4o pulsations.
» Prescription. — Même julep au curare. Injection avec la seringue Pravaz
de I centigramme de curare, à 6''3o", S"", g"*, lo*", i i''3o°' du matin; i''3o'",
a''3o", 3''3o'", 5'', ô"", g*", ii'' du soir, c'est-à-dire 12 centigrammes de
curare.
M Durant toute la journée lemaladeaconstamment poussé des cris de dou-
leur, le corps est roide et immobile, la tête est renversée en arrière sans que
la main qui la soulève puisse en changer la direction... L'opisthotonos fait
des progrès Les contractions violentes des muscles du tronc favorisent
l'émission des urines qui ne s'effectue que par regorgement. Pouls à 128 pul-
sations, moins développé, 38 inspirations.
» 21. La contraction spasmodique tend à envahir le système musculaire
tout entier; le corps est tellement roide, qu'on dirait toutes les articulations
ankylosées. Pouls à i3o peu développé, moiteur, sudamina nombreux sur
le front, le cou et les épaules. Rétention d'innne qui oblige à pratiquer le
cathétérisme.
» Prescription. — Dans le courant delà journée, injections avec la serin-
gue Pravaz de 1 8 centigrammes de curare.
w Soir. — Les contractions tétaniques sont accompagnées de violentes
douleurs qui deviennent atroces pendant les paroxysmes. Le trismus et
l'opisthotonos sont au même degré. Les membres supérieurs offrent peu de
résistance. Le poulâ devient petit à il\o pulsations. L'intelligence conserve
la plus parfaite intégrité.
» 23. hisomnie, douleurs atroces, cris presque continus. Trismus et opis-
thotonosplus prononcés, ventre très-tendu, rétention d'urine, sentiment de
constriction au-devant de la poitrine, dyspnée, l\i inspirations, i38 pulsa-
tions, éruption miliaire sur le tronc et les membres supérieurs, sudamina
sur les parties déjà indiquées.
» Essai du médicament sur des animaux. — Voyant que le curare dont je
me servais ne produisait aucun effet sensible sous le double rapport phy-
siologique et thérapeutique, je reconnus la nécessité de l'expérimenter sur
des animaux. 10 centigrammes de curare injectés sous la peau de la cuisse
d'nu lapin déterminent la mort de l'animal au bout de cinq minutes. Chez
un autre lapin, 5 centigrammes introduits de la même manière ne tuent
qu'après un quart d'heure. Chez un troisième, cette même dose de
5 centigrammes ne produit aucun effet toxique. La lenteur de l'action du
poison dans la deuxième expérience, son innocuité dans la troisième me
( 8ao )
firent craindre que ce curare n'eût subi quelque altération. Je résolus alors
d'en demander à Paris, et par dépèche télégraphique je m'adressai à
MM. Mialhe et Grassi qui eurent l'obligeance de m'en expédier immédiate-
ment.
1) 24- En attendant , je prescris : bain de vapeur, extrait thébaïquc
à o,3o degré, chloroforme en inhalation, lavement huileux, bouillon.
Ces divers moyens n'amènent aucune amélioration, le pouls est toujours
petit, très-fréquent, la respiration gênée, il y a de l'anxiété précordiale, les
symptômes persistent en s'aggravant. L'éruption miliaire se répand sur le
tronc et les membres inférieurs. La peau n'a nullement perdu de sa sensi-
bilité.
)> (Injections avec la seringue Pravaz de 5 centigrammes de curare de
MM. Mialhe et Grassi. Ce curare expérimenté chez des lapins est toxique
en quatre minutes à la dose de 5 centigrammes .)
» Soir. — Nulle modification des symptômes tétaniques, suffocation,
muscles pectoraux fortement contractés; rigidité très-grandede toutle corps,
sauf des membres supérieurs; face congestionnée, pouls imperceptible.
» 25. Étouffements, voix voilée, parole entrecoupée, respiration laborieuse,
gêne de la déglutition, rétention d'urine, un peu de délire, diaphorèse, fré-
quence extrême et petitesse du pouls.
» La dose de curare employée en injection est portée à i5 centigrammes.
» 26. La roideur tétanique envahit les membres supérieurs. Face pâle,
constriction des ouvertures palpébrales avec semi-occlusion des paupières,
trismiis presque complet, respiration stertoreuse, contractions convulsives
des muscles respirateurs, incohérence dans les paroles, sueur visqueuse,
pouls imperceptible. Injection de 20 centigrammes de curare.
» 27. Mort.
M Nécropsie. — En disséquant les tissus du pied droit, atteints par le clou,
on constate que la plaie a été superficielle, et la cicatrisation complètement
achevée. Il n'y avait eu ni épanchement sanguin, ni lésion musculaire ou
nerveuse apparente.
» Il existe une rigidité des membres et du tronc considérable. Les muscles
sont d'iui rouge bleuâtre très-marqué, ceux de la région dorso-lombaire
sont gorgés d'une grande quantité de sang.
» Les membranes qui enveloppent le cerveau sont injectées, la pie-mère
surtout est hypérémiée. Les vaisseaux qui rampent à la surface du cerveau
sont très-apparents et remplis de beaucoup de sang. La substance cérébrale
a sa coloration et sa consistance ordinaires. Les ventricules ne contiennent
( 8a. )
pas de liquide. La dure-mère rachidienne n'offre rien de particulier. L'a-
rachnoïde et la pie-mère ont une teinte rouge générale. La moelle épiriière
dans toute son étendue présente une texture, une couleur et une consistance
parfaitement naturelles. Les poumons sont fortement engoués. A la base
surtout leur parenchyme est infiltré d'une très-grande quantité de sang;
plongé dans l'eau il ne surnage pas. Le cœur a son volume habituel, il con-
tient fort peu de sang dans ses cavités.
» La muqueuse gastrique n'est point injectée, elle a sa teinte ordinaire
ainsi que la muqueuse intestinale. Le foie et la rate sont congestionnés, les
reins d'un rouge bleuâtre sont imprégnés de sang »
Remarques de M. Velpeauc l'occasion de la précédente communication.
« L'observation de M. Gintrac fils m'oblige à revenir un instant sur le
curare.
» Douze à quinze exemples de tétanos guéris par le chloroforme ont
déjà été publiés, et voilà que, selon toute apparence cependant, d'après des
expériences physiologiques et d'après la pratique générale, le chloroforme
est plutôt capable d'aggraver le tétanos que de le guérir.
j> Or qu'y a-t-il en faveur du curare jusqu'ici? M. Vella s'en est servi chez
trois malades, et deux des tétaniques sont morts. A Paris, trois malades y ont
été soumis, et il en est également mort deux. On vient de voir ce qu'est
devenu celui de M. Gintrac.
» Ainsi, sur sept essais il y a cinq insuccès, et où est la preuve que dans
les deux autres cas la guérison soit due au curare ? Que sait-on sur cet agent ?
Est-ce une substance végétale unique, ou bien un composé de plusieurs
produits toxiques? Son énergie est-elle variable ou toujours la même? Perd-il
son action en vieillissant ou la conserve-t-il indéfiniment?
)) On avait cru que par les voies digestives il n'empoisonnait pas. Les
anciennes expériences de Fontana et des essais récents de MM. Martin
Magron et Cl. Bernard prouvent, au contraire, qu'à de certaines doses et
dans de certaines conditions il tue par là très-promptement. D'autres expé-
riences de M. Bernard tendraient à établir, d'un autre côté, que sur les ani-
maux blessés, malades ou affaiblis, le curare n'agit qu'à de fortes doses.
« Chez le malade de M. Chassaignac, le curare, à faible dose, et par
l'estomac et par la plaie, a-t-il été absorbé? L'exsudation du fond de !a
C. R, i8d9, i"« Sem«(;e. (T. XLIX, N" 21.) lOJ
( 822 )
blessure et fa couche pyogéiiiqne préexistante n'ont-elles pas empêché toute
pénétration du médicament de ce côté?
j> M. Bernard me répond que chez les malades qui sont morts l'insuccès
tient peut-être à ce que la maladie était trop avancée pour permettre au
curare d'agir. Mais une telle raison ne peut pas être admise. Chez le malade
de M. Follin, on a eu recours au remède quelques heures après le début
du tétanos; il en a été de même chez celui do M. Manec, et pourtant ces
deux malades ont succombé, tandis que l'homme guéri par M Chassaignac
n'a été soumis au curare qu'au bout de quelques jours de maladie.
» En regard de tant d'incertitude et de vague, il y a par malheur un fait
positif : c'est que le curare, introduit dans le tissu cellulaire ou les muscles,
tue promptement les animaux et à très-petite dose, puisque pour un cabiai,
par exemple, de r à 5 centigrammes suffirent.
» Ce n'est pas tout : on l'a essayé en Angleterre contre le tétanos sur de
grands animaux. Un cheval et un âne ont cessé d'être contractures avant de
succomber, mais ils n'en sont pas moins| morts, et morts comme si les
muscles de la poitrine avaient été paralysés.
» En supposant que le curare arrête les roideurs tétaniques, le praticien
aura donc encore à craindre que son malade ne meure pai' le fait même
du remède !
» Qui sait d'ailleurs ce que c'est quele tétanos? La roideur musculaire
ici n'est pas l'essence du mal; elle a lieu sous l'influence des nerfs sans doute ;
mais éteindre la sensibilité ou l'action des nerfs, ce n'est pas détruire l'alté-
ration dont ils sont ou peuvent être le siège. Il en est évidemment de même
de la moelle.
» Pour se tenir en dehors des hypothèses et des suppositions, il faut donc
convenir que le raisonnement et l'expérience sont plutôt contraires que
favorables jusqu'à présent à l'emploi du curare dans le traitement du tétanos.
» Cependant, comme il s'agit d'une maladie redoutable, et que dès lors
les chirurgiens ne manqueront pas de vouloir essayer du nouveau remède,
je termine en adjurant les physiologistes de se livrer à de nouvelles recher-
ches, afin de préciser les doses qu'il serait permis d'en donner à l'homme
malade, et suffisantes aussi pour avoir chance de modifier la maladie. Il
faudrait en outre qu'ils obtinssent un composé fixe, dont l'action pijl être
sûrement mesurée ou dosée, comme le serait celle de la curarine, par
exemple, s'il était possible de se la procurer.
( 823 )
» Jusque-là l'anxiété des praticiens sera extrême. La gravité du mal qui
les incite à agir d'un côté, et les dangers, les inconvénients du remède qui
les retiennent de l'autre, réclament à ce sujet une prompte solution. »
Remarques de M. Cl. Bernard sur la même] communication.
« Le curare a été employé avec succès dans certains cas de tétanos
traumatique, et il a échoué dans d'autres. Or, en lisant ces diverses obser-
vations, il y a, ce me semble, une remarque importante à faire. Lorsque
l'administration du curare a été suivie de guérison, comme l'ont observé
M. Vella à Turin, et M. Chassaignac à Paris, les propriétés physiologiques
du curare se sont promptement manifestées; il y a eu modification du tétanos
et relâchement musculaire. Dans le cas, au contraire, où l'emploi du curare
a été suivi d'insuccès, il n'y a eu aucune action physiologique apparente ; la
roideur tétanique n'a pas été modifiée, et les malades sont restés réfrac-
taires, comme l'on dit, à l'action du médicament. C'est ce qui a eu lieu dans
les cas observés par M. Manec, M. Follin, à Paris, et par M. Gintrac à
Bordeaux. 11 serait donc de la plus haute importance de savoir quand se
manifeste chez les tétaniques cet état réfractaire aux médicaments les plus
énergiques, état réfractaire qui a été cité aussi, comme on le sait, dans cer-
taines périodes d'autres maladies très-dangereuses, telles que la rage, le
choléra, etc. Jusque-là on ne saurait, je crois, attribuer l'insuccès du
traitement à l'inefficacité du médicament qui n'a pas agi, mais seule-
ment aux conditions qui l'ont empêché d'exercer son influence favora-
ble. En un mot, le curare se trouve, pour le moment, où en est tout mé-
dicament à son début. Il faut d'abord étudier les indications, c'est-à-dire
chercher à déterminer les circonstances dans lesquelles il est applicable et
celles dans lesquelles il ne l'est pas. Mais tout cela ne se fait qu'avec l'aide
du temps. C'est pourquoi, au lieu d'insister comme M. Velpeau sur les cas
d'insuccès et de décourager tous ceux qui conservent l'espoir de trouver un
remède contre l'affection terrible qui constitue le tétanos traumatique, je
pense qu'il vaut mieux insister sur les cas de succès et encourager les méde-
cins, afin qu'ils puissent arriver à établir dans quelles conditions le curare
est utile. En effet aucun médicament, même parmi les plus héroïques, n'est
applicable à tous les cas.
» Dans une très-procliaine communication, en rendant compte à l'Aca-
démie de l'examen que j'ai fait des flèches empoisonnées que M. Bous-
107..
( 824 )
singault a présentées l'année dernière, je reviendrai sur la nature et sur
les effets des diverses substances employées sous la dénomination de poison
de flèches. Ces poisons, en raison de leur action énergique sur des systè-
mes organiques bien déterminés, me semblent appelés à entrer dans la
thérapeutique et à devoir y jouer un rôle important. A cette occasion je
répondrai aux objections que M. Velpeau croit pouvoir faire contre l'em-
ploi du curare, en les déduisant de l'état actuel imparfait de nos connais-
sances physiques sur cette substance. »
« M. DuMÉRiL dit qu'il ne veut pas entrer dans la discussion médicale sur
le traitement du tétanos par l'emploi du curare. Il croit devoir faire remar-
quer cependant qu'on a comparé les effets de l'inoculation du curare à ceux
que produit la piqûre des serpents venimeux qui introduisent ainsi un
poison dans le tissu cellulaire des animaux vivants. On peut donc supposer
que ce venin paralyse ou suspend presque soudainement la motilité de la
victime, devenue incapable de fuir, émousse sa sensibilité et anéantit la
perception de la douleur, ce qui serait une compensation prévoyante de la
nature. On a constaté effectivement que, dans quelques cas, ces deux facultés
animales, toujours associées, sont en même temps et tout à la fois sus-
pendues.
» M. Duméril rappelle également que certains Insectes hyménoptères
fouisseurs, tels que les Sphéges et les Cercéris, produisent un effet semblable
dont on s'est assuré. Lorsqu'ils ont inséré leur aiguillon et le venin dont il
est armé sous la peau de certaines chenilles ou d'autres animaux à peau
molle, ils viennent les déposer en provision, comme dans une sorte de
garde-manger, à la portée de leur larve, à laquelle ces victimes doivent
servir de pâture. On a reconnu que ces matières animales, devenues dès lors
des corps inertes, sont de la chair vivante et végétante qui, ne pouvant ni
se mouvoir ni sentir, est par cela même dévolue sans résistance à la nour-
riture, au développement et à l'accroissement des larves sans pattes, desti-
nées à reproduire la race de ces industrieux Hyménoptères.
» On a donc ainsi la preuve que la motilité et la sensibilité sont simulta-
nément abolies par l'action du venin des serpents, comme par celui d'un
grand nombre d'Hyménoptères à l'état parfait. »
M. l'Abbé Ginard, qui avait précédemment fait connaître les résultats
de ses observations siu' les effets produits, le la septembre dernier, par une
( 825 )
trombe dans les communes d'Agon et de Tourville (Manche), ajoute
quelques détails à ceux qu'il avait précédemment donnés; il insiste princi-
palement sur cette circonstance que le tourbillon <> n'a pas renversé indis-
tinctement tous les objets qu'il a rencontrés sur son passage, mais qu'au
contraire il a généralement épargné les arbres à sommet pyramidal, surtout
ceux dont les feuilles bien vivantes se terminaient plus particulièrement en
pointe. ... 0 II ne pourrait affirmer que cette immimité ait été manifeste dans
ime autre phénomène semblable qu'il avait observé il y a environ dix-huit
ans dans la même commune de Tourville; seulement il constata alors,
comme aujourd'hui, « l'arrachement par une sorte d'aspiration d'un grand
nombre d'arbres à têtes arrondies .... »
Revenant à la trombe du 12 septembre dernier, il remarque « qu'elle a
produit ses plus terribles effets dans les lieux les plus bas de son parcours,
dans les parties du territoire qui semblaient tout à fait à l'abri des vents
par leur position dans le fond de la vallée. »
M. DU MoNCEL adresse une Note sur les résultats obtenus dans une nou-
velle série d'expériences qui se rapportent à la non-homogénéité de l'étin-
celle d'induction; il annonce que cette communication est faite seulement
dans l'intention de prendre date jusqu'au moment où il pourra présenter à
l'Académie, d'une manière complète, les résultats de ses recherches consi-
gnés dans un Mémoire auquel il travaille en ce moment.
Cette Note est renvoyée, comme l'avaient été les dernières communica-
tions du même auteur, à l'examen de M. Pouillet.
M. MoRET prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte de deux
communications qu'il lui a adressées, et qui font partie d'un travail dont il
s'occupe depuis plusieurs années, d'une n Instauration de l'Arithmétique
inédite de Fermât ».
Ces communications, reçues à la séance du 24 janvier et du aS avril de
cette année, et renvoyées à l'examen de M. Hermite, ont pour titre : « Nou-
velle solution d'un problème de Fermât ».
M. DuGRoi.Ès, agent de la Compagnie pour l'exploitation de la machine
à vapeur du système Guerraz et Briery, demande « quelle est la marche à
suivre pour obtenir, à raison de cette invention, la prime proposée par
( 826 )
l'Académie des Sciences aux machines à vapeur apportaul des avantages
réels sur celles ordinairement employées. »
Ou fera savoir à l'auteur de la Lettre que l'Académie n'a point proposé
de semblables primes ; mais que la machine peut être soumise au jugement
d'une Commission ou présentée au concours pour l'un des prix à décerner,
soit pour le prix annuel de Mécanique, soit pour le prix extraordinaire
concernant l'apphcation de la vapeur à la marine militaire.
M. RouuET, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Académie
lui Mémoire sur la décomposition des polynômes en facteurs rationnels
du second degré, demande l'autorisation de reprendre ce manuscrit qui
contient des calculs dont il aurait besoin pour un nouveau travail.
Le Mémoire n'ayant pas été l'objet d'un Rapport, l'auteur est autorisé à
le reprendre.
La séance est levée à 6 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du i4 novembre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Compte rendu des travaux de la Société impériale et centrale d'Agriculture,
depuis le i" avril i8.58 jusqu'au \t\ juillet iSSg; par M. Payen, secrétaire
perpétuel. Séance publique annuelle tenue le dimanche 17 juillet. Paris,
1859; br. in-8°.
Direction générale des douanes et des contributions indirectes. Tableau général
des mouvements du cabotage pendant l'année i858. Paris, 1859; in-folio.
Principes d'hydraulique rationnelle applicables aux courants naturels, tels
que les rivières et les fleuves ; par M. COURTOIS, Paris, 1859; br. in-8''.
Nouveau manuel complet de galvanoplastie, ou Éléments délectro -métal-
( 827 )
lurrjic; par M. Smée, ouvrage publié par E. de Valicourt. Paris, 1860;
2 vol. in-i8.
Les deux Arithmétiques, la décimale et la duodécimale, ou la Zonnomie;
par A.-D. Gautier. Paris, 1860; br. in-4°.
L'Académie a reçu dans la séance du 21 novembre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Œuvres complètes de François Àrago, secrétaire perpétuel de l'Académie des
Sciences, publiées d'après son ordre sous la direction de M. J.-A. Barral; t. XI.
Mémoires scientifiques, t. II. Paris, iSSq; in-8°.
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne; ag* liv. ; in-zi".
Sur la différence de longitude des Obsewatoires de Bruxelles et de Berlin,
déterminée en 1857, par des signaux galvaniques; br. in-Zj". (Extrait des
Annales de i Observatoire rojal de Bruxelles. )
Enquête sur le Serpent de la Martinique (Vipère fer de lance, Bothrops
lancéolé, etc.); 2* édition, entièrement refondue; par le D' E. Rufz. Paris,
1860; I vol.in-8''.
De la traversée des Alpes par un chemin de fer ; par Eugène Flachat.
Neuilly, iSSg; br. in-8°.
Phénomènes célestes résultant de la transmission successive de la lumière; par
Eugène Jeanjaquet. Neuchâlel, iSSg; br. in-8°.
Recherches sur l'attraction moléculaire; par A. Bouché. Paris, 1839; '^''•
in-8°.
Récits d'un vieux sauvage pour servir à l'histoire ancienne de Havnii. Notes
d'un voyageur ; parM. Jules Remy. Châlons-sur-Marne, 1869; br. in-8°.
La Gravitation au point de vue de l'électricité; par Zaliwski. 1 feuille in-8".
Ephemerides of the... Ëphémérides des petites planètes et de Neptune pour
l'année 1860. (Supplément au i\^<7H/î( a/ v^/monar/î pour i863.)
■■B* ■>>^*^^*Éi^wi
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉIHIË DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 28 NOVEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMinVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Faye dépose sur le bureau une Note ayant pour objet d'inviter l'Aca-
démie à examiner s'il ne conviendrait pas, dans l'intérêt des sciences et des
arts, qu'elle prit l'initiative auprès du Gouvernement en lui demandant
d'adjoindre une Commission scientifique à l'expédition de Chine.
Cette proposition sera discutée dans un comité secret.
MÉCANIQUE. — Mouvement des gaz de la poudre dans [âme des bouches à feu;
par M. PioBERT. (Suite.)
"IV. — Cas général d'une densité variable dans les diverses tramches de la charge.
« 15. Variation de la tension des gaz résultant du mouvement. — Dans le cas
normal où aucune cause étrangère n'est supposée modifier l'état intérieur
tles gaz qui résulte du mouvement, les tranches diminuent de densité à me-
sure qu'elles sont plus rapprochées du projectile. En effet, la tension du gaz
en chaque point doit être en raison du produit de la masse qu'il a à mou-
voir par l'accroissement de vitesse qu'il lui communique ; mais dans le cas
présent les vitesses des diverses couches de gaz sont entre elles, ainsi que
leurs accroissements, toujours en raison des distances de ces couches à la
C. R., i859, î™» Semestre. (T. XLIX, N" 22.) 108
( 83o )
tranche qui reste immobile. La première tranche ne pousse que le projectile
animé de la vitesse v; la tranche suivante a de plus à pousser cette première
tranche animée d'une vitesse un peu plus petite que v, parce qu elle est plus
rapprochée de la tranche immobile que le projectile; et ainsi de suite de
proche en proche, jusqu'à la tranche immobile qui pousse en avant toutes
les autres tranches avec des vitesses diverses, mais plus petites en moyenne
que-» leur centre de gravité étant un peu en arrière du milieu de la lon-
gueur, par suite de la diminution de densité des gaz à mesure qu'on se rap-
proche du projectile, diminution résultant de celle des tensions. Les accrois-
sements de vitesse de chaque tranche étant toujours proportionnels à la
vitesse de cette tranche, les tensions croîtront dans le rapport des produits
des vitesses mêmes par les masses que les tranches ont à mouvoir.
» 14. Rapport entre la plus forte et la plus faible tension des gaz. — Dans les
cas ordinaires de la pratique, le poids du projectile est assez faible par rap-
port à celui du système de la bouche à feu et de son affût; la tranche im-
mobile est alors très-rapprochée du fond de l'âme qui se dépkce très-peu
pendant la projection du boulet; on pourrait donc rapportera ce plan les
positions des mobiles et des diverses tranches de gaz, ainsi qu'on le fait ordi-
nairement; mais il est préférable en général, et surtout quand la masse du
projectile est très-comparable à celle de la pièce, de rapporter toutes les
distances à la tranche immobile, quoique la charge se trouve alors divisée
en deux portions placées l'une en avant, l'autre en arrière de cette tranche.
Comme tout se passe d'une manière analogue dans chaque partie de la
charge, on commencera d'abord par considérer le mouvement d'une seule
portion de charge qui se meut dans un même sens, sauf à tenir compte plus
tard de l'autre portion. Le poids des charges de poudre employées n'étant ja-
mais qu'une fraction de celui du projectile, la position du centre de gravité
des gaz n'est que très-peu en arrière du milieu de la longueur de l'espace
qu'ils occupent. Pour en préciser la position, on représentera par - la frac-
tion de cette longueur qui détermine la distance du centre de gravité à la
tranche immobile ; r aura ainsi pour hmite inférieure le nombre a qui cor-
respond aux charges infiniment petites, et ne le dépassera que d'environ
^ poiu- les grandes charges de poudre du tiers du poids du boulet. La
force motrice ou pression d'une tranche de gaz sur sa voisine étant égale au
produit de la masse poussée par l'accélération de vitesse qui lui est imprimée,
et la vitesse de chaque point du système étant toujours proportionnelle à
( 83. )
son accroissement, les tensions des tranches sont entre elles, ainsi tju'bn l'a
vu (13), dans le rapport des produits des masses par les vitesses du projectile
et des gaz qu'elles poussent en avant. La tension de la tranche immobile sera
ainsi à celle de la tranche en contact avec le projectile dans le rapport de
mv-h (i-k mv ou de m + - à m. Dans les cas ordinaires de la pratique, la
plus forte tension des gaz ne dépassera donc jamais la plus faible que de
^ au plus.
» 15. Tension des gaz proportionnelle à In densité. — Quand la tension des
gaz varie comme une puissance n de la densité, les densités dans les deux
1
tranches qu'on vient de considérer sont dans le rapport I )"• On trai-
tera d'abord le cas de « = i , ou des tensions proportionnelles aux densités
comme dans la loi de Mariette pour les gaz permanents, cas qui paraît le
plus simple à considérer, mais qui est en réalité beaucoup plus complexe
qu'il ne le paraît d'abord ; la densité des gaz dans les différentes tranches
d'une même charge, variant d'autant plus entre elles que n est plus petit, ce
cas s'éloigne beaucoup de celui qui a été traité précédemment (§ III), et
dans lequel la densité est la même dans toutes les tranches, quelle que soit
l'époque du mouvement, ce qui correspond à n infiniment grand. Dans le
cas de 71:= I, les densités aussi bien que les tensions sont toujours entre
elles, dans les deux tranches extrêmes indiquées ci-dessus, dans le rapport
Quant aux tranches intermédiaires, il est facile de voir que la ten-
rm + ^i. '
sion des gaz y varie très-peu près de la tranche immobile, tandis qu'elle
décroît assez rapidement en se rapprochant du projectile. En effet, si l'on
compare les pressions dans la tranche qui partage la masse ^i des gaz en deux
parties égales et dans la tranche immobile, à partir de laquelle on comptera
toutes les distances, on a le rapport
a. X a x
mv +- -zv /ra-f---
2 9 2 9
ou ,
mv -\- II- m + ^
r
X étant la distance du centre de gravité de la moitié antérieure de la charge.
9'
Si 6' est la longueur de la moitié postérieure de la charge et -; la distance
de son centre de gravité, le centre de gravité de la charge entière étant situé
io8..
( 832 )
à égale distance des centres de gravité des deux moitiés, on a
6 _ 6 6'
z''
mais on ne connaît pas 6', qui est évidemment un peu plus petit que -■>
puisque les densités vont en augmentant à mesure qu'on se rapproche de
la tranche immobile : de même r' est un peu plus petit que r, de sorte que
-, ne diffère que très-peu de — ; ou aura donc sensiblement
9 9 X 3
X = — ou - = •
r ir 9 2 r
Par suite le rapport des tensions des gaz dans la tranche moyenne et dans
m
3p
,4'"
la tranche immobile sera à très-peu près égal à , tandis que si la
m
r
tension de cette tranche moyenne de la charge était la moyenne des ten-
sions des deux tranches extrêmes, le rapport des tensions serait égal à
m + — .
, c'est-à-dire sensiblement plus petit; on trouverait également pour
r
le rapport de la tension des gaz dans la tranche située au quart de la charge
i5u. , 63 ft
î — -, et pour celui de la tranche située à un huitième —, quan-
r r
tités plus grandes que les tensions moyennes et qui se rapprochent beau-
coup de la tension des gaz dans la tranche immobile.
» 16. Décroisseinentdeladensitêdesgazdanslesdiversestranclies. — S\ l'on con-
sidère en général la tranche de la charge placée à une distance z, elle pousse en
fl -
avant une portion de la charge un peu plus petite que pi — t-> à cause de la di-
minution de densité des gaz dans les tranches situées en avant ; cette portion de
la charge sera donc jxl 7~~ )' ^ étant une petite quantité positive ; son
centre de gravité sera à la distance z H — -^ de la tranche immobile et sa
( 833 )
/ 6 — z\v e-f-z(/'— i)c , . , ,
vitesse sera lz-\ — —\- = -;; '-p la tension des gaz dans cette
tranche devant être à celle qui a lieu dans la tranche immobile, dans le rapport
du produit des masses poussées en avant par leurs vitesses; ce rapport sera
O — z — S 9-+-z{r"
m -H fx- ^
à une époque quelconque — -^ ; Q étant toujours
m + -
r
plus grand que z, r'' un peu plus grand que 2, et un peu plus petit que r,
on ne changera que très-peu la valeur de cette expression en augmentant le
premier facteur de la petite quantité c?, et en réduisant le dernier facteur à
peu près dans le même rapport par la substitution de i à r" — i et de r à / ";
le produit de ces deux facteurs reste alors à peu près le même, et le rap-
port des densiiés des gaz dans la tranche z et dans la tranche immobile a
ainsi pour valeur approchée
-+-
P(9-
z)(9 + z)
r
9'
m -h
r
mr+ p
V. — DÉCROISSEMENT PARABOLIQUE DES DENSITÉS DES GAZ.
» 17. Position du centre de gravité des gaz. — La forme de l'expression du
rapport des tensions des gaz dans les diverses tranches montre que la loi
du décroissement de ces tensions est indépendante de la vitesse c ou de
l'époque du mouvement, et qu'elle ne s'éloigne pas sensiblement de celle que
suivent les ordonnées d'une parabole ordinaire ayant son axe parallèle à ces
ordonnées, dont la plus grande située sur cet axe est égale à «î 4- i^ et
la plus petite placée à une distance 6 est égale à m; si donc on nomme p la
tension des gaz dans ime tranche située à une distance z de la tranche im-
mobile, on aura à toutes les époques
p = k{™+^^(,-::)|;
la densité des gaz étant, dans le cas qui nous occupe, proportionnelle à la
tension, son expression sera de même forme; mais elle devra satisfaire à la
( 834 )
condition que la quantité de produits gazeux contenus dans l'ensemble des
tranches soit toujours égale à celle qui s'est développée dans la combus-
tion de la charge; or celle-ci occupait à l'origine une longueur a dans l'âme
et avait alors une densité moyenne D; de plus la moyenne des ordonnées
d'un demi-segment situé au sommet de la parabole ordinaire est les deux
tiers de l'ordonnée maximum, puisque la surface du demi-segment ou la
somme des tranches de ce demi-segment compris entre la courbe, la flèche ou
portion de l'axe des ordonnées et la fiemi-corde, est égale aux ^ du rectangle
formé sur ces deux dernières lignes; on aura donc à ime époque quelconque
pour la densité des gaz d'une tranche z,
m-
r \ 6V Da Dff
r
i r
» La densité des gaz étant connue dans chaque tranche, on peut déter-
miner la position du centre de gravité, et par suite la valeur de — Le cen-
tre de gravité de la surface du demi-segment placé au sommet de la para-
bole, étant situé à une distance de la tranche immobile égale à jjô et
l'aire de cette surface étant égale à, - 5, il est facile de déterminer la valeur
de - qui conduit à
1 6n7î-l-3ft
r i2r/7j-)-8u
ou
bien
d'où
\ 2JW/ 6m
6 /w lOm'
La loi du décroissement parabolique des densités étant très-approchée de
celle que suivent les densités des gaz, on ne s'éloignera pas sensiblement de
la vérité en adoptant cette valeur de r, car un changement, même assez
prononcé dans la loi des densités des gaz, n'aurait qu'une trés-faible influence
( 835 )
sur la position du centre de gravité; lors même qu'on changerait com-
plètement cette loi, la valeur de r varierait d'une manière peu sensible. Si,
par exemple, le décroissement des tensions était uniforme depuis la tranche
immobile jusqu'au projectile, l'expression de la distance du centre de gravité
serait
I 3 rwi -(- p
r 6 r»i 4- 3 ft
et pour le cas très-défavorable de fortes charges, ou de grande valeur de
r, pour/w= 3/Ji., on a r= 2,o5i4i4» tandis que le décroissement parabo-
lique des densités doinie pour la même charge, /• = 2,o5oi 225. Cette quan-
tité diffère donc très-peu de la précédente, quoique les lois de décroissement
des densités des gaz soient très-différentes l'une de l'autre ; ainsi lors même
que les densités des mêmes tranches ne resteraient pas entre elles dans un
rapport constant à toutes les époques du mouvement, la position du centre
de gravité ou la valeur de r ne varierait pas d'une manière sensible.
» 18. Distribution des gaz dans les diverses tranches, — L'expression de
(5 = (p -D, qui donne la densité des gaz des différentes tranches, peut aussi
servira déterminer la portion —de la charge, placée en arrière d'une tranche
quelconque z. Pour cela il suffit d'évaluer l'aire de la surface ayant pour
ordonnées les différentes valeurs de p, depuis la tranche immobile jusqu'à
la tranche z, et diviser le résultat par la surface entière; on aura en opé-
rant ainsi le rapport de x à a :
l u.\z u z'
a lu.'
frt 4- -5 -
Réciproquement, on peut tirer de cette équation la position - d'une tranche
qui divise la charge entière dans le rapport -: il faut alors la résoudre par
rapport a -> et il vient
3r;«
— 2 1/ 1- i . cosi i20°— ^ arc cosf —
Irm I
Y__+, .cos 1
(rm \ ? a
7 + ')' ,
( 836 )
d'où
,ô^'Zl + ,.c0s[l20°-^
3rm ■
„ arc cos — 77=
3 2 y(r/7
■h'î^
» Si l'on divise la longueur de la charge en parties égales, en 10 par
exemple, et que l'on considère les tiancbes de gaz qui sont placées en ces
points de division équidistantes, on aura les valeurs suivantes de ç, ou du
rapport de la densité des gaz de chacune de ces tranches à leur densité
moyenne, et les rapports de - à - ou des fractions de charge aux longueurs
qu'elles occupent dans l'âme pendant le mouvement.
CHARGE ES POIDS
1
I
du boulet
3
4
valeur de r.. .
2,050122b.
2,038518. 1
Valeur de-.
6
Valeur de p.
Valeur de — .
ai
Valeur de 9.
Valeur de
a. z
Traneh. immobile
1,04889711
1,048897
1,0377897
1,0377897
0,1
I ,04743019
1 ,048408
1 ,o36656o
1 ,03741 18
0,2
I ,04302944
1,046941
I ,0332549
I ,036282
0,3
I,o35684H7
1 ,044496
1 ,0275864
I ,034389
0.4
I ,02542648
I ,041073
1 ,0196506
1,0317437
0,5
I ,01222426
I ,036672
1 ,0094474
/ ,028342
0,6
0,99608821
I ,o3i294
0)9969';69
I ,023429
0.7
0,97701834
I ,024937
0,9822389
1 ,0159275
0,8
0,95501464
1 ,017603
0,9652335
1 ,oi36o5
o>9
0,93008712
1,009290
0,9459607
1 ,0071806
Contre le bou-
let
0,90220578
I ,000000
0,92,44205
1 ,000000
)) Pour les charges plus petites que celles du tiers et du quart du poids
du boulet, qu'on vient de considérer, les valeurs de r sont plus petites et
les densités varient moins entre elles; on peut former le tableau suivant
de ces valeurs.
( 837 )
CHARGE EN POIDS
du boulet.
VALEUR DE r.
\ALEUR DE f>
à la tranche immobile.
VALEUR DE 0
contre le boulet.
I
2,126893
I ,11932202
0,76135584
2,071784
1 ,06929669
0,86140662
2,o5ol22
1,04889711
0,90220578
2,o385i8
1,03778974
0,92442054
2,o3l28o
1,03079842
0,938403 16
2 , 026333
I ,025991 58
0,94801684
2,022738
1 ,02243327
0,95503346
2,020038
i ,0198095
0,9603810
TT
2,oi6i33
I ,0160041
o>9<^799'8
TT
2 ,008197
I ,0081934
0,9856132
ÏT
2.oo33ii
i,oo33o58
0,9933884
» Pour les charges plus petites que —, on a sensiblement
/' = 2 -H 0,1616 — ,
et l'on a rarement
r > 2 -t- 0,1667 ~'
qui ne convient que pour les charges excessivement petites.
» Les valeurs de r et de — qui précèdent, justifient ce qui a été trouvé
précédemment (16), qu'il n'y a pas en général, et surtout pour les petites
charges, une très-grande différence entre le rapport des densités des gaz,
dans la tranche z et dans la tranche immobile, qui résulte du mouvement
6_2_5 9-f-z(/'— i)
et celui que donne le décroissement parabolique
m + fi
m -t- ^
des densités
">+^A^-'){6 + ^)
m + ft
Ce décroissement parabolique donne
ainsi une solution approchée, même dans le cas de n = i ; mais l'approxi-
C, R., 1809, a™» Semestre. ( T. XUX, N" 22.) ' O9
•
\
( 838 )
mation augmente à mesure que n devient plus grand, et l'on verra plus tard
que pour le cas de « = 2, cette loi de décroissement des densités est celle
qui donne la solution exacte de la question. Mais avant d'aller plus loin , il
est bon de chercher si, par quelque considération particulière à la question
du mouvement des gaz, il ne serait pas possible de la simplifier et d'arriver
plus rapidement à la solution.
» 19. Division de la charge en deux parties qui se meuvent en sens con-
traires. — Ce qui précède suffirait pour compléter les équations du mouve-
ment pour la solution approchée que donne la loi parabolique des densités,
si on connaissait dans quelle proportion la charge fx se divise pour former
les portions fi' et ju,"; car alors on connaîtrait /' et r", et dans l'équation du
mouvement du centre de gravité, par exemple, les termes qui expriment les
quantités de mouvement de chaque portion de la charge seraient p v
et prV, puisque les vitesses des centres de gravité de ces portions de charges
seraient à celles des mobiles dans les mêmes rapports que les distances de
ces centres aux longueurs des charges, c'est-à-dire respectivement comme
I est à r' et comme 1 est à r". Il est donc indispensable de connaître la répar-
tition de la charge des deux côtés de la tranche immobile, qui dépend des rap-
ports des masses de la pièce et des boulets. Pour attaquer directement cette
question, il faut considérer la charge comme composée de deux parties
agissant isolément, chacune d'elles n'étant employée qu'à lancer un seul mo-
bile, ayant une de ses tranches appuyée contre un obstacle fixe de la même
manière que si M était infini et V = odans la solution obtenue précédemment
(§111); mais il faudrait, pour compléter l'assimilation, écrire que les tensions
dans les tranches immobiles des deux portions de charges sont égales, puis-
qu'elles doiventse faire équilibre. Si on avait M = m, tout serait évidemment
semblable en avant et en arrière d'une tranche qui diviserait la charge
entière en deux parties égales; mais en général ces masses sont inégales et
l'on a m < M; alors la charge se partage inégalement pour agir sur les deux
mobiles; cependant la tension et la densité sont les mêmes entre les deux
parties p.' et fx" de la charge, dans la tranche qui leur est commune et qui
reste immobile au milieu de tranches qui se meuvent en sens contraires;
c'est là que la tension est à son maximum; elle va en diminuant de chaque
côté et de plus en plus, à mesure que les tranches sont plus éloignées. I>e
décroissement de la tension des gaz dans la charge p." a lieu de manière
qvi'à sa dernière tranche placée contre la culasse de la pièce M, la tension.
( 839 )
est encore représentée par ;; ? la tension maximum qui a lieu dans
M -t- ^
r
la traftche immobile étant représentée par l'unité; tandis que dans la charge
a' qui est placée de l'autre côté, la tension diminue jusqu'à ne plus être re-
présentée que par -, dans la tranche en contact avec le projectile m.
r
Dans chacune de ces charges la densité est donnée par la loi du décroisse-
ment qui résulte des conditions du mouvement ; mais dans l'hypothèse
de la loi parabolique on a la formule
_ r\ O'j D«
° 2 fi ~ë~
3 r
pour une époque quelconque, à laquelle la longueur primitive a de la charge
est devenue 6, et pour une tranche située à une distance z de la tranche im-
mobile ; la densité dans cette tranche commune aux deux charges sera donc
donnée par z = o ; elle sera dans la charge (l' égale à j — ^, et dans
M + 77 ])»„.
la charge p." elle sera ;; —7^- • Ces deux densités devant être égales
ainsi que les tensions des gaz, pendant tout le mouvement, pour que la
tranche reste immobile, on devra avoir
/ D'à' /' D"a"
2 ul' S' „ 2 a" 9"
'"+37 ^+37^
à un instant quelconque ou pour toutes les valeurs de 6' et de 6". D'après
le principe de la conservation du mouvement du centre de gravité, on a
(A') (rn+^y={M + ^^Y',
les vitesses étant dans un rapport constant, les espaces parcourus par les
109..
( 84o )
deux mobiles seront toujours dans le même rapport, et l'on aura
(.«4-^)(9'-«') = (M+^)(ô"-a"); , ,
mais au commencement du mouvement on a
e'=a', 6"= a";
la tranche de séparation des deux portions de (charge ix' et p." devra ètie
placée au centre de gravité du système entier du canon, du boulet et de
la charge; on aura ainsi
9'-a'__6"— «"
- T, '
a a
et
m
^)a'=(M + ^)«";
de sorte que le centre de gravité du système sera toujours placé dans la même
tranche, qui restera ainsi immobile, contiendra les gaz les plus denses et
formera la séparation des charges fx'et [j.". C'est donc dans cetle tranche que
devra avoir lieu la condition d'égalité de densité et de tension des gaz dans
les deux charges, condition qui devient, par suite des équations précédentes,
(m + ?^)D"«-(M + |^)D'«",
et à laquelle il est toujours possible de satisfaire, attendu qu'elle ne fait que
régler la répartition des gaz à l'origine du mouvement de la même matiière
qu'elle subsiste pendant le mouvement, et qu'il n'existe que cinq équations
entre les six inconnues |7,', ix", a', a", D' et D", et qui sont |u,'+ /u."= (j.,
a'-ha."—a, inc''D'a'= fx', 9.7rc^D"a"= jx" et (m + Ç]a'= (m +^\u".
Quant aux valeurs de r' et de r", elles ne dépendent que des rapports de p,'
avec m et de [j." avec M, puisqu'on a
I 6w/'-t-3(i' 1 6M/"-f-3«"
- — '^ et — = '^
r' iimr' + 8u' r" i2Mr"+8î^."
{ 84i )
ou
4/w V 5 TO lom' 4'" V 6 M i6M' *• '
» Ainsi la division de la charge en deux portions distinctes et l'immo-
bilité de la tranche de séparation de ces deux parties pendant toute la
durée du phénomène, sont compatibles avec les conditions du mouvement
des mobiles et des tranches de gaz. Quoique les équations précédentes soient
assez simples, le nombre des inconnues rendrait l'élimination assez com-
pliquée; on arrive beaucoup plus rapidement à la détermination des valeurs
de fji' et de p." par des aproximations successives. En effet si à la place
de D' et de D" on met leurs valeurs dans la première équation, celle des
densités égales, il vient
3 //'^ - \-- ■ 3 r
élevant au carré les deux membres de l'équation des moments des centres
de gravité par rapport à la tranche immobile, et éhminant a'* et a' % il vient
m
-i^)(M-?)v=(M+ié)(.»+£;)V;
or comme M çst supposé plus grand que m, on voit que A7 devra être plus
M
petit que — On pourra prendre les valeurs que détermineraient les équa-
m
tions -^ = - et fi' + p."= p., et les diviser par 2 pour les substituer à la
place de ^ et de ^ dans le second membre de l'équation
'" ' 3
^M4-|^)(.. + ^
Puis on tirera les valeurs approchées de fx' et ^\ de r' et r" pour les substi-
tuer dans le second membre de la même équation, et ainsi de suite, si ou
ne trouve pas l'approximation suffisante. Si on avait par exemple m = 4p-
etM = i6|x, on prendrait pour premiers nombres à substituer à la place
( H^ )
de ^ et de -^î o,8|x et 0,2/^1, qui donnent
fjt,'= o, 78]^. et fjL''= o, 2 2|u., r'=a,o3o8 et r"= 2,00322 ;
par une substitution de ces quatre dernières valeurs, on obtiendrait les
résultats déjà très-approchés
|;jt.'= o, 7807JUL et |7."= o, aigS/ui,
qui peuvent suffire dans le plus grand nombre des cas.
« 20. Déplacement des gaz à l'origine du mouvement. — Il reste encore
à considérer le changement de répartition des gaz qui devra s'effectuer
dans les tranches au moment du déplacement des mobiles, ou le passage
de la distribution primitive des gaz au décroissement des densités qui par
suite des conditions du mouvement s'établit dans les tranches. Or on a
vu (9) que lorsque le feu a été mis à la charge comme à l'ordinaire, c'est-
à-dire vers le fond de l'âme, en un point voisin de l'emplacement de la
tranche qui doit rester immobile, le décroissement de densité des gaz a lieu
de chaque côté de cette tranche dans le sens même qui résulte des condi-
tions du mouvement; de sorte qu'il n'y a pas lieu à un grand déplacement
de gaz dans les premiers instants; mais en supposant même, ainsi que l'ont
admis plusieurs auteurs, que les gaz lussent uniformément répartis entre le
fond de l'âme et le projectile, comme la poudre dans la gargousse, le
déplacement de gaz que nécessiterait le mouvement serait eucore peu con-
sidérable. En effet, l'égale répartition des gaz rendrait les charges fx' et [x"
proportionnelles à leurs longueurs a' et a"; tandis que d'après les équations
précédentes on a
Or si on prend les mêmes données que dans l'exemple du paragraphe pré-
cédent, on trouve
^, = o,9745j.
La différence de densité des charges serait ainsi de ^ environ ; de sorte
que pour une charge de fort calibre, d'une longneur de o"',aoo, la tranche
( 843 )
la plus dense, celle qui forme la séparation des deux portions de la charge,,
n'aurait à se déplacer du côté du fond de l'âme, au moment du départ des
mobiles, que de i millimètre, et le centre de gravité de la charge entière
ne devrait se porter en arrière que de i | millimètre; enfin lorsque le pro-'
jectile se serait avancé de 3 millimètres, le centre de gravité de la charge de-
vrait être revenu à son emplacement primitif ; ce déplacement n'aurait donc
pas le temps de s'effectueren entier. Il est évident que des mouvements si petits
seraient complètement négligeables devant les effets considérables que pro-
duit une charge de poudre, qui dans ce cas serait de 3 kilogrammes et sus-
ceptible de lancer à 5 ou 6 kilomètres de distance un projectile 4 fois plus
lourd. D'ailleurs ce petit déplacement n'aurait pas lieu dans la pratique, avec
le chargement ordinaire, attendu que la charge ne remplit pas d'une ma-
nière absolue l'espace qui existe entre le fond de l'âme et le projectile, et
que son centre de gravité est plus rapproché de ce fond de l'âme que du
boulet d'une quantité plus grande que celle qui est exigée pour le mouve-
ment.
» Les deux portions de charge, p.' et /j,", qui se meuvent dans deux sens
contraires en agissant directement, l'une sur la pièce, l'autre sur le boulet
étant déterminées d'après ce qui précède, la question du mouvement des
gaz de la poudre se trouve divisée en deux problèmes indépendants et
moins compliqués, puisque dans chacun d'eux une extrémité de la charge
étant supposée appuyée contre un obstacle immobile, tout le mouvement se
fait dans le même sens, et l'on n'a qu'un seul mobile à considérer et une
seule vitesse à déterminer; l'équation du mouvement du centre de gravité
qui a servi à l'établissement des valeurs de p.' et de ^", ne sert plus alors que
de vérification; car l'équation des forces vives développées parla détente
des gaz produits parla combustion de la portion de charge ^x.', est suffisante
pour déterminer v, et celle qui est relative à l'autre portion de charge a"
détermine à elle seule V. Ainsi dans le cas de /i = i (11) et (12), on peut
égaler la somme des forces vives du projectile et de la portion a' de la
charge ^ à la quantité de travail développé dans la détente de cette charge-
on a alors
(G) (m + ^\ i.= = 2 71 c= k D' n' log ^,
( 844 )
on a de même
(m -I- ^'jv» = 27rcUD"a"log^].
En ajoutant ces deux équations on retrouve l'équation (B), attendu que
®4 = ?; = ^ D'à' + B''a"=Da, ix' = -îl_ n et u." = -î^ a.
)i 21. Somme des forces vives. — Pour évaluer la somme des forces vives
dans l'hypothèse du décroissement parabolique des densités, il faut tenir
compte de la variation des densités dans les différentes tranches de gaz;
m-i-- m r»
la densité pour une tranche quelconque étant p= t-î Té -
'» + §-
i r
paisseur de la tranche h et son diamètre c, la masse sera
,^ A"'+;-rê' '" + -r--r6^ h
'^^^«ê ^^ °" 17-/^9;
i r 6 r
puisque rrc'Da = ^. v étant la vitesse du projectile placé à la distance 9 de
la tranche immobile, celle de la tranche z est -r-» et la force vive de cette
tranche est f^h -—• La somme des forces vives de toutes les
3 r
tryuches de gaz comprises entre la tranche immobile et le projectile s'ob-
tient comme précédemment (H), et l'on a pour cette somme
rm -^ y- (*
3 5 - 5mr-\-2.a ,
IXV' ou -= ^—LLV^.
2 ' i5w/--4-iou'
Si l'on prend cette somme pour chacune des charges fx' et |u.", et qu'on y
ajoute les forces vives des deux mobiles, on aura pour les premiers mem-
bres des équations (C)
Smr'-hT.it.' A , ^ /„ 5M/-"-(-2p" ,A,^,
m-h-^~-, ^fi " et M-+- ■^■, ,, — !--^,u." V^
( 845 )
» 22. Quantité de travail développée dans la détente, des gaz. — Pour avoir
la quantité de travail développée dans l'expansion des gaz de la charge,
dont le double forme les deuxièmes membres des équations (C), on prend
la pression des gaz sur la tranche z pour la position ô du projectile, et l'on a •
^V
le chemin parcouru Q — a. étant supposé divisé en un gr^nd nombre de par-
ties égales à A, on a pour le travail de chaque tranche pendant le très-petit
parcours h
a a z'
m-t- - — - -
8 2 u.
3 r
Pour l'ensemble du travail de toutes les tranches, il faudrait prendre
l'air* de la surface limitée par la courbe, construite avec les valeurs suc-
cessives que prend cette dernière expression pour toutes les valeurs de z,
de o à ô' et de o à 0"; mais on trouve toujours que le numérateur de la frac-
tion devient égal au dénominateur, et que les expressions du travail pour
les deux portions ^' et p." de la charge sont réduites à nc^kD'a!-,
et à nc'^ k D" a" ■^,- Le travail des gaz pendant les deux parcours de a! à B'
s'
et de a." à ô", sera donc, commej précédemment (12), rrc'AD'a'log -; et
e"
7ic*A:D"a"log — • Les équations des forces vives deviennent
im-h i'T—} — -^M'') ♦'* = ^nc'kD'a'los-;,
\l5/nr -h lOtt ' / ^ a
En les réunissant comme précédemment (12) et (20), et remarquant que
^^ = -, = - et que D'à' + D"a" = Da, U vient
,r.,s - l 5mr' + 2a' A , /,. 5Mr"+2»" A-,,»
= znc'' k{U a' + D" a")\og- = anc' ÂBalo^-^-
c. R., i859, 2"" Semestre. (T. XLIX, No22.j 1 lO
( 846 )
» La quantité de travail des gaz se trouve ainsi la même que dans l'équa-
tion (B), qui correspond au cas d'une densité uniforme dans toutes les
tranches, la répartition des gaz dans la longueur de la charge n'ayant au-
cune influence sur le travail ; mais les forces vives développées dans la
détente des gaz se trouvent moins considérables que quand la densité est
uniforme, et par suite les vitesses i'et V sont plus grandes quand la densité
décroît à mesure que les tranches sont plus rapprochées du mobile. »
PHYSIQUE. — Sur Vinduction axiale, nouvelles expériences de
M. Ch. Matteucci.
« J'ai déjà eu l'occasion d'entretenir l'Académie sur ce sujet, après m'en
être longuement occupé dans mon Cours sur l'induction. J'appelle induction
axiale l'état d'un disque métallique tournant en présence d'un aimant dont
l'axe est placé dans le prolongement de l'axe de rotation du disque. Ce
cas d'induction, découvert aussi par Faraday, diffère des cas ordmaires
d'induction, comme serait, par exemple, celui du disque tournant d'Arago,
en ce qu'il n'y a pas d'action entre le disque et l'aimant, tandis qu'on
trouve des courants en appliquant les extrémités du galvanomètre sur le
centre et sur les bords du disque.
« Tous les physiciens connaissent aujourd'hui l'appareil que Ruhmkorff
a construit pour M. Foucault, et qui consiste dans une machine de rotation
à l'aide de laquelle un disque de cuivre tourne avec une grande vitesse
entre deux demi-disques de fer doux, qui forment les extrémités polaires
d'un gros électro-aimant. C'est à Joule que l'on doit la première expérience
de ce genre ; si l'on ferme les circuits de l' électro-aimant après avoir mis le
disque en rotation, on s'aperçoit tout de suite qu'il faut un plus grand effort
pour faire tourner le disque avec la même vitesse qu'il avait Uvant l'aiman-
tation. Le résultat principal de l'expérience est que le disque s'échauffe, et
cela par la chaleur développée par les courants induits dans le disque.
Ainsi, dans deux expériences qtie j'ai faites, ayant l'éleclro-aimant mis en
activité par quatre petits éléments deGrove, j'obtenais, après quatre minutes
de rotation de vitesse moyenne, une élévation de i4 degrés Réaumur à un
thermomètre dont le petit bulbe était maintenu en contact avec le bord
du disque.
» J'ai fait construire deux demi-disques de fer doux semblables à ceux
qui forment les armatures de l'électro-airaant. Lorsque ces deux nouveaux
demi-disques étaient fixés sur les premiers appartenant à l'électro-aimant,
( 847 )
les armatures, entre lesquelles le disque tournait, étaient circulaires : c'était
à peu près le cas de l'induction axiale. Te dis à peu près, parce que, comme
on le prouve et on le conçoit facilement, l'action magnétique n'est pas éga-
lement exercée par des points symétriques de ces armatures; pour cela il
aurait fallu avoir deux électro-aimants avec leurs axes dans le prolongement
de l'ase de rotation du disque. Malgré cette petite imperfection de l'expé-
rience, le résultat est frappant. Lorsque le disque tourne entre les arma-
tures circulaires, enfermant le circuit, on ne s'aperçoit d'aucune diffé-
rence dans l'effort nécessaire pour faire tourner le disque. Après quatre
minutes de rotation et en opérant dans les mêmes conditions, la tempéra-
ture du disque n'avait pas sensiblement changé.
» Maintenant qu'on applique les extrémités d'un galvanomètre à fil court
sur les mêmes points du disque, c'est-à-dire une extrémité prés du centre et
l'autre près du bord. L'expérience a été faite en employant un seul couple
pour mettre en activité l'aimant, afin d'avoir des courants que je pouvais
mesurer à mon galvanomètre. Dans les deux cas, c'est-à-dire de l'induc-
tion axiale ou avec les armatures circulaires, comme dans le cas de l'in-
duction avec les armatures demi-circulaires, l'aiguille s'est fixée entre ^5 et
80 degrés, en indiquant des courants induits de la même intensité.
» Ces résultats conduisent aux mêmes conséquences que j'avais déjà
tirées de mes expériences d'induction axiale, c'est-à-dire qu'on ne peut pas
admettre l'existence des courants induits dans le disque, mais que ces cou-
rants sont déterminés par l'application sur le disque tournant des extrémi-
tés du circuit fixe et fermé du galvanomètre. '.';
» Je saisis volontiers cette occasion pour indiquer à M. Favre, qui est
le physicien qui possède les appareils les plus appropriés à ces recherches et
qui a déjà montré tant d'habileté dans ces manipulations, une expérience
qui devrait conduire directement à la recherche de l'équivalent mécanique
de la chaleur. Il s'agirait de faire tourner dans la moufle de son calori-
mètre un disque de cuivre, tantôt entre deux barreaux d'acier à l'état natu-
rel, tantôt entre deux lames semblables aimantées, et de déterminer dans
les deux cas le travail mécanique nécessaire pour produire la même vitesse
de rotation du disque. »
1 ro.
( 848 )
RAPPORTS.
ZOOLOGIE. — Rapport sur une demande de M. Léon Dcfour relative à son
ouvrage sur l'anatomie des Galéodes.
(Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards,
Duméril rapporteur. )
« Dans sa séance du ii juillet dernier, l'Académie a voté l'impression,
parmi les Mémoires des Savants étrangers, des recherches sur l'anatomie
d'un genre d'Arachnides nommé Galéode, par M. Léon Dufour, l'un de ses
plus anciens Correspondants. Une Commission, composée de MM. Geoffroy-
Saint-Hilaire, Milne Edwards et moi, avait indiqué toute l'importance de ce
Mémoire, dans lequel l'auteur, par ses observations'anatomiques et physiolo-
giques, a démontré la transition évidente qu'offrent ces animaux entre la
classe des Insectes à six pattes, munis d'antennes et de trachées, à celle
des véritables Arachnides qui sont privées d'antennes et qui ont huit pattes,
avec des sacs pulmonaires.
» M. Dufour ayant adressé dans une des dernières séances deux figures
d'espèces nouvelles d'Algérie non décrite s, qu'il désire réunir à celles qu'il
avait précédemment envoyées, avec quelques corrections qu'il indique, sa
Lettre a été renvoyée à la même Commission. C'est en son nom que nous
venons appuyer cette demande, en sollicitant, au nom de l'auteur, que votre
Commission de publication veuille bien s'occuper promptement de votre
première décision. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
GÉOLOGIE. — Réponse à une Note de M. Charles d'Orbigny, intitulée : Sur
l'âge véritable des poudingues de Nemours et des sables coquilliers
d'Ormoy; par M. E». Hébekt. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Cordier, d'Archiac, de Verneuil.)
« M. Ch. d'Orbigny a soumis au jugement de l'Académie, dans la séance
du 7 de ce mois, un travail dans lequel je suis accusé d'erreurs graves. Ce
travail est relatif, d'une part aux poudingues de Nemours, de l'autre aux
sables fossilifères d'Ormoy, près Étampes.
» J'aurai peu de chose à dire sur la première partie.
( 849 )
» Sur la seconde partie, le désaccord entre nous porte sur des points tel-
lement circonscrits, qu'il sera très-facile de rétablir la vérité.
» M. d'Orbigny a formulé d'une manière très-nette les erreurs qu'il
m'attribue. 11 y en a trois, que je vais examiner et réfuter successivement.
» Premier point. — M. d'Orbigny dit que j'ai annoncé, en 1 85 1, avoir
observé à la côte Saint-Martin, près d'Étampes, un banc de sable rempli de
coquilles marines recouvert par le calcaire lacustre de la Beauce, banc qui
n'existe pas. M. d'Orbigny a mal lu la Noie d'une page et demie que j'ai
publiée sur ce sujet (^Bulletin de ta Société Géologique de France, 2* série
t. VIII, p. 342). Je n'ai point dit avoir observé cette couche à la côte Saint-
Martin, mais aux environs d'Étampes, et je l'ai signalée particulièrement à
Ormoy, à une lieue au sud de cette ville.
» Deuxième point. — M. d'Orbigny dit qu'il résulte de l'étude appro-
fondie qu'il a faite de cette prétendue nouvelle assise, que le gîte fossilifère
d'Ormoy ne peut être placé à la partie supérieure des sables dits de Fontai-
nebleau; qu'il est, au contraire, à la partie inférieure ; et, dans les coupes à
l'appui de son Mémoire, il place, entre cette couche en discussion et le cal-
caire de Beauce, trente à cinquante mètres de sable.
» Je viens de visiter de nouveau cette localité en compagnie de plusieurs
Membres de la Société Géologique. Jeudi dernier 24 novembre, je les ai
conduits à Ormoy, dans la propriété de M. de Neufforge, et là, comme je
l'avais dit en i85i dans la Note attaquée, nous avons vu, dans une coupe
fraîche et delà plus grande netteté, la succession suivante de haut en bas :
Calcaire de Beauce.
m
i". Calcaire lacustre avec lits siliceux intercalés, environ 25,00
2°. Marne d'eau douce o ,60
3°. Lit de grès calcaire rempli de Potamidcs Lamarkii, Brong., et de Pa-
ludina Dubuiisoni {?), Bouillet o,o3
Formation marine des sables de Fontainebleau,
4°. Sable rempli de coquilles marines, dont les plus abondantes sont : Car-
dita Basteroti, ^eû\..;'Cythcrea incrassata, Desh.; LucinaHcberti, Desh.;
Cerithium plicatum, Lamk . Epaisseur de cette couche 1 ,00
5°. Marne calcaire remplie de Potamides Lamarkii et de Paludina Dubuis-
soni o , 3o
6°. Sable blanc sans fossiles avec un lit de cailloux roulés à 8 mètres envi-
ron de la surface supérieure i o . 00
Un puits creusé dans la propriété a pénétré i5 mètres plus bas dans les
sables sans les traverser.
I
( 85o )
» Le banc n° 4 que j'avais signalé en i85i n'est donc pas une fiction, et
la deuxième conclusion de M. d'Orbigny paraît bien extraordinaire quand
on est sur les lieux.
a Le lit marin supérieur aux sables se retrouve dans deux autres points.
D'abord un peu plus au sud, près de l'église d'Ormoy. Là encore la su-
perposition immédiate de la marne d'eau douce, partie inférieure du cal-
caire de Beauce, sur le sable coquillier est très-facile à constater; mais le
petit lit d'ean douce n° 5 manque, et les fossiles qu'il renferme dans la coupe
précédente [Polamides Lamarkii, Paludina Dubuissoni), sont disséminés en
grande abondance dans la couche coquillière marine n" 4» tandis qu'ils
manquent à peu près complètement dans la propriété de M. de Neufforge.
On remarque encore que, dans le gisement de l'église d'Ormoy, les fossiles
sont d'une conservation admirable, les bivalves ayant presque toutes en-
core leur ligament intact, tandis que dans l'autre gisement, qui n'est cepen-
dant qu'à 3oo ou 4oo mètres plus au nord, elles ont les valves séparées et
les coquilles sont entassées péle-méle.
» En second lieu, ce même banc marin se retrouve à mi-côte de l'autre
côté de la vallée, entre le hameau du Mesnil et le château de Vauvert, tou-
jours immédiatement au-dessous du calcaire de Beauce.
» La deuxième conclusion de M. d'Orbigny est donc le résultat d'une
erreur d'observation, comme la première avait pour principe une lecture
trop peu attentive du travail attaqué.
» Troisième point. — i\L d'Orbigny dit que par l'ensemble de ses carac-
tères paléontologiques et stratigraphiques, le gîte fossilifère d'Ormoy corres-
pond, sans le moindre doute, aux couches coquillières de Jeurre, d'Étréchy et
de Morigny (environs d'Étampes). Je viens de montrer qu'il en est autrement
au point de vue stratigraphique, puisque l'assise fossilifère d'Ormoy est entre
le travertin supérieur (calcaire de Beauce) et la masse des sables de Fon-
tainebleau, tandis que les couches de Jeurre, etc., cela n'est pas constaté,
reposent sur le calcaire de Brie (travertin moyen) et sont recouvertes par
les sables. Cette raison pourrait me dispenser d'en dire davantage, mais je
dois ajouter qu'au point de vue paléontologique les deux horizons ne sont
pas moins distincts
» Ainsi les trois conclusions de M. Ch. d'Orbigny, relatives à l'âge des
sables coquilliers d'Ormoy, sont complètement erronées.
» Une quatrième erreur de M. d'Orbigny se trouve dans cette phrase :
« Le nouveau gisement fossilifère d'Ormoy pouvait être assimilé, jusqu'à un
» certain point, à l'étage des faluns qui n'est pas représenté aux environs
( 85. )
» de Paris, o Pour tous les géologues, Vêlage desfaluns ce sont les faluus de
Touraine.
» J'ignore si, dans la pensée de M. d'Orbigny, cette assimilation est de
moi, ou bien s'il la donne comme sienne. Quant à moi, je n'en suis nulle-
ment coupable; je n'ai jamais oublié qu'entre la zone d'Ormoy et les f'aluns
de Touraine il y a tout le calcaire de Beauce, toute l'époque des Anlluaco-
therium: »
M. Jacobi faif, au nom de M. Kupjfer, la communication suivante :
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, au nom de mon collègue
M. Kupffer, deux exemplaires, l'un en métal, l'autre en verre, d'un spirito-
mètre de nouvelle construction, consistant en trois aréomètres séparés. En
plongeant ce spiritomètre à la température normale de i5°,5 centigrades
dans une espèce d'eau-de-vie quelconque, il indique directement le nombre
de litres d'eau-de-vie ordinaire, c'est-à-dire d'une eau-de-vie dont le litre
pèse à la température normale o'', 954876, contenus en 100 litres de cette
«au-de-vie. En multipliant ce nombre par le prix courant d'un litre d'eau-
de-vie ordinaire, on a immédiatement le prix de 100 litres d'une eau-de-vie
quelconque. Les corrections de température se font, on ne peut plus sim-
plement, à l'aide d'un thermomètre portant deux divisions différentes, l'une
pour l'aréomètre n°' i et 2, l'autre pour l'aréomètre n" 3 et dont le zéro
indique la température normale. I^a théorie de ce spiritomètre et ses divi-
sions étant fondées sur les tables de Gilpin et de Gay-Lussac, dont M. Pouil-
let, dans son remarquable travail sur la densité de l'alcool, etc., vient de
constater l'exactitude et l'accord parfait, M. Kupffer désirerait que l'Acadé-
mie voulût bien se prononcer sur l'utilité pratique de son spiritomètre, qu'il
croit propre à pouvoir remplacer avantageusement les alcoomètres jus-
que-là en usage. L'instruction pour l'usage de cet instrument, instruction
que j'ai l'honneur de joindre ci-près, n'étant imprimée qu'en très-[)eu
d'exemplaires, pourra être considérée comme manuscrite. »
La Notice imprimée et les instruments auxquels elle se rapporte sont ren-
voyés à l'examen de la Commission nommée précédemment pour exami-
ner plusieurs Mémoires sur les {lèse-liqueurs.
^** .
( «5a )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ASTRONOMIE. — Note sur [éclipse de soleil du i8 juillet 1860;
par M. H. DE Kériccff.
(Commissaire, M. Faye.)
« L'importance de l'éclipsé de soleil du 18 juillet prochain a été signalée
par d'autres voix que la mienne, tant par rapport aux phénomènes qu'il
s'agit d'observer, que relativement à la situation favorable de cette éclipse,
circonstance qui ne se reproduira de longtemps. Aussi l'on a jugé que l'as-
tronomie devait faire un appel à d'autres branches de la physique, l'élec-
tricité, la photographie, en un mot employer tontes les ressources de la
science. J'ai l'honneur de proposer et de soumettre au jugement de l'Aca-
démie une association d'instruments qui donnera, ce me semble, avec la
dernière précision, les instants des phénomènes, et les mesures que l'on dé-
sisera, sans que l'attention de l'observateur soit détournée au profit des
uns et au détriment des autres.
» 1°. Soit une lunette parallaclique, munie d'un micromètre portant un
fil fixe qui restera dans le plan du parallèle de l'astre, et un fil mobile angu-
lairement et parallèlement, à volonté, par rapport au fil fixe.
« Ce double mouvement peut s'obtenir très-facilement au moyen d'un
châssis pouvant hausser et baisser, par une vis micrométrique, dans deux
coulisses sondées à une circonférence à dents, dépassant un peu le corpsde
l'instrument, et engrenant en dessus, à gauche, et en dessous avec des
pignons portés par des branches qui relient la partie antérieure du micro-
mètre à la partie postérieure, et aussi engrenant à droite avec une deuxième
vis micrométrique (i). Chacune de ces deux vis sera munie d'un frotteur for-
mant un circuit électro-chimique, pour enregistrer les mesures, ainsi que je
l'expliquerai plus rapidement sur un exemple.
» L'appareil électro-chimique sera une bande de papier au ferrocyanure
de potassium elà l'azotate d'ammoniaque, se déroulant au moyen d'un mou-
vement d'horlogerie.
» Voilà pour les mesures.
» Quant à la partie purement astronomique, un chronomètre régulateur
fera fonctionner électro-magnétiqueraent l'échappement de deux petits
chronomètres-compteurs, ayant un mouvement d'horlogerie propre, mais
h) Cette deuxième vis étaot une vis sans un.
( 853 )
sans balancier. De cette manière, ils marcheront synchroniquement avec le
régulateur. Voilà tout l'appareil. J'ai supprimé, pour abréger, les détails de
construction et d'adaptation ; mais les astronomes et les habiles artistes qui
les secondent imagineront facilement mes dispositions, ou d'autres analo-
gues. Je dirai seulement que le mouvement parallactique de la limette pour-
rait, si l'on veut, élre obtenu très-simplement à la main par le système de
montage.
» J'explique maintenant le fonctionnement démon appareil.
» Je suppose- qu'on observe l'éclipsé du 1 8 juillet prochain. A l'instant
du premier contact extérieur, une touche, que la main droite pressera,
rompra le circuit du régulateur avec le premier compteur qui s'arrêtera,
et, comme on a le temps, on lira et enregistrera l'heure. Cela fait, on
refermera le circuit, et on notera le retard du compteur sur le chronomètre
régulateur.
» A l'instant du premier contact intérieur, le même mouvement de la
main arrêtera encore le compteur; on ne s'en occupera pas, afin de conti-
nuer les observations.
» Si l'on aperçoit une protubérance, la micrométrique de droite, que
l'on tournera, fera mouvoir angulairement le fil mobile; le frotteur, isolé
de la vis, et en rotation avec le pôle négatif d'un élément Bunsen, en frot-
tant sur un cercle divisé en bandes conductrices et isolantes (les conduc-
trices étant en relation avec le cylindre, isolé, de gauche du système en-
traînant la bande électro-chimique, et le style traçant en relation avec le
pôle positif de la pile), le frotteur, dis-je, eu passant sur les bandes con-
ductrices, fermera le circuit, et si chaque bande représente un degré,
chaque trait tracé et chaque intervalle représenteront chacun un degré; de
plus, le rapport de la roue à dents, qui entraîne le fil mobile, avec la vis
pourra être tel, que chaque trait, ainsi que chaque intervalle, ne représen-
tent qu'un déplacement angulaire moindre du fil, 5 minutes par exemple,
ce qui serait suffisant.
» Pour mesurer la hauteur de la protubérance, le fil étant ramené à la
position initiale, parallèlement au fil fixe, lavis supérieure fera mouvoir le
châssis, et son frotteur, par un système analogue en partie au précédent,
pourra indiquer le déplacement parallèle du fil mobile. On aura donc ainsi
un triangle rectangle dont on connaîtra, outre l'angle droit, un angle (l'an-
gle précédent ou son supplément), et un côté; en le résolvant plus tard, on
en déduira la hauteur de la protubérance.
C. R., 18:9, 2« Semesi;e. (T. XLIX, N» 22.) III
( 854 )
D A l'instant du deuxième contact intérieur, une deuxième touche, ma-
nœuvrant comme la première, arrêtera le deuxième chronomètre-compteur.
Les observations terminées quelques moments avant le dernier contactexté-
rieur, on lira et notera les indications des compteurs. Ce sera l'affaire d'un
moment : il est clair que l'instant du premier contact intérieur est l'heure
que marque le premier compteur, plus son retard, puisqu'il marche syn-
chroniquement avec le chronomètre régulateur.
» On le remettra en marche, notant encore son retard, et à l'instant du
dernier contact extérieur, on l'arrêtera comme précédemment.
» Enfin on lira la bande électro-chimique.
» 1°. On pourrait peut-être, si l'on veut, remplacer les compteurs par la
bande électro-chimique. En effet , qu'on suppose cette dernière, divisée
très-exactement en minutes et secondes, entraînée par un mouvement
d'horlogerie dont l'échappement soit gouverné électro-magnétiquement par
le chronomètre-régulateur, de manière qu'une division passe sous la pointe
du style à chaque seconde, on n'aura plus qu'à presser luie touche, à l'ins-
tant des contacts qui s'inscrivent ainsi par un point dont la situation
donnera l'heure, puisque la bande marche synchroniquement avec le ré-
gulateur. ,
» On voit qu'au moyen de ces dispositions, en supposant trois stations
dont les appareils seraient gouvernés par le même régulateur, ce qui serait
possible, à cause du parcours limité des fils qui les relieraient, on pourrait
avoir à la fois les temps des phénomènes, et les différences des temps avec
une précision absolue, d'où l'on tirerait avec certitude les corrections habi-
tuelles. »
PHYSIQUE. — Sur ta fixation des fantômes magiïéttquesj par M. J. Nicklès.
(Commissaire, M. Pouillet.)
« Le nom de fantôme a été, comme ou sait, appliqué par M. de Haldat
aux figures qu'on obtient lorsqu'on laisse tomber de la limaille de fer sur
une feuille de papier tendu, imprégnée d'empois d'amidon préparé à la géla-
tine. Ce procédé permet, sans doute, d'obtenir la configuration des fan-
tômes, mais il en compromet les détails, et cela se comprend aisément, tous
les physiciens ont dû s'en apercevoir- J'en ai été plus particulièrement
frappé à une occasion récente où je cherchais à fixer les fantômes de quel-
ques combinaisons électro-magnétiques nouvelles. J'ai donc dû aviser à
( 855 )
un autre moyen ; le voici en peu de mots, il est très-simple et réussit plei-
nement.
)• Le papier sur lequel le fantôme doit être fixé est du papier ciré. Une
feuille de ce'papier est placée sur les pôles que l'on considère et maintenue
dans une position horizontale au moyen d'un écran placé entre le papier
et l'aimant. On procède ensuite comme à l'ordinaire, et quand l'image est
bien développée, on tient au-dessus d'elle une brique chaude ou mieux
encore un couvercle de creuset, parce qu'il est plus léger et qu'on peut
facilement le manier au moyen d'une pince. On a bien soin de ne pas tou-
cher à l'image et de n'approcher le corps chaud qu'à la distance nécessaire
pour faire fondre la cire. Dès que la fusion a lieu, on retire la brique. Pen-
dant ce temps, le courant n'a pas cessé d'être en activité, la limaille n'a pas
cessé d'être dressée et c'est dans cette position qu'elle se solidifie, si bien
qu'une image fixée ne diffère en rien du fantôme de l'aimant en acti-
vité.
» Ce résultat se comprend : en vertu de la capillarité, la cire fondue
pénètre les agglomérations de limaille à peu près comme l'eau pénètre dans
un monceau de sable ; la chaleur qui émane de la brique facilite cette im-
bibition en empêchant la cire de se figer, et comme elle n'est pas assez forte
pour affaiblir d'une manière sensible le magnétisme développé, le fantôme
conserve après la solidification et dans ses moindres détails l'arrangement
que la limaille de fer a pris lorsqu'elle a pu librement obéir à l'action de
l'aimant.
» Une condition indispensable de succès, c'est que la couche de cire soit
d'une épaisseur sensible, afin de suffire aux besoins des agglomérations, car
celles-ci absorbent du corps gras fondu jusqu'à ce qu'elles en soient saturées.
Cette force d'aspiration s'exerce assez énergiquement, on peut s'en aperce-
voir après le refroidissement, car le papier est dégarni de cire tout autour
des agglomérations et diffère ainsi, par l'aspect, des parties où la capillarité
n'a pu s'exercer. On pourra donc désormais conserver aux fantômes les
reliefs que l'on a vainement cherché à maintenir jusqu'à ce jour et, ce qui
sera plus utile encore, on pourra donner de la durée à l'espèce de groupe-
ment moléculaire que le fer en poudre affecte lorsqu'il se trouve sous ime
influence magnétique. L'enseignement ne manquera probablement pas de
tirer parti de ce moyen, à l'aide duquel il sera possible de mieux étudier
des figures qui sont, en quelque sorte, l'expression visible de la force
qui anime les corps doués d'une polarité développée par le magnétisme. »
IM..
( 856 )
ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire pour servir à ihistoire de In mnlndie
des vers à soie; par M. Vict. Pages.
L'auteur, en terminant son Mémoire, le résume dans les propositions
suivantes :
« J . Ce que l'on a appelé la maladie des vers à soie est une véritable dé-
générescence qui, en amenant progressivement l'affaiblissement de l'ani-
mal, a eu pour dernier résultat l'extinction de la race en France, en Espagne
et dans une grande partie de l'Italie.
» 2. Cette dégénérescence reconnaît pour cause les procédés défectueux
de grainage, qui se sont produits particulièrement dans les grands ateliers.
» 3. La pébrine n'a eu qu'une influence très-secondaire sur les désastres
des chambrées. Elle est l'effet plutôt que la cause de l'affaiblissement des
vers.
» 4- L'introduction d'une nouvelle race exempte de tout principe de
dégénérescence, opérée par les soins de l'Administration, et dont les pro-
duits seraient pendant quelques années soumis à sa surveillance, est le seul
moyen de relever dans notre pays l'industrie séricicole.
» 5. Les éducations spéciales pour graines et leur confection par les
éducateurs, avec tous les soins convenables, sont les moyens les plus effi-
caces pour la maintenir prospère et la perpétuer. »
(Renvoi à la Commission des vers à soie.)
M. SiRET, dont les travaux sur la préparation et l'emploi des mélanges
désinfectants ont été, il y a plusieurs années, l'objet d'un des prix décernés
par l'Académie, l'entretient aujourd'hui des résultats qu'il a obtenus depuis
dix années consécutives dans les prisons de la Seine :
« J'ai calculé, dit-il, l'emploi de mes substances désinfectantes pour
l'hiver, l'été et l'automne, et mes résultats ont été satisfaisants pour luie
fosse d'aisances servant à quatre cents détenus. Avant l'heure du lever je fais
nettoyer à grande eau, et sur les lo heures du matin je verse 36 litres de la
solution ci-après composée :
» loo kilogrammes de sulfate de fer, 4 kilogrammes d'acide hydrochlo-
rique, looo litres d'eau, et quelquefois, selon la localité, l'emploi du gou-
dron, mais très-rarement. »
Dans une autre partie de sa Note, l'auteur fait connaître le mode de
( 857 )
préparation d'un médicament topique qu'il a employé avec grand suc*
ces pour le piétin des moutons, et qui se compose de sulfate de fer et de
goudron.
( Renvoi à la Section d'Économie rurale. )
M. Bouquet adresse de Poix (Marne) une Note ayant pour objet de
confirmer par les résultats de ses propres observations les idées émises par
M. Giieymard dans ses recherches sur la verse des blés. (Voir le Compte
rendu de la séance du 1 7 octobre dernier, p. 5/|6. )
« Comme depuis longtemps, dit M. Bouquet, je m'occupe d'agriculture
et que j'ai visité le plus grand nombre des localités de mon département,
j'ai eu occasion de remarquer le grand rôle que joue la silice dans le phéno-
mène de la végétation. La plus grande partie du département de la Marne
repose sur une immense couche de craie, et la surface arable de la presque
totalitédel'arrondissementdeChàlons, et mêmeune partie assez considérable
de chacun des autres arrondissements, sont presque exclusivement compo-
sées dans leur partie minérale de carbonate de chaux; or dans ces sols, si
riches qu'ils soient en humus, les froments sont toujours très-sujets à verser,
ce que j'attribue à l'absence de la silice. Toutes les espèces de froment s'ac-
commodent mieux d'un terrain où la silice se rencontre, mais celles qui en
paraissent le plus exigeantes seraient surtout les espèces à barbes courtes ;
c'est du moins ce qui résulte de mes propres observations. »
L'épuisement du sol en silice donnerait lieu, d'après ce que rapporte
l'auteur, à des habitudes qui semblent au premier abord inexplicables.
Ainsi, dans certaines localités où cet élément est en défaut dans le sol
arable, un va chercher assez loin des fumiers moins riches en substances
azotées que ceux qu'on pourrait se procurer plus près, mais que l'expé-
rience a montré ne pas réussir aussi bien. Ce qui donne aux premiers leur
supériorité, c'est l'élément minéral qui s'y trouve mêlé sans qu'on l'ait
cherché, c'est la silice qu'ils viennent apporter au sol calcaire qui en
manque.
La Note de M. Bouquet est renvoyée à l'examen de la Commission nom*-
mée pour divers Mémoires relatifs à l'emploi en agriculture des phosphates
calcaires fossiles, Commission qui se compose de MM. Élie de Beaumont,
Payen et Passy.
Dans la Lettre jointe à sa Note, l'auteur rappelle de précédentes commu-
( 858 )
iiications qu'il avait faites relativement à la théorie des équations, et sui*
lesquelles il n'a pas encore été fait de Rapport.
(Renvoi aux Commissaires désignés : MM. Liouville, Bertrand.)
M. Léox Gigot, qui avait précédemment présenté au concours pour le
prix du legs Bréant un opuscule ayant pour titre : « Recherches expérimen-
tales sur la nature des émanations marécageuses », envoie aujourd'hui pour
le même concours, et comme faisant suite à la première communication, ini
Mémoire intitulé : « Nouvelle méthode pour recueillir les miasmes et
déterminer leur nature. Application de cette méthode : i° à des recher-
ches sur la nature des miasmes provenant des matières animales et végétales
en décomposition; a° à l'étude micrographique de l'atmosphère des marais
salants de la Charente-Inférieure, etc. »
Cette pièce est renvoyée, comme l'avait été la première, à l'examen de la
Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale pour
le prix du legs Bréant.
M. Mène soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Re-
cherches sur une nouvelle espèce de migraine ».
(Renvoi à l'examen de MM. Andral, Rayer.)
M, Déveille adresse de Besançon une Note « sur un nouveau système de
freins pour les chemins de fer, dans lequel on utilise la résistance de l'air
que comprime et doit déplacer le train en mouvement ».
(Commissaires, MM. Piobert, Morin, Combes.)
CORRESPOIVDAIXCE.
M. LE Ministre DE l'Agriculture, du Commerce et des Tr.%vaux publics
adresse pour la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire du XC* volume des
Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791.
L'Académie royale des Sciences de Copenhague envoie de nouveaux
volumes de ses publications (woir au Bulletin bibliographique).
■ M. LE Directeur de l'Observatoire physique central de Russie adresse,
( 859 )
d'après les ordres de M. le Ministre des Finances, un exemplaire des
« Annales de cet Observatoire publiées par l'Administration impériale des
Mines pour l'année i856. »
M. le Directeur adresse, de plus, un exemplaire de son « Compte rendu
pour l'année 1857 », et remercie l'Académie pour l'envoi, fait à l'établisse-
ment placé sous sa direction, de plusieurs séries des Comptes rendus hebdo-
madaires.
M. Elie DE Beaumont présente, au nom de l'auteur M. F. Rautin, profes-
seur à la Facidté des Sciences de Bordeaux, un exemplaire de la « Descrip-
tion physique de l'île de Crète », ouvrage publié sous les auspices de M. le
Ministre de l'Instruction publique; un exemplaire de la « Statistique géo-
logique du département de l'Yonne », et enfin un exemplaire du Cata-
logue de roches du même département déposées au musée d'Auxerre.
M. Eme de Beaumont signale également, parmi les pièces imprimées de
la Correspondance, un Mémoire de M. L. Cangiano « sur l'état actuel des
eaux potables publiques de la ville de Naples et sur les moyens de l'amé-
liorer ».
M. Eue de Beacmont communique l'extrait suivant d'une Lettre dans
laquelle M. Preslwich précise le sens d'une expression employée dans sa
communication du 3i octobre dernier :
« Dans la Lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser récemment, il
paraît que je me suis servi d'un mot qui peut être mal compris. Je parle
d'une formation géologique récente; c'est peut-être un idiotisme anglais.
Comme je n'avais pas en vue les dépôts d'alluvions des vallées, mais les
dépôts diluvials ou quaternaires, j'aurais dià, à ce qu'il paraît, dire une for-
mation géologique d'une des dernières périodes quaternaires. Il me semble
cependant que le texte expliquera bien au géologue ce que je voulais dire.
Si néanmoins cela peut amener un malentendu, je vous serai obligé de faire
changer le mot dans le sens que j'ai entendu lui donner, car ce n'était pas
des temps modernes que je voulais parler, mais d'un temps antérieur à
l'état actuel des choses. »
M. Elie de Beaumont communique un extrait d'une Lettre que M. Jackson
lui a adressée de Boston, en date du 7 aoîit dernier.
a Je vous envoie, dit le savant géologue américain, un moulage du Tri-
( 86o )
lobite de Terre-Neuve, qui, comme vous le verrez, n'est autre que le Pam-
doxides Harlani,- il a reçu en Aitgleterre le nom de P. Terrœ-Novœ, les natu-
ralistes qui l'ont examiné n'ayant pas connaissance du P. Harlani. »
PALÉONTOLOGIE. — De iextinctioii de plusieurs espèces animales depuis
l'apparition de l' homme; par M. Marcel de Serres.
« Les faits prouvent que plusieurs espèces animales se sont éteintes depuis
l'apparition de l'homme, quoiqu'elles puissent l'avoir précédé. Les causes
les plus simples peuvent avoir amené cette extinction. En effet, lorsque la
mort frappe une espèce en plus grande quantité que les naissances destinées
à réparer cette destruction, elle doit nécessairement finir par s'éteindre.
Aussi voyons-nous les animaux perdus depuis des temps rapprochés de
nous se rapporter à des races qui, par leur organisation ou leurs dimen-
sions, n'ont pu échapper à nos poursuites. Tels paraissent être les oiseaux
gigantesques de la Nouvelle-Zélande et de Madagascar nommés Dinornis,
Epiornis,et surtout le Dronle, qui vivait encore à l'île de France en 1626.
» Il en a été de même du cerf à bois gigantesques que les Romains ont
figuré sur leurs monuments, et que les grands de Rome faisaient venir d'An-
gleterre à cause de la bonté de sa chair. Nous ne retrouvons plus ce cerf
parmi nos races vivantes, pas plus que nous n'y voyons le sanglier d'Érv-
manthe et les Crocodilus lacunosus et lacinialus trouvés dans les catacombes
de l'ancienne Egypte, et que Geoffroy-Saint-Hilaire a considérés comme des
espèces perdues, car elles n'ont pas été trouvées ailleurs. Il en est encore
ainsi de plusieurs animaux figurés sur les mosaïques de Palestrine, que l'on
ne rencontre plus nulle part, quoiqu'elles soient représentées avec des
espèces actuellement vivantes. Seulement elles ont dû périr plus fard que
les deux espèces de crocodiles signalées par l'illustre auteur de la Philo-
sophie zoologique, et qui datent de la construction des grandes pyramides do
l'Egypte. Du reste, on observe dans plusieurs autres circonstances des races
totalement perdues, comme par exemple VUrsus spelœus, confondu dans le^
mêmes limons où l'on découvre le renne et l'élan, quoique ces deux espèces
ne se trouvent plus dans les contrées où elles sont disséminées dans les tour-
bières. Ainsi, celles de la Suède offrent de nombreux débris de ces Rumi-
nants, quoiqu'on ne les y voie plus aujourd'hui, étant maintenant relégués
plus au nord.
» Nous devons à M. le professeur Steentrup, de Copenhague, la connais-
sance d'un fait des plus curieux, qui prouve également que plusieurs ani-
( 86, )
maux se sont éteints depuis des temps postérieurs à l'apparition de l'homme,
et que d'autres ont disparu des lieux où ils vivaient primitivement et ont
été remplacés par d'autres espèces.
» Ainsi, VEm/x lutaria, varietas borealis (Nilson), le Castor yîter (Linné),
le Tetrao urognltus et V^lca impennis (i), qui jadis avaient habile le Dane-
mark, ne s'y trouvent plus aujourd'hui. On le conçoit facilement quant au
coq de bruyère, qui se nourrit principalement des jeunes pousses des pins,
puisque ces conifères ont complètement disparu de cette contrée. Ce qui est
non moins remarquable, ime foule d'arbres dicotylédones, tels que les
hêtres, les bouleaux, les aulnes, les noisetiers et les chênes, leur ont main-
tenant succédé.
» Un pareil changement dans la végétation n'a pu qu'exercer une grande
influence sur les animaux. Aussi un certain nombre se sont éloignés et ont
disparu peut-être pour toujours des lieux qu'ils fréquentaient auparavant,
et cela pendant les temps historiques, qui ne paraissent pas remonter très-
haut.
» On peut rapporter à l'époque où ces espèces vivaient en Danemark les
amas d'ossements que l'homme semble avoir réunis après s'être nourri des
.. chairs qui les recouvraient. Ces amas, où l'on découvre des espèces perdues,
telles que le Bos primigenius, dont les dimensions étaient des plus considé-
rables, ont cela de particulier de ne receler aucune race domestique, si ce
n'est le chien. On n'y rencontre pas en effet la moindre trace du bœuf ordi-
naire, du mouton, de la chèvre, du cochon et du cheval.
» On y observe toutefois le sanglier, et, ce qui est non moins particulier,
l'huître, la moule et la buccarde comestibles ; enfin les quatre espèces de
Vertébrés que nous venons de signaler.
0 Les amas d'ossements du Danemark sont disséminés dans plus de qua-
rante localités différentes, et cela à des intervalles plus ou moins éloignés.
Les plus distants de Copenhague en sont à 3o ou 4o lieues, et les pins
rapprochés n'en sont qu'à 5 ou 6 lieues. Ces amas forment des tas si consi-
dérables, que leur hauteur moyenne est de 3 à 4 pieds (o™, 97 à [°',3o), et
la plus grande de 10 pieds (3™, 24). Leur étendue n'est pas moindre parfois
(i) I,e grand Pingouin , que l'on trouvait naguère dans l'île nommée Geirfugleskjer [ce
qui veut dire île du Pingouin), et qui est située en Danemark, près de l'Islande, ne s'y ren-
contre plus aujourd'hui. On ne le voit' pas davantage ailleurs, quoique nos musées en ren-
ferment quelques individus empaillés,
C. R., i85p, 2™» Semei(re. (T. XLIX, N» 22.) 112
( 862 )
de looo pieds (Saa"", 6). Ces amas offrent partout les mêmes circonstances
et les mêmes animaux. On y reconnaît, outre les espèces que nous avons
déjà signalées, le blaireau, la belette {Mustela vuùjnri'i), le chat sauvage, le
lynx, ainsi que plusieurs grandes espèces de cerfs. Ces différents animaux
ne se rencontrent plus cependant en Danemark ni dans la plus grande
partie de l'Allemagne.
» La faune de ces grandes accumulations d'ossements est toute particu-
lière. On n'y voit pas du moins des Pachydermes de hautes dimensions, tels
que les éléphants et les rhinocéros, pas plus que les grands chats ou ours
des cavernes et les hyènes. Ce qui donne de l'intérêt et de l'importance a
cette faune, c'est que, contemporaine de l'homme, elle a été réunie par lui
après s'être nourri des chairs qui en recouvraient les squelettes, les seuls
débris qui se sont conservés jusqu'à nous.
» La raclure des ossements, constamment accompagnés par les instru-
ments tranchants en diverses variétés de silex, rend ce point de fait extrême-
ment vraisemblable. Il le devient encore plus par cette autre circonstance,
que ces débris osseux ont été placés à dessein auprès de petits fourneaux
contenant encore du charbon et des cendres.
r. Du reste, un assez grand nombre de ces débris ont été convertis en
charbon; mais la plupart ont été évidemment travaillés par la main des
hommes, surtout les bois des grands cerfs. Façonnés à l'aide d'outils, ils ont
été parfois préparés pour en servir eux-mêmes, ainsi que l'indiquent les
formes qu'on leur a données.
.. Les tourbières de la Suède présentent également des faits analogues.
Ces tourbières recèlent en effet des restes de VUrsus spelœiis mêlés et con-
fondus à des ossements de reiuies et d'élans, quoique ces animaux ne s'y
rencontrent plus et soient maintenant relégués plus au nord.
» D'après les faits qui précèdent, bien des espèces animales, et l'on peut
même ajouter plusieurs végétaux, se sont éteints à des époques historiques
différentes, ou ont disparu des lieux qu'ils habitaient primitivement, et cela
depuis l'apparition de l'homme. Les races perdues, considérées pendant
longtemps comme se rapportant aux temps géologiques, sont loin d'avoir
une pareille importance, puisqu'un certain nombre, loin de remonter aussi
haut, se rattache au contraire à des époques récentes.
« Il n'est donc pas étonnant de rencontrer, avec des races tout à fait
éteintes, des débris de l'espèce humaine et des restes de son industrie.
» Il est toutefois une autre question liée à ces phénomènes, et qui, malgré
son importance, est encore à résoudre : c'est celle de savoir comment il se
( 863 )
fait que la plupart des instruments tranchants, ou les haches des terrains
d'alluvion, appartiennent aux mêmes minéraux, quelque grande que soit la
distance horizontale qui sépare les Heux où ils ont été disséminés. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sw (a décomposition des fractions rationnelles
et la théorie des résidus; par M. E. Rouchiê.
I' Qnand j'ai donné, en mars i858, le moyen de déduire du développe-
ment d'une fraction rationnelle, dont le dénominateur n'a que des facteurs
simples, le développement d'une fraction dont le dénominateur possède des
facteurs multiples, je croyais le problème tout à fait nouveau. L'idée de le
traiter m'avait été suggérée par la lecture de V Algèbre supérieure de M. Serret,
où la question se trouve en quelque sorte posée. J'ai su depuis que le pro-
blème était très-ancien ; il se trouve résolu, un peu longuement il est vrai,
dans la thèse de Jacobi, ouvrage devenu très-rare, et qui rii'a été commu-
niqué l'année dernière par M. J. Bertrand.
» Quoique ma méthode diffère de celle de M. Jacobi, je saisis avec em-
pressement l'occasion que m'offre la Note de M. Vieille pour réparer mon
erreur historique. J'ajouterai d'ailleurs quelques observations.
» Il résulte immédiatement de la définition seule des résidus comparée
aux formiiles connues de la décomposition d'une fraction rationnelle F(j:)
que la portion du développement qui provient soit d'une racine simple, soit d'une
racine multiple, est toujours écjale au résidu de la fonction
V(z]
pris par rapport à lu racine considérée. Telle est, sauf le mot résidu, la propo-
sition empruntée par M. Vieille à V Alcjèbre supérieure. Cette proposition est
due en réalité à Càuchy (tome 1*"" i\e^ Exercices d' Analyse); et si on veut
l'admettre, il suffit de quelques mots pour achever la solution du problème
proposé.
« Tout revient en effet à démontrer le théorème suivant :
« Le résidu d'une fonction quelconque
{z-ar
pris par rapport à, la/çicine z=: a de l'équation J [z) = x> , est égal à la limite
J I 2 . .
( 864 ) •
vers laquelle tend pour h=: o la somme des résidus de la fonction
(2) iW ,
^ ' (x — a — p^h){x — a — p2li)...[x — a — p /i)'
pris successivement par rapport aux racines a -t- p,h, a + p^h, . . . , a -+- p^h.
V Or le résidu de la fonction (2), relatif à la racine a -+- pih, est, par dé-
finition, égal à la moitié de
y(z) (z — g — Pif')
(z — a — pji){z — a — p^h). . .{z — a — pjt)
pour z^= a + pih, c'est-à-dire à
^(a +pih tf{a-^pih)
Ip — Pij
en posant
{p—p*){p -P2)---{p- p«) = Hp)-
La somme des résidus de la fonction (a) est donc
Y y(a+M)_ fia) -y p ?'(«) -y P . ?"(«) y P' .
Aa«-9'(«] h'^-'^Q'iP) i.h--''^^'{P) I.2.h^-^'^^'{P)
•'ph'^-'Q'ip) h
,(a-,)-^e'(y,)
a— I / „\ „a — I
En vertu d'un théorème connu, et qui résulte d'ailleurs de la décompo-
sition d'une fraction dans le cas de facteurs simples, on a
p'
— o ou I
ie'(;,)
pour k <C ou = a — I .
» Le second membre se réduit donc de lui-même à ses deux derniers
termes; sa limite pour A = o est donc enfin
I.2...(a — I)'
qui n'est autre que le résidu de la fonction (i) par rapport à a.
» Tel est, ce nous semble, le vrai point de vue ; la solution est courte,
facile ; on n'emploie aucun principe étranger à la théorie même des fractions
(865 )
rationnelles. D'ailleurs le nouveau théorème que je propose est important
en ce qu'il permet de simplifier la théorie des résidus. On sait, en effet, que
dans les démonstrations de cette théorie on distingue deux cas, suivant que
la racine considérée est simple ou multiple : le premier cas est presque tou-
jours intuitif; le second, qui en général exige seul des développements,
serait supprimé partout si l'on démontrait au commencement de la théorie
la proposition qui précède. »
M. Dumas met sous les yeux de l'Académie un casque en aluminium exé-
cuté par les soins de la Maison Delachaussée avec le concours de M. Mou-
rey, pour le service de S. M. le Roi de Danemark.
D'après ces habiles artistes, cette pièce, remarquable d'ailleurs par sa
richesse, est destinée à montrer que l'aluminium peut recevoir un bruni
comparable à celui de l'argent; qu'il est propre à recevoir toutes les appli-
cations de la dorure galvanique; enfin, que les soudures les plus difficiles
sont susceptibles d'être effectuées solidement sur des surfaces plus ou moins
étendues de ce métal.
Ce casque pèse 700 grammes. En laiton, il eût pesé 1700 grammes. Sa
résistance, plus faible que celle de la tôle d'acier, est supérieure d'ailleurs
à celle du laiton.
M. DcFFACDprie l'Académie de lui faire connaître le jugement qui aura
été porté sur un Mémoire qu'il lui a précédemment adressé concernant le
prix des grains à Poitiers depuis trois siècles.
Ce Mémoire a été, conformément au désir de l'auteur, compris dans le
nombre des pièces admises au concours pour le prix de Statistique de iSSg,
concours qui n'est pas encore jugé et dont les résultats ne seront rendus
publics que dans la prochaine séance annuelle. On en informera l'auteur.
M. H. BossHARD annonce qu'un appareil dont il avait fait l'objet d'une
précédente communication est exécuté, et qu'on peut le voir fonctionner
dans les ateliers de MM. Ridinger et Lambest.
Cette Lettre est renvoyée à M. Morin, Commissaire désigné pour les pré-
cédentes communications de M. Bosshard.
M. Bouvier propose une explication qui lui est propre du fait avancé par
( 866 )
M. Babinet sur la tendance des fleuves de l'hémisphère nord à ronger plus
leur rive droite.
(Renvoi à M. Babinet.)
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. É. D. B.
BULLETIN BIBMOr.BAPIIIQUF..
L'Académie ;i reçu dans la séance du 28 novembre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention, de
perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée, et dans ceux dont
la déchéance a été prononcée; publiée par les ordres de M. le Ministre
(le l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics. Tome XC. Paris,
iSjg; in-4°-
Description physique de l'île de Crète; par Y. Raulin, i" partie. Bordeaux,
1859; '"-^''•
Statistique géologique du département de l'Yonne. Statistique générale par
V. Raulin, d'après ses propres observations et celles de M. Lejmerie, avec la
carte géologique du déparlement ; par A. Leymerie et V. Raulin. Auxerre,
1859; I vol. in-8".
Catalogue de la collection de roches du département de l'Yonne déposées au
musée d' Auxerre; par V. Raulin ; br. in-8°.
Cours de Minéralogie (Histoire naturelle); par A. Leymerie. 2*^ partie.
Paris-Toulouse, 1859; in-S".
Plans des maisons centrales de force et de correction de l' Empire français,
réunis etréduits à l'échelle d'un millimètre, avec légendes et tableaux du cubage
des habitations; par M. Parchappe, inspecteur général du service sanitaire
des prisons; in-8°.
Statistique médicale des établissements pénitentiaires de i85o à i855. Maisons
centrales de force et de correction. Rapport à S. E. le Ministre de l'Intérieur;
uar le même, Pnris, 1859; br. in-4°.
( 867 )
Du siège commun de l'intelligence, de In volonté et de la sensibilité chez l'homme,
pat \e même, i"^* partie. Preuve pathologique Paris, i856; 111-8".
Études sur le sang dans l'état ph/siologique et l'état pathologique ; par le même;
i", 2* et 3" Mémoires; a br. in-8°.
De la folie paralytique et du rapport de l'atrophie du cerveau à la dégradation
de l'intelligence dans In folie; par le même. Paris, 1869; br. in-S".
Guide pro tique de l'âge critique ou Conseils aux femmes sur les maladies qui
peuvent les attaquera cette époque de leur vie, etc. ; par M"* V. Messager. Paris,
1859; I vol. in-i8.
L' Ayldntus glandulosa ou le Vernis du .Tapon et le Bombyx cinthia ( i'® édu-
cation), compte rendu; par M. RouiLLÉ-CouRBE. Tours, 1859; br. in-8".
Sur l'industrie de la soie en Algérie et sur le ver à soie du Vernis du Japon
introduit en Ftance et en Algérie par M. Guérin-Méneville . Communication
faite à la Société impériale Zoologique d'acclimatation [comité de l'Algérie);
par M. Roucher; | feuille in-8".
Catalogue des végétaux et graines disponibles et mis en vente par la pépinière
centrale du gouvernement au Hamma (prés Alger "^j pendant l'automne 1869 et
le printemps 1860. Alger, iSSg; br. in-8°.
Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle, 88® et 89* livr. in-4°.
Mémoires de l'Académie impériale de Médecine. Tome XXIII. Paris, 1869;
in.4°.
Mémoires de la Société de physique et d'Histoire naturelle de Genève.
Tome XV, i" partie. Genève-Paris, 1869; m-[f.
Annales de l' Observatoire Physique central de Russie, publiées par ordre de
S. M. I., sous les auspices de S. Ë. M. de Knaijévitch, ministre des finances et
chef du corps des ingénieurs des mines ; par A .-T. Kupffer, directeur de l'Ob-
servaloire physique cpntral, année i856. N"' i et 2. Saint-Pétersbourg,
1859; 2 vol. in-4°.
Compte rendu adressée S. E. M. de Knaijévitch, ministre des finances, par le
directeur de l'Observatoire physique central A. -T. Rupffer. Année 1857.
(Supplément aux Annales de l'Observatoire physique central pour l' année 1 856.)
Saint Pétersbourg, i858; br. in-4''.
Instruction pour l'usage du spiritomètre . Saint-Pétersbourg, 1869; br.
in-8°.
Discurso... Discours sur les phénomènes de l'électricité atmosphérique, pro-
noncé par Don Manuel Rico y Sinobas à l'Académie royale des Sciences de
Madrid. Madrid, i858; br. in-8°.
( 868 )
Meinoirs . . . Mémoires de V Académie américaine des Arts et Sciences.
Nouvelle série, vol. VI, part. 2. Cambridge et Boston, iSSg; in-4°.
Proceedings... Procès-verbaux de [Académie américaine des Arts etSciences.
vol. IV, feuille i2-'3i; in-8°.
A manual... Manuel des machines à vapeur et autres forces motrices; par
M. W.-J. Macquorn-Rankine. Londres et Glasgow, 1869; in-ia.
Det Rongelige. . . Mémoires de l'Académie royale des sciences de Danemark,
5^ série, partie des Sciences naturelles et mathématiques, vol. V, i" et
2* parties. Copenhague, 1869; in-4°.
Oversigt. . . Comptes rendus des séances de r Académie royale des Sciences de
Danemark, pendant tannée i858; publiés par M. Forchhammek. Copenha-
gue; in-8°.
Programm... Programme du 2 5" anniversaire de la fondation de la haute
école de Berne, i5 novembre 1859; br. in-4°.
ERRATA.
(Séance du i4 novembre 1859.)
Page 729, ligne 2^, après surfaces planes ajoutez perpendiculaires à l'axe.
Même page et même ligne, au lieu de sphériques , lisez et de surfaces sphériques dont le
centre est situé sur l'axe.
(Séance du 21 novembre 1859.)
Page 766, ligne 10, au heu de = - — i-^ '-i—J- ' , Usez = - — ii2_l — il — ^ '.
g' 2.3 q^ 2.3
Page 767, ligne 16, au lieu de p= — , lisez p :^
r> 1- O J J ,. j 6,28v'2 ,. 6,28v/2V
Page 77Q, ligne 7.6 en descendant, au lieu de „„ . —^ — = , lisez -^—y^ ' — - — =.
"^ 86400X9,809 86400X9,809
Même page, ligne 26 en descendant, au lieu de 22 secondes, lisez, 2,2 secondes, er au lieu
de I minute, lisez 6 secondes.
Page 796, ligne i3 en remontant, au lieu de Commission des prix àe physique expérimen-
tale, lisez Commission du prix de />A/«'o/og'/c expérimentale.
■ a la n I
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 DÉCEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. LE Président, à l'ouverture delà séance, annonce que M. Poinsot, qui
depuis quelques mois n'avait pu, à raison de sa santé, prendre part aux tra-
vaux de l'Académie, est aujourd'hui dans un état plus inquiétant.
M. Bertrand est invité à se rendre près du vénérable Académicien pour
lui porter l'expression des sentiments de tous ses confrères.
M. LE Président de l'Institut rappelle que la première séance trimes-
trielle de 1860 aura lieu le 4 janvier prochain et invite l'Académie des
Sciences à lui faire connaître en temps opportun le nom de celui de ses
Membres qui aura été désigné pour faire une lecture dans cette séance.
M. Mathieu présente, au nom du Bureau des Longitudes, un exemplaire
de l'Annuaire pour 1 860 que vient de publier cette institution . Ce volume se
termine par un article de M. Laugier, intitulé : « Déclinaison et inclinaison
de l'aiguille aimantée en iSSg ».
M. PouiLLET présente à l'Académie la troisième édition de son ouvrage,
intitulé :
Notions générales de Physique et de Météorologie à l'usage de la jeunesse.
La Note suivante, dont il donne lecture, indique les principaux change-
ments qui ont été introduits dans cette nouvelle édition.
« Quelques-uns de mes lecteurs ayant bien voulu me faire connaître les
points sur lesquels ils désiraient des éclaircissements, je me suis empressé de
C. R, 1859, i"» Semejde. CT.XLIX, NO 25.) I'3
, H ■ ( 870 1
donner à ces passages trop concis les développements dont ils avaient besoin.
» En même temps je me suis appliqué à rechercher les divers chan-
gements que je pourrais apporter à cette troisième édition sans sortir du
cadre qui m'est tracé par le titre même de l'ouvrage. Les principales addi- .
tions qui sont résultées de cet examen se rapportent : aux Aréomètres, cha-
pitre II; k la Distillation, chapitre III; aux Télescopes, chapitre IX; à la /J/e-
/e'oro/o^fe, chapitre X.
" Ce dernier chapitre a reçu plusieurs additions.
» La première est un tableau des plus grandes chaleurs et des plus grands
froids qui ont eu lieu chaque année à Paris, depuis 1800 jusqu'à i858; ce
tableau est extrait d'un travail dont je m'occupe sur les causes générales des
variations de température dans les diverses couches de l'atmosphère et à la
surface du sol.
» La deuxième est un exposé plus complet des conditions sous lesquelles
se produisent les phénomènes du brouillard et de la rosée.
» La troisième se rapporte à l'électricité atmosphérique, aux effets de la
foudre et à la construction des paratonnerres : en prenant pour base les Ins-
tructions adoptées par l'Académie des Sciences en !8a3 et en 1 854, je '"'"
suis efforcé de donner avec mélhode, sur cesujet important, toutes les expli-
cations théoriques et pratiques qui m'ont paru nécessaires.
" Enfin la quatrième et dernière addition est un article entier sur les per-
turbations extraordinaires qui se sont manifestées sur les télégraphes élec-
triques en août et septembre 1859, et qui semblent se rattacher à l'appari-
tion d'iine grande aurore boréale. »
ASTHONOMIE. — Sur les expériences de M. Fizeau considérées nu point de vue
du mouvement de translation du système solaire; par M. Faye.
(c Les nouvelles expériences de M. Fizeau (1) touchent de trop près à l'une
des questions les plus intéressantes du système du monde, pour que je ne me
sois pas cru obligé de les étudier avec soin. J'ose espérer que les résultats de
cet examen mériteront l'attention de l'Académie et celle de l'auteur lui-même.
» On peut formuler ainsi ces conclusions :
» Si les expériences de M. Fizeau possèdent réellement l'exactitude
qu'elles paraissent avoir, le mouvement propre que les astronomes attri-
buent au système solaire vers la constellation d'Hercule n'existe pas.
» Si au contraire les déterminations astronomiques de ce mouvement
sont fondées, il faut admettre que les expériences du savant physicien sont
(i) Compte rendu de la séance du 14 novembre.
( 871 ) •
affectées d'une erreur systématique, ou que sa théorie présente quelque
lacune importante.
» Voici la marche que j'ai suivie. J'ai calculé la vitesse de la terre esti-
mée, à un instant donné, suivant la Ugne est-ouest, par la formule
pcosr/cos(5 — 90" — a) -\- VcosDcos(9 —90° — A"),
qui revient à
vcos cl s'm{Q —a) -+-VcosDsin(S — A),
en désignant par Q l'heure sidérale de l'observation, par t^ et V les vitesses
dont la terre est animée en vertu de son mouvement annuel et de la
translation du système solaire; enfin par a et d, A et D, l'ascension droite
et la déclinaison des points vers lesquels ces mouvements sont dirigés à
l'instant d. Il faudrait retrancher 3oo mètres de l'expression précédente, si
l'on voulait tenir compte de la vitesse de la rotation diurne à Paris.
M Les valeurs de v, Q, a et d se déduisent aisément de la Connaissance
des Temps; quant à V, A, D, j'ai adopté les valeurs assignées par MM. Otto
Struve et Peters, à savoir :
(1859)... A =259° 45', D=-f-34°33', V- 7894" par seconde.
» La vitesse ainsi calculée est celle dont l'appareil de l'observatetir est
animé, dans le sens de l'est à l'ouest, en vertu des mouvements actuelle-
ment connus en astronomie : c'est donc aussi celle qui doit se combiner
avec la vitesse de la lumière (i). > '
» Il fallait d'abord déterminer par les expériences elles-mêmes la dévia-
tion moyenne qui répond à une vitesse donnée. Par les mesures faites vers
midi le 4 juin, les 11, 12, t3 juillet, et le 24 octobre (1), j'ai trouvé ainsi,
(i) Je ne dois pas laisser supposer ici que l'auteur de ces expériences ait pu négliger la
vitesse de translation du système solaire. La vérification de ce phénomène était au contraire
une de ses préoccupations principales, comme le savent parfaitement plusieurs de nos con-
frères qui ont connu les projets et les travaux de l'auteur. S'il a omis d'en faire mention dans
les Comptes rendus, c'est que les appareils n'avaient point encore obtenu, à son avis, la per-
fection nécessaire pour mettre en évidence des quantités de cet ordre dont l'influence est
d'ailleurs à peu près nulle à midi, vers les solstices. Mais, aux solstices même, cet effet se ma-
nifeste bientôt d'heure en heure, par suite du mouvement diurne, et c'est là ce qui m'a con-
duit à examiner, comme on le verra, les observations de 4 heures du soir.
(2) Les motifs de ce choix sont bien simples. J'ai voulu m'assurer, en prenant les observa-
tions les plus distantes, si les indications des appareils variaient ou non avec le temps : j'ai
pris pour cela les jours extrêmes qui répondent en même temps au.\ mesures les plus nom-
breuses. Quant aux observations de 4 heures, je me suis contenté de celles que l'auleui- désigne
comme avant été l'objet de précautions particulières. (Foirh note de la p. 878.)
ii3..
• { 870
en moyenne, 54'» 6 pour aSSoo mètres. En recalculant avec cette donnée
chaque observation, afin déjuger de l'accord de la moyenne avec les déter-
minations isolées, on forme le tableau suivant :
Date
b m
Vitesse.
m
Déviation
calculée.
Dé?ialioii
observée.
DiHëreiK
4 jui"
o.oo
30200
65'
60'
+ 5
1 1 juillet
o.3o
255oo
55
59
-4
12 »
I .00
aSgoo
5i
59
-8
i3 .
o.3o
253oo
54
5o
+ 4
23 octobre
2.00
9.2600
48
45
-1-3
Mais les observations de 4 heures sont loin de s'accorder avec celles de
midi. Voici en effet le calcul de celles des 11, 12 et 1 3 juillet, qui ont été
faites avec des précautions particulières :
Date.
Vitesse.
Déviation
calculée.
Déviation
observée.
Diflerenci
h
1 1 juillet 4
m
7600
.6'
28'
— 12
12 » 4
7500
16
27
— I 1
i3 » 4
7500
16
3i
- i5
Évidemment il y a là quelque influence régulière dont il faut chercher
l'explication. Les calculs effectués l'indiquent d'eux-mêmes. C'est le second
terme de la formule qui réduit à moins d'un tiers les vitesses de 4 heures ;
par le premier terme seul, elles ne seraient réduites qu'à la moitié de
leur valeur à midi. Et en effet, en négligeant le mouvement de trans-
lation du système solaire, représenté ici par VcosDsin (ff — A), le désac-
cord si frappant que nous venons de trouver disparaît complètement,
et même les observations de midi présentent alors plus de concordance.
En procédant comme ci-dessus, on trouve, dans ce second système, que la
déviation moyenne de 54'»6, déduite du premier groupe, répond à la vitesse
de 28200 mètres par seconde ; puis, en recalculant les observations isolées,
on obtient le tableau suivant :
Vitesse.
Calcul.
Observation.
Difiërei
4 juin
29400""
57'
60'
- 3'
11 juillet
29400
57
5q
— 2
ers midi '
12 »
285oo
55
59
- 4
1 i3 .
29400
57
5o
+ 7
24 octobre
24500
48
45
+ 3
1
1 1 juillet
i4ioo
27
28
— I
4 heures ■
12 »
i4ioo
27
27
0
i3 .
14000
27
3i
-4
(873) •
» L'accord est complet; il donne même une haute idée de la précision
dont les mesures de l'habile physicien sont susceptibles (i) et de l'impor-
tance des conséquences qu'on en pourrait tirer; mais il résulte de là, ainsi
que je l'annonçais au début, que le mouvement de la terre produit seul une
déviation, et que l'influence du mouvement général du système solaire dis-
paraît complètement.
» Il me serait impossible d'apprécier actuellement les appareils et la mé-
thode de M. Fizeau; c'estàla Section de Physiquequ'il appartient de pronon-
cer un jugement sur ces questions délicates. Je me bornerai donc ici à ce que
les astronomes peuvent dire sur l'autre face de la question, sur le mouve-
ment propre du système solaire.
» Que le système solaire marche vers un certain point assez bien déter-
miné de la constellation d'Hercule, c'est ce dont il est difficile de douter
désormais. Depuis Herschel, qui a déduit graphiquement, puis par le calcul,
des mouvements propres de quelques étoiles, une position approchée de ce
point, des travaux considérables, basés sur un très-grand nombre d'étoiles,
prises au hasard dans toute l'étendue du ciel boréal, ont donné des résul-
tats concordants, ainsi qu'on en peut juger par ce tableau :
A
D
Herschel
(245'' 52')
(49° 38')
Argelander
aSg.Sa
82.29
Lundahl
257.54
28.49
Otio Struve
261 .22
37.36
Peters
259 35
34.34
Maedler
2Ô1.39
39.54
Galloway
Plana
260 . I I
36 54
par les 36 étoiles fondamentales (calcul),
par 56o étoiles à fort mouvement propre,
avec 1 47 étoiles de plus que le précédent,
par 400 étoiles doubles.
par 21 63 étoiles quelconques,
par 81 étoiles australes.
» Ce qu'il y a de plus remarquable dans cette dernière détermination, ce
n'est pas l'accord que présente le ciel austral avec le ciel boréal, c'est plutôt
que les étoiles employées par M. Galloway (dont les calculs ont été revus
par M. Plana) ont été déterminées par un autre observateur que Bradley.
(i) On peut s'assurer, en tenant compte de l'observation du 16 juin qui permet d'appré-
cier fort nettement l'influence d'une erreur constante due à quelque imperfection instrumen-
tale, erreur dont les mesures de plusieurs jours paraissent être affectées, qu'on arriverait aux
mêmes résultats par les autres observations de midi et de 4 heures. Sur les dix-sept mesures
de cette dernière classe, quatre seulement m'ont paru faire exception, et encore l'une des
quatre, celle du i4 juillet, doit-elle être probablement rejetée à cause de l'annotation.
■ ( 87l) .
» On sait, en effet, que l'admirable catalogue de Bradley a servi de base
première à tous ces calculs (i) ; tandis que les étoiles australes ont été obser-
vées il y a plus d'un siècle par Lacaille, au cap de Bonne-Espérance, où
l'Académie avait envoyé en mission cet illustre astronome.
» Il faut évidemment que le mouvement du système solaire soit bien
prononcé pour qu'on retrouve ainsi à très-peu près le même point par tant
de combinaisons variées d'étoiles de toute grandeur, situées dans les régions
du ciel les plus diverses, à des distances très-inégales, d'étoiles enfin dont la
plupart ont été observées dans un tout autre but par les astronomes les plus
habiles et dans les régions les plus opposées du globe (2). Aussi, lorsque
M. Otto Struve eut déterminé, dans un Mémoire couronné par la Société
royale Astronomique de Londres, la quantité de ce mouvement, en faisant
voir que les ascensions droites de ses quatre cents étoiles doubles s'accor-
daient avec les déclinaisons pour exiger impérieusement une correction de
cet ordre, la grandeur assignée n'étonna-t-elle personne; il s'agissait, en
effet, d'un déplacement annuel du système qui, vu de la distance des étoiles
delà 1^ grandeur, n'embrasserait pas plus de \ de seconde d'arc, et classe-
rait notre soleil parmi les étoiles à mouvement propre très-ordinaire.
» Cette année même, M. Airy a publié, dans les Notices de la Société As-
tronomique de Londres, un travail approfondi sur le même sujet, en prenant
pour base le catalogue de 1 200 étoiles qui ont été observées avec tant de
soin, pendant 18 années consécutives, à l'Observatoire de Greenwich, et en
suivant une marche totalement différente de celle de ses devanciers.
» Voici les résultats de ce travail :
A = 261° 29',
D = + 24'>44'- i43°X7,
V = i",9i2 — 2",9o X V-
» Cette indéterminée 9 (j'omets ici les termes relatifs à la petite incertitude
de la précession annuelle) exprime l'effet des petites erreurs instrumentales
dont les observations de Bradley peuvent être encore affectées. A en juger
par les résultats déduits des étoiles australes de Lacaille, et par la manière
(i) 11 faut en excepter les premières recherches de Sir W . Herschel; elles étaient basées sur
une cinquantaine d'étoiles observées par Romer et par Tobie Mayer.
(2) L'importance de ces remarques sera facilement saisie si l'on songe que le ciel ne nous
présente nulle part de repère absolument fixe et qu'un mouvement quelconque est toujours
rapporté finalement à une étoile ou à un ensemble d'étoiles.
( 875 )
dont cette influence devrait affecter les délerminations antérieures du
tableau précédent, il est à présumer que la valeur de q est fort petite. Ainsi
la valeur assignée à V par M. Otto Struve (o",3392) et dont j'ai fait usage,
devrait être plutôt augmentée que diminuée.
» Malgré ces motifs, je suis loin de vouloir me prononcer contre les
expériences de M. Fizeau. Le mouvement de translation du système solaire
lie figure nullement dans la science astronomique au même rang d'évidence
et de certitude que le mouvement annuel delà terre. Je me borne à dire que
la contradiction dont je viens de signaler l'existence me paraît devoir enga-
ger cet éminent physicien à soumettre sa théorie et ses appareils à des
épreuves spéciales. »
PHYSIOLOGIE. — Note sur le périoste diploique et sur le rôle qu'il joue dans
t occlusion des trous du crâne; par M. Flocuens.
« Dans une Note que j'ai lue à l'Académie (séance du 8 août dernier (i)^
j'ai fait connaître le mécanisme selon lequel s'opère l'occlusion des trous
du crâne.
» Dans cette occlusion, dans cette formation nouvelle d'une portion d'os,
c'est le périoste externe q\ù donne la table externe de l'os, et c'est le périoste
interne ou dure-mère qui en donne la table interne.
» Mais il est temps de mettre un terme à une confusion de mots.
» Je n'ai jusqu'ici appelé la dure-mère: périoste interne, que pour me con-
former au langage reçu des anatomistes. Au fond, la dure-mère n'est pas
moins périoste externe que le périoste externe proprement dit : seulement c'est
un périoste externe intra-crânien, au lieu d'être un périoste externe extra-crâ-
nien. Le vrai périoste interne des os du crâne, ou, pour parler d'une manière
plus générale, le vrai périoste interne des os plats, des os larges, est celui qui
se trouve dans les cellules de leur diploé, comme le vrai périoste interne
des os longs est celui qui se trouve dans leur canal médullaire.
a II y a donc, par rapport aux os du crâne, trois périostes : deux externes^
l'extra-crânien eX. C intra-crânien , et un interne, le diploique.
a Or, les pièces, que je mets sous les yeux de l'Académie, montrent que
ces trois périostes concourent également à l'occlusion des trous du crâne,
c'est-à-dire à la formation, à la reproduction des portions d'os enlevées.
Elles font plus : elles montrent qu'on peut, à volonté, faire produire
(i) Comptes rendus, l. XLIX, p. 22.5 et siiiv.
• (876)
l'occlusion, la formation, la reproduction tout entière de l'os par chacun
des trois périostes, pris isolément : Vexlra-CTanien, Vintra-crânien et le
dipldique.
» La pièce n° i est l'os frontal d'un chien. On a commencé par détacher,
sur un point donné de l'os, le périoste externe, qu'on a rejeté sur un des
côtés et conservé avec le plus grand soin. Puis, au moyen d'une couronne
de trépan, on a pratiqué un trou sur la portion d'os dénudée et l'on a placé
dans le trou un anneau d'argent.
» Cet anneau d'argent a été mis là pour empêcher le développement du
périoste interne ou diploïque. . * -
» Cela fait, on a ramené le périoste externe à sa place ordinaire, c'est-
à-dire sur le point même d'où il avait été détaché et où se trouve actuelle-
ment le trou.
» Au bout de quelques jours, le périoste détaché s'est tuméfié, s'est gon-
flé, a pénétré dans l'anneau d'argent, s'est porté vers la dure-mère, a pris
adhérence avec elle et a complètement bouché le trou.
» La pièce n° a (encore un os frontal de chien) a été soumise à une opé-
ration toute semblable à la précédente, sauf par une seule de ses circons-
tances, c'est qu'on a détruit, complètement détruit, tout le périoste externe
répondant au trou fait au crâne.
» Aussi, au bout de quelques jours, le périoste externe ou extra-crânien
manquant, ç'a-t-il été la dure-mère, le périoste intra-crânien , qui s'est déve-
loppé, gonflé, qui s'est porté dans l'anneau d'argent, et qui a fermé, bou-
ché le trou du crâne.
.. On peut donc, à volonté, déterminer l'occlusion des trousdu crâne par
le périoste externe [périoste extra-crânien), ou par la dure-mère [périoste intra-
crânien). Tout dépend, à cet égard, de la manière dont on conduit l'expé-
rience.
» On peut faire plus. Lé trou du crâne étant opéré, on n'a qu'à n'y
point placer d'anneau d'argent, à n'y point entraver la marche naturelle
des choses, et l'on voit alors un périoste nouveau sortir des cellules du di-
ploé, s'avancer peu à peu des bords du trou, se porter des bords vers le
centre, et finir, au bout de quelques jours, par occlure, par fermer le trou
tout entier.
» La pièce n" 3 nous montre le périoste diploïque sortant, émanant de
l'intérieur des cellules du diploé, dépassant déjà tout le pourtour du trou,
occluant, fermant déjà ce pourtour, et ne laissant plus de trou libre qu'au
centre.
(877 )
» Cette pièce doit nous arrêter un moment, car, dans l'explication du
fait qui nous occupe (le mécanisme selon lequel s'opère l'occlusion des
trous du crâne), elle substitue une réalité à une apparence. De très-habiles
chirurgiens et excellents observateurs ont cru et ont dit que les trous du
crâne se ferment par l'amincissement et l'allongement des portions d'os qui
forment les bords du trou.
» C'est là l'apparence. Les os formant le pourtour du trou semblent, en
effet, s'amincir, s'allonger, se porter de la circonférence au centre, et finir,
au moyen de cet allongement même, par boucher le trou.
» En réalité, les os ne s'amincissent point, ne s'allongent point : nul os
ne s'allonge (i); mais c'est Je pe'n'os/e liiploïque qui, s'ossifiaut à mesure qu'il
sort, qu'il avance du pourtour du trou, ajoute à mesure à l'os ancien un
progrès nouveau, une portion d'os nouvelle, et d'abord plus mince (2). Et
de là l'illusion de Vos ancien qui s'amincit et s'allonge.
» Les pièces n°' 4 et 5 nous présentent le trou de l'os fermé tout entier
par le périoste diploïque (3).
» Enfin, les pièces n"' 6, 7, 8 et 9, nous montrent le périoste diploïque se
transformant en os, et venant réparer peu à peu toute la portion d'os
perdue.
» Dans la pièce n° 6, on aperçoit déjà un point osseux.
» Dans la pièce n° 7, le périoste diploïque est, presque tout entier, envahi
par l'os.
» Il l'est plus encore dans la pièce n" 8.
» Il l'est complètement dans la pièce n" g.
» Ace moment, le trou est complètement fermé; toute la portion d'os
détruite a été reproduite. »
(i) Voyez, sur ce point fondamental, mon livre intitulé : Théorie expérimentale de la for-
mation des os.
(2) L'ossification du périoste diploïque ne commence pas toujours par les points qui tou-
chent à l'os; elle peut commencer par tout autre point, par un point plus ou moins distant
de l'os, par le centre, etc., etc. On en voit des exemples sur quelques-unes des pièces que je
présente.
(3) Cet état du trou, fermé par les trois périostes superposés, est l'état normal de \a/bn-
tanelle. 'La.fontanetle, ou espace membraneux du crâne, se compose toujours des trois pé-
riostes superposés : Vextra-crdnien, le diphoïque et Vintra-crdnien ou dure -mère. On peut
détacher parfaitement et très-aisément les deux périostes externes [Vextra-crdnien et Vintra-
crdnien), et l'on voit alors l'interne ou le diphoique sur lequel avancent peu à peu les os voisins
par prolongements en forme de rayons.
C. R., 1859, a-ne Semestre. (T. XLIX, N» 23. ) ' ' 4
( 878 )
ZOOLOGIE. — Présentation de nids sous-marins rapportés du Banquereau de
Terre-Neuve, et donnés au Muséum d'histoire naturelle par M. Fleiiry ; Note
de M. A. Valenciexnes.
n Les nids que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie restent accro-
chés aux hameçons des lignes de fond tendues pour prendre la morue. Ils
ont été retirés de profondeurs de 60 mètres, par 44°35' latitude nord et
60 degrés longitude ouest, au mois d'août i85g. Leur diamètre varie de
o"',i5 à o™,o3 et leur hauteur de o™,io à o^jia. Ces nids sont ronds, ont
des parois assez épaisses, et un creux de o",o4 à o^joS de profondeur. L'ani-
mal les construit en entrelaçant les tiges grêles et déliées des nombreux poly-
piers de l'ordre des Polypes hydraires. J'y ai distingué de nombreux
rameaux de Sertulariées, de Cellaires, de Catenicelles, de Cuscutaires, dans
lesquels sont arrêtées d'assez nombreuses moules de l'espèce du Mjrtilus
borealis, Lam., et une innombrable quantité de frai de cette moule, mêlée
à beaucoup de grains de sable.
» Les détails sur leur pêche m'ont été communiqués par M. Cloué, capi-
taine de frégate, chargé de la station militaire et de l'hydrographie du banc
de Terre-Neuve. Cet officier supérieur a reçu ces nids de M. le D' Fleury,
chef du service de santé de la station aux îles Saint-Pierre et Miquelon.
Ils avaient été donnés au docteur par le gérant de la maison Guibert, de
Saint-Servan. Plus de huit ou dix ont été rapportés en Europe.
» Ces observations sont suffisantes pour bien établir l'authenticité et le lieu
d'origine de ces nids; mais nous ne connaissons pas l'animal qui les cons-
truit; nous espérons appeler l'attention des explorateurs du banc de Terre-
Neuve, ou de quelques résidents de Saint-Pierre qui compléteront ces
curieuses recherches en adressant au Musée de Paris le poisson ou tout
autre animal qui en est le sujet.
)) On sait, depuis Aristote, que les poissons ont reçu la faculté instinc-
tive de la construction de nids. Elle est non moins merveilleuse que chez les
oiseaux.
» Le naturaliste grec l'attribue à plusieurs poissons ; en effet, il dit au cha-
pitre XIII, en parlant des Kaëloi :
» Gohiones aliquando etiam in alga nidifwant. Dans un autre passage, en
citant le <pu!t/ç au livre VIII, cap. 3o :
w Cum in média alga nidificanlem vidi, id quod sola Pliicisfacit.
» Pline paraît traduire ce passage quand il s'exprime ainsi :
(879)
» Phicis piscium sola nidificare, aiunt, in alcja, atque in nidoparit.
» Ovide reconnaît aussi aux poissons cet instinct et cette faculté de con-
struire des nids. On peut citer en effet ces vers des Halieutiques :
Atque immanda Chromis, merito vilissima salpa :
Atque aviiim du/ces riidos imita ta sub undi.s; *
Halieut. vers i2i et l'J'i.
Édit. de Varioriim.
et Guillaume de Vliet, qui a fourni des notessavantes et très-utiles à Nicolas
Heinsius pour son édition d'Ovide, proposait de changer, dans le second de
ces vers, l'épithète de dulces en ce nom d'un poisson particulier, le Pliicis,
et d'écrire
Atque avium Phicis nidos imitata sub undis.
Il faut encore appeler l'attention sur quelques expressions du chapitre de
Gesner, qui paraît inclinera croire que l'on retrouvera le Phicis dans quel-
ques-unes des espèces de la fiimille des Merlans [Aselli], et nomme même
le Capelan comme un des Gades qui peut être rapproché par sa mollesse
du Phicis. Or nos marins terreneuviens connaissent tous le Capelan [Mal-
lotus villosus) : ils attendent son arrivée pour favoriser la pèche de la Morue.
Sans ce petit poisson elle ne peut devenir abondante. Le Capelan s'approche
du Banquereauet des autres fonds de Terre-Neuve pour y déposer son frai.
N'est-ce pas lui qui, ayant les habitudes des Phicis, est aussi le constructeur
des nids que je montre à l'Académie?
)) Gesner, en rapportant les dire des pêcheurs de son temps, n'hésite pas
à les tenir pour vrais :
» Et id certissimum esse piscalores inulti observaverunt. Et cependant plus
bas : Gulielmus Pelliciems, Monspeliensis episcopus, vir in rébus pervestigandis
ditigentissimus atque perspicacissiinus, qui Gobiones el Hippocampos in alga
ova ponere, et parère animadverlit.
» Récemment M. Nordmann a signalé la confection de nids dans la mer
Noire.
» Voilàdoncquatreou cinq poissons marins vivants sur des plages fort éloi-
gnées les unes des autres, à qui la nature a départi ce merveilleux instinct.
» On connaissait la même habitude chez un petit poisson des plus
abondants dans toutes nos eaux douces, le Gasterosteus aculealus, et notre
confrère M. Coste, témoin de ce fait dans les eaux qu'il a ménagées au Col-
lège de France, en a publié une très-exacte et très-élégante figure et a ajouté
II/,..
( 88o )
aux premières observations de Valmont de Botnare, et plus encore à celles de
M. Lecoq, de Clermont, qui a observé les babitudeset les nids des Epinoches
dans les eaux courantesde Lille, département du Nord, où ce poisson abonde.
M L'étude que nous venons de faire des nids de l'Atlantique de Terre-
Neuve, démontre que les nids ne sont pas formés d'algues, mais de poly-
piers hydraires.
» Les poissons sont-ils les seuls animaux marins qui construisent des
nids?
i> (]'est avec doute que je réponds à cette question; car pendant mes
explorations sur la côte do Bretagne, j'ai entendu rapporter aux pécheurs
du raz de l'île de Sen, en face de la pointe dangereuse de Penmarck, que
les langoustes, qui se tiennent toujours par une grande profondeur, puis-
qu'on est obligé souvent, pour prendre ce grand décapode, de descendre les
casiers par des profondeurs de soixante à soixante-quinze brasses, cons-
truisent des nids très-artistement travaillés pour conserver leurs petits. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les bases dialomiques à azote et
/j/jop/iore; pnrM. A.-W. HoFMAXN.
« Dans une Note communiquée à l'Académie il y a quelques mois, j'ai
fait voir que le dibromure d'éthylène est capable de fixer ou i ou 2 mo-
lécules de triéthylphosphine, donnant naissance dans la première phase de
la réaction à un sel monoatomique
[(C*H*Br)(C*H')'PJ'Br,
qui, sous l'influence d'un excès de triéthylphosphine, produit dans la
seconde phase le dibromure d'un métal diatomique :
[C*H')"(C*H')''P']"Br''.
» La possibilité d'obtenir le produit de la première phase, le sel mono-
atomique, à l'état de pureté, m'a permis de produire un très-grand nombre
de bases diatomiques, aussi variées dans leur composition que simples dans
leur construction moléculaire. Tous ces corps, très-remarquables par leur
nature bien définie, se forment par l'action des monophosphines autres que
la triéthylphosphine et même par l'action des monamines sur le bromure
monoatomique.
» Aclion de la triméthylphosphine sur le bromure monoatomique. — En
soumettant une solution alcoolique du bromure moiioatomique à l'actio»
( 88i )
de la triméthylphosphine, on observe une réaction très-prononcée; le
liquide s'échauffe et fournit par l'évaporation un sel déliquescent formé par
la simple union des deux substances. C'est le dibromure d'un diphospho-
nium contenant i molécule d'éthylène, 3 molécules de méthyle et 3 mo-
lécules d'éthyle :
[(C^H*Br)(C*H»)'P]Br+(C'H')'P = [(C*H*)"(C*H»)''(C'H»)'P»j"Br^
» Traité par l'oxyde d'argent, le bromure fournit un liquide très-caus-
tique renfermant la base libre :
O*.
» Transformée en chlorure, la base diatomique donne parle dichlorure
de platine un précipité jaune pâle dont voici la composition :
[(C«H*)"(C*H')'(C*H')»P»J"CP,aPtCl^
» Action de l' ammoniaque sur le bromure monoatomique. — En présence
de l'alcool le bromure monoatomique est attaqué même à la température
ordinaire par Pamaioniaque. Il y a dégagement de chaleur et il se produit le
dibromure d'un métal diatomique mixte à azote et phosphore, d'un phos-
phammonium dont l'oxyde, qu'on peut obtenir en traitant le bromure par
l'oxyde d'argent, est un liquide très-caustique.
» Le bromure et le chlorure étant très-déliquescents, j'ai fixé la com-^
position de ces corps par l'analyse d'un sel platinique, faiblement cristallin,
qui renferme :
[(C'H* )" (C/ H')» HUzP]"C[% aPtCP.
» Action de la métli/lamine, de la triméthylamii^e et de C éllij lamine sur le
bromure monoatomique.— Les phénomènes qui se présentent dans ces réac-»
tions sont semblables à ceux qu'on observe dans les expériences précé-
dentes. Ces réactions donnent naissance aux dibromures cristallins, mais
déhquescents, de trois métaux diatomiques à azote et phosphore :
[(C*H^)"(C'H')'(C*H')»H^AzP]"Br^
[{C'ïV)"{Cni'Y [C/ïPy AzP]"Br%
[(C^H*)" (C'H=)*H^AzP]"Br.
w Ces dibromures se changent sous l'influence de l'oxyde d'argent en
oxydes très-stables, très-caustiques, très-solubles, se séparant par l'éva-
( 882 ) .
poration de la solution aqueuse à l'état de liquides huileux, renfermant :
[(C*H*)"(C=H') (C'H»/H=AzP]"|^,
H
[(C*H*)"(C='H')'(C*H=)« AzP
H
[(C*H*)"
mO%
o*
» Toutes ces bases diatomiques sont remarquables par la beauté de leurs
sels de plaline et de leurs sels d'or. Ce sont des combinaisons difficilement
solubles dans l'eau froide, qui se déposent en aiguilles magnifiques par le
refroidissement de leurs dissolutions dans l'eau chaude. L'analyse de ces
sels m'a permis de fixer avec facilité la composition des bases précédentes.
» La triéthylphosphine est facilement attaquée par les homologues et les
analogues du dibromure d'éthyléne. Traitée par le di-iodure de méthylène,
par les dibromures de propylène et d'amylène ou par le dichlorure de ben-
zoylène, la base phosphorée se prend en masse. Je n'ai examiné en détail
que le produit qui se forme par l'action du di-iodure de méthylène sur la
triéthylphosphine.
» Action du di-iodure de méthylène sur la triéthylphosphine. — Les deux
corps réagissent l'un sur l'autre avec dégagement de chaleur. Il se forme
deux iodures bien cristallisés en aiguilles, qu'on sépare en les traitant par
l'alcool absolu.
» Le premier difficilement soluble dans l'alcool est un sel monoatomique
représenté par la formule
[(C»Hn)(C*H'')»P]L
Ce sel est remarquable par la pertinacité avec laquelle il retient l'iode qui
fait partie intégrale de l'ammonium. En le traitant à la température ordi-
naire par l'oxyde d'argent, on parvient à isoler la base libre
[(C=H^I)(C«H»)»PJ
H ) '
ce qu'on ne peut pas accomplir avec le bronuire monoatomique de la série
d'éthyléne, parce que le brome latent, sous l'influence d'une molécule
d'eau, s'élimine à l'état d'acide bromhydrique et est alors remplacé parle
reste HO*. Traitée par l'acide chlorhydrique et le dichlorure de platine, la
( 883 )
base iodée donne un beau sel platinique peu soluble dans l'eau froide et se
déposant en prismes par le refroidissement d'une dissolution bouillante.
» Le second iodure qui se produit dans l'action réciproque entre la
triéthylphosphine et le di-iodufe de méthylène, est un sel cristallisé en
aiguilles renfermant
[(C»H'0»HC*H'')«P]I.
Le traitement par l'oxyde d'argent le transforme en oxyde :
[(C«H'0»)(C*H')'P])
H r
Le sel platinique cristallise en octaèdres d'un jaune foncé. Je n'ai pas
encore réussi à produire le sel diatomique de cette série.
» Pour compléter cette recherche, il y avait encore à produire par des
procédés semblables les bases diatomiques à azote.
)) Action de la Irimélhylamine et de la triéthjlamine sur le dibromure d^étliy-
léne et le di-iodure de méthylène. — J'ai déjà fait voir(i), à une époque anté-
rieure, que dans l'action réciproque entre le dibromure d'éthylène et les
uionamines tertiaires, il se forme un bromure monoatomiqne parfaitement
analogue au produit qu'on obtient dans la première phase de l'action de ce
dibromure sur la triéthylphosphine. La triméthylamine, par exemple, traitée
tie cette manière, donne naissance au sel
[(C*H»Br)(C«H')»Az]Br.
Depuis ce temps j'ai fait l'expérience analogue dans la série étl\ylique. La
triélhylamine fournit le bromure correspondant
[(C*H*Br)(C/H')'Az]Br.
Mais j'ai vainement essayé de transformer ces corps en combinaisons diato-
miques en les soumettant à l'action des monamines les plus différentes.
L'analogie qu'on observe entre les bromures monoatomiques à azote et
ceux à phosphore se dément donc dans cette réaction. Traités par l'am-
moniaque ou par des monamines, les bromures monoatomiques des bases
azotées perdent le brome latent à l'état d'acide brouihydrique et se trans-
forment en combinaisons vinyliques. Les bromures dérivant de la trimé-
(i) Comptes rendus, t. XLVII, p. 558.
( 88/i )
thylamine et de la triétylamine fournissent de cette manière les bromures
de triméthyl-vinyl-ammonium et de Iriéthyl-vinyl-ammonium :
[(C^H'/(C*H')Az]Br,
[(C*H'')(C^H')'Az]Br.
» J'ai essayé de produire ces corps en substituant dans le procédé précé-
dent le dichlorure au dibromure d'éthylène: La réaction entre le dichlorure
et la triméthylaraine est parfaitement analogue à celle qu'on observe en
employant le dibromure. Au contraire, la triéthylamine traitée par le
dichlorure donne naissance à de nouveaux corps.
u Je n'ai pas été plus heureux en remplaçant le dibromure d'éthylène
par le di-iodure de méthylène. La réaction réciproque entre la triméthyla-
mine et ce dernier corps donne naissance à un sel cristallisé en aiguilles.
C'est l'iodure
[rC»H^I)(C='H»)»Az]L
Sous l'inflnence de la triméthylamine ou de l'ammoniaque, ce sel ne s'al-
tère qu'à la longue. Je n'ai pas réussi à fixer sur ce corps une seconde
molécule de monamine. L'oxyde d'argent transforme l'iodure en base libre
[(C^Hn)(C*H»)'Az]
H
o%
laquelle, par luie ébullition prolongée, échange l'iode contre le reste HO-
et finit par se transformer en oxyde,
Il i^-
Ljes deux bases se distinguent très-facilement par les sels platiniques : le sel
de la base iodée cristallisant en tables et le sel de la base oxygénée s'obte-
nant en grands octaèdres.
» Les monamines triméthylique et triéthylique de la série d'azote n'imi-
tent donc qu'à moitié la conduite de leurs analogues phosphorées. Elles ne
produisent par l'action des bromures et iodures diatomiques que des sols
monoatomiques.
)) Mais les sels diatomiques que je cherchais n'en existent pas moins ;
je les ai obtenus en grand nombre à l'occasion de ma récente controverse
avec M. Gloéz sur les diammoniaques. On produit ces corps très-facilement
( 885 )
en faisant i-éagir l'iodure d'éthyle ou de méfhyle sur les diainines éthy lé-
niques.
» J'ai obtenu de cette manière les di-iodures bien cristallisés :
[(C*H')" (C*H*)''Az^]"I%
[(C'H*y"(C*H')*Az''J"P,
[(C*H*)" (C»H')''Az»]"l%
» Ces sels se transforment par l'oxyde d'argent en bases très-caustiques,
très-solubles, parfaitement semblables aux termes analogues des séries de
diphosphonium et de phosphammonium.
w Toutes ces bases donnent des sels platiniques bien définis et presque
toujours difficilement solubles dans l'eau. Us cristallisent en prismes, que
très-souvent on ne peut pas distinguer des sels de diphosphonium corres-
pondants.
» Les recherches qui font le sujet de cette Note et celles que j'ai com-
muniquées à l'Académie à une époque antérieure, fixent donc d'une ma-
nière définitive l'existence de trois groupes de bases diatomiques, savoir :
les bases diammoniques, les bases diphosphoniques et les bases intermé-
diaires à azote et phosphore.
» Tous ces corps appartiennent au type :
H
;o
» Formulés d'une manière générale, ils se représentent par les expres-
sions suivantes :
[R"R« ?=*,]"
[R"R»Az^]"|
[R"R''PAz]"
H*
jo..
» J'ai constaté par l'expérience que le bromure monoatomique de la
série du phosphore, qui a servi de point de départ dans les recherches pré-
cédentes, est vivement attaqué par la triéthylarsine et la triéthylstibine. La
nature des produits de cette réaction, dont l'étude m'occupe à présent,
n'est pas encore fixée par l'analyse. »
C. R., i85p, 3»« Semestre. (T. XLIX, N<> 23.) 1 l5
( 886 )
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Expériences sur la résistance vitale des animalcules
pseudo-ressuscitants ; par M. Pouchet.
« Ces expériences viennent démontrer que ces animalcules se dessèchent,
et par conséquent meurent assez promptement, quand on les soustrait à
l'humidité qu'entretiennent autour d'eux soit les mousses dans les racines
desqnellesils vivent, soit le terreau dans lequel on les conserve. Elles dé-
montrent aussi que l'on peut poser comme une loi générale que la dessicca-
tion et la mort des animalcules pseudo-ressuscitants se manifestent en raison
directe de l'élévation de la température et en raison inverse de son abaisse-
ment et de l'humidité atmosphérique.
» Tout le terreau employé dans ces expériences provenait des combles
de la cathédrale de Rouen, où il avait été récolté le i*"^ août dernier. On le
fit d'abord sécher à l'ombre, et quand il fut devenu sec et pulvérulent, on
s'assura qu'il était très-abondant en animalcules appartenant aux genres
Rotifère, Tartigrade et Anguillule.
. j> Première série. Dessiccation à l'air atmosphérique. — Toutes ces expériences
ont été commencées le loaoût, et la température moyenne a été pendant
leur durée de aS^ja dans le courant de ce même mois ; de i6°,i en sep-
tembre et de i3°,5 en octobre. On prit cinq plaques en verre de 2 déci-
mètres carrés de surface, et sur chacune d'elles, à l'aide d'un tamis de soie,
on étala 1 décigrammes du terreau très-abondant en animalcules con-
tractés et réviviscibles. Celui-ci ne formait à la surface du verre qu'un nuage
de poussière uniforme excessivement mince, dont le microscope indiquait
que les granules étaient entre eux généralement à distance, et que les ani-
malcules contractés se trouvaient eux-mêmes, pour la plupart, parfaitement
isolés de tout contact avec ces granules. Cette disposition permettait d'ap-
précier quelle était l'influence du contact immédiat de l'atmosphère sur les
animalcules pseudo-ressuscitants, indépendamment du milieu dans lequel
ils résident. Chaque plaque de verre fut ensuite mise sur un sup])ort et ou
la recouvrit d'une cloche en verre, terminée au haut par un robinet ouvert,
afin de donner issue à la faible quantité de vapeur d'eau qui pourrait se
former.
» La première plaque de verre, seide, fut placée à l'ombre dans un bas-
sin en cristal, et soutenue à un décimètre au-dessus d'une nappe d'eau or-
dinaire, et on la recouvrit ensuite de sa cloche de verre ouverte à la voûte.
Aujourd'hui, après plus de trois mois qu'a diu'é cette expérience, sous cette
( 887 )
cloche où l'air est amplement saturé d'humidité, tous les Tardigrades, les
Rotiféres, les Anguillules sont susceptibles d'être ranimés; on ne rencontre
pas un seul cadavre.
)) La deuxième plaque de verre, après avoir été placée sous une cloche,
reposant sur un support en bois sec, fut ensuite exposée dans un lieu élevé
et très-sec où elle recevait le soleil du matin au soir. La poussière étendue
sur cette plaque fut examinée par portions à des espaces de temps égaux.
Après un mois d'exposition, les animalcules qu'elle renfermait ont commencé
à perdre leur reviviscence. Après deux mois,' presque tous étaient morts.
On ne rencontra que deux Rotifères expirants au milieu d'un nombre con-
sidérable de cadavres de leurs congénères, de Tardigrades et d' Anguillules.
Enfin, après trois mois, le lo novembre, tous les animalcules de la plaque étaient
absolument secs et morts, et une hydratation prolongée durant trois jours,
dans une atmosphère de -f- 28 degrés centigrades, ne put en ranimer
aucun (i).
» La troisième plaque de verre fut exposée dans des circonstances qui
tenaient le milieu entre celles où furent placées la première et la seconde. On
la mit dans un lieu sec qui ne recevait le soleil que jusqu'à midi. La vie des
animalcules se soutint plus longtemps que dans la plaque exposée durant
tout le jour à l'action de cet astre ; mais, cependant, après trois mois et demi,
toute la population d'animalcules qu'elle recelait était absolument morte.
» Deuxième série. Influence de la lumière colorée. — Ceci établi, j'ai voulu
savoir si la coloration de la lumière n'agirait pas sur la vitalité des animal-
cules. La quatrième plaque fut déposée sous une bâtisse où elle ne recevait
que de la lumière rouge. Après six semaines, presque tous les Tardigrades
et les Rotifères y avaient conservé leur reviviscence (2). Enfin, la cinquième
plaque fut soumise, pendant le même laps de temps, à l'action d'une lumière
bleue. Celle-ci parut uniquement influencer les Tardigrades : tous ces ani-
malcules étaient morts sur cette plaque , tandis qu'au contraire presque tous
les Rotifères étaient vivants. J'ai dix observations sur cette influence des
rayons colorés. Cependant, ce fait me semble si extraordinaire, que je ne le
cite encore que pour prendre date.
(i) Cette expérience vient encore à l'appui de celles que nous avons déjà fait connaître et
qui avaient été exécutées pendant l'été. Seulement, ici la température atmosphérique ayant été
plus basse, la reviviscence ne s'est éteinte qu'après un temps plus long.
(2) Ces expériences furent commencées le lo septembre. Les appareils étaient exposés au
soleil, à compter de midi.
ii5..
( 888 )
» Troisième série. Influencé de l'air sec et cliaud sur In vitalité des animal-
cules. — On prit quinze petits ballons remplis d'air sec, dans chacun des-
quels on introduisit 5 décigramraes de terreau abondant en animalcules ré-
viviscibles. Ces ballons furent ensuite exactement bouchés et placés dans
desétuves diversement chauffées.
» Dans une étuve à chaleur ascendante, et qui, en dix jours, de la tem-
pérature ambiante avait été portée à celle de 55 degrés, déjà plus de la moi-
tié des animalcules avaient subi la dessiccation et étaient morts (i).
» Mais après cinq jours de séjour dans une étuve à température per-
manente de 56 degrés centigrades en moyenne (2) , les trois quarts des
animalcules étaient morts dans cinq des ballons que l'on explora (3).
Enfin, après dix jours de séjour dans cette même étuve à 56 degrés,
tous les animalcules avaient été desséchés et étaient complètement morts,
dans les cinq derniers ballons. Une hydratation de quatrejours, à la tem-
pérature de -+- 18°, n'en ranima aucun. Ces expériences, d'une si grande
simplicité, ne suffiraient-elles pas pour démontrer que la seule dessiccation
des animalcules en entraîne la mort absolue, et qu'ils ne sont réellement
réviviscibles qu'autant que celle-ci n'est pas complète? »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OPTIQUE. — Sur la théorie mathématique de la Lumière. Première partie :
Propagation de la lumière dans les milieux cristallisés; Mémoire de
M. Ch. Rriot. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Lamé, de Senarmont, Bertrand.)
« La théorie des ondulations, dont les principes ont été posés il y a deux
siècles par Huyghens et qui a été remise en honneur par les beaux travaux
de Fresnel, paraît avoir acquis, sinon une certitude absolue, du moins un
grand degré de probabilité. Tous les physiciens admettent aujourd'hui
l'existence d'un milieu qu'ils nomment élher, dans lequel se propagent les
(i) Dans un des ballons, après quarante -huit heures d'hydratation, on renconira 3?. Roti-
fères et 8 Tardigrades morts; et seulement 1 2 Rotiféres et 5 Tardigrades vivants.
(2) Le maximum s'est élevé à 62", 5 ; le minimum a été de 54 degrés.
(3) Un des ballons, après une hydratation de trente heures, présenta ce qui suit : 66 Roti-
féres, 18 Tardigrades et 3 Anguillulcs morts et presque tous endosmoses; et seulement
i8 Rotiféres et 2 Tardigrades vivants.
( 889 )
vibrations lumineuses. On peut regarder ce milieu comme formé de molé-
cules égales, agissant les unes sur les autres par attraction ou répulsion; il
est naturel de supposer que la force qui s'exerce entre deux molécules est
dirigée suivant la droite qui les joint et varie suivant une fonction inconnue
de la distance. Si par une cause quelconque les molécules d'éther ont été
dérangées très-peu de leurs positions d'équilibre, elles exécutent autour de
ces positions d'équilibre des vibrations très-petites; il est facile de trouver
les équations différentielles de ces mouvements vibratoires très-petits.
M Dans l'éther libre, les molécules n'ayant aucune disposition particu-
lière, les équations différentielles sont indépendantes de la direction des
axes auxquels on rapporte le mouvement : c'est là ce que Cauchy appelle
un milieu isotrope. Cet illustre géomètre a reconnu que dans un semblable
milieu peuvent se propager deux sortes de vibrations, les unes transver-
sales, les autres longitudinales. Les vibrations transversales s'exécutent dans
le plan de l'onde; les vibrations longitudinales sont perpendiculaires au plan
de l'onde. C'est aux vibrations transversales que l'on attribue les phéno-
mènes lumineux. Dans un milieu isotrope les vibrations transversales ne
sont pas polarisées, c'est-à-dire que chaque molécule pendant sa vibration
décrit dans le plan de l'onde une courbe indéterminée : c'est là ce qu'où
appelle la lumière naturelle,
» Dans l'éther libre les molécules sont distribuées uniformément dans
toutes les directions, et par conséquent la distance moyenne des molécules
d'éther est la même sur une droite quelconque. Mais il n'en est plus de
même dans les milieux cristallisés. Je considère d'abord un cristal ayant la
forme d'un parallélipipède rectangle; les alvéoles formées par les molé-
cules pondérables sont remplies d'éther, mais l'action exercée par les mo-
lécules pondérables sur les molécules d'éther modifie la disposition de ces
dernières, et la distance moyenne des molécules d'éther n'est plus la même
dans toutes les directions. Je regarde l'éther engagé dans le cristal comme
un meilleur isotrope modifié par la présence des molécules pondérables, et
je suppose que ces molécules pondérables produisent, suivant trois direc-
tions rectangulaires, des variations très-petites dans la dislance moyenne
des molécules d'éther. Traduisant cette idée en mathématiques, je cherche
ce que deviennent les équations différentielles du mouvement vibratoire
dans l'éther ainsi modifié, et j'applique ensuite ces équations aux trois
formes principales des cristaux rectangulaires, savoir : le cube, le prisme
droit à base carrée, et le parallélipipède à trois axes inégaux.
( 890 )
» La propagation des vibrations lumineuses dans les cristaux cubiques
s'accomplit suivant les mêmes lois que dans l'éther libre.
» Dans le prisme droit à base carrée, on a d'abord une première vibra-
tion transversale qui s'exécute suivant la trace du plan de l'onde sur un
plan perpendiculaire à l'axe du prisme ; cette première vibration, rigou-
reusement transversale et polarisée en ligne droite, forme ce que les phy-
siciens nomment le rayon ordinaire. On trouve ensuite une seconde vibra-
tion rectiligne à peu près transversale, perpendiculaire à la première et
s'effectuant dans le plan mené par l'axe du cristal perpendiculairement au
plan de l'onde; c'est le rayon extraordinaire. Il y a enfin une troisième vibra-
tion rectiligne à peu près perpendiculaire au plan de l'onde qui ne se ma-
nifeste par aucun phénomène lumineux.
)) Jusqu'ici j'ai laissé arbitraire la loi suivant laquelle les molécules
d'éther agissent les unes sur les autres. En ne faisant aucune hypothèse sur
cette loi, on trouve que la vitesse de propagation du rayon ordinaire varie
avec la direction de ce rayon; mais on a reconnu par l'expérience que,
dans les cristaux prismatiques à base carrée, la vitesse du rayon ordinaire
est la même dans toutes les directions. La fonction inconnue doit donc satis-
faire à cette condition. En supposant que l'action des molécules d'éther
s'exprime par une puissance de la distance, je trouve que cette force varie
en raison inverse de la quatrième ou de la sixième puissance de la distance.
La première hypothèse doit être rejetée, parce que dans ce cas la vitesse de
propagation des vibrations transversales serait nulle; il faut donc admettre
la sixième puissance. Il reste à déterminer le sens de la force, c'est-à-dire
si elle est attractive ou répulsive. On voit aisément que, si la force était at-
tractive et en raison inverse de la sixième puissance de la distance, les vibra-
tions transversales ne pourraient se propager; la force est donc répulsive.
Je conclus de là que tout se passe comme si les molécules délher se repous-
saient mutuellement en raison inverse de la sixième puissance de ta distance.
» En admettant cette loi, on obtient l'onde d'Huyghens, savoir la sphère
pour le rayon ordinaire, et un ellipsoïde de révolution allongé ou aplati
pour le rayon extraordinaire.
» Le prisme droit à base carrée appartient à la catégorie des prismes droits
à base réguhère, et plus généralement des cristaux qui coïncident avec
eux-mêmes, quand on les fait tourner d'un certain angle autour de leur
axe. Dans ces cristaux, les équations différentielles du mouvement vibra-
toire ont la même forme que dans le prisme droit à base carrée, et elles ne
changent pas quand on fait tourner les axes des coordonnées d'un angle
(891 )
quelconque autour de l'axe des prismes. Le milieu est isotrope autour de
cet axe. Ainsi, dans tout prisme droit régulier, la propagation de la lumière
s'effectue suivant les mêmes lois que dans le prisme droit à base carrée : à
cette catégorie appartiennent le prisme hexagonal et le rhomboèdre.
» J'étudie ensuite le parallélipipèiie rectangle à trois axes inégaux. On
obtient trois vibrations recfilignes perpendiculaires entre elles; deux sont
situées à peu près dans le plan de l'onde ; la troisième est à peu près per-
pendiculaire à ce plan. On ne retrouve les lois de Fresnel pour les deux vi-
brations quasi-transversales que si une certaine condition est vérifiée, et
cette condition est la même que celle que j'ai déjà trouvée parla considé-
ration du rayon ordinaire dans les cristaux à un axe. Ainsi les lois d'Huy-
ghenspour les cristaux à un axe optique, et celles de Fresnel pour les
cristaux à deux axes optiques, conduisent à la même loi pour l'action mu-
tuelle de deux molécules d'élher.
» Lorsque le cristal a la forme d'un parallélipipède oblique, il est clair que
les molécules pondérables modifient la distance moyenne des molécules
d'éther suivant trois directions parallèles aux arêtes du parallélipipède. Je
démontre qu'il existe dans le parallélipipède trois directions perpendicu-
laires entre elles et telles, que, si on les prend pour axes des coordonnées, les
équations différentielles du mouvement vibratoire ont la même forme que
dans le parallélipipède rectangle. La même chose a lieu dans un milieu ho-
moédrique quelconque ; on appelle milieu homoédrique un milieu dont les
molécules sont disposées deux à deux symétriquement par rapport à cha-
cune d'elles, c'est-à-dire sur une même droite et à égale distance de part et
d'autre. Il résulte de là que, au point de vue des propriétés optiques, les
milieux homoédriques se classent en trois catégories ayant pour types :
1° le cube; 2° le prisme droit à base carrée; 3** le parallélipipède rectangle
à trois axes inégaux.
» Les équations du mouvement vibratoire contiennent la dérivée seconde
du déplacement de la molécule par rapport au temps, et les dérivées des
différents ordres par rapport aux trois coordonnées qui déterminent sa
position. Dans les milieux homoédriques, les coefficients des dérivées
d'ordre impair sont nuls; d'ailleurs les coefficients vont en diminuant
très-rapidement à mesure que l'ordre de la dérivée augmente. Si l'on
ne conserve que les premiers termes et qu'on néglige les termes suivants
qui sont très-petits par rapport aux premiers, les équations différentielles
du mouvement vibratoire ne contiennent que les dérivées du second ordre
et sont homogènes par rapport à ces dérivées. Il en résulte que la vitesse
( 89^ )
de propagation des rayons lumineux, dans inie direction quelconque, est
indépendante de la longueur d'onde ; mais on sait que dans les milieux
isotropes, tels que le verre, l'air atmosphérique, les cristaux cubiques, la
vitesse de propagation varie avec la longueur d'onde, et qu'elle est plus
grande pour les rayons rouges que pour les rayons violets.
» Pour expliquer cette inégalité de vitesse des rayons lumineux, Cauchy
avait recours aux dérivées du quatrième ordre qu'il avait d'abord négligées.
Mais cette explication soulève une objection grave ; car si ces termes du
quatrième ordre avaient une influence sensible dans les milieux isotropes
dont je viens de parler, ils en auraient une aussi dans l'éther libre ; or l'ob-
servation des étoiles prouve que dans l'éther libre la vitesse de propagation
des rayons lumineux est constante, ou du moins que, s'il y a une différence,
elle est tout à fait inappréciable. Il est donc à présumer que ces termes
sont nuls, et que l'inégalité de vitesse est due à une autre cause. La condi-
tion que l'on obtient en égalant ces termes à zéro, signifie que la force
moléculaire varie en raison inverse de la sixième puissance de la distance.
Je retrouve ainsi par un autre moyen la loi d'action mutuelle des molé-
cules d'éther à laquelle j'ai été conduit par la considération des cristaux
à un axe et des cristaux à deux axes optiques. »
CHIRURGIE. — Note sur un cas très-grave de polype naso-pharynfjien, extirpé
avec succès parla boutonnière palatine au moyen de la ligature extemporanée
et de la cautérisation en flèches; par M. Maisonneuve. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Andral, Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.)
« Dans la séance du aa août dernier, j'ai soumis à l'Académie un nou-
veau procédé opératoire dit de la boutonnière palatine, destiné à remplacer,
pour l'extirpation des polypes naso-pharyngiens, les graves mutilations con-
sidérées ordinairement comme indispensables. Dans le fait qui servait de
base à cette communication, la tumeur n'ayant acquis encore qu'un faible
développement, l'opération avait pu être exécutée en quelques minutes et
la guérison obtenue en peu de jours. Mais la simplicité même de cette opé-
ration pouvait laisser des doutes sur son efficacité dans les cas graves. Au-
jourd'hui, les appréhensions que j'avais, moi-même, à cet égard sont dissi-
pées, et j'ai acquis la certitude que la boutonnière palatine convient aussi bien
à l'extirpation des polypes naso-pharyngiens les plus graves qu'à ceux de
petite dimension. En effet, dans le cas qui fait l'objet de ma nouvelle com-
(«93 )
«miiiication, le polype était certainement un des plus considérables et des
plus compliqués, puisque par ses embranchements multiples il remplissait le
pharynx, envahissait les fosses nasales, déprimait la vovite palatine, con-
tournait en arrière et en dehors l'os maxillaire supérieur, pénétrait dans la
fosse zygomatique, et de là se prolongeait d'une part dans l'épaisseur de la
joue, d'autre part dans la fosse temporale. Néanmoins, pour opérer la cure
complète de cette tumeur, j'ai dû : i° ajouter à la boutonnière palatine mie
deuxième ouverture, faite à la face interne de la joue, sans laquelle il
«l'eût été impossible d'extraire les prolongements externes qui occupaient la
région génieniie et la fosse temporale; 2° substituer aux procédés ordinaires
de section par l'instrument tranchant, et de cautérisation au fer rouge, les
procédés plus simples et plus sûrs de la ligature extemporanée, au moyen [du
fil de fer et de la cautérisation en flèches.
» Le malade était un jeune homme de 22 ans, nommé Poujaud (Jules),
sur lequel j'avais dans une première séance, le 10 octobre iSSg, extirpé au
moyen de la ligature extemporanée la portion pharyngienne, ainsi que des
prolongements géniens et temporaux de la tumeur. Cette extirpation s'est ef-
fectuée facilement d'un côté par la boutonnière palatine, de l'autre par une
boutonnière pratiquée à la face interne de la joue. Dans tme deuxième
séance, le 5 novembre, j'ai extirpé encore au moyen de la ligature extem-
poranée, mais cette fois par les voies naturelles, le prolongement placé dans
la fosse nasale. Dans une troisième séance, le 12 novembre, j'ai détruit par
la cautérisation en flèches la portion qui déprimait la voûte palatine. Enfin,
dans une quatrième séance, le 20 novembre, j'ai complété la cure en détrui-
sant le pédicule de la tumeur, au moyen d'une deuxième application de
flèches caustiques. De sorte qu'aujourd'hui, 28 novembre, après six se-
maines environ de traitement, le malade se trouve entièrement débarrassé
de sa tumeur, sans que son visage ait la moindre mutilation, et sans que sa
vie ait un seul instant inspiré d'inquiétudes. »
PHYSIOLOGIE. — Note sur la cicatrisation des plaies sous linjluence de l'acide
carbonique; par MM. Demarquay el Ch. Leconte. (Extrait.)
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
« Dans un précédent Mémoire, nous avons étudié l'influence que certains
gaz exercent lorsqu'ils ont été injectés dans le tissu cellulaire ou dans le
péritoine (séance du 29 mars i858). Dans un second (séance du 25 avril
C. R., 1859, 2<= Semestre. (T. XLIX, K" 25.) Il6
( 894 )
iSSg) nous avons montré que tandis que l'oxygène, mis chaque jour au
contact des tendons divisés, retarde d'une manière très-sensible la réparation
(les plaies sous-cutanées, et que l'azote est complètement dépourvu d'action,
l'acide carbonique, au contraire, active d'une manière merveilleuse la répa-
ration des tendons divisés.
" Ce fait une fois bien constaté, il était tout naturel d'espérer que l'acide
carbonique, mis au contact d'une plaie des téguments exposée au contact
de l'air, agirait de la même manière, c'est-à-dire qu'il en hâterait considéra-
blement la cicatrisation si on parvenait à le maintenir pendant un temps
convenable au contact de la plaie qu'il s'agissait de modifier. Pour atteindre
ce but, nous avons prié M. Gariel de nous faire construire des appareils
en caoutchouc, des espèces de manchons qui, une fois appliqués sur les
membres atteints de plaies, nous permissent de plonger ceux-ci dans une
atmosphère d'acide carbonique. Grâce à ces manchons, nous avons pu
maintenir pendant quatre et six heures, et même plus, des membres affectés
de plaies en contact avec l'acide carbonique. Plusieurs malades, atteints
d'ulcères gangreneux, de plaies diphtéritiques ou de mauvaise nature, ayant
résisté à des traitements antérieurs, ont été traités par nous depuis plus de
deux ans dans le service chirurgical de la Maison municipale de Santé, et
ont guéri avec une rapidité vraiment remarquable: »
M. AvENiER Delagrée adrcssc une addition à un précédent Mémoire sur
une machine à gaz chauds et à vapeur d'eau.
L'auteur demande que le Mémoire, avec ce supplément, soit admis à
concourir pour le prix de Mécanique. Il prie de plus l'Académie de vou-
loir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place
de Correspondant de la Section de Mécanique.
Cette demande sera renvoyée à la Section. Quant au Mémoire, y compris
le Supplément, il ne pourra être admis parmi les pièces de concours que
pour l'année 1860.
M. Avenier Delagrée envoie, en outre, une Note sur un foyer fumivore à
flamme renversée pour les locomotives.
(Renvoi à l'examen de MM. Poncelet, Regnault, Combes, précédemment
désignés pour d'aiitres communications de l'auteur.)
(Sg5 )
CORRESPOIVDAIVCE.
M. i,E Secrétaire perpétuel présenle au nom de l'auteur, M. Béchanijj,
lui opuscule sur les métaux qui peuvent exister dans le sang ou dans les
viscères.
« Par ce travail, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, j'ai essayé de démon-
trer que le manganèse, le ciiivre, le plomb, n'existent dans le sang que par
accident, mettant ainsi d'accord les chimistes qui y ont constamment trouvé
ces métaux et ceux qui ne les y ont jamais rencontrés. Cette conclusion est
tirée de 44 analyses de foie ou de sang humain dans lesquelles le cuivre a été
constaté, sans doute possible, 19 fois au moins et au plus aa fois, en mettarit
sur le compte du cuivre les cas douteux. »
M. LE Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
correspondance un Traité des Entozoaires et des maladies vermineuses, par
M. Dnvaine, savant dont l'Académie a plusieurs fois récompensé les travaux
de pathologie et de physiologie expérimentale,
« M. Valenciennes appelle l'attention sur des faits entomologiques ob-
servés par M. Girard, professeur d'histoire naturelle au collège Rollin, et
met sous les yeux de l'Académie plusieurs écrevisses mortes ou vivantes des
mares du plateau de Brie-Comte-Robert qui ont perdu les onglets et une
partie des derniers articles de leurs pattes rongées ou résorbées par la suc-
cion du pied du petit mollusque acéphale fluviatile Cydas fiuviatilis. Drap.
On voit encore sur l'un des individus les Cyclades attachées aux pattes
de l'écrevisse.
» M. Valenciennes dépose en même temps sur le bureau de l'Académie
l'exemplaire du Mémoire accompagné de planches sur lesquelles M. Girard
a fait figurer ce nouveau geftre de parasitisme, ainsi que la description d'une
nouvelle espèce de Hemerobius (//. liimaculaliis Girard), deux nouveaux
crustacés brachyoures, l'un, Cancer Jossulalus ejusd.; Vautre, Plat/carcinus
BerviUei ejusd.
» L'auteur signale en terminant l'action toxique anesthésique de la
benzine sur les fibres de certains insectes. »
116..
( «9^ )
« M. Pelocze présente au nom de M. Jacobi un certain nombre de mé-
dailles de différents modules frappées avec des alliages de platine et d'iri-
dium, fondus au laboratoire de l'École Normale par les procédés de
MM, H. Sainte-Claire Deville et Debray. Ces matières ont la composition
suivante :
I. II. III.
Platine 80 Platine 90 Platine gS
Iridium ... 20 Iridium .... 10 Iridium .... 5
100 ,100 100
» Elles ont été laminées, d'après l'observation de M. Jacobi, à froid et
sans recuit, avec une extrême facilité, présentant les qualités des métaux les
plus ductiles. Elles ont pris sous le balancier un poli aussi parfait que le
poli des coins, accusant, pour les alliages riches en iridium, une dureté
\xi\ peu plus grande que celle de l'or à 0,916. Cette dureté est en proportion
de la quantité d'iridium qui s'y trouve, tout aussi bien (^e la résistance de
l'alliage à l'action de l'eau régale, laquelle devient presque complète à partir
du titre de 20 pour 100 d'iridium.
» Parmi les échantillons déposés sur le bureau de l'Académie se trouvent
deux médailles, l'une de 63 milUmètres à l'effigie de l'Empereur Nicolas,
l'autre de 4 1 millimètres à l'effigie de l'Empereur Alexandre I". Ces médailles
ont été fabriquées avec du minerai de platine des mines de Nischny-Tagilsk
appartenant au prince Démidoff et apporté par M. le général de Rachette.
Le rainerai fondu directement par les procédés de MM. Deville et Debray
a donné un alliage composé, d'après l'analyse de M. Deville, de
Platine 92)6
Iridium '7,0
Rhodium o ,4
— « —
100,0
» Cette matière s'est laminée avec une perfection aussi grande que les al-
liages fabriqués directement; elle a résisté à luie épreuve des plus con-
cluantes, en permettant la fabrication d'une médaille dont le relief dépasse
5 millimètres, ce qui n'avait jamais été fait, même avec le platine pur. La
matière, quoique devenue très-dure par un écrouissage très-énergique, s'est
relevée avec une grande uniformité pour fournir à la saillie de la figure la
•V .
( 897 )
substance métallique provenant des parties latérales. Il arrive souvent que
les médailles d'or à 0,916 se brisent sous le coin dans les mêmes circon-
stances.
» M. Pclouze présente également au nom de M. Jacobi un lingot d'iri-
dium fondu du poids de 267 grammes. Cette matière, considérée jusqu'aux
derniers travaux de MM. Deville et Debray comme des plus réfractaires (1),
s'est fondue avec facilité, en se purifiant, au moyen des fours en chaux de
ces Messieurs : seulement il a fallu remplacer le gaz de l'éclairage par l'hy-
drogène pur. M. Regnault, en prenant la chaleur spécifique de ce lingot,
l'a soumis à l'épreuve la plus délicate par laquelle on puisse contrôler la
pureté d'un corps simple. D'après ce qu'il a bien voulu dire à M. Jacobi, il
ne peut rester dans celte matière que de petites quantités de ruthénium. »
ic A l'occasion de celte communication, M. Regnault fait remarquer qu'il
a déterminé, depuis quinze ans, la chaleur spécifique d'un grand nombre
d'échantillons d'iridium, qui tous lui ont offert une anomalie complète par
rapport à la loi des chaleurs spécifiques des corps simples; il a toujours
attribué cette anomalie aux impuretés du métal. L'échantillon du métal
fondu que M. Jacobi a bien voulu mettre à sa disposition, a donné une cha-
leur spécifique qui rentre presque exactement dans la loi générale. »
CHIMIE ORGAiNiQUE. — Sur les propriétés optiques de l'acide tartrique artificiel;
extrait d'une Lettre de M. Bohn à M. Pelouze.
« La solution d'acide tartrique artificiel ne diffère pas dans ses proprié-
tés optiques d'une solution d'acide tartrique naturel tiré des raisins ou
d'autres fruits.
» Le plan de polarisation des rayons lumineux qui ont traversé une co-
lonne de solution d'acide tartrique artificiel se trouve dévié à droite, aussi
bien que cela arrive si la lumière passe par une solution d'acide tartrique
naturel ordinaire. Dans mes expériences la solution de l'acide artificiel
ayant été moins concentrée que celle de l'acide naturel, l'interposition
d'une colonne de longueur donnée de la première produisait une déviation
moindre que celle que j'observais quand l'acide naturel se trouvait sur la
route des rayons.
(i) L'iridium n'avait jusqu'alors été fondu qu'au feu de la pile par M. Desprctz.
( 898)
» La succession des images colorées qui se voient à travers l'acide arti-
ficiel et le spath analyseur, reste la même lorsqu'on remplace l'acide artifi-
ciel par l'acide naturel. Elle est différente de celle que l'on observe lorsque
les rayons lumineux ont seulement une plaque de quartz à traverser.
» Après l'addition d'une très-petite quantité d'acide borique à la solu-
tion d'acide tartrique artificiel, on observe une déviation du plan de pola-
risation bien plus grande, et, en tournant l'analyseur, des images colorées
qui sont apparemment les mêmes, comme s'il n'y avait que du quartz dans
l'appareil ou de l'acide tartrique naturel mêlé d'acide borique. »
CHIMIE. — Synthèse de bases oxygénées; par M. Ad. Wurtz.
(( J'ai démontré récemment que l'oxyde d'élhylène peut s'unir directement
à l'eau pour former les alcools monoéthylénique (glycol), diéthyléniqueet
triéthylénique suivant que la combinaison s'accomplit entre i , 2 ou 3 atomes
d'oxyde d'éthylène et 1 atome d'eau. Les faits sur lesquels je vais appeler
aujourd'hui l'attention des chimistes se rattachent aux précédents, mais ils
sont peut-être plus inattendus et plus importants quant à leurs conséquences
théoriques.
» L'oxyde d'éthylène s'unit à l'ammoniaque sans qu'il y ait formation e!
élimination d'eau. Tous les éléments de l'oxyde d'éthylène s'unissent à tous
les éléments de l'ammoniaque et il résulte de cette synthèse des bases oxy-
génées douées d'une grande-énergie. Pour les préparer, on ajoute de l'oxyde
d'éthylène à une solution aqueuse et concentrée d'ammoniaque et on aban-
donne le mélange à lui-même à la température ordinaire. La combinaison
s'effectue immédiatement et donne naissance à un dégagement considérable
de chaleur. Ayant fait une première fois cette expérience avec 10 grammes
d'oxyde d'éthylène et de l'ammoniaque très-concentrée, j'ai enfermé le mé-
lange dans un matras de verre très-fort. Au bout de dix minutes celui-ci a
éclaté avec une violente explosion. Telle est l'énergie de la réaction dont il
s'agit. Convenablement dirigée, cette réaction donne naissance à un liquide
ammoniacal qu'on évapore à une douce chaleur. Il reste une matière siru-
peuse fortement alcaline, qu'on neutralise par l'acide chlorhydrique. La
solution, suffisamment évaporée, laisse déposer des rhomboèdres brillants
et incolores d'un chlorhydrate qui renferme
G«H'»Azô», HCl(i).
(l) 4i = 12, H;:= 1, Az = l4, 0 = 16.
(899)
» Lorsqu'on ajoute du chlorure de platine à la solution de ces cristaux,
il se forme un sel double qu'on obtient facilement sous forme de paillettes
d'un jaune d'or en ajoutant de l'alcool à la solution aqueuse. Ce sel double
renferme
€«H*»A7.0%HCl,PtCP.
» L'eau mère, séparée des rhomboèdres dont il vient d'être question,
renferme un chlorhydrate incristallisable. Lorsqu'on ajoute du chlorure de
platine et qu'on abandonne la solution à l'évaporation spontanée, il s'y
forme de magnifiques prismes rhomboïdaux d'un rouge oraiigé et offrant
quelque ressemblance avec le bichromate de potasse. Ces cristaux renfer-
ment
€*H"AzO% HCl, PtCl'.
» Les analyses que j'ai faites de ces composés suffisent pour établir la
composition et le mode de formation des bases oxygénées qu'ils renferment.
La base contenue dans le dernier sel de platine renferme tous les éléments
de I atome d'ammoniaque et de i atomes d'oxyde d'éthylène. Elle se forme
en vertu de la réaction suivante :
a€'H*^ + AzH'= j^[JJ*^JAzH' = €*H"AzO'.
» La base contenue dans le chlorhydrate rhomboédrique et dans le sel de
platine correspondant renferme les éléments de i atome d'ammoniaque et
de 3 atomes d'oxyde d'éthylène. Comme la précédente, elle se forme par
synthèse :
3€'H'Ô 4- AzH' = l€»H*0 AzH' = €«H'« AzO'.
Oxyded'éthylèné. (CH*©)
» On le voit, bien que compliquées par le nombre des éléments qu'elles
renferment, les bases oxygénées que je fais connaître aujourd'hui sont néan-
moins très- simples dans leur constitution moléculaire et dans leur mode de
formation.
» Elles prennent naissance en vertu de cette double tendance que pos-
sède l'oxyde d'éthylène de former des combinaisons directes et de doubler
ou de tripler sa molécule, lorsqu'elle s'ajoute aux éléments d'un autre
corps.
I) En ce qui concerne la constitution des nouvelles bases, je me bornerai
( goo )
à une seule remarque. Ces bases ne sont pas formées par substitution, et les
réactions qui leur donnent naissance ne sont point comparables à celles qui
engendrent les ammoniaques composées. Les nouveaux alcaloïdes réalisent
plutôt des ammoniaques conjuguées, et semblent, au premier abord, offrir
un point d'appui expérimental à une ancienne idée de Berzelius, qui admet-
tait que les alcaloïdes renferment de l'ammoniaque toute formée. Néan-
moins, il me semble possible de les rattacher au type ammoniacal et je
compte développer prochainement celte idée.
» En terminant, je ferai remarquer que rien n'empêche de faire réagir
sur l'oxyde d'éthylène des ammoniaques composées et que ces réactions
seront une source féconde d'alcaloïdes oxygénés arlificiels. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur lin nouveau mode de substitution et sur la formation
des acides iodobenzoïque, iodutoluique et iodanisique ; par M. P. Griess.
« J'ai signalé, il y à quelque temps, une nouvelle classe d'acides orga-
niques azotés qui se forment par l'action de l'acide nitreux sur les acides
amidés du groupe benzoïque. Dans cette réaction, 2 molécides de lacide
échangent 3 équivalents d'hydrogène contre i équivalent d'azote :
C"H'*Az^O*+ AzO» = 3H0 ■+- C"H" Az»0*.
Deux équivalents Wouvelle matière,
d'acide beiizamtquc.
» Les nouveaux acides, soumis à l'actioù des agents chimiques, éprouvent
luie série de transformations remarquables. C'est surtout l'action des acides
qui m'a fourni des résultats nets,
» L'acide C"*H"Az'0', traité par l'acide chlorhydrique concentré,
s'échauffe en dégageant de l'azote; l'addition de l'eau au liquide évaporé
sépare des flocons rougeâtres qui , par une simple recristallisation dans
l'alcool, fournissent de l'acide chlorobenzoïque parfaitement pur. En con-
tinuant l'évaporation de l'eau mère, on obtient l'hydrochlorate de l'acide
amidé :
C"H"Az'0«-^H*CP = C**H'AzO%HCl -+- C'*(H'Cl)0* -^ Az».
Acide azoté. Chlorhydrate Acide chlorobenzoïque.
d'acide benzamique.
» Pour illustrer cette réaction, on pourrait envisager l'acide azoté comme
( 9«i )
un acide double appartenant au type
et représenté par la formule
[-(r,.)-][-(;::j-]io..
Sous l'influence de l'acide chlorhydrique , l'assemblage moléculaire
C* ( ] O* s'éliminerait comme hydrochlorate de l'acide benzamique,
tandis que le groupe restant C'* ( » ) t)*, échangeant a molécules d'azote
monoatomique contre i équivalent d'acide chlorhydrique, se transforme-
rait en acide chlorobenzoïque.
» J'ai déjà remarqué, dans ma communication précédente, que l'acide
azoté peut être également envisagé comme hydrate d'un oxyde d'ammonium
doué de propriétés acides ;
|(C'*H*0^"='HAz"'Az»l") .
H» )
» Je m'abstiens pour le moment de donner la préférence à l'une ou à
l'autre de ces formules, parce que j'espère gagner des points d'appui addi-
tionnels dans le cours de mes recherches.
» ^cide iodobenzoïque C'*(H''I)0*. — On l'obtient facilement en trai-
tant l'acide azoté de la série benzoïque par l'acide iodhydrique. Difficile-
ment soluble dans l'eau, ce composé se dissout en fortes proportions dans
l'alcool et l'éther. Il cristallise en paillettes allongées. L'acide iodobenzoïque
est remarquable par sa stabilité; traité par l'acide nitrique fumant, il se
transforme en acide nitro-iodobenzoïque sans perdre une trace d'iode. Le
sel d'argent est un précipité blanc amorphe renfermant
C'*(H*IA^)0*.
» Jcide iodololuique C'*(H'I)0*. — Cet acide ressemble à l'acide iodo-
benzoïque dans l'ensemble de ses propriétés. On l'obtient en traitant par
C, R., i859, i""' Semestre. (T. XLIX, N'-Sô.) ' '7
( 902 )
l'acide iodhydriqiie le dérivé azoté de la série toliiique ; il se forme en même
temps l'ioflhydrate de l'acide toluamique :
G'='H"Âz'OM-2HI= C"'(Hn)0* + C"'H»AzO'HI + 2Az.
Acide azoté. Acide iodotoluique. lodbydrale
de l'acide toliiamiqoc.
Paillettes nacrées peu solubles dans l'eau, même bouillante, facilement so-
lubles dans l'alcool et l'éther.
w Acide iodanisique C'*(H'1)0*. — Le dérivé azoté de la série anisique
imite la conduite de ses analogues benzoïque et toluique. Sous l'influence
de l'acide iodhydrique, ce corps G'*H'*Az'0'' se scinde en acid§ iodani-
sique et iodhydrate d'acide anisique, deux tiers de l'azote se dégageant à
l'état de gaz. L'acide iodé cristallise en fines aiguilles blanches, insolubles
dans l'eau, très-solubles dans l'alcool et l'éther. Le sel d'argent est un pré-
cipité blanc amorphe.
» L'action des acides sur les corps azotés que j'ai découverts fournit un
nouveau mode de substitution, lequel, quoique indirect, produit néan-
moins des applications intéressantes.
» Je m'occupe en ce moment de soumettre mes corps azotés à l'action
de l'acide fluorhydrique et cyanhydrique, et j'espère obtenir de cette étude
les acides fluobenzoïque et cyanobenzoïque.
» Les expériences précédentes ont été faites au laboratoire de M. Hof-
mann à Londres. »
PHYSIOLOGIE. — Note sur une nouvelle méthode anesthésique;
/9ar M. P. Broc A. (Extrait.)
« M. James Braid, dans un ouvrage qu'il a publié il y a plus de quinze
ans, sur ce qu'il a appelé Vhypnotisme ou sommeil nerveux, annonçait le fait
suivant :
« Lorsqu'on place un objet brillant au-devant de la ligne médiane du
» visage, à une distance de 8 à i5 pouces anglais, et qu'on invite le sujet
H de l'expérience à fixer continuellement les yeux sur cet objet, de manière
» à produire dans les muscles oculaires et palpébraux une contraction
» permanente, on voit survenir au bout de quelques minutes un état sin-
» giilier, analogue à la catalepsie. Les membres soulevés par l'expérimenta-
» leur conservent pendant un temps assez long toutes les positions qu'on
» leur donne; les organes des sens, excepté celui de la vue, acquièrent en
( 9o3 )
B même temps une sensibilité exagérée, et enfin une période de torpeur ou
» de sommeil naturel, dont la durée est variable, succède à cette période
» d'excitation. » ' ■
» L'ouvrage de M. Braida eu quelque retentissement en Angleterre, mais
il est presque inconnu en France ; cependant le Dicliomiaire de Médecine de
MM. Littré et Robin, à l'article Hypnotisme, renferme une indication de
cette découverte et une description abrégée des phénomènes observés.
» Je n'avais aucune connaissance de ces faits singuliers lorsque, il y a
trois jours, mon ami M. Azam, professeur suppléant de clinique chirurgi-
cale à l'École de médecine de Bordeaux, les signala à mon attention. Les
résultats nombreux qu'il a obtenus et qu'il a bien voulu me communiquer
sont extrêmement remarquables; je lui laisse le soin de les publier.
» En analysant avec lui les phénomènes cérébraux qui constituent l'hyp-
notisme, l'idée me vint de chercher si les personnes hypnotisées ne pour^
raient pas devenir insensibles à la douleur des opérations.
» Je résolus donc de tenter l'expérience. Auparavant je voulus m'assurer
par moi-même de la réalité des phénomènes de l'hypnotisme : dès le lende-
main, je fis un essai sur une dame de 4o ans environ, quelque peu hysté-
rique, qui gardait le lit pour une légère indisposition; je lui laissai croire
que mon intention était simplement d'examiner ses yeux, et je l'invitai à
regarder fixement un petit flacon doré placé à i5 centimètres environ au-
devant de la racine du nez. Au bout d'environ trois minutes, ses yeux étaient
un peu rouges, son visage immobile, ses réponses lentes et difficiles. Je lui
pris la main, et je la plaçai au-dessiis de sa tête ; le membre resta suspendu
dans l'attitude où je l'avais mis. Je donnai aux doigts les situations les plus
extrêmes, qu'ils conservèrent sans changement jusqu'à la fin de l'expé-
rience : enfin je pinçai la peau sur plusieurs points avec une certaine force,
sans que ma malade parût s'en apercevoir. Je jugeai inutile d'aller plus loin,
et pour faire cesser celte catalepsie provoquée, je fis, suivant les indica-
tions que je tenais de M. Azam, une légère friction sur les yeux, suivie
d'une insufflation d'air froid sur le front. Aussitôt la dame revint à elle ;
et, quoique pendant l'expérience ses réponses eussent été parfaitement rai-
sonnables, elle ne parut se souvenir ni de ce qu'elle avait dit, ni de ce que
e lui avais fait.
» J'ai pensé, d'après ce résultat, qu'en poussant plus loin l'hypnotisme,
e pourrais obtenir une insensibilité suffisante pour permettre d'exécuter
sans douleur de courtes opérations; et mon collègue M. Follin, à qui j'ai
■ 117-
• ( 9o4 )
fait part de mes espérances, a bien voulu me donner rendez-vous à l'hôpi-
tal Necker, pour opérer avec moi une malade de son service.
» Hier 4 décembre, à 3 heures de l'après-midi, nous sommes allés en-
semble à cet hôpital. Avant de procéder à l'opération, nous avons cherché à
provoquer les phénomènes de l'hypnotisme chez deux jeunes filles conva-
lescentes : ces deux essais préalables, dont le premier seul a bien réussi, ont
eu lieu dans une chambre particulière, en présence de la religieuse de la
salle. Encouragés par les résultats de notre premier essai, et par le souvenir
de mon succès de la veille, nous avons agi sur la malade que nous allions
opérer, et nous avons obtenu du premier coup l'hypnotisme.
/> Il s'agissait d'une fenmie de 24 ans, entrée à l'hôpital pour une vaste
brûlure du dos et des deux membres droits, et atteinte en outre d'un abcès
volumineux et extrêmement douloureux de la marge de l'anus. Epuisée par
la douleur, et d'ailleurs fort pusillanime, elle redoutait beaucoup une inci-
sion dont elle comprenait la nécessité. Après avoir placéson lit en face d'une
fenêtre, je lui ai annoncé que j'allais l'endormir. J'ai placé ma lorgnette à
i5 centimètres en avant de la racine du nez, en deçà par conséquent des
limites de la vision distincte, et la malade, pour fixer cet objet, a été obligée
de loucher fortement en dedans. Les pupilles se sont aussitôt contractées.
Le pouls, déjà rapide avant l'expérience, s'est d'abord un peu accéléré,
puis, tout à coup, est devenu beaucoup plus faible et beaucoup plus
lent, ce qui avait été également observé sur nos deux premiers sujets. Au
bout de deux minutes, les pupilles commencent à se dilater, nous élevons
le bras gauche presque verticalement ^lu-dessus du lit : ce membre reste
immobile. Vers la quatrième minute, les réponses sont lentes et presque pé-
nibles, mais du reste parfaitement sensées. La respiration est très-légère-
ment saccadée. Au bout de cinq minutes, M Follin, à l'insu de la malade,
pique la peau du bras gauche, qui est toujours dans la situation verticale.
Rien ne bouge. Une nouvelle piqûre, plus profonde, qui fait sortir une.
gouttelette de sang passe également inaperçue. On élève le bras droit qui
reste suspendu, en immobilité, comme le gauche. On soulève alors les'cou-
verlures, on écarte les membres inférieurs, pour mettre à découvert le siège
de l'abcès; la malade se laisse faire en disant toutefois avec tranquillité,
qu'on va sans doute lui faire du mal. Enfin, sept minutes après le début de
l'expérience, pendant que je coijtinue à tenir l'objet brillant devant les
yeux, M. Follin pratique sur l'abcès une large ouverture qui donne issue à
une énorme quantité de pus fétide. Un léger cri qui dure moins d'une se-
( 9o5 )
coude est le seul signe de réaction que donne notre malade : il n'y a pas eu
le moindre tressaillement, soit dans les muscles de la face, soit dans les
muscles des membres. Les deux bras sont restés sans le moindre ébranle-
ment dans l'attitude qu'ils conservent depuis plusieurs minutes.
» Deux minutes plus tard, la pose est toujours la même : les yeux sont
largement ouverts, un peu injectés, le visage immobile comme un masque,
le pouls exactement comme au moment de notre arrivée, la respiration par-
faitement libre; mais l'opérée est toujours insensible. Le talon gauche, qu'on
élève au-dessus du lit reste suspendu en l'air : les deux membres supérieurs
sont toujours dans la même attitude.
■> J'enlève le corps brillant placé au-devant des yeux, l'insensibilité et
l'immobilité cataleptique persistent toujours : je fais sur les yeux une fric-
tion légère, et une insufflation d'air froid : l'opérée fait quelques petits
mouvements; on lui demande si on lui a fait quelque chose; elle répond
qu'elle n'en sait rien : du reste ses trois membres sont toujours dans les
attitudes qu'on leur a données: il y a déjà plus de treize minutes que le
bras gauche est dans la situation verticale. M. Follin pratique sur ce bras
une piqiire qui amène une gouttelette de sang : la malade ne s'aperçoit de
rien, et ses doigts mêmes restent entièrement immobiles. Enfin, dix-huit à
vingt minutes après le début de l'expérience, et plus de douze minutes après
l!opération, je fais sur les yeux une friction plus forte que la première, et
j'insuffle sur le visage une plus grande quantité d'air froid. Cette fois, la
malade se réveille presque subitement : ses deux bras et sa jambe gauche se
relâchent presque à la fois, et retombent tout à coup sûr le lit ; puis elle se
frotte les yeux et reprend toute sa connaissance : elle ne se souvient de
rien, et s'étonne d'apprendre qu'elle a été opérée. Au bout de quelques
instants, elle se plaint de souffrir un peu de la plaie qu'on vient de lui
faire, mais celte douleur est très-modérée. »
M. M. QiiuANo adresse de Popayan (Nouvelle-Grenade) une Note écrite
en espagnol et ayant pour titre : Considérations sur la loi de Mariette con-
cernant la variation de volume d'un gaz selon la variation de pression.
(Renvoi à l'examen de M. Regnault.)
m. Partiot demande et obtient l'autorisation de reprendre lui Mémoire
sur le mascaret qu'il avait précédemment présenté (a8 octobre i858) et sur
lequel il n'a pas été fait de Rapport.
■■"A
( 9o6 )
M. Verstraete, auteur d'un Mémoire « sur la manière dont nous acqué-
rons par la vue la connaissance des corps », prie l'Académie de vouloir
bien compléter la Commission à l'examen de laquelle ce travail a été
renvoyé.
Dans cette Commission, qui se composait de MM. Magendie, Serres et de
Senarmont, M. Cl. Bernard remplacera le Membre décédé.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Physique propose, par l'organe de son doyen M. Becquerel,
de déclarer qu'il y a lieu d'élire pour la place vacante par suite du décès de
M. Cagniard de Latour.
L'Académie va au scrutin sur cette question. Le nombre des votants étant
de 48, il y a 48 oui.
En conséquence la Section est invitée à présenter dans le prochain co-
mité secret une liste de candidats.
La Section de Médecine et de Chirurgie présente, par l'organe de son
doyen M. Serres, la liste suivante de candidats pour la place de Correspon-
dant, vacante par suite du décès de M. Bonnet.
En première ligne M. Denis (de Commercy), àToul.
/ M. BouissoN, à Montpellier.
c j -i- , l M. Ehrmann, à Strasbourg.
En deuxième ligne ex œquo et 1 ' »
j I L L ',■ { M. FoRGET, à Strasbourg.
par ordre alphabétique. • • 1 __ ^
i M. GiNTRAc, à Bordeaux.
( M. Serres (d'Uzès), à Alais.
Les titres de ces candidats sont exposés par M. Andral; ces titres sont
discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures.
( 907 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 5 décembre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Notions générales de Physique et de Météorologie à l'usage de la jeunesse;
par M. Pouillet; 3" édition. Paris, 1860; 1 vol. in-12.
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne; 3o* liv. ; in-4''.
Annuaire pour l'an \ 860, publié par le Bureau des Longitudes; 1 vol. in-i8.
Traité des Entozoaires et des Maladies vermineuses de l'homme et des animaux
domestiques; par C. Davaine. Paris, iBSg; i vol. in-S".
Manuel pratique de microscopie appliquée à la médecine; par M. P. COULIEK.
Paris, iSSg; i vol. in-ia.
Etudes hygiéniques sur les eaux potables; par M. E. Grellois. Paris, 1 85g;
br. in-8°.
Notices enlomologiques; par M. Maurice Girard. Paris, iSSg; br. in-8".
. Sur les métaux qui peuvent exister dans le sang ou les viscères, et spécialement
sur le cuivre dit physiologique; par M. BÉCHAMP; br. in-B".
Note sur la craie glauconieuse de Rouen et les grès verts du Maine; par
M. Edm. HÉBERT ; | de feuille in-8°.
Note sur les caractères paléontologiques de la craie de Meudon, suivie de
nouvelles observations sur les rapports de la craie chlorilée de Rouen et les grès
verts du Maine; par le même; i feuille in-8°.
Rapports faits à la Section des Sciences du Comité des Sociétés savantes^ les
22 décembre i858 et 11 février iSSg, sur les Mémoires de géologie contenus
dans le IF volume des Mémoires de la Société d' Emulation du département du
Doubs; 3" série, i 85g, et ceux publiés dans le t. VIII des Annales de la Société
impériale d' Agriculture de Lyon (2* série i856); par le même; 2 br. in-S".
Rapports faits à la Section des Sciences du Comité des Sociétés savantes, le
1 6 mai 1 85g; par le même ; f de feuille in-B*^.
Observations sur les phénomènes qui se sont passés à la séparation des périodes
géologiques ; par le même; f de feuille in-8°.
( 9o8 )
Note sur la limite inférieure du lias et sur la composition du trias dans les dépar-
tements du Gard et de [Hérault; par le même; i feuille in-S".
Simples préliminaires sur la restauration du microscope tatadioptrique à
miroirs-objectifs métalliques à très-grandes ouvertures; par M. Achille Brachet.
Paris, 1860; br. in-S".
Sugli... Mémoires sur les électromètres; par le professeur P. VoLPlCELLi.
Rome; i858, br. in-4".
Die gesetze... Les lois de la nutrition des carnivores, confirmées par de nou-
velles recherches; par les D" Th.-L. W. BlSCHOFF et Cari Voit. Leipzig et
Heidelberg, 1860; i vol. in-8°.
Videnskabellige... Notices scientifiques de la Société d histoire naturelle de
Copenhague pour i année i858. Copenhague, iSSg; 111-8".
ERRy4TA.
(Séance du 27 novembre i85g.;
Page 837, ligne i après le tableau, supprimez que — •
Page 83^, ligne 2 après le tableaii, au lieu dco, 1616, lisez o, i656.
Page 840, ligne 7, ajoutez les deux mobiles étant supposés faire partie des tranches
extrêmes des gaz, ce qui revient à partager leur distance dans le rapport des vitesses v et V.
I' If
Page 84 1 , ligne 2, au lieu de — 1 lisez ^•
Page 842. ligne 24, supprimez les exposants.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 DÉCEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
IMÈMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. LE Président donne communicalion d'une Lettre parvenue au Secréta-
riat le 6 courant, par laquelle la famille de M. Poinsot annonçait son décès
survenu la veille. Les obsèques de l'illustre géomètre ont eu lieu aujour-
d'hui 1 2 décembre : M. Bertrand y a porté la parole au nom de l'Académie
des Sciences.
MÉCANIQUE. — Mouvement des gaz de la poudre dans l'âme des bouches à Jeu;
par M. PioBERT. (Suite.)
Décroissement parabolique des densités.
« 23. Tension des gaz variant comme une puissance quelconque de la
densité. — On a considéré le mouvement des gaz dont la tension est pro-
portionnelle à la densité, comme dans le cas des gaz permanents ; mais dans
les circonstances ordinaires de l'emploi de la poudre, la tension des fluides
élastiques produits par la combustion varie dans un rapport plus grand que
leur densité; il convient donc d'examiner le cas général dans lequel la
tension des gaz varie comme une puissance quelconque n de leur densité,
et qui présente moins de difficulté après le développement donné pour le
C. R., i859, 2""= Semcstrt. ( T. XLIX, N" 24.) v ' ' 8
{ 9'o )
cas très-simple de n = i, qui a permis de traiter l'ensemble de la question
d'une manière assez complète.
» Les pressions des gaz dans la tranche immobile et près du projectile
étant représentées respectivement par m -h- et par m, les densités des gaz
I
aux mêmes points seront entre elles comme ( w +- j" est à m»; dans l'hy-
pothèse d'un décroissement parabolique qui est encore plus approché dans
ce cas-ci que pour le cas précédent de « = i , on aura pour la tranche z
et la position 9 du projectile,
on trouverait comme précédemment (17)
I I
A"
ri \ r I m
l 2 4 4
r
r
m -^t\ ^_3,„"
La valeur de ç donnerait par les mêmes considérations que dans le cas pré-
cédent (18):
I
• a
(* ) La forme de cette relation exacte pour certaine valeur de n, est la plus simple qui
puisse exister entre z et v , ainsi qu'on le verra plus tard ; elle explique comment Lagrange,
obligé par son analyse à représenter d'une manière générale la valeur de zen fonction de x, a
dû être arrêté dans toutes ses tentatives pour y arriver; ainsi dans le cas le plus simple, on est
conduit à résoudre une équation du 3° degré, qui fait tomber dans le cas irréductible (i8).
(9" )
et
x.
z
(„.e)L'[(„H-ï)--J]
» 24. Division de la charge en deux parties qui se meuvent en sens contraires
l'une de l'autre. — Pour partager la charge en deux parties fx' et pi" se
mouvant la première avec le boulet, la dernière avec le fond de l'âme, on
a d'abord, par suite de )a position de la tranche immobile au centre de
gravité (19),
('" + $)«'= (m + ^;)a";
puis la condition d'égalité de tension dans les deux portions de la charge, à
la tranche immobile qui leur est commune, donne l'équation
D'à'
(M+^y
D"a"
m +
^)--5[("-^)"--] '' (-^^)-5[(>-?r--]
Les égalités -7 = —) ^'=^nc^D'a' et [j." = n c^ Y)" a" , transforment cette
équation, qui devient
1 1
/^
I
= M +
(i \n
(m + ^V-M" L'a"
éliminant a' et a" entre cette équation et celle des moments du centre de
gravité par rapport à la tranche immobile, on a
!îii( if ! ni
= M +
ii8..
( 9'2 )
Résolvant cette équation par approximations successives, comme précé-
demment (19), en commençant par remplacer p- et A; pa'' les moitiés des
r"
valeurs qu'assignent à fx' et à ju," les équations -^ = — et ^j.'+ /x"= /ji, ou
aura une première valeur approchée de ^,i rapport qui déterminera, avec
la dernière équation, les valeurs de ij! et [x", à substituer à leur tour dans
a' ti"
les ternies to + ^ et M + ^ pour obtenir des valeurs encore plus appro-
chées. Les valeurs de fx' et de fx" ainsi déterminées , celles de f et de /•" à
substituer également, en seront déduites chaque fois au moyen des condi-
tions
et
i 1
3
1
("*^
)"+3,««
/""
/ ' ■•
•
8
['*'7
y+Zim"
I ,
. M
)%-3M"
r
1 1
«(m + ^)" + 4m"
» L'équation du mouvement du centre de gravité reste de même forme
que précédemment dans le cas de n = i (19),
(A") (,n + ^^v = {M + f'^Y;
mais les quantités /jl' et /x' ne sont pas exprimées par les mêmes fonctions
de ȕ et de M.
« 25 Somme' des forces vives imprimées aux gaz. — I^a force vive d'une
tranche z étant
ou
(„^s)L[(„,,e)Ljji;
-r) -3'*+ . +3'"
(9'3)
oi) aura comme précédemment (21) la somme des forces vives de toutes les
tranches du gaz, depuis z = o jusqu'à z = &,
^ — i — ^ — i- — ,,.„'= -i — L; — -j,„..
on aura donc pour la somme des forces vives de toutes les tranches de gaz
qui se meuvent avec le projectile,
2 (,„-u^r + 3,„''
■ix'v\
io(w + ^)"-l-5»i"
et pour celle des gaz qui se meuvent en sens contraire avec la pièce,
2(M-f-4,)"+3M"
.o(m + ^)"-
-f."V =
5m"
» 26. Quantité de travail développée dans la détente des gaz. — La quantité de
travail développée dans l'expansion d'une tranche de gaz sera donnée par
le décroissement des pressions en raison de la loi parabolique des densités
donnée ci-dessus, et telle que
0"
La pression sur la tranche z sera donc
, ■'v'"
dans chaque position $ du projectile. Pour obtenir le travail de toutes les
tranches degaz, il faudrmt cou n aï fre l'aire Ae la surface limitée par la courbe
( 9'4 )
ayant pour ordonnées les valeurs successives que prend l'expression précé-
dente, pour toutes les grandeurs de z, depuis o jusqu'à 6, ou depuis l'axe
de la courbe jusqu'à l'ordonnée extrême correspondant à l'abscisse 6. Afin
de faciliter cette évaluation , il convient de développer le numérateur de cp" et
l'on a
m
n — 7 r I l"l2
prenant séparément l'aire de la surface représentée par le produit de chaque
terme en z par
fff'/D"K" h
et limitée par les ordonnées correspondant à2 = oetà;:^$,on aura pour
la somme de toutes les aires, le produit du facteur précédent par
m
p r» — I I n — o. \~\
etc.,
série en met en -^ qu'on représentera par f (/n,-j; on aura donc pour le
trarvail de toutes les tranches pendant un très-petit parcours
TTC'f (m,^) XD"a"
-
> ,"|
_3
k<
)VI».
ne"'
Le travail qui correspondra au parcours total, depuis la position primitive,
du projectile a jusqu'à la position ô, peut être représenté par l'aire de la
surface ayant pour ordonnées Ips valeurs successives que prend l'expression
précédente, pour toutes les grandeurs de Q, à partir de 5 = a. On obtient
(9»5)
comme précédemment (12) ce travail de la détente du gaz
U(
■KcH'i/n, ^] A D" a" (— -^ )
(^ZIT)
""'-^7j "^3"' J
a"~'
n — I \ fl"-'
|L+^y+-;/«_j
Evaluant séparément le travail de chacune des deux portions /u.' et u," de la
charge, situées l'une en avant, l'autre en arrière de la tranche immobile, et
l'égalant à la moitié de la somme des forces vives développées de chaque
côté de cette tranche, on aura les équations suivantes :
2 (/«-t-^l +3/«"
I m
p.' V' :
a'^rr'X D'"a'
10 [ 1)1 -^- — ] + 5 m
(C")
« — I \ ~ 9'"- 7
-'"'+7) +3'""
IM
/2 1
(m. s;:
3"
équations qui deviennent identiques avec les équations (C) quand on fait
n = 1 .
» Quand « = 2, les valeurs de f im, ^ j s'arrêtent au troisième terme en 2
et on a
'{'"'Çj
33 « + 24 '— + 1 2 ( /n + ^ ) '»'
25 w 4- 20 ^"7 -f- 20 ( m 4-
33M + 24^, + .2 (M+t;) M'
25M+20^, + 20 (m-I- ^) M'
» La question du mouvement des gaz de la poudre dans l'âme des canons
se trouve ainsi ramenée d'abord à la détermination de la loi du décroisse-
( 9i6 )
nient des densités des gaz, puis à la séparation de la charge en deux portions
distinctes qui se meuvent en sens contraires, l'une avec la pièce et l'autre
avec le projectile, ce qui ne présente plus alors de difficulté; le point le plus
important est donc de déterminer exactement la loi des densités d'après les
conditions mêmes du mouvement des gaz.
VI. — Densités des gaz déduites des lois du mouvement.
» 27. Loi des densités des gaz exprimée par une série ordonnée suivant
les puissances de la charge. — On a présenté d'abord une première solution
dans la supposition d'un décroissement parabolique des densités des gaz,
quoiqu'elle ne fût qu'approchée pour le cas des fortes charges et de « = i ;
mais cette solution a le grand avantage de se déduire d'une loi très-simple
de variation des densités, et de mettre en évidence tous les éléments
de la question. Mais il est possible d'arriver directement à la loi du dé-
croissement des tensions des gaz que nécessite le mouvement, et d'en
déduire des valeurs de r et de y aussi approchées qu'on le veut, en n'em-
ployant que l'analyse ordinaire.
» Soit une courbe dont les ordonnées j sont proportionnelles aux
densités des tranches de gaz, et telles que leurs rapports à leur valeur
moyenne j", représentent la variable qui a été désignée par y dans ce qui
précède (17), de sorte que p = ç-— =■ — ^ pour un instant quelconque du
mouvement. Si l'on considère le cas dans lequel la tension des gaz est
proportionnelle à la densité, et où l'on a
p = f'P = ~r'
l'une des ordonnées extrêmes, d'une longueur égale à m + -, pourra repré-
senter la densité de la tranche immobile, tandis que l'autre ordonnée
extrême, égale à m, représentera celle de la tranche en contact avec le pro-
jectile, et j" sera celle de la tranche située à une distance z de la première
de ces tranches, leur distance totale 0 étant la longueur de l'âme occupée
par les gaz. L'aire S = QJr^ de la surface comprise entre la courbe et les
ordonnées extrêmes, multipliée par ^, unité de masse, représentera la masse
totale des gaz de la charge |x; l'aire s de la portion de la même surface
située en avant de z, étant multipliée de même par ^, sera celle de la portion
( 91? )
de gaz qui est poussée en avant avec le projectile par la tranche z, et l'aire s'
de l'autre portion de la surface, multipliée par ^, sera celle des gaz qui pous-
sent la même tranche z. La tension des gaz de cette tranche z est, ainsi qu'on
l'a vu (15), en raison de la somme des produits des masses^ et m par les
accroissements de vitesse communiqués à leurs centres de gravité respec-
tifs, et ces accroissements sont entre eux comme les vitesses mêmes de ces
points, qui sont elles-mêmes proportionnelles aux distances de ces points à
la tranche immobile. La tension des gaz variera donc pour chaque tranche,
ainsi que la densité, comme W X g^-+- mô, g étant la distance du centre de
gravité de l'aire * à la tranche immobile, comme - sera celle de l'aire S,
g' celle de l'aire s' et g" celle de l'aire s" du triangle curviligne compris entre
la courbe, le prolongement de j" et une parallèle à l'axe des z, menée par
l'extrémité supérieure de l'ordonnée extrême m -+■- , représentant la tranche
immobile. On aura ainsi
11 restera donc à trouver la valeur des x g; mais cette expression est celle
du moment de l'aire de la surface s, qui est égale à la différence des mo-
ments des aires des surfaces S et /; or le moment de la première est S X t»
et 5' X g' est celui de la seconde; d'où
SX g = Sxl- s'>: g', et j= m-^^- f^s'xg';
mais la siirface s' a de même pour moment de son aire
V X g' = (^« + ^) z X ^ - i" X g"; r • ^
d'où
Ce dernier terme est généralement assez petit par rapport aux autres, et
l'arc de la courbe diffère peu, ainsi qu'on l'a vu (18), de celui de la para-
bole qui passe par le sommet des ordonnées extrêmes m H — et m; de
C: R. , 1859, 2»" Scmcj/rp. (T. XLIX, N" 2-4.) . ' '9
( 9i8 )
sorte qu'on peut exprimer ses ordonnées j-' rapportées à la parallèle à l'axe
des z, à la distance -m + ^,par ^ ^^ + (?, (? étant toujours beaucoup plus petit
que l'autre terme qui forme la valeur principale de y' et qui donne pour
l'aire de la surface du petit triangle curviligne f = ^^, et pour la distance
du centre de gravité ^' = ^z; de sorte que s" x g" = |^^ +/(^);/(<^), tou-
jours très-petite, doit s'évanouir pour z = o etz = 9. Par suite, il vient
Or on a toujours
«
J + /='« + ;5
donc
J = T-^ :
Xi
la valeur de j devient bien égale à m -i- - pour z ^ o , mais elle doit encore
satisfaire à la condition de rendre^ = m, ou j-' = -pour z = o; on aura
donc
j. = ('" + g;-| et y= ^ ^-_^
2 r
Cette nouvelle valeur dejy', plus approchée que la première, change celle
de s" X g", qui devient alors égale à
rnr u.
£n. substituant cette valeur dans l'équation
-^' = '" + 7-9^[('" + 7)ï--^"xê"J'
( 9'9 )
on a, pour la valeur de y,
mr
- 1) i^+MzK ') S - ï^. - '^<'''
fi \ 2
Y ^= m + - — —
La condition de j^ = to pour z = ô donne l'équation
et il vient
mr u\ , , mr u.'
t\ f mr u.\ az' I "\ "'"'
7' =r /n + ! ~ '—^ 2i ^^ L 1 3 __.
-" r , . mr u?
» En comparant cette valeur à celle de j =. m + - — j', on en déduit
une nouvelle valeuç pour ^', contenant un ternie en ^^ qui donne pour
s"X.g" une valeur plus approchée que les précédentes, et qui, substi-
tuée dans celle de j", introduit une nouvelle puissance paire de z, les termes
étant alternativement positifs et négatifs et de plus en plus petits, de
manière à donner, avec les valeurs en usage de fx, une série très-conver-
gente.
» On obtiendrait, comme précédemment (18), la relation qui existe
entre z et la portion — de la charge, comprise entre la tranche immobile et
la tranche z. Pour cela, il suffit d'évaluer l'aire de la surface ayant pour
ordonnées les différentes valeurs de p ou de ip, depuis o jusqu'à Q, et de di-
viser le résultat par la surface entière. En opérant, on trouve le rapport
de a: à a :
Cette relation entre x et z, pour le cas de n = i , montre encore mieux que
119..
( 9^0 )
précédemment (23) les difficultés rencontrées par Lagrange dans ses
essais pour représenter d'une manière générale z en fonction de x.
« 28. Position du centre de gravité des gaz pour diverses grandeurs de charge .
— Les premiers termes de la valeur de j- indiquée ci-dessus donnent déjà
une grande approximation, en prenant seulement la première valeur
J
(u.\ I mr fj.\ I ix\ u.z^ .li^z'
"' + -) i- -,] — {m +'-]'- h ',
mr I
2 4
et cherchant le moment de chaque partie de la surface représentée par cette
équation, et le divisant par l'aire de cette même surface, depuis z = o jus-
qu'à z = 0, on a la valeur de -; il vient ainsi
m-^ -
) (Ti)
r / 2 . 4 4 ■ ^ • '■ '
(-?)(?-!) -("*?)A*4^, '
r-^') (
m'r' inu.r' m- 1' u.'r n 2«^
-< ~ ^ !-T — -^ ,a mr i- = o.
ou bien
7
4 ~^ 4 2 ' a4 12^"" i5
Dans le cas de m = 3pi, on a
■^ o i5
équation qui est satisfaite par la valeur
r = 2,o5io286 =
mr u. \ ti-
- H-— + —
2 12/ 20
I
0,4875602632
et qui est plus forte que 2,o5oi225 == — tk f-ô, que donne la loi
( 92» )
parabolique; mais elle pèche par excès, la valeur exacte de r,
t.,o5o943446--=-^-g^^g^5-
ètant comprise entre ces deux valeurs.
» En prenant une valeur de r pins approchée, celle qui contient un
terme en p-'z*"', afin de déterminer plus exactement la quantité r, on trouve,
par une opération semblable à la précédente, la condition
m + i-
h-^'^)T^f^]-(
m+~
!t\ ■" (""' , ^\ ^ ^'
2 . 4 \ 2 12/ ^.6 Hr 1
8 16 96/ iq?.
ou bien
wV wV 3 , 5 , 7 ,23 u./- -y.!!?
8 4 'O ■?• 90 120 192 io5
dans le cas de m = S/ji, il vient
, 81 - n3 ,, 547 16
7.-11'^ r j-i^ ^r F = o,
'' 2 4 1 20 I o5
équation qui est satisfaite par la valeur de
qui est un peu plus petite que la valeur exacte, mais beaucoup plus appro-
chée que la précédente, car l'erreur n'est que d'une unité sur la sixième dé-
cimale. Si Von fait successivement /n égal à pi, ap., 3|x, 4,u.vi 'Of') on aies
équations suivantes qui servent à déterminer la valeur de r, ou la position du
centre degravité des gaz coirespondant aux différentes charges, valeurs qui,
comme on l'a vu (19), servent à partager la charge [t. en deux parties^'
et p.", et entrent dans les équations ( A ), (B), (C).
( 922 )
(jharge en poids
du jii-ojcctile.
Première approximation.
Deuxième approximation. .
,- , /e , 23 8 . , 43-5 ~ q65 , i83 i6
2 i5 2 12 4" >o5
•,r;_3 /;^ , 83 8 _ o o 1 233 , loqq i6
D 10 ' 2 120 io5
/ , , 97 ^ •>/■> . '225 , 637 , 1283 16
b i5 ^ 2 4 120 io5
^, , -, 37 8 fr 1 01 626 , 480 16
2 i5 ''3 4" io5
, , '3q 8 -, or , 3q3o , r835 i6
\oor — iqo r' rr^r -== o looor' — looor' S — /J ^ — - q ;. :
o i5 12 120 io5
2 , I 2950
2,07353
2,o5og4
2,03875
2,o3i49
2 , 0265 I
2 , 02288
2 ,0201 3
2,01 624
» 29. Densité des diverses Iranches de gaz dans le cas de la charge du tiers du
poids du projectile. — Si l'on prend des tranches équidistante» de — de la
longueur de l'espace occupé par les gaz, les densités des tranches rapportées
D a
à leur densité moyenne à chaque instant, ou à — 5 se trouvent données par
les valeurs de f rapportées dans le tableau suivant, et déterminées par les
deux approximations successives indiquées ci-dessus; on y a joint l'erreur
commise dans chaque cas.
POSITIO.N DE LA TRANCUE.
Tranche immobile.
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0.7
0,8
0,9
Contre le projectile . .
VALEURS DE p.
i" approximat. 2™^ approximat.
I , o5o42 10 1 , o5o43 I 64
1,0488433
1,0441234
I ,o363oo9
i ,02544?-'
1,01 16397
0,9950129
0,9757074
0,9538954
0,9297755
0,9035724
I , 04885 I I 6
I ,04412298
I ,03628966
I ,02542285
I ,01 161 83 I
o> 99499820
0,97570750
0,95391400
0,92980329
0,90357600
DIFFÉRENCE AVEC LA VALEUR EXACTE DE y.
i'^ approximation. 2""' approximation.
— 0,0000099 ■+- 0,0000007
— 0,0000068 ■+■ 0,0000010
-+- 0,0000011 + 0,0000007
H- 0,0000112 0,0000000
+ 0,0000192 0,0000000
-f- 0,000021 3 — 0,0000001
+ 0,0000145 — 0,0000002
■+ 0,0000009 — 0,0000008
— o,ooooig3 — 0,0000007
— 0,0000278 0,0000000
— o,ooooo32 -+• 0,0000004
Valeur de r 2, o5 10286 2,050942
2,050943446
( 9^3 )
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Note sur les inérjalités lunaires à longue période dues-
à l'action perturbatrice de Vénus; par M. Delaunay.
« La discussion des observations de la Lune ayant amené les astronomes
à admettre dans son mouvement l'existence d'une ou de plusieurs inégalités
à longue période, on a cherché à en trouver la cause dans les actions per-
turbatrices auxquelles cet astre est soumis. Dans la séance du 22 novembre
i858, j'ai rappelé que Laplace avait été ainsi conduit à signaler, parmi les
effets dus à l'action perturbatrice du Soleil sur notre satellite, une inégalité
de ce genre, ayant pour argument la longitude du périgée de la Lune, plus
deux fois celle de son nœud, moins trois fois la longitude du périgée du
Soleil. Cette inégalité, dont le calcul théorique avait paru trop difficile à
Laplace, avait été introduite dans les tables avec un coefficient tiré directe-
ment des observations. Plus tard, Poisson en avait contesté l'existence. Les
recherches auxquelles je me suis livré sur ce sujet m'ont fait voir que l'iné-
galité dont il s'agit existe bien réellement, mais que son coefficient est beau-
coup trop faible pour.qu'il y ait lieu d'en tenir compte dans la construction
des Tables de la Lune.
» M. Hansen, convaincu par ses propres travaux que l'action perturba-
trice du Soleil ne pouvait pas produire d'inégalités à longue période dans
le mouvement de la Lune, chercha si de semblables inégalités ne pouvaient
pas provenir de l'action des planètes et particulièrement de Vénus. C'est
ainsi qu'il trouva les deux inégalités suivantes :
-f- 27", 4 sin (— / — 16 Z' -t- 18 /"-+- SS^'ao^a) période de 273 années,
-I- 23", a sin (8/"— i3 /'+ 3i 5"2o') périodede 239 années,
/, Z', Z" étant respectivement les anomalies moyennes de la Lune, de la
Terre et de Vçnus. La première de ces deux inégalités est produite par l'at-
traction directe de "Vénus sur la Lune; en ne tenant compte que de la pre-
mière puissance de cette action perturbatrice, M. Hansen avait trouvé
16", 01 pour son coefficient : c'est en poussant l'approximation jusqu'aux
quantités de l'ordre du produit du cube de la force perturbatrice du Soleil
par la masse de Vénus qu'il a dii porter ce coefficient de i6",oi à 27", 4.
X^a seconde inégalité dépend en partie de l'attraction directe de Vénus sur
la Lune, et en partie de cette attraction réfléchie par l'intermédiaire de la
Terre ; son argument est celui pour lequel M. Airy a montré le premier qu'il
a un coefficient sensible dans le mouvement de la Terre. Ces résultats ob-
( 9^4 )
tenus par M. Hansen ont été communiqués par lui à l'Académie dans sa
séance du 5 mai 1 847 ; il annonçait en même temps qu'il se proposait de re-
faire le calcul des deux inégalités qu'il avait trouvées, parce que leurs coeffi-
cients ne lui paraissaient pas déterminés avec toute l'exactitude désirable.
« M. Hansen revient sur ces inégalités à longue période dues à l'action
perturbatrice de Vénus, dans une Lettre adressée à M. Airy au sujet de la
construction de ses Tables de la Lune, et imprimée dans le Bulletin mensuel
de la Société astronomique de Londres (novembre i854)- Voici ce qu'on y
lit à l'occasion de la différence entre la valeur qu'il adopte pour le moyen
mouvement de la Lune, et celle que M. Airy avait précédemment obtenue :
(( Cela provient de ce que j'ai légèrement altéré les coefficients des deux
» inégalités à longue période. La détermination exacte de ces deux inégalités
» par la théorie est la chose la plus difficile que l'on rencontre dans la
» théorie du mouvement de la Lune. J'ai cherché deux fois à déterminer
>• leurs valeurs et par des méthodes différentes, mais j'ai obtenu des résul-
)) tats essentiellement différents l'un de l'autre (i). » On trouve, en effet,
dans le préambule des Tables de la Lune de M. Hansen, que les deux iné-
galités dont il est question y ont été introduites avecles valeurs suivantes ;
-l-i5",34sin(-/- i6/'+i8/"-^3o"i2'), .
•4-2i",47sin(8/"- i6t-h 274° i4').
Les coefficients qui, comme on le voit, diffèrent notablement de ceux que
M. Hansen leur avait d'abord attribués, et que nous avons rapportés plus
haut, ont été choisis de manière à satisfaire convenablement aux observa-
tions tant anciennes que modernes, et présentent ainsi un caractère pure-
ment empirique.
» Ce point de la théorie de la Lune a dû naturellement attirer mon atten-
tion, en raison de l'incertitude qui en résulte sur la réalité de l'existence
des deux inégalités trouvées par M. Hansen, ou au moins sut la grandeur
de leurs coefficients. Je me suis donc occupé d'en effectuer moi-même la
détermination par la méthode qui m'a déjà servi dans toutes mes recherches
(i) ..... This-arises from the circumstance that I hâve slightly allercd the coefficients of
ihe two inequalities of long period. The acciirate détermination of thèse two inequalities by
theory,is the most difficult matter which présents itself in the theory of the moon's motion.
I hâve on two occasions, and by différents methods, soiight ta détermine their values, but
I hâve obtained resiiks esstnlially différent from eaeh other. [Monthly Notices oftheruyal as-
tronnmical Society, vol. XV, p. 8.) .
( 9^5 )
précédentes. Là, comme dans le calcul de l'inégalité de Laplace, citée plus
haut, je n'ai rencontré aucune des difficnltés qui avaient arrêté ou embar-
rassé mes devanciers, et je n'ai pas cessé un seul instant d'avoir une pleine
et entière sécurité sur l'exactitude des résultats auxquels mes calculs de-
vaient me conduire.
» J'ai déterminé la première des deux inégalités de M. Hansen, en m'astrei-
gnant à pousser les approximations aussi loin qu'il les avait poussées lui-
même. 'Voici ce que j'ai trouvé. En m'en tenant, comme il l'avait fait d'abord,
au produit de la première puissance de l'action perturbatrice du Soleil par
la masse de Vénus, j'ai obtenu pour cette inégalité la valeur suivante :
+ o",i8sin (-/- i6/'4-i8/"+53°a4')-
En allant ensuite jusqu'aux quantités de l'ordre du produit du cube de
la force perturbatrice du Soleil par la masse de Vénus, j'ai vu que le coeffi-
cient de l'inégalité diminue un peu, au lieu d'augmenter, comme l'avait
trouvé M. Hansen, et que cette inégalité devient
+ o",i4sin(-Z-i6Z'-4-i8Z"+52°8').
On voit combien, mes résultats sont différents de ceux que M. Hansen
a obtenus pour la même inégalité. Le coefficient se réduit à - de seconde;
c'est-à-dire que l'inégalité est insensible, et que c'est tout au plus si l'on doit
en tenir compte en vue d'une détermination précise du moyen mouvement
de la Lune.
» Quoique je n'aie pas encore effectué la détermination de la seconde des
inégalités de M. Hansen, j'ai cru devoir faire part immédiatement à l'Acadé-
mie de cette conséquence importante de mes calculs, d'autant plus que je
puis dès à présent faire connaître les raisons puissantes que j'ai de croire que
cette seconde inégalité est également très-petite, sinon tout à fait insensible.
Voici quelles sont ces raisons.
» Suivant M. Hansen, l'inégalité dont il s'agit dépend en partie de l'ac-
tion directe de Vénus sur la Lune, et en partie de cette action réfléchie par
l'intermédiaire de la Terre. Considérons-la pour un moment comme ne pro-
venant que de l'action directe de Vénus sur la Lune, et comparons-la avec
la première inégalité dont il a été question plus haut. D'abord chacune des
parties du coefficient de la seconde inégalité contient nécessairement un des
facteurs e", e'*e", e"e"^, e'^e'", e'e"*, e"° ; tandis que, dans les parties prin-
cipales qui composent le coefficient de la première, au lieu de ces facteurs,
on trouve ee'*, ou ee'e", ou bien ee"*. Les lettres e, e', e" désignent les excen-
C. R., ibag, 2"" Semestre. (T. XLIX, No24.; ' 20
( 9^6 )
tricités des orbites de la Lune, de la Terre et de Vénus, et ont approximati-
vement pour valeurs -g» ^j -t^- Or, on reconnaît sans peine que le plus
grand des premiers facteurs est plus de 2000 fois plus petit que le plus
petit des derniers. En second lieu, d'après la composition de l'argument de
la seconde inégalité, les intégrations ne peuvent introduire en diviseur que
la première puissance du petit nombre par lequel le temps se trouve multi-
plié dans la valeur de cet argument; tandis que, dans le calcul de la pre-
mière inégalité, c'est le carré de ce petit nombre qui s'introduit en diviseur,
et l'on sait que c'est principalement par cette circonstance que les coeffi-
cients des inégalités à très-longues périodes peuvent devenir sensibles. Si l'on
tient compte des durées des périodes de nos deux inégalités, on reconnaît
facilement que, pour cette nouvelle cause, le coefficient de la seconde doit
être plus de 4 000 fois plus petit que celui de la première. Donc, en
vertu des deux causes qui viennent d'être signalées, le second coefficient doit
être plus de 8000000 de fois plus petit que le premier. Il me paraît impos-
sible que d'autres circonstances viennent établir une compensation telle que
cette seconde inégalité puisse acquérir une valeur sensible, eu la considérant
toujours, bien entendu, comme produite par l'action directe de Vénus sur
la Lune. Quant à l'action de Vénus réflécbie par l'intermédiaire de la terre,
je me suis assuré que l'inégalité qu'elle occasionne dans le mouvement de la
Lune, et qui a pour argument 8/" — 1 3/', a un coefficient notablement plus
petit que l'inégalité de même argument que cette action produit dans le
mouvement de la Terre; et l'on sait que cette dernière inégalité ne s'élève
pas à 2 secondes.
» Ainsi il est établi que la première des deux inégalités de M. Hansen
est à peu près nulle, et il est extrêmement probable qu'il en est de même
de la seconde, dont je vais d'ailleurs entreprendre le calcul complet, afin de
vérifier mes prévisions. Ce résultat est d'une grande importance relative-
ment à la controverse qui s'est élevée récemment au sujet de l'accélération
séculaire du moyen mouvement de la Lune. La valeur de celte accélération
séculaire, telle qu'on l'a déduite de la discussion des anciennes éclipses,
est nécessairement entachée d'erreur, puisqu'on n'a pu la déterminer qu'en
partant de la valeur du moyen mouvement de la Lune fournie par les ob-
servations modernes, et que ce moyen mouvement est rendu inexact par
l'emploi des inégalités fautives de M. Hansen. Il sera donc nécessaire d'ef-
fectuer une nouvelle détermination de l'accélération séculaire du moyen
mouvement de la Lune, à l'aide des anciennes éclipses, pour s'assiu-er si
la valeur que nous lui avons trouvée par la théorie, M. Adams et moi, est
ou n'est pas d'accord avec l'observation.
( 927 )
» Cç qui précède jette d'ailleurs un certain jour sur une autre partie de
la même controverse. Parmi les déterminations théoriques de l'accélération
séculaire de la Lune, celle de M. Hansen est la seule qu'on puisse nous op-
poser sérieusement comme n'étant pas d'accord avec la valeur que nous lui
avons trouvée, puisque les résultats obtenus par MM. Plana et Damoiseau
sur ce sujet sont rendus inexacts par la cause que M. Adams a signalée
dès le mois de juin i853. Or voici ce qu'on lit dans la Note communiquée
par M. Ilansen à l'Académie, le 5 mai 1847 • " D'ailleurs ce même système
« d'équations linéaires (qui lui avait servi à calculer les inégalités lunaires
» à longue période dues à l'action de Vénus) donne, après un petit chan-
» gement, les inégalités séculaires de la longitude moyenne, du périgée et
» du nœud de la Lune. » Quand on voit que ces équations ont fourni des
coefficients considérables (27", 4 6t 23",2) pour les inégalités à longue pé-
riode dues à l'action de Vénus, inégalités pour lesquelles M. Hansen a en-
suite obtenu des valeurs essenliellernent différentes en suivant une autre mé- «
thode, et que je trouve de mon côté être à peu près nulles, on se demande
naturellement quel est le degré de confiance qu'on peut accorder à la
valeur que M. Hansen en a déduite pour l'accélération séculaire du moyen
mouvement de la Lune. »
Communication de M. Payen.
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie la quatrième édition de mon Précis
de chimie industrielle.
n Plusieurs industries nouvelles ainsi que les progrès notables réalisés
durant l'intervalle de temps entre l'édition précédente et celle-ci ont né-
cessité dans les descriptions de la plupart des industries agricoles et manu-
facturières, des développements qui ont porté le texte d'un à deux volumes,
et augmenté presque dans la même proportion le nombre des planches et
des figures intercalées dans le texte.
» Des chapitres spéciaux ont été consacrés aux procédés d'argenture des
glaces, globes et ballons en verre, à la fabrication et aux applications de
l'aluminium, à l'industrie de la granulation des pommes de terre, au collage
continu du papier par la gélatine, à la préparation du gaz portatif, au
chauffage et à l'éclairage par le gaz, à la fabrication et à l'épuration des
hydrocarbures obtenus des houilles, goudrons et schistes bitumineux. Plu-
sieurs applications qui ont acquis l'aplomb manufacturier, ont été complé-
tées dans un supplément qui termine le deuxième volume de cet ouvrage. »
120..
( 928 ) .
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les bases phophorées;
par M. A.-W. Hofmann.
« Série triatomique. — Dans une Note (i), communiquée à l'Académie,
il y a quelques mois, j'ai fait connaître les résultats qu'on obtient en sou-
mettant la triéthylphosphine à l'action dedibromure d'éthylène comme pro-
totype des bromures diatomiques. J'ai montré que le produit final de cette
réaction est un sel diatomique correspondant à 2 molécules de chlorure
d'ammonium. En poursuivant l'étude de la triéthylphosphine dans la voie
I racée par mes recherches antérieures, j'ai été porté à examiner les trans-
formations de cette substance sous l'influence des chlorures, des bromures
et des iodures triatomiques.
» J'ai choisi surtout le chloroforme, le bromoforme et l'iodoforme,
comme les termes les plus accessibles du groupe triatomique pour mes
expériences.
» Action de l'iodoforme sur la trièthjlphosphine. — Les deux corps se com-
binent énergiquement à la température ordinaire. Pour éviter l'inflamma-
tion de la base phosphorée, il ne faut opérer qu'avec de petites quantités
de matière à la fois. Les produits de la réaction varient avec les propor-
tions relatives des deux substances. Si on ajoute peu à peu des cristaux
(l'iodoforme à la triéthylphosphine jusqu'à ce qu'une nouvelle addition ne
dégage presque plus de chaleur, on obtient une masse visqueuse d'un jaune
clair.
» Traitée par l'alcool, cette masse se transforme en une matière blanche,
d'aspect cristallin. Ces cristaux sont facilement solubles dans l'eau, diffi-
cilement solubles dans l'alcool, insolubles dans l'éther. Par deux ou trois
cristallisations dans l'alcool bouillant, on les obtient à l'état de pureté.
L'analyse de ce corps m'a conduit aux rapports suivants :
C'»H"P'P,
qui représentent la combinaison de i molécule d'iodoforme et de 3 molé-
cules de triéthylphosphine :
3C*»H'*P-i-C»HP=r C^oH^'P'!'
J'iiéthyl- lodoforme. Nouvelle matière,
phosphine.
(i) Comptes rendus, t. XL VIII, p. 787.
( 9^9 )
" L'iodoforme fixe donc 3 molécules de triéthylphosphine, et domie
ïiaissance au tri-iodiire d'un métal triatomique, d'un triphosphonium cor-
respondant à 3 molécules de chlorure d'ammonium :
[(C'H)"'\ -j'"
[C'«H*'P'j
» La dissolution du trio-iodure est précipitée par l'iodure de zinc. Le
précipité blanc cristallin est difficilement soluble dans l'eau^ et paraît se
décomposer- légèrement par la recristallisation. Il renferme i molécule de
l'iodure triatomique et 3 molécules d'iodure de zinc :
[CH^op*]'"!», 3ZnL
w En traitant le tri-iodure par les sels d'argent, on obtient facilement une
série de combinaisons triatomiques contenant les différents acides..
» Le trichlorure fournit avec le dichlorure de platine un précipité jauue-
pâle, insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'acide chlorhydrique bouil-
lant. Par le refroidissement il se dépose en paillettes rectangulaires qui ren-
ferment
[C"'H'«P»]"'Cl',3PtCP.
» J'ai vainement essayé de produire l'oxyde correspondant au tri-iodure.
Ce dernier corps est promptement attaqué par l'oxyde d'argent ; il se fonne
de l'iodure argentique et une solution extrêmement caustique de base fixe.
Cette base n'appartient plus à la même série; en la saturant par l'acide
iodhydrique, ou en la traitant par l'acide chlorhydrique et le dichlorure de
platine, on reconnaît de suite que l'oxyde d'argent a altéré profondément
le système primitif. L'acide iodhydrique ne reproduit plus le sel difficile-
ment soluble dans l'alcool ; au contraire, en évaporant la solution, on ob-
tient un résidu cristallin, qu'on sépare facilement en une matière visqueuse
très-déliquescente et en iodure cristallisant en aiguilles magnifiques, très-
solubles dans l'eau et l'alcool, insolubles dans l'éther. L'analyse de cet
iodure m'a conduit aux rapports
[C'ir'Pjl^
Le h) j
» c'est en effet l'iodure de méthyle-triéthylphosphonium que nous avons,
M. Gahours et moi, obtenu par l'action de l'iodure méthylique sur la trié-
thylphosphine. La solution alcaline, obtenue par l'action de l'oxyde d'ar-
gent sur l'iodure primitif, saturée par l'acide chlorhydrique, ne donne plus
avec le dichlorure de platine le sel insoluble dans l'eau et soluble dans
l'acide chlorhydrique ; la solution diluée ne fournit plus de précipité, et ce
n'est qu'après la concentration qu'il se dépose des octaèdres bien définis,
d'un orangé foncé, renfermant
[c'*H'»p]ci, ptci' = | ZZ]^ Ici, ptci
» Ces expériences prouvent que sous l'influence de l'oxyde d'argent le
tri-iodure de triphosphonium se transforme en oxyde de monophospho-
nium. Ce dernier corps n'est pas le seul produit de cette métamorphose. J'ai
déjà fait remarquer que l'iodure de méthyl-tri-éthylphosphonium est
accompagné d'une matière visqueuse déliquescente. Cette dernière sub-
stance est le dioxyde de triéthylphosphine qu'on reconnaît facilement en
évaporant la solution de l'oxyde de méthyle-triéthylphosphonium et en
ajoutant de la potasse. Il se sépare des gouttelettes oléagineuses quidisparais
sent facilement par l'addition de l'eau.
» L'action de l'oxyde d'argent sur le tri-iodure de triphosphonium s'ex-
prime par l'équation suivante :
[(C'H)"'\ "l'
(C'HM= p3 p.
(C'H^)'
(C<H»)'] J
-3AgO-i-3HO=3AgI
» Le tri-iodure qui forme le sujet de cette Note n'est pas le seul produit
de l'action de l'iodoforme sur la triéthylphosphine. Il y a d'autres combi-
naisons, surtout quand l'iodoforme est employé en grand excès. La nature
de ces corps, que l'étude de la série diatomique permet de deviner, n'est
pas encore fixée par l'expérience.
» J'ai établi que le chloroforme et le bromoforme agissent d'une manière
semblable sur la triéthylphosphine.
» Cette même base, traitée à la température ordinaire par le tribromure
(93i)
d'allyle, ne tarde pas à se prendre en masse cristalline dont l'examen m'oc-
cupe en ce moment.
» Les réactions que je viens de signaler m'ont engagé à étendre mes
études aux corps tétra -a forniques. Le chlorure de carbone CCI* qu'on ob-
tient par la substitution finale du chlore à l'hydrogène dans le gaz des marais
m'a semblé le mieux se prêtera ce genre de recherches. En soumettant ce
chlorure, corps si indifférent, qu'il n'est attaqué généralement qu'avec une
difficulté extrême, à l'influence de la triéthylphosphine, j'ai observé avec
étonnement une réaction des plus vives, accompagnée d'un développement
de chaleur très-considérable. Chaque goutte de triéthylphosphine versée
dans le chlorure de carbone y produit un sifflement comme le fer rouge
qu'on plonge dans l'eau. Par le refroidissement, le mélange se prend en une
masse des cristaux blancs, qui seront de ma part l'objet d'une communica-
tion spéciale. »
ASTRONOMIE. — Sur l'intensité lumineuse des diverses parties du disque solaire;
Lettre du P. Secchi à M. Elie de Beaumont.
« La discussion que vient de soulever M. Faye sur l'existence ou non
d'une atmosphère solaire transparente, regardant un sujet dans lequel j'ai
fait quelques recherches ultérieures à celles déjà présentées à l'Académie,
je demande la permission de les exposer ici, car cette matière est très-inté-
ressante à cause de la prochaine éclipse.
» Après les observations qu'a bien voulu rappeler M. Faye sur la tempé-
rature solaire dans les différents points du disque, j'en ai fait des autres
avec le grand équatorial de Merz qui, étant un instrument plus puissant
que celui de Cauchoix, rend les résultats plus exacts. Dans une série faite
le 8 juin i855, l'image projetée avait un diamètre de 220 millimètres, et la
pile une ouverture carrée de 12 millimètres de côté.
» Voici les températures observées en différentes distances au centre me-
surées en millimètres sur l'image :
Distances au centre o (centre) 10 3o 5o 70 90 io4
Intensité en degrés du
multiplicateur
Degrés proportionnels. .. . 121,0 122,2 120,0 119,0 ii4»o 'oi,5 85,5
5o,i [a] 5o,2 5o,o 49«8 48,9 46>8 44j4
» Les intensités ont été observées toujours en quatre points symétriques
placés sur deux diamètres orthogonaux. Au centre on a quelque chose de
I
= cenire
7
16
1
75
' du
02
! rayon.
4o
,6
38,5
36,
,2
28,9
:•
,o
63,5
5l,
0
36,8
I
,00
0,89
0.
,80
0,52
de celle
au
centre.
( 93« )
moins, car ii y avait une petite tache très-près de lui: On voit ici la marche
3
de la diminution faible près du centre et jusqu'à j du rayon, mais qui
à ^ du rayon devient senlement 0,7 de la force centrale. Mais la grande
ouverture de la pile masquait beaucoup la diminution réelle de l'intensité.
Pour cette raison, je fis une autre série d'expériences le 12 juin en donnant
à l'image un diamètre de 33o millimètres, et à la pile une ouverture de
4 millimètres seulement. Le tableau suivant montre la diminution observée
en opérant toujours sur quatre points symétriques :
Distances au bord en par-
ties du rayon
Degrés galvanomctriques.
Degrés proportionnels. . .
Rapport des intensités. .
» L'ouverture de la pile correspondant à une zone du bord de 24 se-
condes environ de largeur, on voit que sur cette zone extrême, tout autour
du disque solaire, la force calorifique est la moitié de celle du centre, et on
la trouverait encore moindre plus près du bord si on pouvait expérimenter.
Ceci confirme tout ce que j'ai découvert dès i852 : alors encore je dé-
montrai que la théorie de Laplace était inadmissible, et je calculai même la
proportion de chaleur que l'enveloppe atmosphérique solaire absorbe en
me servant des formules données par M. Plana dans les Jstr. Nacli., n° 8i3.
(Voir les Jtti dell'Jc. de N. Lincei et les Mémoires de l'observatoire du
Collège RoiTiain, i85i.)
1) Les résultats obtenus pour la chaleur s'accordent en grande partie
avec les dernières observations de M. Chacornac sur l'intensité de la lu-
mière, et je prends la liberté de rappeler que j'étais moi-même arrivé à la
même conclusion en employant le même moyen du prisme biréfringent
pour ce qui regarde à trouver la lumière du bord presque égale à la lumière
de la pénombre des taches. Je trouve encore que les facules si brillantes,
lorsqu'elles arrivent près du bord, ne sont cependant pas plus lumineuses
que le centre du disque. (Voir le Nuovo Cimento publié par M. Matleucci,
vol. Vm, aoiit i858, p. 86.)
» Je crois que la difficulté la plus grande proposée par M. Paye est réel-
lement celle tirée de la netteté avec laquelle nous voyons les détails des
taches, ce qui paraît difficile en admettant une atmosphère, comme il ar-
rive en effet avec les planètes. Mais je remarquerai d'abord que, pourvu que
(933)
l'atmosphère soit transparente (i), nous pourrons toujours voir très-bien à
travers une épaisseur quelconque, surtout en tenant compte de l'immense
intensité solaire : seulement, près du bord on trouvera quelque détail plus
difficile à saisir, ce qui arrive en réalité, car je n'ai jamais réussi à voir près
des bords ces légers voiles rougeâtres ou cirri que j'ai vus presque toujours
dans les larges taches au milieu du disque. Je crois même que la mauvaise
définition des taches qui est si souvent attribuée à l'atmosphère terrestre,
surtout vers ses bords, peut être causée par celle du Soleil.
» Cependant l'objection de M. Faye a beaucoup de poids, et on pour-
rait ajouter que si la couronne exprimait les limites de l'atmosphère solaire,
la grande comète de i843 serait passée dans l'intérieur de cette atmo-
sphère à son périhélie, et je ne sais guère comment elle aurait pu en sortir.
En attendant que des nouvelles observations viennent à éclaircir ces diffi-
cultés, j'ai cherché si on ne pourrait pas trouver sur la Lune la cause de
quelques-uns des phénomènes observés dans les éclipses solaires. La con-
stitution de la surface lunaire n'est point connue, et il n'est pas impossible
qu'elle puisse contribuer à quelques irradiations extérieures.
» Pour cela j'ai fait plusieurs séries d'observations polariscopiques dont
les conclusions me paraissent assez remarquables.
» i". Premièrement la lumière lunaire est polarisée plus ou moins selon
la phase : dans la pleine lune, la polarisation est nulle : le plan de polari-
sation est celui de réflexion.
» 1°. Le maximum de polarisation est vers le sixième ou septième jour,
la Lune étant à une élongation du Soleil de 80 à 90 degrés. Pour le moment
je ne saurais déterminer mieux l'époque du maximum, la saison ayant été
contraire dans ces derniers temps.
1) 3°. La quantité de polarisation dans le premier quartier est presque
égale sur toute la face éclairée de la phase; seulement, en employant une
pile de glaces polarimétrique, on trouve une petite différence entre le bord
éclairé et la portion qui est près des limites de l'ombre. Une pile polarimé-
trique de trois lames inclinées d'environ 45 degrés suffit pour détruire
toute la polarisation de la lumière lunaire au premier quartier. Je m'occu-
perai de donner des mesures plus exactes à l'avenir.
» 4°' La quantité de lumière polarisée sur les montagnes est minime et
presque nulle; celle au contraire des parties lisses ou des mers et dans les
i) L'atmosphère des planètes ne polarise pas la lumière : serait-elle analogue à nos
5?
C. R., iS.>9, 2' Semestre. (T. XLIX, N« 240 '21
nuages?
{ 934 )
fonds des cratères est très-considérable ; le blanc des montagnes se détache
très-nettement sur le fond coloré des images du polariscope chromatique
de M: Arago et de celui à bandes.
» Le fait de cette polarisation n'est pas si simple qu'il paraît au premier
abord : en effet, la polarisation dans le plan des rayons réfléchis suppose
toujours une réflexion spéculaire, et la simple diffusion d'un objet raboteux
comme les pierres ordinaires ne saurait la produire; mais si l'on examine
la polarisation par réflexion sur une surface courbe, on trouve une quan-
tité très-différente de polarisation selon les incidences particulières de
chaque rayon, la surface courbe étant équivalente à une infinité de sur-
faces planes sous différentes inclinaisons et polarisantes en proportions
différentes. Au contraire, sur la Lune on trouve la proportion de polarisa-
tion presque égale, malgré foutes les différences d'inclinaison de la surface
sphérique ; les différences qui existent sont seulement appréciables avec
les moyens les plus délicats, et l'œil seul n'y verrait rien. On en doit con-
clure, il me paraît, que la surface lunaire ne polarise pas comme une sur-
face réfléchissante unie, mais plutôt comme une surface miroitante, dans
laquelle on trouvera toujours un petit plan convenablement incliné pour
renvoyer une même proportion de lumière polarisée sous l'angle général
de réflexion des rayons. Son effet est précisément égal à celui que produit
une surface courbe recouverte de papier de verre (tel qu'on emploie
dans les arts), et celui-ci est l'imitation la plus parfaite que j'en ai pu trou-
ver. La lumière aussi réfléchie par certains arbres à feuilles lisses, les ariias
irréguliers de matières cristallines, et surtout des sables volcaniques qui
brillent d'un grand nombre de rayons réfléchis par des lames de mica et des
fragments de sables cristallins, font le même effet. L'analogie de ce dernier
fait est frappante pour ce que, du reste, nous connaissons de la Lune. Les
observations de photographie et les observations photométriques de jour
font voir que ces bas-fonds de la Lune sont réellement très-peu réfléchis-
sants, peut-être pas plus que les sables noirs.
» Or, ne se pourrait-il pas que cette constitution miroitante eût quel-
que part et quelque influence dans la couronne, à l'occasion dq l'éclipsé
solaire ? Les savants en jugeront.
» M. Le Verrier ayant invité à chercher la planète intérieure à Mercure,
nous avons examiné les nombreux dessins de taches solaires faits de l'an-
née dernière jusqu'à présent, presque chaque jour, et, quoique nous ayons
trouvé plusieurs petites taches disparues d'un jour à l'autre, on n'a rien vu
qui puisse être pris pour une planète. Si l'on réfléchit à la grande rareté
( 935 )
des passages de Vénus et de Mercure, on voit que ce serait une grande
chance de trouver une planète de cette manière.
» J'ai l'honneur de vous envoyer les numéros IV, Vil, VIII de nos
Mémoires : le premier contient le détail de nos observations de taches
solaires; les autres exclusivement des observations d'étoiles doubles. La
chose la plus remarquable sur ces taches est la distribution des facules sur
deux zones parallèles. Je donne des tables qui faciliteront beaucoup cette
étude aux observateurs. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'un Corres-
pondant de la Section de Médecine et de Chirurgie en remplacement de feu
M. Bonnet.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 48,
M. Denis, de Commercy, obtient ag suffrages.
M. Bouisson i8 »
M. Ehrmann i »
M. Denis, de Commercy, ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
est déclaré élu.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no-
mination de la Commission chargée de l'examen des pièces de concours pour
le prix extraordinaire concernant l'application de la vapeur à la marine
militaire.
MM. Dupin, Combes, Duperrey, Poncelet, Clapeyron réunissent la majo-
rité des suffrages.
MÉMOIRES LUS.
PHYSIOLOGIE. — De l'autophagie artificielle, ou de la manière de prolonger
la vie dans toutes les circonstance de privation absolue de vivres, naufrages et
autres séquestrations ; par M. Anselmier.
(Commissaires, MM. Serres, Andral, Rayer.)
« Les recherches expérimentales faites sur les animaux soumis à la pri-
vation plus ou moins absolue d'aliments ont montré que pendant l'inanition
xai..
( 9'^6 )
la vie s'entretient un certain temps au détriment de la substance des organes,
ainsi que le prouve la diminution progressive du poids de l'animal soumis
à l'expérience. Ce mode de nutrition a reçu depuis longtemps le nom d'auio-
phagie; nous proposons d'y ajouter la qualification de spontanée, par oppo-
sition à la désignation d'autophagie artificielle, que nous réservons au mode
de nutrition institué par nous. Il consiste à faire à un animal soumis à l'ina-
nition de petites saignées quotidiennes et à lui faire prendre ce sang comme
aliment.
» Nous avons fait de nombreuses expériences comparatives entre ces
deux modes de nutrition. Les animaux sur lesquels nous avons agi étant
disposés par paires, de manière à ce que les deux sujets d'une même expé-
rience fussent à peu près semblables sous tous les rapports qui pouvaient
avoir quelque influence sur la résistance de la vie, tels que l'âge, l'embon-
point, le poids et le régime habituel ; de ces sujets, l'un fut abandonné à
l'inanition, l'autre fut exclusivement nourri du sang que nous lui retirions
des veines. Voici les propositions qui résultent de l'ensemble de nos
recherches et de la comparaison des deux espèces d'autophagie :
» 1°. La privation absolue d'aliments diminue chez tous les animaux à
sang chaud la production du calorique; cette diminution, à peu près uni-
forme pendant les trois quarts de la résistance de la vie, est environ de
o°, a par vingt-quatre heures. Pendant le dernier quart, la température
décroît très-promptement, et la mort arrive entre 9.3 et a^ degrés.
» 2°. La privation relative d'aliments diminue moins promptement la
production de calorique, proportion nément à la ration.
» 3°. Chez tous les animaux à sang chaud, la température du sang ne
peut descendre à 26 degrés sans que la mort en soit la conséquence.
» 4°- La mort par la faim est le résultat de l'arrêt de la nutrition produit
par l'abaissement progressif de la température de l'animal, la production
et l'accumulation d'une certaine quantité de calorique étant une des condi-
tions de nutrition chez tous les animaux de cette classe.
» 5°. La mort par la faim n'est pas le résultat de la consommation de
tous les matériaux que pourrait fournir l'organisme si l'on pouvait changer
ta condition de refroidissement qui est la conséquence de l'inanition ; en
effet, chez tous les animaux qui succombent à l'abstinence absolue, l'éma-
ciation est en moyenne des -^ du poids initial; par l'abstinence relative, elle
peut atteindre les -j^.
» 6°. La diminution de calorification provient de l'inactivité du système
d'absorption gastro-intestinal ; la température de l'animal augmente ou di-
( 9^7 )
minue selon le degré d'activité de cette fonction, de même que celle-ci est
modifiée par la température à laquelle elle effectue ses opérations.
» 7". Si l'on puise dans l'organisme même des animaux soumis à l'ina-
nition une certaine quantité de sang pour la leur donner comme aliment,
on voit se continuer avec le travail gastro-intestinal la production de calo-
rique, l'abaissement quotidien de la température est moins considérable,
l'émaciation devient plus complète et peut atteindre les -^ du poids initial.
» 8°. Les saignées et les rations qu'elles fournissent doivent être d'autant
plus faibles, que l'on s'éloigne davantage du début de l'expérience, et la
digestion s'en fait d'autant plus complètement et vite, que l'on est plus
avancé dans l'expérience.
11 A mesure qu'elles deviennent plus nombreuses, l'épuisement de tout
l'organisme, l'irritation nerveuse, la diminution des sécrétions gastro-
intestinales nécessaires à la digestion, la monotonie alimentaire, l'abaisse-
ment de la température, enfin la putréfaction de cet aliment, finissent par
mettre obstacle à ce mode de nutrition.
>» 9°. L'activité gastro-intestinale est annoncée par le retour des excré-
ments, l'élévation et la généralisation de la chaleur et du pouls, une aug-
mentation dans les forces musculaires, la diminution des phénomènes ner-
veux, de la sensation de faim et de soif.
» 10°. La calorification ne décroît plus que de o", i, en moyenne, en.
vingt-quatre heures.
» 1 1". L'autophagie artificielle permet l'émaciation excessive, c'est-à-
dire permet à celle-ci d'être des -j^ pour les sujets replets, des ^n pour les
moyens, des -^ pour les jeunes; tandis que l'autophaeie spontanée, d'après
les expériences de Chossat et les nôtres, ne permet padmlus des yô pour les
sujets replets, des ■— pour les moyens et les ~ pour les jeunes.
» 2°. L'autophagie artificielle prolonge considérablement la vie; la
moyenne de cette prolongation est des -^ de l'autophagii spontanée, c'est-
à-dire presque la moitié en plus. » f
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
ïtf . LE Ministre de l'Instruction publique tî'ansmet une Note adressée de
Londres par M. Coc, concernant le mode de préparation et d'administration
d'un remède employé avec succès contre le choléra-morbus.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chiriu-gie, constituée en
Commission spéciale pour le concours du legs Bréant.)
<;
(
( '
i
*.
(938)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Essni sur la théorie de l'injecteur Gijfard;
par M. J. Carvallo. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Combes, Bertrand )
« L'injecteur Giffard est un appareil destiné à l'alimentation des chau-
dières à vapeur [voir sa description Annales des Mines, t. XV, p. 170).
Il ne comporte aucune pièce mobile et détermine un circuit continu de la
vapeur à l'eau de la chaudière, entraînant en un point de son parcours l'eau
du réservoir d'alimentation.
» Nous déterminerons : i" la section de l'injecteur de manière à assurer
l'alimentation continue ou intermittente; 2" la section du jet de vapeur de
manière à produire le maximum d'effet utile ou le minimum de dépense de
vapeur; 3° le poids de vapeur dépensé; 4" le poids de l'eau entraînée;
5° la vitesse de l'émission de la vapeur; 6° la quantité de vapeur conden-
sée et celle qui peut passer mélangée à l'eau; 7" les limites inférieures de
la température de la veine fluide, au commencement et à la fin du trajet
extérieur.
« La théorie de l'appareil est fournie par l'équation générale établie entre
les puissances et les résistances étudiées dans le courant fluide établi entre
les ajutages coniques d'émission de vapeur et d'injection d'eau. Cette équa-
tion, convenablement traitée, fournit les réponses aux cinq premières ques-
tions. En tenant compte de l'équivalent dynamique de la chaleur détermi-
née par les expériences de MM. Regnault et Jouve, et des quantités totales
de chaleur renfermées dans la vapeur saturée sous des pressions connues
d'après les formules et les expériences de M. Regnault, nous établissons trois
équations en tenant compte des quantités de travail ou des puissances vives
de la veine fluide. Ces trois équations fourniront la réponse aux trois der-
nières questions.
« Après avoir établi les relations qui lient entre elles les différentes
vitesses et réduit l'équation des puissances à sa plus simple expression, nous
cherchons par la différentiation la valeur du rapport des orifices qui rend
l'effet utile ou le rapport de la masse totale injectée à la masse de vapeur
émise un maximum. Celte condition donne une nouvelle relation qui per-
met de déterminer avec celles déjà établies toutes les inconnues du pro-
blème. Les conséquences qui se déduisent avec la plus grande facilité des
formules trouvées sont curieuses et intéressantes.
» 1". Le rapport de l'orifice d'émission à l'orifice d'injection est con-
l
( 939 )
staiit, c'est-à-dire indépendant de la pression, de la température, des vitesses,
il ne varie qu'avec les coefficients de la dépense.
» 1°. L'orifice d'émission doit être plus grand que l'orifice d'injection •
» 3". Le rapport maximum de la masse injectée à la vapeur émise di-
minue quand la pression augmente dans la chaudière. Il varie du double
au simple quand la pression s'élève de a à 8 atmosphères.
» 4°- La masse totale injectée croît proportionnellement à la racine
carrée de la pression effective. La masse d'eau entraînée étant régulari-
sée dans l'appareil par un cône métallique placé sur le trajet de la veine
fluide, ce cône doit être d'autant plus dégagé, que la pression est plus
grande.
» 5°. Un injecteur donnant de très-bons résultats sous des pressions de
a, 3, 4 et 5 atmosphères ne fonctionnera plus aussi régulièrement pour des
pressions supérieures; il ne fonctionnerait plus suffisamment pour des pres-
sions extrêmement considérables. L'injecteur doit être spécialement cons-
truit en vue de la pression habituelle sous laquelle une ijfiachine doit mar-
cher.
« L'orifice d'injection doit augmenter quand la pression augmente dans
un rapport déterminé, variable avec la pression. L'expérience doit pronon-
cer sur la limite des orifices et par suite sur la limite théorique de l'emploi
de l'appareil.
» 6". La vitesse d'entrée dans l'injecteur croît comme la racine carrée de
la pression effective. Il en est d(j même de ta vitesse de la veine fluide ix tra-
vers l'atmosphère, leur différence croît de la même manière et par consé-
quent la perte de puissance vive au moment de la rentrée va en augmentant.
Le rapport de ces deux vitesses est constant, indépendant de la pression, de
la température et des dimensions de l'appareil quand la marche est établie
au maximum d'effet utile.
» 7". La masse injectée étant proportionnelle à la racine cubique du
coefficient de la dépense d'eau par le tube injecteur, il faut que ce tube soit
conique et en sens inverse du cône d'émission de la vapeur; il faut égale-
ment qu'il soit prolongé en s'évasant, afin de diminuer sensiblement la vi-
tesse d'introduction et de faire arriver l'eau dans la chaudière sans de trop
forts bouillonnements.
» 8°. Toute la théorie de l'appareil reposant sur la résistance du coiuant
liquide qui tend à sortir par l'orifice de l'injecteur, il unporte à la marche
régulière de l'alimentation que le tube débouche dans l'eau de la chaudière
et non dans la vapeur qui, en se condensant dans ce tube, donnerait lieu à
, ■ ( 94o )
des changements brusques de pression et a une grande irrégularité de
marche.
» g". Les formules établies permettent de déterminer expérimentalement,
pour chaque appareil, et par une méthode familière aux géomètres, la va-
leur exacte du coefficient de la dépense de vapeur.
» io°. La vapeur nécessairement condensée est une très-faible fraction de
la vapeur émise. Cette fraction croît quand la pression augmente.
» II". La température minimum au commencement de la veine fluide varie
très-peu avec la pression ; elle varie néanmoins en sens contraire, elle est
renfermée entre aS^gS et aô^gi pour des pressions variant entre a et 8 at-
mosphères.
» 1 1°. La température de la veine fluide au moment d'entrer dans l'injec-
teur diminue plus sensiblement quand la pression augmente. Si l'appareil
marche au maximum d'effet utile, ses variations sont renfermées entre
77°a7 et 48^34 pour les pressions de a à 8 atmosphères.
» i3°. La température dans le tube injecteur s'élève d'une fraction de
degré par suite de la perte de puissance vive due à l'entrée et au changement
brusque de vitesse.
» i4°- Enfin la quantité de chaleur perdue pour produire le travail d'ali-
mentation est extrêmement faible quand on ne tient pas compte des pertes
dues au rayonnement et au contact, soit des tubes métalliques, soit de l'at-
mosphère; elle n'est que d'une fraction de degré par unité de poids entre
les limites de a à 8 atmosphères, ce qui donne un moyen expérimental de
mesurer l'équivalent dynamique de la chaleur.
» En soumettant cet essai à l'Académie, nous avons le désir qu'il puisse
être de quelque utilité à l'ingénieux inventeur de cet appareil et qu'il l'en-
gage à rechercher soit les modifications à y apporter pour les très-hautes
pressions, soit jes limites expérimentales de son application. La suppression
des pompes a le grand avantage de faire disparaître des poids mobiles, d'al-
léger la machine, de mettre l'alimentation à l'abri des chances d'accidents
produits par la gelée. C'est enfin un acheminement vers la perfection de
la machine à vapeur et vers la possibilité de l'employer à de nouveaux
usages. »
M. FoLTZ soumet au jugement de l'Académie un inslriiment pour [opé-
ration de la fistule lacrymale dont il avait déjà adressé sous pli cacheté
une première description. A cet appareil, qui a été exécuté à Lyon par lui
habile fabricant, M. Crespin, est joint un Mémoire explicatif contenant.
(94i )
outre Ja description, quelques recherches anatomiques et des considéra-
lions physiologiques relatives au traitement de la fistule lacrymale.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Velpeau,
J. Cloquet et Jobert de Lamballe.)
CORRESPONDANCE
M. LE Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
annonce que, suivant le désir exprimé par la Commission chargée d'étudier
la question des alcoomètres et des aréomètres, il a demandé à M. le Ministre
des Finances plusieurs de ces appareils. 11 a reçu et il transmet à l'Aca-
démie sept alcoomètres, un aréomètre et deux densimètres à l'usage des
douanes et des contributions indirectes. Pour chacun on a indiqué le nom
et le domicile du fabricant, le Ministère des Finances n'ayant point de cons-
tructeur privilégié.
Les instruments mis à la disposition de la Commission devront, après
qu'elle en aura fait usage, être restitués au Ministère des Finances.
M. Elie de Beauaiont présente au nom de l'auteur, M. Eug. de Fourcj,
ingénieur en chef des mines, un exemplaire de la Carte géologique du
Loiret, en quatre feuilles, carte tracée, avec l'autorisation du Ministre de
la Guerre, sur un report de la grande Carte de France ; il donne, à cette
occasion, dans les extraits suivants de la Lettre d'envoi, une idée de la
constitution physique et géologique du département.
« La craie inférieure présente quelques affleurements à l'extrémité sud-est
du département. La craie supérieure, qui forme les rivages de la Loire du
côté de Gien, se montre dans toutes les vallées de la partie orientale de la
Sologne orléanaise et du Gatinais.
» Les terrains tertiaires (inférieur et moyen) couvrent la presque to'ta-
lité du département.
» L'étage inférieur n'est représenté que par ses assises les plus anciennes
et les plus modernes: l'argile plastique et le calcaire siliceux de la Brie.
» I^a formation de l'argile plastique n'existe que dans la partie orientale
du département; elle présente à la base quelques argiles marneuses, puis
des poudingues de cailloux roulés, dont j'ai suivi pas à pas le prolonge-
ment depuis Nemours jusqu'à Briare sur la Loire, et, au delà de ce fleuve,
C. R., i85p, 21"" Semestre. (T. XLIX, N" 24.) 122
( ^^ )
sur les coteaux du Val et dans les vallées latérales de la Thièle et de
Nôtre-Heure, on ils forment comme un mince liséré sur 'les tranches
de la craie. Atik poudingues succèdent des alternances irrégulières de sa-
bles, de grès et d'argile dont l'industrie tire çà et là parti. Je rattache
ainsi à la formation de l'argile plastique toute la région située à l'est des
canaux de Briare et du Loing, en faisant toutefois remarquer que cette for-
mation a ici peu d'épaisseur, et que n'y étant recouverte par aucune autre
assise tertiaire, elle a nécessarrement subi, lors de la période diluvienne,
des remaniements qui en ont mélangé, confondu les éléments. Je signalerai
des gisements de minerai de fer dont plusieurs furent jadis exploités. Au
boirrg des Ferrières, une place située tout près du lieu où Pépin le Bref
coupa, dit-on, la tête d'un lion, porte le nom de place des Forges, et des
fomlies y font décou%Tir des amas de laitier. Les anciens du pays ont en-
tetidn parler des forges à letu's pères, qui les avaient vues marcher.
» Le calcaire grossier, le grès de Beauchamp manquent complètement.
Le calcaire d'eau douce inférieur si développé dans Seine-et-Marne, ne s'a-
vance que de quelques centaines de mètres dans le Loiret.
« Uélage tertiaire moyen est de beaucoup le plus développé. Au grès de
Fontainebleau qui montre ses derniers affleurements méridionaux dans les
vallées de l'Essonne et du Fusain, succède le calcaire d'eau douce supé-
rieur, qui^onstitiieàlui seul plus de la moitié du département et emprunte
à la Beauce une de ses fréquentes dénominations. Ce calcaire est exploité
dans de nombreuses et importantes carrières. Des assises marneuses, inter-
calées à la partie supérieure, offrent en plusieurs points un précieux amen-
dement. Des sondages exécutés par l'administration les ont fait reconnaître
sous 'les dépôts de la Sologne.
» Au-dessus du calcaire d'eau douce supérieur, s'étendent les sables
et argiles de la Sologne qui en quelques points du département atteignent
ime épaisseur de 60 mètres. J'assimile ces dépôts aux argiles à meulières
supérieures de Seine-et-Oise. S'il est vrai que les dépôts de la Sologne
s'amincissent au nord d'Orléans, comme ceux de Seine-et-Oise au sud
d'Etampes, il convient de remarquer qu'il existe à la limite des deux dé-
partements une ligne de faîte séparant les affluents delà Loire des affluents
de la Seine. Ce faîte semble avoir servi de refuge et d'ossuaire aux nom-
breux animaux dont on retrouve çà et là les débris, au nord d'Orléans,
dans des lambeaux de sable isolés, semés de loin en loin à la surface du
calcaire de Beauce. Chacim se rappellera les intéressantes descriptions don-
nées par M. Lockliart sur ces dépôts fossilifères.
( 943 )
» Immédiatement au-dessus des dépôts de la Sologne, je place les faluus,
dont l'âge relatif a déjà été l'objet de nombreuses controverses.
« L'exploration du département du Loiret a duré trois campagnes d'été;
1420 kilomètres ont été parcourus à pied, le marteau à la main; ce qui
donne pour chaque lieue carrée de surface un parcours de 33 18 mètres. »
M. Despretz présente à l'Académie la troisième livraison du Dictionnaire
bigraphique des Sciences exactes de M. J.-C. PocjgendorJJ, Membre de l'Aca-
démie de Berlin. (L'ouvrage est en allemand.)
La SociiÉTÉ DE Géographie anno(]ce pour le 1 6 de ce mois sa deuxième
assemblée générale de iSSg et adresse des billets d'admission pour cette
séance, dans laquelle on entendra une Notice sur la vie et les travaux
d'A. de Humboldt.
MÉTÉOROLOGIE. — Parallèle entre les caractères observés en Europe et à la
Havane dans les aurores boréales du 28 au 29 août et du 2 septembre derniers;
par M. A. Poey.
Il
« Je pense que l'Académie accueillera avec bienveillance les éclaircisse-
ments suivants, qui m'ont été suggérés par la lecture des six premières com-
munications qu'elle a reçues au sujet de la dernière aurore boréale observée
simultanément depuis le pôle jusqu'à la zone équatoriale.
» i". Colonnes lumineuses et streamers. — M. Coulvier-Gravier n'a ob-
servé aucuns rayons dans le petit arc. M. H. Lartigue, à Noyelles-sur-Mer,
parle de rayons et de bandes lumineuses qui dépassaient le zénith. Enfin le
R. P. Secchi a vu le ciel de Rome sillonné par des rayons très-brillants, en
forme de colonnes lumineuses, et de véritables streamers de lumière. A la
Havane, les colonnes lumineuses sillonnaient aussi le ciel dans toute l'éten-
due de l'aurore. Celles situées latéralement à l'est et à l'ouest divergaient
jusqu'au zénith, sans le dépasser, et celles du centre au nord paraissaient y
converger légèrement. Les unes et les autres partaient d'un foyer ou centre
de convergence situé très-bas au-dessous de l'horizon, etc. {Voir les autres
caractères dans ma Note précédente.)
)) 2°. Lueur blanchâtre et sa pertistame. — M. H. Lartigue est le seul à
mentionner cette lueur, qui a signalé le commencement du phénomène pen-
dant une durée d'environ trois quarts d'heure. A la Havane elle parut uni-
quement dans la seconde aurore du 2 septembre, mais avec une plus grande
122..
( 944 ;
persistance depuis i heure jusqu'à S*" iS". S'élevant premièrement à l'hori-
zon nord-est, elle s'est étendue par degrés vers le nord et le nord-ouest, avec
des variations d'éclat réitérées. Lors de sa plus grande intensité, cette lueiu-
ou arc embrassa toute l'étendue de l'aurore jusqu'à la hauteur de aS de-
grés.
» 3°. Colorations. — M. H. Lartigue a observé les bandes et les rayons
passant du rouge au vert et au blanc. Suivant M. Coulvier-Gravier, lorsque
les rayons se condensaient, ils étaient semblables à du fer chauffé au rouge.
Puis, pour peu que la condensation continuât, les rayons et segments deve-
naient semblables à du fer chauffé au blanc. J'ai aussi très-particulièrement
observé à la Havane les variations du rouge au blanc, et vice versa, par la
condensation croissante ou décroissante de la matière lumineuse. Je n'ai
point vu citer la teinte passagère légèrement bleuâtre qui teignit la lueur
blanchâtre et les rayons. Mais il n'y eut point de teinte verdâtre. Je me suis
encore persuadé que toutes les colorations simultanées ou successives des
diverses parties de l'aurore sont intimement liées à la vivacité de l'éclat de la
matière lumineuse, à la rapidité de ses mouvements vibratiles, et surtout
aux propriétés optiques de l'état hygrométrique des vapeurs d'eau répandues
dans l'atmosphère. Ces colorations seraient ainsi soumises aux mêmes lois
que j'ai signalées pour celles des étoiles par scintillation, des arcs du soleil,
de la lune et des planètes, des ombres colorées, des étoiles filantes, etc.
» 4°. Mouvement de translation. — M. Coulvier-Gravier a remarqué que
le corps entier de l'aurore semblait se déplacer de l'ouest-sud-otiest à l'est-
nord-est. Le rédacteur du Courrier de Lyon dit de l'ouest à l'est, et M. la Rive
de l'est au nord. M. Fournet rappelle alors l'opinion d'un navigateur anglais
suivant laquelle on serait exposé à recevoir un coup de vent du sud-ouest
deux ou trois jours après l'apparition d'une aurore boréale. Puis M. Fournet
apporte à l'appui de cette assertion des observations analogues et modernes.
Mais il faut remarquer que le mouvement de translation ne s'effectue point
suivant la même direction dans toutes les aurores, ainsi qu'il peut varier
dans l'intervalle d'ime même apparition. On verra dans l'ouvrage de
M. Coulvier-Gravier (i) des exemples de translation vers tous les points
de l'horizon. Pour confirmer le second fait, je signalerai les transports réi-
térés observés à la Havane, dans les deux dernières aurores, de l'est-nord-
est à l'est-sud-ouest, puis de rétrogradation en sens inverse. Si la direction
des étoiles filantes trahit celle des courants supérieurs, qui doivent s'établir
(i) Recherches sur tes météores et sur les lois qui les régissent. Paris, iSSg, j). 33-37.
( 945)
à la surface du sol, comme c'est le cas pour les nuages, pourquoi l'aurore
polaire ne serait-elle pas entraînée par les vents régnant à cette élévation et
ne deviendrait-elle pas un signe précurseur des coups de vent et des tem-
pêtes? Telle est l'opinon émise par M. Fournet, opinion que je partage aussi.
Il est vrai que dans la dernière aurore la translation s'est effectuéee de l'est-
nord-est à l'ouest-sud-ouest, aussi bien qu'en sens inverse; mais la matière
lumineuseétait plus entraînée vers l'ouest que vers l'est. Ce fut aussi au nord-
est que la lueur blanchâtre fit sa première apparition. Eh bien, pendant la
présence de l'aurore du i septembre jusqu'à midi il y eut un calme plat; mais
à cette heure, et surtout à partir de i heure, il s'est établi une forte brise du
nord-est qui a duré jusqu'au 12 a minuit, ayant alors viré à l'est-sud-est et
sud-est. En même temps il y eut de grandes pertiu'bations atmosphériques
aux Antilles. Trois ouragans gyratoires ont causé des ravages considérables:
le premier, du 1 *"■ septembre au i3; le deuxième, avant le 2 octobre et
au delà du 9, et le troisième avant et après le ^7 du même mois. Il y eut,
en outre, des pluies torrentielles et exceptionnelles durant le mois de sep-
tembre, et surtout d'octobre, qui ont surpassé en quantité la moyenne ^
annuelle.
» 5°. Étoiles filantes. — Durant la dernière apparition du 29 août, ainsi
que dans toutes celles qu'il a observées, M. Coulvier-Gravier a constam-
ment vu les étoiles filantes traverser plii^ haut que les rayons et les segments
de l'aurore boréale. Il en conclut donc que la région où s'enflamment les
étoiles filantes est située au-dessus de l'espace occupé par les aurores po-
laires, espace qui surmonte à son tour la zone des cirrus. Or j'ai très-distinc-
tement observé à la Havane trois étoiles filantes, partant de Cassiopé vers le
zénith, plonger dans le segment rougeâtre de l'aurore à peu de distance de
la Polaire. Cependant M. Coulvier-Gravier a encore annoncé que l'éclat d'une
étoile filante se trouve affaibli par le voile lumineux de l'aurore, qui s'inter- '*
pose entre elle et l'observateur, comme c'est le cas pour les étoiles fixes. Ainsi
mes trois étoiles filantes auraient pu être visibles par transparence du milieu
lumineux. J'avoue que je n'ai pu saisir aucun degré d'affaiblissement
d'éclat lorsqu'elles ont plongé dans l'aurore. Mais la rapidité avec laquelle
elles ont filé rendait un peu difficile une telle appréciation. J'ai aussi observé
quatre autres étoiles filantes proches du zénith, vers l'est, remarquables par
leurs mouvements, et dont je n'ai point trouvé de cas an;ilogues dans l'ou-
vrage de M. Coulvier-Gravier. Elles ont filé avec lUie rapidité extraordi-
naire du sud au nord, formant une ligne extrêmement tortueuse, et pour
ainsi dire tremblotante, de 4 à 5 degrés de parcours. Elles ont apparu de
( 946 )
I heure à a heures, lors du plus grand développement de l'aurore, à des
intervalles l'un de l'autre de dix minutes à une heure un quart. »
M. Bazin adresse une Lettre relative à la communication faite dans la pré-
cédente séance par M. P. Broca sur un nouveau procédé pour obtenir
l'aneslhésie. Cette communication, dont il ne connaissait pas encore l'ex-
trait tel que le donne le Compte rendu, lui a été annoncée par une Lettre de
M. Azam dans laquelle se trouve cette phrase : « Il va sans dire, et je l'ai dé-
claré à qui a voulu l'entendre, que c'est vous qui dans vos lectures avez
trouvé la méthode. » D'après ces mots, M. Bazin a craint qu'on ne lui eîit
attribué une découverte qui appartient à M. Braid. Ce sont les recherches
de ce médecin analysées par M. Carpenter à l'article Sommeil de l'Encyclo-
pédie d'Anatomie et de Physiologie, publiée par Todd, que M. Bazin a
exposées en février i858 dans une lecture faite à la Société de Médecine de
Bordeaux.
« M. le docteur Azam, dit l'auteur de la Lettre, a eu le mérite d'avoir
pris au sérieux l'hypnotisme et d'avoir fait des expériences, mais l'honneur
de la découverte appartient à M. Braid. »
Les droits de M. Braid n'ont point, comme on a pu le voir dans le pré-
cédent Compte rendu, été méconnus par M. Èroca. Ce que la Lettre de
M. Bazin apprend de plus à cet égard, c'est que l'auteur de la découverte
n'a pas ignoré qu'un des effets de l'hypnotisme était « une anesthésie portée
au point de rendre le patient insensible à la douleur. »
M. Chaubart prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission à l'examen de laquelle a été lenvoyé son Mémoire intitulé : « Vannes
automobiles. »
(Benvoi aux Commissaires nommés, MM. Poncelet, Combes, Séguier.)
M. Déveille adresse, comme complément à sa Note sur un nouveau sys-
tème de freins, la figure de l'appareil de voilure destiné à augmenter la
résistance de l'air au mouvement du train qu'il faut arrêter.
(Benvoi aux Commissaires désignés : MM. Piobert, Morin, Combes.)
M. o'Orbigny adresse une Lettre relative à la Note dans laquelle
M. Hébert a voulu réfuter divers points de son Mémoire sur l'âge des pou-
( 9'»7 )
dingues de Nemours et des sables coquiiliers d'Ormoy. « La plupart des ar-
guments qui me sont opposés me semblent, dit l'auteur de la Lettre, man-
quer d'exactitude ; mais comme je ne puis le prouver qu'à l'aide d'une
discussion critique, peu faite pour intéresser l'Académie, je me borne à
déclarer ici que ces arguments n'ont point altéré mes convictions que je
me propose de soutenir devant la Société Géologique. «
M. Grun demande de Bruxelles pour l'auteur d'un Mémoire adressé au
concours du prix Bréant de i858, l'autorisation de reprendre cette pièce
qui ne se trouve point mentionnée dans le Rapport de la Commission.
Toutes les pièces qui ont été admises à tm Concours déjà jugé, comme
c'est ici le cas, doivent, même quand elles ne sont pas explicitement men-
tionnées dans le Rapport, rester dans les Archives de l'Académie. Les au-
teurs d'ailleurs sont autorisés à en faire prendre copie au Secrétariat.
M. Emmanuel prie l'Académie de vouloir bien lui accorder prochainement
la parole pour une commimication qu'il désire lui faire concernant une
preuve directe du mouvement annuel et du mouvement diurne de la terre.
M. Emmanuel sera inscrit sur la liste de lecture «t appelé à son tour.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité seci-et.
La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B.
BVtLETlJV BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 12 décembre 1869 les ouvrages
dont voici les titres :
*
Institut impérial de France. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Discours de M. H. Wallon, président de l' Académie, prononcé aux funérailles
de M. Charles Lenormant, le mardi 6 décembre iSSg; in-4'*.
Précis de Chimie industrielle ; par A. Payen, 4* édition. Paris, 1809; 3 vol.
iu-8°.
( 948 )
Etudes des races humaines. Méthode naturelle d'ethnologie; par M. H.
Deschamps. Paris, iSSy-Sg; in-8°.
Résumé météorologique de l'année i858 pour Genève et le grand Saint- Ber-
nard; par E-Vlanta-MOVR. Genève, iSSg; br. in-S".
Observations astronomiques faites à l'Observatoire de Genève dans les années
i853 et i854; p«r le même; i^^et 1 4* séries. Genève, iSSg; in-4''. (Supplé-
ment au t. XV des Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire natu-
relle de Genève. )
Bugeaud, duc d'isly, maréchal de France, le conquérant de l'Algérie; par
M. F. HuGONNET. Paris, 1860; br. in-8°.
Du moyen de prévenir la phthisie par l'emploi des h/pophosphiles ; par
J. Francis Churchill. Paris, 1869; br. in-8°.
Rapport sur les travaux du Conseil central de l'hygiène publique et de salubrité
du département de la Loire- Inférieure pendant l'année 1 858, adressé à M. le pré-
fet de la Loire- Inférieure par M. Sallion, vice-président, et M. Malherbe,
secrétaire du Conseil. Nantes, 1859; br. in-8°.
Carte géologique du département du Loiret; par M. Eugène DE FOURCY;
4 feuilles grand-aigle.
Osservazioni... Observations du professeur B. Bizio sur ce qui le concerne
dans une Note intitulée : Sur l'Analyse de la lumière; br. in-S".
Intorno... Observations et expériences sur les ombres colorées; par le même;
Venise, i858; br. in-4'*.
Descrizione... Description de deux machines arithmétiques pour l'addition;
par M. T. Gonella; br. in-8°.
An essay . . . Essai sur la cause de la pluie et des phénomènes qui s'y rattachent;
par G. A. ROWELL. Oxford, 1859; in-^"-
Biographisch-literarisches... Dictionnaire biographique et bibliographique
des Sciences exactes; par J.-C. PoGGENDORFF; 3* livrîison. Leipzig, 1859;
in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Despretz. )
( 949 )
PUBLICATIONS PÉKIODIQVES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT
LE MOIS DE NOVEMBRE 18S9.
annales de r AcjricuUure française ; t. XIV, n°' 8 et 9; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; novembre iSSg; 11" 187; iii-S".
Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; septembre et octobre
'iBSg; in-S".
Bulletin de [Académie impériale de Médecine; t. XXV, 11" 2; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; 28* année; 2* série, t. VIII, n"' 9 et 10; in-8".
Bulletin de la Société d agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe; 2* tri-
mestre iBSg; in-8°.
Bulletin de la Société de [Industrie minérale; t. IV, 4* livraison, avril-
juin i85g; in-8°; avec atlas in-fol.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour [industrie nationale; sep-
tembre 1859; in-4"^.
Bulletin de la Société française de Photographie ; octobre et novembre
1859; in-8°.
Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris; t. IV, n° 3; in-8".
Bulletin mensuel de la Société impériale zoologique d'acclimatation; octobre
1859; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; 2* se-
mestre 1859; n"' 18-21; in-4''.
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XV, i9*-22* livraisons; in-B".
Il nuovo Cimento... Journal de Physique et de Chimie pures et appliquées;
septembre 1869; in-B".
Journal d' Agriculture de la Càte-d'Or; septembre 1859; '""8°-
Journal d'Agriculture pratique; nouvelle période; 1. 1, n"' 21 et 22; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie ; novembre
1 859 ; in-8°.
C. R., 1859, 2""' Semestre. (T. XLIX, N» 84. ) « ïS
( gao )
Journal de i âme ; février 1860; in-8°.
Journal de la'Société impériale et centrale d Horticulture ; octobre i85q;
in-8°.
Annales de la Société d Hydrologie médicale de Paris; t. VI ; 1" livraison ;
in-8".
Annales forestières et métallurgiques; octobre iSSg; in-8°.
Annales médico-psychologiques; octobre iSSg; 111-8".
Annales télégraphiques ; septembre-octobre iSSg; in-8°.
Astronomical... Notices astronomiques ; n" 1 1 ; in-8°.
Bibliothèque universelle. Revue suisse et étrangère, nouvelle période; t. VI,
n° 23 ; 111-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mé-
moires sur les diverses parties des mathématiques, publié par M. Joseph
LrouviLLE; a' série, août et septembre iSSg; iii-4".
Journal de Pharmacie et de Chimie; novembre 1859; in-S".
Journaldes Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n°' [\o-[\2\ in-B".
Journal des Vétérinaires du Midi; septeiiibi-e iSSg; in-8°.
Journal du Progrès des sciences médicales ; n"* 14-17; '"-8".
La Bourgogne. Revue œnologique et viticole; i 1* livraison; in-8°.
La Culture; n°' 9-1 1 ; in-8°.
L'Agriculteur praticien; 2* série, n"4; 111-8°.
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier; t. XllI,
11"" 2 1 et 22; iii-8°.
LArt dentaire; novembre iSSg; in-S°.
L'Art médical; novembre iSSq; in-8".
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; t. VU, ""' 1-2; in-8°.
Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 69* et 70* livr. ; in-4°.
Le Technologisle ; novembre iSSg; in-8°.
L'Hjdrolérapie; 5* et 6" fascicules; in-8°.
Magasin pittoresque ; novembre iSSg.
Montpellier médical : Journal m€7tsuel de Médecine; novembre i85q; in-8°.
Nachrichten... Nouvelles de l'Université et de l'Académie des Sciences de
G'otlingue; n<" 1 7 et 1 8 ; in-8°.
( 95i )
Nouvelles Annales de mathématiques, Journal des candidats aux Ecoles
Normale et Poljteclmique ; octobre et novembre iSSg; iii-S".
Pharmaoeutical... Journal pharmaceutique de Londres; 2' série, vol. I,
11° 5; in-8".
fié/jertoire de Pharmacie; novembre iSSç); in-8".
Revista... Revue des travaux publics ; 7® année; n"' 21 et 22; 111-4°.
Revue d^ Thérapeutique médico-chirunficale ; n"' 21 et 22; in-8°.
Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres ; vol. XIX,
11" 10.
Société impériale et centrale d'Agriculture; Bulletin des séances; t. XIV,
n° 7 ; in-8".
The Quarlerly. .. Journal trimestriel de la Société chimique de Londres;.
vol. XII; n"» 45-47; in-8°.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n"' 1 28- 1 Sg.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n*" 44-47-
Gazelle médicale de Paris; n°' 45-48.
L'Abeille médicale; n°' 45-48.
La Coloration industrielle; n"' xg et 20.
La Lumière. Revue de la Photographie ; n°' 45-48.
L'Ami des Sciences; n°* 45-48.
La Science pour tous; n°' 48-5 1 .
Le Gaz; n"'27 et 28.
Le Musée des Sciences, n"* 27-3 i .
( 9^2 )
ERRATyi.
(Séanee du i\ novembre iSSg.)
Page ';83, ligne 7 en reinontimt, «« lieu de C-" H="'~', lisez C" H'"'.
Page 784, ligne 7, au lieu de 3(H^Az, HBr), lisez ^[H? kz, HBr).
Page 784, ligne lo en remontant, au lieu de carbone 32.58, lisez carbone 3i .58.
Page 787, ligne 9, au lieu de 2 Az, lisez 4 Az.
(Séance du 28 novembre i85g.)
Page 833, ligne 10, au lieu de densités, lisez tensions.
Page 833, lignes 20 et 23, au lieu de p, lisez p.
Page 840, ligne 22, au lieu de "m, lisez it.
Page 841," ligne 17, au lieu de=-j,^ lisez^-
Page 845, ligae ig, au lieu de 5mr, lisez 5mr' .
Page 845, ligne ig, au lieu de m + i j lisez I m +
Page 845, ligne 20, au lieu deM+ ( , lisez i M +
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DÛ LUNDI 19 DÉCEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCâiSlQUE. — Mouvement des gaz de la poudre dans l'âme des bouches à Jeu;
par M. PioBERT. (Suite.)
« 30. Loi de variations des densités, exprimée par une fonction transcendante.
— Le calcul infinitésimal donne les moyens d'obtenir directement la valeur
exacte des densités des gaz, à laquelle on n'arrive, par la méthode précé-
dente, que par des approximations successives. Quoique la loi de formation
des termes de la série qui exprime la valeur cherchée soit facile à saisir,
il convient d'en avoir une expression finie. D'après ce qu'on a vu (27)
pour le cas où les densités sont proportionnelles aux tensions, l'ordonnée^
de la courbe des densités varié comme le moment de la surface placée
en avant de la tranche z, .y X g, par rapport à la tranche immobile, ou
comme la différence des moments de la surface entière S X - et de la sur-
r
face placée en arrière de la même tranche z, s x g', l'une et l'autre de ces
quantités étant multipliées par l'unité de masse - et augmentées du moment
C. R, 1 859, a™' Sem«<re. (T. XLIX, NO 28.) ^^4
( 954 )
du projectile m. Vu le peu de compressibilité du mobile, on le supposera
placé en entier dans la dernière tranche des gaz, à une distance de la tranche
immobile, qu'on prendra ici pour unité afin de simplifier les formules;
z exprime alors ce que représentait - dans ce qui précède; par le même
motif, on représentera les logarithmes népériens par le signe l' . On aura
donc
r = Ç,y X 1' -+- 7« = ^S X 7T-* X ii + '"■
'^ S " S /■ S °
Le moment de la surface entière Sx- est égal à i jzdz et celui de
la surface placée en arrière de la tranche z est / jzdz; on aura donc
t/O
j — t j jzdz — ^ f Jzdz 4- m.
Pour séparer les variables, il suffit de différentier celte équation, et il
vient
ou
— = - Ç ztlz = — bzf/z ;
en intégrant, on a
bz^
C — ht' C _J£|
3 2 2
l'jr = el jr = e = e •>< e
Mais cette valeur de ^ doit remplir les conditions de / = /n 4- - pour z= o,
et dej- = m pour z = i ; en déterminant C et i de manière à y satisfaire,
on a
c c — i
e = /H -f- c et e =m;
divisant ces deux valeurs l'une par l'autre, il vient
e = ;
(955 )
d'où
et
»^4^'
en faisant, pour simplifier les formules,
m ■
I + -^— = a.
mr
» 51. Position du centre de gravité des gaz. — Il reste à connaître la valeur
de r; pour y arriver, il faut évaluer l'aire de la surface totale S qui est
1 jdz et son moment S X - qui est / jzdz; car on a évidemment
I yzdz = - l jdz ;
pour obtenir les intégrales de ces expressions, on substituera dans cha-
cune d'elles la valeur de^ trouvée ci-dessus; il vient d'abord
Jjzdz = ,nja-''zciz = ^^-j^;
or cette intégrale doit être nulle quand z = o ; donc C = a, et par suite
r , ma — a'-'' f^
m
Z(lz= -——(a — i)
0
tel est le moment de la surface entière de la courbe des densités. Quant à
l'expression de cette surface / j'dz, il faut d'abord y substituer la valeur
t/O
de jr, et ou a
1 jdz = ma I a~''dz — ma 1 " dz
^[T'^TX^ -7375-^ ..3.5.7-^ 1.3. 5.7. g-^-J"^^'
124..
^
( 956 )
donc l'aire cherchée
Divisant l'une par l'autre les deux intégrales définies précédentes pour
avoir la valeur de r, il vient
2K/'a
r = ,
et en substituant pour a — i sa valeur, on a
mettant pour K sa valeur,
» Il reste à résoudre cette équation transcendante en prenant pour
inconnue V a; comme la série devient très-convergente, on ne prend d'a-
bord qu'un très-petit nombre de termes, et dans les derniers on remplace
r par une valeur approchée, tirée du décroissement parabolique, par
exemple; puis on prend successivement un plus grand nombre de termes
de la série, en substituant dans les derniers la valeur trouvée de /■, et
ainsi de suite jusqu'à ce qu'on trouve l'approximation suffisante. Quand
m = 3p., il vient
r=2,o5o943446 = ^^^5g^g53^, n = .,.6a5a6828447,
Z'rt = 0,100595936456, la = 0,06540298422 et K = X, 1067142358.
» 52. Densités exactes des tranches de gaz. — Au moyen de r et de a, on
trouve les densités exactes des gaz, lesquelles comparées à celles qui ont été
trouvées dans les différentes approximations données précédemment (18
et 28), montrent qu'elles sont ordinairement suffisantes pour la pratique;
les dernières ne diffèrent que dans la sixième décimale.
( 95? )
•
VALEURS DE -j.
POSITIO.N Dt 1„\ TRANCHE.
Loi parabolique.
1" approximation
1' approximation.
3* approximation.
Valeur exacte.
Tranche immobile.
1 ,04889711
I ,o5o42IO
I ,o5o43i64
I ,o5o43o8i
i,o5o 4 308980
0,1
1,04743019
I ,0488433
i,o4885ii6
I , o4885o 1 1
i,o4885oi822
0,2
I , 04302944
1,0441234
1 ,Oo4l22()8
1 ,04412223
i,o^4'222g3o
o,3
1 ,03569487
I ,o363oo9
1 ,03628966
I ,03628970
1 ,0362897903
0,4
l ,02542648
I ,02544?'
I ,02542285
I ,02542283
1 ,0254228963
0,5
I ,01222426
1 ,01 16397
I ,01 161 83 1
I ,01 161837
i,oii6i845o8
o,6
0,99608821
0,9950129
0 , 9949820
0.99499839
0.99499847 '5
0'7
0,97701834
0,9757074
0,9570750
9,97570828
0,9757083388
o,8
0,95501464
0,9538954
0,95391400
0,95391470
0,9539147803
0,9
0,93007712
0,9297755
0,91980329
0,92980319
o,9298o32';32
Contre le projectile.
0,90220578
0,9035724
0,90357600
0,90357553
0,9035756185
Valeurs de r.
2,o5oi225
2, o5 10286
2 , 050942
2,050943
2,050943446
Équation à résoudre.
du 2" degré.
du 3* degré.
du 4' degré.
transcendante.
transcendante.
La valeur de r pouvant être déterminée exactement, l'équation du mouve-
ment du centre de gravité, ainsi que la condition d'égalité de densité dans
les deux charges |7,' et fx" à la tranche immobile qui leur est commune,
serviront, comme précédemment (19), à trouver le rapport ^, des deux
parties de la charge /Ji, et par suite à les évaluer exactement, au moyen de
l'égalité [j1+ |x" = p, : l'équation (A'") pourra donc être complétée dans tous
ses termes.
» 55. Somme des forces vives impiimées aux mobiles. — Les considéra-
tions qui précèdent permettent de déterminer exactement la somme des
forces vives de toutes les tranches de la charge, qui forme le premier membre
des équations (C"). En effet, la masse de la tranche z est -^ jd^t c^t' sa
densité p
> son volume est nc'^dz et Trc'Da = ja; sa vitesse est vz,
celle du projectile étant v au même instant; la force vive de cette tranche
sera donc
et la somme des forces vives des gaz depuis la tranche immobile jusqu'au
( 958 )
projectile,
en mettant pour^ sa valeur ma'~'', il vient
i=^X' „-....
Or
f il a 7.1 a I
~ 2 /'a "^ Tr7 L' "*: TTT" "^ TT.'S' '^ 1.3.5.7 "*" " 'J
_ «-•' V'?.zU'a ^z'il'ay 8z'{l'aY i6r» (/'«)' 1
~"I7^L 3 ^ 3.5 "*"■ 3.5 7 "•" 3.5.7.9 "^ " J'
intégrant depuis z=o jusqu'à 2 = 1, et substituant dans la valeur de 2,
il vient
_ F"' r^/'a . 4_(^or 8jr«y; n _ j^ k-i
^~2KraL 3 "^ 3.5 "^3.5.7 •■■■] il'a K
On a trouvé précédemment (31), entre les valeurs de l'a etdeR, la relation
2Kl'a = ^;
772
donc
„ /tr \ ■) F- — imV a „
^ il a
Dans le cas de m = 3/ji, on a alors
j,^ (;/,,N pf' 0,096424381 34
^~ il'a'' "' "^ ~ 2X0,1 50595936456
= fxt'' X 3(o, 1067142357) = jT.t'' X 0,3201427071.
D'après la loi de décroissement parabolique des densités des gaz dans les
tranches successives de la charge, cas traité précédemment (21), on aurait
„ 57wr-|-2u „ 1 , rt r
2 = -,; — U.V' = [XV^X O, 3202041,
l5mr-h lOu." ~ ' ï?-* '
( 9% )
valeur qui diffère peu de la véritable, jnéme pour ce cas de n=i et
de m = 3/yt,, qui est très-défavorable à cette hypothèse; aussi comme celle-
ci simplifie beaucoup les calculs, il convient de l'adopter dans un grand
nombre de cas de la pratique. Le premier membre des équations (C")
doit contenir la force vive du projectile mv^ , en même temps que celle
des gaz ; on aura donc pour ce premier membre
0.1'a L 3 3.5 3.5.7 J
Comme les termes de la série diminuent rapidement, les forces vives du
projectile et des gaz tendent à se trouver de plus en plus dans le rapport
2 1' a
de I à —^ à mesure que a se rapproche de l'unité, ou que le poids de la
charge est une plus petite fraction de celui du projectile.
« 34. Quantité de travail développée dans la détente des gaz. — La quan-
tité de travail développée dans l'expansion des gaz de la charge s'obtient
comme précédemment, en considérant les pressions des tranches de gaz les
unes sur les autres. La pression d'une tranche quelconque z sur sa voisine
est exprimée par nc'kp, puisque dans le cas actuel la tension des gaz est
supposée proportionnelle à la densité; or p = —^ — — et nc^T)a. = [j., la
pression sur toute l'étendue de cette tranche sera donc égale à -^J", la
somme des pressions de toutes les tranches depuis z = o jusqu'à 2 = i,
position du projectile dont la distance au fond de l'âme a été prise pour
unité (30), sera
/ ^ rdz— ~ ( rdz=^^>c^inK = ixk — nc'^k'Da.
»
Afin d'obtenir la somme des quantités de travail des tranches de gaz pour
toutes les densités successives qu'elles prennent dans les diverses positions
du projectile, il faut ici rétablir la longueur absolue 6 de l'espace que les
gaz; occupent dans l'âme de la pièce au moment que l'on considère, et qui
détermine l'abaissement général des densités que toutes les tranches éprou-
vent dans leur expansion; de sorte que le travail des tranches pour un
petit parcours dQ sera
nc^k^dQ,
%
( g6o)
dont l'intégrale, prise dans toute letendiie du parcours du projectile, à
partir de 6 = a, est
ffcUDaZ'-,
Cf.
comme précédemment (12 et 22), pour le cas d'une densité uniforme des
gaz dans toutes les tranches et pour celui où la densité décroît comme
les ordonnées d'une parabole. La répartition des gaz dans les différentes
tranches n'a ainsi aucune influence sur le travail, lorsque la tension des gaz
est proportionnelle à leur densité.
» En appliquant ce qui précède aux parties jla' et pi" d'une charge ja lan-
r
çant un projectile /n, dans une pièce M, on a, en faisant t + -^ = a'
et I + -^
(C")
2 l'a'
■y
- -^^i>^= 2ncn-D'a'r-=au.'kl'-,
,-/ a/'«" 4(/'fl")' 8{l'a''y iG(/'fl") . _„
M f I H 5 h \ :, ■+- , ^ _ -f- ^ , _ ' -f- . . . ) V*
3 3.5 3.5.7 3.5.7.9
2. l'a" a ' a.
en ajoutant ces deux équations, on aurait l'équation (B").
» 55. Tension des gaz variant comme ta puissance n de la densité. — La
tension des gaz employés ordinairement pour lancer les projectiles variant
dans un plus grand rapport que leur densité, il faut considérer le cas plus
général dans lequel la tension varie comme une puissance n de la densité
et chercher le décroissemenfdes densités, de^tranche en tranche, qui résulte
des lois du mouvement. La tension des gaz dans chaque tranche doit
être, ainsi qu'on l'a vu (27), en raison du moment delà masse de la portion
de charge située en avant, augmentée de celui du mobile placé à son extré-
mité : mais on a
■ Jo J
■par suite ce sera j'" qui, dans ce cas, sera proportionnel à la somme des
( 96i )
moments (30), et l'on aura
y=sj- ■^^'''^ " s / ■^'^^^ "•" "'^-
En différentiant, il vient
nj"-*(lj= — ^jzr/z = — bjzdz ou «j"~* d/ = — bzdz;
intégrant, on a
;«-' = C-*'^
2
Comme l'on doit avoir kp" = f /n + - ) A' pour z = o, et Ârp" = mk pour z = i ,
I
il en résulte que dans le premier cas ^ = f;«4-^J , et que dans le
r
deuxième j = m". La substitution de ces deux valeurs dans l'intégrale
donne
(/«+-) =C et /M =C ;
n — I \ r J n — i 2
ces conditions permettent d'éliminer C et A de l'intégrale, qui devient
» 56. Conditions générales auxquelles doivent satisfaire les tensions et les
densités des gaz par suite des lois du mouvement de ces gaz. — Le résultat pré-
cédent est remarquable; comparé à celui qui a été obtenu précédem-
ment (25), il montre : 1° que pour satisfaire aux lois du mouvement des
gaz, le rapport de la tension à la densité de chaque tranche, ou la puissance
n — i de cette densité, doit décroître, de la tranche immobile jusqu'à celle
qui est en contact avec le mobile, comme les ordonnées d'une parabole ordi-
naire, parallèles à son axe, diminuent à partir de son sommet; 2° que dans
le cas particulier de « = 2, ou de la tension proportionnelle au carré de la
densité, le décroissement parabolique des densités des gaz donne la loi exacte
de ce qui a lieu dans les tranches. On voit aussi que toutes les fois que n est
peu différent de 2, le décroissement parabolique représente les densités des
gaz d'une manière très-approchée; de sorte qu'on peut prendre sans grande
Ç. R., 1859, a"»" Semestre. (T. XLIX, N" 23.) I ^5 '
( 9«'-» )
erreur les valeurs suivantes qui ne sont exactes que pour « = a,
J
= (m
m -+-
m
^
ot
-(« +
jK'^^'r)'
m +'
'^
'6 m"
')'
» 37. Valeurs exactes des densités des gaz quand la tension est proportion-
nelle au carré de la densité. — Quand la tension des gaz est proportionnelle
au carré de la densité, on a les valeurs exactes de tp dans les diverses tran-
ches de gaz de la charge, indiquées dans le tableau suivant pour m =^ 3/jl
et pour m — l^[i.
Charge en poids du projectile.
Valeursde- 0,4937843
Valeurs de/- 2,0251784
Valeurs de f .
\
Tranche immobile \ ,02506275
0,1 I ,02431087
0,2 I,022o5522
0,3 I ,01820581
0,4 i,oi3o3263
0,5 1,00626569
0,6 0,99799498
0,7 0,98822051
0,8 0,97694227
0,9 0,96416026
Tranche conlre le projectile 0,94987449
1
4
0,49518522
2,0194464
I ,01925929
i,oi868i4n
0,01 6948 I I
0,01405919
I ,01001472
1 ,00481470
o> 998459 '3
o.99°948oi
0,98228134
0,97245911
0,96148132
» 38. Densités des gaz de la poudre dans les dijjérentes tranches de la
charge. — La tension des gaz de la poudre varie dans un plus grand
rapport que le carré de la densité, c'est-à-dire que la valeur de « est
plus grande que 2 : elle varie autour de 2,o3 pour les densités de o,25
( 9^3 )
à 0,42; elle monte à 2,o34 pour les densités de o,5o à o,Go; enfin elle
est de 2,o4 pour les densités au-dessous de o,25 et au-dessus de 0,60 (*);
de sorte qu'en général elle diffère peu de 2,o3 pour les densités que les gaz
de la poudre ont dans les bouches à feu, depuis l'instant du déplacement
du projectile jusqu'au moment où les plus grands effets des gaz sont pro-
duits sur le mobile. Dans le cas ordinaire de l'emploi de la poudre, on peut
donc faire n = 2,o3 dans les expressions précédentes (56). En comparant
les ré.sultats exacts (5a), avec ceux qu'on obtient des expressions analogues
dans l'hypothèse du décroissement parabolique des densités, on obtient les
valeurs suivantes de j et de o.
Charge en poids du projectile
1
3
. Solutioii exacte
1
4
Solution exacte
Loi parabolique
. Loi parabolique
Valeurs de -.
r
0,49382465
0,49382465
0,4952550
0,4952550
Valeurs de /■
2,025oiO
2,025oiO
2,oigi57
2,0967843
2,019157
/ Tranche immobile. .
I ,8519785
1,5519785
2,0967843
0,.
i,85o6446
1 ,8506392
2,0956132
2 , 0956 1 26
0,2
I ,8466338
I ,8466212
2,093102
2,0920976
1 0,3
1,8399410
I ,8399246
2,086243
2,0862393
0,4
I ,8305701
i,83o5494
2,078046
2,0780376
Valeurs de y. 1 o,5
1,8185270
1,8184957
2,067512
2,0674925
j 0)6
1 ,8037959
1,8037633
2,054627
2, 0546041
o>7
1,7863917
I ,7863522
2,039398
2,0393724
0,8
1,7662990
I , 7662625
2,021820
2,0217974
Cj9
Contre le projectile .
1,7435180
1,7434942
2 , 00 I 894
2,0018791
1,7180471
1 ,7 180472
«>9796'72
1,018974
',9796» 72
Tranche immobile. .
1,024691
I ,0247014
1,0189800
0,1
I ,023g52
1,0239604
i,oi84o5
I ,0184106
0,2
1 ,021733
1,0217373
1 ,016698
1,0167024
0,3
I ,oi8o3o
1 ,oi8o32i
1,01 3852
1 ,01 38554
04
1,012845
1 , 0 I 28448
1,009869
1,0098696
Valeurs de «p. 7 o,5
I ,006180
I ,0061754
1,004749
1 ,0047450
0,6
0,998031
0,9980239
0,998488
0,9984816
0.7
0,988400
0,9883903
0,991086
0'99'0794
0,8
0,977282
0» 97 7 2747
0 , 982544
0,9825384
0,964679
0,9646769
0,972859
0,9728586
Contre le projectile.
0, 950587
0 , 950597 I
0,962034
0,9620400
(*) Traité d'artillerie théorique et pratique : Propriétés et effets de la poudre. Paris, 1859,
page 359.
(C")
( 964)
» 39. On voit que même pour le cas défavorable de m = 3fjL, on peut,
lorsqu'il s'agit de la poudre, admettre que le décroissement des densités des
tranches de gaz suit une loi parabolique, quoique cette loi ne soit exacte que
dans le cas de « = 2; on aura donc sans erreur sensible comme précédem-
ment (25), en rétablissant Q pour la longueur de l'âme occupée par les gaz,
■/-[(-âMi:». ., ._3(-r
im
— et - =
r
£)"+!»■ 8(„^ï)V4.
» Il en sera de même pour la relation qui existe entre z et j: et pour la
division de la charge [i en deux portions jx'.et fjt."qui se meuvent, la première
avec le projectile et la seconde avec la pièce; on prendra les équations don-
nées précédemment (25 et 24); l'équation (A") du mouvement du centre
de gravité restera également la même.
» 40. La somme des forces vives de toutes les tranches de gaz sera aussi
la même (25), ainsi que la quantité de travail développée dans l'expansion
des gaz (26), et on pourra mettre les équations (C") sous la forme
I
_ I
^,„+-V rj_ _^,
/ F'\" /r ^
l I
2(M-l-^'y-l-3M"
;ivn- — ^ — '^ — — f^"^v»
.oCm + ^V + SM"
[i(»-';)"n»'-]"
(965;
Quand n = 2, les seconds membres de ces équations deviennent respecti-
vement
'(■-ri — ^---
'5/n + 4 ^-j-4 (m^■ -^ j m'
et
A-D" .-^)^-f ^— ^ ^.
5m+4^+4(m + c^j m'
» 41. Fitesse ({expansion des gaz de ta poudre. — Les solutions précé-
dentes permettent d'admettre un rapport quelconque entre la charge et le
projectile, et l'on peut supposer m = o pour le cas du tir à poudre, ou de
l'écoulement des gaz dans un tube de section constante; v sera alors la
vitesse d'expansion des gaz arrivés à une distance. Q du fond de l'âme ; les
valeurs relatives à /x' deviennent alors
._m'
■ -«'
on a de plus
i^'
/ _ 2M
7'-3£'
r'
en négligeant ^ devant M ; la somme des forces vives des gaz est ^ /xV^, et
(966)
les équations (C°) deviennent
;c°)
s"" -^T— ri'-s^JVâ) ['-3-^-^:5 2.3.7 J'
M + -^ î^^-; — fx" J V»
I
■ 5M"
Si M est très-grand^ V est très-petit, et l'on n'a plus que l'équation
quand n = 2, il vient
.-,otD(,-:)(f)'« = „AD(,.-î) e. .= y/„M(,-:).
» Telle serait la vitesse d'arrivée des gaza la bouche du canon s'ils s'écou-
laient dans le vide ; mais dans l'air, la résistance opposée par ce milieu a
sur le mouvement une très-grande influence, qu'on ne peut négliger,
comme dans le cas où les gaz ont à pousser un projectile, la résistance du
mobile au mouvement permettant alors de négliger celle de l'air (4). Il est
donc nécessaire de tenir compte de cette résistance de l'air qui est une fonc-
tion de la vitesse v, i{v) devant remplacer k'm dans la valeur de/) (35) ; de
sorte que p devient i[v)-k-k'~, pour z = o, et f(i') pour z = 9; ainsi on
aurait
mais {[v) étant variable, unepartie des intégrations devient plus compliquée.
(967)
» Dans le cas de l'expansion d'un volume indéfini de ga2 par un tube,
la vitesse d'arrivée à l'orifice qui est f, y augmente ensuite comme si Q deve-
nait de plus en plus grand dans l'expression de c, jusqu'à ce qu'enfin -
fût négligeable par rapport à l'unité.
» 42. Rapport quelconque entre la densité et la tension des gaz. — Lorsque p.
diffère sensiblement de a, ou lorsqu'on veut avoir la solution exacte, il faut
la valeur de jf en extrayant la racine « — i de chaque membre de l'é-
qiialion trouvée précédemment (35), et développant le deuxième membre
en une série ordonnée suivant les puissances de z, qui sera d'autant plus
convergente que n sera plus grand et p plus petit par rapport à m. On aura
ainsi, en rétablissant @ pour la longueur de l'âme occupée par les gaz.
j = \m + ^\ —
2 — n / y-
' in '
r-.,^('«-^)"[("-^)"-"."-']i; .
2 (« — 1)' \ /•,
4-3n,
— etc.
Cette série est tellement convergente dans les applications à la pratique,
même pour m = 3p et z = ô, qu'il suffit de ne tenir compte que des pre-
miers termes en z. Ainsi, dans le cas assez défavorable de fi= i 5 = -
et de la charge du tiers du poids du projectile, on a
f= '2,3o2 — 3^1,517 X 0,075 +- o,oo564-o
= 2,3o2 — 0,2273- + o,oo56^.
0
La série s'arrêterait de même pour n = i , 33 = |, mais auqnatrième termej
r 5 . ., 6 . .,
pour n— 1 , 25 = 7j au cmquieme terme; pour n= 1 , 20 = pi au sixième
( 968 )
terme; pour «= 1,167 ^^S' ^" septième terme, et ainsi de suite.
» 45. Si on prend la valeur de j j-dzeA qu'on la divise par / jdz, on
a la valeur de - pour une valeur quelconque de n, comme précédemment
pour des cas particuliers (18, 25 et 27); il vient, en rétablissant encore
B pour la longueur de l'âme occupée pan les gaz,
1 2 — n r n — I n— iT ' 3— 2n P n— i n — i"]'
i 2 — nP n — I n — i "1 3 — in V n — i n — iV f^~'.\n
w Telle est la relation générale qui existe entre x et z ; c'est celle que
Lagrange a 'cherché à obtenir sous une forme inverse; sa solution exigeait
l'expression de la valeur de z en fonction de x.
» 44. Au moyen de la valeur précédente de j-, on déterminera les densi-
tés des différentes tranches de gaz, et égalant | yzilz, divisé par / ydz,
à-, comme précédemment (51), on aura la position du centre de gravité
des gaz qui servira à compléter l'équation du mouvement du centre de gra-
vité du système. La somme des forces vives des diverses tranches de la
charge s'obtiendrait comme précédemment, ainsi que la quantité de travail
développée dans l'extension des gaz; on substituera ces quantités dans
l'équation des forces vives qui complétera la solution exacte de la ques-
tion, dans le cas le plus général auquel on pourra ramener toutes les ques
tions relatives au mouvement des gaz de la poudre.
» J'aurai l'honneur de présenter à l'Académie, le mois prochain, un
Mémoire relatif à un travail sur le même sujet, laissé par Lagrange dans ses
manuscrits, publié par M. Poisson en i832 et ayant pour titre : Formules
relatives au mouvement du boulet dans [intérieur du canon. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les oxydes de fer et de manganèse et certains sul-
fates considérés comme moyens de transpdtt de l'oxygène de l'air sur les
matières combustibles; par M. Fréd. Kvhlmai\n. (Troisième partie.)
« Les deux premières parties de ce travail ont été principalement consa-
crées à étudier l'action des oxydes métalliques sur les corps combustibles,
( 969 J
et l'infliience de cette action sur la fertilisation du sol, en bornant ces ap-
préciations à l'action de ces oxydes sur les principes constitutils des ma-
tières organiques. Sans sortir de ce cadre, je vais examiner l'influence du
sulfate de chaux et du sulfate de fer dans l'agriculture.
Du sulfate de chaux considéré comme agent d'oxydation.
» Notre illustre confrère M. Chevreul, dans ses études sur l'hygiène des
villes populeuses, a fait connaître avec quelle facilité le sulfate de chaux
des eaux séléniteuses était converti en sulfure de calcium sous l'influence
désoxydante de la putréfaction des matières organiques (1). D'un autre
côté, lorsqu'on envisage avec quelle facilité le sulfure de calcium passe de
nouveau à l'état de sulfate de chaux, au contact de l'air, on n'aura pas
de peine à admettre que le plâtre peut concourir, de même que les oxydes
de fer et de manganèse, à hâter la combustion des matières organiques
dans les terres arables.
» Je suis d'autant plus convaincu qu'il en est ainsi, que dans l'enquête
publique provoquée par le Gouvernement sur l'efflcacité du plâtre dans
l'agriculture, on a été unanime pour constater que cette efficacité n'a lieu
qu'à la condition de la présence de matières organiques dans les terres;
que récemment encore un agriculteur de la Haute-Marne, M. Disieux, par
des expériences directes a constaté l'action très-efficace du plâtre mêlé au
fumier dans la culture des céréales, lorsque jusqu'ici l'utilité du plâtrage des
terres dans cette culture était contestée.
» Il ne s'ensuit pas toutefois que le plâtre n'intervient pas, ainsi que l'a
indiqué M. Liebig, comme moyen de fixation de l'ammoniaque, et qu'il n'y
ait plus de difficulté d'expliquer pourquoi le plâtre agit plus efficacement
sur certaines récoltes , telles que celles du trèfle, de la luzerne ou du sain-
foin, que sur celles des plantes sarclées, des céréales, etc.; mais de ce
qu'une explication rencontre quelques objections, il ne faut pas la rejeter
à priori, lorsque d'ailleurs elle est d'une application générale. Du reste,
MM. Th. de Saussure et Pictet n'ont-ils pas déjà émis l'opinion que le plâtre
agit sur le terreau dont il hâte la décomposition, en faisant concourir ses
(1) Des sulfates beaucoup plus stables que le plâtre ne résisteut pas à l'action désoxydante
des matières organiques. J'ai été souvent à même de constater que le sulfate artificiel de
baryte en pâte, par le seul contact du bois des tonneaux qui servent à le renfermer, se réduit
partiellement et contracte une odeur d'acide sulfhydrique.
C. H., 1809, a"" Semcslre. ( T. XLIX, IS» 28.) ■ 1 a6
( 97° )
éléments à la nutrition des végétaux (de Gasparin, è. I, p. 87), et certes
l'opinion de ces physiologistes mérite un examen sérieux.
» Ainsi, dans mon opinion, conforme à celle de M. de Sanssure, dans le
plâtrage des terres, il n'y a pas seulement à envisager l'action de la base,
mais aussi celle de l'acide siilfurique qui, abstraction faite de la fixation de
l'ammoniaque, joue un rôle analogue à celui que j'attribue à l'oxyde de fer,
dans la végétation, rôle que les physiologistes ont attribué à ce même oxyde
dans les modifications que subit le sang dans la respiration des animaux.
» M. Boussinganlt attribue au plâtre des effets analogues à ceux du
chaulage.
« Dans la supposition assez vraisemblable, dit ce savant agronome, que
» le plâtre agit comme le carbonate de chaux, il faut concevoir qu'une fois
» en présence des engrais, le sulfate de chaux se décompose et que le ré-
» sultal de cette décomposition est le carbonate de chaux dans un grand
» état de division, et par cette raison même facilement absorbable. »
» Toutefois le dégagement de la totalité de l'hydrogène sulfuré dans cette
hypothèse ne paraît pas possible, et tant qu'il reste des traces de ce corps,
les conditions continues d'une absorption de l'oxygène de l'air, et par con-
séquent aussi les causes de la combustion des matières organiques des en-
grais, me paraissent exister.
Du sulfate de fer considéré comme agent d'oxydation.
» Les matières désoxygénantes, en général, sont contraires à la végéta-
tion. L'action des meilleurs engrais (l'engrais flamand, par exemple), ne
peut fertiliser immédiatement des terres extraites du sol à une certaine pro-
fondeur. Il faut que par un contact prolongé de l'air, le protoxyde de fer
qu'elles contiennent se soit peroxyde. J'ai constaté en outre que des éma-
nations du goudron peuvent arrêter toute végétation dans les couches de
champignons. Tous ces faits tendent à faire admettre que le sulfate de prot-
oxyde de fer ne peut produire sur les cultures que des effets nuisibles.
» M. Gris, à qui nous devons quelques expériences sur l'influence des
sels de fer sur la végétation, a signalé des résultats avantageux, mais à coup
sûr on doit admettre que ces résultats n'ont pu être produits qu'après que
l'oxyde de ces sels a été porté au maximum d'oxydation. Cet expérimenta-
teur, établissant une analogie entre cette action et celle que les sels de fer
exercent sur l'organisation animale, a pensé que ces sels contribuaient à
donner aux plantes des couleurs vives et les guérissaient d'une sorte de
chlorose inhérente à la culture dans les terres blanches et froides.
(■97« )
» Quoi qu'il en soif, on connaît l'emploi qui a lieu de temps immémorial
dans l'agriculture, des terres noires pyriteuses, celles du département de
l'Aisne, par exemple; mais il est utile d'ajouter que l'action de ces terres
n'est efficace que lorsqu'elles ont été pendant quelque temps exposées à
iair, sans doute le temps nécessaire pour transformer le sulfure de fer en
sulfate, et ce dernier en sulfate basique de sesquioxyde de fer ou même en
sesquioxyde par la décomposition de ce dernier sel par l'alumine ou le car-
bonate de chaux. Cela revient à dire que les sels de fer exercent sur la végéta-
tion, après un long contact avec l'air, la même influence que le sesquioxyde
de ce métal ; qu'ils hâtent la combustion des engrais et facilitent la pro-
duction de l'acide carbonique, voire même celle de l'acide nitrique.
» M. Thaër, dont le nom fait autorité dans la science agronomique,
admet l'efficacité de l'action de sulfate de fer dans les tourbes vitriolées, et
considère comme probable la décomposition de l'acide sidfurique, dont
l'oxygène, se combinant avec le carbone, peut donner de l'acide carbonique
ou quelque autre matière favorable à la végétation (i).
» Enfin, un auteur justement célèbre, M. Ebelmen, dans son travail sur
la décomposition des silicates, envisageant la question au point de vue géo-
logique, estime que la décomposition des matières organiques n'est pas sans
influence sur la décomposition de ces roches; il pense que cette décompo-
sition exerce une action dissolvante principalement sur les éléments ferru-
gineux du sol. Il est probable, dit-il, que des acides organiques autres que
l'acide carbonique concourent à cette réaction.
» Puis examinant les relations qui existent entre l'altération des silicates
et la composition de l'air atmosphérique, et les causes qui tendent à modi-
fier cette composition, il s'exprime ainsi : « Si l'oxydation des roches ferri-
» fères désagrégées donne du peroxyde de fer et soustrait à l'atmosphère
M beaucoup d'oxygène, la formation des pyrites tend à rétablir l'équilibre ;
« on voit ce minéral se produire à l'époque actuelle dans tous les cas où
» des matières organiques en décomposition se trouvent en contact avec
» des oxydes ou du sulfate de fer à l'abri de l'influence oxydante de l'air. »
» M. Ebelmen ajoute, en ce qui concerne la production de l'acide carbo-
nique étranger à la respiration et à la combustion :
<• La décomposition de ces mêmes pyrites conduit à un résultat inverse
» du précédent, et comme le produit de cette altération finira par rencon-
(i) De Gasparin, Cours d Agriculture, t. VI, p. 83,94.
126..
( 97^ )
» trer du carbonate de chaux, il en résulte eu définitive du peroxyde de
» fer, du sulfate de chaux et la mise en liberté d'une certaine quantité
>> d'acide carbonique. •>
» J'ai fait une étude partictdière de ce mode de production de l'acide
carbonique, et j'y ai été engagé par une observation faite, il y a quelques
années, en étudiant divers procédés de teinture des pierres calcaires.
» J'ai vu qu'en faisant chauffer de la craie dans une dissolution de
sulfate de cuivre bien neutre et exempte de fer, la pierre se teint en un
beau vert, et que de l'acide carbonique se dégage dés que la température
s'élève à 60 degrés.
» En examinant le résultat de la réaction, j'ai vu qu'il s'était produit un
mélange de sulfate de chaux et d'un sulfate basique de cuivre. Ce dernier
produit, d'une fort belle couleur verte, correspond, par sa composition, à
un produit naturel assez rare d'ailleurs, auquel on a donné le nom de bro-
chnntite, et dont la formule est 4CuSO* + 3CuO, et la réaction qui lui
donne naissance peut être formulée comme suit :
4SO'CuO+ 3CO»CaO = (SO»Cu0 4-3CuO)-(- 3SO«CaO + 3CO^
Le sulfate quadribasique qui se forme retient 3 équivalents d'eau.
» Préparé comme je viens de l'indiquer, on peut l'isoler du sulfate de
chaux, en le faisant bouillir avec une grande quantité d'eau. Ce même
produit peut être obtenu en faisant chauffer tme dissolution de sulfate
de cuivre en excès avec du carbonate de magnésie. C'est même un moyen
plus convenable pour étudier le phénomène, parce que le sulfate de magné-
sie formé est plus facile à .séparer par le lavage que le sulfate de chaux.
» Des composés analogues sont obtenus, d'après Proust, Berzelius et
Brimner, quand les oxydes de cuivre et de zinc, précipités par la potasse
ou l'ammoniaque, sont mis en contact avec le sulfate de cuivre, et, d'après
Kuhn, lorsqu'on abandonne au contact de l'air de la dissolution de sul-
fate de cuivre dans l'ammoniaque
" Enfin la formation d'un sulfate basique de cuivre a encore été signalée
par M. Demarçay dans une étnde approfondie qu'il a faite de l'action des
carbonates de chaux, de baryte et de magnésie sur les sels métalliques, au
point de vue exclusif de l'analyse chimique.
» Lorsqu'on traite à chaud les sels de protoxyde de feretdemanganésepar
la craie, il ne se dégage pas d'acide carbonique, parce qu'il se forme d'abord
des carbonates de fer ou de manganèse ; mais cet acide est déplacé au fur et à
mesure que l'oxygène de l'air fait passer les protoxydes de ces sels à l'état
( 973 )
de peroxydes. C'est ainsi, mais seulement ainsi, que se confirme l'opinion de
M. Ebelmen en ce qui concerne la formation du peroxyde de fer par le con-
tact du sulfate de fer avec la craie ; or il est utile d'ajouter que les réactions
signaléesdans mes essais peuvent se produire lentement à froid (i), et que les
chlorures donnent des résultats analogues à ceux observés; il se forme dans
ce dernier cas des oxychlorures hydratés. Les taches jaunes ou vertes qui se
produisent sur nos monuments de marbre blanc, partout où ces m3rbres
sont en contact avec du fer ou du bronze, n'ont pas d'autre origine.
» J'ajouterai, au point de vue de la production de l'acide carbonique
étranger à la combustion du carbone, que le dégagement de cet acide n'a
pas lieu seulement par le contact du sulfate de sesquioxyde de fer avec la
craie, mais aussi par son contact avec le carbonate de magnésie ou les dolo-
mies, et que lorsque l'oxydation des pyrites a lieu en présence de l'argile et
qu'il s'est formé du sulfate d'alumine, comme cela a lieu dans nos terres
pyriteuses du département de l'Aisne, ce sulfate agit énergiquement sur
la craie des terres arables, et donne du plâtre et de l'alumine avec dégage-
ment d'acide carbonique.
» Ainsi je justifie doublement l'efficacité de l'emploi des terres pyriteuses
dans l'agriculture par la production d'acide carbonique dont il vient d'être
question et par la production de cet acide due à l'action subséquente du
sesquioxyde de fer sur les matières organiques.
Oxydation des métaux par les oxydes.
» Jusqu'ici je n'ai envisagé l'action des oxydes comme agents d'oxyda-
tion qu'au point de vue de la combustion des principes constitutifs des
matières organiques. Cette action peut être généralisée davantage. En ce qui
concerne l'oxyde de fer, j'espère mettre en évidence qu'il agit directement
ou indirectement comme agent d'oxydation sur les métaux à la surface des-
quels il se forme.
» On peut admettre que dès qu'une tache de rouille s'est produite sur le
fer, le métal est successivement rongé, parce que, de même que je l'ai
expliqué pour les matières organiques, la partie du fer qui est immédiate-
ment en contact s'oxyde aux dépens de l'oxygène du sesquioxyde de fer,
lequel, après cette réduction partielle, reprend à l'air l'oxygène qu'il a
perdu. L'oxyde de fer agit donc d'une manière continue comme moyen de
transport de l'oxygène de l'air sur le métal.
(l) Des ossements et des coquilles qui ont séjourné longtemps en présence d'une dissolu-
tion de sulfate de cuivre prennent une fort belle couleur verte.
(974)
>i On connaît l'empressement que l'on met généralement à recouvrir
d'une peinture huileuse ou de goudron le ter et la fonte qui entrent dans
nos constructions et qui doivent être exposés à l'air. Dans ces transforma-
tions je n'exclus pas l'influence de l'action galvanique, et par suite la dé-
composition de l'eau ; il importe d'ajouter d'ailleurs que la réaction ne peut
avoir lieu qu'à la faveur de l'humidité qui, en présence du sesquioxyde de
fer, reste constante, car lorsque le fer a décomposé l'eau, l'hydrogène nais-
sant est réoxydé et converti en grande partie en eau par le contact de cet
oxyde.
» C'est par cette oxydation lente et continue du fer que j'explique la pro-
fonde altération que subissent les chaudières à vapeur dans la partie expo-
sée à l'air, lorsque, par des suintements continus à travers les joints des
tôles ou par les robinets, les parois sont exposées à l'air dans un état d'hu-
midité constante. Cette oxydation des surfaces extérieures se manifeste sur-
tout lorsque les chaudières sont en chômage, et l'on peut dire avec certitude
qu'il périt autant de chaudières par la rouille que par l'action du feu (i).
» Des phénomènes analogues se produisent pour le cuivre, et ces altéra-
tions marchent plus rapidement encore, lorsqu'au lieu de l'eau seulement et
de l'acide carbonique de l'air, il intervient quelque matière saline ou des
acides plus énergiques, comme l'acide acétique qui, dans la fabrication du
verdet, intervient essentiellement comme auxiliaire dans ce transport con-
tinu de l'oxygène de l'air sur le métal. L'opinion de l'oxydation continue
de certains métaux par les oxydes se justifie d'ailleurs par les résultats de
l'analyse des couches d'oxyde qui se forment à la surface des métaux.
I.oi'sque ces couches ont acquis quelque épaisseur, on reconnaît très-bien,
de même que par l'analyse des battitures, que la partie qui a été immédia-
tement en contact avec le métal est dans un état d'oxydation moins avancé
que les parties extérieures.
fl On sait d'ailleurs que du perchlorure de cuivre en contact avec du
cuivre métallique passe à l'état de protochlorure ; un phénomène ana-
logue a lieu lorsque le fer agit sur le sesquichlorure de fer sans dégage-
ment sensible d'hydrogène; de même du fer divisé, en contact avec du
sesquioxyde de fer hydraté et de l'eau, donne de l'oxyde de fer magnétique.
L'oxydation du fer divisé par l'eau seule est réalisée dans la préparation de
l'éthiops martial, mais cela n'exclut pas l'intervention des oxydes, ainsi
(i) Il est d'un haut intérêt de protéger les parois des chaudières exposées à l'air par des
enduits imperméables à l'eau et résistant à la chaleur. Les silicates solubles associés au sulfate
artificiel de baryte pourront sans doute être, dans cette circonstance, d'un grand secours.
( 975)
que je l'ai indiqué en maintenant en contact avec le fer l'eau nécessaire k
la réaction.
Considérations géologiques.
» Je pense que l'oxyde de fer et l'oxyde de cuivre interviennent dans la
rapide oxydation des sulfures naturels comme dans l'oxydation des métaux,
sans cependant qu'il soit nécessaire d'admettre que ces sulfures ne puissent
pas passer directement à l'état de sulfates par le seul contact de l'air; n'est-ce
pas dans la rapide oxydation des pyrites, lorsqu'à leur surface il s'est dé-
veloppé une couche de peroxyde de fer, qu'il faut chercher l'explication de
ces épigénies si curieuses des sulfures de fer en oxyde de fer hydraté qui
conserve tantôt la forme cubique de la pyrite jaune ou celle du prisme
rhomboïdal ou même de cristaux crêtes appartenant au fer sulfuré blanc.
» Voici les faits qui m'ont conduit à ces considérations géologiques,
c'est encore dans le port de Dunkerque que j'ai fait mes premières obser-
vations à cet égard.
» Il y a quelques années, des pêcheurs avaient retiré de la rade de ce
port un affût de canon qui, par sa forme et l'état d'altération où il se
trouvait, devait faire admettre un séjour de plus d'un siècle dans l'eau. Le
bois, détruit en partie, était profondément altéré et perforé. Ce qui^, dans
cette pièce, a frappé mon attention, c'est que les armures de fer avaient
presque entièrement disparu, et que le bois dans lequel elles avaient été
fixées se trouvait en grande partie remplacé par du sesquioxyde de fer hy-
draté occupant lin espace beaucoup plus considérable que l'espace occupé
primitivement par le fer.
» Dans ces masses ferrugineuses, partout où le carbone du bois avait
disparu, l'oxyde de fer avait pris la structure fibreuse du bois; en deux
mots, c'était du bois pétrifié et transformé en limonite. Depuis ces premiè-
res observations, j'ai reconnu que le contact de l'oxyde de fer opérait dans
la nature des épigénies analogues. Ainsi, dans un voyage récent dans les
Landes, o"ù j'ai eu occasion de rencontrer M. Jacquot, ingénieur en chef des
raines, ce géologue distingué m'a fait voir des glands et autres fruits trans-
formés en limonite par leur séjour prolongé dans des sables ferrugineux.
C'est là une éclatante démonstration de la théorie que je cherche à faire
prévaloir.
« J'ajouterai que celte opinion est entièrement conforme à celle expri-
mée par M. Marchand, pharmacien à Fécamp, dans un travail très-complet
sur les eaux potables.
( 976 )
y> Quant à l'agent qui sert de moyen de transport du fer, il me paraît être
de nature diverse : l'acide carbonique qui résulte de la combustion du car-
bone qui disparaît dans ces transformations, joue sans doute un grand rôle,
mais son action n'exclut pas celle d'acides organiques, celle de l'acide cré-
nique, par exemple; mais à cet égard partageant l'opinion de M. Hervé
Mangon, je pense, avec ce savant ingénieur, que rien de bien précis n'est
encore acquis à la science relativement au véritable dissolvant du fer dans
ces circonstances.
» Quoi qu'il en soit, l'eau seule et l'acide carbonique de l'air interviennent
dans l'oxydation du fer par la rouille, à moins qu'on ne veuille attribuer un
certain rôle à l'ammoniaque qui peut se former.
» Les matières salines de l'eau de mer facilitent les réactions, car il est à
remarquer que les chevilles de fer altèrent plus promptement le bois de nos
navires que les boulons qui fixent les coussinets en fonte n'altèrent le bois
de nos traverses de chemins de fer.
)) Cequi existe pour lefer seul me paraît exister pour les sulfures. Je n'en
veux d'autre preuve que l'intervention du sel ammoniac dans la consolida-
tion du mastic de fer, consolidation qui repose sur la formation d'un sulfure
qui se trouve remplacé par un oxyde sur tous les points où l'air a accès, le
sulfure n'intervenantque temporairement; en effet, dansl'examen chimique
que j'ai fait de mastics de fer très-anciens, je n'ai plus trouvé que très-peu
de soufre ou d'acide su Ifurique dans les parties exposées à l'air, tandis que
dans les parties protégées le sidfure était persistant. Il en est de même des
scellements de pierres faits avec des crampons de fer et du soufre. Si les
pierres sont poreuses, les portions rapproc:hées de la surface se gonflent et
rendent ainsi tout écoulement de liquide impossible; peu à peu le soufre s\
trouve remplacé par des oxydes hydratés qui, en occupant un volume plus
considérable que le fer et le soufre, font souvent éclater la pierre.
Considérations industriel/es.
» Dans le cours de ce travail, indépendamment des observations résul-
tant de la prompte altération du bois par le contact du fer, des applications
de certains oxydes métalliques et de certains sulfates à la fertilisation des
terres par suite de la production de l'acide carbonique, il est quelques autres
faits sur lesquels je crois, en terminant, devoir appeler l'attention des in-
dustriels.
» En traitant de l'action du sulfate de cuivre sur la craie et le carbonate
( 977 )
de magnésie, j'ai signalé la production d'une belle couleur verte qui, je
pense, trouvera un utile emploi dans la peinture etdans la fabrication de pa-
piers de tenture. Lorsque la préparation de cette couleur pourra avoir lieu au
moyen de sulfate de cuivre et du carbonate de magnésie natif ou des dolomies
assez friables ou assez divisés pour agir sur ce sulfate, elle sera des plus éco-
nomiques, car elle donnera lieu tout à la fois à une production de sulfate
de magnésie et à un dégagement abondant d'acide carbonique qui est
utilisable dans la fabrication des eaux gazeuzes et des bicarbonates alcalins;
on arrivera ainsi à utiliser tous les principes constituants des corps mis
en présence.
» La couleur verte obtenue, quoique moins foncée et plus terne que le
vert de Schweinfurt, a le mérite d'une plus grande stabilité; elle acquiert plus
d'éclat vue à la lumière artificielle et surtout ne présente pas, comme les
préparations arsenicales, les graves inconvénients qui souvent ont fait agiter,
dans les conseils de salubrité, l'opportunité d'interdire l'emploi de ces
préparations dans la peinture.
» J'ajouterai que si l'on n'a pour but que de produire de l'acide carbo-
nique et du sulfate de magnésie, on peut remplacer le sulfate de cuivre
par le sulfate d'alumine, les magmas d'alun, par exemple, dont chaque
équivalent d'acide sulfurique donnera un équivalent d'acide carbonique
et un équivalent de sulfate de magnésie (i").
» Enfin, au point de vue artistique, il n'est pas inutile de constater que par
des imbibitions à froid des pierres calcaires poreuses avec des dissolutions
de sulfate d'alumine, ces pierres se pénètrent à une certaine profondeur
d'alumine et de sulfate de chaux, ce qui en augmente la densité et la dureté.
Si après ce traitement on a recours à la silicatisation, le durcissement et
l'imperméabilité de la pierre deviennent des plus considérables, sans grande
dépense en silicate et sans qu'il se forme aucun sel déliquescent susceptible
d'entretenir l'humidité dans les constructions silicatisées. »
(i) Si l'on se place au point de vue unique de la production d'une couleur verte, on pourra
faire réagir à chaud 2 équivalents de chaux sur une dissolution de 3 équivalents de chlo-
rure de cuivre, ce dernier devant rester en excès. On utilisera le chlorure de calcium pro-
duit par cette réaction à la transformation du sulfate de cuivre en chlorure de cuivre.
C. R., i85p, 2'ne Semestre. (T. XLIX, N» 2i$.) 137
( 97^^ )
CHIRURGIE. ~ Noie sur les résections sous-périostérs ; par M. C. Sédillot.
a Les belles expériences de l'illustre Secrétaire perpétuel de l'Académie
ont ouvert à la chirurgie des voies nouvelles, et de nombreux exemples
d'évidement avec régénération osseuse ont démontré les avantages de cette
méthode opératoire. La même certitude n'existe pas au sujet de la repro-
duction des os complètement réséqués sur l'homme dans une portion de
leur longueur, avec conservation du périoste. Beaucoup d'observations de
ce genre ont été publiées, mais elles ne sont en général ni authentiques ni
probantes, et l'art en attend et en réclame de nouvelles pour être fixé sur la
valeur des résections sous-périostées.
» J'ai fait, comme tous les chirurgiens, une foule d'amputations avec
conservation d'une sorte de fourreau périostique destiné à envelopper
l'extrémité osseuse, et jamais je n'ai vu aucun travail de reproduction s'ac-
complir dans cette véritable gaine périostée. Les opérations d'évidement
que j'ai pratiquées laissaient deux lambeaux périostiques libres et intacts
sur les bords de la plaie. Jamais ces lambeaux n'ont pris part à la régé-
nération osseuse.
»• Les ouvriers atteints de nécrose des maxillaires supérieurs par l'action
des vapeurs pliosphorées ont été soumis à des ablations très-étendues, et
quelquefois complètes, des os convertis en séquestres; mais la régénération
d'un nouvel os n'avait pas lieu.
» Ces quelques observations cliniques semblent démontrer la grande
difficulté des régénérations osseuses sous-périostées chez l'homme. J'espère
toujours que les belles expériences de M. Flourens sur les animaux contri-
bueront, comme on en a déjà la preuve, à l'avancement de la chirurgie ;
mais il ne faudrait pas compromettre le progrès par des faits de valeur dou-
teuse, et plus on sera rigoureux sur la valeur et l'importance des témoi-
gnages, plus on favorisera et assurera les utiles applications des découvertes
physiologiques.
» A la suite de ces remarques, l'Académie me permettra, je l'espère, de
lui présenter quelques réflexions sur une communication qui lui a été faite
récemment, une observation de résection sous-périostée du coude, suivie de
régénération osseuse, observation qui, suivant l'auteur, « réfute d'elle-même
» les diverses objections qu'on a pu, tout récemment encore, adresser a ce
M mode de résection et en particulier celle qui se fondait sur le danger
( 979 )
B d'appliquer à l'homme malade les données obtenues sur les animaux
» sains. »
» Personne, que nous sachions, n'a jamais repoussé les applications à
l'homme malade des données obtenues sur les animaux sains. L'antiquité
avait déjà compris l'importance de cette source d'enseignements et à aucune
époque on n'en a tiré autant de parti que de nos jours. Quant à l'obser-
vation de résection, nous la croyons peu probante. D'après les chiffres indi-
qués, l'humérus aurait perdu 8 à 9 centimètres de longueur et le cubitus
et le radius de 3 à 4 centimètres. Pourquoi n'avoir pas remplacé ces
mesures approximatives, et dès lors fort contestables, par des chiffres
exacts? Pourquoi n'être entré dans aucun détail sur celte particularité peu
commune d'une résection faite à des hauteurs si différentes sur le cubitus
et le radius. On pratique ordinairement la résection radio-cubitale sur un
même plan, pour régulariser les rapports de la nouvelle articulation, et
dans un cas où l'humérus était si gravement atteint (8 à 9 centimètres) et
le radius également carié fort loin (3 à 4 centimètres), on comprend mal
comment le cubitus avait échappé aussi exceptionnellement aux progrès de
l'affection, qu'à peine la totahté de l'olécrâne avait dû être enlevée.
a Ces obscurités sont regrettables sans doute, mais on s'étonne davan-
tage d'entendre avancer que le raccourcissement du membre devait être
égal à la somme des longueurs osseuses réséquées aux bras et à l'avant-bras.
Comme l'humérus et le cubitus sont superposés dans une étendue de 3 cen-
timètres, on peut enlever 3 centimètres du cubitus sans diminuer de i mil-
limètre la longueur totale du membre, puisqu'après la résection les extrémités
osseuses sont placées bout à bout et restent quelquefois même assez éloi-
gnées l'une de l'autre. C'est donc une erreur que de supposer le raccour-
cissement définitif égal aux portions de l'humérus et du cubitus enlevées,
et l'excès de longueur de 2 centimètres qui est signalé, s'explique très-bien
par l'existence d'un tissu fibreux interposé, la présence de quelques stalac-
tites osseuses et les difticultés de mesurer avec une grande précision un
membre soumis depuis quelques mois seulement à une résection du
coude.
» Nous désirons vivement, comme tous les chirurgiens, voir confirmer les
avantages des résections sous-périostées ; mais, avant de les admettre, nous
en demandons la démonstration clinique, au nom des légitimes exigences de
l'art. Il ne s'agit pas de savoir si le périoste produit du tissu osseux : le fatt
est incontestable et a pris rang depuis longtemps dans la science. La ques-
tion est celle de la régénération des os comme forme et comme fonctions à
127..
( 98o )
la suite des résections sous-périostées ; le professeur Heine de Wurzbourg
l'avait posée en i836, et avait inventé des instruments et un mode opéra-
toire spéciaux pour obtenir sur l'homme les résultats si remarquables dont
il avait été témoin sur les animaux [voir notre communication du i" mars
i858, à l'Académie). Depuis ce temps néanmoins, et, nous le répétons,
malgré la haute impulsion donnée à ces recherches par M. Flourens, aucun
fait certain de régénération osseuse complète sous-périostée n'a été produit,
sans en excepter l'observation nouvelle, et la chirurgie invoque encore à ce
sujet de nouvelles preuves. »
Sfote relative à une communication de M. Faje^ par^. deTessan.
« Dans la dernière séance de l'Académie notre savant confrère M. Paye
a formulé, comme conséquence de ses calculs, les deux conclusions sui-
vantes :
» Si les expériences de M. Fizeau possèdent réellement l'exactitude
qu'elles paraissent avoir, le mouvement propre que les astronomes attribuent
au système solaire vers la constellation d'Hercule n'existe pas.
» Si au contraire les déterminations astronomiques de ce mouvement
sont fondées, il faut admettre que les expériences du savant physicien sont
affectées d'une erreur systématique, ou que sa théorie présente quelque
lacune importante.
» Ces conclusions seraient graves si elles ne reposaient elles-mêmes sur
une erreur évidente qu'il suffira d'énoncer pour qu'on la saisisse. C'est que
M. Faye ne tient aucun compte dans sa formule de la vitesse de translation
dans l'espace du soleil, c'est-à-dire de la source même qui fournit la lumière
expérimentée.
» En tenant compte, comme on doit évidemment le faire, de cette vitesse
égale à celle de la terre et dirigée dans le même sens (vers la constellation
d'Hercule) il s'introduit dans la formule de M. Faye un troisième terme qui
détruit complètement le second et réduit la formule à son premier terme.
Cette réduction était d'ailleurs évidente à priori; car la belle expérience de
M. Fizeau ne peut faire connaître que la vitesse relative (dans la direction
de l'ouest à l'est) de la source qui fournit la lumière expérimentée et du
corps qui la reçoit; et cela quelle que soit d'ailleurs la théorie de la lumière
que l'on adopte.
» La formule de M. Faye devant être réduite à son premier terme, et ce
terme, d'après notre savant confrère lui-même, représentant si bien les
observations de M. Fizeau, l'exactitude expérimentale et théorique de ce
savant physicien se trouve complètement confirmée, bien loin d'être
infirmée. »
M. Denis, de Commercy, récemment nommé à une place de Correspon-
dant de la Section de Médecine et de Chirurgie, adresse ses remercîments à
l'Académie.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
l'HYSIOLOGlE. — De la glfcocjénie animale dans ses rapports avec la production
et la destruction de la graisse; par M. G. Colin.
(Commissaires, MM. Chevreul, Cl. Bernard, Fremy.)
L'auteur, en terminant son Mémoire, donne, dans un résumé que le défaut
d'espace ne nous permet pas de reproduire en entier, les conséquences qui
dérivent de ses recherches relativement: \° au chyle, 2" à la lymphe, 3" au
sang, 4° au faie. Celles qui ont rapport à ce dernier organe sont exposées par
lui dans les propositions suivantes :
« Le sucre du foie dérive manifestement, au moins en partie, des aliments
sucrés ou féculents comme le sont ceux des espèces herbivores ou à régime
mixte. Alors il est amené à cet organe par la veine porte et par l'artère hé-
patique. -
» Il paraît être aussi un produit de la transformation des matières
grasses, qui s'accumulent dans les cellules hépatiques et dans les espaces
intra-cellulaires.
« Ce sucre se montre en proportion beaucoup plus considérable chez les
animaux qui ont de la graisse que chez ceux qui sont à peu près dépourvus
de cette substance. Néanmoins, au delà d'une certaine limite sa quantité
n'augmente plus ; elle baisse même très-notablement dans les foies qui ont
subi la dégénérescence graisseuse.
» Chez les animaux qui n'ont plus de tissu adipeux à résorber, le sucre
diminue dès les premiers moments de l'abstinence et disparaît très-vite.
» Au contraire chez les animaux gras il se renouvelle et se maintient à
un chiffre élevé, quoique la privation d'aliments soit de longue durée et
tant que la température du corps demeure à peu près au degré normal. »
( 980
ANTHROPOLOGIE. — Note sur la formation du type et ses caractères dans les
variétés dégénérées ; par M. Mokei..
(Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1860.)
« Il résulte des considérations émises dans cette Note et de l'étude des^
variétés dont j'ai donné les types ( 1) :
)) 1°. Le type est la manifestation extérieure des caractères auxquels on
peut reconnaître que les individus appartiennent à telle ou telle variété dé-
générée.
» 3". Il importe de chercher ces caractères dans Iroi» ordres de dévia-
tions maladives : les déviations de l'ordre physique, celles de l'ordre intel-
lectuel et celles de l'ordre moral.
» 3°. Les individus qui appartiennent à telle ou telle variété se ressem-
blent tous par les caractères qui tiennent à ces trois ordres de faits.
» 4"- Un des caractères les plus saillants et à l'aide duquel M. le profes-
seur Flourens a trouvé le caractère du genre, est celui de \2l fécondité bornée.
Rien de plus frappant que les anomalies de la fécondité dans les variétés
dégénérées. Les unes sont capables d'être fécondées, les autres ont une fécon-
dité bornée. Il en est de complètement stériles.
. » 5". C'est dans la nature de la cause qu'il faut chercher les dissem-
blances du type entre les individus de telle ou telle variété.
» Dans certains cas le type ne se constitue que progressivement à la
deuxième ou troisième génération, lorsque rien n'a été tenté pour remonter
le cours ascendant des phénomènes régénérateurs. Il arrive de là que les in-
dividus issus d'une mémo cause dégénératrice commencent par offrir entre
eux les dissemblances les plus frappantes. Leurs descendants seuls sont
typiques et se ressemblent entre eux.
» 6". Lorsque la cause est intense, ainsi que cela se voit dans la produc-
tion du crétinisme, et dans les cas d'intoxication alcoolique des parents, le
type peut être créé iSe toutes pièces déjà dans la première génération.
» A plus forte raison ce phénomène de transmission typique identique
est-il évident lorsque le type préexiste chez les parents et que ceux-ci ne
sont pas stériles. Cela se voit pour les scrofuleux^ les phthisiques et autres
variétés maladives.
(i) Ces types sont figurés dans des dessins d'après nature qui font partie de l'envoi de
M. Morel.
( 983 )
» Je viens de parcourir, dans l'intérêt de ces études spéciales, la Savoie
•et le midi de la France. J'ai pu me convaincre que la similitude des causes
produit en tous lieux la similitude des types. Seulement il est tel pays où
une cause étant spéciale au sol, aux habitudes, à l'hygiène des populations,
produit telle variété qui ne se retrouve pas ailleurs. Le midi de la France
est préservé de l'alcoolisme et je n'y ai pas retrouvé les variétés que j'ai
ignalées dans la Meurthe et dans la Seine-inférieure. D'un autre côté, c'est
dans les lois de la fécondité continue qu'il faut chercher les causes de la
propagation plus grande des variétés dégénérées dans tel milieu plutôt que
dans tel autre, ainsi que les caractères du type qui leur appartient. »
L'auteur adresse en même temps que ce manuscrit un ouvrage imprimé,
son Traité des maladies mentales, et y joint une indication de ce qu'il considère
comme neuf dans son travail.
M. Robin soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour
titre : Causes de la fusion: lois qui la régissent.
« D'après mes recherches, dit l'auteur, deux règles fort simples régissent
la fusibilité dans les différentes classes de composés minéraux : l'une con-
cerne les combinaisons peu intimes, l'autre est relative aux combinaisons
très-intimes. Toutes deux, aidées du rapport que j'avais signalé dans ma
« Philosophie chimique » publiée en 1842, entre la fusibilité et le poids spé-
cifique, permettent de prévoir en général la fusibilité comparée des com-
posés de chaque classe. »
Ce Mémoire, qui est très-étendu, est renvoyé à l'examen d'une Commission
composée de MM. Pelouze, Pouillet, Regnault.
M. HussoN adresse un Mémoire intitulé : « Lois principales du mouve-
ment de la population dans la ville et dans l'arrondissement de Toul », et
demande que ce travail, auquel il s'était préparé par des recherches anté-
rieures pour la plupart publiées et dont il a depuis longtemps commencé à
réunir les éléments, soit compris dans le nombre des pièces adressées au
prochain concours pour le prix de Statistique.
(Réservé pour la future Commission.)
M. Bizio adresse de Venise une IVote ayant pour objet de constater, au
moyen d'ouvrages dont' la publication, pour quelques-uns, remonte à dix-
(984)
huit ans, et dont il a successivement fait hommage à l'Académie, qu'il était
arrivé relativement à la corrélation entre le poids des équivalents des corps
et leurs propriétés physiques et chimiques à des résultats qui bien longtemps
après ont été présentés comme nouveaux.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Dumas, Pelouze,
Regnault.)
M. Natanson adresse de Varsovie une réclamation de priorité à l'égard de
M. Hofmann pour la découverte de la base nommée acélénamine ; il rap-
pelle à cette occasion un travail qu'il afait paraître au mois d'octobre i85/i,
une Note concernant l'action de l'ammoniaque sur la liqueur des Hollan-
dais.
(Renvoi à l'examen de M. Balard.)
M. BoBŒUF soumet au jugement de l'Académie im Mémoire sur l'acide
phénique et les huiles saponifiables obtenues de la houille, des schistes, etc.,
leurs dérivés par substitution et leurs applications diverses, notamment les
applications à l'embaumement des corps, au tannage des cuirs et à la dés-
infection permanente de l'engrais provenant des fosses d'aisances.
(Réservé pour la future Commission du prix dit des Arts insalubres.)
M. Mathiev adresse la description d'un mécanisme qu'il a imaginé pour
imprimer à un avant-bras artificiel les mouvements nécessaires. Le succès
qu'il a obtenu dans le cas de M. Roger, du théâtre de l'Opéra, a pu être ap-
précié tout récemment par une multitude de spectateurs, et est attesté par
une Lettre de l'artiste que M. Mathieu ajoute à la Note dans laquelle il
donne la description de l'appareil.
M. MoisoN adresse de Saint-Coulomb, près Cancale (lUe-et-Vilaine), une
Note sur un nouveau procédé de fumure pour les sables des dunes. L'au-
teur a constaté par des essais réitérés que, suivant que le, sable est plus ou
moins gros, le fumier doit être enfoui plus ou moins profondément. Il
indique également ce qu'il convient de faire quand on substitue au fumier
ordinaire du goémon et montre que ces pratiques, auxquelles on est arrivé
par tâtonnement, sont d'ailleurs très-rationnelles.
(Commissaires, MM. Payen, Boussingault. )
( 985 )
M. Ollive-Meinadier soumet au jugement de l'Académie une Note inti-
tulée : « Quelques mots sur le théorème de Fermât ».
(Renvoi à l'examen de M. Bertrand. )
M. Marc-d'Ëspine, qui avait précédemment adressé au concours pour les
prix de Médecine et de Chirurgie son « Traité analytique et critique de
statistique mortuaire comparée », adresse aujourd'hui, pour se conformer,
bien qu'un peu tardivement, à une des conditions imposées aux concurrents,
une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. )
CORRESPONDANCE.
M. LE Ministre de l'Instruction publique transmet un opuscule de M.Za-
liwski, intitulé : « La gravitation au point de vue de l'électricité », opuscule
sur lequel l'auteur désire obtenir un jugement de l'Académie.
On fera connaître à M. le Ministre le motif qui empêche l'Académie de se
rendre au désir de M Zaliwski, les ouvrages imprimés ne pouvant, d'après
une décision déjà ancienne et constamment respectée, être renvoyés à
l'examen d'une Commission.
M. LE Ministre de l'Abricultcre, db Commerce et des Travaux publics
adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, une carte géologique du dépar-
tement du Loiret par M. E. Lejebure de Fourcj, carte en quatre feuilles et
accompagnée d'un Mémoire descriptif.
M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. J. Biidge,
un Mémoire écrit en allemand et ayant pour titre : <• Recherches ana-
tomiques et physiologiques sur les fonctions des plexus cœliaqueset mésen-
térique ».
Les résultats des recherches anatomiques, qui se rapportent à des Mam-
mifères, des Oiseaux et des Batraciens, sont figurés dans plusieurs planches
exécutées avec beaucoup de soin. Quant aux résultats des recherches phy-
C. K., i&bg, ï' Semestre. [T. XUX,Ji°2S.) • ^8
( 986 ) •
siologiques, nous nous contenterons de mentionner les plus saillants qui
peuvent être énoncés de la manière suivante :
« Après l'extirpation des ganglions cœliaques et du ganglion mésenlé-
rique, les matières fécales sont molles approchant plus ou moins de l'état
de diarrhée.
» Ce ramollissement dépend d'une transsudation des vaisseaux dans
l'intestin.
» II y a aussi sécrétion très-abondante de mucus et de sang.
» Les évacuations ne se font plus qu'avec douleur.
» Par suite de l'extirpation des ganglions de l'abdomen, le mouvement
péristaltique du gros intestin est augmenté.
» L'irritation de ces ganglions détermine une forte contraction des fibres
musculaires du gros intestin ».
M. Encke, un des Secrétaires de l'Académie des Sciences de Berlin, adresse
le prospectus d'une fondation projetée pour honorer la mémoire de
Humboldt d'une manière digne de lui, c'est-à-dire en contribuant dans
l'avenir aux progrès de la science comme il y a contribué dans le passé pen-
dant cette longue vie si noblement employée.
« Ce n'était pas seulement par ses recherches, par ses publications que
Alexandre de Humboldt servait la science; il la servait encore, et d'une
manière non moins efficace, par l'appui qu'il prétait aux savants, par le zèle
ardent, infatigable, avec lequel il secondait, dans tous les pays, les efforts
scientifiques. Il n'est personne aujourd'hui qui, prenant ^cette part de
la succession d'Alexandre de Humboldt, puisse prêter aux progrès, sous
toutes ses formes, l'appui généreux qu'il lui accordait; et cependant il est
très à désirer qu'on puisse étendre au delà de sa vie et perpétuer ce noble
côté de sa grande activité.
» Voilà comment est né le projet de réaliser sous le nom de fondation
Humholdl une institution ayant pour but d'assurer un appui efficace à tous
les talents éprouvés, partout où ils pourront se trouver, et dans toutes les direc-
tions dans lesquelles cet homme illustre déploya son activité, spécialement
dans les travaux, les recherches scientifiques et les lointains voyages. On a
proposé de confier au corps scientifique auquel de Humboldt a appartenu
pendant près de soixante ans, auquel il a prêté jusqu'à la fin de sa vie un
( 987 )
fidèleet actif concours, qui, quelques semaines encore avant sa mort, enten-
dait dans une de ses séances sa vivifiante parole, à l'Académie de Berlin l'or-
ganisation de cette fondation. L'Académie s'est déclarée prête à répondre
à l'appel qui lui était fait, à tracer un plan et des statuts de la fondation
en rapport avec le capital que l'avenir mettra à sa disposition •, à s'entendre
avec le Comité pour une constitution définitive; à se charger du soin d'at-
tribuer des allocations convenables et dignes aux hommes de talent déjà
éprouvés ou d'un riche avenir.
» C'est dans ce sentiment, dit en terminant le Comité, que nous nous
enhardissons à faire appel aux capitaux pour la fondation Humboldt.
«Nous prions qu'on adresse les fonds à la maison de banque Mendelshon
et C'*de Berlin. Dans six mois nous ferons un premier Bapport public. »
A ce prospectus, envoyé en double rédaction, l'une en allemand, l'autre
en français, est jointe une circulaire adressée à toutes les Sociétés savantes
et réclamant plus particulièrement leur concours.
M. PioRRY adresse une réclamation de priorité pour l'observation des
faits qu'on désigne collectivement sous le nom à' hypnotisme.
« Dès l'année i8i6, j'ai établi, dit-il, dans \e Journal de là Vienne, que \es.
passes dites magnétiques agissaient alors qu'elles provoquaient le sommeil,
en modifiant les organes de la vision et leurs nerfs. Vers 1828, j'ai pubhé un
Mémoire sur la migraine ophthalmiqiie, dans lequel j'ai fait voir que la lec-
ture ou l'action de fixer les corps lumineux pendant la digestion, ou lorsque
la faim est trop prononcée, déterminent une série de phénomènes nerveux,
tels que la vue d'un demi-cercle lumineux et coloré, bleuâtre, inégal, va-
cillant, s'élargissant peu à peu en même temps qu'il pâlit durant quelques
minutes, et à la suite de l'apparition duquel ont lieu d'atroces douleurs
de tête et d'insupportables vomissements.
» De 1828 à i833, j'ai fait des leçons et recueilli des observations nom-
breuses sur ce sujet. Dès lors j'ai proposé une théorie rationnelle soit des
phénomènes précédents, soit des accidents symptomatiques réunis sous les
dénominations d'épilepsie et d'hystérie. En i833, dans la Clinique médicale
de la Pitié (page 322), j'ai mentionné l'histoire d'une jeune fille devenue
épileptique pour avoir fixé le soleil »
Après plusieurs autres citations que nous ne pouvons, faute d'espace,
reproduire en entier, M. Piorry continue dans les termes suivants :
128..
( 988)
" Il résulte manifestemeut de ces dates et de ces travaux :
« (". Que depuis 1828 j'ai établi Tinflueuce de la visiou ou de la vue des
corps très-lumineux, sur la production du cercle vibrant observé dans la
uiigraine ophthalmiqtie; sur la manifestation de Vépilepsie et même de la
< atalepsie. (J'ai même établi que l'hystérie prenait le caractère épiieptique
seulement dans les cas où le mal parvenait à la rétine.)
» a". Que j'ai noté dès i833 que les phénomènes dont il s'agit étaient
dus à une vibration spéciale que l'on fait parfois cesser en agissant sur l'œil
par l'obscurité, l'extrait de belladone, ou en faisant porter des lunettes. Je
provoque à volonté sur autrui et sur moi-même l'apparition du cercle
lumineux de l'iris en regardant fixement les objets ou par la lecture, de la.
même façon que l'on produit l'hypnotisme en faisant attentivement regarder
un corps brillant.
» Je terminerai cette Lettre par une simple remarque, c'est que plusieurs
épileptiques observés par moi ont eu de nombreuses attaques après l'appa-
rition d'un premier accès survenu à l'occasion de la vue d'une lumière
vive. Il pourrait donc ne pas être sans danger, au point de vue de la repro-
duction ultérieure des attaques, de provoquer l'hypnotisme chez des indivi-
dus névropathiques. »
M. Radiguel envoie, à l'occasion d'une communication récente de
MM. Marcel de Serres, une deuxième Note « sur la création réitérée de
l'homme et des autres espèces ». Suivant lui, la réalité des « nombreuses
créations organiques successivement reproduites, puis détruites chacune
par un déluge, peut s'établir par des observations puisées à Irois sources :
1° la nature des divers terrains diluviens apportant chacun sa forme nou-
velle qui permet d'en faire le dénombrement et d'apprécier la puissance de
destruction de ces cataclysmes à laquelle aucun être vivant ne pouvait
échapper; 2° les fossiles organiques qui, en montrant que les mêmes es-
j)èces ont été souvent reproduites, fait voir en même temps qu'elles ont subi
une légère modification de forme à chaque création nouvelle; 3° enfin, les
objets d'industrie humaine, silex taillés, poteries, bois et métaux travaillés,
les charbons eux-mêmes indiquant que les diverses races humaines qui ont
habité le bassin du Rhin et de la Seine n'étaient pas également avancées dans
la voie de la civilisation quand elles ont été détruites. »
( 989 )
M. Th. Gosseun envoie d'Amiens (Somme) une Noie « Sur l'asphyxie
par l'acide carbonique et sur une méthode préservative » .
M. Regnauh est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire
savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet 'd'un Rapport.
La Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de
la Loire prie l'Acadénjie de vouloir bien faire à la bibliothèque de cet éta-
blissement le don de ses Comptes rendus hebdomadaires.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. F. Lannoy envoie d'Ixelles, près Bruxelles (Belgique), des « Tables
des racines carrées à dix décimales » et prie l'Académie de vouloir bien
porter un jugement sur ce travail. Comme, en même temps, il demande
que le manuscrit lui soit retourné après qu'on l'aura examiné, on lui fera
savoir que tout travail qui a été l'objet d'un Rapport doit rester dans les ar-
chives de l'Académie. Quand une communication n'a pas été jugée par une
Commission, l'auteur peut toujours la reprendre ou la faire retirer par une
personne dûment autorisée; mais l'Académie ne se charge pas de la ren-
voyer.
A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 19 décembre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Institut impérial de France. Académie des Sciences. Discours prononcés aux
funérailles de M. Poinsot, le lundi 12 décembre iSSg; in-4"-
Les Aurores boréales; par M. Aug. DE LA Rive. Genève, iSSg; br. in-S".
Traité des maladies mentales; par le D'' B.-A. MOREL. Paris, 1860; 1 vol.
in-8°.
( 99° )
Médecine homœopalfiique domestique; par le D' C. Héring; 4* édition fran-
çaise; traduite sur la G* édition américaine, récemment publiée par l auteur
lui-même, revue, corrigée et augmentée d'un grand nombre d'additions tirées de
la XI* édition allemande, et précédée d'indications générales d'hygiène et de
prophylaxie des maladies héréditaires; par le D' Léon Marchant, Paris, 1 860 ;
1 vol. in-ia.
Esquisse géologique et paléoritologique des couches crétacées du Limbourg, et
plus spécialement de la craie tuffeau, avec carte géologique, coupes, plan hori-
zontal des carrières de Saint-Pierre, etc.; par Jonkr.-J.-T. BiNKHORST van den
BiNKHOUST. 1" partie. Maestricht, iSSg; in-S".
Richesses ornithotogiques du midi de la France, ou Description méthodique de
tous les Oiseaux observés en Provence et dans tous les déparlements circonvoisins ,
par MM. J.-B. Jaubert et Barthélemy-Lapommerate ; 1" et 2* fascicules
in-4°. (Offert au nom des auteurs par M. Is. Geoffroy-Saint-Hiiaire.)
De la santé des gens de lettres, suivi de l'essai des maladies des gens du monde;
par TissOT. Paris, iSSg; i vol. in- 12.
Carte géologique du département du Loiret; par M. Eugène DE FOURCY.
(Texte explicatif.) Paris, iSSg; in-8°.
Esquisse géologique de l'arrondissement de Toul, suivi d'un aperçu botanique
des environs de cette ville; par HussON, pharmacien. Toul, 1848; br. in-S",
accompagnée d'un supplément et d'annotations et corrections; 2 br. in-8°.
Médecine populaire sur les premiers secours à donner dans les empoisonne-
ments et les asphyxies; par le même; br. in-S".
Mémoire sur les couches qui joignent l'arrondissement de Toul au département
de la Meuse, suivi de quelques considérations sur l' état actuel de la vigne (i853);
par le même; br. in-8°.
Les grandes usines de France; par M. TuRGAN. Les Gobelins (a* partie,
teinture); 2* livraison in-4°.
Expériences sur le mouvement alternatif de rotation communiqué aux pro-
pulseurs marins ; par DE Laronce, enseigne de vaisseau. Propulseur-évolueur
de SUET, second maître mécanicien de la marine impériale. Brest, 1859;
br. in-S".
Rapport sur les travaux de la Faculté des Sciences de Montpellier pendant
l'année scolaire i858-i859; par M. Paul Gervais, doyen de la Faculté.
Montpellier, 1839; br. in-8°.
Annuaire de l'Académie impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres
de Toulouse pour l'année académique 1859- 1860; XF' année; in-Sa.
( 99' )
Registratore... Enregistreur météorologique au moyen de [électricité; par
don Timothée Bertelli, barnabite. Bologne, 1809; br. in-8°.
Siii globuli... Nouvelles observations sur les globules connus en physiologie
sous le nom de decidui, et spécialement sur ceux des glandes lymphatiques ,
par le professeur A. Tigri; br. in-8".
Anatomische... Recherches anatomiques et physiologiques sur les fonctions
des plexus cœliaques et niésentérique; par Julius BUDGE; i'* livraison in-/}" .
Verhandlungen . . . Mémoires de la Société de Médecine et d'Histoire naturelle
de Heidelberg; I" volume, 1857-1859; n° 7, in-8°.
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(Séance du 28 novembre iSSg.)
Page 842, ligne i", au tieude o,8fi. et 0,^11, lisez o,^iiet 0,111.
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(Séance du la décembre 1859.)
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DG L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 DÉCEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE ASTRONOMIQUE. — Réponse à une Note de M. d» Tessan (séance
du 19 décembre); par M.. Faye. / .
« Dans la dernière séance, à laquelle je n'ai pu assister, M. de Tessan a
déclaré que mon examen du travail récent de M. Fizeau reposait sur une
erreur évidente. L'auteur se fonde sur ce que le mouvement de translation
du système solaire étant commun à la terre et au soleil, il doit l'être aussi
aux rayons de lumière sur lesquels l'expérience a été faite, en sorte que
l'expérience de M. Fizeau ne peut faire connaître que la vitesse relative de
la source qui fournit la lumière expérimentée et du corps qui la reçoit, et
cela quelle que soit d'ailleurs la théorie de la lumière que l'on adopte.
» Quoi qu'en dise notre savant Correspondant, cette proposition ne
résulte pas indifféremment de toutes les théories que l'on peut admettre sur
la lumière, et s'il veut se donner la peine de parcourir les écrits de M. Fi-
zeau, il verra que l'ordre d'idées où l'auteur s'est placé, conduit à des con-
clusions diamétralement opposées. Pour discuter ce travail, j'ai dîi me pla-
cer moi-même à ce point de vue, tandis que M. de Tessan, pour le justifier,
C. R., 1859, 2« Semestre. (T. XLIX, N" 26.) I 29
( 994 )
commence par renverser les principes qui lui servent de base. Il n'y a donc
ici d'autre erreur, ce me semble, que cette étrange confusion d'idées et de
théories.
» Avant M. de Tessan, mais avec un tout autre sentiment de la question
en litige, un savant distingué avait avancé l'opinion que les expériences de
M. Fizeau ne devaient pas manifester un mouvement commun à toutes les
parties du système solaire. Si, comme le dit ce savant, il faut admettre que
l'éther est entraîné par le système planétaire dans son mouvement vers la
constellation d'Hercule, je lui laisserai le soin de concilier cette opinion
avec celle que M. Fizeau adopte explicitement, à savoir que l'éther dans
lequel nous sommes plongés n'est pas animé des mêmes mouvements que
notre globe (i).
» Il convient défaire remarquer à l'Académie que je ne suis responsable
d'aucune méprise. J'ai eu soin, en effet, d'insérer dans l'article attaqué, à
la page 871, la déclaration suivante :
« Je ne dois pas laisser supposer que l'auteur de ces expériences ait pu
)) négliger la vitesse de translation du système solaire. La vérification de
» ce phénomène était au contraire une de ses préoccupations principales,
» comme le savent parfaitement plusieurs de nos confrères qui ont connu
» les projets et les travaux de l'auteur. S'il a omis d'en faire mention dans
» les Comptes rendus, c'est que sou appareil n'avait pas encore obtenu, à
» son avis, la perfection nécessaire pour mettre en évidence des quantités
» de cet ordre, dont l'influence est d'ailleurs à peu près nulle à midi, vers
» les solstices. Mais, aux solstices mêmes, cet effet se manifeste bientôt
» d'heure en heure, par suite du mouvement diurne, et c'est là ce qui m'a
'> conduit à examiner, comme on le verra, les observations de 4 heures du
» soir. »
» Cette Note répondait évidemment à une juste réclamation de J'auteur;
elle eût dû prévenir tout malentendu. Il faut croire que mes savants con-
tradicteurs ne l'ont pas remarquée, et, ce qui est plus singulier encore, ils
auront de même perdu de vue que les principales recherches de M, Fizeau
ont eu précisément pour but fie vérifier l'opinion de Fresnel sur l'indépen-
dance partielle de l'éther par rapport aux mouvements des corps qui s'y
trouvent plongés. »
(i) Voir le Mémoire de M. Fizeau clans les annales <Ik Cliiinic et de PhYsique, i" serif,
t. LVII, p. 385.
(99.'î)
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Rectification de In Note lue dans la séance
du 12 décembre; par M. Delaunay.
« Dans la séance du lundi 12 de ce mois, j'ai lu à l'Académie une Note
sur les inégalités lunaires à longue période dues à l'action perturbatrice de
Vénus. J'ai reconnu depuis que cette Note a besoin d'être rectifiée en ce qui
concerne la valeur que j'ai trouvée pour la première inégalité. En faisant le
calcul de cette inégalité, j'avais cru pouvoir ne pas tenir compte de l'incli-
naison du plan de l'orbite de Vénus sur l'écliptique; je m'étais persuadé
que cette inclinaison ne pouvait avoir aucune influence appréciable sur le
résultat. Cependant, avant d'aborder le calcul de la seconde inégalité, j'ai
voulu rédiger celui que j'avais déjà effectué pour la première; en faisant
cette rédaction, un doute m'est venu à l'esprit, et je n'ai pas tardé à recon-
naître que l'inclinaison de l'orbite de Vénus sur l'écliptique a une influence
notable sur la valeur de cette première inégalité, valeur qui a par consé-
quent besoin d'être modifiée. Je reviendrai incessamment sur cette ques-
tion, lorsque j'aurai complètement terminé le calcul des deux inégalités
découvertes par M. Hansen, en tenant compte, bien entendu, de cette cir-
constance que je viens de signaler, et qui d'ailleurs n'introduit aucune
complication dans les calculs. »
PHYSIOLOGIE. — Développement des corps organisés; communication
de M. CosTE.
« J'ai déjà eu l'honneur de présenter à l'Académie le premier volume de
mou ouvrage sur le développement des corps organisés, volume dans lequel
j'ai fait l'histoire générale do l'élément fourni par le mâle et de l'élément
fourni parla femelle dans l'acte de la génération.
» Je prie aujourd'hui l'Académie d'agréer l'hommage de la première par-
tie du second volume, où je traite du mélange de ces deux éléments, c'est-à-
dire du phénomène de la fécondation étudié dans les deux règnes orga-
niques et dans les diverses conditions où il s'accomplit.
» Les nombreuses expériences que j'ai instituées pour répondre aux
questions qui se rattachent à ce grand et difficile problème, m'ont permis
de les résoudre toutes avec précision, parce que, grâce au travaux d'appli-
cation dont la direction m'a été confiée, j'ai pu étudier la nature vivante
sur un champ plus étendu que celui d'un sitnple laboratoire.
129..
( 996 )
» J'ai rigoureusement déterminé, soit dans le sein maternel, soit hors du
sein maternel, les lieux où la fécondation s'accomplit et ceux où elle ne
peut s'accomplir; le temps pendant lequel elle est possible et celui où elle
cesse de l'être ; l'état dans lequel les deux éléments doivent se trouver pour
que leur contact soit efficace ; l'influence du mâle sur la portée actuelle et
sur les portées subséquentes ; les cas où cette influence sur les portées sub-
séquentes ne suffit pas à en déterminer le développement, mais les pénètre
assez profondément pour que, à la suite d'une seconde alliance, les produits
portent l'empreinte d'une paternité mixte : vérités obscurément entrevues
jusqu'ici et qui sortent maintenant des ateliers de la science comme un
grave sujet de méditation pour la philosophie.
r) A côté de cet ouvrage, je publie, sous forme d'explication des plan-
ches, une série de monographies relatives au développement des espèces
^ dont mon atlas représente les transformations, en sorte qu'un troisième
volume paraît en même temps que les deux premiers. »
M. LE Président donne connaissance d'une Lettre de M. Le Verrier, qui,
à l'occasion d'un plan d'opérations proposé aux astronomes jiar M. Faye
pour la prochaine éclipse de Soleil, signale la part que peut prendre à ces
travaux l'Observatoire impérial de Paris.
Chargé de travaux définis auxquels sont attribuées des ressources spé-
ciales, l'Observatoire impérial n'a ni le droit ni le moyen d'envoyer des
expéditions à l'étranger. Le Directeur a dû se borner à demander à M. le
Ministre de l'Instruction publique d'envoyer une Commission scientifique
en Espagne et en Algérie, et de confier la direction de l'une de ces missions
au savant qui a pris l'initiative de cette proposition.
MÉMOIRES PRÉSENTES.
M. Arthur Gris adresse un Mémoire sur la résorption de la fécule dam
l albumen des graines en voie de germination, et demande que ce travail soit
compris parmi les pièces destinées au prochain concours pour le prix de
Physiologie expérimentale.
(Réservé pour la future Commission.)
( 997 )
ANALYSE CHIMIQUE. — Mémoire sur la séparation et le dosage de l'acide pbos-
phorique en présence des hases; par M. G. Chancel.
(Commissures, MM. Dumas, Peligot, Balard.)
rt La nouvelle méthode que je propose est fondée sur l'insolubilité du
phosphate jaune d'argent, PO', 3AgO, clans une liqueur neutre.
» Si l'on dissout, à la faveur d'un peu d'acide nitrique, un phosphate in-
soluble dans l'eau, et qu'on ajoute à la solution du nitrate d'argent, aucun
précipité ne se manifeste pour peu que la liqueur soit acide. Cependant il
est facile de neutraliser exactement une telle liqueur, sans y introduire
d'autre principe fixe que ceux qu'elle contient déjà ; il suffit en effet de l'agi-
ter, pendant quelques instants, avec un léger excès de carbonate d'argent.
Par là, dès que les dernières traces d'acide libre sont saturées, l'acide phos-
phorique se sépare et apparaît sous la forme du précipité jaune, si caracté-
ristique, de phosphate d'argent.
» Cette réaction, qui est fort nette, fournit un moyen d'analyse aussi sûr
que simple et expéditif. L'emploi simultané du nitrate et du carbonate d'ar-
gent, comme réactif, n'a pas besoin d'être justifié, car en analyse il est bien
peu de corps que l'on puisse éliminer d'une manière aussi parfaite et avec
autant de facilité.
» Pour rendie l'exposition plus claire, je prendrai comme exemple un
cas qui se présente fréquemment, à savoir, la séparation de l'acide phos-
phorique d'avec les alcalis et les terres alcalines (potasse, soude, chaux,
magnésie, etc.). Voici la manière d'opérer :
» La substance à analyser, étant exactement pesée, est dissoute dans
l'acide nitrique, et la solution étendue avec de l'eau. Bien que la quantité
d'acide nitrique libre soit sans influence sur la netteté de la réaction, il faut
cependant éviter d'en mettre un trop grand excès pour ne pas embarrasser
les séparations ultérieures.
» La liqueur, qui doit être tout à fait limpide, est additionnée d'abord
d'une quantité suffisante de nitrate d'argent, puis d'un léger excès de car-
bona te de la même base. On Tagite ensuite, en ayant soin d'incliner la fiole^
pour éviter les pertes que pourrait occasionner le dégagement d'acide car-
bonique. La saturation de l'acide libre est si rapide, qu'il est toujours super-
flu de chauffer; il est même essentiel d'opérer à froid quand la substance
contient des métaux, tels que le manganèse, qui se précipiteraient partielle-
( 998 )
ment à chaud, par suite de leur grande tendance à se suroxyder au con-
tact de l'air dans une liqueur neutre.
» Après quelques instants, l'acide phosphorique se sépare à l'état de
phosphate jaune d'argent, et le précipité ne tarde pas à se rassembler en
laissant la liqueur parfaitement limpide. Il est d'ailleurs aisé de reconnaître
la fin de la réaction ; il suffit d'essayer si une goutte du liquide ne rougit
plus, au moins d une manière persistante, le papier bleu de tournesol.
Quand il en est ainsi, il est bien évident que la séparation de l'acide j:/hos-
phorique doit être complète, et c'est du reste ce que confirme l'expérience.
On recueille alors le précipité sur un filtre et on le lave avec soin. De la sorte
on arrive sans peine à ime séparation rigoureuse : l'acide phosphorique est
en totalité dans le précipité, tandis que le liquide filtré, réuni aux eaux de
lavage, renferme toutes les bases.
« [.orsque le lavage est terminé, ou crève le filtre au moyen d'un fil de
platine, et on projette sur le précipité un filet d'eau pour le faire descendre
dans une fiole. A l'aide d'un peu d'acide nitrique très-étendu, il est facile d'en-
lever et de réunir au précipité principal les dernières traces de matière restée
adhérente au papier. Il faut alors dissoudre tout le précipité dans un peu d'a-
cide nitrique ; la dissolution s'effectue immédiatement à froid. Quand elle est
complète, on y verse un léger excès d'acide chlorhydrique pour en séparer
l'argent, ou laisse le chlorure se bien rassembler, |)uis on filtre. Après avoir
sursaturé le liquide filtré par l'ammoniaque, qui ne doit y produire aucun
trouble, on en précipite l'acide [)hosphorique par une solution ammonia-
cale de sulfate de magnésie, et on le dose, comme à l'ordinaire, sous la forme
de pyrophosphate.
» De la liqueur qui contient les bases primitivement unies à l'acide phos-
phorique, on élimine l'argent par l'acide chlorhydrique, et, après l'avou-
réduite par l'évaporation à un volume convenable, on y détermine chacune
des bases par les procédés usuels.
» Ce mode de séparation convient particulièrement quand l'acide phos-
phorique est en présence de bases puissantes, telles que la plupart des prot-
oxydes. Lorsque la substance soumise à l'analyse contient en même temps
de l'alumine et du sesquioxyde de fer, le carbonate d'argent les précipite
complètement, et on les retrouve dans le précipité de phosphate d'argent;
mais dans tous les cas la séparation des autres bases n'en est pas moins par-
faite. J'indiquerai ailleurs les procédés auxquels j'ai recours pour séparer
jl'acide phosphorique d'avec les sesquioxydes en général.
( 999 )
» L'exactitude du procédé analytique qui vient d'être décrit se trouve
établie par un grand nombre de déterminations directes dont je donnerai
les résultats dans le Mémoire dont je présente ici l'extrait. Je dirai seu-
lement en terminant que la séparation fondée sur l'emploi simultané du
nitrate et du carbonate d'argent est si rigoureuse, qu'elle peut être appli-
quée avec succès aux recherches qualitatives, même qtiand il s'agit de
mettre en évidence les quantités les plus minimes d'acide phospho-
rique. »
GÉOMÉTRIE ET MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la détermination des
formes et des dimensions minimantes quant à la dépense et maximantes quant
à la stabilité des terrassements de dépôts et d'emprunts, et généralement de la
plupart des constructions nécessaires à la vie humaine ; par M. J. Carvallo.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Combes, Bertrand.)
« La dépense d'un ouvrage, quelle que soit d'ailleurs son importance,
est une fonction implicite de toutes les quantités variables qui entrent for-
cément dans son exécution et dont quelques-unes peuvent même être entiè-
rement arbitraires.
D On conçoit très-bien qu'en faisant varier les éléments dont on dispose
et qui sont généralement très-multiples, la qualité des matériaux, le lieu de
l'extraction, les formes adoptées pour l'exécution, les distances des trans-
ports, le mode même de ces transports, le prix des terrains sur lesquels on
veut construire, etc., etc., on conçoit, disons-nous, que la dépense, expres-
sion résultante et intégrale de tous ces éléments convenablement combinés,
varie dans des limites même très-écarlées. L'art de l'ingénieur consiste à
donner à toutes ces variables les valeurs mininmntes relativement à la dé-
pense et maximantes relativement à la stabilité.
» Il ne sera pas toujours possible de recourir aux valeurs qui répondent
aux minima et maxima absolus, mais il est une propriété très-remarquable
et bien connue de ces limites qui rend les recherches à coup sûr profitables :
c'est qu'on peut s'écarter dans tous les sens d'une petite quantité des va-
leurs minimantes de chaque variable indépendante sans que la fonction^ ou
la valeur de la dépense, en soit très-setisiblement augmentée. Guidé par
cette pensée, nous avons été conduit à aborder dans sa plus grande com-
plexité la question qui fait l'objet de ce Mémoire, l'une de celles qui se
( lOOO )
présentent le plus fréquemment dnns l'exécution des grands travaux de
terrassement. On peut l'énoncer ainsi :
» Déterminer, en tenant compte du prix des terrains à occuper, des dif-
férents modes de transport des terres, isolés ou combinés, les formes et
les dimensions qu'il convient de donner aux cavaliers de dépôts et aux
chambres d'emprunts pour rendre la stabilité des travaux un maximum
relatif et la dépense d'exécution un minimum absolu.
>> Après avoir examiné les différentes formules établies pour mesurer les
distances à appliquer pour les transports horizontaux ou ascendants, nous
déterminons dans le chapitre l" les dimensions qui donnent le mini-
inum de la dépense, en conservant les formes habituelles de la pratique pour
le cas où le terrain naturel étant horizontal, le prix des surfaces de dépôt
et d'emprunt identique, tout est symétrique de part et d'autre de l'axe de la
voie. Une analyse identique dans sa marche très-simple donne la dépense
moyenne du mètre cube transporté soit à la brouette, soit à la voiture, soit
à l'aide de ces deux moyens de transport convenablement combinés. La
différentielle de là dépense égalée à o détermine le groupe des valeurs
minimantes de toutes les dimensions. La comparaison des dépenses à la
brouette ou à la voiture montre les limites auxquelles il convient de
substituer le second mode de transport au premier. La valeur de la dépense
en combinant les deux modes de transport fait voir que cette dépense est
moindre que la dépense à la voiture seulement. Les principes énoncés
s'appliquent à la répartition des modes de transport effectués sur l'axe
même de la voie.
» Le chapitre II est consacré à la recherche des dimensions minimantes
des dépôts ou emprunts lorsque les conditions de symétrie cessent d'exis-
ter;.ainsi la disposition géologique des couches de terrain, la nature des
•déblais, seront parfois un obstacle à l'établissement des rampes de sortie
sur les deux flancs de la fouille. Le prix des terrains à acquérir variera à
droite et à gauche de l'axe, le profil de ces terrains présentera des pentes
dans une direction quelconque par rapport à la voie; certaines conditions
locales s'opposeront à ce que l'on donne aux terrassements latéraux la
longueur même à laquelle s'applique le profil en travers de la voie, des
superficies de forme polygonale appartiendront déjà à 1 État en des points
isolés et placés à des dislances telles , qu'il soit avantageux de s'en servir
pour dépôts ou emprunts. Les dispositions topographiques des environs
peuvent contraindre à faire les dépôts ou emprunts en un ou plusieurs
points isolés, déterminés avec toutes les dimensions variables.
( lOOl )
» Le paragraphe relatif à la forme polygonale quelconque de la base des
lerrassements a exigé des recherches géométriques que nous croyons nou-
velles sur des polygones que nous nommons similaires, qui sont les projec-
tions des coupes horizontales faites dans les terrassements dont les parois
latérales ont de tous les côtés une inclinaison uniforme convenable à la sta-
bilité.
» Les résultats assez curieux de ces recherches ont un intérêt plus géné-
ral et ultérieur, ainsi qu'on le voit plus tard au chapitre IIL
» Le chapitre H se termine par des observations communes à toutes les
questions précédemment traitées sur les précautions à prendre pour l'écou-
lement des eaux, les plantations destinées à l'assainissement pour prévenir
ou corriger l'effet du tassement des terres, etc.
» Les formules des deux premiers chapitres ont une valeur pratique im-
portante, parce que les formes choisies sont celles que les constructeurs ont
adoptées depuis un temps immémorial (i).
» L'instinct des constructeurs de tous les âges les a-t-il trompés? La
recherche du mode le plus avantageux par des tâtonnements pratiques si
intelligents et si sûrs lorsque s'agitent des questions d'économie, de force
ou de temps; cette recherche a-t-elle conduit les constructeurs ou les
ingénieurs aux formes qu'une théorie exacte et complète indique ou pres-
crit? Le chapitre III répond à ces questions et démontre à l'aide du calcul
des variations que la forme mimrnant la dépense est celle adoptée par les
praticiens avec cette modification que la ligne supérieure du profil, au lieu
d'être toujours horizontale, doit quelquefois avoir une très-légère inclinaison
qui dépend des moyens de transport, inais qui diffère très-peu de l'hori-
zontalité. Ce résultat général tient à ce que la fonction inconnue qui est l'or-
(i) Dans l'antiquité ces terrassements avaient principalement pour but les travaux de la
i^uerre, mais ils servaient aussi, du temps des Romains, à la constraction de leurs grandes
voies de circulation. Polybe, Diodore, Suidas et bien d'autres historiens parlent des tranchées
ouvertes par Philippe, Démétrius ou d'autres conquérants dans les sièges des places fortes;
César et Tacite parlent en détail des cavaliers employés comme retranchements. Le mot latin
??!' aggeres sert indifféremment à désigner ou un cavalier de dépôt ou une tranchée ouverte.
^pi^li. Ammien Marcellin l'emploie dans cette acception, et on le conçoit assez, parce que la con-
fection des cavaliers servant de retranchements autour d'un camp romain avait lieu avec les
terres sortant de la tranchée même faite à leur pied, il était naturel que le même mot comprît
l'ensemble du travail et s'appliquât par extension à chacune des parties distinctes.
C. R., i85(), 2'"' Semestre. (T. XLIX, N" 26.) I 3o
( looa )
donnée du profil à déterminer entre au second degré, au plus, sans qu'au-
cune de ses dérivées s'y introduise, dans la valeur générale de la dépense
dont on recherche les variations.
» Il est utile de le remarquer, cette propriété, loin d'être particulière à la
question qui nous occupe, est extrêmement générale et peut s'énoncer ainsi
sous sa forme la plus élevée : Toutes les fois que l'expression totale de la dé-
pense à faire pour exécuter des travaux de forme encore inconnue pourra
s'exprimer par une fonction générale du second degré de l'ordonnée de la
surface de l'ouvrage ou de la ligne limite de son profil, la forme répon-
dant au minimum absolu de la dépense sera celle d'un plan pour la surface,
d'une ligne droite pour le profil, pourvu toutefois qu'aucune dérivée de
l'ordonnée n'entre avec elle dans l'expression de la dépense. Dans les
mêmes conditions, si l'ordonnée entre à la troisième puissance dans la va-
leur de la dépense ou si cette dépense ne varie qu'avec le cube des dimen-
sions ou le volume de la matière utilisée, la forme correspondant au mini-
mum de la dépense sera celle d'une surface du second degré et la courbe
limite du profil une ligne de cet ordre.
» Les surfaces planes et celles du second degré sont celles dont on con-
naît le mieux les règles du tracé. Elles présentent les plus grandes facilités
d'exécution dans la pratique. Elles ont été profondément étudiées par les
géomètres et les constructeurs de l'antiquité et des temps modernes. Nous
rencontrons ces surfaces mises en oeuvre dans tous les travaux utiles qui
nous entourent. Nous venons de reconnaître qu'elles correspondent au
minimum mathématique de la dépense dans la plupart des constructions
nécessaires aux besoins de la vie humaine, car, dans ces constructions
d'utilité générale, le prix est déterminé par la quantité, le volume ou le
cube de la matière employée. »
PHYSIOLOGIE — De l'antagonisme des artères et des veines;
par M. MoiLiN.
« Des considérations fondées sur la structure anatomique des vaisseaux
et sur des expériences physiologiques nombreuses m'ont conduit, dit
M. Moilin, à admettre un antagonisme entre les systèmes artériel et vei-
neux Les contractions des artères jouent le rôle d'une résistance ;
elles ralentissent la circulation des organes, tandis que leur paralysie l'ac-
célère. Les contractions des veines jouent le rôle d'une puissance; elles
( ioo3 )
accélèrent la circulation des organes, tandis que leur paralysie la ralentit.
Les artères sont animées par des nerfs venus des racines antérieures ; les
veines, par des nerfs venus des racines postérieures. »
Cette Note, dont le passage que nous venons de reproduire indique suffi-
samment l'objet, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Cl. Bernard et J. Cloquef.
ÉCONOMIE RURALE. — Du rôle et de faction de la chaux dans les engrais; ■
par M. RoHART.
(Commissaires, MM. Elie deBeauraont, Payen, Passy.)
M. Frogier adresse une Note concernant certains procédés destinés à
ralentir le cours des eaux pluviales à la surface du sol, dans le double but
d'assurer aux cultures une irrigation plus efficace et d'éloigner le danger
des inondations.
Cette Note est renvoyée à l'examen de MM. Boussingault et Passy.
M. Le Pas adresse une nouvelle addition à son Mémoire intitulé : « Nou-
velle théorie du système musical, suivie de la démonstration d'une symé-
trie de rapports harmoniques entre les distances des planètes. »
(Commissaires précédemment nommés : MM. Laugier, Delaunay.)
M. Brisebarre soumet au jugement de l'Académie la description et la
figure d'un moteur de son invention destiné à être mis en jeu par l'expan-
sion de l'acide carbonique.
(Renvoi à l'examen de M. Morin. )
CORRESPONDAIVCE.
M. LE Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie des
Sciences à prélever sur les fonds restés disponibles une somme de 16,600 fr.
destinés à l'usage indiqué dans la demande qu'elle lui a adressée en date du
8 décembre courant.
[3o..
( ioo4 )
PHYSIQUE. — Note sur une nouvelle pile électrique; par M. Marié Davy.
" M. de la Rive est, je crois, Je premier qui ait appliqué des substances-
insolubles à l'absorption de l'hydrogène dans les piles électriques. Il fit
usage, à cet effet, de l'oxyde puce de plomb et du peroxyde de man-
ganèse.
» L'oxyde de manganèse est mauvais conducteur de l'électricité ; il donne
aux piles une très-grande résistance intérieivre et ne fournit que de faibles
courants. L'oxyde de plomb ne présente pas cet inconvénient^ mais il
donne comme résidu un produit insoluble peu conducteur; il est d'un prix,
élevé. L'un et l'autre enfin exigent l'emploi d'un acide libre. Pour toutes ces
raisons, ils n'ont point été adoptés dans la pratique, et l'opinion paraît
s'être répandue que, pour qu'une pile fonctionne régulièrement, il faut que
la substance destinée à absorber l'hydrogène et à fournir au zinc l'acide qui
doit le dissoudre soit elle-même soluble dans l'eau. Cette opinion serait une
erreur : la seule condition, c'est qu'elle soit bon conducteur, en même
temps que réductible.
» J'ai construit en effet une pile zine, eau pure et chlorure d'argent
fondu dans un creuset d'argent ; elle a marché avec mie régularité par-
faite. Sa résistance intérieure, d'abord très-grande, a diminué graduelle-
ment à mesure que le chlorure de zinc formé s'est dissous dans l'eau. En
dissolvant de ce sel à l'avance, la pile donne immédiatement un courant
fort. Le chlorure d'argent se réduit d'une manière complète jusque dans ses
parties centrales, en conservant exactement sa forme. L'insolubilité du sel
l'éductible devient dès lors un avantage, car il dispense des vases poreux,
qui, outre leurs autres inconvénients, opposent toujours une grande résis-
tance au courant.
» En partant de cette expérience, j'ai cherché parmi les substances que
l'industrie livre au plus bas prix celles qui peuvent être le plus avantageuse-
ment employées dans les piles. Celles qui m'ont le mieux réussi jusqu'à ce
jour sont le sulfate et le chloriu'e de plomb.
» Le sulfate de plomb s'obtient comme résidu du traitement de l'alun
par l'acétate de plomb pour la préparation de l'acétate d'alumine employé
en teinture. Son prix est peu élevé, parce qu'il a peu d'usages. Il est bon de le
laver à l'avance, parce qu'il peut contenir un excès d'acétate de plomb solu-
ble, qui donnerait lieu à un dépôt floconneux de plomb sur le zinc. On
( ioo5 )
l'obtiendrait aussi du grillage des sulfures de plomb. 33 kilogrammes de
zinc à 25 francs réduiraient i44 kilogrammes de sulfate de plomb et donner
raient io4 kilogrammes de plomb d'une valeur de 65 francs. La différence
de l\o francs servirait à couvrir en partie les frais d'acquisition du sel de
plomb et les pertes qui accompagnent toute opération. La dépense de cette
pile serait donc peu considérable. Sa force électromotrice est à peine infé-
rieure à celle de Daniel. Vingt éléments de cette pile font actuellement et
avec avantage le service de pareil nombre d'éléments Daniel à l'Administra-
tion centrale des Télégraphes, à côté de la pile au sel mercuriel. D'un autre
côté, deux éléments de grande dimension font marcher l'appareil d'induc-
tion de Ruhmkorff. Dans ce dernier cas cependant, le sel de plomb n'ab-
sorbe pas assez rapidement l'hydrogène, et la pile se fatigue parce qu'il se
forme sur le sel une mince couche de gaz qui oppose une résistance au cou-
rant. En dehors de cela, la résistance presque nulle de la pile compense la
faiblesse relative de sa force électromotrice.
» Le chlorure de plomb fondu ne présente pas l'inconvénient du sulfate.
Il est tellement conducteur, qu'au lieu de se réduire par les points qui
touchent directement le métal, comme le fait le sulfate de plomb, il se
réduit par les points les plus rapprochés du zinc. Il est actuellement beau-
coup plus cher que le sulfate, parce qu'on ne le produit pas ordinairement
dans l'industrie; mais son prix baisserait considérablement s'il était de-
mandé. Son emploi convient très-bien pour les très-forts courants, il est d'un
maniement facile, et chaque fragment de ce sel donne un pareil fragment de
plomb métallique d'une structure cristalline.
» L'insolubilité complète du sulfate de plomb et presque complète du
chlorure de plomb permet de supprimer les vases poreux et de revenir à la
disposition primitive des piles à colonne.
» Mes piles sont formées de plats en fer battu étamé fabriqués par Japy
pour les usages domestiques. Le fond de ces vases est doublé intérieure-
ment d'une rondelle en zinc de même dimension. Chacun d'eux est garni
d'une couche de sulfate de plomb de quelques millimètres d'épaisseur et
rempli d'eau pure, ou salée ou tenant du sel de zinc en dissolution ; puis ils
sont placés parallèlement en colonne verticale les ims au-dessus des autres,
de manière que le zinc d'un élément plonge dans l'eau de l'élément inté*
rieur. [\o éléments ainsi disposés forment une colonne de i mètre au plus dt>
hauteur. Le chlorure de plomb est employé de la même manière, seulement
il est avantageux de le couler à l'avance en plaques minces que l'on, casse
( ioo6 )
en fragments, ce qui permet de garnir et de vider plus aisément les éléments.
J'ai en ce moment des piles au sulfate et au chlorure de plomb montées
depuis plus de trois semaines dans mon laboratoire du lycée Bonaparte.
Elles travaillent fréquemment sans que j'aie à m'en occuper, leur constance
ne laisse rien à désirer. Celle des télégraphes y est en activité depuis le ven-
dredi 9 courant. Une expérience prolongée fera, je l'espère, ressortir les
qualités pratiques de cette nouvelle pile.
» L'emploi des sels de plomb présente tin autre avantage. J'ai badi-
geonné, au pinceau, d'un côté seulement, une feuille de papier épais et
non collé avec du sel de plomb broyé dans un peu d'eau légèrement gom-
mée; ce papier a été coupé en rondelles et j'ai monté une pile de Volta fer-
blanc, zinc, papier au sel de plomb. Trois de ces éléments ont fait marcher
pendant six heures >ine sonnerie électrique à fil court. Cette pile serait d'un
grand avantage pour les usages médicaux. »
ÉLEC TRICITÉ. — Note sur quelques résultais d'expérience qui paraissent incom-
patibles avec la théorie d'Ohm ; par M. J.-M. Gacgaix.
■" I.,es recherches que j'ai précédemment exécutées sur la propagation de
l'électricité dans les mauvais conducteurs, m'ont conduit à cette conclu-
sion générale, que les lois qui servent à déterminer l'intensité des courants
ordinaires, peuvent s'appliquer sans aucune modification au mouvement
lent que j'ai considéré, c'est-à-dire au mouvement qui se produit quand
l'électricité, développée par un appareil à frottement, s'écoule dans le sol
en suivant un mauvais conducteur [voir les Comptes rendus des 8 et 29 no-
vembre i858, II avril et 23 mai iSSg). Quand on se borne à considérer
l'état permanent des tensions, la théorie d'Ohm, eu effet, se trouve com-
plètement vérifiée, dans le cas des mauvais conducteurs tout aussi bien que
dans le cas des conducteurs métalliques, pourvu que dans un cas comme
dans l'autre on s'arrange de manière à rendre négligeable l'action de l'air
ambiant. Mais il n'en est plus tout à fait de même lorsqu'on vient à envisager
les phénon)ènes qui se produisent dans l'état variable des tensions; il me
paraît certain qu'alors la théorie se trouve quelquefois en défaut; les
expériences qui m'ont conduit à douter de son exactitude se rapportent à
la détermination d'un élément dont je ne m'étais pas encore occupé et que
je nommerai charge dynamique.
M Imaginons qu'un mauvais conducteur de forme cylindrique, tel qu'un
( »oo7 )
fil de coton, ait été mis en communication, d'une part avec le sol et de
l'autre avec une source constante d'électricité et supposons qu'on ait laissé
passer l'électricité pendant un temps assez long pour que la distribution des
tensions soit parvenue à l'état permanent, si l'on supprime brusquement les
communications établies avec' le sol et avec la source et qu'on mesure la
quantité d'électricité qui reste sur le conducteur isolé, cette quantité repré-
sente la charge dynamique.
» Pour mesurer cette charge, je laisse l'électricité s'écouler dans le sol
en lui faisant traverser un de ces petits éiectroscopes à décharge que j'ai
précédemment décrits et qui ne sont autre chose que de très-petites bou-
teilles de Lane. Il est impossible de recueillir par ce |)rocédé toute l'électri-
cité qui se trouve sur le conducteur, mais quand l'électroscope est assez
petit et qu'on opère convenablement, la quantité qui échappe à la mestue
est une fraction assez minime de la charge totale, pour qu'on puisse la né-
gliger sans erreur notable.
» Maintenant voici les résultats généraux auxquels je suis arrivé :
» 1°. Deux conducteurs de même nature et de même longueur qui pré-
sentent des sections égales, mais de formes différentes,' peuvent prendre des
charges dynamiques très-différentes, bien qu'ils transmettent des flux d'élec-
tricité rigoureusement égaux, lorsque l'état permanent est établi.
» a°. Si l'on fait varier la section d'un conducteur sans modifier sa sur-
face extérieure, le flux transmis dans l'état permanent des tensions varie
comme la section, mais la charge dynamique est absolument invariable.
» Je vais indiquer en quelques mots l'une des expériences qui m'ont
servi à démontrer ce dernier fait. J'ai formé avec un ruban de soie un long
sac cylindrique et j'ai déterminé la charge dynamique que prenait cette
espèce de conducteur lorsqu'il était mis en communication, d'une part avec
le sol, de l'autre avec une source d'électricité déterminée; cela fait, j'ai
introduit dans le premier sac dont je viens de parler deux autres sacs tout
à fait semblables, et j'ai déterminé de nouveau la charge dynamique; elle
a été la même dans le premier cas, et cependant j'ai constaté que dans l'état
permanent des tensions le sac triple transmettait un flux d'électricité trois
fois plus considérable que le sac simple.
» 3''. La charge dynamique que prend un conducteur cylindrique mis
en communication avec une source d'électricité déterminée, est toujours la
moitié de la charge statique que prendrait le même conducteur s'il était isolé
et mis en communication avec la même source.
( ioo8 )
» En définitive, il me paraît établi que Ifs molécules intérieures d'un
conducteur participent, comme celles de la surface, à la transmission de
l'électricité, et que cependant les molécules de la surface sont seules douées
de tension. Je me propose d'exposer dans un Mémoire détaillé les vues
théoriques qui me paraissent propres à concilier ces deux faits en apparence
contradictoires. Je me bornerai à faire remarquer ici qu'il me paraît doré-
navant impossible d'admettre sans restriction cette hypothèse d'Ohm : que
« toutes les molécules d'une même section pratiquée perpendiculairement
» à l'axe du conducteur sont à la même tension. »
» Comme je l'ai dit plus haut, les lois relatives à l'état permanent sont
complètement hors de doute, mais il est aisé de reconnaître que les lois de
l'état variable, déduites de l'hypothèse que je viens de rappeler, sont néces-
sairement inexactes, dans certains cas au moins. L'un des problèmes les
plus importants qui se rattachent à l'état variable est celui qu'on a coutume
d'appeler (assez improprement) la détermination de la vitesse de l'électri-
cité; il peut s'énoncer de la manière suivante : Un conducteur cylindrique
étant mis en communication d'une part avec le sol, de l'autre avec une
source constante d'électricité, quel temps doit s'écouler depuis le moment
où la communication est établie, jusqu'à ce moment où les tensions attei-
gnent l'état permanent? Or nous avons vu tout à l'heure que deux conduc-
teurs de même nature et de même longueur, qui présentent des sections de
même grandeur, mais de formes différentes, peuvent prendre des charges
dynamiques très-difïérentes. Il estnaturelde penser que de tels conducteurs
ne mettront pas le même temps à atteindre l'état permanent. J'ai vérifié cette
conclusion par des observations directes. Le temps nécessaire pour arriver
à l'état permanent peut varier, toutes choses égales d'ailleurs, avec la forme
de la section. Maintenant la théorie d'Ohm ayant été établie dans l'hypo-
thèse que j'ai citée plus haut, la formule à laquelle cette théorie conduit,
lorsqu'on veut déterminer les conditions de l'état variable, ne tient natu-
rellement pas compte de la forme de la section ; il est donc impossible que
cette formule représente toujours fidèlement les faits observés.
» Comme je n'ai employé dans mes expériences que de mauvais conduc-
teurs, les conclusions qui précèdent ne sont rigoureusement établies que
pour cette classe de conducteurs. Mais si l'on considère que toutes les lois
de l'état permanent qui depuis longtemps avaient été vérifiées expérimen-
talement pour le cas des circuits métalliques, ont pu s'appliquer sans
aucune modification aux mauvais conducteurs, il est permis de penser que
( '009 )
réciproquement les lois nouvelles que l'on parviendra à découvrir en opé-
rant sur de mauvais conducteurs seront également vraies pour les circuits
métalliques. C'est en cela surtout que me paraît consister l'intérêt des re-
cherches que je poursuis. Je crois que par l'emploi des mauvais conducteurs
on pourra résoudre une multitude de questions qu'il serait presque impos-
sible d'aborder, en raison des installations coûteuses que leur étude exige-
rait, si l'on ne voulait opérer que sur des circuits métalliques. »
PHYSIQUE. — Note sur l'étincelle ({induction; par M. J. Lissajols.
« L'étincelle d'induction donnée par l'appareil de M. Ruhmkorffest com-
posée, comme on le constate à première vue, de deux parties distinctes, un
trait de feu et une atmosphère lumineuse. Des expériences récentes dues à
M. Perrot ont attiré l'attention sur ce sujet et montré tout l'intérêt qui s'at-
tache à l'étude complète de ce phénomène. Je demande la permission de
signaler très-brièvement une observation qui me paraît de nature à jeter un
nouveau jour sur cette question.
» Lorsqu'on regarde l'étincelle d'induction dans un miroir qu'on agite
à la main, on voit que l'atmosphère lumineuse s'étale en une longue bande
de couleur fauve, dont l'étincelle proprement dite occupe l'extrémité pos-
térieure sous forme d'un trait de feu.
» On doit donc en conclure que l'atmosphère commence au moment
où l'étincelle éclate et persiste pendant une certaine fraction de seconde.
Cette observation donne à penser que la deuxième partie de l'étincelle est
composée de matières pondérables arrachées aux pôles de l'excitateur et
constituant entre ces deux pôles un arc incandescent et conducteur. »
MÉTÉOROLOGIE. — Coïncidence de t aurore boréale du i^'^ au a septembre dernier
avec une aurore australe observée au Chili; par M. A. Poey.
« L'Académie apprendra sans doute avec intérêt que la dernière aurore
a coïncidé avec une seconde aurore australe remarquable encore par sa
magnificence et sa grande étendue. Voici la traduction littérale de la des-
cription publiée par le Mercurio de Valparaiso. « De la Concepcion
(Chili), latitude 37° sud, longitude 75" ouest, on écrit que depuis minuit
jusqu'à 1 heures du matin du 2 septembre, l'aurore fut visible vers l'ho-
rizon sud. Son mouvement de translation était de l'est à l'ouest. Elle parut
C. !l., i8,5|), a"»* S<'mei/re. ( T. XLIX, N» 2G0 '3l
( lOlO )
cçmme un nuage enflammé ou semblable à un vaste ignusfalmis, qui dar-
dait des flammes ou émettait des vapeurs, et rayonnait d'une lumière égale
à celle de la lune. Peu de temps après, deux étoiles filantes la traversaient
rapidement jusqu'au delà de ses limites. Pendant plus d'une heure, la ville
entière fut brillamment éclairée par l'aurore. A Santiago du Chili (lati-
tude 33° sud), vers 2 heures du matin, elle éclaira aussi la ville d'une bril-
lante lueur tricolore, bleu, rouge et jaune, qui dura trois heures. A Valpa-
raiso, plus au nord, elle fut aussi visible. On ajoute que l'observation d'une
aurore australe au Chili est un phénomène très-rare, bien que parfois visible
au cap Horn. Comme on pouvait s'y attendre, cette manifestation alarma
beaucoup les campagnards. »
» On se rappelle que le navigateur Frézier a eu connaissance le premier
des aurores australes le 18 mai fjia à i*" So" du matin, lorsqu'il vit une
lueur étrange qui diua environ une demi-minute (1). Mais ce fut Antoine
de Ulloa qui observa en 1745 et détailla avec plus de précision l'existence
des aurores australes (2).
» Les caractères dignes de remarque que présente cette dernière aurore
australe me semblent être les suivants : i" d'avoir coïncidé avec l'apparition
de l'aurore boréale, coïncidence qui n'est pas commune pour une si vaste
éténdvie, puisqu'elle fut visible au delà du 33* parallèle sud; 2° la compa-
raison du sens du mouvement de la lumière aux deux pôles est encore un
objet digne de fixer notre attention. Celle du pôle sud se déplaçait de l'est
à l'ouest. A la Havane, l'aurore du pôle nord vacillait de l'est-nord-est à
l'ouest-sud-ouest, et vice versa, quoique avec une plus grande tendance de
l'est à l'ouest. Aux États-Unis on signala la direction de l'ouest à l'est et au
sud-sud-est. M. Coulvier-Gravier la vit à Paris de l'ouest-sud-ouest à l'est-
nord-est, et d'autres de l'ouest à l'est et de l'est au nord; 4° enfin la teinte
tricolore en bleu, rouge et jaune, est encore un fait d'autant plus remar-
quable que les observateurs les mieux renseignés ne tombent point d'accord
sur les couleurs des lueurs polaires. M. de Humboldt, par exemple, dit
que du violet et du blanc bleuâtre elles passent par toutes les nuances
intermédiaires, au vert et au rouge purptirin (3). Plus loin il ajoute :
( I ) Relation du voyage de la mer du Sud aux côtes du Chili et du Pérou, rfe i 7 1 2 à \r 1 A;
Paris, p. 34.
(2) Mairan, Traité de l'aurore boréale; Paris, I754i p. 439'
(3) Cosmos, traduction de Faye; Paris, 1847, '• ^> P- ''■'7-
( 'O" )
« Il est très- rarement arrivé que dans les rayons verts ou rouges, on ait ob-
servé une seule des couleurs complémentaires. On ne voit jamais le bleu,
etc., (i). » MM. Lottin et Bravais ont reconnu au contraire que, tant pour
les rayons que pour les arcs, le rouge occupe le bas ou la partie inférieure,
le jaune le centre, et le vert le haut ou la partie supérieure de l'aurore bo-
réale (a). James Ross dit enfin que l'absence de coloration paraît caracté-
riser souvent les aurores australes (3). Il existe, comme on le voit, un grand
désaccord à cet égard parmi les observateurs. Remarquons qu'en Europe
on a observé le rouge, le vert et le blanc, et, à ce qu'il paraît, point de bleu.
A la Havane, je n'ai point distingué le vert, mais en revanche une légère
teinte bleuâtre. Au Chili ce fut de même : le bleu visible et le vert invisible.
Au Canada, aux États-Unis, à San Francisco et S. Salvador dans l'Amérique
centrale, même défaut d'accord entre les observateurs : seul le professeur
Loomis a vu le vert d'émeraude; le professeur Kirkwood le violet très-
pâle; le sénateur Senex dit que l'aurore présentait toutes les teintes de
l'iris, sauf le bleu; le professeur Kingston, directeur de l'observatoire
magnétique de Toronto (Canada), a vu le ciel se couvrir dans toute son
étendue du nord au sud d'un riche voile jaunâtre parsemé de plaques rou-
geâtres, avec une magnifique coiuonne au zénith; de sorte que le ton
général au Canada eut beaucoup d'analogie avec celui que j'observais ici,
c'est-à-dire rouge orangé. IjCS autres observateurs ont signalé les teintes les
plus communes, sauf le bleu et le vert. »
MÉTÉOROLOGIE. — Notice sur un brouillard lumineux observé à Genève du i8
au a6 novembre iSôg; Lettre de M. L.-F. Wartmann à M. Élie de
Beaumont.
« J'ai remarqué un phénomène assez étrange qui s'est manifesté pendant
neufs nuits brumeuses du i8 au 26 novembre dernier; la lune était voi-
sine de la néoménie, par conséquent absente du ciel visible et pas lumi-
neuse. A cette date, un brouillard fort étendu, pas assez humide pour
mouiller sensiblement le sol, mais assez opaque pour masquer la vue des
rives du Léman et du mont Salève, a régné d'une manière permanente de
( I ) Cosmos, traduction de Galuski; Paris, iSSg, t. IV, p. 173.
(2) Fojrage en Scandinavie, en Laponie, etc. , de i838 à i84o ; 2" partie et 2' division.
(3) Voyage in the Southern and Antarctic Régions, t. I, p. 266 ; t. II, p. 209.
i3i..
( loia )
jour et de nuit à Genève et clans son voisinage ; l'air était calme et le brouil-
lard sans mouvement apparent, du moins dans fa partie inférieure, la seule
visible.
» Contrairement à ce qu'on observe d'ordinaire en cette saison, les nuits,
au lieu d'offrir une grande obscurité, étaient assez claires poiu' que j'aie pu
distinguer dans ma chambre, sans lumière, à toute heure de la nuit, des
livres et autres objets placés sur une table; tandis que les autres nuits du
même mois où le ciel se trouvait serein, sans brouillard, sans lune et laissait
voir les étoiles, l'obscurité était si profonde, qu'on ne pouvait plus rien dis-
tinguer autour de soi. La chambre où les observations ont été faites est
située rue Verdaine, la fenêtre fait face à l'est-sud-est, elle regarde sur luie
vaste cour et n'a devant elle ni à ses côtés aucune lanterne, aucun éclai-
rage artificiel. Cette demi-clarté nocturne était incontestablement déter-
minée par la présence du brouillard, puisqu'on l'absence de celui-ci elle
n'avait plus lieu.
M Je n'ignore pas que, dans les temps brumeux, les nombreux becs de
gaz des rues, des magasins, des promenades publiques illuminent sensible-
ment le brouillard et lui communiquent un aspect phosphorescent qu'on a
quelqiaefois comparé à la faible lueur de la queue des comètes ou a celle de
la voie lactée; cette lueur nébuleuse, qui se reflète à d'assez grandes dis-
tances, contribue sans doute à rendre l'obscurité de la nuit moins pro-
fonde, mais ce n'était pas le cas dans le phénomène dont je viens de parler.
» J'ai eu occasion de questionner une personne qui était partie de Ge-
nève à pied, le 22 novembre à lo*" 3o™ du soir, se rendant a Annemasse,,
en Savoie, d'où elle est revenue ici le surlendemain; elle m'a affirmé
avoir vu la route aussi distinctement que lorsqu'elle est éclairée par la lune
dans son premier quartier, ajoutant qu'il n.'y avait là rien d'étonnant puisque
la lune brillait probablement au-dessus du brouillard
•> Ayant mentionné ce phénomène à la Société de Physique et d'Histoire
naturelle de Genève, M. le professeur Auguste de la Rive, qui en est le vice-
président actuel et qui assistait à la séance, a dit, au sujet de ma communi-
cation et pour confirmer ^assertion précédente, que lui aussi, par luie
coïncidence fortuite, se trouvant le même jour 22 novembre, de nuit, sur
une grande route éloignée de la ville de plusieurs kilomètres, avait re-
marqué que le brouillard répandait une sorte de clarté qui permettait en
effet de voir assez distinctement le chemin et ses alentours; mais, croyant
devoir rapporter cette lumière au clair de lune, il n'avait d'abord attaché
aucune importance à ce fait. ■.-,
( io'3 )
)) Je ne sais si cet intéressant phénomène a déjà été observé; j'ai fait
quelques recherches dans les traités de météorologie et ne l'ai trouvé consi-
gné nulle part; c'est pourquoi j'ai cru utile de le signaler à l'attention des
physiciens et des météorologistes. «
MÉTÉOiiOLOGiE. — Observations therinomélriques faites à Har-sur-Auhe les F9 et
20 décembre iSSg : température de In ville inférieure à celte d'une mon-
lafjne voisine. — Extrait d'une Note de M. S. Des Etaxus.
« I.e 19 décembre, à 8 heures du matin, un thermomètre placé à l'air
libre' au milieu démon jardin marquait 20 degrés centigrades au-dessous
de zéro. Dans la journée il n'est pas remonté au-dessus de i3. Je pensai que
sur la montagne de Sainte-Germaine, au pied de laquelle est bâtie la ville
de Bar-sur-Aube, le thermomètre descendrait encore plus bas, c'est pour-
quoi je me rendis sur cette montagne le 20 à 8 heures du matin, muni
d'un thermomètre pour observer cette différence. Je note en passant que la
carte du Dépôt de la Guerre indique que Bar-sur-Aube est à 166 mètres au-
dessus du niveau de la mer et la montagne de Sainte-Germaine à 34c) mè-
tres. Parti de chez moi à 7'' 3o™ du matin, quand le thermomètre marquait,
comme la veille, ao degrés au-des.sous de zéro, je ne trouvai plus au som-
met de la montagne que i3°,5 à 8 heures. Un peu plus bas, à la cha-
pelle Sainte-Germaine, qui n'est plus qu'à 299 mètres, il y en avait i5. En
redescendant la montagne, à mesure que j'approchais de la ville, j'éprou-
vais une impression de froid beaucoup plus vive qu'au sommet. En effet,
rentré à 9 heures (du matin), le thermomètre, qui à mon départ indiquait,
comme je l'ai dit, 20 degrés, en marquait encore i7",5o. d
M. Meiss.is, en adressant un exemplaire de ses « Tables pour servir
aux études et a l'exécution des chemins de fer, « prie l'Académie de vouloir
bien comprendre cet ouvrage dans le nombre des publications auxquelles,
en raison de leur utilité, elle accorde des récompenses.
E'ouvrage sera réservé pour la future Commission du prix de Mécani-
que, qui jugera s'il y a lieu de proposer pour l'auteur la récompense qu'il
sollicite.
M. Chazereau, à l'occasion des diverses communications faites récem-
ment à l'Académie sur la découverte de produits de l'art humain dans des
terrains renfermartt des ossements d'animaux d'espèce perdue, croit devoir
( I0.4 )
annoncer que dans la commune qu'il habite, à Aubigny-sur-Nère (départe-
ment du Cher), on a trouvé aussi en divers points des haches en silex, une
entre autres qui fut retirée d'une marniére profonde de la à i5 mètres.
M. Avenier-Delagrée prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de
la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyées des précédentes
communications sur une machine à gaz chauds et à vapeur d'eau.
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés : MM. Poncelet, Regnault,
Combes. )
M. Jobard adresse de Bruxelles des réflexions concernant la réserve avec
laquelle il lui semble qu'on doit accueillir les communications relatives à
l'hypnotisme. '
A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Physique avait présenté dans le comité secret de la séance
du 19 décembre la liste suivante de candidats pour la place vacante par
suite du décès de M. Cagniard de Latour.
En première ligne M. Fizeau.
_,,.,,. i M. Edmond Becqcerei..
fin deuxième liane ex aequo. • m, , , _.
^ ( J*l. LiEON roUCAULT.
En troisième ligne M. de la Provostaye.
[ M. Jamix.
, En quatrième ligne, par ordre j M. Masson.
alphabétique ) M. Verdet.
[ M. Wertheim.
La discussion des titres des candidats, commencée danstia séance du 19,
a été terminée dans celle-ci.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures. É. D. B.
BULLETIN BlBLIOr.RAPIIIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 26 décembre iSSg les ouvrages
dont voici les titres :
Histoire générale et particulière du développement des corps organisés, publiée
sous les auspices du Ministre de l'Instruction publique ; par M. CosTE, t. Il,
4* fascicule. Paris, iSSg; iu-4°, accompagnée de l'explication des plan-
ches. Paris, i858; in-4°.
Cours de navigation et d'hydrographie; par E.-¥. DUBOIS. Paris, 1 vol. in-8".
Tables pour servir aux études et à l'exécution des chemins de Jér, ainsi que
dans tous les travaux où l'on fait usage du cercle et de la mesure des angles;
/M?- N. Meissas. Paris, iS'io; 1 vol. iu-12.
Traité élémentaire de pti/sique expérimentale et appliquée; parC. Fokthomme,
t. I, Paris, 1860; I vol. in-i a (présenté au nom de l'auteur par M. Despretz).
Ossements fossiles découverts à Saint-Nicolas en 1859. Rapport lu à la classe
des Sciences de l'Académie royale de Belgique, le 5 novembre 1869; par M. Van
Beneden; br. in-8".
Rapport sur des momies d'Egypte et sur la pratique des embaumements depuis
les temps anciens jusqu'à nos jours ; par H. Scoutetten. Metz, 1859; br. in-8".
Mémoire sur la conservation des farines principalement au point de vue de
l'alimentation des troupes en campagtie; parle même. Metz^ '^Sg; i f. in-8°.
Recherches sur les bruits de souffle dans les maladies du cœur; par Eugène
HuZAR. Paris, 1860; br. in-8°.
Du traitement du croup en général et particulièrement de l'emploi du sous-
borate de soude dans cette maladie; par M. Leriche. Paris, 1 860 ; br. in-8°.
Des intérêts moraux et matériels de laprofession médicale; par J.-B,-P. Bruin-
.SÉCHAUD. Luiioges, 1859 ; br. in-8°.
Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 90* livraison ; in-4''.
Suir origine.. Sur l'origine et la nature des diverses existences; par
Vr. Gallo; 1 f. in-8°.
Medico-chirurgical... Transactions de la Société médico-chirurgicale de
Londres. T. XLII. Londres, 1859; in-S".
Untersuchungeu... Recherches sur l'histoire naturelle de l'homme et des
animaux; publiées par F. Moleschott, année 1859, 6" vol., 2' Ht 3* parties,
Giessen, iSSg; 2 liv. in-8°.
ioi6 )
(Séance du i4 novembre iSSg. i
Page 711, ligne 19, après le mot degrés, ajoutez supérieurs.
(Séance du 28 novembre iSSq.)
Page 836, tableau o,3, ara lieu de i ,03568487, lisez i ,03569487.
Page 836, tableau 0,9, aw lieu de 0,93008712, /wez 0,93007712.
(Séance du 12 décembre iSSg.'j
Page 918, ligne 6, supprimez et z = 9.
(Séance du rg décembre iSSg.)
Page 937, tableau 0,2, au lieu de i ,00412298, lisez i ,04412298.
Page 957, tableau 0,6, au lieu de 0,9949820, lisez 0,99499820.
Page 957, tableau 0,7, au lieu de o,g5']0']5o, lisez 0,97570750.
Page 957, tableau 0,9, au lieu de 0,91980329, foez 0,92980329.
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
, JUILLET — DÉCEMBRE l85g.
TABLE DÉS MATIÈRES DU TOIklE XLIX.
Pages.
AeciiMATATiON. — Propagation des lamas et
des yaks en France; Note de M. Geof-
Jror-Saint-Hi taire 6a
— Introduction par les soins d'/l. Michaux de
nouvelles espèces d'arbres dans nos fo-
rêts; Lettre de M. Héi icard Ferrand à
M. Elie de lieaiimont aog
AcÉTÉNAUiNE. — Réclamation de priorité de
M. Natansun, à IVjjard de M. Hofmann,
pour des recherches concernant Pacété-
namine g3i
Acétone. — Recherches sur l'acétone; par
M. Â. Biche 176
Acide butyrique. — De la présence de cet acide
dans plusieurs substances où l'on n'en
avait pas encore signalé l'existence; Note
de M . Isiil. Pierre a86
— Remarques de M. Cbevreul à l'occasion de
celle communication , 3oa
Acide caruosique — Cicatrisai ion des plaies
sous Pinfliience de l'acide carbonique;
Noie de MM. Loconle et Demarijuay Sgî
— Expansion de l'acide carbonique servant à
mettre en jeu un moteurde l'invention de
1V1 . Brisebarre I oo3
— Sur l'asphyxie par l'acide carbonique et
sur un moyen de la prévenir; Note de
M Gossehn 989
— Explicitions du phénomène de l'absorp-
tion de l'acide rarbonique par les plantes;
Noie de M. Lantolte- Farchaud 544
Acide iodacétique. — Recherchessur cetacide;
par MM. Perkin et Uuppa gî
C. R., 1859, 2'^^ Semestre. (T. XLIX.)
C.gM.
Acide iodobexzoioue — Sur un nouveau mode
de siibstiluiion, et sur la formation des
acides iodulieiizoïqne, iodotohiique et
iodai)isi-.fue; Noie de M. Griess 900
Acide NITRIQUE. — Consiili'ralions sur la for-
mation de l'aride nitrique dans le sol;
Note de M. /*. Tlirnard : ouverture d'un
paquet cacheté déposé par lui au irioisde
mai iSôt) et relatif ;iux mêmes r<'cht!r« ht^s. 289
Acide purnique. — .Sur l'emploi, comme ilésin-
feclani, de cet acide et des huiles saponi-
fia blés cou tenues tians les huiles de houille,
de schistes, etc.; Mémoire de M. Robœuf 984
Acide ph'ispuoiuque. — Sur un nouveau pio-
cédé pour isoler cet acide; Note de
M . Persoz 91
— Sur la séparation et le dos,'n;e de l'acide
phosphorique en pri'seuce des bases;
Mémoire de M Chnncrl 997
— Action des sels suliibles sur les sels inso-
lubles : afTiiiiié spéciale de raci<le phos-
phoriifue pour les sesquioxydes; Note de
M. Guigm-f 454
— Sur un moyen d'isoler et de dttser l'acide
phospliori({ue des phosphates; Noie de
M . l'hipson gS
Acide stnÉitigiE. — Recherches «ur cet acide;
par M. Riche 3o4
Acide tartrique — M. Liebig est parvenu à
former arlifieiellem'-nt cet acide en trai-
tant le sucre de lait et les gommes par
l'acide nitrique; coininunicalion verbale
de M. Pehuze 3^1
i3a
( 'o
P»Se!.
AciDK tautriqie. — Note de M. Hiot h l'occa-
sion de r.'innonce de celte <I('ronvprtn. . 877
— Sur les propriétés optiques de l'acide Ur-
triqiie artificiel ; Note de M. Bohn 897
AcocsTiQi'E. — Sur les sons ronflants des cor-
des ; Note de M. Maurat 5i2
— Suppléments à nn précédent Mémoire sur
nne nouvelle théorie dn système musical;
par M. Le Pas Ci'^r et ioo3
Aékolitues. — Recherches chimiques et ana-
lyses relatives à l'aérolilhe de Mon4ce-
jcau ; Mémoire de M. Damour 3i
— Remarques de M. Leymerie'si l'occasion de
celte communication 2^7
Aérostits. — Description et figure d'mi aéros-
tat héliçoïde; par M. /. Beithaux. 268 et Sgî
— Note sur la navigation aérienne ; par
M. Lassie agS
— Lettre de M. P. Smjrtb, coaoeraamt un »y»-
tèmedcson invention pour la navij^ation
aérienne /ji5
Agricole (Chimie). — Considérations sur la
formation de l'acide nilrique dans le sol;
par M. P. Thenard 2?9
Air comprimé. — IN'oie sur l'emploi de l'air
comprimé pour empêcher les navires de
sombrer; par M. Berthaul 3i)3
Alcooi.8. •^- Sur les combinaisons des alcools
polyatomiques avec les acides bibusiques;
Note «le M. Desplats 216
— Expériences concernant l'emi'loi en chi-
rurgie de l'alcool et des composés alcoo-
liques; Mémoire de MM. Baiailhé et
Guillet 2G8 et 392
— Du lAlede l'alcool dans Torganisme; Mé-
moire de MM. Durrox, Lallemand et
Prrrin 5;8
AtconMÈTRES. Voir l'article Aréomécrie.
Alli;mettes. — Lettre de M. le Minisire de la
Guerre^ concernant des allumelles pré-
sentées comme réunissant loiis les avan-
tages attribués aux allumettes préparées
avec le phosphore amorphe 299
— Lettre de MM. Paignon et Yaudaux, con-
cernant les allumettes sans phosphore de
M. Canoail 326
— Lettre de M. \e Ministre de la Guerre, con-
cernant ces mêmes produits .. , 4*^
— Copie d'un Mémoire sur les allnmettes
chimiques, avec ou sans phosphore, pré-
senté à l'Administration par M. Gauliier
de Claubry. , 32G
— Rapport sur les allamettes chimiques
dites hygiéniques et de sûreté, sur les
allumelles androgyiies et sur les alln-
melles chimiques sans phosphore ni
poi>on ; rapporteur M. Chevreul 434
— Remarques de MM. BcnnUe-lievilliers et
18)
I*at;p*
Daîemagne sur la partie do ce Rapport re-
lalîveaux allumetlesandrogynes. . 5:");) et [766
Allumettes. — Lettre de M. le Ministre de
la Guerre remerciant pour l'envoi de ce
même Rapport 58a
Alcmisilm. — Note sur l'amalgamation et la
dorure de l'aluminium; par M.Ch.Tissier^ 54
— M, Dumns met sous les yeux de l'Acadé-
mie un casque en aluminium fabriqué
pour le roi de Danemark 8G^
Amuokia<ques. — Recherches sur les ammonia-
ques diatomiques ; par M. Hqfmann 781
— Recherches sur les bases diatomiques à
azote et phosphore; par le même 880
ftiiiLTST MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des
équations modulaires; par M. Hermite
(suite) 16, 110 et 141
— Sur le changement de la variable indé-
pendante^ Notes de NL SpUzer.... ^S, 270
— Sur l'intégration des équations de la forme
jc™ - — =aj- par des intégrales définies,
X désignant un nombre constant et n un
nombreenti?r et positif soumis à la con-
dition m <^ n; par le m^'me. 325
— Sur la résolution des équations du f.' de-
gré; Note de M. Fergola «67
— Sur une solution abrégée des équations dn
3^ et du ^^ tifi^ré dans un cas particulier;
Mémoire de M. B. IHontucci ag5
— Sur la théorie des fonctions elliptiques et
sur les équations différentielles du calcul
des variations; Lettre de M. Bichelot i
M. Hermite 64'
— Sur l'intégration des équations différen-
tielles linéaires; Mémoire de M. David.. 676
— Essai de résolution des équations pa-r
les séries et les logarithmes; Noie d«
M. Val: 7o5
— Noie sur la décomposHion des fractions
rationnelles; par M. Vieille 7J6
— Lettre de M. Bouquet, concernant son Mé-
moire sur la résolution des équations. , . 33g
— Lettre de M. Rougpt, concernant son pré-
cédent Mémoire sur la décomposition des
polynômes en facteurs rationnels du 2'
degré 826
— Note de M. E. RoucAe'sur ladécomposition
des fractions rationnelles et la théorie
des résidus 6G3
— La famille de M"" Sophie Germain fait don
à l'Académie des Sciences de divers tra-
vaux inédits de la célèbre mathémati-
cienne 4^
Akatomie. — Sur la pocTie prépéritoné.ile de
RetziTis; communication de M. Flourens
a l'occasion d'un opuscule de M. Hjrt! . . 84
— Rapport sur deux Mémoires de M. Lcun
Ci
Dufour, concernant Tanatomie des in-
sectes; rapporteur M. Dumrril 65
Anatomie — Sur la composilioii nnalomique
de la bouche ou rostre des ArachnMeâ de
la famille des Sarcopiidesj Mémoire de
M.Ch.Iiobin ' 29}
— Globules du sang colorés dans divers grou-
pes d'animauxinvertébrés;Notede M.CA.
liouget 614
ANESTutsm. — Sur un nouveau procodo, l'hyp-
notisme, pour obtenir Tanesthésie; Mote
de M . Broca . 902
— Lettre do M. Bazin à l'occasion de cette
communication 946
— Note de M. Piorir sur l'hypnotisme 987
— Lettre de M. Jobart à l'occasion de ces
communications 10 1 4
AwoNïMEs (CoMMU.MCATiONs) adrossées pour
des concours dont une des conditions est
que lesauteurs ne se fassent pas connaître
avant le jugement de la (Commission. —
Mémoire destine au concours pour le prix
Bordin : question concernant le méta-
morphisme des roches 4*^7
— Mémoire destiné au concours pour le
grand prix de Malhémaliques de iSSg
( théorie des marées ) 66G
Anthropologie — Sur la formation du type et
ses caraclèresdans les variétés dégénérées;
Mémoire de M. Morel 98a
Appareils divers. — Lettre de M. Guigardet,
concernant une lampe sous-marine de
son invention g6
— Lettre de MM. Pommier et Joyeux, concer-
nant leur étuve à gaz pour la dessiccation
des substances altérables à l'air i38
— Lettre de M. Bosshard, concernant l'appa-
reil qu'il désigne sous le nom de « col-
lecteur de force » 181 et 865
— Lettre de M, Hervé, concernant un appa-
reil d^enrayage pour une voiture dont les
chevaux s'emportent 339 et 449
— Sur un moulin à farine offrant une
disposition nouvelle destinée à modé-
rer réchauffement des farines ; Note de
M . Texier 348
— Note de M. Garcin sur un système de
pompes de son invention 47'
— Description d'un nouveau mécanisme des-
tine à faire mouvoir un avant-bras arti-
ficiel'; Note de M. Mathieu 984
— Description et figure d'un moteur mis en
jeu par l'expansion de l'acide carbonique;
Note de M. Brisebarre Ioo3
Aréométrii:. — M. le Ministre de V Agriculture,
duCommerce et des Travaux publics trans-
met, pour la Commission chargée de s'oc-
; cuper de la question des alcoomètres, deux
019 )
nouveaux documents à titre de pièces à
consulter /fG")
AaiiOMÉTRiE. — M. le Ministre envoie, pour la
même Commission, divers alcoomètres et
aréomètres employés par l'Administra-
tion des Finances ^i
— Lettres de M. Thomas, faisant suite ji ses
précédentes communications sur les pèse-
liqueurs 559 et 647
— M. yacoJi présente au nom de M. Kupffer
deux de ses instruments d'.ticoométrie et
un exemplaire de l'instruction pour
l'emploi do ces instruments 85l
Argent. — Lettre de M. Malaguii à M. Elie
de Beaumont, concernant les indications
relatives à la présence do l'argent dans
Teau de différentes mers 463
— A cette occasion, M. Chevreul rappelle que
Proust, il y a plus de 80 ans, avait déjà
indiqué comme très-probable la pré-
sence de l'argent et d'autres métaux dans
les eaux de la mer ihid.
— Lettre de MM. Malaguti et Durocher, con-
cernant cette citation des Lettre» de
Proust 536
Arithmétique. — Note sur l'arithmétique de
Dio[diante et de Fermât; par M. Moret.. 55
— Lettres de M. Spiegler, concernant sa mé-
thode pour le prompt calcul du loga-
rithme d'un nombre quelconque.. i3B, 4^4
— Sur un ]>roj(*t de tables de logarithmes à
neuf et à dix décimales; Note de M. II.
Montucci 676
— Tables des racines carrées à dix décimales;
par M. Lannoy gB^
Arsenic. — Dissimulation de l'arsenic par la
présence de rhydrogène sulfuré dans l'ap-
pareil de Marsh ; Mémoire de M. C. Leroy. 4^9
— Remarques de M. Gaultier de Clauhry à
l'occasion de ce Mémoire 541
— Réclamation de M. Filhol contre un pas-
sage de la Note précédente 677
— Sur la densité des vapeurs surchauffées du
soufre, du phosphore et de l'arsenic;
Note de M. Bineau 7gg
Art militaire. — Nouveau système de défense
des côtes; reproduction d'un Mémoire
présenté en 1844 par M. Â. Vincent 804
Astronomie. — Sur la théorie de Mercure et
sur le mouvement du périhélie de cette
planète; Lettre de M. Le Verrier ik M. Faye. 37g
— Remarques présentées par M. J''aye à la
suite de la communication faite par lui
de la Lettre précédente 383
— Sur, les expériences de M. Fizeau, considé-
rées au point de vue du mouvement de
translation du système solaire; Note de
M. tare 8;0
l32..
<)8o
993
574
346
Wi
AsTBOsoMiE. — ïiemarquesdeM, de Tesson, k
Poccasion do cotte Note
— Ri-|ioiise de M. fayc
— Wote de M. Hiot, accompagnant la pré-
sciitalion de ses « Eludes sur Paslrono-
mie indienne M &71
— M, Lf Verrier présente le \'l* voinme des
v\nnales de l'Obscrvaloire impérial de
Paris
— Oliservntinns de la planète Mars; Lettre
du H. Secchi
— Nouvelle méthode de miitrométrieslellaire;
Lettre de M de Gaspnris 5i
— Sur la valeur re|;ilive des divers modes de
pointé avec le théodolite, et sur les équa-
tions personnelles ; Note de M. Liais. . . ,
— M. Winecke, qui a obtenu une des mé-
dailles de la fondation Lalaude, pour ses
découvertes en astronomie pend;int l'an-
née i85S, adresse ses remerciments à TA-
c:idemie 63a
— Sur la puissance motrice du soleil; Mé-
moire de M. Buisson i3a
— Sur les mouvements des corps célestes;
Note de M. Ch. Suve l33
— Sur 1.1 constitution de l'univers; Note da
M. Michaul |38
Voir aussi aux articles Soleil, Lune,
Planètes, Comètes,
ATMo>ptiÉi'.E TERitEhTRE — Sur les papllcules
i qui voltijenl dans l'air; Note de M. Del-
frays^c
AuROKts BURÉALFS. — Observation faite à Rome
del'aurnre boréale du i8-ag>ioiU; Lettre
du P. Sec, Al
— Observation laite à Paris de l'aunire boréale
du aH-agaoût; Note de M. Cou(i'ie/-Gia-
vter
— Observation du môme phénomène à Noyel-
lessurMer; Note de M. H. Larti^e....
— InIluenCH de la môme aurr)re boréale sur
le jeu des télégraphes électriques ; Ob-
servations de Pans; Lettres de M. Ber-
go"
— Aperçus météorologiques relatifs aux au-
rores boréales du 29 août lâSg et du
17 novembre iS^S; Mémoire de M. Four-
net
— Sur l'aurore boréale du a j août et sur la
nature do ce phénomène; Note de M. de
la liive
.— Phéuomètie de magnétisme produit sous
l'inlluence de l'aurore boréale du Qg aoiit;
Note de M L. Giraud
— Proportions d'ozotie, avant, pendant et
après la période d'inllueiice rie l'aurore
boréale du 28-29 août; Observations de
M. Berignr , îgi
( 1020 )
Pages.
339
34a
338
367
365
397
4a4
455
P.JM.
AcRoREs BORÉALES. — Sur les phénomènes ma-
nifestes dans les fils électriques de la
Toscane après l'aurore boréale du 28-29
août; Note de M. il/<il/eucci 460
— Perturbations magnétiques observées le
sg août et2 septembre. Phénomènes élec-
triques obseivcs pendant l'orage atmo-
sphérique lu 38 septembre; oommunica-
tions de M. Le Verrier 47^, 477 et 4^9
— Observations magnétiques faites le 29 aoiït
au lycée de Livourne; par le P. l'ietro
Monte 4-8
— Observations de l'nurore boréale du i«'oc-
tobrc; Note de M. Laussedat l^•)%
— Sur la même atn-ore boréale; Lettre de
M. Bienayme à M. Chasies 48'
— Descriptiim du même phénomène; par
M. Gotdschniidt 482 et 548
— Sur une aurore boréale observée le 2 sep-
tembre à la Guadeloupe par M. Mercier;
N ote do M . Duperrey 490
— Aurore boréale observée à Amiens le
laoctobre; Lettre de M. DecAarmej 549
— Aurores boréales observées à la Havane
par M Poey le 28-29 '""' ^' '"^ i"'-2 sep-
tembre 55o
— Aurore boréale du 12 octobre observée à
Saint-Amé (Vosges); Note de M. Lau-
rent 584
— Observation du même phénomène à Izeure
(Allier); par M. Laussedat 585
— Sur l'aurore boréale du 12 octobre; Lettre
de M. fournetu M. Elle deBeaumont.. 6o3
— Sur les courants électriques observés dans
les lignes télégraphiques de la Suisse
pendant l'aurore boréale du 2 novembre
iSSg; Note do M. <i« /a iîiVe 662
— Parallèle entre les caractères observés en
Europe et à la Havane dans les aurores
boréales du 28 auût et du 2 septembre
i8^g; Note de M. Poey 943
— Coïncidence de l'aurore boréale du i*"" au
2 septembre avec une aurore australe ob-
servée au Chili ; pat te même I009
AtJTOPiiACiE, moyen de prolonger la vie dans
les cas de privation absolue d'aliments;
Mémoire de M.Ansetmier q35
Azote. — Substitution de l'azote à l'hydro-
gène ; N ote de M . Greiss 77
— Sur le rôle de l'azote dans l'alimeniation
des plantes ; MémoiredeM. Viala 17a
— Sur les proportions d'azote combiné qui "
peuvent se trouver dans les différentes
couches du sol ; Recherches de M. /*.
Pierre 7 1 1
AzCRiTE. — Sur la reproduction artificielle de
cette espèce minérale; Note de M. De-
hray i. 2i8
( loai )
Pag.».
BiROHÉTRC. — Hauteurs lin mont Vclan et du
mont Coinbin en Viilitîs conctnes de nî-
vellemcnis barométriques ; I.etlre de
M. l'Ianinmour à M. Ch. Sainle-Claire-
Deville 337
Bases diatomiques kt triatomiqces. — Rccher-
cht's sur les ammoniaques dialomiqucs ;
par M. Ho/mann ;8i
— Becheiches sur les liases diatnmiques à
azole et phosphore ; par te mèntp 880
— Recherches sur les bases phosphorées; j^ar
le me^ne 928
Blé. — Sur le ligneux du blé; Noie de
M . Pogffiile 138
Bolides. — Lettre d« M. Paferne, concernant
un bolide qu'il a observé à Fécamp le
aï septembre i85 ) 4^6
BOTAniQCE. — Sur les moyens employas par les
boijnisles pour la ilét'-rmination des or-
ganes dos plantes; NotedeM. B/on^niu/Y. 67
PajM.
liOTANiQUE. — Sur l'importance de l'organogé-
nie pour cette détermination; Wote de
M. Payer en réponse à 1» Note précé-
dente loi
— Note de M. il/oi^fiiin-T'/iniion à l'occasion de
ces deux communications 106
— Réplique de M. Payer à M. Moquin-Tan-
don 108
— Sur les espèces et les variétés dans les
planics cultivées ; contmunicalion de
M. Ofcnisne à l'occasion d'une mttnogra-
phie du genri- Cucuniis, par M. NauJin.,. 1^4
Bras artificiel. — Nouveau mécanisme des-
tiné à imprimer le mouvement à un
avant-bras artificiel j Note de M. J}Ia-
thieu q84
BlltLETIN CIRLlOCIUPniQl'E. 56, qH, iSl), iSs,
22 >, -iSo, 3o8, i'^r,, 373, .%)=), 416,48';,
5iC, 519, 590, 64?) ^'^^1 ''26> 866, 907,
9'l7> 989 et ioi5
CXLORiQi'E. — Bôle du calorique dans divers
phénomènes relatifs à la physique du
çlobe ei à la physi'ine des êtres organi-
sés ; Noie de M. Lenard iSq
— Produolion de calorique obtenue par la
comlMislion delà vai'Cur d'eau ; Mémoire
et Letire de M. Mundo iç8 et 64^
— Sur leealorique latent; Notede M. Prttter. 804
Candioatukes — Letlre de M. Bally, concer-
nant une place vuraiiie de (Correspondant
delà Section de Méde.cine el de riiirurgie. 220
— M. /'o»i,'<'« demande à être compris dans le
nombre des candidats pour la place va-
cante ; ïGi)
— M. f'uife/- adresse une semblable demande. 806
Caoutchouc. — Des moyens propres à détermi-
ner l'existence du chlore et du soufre
dans le caoutchouc vnlcai.isé par le chlo-
rure de soufre; Notes de M. Gaultier de
Claubry 76, 24-^ *' 36l
Capillarité.^ Noie sur la causé dece phéno-
mène ; par M. Gtircliery, (747
CuADDiÈUEs a Vapeur. — Sur un procédé pour
prévenir l'incrustation des chaudières;
Noie de M. ./oia;d 63 1
Cdaux. — Action de la chaux sur le tissu
utriculaire des végétaux; Mémoire do
M. Fremy , 56i
CaAcx. — Du rôle ei de l'action de la chaux
dans les engrais ; Mémoire de M. Boharl. Ioo3
Chemins de fer. — Lettre de M. Vannor, con-
cernant un Mi'nioire do M. Vei7/er sur l'em-
ploi des courants électriques comme moyen
do sûreté pour les chemins di- fer |38
— Tableau comparatif du système de che-
mins de fer ordinaire (à grand rayon)
avec le système à petit rayon ; Noies de
fii. Ltif^nel 174, 221, 393 et 410
— Nouveau système de freins pour les
chemins de 1er; Note de M. Véneille.
858 et 946
— Lettre de M. .Vem/ïj accompagnant l'envoi
de ses Tables pour servir aux études el à
rexécntion des chemins de fer Iol3
CuiuiE INDUSTRIELLE. — (^Communication do
M. Pnyen accompa;;nanl la présentation
de la (]ualricme édition de son « Précis '
de chimie industrielle m 927
Chirurgie. — Sur une plaie de la région cer-
vicale avec lésion du canal vertébral et
écoulement du liquide céphalo-rachi-
dien; ^o\.<i Ac'W. Jobert de Lnmballe., , , 60
— Note rie M. Pimndi sur- l'effusion du li-
quide céphalo-rachidien à la suite d'une
lésion intéressant le canal vertébral.... 584
— Ou traitement des cancers épithéliaux ou
( I
Pages.
cancroïdea, par Papplication du cautère
aclricl ; Note de M. C. Sédillot i6i
CBiRt'RGiE. — De quel(|ue9 perfectionnements
à apporter aux opérations d'urétroplastic;
par ie même ÔTi
— De la régénération des os après Tévide-
ment ; par le même 604
— Des résectionssous-périostées; par temême. 978
— AulopUstie par transformation inodu-
laire ; nouvelle mélliode pour achever la
guërison des anus contre nature après en-
térotomie; Mémoire de M. Lnugier 248
— Extirpation des polypes naso-pharyngicns
par un nouveau procédé dit de la bouton-
nière palatine; Mémoires de M. Maison-
neuve 2i)2 et 8g3
— Mémoire sur un cas de division congéniale
du voile du palais guérie par la cautéri-
saliori ; Mémoire do M. Benott , 3a5
^ Nouveau cas de traitement du prolapsus
de l'utérus, par la méthode éphesloraphi-
que ; Mémoire de M . Gaillard 544
— De la méthode galvano-causlique appli-
quée à la guérison de la cataracte; Mota
de M.Tafignot m
— Sur la cure radicale de la tumeur et de la
fistule lacrymale par Tocclusion des con-
duits lacrymaux ; par le même » . . . . a56
— Sur remploi en chirurgie de l'alcool et
des composés alcooliques; Mémoire de
MiM. Bniailhé et Guillet 268 et Sgi
— Inlluence de Tacide carbonique sur la ci-
catrisation des plaies; INote de MM. ie-
conte et Demarifuay Sgî
— Emploi du perclilorure de fer dans le trai-
tement des plaies purulentes; Note de
M. Terreil 265
— Désinfection des plaies. Voir Tarticle Dé-
sinjeclants [Mélanges).
Chlore. — Des moyens propres à détermi-
ner l'existence du soufre et du chlore dans
le caoutchouc vulcanisé p;ir le chlorure
de soufre; Notes de M. Gaultier de Clau-
^'■r ^R et 945
Chlorlres. — Ex.imen comparatif du chlorura
d'éthylidèue de M. Wurtz et du chlorure
dVthyle chloré de M. Regnault; Note de
ftl. lieibtein l3i
-^ Action des chlorures organiques sur le
«ulfhydr.ite et sur le sulfure potassique;
Note de MM, Jacquemin et Vosselmann... Sni
— Emploi du perchlorure de fer dans le trai-
tement des plaies purulentes; Note de
M. Terreil 265
Choléra-morbus. — Une 'Lettre de M. Pic-
kering concernant son remède contre le
choléra-morbus est transmise par M. le
ilinistre de l'Instruction publique qui de-
022 )
inandeà cet égard des renseignements à
l'Académie l^^l
Coaltar. — l>e son emploi en médecine;
Note de M. Cahert , a6a
— Remarque» faites il celte occasion par
M. Chevreul sur les inconvénients du peu
de fixité de certaines paities de la no-
menclature chimique a64
Voir l'article Désinfeclants ( Mélanges.)
Combustion. — i< Des foyers à alimentation
continue, et de la combustion des menus
combustibles »; Mémoire de M. L. Bas. 36
— «Sur les moyens d'utiliser comme com-
bustibles ritydrogène de Teau et l'oxy-
gène de l'air; u Mémoire de M. Mundo.
98 et 64^
CoHBt'STions LENTES. — Sur los oxydcs de fer et
de manganèse et sur certains sulfates
considérés comme moyens de transport
de l'oxygène de l'air sur les matières
combustibles; Mémoire de M. Kuhlmann.
î.")?, 428et g68
— Sur certains composés organiques à base
do fer comme moyen de transport de
l'oxygène sur les matières combustibles;
Note de M. Hervé Mangon 3|5
Comètes. — Sur les atmosphères des comètes;
Mémoire de M. iJd. ilocAe lt\o at ■]i']
— Observations de la comète de Tempel faites
h rOb.îervat(iire impérial; communi-
quées par M. Le Verrier 4'*'l *' 4^9
Commission des comptes. — MM. Mathieu et
Geoffroy-Saint - Hilaire sont nommés
Commissaires pour la révision des comp
tes de l'année i85S 67
Commissions des prix. — Commission du prix
pour l'application de la vapeur à la ma-
rine militaire : Commissaires, MM. Du-
pin. Combes, Duperrey, Poncelet, Cla-
peyron gjs
CoBHissioss modifiées — MM. Pelonze et Fremy
sont aljoints à M. Poyen, précédemment
désigné, pour l'examen d'un Mémoire de
M. Poggiale sur la composition des blés. 352
— MM. Boussingault et Delaunay sont ad-
joints à la Commission nommée pour un
Mémoire de i\l. Visse sur la profondeur
des mers jgo
Commissions spéciales. — Commission chargée
de préparer un Rapport en réponse à une
question posée par M. le Ministre de la
Guerre concernant les allumettes dont
l'emploi peut être autorise dans les éta-
blissements militaires 299 et 434
Voir aussi l'article Allumettes.
Cuivre (Carbonates de). — Sur la production
artiCcielle de l'azurite; Note de M. //. De-
brar ai8
( I023 )
CuRARX Emploi de ce poison d.ini le liai-
tcjnent (lu télaiios; iSole de M. L. Vella. 33o
— Rcniarquf'S de !M. Yeipeuu à roccasion de
celle communication analyste de vive
voi« par M. i.\. Jïi-inard 332
— Réponse de M. Hcinard à ces remarques... 333
— Remarques de MM. Scrrfs^ J. Clotfu^t,
Iliiycr el iohert à l'occasion de la même
communication 33.'|, 335, 330 et 33^
— Telanos Iraumalique traité sans succès par
le curare; Lettre et Mémoire de W. Ma-
nec 3()3 et t\ob
— Emploi du woorara (curare) dans lo Iraite-
Vtfn.
ment du tétanos; Lettre de M. Biodia »
M. riourens Soi
CdRARe. — Remarques de M. Serres et de
M. Yetpcau h Toccasion de cette com-
munication......... . 5o4 ot 5o5
— Tétanos traumatique traité tans succès piir
le curare; observation de M. U. Gintrac, 817
— Remarques de M. Yelpeau à Toccasion de
cette communication 8îl
— Remarques de M. Cl. Bernard sur le même
fait 82Ï
— Remarques do M. Dumérilsuv l'action stu-
péliantede certains venins animaux..... S24
Décès. — M. le Secrélaire peipctuel donne,
séance du tt juillet, d'après une Lettre
de M'"« Ducliarmcl, (illedeM Cagniard
de Lalour, quelques détails sur la maladie
à laquelle a succombé le savant Acadé-
micien décédé le 5 juillet 67
— Date du décès de Sir John Franktiriy Corres-
poiidant de l'Académie pour la Section
de Géographie el de Kavijjation ; ^'ote de
M. Dtiperrey /Jlj
— Le di ces de M. Poinsot, survenu le 5 dé-
cembre 1859, est annoncé par sa famille
dans une Lettre communi(|uée à la séance
du 12 par AI. le Présidenl, qui annonce que
les obsèques viennent d'avoir lieu ce jour
même 909
Densités. — Sur les densités de vapeur à des
températures très-clevées; Mémoire de
MM. H, Sainte-Claire-Deville et L. Troost. 239
Désinfectants (Mélanges). — Composition
destinée à la désinfection et au pansement
des plaies; INotede.MM.Dcmenaxett'o/ne. 127
— Observations sur les effets obtenus de celte
composition dans le tjailement des plaies
el ulcères ; communication de W. Velpctm,
comprenant une Note de M. /îou/t-.rsur les
résultais obtenus à i'Kcole vétérinaire
d'Alfort 145
— ^ Sur la neutralité des saveui'S et des odeurs
et sur la neutralité chimique en général ;
considérations présentées à l'occasion des
précédentes communications, par M Che-
vreul I ^7
— Sur l'emploi fait, antérieurement aux expé-
riences de MM. Demeaux el Corne, de
diverses substances désinfectantes; com-
munication de M. Dussy 157
— M. Dumas ra|)pelle que l'emploi de l'huile
de poudron dans les mélanges désinfec-
tants a été anciennement proposé par
M. Siret : considérations sur le rôle qu'y
joue C'^t agent 167
Désinfectants (Mélanges). — Remarques de
M. Payen sur le même sujet i5&-
— Remarques de M. Élic de Beaumont sur
les résultats déjà acquis, pour ce qui
concerne l'art de guérir, par »iiile des ex-
périences mentionnées par M. Velpean.. iSg
— Nouvelles remarques de M. Velpenu sur les
résultais déjà obtenus ihid.
— Sur les mélanges désinfectants employés
dans le traitement des plaies pour en
atténuer on en masquer la puanteur;
Note de M. Rennuît 194
— Remarques de M. Utilne Edwards snr l'em-
ploi qu'on l'ail de l'expression anglaise
coal-tar, aulieu de l'expression corres-
pondante française, goudron de houille.. 19S
— Note de M. Chevreul sur l'usage du gou-
dron en thérapeutique el sur la manière
d'agir des désinfectants 197-
— Remarques sur le mélange désinfectant de
MM. Demeaux et Corne; Note de
M Paulet 199
— Lettre de M. le Maréchal Vaillant, concer-
nant l'applicition faite, à l'hôpital de Mi-
lan, du mélange de MM. Corne el De-
meaux pour le traitement des plaies.. . , 22^
— Note sur l'emploi en médecine du coal-
tar; par M. Cahcrt 36a
— Remarques de M. Chevrcul a l'occasion de
celte communication 264
— Lettre de M. le Maréchal Vaillant sur de
nouvelles observations (ailes dans les
hôpitaux de Milan concernant le mélange
de fAM . Corne et Demeaux aSS
— Expériences sur divers mélanges désinfec-
tants el notamment sur la poudre ('orne
et Demeaux; Notes de M. Burdcl. 298 et ^Oi'
— Expériences faites à l'iqârmerie de l'hiipi-
( T02
Page..
tal des InvaliHus avec le mélange désin-
fectant de coaUtar et de plâtre^ Mémoire
de M. Bonnafont 348
Désinfectants (V]ëla>ces). — Sur Pemploi
déjn ancien du mélange de plâtre et de
coal-lar; par le m/^me. ^og
— Sur rem|iloï déjà ancien de mrlanges dés-
infeclunls où entre le {j^ondronde houille
et le plaire; Noliî de M, Etienne 36^
— Substitution delà terre au plâtre pour for-
mer avec le coal-lar un melanjje désin-
fectant Emploi en grand de ce mélange
dans la ville de fiéziers ; Note de M. Ca-
banes , « « 44^*
— M. Flouiens présente au nom de M, Mo-
ride un échanlillun de sang désinfecté
par le cnke de boghead 198
— Mémoire de M. Moride sur cet emploi du
Coke de bi'gh*»aii '2^1
— Emploi du perchlorure de fer dans le
Iraiiementdes plaies purulentes; INote de
M. Terreil 363
/i
)
Désinfectants ( Méiamges). — Sur l'emploi
du «ull'atede fer et d'une huili' bitumi-
neiisedans les mélan(;es désinfeclanla de
M Sirel; Not"? de M. Dumas
— Sur l»*!! propriélés désiril'ecianles de la solu-
tion de perchlorure de fir ; Note de M. De-
ieau
— Mélanges pour la désinfection des fosses
d'iiisances: topique désinfectant pour le
pieiain des moutons ; Note de M. Sm-t. .
— Sur l'emploi de l'iode ciinime désirif. clant
et .'iMiiseptiqiie; Ménioire de M. ilaichal
de CalvL ,.,.,,
— Réclamation de priorité adressée à l'occa-
sion decelte eommoiiieution par V] Itoine.
— De la dt'struclion complète de rôdeur de
gangrène au moyen du chioraie de po-
liisbe; Note de M. Ihltiaid, <lo Cprbigny.
DioxVHETUYLÈ.-sE. — N OU veau Compose obtenu
au m yen de la réaclion de Poxal.ae il'ar-
geiil sur l'iodure de méthylène; Note de
M . Uoutlei-ow
Pages.
3i4
363
856
2a8
47'
.37
Eau DE MER. — Lettre de M. Malaguti^ concer-
nant Texistence de Targenl dans Teau de
différentes mers 4^^
— M. Chrfieul rappelle à cette occasion que
Proust, il y a plus de So ans, avait signa'é
comme très-probable la présence de Tar-
pent et du mercure dans Peau de la mer. ^G3
— Lettre de MM. Malaguti ei Durochei-j con-
cernant cette citation des Ketires de
Proust , 536
Eaux pluviales. — Procédés pour ralentir leur
écoulement, dans rinlérêl des cnltmes et
pour prévenir les inondations; Note de
M. Frogier ioo3
Eaux potables. — Sur la composition des eaux
potables ifans lu Lombardie et sur le rap-
port decelte composition avec la produc-
tion du goitre; Mémoire de '^) .Dcmortain
et Lettre de M. le Maréchal Vaillant ... 538
EcLiPSFS. — Sur Péclipse totale du 18 juillet
l86n; Mémoire de M. Fore 5fi | et 694
— Leltre de M. Le Vetrirr, concernant le plan
d'opérations piésenté aux astronomes
pour cette éclipse par M. Paye 996
— Lettre d(» H. liaudouin sur des apparnils
de photographie aulomaiique pour Pob-
aervalion des éclipses de suleil 680
— Instruments pour l'observation de Péclipse
solaire du tS juillet 18G0 ; Note de
M . de Kàhkuff. 825
Economie: rurale. — Recherches sur les pro-
portions d'azole combiné qui peuvent se
trouver dans les différentes couches du
sol arable; par M. ïsid Pierre jn
EcUNouiE RURALE. — An;ily!ie donnée par
M. Éli" de Beaumont d''one Noie de
M. Gueymard sur la verse des blés : rôle
de la siIicH dans le sol arable 546
— Sui l'inipiii tance (le la silice dans les terres
à ble ; observations faites dans le dépar-
tement de la Marne, pur :\1. Bouquet, ., , 807
— Lt'lire accoinpagriaiit Penvoî d*un opuscule
de M. Canjr bnr un projet de création
d^ino ft-rme-modèie économique pour
chaque canton rural.* 55
— Lettre de M. Uericart- Ferrandf concernant
les c-sais, en grande paitie heureux, de
A Michaux- pour doter noire pays de non-
vcTles espèces forestières aog
— Sur la maladie de la vigne; Note de
M. Diicontmun, , i32
— Sur la maladie de la vigne; Note et Lettre
de M . Lrcoq 4 i'» *^^ f^Sa
— Lettre de M. Alciali sur la composition du
liquide qu'il emploie pour le traitement
priveulif de la maladie de la vigne. . . . , , 1^3
— DetiCription et figure d'un nouveau grenier
conservateur; par M, Pm-y ^-îS
— Du goë?non dans la culture des polders;
Mémiiire de M. Hervê-Mangon 3'ia
— Procédé pour la fumure des sables des
dunes; Note de M. Maison 984
— Du rôle et i!e Paction de la chaux dans les
engrais; Mémoire de M. iîoArt/i ioo3
loa
Page».
Éconohik HDRAiE. — Emploi en agricnltare des
phosphates fossiles. Voir au mot Phos-
phates.
Electricité. — M. Becquerel fait hommage à
l'Académie d'un exemplaire de ses c Re-
cherches sur les causes de l'électricité
atmosphérique et terrestre i 64
— Nouvelles expériences sur l'induction
axiale; p-ir M. Malleucci 846
— Formules électrométriques ; Note de
M. Yolpicelti 645
— Nouveau procédé appliqué à l'étude di!S for-
ces électro-motrices; Notes de M. Raoull.
81 et 4^9
^ M. Desprelz met sous les yeux de l'Aca-
démie un appareil d'induction construit
par M. RuhmkorJJ 208
— Note sur une modification du la pile de
Bunsen ; par M. Thomas 734
— Note sur une nouvelle pile électrique;. par
M, Mariè-Dnvy 1004
— Sur la fixation des fantômes magnétiques;
Note de M. Nicklès 854
— Notes sur la polarisation voltaïque; par
M. G. Planté 40Ï et C76
^ Influence des électrodes dans les voltamè-
tres à sulfate de cuivre; Mémoire de
M. Penoi 37
— Sur l'aspect de l'étincelle d'induction dans
le microscope, et sur les spectres de la lu-
mière électrique dans le vide; Mémoire
de M. Du Sloncel 4o
— - Sur la non-homogénéité de l'étincelle d'in-
duction ; sur la nature de l'action chi-
mique de cette étincelle; Notes de M. Per-
rot 1-5 et 204
— Des réactions exercées par les aimants sur
l'étincelle lumineuse qui entoure l'étin-
celle d'induction; Mémoire de M. Du
Moncel et remarques relatives à la précé-
dente communication 2n6
— Réponse de M. Perrot à la réclamation de
M. Du Moncel : Nouveaux faits relatifs à
la non-homogénéité de l'étincelle d'induc-
tion . 355
— Nouvelle Note de M. Du Moncel, concer-
nant la même question de priorité 892
— Sur les causes qui peuvent produire la
formation de l'atmosphère lumineuse de
l'étincelle d'induction ; par /e même 542
— Sur les stratifications de l'atmosphère lu-
mineuse qui entoure l'étincelle électri-
que; par le même 579
— Sur la non-homogénéité de rétincelle d'in-
duction ; par le mgme 825
— Sur quelques résultats d'expérience qui
semblent incompatibles avec la théorie
d'Ohm ; Note de M. Gauguin 1006
CJ. R., i859, a"» Semestre. (T. XUX. )
5)
Pa|«.
Électbicité. — Notp sur l'étincelle d'induc-
tion; par M. Lissajous . , . , m • lOOQ
— Sur l'emploi de la contre-batterie dans les
lélégraplips électriques; Notcde M. /«coJi. 610
— Sur un phénomène de magnétisme qui s'est
produit.sous l'induence del'aurore boréale
du 29 août; Note de M. L. Ciraud 455
— Lettre du P. Secchi, concernant les pertur-
bations magnétiques observées à Home le
2 septembre iSSg /5g
— Sur les phénomènes qui se sont manifestés
dan» les fils télégraphiques delà Toscane
après l'aurore boré^ile du '28-29 août-
Lettre de M. Mutteucci zg^
— Perturbations magnétiques observées les
29 août et 2 septembre : observations de
MM. Desains et Charault. — Phénomènes
électriques observés pendant l'orage at-
mosphérique du 28 septembre : observa-
tions dcM\l. Charault et Descroix (com-
munications de M. Le Verrier). 47^.477 et 489
— Observations magnétiques faites le 29 août
au Lycée de Livourne; par le P. Pietro
ilonlt 478
— Penuibations magnétiques constatées en
Europe, rapprochies del'apparilion d'une
aurore boréale observée dans la nuit du
i"^"" au 2 septembre à la Guadeloupe;
Note de M.Duperrey,. 400
— Sur les courants électriques observés dans
les lignes télégraphiques de la .Suisse
pendant l'aurore boréale du 2 novembre
i8J(); ^ote de M. Ce /<! /ÎM'p 662
— Du mécanisme des effets physiologiques
de l'électricité; Noie de ^\. Chauveau.,, 449
— De l'iileniité du (Uiide électrique et do
l'agent qui détermine la contiaction mus-
culaire; Note de M. JI/oi7m 544
— Méthode de traitement pour l'hypertro-
phie prostatique simple et pour les
flexions utérine.s, par l'électrisatiûn loca-
lisée; Noie de M. A. Tripier 21g
— De la médication électrique dans certaines
affections de l'appareil oculaire; Note
de M. ÎSoulu ,. /«„
— Pile thermo-électrique et explication du
phénomène de l'absorption de l'acide
carbonique par les plantes; Note de
M. Lamotte-Farchaud 5«^
— Note sur une chaîne voltaïque; par
M. Derthaul 303
— Note sur les piles galvaniques; par M. Be-
ghin 545
EfiiiVALENTS. — Note de M. Bizio contenant
une réclamation de priorité pour ses tra-
vaux sur la corrélation des équivalents
des corps et leurs propriétés physiques
et chimiques q83
i33
( 1020 )
P«5.
au lieu <Ie Per-
aussi aux pages
Errata. — Page gî, ligne i,
kins, lisez Perkin. Voir
ioj, \/\o, i83, a56, 340, 3;6, Sgi, 868,
908, gSï, t)9i, 1016.
Essentielles (Huiles). — Études sur la com-
posilion de quelques essences; Note de
tA. A. Lallemnnd , 35 J
Éthers. — Action des alcalis hydratés sur les
élhers nitriques; Note de M. Berihelac. 212
— Note sur un clher intermédiaire du glycol ;
par M. Lourenço 619
, Page!.
Ethïlène (Oxïde d'). — Synthèse du glycol
avec l'oxyde d'éthylène et l'eau; Noie de
M. Wuriz 8,3
— Union de l'oxyde d'éthylène et de l'ammo-
niaque ; par le même 898
Étoiles filantes. — Note de M. Couhier-
Gravier sur les étoiles filantes des y, 10
et II août 278
— Note sur les étoiles filantes d'octobre-no-
Tembre : catalogue des bolides observés
depuis septembre 1853 ; par /« niéVne 75u
Fécule. — De la fécule végétale et animale
sous le rapport de l'influence transforma-
trice qu'exerce sur elle la lumière. De
quelques substances qui annihilent ou
accroissent cette action solaire; Mémoire
de MM. Nicpce de Saint-Victor et L. Cor-
f'sart 368
— Mémoire sur la xyloïdine et sur de non-
veaux dérivés nitriques de la fécule; par
M. Bèchamp, .,, ...•• 5oa
— Sur la résorption de la fécule dans l'albu-
men de la graine en voiede germination;
Mémoire de M. Gris ' ç)t)6
Fer (Composés dc). — De l'emploi de l'acido
sulfureux et des sulfites alcalins comme
moyen de réduire les persels de for; Note
de M. Buignet 587
Fer (Composés do). — Sur la réduction du
peroxyde de fer cl la nitrification; Note
de M. mène Ç~Q
— Oxydes de fer considérés comme moyens de
transport dc l'oxygène de l'air, (Voir l'ar-
ticle Oxy^tène),
Foudre. — Note sur la foudre en boule; par
M. de Tessan 189
Fraises. — Examen chimique <le la fraise et
analyse de ses diverses espèces; par
M. Buignet 2-6
Fusibilité. — Causes de la fusion et lois qui
la régissent; Mémoire de M. Ed. Robin. gSS
Gaz. — Observations sur le poids spécifique
des fluides élastiques ; Blémoire de
M. Baudrintont Car
— Sur la loi de Mariotle; Notedo M. Qni/nno. go5
Gélose, nouveau principe immédiat extrait de
diverses plantes cryptogames. — Mémoire
de M. Pnyen sur la gélose et les nids de
salaiigine 52I
Géodésie. — Communication de M. d'Ahhadie
en présentant son « Résumé géodésîque
des positions déterminées en Ethiopie ». 22g
— Sur l'emploi de la photographie dans le
levé des plans; Note de M. Laussedat... jSa
.— Lettre de M. Larrose^ concernant sa Note
intitulée ; « Nouvelle iniro-sladia appli-
quée à la mesure des distances et aux ni-
vellements » 96
Géographie. — Lettre de M. Âdelswardaccom-
pagnant l'envoi de cartes géographiques
dc la Suède dressées par le Prince Royale
aujourd'hui Koi de Suède et de Norwég'e. 268
Géographie. — Hauteurs du mont Velan et du
mont Combin en Valais conclues de nivel-
lements barométriques; Notede M. Plan-
taniour , 327
— M. £(ie de Beaumont présente une nouvelle
carte des régions arctiques publiée par
l'Amirauté liritannique, et communique
tinc Lettre de M. Pentlatid qui accompa-
gne cet envoi 633
— Note sur les cartes géographiques ; par
M. À. Tissot G73
Géolocie. — Rapport sur un Mémoire de
M. A. Gaudr/j intitulé : « Géologie de
. l'ile de Chypre u ; rapporteur M. d'Aichiac. 229
— Remarques de M. Élie de Beaumonl à l'oc-
casion d'une carte géologique du Dau-
phinc; par M. Ch. Lory i85
— Sur un système slratigraphique perpendi-
culaire au système (les Alpes occiden-
tales, et du même âge; Note de M. ViîiVm. 202
— Sur quelques observations faites à l'ile de
( I
Pag".
Terre-Neuve et en Californie; Lettre de
M. Jackson i M. Élie de neaumont !fi
Géologie. — Couches traversées dans un jftiits
foré à Louisville (Keniucliy); Mémoire
do M. Moissenet • 317
— Sur I'ori(jine de certains filons; Note de
M. it/eu^r 320
— Rcclierches chimiques sur le calcaire d'A-
vane en Toscane; Note de M. de Luca. . . 358
— Sur le calcaire fossilifère du fort de TEs-
scillon en Maiirienne ; Lettre de M. A.
Sismonda à M. Élie de Beaumont 4"'
— Études sur le métamorphisme; Mémoire
destiné au concours pour le prix Bordin
de iSSg 46/
— Lettre de M. Delessf accompagnant l'envoi
de ses publications concernant le méta-
morphisme des roches 494
^ De l'inlluence du temps sur les actions chi-
miques, et des changements qui peuvent
en résulter dans cerlains fossiles; Mé-
moire de M. Far^caud 558
— Sur r.^ge des poudingues dé Nemours et
dessables coquilliers d'Ormoy; Mémoire
de M. Ch. d'Orhigîty 670
— Note sur les brèches osseuses de l'île do
Ratoneau ; par M. Marcel de Serres 678
— . Sur le diluvium à coquilles lacustres do
Joinville-le-font; Mémoire de M. d'Or-
l'igny 79"
— .Sur l'âge des poudingues de Nemours et
des sables cofïuilliers d'Ormoy ; Mémoire
de M. Hébert en réponse à M. d'Or-
bigny 848
r— Lettre de M. d'Orbigny & l'occasion de
celle réponse g!^G
— Sur un principe de géologie relatif aux
effets du mouvement primitif des grands
courants d'eau aux époques antérieures à
la nôtre; Mémoire de M. Leymerie ygS
— M. Elie de Beaumont présente au nom de
M. Ë. de Fourcy une carte géologique du
Loiret et. l'extrait d'une Notice qui se
rattache à cette carte ■ g4i
— M. le Ministre du Commerce, de l'Agricul-
ture et des Travaux publics envoie pour la
Bibliothèque de l'Institut un exemplaire
de celle carte g85
Sur des restes très-anciens de l'industrie
027 )
P«8ei.
humaine trouvés dans le terrain de trans-
port des environs de Paris; Note de
t&. Radiguel 677, 7,';6 et 988
Voir aussi l'article Paléontologie.
Géométrie. — Sur la courbure des surfaces;
Mémoire de M. Dahinrt , (}i J
— Sur les courbes à double courbure de tous
les ordres, et sur un mode uniforme de
génération de ces courbes par le moyen
des intersections mutuelles dans l'espace
de deux droites pivotant autour de deux
points fixes; Mémoire de M. de Jonquii-
'•« 54a et 63a
— Note sur la courbure des surfaces; par
M. Roger 5^5
— Note sur un théorème de géométrie; par
M. Vahbé Aoust n)n
— Note sur une propriété de l'ellipse; par
M . Lino de Pnmbo «56
— Note sur les courbes et les surfaces; par
M. William Roberts ^ij
— « Nouvelles démonstrations des propriétés
du cercle et des trois corps ronds m ;
Note de M. Dobelly ^33
— M. Flament demande et obtient l'autorisa-
tion de reprendre son Mémoire sur la
théorie des parallèles i3q
Glycocénie. — Présence du sucre dans le sang
de la veine-porte et des veines sus-hépa-
tiques; communication de M. C. Bernard
d'après une Lettre de M. Schmidt 63
— Recherches sur le sucre formé par la ma-
tière glycogèno hépatique ; Note do
MM. Derlhelot et de Luca 2l3
— Delà glycogénieanimaledans ses rapports
avec la proiluction et la destruction de la
graisse; Mémoiie de M. G. Co/in gSi
Glycol. — Ether intermédiaire du glycol;
Note de M. Lourenco gig
— Synthèse du glycol avec l'oxyde d'élhylène
et l'eau; Note de M. ff^arlz gij
Glycosurie. — De la glucosurie dans les fiè-
vres paludéennes; Mémoirede M. E Bur-
^^i 680
Goitre. — Composition des eaux courante»
en Lombardie considérées relativement à
la production du goître; Mémoire de
M. Demortain et Lettre de M. le Maréchal
Vaillant 53g
Histoire des Sciences. — Communication de
M. Bioty concernant ses recherches sur
l'Astronomie Indienne 571
Hi'nr.Es. — Nouvelle picsenialion d'huitres
provenant de bancs artificiels; particu-
larités que présentent, relativement à la
propagation, les huîtres ainsi obtenues;
Note de M. Carbonnel
i33..
447
( I028 )
F>8".
Htbridité. — Observation d'un cas d'hybri-
dile (lisjoinio entre deux espèces de Da-
tura; Note de M. Naudin 6i6
Hydraulique. — Lettre de M. Chaubart, con-
cernant son système de barrage automo-
bile 9'l6
Hydrogène. — Substitution de Tazote à Thy-
drogène; Note de M. Gieiss 77
Pian.
Hygiène publique. — Sur les moyens de remé-
dier à Pinfection delà Tamise; Mote de
IM.N, Boubée aaa
— Lettre de M Lagout, concernant l'emploi
de Talgue marine pour la salubrité des
habitations 33i
Impression sur étoffes. — Nouveaux procédés
pour Pimprçssion des éloffes ot des pa-
piers de lentuie; Mémoire de M. Boesch, 208
Institut. — Letires de M. le Président de
l'Institut, concernant la sé.ince publique
du i5 août et les séances trimestrielles
du 5 octobre iSSg et 4 janvier i8t)o.
û?. 3y7 et 869
Instruments DE Chirurgie. — Nouvel instru-
ment pour la suture dos fistules vésico-
vaginales ; par M. T. Riholi ^^ja
— Lettre de M. Guillon, concernant son nou-
veau brise-pierre sécateur 4^^
— Nouvel instrument pour l'opération de la
fistule lacrymale présenté par M. Foitz.. 9^0
Iode. — Recherches sur Piode atmosphérique
par M. De Luca 170
— Procédé par la voie sèohe pour constater la
présence de Piode et pour le doser; par
le même ^I-I
— Nouveau procédé pour constater la pré-
sence de l'iode dans les plantes, les ani-
maux terrestres, les eaux de source, Pair
atmosphérique, etc., par M. Mène.
25o et 5o3
Iode. — Sur Pemploi de l'iode comme désin-
fectant et antiseptique; Note de M. Mar-
chai de Calvi 242
— Réclamation de priorité adressée à Pocca-
siondeceltecommunication, parM.Boine. 298
— lodure de potassium. — Action dedifférents
réactifs sur ce sel; Note de M. G. Vbal-
dini 3o6
Iriciuii. — Note de M. Pelouse accompagnAt
la présentation, faite au nom de M. Ja-
cobi, de médailles frappées avec des al-
liages d'iridium et de platine : présenta-
tion d'un lingot d'iridium 8g6
— Remarques de M. Regnauh sur la pureté
de l'iridium de ces médailles 897
IsoBÉRisME.— Examen comparatif du chlorure
d'éthylidène de M. Wurtz et du chlorure
d'éthyle chloré de M. Regnault; Note de
M. Beilstein > 34
Legs Bréant. —Notes de MM. Lan, Pilarski,
Pickering, Gigot et Coc. 220, a5i, 298,
444, 858 et 937
A l'occasion d'une Lettre de M. Grun de-
mandant l'autorisation de reprendre un
Mémoire présenté au concours pour le
prix du legs Bréant de i858, M. le Prési-
dent rappelle que tout Mémoire présenté
h un concours déjà jugé ne peut sortir
des archives, même quand il n'a point été
désigné expressément dans le Rapport de
la Commission 947
DcNEix. — Note sur le ligneux du blé; par
M. Poggiale ia8
Lumière. — Recherches sur divers effets lu-
mineux qui résultent de Paction de la lu-
mière sur les corps : composition de la
lumière émise ; Mémoire de M. Edm. Bec-
querel 37
Lumière Influence transformatrice de la lu-
mière sur la fécule végétale et animale :
substances qui annihilent ou qui accrois-
sent cotte action solaire; Mémoire de
MM. Niepce de Saint-Victor et Corvisart. 368
— De l'action que la lumière exerce lorsqu'elle
rend différentes substances à l'état de so-
lution aqueuse capables de réduire les
sels d'or de l'argent; Mémoire de M . Niepce
de Sainl-Viclor 8l5
Lune. — Calcul des variations séculaires des
moyens mouvements du périgée et de l'or-
bite delà lune; Note de M. Delaunuy... Sog
— Sur les inégalités lunaires à longue pé-
riode due» à l'action perturbatrice de Vé-
nus; par Zf/n^me 923 et 995
( I029 )
M
Plgfl.
Macbines a vapeur. — 0 Nouvelle machine à
gaz chauds et à vapeur d'eau; )> par
M. Avenier de Lagrêe.. SJS, 787, 89} et 101 4
— Noie sur un foyer fumivore à flamme ren-
versée pour les locomotives; par le même. Si)^
— Lettre do M. Di/gro/i-j, concernant la ma-
chine à vapeur rotative du système Guer-
raz et Briery SaS
— Sur la théorie de l'injecteur Gijfard; Mé-
moire do M. Caivallo 938
Magnétisue terrestre. — Recherches sur le
magnétisme terrestre; par M. Pâmer. . . /|a
Voir aussi Tarticle Electricité,
Mahganèse (Oxydes de)'. Voir l'article Orygène.
Mécanique. — Sur la manière de ramener à
la dynamique des corps libres celle des
corps que Ton suppose gênés par des ob-
stacles fixes; Mémoire de M. y'oi'njoV. . .. 5
— Sur le mouvement dus gaz de la poudre
dans l'âme dos bouches à feu; Mémoiie
de M . Piobert 757, 829, 909 et gSS
— Sur les intégrales algébriques des équa-
tions différentielles de la Mécanique;
Mémoire de M. Massieu. 35a
— Instrument destiné à mettre en évidence .
les effets dus h la composition des rota-
tions; Note de M. Sire 126
Mécanique céleste. — Calcul des variations
séculaires des moyens mouvements du pé-
rigée et du nœud de l'orbite de la lune;
Kote de M. Delaunay 3og
— Sur les inégalités lunaires à longue période
dues à l'action perturbatrice de Vénus ;
far le même 933 et ggS
— Théorie du mouvement do la terre autour
de son centre de gravité; Mémoire de
M. J.-A. Serret 628
MÉDECINE. — Injections de sulfate d'alrophine
sur le nerf pneumogastritc pour guérir
des attaques d'asthme ; Mémoire de
M. À. Courir C66
— Sur un moyen destiné à faire tomber les
verrues ; Note de M. Pommerct BgS
Voir aussi les articles Pathologie et
Thérapeutique.
Médecine ET Chirurgie (Prix de). — Analyses
d'ouvrages imprimés ou manuscrits adres-
sés l'Oiir ce concours par les auteurs dont
les noms suivent :
— M. Legendre : Sur quelques cas rares de her-
nies crurales 326
— M. Marcd'Espine : Essai de Slatilisque mor-
tuaire comparée .^ g85
P>|M.
Mercure. — Sur la théorie de cette planète et
sur le mouvement de son périhélie; Lettre
do M. Le Verrier à M. Faye 3jg
— Remarques présentées par M. Paye à la
suite de cette communication 383
Métaux. — De la classification des métaux,
d'aprèsHaiiy; ^otodeM. Marcel île Serres. 738
Météobolocie. — Recherches sur les ombres
colorées qui se manifestent à diverses
heures en diverses .saisons, et sur les ap-
plications du phénomène; Mémoire de
M. Fuuriiet 24 et I2t
— Aperçus méléorologiques relatifs aux au-
rores boréales du 2g août iSSget du 17 no-
vembre 1848 ; par le même Sgj
— Sur lu foudre en boule ; Note de M. de Tes-
san i8g
— Observations sur la division des éclairs en
plusieurs branches; par M. E. Liais ... sSa
— Note sur la vapeur vésiculaire; par M. Da-
S"'" 90
— Loi de la coloration et décoloration du
limbe du soleil, des planètes et des étoiles
dans leurs asc^-nsions et déclinaisons de
l'horizon au zénith et vice versa ; Notes de
M. Poey 45 et 263
— Expériences sur les ombres prismatiques
observées à la Havane., en rapport avec
la déclinaison du soleil et l'état atmos-
phérique; par le même 36a
— Sui la constitution des halos oiservés à la
Havane, et leurs rapports avec les phases
de la lune; par le même 735
— Sur un brouillard lumineux observé à Ge-
nève du 18 au 26 novembre i85y; Lettre
de M. Wartmnnn ,, ion
— Effets produits par une trombe aux envi-
rons de Coutances; Lettre de M. l'abbé
Ginard 4 1 4 ^^ ^^4
— Température de l'été de i85g, à Nimes,
comparée à celle des trente-quatre années
antérieures; Note de M. Boileau de Cas-
telnau 751
— Observations thermomélriques faites, le
20 décembre, à Bar-sur-Aubc et sur la
montagne au pied de laquelle la ville est
bâtie; Lettre de M. des Étangs I0l3
Miasmes. — Nouvelle méthode pour recueil-
lir les miasmes et déterminer leur nature;
Mémoire de M. L. Gigot 858
Minéralogie. — Sur l'oxyde de chrome de Fay-
mont dans le Val-d'Ajol (Vosges); Note
de M. Fournet 600
( io3o )
Pages
Minéralogie. — Lettre de M. Pissis accompa-
gnant l'envoi de quelques minéraux rares
du Cliili 36o
Noie de M. Domerko accompagnant divers
spécimensde minéraux envoyés du Ciiili. 539
— Minerais do zinc snus forme oolitbique;
Note de M. À. Trrreil 553
MoNi'MENTS éUvés à la mémoire d'hommes illus-
tres: Décret daPrésidenl de la République
du Mexique portant qu'une statue sera
P.je>.
58a
i3a
élevée à M. de Humboldlaax frais de l'État
et placée ii l'Ecole des Mines de Mexico.
Mdsique, — Mémoire sur la musique; par
M. Zen^erlé
— Tableaux et dessins relatifs à l'art du fac-
teur d'orgues, présentés par M. Zimmer-
mnnn
— Suppléments, adressés par M. Le l'as, à
un précédent Mémoire sur une nouvelle
théorie du système musical..., 647 et looî
364
Navigation. — Sur un nouveau système de voi-
lure ; Note de M . Manifical 449
— Moyen proposé pour faireservirle roulis de
la mer à la propulsion des navires; Note
de M. Caslelin-Clichet 68a
NiTRiFiCATiOît. — Note de M. Mène sur la ré-
duction du peroxyde de fer et la nitrifi-
calion 676
Voir aussi l'article Acide nitrique.
Nombres (Tu Éo RIE des). — Recherches nou-
velles sur les nombres premiers; par
H. de Polignac 35o, 386, 624 e' 7^4
Lettre de M. Moret, concernant ses
précédentes communications sur la so-
lution nouvelle d'un problème de Fer-
mat 8i5
Nombres (Théorie des). — Note sur le ihéo-
rèmede Ferm.it ; par M. Ollive-Meinadier. gSS
NoMiNATioss. — M. le Président rappelle \
l'Académie qu'elle aura à s'occuper pro-
chaînemcnl do plusieurs nominations pour
compléter le nonibrode ses Associésétran-
ger^ de ses Membres et de ses Correspon-
dants 5gJ
— M. Denis, de Commercy, est nommé Cor-
respondantde la Section de Médecine et
Chirurgie en remplacement de feu M. Bon-
net 935
Optique. — Essai d'un nouveau télescope pa-
rabolique en verre argenté; Note de M. L.
Foucault 85
— Instrument pour la mesure de l'indice de
rétraction ; Note de f,]. Fortliomme 394
— Recherches sur les raies du spectre solairo
et des différents spectres électriques ; par
M. Rohiquel 606
— Sur une méthode propre à rechercher si l'a-
zimut de polarisation du rayon réfracté
est influencé par le mouvement du corps
réfringent; essai de cette méthode; Mé-
moire de M. Ftzeau 717
— Remarques de M. Faye sur ces espériences
considérées au point de vue du ïnouve-
mcnt de translation du système solaire.. 8;o
— Examen par M. de Tessan des remarques
de M. Faye 980
— Réponse de M. Faye à M. de Tessan gg3
Organogémie. — M Serres présenie son travail
sur l'embryogénie, la zoogénie et la léra-
togénie, destiné à faire partie des Mé-
moires de l'Académie 781
— Note de M. Coste accompagnant la présen-
tation d'une nouvelle partie de son His-
toire du développement des corps orga-
nisés gg5
— Organogénie végétale : Sa part dans les
moyens employés par les botanisies pour
la détermination des organes des plantes;
Note de M. C/on^niar< 5j
— De l'imporiance de l'nrganogénie dans ces
déterminations; Noie de M. Parer en
réponse à la Noie précédente loi
— Remarques de M, Moquin-Tandon à l'occa-
sion des communications de M. Bron-
gniart et de M. l'ayer io6
— Réplique do M. Payer à M. Moquin-Tan-
don 108
Organographievégétaie. — Observations surla
(leur des Maranlhées par M. Gris 555
OxTGÊsE. — Des oxydes da f.T et de man-
ganèse et de certains sulfates consi-
dérés comme moyen de transport de
l'oxygène de l'air sur les matières com-
bustibles; Mémoire de M. Kuhlmann.
257, 428 et 968
— Sur certains composés organiques à base
( io3i )
do fer comme moyeu de transport do
l'oxygène sur les matières combustibles;
Noie de M. Uervé-ilangon 3l5
OxicÈSE. — Du rôle du peroxyde de ier pour
lu formation de Tacide nitrique dans le
sol; Mémoire de M. V. Thenard 289
— Réclamaliondepriorilé adressée parM. Ed.
Robin, concernant le râle attribué il cer-
P.SC..
tains oxydes métalliques comme moyen
de transport de l'oxygène 5oo
Oxygénées (Rases). — Synthèse de ces bases ;
NoledeM. H'uriz. 89»
Ozone. — Proportions do l'ozone, avant, pen-
dant et après la période d'influence de
l'aurore boréale du 28-39 août; Note de
M. Bei^nr o 391
PaUontoiocie. — Sur des eropreinlcs de pas
d'animaux dans le gypse des environs de
Paris, particulièrement de la vallée de
Montmartre; Noie de M. J. Desnoycis.. 67
— Altérations des os observées chez des
vertébrés do l'ancien monde; Note do
M. Marcel de Seires gS
— M. Geoffroy-Saint-Hilaire présente au
nom de M. felouze des reile» fossiles
do Mastodonte provenant du tiualcmala. 120
— M. ^'^/"«^^J'a'^futliom mage, de trois opuscules
qu'il a récemment publiés sur des ques-
tions concernant la paléontologie 4^^
— Note sur une espèce de porc-éplc fossile
des brèches osseuses de l'iledoKutoneau;
par M. Getvais 5li
— Sur l'identité du Paradoxides Harlani et du
P. Terrw nofœ; Lettre de M. Jackson i
M. Elle de Beaumont 839
"- Note sur divers fossiles cl minéraux envoyés
du Chili, par M. Domeytio • 539
— Os de cheval et de bœuf d'espèces perdues
trouvés avec des haches de i>ierro dans
une mêuio couche de diluvium; Lettre cl
Mémoire do M. .il. GauiJ;/ 4^3 et 4^5
— Note do M. G. Pouchei sur un instrument en
silex trouvé par lui dans le terrain de
transport de Siint-AcheSl Soi
— Sur les silex taillés des bancs diluviens
de la Somme; réclamation de priorité
adressée par M. Boucher de Perthcs,, ,, 58l
— M. Elie de lieaumont fait remarquer que
la priorité n'est pas disputée à M. fiou-
chor de l'erthes Ihid,
— Sur la découverte d'instruments en silex
associés à des restes de mammifères d'es-
pèces perdues dans des couches vierges
d'une formation géologique récente; Let-
tre de M. Prestwich à M. Elie de Beau-
mont C'>4 et 859
— Lcljrede M. Gaudry accompagnant l'envoi
d'un exemplaire imprime de son Mémoire
du 3 octobre ; C36
Sur des restes très-anciens de l'industrie
humaine trouvés dans le terrain de trans-
port des environsde Paris; Noies de M. Ra-
diguel 67701 j56
Paléostolocie. — De l'extinclion de plu-
sieurs espèces animales depuis l'appari-
tion de l'bomme; Note de M. Marcel de
Serres 8G0
— Sur des haches en silex trouvées dans lo
déparlement du Loiret; Lettrede M. CAa-
zereau I0l3
P/tPiEKS DS SURETE. — Echantillons d'un nou-
veau papier de sûreté présente par M. Ar-
mand 47*
I^AQUF.TS CACHETÉS. — Sur lu demande do
M- Dclanouey un paquet cacheté déposé
par lui en octobre i85S est ouvert le
Il juillet iSSgel renferme une Note (1 sur
la composition des phosphates fossiles
tenus à tort pour des phosphates calci-
ques » 75
— Lettre de M. Christie acuorapugnant l'en-
voi d'une Noie sons pli cacheté, adressée
par un concurrent pour le grand prix de
Malhémaliquos do 1860 25i
Pathologie. — Sur les lésions anatomiques d»
lyplius épidémique; Nolo et Lettre do
M. Landouzy gG
— Observation, en France, de malades atta-
qués du dragoneau; opuscule do M. Be-
noity présenté par M. Fiourens. — Com-
munication verbale de M. Moquin-Jandon, 17S
— Cas de tétanos Iraunialiqnc traité avec suc-
cès par le curare; Note de M. Yella, et
remarques faites à l'occasion de celte com-
munication par MM. Yelpeau, C. Ber-
nai d, Serres, J. Cloijuel, Rayer, Johert. . . 333
— Du tétanos, de son siège ei de son traito-
temenl; Mémoire do M. Grimaud, d'An-
gers 352
— Tétanos des chevaux trnité sans succès par
le curare; Lettre de M. B/o<iie 5o3
— Remarques de M. Serres et de M. Yelpeau
à l'occasion de cette communication. . . . 5o4
— Tétanos Iraumalique traité sans succès par
Je curare ; «bservation de M. Ginlrac ,,, , 817
— Remarques de M. Yelpeau et de M. Ber-
( I
iiardà l'occasion do celle communication.
8ai et SaS
PATBOLoniE. — Observation d'un cas de (;ros-
sessc l'xtia-ulérine; par M. '/'. liiboli... !i\i
— [Nouveau cas d hémorragie céreljelleuse ter-
miné par la guéiison; Noie de iVI. Hil-
lairel Sog
— P«riosroses observes sur les plialanges d'un
niounoji sauvage; Kole de M. Marcel de
Serres 5 1 4
— Mémoire de M. liurdct sur !a glucosurie
des fièvres paludéennes GSo
— Observations sur deux calculs urînaîres vé-
sicaui ; par M. J Cloquet 6y3
— Sur une nouvelle espèce de migraine j Kolc
de M. Mène 858
Pesanteur. — Expériences relatives à une pré-
tendue variation de la pesanteur; Mé-
moire de M. Lanix 545
Phosphatcs. — Composition des phosphates
fossiles exploités en France et en Angle-
terre et tenus pour des phosphates de
chaux ; Mémoire de M, Delanoiie et Noto
contenue dans un paquet cacheté précé-
demment déposé ^3
— Note sur le phosphate de chaux que Ton
rencontre dans les couches terrestres; par
M. Deschanips j35
— Sur l'association des phosphates de chaux
et de fer dans les nodules exploités en
France et en Angleterre; Note de M. Bo-
hierre 1^9
— Eemarques de M. Delanoiie à l'occasion de
cette loniniunicaiion, . 180
— Remarques de M. <le ilolon sur la dernière
communication de M. Delanoiie 200
— Remarques de M. ùleugx sur la même com-
munication • 301
— Des phosphates fossiles employés en agri-
culture; Note de'^l. Delaiiouc 266
— Sur les résultats obtenus de l'emploi en
agriculture do ces phosphates; Note de
M de Moton 4fi8
— Sur un moyen de séparer des phosphates
et de déterminer quantitativement, l'acide
phosphoriqiie ; Note de Al. Phtpson 9*5
Phosphore. — Herherciie du pliosphore dans
les organes où il ne |>énèlre que par voie
d'absnrptiun J Mémoire de MM. MalajjerC
et Morineau ••.,.•...•... 2oS
— Sur la densité des vapeurs surchaufTces du
soufre, du phosphore et de l'arsenic; Noie
de M. liineau jgy
PaoTOGRAPiiiE. — Sur son emploi pour le levé
des plans; Note de M. Laui.tcdni j3a
Physiologie. — Du rôle attribue au lluide cé-
plialu racbiilien : écoulement de ce li-
quide par suite d'une plaie à la région
o32 )
cervicale; Note de M. Jolert de Lam-
balle ! 160
Physiologie. — M. ïobert de Lamballe com-
munique l'extrait d'une Note de M. S.
Pirond: sur le liquide céphalo-rachidien. 584
— Résultats physiologiques des recherches de
M. Budgeaaries plexus cœliaque et mésen-
térique; communiqués par M. Flourens. gSS
— Sur la réunion des libres sensibles et des
fibres motrices ; analyse donnée par
M. Flourens d'un travail de WM. Gluge
et Thiernesse 45o
— Expériences démontrant que les nerfs sépa-
rés des centres nerveux peuvent, après
s'être altérés complètement, se régénérer,
tout en demeurant isolés de ces centres, et
recouvrer leurs propriétés physiologiques;
Mémoire de MM. Philipeattx et Vulpian.. 5o7
— Transplantation de la dure-mère comme
moyen de prouver si cette membrane
remplit le rôle d'un périoste à l'égard des
os du crâne; Noto de M. 0//ie/-.. ao6 et 3o ■■
— Nr>te sur la dure-mère ou périoste interne
des os du crâne; par M. Flourens aîS
— Production de pièces osseuses entre les
feuillets de la faux du cerveau; Lettre de
M. Molas 2Q9
— Remarques de M. Flourens à l'occasion de
cette communication. ; 3oo
— Sur les ostéo|)hyiei cérébrales ; Note adres-
sée à l'occasion de la précédente com-
munication, par M. Fonssagrives 338
— Observations histologiqnes sur un fiagment
osseux adhérent à la grande faux de la
dure-mère; Note de M. r/g'/-i .. ^bi ei 5S3
— De la régénération dos os après l'évide-
ment; par M. Sedillol G04
— Sur un cas de résection sous-périostce du
coude, suivie de régénération osseuse;
INJénioire de M. ffllier ^g6
— Sur le périoste diploïque et sur le rôle
qu'il joue dans l'occlusion des trous du
ciâne; Note de M. Flourens SjS
— Sur le rôle du pancréas dans la digestion;
Mémoire de M. Corvisart 4^
— De l'autophagie ariilicielle, manière de
prolonger la vie dans le cas de.privation
absolue d'aliments; Mémoire de M. An-
sclmier 935
— Lettre de M. Yerstruete, concernant ses
prrcédentes communications sur la nja-
nière dont nous acquérons par la vue la
connaij-sance des corps 906
— Sur la présence de l'urée dans le chyle et
dans la lymphe; Nolede M. W'irit 5a
— Du rôle de l'alcool dans l'organisme; Mé-
moire de MM. Vurroy, Lallemand et l'er-
rin 578
(I
Physiologie. — De TanUigonisme des artères
etdes veines; Note de M. iloilin looa
— Note de M. Billiaid de Corbigny, concer-
nant SCS recherches sur rhématosc aSl
— « De la physiologie de l'homme et de la
physiologie universelle; » par M. Tardf. 58a
Physiologie comparés. — « Nouvelles expé-
riences sur les animaux pseudo-rcssusci-
tants; i. Note de M. F.- A. Pouchel 49^
— Expériences sur la résistance viiale des
animalcules pseudo-ressuscitanls; par
le mStne 886
Physiologie végétale. — Sur la tempcraturedes
végétaux dans les dilïérentes saisons de
l'année; quatrième Mémoire de M. Bec-
querel 533
— Sur le rôle de l'azote dans l'alimentation
des plantes; Mémoire de M. Yiala 172
— Sur la formation de l'acide nitrique dans
le sol; Note de M. P. Tlieiuird a8()
— Explication, par une action thermo-élec-
trique, du phénomène de l'absorption de
l'acide carbonique par les plantes; Note
de M. LamoHe-Farchaad 5:j4
— Sur la résorption de la fécule dans l'albu-
men des graines en voie de germination;
Mémoire de M. Arth. Gris 996
— Cas d'hybridité disjointe entre deux espèces
de Datura ; Note de M. Naudin 61G
Physique du globe — Nouvelle expérience pour
rendre sensible aux yeux le mouvement
de la terre; Note de M. Perrot 63;
— Influence du mouvement de rotation de la
terre sur le cours des rivières ; Note de
M. Babinet (53g
— Remarques do M. Combes au sujet des deux
précédentes communications n^S
— Remarques de M. Bertrand sur cette com-
munication (558
— Réponse do M. Babinet GSg
— liemarquos de M. J!/oWn, concernant la
même qucstiàn • ^ Ibid.
— Nouvelles remarques de M. Bertrand 685
— Note de M. Babinet sur le déplacement,
vers le nord ou vers le sud, d'un mo -
bile qui se meut librement daus une di-
rection perpendiculaire au méridien: ré-
ponse à M. Bertrand 686
— Remarques de M. Delaunay relatives à la
même discussion 688
— Réponse de M.Bertrand 692
— M. Piobert rappelle à cette occasion ce qu'a.
vait dit Poisson de la déviation qu'éprou-
vent les projectiles dang leur trajectoire
par suite du mouvement de rotation de la
terre jgj
— Influence du mouvement de rotation de la
terre sur les fleuves; Note de M. Touche^ 737
C. R., iSSg, a">e Semestre. (T. XLIX.)
o33 )
Pages.
Physique du globe. — Démonstration de la
loi de M. Foucault sur la tendance trans-
versale d'un point qui se déplace à la sur'
face de la terre ; évaluation de la força
qui produit dans les rivières la tendance
à l'érosion des rives; Mémoire de M. Ba-
binet 7G9
— Sur un principe de géologie relatif aux
effets primitifs des graiids courants d'eau
aux époques antérieures à la nôtre; Mé-
moire de M. Leymerie à l'occasion de la
mômo question hqS
— M, Bouvier propose une explication qui lui
est propre, du lait annoncé par M. Babi-
net que dans notre hémisphère les fleuves
tendent à ronger plus leur 1 ive droite... 865
— Sur la profondeur des mers; Mémoire de
M . \isse 790
— Sur le puils gelé de Brandon (Etat de
Vcrnon); Lettre de M. JacAson à M. Elie
de Beaumont. Ifi
— Note de M. Rosslgnol-Duparc faisant suite
à une précédente communication sur di-
vers points concernant la physique du
globe et la physique des êtres organisés. 56
— M. Partiot retire un Mémoire qu'il avait
présenté sur le mascaret 905
Physique hatuématique. — Communication
do M. Lamé en présentant son ouvrage
sur les coordonnées curvilignes 34l
— Formules éleclrométriques; Lettre de
M. Yolpicelll à M. Chasles 6^5
— Sur la théorie m.Tthématique do la lumière;
propagation de la lumière dans les mi-
lieux crislallisés ; Mémoire de 31. Briot, 888
Plakétes. — Découverte d'une nouvelle pla-
nète (5^) faite à l'Observatoire de Bilk,
le 22 septembre par M. Luther; nom do
Bfnemosxne donné à cette planète ; obser-
vation do cette planète à Berlin 482
— Observation du même astre à l'Observa-
toire impérial de Paris; Communication
do M. Le Verrier yjgj
— Sur la probabilité d'existence d'une ou do
plusieurs planèles entre Mercure et la
Soleil ; Lettres de M. Herrick et de
M. Buys-Balloi à M. Le 'Verrier. 810 et 812
Platine. >- Note de M. Peloucc accompa-
gnant la présentation, faite au nom de
M. Jacobi, de médailles frappées avec des
alliages de platine et d'iridium, parles
procédés de MM. Sainte-Claire-Deville
et Uebray 8q
Poids SPÉCIFIQUES des fluides élastiques ; Mé-
moire de M. Baudrimont Qji
Potasse. — Nouveau procédé pour l'analyse
des mélanges de potasse et de soude.
Noie de M. Haumené ;... 5oa
i34
Prix tririisai. — Lettre de M. de Luca accom-
pagnant deux ouvrages destuK » an con-
cours pour ce prix
( io34 )
Pogcs.
558
Pagts.
PciTS ABTÉsiB!! réccmmei>t foré à I.ouU-
ville (Kentucky); Mémoire de M. JUois-
senet 3i7
a
Badicaix ORGAHO-MÉTALLiQtjES. — Recherches
sur ces radicaux: par M. Cahours 8j
Réfractions. — Sur les réfractions anormales
dans les éclipses de soleil et la détermi-
nation de la longitude par les éclipses;
Note de M. Liais 83
Régclatebbs. — Sur les moyens de corriger
les régulateurs à force centrifuge qui ne
maintiennent pas la vitesse des moteurs
entre des limites assez étroites; Note de
M. Mahistre 63a
Salanganes. — Sur la geloze et les nids de sa-
langane; Mémoire de M. Payen 5al
— Remarques de M. Geoffroy-Sain l-Hilaire sor
les matériaux divers des nidsdesalanganes, 53o
>— Remarques de M. Payen en réponse à cel les
de M. Geoffroy 53j
Sang. — Existence de globules colorés dan*
le sang de divers animaux invertébrés;
Note de M. Ch. Rouget 6l4
— Sur les métaux qui peuvent exister dans le
sang ou dans les viscères ; recherches de
M. Béchamp.... 8g5
SciESCEs NATURELLES. —Mémoire deM. Horari-
now sur divers sujets concernant les scien-
ces naturelles et les sciences médicales. . 2g4
Sections de l'Académie. ^ La Section de Mé-
decine et Chirurgie présente la liste sui-
vante de candidats pour une place va-
cante de Correspondant : i» M. Denis de
Comnicrcy; î" MM. Bonisson, Erhmann,
Forget, Gintrac, Serres d'Uzcs 906
— Sur la proposition de la Section de Phy-
sique, l'Académie décide qu'il y a lieu de
pourvoir au remplacement de feu M. Ca-
gniard de Latour Jbid.
— La Section présente la liste suivante de can-
didats : 1" M. Fizeau;S° MM. Becquerel,
Foucault; 3° M. de la Provostaye;
40 MM. Jamin, Masson, Verdet, Wer-
theim 1014
Silicates. — Note de M . Ransome sur l'em-
ploi du verre soluble avec le chlorure de
calcium pour le durcissement des pierres. 637
Soleil. — Lettre do M. Wo//" accompagnant
un nouvel opuscule sur les taches solaires. 47
— Sor les réfractions anormales dans les
éclipses de soleil et Iq détermination de
la longitude par les éclipses; Mote de
M. Liais 83
-•Observation d«s taches et facules du solui
faites au Collège Romain; Lettre du P.
ScccU tgi
Soleil. — Observations des taches du soleil;
Lettre de M. Goldschmidl 4^2
— Sur l'atmosphère du soleil; Note deM.*'"/?. 696
— Intensité lumineuse du centre du soleil com-
parée à celle des bords ; Lettre de M. Cha-
cornac à M. Le Verrier 806
— Sur l'intensité lumineuse des diverses par-
ties du disque solaire; Lettre du P. Sec-
chi à M. Klie de Beaumont q'i
— Observations sur certaines taches solaires
d'un caractère particulier tendant à éta-
blir l'existence d'une planète intra-mer-
ciiricUe; Lettre de M. Herrick à M. Lo
Verrier 810
— Sur l'hypothèse d'un anneau circulaire au-
tour du soleil, à plus courte dislance que
Mercure; Lettre de M. Buys-Ballot à
M. Le Verrier 8ia
Soude. — Nouveau procédé pour l'analysede*
mélanges de potasse et de soude; Note do
M. Maumené , ......••.•>..• ...• 5o2
SocFSE. — Sur les moyens propres à consta-
ter la présence du soufre et du chlore
dans le caoutchouc vulcanisé par le chlo-
rure de soufre; Note de M. Gaultier de
Claubrr 76
— Sur la densité des vapeurs surchauffées du
soufre, du phosphore et de l'arsenic;
Note de M. Dineau 799
Statistique. — Lettre de M. Duffaud, concer-
nant son Mémoire sur les prix des grains
à Poitiers durant les trois derniers siècles. 865
— Mouvement de la population dans la ville
et l'arrondissemenlde Toul ; Mémoire de
M. Jlusson • 983
SiBsTiTiTio.Ns. — Note sui la substitution de
l'azote à l'hydrogène; par M. Griess.... J7
— Sur un nouveau mode de substitution.
( ro35 )
p»gf».
et «tir U formation des acides iodobcn-
zolque, lodotoluiquo et iodaiiisique; par
M. Gtiess 900
Sucres. — Recherches sur la nature du sucre
formé par la matière glycof[ène du foie ;
NotediiMM. Berthelol et de Luca 2i3
— * Fabrication du sucre au moyen de Pextrait
de Saturne; Note de M. Debray 4^9
Sulfite». — De l'emploi do l'acide sulfureai
et des sulfites alcalins comme moyen de
réduire le» persel» defer; Note de M. B«j-
gnel S87
Ststèhes im HONDE. — Sur la puissance mo-
trice du soleil; Mémoire île M. Kuisson. i3a
— Cosmogonie nouvelle et essai de gcogénie;
par M. i?ouron îbid.
— Sur les mouvements des corps eélestes;
Notede M. Sai-i! i33
— Sur U constitution de l'univers; Note de
M. Michaut i39
365
326
Tklécrapuie électrique. — Influence exercée
sur les lignes télcgrapliiques par l'anrore
boréale. ( Voir l'article Aurores boréales).
Tebpébatcrfs asimai.es. — Sur la tempéralure
du corps humain et sur l'emploi thérapeu-
tique du froid, spécialement dans les ca»
de iièvro typhoïde; Note de M. Wanner.
Températures végétales. — Sur la température
des plantes dans les diverses saisons; par
M. Becquerel, 4° Mémoire 532
Tératologie. — Note sur un rbinocéphalc hu-
main ; par M. Lnjorgue l3l
Terrassements. — Sur la détermination des
formes et des dimensions miaimantei
999
35a
quant à la dépense et maximantes quant
à la stabilité des terrassements ; Mémoire
de M . Canrallo
Tétanos. — Sur le siège et le traitement de
cette affeclion; Mémoire de M. Grimaud.
— Emploi du curare contre le tétanos. (Voir
l'article Curare).
Thérapeutique. — Sur un moyen do détruire
les verrues; Nota de M. Pommeret Sgî
— Emploi du curare dans le traitement du
tétanos. (Voir l'article Curare).
Tremblements de terre. — Le tremblement
qui a détruit Norcia a été ressenti jus-
qu'à Rome; Lettre du P. Secchi 346
#
D
Urée. — Présence de l'urée dans le chyle et
dans la lymphe; Note de M. Wurtî 5a
^Recherches physiologiques sur l'urée; par *
MM. Poiseuille et Gobley 164
UlRicctAiRE (Tissu). — Action de la chaux sur
le tissu utriculaire des végétaux; Mémoire
de M. Fremy 56l
Vaccinb. — Sur la vaccine et sur la question
d'immunité; Note de M. F.-C. Paye.... 44"
Vanadium. — Sur ua nouveau minerai de va-
nadium; Note de M. H. Sainte-Claire-
Deville alo
— Sur la présence du vanadium dans l'argile
de Gentilly ; Note de M. P. Beauvallet. , 3ot
— Remarques de M. Elie de Beaumont à l'oc-
casion de cette communication ,. 3o3
— Réflexions de M. Chevreul à l'occasion de
la même Note Ibid.
VWEUR d'eau. — Sur le développement du ca-
lorique par la «ombustion de la vapeur
d'eau; Mémoire et Lettre de M. Mundo.
198 et 645
Vapeurs. — Sur les densités de vapeur à des
températures très-élevées ; Mémoire de
MM. H. Sainle-Claire-Deville et Troost.. . a3<)
— Sur la densité des vapeurs surchauffées du
soufre, du phosphore et de l'arsenic; Note
de M. Bineau ^gg
Végétaux (Tissus). — Action de la chaux sur
la tissu utriculaire des végétaux; Mé-
moire de M. Fremy , 56l
Versa soie. — Lettre da%I, Thannaron, con-
cernant des vers à soie élevés en plein air
et dans un appartement non chauffé.... 45
•— Influence bienfaisante, sur les vers à soie,
d'une aération constante; Note de M. Char-
vet 75
— Remarques de M. de Quatrefages, concer-
nant cette communication Qj
— Observations séricicoles faites en i85gdans
le midi de la France; acclimatation du
ver i soie de l'Allante; Note de M. Gué^
rin-ifénevilU 16^
— Sur des éducations de vers & soie du Ja-
pon; Note de M. Vallée 589
134..
( io36 )
Vers AsoiE. — NotiToUes recherches surlama'
ladiedesyers à soie; par M, de Qualrfjhges.
— Noie pour servir à l'histoire de la maladie
des Ters à soie; par M. V. Pages
Vins. — Kecherches chimiques sur les vins de
Toscane; par filJA. Siheslri elGianelli,.
Vision. — Note sur la vision et spécialement
sur la perception des reliefs dans le sté-
réoscope et dans la nature; Mémoire de
M. Douliot
78»
856
a55
325
PagM.
Voyages scientifiques. — Lettre de M . Li^ê Jere
sur les avantages qu'il y aurait pour la
science à ce qu'une Commission scientifi-
que fût adjointe dès le principe i l'expé-^^^
dition militaire de Chine 589
— M. Faye prie l'Académie de considérer s'il
ne conviendrait pas qu'elle prît l'inilia-
live près du gouvernement pour qu'une
Commission scientifique fit partie de l'ex-
pédition de Chine 829
Xtloïdine.— Mémoire de M. Béchamp sur la lyloSdine et sur de nouveaux dérivés nitriques de la fécule. 5oa
Zinc. — Sur l'atilisation des résidus desulfate
do zinc des piles; addition k une précé-
dente Note da M. Kessler 55
Zoologie. — Naissance d'un lama et de deux
yaks à la Ména|;erie du Muséum d'histoire
naturelle; Note de M. Geoffroy-Sainl-
Hilaire • 63
— M. Isid. Geof/ioy-Saint-Hilaire annonce
qu'un hippopotame est né pour la seconde
fois au IMuséum d'Histoire naturelle, le
lundi i9 juillet 118
— Sur les mesures prises par la Société d'Ac-
climatation pour l'introduction des dro-
madaires au Brésil j opuscule de M. Geof-
froy-Saint-Bilaire 537
— Sur l'abondance des tigres dans l'île de
Singapore; Lettrede M. ^e Cajie/nau... l^^'i
— Communication de M. Dumèril sur les re-
cherches do M. Rufz, concernant la vipère
fer-de-lance 5g3
— Note de M. Dumèril fils annonçant l'arri-
vée à la Ménagerie du Muséum d'un spé-
cimen vivant de la grande Salamandre du
Japon 750
— • Note de M. Yalenciennet accompagnant
la présentation de nids sous-marins pro-
venant du banquercau de Terre-Neuve. . 878
-• M. y alenciennes fait connaître des obser-
vations de M. Girard, concernant des mol-
lusques d'eau douce vivant en parasites
sur des écrevisses 89!
— Rapport sur deux Mémoires de M. Léon
Du/our relatifs à l'analomie des insectes;
rapporteur, M. Dumèril 65
— Rapport sur une demande de M. Léon Du-
four, concernant son ouvrage sur l'anato-
mie des galéodes ; rapporteur M. Dumèril, 848
Zoologie. — M. Dumèril fait hommage à l'Aca-
démie d'un exemplaire d'un tableau synop-
tique otfrant la classification naturelle des
insectes d'après la méthode analytique. 228
— Communication de M. Dumèril exposant le
plan de son «Entomologie analytique.» G5S
— Sur une nouvelle espêcede sarcopte, para-
site des gallinacés; Mémoire de MM.CA.
Robin et Lanquetin -..- 793
— Sur la reproduction des Actinies; Lettre do
M. Van Beneden 45a
— Observation en France du dragoneau (fi-
laire de Médine) ; opuscule de M. Benoit
présenté par M. Flourens 175
▼- M. tloijuin-Tandon signale à cette occasion
des observations qu'il a eu lui-mcmeoc-
casion de faire à Paris sur un malade ar-
rivant du Sénégal Ihid.
— M. Ci. iï«nar<i présente une Note de M. Vi'r-
chow sur le Trichina spiralis. — Traduc-
tion de cette Note 2i^9 et 660
— M. Van Beneden annonce que M. Leuckart
a reconnu dans le Trichina spiralis la
larve du Tricocephalusdispar 4^'
— Nouveaux dciails sur la transformation de
ce Trichina en Tricocéphale, donnés par
M. Hilne Edwards • 4^
— i Remarques de M. Moquin-Tandon^ar l'im-
portance qu'a la constatation de ce fait.. Ibid,
— Note de M. Pouchet ayant pour titre :
Nouvelles eipériences sur les animaux
pseudo-rcssuscitants 49^
— Note de M. Doyère sur les animaux ressus-
citants 75i
— Globules de sang colores dans plusieurs
animaux invertébrés; Note de M. C. Rou-
get 6«4
( 'o37 )
TABLE DES AUTEURS.
■«. Page».
ACADEMIE DES SCIENCES DE BAVIÈRE
(l'J envoie les publications qu'ellea faites à
l'oecasionderaiiniversairedesa fondation. 269
ACADÉMIE DES SCIENCES DE COPEN-
HAGUE (i.') envoie do nouveaux volumes
de SOS publications 858
ACADÉMIE DES SCIENCES DE PRUSSE
(l'). — Lettre accompagnant l'envoi de
plusieurs nouveaux volumes de ses Mé-
moires et de ses Comptes rendus pour
l'année l858 Q6g
ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE
(i.'). — Lettre accompagnant un envoi de
sespublications ij5o
ACADÉMIE STANISLAS DE NANCY (l').
— Lettreaccompagnant l'envoi du volume
de ses Mémoires pour l'année i858 583
ADELSWAKD. — Lettreaccompagnant l'en-
voi de cirtes géographiques, dressées par
le Prince royal, aujourd'hui Roi de Suède
et de Norwége 268
ALCIATI fait connaître la compositiou du
MM. P«(«.
liquide qu'il emploie contre la maladie
do la vigne 173
ANSELMIER. — De l'autophagie artificielle
ou de la manière de prolonger la vie
dans lo cas de privation absolue d'ali-
ments g35
AOUST (l'adbé). — Sur un Ihëorèmo de géo-
métrie jag
APPIA (L.) — Lettre concernant un ouvrage
qu'il se propose d'adresser pour un con-
cours .- 3^a
ARMAND. — Echantillons d'un papier de
sûreté de son invention ;Jj2
AVENIER DE LA GRÉE — Notes sur une
nouvelle machine à gaz chauds et à vapeur
d'eau S.-iS, 737, 8()\ et 1014
— Noie sur un foyer l'umivore à flamme ren-
versée pour les locomotives 894
AVIERINOS, Président de la Chambre des
Députés du royaume de Grèce. — Lettre
accompagnant l'envoi du i'^'' volume d'un
Recueil de documents officiels 83
B
BARINET. — Sur la courbure des surfaces. . 418
— Influence du mouvement de rotation de la
terre sur le cours des rivières : remarques
à l'occasion d'une communication do
M. Perrot 638
— Sur le déplacement vers le nord ou vers
le sud d'un mobile qui se meut librement
dans une direction perpendiculaire au
méridien : réponse à des remarques faites
sur sa précédente communication par
M. Bertrand 6ô<) et
— Démonstraiion de la loi de M. Foucault
sur la tendance transversale d'un point
qui se déplace à la surface de la terre.
Evaluation de la force qui produit dans
les rivières la tendance à l'érosion des
rives
— M. Babinet comnmnique une Lettre de
686
769
M. Leymerie contenant des observations
sur les grands cours d'eau qui descendent
des Pyrénées jg5
BAER (de) fait hommage de deux Mémoires
d'anthropologie qu'il a récemment pvi-
bliés 464
BALLY. — Lettre concernant une place va-
cante de Correspondant pour la Section
de Médecine et de Chirurgie aao
BARRAL. — Lettre accompagnant l'envoi du
tome XVI et dernier des OEuvres de
F. Araço 8o5
BA'i'AILHÉ et Goiliet. — Expériences con-
cernant l'emploi en chirurgie de l'alcool
et des composés alcooliques.. . . 268 et 3qi
BAUDOUIN. — Appareil de photographie au-
tomatique pour l'observation des éclipses
de soleil C80
im.
BAUDRIMONT. — Observations sur les
poids spécifiques des fluides élastiques. .
BAZIN. — Lcttie concernant une communi-
cation de M. Broca sur l'hypnotisme, nou-
veau procédé pour obtenir Tanésthésie...
BEATJVALLET (P.). — Sur la présence du
vanadium dans Vargile de GentUIy. ....
BÉCHAMP. — Mémoire sur la xyloïdine et sur
de nouveaux dérivés nitriques de la fécule.
BECQUEREL. — Sur la température des vé-
gétaux dans les différenti's saisons
— M. Becquerel fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de ses « Recherches sur
les causes de l'électricité atmosphérique
et terrestre »
BECQUEREL (Edm.). — Reclierches sur di-
vers efli'ts lumineux qui résultent de l'ac-
tion de la lumière sur les corps; compo-
sition de la lumière émise.
— M. Edm. Becquerel est présenté par la Sec-
tion de Physique comme l'un des candi-
dats pour la place vacante par suite dn
déccs de M. Cagniard de l.atour
BEGHIN. — Note sur les piles galvaniques.
BEILSTEIN. — Sur l'isomérie des combi-
naisons organiques
BENOIT. — Guérison d'une division congé-
niale du voile du palais par la cautérisa-
tion
BERGON. — Influences exercées sur les li-
gnes télégraphiques par l'aurore boréale
de la nuit du aS au 3g aoât
BÉRIGNY (A.). — Proportions de l'ozone
avant, pendant et après la période d'in-
fluence de l'aurore boréale du 28 au
3g août
BERNARD (Cl.). — De la présence du sucre
dans le sang de la veine porte et dans ce-
lui des veines sus-hépatiques : expériences
de M. C. Schmidt analysées par M. Ber-
nard qui, à cette occasion , présente deux
ouvrages dans lesquels il a expose les
principaux résultats de ses recherches sur
ce sujet
— M- Bernard présente, au nom de M. Vir-
cftow, une Note sur le Trichina spiralis. .
— Sur remploi du curare dans le traitement
du tétanos : réponse à des remarques de
M. Yelpeaa sur le fait rapporté par
M. Yella
— Remarques à l'occasion d'une commnnica-
tion de M. H. Gintrac stir un cas de téta-
nos traumatique traité sans succès par le
curare
BERTHA13T. — Notes intitulées : « Cbatn»
vollaïque» et n Emploi de l'air compri-
mé pour arrêter les voies d'eau et empê-
cher les navires de sombrer m
( io38 )
Page»
621
946
3nl
5oï
53a
64
27
1014
545
134
325
365
391
63
289
333
823
393
UM. Pages.
BERTHAUX (J.). — Description et figure
d'un aérostat hélî<;oïde 268
BERTHELOT. — Action des alcalis hydratés
sur les éthers nitriques 212
— Recherches sur le sucre formé par la ma-
tière glycogène hépatique ( En commun
avec M. de Luca) 2l3
BERTRAND indique !e contenu de divers
manuscrits inédits de Mlle Sophie Ger-
main, oITerts, au nom de ses héritiers,
par M. Geoffioy-Saint-Hilaire 45
— Note relative à l'influence de la rotation
delà terre sur la direct ion des cours d'eau ;
remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. Babinet 658
— Nouvelles remarques à l'occasion des com-
munications de M. Babinet, concernant
la même question , 635
— Réponse à M. Delaunay dans la même dis-
cussion 692
BIENAYMÉ. — Lettre èi M. Chasles sar l'au-
rore boréale du i*"^ octobre 4^ï
BILLIARD, DE Cop.BiGsv. — Suite de ses re-
cherches sur l'hcniatose a5l
•— De la destruction absolue de l'odeurdc gan-
grène au moyen du chlorate de potasse. . 47'
BINEAU (A.). Sur la densité des vapeurs sur-
chaufl'ées du soufre, du phosphore et de
l'arsenic • 799
BIOT. — Note sur la formation artificielle de
l'acide tartrique par M. Liebig 377
— Communication accompagnant la présen-
tation de ses recherches sur l'astronomie
indienne 5^1
BIZIO. — Note concernant ses travaux sur la
corrélation entre le poids des équivalents
des corps et leurs propriétés physiques et
chimiques 9^^
BOIilERRE (A.). — Note sur l'association des
phosphates de chaux et de fer dans les
nodules exploités en France et en An-
gleterre ';9
BO BOEUF. — Sur l'acide phénique et les huiles
saponifiables contenues dans les huiles
de houille, de schistes, etc., et leurs appli-
cations diverses 984
BOESCH. — Nouveaux procédés pourl'impres-
sion des étoffes et des papiers de tentures. 208
BOHN. — Sur les propriétés optiques de l'a-
cide tartrique artificiel (Lettre à M. Pe-
loute) 897
BOILEAU DE CASTELNAU. — Tempéra-
ture de l'été de 1839 à Nimes comparée à
celle des trente-quatre années antérieures, ^51
BOINE. — Remarques à l'occasion d'une
Note de M. Marchai de Cahi sur l'emploi
de riode comme désinfectant et antisep-
tique '98
( ïo^g )
P.gr»
BOMBES-DEVILLIERS et Daiemaone. —
Uemarqucs concernant un passade <ln
Haiiportsur les allumettes chimiques, lu
à r.Acaclémie le sfi septembre iSôj 55q
— Lettre annonçant renonciation au privilège
cxcUisit' que leur {jarantiss.-iit leur brevet
pour la l'abricalion des allumettes andro-
gynes *..•• 7^^
BOKNAFONT. — Expériences faites à l'in-
flrrnerie de l'Hôtel des Invalides avec le
mélange désinfectant de coal-tar et de
plâtre 348 et /(Og
BOSSHAUU. — Lettre relative à son appareil
désigné sous le nom de co//ec<cu»(ieyorc«.
181 et 865
BOTJBÉE (N.). — Note sur les moyens de re-
médier à l'infection de la Tamise. ..,., . 220
BOUCHER DE PERTHES. — Sur les silex
tailles des bancs diluviens de la Somme. 58l
BOUISSON est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un
des candidats pour une place vacante de
Correspondant .* , go6
BOULU. — De la médication électrique dans
certaines aifections de l'appareil ocu-
laire 449
BOUQUET. — Lettre concernant un préco-
dent Mémoire sur la résolution des équa-
tions 339
BOUQUET. — Sur l'importance de la silice
dans le sol arable; observations faites
dans le département de la Manche 857
BOURON (Feu). — «Essai de géogénie»... iSa
BOUTLEROW (A). — Sur le dioxyméthy-
lène 187
BOUVIER. — Explication proposée pour le
fait avancé par M. Babinet sur la tendance
des fleuves de Thémisphère nord à ronger
pins leur rive droite 865
BRIOT (Cii.) — Sur la théorie mathématique
de la lumière; propagation de la lumière
dans les milieux cristallisés 888
Mil. P«««-
BRISEBARUE. — Description et flguro d'un
moteur mis en jeu par l'expansion de
l'acide carbonique ioo3
1ÎR0CA(P.). — Notesur une nouvelle méthode
anesihèsiqne Qoa
BRODIE. — Emploi du curare dan» le trai-
tement du tétanos (Lettre i M. Flou-
rens).... 5oî
BRONGNIART (Ad.). — Sur les moyens em-
ployés par les botanistes pour arriver à la
détermination des organes des plantes.. 67
BUUGE. — Les résultats de ses recherche»
analomiqnes ot physiologiques sur les
fonctions des plexus cœliaquo et mésen-
teriquc sont présentés de vive voix par
M. Flourens gSS
BUIGNET. — Examen chimique de la fraise
et analyse do ses diverses espèces 276
— De l'emploi de l'acide sulfureux et des sul-
fites alcalins comme moyen de réduire
les pcrsels de fer 587
BUISSON. — « Sur la puissance motrice du
soleil II .* i33
BURDEL. — Ex^riences sur divers mélanges
dcsinfoclants 3Ç)S
— De la poudre Corne et Demeaux consi-
dérée au point de vue de l'hygiène pu-
blique 4^
— Mémoire sur la glucosurie dans les fièvres
paludéennes 680
BUREAU H-ÏDROGRAPHIQUE DE LON-
DRES (le) annonce l'envoi d'une nou-
velle séries de cartes et d'instructions nau-
tiques 47'
BUSSY. — Remarquesà l'occasion d'une com-
munication de M. Velpeau, sur l'emploi
du mélange désinfectant de MM. Corne
et Demeaux i57
BU"ïS-BALLOT. — Sur l'hypothèso d'un an-
neau circulaire autour du soleil îi plus
courte distance que Mercure; Lettre i
M. ie Verrier 81a
CABANES. — Substitution de la terre au
plâtre dans le mélange désinfeclant avec
le coal-tar..... 44^
CAGNIARD DE LATOUR. - Sa mort, arri-
vée le 5 juillet, est, dans la séance du 1 1,
annoncée à l'Académie 67
CAHOURS (Aie). — Recherches sur les radi-
caux organo-métalliqucs 87
CAL'i'ERT. — Note sur l'emploi du coal-tar
en médecine 362
CANY. — Lettre accompagnant l'envoi d'un
opuscule sur un projet de création d'une
ferme-modèle économique dans chaque
canton rural 55
CARBONNEL. — Observations sur certaines
particularités que présentent les huîtres
propagées arliliciellement 447
CARVALLO (J.). — Essai sur la théorie de
l'injecteur GilTard. . g38
— Sur la détermination des formes et des dî-
mcnsions miuimantes quant à la dépense,
( io4o )
■M. t'aies,
et maximantes quant à la stabilité, des
terrassements 999
CASTELIN-CLICHET. — Moyen propose
pour obtenir du roulis de la mer un nou-
veau mode de propulsion des navires... GSa
CASTELNAU ( F. de). — .Sur l'abondance
des tigres dans l'île de .Singapore 4'''
CHACORNAC. — Intensité lumineuse du cen-
tre du soleil comparée à celle des bords ^
Lettre à M . Le Verrier 806
CHANCEL (G.). — Sur la séparation et le
dosage de l'acide phosphorique en pré-
sence des bases , 997
CHAPl'E D'HAUTEROCHE (C). - Lettre
concernant l'Eloge de l'Abbé Chappe
d'Hauleroche prononcé à l'Académie dos
Sciences Ters 1770, par M. Grandjean du
Fouchy 589
CHARAULT. — Perturbations magnétiques
observées les 29 août et a septembre (En
commun avec M. Desains) 4^3
— Sur quelques phénomènes électriques ob-
servés pendant l'orage atmosphéj'ique du
28 septembre (En commun yec M. Des-
croix) , 4''7
CHARGÉ D'AFFAIRES DU MEXIQUE (le)
communique un décret du Président de
la République mexicaine ordonnant l'é-
rection d'une statue de Ilumboldt dans
l'Ecole des Mines de Mexico 5Sa
CHARVEX. — Influence bienfaisante d'une
aération constante sur les vers à soie. ... jS
CHASLES corn munique une Lettre de M. Bien-
aj'mé sur l'aurore boréale du 1'='' octobre. 481
— M. Chasles présente, au nom de l'auteur
M. Gilbert, des Recherches sur les pro-
priétés géométriques des mouvements
plans 633
— M. Chasles fait hommage, au nom de
M. r.-A. Hirstf d'un « Mémoire sur la
courbure d'une série de surfaces et de li-
gnes.»—Et au nom de M. /'. Gilbert,
d'une Kotice sur le mathématicien lou-
vanisle Adrianus Komanus 54a
CHAUBART. — Lettre concernent son sys-
tème de barrage automobile 946
CHAZEREAU. — Sur des haches en silex
trouvées dans les environs d'Aubigny-sur-
Nère (Loiret) ,0,3
CHENOU prie l'Académie de vouloir bien com-
prendre la Faculté des Sciences de Poi-
tiers dans lo nombre des établissement»
auxquels elle fait don de ses Comptes
rendus g-«
CHEVREOL. — Remarques à l'occasion d'une
communication de M. Yclpeau, sur l'em-
ploi du mélange désinfectant deMM. Corne
et Demeaux iJj
MM. Pages.
CHE'^^REUL. — Sur l'usage du goudron en
thérapeutique et sur la manière d'agir des
désinfectants , 197
— Remarques sur une Note de M. Calfert re-
lative à l'emploi du coal-tar en médecine;
M. Chevreul annonce à celte occasion
la continuation de ses propres recherches
sur les goûts et les saveurs 2C4
— Réflexions concernant la chimie agricole,
présentées à l'occasion de deux Notes,
l'une de M. Beamallet, l'autre de M. Isid.
Pierre 3o2
— Rapport sur les allumettes chimiques dites
hygiénique» et de sûreté, les allumettes
androgynes et les allumettes chimiques
sans phosphore ni poison 434
— M. Chevreul, à l'occasion d'une Lettre de
M. Mahguli, rappelle que Proust, il y a
près d'un demi-siècle, indiquait comme
très-probable la présence dans l'eau de
la mer de l'argent et d'autres métaux.... 463
CHOUVEAD. — Du mécanisme des effets
physiologiques de l'électricité 44g
CHRISTIE (R.-C.). — Lettre accompagnant
le dépôt d'une Note sous pli cacheté, se
rattachant au concours pour le grand prix
de Mathématiques de 1S60 aSi
CLAPEYRON est nommé Membrede la Com-
mission du prix pour l'application de la
vapeur à la marine militaire g35
CLOQUP'T (J.). — Observations sur deux cas
de calculs urinaires vésicaux Gq3
— Remarques sur une Note de M. t. Vclla,
concernant l'emploi du curare dans le
traitement du tétanos 335
— M. /. Cloquet présente, au nom de M. Wat-
son, deux caries des chemins qui mettent
en communication les houillères du
comté de Durham avec les chemins de
fer du Yorkshiie aCo
COC. — Note concernant un remède contre
le choléra-morbus 987
COLIIN (G.) — De la glycogénic animale dans
SCS rapports avec la production et la des-
truction de la graisse q8i
COMBES. — Observations relatives à une
communication de M. Penot sur une
nouvelle expérience pour rendre mani-
feste le mouvement de rotation de la
terre, et à une Note de M. Babinet qui
accompagnait celle de M. Porrot 775
. — M. Combes est nommé Membre de laCom-
mission du prix pour l'application de la
vapeur à la marine militaire qJS
COMMISSION DES CARTES CÉLESTES
DE L'ACADÉMIE DE BERLIN.- Lettre
accompagnant un nouvel envoi qui com-
plète la publication An^
( lo/i
HH. Pages.
CONSEIL MUNICIPAL DE LA VILLE DE
GUAY (ie). — Demande des rom/)/eîren-
<{ui pour la bibliothèque de celle ville... aai
CORNE et Dembaix. — Note sur la désinfec-
tion et le pansement des plaies 127
COR VISART ( L.). — Sur le rôle du pancréas
dans la di{;eijtion 4^
^ De la fécule végétale et animale sous le rap-
port de l'influence conservatrice qu'exerce
sur elle la lumière solaire. — De quel-
ques substances qui annihilent ou accrois-
sent cette action solaire (En commun
avec M. Nicpce de Saint-Victor) 363
COSTE. — Note accompagnant la présenta-
tion d'une nouvelle partie de son « His-
toire générale et particulière du dévelop-
pement des corps organisés » 5g9
I )
un. PagM.
CODLVIER-GRAVIER. - Etoiles filanlos '
des r), 10 et 11 août 378
— Etoilns filantes d'octobre-novembre. Deuxiè-
me partie du catalogue des bolides obser-
vés depuis septembre i853 7^*
— Aurore boréale observée dans la nuit du
aij au 29 août 338
COURTV (A). — Narcotisalion localisée: in-
jections de sulfate d'atropine sur le nerf
pneumogastrique pour guérir les attaques
d'asthme 666
CURATEUliS DK L'UNIVERSITÉ DE
LEYDE ( LES ) adressent au nom des Uoi-
versités Néerlandaises et des Athénée»
d'Amsterdam et de Deventor, un exem-
plaire de leuis Annales pour l'année
1854-1855 47a
D'ABBAUIE (A.) fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de son Mémoire « Sur le
tonnerre en Ethiopie » et du Catalogue
raisonné des Manuscrits éthiopiens qui
lui appartiennent, 164
— Et d'un exemplMire de son e( Résumé géo-
désique des positions déterminées eu
Ethiopie » 229
D.AGDIN. — Note sur la vapeur vésiculaire.. go
DALEMAGNE et Bomdf.s-Devilueks. — Re-
marques concernant un passage du Rap-
port sur les allumettes cbiiuifiues, lu à
l'Académie le aG septembre it^ôg.. .... SSg
— Lettre annonçant la renonciation au privi-
lège exclusif que leur garantissait le bre-
vet pour la fabrication des allumcltes an-
drogynes y56
DAMOUR (.4.) — Recherches chimiques et
analyses sur l'aérolithe de Montrcjeau. . 3i
D'AKCHIAC. — Rapport sur un Mémoire de
M. A. Gaudry, intitulé: « Géologie de l'ile
de Chypre 1 229
— M. d'Archiac fait hommage à l'Académie
de trois Notes qu'il vient de publier sur
des questions de jjaléontologie t^ii
— M. d'Archiac présente, au nom de M. R.-I.
Murchison, un exemplaire du discours pro-
noncé par cesavant, eu qualité de I^résident
de la Société royale Géographique de Lon-
dres, à la séance annuelle du 23 mai iSSg. 238
David. — Sur l'intégration des équations
différentielles linéaires 676
DEBR AY (H.). — Sur la production de l'azurite. ai 8
DEBR.AY. — Mémoire sur la fabrication du
sucre de betterave au moyen de l'extrait
de Saturne 4^g
C. R., 1859, an»» Semestre. (T. XLIX.)
DECAISNE. — Des espèces et des variétés
dans les plantes cultivées; remarques à
l'occasion d'un travail de M. Naudin sur
le genre Cucumis i44
DECHARMES. — Aurore boréale observée à
Amiens le 13 octobre 549
DE LA MGTHE.FARCH.'iUD. — Pilolher-
uio-électrique et explication du phéno-
mène de l'absorption de l'acide carboni-
que p.'ir les plan tes 544
DELANOUE. — Composition des phosphates
fossiles exploités en France et en Angle-
terre. — Ouverture d'un paquet cacheté
déposé le 11 octobre 1 358 73 et iSo
— Des phosphates fossiles employés en agri-
culture 266
DE LA PKOVOSTAYE est présenté par la
Section de Physique comme l'un dos can-
didats pour la place vacante par suite du
décès de M. Cagniard de Laiour 1014
DELA RIVE (Aug). — Sur l'aurore boréale
du 29 août i85;j 4^4
— Sur les courants électriques observes dans
les lignes télégraphiques de la -Suisse pen-
dantlaurore boréale du 2 novembre iSSg
(Lettre in M. de Senarmont) 662
DELAUNaY. — Calcul des variations sé-
culaires des moyens mouvements du
périgée e.t du nœud de l'orbite de la
lune 3o9
— Remarques concernant la question de l'in-
fluence de la rotation de la terre sur la
direction des cours d'eau . . . 688
— Note sur les inégalités lun.iires à longue
période dues à l'action perturbatrice de
Vénus 923 et ggS
135
( I
■H. Pages.
OELEAD. — Snrles propriétés désinfoctantes
do la solution rie pcrchlorurc île for 363
DELESSE. — Lettre accompagnant renvoi
de ses ^lémoircs sur le métamorphisme
des roches ^94
DELFRA'ÏSSÉ. — Sur les corpuscules qni
voltigent dans Ta ir • 339
DE LUCA (S.). — Recherches sur l'iode at-
mosphérique.. 170
— Recherches sur le sucre formé par Ja n»a-
tièrc glycopène hépatique (En commun
avec M. Berthelot) 21 3
— Nouveau procédé par la voie sèche pour
constater la présence de l'iode et pour le
doser 214
— Recherches chimiques sur le calcaire d'A-
vane, en Toscane • 358
DE LUCA (F.). — Lettre accompagnant
l'envoi de deux ouvrages destinés au con-
cours pour le prix triennal 558
DEMARQUAY et Leconte. — Cicatrisation
des plaies sous l'influence de l'acide car-
bonique S93
DEMEAUX et Couse.— Note sur la désin-
fection et le pansement des plaies 127
DEMORTAIN. — Composition des «aux cou-
rantes enLombardie, considérées par rap-
port à la production du goitre 538
DENIS, de Commercy, est présenté par la
Section de Médecine et de Chirurgie
comme l'un dos candidats pour une place
vacante de Correspondant 906
— M. Den/jcst nommé Correspondant de l'A-
cadémie, en remplacement de feu M. Bon-
net g35
— M. "DenM adresse ses remercîmenls à l'A-
cadémie g8l
DESA1^S. — Perturbations magnétiques ob-
servées les ag août et 3 septembre ( En
commun avec M. Charault) ^'j'i
DESCHAMPS. — Note sur les phosphates de
chaux fossiles l35
DESCROIX. — Sur quelques phénomènes
électriques observés pendant l'orage at-
mosphérique du ï8 septembre (En com-
mun avec IVl. Charault) 477
DES ÉTANGS. — Observations thermo-
métriques faites à Bar-Bur-Aube, les 19
et 20 décembre i85() ioi3
DESNCÏKIiS. — Note sur des empreintes
de pas d'animaux dans le gjpse des envi-
rons de Paris, particulièrement de la val-
lée de Montmorency 6j
DESPLATS. — Sur les combinaisons des al-
cools polyatomiquesavec les acides biba-
siq nos 2t6
DESPKETZ présente, au nom de M. Ruhm-
korff, un appareil d'induction 208
0/42 )
— M. Despretz présente, au nom de M. Po^
gendorff, la troisième livraison du « Dic-
tionnaire biographique des Sciences
exactes » 943
DÉVEILLE — Sur un nouveau système de
frein pour les chemins de fer... S.TS et 9^6
DIRECTEUR DE L'OBSERVATOlliE PHY-
SIQUE DE RUSSIE (le) adresse un
exemplaire des Annales de cet obser-
vatoire pour Tannée i856, et un exem-
plaire de son Compte rendu annuel pour
18.57 8,58
DIRECTEUR DES DOUANES (le) adresse
un exemplaire du Tableau général du
commerce delà France avec ses Colonies
et avec les Puissances étrangères pendant
l'année i858; et un exemplaire du Ta-
bleau général du mouvement d«i cabotage
en 1 858 . 36^ et So5
DOBELLY. — « Propriétés du cercle et des
trois corps ronds. » i33
DOMEYKO. — Notice sur divers fo.ssiles et
minéraux envoyés du Chili pour l'École
des Mines 53()
DONATI remeriic l'Académie qui lui a dé-
cerné une médaille de la fondation La-
lande ((concours de 1808). i33
D'ORBIGNY (Cn.). — Sur l'âge véritable des
poudingues de Nemours et des sables co-
quilliers d'Ormoy 67061 94G
— Sur le diluvium à coquilles lacustres de
Joinville-le-Pont 701
DOULIOT. — Note sur la vision et spécia-
lement sur la perception des reliefs dan»
le stéréoscope et dans la nature 3a5
DOYERE. — Sur les animaux ressusci-
tants -5i
DOCOMMUN. — Note sur la maladie de la
vigne i32
DUFFAUD. — Lettre concernant son Mé-
moire sur le prix des grains à Poitiers
depuis trois siècles 865
DUFOUR (Léon). — Deux Mémoires de ce
naturaliste, relatifs à Panatomie des In-
sectes, sont l'objet d'un Rapport lu dans
la séance du 11 juillet. (Rapporteur
31. Dumcril) 65
DUGROLES. — Lettre concernant la ma-
chine à vapeur du système Guerraz et
Briery 825
DUMAS. — Remarques à l'occasion d'une
communication de M. Yelpeau sur
l'emploi du mélange désinfectant de
MM. Corne et Demeaux l5;
— Sur l'emploi fait par M. Siret du sulfate
de fer et d'une huile bitumineuse dans ses
mélanges désinfectants 3l4
— M. Damas présente nn casque en alumi-
( lO,
HH. I'agr>.
niiim fohriqué pour le roi de Uane»
mark 865
DUMKRIL. — Plan de l'ouvrage iiiUtalé :
« Entomologie analytique » 4 ■ . . 653
— M. Duméril fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire d'un tableau sjl.oplique of-
frant la classification naturelle des In-
sectes d'après la méthode analytique. .. 228
— Rapport sur deux Mémoires de M. Léon
Du/our, relatifs à l'anatomie des In-
sectes. 65
— Happort sur une demande de M. Léon
Du/our relative h son ouvrage sur l'ana-
tomie des Galoodes 8^8
— M. Duméiil annonce de nouvelles recher-
ches de M. Ru/i sur la vipère fer-de-lanc«
de la Martinique, et met sous les yeux
de l'Académie un de ces nptiles et plu-
sieurs figures gravées qui accompagneront
la publication ce ce travail SgS
— Remarques ^i l'occasion d'une communi-
cation de M. H. Ginliac, intitulée : « Té-
tanos traumatique traité sans succès par
le curare » S24
DUMÉRIL (Aie). — Annonce de l'arrivée
à la Ménagerie du Muséum d'un spéci-
men vivant de la grande Salamandre du
Japon 750
DU MONCEL (Tn.). — Sur l'aspect de l'é-
tincelle d'induction dans le microscope
et les spectres de la lumière électrique
dans le vide ^o
— Des réactions exercées par les aimants
sur l'atmosphère lumineuse qui entoure
43 )
HH. Plgu.
l'étincelle d'induction. Réclainaiion' de
priorité à l'égard de M. l'cnol 396
DU MONCEL (Th.). — Note concernjnt la
qiK^stion de priorité d'observations pour
le fait de non-howogénéilé de l'étincelle
d'induction 3()a
— Nota sur les causes qui peuvent produire
la formation de l'atmosphère lumineuse
de l'étincelle d'induction et sa disposi-
tion. Description d'un nouvel appareil
d'induction 54»
— Sur les stratifications de l'atmosphère
lumineuse qui entoure l'étincelle d'induc-
tion à l'air libre 579
— Sur la non-homogénéité de l'étincelle d'in-
duction 8a5
DUHERREY. — Note relative à la date du
décès de sir fohn Franklin 4*7
— Sur une aurore boréale observée à la Gua-
deloupe le 12 septembre; par M. Mercier. i^QO
— M. Duperrey est nommé Membre de la
Commission du prix pour l'application de
la vapeur à la marine militaire çjK
DUPIN est nommé Membre de la Commis-
sion du prix pour l'application do la va-
peur à la marine militaire g35
DUPPA et Pehkis. — Recherches sur l'acide
iodacétique , gj
DUROCHEU. — Observations relatives à la
présence de l'argent dans l'eau de la mer
(En commun avec M. ilalaguti) 536
DUROy. — Du rôle de l'alcool dans l'orga-
nisme (En commun avec MM. Lalle-
mand et Pcrrin ) 5^8
EDWARDS (MiLNE) fait hommage h l'A-
cadémie de la première partie du \'^ vo-
lume de ses tt Leçons sur la physiologie et
l'anatomie comparée de l'homme et des
animaux u i4t
— Remarques sur l'emploi du mot coal-tar
au lieu de l'expression française corres-
pondante g'ouc/ron de houille 196
— Nouveaux faits recueillis par M. Leuckart
relativement à la transformation de la
Trichina spiralis en Trichocéphale l^b']
EHRMAKN est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un
des candidats pour une place vacante de
Correspondant go6
ÉLIE DE BEAUMONT. — Remarques k l'oc-
casion d'une communication do M. Yel-
pcau sur l'emploi du mélange désinfec-
tant de MM. Corne et Demeaux 169
ELIE DE BEADMONT. — Remarques à
l'occasion de la carte géologique du Dau-
phiné, par M. Ch. Lory i85
— Remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. P. Beauvallec sur la pré-
sence du vanadium dans l'argile de Gcn-
tilly 3oï
— Réponse h des remarques faites par M. Le
Verrier sur le Compte rendu imprime de
la séance du 3 octobre ^go
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. Boucher de Perthes sur les silex
taillés des bancs diluviens de la Somme. 33i
— M. Élie de Beaumont donne, d'après sa cor-
respondance privée, communication des
pièces suivantes ;
— Une Lettre de M. Prestwich sur la décou-
verte d'instruments en silex associés à des
restes de Mammifères d'espèces perdues
i35..
( lO
UU. Pae».
dans des couches non remaniées d'une for-
mation géologique récente 61j et 85ç)
— Trois Lettres du P. Secchi sur les taches et
facules du soleil. — Sur des observa-
tions de Mars; sur le tremblement de
terre de Norcia ressenti à Rome ; sur Tau-
rore boréale du 28 août. — Sur rintensité
lumineuse des diverses parties du disque
solaire 191, S.'jG et gSi
— Une Lettre de !M. Fournet sur Taurore bo-
réale du 12 octobre 6o3
— Une Lettre de M. Jf''artninnn sur un brouil-
lard lumineux observé à (aenève loi i
— Une Lettre (le M. Mnlaguti sur la présence
de l'argent dans l'eau de la mer 4^3
— Une Lettre de M. A. S'umonda sur le cal-
caire fossilifère du fort de l'ijpseillon-en-
Maurienne 4'°
— Une Lettre de M. Jî. Luther sur la décou-
verte qu'il a faite le 22 septembre d'une
nouvelle planète l{^'i
— Une Lettre de M. de Gasparis sur une
nouvelle méthode de micrométrie stel-
laire 5i
— Deux Lettres de M. Jackson, concernant
divers points de la géologie de l'Amérique
du Nord et la découverte à Terre-Neuve,
dans des schistes calcaires, du Para-
doxïdes Horlani 4^ ^'' ^^9
— Une Lettre de M. Héricard-Fcrrand ^\xv les
travaux d'André Michaux pour doter notre
pays de nouvelles espèces d'arbres fores-
tiers 20Ç)
— M. Elle de Beaumont lit un passage
d'une Lettre écrite d« Milan par M. le
Maréchal V aillant 3g7
— M. Elle de Uf;aumoot met sous les yeux
de l'Académie une nouvelle carte des
régions arctiques, et communique une
Lettre de M. Penlland, accompagnant cet
envoi 633
— M. Êlie de Beaumont présente un Mémoire
imprimé de M. Gaudiy sur les inslru-
mcnls en silex du diluvium d'Amiens. .. C36
— M. le Secrétaire perpétuel fait hommage
à l'Académie de divers ouvrages au nom
des auteurs dont les noms suivent :
— M. V/olf: Nouveau fascicule de ses publi-
cations sur les taches du soleil 4?
— M. E. Maury : Explications et instruc-
tions nauliqu(?s accompagnant sa carte
des vents et des courants 48
— M. Agassiz : Nouvelle édition de son Essai
sur la classification i33
— M. Martius : Discours prononcé par ce sa-
vant comme Secrétaire perpétuel de
l'Académie de Munich à l'occasion de
l'anniversaire séculaire de la fondation de
44)
HM. Pagti.
cette Académie : Notice historique sur
M. lirown 198
— M. W. Logan, directeur de la Commission
géologique du Canada : Rapport sur les
travaux exécutés par la Commission de
i853 à 1857 269
■— M. Baudrimonl : Instruction pour la vérifi-
cation des engrais du département de la
Gironde 327
— MM. L.-L, Vallée et E. Vallée ; Ouvrage
intitulé : « Des eaux» des travaux publics
et du barraj^e de Genève » SgS
— M. Plana : Réflexions nouvelles sur deux
Mémoires d« Lagrange, publiés en i^'^g.
Mémoire sur le mouvement du centre
de gravité d'un corps solide lancé vers la
terre entre les centres de la lune et
de la terre supposés fixes immédiatement
après l'impulsion. 397 et 45?
— M. Zantedescki ; Deux opuscules sur les
travaux et les découvertes en physique
des Italiens pendant l'année i8.")8; et
trois antres opuscules sur des questions
de physique 646 et 687
— M. Boulin : Description physique de l'ile
de Crête; Statistique géologique du dé-
partement de l'ïonne; Catalogue de
roches du même département . , 85()
— M. L. Cangiano : Sur l'état actuel des eaux
potables de la ville de Naples 8^9
— M. Eug. Fourey .-Carte géologique du dé-
partement du Loiret 941
— M. le Secrétaire perpétuel signale, ))armi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance appartenant h diverses séances, les
publications suivantes :
— Deux Mémoires d'optique météorologique
de M. Montigny ; et deux opuscules de
M. Uarcou sur des questions de géo-
logie i33
— Le second volume du « Cours d'ana-
lyse M fait à l'École Polytechnique par
M. Sturm 208
— Les statuts d'une Société d'histoire natu-
relle qui vient de se constituer à Bogola
( Nouvel le-Grenale) 364
— Trois ouvrafjes de M. le D' Martrn Paine,
professeur à l'Université de New-York.. 393
— Une Notice de M. Gueymard sur le ver-
sage des blés 546
— Deux opuscules de M. Ransome, concernant
l'emploi du verre soluble avec le chlorure
de calcium pour le durcissement dos pier-
res 687
— Un numéro d'un journal publié il la Nou-
velle-Zélande, contenant un Mémoire sur
la géologie de la province d'Auckland ,
par M. Hochstetter 733
( io45 )
IM. Pagt,.
EMMANUEL. — Lettre concernant une preuve
directe du mouvement diurne cl du mou-
vement annuel de la terre 9J7
ENCKE adresse an nom de l'Acadcmie de
Berlin le complément des cartes célestes
publiées par cette Académie 4/^
MH. Pas».
— M . Encka transmet le prospectus d'une fun- •
dation destinée à honorer la mémoire do
Iluml)oldt 986
ETIENNE. — ^otc concernant l'emploi, déjà
ancien, du goudron de bouille uni nu
pl&tre 364
FARGEADD. — De l'induence du temps sur
les actions chimiques, et des changements
qui peuvent en résulter dans certains
fossiles 558
FAYE. — Remarques à l'occasion d'une Lettre
de M. La Verrier, sur la théorie de mer-
cure et sur le mouvement du périhélie de
cette planète 383
— Sur l'éclipsé totale du 18 juillet prochain.
•.. 56^61 .59}
— Sur l'atmosphère du soleil 696
— Note concernant l'intérêt qu'il y aurait
pour la science à ce qu'une Commission
«cientifique fût adjointe à l'expédition de
Chine 82g
^ Sur les expériences de M. Fiteau considé-
rées au point de vue du mouvement de
translation du système solaire 870
— Réponse à des remarques do M. de Tes-
son sur la précédente Note gg3
FAYE (F. -G.)- —Sur la vaccine et sur la
question d'immunité 44^
FERGOLA. — Sur la résolution des équations
du cinquième degré. . ,• 267
FICHET. — Sur une nouvelle disposition de
bandages herniaires et d'autres bandages. 326
FILHOL(E, ). — Sur la recherche de l'arse-
nic ; remarques à l'occasion d'une com-
munication de M. Gaultier de Clauhry., 6'J']
FIZEAU. — Sur une méthode propre à re-
chercher si l'azimut de polarisation du
rayon réfracté est influencé par le mou-
vement du corps réfringent. Essai de
cette méthode 717
— M. Fizeau est présenté par la Section de
Physique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Ca^niard de Lalour 10l4
FLAMENT. — Lettre concernant un Mémoire
sur la théorie des parallèles 139
FLOURENS. — Note sur la dure-mêro ou
périoste interne des os du crâne aaS
— Remarques à l'occasion d'une Lettre do
M. Mollis sur le développement de pièce»
osseuses tntre les feuillets de la faux du
cerveau 3oo
— Note sur le périoste diploïque et sur le
rflle qu'il joue dans l'occlusion des trous
du crâne 87$
• M. Flourens présente, an nom de M. TIgri,
des « Observations hisiologiqnes sur nn
fragment osseux adhérent à la grande
faux de la dure-mère» 4''' "' 583
■ M. Flourens communique une Lettre de
M. Gaudry sur îles os de Mammifères
d'espèces perdues trouvés dans la même
couche de diluvium d'où l'on a tiré des
haches en pierre 4-^3
• Et une Lettre de M. Brodie sur d'anciens
essais i)0ur IVmploî du curare dans le
traitement du tétanos 5o3
• M. Flourens, en sa qualité de .Secrétaire
perpétuel, annonce it l'Académie la pprte
qu'elle vient de fiire dans la personne de
M. Cagninrd de Latour, et donne, d'après
une Lettre de M"" Ju C/iarme/, fille du
Bavant physicien, quelques détails sur sa
maladie Sj
■ M. le Secrétaire perpétuel i)résf}tile, au nom
des éditeurs, deux nouveaux volumes des
oeuvres complètes de F. Ârago. . . 84 et 8o5
• M. le Secrétaire perpétuel appelle l'atten-
tion sur un programme <lo l'Unîversiléde
Kharkoff, concernant des expériences qui
se feronl avec une batterie galvanique de
mille éléments 175
■ M. le Secrétaire perpétuel présente, au
nom de M. Wal/erditi, une épreuve (Viin
portrait de M. de Humboldt lait d'aprèa
un dessin de M. Denon , 17A
. M . le Secrétaire perpétuel présente diverses
publications au nom des auteurs dont les
noms suivent :
■ M. Teissier : Biographie du botaniste L. Gé-
rard 45o
■ M. Boucfté : Epreuve photographique d'une
nouvelle Table de Logarithmes à cinq dé-
cimales /fSo
■ M. le prince Ga//(sm : Traduction en russe
de Lettres du czar Pierre le-Grand à l'an-
cienne Académie des .Sciences 5o3
M. O. Henry (i]s : Opuscules, sur le traite-
ment de la scrofule par les eaux miné-
rales, et sur les désinicctants 583
( I
MH. Pages.
M. A. Coinalia : Premières livraisons d'une
monographie des vertébrés fossiles de
Lombardie 583
— M. A. nâchanip : Sur les métaux qui peu-
vent exisier dans le sang ou dans les vis-
cères , 895
— M. Davaine : Traité des entozoaires et des
maladies vcrmineuses SgS
— M. Bud^e : Recherches anatomiques et phy-
siologiques sur les (onction» des plexus
cœliaque et mésentérique 985
M . le Secrétaire perpétuel présente, de la
part de M. Moride, une boite contenant
du sang désinfecté parle coke de boghead,
selon la méthode Moride 198
-. M. le Secrétaire perpétuel met sous les
yeux de l'Académie une série de portraits
photographiés de grande dimension, exé-
cutés à Saint Pelersbourg, par M. Denier. 583
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance de diverses séances, les ouvrages
suivants :
On opuscule de M. Hyrtl sur la cavité
prépéritonéale du Retzius 84
— Un opuscule de M. Benoit sur des obser-
vations faites en France concernant le
dragonneau (filairc de Médinc) 173
— Un opuscule de MM. Gluge et Thiernesse
sur la réunion des fibres sensibles et des
fibres motrices 4^°
— Une Note de M. C. Baillet, intitulée :
« Expériences sur le tournis de la chèvre
et du bœuf i> 5o3
— Et un opuscule de M. CA. Girard, intitulé:
« La vie au point de vue physique, ou
physiogénie philosophique 11 5o3
FOLTZ.— Modèle et description d'un nouvel
instrument pour l'opération de la fistule
lacrymale 9^0
046 )
Sur les ostcophyles cé-
UM.
FONSSAGUIVES
rébrales
FORGET prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre dans le nombre des candidats
pour une place vacante de Correspondant
de la Section de Médecine et de Chi-
rurgie
— M. Forget est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un des
candidats pour une place vacante de Cor-
respondant
FORTHOMME. — Instrument pour la me-
sure de l'indice de réfraction
FOUCAULT (Lêox). — Essai d'un nou.
veau télescope parabolique en verre ar-
genté
^M. Léon Foucault est présenté par la Sec-
tion de Physique comme l'un des candi-
dats pour la place vacante par suite du
décès de M. Cagniard de Latour
FOURNE T. — Recherches sur les ombres co-
lorées qui se manifestent à diverses houri's,
en diverses saisons, et sur les applications
du phénomène (suite) '^4.^'
— Aperçus météorologiques relatifs ans au-
rores boréales du 29 aoiit 1809 et du
I •) novembre 1 S48
— Sur l'aurore boréale du 12 octobre (Lettre
à M . Élie de Bcaumont ) •
— Sur l'oxyde de chrome de Faymont, dans
,1e Val d'Ajol (Vosges)
FRÉMY (E.). — Action de la chaux sur le
tissu utriculaire des végétaux
FROGIER. — Procédés pour ralentir l'écou-
lement des eaux pluviales & la surface du
sol cultivé. ...'.«
FUSTER. — Lettre concernant sa candida-
ture pour la place vacante de Correspon-
dant de la Section de Médecine et de Chi-
rurgie
Pages.
338
269
go6
85
ioi4
■ai
397
6o3
Goo
56i
ioo3
806
GAILLARD. — Addition à un précédent Mé-
moire sur le traitement par la méthodo
héphestoraphique du prolapsus de l'uté-
rus 544
GARCHF.KY —Note sur la causa dn phé-
nomène de la capillarité 64/
GARCIN. — Note sur un système de pompes
de son invention 4?*
(J4RY. — Note sur diverses questions concer-
nant la géologie et la physique du globe. 221
GASPARIS (de). — Nouvelle méthodo de
micrométrio stellaire 5 1
GAUDRY. — Géologie de l'ile de Chypre
(Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. d'Archiac) 239
GAUDRY. — Découverte, dans une même
couche de diluvium, d'os de cheval et de
boeuf d'espèces perdues et de haches en
pierre (Lettre à M. Flourens) 4^3
— Sur les résultats de fouilles géologiques
cntreprisosaux environs d'Amiens. 46:let 636
GAUGAIN (J.-M.). — Recherches sur la
transmission de l'électricilé : résultats
d'expériences qui paraissent incomp.iti-
bles avec la théorie d'Ohm 1006
GAULTIER DE CLAUBRY (H.). - Des
( ï
■M. Pogct.
nioyons propres à délermincp l'f.tistpnce
du chlore el du soufre dans le caontchonc
vulcanisé par lo chloruredo soufre, ^fi et 3C|
GAULTIER DE CLAUBltY (H.) —Des
moyens propres à déterminer l'existence
du chlorure de soufre ou de ses cléments
dans le caoutchouc 2^5
— M. H. Gaultier de Claubrx transmet la co-
pie d'un Mémoire qu'il a précédemment
adressé & l'Administration, concernant
les allumettes chimiques avec ou sans
phosphore ^ao
— Recherche de l'arsenic ; remarques à l'occa-
sion d'une communication de M. Leior-. 5.|l
GEOFFROY-SAINT-HILAIRE ( Isid.). —
Naissance d'un lama et de deux yaks à la
Ménageriedu Muséum d'Histoire naturelle. 6a
— Naissance d'un hippopotame à la Ménagerie
du Muséum d'Histoire naturelle. ii8
— Remarques sur les matériaux divers des
nids de salangane 53o
— M. liid. Geoffroy-Saint-Hilaire présente,
au nom de M. l'elouze, desdenlsde Mas-
todonte du Guatemala >20
— M. /sid. Geoffroy-Saint-Hilaire fait hom-
mage d'un opuscule sur les mesures prises
par la Société d'Acclimatation pour l'in-
troduction du dromadaire au Brésil 537
— ià. Isid. GeqffioySaint-Uilaiic fait hom-
mage, au nom de M. Valdès, d'un Traité
de la science et de l'art de l'ingénieur. . . ôqS
— M. Isid. Geoffroy-Saint Hilairc est nommé
Membre de la Commission chargée de la
révision des comptes pour l'année i858 . (17
GERVAIS (P ). — Sur une espèce de porc-
épic fossile dans les brèches osseuses de
Ratoneau, près de Marseille 5ii
GIAININELLI et Silvestri. — Recherches chi-
miques sur les vins de la Toscane 255
GIGOT. — Nouvelle méthode pour recueillir
les miasmes et déterminer leur nature. 858
GINARD. — Effets produits par une trombe
aux environs de Coutances 4'4et 824
GINTRAC (H.) — Tétanos traumatique traité
sans succès par le curare 817
047 )
MM. l-'e'!.
— M. //. Gintrcc est jïréscnté par la Section
de Médecine et do Chirurgie comme l'un
des candidats pour une place vacante drt
Correspondant ()o6
GIRAUD. — Sur un phénomène de ma-
gnétisme qui s'est produit scus l'in-
fluence de l'aurore boréale du 21 août
dernier 4S5
GOBLEY. — Recherches physiologiques sur
l'urée (En commun avec M. l'oiseuillc), . 164
GOLDSCHMIUT. — Observations des taches
du soleil, de la lumière zodiacale, de l'au-
rore boréale du 1*'' octobre 482 et 548
GOSSELIN. — Préservatif contre l'asphyxie
par l'acide carbonique 989
GRIESS (P.). — Substitution de l'azote à l'hy-
drogène ; formation d'une nouvelle classe
de ccimposés organiques 77
— Sur un nouveau mode de substitution et sur
la formation des acides iodobenzoïqne,
iodotoluique et iodanisique 900
GRIMAUL), d'Angers. — Mémoire sur le téta-
nos, son siège et son traitement 352
GRIS. — Observations sur la fleur des Ma-
rantées 555
— Mémoire sur la résorption de la fécule
dans l'albumen des graines en voie de ger-
mination ggS
GRUN. — Lettre concernant un Mémoire
adressé au concours pour le prix du legs
Bréant 9^7
GUÉRIN-MÉNEVILLE. — Observations sé-
ricicoles faites en iS5g dans le midi de la
France. — Acclimatation du ver à soie
de l'Allante 167
GUIG.AIÏOET. — Lettre concernant une ,
lampe sous-marine de son invention.... 9S
GUIGKET. — Action des sels solubles sur les
sels insolubles; affinité spéciale de l'acide
phospborique pour les sesquioxydes,. . , 4^4
GUll.LE r et Bataiuié. — Expériences con-
cernant l'eiuploi en chirurgie de l'alcool
et des composés alcooliques.. . . 2Gvi et 3()2
GUILLON. — Lettre concernant un nou-
veau brise-pierre sécateur 4^^
H
HÉBERT. — Réponse à une Note de M. Ch.
d'Oihigny, intitulée : n Sur l'âge véritable
des poudingues de Nemours et des sables
coquilliers d'Ormoy. » 8(8
HÉRICARD-FERRAND. — Lettre à M. Élie
de Reaumont sur les travaux d'A. Michaux
pour doter notre pays de nouvelles espèces
forestières 209
HERMITE. — Sur la théorie des équations
modulaires 16, 1 10 et 141
— M. Hermile communique l'extrait d'une
Lettre de M. Richelot sur la théorie des
fonctions elliptiques et sur les équa-
tions différentielles du calcul des varia-
tions 641
HERRICK. — Sur la probabilité d'ciistence
( io48 )
Pages.
d'une ou plusieurs planètes entre Mercure
ot le Soleil (Lettre à M. ie Fe/TiVr).. . . 810
HER VE-MAWGON. — Sur certains composés
organiques à base île fer, comme moyen
de transport de l'oxygène sur les matières
combustibles 3i5
— Ou goémon dans la culture des polders... 322
HERVET. — Lettres concernant un frein ap-
plicable aux voitures entraînées par des
clic'vaus fougueux 339 et 4^9
HILLaIRET. — Nouveau cas d'hémorragie
cérébelleuse terminée par la guérison;
attaque d'hémorragie cérébrale suivie de
MM- Page.,
mort; confirmation du diagnostic porté
à l'époque de la première attaque Sog
HOFiMANN. — Recherches sur les ammo-
niaques diatomiques -jSi
— Recherches sur les bases diatomiques à
azote et phosphore 880
— Recherches sur les bases phosphorées 928
HORARIISOW. — Recherches d'histoire na-
turelle et de médecine théorique et pra-
tique... , ag4
HUSSON. — Mouvement de la population
dans la ville et l'arrondissement de
Toul 983
INSTITDTION SMITHSONIENNE (l') en-
voie deux nouveaux volumes de ses pu-
blications et divers ouvrages offerts à
l'Académie par des savants américains.. ^So
JACKSON. — Découverte da Paradoxidei
Hailani dans des schistes de Terre-IVeuve ;
observations sur le puits gelé de Brandon,
État de Veinon, Amérique septentrionale
( Lettre à M. Elie de Bcaumont) 4^
JACORl. — Sur l'emploi d'une contre bat-
terie de platine aux lignes électro-télégra-
phiques 610
— M. /«col/ présente, au nom de M. Kupjfer,
deux spiritomètres, accompagnés d'une
instruction sur l'usage de ces instruments
d'alcoométrie 35 1
— M. Pelouze présente, au nom de M. Jacohi,
des médailles frappées avec des alliages
de platine et d'iridium fondus par les
procédés de MM. H. Sainte-Claire-Do-
ville et Debray 896
JACQUEMIN et Vosselmann. — Action des
chlorures organiques sur le sullhydrate et
sur le sulfure potassique Sjl
JAÎMIN est présenté par la Section de Phy-
sique comme Tun des candidats pour la
place vacante par suite du décès deM. Cti-
gniard de Latour 1014
JAUBERT présente un exemplaire de l'éloge
de M. de Humboldt par M. Schane/eld. . 546
JOBARD. — Sur les heureux résultats ob-
tenus de son procédé pour prévenir l'in-
crustation des chaudières 681
— Lettre à l'occasion des communications
faites à l'.\cadémie sur l'hypnotisme 1014
JOBERT DE LAMBALLE. — Plaie de la ré-
gion cervicale avec lésion du canal verté-
bral et écoulement du liquide céphalo-
rachidien 60
— Communication d'une Note de M. Pirondi,
sur le liquide céphalo-rachidien 584
— Remarques à l'occasion d'une Note de
M. L. Vella sur l'emploi du curare dans
le traitement du tétanos 337
JONQUIÉRES(de).— Sur les courbes à dou-
ble courbure de tous les ordres, et sur un
mode uniforme de génération de ces
courbes par le moyen dos iniersections
mutuelles, dans l'espace, de deux droites
pivotant autour de deux points fiscs .. . 54'.»
— M. de Jonquières demande et obtient l'au-
torisation de reprendre ce Mémoire 632
K
KERIKOFF(de). —Instruments pour l'ob-
servation de l'éclipsé solaire du 18 juil
lel 1860 85a
KESSLER. — Addition à une Note précédenie
sur l'utilisation des résidus de sulfate de
zinc des piles, 55
( ïo49 )
MH.
KUHLMANN (F.). — Sur les oxydes de for
et de manganèse et certains sulfates consi-
dérés comme moyen de transport de l'oxy-
Pagei.
MM. P«t<>i
gàne de Tair sur les matières combusti-
bles a5;, 4a» et 9G8
i3i
LAFORGUE. — Sur un rhinocéphale hu-
main
LAGOUT. — Lettre concernant uno précé-
dente communication sur l'emploi de l'al-
gue marine pour rendre salubres les habi-
tations 331
LAIGMEL. —Tableau comparatif de son sys-
tème lie chemins de fer avec le système
actuel ou à grands rayons >74 et '31
— Sur ses inventions relatives aux chemins de
fer 393 et 410
LALLEMAND. — Du rôle de l'alcool dans
l'organisme (En commua avec MM. Du-
roy et Penin ) SjS
LALLEMAND (A.). — Études sur la compo-
sition de quelques essences 3j7
LAMÉ. — Mole accompagnant la présentation
de son ouvrage intitulé : a Leçons sur les
coordonnées curvilignes et leurs diverses
applications. » 34l
LAMY. — Expériences relatives à une pré-
tendue variation de la pesanteur^ 545
LANDOUZY. — Lettre et Note concernant
ses recherches sur les lésions anatomiques
du typhus épidémique 96
LANNOY. — Tables des racines carrées à dix
décimales 9^9
LAKQUETIN. — Mémoire sur une nouvello
espèce de Sarcoptes, parasite des galli-
nacés (En commun avec M. Ch. Robin) . ^gi
LAUROSE. — Lettre concernant sa Note inti-
tulée : « Nouvelle mire-stadia appliquée
à la mesure des distances et aux nivelle-
ments » • 96
LARTIGUE (H.). — Aurore boréale de la nuit
du a8au 2() août observée h Noyelles-sur-
Mer, près de Saint- Valery-sur-Somme.. 867
LASSIE. — Note sur la navigation aérienne. 298
LATZ. — iNote destinée au concours pour le
prix du legs Bréant 330 et 398
LAUGIER. — Autoplastie par transformation
inodulaîre; nouvelle méthode opératoire
pour achever la guérisou des anus contre
nature après cntérotomie 34^
LAURENT (P.). — Aurore boréale du la oc-
tobre observée à Saint- Amé (Vosges)... 584
LAUSSEDAT (A.). — Observation de l'auroro
boréale du l*' octobre 4^8
— Observation de l'aurore boréale du 12 oc-
tobre 585
C.B., 1859, a"" Semestre. (T. XLIX.)
LAUSSEDAT (A.). — Sur l'emploi de la
photographie dans la levée des plans... ySi
LE BAS. — Des foyers à alimentation conti-
nue, et de la combustion des menus com-
bustibles 36
LECONTE et Demarquay. — Cicatrisation
des plaies sous rinlhicnce de l'acide car-
bonique 893
LECOQ. — Notes sur la maladie de la vigne.
4i9 ^' ^^'
LEFEBVRE. — Sur l'expédition mililairede
la Chine et la nécessité d'y adjoindre une
Commission scientifii|ue 589
LEGENDUE. — Analyse de son Mémoire
sur quelques cas rares de hernies cru-
rales .... 326
LENARD. — Râle du calorique dans divers
phénomènes relatifs il la physique des
Êtres organisés • 139
LE PAS. — Suppléments à son Mémoire sur
une nouvelle théorie du système musi-
cal et sur les raisons harmoniques entre
les vitesses et les distances des planètes.
G47 et Ioo3
LEROY (C). — DissimulationdeParsenicpar
la présence de Phydrogène sulfuré dans
l'appareil de Marsh 469
LE VEKRIER. — Lettre à M. Paye sur la
théorie da Mercure et sur le mouvement
du périhélie de cette planète 3j9
— M. LeVerrier commxiniqwçi les observations
faites à l'Observatoire impérial de Paris
de la planète Mnémosyae , récemment dé-
couverte par M. R. Luther 483
— Perturbations magnétiques observées les
39 août et a septembre à l'Observatoire
impérial et phénomènes électriques ob-
servés pendant l'orage atmosphérique du
28 septembre 47-'> 477 et 489
— Observations de la comète de Tempel faites
à l'équatorial de la lourde l'Ouest à l'Ob-
servatoire impérial de Paris 484 et 489
— Lettre à M. le Président de l'Académie,
concernant la part que l'Observatoire im-
périal de Paris peut prendre aux opéra-
tions concernant la prochaine éclipse to-
tale de soleil ngS
— M. Le Verrier fait hommage à l'Académie
du Vl« volume des « Annales de l'Obser-
vatoire impérial de Paris » 5j4
i36
( io5o )
■m.
, — &I. Le Verrier communique ;
— Une Lettre du P. Srcrhi sur les portiirba-
0'\ lions ma/jnrtiqnes observées le i septem-
bre 1859 à Rome
— Une Lellre du P, P. Monte sur les obser-
vations magnétiques failes le -îg ^oûl au
lycée de Livourne ,
— Une Lettre de M. Chacomac, concernant
ses recherches photométriques sur diver-
ses parties dti disque solaire
— Une Lettre de M. Herrick, concernant la
question de probabilité d'existence d'une
on plusieurs planètes entre Mercure et le
Soleil
— Et une Lettre de M. Bufs-Ballot relative à
la même question
LEYMEKIE. — Sur l'aérolilhedeMontrejeau;
remarqufS à l'occasion d'une communi-
cation récente de M. Damour
— Sur un priiicipede géologierelatifaux effets
du mouvement primitif des grands cou-
Pogcs.
458
478.
80S
810
812
a47
MM. I*2ge5.
ranls d'eau aux époques antérieures i la
nôtre ^95
LIAIS (En.). — Sur les réfractions anormales
dans les éclipses de soleil et la détermi-
nation de la longitude par les éclipses... . 83
— Observations sur la division des éclairs en
plusieurs branches aria
— Sur la valeur rel^itive des divers modes de
pointé avec le tliéodolile, et sur les équa-
tions personnelles 494
LINO DE POMBO. - Note sur une propriété
de l'ellipse ^.56
LISSAJODS. — Note sur l'étincelle d'in-
duction 1009
L0URE^ÇO. — Note sur la formation d'un
éther intermédiaire du glycol 619
LUTHER (Rorert). — Découverte d'une nou-
velle planète (5;), faite à l'observatoire
de Bilk, le aa septembre iSSg; nom de
Mnémosync donné à celte planète (Lettre
à IVl . Elle de Beaumonl) . Ifii
M
M.AHISTRE. — Note sur les moyens decorri-
ger les régulateurs à force centrifuge qui
ne maintiennent pas la vitesscdcs moteurs
entre des limilci sufOsamment étroites. . 633
MAISONINEUVE. — Sur un nouveau procédé
pour l'extirpation des polypes naso-pha-
ryngiens, dit « procédé de la boutonnière
palalilïe t> 29a
— Sur un cas très-grave de polype naso-pha-
ryngien, extirpé avec succès par la bou-
tonnière palatine > 89a
MALAGUTJ. — Lettre.'» M. ÉUe de Beau-
mont, concernant la présence de l'argent
dans l'eau de diilerentes mers 4^^
— Observations de MM. Mataguti et Durocher
relatives à la présence de l'argent dans
l'eau de la mer... 536
MALAPERl' et ÎMohimeah. — Recherche du
phosphore dans les organes où il ne pé-
nètre que par voie d'absorption 208
MAKEC. — Casde tétanos traunialique traité
par le curare 3y3
— Observation de tétanos Iraumalique; em-
ploi du curare sans effet sensible; mort
trente heures après l'invasion de la ma-
ladie 4o5
MANIFICAT. — Mémoire sur un nonreaa
système de voilure 449
MABC-U'ESPliSE. — Analyse de son n Essai
do Statistique mortuaire comparée w. .. , g83
MARCEL DE SERRES. — Altération des os
cbcx du Vertébrés de l'aBcien inonde , . > . g5
MARCEL DE SERRES. — Périosloses obser-
vcssurlesphal.ingesd'unmouflon sauvage. 614
— Notes sur les brèches osseuses de Pile de
Ratoijeau, près de Marseille SjB
— De l'extinction de plusieurs espèces ani-
males depuis l'apparition de l'homme,. . 860
— De la classification des métaux d'après
Haûy ^38
MARCHAL DE CALVL — Sur l'emploi de
l'iorlecommcdésinfectant et antiseptique. 343
MAUIÉ-DAVY. —Note sur une nouvelle pile
électrique 1004
MASSIEU. — Sur les intégrales algébriques
des équations différentielles de la méca-
nique 35'2
MASSON est présenté par la Section de
Physique comme Tun des candidats pour
la place vacante ])ar suite du décès de
M. Ctigniard de Latour I0i4
MATHIEU est nommé Membre de la Com-
mission chargée de la révision des comp-
tes pour l'année 1858 67
— M. Slatliieu présente, au nom du Bureau
des Longitudes, un exemplaire de P An-
nuaire pour iSfio 86j
MATHIEU. — Sur un nouveau mécanisme
destiné & faire mouvoir un avant-bras
artificiel 9^4
MATTEUCCI (Ch.). — Sur les phénomènes
qui sa sont manifestés dans les fîls tété-
graphiques de la Toscane après l'aurore
boréale du aS-ag août 4"°
dti
(,XUX .'iJ>.»-i>
( '
U». Pages.
MA.TTEDCCI (Cu.). — Nouvelles expériences
sur rindiiclion axiale 846
MAU.MENE. — Nouveau procédé pour l'ana-
lyse des mélanges de potasse cl de soude. 002
MAURAT.— Note sur les sons ronflants des
cordes. • 5i2
MAURICE (J.). — Note sur remploi de l'a-
cideoxalique dans les piles à auges 3o8
MEI.SSAS. — Lettre acconipagnant l'envoi
de ses Tables pour servir aux études
et à l'exécution des chemins de fer. .... loiî
MÈNE. — « Recherches sur l'existence de
l'iode dans les plantes, les animaux ter-
restres, les eaux do source, l'air almo-
sphériqno, etc. » a5o
— Recherche de l'iode d.ins l'air ,. 5oJ
— Sar la réduction du peroxyde de fer et la
nilriHcalion 676
— Sur une nouTelle espèce de migraine 858
UERCIER. — Aurore boréale observée le
II septembre iSSt) a la Guadeloupe;
Lettre à M. Duperrey 490
MEUGY. — Sur les phosphates fossiles ex-
ploités en France îor
— Sur l'origine de certains ilons 3îo
MICHAUT. — Note sur la constitution de
l'u nivers 1 3q
MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DU
COMMERCE ET DES TRAVAUX
PUBLICS (le) adresse des exemplaires
d'une partie nouvellement publiée du
R.ippon de la Commission française sur
l'Exposition universelle de Londres de
i85i.... 174
— M. te Wnîstre transmet, à -titre de pièces
à consulter, deux nouveaux documents
pour la question des alcoomètres 4^7
— Lettre accompagnant l'envoi de divers aréo-
mètres et alcoomètres à l'usage des doua-
nes et des contributions indirectes g4i
— M. le Minisire adresse un exemplaire du
tome XX.XU des brevets d'invention pris
MUS l'empire de la loi de 1844 et du
tome XC des brevets d'invention pris
sous l'empire de là loi d« 1791. 47^ 6' 858
— IVl. le Ministre adresse une carte géologi-
que du département du Loùet par
M. Eug. de Foarcï gSS
MINISTRE DE LA GUERRE (le). —Lettre
concernant des allumetles annoncées
comme n'oflrant pas plus d'inconvé-
nient» que celles dont l'introduction
est autorisée dans les établissements mi-
litaires aqg
— Lettre concernant les allumettes fabri-
quées par le procédé Canouil , .. 410
— Lettreaccusant réception du Rapportsurles
diverses sortes d'allumettes chimiques, . . 5Sa
o5r )
MU. PbgM.
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI-
QUE (le). — Lellres autorisant l'emploi
des fonds demandé» par l'Académie pour
couvrir les dépenses rclati\es à la piibli-
calion de divers travatix scientifiques.
|33 «t ioo3
— Letire concernant la distribution des prii
du Concours général entre les lycée» et
collèges de Paris et de Versailles 008
— M. le Ministre transmet une Lettre de
M. Pickeringj concernant le traitement
du choléra-mol bus 444
— Une Note de M. Coc, concernant un re-
mède contre le choléra-moi-bus g37
— Et un opuscule de M. Zaliwski, intitulé :
<i La gravitation au point de vue de rélec-
tricilé » . . ç)83
MINISTRE D'ÉTAT ( le). — Lettre annon-
çant qu'un buste de M. Cauc/;r sera exé-
cuté en marbre pour être placé au palais
de l'Institut 67
MOILIN. — De l'identité du fluide électrique
et de l'agent qui détermine la contraction
musculaire 544
— De l'antagonisme des nrtèrcs et drs veines. looa
MOISON.— Procédé pour la fumure des sables
des dunes gS}
MOISSENET (L.) —Puits artésien récem-
ment foré à Louisville (Kenlucky) 3ij
MOLAS. — Développement do pièces os-
seuses entre les teuillets de la faux du
cerveau af)()
MOLON (de). — Des phosphates fossiles et
de leur emploi dans la culture aoo
— Résultats obtenus de l'emploi en agricuN
turc des phosphates fossiles ^dS
MONTUCCI. — Sur une solution abré-
gée des équations du troisième et du
quatrième degré dans un cas particu-
lier 3g5
— Sur un projet de Tables de Logarithmes k
ni'ufet à dix décimales 676
MOQUIN-TANDON. — Rem.irqttcs à Tocca-
aîon des communications do VI M. Parer
et Brongniart sur les moyens employés
par les botanistes pour arriver à la déter-
mination des organe» des plantes 106
— A l'occasion (Pun opnsctile de M. Brnoti
sur des observations fuites en France con-
cernant le dragonneau, M. Muquin Tan-
dowcîte les observations qu'il a cu occa-
sion de faire sur ce même ver . ij5
— Remarques sur nne communication de
M. Mitne Edwards relative à la transfor-
mation de la Trichina spiralis en 'l'richo-
céphale {^Z•}
MOllEL. — Sitr la formation du type et i>es
caractères dans les variétés dégénérées... 981
i36..
( io5
""■ Page».
MORET. — Note sur l'arithmétique de Dio-
phante et de Fermât 55
— Lettre concernant ses précédentes com-
munications sur la solution nouvelle d'un
problème de Fermât 825
MOlilUE. — Application du coke de boghead
en poudre à la conservation et à ladésin*
feclion des matières animales et végé-
tales igS et 243
MOKIN. — Remarques concernant la question
2)
un. P>ies.
de l'inlluence do la rotation de la terre
sur la direction des cours d'eau GSg
MORINHAU et Malapert. — Recherche du
phosphore dans les organes où il ne pé-
nètre que par voie d'absorption QoS
MUNDO. — « Sur les moyens d'utiliser l'hy-
drogène do l'eau et l'oxygène de l'air
comme combustibles applicables à tous
le» usages oii ledéveloppement du calori-
que est nécessaire » 198 et 646
N
NATANSON. — Réclamation de priorité h
l'égard de M. Ilo/ijjanrtj pour des recher-
ches concernant l'acéténamine g84
NAUDIN (Ch.). — Observation d'un cas
d'hybridité disjointe entre deux espèces
de Ddlura , , 616
NICKLÉS (J.). — Sur la fitalion des fan-
tômes magnétiques 854
NIEPCE DE SAINT- VICTOR. — De la fé-
cule végétale et animale sous le rapport
de l'influence transformatrice qu'exerce
sur elle la lumière solaiie. — De quelques
substances qui annihilent ou accroissent
cette action solaire (En commun avec
M. L. Corvisart) 368
NIEPCE DE SAINT-VICTOR. - De l'ac-
tion que la lumière exerce lorsqu'elle
rend différentes substa.nces à l'état de
solution aqueuse capables de réduire les
sels d'or et d'argent 81 S
0
OLLIER. — De la transplantation de la dure-
mère comme moyen dedéterminersi cette
membrane remplit le rôle d'un périoste à
l'égard des os du crâne aoS et 807
OLLIER. — Note sur un cas de résection
sous-périostée du coude suivie de régé-
nération osseuse 796
OLLIVE-MEINADIER. — Note sur le théo-
rème de Fermât 98^
PAGES (V.). — Note pour servir h l'histoire
de la maladie des vers à soie 836
PAIGNON et Vaudaci. — Lettre concernant
les allumettes sans phosphore fabriquées
par le procédé Canouil SaG
PANIZZI, Ribliothécaire principal du Bri-
tish Muséum, remercie l'Académie pour
l'envoi fait à cet établissement de quatre
nouveaux volumes de ses publications. .. 633
PARISET. — Recherches sur le magnétisme
terrestre ^1
PARTIOT. — Lettre concernant un Mémoire
sur le mascaret, déposé précédemment go5
PAULET. — Remarques sur le mélange désin-
fectant de MM. Corne et Demeaux 19g
PAVI.— Sur un grenier conservateur.,,... •jii
PAYEN. — Sur la gélose pt les nids de salan-
gane 5^1 et 53i
— Remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. Yelpeau, sur l'emploi du
mélange désinfectant de MM. Corne et
Demeaux «...•• l58
— M. l'ayen demande que deux Commis-
saires lui soient adjoints pour l'examen
d'un Mémoire de M. Poggiale, sur la
composition des blés 353
— M. Payen fait hommage à l'Académie do
la quatrième édition de son u Précis de
chimie industrielle » * • 9^7
PAYER. —Sur l'importance de l'organogénia
pour la xléterniination des organes des
plantes lOi
( io53 )
PAYER. — Réplique à des remarques faite»,
à l'occasion de cette communication, par
M. Mo/juin-Tandon io8
PAYERNE. — Note relative à un bolide ob-
servé dans la ville de Fécamp le 33 sep-
tembre 4^^'
PELOUZE. — Note sur le» résultats obtenus
par M. Liet/ig relativement à la formation
artificielle de l'acide tartrique S^i
— Note accompa{Ttiant la présentation faite
au nom de M. lacohi, de médaillrs frap-
pées avec des alliages de platine et d'iri-
dium par les procédés de MM. H. Saiiite-
Claire-Deville et IJebray. — Présentation
d'un lingot d'iridium 896
— M. Pelouse communique l'extrait d'une
Lettre de M. Bohn sur les propriétés de
Tacide tartrique artificiel 897
PERKIN et DuppA. — Recherches sur l'acide
iodacétique (>3
PERRIN. — Du rôle de l'alcool dans l'orga-
nisme (En commun avec MM. Duroy et
Lallemand) ......'.... 5^3
PERROT (Ad.). — Sur l'inlluence des élec-
trodes dans les voltamètres k sulfate de
cuivre 3;
— Sur la non-homogénéité de l'étincelle d'in-
duction • 17^
— Note sur la nature de l'action chimique de
l'étincelle d'induction •>• 3o4
—•Réponse à une réclamation de priorité adres-
sée par M. du Moncel. — Faits nouveaux
relalifsàla non-homogénéité de l'étincelle
d'induction 355
— Nouvelles expériences pour rendre mani-
feste le mouvement de rotation de la
terre 687
PERSOZ (J ). — Sur un nouveau procédé
pour isoler l'acide phosphorique........ . gi
PHILIPEAUX et VtLPiAN. — Expériences dé-
montrant que les nerfs séparés des centres
nerveux peuvent, après s'être altérés com-
plètement, se régénérer tout en demeurant
isolés do ces centres, et recouvrer leurs
propriétés physiologiques 607
PHIPSON. — Note sur un moyen de séparer, ,
dans les phosphates de chaux, et de déter-
miner quantitativement l'acide phospho-
rique *. 95
PICKERING. — Sur une méthode de traite-
ment employée avec succès contre le
cboléra-morbus 444
PIERRE (IsiD.). — De la présence do l'acide
butyrique dans plusieurs substances où
l'on n'avait pas encore signalé son exis-
tence, et notamment dans les terres, dans
les eaux de mares et dans le jus de fumier. 286
— Recherches sur les proportions d'azote com-
UH. V*iri.
biné qui peuvent se trouver dans les dif-
férentes couches du sol 711
— M. Isid. Pierre (ail hommagede sesnEtudes
comparées sur la culture des céréales, des
plantes fourragères et des plantes indus-
trielles » 465
PIETRO MONTE (ir. P.). — Observations ma-
gnétiques faites le 3g août au lycée de
Livonrne " , . ^7^
PILARSKI. — Rectification Ma formule d'une
potion contre le choléra-morbus aSt
PIOBEIiT. — A l'occasion de la question de
l'influence delà rotation de la terre sur
la direction des cours d'eau, M. Pioherl
rappelle ce qu'a dit Poisson, de la dé-
viation des projectiles dans leur trajec-
toire par suite de cette rotation de la
terre 693
— Mouvement des gaz de lapnudredans l'âme
des bouches à feu. . , . 757, 829, gog et gSS
PIORRY. — Note sur l'hypnotisme 987
PIRONDI. — Sur un cas d'effusion, par suite
de violences externes, du liquide céphalo-
rachidien 534
PISSIS. — Note accompagnant l'envoi de
quelques minéraux du Chili 3Go
PLANTAMOUR. — Sur les hauteurs du
mont Vélan et du mont Combin,en Va-
lais, conclues d'un nivellement baromé-
trique les 14 et 3o juillet iSSg 337
PLANTE. — Notes sur la polarisation vol-
talque 402 et 676
POEY. — Loi de la coloration et décolo-
ration du limbe du soleil et des planètes
dans leurs ascensions et déclinaisons de
l'horizon au zénith et vice versa ^^
— Loi de la coloration et décoloration des
images dilatées des étoiles et des planètes
et de leurs trous centraux dans leur as-
cension et déclinaison de l'horizon au zé-
nith et vice versa • • 368
— Expériences sur les ombres prismatiques
observées à la Havane, en rapport avec la
déclinaison du soleil et l'état atmosphé-
rique 363
— Desyiption de deux aurores boréales ob-
servées à la Havane 55o
— Sur la constitution des halos observés à la
Havane et leur rapport avec les phases de
la lune •)'iS
— Parallèle entre les caractères observés en
Europe et à la Havane dan» les aurores
boréales du 38 aoât et du a septembre
derniers g43
— Coïncidence de l'aurore boréale du !"■ au
2 septembre avec une aurore australe
observée au Chili loog
POGGIALE. — Sur le ligneux du blé 28
( «o
mu. PagM.
POINSOT. — Sur la manière de ramener à la
dynamique des corps libres, celle des
corps que Pon suppose gêné* par des
obstacles fixes 5
— La mort du M. Poinsot^ survenue le 5 dé-
cembre, est annoncée à PAcadémie dans
la séance du 12 90g
POISEDILLE. Recherches physiologiques
sur l'urée (En commun avec M. Go-
hter) 164
POLIGNAC (A. be). — Recherches nouTelles
sur les nombres premiers
35o , 386, Cj4 et 724
POMMERET (G.). — Note sur un moyen pour
détruire les verrues SgS
POMMIER. — Lettre concernant un Mémoire
présenté en commun avec M. loyaux, sur
une étuve à goz pour la dessiccalio|i des
substances altérables à Pair |38
PONCELET est nommé Membre de la Com-
mission du prix pour l'appliiation de la
vapeur à la marine militaire qSS
POUCHl-.T (F.-A.). — ISouvelles expériences
sur les animaux pseudo-ressuscilants. . . 49^
—'Expériences sur la résistance vitale des ani-
malcules pseudo-ressuscitants 886
POUCHET (G.). — Note sur un instrument
54 )
«H. Pat».
en silex trouvé par lui dans le terrain de
transport de Snînl-Achenl Soi
POUILLET fait hommnge à PAcailémie il'un
exemplaire de son « Mémoire sur la den-
sité de l'alcool et sur celle des mél^inges
alcooliques 1 198
— M^ Poui/Z^f failhommafje.i l'Académie d'un
exemplaire de la 3® édition do son ouvrajrft
intitulé : « Notions générales de Physique
et de Météorologie à l'usage de la jeu-
nesse 869
PRATER. — Snr le calorique latent 8o4
PRÉSInE^T DE L'ACADÉMIE (le). Voyez
à Particle de M. dp Spnnrmunt.
PRÉSIDENT DE L'INSTITUT (i.e). —Lettre»
concernant la séance jinblique annuelle
de PInstitut fixée au i5 août 5j
— Lettre concernant la séance irtmestrielîe
du 5 octobre iSïg 3g7
— Lettre concernant la première séance tri-
mestrielle de i8!io. fixée au4 janvier. .. , 869
PRESTWICH. — Sur la découverte d'instru-
ments en silex associés à des restes de
Mammifères d'espèces perdues dans des
concheî non remaniées d'une formation
goologiciue récente (Lettres à M. Èlic de
Beaumont) 6 j4 et 859
QOATREFAGES (de). — Lettre accompa-
gnant l'envoi d'une Note de M. Charvet
sur Phyf^iène des vers à soie • • . 6a
— « Nouvelles recherches sur la maladie des
vers à soie » 781
— M. de Quatrr/afres transmet une Note de
M. Tbannaron sur des vers à soie élevés
en plein air et dans un appartement non
chauffé ** ^5
QUIJANO. — Note sur la loi de Marioite .. goS
RADIGtJEL. — Sur des restes très-aneiens do
l'industrie humaine trouvés dans le ter-
rûu. de transport des environs de Paiys.
G77, 766 et 988
RAOULT;J.-M.). — Nouveau procéilé appli-
qué à l'étude des forces éler-tro-motrices.
81 et 449
RAYER. — Remarque» à l'ocoasion d'une
Note de M. Yella sur l'emploi du curaro
dans le traitement du tétatios 336
REGNAULT. — Remarques .t l'occasion d'une
communication faite au nom de M. Jacofti
aur des médailles frappéesavec des alliages
,~;-;, de plaiine et d'iridium 897
HENAULT. — Sur le» mélanges déùnfee-
tants empToyés dans le traitement <îeï
plaies 194
RIBOLI (R.). — Nouvel instrument pour la
suture de la fistule va(;in:ileon nléro-vé-
sico- vaginale. . — Observation d'une gros-
sesse extra-utéritïe 44^
RICHE. — Recherches sur l'acide subérique. 3o4
— Recherches sur l'acétone 176
RICHEI.OT. — Sur la lliéurie des fonction»
elliptiques et sur les équations différen-
tielles du calcul des variations (Lettre à
M. Hfrmile) 64 1
ROIiERTS (William). — Note sur les courbe»
et les surfaces dérivées 74a
ROBIN (CJp.). — Sur la composition analo-
( io55 )
mique de la bouche on rostre des Arach
nides de la famille de» Sarcopiides
ROBIN (Cb). — Mémoire sur une nouvelle
espèce de Sarcoplis, parasho des Galli-
nacés (En ftoniniun avec M. LaïKjuetin). ,
ROBIN (Ed.\ — Réclamation de priorité con-
cernant lo rôle des oxydes de fer et de
manganèse et de quelques snlfalcs comme
moyens de transport de roxyijène de l'air.
— Sur les causes de la fusion et sur les lois
qui In rogissen'.
ROBIQUET. — Recherches sur le» raies
du specira solaire et des diil'ércnli spec-
tres électriques •
ROCHE. — Recherches sur les atmosphères
des comètes 44° ^'
294
5oo
()83
CoG
737
a^s
ROGER. — Note sur la courbure des surfaces.
ROHA.RÏ. — Ou rAle et de l'action de la
cbaiiK dans les «ngrais lOO
ROSSIGNOL UaPARC — Addition à sa Note
sur diverses questions relatives à la phy->
sique du globo et n la physique des êtres
orfi^misés (|6
ROUCHÉ (E.). — Sur la décomposition des
fractions rationnelles et la théorie des
résidus S63
ROCtiET est autorise à reprendre un Mé-
moire qu'il avait précédemment présenté
sur la décona position des polynômes en
facteurs rationnels du second degré.... 8jS
ROUtiET (Cn.). — Globules du sang colorés
chez plusieurs animaux invertébrés 614
SAINTE-CLAIRE-DEVILLE (H.}. — Note
sur un nouveau minerai de vana-
dium 210
— Sur les densités de vapeur à des tempéra-
tures très-élevées (En commun avec
M. L. Troost) 289
SAVE (^Cu.). — Sur les mouvements des corps
célestes l33
SCHWAIJEFE"ÏER. — Lettre concernant
son procédé pour préserver le blé de l'at-
taque des charançons ^Ho
SECCHI (le p.;. — Observations des taches
et f.icules du soleil faites à I Observatoire
du Collège Komain JQi
— Observations de la planète Mars. — Trem-
blement do terre de Norcia ressenti à
Rome. — Aurore boréale de la nuit dn
38 au 3() août 346
— Lettre touchant les perturbations magnéti-
ques observées le 2 septembre iSSg 4^8
— Sur l'intensité lumineuse des diverses par-
ties du disque solaire (Lettre à M. Elie de
B&aumnnt) • 9-''
SÉDILLOT. — .Sur le traitement des cancers
épilhelianx ou cancroïdaux par l'applica-
tion du cautère actuel iGi
— De quelques perfectionnements à apporter
aux opérations d'uri'troplastie 5^4
— De la ré;;énéiation dcsosaprès l'évidement. 6o4
— Des résections sous-périostées g^8
SENARMONT (de), en sa qualité de Prési-
dent de l'Académie, annonce que le
XLVII® volume des Complets rendus est
en distribution au .Secrétariat l4i
— M. le Président rappelle à l'Académie les
I vacances qui existent dans le nombre de
ses Membres, de ses Associés étrangers et
de ses Correspondants Sgî
— M. le Président annonce dans la séance
du 5 décembre que M. Poinwt est dans
un état de santé des plus inquiétants. . . . 869
— M. le Président donne, séance du 12 dé-
cénïbre, communication d'une Lettre par
laquelle la famille de M Poinsot annonce
son décès survenu le 5 de ce mois gog
— M. le Président communique une Lettre do
M. Le Verrier, concernant le plan d'opé-
ration proposé aux astronomes par M. Faxe
pour la prochaine éclipse totale de soleil. jjgS
— Et une Lettre de M. A. de la RiVe snr l'au-
rore boréale du :!() août 1859 4^4
SERRES. — Remarques à l'occasion d'une
Note de M. L. Yella sur l'emploi du ca-
rare dans le traitement du tétanos 334
— Remarques à l'occasion d'une Lettre
de M. Brodie sur le même sujet 5o4
— M. Serres présente son travail sur l'em—
bryoi;énie, la zoogénie et la toratogénie. , 781
•SERUES, d'Uzès, est présenté par la Section
de Médecine et de Chirurgie comme l'un
des candidats pour une place vacante de
Correspondant 9*^5
SERl'.ET (J.-A.). —Théorie du mouvement
de la terre autour de son centre de gravité. 6j8
SILVESTRI et Giasselli. — Recherches chi-
miques sur les vins de la Toscane a55
SIRE (G.). — Sur un inslrument propre à
mettre en évidence les effets dus à la com-
position des rolalior.s 126
SIRET. — IVIélange pour la désinfociion de»
fosses d'aisances. — Topique désinfec-
tant pour le piétain des moutons 85S
lO
.•MM' P'gn.
SISMOMDA (A.). — Note sur le calcaire fos-
silifère du fort de rEsseillon, en Mau-
rienne (Lettre à M. Élie de Beau-
mont) 4'°
SMYTH (Peter).— Lettre concernant un sys-
tème de navi{jation nôrienne , 4'^
SOCIÉTÉ ir AGRICULTURE, SCIENCES,
ET ARTS, DE LA LOIRE (la) prie l'Aca
demie de vouloir bien faire à la biblio-
thèque de cet établissement le don de ses
Comptes rendus hebdomadaires 989
SOCIÉTÉ DE GEOGRAPHIE (i.A) annonce
pour le 16 de ce mois sa deuxième assem-
blée générale de iSôçf g/|3
56 )
■•>■• F>|a.
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES NATURA-
LISTES DE MOSCOU (i*) adresse
deux nouvelles livraisons de son Bul-
letin 47^
SPIEGLEH. — Lettre concernant son Mé-
moire sur les logarithmes i38 et 4^4
SPITZER. — Note sur le changement de la
variable indépendante 48 et 370
— Note sur rintégratisn des équations de la
r <i"r ....
forme x"'——-^ax par des intégrales
définies, x désignant un nombre constant
et n un nombre entier et positif soumis
à la coudition m <Cn 325
TARDY. — <t De la physiologie de Phomme
et de la physiologie universelle» 58a
TAVIGNOT. — Note sur la euro radicale de
la tumeur et de la fistule lacrymales par
Pocclusion des conduits lacrymaux a5G
— De la méthode galvano-caustique appliquée
à la guérison de la cataracte 544
XERREIL(A.)- —Emploi du perchlorurc do
fer dans le traitement des pluies dites pu-
rulentes 265
— Minerais de zinc sous forme oolithiquc. . . 553
TESSAN (de). — Sur la foudre en boule... 189
— Note relative à une communication de
M. Faye sur des expériences de I\l. Fizeau. 980
TEXIER. — Note sur un moulin à farine of-
frant une disposi'.ion nouvelle destinée à
modérer réchauffement des farines 348
THANNAKON. — Versa soie élevés en plein
air et dans un appartement non chaullé
(Lettre à M. de Quatrejages) 45
THENARD(P.).— Considérations sur la for-
mation de l'acide nitrique dans le sol. —
Ouverture d'un paquet cacheté déposé au
mois de mai iSSg "
THOMAS. '~~ Nouvelle Lettre faisant suite à
ses communications sur lespèses-liquides
métriques , 559
— Lettre accompagnant l'envoi d'exemplaires
d'une description de ses pèse- liquides. . . 647
— Modification delà pile de Bunsen ^34
TISSIER (Ch). — Noie sur l'amalgamation
et la dorure de l'aluminium 54
TI.SSOT. — Sur les canes géographiques. 6^3
TOUCHE. — Influence du mouvement de ro-
tation de la terre sur les fleuves JÎJ
TRIPIER. — Méthode de traitement de l'hy-
perlrophio prostatique simple et des
flexions utérines par Pélectrisalion loca-
lisée 319
TROOST. — Sur les densités de vapeur à
des températures très-élevées ( En corn*
mun avec M. H. Saintc-Claire-Deville). . aSg
u
UBALDINI. — Action de différents réactifs sur Piodure de potassium.
.. 3a6
VAILLANT (le Maréchal). — Application
du mélange désinfectant de MM. Corne et
Demeaux au traitement des plaies : expé-
riences faites à l'hdpital de Milan sa;
VAILLANT (le Maréchal). — Lettre accom-
pagnant un nouveau Rapport surl'emploi
fait, dans les hApitaux de Milan, du mé-
lange désinfectant de MM. Corne et De-
meaux., a85
( ;i»67 )
Vaillant (le Maréchal). — Lettre accom-
pagnant une Note de M. Demorlain sur
la composition des eaux potables en Lom-
bardie et leur influence relativement à la
production du goitre
VALENCIENNES. — Présentation de nids
sous-marins rapportés du Banquereau
de Terre-Neuve
— IM. Yalenciennes communique des obser-
vations de M. Girard, concernant des
'Mollusques vivant en parasites sur des
-'> écrevisses du plateau de Brie -Comte-
Robert. .... ...
VALLEE. — Education du ver à soie du ver-
nis du Japon
VALZ(B.). — Essai de résolution des équa-
tions par les séries et les logarithmes. . ..
VAN BENEDEN. — Sur la reproduction des
Actinies. — Le Trichina spiraïis reconnu
par M. Leuckart pour la larve du Trl-
chocephttïus dispar
VANNOt. — Lettre concernant un Mé-
moire de M. Veiller sur les chemins de
fer
VAUDAUX et Paicnon. — Lettre concernant
les allumettes sans phosphore fabriquées
par le procédé Canouil
VELLA. — Emploi du curare dans ie trai-
tement du tétanos
VELPEAU. — Sur les effets obtenus, dans le
traitement des plaies et ulcères, de l'em-
ploi du mélange désinfectant de M M . Corne
et Demeaux
— Réplique aux diverses remarques faites à
l'occasion de la précédente communica-
tion
— Remaïques à l'occasion de l'analyse faite
de vive voix par M. Bernard d'une IN'ote
de M. Vella sur l'emploi du curare dans
le traitement du tétanos
— Remarques à l'occasion d'une Lettre de
M. Brodic sur l'emploi du curare dans
le traitement du tétanos
— Remarques à l'occasion d'une communica-
538
895
588
7o5
45a
i38
336
33o
145
i59
332
5o5
906
iw. Rat»,
tioo de M. H. Binlrac intitulée ; « TétthJ V/
nos traumatiquc traité sans succès pat
le curare ............. ..., 83r
VCRDET est présenté par la Section dePhy-
sique comme l'un des candidats pour la
place vacante par suite du décès de M. Ca-
gniard de Lalour 1014
VERSTRAETE. — Lettre concernant son Mé-
moire « Sur la manière dont nous acqué-
rons par la vue la connaissance des
corps »
VEZI AN (Alex.). — Note sur un système stra-
tigraphique perpendiculaire au système
des Alpes occidentales et du même âge
que lui 301
VI AL A . — Sur le rôle de l'azote dans l'ali men-
tation des plantes i^j
VICE-PRÉSIDENT (le) offre, au nom de
M. Gilbert, des « Recherches sur les pro-
priétés géométriques des mouvements
plans » 633
VIEILLE (J.). — Note sur la décomposition
des fractions rationnelles j^S
VILLARCEAU (Yvon). — Observations de la
comète de Tempel faites à l'équatorial de
la tour de l'Ouest, à l'Observatoire de
Paris. ...
VINCENT (A). — Nouveau système de dé-
fense des côtes
VIRCHOW. — Recherches sur le dévelop-
pement du Trichina spiraïis 289 et
VISSE. — Sur la profondeur des mers 590
VOLPICELLI. — Formules clectrométriques
(heure k^l. Chastes) 645
VOSSELMANN et Jacquehin. — Action des
chlorures organiques sur le sullTiydrate et
sur la sulfure potassique 371
VULFIAN et Philippeaux. — Expériences
démontrant que les nerfs séparés des
centres nerveux peuvent, après s'être
altérés complètement, se régénérer tout
en demeurant isolés de ces centres, et
recouvrer leurs propriétés physiologi-
ques 5o7
484
660
w
WANNER. — Sur la température du corps
humain dans l'état physiologique et pa-
thologique, et sur l'emploi thérapeutique
du froid spécialement dans le traitement
des fièvres typhoïdes 326
WARTMANN . — Notice sur un brouillard lu-
mineux observé à Genève du 18 au i<^ no-
vembre iS5g ion
C. R., iSSg, 2n>'> Semestre. (T. XLIX. )
'(VERTHEIM est présenté par la Section de
Physique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Caffniard de Latour. .,,.,...' I0l4
WINNECRE, qui a obtenu une médaille de la
fondation Lalande pour ses découverte
en astronomie pendant l'année i858,
adresse à PAcadémie ses remerclments.. 63i
,37
( io58 )
WURTZ (Ad.). — Présence de l'urée dans le
chyle et dans la lymphe 5j
— Synihè.'e du glycol avec Poxyde d'éthylène
et l'eau (Ji3
WURTZ (Ad.). — Nouveaux faits de synthèse
de bases oxygénées 898
ZENGERLÉ. — Mémoire sur la musique.... i3s
ZIMMERMAISN présente une série de plan-
ches accompajjnées do légendes relative!
i l'art du facteur d'orgues 364
U
fl?)
Plus. — mrniMERiE uallet-bacuilieb,
rue du Jardinet, 11.